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French Pages [1508] Year 2014
UNE APPROCHE INTÉGRÉE Michael P. McKinley Valerie Dean O’Loughlin Theresa Stouter Bidle ADAPTATION FRANÇAISE :
Dave Bélanger Mélanie Cordeau Audrey Des Serres Matthieu Devito Marc-André Lafamme Sophie Morin Lia Tarini
UNE APPROCHE INTÉGRÉE Michael P. McKinley Valerie Dean O’Loughlin Theresa Stouter Bidle ADAPTATION FRANÇAISE :
Dave Bélanger Mélanie Cordeau Audrey Des Serres Matthieu Devito Marc-André Lafamme Sophie Morin Lia Tarini
Anatomie et physiologie Une approche intégrée Traduction et adaptation de : Anatomy & Physiology – An Integrative Approach de Michael P. McKinley, Valerie Dean O’Loughlin et Theresa Stouter Bidle © 2013 McGraw-Hill (ISBN 978-0-07-305461-2) Original edition © 2013 by The McGraw-Hill Companies Inc. All rights reserved © 2014 TC Média Livres Inc. Conception éditoriale : Sophie Gagnon Coordination éditoriale : André Vandal Édition : Audrey Boursaud, Daphné Marion-Vinet et Nathalie Jalabert Coordination : Caroline Côté, Johanne Lessard, Mélanie Nadeau et Michel Raymond Recherche iconographique : Rachel Irwin et Patrick St-Hilaire Traduction : Marie Dumont, Catherine Ego, Joanne Goulet-Giroux, Lucie Morin, Laurence Perron et Geneviève Ross Révision linguistique : Chantale Bordeleau, Marie-Claude Rochon et Anne-Marie Trudel Correction d’épreuves : Francine Raymond et Marie-Claude Rochon Conception graphique : Geneviève Pineau (Pige Communication) Adaptation de la couverture originale : Micheline Roy Impression : TC Imprimeries Transcontinental Coordination éditoriale du matériel complémentaire Web : Audrey Boursaud et Daphné Marion-Vinet Coordination du matériel complémentaire Web : Caroline Côté, Johanne Losier et Mélanie Nadeau Traduction du matériel Web : Julie Bourgon, Louise Drolet, Marie Dumont, Lucie Morin, Serge Paquin, Laurence Perron et Geneviève Ross Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada McKinley, Michael P. [Anatomy & physiology. Français] Anatomie et physiologie : une approche intégrée Traduction de : Anatomy & physiology. Comprend des références bibliographiques. ISBN 978-2-7651-0697-5 1. Anatomie humaine. 2. Physiologie humaine. i. O’Loughlin, Valerie Dean. ii. Bidle, Theresa Stouter. iii. Des Serres, Audrey. iv. Titre. v. Titre : Anatomy & physiology. Français. QM25.M3414 2014
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C2013-941744-3
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La pharmacologie évolue continuellement. La recherche et le développement produisent des traitements et des pharmacothérapies qui perfectionnent constamment la médecine et ses applications. Nous présentons au lecteur le contenu du présent ouvrage à titre informatif uniquement. Il ne saurait constituer un avis médical. Il incombe au médecin traitant et non à cet ouvrage de déterminer la posologie et le traitement appropriés de chaque patient en particulier. Nous recommandons également de lire attentivement la notice du fabricant de chaque médicament pour vérifier la posologie recommandée, la méthode et la durée d’administration, ainsi que les contre-indications. Les cas présentés dans les études de cas et exercices de cet ouvrage sont fictifs. Toute ressemblance avec des personnes existantes ou ayant déjà existé n’est que pure coïncidence. TC Média Livres Inc., McGraw-Hill, les adaptateurs et leurs collaborateurs se dégagent de toute responsabilité concernant toute réclamation ou condamnation passée, présente ou future, de quelque nature que ce soit, relative à tout dommage, à tout incident – spécial, punitif ou exemplaire – y compris de façon non limitative, à toute perte économique ou à tout préjudice corporel ou matériel découlant d’une négligence, et à toute violation ou usurpation de tout droit, titre, intérêt de propriété intellectuelle résultant ou pouvant résulter de tout contenu, texte, photographie ou des produits ou services mentionnés dans cet ouvrage.
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Gouvernement du Québec – Programme de crédit d’impôt pour l’édition de livres – Gestion SODEC.
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AVANT-PROPOS L’objecti de l’équipe de rédaction de ce manuel sur l’anatomie et la physiologie était de créer un livre rédigé avec clarté et illustré de açon experte afn de guider l’étudiant débutant dans son apprentissage. Agréable à consulter, acile à comprendre, efcace du point de vue pédagogique et visuellement attrayant, cet ouvrage aide l’étudiant à intégrer les diérents concepts. En eet, l’un des défs de taille auxquels se heurte l’étudiant quant à la maîtrise des concepts d’un cours d’anatomie et de physiologie est l’intégration des liens entre les contenus des nombreux chapitres. À titre d’exemple, la compréhension d’un sujet comme la pression artérielle exige des connaissances contenues dans les chapitres sur le cœur, les vaisseaux sanguins, les reins et la régulation de ces structures par les systèmes nerveux et endocrinien. L’utilité d’un texte d’anatomie et de physiologie dépend en partie du succès avec lequel il aide l’étudiant à intégrer ces concepts connexes. Sans cette capacité, l’étudiant n’apprend que ce qui semble être des éléments qui n’ont aucun rapport entre eux sans comprendre la place qu’ils occupent dans un ensemble. C’est l’intégration efcace des concepts tout au long du texte qui rend ce manuel vraiment unique par rapport aux autres ouvrages d’anatomie et de physiologie. Pour mettre en évidence les interrelations entre les diérents systèmes du corps humain et les liens entre la orme et la onction, une approche pédagogique intégratrice a été conçue. Le texte rédigé est très convivial et comprend des descriptions exactes et concises qui sont approondies, sans touteois submerger le lecteur de détails inutiles. La narration du texte renvoie constamment à des illustrations qui appuient et clarifent les explications textuelles.
Organisation des chapitres Une démarche par intégration exige que les sujets ondamentaux soient présentés au moment où leur compréhension est essentielle. L’étudiant doit acquérir des connaissances de base sur un concept donné avant d’appliquer cette inormation dans une situation plus complexe. Par conséquent, nous avons apporté quelques variantes simples à la açon dont les sujets suivants sont généralement subdivisés et à l’ordre dans lequel ils sont traités. • Chapitre 2 – Les atomes, les ions et les molécules. La plupart des étudiants qui suivent un cours d’anatomie et de physiologie ont des connaissances limitées ou inexistantes en chimie. Il aut donc un manuel qui présente en détail et de açon organisée la structure atomique et moléculaire, les liaisons, l’eau et les macromolécules biologiques afn de ournir une base à la compréhension des processus physiologiques expliqués. • Chapitre 3 – L’énergie, les réactions chimiques et la respiration cellulaire. L’adénosine triphosphate (ATP) est essentielle à tous les processus vitaux. C’est pourquoi le présent manuel met en relie l’importance du concept clé de l’ATP en l’enseignant tôt. Nous utilisons ensuite ces connaissances, au besoin, dans les
chapitres subséquents en étoant ce qui a déjà été présenté plutôt que de les enseigner de nouveau depuis le début. • Chapitre 13 – Le système nerveux : l’encéphale et les nerfs crâniens, et chapitre 14 – Le système nerveux : la moelle épinière et les nerfs spinaux. Au lieu de subdiviser l’étude du système nerveux en un chapitre sur le système nerveux central (SNC) et un autre sur le système nerveux périphérique (SNP), nous avons groupé les structures du système nerveux par région. Par conséquent, l’étudiant peut intégrer les ners crâniens avec leurs noyaux respectis dans l’encéphale et les régions de la moelle épinière avec les ners spinaux précis issus de ces régions. • Chapitre 17 – Le système endocrinien. Nous avons organisé le chapitre sur le système endocrinien et le contenu spécifque lié aux nombreuses hormones libérées par les glandes endocrines de açon à guider l’étudiant le plus efcacement possible dans sa compréhension du onctionnement de ce système de régulation pour le maintien de l’homéostasie. Dans le chapitre sur le système endocrinien, nous présentons un aperçu et un exposé général des concepts centraux du système endocrinien et nous décrivons des hormones représentatives qui assurent le maintien de l’homéostasie de l’organisme. Les détails sur les actions de la plupart des autres hormones, qui nécessitent de connaître des structures anatomiques précises examinées dans d’autres chapitres, sont décrits dans ces chapitres. À titre d’exemple, les hormones sexuelles sont présentées dans le chapitre 28, Le système génital. L’apprentissage des diverses hormones est acilité par l’ajout d’une fgure modèle pour chaque hormone importante ; chaque modèle visuel comprend les mêmes éléments (stimulus, récepteur, centre de régulation et eecteurs) organisés de açon similaire. De plus, il est possible de trouver rapidement l’inormation relative à chaque hormone importante décrite dans le présent manuel dans les tableaux récapitulatis ournis dans l’Annexe A. • Chapitre 21 – Le système lymphatique, et chapitre 22 – Le système immunitaire et la défense de l’organisme. Pour aciliter l’apprentissage, nous avons divisé le traitement de ces systèmes en deux chapitres distincts. Le chapitre sur le système lymphatique porte essentiellement sur les structures anatomiques qui le composent et donne un aperçu des onctions de chaque structure. Cela permet, dans un chapitre distinct, d’avoir une vue d’ensemble et d’approondir le système immunitaire tout en aisant des liens avec le chapitre précédent. • Chapitre 29 – Le développement, la grossesse et l’hérédité. Le sujet de l’hérédité ait partie du chapitre sur la grossesse et le développement humain comme un prolongement naturel du chapitre 28, Le système génital. Cette introduction constitue une base de connaissance utile à l’étudiant qui suit un cours de génétique en même temps que son cours d’anatomie et de physiologie.
IV
pRÉSENtAtION
DES AUtEURS
Équie de l’édiion rançaise DAVE BÉLANGER M. Sc. (sciences neurologiques) e M. Éd. (enseignemen collégial)
Dave Bélanger enseigne au Département de biologie et biotechnologie du Cégep de Lévis-Lauzon depuis 2010. Il est détenteur d’une maîtrise en sciences neurologiques de l’Université de Montréal et d’une maîtrise en enseignement au collégial de l’Université de Sherbrooke. Il enseigne également au Département de sciences inrmières de l’Université du Québec à Rimouski et au secteur Perorma de la Faculté d’éducation de l’Université de Sherbrooke. Avant de aire son entrée dans le monde de l’enseignement en 2007, il a œuvré pendant près de 10 ans en recherche biomédicale et il a notamment travaillé sur la reconstruction de peau in vitro et sur l’élaboration d’un modèle rendant possible l’étude du VIH dans un environnement semblable à celui du système nerveux central.
dans les techniques de la santé. Il a aussi été enseignant en biologie au Cégep du Vieux Montréal, enseignant en sciences au Collège Villa Maria et assistant de recherche en chirurgie expérimentale à l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont. Il est détenteur d’une maîtrise en sciences biologiques (neurobiologie), d’un DESS en administration de l’éducation, d’un baccalauréat en biologie (spécialisation physiologie), d’un certicat en biotechnologies de l’Université de Montréal et d’un certicat en sciences de l’éducation de l’Université du Québec à Montréal. Il possède plusieurs années d’expérience comme réviseur scientique de matériel didactique en sciences et technologies au secondaire ainsi qu’en biologie au collégial. MARC-ANDRÉ LAfLAMME B. Sc. (biologie)
Auteur et coauteur de plusieurs articles et communications, ses thèmes de prédilection portent sur le rôle des émotions dans le processus d’apprentissage et sur les méthodes d’enseignement innovantes comme la classe inversée.
Marc-André Lafamme enseigne au Département de biologie du Cégep Limoilou depuis 1999. Ses intérêts de recherche sont nombreux et il s’intéresse plus particulièrement à la physiologie, à l’écologie évolutive et à l’éthique de l’environnement. Avant d’enseigner, il a travaillé en neurophysiologie, en médecine du sport et en génétique évolutive. Il a également œuvré dans le domaine de l’éthique de l’environnement.
MÉLANIE CORDEAU
SOphIE MORIN
M. Sc. (biologie moléculaire)
B. Sc. (sciences biologiques)
Mélanie Cordeau enseigne au Département de biologie du Cégep André-Laurendeau depuis plus de 12 ans. Elle donne principalement les cours d’anatomie et physiologie en soins inrmiers et enseigne parois au programme de baccalauréat international. Elle est détentrice d’une maîtrise en biologie moléculaire et d’un baccalauréat en biochimie de l’Université de Sherbrooke.
Sophie Morin enseigne depuis 2007 au Département de biologie du Collège de Rosemont où elle donne les cours d’anatomie et de physiologie, principalement aux étudiants en sciences de la nature et en techniques d’inhalothérapie. Elle est détentrice d’un baccalauréat en sciences biologiques spécialisé en biotechnologies et d’un diplôme d'enseignement postsecondaire de l’Université de Montréal. Elle poursuit actuellement une maîtrise en enseignement à l’Université de Sherbrooke.
AUDREY DES SERRES M. Sc. éd.
LIA tARINI
Audrey Des Serres enseigne au Département de biologie du Cégep Garneau. Elle est détentrice d’une maîtrise sur mesure en éducation de l’Université Laval, où elle a suivi plusieurs cours en pédagogie collégiale, et d’un baccalauréat en biologie médicale de l’Université du Québec à Trois-Rivières. Depuis 2009, elle donne principalement les cours d’anatomie et de physiologie aux étudiants en soins inrmiers.
B. Sc. (biologie médicale)
MAtthIEU DEVItO M. Sc. (sciences biologiques) e DESS (adminisraion de l'éducaion)
Matthieu Devito est enseignant au Département de biologie et biotechnologies du Collège Ahuntsic depuis plus de 25 ans. Il a été coordonnateur de ce département pendant quelques années et il y enseigne actuellement l’anatomie et la physiologie humaines ainsi que la microbiologie et l’immunologie
Lia Tarini enseigne depuis 2004 au Département de biologie du Cégep de Thetord où elle donne principalement les cours d’anatomie et de physiologie aux étudiants en soins inrmiers. Elle est détentrice d’un baccalauréat en biologie médicale de l’Université du Québec à Trois-Rivières ainsi que d’un diplôme d’études collégiales en technologie d’analyses biomédicales du Cégep de Sherbrooke. En 2012, elle a reçu la mention d’honneur de l’Association québécoise de pédagogie collégiale pour la qualité de son travail et sa contribution à l’évolution de l’enseignement à son cégep ; elle a aussi participé à la mise sur pied du programme en transcription médicale. Avant de se consacrer à l’enseignement, elle a œuvré pendant trois ans au sein de l’équipe des technologistes médicaux du Centre de santé et de services sociaux de la région de Thetord.
Présentation des auteurs V
Consultants scientifques Annie-Claude Bossé, B. Sc. (biologie) et PC de 2e cycle en pédagogie, Cégep de Saint-Hyacinthe Gilles Bourbonnais, B. Sc. (biologie), Cégep de Sainte-Foy Geneviève Chevalier, M. Sc. (biologie cellulaire et moléculaire), Cégep du Vieux Montréal Martin Chouinard, B. Sc. (biologie), Cégep de l’Outaouais Jocelyne Côté-Gallarino, B. Sc. inf., La Cité collégiale Barthélémy Désilets-Roy, M. Sc., Cégep de Sainte-Foy Benoit Deslandes, M. Sc. (microbiologie), Cégep de Drummondville Patrick Drolet-Savoie, B. Sc. (biologie) et DESS (gestion), Collège de Bois-de-Boulogne Nicole Dubois, M. Sc. (environnement), Cégep de Trois-Rivières Maryse Dupuis, M. Sc. (virologie et immunologie), Cégep de Saint-Jérôme Ghislaine Duval, B. Sc. (bioagronomie), Cégep de La Pocatière Isabelle Guay, Dt.P, CNSC, IUCPQ Danny Halim, M. Sc. (chimie bio organique), Collège Lionel-Groulx Sabin Harvey, B. Sc. (microbiologie), Collège d’Alma Nathalie L’Heureux, M. Sc. (biologie), Cégep Édouard-Montpetit Guy Luys, B. Sc. (biologie), Cégep de Jonquière Amélie Mailhot, B. Sc. (biologie médicale) Philippe Maugueret, B. Sc. (biochimie), Cégep du Vieux Montréal Geneviève Moreau, M. Sc. (anatomie et physiologie vétérinaires), Cégep du Vieux Montréal Lucie Morin, M. Sc. (anatomie et physiologie vétérinaires), Cégep de Sainte-Foy (retraitée) Ariane Morrier, M. Sc. (sciences animales), Cégep de Chicoutimi Julie Morrissette, M. Sc., Cégep de Sainte-Foy Emmanuelle O’Bomsawin Laurence Pellerin, B. Sc. (biologie), Collège de Maisonneuve Nancy Pelletier, B. Sc. (biologie), Cégep régional de Lanaudière à Joliette Louis Tremblay, Ph. D. (neurosciences), Université du Québec à Chicoutimi
Équipe de rédaction de l’édition américaine MICHAEL MCKINLEY a obtenu son baccalauréat de l’Université de Californie (Berkeley), puis sa maîtrise et son doctorat de l’Université d’État de l’Arizona. Il a été boursier postdoctoral à l’École de médecine de l’Université de la Californie à San Francisco (UCSF) dans le laboratoire du Dr Stanley Prusiner, où il a travaillé pendant 12 ans sur les prions et les maladies à prions. Pendant cette période, il est devenu professeur d’anatomie à l’École de médecine de l’UCSF, où il a enseigné l’histologie médicale pendant 10 ans. Au cours de cette période, il a également enseigné la biologie du développement et la génétique au campus ouest de l’Université d’État de l’Arizona. Depuis 1991, il est professeur de biologie au Collège communautaire de Glendale (CCG), où il donne des cours de premier cycle en anatomie et physiologie, en biologie générale et en génétique. VALERIE DEAN O’LOUGHLIN a obtenu son baccalauréat de l’Université William & Mary, en Virginie, puis sa maîtrise et son doctorat en anthropologie biologique de l’Université de l’Indiana. Elle est professeure agrégée à l’École de médecine de l’Université de l’Indiana, où elle enseigne l’anatomie macroscopique humaine, l’anatomie humaine de base et l’anatomie humaine axée sur l’évaluation en imagerie médicale. Elle donne également un cours de méthodes pédagogiques et encadre des étudiants à la maîtrise et au doctorat qui mènent des recherches en enseignement de l’anatomie. TERRI STOUTER BIDLE a obtenu son baccalauréat de l’Université Rutgers, au New Jersey, sa maîtrise en sciences biologiques de l’Université Hood, au Maryland, et a suivi des cours supplémentaires de cycles supérieurs en génétique aux National Institutes of Health. Elle est professeure au Collège communautaire de Hagerstown où elle enseigne l’anatomie et la physiologie, ainsi que la génétique. Avant de joindre le corps professoral en 1990, elle a été coordonnatrice du Science Learning Center, où elle a conçu du matériel didactique et un tutoriel pour les étudiants inscrits aux cours de sciences.
VI
CARACTÉRISTIQUES
DU MANUEL LA BIOLOGIE DE LA CELLULE
CH APITRE
4
La traduction de l’ouvrage Anatomy & Physiology – An Integrative Approach propose une gamme complète d’outils pédagogiques facilitant un apprentissage intégré et approfondi.
OUVERTURE DE CHAPITRE
LES CYTOLOGISTES…
4
Dans la pratique souligne les liens entre le contenu du chapitre et un domaine professionnel du secteur de la santé.
DANS LA PRATIQUE
préparation des échantillons de cellules à l’aide de matériel spécialisé et appliquent
Mélanie Cordeaunotamment des techniques de coloration pour faire ressortir les détails des spéci-
mens cellulaires. En s’appuyant sur leurs connaissances approfondies de la structure et de la fonction des cellules, ils analysent par la suite les échantillons de cellules et transmettent leurs observations au pathologiste, qui, en dernière analyse, pose LES CYTOLOGISTES… DANS LA PRATIQUE le diagnostic.
1
Les cytologistes examinent des cellules au microscope pour détecter les anomalies pouvant indiquer la présence d’un cancer ou d’une autre maladie. Ils assurent la préparation des échantillons de cellules à l’aide de matériel spécialisé et appliquent notamment des techniques de coloration pour faire ressortir les détails des spécimens cellulaires. En s’appuyant sur leurs connaissances approfondies de la structure et de la fonction des cellules, ils analysent par la suite les échantillons de cellules et transmettent leurs observations au pathologiste, qui, en dernière analyse, pose le diagnostic.
Animation
4.1
Une introduction à la cellule ..................... 122 4.1.1 L’étude des cellules ............................... 122 4.1.2
Un picto renvoie aux animations se trouvant sur la plateforme interactive.
2
4.1
4.2 4.2
FERMETURE DE CHAPITRE
La taille et la forme des cellules ............. 123
4.4.1 4.4.2 4.5
Tableaux Liens entre les systèmes Des tableaux établissent les principaux liens entre le système physiologique étudié et les autres systèmes du corps humain. Chaque tableau est suivi d’une étude de cas.
3 Résumé du chapitre
3
Un résumé des points importants dont les énon cés sont en lien avec les objectifs d’apprentissage.
4.5.3 Les structures de la surface externe 4.2.1 Les composants lipidiques ..................... 125 4.5.4 Les jonctions intercellulaires .................. 153 Le transport membranaire ........................ 127 de la cellule ........................................... 153 4.8.1 Les structures cellulaires ....................... 163 4.2.2 Les protéines membranaires .................. 127 La structure du noyau4.8.2 ................................ 154 4.5.4 Les jonctions4.6 intercellulaires .................. 153 Le cycle cellulaire .................................. 163 Le transport 127 4.3.1 Lesmembranaire processus ........................ passifs : la diffusion ......... 127 4.6 La structure du noyau ................................ 154 4.3.1 Les processus passifs : la diffusion ......... 127 4.6.1 L’enveloppe nucléaire etAnimation 4.9 4.3.2 Les processus passifs : l’osmose ............ 130 4.6.1 L’enveloppe nucléaire et 4.3.2 Les processus passifs : l’osmose ............ 130 ... 168 4.9 Le vieillissement et la mort cellulaires le nucléole ............................................ 155 155 le nucléole ............................................ 4.3.3 Les Les processus actifs .............................. 133 4.3.3 processus actifs .............................. 133 4.6.2 L’acide désoxyribonucléique, 4.6.2 L’acide désoxyribonucléique, Animation la chromatine et les chromosomes ......... 156 Animation la chromatine et les chromosomes ......... 156 4.7 La fonction du noyau
INTÉGRATION
Études de cas Les études de cas qui accompagnent les tableaux Liens entre les systèmes mettent l’accent sur des cas cliniques inspirés de situations réelles. Elles font le lien entre un enjeu clinique propre à un système physio logique et ses répercussions sur les autres systèmes.
4
. . . système immunitaire et lymphatique
142
Liens
3/11/14 4:16 PM
Les atomes, les ions et les molécules
77
• Les atomes, ions et molécules forment les bases de l’organisation chimique du corps humain
et permettent de comprendre les processus physiologiques qui le régulent.
un noon à l’ognon q o n – 36
• Les atomes, les ions et les molécules sont les matériaux de 996 construction simples et dula régulation Partie les IV plus Le maintien
2.2
l’o – 36
2.2.1
L è, l o, l ln l bl oq .............................................................
présents dans le tube digestif pour éliminer les microorganismes nuisibles qui seraient • La
4
36
AUTOÉVALUATION
matière est une substance qui possède une masse et occupe un volume. On peut la retrouver à l’état solide, liquide et gazeux.
Le tableau suivant présente les interrelations princidurantIll’ingestion d’aliments. pales du système digestif avec lesentrés autres systèmes. est suivi d’une étude de cas qui vous permettra de • La ore microbienne normale présente à certains récapituler les notions présentées dans l’ensemble du un rôle de protection contre les microorganismes chapitre.
Solutionnaire
Le système digestif assure l’ingestion et la digestion des Le tableau suivant présente les interrelations princichimiques de l’élément. endroits du tube digestif assure • L’atome est la plus petite particule possédant toutes les propriétés Concepts de base • La structure atomique (protons, neutrons et électrons) peut être déduite à partir de l’informaaliments ainsi que leur transformation en nutriments essen- pales du système digestif avec les autres systèmes. Il pathogènes. tion fournie par le tableau périodique. 1 De quelle région provient la lymphe qui se déverse tiels au bon fonctionnement des cellules et de l’organisme. est suivi d’une étude deintestin cas qui vous permettra de B et K et dans le conduit thoracique ? • Les bactéries présentes dans le gros synthétisent les vitamines 2.2.2 L oo ................................................................................................................................................................... 39 a) Du membre inérieur droit. • Les atomes possédant le même nombre de protons et d’électrons, mais pas le même nombre Il contribue aussi à l’absorption des nutriments essentiels à récapi tuler les notions participent à la transformation de laprésentées bilirubine quidans donnel’ensemble la colorationdu brune aux fèces. de neutrons, s’appellent des isotopes. Comme ils n’ont pas b) le même nombresupérieur de neutrons, Du membre droit. la croissance et au développement des tissus. Ce système chapitre. • Les acides gras, par exemple, sont absorbés par les vaisseaux chylifères appartenantleurs masses atomiques diffèrent également. c) Du côté droit de la tête. 26 Le système digestif 1259 • Les isotopes instables créés par un surplus de neutrons ou de protons s’appellent des radioest donc en étroite relation avec les autres systèmes. Chapitre au système lymphatique. d) Du côté droit du thorax.
Système digestif et...
2.2.3
digestif et... (suite)
2
Système digestif et... • Synthèse de vitamines • Participation aux processus digestifs . . . système musculaire
• Élimination des déchets . . . système tégumentaire • Activation de la vitamine D • Production de la vitamine D • Élimination de la bilirubine
• Mouvements volontaires et involontaires du tube digestif
. . . système respiratoire
. . . système squelettique . . . système génital • Contribution à la composition des os Apport dedigestifs nutriments essentiels • Participation aux •processus
Interdépendance
. . . système génital
L on l oo onq – 41
• Mouvements volontaires et involontaires • Plusieurs mouvements volontaires comme la mastication sont régis par des muscles • Le système digestif fournit les nutriments essentiels au bon fonctionnement des organes du tube digestif génitaux. squelettiques. • La régulation de la digestion (sécrétion d’enzymes et motilité) s’effectue par
. . . système endocrinien • Apport de nutriments essentiels
b) Les nœuds lymphatiques ltrent le sang.
L on .............................................................................................................................................................................
Les vaisseaux sanguins permettent l’apport sanguin (artère et capillaire) et le retour veineux (veine) nécessaires au bon fonctionnement des organes digestifs. L’oxygène et le dioxyde de carbone (gaz respiratoires) sont transportés par le sang dans le réseau de vaisseaux sanguins du corps humain. Les nutriments digérés sont absorbés dans le sang par l’intestin grêle et rejoignent la veine porte hépatique, puis la veine cave inférieure pour ensuite retourner au cœur. La bilirubine, résultant de la dégradation de a) l’hémoglobine (présente érythroQu’est-ce qui pourrait dans être àles l’origine des fèces blanches ? cytes), est métabolisée par les bactéries du b) côlon. Pourquoi les fèces sont-elles graisseuses ? • L’absorption de l’eau par le tube digestif permet de maintenir le volume c) Qu’est-ce qui se produit sanguin dans le tube digestif durant un épisode 1. Vous vous présentez dans une chambre d’unsanguine). centre d’hébergement et (pression de diarrhée ? de soins de longue durée et une de vos clientes vous demande s’il est • Le sang véhicule les hormones participant àd)la Indiquez régulation du système digestif. anaux pourrait être responsable lequel des sphincters normal que ses fèces soient blanches et graisseuses. De plus, elle de l’incontinence fécale et donnez sa fonction. ajoute qu’il n’y a pas de sang dans ses fèces, mais qu’elle a de la 2. Votre cliente vous demande de lui expliquer pourquoi elle a toujours diarrhée. Elle est incapable de se retenir et de se rendre à la salle de envie d’aller à la selle immédiatement après un repas. bain, et elle vous demande de lui mettre une couche pour son incontinence fécale. Elle semble un peu inquiète et demande des explications.
Énumérez les structures anatomiques du système lymphatique, notamment les vaisseaux lymphatiques, les structures lymphoïdes primaires et les structures lymphoïdes secondaires.
7
Décrivez la lymphe et tracez un schéma illustrant les structures qu’elle traverse dans sa trajectoire en direction de la circulation sanguine.
8
De quelles régions provient la lymphe que transporte le conduit lymphatique droit ?
9
Décrivez l’évolution anatomique du thymus avec l’âge.
10 Précisez les traits caractéristiques de la pulpe rouge
et de la pulpe blanche des points de vue anatomique et onctionnel.
sur des atomes possédant un, deux ou trois électrons de valence sur leur couche externe. a) L’organe phagocyte les érythrocytes âgés et inaptes. • Les anions sont des ions à charge négative formés par l’acquisition d’un ou ait de plusieurs b) L’organe oce deélecréservoir de thrombocytes.
• Les sels sont des composés ioniques dont le cation et l’anion sont différents d’H+ et d’OH −. 2 L’enant né sans thymus sera dépourvu de • Le sel NaCl est formé du cation Na+ et de l’anion Cl−. matures.
3
Une jeune emme blessée dans un accident de la route doit subir une splénectomie, car sa rate s’est rompue. Quelle conséquence majeure cette opération aura-t-elle sur sa vie ? Expliquez.
4
Quelle serait l’une des complications postopératoires de l’ablation de nœuds lymphatiques à la mastectomie ?
5
Expliquez comment l’exercice physique peut être bénéque pour le drainage lymphatique des tissus.
3
Aux prises avec un mal de gorge, Marc se rend au service des urgences de l’hôpital. À l’examen, ses amygdales sont enfées. Interrogé sur ce sujet, Marc indique que son mal de gorge dure depuis une semaine, mais que ses amygdales n’étaient pas enfées auparavant. Il est inquiet à la perspective d’être hospitalisé pour se aire enlever les amygdales. Indiquez-lui les critères pour lesquels l’amygdalectomie est indiquée.
a) macrophagocytes
• Plusieurs mouvements involontaires comme le péristaltisme, la segmentation et le brassage de l’estomac sont régis par des muscles lisses.
Réseaux sanguins des organes digestifs • Transport des gaz respiratoires • Transport des nutriments digérés Bilirubine • Étude de cas Maintien du volume sanguin Circulation des hormones • Études de cas interactives
d) La moelle osseuse rouge et le thymus.
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• Les cations sont des ions à charge positive formés par le retraitsau d’unun. ou Lequel de plusieurs électrons ?
• Le (gastrine, développement du fœtus est grâce à l’apport de nutriments provenant l’intermédiaire d’hormones cholécystokinine et possible sécrétine). de la digestion.
. . . système cardiovasculaire • • • • • •
lymphoïdes. laires, sont des ensembles stables regroupant plusieurs atomes selon un ratio précis.
2.3.1
• En absorbant le calcium, le tube digestif contribue à la formation des os. trons de valence par des atomes possédant généralement cinq, six ou sept électrons sur leur couche externe. • Le système digestif fournit les nutriments essentiels au bon fonctionnement des organes • Les os de la mâchoire participent à la mastication, et la déglutition est possible grâce Mise en application 2.3.2 L lon onq .................................................................................................................................................. 43 génitaux. à l’épiglotte (structure cartilagineuse). • Les liaisons ioniques sont des attractions électrostatiques1quiUne s’établissent entre des cations tique s’est inltrée dans le cuir chevelu d’un jeune • Le développement du fœtus est possible grâce à l’apport de nutriments provenant (à charge positive) et des anions (à charge négative), et qui maintiennent ions dans unenœuds lymphatiques seront garçon. À la les palpation, quels structure de réseaux cristallins (composés ioniques). de la digestion. probablement enfés ?
• La satiété est régie par des centres nerveux.
• Régulation de la digestion
c) Le thymus et la rate. 6
a) La est constituée • Les composés chimiques, par exemple les composés ioniques et médulla les composés molécu- d’un ensemble de ollicules
c) Il y a plus de vaisseaux lymphatiques aérents que • Les déchets azotés, provenant du métabolisme des acides aminés dans les cellules,• Un ion est un atome possédant une charge positive ou négative ; cette charge résulte de la de vaisseaux lymphatiques eérents. perte ou de l’acquisition d’un ou de plusieurs électrons, respectivement. sont éliminés dans l’urine. d) Les ollicules lymphoïdes contiennent des lymphocytes T • Les ions les plus abondants dans le corps humain sont les suivants : sodium (Na+), potassium en−),multiplication. Le rein permet vitamine D produite par du la peau. • La peau permet la• production de lal’activation vitamine Dde quilacontribue à l’absorption calcium. (K+), calcium (Ca2+), magnésium (Mg2+), hydrogène (H+), chlorure (Cl bicarbonate (HCO 3−) et 3− phosphate (PO4 ). 4 Les énoncés ci-dessous décrivent une onction de la rate, • Le système urinaire élimine une partie de la bilirubine produite par le foie.
• Apport d’oxygène et élimination du gaz carbonique • Durant la digestion, les cellules de l’estomac et les cellules du foie ont besoin de • Commande motrice et régulation de la digestion • Le système nerveux autonome contrôle les commandes motrices effectuées l’oxygène fourni par l’inspiration pour fonctionner et remplir leurs fonctions respectives. par les muscles lisses du tube digestif. • Régulation de la digestion en situation de stress Elles produisent du dioxyde de carbone qui sera éliminé par l’expiration. ou de détente • Le système nerveux somatique contrôle les commandes motrices effectuées par les muscles squelettiques du tube digestif. . . . système urinaire • Satiété • La régulation de la digestion (sécrétion d’enzymes et motilité) s’effectue • Élimination des déchets • Les déchets azotés, provenant du métabolisme des acides aminés dans les cellules, par l’intermédiaire des neurones du système nerveux. sont éliminés dans l’urine. • Activation de la vitamine D • Le système nerveux autonome sympathique inhibe la digestion en situation • Le rein permet l’activation de la vitamine D produite par la peau. • Élimination de la bilirubine de stress, tandis que le système nerveux autonome parasympathique favorise • Le la digestion en situation de système détente. urinaire élimine une partie de la bilirubine produite par le foie.
. . . système musculaire
b) Les nœuds lymphatiques et le thymus.
Il ltre la lymphe. ou IIIA du tableau périodique, alors que ceux qui possèdentb)cinq, six ou sept électrons de
2.3
b) lymphocytes B
Dans les paires ci-dessous, indiquez celle qui contient les deux structures lymphoïdes primaires. a) La rate et les nœuds lymphatiques.
40
a) Il sert de lieu de maturation aux lymphocytes T.
• Les atomes possédant un, deux ou trois électrons de valence sont dans les colonnes IA, IIA
présents dans le tube digestif éliminerest lespossible microorganismes nuisibles qui seraient • Les os de la mâchoire participent à la mastication, et lapour déglutition grâce entrés durant l’ingestion d’aliments. à l’épiglotte (structure cartilagineuse). • La ore microbienne normale présente à certains endroits du tube digestif assure un rôle de protection contre les microorganismes pathogènes. • Les bactéries présentes dans le gros intestin synthétisent les vitamines B et K et • Plusieurs mouvements volontaires comme la mastication sont régis par des muscles participent à la transformation de la bilirubine qui donne la coloration brune aux fèces. squelettiques. • Les acides gras, par exemple, sont absorbés par les vaisseaux chylifères appartenant • Plusieurs mouvements involontaires comme le péristaltisme, la segmentation au système lymphatique. et le brassage de l’estomac sont régis par des muscles lisses.
. . . système urinaire
• Circulation des lipides
. . . système nerveux
d) L’organe élimine des substances potentiellement nocives, comme des bactéries et des virus provenant du sang. 5
Quelle est la onction du thymus ?
L bl q l ègl l’o........................................................................................................
Interdépendance • Apport d’oxygène et élimination du de gaz carbonique • Durant la digestion, les cellules de l’estomac et les cellules du foie ont besoin de • La peau permet la production la vitamine D qui contribue à l’absorption du calcium. c) Il ltre le sang. valence sont dans les colonnes VA, VIA ou VIIA. . . . système immunitaire et lymphatique l’oxygène fourni par l’inspiration pour fonctionner et remplir leurs fonctions respectives. • Les atomes dont la couche externe est saturée à huit électrons stablesles duéléments point de vue d) sont Il produit gurés du sang. . . . système squelettique chimique. Les atomes se lient pour atteindre la stabilité chimique. Elles produisent dioxyde • Protection et défense de l’organisme • Plusieurs tissus lymphoïdes (amygdales) et enzymes antibactériennes du (lysozyme) sont de carbone qui sera éliminé par l’expiration. 3 Quel énoncé à propos des nœuds lymphatiques est exact ? • Contribution à la composition des os • En absorbant le calcium, le tube digestif contribue à la formation des os. Liens • Production de la vitamine D
Liens
c) L’organe est le lieu habituel de l’hématopoïèse à l’âge adulte.
isotopes (ou isotopes radioactifs).
Interdépendance
. . . système respiratoire
Système . . . système tégumentaire
Animation Le vieillissement et la mort cellulaires ... 168
Illustration des concepts
corps humain. L Liens entre le système digestif et les autres digestif systèmes • Protection et défense de l’organisme • Plusieurs et enzymes antibactériennes (lysozyme) sont Liens entre le système et tissus leslymphoïdes autres(amygdales) systèmes
1
Les structures cellulaires ....................... 163 Le cycle cellulaire .................................. 163
résumé du chapitre 2.1
Interdépendance
1258 Partie IV Le maintien et la régulation
• Synthèse del’ingestion vitamines Le système digestif assure et la digestion des aliments que leur transformation en nutriments essen• ainsi Circulation des lipides tiels au bon fonctionnement des cellules et de l’organisme. Il contribue aussi à l’absorption des nutriments essentiels à la croissance et au développement des tissus. Ce système est donc en étroite relation avec les autres systèmes.
Animation 4.8.1
et des ribosomes4.7 ......................................... 156 noyau La fonction du Processus passifs et actifs du transport des concepts INTÉGRATION Illustration 4.7.1 La transcription : la synthèse membranaire ........................................................... 140 et des ribosomes ......................................... 156 Processus passifs et actifs du transport de l’acide ribonucléique ......................... 156 Animation 4.7.1 La transcription : la synthèse membranaire ........................................................... 140 Animation 4.4 La communication intercellulaire ............ 142 de l’acide ribonucléique ......................... 156 Animation Animation 4.4 La communication intercellulaire
............
c 2
c) cellules dendritiques d) lymphocytes T
. . . système nerveux
Étude de cas
• Commande motrice et régulation de la digestion • Régulation de la digestion en situation de stress Études de cas interactives ou de détente
2
• Satiété
Anatomie_ch26.indd 1258
• Le système nerveux autonome contrôle les commandes motrices effectuées par les muscles lisses du tube digestif.a) Qu’est-ce qui pourrait être à l’origine des fèces blanches ? • Le système nerveux somatique contrôle commandes motrices effectuées Anatomie_ch02.indd 77 b)les Pourquoi les fèces sont-elles graisseuses ? par les muscles squelettiques du tube digestif. c) Qu’est-ce qui se produit dans le tube digestif durant un épisode 1. Vous vous présentez dans une chambre d’un centre d’hébergement • La régulation de la digestionet(sécrétion d’enzymes et motilité) s’effectue de diarrhée ? de soins de longue durée et une de vos par clientes vous demande est l’intermédiaire des s’il neurones du système nerveux. d) Indiquez lequel des sphincters anaux pourrait être responsable normal que ses fèces soient blanches et graisseuses. De plus, elle • Le système nerveux autonome sympathique la digestion en et situation de inhibe l’incontinence fécale donnez sa fonction. ajoute qu’il n’y a pas de sang dans ses fèces, mais qu’elle a de la de stress, tandis que le système nerveux autonome parasympathique favorise 2. Votre cliente vous demande de lui expliquer pourquoi elle a toujours diarrhée. Elle est incapable de se retenir et de se rendre à la salle de la digestion en situation de détente. envie d’aller à la selle immédiatement après un repas. bain, et elle vous demande de lui mettre une couche pour son inconti3/11/14 5:10 PM • Laetsatiété est régie par des centres nerveux. nence fécale. Elle semble un peu inquiète demande des explications.
. . . système endocrinien • Régulation de la digestion . . . système cardiovasculaire
Synthèse 1
Le médecin diagnostique une mononucléose chez Arianne, une inection qui atteint les lymphocytes B. Il palpe le fanc gauche d’Arianne, juste en dessous de la cage thoracique, pour savoir si un organe en particulier une compli3/11/14 est 5:12enfé, PM cation possible de la mononucléose. Quel organe lymphoïde le médecin vérie-t-il et pour quelle raison cet organe serait-il enfé ? Décrivez aussi l’anatomie et l’histologie de cet organe.
2
Julien a un nœud lymphatique enfé le long du cou ; il craint que ce soit un lymphome. Expliquez le mode de propagation des cellules tumorales du nœud lymphatique.
Anatomie_ch21.indd 996
• La régulation de la digestion (sécrétion d’enzymes et motilité) s’effectue par l’intermédiaire d’hormones (gastrine, cholécystokinine et sécrétine).
L’acide désoxyribonucléique : le centre de commande de la cellule ...... 162
4.8.2
Anatomie_ch04.indd 121
3 Système digestif et... (suite) 1258 Partie IVLiens Le maintien et la régulation
4.7.3
La division cellulaire ................................... 163
Questionnaire d’autoévaluation Les questions de l’Autoévaluation suivent une progression et sont regroupées en trois catégories : les « Concepts de base » évaluent les connaissances acquises, alors que les « Mise en application » et « Synthèse » encouragent l’application des concepts et participent au développement de la pensée critique.
Chapitre 26 Le système digestif 1259
La traduction : la synthèse des protéines ........................................ 159 Animation
4.1.3 Les caractéristiques communes 4.5.1 Les organites membraneux .................... 143 Une introduction à la cellule ..................... 122 4.4.1 Le contact direct entre les cellules ......... 142 4.7.2 La traduction : la synthèse et les fonctions générales ...................... 124 des protéines ........................................ 159 4.1.1 L’étude des cellules ............................... 122 4.4.2 La signalisation ligand-récepteur ............ 142 Animation La chimique 4.1.2structure La taille et la forme des cellules ............. 123 4.5 Les structures cellulaires ........................... 142 Animation 4.8 4.5.2.................... Les organites non 4.7.3 membraneux ............. 150 de membrane plasmique ...................... 4.1.3 laLes caractéristiques communes 4.5.1 125 Les organites membraneux 143 L’acide désoxyribonucléique : et les fonctions générales ...................... 124 le centre de commande de la cellule ...... 162 4.5.3 Les structures de la surface externe Animation 4.2.1 Les composants lipidiques ..................... 125 La structure chimique 4.8 La division cellulaire ................................... 163 de la cellule ........................................... 153 4.5.2 Les organites non membraneux ............. 150 de la membrane plasmique ...................... 125 4.2.2 Les protéines membranaires .................. 127
Anatomie_ch04.indd 121
2
4.7.2
Le contact direct entre les cellules ......... 142 La signalisation ligand-récepteur ............ 142
Les structures cellulaires ........................... 142
Animation
4.3 4.3
1
Adaptation française :
Plan de chapitre Le plan de chapitre offre un aperçu du contenu du chapitre et indique les animations propres au système à l’étude.
3
Mélanie Cordeau
LA BIOLOGIE Les cytologistes examinent des cellules au microscope pour détecter les anomalies pouvant indiquer la présence d’un cancer ou d’une autre maladie. Ils assurent la DE LA CELLULE
CHA PITR E
1 Dans la pratique
2
Adaptation française :
3/11/14 4:20 PM
3/11/14
Caractéristiques du manuel
VII
PRÉSENTATION DU CONTENU Basé sur une approche intégrée qui allie illustrations, photos et descriptions textuelles, cet ouvrage ore des explications ciblées qui côtoient des descriptions plus générales.
Illustrations détaillées et rigoureuses Les illustrations d’Anatomie et physiologie ont été soigneusement élaborées afn de présenter des détails réalistes et de contribuer à la clarté des explications.
Couleurs et perspective Les couleurs vives et la mise en perspective tridimensionnelle permettent d’imaginer plus acilement les structures anatomiques et les processus physiologiques.
Flux sangu
in
Musculeuse
Photographies Des micrographies et des images de cadavres sont souvent associées à des illustrations afn de amiliariser le lecteur avec l’aspect réel des structures anatomiques.
Muqueuse Lumière de la trompe utérine
MO 35 x
Épithélium simple prismatique cilié
B. Trompe utérine
Ligament suspenseur de l’ovaire
MO 400 x
Vaisseaux sanguins ovariens
Trompe utérine
Code de couleurs De nombreuses fgures utilisent un code de couleurs pour organiser l’inormation et clarifer les concepts.
Segment utérin Isthme
Franges de la trompe utérine Mésosalpinx
Trompe utérine
Ligament de l’ovaire
Fundus Lumière de l’utérus de l’utérus
Ampoule Infundibulum
Ovaire Corps de l’utérus Ligament large de l’utérus Isthme de l’utérus
Endomètre Myomètre Périmétrium
Vaisseaux sanguins utérins Uretère Ligament utérosacral Ligament cervical transverse Vagin
Orifice interne de l’utérus Canal du col utérin Orifice externe de l’utérus
Paroi utérine
Ligament rond de l’utérus
Col de l’utérus
Lumière de l’utérus
Couche fonctionnelle
Épithélium Glandes utérines
Muscle Triade
Faisceau Fibre Réticulum Tubule T musculaire sarcoplasmique
Endomètre
Citernes terminales
Couche basale
A. Vue postérieure
Sarcolemme Noyau MO 45 x
Myomètre
Myofibrilles C. Paroi utérine
Sarcomère
Noyau
Ouvertures des tubules T
Sarcoplasme Noyau
Mitochondrie
A. Fibre musculaire squelettique Membrane du réticulum sarcoplasmique
+
+ + +
–
– – –
Canal ionique à Na+ voltagedépendant K+ + + +
Canal ionique à K+ voltagedépendant
Ca2+
+ +
+ + + +
– –
+ +
– –
– –
+ + +
+
–
+ +
– –
Sarcoplasme
– –
Sarcolemme
+ + + +
Entrée de 2 K+
– – – Na+
+
+ +
2+
Pompe à Ca –
Liquide interstitiel Pompe Sortie à Na+-K+ de 3 Na+
+
Plusieurs niveaux de détails Des vues microscopiques viennent préciser des vues macroscopiques, permettant l’étude de plus en plus détaillée d’un élément anatomique ou physiologique précis.
Myofilaments
–
Canal ionique à Ca2+ voltagedépendant
Calséquestrine
Sarcoplasme
Tubule T B. Sarcolemme et tubules T
Calmoduline
Citerne terminale C. Réticulum sarcoplasmique
VIII Caractéristiques du manuel
Voie intrinsèque (Lésion à l’intérieur du vaisseau sanguin) Facteur XII
Mise en contexte réelle Les illustrations représentent entre autres des personnes et des situations réalistes qui contribuent à la compréhension des concepts.
Voie extrinsèque (Lésion à l’extérieur du vaisseau sanguin)
Thrombocytes
Facteur XI (actif)
Inactif
Facteur IX (actif)
Inactif
Facteur VIII (actif)
Inactif
Tissus périvasculaires lésés
Thromboplastine (facteur III)
Ca2+, facteur plaquettaire 3
Facteur VII
Ca2+
Lésion Voie commune Facteur X (actif)
Inactif Ca2+, facteur V, facteur plaquettaire 3
Activateur de la prothrombine Prothrombine (facteur II)
Lésion à l’extérieur du vaisseau
Facteur V
Thrombine (facteur II actif)
Lésion
Fibrinogène soluble (facteur I)
Fibrine insoluble Facteur XIII, Ca2+
Vaisseau
Lésion
Polymère stabilisé de fibrine Lésion vasculaire interne
Lésion à l’extérieur du vaisseau
Paroi du vaisseau sanguin
Caillot
Cellule endothéliale
Intégration pédagogique des concepts
Anatomie_ch18.indd 855
21/02/14 8:44 PM
IntégratIon
Des encadrés variés favorisent l’intégration en établissant des liens entre les notions présentées. L’application à des contextes familiers facilite la compréhension et rend des concepts abstraits plus pertinents et plus faciles à retenir.
ILLUStratIon DES ConCEPtS
FIGURE 2.14 Eu : slv des liquides cpels
❯ L’eau remplit plu sieurs onctions cruciales à l’intérieur de l’organisme. Elle contribue à la régulation de la température corporelle, agit comme solvant universel, amortit les chocs, transporte des substances et sert de lubrifant. De plus, sa tension de surace élevée permet à certaines structures du corps d’adhérer entre elles. L’eau est une substance neutre dont le pH est modifé par l’ajout d’un acide ou d’une base.
Amortissement des chocs Liquide cérébrospinal Crâne
Régulation de la température corporelle Encéphale E En Enc ncéphale n éph é ép p phale le e
L’eau contribue à la régulation de la température corporelle grâce à sa chaleur spécifique et à sa chaleur de vaporisation, toutes deux élevées.
Chaleur
Transport de substances L’eau est le milieu liquide qui transporte les substances du sang et des autres liquides corporels (p. ex., le sang, l’urine).
Encadrés Intégration – Illustration des concepts Plusieurs dimensions d’un même concept sont réunies dans une présentation visuelle captivante de une ou deux pages. Ces schémas visuels saisissants et dyna miques illustrent la matière présentée précédemment d’une façon créative qui met en lumière l’interrelation des parties individuelles à l’intérieur d’un mécanisme plus grand ou d’un concept plus général.
Solvant universel Lubrifiant Substance hydrophile Les non-électrolytes se dissolvent et demeurent intacts.
CH2OH
Le liquide sert de lubrifiant pour réduire la friction. Péricarde (qui délimite la cavité péricardiaque)
Cœur
O H C H H HO C Glucose C H OH HO C C H
Sérosité
OH
Les électrolytes se dissolvent et se dissocient.
Na+
Tension de surface élevée Plèvre pariétale Plèvre viscérale
Liquide pleural
Cl–
Poumon P Po o Molécules hydrophobes
La tens tension ens de surface élevée de l’eau fait adhérer des structtures les l unes aux autres. Le liquide pleural facilite l’adhésion des plèvres viscérale et pariétale, permettant ainsi aux poumons de suivre le mouvement de la cage thoracique et du diaphragme.
Les molécules d’eau repoussent les molécules non polaires ; c’est pourquoi des protéines sont requises pour le transport de ces substances dans l’organisme.
IntégrAtIon
Le liquide forme un coussin protecteur en cas de mouvements subits.
Molécules amphipathiques
ILLUStrAtIon DES ConCEPtS
Leur extrémité polaire se dissout et leur extrémité non polaire est repoussée.
FIGURE 1.1 Exame du cps humai pa les aamises e les physilises ❯
Pisalisme
A. L’anatomiste s’intéresse à la forme et à la structure d’un organe, l’intestin grêle par exemple. B. Le physiologiste tend plutôt à se concentrer sur la fonction d’un organe ou d’un système. Les deux reconnaissent toutefois la relation étroite entre la forme et la fonction.
Onde de contraction
Intestin grêle
Les molécules amphipathiques forment des barrières chimiques (p. ex., la membrane plasmique et les micelles).
Contenu intestinal
B. Physilise A. Aamise
AnAtoMIStE
S’intéresse à la forme et à la structure de l’intestin grêle.
Inclut dans son étude les relations de l’intestin grêle avec le reste de l’organisme.
S’intéresse à la fonction de l’intestin grêle.
pH neutre Le pH de l’eau est neutre. L’addition d’un acide ou d’une base modifie le pH des liquides corporels.
Acide
Alcalin
Relâchement PHYSIoLogIStE Examine comment les muscles de la paroi de l’intestin grêle propulsent les aliments dans le tube digestif.
Œsophage Foie Estomac
Anatomie_ch02.indd 54 Propulsion du contenu
Gros intestin
Intestin grêle AnAtoMIStE Décrit les couches de la paroi de l’intestin grêle.
Aamise e physilise
PHYSIoLogIStE Décrit les mécanismes de dégradation des divers aliments.
Savent que la forme et la fonction de l’intestin grêle sont étroitement liées.
Protéine
AnAtoMIStE Polysaccharides Gouttelettes de graisse
x 25 460
x 9 500
Étudie les tissus de l’intestin grêle et les cellules qui les composent.
x 13 500
x 47 500
Sels biliaires
Acides aminés Monosaccharides Section de la paroi intestinale
Organites
Monoglycérides Microvillosités Cellule épithéliale d’une villosité intestinale
PHYSIoLogIStE Étudie les mécanismes d’absorption des différents nutriments.
Villosité
Cellule
Anatomie_ch01.indd 6-7
Capillaire sanguin
Capillaire lymphatique
3/11/14 5:04 PM
3/11/14 5:07 PM
Les structures du mésencéphale et du rhombencéphale, à l’exception du cervelet, forment le tronc cérébral.
INTÉGRATION
La plupart des sillons et des gyrus se forment vers la fin de la période fœtale. Ainsi, l’encéphale de l’enfant naissant ressemble grandement à celui de l’adulte, et ce, même si son développement fonctionnel est loin d’être terminé (voir la figure 13.3C à E).
STRATÉGIES D’APPRENTISSAGE
Vérifiez vos connaissances
Il se forme 5 vésicules cérébrales secondaires durant la 5e semaine de croissance.
2. Comment le tube neural se forme-t-il à partir
IX
Caractéristiques du manuel de la plaque neurale ?
Chapitre 17 Le système endocrinien 783
Tableaux tableaux proposent des résumés ou compléments d’information ndes endocrines etLes organes contenant des cellules endocrines (suite) sous forme de texte. Ils sont parfois enrichis d’images et de structures Hormones produites Principales fonctions Chapitre de référence moléculaires permettant une meilleure visualisation de la matière.
TABLEAU 13.1
• • • • • • •
INTÉGRATION • APPLICATION Régulation CLINIQUE de la pression
artérielle
et les structures de l’encéphale adulte auxquelles elles donnent lieu.
Principales structures cérébrales : du développement embryonnaire à la structure adulte
Du développement embryonnaire à la structure adulte Tube neural
Vésicules cérébrales principales
Vésicules cérébrales secondaires (à partir desquelles sont formées les régions cérébrales adultes)a
Structure dérivée du canal neural b
Structure cérébrale
Télencéphale
Ventricules latéraux
• Cerveau
Prosencéphale (encéphale antérieur)
Diencéphale
Troisième ventricule
• Épithalamus • Thalamus • Hypothalamus
Mésencéphale (encéphale moyen)
Mésencéphale (encéphale moyen)
Aqueduc du mésencéphale
• Tronc cérébral : mésencéphale
Rhombencéphale (encéphale postérieur)
Métencéphale
Quatrième ventricule (portion supérieure)
• Tronc cérébral : pont, cervelet
Myélencéphale
Quatrième ventricule (portion inférieure) ; une partie du canal central
• Tronc cérébral : bulbe rachidien
Canal neural
• Moelle épinière
Antérieur
s cellules endocrines • Angiotensinogène • Érythropoïétine (EPO)
3. Désignez les cinq vésicules cérébrales secondaires
Le TABLEAU 13.1 résume le développement embryonnaire des structures de l’encéphale à partir du tube neural jusqu’aux structures correspondantes chez l’adulte.
• 20, 24, 25
La fente labiale• etAugmentation la fente palatinede la production des érythrocytes
La•fente 18 palatine est un autre type de malformation. Il s’agit d’une ssure DÉSÉQUILIBRE HOMÉOSTATIQUE congénitale dans la ligne médiane du Insuline • Baisse du glucose • 17 palais. Une fente palatine apparaît La fente labiale est la fusionsanguin incomplète des lorsque les maxillaires et les palatins structures de la mâchoire supérieure de Glucagon • Hausse du glucose sanguin • 17 gauches et droits ne se soudent que l’embryon en développement, entraînant partiellement ou pas du tout. Dans les une fente de la lèvre supérieure qui s’étend cas les de la bouche à des l’une ou l’autre des narines. Sécrétine • Régulation processus digestifs dans • plus 26 graves, les enfants ont des problèmes de déglutition et d’alimentaPour la période s’étendant de 2003 à 2008 l’intestin grêle Cholécystokinine tion, car la nourriture peut passer facileau Québec, la prévalence de la fente labiale Fente palatine ment de la cavité orale à la cavité nasale. se situait à 1 cas sur 1 493 naissances Au Québec, la prévalence de la fente (ministère de la Santé et des Services Érythropoïétine (EPO) • Hausse de production des érythrocytes • 18 palatine pour la période s’étendant de 2003 à 2004 était la même sociaux [MSSS], 2013). L’étiologie de la Fente labialeCLINIQUE INTÉGRATION APPLICATION que celle de la fente labiale,• soit cas sur fente labiale estde multifactorielle, c’est-à-dire Rénine • Régulation la pression artérielle 20,1 24, 25 1 493 naissances (MSSS, 2013). Comme dans le cas de la fente labiale, l’étiologie que des facteurs aussi bien génétiques qu’environnementaux La diverticulose et la diverticulite (comme le tabagisme ou la consommation d’alcool pendant la grosde la fente palatine est multifactorielle. Elle survient parfois en Androgènes (testostérone), inhibine • Stimulation de la maturation et fonctionnement • 28, 29 DÉSÉQUILIBRE HOMÉOSTATIQUE sesse) semblent contribuer à l’apparition de cette malformation. combinaison avec la fente labiale.
Postérieur a
b
Les vésicules secondaires embryonnaires donnent naissance aux diverses régions de l’encéphale ; c’est pourquoi elles portent le même nom que ces dernières. Dans chacune des régions cérébrales, le canal neural forme une cavité.
Anatomie_ch13.indd 570
3/11/14 4:23 PM
Diverticules
du système La diverticulose consiste en la présence de diverticules (petites génital chez l’homme excroissances) sur la paroi intestinale du côlon sigmoïde, dans la plupart des cas. Ces excroissances se forment normalement • Œstrogène, progestérone, inhibine • Stimulation de la maturation et fonctionnement • 28, 29 quand le côlon se resserre et rétrécit, ou lorsqu’il y a insufdu système sance de bres ou réduction des matières dans le côlon. Cette génital chez la femme affection touche plus de la moitié des personnes de plus 70 ans et se forme à partir de 40 ans. La diverticulite est une ux parties : la neurohypophysedeet l’adénohypophyse. L’ocytocine et l’hormone antidiurétique sont produites dans l’hypothalamus, mais c’est inammation des diverticules survenant dans environ 20 % des ure le stockage et la libérationcas dedeces hormones. diverticulose. La diverticulite peut être mortelle si les Vue externe du côlon sigmoïde diverticules éclatent et que le contenu intestinal se répand et vue endoscopique dans la cavité abdominale, causant ainsi une péritonite. des diverticules
TSH est elle-même stimulée par la thyréolibérine (TRH) proChapitre 17 Le système endocrinien 783 duite par l’hypothalamus.
nnaissances
Encadrés Intégration – Application clinique Ces encadrés offrent un aperçu de l’effet des processus physiologiques ou des relations anatomiques complexes sur le fonctionnement de l’organisme et l’équilibre homéostatique.
s principales glandes endocrines TABLEAU 17.2 Glandes endocrines et organes contenant des cellules endocrines (suite) • La stimulation humorale. La libération d’hormones par cerhumain ? Quels sont les organes qui Glandes ou organes Hormones produites Principales fonctions Chapitre Encadrés Intégration – Liens entre les concepts taines glandes endocrines estde référence stimulée par les changements es glandes endocrines, mais qui rem Ces encadrés font régulièrement le lien entre des concepts de concentration en nutriments ou en ions dans le sang. Le ment d’autres fonctions essentielles ? Organes contenant des cellules endocrines Foie
• Angiotensinogène • Érythropoïétine (EPO)
• Régulation de la pression artérielle • Augmentation de la production des érythrocytes
• 20, 24, 25 • 18
• Baisse du glucose sanguin • Hausse du glucose sanguin
• 17 • 17
• Sécrétine • Cholécystokinine
• Régulation des processus digestifs dans l’intestin grêle
• 26
Reins
• Érythropoïétine (EPO) • Rénine
• Hausse de production des érythrocytes • Régulation de la pression artérielle
• 18 • 20, 24, 25
Testicules (gonades)
• Androgènes (testostérone), inhibine
• Stimulation de la maturation et fonctionnement du système génital chez l’homme
• 28, 29
Ovaires (gonades)
• Œstrogène, progestérone, inhibine
étudiés ou qui le seront ultérieurement, et permettent de cipales fonctions du déjà système endocrinien pris le sang. Lorsque les concentrations en nutriments ou en ntenir l’homéostasiecomprendre de la composition les liens entre différentes ionslessubissent une notions hausse ouabordées. une baisse, ce changement anguins. À partir du tableau 17.2, nom entraîne la libération d’hormones par les cellules endocrines nes qui assurent la régulation des subs qui agissent sur les cellules cibles pour compenser la baisse es dans le sang : le glucose, le calcium a
Pancréas
• Insuline • Glucagon
Intestin grêle
terme humoral signifie relatif aux liquides organiques, y com-
ou éliminer les excédents.
• Stimulation de la maturation et fonctionnement du système génital chez la femme
• 28, 29
• La stimulation nerveuse. Pour certaines glandes endocrines, TSH est elle-même stimulée par la thyréolibérine (TRH) prola libération d’hormones est déclenchée par une stimulation duite par l’hypothalamus. Quelles sont les principales glandes endocrines •du La stimulation humorale. La libération d’hormones par cersystème nerveux. Un exemple classique est celui de dans le corps humain ? Quels sont les organesdirecte qui taines glandes endocrines est stimulée par les changements contiennent des glandes endocrines, mais qui remde concentration en nutriments ou en ions dans le sang. Le plissent également d’autres fonctions essentielles la ? libération d’adrénaline et de noradrénaline par la médulla terme humoral signifie relatif aux liquides organiques, y comL’une des principales fonctions du système endocrinien le sang. Lorsque les concentrations en nutriments ou en à maintenir l’homéostasie de la composition surrénalepris réponse à une la baisse, stimulation faite par le système nerionsen subissent une hausse ou ce changement hormonaleconsiste et du volume sanguins. À partir du tableau 17.2, nomentraîne la libération d’hormones par les cellules endocrines mez les hormones qui assurent la régulation des subs veux sympathique auciblescours d’une qui agissent sur les cellules pour compenser la baisse réponse à une situation tances suivantes dans le sang : le glucose, le calcium ou éliminer les excédents. et le sodium. d’urgence ou denerveuse. stress intense (voir la section 15.4.2). • La stimulation Pour certaines glandes endocrines, 3.
4.
éexes servant à la régulation 17.2.2 rmonale. 3
La régulation de la sécrétion hormonale
la libération d’hormones est déclenchée par une stimulation directe du système nerveux. Un exemple classique est celui de la libération d’adrénaline et de noradrénaline par la médulla surrénale en réponse à la stimulation faite par le système nerveux sympathique au cours d’une réponse à une situation d’urgence ou de stress intense (voir la section 15.4.2).
INTÉGRATION LIENS ENTRE LES CONCEPTS
Décrire les trois réexes servant à la régulation
la sécrétion hormonale. écrétion hormonale d’une deglande endoINTÉGRATION LIENS ENTRE LES CONCEPTS 2+ La régulation du taux sanguin de Ca , c’est-à-dire de la calcéLa régulation de la sécrétion hormonale d’une glande endoLa régulation du taux sanguin de Ca , c’est-à-dire de la calcéun réflexe. Un réflexe est une crine est assurée réponse par un réflexe. Un réflexe est une réponse la section 7.6), 7.6), se réalise par exe endocrinien mie (voir mie la(voirsection seun ré réalise par un réexe endocrinien prédéterminée qui se manifeste en présence d’un stimulus (voir déclenché par une stimulation humorale et fait intervenir plula section 14.6). Les réflexes se produisent dans le système nermanifeste en présence d’un stimulus (voir sieurs systèmes de l’organisme. Un faible taux sanguin de Ca déclenché par une stimulation humorale et fait intervenir pluveux et le système endocrinien. Les réflexes endocriniens sont constitue une stimulation humorale qui provoque la libération par trois types nerde stimulation : la stimulation horde parathormone (PTH) par la glande parathyroïde. Après sa flexes se produisent dansdéclenchés le système sieurs systèmes de l’organisme. Un faible taux sanguin de Ca2+ libération dans le sang, la PTH stimule plusieurs organes monale, la stimulation humorale et la stimulation nerveuse cibles, notamment le tissu osseux qui libère alors du Ca dans FIGURE 17.4. docrinien. Les réflexes endocriniens sont constituele une humorale sang et lesstimulation reins an que ceux-ci achèvent la dernière étapequi provoque la libération • La stimulation hormonale. Le stimulus qui déclenche la libéenzymatique permettant la production de calcitriol, une horration de plusieurs hormones par une glande endocrine promone qui accroît l’absorption de Ca par lela tube glande digestif. En ypes de stimulation : la stimulation horde parathormone (PTH) par parathyroïde. Après sa vient de la libération d’une autre hormone. Par exemple, réponse à la PTH, les reins réduisent également l’élimination l’hormone thyréotrophine (TSH) (ou thyréostimuline) est calcium l’urine.sang, Le résultat nal élévation stimule du libérationde dansdans le laest une PTH plusieurs organes n humorale et la stimulation nerveuse libérée par l’adénohypophyse et stimule la sécrétion de l’hortaux de Ca sanguin jusqu’à une valeur normale. 2+
2+
2+
2+
2+
cibles, notamment le tissu osseux qui libère alors du Ca2+ dans le sang et les reins an que ceux-ci achèvent la dernière étape monale. Le stimulus qui déclenche la libéenzymatique permettant la production de calcitriol, une horhormones par une glande endocrine promone qui accroît l’absorption de Ca2+ par le tube digestif. En Encadrés Intégration – Stratégies d’apprentissage ion d’une autre hormone. Par exemple, réponse à la PTH, les reins réduisent également l’élimination ophine (TSH) (ou thyréostimuline) estproposent Ces encadrés des dans conseils simples et pra de calcium l’urine. Le résultat nal est une élévation du 2+ sanguin jusqu’à une valeur normale. hypophyse et stimule la sécrétion de l’hortaux de Ca tiques pour mémoriser et comprendre la matière. mone thyroïdienne par la glande thyroïde. La libération de
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par la glande thyroïde. La libération de
inTégraTion
L’analogie d’une cible de tir à l’arc peut aider à retenir les composantes de l’ostéon : • la cible complète représente l’ostéon ; • le centre de la cible est le canal central ; • les anneaux de la cible sont les lamelles de l’ostéon.
Vérif
17. Quels sont les effets de l’hormone de croissance
de l’hormone thyroïdienne sur la masse et chapitre 17) sont responsables de la croissance normale et de Beaucoup d’hormones du systèmeetla croissance endocrinien (voir le osseuses ? l’homéostasie des tissus osseux. L’hormone de croissance, l’hormone thyroïdienne, la calcitonine et les hormones sexuelles chapitre 17) sont favorisent la croissance osseuse.responsables L’insuline jouerait également de la croissance normale et de un rôle positif sur la croissance osseuse (Yan & Li, 2013). La parathormone, les glucocorticoïdes la sérotonineosseux. peuvent l’homéostasie des ettissus L’hormone de croissance, 7.6 La régulation de la calcémie soit inhiber la croissance osseuse, soit stimuler la résorption osseuse. Ainsi, les troubles du système endocrinien se manil’hormone thyroïdienne, la calcitonine et les hormones La régulation du taux de calcium dans lesexuelles sang, ou calcémie, est festent souvent par des troubles du système squelettique. essentielle, car ce minéral participe à de nombreux processus phyfavorisent la croissance osseuse. siologiques L’insuline jouerait : la contraction musculaire, laégalement transmission nerveuse, la contraction cardiaque et la coagulation, entre autres. Le maintien de la calcémie dans des valeurs normales, entre 2,1 et 2,6La mmol/L un rôle positif sur la croissance osseuse (Yan & Li,soit2013). À votre avis (calcium sérique total), est essentiel au maintien de l’homéostasie. Les deux hormones qui assurent la régulation de la cal3. Expliquez pourquoi il yles a un risque de retard de croisparathormone, glucocorticoïdes etprincipales la sérotonine peuvent cémie sont le calcitriol (forme active de la vitamine D) et la parasance chez un jeune garçon (prépubère) qui prend des thormone. thyroïde produit aussi la calcitonine, une stéroïdes anabolisants, à savoir des substances prosoit inhiber la croissance osseuse, soitLa glande stimuler la résorption troisième hormone participant à la régulation de la calcémie. duisant des effets analogues à ceux de la testostérone. osseuse. Ainsi, les troubles du système endocrinien se maniL’activation de la vitamine D Les glucocorticoïdes sontpar un groupe stéroï- du7.6.1 festent souvent desd’hormones troubles système squelettique. diennes sécrétées par les corticosurrénales dont la fonction est
de réguler la glycémie, c’est-à-dire le taux de glucose dans le sang. Ils jouent un rôle dans la résistance au stress. Des taux élevés de cortisol (principal représentant des glucocorticoïdes) augmentent la perte osseuse et, chez l’enfant, perturbent la croissance des cartilages épiphysaires. Certaines formes de glucocorticoïdes sont parfois prescrites en raison de leur pouvoir anti-inflammatoire. Les enfants qui reçoivent un tel traitement sont surveillés de près afin de s’assurer que leur croissance n’est pas entravée par la prise du médicament.
À votre avis
La sérotonine est une molécule utilisée par les cellules nerveuses du cerveau pour communiquer entre elles. Elle peut également agir en tant qu’hormone et participerait à la résorption osseuse. En effet, certaines études avancent l’idée que la sérotonine pourrait favoriser la résorption en stimulant la différenciation de cellules en ostéoclastes (Chabbi-Achengly, Coudert, Callebert et al., 2012). Cependant, d’autres études avancent que la sérotonine ralentit la croissance osseuse en inhibant la prolifération des ostéoblastes (Yadav, Ryu, Suda et al., 2008). Quoi qu’il en soit, le rôle de la sérotonine sur le tissu osseux revêt un intérêt clinique, puisque des recherches suggèrent qu’il existerait un lien entre la prise de certains médicaments (p. ex., une classe d’antidépresseurs dont le mécanisme est d’empêcher la dégradation de la sérotonine dans le cerveau) et le développement de l’ostéoporose (Chau, Atkinson & Taylor, 2012).
1
Expliquer comment se fait l’activation de la vitamine D pour former le calcitriol.
Pour assurer une description efficace de l’action du calcitriol et de la parathormone, la présente section décrit la voie enzymatique de l’activation de la vitamine D. Cette dernière peut se diviser en trois étapes FIGURE 7.14 : 1
Les rayons ultraviolets qui atteignent les cellules de l’épiderme de la peau permettent la conversion d’une molécule dérivée du cholestérol (déhydrocholestérol) en vitamine D3
(cholécalciférol). Cette vitamine, dont la principale source 3. Expliquez pourquoi il y a un risque de retard de croisest le lait pour la plupart des personnes, peut également
être absorbée par l’intestin grêle. sance chez un jeune garçon (prépubère) qui prend des La vitamine D circule dans le sang. Lorsqu’elle atteint les vaisseaux hépatiques, des enzymes stéroïdes anabolisants, à savoir dessanguins substances pro-du foie la transforment en calcidiol. duisant des effets STRATéGieS analogues àLe calcidiol ceux dedans laletestostérone. circule sang. Lorsqu’il atteint les vaisD’APPRenTiSSAGe inTéGRATiOn 2
3
3
17. Q
e l
7.6
La régulat essentielle siologique contraction la calcémie (calcium s Les deux p cémie son thormone. troisième h
seaux sanguins des reins, des enzymes le transforment en calcitriol, ce qui correspond à la forme active de la vitamine D3. Cette étape peut être accélérée par la présence de
Les organes rétropéritonéaux sel’hormone situent contre la paroi postéparathormone. Le calcitriol stimule l’absorption des ions calcium (Ca ) par rieure du péritoine pariétal. l’intestin Ces organes sont associés à grêle. Il mène par conséquent à une augmentation de la LesL’insuline, glucocorticoïdes sont groupe d’hormones stéroïune hormone produite par le pancréas, participe à un la calcémie. quatre systèmes importants régulation de la glycémie. Des recherches faites sur les animaux et : les systèmes digestif, cardiovasdiennes sécrétées par les corticosurrénales des observations cliniques réalisées auprès de personnes diabéÀ votre avis dont la fonction est et urinaire. La phrase suivante aide à les tiquesculaire, (principalement endocrinien de type 1) suggèrent que l’insuline favorise4. Pourquoi le lait est-il généralement enrichi de vitamine D ? rait la croissancela du tissu osseux. Les mécanismes qui entrent en de réguler glycémie, c’est-à-dire le taux de glucose dans le jeu nemémoriser. sont toutefois pas encore connus (Yan & Li, 2013).
7.6.1
2+
Vérifiez vos connaissances sang. Trois Ilsautresjouent un rôle dans la résistance au stress. Des taux hormones participent à la régulation du remodelage osseux. Il s’agit de la parathormone, du calcitriol et de la sont les organes qui participent à l’activation Le a font faitl’objet und’uneAVC endétaillée dirigeant Quels lala vitamine production calcitonine. Ces hormones description former le calcitriol ? de élevés dePDG cortisol (principal représentant desD pour glucocorticoïdes) dans les sections 7.6.2 et 7.63. du vaccin ROR. osseuse et, chez l’enfant, perturbent la augmentent la perte croissance des cartilages • Pancréas (digestif)épiphysaires. Certaines formes de glucocorticoïdes sont parfois prescrites en –raison de digestif leur pouvoir • Duodénum (la plus grande partie) Système anti-inflammatoire. Les enfants qui reçoivent un tel traitement • Glandes surrénales – Système endocrinien sont surveillés de près afin de s’assurer que leur croissance n’est • Aortepar et veine cave – Système cardiovasculaire pas entravée la prise duinférieure médicament.
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3
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STraTégieS d’apprenTiSSage
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Chapitre 7 Le système squelettique : la structure et la fonction osseuses
LIENS ENTREVérifiez LES CONCEPTS INTÉGRATION INTÉGRATION LIENS ENTRE LES CONCEPTS vos connaissances Beaucoup d’hormones du système endocrinien (voir le
L’hypophyse comprend deux parties : la neurohypophyse et l’adénohypophyse. L’ocytocine et l’hormone antidiurétique sont produites dans l’hypothalamus, mais c’est la neurohypophyse qui assure le stockage et la libération de ces hormones.
Vérifiez vos connaissances
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Chapitre 7 Le système s
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13/03/14 9:19 PM
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• Vessie et uretères Systèmeutilisée urinaire par les cellules nerLa sérotonine est une –molécule veuses•du cerveau pour communiquer entre elles. Elle peut égaCôlon (ascendant et descendant) – Système digestif
lement• agir en– tant qu’hormone Reins Système urinaire et participerait à la résorption osseuse. En effet, certaines études avancent l’idée que la séroto• Œsophage (portion abdominale) – Système digestif nine pourrait favoriser la résorption en stimulant la différencia• Rectum digestif (Chabbi-Achengly, Coudert, tion de cellules– Système en ostéoclastes Callebert et al., 2012). Cependant, d’autres études avancent que la sérotonine ralentit la croissance osseuse en inhibant la prolifération des ostéoblastes (Yadav, Ryu, Suda et al., 2008). Quoi qu’il en soit, le rôle de la sérotonine sur le tissu osseux revêt un intérêt clinique, puisque des recherches suggèrent qu’il existe-
saires au transport des hormones liposolubles ?
protéines de transport.
Vérifiez vos connaissances 9. Pourquoi les protéines de transport sont-elles néces17.4.2 Les taux d’hormones circulantes
saires au transport des hormones liposolubles ?
X Caractéristiques du manuel
2
Décrire les deux principaux facteurs affectant la concentration d’une hormone circulante.
Les taux d’hormones circulantes
317.4.2 Expliquer ce qu’est la demi-vie d’une hormone.
La demi-vie hormonale au temps polypeptidiques nécessaire pour jusqu’à environ une heurecorrespond pour les hormones réduire la concentration d’une hormone dans le sang plus grosses. Les hormones stéroïdiennes sont cellesjusqu’à dont lala moitié deest sa la sécrétion initiale. demi-vie hormones hydrodemi-vie plus longue. La La demi-vie de des la testostérone, par solubles est est de généralement assez courte. Elle de quelques exemple, 12 jours. Plus la demi-vie d’unevarie hormone est de minutes ou moins peptidiques de petite taille, courte durée, plus pour elle les doithormones être remplacée fréquemment afi n jusqu’à environ une heure pour les hormones polypeptidiques de maintenir sa concentration normale dans le sang. plus grosses. Les hormones stéroïdiennes sont celles dont la demi-vie est vos la plus longue. La demi-vie de la testostérone, par Vérifiez connaissances exemple, est de 12 jours. Plus la demi-vie d’une hormone est de 10. Quelle est la relation entre la synthèse d’une hormone courte durée, plus elle doit être remplacée fréquemment afin et la concentration cette hormone dans le sang ? Chapitre 17de Le système endocrinien de maintenir sa concentration normale dans le sang. 787 Chapitre 17 Le système endocrinien 787
Intégration pédagogique de l’évaluation des connaissances
Les2effets physiologiques des hormones dépendent principaleDécrire les deux principaux facteurs affectant la concen Chapitre 17 Le système endocrinien 787 Vérifiez vos connaissances tration hormone circulante. ment de dans sang.raison, Par conséquent, prolonger la leur vied’une deconcentration cette hormone. Pourle cette certaines 17.4.2.1 La demi-vie hormonale 10. Quelle est la relation entre la synthèse d’une hormone laprolonger concentration de chaque hormone doit être la vie de cette hormone. cette raison, certaines prolongerPour la vie de cette rigoureusement hormone. Pour cette raison, certaines hormones hydrosolubles sont également transportées par des 17.4.2.1 La demi-vie hormonale 17.4.2.1 La demi-vie hormonale 3 Expliquer ce qu’est la demi-vie 5temps Lapardemi-vie hormonale correspond auhormone temps nécessaire pour d’une hormone. également transportées et la concentration de au cette dans le sang ? hormones hydrosolubles sont des La demi-vie hormonale correspond nécessaire pour contrôlée afihydrosolubles n de prévenir sont certains problèmes cliniques,par qu’il hormones également transportées des réduire protéines de transport. hormonale au protéines de transport. la réduire concentration d’une hormone le sang jusqu’à lapour 4La demi-vie la concentration d’unecorrespond hormone dans ledans sang temps jusqu’à la nécessaire s’agisse d’anomalies ou de maladies liées aux organes ou aux protéines de transport. moitié de sa sécrétion initiale.d’une La demi-vie des hormones hydroréduire lasécrétion concentration hormone dans le sang hydrojusqu’à la moitié de sa initiale. La demi-vie des hormones Vérifiez vos connaissances Les effets physiologiques des hormones dépendent principalesolubles est généralement assez courte. Elle varie de quelques tissus. Par exemple, le gigantisme est causé par une concentraVérifiez vos connaissances degénéralement saousécrétion initiale. La demi-vie des hydroest assez Elle varie de quelques minutes moins pour les hormonescourte. peptidiques de petite taille,hormones 9. Pourquoi les protéines transport sont-elles solubles nécesmoitié ment de leurtrop concentration dans le sang. Pardeconséquent, tion sanguine élevée en hormone de au croissance. Vérifiez vos connaissances une les heure pourassez les hormones polypeptidiques saires transport des hormones liposolublesminutes ? solubles estenviron généralement courte. Elle de varie de taille, quelques oujusqu’à moins pour hormones peptidiques petite Pourquoi les protéines transport sont-elles néces la 9.concentration de chaquedehormone doit être rigoureusement plus grosses. Les hormones stéroïdiennes sont celles dont la minutes ou moins pour les hormones peptidiques de petite taille, 9. facteurs Pourquoi les protéines de transport sont-elles -qu’il jusqu’à environ une heure les dehormones saires auntransport des hormones liposolubles ? néces demi-vie est la plus longue.pour La demi-vie la testostérone,polypeptidiques par Deux principaux infl uencent la concentration en horcontrôlée afi de prévenir certains problèmes cliniques, Les hormones contact quasi-totalité des tissus exemple, est de 12 jours. Plus la demi-vie d’unela hormone est de jusqu’à environ une en heure pouravec les hormones polypeptidiques saires au transport hormones liposolubles ? ou aux plus grosses. Lesentrent hormones stéroïdiennes sont celles dont la mones dans le sang : laou synthèse et l’élimination des hormones. courte durée, plus elle doit être remplacée fréquemment afin s’agisse d’anomalies de des maladies aux d’hormones organes 17.4.2 liées Les taux circulantes corporels, puisqu’elles sont transportées dans le sang et qu’elles plus grosses. Les hormones stéroïdiennes sont celles dont de maintenir sa concentration normale dans le sang. demi-vie est la plus longue. La demi-vie de la testostérone, par la Par exemple, le gigantisme est causéd’une par une concentratraversent les capillaires. Cependant, lesd’une hormones interagissent •tissus. Synthèse des hormones. La 2 synthèse hormone se exemple, demi-vie est la plus longue. La demi-vie de la testostérone, par est de 12 jours. Plus la demi-vie hormone est de Décrire les deux principaux facteurs affectant la concen 1 vos connaissances tion sanguine enendocrine. hormone deSicroissance. 2durée,Vérifiez uniquement avec leurs cellules cibles afi nfréquemment de déclencher unede produit danstrop uneélevée glande la vitesse à laquelle courte tration d’une hormone circulante. exemple, est de 12 jours. Plus la demi-vie d’une hormone elle doit êtrela synthèse remplacée afiest n 10.plus Quelle est la relation entre d’une hormone 17.4.2 Lesfabriquent taux d’hormones circulantes 3 Expliquer ce qu’est d’une hormone. cellulaire spécifi que. Une remplacée hormone généraleles cellules uneinfl hormone (taux dela demi-vie synthèse) ethorle de réponse et laplus concentration de cette hormone dans le sang ? possède Deux facteurs principaux uencent la concentration en courte durée, elle doit être fréquemment afi n maintenir sa concentration normale dans le sang. 17.4.2 libération Les taux d’hormones circulantes Les hormones entrent contactcibles. avec la quasi-totalité des tissus ment plusieurssa types deencellules par exemple, taux de hormone augmentent,des la concentramones dans le sang :d’une la synthèse l’élimination hormones. de maintenir concentration normaleL’insuline, dans le sang. Leset effets physiologiques des hormones dépendent principalepuisqu’elles sont transportées dans le sang etdu qu’elles 2 tion secorporels, lie aux cellules musculaires, aux hépatocytes (cellules foie) deles cette ledesang serala plus À conséquent, Décrire deuxhormone principauxdans facteurs affectant concen - sang. Par ment leur concentration dansélevée. le Vérifiez vos connaissances la facteurs concentration de chaque hormone doit être se rigoureusement les capillaires. les hormones •l’opposé, des hormones. synthèse 2Synthèse Décrire deux principaux affectant la hormone concen ettraversent aux cellules des cellules tissus Cependant, conjonctifs La interagissent quantité de tration d’une hormone circulante. siles la synthèse et laLa libération ded’une l’hormone dimi17.5 avec Les cibles : adipeux. contrôlée afin de prévenir certains problèmes cliniques, qu’il Vérifiez vos connaissances uniquement leurs cellules afil’importance nd’une de déclencher une 10. Quelle la relation entre détermine lacibles synthèse hormone produit une glande endocrine. Si laoudans vitesse à liées laquelle tration d’une hormone circulante. ciblesest d’une hormone de son nuent, la dans concentration de cette le sang sera s’agissehormone d’anomalies de maladies aux organes cellules ou aux les interactions 3 Expliquer ce qu’est la demi-vie d’une tissus. Par hormone. exemple, le gigantisme est causé et par le une concentra10. Quelle est la relation entre la synthèse d’une hormone et la concentration de cette hormone dans le sang ?généraleréponse cellulaire spécifi que. Une hormone possède les cellules fabriquent une hormone (taux de synthèse) influence dans l’organisme. Ainsi, une hormone qui possède un plus faible. ce qu’est la demi-vie tion sanguine trop élevée en hormone de croissance. avec les hormones 3 Expliquer hormone. et la de concentration de cette hormone dans lesur sang ? ment nombre plusieurs types de cellules cibles. L’insuline, par exemple, taux de libération d’une hormoned’une augmentent, la concentra- grand cellules cibles aura un grand effet l’orgaDeuxhormones facteurs principaux influencent la concentration en horÉlimination deshormone hormones. Les peuvent être éli-À Les hormones entrent en contact avec aux quasi-totalité des tissus(cellules du foie) se lie aux cellules musculaires, hépatocytes Les•effets des hormones dépendent principaletion physiologiques de cette dans ledans sang plus élevée. mones le sangsera : la synthèse et l’élimination des hormones. nisme, alors qu’une hormone quila ne possède qu’un petit nombre corporels, puisqu’elles sont transportées dans le sang et qu’elles minées la synthèse dégradation enzymatique. CeLa synthèse processus Les physiologiques des hormones principaleet cellules aux traversent cellules des conjonctifs adipeux. ment deeffets leur par concentration dans le sang. Par conséquent, l’opposé, si la et la libération de l’hormone dimiles capillaires. Cependant, les sur hormones interagissent La quantité de • Synthèse des dépendent hormones. d’une hormone se de cibles auratissus peu d’effet l’organisme. d’inactivation d’une par une enzyme se déroule leurs hormone cellules cibles détermine afi n de déclencher une produit une glande endocrine. Si lasera vitesse à laquelle ment de la leur dans ledans sang. Par conséquent, cellulesuniquement cibles avec d’une l’importance de son la concentration deconcentration chaquehormone hormone doit être rigoureusement nuent, concentration de cette hormone dans le sang réponse cellulaire spécifique. Une hormone possède généraleles cellules fabriquent une hormone (taux de synthèse) etL’interaction le des hormones avec leurs cellules cibles ainsi dans les cellules du foie. Lesêtre hormones peuvent lanormalement concentration de chaque hormone doit rigoureusement influence Ainsi, une hormone contrôlée afi n de prévenir certains problèmes cliniques, qu’il la concentraplus faible. ment dans plusieursl’organisme. types de cellules cibles. L’insuline, par exemple, qui possède un taux de libération d’une hormone augmentent, se lie aux cellules musculaires, aux hépatocytes (cellules du foie) que les changements cellulaires qui en découlent sont sensibletion de cette hormone dans le sang sera plus élevée. À aussi être éliminées par le retrait de l’hormone du sang, par contrôlée afi n de prévenir certains problèmes cliniques, qu’il grand etnombre de cellules cibles aura un grand effet sur l’orgas’agisse d’anomalies ou de maladiesl’opposé, liées siaux organes ou aux aux cellules des tissus conjonctifs adipeux. La quantité de la synthèse et la libération deélil’hormone dimi•son Élimination des hormones. Les hormones peuvent être ment différents selon qu’il s’agit d’hormones liposolubles ou par les ouest par son absorption par les s’agisse d’anomalies oureins de maladies oucelaux alorscibles qu’une qui ne possèdede qu’un petit nombre cellules d’unehormone hormone détermine l’importance son tissus. Parexcrétion exemple, le gigantisme causé paraux uneorganes nuent, laliées concentration deconcentracette hormone dans le sangnisme, sera minées parUnlataux dégradation enzymatique. Ce laconcentraprocessus influence dans l’organisme. Ainsi, uneLa hormone qui possède un hormonale plus faible. lules cibles. d’élimination rapide concenAnimation communication hydrosolubles. Partrop exemple, gigantisme est causéabaisse par une de cellules ciblesdeaura peu d’effet sur l’organisme. tiontissus. sanguine élevéeleen hormone de croissance. grand nombre cellules cibles aura un grand effet sur l’orgad’inactivation d’une une enzyme déroule • Élimination des hormones. Lesse hormones peuvent être élitration en trop hormones dans lepar sang, alors qu’un taux nisme, alors qu’une hormone qui ne possède qu’un petit nombre tion sanguine élevéehormone en hormone de croissance. minées la dégradation enzymatique. des avec leurs cellules cibles ainsi Deux facteurs principaux uencent lalapar concentration en peuvent hor- Ce processusL’interaction normalement dans lent les infl cellules du foie. Les hormones de cellules cibles aura hormones peu d’effet sur l’organisme. d’élimination plus augmente concentration d’inactivation d’une hormone paren une horenzyme Les se déroule hormones entrent en contact avec la quasi-totalité des tissus Deux facteurs principaux uencent ladans concentration horque les changements cellulaires qui en découlent sont sensiblemonesmones dans être le sang la synthèse et l’élimination des hormones. aussi éliminées par leinfl retrait de l’hormone du par peuvent L’interaction des hormones avec leurs cellules cibles ainsi normalement les cellules du sang, foie.en Les hormones 17.5.1 Les hormones liposolubles dans le: sang. Les entrent entransportées contact avec la des tissus corporels, puisqu’elles sont dans le sang et qu’elles que les changements cellulaires qui en découlent sontquasi-totalité sensibleêtre éliminées par le retrait de l’hormone du sang, par hormones mones dans le sang la synthèse et l’élimination des hormones. ment différents selon qu’il s’agit d’hormones liposolubles ou son excrétion par: les reins ouaussi par son absorption par les celment différents selon qu’il s’agittransportées d’hormones liposolubles son excrétiond’une par les reins ou par son absorption par les celcorporels, puisqu’elles sont dans ouleinteragissent sang et qu’elles les capillaires. Cependant, les hormones • Synthèse desentre hormones. La synthèse synthèse hormone se sa traversent L’équilibre le taux de d’une hormone (par lules cibles. Un tauxabaisse d’élimination abaisse la concenlules cibles. Un taux d’élimination rapide la rapide concenAnimation La communication hormonale hydrosolubles. Animation La communication hormonale hydrosolubles. 6 traversent les capillaires. Cependant, les hormones interagissent • Synthèse des hormones. La synthèse d’une hormone se uniquement avec leurs cellules afin liposolubles de déclencher une produitendocrine) dans une glande vitesse à laquelle 1 Décrire la manière dont lescibles hormones tration Si en la hormones le (grâce sang, alors taux glande et son endocrine. taux d’élimination du dans sang à qu’un tration en hormones dans le sang, alors qu’un taux d’élimination augmente lalaquelle enuniquement hor- cellulaire avec leurs cellules cibles afipossède n cibles de déclencher produit dans glande Siplus lalent vitesse réponse spécifi que. Une hormone généraleles cellules une hormone (taux de synthèse) etconcentration le atteignent les récepteurs de leurs cellules ainsi que une l’activité dufabriquent foie, une des reins et endocrine. desmones cellules cibles) est àessentiel 17.5.1 Les hormones liposolubles dans sang. d’élimination plus lent augmente la leconcentration en horréponse cellulaire que. Une qu’elles hormone possède généraleles une hormone (taux de et le ment plusieurs types despécifi cellules cibles. L’insuline, par exemple, tauxmaintien decellules libération d’une hormone augmentent, la synthèse) concentrale type de changement cellulaire déclenchent. au defabriquent concentration homéostatique de chaque L’équilibre entre le taux de synthèse d’une hormone (par 17.5.1 sa Les hormones liposolubles mones dans lelasang. 1 Décriremusculaires, ment plusieurs de cellules cibles. par exemple, latypes manière dont les hormones liposolublesL’insuline, taux de libération d’une hormone augmentent, la concentrase lie aux cellules aux hépatocytes (cellules du foie) tion de cette hormone dans le sang sera plus élevée. À glande endocrine) et son taux d’élimination du sang (grâce à hormone. atteignent les récepteurs de leurs cellules cibles ainsi que l’activité du foie, des reins et des cellules cibles) est essentiel se lie aux cellules musculaires, aux déclenchent. hépatocytes (cellules du tion de cette hormone dans le sang sera plus élevée. À et chaque aux cellules des tissus conjonctifs quantité defoie) l’opposé, si la synthèse et lade libération de l’hormone dimiL’équilibre entre le taux synthèse d’une hormone (par sa le type de changement cellulaire au maintien de la concentration homéostatique de Les hormones liposolubles sontqu’elles des adipeux. moléculesLanon polaires de Décrire la manière dontconjonctifs les hormones liposolubles et 1aux cellules deshormone tissus adipeux. La quantité l’opposé, si la synthèse et la libérationdans dedu l’hormone dimihormone. cellules cibles d’une détermine l’importance de sonlesde nuent, la concentration de cette hormone le sang sera glande endocrine) et son taux d’élimination sang (grâce à petite taille ; ellesliposolubles sont lipophiles, c’est-à-dire qu’elles aiment À votre avis Les cibles hormonesd’une sont desde molécules non polaires de atteignent les récepteurs leurs cellules cibles ainsi que cellules hormone détermine l’importance de nuent, la concentration hormone dans est le sang sera infllipides. uence dans l’organisme. Ainsi, une hormone qui possède un son plus faible.du l’activité foie, des reins de et cette desÀ cellules cibles) essentiel petite taille ; elles sont lipophiles, c’est-à-dire qu’elles aiment les plasmique ne Il convient de rappeler que la membrane votre avis 1. Quel serait l’effet produit par une anomalie fonctionnelle lelipides. type changement cellulaire qu’elles déclenchent. inflnombre uence dans l’organisme. Ainsi, une hormone Ilde convient de rappeler que la membrane plasmique ne qui faible. grand de cellules cibles aura grand effet surpossède l’orga- un au plus maintien de la concentration homéostatique de chaque 1. Quel serait l’effet produit par une anomalie fonctionnelle constitue pas une effi caceun contre les • Élimination des hormones peuvent être éli- d’une constitue pas une barrière barrière efficace contre les substances nonsubstances non du foie ouhormones. des reins surLes concentration d’une du foie ou des reins sur la hormone concentration hormone grand nombre de cellules cibles aura un qu’un grand effetnombre sur l’organisme, alors hormone possède petit hormone. 3 laenzymatique. de petite taille (voir laqui section 4.2). Par conséquent, dequ’une petite taille (voir lane section 4.2). Parlesconséquent, les dans leou sang baisse, la hausse ou le maintien • Élimination des Les hormones peuvent éli- depolairespolaires minées par lelasang dégradation Ce processus 7 dans : hormones. la baisse, la hausse le: lamaintien de être hormones liposolubles non liées, telles que les hormones stéroïnisme, alors qu’une hormone qui ne possède qu’un petit nombre de cellules cibles aura peunon d’effet surtelles l’organisme. la concentration ? Expliquez votre réponse. Les hormones liposolubles sont des molécules non polaires de liposolubles liées, que les hormones stéroïminées pard’une la dégradation Ce déroule processus hormones diennes, peuvent diffuser à travers la membrane plasmique. la concentration ? Expliquez votre d’inactivation hormone parenzymatique. une réponse. enzyme se de cellules cibles aura peu d’effet sur l’organisme. petite taille ; elles sont lipophiles, c’est-à-dire qu’elles aiment À votredans avisd’une peuvent diffuser à avec travers la cellules membrane plasmique. d’inactivation hormone parLes une enzymepeuvent se déroule diennes, L’interaction des hormones leurs cibles ainsi les normalement les cellules du foie. hormones lipides. Il convient dehormones rappeler que laleurs membrane plasmique ne L’interaction des avec cellules cibles ainsi 1. Quel serait l’effet produit par une anomalie fonctionnelle que les changements cellulaires qui en découlent sont sensiblenormalement dans les cellules du foie. Les hormones peuvent aussi être éliminées par le retrait de l’hormone du sang, par constitue passelon une barrière efficace contre les substances du foie oules desreins reins sur la concentration d’une que les changements cellulaires qui en découlent sont sensibledifférents qu’il s’agit d’hormones liposolubles ounon être éliminées parou lepar retrait l’hormone duhormone sang, son aussi excrétion par son de absorption par les cel- par ment polaires de petite taille (voir la section 4.2). Par conséquent, les dans le sang : la baisse, la hausse ou le maintien de Anatomie_ch17.indd 787 3/11/14 4:09 PM ment différents selon qu’il s’agit d’hormones liposolubles ou excrétion pard’élimination les reins ou par son absorption par les cel- hydrosolubles. lulesson cibles. Un taux rapide abaisse la concenAnimation La communication hormonale hormones liposolubles non liées, telles que les hormones stéroïla concentration Expliquez votre réponse. lulesen cibles. Un taux ?dans d’élimination rapide concenAnimation La communication hormonale hydrosolubles. tration hormones le sang, alorsabaisse qu’unla taux diennes, peuvent diffuser à travers la membrane plasmique. tration enplus hormones dans le sang, alors qu’un d’élimination lent augmente la concentration 7en hor-taux Anatomie_ch17.indd 787d’élimination plus lent augmente la concentration en hor3/11/14 4:09 PM 17.5.1 Les hormones liposolubles mones dans le sang. 17.5.1 Les hormones liposolubles mones dans le sang. L’équilibre entre le taux de synthèse d’une hormone (par sa le taux synthèse d’une hormone (par glandeL’équilibre endocrine)entre et son taux de d’élimination du sang (grâce à sa 1 Décrire la manière dont les hormones liposolubles 1 Décrireles la récepteurs manière dont hormones atteignent deles leurs cellules liposolubles cibles ainsi que glandeduendocrine) et son d’élimination (grâce à l’activité foie, des reins et taux des cellules cibles)du estsang essentiel atteignent les récepteurs de leurs cellules cibles ainsi que3/11/14 4:09 PM le type de changement cellulaire qu’elles déclenchent. du des reins et des cellules cibles) essentiel Anatomie_ch17.indd 787 au l’activité maintien de foie, la concentration homéostatique deest chaque le type de changement cellulaire qu’elles déclenchent. au maintien de la concentration homéostatique de chaque hormone. hormone. Les hormones liposolubles sont des molécules non polaires de Lestaille hormones liposolubles sont des molécules non polaires petite ; elles sont lipophiles, c’est-à-dire qu’elles aiment les de À votre avis petite ; elles lipophiles, aiment À votre avis lipides. Il taille convient desont rappeler que lac’est-à-dire membranequ’elles plasmique ne les 1. Quel serait l’effet produit par une anomalie fonctionnelle lipides. Il convient de rappeler que la membrane plasmique ne constitue pas une barrière effi cace contre les substances non 1. foie Quel l’effetsur produit par une anomalie fonctionnelle du ouserait des reins la concentration d’une hormone constitue pas taille une barrière efficace4.2). contre substances de petite (voir la section Par les conséquent, les non ou: la des reins la surhausse la concentration d’une dansdu lefoie sang baisse, ou le maintien dehormone polaires polaires de petite taille (voir la section 4.2). Par conséquent, les hormones liposolubles non liées, telles que les hormones stéroïdans le sang?: Expliquez la baisse, la hausse ou le maintien de la concentration votre réponse. hormones liposolubles liées, telles que les hormones stéroïdiennes, peuvent diffuser non à travers la membrane plasmique. la concentration ? Expliquez votre réponse. diennes, peuvent diffuser à travers la membrane plasmique.
17.5 Les cellules cibles :
les interactions avec les hormones 17.5 Les cellules cibles : les interactions avec les hormones
Pour faciliter l’apprentissage, chaque chapitre propose des objectifs d’apprentissage et divers types d’évaluation faisant appel aux connaissances notionnelles et à la pensée critique.
Divers types d’évaluation 1
Objectis d’apprentissage Ces objectis mettent en évidence les aspects essentiels à retenir à la suite de la lecture d’une section.
2
Vérifez vos connaissances Ces questions, placées à la n de chaque section, permettent au lecteur de vérier s’il a bien compris l’inormation.
3
À votre avis Ces questions ont appel à la pensée critique et amènent le lecteur à réféchir en onction des concepts déjà étudiés. Les réponses sont présentées à la n du manuel.
Autres caractéristiques 4
5
Termes en gras Les termes en gras soulignent la présence d’un élément important, d’une notion à |retenir ou les composantes d’une liste.
6 Picto
Termes en rouge Les termes en rouge sont dénis dans le glossaire à la n de l’ouvrage.
2
Annexe L’annexe comprend des tableaux supplémentaires et récapitulatis sur les principales hormones et leurs onctions. Glossaire Le glossaire permet une recherche rapide de mots clés, indiqués en rouge dans le texte courant.
3
Éléments de ormation des mots Les principaux suxes, préxes et autres racines des mots sont présentés sous orme de liste an de mieux décoder le vocabulaire anatomique souvent issu du latin ou du grec.
4
Réérences La bibliographie regroupe, par chapitre et par ordre alphabétique, les réérences complètes des res sources utilisées dans le manuel.
5
Index L’index permet de repérer rapidement les pages relatives à une inormation recherchée.
les les interactions avec hormones avec les hormones
Renvois De nombreux renvois à des sections ou à des gures ponctuent le texte an de aciliter l’intégration des liens entre les diérents concepts des chapitres (ou propres au chapitre).
Ce picto renvoie aux animations, à des études de cas interactives et aux solu tionnaires de la section Autoévaluation oerts sur la plateorme interactive de l’ouvrage.
FIN DU MANUEL 1
17.5 Les cellules cibles : 17.5lesLes cellules cibles : interactions
1431
4
Anatomie_ch17.indd 787 Anatomie_ch17.indd 787
3/11/14 4:09 PM Chapitre 1 Institut de cardiologie de l’Université d’Ottawa (2010). Célébrons les 30 ans du cœur endocrine. The Beat, 5(5), 5-6.
1
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ANNEXE
3/11/14 4:09 PM
RéféRences
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[En ligne]. www. 1411 1278,drug 1284,development 1383 Acouphène, 759 processus métabolique de Abdomen Antipsoriatic : Challenges conseilsnutrition.tv/-10_sante_du_coeur Blurton-Jones, M., Kitazawa, M., MartinezLes tableaux qui suivent sont fournis à titre de référence rapide relativement aux principales dégradation d’un _, 116 Acromion de la scapula, 323 production de l’_, 413 circulation artérielle vers l’_, 957 and new emerging therapies. Rencent Pat consultée lesont 27 avril 2013). en fonction Coria, H., et al. (2009). Neural stem cells insaturé, 63–65 hormones de régulation présentes dans l’organisme. (page Ces dernières classées Acrosine, 1355 production d’_, 112, 114, 399, 1284, hernie à l’_, 466 Infamm and Allergy Drug Discov, 6(1), 3-21. improve cognition via BDNF in a transgenic saturé, 63–65 1335 Acrosome, 1330, 1332, 1353, 1355 Santé Canada (2009). Les gras trans. [EnChacun ligne]. de la variable générale ou du processus régi par l’hormone ou le groupe d’hormones. retour veineux de l’_, 957 model o Alzheimer disease.1079 PNAS 106(32), Gauvin, R., Larouche, D., Marcoux, H., Actine, 397, 856, 877 Acide ribonucléique (ARN), 67–68 synthèse de l’_, 84, 104 www.hc-sc.gc.ca/n-an/nutrition/gras-trans-ats/ Abdominaux, des tableaux comprend le nom des hormones, leur source, leur structure chimique, le prin13594-13599. Abducteur et al.de(2012). Minimal or tissuetransert (ARNt),contraction 160–161 Adénylcyclase, 789, 791 Activateur tissulaire du index-ra.php (page consultée le 27 avril 2013). cipal stimulus qu’elles déclenchent, leur mode de transport dans la circulation sanguine (lié dégradation de l’_, 1254 engineered skin substitutes when matured at plasminogène, 856 Adhérence interthalamique, 591, 633 de l’hallux, 505 V., et al. (2008). Dromard, C., Guillon, T., Rigau, U.S. Department Energy Genomecellulaires Programs ou non à une protéine de transport), les principaux organes cibles,oles réponses messager (ARNm), Activation Adipocyte, 190, 195 the air-liquid interace.157–158, J Tissue Eng Regen Med, du cord petit doigt, 487, 490 Adult human spinal harbors neural (2012). Human Genome Project Inormation. 160–161, 788 capacité d’_, 684 ADN, voir Acide désoxyribonucléique 7(6), 452-460. orteil, 505Res, qu’elles provoquent, le résultat net qui en découle (sommaire des effets obtenus), leur mode élevée, precursor cells1426 in du vitro. Neurosci 86(9), anormalement correspondant àpetit unJ pH Alimentaire : Relati à la nourriture ou Post-HGP Progress. [En ligne]. www.ornl.gov/sci/ A (ADN) messager (ARNm) mature, 158 de la chaîne de réactions de du pouce, 489–490 de régulation (par rétroaction négative ou positive), techresources/Human_Genome/home.shtml des exemples de pathologie ou d’affecHamm, H., & Höger, P.H. (2011). 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Dopamine De neurons derived rom human ES dans les TAbLEAu 1 Régulation de la glycémie par cérébrale les hormones nombreux termes utilisés biologiques sont des mots composés ; ainsi, les lymphatiques, 981 catégories d’_, 1194 de l’activité causée parpancréatiques une réduction de énergie d’_, 93, 95 majeure partie des laments ns dudesarcomère. la glande thyroïde, 809 cells efciently in animalde models Alvéole cavité ;J.J., sacs aériens des vaisseaux sanguins, 912–913 1284 motsengrat sont ormés une oou: Petite de plusieurs racines auxquelles s’ajoutent le préfxe l’irrigation sanguine d’une région du cerveau ; générale, 684 et le sufxe Department o Health and Human Services, Lai, cétonique, Chang, P.,présents Lai, K.P., et al. (2012). The de la rate, 990 Caractéristique Insuline Glucagon Parkinson’s disease. Nature, 480, 547-551. Adaptation : Modication bénéque d’un dans les poumons.role Aussi, portion des glandes chlorhydrique, 1004, 1182, 1218, du conduit déérent, 1334 666vocabulaire or permanentes. Disease Control and Prevention peut entraîner desCenters séquelles o androgen and androgen receptor de la vésicule biliaire, 1241 appropriés. Moins demammaires 400 racines, préfxes et sufxes orment plusinderéciproque, 90 % du organe d’une structure vue dedes pouvoir qui est responsable de la sécrétion du tube digesti, 1215 1228, 1230 Activité(s) (2013). Fiche d’inormation –• ÀCellules propos du ou amygdales, 991embryonLaurent, en S. (2013). Cellules souches skin-related disorders. Arch Dermatol Res, Source • Cellules bêta (β) pancréatiques alpha (α) pancréatiques médical. Ces combinaisons dérivent lecitrique, plus souvent du latin ou du grecbactérienne ancien.dans Le le préfxe est 1247 Accommodation :cyanure. Modication de la orme du répondre à de nouveaux de lait. 1281, 1284, 1334–1335 du vagin, 1316 gros intestin, du prépuce du pénis, 1337 [En ligne]. www.bt.cdc.gov/agent/ naires, besoins. le retour d’un débat houleux. [En ligne]. 304(7), 499-510. cristallin en vue de aire la mise au point sur Afnité, 1102, 1105 citrique, cycle de l’_, 108–112, 413 voir aussi Cœur(s), cardiaque, placé devant la racine du mot, et le sufxe est ajouté à sa suite. La liste ci-dessous comporte du rein, cyanide/rench/pd/acts.pd (page Adduction consultée le: Mouvement Structure chimique • Polypeptide (51 acides aminés) ; hydrosoluble • Polypeptide (29 acides aminés) ; hydrosoluble www.lemonde.r/politique/article/2013/07/11/ qui rapproche un 1155 Amnios : Membrane enveloppant l’embryon ; Laplante, (2004). Mécanismes de réépithéun objet rapproché. aible,A. 1198–1199 Cycle cardiaque Agénésie rénale, 1120 du tissules cornéen, 29 août 2013). cellules-souches-embryonnaires-le-retour-d-unles ormes plus 743 couramment en anatomie, en: expression physiologie et en médecine ainsi membre du plan médian du corps. orme une cavitéutilisées contenant le liquide lialisation des plaies1202 cutanées des cardiaque, structures régulant l’_, Agent(s) fxe, 1194–1197, Principal stimulus • Augmentation de la glycémie • Chute de la glycémie debat-houleux_3445981_823448.html Absorption, 1212 (page Acétylcholine (ACh) : Neurotransmetteur Girouard, S. (2013). Chimie organique 1. qu’undes exemple pour amniotique. chacune d’elles. Cette et lesla renseignements l’origine des mots protéines deliste stress chez souris chronotrope, 900, 902 olique, voir Vitamine(s) B9 et analyse à sur 882–884 de libération lipides,:1254, 1278 Adénosine monophosphate consultée lecyclique 16 août (AMPc) 2013). libéré par les systèmes nerveux central Éducation. et Montréal : Chenelière l’aideort, d’un nouveau visent modèle tridimensionnel électrique du cœur et voca1198–1199 chronotrope négati, 900 insérés dans le corps du texte du :présent ouvrage d’un des nutriments, 84, Amphiarthrose 1275 Messager secondaire qui intervient dans Articulation semi-mobile à aciliter l’apprentissage périphérique. Mascret, D., & Perez, M. (2012). Nobel de 1267 humain développé par génie 552 tissulaire. Thèse Mode de transport • Non lié • Non lié gamma-aminobutyrique, chronotrope positi, 900 enregistrement, 891–893 du calcium, 235, 259, 275, Institut national de santé publique (1997). Traitel’action de certaines hormones sur unequi, cellule ex., lainutilement syndesmose et la symphyse). bulaire souvent,(p. paraît complexe. Comme il s’agit strictement d’un outil d’apde doctorat. Québec : Université Laval. médecine : les cellules souches électrique du nœud sinusal, 885–886 hyaluronique, 192, 1004 inectieux, 998 du er, 1271 à l’honneur. [En de l’intoxication par le cyanure.cible. [En ligne]. L’AMPc est ormée durant la réaction Acide : Substance ment qui libère des ions hydrogène prentissage, les 235, diérentes entrées se veulent intentionnellement Le ait de les Principaux • Foie : augmentation de la glycogenèse, diminution de • Foie : augmentation de la glycogénolyse suivie d’une ligne]. http://sante.lefgaro.r/actualite/2012/ lactique, 834, 927, 1004, 1194Vitamin brèves. inectieux, catégories d’_, 998–999 électriques des myocytes Amphipathique : Lehmann, Se dit d’une molécule quiM. du phosphore, 1267 http://portails.inspq.qc.ca/toxicologieclinique/ B.,413, & Meurer, (2010). D entre l’adénylcyclase et l’adénosine est en solution aqueuse. organes cibles la glycogénolyse etlorsqu’elle de la néoglucogenèse augmentation de la néoglucogenèse à mesure les 10/08/19251-nobel-medecine-cellules-souchescardiaques, 889–890 lactique, cycle l’_, 116 inotrope négati, 902 région hydrophile et une région par la que peau, 235 depossède apprendre permet suivreune le cours d’anatomie etdede physiologie en 2-12. progressant rapidement, traitement-de-lintoxication-par-le-cyanure.aspx triphosphate (ATP). metabolism. Dermatologic Therapy, 23(1), et changements réserves de glycogène s’amenuisent, diminution la août hydrophobe. métabolique, voir Acide(s) fxe inotrope positi, 902 lhonneur (page consultéede le 16 2013). mécaniques des myocytes • Tissu conjonctif adipeux : augmentation la lipogenèse, Acide aminé : Composé organique Abstinence, 1320 (pagede consultée leagissant 30 août 2013). constamment et de açon considérable, ce quiF.,constitue gageYellow de réussite. Maldonado, & Ryu, J.H.un (2009). nail cardiaques, 889–890 cellulaires glycogenèse nucléiques, 67–68 inotropes, 900–902 Adénosine triphosphate (ATP) :Accélération Molécule qui diminution de la lipolyse comme unité de base dans la ormation de Nothias, J.-L. (2008). Pourquoi change-t-on Santé Canada (1979, mise à jour : juillet 1991). et libère Ampoule : Dilatation en orme dedigestion sac d’un canal syndrome. Curr Opin Pulm Med, 15(4), 371-375. physique, voir Eort physique nucléiques, chimique pathogène, 518, 998 emmagasine l’énergie chimique utilisée angulaire, 763 adipeuxde : augmentation de la lipolyse, protéines ; possèdede unlagroupement amine et • Tissu conjonctif • Cellules musculaires : augmentation glycogenèse, corps tous les quinze ans ? [En ligne]. Le cyanure. [En ligne]. www.hc-sc.gc.ca/ ex., le canal déérent de Acuité visuelle, 742 tératogènes, 1366, 1391 linéaire, 763, 767 ou d’un conduit (p. par les ; elle est constituée d’adénine, diminution decellules la lipogenèse un groupement carboxylique. Ministèredes de _, la 1254–1255 Santé et des Services sociaux augmentation du recaptage du potassium (en raison d’une www.lefgaro.r/sciences/2008/05/14/ ewh-semt/pubs/water-eau/cyanide-cyanure/ l’appareil reproducteur masculin). voir Oxaloacétate a-deAccélérine, sans, absence de oxaloacétique, (absence Acupuncteur, 677 de symptômes) Agglutination, 843, 845, 1031, 1033 854 demusculaires ribose et de :trois groupements phosphate. (2012). Plaies de pression.asymptomatique Québec : Direction des augmentation du nombre de pompes à sodium-potassium • Cellules augmentation la glycogénolyse ; 01008-20080514ARTFIG00005-pourquoiindex-ra.php (page consultée le 30 août 2013). Acide désoxyribonucléique (ADN) : Acide pantothénique, voir Vitamine(s) Adaptation Agglutinine, 842 B (se Accepteur de protons, 55loin de abstinence retenir de) [Na+-K+]) aucuneAdipocyte libération: de glucose dansabla circulation sanguine, ministère de la 5Santé et des Amyélinique : Quicommunications est dépourvu dedu gaine change-t-on-de-corps-tous-les-quinze-ans. Cellules responsables du stockage nucléique à doubleVander, brin composé de monomères phosphorique, 1194 à l’obscurité, 747 Agglutinogène, voir Antigène(s) Accident (2013). Physiologiecar humaine (6 e éd.). il est oxydé auphp cours de consultée la respiration Services sociaux du Québec. [En ligne]. http:// d’une glande) de myéline. (page le 26cellulaire août 2013). • Toutes les cellulesde cibles : augmentation du ;J.A. recaptage des adén-, adénoglande adénome (tumeur desplutôt lipides. pyruvique, 413 Agneusie, 731 à la lumière, 747 désoxyribonucléotides contient les gènes et ischémique transitoire, 591 Montréal : Chenelière Éducation. en vue de former de l’adénosine triphosphate (ATP) publications.msss.gouv.qc.ca/acrobat// acides aminés et de leur utilisation au cours de la synthèse des récepteurs, 717 urique, 1148 : Phaseaérobie Agnosie, 607 591 aéro- vasculaire cérébral, Anabolisme air, oxygène (en présence d’oxygène) dirige la synthèse des protéines. (réaction anabolique) du Adrénaline : Hormone sécrétée par la médulla documentation/2012/12-830-03W.pd des protéines, augmentation du recaptage du glucose (en volatil, à1194, 1197–1198 Agranulocyte, 848–849, 984 Addison, maladie d’_, 811 Accommodation, 740 métabolisme correspondant la ormation afvers aérent (qui se dirige vers) surrénale au cours de l’activation du système Chapitre 6 (page consultée le 23 décembre 2013). Chapitre 4 Acide fxedu(acide métabolique) : Acide raison d’une augmentation nombre de protéines de produit Acide(s) aminé(s), 69–71, 74, 116, Aile Adduction, 364, 367 Accouchement, 1376–1381 de grosses molécules complexes à partir de nerveux sympathique. -aire changements relati à urinaire (relati à l’urine) transport du glucose) durant le métabolisme. 551–552, 784–785, 793, 796, de l’ilium, 331 doigts, 364 Alliance québécoise du psoriasis (2013). G., & Reich, K. (2011). In touch withdes chez la mère après Dimitrov, L., Lam, S.K., & Schekman, R. (2013). molécules simplesMurphy, ; nécessite de l’énergie. 834, 1134, 1143, 1251, du nez, 1054 du poignet, 364 un groupement polaire l’_, 1382–1385 québécoise du psoriasis. [En ligne]. psoriasis :816, Topical treatments and current The role o the endoplasmic in amphides deux côtés, double amphiphile (molécule ayant attaché Adrénergique : SeAlliance dit des cellules nerveuses Acide lactique : Substance produite durant la•reticulum Résultat net • Diminution de la concentration sanguine en molécules Augmentation de la concentration sanguine glucose 1379 et 1267, 1275–1276, du sacrum, 318 68, 156, 1255 paren césarienne, guidelines. J Eur Acad Dermatol Venereol,Adénine, Anaérobie : Qui ne nécessite pas d’oxygène. peroxisome biogenesis. Cold Spring Harb qui sécrètent de lawww.psoriasisquebec.org noradrénaline - (page consultée à 1284 une chaîne hydrocarbonée non polaire) en situation anaérobie ; responsable qui agissent à titreglycolyse de carburant (glucose, acides gras et en acides gras ; diminution des réserves(neuro de glycogène à onctions particulières, 71, 74 Aire(s) Adénocarcinome, 1075 25(suppl. 4), 3-8. Perspect Biol, 5(5), pii : a013243. transmetteur). le 7 évrier 2013). phases de l’_, 1378–1381 de la atigue musculaire. acides aminés) et augmentation de la synthèse et de et de graisse Analyse urinaire : de Analyse des en anesthésie vue an- prématuré, 1377, 1381 sans, absence (absence de sensibilité) chargés, 71,urines 74 associative antérieure, 585, 610 Adénohypophyse, 272, 782–783, 785, la mise en réserve de celles-ci (glycogène, graisse d’une personne. 1267, 1272 androgène (hormone associative postérieure, 585 798, 801, 805–806, 808, 1191, Acétabulum, 330, 334 d’établir Adventice : Couche conjonctive externe androhommel’état de santéessentiel, mâle) Acide nucléique : Biomolécule organique de et protéines) non essentiel, 1267 1296, 1307, 1311–1312, 1317, Acétylcholine, 399, 401–403, 409, associatives, 581, 583–585, 607 d’un organe. grande taille (macromolécule) constituée Anastomose entre deux angiopathie (aection des vaisseaux sanguins) angi-, angiovaisseau : Communication non polaires, 71, 74 auditive associative, 585 1324, 1328–1329, 1342, 1372, 551–552, 680–681, 693, de monomères de nucléotides. Il en existe deux structures (p. ex., des vaisseaux sanguins)ante partum (avant l’accouchement) Mode de • Rétroaction négative • Rétroaction négative Aérent : Qui transporte un antéliquide ou un infux 698–699, avant polaires, 71, 74 auditive primaire, 584 1383–1384 695–696, 900 grands types : l’ADN et l’ARN. Ce type de en vue403 d’alimenter la même région. régulation nerveux vers un centre ou jusqu’à celui-ci. séquence des _, 71, 75–76 hormones de 799–800 Anatomie_Reference.indd 1431 13/03/14 9:40 anti- récepteur de l’_, 400–401, qui s’oppose à, contre anticoagulant (prévient laPMl’_, coagulation sanguine)de Broca, voir Aire(s) motrice molécule emmagasine l’inormation génétique Acidifcation du sang, interaction entre l’hypothalamus et du langage Acétylcholinestérase, 400 Branche de la biologie ayant1100 pour Agglutination : Réaction entre des cellules Pathologies • Diabète de type 1 dans et 2 ; la diabète gestationnel • Hypoglycémie cellule. -aque, -ique A, 116, Anatomie relati à:1284 cardiaque (relati aul’_, cœur) ; myocardique (relatideau muscle584 Brodmann, Acétylcoenzyme 1278, 1281, Acidocétose, 116, 1202–1203, 1284 799, 801 but l’étude des structures des organismes étrangères (antigènes) et des anticorps, et dont ou affections cardiaque) Acide ribonucléique (ARN) : Acide nucléique vivants. le résultat est un complexe (amas) par agrégainhérentes -asie état pathologique, état homéostasie (état de l’équilibre métabolique) à simple brin composé de monomères de tion observable. Androgène : Nom générique de l’hormone qui ribonucléotides ; assure la synthèse des Chapitre • 17 • 17 autode soi-même, par soi-même autolyse (destruction par ses propres enzymes) stimule l’activité des organes sexuels seconAgoniste (premier moteur) : Muscle dont la protéines selon les directives de l’ADN. Il en baro- donné. pesanteur, pression barorécepteur (récepteur sensible aux variations de pression) daires masculins ou qui est responsable de contraction entraîne un mouvement existe trois sortes : l’ARN messager, l’ARN de l’apparition de caractéristiques propres bideux ois, double bicuspide (qui possède deux valves) transert et l’ARN ribosomique. Aigu : Qui survient sur une courte 1443 période. Anatomie_Index.indd 13/03/14 au sexe masculin. -blaste précurseur, germe ostéoblaste (cellule osseuse jeune) Voir chronique. Acide urique : Déchet azoté produit par le Anémie brachibras : Toute situation dans laquelle brachial (relati au bras) métabolisme des acides nucléiques et excrété Albumine : Protéine du plasma sanguin qui le nombre d’érythrocytes est inérieur dans l’urine. bradylent bradycardie (ralentissement du rythme cardiaque) joue un rôle prépondérant dans le maintien à la normale. Anatomie_Annexe_A.indd 1397 13/03/14 9:45 PM de la pression osmotique et du pH ; possède carcinocancer carcinogène (cause le cancer) Acide volatil : Acide produit à partir du dioxyde Anévrisme : Poche ormée dans une artère en également un rôle de transporteur de certaines de carbone (p. ex., l’acide carbonique). cardi-, cardiocœur cardiogramme (tracé de l’activité du cœur) raison d’un aaiblissement de la paroi du substances. catavers le; bas, dégradation catabolisme (voies métaboliques de dégradation des molécules) Acidocétose : Accumulation de corps cétoniques vaisseau sa rupture entraîne un saignement Alcalose : Situation dans laquelle la concentradans le sang ; symptôme du diabète. abondant. caudqueue caudal (relati à la queue) tion du sang artériel en ions hydrogène est -celle à un pH petit pédicelle (partie du corps en orme de pédoncule) Acidose : Situation dans laquelle la concentraanormalement basse, correspondant Angiogenèse : Formation de nouveaux sanguins. tion du sang artériel en ions hydrogène est supérieur à 7,45. céphal-, céphalo- vaisseaux tête céphalique (relati à la tête)
Chapitre 2
ConseilsNutrition.tv (2013a). Démasquez Les principales hormones de réglation de l’organisme les gras. [En ligne]. www.conseilsnutrition. tv/-11_les_mauvais_gras (page consultée le 12 évrier 2013).
2
Glossaire
3
Anatomie_Glossaire.indd 1411
ÉlÉments
cérébrochondro-cide circumcis-claste
Anatomie_Elements.indd 1426
de formation des termes
cerveau cartilage tuer autour couper briser
9:37 PM
cérébrospinal (relati à la ois au cerveau et à la moelle épinière) chondrocyte (cellule cartilagineuse) spermicide (agent qui détruit les spermatozoïdes) circumduction (mouvement circulaire) incision (entaille dans un tissu du corps) 13/03/14 9:45 PM ostéoclaste (cellule qui détruit la substance osseuse)
13/03/14 9:47 PM
xi
LISTE
DES APPLICATIONS CLINIQUES
Accdent vasculare cérébral (L’) .......................................................... 591
Cancer du sen (Le) ................................................................................ 1324
Acdes gras : saturés et nsaturés (cis et trans) (Les) .......................
65
Carence en er (La) ................................................................................ 1271
Acdocétose (L’) ...................................................................................... 1203
Cas de Phneas Gage (Le) .................................................................... 607
Acdose lactque (L’) ............................................................................... 1202
Cataracte (La) ......................................................................................... 740
Acné et ses tratements (L’) .................................................................. 234
Cellules souches et leur utlsaton pour le remplacement des tssus endommagés (Les) .............................. 186
Acouphènes, les pertes audtves et les mplants cochléares (Les) ......................................................... 759
Choc vagal (Le) ....................................................................................... 688
Aectons entraînant des tau anormau de glucose sangun (Les) ...................................................................... 818
Crconcson (La) .................................................................................... 1337
Agents pathogènes et le transport aonal rapde (Les).................... 518
Conjonctvte et le trachome (La) ......................................................... 733
Ares de Brodmann (Les) ...................................................................... 584
Constpaton et la darrhée (La) ........................................................... 1249
Alopéce, la perte duse des cheveu et la calvte (L’) .................. 231 Amnése (L’) ............................................................................................. 609
Contractons musculares sométrques et l’augmentaton de la presson artérelle (Les) .................................... 421
Amygdalte et l’amygdalectome (L’) .................................................... 991
Costochondrte (La) ............................................................................... 355
Analogues d’hormones (Les) ............................................................... 793
Cranosynostose et la plagocéphale (La) ......................................... 306
Analyse d’urne (L’) ................................................................................. 1156
Craquement des jontures (Le) ............................................................. 358
Analyse des gaz sanguns et le dagnostc de dérents types de perturbatons acdobasques (L’) ........................................ 1204
Créatne phosphate (phosphocréatne) (La) ...................................... 412
Anévrsme (L’) .......................................................................................... 917
Déclenchement artfcel du traval (Le) .............................................. 1377
Angne de potrne et l’narctus du myocarde (L’) ............................ 882
Décollement de la rétne (Le) ................................................................ 736
Angogenèse tumorale (L’) .................................................................... 926
Défcences vsuelles onctonnelles (Les) ......................................... 742
Anomales chromosomques et l’avortement spontané (Les) ........ 1359
Dégénérescence maculare (La) .......................................................... 739
Anomales de courbure de la colonne vertébrale (Les) ................... 313
Dégradaton des acdes gras et l’acdocétose (La) .......................... 116
Anomales de la mcton (Les) .............................................................. 1163
Déshydrataton chez le nourrsson et la personne âgée (La) .......... 1178
Anomales du tube neural (Les) ........................................................... 567
Détermnaton des valeurs de réérence pour la pratque clnque (La) .........................................................................
Anthropologe judcare : la détermnaton de l’âge du décès (L’) ............................................... 268
Crrhose (La) ............................................................................................ 1239
Daltonsme (Le) ....................................................................................... 746
27
Dabète gestatonnel (Le) ...................................................................... 1372
Apnée et l’apnée du sommel (L’) ......................................................... 1088
Dabète nspde (Le) .............................................................................. 1191
Appendcte (L’) ....................................................................................... 1245
Dérence de grandeur entre l’homme et la emme (La) ................. 272
Applcaton de glace dans les cas d’nammaton aguë (L’) .......... 1011
Durétques (Les) .................................................................................... 1152
Arthérosclérose (L’) ................................................................................ 916
Dvertculose et la dvertculte (La) ..................................................... 1248
Arthrte (L’) ............................................................................................... 384
Dopage sangun (Le) .............................................................................. 840
Arythme cardaque (L’) ......................................................................... 888
Dosage des enzymes dans le sang (Le) .............................................
Asthme (L’) ............................................................................................... 1064
Douleur antôme (La) ............................................................................. 725
Bologe du cancer (La) ......................................................................... 209
Douleurs musculares causées par l’actvté physque (Les) ........... 423
Blessures au lgaments et au cartlages du genou (Les) ........................................................................................ 380
Dysonctonnements de l’odorat (Les) ................................................ 728
Bloc cardaque (Le) ................................................................................ 893 BotoMD et les rdes (Le) ........................................................................ 245 Bradycarde et la tachycarde (La) ....................................................... 899 Bronchte (La) .......................................................................................... 1064 Bruts et les soues du cœur (Les) .................................................... 898 Brûlures (Les) .......................................................................................... 242
95
Dysonctonnements du sens gustat (Les) ...................................... 731 Dyslee (La) ............................................................................................ 610 Dysréee autonome (La) .................................................................... 707 Dystrophe musculare (La) ................................................................... 399 Écoulement nasal ................................................................................... 1056 Eets de l’alcool et des drogues sur le cervelet (Les) ..................... 602
Calcul rénal (Le) ...................................................................................... 1159
Eets des médcaments sur les récepteurs du système nerveu autonome (Les) .................................................. 700
Calculs blares et la lthase blare (Les) .......................................... 1241
Eets des neurotones (Les) ............................................................... 543
Cancer colorectal (Le) ........................................................................... 1246 Cancer de l’ovare (Le) ........................................................................... 1310
Eets du tabagsme sur les récepteurs ncotnques du système nerveu autonome (Les) .................................................. 695
Cancer du col de l’utérus (Le) .............................................................. 1315
Emphysème (L’) ...................................................................................... 1097
Cancer du poumon (Le) ........................................................................ 1075
Endométrose (L’) .................................................................................... 1316
xii Liste des applications cliniques
Engelures et la gangrène sèche (Les) ................................................. 1290
interseuaton (L’) ................................................................................... 1342
Engourdssement (ou ourmllement) (L’) ............................................ 640
intolérance au lactose (L’) ..................................................................... 103
Entorse de l’artculaton acromoclavculare (L’) ............................... 373
intocaton au cyanure (L’) ................................................................... 114
Entorses de la chevlle et les ractures de Dupuytren (Les) ................................................................................ 382
Laryngte (La) .......................................................................................... 1062
Épcondylte latérale (L’) ........................................................................ 479
Lésons de la moelle épnère (Les) ..................................................... 635
État de choc (L’) ...................................................................................... 933
Lésons de presson (Les) ..................................................................... 227
États pathologques d’nconscence (Les) ......................................... 605
Lésons du pleus brachal (Les) ......................................................... 655
Fascte plantare (La) ............................................................................ 503
Lésons du pleus sacral (Les) ............................................................. 662
Fente labale et la ente palatne (La) .................................................. 305 Fbrose kystque (La) ............................................................................. 1067
Lésons traumatques de l’encéphale: la commoton et la contuson (Les) ..................................................... 562
Fèvre et l’hypotherme (La) .................................................................. 1288
Leucéme (La) ......................................................................................... 850
Foramen sternal (Le) .............................................................................. 320
Luaton de l’artculaton scapulohumérale (La) ............................... 374
Foyer ectopque (Le) .............................................................................. 888
Lymphœdème (Le) ................................................................................. 981
Fracture de la hanche (La) .................................................................... 338
Lymphome (Le) ....................................................................................... 988
Fracture du col du émur (La) ............................................................... 378 Fractures du scaphoïde (Les) ............................................................... 330
Mal de décompresson et les cassons d’oygénothérape hyperbare (Le) ...................................................... 1096
Gangrène (La) ......................................................................................... 211
Malade cœlaque (La) ........................................................................... 1253
Glaucome (Le) ......................................................................................... 741
Malade d’Alzhemer (La) ....................................................................... 608
Glycosure (La) ........................................................................................ 1143
Malade et le syndrome de Raynaud (La) ........................................... 705
Gree de moelle osseuse (La) ............................................................. 256
Malades auto-mmunes (Les) .............................................................. 1017
Grees de tssus (Les) ........................................................................... 212
Malades de l’ongle (Les) ...................................................................... 229
Grees d’organes et les molécules du complee majeur d’hstocompatblté (Les) ................................ 1021
Malades lysosomales (Les) ................................................................ 147
Lésons de la coe des rotateurs (Les) ............................................. 475
Grppe (La) ............................................................................................... .1069
Malades respratores et l’efcacté des échanges gazeu alvéolares (Les) .............................................. 1099
Grossesse ectopque (La) ..................................................................... 1314
Malormatons des membres (Les) ...................................................... 344
Hématomes épdurau et sous-durau (Les) .................................... 574
Médcaments en tant qu’nhbteurs enzymatques (Les) ................................................................................ 101
Hémanopse (L’) ..................................................................................... 749 Hémsphérectome et la latéralsaton cérébrale (L’) ........................ 589 Hémoglobne œtale (L’) ........................................................................ 1105 Herne dscale (La) ................................................................................. 315 Hernes (Les) ........................................................................................... 466 Hydrocéphale (L’) ................................................................................... 577 Hypercholestéroléme amlale (L’) ..................................................... 138 Hyperémèse gravdque (L’) .................................................................. 1374 Hyperplase béngne de la prostate et le cancer prostatque (L’) .................................................................. 1335 Hypersensbltés (Les) .......................................................................... 1039 Hypertenson et l’hypotenson (L’) ....................................................... 939 Hypophysectome (L’) ............................................................................ 801 imagere médcale (L’) ............................................................................
28
incompatblté rhésus et la grossesse (L’) ......................................... 847 inectons des snus et les céphalées causées par la snuste (Les) ................................................................ 1057
Ménngte (La) ......................................................................................... 571 Mesure de la presson artérelle (La) ................................................... 942 Mesure du tau d’oygène dans le sang au moyen du sphygmo-oymètre (La) ................................................ 1102 Métastase (La) ........................................................................................ 978 Méthodes contraceptves (Les) ........................................................... 1320 Mort subte du jeune sport (La) ......................................................... 875 Myasthéne grave (La) ........................................................................... 401 Nansme achondroplasque (Le) .......................................................... 270 Non-dsjoncton (La) .............................................................................. 1302 Œdème cérébral (L’) .............................................................................. 931 Œdème systémque et l’œdème pulmonare (L’) .............................. 866 Ostéte déormante hypertrophque (L’) .............................................. 259 Ostéoporose (L’) ..................................................................................... 277 Otte moyenne (L’) .................................................................................. 755 Palpaton du pouls (La) ......................................................................... 930
inectons transmssbles seuellement et par le sang (Les) .......... 1330
Paralyse du ner acal (La) .................................................................. 444
inectons urnares (Les) ....................................................................... 1162
Paralyse musculare et les neurotones (La) ................................... 406
inertlté et ses tratements (L’) ............................................................ 1370
Pathologes du ped (Les) ..................................................................... 341
inammaton chronque (L’) .................................................................. 1012
Pércardte (La) ....................................................................................... 871
inuence des vomssements et de la darrhée sur la concentraton en ons H+ dans le sang (L’) .............................. 1195
Pérostte tbale et le syndrome des loges (La) ................................ 491
injectons ntramusculares (Les) ......................................................... 441
Persstance du condut artérel (La) .................................................... 967
insufsance rénale, la dalyse et la gree du ren (L’) ....................... 1155
Pleurése et l’épanchement pleural (La) ............................................. 1076
Pértonte (La) .......................................................................................... 1215
Liste des applications cliniques
xiii
Pneumothora et l’atélectase (Le) ...................................................... 1077
Tatouages (Les) ...................................................................................... 223
Poncton lombare (La) .......................................................................... 631
Tau de cholestérol sangun (Le) ......................................................... 1281
Poston du œtus (La) ........................................................................... 1379
Technques d’anesthése vsant à aclter le traval (Les) .......................................................................... 1379
Prééclampse (La) .................................................................................. 1375 Psorass (Le) ........................................................................................... 239 Ptose rénale (La) .................................................................................... 1123 Pus et les abcès (Le) ............................................................................. 1011 Pyélographe ntraveneuse (La) ........................................................... 1158 Rachtsme (Le) ....................................................................................... 274 Rado-sotopes de l’ode et les mageres médcales (Les) .............
39
Rayons ultravolets et les écrans solares (Les) ................................ 226 Reu gastro-œsophagen et l’œsophagte (Le) ............................... 1226 Rgdté cadavérque (La) ...................................................................... 409 Scntgraphe osseuse (La) ................................................................... 280 Sclérose latérale amyotrophque (La) ................................................. 641 Scorbut (Le) ............................................................................................. 192 Srop de maïs à haute teneur en ructose (Le) .................................. 1273 Soluton ntraveneuse (La) ................................................................... 1177 Sommel et le cycle velle-sommel (Le) ............................................. 606
Tétraloge de Fallot (La) ......................................................................... 967 Thrombose veneuse proonde ou phlébte (La) ............................... 932 Tortcols musculare congéntal (Le) .................................................. 458 Transuson sangune (La) ..................................................................... 844 Troubles cérébrau (Les) ...................................................................... 593 Troubles de l’actvté thyroïdenne (Les) ............................................. 809 Troubles de l’artculaton temporomandbulare (Les) ...................... 372 Troubles de sécréton de l’hormone de crossance (Les) ............... 804 Troubles de sécréton des hormones du corte surrénal (Les) ...... 811 Troubles du système nerveu touchant la myélne (Les) ................. 527 Troubles hémostatques et d’hypercoagulablté (Les) .................... 857 Troubles lés au volume d’érythrocytes (Les) .................................... 842 Tumeurs (Les) ......................................................................................... 168 Tumeurs du système nerveu central (Les) ....................................... 524 Ulcère (L’) ................................................................................................. 1231 Utlté du sang du cordon omblcal du bébé (L’) .............................. 194
Splénectome (La) .................................................................................. 990
Vaccnaton (La) ...................................................................................... 1038
Stéroïdes anabolsants, stmulants de la perormance sportve (Les) ......................................................... 424
Varablté anatomque (La) ...................................................................
Stmulus hypoque (Le) ........................................................................ 1089 Stress (Le) ................................................................................................ 816 Subluaton de la tête du radus (La) .................................................. 376 Syndrome de Horner (Le) ..................................................................... 692
20
Varatons et les anomales du ren (Les) ............................................ 1120 Varatons lées au développement des côtes (Les) ......................... 322 Varce (La) ................................................................................................ 931 Vertge, la malade de Ménère et le mal des transports (Le) ......... 769
Syndrome de Maran (Le) ..................................................................... 193
Vrus de l’mmunodéfcence humane et le syndrome d’mmunodéfcence acquse (Le) ....................................................... 1041
Syndrome du canal carpen (Le) .......................................................... 485
Volume mnmal (Le) ............................................................................... 1092
Tabagsme (Le) ....................................................................................... 1074
Vomssement : l’epulson du contenu gastrque (Le) ...................... 1233
Tabès (Le) ................................................................................................ 637
Zona (Le) .................................................................................................. 648
XIV
TABLE
DES MATIÈRES Les ions et les composés ioniques ...........................
41
2.3.1
Les ions .......................................................................
41
2.3.2
Les liaisons ioniques .................................................
43
Les liaisons covalentes, les molécules et les composés moléculaires......................................
43
2.4.1
La formule chimique – moléculaire ou développée ...........................................................
44
2
2.4.2
Les liaisons covalentes.............................................
45
3
2.4.3
Les molécules non polaires, polaires et amphipathiques.....................................................
47
2.4.4
Les attractions intermoléculaires ...........................
49
La structure moléculaire et les propriétés de l’eau ................................................
49
2.5.1
La structure moléculaire de l’eau............................
50
2.5.2
Les propriétés de l’eau .............................................
50
2.5.3
L’eau : le solvant universel ........................................
51
Les solutions acides et basiques, le pH et les tampons .....................................................................
53
L’eau : un solvant neutre ...........................................
53
INTÉGRATION Illustration des concepts Eau : solvant des liquides corporels ..................................................
54
PARTIE I L’organisation du corps humain
2.3
CHAPITRE 1 Une introduction à l’étude du corps humain
2.4
1.1
Les domaines de la biologie humaine ...................... 1.1.1 1.1.2
L’anatomie : une étude de la structure ................... La physiologie : une étude de la fonction ..............
2
L’interrelation entre l’anatomie et la physiologie ..................................................................
4
Les niveaux d’organisation du corps humain ......
4
1.3.1
Les caractéristiques des êtres vivants ..................
4
1.3.2
Les niveaux d’organisation : du plus simple au plus complexe ......................................................
5
Illustration des concepts Examen du corps humain par les anatomistes et les physiologistes..............................................................................
6
1.2 1.3
2.5
INTÉGRATION
Une introduction aux systèmes de l’organisme............................................................
8
Le langage de l’anatomie ...............................................
8
1.4.1
La position anatomique ............................................
8
2.6.2
Les acides et les bases ............................................
55
1.4.2
Les coupes et les plans............................................
8
2.6.3
1.4.3
Les directions anatomiques ....................................
13
Le pH, la neutralisation et l’action des tampons ..............................................................
56
1.4.4
Les régions anatomiques .........................................
15
1.4.5
Les cavités et les membranes du corps ................
15
Les mélanges aqueux ......................................................
56
1.4.6
Les régions et les quadrants abdominopelviens .....................................................
2.7.1
Les différents types de mélanges aqueux ............
57
19
2.7.2
Les expressions de la concentration des solutions ..............................................................
58
L’homéostasie : le maintien de la stabilité des conditions intérieures ..............................................
20
Les biomolécules organiques ......................................
59
2.8.1
Les caractéristiques générales ...............................
59
2.8.2
Les lipides ...................................................................
61
2.8.3
Les glucides ...............................................................
65
2.8.4
Les acides nucléiques ..............................................
67
2.8.5
Les protéines ..............................................................
69
La structure des protéines .............................................
71
2.9.1
Les différents types d’acides aminés ....................
71
2.9.2
La séquence des acides aminés et la conformation des protéines ............................
71
INTÉGRATION Illustration des concepts Biomolécules organiques ....................................................................
72
1.3.3 1.4
1.5
2.6
1.5.1 1.5.2
2.6.1
Les composantes des systèmes homéostatiques .........................................................
21
La régulation des systèmes homéostatiques par rétro-inhibition .....................................................
23
Illustration des concepts Mécanismes de rétro-inhibition dans la régulation de la température corporelle ...............................................................
2.7
2.8
INTÉGRATION
La régulation des systèmes homéostatiques par rétroactivation .....................................................
26
L’homéostasie, la santé et la maladie ......................
27
1.5.3 1.6
24
CHAPITRE 2 Les atomes, les ions et les molécules 2.1 2.2
Une introduction à l’organisation chimique du corps humain .................................................................
36
La structure de l’atome....................................................
36
2.9
CHAPITRE 3 L’énergie, les réactions chimiques et la respiration cellulaire 3.1
2.2.1
La matière, les atomes, les éléments et le tableau périodique ............................................
36
2.2.2
Les isotopes ...............................................................
39
2.2.3
La stabilité chimique et la règle de l’octet .............
40
L’énergie..................................................................................
84
3.1.1
Les types d’énergie ...................................................
84
3.1.2
Les formes d’énergie ................................................
85
3.1.3
Les principes de la thermodynamique ..................
86
Table des matières XV
3.2
Les réactions chimiques
................................................
87
3.2.1
Les équations chimiques .........................................
87
3.2.2
La classifcation des réactions chimiques ............
87
INTÉGRATION Illustration des concepts Processus passifs et actifs du transport membranaire ........................................................................................... 140 Animation
Illustration des concepts Différentes formes d’énergie du corps humain ..............................
88
La vitesse de réaction et l’énergie d’activation ....
93
4.4.1
Le contact direct entre les cellules......................... 142
Les enzymes .........................................................................
94
4.4.2
La signalisation ligand-récepteur ........................... 142
3.3.1
Le rôle des enzymes .................................................
94
3.3.2
La structure et la localisation des enzymes..........
95
3.3.3
Le mécanisme d’action des enzymes....................
96
3.3.4
La classifcation et la nomenclature des enzymes ..............................................................
97
3.3.5
Les enzymes et les vitesses de réaction ...............
98
3.3.6
La régulation enzymatique.......................................
99
3.3.7
Les voies métaboliques et les complexes multienzymatiques .................................................... 100
INTÉGRATION 3.2.3 3.3
4.4
4.5
3.4.1
Une vue d’ensemble de l’oxydation du glucose .................................................................. 104
3.4.2
La voie anaérobie : la glycolyse............................... 105
4.6
4.7
3.4.4
3.4.5
4.8
La respiration cellulaire aérobie : la chaîne de transport des électrons ...................................... 112
3.4.7
La destinée du pyruvate en l’absence d’oxygène : la ermentation lactique ....................... 115
3.4.8
La respiration cellulaire à partir d’autres molécules .................................................... 115
CHAPITRE 4 La biologie de la cellule 4.1
4.2
4.3
Une introduction à la cellule.......................................... 122
4.5.4
Les jonctions intercellulaires .................................. 153
La structure du noyau ...................................................... 154 4.6.1
L’enveloppe nucléaire et le nucléole....................... 155
4.6.2
L’acide désoxyribonucléique, la chromatine et les chromosomes ................................................. 156
La fonction du noyau et des ribosomes.................. 156 La transcription : la synthèse de l’acide ribonucléique.............................................................. 156
4.7.2
La traduction : la synthèse de la protéine .............. 159
4.7.3
L’acide désoxyribonucléique : le centre de commande de la cellule ...................................... 162
La division cellulaire .......................................................... 163 Animation
Animation
La production d’ATP ................................................. 114
Les structures de la surace externe de la cellule ................................................................. 153
Animation
La respiration cellulaire aérobie : le cycle de l’acide citrique ...................................................... 108
3.4.6
Les organites non membraneux ............................. 150
4.5.3
Animation
La respiration cellulaire aérobie : la réaction transitoire .................................................................... 107
Animation
4.5.2
4.7.1
Animation 3.4.3
Les organites membraneux ..................................... 143 Animation
Illustration des concepts Fonctionnement des enzymes ............................................................ 102
La respiration cellulaire.................................................... 104
Les structures cellulaires ................................................ 142 4.5.1
INTÉGRATION 3.4
La communication intercellulaire ................................ 142
4.8.1
Les structures cellulaires ......................................... 163
4.8.2
Le cycle cellulaire ...................................................... 163 Animation
4.9
Le vieillissement et la mort cellulaires ..................... 168
CHAPITRE 5 L’organisation tissulaire 5.1
Une introduction à l’organisation tissulaire ........... 176
5.2
Le tissu épithélial : le revêtement des surfaces et les fonctions de sécrétion
....................
176
4.1.1
L’étude des cellules ................................................... 122
5.2.1
Les caractéristiques du tissu épithélial ................. 176
4.1.2
La taille et la orme des cellules .............................. 123
5.2.2
Les onctions du tissu épithélial ............................. 177
4.1.3
Les caractéristiques communes et les onctions générales ........................................ 124
5.2.3
La classifcation des tissus épithéliaux de revêtement ............................................................ 177
La structure chimique de la membrane plasmique ............................................................................... 125 4.2.1
Les composants lipidiques ...................................... 125
4.2.2
Les protéines membranaires ................................... 127
Le transport membranaire.............................................. 127
INTÉGRATION Illustration des concepts Relation entre le type d’épithélium et sa fonction .......................... 184 5.2.4 5.3
Les épithéliums glandulaires ................................... 187
Le tissu conjonctif : des cellules dans une matrice de soutien ........................................ 189
4.3.1
Les processus passis : la diusion........................ 127
5.3.1
Les caractéristiques du tissu conjoncti................ 190
4.3.2
Les processus passis : l’osmose ........................... 130
5.3.2
Les onctions du tissu conjoncti ............................ 193
4.3.3
Les processus actis ................................................. 133
5.3.3
Le tissu conjoncti embryonnaire ........................... 193
Animation
5.3.4
La classifcation des tissus conjonctis ................. 194
XVI Table des matières 5.4
Le tissu musculaire : le mouvement
5.5
Le tissu nerveux : le transert et l’intégration de l’inormation .................................................................. 201
.........................
200
INTÉGRATION Illustration des concepts Relation entre le type de tissu conjoncti et sa onction .......................................................................................... 202 5.6
5.7
CHAPITRE 7 Le système squelettique : la structure et la fonction osseuses 7.1
Une introduction au système squelettique ............ 252
7.2
L’os : le principal organe du système squelettique........................................................................... 253
L’intégration des tissus dans les organes et les membranes de revêtement de l’organisme ..................................................................... 205
7.2.1
Les onctions générales des os .............................. 253
7.2.2
La classication des os ............................................ 253
7.2.3
L’anatomie macroscopique des os ......................... 254
5.6.1
Les organes : un assemblage de tissus ................. 205
7.2.4
La moelle osseuse .................................................... 256
5.6.2
Les membranes de revêtement de l’organisme ........................................................... 205
7.2.5
L’anatomie microscopique : le tissu conjoncti osseux ...................................................... 257
La ormation, les modications, la régénération et le vieillissement des tissus ............................................................................... 207
7.2.6
L’anatomie microscopique : le cartilage hyalin ..... 262
5.7.1
La ormation des tissus ............................................ 207
5.7.2
Les modications des tissus ................................... 209
5.7.3
La régénération des tissus....................................... 210
5.7.4
Le vieillissement des tissus ..................................... 210
PARTIE II Le soutien et les mouvements du corps
7.3
La croissance cartilagineuse ........................................ 262
7.4
L’ossication ......................................................................... 264 7.4.1
L’ossication endomembraneuse ........................... 264
7.4.2
L’ossication endochondrale ................................... 265
INTÉGRATION Illustration des concepts Processus d’ossication endochondrale ......................................... 266 7.5
La croissance osseuse et le remodelage osseux ................................................. 269 7.5.1
La croissance osseuse ............................................. 269 Animation
CHAPITRE 6 Le système tégumentaire 6.1
Une introduction au système tégumentaire .......... 218
6.2
La composition de la peau ............................................ 218
6.3
6.4
6.2.1
L’épiderme .................................................................. 219
6.2.2
Le derme ..................................................................... 220
6.2.3
L’hypoderme ............................................................... 224
6.2.4
Les variations de la peau ......................................... 225
Les annexes cutanées ..................................................... 228 6.3.1
Les ongles .................................................................. 228
6.3.2
Les poils ...................................................................... 229
6.3.3
Les glandes exocrines de la peau .......................... 232
Les onctions de la peau................................................. 234 6.4.1
Les onctions de l’épiderme .................................... 235
7.6
7.7
7.8
Les hormones infuant sur la croissance osseuse et le remodelage osseux .......................... 272
La régulation de la calcémie ......................................... 273 7.6.1
L’activation de la vitamine D .................................... 273
7.6.2
La parathormone et le calcitriol .............................. 275
7.6.3
La calcitonine ............................................................. 275
Les eets du vieillissement ........................................... 277 La racture et la consolidation ..................................... 277
CHAPITRE 8 Le système squelettique : les os 8.1
Illustration des concepts Infuence structurale de la peau sur ses onctions ........................ 236 Les onctions du derme............................................ 238
Le remodelage osseux ............................................. 271
7.5.3
Animation
INTÉGRATION 6.4.2
7.5.2
Les composantes du squelette ................................... 286 8.1.1
Les relies osseux ...................................................... 286
8.1.2
Le squelette axial et le squelette appendiculaire ........................................................... 286
Partie 1
Le squelette axial ........................................................ 286
6.5
La réparation et la régénération du système tégumentaire ............................................... 239
6.6
La ormation et le vieillissement du système tégumentaire ............................................... 241
8.2.1
6.6.1
La ormation de la peau et des dérivés tégumentaires ............................................................ 241
8.2.2
Les repères anatomiques du squelette de la tête selon diérents points de vue ............... 289
6.6.2
Le vieillissement du système tégumentaire .......... 241
8.2.3
Les sutures ................................................................. 297
Liens entre le système tégumentaire et les autres systèmes ..................................................................................... 245
8.2.4
Les complexes orbital et nasal et les sinus paranasaux ............................................ 307
8.2
Les os et les caractéristiques du squelette de la tête ................................................................................. 286 L’anatomie générale du squelette de la tête ......... 286 Animation
Table des matières XVII
8.3 8.4
8.5
Les autres os associés au squelette de la tête ................................................................................. 307 La détermination du sexe et de l’âge par l’analyse du squelette de la tête ......................... 309 8.4.1
Les diérences entre le squelette de la tête de l’homme et celui de la emme ............................ 309
8.4.2
Le vieillissement du squelette de la tête................ 309
Les os de la colonne vertébrale .................................. 311
9.5
Les symphyses .......................................................... 356
Les articulations synoviales .......................................... 356 9.4.1
Les caractéristiques distinctives et l’anatomie des articulations synoviales............. 356
9.4.2
La classifcation des articulations synoviales....... 359
Les articulations synoviales et les leviers .............. 361 9.5.1
La terminologie des leviers ...................................... 361
L’anatomie de la vertèbre ......................................... 313
9.5.2
Les types de leviers .................................................. 362
Les os de la cage thoracique ....................................... 320
9.6
Les mouvements des articulations synoviales .... 363
Le sternum .................................................................. 320
9.6.1
Le mouvement de glissement ................................. 363
Les côtes..................................................................... 321
9.6.2
Le mouvement angulaire .......................................... 363
Le squelette appendiculaire .................................. 322
9.6.3
Le mouvement de rotation ....................................... 365
9.6.4
Les mouvements particuliers .................................. 366
8.7
Comparaison entre les membres supérieurs et inérieurs ............................................................................ 322
8.8
La ceinture scapulaire et ses onctions................... 323 8.8.1
La clavicule ................................................................. 323
8.8.2
La scapula .................................................................. 323
9.7
Les os des membres supérieurs ................................. 323
Illustration des concepts Similitudes entre le squelette des membres supérieurs et celui des membres inérieurs .................................... 324 INTÉGRATION
8.9.1
L’humérus.................................................................... 327
8.9.2
Le radius et l’ulna ...................................................... 328
8.9.3
Les os du carpe, les métacarpiens et les phalanges ......................................................... 329
La ceinture pelvienne et ses onctions .................... 330 8.10.1
L’os coxal .................................................................... 330
8.10.2
Le petit bassin et le grand bassin ........................... 333
8.10.3
Les diérences morphologiques selon le sexe ............................................................... 333
8.10.4
9.8
Les caractéristiques et l’anatomie de certaines articulations ............................................... 368 9.7.1
L’articulation temporomandibulaire ........................ 368
9.7.2
Les articulations de l’épaule .................................... 372
9.7.3
L’articulation du coude ............................................. 376
9.7.4
L’articulation de la hanche ....................................... 378
9.7.5
L’articulation du genou ............................................. 380
9.7.6
L’articulation de la cheville ....................................... 382
La ormation et le vieillissement des articulations .................................................................. 383
Liens entre le système squelettique et les autres systèmes ..................................................................................... 385
CHAPITRE 10 Le tissu musculaire 10.1
L’évolution de l’os coxal en onction de l’âge........ 336
Les os des membres inérieurs ................................... 336
10.2
Une introduction au muscle squelettique .............. 392 10.1.1
Les onctions du muscle squelettique ................... 392
10.1.2
Les caractéristiques du tissu musculaire squelettique ................................................................ 392
L’anatomie du muscle squelettique .......................... 393
8.11.1
Le émur et la patella................................................. 336
8.11.2
Le tibia et la fbula ..................................................... 338
10.2.1
L’anatomie macroscopique ...................................... 393
Les os du tarse, les métatarsiens et les phalanges......................................................... 339
10.2.2
L’anatomie microscopique ....................................... 394
10.2.3
L’innervation des fbres musculaires squelettiques .............................................................. 399
8.11.3 8.11.4 8.12
9.3.2
Les courbures de la colonne vertébrale ................ 312
Partie 2
8.11
Les synchondroses ................................................... 355
8.5.2
8.6.2
8.10
9.3.1
Les types de vertèbres ............................................. 311
8.6.1
8.9
9.4
Les articulations cartilagineuses ................................ 355
8.5.1 8.5.3 8.6
9.3
Les arcs plantaires .................................................... 341
La ormation du squelette .............................................. 343
10.3
CHAPITRE 9 Le système squelettique : les articulations
La physiologie de la contraction du muscle squelettique ................................................... 400 10.3.1
La jonction neuromusculaire : l’excitation d’une fbre musculaire squelettique ....................... 402
10.3.2
Le sarcolemme, les tubules T et le réticulum sarcoplasmique : le couplage excitation-contraction .............................................. 403
Les articulations alvéolodentaires .......................... 352
10.3.3
Le sarcomère : le cycle des ponts d’union ............ 406
Illustration des concepts Relation entre la mobilité et la stabilité des articulations ............ 353
10.3.4
Le relâchement du muscle squelettique ............... 408
9.1
La classifcation des articulations .............................. 352
9.2
Les articulations fbreuses ............................................. 352 9.2.1
INTÉGRATION 9.2.2
Les sutures ................................................................. 354
9.2.3
Les syndesmoses ...................................................... 354
10.4
Le métabolisme du muscle squelettique ................ 409 10.4.1
L’apport d’énergie pour la contraction du muscle squelettique ............................................ 409
XVIII Table des matières
11.3.5
INTÉGRATION Illustration des concepts Contraction musculaire squelettique ................................................ 410 11.4
Les muscles de la colonne vertébrale...................... 458
La dette d’oxygène.................................................... 414
11.5
Les muscles de la respiration....................................... 460
Les types de bres musculaires squelettiques ... 415
11.6
Les muscles de la paroi abdominale ........................ 462
10.5.1
Les critères de classifcation des types de fbres musculaires................................................ 415
11.7
Les muscles du plancher pelvien ............................... 465
10.5.2
La classifcation des types de fbres musculaires ................................................................ 415
10.5.3
La distribution des types de fbres musculaires ................................................................ 416
Animation 10.4.2 10.5
10.6
10.7
10.8
Les muscles responsables des mouvements de la tête et du cou ................................................... 455
Partie 2 11.8
La mesure de la tension musculaire squelettique........................................................................... 417
Les muscles appendiculaires................................ 468
Les muscles de la ceinture scapulaire et du membre supérieur .................................................. 468 11.8.1
Les muscles responsables des mouvements de la ceinture scapulaire .......................................... 468
11.8.2
Les muscles responsables des mouvements de l’articulation scapulohumérale et du bras ....... 470
11.8.3
10.6.1
La secousse musculaire........................................... 417
10.6.2
Les variations dans l’intensité du stimulus .......... 418
10.6.3
Les variations dans la réquence du stimulus ..... 418
Les muscles responsables des mouvements du coude et de l’avant-bras ..................................... 475
Les acteurs infuant sur la tension musculaire squelettique dans l’organisme ............ 420
INTÉGRATION Illustration des concepts Loges musculaires................................................................................. 476
10.7.1
Le tonus musculaire .................................................. 420
10.7.2
Les contractions isométriques et isotoniques ..... 420
10.7.3
La relation entre la longueur et la tension ............. 421
10.7.4
La atigue musculaire................................................ 422
11.9
Les eets de l’exercice et du vieillissement sur le muscle squelettique ............................................. 422
11.8.4
Les muscles responsables des mouvements du poignet, de la main et des doigts...................... 480
11.8.5
Les muscles intrinsèques de la main ..................... 487
Les muscles de la ceinture pelvienne et du membre inérieur..................................................... 489 11.9.1
Les muscles responsables des mouvements de la hanche et de la cuisse .................................... 490
Les eets du vieillissement...................................... 423
11.9.2
10.9
Le tissu musculaire cardiaque ..................................... 424
Les muscles responsables des mouvements du genou et de la jambe ........................................... 495
11.9.3
10.10
Le tissu musculaire lisse ................................................. 425
Les muscles responsables des mouvements de la cheville, du pied et des orteils ....................... 498
11.9.4
Les muscles intrinsèques du pied .......................... 503
10.8.1
Les eets de l’exercice ............................................. 422
10.8.2
10.10.1
La localisation des muscles lisses ......................... 425
10.10.2
L’anatomie microscopique ....................................... 426
10.10.3
La contraction du muscle lisse ............................... 427
10.10.4
Le contrôle du muscle lisse ..................................... 429
10.10.5
Les catégories onctionnelles des muscles lisses .................................................... 429
CHAPITRE 11 Le système musculaire : les muscles axiaux et appendiculaires 11.1
11.2
L’anatomie des muscles squelettiques et leurs actions .................................................................... 438
PARTIE III La communication et la régulation CHAPITRE 12 Le système nerveux : le tissu nerveux 12.1
Une introduction au système nerveux ..................... 514 12.1.1
Les onctions générales du système nerveux ...... 514
12.1.2
L’organisation du système nerveux ........................ 514
11.1.1
L’origine et l’insertion ................................................ 440
11.1.2
Les types d’agencement des fbres des muscles squelettiques ...................................... 440
12.2.1
Les caractéristiques générales du neurone.......... 515
11.1.3
Les actions des muscles squelettiques ................ 441
12.2.2
La structure du neurone ........................................... 516
La dénomination des muscles squelettiques ....... 442
12.2.3
Le transport axonal ................................................... 518
Les muscles axiaux .................................................... 444
12.2.4
La classifcation des neurones................................ 518
12.2.5
Le lien entre les neurones et les ners ................... 521
12.2.6
La classifcation des ners ....................................... 522
Partie 1 11.3
Liens entre le système musculaire et les autres systèmes .......... 506
12.2
Les muscles de la tête et du cou ................................ 444
Le tissu nerveux : les neurones.................................... 515
11.3.1
Les muscles de l’expression aciale ....................... 444
11.3.2
Les muscles extrinsèques de l’œil.......................... 448
11.3.3
Les muscles de la bouche et du pharynx ............. 450
12.3.1
Les caractéristiques générales des gliocytes ...... 523
Les muscles antérieurs du cou : les muscles hyoïdiens ............................................... 452
12.3.2
Les types de gliocytes .............................................. 524
12.3.3
La myélinisation ......................................................... 526
11.3.4
12.3
Le tissu nerveux : les gliocytes .................................... 522
Table des matières XIX
12.4
La régénération axonale.................................................. 528
12.5
La structure spécialisée du neurone......................... 529
12.6
12.7
12.5.1
Les pompes et les canaux ioniques ....................... 529
12.5.2
La répartition des substances, leur déplacement et les potentiels de membrane ....... 532
12.6.1
Les neurones et la loi d’Ohm ................................... 533
12.6.2
Le potentiel de repos de la membrane .................. 534
12.6.3
La modifcation du potentiel de repos de la membrane ......................................................... 536
13.3.5
La latéralisation cérébrale ........................................ 588
13.3.6
Les noyaux basaux ................................................... 590
Le diencéphale .................................................................... 591 13.4.1
L’épithalamus ............................................................. 591
13.4.2
Le thalamus ................................................................ 591
13.4.3
L’hypothalamus .......................................................... 594
Le tronc cérébral................................................................. 595
12.7.2
La zone gâchette ....................................................... 540
13.5.1
Le mésencéphale ...................................................... 595
La partie conductrice................................................ 542
13.5.2
Le pont ........................................................................ 598
La partie sécrétrice ................................................... 545
13.5.3
Le bulbe rachidien ..................................................... 599
La vitesse de propagation de l’infux nerveux ..... 547
Le cervelet.............................................................................. 600 13.6.1
Les parties structurales du cervelet ....................... 600
Animation
13.6.2
Les onctions du cervelet ......................................... 600
Animation 12.8.2
13.6
La propagation ........................................................... 547
Illustration des concepts Physiologie des diérentes parties onctionnelles du neurone .............................................................................................. 548
13.7
13.8
La classifcation des fbres nerveuses ................... 550
Les systèmes onctionnels de l’encéphale............ 602 13.7.1
Le système limbique ................................................. 602
13.7.2
La ormation réticulaire............................................. 603
Les onctions d’intégration et les onctions mentales supérieures ....................................................... 605 13.8.1
Le développement des onctions mentales supérieures ............................................... 605
Les neurotransmetteurs et la neuromodulation ...................................................... 551
13.8.2
La cognition ................................................................ 607
13.8.3
La mémoire ................................................................. 607
12.10.1
Les neurotransmetteurs ........................................... 551
13.8.4
Les émotions .............................................................. 609
12.10.2
La neuromodulation .................................................. 554
13.8.5
Le langage .................................................................. 610
12.9
Les synapses ........................................................................ 550
12.10
L’intégration nerveuse et les réseaux neuronaux du système nerveux central .................. 554
CHAPITRE 13 Le système nerveux : l’encéphale et les nerfs crâniens
13.3
La substance blanche cérébrale : les neurofbres ........................................................... 586
La partie réceptrice ................................................... 538
INTÉGRATION
13.2
13.5
13.3.4
12.7.1
12.8.1
13.1
13.4
La physiologie des diérentes parties onctionnelles du neurone.............................................. 538
12.7.4
12.11
La substance grise : les aires onctionnelles du cerveau .................................................................. 581
INTÉGRATION Illustration des concepts Aires anatomiques et onctionnelles des hémisphères cérébraux ................................................................ 582
Une introduction à la physiologie du neurone ............................................................................. 533
12.7.3
12.8
13.3.3
Le développement et l’organisation de l’encéphale ...................................................................... 562 13.1.1
Une vue d’ensemble de l’anatomie de l’encéphale ............................................................ 562
13.1.2
Le développement de l’encéphale.......................... 566
13.1.3
La répartition de la substance grise et de la substance blanche...................................... 571
La protection et le soutien de l’encéphale............. 571
13.9
Les ners crâniens .............................................................. 610
CHAPITRE 14 Le système nerveux : la moelle épinière et les nerfs spinaux 14.1
L’anatomie macroscopique de la moelle épinière ......................................................... 628
14.2
La protection et le soutien de la moelle épinière .............................................................. 631
14.3
L’anatomie sectionnelle de la moelle épinière ..... 633
14.4
14.3.1
La répartition de la substance grise ....................... 633
14.3.2
La répartition de la substance blanche ................. 634
Les voies de conduction de la moelle épinière..... 634
13.2.1
Les méninges crâniennes ........................................ 571
14.4.1
Une vue d’ensemble des voies de conduction .... 635
13.2.2
Les ventricules de l’encéphale ................................ 575
14.4.2
Les voies sensitives .................................................. 636
13.2.3
Le liquide cérébrospinal ........................................... 576
14.4.3
Les voies motrices .................................................... 638
13.2.4
La barrière hématoencéphalique ............................ 577
Le cerveau.............................................................................. 579 13.3.1
Les hémisphères cérébraux .................................... 579
13.3.2
Les lobes du cerveau................................................ 580
14.5
Les ners spinaux ............................................................... 643
INTÉGRATION Illustration des concepts Diérences entre les voies sensitives et les voies motrices ............................................................................. 644
XX Table des matières
14.6
14.7
14.5.1
Une vue d’ensemble des ners spinaux ................ 645
14.5.2
Les plexus nerveux ................................................... 648
Les réfexes ........................................................................... 662
CHAPITRE 16 Le système nerveux : les sens 16.1
Les caractéristiques des réfexes ........................... 662
16.1.1
Les stimulus et les sensations ................................ 716
14.6.2
Les composantes d’un arc réfexe ......................... 662
16.1.2
Les propriétés des récepteurs sensoriels ............. 716
14.6.3
Les réfexes spinaux ................................................. 664
16.1.3
La classication des récepteurs sensoriels .......... 718
14.6.4
L’évolution des réfexes au l des âges .................. 667
14.6.5
La vérication des réfexes chez l’adulte en milieu clinique ....................................................... 669
16.2
La ormation de la moelle épinière............................. 670 16.3
CHAPITRE 15 Le système nerveux : le système nerveux autonome 15.1
15.2
15.3
15.4
15.5
15.6
Une introduction aux récepteurs sensoriels ......... 716
14.6.1
16.4
Une comparaison entre les systèmes nerveux somatique et autonome ................................ 678 15.1.1
L’organisation onctionnelle et les eecteurs ....... 679
15.1.2
Les neurones moteurs et les neurotransmetteurs ........................................ 680
Les divisions du système nerveux autonome ...... 682 15.2.1
Les diérences onctionnelles ................................ 682
15.2.2
Les diérences anatomiques .................................. 683
15.2.3
L’ampleur de la réponse ........................................... 684
16.5
Les neurobres d’origine crânienne ....................... 685
15.3.2
Les neurobres d’origine sacrale............................ 688
La division sympathique ................................................. 688 15.4.1
L’organisation et l’anatomie du système sympathique ............................................................... 688
15.4.2
Les voies sympathiques ........................................... 692
Une comparaison des neurotransmetteurs et des récepteurs entre les deux divisions ............ 693 15.5.1
Une vue d’ensemble des neurotransmetteurs du système nerveux autonome ............................... 693
15.5.2
Les récepteurs cholinergiques ................................ 694
15.5.3
Les récepteurs adrénergiques ................................ 697
Le tonus autonome ................................................... 700
15.6.2
La double innervation ............................................... 701
Illustration des concepts Comparaison des divisions parasympathique et sympathique du système nerveux autonome ............................. 702
Les récepteurs tactiles ............................................. 721
16.2.2
La douleur projetée ................................................... 724
L’olaction et la gustation ............................................... 725 16.3.1
L’olaction : le sens de l’odorat ................................ 725
16.3.2
La gustation : le sens du goût.................................. 728
La vision et les récepteurs visuels ............................. 731 16.4.1
Les structures annexes de l’œil .............................. 732
16.4.2
La structure de l’œil .................................................. 733
16.4.3
La physiologie de la vision ....................................... 742
16.4.4
Les voies optiques .................................................... 749
L’audition et les récepteurs de l’équilibre .............. 751
16.5.2
La physiologie de l’audition ..................................... 757
16.5.3
La voie auditive .......................................................... 761
16.5.4
Les mécanismes de l’équilibre et des mouvements de la tête ................................. 763
INTÉGRATION Illustration des concepts Mécanisme de l’audition ...................................................................... 764
Liens entre le système nerveux et les autres systèmes ............... 770
CHAPITRE 17 Le système endocrinien 17.1
17.2
Une introduction au système endocrinien ............. 778 17.1.1
Une comparaison des mécanismes de régulation des systèmes nerveux et endocrinien ............................................................ 778
17.1.2
Les onctions générales du système endocrinien ................................................................. 779
Les glandes endocrines .................................................. 779 17.2.1
L’emplacement des principales glandes endocrines .................................................................. 780
17.2.2
La régulation de la sécrétion hormonale ............... 783
INTÉGRATION
15.6.3 15.7
Les systèmes relevant uniquement de la division sympathique ...................................... 704
Le contrôle et l’intégration de la onction du système autonome ..................................................... 705
La structure de l’oreille ............................................. 751
INTÉGRATION Illustration des concepts Mécanisme de la vision ........................................................................ 752
Les interactions entre les divisions parasympathique et sympathique ............................. 700 15.6.1
16.2.1
16.5.1
La division parasympathique........................................ 685 15.3.1
Les sens généraux ............................................................. 721
17.3
17.4
Les hormones ....................................................................... 784 17.3.1
La classication chimique des hormones ............. 784
17.3.2
Les hormones locales............................................... 785
Le transport des hormones ........................................... 786
15.7.1
Les plexus autonomes.............................................. 705
17.4.1
Le transport dans le sang ........................................ 786
15.7.2
Les réfexes autonomes ........................................... 707
17.4.2
Les taux d’hormones circulantes............................ 787
15.7.3
La régulation du système nerveux autonome par le système nerveux central ............................... 708
15.7.4
Le vieillissement du système nerveux autonome .................................................................... 709
17.5
Les cellules cibles : les interactions avec les hormones ............................................................. 787 Animation
Table des matières XXI
17.5.1
17.5.2 17.6
17.7
Les hormones liposolubles ...................................... 787
Le spasme vasculaire ............................................... 851
Les hormones hydrosolubles .................................. 788
18.4.2
La ormation du clou plaquettaire .......................... 852
18.4.3
La coagulation sanguine .......................................... 852
18.4.4
L’élimination du caillot ............................................... 856
Les cellules cibles : l’ampleur de la réponse cellulaire .................................................... 791 17.6.1
Le nombre de récepteurs ......................................... 791
17.6.2
La spécifcité des récepteurs .................................. 792
Le métabolisme des nutriments .................................. 793
17.8.1
La relation anatomique entre l’hypothalamus et l’hypophyse ............................................................ 797
17.8.2
Les interactions entre l’hypothalamus et la neurohypophyse ............................................... 798
17.8.3
Les interactions entre l’hypothalamus et l’adénohypophyse ................................................. 799
17.8.4
L’hormone de croissance ......................................... 801
17.8.5
La glande thyroïde et l’hormone thyroïdienne ...... 804
CHAPITRE 19 Le système cardiovasculaire : le cœur 19.1
19.2
La onction générale du système cardiovasculaire......................................................... 864
19.1.2
Une vue d’ensemble des composantes du système cardiovasculaire ................................... 864
L’emplacement et l’enveloppe du cœur .................. 867 19.2.1
L’emplacement et l’orientation du cœur ................ 867
19.2.2
Les caractéristiques du péricarde .......................... 867
INTÉGRATION Illustration des concepts Circulation du sang dans le cœur et voies de la circulation sanguine .................................................................... 868 19.3
L’anatomie du cœur .......................................................... 871
Les hormones pancréatiques ....................................... 814
19.3.2
Les tuniques de la paroi du cœur ........................... 871
L’anatomie du pancréas ........................................... 814
19.3.3
Les cavités du cœur .................................................. 875
Les eets des hormones pancréatiques ............... 815
19.3.4
Les valves cardiaques .............................................. 876
Le vieillissement et le système endocrinien .......... 820
19.3.5
La structure microscopique et les caractéristiques du muscle cardiaque................... 877
19.3.6
Le squelette fbreux du cœur .................................. 879
Liens entre le système endocrinien et les autres systèmes ........ 820
PARTIE IV Le maintien et la régulation CHAPITRE 18 Le système cardiovasculaire : le sang
18.3
19.1.1
Les structures à la surace du cœur ...................... 871
17.9.2
18.2
Une introduction au système cardiovasculaire ... 864
19.3.1
17.9.1
18.1
La ormation et le vieillissement du sang ............... 856
Les glandes surrénales et le cortisol ..................... 809
17.8.6
17.10
18.5
L’hypothalamus et l’hypophyse................................... 796
Animation
17.9
L’hémostase .......................................................................... 851 18.4.1
INTÉGRATION Illustration des concepts Système endocrinien : un système de régulation d’importance majeure dans l’organisme .................................................................... 794 17.8
18.4
Animation
19.4
19.5
Une introduction aux onctions et à la composition du sang ............................................... 828 18.1.1
Les onctions du sang .............................................. 828
18.1.2
Les caractéristiques physiques du sang ............... 829
18.1.3
Les composants du sang......................................... 830
19.6
La composition du plasma sanguin .......................... 830
La circulation coronarienne : l’irrigation sanguine de la paroi du cœur ....................................... 880 19.4.1
Les artères coronaires .............................................. 880
19.4.2
Les veines du cœur ................................................... 881
Les structures anatomiques régulant l’activité cardiaque............................................................. 882 19.5.1
Le système de conduction du cœur....................... 882
19.5.2
L’innervation du cœur ............................................... 884
La stimulation cardiaque ................................................ 884 19.6.1
Une vue d’ensemble des pompes et des canaux ioniques des cellules cardionectrices .......................................................... 884
19.6.2
18.2.1
Les protéines plasmatiques..................................... 830
L’activité électrique du nœud sinusal : l’initiation du potentiel d’action ............................... 885
18.2.2
Les autres solutés ..................................................... 833
Animation 19.6.3
Les éléments fgurés du sang ...................................... 834 18.3.1
L’hématopoïèse .......................................................... 834
18.3.2
Les érythrocytes ........................................................ 837 Animation
Illustration des concepts Recyclage et élimination des érythrocytes ..................................... 841 INTÉGRATION 18.3.3
Les leucocytes ........................................................... 846
18.3.4
Les thrombocytes ..................................................... 850
Le système de conduction du cœur : la propagation du potentiel d’action ...................... 887 Animation
19.7
Les myocytes cardiaques .............................................. 889 19.7.1
Une vue d’ensemble des pompes et des canaux ioniques dans les myocytes cardiaques .................................................................. 889
19.7.2
Les activités électriques et mécaniques des myocytes cardiaques ........................................ 889
XXII Table des matières
19.7.3
19.7.4 19.8
Animation
La régulation de la pression artérielle et du débit sanguin ............................................................ 936
L’enregistrement de l’électrocardiogramme ......... 891
20.5.1
La repolarisation et la période réractaire ............. 890
20.5
Le cycle cardiaque............................................................. 893 19.8.1
Animation
Une vue d’ensemble du cycle cardiaque .............. 894
20.5.2
Animation 19.8.2
Le déroulement du cycle cardiaque ....................... 894 Animation
Illustration des concepts Déroulement du cycle cardiaque ....................................................... 896 INTÉGRATION
20.6
19.10
Le débit cardiaque ............................................................. 898
20.7
La répartition du débit sanguin pendant l’eort .................................................................... 944
20.8
La circulation pulmonaire ............................................... 945
Une introduction au débit cardiaque ..................... 899
20.8.1
Le circuit de la circulation pulmonaire ................... 945
19.9.2
Les variables infuant sur la réquence cardiaque .................................................................... 900
20.8.2
Les caractéristiques de la circulation pulmonaire .................................................................. 946
19.9.3
Les variables infuant sur le volume systolique.................................................. 900
19.9.4
Les variables infuant sur le débit cardiaque ........ 902
20.9
Les principales subdivisions de l’aorte à la sortie du cœur .................................................... 946
20.9.2
Les veines retournant le sang au cœur droit .............................................................. 949
20.10
La circulation systémique : la tête et le tronc ....... 949 La tête et le cou ......................................................... 949
La structure et la onction des vaisseaux sanguins .................................................................................. 912
20.10.2
Les parois thoracique et abdominale .................... 951
20.10.3
Les organes thoraciques.......................................... 955
20.1.1
La structure générale des vaisseaux ..................... 912
20.10.4
Le tube digesti .......................................................... 957
20.1.2
Les artères .................................................................. 914
20.10.5
20.1.3
Les capillaires sanguins ........................................... 917
Les organes de la région abdominale postérieure, le bassin et le périnée ........................ 959
20.1.4
Les veines ................................................................... 919
20.1.5
Les circuits des vaisseaux sanguins ...................... 921
20.11
La circulation systémique : les membres supérieurs et inérieurs .................................................... 961 20.11.1
Les membres supérieurs ......................................... 961
20.11.2
Les membres inérieurs ............................................ 963
20.2.1
La diusion et le transport vésiculaire ................... 923
La ormation des vaisseaux sanguins, les circulations œtale et postnatale, et le vieillissement .............................................................. 963
20.2.2
Les échanges liquidiens ........................................... 923
20.12.1
La ormation des vaisseaux sanguins.................... 966
La pression nette de ltration.................................. 925
20.12.2
La circulation œtale ................................................. 966
Animation
20.12.3
La circulation postnatale .......................................... 967
20.12.4
Le développement postnatal et le vieillissement des vaisseaux sanguins .............. 967
20.12
Les échanges capillaires ................................................ 923
20.2.3
20.2.4
20.4
20.9.1
20.10.1
Illustration des concepts Infuence de la orme des vaisseaux sanguins sur leur onction ..................................................................................... 922
20.3
La circulation systémique : les vaisseaux aérents et eérents du cœur ...................................... 946
La ormation du cœur ....................................................... 903
INTÉGRATION
20.2
La vitesse du débit sanguin .......................................... 941
19.9.1
CHAPITRE 20 Le système cardiovasculaire : les vaisseaux et la circulation sanguine 20.1
La régulation hormonale de la pression artérielle ............................................ 939
INTÉGRATION Illustration des concepts Facteurs de régulation de la pression artérielle ............................. 942
Animation 19.9
La régulation nerveuse de la pression artérielle ...................................................................... 936
Le rôle du système lymphatique ............................. 926
Le débit sanguin local ...................................................... 926 20.3.1
Le degré de vascularisation et l’angiogenèse......................................................... 926
20.3.2
La régulation locale de courte durée ..................... 926
20.3.3
La relation entre les débits sanguins local et systémique ............................................................. 927
Liens entre le système cardiovasculaire et les autres systèmes .......................................................................... 968
CHAPITRE 21 Le système lymphatique 21.1
La pression sanguine, la résistance et le débit sanguin systémique .................................... 928 20.4.1
La pression sanguine ................................................ 928
20.4.2
La résistance .............................................................. 933
20.4.3
La relation entre le débit sanguin, les gradients de pression sanguine et la résistance périphérique ................................... 935
L’organisation du système lymphatique ................. 978 21.1.1
La lymphe et les capillaires lymphatiques ............ 978
21.1.2
Les vaisseaux collecteurs, les troncs et les conduits lymphatiques................................... 981
21.2
Une vue d’ensemble des tissus et des organes lymphoïdes ........................................... 983
21.3
Les structures lymphoïdes primaires ....................... 983
Table des matières XXIII
21.4
21.5
21.3.2
Le thymus ................................................................... 984
22.7.1
La réponse eectrice des lymphocytes T ............. 1029
Les structures lymphoïdes secondaires ................. 985
22.7.2
La réponse eectrice des lymphocytes B ............ 1030
21.4.2
La rate ......................................................................... 988
22.8.1
La structure des immunoglobulines ....................... 1031
21.4.3
Les amygdales ........................................................... 990
22.8.2
Les onctions des anticorps .................................... 1031
21.4.4
Les ollicules lymphoïdes dius et les tissus lymphoïdes associés aux muqueuses ................... 991
22.8.3
Les classes d’immunoglobulines............................ 1033
22.9
La formation du système lymphatique et des structures lymphoïdes ....................................... 992 21.5.1
La ormation du système lymphatique .................. 992
21.5.2
La ormation des structures lymphoïdes............... 992
Une vue d’ensemble des maladies causées par des agents infectieux ............................ 998 22.2.1
Les cellules immunitaires et leur localisation ....... 1000
22.2.2
Les cytokines ............................................................ 1001
22.2.3
Une comparaison entre l’immunité innée et l’immunité adaptative ........................................... 1002
La mémoire immunologique .................................... 1035
22.9.2
La mesure de la mémoire immunologique ............ 1035
22.9.3
L’immunité active et passive .................................... 1038
CHAPITRE 23 Le système respiratoire 23.1
23.2
Une introduction au système respiratoire .............. 1052 23.1.1
Les onctions générales du système respiratoire.................................................................. 1052
23.1.2
L’organisation générale du système respiratoire.................................................................. 1052
23.1.3
Le revêtement muqueux ........................................... 1052
Les voies respiratoires supérieures ........................... 1054 23.2.1
Le nez et les osses nasales .................................... 1054
23.2.2
Les sinus paranasaux ............................................... 1056
23.2.3
Le pharynx .................................................................. 1057
22.3.1
Les barrières anatomiques et physiologiques...... 1003
22.3.2
Les déenses cellulaires ........................................... 1003
22.3.3
Les protéines antimicrobiennes .............................. 1007
22.3.4
L’infammation ............................................................ 1008
23.3.1
Le larynx...................................................................... 1058
Animation
23.3.2
La trachée ................................................................... 1062
23.3.3
L’arbre bronchique .................................................... 1063
23.3.4
Les conduits alvéolaires et les alvéoles ................ 1067
23.3.5
La membrane respiratoire ........................................ 1070
23.3
La èvre ....................................................................... 1012
Une introduction à l’immunité adaptative .............. 1013
INTÉGRATION
Les antigènes ............................................................. 1013
23.4
Illustration des concepts
Immunité innée ....................................................................................... 1014 22.4.2
La structure générale des lymphocytes ................ 1017
22.4.3
Les cellules présentatrices de l’antigène et les molécules du complexe majeur d’histocompatibilité ................................................... 1018
22.4.4
22.6
22.9.1
Liens entre les systèmes lymphatique et immunitaire et les autres systèmes .............................................. 1042
L’immunité innée ................................................................. 1003
22.4.1
22.5
La mémoire immunologique et la réponse immunitaire ............................................... 1035
INTÉGRATION Illustration des concepts Immunité adaptative.............................................................................. 1036
Une vue d’ensemble du système immunitaire ..... 999
22.3.5 22.4
Les immunoglobulines ..................................................... 1030
Les nœuds lymphatiques ......................................... 985
CHAPITRE 22 Le système immunitaire et la défense de l’organisme
22.3
22.8
21.4.1
Illustration des concepts Relation entre le système lymphatique et les systèmes cardiovasculaire et immunitaire ................................ 993
22.2
La réponse effectrice au foyer de l’infection ........ 1029
La moelle osseuse rouge ......................................... 983
INTÉGRATION
22.1
22.7
21.3.1
Les événements de la vie des lymphocytes ......... 1022
23.5
La formation et la sélection des lymphocytes ..... 1024 22.5.1
La ormation des lymphocytes T ............................ 1024
22.5.2
La sélection des lymphocytes T ............................. 1024
22.5.3
La diérenciation et la migration des lymphocytes T .................................................... 1024
Les voies respiratoires inférieures ............................. 1058
Les poumons ........................................................................ 1070 23.4.1
L’anatomie macroscopique du poumon ................ 1070
23.4.2
La vascularisation, le drainage lymphatique et l’innervation pulmonaire....................................... 1073
23.4.3
La plèvre et la cavité pleurale .................................. 1076
23.4.4
Le mécanisme de dilatation pulmonaire................ 1077
La respiration : la ventilation pulmonaire ................ 1077 23.5.1
Une introduction à la ventilation pulmonaire .................................................................. 1078
23.5.2
La mécanique de la ventilation ............................... 1079
23.5.3
Les acteurs infuençant l’écoulement de l’air .......................................................................... 1085
23.5.4
La régulation nerveuse de la ventilation ................ 1086
L’activation et la sélection clonale des lymphocytes ................................................................. 1026
23.5.5
La ventilation pulmonaire et la ventilation alvéolaire ......................................... 1090
22.6.1
L’activation des lymphocytes T ............................... 1026
23.5.6
Le volume et la capacité respiratoires ................... 1091
22.6.2
L’activation des lymphocytes B............................... 1028
22.6.3
La recirculation des lymphocytes........................... 1028
23.6
La respiration : les échanges gazeux alvéolaires et systémiques............................................. 1093
XXIV Table des matières
23.6.1
Les principes chimiques de l’échange gazeux ..... 1093
24.6.3
Les substances entièrement réabsorbées............ 1141
23.6.2
Les échanges gazeux alvéolaires (respiration externe) .................................................. 1096
24.6.4
Les substances partiellement réabsorbées ......... 1144
24.6.5
Les échanges gazeux systémiques (respiration interne) ................................................... 1098
Les substances éliminées comme déchets .......... 1148
24.6.6
L’établissement du gradient osmotique : le mécanisme de concentration de l’urine ............ 1150
La respiration : le transport des gaz .......................... 1099
24.6.7
La réabsorption et la sécrétion tubulaires en résumé ................................................................... 1152
23.6.3 23.7
23.8
23.7.1
Le transport de l’oxygène ........................................ 1099
23.7.2
Le transport du dioxyde de carbone...................... 1100
23.7.3
L’hémoglobine comme molécule de transport ..... 1100
La réquence respiratoire et l’homéostasie ........... 1105
Illustration des concepts Transport de l’oxygène et du dioxyde de carbone ......................... 1106 INTÉGRATION
24.7
24.7.1
Les eets de l’hyperventilation et de l’hypoventilation sur la onction cardiovasculaire......................................................... 1108
23.8.2
La respiration et l’eort physique ........................... 1109
Animation 24.7.2 24.8
Liens entre le système respiratoire et les autres systèmes ......... 1110
CHAPITRE 24 Le système urinaire 24.1 24.2
24.3
24.4
24.5
24.6
La mesure de la fltration glomérulaire .................. 1152
INTÉGRATION Illustration des concepts Réabsorption et sécrétion tubulaires................................................ 1153
Animation 23.8.1
L’évaluation de la onction rénale............................... 1152
La mesure de la clairance rénale ............................ 1154
Les caractéristiques, le transport, l’accumulation et l’élimination de l’urine ................................................................................. 1154 24.8.1
Les caractéristiques de l'urine ................................ 1154
24.8.2
Le tractus urinaire...................................................... 1157
24.8.3
La miction ................................................................... 1161 Animation
Une introduction au système urinaire ...................... 1120
Liens entre le système urinaire et les autres systèmes ................ 1164
L’anatomie macroscopique du rein ........................... 1122
CHAPITRE 25 Les liquides, les électrolytes et l’équilibre acidobasique
24.2.1
La position et le soutien du rein .............................. 1122
24.2.2
L’anatomie interne du rein ........................................ 1123
24.2.3
L’innervation du rein .................................................. 1123
L’anatomie onctionnelle du rein ................................. 1124 24.3.1
Le néphron.................................................................. 1124
24.3.2
Les tubules rénaux .................................................... 1127
24.3.3
L’appareil juxtaglomérulaire ..................................... 1128
25.1
25.2
Le débit sanguin et l’écoulement du fltrat ............ 1129 24.4.1
Le débit sanguin dans le rein .................................. 1129
24.4.2
Le fltrat et l’urine ....................................................... 1131
La production de fltrat dans le corpuscule rénal............................................................. 1132 24.5.1
La ormation de l’urine : une vue d’ensemble ....... 1132
24.5.2
La membrane de fltration ........................................ 1133
24.5.3
La ormation et la composition du fltrat................ 1134
24.5.4
Les pressions intervenant dans la fltration glomérulaire ............................................ 1134
24.5.5
La régulation de la fltration glomérulaire .............. 1136
25.3
25.4
La réabsorption et la sécrétion dans les tubules rénaux .................................................. 1138
Illustration des concepts Filtration glomérulaire et régulation .................................................. 1140 INTÉGRATION
24.6.2
25.1.1
La répartition des liquides corporels ..................... 1172
25.1.2
Les compartiments liquidiens ................................. 1172
L’équilibre hydrique ........................................................... 1175 25.2.1
L’apport et la déperdition hydriques ...................... 1176
25.2.2
Les déséquilibres hydriques .................................... 1177
25.2.3
La régulation de l’équilibre hydrique ...................... 1179
L’équilibre électrolytique ................................................. 1182 25.3.1
Les solutés : les non-électrolytes et les électrolytes ...................................................... 1182
25.3.2
Les principaux électrolytes dans les liquides corporels ................................................ 1182
La régulation hormonale ................................................. 1188 25.4.1
L’angiotensine II ......................................................... 1188
25.4.2
L’hormone antidiurétique.......................................... 1188
25.4.3
L’aldostérone .............................................................. 1191
25.4.4
Le acteur natriurétique auriculaire ......................... 1193
L’équilibre acidobasique ................................................. 1194 25.5.1
Les catégories d’acides ........................................... 1194
25.5.2
Les reins et la régulation des acides fxes ............ 1195
Les processus de transport : une vue d’ensemble ................................................................. 1141
25.5.3
La respiration et la régulation de l’acide volatil ......................................................... 1197
Animation
25.5.4
Les tampons chimiques ........................................... 1198
Animation 24.6.1
25.5
Les liquides corporels ...................................................... 1172
Le taux maximal de réabsorption et le seuil rénal ........................................................... 1141
INTÉGRATION Illustration des concepts Maintien de l’équilibre acidobasique ................................................ 1200
Table des matières XXV
25.6
Les perturbations de l’équilibre acidobasique ........................................................................ 1201 25.6.1
Une vue d’ensemble des déséquilibres acidobasiques ............................................................ 1201
25.6.2
Les perturbations d’origine respiratoire ................ 1201
25.6.3
Les perturbations d’origine métabolique .............. 1202
25.6.4
La compensation ....................................................... 1203
CHAPITRE 26 Le système digestif 26.1
26.2
27.3
27.4
27.5
Une introduction au système digestif....................... 1212 26.1.1
Les principales fonctions du système digestif ..... 1212
26.1.2
La structure du système digestif ............................ 1212
26.1.3
L’histologie du tube digestif ..................................... 1212
26.1.4
Les membranes séreuses de la cavité abdominale ................................................................. 1215
26.1.5
La régulation de la digestion ................................... 1216
Le tube digestif supérieur .............................................. 1217 26.2.1
26.2.3
Le pharynx et l’œsophage ....................................... 1223
26.2.4
L’estomac .................................................................... 1226 Animation
26.3
Le tube digestif inférieur ................................................. 1233
27.4.1
L’anatomie des lobules hépatiques ........................ 1277
27.4.2
La synthèse du cholestérol ...................................... 1278
27.4.3
Le transport des lipides............................................ 1278
Le rôle de la respiration cellulaire dans le métabolisme ......................................................... 1280 La production d’énergie à partir de molécules non glucidiques ................................ 1281
27.6
Le processus de conversion des macronutriments ................................................ 1284
Le métabolisme, l’énergie et la thermorégulation ...................................................... 1284 27.6.1
La vitesse du métabolisme ...................................... 1286
27.6.2
La régulation de la température corporelle ........... 1287
PARTIE V La reproduction CHAPITRE 28 Le système génital
Les organes du tube digestif inférieur ................... 1233
26.3.2
L’intestin grêle ............................................................ 1234
Une vue d’ensemble des systèmes génitaux masculin et féminin ........................................ 1296
26.3.3
Les organes annexes ................................................ 1237
28.1.1
Les éléments communs aux deux systèmes ........ 1296
26.3.4
Le gros intestin .......................................................... 1243
28.1.2
La digestion chimique des molécules organiques ............................................................................. 1249
La maturation sexuelle chez la femme et l’homme .................................................................. 1296
28.1.3
L’anatomie du périnée ............................................... 1297
28.1
28.2
La gamétogenèse ............................................................... 1298
26.4.1
La digestion chimique des glucides....................... 1249
26.4.2
La digestion chimique des protéines ..................... 1251
28.2.1
La détermination sexuelle ........................................ 1298
26.4.3
La digestion chimique des lipides .......................... 1251
28.2.2
Une vue d’ensemble de la méiose .......................... 1298
26.4.4
La digestion chimique des acides nucléiques ..... 1254
28.2.3
La méiose I : la division réductionnelle .................. 1299
28.2.4
La méiose II : la séparation des chromatides sœurs............................................ 1301
Illustration des concepts Composantes du système digestif et leurs fonctions ................... 1256 Liens entre le système digestif et les autres systèmes................. 1258
28.3
CHAPITRE 27 La nutrition et le métabolisme
27.2
Les fonctions métaboliques du foie .......................... 1277
27.5.2
INTÉGRATION
27.1
L’état de jeûne ............................................................ 1276
26.3.1
Animation
26.4
L’état postprandial ..................................................... 1275
27.3.2
INTÉGRATION Illustration des concepts Structure et fonctions du foie ............................................................. 1282
Animation
La cavité orale et les organes et structures annexes ............................................... 1218
27.3.1
27.5.1
Les organes du tube digestif supérieur ................. 1218
26.2.2
La régulation des taux sanguins de nutriments........................................................................ 1274
Les nutriments ..................................................................... 1266 27.1.1
Les macronutriments ................................................ 1267
27.1.2
Les micronutriments ................................................. 1267
L’obtention des nutriments à partir des aliments .......................................................................... 1271 27.2.1
La satisfaction des besoins alimentaires .............. 1271
27.2.2
Les recommandations pour une saine alimentation ................................................................ 1273
Le système génital féminin ............................................ 1303 28.3.1
Les ovaires.................................................................. 1303
28.3.2
L’ovogenèse et le cycle ovarien ............................... 1307
28.3.3
Les trompes utérines, l’utérus et le vagin ............. 1312
28.3.4
Le cycle menstruel et les menstruations ............... 1317
INTÉGRATION Illustration des concepts Interrelations entre les hormones, le cycle ovarien et le cycle menstruel ............................................................................. 1318
28.4
28.3.5
Les organes génitaux externes ............................... 1322
28.3.6
Les glandes mammaires .......................................... 1323
28.3.7
La réponse sexuelle de la femme ........................... 1324
Le système génital masculin......................................... 1325
xxvi Table des matières
28.5
29.5
Les effets de la grossesse sur la mère
28.4.1
Le scrotum .................................................................. 1326
28.4.2
Les testcules et la spermatogenèse ..................... 1326
29.5.1
Le déroulement de la grossesse ........................... 1370
28.4.3
La structure des conduts du système géntal masculn ......................................................... 1332
29.5.2
Les changements hormonau ............................... 1372
29.5.3
Les transormatons de l’utérus et des glandes mammares .................................... 1373
29.5.4
Les changements relats au système dgest, au nutrments et au métabolsme ........................ 1374
................... 1370
28.4.4
Les glandes annees et la producton de sperme ................................................................... 1334
28.4.5
Le péns ....................................................................... 1336
28.4.6
La réponse seuelle de l’homme ............................ 1337
29.5.5
La formation et le vieillissement des systèmes génitaux féminin et masculin ......... 1338
Les changements relats au systèmes cardoasculare et respratore .............................. 1375
29.5.6
Les changements relats au système urnare ..... 1376
28.5.1 28.5.2
Le see génétque par opposton au see phénotypque .............................................. 1338
29.6
La ormaton des gonades ndérencées et des conduts géntau .......................................... 1338
Le travail et l’accouchement
....................................... 1376
29.6.1
Le au traal ............................................................ 1377
29.6.2
Le déclenchement du ra traal ........................... 1377
29.6.3
Les phases du ra traal ....................................... 1378
28.5.3
Le déeloppement des organes géntau nternes ....................................................... 1338
29.7
28.5.4
Le déeloppement des organes géntau eternes ...................................................... 1340
Les transformations postnatales chez le nouveau-né ........................................................... 1381
29.8
28.5.5
La puberté .................................................................. 1340
Les changements survenant chez la mère après l’accouchement ................................... 1382
28.5.6
La ménopause et l’andropause............................... 1342
29.8.1
Les changements hormonau ............................... 1382
Liens entre le système génital et les autres systèmes .................. 1343
29.8.2
CHaPItrE 29 Le dvelppeme, l ssesse e l’hdi
Les changements relats au olume sangun et au lqudes corporels .......................................... 1382
29.8.3
La lactaton ................................................................. 1383
29.8.4
Les transormatons de l’utérus ............................. 1385
29.1 29.2
29.3
Une vue d’ensemble de la période prénatale La période préembryonnaire
..... 1352
....................................... 1353
29.2.1
La écondaton .......................................................... 1353
29.2.2
La segmentaton ....................................................... 1356
29.2.3
L’mplantaton ............................................................ 1358
29.2.4
La ormaton du dsque embryonnare et des membranes etraembryonnares .............. 1359
29.2.5
La ormaton du placenta ........................................ 1361
La période embryonnaire
.............................................. 1362
29.3.1
La gastrulaton et la ormaton des eullets embryonnares prmts ..................... 1362
29.3.2
Le replement du dsque embryonnare ................ 1364
29.3.3
L’organogenèse ........................................................ 1366 aimi
29.4
La période fœtale ............................................................... 1368
29.9
L’hérédité 29.9.1
............................................................................... 1385
Une ue d’ensemble de la génétque humane .... 1385
IntégratIon Illusi des cceps Transformations anatomiques et physiologiques chez la femme pendant la grossesse et le postpartum .................................................................................... 1386 29.9.2
Les modes de transmsson des caractères hérédtares ..................................... 1389
29.9.3
L'hérédté lée au see .............................................. 1390
29.9.4
La pénétrance et les nfuences enronnementales sur l’hérédté ............................ 1390
À votre avis/Réponses suggérées ..................................................... 1405 Glossaire .................................................................................................. 1411 Éléments de formation des termes .................................................... 1426 Références .............................................................................................. 1431 Index ......................................................................................................... 1443
UNE INTRODUCTION À L’ÉTUDE DU CORPS HUMAIN
CHAPITRE
1
Adaptation française :
Matthieu Devito
L’ANATOMISTE ET LE PHYSIOLOGISTE…
DANS LA PRATIQUE
Anatomie et la physiologie sont deux disciplines spécialisées qu’il aut éviter de considérer comme distinctes et diérentes. Aucun signe distincti et aucun indice de compétence particulière n’identifent les proessionnels de la santé ci-contre. Les anatomistes sont des experts de la structure physique, mais il est clair que leurs recherches et leurs études portant sur un organe particulier et sur la structure globale du corps humain doivent être considérées en rapport avec la onction particulière de cet organe. Les physiologistes étudient le onctionnement des organes et des systèmes du corps. Leur travail est important pour comprendre la relation entre la structure d’un système et le onctionnement global de l’organisme. Dans ce manuel, les deux disciplines seront continuellement intégrées, car il est vraiment impossible de les séparer ; il s’agit alors d’une biologie du corps humain. L’exploration et la compréhension de ces deux aspects d’un sujet aciliteront la maîtrise des notions étudiées.
1.1
1.2 1.3
Les domaines de la biologie humaine ..... 1.1.1 L’anatomie : une étude de la structure ...... 1.1.2 La physiologie : une étude de la fonction ........................................ L’interrelation entre l’anatomie et la physiologie ........................................... Les niveaux d’organisation du corps humain ......................................... 1.3.1 Les caractéristiques des êtres vivants ...... 1.3.2 Les niveaux d’organisation : du plus simple au plus complexe ........................
Illustration des concepts Examen du corps humain par les anatomistes et les physiologistes .....................
1.3.3
2 2
1.4 3 4
1.4.3 1.4.4 1.4.5
4 4 5
1.5
INTÉGRATION
6
Une introduction aux systèmes de l’organisme ...................................... Le langage de l’anatomie .......................... 1.4.1 La position anatomique .......................... 1.4.2 Les coupes et les plans ......................... Les directions anatomiques .................... Les régions anatomiques ....................... Les cavités et les membranes du corps ................................................ 1.4.6 Les régions et les quadrants abdominopelviens .................................. L’homéostasie : le maintien de la stabilité des conditions intérieures .........
1.5.1
Les composantes des systèmes homéostatiques ..................................... La régulation des systèmes homéostatiques par rétro-inhibition ........
23
Illustration des concepts Mécanismes de rétro-inhibition dans la régulation de la température corporelle ......
24
8
1.5.2
8 8 8 13 15
21
INTÉGRATION
1.5.3
15
1.6 19 20
La régulation des systèmes homéostatiques par rétroactivation ......... L’homéostasie, la santé et la maladie ....
26 27
2 Partie I L’organisation du corps humain
1.1
Les domaines de la biologie humaine
L’anatomie et la physiologie humaines sont deux mondes asci nants. Ces deux domaines de la biologie explorent les incroyables rouages des mécanismes du corps humain. L’anatomie étudie la orme et la structure de l’organisme, alors que la physiolo gie s’intéresse plutôt à son onctionnement. Ces sciences se conjuguent pour ournir les assises nécessaires à la compréhen sion de la santé et du onctionnement de l’être humain. Le voca bulaire de base de ces sciences dérive à la ois du grec et du latin. L’utilisation appropriée du vocabulaire et de la terminologie descriptive utilisés dans le présent texte améliorera considérable ment la compréhension de la structure et du onctionnement de l’organisme tout au long du cours, ces deux éléments étant indis sociables. Ainsi, la açon dont l’organisme onctionne dans des conditions normales sera examinée, tout comme les eets d’une atteinte ou d’une maladie sur sa structure et son onctionnement. Cette section établit une comparaison entre l’anatomie et la physiologie, et présente les subdivisions générales de ces sciences. L’anatomie est l’étude de la structure et de la orme. Le terme anatomie dérive du mot grec anatome, qui signife couper ou disséquer. Les anatomistes sont des scientifques qui étudient la structure et la orme des organes et de leurs composantes. Ils s’intéressent en particulier aux relations entre les parties du corps aussi bien qu’à la structure des organes pris individuelle ment. La physiologie est l’étude des onctions des parties de l’or ganisme. Les physiologistes sont des scientifques qui examinent le onctionnement normal des organes et des systèmes, de même que les perturbations de ce onctionnement occasionnées par des médicaments ou par la maladie. Le TABLEAU 1.1 compare le
TABLEAU 1.1
regard que les anatomistes et les physiologistes posent sur les mêmes organes. L’anatomie et la physiologie sont deux sciences biologiques étroitement liées, de sorte qu’il est impossible d’étudier les proces sus physiologiques sans avoir une certaine compréhension de la structure anatomique. De même, il est difcile de décrire et de comprendre de manière adéquate la structure anatomique d’un organe sans connaître sa onction. Dans les chapitres de ce manuel, l’anatomie et la physiologie sont présentées de açon intégrée afn de démontrer l’interrelation existant entre la orme et la onction.
1.1.1
L’anatomie : une étude de la structure
1
Décrire la science de l’anatomie.
2
Énumérer les subdivisions de l’anatomie microscopique et de l’anatomie macroscopique.
L’anatomie étudie la structure et la orme des organismes. Cette discipline est extrêmement vaste et peut se diviser en plusieurs domaines plus spécialisés. L’anatomie microscopique examine les structures invisibles à l’œil nu. Pour la plupart de ces études, les scientifques préparent des cellules individuelles ou de fnes tranches de certaines parties du corps qu’ils examinent ensuite au microscope. L’anatomie microscopique comprend deux divi sions principales : • La cytologie (cyto = cellule, logo = étudier) est l’étude des cel lules de l’organisme et de leur structure interne. • L’histologie (histo = tissu) est l’étude des tissus et de leur dis position dans les organes.
Comparaison de l’anatomie et de la physiologie
Organe
Description qu’un anatomiste en ferait
Description qu’un physiologiste en ferait
Muscles de la cuisse
Ces muscles sont ormés de tissu musculaire strié squelettique et reçoivent leur innervation de neurones moteurs somatiques. Ils comprennent le quadriceps émoral et les muscles ischio-jambiers, respectivement responsables de l’extension et de la exion du genou.
Les muscles de la cuisse se contractent volontairement grâce aux inux nerveux venant de neurones moteurs somatiques. Ils sont conçus pour ournir sufsamment de puissance pour aire bouger les segments du membre inérieur durant la course.
Intestin grêle
La paroi de l’intestin grêle comprend une couche interne aite d’un épithélium simple prismatique et de deux couches de tissu musculaire lisse : une couche interne circulaire et une couche externe longitudinale. Les cellules musculaires lisses sont usiormes et ne possèdent pas les striations observées dans le muscle squelettique.
L’épithélium simple prismatique est destiné à l’absorption des nutriments à partir de la lumière de l’intestin grêle. Les deux couches de muscle se contractent lentement et de açon involontaire pour comprimer et propulser le contenu de l’intestin grêle au cours de la digestion, de la transormation et de l’absorption des nutriments.
Œsophage
La paroi de l’œsophage se compose d’un épithélium stratifé squameux non kératinisé, d’une couche moyenne de tissu conjoncti dense irrégulier et d’une couche externe de tissu musculaire (renermant une combinaison de muscle squelettique et de muscle lisse).
La paroi de l’œsophage est conçue pour résister aux activités abrasives associées à la déglutition des aliments. Les contractions séquentielles des muscles lisse et squelettique permettent de propulser les aliments vers l’estomac.
Capillaires sanguins
La paroi des capillaires sanguins consiste en un épithélium simple squameux. Dans certains types de capillaires, des enestrations s’ouvrent entre les cellules épithéliales.
La fne structure du capillaire sanguin avorise les échanges de nutriments, de gaz et de déchets entre le sang et les tissus environnants. La mince paroi enestrée du capillaire est conçue pour accroître les échanges de substances.
Chapitre 1 Une introduction à l’étude du corps humain 3
L’anatomie macroscopique étudie la structure des parties de l’organisme visibles à l’œil nu et les relations qui existent entre elles (p. ex., les intestins, l’estomac, l’encéphale, le cœur ou encore les reins). Il arrive souvent que le sujet d’étude ou ses parties soient disséqués pour cet examen. L’anatomie macrosco pique peut être étudiée selon plusieurs approches : • L’anatomie des systèmes (ou anatomie systémique) s’inté resse à l’anatomie de chacun des systèmes onctionnels de l’organisme. L’étude du système urinaire, par exemple, consis terait à examiner les reins (où l’urine est ormée) ainsi que les organes assurant le transport de l’urine (uretères et urètre) et son entreposage (vessie). Les cours intégrés d’anatomie et de physiologie utilisent cette approche. • L’anatomie régionale examine en tant qu’unités toutes les structures d’une région particulière de l’organisme. La région axillaire (aisselle) pourrait être étudiée par l’examen des vais seaux sanguins (artère et veine axillaires), des ners (branches du plexus brachial), des nœuds lymphatiques (nœuds lym phatiques axillaires), de la musculature, du tissu conjoncti et de la peau. La plupart des cours d’anatomie macroscopique des écoles de médecine suivent une approche d’anatomie régionale. • L’anatomie de surface se ocalise sur des repères anatomiques superciels et sur les relations entre les structures anato miques internes et la peau qui les recouvre. Les proession nels de la santé utilisent des caractéristiques de surace pour déterminer et localiser des repères importants, les points pour prendre le pouls par exemple, ou encore la région appro priée pour pratiquer une réanimation cardiopulmonaire. La plupart des cours d’anatomie enseignent aussi les repères importants de l’anatomie de surace à leurs étudiants. • L’anatomie comparée étudie les ressemblances et les di érences anatomiques entre diverses espèces. Un cours d’anatomie comparée porterait par exemple sur la structure des membres chez l’être humain, le chimpanzé, le chien et le chat. Cette approche est plutôt utile en biologie de l’évolution. • L’embryologie (embryon = croître dans) est la discipline qui s’intéresse aux transormations se produisant au cours du développement, de la conception à la naissance. Plusieurs branches spécialisées de l’anatomie s’intéressent au diagnostic de diverses conditions médicales ou à l’avancement de la recherche ondamentale : • L’anatomie pathologique (patho = maladie) examine toutes les transormations anatomiques résultant de la maladie, du point de vue macroscopique aussi bien que microscopique. • L’anatomie radiologique explore les relations entre les struc tures internes qu’il est possible de visualiser par des tech niques particulières d’imagerie médicale (radiographie, écographie, tomodensitométrie [aussi appelée scanographie], imagerie par résonance magnétique). Certains pourraient croire qu’il ne reste rien à découvrir en anatomie – après tout, l’organisme est resté à peu près inchangé depuis des millénaires. Et pourtant, les études anatomiques
actuelles apportent toujours de nouvelles connaissances, dont certaines remplacent les idées antérieures sur les mécanismes de divers organes ou ajoutent de nouvelles données sur leurs onctions. Par exemple, avant les années 1980, le cœur n’était considéré que comme une pompe qui propulse le sang dans le système vasculaire. Or, en 1981, le Dr Adolo de Bold a découvert que le cœur avait aussi une onction endocrine et que des cellules de l’oreillette droite du cœur contenaient des granules remplies d’une substance qui a été nommée acteur natriurétique auricu laire (FNA) (Institut de cardiologie de l’Université d’Ottawa, 2010). Libérée dans le sang, cette hormone participe à la régula tion de l’eau et du sodium dans l’organisme, ainsi qu’à celle de la pression artérielle. Donc, il ne aut jamais oublier que l’anatomie est une science dynamique qui évolue, et non pas une science statique et immuable.
Vérifiez vos connaissances 1. Quelle sous-discipline de l’anatomie explore la
disposition des différentes couches tissulaires de la paroi du gros intestin, telle qu’observée au microscope ?
1.1.2
La physiologie : une étude de la fonction
3
Décrire la science de la physiologie.
4
Énumérer les subdivisions de la physiologie.
Les physiologistes examinent le onctionnement des divers sys tèmes de l’organisme et se concentrent en général sur le niveau moléculaire ou cellulaire pour parvenir à une compréhension totale de leurs mécanismes. Ils utilisent alors réquemment les principes de la physique et de la chimie. C’est pourquoi un cha pitre du début de ce manuel sera consacré aux notions onda mentales de la chimie et de la biochimie. Quant aux principes de physique, ils seront graduellement intégrés aux explications des mécanismes physiologiques tout au long du manuel, selon les besoins. La physiologie est une discipline très vaste qui peut se diviser en domaines plus spécialisés, selon les systèmes ou l’état de ces derniers. Certaines sousdisciplines de la physiologie concentrent leurs études sur un système particulier de l’organisme. Par exemple, la physiologie cardiovasculaire examine les onctions du cœur, des vaisseaux sanguins et du sang. Les physiologistes cardiovasculaires étudient l’action de pompage du sang par le cœur, les paramètres associés à une pression artérielle saine et le détail des mécanismes d’échange des gaz respiratoires, des nutriments et des déchets entre le sang et les structures corpo relles. La neurophysiologie, qui étudie la propagation des infux dans le système nerveux et le onctionnement des organes de celuici, constitue un autre exemple, de même que la physiologie respiratoire, qui étudie entre autres le transert des gaz respira toires entre les poumons et les vaisseaux sanguins les irriguant, et la physiologie de la reproduction, qui explore la régulation du cycle reproducti par les hormones sexuelles et leur infuence sur
4 Partie I L’organisation du corps humain
la production et la maturation des cellules reproductrices. Il est également possible de parler de physiologie digestive, de physiologie rénale et d’endocrinologie, cette dernière étudiant les hor mones et leurs mécanismes d’action. Le onctionnement de la cellule est étudié en physiologie cellulaire. Cette dernière orme avec la cytologie (structure de la cellule) un domaine important appelé biologie cellulaire. Aussi, de plus en plus, le onctionne ment de la cellule vivante est expliqué du point de vue moléculaire. C’est le domaine de la biologie moléculaire qui décrit notamment les interactions entre l’acide désoxyribonucléique (ADN, molécules porteuses des gènes) et les protéines. La biologie cellulaire et la biologie moléculaire seront étudiées dans les chapitres 3 et 4. La physiopathologie, quant à elle, explore les relations entre le onc tionnement d’un système et les maladies ou les lésions dont il est atteint. Par exemple, un physiopathologiste étudierait l’infuence d’une cardiopathie sur la pression artérielle, la orce de contraction du cœur ainsi que les échanges de gaz et de nutriments. Tous les proessionnels de la santé doivent connaître le onc tionnement normal des systèmes de l’organisme, mais également l’eet d’une pathologie sur la physiologie de chacun d’eux. Les encadrés Application clinique disséminés dans ce manuel pré sentent certaines pathologies et exposent leurs eets sur l’anato mie et la physiologie d’un système.
1.3
Les niveaux d’organisation du corps humain
Les scientiques regroupent les composantes de l’organisme selon une hiérarchie organisationnelle de ormes et de onctions. Pour bien comprendre ces niveaux hiérarchiques, il est utile de connaître les caractéristiques communes à tous les êtres vivants et de voir comment elles sont présentes à chacun des niveaux d’organisation. Le concept de système, par exemple, permet de considérer une onction comme étant une interaction entre plu sieurs organes.
À votre avis 1. Quel type de réactions métaboliques est
observé surtout pendant la digestion d’un repas : des réac tions anaboliques ou cataboliques ? Pourquoi ?
1.3.1
Les caractéristiques des êtres vivants
Vérifiez vos connaissances 2. Quelle relation existe-t-il entre l’anatomie et
la physiologie ? 3. La physiologie
étudie le fonctionnement du cœur, des vaisseaux sanguins et du sang.
1.2 1
L’interrelation entre l’anatomie et la physiologie
Expliquer la relation étroite existant entre la forme et la fonction.
Au départ, l’anatomie et la physiologie peuvent sembler deux sciences distinctes, mais une réfexion plus poussée révèle qu’elles s’intègrent l’une à l’autre en raison de la relation étroite qui existe entre la orme (anatomie) et la onction (physiologie). Eectivement, la structure et la orme des tissus sont souvent dénies par la onction. La FIGURE 1.1 compare la açon dont les anatomistes et les physiologistes abordent l’étude du corps humain, et montre également comment les deux sciences sont interreliées. Les anatomistes (partie gauche de la gure) tendent à s’intéresser à la orme et à la structure, alors que les physiolo gistes (côté droit de la gure) s’attachent aux mécanismes et aux onctions de ces structures.
Vérifiez vos connaissances 4. Comparez la description qu’un anatomiste ferait de
l’œsophage à celle d’un physiologiste.
1
Énumérer les caractéristiques communes à tous les êtres vivants.
Tous les organismes vivants, y compris l’être humain, partagent plusieurs propriétés : • L’organisation. Tous les organismes comportent un ordre et une structure complexe. La présente section montrera que l’organisme humain possède plusieurs niveaux d’organisation de complexité croissante. • Le métabolisme. Tous les organismes ont un métabolisme (metabolê = changement) ; celuici se dénit comme l’en semble de toutes les réactions chimiques qui se déroulent dans l’organisme. La biochimie est la science qui s’intéresse à ces réactions. Le métabolisme comprend l’anabolisme (anabolê = ascension) au cours duquel de petites molécules s’unissent pour en ormer de plus grosses, et le catabolisme (kata = en dessous) par lequel de grosses molécules sont décomposées en molécules plus petites. L’utilisation que ait la cellule de sa propre énergie pour accomplir certaines onc tions est un exemple de réactions métaboliques, de même que la contraction des muscles qui permet les mouvements du corps ou de ses parties. • La croissance et le développement. Au cours de leur vie, les organismes assimilent des matériaux de leur environnement ; souvent, leur taille augmente (croissance), et des aspects de leur orme et de leur onctionnement acquièrent une spé cialisation plus poussée (développement). À mesure que le corps humain croît et se développe, des structures comme l’encéphale deviennent plus complexes et plus sophistiquées. • L’excitabilité. Tous les organismes ont preuve d’excitabilité, soit la capacité de percevoir des stimulus, c’estàdire des
Chapitre 1 Une introduction à l’étude du corps humain 5
modications de l’environnement externe ou interne, et d’y réagir. Un stimulus appliqué sur la peau de la main, une cha leur excessive par exemple, provoque le retrait de la main ; celleci s’éloigne du stimulus an de prévenir une lésion ou un dommage. L’excitabilité se manieste à presque tous les niveaux d’organisation. Certains tissus sont par contre plus excitables que d’autres. C’est le cas du tissu nerveux et des tissus musculaires. • La régulation. Un organisme doit pouvoir ajuster ou orienter son onctionnement interne en relation avec les modications environnementales. L’homéostasie (homo = même, stasis = arrêt) se rapporte à la capacité d’un organisme de maintenir un état d’équilibre, c’estàdire de garder son milieu intérieur constant. Par exemple, quand la température du corps s’élève, celuici régule cette modication en amenant plus de sang près de sa surace an de aciliter la déperdition de chaleur de sorte que l’organisme retrouve son homéostasie (voir la section 1.5). • La reproduction. Tous les organismes produisent de nou velles cellules pour assurer la croissance de leurs tissus, leur entretien et leur réparation. Les cellules somatiques (non sexuelles) se divisent ainsi par un mécanisme appelé mitose (voir le chapitre 4), alors que les cellules sexuelles, appelées gamètes, sont produites par un autre mécanisme de division cellulaire, la méiose (voir le chapitre 28). Placées dans des conditions avorables, les cellules sexuelles ont la capacité de ormer un nouvel organisme vivant.
Vérifiez vos connaissances 5. Qu’est-ce que l’excitabilité d’un organisme ? Comment
cette caractéristique peut-elle être liée à sa survie ?
1.3.2
2
Les niveaux d’organisation : du plus simple au plus complexe
Décrire les niveaux d’organisation du corps humain.
Les anatomistes et les physiologistes reconnaissent plusieurs niveaux d’organisation d’une complexité croissante chez l’être humain FIGURE 1.2. Plus un niveau d’organisation est élevé, plus il comprend de niveaux en dessous de lui. Chaque niveau d’organisation est le résultat de l’arrangement de ses sousunités, qui résultent ellesmêmes de l’organisation de leurs propres sous unités. Par conséquent, chaque niveau d’organisation dépend de l’organisation de tous les niveaux qui se trouvent sous lui. En allant du plus simple au plus complexe, le résultat donne ceci : le niveau chimique ; le niveau cellulaire ; le niveau tissulaire ; le niveau des organes ; le niveau systémique ; et le niveau de l’organisme. Le niveau chimique, le plus simple, concerne les atomes et les molécules. Les atomes sont les plus petites unités de la matière. En se combinant, deux ou plusieurs atomes orment une molécule (p. ex., une molécule de sucre, une molécule d’eau ou une vitamine). Les molécules plus complexes portent le nom de
macromolécules ; elles comprennent les polysaccharides (sucres complexes), certaines protéines et les molécules d’acide nucléique (ADN et ARN). Les macromolécules composent à l’intérieur des cellules des sousunités microscopiques spécialisées nommées organites. L’organisation chimique des êtres vivants sera étudiée dans le chapitre 2. Le niveau cellulaire est ormé par les cellules, les plus petites entités vivantes, qui constituent les unités ondamen tales de la structure et du onctionnement des organismes. Ce sont les atomes et les molécules du niveau chimique qui or ment les cellules et leurs composantes. La structure des cellules varie considérablement et elle refète les spécialisations néces saires à leurs diérentes onctions. Ainsi, une cellule muscu laire squelettique, qui peut être très longue, contient un grand nombre de laments protéiques organisés qui participent à la contraction musculaire, alors qu’un érythrocyte (globule rouge) est une petite cellule adoptant la orme d’un disque aplati pour permettre le transport rapide et ecace des gaz respiratoires dans le sang. La biologie cellulaire sera étudiée dans les chapitres 3 et 4. Le niveau tissulaire se compose de tissus, c’estàdire des groupes de cellules semblables et diérenciées, qui accomplis sent une onction commune. Il existe quatre types de tissus. Le tissu épithélial recouvre les suraces exposées de l’organisme et tapisse ses cavités, alors que le tissu conjoncti protège, soutient et relie les structures et les organes. Le tissu musculaire produit le mouvement et, nalement, le tissu nerveux achemine les infux nerveux nécessaires à la communication (voir le chapitre 5). Les organes du niveau suivant comprennent deux ou plu sieurs types de tissus qui travaillent de concert pour remplir des onctions précises et complexes. L’intestin grêle est un exemple d’organe ; les quatre types de tissus présents agissent ensemble pour transormer et absorber les nutriments digérés (voir le chapitre 26). Les systèmes appartiennent au niveau systémique. Ils se composent d’organes apparentés dont les activités coordonnées leur permettent d’accomplir une onction commune. À titre d’exemple, les organes du système digesti (cavité orale, esto mac, intestin grêle, gros intestin et oie) travaillent ensemble pour digérer les particules alimentaires, absorber les nutriments et éliminer les déchets (voir le chapitre 26). Le niveau le plus élevé de l’organisation structurale est l’organisme, l’être vivant luimême, dans lequel tous les systèmes onctionnent en interdépendance. À chaque niveau de l’organisation du corps humain, de nou velles propriétés apparaissent. Par exemple, l’identication des molécules présentes dans une cellule ne permet pas d’expliquer toutes les onctions cellulaires. C’est l’interaction entre plusieurs types de molécules qui permet à une cellule d’eectuer une acti vité physiologique en particulier.
Vérifiez vos connaissances 6. Un niveau d’organisation élevé renferme-t-il tous
les niveaux inférieurs ? Expliquez.
INTÉGRATION
ILLUSTRATION DES CONCEPTS
FIGURE 1.1 Examen du corps humain par les anatomistes et les physiologistes ❯
A. L’anatomiste s’intéresse à la forme et à la structure d’un organe, l’intestin grêle par exemple. B. Le physiologiste tend plutôt à se concentrer sur la fonction d’un organe ou d’un système. Les deux reconnaissent toutefois la relation étroite entre la forme et la fonction.
A. Anatomiste
ANATOMISTE
S’intéresse à la forme et à la structure de l’intestin grêle.
Inclut dans son étude les relations de l’intestin grêle avec le reste de l’organisme.
Œsophage Foie Estomac
Gros intestin
Intestin grêle ANATOMISTE Décrit les couches de la paroi de l’intestin grêle.
ANATOMISTE
x 9 500
x 25 460
x 47 500
x 13 500
Étudie les tissus de l’intestin grêle et les cellules qui les composent.
Section de la paroi intestinale
Organites
Villosité
Cellule
Péristaltisme Onde de contraction
Intestin grêle
Contenu intestinal
B. Physiologiste S’intéresse à la fonction de l’intestin grêle. Relâchement PHYSIOLOGISTE Examine comment les muscles de la paroi de l’intestin grêle propulsent les aliments dans le tube digestif.
Propulsion du contenu
Anatomiste et physiologiste
PHYSIOLOGISTE Décrit les mécanismes de dégradation des divers aliments.
Savent que la forme et la fonction de l’intestin grêle sont étroitement liées.
Protéine
Polysaccharides Gouttelettes de graisse
Sels biliaires
Acides aminés Monosaccharides
Monoglycérides Microvillosités Cellule épithéliale d’une villosité intestinale
PHYSIOLOGISTE Étudie les mécanismes d’absorption des différents nutriments.
Capillaire sanguin
Capillaire lymphatique
8 Partie I L’organisation du corps humain
1.3.3
3
Une introduction aux systèmes de l’organisme
Comparer les divers systèmes du corps humain.
Pour entretenir leur métabolisme, tous les organismes doivent échanger des nutriments, des déchets et des gaz avec leur envi ronnement. Les organismes unicellulaires, comme les bacté ries, peuvent échanger ces substances directement à travers leur membrane cellulaire. Par opposition, les organismes pluricellulaires, plus complexes, nécessitent des systèmes d’organes sophistiqués ayant des structures et des onc tions spécialisées pour accomplir la myriade d’activi tés nécessaires pour les événements de la vie quotidienne. Chez l’être humain, 11 systèmes sont généralement reconnus ; chacun se compose d’or ganes étroitement liés qui travaillent de concert pour accomplir des onctions précises FIGURE 1.3. L’organisme humain maintient son homéostasie grâce au onctionnement interdé pendant de tous ses systèmes ; les chapitres subsé quents examineront chacun d’eux en détail.
INTÉGRATION
STRATÉGIES D’APPRENTISSAGE
Il peut être utile de décomposer un mot en ses parties pour mieux comprendre et retenir sa signifcation. Ce manuel intègre l’étymologie des termes nouvellement introduits. Par exemple, pour le terme histologie, soit l’étude des tissus, des inormations de ce type apparaîtront entre parenthèses dans le texte courant : histo = tissu, logo = étudier. Beaucoup de termes biologiques partagent les mêmes préfxes, sufxes ou racines ; la connaissance de ceux-ci peut aider à découvrir la signifcation de termes qui ne sont pas amiliers. Une liste des préfxes, des sufxes et des racines des mots se trouve à la fn du livre.
Niveau chimique
Vérifiez vos connaissances 7. Quel est le système responsable de la fltration du sang
et de l’élimination de ses déchets dans l’urine ?
1.4
Le langage de l’anatomie
Les cliniciens et les chercheurs en anatomie et en physiologie ont besoin d’un langage précis pour s’assurer qu’ils discutent bien des mêmes structures ou des mêmes onctions. Ain de désigner ces dernières, ils ont mis au point une terminologie anatomique pour décrire la position de l’organisme, ses orien tations directionnelles, ses régions et ses cavités. Ces termes techniques dièrent de ceux utilisés dans les conversations de tous les jours, car la plupart de ces derniers termes manquent souvent de précision pour décrire une locali sation ou une position, ou encore pour désigner des struc tures. Par exemple, dans une conversation ordinaire, le terme bras désigne tout le membre supérieur, mais en anatomie, chaque portion de ce membre porte un nom, et le terme bras ne désigne que la partie du membre supérieur comprise entre l’épaule et le coude.
1.4.1 1
La position anatomique
Décrire la position anatomique et saisir son importance pour l’étude de l’anatomie.
Pour décrire une région ou une partie quelconque du corps humain, il est nécessaire d’avoir un point de réérence initial
commun. Ainsi, des termes comme inérieur et supérieur sont des termes relatis. Par exemple, si une personne se tient debout, il est correct de dire que son cœur est supérieur à son estomac, mais cette afrmation n’est plus vraie si cette personne est étendue sur le dos. À des fns de précision et de clarté, les anatomistes et les physiologistes décrivent les parties du corps en assumant qu’il adopte ce qui est appelé la position anatomique ; celleci devient alors le point de réérence commun. En position anatomique, la personne se tient debout, les pieds parallèles posés à plat sur le sol ; ses membres supérieurs sont placés sur les côtés et leurs paumes sont dirigées antérieurement (vers l’avant) ; sa tête est droite et ses yeux sont tournés vers l’observateur FIGURE 1.4. Tous les termes anatomiques et directionnels de ce manuel se rapportent à un corps qui adopte la position anatomique.
1.4.2 2
Les coupes et les plans
Décrire les coupes et les plans corporels.
Les anatomistes et les physiologistes se rapportent à des sections réelles ou imaginaires du corps, appelées coupes ou plans, pour étudier l’anatomie interne et décrire la position des parties de l’organisme les unes par rapport aux autres. Le terme coupe ait réérence à une section réelle qui expose l’anatomie interne, alors qu’un plan désigne une surace plane imaginaire traver sant le corps. Les trois principaux plans anatomiques sont les plans rontal, transversal et sagittal médian (voir la fgure 1.4).
Chapitre 1 Une introduction à l’étude du corps humain 9
épithélial
Glande Niveau tissulaire
Pharynx (gorge) Niveau des organes
(bouche) Œsophage
Niveau cellulaire
Estomac
Système digestif
Gros intestin Intestin grêle Niveau systémique
Un plan frontal (ou coro nal) est un plan vertical qui partage le corps ou un organe en une partie antérieure (à l’avant) et une partie postérieure (à l’arrière). À titre d’exemple, la portion anté rieure du plan rontal du tronc comprend la poitrine, et la portion postérieure, le dos et les esses. Un plan transversal (ou hori zontal) divise le corps ou un Niveau de l’organisme organe en une portion supé rieure (en haut) et une portion inérieure (en bas). Un plan trans versal qui passe au milieu du tronc le divise en une portion supérieure qui comprend le thorax et en une portion inérieure correspondant à l’abdomen. Un plan sagittal médian (sagitta = fèche) est un plan vertical qui partage le corps ou un organe en une moitié gauche et une moitié droite égales. Un tel plan traversant la tête la partagera en deux moitiés contenant chacune un œil, une oreille ainsi que la moitié du nez et de la bouche. Un plan parallèle au plan sagittal médian, mais situé soit à sa droite, soit à sa gauche, porte simple ment le nom de plan parasagittal. Un plan parasagittal divise une structure en une partie gauche et une partie droite qui ne seront pas nécessairement égales. Il n’existe qu’un seul plan sagittal médian, mais une innité de plans parasagittaux. En plus de ces plans principaux, il existe beaucoup de plans mineurs appelés plans obliques qui traversent une structure selon un certain angle. L’interprétation des coupes corporelles est d’une importance capitale pour les proessionnels de la santé. Les progrès tech niques de l’imagerie médicale permettent en eet de produire
FIGURE 1.2 Niveaux d’organisation du corps humain
❯ Le niveau le plus simple est le niveau chimique, suivi par des niveaux d’organisation de plus en plus complexes.
des images en coupes des structures internes de l’organisme (voir la fgure 1.4). Il est alors possible de déterminer la orme tridimensionnelle d’un objet contenu dans une coupe en le reconstituant à l’aide de nombreuses coupes adjacentes. Les coupes du corps ou d’un organe pratiquées selon des plans diérents montrent souvent des vues très dissemblables de cet organe ou de cette région. Dans une coupe de la cavité abdo minale, par exemple, l’intestin grêle, ce long tube entortillé, a une apparence très variable. Selon l’endroit où il a été sectionné, il apparaîtra comme un cercle, un ovale, un chire huit ou peut être un long tube aux côtés parallèles FIGURE 1.5. Il est parti culièrement important de pouvoir interpréter les images bidimensionnelles et de les convertir en structures tridimension nelles pour comparer et comprendre des vues anatomiques microscopiques ou macroscopiques du même organe.
Vérifiez vos connaissances 8. Quel type de plan séparerait la tête en une partie
supérieure et une partie inférieure ?
10 Partie I L’organisation du corps humain
Crâne
Cheveux
Peau et glandes annexes
Sternum Côte Cartilage Os du membre supérieur
Vertèbres
Sacrum
Os du membre inférieur
Système tégumentaire (chapitre 6)
Ongles
Système squelettique (chapitres 7 à 9) Procure soutien et protection, produit les cellules sanguines, emmagasine le calcium et le phosphore, offre des sites d’insertion des muscles.
Offre une protection, régule la température corporelle, abrite les récepteurs cutanés, synthétise la vitamine D, prévient la perte d’eau. Système nerveux central Encéphale Moelle épinière
Muscle grand pectoral
Articulation du genou
Organe des sens (œil)
Système nerveux périphérique Nerfs spinaux Aponévrose
Tendons
Muscle sartorius
Système musculaire (chapitres 10 et 11) Produit les mouvements du corps, génère de la chaleur quand les muscles se contractent.
FIGURE 1.3 Systèmes de l’organisme
❯ Les principales composantes et les caractéristiques des 11 systèmes du corps humain
Système nerveux (chapitres 12 à 16) Traite les stimulus sensoriels et y répond ; régule et contrôle les mouvements ainsi que les sécrétions en émettant respectivement des commandes vers les muscles et des commandes vers les glandes. Est aussi responsable de la conscience, de l’intelligence et de la mémoire.
Chapitre 1 Une introduction à l’étude du corps humain 11
Hypothalamus Glande pinéale Hypophyse Glande thyroïde Thymus
Glandes parathyroïdes (surface postérieure de la thyroïde) Cœur Vaisseaux sanguins
Glandes surrénales Pancréas Rein
Système endocrinien (chapitre 17) Est formé de glandes et d’amas cellulaires qui sécrètent des hormones ; celles-ci régulent le développement, la croissance etle métabolisme ; maintient l’homéostasie de la composition et du volume du sang ; régule les processus digestifs et contrôle la reproduction.
Ovaires (femme)
Testicules (homme)
Système cardiovasculaire (chapitres 18 à 20) Est composé du cœur et des vaisseaux sanguins ; le cœur propulse le sang dans les vaisseaux sanguins ; afin de distribuer les hormones, les nutriments et les gaz, et de recueillir les déchets.
Cavité nasale Pharynx (gorge) Nez Amygdales
Nœuds lymphatiques cervicaux
Trachée Bronches
Thymus Conduit thoracique
Nœuds lymphatiques axillaires
Poumons
Rate
Nœuds lymphatiques inguinaux Nœud lymphatique poplité Système lymphatique (chapitres 21 et 22) Transporte et filtre la lymphe (liquide interstitiel circulant dans les vaisseaux lymphatiques) ; participe, au besoin, à la réponse immunitaire.
Vaisseau lymphatique
Système respiratoire (chapitre 23) Est responsable des échanges de gaz (oxygène et dioxyde de carbone) entre le sang et l’air contenu dans les poumons.
Larynx
12 Partie I L’organisation du corps humain
Glande salivaire Cavité orale (bouche)
Pharynx (gorge)
Œsophage Foie Estomac
Rein Uretère
Gros intestin
Vessie Urètre
Intestin grêle
Système urinaire (chapitres 24 et 25) Filtre le sang et en retire les déchets, concentre les déchets dans l’urine et évacue celle-ci de l’organisme ; participe à l’équilibre hydroélectrolytique et acidobasique du sang.
Système digestif (chapitres 26 et 27) Procède à la digestion mécanique et chimique des aliments, absorbe les nutriments et évacue les produits de déchets.
Glandes mammaires
Vésicule séminale
Ovaire
Prostate Utérus
Testicule
Vagin Organes génitaux externes (clitoris, lèvres)
Pénis
Système génital de l’homme (chapitre 28) Produit les cellules sexuelles (spermatozoïdes) et les hormones mâles (p. ex., la testostérone), dépose le sperme dans le corps de la femme.
FIGURE 1.3 Systèmes de l’organisme
Trompe utérine
❯ (suite)
Système génital de la femme (chapitres 28 et 29) Produit les cellules sexuelles de la femme (ovocytes) et les hormones féminines (œstrogènes et progestérone), reçoit le sperme de l’homme, est le site de la fécondation de l’ovocyte, abrite la croissance et le développement de l’embryon et du fœtus, produit et sécrète le lait pour nourrir le nouveau-né.
Chapitre 1 Une introduction à l’étude du corps humain 13
A. Plan frontal
B. Plan transversal
FIGURE 1.4 Plans corporels
❯ Un plan est une surace imaginaire qui divise le corps en sections précises. Les trois principaux plans de réérence anatomique sont : A. le plan rontal ; B. le plan transversal ; et C. le plan sagittal médian.
FIGURE 1.5 Reconstitution tridimensionnelle des plans de coupe ❯ Plusieurs coupes d’un organe sont utilisées, comme celles de l’intestin grêle, afn de reconstituer une structure tridimensionnelle. Il arrive souvent qu’une seule coupe, comme celles de la partie inérieure de la fgure, donne une impression incorrecte de la structure de l’organe.
C. Plan sagittal médian
1.4.3 3
Les directions anatomiques
Défnir les diérents termes directionnels de l’anatomie.
Une ois le corps placé en position anatomique, il est possible de décrire l’emplacement relati de ses structures à l’aide de termes directionnels déterminés. Ceuxci sont précis et concis, et la plupart d’entre eux possèdent un terme qui leur est opposé. Voici quelques exemples : antérieur et postérieur, dorsal (vers le dos) et ventral (vers le ventre), proximal (plus près du tronc ou de l’origine d’une structure) et distal (plus loin du tronc ou de l’origine d’une structure). Le TABLEAU 1.2 et la FIGURE 1.6 décrivent certains termes directionnels couramment utilisés. Il conviendra d’étudier le tableau et la fgure simultanément et d’y revenir, au besoin, pour aciliter une meilleure compréhen sion des directions anatomiques et des illustrations tout au long de ce manuel.
Vérifiez vos connaissances 9. Quel terme directionnel serait le plus approprié dans
la phrase suivante ? « Le genou est
par rapport à la cheville. »
14 Partie I L’organisation du corps humain
TABLEAU 1.2 Termes directionnels de l’anatomie Direction
Terme
Signifcation
Exemple
En rapport avec l’avant ou l’arrière du corps
Antérieur ou ventral
En avant de ; vers la surace ventrale
• L’estomac est antérieur à la moelle épinière. L’ombilic (nombril) est du côté ventral du corps.
Postérieur ou dorsal
En arrière de ; vers la surace dorsale
• Le cœur est postérieur au sternum. • La moelle épinière est du côté dorsal du corps.
Supérieur ou crânial (ou céphalique)
Vers ou plus près de la tête
• La poitrine est supérieure au bassin. • Les épaules sont crâniales par rapport aux pieds.
Inérieur ou caudal
Vers ou plus près des pieds ; le bas du tronc
• L’estomac est inérieur au cœur. • Les esses sont caudales par rapport à la tête.
Rostral
Vers le nez ou la bouche
• Les yeux sont rostraux par rapport à l’arrière de la tête.
Médial
Vers la ligne médiane du corps
• Les poumons sont médiaux par rapport aux épaules.
Latéral
Plus loin de la ligne médiane du corps
• Les bras sont latéraux par rapport au cœur.
Proond
À l’intérieur, interne par rapport à une autre structure
• Le cœur est proond par rapport à la cage thoracique.
Superfciel
À l’extérieur
• La peau est superfcielle par rapport au muscle biceps brachial.
Proximal
Plus près du point d’attache au tronc ou de l’origine d’une structure
• Le coude est proximal par rapport à la main. • Le cardia est proximal par rapport au pylore dans l’estomac.
Distal
Plus loin du point d’attache au tronc ou de l’origine d’une structure
• Le poignet est distal par rapport au coude. • Dans le néphron (structure microscopique du rein), le tubule contourné distal est la portion du tubule située plus à distance du corpuscule rénal que le tubule contourné proximal (voir le chapitre 24).
En rapport avec le haut ou le bas du corps
En rapport avec la ligne médiane ou le centre du corps
En rapport avec le point d’attache d’un membre ou l’origine d’une structure
Antérieur
Postérieur
Supérieur
Inférieur
Médial
Latéral
FIGURE 1.6 Termes directionnels de l’anatomie
❯ Les termes directionnels permettent de décrire avec pré cision la localisation des parties du corps et les relations qui existent entre elles (voir le tableau 1.2).
Proximal
Distal
Chapitre 1 Une introduction à l’étude du corps humain 15
Les régions anatomiques
1.4.4 4
1.4.5
Désigner les principales régions du corps à l’aide de la terminologie anatomique appropriée.
Le corps humain se divise en deux régions principales : la région axiale et la région appendiculaire. La région axiale comprend la tête, le cou et le tronc ; elle orme le principal axe vertical du corps. La région appendiculaire se compose des membres supérieurs et des membres inérieurs, attachés à la région axiale. Plusieurs autres régions plus restreintes, situées à l’intérieur des deux prin cipales, sont désignées par des termes anatomiques précis. La FIGURE 1.7 et le TABLEAU 1.3 présentent les principaux termes désignant les régions du corps ainsi que certains autres de moindre importance. Les régions ne sont pas toutes représentées dans la fgure 1.7.
Vérifiez vos connaissances 10. À quelle région corporelle le terme antébrachial
se rapporte-t-il ?
Deltoïdienne (épaule)
Décrire les cavités corporelles et leurs subdivisions.
6
Expliquer le rôle des séreuses des cavités antérieures.
1.4.5.1 La cavité postérieure La cavité postérieure (ou dorsale) dière de la cavité anté rieure parce qu’elle est entièrement délimitée par des os ; par ailleurs, du point de vue de l’anatomie et du développement, elle est aussi tout à ait diérente de la cavité antérieure, car elle ne contient pas de membranes séreuses (voir la section 1.4.5.2).
Crânienne (autour de l’encéphale) Occipitale (arrière de la tête)
Auriculaire (oreille)
Sternale (sternum) Pectorale (poitrine) Mammaire (sein)
Axillaire (aisselle)
5
Les organes internes et les systèmes sont logés dans des espaces ermés nommés cavités. Le nom des cavités corporelles vient des os qui les entourent ou des organes qu’elles contiennent. Pour les besoins de la discussion, la cavité postérieure et la cavité anté rieure seront défnies.
Céphalique (tête) Frontale (front) Orbitaire (orbite de l’œil) Zygomatique (joue) Mentonnière (menton)
Nasale (nez) Orale (bouche) Cervicale (cou)
Les cavités et les membranes du corps
Deltoïdienne (épaule)
Thoracique (thorax)
Brachiale (bras)
Vertébrale (colonne vertébrale)
Brachiale (bras) Antécubitale (creux du coude) Antébrachiale (avant-bras)
Abdominale (abdomen) Pelvienne (bassin) Inguinale (aine)
Coxale (hanche) Carpienne (poignet)
Pubienne (pubis)
Palmaire (paume)
Abdominale (abdomen) Lombaire (bas du dos) Antébrachiale (avant-bras)
Olécrânienne (coude) Sacrale (sacrum) Glutéale (fesse) Métacarpienne (dos de la main)
Digitale (doigt)
Main
Périnéale
Fémorale (cuisse)
Fémorale (cuisse)
Poplitée (arrière du genou)
Patellaire (rotule) Surale (mollet)
Crurale (jambe)
Tarsienne (cheville) Métatarsienne (dos du pied) Digitale (orteil)
Pédieuse (pied)
Calcanéenne (talon)
A. Vue antérieure
FIGURE 1.7 Termes désignant les régions du corps ❯ Les vues A. antérieure et B. postérieure montrent les principales régions du corps. Leur nom courant se trouve entre parenthèses.
Plantaire (plante) B. Vue postérieure
16 Partie I L’organisation du corps humain TABLEAU 1.3 Régions du corps humain Nom de la région
Description et synonymes
Nom de la région
Description et synonymes
Abdominale
Région inérieure au thorax (poitrine) et supérieure aux os coxaux (os de la hanche)
Métacarpienne
Région dorsale de la main
Métatarsienne
Région dorsale du pied
Antébrachiale
Avant-bras (portion du membre supérieur comprise entre le coude et le poignet)
Nasale
Nez
Occipitale
Vue postérieure de la tête
Antécubitale
Région antérieure du coude
Olécrânienne
Vue postérieure du coude
Auriculaire
Structures superfcielles visibles de l’oreille ; syn. : otique
Ombilicale
Nombril
Axillaire
Aisselle
Orale
Bouche ; syn. : buccale
Brachiale
Bras (portion du membre supérieur comprise entre l’épaule et le coude)
Orbitaire
Région de l’orbite de l’œil
Palmaire
Paume de la main (surace antérieure)
Calcanéenne
Talon
Patellaire
Patella (rotule)
Carpienne
Poignet
Pectorale
Poitrine
Céphalique
Tête
Pédieuse
Pied
Cervicale
Cou
Pelvienne
Bassin
Coxale
Hanche
Périnéale
Crânienne
Crâne
Région en orme de losange située entre les jambes ; elle comprend l’anus et les organes génitaux externes
Crurale
Jambe (portion du membre inérieur comprise entre le genou et la cheville) ; syn. : jambière
Plantaire
Plante du pied
Deltoïdienne
Épaule
Pollex (région du)
Pouce
Digitale
Doigts ou orteils ; syn. : phalangienne
Poplitée
Région postérieure du genou
Dorsale
Dos
Pubienne
Région antérieure du bassin
Faciale
Face
Radiale
Vue latérale de l’avant-bras (du côté du pouce)
Fémorale
Cuisse
Sacrale
Région postérieure située entre les os coxaux
Fibulaire
Vue latérale de la jambe
Scapulaire
Scapula (omoplate)
Frontale
Front
Sternale
Région médiane antérieure du thorax
Glutéale
Fesse
Surale
Mollet (partie postérieure de la jambe)
Hallux (région de l’)
Gros orteil
Tarsienne
Cheville
Inguinale
Aine (parois utilisée pour désigner la jonction entre la cuisse et le tronc)
Thoracique
Thorax
Lombaire
Lombes ou partie inérieure du dos située entre les côtes et le bassin
Tibiale
Vues médiale et antérieure de la jambe
Ulnaire
Vue médiale de l’avant-bras ; syn. : cubitale
Mammaire
Sein
Vertébrale
Colonne vertébrale
Mentonnière
Menton ; syn. : génienne
Zygomatique
Joue ; syn. : malaire ou jugale
La FIGURE 1.8A indique que la cavité postérieure est en réa lité subdivisée en deux cavités. La cavité crânienne, formée par les os du crâne, abrite l’encéphale. La deuxième cavité est le canal vertébral, formé par les os de la colonne vertébrale, qui loge la moelle épinière.
1.4.5.2 La cavité antérieure La cavité antérieure (ou ventrale) est la plus grande cavité corpo relle, placée ventralement (voir la fgure 1.8A). À la différence de la cavité postérieure, les organes de la cavité antérieure et de ses subdivisions ne sont pas complètement entourés par des os. Le
Chapitre 1 Une introduction à l’étude du corps humain 17
Cavité crânienne
Cavité postérieure (dorsale)
Canal vertébral
Médiastin
Cavité thoracique
Cavité pleurale
Diaphragme
Cavité thoracique
Cavité péricardique
Cavité antérieure (ventrale)
Diaphragme Cavité abdominale Cavité abdominale
Cavité abdominopelvienne
Cavité abdominopelvienne
Cavité pelvienne Cavité pelvienne
A. Coupe sagittale médiane
B. Coupe frontale
FIGURE 1.8 Cavités corporelles
❯ A. Une coupe sagittale médiane montre les deux principales cavités du corps : la cavité postérieure (dorsale) et la cavité
antérieure (ventrale). B. Une coupe frontale indique les relations entre la cavité thoracique et la cavité abdominopelvienne de la cavité antérieure.
diaphragme partage cette cavité en deux : la cavité thoracique, supérieure au diaphragme, et la cavité abdominopelvienne, iné rieure au diaphragme.
causée par ces mouvements constants de sorte que les organes glissent en douceur les uns contre les autres et contre la paroi du corps.
Une autre caractéristique importante distinguant la cavité antérieure est que ses subdivisions sont tapissées de séreuses, des membranes absentes de la cavité postérieure. Le terme mem brane désigne ici une couche continue de cellules et ne doit pas être conondu avec la membrane plasmique qui délimite la cel lule. Les séreuses sont ormées de deux euillets : 1) un euillet pariétal, qui tapisse généralement la surace interne de la paroi corporelle ; et 2) un feuillet viscéral, qui recouvre la surace externe des organes contenus dans la cavité, lesquels sont collec tivement appelés viscères. Entre les deux euillets se trouve un espace virtuel appelé cavité séreuse (ou espace séreux) qui contient une sérosité, c’estàdire un liquide séreux sécrété par la membrane. Ce liquide a la consistance de l’huile et sert de lubrifant. Dans l’organisme vivant, certains organes, notam ment le cœur, les poumons et les intestins, doivent bouger pour accomplir leur onction et entrent en contact les uns avec les autres et avec la paroi corporelle. La sérosité réduit la riction
À votre avis 2. Qu’arriverait-il aux organes s’il n’y avait pas de sérosité
entre les feuillets pariétal et viscéral ?
La FIGURE 1.9A ore une analogie permettant de mieux com prendre l’organisation des euillets d’une séreuse. L’organe est comparé à un poing ermé, et la séreuse, à un ballon. Quand le poing écrase le ballon, la partie de celuici qui entoure le poing correspond au euillet viscéral de la séreuse, alors que sa partie externe équivaut au feuillet pariétal de la séreuse. Le mince espace rempli d’air à l’intérieur du ballon, entre ses deux parois, est comparable à la cavité séreuse. Il convient de noter que l’organe ne se trouve pas à l’intérieur de la cavité séreuse ; il se situe plutôt à l’extérieur de celleci et en est simplement enveloppé.
18 Partie I L’organisation du corps humain
Diaphragme Partie externe du ballon (feuillet pariétal de la séreuse) Air (cavité séreuse) Partie interne du ballon (feuillet viscéral de la séreuse)
Foie Petit omentum Estomac Pancréas Mésocôlon Gros intestin
A. Illustration de la séreuse
Feuillet pariétal du péritoine
Cœur Feuillet pariétal du péricarde séreux
Grand omentum Intestin grêle
Cavité péricardique et sérosité Feuillet viscéral du péricarde séreux
Mésentère Cavité péritonéale et sérosité Feuillet viscéral du péritoine
B. Péricarde séreux
Rectum
Feuillet pariétal de la plèvre Feuillet viscéral de la plèvre Cavité pleurale et sérosité Diaphragme
C. Plèvre
D. Péritoine
FIGURE 1.9 Séreuses des cavités thoracique et abdominopelvienne
❯
Les séreuses tapissent l’intérieur de ces cavités (feuillet pariétal) et recouvrent l’extérieur des organes qu’elles contiennent (feuillet viscéral). A. Les deux feuillets de la séreuse peuvent se comparer aux parties interne et externe d’un ballon qui envelopperait le poing, ce dernier représentant l’organe en question. B. Les feuillets pariétal et
La cavité thoracique L’espace qui se trouve au milieu de la cavité thoracique porte le nom de médiastin (medius = au milieu) (voir la fgure 1.8B). Il renferme le cœur, le thymus, l’œsophage, la trachée et les gros vaisseaux sanguins reliés au cœur. Dans le médiastin, le cœur est enveloppé par les deux feuillets d’une séreuse qui porte le nom de péricarde séreux (peri = autour, kardia = cœur). Le feuillet pariétal du péricarde séreux est la couche la plus externe de la séreuse et forme un sac qui entoure le cœur, alors que le feuillet viscéral du péricarde séreux constitue la couche externe du cœur (voir la fgure 1.9B). La cavité péricardique, qui est l’espace virtuel compris entre les feuillets pariétal et viscéral du péricarde séreux, contient la séro sité appelée liquide péricardique.
viscéral du péricarde séreux délimitent la cavité péricardique autour du cœur. C. Les feuillets pariétal et viscéral de la plèvre circonscrivent la cavité pleurale, entre les poumons et la paroi thoracique. D. Les feuillets pariétal et viscéral du péritoine revêtent la cavité péritonéale qui se trouve entre plusieurs organes abdominopelviens et la paroi abdominale.
Les parties droite et gauche de la cavité thoracique abritent les poumons qui sont associés à la séreuse portant le nom de plèvre (pleura = côté) (voir la fgure 1.9C). Le feuillet pariétal de la plèvre est le feuillet externe de la séreuse et il tapisse la surface interne de la paroi thoracique. Le feuillet viscéral de la plèvre recouvre la surface externe de chacun des poumons. La cavité pleurale est l’espace virtuel contenant la sérosité, c’estàdire le liquide pleural, lequel est situé entre ces deux feuillets.
La cavité abdominopelvienne La cavité abdominopelvienne peut se diviser en deux cavités plus petites séparées par un plan transversal passant par le bord supé rieur des deux os coxaux. La cavité située audessus de ce plan est la cavité abdominale ; la cavité pelvienne se trouve sous ce plan, entre les deux os coxaux. Il est possible de localiser la limite
Chapitre 1 Une introduction à l’étude du corps humain 19
entre les deux cavités en palpant le bord supérieur des crêtes iliaques. La cavité abdominale renerme la plupart des organes du système digesti, les reins ainsi que la plus grande partie des ure tères. La cavité pelvienne contient la portion distale du gros intes tin, le reste des uretères, la vessie ainsi que les organes génitaux internes. Le péritoine (peritaeum = ce qui est tendu autour) est la séreuse qui tapisse la cavité abdominopelvienne (voir la fgure 1.9D). Le feuillet pariétal du péritoine, soit la couche externe, tapisse les parois internes de la cavité abdominopelvienne. Le feuillet viscéral du péritoine, soit la couche interne, recouvre la surace externe de la plupart des organes abdominaux et pelviens. L’espace virtuel situé entre ces deux euillets et contenant la sérosité, c’estàdire le liquide péritonéal, est la cavité péritonéale. Certains organes sont situés derrière le péritoine. Ils sont décrits comme étant rétropéritonéaux (retro= derrière). C’est le cas d’une bonne partie du duodénum, du pancréas, du côlon ascendant et descendant, du rectum et des reins (voir le chapitre 26).
Vérifiez vos connaissances 11. Dans quelle cavité corporelle les poumons se
trouvent-ils ? Comment les séreuses de cette cavité se nomment-elles ?
Région hypochondriaque droite
Région latérale droite
Région inguinale droite
Région épigastrique
Région ombilicale
Région pubienne
1.4.6
7
Les régions et les quadrants abdominopelviens
Nommer les zones et les termes utilisés pour subdiviser la cavité abdominopelvienne en neuf régions ou en quatre quadrants.
Afn de décrire avec plus de précision l’emplacement des organes, les anatomistes et les proessionnels de la santé divisent généralement la grande cavité abdominopelvienne en compartiments plus petits. Deux plans transversaux et deux plans parasagittaux permettent de défnir neu compartiments appelés régions abdominopelviennes, dont la liste fgure ci dessous. Ces régions sont également représentées dans la FIGURE 1.10A . • La région ombilicale est la région centrale qui tient son nom de l’ombilic (ou nombril) situé en son centre. • La région épigastrique (epi = sur, gaster = estomac) est la région située audessus de la région ombilicale. • La région pubienne (ou hypogastrique; hypo = sous) est située sous la région ombilicale.
Région hypochondriaque gauche
Région latérale gauche
Quadrant supérieur droit
Quadrant supérieur gauche
Quadrant inférieur droit
Quadrant inférieur gauche
Région inguinale gauche
A. Régions abdominopelviennes
B. Quadrants abdominopelviens
FIGURE 1.10 Régions et quadrants abdominopelviens ❯ Pour faciliter les descriptions et les localisations, la cavité abdominopelvienne peut se subdiviser A. en neuf régions ou B. en quatre quadrants.
20 Partie I L’organisation du corps humain
INTÉGRATION APPLICATION CLINIQUE
La variabilité anatomique La morphologie des structures externes est variable d’un individu à l’autre (p. ex., les traits du visage, la forme des mains, etc.). Il existe aussi une variabilité anatomique pour les structures internes chez une minorité d’individus. Par exemple, le trajet d’une artère ou d’un nerf peut être légèrement différent chez certaines personnes. Aussi, chez 0,01 % de la population, il existe une affection génétique récessive (non dominante), le situs
inversus, dans laquelle tous les organes sont inversés (Wilhelm & Holbert, 2011). Par exemple, l’estomac et la rate sont situés du côté droit de l’abdomen, tandis que le foie est à gauche. Dans le thorax, le cœur est orienté du côté droit, le poumon droit a deux lobes et le poumon gauche, trois lobes. Il n’y a pas de conséquences médicales à cette curiosité anatomique sauf peut-être pour les transplantations, car la majorité des donneurs ont des organes dont la position est normale.
Comparaison de la disposition anatomique dite normale et de situs inversus
• Les régions hypochondriaques (chondro = cartilage) droite et gauche sont situées sous les cartilages costaux, latéralement par rapport à la région épigastrique. • Les régions latérales (ou lombaires) droite et gauche sont situées latéralement par rapport à la région ombilicale. • Les régions inguinales (ou iliaques ; ilia = ancs) droite et gauche sont latérales à la région pubienne. Certains professionnels de la santé préfèrent recourir à un plan sagittal médian et à un plan transversal pour partager plus simplement l’abdomen en quadrants dont l’ombilic forme le point central (voir la gure 1.10B). Ces quadrants sont le quadrant supérieur droit, le quadrant supérieur gauche, le quadrant inférieur droit et le quadrant inférieur gauche. Tout comme les régions abdominopelviennes, ces quadrants aident à localiser précisément diverses douleurs, lésions ou autres anomalies, et à les décrire.
Vérifiez vos connaissances 12. Si un médecin pratique une incision supérieure
à l’ombilic et inférieure au diaphragme selon un plan sagittal médian, dans quelle région de la cavité abdominopelvienne la peau est-elle alors incisée ?
1.5
L’homéostasie : le maintien de la stabilité des conditions intérieures
Avez-vous déjà remarqué que le corps garde une température interne moyenne de 37 °C environ, indépendamment de la température ambiante ? Peut-être aussi avez-vous noté que la taille des pupilles change selon l’intensité de la lumière qui entre dans l’œil ou que la respiration revient à la normale peu de temps après un exercice ? De même, la pression artérielle et les taux de glucose et d’oxygène du sang sont aussi régulés et restent à l’intérieur de certaines limites physiologiques (normales). En réalité, des centaines de structures anatomiques et de processus physiologiques de l’organisme sont constamment surveillés et ajustés pour qu’ils se maintiennent dans des limites normales. L’homéostasie, terme créé par le physiologiste américain Walter Cannon (1871-1945), se rapporte à la capacité de l’organisme de maintenir un environnement interne relativement stable en dépit des modications des conditions internes ou externes. Cet environnement interne a été appelé milieu intérieur par le physiologiste français Claude Bernard (18131878). Le milieu intérieur est constitué du liquide interstitiel dans lequel baignent les cellules. Les cellules effectuent
Chapitre 1 Une introduction à l’étude du corps humain 21
continuellement des échanges avec ce liquide. La stabilité de la composition du milieu intérieur est essentielle au bon onction nement des cellules. Cette stabilité est assurée par un méca nisme de renouvellement. Les capillaires lymphatiques drainent le liquide interstitiel ; la lymphe est en quelque sorte le liquide interstitiel canalisé (voir le chapitre 21), et les capillaires san guins environnants renouvellent ce liquide FIGURE 1.11. Donc, au sens large, le milieu intérieur est constitué par le liquide interstitiel, tributaire de la lymphe et du sang.
est régulé. Le récepteur correspond généralement à des terminai sons nerveuses se trouvant dans la peau, dans les organes internes ou dans des organes spécialisés tels l’œil, l’oreille, la langue ou le nez. Un changement de la variable constitue le stimulus. Il peut s’agir d’une modication de la température, de la concentration de produits chimiques ou encore de l’étirement d’un muscle.
L’homéostasie constitue un thème central de ce manuel, et chacun des chapitres en exposera des aspects particuliers. La présente section constitue une introduction au concept général d’homéostasie. Les composantes de base des systèmes homéo statiques seront décrites, et des exemples précis de ces méca nismes régulateurs seront apportés avant d’expliquer les liens existant entre l’homéostasie, la santé et la maladie.
Le centre de régulation est une structure qui interprète les don nées d’entrée provenant du récepteur par un ner sensiti ou par la circulation sanguine et qui amorce des changements par l’in termédiaire d’un message (p. ex., un infux nerveux ou une hor mone) envoyé à l’eecteur. Il agit en tant qu’intermédiaire entre le récepteur et l’eecteur.
1.5.1
Les composantes des systèmes homéostatiques
1
Défnir les composantes d’un système homéostatique.
2
Reconnaître ces composantes dans des systèmes représentatis.
L’organisme maintient son homéostasie grâce à des systèmes de régulation homéostatiques. Trois composantes sont associées à chacun de ces systèmes : un récepteur, un centre de régulation et un eecteur FIGURE 1.12.
1.5.1.1 Le récepteur Le récepteur est la structure corporelle qui détecte le change ment d’une variable, soit une substance ou un mécanisme qui
FIGURE 1.11 Homéostasie
❯ Le milieu
intérieur est constitué par le liquide interstitiel, tributaire de la lymphe et du sang, dans lequel baignent les cellules. Note : Les èches indiquent des échanges.
Capillaire sanguin Capillaire lymphatique
1.5.1.2 Le centre de régulation
Le centre de régulation est généralement un centre nerveux situé dans l’encéphale ou dans la moelle épinière, ou une glande endocrine (p. ex., la thyroïde). Selon le système sollicité, la réponse sera plus ou moins rapide. Ainsi, un système homéosta tique aisant intervenir le système nerveux possède des moyens relativement rapides de réagir à un changement. La régulation de la pression sanguine à la sortie du lit le matin en est un exemple. Dans ce cas, la pression artérielle au niveau de la tête s’abaisse au moment du passage de la position couchée à la posi tion debout. Des récepteurs sensibles à la pression, situés dans les artères du cou, captent cette inormation qui sera transmise au centre nerveux de l’encéphale qui régule la pression artérielle. Des infux nerveux seront envoyés aux vaisseaux sanguins qui répondront par une vasoconstriction, ce qui rétablira la pression sanguine. Contrairement au système nerveux qui réagit rapidement à un changement et sur de courtes périodes, la libération d’hormones par le système endocrinien permet habituellement une réaction plus lente, s’étendant sur plusieurs heures ou plusieurs jours.
Leucocyte Plasma Érythrocytes
Lymphe
Cellules d’un tissu
Liquide interstitiel
22 Partie I L’organisation du corps humain
FIGURE 1.12 Composantes d’un mécanisme de régulation homéostatique ❯ Un mécanisme de régulation homéostatique comprend un récep teur, qui détecte un stimulus, un centre de régu lation, qui intègre l’information et déclenche un changement par l’intermédiaire d’un message envoyé à l’effecteur, et un effecteur, qui réalise le changement en réponse au stimulus.
Ainsi, la parathormone, sécrétée par les glandes parathyroïdes, et la calcitonine, libérée par la thyroïde, régulent continuellement le taux sanguin de calcium (voir les chapitres 7 et 17), un processus essentiel pour le fonctionnement normal des muscles et des nerfs. Il arrive parfois que le centre de régulation et le récepteur soient une seule et même structure qui détecte le stimulus et provoque la réaction qui le régulera. Le pancréas, par exemple, agit en tant que récepteur, car il décèle une augmentation de la glycémie, et en tant que centre de régulation, car il libère de l’insuline, une hormone, en réponse à ce changement. De façon générale, les commandes provenant du centre de régulation sont acheminées vers l’effecteur par un nerf sous la forme d’inux nerveux ou par la circulation sanguine dans le cas des hormones.
1.5.1.3 L’effecteur L’effecteur est une structure qui réalise le changement pour modier le stimulus. La plupart des structures de l’organisme peuvent servir d’effecteurs, notamment les muscles, comme les
muscles lisses des parois des voies aériennes (bronchioles) qui régulent le passage de l’air qui entre ou qui sort des poumons, ou les glandes, comme les cellules du pancréas exocrine qui libèrent des enzymes digestives en réponse à une stimulation hormonale provenant de cellules endocrines de l’intestin grêle. L’effecteur peut aussi être des cellules d’un organe qui sont stimulées par une hormone pour contrôler le taux sanguin d’une substance. Par exemple, les cellules du foie entreposent du glycogène, une forme de réserve du glucose, à partir d’une hausse de glucose sanguin à la suite d’une stimulation par l’insuline libérée par le pancréas endocrine. De cette façon, le taux de glucose sanguin est abaissé, ce qui permet de maintenir l’homéostasie. La réponse d’un système homéostatique se déroule à l’intérieur d’une boucle de rétroaction comprenant les éléments suivants : • le stimulus ; • la détection du stimulus par un récepteur ; • l’information afférente (données d’entrée) relayée au centre de régulation (si le centre de régulation est un organe distinct du récepteur) ;
Chapitre 1 Une introduction à l’étude du corps humain 23
• l’intégration des données d’entrée par le centre de régula tion et l’amorce du changement par l’intermédiaire des eecteurs ; • le retour à l’homéostasie grâce à l’action des eecteurs (voir la fgure 1.12). Les systèmes de régulation homéostatiques maintiennent la variable dans un intervalle normal de deux açons : la rétro inhibition et la rétroactivation. La rétroinhibition consiste à réduire le stimulus, tandis que la rétroactivation l’amplie.
Vérifiez vos connaissances 13. Énumérez et décrivez les trois composantes d’un
système homéostatique, et donnez des exemples de chacune dans le corps humain.
1.5.2
La régulation des systèmes homéostatiques par rétro-inhibition
3
Défnir le terme rétro-inhibition.
4
Expliquer comment les mécanismes homéostatiques régulés par rétro-inhibition détectent les modifcations de l’environnement et y répondent.
La plupart des mécanismes de l’organisme sont régulés par rétroinhibition. Dans ce cas, le résultat de l’action du système homéostatique va toujours à l’opposé du stimulus. La variable est ainsi maintenue à un niveau normal appelé valeur de référence. La FIGURE 1.13 montre comment une variable régulée par rétroinhibition fuctue dans le temps. La variable ne demeure pas constante dans le temps, mais elle varie plutôt, et ses
Variable
Mécanisme de rétro-inhibition
Valeur de référence Temps
FIGURE 1.13 Rétro-inhibition
❯ Lorsque la variable est régulée par rétroinhibition, elle n’est pas constante : elle uctue plutôt autour d’une valeur de réérence.
fuctuations se ont autour des limites physiologiques, c’està dire autour de la valeur de réérence. Si la variable augmente, le système homéostatique se déclenche pour provoquer sa diminu tion jusqu’à ce qu’elle revienne à la valeur de réérence. Si, au contraire, la variable diminue, le système homéostatique la ait remonter jusqu’à la normale. Il est plus acile de comprendre ce phénomène à l’aide d’un exemple précis comme la régulation de la température.
1.5.2.1 La régulation de la température Pour illustrer le concept de régulation de la température cor porelle, il est possible de comparer ce mécanisme de rétro inhibition à celui qui assure le maintien de la température d’une maison à une valeur de réérence de 21 °C. Par une journée très roide, la température diminue à l’intérieur. Le thermostat détecte cette chute de température et envoie cette inormation par les ls électriques de la maison jusqu’à l’appareil de chau age pour le aire démarrer. Celuici chauera la maison jusqu’à ce que le thermostat atteigne 21 °C. Le thermostat enverra alors un signal électrique pour éteindre l’appareil de chauage. La régulation de la température corporelle se ait d’une manière similaire FIGURE 1.14. Lorsqu’une personne s’aven ture dehors par temps roid, sa température corporelle peut commencer à baisser. Cette variation est perçue par les récep teurs sen soriels de la peau qui envoient alors des infux ner veux à l’hypothalamus, une composante de l’encéphale. L’hypothalamus peut aussi détecter directement les variations de la température corporelle en surveillant la température du sang qui le traverse. L’hypothalamus modie les infux nerveux dirigés vers les vaisseaux sanguins à proximité de la peau an de diminuer leur diamètre et de réduire ainsi la quantité de sang qui circule près de la surace du corps. De cette açon, la déperdition de chaleur par la peau sera moins importante. Des infux sont également envoyés aux muscles squelettiques, dont les légères contractions provoqueront des rissons dans le but de générer de la chaleur, et peutêtre aux muscles lisses asso ciés aux ollicules pileux de la peau, qui, en se contractant, produiront la chair de poule en redressant les poils dans le but de conserver cette chaleur. Par une journée très chaude au contraire, ou lorsqu’une per sonne s’adonne à un exercice exigeant (voir la fgure 1.14B), les récepteurs sensoriels de la peau ou l’hypothalamus détecteront l’élévation de la température corporelle. Les infux nerveux envoyés vers les vaisseaux sanguins de la peau provoqueront alors l’augmentation de leur diamètre de sorte que la quantité plus importante de sang circulant près de la surace du corps augmentera la déperdition de chaleur par la peau. L’hypothalamus transmet aussi des infux nerveux aux glandes sudoripares pour provoquer la sudation, ce qui raraîchit le corps par vaporisation de la sueur. Ces deux réactions contribueront à rabaisser la tem pérature corporelle en avorisant la perte de chaleur par sa sur ace. Dans ces deux exemples, le système nerveux est responsable de la régulation. Le réfexe de retrait en réaction à une blessure provoquée par du verre brisé ou à une brûlure (voir la section 14.6), la régula tion de la réquence cardiaque et de la pression artérielle au cours de l’exercice (voir la section 20.5) ainsi que la variation de
26 Partie I L’organisation du corps humain
la réquence respiratoire en réaction à une élévation du taux de dioxyde de carbone (voir la section 23.5) sont d’autres exemples de régulation homéostatique réalisée par le système nerveux. Le centre de régulation peut aussi être le système endocrinien. La libération de parathormone par les glandes parathyroïdes en réaction à une diminution du calcium sanguin (voir la section 7.6) et la libération d’insuline par le pancréas en réponse à une éléva tion de la glycémie (voir la section 17.9) sont des exemples de systèmes homéostatiques régulés par le système endocrinien.
Vérifiez vos connaissances 14. Quelles stratégies l’organisme utilise-t-il pour
conserver la chaleur par une journée roide ?
1.5.3
La régulation des systèmes homéostatiques par rétroactivation
5
Expliquer le mécanisme de rétroactivation.
6
Décrire les événements d’une boucle de rétroactivation.
Un système homéostatique peut aussi être régulé par rétroactiva tion. Le stimulus est alors renorcé dans la même direction, jusqu’à ce que survienne un événement culminant à la suite duquel l’orga nisme revient à l’homéostasie. Du ait que leur résultat fnal est d’amplifer une activité plutôt que de rétablir d’abord l’homéosta sie de l’organisme, les mécanismes de rétroactivation sont beau coup moins réquents que les mécanismes de rétroinhibition. La FIGURE 1.15 illustre un exemple d’un mécanisme de rétroactivation chez l’être humain : l’allaitement d’un bébé par sa mère. La tétée du sein par le bébé est le stimulus initial détecté par les récepteurs sensoriels de la peau du mamelon. Ceuxci transmettent cette donnée d’entrée au centre de régulation, l’hy pothalamus, qui signale alors à la neurohypophyse de libérer une hormone dans le sang, l’ocytocine. L’ocytocine est la com mande envoyée à l’eecteur, soit les cellules musculaires lisses qui entourent les glandes du sein. Elle stimule l’éjection du lait par la glande mammaire. Le bébé boit, et le cycle se répète tant qu’il tète. Lorsqu’il arrête de téter, le stimulus initial disparaît et le cycle s’arrête. La cascade d’événements de la coagulation sanguine (voir la section 18.4) ainsi que les contractions utérines du travail et de l’accouchement (voir la section 29.6) sont d’autres exemples de mécanismes de rétroactivation.
Hypothalamus RÉCEPTEUR Les récepteurs sensoriels de la peau du sein perçoivent la tétée et envoient des influx à l’hypothalamus.
CENTRE DE RÉGULATION STIMULUS Le bébé tète le sein.
Rétroactivation
L’hypothalamus signale à la neurohypophyse de libérer de l’ocytocine.
EFFECTEUR Le bébé boit et continue à téter (rétroaction positive).
FIGURE 1.15 Rétroactivation
❯ Les mécanismes de rétroactivation onctionnent souvent en boucles dans lesquelles l’étape initiale est le stimulus, et le résultat fnal, l’amplifcation de la stimulation de l’activité de cette voie (et non son inhibition). Dans cet exemple où une emme allaite son enant, la tétée du bébé est le stimulus qui provoque la libération d’hormones stimulant la sécrétion du lait par les glandes mammaires.
Le lait est éjecté.
L’ocytocine libérée dans le sang stimule les cellules musculaires qui entourent les glandes du sein, ce qui provoque l’éjection du lait.
Chapitre 1 Une introduction à l’étude du corps humain 27
INTÉGRATION APPLICATION CLINIQUE
La détermination des valeurs de référence pour la pratique clinique Pour déterminer ce qui est considéré dans la pratique clinique comme l’intervalle normal des valeurs pour une variable comme la température corporelle (37 °C), la glycémie (3,56,0 mmol/L) ou la pression artérielle (90-120/60-80 mm Hg), il aut procéder à un échantillonnage parmi les personnes en santé de la population. L’intervalle de réérence d’une variable est déterminé par les valeurs obtenues pour 95 % des individus de l’échantillon. Les proessionnels de la santé doivent savoir que cela signife que 5 % des personnes de la population, quoiqu’en santé, obtiendront des valeurs se situant à l’extérieur de l’intervalle de réérence normal pour une variable donnée.
Vérifiez vos connaissances 15. Quelle est la principale diérence entre un système
homéostatique régulé par rétro-inhibition et un système régulé par rétroactivation ?
1.6 1
L’homéostasie, la santé et la maladie
Expliquer la relation existant entre le maintien de l’homéostasie, la santé et la maladie.
L’homéostasie est un terme qui décrit les nombreux proces sus physiologiques permettant de maintenir le corps en santé. Les systèmes homéostatiques présentent les caractéristiques suivantes : • Ils sont dynamiques. • Le centre de régulation est généralement le système nerveux ou le système endocrinien. • Ils possèdent trois composantes : un récepteur, un centre de régulation et un eecteur. • Ils sont habituellement régulés par rétroinhibition an de maintenir une valeur de réérence (ou valeur normale). • C’est quand ces systèmes ont déaut que survient un déséqui libre homéostatique ou une maladie qui, ultimement, peut mettre la vie de la personne en danger. Le diabète constitue un exemple de déséquilibre homéosta tique. Il survient quand les mécanismes homéostatiques de régulation de la glycémie ne onctionnent pas correctement et que le taux de glucose sanguin sort des limites de la normale
pour atteindre parois des valeurs extrêmement élevées. L’élévation de la glycémie peut endommager des structures anatomiques dans tout l’organisme. Les personnes atteintes de diabète doivent compter sur divers moyens, comme des restric tions alimentaires, l’exercice ou même des médicaments, pour abaisser leur taux de glucose sanguin. Il arrive parois qu’un déséquilibre homéostatique survienne quand des transormations critiques dues à l’âge ou à la maladie ont qu’une variable normalement régulée par rétroinhibition devient régulée par rétroactivation. En général, pour traiter un client, il aut d’abord poser un diagnostic, c’estàdire déterminer la cause du déséquilibre homéo statique. Une ois le diagnostic posé, le client est traité grâce à des médicaments ou à d’autres procédés thérapeutiques pour aider son organisme à maintenir son homéostasie. Les proessionnels de la santé doivent aussi comprendre comment les médicaments absorbés par leurs clients peuvent aecter leurs mécanismes normaux de régulation homéosta tique. Par exemple, les inhibiteurs sélectis du recaptage de la sérotonine (ISRS) sont une catégorie de médicaments utilisés pour traiter la dépression. La paroxétine (Paxil md), la fuoxétine (Prozac md) et la sertraline (Zolot md) sont des exemples d’ISRS. La sérotonine est un type de neurotransmetteur. Normalement, un neurotransmetteur est libéré par une cellule nerveuse en réponse à un infux nerveux. Il remplit sa tâche de communica tion, puis est recapté par la cellule nerveuse pour un usage utur. Le taux de sérotonine est parois aible chez une per sonne déprimée. Les ISRS, en bloquant son recaptage dans la cellule nerveuse, permettent à la sérotonine de demeurer plus longtemps sur son site d’action et de prolonger ses eets, ce qui peut améliorer l’humeur de la personne qui prend ce médicament. Comme tous les médicaments, touteois, les ISRS ont leurs inconvénients. Il arrive qu’ils entraînent certains eets indési rables, notamment des problèmes gastrointestinaux tels que des nausées, des dérangements d’estomac, de la diarrhée ou une combinaison de ces maux. Ces eets indésirables peuvent appa raître, puisque les cellules nerveuses du système digesti uti lisent aussi la sérotonine pour produire la motilité gastrique. Le médicament modie le recaptage de la sérotonine dans l’encé phale, mais également dans le système digesti, qui devient alors un peu plus excitable, ce qui explique l’apparition de ces symptômes. Pratiquement tous les médicaments procurent des avantages et entraînent certains eets indésirables, dont beaucoup peuvent s’expliquer par l’étude des mécanismes de régulation homéosta tique avec lesquels ils interèrent. La compréhension de ces mécanismes est donc indispensable pour les anatomistes, les physiologistes et les proessionnels de la santé.
Vérifiez vos connaissances 16. Donnez un exemple de processus pathologique qui
perturbe l’homéostasie.
28 Partie I L’organisation du corps humain
INTÉGRATION APPLICATION CLINIQUE
L’imagerie médicale
L’échographie
Les proessionnels de la santé ont tiré parti des techniques sophistiquées d’imagerie médicale pour améliorer leur capacité à visualiser les structures internes de l’organisme de açon non eractive, c’est-à-dire sans introduire d’instruments à l’intérieur du corps. La radiographie, l’échographie, la tomodensitométrie, l’angiographie numérique avec soustraction, la tomographie permettant la reconstruction spatiale dynamique, l’imagerie par résonance magnétique et la tomographie par émission de positrons sont les techniques les plus couramment utilisées.
En ce qui concerne la réquence d’utilisation, l’échographie (sonus = son), aussi appelée ultrasonographie, est la deuxième technique d’imagerie la plus utilisée. Pour cet examen, un technicien déplace lentement un petit appareil manuel sur la peau. Cet appareil émet des ultrasons de haute réquence et recueille les signaux rééchis par les organes internes. L’image produite porte le nom d’échogramme. L’échographie est la technique de choix en obstétrique, car elle permet d’examiner le œtus et d’évaluer son âge, sa position et son développement. L’échographie évite les eets nocis de la radiographie, et son équipement est abordable et portati. Jusqu’à récemment, son principal inconvénient était l’impossibilité de produire une image très nette, mais les récents progrès technologiques ont considérablement amélioré la qualité des images.
La radiographie
Radiographie (rayon X) de la tête et du cou
La radiographie (radio= rayon, grapho= tracer) est la principale méthode utilisée pour obtenir une image d’une partie du corps à des fns de diagnostic. Un aisceau de rayons X, une orme de rayonnement à grande énergie, pénètre les structures solides de l’organisme. Ces rayons peuvent traverser les tissus mous, mais ils sont absorbés par les tissus denses, notamment les os, les dents et les tumeurs. Ceux-ci apparaissent donc plus pâles. Dans le cas des organes creux qui contiennent de l’air et pour le tissu adipeux (gras), les rayons X sont moins absorbés, et ces structures apparaissent plus oncées. Il est possible de visualiser les organes creux grâce à cette technique s’ils sont remplis d’une substance radioopaque (opacus= ombrage) qui absorbe les rayons X. Dans le langage courant, il est réquent de parler de rayons X lorsqu’il s’agit de radiographie. Cette technique est réquemment utilisée en dentisterie, pour les mammographies, pour le diagnostic des ractures ou pour l’examen du thorax. Les inconvénients de la radiographie tiennent au ait que l’interprétation des images est difcile quand les organes se chevauchent et que ces images ne révèlent pas les légères diérences de densité entre les tissus. En outre, l’irradiation par les rayons X n’est pas sans danger.
Échographie d’un œtus
Des techniques d’imagerie plus précises, mais beaucoup plus onéreuses, sont disponibles s’il est impossible de produire les images désirées par radiographie ou par échographie.
La tomodensitométrie La tomodensitométrie (TDM) (tomo = couper), appelée auparavant tomographie axiale commandée par ordinateur (TACO), est une application plus sophistiquée que la radiographie. Le client est lentement déplacé dans un appareil cylindrique en orme de beignet pendant qu’un côté du cylindre émet des rayons X de aible intensité. Ceux-ci traversent le corps, sont recueillis par des capteurs, puis sont traités et analysés par un ordinateur. Ces signaux produisent une image du corps de l’épaisseur approximative d’une pièce de dix cents. Des coupes minces et successives permettent de construire une image tridimensionnelle de l’organisme.
Chapitre 1 Une introduction à l’étude du corps humain 29
Tomodensitométrie de la tête au niveau des yeux
Il y a peu de chevauchement des organes dans ces sections minces, et l’image obtenue est beaucoup plus nette que celles oertes par la radiographie classique. La tomodensitométrie est utilisée pour déceler les tumeurs, les anévrismes, les calculs rénaux, les hémorragies cérébrales et d’autres anomalies.
L’angiographie numérique avec soustraction L’angiographie numérique avec soustraction est une technique radiologique tridimensionnelle modifée qui sert surtout à observer les vaisseaux sanguins. Elle consiste à prendre une radiographie d’un vaisseau sanguin avant et après y avoir injecté un produit de contraste. L’ordinateur compare les deux images et soustrait les données de la première de celles de la deuxième, laissant ainsi une image qui permet de déceler les signes d’occlusion vasculaire. L’angiographie numérique avec soustraction est utile quand le médecin doit introduire un cathéter dans un vaisseau sanguin et installer une endoprothèse (prothèse interne) à l’endroit où il y a une occlusion. L’image procurée par cette technique permet alors au médecin de guider le cathéter avec précision jusqu’à la zone bloquée.
La tomodensitométrie dynamique, ou tomographie permettant la reconstruction spatiale dynamique Une technique spéciale appelée tomodensitométrie dynamique, ou tomographie permettant la reconstruction spatiale dynamique (RSD), recourt à un tomodensitomètre modifé pour
L’angiographie numérique avec soustraction produit des images tridimensionnelles des vaisseaux sanguins et des changements normaux de ces vaisseaux.
ournir deux inormations médicales importantes : 1) des images tridimensionnelles des organes du corps ; 2) des inormations sur leurs mouvements normaux et sur les variations de leur volume interne. À la diérence de la tomodensitométrie classique, cette technique permet au médecin d’observer les mouvements d’un organe. Ces observations, visionnées à aible vitesse ou en arrêt sur image, se sont montrées inestimables pour l’étude du cœur et du ux sanguin dans les vaisseaux.
L’imagerie par résonance magnétique L’imagerie par résonance magnétique (IRM), qui portait auparavant le nom de résonance magnétique nucléaire (RMN), est une technique non eractive permettant de visualiser les tissus mous. Le client est étendu sur le dos, sur le côté ou sur le ventre (selon le test) dans un compartiment cylindrique entouré d’un gros électroaimant. Celui-ci génère un puissant champ magnétique qui provoque l’alignement des protons des atomes d’hydrogène dans les tissus. Puis, au moment d’une exposition à des ondes radioélectriques, les protons absorbent un supplément d’énergie et s’alignent diéremment. Ensuite, les atomes d’hydrogène se réalignent brusquement dans le champ
30 Partie I L’organisation du corps humain
INTÉGRATION APPLICATION CLINIQUE (suite) par un isotope radioacti (p. ex., le fuor-18) qui émet des particules nommées positrons (comme des électrons, mais avec une charge positive). La collision entre un positron et un électron entraîne la libération de rayons gamma pouvant être détectés par des capteurs et analysés par un ordinateur. Il en résulte une image brillante et colorée qui indique quels tissus utilisaient le plus de glucose à ce moment. En cardiologie, l’image peut révéler l’étendue des dommages dans le tissu cardiaque. Étant donné que les tissus endommagés consomment peu ou pas de glucose, ils apparaîtront en oncé. La TEP permet de montrer les niveaux d’activité dans l’encéphale. De plus, récemment, cette technique a été utilisée pour déterminer si certains cancers avaient métastasé dans l’organisme : en eet, les cellules cancéreuses, en prélevant plus de glucose, ont apparaître des points chauds sur la tomographie. La tomographie par émission de positrons constitue un exemple de médecine nucléaire qui utilise des isotopes radioactis pour créer des images anatomiques de l’organisme.
Imagerie par résonance magnétique (IRM) de la tête au niveau des yeux
magnétique dès que l’émission des ondes radioélectriques cesse et ils libèrent alors leur énergie supplémentaire à un rythme qui varie selon le type de tissu. Un ordinateur analyse l’énergie émise et produit une image de l’organisme. L’IRM est supérieure à la TDM pour aire la distinction entre les divers tissus mous, entre la substance blanche et la substance grise du système nerveux, par exemple. Touteois, les structures denses (p. ex., les os) n’apparaissent pas bien à l’IRM. La claustrophobie éprouvée par certaines personnes enermées dans le cylindre clos constituait un autre désavantage de cette technique, mais une nouvelle technologie d’IRM a permis d’améliorer l’appareil et de minimiser cet eet. Pour sa part, l’IRM fonctionnelle (IRMf), un progrès récent de l’IRM classique, permet de cartographier le onctionnement cérébral grâce aux diérences locales de concentration d’oxygène dans le sang ; une augmentation du débit sanguin correspond à une augmentation de l’activité cérébrale.
La tomographie par émission de positrons La tomographie par émission de positrons (TEP) (ou tépographie) permet à la ois d’analyser l’état métabolique d’un tissu à un moment donné et de déterminer quels tissus sont les plus actis. La procédure s’amorce par l’injection de glucose (sucre) marqué
Tomographie par émission de positrons (TEP) de l’encéphale d’une personne schizophrène sans traitement médicamenteux. Les zones rouges révèlent une orte utilisation du glucose (activité métabolique). Le centre visuel de la région postérieure du cerveau était particulièrement acti au moment où la tomographie a été eectuée.
Chapitre 1 Une introduction à l’étude du corps humain 31
RÉSUMÉ DU CHAPITRE 1.1 Les domaines de la biologie humaine – 2
• L’anatomie est l’étude de la structure et de la orme du corps humain, alors que la physiologie
est l’étude du onctionnement de ses parties. 1.1.1
L’anatomie : une étude de la structure................................................................................................................
2
• L’anatomie peut se diviser en anatomie microscopique (étude anatomique à l’aide du micro-
scope) et en anatomie macroscopique (étude des structures visibles à l’œil nu). 1.1.2
La physiologie : une étude de la fonction .........................................................................................................
3
• Les physiologistes examinent le onctionnement de systèmes particuliers de l’organisme
(p. ex., la physiologie cardiovasculaire) ou ils se ocalisent sur les problèmes ou les pathologies de ces systèmes (physiopathologie).
1.2
• La orme et la onction sont étroitement liées. Les anatomistes ne peuvent acquérir une com-
préhension totale de la orme d’une structure sans comprendre sa onction. De même, les physiologistes ne peuvent pleinement apprécier les onctions des structures de l’organisme sans connaître leur orme.
L’interrelation entre l’anatomie et la physiologie – 4
• Il est plus acile d’apprendre l’anatomie et la physiologie humaines en intégrant les deux dis-
ciplines plutôt qu’en essayant de séparer l’étude de la orme de celle de la onction. L’étude intégrée de ces deux disciplines s’appelle la biologie humaine.
1.3
• Les scientifques regroupent les composantes de l’organisme selon une hiérarchie organisa-
tionnelle de orme et de onction. Ces niveaux d’organisation sont, du plus simple au plus complexe, les niveaux chimique, cellulaire, tissulaire, des organes, systémique et de l’organisme. Chacun de ces niveaux est inclus dans le suivant.
Les niveaux d’organisation du corps humain – 4 1.3.1
Les caractéristiques des êtres vivants ..............................................................................................................
4
• Tous les organismes vivants partagent sept propriétés : l’organisation, le métabolisme, la
croissance et le développement, l’excitabilité, la régulation et la reproduction. 1.3.2
Les niveaux d’organisation : du plus simple au plus complexe..............................................................
5
• Les structures anatomiques s’organisent en une suite de niveaux de complexité croissante :
le niveau chimique, le niveau cellulaire, le niveau tissulaire, le niveau des organes, le niveau systémique et le niveau de l’organisme. 1.3.3
Une introduction aux systèmes de l’organisme ............................................................................................
8
• Le corps humain comprend les 11 systèmes suivants : tégumentaire, squelettique, musculaire,
nerveux, endocrinien, cardiovasculaire, lymphatique, respiratoire, urinaire, digesti et génital.
1.4 Le langage de l’anatomie – 8
• Une terminologie claire et exacte décrit avec précision les structures de l’organisme et aide à
les désigner et à les localiser. 1.4.1
La position anatomique.............................................................................................................................................
8
• La position anatomique sert de point de réérence standard pour l’étude du corps humain. Le
sujet est debout et il regarde l’observateur ; ses membres supérieurs sont placés sur les côtés, les paumes tournées vers l’avant. 1.4.2
Les coupes et les plans............................................................................................................................................. • Trois plans traversent le corps et aident à décrire les relations existant entre ses parties : le
plan rontal, le plan transversal et le plan sagittal médian.
8
32 Partie I L’organisation du corps humain
1.4.3
Les directions anatomiques ....................................................................................................................................
13
• Des termes directionnels précis indiquent la localisation des structures corporelles : antérieur
et postérieur, dorsal et ventral, supérieur et inérieur, crânial et caudal, médial et latéral, proximal et distal, superfciel et proond. 1.4.4
Les régions anatomiques .........................................................................................................................................
15
• Des termes anatomiques précis désignent les régions corporelles. Ces termes acilitent ainsi
le positionnement dans les descriptions anatomiques. 1.4.5
Les cavités et les membranes du corps............................................................................................................
15
• Les cavités corporelles sont des espaces renermant des organes. • La cavité postérieure du corps comprend la cavité crânienne et le canal vertébral. • La cavité antérieure (ventrale) se subdivise en une cavité thoracique comprenant les deux
cavités pleurales, le médiastin ainsi que la cavité péricardique, et en une cavité abdominopelvienne divisée elle-même en une cavité abdominale et une cavité pelvienne. • La cavité antérieure est tapissée par de minces séreuses, chacune étant ormée de deux
euillets : un euillet pariétal qui revêt la surace interne de la paroi corporelle et un euillet viscéral qui entoure les organes contenus dans la cavité. Entre les deux euillets se trouve un espace rempli d’un liquide (sérosité). 1.4.6
Les régions et les quadrants abdominopelviens ..........................................................................................
19
• Les régions et les quadrants acilitent la description de l’emplacement des viscères
abdominopelviens. • Il y a neu régions et quatre quadrants abdominopelviens.
1.5
• L’homéostasie se rapporte à la capacité de l’organisme de maintenir un environnement interne
relativement stable, même en présence de acteurs environnementaux internes ou externes changeants.
L’homéostasie : le maintien de la stabilité des conditions intérieures – 20
• Le milieu intérieur correspond au liquide interstitiel entre les cellules ; il se doit d’être stable
pour un bon onctionnement de l’organisme. Il est en relation avec la lymphe (liquide interstitiel canalisé) et le sang. 1.5.1
Les composantes des systèmes homéostatiques .......................................................................................
21
• Les trois composantes d’un système homéostatique sont le récepteur, qui détecte le stimu-
lus, le centre de régulation, qui interprète l’inormation venant du récepteur et qui amorce un changement par l’intermédiaire d’un message envoyé à l’eecteur, et l’eecteur, un muscle ou une glande qui réagit pour modifer le stimulus. 1.5.2
La régulation des systèmes homéostatiques par rétro-inhibition ........................................................
23
• Les mécanismes, ou boucles, de rétro-inhibition, sont déclenchés par un stimulus et ont pour
résultat fnal une inhibition ou une réduction du stimulus. La plupart des mécanismes de régulation du corps humain sont des mécanismes de rétro-inhibition. Dans ces mécanismes, le résultat de l’action du système homéostatique va toujours à l’opposé du stimulus. 1.5.3
La régulation des systèmes homéostatiques par rétroactivation ........................................................ • Les mécanismes de rétroactivation sont déclenchés par un stimulus et ils maintiennent ou
amplifent le stimulus initial.
1.6 L’homéostasie, la santé et la maladie – 27
• La connaissance du concept d’homéostasie est essentielle pour comprendre la structure et
le onctionnement normal d’un organisme sain, les mécanismes pathologiques qui l’atteignent et sa réaction à des agents pharmacologiques.
26
Chapitre 1 Une introduction à l’étude du corps humain 33
AUTOÉVALUATION
Solutionnaire
Concepts de base 1
Un plan sagittal médian sépare le corps en :
4
a) une partie antérieure et une partie postérieure ;
2
b) une partie supérieure et une partie inérieure ;
a) Un stimulus, soit la modifcation d’une variable quelconque (p. ex., la glycémie).
c) une moitié droite et une moitié gauche ;
b) La perception du stimulus par un récepteur.
d) une partie droite et une partie gauche, inégales.
c) L’envoi d’une commande à un eecteur par le centre de régulation.
Quelle cavité corporelle occupe une position inérieure au diaphragme et supérieure à une ligne horizontale passant par le bord supérieur des os coxaux ?
d) La stimulation ou l’amplifcation du stimulus par l’eecteur de sorte que le cycle continue. 5
Énumérez les niveaux d’organisation du corps humain, en allant du plus simple au plus complexe. Donnez un exemple de structure pour chacun des niveaux.
6
Quelles sont les propriétés communes à tous les êtres vivants ?
7
Décrivez le corps en position anatomique. À quoi cette position sert-elle ?
8
Quelles sont les deux cavités corporelles de la cavité postérieure ? Que contient chacune de ces cavités ?
b) Le euillet viscéral du péricarde séreux
9
Décrivez la structure et la onction des séreuses dans l’organisme.
c) Le euillet viscéral du péritoine
10 Comparez les mécanismes de rétro-inhibition et
a) La cavité abdominale. b) La cavité pelvienne. c) La cavité pleurale. d) La cavité péricardique. 3
Dans un mécanisme de rétro-inhibition, lequel des éléments suivants n’est pas présent ?
est la membrane séreuse qui recouvre la surace des poumons. a) Le euillet pariétal de la plèvre
de rétroactivation.
d) Le euillet viscéral de la plèvre
Mise en application au système digesti, est hypertrophié et enammé. Éric demande au médecin pourquoi il n’a pas simplement demandé une radiographie de cette région. Celui-ci lui explique que, dans ce cas, une radiographie n’aurait pas été la meilleure technique d’imagerie pour le diagnostic, car :
Répondez aux questions 1 à 3 à l’aide du paragraphe suivant. Votre ami Éric dit avoir mal au ventre. Vous lui demandez de vous indiquer précisément le siège de la douleur. Il pointe une zone en dessous de son ombilic, du côté droit de l’abdomen, et en position médiale par rapport à l’os coxal. 1
a) une radiographie coûte plus cher qu’une tomodensitométrie ;
Dans quel quadrant abdominal la douleur d’Éric se situe-t-elle ?
b) les structures molles n’apparaissent pas bien sur une radiographie ordinaire ;
a) Le quadrant supérieur droit.
c) les rayons X auraient pu aggraver l’inammation de l’appendice et le aire éclater ;
b) Le quadrant inérieur droit. c) Le quadrant supérieur gauche.
d) les radiographies ne sont maintenant utilisées que pour les lésions osseuses.
d) Le quadrant inérieur gauche. 2
3
Vous pourriez aussi dire que la douleur se situe dans la région abdominopelvienne . a) latérale droite
Quand vous êtes dehors par une chaude journée humide, quelles adaptations aident votre corps à ramener sa température à la normale ?
b) hypochondriaque droite
a) Les vaisseaux sanguins de la peau se constrictent.
c) ombilicale droite
b) Les glandes sudoripares sécrètent de la sueur.
d) inguinale droite
c) Des inux nerveux envoyés aux muscles provoquent des rissons.
Éric va voir le médecin pour découvrir la cause et la source de la douleur. Le médecin lui prescrit une tomodensitométrie qui montre que son appendice vermiorme, un organe associé
4
d) Les muscles lisses associés aux ollicules pileux se contractent, causant la chair de poule.
34 Partie I L’organisation du corps humain
5
Vous avez une amie qui vient de commencer à prendre du ZolotMD, un ISRS, et qui soure de dérangement gastrique et de diarrhée. Elle vous demande si le médicament est responsable de ses symptômes et vous lui répondez :
c) Non, parce que le médicament est censé améliorer l’humeur et modifer le onctionnement du cerveau, mais ne devrait pas avoir d’eet sur le système digesti. d) Non, parce que le médicament est rapidement absorbé par le tube digesti et n’y reste pas assez longtemps pour y produire un eet.
a) Oui, parce que le médicament irrite le revêtement de l’estomac, ce qui explique les symptômes. b) Oui, puisque la sérotonine se trouve dans l’encéphale et dans le tube digesti, le médicament aecte aussi le onctionnement du système digesti.
Synthèse 1
Geneviève est tombée de sa bicyclette pendant une course. Elle a eu quelques os brisés dans la région antébrachiale droite, a subi une abrasion de la région zygomatique et présente des ecchymoses importantes dans les régions glutéale et émorale droites. Expliquez la localisation de chacune de ces blessures.
2
Julia a été piquée par une abeille et a été conduite à l’urgence parce qu’elle aisait un choc anaphylactique (sa pression artérielle avait diminué). Elle a reçu une injection d’adrénaline qui a réduit la réaction allergique et qui a ait remonter sa
pression artérielle à la normale, puisque, en stimulant le cœur qui génère la pression artérielle, l’adrénaline ait remonter cette dernière. La dose d’adrénaline a-t-elle provoqué un mécanisme de rétro-inhibition ou un mécanisme de rétroactivation ? Expliquez. 3
Votre grand-père rencontre un radiologiste, car il craint d’avoir une tumeur à l’intestin grêle. Expliquez-lui quelle technique d’imagerie serait la plus appropriée pour vérifer l’existence d’une tumeur et quelles techniques ne seraient pas adéquates pour déterminer son emplacement.
LES ATOMES, LES IONS ET LES MOLÉCULES
CHAPITRE
2
Adaptation française :
Mélanie Cordeau
LE CHIMISTE…
DANS LA PRATIQUE
Les chimistes sont des scientifques spécialistes de la composition et des propriétés de la matière. Ils étudient les processus à l’œuvre dans les réactions chimiques en appliquant pour ce aire la méthode scientifque, c’est-à-dire un ensemble de techniques permettant d’acquérir de nouvelles connaissances ou d’étudier des phénomènes inconnus ou méconnus. Les chimistes doivent prévoir toutes les étapes de leurs expérimentations, ormuler des hypothèses, puis en vérifer la validité. L’expérience dont ils disposent leur permet de prédire des résultats précis et d’en mesurer la concrétisation eective.
2.1 2.2
Une introduction à l’organisation chimique du corps humain ....................... La structure de l’atome ............................. 2.2.1 La matière, les atomes, les éléments et le tableau périodique ......................... 2.2.2 2.2.3
2.3
2.4
Les isotopes .......................................... La stabilité chimique et la règle de l’octet................................................ Les ions et les composés ioniques ........ 2.3.1 Les ions ................................................ 2.3.2 Les liaisons ioniques .............................. Les liaisons covalentes, les molécules et les composés moléculaires ................. 2.4.1 La formule chimique – moléculaire ou développée ....................................... 2.4.2 Les liaisons covalentes .......................... 2.4.3 Les molécules non polaires, polaires et amphipathiques ................................. 2.4.4 Les attractions intermoléculaires ............
2.5 36 36 36 39
41
53
54
2.6.2 2.6.3
2.7
47 49
51
Illustration des concepts Eau : solvant des liquides corporels .................
43
45
50 50
53
INTÉGRATION
43
44
2.8 49
Les solutions acides et basiques, le pH et les tampons .................................. 2.6.1 L’eau : un solvant neutre ........................
2.6
40 41
La structure moléculaire et les propriétés de l’eau .......................................................... 2.5.1 La structure moléculaire de l’eau ........... 2.5.2 Les propriétés de l’eau .......................... 2.5.3 L’eau : le solvant universel ......................
Les acides et les bases .......................... Le pH, la neutralisation et l’action des tampons ............................................... Les mélanges aqueux ................................ 2.7.1 Les différents types de mélanges aqueux ............................. 2.7.2 Les expressions de la concentration des solutions .........................................
55 56 56 57 58
2.9
Les biomolécules organiques .................. 2.8.1 Les caractéristiques générales ............... 2.8.2 Les lipides ............................................. 2.8.3 Les glucides .......................................... 2.8.4 Les acides nucléiques ............................ 2.8.5 Les protéines ........................................ La structure des protéines ........................ 2.9.1 Les différents types d’acides aminés ...... 2.9.2 La séquence des acides aminés et la conformation des protéines ............
INTÉGRATION Illustration des concepts Biomolécules organiques ....................................
59 59 61 65 67 69 71 71 71
72
36 Partie I L’organisation du corps humain
2.1
Une introduction à l’organisation chimique du corps humain
De nombreux processus physiologiques passionnants se déploient dans l’organisme humain. Par exemple, la transmission de l’infux dans les cellules nerveuses, le transport de l’oxygène dans le sang, la digestion des nutriments dans le tube digesti. L’organisation très précise des molécules donne naissance à la cellule et en assure le onctionnement. Pour bien comprendre le vivant, il aut disposer de connaissances de base en chimie telles que l’atome, les ions et les molécules. Ces notions sont essentielles à la compréhension des liens entre les réactions chimiques et les processus vitaux qui structurent le corps humain.
2.2
La structure de l’atome
À son niveau d’organisation le plus ondamental, le corps humain se compose de structures chimiques, en particulier d’atomes, d’ions et de molécules. Pour comprendre la composition chimique du corps humain, il aut d’abord dénir la matière, les atomes et les éléments, puis situer ces éléments dans le tableau périodique. Les propriétés chimiques des éléments seront ensuite étudiées, notamment leur capacité à ormer des ions et des molécules, et, le cas échéant, la manière dont ceux-ci les constituent.
2.2.1
La matière, les atomes, les éléments et le tableau périodique
1
Défnir la matière et indiquer ses trois états.
2
Décrire et distinguer les diérentes particules subatomiques composant l’atome.
3
Expliquer l’organisation des éléments dans le tableau périodique selon leur numéro atomique.
4
Représenter graphiquement la structure de l’atome.
Le corps humain se compose de matière généralement dénie comme une substance possédant une masse et occupant un volume. La matière est présente dans le corps humain sous trois ormes : solide, liquide et gazeuse. Ainsi, l’os est un solide ; le sang, un liquide ; et l’oxygène (O2) ou le dioxyde de carbone (CO2), des gaz. Toute matière se compose d’éléments. L’élément est une substance pure qui ne peut être davantage simpliée. L’hydrogène, le calcium et l’oxygène sont des exemples d’éléments. Cette substance pure se divise en unités onctionnelles appelées atomes. L’atome est la plus petite particule de l’élément et possède toutes les propriétés chimiques de celui-ci. Au total, 92 éléments existent à l’état naturel. L’hydrogène est le plus petit et le plus léger d’entre eux ; l’uranium, le plus volumineux et le plus lourd. Grâce aux percées techniques réalisées dans les domaines de la chimie et de la physique, il est maintenant possible de abriquer en laboratoire des éléments ultralourds encore plus gros que l’uranium. Qu’ils soient naturels ou synthétiques, tous les
éléments sont organisés en un tableau récapitulati : le tableau périodique des éléments FIGURE 2.1. Selon le pourcentage qu’ils représentent dans le poids du corps humain, les éléments sont dits majeurs, mineurs ou traces. Collectivement, les éléments majeurs composent plus de 98 % du poids du corps ; et les mineurs, moins de 1 % (voir la fgure 2.1B). Quant aux éléments traces, ils sont présents en quantités minimes (moins de 0,01 % du poids corporel). Sur l’ensemble des organismes vivants, seuls 12 éléments sont assez répandus pour être considérés comme majeurs ou mineurs (et non traces) : l’oxygène, le carbone, l’hydrogène, l’azote, le calcium, le phosphore, le soure, le potassium, le sodium, le chlore, le magnésium et le er. À l’exception du er, ils ont tous un numéro atomique compris entre 1 et 20 dans le tableau périodique. Ce sont donc les 20 premiers éléments du tableau périodique qui sont étudiés dans ce chapitre. Dans la gure 2.1A, les 12 éléments les plus répandus sont représentés en surélévation par rapport aux autres. Chacun est en outre représenté par une couleur qui lui sera associée tout au long du présent ouvrage.
2.2.1.1 Les composants de l’atome Les atomes se composent de trois principaux types de particules subatomiques : les protons, les neutrons et les électrons FIGURE 2.2 . Les particules subatomiques se distinguent les unes des autres par deux critères principaux : leur charge et leur masse. Comme son nom l’indique, le neutron est neutre, c’està-dire qu’il n’est pas chargé ; le proton possède par contre une charge positive égale à 1 (+1), alors que l’électron a une charge négative égale à 1 (−1). La masse de l’atome s’exprime en unités de masse atomique (uma), ou daltons. La masse des particules subatomiques est minime. Les neutrons et les protons pèsent 1 uma chacun (1 uma = 1,66 × 10−27 kilogrammes [kg]) ; neutrons et protons représentent presque la totalité de la masse de l’atome. Situés au centre de l’atome, ils constituent le noyau atomique. L’électron a une masse encore plus inme, soit environ 1/1 800e de celle d’un proton ou d’un neutron. Il ne représente donc qu’une part négligeable de la masse totale de l’atome. Ainsi, pour déterminer la masse atomique du carbone, il aut additionner le poids de chaque neutron et de chaque proton ormant l’atome. Comme le poids de l’électron est négligeable, il n’est pas considéré. Puisque le carbone a 6 protons et 6 neutrons, la masse atomique du carbone est de 12 uma. Contrairement aux protons et aux neutrons, les électrons se déplacent beaucoup et se situent à des distances variables du noyau, dans des zones appelées orbitales et qui sont généralement représentées sous la orme d’un nuage électronique ou de couches concentriques d’énergie entourant le noyau. Comme le déplacement des électrons se ait de açon quelque peu aléatoire autour du noyau, ces deux types de représentations indiquent l’emplacement le plus probable des électrons.
2.2.1.2 Le tableau périodique des éléments Les éléments se distinguent entre eux par le nombre de leurs particules subatomiques (neutrons, protons et électrons). Pour chacun des éléments répertoriés, le tableau périodique indique son symbole, son numéro atomique et sa masse atomique.
Chapitre 2 Les atomes, les ions et les molécules
IIA
IIIA
1
IVA
VA
VIA
VIIA VIIIA
Électronégativité croissante
H
2
He
1.008
3
Li
6.941
11
4
Be 12
Mg
19
20
K
H
9.012
Na
22.99
1
1.008
Ca
21
22
23
47.87
50.94
52.00
39
40
41
42
85.47
87.62
55
56
Y
88.91
91.22
Nb
Mo
57
72
73
Ba
137.3
138.9
178.5
87
88
89
104
Fr
223.0
Ra
226.0
Cr
Zr
Cs
132.9
V
La
Ac
227.0
92.91
Hf
Ta
Rf
Mn Fe 55.85 54.94
43
44
26.98
Si
28.09
30.97
32.07
35.45
31
32
33
34
35
46
47
48
49
50
98.00
74
75
76
77
78
79
101.1
190.2
107
108
Sg
271.0
59
186.2
Bh
272.0
60
Pr
Nd
91
92
231.0
238.0
140.9
Pa
232.0
45
95.94
106
90
Ge
Cd
183.8
Th
58.69
Ga
Ag
105
140.1
58.93
Zn
65.38
144.2
106.4
127.6
126.9
83
84
85
276.0
281.0
274
277
61
62
145.0
150.4
237.0
94
Pu
244.0
53
79.90
82
270.0
Np
52
78.96
81
111
118.7
200.6
Tl
204.4
Pb
112
113
121.8
207.2
Bi
209.0
Po
114
115
289.0
288.0
I
10
Ne
20.18
18
Ar
39.95
36
Kr
83.80
54
Xe
131.3
86
209.0
At
210.0
Rn
116
117
118
293.0
292.0
294.0
222.0
Rg Uub Uut Uuq Uup Uuh Uus Uuo 64
Eu
Gd
95
96
243.0
247.0
152.0
51
74.92
114.8
110
63
Br
80
195.1
Pm Sm
Se
112.4
109
Ds
As
Te
192.2
Mt
Cl
S
Sb
Hg
197.0
72.64
17
Sn
Au
Hs
Ir
107.9
69.72
P
19.00
In
Pt
93
U
102.9
F
16
Cu
63.55
9
15
14
Ni
Pd
180.9
58
30
Rh
Os
Ce
Co
29
Ru
Re
268.0
28
4.003
8
O
15.99
13
27
7
N
14.01
10.81
Tc
W
Db
267.0
26
25
44.96
Sr
Ti
24
38
Rb
12.01
Al
Sc
37
C
B
24.31
40.08
39.10
6
5
Numéro atomique Symbole de l’élément Masse atomique
157.3
Am Cm
65
Tb
158.9
97
Bk 247.0
66
67
Dy
68
Ho
162.5
Er
164.9
98
99
Cf
Es
251.0
252.0
167.3
100
Fm 257.0
69
Tm
168.9
101
Md
258.0
70
71
Yb
Lu
102
103
259.0
262.0
173.0
No
Électronégativité croissante
IA
37
175.0
Lr
A. Éléments les plus présents dans le corps humain Éléments majeurs (ensemble, ils représentent plus de 98 % de la masse corporelle) Symbole
Éléments mineurs (ensemble, ils représentent moins de 1 % de la masse corporelle)
% de la masse corporelle
Symbole
% de la masse corporelle
O
Oxygène
65
S
Soufre
0,25
C
Carbone
18
K
Potassium
0,2
H
Hydrogène
10
Na
Sodium
0,15
N
Azote
3
Cl
Chlore
0,15
Ca
Calcium
1,5
Mg
Magnésium
0,05
P
Phosphore
1
Fe
Fer
0,006
B.
FIGURE 2.1 Tableau périodique des éléments
❯ A. Le tableau périodique représente tous les éléments classés selon leur numéro atomique et la disposition de leurs électrons. Dans le bas du tableau, les zones grisées correspondent à des candidats à l’inscription à la classifcation, c’est-à-dire des aspirants éléments en quelque sorte. À l’heure actuelle, il n’existe pas de données scientifques sufsantes pour les considérer
Le tableau permet de déterminer le nombre de particules subatomiques de chacun des atomes, bien qu’il n’indique pas directement le nombre de neutrons et d’électrons, qui, eux, doivent être déduits. Un symbole chimique qui lui est exclusivement réservé a été attribué à chacun des éléments du tableau périodique. Ce
ofciellement comme des éléments. B. Sur l’ensemble des éléments qui composent le corps humain, seulement 12 s’y trouvent en quantités supérieures à celles de simples traces. Dans les illustrations A et B, ils sont représentés par des cubes et des pastilles de couleur qui seront repris tout au long du présent ouvrage.
symbole, universellement utilisé, correspond généralement à l’initiale (majuscule) du nom usuel anglais de l’élément. Par exemple, H désigne l’hydrogène (hydrogen) ; C, le carbone (carbon) ; et O, l’oxygène (oxygen). Quand plusieurs éléments possèdent la même initiale, le symbole comporte une deuxième
38 Partie I L’organisation du corps humain
Modèle orbitalaire
Modèle planétaire
• Le nombre de protons correspond au numéro atomique ; ainsi, l’atome de carbone possède six protons, et l’atome d’oxygène en possède huit.
8 protons 8 neutrons 8 électrons B.
A. Noyau :
Proton (+)
Couches électroniques :
Électron (−)
Neutron (charge nulle)
FIGURE 2.2 Structure générale de l’atome
❯ Ces illustrations des modèles repré sentent un atome d’oxygène. Son noyau se compose de protons et de neutrons. Ses électrons sont représentés selon A. le modèle orbitalaire (nuage électronique) et B. le modèle planétaire (couches concentriques).
lettre (minuscule) afn d’éviter les conusions : He pour l’hélium (helium) et Cl pour le chlore (chlor), par exemple. Dans quelques cas d’exception, le symbole chimique de l’élément renvoie à son nom latin ; par exemple, le sodium est désigné par le symbole Na (du mot latin natrium), et le potassium est désigné par un K (kalium). Le numéro atomique de l’élément indique le nombre de protons contenus dans un atome de cet élément. Par convention, il s’inscrit au-dessus du symbole chimique dans la classifcation périodique. Les éléments sont classés par numéros atomiques consécutis et croissants dans les lignes du tableau (voir la fgure 2.1A). Dans les textes, le numéro atomique s’écrit en indice juste avant le symbole chimique (à sa gauche, donc). Ainsi, le noyau de l’atome d’hydrogène compte un proton et peut donc être représenté de la manière suivante : 1H ; le noyau du carbone en compte six, donc 6C. La masse atomique correspond à la masse des protons et des neutrons du noyau atomique. Les électrons étant très légers, ils ne sont pas pris en considération dans le calcul de la masse atomique. Dans le tableau périodique, la masse atomique est indiquée en dessous du symbole chimique de l’élément ; dans les textes, elle est inscrite en exposant à gauche du symbole (arrondie au chire entier le plus proche). Or la masse atomique est en ait une moyenne qui tient compte de la masse atomique des isotopes d’un même élément dans la nature et de leur abondance relative (voir la description des isotopes dans la section 2.2.2). Ainsi, l’atome de sodium ayant un numéro atomique égal à 11 et une masse atomique moyenne de 22,99, il sera représenté dans les textes de la manière suivante : 23 11 Na.
À votre avis 1. Comment faut-il représenter la structure chimique
de l’oxygène dans un texte ?
de particules subatomiques Pour chacune des catégories subatomiques, le nombre de particules se détermine de la manière suivante :
Couche électronique
Nuage électronique
2.2.1.3 La détermination du nombre
• Le nombre de neutrons s’obtient par la soustraction du numéro atomique (nombre de protons) du nombre de masse atomique (total des protons et des neutrons). Par exemple, l’atome de sodium (23 11 Na) compte un total de 23 protons et neutrons, et le nombre de ses protons est égal à 11 ; cet atome possède par conséquent 12 neutrons. • Le nombre d’électrons dans un atome se détermine indirectement à partir du numéro atomique. Tous les atomes étant neutres, le nombre de leurs électrons (chargés négativement) doit nécessairement être égal au nombre de leurs protons (chargés positivement). En eet, les électrons possèdent une charge de −1, et les protons du noyau, une charge de +1. Puisque la charge totale de l’atome est nulle, le nombre d’électrons est nécessairement égal au nombre de protons. Les atomes qui ont perdu ou acquis un ou plusieurs électrons (dont le nombre n’est donc plus égal à celui des protons) constituent un cas particulier : ce sont des ions (voir la section 2.3.1).
INTÉGRATION
STRATÉGIES D’APPRENTISSAGE
Pour représenter graphiquement un atome, il faut connaître le nombre de protons, de neutrons et d’électrons qui le constituent. Cette information se détermine de la façon suivante : • Nombre de protons (p+) = le numéro atomique • Nombre de neutrons (n) = le nombre de la masse atomique (p+ + n) − le numéro atomique (p+) • Nombre d’électrons (e−) = le nombre de protons (p+)
2.2.1.4 La représentation graphique
des structures atomiques L’atome est généralement représenté sous la orme d’un noyau entouré d’anneaux correspondant aux orbitales. Tous les électrons d’une même orbitale possèdent le même niveau d’énergie. Chacune des couches ne peut contenir qu’un nombre limité d’électrons. Ainsi, la première, soit celle qui est la plus proche du noyau, ne peut posséder plus de deux électrons ; la deuxième en compte au maximum huit. Les suivantes ont, en général, une capacité de huit électrons, mais parois plus. Les orbitales se saturent d’électrons dans leur ordre de proximité par rapport au noyau : la première, la plus proche du noyau, doit avoir atteint sa pleine capacité pour que les électrons suivants commencent à se placer sur la deuxième, et ainsi de suite. La fgure 2.2 indique la disposition des protons et des neutrons dans le noyau d’un atome d’oxygène, et celle des électrons sur ses orbitales.
Chapitre 2 Les atomes, les ions et les molécules
Vérifiez vos connaissances 1. Quelles sont les particules subatomiques qui
déterminent la masse d’un atome ? Quelles sont celles qui déterminent sa charge ?
Carbone 12
Carbone 13
Carbone 14
6 protons 6 neutrons 6 électrons
6 protons 7 neutrons 6 électrons
6 protons 8 neutrons 6 électrons
39
2. Représentez graphiquement la structure atomique
du carbone, sachant que son numéro atomique est égal à 6 et sa masse atomique arrondie à 12.
2.2.2 5 6
Les isotopes FIGURE 2.3
Expliquer ce qu’est un isotope. Indiquer en quoi les radio-isotopes se distinguent des autres types d’isotopes.
Trois isotopes les plus courants du carbone
❯ Ces trois isotopes du carbone possèdent le même nombre de protons et d’électrons, mais ils diffèrent par leur nombre de neutrons.
Dans la nature, la plupart des éléments existent sous plusieurs ormes isotopiques : les isotopes sont les diérents types d’atomes correspondant à un même élément ; ils possèdent le même nombre de protons et d’électrons, mais pas le même nombre de neutrons. Tous les isotopes d’un même élément présentent des caractéristiques chimiques très similaires, mais leurs masses atomiques dièrent. Ainsi, l’atome de carbone se présente sous trois grandes ormes isotopiques : le carbone 12, le carbone 13 et le carbone 14 FIGURE 2.3. Tous les isotopes du carbone regroupent 6 protons dans leur noyau ; cependant, le carbone 12 possède 6 neutrons ; le carbone 13, 7 ; et le carbone 14, 8. En général, l’un des isotopes est plus répandu que les autres. Dans le cas du carbone, l’isotope le plus abondant dans la nature est le carbone 12.
INTÉGRATION
La masse atomique moyenne d’un élément est la moyenne des masses atomiques de tous ses isotopes, qui est déterminée en onction de l’abondance de chacun dans la nature. Les radioisotopes (ou isotopes radioactis) sont souvent des isotopes instables, car ils contiennent un nombre excédentaire de neutrons. Cette instabilité entraîne une décomposition du noyau de l’isotope qui fnit par éclater et libérer des particules sous la orme d’un rayonnement de haute énergie composé de particules alpha et bêta ou de rayons gamma. Le temps qu’il aut pour qu’à l’intérieur d’un échantillon de radio-isotope la moitié des atomes radioactis se décomposent et deviennent des isotopes non radioactis se nomme demi-vie (ou période radioactive). Selon le cas, cette période peut durer de quelques heures à plusieurs milliers d’années. Ainsi, les radio-isotopes produits dans les centrales nucléaires
APPLICATION CLINIQUE
Les radio-isotopes de l’iode et les imageries médicales Les radio-isotopes sont largement utilisés dans les recherches en biologie ainsi que dans les examens et les diagnostics médicaux, notamment 14C, 32P et 123I. Quand les radio-isotopes sont introduits médicalement dans l’organisme, les cellules les traitent comme elles traiteraient les isotopes non radioactifs correspondants, notamment 12C, 31P et 127I. Par exemple, le glucose est composé de six carbones. Si le glucose contient du 14C parmi ses carbones, ce glucose subira les mêmes réactions métaboliques que l’organisme fait normalement avec du 12C, mais le 14C, étant instable, libérera un rayonnement de haute énergie au moment de la désintégration de son noyau. Ce rayonnement de haute énergie libéré par des radio-isotopes peut être détecté par une technologie spécialisée. Il est donc possible de suivre le parcours des produits des réactions métaboliques, mais aussi d’en mesurer les quantités présentes dans l’organisme. Les personnes qui manipulent des matériaux radioactifs dans leur travail doivent se protéger des risques que représentent les radiations de haute énergie, lesquelles peuvent endommager les cellules vivantes ainsi que le capital génétique. L’image cicontre représente une glande thyroïde ayant absorbé de l’iode
Glande thyroïde
Nodule bénin
radioactif 123I. La thyroïde se présente sous la forme d’une masse blanchâtre. La zone plus sombre est un nodule bénin ayant une activité métabolique inférieure à celle des tissus thyroïdiens environnants.
40 Partie I L’organisation du corps humain
ont une demi-vie d’au moins 10 000 ans. La demi-vie biologique (ou période biologique) est le temps qu’il aut à un être vivant pour éliminer la moitié d’une matière radioactive introduite dans son organisme (p. ex., à l’occasion d’examens médicaux utilisant des produits de contraste radioactis, comme c’est le cas de l’isotope 123I [iode] lorsqu’il aut évaluer la présence d’un nodule sur la glande thyroïde). La demi-vie biologique s’applique également à des substances non radioactives, par exemple les hormones, les médicaments ou les drogues (voir la section 17.4).
Vérifiez vos connaissances 3. Les isotopes appartiennent-ils à un même élément ?
Possèdent-ils le même nombre de protons, de neutrons et d’électrons ? Expliquez ce qu’est un radio-isotope.
La stabilité chimique et la règle de l’octet
2.2.3
7
Décrire l’organisation des éléments dans le tableau périodique selon leurs électrons de valence.
8
Énoncer la règle de l’octet.
Les éléments du tableau périodique sont alignés selon leur numéro atomique. Ils sont également organisés en colonnes selon le nombre d’électrons de valence qui sont situés sur la couche externe appelée couche de valence. La FIGURE 2.4 illustre
ce mode d’organisation et montre la structure atomique des éléments 1 à 20 disposés tels qu’ils le sont dans le tableau périodique. La colonne IA regroupe l’hydrogène, le lithium, le sodium et le potassium : tous ces éléments possèdent un seul électron sur leur couche externe. Chacune des colonnes suivantes (colonnes IIA à VIIIA) regroupe les éléments possédant un électron supplémentaire sur leur couche de valence que ceux de la colonne précédente. Ce mode d’organisation permet de prédire certaines des caractéristiques chimiques d’un élément à partir de sa position dans le tableau périodique, puisqu’il est possible de déduire le nombre de liaisons interatomiques que l’atome peut aire en donnant, en acceptant ou en partageant un ou des électrons de valence pour saturer sa couche de valence. La couche de valence des éléments de la colonne VIIIA est saturée : elle contient huit électrons de valence, à l’exception de l’hélium, dont la couche externe contient seulement deux électrons de valence. Il convient de préciser que la fgure 2.4 ne représente pas tous les éléments de la colonne VIIIA, mais seulement l’hélium, le néon et l’argon. La saturation de sa couche de valence procure à l’atome une stabilité maximale. Ces atomes stables sont inertes du point de vue chimique, car ils ne ont aucune liaison avec un autre élément, puisque leur couche de valence est déjà saturée en électrons. Les atomes de la colonne VIIIA sont donc qualifés de gaz nobles parce qu’ils ne réagissent avec aucun des éléments des autres colonnes du tableau périodique pour établir des liaisons. En examinant la structure atomique des autres éléments du tableau périodique, il est possible de constater qu’aucun d’eux ne
Électrons de valence 1
2
3
4
5
6
7
8
IA
IIA
IIIA
IVA
VA
VIA
VIIA
VIIIA
He
H
Li
Be
B
C
N
O
F
Ne
Na
Mg
Al
Si
P
S
Cl
Ar
FIGURE 2.4 K
Ca
Organisation des éléments dans le tableau périodique selon leurs électrons de valence ❯ Cette fgure représente la structure atomique des éléments 1 à 20 du tableau périodique, avec le noyau et les électrons disposés en couches énergétiques. Les électrons de la couche de valence (couche extérieure) sont indiqués en jaune. De gauche à droite dans le tableau, le nombre d’électrons de valence augmente d’une unité à chaque colonne, les colonnes s’échelonnant de IA à VIIIA.
Chapitre 2 Les atomes, les ions et les molécules
possède huit électrons sur sa couche externe : leur couche externe n’est pas saturée à huit électrons de valence. Ces atomes sont donc susceptibles de perdre des électrons de valence, d’en acquérir ou d’en partager avec d’autres atomes afn de saturer leur couche externe. Dans la terminologie des chimistes, cette propension des atomes à saturer leur couche externe à huit électrons de valence et à acquérir la stabilité chimique par l’éjection, l’acquisition ou la mise en commun d’électrons de valence s’appelle la règle de l’octet. Tous les éléments ne suivent pas cette règle ; elle peut cependant être considérée comme une règle générale, car elle s’applique à tous les cas liés à la physiologie humaine. La perte ou l’acquisition d’électrons de valence produit des ions ; quant à la mise en commun d’électrons de valence, elle donne naissance aux molécules à liaisons covalentes. La ormation des ions et des molécules à liaisons covalentes est étudiée dans les deux sections suivantes.
Le maintien d’une concentration sanguine de chacun de ces ions dans les normales homéostatiques est indispensable à la santé (voir la section 25.3).
TABLEAU 2.1
Ions les plus communs dans le corps humain et leur importance physiologique
Cations les plus communs (ions à charge positive) Cation
Structure
Importance physiologique
Ion sodium
Na+
• Cation extracellulaire le plus commun • Facteur de la transmission des signaux électriques dans les neurones et les muscles • Mouvement de l’eau durant le phénomène d’osmose • Cotransport d’autres substances dans la membrane plasmique
Ion potassium
K+
• Cation intracellulaire le plus commun • Facteur de la transmission des signaux électriques dans les neurones et les muscles • Entreposage du glycogène (molécule composée de plusieurs monomères de glucose) dans le oie et les muscles • Maintien du pH
Ion calcium
Ca2+
• Solidifcation des dents et des os (sous orme de Ca3(PO 4)2) • Contraction des muscles • Transport par exocytose, y compris la libération des neurotransmetteurs • Coagulation du sang • Second messager dans la stimulation hormonale des cellules
Ion magnésium
Mg2+
• Production de l’adénosine triphosphate (ATP)
Ion hydrogène
H+
• Détermination du pH du sang et des autres liquides corporels
Vérifiez vos connaissances 4. Quel est le lien entre la règle de l’octet et la
stabilité chimique ?
2.3
Les ions et les composés ioniques
Le corps humain est constitué essentiellement de composés chimiques. Les composés chimiques sont des associations stables entre plusieurs atomes agencés selon un ratio fxe. Ces associations se répartissent en deux catégories : les composés ioniques (p. ex., le NaCl) et les composés moléculaires (p. ex., le glucose, C6H12O6). Cette section s’intéresse aux composés ioniques, soit des structures constituées d’ions regroupés en réseaux par des liaisons ioniques. L’ion sera d’abord défni, puis les ions les plus communs dans le corps humain seront mentionnés. Par la suite, la ormation des ions et la détermination de leur charge seront détaillée ; enfn, les liaisons ioniques et les interactions électrostatiques entre les ions d’un même composé ionique seront décrites. Les composés moléculaires sont traités dans la section 2.4.
2.3.1
Les ions
1
Défnir l’ion.
2
Indiquer certains des ions les plus communs dans le corps humain.
3
Distinguer les cations des anions.
4
Décrire la distribution des charges dans les ions.
Anions les plus communs (ions à charge négative) Anion
Structure
Importance physiologique
Ion chlorure
Cl−
• Modifcation de la réactivité neuronale aux stimulations • Composant de l’acide gastrique (HCl) • Équilibre de charge des érythrocytes (Cl−/HCO3−)
Ion bicarbonate
HCO 3−
• Principal transport du CO 2 sous orme de HCO3− • Eet tampon sur le pH sanguin
Ion phosphate
Contrairement aux atomes réguliers, les ions sont des atomes ou des groupes d’atomes dotés d’une charge (positive ou négative). Ils se orment par la perte ou l’acquisition de un ou de plusieurs électrons de valence. Le TABLEAU 2.1 indique les ions les plus communs dans le corps humain et précise leurs principaux rôles dans le onctionnement physiologique. De nombreuses structures corporelles ont besoin d’ions bien précis pour onctionner normalement, par exemple les ners, les muscles, le oie et l’estomac.
41
O || HO–C–O– PO43− O || – O–P–O– | O–
• Solidifcation des dents et des os (sous orme de Ca3(PO 4)2) • Composant des phospholipides ormant les membranes • Composant des nucléotides, y compris l’ATP • Anion intracellulaire le plus commun dans le corps humain • Eet tampon intracellulaire
42 Partie I L’organisation du corps humain 2.3.1.1 La perte d’électrons
et la formation des cations Comme d’autres éléments, l’atome de sodium (colonne IA du tableau périodique) peut devenir stable s’il donne un électron de valence. Dans sa structure atomique, le sodium possède 11 électrons : 2 sur la première couche, 8 sur la deuxième et 1 électron sur sa couche de valence FIGURE 2.5. En se défaisant de cet électron, il satisfait à la règle de l’octet et devient stable. Mais sa structure reste-t-elle neutre ? Pour qu’un atome soit neutre, il doit posséder autant de protons (à charge positive) que d’électrons (à charge négative). L’atome du sodium possédant un électron de moins, il compte maintenant 11 protons pour seulement 10 électrons. Sa charge se calcule alors de la façon suivante : 11(+) et 10(−) = +1, et il devient donc positif. Les ions à charge positive s’appellent des cations. Par conséquent, l’ion sodium est un cation dont la charge est égale à +1, et il faut donc le désigner par le symbole suivant : Na+. Pour sa part, le cation Ca 2+ a perdu deux électrons de valence pour se stabiliser et répondre à la règle de l’octet. Il a maintenant 20 protons (+) et 18 électrons (−), ce qui explique sa charge de +2, c’est-à-dire le fait qu’il lui manque 2 électrons. Comme l’indique le tableau 2.1, d’autres cations sont très abondants dans le corps humain, notamment K+, Mg 2+et H+.
2.3.1.2 L’acquisition d’électrons
et la formation des anions Comme d’autres éléments, l’atome de chlore peut devenir stable s’il acquiert un électron de valence (voir la fgure 2.5B). L’atome de chlore compte sept électrons sur sa couche externe ; s’il en acquiert un, sa couche de valence est comblée et il atteint la stabilité. La structure ainsi constituée est un ion chlorure. Un électron de valence s’étant ajouté à l’atome de chlore qui comptait 17 protons, l’ion chlorure a maintenant 18 électrons. Sa charge se calcule de la façon suivante : 17(+) et 18(−) = −1. Cet ion est désigné par le symbole Cl−. Les ions à charge négative s’appellent des anions. Le tableau 2.1 indique certains anions simples et complexes présents dans le corps humain.
Na 11p
A. Sodium (Na)
+
Cl 17p
B. Chlore (Cl)
Sur les trois anions décrits dans le tableau 2.1, deux se composent de plusieurs atomes : l’ion bicarbonate (HCO3−) et l’ion phosphate (PO 43−). Ce sont donc des anions polyatomiques. Lorsqu’une structure polyatomique perd ou acquiert un ou plusieurs électrons de valence d’au moins un atome qui la compose, cette structure devient un ion polyatomique.
2.3.1.3 Les règles générales de la détermination
des charges Un principe très simple permet de savoir quels atomes perdent ou acquièrent des électrons de valence, mais aussi de calculer leur charge. Considérant qu’en général la couche de valence peut avoir huit électrons, les atomes possédant un, deux ou trois électrons sur leur couche externe vont donner à un autre atome un ou plusieurs de ces électrons de valence, puisqu’il y a moins d’électrons à donner qu’à recevoir pour combler la couche de valence (règle de l’octet). Les atomes se transforment ainsi en cations (à charge positive). La valeur de la charge dépend du nombre d’électrons de valence donnés, soit un, deux ou trois. Par exemple, l’atome de calcium compte deux électrons sur sa couche externe ; pour atteindre la stabilité, il doit donc donner deux électrons de valence (à charge négative). Sa forme ionique possède une charge égale à +2 et elle est désignée par le symbole Ca 2+. À l’inverse, les atomes comptant cinq, six ou sept électrons sur leur couche externe attirent les électrons de valence d’autres atomes et se transforment alors en anions (à charge négative). La valeur de leur charge dépend du nombre d’électrons de valence qu’ils ont acquis pour se conformer à la règle de l’octet, soit trois, deux ou un. Les atomes comptant sept électrons sur leur couche externe doivent acquérir un électron de valence pour devenir stables. L’ion ainsi formé a une charge égale à −1. C’est le cas de l’atome de chlore, par exemple, qui se transforme en ion chlorure (Cl−) par l’acquisition d’un électron de valence. L’atome de carbone, dont le numéro atomique est le 6, possède 4 électrons de valence sur sa couche externe. Par conséquent, il ne donne pas d’électrons ni n’en acquiert pour se transformer en ion. Il peut par contre établir des liaisons covalentes dans
Na+ 11p
=
Cl– 17p
C. Ion sodium (Na+)
Ion chlorure (Cl–)
Cl –
Na+
Cl –
Na+
Cl –
Na+
Cl –
Na+
Cl –
D. Réseau cristallin de NaCl
FIGURE 2.5 Formation d’une liaison ionique entre le sodium et le chlore ❯ A. Un atome de sodium donne son électron de valence à B. un atome de chlore. C. L’atome de sodium ayant perdu un électron, il se transforme en ion sodium à charge positive (Na+) ; l’atome de chlore
ayant acquis un électron, il se transforme en ion chlorure à charge négative (Cl−). D. Le composé ionique NaCl, un sel, est constitué d’un réseau cristallin dont la cohérence est assurée par les attractions électrostatiques entre les ions Na+ et les ions Cl−.
Chapitre 2 Les atomes, les ions et les molécules
lesquelles les électrons sont plutôt partagés avec d’autres atomes dans des structures moléculaires (voir la section 2.4.2).
À votre avis 2. Est-il possible de déterminer la charge de l’ion du
magnésium (numéro atomique : 12) à partir de sa position dans le tableau périodique des éléments ?
2.3.1.4 La détermination des charges par l’examen
du tableau périodique des éléments Pour chacun des atomes qu’il présente, le tableau périodique des éléments (voir la fgure 2.1A) permet de déterminer rapidement le type d’ion qui lui correspond (cation ou anion) ainsi que la valeur de sa charge. D’une manière générale, les éléments inscrits dans les colonnes IA et IIA à la gauche du tableau périodique ou dans la colonne IIIA tendent à perdre des électrons de valence et à former des cations. La valeur de la charge positive qui en résulte dépend de la position de l’élément dans le tableau périodique : elle s’élève à +1 pour le groupe IA, à +2 pour le groupe IIA et à +3 pour le groupe IIIA. À l’inverse, les éléments se trouvant dans les colonnes VA à VIIA dans la partie droite du tableau tendent à attirer des électrons de valence et à former des anions. La valeur de la charge négative des ions correspondants est la suivante : −3 pour le groupe VA, −2 pour le groupe VIA et −1 pour le groupe VIIA. Cette règle n’est cependant pas absolue. Ainsi, le fer (Fe), un métal de la molécule d’hémoglobine des érythrocytes (globules rouges), peut générer deux types d’ions : l’ion ferreux (Fe2+) et l’ion ferrique (Fe3+).
Vérifiez vos connaissances 5. Nommez les cations et les anions les plus répandus
dans le corps humain en précisant leur nom et leur symbole chimique. 6. Dans le tableau périodique des éléments (voir la
fgure 2.1), surlignez les éléments qui produisent les ions les plus abondants dans le corps humain (à l’exception des ions polyatomiques).
INTÉGRATION
43
STRATÉGIES D’APPRENTISSAGE
En règle générale, les éléments du côté gauche du tableau périodique (sodium, potassium, magnésium et calcium, notamment) orment des liaisons ioniques avec les éléments du côté droit du tableau périodique (p. ex., le chlore et le fuor). Le composé ionique alors ormé se compose d’ions retenus ensemble par un réseau de liaisons ioniques.
sont assaisonnés est composé d’un ion sodium et d’un ion chlorure. Chacun des atomes de sodium donne un des électrons de sa couche externe à un atome de chlore. Il se transforme alors en ion sodium (Na+), et l’atome de chlore devient un ion chlorure (Cl−). Les ions Na+ et Cl− sont maintenus entre eux par des liaisons ioniques organisées selon une structure bien précise de réseaux cristallins (voir la fgure 2.5D). Les ions et leur ratio formant ce composé ionique sont désignés par sa formule chimique : NaCl. Le composé ionique NaCl est donc aussi un sel, d’où son appellation de sel de table. Un autre exemple de composé ionique est le chlorure de magnésium (MgCl2). La formule chimique de ce composé révèle qu’il compte un ion magnésium et deux ions chlorure. En effet, le magnésium étant placé dans la colonne IIA du tableau périodique des éléments, il possède deux électrons de valence sur sa couche externe. Pour atteindre la stabilité, il se défait de ces deux électrons en s’associant à deux atomes de chlore (auxquels il donne un électron de valence chacun). Il existe plusieurs types de composés ioniques, et certains font intervenir des anions polyatomiques. C’est le cas du bicarbonate de sodium (NaHCO3) ou du phosphate de calcium (Ca3(PO4)2). Ce dernier composé ionique est le plus abondant dans le corps humain ; il contribue à la solidité des os et des dents.
Vérifiez vos connaissances 8. Des liaisons ioniques peuvent-elles s’établir entre deux
cations ou entre deux anions ? Pourquoi ?
7. Expliquez pourquoi et comment les ions se constituent
selon la règle de l’octet.
2.4 2.3.2
Les liaisons ioniques
5
Dénir la liaison ionique.
6
Décrire le composé ionique NaCl.
7
Nommer d’autres exemples de composés ioniques.
Les cations (à charge positive) et les anions (à charge négative) peuvent établir entre eux des liens électrostatiques où les charges positives et négatives s’attirent : ce sont les liaisons ioniques. Les structures qu’ils constituent ainsi sont des composés ioniques. Lorsque le composé ionique est formé d’un cation et d’un anion différents de l’ion H+ et OH−, ce composé est considéré comme un sel. Par exemple, le sel avec lequel les aliments
Les liaisons covalentes, les molécules et les composés moléculaires
Pour devenir stables, les atomes peuvent libérer ou acquérir des électrons de valence et former des composés ioniques organisés en réseaux. Toutefois, ils peuvent également partager des électrons de valence entre eux. Le partage des électrons entre les atomes produit une molécule à liaisons covalentes. La plupart des molécules se composent d’atomes d’éléments différents ; on les appelle composés moléculaires. Ainsi, la molécule du dioxyde de carbone (CO2) et celle de l’eau (H2O) sont des composés moléculaires. À l’inverse, les molécules entièrement formées d’atomes d’un même élément ne sont pas des composés, par exemple l’oxygène moléculaire (O2) et l’hydrogène moléculaire (H2).
44 Partie I L’organisation du corps humain
Cette section traite des liaisons covalentes, des différents types de molécules à une ou à plusieurs liaisons covalentes et des interactions entre elles. La manière de représenter les molécules au moyen de leurs formules moléculaire et développée est d’abord expliquée.
INTÉGRATION
type des atomes qu’elle contient, et aussi la manière dont ils sont agencés. Dans une molécule donnée, les atomes sont disposés d’une manière bien précise, qui est toujours la même FIGURE 2.6. La formule développée permet notamment de distinguer entre eux les isomères, c’est-à-dire des molécules contenant le même nombre et le même type d’atomes (formule moléculaire identique), mais disposés différemment (formules développées différentes). Par exemple, le glucose et le galactose sont deux isomères très importants pour l’être humain. Ces molécules de sucre ont la même formule moléculaire : C 6H12O6. Celle-ci indique que la molécule du glucose et celle du galactose comptent 6 atomes de carbone, 12 atomes d’hydrogène et 6 atomes d’oxygène. Cependant, les atomes ne sont pas disposés de la même manière dans l’espace, ainsi que l’indiquent les formules développées de ces deux molécules (voir la fgure 2.6). Les atomes liés au quatrième atome de carbone dans la structure cyclique hexagonale de ces deux sucres ne sont pas les mêmes. Les atomes de carbone des sucres à structure cyclique sont numérotés dans le sens des aiguilles d’une montre à partir de celui qui se trouve à droite de l’atome d’oxygène. Même s’il se présente sous la forme d’une structure cyclique pentagonale (à cinq côtés), et non hexagonale, le fructose est également un isomère du glucose et du galactose, car il possède le même nombre et le même type d’atomes qu’eux, mais ils sont disposés différemment.
STRATÉGIES D’APPRENTISSAGE
Les éléments du côté droit du tableau périodique (p. ex., le carbone, l’oxygène et l’azote) orment en général des liaisons covalentes entre eux ou avec des atomes d’hydrogène pour ormer une molécule.
La formule chimique – moléculaire ou développée
2.4.1
1
Défnir la ormule moléculaire.
2
Décrire la ormule développée en indiquant l’intérêt qu’elle présente pour distinguer les isomères entre eux.
2.4.1.1 La formule moléculaire
Les isomères ont des propriétés très différentes. La formule développée procure donc une information cruciale du point de vue du comportement chimique des molécules.
La formule moléculaire représente les atomes formant une molécule ainsi que leur ratio. Par exemple, la formule moléculaire de l’acide carbonique est H 2CO3 : elle indique que la molécule contient deux atomes d’hydrogène, un atome de carbone et trois atomes d’oxygène.
Vérifiez vos connaissances 9. Quelle inormation la ormule développée d’une
molécule procure-t-elle ? En quoi dière-t-elle de la ormule moléculaire ?
2.4.1.2 La formule développée La formule développée de la molécule complète sa formule moléculaire en raison du fait qu’elle indique à la fois le nombre et le
Formule moléculaire
10. Qu’est-ce qu’un isomère ?
Glucose
Galactose
Fructose
(C6H12O6)
(C6H12O6)
(C6H12O6)
6 CH2OH 5C
6 CH2OH
O
H
Formule développée
4C
HO
A.
H OH
H
5C
H
HO
C1
4C
OH
H
5
O
H
H
C1 H
OH
3C
C2
3C
C2
H
OH
H
OH
B.
FIGURE 2.6 Isomères
O
OH
4C
H OH
HOCH2
❯ A. Le glucose. B. Le galactose. C. Le ructose. Ces molécules sont des isomères : elles ont la même ormule moléculaire, mais pas la même ormule développée (les diérences sont indiquées en jaune).
C1 H 3C
OH
C.
HO C2 H
CH2OH
Chapitre 2 Les atomes, les ions et les molécules
2.4.2
Les liaisons covalentes
3
Défnir la liaison covalente et expliquer sa ormation en vertu de la règle de l’octet.
4
Indiquer les quatre éléments les plus répandus dans le corps humain qui établissent des liaisons covalentes.
5
Distinguer les liaisons covalentes simples, doubles et triples.
6
Défnir la liaison covalente polaire et non polaire.
Une liaison covalente est un lien constitué par la mise en commun d’électrons de valence entre des atomes. La liaison covalente se forme donc entre des atomes ayant besoin d’acquérir des électrons de valence pour se stabiliser, c’est-à-dire des atomes qui possèdent quatre, cinq, six ou sept électrons sur leur couche externe (voir la fgure 2.4), à l’exception de l’hydrogène, qui n’a besoin que de deux électrons pour saturer sa couche externe et atteindre la stabilité. Plusieurs éléments présents dans le corps humain établissent des liaisons covalentes. Les plus répandus sont les suivants : l’oxygène (O), le carbone (C), l’hydrogène (H) et l’azote (N). À eux quatre, ils représentent plus de 96 % de la masse corporelle, puisqu’ils sont les éléments de base formant les biomolécules organiques qui constituent le corps humain. La liaison covalente la plus simple est celle qui s’établit entre deux atomes d’hydrogène pour produire une molécule d’hydrogène gazeux. Chacun des deux atomes met en commun son unique électron de valence et sature ainsi sa couche externe, qui est aussi la première et qui ne peut contenir que deux électrons.
45
2.4.2.2 Les liaisons covalentes simples,
doubles et triples Les atomes des éléments susceptibles d’établir des liaisons covalentes avec d’autres atomes (qu’ils soient semblables ou différents) peuvent se lier par des liaisons covalentes simples, doubles ou triples FIGURE 2.7. Une liaison covalente simple est la mise en commun de une paire d’électrons de valence entre deux atomes. Ainsi, la liaison entre deux atomes d’hydrogène constitue une liaison covalente simple. La mise en commun de deux paires d’électrons de valence entre deux atomes constitue une liaison covalente double. Ainsi, la liaison qui s’établit entre deux atomes d’oxygène est une liaison covalente double. Chacun de ces deux atomes ne possédant que six électrons sur sa couche externe alors qu’il a besoin de huit électrons pour atteindre la stabilité (en vertu de la règle de l’octet), les deux atomes doivent mettre en commun deux paires d’électrons pour se stabiliser. Dans certaines molécules, les atomes mettent en commun trois paires d’électrons et sont ainsi soudés entre eux par une liaison covalente triple. Par exemple, la liaison qui s’établit entre deux atomes d’azote est une liaison covalente triple. Par ordre de stabilité croissante, les
Liaison covalente simple
Hydrogène gazeux (H 2 )
H
H
H
H
Liaison simple
A. Liaison covalente double
2.4.2.1 Le nombre de liaisons
qu’un atome peut établir L’atome d’hydrogène ne peut avoir en commun qu’une seule paire d’électrons avec un autre atome ; par conséquent, il ne doit établir qu’une seule liaison covalente pour atteindre sa stabilité. D’autres éléments peuvent avoir plusieurs paires d’électrons en commun avec d’autres atomes. Le nombre de liaisons covalentes qu’un atome peut établir avec d’autres atomes est égal au nombre d’électrons de valence dont il a besoin pour saturer sa couche externe (voir la fgure 2.4). La structure atomique des quatre éléments les plus courants dans les molécules détermine ce qui suit : l’atome d’hydrogène (H) a besoin d’un électron de valence pour atteindre la stabilité ; l’atome d’oxygène (O), de deux électrons de valence ; l’atome d’azote (N), de trois électrons de valence ; et l’atome de carbone (C), de quatre électrons de valence. Par conséquent, l’atome d’hydrogène peut établir une liaison covalente ; l’oxygène, deux ; l’azote, trois ; et le carbone, quatre.
INTÉGRATION
STRATÉGIES D’APPRENTISSAGE
L’acronyme HONC aide à se rappeler le nombre de liaisons que orme chacun des quatre éléments les plus communs : hydrogène = 1, oxygène = 2, azote = 3 et carbone = 4.
Oxygène gazeux (O2 )
O
O
O
O
Liaison double
B. Liaison covalente triple
Azote gazeux (N2 )
N
N
N
N
Liaison triple
C.
FIGURE 2.7 Liaisons covalentes simples, doubles et triples
❯ Les liai sons covalentes se constituent par la mise en commun d’électrons de valence. A. La liaison covalente simple se orme par la mise en commun d’une seule paire d’électrons de valence. B. La liaison covalente double se orme par la mise en commun de deux paires d’électrons de valence. C. La liaison covalente triple se orme par la mise en commun de trois paires d’électrons de valence.
46 Partie I L’organisation du corps humain 2.4.2.3 La formation du squelette carboné
liaisons covalentes se classent ainsi : simples, doubles, triples. En d’autres termes, il aut plus d’énergie pour briser une liaison triple (plus stable) qu’une liaison simple (moins stable).
Dans certaines molécules, de nombreux atomes de carbone se lient pour ormer un squelette carboné. Dans ce cas, trois confgurations sont possibles : la chaîne carbonée linéaire, la chaîne carbonée ramifée et la chaîne carbonée cyclique (ou cycle) FIGURE 2.9. Il est à noter que dans la ormule développée, la lettre C représentant l’atome de carbone n’est généralement pas indiquée dans les squelettes carbonés ; il s’agit de la ormule développée simplifée. Par convention, dans la représentation d’une ormule développée simplifée, seules les quatre liaisons dont un atome de carbone a
Un atome peut mettre en commun les électrons de sa couche externe de multiples açons pour atteindre la stabilité, conormément à la règle de l’octet. Ainsi, un atome de carbone possède quatre électrons sur sa couche externe ; il a donc besoin de quatre électrons additionnels pour satisaire à la règle de l’octet. Il peut les acquérir selon plusieurs confgurations, chacune d’elles donnant naissance à une molécule diérente FIGURE 2.8.
Méthane (CH 4 )
Dioxyde de carbone (CO2 )
Éthanol (C 2 H 5 OH)
H
H
H
C
O
H
C
O
H
H
H
H
C
H
O
H
C
O
H
H A.
B.
C
C
H
H
O
H
H
C
C
H
H
O
H
C.
FIGURE 2.8 Molécules carbonées
❯ L’atome de carbone peut établir quatre liaisons covalentes selon diérentes confgurations. Par exemple, il peut établir A. quatre liaisons covalentes simples avec quatre atomes d’hydrogène pour donner du méthane ; B. deux liaisons covalentes
doubles avec deux atomes d’oxygène pour donner du dioxyde de carbone ; C. quatre liaisons covalentes simples avec diérents types d’atomes pour donner des structures plus complexes telles que l’éthanol.
Chaîne linéaire
Chaîne ramifiée
Cycle
C
C C
C
C
C
C
C
C
C
C
C
C
C
C
C
C
C
C
C
C
C
C C
C
C
CH3 H3C
CH3
H 3C
CH3 CH3 A.
B.
C.
FIGURE 2.9 Squelette carboné
❯ Le squelette carboné des molécules se présente généralement sous l’une de ces trois confgurations : A. la chaîne linéaire ; B. la chaîne ramifée ; ou C. le cycle. Par convention, le point de rencontre des lignes représentant une liaison désigne des
atomes de carbone. La ligne inérieure représente la même ormule développée simplifée, où les liaisons avec les atomes d’hydrogène ne sont pas illustrées et où les angles entre les atomes représentent davantage la réalité.
H
Chapitre 2 Les atomes, les ions et les molécules
besoin pour atteindre sa stabilité sont montrées. Il est implicite que les atomes manquants sont des atomes d’hydrogène.
2.4.2.4 Les liaisons covalentes polaires
et non polaires Dans les liaisons covalentes, les atomes peuvent se partager leurs électrons de manière égale ou inégale selon l’attraction relative que chacun exerce sur les électrons, c’est-à-dire selon l’électronégativité des atomes. Dans un même élément, tous les atomes présentent la même capacité à attirer les électrons de valence (ceux de la couche externe), c’est-à-dire la même électronégativité. Par conséquent, ils se partagent les électrons de manière égale et établissent entre eux des liaisons covalentes non polaires. C’est le cas, par exemple, de deux atomes d’hydrogène, de deux atomes d’oxygène ou de deux atomes de carbone : appartenant au même élément, ils possèdent la même électronégativité et se partagent également leurs électrons de liaison.
liaison covalente polaire qui se orme entre un atome d’oxygène et un atome d’hydrogène se note de la manière suivante : δ−O—Hδ+. De açon générale, les liaisons polaires s’établissent entre des atomes d’éléments diérents. Il existe cependant une exception à cette règle : la liaison du carbone et de l’hydrogène. L’écart d’électronégativité entre le carbone et l’hydrogène étant très aible, les liaisons covalentes qui s’établissent entre ces deux types d’atomes (C—H) se caractérisent par un partage relativement égal des électrons de valence et constituent ainsi une liaison covalente essentiellement non polaire.
À votre avis 3. Quelles seraient les charges partielles créées par une
liaison covalente polaire entre un atome d’azote et un atome d’hydrogène (N—H) ?
Vérifiez vos connaissances
Par contre, des atomes d’éléments diérents n’ont pas nécessairement la même électronégativité et n’exercent donc pas la même attraction sur les électrons. Ils partagent alors leurs électrons de manière inégale, établissant entre eux des liaisons covalentes polaires. Le terme polaire renvoie aux pôles des charges électriques partielles, qui sont similaires aux pôles d’un aimant. Toutes les liaisons polaires ne présentent pas le même degré d’inégalité dans la mise en commun des électrons de valence. Les liaisons peuvent ainsi se classer selon un axe allant des liaisons ioniques, caractérisées par le don de un ou de plusieurs électrons de valence sans contrepartie (donc très inégales), jusqu’aux liaisons non polaires, caractérisées par un partage égal des électrons de valence. Globalement, l’électronégativité augmente de gauche à droite dans une même ligne du tableau périodique des éléments, et de bas en haut dans une même colonne (voir la fgure 2.1A). En eet, sur une même ligne de la classifcation périodique, plus les protons sont nombreux dans le noyau, plus ils attirent les électrons de valence et plus la capacité d’attraction de l’atome est élevée. Dans une même colonne, plus l’élément se situe vers le haut du tableau, plus ses électrons de valence sont proches du noyau, donc plus l’électronégativité de l’atome augmente, puisque la charge positive du noyau de l’atome est plus près des électrons (voir la fgure 2.4). L’électronégativité dépend à la ois du nombre de protons dans le noyau et de la distance entre la couche de valence et le noyau. Par conséquent, les quatre éléments les plus répandus dans les organismes vivants sont, par ordre croissant d’électronégativité : l’hydrogène < le carbone < l’azote < l’oxygène. Parmi ces quatre éléments, l’oxygène est celui qui exerce l’attraction la plus orte sur les électrons de valence ; l’hydrogène, celui qui exerce l’attraction la plus aible. Dans tous les cas, plus un atome est électronégati, plus ses électrons gravitent longuement autour de son noyau, c’est-à-dire plus ils passent de temps dans son orbite. Les électrons possédant une charge négative, l’atome le plus électronégati acquiert une charge négative partielle en attirant davantage les électrons de valence, tandis que l’atome le moins électronégati acquiert une charge positive partielle, puisque les électrons de valence ont été attirés par l’autre atome plus électronégati. Les charges partielles sont désignées par la lettre grecque delta (δ) suivie du signe + ou −, selon le cas. Par exemple, la
47
11. Expliquez la ormation des liaisons covalentes sous
l’angle de la stabilité chimique. 12. Quel est le type de liaison covalente (simple, double
ou triple) qui s’établit entre deux atomes d’oxygène ? Expliquez pourquoi ils peuvent se lier de cette açon. 13. Pourquoi certaines liaisons covalentes sont-elles
polaires et d’autres non ? Spécifez l’exception à la règle voulant que les liaisons covalentes polaires s’établissent généralement entre des atomes d’éléments diérents.
2.4.3
Les molécules non polaires, polaires et amphipathiques
7
Expliquer la diérence entre une molécule non polaire et une molécule polaire.
8
Défnir la molécule amphipathique.
Les liaisons covalentes entre atomes peuvent être polaires ou non polaires selon que les électrons entre deux atomes sont partagés également ou non. Les molécules, elles aussi, peuvent être polaires ou non polaires selon le nombre et la orce relative de leurs liaisons polaires et non polaires. Il importe ici de savoir que les molécules non polaires sont ormées surtout de liaisons covalentes non polaires, c’est-à-dire de liaisons entre des atomes d’un même élément (p. ex., C—C, O—O) ou de liaisons C—H, ou les deux. Par exemple, l’oxygène (O2) est une molécule non polaire FIGURE 2.10. À l’inverse, les molécules polaires sont ormées essentiellement de liaisons covalentes polaires. Elles sont donc constituées d’atomes d’éléments diérents liés entre eux, par exemple O—H, C—O, N—H ou N—O. L’eau (H2O) et le glucose (C6H12O6) sont des molécules polaires. Il convient de noter que l’atome d’oxygène est lié à deux atomes d’hydrogène dans la molécule d’eau, et que la molécule de glucose compte plusieurs liaisons C—O et O—H. Il existe une exception à la règle générale : une molécule ormée de liaisons covalentes polaires orientées dans des
48 Partie I L’organisation du corps humain
FIGURE 2.10 Molécules non polaires, polaires et amphipathiques ❯ A. L’oxygène, le dioxyde de carbone et le triglycé ride sont des molécules non polaires. B. L’eau et le glucose sont des molé cules polaires. C. Les phospholipides sont des molécules amphipathiques.
directions opposées peut être non polaire si les électronégati vités de part et d’autre s’annulent. C’est le cas, par exemple, du dioxyde de carbone : δ−O=C=Oδ−. Il convient de préciser qu’une molécule est dite polaire si elle a des charges complètes ou par tielles, alors qu’une molécule chargée contient, quant à elle, seu lement des charges entières. Certaines molécules peuvent être formées à la fois d’une région polarisée et d’une région non polarisée. Ces molécules sont dites amphipathiques. Les phospholipides en sont un exemple (voir la gure 2.10C).
À votre avis 4. Les molécules d’acides gras sont-elles polaires ou non
polaires (voir la gure 2.19) ? Justiez votre réponse. Selon vous, se dissolvent-elles dans l’eau ?
Vérifiez vos connaissances 14. Les molécules O 2 et CO2 sont-elles polaires ou
non polaires ?
INTÉGRATION LIENS ENTRE LES CONCEPTS Les deux gaz respiratoires, O2 et CO2, sont formés de molécules non polaires. Cette caractéristique chimique, ainsi que leur petite taille, leur permet de traverser aisément les membranes cellulaires. Les chapitres 4 et 23 présentent les mouvements des gaz respiratoires, notamment la section 4.3 sur le transport membranaire et la section 23.6 sur les échanges d’O2 et de CO2 entre le sang et les cellules.
Chapitre 2 Les atomes, les ions et les molécules
Les attractions intermoléculaires
2.4.4 9
Décrire la liaison hydrogène qui peut s’établir entre des molécules polaires.
10 Énoncer et défnir les attractions intermoléculaires qui
peuvent s’établir entre des molécules non polaires.
Les attractions intermoléculaires (inter = entre) sont des attractions chimiques faibles pouvant s’instaurer entre des molécules. La liaison hydrogène constitue une attraction intermoléculaire importante chez les êtres vivants. Deux molécules sont nécessaires pour établir une liaison hydrogène (ou pont hydrogène). La première molécule doit posséder un atome d’hydrogène à charge positive partielle (δ+), et la deuxième molécule doit avoir un atome à charge négative partielle (δ−) ; il s’agit généralement d’un atome d’oxygène, parfois d’un atome d’azote. La liaison hydrogène est une faible attraction entre cet hydrogène à charge positive partielle et l’atome à charge négative partielle de l’autre molécule. Dans le présent chapitre, les liaisons hydrogène sont désignées par des lignes pointillées. La FIGURE 2.11 illustre une liaison hydrogène entre un atome d’hydrogène à charge positive partielle d’une molécule de glucose et l’atome d’oxygène à charge négative partielle d’une molécule d’eau. Considérée isolément, la liaison hydrogène est très faible : sa force équivaut à environ 5 à 10 % de celle d’une liaison covalente. Dans leur ensemble, par contre, toutes les liaisons hydrogène unissant les molécules s’avèrent très solides. Les molécules non polaires peuvent également être reliées par des attractions intermoléculaires désignées collectivement sous le nom de forces de Van der Waals. Les électrons en orbite se déplacent de façon aléatoire autour du noyau à l’intérieur de son orbite. De façon spontanée, les électrons d’un atome appartenant à une molécule non polaire peuvent
H
O C
O
Liaison hydrogène
δ+
δ−
O
Atome d’oxygène
Les liaisons hydrogène, les forces de Van der Waals et les interactions hydrophobes jouent un rôle majeur dans l’établissement et le maintien de la conformation tridimensionnelle des molécules complexes telles que l’acide désoxyribonucléique (ADN) et les protéines (voir les sections 2.8.4 pour l’ADN et 2.9.2 pour les protéines), mais aussi dans le raccordement temporaire des structures moléculaires entre elles, par exemple l’arrimage d’une hormone à un récepteur protéique (voir la section 17.5). Des liaisons hydrogène peuvent aussi s’établir entre des molécules d’eau et déterminent alors en grande partie le comportement de ces molécules.
15. Comment se nomme l’attraction intermoléculaire qui
s’établit entre un atome d’hydrogène à charge positive partielle d’une molécule polaire et un atome à charge négative partielle d’une autre molécule polaire ?
C
O Hδ
+
C O
Molécule d’eau
O
Molécule de glucose
FIGURE 2.11 Liaison hydrogène
Il existe une troisième catégorie d’attractions intermoléculaires : les interactions hydrophobes (littéralement, peur de l’eau). Elles se mettent en place quand des molécules non polaires (hydrophobes) sont immergées dans l’eau ou dans un autre milieu polarisé. Les molécules ont tendance à se regrouper et à repousser les molécules d’eau. Ce phénomène s’observe lorsque des molécules de triglycéride (p. ex., de l’huile) sont immergées dans l’eau (voir la section 2.5.3.2). Les interactions hydrophobes peuvent également se créer entre différents secteurs non polaires d’une grosse molécule. Il s’agit alors, dans ce cas, d’attractions intramoléculaires (intra = à l’intérieur de).
O
C
C
se répartir très brièvement de manière inégale. À ce moment, la partie de l’atome dans laquelle s’est regroupée une plus grande partie des électrons acquiert une charge légèrement négative, tandis que l’autre partie de l’atome acquiert une charge légèrement positive. Ces charges négatives et positives induites momentanément dans l’atome exercent une attraction ou une répulsion sur les électrons d’un atome adjacent d’une autre molécule non polaire. L’interaction entre ces charges partielles positives et négatives formées entre les molécules non polaires constitue les forces de Van der Waals. Considérées isolément, les forces de Van der Waals sont très faibles : elles possèdent seulement 1 % environ de la puissance d’une liaison covalente.
Vérifiez vos connaissances
Atome d’hydrogène C
49
❯ Cette fgure représente une liaison hydro gène qui s’est constituée entre un atome d’hydrogène à charge positive partielle d’une molécule de glucose et l’atome d’oxygène à charge négative partielle d’une molécule d’eau.
2.5
La structure moléculaire et les propriétés de l’eau
La première molécule analysée en détail dans cette section est celle de l’eau. L’eau représente à peu près les deux tiers de la masse corporelle chez l’humain. La structure moléculaire de l’eau sera d’abord étudiée, puis certaines de ses propriétés les plus importantes seront examinées, incluant, pour chacune d’elles, l’intérêt qu’elle présente dans le fonctionnement du corps humain.
50 Partie I L’organisation du corps humain
2.5.1 1
La structure moléculaire de l’eau
Eau (H 2 O) δ+
Décrire la structure moléculaire de l’eau et expliquer le processus par lequel les molécules d’eau établissent quatre liaisons hydrogène.
δ+
H
δ–
H δ+
L’eau est une molécule polaire composée d’un atome d’oxygène lié à deux atomes d’hydrogène (H2O). Sa polarité provient de l’inégalité du partage des électrons entre l’atome d’oxygène et les deux atomes d’hydrogène FIGURE 2.12. L’atome d’oxygène comporte une électronégativité plus importante et possède deux charges négatives partielles. Par contre, chacun des atomes d’hydrogène possède une seule charge positive partielle. La molécule d’eau peut établir jusqu’à quatre liaisons hydrogène avec des molécules d’eau adjacentes. En eet, les liaisons hydrogène s’instaurent entre les atomes d’hydrogène à charge positive partielle d’une molécule d’eau et l’atome d’oxygène à charge négative partielle d’une autre. Il convient de se rappeler ce qui a été dit au sujet des liaisons hydrogène : considérées isolément, ces attractions intermoléculaires sont aibles ; ensemble, touteois, elles assurent une grande stabilité entre les molécules. Par conséquent, les liaisons hydrogène qui s’établissent entre les molécules aqueuses dénissent en grande partie les propriétés de l’eau.
Vérifiez vos connaissances 16. Quelle est la liaison intermoléculaire qui détermine
en grande partie les propriétés de l’eau ?
2.5.2 2
Les propriétés de l’eau
Établir la liste des propriétés de l’eau et, pour chacune d’elles, donner un exemple montrant son importance dans le fonctionnement du corps humain.
2.5.2.1 Les trois états de l’eau L’eau peut se présenter sous trois états, selon la température et la pression atmosphérique : état gazeux (vapeur d’eau), liquide ou solide (glace). Les matières qui, comme l’eau, ont une masse moléculaire aible (somme des masses atomiques de chacun des atomes ormant la molécule) se présentent généralement sous orme gazeuse à température ambiante. L’eau reste touteois liquide à température ambiante, car les liaisons hydrogène maintiennent les molécules d’eau à l’état liquide en les retenant ensemble et en les empêchant de prendre de l’expansion entre elles, ce qui entrave leur passage de l’état liquide à l’état gazeux. Toute l’eau du corps humain est donc liquide, à l’exception d’une petite quantité de vapeur d’eau (état gazeux) dans les voies respiratoires. Sous orme liquide, l’eau remplit les onctions suivantes : • Transport. De nombreuses matières sont solubles dans l’eau et se déplacent dans l’organisme par les fuides aqueux (notamment le sang et la lymphe). • Lubrication. Les liquides aqueux qui s’immiscent entre les structures corporelles réduisent les rictions entre elles (p. ex., le liquide séreux entre le cœur et le péricarde, le liquide synovial dans les articulations).
O
δ+ δ– δ– δ+
δ–
Liaisons hydrogène δ+ δ–
δ–
L’eau est une molécule polarisée par le partage inégal des électrons Des liaisons hydrogène s’établissent de ses atomes constitutifs. entre les molécules d’eau. A.
B.
FIGURE 2.12 Molécule d’eau
❯ A. La répartition inégale des électrons entre l’atome d’oxygène et les deux atomes d’hydrogène polarise la mo lécule d’eau. L’illustration indique les charges partielles respectives des atomes. B. Des liaisons hydrogène s’établissent entre l’atome d’hydrogène à charge positive partielle (δ+) d’une molécule d’eau et l’atome d’oxygène à charge négative partielle (δ−) d’une autre.
• Amortissement des chocs. Les liquides aqueux absorbent l’impact des mouvements corporels brusques (p. ex., le cerveau et la moelle épinière sont protégés par le liquide cérébrospinal dans lequel ils baignent). • Excrétion. Les déchets de l’organisme se dissolvent dans l’eau et peuvent ainsi être éliminés du corps (p. ex., sous orme d’urine ou de sueur).
2.5.2.2 La tension de surface de l’eau La tension de surface se crée sous l’eet d’une grande attraction entre les molécules d’eau qui s’unissent par leurs liaisons hydrogène. Ainsi, les molécules d’eau à la surace sont attirées vers l’intérieur de la solution aqueuse, là où se trouvent le plus de molécules d’eau et, donc, là où se créent les liaisons hydrogène. Par exemple, lorsqu’un verre est rempli au maximum de sa capacité, avant que l’eau déborde du verre, il y a ormation d’une surace bombée. Les molécules d’eau, par leur attraction vers les autres molécules d’eau à l’intérieur de la solution, créent une tension de surace qui les retient le plus longtemps jusqu’à ce que l’eau déborde du verre. C’est aussi la tension de surace qui permet à des objets légers, mais plus denses que l’eau (p. ex., une épingle en acier), de fotter à la surace de l’eau lorsqu’ils y sont déposés délicatement. La tension de surace unit les molécules d’eau et empêche un objet léger déposé à la surace de l’eau de s’insérer entre les molécules. L’existence de la tension de surace se démontre acilement à l’aide de deux plaquettes de verre propre, par exemple deux lamelles de microscope, qui sont placées l’une sur l’autre, puis séparées. La séparation est alors acile. En répétant l’expérience après avoir déposé une ou deux gouttes d’eau entre les lamelles, il se révèle beaucoup plus dicile de les séparer, sinon impossible, sans d’abord orcer un petit interstice entre elles. Cette diculté s’explique par le ait que l’eau augmente la tension de surace entre les deux lamelles qui sont alors liées par les liaisons hydrogène de l’eau.
Chapitre 2 Les atomes, les ions et les molécules
Dans le corps humain, certains phénomènes physiologiques se produisent sous l’eet de la tension de surace. Par exemple, les alvéoles pulmonaires ne sont ormées que d’une monocouche de cellules. L’intérieur des alvéoles doit être humide en permanence pour éviter l’asséchement de ces cellules. Au moment de l’inspiration, les muscles respiratoires se contractent pour créer une extension des alvéoles. La orce d’inspiration doit contrer la tension de surace des molécules d’eau pour les séparer tout en agrandissant chacune des alvéoles, ce qui demande un déploiement d’énergie considérable. Si le liquide qui tapisse l’intérieur des alvéoles était uniquement de l’eau, chaque molécule d’eau de cette fne pellicule aqueuse s’attirerait, et l’alvéole serait entraînée vers l’intérieur, puisque la couche aqueuse adhérerait à la monocouche en raison de leurs liaisons hydrogène. Cependant, le liquide tapissant les alvéoles, soit le suractant, est composé d’eau mélangée avec des lipides et des protéines (voir la section 23.3). Les lipides et les protéines du suractant perturbent les liaisons hydrogène entre les molécules d’eau, ce qui diminue la tension de surace et évite que les alvéoles ne s’aaissent au repos tout en acilitant chacune des inspirations. En l’absence de ce suractant, les alvéoles pulmonaires s’aaisseraient à chaque expiration, leurs parois se collant l’une contre l’autre. C’est ce qui se produit chez certains nouveau-nés prématurés qui ne sécrètent pas le suractant nécessaire et éprouvent alors de grandes difcultés respiratoires.
51
liquides interstitiel et intracellulaire), la très grande quantité de liaisons hydrogène entre les molécules d’eau qui les composent permet à l’eau d’absorber une grande quantité de chaleur sans changer de température. C’est donc ce phénomène qui permet de maintenir la température corporelle relativement constante. La chaleur de vaporisation est la quantité de chaleur nécessaire pour aire passer de l’état liquide à l’état gazeux les molécules contenues dans un gramme d’une matière donnée. L’eau comporte une chaleur de vaporisation très élevée, car l’énergie calorique qui lui est appliquée doit briser les liaisons hydrogène qui retiennent les molécules aqueuses entre elles avant de pouvoir les aire passer de l’état liquide à l’état gazeux. C’est ce qui explique que la transpiration raraîchit le corps : la chaleur excédentaire puisée dans l’organisme brise les liaisons hydrogène des molécules d’eau présentes dans la sueur et permet ensuite de aire passer les molécules de l’état liquide à l’état gazeux. Ainsi, la chaleur quitte le corps au ur et à mesure que les molécules d’eau de la sueur sur la peau s’évaporent.
À votre avis 5. Pourquoi la sueur rafraîchit-elle moins bien le corps
quand il fait humide ?
2.5.2.3 La chaleur spécifque et la chaleur
de vaporisation de l’eau Vériiez vos connaissances
La température mesure l’énergie cinétique des atomes ou des molécules dans une matière donnée, c’est-à-dire leurs déplacements aléatoires. La température et l’énergie cinétique entretiennent ainsi une relation directe : plus l’énergie cinétique est importante à l’intérieur d’un objet, plus sa température est élevée. La température de l’eau est déterminée notamment par ces deux propriétés : la chaleur spécifque de l’eau et sa chaleur de vaporisation. La chaleur spécifque (ou chaleur massique) est la quantité d’énergie (mesurée en calories) nécessaire pour accroître de un degré Celsius (°C) la température de un gramme (g) d’une matière donnée. La chaleur spécifque de l’eau s’établit à une calorie par gramme et par degré Celsius (1 cal/g/°C) ; elle s’impose ainsi comme l’une des plus élevées de la nature. En eet, l’énergie que la chaleur procure aux molécules d’eau sert en priorité à briser les liaisons hydrogène et à briser l’attraction des molécules d’eau entre elles. Ce n’est qu’une ois cette étape ranchie que l’énergie thermique peut commencer à accroître l’énergie cinétique, donc les mouvements aléatoires des molécules aqueuses. En passant d’un milieu rais à un milieu chaud, ou en produisant beaucoup de chaleur à l’occasion d’une activité physique, le corps dégage une grande quantité d’énergie sous orme de chaleur, et la majeure partie de cette chaleur sert à briser les liaisons hydrogène. L’énergie de la chaleur est alors transormée par les molécules d’eau pour briser les liaisons hydrogène, et l’eau ne subit aucune augmentation de température. Par contre, une ois toutes les liaisons hydrogène brisées, la température des molécules d’eau augmente plus rapidement. Le corps humain étant composé principalement de liquides aqueux (p. ex., le sang, les
17. Quelle propriété de l’eau rend la sécrétion de
surfactants indispensable pour éviter l’affaissement des alvéoles pulmonaires ? Quelle est celle qui contribue à la régulation de la température corporelle par la transpiration ?
2.5.3
L’eau : le solvant universel
3
Comparer les matières qui se dissolvent dans l’eau et celles qui s’y dissolvent et s’y dissocient ; distinguer les électrolytes des non-électrolytes.
4
Décrire les interactions chimiques des substances non polaires et de l’eau.
5
Expliquer les interactions que les molécules amphipathiques établissent avec l’eau pour ériger des barrières chimiques.
L’eau constitue le solvant par excellence du corps humain ; les matières dissoutes dans l’eau s’appellent des solutés. L’eau est considérée comme le solvant universel parce que la plupart des matières peuvent s’y dissoudre. Certaines ne sont cependant que partiellement solubles dans l’eau (p. ex., la gélatine) et d’autres ne le sont pas du tout (p. ex., l’huile). Les propriétés chimiques d’une matière (polarisée, chargée, non polaire ou amphipathique) déterminent ses interactions avec les molécules d’eau. Il sera ici question des matières qui se dissolvent dans l’eau
52 Partie I L’organisation du corps humain
(molécules polaires et ions), de celles qui ne se dissolvent pas dans l’eau (molécules non polaires) et de celles qui s’y dissolvent partiellement (molécules amphipathiques).
2.5.3.1 Les matières solubles dans l’eau
(molécules polaires et ions) Les molécules d’eau sont polarisées. Chacune d’elles possède des régions à charges opposées : Hδ+ et Oδ− (voir la fgure 2.12). Certaines molécules polarisées (p. ex., le glucose) ainsi que les
matières possédant une charge (p. ex., les ions Na+ ou HCO3−) interagissent avec les molécules d’eau par la dissolution : elles se dispersent dans l’eau, comme dans le cas du sucre ajouté au café. Les matières ainsi solubles dans l’eau sont appelées molécules hydrophiles (hydro = eau, philos = ami), ou hydrosolubles. De nombreuses molécules d’eau s’agglutinent autour des particules polarisées ou chargées, ce qui les disperse en créant une sphère d’hydratation (ou couche d’hydratation) autour d’elles FIGURE 2.13.
Les substances hydrophiles se dissolvent dans l’eau. Les non-électrolytes (p. ex., le glucose) se dissolvent et demeurent intacts.
Sphère d’hydratation
Les substances hydrophobes ne se dissolvent pas dans l’eau. Les molécules non polaires sont repoussées. Substance non polaire
Substance non polaire
Exclusion hydrophobe
CH2OH
Glucose
O H H C H HO C Glucose C H OH HO C C H
Molécules d’eau
OH
B. Les électrolytes se dissolvent et se dissocient.
Les substances amphipathiques se dissolvent partiellement dans l’eau.
Ions chargés
Bicouche = membrane
δ– δ– Na+ – δ δ– δ–
Sels (p. ex., le NaCl) Acides (p. ex., le HCl) Bases (p. ex., le NaOH)
Polaire (hydrophile) Non polaire (hydrophobe)
Sphère d’hydratation
Têtes Queues polaires non polaires δ+ δ+
δ+
Micelle
+ Cl– δ
Polaire (hydrophile)
δ+
Non polaire Têtes Queues polaires non polaires (hydrophobe) A.
C.
FIGURE 2.13 Interactions des substances avec l’eau
❯ Les interactions entre l’eau et les substances qui s’y combinent dépendent des propriétés chi miques de celles-ci. A. Les substances hydrophiles se dissolvent dans l’eau. Les non-électrolytes (p. ex., le glucose) se dissolvent, et leurs molécules restent intactes, alors que les molécules d’eau forment une sphère d’hydratation autour de chacune d’elles. Les électrolytes, soit les sels, les acides et les bases, se dissolvent et se dissocient dans une certaine mesure, alors que les molécules d’eau forment une sphère d’hydratation autour de chaque ion. B. Les molécules hydrophobes sont
des substances non polaires qui ne se dissolvent pas dans l’eau, car les attractions par liaisons hydrogène entre les molécules d’eau repoussent les molécules non polaires par exclusion hydrophobe. C. Les molécules amphipathiques sont uniques en ceci que leur extrémité polaire se dissout dans l’eau, alors que leur extrémité non polaire ne se dissout pas. Les membranes cellulaires (voir le chapitre 4) et les micelles (voir le chapitre 26) sont des agencements de molécules amphipathiques fréquemment rencontrés dans l’organisme.
Chapitre 2 Les atomes, les ions et les molécules
Les molécules polarisées telles que le glucose ou l’alcool se dissolvent dans l’eau par ormation de liaisons hydrogène avec des molécules aqueuses. Chacune des molécules dissoutes (soluté) est entourée de molécules d’eau, mais reste intacte, puisque la molécule n’est pas dissociée. D’autres matières se dissolvent sans rester intactes : elles interagissent avec l’eau par la dissolution et la dissociation. En d’autres termes, elles se décomposent au contact de l’eau. Ainsi, les sels sont des composés ioniques qui se dissolvent et se dissocient en milieu aqueux. En présence d’eau, les cations et les anions des sels se séparent les uns des autres. Par exemple, les composés ioniques de chlorure de sodium (NaCl) se dissocient dans l’eau pour ormer des ions Na+et Cl−. Des sphères d’hydratation se orment autour de chacun des ions, le séparant des autres. Les charges positives partielles (Hδ+) des molécules d’eau s’associent à la charge négative des anions du sel ainsi libérés (Cl−), tandis que leurs charges négatives partielles (Oδ−) se lient à la charge positive des cations (Na+). Les acides et les bases se dissocient également dans l’eau. Par exemple, l’acide chlorhydrique (HCl) se dissocie pour donner des ions H+ et Cl− ; le bicarbonate de sodium se dissocie pour donner des ions Na+et HCO3−. Les acides et les bases sont étudiés plus en détail dans la section suivante. Les matières qui, comme les sels, les acides et les bases, se dissolvent et se dissocient dans l’eau peuvent transmettre le courant électrique et sont nommées électrolytes. À l’inverse, les matières dont les molécules restent intactes au contact de l’eau, par exemple le glucose, ne conduisent pas le courant électrique : ce sont des non-électrolytes. Le chapitre 25 explique les interventions permettant de maintenir des niveaux normaux d’électrolytes dans le corps, notamment les sels, les acides et les bases.
53
2.5.3.3 Les matières partiellement solubles
dans l’eau (molécules amphipathiques) Les molécules amphipathiques possèdent une région polaire et une région non polaire. Elles ne se dissolvent pas complètement dans l’eau, mais ne sont pas non plus complètement expulsées quand elles arrivent dans un milieu aqueux : leur région polaire se dissout dans l’eau, tandis que leur région non polaire est repoussée par elle (voir la fgure 2.13C). Les régions non polaires se rapprochent ainsi les unes des autres par interaction hydrophobe. Les phospholipides sont un exemple de molécules amphipathiques partiellement solubles dans l’eau. Leurs têtes polaires entrent en contact avec l’eau, tandis que leurs queues non polaires se regroupent. Leur réorganisation crée alors une bicouche de phospholipides ormant une membrane mince. Les membranes des cellules se composent ainsi d’une bicouche de molécules phospholipidiques (voir la section 4.2.1). Les molécules amphipathiques produisent aussi des structures sphériques appelées micelles : dans le tube digesti, elles participent à la décomposition et à l’absorption des molécules non polaires, notamment les triglycérides (voir la section 26.4.3). L’eau joue de nombreux rôles dans le corps humain FIGURE 2.14. Elle constitue par ailleurs un solvant neutre.
Certaines de ses propriétés sont examinées dans la section suivante, qui porte sur les solutions acides et basiques.
Vérifiez vos connaissances 18. Distinguez l’interaction d’un non-électrolyte avec l’eau
de l’interaction d’un électrolyte avec l’eau. Dans les deux cas, donnez des exemples. 19. Par quels mécanismes l’interaction des molécules de
phospholipides avec les molécules d’eau produit-elle une membrane ?
2.5.3.2 Les matières insolubles dans l’eau
(molécules non polaires) Les molécules non polaires, comme la majorité des lipides, ne se dissolvent pas dans l’eau : elles sont donc des molécules hydrophobes (hydro = eau, phobia = peur), ou liposolubles. Les liaisons hydrogène qui s’établissent entre les molécules d’eau créent une attraction entre ces molécules d’eau, mais expulsent par la même occasion les molécules non polaires : c’est ce qui s’appelle l’exclusion hydrophobe (voir la fgure 2.13B). L’interaction entre les molécules de la matière non polaire exclue se nomme interaction hydrophobe parce que ces molécules semblent uir l’eau. Les contacts entre les molécules d’eau polarisées et les molécules de la matière non polarisée sont réduits à leur strict minimum. L’exclusion hydrophobe s’observe très acilement par le dépôt de quelques gouttes d’huile dans l’eau : l’huile orme des petites sphères à la surace de l’eau. Comme elles ne peuvent pas se dissoudre dans l’eau, les matières hydrophobes (p. ex., les triglycérides [graisses] et le cholestérol) doivent se lier à des protéines pour se déplacer dans le sang, ce qui acilite leur transport et évite leur accumulation sous orme d’amas non solubles dans les vaisseaux sanguins. Ainsi, les molécules non polaires s’encapsulent dans les molécules protéiques pour restreindre le plus possible leurs contacts avec l’eau contenue dans le sang.
2.6
Les solutions acides et basiques, le pH et les tampons
Les solutions acides et basiques (ou alcalines) s’obtiennent par l’ajout d’eau à un acide ou à une base, respectivement. Cette section explique pourquoi l’eau est dite neutre, défnit les acides et les bases, et décrit le pH, la neutralisation ainsi que l’action des tampons.
2.6.1 1
L’eau : un solvant neutre
Décrire les produits de la dissociation de l’eau.
L’eau est un liquide souvent utilisé pour préparer des solutions. Lorsque l’eau est pure, les molécules d’eau interagissent et peuvent parois se dissocier pour ormer des ions. En eet, la rupture des liaisons chimiques covalentes qui unissent l’atome d’oxygène aux atomes d’hydrogène de la molécule d’eau se produit spontanément, mais à un aible taux : soit environ deux
INTÉGRATION
ILLUSTRATION DES CONCEPTS
FIGURE 2.14 Eau : solvant des liquides corporels
❯ L’eau remplit plu sieurs onctions cruciales à l’intérieur de l’organisme. Elle contribue à la régulation de la température corporelle, agit comme solvant universel, amortit les chocs, transporte des substances et sert de lubrifant. De plus, sa tension de surace élevée permet à certaines structures du corps d’adhérer entre elles. L’eau est une substance neutre dont le pH est modifé par l’ajout d’un acide ou d’une base.
Amortissement des chocs Liquide cérébrospinal Crâne
Régulation de la température corporelle L’eau contribue à la régulation de la température corporelle grâce à sa chaleur spécifique et à sa chaleur de vaporisation, toutes deux élevées.
Encéphale E En Enc n ncéphale éph é ép p ale ph le e
Le liquide forme un coussin protecteur en cas de mouvements subits.
Chaleur
Transport de substances L’eau est le milieu liquide qui transporte les substances du sang et des autres liquides corporels (p. ex., le sang, l’urine).
Solvant universel Lubrifiant Substance hydrophile Les non-électrolytes se dissolvent et demeurent intacts.
CH2OH
Le liquide sert de lubrifiant pour réduire la friction. Péricarde (qui délimite la cavité péricardiaque)
Cœur
O H C H H HO C Glucose C H OH HO C C H
Sérosité
OH
Les électrolytes se dissolvent et se dissocient.
Na+
Tension de surface élevée Plèvre pariétale Plèvre viscérale
Liquide pleural
Cl–
Poumon P Po o Molécules hydrophobes
La tens tension ens de surface élevée de l’eau fait adhérer des structtures les l unes aux autres. Le liquide pleural facilite l’adhésion des plèvres viscérale et pariétale, permettant ainsi aux poumons de suivre le mouvement de la cage thoracique et du diaphragme.
Les molécules d’eau repoussent les molécules non polaires ; c’est pourquoi des protéines sont requises pour le transport de ces substances dans l’organisme. Molécules amphipathiques Leur extrémité polaire se dissout et leur extrémité non polaire est repoussée.
Les molécules amphipathiques forment des barrières chimiques (p. ex., la membrane plasmique et les micelles).
pH neutre Le pH de l’eau est neutre. L’addition d’un acide ou d’une base modifie le pH des liquides corporels.
Alcalin
Acide
Chapitre 2 Les atomes, les ions et les molécules
libres dans la solution aqueuse FIGURE 2.15. L’ion H+ étant aussi appelé proton, les acides sont également dits donneurs de protons. L’équation de cette dissociation s’écrit de la açon suivante :
dissociations par milliard de molécules d’eau. Dans 1 L d’eau, cela représente environ 10−7 (1/10 000 000) mole d’ions (1 mole correspond à 6,022 × 1023 molécules). À l’occasion de cette dissociation, une molécule d’eau brisera une liaison pour ormer deux ions : H+ et OH−. En eet, la molécule d’eau peut perdre un ion hydrogène (H+) qui ira se lier à une autre molécule d’eau, qui devient alors un ion H3O+. L’atome d’hydrogène possède un électron. L’ion H+ qui s’est dissocié de la molécule d’eau se retrouve sans son électron, ce dernier étant resté associé à la molécule d’eau. Il manque donc à cette dernière un ion hydrogène dont elle a touteois conservé l’électron. Elle devient, par conséquent, un ion hydroxyde (OH−). La réaction de dissociation s’écrit de la açon suivante :
HCl
H2O + H2O → H3O+ + OH−
NaOH NaOH en solution
Les acides et les bases
Un acide est une matière qui se dissocie dans une solution pour libérer un cation H+. L’acide augmente donc la concentration des H+
Concentration en H+
H+ H+
H+
H+
H+
H+
H+
H+
H+
H+
H+
H+
H
H+
OH− + H+ →
libère OH−
capte un H+
H 2O orme de l’eau
Exemples
0 1
Acide chlorhydrique (HCl) : 1
10–2
2
Jus de citron, acide gastrique : 2-3
10–3
3
Vin : 2,4-3,5
10–4
4
Jus de pamplemousse : 3
10–5
5
Acide
10–6
6
Neutre
10–7
7
Jus de tomate : 4,7 Urine : 6 Lait, salive : 6,3-6,6 Eau pure : 7
Basique
10–8
8
Sang humain : 7,4
10–9
9
Eau de mer : 8
10–10
10
Antiacide : 10,5
10–11
11
Ammoniaque domestique : 10,5-11,0
10–12
12
Eau de Javel domestique : 12
10–13
13
10–14
14
OH –
H > [H +] augmente pH baisse
H + < OH – [H+] baisse pH augmente H+
cation
10–1
H+
H+
+ OH− ;
NH4+
100
H+
+
Na+ cation
pH
❯ L’échelle des pH mesure
+
→
capte un
→ H+
Les bases ortes, par exemple l’hydroxyde de sodium (NaOH), absorbent plus d’ions H+ que les bases aibles et appauvrissent donc considérablement les solutions en ions H+. L’eau de Javel est une base orte, qui est très efcace comme désinectant, car les microorganismes sont détruits par les bases ortes. Les bases aibles absorbent peu d’ions H+ et en laissent donc un nombre
Expliquer la diérence entre un acide et une base.
H+
Anion
H+
base (dans l’eau)
20. Expliquez pourquoi l’eau est neutre.
la concentration relative des ions H+ et OH − dans les solutions aqueuses. Les solutions neutres possèdent une quantité égale d’ions H+ et d’ions OH − ; les solutions acides possèdent plus d’ions H + que d’ions OH− ; et les solutions basiques possèdent moins d’ions H+ que d’ions OH −. La fgure donne des exemples de solutions courantes pour les diérents pH.
+
NH3
Vérifiez vos connaissances
FIGURE 2.15
Cl−
À l’inverse, les bases attirent les ions H+ quand ils sont ajoutés à une solution aqueuse : ce sont des accepteurs de protons. Les bases ont baisser le nombre des ions H+ libres dans les solutions. La réaction chimique s’écrit de la açon suivante :
La dissociation de l’eau produit un nombre égal d’ions hydrogène à charge positive (H+) et d’ions hydroxyde à charge négative (OH−). La charge nette de l’eau est donc nulle et, par conséquent, l’eau est neutre.
pH
libère un
H+
Les acides orts dans l’eau se dissocient acilement, libérant un nombre plus élevé de protons H+. Par exemple, l’acide chlorhydrique (HCl) sécrété par les cellules tapissant l’estomac est un acide ort qui libérera plusieurs protons dans le suc gastrique. Les acides aibles, par exemple l’acide carbonique (H 2CO3) du sang, se dissocient de açon moins marquée, c’est-à-dire qu’une partie des molécules resteront sous la orme H2CO3, alors que d’autres se dissocieront pour libérer des ions H+. Comme une raction des molécules ne se dissociera pas, moins de protons seront libérés. La solution sera alors moins acide.
ou sous orme plus complexe :
2
+
H+
→
acide (dans l’eau)
H2O → H+ + OH−
2.6.2
55
Hydroxyde de sodium (NaOH) : 14
56 Partie I L’organisation du corps humain
plus élevé dans les solutions aqueuses. Le bicarbonate (HCO3−) est l’une des bases aibles les plus importantes du corps humain. Il circule dans le fux sanguin et se trouve également dans les sécrétions que le pancréas expulse vers l’intestin grêle.
Vérifiez vos connaissances 21. Comment se nomment les matières qui libèrent
À votre avis 6. Si l’acide gastrique possède un pH égal à 2, quel est
le ratio entre son acidité et celle de l’eau, qui a un pH de 7 ? Qu’arriverait-il à l’estomac s’il ne disposait pas d’une bonne protection contre les eets de l’acide chlorhydrique ?
des ions H+ quand elles sont ajoutées à l’eau ?
2.6.3.1 La neutralisation
2.6.3
Le pH, la neutralisation et l’action des tampons
3
Défnir le pH et expliquer la valeur relative du pH des acides et des bases.
4
Expliquer le terme neutralisation et décrire le processus de neutralisation d’un acide et d’une base.
5
Décrire l’action des tampons.
Le pH d’une solution mesure sa teneur relative en ions hydrogène (H+). Il s’exprime sous la orme d’un chire compris entre 0 et 14. Une solution est neutre lorsque la concentration en H+ est équivalente à celle de la concentration en ions hydroxyde (OH−). Le pH se situe alors à une valeur de 7. Si la concentration en H+ est plus grande que celle en OH−, la solution est alors acide, et la valeur du pH est inérieure à 7. Inversement, si la concentration en H+ est plus aible que celle en OH−, la solution est basique, et la valeur du pH est supérieure à 7. Le calcul de la valeur du pH correspond au logarithme négati de la concentration en ions hydrogène [H+] : pH = −log [H+] L’eau se dissocie spontanément pour produire 10−7 mole d’ions H+ et OH− par litre. En indiquant cette concentration d’ions H+ dans la ormule qui vient d’être donnée pour le calcul du pH, on obtient un pH de l’eau égal à 7. Lorsque la concentration d’ions H+ augmente, la solution devient plus acide. La valeur du pH va diminuer. En eet, toute diminution du pH d’une unité (p. ex., s’il passe de 7 à 6) correspond à une multiplication par 10 de la concentration en ions hydrogène [H+]. Par conséquent, une solution à pH 6 possède une concentration en ions hydrogène [H+] 10 ois supérieure à celle de l’eau pure (pH 7). Inversement, la baisse de la concentration d’ions H+ (p. ex., quand elle passe de 10−8 à 10−9) ait augmenter le pH qui passerait de 8 à 9. Toute augmentation du pH d’une unité correspond à une division par 10 de la concentration en ions hydrogène [H+]. Par conséquent, la concentration en ions hydrogène [H+] et le pH sont inversement liés.
INTÉGRATION
STRATÉGIES D’APPRENTISSAGE
La concentration en ions hydrogène [H+] et le pH sont inversement liés. Solutions acides : ↑ de [H+] = ↓ du pH Solutions basiques (ou alcalines) : ↓ de [H+] = ↑ du pH
La neutralisation ramène une solution acide ou basique à la neutralité (pH 7). Pour neutraliser une solution acide, il aut lui incorporer une base ; à l’inverse, pour neutraliser une solution basique, il aut lui incorporer un acide. Par conséquent, les médicaments qui neutralisent l’acide gastrique doivent nécessairement contenir une base.
2.6.3.2 Les tampons Un tampon est composé d’un acide aible et de sa base conjuguée aible (p. ex., H2CO3/HCO3−) qui empêchent partiellement ou complètement les variations de pH au moment de l’incorporation d’un acide ou d’une base à la solution. Selon le cas, il attire les H+ de l’acide ou libère des H+ pour neutraliser la base. Tous deux présents dans le fux sanguin, l’acide carbonique (H2CO3), qui est un acide aible, et le bicarbonate (HCO3−), qui est une base aible, servent de tampons pour maintenir le pH du sang à un niveau acceptable, soit entre 7,35 et 7,45 (voir la section 25.5).
Vérifiez vos connaissances 22. Quelle relation générale peut être observée entre
la concentration en ions hydrogène [H+] et le pH ? 23. Pourquoi les tampons sont-ils si importants dans
l’organisme ? Quels sont les mécanismes par les quels ils stabilisent le pH ?
INTÉGRATION
STRATÉGIES D’APPRENTISSAGE
Les tampons sont en quelque sorte des éponges à H+. En présence d’un acide, ils absorbent les H+ ; en présence d’une base, ils les libèrent. Dans un cas comme dans l’autre, ils maintiennent la teneur en H+ dans la solution et, par conséquent, stabilisent son pH.
2.7
Les mélanges aqueux
Les mélanges se caractérisent par le ait qu’ils combinent plusieurs matières. Ils possèdent notamment les deux propriétés suivantes : 1) les matières ne subissent aucune modication chimique du ait du mélange ; 2) elles peuvent être séparées par des moyens physiques, par exemple l’évaporation ou la ltration. Les mélanges aqueux (préparés à partir d’eau) sont classés en trois catégories, et la concentration des solutions peut s’exprimer de diérentes manières.
Chapitre 2 Les atomes, les ions et les molécules
2.7.1
Les différents types de mélanges aqueux
1
Comparer les trois types de mélanges aqueux en soulignant leurs diérences.
2
Expliquer ce qui distingue l’émulsion des autres mélanges.
l’agar-agar (utilisé comme milieu de culture dans les laboratoires de microbiologie). Le corps humain contient plusieurs colloïdes ormés en général de protéines, notamment le cytosol des cellules et le plasma sanguin. Dans l’alimentation, une gelée aite à partir de gélatine peut aussi être considérée comme un colloïde.
Les mélanges aqueux se répartissent en trois catégories selon la taille des matières mélangées à l’eau : les suspensions, les colloïdes et les solutions FIGURE 2.16A. • Les suspensions. Les suspensions se composent de particules de plus de 100 nanomètres (nm), soit 10−9 m, mélangées à de l’eau. Contrairement au colloïde et à la solution, la suspension se dissocie au repos : pour en mélanger les composants, il aut l’agiter. Tant que leurs particules fottent dans le liquide, les suspensions sont opaques ou troubles. Elles redeviennent translucides une ois leurs particules déposées au ond. Voici des exemples de suspensions : du sable dans l’eau et les cellules sanguines dans le plasma (partie liquide du sang). • Les colloïdes. Un colloïde est un mélange aqueux de mo lécules dont la taille est comprise entre 1 et 100 nm. Contrairement aux suspensions, les particules ne se dissocient pas au repos. Certains colloïdes présentent en outre une caractéristique intéressante : ils sont gélatineux au repos et à température raîche, mais ils se liquéent lorsqu’ils sont chaués. C’est le cas, par exemple, de la gélatine et de
• Les solutions. Une solution est un mélange homogène dont les particules, mesurant moins de 1 nm, se dissolvent dans l’eau. Dans ce cas, l’eau est le solvant, et les matières dissoutes orment les solutés. Par exemple, l’eau salée et l’eau sucrée sont des solutions. Les solutés des solutions étant très petits, ces mélanges présentent les caractéristiques suivantes : les solutés ne sont pas visibles, ne renvoient pas la lumière et ne se déposent pas quand la solution est au repos. Le plasma sanguin (considéré comme un colloïde par la présence de protéines plasmatiques) est aussi une solution corporelle ; il contient des sels, du glucose, des ions HCO3− et d’autres matières non protéiques dissoutes. Les mélanges ormés d’eau et d’une matière liquide non polaire (hydrophobe), par exemple l’huile végétale, comportent deux phases : l’une aqueuse, l’autre huileuse. Lorsqu’il est agité, le liquide hydrophobe se sépare en nes gouttelettes en suspension dans l’eau. Ce mélange est appelé émulsion. Il n’est touteois pas stable, les deux matières nissant par se séparer. L’ajout d’un agent émulsiant au mélange permet de stabiliser l’émulsion, qui s’apparente alors davantage à un colloïde (voir la fgure 2.16B).
Mélanges Suspension
Émulsion
Colloïde
Sang
Solution Boisson gazeuse
Gélatine
Huile et eau
Huile
Plasma Leucocytes et thrombocytes
En mouvement ou en présence d’un agent émulsifiant
Érythrocytes
En mouvement Au repos Les cellules ou solutés volumineux renvoient la lumière et se déposent quand le mélange est au repos.
57
De plus petits solutés ne se déposent pas au repos.
Les solutés les plus petits ne renvoient pas la lumière et ne se déposent pas.
A.
Eau
Au repos
Une matière polarisée (eau) et une matière non polarisée (huile) forment une suspension (appelée émulsion) quand elles sont agitées. La présence d’un agent émulsifiant permet de stabiliser l’émulsion. B.
FIGURE 2.16 Mélanges et émulsions
❯ A. Les mélanges se répartissent en trois catégories : les suspensions, les colloïdes et les solutions. B. Un mélange composé d’eau (ou d’une autre matière polarisée) et d’un liquide non polaire (p. ex., l’huile végétale) orme une suspension appelée émulsion
quand les deux liquides sont agités. L’ajout d’un agent émulsifant permet le mélange permanent des deux phases (aqueuse et huileuse). L’émulsion est un type de colloïde.
58 Partie I L’organisation du corps humain
masse/volume. Par exemple, il y a environ 70 g de protéines dans 1 L de sang, donc 70 g/L. Le pourcentage de masse/volume est le nombre de grammes de soluté présents dans 100 millilitres (ml) de solution. Par exemple, la concentration des solutions intraveineuses peut être de 0,9 %, c’est-à-dire 0,9 g de soluté pour 100 ml de solution.
INTÉGRATION LIENS ENTRE LES CONCEPTS Le sang répond à la caractérisation des trois types de mélanges : la suspension, le colloïde et la solution. Le sang est une suspension d’objets solides dans le plasma, notamment des érythrocytes (globules rouges), des leucocytes (globules blancs) et des thrombocytes (plaquettes) (voir la section 18.1). En dehors du corps, ces matières se dissocient du plasma. Le sang est également un colloïde de protéines (p. ex., l’albumine) dissoutes dans le plasma, qui contribue à rendre le sang plus visqueux que de l’eau. Enfn, c’est une solution d’ions (p. ex., Na+, K+ et Ca2+) et de molécules (p. ex., le glucose et les acides aminés) dissous dans le plasma (voir la section 18.2).
La molarité (ou concentration molaire) est le nombre de moles de soluté par litre (L) de solution. L’unité de mesure, appelée molaire (M), correspond à 1 mole par litre (mol/L), et la valeur de 1 mole s’établit à 6,022 × 1023 molécules. Pour connaître le poids de 1 mole de molécule, il suft d’additionner la masse atomique (indiquée dans le tableau périodique) de chacun des atomes de la molécule. Par exemple, pour obtenir une solution de glucose de 1 mol/L, il aut déposer le nombre de grammes de la masse atomique du glucose (qui correspond à 180,10 g) dans un contenant, puis ajouter sufsamment d’eau pour obtenir 1 L de solution.
Vérifiez vos connaissances 24. Au repos, les érythrocytes se déposent au ond
des tubes de prélèvement sanguin. Selon cette seule observation, comment qualiferiez-vous le sang : est-ce une suspension, un colloïde ou une solution ? 25. Pourquoi le sang appartient-il aussi aux deux autres
catégories de mélanges aqueux ?
2.7.2
3
Les expressions de la concentration des solutions
Présenter les diérentes manières d’exprimer la concentration des solutés dans une solution.
La concentration d’une solution est déterminée par la quantité des solutés qui y sont dissous. Elle peut s’exprimer de diérentes manières, notamment en masse/volume (g/L), en pourcentage de masse/volume ( % = g/100 ml), en molarité (mol/L) et en molalité (mol/kg). Le TABLEAU 2.2 récapitule les diérentes méthodes utilisées pour exprimer la concentration des solutions ; pour chacune d’elles, l’unité de mesure et des exemples sont donnés. La masse/volume est la masse de soluté par volume de solution. Les résultats des tests sanguins s’expriment généralement en
TABLEAU 2.2
La molalité est le nombre de moles de soluté par kilogramme de solvant. Une solution de glucose présentant une molalité égale à 1 s’obtient par le dépôt de 180,10 g de glucose dans un contenant et l’ajout de 1 kg d’eau. La molarité et la molalité sont globalement interchangeables lorsque le solvant est de l’eau ; il convient néanmoins de savoir que c’est à 4 °C que les deux valeurs sont les plus près. En eet, le volume de l’eau change en onction de sa température. À 4 °C, 1 L d’eau pèse exactement 1 kg. Par contre, si la température de l’eau augmente, 1 L d’eau aura un poids un peu plus léger, car chaque molécule prend de l’expansion. Pour un même volume, il reste alors moins de molécules. La molarité d’une solution peut donc changer en onction de la température, contrairement à la molalité qui, elle, s’exprime en onction de la masse. La molalité est une mesure légèrement plus exacte, mais comme elle est plus difcile à mesurer dans le corps humain, la molarité est plus couramment employée.
2.7.2.1 Les osmoles, l’osmolarité et l’osmolalité L’osmole est l’unité de mesure du nombre de particules dans un volume de solution. Lorsqu’une molécule est mise en solution, elle peut parois se dissocier et libérer deux ou plusieurs particules. Par exemple, une molécule de NaCl se divise en deux particules diérentes lorsqu’elle est en solution (Na+ et Cl−). Une solution de NaCl de 1 mole par litre (mole/L) équivaut aussi à une solution de
Expressions de la concentration des solutions
Concentration de la solution
Expression
Unités de mesure
Exemple
Masse/volume
Masse de soluté par volume de solution
g/L
• La concentration normale d’albumine dans le sang varie de 32 à 50 g/L.
Pourcentage de masse/volume
Grammes de soluté pour 100 millilitres de solution
g/100 ml
• La solution intraveineuse de dextrose 5 % dans l’eau (D5E) présente une concentration de 5 g de dextrose (glucose) pour 100 ml de solution. • La solution physiologique saline 0,9 % de NaCl contient 0,9 g de NaCl pour 100 ml de solution.
Molarité
Moles de soluté par litre de solution
mol/L et mmol/L
• La concentration molaire normale de glucose dans le sang varie de 3,5 à 6,0 mmol/L.
Molalité
Moles de soluté par kilogramme de solvant
mol/kg
• Pour aire une solution de 0,164 mol/kg, il aut mettre 0,164 mol de soluté dans 1 kg de solvant.
kg = kilogramme ; g = gramme ; L = litre ; ml = millilitre ; mol = mole ; mmol = millimole
Chapitre 2 Les atomes, les ions et les molécules
NaCl de 2 osmoles par litre (Osm/L). Quand la molécule ajoutée à une solution ne se dissocie pas, la particule initiale reste la même. Le nombre de moles et d’osmoles est alors identique. C’est notamment le cas du glucose, des protéines ou des acides aminés placés en milieu aqueux. Dans une solution de glucose de 1 mol/L, cette même solution a 1 osmole de soluté, et son osmolarité est à 1 Osm/L. Le nombre d’osmoles permet de prévoir le déplacement d’eau par osmose, car une solution comprenant une plus grande quantité de particules attire davantage l’eau (voir la section 4.3.2). Tout comme le nombre de moles peut déterminer la molarité et la molalité d’une solution, les osmoles peuvent établir l’osmolarité ou l’osmolalité. L’osmolarité est le nombre d’osmoles contenues dans 1 L de solution ; l’osmolalité est le nombre d’osmoles contenues dans 1 kg d’eau.
À votre avis 7. Quelle serait la concentration d’une solution de 1 mol/L
de CaCl2 exprimée en osmoles ?
2.7.2.2 Les moles et la masse moléculaire La molarité et la molalité reposent sur le nombre de particules contenues dans des unités appelées moles (voir le tableau 2.2). La valeur de 1 mole s’établit à 6,022 × 1023 atomes, ions ou molécules. Ce nombre de particules peut sembler considérable, mais il aut se rappeler que ces particules sont minuscules. La masse (exprimée en grammes) de 1 mole d’un élément ou d’un composé est égale à la masse atomique pour cet élément ou à la masse moléculaire pour ce composé. Par exemple, 1 mole de carbone pèse 12,01 g. La masse moléculaire se détermine à partir de la ormule moléculaire du composé et de la masse atomique de chacun des atomes qui le constituent. Pour établir la masse moléculaire d’un composé, il suft de multiplier le nombre d’unités de chacun de ses atomes constitutis par sa masse atomique, puis d’additionner ces sous-totaux entre eux. Ainsi, la masse moléculaire du glucose (C6H12O6) se calcule de la açon suivante : 6 atomes de carbone × 12,01 uma 12 atomes d’hydrogène × 1,008 uma 6 atomes d’oxygène × 15,99 uma masse moléculaire
= = = =
72,06 uma 12,10 uma 95,94 uma 180,10 uma
Par conséquent, 1 mole de glucose (C6H12O6) pèse 180,10 g (sous réserve de quelques variations attribuables aux isotopes).
Vérifiez vos connaissances 26. Quelles sont les quatre manières possibles d’exprimer
la concentration d’une solution ?
2.8
Les biomolécules organiques
Il existe quatre catégories de biomolécules organiques dans les systèmes vivants : les lipides, les glucides, les acides nucléiques et les protéines. Dans cette section, les similitudes entre ces quatre catégories seront étudiées, puis chacune d’elles sera décrite en détail.
2.8.1
59
Les caractéristiques générales
1
Distinguer une molécule organique d’une molécule inorganique.
2
Décrire la composition chimique des biomolécules organiques dans ses grandes lignes.
3
Défnir le monomère et le polymère.
4
Expliquer le rôle de l’eau dans les réactions de déshydratation et d’hydrolyse qui altèrent les biomolécules organiques.
Les molécules organiques contiennent du carbone. La plupart des molécules organiques appartiennent à des organismes vivants ou ont été sécrétées par eux. Toutes les autres molécules sont des molécules inorganiques, notamment l’eau, les sels (p. ex., le chlorure de sodium), les acides (p. ex., l’acide carbonique) et les bases (p. ex., l’hydroxyde de sodium).
2.8.1.1 La composition chimique Les biomolécules organiques contiennent toujours du carbone et de l’hydrogène, et très souvent de l’oxygène. Certaines peuvent également contenir un ou plusieurs des éléments suivants : azote (N), phosphore (P), soure (S). Tous ces éléments (à l’exception de l’hydrogène) sont classés à droite du tableau périodique (voir la fgure 2.1A). Le composant carboné des biomolécules organiques peut se réduire à un seul atome de carbone ou se déployer en une multitude d’atomes de carbone organisés en squelette carboné. Les squelettes carbonés sont structurés en chaînes linéaires, ramifées ou cycliques (voir la fgure 2.9). Dans certaines biomolécules organiques, l’unique atome de carbone ou le squelette carboné est lié uniquement à des atomes d’hydrogène. Ces molécules constituent donc une catégorie plus précise : les hydrocarbures. Ce sont des molécules non polarisées, car elles ne contiennent que des liaisons C—C et C—H. Par conséquent, les hydrocarbures sont hydrophobes et insolubles dans l’eau. Le méthane (CH4), qui est un gaz, appartient à la amille des hydrocarbures. Dans d’autres biomolécules organiques, par contre, l’unique atome de carbone ou le squelette carboné peut être lié à un ou plusieurs groupements onctionnels, c’est-à-dire un ou plusieurs ensembles d’atomes présentant des caractéristiques particulières. Certains groupements onctionnels sont très courants, notamment les hydroxyles (—OH), les amines (—NH 2) et les acides carboxyliques (—COOH). Presque tous les groupements onctionnels sont polarisés et peuvent établir des liaisons hydrogène, augmentant ainsi la solubilité de la biomolécule dans l’eau. En outre, certains groupements onctionnels peuvent se comporter comme des acides et libérer des ions H+ (p. ex., les acides carboxyliques), tandis que d’autres se comportent comme des bases en liant les ions H+ (p. ex., les amines). Les biomolécules organiques qui contiennent des groupements onctionnels en possèdent généralement plusieurs. La FIGURE 2.17 présente certains des groupements onctionnels les plus importants.
60 Partie I L’organisation du corps humain
Groupement fonctionnel
Formule développée
Propriétés
Molécules représentatives
Diagramme structural d’une molécule de la catégorie CH2OH
• Est une molécule polaire. • Forme des liaisons hydrogène. • Accroît la solubilité des molécules dans l’eau.
OH
Hydroxyle
• Glucides • Protéines • Acides nucléiques • Lipides
H C HO
C
O
H OH
H
C
C
H
• Est une molécule polaire. • Forme des liaisons hydrogène. • Accroît la solubilité des molécules dans l’eau.
O Carbonyle
C
C OH
• Est une molécule polaire. • Forme des liaisons hydrogène. • Accroît la solubilité des molécules dans l’eau. • Se comporte comme une base.
H N
Amine
H
O Phosphate
O
P
O –
O
–
• Est une molécule polaire. • Forme des liaisons hydrogène. • Accroît la solubilité des molécules dans l’eau. • Établit des liaisons phosphodiester dans les molécules d’acide désoxyribonucléique (ADN) ou d’acide ribonucléique (ARN). • Se comporte comme un acide (dans cette illustration, avec libération d’hydrogène).
C OH
OH Glucose
H
H
O
C
C
H
H Acétaldéhyde
• Est une molécule polaire. • Forme des liaisons hydrogène. • Protéines • Accroît la solubilité des • Lipides molécules dans l’eau. • Se comporte comme un acide.
O
Acide carboxylique
• Glucides • Acides nucléiques
H
O
H H H H H H H H H H H H H H H H H C C C C C C C C C C C C C C C C C C H
HO
H H H H H H H H H H H H H H H H H Acide gras
H
• Protéines • Acides nucléiques
N H
H
O
C
C
OH
CH3 Alanine
NH2 N HC • Acides nucléiques • Phospholipides • Adénosine triphosphate (ATP)
N
C
C C
N CH
N
O H2C
O
O
O O
P O–
P O–
O O
P
O–
O–
C
C H C OH
C
H
OH ATP
NH2 Sulfhydryle
S
H
• Établit des ponts disulfure.
• Protéines
H
O
C
C
OH
CH2 S H Cystéine
FIGURE 2.17 Molécules contenant des groupements fonctionnels
❯
Quand ils sont liés à un squelette carboné, les groupements fonctionnels changent les propriétés chimiques des molécules. En particulier, la plupart
des groupements fonctionnels augmentent la polarité de la molécule à laquelle ils sont attachés.
Chapitre 2 Les atomes, les ions et les molécules
2.8.1.2 Les polymères De nombreuses biomolécules cruciales pour le onctionnement des organismes vivants sont des polymères. Les polymères sont des molécules composées de sous-unités appelées monomères ; tous ces monomères, qui se répè tent, ont des structures chimiques similaires. Les glucides, les acides nucléiques et les protéines sont des polymères, mais pas les lipides. Les monomères des glucides sont les monosaccharides, ceux des acides nucléi ques sont les nucléotides et ceux des protéines sont les acides aminés.
2.8.1.3 Les processus de la déshydratation
et de l’hydrolyse La synthèse des biomolécules complexes se ait par un processus appelé déshydratation ; leur décomposition s’eectue par hydrolyse. Au cours de la synthèse d’une molécule complexe à partir de sous-unités plus simples, une sousunité perd une liaison —H, tandis qu’une autre perd une liaison —OH. La nouvelle liaison covalente qui s’établit ainsi génère une molécule d’eau. Cette réaction s’appelle la synthèse par déshydratation (dés = enlever, hydro = eau) ou condensation, car les structures présentes à l’origine perdent collectivement l’équivalent d’une molécule d’eau FIGURE 2.18. À l’inverse, durant l’hydrolyse, une molécule d’eau se scinde en deux afn de briser une liaison covalente d’une molécule. Une liaison —H se crée sur un des monomères libérés, et une liaison —OH se crée sur l’autre monomère, ce qui détruit la liaison covalente initiale qui unissait les monomères. Tout se passe comme si l’eau digérait la molécule : c’est l’hydrolyse (hydro = eau, lusis = dissolution). Des exemples de ces deux types de réactions sont analysés dans les sections suivantes.
INTÉGRATION
STRATÉGIES D’APPRENTISSAGE
Les polymères ressemblent à des colliers : soit des colliers de perles dont toutes les sous-unités sont identiques, soit des colliers à breloques dont chacune des sous-unités dière légèrement des autres. Dans un cas comme dans l’autre, les sous-unités chimiques sont liées les unes aux autres pour ormer une structure cohérente : le polymère.
Vérifiez vos connaissances 27. De la même açon dont vous avez surligné les ions
les plus courants dans la classifcation périodique des éléments, surlignez (dans une couleur diérente) les six éléments les plus courants dans les biomolé cules organiques. 28. Quels sont les groupements onctionnels qui peuvent
se comporter comme des acides ? 29. Qu’est-ce qu’un polymère ? Nommez trois bio -
molécules qui sont des polymères, en précisant les monomères qui les composent.
Déshydratation
Hydrolyse
H2O
H2O
OH
H
Synthèse
A.
61
Dégradation (digestion)
OH
H
B.
FIGURE 2.18 Déshydratation et hydrolyse
❯ A. La synthèse par déshydra tation permet à des composants plus simples de s’associer en molécules complexes en libérant des molécules d’eau. B. L’hydrolyse est la dégradation (ou digestion) d’une molécule complexe par intégration de molécules d’eau pour ormer des composants plus simples.
2.8.2
Les lipides
5
Décrire les caractéristiques générales des lipides.
6
Défnir les quatre catégories de lipides et leurs onctions physiologiques.
Les lipides sont les seules biomolécules non polymères : ils ne se composent pas de monomères qui se répètent. Ils constituent plutôt un groupe très diversifé de composés gras complètement ou partiellement insolubles dans l’eau (hydrophobes et amphipathiques). Ils ont ofce de réserves nutritionnelles, de matériaux de construction pour les membranes cellulaires et d’hormones. Les lipides se répartissent en quatre catégories principales : les triglycérides (ou triacylglycérols), les phospholipides, les stéroïdes et les éicosanoïdes. Le TABLEAU 2.3 récapitule ces quatre catégories.
2.8.2.1 Les triglycérides : des réserves d’énergie Les triglycérides (tri = trois), ou triacylglycérols, sont les lipides les plus répandus dans les organismes vivants. Ils permettent l’entreposage de l’énergie à long terme dans les tissus adipeux et participent au soutien structural, à l’amortissement des chocs et à l’isolation thermique du corps (voir la section 5.3). Ainsi, les tissus adipeux proonds de l’abdomen constituent des réserves d’énergie à long terme et aident l’abdomen à conserver sa chaleur. Les tissus conjonctis adipeux situés derrière l’œil protègent le globe oculaire dans l’orbite osseuse comme un coussin antichoc. Les triglycérides se composent d’une molécule de glycérol et de trois acides gras. Le glycérol est une molécule à trois atomes de carbone, chacun d’eux étant lié à un groupement onctionnel hydroxyle. Les acides gras se composent d’une longue chaîne d’hydrocarbures et d’un groupement onctionnel acide carboxylique attaché à l’une de ses extrémités. Les triglycérides se orment à la aveur d’une synthèse par déshydratation au cours de laquelle le groupement acide
62 Partie I L’organisation du corps humain TABLEAU 2.3
Principales catégories de lipidesa
Structure
Description
Fonctions
• Ils se composent d’un glycérol et de trois acides gras. • Ces acides gras peuvent être saturés ou insaturés.
• Entreposage à long terme de l’énergie dans les tissus adipeux • Soutien structural, amortissement des chocs et isolation thermique du corps
• Ils se composent d’un glycérol, de deux acides gras et d’un groupement phosphate parois lié à un groupement organique. Le glycérol et le groupement phosphate (et le groupement organique, s’il y en a un) orment une tête polaire, tandis que les acides gras orment deux queues non polaires.
• Composant majoritaire des membranes (y compris la membrane plasmique, qui érige une barrière chimique entre l’intérieur et l’extérieur des cellules)
• Ils sont ormés de quatre cycles d’hydrocarbures et dièrent les uns des autres par les chaînes latérales partant de leurs cycles.
• Cholestérol entrant dans la composition des membranes cellulaires et constituant la molécule précurseur de la synthèse des autres stéroïdes • Hormones stéroïdiennes étant des molécules régulatrices sécrétées par des glandes endocrines • Sels biliaires responsables de l’émulsion des graisses dans le tube digesti
• Ces dérivés d’acides gras sont généralement ormés à partir de l’acide arachidonique (acide gras insaturé de 20 atomes de carbone).
• Molécules signaux à action locale intervenant dans tous les systèmes corporels, notamment dans la réaction infammatoire du système immunitaire et dans les communications à l’intérieur du système nerveux
Triglycérides O H H H H H H H H H H H H H H H H H
H H
O
C
C C C C C C C C C C C C C C C C C C H H H H H H H H H H H H H H H H H H O H H H H H H H H H H H H H H H H H H H
H
O
C
C C C C C C C C C C C C C C C C C C C C H H H H H H H H H H H H H H H H H H H H O H H H H H H H H H H H H H H H H H
H
O
C
C C C C C C C C C C C C C C C C C C H
H
H H H H H H H H H H H H H H H H H
Phospholipides N+(CH3)3 H
C
H
C OH
H
O O
P
H O
C
H
H H H H H H H H H O H H H H H H H
O H
C
O
C C C C C C C C C H
C C C C C C C C C
H H H H H H H H
H H H H H H H H O H H H H H H H H H H H H H H H H H H
C H
O
C C C C C C C C C C C C C C C C C C H H H H H H H H H H H H H H H H H H
Stéroïdes (cholestérol, hormones stéroïdiennes, sels biliaires)
H3 C
CH3 CH3
CH3 CH3
HO
Éicosanoïdes (prostaglandines, prostacyclines, thromboxanes, leucotriènes)
O COOH
HO
a
OH
Les glycolipides et les vitamines liposolubles sont également des lipides.
Chapitre 2 Les atomes, les ions et les molécules
eux par l’absence ou la présence de liaisons doubles entre les atomes de carbone de leur chaîne. L’acide gras est saturé s’il ne possède pas de liaisons doubles, c’est-à-dire si chacun de ses atomes de carbone est lié au nombre maximal d’atomes d’hydrogène qu’il peut accepter. L’acide gras est alors saturé en hydrogène. Les acides gras insaturés possèdent au moins une liaison double entre deux atomes de carbone adjacents et ils sont donc
carboxylique d’un acide gras perd une liaison —OH lorsqu’il se lie à un des trois groupements hydroxyle du glycérol. Ce dernier perd une liaison —H. Le —OH et le —H formeront une molécule d’eau FIGURE 2.19 . Les acides gras présentent des longueurs très diverses ; ils possèdent un nombre pair d’atomes de carbone généralement compris entre 14 et 20. Les acides gras se distinguent également entre
Groupements hydroxyle H H
C
e Triglycéride
Acide carboxylique O C
OH HO
63
H
H
H
H
H
H
H
H
H
H
H
H
H
H
H
H
H
C
C
C
C
C
C
C
C
C
C
C
C
C
C
C
C
C
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H
H
H
H2O O H
C
C
OH HO
H
H2O O H
C
C
OH HO
H
H
H2O Glycérol
Lipogenèse (par déshydratation)
A. H H
H
H
C
C
C H
O
O
O
Trois acides gras ; ils diffèrent par leur longueur et par le nombre, ainsi que par la nature des liaisons entre les atomes de carbone (acide gras saturé ou insaturé [cis ou trans]). O
H
H
H
H
H
H
H
H
H
H
H
H
H
H
H
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H
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C
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C
C
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O
H
H
H
H
H
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H
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C
C
C
C
C
C
C
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C
C
C
C
C
C
C
H
H
H
H
H
H
H
H
H
H
H
H
H
H
H
H
H
Lipolyse (par hydrolyse)
H
H
H
Triglycéride B.
FIGURE 2.19 Triglycérides
❯ A. Une molécule de glycérol et trois molécules d’acides gras. B. Une molécule de triglycéride. La lipogenèse s’effectue par un processus de synthèse par déshydratation : une molécule d’eau est éliminée au point d’arrimage de chacun des acides gras avec le
glycérol. La lipolyse est une réaction d’hydrolyse qui fait éclater la molécule de glycérol et les trois acides gras en greffant une molé cule d’eau au point de jonction de chacun des acides gras.
64 Partie I L’organisation du corps humain
insaturés en hydrogène. Parmi les acides gras insaturés, il existe deux conormations : cis et trans. Les acides gras trans ont une orme linéaire, alors que les acides gras cis ont une orme de ligne brisée FIGURE 2.20. Les triglycérides sont entreposés dans les tissus adipeux. Quand l’apport alimentaire excède les besoins énergétiques du corps, les tissus adipeux entreposent le surplus de triglycérides. La synthèse par déshydratation qui lie les acides gras au glycérol pour ormer les triglycérides s’appelle la lipogenèse (lipos = graisse, genesis = ormation). Quand l’organisme a besoin d’éléments nutritis, le tissu adipeux brise les molécules de triglycérides et libère les produits de cette dégradation dans le fux sanguin. Ce type particulier d’hydrolyse s’appelle la lipolyse (lusis = dissolution).
liée non pas à un acide gras, mais à un groupement phosphate polarisé. Ce dernier peut être attaché à diérents groupements organiques, notamment la choline, l’éthanolamine ou la sérine, qui est un acide aminé (voir le tableau 2.3). Le glycérol, le groupement phosphate et les groupements organiques sont polarisés et constituent la partie hydrophile (soluble dans l’eau) de la molécule : cette partie s’appelle la tête (polaire) hydrophile. Les deux molécules d’acide gras liées aux autres atomes de carbone du glycérol orment des extrémités hydrophobes (insolubles dans l’eau) appelées les queues (non polaires) hydrophobes.
2.8.2.3 Les stéroïdes : des structures cycliques
parfois hormonales
Les stéroïdes se composent essentiellement de quatre anneaux d’hydrocarbures disposés en une structure qui leur est propre. Ils se distinguent entre eux par les chaînes moléculaires atta2.8.2.2 Les phospholipides : un matériau de base chées à leurs anneaux. Le cholestérol, les hormones stéroïdes membranes diennes (p. ex., la testostérone, l’estrogène et la progestérone) Les phospholipides sont des molécules amphipathiques qui et les sels biliaires gurent notamment dans la amille des constituent la barrière chimique des membranes cellulaires. La stéroïdes. Le cholestérol est un composant des membranes structure chimique des phospholipides est similaire à celle des cellulaires animales qui assure la stabilité de ces dernières ; il triglycérides, à ceci près que l’une des extrémités du glycérol est est également le précurseur de la synthèse des autres stéroïdes. Le cholestérol est majoritairement synthétisé dans le oie à partir d’acétyl CoA ([acétylcoenzyme A] généralement issu HH HH HH HH HH HH HH HH de la dégradation des acides gras), mais il peut également provenir des produits d’origine animale qui sont ingérés, H C C C C C C C C COOH C C C C C C C C C par exemple la viande, les œus ou le lait. HH
HH
HH HH HH HH HH HH A. Acide stéarique, un acide gras saturé H H H H H H
HH H
HH
C
Les éicosanoïdes sont des acides gras modiés à 20 atomes de carbone et ils sont synthétisés au gré des besoins de l’organisme à partir de l’acide arachidonique, un composant très présent dans les membranes plasmiques (rontières de la cellule) et dans les enveloppes nucléaires (rontières du noyau). Le corps produit quatre catégories d’éicosanoïdes : les prostaglandines, les prostacyclines, les thromboxanes et les leucotriènes (voir la section 17.3.2). Ces molécules ont une action locale et ont oce de signaux dans tous les systèmes corporels. Elles interviennent notamment dans la réaction infammatoire du système immunitaire et dans les communications à l’intérieur du système nerveux.
H H
H H
H C H HHH C H
HH
C
à action locale
C C
C
2.8.2.4 Les éicosanoïdes : des hormones
COOH
C
C
HH
C
C
C
C
C
C
HH
HH
HH
HH
C
C
H
H
B. Acide oléique, un acide gras monoinsaturé cis
HH H
HH
C
HH
C
HH
C
HH
H
C
C
C
C
C
C
HH
HH
HH
HH
H
HH
C
C
2.8.2.5 Les autres lipides
HH
C
C
COOH
C
C
C
C
HH
HH
HH
HH
C. Acide élaïdique, un acide gras monoinsaturé trans
FIGURE 2.20 Acides gras saturés et insaturés (cis et trans) ❯ A. Acide stéarique, un acide gras saturé ; B. acide oléique, un acide gras monoinsaturé cis ; C. acide élaïdique, un acide gras monoinsaturé trans.
Les glycolipides sont également des lipides : ce sont des molécules lipidiques auxquelles sont liés des glucides. Ces molécules interviennent dans les membranes plasmiques et remplissent diérentes onctions ; elles permettent notamment les liaisons cellulaires indispensables à la ormation des tissus (voir la section 4.2). Les vitamines liposolubles (solubles dans un corps gras) sont également des lipides ; il s’agit des vitamines A, D, E et K (voir la section 27.1.2).
Vérifiez vos connaissances 30. D’une manière générale, les molécules lipidiques se
dissolvent-elles dans l’eau ? Justifez votre réponse.
Chapitre 2 Les atomes, les ions et les molécules
INTÉGRATION
APPLICATION CLINIQUE
Les acides gras : saturés et insaturés (cis et trans) Il existe trois types d’acides gras : saturés, insaturés cis et insaturés trans. Les acides gras sont formés d’une chaîne d’atomes de carbone. Lorsque ces atomes de carbone ont comblé leurs quatre liaisons possibles avec des atomes d’hydrogène, l’acide gras est dit saturé. Parfois, des atomes de carbone ont une liaison double entre eux. Ils sont donc insaturés en hydrogène. Les acides gras insaturés peuvent avoir deux conformations : cis et trans. Il existe très peu d’acides gras trans dans la nature ; ils sont plutôt présents dans les aliments transformés. C’est pour cette raison que les acides gras insaturés sont souvent associés uniquement aux acides gras cis. Selon le nombre de liaisons doubles, les termes monoinsaturé et polyinsaturé sont utilisés. La plupart des graisses naturelles d’origine animale sont composées de gras saturés ; par contre, la plupart des graisses naturelles d’origine végétale (à l’exception des huiles tropicales de palme et de coco) sont composées de gras insaturés cis. Les gras insaturés présents dans les huiles peuvent être transformés en gras saturés par hydrogénation totale, processus par lequel l’huile est soumise à une haute pression et à une haute température pour devenir un corps gras solide (p. ex., la
2.8.3
65
margarine). Lorsque l’hydrogénation est partielle, des acides gras insaturés trans peuvent se former. Les gras trans ont une conformation semblable aux gras saturés et ont un effet semblable sur le métabolisme du cholestérol : ils augmentent le mauvais cholestérol (LDL), soit celui qui contribue à augmenter les risques d’être atteint d’athérosclérose et d’autres maladies cardiovasculaires. De plus, les gras trans vont aussi diminuer le bon cholestérol (HDL). La majorité des aliments transformés risquent de contenir des acides gras trans. Depuis juin 2007, Santé Canada (2009) incite fortement l’industrie alimentaire canadienne à limiter à moins de 5 % de la quantité totale de lipides la teneur en gras trans de leurs aliments. Les gras cis sont plus recommandables pour la santé : ils augmentent le bon cholestérol et réduisent ainsi les risques de souffrir de maladies cardiovasculaires. C’est la raison pour laquelle les diététistes recommandent d’utiliser l’huile d’olive (riches en acides gras insaturés cis) plutôt que le beurre (riches en acides gras saturés) en cuisine (ConseilsNutrition.tv, 2013a et b). Parmi les acides gras cis se trouve la famille des omégas qui sont présents dans les poissons et les huiles d’origine végétale.
Les glucides
7
Caractériser les glucides.
8
Expliquer le lien entre le glucose et le glycogène.
9
Nommer d’autres glucides présents dans les systèmes vivants.
Les glucides étaient autreois appelés hydrates de carbone, car, pour chaque molécule de carbone, on retrouve deux H et un O (donc, un H2O pour chaque carbone). Dans les glucides, presque tous les atomes de carbone sont liés à l’équivalent d’une molécule d’eau, c’est-à-dire à un atome d’hydrogène (—H) et à un groupement hydroxyle (—OH). La ormule chimique générale des glucides est la suivante : (CH2O)n, où n est égal au nombre d’atomes de carbone dans la molécule. Les glucides les moins complexes sont des sucres simples, les monosaccharides. Par exemple, le glucose est un monosaccharide. Tous les monosaccharides comptent entre trois et sept atomes de carbone, et ils sont les monomères (unités de base) qui orment les disaccharides et les polysaccharides. Les glucides ormés de deux monosaccharides s’appellent des disaccharides (p. ex., le lactose) ; ceux qui comptent plus de deux monosaccharides sont les polysaccharides (p. ex., l’amidon).
2.8.3.1 Le glucose et le glycogène Le glucose est un hexose (glucide à six atomes de carbone) ; il est le monosaccharide le plus répandu dans le monde vivant. La FIGURE 2.21 présente la structure cyclique du glucose. Principale source énergétique des cellules, le glucose s’avère crucial pour tous les processus vitaux. Par exemple, le cerveau et les autres tissus nerveux tirent presque exclusivement toute leur énergie des
Glycogenèse
CH2OH C
O
H OH
H
C
C
H
OH
H C HO
H C OH Glycogénolyse
A. Glucose
B. Glycogène
FIGURE 2.21 Glucose et glycogène
❯ A. Le glucose est généralement représenté sous la forme d’un hexagone. B. Le glycogène est un polysaccharide composé de nombreuses molécules de glucose.
molécules de glucose. La concentration sanguine du glucose doit être maintenue dans des limites précises par homéostasie (voir la section 1.5) pour garantir un approvisionnement énergétique continu correspondant aux besoins de l’activité cellulaire. Pour stabiliser cet apport énergétique, le corps entrepose le glucose excédentaire tout de suite après l’ingestion de nourriture. Le oie et les muscles squelettiques absorbent l’excès de glucose, puis lient les molécules de glucose pour ormer un polysaccharide, le glycogène, par glycogenèse. La fgure 2.21B illustre la molécule
66 Partie I L’organisation du corps humain
du glycogène ainsi ormée ; bien qu’elle ne montre que quelques molécules de glucose, les molécules de glycogène peuvent en contenir plusieurs milliers.
sucrose est donc ormé d’un glucose et d’un ructose ; le lactose, d’un glucose et d’un galactose ; et le maltose, de deux glucoses. Les polysaccharides comptent au moins trois molécules de sucre. Le polysaccharide le plus courant chez les animaux est le glycogène. Il constitue la réserve de glucose dans le oie et les muscles squelettiques, permettant le maintien de la glycémie. Les polysaccharides végétaux sont notamment l’amidon et la cellulose, tous deux composés d’une série de molécules de glucose. L’amidon des plantes constitue une source alimentaire importante de glucose pour les êtres humains. Il est notamment présent dans les pommes de terre et les céréales, mais aussi dans de nombreux autres aliments végétaux. Le glucose ormé par la dégradation de l’amidon dans le système digesti est absorbé dans le sang. La cellulose, qui est un polysaccharide structural des parois cellulaires végétales, est une bre indigestible présente particulièrement dans les légumineuses, mais aussi dans tous les végétaux. Les liaisons chimiques particulières qui s’établissent entre les molécules de glucose de la cellulose la rendent indigestible pour l’être humain, car celui-ci ne possède pas les enzymes nécessaires an d’hydrolyser ce polymère. La dégradation des disaccharides et des polysaccharides est décrite dans la section 26.4.1.
Entre les repas, quand le taux de glucose sanguin baisse, le oie hydrolyse une partie du glycogène et libère progressivement le glucose ainsi ormé dans le fux sanguin : ce processus s’appelle la glycogénolyse. Le oie ait donc oce de abricant de glucose : il entrepose le glycogène et le décompose en glucose au gré des besoins de l’organisme. Le taux sanguin du glucose, des triglycérides et des acides aminés est rigoureusement régulé par le système endocrinien (insuline et glucagon) pour contribuer à la ormation des réserves nutritionnelles ou à la libération des nutriments dans le sang (voir la section 17.7).
2.8.3.2 Les autres glucides Les hexoses (p. ex., le galactose et le ructose), des glucides à six atomes de carbone, sont des isomères du glucose FIGURE 2.22. Les pentoses (p. ex., le ribose et le désoxyribose), d’autres monosaccharides, comptent quant à eux cinq atomes de carbone. Le ribose et le désoxyribose sont des composants structuraux des acides nucléiques (acide ribonucléique [ARN] et acide désoxyribonucléique [ADN]), lesquels seront étudiés dans la section suivante. Du point de vue structural, ces deux pentoses dièrent l’un de l’autre sur un seul point : le désoxyribose n’a pas d’atome d’oxygène lié à son deuxième atome de carbone.
Vérifiez vos connaissances 31. Comment s’appelle le monomère qui constitue
le glycogène ? Où le glycogène est-il entreposé dans le corps humain ?
Les disaccharides se composent de deux molécules de sucre simple (voir la fgure 2.22B). Les disaccharides les plus courants sont le sucrose (sucre de cuisine), le lactose (sucre du lait) et le maltose (sucre de malt, présent dans les céréales germées). Ces trois disaccharides se composent d’un glucose lié à un autre hexose. Le
32. Pour chacune de ces molécules, indiquez s’il s’agit
d’un monosaccharide, d’un disaccharide ou d’un polysaccharide : fructose, galactose, glucose, glycogène, lactose, maltose, amidon, sucrose.
FIGURE 2.22
Monosaccharides
Autres glucides simples Sucres à six atomes de carbone (hexoses) CH2OH
CH2OH
H OH
H
H
HO
OH H
OH
H
O
H HO CH2OH
OH
Galactose
OHCH2
OHCH2 O
O H
HO
Sucres à cinq atomes de carbone (pentoses)
H
H
O
OH
H
H
OH
OH
H
H
H
H
OH
H
H
Désoxyribose
Ribose
Fructose
OH
❯ A. Le galactose et le fructose sont des hexoses (monosaccharides à six atomes de carbone) ; le ribose et le désoxyribose sont des pentoses (monosaccharides à cinq atomes de carbone). B. Le sucrose (glucose et fructose), le lactose (glucose et galactose) et le maltose (deux glucoses) sont des disaccharides.
A. Disaccharides
CH2OH
CH2OH O
H H OH
H
HO H
OH
CH2OH
O
H O
H
H
OH
H
Sucrose (glucose et fructose) B.
H OH
HO CH2OH
O
H
H H
OH
OH
OH H
H
CH2OH H
O
H
HO
H
H
O CH2OH
Lactose (glucose et galactose)
O
H H OH
OH
H
HO H
OH
CH2OH H
O
H O
H OH
OH
H H
H
Maltose (deux glucoses)
OH
Chapitre 2 Les atomes, les ions et les molécules
Les acides nucléiques
2.8.4
Les acides nucléiques sont des biomolécules de grande taille qui entreposent et transèrent l’inormation génétique dans les cellules FIGURE 2.23. Leur présence a d’abord été constatée dans le noyau des cellules. En défnitive, les acides nucléiques sont responsables de la synthèse des protéines dans les cellules (voir la section 4.7).
10 Décrire la structure générale d’un acide nucléique. 11 Décrire la structure d’un nucléotide. 12 Distinguer l’acide désoxyribonucléique de l’acide ribonucléique.
Les acides nucléiques se répartissent en deux catégories : l’acide désoxyribonucléique (ADN) et l’acide ribonucléique (ARN). L’ADN
13 Nommer d’autres nucléotides importants.
Pyrimidines
Base azotée NH2
P
N
Groupement phosphate O –O
P
N O
N
CH2
HC HC
NH2
O
C
C
N H
CH3 C
N C O
HC
Cytosine (C) (ADN et ARN)
Purines
O
Sucre OH dans l’ARN
HC N H
C C
C N
H dans l’ADN
NH
HC
C O
HC
C N H
NH C O
Uracile (U) (ARN seulement)
O N
N
HC
CH
Adénine (A) (ADN et ARN)
OH
A. Le nucléotide
N
N H
O
Thymine (T) (ADN seulement)
NH2
O–
C
C
NH
C NH2 N C N H
Guanine (G) (ADN et ARN)
B. Les bases azotées Seulement dans l’ARN
U
P O
G
Groupement phosphate Base azotée
Squelette sucre-phosphate Base azotée Nucléotide
P
Désoxyribose (sucre) Groupement phosphate
O
Ribose (sucre)
Nucléotide
P
A
A
P O
T
Liaisons phosphodiester C O
OH
C. L’ARN (monocaténaire)
P
G
P
P
C
P
T
P
Seulement dans l’ADN A P
Liaisons hydrogène entre bases azotées D. L’ADN (bicaténaire)
FIGURE 2.23 Acides nucléiques
67
❯ A. Une représentation générale d’un nucléotide : il se compose d’une molécule de pentose (ribose ou désoxyribose), d’un groupement phosphate et d’une base azotée. Les nucléotides contenant des molécules de ribose s’appellent les ribonucléotides ; ceux qui contiennent des molécules de désoxyribose s’appellent les désoxyribonucléotides. B. Les cinq bases azotées. C. L’ARN est un acide nucléique monocaténaire (à une seule chaîne) constitué d’unités d’une série de ribonucléotides structurés entre eux par des liaisons phosphodiester. Les ribonucléotides
contiennent l’une de ces bases azotées : uracile, guanine, adénine ou cytosine. D. L’ADN est un acide nucléique bicaténaire (à deux chaînes) dont chacune des chaînes se compose d’une série de désoxyribonucléotides associés entre eux par des liaisons phosphodiester. Les désoxyribonucléotides contiennent l’une de ces bases azotées : thymine, guanine, adénine ou cytosine. Les liaisons hydrogène établies entre les bases complémentaires (T :A et C G) solidarisent les deux chaînes entre elles. L’ARN et l’ADN participent à la formation des protéines.
68 Partie I L’organisation du corps humain
et l’ARN sont des polymères composés de nucléotides enchaînés les uns aux autres par des liaisons covalentes. Les liaisons covalentes de ce type s’appellent des liaisons phosphodiester.
2.8.4.1 Les nucléotides Les nucléotides se composent de trois éléments constitutis : un sucre, un groupement phosphate et une base azotée. Le sucre est un pentose (sucre à cinq atomes de carbone), le désoxyribose pour les nucléotides ormant l’ADN (désoxyribonucléotide) et le ribose pour ceux ormant l’ARN (ribonucléotide). Un groupement phosphate est attaché au cinquième atome de carbone ; une base azotée est liée au premier atome de carbone de la même molécule de sucre. Les bases azotées présentent une structure cyclique simple ou double composée d’atomes de carbone et d’azote. Les bases azotées les plus réquentes dans les acides nucléiques sont au nombre de cinq. Trois de ces bases azotées sont à un seul cycle et s’appellent les pyrimidines : ce sont la cytosine (C), l’uracile (U) et la thymine (T). Les deux autres bases azotées sont à deux cycles et s’appellent les purines : ce sont l’adénine (A) et la guanine (G). Pour les pyrimidines comme pour les purines, les bases azotées se distinguent les unes des autres par les groupements onctionnels attachés à leurs cycles.
TABLEAU 2.4
Différences entre l’ARN et l’ADN
Caractéristique
ARN
ADN
Nombre de chaînes
1
2
Sucre
Ribose
Désoxyribose
Base azotée
Adénine, cytosine, guanine, ou uracile (seulement dans l’ARN)
Adénine, cytosine, guanine, ou thymine (seulement dans l’ADN)
molécule de sucre (ribose) et de trois groupements phosphate solidarisés par des liaisons covalentes FIGURE 2.24. La molécule d’ATP constitue le pivot des transerts d’énergie chimique à l’intérieur des cellules. Les biologistes la considèrent comme la réserve énergétique des cellules. Les liaisons covalentes qui unissent les groupements phosphate entre eux sont particulièrement énergétiques : leur rupture libère d’importantes quantités d’énergie. Enn, il convient de mentionner deux autres molécules importantes contenant des nucléotides : le nicotinamide adénine dinucléotide (NAD+) et la favine adénine dinucléotide (FAD). Ces deux molécules participent à la production d’ATP dans les mitochondries cellulaires (voir le chapitre 3).
2.8.4.2 L’acide désoxyribonucléique L’acide désoxyribonucléique (ADN) est un acide nucléique bicaténaire (à deux chaînes, ou double brin) qui constitue l’un des matériaux de base des chromosomes, dans le noyau cellulaire. Les mitochondries, organites responsables de la ormation de la majorité de l’adénosine triphosphate (ATP, énergie cellulaire), contiennent également une petite chaîne circulaire d’ADN (voir les chapitres 3 et 4). Chaque chaîne d’ADN est composée d’une série de nucléotides, les désoxyribonucléotides. Ces derniers se composent d’une molécule de désoxyribose (sucre), d’un groupement phosphate et de l’une de ces quatre bases azotées : l’adénine, la guanine, la cytosine ou la thymine. L’ADN ne contient pas d’uracile. Les deux chaînes de cet acide nucléique sont retenues entre elles par des liaisons hydrogène établies entre les bases azotées complémentaires : la thymine et l’adénine, ou la guanine et la cytosine.
2.8.4.3 L’acide ribonucléique L’acide ribonucléique (ARN) est un acide nucléique monocaténaire (à une seule chaîne, ou simple brin) présent dans le noyau cellulaire et dans le cytoplasme de la cellule. La chaîne d’ARN est ormée d’une série de nucléotides, les ribonucléotides. Ces derniers se composent d’une molécule de ribose (sucre), d’un groupement phosphate et de l’une de ces quatre bases azotées : l’adénine, la guanine, la cytosine ou l’uracile. L’ARN ne contient pas de thymine. Le TABLEAU 2.4 récapitule les diérences entre les structures chimiques de l’ARN et de l’ADN.
2.8.4.4 Les autres nucléotides importants Plusieurs autres nucléotides jouent un rôle de premier plan dans le onctionnement cellulaire. Ainsi, l’adénosine triphosphate (ATP) se compose d’une base azotée (adénine), d’une
Vérifiez vos connaissances 33. Quelle est la principale fonction des acides
nucléiques ? 34. Quelles sont les différences structurales entre l’ARN
et l’ADN ?
Adénosine Adénine (base azotée) NH2
Groupement triphosphate O
O –O
P O–
O
P O–
N
O O
P
O
CH2
N
N
O– Liaisons hautement énergétiques
O
OH OH Ribose (sucre)
FIGURE 2.24 ATP
❯ L’adénosine se compose d’une molécule de sucre (ribose) et d’une base azotée (adénine). L’adénosine triphosphate (ATP) se compose d’une molécule d’adénosine et de trois groupements phosphate.
Chapitre 2 Les atomes, les ions et les molécules
2.8.5
Les protéines
• Elles constituent des moyens de transport : par exemple, les molécules d’hémoglobine acheminent les gaz respiratoires dans le sang.
14 Indiquer les onctions générales des protéines. 15 Décrire la structure générale des acides aminés
et des protéines.
Le Human Genome Project Information, un projet mené par des instances gouvernementales américaines, a estimé que l’ADN de l’être humain contient plus de 20 000 gènes (U.S. Department o Energy Genome Programs, 2012). Chaque gène correspond à un code permettant de abriquer une ou plusieurs protéines. Une ois synthétisées, ces protéines accomplissent leurs onctions à l’intérieur de la cellule, dans les membranes plasmiques, dans le plasma sanguin ou dans d’autres fuides corporels. Les protéines remplissent ainsi des onctions très diversiées : • Sous la orme d’enzymes, elles servent de catalyseurs dans la plupart des réactions métaboliques du corps. Par exemple, la lactase permet la dégradation rapide du lactose dans l’intestin grêle. • Elles contribuent aux déenses immunitaires, par exemple quand les immunoglobulines (anticorps) se lient à des corps étrangers pour les neutraliser.
TABLEAU 2.5
69
• Elles contribuent au soutien structural du corps, notamment sous la orme de collagène, l’un des principaux composants des tendons et des ligaments. • Elles induisent le mouvement : deux protéines, la myosine et l’actine, interagissent pour déclencher les contractions des tissus musculaires. • Elles servent d’outils de régulation : par exemple, l’insuline (hormone peptidique) contribue à la stabilisation du taux de glucose dans le sang. • Elles ont oce de réservoirs : ainsi, les erritines assurent l’entreposage du er dans les cellules hépatiques. Le TABLEAU 2.5 récapitule les principales onctions des protéines en précisant les catégories protéiques correspondantes et en donnant des exemples pour chacune d’elles.
2.8.5.1 La structure générale des protéines Les protéines sont des polymères composés d’une ou de plusieurs chaînes linéaires d’acides aminés dont le nombre peut
Fonctions des protéines
Fonction
Catégorie de protéines
Exemples de protéines, avec leurs fonctions
Catalyse
Enzymes
• • • •
Déense
Immunoglobulines
• Anticorps : capturent les molécules étrangères en vue de leur élimination par le système immunitaire.
Antigènes de la surace cellulaire
• Protéines du complexe majeur d’histocompatibilité (CMH) : reconnaissent les cellules appartenant à l’organisme.
Transporteurs sanguins
• Hémoglobine : transporte l’O2 et le CO2 dans le sang. • Transerrine : transporte le er dans le sang.
Transporteurs membranaires
• Cytochromes : participent au transport des électrons. • Pompe à sodium-potassium : participe à la stabilisation du potentiel de repos des membranes. • Transporteur de glucose : achemine le glucose à travers les membranes plasmiques.
Soutien
Protéines de soutien
• Collagène : structure notamment les ligaments et les tendons. • Kératine : structure les ongles, les poils et les cheveux. • Fibrine : structure les caillots sanguins.
Mouvement
Protéines contractiles
• Actine : participe à la contraction des fbres musculaires. • Myosine : participe à la contraction des fbres musculaires.
Régulation
Protéines osmotiques
• Albumine : stabilise la concentration osmotique du sang.
Hormones
• Insuline : régule les taux de glucose dans le sang. • Hormone antidiurétique (ADH) : stimule la rétention d’eau par les reins. • Ocytocine : stimule les contractions utérines et l’éjection du lait maternel.
Protéine chaperon
• Protéine disulure isomérase : participe au repliement adéquat des protéines.
Protéines pouvant fxer un métal
• Ferritine : entrepose le er dans les cellules hépatiques. • Caséine : fxe le er dans le lait maternel.
Protéines pouvant fxer des ions
• Calmoduline : fxe les ions calcium dans le réticulum sarcoplasmique des cellules musculaires.
Transport
Entreposage
Enzymes hydrolytiques : décomposent les polymères. Isomérases : convertissent les molécules en un isomère. ADN polymérase : synthétise l’ADN. Kinases : transèrent les groupements phosphate.
70 Partie I L’organisation du corps humain
atteindre plusieurs milliers FIGURE 2.25. Les protéines des organismes vivants se composent de 20 types d’acides aminés. Ces derniers possèdent un groupement amine (—NH2) et un groupement acide carboxylique (—COOH). Ces deux groupements onctionnels sont attachés par des liaisons covalentes au même atome de carbone, ce qui explique que ces monomères portent le nom générique d’acides aminés. Cet atome de carbone est également attaché par des liaisons covalentes à un atome d’hydrogène (—H) et à un groupement R. Ce dernier correspond à un groupement moléculaire, qui dière d’un acide aminé à l’autre et qui est responsable des propriétés de chaque acide aminé. C’est à partir de ces propriétés que les acides aminés sont classés.
aminés sont les polypeptides. Les chaînes comptant 200 acides aminés et plus constituent les protéines. Toutes ces structures sont couramment appelées des protéines ; c’est ce qui a été avorisé dans cet ouvrage. Les protéines auxquelles sont liées des molécules de glucide s’appellent les glycoprotéines. Par exemple, la détermination des groupes sanguins repose sur l’identifcation de glycoprotéines à la surace des érythrocytes (voir la section 18.3.2). Les lipides, les glucides, les acides nucléiques et les protéines constituent les quatre catégories principales de biomolécules organiques dans le corps humain. La FIGURE 2.26 récapitule leurs caractéristiques.
L’union des acides aminés pour ormer une protéine est assurée par des liaisons peptidiques covalentes qui s’établissent au moment de la synthèse par déshydratation du groupement amine d’un acide aminé et du groupement acide carboxylique d’un autre acide aminé. Le groupement amine du premier acide aminé perd un atome d’hydrogène (—H), tandis que le groupement acide carboxylique du second perd un groupement hydroxyle (—OH). Les protéines se caractérisent par leur extrémité N-terminale, qui est porteuse d’un groupement amine libre, et leur extrémité C-terminale, qui est porteuse d’un groupement acide carboxylique libre.
INTÉGRATION LIENS ENTRE LES CONCEPTS Un acide aminé peut perdre son groupement amine par un processus de désamination; il devient alors de l’ammoniac. L’ammoniac est ensuite converti en urée dans le foie, une forme de déchet azoté, grâce aux réactions métaboliques du cycle de l’urée. L’acide urique, un déchet produit par la dégradation des acides nucléiques, et la créatinine, un déchet venant de la dégradation d’une protéine du tissu musculaire, sont d’autres déchets azotés. Le système urinaire (voir le chapitre 24) se charge d’éliminer les déchets azotés de l’organisme.
Les chaînes ormées de deux acides aminés se nomment des dipeptides ; celles comprenant de 3 à 20 acides aminés s’appellent des oligopeptides ; celles qui se composent de 21 à 199 acides
Acide aminé Amine
H
Liaison peptidique Liaison peptidique
Acide carboxylique
H
H
O
N
C
C
R
OH
H
Groupement R (l’une des 20 structures possibles)
H
H
O
N
C
C
OH
R
A.
H
H
H
O
N
C
C
OH
R
H 2O
B. Protéine Acide carboxylique
Amine
H
H
H
O
H
H
O
H
H
O
H
H
O
H
H
O
H
H
O
H
H
O
H
H
O
H
H
O
N
C
C
N
C
C
N
C
C
N
C
C
N
C
C
N
C
C
N
C
C
N
C
C
N
C
C
R
R
R
R
R
N-terminale
R
R
R
OH
R C-terminale
C.
FIGURE 2.25 Protéines
❯ A. Les acides aminés sont les monomères des protéines. B. La réaction de synthèse par déshydratation entraîne la perte d’un atome d’hydrogène au groupement amine d’un acide aminé et la perte d’un groupement hydroxyle au groupement acide carboxylique d’un autre acide aminé ;
elle permet aussi l’établissement d’une liaison peptidique entre ces deux acides aminés. La réaction produit également une molécule d’eau. C. Les protéines polymères se composent d’une série d’acides aminés enchaînés les uns aux autres par des liaisons peptidiques.
Chapitre 2 Les atomes, les ions et les molécules
Vérifiez vos connaissances 35. Quels sont les monomères des protéines et comment
se nomment les liaisons qui s’établissent entre eux ? 36. Comment se nomment les structures qui se
composent de : 2 acides aminés ; 3 à 20 acides aminés ; 21 à 199 acides aminés ; au moins 200 acides aminés ? Quel est le terme générique employé pour désigner toutes ces structures ?
2.9
La structure des protéines
Cette section décrit la structure des protéines de manière plus détaillée en examinant notamment la classication des acides aminés, leur séquence ainsi que la structure tridimensionnelle des protéines. Elle explique également le ait que les protéines peuvent perdre cette tridimensionnalité et indique les conséquences de ce changement de conormation.
71
l’acide glutamique et l’acide aspartique. Les acides aminés à groupement R chargé positivement sont l’histidine, la lysine et l’arginine. Une liaison ionique peut s’établir entre un groupement R à charge négative et un groupement R à charge positive. Les groupes d’acides aminés polaires ou chargés sont hydrophiles et augmentent la solubilité de la protéine dans l’eau. • Les acides aminés à fonctions particulières sont au nombre de trois et possèdent des caractéristiques qui leur sont propres. Le groupement R de la proline s’attache à son groupement amine, ormant ainsi un anneau (cycle). Cet acide aminé perturbe par conséquent l’organisation structurale habituelle dans une chaîne protéique. Les groupements onctionnels sulhydryle (—SH) de deux molécules de cystéine, un autre acide aminé, établissent entre eux des liaisons covalentes disulfure (—S—S—). Ces liaisons jouent un rôle important dans la stabilisation du repliement des protéines (voir la section 2.9.2). Enn, la méthionine se place toujours en tête de la chaîne des acides aminés au moment de la synthèse d’une protéine (voir la section 4.7.2).
Vérifiez vos connaissances
2.9.1
Les différents types d’acides aminés
1
Présenter la catégorisation des acides aminés.
2
Distinguer les acides aminés non polaires, polaires et chargés.
3
Donner des exemples d’acides aminés présentant des caractéristiques particulières.
Les acides aminés se répartissent en diérentes catégories selon les caractéristiques chimiques de leur groupement R : acides aminés non polaires, polaires, chargés et à onctions particulières FIGURE 2.27. • Les acides aminés non polaires possèdent des groupements R non polaires. Il s’agit soit d’atomes d’hydrogène (glycine), soit de groupements hydrocarbure (alanine, valine, leucine, isoleucine, phénylalanine et tryptophane). Ils s’associent généralement à d’autres acides aminés non polaires par interactions hydrophobes dans les milieux aqueux du corps. • Les acides aminés polaires possèdent des groupements R contenant, en plus des atomes de carbone et d’hydrogène, d’autres éléments : O, N ou S (sérine, thréonine, asparagine, glutamine et tyrosine). Ces groupements R ont des atomes ayant une électronégativité diérente de celle de l’hydrogène et du carbone. En étant attirés, les électrons ne sont pas distribués de açon égale, créant ainsi des charges partielles dans les groupements R, ce qui les rend polaires. Ils établissent des interactions avec d’autres acides aminés polaires et avec les molécules d’eau. • Les acides aminés chargés sont porteurs d’un groupement R ayant une charge ; elle peut être positive ou négative. Les acides aminés à groupement R chargé négativement sont
37. Pourquoi la leucine est-elle classée parmi les acides
aminés non polaires (voir la fgure 2.27) ?
2.9.2
La séquence des acides aminés et la conformation des protéines
4
Décrire les différents types d’attractions intramoléculaires (ou intermoléculaires) qui interviennent dans le repliement des protéines et dans la stabilisation de leur forme tridimensionnelle.
5
Distinguer les quatre niveaux structuraux hiérarchiques des protéines.
6
Expliquer le processus de la dénaturation et indiquer les facteurs qui peuvent la causer.
Les protéines sont des séquences linéaires d’acides aminés attachés entre eux par des liaisons peptidiques covalentes. Cette séquence constitue la structure primaire de la protéine FIGURE 2.28. Infuencée par des interactions à l’intérieur de la molécule, la protéine se replie ensuite sur elle-même pour adopter sa orme tridimensionnelle nale : sa conformation. Cette conormation détermine le bon onctionnement de la protéine. Cette structure tridimensionnelle des protéines repose sur des niveaux d’organisation structurale de plus en plus complexes : structures primaire, secondaire, tertiaire et, dans certains cas, quaternaire. Ces organisations structurales plus complexes se ondent sur des attractions intramoléculaires et parois intermoléculaires qui s’établissent entre les acides aminés de la séquence linéaire et qui assurent un repliement ecace de la protéine ainsi que la stabilité de sa conormation. Le bon repliement protéique est orchestré par des protéines spécialisées, les protéines chaperons.
A. Lipides
Molécules non polaires ou amphipathiques comprenant quatre sous-classes importantes Triglycérides (forme de mise en réserve)
H
Cellules du tissu adipeux avec gouttelettes de graisse
H
C
OH
H
C
OH
H
C
OH
Acide gras (saturé ou insaturé)
H
Les triglycérides sont les lipides les plus communs chez les êtres vivants. Ils servent à la mise en réserve à long terme de l’énergie, au soutien structural, à l’amortissement des chocs et à l’isolation thermique du corps.
Glycérol
Acide gras
Sang
Éicosanoïdes (molécules à action locale) Prostaglandines Prostacyclines Thromboxanes Leucotriènes
Phospholipides Stéroïdes Composant de la membrane plasmique Cholestérol
Composant majoritaire de la membrane plasmique (barrière chimique des cellules)
Tête polaire Queues non polaires
Précurseur des hormones stéroïdiennes et des sels biliaires
C. Acides nucléiques et nucléotides
ADN et ARN
Membrane plasmique
Chromosome
INTÉGRATION
ILLUSTRATION DES CONCEPTS
FIGURE 2.26 Biomolécules organiques
❯ Les quatre principales catégories de biomolécules organiques sont A. les lipides, B. les glucides, C. les acides nucléiques et D. les protéines.
Nucléotide (monomère)
ADN (polymère)
Base azotée P Groupement phosphate
O Pentose OH
Les nucléotides sont les monomères qui forment les biomolécules d’acides nucléiques ADN et ARN. Il existe cinq nucléotides différents, chacun comprenant une base azotée différente (C, U, T, G, A). Noyau
ARN (polymère)
B. Glucides
Le glucose et le glycogène, deux molécules importantes
Glucose (monomère)
Glycogène (polymère)
Le foie emmagasine le glucose sous forme de glycogène et dégrade celui-ci en glucose, au besoin.
Acide gras
Protéines plasmatiques (p. ex., l’albumine)
Glucose sanguin
Molécules riches en énergie
Protéine de la membrane plasmique (p. ex., le canal)
Protéines extracellulaires (p. ex., le collagène)
Acide gras et glucose O2
ATP (un nucléotide modié)
Protéines intracellulaires (p. ex., le cytosquelette)
H 2O et CO 2
Adénine P P P
Groupement triphosphate
O Ribose
Énergie transférée
OH OH L’ ATP est un nucléotide modié qui constitue la molécule centrale du transfert de l’énergie chimique à l’intérieur des cellules. Il est souvent qualié de monnaie énergétique d’une cellule.
D. Protéines
La catégorie de biomolécules organiques la plus diversifiée
Les protéines sont des biomolécules organiques faites d’une ou de plusieurs chaînes linéaires d’acides aminés. Une fois synthétisées, les protéines remplissent leur fonction à l’intérieur de la cellule, dans la membrane plasmique, dans le plasma sanguin ou dans d’autres liquides corporels. Acide aminé (monomère) H
Instructions pour la synthèse des protéines
N
H C
O C
R Les acides aminés sont les éléments de base des protéines. Il existe 20 acides aminés qui diffèrent les uns des autres par leur groupement R.
Protéine (polymère)
74 Partie I L’organisation du corps humain
Non polaires
Glycine (Gly)
NH2
H
O
C
C
Valine (Val)
NH2
OH
H
O
C
C
Isoleucine (Ile)
OH
H
O
NH2
C
C
H
C
CH3
CH
H
CH3 CH3
Alanine (Ala)
NH2
H
O
C
C
Leucine (Leu)
OH
NH2
H
O
C
C
Phénylalanine (Phe)
NH2
OH
CH2
H
O
C
C
Tryptophane (Trp)
OH
NH2
CH2
CH2
CH
CH3
CH3 CH3
H
O
C
C
OH
CH2 C HN
OH
CH3
Thréonine (Thr)
Polaires
Sérine (Ser)
NH2
H
O
C
C
H OH
CH2
Asparagine (Asn)
O
NH2
C
C
OH
C
CH3
OH
NH2
CH3
OH
H
O
C
C
OH
Glutamine (Gln)
NH2
H
O
C
C
CH2
CH2
C
CH2
NH2 O
Tyrosine (Tyr)
OH
NH2
Chargés
NH2
O
C
C
NH2
CH2
O
C
C
OH
NH2
OH
OH
H
O
C
C
Lysine (Lys)
OH
CH2 C
C O
C O
H
Histidine (His)
CH2
CH2
C
À charge positive
Acide aspartique (Asp)
OH
C
C
À charge négative
H
O
CH2
NH2 O
Acide glutamique (Glu)
H
H N CH
O–
HC
O–
N+ H
NH2
H
O
C
C
Arginine (Arg)
OH
NH2
H
O
C
C
CH2
CH2
CH2
CH2
CH2 CH2
OH
CH2 NH3
+
NH CH2
NH2+
NH2
Cystéine (Cys)
À fonctions particulières
Proline (Pro) NH2+ CH2 CH
O C
O
–
CH2 CH2
NH2
H
O
C
C
Méthionine (Met)
OH
NH2
H
O
C
C
CH2
CH2
S
CH2
H
S
OH
CH3
Perturbe l’organisation structurale habituelle des chaînes protéiques.
Forme des liaisons disulfure.
Occupe toujours la position de tête dans la chaîne des acides aminés d’une séquence protéique (mais peut être retranchée après la synthèse de la protéine).
FIGURE 2.27 Acides aminés
❯ Les acides aminés se répartissent en quatre grandes catégories défnies selon les propriétés chimiques de leurs groupements R : acides aminés non polaires, polaires, chargés et à onctions particulières.
Chapitre 2 Les atomes, les ions et les molécules
Structure primaire
Structure secondaire Configurations répétitives structurales des protéines induites par les liaisons hydrogène unissant les acides aminés
Séquence linéaire d’acides aminés liés entre eux par des liaisons peptidiques Liaison peptidique
Liaisons hydrogène
Acide aminé
H
H
C
R R
O
R
C
R
N
R
R
R
R
C
R
C
O
R
N
H
R
H
R
R
R
R
R
R
A.
FIGURE 2.28 Niveaux d’organisation structurale des protéines
R
R
R
R R
❯
Les acides aminés se lient pour ormer des protéines. Il existe quatre niveaux d’organisation structurale dans les protéines. Ce sont les suivants, par ordre croissant de complexité. A. La structure primaire correspond à la séquence linéaire des acides aminés de la protéine. B. La structure secondaire d’une protéine peut se composer d’hélices alpha ou de euillets bêta. C. La structure tertiaire se défnit par le repliement de la structure secondaire, conérant une orme tridimensionnelle fnale à la protéine (globulaire ou fbreuse). D. Dans certaines protéines complexes se constitue une structure quaternaire : plusieurs molécules protéiques s’agencent pour ormer la molécule fnale.
Hélice alpha (spirale)
Feuillet bêta (plis plats)
B. Structure tertiaire Configuration tridimensionnelle finale d’une protéine incluant les structures secondaires répétitives
Les interactions intramoléculaires qui déterminent la conormation nale d’une protéine sont les suivantes : • L’exclusion hydrophobe place les acides aminés à groupements R non polaires au centre de la molécule, ce qui restreint leur contact avec l’eau ; elle impose ainsi sa orme initiale à la structure primaire de la protéine. • Des liaisons hydrogène s’établissent entre les groupements R polaires des acides aminés adjacents et les groupements amine et acide carboxylique aux extrémités de la protéine. • Des liaisons ioniques s’instaurent entre les groupements R à charges négative et positive.
Protéine globulaire C.
Structure quaternaire
• Des ponts disulure (—S—S—) se tissent entre les groupements sulhydryle (—SH) de deux cystéines (acide aminé). Ensuite, le repliement protéique induit la mise en place d’une structure plus complexe. Les structures secondaires sont des congurations répétitives se ormant à l’intérieur de la protéine. Il existe deux grandes catégories de structures organisationnelles secondaires dans les protéines : l’hélice alpha, qui présente la orme d’une chaîne enroulée en spirale, et le feuillet bêta, un enchaînement de plis plats. Ces structures secondaires conèrent des caractéristiques bien précises aux régions de la protéine dans lesquelles elles se déploient. Ainsi, les euillets bêta donnent une certaine fexibilité à la plupart des protéines globulaires (p. ex., les enzymes). À l’inverse, les hélices alpha procurent de l’élasticité aux protéines breuses se trouvant, par exemple, dans la peau ou les cheveux.
Protéine fibreuse
Protéine composée de plusieurs sous-unités protéiques distinctes
Protéine globulaire
D.
Trois protéines fibreuses
75
76 Partie I L’organisation du corps humain
Enfn, la structure tertiaire correspond à la orme tridimensionnelle fnale des chaînes polypeptidiques complètes. La orme de la molécule défnit deux catégories de protéines : les protéines fbreuses et les protéines globulaires. Les protéines globulaires se replient sur elles-mêmes en une orme compacte généralement quasi sphérique : c’est le cas, par exemple, des enzymes et de certaines hormones. Par contre, les protéines fbreuses sont de longues molécules linéaires présentes dans les ligaments et les tendons. Les protéines contractiles des cellules musculaires sont également des protéines fbreuses. Seules les protéines contenant au moins deux chaînes polypeptidiques possèdent en outre des structures quaternaires. Par exemple, l’hémoglobine, qui est une protéine, se compose de quatre chaînes polypeptidiques et possède donc une structure quaternaire. Chacune des chaînes polypeptidiques ormant des protéines quaternaires possède ses propres structures primaire, secondaire et tertiaire. Néanmoins, la molécule biologique ne devient active qu’au moment où les polypeptides qui la constituent s’associent par attractions intermoléculaires pour ormer la structure quaternaire. Par conséquent, l’hémoglobine est onctionnelle uniquement quand ses quatre chaînes polypeptidiques s’agencent selon une confguration bien précise. Les protéines peuvent par ailleurs avoir besoin d’un groupement prosthétique pour accomplir leurs onctions. Ces structures non protéiques sont attachées à la protéine par des liaisons covalentes. Par exemple, l’hème (groupement lipidique) de la protéine de l’hémoglobine est un groupement prosthétique.
À votre avis 8. Selon quel mécanisme l’exposition à des températures
élevées peut-elle rendre les protéines inopérantes ?
En général, toute altération de la conormation d’une protéine perturbe ou neutralise son activité biologique : c’est ce qui est appelé la dénaturation de la protéine. Quand la molécule protéique est chauée ou altérée par une intervention chimique, sa orme tridimensionnelle se brise. La dénaturation de la molécule peut se produire à la aveur d’une augmentation de la température, car celle-ci aaiblit les interactions qui assurent le maintien de la orme tridimensionnelle de la protéine. La dénaturation peut également résulter d’une modifcation du pH. Les modifcations du pH peuvent dénaturer les protéines, car le changement de concentration des ions hydrogène [H+] perturbe les interactions électrostatiques (et les autres liaisons intramoléculaires) qui maintiennent la orme tridimensionnelle de la protéine. Quand le pH baisse en raison d’une augmentation de [H+], les ions H+ excédentaires se lient aux groupements R à charge négative FIGURE 2.29. L’interaction électrostatique est alors rompue par la liaison qui s’établit entre les ions H+ et les groupements R à charge négative ; les groupements R négativement chargés qui prenaient part à l’interaction électrostatique ne peuvent plus jouer ce rôle. À l’inverse, quand le pH augmente en raison d’une baisse de [H+], l’interaction électrostatique est rompue par le retrait de l’ion H+ (voir la fgure 2.29B).
Protéine (structure tertiaire)
H H
N
H
O– C
H
H+
Augmentation des H + (baisse du pH)
H+ Interaction électrostatique (liaison ionique)
N
H+ OH
O C
O
H
N
A.
H
N H+
Interaction électrostatique (liaison ionique)
O– C
H
H Baisse des H+ (augmentation du pH)
H+ O–
O C
O
B.
FIGURE 2.29 Dénaturation
❯ La dénaturation des protéines peut être causée, par exemple, par A. une augmentation du nombre des ions H+ (une baisse du pH) ou B. une baisse du nombre des ions H+ (une aug mentation du pH).
L’élévation de la température interne et la modifcation du pH sont étroitement régulées pour être maintenues à l’intérieur des valeurs homéostatiques. Ainsi, lorsqu’une protéine se dénature à l’intérieur de l’organisme, sa orme tridimensionnelle n’est que très peu altérée et la dénaturation est réversible, c’est-à-dire que la protéine va reprendre sa orme dès que la température ou le pH seront rétablis. Par contre, dès que l’organisme sort des valeurs homéostatiques, la dénaturation peut devenir irréversible. C’est ce qui explique qu’une acidose ou une alcalose (pH sanguin trop acide ou trop alcalin) peut entraîner la mort (voir la section 25.5).
Vérifiez vos connaissances 38. Qu’est-ce qui distingue le niveau tertiaire
d’organisation d’une protéine du niveau quaternaire ? 39. Quelles sont les conséquences de la dénaturation sur
une protéine ? Quel est le mécanisme par lequel une élévation de la concentration des ions H+ au-delà des valeurs normales induit une dénaturation des protéines ?
Chapitre 2 Les atomes, les ions et les molécules
77
RÉSUMÉ DU CHAPITRE 2.1
• Les atomes, ions et molécules forment les bases de l’organisation chimique du corps humain
et permettent de comprendre les processus physiologiques qui le régulent.
Une introduction à l’organisation chimique du corps humain – 36
2.2 La structure de l’atome – 36
• Les atomes, les ions et les molécules sont les matériaux de construction les plus simples du
corps humain. 2.2.1
La matière, les atomes, les éléments et le tableau périodique .............................................................
36
• La matière est une substance qui possède une masse et occupe un volume. On peut la
retrouver à l’état solide, liquide et gazeux. • L’atome est la plus petite particule possédant toutes les propriétés chimiques de l’élément. • La structure atomique (protons, neutrons et électrons) peut être déduite à partir de l’informa-
tion fournie par le tableau périodique. 2.2.2
Les isotopes ...................................................................................................................................................................
39
• Les atomes possédant le même nombre de protons et d’électrons, mais pas le même nombre
de neutrons, s’appellent des isotopes. Comme ils n’ont pas le même nombre de neutrons, leurs masses atomiques diffèrent également. • Les isotopes instables créés par un surplus de neutrons ou de protons s’appellent des radio-
isotopes (ou isotopes radioactifs). 2.2.3
La stabilité chimique et la règle de l’octet ........................................................................................................
40
• Les atomes possédant un, deux ou trois électrons de valence sont dans les colonnes IA, IIA
ou IIIA du tableau périodique, alors que ceux qui possèdent cinq, six ou sept électrons de valence sont dans les colonnes VA, VIA ou VIIA. • Les atomes dont la couche externe est saturée à huit électrons sont stables du point de vue
chimique. Les atomes se lient pour atteindre la stabilité chimique.
2.3 Les ions et les composés ioniques – 41
• Les composés chimiques, par exemple les composés ioniques et les composés molécu-
laires, sont des ensembles stables regroupant plusieurs atomes selon un ratio précis. 2.3.1
Les ions .............................................................................................................................................................................
41
• Un ion est un atome possédant une charge positive ou négative ; cette charge résulte de la
perte ou de l’acquisition d’un ou de plusieurs électrons, respectivement. • Les ions les plus abondants dans le corps humain sont les suivants : sodium (Na+), potassium
(K+), calcium (Ca 2+), magnésium (Mg 2+), hydrogène (H+), chlorure (Cl−), bicarbonate (HCO3−) et phosphate (PO43−). • Les cations sont des ions à charge positive formés par le retrait d’un ou de plusieurs électrons
sur des atomes possédant un, deux ou trois électrons de valence sur leur couche externe. • Les anions sont des ions à charge négative formés par l’acquisition d’un ou de plusieurs élec-
trons de valence par des atomes possédant généralement cinq, six ou sept électrons sur leur couche externe. 2.3.2
Les liaisons ioniques .................................................................................................................................................. • Les liaisons ioniques sont des attractions électrostatiques qui s’établissent entre des cations
(à charge positive) et des anions (à charge négative), et qui maintiennent les ions dans une structure de réseaux cristallins (composés ioniques). • Les sels sont des composés ioniques dont le cation et l’anion sont différents d’H+ et d’OH −. • Le sel NaCl est formé du cation Na+ et de l’anion Cl−.
43
78 Partie I L’organisation du corps humain
2.4
• Les liaisons covalentes s’établissent à la aveur de la mise en commun d’électrons de valence
entre plusieurs atomes ; ceux-ci peuvent alors atteindre la stabilité chimique et ormer une molécule.
Les liaisons covalentes, les molécules et les composés moléculaires – 43
• Les composés moléculaires sont constitués d’atomes de plusieurs éléments liés par des
liaisons covalentes. 2.4.1
La formule chimique – moléculaire ou développée .....................................................................................
44
• La ormule moléculaire donne la proportion de chacun des composants chimiques de la
molécule. • La ormule développée donne la proportion des composants chimiques de la molécule ainsi
que leur agencement ; elle peut notamment servir à distinguer les isomères entre eux. • Les isomères sont des molécules qui possèdent le même nombre et le même type d’atomes
(ils ont donc la même ormule moléculaire), mais dont les atomes ne sont pas agencés de la même manière dans l’espace. 2.4.2
Les liaisons covalentes .............................................................................................................................................
45
• Les quatre éléments les plus répandus dans le corps humain sont le carbone (C), l’hydrogène
(H), l’oxygène (O) et l’azote (N). • Les liaisons covalentes s’établissent entre deux atomes possédant chacun quatre, cinq, six
ou sept électrons sur leur couche externe (à l’exception de l’hydrogène) afn qu’ils deviennent stables (règle de l’octet). 2.4.3
Les molécules non polaires, polaires et amphipathiques .......................................................................
47
• D’une manière générale, les molécules non polaires sont celles qui sont constituées de liai-
sons non polaires, qui n’induisent aucune charge à la molécule. • D’une manière générale, les molécules polaires sont celles qui sont constituées essentielle-
ment de liaisons polaires, qui induisent une charge partielle à la molécule. • Les molécules amphipathiques sont de grosses molécules possédant une région non polaire
et une région polaire. 2.4.4
Les attractions intermoléculaires .........................................................................................................................
49
• Les attractions intermoléculaires s’établissent entre les molécules, tandis que les attractions
intramoléculaires s’établissent entre diérentes régions d’une même molécule volumineuse. • Les liaisons hydrogène se créent entre un atome d’hydrogène à charge positive partielle et un
atome à charge négative partielle d’une molécule polarisée (polaire).
2.5 La structure moléculaire et les propriétés de l’eau – 49
• L’eau représente environ les deux tiers de la masse corporelle chez l’humain. 2.5.1
La structure moléculaire de l’eau .........................................................................................................................
50
• L’eau est une molécule polaire susceptible d’établir quatre liaisons hydrogène avec d’autres
molécules d’eau. 2.5.2
Les propriétés de l’eau ..............................................................................................................................................
50
• L’eau peut se présenter sous trois ormes, selon la température et la pression : état gazeux
(vapeur d’eau), liquide ou solide (glace). • La tension de surace est la orce qui crée une attraction entre les molécules d’eau et qui tire
celles situées à la surace vers l’intérieur. La chaleur spécifque élevée ainsi que la chaleur de vaporisation élevée de l’eau contribuent au maintien d’une température corporelle normale. 2.5.3
L’eau : le solvant universel ....................................................................................................................................... • Les molécules organiques polaires (p. ex., le glucose) se dissolvent dans l’eau en restant
intactes ; ce sont des non-électrolytes. • Les sels, les acides et les bases se dissolvent et se dissocient dans l’eau ; ils appartiennent à
la amille des électrolytes. • Les matières non polaires n’établissent pas de liaisons hydrogène avec l’eau et sont rejetées
loin des molécules aqueuses par exclusion hydrophobe.
51
Chapitre 2 Les atomes, les ions et les molécules
2.6 Les solutions acides et basiques, le pH et les tampons – 53
79
• L’eau possède un pH neutre ; ce dernier peut être modifé par l’incorporation d’un acide ou
d’une base à l’eau. 2.6.1
L’eau : un solvant neutre ...........................................................................................................................................
53
• Dans l’eau pure, le nombre d’ions hydrogène (à charge positive) est égal au nombre d’ions
hydroxyle (à charge négative) ; l’eau est par conséquent neutre. 2.6.2
Les acides et les bases .............................................................................................................................................
55
• Les acides augmentent la concentration des ions hydrogène dans les solutions ; les bases la
ont au contraire diminuer. 2.6.3
Le pH, la neutralisation et l’action des tampons ...........................................................................................
56
• Le pH mesure la concentration des ions hydrogène dans les solutions. Le pH et la concentra-
tion des ions hydrogène sont inversement corrélés entre eux. • La neutralisation est le retour à la neutralité d’une solution qui était acide ou basique. • Les tampons empêchent (ou atténuent) les variations du pH en absorbant ou en libérant des
ions hydrogène.
2.7
• Les mélanges aqueux se orment par la mise en présence de plusieurs matières distinctes. • Les composants des mélanges ne subissent pas de modifcations chimiques et peuvent être
Les mélanges aqueux – 56
séparés par des moyens physiques. 2.7.1
Les différents types de mélanges aqueux .......................................................................................................
57
• Il existe plusieurs types de mélanges aqueux, notamment la suspension, le colloïde et la
solution. • Les émulsions sont des colloïdes ormés d’eau et d’un liquide non polaire ; leur stabilité (mélange
permanent des deux liquides) nécessite la présence d’un agent émulsifant. En l’absence d’un agent émulsifant ou de mouvement, les deux liquides se séparent. 2.7.2
Les expressions de la concentration des solutions ....................................................................................
58
• La concentration des solutions peut s’exprimer de diérentes manières, notamment en
masse/volume, en pourcentage de masse/volume, en molarité et en molalité. • Les osmoles, l’osmolarité et l’osmolalité mesurent le nombre de particules dans la solution et
déterminent les déplacements de l’eau par osmose.
2.8 Les biomolécules organiques – 59
• Il existe quatre grandes catégories de biomolécules organiques : les lipides, les glucides, les
acides nucléiques et les protéines. 2.8.1
Les caractéristiques générales ............................................................................................................................
59
• Les molécules organiques sont des molécules qui possèdent du carbone, celle qui n’en ont
pas sont des molécules inorganiques. • Les biomolécules organiques se caractérisent par leur squelette carboné, auquel sont attachés
des atomes d’hydrogène en nombre divers ainsi que diérents groupements onctionnels. • Sur les quatre grandes catégories de biomolécules organiques, trois se présentent sous orme de
polymères (structures chimiques composées de monomères identiques ou similaires) : les glucides complexes, les acides nucléiques et les protéines. Les lipides ne sont pas des polymères. • Toutes les biomolécules organiques se orment par le processus de synthèse par déshydra-
tation et sont dégradées (digérées) par hydrolyse. 2.8.2
Les lipides ........................................................................................................................................................................ • Les lipides orment un groupe très diversifé de molécules grasses insolubles ou partiellement
insolubles dans l’eau ; ce groupe comprend notamment les triglycérides, les phospholipides, les stéroïdes et les éicosanoïdes. • Les triglycérides se composent d’une molécule de glycérol et de trois acides gras ; ils assurent
généralement une onction d’entreposage à long terme de l’énergie.
61
80 Partie I L’organisation du corps humain
• Les phospholipides se composent d’une molécule de glycérol, de deux acides gras et d’un
groupement phosphate auquel sont attachés diérents groupements organiques. Les phospholipides sont des molécules amphipathiques possédant une tête polarisée et deux queues non polaires ; ils constituent les membranes. • Les stéroïdes présentent une structure caractéristique de quatre anneaux d’hydrocarbures.
Le cholestérol, les hormones stéroïdiennes et les sels biliaires sont des stéroïdes. • Les éicosanoïdes sont des acides gras modifés à 20 atomes de carbone et synthétisés à
partir de l’acide arachidonique au gré des besoins de l’organisme. • Les glycolipides et les vitamines liposolubles sont également des lipides. 2.8.3
Les glucides ....................................................................................................................................................................
65
• Les glucides sont des molécules dont la ormule chimique est la suivante : (CH2O)n. Les dié-
rents types de glucides peuvent être placés par ordre croissant de complexité : monosaccharides, disaccharides, polysaccharides. • Le glucose est le monosaccharide le plus abondant dans le corps humain ; il lui ournit de l’éner-
gie. Quand l’apport en glucose excède les besoins de l’organisme, le surplus est entreposé dans le oie et les tissus musculaires squelettiques sous orme de glycogène (polysaccharide). • Il existe de nombreux autres types de glucides, notamment : parmi les monosaccharides, le
galactose, le ructose, le ribose et le désoxyribose ; parmi les disaccharides, le maltose, le sucrose et le lactose ; et parmi les polysaccharides, l’amidon et la cellulose. 2.8.4
Les acides nucléiques ...............................................................................................................................................
67
• L’acide désoxyribonucléique (ADN) et l’acide ribonucléique (ARN) sont des acides nucléiques ;
il s’agit de polymères constitués de nucléotides. Ces molécules sont responsables de la synthèse des protéines dans les cellules. • L’ADN est un acide nucléique bicaténaire ormé de désoxyribonucléotides, dont le sucre est
le désoxyribose. • L’ARN est un acide nucléique monocaténaire, ormé d’une série de ribonucléotides, dont le
sucre est le ribose. • La molécule d’adénosine triphosphate (ATP) est un nucléotide modifé et constitue le réser-
voir énergétique des cellules. 2.8.5
Les protéines..................................................................................................................................................................
69
• Les protéines remplissent de nombreuses onctions dans le corps humain, notamment le rôle
d’enzymes, de transporteurs ou de récepteurs. • Les protéines sont des polymères qui se distinguent entre eux par le nombre et l’agencement
de leurs acides aminés. Il existe 20 acides aminés susceptibles de ormer des séquences linéaires dans les protéines.
2.9 La structure des protéines – 71
• La structure tridimensionnelle des protéines est déterminée par les chaînes linéaires de leurs
acides aminés. 2.9.1
Les différents types d’acides aminés ................................................................................................................. • Les acides aminés non polaires n’ont aucune charge, les acides aminés polaires possèdent
une charge partielle et les acides aminés chargés ont une charge complète. • Les 20 acides aminés peuvent être classés selon les catégories suivantes : acides aminés non
polaires, polaires, chargés et à onctions particulières.
71
Chapitre 2 Les atomes, les ions et les molécules
2.9.2
81
La séquence des acides aminés et la conformation des protéines.....................................................
71
• L’organisation des protéines repose sur des structures primaires, secondaires et tertiaires
(et quaternaires, dans les molécules possédant plusieurs chaînes protéiques). Ces niveaux organisationnels déterminent la conormation et les onctions de la protéine. • La structure primaire correspond à la séquence linéaire des acides aminés de la protéine. La
structure secondaire d’une protéine peut se composer d’hélices alpha ou de euillets bêta. La structure tertiaire se défnit par le repliement de la structure secondaire, conérant une orme tridimensionnelle fnale à la protéine (globulaire ou fbreuse). Dans certaines protéines complexes se constitue une structure quaternaire : plusieurs polypeptides s’agencent pour ormer la molécule fnale. • La dénaturation d’une protéine est la modifcation de sa orme tridimensionnelle et aecte
son activité biologique. Elle peut notamment résulter d’une élévation de la température ou d’une modifcation du pH.
AUTOÉVALUATION
Solutionnaire
Concepts de base 1
Parmi les matières énoncées ci-dessous, quelle est celle qui ne se dissout pas dans l’eau ?
5
a) Le lipide.
a) Elle est polymérisée.
b) Le glucose.
b) Elle est dénaturée.
c) La protéine.
c) Elle se convertit en acide nucléique.
d) Le sel. 2
Lequel de ces énoncés relatis à la concentration des au pH est aux ?
d) Elle devient plus efcace. H+
et
a) Les solutions acides contiennent plus d’ions H+ que l’eau.
6
Décrivez la liaison polaire et la molécule polaire.
7
Comparez le processus de dissolution d’une matière dans l’eau au processus de dissolution et de dissociation. Donnez des exemples précis de matière dans les deux cas.
8
Défnissez les termes suivants : acide, base, pH, tampon.
9
Présentez les diérentes unités d’expression de la concentration étudiées dans ce chapitre.
b) La concentration en H+ et le pH sont inversement corrélés. c) Pour neutraliser une solution acide, il aut y incorporer une base. d) Un pH égal à 6 est basique ou alcalin. 3
Laquelle de ces biomolécules organiques n’est pas un polymère ? a) Le triglycéride. b) La protéine. c) Le glycogène. d) L’ADN.
4
Que se passe-t-il quand une protéine se déplie et perd sa orme tridimensionnelle ?
Sous quelle orme moléculaire le glucose est-il entreposé dans le oie et les tissus musculaires squelettiques ? a) L’amidon. b) Un phospholipide. c) Le glycogène. d) Le glucagon.
10 Énoncez les quatre types de biomolécules organiques en
précisant les monomères qui les constituent. 11 Décrivez le mécanisme par lequel les molécules de phospho-
lipides constituent la membrane plasmique des cellules. 12 Expliquez la dénaturation des protéines en cas d’élévation
de la température ou de changement du pH, en précisant son mécanisme et ses conséquences.
82 Partie I L’organisation du corps humain Mise en application 1
2
Quelle est la propriété de l’eau qui provoque l’aaissement des alvéoles pulmonaires chez certains nouveau-nés prématurés et qui rend par conséquent leur respiration dicile ?
3
Les os des enants rachitiques féchissent sous leur propre poids parce qu’ils possèdent des quantités insusantes d’un ion très présent dans le corps humain. De quel ion s’agit-il ?
a) La chaleur spécique.
a) Na+.
b) La réactivité de l’eau.
b) K+.
c) La tension de surace.
c) Cl–.
d) La capillarité.
d) Ca 2+.
Une jeune emme a l’impression que sa thyroïde a grossi. Parmi les propositions ci-dessous, laquelle désigne une matière qui émet des radiations de haute énergie et qui est utilisée dans certaines procédures diagnostiques d’imagerie thyroïdienne ? a) Les ions. b) Les radio-isotopes. c) Les radio-isomères. d) Les isomères.
Synthèse 1
Quelle est la biomolécule qui permet la synthèse des protéines et qui risque de muter en cas d’exposition à des radiations de haute énergie ?
2
Les résultats des tests d’une personne diabétique révèlent une acidose (pH inérieur à la normale). Expliquez le changement de la concentration d’ions H+ dans le sang et indiquez
les conséquences possibles sur le repliement des protéines dans le plasma sanguin (et ailleurs dans l’organisme). 3
Une cliente doit prendre un nouveau médicament qui abaisse le taux de sucre dans le sang. Quelle molécule est régie par ce médicament ?
L’ÉNERGIE, LES RÉACTIONS CHIMIQUES ET LA RESPIRATION CELLULAIRE
CHAPITRE
3
Adaptation française :
Lia Tarini
LE BIOCHIMISTE…
DANS LA PRATIQUE
Les biochimistes étudient les résultats que produisent les processus chimiques dans lesquels interviennent les biomolécules, les produits particuliers issus de ces processus ainsi que leur incidence sur les êtres vivants. Ils doivent connaître les éléments constitutifs des biomolécules, les monomères, de même que leur rôle dans les réactions chimiques et le métabolisme. En outre, les biochimistes médicaux étudient les affections qui touchent l’être humain et effectuent des recherches dans le but de mettre au point des médicaments, des vaccins ou d’autres molécules pouvant jouer un rôle important dans le corps humain. Sur la photo ci-contre, une biochimiste effectue des tests d’ADN.
3.1
3.2
L’énergie ........................................................
84
3.1.1 3.1.2 3.1.3
84
Les types d’énergie ............................... Les ormes d’énergie ............................. Les principes de la thermodynamique .................................. Les réactions chimiques ........................... 3.2.1 Les équations chimiques ....................... 3.2.2 La classifcation des réactions chimiques .............................................
Illustration des concepts Différentes formes d’énergie du corps humain ....................................................
3.3.2 3.3.3
85
3.3.4
86 87
Le mécanisme d’action des enzymes ...............................................
96
La classifcation et la nomenclature des enzymes .........................................
97
3.3.5
Les enzymes et les vitesses de réaction ............................................
98
87
3.3.6
La régulation enzymatique .....................
99
3.3.7
Les voies métaboliques et les complexes multienzymatiques ........... 100
88
Illustration des concepts Fonctionnement des enzymes ........................... 102
93
3.4
3.2.3
La vitesse de réaction et l’énergie d’activation ........................................... Les enzymes .................................................
94
3.3.1
94
Le rôle des enzymes ..............................
95
87
INTÉGRATION
3.3
3.4.2
La structure et la localisation des enzymes .........................................
INTÉGRATION
Animation 3.4.3
La respiration cellulaire aérobie : la réaction transitoire ............................. 107
3.4.4
La respiration cellulaire aérobie : le cycle de l’acide citrique ...................... 108
3.4.5
La respiration cellulaire aérobie : la chaîne de transport des électrons ....... 112
3.4.6
La production d’ATP .............................. 114
3.4.7
La destinée du pyruvate en l’absence d’oxygène : la ermentation lactique ........ 115
3.4.8
La respiration cellulaire à partir d’autres molécules ................................ 115
Animation
Animation
La respiration cellulaire .............................. 104 3.4.1
Une vue d’ensemble de l’oxydation du glucose ............................................ 104
La voie anaérobie : la glycolyse ............... 105
84 Partie I L’organisation du corps humain
3.1
L’énergie
Tout être vivant requiert de l’énergie. Chez l’être humain, l’énergie contenue dans les cellules s’avère essentielle au onctionnement des muscles, à la circulation du sang dans l’organisme, à l’absorption des nutriments dans le tube digesti (tractus gastrointestinal) ainsi qu’aux échanges gazeux dans les voies respiratoires. L’énergie permet également d’assurer la synthèse de nouvelles molécules nécessaires à l’entretien, à la croissance et à la réparation de l’organisme, de même qu’à l’établissement des concentrations ioniques cellulaires. L’énergie correspond à la capacité de soutenir un travail donné. Elle dière de la matière dans la mesure où elle n’a pas de masse et n’occupe aucun volume. En outre, l’énergie est invisible et ne peut être mesurée que par ses eets sur la matière. La présente section décrit les deux principaux types d’énergie, les diverses ormes qu’elle prend ainsi que les principes auxquels elle est soumise.
3.1.1 1
Les types d’énergie
Décrire les deux types d’énergie.
L’énergie existe sous deux ormes : l’énergie potentielle et l’énergie cinétique. L’énergie potentielle correspond à l’énergie
Énergie potentielle
emmagasinée, alors que l’énergie cinétique constitue l’énergie représentée par le mouvement. L’énergie potentielle (ou énerg ie de position) peut être convertie ou changée en énergie cinétique, et vice versa. Par exemple, l’eau contenue par un barra ge comporte une énergie potentielle en raison de son emplacement. Lorsque cette eau s’écoule du barrage, elle possède alors une énergie cinétique en raison de son déplacement. Finalement, l’énergie cinétique de l’eau peut être exploitée, par exemple, par l’activation d’une roue hydraulique en aval du barrage. L’arc et la fèche constituent également un exemple de conversion de l’énergie potentielle en énergie cinétique. Lorsque l’arc est tendu, il possède une énergie potentielle en raison de sa tension. Au moment du tir de la fèche, cette énergie potentielle est convertie en énergie cinétique. Finalement, la fèche en mouvement a la capacité de soutenir un travail donné lorsqu’elle atteint une pomme qu’elle ait tomber du pommier, par exemple. L’énergie potentielle est présente dans les cellules des êtres vivants lorsqu’il existe un gradient de concentration de part et d’autre de la membrane plasmique, laquelle agit à titre de rontière entre le milieu intracellulaire et le milieu extracellulaire FIGURE 3.1A . Par exemple, la concentration des ions sodium (Na+) est plus grande à l’extérieur qu’à l’intérieur de la cellule. Cette diérence de concentration de part et d’autre de la membrane est comparable à l’eau retenue par un barrage : elle
Énergie potentielle
Les ions Na+ en forte concentration ont une énergie potentielle. e–
Na +
Niveau e– élevé d’énergie
Les e – des couches électroniques à niveau élevé d’énergie ont une énergie potentielle.
Milieu intracellulaire
Milieu extracellulaire
Les e – qui passent à des couches électroniques moins énergétiques ont une énergie cinétique.
Na + Le déplacement des ions Na+ vers le milieu où leur concentration est la plus faible représente une énergie cinétique.
Noyau
Faible niveau d’énergie
Énergie cinétique A. Gradients de concentration
Niveau élevé e– d’énergie Conversion de l’énergie potentielle en énergie cinétique lorsque les e – passent des états de forte à faible teneur en énergie e–
Énergie potentielle e–
e–
e–
Diverses molécules
e– e–
Faible niveau d’énergie
Énergie cinétique B. Mouvement des électrons
FIGURE 3.1 Conversion de l’énergie potentielle en énergie cinétique
❯
L’énergie potentielle convertie en énergie cinétique peut être exploitée en vue de soutenir un travail donné. A. Le gradient de concentration des ions Na+ de part et d’autre de la membrane plasmique possède une énergie potentielle qui se convertit en énergie cinétique lorsque
les ions Na+ traversent la membrane dans le sens de leur gradient de concentration. B. Un électron à forte teneur en énergie possède une énergie potentielle qui peut être convertie en énergie cinétique. Cette énergie cinétique est utilisée par ce même atome ou par d’autres molécules lorsque l’électron change de couche électronique.
Chapitre 3 L’énergie, les réactions chimiques et la respiration cellulaire
correspond à l’énergie potentielle. Le déplacement des ions Na+ d’un milieu où leur concentration est élevée (liquide interstitiel) vers un milieu où leur concentration est inérieure (liquide intracellulaire) constitue un exemple d’énergie cinétique. Tout comme le torrent que provoque l’ouverture des vannes d’un barrage, l’énergie cinétique du déplacement des ions Na+ peut être exploitée en vue de soutenir un travail donné. Ce chapitre présente diverses situations dans lesquelles ce principe est mis en application (voir la section 24.6). L’énergie potentielle se manieste également dans l’emplacement des électrons sur les couches électroniques et par rapport au noyau atomique (voir la fgure 3.1B). En eet, les électrons peuvent passer d’une couche électronique à niveau élevé d’énergie à une couche inérieure ayant un niveau d’énergie plus aible. Lorsque les électrons se déplacent au cours d’une réaction chimique, ils peuvent le aire au sein d’une même molécule ou encore d’une molécule chimique à une autre, comme c’est le cas durant la synthèse de l’adénosine triphosphate (ATP) dans la chaîne de transport des électrons. L’énergie cinétique du déplacement des électrons peut être exploitée, et le mouvement des électrons s’avère crucial dans la ormation des molécules d’ATP. L’énergie potentielle a la capacité (donc le potentiel, d’où son nom) de soutenir un travail donné en raison de son emplacement. Cependant, l’énergie potentielle doit être convertie en énergie cinétique pour pouvoir y arriver.
Vérifiez vos connaissances 1. Le déplacement des ions
dans le sens de leur gradient de concentration (p. ex., lorsqu’ils entrent dans une cellule nerveuse) constitue-t-il un exemple d’énergie potentielle ou d’énergie cinétique ?
3.1.2
Na+
Les formes d’énergie
2
Décrire l’énergie chimique et les diverses formes d’énergie cinétique.
3
Énumérer les trois molécules importantes intervenant principalement dans le stockage de l’énergie chimique.
L’énergie potentielle et l’énergie cinétique existent sous diverses ormes. Cette section traite de l’énergie chimique, qui représente l’une des ormes d’énergie potentielle, et des diverses ormes d’énergie cinétique.
3.1.2.1 L’énergie chimique : une forme
d’énergie potentielle L’énergie chimique constitue l’une des ormes d’énergie potentielle. Elle correspond à l’énergie emmagasinée dans les liaisons chimiques des molécules. Il s’agit de la plus importante orme d’énergie de l’organisme. De açon précise, elle intervient dans le mouvement, la synthèse des molécules et l’établissement des gradients de concentration, des processus qui nécessitent tous de l’énergie. Toutes les liaisons chimiques
85
des molécules possèdent une énergie chimique qui est libérée lorsque les liaisons sont rompues au cours d’une réaction chimique. Trois molécules importantes de l’organisme humain interviennent principalement dans le stockage de l’énergie chimique : les triglycérides, le glucose et l’ATP. Touteois, la structure chimique, l’endroit où elles sont emmagasinées ainsi que la durée pendant laquelle ces molécules emmagasinent de l’énergie dièrent. À cet eet, voici un rappel de certains éléments du chapitre 2 : • Les triglycérides interviennent dans le stockage à long terme de l’énergie dans le tissu adipeux. • Le glucose est emmagasiné dans le oie et les tissus musculaires sous orme de glycogène. • L’ATP est la molécule ondamentale du métabolisme énergétique de la cellule. Elle est emmagasinée dans toutes les cellules, mais en quantité limitée. Elle est produite de açon continue et utilisée sur-le-champ au cours des processus qui nécessitent de l’énergie. Les protéines emmagasinent également de l’énergie chimique. Ces dernières peuvent donc agir à titre de carburant. Cependant, les protéines agissent principalement comme des unités structurales et onctionnelles de l’organisme (voir la section 2.8.5).
3.1.2.2 Les formes d’énergie cinétique Les autres ormes d’énergie, soit les énergies électrique, mécanique, sonore, thermique et de rayonnement, constituent des types d’énergie cinétique. L’énergie électrique est le mouvement des particules chargées. L’électricité correspondant au mouvement des électrons le long d’un câble et la propagation d’un infux nerveux par un neurone en raison du déplacement des ions de part et d’autre de sa membrane plasmique sont des exemples d’énergie électrique. L’énergie mécanique se manieste par le mouvement d’un objet. La contraction des muscles durant la marche et celle du cœur permettant de aire circuler le sang dans tout l’organisme constituent des exemples d’énergie mécanique. L’énergie sonore est créée lorsque la compression des molécules qui se déplacent dans une substance solide, liquide ou gazeuse entraîne une vibration, par exemple celle de la peau d’un tambour ou des cordes vocales. L’ouïe est attribuable aux ondes sonores qui ont vibrer la membrane du tympan dans l’oreille. L’énergie de rayonnement, qui correspond à la propagation des ondes électromagnétiques, est constituée d’un spectre de diverses ormes d’énergie dont la réquence et la longueur d’onde varient ; c’est ce qui s’appelle le spectre électromagnétique FIGURE 3.2. Plus la réquence est élevée, plus l’énergie de rayonnement est grande. À cet eet, les rayons gamma sont ceux qui possèdent la plus orte énergie de rayonnement, alors que les ondes radio sont celles dont l’énergie est la plus aible. Toutes les ormes d’énergie de rayonnement dont la réquence est supérieure à celle de la lumière visible, soit les rayons
86 Partie I L’organisation du corps humain
0,001 nm
1 nm
3.1.3
Longueur d’onde
4
Énoncer les deux premiers principes de la thermodynamique.
5
Expliquer pourquoi la conversion énergétique est toujours inérieure à 100 %.
10 nm
Rayons Gamma
Les principes de la thermodynamique
Fréquence (énergie)
X
UV
0,01 cm 1 cm 1 m
Rayons infrarouges
Forte énergie électromagnétique
Microondes
100 m
Ondes radio
L’énergie peut changer de orme. Voici quelques exemples :
Lumière visible
Ondes pouvant pénétrer l’organisme et endommager l’ADN en provoquant des mutations
• Lorsqu’une chandelle se consume, l’énergie chimique de la cire en usion est convertie en lumière et en chaleur.
Ondes perçues par la rétine 400 nm
Point de mutation de la molécule d’ADN
740 nm
Lumière Œil
FIGURE 3.2 Spectre électromagnétique
❯ Diverses ormes d’énergie de rayonnement constituent le spectre électromagnétique. Ces ormes d’énergies sont classées des plus puissantes (courtes longueurs d’onde) aux plus aibles (longues longueurs d’onde).
gamma, les rayons X et les rayons ultraviolets (UV), comportent une énergie sufsamment puissante pour pénétrer dans l’organisme et provoquer une mutation (changement) de l’acide désoxyribonucléique (ADN) des êtres vivants. Normalement, les cellules cutanées se protègent d’une exposition quotidienne aux rayons UV en produisant un pigment : la mélanine (voir la section 6.2.1). Ce procédé a généralement pour eet de oncer la peau (bronzage). La réquence des ondes du spectre de la lumière visible est plus aible et peut être perçue par les cellules rétiniennes de l’œil. Cette inormation visuelle est ensuite propagée le long du ner optique jusqu’à l’encéphale, qui l’interprète. La chaleur correspond à l’énergie cinétique du mouvement des atomes, des ions ou des molécules. Elle est produite durant un changement de orme d’énergie. Par exemple, l’utilisation de l’énergie contenue dans les aliments pour produire une contraction musculaire entraîne le dégagement de chaleur. La chaleur est généralement considérée comme un déchet, car il s’agit du seul type d’énergie qui ne peut soutenir un travail, à l’exception de l’énergie que produit un gradient thermique, comme dans le cas du moteur à vapeur. La chaleur est libérée dans le corps et contribue au maintien de la température corporelle ; elle ait également réérence à la température d’une substance.
Vérifiez vos connaissances 2. La contraction musculaire constitue un exemple
d’énergie cinétique. Spécifez de quel type d’énergie cinétique il s’agit.
• L’énergie provenant de la lumière du soleil est convertie en énergie électrique par les cellules rétiniennes qui transmettent un inux nerveux. • L’énergie chimique contenue dans la nourriture absorbée est d’abord convertie en une seconde énergie chimique, l’ATP, laquelle est convertie à son tour en énergie mécanique utilisée par les cellules pour aire contracter les muscles. Dans ces exemples, l’énergie passe tout simplement d’une orme à l’autre. L’étude des transormations de l’énergie s’appelle la thermodynamique (thermon = chaleur, dunamis = orce). Deux principes régissent les transormations énergétiques, soit le premier et le deuxième principe de la thermodynamique. Selon le premier principe, aucune énergie ne peut être créée ou perdue ; elle ne peut qu’être transormée ou convertie en une autre orme d’énergie. Le deuxième principe veut que chaque ois qu’une orme d’énergie se convertit en une autre, une partie de cette énergie se transorme en chaleur. Cela signife que l’énergie utilisable ne se convertit jamais à 100 % en une autre orme d’énergie. C’est donc dire que la conversion énergétique a un prix à payer qui se traduit en chaleur. Or, comme la chaleur ne peut soutenir un travail, la quantité d’énergie utilisable diminue à chaque conversion d’énergie. Par exemple, la conversion de l’énergie chimique de l’essence en énergie mécanique, soit le mouvement de la voiture, est d’environ 25 %. Ainsi, près de 75 % de l’énergie chimique de l’essence est transormée en son et en chaleur. En outre, de la chaleur est produite lorsque l’énergie chimique présente dans les aliments est utilisée pour assurer la contraction des muscles de l’organisme. D’ailleurs, l’une des onctions des tissus musculaires consiste à produire de la chaleur en vue de garder le corps au chaud (voir la section 10.1.1). Lorsque la température extérieure chute et qu’une personne bouge dans l’espoir de générer sufsamment de chaleur pour se maintenir au chaud, elle met ainsi en pratique le deuxième principe de la thermodynamique.
Vérifiez vos connaissances 3. En vous basant sur les deux principes de la
thermodynamique, expliquez ce qu’il advient de l’énergie et nommez l’élément qui est toujours produit au cours d’une conversion énergétique.
Chapitre 3 L’énergie, les réactions chimiques et la respiration cellulaire
La FIGURE 3.3 constitue un résumé des deux principaux types d’énergie, des diverses ormes d’énergie relativement à l’organisme ainsi que des principes qui régissent la thermodynamique.
Les réactions chimiques
3.2
L’énergie chimique intervient dans les processus cellulaires qui nécessitent de l’énergie. Pour comprendre le rôle prépondérant que joue cette orme d’énergie sur le plan cellulaire, il s’avère nécessaire de comprendre les réactions chimiques ainsi que la açon dont elles ont lieu.
3.2.1
Les équations chimiques
1
Expliquer les phénomènes survenant au cours d’une réaction chimique.
2
Distinguer les réactifs des produits.
Des millions de réactions chimiques se produisent à tout moment chez les êtres vivants. Le terme métabolisme (metabolê = changement) ait d’ailleurs réérence à toutes ces réactions chimiques qui surviennent chez les êtres vivants. Une réaction chimique se produit lorsque des liaisons chimiques dans une molécule donnée sont rompues et que de nouvelles liaisons sont créées pour ormer une molécule diérente. Durant la transormation des structures chimiques, un résumé des changements eectués apparaît dans l’équation chimique. Les éléments de cette équation sont appelés réactis et produits. Les réactifs correspondent aux substrats, c’est-à-dire aux substances présentes avant la réaction chimique. Ils apparaissent généralement à la gauche de l’équation chimique. Les produits sont les substances ormées à la suite de la réaction chimique. Ils apparaissent normalement à la droite de l’équation. Par exemple, voici à quoi ressemble une réaction chimique type : A+B→C A et B correspondent aux réactis, alors que C correspond au produit. La èche indique le sens de la réaction. Le plus souvent, la èche des réactions chimiques est dirigée vers la droite de manière à indiquer une transormation nette des réactis en produits. Dans une équation équilibrée, le nombre d’éléments apparaissant d’un côté de la èche est égal au nombre d’éléments apparaissant de l’autre côté. Par exemple : Ca 2+ + 2 Cl− → CaCl 2 Dans l’équation ci-dessus, un ion calcium se lie à deux ions chlorure pour ormer du chlorure de calcium.
Vériiez vos connaissances 4. Quelles différences y a-t-il entre les réactifs et
les produits d’une équation chimique ?
3.2.2
87
La classifcation des réactions chimiques
3
Décrire les trois catégories de réactions chimiques.
4
Distinguer le catabolisme de l’anabolisme.
5
Expliquer les échanges se produisant au cours d’une réaction d’oxydoréduction.
6
Expliquer le cycle de l’ATP.
Les réactions chimiques sont classées en onction des trois critères suivants : 1) les changements de structure chimique ; 2) les variations de l’énergie chimique ; et 3) la réversibilité de la réaction.
3.2.2.1 La classifcation des réactions chimiques
en onction des changements de structure chimique Les catégories générales des réactions chimiques en onction des changements de structure chimique comprennent les réactions de dégradation, de synthèse et de substitution FIGURE 3.4. La première catégorie porte le nom de réaction de dégradation, car la molécule initiale, de grande taille, est dégradée en de plus petites molécules. Autrement dit, une molécule complexe est dégradée en molécules plus simples. Voici une équation simplifée d’une réaction de dégradation : AB → A + B Une réaction de dégradation survient, par exemple, dans le cas de l’hydrolyse (voir la section 2.8.1) du saccharose (ou sucrose), qui entraîne la ormation de molécules de gluco se et de ructose dans le tube digesti (voir la fgure 3.4A). Par ailleurs, l’ensemble des réactions de dégradation est appelé catabolisme (kata = en dessous, ballein = lancer) (ou réactions cataboliques). La réaction de synthèse, aussi appelée réaction d’addition (sunthesis = réunion, composition), est la deuxième catégorie de réactions. Elle survient lorsqu’au moins deux atomes, ions ou molécules se combinent pour ormer une structure chimique plus complexe. Au cours de cette réaction, les liaisons chimiques initiales sont rompues, et de nouvelles sont créées. Voici une équation simplifée d’une réaction de synthèse : A + B → AB La déshydratation (voir la section 2.8.1) qui se produit durant la ormation d’un dipeptide à partir de deux acides aminés (voir la fgure 3.4B) constitue un exemple de réaction de synthèse. En outre, le mot anabolisme (anabolê = ascension) (ou réactions anaboliques) représente le terme qui englobe l’ensemble des réactions de synthèse se produisant dans l’organisme. Finalement, la troisième catégorie de réactions axées sur des changements de structure chimique correspond à la réaction de substitution au cours de laquelle des atomes, des molécules, des ions ou des électrons passent d’une structure chimique à une autre. Ce type de réaction présente à la ois des caractéristiques
INTÉGRATION
ILLUSTRATION DES CONCEPTS
FIGURE 3.3 Différentes formes d’énergie du corps humain
❯
A. L’énergie potentielle et l’énergie cinétique ; B. les formes d’énergie utilisables ; C. les principes régissant l’énergie.
A. Énergie potentielle et énergie cinétique
Énergie potentielle : énergie de position L’aigle perché possède de l’énergie potentielle.
Na
Na+
+
Les deux types d’énergie
ue : énergie du mouvement Énergie cinétique Na+
Na+
Na+
Les ions Na+ possèdent de l’énergie cinétique lorsqu’ils se déplacent dans le sens de leur gradient de concentration.
Na+
Les ions Na+ ont de l’énergie potentielle en raison du gradient de concentration entre les milieux intracellulaire et extra cellulaire.
Na+
Na+ Na a+
Na+
Lorsqu’il s’envole, l’aigle convertit son énergie potentielle en énergie cinétique.
B. Formes d’énergies utilisables pour soutenir un travail
Énergie de position Énergie chimique : énergie emmagasinée dans les liaisons chimiques unissant les molécules
Énergie électrique : mouvement des particules chargées
Énergie potentielle dans les liaisons chimiques
Glycogène
CH2OH C
O
H C HO
H OH
H
C
C
H
OH
H C OH
Exemple : Le glucose, une molécule au grand contenu énergétique, peut être stocké dans l’organisme sous forme de glycogène pour un usage ultérieur.
Exemple : La propagation d’un influx nerveux dans un neurone est attribuable au déplacement des ions chargés (Na+ et K +) de part et d’autre de la membrane plasmique.
C. Principes de la thermodynamique Dans l’organisme, la conversion de l’énergie d’une forme à l’autre produit de la chaleur et contribue au maintien de l’homéostasie.
Premier principe de la thermodynamique
Sonore
L’énergie ne peut être créée ou perdue ; elle ne peut qu’être transformée d’une forme à une autre.
Électrique
Chimique
Deuxième principe de la thermodynamique
Mécanique
De rayonnement
Thermique (énergie non utilisable)
Chaque fois que l’énergie est transformée, une partie de celle-ci est convertie en chaleur.
L’énergie passe constamment d’une forme à une autre en vue d’exécuter les tâches qui permettent à l’organisme de fonctionner et de demeurer actif. Dégagement de chaleur de l’avant-bras
Énergie du mouvement Énergie mécanique : mouvement d’une structure ou d’une substance
Énergie sonore : mouvement des molécules comprimées dans un milieu donné engendré par une vibration
Énergie de rayonnement : mouvement des ondes électromagnétiques dont la fréquence et la longueur d’onde sont variables
Exemple : La contraction du cœur assurant la circulation du sang constitue une forme d’énergie mécanique.
Exemple : Les ondes sonores font vibrer la membrane du tympan, stimulant les récepteurs sensoriels de l’ouïe.
Exemple : La lumière visible, une forme d’énergie de rayonnement, est focalisée sur la rétine, ce qui permet la vision.
90 Partie I L’organisation du corps humain
Réaction de dégradation : une molécule complexe est dégradée en des molécules plus simples (catabolisme) ; AB A + B (Dans certains cas, l’ajout d’une molécule d’eau est nécessaire. C’est le cas dans la réaction ci-dessous.) CH2OH
CH2OH O
H H OH
H
O
HO H
O
H
H
H
O
H
H2O
H OH
OH CH2OH
OH
OH
CH2OH
CH2OH
OH H
Saccharose
+
H
HO
H
O
H H
H OH CH2OH
HO OH
OH
Glucose
H
Fructose
A. Réaction de synthèse : deux ou plusieurs atomes, ions ou molécules se combinent pour former une structure chimique plus complexe (anabolisme) ; A+B AB (La production d’une molécule d’eau apparaît dans la réaction ci-dessous.) H2 O
Acides aminés
Dipeptide
B. Réaction de substitution : deux structures chimiques échangent des atomes, des molécules, des ions ou des électrons ; A + BC AB + C NH
NH CH3
C P
NH
N
CH2
C COO–
Créatine phosphate
+
P P
NH2
ADP
CH3 N
CH2
COO–
+
Créatine
P P
P
ATP
C.
FIGURE 3.4 Classifcation des réactions chimiques ❯ Les réactions chimiques sont classées selon les transformations chimiques qui s’y produisent. Il existe ainsi des réactions A. de dégradation, B. de synthèse et C. de substitution.
INTÉGRATION
STRATÉGIES D’APPRENTISSAGE
• Le catabolisme correspond à la dégradation (ou digestion) des molécules complexes en molécules simples. La dégradation de l’ATP en ADP et en phosphate est un exemple de réaction catabolique. Pour faciliter la mémorisation de ce concept, songez à une catastrophe ; ainsi, vous vous rappellerez que le catabolisme renvoie à la dégradation des molécules. • L’anabolisme correspond à la réaction inverse, soit la synthèse ou la formation de molécules complexes à partir de molécules simples. La liaison des acides aminés pour former une protéine durant la réparation des tissus est un exemple de réaction anabolique. • Le métabolisme, quant à lui, constitue le terme qui englobe toutes les réactions chimiques qui surviennent dans l’organisme, dont le catabolisme et l’anabolisme.
de la dégradation et de la synthèse. Il s’agit d’ailleurs de la réaction la plus courante dans l’organisme. Voici une équation simplifée d’une réaction de substitution : AB + C → A + BC La production d’ATP dans les tissus musculaires constitue un exemple de réaction de substitution : Créatine phosphate + ADP → Créatine + ATP Au cours de cette réaction, la liaison entre le phosphate et la créatine est rompue. La créatine devient alors une molécule libre, alors que le phosphate se lie à l’adénosine diphosphate (ADP) pour ormer de l’ATP (voir la fgure 3.4C). Les réactions d’oxydoréduction (ou réactions redox) constituent un type de réaction de substitution qui se caractérise
Chapitre 3 L’énergie, les réactions chimiques et la respiration cellulaire
par le passage d’électrons d’une structure chimique à une autre. L’appellation oxydoréduction renvoie aux deux concepts suivants : • l’oxydation, qui survient lorsqu’une molécule, un atome ou un ion perd un ou plusieurs électrons ; la structure devient alors oxydée ; • la réduction, qui survient lorsqu’une molécule, un atome ou un ion gagne un ou plusieurs électrons, chargés négativement ; la structure est alors réduite. La notion de réduction est utilisée, car la structure chimique gagne un électron, soit une particule chargée négativement. Sa charge est donc diminuée, d’où le terme réduction. Par ailleurs, les réactions d’oxydation et de réduction se produisent toujours de concert, étant donné qu’une structure chimique perd des électrons et qu’une autre les gagne. Les électrons qui passent d’une structure à l’autre se déplacent soit seuls, ils sont alors représentés sur le plan chimique par le symbole e−, soit accompagnés d’un ion hydrogène (H+) et, le cas échéant, leur symbole chimique est le suivant : H. Donc, un électron (e–) et un ion hydrogène (H+) liés ensemble orment un atome d’hydrogène (H).
À votre avis 1. Il y a échange d’électrons lorsque le NAD + devient
le NADH. Au cours de cette réaction, le NAD+ est-il oxydé ou réduit ? Justifez votre réponse.
91
STRATÉGIES D’APPRENTISSAGE
INTÉGRATION
La phrase « GERtrude aime l’OPÉra » aide à se souvenir des particularités du déplacement des électrons dans les réactions d’oxydoréduction. GER = la structure qui Gagne des Électrons est Réduite. OPÉ = la structure chimique Oxydée Perd des Électrons.
rôle important dans la synthèse de l’ATP. La FIGURE 3.5 présente un exemple dans lequel une molécule riche en énergie (p. ex., le glucose) subit une oxydation, puisqu’elle perd deux atomes d’hydrogène. Au cours de cette réaction, le NAD+ gagne à la ois un ion hydrogène (H+) et deux électrons (e−). Il s’avère donc réduit. L’autre ion H+ est quant lui libéré dans le milieu environnant. Le mouvement des électrons peut être exploité en vue de soutenir un travail. Ainsi, les électrons qui interviennent dans les réactions d’oxydoréduction correspondent à un transert d’énergie. Conséquemment, l’oxydation du glucose signife que le glucose perd ses électrons et libère l’énergie contenue dans ses liaisons chimiques. Par ailleurs, il aut savoir que d’autres molécules subissent une réduction et gagnent à la ois des électrons et de l’énergie, notamment le NAD+ lorsqu’il se transorme en nicotinamide adénine dinucléotide hydrogéné (NADH). Cette énergie désormais contenue dans le NADH peut ensuite servir à la synthèse de l’ATP.
3.2.2.2 La classifcation des réactions chimiques en
onction des variations de l’énergie chimique La molécule de nicotinamide adénine dinucléotide (NAD+) participe à plusieurs réactions d’oxydoréduction à l’intérieur des cellules. Il s’agit d’une version modifée d’un dinucléotide lié à des phosphates et qui contient un nicotinamide. Le NAD joue un
NAD+ : forme oxydée du nicotinamide adénine dinucléotide (NAD+) H C C
C
Gain d’un atome H (H+ et e−)
O C
C
NH2
+ C N Nicotinamide Gain d’un
Les réactions chimiques sont également classées selon la quantité d’énergie des réactis et des produits. Ces deux catégories, axées sur des variations d’énergie, portent le nom de réaction exothermique et de réaction endothermique.
2 atomes d’hydrogène (2 H+ + 2 e−) provenant d’une molécule riche en énergie (p. ex., le glucose)
NADH : forme réduite du nicotinamide adénine dinucléotide hydrogéné (NADH) H C C
C N
H
O
C
C NH2 Molécule riche en énergie
C
e−
Ribose
+ H+
Ribose
2P
2P Ribose
Adénine
Ribose
Adénine
FIGURE 3.5 Diverses formes de nicotinamide adénine dinucléotide
❯
Deux atomes d’hydrogène (H) passent d’une molécule riche en énergie (p. ex., le glucose) à la orme oxydée du nicotinamide adénine dinucléotide (NAD+). Le NAD + gagne un atome d’hydrogène (H) ainsi qu’un électron (e −). Par la suite, un ion H+ est libéré dans le milieu
environnant. La molécule riche en énergie (p. ex., le glucose) libère (perd) ses électrons. Elle subit alors une oxydation. Le NAD +, quant à lui, gagne des électrons. Il subit donc une réduction et se transorme en NADH. Le NADH est ensuite oxydé lorsqu’il perd un ion H+ ainsi que deux électrons.
92 Partie I L’organisation du corps humain
Les réactions exothermiques (exô = au dehors) (ou réactions exergoniques) contiennent des réactis dont les liaisons chimiques comportent, au début de la réaction, une plus grande quantité d’énergie que les produits ormés durant la réaction FIGURE 3.6A . Le terme exothermique ait réérence à l’énergie libérée au cours de la réaction. D’ailleurs, les réactions de dégradation, notamment la dégradation du glucose présent dans les aliments riches en dioxyde de carbone et en eau, sont généralement des réactions exothermiques. Les réactions endothermiques (endon = en dedans) (ou réactions endergoniques) contien nent des réactis dont les liaisons chimiques comportent une moins grande quantité d’énergie que les produits issus de la réaction. Le terme endothermique signife qu’un apport d’énergie est nécessaire pour que la réaction ait lieu (voir la fgure 3.6B). En outre, les réactions endothermiques donnent lieu à des produits dont l’énergie potentielle est nettement supérieure à celle des substrats. Les réactions de synthèse, dont la ormation d’un dipeptide à partir de deux acides aminés, constituent des réactions endothermiques.
Le cycle de l’ATP
3.2.2.3 La classifcation des réactions chimiques
en onction de leur réversibilité Les réactions chimiques peuvent être classées d’une troisième manière, soit en onction de leur caractère réversible ou irréversible. Une réaction irréversible comporte des réactis qui se transorment en produits, et ces mêmes produits ne peuvent être retransormés en leurs substrats d’origine. Bon nombre de réactions sont irréversibles. Dans l’équation de ces réactions, la èche est orientée vers la droite, comme ceci : A + B → AB ou
Réactifs (p. ex., glucose + O2)
CD → C + D
La réaction réversible dière de la réaction irréversible, car elle ne se produit pas uniquement dans un sens, soit celui dans lequel les réactis deviennent des produits. En eet, dans ce type de réaction, les réactis deviennent des produits au même rythme où les produits deviennent des réactis. Conséquemment, la concentration des réactis et des produits ne connaît pas une variation nette : la réaction est en état d’équilibre. Dans l’équation d’une réaction réversible, la relation entre les réactis et les
Produits (p. ex., des protéines)
Énergie fournie
Énergie fournie
Le cycle de l’ATP correspond à la ormation et à la dégradation continue d’ATP FIGURE 3.7. En eet, ce cycle se caractérise par la ormation d’ATP au cours d’une réaction endothermique et le ractionnement de cette même substance durant une réaction exothermique. L’ATP est issue de la libération d’énergie au cours des réactions nécessaires à la dégradation du glucose (ou d’autres molécules provenant de l’alimentation qui agissent à titre de carburant pour l’organisme). Ces molécules subissent une oxydation ; l’énergie emmagasinée dans leurs liaisons chimiques est alors transmise à l’ADP et au phosphate inorganique (P i) en vue de ormer de l’ATP. À son tour, l’ATP est oxydée, puis l’énergie libérée intervient dans les réactions endothermiques de même
que dans d’autres processus cellulaires qui nécessitent de l’énergie. Ainsi, l’énergie libérée dans l’organisme au cours des réactions exothermiques est utile aux réactions endothermiques qui, pour avoir lieu, nécessitent un apport en énergie. Par ailleurs, la cellule ne peut aire de réserves d’ATP, puisque l’ajout d’un troisième groupement phosphate à l’ADP orme une molécule très instable. Par exemple, l’ATP déjà présente dans une cellule musculaire squelettique ne lui permet qu’une contraction de cinq à six secondes. La ormation d’ATP doit donc être continue de manière à ce que les réactions endothermiques soient approvisionnées en énergie (voir la fgure 3.7).
0
Réactifs (p. ex., des acides aminés)
Énergie fournie
Produits (p. ex., CO2 + H 2O)
Énergie libérée
Évolution de la réaction A. Réaction exothermique
Énergie libérée
Énergie libérée
0
Évolution de la réaction B. Réaction endothermique
FIGURE 3.6 Réactions exothermiques et endothermiques
❯ Les réactions chimiques peuvent être classées selon les variations de l’énergie des réactifs et des produits. A. Les réactifs possèdent davantage d’énergie
que les produits. De l’énergie est libérée au cours d’une réaction exothermique. B. Les réactifs possèdent moins d’énergie que les produits. Un apport d’énergie s’avère nécessaire durant une réaction endothermique.
Chapitre 3 L’énergie, les réactions chimiques et la respiration cellulaire
produits est illustrée par une èche orientée dans les deux directions : A+B
Vérifiez vos connaissances 5. Pour chacune des paires suivantes, choisissez le terme
AB
qui décrit le mieux une réaction chimique au cours de laquelle des structures chimiques simples se combinent pour former une molécule complexe : a) réaction de synthèse ou de décomposition ; b) réaction exothermique ou endothermique ; c) catabolisme ou anabolisme (terme qui décrit l’ensemble des réactions de ce type).
La réaction réversible demeure en état d’équilibre si elle ne subit aucune perturbation. Cependant, l’équilibre peut être rompu si un changement survient relativement à la quantité de réactifs ou de produits que contient la réaction. Par exemple, une augmentation des réactifs ou une diminution des produits fera en sorte que l’équation sera orientée vers la droite, ce qui contribue à la formation d’une quantité accrue de produits jusqu’à ce que l’équilibre soit atteint de nouveau. À l’opposé, une diminution des réactifs ou une augmentation des produits orientera l’équation vers la gauche, ce qui contribue à la formation d’une quantité accrue de réactifs jusqu’au retour au point d’équilibre. À cet effet, la réaction entre le dioxyde de carbone (CO2) et l’eau (H2O) pour former de l’acide carbonique (H2CO3) constitue un exemple important de réaction réversible. Cette réaction est exprimée par l’équation suivante : CO2 + H2O
H2CO3
L’acide carbonique ainsi formé demeure instable jusqu’à ce qu’il se dissocie pour former des ions bicarbonate (HCO3−) et hydrogène (H+). L’équation de la réaction complète est la suivante : CO2 + H2O
H2CO3
H+ + HCO3−
Cette réaction réversible se produit à divers endroits du corps humain. De plus, elle joue un rôle important dans plusieurs processus physiologiques, notamment la régulation de la respiration ainsi que le maintien de l’équilibre acidobasique (voir les sections 23.5.4 et 25.5.4). Le TABLEAU 3.1 résume les trois principaux modes de classication des réactions chimiques.
93
6. Quelle molécule est formée au cours des réactions
endothermiques, puis utilisée à titre de source d’énergie au cours de réactions exothermiques ou d’autres processus cellulaires nécessitant un apport d’énergie ? 7. Expliquez ce qui se produit lorsque l’équilibre
d’une réaction réversible est rompu en raison d’une augmentation des produits.
3.2.3
La vitesse de réaction et l’énergie d’activation
7
Dénir la vitesse de réaction.
8
Expliquer le concept d’énergie d’activation.
La vitesse de réaction correspond au temps d’exécution d’une réaction chimique. L’un des principaux facteurs qui permettent de déterminer la vitesse de réaction est l’énergie nécessaire pour rompre les liaisons chimiques d’un substrat de manière à ce que d’autres liaisons donnent naissance au produit. Cette énergie requise pour rompre les liaisons chimiques porte le nom d’énergie d’activation (Ea). Une réaction chimique a lieu lorsque l’énergie fournie est supérieure à l’Ea.
FIGURE 3.7 Cycle de l’ATP
❯ A. La liaison chimique riche en énergie de l’ATP se forme par une réaction de déshy dratation entre l’ADP et le groupe ment phosphate. L’énergie nécessaire est fournie par l’oxydation exother mique des molécules de combustible (p. ex., le glucose). B. La liaison chimique riche en énergie de l’ATP est rompue par hydrolyse pour donner de l’ADP et un groupement phosphate.
94 Partie I L’organisation du corps humain TABLEAU 3.1
Classifcation des réactions chimiques
Type de réaction chimique
Défnition
Exemple
Changement de structure chimique Dégradation
Fractionnement d’une structure chimique complexe en structures plus simples
Saccharose → glucose et fructose
Synthèse
Formation d’une structure chimique complexe à partir de structures simples
Acides aminés → dipeptide
Substitution
Échange d’atomes, de molécules, d’ions ou d’électrons entre deux structures chimiques
Créatine phosphate + ADP → Créatine + ATP
Libération d’énergie
Glucose et oxygène → dioxyde de carbone et eau
+
+
+
+
Variation de l’énergie Exothermique
Réactif Produit
Endothermique
Apport énergétique
Acides aminés → dipeptide
Produit Réactif
Réversibilité de la réaction Irréversible
Changement net des réactifs en produits
La plupart des réactions chimiques
Réversible
Formation de produits = formation de réactifs
H2O + CO2
En laboratoire, le simple ait de chauer un mélange permet généralement de dépasser l’Ea. En eet, l’augmentation de la température accroît l’énergie cinétique des molécules, ce qui ournit un apport énergétique sufsant pour rompre les liaisons chimiques entre les molécules. Ce phénomène est observé lorsque l’eau chauée devient de la vapeur. Cependant, il n’est pas possible d’arriver au même résultat dans le cas d’une cellule vivante, car une augmentation de la température de la c ellule entraîne la dénaturation de ses protéines, puis sa mort (voir la section 2.9.2). Les cellules sont touteois parvenues à régler le problème relati à l’Ea grâce à l’intervention de catalyseurs biologiques, les enzymes.
Vérifiez vos connaissances 8. Expliquez pourquoi le métabolisme ne pourrait avoir
lieu sans la présence d’enzymes.
3.3
Les enzymes
Les réactions chimiques doivent se produire à un rythme sufsamment élevé pour maintenir la vie. Les enzymes constituent des structures chimiques qui permettent les millions de
H2CO 3
A + B → AB ou AB → A + B
HCO 3− + H+
changements chimiques qui ont lieu chaque seconde dans l’organisme. Le rôle qu’elles jouent est donc crucial.
3.3.1 1
Le rôle des enzymes
Décrire la fonction générale remplie par les enzymes.
Les enzymes sont des protéines qui jouent le rôle de catalyseurs biologiques et qui accélèrent les activités chimiques de l’organisme. Elles accélèrent les activités chimiques dites normales en réduisant l’Ea des réactions cellulaires. La FIGURE 3.8 illustre la diérence entre l’Ea d’une réaction thermique, une réaction chimique dans laquelle aucune enzyme n’intervient, et l’Ea d’une réaction catalytique, réaction dans laquelle intervient une enzyme. L’exemple de la dégradation du saccharose en glucose et en ructose a été choisi pour illustrer ces phénomènes. À cet eet, il aut remarquer que : 1) la réaction est exothermique, car le saccharose possède une énergie potentielle supérieure à l’énergie potentielle combinée des produits, soit le glucose et le ructose ; 2) l’E a doit être atteinte même s’il s’agit d’une réaction exothermique ; 3) la présence d’une enzyme réduit l’E a requise. Ainsi, au cours d’une période donnée, une plus grande quantité de glucose et de ructose est ormée en présence d’une enzyme qu’en l’absence de ce catalyseur biologique.
Énergie fournie
Chapitre 3 L’énergie, les réactions chimiques et la respiration cellulaire
Ea de la réaction sans l’intervention de l’enzyme Ea de la réaction lors de l’intervention de l’enzyme 0
Énergie libérée
Réactif (saccharose) O
Produits (glucose et fructose) Sans enzyme Avec enzyme
Évolution de la réaction
ormer temporairement un complexe enzyme-substrat FIGURE 3.9. La orme particulière du site acti ait en sorte qu’un seul substrat, ou type de substrat, peut s’y lier. Ainsi, l’enzyme n’agit à titre de catalyseur que pour une réaction donnée, et c’est pourquoi une enzyme est spécifque à une réaction chimique. Les enzymes sont produites durant la synthèse normale des protéines dans la cellule (voir la section 4.7). En outre, une ois l’enzyme ormée, son emplacement varie. En eet, les enzymes peuvent : 1) demeurer dans la cellule (p. ex., l’ADN polymérase, qui contribue à la ormation des nouvelles molécules d’ADN) ; 2) s’implanter dans la membrane plasmique, la paroi externe de la cellule (p. ex., la lactase, qui assure la digestion du lactose [sucre du lait], se situe dans la membrane plasmique des cellules de l’intestin grêle) ; 3) être sécrétées par la cellule (p. ex., l’amylase pancréatique, qui est libérée par le pancréas dans l’intestin grêle en vue de contribuer à la digestion de l’amidon).
Vérifiez vos connaissances
FIGURE 3.8 Énergie d’activation
95
❯ Le seuil énergétique à atteindre afn
qu’une réaction chimique puisse avoir lieu est appelé énergie d’activation (Ea). La fgure ci-dessus présente une comparaison de l’Ea d’une réaction sans enzyme et d’une réaction avec une enzyme, un catalyseur biologique.
Il aut noter que les enzymes n’accélèrent que les réactions qui auraient lieu de toute manière en augmentant le rythme de ormation des produits grâce à une diminution de l’Ea. La vitesse de ormation des produits dans la réaction réversible de l’acide carbonique avec, puis sans catalyseur peut servir d’exemple : CO2 + H2O
H2CO3
10. Qu’est-ce qu’un site acti et quel lien existe-t-il entre
le site acti d’une enzyme et les substrats ?
Site actif
Substrat
H+ + HCO3−
Cette réaction est catalysée par une enzyme appelée anhydrase carbonique. La réaction a tout de même lieu en l’absence de cette enzyme. Cependant, sans l’anhydrase carbonique, le nombre de molécules de H2CO3 produit est beaucoup plus aible. En revanche, en présence de l’anhydrase carbonique, la vitesse de réaction est bien plus grande.
Vérifiez vos connaissances
Enzyme
Complexe enzyme-substrat
FIGURE 3.9 Structure de l’enzyme
❯ Une enzyme est une protéine globulaire comportant une cavité ou un sillon qui agit à titre de site acti.
9. Expliquez pourquoi les enzymes sont essentielles
à la vie.
3.3.2
La structure et la localisation des enzymes
2
Décrire les principaux éléments structuraux des enzymes.
3
Désigner l’emplacement des enzymes dans l’organisme.
La plupart des enzymes sont des protéines globulaires (voir la section 2.9.2) composées d’une soixantaine d’acides aminés (protéine relativement petite) à plus de 2 500 acides aminés (très grosse protéine). Les acides aminés qui composent la chaîne de protéines ont une structure moléculaire tridimensionnelle unique, dont une région est appelée site acti. Le site acti s’ajuste aux substrats pour
INTÉGRATION APPLICATION CLINIQUE
Le dosage des enzymes dans le sang Lorsqu’elles sont présentes dans le sang, les enzymes intracellulaires peuvent indiquer la nécrose des cellules d’un organe. Par exemple, l’enzyme CK-MB (raction cardiaque de la créatine kinase) est libérée dans le sang lorsque les cellules du myocarde sont nécrosées à la suite d’un inarctus. Son dosage dans le sang permet au personnel médical de confrmer le diagnostic de l’inarctus en plus d’évaluer plus précisément le moment où il s’est produit. Il en va de même pour l’amylase pancréatique présente dans le sang durant une pancréatite. Comme les enzymes intracellulaires sont généralement spécifques à un ou à quelques organes, leur dosage sanguin permet de poser un diagnostic plus précis qu’en se basant uniquement sur les signes cliniques du client.
96 Partie I L’organisation du corps humain
Le mécanisme d’action des enzymes
3.3.3
4
Expliquer les étapes de la catalyse d’une réaction par une enzyme.
5
Décrire les cofacteurs et leur rôle dans une réaction chimique.
par la lactase ainsi qu’une réaction de synthèse dans laquelle intervient la glycogène synthase. Dans les deux cas, l’enzyme accélère la réaction de la açon suivante : 1
Le substrat pénètre dans le site acti, puis l’enzyme se lie temporairement au substrat de manière à ormer un complexe enzyme-substrat.
2
L’entrée du substrat dans le site acti entraîne une légère variation de la conormation (structure) de l’enzyme, rendant ainsi la correspondance paraite entre l’enzyme et le substrat. L’interaction entre l’enzyme et le substrat peut être comparée à une étreinte entre deux personnes.
Des exemples d’activités enzymatiques sont illustrés dans la FIGURE 3.10. Cette fgure présente une réaction de dégradation
Réaction de dégradation : le lactose est décomposé en glucose et en galactose.
Galactose O
Glucose
1 Le substrat se lie à l’enzyme pour former un complexe enzymesubstrat.
2 En modifiant sa conformation, l’enzyme s’ajuste à la conformation du substrat.
3 Le lien unissant le glucose et le galactose se rompt.
O
Lactose
4 Produits : le glucose et le galactose sont libérés, et l’enzyme est prête à se combiner à une autre molécule de substrat.
O
Substrat : lactose Complexe enzyme-substrat
Enzyme : lactase A. Réaction de synthèse : des molécules de glucose s’unissent pour former une molécule de glycogène. Glucose
1 Le glucose se lie à l’enzyme pour former un complexe enzymesubstrat.
2 En modifiant sa conformation, l’enzyme s’ajuste à la conformation du substrat.
3 Des liaisons sont rompues, et une nouvelle liaison se forme entre une autre molécule de glucose et la molécule de glycogène en formation.
Substrat : monomères de glucose
Enzyme : glycogène synthase
4 Produit : le glycogène est libéré, et l’enzyme est prête à se combiner à une autre molécule de substrat.
B.
FIGURE 3.10 Mécanisme de l’action enzymatique dans les réactions de dégradation et de synthèse ❯ A. Les enzymes peuvent décomposer des molécules complexes en molécules chimiques plus simples. Par exemple, le lactose peut être décomposé en
glucose et en galactose. B. Les enzymes peuvent synthétiser des molécules chimiques complexes à partir de molécules plus simples. Par exemple, du glycogène peut être fabriqué à partir de molécules de glucose.
Chapitre 3 L’énergie, les réactions chimiques et la respiration cellulaire
97
3
La tension exercée sur les liaisons chimiques du substrat est attribuable au changement de conormation de l’enzyme. Conséquemment, cette tension entraîne une réduction de l’Ea, les liaisons deviennent ainsi plus aibles, ce qui acilite la ormation de nouvelles liaisons chimiques.
Il existe des milliers d’enzymes. Pour aciliter la compréhension des divers types d’enzymes, les biochimistes les ont regroupés en sept principales catégories et sous-catégories en onction de leurs rôles. Le TABLEAU 3.2 décrit brièvement ces sept catégories d’enzymes.
4
La nouvelle molécule ainsi ormée, soit le produit, est ensuite libérée de l’étreinte de l’enzyme. Cette dernière peut donc recommencer un nouveau cycle avec d’autres substrats.
Par exemple, les enzymes qui appartiennent à la catégorie des oxydoréductases participent aux réactions d’oxydoréduction. La déshydrogénase constitue une sous-catégorie d’enzymes qui ont partie de l’oxydoréductase. Ces enzymes prennent part aux réactions d’oxydoréduction en déplaçant l’hydrogène entre les molécules.
3.3.3.1 Les coacteurs Les enzymes ont souvent besoin des coacteurs, c’est-à-dire des molécules ou des ions qui les aident en s’assurant que les réactions chimiques se produisent. Les cofacteurs sont des structures non protéiques inorganiques ou organiques (voir la section 2.8.1) qui s’associent à une enzyme donnée ou à une réaction enzymatique. Les cofacteurs inorganiques sont combinés aux enzymes et s’avèrent nécessaires au bon onctionnement de celles-ci. Par exemple, un ion zinc (coacteur) se lie à l’anhydrase carbonique (enzyme). Sans le zinc, l’anhydrase carbonique ne peut onctionner. Les cofacteurs organiques (aussi appelés coenzymes) ne se combinent pas aux enzymes. Ils remplissent plutôt des onctions particulières pour leur venir en aide. Bon nombre de vitamines (p. ex., les vitamines B6 et B12), de produits dérivés des vitamines ou de nucléotides modifés tel le NAD+ peuvent agir à titre de coacteurs organiques. Par exemple, la coenzy me NAD+ accepte les atomes d’hydrogène au cours de certaines réactions chimiques pour se transormer en NADH.
INTÉGRATION LIENS ENTRE LES CONCEPTS Jusque dans les années 1980, toutes les enzymes étaient décrites comme étant des protéines. Toutefois, les recherches de Thomas R. Cech (prix Nobel de chimie de 1989) suggèrent que certaines molécules d’acide ribonucléique (ARN), baptisées ribozymes (ou enzymes ARN), ont une activité enzymatique. En 2000, il a été démontré que l’ARN des ribosomes (organite cellulaire responsable de la synthèse des protéines ; voir la section 4.7.2) agit effectivement comme une enzyme en liant les acides aminés en une protéine (Cech, 2004).
Vériiez vos connaissances 11. Expliquez le mécanisme d’action des enzymes
de même que le rôle des cofacteurs.
3.3.4
6
7
La classifcation et la nomenclature des enzymes
Nommer les sept principales catégories d’enzymes et indiquer les fonctions des enzymes composant chacune des catégories. Décrire la convention d’appellation des enzymes.
Les transérases constituent une autre catégorie d’enzymes. Toutes les enzymes de cette catégorie assurent le transert d’atomes ou de molécules entre diverses structures chimiques. La kinase ait partie de cette catégorie, car elle ait passer spéciiquement un groupement onctionnel phosphate d’une molécule à une autre. D’autres exemples de dé shydrogénases et de kinases seront présentés plus loin dans le présent chapitre.
À votre avis 2. Expliquez la différence entre les enzymes synthases
et ligases.
Le nom d’une enzyme découle généralement du nom du substrat ou du produit qui intervient dans la réaction chimique, ou encore du nom de la sous-catégorie à laquelle elle appartient. À ce nom est greé le sufxe -ase. Voici quelques exemples qui suivent cette convention : • La pyruvate déshydrogénase est une enzyme qui assure le transert spécifque d’une molécule d’hydrogène (souscatégorie de la déshydrogénase) à partir d’une molécule de pyruvate. • L’ADN polymérase se trouve au cœur de la ormation de l’ADN, un polymère, à partir des désoxyribonucléotides. • La lactase assure la digestion du lactose, un disaccharide (voir l’Application clinique intitulée « L’intolérance au lactose », p. 103). Bien que le nom des enzymes se termine généralement par le sufxe -ase et qu’il désigne leur onction, il existe certaines exceptions à la règle. Par exemple, la pepsine, la trypsine et la chymotrypsine (voir la section 26.4.2) sont toutes des enzymes qui interviennent dans la digestion des protéines. Pourtant, leur nom n’indique pas clairement leur nature enzymatique ou leur activité spécifque.
Vériiez vos connaissances 12. Expliquez de quelle manière le nom d’une enzyme est
généralement établi.
98 Partie I L’organisation du corps humain TABLEAU 3.2
Principales catégories d’enzymes
Catégorie
Description
Exemples d’enzymes
Oxydoréductase
Assure le transfert des électrons d’une substance à une autre.
• La déshydrogénase a recours au NAD+ ou à une molécule autre que l’oxygène qui agit à titre d’accepteur d’électrons. • La peroxydase emploie le peroxyde d’hydrogène (H 2O2) comme accepte ur d’électrons.
Transférase
Assure le transfert d’un groupement fonctionnel.
• La phosphorylase transfère un groupement phosphate (PO 43−) à une seconde substance. • La kinase transfère un groupement phosphate (PO 43−) provenant de l’ATP à une substance.
Hydrolase
Assure la rupture d’une liaison chimique à l’aide de l’eau.
• • • •
Isomérase
Assure la conversion d’un isomère en un second isomère.
• La mutase transfère des atomes au sein d’une molécule.
Ligase (syn. : synthétase)
Assure la liaison de deux molécules grâce à l’hydrolyse de l’ATP.
• L’ADN ligase permet la liaison de deux segments d’ADN. Ce processus est utile pour la réparation de l’ADN.
Synthase
Assure la liaison de deux molécules pour former un composé.
• L’ATP synthase permet la fabrication de l’ATP grâce à la liaison de l’ADP et du groupement phosphate.
Lyase
Assure la rupture d’une liaison chimique sans l’intervention de l’eau.
• La décarboxylase scinde une molécule en vue d’en retirer le dioxyde de carbone.
3.3.5
Les enzymes et les vitesses de réaction
8
Décrire en quoi la concentration d’une enzyme et d’un substrat peut avoir une incidence sur les vitesses de réaction.
9
Expliquer les conséquences d’une variation de température sur les enzymes.
10 Décrire en quoi la variation du pH peut avoir
une incidence sur les enzymes.
Plusieurs acteurs inuencent les vitesses de réaction catalysées par les enzymes. Les acteurs les plus importants sont la concentration de l’enzyme et du substrat, la température et le pH.
3.3.5.1 L’incidence de la concentration
de l’enzyme et du substrat La vitesse d’une réaction chimique peut être accrue grâce à une augmentation de la concentration de l’enzyme ou du substrat. Cependant, une augmentation de la concentration du substrat n’accroît la vitesse de réaction que jusqu’au point de saturation de l’enzyme FIGURE 3.11A. À cet eet, la saturation survient lorsque la quantité de substrat est si grande que toutes les molécules de l’enzyme prennent part à une réaction chimique. La réaction ne peut donc être accélérée davantage,
La phosphatase retire un groupement phosphate. La protéase retire des acides aminés des protéines. La lipase dégrade les lipides (p. ex., les triglycérides). La sucrase (saccharase) dégrade le saccharose.
à moins de modifer d’autres paramètres (p. ex., le pH ou la température).
3.3.5.2 L’incidence de la température Les enzymes sont des protéines. Or, leur orme tridimensionnelle dépend de certaines variables environnementales, dont la température et le pH. Chaque enzyme atteint son efcacité optimale dans un milieu donné. Chez l’être humain, les enzymes onctionnent plus efcacement à une température optimale, laquelle s’élève généralement à 37 °C. Il s’agit d’ailleurs de la température corporelle normale (voir la fgure 3.11B). Une élévation de la température attribuable à une fèvre modérée entraîne une augmentation de l’efcacité de l’activité enzymatique dans tout l’organisme. Les enzymes peuvent alors convertir davantage de substrats en produits pendant une certaine période. Ce phénomène survient en raison d’une énergie cinétique accrue des molécules, ce qui augmente les chances que le substrat entre en contact avec les enzymes. De plus, dans ces conditions, l’enzyme conserve tout de même sa structure tridimensionnelle, mais elle s’avère plus exible. Ainsi, elle peut changer de orme plus rapidement durant un contact avec un substrat. C’est pour cette raison qu’une augmentation de la phagocytose est observée en présence d’une inection causant de la fèvre. Les enzymes impliquées dans la phagocytose seront plus actives en raison de la fèvre, ce qui permet habituellement d’enrayer l’inection plus rapidement.
Chapitre 3 L’énergie, les réactions chimiques et la respiration cellulaire
3.3.5.3 L’incidence du pH
Vitesse de réaction
L’augmentation de la concentration du substrat accroît la vitesse de réaction (jusqu’au point de saturation de l’enzyme).
Saturation de l’enzyme
Concentration du substrat A. Concentration du substrat La structure de la protéine est plus rigide à basse température. Vitesse de réaction
Température optimale pour assurer la meilleure flexibilité des enzymes humaines (37 °C) À haute température, il y a rupture des interactions intramoléculaires et dénaturation de l’enzyme.
30
40 50 Température °C
Vitesse de réaction
1
2 3 Acide
Dénaturation de l’enzyme H+
4
5
6
7 8 Neutre pH
9
Cependant, toutes les enzymes n’ont pas un pH optimal de 6 à 8. Par exemple, le pH de l’estomac varie plutôt de 2 à 4. Ainsi, le pH optimal de la pepsine, une enzyme présente dans l’estomac, correspond à ces valeurs.
INTÉGRATION LIENS ENTRE LES CONCEPTS
pH optimal pour la plupart des enzymes du corps humain (entre 6 et 8)
H+
Les enzymes remplissent leur onction de manière optimale à un certain pH. Le pH idéal pour la plupart des enzymes de l’être humain varie de 6 à 8. Une variation du pH peut avoir une inuence sur le bon onctionnement des enzymes (voir la fgure 3.11C). En eet, une augmentation des ions H+, qui correspond à une diminution du pH, ait en sorte qu’un plus grand nombre de ces ions se lient à l’enzyme. En revanche, une diminut ion des ions H+, donc une augmentation du pH, entraîne la libération d’ions H+ par une enzyme. Dans les deux cas, la variation du nombre d’ions H+ qui se combinent à une enzyme perturbe les interactions électrostatiques responsables de la orme de la protéine enzymatique. Or, une perturbation marquée de ces interactions provoque la dénaturation de l’enzyme, qui ne peut plus jouer son rôle. (La dénaturation des protéines causée par la variation du pH est expliquée en détail dans la section 2.9.2.)
60
B. Température
Dénaturation de l’enzyme
99
10 11 12 13 14 Alcalin
Les valeurs normales du pH sanguin se situent entre 7,35 et 7,45. Lorsque le pH sanguin se situe en dehors des valeurs normales, il est question d’acidose (pH inérieur à 7,35) ou d’alcalose (pH supérieur à 7,45). Les causes de ces déséquilibres peuvent être d’origine respiratoire (augmentation ou diminution du taux de CO2 sanguin) ou métabolique (présence d’une molécule acide ou alcaline dans le sang). Ces variations de pH perturbent le onctionnement des enzymes cellulaires, ce qui entraîne des perturbations de l’homéostasie (voir le chapitre 25).
Vérifiez vos connaissances 13. En quoi une variation de la concentration du substrat,
C. pH
de la température et du pH peut-elle avoir une incidence sur la vitesse des réactions chimiques catalysées par des enzymes ?
FIGURE 3.11 Variables environnementales infuençant la vitesse des réactions chimiques catalysées par des enzymes
❯
14. Expliquez l’incidence d’une èvre sur la vitesse
des réactions chimiques.
Les vitesses de réaction sont infuencées par une variation A. de la concentration du substrat, B. de la température et C. du pH.
Chez l’être humain, une augmentation importante de la température, soit au-delà de 40 °C, aaiblit les liaisons intramoléculaires qui permettent normalement à la structure protéique des enzymes de garder sa orme d’origine. S’ensuit alors une dénaturation de la protéine, qui ne peut plus onctionner. Ce phénomène est irréversible. Par ailleurs, plus l’augmentation de la température est marquée, plus les risques de dénaturation sont élevés.
3.3.6
La régulation enzymatique
11 Décrire de quelle manière les inhibiteurs compétitis
et non compétitis régissent l’activité enzymatique.
Une enzyme continue d’accélérer la conversion des substrats en produits aussi longtemps qu’il y a sufsamment de substrat et que
100 Partie I L’organisation du corps humain
les variables environnementales sont relativement normales. Touteois, si l’activité enzymatique n’est pas régie, les substrats fnissent par s’amenuiser, et la concentration des produits dépasse les besoins de l’organisme. Ainsi, afn d’éviter la surproduction, l’activité des enzymes doit être interrompue temporairement, comme c’est le cas lorsqu’il y a sufsamment de produit. La régulation enzymatique est assurée par des inhibiteurs, soit des substances qui se lient aux enzymes pour interrompre leur onctionnement, les empêchant ainsi de catalyser une réaction chimique. Lorsque l’accumulation du produit d’une réaction inhibe la réaction, il est question de rétro-inhibition. Au moment opportun, l’inhibiteur se libère ensuite de l’enzyme, laquelle peut donc recommencer à onctionner et à catalyser les réactions chimiques. Ce changement peut se produire de diverses açons selon que l’inhibiteur est compétiti ou non compétiti (ou allostérique). L’inhibiteur compétitif ressemble au substrat et se lie au site acti de l’enzyme. Par conséquent, le substrat et le composé régulateur entrent en compétition pour parvenir en premier à se fxer au site acti FIGURE 3.12A. Le degré d’inhibition de la réaction dépend de la quantité de substrat par rapport à la quantité d’inhibiteur compétiti. Plus la concentration du substrat est élevée, moins l’inhibiteur a de possibilités de se fxer au site acti de l’enzyme. En revanche, si la concentration de substrat chute, l’inhibiteur compétiti a alors plus de chances de se lier à l’enzyme, et donc une moins grande quantité de produit sera ormée au cours de la réaction chimique. L’inhibiteur non compétitif, quant à lui, ne s’apparente pas au substrat. Il inhibe l’action de l’enzyme en se fxant à un site de l’enzyme qui ne correspond pas au site acti, soit le site allostérique (allos = autre, stereos = solide). La liaison d’un inhibiteur non compétiti à un site allostérique entraîne un changement de structure de l’enzyme et, par le ait même, une variation de la orme du site acti de cette enzyme (voir la fgure 3.12B). En outre, les inhibiteurs non compétitis portent également le nom d’inhibiteurs allostériques, puisqu’ils se fxent au site du même nom. Finalement, ce type d’inhibition n’est pas inuencé par la concentration du substrat, puisque peu importe la quantité de substrat, celui-ci n’est plus en mesure de se lier au site acti.
Vérifiez vos connaissances 15. De quelle manière les inhibiteurs compétitis et non
compétitis assurent-ils la régulation enzymatique ?
3.3.7
Les voies métaboliques et les complexes multienzymatiques
12 Distinguer une voie métabolique d’un complexe
multienzymatique. 13 Expliquer le rôle de la rétro-inhibition dans la régulation
enzymatique. 14 Nommer et expliquer les processus de régulation
enzymatique impliquant le phosphate.
En général, plus d’une enzyme s’avère nécessaire à la conversion d’un substrat initial en un produit fnal. Selon le substrat en question et la succession des étapes de conversion, ces diverses enzymes orment soit une voie métabolique, soit un complexe multienzymatique. Une voie métabolique est constituée d’une série d’enzymes FIGURE 3.13. Chacune d’elles catalyse un changement progressi
d’un substrat donné, puis libère le produit. À son tour, le produit ormé par une enzyme devient le substrat d’une seconde enzyme. Par exemple, de nombreuses enzymes interviennent dans la dégradation chimique du glucose en vue de produire du dioxyde de carbone et de l’eau au cours du cycle de ormation de l’ATP (voir la section 3.4). Un complexe multienzymatique correspond à un groupe d’enzymes liées les unes aux autres par des liaisons non covalentes (voir la section 2.4), ormant ainsi un complexe. Cette chaîne d’enzymes prend part à une suite de réactions. Par exemple, la pyruvate déshydrogénase, qui intervient dans la dégradation du glucose, constitue un complexe multienzymatique (voir la section 3.4.3).
Inhibition non compétitive
Inhibition compétitive
Substrat
Substrat
Inhibiteur non compétitif Site actif
Inhibiteur compétitif
Enzyme L’inhibiteur compétitif se fixe au site actif, empêchant la liaison du substrat avec l’enzyme. A.
Site actif Enzyme Site allostérique L’inhibiteur non compétitif (allostérique) entraîne une modification de la forme du site actif de l’enzyme, empêchant le substrat de s’y fixer. B.
FIGURE 3.12 Inhibition enzymatique
❯ Il est possible d’empêcher le substrat de se fxer au site acti d’une enzyme à l’aide A. d’un inhibiteur compétiti qui pénètre dans le site acti ou B. d’un inhibiteur non compétiti (allostérique) qui se fxe à un site de l’enzyme autre que le site acti.
Chapitre 3 L’énergie, les réactions chimiques et la respiration cellulaire
101
Substrat intermédiaire B
Substrat intermédiaire A Substrat initial
Substrat intermédiaire C Enzyme 2
Produit final
Enzyme 3
Milieu extracellulaire Enzyme 1
Enzyme 4 Site allostérique
Rétro-inhibition Milieu intracellulaire
Produit final
FIGURE 3.13 Voie métabolique
❯ Une voie métabolique correspond à une série d’enzymes qui assurent la conversion d’un substrat donné en un produit fnal. Le produit d’une enzyme est le substrat de l’enzyme suivante dans la voie métabolique. Cette dernière est régie par un mécanisme de
Le complexe multienzymatique comporte deux principaux avantages. Tout d’abord, le produit issu d’une réaction chimique se lie immédiatement à la seconde enzyme du complexe. Ainsi, les chances de ormer le produit recherché sont accrues, alors que les risques que la substance se disperse et qu’elle entre en contact avec une enzyme d’une autre voie biochimique sont réduits. Ensuite, la voie enzymatique peut être régie par la régulation d’un seul complexe et non celle de plusieurs enzymes. La régulation d’un complexe multienzymatique est donc plus simple que celle d’une voie enzymatique. Les voies métaboliques et les complexes multienzymatiques doivent être régis afn d’éviter la ormation excédentaire d’un produit inutile et l’épuisement des substrats, lesquels pourraient servir ailleurs. Cette régulation est assurée par les mécanismes de rétro-inhibition. Au cours de ce processus, le produit issu de la voie métabolique agit à titre d’inhibiteur non compétiti afn d’interrompre le onctionnement des enzymes au début de la voie métabolique. À mesure que la quantité de produit augmente, ce dernier a plus de chances de se lier à l’enzyme et d’inhiber l’activité de la voie métabolique, ce qui ait en sorte que de moins en moins de produit est ormé. Avec le temps, alors que la quantité de produit diminue, l’inhibition de la voie métabolique diminue elle aussi. L’activité de cette dernière reprend donc. C’est ainsi qu’il est possible d’assurer la ormation d’une quantité constante de produit. La régulation métabolique est assurée par deux mécanismes précis : la phosphorylation et la déphosphorylation de l’enzyme. La phosphorylation correspond à l’ajout d’un groupement phosphate, alors que la déphosphorylation ait réérence au retrait
rétro-inhibition dans lequel le produit agit à titre d’inhibiteur non compétiti qui se lie à une enzyme se trouvant au début de la voie, ce qui permet de reiner la voie métabolique.
d’un groupement phosphate. Cependant, la phosphorylation peut activer certaines enzymes, mais en désactiver d’autres. De la même manière, la déphosphorylation peut entraîner des eets contraires pour diérentes enzymes. Les enzymes qui contribuent à l’ajout de phosphate sont généralement appelées protéines kinases, alors que celles qui contribuent au retrait de phosphate portent le nom de phosphatases (voir la fgure 4.19, p. 143, et la section 17.5.2 pour le lien avec le système endocrinien). La FIGURE 3.14 résume certains concepts importants liés aux enzymes, notamment leur onction, leur structure, leur emplacement, leur mécanisme d’action de même que d’autres caractéristiques.
INTÉGRATION APPLICATION CLINIQUE
Les médicaments en tant qu’inhibiteurs enzymatiques Certains médicaments d’ordonnance agissent en augmentant ou en réduisant l’activité de certaines enzymes. La pénicilline, par exemple, est un inhibiteur enzymatique qui cible une enzyme bactérienne de açon à perturber la ormation de la paroi bactérienne, ralentissant ainsi la progression d’une inection. De même, le sildénafl (Viagramd) traite le dysonctionnement érectile en inhibant l’enzyme phosphodiestérase de type 5 (PDE5), ce qui permet la vasodilatation des vaisseaux sanguins du pénis.
INTÉGRATION
ILLUSTRATION DES CONCEPTS
B. Structure et emplacement
FIGURE 3.14
La plupart des enzymes sont des protéines globulaires qui ne possèdent qu’un seul site actif.
Fonctionnement des enzymes
❯ Les caractéristiques des enzymes : A. leur fonction ; B. leur structure et leur emplacement ; C. leur appellation ; D. leur mécanisme d’action ; E. leur vitesse de réaction ; F. la voie métabolique, le complexe multienzymatique (régulation enzymatique) ; et G. leurs inhibiteurs.
Substrat spécifique à l’enzyme Site actif
A. Fonction enzymatique
Enzyme
Milieu extracellulaire
Ea sans enzymes
ique plasm ane r b m Me
Ea avec enzymes 0
Énergie libérée
Énergie fournie
Les enzymes réduisent l’Ea de manière à accélérer les réactions chimiques et à former une plus grande quantité de produit en une période donnée.
Milieu intracellulaire Les enzymes peuvent être situées à l’intérieur de la cellule, à l’extérieur de celle-ci ou dans la membrane plasmique.
Temps
C. Appellation des enzymes Le nom d'une enzyme découle généralement du nom du substrat ou du produit, et parfois de la souscatégorie d'enzymes intervenant dans la réaction chimique, le tout suivi du suffixe -ase. Exemple :
D. Mécanisme d’action Les enzymes participent soit aux réactions de dégradation, soit aux réactions de synthèse. Réaction de dégradation
Lactose + -ase = Lactase
Substrat
Enzyme
Réaction de synthèse
Substrat
Produits
Produit
Complexe enzyme-substrat
Enzyme
Complexe enzyme-substrat
E. Vitesse de réaction La vitesse d’une réaction chimique est influencée par la concentration du substrat ou de l’enzyme, par la température ainsi que par le pH.
Concentration du substrat ou de l’enzyme Une augmentation de la concentration du substrat (jusqu’au point de saturation de l’enzyme) accroît la vitesse de la réaction.
Température optimale
Température Une augmentation de la température accroît la vitesse de la réaction jusqu’au point de dénaturation de l’enzyme.
pH
Vitesse de réaction
Saturation
Température
Vitesse de réaction
Vitesse de réaction
Concentration du substrat ou de l’enzyme
pH optimal
pH Les enzymes présentent une efficacité maximale en présence d’un pH optimal. Une augmentation ou une diminution du pH, par rapport à la valeur optimale, entraîne une réduction de la vitesse de la réaction.
F. Voie métabolique et complexe multienzymatique Voie métabolique : une série d’enzymes
Complexe multienzymatique : un ensemble d’enzymes physiquement liées
Bon nombre de voies métaboliques sont régies par des mécanismes de rétro-inhibition. Le produit assure la régulation de la voie métabolique. Substrat Produit
Le produit d’une enzyme devient le substrat d’une seconde enzyme du complexe. Substrats Site actif
Enzymes Les produits de chacune des enzymes du complexe risquent moins de se disperser et d’être utilisés par d’autres enzymes.
Rétro-inhibition
Enzyme
Une augmentation de la quantité de produit formé ralentira la voie métabolique, et vice versa.
Site allostérique
G. Inhibiteurs des enzymes Inhibiteur compétitif
Inhibiteur non compétitif
Les inhibiteurs compétitifs se fixent directement sur le site actif.
Les inhibiteurs non compétitifs peuvent modifier la forme de l’enzyme, empêchant le substrat de se fixer au site actif.
Substrat
Substrat
L’accès au site actif est bloqué.
La forme du site actif a changé. Inhibiteur compétitif
Enzyme
Enzyme
Inhibiteur non compétitif
INTÉGRATION APPLICATION CLINIQUE
L’intolérance au lactose DÉSÉQUILIBRE HOMÉOSTATIQUE
L’intolérance au lactose est causée par un défcit de l’enzyme lactase. Cette enzyme est nécessaire à la dégradation du lactose. Le lactose, un disaccharide également appelé sucre du lait, est dégradé en glucose et en galactose afn de aciliter son passage du tube digesti à la circulation sanguine.
Lactose Glucose Galactose
Lactase La lactase se trouve dans la bordure en brosse de l’intestin grêle (membrane plasmique des cellules).
L’intolérance au lactose est plus courante chez les adultes âgés, car, au fl des ans, l’organisme produit moins de lactase. Les symptômes les plus réquents sont des troubles digestis, notamment des nausées, de la diarrhée, des ballonnements et des gaz. Afn d’éviter de tels symptômes, il est conseillé de boire du lait sans lactose, de prendre des comprimés contenant de la lactase ou d’éviter de consommer des aliments qui contiennent du lait.
104 Partie I L’organisation du corps humain
Vérifiez vos connaissances
3.4.1
16. Qu’est-ce qu’une voie métabolique ? Expliquez le rôle
Une vue d’ensemble de l’oxydation du glucose
de la rétro-inhibition dans la régulation enzymatique. 17. Expliquez brièvement ce que signifent les termes
suivants : phosphorylation et déphosphorylation.
3.4
La respiration cellulaire
La respiration cellulaire correspond à une voie métabolique comprenant de multiples étapes au cours desquelles les molécules organiques (p. ex., le glucose, les acides gras, les acides aminés) sont dégradées par une série d’enzymes. Durant la dégradation, l’énergie potentielle contenue dans les liaisons chimiques de la molécule est libérée. Elle sert ensuite à ormer de nouvelles liaisons chimiques entre l’ADP et un Pi en vue de produire de l’ATP (voir la fgure 3.7). Une attention particulière doit être portée aux éléments suivants, qui ont trait à la respiration cellulaire : • Ces processus sont exothermiques : ils libèrent de l’énergie. • La molécule organique transère son énergie à une autre molécule en libérant des électrons riches en énergie. Cette molécu le est qualifée d’oxydée. • L’énergie ainsi libérée sert à la synthèse de l’ATP, un processus endothermique, c’est-à-dire un processus qui nécessite un apport énergétique. • Pour une production maximale d’ATP, il doit y avoir un apport en oxygène. Bien que divers types de molécules organiques puissent être dégradés au cours de l’ensemble des processus de la respiration cellulaire, la section qui suit traite principalement de la dégradation (oxydation) du glucose.
INTÉGRATION LIENS ENTRE LES CONCEPTS La respiration cellulaire exige généralement un apport ininterrompu de dioxygène (O2) et l’élimination continue du CO 2. Le chapitre 23 décrit le processus de la respiration, un mécanisme qui ait intervenir à la ois les systèmes respiratoire et cardiovasculaire. Ces deux systèmes participent à la distribution de l’oxygène de l’atmosphère aux cellules de l’organisme et au mouvement inverse du CO2. Les personnes dont la onction respiratoire est altérée (p. ex., par l’emphysème) ou qui sourent d’une maladie cardiovasculaire (p. ex., l’insufsance cardiaque congestive) peuvent avoir de la difculté à acheminer le O2 jusqu’aux cellules de leur organisme. Elles éprouveront souvent des problèmes énergétiques et se sentiront léthargiques et atiguées. Cette baisse d’énergie est attribuable au ait que la respiration cellulaire dépend de l’apport en O2 pour assurer une production maximale d’ATP.
1
Écrire l’équation globale de l’oxydation du glucose.
2
Diérencier la production d’ATP à partir du glucose utilisant la voie anaérobie de celle utilisant la respiration cellulaire aérobie.
3
Énumérer les quatre étapes de l’oxydation du glucose et les situer dans la cellule.
L’oxydation du glucose se produit dans la cellule et correspond à la dégradation enzymatique du glucose, suivie d’une libération d’énergie qui permet la synthèse de l’ATP. En présence d’oxygène, le glucose est complètement dégradé, ce qui donne lieu à la ormation de dioxyde de carbone et d’eau. En l’absence d’oxygène, le glucose sera dégradé en lactate. Cette section décrit plusieurs caractéristiques importantes relativement à l’oxydation du glucose.
3.4.1.1 La réaction chimique générale La ormule chimique du glucose est la suivante : C6H12O6. Il s’agit d’une molécule riche en énergie en raison de ses nombreuses liaisons chimiques C—C, C—H et C—O. La dégradation complète du glucose par des enzymes donne lieu à la réaction chimique suivante : C6H12O6 + 6 O2 → 6 CO2 + 6 H2O + Énergie + Chaleur
3.4.1.2 Les modes de production
de l’ATP L’oxydation du glucose constitue une réaction exothermique. Au cours des nombreuses étapes de la dégradation enzymatique du glucose, une partie de l’énergie provenant de la rupture des liaisons chimiques est utilisée en vue de lier le Pi à l’ADP afn de synthétiser de l’ATP. En eet, le transert d’énergie à partir des liaisons chimiques présentes dans la molécule de glucose peut servir à la ormation directe ou indirecte d’ATP. La synthèse directe d’ATP, appelée phosphorylation du substrat, ne contribue qu’à une petite portion de la synthèse d’ATP. Le mode indirect, au cours duquel l’énergie est d’abord acheminée à des coenzymes (NAD+, avine adénine dinucléotide [FAD]) qui la transèrent ensuite en vue de ormer de l’ATP, porte quant à lui le nom de phosphorylation oxydative et constitue un moyen plus efcace de produire de l’ATP.
3.4.1.3 L’emplacement dans la cellule L’oxydation complète du glucose nécessite l’intervention d’au moins 20 enzymes qui se situent soit dans le cytosol, soit dans les mitochondries de la cellule FIGURE 3.15. Le cytosol correspond à la substance visqueuse présente dans le cytoplasme de la cellule, alors que les mitochondries sont de petits organites.
3.4.1.4 Les quatre étapes de la respiration cellulaire L’oxydation du glucose se divise en quatre étapes : la glycolyse, la réaction transitoire, le cycle de l’acide citrique (ou cycle de Krebs) et la chaîne de transport des électrons. La glycolyse survient dans le cytosol. Cette première étape constitue la voie anaérobie ; elle ne nécessite aucun apport en oxygène. Elle peut donc avoir
Chapitre 3 L’énergie, les réactions chimiques et la respiration cellulaire
105
Cytosol Mitochondrie
Respiration cellulaire
Glycolyse
Voie anaérobie (la glycolyse a lieu dans le cytosol)
Réaction transitoire Cycle de l’acide citrique
Chaîne de transport des électrons
Respiration cellulaire aérobie (la réaction transitoire, le cycle de l’acide citrique et la chaîne de transport des électrons surviennent dans les mitochondries)
FIGURE 3.15 Structures cellulaires nécessaires à la respiration cellulaire ❯ Les structures de la cellule qui interviennent dans l’oxydation du glucose comprennent le cytosol, où se situent les enzymes
lieu en présence ou en l’absence d’oxygène. Les trois autres étapes de l’oxydation du glucose ont lieu dans les mitochondries. Ensemble, elles sont appelées respiration cellulaire aérobie, car elles ont besoin d’un apport en oxygène pour se produire.
Vérifiez vos connaissances 18. Écrivez l’équation de la réaction globale de l’oxydation
du glucose. 19. Quelles sont les quatre étapes du processus d’oxy-
dation du glucose ? Désignez l’endroit où elles se produisent dans la cellule.
3.4.2 4
La voie anaérobie : la glycolyse
Expliquer sommairement la voie de la glycolyse, y compris les molécules ormées au cours du transert d’énergie du glucose.
La glycolyse (glyco = sucre, lyso = décomposer) ne nécessite aucun apport en oxygène ; il s’agit donc d’un processus anaérobie. En tout, 10 enzymes présentes dans le cytosol interviennent dans la voie métabolique de la glycolyse. Dans cette voie, le glucose est dégradé en deux molécules de pyruvate. Il s’ensuit un transfert d’énergie qui permet la formation nette de deux molécules d’ATP et de deux molécules de NADH.
nécessaires à la glycolyse, et les mitochondries, qui renerment les enzymes responsables de la respiration cellulaire aérobie (réaction transitoire, cycle de l’acide citrique et chaîne de transport des électrons).
INTÉGRATION
STRATÉGIES D’APPRENTISSAGE
Gardez les questions suivantes en tête tout au long de votre lecture portant sur les trois premières étapes de la respiration cellulaire, soit les étapes nécessaires à l’oxydation (dégradation) complète du glucose : 1. Cette étape a-t-elle lieu dans le cytosol ou dans les mitochondries de la cellule ? 2. Cette étape nécessite-t-elle un apport en oxygène (c.-à-d. est-elle aérobie ou anaérobie) ? 3. Quel est le substrat initial et quel est le produit fnal ? 4. Cette étape entraîne-t-elle la libération d’énergie qui permet de ormer directement de l’ATP (phosphorylation du substrat) ou l’énergie produite à cette étape est-elle acheminée vers la chaîne de transport des électrons à l’aide d’une coenzyme afn de permettre la phosphorylation oxydative ?
3.4.2.1 Les étapes de la glycolyse Les 10 réactions chimiques de la glycolyse sont régies par des enzymes. Elles sont présentées dans la FIGURE 3.16, qui offre une vue d’ensemble de la voie métabolique. Les étapes 1 à 5 ne se produisent qu’une fois par molécule de glucose, et les étapes 6 à 10 ont lieu deux fois par molécule de glucose, étant donné que ce dernier se divise en deux molécules, le dihydroxyacétone phosphate et le glycéraldéhyde-3-phosphate, ayant chacune trois atomes de carbone. Animation La voie anaérobie : la glycolyse
106 Partie I L’organisation du corps humain
Respiration cellulaire
Glycolyse Réaction transitoire Cycle de l’acide citrique Chaîne de transport des électrons
Glucose (molécule à six atomes de carbone)
2 ATP
2 molécules d’ ATP (investies)
Dihydroxyacétone phosphate p p P
2 ADP Étapes 1 à 4
Étape 5
Glycéraldéhyde3-phosphate p P
Vue d’ensemble de la glycolyse
FIGURE 3.16 Voie métabolique de la glycolyse : vue d’ensemble
❯ La glycolyse se déroule dans le cytosol. Elle peut avoir lieu en présence ou en l’absence d’oxygène. Elle nécessite 10 enzymes qui convertissent le glucose en
1-5 Les étapes 1 à 5 de la glycolyse permettent la division du
pyruvate. Ce qu’il advient du pyruvate dépend de la quantité d’oxygène à laquelle la cellule a accès. La fgure 3.16W sur présente en détail la voie métabolique de la glycolyse.
3.4.2.2 Un résumé de la glycolyse
glucose (molécule ormée de six atomes de carbone) en deux molécules de glycéraldéhyde-3-phosphate (molécule ormée de trois atomes de carbone). Dans les étapes 1 et 3, deux molécules d’ATP sont investies lorsque les kinases attachent un groupement phosphate de l’ATP aux produits issus de la dégradation du glucose. L’ajout du phosphate à l’étape 1 permet d’emprisonner le glucose dans la cellule.
La glycolyse constitue un processus métabolique qui se déroule dans le cytosol sans qu’un apport en oxygène soit nécessairement requis (la présence d’oxygène n’empêche cependant pas le processus de se produire). Le glucose correspond au substrat initial, alors que deux molécules de pyruvate constituent le produit fnal. Le transert net d’énergie sert à la ormation de deux molécules d’ATP et de deux molécules de NADH.
6-7 Les étapes 6 et 7 surviennent à deux reprises au cours de l’oxy-
• La formation d’ATP. Deux molécules d’ATP sont investies très tôt au cours du processus de glycolyse (étapes 1 et 3). Quatre molécules d’ATP sont ormées au cours de la glycolyse (étapes 7 et 10 qui se produisent à deux reprises pour chacune des molécules initiales de glucose). Ainsi, la glycolyse permet la ormation nette de deux molécules d’ATP (quatre molécules ormées, moins les deux molécules investies).
dation d’une molécule de glucose. Durant la sixième étape, un groupement phosphate se lie au substrat (il se retrouve donc avec deux atomes de phosphate), et deux atomes d’hydrogène sont libérés puis liés au NAD+ pour ormer du NADH et du H+. Pour simplifer les fgures et le texte, l’appellation NADH sera employée pour représenter le NADH et le H+. Ce transert d’hydrogène est catalysé par une déshydrogénase. À la septième étape, un groupement phosphate est acheminé à l’ADP en vue de ormer de l’ATP grâce à l’intervention d’une kinase au cours de la phosphorylation du substrat. 8-10 Les étapes 8 à 10 de la glycolyse se déroulent également à
deux reprises dans l’oxydation d’une molécule de glucose. Ces étapes comprennent la conversion du substrat de l’étape 7 en un isomère (étape 8) et la perte d’une molécule d’eau (étape 9). Ce qu’il reste de phosphate est ensuite transéré à l’ADP en vue de ormer de l’ATP grâce à l’intervention d’une kinase au cours de la phosphorylation du substrat (étape 10). Cette dernière étape entraîne la ormation du produit fnal, le pyruvate, une molécule ormée de trois atomes de carbone. À la fn du processus, une molécule de glucose aura généré deux molécules de pyruvate.
À votre avis 3. Quel est le transert net d’énergie (en ce qui a trait
à l’ATP et au NADH) au cours de la glycolyse ?
• La formation de NADH. Deux molécules de NADH sont ormées au cours de la glycolyse (étape 6, qui se produit deux ois par molécule initiale de glucose).
3.4.2.3 La régulation de la glycolyse La régulation de la glycolyse est assurée grâce au processus de rétro-inhibition, tout comme c’est le cas de bien d’autres voies métaboliques. L’ATP agit alors à titre d’inhibiteur non compétiti en vue d’interrompre le onctionnement de la phosphoructokinase (PFK), une enzyme catalysant l’étape 3 (voir la fgure 3.16W sur ). À mesure que la teneur du cytosol en ATP augmente, la liaison de l’ATP inhibe la PFK. Ainsi, la voie de la glycolyse est progressivement ermée. En revanche, lorsque la teneur en ATP diminue, la glycolyse augmente. La PFK est aussi régie de açon semblable par des substances qui rendent compte du statut énergétique de la cellule. Le NADH, le citrate (un intermédiaire qui intervient dans le cycle de l’acide citrique), les acides gras ainsi que d’autres molécules qui agissent à titre de carburant fgurent au nombre de
Chapitre 3 L’énergie, les réactions chimiques et la respiration cellulaire
ATP
NADH Pi NAD+
P
P
P
+
P
P
ADP
Étapes 6 et 7
Pyruvate (molécule à trois atomes de carbone)
ADP
ATP
NADH Pi NAD
ATP H2O
ADP
107
ATP H2O
P
ADP
Pyruvate (molécule à trois atomes de carbone)
Étapes 8 à 10
ces substances. Ainsi, l’augmentation de la concentration de ces substances entraîne une diminution de la glycolyse.
des électrons, constituent toutes des processus aérobies qui se déroulent dans les mitochondries.
3.4.2.4 La destinée du pyruvate
3.4.3.1 La structure de la mitochondrie
Le pyruvate correspond au produit fnal issu de la glycolyse. Les changements chimiques que subit ensuite le pyruvate dépendent de la quantité d’oxygène qui se trouve à la disposition de la cellule. En présence de sufsamment d’oxygène, le pyruvate pénètre dans une mitochondrie où sa dégradation aérobie est complétée, ce qui donne lieu à la ormation de dioxyde de carbone et d’eau (voir la section 3.4.3). Si, au contraire, la quantité d’oxygène est insufsante, le pyruvate est alors transormé en lactate (voir la section 3.4.7). Fait à noter, les érythrocytes (globules rouges) ne possèdent pas de mitochondries : ils ne peuvent donc pas produire d’ATP par la respiration cellulaire aérobie. Dans ces cellules, le pyruvate sera alors converti en lactate ou empruntera d’autres voies métaboliques, par exemple la voie des pentoses.
La mitochondrie est un organite qui possède une double membrane, soit une membrane externe lisse et une membrane interne qui se replie vers l’intérieur pour ormer des crêtes FIGURE 3.17A. L’espace rempli de liquide situé entre les deux membranes est appelé espace intermembranaire. La partie interne de la mitochondrie, quant à elle, porte le nom de matrice. Tant le complexe multienzymatique de la réaction transitoire que les enzymes qui interviennent dans la voie métabolique du cycle de l’acide citrique se situent dans la matrice. Les molécules importantes qui prennent part à la chaîne de transport des électrons (transporteurs d’électrons, pompes ioniques à hydrogène et enzymes ATP synthase) se trouvent dans les crêtes de la mitochondrie.
Vérifiez vos connaissances 20. Décrivez la glycolyse : l’endroit où elle se déroule, son
caractère aérobie ou anaérobie, sa réaction chimique nette et son transert net d’énergie. 21. Quelles sont les deux destinées possibles du
pyruvate ? Quels critères déterminent sa destinée ?
3.4.3
La respiration cellulaire aérobie : la réaction transitoire
5
Expliquer la réaction enzymatique subie par le pyruvate avant son entrée dans le cycle de l’acide citrique.
6
Défnir la décarboxylation.
Les autres étapes de la respiration cellulaire, soit la réaction transitoire, le cycle de l’acide citrique et la chaîne de transport
3.4.3.2 La réaction transitoire
et la pyruvate déshydrogénase La réaction transitoire (voir la fgure 3.17B) constitue le lien, en quelque sorte, entre l’étape de la glycolyse (première étape) et l’ensemble des réactions qui surviennent au cours du cycle de l’acide citrique (troisième étape). En outre, la réaction transitoire est catalysée par un complexe multienzymatique appelé pyruvate déshydrogénase. Au cours de la réaction transitoire, la pyruvate déshydrogénase rassemble une molécule de pyruvate et une molécule de la coenzyme A (CoA), laquelle est déjà présente dans la matrice, en vue de ormer de l’acétyl CoA, une molécule ayant deux atomes de carbone auxquels est liée une molécule de coenzyme A. Conséquemment, un groupement carboxylique ormé d’un atome de carbone et de deux atomes d’oxygène est libéré du pyruvate sous orme de CO2. Il s’agit alors de décarboxylation (du préfxe dé-, qui renvoie à la notion d’éloignement). La décarboxylation entraîne une libération d’énergie sous orme de deux atomes d’hydrogène (deux électrons et deux ions hydrogène), lesquels sont acheminés à la coenzyme NAD+ pour ormer du
108 Partie I L’organisation du corps humain
Mitochondries Lieu où se déroulent la réaction transitoire, le cycle de l’acide citrique et la chaîne de transport des électrons (étapes aérobies de la respiration cellulaire) Membrane externe Espace intermembranaire
Respiration cellulaire
Réaction transitoire Emplacement : mitochondries
Glycolyse Réaction transitoire
NADH Cycle de l’acide citrique
CoA
NAD+
CO2 CoA
Chaîne de transport des électrons Crêtes
Pyruvate
Pyruvate déshydrogénase
Acétyl CoA
Matrice
A.
B.
FIGURE 3.17 Respiration cellulaire aérobie : la réaction transitoire
❯
A. Les mitochondries sont les organites cellulaires dans lesquels se déroule la respiration cellulaire aérobie.
NADH et du H+. Par la suite, l’acétyl CoA (acétylcoenzyme A) entre dans la troisième étape de l’oxydation du glucose, soit le cycle de l’acide citrique. La réaction transitoire doit se produire à deux reprises pour chaque molécule initiale de glucose, car durant la glycolyse, chaque molécule de glucose a entraîné la production de deux molécules de pyruvate. Par le ait même, deux molécules de NADH sont également produites, et il y a libération de deux molécules de CO2.
Vérifiez vos connaissances 22. Expliquez la réaction enzymatique dans laquelle inter-
B. La réaction transitoire comprend un complexe multienzymatique appelé pyruvate déshydrogénase.
d’une molécule de favine adénine dinucléotide hydrogénée (FADH2) pour chaque tour du cycle de l’acide citrique. Le cycle doit avoir lieu à deux reprises pour terminer la dégradation d’une molécule de glucose, puisqu’il y a ormation de deux molécules Animation La d’acétyl CoA à la suite de la réaction transitoire. respiration cellulaire aérobie : le cycle de l’acide citrique
3.4.4.1 Les étapes du cycle de l’acide citrique Les huit étapes du cycle de l’acide citrique sont présentées dans la FIGURE 3.18. Une description détaillée de chacune de ces étapes est illustrée dans la FIGURE 3.18W . 1
Au cours de l’étape 1 du cycle de l’acide citrique, une première enzyme assure la combinaison d’une molécule d’acétyl CoA, produite durant la réaction transitoire, avec une molécule d’oxaloacétate (ou acide oxaloacétique), ce qui orme du citrate. L’ajout d’un ion H+ au citrate entraîne la ormation d’acide citrique. Ainsi, cette voie enzymatique doit son nom à la production d’acide citrique au cours de sa première étape.
2
Dans l’étape 2 du cycle de l’acide citrique, un isomère est produit à la suite de la perte d’une molécule d’eau par le citrate. Cette molécule se gree ensuite à un endroit diérent de la molécule pour ormer l’isomère.
vient l’enzyme pyruvate déshydrogénase au cours de la réaction transitoire : l’endroit où elle se déroule, son caractère aérobie ou anaérobie, sa réaction chimique nette et son transfert net d’énergie.
3.4.4
7
La respiration cellulaire aérobie : le cycle de l’acide citrique
Résumer la voie métabolique du cycle de l’acide citrique.
Le cycle de l’acide citrique (ou cycle de Krebs) constitue une voie métabolique composée de huit réactions enzymatiques qui se déroulent dans la matrice des mitochondries. Au cours de ce cycle, il y a conversion de l’acétyl CoA produit durant la réaction transitoire en deux molécules de CO 2, puis libération d’une molécule de CoA. En outre, le transert d’énergie entraîne la ormation d’une molécule d’ATP, de trois molécules de NADH et
3-4 Les étapes 3 et 4 du cycle se produisent grâce à l’interven-
tion de deux enzymes (déshydrogénases). Ces dernières prennent part au transert d’hydrogène pour transormer le NAD+ en NADH. La CoA se combine également à l’acide citrique au cours de l’étape 4. 5
La cinquième étape du cycle de l’acide citrique comprend le retrait de la CoA et la ormation d’ATP grâce à la phosphorylation du substrat.
Chapitre 3 L’énergie, les réactions chimiques et la respiration cellulaire
FIGURE 3.18
109
Pyruvate
Respiration cellulaire aérobie : le cycle de l’acide citrique ❯ Le cycle de l’acide citrique est une voie métabolique qui se déroule dans la ma trice des mitochondries au cours de la dégradation chimique de l’acétyl CoA. Vue d’ensemble du cycle de l’acide citrique. Pour une description détaillée du cycle de l’acide citrique, voir la fgure 3.18W sur .
CoA
Acétyl CoA
CoA
Oxaloacétate
CO 2
1 NADH
2 8
Respiration cellulaire
NAD+
NAD+ Glycolyse
Réaction transitoire
H2O
7
FADH2
3
Cycle de l’acide citrique
NADH
CO 2
6
4 CoA
Cycle de l’acide citrique
5 FAD
NAD+ CoA CoA
Chaîne de transport des électrons
NADH
ADP ATP
Vue sommaire du cycle de l’acide citrique
6
L’étape 6 survient lorsqu’une déshydrogénase transère des atomes d’hydrogène au FAD en vue de ormer du FADH2.
de se rappeler que la dégradation d’une molécule de glucose nécessite deux cycles de l’acide citrique.
7
La septième étape du cycle de l’acide citrique correspond à l’ajout d’une molécule d’eau.
8
L’étape 8 du cycle est catalysée par une déshydrogénase qui transère de l’hydrogène au NAD+ en vue de ormer du NADH. Cette étape fnale permet également la régénération de l’oxaloacétate qui pourra amorcer un nouveau cycle.
• La formation d’ATP. Une molécule d’ATP est produite au cours du cycle de l’acide citrique (étape 5) grâce à la phosphorylation du substrat.
3.4.4.2 Un résumé du cycle de l’acide citrique Le cycle de l’acide citrique est un processus métabolique qui se déroule dans les mitochondries et qui nécessite la présence d’oxygène. Le substrat initial est l’acétyl CoA, et les produits sont deux molécules de CO2 ainsi qu’une molécule de CoA. Le transert net d’énergie sert à produire une molécule d’ATP, trois molécules de NADH ainsi qu’une molécule de FADH2. Il est important
• La formation de NADH. Trois molécules de NADH sont ormées à partir de l’acétyl CoA au cours du cycle de l’acide citrique (étapes 3, 4 et 8). • La formation de FADH2. Une molécule de FADH 2 est produite à partir de l’acétyl CoA au cours de ce cycle (étape 6).
À votre avis 4. Pourquoi la voie enzymatique du cycle de l’acide
citrique est-elle qualifée de cycle ?
110 Partie I L’organisation du corps humain
Cette voie enzymatique est qualifée de cycle, car l’oxaloacétate intervient dans la première étape et se régénère à la dernière étape. En outre, deux tours du cycle doivent se produire pour qu’il y ait oxydation complète de la molécule initiale de glucose (un tour par molécule d’acétyl CoA produite à partir de la molécule de glucose). Conséquemment, les molécules à orte teneur en énergie produites au cours du cycle de l’acide citrique à partir d’une molécule de glucose sont les suivantes : deux molécules d’ATP, six molécules de NADH et deux molécules de FADH2.
3.4.4.3 La régulation du cycle de l’acide citrique La régulation du cycle de l’acide citrique est principalement assurée par l’enzyme qui intervient à la première étape du cycle, soit la citrate synthase. Si les besoins en énergie de la cellule sont élevés, alors la teneur en NADH, en ATP ainsi qu’en molécules transitoires sera aible de manière à accroître l’activité du cycle. À l’opposé, une augmentation de la teneur de ces substances entraîne une diminution de l’activité du cycle de l’acide citrique. Ces variations physiologiques contribuent à préserver l’équilibre homéostatique des molécules d’ATP.
3.4.4.4 La fn de la digestion du glucose Au terme de la glycolyse, de deux tours de la réaction transitoire (qui produit deux molécules de CO2) et du cycle de l’acide citrique (qui produit quatre molécules de CO2), l’oxydation du glucose est complète. Les six atomes de carbone provenant du glucose (C6H12O6) ont été libérés sous la orme de six molécules de CO2.
3.4.4.5 Un résumé de la dégradation chimique
du glucose Le TABLEAU 3.3 et la FIGURE 3.19 résument les trois premières étapes de l’oxydation du glucose, un processus qui donne lieu à la dégradation chimique du glucose en dioxyde de carbone. Ces
TABLEAU 3.3
deux éléments présentent les points les plus importants de ce processus, soit la voie anaérobie et la respiration cellulaire aérobie, elle-même divisée en deux phases : la réaction transitoire et le cycle de l’acide citrique. • La voie anaérobie. La glycolyse se déroule dans le cytosol. Il s’agit d’un processus anaérobie au cours duquel il y a transert d’énergie en vue de ormer deux molécules d’ATP (production nette) ainsi que deux molécules de NADH. En présence de sufsamment d’oxygène, le pyruvate qui est produit pénètre dans une mitochondrie dans laquelle se poursuit son catabolisme (par la réaction transitoire et le cycle de l’acide citrique). En l’absence d’oxygène, le pyruvate demeure dans le cytosol et sera transormé en lactate. • La respiration cellulaire aérobie : la réaction transitoire. La réaction transitoire a lieu dans la matrice de la mitochondrie. Elle se caractérise par l’intervention d’un complexe multienzymatique qui convertit le pyruvate en acétyl CoA, libérant ainsi une molécule de CO2. En outre, le transert d’énergie donne lieu à la ormation d’une molécule de NADH. Il convient de se rappeler qu’une molécule de NADH est ormée chaque ois qu’une molécule de pyruvate entre dans la phase de réaction transitoire et que deux molécules de pyruvate sont produites durant la dégradation d’une molécule de glucose. Ainsi, la réaction transitoire survient à deux reprises. Par conséquent, deux molécules de NADH ainsi qu’une molécule de CO2 sont ormées à partir de la molécule initiale de glucose. • La respiration cellulaire aérobie : le cycle de l’acide citrique. Le cycle de l’acide citrique se déroule également dans la matrice de la mitochondrie. Il s’agit de l’étape qui complète le processus de dégradation du glucose. L’acétyl CoA amorce ce cycle au cours duquel deux molécules de CO2 sont produites à chaque répétition du cycle (tour).
Comparaison des trois premières phases de la dégradation du glucose
Caractéristique
Glycolyse (voie anaérobie)
Réaction transitoire (respiration cellulaire aérobie)
Cycle de l’acide citrique (respiration cellulaire aérobie)
Emplacement
• Cytosol
• Mitochondries (matrice)
• Mitochondries (matrice)
Anaérobie ou aérobie ?
• Anaérobie, mais peut avoir lieu en présence d’oxygène
• Aérobie
• Aérobie
Substrat
• Glucose
• Pyruvate (deux molécules de pyruvate par molécule de glucose)
• Acétyl CoA (deux molécules d’acétyl CoA par molécule de glucose)
Produit
• Deux molécules de pyruvate
• Acétyl CoA et une molécule de CO2 par molécule de pyruvate
• Deux molécules de CO2 par molécule d’acétyl CoA
Voie ou complexe ?
• Voie métabolique
• Complexe multienzymatique
• Voie métabolique
Énergie nette
• Deux molécules d’ATP (transfert net) et deux molécules de NADH
• Une molécule de NADH par molécule de pyruvate
• Une molécule d’ATP par molécule d’acétyl CoA • Trois molécules de NADH par molécule d’acétyl CoA • Une molécule de FADH2 par molécule d’acétyl CoA
Incidence d’un manque d’oxygène
• Production de lactate (pour assurer la régénération du NAD+ de manière à ce que la glycolyse se poursuive)
• Inhibition de la voie
• Inhibition de la voie
Chapitre 3 L’énergie, les réactions chimiques et la respiration cellulaire
111
Dégradation chimique du glucose C6H12O6 + 6 O2
6 CO2 + 6 H2O + Énergie
Glycolyse
Glucose (6 C)
Voie métabolique à 10 enzymes
2 ATP 2 ADP + 2 Pi
Cytosol (voie anaérobie)
2 Glycéraldéhyde-3-phosphate NAD+
NAD+
NADH
NADH ADP + Pi
ADP + Pi
ATP
ATP
ADP + Pi
ADP + Pi ATP
Réaction transitoire
ATP
Pyruvate
Réaction transitoire La réaction transitoire a lieu dans la matrice de la mitochondrie. Le pyruvate est converti en acétyl CoA, libérant ainsi une molécule de CO2. Le transfert d’énergie donne lieu à la formation d’une molécule de NADH. La réaction transitoire survient à deux reprises pour chaque molécule de glucose. Par conséquent, deux molécules de NADH ainsi que deux molécules de CO2 sont formées.
Pyruvate (3 C) NAD+
Complexe multienzymatique
NADH
Mitochondries (respiration cellulaire aérobie)
Voie anaérobie (glycolyse) La glycolyse se déroule dans le cytosol. Il s’agit d’un processus anaérobie permettant la formation nette de deux molécules d’ ATP et de deux molécules de NADH. En présence de suffisamment d’oxygène, le pyruvate qui est produit pénètre dans une mitochondrie pour être dégradé durant la réaction transitoire et le cycle de l’acide citrique.
CO2 Acétyl CoA (2 C)
Cycle de l’acide citrique
Voie métabolique à huit enzymes
Se produit deux fois par molécule initiale de glucose
Régénération de l’oxaloacétate
CO 2
NADH NAD+ FADH2
Cycle de l’acide citrique
FAD
NAD+ NADH
CO 2 NAD+
ADP
NADH
ATP
FIGURE 3.19 Résumé de la dégradation du glucose ❯ Trois phases cruciales de la respiration cellulaire s’avèrent nécessaires pour que la dégradation chimique complète du glucose puisse avoir lieu : la voie anaérobie (glycolyse), la réaction transitoire et le cycle de l’acide citrique.
Cycle de l’acide citrique Le cycle de l’acide citrique se déroule dans la matrice de la mitochondrie et complète la dégradation du glucose. L’acétyl CoA amorce ce cycle au cours duquel deux molécules de CO2 sont produites à chaque tour. Le transfert d’énergie donne lieu à la formation d’une molécule d’ ATP, de trois molécules de NADH et d’une molécule de FADH2 (pour chaque tour). Par conséquent, deux molécules d’ ATP, six de NADH et deux de FADH2 sont produites.
112 Partie I L’organisation du corps humain
Finalement, le transert d’énergie qui se produit au cours du cycle de l’acide citrique donne lieu à la ormation d’une molécule d’ATP, de trois molécules de NADH et d’une molécule de FADH 2. Il ne aut pas oublier que deux molécules d’acétyl CoA sont produites pour chaque molécule de glucose. Ainsi, le cycle de l’acide citrique doit avoir lieu à deux reprises. Par conséquent, deux molécules d’ATP, six de NADH et deux de FADH 2 sont produites à partir de la molécule initiale de glucose. En somme, au terme de la glycolyse, de deux répétitions de la réaction transitoire et du cycle de l’acide citrique, les six atomes de carbone provenant de la molécule initiale de glucose ont été libérés sous la orme de six molécules de CO2. Le transert d’énergie a servi à produire : 2 ATP 2 NADH (glycolyse) 2 NADH (réaction transitoire) 2 ATP 6 NADH 2 FADH2 (cycle d’acide citrique)
Vérifiez vos connaissances 23. Résumez la voie métabolique du cycle de l’acide
citrique : l’endroit où il se déroule, son caractère aérobie ou anaérobie, sa réaction chimique nette et son transfert net d’énergie. 24. La dégradation chimique du glucose permet
le transfert de l’énergie du glucose à d’autres molécules. Quelles sont les molécules énergétiques issues de la dégradation chimique du glucose ? Nommez les molécules produites à chacune des trois étapes de la respiration cellulaire.
3.4.5
3.4.5.1 Les structures de la chaîne de transport
des électrons Plusieurs types de molécules importantes sont ancrées dans les crêtes des mitochondries : les transporteurs d’électrons, les pompes ioniques à hydrogène et les enzymes ATP synthase FIGURE 3.20A . Les protéines présentes dans les crêtes de la membrane mitochondriale agissent à titre de transporteurs d’électrons. Elles capturent les électrons, puis se les passent de transporteur en transporteur jusqu’à l’accepteur fnal d’électrons, l’oxygène. Cette série de transporteurs porte le nom de chaîne de transport des électrons. Chaque protéine agit à titre de pompe à H+ qui achemine les ions H+ de la matrice mitochondriale à l’espace intermembranaire. Ainsi, le gradient d’ions H+ est préservé entre l’espace intermembranaire et la matrice de la mitochondrie, puisqu’un plus grand nombre d’ions H+ se trouvent dans l’espace intermembranaire. Par la suite, l’ATP synthase assure le passage des ions H+ de l’espace intermembranaire à la matrice. Au cours de cette étape, le déplacement des ions H+ dans le sens de leur gradient de concentration (énergie cinétique) est exploité pour combiner le P i à l’ADP afn de ormer de l’ATP. L’ATP traverse ensuite la membrane interne de la mitochondrie par diusion acilitée et diuse à travers la membrane mitochondriale externe pour retourner dans le cytoplasme afn Animation La respiration cellud’être utilisée par la cellule. laire aérobie : la chaîne de transport des électrons
3.4.5.2 Les étapes de la chaîne de transport
des électrons L’ensemble des processus de la chaîne de transport des électrons se divise en trois principales étapes (voir la fgure 3.20B et C) : 1
Le transfert des électrons des coenzymes aux molécules de O2. La coenzyme, qu’il s’agisse du NADH ou du FADH2, libère des électrons et de l’hydrogène (e− et H+) avant d’être oxydée. Les ions H+ sont relâchés dans la matrice, alors que les électrons libérés passent par la série de transporteurs d’électrons de la chaîne de transport avant de parvenir aux molécules de O2, lesquelles constituent les accepteurs fnaux des électrons. L’oxygène se combine ensuite à quatre électrons et à quatre ions H+ en vue de produire deux molécules de H2O. Ainsi, durant la respiration cellulaire, l’oxygène agit à titre de réacti pour ensuite être transormé en eau (produit).
2
L’établissement du gradient de protons. À mesure que les électrons chutent et passent d’un transporteur à l’autre, leur énergie potentielle est convertie en énergie cinétique. Cette énergie est ensuite exploitée par les pompes à H+ qui ont passer les ions H+ de la matrice mitochondriale à l’espace intermembranaire, établissant ainsi un gradient de protons.
3
L’exploitation du gradient de protons pour produire de l’ATP. Les ions H+ se déplacent dans le sens de leur gradient de concentration, puis traversent la membrane interne des mitochondries grâce à l’ATP synthase. Les ions passent de l’espace intermembranaire à la matrice. Il aut noter que les ions H+ retournent à l’endroit d’où ils viennent d’être pompés, c’est-à-dire la matrice. Ce processus s’apparente au
La respiration cellulaire aérobie : la chaîne de transport des électrons
8
Décrire l’importance du NADH et du FADH2 dans le transfert d’énergie.
9
Expliquer les étapes de la chaîne de transport des électrons.
La chaîne de transport des électrons est la dernière étape de la respiration cellulaire. Puisque la dégradation du glucose s’achève avec la fn du cycle de l’acide citrique, la chaîne de transport des électrons correspond à la phase pendant laquelle les coenzymes NADH et FADH2 produites au cours des trois premières étapes de la respiration cellulaire se départissent de leurs électrons (énergie). L’énergie libérée par ces coenzymes sert à la production d’ATP. Il s’agit là d’une phase cruciale de la respiration cellulaire aérobie, car la majeure partie de l’énergie captée au cours de l’oxydation du glucose est maintenant présente dans plusieurs molécules de NADH (abriquées à partir du NAD+) et dans quelques molécules de FADH2 (abriquées à partir du FAD). Ces processus nécessitent l’intervention de certaines structures situées dans la membrane interne des mitochondries (crêtes).
113
Chapitre 3 L’énergie, les réactions chimiques et la respiration cellulaire
Respiration cellulaire
Glycolyse Membrane interne
Réaction transitoire Cycle de l’acide citrique
Crête Matrice mitochondriale
ATP Transporteurs synthase d’électrons
O2 + 4
H+
H
Chaîne de transport des électrons
Q
H+ H
H
NADH e–
H+
C
+
H
+
+
FADH2
e–
H+
ADP + Pi
2
2H2O
Espace intermembranaire Membrane externe
+
1
3
e– H+
Pompes à H+ A. Structures de la chaîne aîne de transport des électrons
ATP ATP synthase
H+
B. Réaction chimique nette de la chaîne de transport des électrons
Glycolyse
NADH
NADH
Réaction transitoire
NADH
e–
FADH2
e– e–
Matrice mitochondriale
Cycle de l’acide citrique
H2O
1/
H+
ATP A TP TP
TP P ATP ha ase e synthase
2 O2
H
+
H+
Transporteurs d’électrons
1 À partir du NADH et du FADH2, les électrons passent par une série de transporteurs d’électrons situés dans les crêtes mitochondriales. Le O2 est l’accepteur final d’électrons.
ADP + Pi
H+
H+
H
+
H+
H+
H+
Pompes à H+
2 L’énergie de la chute des électrons d’un eur à l’autre est utilisée pour détransporteur placer dess ions H+ dans le sens contraire de leur gradient de concentration, soit de la matrice vers l’espace intermembranaire.
3 L’ ATP synthase exploite l’énergie cinétique du déplacement des ions H+ dans le sens de leur gradient de concentration pour combiner l’ADP au Pi afin de former de l’ATP.
C. Explication détaillée de la chaîne de transport des électrons
FIGURE 3.20 Respiration cellulaire aérobie : la chaîne de transport des électrons ❯ A. Les structures de la chaîne de transport des électrons se situent dans la membrane mitochondriale interne et comprennent une série de transporteurs d’électrons, des pompes à H+ ainsi que
courant qui traverse un barrage, puis qui s’engage dans une roue hydraulique. L’ATP synthase exploite l’énergie cinétique des ions H+ qui la traversent afn de ormer de nouvelles liaisons chimiques entre l’ADP et le Pi, entraînant ainsi la production d’ATP. Ce processus de ormation d’ATP est appelé phosphorylation oxydative, car l’oxygène constitue l’accepteur fnal des électrons, et la phosphorylation produit de l’ATP à partir de l’ADP. Cependant, il ne aut pas conondre ce phénomène avec la phosphorylation du substrat, laquelle produit de l’ATP à partir de l’énergie libérée
l’enzyme ATP synthase. B. et C. Le processus peut être divisé en trois étapes au cours desquelles l’énergie captée par les coenzymes NADH et FADH2 est utilisée en vue de former une liaison entre l’ADP et le Pi, entraînant ainsi la production d’ATP.
directement d’un substrat, comme c’est le cas au cours de certaines étapes de la glycolyse (voir la fgure 3.16, étapes 7 et 10) et du cycle de l’acide citrique (voir la fgure 3.18, étape 5).
Vérifiez vos connaissances 25. Expliquez l’importance de l’intervention du NADH
et du FADH2 dans le transfert d’énergie. 26. Quelles sont les trois principales étapes de la chaîne
de transport des électrons ?
114 Partie I L’organisation du corps humain
2,5 molécules d’ATP, alors qu’une molécule de FADH 2 génère 1,5 molécule d’ATP (Vander, 2013).
INTÉGRATION APPLICATION CLINIQUE
L’intoxication au cyanure
À votre avis
DÉSÉQUILIBRE HOMÉOSTATIQUE
Le cyanure est présent dans certains produits chimiques utilisés dans l’industrie du papier, du textile et du plastique (Department of Health and Human Services. Centers for Disease Control and Prevention, 2013). Il est également utilisé en métallurgie ainsi que pour l’extraction de l’or. Lorsqu’il pénètre les cellules, le cyanure se lie avec le cytochrome-coxydase, un transporteur d’électrons particulier de la chaîne de transport des électrons logé dans les crêtes des mitochondries. La liaison entre le cyanure et ce transporteur inhibe le fonctionnement de la chaîne de transport et la production d’ATP qui en découle. Bien qu’il y ait présence d’oxygène pour capter les électrons dans la chaîne, l’inhibition de l’un de ses transporteurs empêche les électrons d’atteindre les molécules de O2. Le traitement d’une intoxication non mortelle comprend l’administration de substances qui se lient au cyanure (p. ex., les nitrites) et qui sont ensuite éliminées dans l’urine (Institut national de santé publique, 1997). Une dose de 1,52 milligramme de cyanure par kilogramme de poids corporel peut cependant s’avérer fatale (Santé Canada, 1979/1991).
3.4.6
La production d’ATP
10 Calculer le nombre de molécules d’ATP produites
au cours de la respiration cellulaire aérobie et par la voie anaérobie.
Le nombre de molécules d’ATP produites au cours de la libération des électrons par les coenzymes dépend de l’endroit, dans la chaîne de transport, où entrent les électrons (voir la fgure 3.20). Plus les électrons entrent tôt dans la chaîne, plus ils participent à la création du gradient d’ions H+, lequel produit l’énergie nécessaire pour le onctionnement de l’ATP synthase. Les électrons provenant du NADH entrent au tout début de la chaîne et traversent trois pompes à H+. Ce aisant, l’énergie li bérée est sufsante pour produire 2,5 molécules d’ATP. En revanche, les électrons provenant du FADH 2 entrent plus loin dans la chaîne et ne traversent que deux pompes à H+. L’énergie libérée permet donc de produire 1,5 molécule d’ATP. En somme, une molécule de NADH assure la ormation de
TABLEAU 3.4
5. Compte tenu du fait que l’énergie d’une molécule de
NADH permet de produire 2,5 molécules d’ATP et que celle d’une molécule de FADH2 permet de produire 1,5 molécule d’ATP, calculez le nombre de molécules générées par l’oxydation complète du glucose au cours de la respiration cellulaire en présence d’oxygène.
Il est possible de calculer le nombre exact de molécules d’ATP produites durant la dégradation d’une molécule de glucose grâce aux éléments d’inormation suivants : 1) le nombre exact de molécules énergétiques (ATP, NADH et FADH2) produites grâce à la dégradation du glucose au cours des trois premières étapes de la respiration cellulaire ; et 2) le nombre exact de molécules d’ATP produites par l’oxydation de chacune des coenzymes de la chaîne de transport des électrons (NADH = 2,5 molécules d’ATP ; FADH = 1,5 molécule d’ATP). Le TABLEAU 3.4 constitue un résumé de la méthode de calcul du nombre de molécules d’ATP ormées durant la phosphorylation du substrat et de la phosphorylation oxydative au cours de l’oxydation du glucose. Le nombre maximal de molécules d’ATP produites à partir d’une molécule de glucose s’élève à 32 ATP. Cependant, et ce point revêt une importance primordiale relativement au rendement énergétique total, les deux molécules de NADH ormées au cours de la glycolyse sont produites dans le cytosol. Ainsi, pour tirer proft de ces molécules issues de la glycolyse, ces dernières doivent passer du cytosol à la chaîne de transport des électrons, dans la mitochondrie. Or, ce déplacement nécessite une molécule d’ATP par molécule de NADH. Par conséquent, le nombre net de molécules d’ATP issues de l’oxydation du glucose s’élève à 30.
Vérifiez vos connaissances 27. Combien de molécules d’ATP sont produites au
cours des processus anaérobies de la glycolyse, laquelle se déroule dans le cytosol, c’est-à-dire sans l’intervention de la mitochondrie ? Combien de molécules d’ATP sont produites au cours de l’ensemble des processus qui se déroulent dans le cytosol et dans les mitochondries ?
Rendement énergétique de l’oxydation d’une molécule de glucose
Étape et total
Phosphorylation du substrat
Phosphorylation oxydative
• Glycolyse • Réaction transitoire • Cycle de l’acide citrique
• 2 ATP • — • 2 ATP
• • • •
Nombre total de molécules d’ATP formées selon le mode de production
4 ATP
28 ATP
2 NADH → 5 ATP 2 NADH → 5 ATP 6 NADH → 15 ATP 2 FADH 2 → 3 ATP
Chapitre 3 L’énergie, les réactions chimiques et la respiration cellulaire
3.4.7
La destinée du pyruvate en l’absence d’oxygène : la fermentation lactique
INTÉGRATION
• La respiration cellulaire aérobie est la voie métabolique suivant la glycolyse (voie anaérobie) lorsqu’il y a sufsamment d’oxygène. Ce dernier agira à titre d’accepteur fnal des électrons.
aible apport en oxygène ou dans une cellule n’ayant pas de mitochondries. 12 Décrire l’incidence d’un manque d’oxygène sur
la production d’ATP.
Dans les sections précédentes, le parcours du pyruvate a été étud ié en tenant pour acquis que la quantité d’oxygène était sufsante pour que la phosphorylation oxydative ait lieu. Cependant, lorsque l’oxygène s’avère insufsant, ou lorsque la cellule ne possède pas de mitochondries (p. ex., les érythrocytes), il convient de tenir compte des éléments suivants : 1. L’activité cellulaire aérobie diminue, y compris celle de la chaîne de transport des électrons. Les électrons demeurent alors liés aux molécules de NADH et de FADH2. En outre, il y a accumulation de ces deux molécules et diminution de la quantité de NAD+ et de FAD. 2. La cellule dépend de plus en plus du processus anaérobie de la glycolyse, une voie métabolique dont le onctionnement nécessite touteois un apport en NAD+. 3. Des conditions anaérobies prolongées entraîneraient une interruption complète de la glycolyse cellulaire en raison d’un manque de NAD+. 4. Les réserves de NAD+ doivent être reconstituées pour que la glycolyse reprenne. La régénération du NAD+ nécessite le transert d’hydrogène à partir du NADH. Pour ce aire, deux électrons et deux ions H+ passent du NADH au pyruvate, lequel se transorme en lactate (acide lactique). Cette réaction enzymatique, appelée ermentation lactique, est catalysée par la lacticodéshydrogénase (LDH) (ou déshydrogénase lactique) FIGURE 3.21.
NAD+
O–
C
O
C
C
O
HC
CH3 Pyruvate
Lacticodéshydrogénase Ajout d’atomes d’hydrogène
O OH
CH3
• Il ne aut cependant pas conondre la voie anaérobie avec la respiration cellulaire anaérobie (qui utilise une molécule autre que l’oxygène comme accepteur fnal des électrons) qui est observée chez les procaryotes (être vivants unicellulaires).
Bien qu’il existe un moyen efcace de permettre à la glycolyse de se poursuivre, il est important de garder à l’esprit que sans les mitochondries, seules 2 molécules d’ATP sont produites par molécule de glucose, comparativement à 30 lorsqu’il y a sufsamment d’oxygène. La diérence entre 2 molécules d’ATP et 30 est énorme, soit environ 15 ois inérieure. En outre, une aible quantité d’oxygène signife une aible quantité d’énergie. Finalement, les personnes chez qui le transport de l’oxygène vers les cellules est réduit (p. ex., celles qui sourent d’une détérioration de la onction respiratoire ou cardiovasculaire) bénéfcieront d’une moins grande quantité de molécules d’ATP pour répondre aux besoins énergétiques de l’organisme.
Vérifiez vos connaissances 28. En quelle substance le pyruvate se transorme-t-il
lorsque la quantité d’oxygène présente dans le système est insufsante ? Expliquez ce phénomène.
La respiration cellulaire à partir d’autres molécules
13 Décrire le point d’entrée des acides gras et des acides
aminés dans la voie métabolique de la respiration cellulaire.
Lactate
FIGURE 3.21 Fermentation lactique
• La voie anaérobie est la voie métabolique qui amorce la dégradation du glucose et qui ne nécessite pas la présence d’oxygène pour se produire. Chez l’être humain, en l’absence d’oxygène ou dans les cellules n’ayant pas de mitochondries, la voie anaérobie est suivie de la ermentation lactique, une voie métabolique qui transorme le pyruvate en lactate tout en permettant de régénérer les coenzymes NAD+ afn que la voie anaérobie se poursuive et produise de l’ATP.
3.4.8
Cytoplasme NADH
STRATÉGIES D’APPRENTISSAGE
Il existe diérentes voies métaboliques qui mènent à la ormation d’ATP. Il importe de bien les distinguer :
11 Expliquer la destinée du pyruvate en présence d’un
O–
115
❯ La lacticodéshydrogénase convertit le pyruvate en lactate, ce qui permet d’assurer la régénération des molécules de NAD+ qui pourront être utilisées de nouveau dans la glycolyse.
Il existe d’autres molécules agissant à titre de carburant pour l’organisme. C’est notamment le cas des acides gras et des acides aminés, dont l’oxydation permet de produire de l’ATP. Généralement, l’utilisation de ces molécules augmente en pé riode de jeûne ou d’inanition. De ces deux types de molécules, ce sont touteois les acides gras qui constituent le carburant privilégié des tissus musculaires au repos.
116 Partie I L’organisation du corps humain
Les triglycérides sont constitués de glycérol et d’acides gras (voir la section 2.8.2). Ils constituent des réserves d’énergie à long terme et se logent dans le tissu adipeux et le oie aussi. Au besoin, ces réserves peuvent être oxydées pour produire de l’ATP. Les acides gras sont dégradés par des enzymes en molécules à deux carbones, ce qui produit de l’acétyl CoA. Il s’agit de la bêtaoxydation. Par la suite, l’acétyl CoA pénètre dans la voie métabolique de la respiration cellulaire par le cycle de l’acide citrique. Comme les acides gras entrent dans la voie métabolique par la mitochondrie, ils ne peuvent être oxydés que de açon aérobie. Il est important de noter que les corps cétoniques sont des produits dérivés du métabolisme des acides gras et qu’ils sont produits en grande quantité chez les personnes sourant d’un diabète non maîtrisé (voir l’Application clinique intitulée « L’acidose lactique », p. 1202).
Une voie diérente est empruntée si la molécule qui agit à titre de carburant pour l’organisme est une protéine. En eet, le point d’entrée des acides aminés qui ont subi une désamination, c’est-à-dire les acides aminés dépourvus de leur groupement amine (—NH2), varie selon le type d’acides aminés. Les divers acides aminés peuvent joindre la respiration en pénétrant dans la glycolyse, la réaction transitoire ou encore à diérentes étapes du cycle de l’acide citrique. Le groupement amine retiré aux acides aminés constitue un déchet qui est transormé en urée par le oie, puis excrété par les reins (voir la fgure 27.7, p. 1282). Le point d’entrée des acides gras et des acides aminés est présenté dans la fgure 27.8 (p. 1285).
Vérifiez vos connaissances 29. Pourquoi l’oxygène s’avère-t-il nécessaire
à la dégradation des acides gras ?
INTÉGRATION APPLICATION CLINIQUE
La dégradation des acides gras et l’acidocétose DÉSÉQUILIBRE HOMÉOSTATIQUE
Lorsque le corps est en manque de glucides (au cours d’un jeûne ou en cas de diabète mal contrôlé), il dégrade une grande quantité d’acides gras, ce qui entraîne une production accrue d’acétyl CoA. Les molécules d’acétyl CoA ne peuvent intégrer le cycle de l’acide citrique que si une molécule d’oxaloacétate est disponible. Une surutilisation du cycle de l’acide citrique ou une augmentation de la conversion de l’oxaloacétate en glucose entraînent une baisse de la disponibilité de l’oxaloacétate. Par conséquent, les molécules d’acétyl CoA s’accumulent et sont transformées en corps cétoniques par le foie. La présence de corps cétoniques dans le sang est appelée cétose et peut faire chuter le pH sanguin ; il s’agit alors d’acidocétose.
INTÉGRATION LIENS ENTRE LES CONCEPTS L’excédent de lactate produit par les tissus des muscles squelettiques est soit absorbé par les tissus musculaires environnants, soit acheminé vers le foie grâce à la circulation sanguine. Les cellules musculaires ont parfois recours sans délai au lactate en vue de synthétiser l’ATP. Pour ce faire, elles convertissent de nouveau le lactate en pyruvate, ou alors elles le transforment en glucose et l’emmagasinent sous forme de glycogène. Quant aux cellules hépatiques, elles convertissent le lactate en glucose. Le glucose produit par le foie y est ensuite stocké sous forme de glycogène, ou alors il retourne dans la circulation sanguine pour être recapté par les muscles. Ce cycle, qui comprend le passage du lactate des muscles au foie, la transformation du lactate en glucose et le transport du glucose du foie vers les muscles, porte le nom de cycle de l’acide lactique.
RÉSUMÉ DU CHAPITRE 3.1
• Les concepts étudiés ont trait à l’énergie, aux réactions chimiques, aux enzymes, aux voies
métaboliques et à la production d’adénosine triphosphate (ATP) grâce à la respiration cellulaire.
L’énergie – 84
• L’énergie correspond à la capacité de soutenir un travail donné. 3.1.1
Les types d’énergie ......................................................................................................................
84
• Il existe deux types d’énergie : l’énergie potentielle (ou énergie de position) et l’énergie ciné-
tique (ou énergie de mouvement). • L’énergie peut passer de potentielle à cinétique, et vice versa. Le déplacement d’une subs-
tance dans le sens de son gradient de concentration en est un exemple, de même que le passage des électrons des couches électroniques de niveaux élevés d’énergie aux couches électroniques de faibles niveaux d’énergie. 3.1.2
Les formes d’énergie .................................................................................................................... • L’énergie cinétique existe sous diverses formes, notamment les formes électrique, méca-
nique, sonore, thermique et de rayonnement.
85
Chapitre 3 L’énergie, les réactions chimiques et la respiration cellulaire
117
• L’énergie chimique, une orme d’énergie potentielle, correspond à l’énergie contenue dans les
liaisons chimiques des molécules. • Les triglycérides, le glucose (emmagasiné sous orme de glycogène) et l’ATP constituent des
molécules de stockage de l’énergie chimique. 3.1.3
Les principes de la thermodynamique ........................................................................................
86
• Le premier principe de la thermodynamique veut que l’énergie ne soit ni créée ni perdue ; elle
ne peut qu’être transormée. • Le deuxième principe de la thermodynamique veut qu’une partie de l’énergie soit perdue
sous orme de chaleur chaque ois qu’elle subit une transormation.
3.2 Les réactions chimiques – 87
• Les réactions chimiques s’expriment sous orme d’équations chimiques et sont classées en
onction de divers acteurs. 3.2.1
Les équations chimiques .............................................................................................................
87
• Le métabolisme renvoie à l’ensemble des réactions chimiques qui se déroulent dans l’orga-
nisme. Une réaction chimique se produit lorsque des liaisons chimiques dans une molécule donnée sont rompues ou que de nouvelles sont créées pour ormer une molécule diérente. • Dans une réaction chimique, les réactis deviennent des produits. Une fèche indique dans
quel sens s’opère cette transormation. 3.2.2
La classifcation des réactions chimiques ..................................................................................
87
• Les réactions chimiques sont classées selon divers critères : les changements de structure
chimique, les variations de l’énergie chimique (réactions endothermique et exothermique) et la réversibilité de la réaction. • Une réaction catabolique est la dégradation de molécules complexes en molécules plus
simples, tandis qu’une réaction anabolique est la synthèse de molécules complexes à partir de molécules plus simples. • Une réaction d’oxydoréduction survient lorsqu’une molécule transère un électron à une autre
molécule. Cette dernière se voit réduite, alors que la première est oxydée. • Au cours du cycle de l’ATP, celle-ci est oxydée en ADP et en Pi, libérant ainsi de l’énergie
utilisée pour soutenir un travail dans la cellule. La régénération de l’ATP à partir de l’ADP et du Pi est ensuite possible grâce à l’oxydation des glucides ou d’autres molécules énergétiques au cours de la respiration cellulaire. Ce cycle onctionne en continu. 3.2.3
La vitesse de réaction et l’énergie d’activation ..........................................................................
93
• La vitesse de réaction correspond à la mesure du temps d’exécution d’une réaction chimique,
et l’énergie d’activation (Ea) correspond à l’énergie requise pour qu’une réaction puisse se produire.
3.3 Les enzymes – 94
• Les enzymes acilitent les réactions chimiques. 3.3.1
Le rôle des enzymes .....................................................................................................................
94
• Les enzymes sont des protéines qui jouent le rôle de catalyseurs biologiques ; elles accé-
lèrent les activités chimiques dites normales en réduisant l’Ea. 3.3.2
La structure et la localisation des enzymes ...............................................................................
95
• Généralement, les enzymes sont des protéines globulaires composées d’un site acti auquel
se lie un substrat donné. Les enzymes peuvent se trouver dans les cellules, dans la membrane plasmique ou dans le liquide extracellulaire. 3.3.3
Le mécanisme d’action des enzymes ......................................................................................... • Les enzymes sont des catalyseurs qui interviennent dans les réactions de dégradation et de
synthèse. Elles orment un complexe avec le substrat, entraînant un changement de conormation de l’enzyme, ce qui permet d’abaisser l’Ea de la réaction et de ormer une nouvelle molécule plus rapidement. • Les coacteurs sont des structures non protéiques inorganiques ou organiques qui s’asso-
cient à une enzyme donnée ou à une réaction enzymatique. Les coacteurs organiques sont aussi appelés coenzymes.
96
118 Partie I L’organisation du corps humain
3.3.4
La classifcation et la nomenclature des enzymes ....................................................................
97
• Les enzymes doivent généralement leur nom à la onction qu’elles remplissent. Souvent, leur
nom contient le sufxe -ase. Elles sont classées en sept catégories principales. 3.3.5
Les enzymes et les vitesses de réaction ....................................................................................
98
• La vitesse de réaction dépend de la concentration de l’enzyme et du substrat, ainsi que de la
température et du pH. • L’élévation modérée de la température augmente la vitesse de la réaction, alors qu’une trop
orte élévation de la température dénature les enzymes. • La variation du pH modife le nombre d’ions H+ qui se combinent à une enzyme, ce qui per-
turbe les interactions électrostatiques responsables de la orme de la protéine enzymatique et qui peut entraîner sa dénaturation. 3.3.6
La régulation enzymatique ...........................................................................................................
99
• La régulation des enzymes est assurée par des inhibiteurs compétitis (se liant au site acti)
ou non compétitis (se liant au site allostérique). 3.3.7
Les voies métaboliques et les complexes multienzymatiques ................................................. 100 • Une voie métabolique est constituée d’une série d’enzymes dont chacune convertit tour à
tour un substrat en un produit fnal. Les voies métaboliques sont régies par la rétro-inhibition afn d’assurer la ormation d’une quantité adéquate de produit. • Un complexe multienzymatique correspond à un groupe d’enzymes liées les unes aux autres ;
ce groupe transorme un substrat en un produit fnal. • La phosphorylation correspond à l’ajout d’un groupement phosphate, alors que la déphos-
phorylation ait réérence au retrait d’un groupement phosphate. Il s’agit là d’un mode de régulation enzymatique courant.
3.4 La respiration cellulaire – 104
• La respiration cellulaire correspond au processus métabolique de l’oxydation des molécules
organiques (p. ex., le glucose) en vue de libérer de l’énergie pour produire de l’ATP. 3.4.1
Une vue d’ensemble de l’oxydation du glucose ......................................................................... 104 • La réaction chimique nette de l’oxydation du glucose est la suivante :
C6H12O6 + 6 O2 → 6 CO 2 + 6 H2O + Énergie • La production directe d’ATP est assurée par la phosphorylation du substrat, alors que la pro-
duction indirecte d’ATP découle de la phosphorylation oxydative. • L’oxydation du glucose se déroule dans la cellule : la glycolyse (voie anaérobie) a lieu dans le
cytosol, tandis que la respiration cellulaire aérobie, regroupant la réaction transitoire, le cycle de l’acide citrique et la chaîne de transport des électrons, se déroule dans les mitochondries. 3.4.2
La voie anaérobie : la glycolyse ................................................................................................... 105 • La glycolyse constitue une voie métabolique dans laquelle interviennent 10 enzymes. Elle ne
nécessite aucun apport en oxygène ; il s’agit donc d’un processus anaérobie. Dans cette voie métabolique, le glucose (molécule ormée de six atomes de carbone) est converti en deux molécules de pyruvate (molécules ormées de trois atomes de carbone). L’ensemble des réactions permet une production nette de deux molécules d’ATP et deux molécules de NADH. • La destinée du pyruvate dépend de la présence d’oxygène. 3.4.3
La respiration cellulaire aérobie : la réaction transitoire ........................................................... 107 • La réaction transitoire, l’étape préalable au cycle de l’acide citrique, se déroule dans la matrice de la
mitochondrie. Le pyruvate est converti en acétyl CoA par la pyruvate déshydrogénase et libère une molécule de CO2 (décarboxylation) ainsi qu’une molécule de NADH par molécule de pyruvate. • La réaction transitoire se déroule à deux reprises pour une molécule initiale de glucose. 3.4.4
La respiration cellulaire aérobie : le cycle de l’acide citrique .................................................... 108 • Le cycle de l’acide citrique se déroule dans la matrice de la mitochondrie et achève la dégra-
dation du glucose. Au cours de ce processus, pour chaque molécule de pyruvate, une molécule d’ATP est produite, de même que trois molécules de NADH et une molécule de FADH2. De plus, deux molécules de CO2 sont produites et libérées comme déchet à la suite de la dégradation de chaque molécule de pyruvate. • Le cycle de l’acide citrique se produit à deux reprises pour chaque molécule de glucose.
Chapitre 3 L’énergie, les réactions chimiques et la respiration cellulaire
3.4.5
119
La respiration cellulaire aérobie : la chaîne de transport des électrons ..................................
112
• La chaîne de transport des électrons comprend divers types de molécules importantes
ancrées dans les crêtes de la membrane interne des mitochondries, notamment les transporteurs d’électrons, les pompes ioniques H+ et les enzymes ATP synthase. • Les électrons des coenzymes NADH et FADH 2 sont transérés aux transporteurs des élec-
trons dans la chaîne de transport des électrons des mitochondries et, fnalement, aux molécules de O2. Les électrons, l’oxygène et les ions H+ orment ensuite du H 2O. • Un gradient d’ions H+ est ormé entre l’espace intermembranaire et la matrice mitochondriale.
Les ions H+ retournent par la suite dans la matrice dans le sens de leur gradient de concentration. L’énergie de ce gradient est exploitée par l’ATP synthase en vue de produire de l’ATP par phosphorylation oxydative. 3.4.6
La production d’ATP .....................................................................................................................
114
• La dégradation du glucose en l’absence d’oxygène produit 2 molécules d’ATP, alors que
30 molécules d’ATP sont produites si l’oxydation du glucose est achevée par la respiration cellulaire aérobie. 3.4.7
La destinée du pyruvate en l’absence d’oxygène : la fermentation lactique ...........................
115
• Si la quantité d’oxygène présente est insufsante ou que la cellule ne possède pas de mito-
chondries, le pyruvate est converti en lactate par la lacticodéshydrogénase en vue d’assurer la régénération du NAD+ et de permettre ainsi à la glycolyse de se poursuivre. La production d’ATP est alors bien moindre (2 ATP par molécule de glucose au lieu de 30 ATP). 3.4.8
La respiration cellulaire à partir d’autres molécules ..................................................................
115
• D’autres molécules qui agissent à titre de carburant pour l’organisme, notamment les acides
gras et les acides aminés, peuvent également être oxydées afn de produire de l’ATP. • Les acides gras sont transormés en acétyl CoA par la bêtaoxydation et entrent dans le cycle
de l’acide citrique pour joindre la respiration cellulaire. • Les acides aminés sont désaminés avant de joindre la respiration cellulaire.
AUTOÉVALUATION
Solutionnaire
Concepts de base 1
2
L’oxydoréduction constitue une réaction
.
a) d’échange
À quelle étape de la respiration cellulaire le glucose est-il converti en pyruvate ?
b) endothermique
a) Au cours de la glycolyse.
c) de synthèse
b) Au cours de la réaction transitoire.
d) réversible
c) Au cours du cycle de l’acide citrique.
Les énoncés suivants sont vrais, à l’exception d’un seul. Lequel ?
3
d) Dans la chaîne de transport des électrons. 4
a) Les enzymes sont généralement des protéines globulaires qui comportent un site acti.
a) d’enzymes b) de molécules organiques riches en énergie qui sont dégradées au cours de la respiration cellulaire
b) Les enzymes réduisent l’énergie d’activation. c) Les enzymes peuvent être utilisées plusieurs ois de suite en vue de catalyser un substrat en produit. d) Les enzymes sont polyvalentes et peuvent catalyser divers types de réactions chimiques.
Le NAD + et le FAD+ constituent des exemples
c) d’inhibiteurs non compétitis d) de coenzymes 5
Toutes les étapes de la respiration cellulaire sont ralenties lorsque l’oxygène s’avère insufsant, à l’exception : a) de la glycolyse ; b) de la réaction transitoire ; c) du cycle de l’acide citrique ; d) de la chaîne de transport des électrons.
.
120 Partie I L’organisation du corps humain
6
Au cours de la dégradation du glucose en l’absence d’oxygène, molécules d’ATP sont produites et, en présence d’une quantité sufsante d’oxygène, molécules d’ATP sont ormées.
9
10 Résumez le phénomène de la glycolyse en indiquant où
elle se déroule dans la cellule et si elle nécessite un apport en oxygène. Nommez également le substrat et le produit fnal en insistant sur la ormation des molécules qui contiennent de l’énergie (ATP, NADH et FADH2).
a) 2, 2 b) 30, 32 c) 2, 30
11 De manière générale, expliquez ce qu’il advient du pyruvate
lorsque la quantité d’oxygène s’avère sufsante et insufsante.
d) 10, 30 7
La phosphorylation oxydative comprend : a) le transport d’électrons par la chaîne de transport des électrons et l’acceptation de ces électrons par les molécules d’O2 ; b) l’exploitation de l’énergie du gradient des protons par l’ATP synthase ; c) la perte des électrons du NADH et du FADH2 ;
12 Décrivez comment l’oxygène contribue à la ormation
de molécules d’eau au cours de la respiration cellulaire. 13 Expliquez d’où provient le carbone du dioxyde de carbone
libéré par la respiration cellulaire. 14 En vous basant sur vos connaissances relatives à la pro-
duction d’ATP en condition anaérobie ou aérobie, expliquez l’avantage que présente, en matière de production d’ATP, le ait d’avoir une bonne santé respiratoire et cardiovasculaire.
d) toutes ces réponses sont bonnes. 8
Expliquez le cycle de l’ATP.
Énumérez et défnissez les diverses ormes d’énergie, puis donnez un exemple d’utilisation de chacune dans l’organisme.
Mise en application 1
Dans le cas d’une asphyxie, expliquez quel phénomène entraîne la mort.
2
L’accumulation de CO2 dans le sang constitue une autre difculté qui se pose à une personne sourant d’une onction respiratoire réduite. En vous basant sur la réaction enzymatique suivante, quelle incidence une telle accumulation devrait-elle avoir sur la composition sanguine ? H2O + CO2
H2CO3
H+ + HCO3−
3
Les personnes suivantes sont toutes sujettes à une production réduite d’ATP, sau une. Laquelle ? a) Celle dont le transport sanguin de l’oxygène est réduit (p. ex., une personne sourant d’anémie). b) Celle sourant d’une orme grave d’asthme. c) Celle sourant d’insufsance cardiaque congestive. d) L’athlète.
c) Une production réduite d’ions H+ (provoquant une augmentation du pH sanguin).
Le tissu adipeux brun contient des cellules qui ont en sorte que les ions H+ se déplacent dans le sens de leur gradient de concentration dans la chaîne de transport des électrons sans ormer d’ATP. L’énergie cinétique produite est plutôt convertie en chaleur. Si la science permettait l’ajout de tissu adipeux brun dans notre organisme, alors :
d) Toutes ces réponses sont bonnes.
a) notre température corporelle serait plus basse ;
a) Une production accrue de H2O.
4
b) Une production accrue d’ions H+ (provoquant une diminution du pH sanguin).
b) ces cellules produiraient de l’ATP de manière plus efcace ; c) nous pourrions manger davantage sans prendre de poids ; d) nous pourrions courir plus rapidement.
Synthèse 1
Yu Hua éprouve de la difculté à respirer alors qu’elle rentre à sa résidence universitaire. Elle sait qu’il s’agit d’une crise d’asthme. Quels changements relatis à son niveau d’énergie sont à prévoir ?
2
Expliquez sommairement les avantages d’avoir une bonne capacité aérobie en ce qui a trait à la production d’ATP.
3
Qu’advient-il de la quantité du produit ormé dans une voie métabolique si cette dernière n’est jamais inhibée ?
LA BIOLOGIE DE LA CELLULE
CHAPITRE
4
Adaptation française :
Mélanie Cordeau
LES CYTOLOGISTES…
DANS LA PRATIQUE
Les cytologistes examinent des cellules au microscope pour détecter les anomalies pouvant indiquer la présence d’un cancer ou d’une autre maladie. Ils assurent la préparation des échantillons de cellules à l’aide de matériel spécialisé et appliquent notamment des techniques de coloration pour faire ressortir les détails des spécimens cellulaires. En s’appuyant sur leurs connaissances approfondies de la structure et de la fonction des cellules, ils analysent par la suite les échantillons de cellules et transmettent leurs observations au pathologiste, qui, en dernière analyse, pose le diagnostic.
4.1
4.2
4.3
Une introduction à la cellule ..................... 4.1.1 L’étude des cellules ............................... 4.1.2 La taille et la forme des cellules ............. 4.1.3 Les caractéristiques communes et les fonctions générales ...................... La structure chimique de la membrane plasmique ...................... 4.2.1 Les composants lipidiques ..................... 4.2.2 Les protéines membranaires .................. Le transport membranaire ........................ 4.3.1 Les processus passifs : la diffusion ......... 4.3.2 Les processus passifs : l’osmose ............ 4.3.3 Les processus actifs ..............................
122 122 123
4.5
124 125 125 127 127 127
4.6
130 133
Illustration des concepts Processus passifs et actifs du transport membranaire ........................................................... 140 INTÉGRATION
Animation La communication intercellulaire ............ 142
4.7
Les organites non membraneux ............. Les structures de la surface externe de la cellule ........................................... 4.5.4 Les jonctions intercellulaires .................. La structure du noyau ................................ 4.6.1 L’enveloppe nucléaire et le nucléole ............................................ 4.6.2 L’acide désoxyribonucléique, la chromatine et les chromosomes ......... La fonction du noyau et des ribosomes ......................................... 4.7.1 La transcription : la synthèse de l’acide ribonucléique ......................... Animation
4.7.2
142 142
4.7.3
4.8 150
4.8.1 4.8.2
153
4.9
156 156
Les structures cellulaires ....................... 163 Le cycle cellulaire .................................. 163 Animation
154
156
L’acide désoxyribonucléique : le centre de commande de la cellule ...... 162 La division cellulaire ................................... 163 Animation
153
155
La traduction : la synthèse des protéines ........................................ 159 Animation
142 143
Animation 4.5.2 4.5.3
Animation
4.4
4.4.1 Le contact direct entre les cellules ......... 4.4.2 La signalisation ligand-récepteur ............ Les structures cellulaires ........................... 4.5.1 Les organites membraneux ....................
Le vieillissement et la mort cellulaires ... 168
122 Partie I L’organisation du corps humain
4.1
Une introduction à la cellule
Les cellules cardiaques se contractent pour pomper le sang hors des cavités du cœur ; les cellules de la rétine de l’œil détectent la lumière ; les leucocytes (globules blancs) phagocytaires capturent et digèrent les particules étrangères comme les bactéries ou les virus ; et les cellules pancréatiques synthétisent et sécrètent l’insuline. Au bout du compte, tous les processus du corps humain dépendent des cellules et de leurs activités. Pour cette raison, la cellule est souvent qualifée d’unité onctionnelle de l’organisme. Il est essentiel de connaître la structure et la onction des cellules pour comprendre les concepts de tous les chapitres qui suivront. L’analyse des cellules commence par une description de la açon dont il aut s’y prendre pour les étudier. Il sera ensuite question de la taille et de la orme des cellules types ainsi que de la açon dont certaines d’entre elles se diérencient de la cellule type. Cette section se termine par une analyse des caractéristiques structurales et des onctions communes à toutes les cellules.
4.1.1 1
L’étude des cellules
Distinguer les différents types de microscopie, à savoir la microscopie optique, la microscopie électronique à transmission et la microscopie électronique à balayage.
La cytologie est l’étude des cellules. La petite taille des cellules constitue le plus grand obstacle à la détermination de leur nature. L’existence des cellules a été découverte après l’invention du microscope, car l’utilisation d’un microscope permettant un grossissement est nécessaire pour voir les plus petites cellules du
corps humain. L’unité de mesure de longueur souvent utilisée pour mesurer la taille des cellules est le micromètre (μm). Un micromètre équivaut à 1/10 000 cm. La microscopie est l’utilisation d’un microscope pour observer des structures de petite taille et elle constitue une ressource utile dans les études anatomiques. Les appareils utilisés le plus souvent sont le microscope optique, le microscope électronique à transmission et le microscope électronique à balayage. Les échantillons destinés à la microscopie ne présentent aucun contraste intrinsèque, c’est-à-dire qu’il n’y a aucune diérence entre le spécimen et l’arrière-plan. Il est donc difcile de bien distinguer les structures. Pour les aire ressortir par contraste, des colorants sont utilisés dans le cas de la microscopie optique, et des métaux lourds dans le cas des microscopies électroniques à transmission et à balayage. La FIGURE 4.1 compare les images d’un même spécimen obtenues pour chaque type de microscope. Dans ce cas-ci, il s’agit de cils à la surace des cellules épithéliales tapissant les voies respiratoires. Le microscope optique (MO) produit une image bidimensionnelle en aisant passer un rayonnement lumineux (photons) à travers l’échantillon. Des lentilles de verre permettent de grossir et de mettre au point l’image en la projetant vers l’œil (voir la fgure 4.1A). Le microscope électronique utilise un aisceau d’électrons plutôt que de photons pour illuminer l’échantillon. Il dépasse de loin le grossissement obtenu par la microscopie optique ; mais plus important encore, il améliore de plus de mille ois la résolution (capacité de voir les détails) du MO. Le microscope électronique à transmission (MET) projette un aisceau d’électrons à travers une coupe fne de l’échantillon. L’image bidimensionnelle ainsi obtenue est mise au point sur un écran pour la
Cils
A. Microscopie optique
Cils
MEB 3 000 x
MO 720 x
MET 50 000 x
Cils
B. Microscopie électronique à transmission
C. Microscopie électronique à balayage
FIGURE 4.1 Techniques microscopiques utilisées pour l’étude des cellules ❯ Différentes techniques sont utilisées pour étudier l’anatomie cellulaire. A. Le microscope optique montre des structures appelées cils ressemblant à des poils qui forment des prolongements sur les cellules
tapissant les voies respiratoires. B. Le microscope électronique à transmission révèle l’ultrastructure de ces cils. C. Le microscope électronique à balayage montre l’image tridimensionnelle des cils de ce même type de cellules.
Chapitre 4 La biologie de la cellule 123
visualiser ou sur un flm photographique pour l’enregistrer. Le MET utilisé dans la fgure 4.1B montre une vue rapprochée d’une coupe de cils à la surace de cellules épithéliales des voies respiratoires. Pour réaliser une étude tridimensionnelle détaillée de la surace d’un échantillon, une analyse à l’aide d’un microscope électronique à balayage (MEB) est la méthode à privilégier (voir la fgure 4.1C). Dans ce cas-ci, le aisceau d’électrons balaie la surace de l’échantillon à analyser, et les électrons réémis produisent une image topographique de la surace qui est capturée sur un écran.
Vérifiez vos connaissances 1. Quel est l’avantage d’utiliser un microscope
électronique à transmission plutôt qu’un microscope optique pour étudier la structure intracellulaire ?
4.1.2
La taille et la forme des cellules
2
Décrire l’ordre de grandeur de la taille des cellules humaines.
3
Nommer certaines des formes que peuvent prendre les cellules.
Le plus souvent, les cellules sont représentées comme ayant la même taille et une orme sphérique ou cuboïde, alors qu’en réalité, la structure des quelque 75 millions de millions de cellules qui composent l’être humain adulte varie considérablement. La taille de la plupart des cellules est microscopique, mais certaines cellules sont sufsamment grosses pour être visibles à l’œil nu FIGURE 4.2. À titre d’exemple, les érythrocytes (globules rouges) ont partie des plus petites cellules et possèdent un diamètre d’environ 7 ou 8 μm, tandis que l’ovocyte humain, la plus grande cellule chez l’humain, mesure 120 μm de diamètre. La orme des cellules varie aussi énormément FIGURE 4.3. Certaines cellules
Irrégulière : neurones Taille 10 m Taille de l’humain
1 mm
Œuf d’autruche
Ovocyte humain
100 m La plupart des cellules végétales et animales (en moyenne 30 m) 10 m 1 m 100 nm 10 nm
Érythrocyte Mitochondrie
La plupart des bactéries
Cuboïde : cellules tubulaires du rein
Virus Ribosomes Macromolécules (protéines)
1 nm 0,1 nm
Prismatique : cellules de la muqueuse intestinale
Microscope électronique
1 cm
Disque biconcave : érythrocytes
Microscope optique
0,1 m
Certaines cellules musculaires et nerveuses
À l’œil nu
1m
Sphérique : cellules cartilagineuses
Petites molécules (acides aminés) Atome
Cylindrique : cellules musculaires squelettiques
FIGURE 4.3
FIGURE 4.2 Diversité de tailles des cellules
❯ Le diamètre de la plupart
des cellules du corps humain varie de 10 à 100 μm.
Diversité de formes des cellules
❯ Partout dans l’organisme, les cellules possèdent différentes formes jouant diverses fonctions.
124 Partie I L’organisation du corps humain
sont sphériques ou cuboïde et d’autres sont en orme de colonne, de cylindre ou de disque, ou présentent une orme irrégulière. Il existe aussi un rapport entre la taille et la orme d’une cellule et sa onction dans l’organisme.
La plupart des cellules comportent des structures caractéristiques. Ces structures onctionnent de concert pour permettre à chaque type de cellules de l’organisme de remplir des onctions communes.
4.1.3.1 Une vue d’ensemble
Vérifiez vos connaissances
des composants cellulaires
2. Quel est l’ordre de grandeur de la taille d’une cellule
typique ?
4.1.3
Les caractéristiques communes et les fonctions générales
4
Décrire les trois principales caractéristiques structurales d’une cellule.
5
Reconnaître les organites membraneux et les organites non membraneux.
6
Distinguer les organites des inclusions cellulaires.
7
Expliquer les fonctions générales que doivent remplir les cellules.
L’image généralisée de la cellule de la FIGURE 4.4 ne représente pas une vraie cellule de l’organisme ; il s’agit plutôt d’une représentation générale de la cellule qui combine les caractéristiques communes des diérents types de cellules présents dans le corps humain. • La membrane plasmique. La membrane plasmique orme la barrière sélective qui sépare le contenu intracellulaire du milieu extracellulaire. Les cils, le fagelle et les microvillosités sont des prolongements modiés de la membrane plasmique. • Le noyau. Le noyau (karuon= noyau) est la structure interne la plus volumineuse de la cellule et il est entouré d’une enveloppe nucléaire. Il contient en majeure partie le matériel génétique, soit l’acide désoxyribonucléique (ADN). Le liquide à l’intérieur du noyau se nomme nucléoplasme. Un corps de coloration sombre appelé nucléole est également présent dans le noyau. Organites membraneux Réticulum endoplasmique rugueux Réticulum endoplasmique lisse Mitochondrie Complexe golgien Peroxysome Lysosome
Noyau Enveloppe nucléaire Nucléoplasme Nucléole Organites non membraneux
Cytoplasme
Ribosomes Ribosomes libres Ribosomes liés
Membrane plasmique
Centrosome Protéasome
Modifications de la membrane plasmique
Cytosquelette
Microvillosités Cils Flagelle
Cytosol (liquide intracellulaire)
FIGURE 4.4 Structure de la cellule
Inclusions
Vésicule
❯ Cette représentation généralisée de la cellule illustre la plupart des structures communes présentes dans les cellules humaines adultes, à savoir la membrane plasmique, le noyau et le cytoplasme. Le cytoplasme comprend le cytosol de même que des organites membraneux et non membraneux.
Chapitre 4 La biologie de la cellule 125
• Le cytoplasme. Le cytoplasme (cyt= cellule, plasma= ormation) est un terme général désignant tout le contenu cellulaire entre la membrane plasmique et le noyau. Les trois principaux composants du cytoplasme sont le cytosol, les organites et les inclusions.
4.1.3.2 Les composants cytoplasmiques Le cytosol (sol = soluble) (ou liquide intracellulaire) constitue le liquide visqueux du cytoplasme. Son contenu en eau est élevé et il comporte beaucoup de macromolécules dissoutes, notamment des glucides, des lipides et des protéines, ainsi que des petites molécules comme du glucose et des acides aminés. Le cytosol contient également diérents types d’ions utilisés pour les onctions cellulaires. Les organites, signiant petits organes, sont des structures complexes et organisées à l’intérieur des cellules ; ils ont des ormes et des onctions caractéristiques et uniques. Il existe deux catégories d’organites : les organites membraneux et les organites non membraneux. Les organites membraneux sont entourés d’une membrane similaire à la membrane plasmique. Cette membrane sépare le contenu de l’organite du cytosol pour que les activités propres à l’organite puissent se dérouler sans être perturbées par les autres activités de la cellule. Le réticulum endoplasmique (rugueux et lisse), le complexe golgien (ou appareil de Golgi), les lysosomes, les peroxysomes et les mitochondries sont des organites membraneux (voir la section 4.5.1). Les vésicules sont des organites membraneux temporaires ormés à partir du réticulum endoplasmique, du complexe golgien ou de la membrane plasmique. Les organites non membraneux (voir la section 4.5.2) ne sont pas entourés d’une membrane. Ces structures se composent généralement de protéines et comprennent les ribosomes (liés au réticulum endoplasmique ou libres dans le cytosol), le cytosquelette, le centrosome et les protéasomes. Le cytosol de certaines cellules emmagasine temporairement des inclusions, soit un groupe de molécules. Aucune membrane n’entoure la plupart des inclusions, et elles ne sont pas considérées comme des organites. Les réserves de mélanine, un pigment emmagasiné dans certaines cellules de la peau, les poils et les yeux constituent des inclusions. Des réserves de nutriments comme le glycogène dans les cellules hépatiques et les triglycérides dans les cellules adipeuses gurent également au nombre des inclusions.
4.1.3.3 Les fonctions générales de la cellule La cellule doit remplir des onctions générales nécessaires à son bon onctionnement : • Maintenir son intégrité et sa forme. L’intégrité et la orme de la cellule dépendent à la ois de la membrane plasmique, qui xe sa limite extérieure, et du contenu cellulaire, qui assure son soutien. • Obtenir les nutriments nécessaires à son bon fonctionnement et réaliser les processus métaboliques. Chaque cellule doit recueillir des nutriments et d’autres substances provenant du milieu liquide extracellulaire an d’assurer son bon onctionnement. Elle orme de nouvelles structures chimiques
et amasse l’énergie nécessaire à sa survie par l’intermédiaire de divers processus métaboliques. • Éliminer les déchets. La cellule doit éliminer les déchets qu’elle produit pour empêcher leur accumulation et pour ne pas perturber les activités cellulaires normales. De plus, certaines cellules ont la capacité de se diviser pour produire un nombre plus élevé de cellules du même type. Ces nouvelles cellules contribuent au maintien du tissu ou de l’organe auquel elles appartiennent en ournissant des cellules pour assurer une nouvelle croissance et remplacer celles qui meurent. Touteois, au cours du développement, beaucoup de cellules perdent cette capacité de se diviser (voir la section 4.8).
Vérifiez vos connaissances 3. Quelles sont les trois principales structures communes
à toutes les cellules ? 4. Quelle structure cellulaire est responsable de délimiter
la cellule et de maintenir son intégrité ?
4.2
La structure chimique de la membrane plasmique
La membrane plasmique n’est pas une délimitation rigide, mais plutôt une matrice fuide composée d’un mélange de lipides et de protéines. Elle régule le déplacement de la plupart des substances vers l’intérieur et vers l’extérieur de la cellule.
4.2.1 1
Les composants lipidiques
Énumérer les composants lipidiques de la membrane plasmique et expliquer les actions de chacun.
La membrane plasmique renerme plusieurs types de lipides, dont des phospholipides, du cholestérol et des glycolipides FIGURE 4.5. Les principaux composants des lipides membranaires sont des phospholipides (voir la section 2.4.3). Ces molécules sont souvent représentées dans la membrane comme un ballon à deux queues. La tête en orme de ballon est polaire, soit hydrosoluble (ou hydrophile), tandis que les deux queues sont non polaires, soit liposolubles (ou hydrophobes). Les molécules de phospholipides se lient aisément entre elles pour ormer deux euillets parallèles de molécules alignées, dont les queues liposolubles se ont ace pour ormer le milieu interne de la membrane, orientant les têtes polaires hydrosolubles vers l’extérieur de la membrane. Cette structure de base de la charpente de la membrane plasmique se nomme bicouche de phospholipides. Cette bicouche, dont l’intérieur empêche le passage de l’eau (liposoluble), ait en sorte que le cytosol reste à l’intérieur de la cellule et que le liquide interstitiel, soit le liquide extracellulaire dans lequel baignent les cellules, reste à l’extérieur.
126 Partie I L’organisation du corps humain
Liquide interstitiel Phospholipide Glucide
Glycolipide
Tête polaire d’un phospholipide Bicouche de phospholipides
Queues non polaires d’un phospholipide
Glycoprotéine Cholestérol
Protéine
Protéine intégrée Protéine périphérique Filaments du cytosquelette Cytosol Fonctions de la membrane plasmique Cytosol C Cyt y oso osoll Bicouche de phospholipides
Liquide interstitiel
B Bic Bicouche ic de ph pho p phospholipides ho o
MET ET 6 900 x
1. Barrière physique : établit une délimitation flexible, protège le contenu cellulaire et contribue à soutenir sa structure. La bicouche de phospholipides sépare le milieu intracellulaire du milieu extracellulaire. 2. Perméabilité sélective : régule l’entrée et la sortie des ions, des nutriments et des déchets à travers la membrane. 3. Gradients électrochimiques : établit et maintient une différence de charges électriques de part et d’autre de la membrane plasmique. 4. Communication : contient des récepteurs qui permettent de reconnaître les signaux moléculaires et d’y réagir.
Cytosol
des B. Bicouche de phospholipides
A. Membrane plasmique
FIGURE 4.5 Structure et fonctions de la membrane plasmique
❯
A. La membrane plasmique est une bicouche de phospholipides parsemée de molécules de cholestérol et de protéines liées à ses
faces interne et externe. B. Le microscope électronique à transmission permet d’observer les bicouches phospholipidiques de deux cellules adjacentes.
Le cholestérol se trouve dispersé dans les régions liposolubles de la bicouche, là où se situent les queues des phospholipides. Il renorce la membrane et la stabilise pour éviter que la cellule se décompose ou éclate.
peuvent ranchir acilement cette barrière sans aide, par diusion simple (voir la section 4.3.1).
Les glycolipides sont des lipides sur lesquels sont fxés des glucides. Ils sont présents uniquement sur la couche externe de la bicouche, exposés au liquide interstitiel. Ensemble, la partie glucidique des glycolipides et les glycoprotéines, qui seront décrites dans la prochaine section, contribuent à la ormation du glycocalyx (glyco = sucre, calix = enveloppe), un enrobage de sucres à la surace de la cellule. L’agencement des sucres du glycocalyx est unique à chaque personne, sau dans les cas de jumeaux monozygotes (identiques).
5. De quelle façon les lipides maintiennent-ils la barrière
Le centre de la bicouche de la membrane plasmique est insoluble dans l’eau. Plus exactement, cette délimitation constitue une barrière physique efcace contre la plupart des substances. Seulement de petites substances non polaires (liposolubles)
Vérifiez vos connaissances physique de base de la membrane plasmique ?
INTÉGRATION LIENS ENTRE LES CONCEPTS Le cholestérol est un composant des membranes plasmiques présent uniquement dans les cellules animales. Donc, tout aliment d’origine animale, comme les œufs, le lait et la viande, contient du cholestérol. Les aliments d’origine végétale, comme les carottes, le maïs et même les croustilles de pommes de terre cuites dans l’huile végétale, ne contiennent pas de cholestérol.
Chapitre 4 La biologie de la cellule 127
4.2.2 2
3
Les protéines membranaires
Distinguer les deux types de protéines membranaires en fonction de leur emplacement dans la membrane plasmique. Nommer les six principaux rôles que jouent les protéines membranaires.
Même si les lipides constituent le principal composant de la membrane plasmique, les protéines dispersées un peu partout entre les lipides représentent environ la moitié de la masse totale de la membrane plasmique. La fuidité de la membrane est causée par la présence d’acides gras cis des phospholipides contenus dans la membrane. La orme brisée des acides gras cis crée un désordre dans la structure de la membrane, et c’est ce désordre qui permet le déplacement des protéines à l’intérieur même de la membrane. La plupart des onctions spéciques de la membrane sont déterminées par les protéines qui y sont présentes. Les protéines membranaires appartiennent à l’un des deux types de structures suivants : intégré ou périphérique. Les protéines intégrées sont incluses dans la bicouche de phospholipides, traversant de part et d’autre la membrane plasmique (voir la fgure 4.5). C’est pourquoi elles sont aussi appelées protéines transmembranaires. Les régions liposolubles des protéines intégrées interagissent avec l’intérieur liposoluble de la membrane, tandis que leurs régions hydrosolubles s’exposent aux milieux aqueux de chaque côté de la membrane. Beaucoup de protéines membranaires intégrées sont des glycoprotéines dont les parties glucidiques sont exposées au liquide interstitiel. Contrairement aux protéines intégrées, les protéines périphériques ne sont pas incluses dans la bicouche de phospholipides. Elles sont plutôt plus ou moins xées sur la ace externe ou interne de la membrane plasmique et sont souvent ancrées aux parties exposées des protéines intégrées, à l’intérieur ou à l’extérieur de la cellule. Les protéines et les glycoprotéines sont généralement classées selon leurs onctions, c’est-à-dire selon le rôle précis qu’elles jouent dans l’organisme FIGURE 4.6 : • Les protéines de transport permettent de réguler le mouvement transmembranaire des substances. Les diérents types de protéines de transport sont les canaux, les transporteurs et les pompes. • Les récepteurs de surface se lient à des molécules précises nommées ligands. Le ligand est une molécule libérée par une cellule qui se lie à un récepteur membranaire d’une autre cellule. Les neurotransmetteurs libérés par les neurones et les hormones libérées par les cellules endocrines sont des exemples de ligands. • Les marqueurs d’identité, des protéines ou des glycoprotéines présentes à la surace de la cellule, indiquent aux autres cellules que cette dernière appartient à l’organisme. Les cellules du système immunitaire se servent des marqueurs d’identité pour distinguer les cellules normales et saines des cellules étrangères, endommagées ou inectées que le corps doit détruire (voir le chapitre 22).
• Les enzymes se trouvent xées sur la ace interne ou externe de la cellule pour catalyser des réactions chimiques (voir la section 3.3.2). • Les sites d’ancrage sont des protéines qui xent le cytosquelette (charpente protéique interne de la cellule) à la membrane plasmique. • Les protéines de jonction cellulaire servent aux liaisons entre les cellules. Les protéines ormant les jonctions intercellulaires accomplissent plusieurs onctions, notamment la liaison des cellules entre elles.
Vérifiez vos connaissances 6. Quel type de protéine membranaire permet le passage
de substances d’un côté de la membrane plasmique à l’autre ? Quels sont ses trois sous-types ?
4.3
Le transport membranaire
L’une des onctions importantes de la membrane plasmique est de réguler le déplacement de substances vers l’intérieur et l’extérieur de la cellule. La cellule doit recueillir diérentes substances provenant du liquide interstitiel (p. ex., les nutriments, l’oxygène, des ions) et doit également éliminer des déchets (p. ex., le dioxyde de carbone, des ions) dans le liquide interstitiel. L’acquisition et l’élimination des substances par la membrane plasmique se produisent par l’intermédiaire de processus de transport membranaire. Ces processus se divisent en deux catégories principales en onction du besoin d’énergie nécessaire pour eectuer le transport : le processus passi et le processus acti. Les processus passifs ne nécessitent aucune dépense d’énergie. Ils dépendent simplement de l’énergie cinétique propre à une substance alors qu’elle se déplace dans le sens de son gradient de concentration, c’est-à-dire du milieu où cette substance est présente en plus grande concentration vers le milieu moins concentré. Il existe deux types de processus passis : la diusion et l’osmose. Les processus actifs sont diérents, car la cellule doit dépenser de l’énergie pour eectuer le transport. Ils se caractérisent soit par le déplacement d’une substance contre son gradient de concentration, c’est-à-dire du milieu de aible concentration vers un milieu de orte concentration, soit par la ormation d’une vésicule membranaire. Ces processus nécessitant de l’énergie se nomment respectivement transport acti et transport vésiculaire.
4.3.1
Les processus passifs : la diffusion
1
Résumer le concept général de la diffusion.
2
Distinguer la diffusion simple de la diffusion facilitée de la cellule.
Les molécules et les ions sont constamment en mouvement en raison de leur énergie cinétique. Ils se déplacent de manière
128 Partie I L’organisation du corps humain
Ligand Substrat
Liquide interstitiel
Produit
Cytosol
Protéine de transport
Récepteur de surface
Marqueur d’identité
Enzyme
FIGURE 4.6 Protéines de la membrane plasmique
❯ Les principales catégories fonctionnelles des protéines de la membrane plasmique sont les trois types de protéines de transport (canaux, transporteurs et
aléatoire et lorsqu’ils rappent des obstacles, comme d’autres molécules ou ions, ils rebondissent, prennent une direction diérente et s’éloignent : on dit alors qu’ils se diusent. En présence d’un gradient de concentration, la répartition de la substance entre deux milieux s’égalise au l du temps. Ce mouvement net de la substance, d’un milieu plus concentré vers un milieu moins concentré, se nomme diffusion (diffusio = action de répandre). La diusion, si rien ne l’en empêche, se produit jusqu’à ce que la substance atteigne l’équilibre, c’est-à-dire jusqu’à ce que les molécules se répartissent de açon homogène dans un espace donné FIGURE 4.7.
pompes), les récepteurs de surface, les marqueurs d’identité, les enzymes, les sites d’ancrage utilisés par le cytosquelette et les protéines de jonction cellulaire.
La vitesse à laquelle les substances diusent n’est pas constante et dépend plutôt des conditions du milieu : • La force du gradient de concentration. La orce d’un gradient de concentration est la mesure de la diérence de concentration d’une substance entre deux milieux. Un gradient de concentration plus ort entraîne une vitesse de diusion plus grande. • La température. La température refète l’énergie cinétique d’une substance. Lorsque la température est plus élevée, le mouvement aléatoire des molécules et des ions d’une substance est plus important, entraînant une vitesse de diusion plus grande.
4.3.1.1 La diffusion cellulaire FIGURE 4.7 Diffusion
❯ Lorsqu’une goutte de colorant est ajoutée dans un bécher d’eau, les molécules du colorant diffusent dans l’eau dans le sens du gradient de concentration de ces molécules, se propageant jusqu’à l’atteinte de l’équilibre.
La diusion cellulaire est transmembranaire et dépend des gradients de concentration présents généralement entre le cytosol et le liquide interstitiel des diérentes substances (p. ex., l’oxygène [O2], le dioxyde de carbone [CO2], le glucose, les ions). La diusion d’une substance peut s’eectuer sans aide ou être acilitée par une protéine de la membrane plasmique, ce qui distingue la diusion simple de la diusion acilitée.
La diffusion simple Dans la diffusion simple, les molécules de petite taille et non polaires se déplacent vers l’intérieur ou l’extérieur de la cellule dans le sens de leur gradient de concentration. Ces molécules n’ont pas besoin d’une protéine de transport pour se déplacer. Elles ne ont que se auler entre les phospholipides ormant la membrane plasmique, aidées par la nature liposoluble des acides gras des phospholipides FIGURE 4.8. Les molécules qui se déplacent par diusion simple sont les gaz
Chapitre 4 La biologie de la cellule 129
insufsance respiratoire ou cardiovasculaire peut modifer les gradients de concentration de l’oxygène et du dioxyde de carbone, entraînant une diminution de la diusion de ces gaz.
La diffusion facilitée
Liquide interstitiel
Protéine du cytosquelette Site d’ancrage
Protéine de jonction cellulaire
respiratoires (O2 et CO2), les acides gras non polaires de petite taille, l’éthanol et l’urée, un déchet azoté issu de la dégradation des acides aminés. L’éthanol et l’urée sont des molécules très peu polaires, ayant tout de même un comportement liposoluble. La membrane plasmique est incapable de contrôler la diusion simple ; le mouvement de ces molécules ne dépend que du gradient de concentration. La substance continue de traverser la membrane plasmique tant qu’il existe un gradient de concentration. Une
Déplacement des molécules non polaires de petite taille dans le sens de leur gradient de concentration Liquide interstitiel
Oxygène
Cytosol Dioxyde de carbone
FIGURE 4.8 Diffusion simple des molécules
La bicouche de phospholipides est principalement liposoluble et empêche de manière efcace les molécules hydrosolubles (chargées ou polaires) de petite et de moyenne taille de pénétrer ou de sortir de la cellule. Leur transport vers l’intérieur ou l’extérieur de la cellule doit s’eectuer à l’aide de protéines intégrées dans un processus appelé diffusion facilitée. Il existe deux catégories de diusion acilitée, selon le type de protéine de transport utilisé pour le passage transmembranaire de la substance : la diusion acilitée par des canaux et la diusion acilitée par des transporteurs. La diffusion facilitée par des canaux est le transport membranaire d’ions de petite taille par l’intermédiaire de canaux ioniques remplis d’eau FIGURE 4.9A. Chaque canal est spécifque du transport d’un type d’ions en particulier. Il s’agit soit d’un canal ionique à fonction passive, qui ne se reerme jamais, soit d’un canal ionique à fonction active, qui est généralement ermé et ne s’ouvre qu’en réaction à un stimulus (p. ex., une substance chimique, une lumière, une variation de tension). À titre d’exemple, les canaux ioniques à onction passive à Na+ laissent les ions Na+ traverser la membrane continuellement. En revanche, les canaux ioniques à onction active à Na+ commandés chimiquement ne s’ouvrent pour laisser traverser les ions Na+ qu’en réaction à la présence d’une substance chimique particulière (p. ex., un neurotransmetteur). En général, les canaux ioniques à onction active ne s’ouvrent qu’une raction de seconde. Les canaux et la diusion acilitée par des canaux contribuent de manière importante au onctionnement normal des cellules musculaires et nerveuses (voir les chapitres 10 et 12). La diffusion facilitée par des transporteurs est le transport membranaire de molécules polaires de grosseur moyenne, comme les glucides ou les acides aminés. Ces molécules traversent la membrane plasmique à l’aide d’une protéine de transport qui subit un changement de conormation permettant le déplacement de la molécule de l’autre côté de la membrane. Chaque protéine de transport assure le déplacement d’une molécule spécifque, comme c’est le cas pour le glucose. Comme dans le cas d’un canal, le transporteur déplace une substance dans le même sens que son gradient de concentration. La fgure 4.9B illustre la açon dont une protéine de transport se lie à une substance, change de conormation, puis libère la substance de l’autre côté de la membrane. Le nombre de canaux et de transporteurs présents dans la membrane plasmique détermine la vitesse maximale à laquelle s’eectue le transport membranaire par diusion acilitée d’une substance. La diusion acilitée est donc plus rapide lorsque les protéines de transport sont en plus grand nombre.
Vérifiez vos connaissances ❯ La diusion simple se produit
lorsque des molécules non polaires (liposolubles) de petite taille se auflent entre les phospholipides de la membrane plasmique. Une molécule se déplace dans le sens de son gradient de concentration. Dans ce cas-ci, l’oxygène diuse vers l’intérieur de la cellule, et le dioxyde de carbone, vers l’extérieur de la cellule.
7. De quelle açon la diusion de l’O2 vers l’intérieur et
du CO2 vers l’extérieur de la cellule s’eectue-t-elle ?
8. Comparez le transport membranaire d’un ion et celui
d’une molécule polaire de taille moyenne.
130 Partie I L’organisation du corps humain
Déplacement d’ions dans le sens de leur gradient de concentration par l’intermédiaire de canaux remplis d’eau Na+ Canal ionique à fonction passive à Na+
Liquide interstitiel
Canal ionique à fonction passive à K+
diérence de concentration d’eau de part et d’autre d’une membrane. L’illustration du processus d’osmose dans la cellule peut aciliter la compréhension de la présente section FIGURE 4.10.
4.3.2.1 La membrane plasmique : une membrane
semi-perméable La membrane plasmique est une membrane semi-perméable qui laisse passer l’eau, mais sa bicouche de phospholipides empêche le passage de la plupart des solutés.
Cytosol
K+
A. Diffusion facilitée par des canaux Changement de conformation de la protéine de transport pour le transport membranaire des molécules Glucose Liquide interstitiel
Les molécules d’eau traversent la membrane plasmique de l’une des deux açons suivantes : elles se auflent entre les molécules de la bicouche de phospholipides (en quantité limitée) ou passent par des canaux hydriques ormés de protéines intégrées appelées aquaporines (aqua = eau, porus = passage). La bicouche de phospholipides de la membrane plasmique est imperméable à la plupart des solutés. Dans le contexte de l’osmose, les solutés sont classés en deux catégories en onction de leur capacité ou non à traverser la bicouche de phospholipides. Les solutés perméables (p. ex., les solutés non polaires de petite taille comme l’oxygène, le dioxyde de carbone et l’urée) peuvent traverser la bicouche, tandis que les solutés non perméables (p. ex., les solutés chargés, polaires ou de grande taille comme les ions, le glucose et les protéines) ne peuvent pas le aire sans leur protéine de transport ou une vésicule.
4.3.2.2 Le gradient de concentration
transmembranaire
Cytosol Protéine de transport du glucose
B. Diffusion facilitée par des transporteurs
FIGURE 4.9 Diffusion facilitée des molécules
❯ La diusion acilitée se pro duit lorsque des ions ou des molécules polaires de taille moyenne sont transportés par des protéines intégrées de la membrane plasmique dans le sens de leur gradient de concentration. A. Diusion acilitée par des canaux : des ions (p. ex., Na+ et K+) traversent la membrane par l’intermédiaire de canaux ioniques particuliers rem plis d’eau. B. Diusion acilitée par des transporteurs : des molé cules polaires de taille moyenne (p. ex., le glucose) traversent la membrane par l’intermédiaire de protéines de transport.
4.3.2
Les processus passifs : l’osmose
3
Défnir l’osmose.
4
Défnir la pression osmotique.
5
Décrire les eets de l’osmose sur la orme des cellules.
L’osmose est diérente des autres types de transport passi membranaire, car elle ait appel au déplacement de l’eau et non à celui des solutés. L’osmose (ôsmos= impulsion) est le déplacement passi de l’eau à travers une membrane semi-perméable (ou sélectivement perméable). Ce déplacement se produit en réaction à une
Il peut y avoir une diérence de concentration de solutés entre le cytosol et le liquide interstitiel en raison du ait que les solutés ne peuvent pas tous traverser la bicouche de la membrane plasmique. S’il existe une concentration de solutés, une concentration d’eau existe également, et une solution qui présente une concentration plus élevée en solutés contient une concentration plus aible en eau. À titre d’exemple, une solution contenant 3 % de solutés présente une concentration plus aible en eau (97 % d’eau) qu’une solution comportant 1 % de solutés (99 % d’eau).
4.3.2.3 Le déplacement de l’eau par osmose Le mouvement net de l’eau par osmose dépend du gradient de concentration entre le cytosol et la solution dans laquelle baigne la cellule. L’eau se déplace dans le sens de son gradient, soit de la solution contenant le plus d’eau (p. ex., 1 % de solutés et 99 % d’eau) vers la solution contenant le moins d’eau (p. ex., 3 % de solutés et 97 % d’eau). Les molécules d’eau continuent de se déplacer jusqu’à l’atteinte de l’équilibre de la concentration d’eau à l’intérieur et à l’extérieur de la cellule. Les molécules d’eau qui traversent la membrane plasmique par osmose se dirigent donc d’un milieu où la concentration d’eau est élevée vers un milieu où la concentration d’eau est plus aible (voir la fgure 4.10).
4.3.2.4 La pression osmotique La pression osmotique est la pression exercée par l’eau pour traverser une membrane semi-perméable lorsqu’il y a une diérence de concentration de la solution entre deux milieux.
Chapitre 4 La biologie de la cellule 131
moins d’eau que le côté B. L’eau se déplace du côté B vers le côté A par osmose, contre la orce de gravité, jusqu’à ce que la concentration de liquide soit la même de chaque côté du tube (gure de droite).
Membrane plasmique Liquide interstitiel
Protéine
Cytosol
INTÉGRATION
Aquaporine ap porin rine e
Molécule d’eau
Perméable à l’eau
Ca Ca22++
Cl Cl−
K+ Imperméable à la plupart des solutés (chargés, polaires, de grande taille)
STRATÉGIES D’APPRENTISSAGE
Il peut être utile de représenter la pression osmotique comme étant la pression exercée par les solutés pour attirer l’eau vers le milieu où la concentration de solutés est plus élevée. Plus la concentration des solutés est élevée, plus la pression osmotique est grande. Par conséquent, ce milieu attire une plus grande quantité de molécules d’eau par osmose.
À votre avis 1. Dans laquelle des situations suivantes la pression
osmotique serait-elle la plus élevée : une cellule dont la concentration du cytosol est de 0,9 % en NaCl et qui est immergée dans l’eau pure ou cette même cellule immergée dans une solution de NaCl 0,2 % ? Expliquez votre réponse.
Na a+
4.3.2.5 Les effets de l’osmose sur la forme cellulaire
G cosse Glu Glucose Concentration d’eau plus faible (concentration de solutés plus élevée)
Gradientt de de concentration atio tion ti
Concentration d’eau plus élevée (concentration de solutés plus faible)
FIGURE 4.10 Osmose dans la cellule
❯ Dans la cellule, l’osmose s’effectue d’un côté à l’autre de la membrane plasmique, qui est perméable aux molécules d’eau et imperméable à la plupart des solutés. L’eau traverse toujours la membrane plasmique à partir du milieu où sa concentration est plus élevée vers celui où sa concentration est plus faible, et ce, jusqu’à l’atteinte de l’équilibre.
Plus le gradient est ort, plus la quantité d’eau qui traverse la membrane par osmose est grande et, par conséquent, plus la pression osmotique est élevée. La FIGURE 4.11 permet de visualiser le déplacement de l’eau par osmose. Chaque tube en orme de U possède deux régions séparées par une membrane semi-perméable qui laisse passer les molécules d’eau, mais empêche le passage des solutés. Au départ (gure de gauche), le côté A contient plus de solutés et
Lorsque des molécules d’eau traversent la membrane plasmique d’une cellule par osmose, la cellule reçoit ou perd de l’eau, ce qui entraîne une variation de son volume. Trois termes sont utilisés pour décrire la concentration relative des solutions : isotonique, hypotonique et hypertonique FIGURE 4.12. Dans le cas d’une cellule plongée dans une solution isotonique (isos = égal, tonos = tension), le cytosol et la solution ont la même concentration de solutés. À titre d’exemple, un soluté physiologique normal contenant 0,9 % de NaCl constitue un exemple de solution isotonique pour les érythrocytes. Dans ces conditions, les concentrations d’eau à l’intérieur et à l’extérieur de ces cellules sont égales (voir la fgure 4.12A). Le déplacement d’eau est équivalent autant vers l’intérieur que vers l’extérieur de la cellule, et celle-ci garde sa orme initiale. Dans le cas d’une cellule plongée dans une solution hypotonique (hypo = au-dessous), la solution possède une concentration aible de solutés, et la concentration d’eau y est plus élevée que dans le cytosol. L’eau pure ne contenant aucun soluté, il s’agit donc de l’exemple extrême de solution hypotonique. Dans ces conditions, l’eau se déplace dans le sens de son gradient de concentration, c’est-à-dire du milieu où il y a plus de molécules d’eau (dans ce cas-ci, la solution extracellulaire) vers celui où il y en a moins (milieu intracellulaire). L’entrée des molécules d’eau augmente le volume de la cellule et celle-ci a alors tendance à gonfer (voir la fgure 4.12B), un peu comme un ballon d’anniversaire dans lequel de l’eau (ou de l’air) aurait été ajoutée. Une lyse (ou éclatement) de la cellule peut se produire si la diérence de concentration est susamment importante. L’hémolyse (haima, haimatos = sang, lusis = solution, dissolution) est le terme précis utilisé dans le cas d’une rupture des érythrocytes. Donc, lorsqu’une solution hypotonique est
132 Partie I L’organisation du corps humain
FIGURE 4.11 Pression osmotique
❯ Chaque tube en forme de U comporte une membrane semi-perméable qui laisse passer les molécules d’eau, mais empêche le passage des solutés. En présence d’un gradient d’eau, les molécules d’eau se déplacent du milieu le plus concentré en eau vers le milieu le moins concentré, jusqu’à l’atteinte de l’équilibre.
FIGURE 4.12 Effets des solutions isotonique, hypotonique et hypertonique sur la forme des érythrocytes ❯ A. Dans une solution isotonique (p. ex., 0,9 % de NaCl), il n’y a aucun déplacement net des molécules d’eau. La forme de la cellule ne change pas. B. Dans une solution hypotonique (p. ex., de l’eau pure), le déplacement net des molécules d’eau se fait vers l’intérieur de la cellule. C. Dans une solution hypertonique (p. ex., 3 % de NaCl), le déplacement net des molécules d’eau se fait vers l’extérieur de la cellule.
administrée par voie intraveineuse, le milieu entourant les érythrocytes a une plus faible concentration de solutés, et l’eau entre dans la cellule. La cellule gone avec l’entrée d’eau, ce qui peut causer l’hémolyse. La solution hypertonique (hyper = au-dessus) possède une concentration plus élevée de solutés et, par conséquent, sa concentration d’eau est plus faible que dans le cytosol. Une solution de
NaCl 3 % constitue un exemple de solution hypertonique pour les érythrocytes, puisque la concentration du cytosol des érythrocytes est de 0,9 %. Dans ce cas, les molécules d’eau se déplacent vers l’extérieur de la cellule dans le liquide environnant, là où la concentration d’eau est plus faible. Par conséquent, il se produit une diminution du volume (voir la gure 4.12C). Si la différence de concentration est importante, la cellule rétrécit et devient crénelée (crena= entaille).
Chapitre 4 La biologie de la cellule 133
INTÉGRATION
STRATÉGIES D’APPRENTISSAGE
La pression osmotique est une mesure de la concentration de solutés du liquide dans lequel baigne la cellule par rapport à celle du liquide intracellulaire. L’utilisation des racines des mots peut aider à démêler les diérents types de solution créant une pression osmotique. Iso signife égal. Dans des conditions isotoniques, la concentration de solutés du cytosol et du liquide extracellulaire est la même. Aucun déplacement net de molécules d’eau n’est observé, puisque la pression osmotique est égale de chaque côté de la membrane plasmique. Hypo signife au-dessous. La concentration de solutés d’une solution hypotonique est plus aible, donc au-dessous de celle du cytosol. Les molécules d’eau du liquide extracellulaire créent une pression osmotique sur la membrane plasmique et se déplacent vers l’intérieur de la cellule. Hyper signife au-dessus. La concentration de solutés d’une solution hypertonique est plus élevée que celle du cytosol. Les molécules d’eau du cytosol créent une pression osmotique sur la membrane plasmique et se déplacent vers l’extérieur de la cellule.
Vérifiez vos connaissances 9. Défnissez l’osmose. 10. Qu’arrive-t-il au volume d’une cellule si elle est im-
mergée dans une solution isotonique, hypotonique et hypertonique ? 11. Quelle conclusion générale pouvez-vous tirer
relativement au déplacement de l’eau ? Un déplacement de l’eau par osmose est toujours observé vers : a) une solution isotonique ; b) une solution hypotonique ; c) une solution hypertonique.
INTÉGRATION LIENS ENTRE LES CONCEPTS L’osmose est essentielle dans plusieurs processus physiologiques importants, notamment dans les échanges entre le sang et les cellules de l’organisme par les capillaires (voir le chapitre 20), la ormation de l’urine (voir le chapitre 24) et le maintien de l’équilibre hydrique (voir le chapitre 25).
4.3.3
Les processus actifs
6
Comparer les transports actis primaire et secondaire.
7
Expliquer la diérence entre l’exocytose et l’endocytose.
8
Décrire les processus liés à l’endocytose, à savoir la phagocytose, la pinocytose et l’endocytose à récepteur.
Les processus actis du transport membranaire sont ceux qui exigent une dépense d’énergie de la part de la cellule par la
dégradation de l’adénosine triphosphate (ATP). Ces processus ne sont présents que chez les organismes vivants et se produisent lorsque les processus passis ne permettent pas le passage des substances (p. ex., lorsqu’une molécule est trop volumineuse pour traverser un canal). Les processus actis se divisent en deux catégories : le transport acti et le transport vésiculaire. Animation Le transport membranaire : les processus actifs
4.3.3.1 Le transport actif Le transport actif permet, par l’intermédiaire d’une pompe, un déplacement des solutés de petite et de moyenne taille à travers la membrane plasmique contre leur gradient de concentration, soit de leur milieu le moins concentré vers leur milieu le plus concentré. Puisque ce processus se ait à l’inverse du gradient de concentration, il demande une énergie supplémentaire, d’où le nom de transport acti. De cette açon, le transport acti empêche la répartition des substances dissoutes pour atteindre l’équilibre. Par exemple, au moment d’une contraction musculaire, une réserve de Ca 2+ est relâchée dans la cellule musculaire. Une pompe permet de reprendre tout ce Ca 2+ pour le ramener dans la réserve jusqu’à une prochaine contraction. Dans ce cas-ci, le transport acti permet de concentrer le Ca 2+ à un endroit particulier, soit dans le réticulum sarcoplasmique, et de le relâcher au moment opportun. Les processus de transport acti visent à maintenir les gradients de concentration entre la cellule et le liquide interstitiel. La source directe d’énergie utilisée au moment du transport acti permet de savoir si ce déplacement est un transport acti primaire ou secondaire.
Le transport actif primaire L’énergie issue directement de la dégradation de l’ATP est utilisée dans le transport acti primaire. La liaison qui unit les deux derniers groupements phosphate de l’ATP est très riche en énergie. Lorsque l’ATP est dégradée, la liaison entre ce dernier groupement et l’ATP est brisée et libère de l’énergie qui permet au groupement phosphate libéré de se lier à la protéine de transport. La protéine de transport subit alors un changement de conormation qui permet le déplacement transmembranaire du soluté. Les protéines du transport acti qui assurent le déplacement transmembranaire des ions se nomment pompes ioniques. Les pompes ioniques jouent un rôle important dans la capacité de la cellule à maintenir ses concentrations internes d’ions. À titre d’exemple, les pompes ioniques à Ca2+ logées dans la membrane plasmique de l’érythrocyte servent à aire sortir le calcium de la cellule pour l’empêcher de se rigidier advenant une accumulation de calcium dans la cellule FIGURE 4.13. Par conséquent, l’érythrocyte reste susamment fexible pour se déplacer dans les capillaires, c’est-à-dire dans les vaisseaux sanguins les plus étroits. La pompe à sodium-potassium (Na+-K+) est un type particulier de pompe ionique. Elle est spéciquement nommée pompe échangeuse d’ions, car elle ait entrer un type d’ion dans la cellule contre son gradient de concentration tout en aisant sortir un autre type d’ion contre son gradient de concentration. La pompe à Na+-K+ peut être représentée comme une double pompe, car elle déplace deux ions diérents contre leur gradient de
134 Partie I L’organisation du corps humain Le transport actif secondaire Érythrocyte Adénosine diphosphate (ADP) + phosphate inorganique (Pi) ATP A T TP
Pompe ionique à Ca2+ Ca2+
Cytosol
Liquide interstitiel
FIGURE 4.13 Pompe ionique à Ca2+
❯ La pompe ionique à Ca 2+ utilise l’ATP pour
déplacer les ions de calcium contre leur gradient de concentration, de l’intérieur vers l’extérieur de la cellule.
concentration respecti. La membrane plasmique maintient les orts gradients de concentration de ces ions en exportant sans arrêt des ions Na+ vers l’extérieur de la cellule et en important des ions K+ dans la cellule. La FIGURE 4.14 montre les étapes du processus par lequel trois ions Na+ sont pompés vers l’extérieur de la cellule contre deux ions K+ vers l’intérieur. La cellule doit dépenser de l’ATP pour que les concentrations de ces ions restent constantes de part et d’autre de la membrane. La pompe à Na+-K+ se nomme également pompe à sodium-potassium-ATPase, puisqu’elle utilise l’ATP comme source d’énergie. L’une des onctions importantes des pompes à Na+-K+ est de maintenir un gradient électrochimique, soit une diérence de charge électrique de part et d’autre de la membrane plasmique. Cette diérence de charge électrique est attribuable à la distribution inégale des molécules et des ions chargés positivement et négativement de part et d’autre de la membrane plasmique. Cette diérence électrique (ou de tension) représente l’énergie potentielle et, pour cette raison, elle est appelée potentiel de membrane. Les pompes à Na+-K+ ont un rôle bien précis relativement au potentiel de membrane (voir la section 12.6.2). Animation La pompe à sodium-potassium (Na+-K+)
INTÉGRATION LIENS ENTRE LES CONCEPTS Le potentiel de membrane est essentiel dans plusieurs processus physiologiques importants, dont la stimulation de la contraction des cellules musculaires squelettiques (voir le chapitre 10) et cardiaques (voir le chapitre 19) ainsi que la propagation de neurones (voir le chapitre 12).
Le transport actif secondaire se nomme également cotransport (ou transport couplé). Il assure le déplacement d’une substance contre son gradient de concentration en utilisant l’énergie ournie par le déplacement d’une deuxième substance dans le sens de son propre gradient de concentration par l’intermédiaire d’un canal. Autrement dit, l’énergie cinétique d’une substance se déplaçant dans le sens de son gradient de concentration ournit la puissance nécessaire pour pomper l’autre substance contre son gradient de concentration, par exemple comme l’eau d’un barrage qui ait tourner une turbine hydraulique pour produire de l’électricité (voir la section 3.1.1). La substance qui se déplace dans le sens de son gradient de concentration est souvent l’ion Na+. Il existe deux types de transport acti secondaire : le symport et l’antiport. • Le symport. Si les deux substances se déplacent dans le même sens, ces protéines de transport se nomment symporteurs (ou cotransporteurs), et il s’agit d’un transport actif secondaire symport. • L’antiport. Si les deux substances se déplacent dans des directions opposées, ces protéines de transport se nomment alors antiporteurs (ou contre-transporteurs), et il s’agit d’un transport actif secondaire antiport. La FIGURE 4.15 compare les processus de transport d’une substance par un symporteur et un antiporteur. Dans l’exemple du symporteurs, une molécule de glucose se lie à la protéine membranaire de transport (voir la fgure 4.15A). Cette liaison contribue à modifer la conormation de la protéine de transport, permettant alors au glucose et à l’ion Na+ de pénétrer dans la cellule. L’ion Na+ se déplace dans le sens de son gradient de concentration vers l’intérieur de la cellule et ournit l’énergie nécessaire pour déplacer le glucose vers l’intérieur de la cellule, bien que celui-ci se déplace contre son gradient de concentration. L’ion Na+ et le glucose se déplacent dans le même sens. En revanche, un antiporteurs déplace les deux substances dans des directions opposées. Dans la fgure 4.15B, l’ion H+ se déplace vers l’extérieur de la cellule, tandis que l’ion Na+ pénètre dans la cellule. Le mouvement de l’ion Na+ dans le sens de son gradient de concentration ournit l’énergie nécessaire pour déplacer l’ion H+ contre son gradient de concentration, mais dans la direction opposée au déplacement de l’ion Na+. Les mécanismes du transport acti secondaire dépendent des mécanismes du transport acti primaire des pompes à Na+-K+ qui concentrent les ions Na+ à l’extérieur de la cellule. Le ort gradient d’ions Na+ qui en résulte comporte une énergie potentielle. Ainsi, lorsque les ions Na+ voyagent dans le sens du gradient, ce déplacement libère de l’énergie utilisée pour le transport d’une autre molécule contre son gradient (transport acti secondaire).
INTÉGRATION LIENS ENTRE LES CONCEPTS Les cellules tubulaires du rein constituent un exemple de transport actif secondaire (voir le chapitre 24). Une pompe à Na+-K+ permet le transport du Na+ vers le sang. Le symporteur permet alors de transporter le Na+ à partir de la lumière du tubule dans le sens de son gradient de concentration et cotransporte dans la même direction le glucose.
Chapitre 4 La biologie de la cellule 135
Cytosol Bicouche de phospholipides
Liquide interstitiel (LI)
Site de liaison de l’ATP
K+
ATP Na+ Protéine de transport
1 Liaison de trois ions de sodium (Na+) et de l’ATP aux sites de la surface cytoplasmique de la pompe à Na+-K+ LI
LI
Cytosol K+
K+
Pompe à Na+-K+
Cytosol Dégradation de l’ATP (libération d’énergie) ADP
Na+
Retour de la protéine de transport à sa conformation de départ
P
Changement de conformation de la protéine de transport (nécessite de l’énergie issue de la dégradation de l’ATP)
4 Retour de la protéine de transport à sa conformation de départ, entraînant la libération des ions K+ dans le cytosol ; pompe à Na+-K+ maintenant prête à recommencer le processus
LI
Cytosol
2 Dégradation de l’ATP en ADP et en phosphate inorganique (Pi), entraînant la liaison du Pi à la pompe et une libération d’énergie provoquant le changement de conformation de la pompe à Na+-K+ et la libération des ions Na+ dans le liquide interstitiel
K+ Na+ Pi
FIGURE 4.14 Pompe à Na+-K+
❯ La pompe à Na+-K+ est une protéine de transport de la membrane plasmique qui utilise l’ATP pour assurer le transport membranaire des ions Na+ et K+ contre leur gradient de concentration, soit de leur milieu le moins concentré vers leur milieu le plus concentré.
3 Liaison de deux ions K+ du liquide interstitiel aux sites de la pompe à Na+-K+ à la surface de la cellule ; parallèlement, libération dans le cytosol du Pi produit plus tôt par la dégradation de l’ATP
4.3.3.2 Le transport vésiculaire Le transport vésiculaire se nomme également transport en vrac. Il nécessite un apport d’énergie pour le transport membranaire de grosses molécules ou d’une grande quantité de molécules au moyen d’une vésicule (vesica = vessie), un sac membraneux rempli de molécules. Le transport vésiculaire se divise en deux processus, soit l’exocytose et l’endocytose. La vésicule fusionne à la membrane plasmique pour libérer des substances de l’intérieur vers l’extérieur de la cellule par exocytose, tandis que
l’endocytose se caractérise par la formation d’une vésicule à partir de la membrane plasmique et dans laquelle se trouvent les molécules à transporter de l’extérieur vers l’intérieur de la cellule.
L’exocytose Le mécanisme de sécrétion par la cellule de grosses molécules ou de grandes quantités de substances se nomme exocytose (exô= au dehors, cyt= cellule) FIGURE 4.16. Les macromolécules, comme de grosses protéines ou des polysaccharides, sont trop volumineuses
136 Partie I L’organisation du corps humain
Diffusion de l’ion Na+ dans le sens de son gradient vers l’intérieur de la cellule
Transport du glucose contre son gradient vers l’intérieur de la cellule Liquide interstitiel
Antiporteur
Symporteur
Cytosol Transport de l’ion H+ contre son gradient vers l’extérieur de la cellule A. Système symport : déplacement des substances dans le même sens
B. Système antiport : déplacement des substances dans des directions opposées
FIGURE 4.15 Transport actif secondaire
dans le sens de son gradient de concentration. A. Le symporteur transporte les deux molécules dans le même sens. B. L’antiporteur transporte les deux molécules dans des directions opposées.
❯ Le transport actif secondaire est le déplacement d’une molécule contre son gradient de concentration en utilisant l’énergie fournie par le déplacement d’une deuxième molécule
Cytosol
Liquide interstitiel
Cytosol
Vésicule de sécrétion
Liquide interstitiel
Protéines membranaires Membrane plasmique
Membrane vésiculaire 1 Rapprochement entre la vésicule et la membrane plasmique Cytosol
2 Fusion de la membrane vésiculaire avec la membrane plasmique Liquide interstitiel
Cytosol
Liquide interstitiel
FIGURE 4.16 Exocytose
❯ Dans le cas de l’exocytose, la cellule sécrète des grosses molécules ou une grande quantité de molécules dans le liquide interstitiel par la fusion d’une vésicule avec la membrane plasmique.
Ouverture de la membrane plasmique
3 Ouverture de la membrane plasmique vers l’extérieur de la cellule
4 Libération du contenu de la vésicule dans le liquide interstitiel et intégration des composants de la membrane vésiculaire dans la membrane plasmique
Chapitre 4 La biologie de la cellule 137
pour traverser la membrane et aller vers le liquide interstitiel, même à l’aide de protéines de transport. Les substances devant être sécrétées se trouvent généralement à l’intérieur de vésicules de transport intracellulaires. Lorsque la vésicule et la membrane plasmique se touchent, les molécules lipidiques des bicouches de la vésicule et de la membrane plasmique se réorganisent pour permettre la usion des deux membranes (voir la fgure 4.16, partie 2). La usion de ces bicouches lipidiques nécessite une dépense d’énergie de la part de la cellule sous la orme d’ATP. Après la usion, le contenu de la vésicule se déverse à l’extérieur de la cellule (voir la fgure 4.16, partie 4). La libération de neurotransmetteurs par les neurones constitue un exemple d’exocytose.
L’endocytose L’ingestion par la cellule de substances de grande taille ou en grande quantité provenant de l’extérieur de la cellule se nomme endocytose (endon = en dedans). L’endocytose sert à ingérer des
nutriments et des débris extracellulaires pour les digérer, et à réguler la composition des protéines membranaires en onction des activités cellulaires (p. ex., le transport et la communication membranaires). Au moment de la usion des vésicules durant l’exocytose, la vésicule devient une nouvelle section de la membrane qui est ensuite récupérée pour ormer la nouvelle vésicule au moment de l’endocytose. Les étapes de l’endocytose ressemblent à celles de l’exocytose, mais en sens inverse. L’endocytose se produit lorsque des substances présentes dans le liquide interstitiel sont enermées dans une vésicule qui se orme à la surace de la cellule, permettant leur passage vers l’intérieur de la cellule FIGURE 4.17. Une petite région de la membrane plasmique se replie vers l’intérieur dans le cytosol et orme une pochette ou une invagination (in = dans, vagina = gaine). Cette pochette s’enonce dans le cytosol au fl du processus et se reerme par la usion de la bicouche de
Pseudopodes
Membrane plasmique
Liquide L interstitiel in
Particule Invagination
Liquide interstitiel
Membrane plasmique
Cytosol
Cytosol Vésicule nouvellement formée
A. Phagocytose
B. Pinocytose
Récepteurs
Membrane plasmique
Puits à clathrines
C. Endocytose à récepteur
Vésicule
Liquide interstitiel
Cytosol
Vésicule à clathrines
FIGURE 4.17 Trois formes d’endocytose
❯ L’endocytose est le processus par lequel une vésicule se orme lorsque la cellule ingère des substances provenant du liquide interstitiel. A. La phagocytose se produit lorsque des prolongements membranaires appelés pseudopodes entourent une particule relativement grosse et l’internalisent dans une vésicule. B. La pinocytose est l’incorporation de nombreuses gouttelettes de liquide interstitiel remplies de petits solutés dans la cellule par la ormation de petites vésicules. C. L’endocytose à récepteur se produit lorsque des récepteurs de la membrane plasmique se lient à des molécules qui leur sont spécifques et se regroupent à un endroit précis de la membrane où la ace interne est recouverte de clathrines pour être ensuite internalisés par invagination de la membrane, ormant ainsi une vésicule.
138 Partie I L’organisation du corps humain
phospholipides. Cette usion est l’étape qui nécessite une dépense d’énergie. La nouvelle vésicule intracellulaire qui en résulte contient maintenant des substances qui, au départ, étaient à l’extérieur de la cellule. Les trois types d’endocytose sont la phagocytose, la pinocytose et l’endocytose à récepteur. Leurs diérences reposent sur la substance précise qui est transportée et le mécanisme utilisé pour y arriver. La fgure 4.17 présente une comparaison de ces trois types d’endocytose. Le terme phagocytose (phagos = manger) signife cellule qui mange. Il s’agit d’un processus non spécifque d’une molécule précise qui se produit lorsqu’une cellule capture ou ingère une grosse particule du milieu ambiant en ormant des prolongements membranaires appelés pseudopodes (pseudês = aux, podos = pied, ou aux pieds) pour entourer la particule à intégrer (voir la fgure 4.17A). Une ois que les pseudopodes ont entouré la particule, cette dernière est enermée dans une vésicule. Après l’intégration de la vésicule, son contenu ait l’objet d’une dégradation chimique (digestion) une ois qu’il a usionné avec un lysosome, un organite cellulaire contenant des enzymes digestives (voir la section 4.5.1). Seulement quelques types de cellules peuvent accomplir la phagocytose. À titre d’exemple, elle se produit régulièrement lorsqu’un leucocyte ingère et digère un microorganisme (p. ex., une bactérie). Le terme pinocytose (pinein = boire) signife cellule qui boit. Ce processus se produit lorsque la cellule internalise des gouttelettes de liquide interstitiel contenant des solutés dissous. De multiples vésicules de très petite taille se orment alors (voir la fgure 4.17B). Ce processus est considéré comme étant non spécifque, car tous les solutés dissous dans la gouttelette entrent dans la cellule. La plupart des cellules accomplissent ce type de transport membranaire. La pinocytose est réquente lorsqu’un groupe de solutés doit traverser une monocouche de cellules. Les molécules entrent par pinocytose dans la cellule et en ressortent par la suite par exocytose. C’est le cas, par exemple, lorsque les cellules de la paroi des capillaires des vésicules se remplissent d’une gouttelette de liquide provenant du plasma sanguin. La vésicule internalisée est transportée de l’autre côté de la cellule, où les substances absorbées sont expulsées à l’extérieur de la paroi du capillaire par exocytose. L’endocytose à récepteur (ou par récepteur interposé) est le déplacement de molécules spécifques du liquide interstitiel vers l’intérieur de la cellule après une liaison préalable à un récepteur. Ce processus permet à la cellule d’obtenir de grandes quantités de certaines substances, même si leur concentration n’est pas très élevée dans le liquide interstitiel. L’endocytose à récepteur débute lorsque des molécules précises (ligand) présentes dans le liquide interstitiel se lient à leur récepteur membranaire spécifque (protéine intégrée) pour ormer un complexe ligand-récepteur. Après la fxation du ligand, les complexes ligand-récepteurs se déplacent de açon latérale le long de la membrane plasmique et s’accumulent dans des régions membranaires précises où se trouvent des protéines appelées clathrines, à la ace interne de la membrane. La région de la membrane plasmique recouverte de clathrines qui abrite maintenant les complexes ligand-récepteurs se replie vers
l’intérieur pour ormer une invagination appelée puits à clathrines (voir la fgure 4.17C). Cette invagination s’accentue puis se reerme, et la bicouche de phospholipides de la membrane plasmique usionne pour ormer une vésicule à clathrines qui se déplace ensuite dans le cytosol. Après la ormation des vésicules à clathrines, le manteau de clathrines doit être éliminé à l’aide d’enzymes avant que la vésicule puisse se rendre à sa destination intracellulaire. Encore une ois, la usion de ces bicouches de phospholipides est l’étape qui nécessite une dépense d’énergie de la part de la cellule sous la orme d’ATP. Le transport du cholestérol du sang vers la cellule constitue un exemple d’endocytose à récepteur. Dans le sang, le cholestérol est transporté par des molécules protéiques. La structure ormée du cholestérol et des protéines se nomme lipoprotéine de basse densité (LDL). Les LDL se déplacent du sang vers le liquide interstitiel, puis se lient aux récepteurs de LDL de la membrane plasmique de la cellule. La cellule internalise ensuite les LDL par le processus d’endocytose à récepteur décrit précédemment (voir la section 27.4.3). Le TABLEAU 4.1 ore une description des diérents types de mécanismes de transport et la FIGURE 4.18 présente un résumé de ces processus. Animation L’endocytose et l’exocytose
INTÉGRATION APPLICATION CLINIQUE
L’hypercholestérolémie familiale DÉSÉQUILIBRE HOMÉOSTATIQUE
L’hypercholestérolémie familiale est une maladie héréditaire génétique qui se caractérise par une anomalie ou une absence des récepteurs protéiques cellulaires qui se lient aux lipoprotéines de basse densité (LDL) transportant le cholestérol, une anomalie protéique des LDL ou d’autres mutations possibles. Les anomalies du récepteur ou des protéines des LDL perturbent le processus normal d’endocytose à récepteur du cholestérol dans les cellules. Les LDL, qui contiennent le cholestérol, restent dans le sang, entraînant des taux sanguins très élevés de cholestérol. Par conséquent, le cholestérol s’accumule dans les vaisseaux sanguins, entraînant une accumulation de plaques d’athérome et un rétrécissement des vaisseaux sanguins (athérosclérose), particulièrement ceux qui alimentent en sang le muscle cardiaque (vaisseaux coronaires). Les personnes atteintes de cette anomalie génétique risquent de subir une obstruction des artères coronaires, provoquant une crise cardiaque. L’âge auquel survient la crise cardiaque est fonction de la gravité de l’anomalie protéique. Dans les cas graves, la crise cardiaque peut survenir pendant l’adolescence.
Vérifiez vos connaissances 12. Quel type de transport jouant un rôle dans le dépla-
cement de l’ion Na+ dans le sens de son gra dient est utilisé pour fournir l’énergie nécessaire au déplacement d’une autre substance contre son gradient ? 13. À quel type de transport cellulaire l’ingestion d’une
bactérie par un leucocyte correspond-elle ?
Chapitre 4 La biologie de la cellule 139
TABLEAU 4.1 Processus du transport membranaire Processus
Type de déplacement
Exemple
Processus passifs
Déplacement d’une substance dans le sens de son gradient de concentration grâce à l’énergie cinétique de cette substance ; aucune dépense d’énergie nécessaire de la part de la cellule ; processus continu jusqu’à l’atteinte de l’équilibre (si rien ne l’en empêche)
Diffusion simple
Déplacement net et sans aide de petites substances non polaires dans le sens de leur gradient de concentration à travers une membrane semi-perméable
Diffusion facilitée
Déplacement d’ions et de molécules polaires de taille moyenne dans le sens de leur gradient de concentration, grâce à une protéine de transport leur permettant de traverser la membrane semi-perméable
• Diffusion facilitée par des canaux
Déplacement d’ions dans le sens de leur gradient de concentration par l’intermédiaire d’un canal ionique
Déplacement de l’ion Na+ vers l’intérieur de la cellule par l’intermédiaire d’un canal à sodium
• Diffusion facilitée par des transporteurs
Déplacement de molécules polaires de taille moyenne dans le sens de leur gradient de concentration par l’intermédiaire d’une protéine de transport
Transport du glucose vers l’intérieur de la cellule par l’intermédiaire d’un transporteur de glucose
Osmose
Diffusion de l’eau à travers une membrane semi-perméable ; sens du déplacement déterminé par les concentrations relatives des solutés ; processus continu jusqu’à l’atteinte de l’équilibre
Liquide de l’espace interstitiel attiré vers le sang en raison de la présence de solutés dans le sang des capillaires systémiques
Processus actifs
Déplacement de substances qui nécessite une dépense d’énergie de la part de la cellule
Transport actif
Transport membranaire d’ions ou de molécules de petite et de moyenne taille contre leur gradient de concentration par l’intermédiaire de pompes protéiques transmembranaires
• Primaire
Déplacement d’une substance contre son gradient de concentration ; directement alimenté en énergie par l’ATP
• Secondaire
Déplacement d’une substance contre son gradient de concentration ; alimenté en énergie par celle dégagée par le déplacement d’une deuxième substance (p. ex., le Na+) dans le sens de son gradient de concentration
Échange d’oxygène et de dioxyde de carbone entre le sang et les tissus corporels
Transport de l’ion Ca 2+ vers l’extérieur de la cellule par l’intermédiaire de la pompe à Ca2+ ; déplacement de l’ion Na+ vers l’extérieur de la cellule et de l’ion K+ vers l’intérieur par l’intermédiaire de la pompe à Na+-K+
– Symport
Déplacement d’une substance contre son gradient de concentration et dans le même sens que l’ion Na+
Transport Na+-glucose
– Antiport
Déplacement d’une substance contre son gradient de concentration et dans la direction opposée de l’ion Na+
Transport Na+-H+
Transport vésiculaire
Formation ou perte d’une vésicule lorsqu’une substance est transportée vers l’intérieur de la cellule ou libérée par celle-ci
• Exocytose
Déplacement de grosses substances ou de substances en grande quantité vers l’extérieur de la cellule par la fusion de vésicules de sécrétion avec la membrane plasmique
• Endocytose
Déplacement de grosses substances ou de substances en grande quantité vers l’intérieur de la cellule par l’intermédiaire de vésicules qui se forment à la surface de la membrane plasmique
Libération de neurotransmetteurs par un neurone dans la fente synaptique
– Phagocytose
Type d’endocytose dans lequel des vésicules se forment lorsque des particules extracellulaires sont entourées de pseudopodes
Ingestion d’une bactérie par le leucocyte
– Pinocytose
Type d’endocytose dans lequel des vésicules se forment lorsque la cellule absorbe du liquide interstitiel rempli de petits solutés
Formation de petites vésicules dans la paroi des capillaires pour déplacer des substances
– Endocytose à récepteur
Type d’endocytose dans lequel des récepteurs de la membrane plasmique se lient d’abord à des substances précises, puis le récepteur et la substance liée sont ingérés par la cellule
Ingestion du cholestérol par la cellule
INTÉGRATION FIGURE 4.18
ILLUSTRATION DES CONCEPTS Animation
Processus passifs et actifs du transport membranaire
❯
Les processus de transport se divisent en deux catégories principales. A. Les processus passifs, qui ne nécessitent aucune dépense d’énergie de la part de la cellule, sont la diffusion simple, la diffusion facilitée (par des canaux ou des transporteurs) et l’osmose.
B. Les processus actifs, qui nécessitent une dépense d’énergie de la part de la cellule, sont le transport actif (primaire et secondaire) et le transport vésiculaire (exocytose et différentes formes d’endocytose).
A. Les processus passifs Ne nécessitent aucune dépense d’énergie de la part de la cellule ; la substance se déplace vers l’intérieur ou l’extérieur de la cellule dans le sens de son gradient de concentration. Diffusion : déplacement d’un soluté d’un milieu de concentration élevée vers un milieu de faible concentration Diffusion simple : déplacement de petites substances non polaires entre les phospholipides de la membrane plasmique
Dioxyde de carbone Oxygène
Cytosol
Liquide interstitiel
Diffusion facilitée : déplacement de petites et moyennes substances chargées ou polaires à l’aide d’une protéine de transport (canal ou transporteur)
Na+
Facilitée par des canaux : mouvement transmembranaire des ions (p. ex., le Na+) facilité par des canaux
Canal
Transporteur Glucose
Facilitée par des transporteurs : mouvement transmembranaire de molécules polaires de taille moyenne (p. ex., le glucose) facilité par des protéines de transport Liquide interstitiel
Cytosol
Osmose : déplacement de l’eau à travers une membrane semi-perméable d’un milieu où la concentration d’eau est plus élevée vers un milieu où la concentration d’eau est plus faible Liquide interstitiel
Cytosol
Soluté
Aquaporine
Eau Membrane plasmique
B. Les processus actifs Nécessitent une dépense d’énergie de la part de la cellule ; le déplacement de la substance s’effectue contre son gradient de concentration ou exige une vésicule.
Transport actif: déplacement d’une substance contre son gradient de concentration par l’intermédiaire d’une pompe protéique
Transport actif primaire : alimentation directe de la pompe en énergie parla dégradation d’une molécule d’ATP Changement de conformation de la protéine de transport ; ADP + Pi alimenté en énergie par la dégradation de l’ATP
Na+ Note : les deux espèces ioniques ne se fixent pas à la pompe de façon simultanée.
ATP
K+ Cytosol
Liquide interstitiel Transport actif secondaire : alimentation de la pompe en énergie par celle dégagée lorsqu’une deuxième substance (généralement le Na+) traverse un canal dans le sens de son gradient de concentration Cytosol
Liquide interstitiel Glucose
Na+
Système antiport : déplacement de deux substances dans des directions opposées
Système symport : déplacement de deux substances dans la même direction.
H+
Transport vésiculaire : mouvement transmembranaire d’une substance par l’intermédiaire d’une vésicule Exocytose : déplacement d’une substance vers l’extérieur de la cellule par l’intermédiaire d’une vésicule.
Endocytose : déplacement d’une substance vers l’intérieur de la cellule par l’intermédiaire d’une vésicule ; trois types d’endocytose : la phagocytose, la pinocytose et l’endocytose à récepteur
Vésicules Vésicule
Ouverture de la membrane plasmique
Endocytose à récepteur : déplacement d’une substance précise vers l’intérieur de la cellule après sa fixation à un récepteur
Récepteurs
Cytosol
Particule Liquide interstitiel Pinocytose : déplacement de liquide rempli de solutés vers l’intérieur de la cellule Pseudopodes
Phagocytose : déplacement de substances de grande taille vers l’intérieur de la cellule
142 Partie I L’organisation du corps humain
4.4
La communication intercellulaire
En plus de servir de délimitation physique, d’assurer le onctionnement du transport membranaire et d’établir un potentiel de repos, la membrane plasmique joue un rôle important dans la communication entre les cellules. De nombreuses structures membranaires, dont les glycoprotéines et les glycolipides, acilitent, d’une part, l’interaction directe avec d’autres cellules, et d’autre part, la reconnaissance de certains signaux provenant de ligands situés à l’extérieur de la cellule et la réponse de la cellule à ces signaux.
4.4.1 1
Le contact direct entre les cellules
Expliquer la açon dont les cellules communiquent entre elles par contact direct.
Le contact direct (ou physique) entre deux cellules est important pour le onctionnement normal de certaines cellules, surtout celles du système immunitaire. L’une des principales onctions du système immunitaire est d’établir un contact avec les cellules malades (p. ex., les cellules inectées, les cellules cancéreuses) ou étrangères (p. ex., les bactéries, les cellules greées) et de les détruire. Les cellules de l’organisme communiquent aux cellules immunitaires qu’elles appartiennent au corps et qu’elles sont saines par l’intermédiaire d’un contact direct aisant intervenir le glycocalyx, le revêtement de glucides présent à la surace de la cellule. Ces glucides sont les prolongements des molécules protéiques et lipidiques qui orment la membrane plasmique. L’agencement de ces glucides est unique à chaque personne, sau dans les cas de jumeaux monozygotes (identiques). Le système immunitaire peut distinguer les cellules saines normales des cellules indésirables en établissant un contact direct avec la cellule pour savoir si son glycocalyx montre le même agencement de glucides que celui des autres cellules de l’organisme. Lorsque l’agencement des sucres du glycocalyx est diérent, les cellules malades et étrangères sont ciblées et sont ensuite détruites (voir le chapitre 22). Le contact qui se produit entre le spermatozoïde et l’ovule (ovocyte de deuxième ordre) au cours du processus de écondation est un autre exemple de contact direct entre les cellules. Le spermatozoïde reconnaît l’ovule et s’y fxe par son glycocalyx unique (voir la section 29.2). Le contact direct est également essentiel dans les processus de développement et de régénération cellulaires à la suite d’une blessure. Par exemple, en présence d’une coupure superfcielle d’un doigt, les cellules de l’épiderme, soit la couche superfcielle de la peau, commencent à se diviser. La division cellulaire se poursuit pour remplir l’espace créé par la blessure. Lorsque le tissu endommagé a été remplacé, une inhibition de croissance attribuable au contact intercellulaire permet de prévenir une croissance excessive du tissu.
Vérifiez vos connaissances 14. Donnez des exemples d’utilisation de la commu-
nication intercellulaire par contact direct.
4.4.2 2
La signalisation ligand-récepteur
Décrire les trois mécanismes généraux de réaction à la fxation d’un ligand à un récepteur.
La plupart des communications entre les cellules se produisent par l’intermédiaire de ligands. Un ligand est une molécule libérée par une cellule qui se fxe à un récepteur membranaire d’une autre cellule. Les ligands peuvent être des neurotransmetteurs libérés par les neurones ou des hormones libérées par les cellules endocrines. La cellule qui reçoit l’inormation possède à sa surace un récepteur qui peut fxer le ligand. Cette liaison enclenche des mécanismes de régulation de la croissance, de la reproduction et des processus cellulaires de la cellule. Il existe trois types généraux de récepteurs qui fxent les ligands. Leur diérence réside dans leur réaction après la fxation du ligand FIGURE 4.19. • Les récepteurs ionotropiques (ou canaux ioniques à onction active) permettent le passage d’ions vers l’intérieur ou vers l’extérieur de la cellule en réaction à la fxation d’un neurotransmetteur (voir la fgure 4.19A). Les récepteurs ionotropiques sont nécessaires pour amorcer les changements électriques dans les cellules musculaires et les neurones. • Les récepteurs enzymatiques onctionnent comme des protéines kinases et s’activent pour ajouter un groupement phosphate à d’autres enzymes à l’intérieur de la cellule (voir la fgure 4.19B). La phosphorylation (ajout d’un groupement phosphate) peut activer ou inactiver les enzymes (voir la section 3.3.7), ce qui ournit un mécanisme pour modifer l’activité enzymatique de la cellule en réaction à des signaux extérieurs. • Les récepteurs couplés à une protéine G se caractérisent également par l’activation de protéines kinases ; ces dernières sont activées indirectement par la protéine G qui sert de molécule intermédiaire. Une description des étapes générales de cette activation se trouve dans la fgure 4.19C, et la section 17.5.2 traite en détail des protéines G.
Vérifiez vos connaissances 15. Quelle est la diérence entre l’action des récepteurs
enzymatiques et celle des récepteurs couplés à une protéine G ?
4.5
Les structures cellulaires
Les structures cellulaires décrites dans la présente section sont les organites membraneux, les organites non membraneux, les vésicules de transport et les prolongements cellulaires. Le TABLEAU 4.2 présente un résumé de la structure et de la onction de toutes les structures cellulaires examinées dans ce chapitre.
Chapitre 4 La biologie de la cellule 143
Canal ionique à fonction active (ouvert)
Ions Ligand
Ligand
Canal ionique à fonction active (fermé)
Protéine kinase inactive
Phosphorylation d’autres enzymes par la protéine kinase active
Ions
Phosphate B. Récepteurs enzymatiques
A. Récepteurs ionotropiques 1 Fixation d’un ligand à un récepteur, entraînant un changement de conformation pour confor con format for mation mat ion po p ur activer a act active ctive iver ve er lle e réce rrécepteur écepte éce p ur pte ur
Ligand
Ions Protéine effectrice (p. ex., le canal ionique)
2 Fixation d’une protéine G au récepteur activé
inase in se e Protéine kinase ve e inactive Second messager
P ro oté téi é ne n G Protéine à activer 3 Liaison de la GTP à la protéine G, entraînant son activation ; découplage de la protéine G activée et du récepteur ; fixation de la protéine G activée à une protéine (un canal ionique ou une enzyme), entraînant son activation
Guanosine triphosphate (GTP)
Enzyme activée ou inactivée
5 Phosphorylation d’autres enzymes par la protéine kinase active
Phosphate 4 Mise en disponibilité du u second se messager dans la cellule par Protéine effectrice la protéine effectrice activée, (p. ex., une enzyme) entraînant l’activation de Enzyme activée la protéine kinase ou inactivée
C. Récepteurs couplés à une protéine G
FIGURE 4.19 Récepteurs membranaires
❯ Des récepteurs fxent des ligands qui amorceront un changement cellulaire. A. Le récepteur ionotropique fxe un neurotransmetteur et s’ouvre pour permettre à un ion précis de se déplacer dans le sens de son gradient de concentration. B. Le récepteur enzymatique (généralement, une protéine kinase) fxe un ligand et s’active
4.5.1 1 2
Les organites membraneux
Énumérer les organites membraneux de la cellule humaine typique. Décrire la structure et les principales onctions de chacun.
Les organites membraneux présents dans le cytoplasme sont entourés d’une membrane qui est similaire à la membrane plasmique et qui sépare le contenu de l’organite du cytosol pour que ses activités puissent se dérouler dans un environnement relativement isolé et contrôlé. Chaque organite est différent par sa forme, sa composition membranaire et les enzymes qui y sont associées. Ces différences sont à l’origine des fonctions uniques
pour ajouter un groupement phosphate à d’autres enzymes. C. Le récepteur couplé à une protéine G fxe un ligand et active indirectement une protéine kinase par l’intermédiaire d’une protéine G de la açon décrite dans les étapes 1 à 5.
de chacun. Les organites intracellulaires membraneux sont le réticulum endoplasmique, le complexe golgien, le lysosome, le peroxysome et la mitochondrie (voir la fgure 4.4).
4.5.1.1 Le réticulum endoplasmique Le réticulum endoplasmique (RE) est un réseau étendu de cavités membranaires interreliées de formes variées (p. ex., des feuillets parallèles, des citernes, des tubules) qui crée des séparations dans le liquide présent à l’intérieur de la structure membraneuse du cytosol FIGURE 4.20. En général, le RE s’étend de l’enveloppe nucléaire à la membrane plasmique. La surface membranaire étendue du RE sert de point d’attache aux ribosomes, qui, durant la synthèse des protéines, orienteront ces dernières à l’intérieur du RE. Le réticulum endoplasmique recouvert de ribosomes se
144 Partie I L’organisation du corps humain TABLEAU 4.2 Composants de la cellule Composant
Structure
Fonctions
Membrane plasmique
Bicouche de phospholipides contenant du cholestérol et des protéines (intégrées et périphériques) et certains glucides (sur sa face externe) ; délimitation semi-perméable de la cellule
Agit comme barrière physique pour circonscrire le contenu de la cellule ; régule le transport membranaire des substances ; établit et maintient une différence de charge électrique de part et d’autre de la membrane plasmique ; joue un rôle dans la communication intercellulaire du système respiratoire.
• Cils
Nombreux petits prolongements membranaires soutenus par des microtubules, présents sur les surfaces membranaires exposées de certaines cellules
Déplacent des substances (p. ex., du mucus et des substances dissoutes) à la surface des cellules.
• Flagelle
Long prolongement membranaire unique soutenu par des microtubules ; présent dans le spermatozoïde
Fait avancer le spermatozoïde.
• Microvillosités
Nombreux replis membranaires ns faisant saillie à la surface libre de la cellule ; soutenues par des microlaments
Augmentent la surface membranaire pour une absorption accrue dans l’intestin grêle, par exemple.
Noyau
Grosse structure entourée d’une double membrane (enveloppe) contenant la chromatine, le nucléole et le nucléoplasme
Contient l’acide désoxyribonucléique (ADN) qui sert de matériel génétique pour diriger la synthèse protéique.
• Enveloppe nucléaire
Double membrane séparant le cytoplasme du contenu nucléaire ; en continu avec le réticulum endoplasmique rugueux (RER)
Sépare le noyau du cytoplasme ; contrôle le déplacement de substances entre le noyau et le cytoplasme.
• Pores nucléaires
Orices traversant l’enveloppe nucléaire
Permettent le passage de substances entre le cytoplasme et le nucléoplasme, comme l’acide ribonucléique (ARN), les protéines, les ions et les petites molécules hydrosolubles.
• Nucléole
Grosse structure proéminente à l’intérieur du noyau
Joue un rôle dans la synthèse des ribosomes.
Cytoplasme
Contenu de la cellule se trouvant entre la membrane plasmique et l’enveloppe nucléaire
Est responsable de nombreux processus cellulaires.
• Cytosol
Milieu liquide visqueux contenant des solutés dissous (p. ex., des ions, des protéines, des glucides, des lipides)
Assure le soutien des organites ; sert de milieu liquide visqueux par l’intermédiaire duquel se produit la diffusion.
• Organites
Structures membraneuses ou non membraneuses
Accomplissent des activités métaboliques précises dans la cellule.
Réticulum endoplasmique rugueux (RER)
Réseau étendu de cavités membranaires interreliées dont la forme varie (p. ex., des citernes, des tubules) ; ribosomes liés à la surface
Modie, transporte et entrepose les protéines produites par les ribosomes liés au réticulum endoplasmique (RE) ; ces protéines sont sécrétées, deviennent des composants de la membrane plasmique ou servent d’enzymes pour les lysosomes.
Aspect
Chapitre 4 La biologie de la cellule 145
TABLEAU 4.2
Composants de la cellule (suite)
Composant
Structure
Fonctions
Réticulum endoplasmique lisse (REL)
Réseau étendu de cavités membranaires interreliées sans ribosomes xés à la surace
Synthétise, transporte et entrepose des lipides (p. ex., les stéroïdes) ; métabolise des glucides ; détoxique les médicaments, l’alcool, les drogues et les poisons.
Complexe golgien
Série de plusieurs structures membraneuses en orme de sacs aplatis et allongés
Modie, emballe et trie les substances qui arrivent du RER dans des vésicules de transport ; assure la ormation des vésicules de sécrétion et des lysosomes.
Vésicules
Sacs membraneux de orme sphérique ; contiennent diérents types de substances à transporter partout dans la cellule
Transportent des substances cellulaires.
Lysosomes
Organites membraneux de orme sphérique ormés à partir du complexe golgien et contenant des enzymes digestives
Digèrent des microorganismes ou des substances (p. ex., des substances ingérées par la cellule, des composants cellulaires détruits ou la cellule entière).
Peroxysomes
Petits organites membraneux sphériques ormés à partir du RE ou par ssion et contenant des enzymes oxydatives
Détoxiquent des substances nocives précises produites ou absorbées par la cellule ; participent à la bêta-oxydation des acides gras en acétyl CoA (acétylcoenzyme A).
Mitochondries
Organites à double membrane contenant un brin circulaire d’ADN (gènes pour la production des protéines mitochondriales)
Synthétisent la majeure partie de l’ATP nécessaire au cours de la respiration cellulaire aérobie en digérant des molécules énergétiques en présence d’oxygène.
Ribosomes
Organites composés de protéines et d’ARN ribosomique (ARNr) organisés en deux sous-unités, soit une grande et une petite ; liés à une membrane du RE ou libres dans le cytosol
Participent à la synthèse protéique : les ribosomes liés au RE synthétisent les protéines qui sont sécrétées, intégrées dans la membrane plasmique et incorporées dans les lysosomes ; les ribosomes libres synthétisent les protéines utilisées à l’intérieur même de la cellule.
Réseau organisé de laments protéiques et de tubes creux comprenant les microlaments, les laments intermédiaires et les microtubules
Maintient la structure intracellulaire et l’organisation des cellules ; participe à la division cellulaire ; acilite le déplacement.
• Microlaments
Monomères d’actine organisés en deux ns laments protéiques entrelacés (laments d’actine)
Maintiennent la orme de la cellule ; soutiennent les microvillosités ; séparent les deux cellules ormées au cours de la cytocinèse (phase de la division cellulaire) ; acilitent les changements de orme de la cellule ; participent à la contraction musculaire.
• Filaments intermédiaires
Composants protéiques divers
Maintiennent la structure de la cellule ; stabilisent les jonctions entre les cellules.
• Microtubules
Cylindres creux composés de tubuline
Maintiennent la orme et la rigidité de la cellule ; organisent et déplacent les organites ; soutiennent les cils et les fagelles ; participent au transport vésiculaire ; séparent les chromosomes au cours du processus de division cellulaire.
Cytosquelette
Aspect
Ribosomes liés Ribosomes libres
Cytosquelette Filament intermédiaire Microfilament Microtubule
146 Partie I L’organisation du corps humain TABLEAU 4.2
Composants de la cellule (suite)
Composant
Structure
Fonctions
Aspect
Centrosome
Région amorphe adjacente au noyau et contenant une paire de centrioles
Assure l’organisation des microtubules ; participe à la formation du fuseau mitotique au cours de la division cellulaire.
Centriole Centrosome
Protéasomes
Gros complexes protéiques en forme de baril situés dans le cytosol et le noyau
Assurent la dégradation des protéines endommagées ou inutiles ; assurent la qualité des protéines exportées.
Inclusions
Agrégats moléculaires de types précis (p. ex., la mélanine, le glycogène ou un lipide)
Servent à l’entreposage temporaire de ces molécules.
Noyau
RE rugueux
Vésicule de transport
Ribosomes
Citernes
Peroxysome
MET 12 510 x
Tubules
Ribosomes
Fonctions du réticulum endoplasmique RE rugueux
RE lisse
FIGURE 4.20 Réticulum endoplasmique (RE) ❯ Le RE rugueux (RER) se compose de membranes formant des citernes et des ribosomes liés à leur surface cytoplasmique. Le RER peut facilement être distingué du RE lisse (REL), ce dernier se composant de tubules interreliés dont la surface est lisse en raison de l’absence de ribosomes. Toutefois, les deux sont interreliés.
1. Synthèse : sert de lieu pour les réactions chimiques. a) Le RER synthétise les protéines qui sont sécrétées, qui s’incorporent à la membrane plasmique et qui servent d’enzymes dans les lysosomes. b) Le REL est le site de la synthèse des lipides et du métabolisme des glucides. 2. Transport : fait traverser des molécules provenant de sa lumière pour les déplacer d’une partie de la cellule vers une autre; les molécules sont enfermées dans des vésicules. 3. Emballage et stockage : emballe et stocke les molécules nouvellement synthétisées. 4. Détoxication : le REL détoxique les médicaments, l’alcool, les drogues et les poisons. 5. Formation de structures : des segments du RE se détachent pour former des vésicules de transport.
Chapitre 4 La biologie de la cellule 147
nomme réticulum endoplasmique rugueux (RER), tandis que la partie du RE ne présentant aucun ribosome se nomme réticulum endoplasmique lisse (REL).
Le réticulum endoplasmique rugueux Les ribosomes liés au RER synthétisent des protéines. Durant cette synthèse, le ribosome oriente la protéine en ormation vers l’intérieur du RER. Dans la lumière du RER, la structure originale de la protéine subit une modifcation soit par l’ajout d’autres molécules (p. ex., des glucides), soit par le retrait d’une partie synthétisée au départ ; les protéines modifées sont alors emballées et stockées dans le RER. Le transport des protéines à partir du RER se produit lorsque de petits sacs membranaires renermant le contenu du RER se détachent de l’organite. Ces sacs sont appelés vésicules de transport (voir la fgure 4.20). Ces vésicules transportent les protéines de la lumière du RER vers un autre organite appelé complexe golgien pour subir d’autres modifcations. La quantité de RER est plus élevée dans les cellules produisant de grandes quantités de protéines de sécrétion, comme une cellule du pancréas qui libère des enzymes digestives.
Le réticulum endoplasmique lisse Le REL est en continuité avec le RER. Il ressemble à de multiples branches de tubules (petits tubes) interreliées. Le REL exécute des processus métaboliques qui varient selon le type de cellule. Les onctions du REL sont la synthèse, le transport et le stockage de diérents types de lipides, ainsi que le métabolisme des glucides et la détoxication de médicaments, d’alcool, de drogues et de poisons. Une grande quantité de REL est présente dans les cellules des testicules (cellules interstitielles, ou de Leydig) pour la production de la testostérone ainsi que dans les cellules hépatiques pour la transormation des nutriments digérés et la détoxication de médicaments, de drogues et d’alcool.
4.5.1.2 Le complexe golgien Le complexe golgien (ou appareil de Golgi) se compose généralement de plusieurs structures membraneuses, soit environ quatre ou cinq, ressemblant à des sacs aplatis et allongés appelés citernes FIGURE 4.21. Le complexe golgien possède deux pôles : le premier se nomme la ace cis, et le second, la ace trans. La face cis est la plus rapprochée du RE, et le diamètre de ses sacs aplatis est plus grand que celui de la face trans. Il peut être utile de se représenter le complexe golgien comme un entrepôt, la ace cis étant la zone de réception, et la ace trans, la zone d’expédition. L’une des principales onctions du complexe golgien est de modifer, d’emballer et de trier les protéines et les glycoprotéines synthétisées dans le RE rugueux (voir la fgure 4.21B). Les vésicules de transport arrivent du RE et usionnent à la ace cis du complexe golgien, libérant ainsi les protéines qu’elles contiennent. Les protéines se déplacent alors entre les citernes, de la ace cis vers la ace trans. Dans la lumière du complexe golgien, les molécules subissent des modifcations, soit la perte ou l’ajout de substances (p. ex., l’ajout d’un glucide ou d’un groupement phosphate). Dans la ace trans, des vésicules de sécrétion se orment et transportent les molécules modifées vers diérentes destinations. Certaines vésicules de sécrétion deviennent des composants de la membrane plasmique et d’autres libèrent leur contenu dans le
liquide interstitiel par exocytose. Par conséquent, le complexe golgien est particulièrement bien développé et acti dans les cellules sécrétrices de protéines. Les lysosomes, décrits ci-après, sont également ormés à partir du complexe golgien par le détachement de vésicules à sa ace trans.
4.5.1.3 Les lysosomes Les lysosomes (lusis = dissolution, sôma = corps) sont de petits sacs membraneux qui contiennent des enzymes digestives FIGURE 4.22. Ils sont ormés par le complexe golgien. La onction des lysosomes est de digérer les molécules organiques inutiles ou indésirables dans la cellule. Sans lysosomes, ces molécules s’accumuleraient et perturberaient le onctionnement normal de la cellule. Une cellule ne peut donc pas survivre sans lysosomes. À l’intérieur d’une cellule saine, les lysosomes digèrent le contenu des vésicules d’endocytose. À titre d’exemple, après la phagocytose d’un microorganisme par un leucocyte, la vésicule ormée usionne à un lysosome. Les enzymes digestives du lysosome décomposent les grosses biomolécules qui composent le microorganisme (p. ex., des protéines, des lipides, des polysaccharides et des acides nucléiques) en molécules de plus petite taille. De la même açon, les lysosomes digèrent également les structures moléculaires d’organites endommagés ; ce processus particulier se nomme autophagie (autos= soi-même, phagos= manger). Ils sont parois appelés les éboueurs de la cellule en raison de leurs activités de nettoyage. Lorsqu’une cellule meurt ou qu’elle est endommagée, les enzymes de ses lysosomes sont libérées dans le cytosol, entraînant la dégradation rapide des molécules et des organites de la cellule elle-même. Ce processus se nomme autolyse (autos = soiAnimation Les lysosomes même, lusis = dissolution).
INTÉGRATION APPLICATION CLINIQUE
Les maladies lysosomiales DÉSÉQUILIBRE HOMÉOSTATIQUE
Les maladies lysosomiales représentent un vaste groupe de troubles à transmission héréditaire qui se caractérisent par l’accumulation de biomolécules partiellement digérées dans les lysosomes. Elles sont attribuables à des mutations dans les gènes codants pour l’une des quelque 40 enzymes lysosomiales existantes. La maladie de Tay-Sachs est un exemple de maladie lysosomiale. Les lysosomes chez les personnes atteintes de cette maladie sont dépourvus d’une enzyme nécessaire à la dégradation des lipides membranaires complexes (gangliosides). Il en résulte une accumulation de ces lipides complexes dans les neurones, les rendant non onctionnels. Les signes cellulaires de la maladie de Tay-Sachs sont un gonfement des lysosomes en raison de l’accumulation de ce lipide. Les nourrissons qui en sourent paraissent normaux à la naissance, mais commencent à montrer des signes de la maladie vers l’âge de six mois. Le système nerveux est le plus gravement touché par la maladie. Généralement, la paralysie, la cécité et la surdité apparaissent sur une période de un an ou deux, suivies du décès, habituellement vers l’âge de quatre ans. Malheureusement, il n’existe aucun traitement pour contrer cette maladie mortelle.
148 Partie I L’organisation du corps humain
FIGURE 4.21 Complexe golgien et système endomembranaire
❯ Chaque complexe golgien se compose de plusieurs citernes (sacs membra neux aplatis). L’agencement de ces citernes comporte une polarité structurale et fonctionnelle. A. La microscopie électronique à trans mission du complexe golgien montre différentes vues de cet organite.
À votre avis 2. Qu’arriveraitil à la cellule si elle ne contenait aucun
lysosome ou si ses lysosomes ne fonctionnaient pas ? La cellule pourraitelle survivre ?
B. Le complexe golgien fait partie du système endomembranaire, qui est un ensemble de structures membraneuses de la cellule servant de moyen de transport aux substances vers l’intérieur ou vers l’extérieur de la cellule, ou d’un endroit à l’autre à l’intérieur de celleci.
4.5.1.4 Les peroxysomes Les peroxysomes sont des sacs délimités par une membrane et dont le diamètre est en général inférieur à celui des lysosomes FIGURE 4.23. Depuis deux décennies, il était établi que les peroxysomes se répliquaient par ssion, c’est-à-dire qu’un
Chapitre 4 La biologie de la cellule 149
Peroxysome
Lysosomes MET 90 000 x
Peroxysome
MET 16 000 x
Lysosome
Fonction des lysosomes Digestion : assurent la digestion des substances contenues dans les vésicules qui entrent dans la cellule par endocytose, la digestion des organites et des composants cellulaires endommagés pour les éliminer (autophagie) et la digestion des composants cellulaires après la mort de la cellule (autolyse).
FIGURE 4.22 Lysosomes
❯ Ce sont des organites membraneux qui contiennent
les enzymes utilisées dans la digestion intracellulaire.
peroxysome se séparait en deux pour former deux nouveaux peroxysomes. D’après des données récentes, les peroxysomes se formeraient à partir du REL par le détachement de vésicules à sa surface (Dimitrov, Lam & Schekman, 2013). Les peroxysomes contiennent diverses enzymes oxydatives qui remplissent deux fonctions principales : la détoxication de l’alcool et des autres substances nuisibles à la cellule ainsi que la bêtaoxydation, c’est-à-dire la dégradation des acides gras. La détoxication se caractérise par l’élimination d’atomes d’hydrogène (H) de la substance nuisible, qui seront transférés vers une molécule d’oxygène (O2), entraînant une production de peroxyde d’hydrogène (H2O2). Le peroxyde d’hydrogène, potentiellement dangereux pour la cellule, est ensuite dégradé par la catalase, une enzyme présente dans le peroxysome. Le terme peroxysome s’inspire de la production de peroxyde d’hydrogène à l’intérieur de ces organites. Les peroxysomes contribuent aussi à la bêta-oxydation des acides gras. Il s’agit d’un processus qui consiste à éliminer une unité d’hydrocarbures composée de deux carbones d’une chaîne d’acides gras. Ces unités sont souvent converties en acétyl CoA (acétylcoenzyme A) que les mitochondries de la cellule peuvent récupérer et oxyder pour former de l’énergie sous forme d’ATP (voir la section 3.4.8). Des peroxysomes sont présents en grande quantité dans les cellules hépatiques, où ils sont essentiels à la détoxication de l’alcool et d’autres substances nocives.
Fonctions des peroxysomes 1. Détoxication : assurent la détoxication des substances nocives au moyen d’enzymes oxydatives. 2. Bêta-oxydation : assurent la dégradation des molécules d’acides gras en acétyl CoA.
FIGURE 4.23 Peroxysomes
❯ Les peroxysomes sont de petits organites à membrane contenant des enzymes oxydatives qui permettent la détoxication de molécules et qui contribuent à la dégradation des acides gras.
4.5.1.5 Le système endomembranaire Le système endomembranaire est un vaste ensemble de structures membraneuses qui comprend le RE, le complexe golgien, les vésicules, les lysosomes et les peroxysomes. La membrane plasmique et l’enveloppe nucléaire sont également considérées comme faisant partie de ce système membranaire. Toutes ces structures sont liées les unes aux autres directement ou par l’intermédiaire de vésicules qui se déplacent entre les différentes structures. Ces vésicules participent à diverses formes de processus métaboliques intracellulaires et servent de moyen de transport aux substances à l’intérieur de la cellule (voir la fgure 4.21B).
4.5.1.6 Les mitochondries Les mitochondries ont déjà fait l’objet d’une description dans le chapitre 3. Ce sont des organites de forme allongée délimités par une double membrane. Ces organites contiennent un petit fragment circulaire unique d’ADN renfermant les gènes nécessaires à la synthèse des protéines mitochondriales FIGURE 4.24. Les mitochondries participent à la respiration cellulaire aérobie pour terminer la digestion du glucose et d’autres molécules énergétiques, comme les acides gras, pour le transfert d’énergie nécessaire à la synthèse des molécules d’ATP, la monnaie d’échange énergétique de la cellule. Pour cette raison, les mitochondries sont appelées les centrales énergétiques de la cellule. Le nombre de mitochondries dans la cellule augmente lorsque la demande en production d’ATP est accrue.
150 Partie I L’organisation du corps humain 4.5.2.1 Les ribosomes
Membrane mitochondriale externe
Matrice
Les ribosomes sont des organites non membraneux constitués de protéines et d’ARN, et ils jouent un rôle dans la synthèse des protéines. Chaque ribosome comprend une grande sous-unité et une petite sous-unité, imbriquées l’une dans l’autre. La grande sous-unité possède trois parties creuses appelées sites E, P et A FIGURE 4.25. Les deux sous-unités ribosomiques sont fabriquées à l’intérieur du nucléole et transportées par la suite dans le cytosol où elles sont assemblées pour former le ribosome.
MET 80 000 x
Crêtes Membrane mitochondriale interne
Noyau Nucléole
Fonction des mitochondries Ribosome lié Ribosome libre MET 12 510 x
Production d’énergie : assurent la digestion des molécules organiques pour produire de l’ATP par la respiration cellulaire aérobie ; sont surnommées centrales énergétiques de la cellule.
FIGURE 4.24 Mitochondries
❯ Différentes parties d’une mitochondrie. Les mitochondries sont les organites à double membrane qui produisent de l’ATP pour les processus cellulaires qui nécessitent de l’énergie.
E P A
Ribosomes libres
Grande sous-unité +
Vérifiez vos connaissances 16. Quels sont les deux organites membraneux dont la
digestion constitue la principale fonction à l’intérieur de la cellule ? Quel organite joue un rôle dans la production d’énergie ?
RER recouvert de ribosomes
Petite sous-unité =
E P A
17. Les vésicules sont des véhicules permettant le
transport de substances entre les organites et la membrane plasmique. Parmi les parties suivantes de la cellule, laquelle forme des vésicules pendant l’endocytose ? a) Le réticulum endoplasmique. b) Le complexe golgien. c) La membrane plasmique.
4.5.2
Ribosome fonctionnel A.
Fonctions des ribosomes Synthèse des protéines : 1. Les ribosomes liés au RER synthétisent les protéines qui seront intégrées dans la membrane plasmique, expulsées de la cellule ou incorporées dans les lysosomes. 2. Les ribosomes libres synthétisent les protéines utilisées à l’intérieur même de la cellule.
Les organites non membraneux
3
Énumérer les organites non membraneux de la cellule humaine typique.
4
Décrire la structure et les principales fonctions de chacun.
Les organites non membraneux se composent soit seulement de protéines, soit de protéines et d’acide ribonucléique (ARN). Ces organites sont les ribosomes, le cytosquelette, le centrosome et les protéasomes.
B.
FIGURE 4.25 Ribosomes
❯ Les ribosomes jouent un rôle dans la synthèse des protéines ; ils sont soit liés au RER, soit libres dans le cytosol. A. Les ribosomes se composent d’une grande sous-unité et d’une petite sous-unité. B. Une vue d’un microscope électronique à transmis sion montre des ribosomes liés et libres dans le cytosol d’une cellule.
Chapitre 4 La biologie de la cellule 151
Les ribosomes sont liés ou libres. Les ribosomes liés sont unis à la surace du RE pour ormer le RER. Les ribosomes liés servent à synthétiser les protéines qui seront sécrétées par la cellule, intégrées dans la membrane plasmique ou incorporées sous orme d’enzymes dans les lysosomes. Les ribosomes libres baignent dans le cytosol. En général, les ribosomes libres assurent la synthèse de toutes les autres protéines qui jouent un rôle à l’intérieur de la cellule.
la section 4.5), séparent les deux cellules ormées durant la cytocinèse (voir la section 4.8), acilitent la cyclose, c’est-à-dire le déplacement du cytoplasme lié au changement de orme de la cellule, et participent à la contraction musculaire. L’allongement d’un microflament dans une direction en particulier s’eectue par l’ajout de molécules d’actine globulaire à l’une des extrémités, tandis que le raccourcissement s’eectue par l’élimination de molécules d’actine globulaire à l’autre extrémité.
Le cytosquelette, composé de diérentes protéines fbreuses, joue un rôle essentiel dans de nombreuses activités cellulaires, à savoir le maintien de la structure intracellulaire et l’organisation des organites, la division cellulaire ainsi que le déplacement des substances. Le cytosquelette s’étend dans l’ensemble du cytosol et s’accroche aux protéines de la membrane plasmique. Trois types distincts de molécules protéiques orment le cytosquelette, à savoir les microflaments, les flaments intermédiaires et les microtubules FIGURE 4.26.
Les flaments intermédiaires ont un diamètre de 8 à 12 nm. Ils sont plus rigides que les microflaments. Comme chacune de leurs extrémités est fxée à la membrane et qu’ils résistent à la tension, les microflaments arrivent à maintenir la orme de la cellule en résistant à la tension exercée sur celle-ci. Les flaments intermédiaires, parois ancrés au desmosome, stabilisent les jonctions entre les cellules. Leur composition protéique varie selon le type de cellule dans laquelle ils se trouvent. La kératine, une protéine de la peau, des poils et des ongles, constitue un exemple de flament intermédiaire ; un autre type de protéine orme les neuroflaments des neurones.
Les microflaments (mikros= petit, flum = fl) constituent les plus petits composants du cytosquelette, ayant un diamètre d’environ 7 nanomètres (nm). Ils se composent de monomères d’actine organisés en deux fns flaments protéiques entrelacés (flaments d’actine), semblables à deux colliers de perles torsadés. Ils orment un réseau croisé du côté cytoplasmique de la membrane plasmique. Les microflaments aident à maintenir la orme de la cellule, orment le support interne des microvillosités (voir
Les microtubules (mikros = petit, tubulus = petit tube) sont des cylindres creux dont le diamètre est d’environ 25 nm. Ils se composent de longues chaînes d’une protéine globulaire appelée tubuline. Les microtubules ne sont pas des structures permanentes. Ils peuvent s’allonger ou se raccourcir, au besoin, pour accomplir leurs onctions. Les microtubules contribuent au maintien de la orme de la cellule, assurent l’organisation et le déplacement des organites à l’intérieur de la cellule, orment les
4.5.2.2 Le cytosquelette
Mitochondrie
Microfilament
Filament intermédiaire
Microtubule
Centrosome
FIGURE 4.26 Cytosquelette
❯ Des protéines flamenteuses composent le cytosquelette. Elles contribuent à donner sa orme à la cellule et coordonnent les mouvements cellulaires. Les trois éléments du cytosquelette sont les microflaments, les flaments intermédiaires et les microtubules.
Fonctions du cytosquelette
1. Soutien de la structure et organisation de la cellule: maintient la forme de la cellule ; assure le soutien protéique des microvillosités, des cils et des flagelles; stabilise les jonctions intercellulaires ; organise les organites. 2. Division cellulaire : sépare les chromosomes au cours de la division cellulaire; sépare la cellule en deux cellules filles (cytocinèse). 3. Mouvement : participe au déplacement des vésicules dans la cellule; participe à la contraction musculaire.
152 Partie I L’organisation du corps humain
composants protéiques des cils et des fagelles, participent au transport cellulaire des vésicules et séparent les chromosomes au cours de la division cellulaire.
4.5.2.3 Le centrosome Le centrosome est une structure située généralement à proximité du noyau. Il contient une paire de centrioles (centrum = centre) cylindriques disposés perpendiculairement et entourés d’une protéine amorphe (sans orme particulière) FIGURE 4.27. La principale onction du centrosome est l’organisation des microtubules dans le cytosquelette. Le centrosome est surtout connu pour son rôle dans la division cellulaire au cours de laquelle les microtubules orment un useau mitotique pour aciliter le déplacement des chromosomes (voir la section 4.8.2).
INTÉGRATION LIENS ENTRE LES CONCEPTS
4.5.2.4 Les protéasomes Les complexes protéiques de grande taille en orme de baril appelés protéasomes sont des organites non membraneux importants qui assurent la digestion des protéines. Ils sont présents dans le cytosol et le noyau de la cellule FIGURE 4.28. Les protéasomes dégradent les protéines cellulaires par l’intermédiaire d’une voie ATP-dépendante. Ils dégradent les protéines endommagées et mal repliées, de même que celles qui sont
Coupe longitudinale d’un centriole
normales, mais dont la cellule n’a plus besoin. Cette action des protéasomes assure également un contrôle de la qualité des protéines exportées par la cellule. Cette dernière onction est particulièrement essentielle au cours de la régulation du métabolisme cellulaire, de la division cellulaire et des activités liées à la signalisation cellulaire. Lorsqu’une protéine est ciblée en vue de sa suppression par les protéasomes, une autre protéine, appelée ubiquitine, s’y xe généralement pour indiquer qu’il aut la détruire. Il s’agit de la première étape menant à la dégradation dénitive de la protéine par les protéasomes. Il peut être utile de se représenter les protéasomes comme des broyeurs à déchets qui éliminent les protéines superfues.
La pénétration d’un virus ou d’un autre agent infectieux dans une cellule constitue un exemple de l’action des protéasomes. Le protéasome fragmente les protéines de l’agent infectieux. Les fragments peptidiques dégradés obtenus sont considérés comme étrangers et présentés à des leucocytes spécialisés, avertissant ainsi le système immunitaire que l’organisme a été envahi (voir la section 22.4.3).
Triplet de microtubules Centriole Microtubule Centrosome
Ubiquitine
Marquage initial de la protéine à dégrader par une molécule d’ubiquitine Protéine
MET 120 000 x
Protéasome
Centriole Acides aminés Coupe transversale d’un centriole
Fragment peptidique
Fonctions des protéasomes
Fonctions du centrosome et des centrioles 1. Organisation : organisent les microtubules (protéines du cytosquelette). 2. Division cellulaire : dirigent la formation du fuseau mitotique dans les cellules en mitose.
1. Digestion des protéines : dégradent les protéines endommagées ou mal repliées, ou celles dont la cellule n’a plus besoin. 2. Assurance de la qualité : contrôlent la qualité des protéines sécrétées par la cellule.
FIGURE 4.28
FIGURE 4.27 Centrosome et centrioles
Libération des acides aminés et des fragments peptidiques qui seront recyclés par la cellule
Protéasomes ❯ Le centrosome est une région du
cytoplasme qui contient une paire de centrioles adjacente au noyau.
❯ Ces organites non membraneux maintiennent l’ordre à l’intérieur de la cellule en digérant les protéines cellulaires anormales et celles dont la cellule n’a plus besoin.
Chapitre 4 La biologie de la cellule 153
Vériiez vos connaissances Microfilaments
18. Quel organite non membraneux a comme principale
onction la digestion dans la cellule ?
Les structures de la surace externe de la cellule
5
Distinguer les cils des fagelles.
6
Décrire la onction des microvillosités.
Les structures qui orment des prolongements à la surace de la cellule sont les cils, les fagelles et les microvillosités. Les cils et les fagelles sont des prolongements de la membrane cellulaire qui jouent un rôle dans le mouvement, tandis que les microvillosités sont des structures qui augmentent la supercie de la membrane plasmique.
4.5.3.1 Les cils et les fagelles Les cils (cilium = paupière) et les fagelles (fagellum = ouet) sont des prolongements cellulaires. Ils contiennent du cytoplasme et des protéines microtubulaires de soutien, et ils sont délimités par la membrane plasmique. Les cils sont présents en grand nombre sur les suraces exposées de certaines cellules, comme celles qui tapissent les voies respiratoires (voir la gure 4.1). Les cellules sécrétrices de mucus sont au nombre des cellules ciliées. Le mucus recouvre l’intérieur des voies respiratoires et emprisonne les poussières et les microorganismes présents dans l’air inspiré. Le battement des cils déplace le mucus vers le haut des voies respiratoires, où il pourra être évacué vers le tube digesti (voir la section 23.1.3). La structure de base des fagelles ressemble à celle des cils, sau que les fagelles sont plus longs, et, le plus souvent, la cellule n’en compte qu’un seul. Le fagelle sert d’organe locomoteur à la cellule. Chez l’humain, le seul exemple de cellule munie d’un fagelle est le spermatozoïde, qui doit traverser les organes génitaux éminins pour atteindre l’ovule (voir la gure 28.18, p. 1331).
4.5.3.2 Les microvillosités Les microvillosités sont de ns prolongements cellulaires microscopiques à la surace de la membrane plasmique. Comparativement aux cils, les microvillosités sont beaucoup plus petites et serrées les unes contre les autres, et elles sont immobiles FIGURE 4.29. Des microlaments sous orme de protéines d’actine entrecroisées en un amas dense les soutiennent. Essentiellement, les microvillosités ournissent une surace membranaire plus grande aux molécules qui traversent la cellule, ce qui augmente sa surace d’absorption, et elles avorisent un transport membranaire plus ecace. Comme dans le cas des cils, ce ne sont pas toutes les cellules qui possèdent des microvillosités. À titre d’exemple, des cellules pourvues de microvillosités sont présentes partout dans l’intestin grêle, là où une surace de contact accrue est nécessaire pour optimiser l’absorption des nutriments digérés.
MEB 6 000 x
4.5.3
Microvillosités
FIGURE 4.29 Microvillosités
❯ Les microvillosités sont de nes saillies microscopiques. Elles s’étendent à partir de la surace apicale de la membrane plasmique, et des microlaments les soutiennent. La onction des microvillosités est d’accroître la surace de contact de la membrane plasmique.
Vériiez vos connaissances 19. Quelles sont les diérences structurales et onc-
tionnelles entre les cils et les microvillosités ?
4.5.4 7
Les jonctions intercellulaires
Comparer la structure et la onction des trois principaux types de jonctions intercellulaires.
Les jonctions intercellulaires servent à unir, à renorcer et à soutenir les cellules. La plupart des cellules orment des unités structurales organisées appelées tissus (voir le chapitre 5) qui participent à une même onction. Pour assurer une disposition ordonnée entre certaines cellules et coordonner leurs interactions, des jonctions intercellulaires se orment entre des cellules adjacentes. Il existe trois principaux types de jonctions : les jonctions serrées, les desmosomes et les jonctions ouvertes FIGURE 4.30.
4.5.4.1 Les jonctions serrées Une jonction serrée est présente dans certains types de cellules (p. ex., les cellules épithéliales), près de leur ace apicale (supérieure) exposée. La jonction serrée unit de açon étanche chaque cellule à ses voisines, qui usionnent pour que les aces apicales soient intimement liées partout autour de la cellule. Cette liaison rend étanche l’espace intercellulaire et empêche les substances de passer entre les cellules épithéliales. Ces jonctions orcent toute substance à traverser les cellules plutôt qu’à se auler entre elles. Dans l’intestin grêle, par exemple, les jonctions serrées empêchent les enzymes digestives corrosives se trouvant dans la lumière de l’intestin de passer entre les cellules et d’endommager ainsi des structures corporelles internes. Ces jonctions empêchent également les uites d’urine par la paroi de la vessie.
154 Partie I L’organisation du corps humain
FIGURE 4.30 Jonctions intercellulaires
❯ La surface latérale de certaines cellules contient des jonctions serrées qui empêchent les fuites entre les cellules, des desmosomes qui attachent des cellules adjacentes ainsi que des jonctions ouvertes qui créent un petit canal pour le passage de molécules de petite taille entre des cellules voisines. Un hémidesmosome est essentiellement la moitié d’un desmosome ; il sert de point d’ancrage de la cellule à la membrane basale sous-jacente.
Jonction serrée
Protéine membranaire Membrane plasmique Hémidesmosome
Microfilament
Desmosome Filaments protéiques Plaque protéique Filaments intermédiaires
Espace intercellulaire Membranes plasmiques adjacentes
Les desmosomes (desmos = lien, sôma = corps) agissent comme des boutons-pression entre des cellules adjacentes. Chaque desmosome est une petite région qui oppose de la résistance aux contraintes mécaniques en un seul point et qui retient les cellules entre elles par un petit espace couvert d’une ne toile de laments protéiques. Les laments prennent racine dans une plaque protéique épaissie située à la ace interne de chaque cellule. Des laments intermédiaires du cytosquelette pénètrent la plaque et s’étendent dans toute la cellule pour ournir du soutien et de la orce. Chaque cellule ournit la moitié d’un desmosome. Les cellules des tissus exposés à des contraintes, comme la couche externe de la peau (épiderme) et le muscle cardiaque, contiennent des desmosomes. Les hémidesmosomes (moitié d’un desmosome) permettent de xer solidement les cellules épithéliales à des composants extracellulaires.
4.5.4.3 Les jonctions ouvertes Les jonctions ouvertes (ou jonctions communicantes) se orment dans l’espace intercellulaire de cellules voisines. Cet espace, mesurant environ 2 nm de long, est comblé par six protéines transmembranaires (connexines) qui orment de minuscules canaux remplis de liquide. Ces structures, appelées connexons, permettent le passage direct de substances entre des cellules voisines. Les ions, le glucose, les acides aminés et d’autres solutés de petite taille peuvent passer directement du cytoplasme d’une cellule à la cellule voisine par ces
Pore Connexine
Membrane plasmique
Espace intercellulaire
4.5.4.2 Les desmosomes
Jonction ouverte
canaux. Le fux des ions entre les cellules permet la propagation de l’activité électrique dans le muscle cardiaque et coordonne des activités cellulaires comme le battement des cils cellulaires.
Vérifiez vos connaissances 20. Expliquez la principale différence entre le desmosome
et la jonction serrée.
4.6
La structure du noyau
Le noyau est la structure la plus volumineuse de la cellule, son diamètre variant de 5 à 7 μm en moyenne. Il est souvent qualié de centre de contrôle de la cellule FIGURE 4.31. Généralement, la cellule compte un seul noyau. Touteois, les érythrocytes n’en comptent aucun et les cellules musculaires squelettiques en comptent plusieurs. La orme du noyau refète généralement plus ou moins celle de la cellule. À titre d’exemple, une cellule cuboïde possède un noyau sphérique au centre de la cellule, tandis qu’une cellule mince et aplatie possède un noyau allongé dans le même sens que la cellule. Certaines cellules contiennent un noyau dont la orme est particulière. À titre d’exemple, certains leucocytes (neutrophiles) possèdent un noyau multilobé qui peut compter au moins deux segments (voir le tableau 18.6, p. 848).
Chapitre 4 La biologie de la cellule 155
Chromosome T Noyau
A
Liaisons hydrogène
T
A
Enveloppe nucléaire
C
Squelette sucrephosphate
Chromatine
C
G
Appariement de bases complémentaires
Pores nucléaires
C Chromatine enroulée
A
T
ADN C
Histones
Ribosome Nucléole
G
MET 20 000 x
Nucléosome
A. Structure du noyau
G
Bases azotées
A
B. Niveaux d’organisation
Segment d’un gène Fonctions du noyau 1. Régulation cellulaire : renferme les molécules d’ADN qui servent de directives génétiques pour la synthèse des protéines. 2. Production : produit les sous-unités ribosomiques dans le nucléole et les exporte dans le cytoplasme où elles s’assemblent pour former les ribosomes.
Promoteur
Site de terminaison
C. Unité fonctionnelle : le gène
FIGURE 4.31 Structure du noyau, de l’ADN et de la chromatine, et gènes ❯ A. Caractéristiques structurales du noyau dans une cellule ; l’ADN est le matériel génétique présent dans le noyau de la cellule. B. L’ADN est un polymère de nucléotides ayant la forme d’une double hélice. Les brins d’ADN enroulés autour des histones forment une
4.6.1
L’enveloppe nucléaire et le nucléole
1
Décrire l’enveloppe nucléaire.
2
Expliquer la structure et la fonction du nucléole.
Le noyau est délimité par une double membrane appelée enveloppe nucléaire (ou membrane nucléaire). Elle sépare le cytoplasme du nucléoplasme (liquide à l’intérieur du noyau). Cette enveloppe régule le déplacement des substances entre le noyau et le cytoplasme. Chaque membrane de l’enveloppe nucléaire est
structure enroulée sur elle-même, la chromatine. Lorsque la chromatine s’enroule encore davantage sur elle-même, au moment de la division cellulaire, elle devient alors un chromosome. C. L’unité fonctionnelle de l’ADN est le gène, qui est une séquence d’ADN dirigeant la synthèse d’une protéine en particulier.
une bicouche de phospholipides dont la structure est similaire à celle de la membrane plasmique. La membrane externe est en continuité avec le RER dans le cytoplasme. Les pores nucléaires sont des passages ouverts semblables à des canaux qui traversent des régions fusionnées des membranes interne et externe de la double membrane un peu partout dans l’enveloppe nucléaire. Ils permettent le passage de grosses particules tant vers l’intérieur du noyau (p. ex., les protéines) que vers l’extérieur (p. ex., l’ARN messager). Des ions et des molécules hydrosolubles passent également par les pores nucléaires. Le noyau typique d’une cellule contient une structure généralement sphérique et de coloration sombre appelée nucléole
156 Partie I L’organisation du corps humain
(voir la fgure 4.31A). Le nucléole est un organite non membraneux. Il se compose de protéines et d’ARN, et il assure la ormation des sous-unités du ribosome qui s’assembleront dans le cytoplasme pour ormer le ribosome sous sa orme fnale. Les cellules ne comptent pas toutes un nucléole. La présence et le nombre de nucléoles indiquent le niveau d’activité de la synthèse protéique dans la cellule. À titre d’exemple, le neurone contient plus d’un nucléole, car il produit beaucoup de protéines. À l’inverse, le spermatozoïde ne contient aucun nucléole, car il ne produit aucune protéine.
Vérifiez vos connaissances 21. Quelle est la fonction des pores nucléaires dans
l’enveloppe nucléaire ? 22. Quelle est la fonction du nucléole ?
4.6.2
L’acide désoxyribonucléique, la chromatine et les chromosomes
amas de protéines nucléaires particulières appelées histones pour ormer un complexe appelé nucléosome (voir la fgure 4.31B). Lorsqu’une cellule n’est pas en phase de division, l’ADN et ses protéines associées ont la orme d’une masse de fns flaments appelée chromatine (khrôma = couleur) ressemblant à un long fl qui aurait été déroulé de sa bobine. Cette chromatine se condense sous orme de chromosomes (khrôma = couleur, sôma = corps) au cours de la division cellulaire (mitose). L’ADN est organisé de manière onctionnelle en unités individuelles appelées gènes (voir la fgure 4.31C). Les gènes sont des segments de nucléotides de l’ADN qui ournissent les directives nécessaires à la synthèse de protéines spécifques. De 1 à 2 % de l’ADN total compose les gènes. La longueur d’un gène est en moyenne de 27 000 paires de bases nucléotidiques, mais elle peut varier énormément (Lander, Linton, Birren et al., 2001 ; Venter, Adams, Myers et al., 2001). Chaque gène comporte une région nommée promoteur correspondant au signal de départ et une autre nommée site de terminaison correspondant au signal d’arrêt de la transcription (ou copie) d’un gène en molécule d’ARN pour diriger la synthèse d’une protéine (voir la section 4.7).
Vérifiez vos connaissances 3
Décrire les relations entre l’acide désoxyribonucléique, la chromatine et les gènes.
Le noyau contient l’ADN nucléaire, le nucléole et le nucléoplasme. L’ADN est une biomolécule d’acides nucléiques composée d’une répétition de monomères appelés nucléotides (voir la section 2.8.4). Chacun de ces désoxyribonucléotides se compose d’un pentose (sucre à cinq atomes de carbone appelé désoxyribose) d’un groupement phosphate et de l’une des quatre bases azotées suivantes : adénine (A), cytosine (C), guanine (G) ou thymine (T). Les désoxyribonucléotides sont liés par des liaisons phosphodiester dans lesquelles un groupement phosphate est présent entre deux nucléotides pour les lier. La série de désoxyribonucléotides orme alors un brin d’ADN. Chaque molécule d’ADN contient deux brins complémentaires de désoxyribonucléotides. Des liaisons hydrogène aibles entre les bases azotées (A, C, G ou T) des nucléotides relient ces deux brins pour ormer une structure en double hélice (voir la fgure 2.23, p. 67). L’adénine interagit toujours avec la thymine, et la guanine avec la cytosine. Cette interaction spécifque entre les bases se nomme appariement de bases complémentaires : A avec T et C avec G. Il est possible de comparer l’ADN à une échelle en spirale dans laquelle les sucres et les groupements phosphate des nucléotides orment les montants de l’échelle (voir la fgure 4.31B). Les paires de bases azotées interreliées par des hydrogènes aibles orment les échelons de l’échelle. L’ADN est une macromolécule énorme qui contient pratiquement tout le matériel génétique de la cellule, l’autre petite partie du matériel se trouvant dans les mitochondries. Au total, l’ADN de la cellule humaine renerme plus de trois milliards de paires de nucléotides (Human Genome Project Inormation, 2012). Le noyau d’une cellule du corps humain compte 46 molécules distinctes d’ADN à double brin (bicaténaires). Au cours de la division cellulaire, ces molécules sont visibles au microscope sous la orme de chromosomes. Pour aider l’ADN à se compacter à l’intérieur du noyau, la longue double hélice d’ADN s’enroule autour d’un
23. Décrivez la relation structurale entre l’ADN,
les chromosomes et la chromatine, et la relation fonctionnelle entre l’ADN et les gènes.
4.7
La fonction du noyau et des ribosomes
La synthèse des protéines est le processus central sur lequel reposent essentiellement toutes les autres activités cellulaires. Les gènes de l’ADN correspondent à un code pour permettre à la cellule de abriquer les protéines grâce aux ribosomes dans le cytoplasme. Par conséquent, cette synthèse comporte deux processus importants : 1. la transcription, qui est la ormation d’une copie d’un gène de l’ADN en ARN dans le noyau ; 2. la traduction, qui utilise l’ARN pour la synthèse de la protéine par les ribosomes dans le cytoplasme.
4.7.1
La transcription : la synthèse de l’acide ribonucléique
1
Énumérer les structures requises pour la transcription.
2
Expliquer les trois étapes de la transcription.
La transcription se déroule dans le noyau de la cellule. Elle se produit lorsqu’un segment d’ADN est lu et copié par l’ARN polymérase pour ormer un nouveau brin d’ARN.
4.7.1.1 Les structures requises L’ADN est la principale structure requise pour la transcription. Le processus de la transcription est indispensable pour ormer une molécule d’ARN complémentaire à la séquence de nucléotides de
Chapitre 4 La biologie de la cellule 157
l’ADN. L’ARN (voir la section 2.8.4) est un acide nucléique composé d’une répétition de ribonucléotides, soit les nucléotides spécifques de l’ARN. Chacun de ces ribonucléotides se compose d’un sucre à cinq atomes de carbone (ribose), d’un groupement phosphate et de l’une des quatre bases azotées suivantes : adénine (A), cytosine (C), guanine (G) ou uracile (U). Contrairement à l’ADN, l’ARN ne comporte qu’un seul brin de nucléotides (voir la fgure 2.23, p. 67). La ormation de l’ARN au cours de la transcription nécessite la présence d’un grand nombre d’éléments constitutis de l’ARN appelés ribonucléotides et de l’enzyme ARN polymérase. Ces structures se trouvent dans le nucléoplasme du noyau. L’ARN polymérase assemble les ribonucléotides en les appariant avec l’ADN de açon complémentaire (voir la fgure 4.32, étape 2). Bien que d’autres enzymes et de nombreux acteurs de régulation interviennent dans ce processus, la présente description se limite au processus de base de la transcription qui ait appel à l’ADN, aux ribonucléotides et à l’ARN polymérase.
4.7.1.2 Le processus de la transcription Au cours de la transcription, il y a ormation d’un ARN messager. Ce dernier est la copie du gène et se rend au cytoplasme, où a lieu la traduction. Le processus général de la transcription comporte trois événements majeurs : l’initiation, l’élongation et la terminaison FIGURE 4.32. Animation La transcription chez les cellules bactériennes
L’initiation Généralement, l’ADN se présente sous la orme d’une double hélice. Il doit donc d’abord se dérouler dans la région du gène à transcrire pour que son inormation puisse être lue et copiée. Des enzymes spécifques aident à dérouler partiellement l’ADN et à le rendre accessible à l’ARN polymérase, l’enzyme qui catalyse la synthèse des molécules d’ARN messager (ARNm). Après le déroulement partiel de l’ADN, l’ARN polymérase se fxe au
Gène ADN Transcription 1 Initiation : déroulement de l’ADN par des enzymes pour exposer le segment d’un gène ; fixation de l’ARN polymérase au promoteur du gène
Brin matrice
ARN polymérase 2 Élongation : appariement complémentaire des ribonucléotides libres avec les bases azotées exposées du brin matrice de l’ADN à l’aide de l’ARN polymérase ; formation des liaisons hydrogène entre les bases azotées de l’ADN et d’ARN en cours de formation ; poursuite de ce processus à mesure que l’ARN polymérase se déplace le long du brin d’ADN
Promoteur
T
A
U
ti o
n s cr i p
Enroulement
C G G C
ra
T A
n
ARN polymérase
U A A G C G U T C G A C
Déroulement Brin matrice
Liaisons hydrogène
ADN
(T) Thymine
(A) Adénine
(A) Adénine
(U) Uracile
(C) Cytosine
(G) Guanine
(G) Guanine
(C) Cytosine
ARN
Ribonucléotide Exon Intron
Intron ARN prémessager
Exon 3 Terminaison : arrivée de l’ARN polymérase au site de terminaison du gène ; libération du brin d’ARN nouvellement formé ; fin et enroulement de l’ADN en double hélice Site de terminaison
FIGURE 4.32 Processus de la transcription
❯ L’ARN se forme à partir du brin matrice de l’ADN pendant la transcription. Ce processus comporte trois événements majeurs : l’initiation, l’élongation et la terminaison.
158 Partie I L’organisation du corps humain brin d’ADN et se déplace sur sa longueur jusqu’à ce qu’elle atteigne le promoteur (région de départ) associé à un gène. Animation La synthèse de l’ARNm au cours de la transcription
INTÉGRATION
STRATÉGIES D’APPRENTISSAGE
Le processus de la transcription peut être comparé à l’écriture d’une recette à partir d’un livre de recettes. L’ADN est le livre de recettes, et un gène est une recette en particulier. L’ARN est la copie de la recette transcrite sur une euille pour ne pas salir le livre.
Le gène est marqué pour la transcription par plusieurs acteurs de régulation qui refètent un besoin de produire la protéine spécique codée par ce gène. Le promoteur sert de point de départ de la transcription du gène. Lorsque la détermination du gène et la liaison des acteurs appropriés se produisent, les liaisons hydrogène entre les deux brins d’ADN se brisent, permettant alors de créer un espace entre les deux brins d’ADN de cette région. La séparation permet d’exposer les bases azotées à cet endroit. Comme l’ARN est une molécule monocaténaire, un seul des deux brins d’ADN est copié. Ce brin d’ADN est qualié de brin matrice.
L’élongation Au cours du processus d’élongation, des ribonucléotides libres s’apparient de açon complémentaire avec les bases azotées exposées du brin matrice d’ADN. Par exemple, une cytosine libre sera attirée par une guanine du brin matrice. L’appariement des bases azotées se caractérise par la ormation de liaisons hydrogène entre la base azotée d’un ribonucléotide et sa base azotée complémentaire du brin d’ADN. À titre d’exemple, si la séquence des bases d’un brin matrice d’ADN est TTAGCTAGC, la séquence des bases du brin d’ARN nouvellement ormé sera AAUCGAUCG (l’ARN contient de l’uracile [U] au lieu de la thymine.) L’ARN polymérase contribue à l’appariement des bases azotées et à la ormation des liaisons phosphodiester qui se créent entre chaque ribonucléotide pour ormer l’ARN. L’ARN polymérase continue de se déplacer le long de l’ADN jusqu’à la transcription complète du gène. Il en résulte un nouvel ARNm ormé à partir de l’inormation contenue dans le gène.
La terminaison Lorsque la molécule d’ARN polymérase atteint le site de terminaison, à la n du gène, elle se libère de l’ADN, et les liaisons hydrogène présentes entre les bases azotées se brisent. Cela permet au brin d’ARNm nouvellement ormé de se détacher de l’ADN pour éventuellement se diriger vers le cytoplasme où aura lieu l’étape suivante de la synthèse des protéines, la traduction. Le nouveau brin d’ARNm représente un code qui détermine la séquence d’acides aminés de la protéine à synthétiser (p. ex., l’insuline). De son côté, l’ADN reprend sa orme de double hélice.
4.7.1.3 Les modifcations apportées à l’acide
ribonucléique messager L’ARNm nouvellement ormé doit subir plusieurs modications importantes avant de quitter le noyau. Le brin d’ARNm synthétisé au départ se nomme plus précisément ARN prémessager. Les
modications apportées entraînent la ormation d’un ARNm mature utilisé par la suite comme code pour synthétiser la protéine.
L’épissage L’ARN prémessager contient des introns, qui sont des régions non codantes. Ces introns sont éliminés de l’ARNm et peuvent contenir des séquences précises qui infuencent la régulation de l’expression des gènes. Les exons sont les régions codantes de l’ADN qui s’assemblent bout à bout avec l’élimination des introns. Un complexe ribonucléoprotéique (composé d’ARN et de protéines), appelé complexe d’épissage, catalyse ce processus. Le mécanisme d’épissage peut aire varier le nombre et la nature des exons introduits dans l’ARNm mature selon plusieurs acteurs, dont le stade de développement de l’organisme et le type de cellule. L’ARNm produit sera nalement une série d’exons qui ormera le code complet. Celui-ci détermine la séquence d’acides aminés de la protéine qui sera ensuite abriquée. Puisque le nombre et la nature des exons choisis varient au moment de l’épissage, plusieurs protéines diérentes peuvent être produites à partir d’un même gène.
D’autres modifcations Le coiage et l’ajout d’une queue polyA sont d’autres modications apportées pour ormer l’ARNm mature. Le coiffage se caractérise par la liaison unique d’un ribonucléotide contenant une guanine à la tête de l’ARNm. Cette modication augmente la stabilité du brin d’ARNm, ce qui contribue à prévenir sa digestion par des enzymes qui digèrent les acides nucléiques (nucléases) présents dans le cytoplasme. L’ajout d’une queue polyA se caractérise par le retrait de segments terminaux de l’ARNm pour les remplacer par une succession de nombreux ribonucléotides de type adénine à l’extrémité nale de l’ARNm. Comme l’épissage, l’ajout d’une queue polyA ournit un moyen de produire plus d’un ARNm mature, car le retrait du segment terminal et l’ajout de la queue polyA peuvent s’eectuer à diérents sites. L’une des onctions de la queue polyA est de servir de mesure de l’âge de l’ARNm. En eet, ces nucléotides s’éliminent par la suite au l du temps, et la queue raccourcit. Lorsqu’il ne reste qu’une certaine portion de la queue, des nucléases détruisent l’ARNm. L’ARNm mature nouvellement ormé sort du noyau après avoir subi ces modications. Il passe par les pores nucléaires pour pénétrer dans le cytoplasme et se diriger vers un ribosome pour la traduction (deuxième processus de la synthèse protéique).
Vériiez vos connaissances 24. Quelles sont les trois principales structures requises
pour la transcription ? Expliquez où se produit la transcription et la açon dont elle se déroule.
INTÉGRATION
STRATÉGIES D’APPRENTISSAGE
Il peut être utile d’imaginer l’épissage de l’ARN prémessager comme le collage d’une pellicule au cours de la production d’un lm. Les segments superfus de la pellicule sont enlevés, et les segments restants sont collés bout à bout pour produire la version dénitive du lm. Chose intéressante, le même ARN prémessager peut être épissé de diverses açons pour produire des ARNm matures diérents, de la même açon qu’une pellicule de lm peut être collée de diverses açons pour créer une histoire diérente.
Chapitre 4 La biologie de la cellule 159
La traduction : la synthèse des protéines
4.7.2
est lue. Le code de la séquence de nucléotides de l’ARNm est traduit, c’est-à-dire qu’il passe du langage de nucléotides au langage d’acides aminés, pour produire de nouvelles chaînes de protéines. La traduction a lieu dans le cytoplasme par les ribosomes.
3
Énumérer les structures requises pour la traduction.
4
Nommer les trois ormes onctionnelles de l’ARN, expliquer ce que signife le terme codon et indiquer trois types de codons.
5
Animation La traduction : la synthèse des protéines
4.7.2.1 Les structures requises La traduction nécessite la présence de ribosomes (composés d’ARN ribosomique et de protéines), d’ARNm, d’ARN de transfert et d’un grand nombre d’acides aminés libres. La protéine est le produit formé.
Décrire les trois étapes de la traduction.
La traduction est la synthèse d’une nouvelle protéine. L’ARNm passe dans un ribosome dans lequel l’information qu’il contient
Trois types d’ARN fonctionnels sont nécessaires pour la synthèse des protéines FIGURE 4.33A . L’un de ces types d’ARN se
Ribosome et ARN : les structures requises pour synthétiser les protéines
Types d’ARN ARN messager (ARNm)
ARN de transfert (ARNt)
U
AA
Ribosome
Grande sous-unité
Site E Site Site P A
Codon Petite sous-unité
Modèle en feuille de trèfle Codon A Extrémité C d’arrêt C réceptrice de l’acide aminé
Représentation de l’ARNt Extrémité réceptrice de l’acide aminé
Codon
A
U
G
Codon Anticodon
Codon d’initiation
U A C
Anticodon
A. Acides aminés et protéines : les composants et le produit fini Acide aminé Amine
H
Représentation de l’acide aminé
Chaîne d’acides aminés
Protéine
Acide carboxylique
H
H
O
N
C
C
OH
R
B.
FIGURE 4.33 Structures requises pour la traduction
❯ Le processus de la traduction utilise l’inormation contenue dans l’ARNm pour diriger la synthèse protéique. A. La traduction se déroule dans les ribosomes
et nécessite l’ARNm et l’ARNt. B. Les acides aminés sont les composants utilisés pour synthétiser la nouvelle protéine.
160 Partie I L’organisation du corps humain
trouve enermé dans la structure des ribosomes et se nomme ARN ribosomique (ARNr). Trois sites sont associés au ribosome : 1) le site A (amino-acyl) où s’ajoutent les nouveaux acides aminés ; 2) le site P (peptidyl) qui retient le nouveau polypeptide en cours de synthèse ; 3) le site E (E pour évacuation) qui permet à l’ARN de transert de quitter le ribosome. L’ARNm est la molécule transcrite à partir du gène. Il transporte les directives pour la synthèse de la protéine. L’ARNm est une séquence linéaire de nucléotides de longueur variable selon la taille de la protéine à synthétiser. La lecture de l’ARNm s’eectue par séquences de trois bases azotées de nucléotides à la ois. Chaque unité de trois bases se nomme codon. Une molécule d’ARNm contient trois catégories de codons. • Un codon d’initiation contient toujours la même séquence de trois bases AUG ; il s’agit du signal indiquant l’endroit où commence la synthèse de la protéine. • La série de codons entre le codon d’initiation et le codon d’arrêt sert à déterminer la nature des acides aminés qui ormeront la protéine nouvellement synthétisée ; chaque codon correspond à un acide aminé déterminé par le code génétique. • Le codon d’arrêt suit les codons d’assemblage de la nouvelle protéine ; il s’agit toujours de l’une des trois séquences de
bases suivantes : UAA, UAG ou UGA. Les codons d’arrêt agissent comme point d’arrêt de la lecture de l’ARNm. Le troisième type d’ARN est l’ARN de transfert (ARNt). Il sert d’adaptateur pour amener un acide aminé donné vers un codon d’ARNm précis. Les ARNt comptent généralement de 70 à 100 nucléotides. Dans sa orme simpliée, il est représenté comme une euille de trèfe. Une molécule d’ARNt présente deux régions importantes. La première est une séquence de trois nucléotides appelée anticodon. L’anticodon de l’ARNt s’apparie avec son codon complémentaire sur l’ARNm. La deuxième région est l’extrémité réceptrice de l’acide aminé. Ici, un acide aminé spécique se xe à l’ARNt en onction de la séquence anticodon de l’ARNt. C’est l’enzyme appelée aminoacyl-ARNt synthétase (absente sur la gure 4.33) qui permet de lier le bon acide aminé en onction de la séquence anticodon. Il existe 20 types d’aminoacyl-ARNt synthétases pour les 20 acides aminés. Avant la traduction, chaque acide aminé se xe à son ARNt correspondant par sa propre aminoacyl-ARNt synthétase. Une ois lié à son acide aminé, l’ARNt prend le nom d’ARNt chargé. Enn, les acides aminés sont les composants de base pour la synthèse de la nouvelle protéine. En général, les 20 acides aminés diérents sont présents dans les protéines des organismes vivants (voir la fgure 2.27 p. 74). Il a été question, dans le chapitre 2, du ait que les propriétés des groupements R orment la base de l’organisation et du regroupement des acides aminés. Par conséquent, pour synthétiser une nouvelle protéine qui peut contenir des centaines, voire des milliers d’acides aminés, le cytosol doit contenir les 20 acides aminés en quantité susante à proximité des ribosomes.
Cytoplasme
Transcription
Noyau ARN polymérase ARN prémessager Brin matrice d’ADN
Traduction ARNt chargé Met
Cytoplasme
Met
Glu ARNt chargé
Aminoacyl-ARNt synthétase ARNm mature
E
Pore nucléaire
P
A
ARNm
U A C A U G G A A A C A
E
P
A
U A C C U U A U G G A A A C A
Avant la traduction, l’ARNm mature quitte le noyau pour entrer dans le cytoplasme par les pores nucléaires. 1 Initiation : assemblage de la petite sousunité, de la grande sous-unité et de l’ARNt (qui est dans le site P) présentant l’anticodon UAC et chargé de la méthionine (Met) pour former un complexe
2a. Appariement de l’anticodon d’un ARNt chargé avec son codon complémentaire de l’ARNm dans le site A 2 Élongation
FIGURE 4.34 Processus de la traduction
❯ La synthèse des protéines a lieu grâce aux ribosomes par la traduction de l’ARNm. Elle est dirigée par
l’ARNm et nécessite des ARNt chargés. Les trois principaux événements sont l’initiation, l’élongation et la terminaison.
Chapitre 4 La biologie de la cellule 161
INTÉGRATION
L’élongation
STRATÉGIES D’APPRENTISSAGE
L’élongation se caractérise par l’ajout ordonné des acides aminés pour former la protéine qui s’allonge. L’anticodon d’un ARNt chargé s’apparie avec le codon complémentaire de l’ARNm dans le site A. Une liaison peptidique se forme entre l’acide aminé du site P et celui du site A. En même temps, la liaison qui unit l’acide aminé à l’ARNt du site P se brise, ce qui libère l’ARNt. Le ribosome se déplace ensuite de trois nucléotides (l’équivalent d’un codon) en aval du codon d’initiation sur l’ARNm. Bien entendu, cela entraîne un déplacement des ARNt. L’ARNt libéré de son acide aminé qui se trouvait dans le site P est maintenant au site E, qui est le point de sortie. Cet ARNt quitte le ribosome et retourne au cytoplasme. L’ARNt qui occupait le site A se trouve maintenant dans le site P, et le site A est libre de nouveau. Un nouvel ARNt est attiré au site, et tout le processus se répète jusqu’à la traduction complète de la séquence d’ARNm déterminée par la présence d’un codon d’arrêt. Le produit obtenu est une protéine composée d’une chaîne linéaire d’acides aminés.
Les composants requis pour la traduction peuvent être comparés à un chef qui cuisine un chef-d’œuvre culinaire. Le ribosome est la cuisine, l’ARNm est le chef cuisinier, les ARNt sont les aides-cuisiniers, les acides aminés sont les ingrédients et la protéine est le mets cuisiné. Les aides-cuisiniers (ARNt) apportent les ingrédients (acides aminés) à la cuisine (ribosome), selon les directives du chef cuisinier (ARNm), pour produire le chef-d’œuvre protéique.
4.7.2.2 Le processus de la traduction La traduction du code de l’ARNm en une protéine fonctionnelle comporte également trois événements importants, semblables à ceux de la transcription, à savoir l’initiation, l’élongation et la terminaison FIGURE 4.34. Animation Le processus de la traduction
La terminaison
L’initiation
La traduction se termine lorsqu’un codon d’arrêt (UAA, UAG ou UGA) entre dans le site A. À ce moment-là, un facteur de terminaison entre dans le site A au lieu d’un ARNt chargé. Lorsque le ribosome atteint ce facteur lié au codon d’arrêt de l’ARNm, les deux sous-unités du ribosome se séparent de l’ARNm, ce qui libère la nouvelle protéine synthétisée.
Il se forme un complexe composé de la petite et de la grande sousunité d’un ribosome, de l’ARNm nouvellement formé et d’un ARNt. La petite sous-unité du ribosome se déplace le long de l’ARNm jusqu’à ce qu’elle atteigne le codon d’initiation (AUG). Un ARNt chargé possédant l’anticodon UAC s’unit alors avec le codon d’initiation AUG de l’ARNm. Cet ARNt porte l’acide aminé méthionine. La méthionine est toujours le premier acide aminé utilisé dans la synthèse d’une protéine, mais elle peut disparaître plus tard à mesure que se déroule la synthèse protéique et que la protéine arrive à maturité. La grande sous-unité se joint ensuite à la petite sous-unité du ribosome. Le codon d’initiation occupe maintenant le site P du ribosome.
Formation d’une liaison peptidique Met
E
P
Allongement de la chaîne polypeptidique
U A C C U U A U G G A A A C A
2b. Formation d’une liaison peptidique entre les deux acides aminés
Libération de la protéine
Thr
Met
Glu
A
Un ARNm peut être traduit par plusieurs ribosomes à la fois. Par conséquent, de nombreuses copies de cette protéine peuvent être synthétisées rapidement. L’ensemble formé d’un ARNm et de nombreux ribosomes se déplaçant sur sa longueur se nomme polyribosome.
Glu
E
P
A
U U G
C U U A U G G A A A C A
2c. Déplacement du ribosome au codon suivant ; appariement d’autres acides aminés apportés par l’ARNt avec l’ARNm jusqu’à l’atteinte d’un codon d’arrêt (répétition des étapes « a » à « c »)
E
Facteur de terminaison
A
P
U
Codon d’arrêt (UAA, UAG ou UGA) 3 Terminaison : liaison du facteur de terminaison au codon d’arrêt de l’ARNm ; libération de la protéine nouvellement formée
162 Partie I L’organisation du corps humain
À votre avis
Vérifiez vos connaissances
3. Quelles pourraient être les conséquences possibles
25. Qu’est-ce qu’un codon et un anticodon ?
sur la structure et la capacité fonctionnelle des protéines si l’ADN subissait une mutation (erreur dans la séquence de nucléotides) dans un gène précis ?
26. De quelle façon l’ARNm est-il traduit en protéines ?
La FIGURE 4.35 résume quant à elle le processus de la transcription et de la traduction. La transcription de l’ADN dans le noyau produit une molécule d’ARN à partir du brin matrice de l’ADN, l’ARNm. L’ARNm nouvellement ormé subit ensuite des modifcations avant de quitter le noyau par un pore nucléaire. La traduction de l’ARNm en protéine se produit dans le ribosome situé dans le cytoplasme par l’assemblage des acides aminés, un processus acilité par de nombreux ARNt.
INTÉGRATION LIENS ENTRE LES CONCEPTS Les réactions chimiques sont généralement catalysées par des enzymes qui sont des protéines globulaires (voir la section 3.3). Les ribosomes se composent de protéines et d’ARNr. Ce sont les ARNr, et non pas les protéines, qui catalysent la synthèse des protéines. Pour cette raison, l’ARN du ribosome se nomme ribozyme, une molécule d’ARN catalytique. Dans ce cas, les protéines du ribosome jouent surtout un rôle structural pour maintenir la bonne orientation des molécules d’ARNr.
TABLEAU 4.3
L’acide désoxyribonucléique : le centre de commande de la cellule
4.7.3
Le TABLEAU 4.3 représente le code génétique. Le code génétique permet de relier les 64 codons possibles à l’acide aminé pour lequel ils codent. Le codon AUG correspond au codon d’initiation, qui est le signal indiquant où commence la traduction. Les codons UAA, UAG et UGA sont des codons d’arrêt indiquant la fn de la traduction.
6
Expliquer la raison pour laquelle l’acide désoxyribonucléique est considéré comme le centre de commande de la cellule.
Le corps humain contiendrait environ 20 000 gènes pouvant créer un nombre encore plus élevé de protéines (voir le chapitre 2). Ces protéines remplissent une vaste gamme de onctions, dont la catalyse de réactions chimiques, la déense, le transport, le soutien, le mouvement, la régulation et le stockage. L’ADN est responsable de diriger la synthèse des protéines qui accomplissent ces onctions dans l’organisme. En outre, l’ADN est indirectement responsable d’autres changements métaboliques qui se produisent dans la cellule, notamment la synthèse des stéroïdes et d’autres lipides ainsi que la voie enzymatique de l’oxydation du glucose, car l’ADN régule la synthèse des enzymes responsables de catalyser autant la décomposition que la synthèse des structures chimiques. Tous ces rôles expliquent pourquoi l’ADN est considéré comme l’un des composants principaux du centre de commande de la cellule, et qu’il est parois surnommé le patron de la cellule.
Code génétique Nucléotides 2e position
Nucléotides 1re position
U
C
A
G
UUU UUC UUA UUG CUU CUC CUA CUG AUU AUC AUA AUG
GUU GUC GUA GUG
Phénylalanine Leucine
Leucine
Isoleucine Méthionine et signal de départ
Valine
C UCU UCC UCA UCG CCU CCC CCA CCG ACU ACC ACA ACG
GCU GCC GCA GCG
A
Sérine
Proline
Thréonine
Alanine
UAU UAC UAA UAG CAU CAC CAA CAG AAU AAC AAA AAG
GAU GAC GAA GAG
Tyrosine Arrêt
Histidine Glutamine
Asparagine Lysine
Acide aspartique Acide glutamique
G UGU UGC UGA UGG CGU CGC CGA CGG AGU AGC AGA AGG
GGU GGC GGA GGG
Cystéine Arrêt Tryptophane
Arginine
Sérine
U C A G U C A G
Arginine
U C A G
Glycine
U C A G
Nucléotides 3 e position
U
Chapitre 4 La biologie de la cellule 163
1 Transcription (se produit dans le noyau) : transcription de l’ARN prémessager à partir de l’ADN et modifications pour former l’ARNm mature avant de quitter le noyau
de remplacer et d’entretenir les milliards de cellules qui composent le corps humain pour assurer son onctionnement normal. Il s’agit d’un processus nécessaire pour le développement, la croissance tissulaire, le remplacement des cellules mortes ou endommagées et la régénération tissulaire à la suite d’une perte de tissu occasionnée Animation La division par un trauma ou une maladie.
Événements dans le noyau
ARNm Brin matrice Noyau
cellulaire
Modifications apportées à l’ARNm
4.8.1
Sortie du noyau de l’ARNm mature
Protéine 2 Traduction (suit la transcription) : lecture de l’ARNm pour diriger l’ajout des acides aminés apportés par les ARNt ; formation d’une protéine
ARNm
Les structures cellulaires
1
Expliquer la structure et la fonction des centrioles dans la division cellulaire.
2
Décrire la différence structurale entre la chromatine et les chromosomes, et indiquer le moment où chacun est présent dans la cellule.
Un centrosome est une structure contenant une paire de centrioles cylindriques disposés perpendiculairement et situés à proximité du noyau (voir la fgure 4.27). Le centrosome organise les microtubules qui acilitent le déplacement des chromosomes au cours de la division cellulaire.
Événements dans le cytoplasme
Le noyau des cellules humaines contient normalement 46 molécules d’ADN distinctes, et il convient de se rappeler que dans la cellule, le matériel génétique est organisé soit en chromatine aiblement enroulée, soit en chromosomes enroulés serrés (voir la fgure 4.31). L’arrangement de l’ADN généralement présent dans la cellule est sous orme de chromatine, car cette orme peu enroulée permet à l’ADN de diriger la synthèse des protéines cellulaires par l’intermédiaire du processus de la transcription. Les chromosomes constituent le degré d’organisation le plus compact du matériel génétique. Ils présentent une orme très organisée et condensée de l’ADN convenant mieux à la division nucléaire (mitose). Les chromosomes ne sont présents et visibles que lorsque la cellule est en cours de division.
ARNt
Ribosome
FIGURE 4.35 Étapes de la synthèse des protéines
❯ La première étape, la transcription, permet de copier le gène sous forme d’ARNm dans le noyau. La deuxième étape, la traduction, traduit le code de l’ARNm en une série d’acides aminés formant la nouvelle protéine synthétisée.
Vérifiez vos connaissances
Vérifiez vos connaissances
27. De quelle biomolécule le bagage génétique de l’ADN
28. Qu’est-ce qui distingue la chromatine
d’un chromosome ?
constitue-t-il les directives précises de fabrication ?
4.8
La division cellulaire
La division cellulaire peut s’eectuer de deux açons, selon le type de cellule. La mitose est le processus de division cellulaire qui se produit pour les cellules somatiques. Il s’agit de toutes les cellules de l’organisme, sau les cellules sexuelles qui sont à l’origine des spermatozoïdes ou des ovocytes de deuxième ordre. Les cellules sexuelles suivent un processus de division cellulaire appelé méiose (voir la section 28.2). La présente section défnit et décrit la division des cellules somatiques. Il y a division cellulaire lorsqu’une cellule-mère se divise pour produire deux nouvelles cellules. Il est essentiel de produire,
4.8.2
Le cycle cellulaire
3
Résumer les phases du cycle cellulaire et les activités qui se déroulent au cours de chaque phase.
4
Nommer et expliquer les quatre principales phases de la mitose.
5
Expliquer la fonction de la cytocinèse.
Le cycle cellulaire illustre les étapes de la division de la cellule somatique. Il comprend toutes les modifcations que doit subir la cellule tant sur le plan de sa structure que sur celui de ses
164 Partie I L’organisation du corps humain
onctions, entre sa ormation et le moment où elle se divise pour donner deux cellules identiques appelées cellules flles. Le cycle cellulaire comporte deux phases principales : l’interphase et la phase mitotique (M) FIGURE 4.36 et TABLEAU 4.4.
la fgure 4.37) veillent à ce que les deux brins restent séparés. 3
Animation Le cycle cellulaire
4.8.2.1 L’interphase La plupart des cellules sont en interphase pendant la majeure partie de leur vie. L’interphase est la période entre les divisions cellulaires pendant laquelle la cellule se maintient et accomplit ses activités métaboliques normales. C’est également la période au cours de laquelle la cellule se prépare à se diviser, si elle doit le aire. Pendant l’interphase, l’ADN à l’intérieur du noyau demeure sous la orme d’une chromatine quelque peu enroulée. L’interphase se subdivise en trois phases distinctes : G1, S et G2. Pendant la phase G1 (G pour gap en anglais = intervalle) du cycle cellulaire, la cellule croît et produit de nouveaux organites ; néanmoins, elle continue d’accomplir ses activités métaboliques spécifques. Les structures nécessaires à la réplication de l’ADN se orment également au cours de cette phase, et la duplication des centrioles s’eectue pour en produire deux paires.
Des liaisons hydrogène unissent les paires de bases complémentaires. La liaison entre les nucléotides du polymère d’ADN est une liaison phosphodiester. 4
À votre avis 4. Décrivez la différence entre la réplication et la transcrip-
tion de l’ADN du point de vue du type d’acide nucléique formé et de la longueur du brin d’ADN copié.
Les étapes de la réplication de l’ADN sont le déroulement, la séparation, l’assemblage et la reconstitution.
2
Le déroulement de la molécule d’ADN. Les brins complémentaires de la double hélice d’ADN se déroulent grâce à des enzymes spécifques. La séparation des brins parents. Les liaisons hydrogène qui unissent les bases azotées complémentaires dans les brins d’ADN se brisent. Une ois les brins séparés, des protéines de liaison (absentes sur
La reconstitution de la double hélice d’ADN. Les ADN à deux brins reprennent leur structure en orme d’hélice enroulée. Chaque molécule d’ADN ormée comprend un brin parent et un nouveau brin.
Ce processus se poursuit jusqu’à la réplication complète des deux brins d’ADN sur toute leur longueur FIGURE 4.37.
Au cours de la phase S (S pour synthèse), les 46 brins d’ADN se répliquent. Une ois condensés, au début de la mitose, les chromosomes dupliqués se présenteront sous la orme de deux branches reliées au centre et donnant l’aspect général d’un X. Les deux branches se nomment chromatides sœurs et elles sont identiques. Le point qui relie les deux brins identiques au centre de chaque chromosome est le centromère (centrum = centre, meros = partie). L’ADN en cours de ormation a besoin de l’ADN polymérase et d’un grand nombre d’éléments constitutis appelés désoxyribonucléotides. Tous ces composants se trouvent dans le nucléoplasme à l’intérieur du noyau.
1
L’assemblage des nouveaux brins d’ADN. Les deux brins d’ADN servent de matrices et sont lus par les enzymes ADN polymérases qui se déplacent le long des deux brins parents et assemblent les nouveaux brins d’ADN à mesure que les désoxyribonucléotides complémentaires s’apparient au brin matrice. À titre d’exemple, si la séquence des bases d’une petite partie d’un brin d’ADN est TTAGCTAGC, la séquence des bases du nouveau brin d’ADN complémentaire ormé et assemblé par l’ADN polymérase sera AATCGATCG.
Anaphase Métaphase Mitose
Télophase
Prophase Phase mitotique (M) Cytocinèse Phase G2 (croissance) Interphase
FIGURE 4.36 Cycle cellulaire
❯ Le cycle cellulaire comporte deux phases de base : l’interphase et la phase mitotique (M). L’interphase est une phase de croissance qui se subdivise en G1, S et G2. La phase mitotique comprend la mitose, correspondant au processus de division nucléaire, et la cytocinèse, correspondant à la division du cytoplasme.
Phase G1 (croissance) Phase S (réplication de l’ADN et croissance)
Chapitre 4 La biologie de la cellule 165
TABLEAU 4.4
Événements du cycle de la cellule somatique
Phase
Événements cellulaires
Interphase
Période d’activité métabolique normale lorsque la cellule n’est pas en cours de division ; la chromatine n’est pas visible en microscopie optique.
Phase G1
Premier intervalle : phase de croissance pendant laquelle se déroulent la synthèse protéique et les activités métaboliques ; production de nouveaux organites ; début de la réplication des centrioles à la fn de cette phase
Phase S
Réplication de l’ADN nucléaire
Phase G2
Deuxième intervalle : brève période de croissance pour la production des enzymes nécessaires à la division cellulaire ; poursuite de la réplication des organites ; fn de la réplication des centrioles
Phase mitotique (M)
La division cellulaire produit deux cellules flles identiques à partir d’une cellule mère.
Mitose
Division du noyau ; suite d’événements nucléaires répartissant les deux jeux de chromosomes dans les deux noyaux flles ; quatre phases : la prophase, la métaphase, l’anaphase et la télophase (voir la fgure 4.37)
Cytocinèse
Événement commençant habituellement avant la fn de la télophase ; ormation du sillon annulaire à partir d’un anneau contractile de microflaments ; division du cytoplasme donnant lieu à deux cellules flles
Désoxyribonucléotides libres ADN 3 Assemblage du polymérase nouveau brin d’ADN
4 Reconstitution de la double hélice d’ADN
Phase S (réplication de l’ADN et croissance)
Déroulement d’une section
Brin avancé
ADN polymérase Brin retardé
1 Déroulement de la molécule d’ADN
2 Séparation des deux brins d’ADN par le bris des liaisons hydrogène entre les bases azotées complémentaires 3 Assemblage du nouveau brin d’ADN
FIGURE 4.37 Réplication de l’ADN
❯ Les deux brins hélicoïdaux de la molécule d’ADN bicaténaire se déroulent et se séparent pour obtenir deux brins parents servant de matrices pour la synthèse de nouveaux brins d’ADN.
4 Reconstitution de la double hélice d’ADN
166 Partie I L’organisation du corps humain
La dernière partie de l’interphase, appelée phase G2, est courte (voir la fgure 4.36). Au cours de cette phase, les centrioles ont terminé de se répliquer, la production d’organites se poursuit et les enzymes requises pour la division cellulaire sont synthétisées.
INTÉGRATION
STRATÉGIES D’APPRENTISSAGE
Pour ne pas confondre les processus de réplication de l’ADN et de transcription (formation de l’ARN à partir de l’ADN), il est possible de visualiser la transcription de l’ARNm comme le fait de retranscrire une recette à partir d’un livre de recettes ; la recette est écrite en langage ARN. En revanche, la réplication de l’ADN peut être vue comme l’action d’imprimer une copie exacte du livre de recettes en entier ; le livre de recettes est imprimé en langage ADN.
FIGURE 4.38
4.8.2.2 La phase mitotique Après l’interphase, la cellule entame la phase mitotique (M). Deux événements distincts se déroulent au cours de cette phase pour produire deux nouvelles cellules. Le premier événement est la mitose (ou division du noyau), dont les derniers processus sont chevauchés par le deuxième événement qui est la cytocinèse (ou division du cytoplasme). La mitose comprend quatre phases consécutives, à savoir la prophase, la métaphase, l’anaphase et la télophase, qu’il est possible de retenir à l’aide de l’acronyme P-MAT. Chaque phase se fond progressivement dans la suivante en un processus ininterrompu FIGURE 4.38. La prophase est le premier stade de la mitose. La chromatine se condense sous forme de chromosomes qui sont plus faciles à déplacer et qui risquent moins de s’emmêler au cours de la division cellulaire. L’ADN et les protéines de la chromatine s’enroulent, se condensent et se torsadent pour former les chromosomes.
Interphase et mitose
Interphase, mitose et cytocinèse ❯ Les représentations graphiques et les micrographies illustrent ce qui se passe à l’intérieur d’une cellule au cours des stades A. de l’interphase et B.-E. de la mitose. La cytocinèse chevauche la mitose et s’amorce généralement au cours de l’anaphase.
Chromosome (deux chromatides sœurs reliées Chromatides par le centromère) sœurs
Deux paires de centrioles
Centromère Centromère Chromatine Nucléole Enveloppe nucléaire Membrane plasmique Noyau et chromatine
A. Interphase • Synthèse des composants cellulaires nécessaires à la division cellulaire, y compris celle de l’ADN
Apparition du fuseau mitotique Noyau et chromosomes dispersés
B. Prophase • Apparition des chromosomes en raison de la condensation de la chromatine • Désintégration du nucléole • Apparition des fibres du fuseau mitotique à partir des centrioles • Migration des centrioles vers les pôles opposés de la cellule • Dissolution de l’enveloppe nucléaire à la fin de cette phase
Chapitre 4 La biologie de la cellule 167
INTÉGRATION
STRATÉGIES D’APPRENTISSAGE
L’acronyme P-MAT facilite la mémorisation des principaux événements de chaque phase de la mitose. • Le P de prophase représente la boule pelucheuse de chromosomes qui se forme dans le noyau et qui correspond à la première étape. • Le M de métaphase représente le terme milieu : pendant cette phase, les chromosomes s’alignent au milieu de la cellule. • Le A d’anaphase représente les pôles opposés ou les antipodes : pendant cette phase, les chromatides sœurs se séparent pour se retrouver aux antipodes dans la cellule. • Le T de télophase correspond à l’étape terminale. Pendant cette étape, les chromosomes reprennent la forme chromatine.
Les chromosomes se composent de deux chromatides sœurs qui ressemblent à des bâtonnets relativement courts et épais, et visibles au microscope optique au cours de la prophase sous la orme de structures de coloration sombre dans le noyau. Les événements suivants s’ajoutent à la condensation de la chromatine en chromosomes. Le nucléole se désintègre et disparaît. Les microtubules allongés, appelés fbres du useau mitotique, commencent à croître à partir des centrioles. Les deux paires de centrioles se séparent par l’allongement des microtubules et fnissent par atteindre les pôles opposés (extrémités) de la cellule. La dissolution de l’enveloppe nucléaire marque la fn de la prophase, permettant ainsi aux chromosomes de se déplacer librement dans le cytoplasme. La métaphase est le deuxième stade de la mitose au cours duquel les chromosomes s’alignent au centre de la cellule. Cet alignement, appelé plaque équatoriale de la cellule, se produit
Séparation des chromatides sœurs
Plaque équatoriale
Reformation de l’enveloppe nucléaire
Sillon annulaire de la cytocinèse Nucléole
Fibres du fuseau mitotique
Alignement des chromosomes Fibres du sur la plaque équatoriale fuseau mitotique
Séparation des chromatides sœurs
Fibres du fuseau mitotique C. Métaphase • Fixation des fibres du fuseau mitotique issues des centrioles aux centromères des chromosomes • Alignement des chromosomes sur la plaque équatoriale de la cellule par les fibres du fuseau mitotique
D. Anaphase • Séparation des centromères qui unissent les paires de chromatides, chaque chromatide sœur ayant maintenant un chromosome possédant son propre centromère • Séparation des chromatides sœurs et migration vers les pôles opposés de la cellule • Début de la cytocinèse
Cytocinèse en action
Sillon annulaire E. Télophase • Décondensation des chromosomes pour former la chromatine • Réapparition d’un nucléole dans chaque nouveau noyau • Désintégration et disparition des fibres du fuseau mitotique • Formation d’une nouvelle enveloppe nucléaire autour de chaque jeu de chromosomes • Poursuite de la cytocinèse alors que le sillon annulaire devient plus prononcé
168 Partie I L’organisation du corps humain grâce à la croissance des bres du useau mitotique provenant de chaque paire de centrioles vers les chromosomes, et dont certaines bres se xent au centromère de chaque chromosome. L’ensemble des bres du useau mitotique qui s’étendent des centrioles aux chromosomes orme une structure ovale appelée useau mitotique. Cet arrangement reste en place jusqu’au début de la prochaine phase, l’anaphase. L’anaphase commence au moment où les bres du useau mitotique provoquent la séparation des chromatides sœurs et leur migration vers les pôles de la cellule en les tirant par le centromère, laissant traîner les bras de la chromatide derrière. Chaque chromatide est maintenant un chromosome composé d’une molécule d’ADN possédant son propre centromère. La télophase commence à l’arrivée d’un groupe de nouveaux chromosomes à chaque pôle de la cellule. Essentiellement, la télophase est l’inversion des processus de la prophase. Les chromosomes commencent à se dérouler et à reprendre la orme de laments dispersés propre à la chromatine, un nucléole se orme dans chaque nouveau noyau, le useau mitotique se désintègre et disparaît, et une nouvelle enveloppe nucléaire se orme autour de chaque jeu de chromosomes. La télophase indique la n de la division nucléaire.
INTÉGRATION APPLICATION CLINIQUE
Les tumeurs DÉSÉQUILIBRE HOMÉOSTATIQUE
Normalement, de nombreux mécanismes de régulation indiquent à la cellule quand elle doit se diviser et quand elle doit cesser de le aire. Une tumeur apparaît lorsque des cellules amorcent leur cycle cellulaire sans avoir reçu de signal ou lorsqu’elles ne réagissent pas aux signaux normaux d’arrêt de la division cellulaire. En raison de sa taille, la tumeur peut interérer avec le onctionnement des cellules normales qui l’entourent. Une tumeur cancéreuse est invasive, c’est-à-dire que des cellules peuvent pénétrer le système lymphatique et la circulation sanguine et métastaser d’autres régions de l’organisme pour ormer des tumeurs secondaires.
La cytocinèse La cytocinèse (cyt = cellule, kinêsis= mouvement) est l’autre événement important de la phase mitotique. Il s’agit de la division du cytoplasme entre les deux nouvelles cellules ormées. Cette phase peut commencer tôt, chevauchant l’anaphase et la télophase de la mitose. Un anneau de microlaments protéiques autour du centre de la cellule se contracte, créant l’apparition du sillon annulaire à l’endroit où se divise le cytoplasme. Les deux nouvelles cellules lles entament ensuite l’interphase de leur cycle de vie.
Vérifiez vos connaissances 29. Décrivez le processus de réplication de l’ADN se
produisant au cours de la phase S de l’interphase. 30. Quels sont les événements se produisant au cours de
la phase mitotique (mitose et cytocinèse) ? Expliquez chacun de ces événements.
4.9
Le vieillissement et la mort cellulaires
1
Défnir l’apoptose.
2
Énumérer les actions qui se déroulent dans la cellule au cours de l’apoptose.
Le vieillissement est un processus continu normal qui présente souvent des signes corporels évidents. Par contre, les changements attribuables au vieillissement à l’échelle moléculaire dans les cellules ne sont pas évidents ni bien compris. La réduction des onctions métaboliques des cellules normales a des répercussions dans tout l’organisme, dont une diminution de la capacité de maintenir l’homéostasie. Ces signes du vieillissement refètent une diminution du nombre de cellules corporelles onctionnant normalement et peuvent même sousentendre des onctions anormales chez certaines cellules restantes. Les cellules touchées par le vieillissement peuvent montrer des changements dans leur structure ou dans le nombre d’organites précis. À titre d’exemple, si les mitochondries commencent à moins bien onctionner, la capacité de la cellule à synthétiser l’ATP diminue, ce qui aecte son onctionnement. De plus, il peut se produire des changements quant à la répartition et à la structure de la chromatine et des chromosomes dans le noyau. Souvent, tant la chromatine que les chromosomes s’agglutinent, rétrécissent ou se ragmentent en raison des divisions répétées. Essentiellement, les cellules meurent par l’un des deux mécanismes suivants : 1) elles sont tuées par des agents nocis ou une lésion mécanique ; 2) un mécanisme d’induction les incite à se suicider, un processus de mort cellulaire programmée appelé apoptose. L’apoptose se produit selon certaines étapes bien dénies de dégradation continue pour détruire et éliminer les composants cellulaires et, nalement, les débris cellulaires. Une signalisation ligand-récepteur déclenche ce mécanisme biochimique. Au moment de la liaison d’un ligand à son récepteur, des enzymes autodestructrices inactives présentes dans le cytoplasme s’activent et entreprennent les actions suivantes : • changements dans le noyau (dégradation de la chromatine) ; • destruction de l’ADN polymérase pour empêcher la synthèse de nouvelles molécules d’ADN ; • digestion de l’ADN en petits ragments ; • diminution du volume de la cellule ; • digestion du cytosquelette, détruisant ainsi le support structural des organites et du noyau ; rétrécissement et arrondissement apparents de la cellule, et changement de orme du noyau ; • développement anormal des organites et de la structure de la membrane plasmique ;
Chapitre 4 La biologie de la cellule 169
• condensation du cytoplasme et destruction des organites, particulièrement des mitochondries, privant ainsi la cellule de l’ATP nécessaire à son fonctionnement ; • déclenchement d’autres signaux membranaires cellulaires pour stimuler la destruction de la cellule de l’extérieur par les phagocytes ; • formation de petites cloques (bulles) irrégulières à la surface de la membrane plasmique. La mort cellulaire programmée se produit à la fois pour favoriser le développement approprié des cellules et pour éliminer les cellules nuisibles. À titre d’exemple, le développement normal des doigts et des orteils commence par la formation d’une structure ressemblant à une spatule à l’extrémité distale du membre en développement. La mort cellulaire programmée permet d’éliminer les cellules et les tissus se trouvant entre les doigts et les orteils en développement dans cette structure.
La mort cellulaire programmée détruit parfois des cellules nuisibles, réduisant ainsi les menaces éventuelles à la santé. Des cellules de notre système immunitaire stimulent la mort cellulaire programmée chez certaines cellules infectées par un virus pour freiner la propagation d’une infection. Les cellules dont l’ADN est endommagé semblent souvent stimuler les actions qui mènent à l’apoptose, sans doute pour empêcher ces cellules de causer des anomalies liées au développement ou de devenir cancéreuses. Certains traitements contre le cancer déclenchent l’apoptose chez certains types de cellules cancéreuses, ce qui a pour effet de ralentir le cancer.
Vérifiez vos connaissances 31. Quels changements précis l’ADN subit-il au cours
de l’apoptose ?
RÉSUMÉ DU CHAPITRE 4.1
• Les cellules sont les unités structurales et onctionnelles du corps humain. • Les cellules ont des tailles et des ormes diérentes, mais elles possèdent certaines caracté-
Une introduction à la cellule – 122
ristiques et onctions communes. 4.1.1
L’étude des cellules ....................................................................................................................... 122 • Les cellules sont microscopiques, et il est possible de les étudier au moyen du microscope
optique (MO), du microscope électronique à transmission (MET) et du microscope électronique à balayage (MEB). 4.1.2
La taille et la forme des cellules ................................................................................................... 123 • Certaines cellules sont sphériques ou cuboïdes, et d’autres sont aplaties, cylindriques, ovales
ou de orme très irrégulière. • Le diamètre d’une cellule typique peut varier de 7 à 120 μm, mais la moyenne se situe autour
de 30 µm. 4.1.3
Les caractéristiques communes et les fonctions générales...................................................... 124 • Les trois principaux composants structuraux de la cellule sont le noyau, la membrane plas-
mique et le cytoplasme (composé du cytosol, des organites et d’inclusions cellulaires, s’il y a lieu). • Les organites membraneux sont entourés d’une membrane similaire à la membrane plas-
mique, alors que les organites non membraneux ne sont pas entourés d’une membrane. Les inclusions cellulaires sont des groupes de molécules emmagasinés temporairement dans le cytosol. • Toutes les cellules doivent maintenir leur intégrité et leur orme, s’approvisionner en nutri-
ments et en composants chimiques, éliminer des déchets et, si possible, remplacer les cellules mortes ou endommagées.
4.2 La structure chimique de la membrane plasmique – 125
• La membrane plasmique est une matrice fuide contenant un mélange de lipides et de
protéines. 4.2.1
Les composants lipidiques ........................................................................................................... 125 • La membrane plasmique se compose d’une bicouche de phospholipides contenant des
molécules de cholestérol. Les glycolipides sont des lipides dont les parties glucidiques s’étendent à la ace externe de la cellule.
170 Partie I L’organisation du corps humain
4.2.2
Les protéines membranaires ........................................................................................................ 127 • Les protéines de la membrane plasmique sont des protéines intégrées qui traversent de part
en part la membrane plasmique, tandis que les protéines périphériques résident à la ace interne ou externe de la membrane plasmique. • Du point de vue onctionnel, les protéines de la membrane plasmique accomplissent plu-
sieurs onctions : transporteurs, récepteurs, marqueurs d’identité, enzymes, sites d’ancrage pour le cytosquelette et protéines de jonction cellulaire.
4.3
• Des substances entrent dans la cellule et en sortent par des processus de transport membra-
naire qui sont passis ou actis. Les processus actis nécessitent une dépense d’énergie (ATP) de la part de la cellule, tandis que les processus passis n’en exigent aucune.
Le transport membranaire – 127 4.3.1
Les processus passifs : la diffusion ............................................................................................. 127 • La diusion est le déplacement d’un soluté d’un milieu plus concentré (hypertonique) vers un
milieu moins concentré (hypotonique). • La vitesse de diusion dépend de la orce du gradient de concentration et de la température. • La diusion simple est le déplacement sans aide de petites molécules non polaires à travers
la bicouche de phospholipides. • La diusion acilitée par des canaux est le transport d’ions par des canaux qui sont toujours
ouverts (canaux ioniques à onction passive) ou qui s’ouvrent et se erment à la suite d’un stimulus (canaux ioniques à onction active). • La diusion acilitée par des transporteurs est le transport de molécules polaires de taille
moyenne par l’intermédiaire d’un transporteur qui change de conormation à leur contact pour les aire passer de l’autre côté de la membrane plasmique. 4.3.2
Les processus passifs : l’osmose ................................................................................................. 130 • L’osmose est le déplacement passi de l’eau à travers une membrane semi-perméable dans
le sens du gradient de concentration de l’eau. • La pression osmotique est la pression exercée par le déplacement de l’eau à travers une mem-
brane semi-perméable en raison d’une diérence de concentration de la solution de part et d’autre de la membrane ; plus cette diérence est grande, plus la pression osmotique est élevée. • Les termes isotonique, hypotonique et hypertonique décrivent la concentration relative des
solutions. • Une solution hypotonique entraîne une entrée d’eau à l’intérieur de la cellule, la aisant gon-
fer ; une solution hypertonique entraîne une sortie d’eau à l’extérieur de la cellule, la aisant créneler ; une solution isotonique entraîne un mouvement d’eau équivalent vers l’intérieur et l’extérieur de la cellule, qui garde sa orme intacte. 4.3.3
Les processus actifs ..................................................................................................................... 133 • Les processus actis nécessitent une dépense d’énergie de la part de la cellule et com-
prennent le transport acti et le transport vésiculaire. • Les deux types de transport acti sont le transport acti primaire, qui obtient son énergie
directement de l’ATP, et le transport acti secondaire, qui utilise l’énergie ournie par le déplacement d’une deuxième substance (généralement, un ion Na+) dans le même sens que son propre gradient. • Au cours du transport acti secondaire, un symporteur déplace les deux substances dans le
même sens, tandis qu’un antiporteur déplace les deux substances dans des directions opposées. • Le transport vésiculaire se produit par l’intermédiaire de processus nécessitant un apport
d’énergie pour le transport membranaire de grosses molécules ou de quantités relativement grandes d’une substance au moyen d’une vésicule. • L’exocytose déplace des substances vers l’extérieur de la cellule, et l’endocytose, vers
l’intérieur. • Les trois types d’endocytose sont la phagocytose, la pinocytose et l’endocytose à récepteur.
La phagocytose se produit lorsque des pseudopodes entourent une particule relativement grosse et l’internalisent dans une vésicule. La pinocytose est l’incorporation de nombreuses gouttelettes de liquide interstitiel dans la cellule par la ormation de petites vésicules. L’endocytose à récepteur se produit lorsque des récepteurs de la membrane plasmique sont internalisés par invagination de la membrane, ormant ainsi une vésicule.
Chapitre 4 La biologie de la cellule 171
4.4 La communication intercellulaire – 142
• La communication intercellulaire s’eectue par contact direct entre les cellules ou par la xa-
tion de substances chimiques libérées par d’autres cellules. 4.4.1
Le contact direct entre les cellules .............................................................................................. 142 • Les cellules du système immunitaire utilisent le contact direct comme moyen de communica-
tion intercellulaire pour protéger l’organisme contre des substances potentiellement nocives. Le contact direct est également utilisé au cours du développement et de la régénération cellulaires. 4.4.2
La signalisation ligand-récepteur................................................................................................. 142 • Il existe trois types généraux de récepteurs en onction de leur réaction à la xation d’un
ligand : les récepteurs ionotropiques, les récepteurs enzymatiques et les récepteurs couplés à une protéine G. • Le récepteur ionotropique xe un neurotransmetteur et s’ouvre pour permettre à un ion précis
de se déplacer dans le sens de son gradient de concentration. • Le récepteur enzymatique xe un ligand et s’active pour ajouter un groupement phosphate à
d’autres enzymes. • Le récepteur couplé à une protéine G xe un ligand et active indirectement une protéine
kinase par l’intermédiaire d’une protéine G.
4.5 Les structures cellulaires – 142
• Les organites membraneux et non membraneux, les vésicules et les prolongements structu-
raux à la surace de la membrane cellulaire sont au nombre des structures cellulaires. 4.5.1
Les organites membraneux .......................................................................................................... 143 • Les organites membraneux sont entourés d’une membrane qui sépare leur contenu du cyto-
sol pour que les activités propres à l’organite puissent se dérouler sans être perturbées par les autres activités de la cellule. • Les organites membraneux sont le réticulum endoplasmique, le complexe golgien, les lyso-
somes, les peroxysomes et les mitochondries. Ils participent à diérentes ormes de processus métaboliques, dont ceux de la synthèse et de la dégradation qui se produisent à l’intérieur de la cellule. 4.5.2
Les organites non membraneux ................................................................................................... 150 • Les organites non membraneux se composent soit uniquement de protéines, soit de pro-
téines et d’ARN ; il s’agit des ribosomes, du cytosquelette, du centrosome contenant les centrioles et des protéasomes. 4.5.3
Les structures de la surface externe de la cellule ...................................................................... 153 • Les cils sont de nombreuses structures à l’allure de poils servant à balayer les substances à
la surace externe de la cellule ; le fagelle, propre au spermatozoïde, lui sert d’organe locomoteur pour se déplacer dans les voies génitales éminines. • Les microvillosités sont des prolongements de la membrane plasmique qui augmentent sa
supercie pour accroître l’ecacité du transport membranaire. 4.5.4
Les jonctions intercellulaires ........................................................................................................ 153 • Les jonctions serrées entre les cellules adjacentes empêchent les substances dissoutes de
passer par les espaces intercellulaires, les orçant à traverser le cytoplasme des cellules. • Les desmosomes unissent les cellules adjacentes en un seul point et résistent aux contraintes
mécaniques ; chaque cellule ournit la moitié d’un desmosome. • Les jonctions ouvertes unissent des cellules adjacentes par un groupe de six protéines qui
orment un minuscule tunnel (connexon) entre les cellules ; elles servent de passage pour le déplacement de substances.
4.6 La structure du noyau – 154
• Le noyau est une grosse structure généralement sphérique à l’intérieur de la cellule. 4.6.1
L’enveloppe nucléaire et le nucléole ............................................................................................ 155 • L’enveloppe nucléaire est une double bicouche de phospholipides qui sépare le nucléo-
plasme du cytoplasme. • La cellule compte généralement un nucléole dans son noyau. Il s’agit d’une structure respon-
sable de la synthèse des grandes et des petites sous-unités des ribosomes.
172 Partie I L’organisation du corps humain
4.6.2
L’acide désoxyribonucléique, la chromatine et les chromosomes ............................................ 156 • L’ADN est enroulé autour d’histones et emballé en chromatine. • La chromatine ne se condense pour ormer les chromosomes que lorsque la cellule est en
phase de division cellulaire (mitose, dans le cas des cellules somatiques, ou méiose, dans le cas des cellules sexuelles). • L’ADN contient des unités onctionnelles appelées gènes ; un gène est un segment d’ADN qui
porte les directives nécessaires à la abrication d’une protéine et il est transcrit en ARN pour la synthèse d’une protéine en particulier.
4.7 La fonction du noyau et des ribosomes – 156
• Le noyau et les ribosomes sont nécessaires à la synthèse des protéines, un processus qui ait
appel à la transcription et à la traduction. 4.7.1
La transcription : la synthèse de l’acide ribonucléique............................................................... 156 • L’ARN est ormé à partir de l’ADN au moyen de la transcription, un processus qui se déroule
dans le noyau et qui nécessite l’ADN, des ribonucléotides libres ainsi que l’enzyme ARN polymérase. • La transcription se ait en trois étapes : l’initiation, l’élongation et la terminaison. 4.7.2
La traduction : la synthèse des protéines .................................................................................... 159 • La traduction se déroule dans le cytoplasme et nécessite la présence de ribosomes
(composés de protéines et d’ARNr), d’ARN messager (ARNm), d’ARN de transert (ARNt) et d’un grand nombre d’acides aminés libres. • La traduction permet de décoder les codons, groupe de 3 nucléotides correspondant au
codon d’initiation (AUG), à un des 20 acides aminés ou à un codon d’arrêt (UAA, UAG et UGA). • La traduction se déroule en trois étapes : l’initiation, l’élongation et la terminaison. 4.7.3
L’acide désoxyribonucléique : le centre de commande de la cellule ......................................... 162 • L’ADN est responsable de diriger la synthèse des protéines.
4.8
• La mitose est l’un des deux types de division cellulaire. • La mitose produit deux cellules identiques à partir d’une cellule-mère et constitue un proces-
La division cellulaire – 163
sus nécessaire au développement, à la croissance tissulaire, au remplacement des cellules endommagées, obsolètes ou mortes et à la régénération tissulaire. 4.8.1
Les structures cellulaires .............................................................................................................. 163 • Les principales structures requises pour la division cellulaire sont la chromatine (chromo-
somes), les centrioles, les désoxyribonucléotides libres et l’enzyme ADN polymérase. • Les chromatines (ADN relâché) sont présentes durant l’interphase ; au début de la mitose,
l’ADN se condense pour ormer les chromosomes. • Les centrioles sont responsables de la ormation des microtubules du useau mitotique. 4.8.2
Le cycle cellulaire .......................................................................................................................... 163 • Le cycle cellulaire consiste en une série de modifcations que subit la cellule entre sa orma-
tion et le moment où elle se divise en deux cellules identiques appelées cellules flles. Ce cycle se divise en deux principales phases : l’interphase et la mitose. • La mitose se déroule en quatre étapes : la prophase, la métaphase, l’anaphase et la
télophase. • La cytocinèse permet de diviser le cytoplasme pour ormer deux nouvelles cellules.
4.9 Le vieillissement et la mort cellulaires – 168
• Les changements cellulaires associés au vieillissement ne sont pas évidents ni bien
compris. • La mort cellulaire se produit en raison de la présence d’agents nocis ou d’une lésion méca-
nique, ou par un mécanisme d’induction qui mène au suicide de la cellule, un processus appelé apoptose. • Lorsque l’apoptose est enclenchée, la destruction de l’ADN, du cytosquelette et des orga-
nites (particulièrement les mitochondries) ainsi que l’activation de signaux agissant sur le système immunitaire et avorisant la phagocytose entraînent la disparition de la cellule.
Chapitre 4 La biologie de la cellule 173
AUTOÉVALUATION
Solutionnaire
Concepts de base 1
Tous les processus suivants sont des processus actifs nécessitant une dépense d’énergie de la part de la cellule, sauf :
a) la prophase ; b) la métaphase ; c) l’anaphase ;
a) le transport actif primaire ; b) la diffusion facilitée par des transporteurs ; c) l’endocytose ;
d) la télophase. 5
d) l’exocytose. 2
b) La synthèse protéique et la division cellulaire.
a) les ribosomes ;
c) La digestion des protéines indésirables et la division cellulaire.
b) les lysosomes ;
d) La formation de vésicules et la synthèse protéique.
d) le réticulum endoplasmique. Lequel des organites suivants détruit les protéines endommagées et mal repliées de même que celles dont la cellule n’a plus besoin ? a) Les centrioles. b) Les peroxysomes. c) Les protéasomes. d) Le nucléole. 4
a) L’apoptose et la synthèse des lipides.
Toutes les structures suivantes sont des organites membraneux, sauf :
c) le complexe golgien ; 3
Les érythrocytes ne possèdent pas de noyau. Quels sont les deux processus cellulaires qu’ils ne peuvent pas accomplir ?
Au cours de cette phase de la mitose, la chromatine se condense pour former les chromosomes, le nucléole se désintègre, les bres du fuseau mitotique se forment, les centrioles migrent vers les pôles de la cellule et l’enveloppe nucléaire disparaît. Il s’agit de :
6
Décrivez les processus passifs du transport membranaire, à savoir la diffusion simple, la diffusion facilitée et l’osmose.
7
Décrivez les processus actifs du transport membranaire, à savoir le transport actif primaire, le transport actif secondaire et le transport vésiculaire.
8
Énumérez les structures membraneuses, puis décrivez la structure et la fonction de chacune.
9
Comparez la structure et la fonction des cils et des microvillosités.
10 Décrivez les processus de la transcription et de la traduction. 11 Expliquez les processus qui se déroulent au cours des
différentes phases du cycle cellulaire, y compris la réplication de l’ADN, la mitose et la cytocinèse.
Mise en application 1
Un jeune homme dans la vingtaine fait une crise cardiaque et est conduit d’urgence à l’hôpital. Une prise de sang permet de constater que son taux de cholestérol est très élevé. Le médecin lui apprend qu’il est atteint d’une maladie génétique qui le rend incapable d’éliminer efcacement de son sang les particules de LDL renfermant du cholestérol, qui, normalement, pénètrent dans les cellules. Quel processus cellulaire ne fonctionne pas normalement ?
2
Les tumeurs se caractérisent par un dysfonctionnement de ce processus cellulaire. a) La transcription. b) La traduction. c) La division cellulaire. d) L’épissage.
b) L’endocytose à récepteur.
L’hormone insuline est une protéine composée d’une répétition d’unités d’acides aminés. Sa production s’effectue par l’intermédiaire du ou des processus suivants :
c) L’exocytose.
a) la transcription et la traduction ;
d) La diffusion simple.
b) la réplication de l’ADN ;
a) La diffusion facilitée par des canaux.
3
c) la mitose ; d) la différenciation.
174 Partie I L’organisation du corps humain
Synthèse 1
Le oie produit une protéine appelée albumine. La principale onction de l’albumine est d’exercer une pression osmotique pour retourner les liquides dans la circulation sanguine. Expliquez ce qui pourrait arriver à la pression osmotique chez une personne atteinte de cirrhose et qui ne produit pas sufsamment d’albumine.
2
Chez une personne atteinte d’une pneumonie (aection respiratoire qui entraîne une diminution de la concentration d’oxygène dans le sang), la diusion de l’oxygène augmentera-t-elle, diminuera-t-elle ou restera-t-elle la même par rapport à la normale ? Expliquez.
3
Expliquez à un jeune homme dont les cellules comportent un nombre réduit de récepteurs des LDL pourquoi son taux de cholestérol est élevé.
L’ORGANISATION TISSULAIRE
CHAPITRE
5
Adaptation française :
Matthieu Devito
L’HISTOLOGISTE…
DANS LA PRATIQUE
L’histologiste étudie l’anatomie microscopique des cellules et des tissus. Il recourt pour cela à diverses techniques de microscopie : la microscopie optique et la microscopie électronique, par exemple. En milieu hospitalier, le technologue biomédical en histologie peut avoir pour tâche de préparer des échantillons congelés de tissus prélevés par biopsie chez des clients ou au cours d’une autopsie sur un cadavre afn que le pathologiste puisse en aire rapidement l’analyse. La compréhension des caractéristiques des quatre grands types de tissus est essentielle pour ce proessionnel de la santé. Sa connaissance approondie de la structure normale des tissus permet de reconnaître leurs anomalies éventuelles, et donc les indices d’une maladie ou d’une inection possible.
5.1
Une introduction à l’organisation tissulaire .......................................................... 176
5.2
Le tissu épithélial : le revêtement des suraces et les onctions de sécrétion .................................................. 176
5.3.1
Les caractéristiques du tissu conjoncti ............................................... 190
5.3.2
Les onctions du tissu conjoncti.............. 193
5.2.1
5.3.3
Le tissu conjoncti embryonnaire ............. 193
5.3.4
La classifcation des tissus conjonctis ............................................. 194
Les caractéristiques du tissu épithélial ................................................ 176
5.2.2
Les onctions du tissu épithélial............... 177
5.2.3
La classifcation des tissus épithéliaux de revêtement ........................................ 177
Illustration des concepts Relation entre le type d’épithélium et sa onction ........................................................... 184 INTÉGRATION
5.2.4
5.3
Les épithéliums glandulaires ................... 187
Le tissu conjoncti : des cellules dans une matrice de soutien ..................... 189
5.4
Le tissu musculaire : le mouvement ........ 200
5.5
Le tissu nerveux : le transert et l’intégration de l’inormation ................. 201
INTÉGRATION Illustration des concepts Relation entre le type de tissu conjoncti et sa onction ........................................................... 202
5.6
5.7
L’intégration des tissus dans les organes et les membranes de revêtement de l’organisme............................................... 205 5.6.1
Les organes : un assemblage de tissus ................................................ 205
5.6.2
Les membranes de revêtement de l’organisme ....................................... 205
La ormation, les modifcations, la régénération et le vieillissement des tissus ....................................................... 207 5.7.1
La ormation des tissus ........................... 207
5.7.2
Les modifcations des tissus ................... 209
5.7.3
La régénération des tissus ...................... 210
5.7.4
Le vieillissement des tissus ..................... 210
176 Partie I L’organisation du corps humain
5.1
Une introduction à l’organisation tissulaire
Les billions de cellules du corps humain s’organisent en unités plus complexes appelées tissus. Un tissu est un ensemble de cellules diérenciées semblables et de matrice (ou substance) extracellulaire qui remplissent une onction spécialisée commune, par exemple en orant une protection ou en acilitant les mouvements corporels. L’histologie (histos = tissu) est cette branche de la biologie qui étudie les tissus et leurs agencements dans les organes. L’étude de la structure microscopique d’un organe nous renseigne beaucoup sur ses onctions. Les tissus de l’organisme se classent en quatre types : le tissu épithélial, le tissu conjoncti, le tissu musculaire et le tissu nerveux. Ces quatre types de tissus se distinguent par la structure de leurs cellules, par les onctions de ces dernières et par la composition de leur matrice extracellulaire (matrix = lieu de génération). La matrice extracellulaire est produite par les cellules du tissu et elle les entoure. Elle se compose de quantités variables d’eau, de fbres protéiques et de molécules dissoutes (p. ex., du glucose et de l’oxygène). Sa consistance peut être liquide, semisolide ou solide. Il y a généralement peu de matrice extracellulaire entre les cellules du tissu épithélial, du tissu musculaire et du tissu nerveux. Les divers types de tissu conjoncti contiennent quant à eux une matrice extracellulaire plus abondante et ils se distinguent entre eux par les proportions relatives des constituants de cette matrice ainsi que par sa consistance.
5.2
Le tissu épithélial : le revêtement des surfaces et les fonctions de sécrétion
Le tissu épithélial (epi = sur, thele = mamelon) (ou épithélium) recouvre la surace corporelle et celle de plusieurs organes, tapisse les cavités de l’organisme et compose les glandes. Les épithéliums sont constitués de une ou de plusieurs couches de cellules étroitement entassées, et il y a peu ou pas de matrice extracellulaire entre ces cellules. De plus, aucun vaisseau sanguin ne pénètre dans un épithélium.
5.2.1
1
Les caractéristiques du tissu épithélial
Décrire les caractéristiques communes du tissu épithélial.
Tous les épithéliums possèdent les caractéristiques communes suivantes FIGURE 5.1 : • Tissu riche en cellules. Un tissu épithélial se compose presque entièrement de cellules étroitement entassées. Une quantité minime de matrice extracellulaire sépare les cellules d’un épithélium.
Surface apicale
Épithélium
Surface latérale
Membrane basale
Surface basale
Tissu conjonctif
FIGURE 5.1 Caractéristiques des épithéliums
❯ Un épithélium comporte une polarité et se compose surtout de cellules ; les surfaces latérales de celles-ci sont reliées par des jonctions intercellulaires (voir la fgure 4.30, p. 154). Une membrane basale rattache l’épithélium au tissu sous-jacent.
• Présence de jonctions spécialisées. Dans les épithéliums de revêtement, plusieurs mécanismes d’attache entre les cellules adjacentes sont observables, soit les jonctions serrées, les desmosomes et les jonctions ouvertes (voir la section 4.5.4). Les jonctions serrées empêchent les substances de s’infltrer entre les cellules épithéliales. Les desmosomes sont composés d’un réseau de fbres protéiques qui orme un système d’encrage entre les cellules. Enfn, les jonctions ouvertes permettent la communication entre les cellules adjacentes, comme le passage d’ions ou de petites molécules. • Polarité. La polarité désigne le sens des cellules épithéliales ; celles-ci ont donc deux suraces opposées. Un épithélium comporte une surace apicale (ou surace superfcielle) exposée soit à l’environnement externe, soit à un espace interne du corps. La surace apicale revêt parois des microvillosités ou des cils. Les microvillosités sont de minuscules projections de la surace apicale de la cellule qui ont pour onction d’augmenter la surace disponible pour la sécrétion et l’absorption (voir la section 4.5.3) ; quant aux cils, ce sont des projections courtes et nombreuses attachées à la membrane et dont la onction est de déplacer des liquides, du mucus ou des substances sur la surace de la cellule. Les suraces latérales des cellules renerment des jonctions intercellulaires. Chaque épithélium possède en outre une surace basale (ou surace proonde) par laquelle il s’attache à la lame basale sous-jacente. • Fixation à une membrane basale. La surace basale de la couche épithéliale se rattache à une mince membrane basale. Il s’agit d’une structure complexe produite conjointement par l’épithélium et par le tissu conjoncti qui se trouve sous lui. Au microscope optique, la membrane basale apparaît comme
Chapitre 5 L’organisation tissulaire 177
une couche unique, interne par rapport à l’épithélium. Le microscope électronique permet touteois de constater qu’elle est ormée en réalité de trois couches, soit la lamina lucida, la lamina densa et la lamina reticularis. Les deux premières couches, plus proches de l’épithélium, orment la lame basale et renerment de minces fbres de collagène ainsi que des gly coprotéines particulières, sécrétées par les cellules épithéliales. Les cellules du tissu conjoncti sous-jacent sécrètent la troisième couche, la lamina reticularis (ou lame réticulaire), qui contient des fbres protéiques (du collagène). Ces composants de la membrane basale agissent ensemble pour fxer plus ermement l’épithélium et le tissu conjoncti sous-jacent, et ils orment une barrière moléculaire sélective entre ces deux tissus. • Avascularité. Aucun tissu épithélial ne renerme de vaisseaux sanguins. Les cellules épithéliales se procurent leurs nutriments directement à travers leur surace apicale ou encore à partir du tissu conjoncti sous-jacent, par diusion à travers leur surace basale.
imperméable à certaines substances tout en avorisant le passage d’autres molécules. • Sécrétion. Certaines cellules épithéliales se spécialisent pour produire des sécrétions. Il peut s’agir de cellules glandulaires dispersées parmi les autres types cellulaires d’un épithélium ou encore de grands groupes de cellules glandulaires qui orment une glande, exocrine ou endocrine, produisant des sécrétions particulières. • Sensibilité. Les tissus épithéliaux contiennent des terminaisons nerveuses qui détectent les modifcations de l’environnement externe à leur surace. Ces terminaisons nerveuses sensorielles et celles du tissu conjoncti sous-jacent ournissent continuellement des inormations au système nerveux concernant le toucher, la pression, la température et la douleur. En outre, plusieurs organes contiennent un épithélium spécialisé, appelé neuroépithélium, qui abrite des cellules particulières responsables des sens du goût, de l’odorat, de l’ouïe et de l’équilibre.
• Innervation riche. Les épithéliums sont richement innervés afn de détecter les modifcations de l’environnement de la région du corps ou de l’organe qu’ils recouvrent.
À votre avis 1. Pourquoi, selon vous, le tissu épithélial ne contient-il
aucun vaisseau sanguin ? Croyez-vous que l’une ou l’autre des onctions du tissu épithélial serait compro mise si des vaisseaux sanguins le parcouraient ?
• Grande capacité de régénération. Étant donné que la surace apicale des cellules épithéliales est exposée à l’environnement, elle est réquemment endommagée à cause de l’abrasion. En général touteois, les cellules perdues ou endommagées sont rapidement remplacées parce que les épithéliums ont une grande capacité de régénération. En d’autres termes, leurs cellules se divisent réquemment par mitose. Le remplacement continuel se réalise par des divisions mitotiques des cellules les plus proondes de l’épithélium, appelées cellules souches, qui sont adjacentes à la membrane basale.
Vériiez vos connaissances 1. Pourquoi un épithélium doit-il être doté d’un grand
pouvoir de régénération ?
5.2.2 2
Vériiez vos connaissances 2. Pourquoi un épithélium doit-il être sélectivement
perméable ?
INTÉGRATION
STRATÉGIES D’APPRENTISSAGE
Pour distinguer les cils des microvillosités sur un épithélium, il aut se rappeler que les cils apparaissent individuellement au microscope optique comme de ns poils attachés à la surace apicale de l’épithélium, alors que les microvillosités orment une bordure en brosse foue et brillante sur la surace de l’épithélium.
Les onctions du tissu épithélial
Expliquer les quatre onctions que peuvent remplir les épithéliums.
Les épithéliums remplissent plusieurs onctions, bien qu’aucun d’eux ne les accomplisse toutes. Ces onctions sont les suivantes : • Protection physique. Les tissus épithéliaux protègent à la ois les suraces externes et les suraces internes du corps contre la déshydratation, l’abrasion et la destruction par des agents physiques, chimiques ou biologiques. • Perméabilité sélective. Toutes les substances qui entrent dans l’organisme ou qui en sortent doivent traverser un épithélium, et les cellules épithéliales agissent de ce ait comme des contrôleurs. Un épithélium possède généralement un certain degré de perméabilité ; en eet, il peut être relativement
5.2.3
La classifcation des tissus épithéliaux de revêtement
3
Nommer les classes d’épithéliums dénies selon le nombre de couches cellulaires et la orme des cellules.
4
Donner des exemples de localisation de chaque type d’épithélium.
L’organisme renerme diérents types d’épithéliums, et la classifcation de chacun d’eux est indiquée par un nom ormé de deux mots. La première partie du nom se rapporte au nombre de couches de cellules épithéliales et la deuxième correspond à la orme des cellules de la couche apicale de l’épithélium.
178 Partie I L’organisation du corps humain 5.2.3.1 La classifcation basée sur le nombre
5.2.3.2 La classifcation basée sur la orme
de couches cellulaires
des cellules
Un épithélium peut être simple ou stratifé FIGURE 5.2A. Un épi thélium simple est ormé d’une seule couche de cellules épithéliales qui sont toutes en contact direct avec la membrane basale. Ce type d’épithélium peut être observé dans des régions où le stress est minime, et sa onction principale en est une de fltration, d’absorption et de sécrétion. Cet épithélium orme notamment le revêtement intérieur des sacs alvéolaires des poumons, des intestins et des vaisseaux sanguins.
Les épithéliums sont également classés selon la orme des cellules de leur surace apicale. Toutes les cellules d’un épithélium simple ont la même orme, mais dans un épithélium stratifé, il est possible d’observer une diérence entre les cellules de la couche basale et celles de la couche apicale. La fgure 5.2B montre les trois ormes adoptées par les cellules épithéliales : squameuse, cuboïde et prismatique. L’observation de leur surace apicale permet de constater que toutes les cellules de cette fgure semblent hexagonales. Les termes utilisés ici décrivent donc la orme des cellules observées latéralement.
Un épithélium stratifé contient deux ou plusieurs couches de cellules épithéliales. Seules les cellules de sa couche la plus proonde (basale) sont en contact direct avec la membrane basale. Cet épithélium ressemble à un mur de briques, les briques posées sur le sol représentant la couche basale et celles du sommet du mur correspondant à la couche apicale (superfcielle) de l’épithélium. Les épithéliums stratifés sont observés dans des régions soumises à des activités abrasives ou à des stress mécaniques, car leurs multiples couches de cellules leur permettent de mieux résister à l’usure (p. ex., dans la peau ou dans le revêtement interne du pharynx et de l’œsophage). Les cellules de la couche basale se régénèrent continuellement à mesure que celles de la couche apicale sont perdues en raison de l’abrasion ou du stress.
Les cellules squameuses (squamosus = écailleux) (ou pavimenteuses) sont larges, aplaties et quelque peu irrégulières. Elles sont disposées comme les tuiles d’un plancher et leur noyau est un peu aplati. Les cellules cuboïdes (ou cubiques) sont à peu près aussi hautes qu’elles sont larges. Elles ne ressemblent pas à des cubes paraits, car leurs arêtes sont légèrement arrondies. Leur noyau est sphérique et se situe au centre de la cellule. Les cellules prismatiques (ou cylindriques) sont allongées et elles sont plus hautes que larges. Leur noyau ovale est habituellement orienté dans le sens de la longueur de la cellule et situé dans sa région basale. Il existe également des cellules épithéliales transitionnelles. Ce sont des cellules qui peuvent acilement changer de orme selon l’étirement de l’épithélium. Elles peuvent être observées lorsqu’un épithélium alterne entre un état distendu et un état relâché, comme c’est le cas pour le revêtement interne de la vessie, qui se remplit d’urine avant de se vider. Quand l’épithélium transitionnel est relâché, ses cellules sont polyédriques, alors que lorsqu’il est étiré, ses cellules de surace s’aplatissent.
L’épithélium pseudostratifé (pseudo= aux, stratum= couche) semble avoir plusieurs couches de cellules (strates) parce que les noyaux de celles-ci sont répartis à diérents niveaux entre la surace apicale et la surace basale. Bien que toutes ces cellules épithéliales soient attachées à la membrane basale, certaines d’entre elles n’atteignent pas la surace apicale. La classifcation de l’épithélium pseudostratifé parmi les épithéliums simples a été retenue, puisque toutes ses cellules sont en contact avec la membrane basale.
Membrane basale
Noyau Surface apicale Cellule squameuse Surface basale Épithélium simple
Membrane basale
FIGURE 5.2 Noyau
Membrane basale
Surface apicale Cellule cuboïde
Noyau Surface basale Épithélium stratifié
Membrane basale
Membrane basale Cellule prismatique
A. Classification selon le nombre de couches
B. Classification selon la forme des cellules
Classifcation des épithéliums ❯ Deux critères servent à classifer les épithé liums : le nombre de couches cellulaires et la orme des cellules de leur surace apicale. A. Un épithélium est simple s’il se compose d’une seule épaisseur de cellules, alors qu’il est stratifé s’il possède deux couches de cellules ou plus. B. Les cellules peuvent adopter une orme squameuse (cellules minces et aplaties), cuboïde (cellules à peu près aussi hautes que larges) ou prismatique (cellules plus hautes que larges).
Chapitre 5 L’organisation tissulaire 179
Le TABLEAU 5.1 présente les principaux types d’épithéliums reconnus sur la base du système de classication décrit ci-dessus.
5.2.3.3 L’épithélium simple squameux Un épithélium simple squameux constitue la barrière la plus mince qui soit, car il est ormé d’une unique couche de cellules aplaties TABLEAU 5.2A . L’observation de sa surace montre des cellules irrégulières étroitement liées et contenant un noyau sphérique ou ovale. Chaque cellule squameuse ressemble à un œu rit dont le jaune serait le noyau. Cet épithélium extrêmement ragile est très spécialisé an de permettre le mouvement rapide de molécules à travers sa surace par diusion, osmose ou ltration. Il est ainsi particulièrement adapté pour les poumons et les capillaires sanguins. Il constitue le revêtement interne des sacs alvéolaires des poumons (alvéoles), car sa minceur est bien adaptée pour les échanges d’oxygène et de dioxyde de carbone entre le sang et l’air inhalé. Cet épithélium tapisse également la lumière (espace interne) de la paroi des vaisseaux sanguins, et particulièrement des capillaires sanguins, acilitant ainsi les échanges rapides de nutriments et de déchets entre le sang et le liquide interstitiel qui les entoure. L’épithélium simple squameux qui tapisse l’intérieur des vaisseaux sanguins et des vaisseaux lymphatiques porte le nom d’endothélium (endon = dedans). L’épithélium simple squameux qui orme les membranes séreuses des cavités corporelles est appelé mésothélium (mesos = intermédiaire). Son nom lui vient du mésoderme, le euillet embryonnaire primiti dont il dérive (voir la section 5.7.1).
5.2.3.4 L’épithélium simple cuboïde Les cellules d’un épithélium simple cuboïde sont uniormes ; c’est le tissu idéal pour ormer les plus petits conduits des
TABLEAU 5.1
glandes. Cet épithélium se compose d’une seule couche de cellules à peu près aussi hautes que larges et dont le noyau sphérique occupe le centre (voir le tableau 5.2B). Les principales onctions de cet épithélium sont l’absorption de liquides et d’autres substances à travers sa surace apicale et la sécrétion de molécules particulières. Il orme la paroi des tubules rénaux, où il participe à la réabsorption des nutriments, des ions et de l’eau ltrés hors du sang. Il constitue également la portion sécrétrice de la plupart des glandes et les plus petits conduits des glandes exocrines. Il recouvre la surace de l’ovaire et tapisse les ollicules de la glande thyroïde.
5.2.3.5 L’épithélium simple prismatique Un épithélium simple prismatique se compose d’une unique couche de cellules qui sont plus hautes que larges. Leur noyau ovale, orienté dans le sens de la longueur, est situé dans la région basale de la cellule. L’épithélium simple prismatique se présente sous deux ormes : l’une possède des microvillosités, alors que la surace apicale de l’autre est couverte de cils. L’épithélium simple prismatique non cilié est idéal pour accomplir à la ois des onctions de sécrétion et d’absorption. Il porte souvent des microvillosités qui augmentent la surace d’absorption et il est parsemé de glandes unicellulaires appelées cellules caliciformes (voir le tableau 5.2C). Il n’est pas possible de distinguer individuellement les microvillosités au microscope optique ; elles orment plutôt une structure foue et brillante connue sous le nom de bordure en brosse. Les cellules caliciormes sécrètent de la mucine, une protéine qui, une ois hydratée, orme le mucus. L’épithélium simple prismatique non cilié constitue le revêtement interne de la plus grande partie du tube digesti, de l’estomac jusqu’au canal anal.
Types d’épithéliums
Type
Structure
Épithélium simple : une couche de cellules ; toutes les cellules sont étroitement liées et s’attachent directement à la membrane basale. Simple squameux
Une couche de cellules ; ces cellules sont aplaties.
Simple cuboïde
Une couche de cellules ; ces cellules sont à peu près aussi hautes que larges.
Simple prismatique
Une couche de cellules plus hautes que larges ; le type cilié porte des cils, alors que le type non cilié peut être recouvert de microvillosités.
Pseudostratifé prismatique
Une couche de cellules de hauteurs diérentes ; toutes les cellules se rattachent à la membrane basale ; la orme ciliée possède des cils et renerme des cellules caliciormes, contrairement à la orme non ciliée.
Épithélium stratifé : deux couches de cellules ou plus ; seule la couche la plus proonde s’attache à la membrane basale. Stratifé squameux, kératinisé
Plusieurs couches ; les cellules des couches apicales sont mortes, aplaties et remplies de kératine (une protéine).
Stratifé squameux, non kératinisé
Plusieurs couches ; pas de kératine dans les cellules ; les cellules vivantes des couches apicales sont aplaties et maintenues humides.
Stratifé cuboïde
Deux couches de cellules ou plus ; les cellules de la couche apicale sont cuboïdes.
Stratifé prismatique
Deux couches de cellules ou plus ; les cellules de la couche apicale sont prismatiques.
Transitionnel
Plusieurs couches de cellules polyédriques (quand le tissu est relâché) ou aplaties (quand le tissu est distendu) ; certaines cellules sont binucléées.
180 Partie I L’organisation du corps humain TABLEAU 5.2
Épithéliums simples
A. Épithélium simple squameux
Saccule alvéolaire (espace rempli d’air) Cellule épithéliale squameuse Membrane basale
Structure Une seule couche de cellules minces et aplaties semblables à des carreaux de sol irréguliers ; le noyau unique de chaque cellule ait saillie en son centre. Fonctions Diusion rapide, fltration et, dans les membranes séreuses, sécrétion
MO 200 x
Localisation Sacs alvéolaires des poumons (alvéoles) ; revêtement intérieur des vaisseaux sanguins et lymphatiques (endothélium) ; séreuses des cavités corporelles (mésothélium)
B. Épithélium simple cuboïde
Cellule cuboïde
MO 1 000 x
Lumière d’un tubule rénal Noyau
Membrane basale
Structure Une seule couche de cellules à peu près aussi hautes que larges ; le noyau sphérique est en position centrale. Fonctions Absorption et sécrétion Localisation Tubules rénaux ; la plupart des glandes (conduits et portion sécrétrice) ; surace de l’ovaire ; ollicules thyroïdiens
C. Épithélium simple prismatique non cilié
Cellule prismatique non ciliée Microvillosités (bordure en brosse)
MO 400 x
Cellule caliciforme
Structure Une seule couche de cellules plus hautes que larges ; noyau ovale orienté dans le sens de la longueur à la base de la cellule ; la portion apicale des cellules peut porter des microvillosités ; peut contenir des cellules caliciormes qui abriquent de la mucine.
Noyau
Fonctions Absorption et sécrétion ; sécrétion de mucus
Membrane basale
Localisation Revêtement interne de la plus grande partie du tube digesti (estomac, intestin grêle, gros intestin)
D. Épithélium simple prismatique cilié
MO 100 x
Cils
Cellule prismatique ciliée Membrane basale
Structure Une seule couche de cellules ciliées plus hautes que larges ; noyau ovale dans le sens de la longueur à la base de la cellule ; peut contenir des cellules caliciormes. Fonctions Sécrétion de mucus et son déplacement par les cils à la surace apicale de la cellule ; mouvement de l’ovocyte dans la trompe utérine Localisation Grosses bronchioles des voies respiratoires et revêtement interne des trompes utérines
Chapitre 5 L’organisation tissulaire 181
L’épithélium simple prismatique cilié porte des cils qui se projettent à partir de la surace apicale des cellules (voir le tableau 5.2D). Celle-ci est couverte de mucus que le battement des cils ait avancer. Des cellules caliciormes sont généralement dispersées dans cet épithélium. Un épithélium prismatique cilié est présent dans les bronchioles (voies aériennes plus petites des poumons). Il borde également la lumière (surace interne) des trompes utérines où il contribue au déplacement de l’ovocyte, de l’ovaire jusqu’à l’utérus.
5.2.3.6 L’épithélium pseudostratifé prismatique Le nom de l’épithélium pseudostratifé prismatique vient du ait qu’au premier coup d’œil, il semble se composer de plusieurs couches de cellules. Touteois, cet épithélium n’est pas réellement stratifé, car toutes ses cellules sont en contact direct avec la membrane basale. Il semble stratifé en raison du ait que ses cellules n’atteignent pas toutes la surace apicale et que leurs noyaux se situent à des hauteurs diérentes par rapport à la surace basale TABLEAU 5.3. Les cellules prismatiques plus matures de cet épithélium atteignent toutes la surace apicale, tandis que les cellules plus courtes sont des cellules souches qui donnent naissance aux cellules prismatiques. Il existe deux types d’épithélium pseudostratifé prismatique : l’épithélium pseudostratifé prismatique cilié, dont la surace apicale porte des cils, et l’épithélium pseudostratifé prismatique non cilié, qui n’a pas de cils. Les deux types remplissent des onctions de protection. Le type cilié renerme des cellules caliciormes, comme celles de l’épithélium simple prismatique, qui sécrètent de la mucine ; celle-ci s’hydrate pour ormer le mucus qui capte les particules étrangères et qui se
TABLEAU 5.3
déplace grâce au battement des cils. Ce type d’épithélium est présent dans les grosses voies aériennes du système respiratoire (p. ex., dans la cavité nasale, une partie du pharynx [gorge], du larynx, de la trachée et des bronches). Le type non cilié est rare ; il ne possède ni cellules caliciormes ni cils, et il s’observe principalement dans une partie de l’urètre masculin et dans l’épididyme.
5.2.3.7 L’épithélium stratifé squameux L’épithélium stratifé squameux est conçu pour orir une protection contre l’abrasion et la riction. Ce tissu comporte plusieurs couches cellulaires, dont seule la plus proonde est en contact direct avec la membrane basale. Les cellules des couches basales sont cuboïdes ou prismatiques, alors que celles de la couche apicale sont aplaties et squameuses. Le nom de cet épithélium lui vient donc de ses multiples couches cellulaires et de la orme de ses cellules superfcielles. Par convention, c’est la orme des cellules de la couche apicale qui donne le qualifcati à l’épithélium stratifé. Les cellules souches de la couche basale se divisent continuellement pour produire une nouvelle cellule souche et une cellule diérenciée qui se déplacera graduellement vers la surace pour remplacer les cellules perdues. Ce processus de détachement des cellules squameuses mortes est appelé des quamation. Cet épithélium se présente sous deux ormes : non kératinisée et kératinisée. Les cellules de l’épithélium stratifé squameux non kérati nisé demeurent vivantes jusqu’à la surace apicale du tissu et elles sont maintenues humides par des sécrétions comme la salive ou le mucus. Ces cellules ne contiennent pas de kératine (keras = corne). Étant donné que toutes les cellules sont vivantes,
Épithélium pseudostratifé prismatique
Épithélium pseudostratifé prismatique cilié ou non cilié Forme ciliée Cils Cellule caliciforme Cellule prismatique MO 600 x
Cellule basale Membrane basale Tissu conjonctif
Forme non ciliée
Cellule prismatique
MO 75 x
Cellule basale Membrane basale Tissu conjonctif
Structure Une seule couche de cellules de hauteurs différentes ; toutes les cellules touchent à la membrane basale, mais elles n’atteignent pas toutes la surface apicale ; dans la forme ciliée (en haut), les cellules portent des cils et il y a des cellules caliciformes, ce qui n’est pas le cas dans la forme non ciliée (en bas). Fonctions Protection ; dans la forme ciliée : mucus déplacé à la surface sous l’action des cils Localisation Forme ciliée tapissant les grosses voies aériennes du système respiratoire, soit la cavité nasale, une partie du pharynx, le larynx, la trachée et les bronches ; forme non ciliée (rare) tapissant une partie de l’urètre masculin et de l’épididyme
182 Partie I L’organisation du corps humain
les noyaux aplatis des cellules squameuses sont toujours visibles TABLEAU 5.4A . L’épithélium stratifé squameux non kératinisé tapisse la cavité orale (bouche), une partie du pharynx (gorge), l’œsophage, le vagin et l’anus. Dans l’épithélium stratifé squameux kératinisé, les couches apicales sont composées de cellules mortes. L’observation microscopique montre que ces cellules n’ont ni noyau ni organites ;
TABLEAU 5.4
elles sont plutôt remplies d’une protéine, la kératine (voir le tableau 5.4B). Les nouvelles cellules produites dans la région basale de l’épithélium migrent vers la surace apicale du tissu. Au cours de leur migration, elles se remplissent de kératine, une protéine protectrice et résistante qu’elles produisent, ce qui les rend très solides. Cependant, ces cellules perdent leur noyau et leurs organites, puis elles meurent et se détachent. La orce que
Épithéliums stratifés
A. Épithélium stratifé squameux non kératinisé
Cellule épithéliale squameuse
MO 125 x
Membrane basale
Tissu conjonctif
Structure Plusieurs couches de cellules ; les cellules basales sont cuboïdes ou prismatiques. Les cellules superfcielles sont squameuses ; elles sont vivantes et maintenues humides. Fonction Protection des tissus sous-jacents Localisation Revêtement interne de la cavité buccale, d’une partie du pharynx, de l’œsophage, du vagin et de l’anus
B. Épithélium stratifé squameux kératinisé
MO 100 x
Cellules épithéliales squameuses kératinisées Cellules épithéliales cuboïdes ou prismatiques vivantes Membrane basale Tissu conjonctif
Structure Plusieurs couches de cellules ; les cellules basales sont cuboïdes ou prismatiques. Les cellules superfcielles sont squameuses ; elles sont mortes et remplies d’une protéine, la kératine. Fonction Protection des tissus sous-jacents Localisation Épiderme de la peau
C. Épithélium stratifé cuboïde Structure Deux couches de cellules ou plus ; les cellules de la surace apicale sont à peu près aussi hautes que larges. Cellule cuboïde MO 100 x
Membrane basale Tissu conjonctif
Fonctions Protection et sécrétion Localisation Conduits de la plupart des glandes exocrines et certaines portions de l’urètre masculin
D. Épithélium stratifé prismatique
Cellule prismatique
Structure Deux couches de cellules ou plus ; les cellules de la surace apicale sont plus hautes que larges.
MO 500 x
Fonctions Protection et sécrétion Membrane basale Tissu conjonctif
Localisation Gros conduits des glandes salivaires et portion membraneuse de l’urètre masculin
Chapitre 5 L’organisation tissulaire 183
TABLEAU 5.4
Épithéliums stratifés (suite)
E. Épithélium transitionnel Structure L’aspect de l’épithélium varie selon que le tissu est étiré ou relâché ; les cellules de la surace apicale de l’épithélium relâché (en haut) sont polyédriques et arrondies, alors que celles de l’épithélium distendu (en bas) sont aplaties ; certaines des cellules sont binucléées.
Épithélium transitionnel (relâché) Cellule épithéliale de forme polyédrique
MO 180 x
Cellule binucléée
Membrane basale
Fonctions Distension (étirement) et relâchement pour s’adapter aux changements de volume de l’organe
Épithélium transitionnel (étiré)
Localisation Revêtement interne de la vessie, des uretères et d’une partie de l’urètre
Cellule épithéliale aplatie
MO 100 x
Cellule binucléée Membrane basale Tissu conjonctif
donne la kératine s’obtient donc grâce à un compromis. L’épiderme de la peau (couche externe) est un épithélium stratifé squameux kératinisé.
5.2.3.8 L’épithélium stratifé cuboïde Un épithélium stratifé cuboïde est ormé de deux couches de cellules ou plus ; ses cellules superfcielles tendent à adopter une orme cuboïde (voir le tableau 5.4C). Ce tissu orme la paroi des conduits de la plupart des glandes exocrines, notamment ceux des glandes sudoripares de la peau. Ce type d’épithélium stratifé a pour onction principale de protéger, mais il permet également de renorcer les parois des conduits glandulaires et certaines portions de l’urètre masculin.
5.2.3.9 L’épithélium stratifé prismatique L’épithélium stratifé prismatique est plutôt rare dans l’organisme. Il se compose de deux couches de cellules ou plus, mais seules les cellules de sa surace apicale ont une orme prismatique (voir le tableau 5.4D). Ce type d’épithélium a une onction de protection et de sécrétion. Il est présent dans les gros conduits des glandes salivaires et dans la partie membraneuse de l’urètre masculin.
5.2.3.10 L’épithélium transitionnel L’épithélium transitionnel ne peut être observé que dans les voies urinaires (vessie, uretères et une partie de l’urètre). Son apparence varie selon qu’il est relâché ou étiré (voir le tableau 5.4E). Lorsqu’il est relâché, ses cellules basales semblent cuboïdes ou polyédriques, alors que les cellules superfcielles sont grosses et arrondies. Lorsque l’épithélium transitionnel s’étire, il s’amincit et ses cellules superfcielles s’aplatissent et deviennent presque squameuses. La présence de certaines cellules binucléées (contenant deux noyaux) constitue une caractéristique distinctive de cet
épithélium. Par sa capacité de se distendre à mesure que la vessie se remplit, l’épithélium garantit un meilleur écoulement de l’urine dans les voies urinaires ainsi que la mise en réserve d’une plus grande quantité d’urine dans la vessie.
À votre avis 2. Quels types d’épithéliums conviennent le mieux pour
la protection ? Pourquoi ?
INTÉGRATION
STRATÉGIES D’APPRENTISSAGE
Maintenant que vous avez examiné les diérents types d’épithéliums, reportez-vous à la FIGURE 5.3 pour revoir la relation entre le type d’épithélium et sa onction. Remarquez alors que les épithéliums simples sont mieux conçus pour des onctions de diusion, d’absorption et de sécrétion, puisqu’ils sont plus minces que les épithéliums stratifés. Ces derniers sont mieux adaptés pour des onctions de protection. Par conséquent, lorsque vous examinez diérents organes, le type d’épithélium de chacun vous donnera une indication de sa onction.
Vériiez vos connaissances 3. Qu’est-ce qui distingue un épithélium simple d’un
épithélium stratifé ? 4. Quel tissu épithélial tapisse les sacs alvéolaires des
poumons ? En quoi ce type d’épithélium est-il adapté à la onction des sacs alvéolaires ? 5. Quel est le tissu épithélial qui comprend plusieurs
couches de cellules et qui a des cellules superfcielles squameuses, mortes et remplies de kératine ?
IntégratIon
ILLUStratIon DES ConCEPtS
FIGURE 5.3 reli ee le ype d’pihlium e s fci
❯
a. L’épithélium simple est conçu pour des onctions d’absorption, de sécré tion et de diusion. B. Par opposition, les multiples couches de l’épithélium stratifé lui conèrent une meilleure adaptation pour la protection.
Mucus
Cellule caliciforme
Épithélium pseudostratifié prismatique cilié
Cellules épithéliales
Localisation : La forme ciliée occupe la plus grande partie des voies respiratoires supérieures, notamment la trachée. Fonctions : Protection, sécrétion de mucus ; les cils font avancer le mucus vers le pharynx le long de la surface de l’épithélium.
A. Épithéliums simples Mieux adaptés pour l’absorption, la sécrétion et la diffusion
Capillaire sanguin Érythrocyte Épithélium simple squameux de la paroi du capillaire Épithélium simple squameux de la paroi alvéolaire
Épithélium simple squameux Localisation : Paroi des alvéoles pulmonaires et des capillaires Fonctions : La mince couche unique de cellules permet la diffusion rapide des gaz entre une alvéole pulmonaire et un capillaire aussi tapissé d’un épithélium simple squameux (endothélium).
Alvéole pulmonaire
Nutriments Microvillosités
Mucus
Cellule épithéliale prismatique
Cellule caliciforme Capillaire sanguin Capillaire lymphatique
Épithélium simple prismatique Localisation : Intestin grêle Fonctions : Les microvillosités et la couche unique de cellules facilitent l’absorption des nutriments, et les cellules caliciformes sécrètent du mucus. Tubule contourné du rein
Cellules épithéliales cuboïdes
Capillaire sanguin Épithélium simple cuboïde Échange entre le filtrat et le sang
Localisation : Tubules contournés du rein Fonctions : La couche unique de cellules cuboïdes dans le rein absorbe des éléments du filtrat ou y sécrète des substances.
B. Épithéliums stratifiés Mieux adaptés pour la protection physique
Épithélium stratifié squameux non kératinisé Localisation : Revêtement interne de la cavité orale et de l’œsophage Fonctions : Les multiples couches de cellules résistent à l’abrasion causée par les substances ingérées.
Cellules de l’épithélium stratifié squameux non kératinisé
Épiderme de la peau
Cellules de l’épithélium stratifié squameux kératinisé
Épithélium stratifié squameux kératinisé Localisation : Épiderme de la peau Fonctions : Les multiples couches solides de cellules kératinisées protègent les tissus sous-jacents contre les rayons UV ; cet épithélium offre une meilleure protection que l’épithélium non kératinisé ; il est plus résistant à l’usure.
Cellules distendues (étirées) de l’épithélium transitionnel (vessie pleine)
Cellule binucléée
Cellules relâchées de l’épithélium transitionnel (vessie vide) Épithélium transitionnel Localisation : Revêtement interne de la vessie, des uretères et d’une partie de l’urètre Fonctions : Le tissu stratifié extensible protège les tissus plus profonds contre l’urine ; il se distend et se relâche pour s’adapter aux modifications du volume d’urine et de la taille de la vessie.
186 Partie I L’organisation du corps humain
INTÉGRATION
STRATÉGIES D’APPRENTISSAGE
Pour reconnaître le type d’épithélium au microscope, il aut se poser les questions suivantes : 1. L’épithélium se compose-t-il de une ou de plusieurs couches de cellules ? S’il y a une seule couche de noyaux, donc de cellules, il s’agit alors d’un épithélium simple. S’il y a plusieurs couches de noyaux, il s’agit soit d’un type d’épithélium stratifé (plusieurs couches de cellules), soit d’un type inhabituel d’épithélium (pseudostratifé ou transitionnel).
2. Quelle est la orme des cellules de la surace apicale ? Si elles sont aplaties, il s’agit d’un épithélium squameux. Sinon, elles peuvent être cuboïdes ou prismatiques. La réponse à la première question donne la première partie du nom de l’épithélium (p. ex., simple). La réponse à la deuxième question ournit la deuxième partie de son nom (p. ex., squameux). En mettant ces deux réponses ensemble, le nom du tissu observé (simple squameux) est obtenu.
INTÉGRATION APPLICATION CLINIQUE
Les cellules souches et leur utilisation pour le remplacement des tissus endommagés Les cellules souches sont des cellules immatures et indiérenciées. Elles peuvent se diviser en deux cellules, la première étant une autre cellule souche, et l’autre, une cellule qui pourra se diérencier en une cellule spécialisée mature remplissant une onction unique. Les cellules souches suscitent l’intérêt des communautés scientifques et médicales en raison des possibilités qu’elles orent pour la réparation ou le remplacement de tissus endommagés ou mourants. Des grees de moelle osseuse sont pratiquées depuis déjà plusieurs années pour remplacer les leucocytes (globules blancs) détruits par la chimiothérapie, mais des chercheurs explorent actuellement la possibilité de recourir aux cellules souches pour traiter la maladie de Parkinson, la maladie d’Alzheimer et les lésions de la moelle épinière (BlurtonJones, Kitazawa, Martinez-Coria, et al., 2009 ; Dromard, Guillon, Rigau et al., 2008 ; Kriks, Shim, Piao, et al., 2011). Les cellules souches pourraient en outre permettre aux personnes atteintes de pathologies musculaires débilitantes, telle la dystrophie musculaire, de abriquer du nouveau tissu musculaire sain.
Les deux caractéristiques fondamentales des cellules souches Toutes les cellules souches possèdent deux caractéristiques : l’autorenouvellement et un potentiel de diérenciation. L’auto renouvellement se rapporte à leur capacité illimitée de se diviser pour produire à la ois des cellules qui se spécialiseront et de nouvelles cellules souches. Le potentiel de différenciation des diverses cellules souches ait réérence à leur capacité variable de se diérencier en d’autres types cellulaires. Il existe quatre potentiels de diérenciation pour les cellules souches : la totipotence, la pluripotence, la multipotence et l’unipotence. • Les cellules souches totipotentes possèdent le potentiel total, c’est-à-dire qu’elles ont la capacité de se diérencier en n’importe quel type cellulaire dans un organisme. Une cellule totipotente est produite lorsqu’un ovocyte secondaire, écondé par un spermatozoïde, donne naissance à un zygote. Les quelques premières divisions cellulaires de celui-ci produisent des cellules également totipotentes. Ainsi, seules des cellules embryonnaires (et non des cellules adultes) peuvent être totipotentes. • Les cellules souches pluripotentes dérivent de cellules totipotentes. Elles sont ormées dans la masse de cellules internes
(embryoblaste) du blastocyste. Ce dernier consiste en une boule de cellules qui se orme durant la première semaine de développement du zygote. L’embryoblaste est la portion du blastocyste à l’origine de l’embryon et du œtus. Les cellules souches pluripotentes peuvent donner naissance à des cellules de tous les euillets tissulaires de l’embryon, mais elles ne peuvent ormer des structures comme le placenta. Là encore, seules des cellules souches embryonnaires peuvent être pluripotentes. • Les cellules souches multipotentes dérivent de cellules pluripotentes. Elles ont la capacité de se diérencier en un nombre restreint de certains types cellulaires. Par exemple, les cellules souches de la moelle osseuse peuvent être stimulées par diérents acteurs de croissance pour se diérencier en diérents types de cellules sanguines, mais non en d’autres types cellulaires. Certaines cellules souches adultes sont multipotentes. • Les cellules souches unipotentes ont la capacité de se diérencier en un seul type cellulaire, mais elles conservent toujours la capacité de s’autorenouveler. Les cellules souches épithéliales sont un exemple de cellules souches unipotentes. Beaucoup de cellules souches adultes sont unipotentes.
La distinction entre les cellules souches embryonnaires et les cellules souches adultes Il est possible de classer les cellules souches en cellules souches embryonnaires et en cellules souches adultes. Les cellules souches embryonnaires sont celles du zygote et de ses premières divisions ainsi que celles du blastocyste. Elles présentent le plus grand potentiel de diérenciation et peuvent donc produire de multiples types cellulaires. Par opposition, les cellules souches adultes sont des cellules immatures présentes dans l’organisme après la naissance. Elles sont généralement multipotentes ou unipotentes, et elles ont donc un potentiel de diérenciation inérieur à celui des cellules souches embryonnaires.
Le prélèvement des cellules souches La plupart des cellules souches embryonnaires doivent provenir d’une structure pas plus diérenciée qu’un blastocyste. La plupart des blastocystes sont oerts par des amilles chez lesquelles la écondation in vitro a produit plus de blastocystes que nécessaire pour le succès de la grossesse. Ces blastocystes sont normalement détruits s’ils ne sont pas
Chapitre 5 L’organisation tissulaire 187
5.2.4
Les épithéliums glandulaires
5
Défnir les glandes.
6
Distinguer les glandes endocrines des glandes exocrines.
7
Énumérer les types de glandes exocrines défnies selon leur orme anatomique et leur mode de sécrétion (physiologique).
Une glande est composée de une ou de plusieurs cellules épithéliales qui élaborent et sécrètent un produit. Il est question de glande pluricellulaire dans le cas d’un organe pluricellulaire
utilisés par la amille ou oerts pour la recherche. L’utilisation des cellules souches embryonnaires ait l’objet de débats (Laurent, 2013). Il est possible d’extraire des cellules souches adultes de la moelle osseuse ou d’autres tissus d’une personne. Le principal problème de ces cellules est que leur potentiel de diérenciation limité réduit leur utilité pour le traitement de maladies. Les cellules souches embryonnaires orent de plus grandes promesses de traitement en raison de leur potentiel élevé de diérenciation. Par contre, il pourrait être éventuellement possible de récolter
formé essentiellement de tissu épithélial glandulaire. Une glande peut aussi être une cellule individuelle : il s’agit alors d’une glande unicellulaire. Les glandes produisent des substances qui seront utilisées ailleurs dans l’organisme ou sécrétées hors de celui-ci. La mucine, des électrolytes, les hormones, les enzymes et le lait sont des exemples de sécrétions glandulaires.
5.2.4.1 Les glandes endocrines
et les glandes exocrines Les glandes endocrines (endon = dedans, krino = séparer) ne possèdent pas de conduits ; elles sécrètent leurs produits, qui
des cellules souches adultes qui, grâce à des manipulations génétiques, seraient transormées en cellules souches ayant le même potentiel de diérenciation que les cellules embryonnaires. Le prix Nobel de médecine et de physiologie de 2012 a récompensé le biologiste britannique John B. Gurdon et le médecin japonais Shinya Yamanaka pour leurs travaux sur les cel lules souches en médecine régénérative. L’utilisation de cellules souches adultes provenant du client lui-même aurait l’avantage de diminuer le risque de rejet dans les cas de transplantation (Mascret & Perez, 2012).
Cellules souches embryonnaires Les cellules souches embryonnaires proviennent des cellules du zygote en division ou de l’embryoblaste du blastocyste. Elles peuvent être totipotentes ou pluripotentes.
Les cellules souches totipotentes sont celles qui se forment à partir du zygote et qui peuvent donner naissance au placenta et à tous les types de cellules différenciées de l’organisme.
Les cellules souches pluripotentes dérivent de l'embryoblaste du blastocyte. Ce type de cellules souches a la capacité de se développer et de se différencier en types cellulaires de tous les tissus de l'organisme (sauf le placenta).
Cellules souches adultes Les cellules souches adultes sont des cellules souches indifférenciées se trouvant dans l’organisme après la naissance. Elles peuvent être multipotentes ou unipotentes.
Les cellules souches multipotentes (comme celles de la moelle osseuse) peuvent se différencier en un nombre restreint de types cellulaires.
Les cellules souches unipotentes (comme les cellules souches épithéliales) ont la capacité de se différencier en un seul type cellulaire. Épiderme de la peau
Moelle osseuse rouge Zygote
MO 25 x
Embryoblaste
Blastocyste Morula
Cellules de la moelle osseuse rouge
Cellule souche épithéliale
188 Partie I L’organisation du corps humain
portent le nom d’hormones, directement dans le liquide interstitiel et le sang. Les hormones agissent comme des messagers chimiques pour modifer les activités cellulaires ailleurs dans l’organisme (voir le chapitre 17).
ou ovocytes), tandis que la portion endocrine produit des hormones sexuelles.
Les glandes exocrines proviennent généralement d’une invagination de l’épithélium qui s’enouit dans les tissus conjonctis plus proonds. Ces glandes conservent habituellement leur lien avec la surace épithéliale par l’intermédiaire d’un conduit, soit un tube tapissé de tissu épithélial par lequel les sécrétions de la glande se déversent à la surace de l’épithélium. Les glandes sudoripares, les glandes mammaires et les glandes salivaires sont des exemples de glandes exocrines.
Les glandes exocrines pluricellulaires peuvent se classer selon leur orme anatomique ou selon le mode et la nature de la sécrétion, ce qui peut être considéré comme étant une classifcation physiologique.
Les glandes exocrines sont unicellulaires (une seule cellule) ou pluricellulaires (plusieurs cellules). Les glandes exocrines unicellulaires n’ont pas de conduits et sont situées près de la surace de l’épithélium dans lequel elles se trouvent. Le type le plus commun de glandes exocrines unicellulaires est la cellule caliciforme présente dans l’épithélium simple prismatique et dans l’épithélium pseudostratifé prismatique cilié (voir les tableaux 5.2C, 5.2D et 5.3). Les glandes exocrines pluricellu laires renerment au contraire de nombreuses cellules qui travaillent ensemble pour produire une sécrétion FIGURE 5.4. Une glande se compose d’une portion sécrétrice, c’est-à-dire d’un amas de cellules produisant la sécrétion, et de un ou de plusieurs petits conduits se rejoignant pour ormer un conduit plus gros qui transporte la sécrétion jusqu’à la surace de l’épithélium. Les glandes pluricellulaires exocrines sont généralement entourées d’une capsule fbreuse ormée de tissu conjoncti et dont les extensions orment des cloisons qui partagent la glande en lobes. Les glandes amphicrines (ou glandes mixtes) possèdent à la ois une portion exocrine et une portion endocrine. C’est le cas des ovaires, des testicules et du pancréas. Chez ce dernier, la portion exocrine sécrète des enzymes digestives, tandis que la portion endocrine sécrète des hormones, notamment l’insuline et le glucagon. Dans le Glande exocrine cas des gonades (testicules et ovaires), la portion exocrine pro Conduit duit des gamètes (spermatozoïdes
5.2.4.2 La classifcation des glandes exocrines
La classifcation selon la orme anatomique La classifcation anatomique des glandes exocrines se onde sur la structure et la complexité de leurs conduits. Les glan des simples ont un conduit unique, non ramifé, alors que les conduits des glandes composées sont ramifés. Les glandes peuvent être classées selon la orme de leur portion sécrétrice. La glande est tubuleuse si le diamètre de sa portion sécrétrice et de son conduit est uniorme. Si sa portion sécrétrice orme un sac dilaté, la glande est acineuse (ou alvéolaire). Finalement, une glande possédant à la ois des tubules et des acinus est une glande tubuloacineuse. La FIGURE 5.5 montre plusieurs types anatomiques de glandes exocrines.
La classifcation selon le mode et la nature de la sécrétion Les glandes peuvent aussi être classées sur une base physiologique en onction de leur mode de sécrétion ou de la nature de celle-ci. Concernant le mode de sécrétion, cette classifcation reconnaît trois types ondamentaux de glandes : les glandes mérocrines, les glandes apocrines et les glandes holocrines FIGURE 5.6. Les glandes mérocrines (meros = partie) intègrent leurs sécrétions dans des vésicules et les libèrent par exocytose (voir le chapitre 4). Les cellules glandulaires restent intactes et ne sont pas endommagées par ce mode de sécrétion. Les glandes lacrymales (larmes), les glandes salivaires, certaines glandes sudoripares connues sous le nom de glandes eccrines, la portion exocrine du pancréas et les glandes gastriques ont toutes des glandes mérocrines. Les glandes apocrines (apo = loin de) produisent leurs sécrétions de la manière suivante : la membrane apicale de la cellule glandulaire entoure une portion du cytoplasme qui contient le produit de sécrétion, puis elle se détache de la cellule et orme la sécrétion. Les cellules glandulaires réparent le dommage, puis continuent de produire de nouvelles sécrétions de la même manière. Les glandes mammaires et certaines glandes sudoripares des régions axillaire et pubienne sont des glandes apocrines.
Lobe
FIGURE 5.4 Structure générale des glandes exocrines ❯ Les glandes exocrines contiennent des portions sécrétrices (comme un acinus) et une portion conductrice composée de nombreux conduits qui convergent pour en former un plus gros; ce dernier transporte la sécrétion jusqu’à la surface de l’épithélium.
Portion sécrétrice (p. ex., un acinus)
Conduit (portion conductrice)
Les glandes holocrines (holos = entier) sont ormées de cellules qui emmagasinent un produit, après quoi la cellule entière se désintègre. Une sécrétion holocrine est donc un mélange visqueux de ragments cellulaires et de la substance produite par la cellule avant sa désintégration. Les cellules brisées et mortes sont continuellement remplacées par d’autres cellules épithéliales qui se divisent par mitose. Les glandes sébacées de la peau, qui produisent le sébum, une substance huileuse, sont des exemples de glandes holocrines.
Chapitre 5 L’organisation tissulaire 189
Glandes simples Conduit non ramifié Portion sécrétrice
Simple tubuleuse (p. ex., Simple tubuleuse ramifiée Simple tubuleuse contournée Simple acineuse les glandes intestinales) (p. ex., les glandes gastriques) (p. ex., les glandes sudoripares)
Simple acineuse ramifiée (p. ex., les glandes sébacées)
A. Glandes composées
Conduit ramifié
Portion sécrétrice
Composée tubuleuse (p. ex., les glandes duodénales)
Composée acineuse (p. ex., les glandes mammaires)
Composée tubuloacineuse (p. ex., les glandes salivaires)
B.
FIGURE 5.5 Classifcation structurale des glandes exocrines pluricellulaires ❯ A. Les conduits des glandes simples ne sont pas ramifés, alors que B. ceux des glandes composées le sont. Ces glandes ont aussi des ormes diérentes : les cellules sécrétrices des glandes
Les glandes exocrines pluricellulaires se classent fnalement selon la nature des produits qu’elles sécrètent. En ce qui concerne les glandes acineuses, il aut distinguer l’acinus muqueux et l’acinus séreux. L’acinus muqueux sécrète une substance visqueuse, le mucus. Au microscope, des cellules au cytoplasme pâle et homogène, avec leurs noyaux aplatis et plus ou moins écrasés vers la surace basale des cellules, sont visibles. Par exemple, ce type d’acinus est présent dans les glandes salivaires sublinguales. L’acinus séreux sécrète une substance aqueuse, donc moins visqueuse, contenant des enzymes et des ions. Au microscope, le cytoplasme de leurs cellules est riche en granules de sécrétion, d’où l’apparence plus oncée, et les noyaux sont ronds et non écrasés. Par exemple, ce type d’acinus est présent dans les glandes salivaires parotides et dans la portion exocrine du pancréas. Certaines glandes possèdent des acinus muqueux bordés d’un croissant de cellules séreuses : elles sont alors qualifées de séromuqueuses. C’est le cas, par exemple, des glandes salivaires submandibulaires. Les glandes tubuleuses produisent aussi bien des sécrétions muqueuses que séreuses (voir la fgure 26.5B, p. 1250). Par exemple, les glandes gastriques sécrètent plutôt une substance muqueuse, tandis que les glandes lacrymales produisent une sécrétion séreuse.
tubuleuses occupent un espace dont le diamètre est uniorme et celles des glandes acineuses orment des acinus en orme de sac ; les cellules sécrétrices des glandes tubuloacineuses adoptent ces deux types de disposition.
Vérifiez vos connaissances 6. Quelles sont les deux parties ondamentales
d’une glande exocrine pluricellulaire ? 7. Quelles sont les diérences entre les glandes
holocrines et les glandes mérocrines ?
5.3
Le tissu conjonctif : des cellules dans une matrice de soutien
Le tissu conjonctif est le plus diversifé, le plus abondant et le plus répandu de tous les tissus. Il est conçu pour soutenir, protéger et relier les organes. Les tendons (qui attachent les muscles aux os), les ligaments (qui attachent les os les uns aux autres), le tissu adipeux (graisse corporelle), le cartilage, les os et le sang sont des exemples de tissu conjoncti.
190 Partie I L’organisation du corps humain
Les cellules éclatées (à la suite de l’accumulation de leur produit de sécrétion) constituent la sécrétion.
Sécrétions Contenu sécrétoire
Détachement de la portion apicale de la cellule sécrétrice
Vésicule de sécrétion
Noyau Vésicules de sécrétion libérant leur contenu par exocytose A. Glande mérocrine
Cellules en division
Noyau d’une cellule sécrétrice B. Glande apocrine
C. Glande holocrine
FIGURE 5.6 Modes de sécrétion des glandes exocrines
❯ Les glandes exocrines recourent à divers mécanismes pour libérer leurs produits de sécrétion. A. Les glandes mérocrines sécrètent leurs produits par exocytose à la surace apicale de leurs cellules sécrétrices. B. La
5.3.1
Les caractéristiques du tissu conjonctif
1
Décrire les trois composants du tissu conjoncti.
2
Donner des exemples de cellules fxes et de cellules mobiles du tissu conjoncti proprement dit.
3
Nommer les trois types de fbres protéiques du tissu conjoncti.
4
Indiquer trois types de molécules présentes dans la substance ondamentale.
Tous les tissus conjonctis partagent trois composants essentiels : des cellules, des fbres protéiques (sau pour le sang et la lymphe) et de la substance ondamentale FIGURE 5.7. La diversité du tissu conjoncti est due à la ois à des diérences dans le type et la quantité de fbres protéiques qu’il contient, de même qu’aux proportions variables de ses composants. À la diérence du tissu épithélial, le tissu conjoncti n’a pas de mécanismes d’attache entre les cellules. Ainsi, la plupart des cellules du tissu conjoncti ne sont pas en contact direct les unes avec les autres ; habituellement, elles sont plutôt dispersées dans le tissu. La matrice extracellulaire, ormée de la substance ondamentale et des fbres protéiques, y est beaucoup plus abondante que les cellules. De plus, le tissu conjoncti (excepté pour le cartilage) est vascularisé à divers degrés.
sécrétion des glandes apocrines se produit par le détachement de la portion apicale de la cellule. C. La sécrétion des glandes holocrines est produite par l’éclatement de la cellule sécrétrice en entier. Les cellules perdues sont remplacées par division cellulaire à la base de la glande.
5.3.1.1 Les cellules Chaque catégorie de tissu conjoncti contient des types particuliers de cellules. Le tissu conjoncti proprement dit, l’un des types de tissu conjoncti, contient par exemple des fbroblastes ; le tissu conjoncti adipeux, une sorte de tissu conjoncti proprement dit, contient des adipocytes ; le cartilage se compose pour sa part de chondrocytes. Le tissu conjoncti proprement dit contient deux classes de cellules : des cellules fxes et des cellules mobiles. Les cellules fxes (ou résidentes) sont des cellules immobiles logées en permanence dans le tissu conjoncti. Elles contribuent au soutien, à l’entretien et à la réparation de la matrice extracellulaire. Les cellules suivantes sont des exemples de cellules fxes : • Les fbroblastes (fbra = flament, blastos = germe) sont des cellules relativement aplaties aux extrémités uselées ; ce sont les cellules fxes les plus abondantes du tissu conjoncti proprement dit. Ils produisent les fbres et les constituants de la substance ondamentale de la matrice extracellulaire. • Les adipocytes (adeps = graisse), aussi appelés cellules adipeuses, se regroupent en petits amas à l’intérieur de certains types de tissu conjoncti proprement dit. Si de gros amas de ces cellules prédominent dans une région, le tissu conjoncti prend alors le nom de tissu adipeux. • Les cellules mésenchymateuses sont un type de cellules souches embryonnaires à l’intérieur du tissu conjoncti. Ces cellules se divisent si le tissu est endommagé. L’une des
Chapitre 5 L’organisation tissulaire 191
Vaisseau sanguin Substance fondamentale Matrice extracellulaire
Fibres protéiques Fibre élastique Fibre de collagène Fibre réticulaire
Cellules fixes Cellule mésenchymateuse Macrophagocyte Adipocyte Fibroblaste
cellules produites remplace alors la cellule mésenchymateuse, alors que l’autre devient une cellule spécialisée qui migrera vers la zone endommagée et se diérenciera en une cellule conjonctive du type requis. • Les macrophagocytes fxes (ou macrophages) sont des cellules relativement grosses et de orme irrégulière qui dérivent d’un type de leucocytes appelés monocytes. Ils sont dispersés dans la matrice, où ils phagocytent (avalent) les cellules endommagées ou les agents pathogènes. Lorsqu’elles entrent en contact avec des substances étrangères, ces cellules libèrent également des produits chimiques qui stimulent le système immunitaire et attirent de nombreuses cellules mobiles vers le tissu. Selon l’emplacement du tissu, les macrophagocytes peuvent prendre un nom particulier : histiocytes (dans le tissu conjoncti lâche), macrophagocytes stellaires ou cellules de Kuper (dans le oie) et microglies (dans l’encéphale). Les cellules mobiles sont des composants du système immunitaire qui se déplacent constamment dans le tissu pour assurer sa réparation et le protéger contre les inections. Ces cellules sont essentiellement des types de leucocytes (leukos = blanc) ; elles aident l’organisme à produire une réponse immunitaire. Les cellules suivantes, qui ont chacune une onction particulière dans la réponse immunitaire, sont des exemples de cellules mobiles : • Les mastocytes sont de petites cellules mobiles se trouvant habituellement près des vaisseaux sanguins ; ils sécrètent de l’héparine pour inhiber la coagulation du sang et de l’histamine
FIGURE 5.7 Composants et organisation du tissu conjonctif ❯ Le tissu conjoncti se compose de cellules et d’une matrice extracellulaire aite de fbres protéiques et de substance ondamentale.
pour dilater les vaisseaux sanguins et augmenter l’irrigation du tissu. • Les plasmocytes se orment lorsque des lymphocytes B sont activés par l’exposition à des substances étrangères. Les plasmocytes produisent des anticorps, c’est-à-dire des protéines qui immobilisent une substance étrangère et l’empêchent de causer des dommages supplémentaires (voir le chapitre 22). • Les macrophagocytes mobiles sont des cellules phagocytaires qui se déplacent dans le tissu conjoncti. Ils jouent le même rôle que les macrophagocytes xes, mais ils sont capables de se déplacer dans le tissu. • D’autres leucocytes migrent aussi dans la paroi des vaisseaux sanguins pour envahir le tissu conjoncti, notamment des neutrophiles, capables de phagocyter les bactéries, et des lymphocytes, qui s’attaquent aux substances étrangères et les neutralisent.
5.3.1.2 Les fbres protéiques Les bres protéiques abriquées par les cellules du tissu conjoncti renorcent et soutiennent habituellement ce tissu. Trois types principaux de bres protéiques composent le tissu conjoncti : les bres de collagène, les bres élastiques et les bres réticulaires. Les fbres de collagène sont de longues bres non ramiées ressemblant à des câbles ; elles sont solides, fexibles et résistantes à l’étirement. Le collagène représente environ 25 % des protéines de l’organisme ; ces bres sont souvent appelées bres
192 Partie I L’organisation du corps humain
blanches en raison de leur apparence dans un tissu rais. Dans les coupes de tissus colorés à l’hématoxyline-éosine, elles sont roses. Les bres de collagène sont nombreuses dans des structures telles que les tendons et les ligaments. Elles sont également présentes dans les capsules conjonctives qui recouvrent la plupart des organes. Les fbres réticulaires ressemblent aux bres de collagène, mais elles sont beaucoup plus nes. Elles contiennent les mêmes sous-unités protéiques que le collagène, mais elles sont combinées diéremment en plus d’être enrobées d’une glycoprotéine. Ces bres orment une charpente ramiée et entrelacée qui est résistante tout en restant fexible. Ce réseau de bres soutient les cellules. Les bres réticulaires sont particulièrement abondantes dans le stroma (squelette de tissu conjoncti) d’organes comme les nœuds lymphatiques, la rate, la moelle osseuse et le oie. Les fbres élastiques contiennent de l’élastine, une protéine. Ces bres ondulées se ramient et usionnent. Les bres élastiques s’étirent et se détendent acilement pour permettre à la peau, aux poumons et aux artères de reprendre leur orme normale après avoir été étirés. Les bres élastiques raîches sont jaunâtres, de sorte qu’elles sont souvent appelées bres jaunes. Ces bres ne sont visibles que dans les coupes histologiques ayant reçu une coloration spéciale qui les ait alors apparaître en violet très oncé.
INTÉGRATION APPLICATION CLINIQUE
Le scorbut Le collagène est une protéine importante qui renorce et soutient presque tous les tissus de l’organisme, en particulier le tissu conjoncti. La vitamine C (acide ascorbique) est essentielle pour la production et le maintien de bres de collagène saines. Le scorbut est une maladie causée par une carence en vitamine C ; il se caractérise par une aiblesse généralisée, une ulcération des gencives entraînant la perte des dents, des hémorragies, une croissance anormale des os et une ragilité des capillaires. Du xve jusqu’au xviiie siècle, le scorbut était une maladie courante chez les marins dont le régime alimentaire durant les longs voyages en mer était pauvre en vitamine C (Gagné, 2003). Les marins ont ni par apprendre que la consommation d’agrumes, comme les limes et les citrons, prévenait le scorbut. De nos jours, les troubles de production du collagène sont traités à l’aide d’aliments riches en vitamine C, comme les agrumes, le brocoli, le chou-feur, les poivrons, les épinards et les tomates, et avec des suppléments de vitamine C.
5.3.1.3 La substance fondamentale La substance ondamentale est un matériau non vivant produit par les cellules du tissu conjoncti ; celles-ci s’y trouvent logées avec les bres protéiques du tissu. La substance ondamentale peut être visqueuse (comme dans le sang), semi-solide (comme dans le cartilage) ou solide (comme dans les os). La substance ondamentale et les bres protéiques qu’elle contient orment la matrice extracellulaire.
La substance ondamentale contient diverses grosses molécules ainsi que des quantités variables d’eau. Les glycosamino glycanes (glukus = doux, glycan = sucre), ou GAG, sont l’un des types de grosses molécules de la substance ondamentale. Un GAG est un polysaccharide composé entièrement d’unités glucidiques dont certaines sont liées à un groupement amine. Les GAG sont chargés négativement et ils sont hydrophiles. Leurs charges négatives attirent les cations, tel le sodium (Na+), et l’eau suit le mouvement de ces ions. Ces molécules sont donc capables d’attirer l’eau et de l’absorber. Les diérents GAG attirent des quantités diérentes d’eau selon le nombre de charges négatives qu’ils portent, et c’est ce qui détermine la viscosité, donc le degré de fuidité de la substance ondamentale. La chondroïtine sulate, le kératane sulate et l’acide hyaluro nique sont des types de GAG. Lorsqu’un GAG se lie à une protéine, il orme à l’intérieur de la substance ondamentale une molécule encore plus grosse appelée protéoglycane. Plus de 90 % de la structure des protéoglycanes se compose de glucides sous la orme de GAG. Moins de 10 % de la molécule est donc ormée de protéines. Quoique la plupart des GAG se trouvent à l’intérieur même de la structure des protéoglycanes, certains, notamment l’acide hyaluronique, ne sont pas liés aux protéoglycanes, comme c’est le cas dans le liquide synovial des articulations mobiles. Cela apporte une bonne viscosité, donc une bonne lubrication à l’articulation (voir le chapitre 9). La structure volumineuse de ces protéoglycanes est due essentiellement à la grande quantité de charges négatives de leurs GAG, qui se repoussent alors l’une l’autre et orcent la molécule à se déployer et à occuper plus d’espace. Certains chapitres subséquents montreront que les GAG et les protéoglycanes remplissent des onctions importantes dans l’organisme (voir les chapitres 7 et 9). La substance ondamentale contient d’autres molécules, telles les glycoprotéines d’adhérence (protéines liées à des glucides), qui agissent comme une colle pour lier les cellules et les bres du tissu conjoncti à la substance ondamentale. La fbro nectine, la fbrilline et la laminine sont des glycoprotéines d’adhérence.
INTÉGRATION LIENS ENTRE LES CONCEPTS Les protéoglycanes et les glycoprotéines se ressemblent en ceci que ces deux catégories de molécules se composent de protéines et de glucides. Touteois, les glucides comptent pour plus de 90 % de la structure de la plupart des protéoglycanes, alors que dans les glycoprotéines, la proportion de protéines et de glucides est plus équilibrée.
Vérifiez vos connaissances 8. Quelles sont les diérences onctionnelles onda -
mentales entre les cellules xes et les cellules mobiles du tissu conjoncti ? 9. Quelle est la onction des glycosaminoglycanes
dans la substance ondamentale ?
Chapitre 5 L’organisation tissulaire 193
5.3.2 5
Les fonctions du tissu conjonctif
la nature visqueuse de la matrice extracellulaire restreint les mouvements et la dissémination des organismes pathogènes.
Décrire les onctions du tissu conjoncti.
Vérifiez vos connaissances 10. Comment le tissu conjoncti procure-t-il une
Les nombreux types de tissu conjoncti accomplissent collectivement une grande variété de onctions, notamment : • Protection physique. Les os du crâne et de la cage thoracique protègent des organes ragiles, notamment l’encéphale, le cœur et les poumons ; le tissu adipeux, qui enrobe les reins et la partie postérieure des yeux, contribue à la protection de ces organes. • Soutien et charpente structurale. Les os constituent la charpente de l’organisme et ils procurent des sites pour l’attache des muscles ; le cartilage permet de maintenir ouverts des conduits aériens comme la trachée et les bronches ; le tissu conjoncti proprement dit orme des capsules de soutien autour d’organes tels que le rein et la rate. • Liaison entre les structures. Les ligaments attachent les os les uns aux autres ; les tendons fxent les muscles aux os ; du tissu conjoncti dense irrégulier ancre la peau aux muscles et aux os sous-jacents. • Mise en réserve. Le tissu adipeux constitue la principale réserve énergétique de l’organisme ; les os sont le principal réservoir de calcium et de phosphore. • Transport. Le sang transporte les nutriments, les gaz et les déchets entre les diverses régions du corps. • Protection immunitaire. Beaucoup de tissus conjonctis renerment des leucocytes qui protègent l’organisme contre la maladie et qui produisent, au besoin, une réponse immunitaire. De plus,
charpente structurale ?
5.3.3 6
Le tissu conjonctif embryonnaire
Comparer le mésenchyme et le tissu conjoncti muqueux.
Il existe deux types de tissu conjoncti embryonnaire : le mésenchyme et le tissu conjoncti muqueux. Le mésenchyme (enkhuma= inusion) est le premier tissu conjoncti qui se orme chez l’embryon. Il est dérivé du mésoderme, l’un des trois euillets embryonnaires. Il se compose de cellules mésenchymateuses étoilées ou usiormes dispersées dans une substance ondamentale géliorme contenant de fnes fbres protéiques immatures TABLEAU 5.5A. En réalité, la substance ondamentale est plus abondante que les cellules mésenchymateuses dans ce tissu. Le mésenchyme est à l’origine de tous les autres tissus conjonctis. Les tissus conjonctis adultes abritent souvent de nombreuses cellules mésenchymateuses (cellules souches) qui permettent la réparation du tissu après un dommage ou une lésion. Le tissu conjonctif muqueux, aussi connu sous le nom de gelée de Wharton, est un autre type de tissu conjoncti embryonnaire (voir le tableau 5.5B). Les fbres protéiques immatures de ce tissu sont plus nombreuses que dans le mésenchyme. Le tissu muqueux n’est présent que dans le cordon ombilical.
INTÉGRATION APPLICATION CLINIQUE
Le syndrome de Marfan DÉSÉQUILIBRE HOMÉOSTATIQUE
Le syndrome de Maran est une maladie génétique rare du tissu conjoncti qui provoque des anomalies squelettiques, cardiovasculaires et visuelles. Il est causé par un gène anormal du chromosome 15. Les personnes atteintes du syndrome de Maran ont généralement : 1) des doigts, des orteils et des membres supérieurs et inérieurs anormalement longs ; 2) une malormation de la cage thoracique ou de la colonne vertébrale due à la croissance excessive des côtes ; et 3) des articulations qui se luxent acilement à cause de la aiblesse des ligaments, des tendons ou des capsules articulaires. Les problèmes cardiovasculaires consistent en une aiblesse de l’aorte et des anomalies des valves cardiaques. Les anomalies du système visuel sont dues au ait que les minces fbres qui maintiennent le cristallin en place sont aibles, de sorte qu’une luxation de celui-ci peut survenir. Les symptômes du syndrome de Maran se maniestent habituellement vers l’âge de 10 ans ; les personnes atteintes meurent souvent des suites de problèmes cardiovasculaires avant d’atteindre l’âge de 50 ans.
Main d’une personne atteinte du syndrome de Maran montrant des doigts extrêmement longs
194 Partie I L’organisation du corps humain TABLEAU 5.5
Tissu conjonctif embryonnaire
A. Mésenchyme Structure La substance ondamentale est un liquide visqueux contenant quelques fbres protéiques immatures ; les cellules mésenchymateuses sont étoilées ou usiormes.
Fibre protéique immature
Fonction Origine commune de tous les autres types de tissu conjoncti
Cellules mésenchymateuses MO 400 x
Substance fondamentale
Localisation Dans tout l’organisme de l’embryon et du œtus
B. Tissu conjonctif muqueux Structure Cellules mésenchymateuses dispersées dans une substance ondamentale visqueuse ; les fbres protéiques immatures sont plus abondantes que dans le mésenchyme.
Fibre protéique immature Cellule mésenchymateuse
Fonction Soutien des structures dans le cordon ombilical
MO 250 x
Substance fondamentale
Localisation Cordon ombilical du œtus
INTÉGRATION APPLICATION CLINIQUE
5.3.4
L’utilité du sang du cordon ombilical du bébé Le tissu conjoncti muqueux présent dans le sang du cordon ombilical du œtus contient des cellules souches identiques à celles de la moelle osseuse d’un enant et elles peuvent servir à traiter diverses maladies graves. Le sang du cordon ombilical peut être recueilli immédiatement après la naissance d’un bébé et envoyé à une banque de sang pour qu’il y soit analysé, traité et entreposé. Les lymphomes (cancers des nœuds lymphatiques), la leucémie (cancer du sang), l’anémie résultant d’une atteinte de la moelle osseuse (provoquée par exemple par une chimiothérapie) et même la drépanocytose (sorte d’anémie) sont des exemples d’aections traitées avec succès grâce aux cellules souches du sang de cordon. Cette technologie est prometteuse, mais chaque prélèvement de sang de cordon contient relativement peu de cellules souches. Et bien qu’elles puissent servir pour des receveurs non apparentés, la gree est plus longue à prendre, ce qui laisse le client vulnérable aux inections pendant une période plus longue que lorsque des cellules souches provenant de la moelle osseuse ont été utilisées. Au Québec, il est possible de aire des dons de sang de cordon ombilical dans une banque de sang publique, comme c’est le cas chez Héma-Québec.
Vériiez vos connaissances 11. De quoi le mésenchyme se compose-t-il ? Quelle est
sa onction ?
7
La classifcation des tissus conjonctis
Distinguer les types de tissu conjoncti et indiquer la localisation de chacun.
Tous les tissus conjonctis dérivent du mésenchyme. Celui-ci commence à se diérencier chez le œtus au moment où il orme les tissus conjonctis dont l’organisme adulte sera constitué. Les tissus conjonctis présents après la naissance sont classés en trois grandes catégories : le tissu conjoncti proprement dit, le tissu conjoncti de soutien et le tissu conjoncti liquide FIGURE 5.8.
5.3.4.1 Le tissu conjoncti proprement dit Le tissu conjoncti proprement dit se divise en deux grandes classes : le tissu conjoncti lâche et le tissu conjoncti dense. Cette classifcation se onde sur les proportions relatives de cellules, de fbres et de substance ondamentale dans le tissu.
Le tissu conjoncti lâche Le tissu conjonctif lâche contient moins de fbres protéiques que le tissu conjoncti dense. Les fbres protéiques y sont rares et disposées irrégulièrement, d’où le nom du tissu, et la substance ondamentale est abondante. Le tissu conjoncti lâche constitue la matière d’emballage de l’organisme en soutenant et en enrobant des structures et des organes. Il existe trois types de tissu conjoncti lâche : le tissu conjoncti aréolaire, le tissu conjoncti adipeux et le tissu conjoncti réticulaire. Le tissu conjonctif aréolaire présente un arrangement lâche de fbres de collagène libres, de quelques fbres élastiques et
Chapitre 5 L’organisation tissulaire 195
Classification des tissus conjonctifs Origine commune (mésenchyme)
Tissu conjonctif proprement dit
Tissu conjonctif lâche (moins de fibres, plus de substance fondamentale)
1. Aréolaire 2. Adipeux 3. Réticulaire
Tissu conjonctif dense (plus de fibres, moins de substance fondamentale)
1. Régulier 2. Irrégulier 3. Élastique
Tissu conjonctif liquide
Tissu conjonctif de soutien
Tissu cartilagineux (matrice semi-solide)
Tissu osseux (matrice solide)
1. Hyalin 2. Fibreux 3. Élastique
1. Compact 2. Spongieux
Sang
Lymphe
FIGURE 5.8 Classifcation des tissus conjonctis ❯ Les cellules mésenchymateuses sont à l’origine de tous les types cellulaires du tissu conjonctif.
réticulaires, et il est pourvu d’une abondante vascularisation TABLEAU 5.6A . Ce type de tissu conjoncti renerme des cellules
fxes et mobiles du tissu conjoncti proprement dit, bien que les cellules prédominantes soient des fbroblastes. La substance ondamentale y est abondante et visqueuse. Le tissu conjoncti aréolaire est le plus répandu dans l’organisme : il se situe dans la couche papillaire du derme (peau) et il s’agit d’un constituant majeur de l’hypoderme (situé en proondeur sous la peau) (voir le chapitre 6). Il enrobe également des organes, les cellules nerveuses et musculaires individuelles ainsi que les vaisseaux sanguins. Il est également présent sous l’épithélium des muqueuses, où il orme la lamina propria (voir la section 5.6.2). Le tissu conjoncti adipeux, couramment appelé graisse, est un tissu conjoncti lâche qui se compose essentiellement d’adi pocytes remplis de gouttelettes lipidiques (voir le tableau 5.6B) et entourés d’une matrice extracellulaire identique à celle du tissu aréolaire, mais beaucoup moins abondante. Sur une coupe histologique touteois, seule la membrane plasmique de l’adipocyte dont le noyau a été repoussé à la périphérie peut être observée, car la préparation du tissu en a extrait les lipides. Ce tissu conjoncti emmagasine de l’énergie, joue le rôle d’un isolant et constitue un remplissage autour des structures ainsi qu’un coussin contre les chocs. Il est présent partout dans l’organisme, dans des endroits tels que l’hypoderme, situé sous la peau, et autour de divers organes. En général, le nombre d’adipocytes demeure relativement constant dans l’organisme, de sorte que les variations de poids d’une personne sont attribuables à des modifcations de la taille de ses adipocytes. La majorité du tissu adipeux de l’organisme est de la graisse blanche. Cette graisse blanche emmagasine des lipides qui deviendront une source d’énergie pour les cellules (voir le chapitre 2). Il existe aussi de la graisse
Les trois grandes catégories de tissu conjonctif sont le tissu conjonctif proprement dit, le tissu conjonctif de soutien et le tissu conjonctif liquide.
brune appelée ainsi en raison de l’abondance de mitochondries riches en cytochromes, des pigments qui interviennent dans la production d’énergie. Cette graisse est très vascularisée et avorise la production de chaleur. Elle métabolise les acides gras dans le but de libérer de la chaleur dans le sang et contribue alors à augmenter la température corporelle. Elle est abondante chez les bébés, particulièrement dans la région du dos, car ils ne peuvent pas encore rissonner pour produire de la chaleur. Chez l’adulte, elle est localisée uniquement dans la région des clavicules et de la colonne vertébrale, et se trouve en plus grande quantité chez les personnes plus minces, probablement pour augmenter la production de chaleur. Le tissu conjoncti réticulaire se compose de fbroblastes, de leucocytes et d’un réseau entrelacé de fbres réticulaires, qui sont les seules fbres présentes (voir le tableau 5.6C). Ce tissu orme le stroma (charpente structurale) de beaucoup d’organes lymphoïdes comme la rate, le thymus, les nœuds lymphatiques et la moelle osseuse.
Le tissu conjonctif dense Le tissu conjoncti dense se compose essentiellement de fbres protéiques et contient proportionnellement moins de substance ondamentale que le tissu conjoncti lâche. Il existe trois catégories de tissu conjoncti dense : le tissu conjoncti dense régulier, le tissu conjoncti dense irrégulier et le tissu conjoncti élastique. Les tissus conjonctis denses régulier et irrégulier sont aussi appelés tissus fbreux en raison de la prédominance des fbres de collagène. Le tissu conjoncti dense régulier (ou orienté) contient des fbres de collagène étroitement serrées et alignées parallèlement les unes aux autres, ce qui les ait ressembler à des cheveux
196 Partie I L’organisation du corps humain TABLEAU 5.6
Tissu conjonctif proprement dit : le tissu conjonctif lâche
A. Tissu conjonctif aréolaire Structure Fibre de collagène Fibre élastique Fibroblaste
Substance ondamentale abondante, visqueuse ; fbroblastes dispersés ; beaucoup de vaisseaux sanguins Fonctions Protection des tissus et des organes ; liaison de certains épithéliums au tissu sous-jacent
MO 240 x
Localisation Substance fondamentale
Couche papillaire du derme (peau) ; hypoderme (sous la peau) ; enrobe les organes, les ners et les vaisseaux sanguins ; orme la lamina propria sous l’épithélium des muqueuses.
B. Tissu adipeux Structure Adipocytes entassés dont le noyau est repoussé à la périphérie par la grosse gouttelette de graisse
MO 200 x
Noyau d’un adipocyte
Adipocyte
Fonctions Mise en réserve de l’énergie ; isolation thermique, amortissement des chocs et protection Localisation Hypoderme ; enrobe et recouvre certains organes.
C. Tissu conjonctif réticulaire
MO 280 x
Structure Substance ondamentale visqueuse ; agencement lâche de fbres réticulaires, de fbroblastes et de leucocytes
Substance fondamentale Fibres réticulaires Leucocyte
ondulés et peignés TABLEAU 5.7A. Ce type de tissu est observé dans les tendons (qui attachent les muscles aux os) et dans les ligaments (qui attachent les os les uns aux autres), des endroits où la contrainte s’exerce en général dans une seule direction. Le tissu conjoncti dense régulier renerme peu de vaisseaux sanguins ; c’est pourquoi il prend beaucoup de temps à guérir après une blessure, puisque l’irrigation sanguine, apportant les substances nutritives et les cellules immunitaires, est essentielle pour une guérison rapide. Le tissu conjonctif dense irrégulier (ou non orienté) contient des aisceaux et des amas de fbres de collagène qui s’étendent dans toutes les directions (voir le tableau 5.7B). Par comparaison avec le tissu conjoncti dense régulier, le tissu conjoncti dense irrégulier ressemble à des cheveux non peignés. Ce tissu, dont
Fonction Constitution du stroma (charpente) des organes lymphoïdes Localisation Compose de nombreux organes comme la rate, les nœuds lymphatiques, le thymus et la moelle osseuse.
l’irrigation sanguine est abondante, procure un soutien et une résistance à la contrainte dans toutes les directions. Le tissu conjoncti dense irrégulier orme la plus grande partie du derme de la peau ainsi que le périoste et le périchondre qui entourent respectivement les os et les cartilages. Il compose également la capsule qui enveloppe certains organes internes, notamment le oie, les reins et la rate. Le tissu conjonctif dense élastique renerme des fbres élastiques ramifées étroitement serrées (voir le tableau 5.7C). Il contient aussi plus de fbroblastes que le tissu conjoncti lâche. Les fbres élastiques procurent à ce tissu la capacité de s’étirer et de se détendre. Le tissu conjoncti dense élastique est présent dans la paroi des grosses artères et de la trachée, dans les poumons, dans les cordes vocales et dans le ligament suspenseur du pénis.
Chapitre 5 L’organisation tissulaire 197
TABLEAU 5.7 Tissu conjonctif proprement dit : le tissu conjonctif dense A. Tissu conjonctif dense régulier Structure Agencement parallèle de fbres de collagène densément entassées ; fbroblastes serrés entre les couches de fbres ; substance ondamentale peu abondante ; irrigation sanguine très réduite
MO 250 x
Fibres de collagène Substance fondamentale Noyau d’un fibroblaste
Fonctions Attache des os les uns aux autres (ligaments) et des muscles aux os (tendons) ; résistance à la contrainte appliquée dans une direction Localisation Tendons et ligaments
B. Tissu conjonctif dense irrégulier Structure Faisceaux de fbres de collagène disposés dans tous les sens ; fbroblastes occupant les espaces entre les fbres ; plus de substance ondamentale que dans le tissu conjoncti dense régulier ; irrigation sanguine importante
MO 200 x
Noyau d’un fibroblaste Faisceau de fibres de collagène Substance fondamentale
Fonction Résistance aux contraintes appliquées dans toutes les directions Localisation La plus grande partie du derme de la peau ; le périoste (autour des os) et le périchondre (autour du cartilage) ; capsule de certains organes
C. Tissu conjonctif dense élastique
Substance fondamentale Fibres élastiques
Structure Surtout composé de fbres élastiques ; fbroblastes occupant certains espaces entre les fbres Fonctions Extensibilité et élasticité
MO 200 x
Localisation Paroi des artères élastiques (comme l’aorte), trachée, poumons, cordes vocales ; ligament suspenseur du pénis
À votre avis
Le tissu cartilagineux
3. Quel type de tissu conjoncti est endommagé quand
Le tissu cartilagineux (voir le chapitre 7) possède une matrice extracellulaire erme, semi-solide, qui contient des quantités variables de fbres de collagène et de fbres élastiques. Sa substance ondamentale contient trois GAG (chondroïtine sulate, kératane sulate, acide hyaluronique). Les cellules mûres du cartilage portent le nom de chondrocytes (chondro = cartilage). Elles occupent de petits espaces appelés lacunes (lacus = creux, lac) à l’intérieur de la matrice extracellulaire. La plupart des cartilages sont entourés d’une enveloppe de tissu conjoncti dense irrégulier nommée périchondre (peri = autour). Celui-ci est ormé de deux couches distinctes : une couche externe fbreuse et une couche interne cellulaire. Le cartilage est plus solide et plus résistant que les types de tissu conjoncti décrits jusqu’à
une personne se oule la cheville ?
5.3.4.2 Le tissu conjonctif de soutien Il existe deux types de tissu conjoncti de soutien : le tissu cartilagineux et le tissu osseux. Les deux orment une charpente solide et durable qui protège et soutient les tissus mous de l’organisme. La matrice extracellulaire se compose de beaucoup de fbres protéiques et d’une substance ondamentale allant de semi-solide (cartilage) à solide (os).
198 Partie I L’organisation du corps humain
maintenant et il est plus fexible que l’os. Ce type de tissu est présent dans des régions de l’organisme qui nécessitent un soutien et qui doivent résister à la déormation, comme le bout du nez ou le pavillon de l’oreille (portion externe). Les chondrocytes sécrètent un produit chimique qui empêche la croissance et la ormation des vaisseaux sanguins dans la matrice extracellulaire. Le cartilage mûr est donc avasculaire, et les chondrocytes doivent par conséquent échanger leurs nutriments et leurs déchets par diusion avec des vaisseaux sanguins situés hors de la matrice, soit dans le périchondre pour la plupart des cartilages. Trois types importants de cartilage sont présents dans l’organisme : le cartilage hyalin, le cartilage breux et le cartilage élastique (voir la section 7.1). Ils se distinguent à la ois par leur densité et par la dispersion des chondrocytes dans la matrice extracellulaire.
TABLEAU 5.8
Le cartilage hyalin (hyalos = verre) est le type le plus commun de cartilage. Il doit son nom à l’apparence claire et vitreuse qu’il a au microscope TABLEAU 5.8A. Ses chondrocytes sont dispersés irrégulièrement, et les bres de collagène de sa matrice extracellulaire sont dicilement visibles au microscope optique. Le cartilage hyalin est entouré de périchondre. Coloré à l’hématoxylineéosine et examiné au microscope, ce tissu ressemble à une boisson gazeuse au raisin, les bulles de celle-ci représentant les lacunes du tissu. Le cartilage hyalin est présent dans plusieurs régions de l’organisme, notamment le nez, la trachée, le larynx, le cartilage costal (qui s’attache aux côtes) et les extrémités articulaires des os longs. Il orme également le squelette du œtus. Le cartilage fbreux (ou brocartilage) est conçu pour supporter des charges. Il contient une abondance de grosses bres protéiques acilement visibles qui orment des aisceaux réguliers
Tissus conjonctis de soutien : le tissu cartilagineux
A. Cartilage hyalin Structure
Substance fondamentale Chondrocyte
MO 250 x
Lacune
Matrice homogène ressemblant à du verre dépoli ; chondrocytes dispersés dans des lacunes ; habituellement recouvert de périchondre Fonctions Forme la plus grande partie du squelette du œtus ; assure un soutien. Localisation Bout du nez ; trachée ; la plus grande partie du larynx ; cartilages costaux ; extrémités articulaires des os longs ; la plus grande partie du squelette œtal
B. Cartilage fbreux (fbrocartilage)
Fibres de collagène Lacune
MO 250 x
Chondrocyte Substance fondamentale
Structure Nombreuses bres de collagène parallèles acilement visibles ; gros chondrocytes dans des lacunes ; pas de périchondre Fonctions Résiste à la compression ; absorbe les chocs dans certaines articulations. Localisation Disques intervertébraux ; symphyse pubienne ; ménisques du genou
C. Cartilage élastique Structure Fibres élastiques abondantes ormant un réseau enchevêtré ; chondrocytes dans des lacunes ; périchondre présent
MO 200 x
Chondrocyte Fibres élastiques Substance fondamentale
Fonctions Maintient la orme tout en permettant une grande fexibilité. Localisation Oreille externe ; épiglotte du larynx
Chapitre 5 L’organisation tissulaire 199
entre de gros chondrocytes (voir le tableau 5.8B). Il ne renerme qu’une aible quantité de substance ondamentale. Les bres de collagène densément disposées contribuent à la durabilité de ce cartilage qui n’a pas de périchondre. Le cartilage breux constitue un bon amortisseur de chocs qui résiste à la compression. Il se situe dans les disques intervertébraux (structures de soutien circulaires entre des vertèbres adjacentes), la symphyse pubienne (entre les parties antérieures des os coxaux) et les ménisques de l’articulation du genou. Le cartilage élastique est un cartilage fexible et souple. Il doit son nom aux nombreuses bres élastiques de sa matrice extracellulaire (voir le tableau 5.8C). Les chondrocytes y sont étroitement entassés et ils sont entourés d’une petite quantité de matrice extracellulaire. Les bres élastiques denses rendent ce tissu à la ois résistant et très fexible. Le cartilage élastique est entouré de périchondre. Ce tissu ressemble au tissu conjoncti élastique en ceci que lui aussi contient des quantités abondantes de bres. La substance ondamentale du tissu conjoncti élastique est cependant liquide, alors que celle du cartilage élastique est semi-solide et renerme des chondrocytes. Ce type de cartilage élastique est présent dans l’oreille externe et l’épiglotte, une structure ermant l’ouverture du larynx et empêchant les substances avalées de pénétrer dans la trachée. L’expérience suivante permet de constater la grande fexibilité du cartilage élastique : replier le pavillon de l’oreille autour d’un doigt et le maintenir ainsi 10 secondes avant de le relâcher. Le pavillon reprendra sa orme initiale comme un ressort, car le cartilage élastique résiste à la pression déormante appliquée. Cela explique aussi pourquoi une oreille n’est pas déormée de açon permanente lorsqu’une personne s’appuie sur elle d’une manière inhabituelle pendant son sommeil !
Le tissu osseux Le tissu osseux constitue le tissu le plus important de la plupart des structures appelées os (voir le chapitre 7). Il est plus solide que le cartilage et il procure un meilleur soutien, mais il n’est pas fexible (voir la section 7.2.5).
TABLEAU 5.9
La matrice extracellulaire du tissu osseux est ormée de constituants organiques (bres de collagène et glycoprotéines) et de constituants inorganiques consistant en un mélange de sels de calcium, surtout du phosphate de calcium. Les cellules osseuses, qui portent le nom d’ostéocytes, se logent dans des espaces de la matrice extracellulaire appelés lacunes. Presque toute la surace externe d’un os, excepté les portions qui entrent dans une articulation, est recouverte d’un tissu conjoncti dense irrégulier appelé périoste (osteon = os), semblable au périchondre du cartilage. Il existe deux ormes de tissu osseux : le tissu osseux compact et le tissu osseux spongieux (ou trabéculaire). L’os compact semble complètement massi, mais il est en réalité peroré par plusieurs canaux neurovasculaires TABLEAU 5.9. Son organisation histologique est uniorme. Il est ormé de structures cylindriques, appelées ostéons (ou systèmes de Havers), constituées d’anneaux concentriques de tissu osseux nommés lamelles. Ces structures entourent un canal central qui abrite des vaisseaux sanguins et des ners. Donc, contrairement au cartilage, le tissu osseux est vascularisé. Des canalicules permettent aux prolongements cytoplasmiques des ostéocytes d’être en relation avec les vaisseaux sanguins du canal central. Le tissu osseux spon gieux se situe à l’intérieur des os ; il consiste en un treillis de substance osseuse très solide, tout en restant léger. Les cavités de l’os spongieux abritent la moelle osseuse rouge. Les os remplissent diverses onctions. Ils ournissent des leviers pour le mouvement et ils soutiennent les tissus mous, en plus de protéger les organes vitaux du corps. La dure matrice extracellulaire de l’os entrepose d’importants sels minéraux, notamment le calcium et le phosphore. Finalement, l’os spongieux de certains os abrite les cellules hématopoïétiques (haima, haimatos = sang), qui orment un type de tissu conjoncti réticulaire, la moelle osseuse rouge, responsable de la production des cellules sanguines, un processus appelé hématopoïèse (voir le chapitre 18).
Tissus conjonctifs de soutien : le tissu osseux
Tissu osseux
Ostéocyte dans une lacune Lamelles concentriques Ostéon
MO 200 x
Canal central Canalicules
Structure Matrice extracellulaire calcifée renermant des ostéocytes logés dans des lacunes ; l’os compact est arrangé en ostéons (lamelles concentriques autour d’un canal central) ; l’os spongieux (non illustré) est un réseau dont l’organisation dière de celle de l’os compact. Fonctions Procure des leviers pour les mouvements corporels, soutient les structures molles, protège les organes, emmagasine le calcium et le phosphore ; l’os spongieux renerme le tissu hématopoïétique (moelle osseuse rouge) et est le siège de l’hématopoïèse. Localisation Os du squelette
200 Partie I L’organisation du corps humain 5.3.4.3 Le tissu conjonctif liquide
INTÉGRATION
Il existe deux types de tissu conjoncti liquide : le sang et la lymphe. Le sang est un tissu liquide composé d’éléments fgurés (voir le chapitre 18). Ceux-ci comprennent des cellules, les érythrocytes (globules rouges) et les leucocytes (globules blancs), ainsi que des ragments cellulaires appelés thrombocytes (plaquettes) TABLEAU 5.10. La substance ondamentale liquide est le plasma dans lequel plusieurs substances sont dissoutes, notamment des protéines. Le sang accomplit de nombreuses onctions. Les érythrocytes transportent les gaz respiratoires (oxygène et dioxyde de carbone), alors que les leucocytes sont impliqués dans la déense de l’organisme contre les agents étrangers et produisent la réponse immunitaire (voir le chapitre 22). Les thrombocytes et les fbres protéiques participent à l’hémostase, dont la coagulation du sang. Pour sa part, le plasma transporte les nutriments, les déchets et les hormones dans l’organisme (voir le chapitre 18). La lymphe est ormée à partir du plasma et elle fnit par retourner dans la circulation sanguine (voir le chapitre 21). La FIGURE 5.9 présente un résumé des relations entre le type de tissu conjoncti et sa onction.
STRATÉGIES D’APPRENTISSAGE
Pour reconnaître les types de tissu conjoncti proprement dit au microscope, il aut se poser les questions suivantes : 1. Le tissu conjoncti est-il lâche ou dense ? Le tissu conjoncti lâche a moins de bres protéiques et plus de substance ondamentale ; le tissu conjoncti dense contient des bres protéiques étroitement serrées. 2. Si le tissu est lâche, quels types de cellules contient-il ? Le tissu conjoncti aréolaire contient essentiellement des broblastes, alors que le tissu adipeux renerme des adipocytes. La présence de nombreux leucocytes pourrait indiquer qu’il s’agit de tissu conjoncti réticulaire. 3. Si le tissu est dense, les bres protéiques orment-elles des aisceaux orientés dans des directions diérentes (tissu conjoncti dense irrégulier) ou parallèles (tissu conjoncti dense régulier) ? Le tissu conjoncti élastique peut ressembler au tissu conjoncti dense régulier, mais ses bres ne sont pas disposées aussi régulièrement.
5.4
Vérifiez vos connaissances
Le tissu musculaire : le mouvement
12. Comparez le tissu conjoncti lâche et le tissu conjonc-
ti dense du point de vue de la densité et de la distribution de leurs bres, ainsi que du point de vue de la quantité de substance ondamentale. 13. Décrivez la composition et la localisation du cartilage
breux. 14. Pourquoi le tissu osseux est-il considéré comme un
tissu conjoncti ?
TABLEAU 5.10
1
Décrire la structure des tissus musculaires squelettique, cardiaque et lisse.
2
Comparer les onctions de chaque type de tissu musculaire et indiquer la localisation de chacun.
Le tissu musculaire est composé de cellules spécialisées, les fbres musculaires (ou myocytes), qui se contractent lorsqu’elles
Tissu conjonctif liquide : le sang
Sang
Érythrocytes (globules rouges)
Neutrophile (un globule blanc)
MO 720 x
Lymphocyte (un globule blanc)
Thrombocyte (plaquette) Plasma
Structure Contient des éléments gurés (érythrocytes, leucocytes et thrombocytes), des protéines et d’autres substances dissoutes, ainsi qu’une sub stance ondamentale liquide appelée plasma. Fonctions Les érythrocytes transportent les gaz respiratoires (oxygène et dioxyde de carbone) ; les leucocytes contribuent au déclenchement et à la régulation de la réponse immunitaire ; les thrombocytes participent à l’hémostase. Des bres protéiques dissoutes vont s’unir, au besoin, pour permettre la coagulation du sang. Le plasma transporte les nutriments, les déchets et les hormones dans l’organisme. Localisation D’abord dans les vaisseaux sanguins et dans le cœur ; les leucocytes sont également présents dans les structures et les organes lymphoïdes et peuvent migrer vers les tissus inectés ou enfammés de l’organisme.
Chapitre 5 L’organisation tissulaire 201
sont stimulées par le système nerveux. Quand il se contracte, ce tissu produit un mouvement, notamment les mouvements volontaires des parties du corps, les contractions du cœur ou la progression du contenu du tube digesti et des voies urinaires. Il existe trois types de tissu musculaire : le tissu musculaire squelettique, le tissu musculaire cardiaque et le tissu musculaire lisse, les deux premiers étant considérés comme des tissus musculaires striés (voir le chapitre 10). Le tissu musculaire squelettique (ou tissu musculaire strié squelettique ou volontaire) est surtout responsable des mouvements du squelette, bien qu’il mette aussi en mouvement des structures non squelettiques comme la peau du visage. Il se compose de longues cellules cylindriques appelées bres musculaires squelettiques. Celles-ci sont généralement disposées en aisceaux parallèles qui s’étendent sur toute la longueur du muscle. Des bres aussi longues proviennent de la usion de plusieurs cellules au moment du développement embryonnaire, ce qui explique que chaque bre musculaire squelettique est plurinucléée. Ses nombreux noyaux se situent à la périphérie de la cellule TABLEAU 5.11A . Au microscope optique, les bres musculaires squelettiques montrent une alternance de bandes claires et de bandes sombres, appelées stries, qui refètent l’agencement chevauchant de leurs laments protéiques disposés parallèlement (voir le chapitre 10). Le muscle squelettique est considéré comme étant volontaire parce qu’il permet consciemment de générer un mouvement. Le tissu musculaire cardiaque est conné à l’épaisse tunique moyenne du cœur appelée myocarde (voir le chapitre 19) ; il est responsable des contractions du cœur qui permettent de pomper le sang. Le tissu musculaire cardiaque comporte des stries visibles, car l’agencement de ses laments protéiques est semblable à celui du tissu musculaire squelettique. Touteois, à la diérence de celles du muscle squelettique, les myocytes cardiaques (ou cel lules musculaires cardiaques) sont courtes et ramiées (voir le tableau 5.11B). Ces cellules renerment un ou deux noyaux en position centrale. Elles sont en outre reliées par des disques inter calaires (intercalarius = inséré entre) ; ce sont des attaches solides entre les cellules, constituées de desmosomes et de jonctions communicantes. Au microscope, les disques intercalaires apparaissent comme des traits sombres et épais. Ils renorcent la liaison entre les cellules et ils avorisent la conduction rapide des signaux électriques entre plusieurs d’entre elles, permettant ainsi aux cellules d’une cavité cardiaque de se contracter simultanément, comme une unité. Les cellules musculaires cardiaques sont considérées comme étant involontaires parce qu’elles onctionnent indépendamment de notre volonté. Ce sont les cellules cardionectrices (cellules spécialisées non contractiles du cœur) qui déclenchent leur contraction. Le tissu musculaire lisse (ou tissu musculaire viscéral squelettique ou involontaire) se nomme ainsi parce qu’il ne présente pas la striation observée dans les autres tissus musculaires, de sorte qu’il semble lisse (voir le tableau 5.11C). Ses laments protéiques s’entrecroisent au lieu d’être disposés parallèlement (voir le chapitre 10). Les cellules musculaires lisses sont usiormes (en orme de useau), c’est-à-dire qu’elles sont épaisses au milieu et elées à leurs extrémités. Elles sont relativement courtes et contiennent un noyau central ovale. Ce
tissu est présent dans la paroi de la plupart des viscères (intestins, estomac, voies aériennes, vessie et utérus) et des vaisseaux sanguins. La contraction du muscle lisse permet de aire progresser des substances dans ces organes. Dans le cas de l’utérus, ce tissu est responsable des contractions permettant l’accouchement (travail). De petits muscles lisses sont également présents dans l’iris pour contrôler son diamètre, et dans la peau pour permettre l’érection des poils. Ce tissu est qualié d’involontaire parce que l’organisme n’a pas de contrôle volontaire sur sa contraction.
À votre avis 4. Pourquoi, selon vous, le muscle lisse n’a-t-il pas
de striation ?
Vérifiez vos connaissances 15. Comparez la structure du tissu musculaire squelet-
tique à celle du tissu musculaire cardiaque.
INTÉGRATION
STRATÉGIES D’APPRENTISSAGE
Pour reconnaître les types de tissu musculaire au microscope, il aut se poser les questions suivantes : 1. Quelle est la orme des cellules ? Les cellules musculaires squelettiques sont longues et cylindriques, celles du tissu musculaire cardiaque sont courtes et ramifées, et celles du muscle lisse sont courtes et usiormes. 2. Combien y a-t-il de noyaux ? Les noyaux occupent-ils une position centrale ou sont-ils à la périphérie de la cellule ? Les cellules du muscle squelettique ont de nombreux noyaux situés à la périphérie de la cellule. Celles du muscle cardiaque contiennent un ou deux noyaux occupant une position centrale, alors que les cellules du muscle lisse ont un unique noyau central. 3. Les cellules sont-elles striées ? Les cellules du muscle squelettique et du muscle cardiaque sont striées, mais pas celles du muscle lisse. Seules les cellules du muscle cardiaque sont reliées par des disques intercalaires.
5.5
Le tissu nerveux : le transfert et l’intégration de l’information
1
Décrire la structure du tissu nerveux.
2
Énumérer les onctions du tissu nerveux.
L’encéphale, la moelle épinière et les ners qui parcourent l’organisme sont constitués de tissu nerveux. Ce tissu est ormé de cellules appelées neurones qui reçoivent, transmettent et
INTÉGRATION
ILLUSTRATION DES CONCEPTS
FIGURE 5.9 Relation entre le type de tissu conjonctif et sa fonction
❯
A. Le tissu conjonctif proprement dit relie les structures les unes aux autres, alors que B. le tissu conjonctif de soutien procure une charpente ou une protection pour les tissus mous. C. Le tissu conjonctif liquide est responsable du transport des liquides, des nutri ments, des gaz et des déchets.
A. Tissu conjonctif proprement dit Relie les structures entre elles.
Tissu conjonctif dense Localisation : Tissu conjonctif dense irrégulier du derme de la peau, tissu conjonctif dense régulier de la membrane interosseuse (ligament) entre les os de l’avant-bras et tissu conjonctif élastique de l’aorte Principales fonctions : Le tissu conjonctif dense irrégulier relie l’épiderme à l’hypoderme (la couche sous-jacente à la peau). Le tissu conjonctif dense régulier forme les tendons qui attachent les muscles aux os et les ligaments qui rattachent les os entre eux. Le tissu conjonctif dense élastique permet l’étirement et la détente de certains organes (p. ex., l’aorte). Tissu conjonctif dense élastique
Tissu conjonctif dense irrégulier
Tissu conjonctif dense régulier Derme (tissu conjonctif dense irrégulier surtout) Hypoderme (tissu adipeux et tissu conjonctif aréolaire) Tissu conjonctif lâche
Localisation : Tissu conjonctif aréolaire et tissu adipeux dans l’hypoderme, tissu conjonctif réticulaire dans la rate Principales fonctions : Soutient les cellules et enveloppe des structures et des organes. Le tissu conjonctif aréolaire et le tissu adipeux forment l’hypoderme qui relie la peau et les muscles sous-jacents. Autres fonctions : Le tissu conjonctif réticulaire abrite des leucocytes qui procurent une protection immunitaire. Le tissu conjonctif adipeux emmagasine des lipides, constitue un isolant et amortit les chocs.
Tissu conjonctif réticulaire
B. Tissu conjonctif de soutien Procure une protection physique pour les tissus sous-jacents ou une charpente structurale pour les tissus mous de l’organisme.
Cartilage élastique Tissu cartilagineux Localisation : Cartilage hyalin des cartilages costaux, cartilage fibreux des disques intervertébraux et cartilage élastique du pavillon de l’oreille Principales fonctions : Procure une protection et un soutien structural offrant plus de flexibilité que le tissu osseux.
Cartilage hyalin
Cartilage fibreux Tissu osseux squelettique Localisation : Os du système sq Principales fonctions : Procure une protection et un soutien structural, plus rigide et solide que le cartilage ; est un réservoir de calcium et de phosphore.
C. Tissu conjonctif liquide Transporte les nutriments, les gaz et les déchets.
Sang Localisation : À l’intérieur des vaisseaux sanguins et du cœur Principale fonction : Assure le transport de substances dans l’organisme.
204 Partie I L’organisation du corps humain TABLEAU 5.11
Tissu musculaire
A. Tissu musculaire squelettique Structure et caractéristiques Fibres (cellules) striées longues et cylindriques, disposées parallèlement et non ramifées ; les fbres sont plurinucléées et leur contraction est volontaire.
Noyau Stries
Fonction Est essentiellement responsable des mouvements du squelette et de certaines autres parties du corps (expressions aciales).
Fibre musculaire squelettique
Localisation Attache des os et parois de la peau (p. ex., aux muscles aciaux)
B. Tissu musculaire cardiaque Structure et caractéristiques Cellules courtes et striées, généralement ramifées ; chaque cellule contient un ou deux noyaux placés en position centrale ; disques intercalaires entre les cellules ; contraction involontaire.
Noyau Disques intercalaires
Fonction Pompe le sang dans le circuit artériel.
Myocyte cardiaque MO 400 x
Localisation Paroi du cœur (myocarde)
C. Tissu musculaire lisse Structure et caractéristiques Cellules non striées, courtes et usiormes contenant un noyau central ; contraction involontaire
Noyau Cellules musculaires lisses
Fonction Déplace et propulse des substances dans les organes internes. Localisation Paroi des organes creux, comme les intestins, l’estomac, les voies aériennes, la vessie, l’utérus et les vaisseaux sanguins
traitent les infux nerveux. Il renerme également un grand nombre de gliocytes (ou cellules gliales ou névroglies), soit plus de 10 ois le nombre de neurones, qui ne transmettent pas d’infux nerveux, mais qui sont plutôt responsables de la protection, de la nutrition et du soutien des neurones TABLEAU 5.12 . Chaque neurone possède un important corps cellulaire qui abrite à la ois le noyau et les organites cytoplasmiques. Les prolongements de la cellule nerveuse sont des ramications qui s’étendent à partir du corps cellulaire. Les prolongements les plus courts et les plus nombreux sont les dendrites, qui captent les signaux aérents et transmettent l’inormation au
corps cellulaire. Le long prolongement unique qui émerge du corps cellulaire est l’axone (ou neurobre) ; il transporte les signaux eérents vers d’autres cellules. En raison de la longueur considérable de certains axones, les neurones sont habituellement les cellules les plus longues de l’organisme, certains atteignant plus de 1 m. Le chapitre 12 présente plus en détail l’étude du tissu nerveux.
Vérifiez vos connaissances 16. Quelle est la diérence entre un neurone et
un gliocyte ?
Chapitre 5 L’organisation tissulaire 205
TABLEAU 5.12
Tissu nerveux
Tissu nerveux Structure Renerme des neurones composés d’un corps cellulaire, de dendrites et d’un axone partant du corps cellulaire ; contient également des gliocytes dont les prolongements ne sont pas aussi longs que ceux des neurones.
Corps cellulaire d’un neurone Prolongement d'un neurone
Fonctions Noyaux d'un gliocyte
Les neurones reçoivent, traitent et émettent des infux nerveux, alors que les gliocytes soutiennent, pro tègent et nourrissent les neurones. Localisation Encéphale, moelle épinière et ners
5.6
L’intégration des tissus dans les organes et les membranes de revêtement de l’organisme
Un tissu est un groupe de cellules différenciées et semblables qui accomplissent une fonction commune. Les organes et les membranes de l’organisme remplissent aussi certaines fonctions spécialisées ; ils sont constitués d’un ensemble de tissus qui rendent ces fonctions possibles.
5.6.1
Les organes : un assemblage de tissus
1
Dénir ce qu’est un organe.
2
Expliquer les rôles des diérents tissus dans un organe.
Un organe est une structure composée de deux ou de plusieurs types de tissus qui travaillent ensemble pour accomplir des fonctions précises complexes. La clé de la structure d’un organe réside dans le fait que les différents tissus qui le composent doivent travailler de concert. Par exemple, l’estomac contient les quatre types de tissus : il est tapissé d’un épithélium, et sa paroi contient à la fois du tissu conjonctif aréolaire et du tissu conjonctif dense, en plus de trois couches de muscle lisse. La paroi de l’estomac renferme en outre du tissu nerveux en abondance FIGURE 5.10. Tous ces tissus travaillent ensemble pour exécuter les fonctions de l’estomac. Le tissu épithélial sécrète des substances
permettant la digestion chimique des aliments ingérés. Le muscle lisse se contracte et se relâche pour mélanger mécaniquement ces matériaux et pour les décomposer. Le tissu conjonctif abrite les vaisseaux sanguins et les nerfs responsables respectivement de l’irrigation et de l’innervation de l’estomac, et il procure forme et soutien à l’organe. Le tissu nerveux assure la régulation des contractions musculaires et stimule l’activité des cellules glandulaires.
Vérifiez vos connaissances 17. Expliquez pourquoi l’estomac correspond à la
dénition d’un organe.
5.6.2
Les membranes de revêtement de l’organisme
3
Expliquer la structure et les onctions des diérents types de membranes de revêtement : muqueuses, séreuses, cutanée et synoviales.
4
Indiquer les endroits où ces membranes sont présentes.
Le tissu épithélial et le tissu conjonctif forment ensemble des structures qui portent le nom de membranes de revêtement, qu’il ne faut pas confondre avec les membranes plasmiques des cellules. Les membranes de revêtement de l’organisme se composent d’une couche épithéliale rattachée à du tissu conjonctif sous-jacent. Elles sont conçues pour tapisser les cavités corporelles et pour recouvrir les viscères ou la surface externe du corps. Il existe quatre types de membranes de revêtement dans l’organisme : les membranes muqueuses, les membranes
206 Partie I L’organisation du corps humain
Types de tissus
Estomac (un organe)
Tissu épithélial
Tissu conjonctif
Tissu musculaire
Tissu nerveux
Muqueuse Épithélium simple prismatique Tissu conjonctif aréolaire
Plexus nerveux Plexus nerveux entre les couches musculaires Tissu conjonctif dense irrégulier Tissu musculaire lisse (trois couches)
Glandes gastriques (faites d’épithélium)
Couche oblique
Couche circulaire
Séreuse
Tissu conjonctif aréolaire Mésothélium (épithélium simple squameux)
Couche longitudinale Terminaison nerveuse
FIGURE 5.10 Rôles des tissus dans un organe ❯ Divers tissus travaillent de concert pour accomplir les fonctions de l’estomac : les tissus épithélial, musculaire, conjonctif et nerveux.
séreuses, la membrane cutanée et les membranes synoviales, représentées dans la FIGURE 5.11. Une membrane muqueuse, également appelée simplement muqueuse, tapisse des conduits et des compartiments qui communiquent avec l’environnement externe, le tube digesti par exemple, ou les voies respiratoires, urinaires et génitales. Les muqueuses remplissent des onctions d’absorption, de protection ou de sécrétion, et parois une combinaison de celles-ci. Une membrane muqueuse se compose d’un épithélium et d’une couche sous-jacente de tissu conjoncti aréolaire appelée lamina propria. Ces membranes sont souvent recouvertes d’une couche de mucus produit par des cellules caliciormes ou par des glandes pluricellulaires. Les membranes séreuses tapissent des cavités de l’organisme qui ne s’ouvrent pas sur l’environnement extérieur. La membrane se compose d’un épithélium simple squameux portant le nom de mésothélium, qui repose sur une couche de tissu conjoncti aréolaire. Les séreuses produisent un transsudat (trans = au travers de, sudor = sueur), soit un liquide séreux, clair et aqueux, dérivé du plasma sanguin. Les séreuses sont ormées de deux parties, à savoir un feuillet pariétal (ou couche pariétale) qui tapisse l’intérieur de la
cavité corporelle et un feuillet viscéral qui recouvre la surace des organes internes. La cavité séreuse est l’espace virtuel situé entre ces deux euillets, le pariétal et le viscéral, dans lequel le liquide séreux est sécrété. Ce liquide réduit la riction entre les suraces qui s’opposent. Une partie du péricarde (associé au cœur), la plèvre (associée aux poumons) et le péritoine (lié aux organes abdominaux) sont des exemples de membranes séreuses (voir les chapitres 19, 23 et 26). La membrane la plus importante de l’organisme est la membrane cutanée (cutis= peau), soit la peau, qui recouvre la surace externe du corps. La peau se compose d’un épithélium stratifé squameux kératinisé, appelé épiderme, et d’une couche sous-jacente de tissu conjoncti dense irrégulier, appelée derme. La protection des organes internes et la prévention de la perte d’eau ont partie des nombreuses onctions qu’elle remplit (voir le chapitre 6). Certaines articulations du corps sont tapissées intérieurement d’une membrane synoviale composée exclusivement de tissu conjoncti lâche aréolaire. Cette membrane sécrète un liquide synovial qui réduit la riction entre les pièces osseuses en mouvement et qui distribue les nutriments au cartilage recouvrant les suraces articulaires de l’os (voir la section 9.4).
Chapitre 5 L’organisation tissulaire 207
INTÉGRATION LIENS ENTRE LES CONCEPTS
Membrane muqueuse Muqueuse des voies respiratoires Muqueuse du tube digestif Membrane séreuse
Les séreuses réduisent la friction de la même manière dans plusieurs systèmes de l’organisme. Dans le système cardiovasculaire, la sérosité sécrétée par le péricarde réduit la friction produite par les mouvements du cœur qui bat. Celle produite par la plèvre, dans le système respiratoire, prévient une abrasion douloureuse lorsque les poumons se remplissent ou se vident d’air et glissent contre la paroi thoracique. Dans le système digestif, la sérosité sécrétée par le péritoine empêche la friction entre les organes mobiles de l’abdomen et la paroi abdominale.
Feuillet pariétal (de la plèvre) Cavité séreuse (entre le feuillet pariétal et le feuillet viscéral)
Vériiez vos connaissances 18. Quelles sont les différences entre le feuillet pariétal
et le feuillet viscéral d’une séreuse ?
Feuillet viscéral (de la plèvre) Membrane cutanée Peau
Membrane synoviale Articulation tapissée d’une membrane synoviale
5.7
De l’œu écondé jusqu’au décès d’une personne, les tissus se orment, se diérencient, se développent (voir le chapitre 29), puis vieillissent. Durant la vie de l’organisme, certains tissus ont le pouvoir de se régénérer. Aussi, avec le temps et dans certaines conditions, ils peuvent subir des modifcations.
5.7.1
FIGURE 5.11 Membranes de revêtement de l’organisme
❯ Les membranes de l’organisme, formées de tissu épithélial et de tissu conjonctif, tapissent les cavités corporelles et recouvrent les viscères ainsi que la surface externe du corps. Il existe quatre types de membranes de revêtement dans l’organisme : les membranes muqueuses, les membranes séreuses, la membrane cutanée et les membranes synoviales.
La ormation, les modifcations, la régénération et le vieillissement des tissus
La ormation des tissus
1
Expliquer les stades de la formation des tissus chez l’embryon.
2
Décrire les trois feuillets embryonnaires primitifs et énumérer les tissus auxquels chacun donne naissance.
Certaines connaissances de base sur l’embryon humain sont nécessaires pour comprendre comment les tissus se orment. Lorsqu’un ovocyte (œu) est écondé par un spermatozoïde, il orme une cellule diploïde portant le nom de zygote. Celui-ci entreprend une série de divisions cellulaires qui conduiront à la ormation d’une structure pluricellulaire, le blastocyste. L’ensemble des cellules du blastocyste qui ormeront l’embryon porte le nom d’embryoblaste. Les cellules de l’embryoblaste se diérencient au cours de la deuxième et de la troisième semaine du développement. Durant la troisième semaine, trois feuillets embryonnaires primitifs se sont ormés, et c’est à partir d’eux que tous les tissus de l’organisme vont se ormer FIGURE 5.12. Les trois euillets embryonnaires primitis sont l’ectoderme, le mésoderme et
208 Partie I L’organisation du corps humain
l’endoderme. Lorsque ces euillets sont ormés, la structure en croissance prend le nom d’embryon. L’ectoderme se situe initialement sur les suraces dorsale et externe de l’embryon. Il est responsable de la ormation de plusieurs tissus qui occupent une position externe, comme l’épiderme de la peau, les cheveux, les ongles et les glandes exocrines de la peau. Par conséquent, certains des tissus épithéliaux, mais pas tous, dérivent de l’ectoderme. L’émail des dents, le cristallin de l’œil et la médulla surrénale dérivent de l’ectoderme, de même que la glande hypophyse et tout le tissu nerveux, soit l’encéphale, la moelle épinière et les ners. Le mésoderme est le euillet moyen. Il est à l’origine du tissu musculaire et du revêtement épithélial des vaisseaux sanguins et des séreuses qui tapissent les cavités corporelles. Le mésoderme se transorme en mésenchyme ; celui-ci poursuivra ensuite la ormation du tissu conjoncti de l’organisme. Le derme
de la peau, le cortex surrénal, le cœur, la rate, les reins, les structures reproductives internes et les uretères dérivent tous du mésoderme. L’endoderme devient le euillet embryonnaire le plus interne quand la orme de l’embryon se modife. Il orme le revêtement épithélial de la cavité tympanique (oreille moyenne) et de la trompe auditive, ainsi que du tube digesti et des voies respiratoires, génitales et urinaires. L’endoderme orme également des organes comme la glande thyroïde, les glandes parathyroïdes, le thymus et une portion des amygdales, de même que la vésicule biliaire, le pancréas et la plus grande partie du oie.
Vérifiez vos connaissances 19. Quels sont les trois feuillets embryonnaires primitifs
et quand se forment-ils ?
Embryoblaste Blastocyste Ectoderme Mésoderme Endoderme Zygote 3e semaine Embryon
Fin de la 4e semaine Embryon Fécondation
Cavité amniotique
Ectoderme
Endoderme
Sac vitellin
Ectoderme • Épiderme de la peau et dérivés épidermiques (cheveux, ongles, glandes sudoripares, glandes mammaires) • Tissu nerveux et organes des sens • Hypophyse • Médulla surrénale • Émail dentaire • Cristallin
Mésoderme
Pédicule embryonnaire
Mésoderme • Derme de la peau • Revêtement épithélial des vaisseaux sanguins et lymphatiques, séreuses • Tissu musculaire • Tissu conjonctif (incluant les os) • Cortex surrénal • Cœur • Rein et uretères • Organes génitaux internes • Rate
FIGURE 5.12 Feuillets embryonnaires primitifs et leurs dérivés
❯ Les feuillets embryonnaires primitifs (ectoderme, mésoderme et endoderme) qui se forment durant la troisième semaine du développement sont à l’origine de tous les tissus de l’organisme.
Endoderme • Revêtement épithélial des voies respiratoires, du tube digestif, de la cavité tympanique, de la trompe auditive, des voies urinaires et génitales • Foie (la plus grande partie) • Vésicule biliaire • Pancréas • Amygdales palatines (en partie) • Glande thyroïde • Glandes parathyroïdes • Thymus
Disque embryonnaire
Chapitre 5 L’organisation tissulaire 209
5.7.2 3
Les modifcations des tissus
Expliquer comment les cellules des tissus peuvent changer de orme, de taille et de nombre.
À mesure que le corps vieillit et que différents stress sont imposés à l’organisme, les tissus risquent de subir diverses transfor-
mations. Par exemple, il arrive parfois qu’un épithélium arrivé à maturité se transforme en une forme différente d’épithélium en raison d’un phénomène qui porte le nom de métaplasie (meta = après, plasis = action de façonner). La métaplasie peut se produire quand un épithélium s’adapte aux conditions environnementales. Ainsi, l’épithélium de la trachée des fumeurs connaît généralement des transformations métaplasiques. La fumée et ses sous-produits constituent des agents stressants de
INTÉGRATION APPLICATION CLINIQUE
La biologie du cancer DÉSÉQUILIBRE HOMÉOSTATIQUE
Dans les conditions normales où les mécanismes de régulation sont bien coordonnés, une cellule est programmée pour se diviser de 50 à 70 ois environ. Touteois, un dérèglement de ces mécanismes régulateurs peut aboutir à une proliération anarchique des cellules redevenues indiérenciées. Cette nouvelle croissance cellulaire aboutit à une masse cellulaire appelée néo plasme. Les néoplasmes malins correspondent aux cancers.
Les caractéristiques des cellules cancéreuses 1. Elles ont un rapport nucléocytoplasmique (grosseur du noyau par rapport au cytoplasme) élevé. Leur noyau est donc plus gros. Leur matériel génétique est ainsi très acti juste avant la division cellulaire. 2. Normalement, la proliération cellulaire nécessite l’ancrage des cellules à un support (lames basales du tissu). Aussi, lorsque les cellules se touchent, elles arrêtent leurs divisions : c’est l’inhibition de contact. Les cellules cancéreuses perdent des protéines d’adhésion (comme la cadhérine). De ce ait, elles perdent leur capacité d’ancrage à un support solide et leur inhibition de contact. Elles acquièrent donc leur pouvoir envahissant des tissus avoisinants. De plus, elles orment des protéases, c’est-à-dire des enzymes capables de digérer la lame basale des cellules épithéliales. 3. Les cellules cancéreuses dépendent moins des acteurs de croissance. Elles sont même capables de produire leurs propres acteurs de croissance et les récepteurs membranaires correspondants. Cela devient alors une autostimulation avorable à la proliération. 4. Les cellules cancéreuses, très actives, consomment beaucoup d’énergie, donc une grande quantité de nutriments. Cela aboutit à une perte de poids chez l’organisme malade. Aussi, elles sécrètent des facteurs d’angiogenèse tumoraux (FAT) qui avorisent la ormation et la proliération de nouveaux vaisseaux sanguins dans le but de répondre à leurs exigences nutritives. 5. Contrairement aux cellules normales, elles échappent au mécanisme de l’apoptose (suicide cellulaire) (voir le chapitre 4). 6. Les cellules cancéreuses peuvent se détacher de la tumeur primaire (ou primitive), traverser la lame basale du tissu concerné (si elles sont d’origine épithéliale) et voyager par voie lymphatique ou sanguine afn d’atteindre d’autres organes et de s’y installer. Ce sont les tumeurs secondaires (ou métas tases). Les tumeurs d’origine épithéliale, les carcinomes,
empruntent surtout la voie lymphatique. Les tumeurs d’origine mésenchymateuse, c’est-à-dire les sarcomes, empruntent plutôt la voie sanguine.
Les bases génétiques et moléculaires du cancer La conversion d’une cellule normale en une cellule cancéreuse se nomme transformation. Ce processus de carcinogenèse est dû à plusieurs modifcations génétiques successives et cu mulées. Ces modifcations de l’acide désoxyribonucléique (ADN), qui touchent plusieurs gènes ou mutations, sont provoquées par des facteurs environnementaux. Parmi ces derniers, il y a les facteurs physiques, comme des rayonnements ionisants (p. ex., les rayons ultraviolets) ou des traumatismes mécaniques, les facteurs chimiques carcinogènes (p. ex., le goudron du tabac, l’amiante, etc.) ainsi que les acteurs biolo giques, comme certains virus (p. ex., les hépatites B et C et le cancer du oie, le papillome humain et le cancer du col utérin). Ces mutations peuvent toucher les cellules germinales et pourront être transmises aux utures générations. C’est le cas de certains cancers héréditaires comme le cancer du côlon qui se manieste en raison d’une polypose adénomateuse amiliale. Par contre, la plupart des mutations concernent l’ADN des cellules somatiques. Les cancers qui en dérivent ne se transmettent pas à la descendance. Il aut aussi tenir compte du ait qu’un système immunitaire sain empêche la ormation des cellules cancéreuses (voir le chapitre 22). Les gènes responsables des cancers, appelés oncogènes, proviennent en réalité de la mutation de protooncogènes. Ces derniers sont essentiels à la régulation normale de la proliération cellulaire. Ils codent entre autres pour la synthèse de protéines utiles à la division cellulaire et à l’adhérence cellulaire. Sous l’eet des acteurs cancérogènes, ces protooncogènes sont modifés chimiquement (altérations de leur structure moléculaire) et deviennent des oncogènes. Par exemple, l’activation de l’oncogène k-ras situé sur le chromosome 12 avorise la croissance des polypes jusqu’au stade d’un adénome (néoplasme bénin), précurseur du cancer du côlon chez l’humain. Notre système génétique est aussi équipé de gènes sup presseurs des tumeurs (ou antioncogènes). Dans les cellules normales, ces gènes participent à la réparation de l’ADN et stimulent la production de protéines qui inhibent la division cellulaire jusqu’au moment où l’ADN est réparé. Le plus connu de ces antioncogènes est le gène p53. Par exemple, lorsqu’il y a mutation de ce gène situé sur le chromosome 17, l’adénome sur la muqueuse du côlon se transorme en un carcinome (néoplasme malin).
210 Partie I L’organisation du corps humain
l’environnement qui transorment l’épithélium pseudostratié prismatique cilié normal qui tapisse la trachée en un épithélium stratié squameux non kératinisé et non cilié. Un autre exemple s’observe chez certaines personnes ayant des refux acides chroniques (brûlures d’estomac). Dans ce cas-ci, l’épithélium stratié squameux non kératinisé de la portion inérieure de l’œsophage peut se transormer en un épithélium simple prismatique, semblable à celui de l’estomac. La taille des cellules d’un tissu, leur orme et leur nombre peuvent se modier. L’hypertrophie est une augmentation de la taille des cellules existantes d’un tissu, cellules dont le nombre demeure constant. Elle peut être physiologique, comme c’est le cas lorsqu’il y a augmentation de la taille d’un muscle à la suite d’exercices, ou pathologique, comme c’est le cas lorsqu’il y a hypertrophie du ventricule gauche du cœur, une conséquence de l’hypertension artérielle. L’hyperplasie est une augmentation du nombre de cellules d’un tissu sans modication de leur nature histologique. Elle peut être physiologique, comme dans le cas de la proliération du tissu glandulaire mammaire durant la grossesse et la lactation, ou pathologique, comme dans un goitre nodulaire thyroïdien hyperplasique, où il y a augmentation du nombre de cellules olliculaires (voir la section 17.9.2). Lorsque la croissance tissulaire devient hors de contrôle, une tumeur ormée de tissu anormal se développe, une condition qui porte le nom de néoplasie (neo = nouveau, plasis = action de açonner). Ici, il convient de distinguer les néoplasmes bénins dans lesquels la tumeur est délimitée par une capsule et non envahissante, et les néoplasmes malins (cancers) dans lesquels la tumeur, composée de cellules non diérenciées, n’est pas délimitée, et est donc envahissante (voir l’Application clinique inti tulée « La biologie du cancer », p. 209). Une atrophie est une diminution de la taille d’un tissu attribuable à une diminution de nombre ou de la taille de ses cellules. Elle peut résulter du vieillissement normal (atrophie sénile) ou du non-usage d’un organe ou d’un tissu (atrophie par inactivité). Quand une personne est alitée ou qu’elle doit porter un plâtre à la suite d’une racture, ses muscles squelettiques subissent une atrophie par inactivité. Ainsi, au ur et à mesure de l’immobilisation, la taille des bres musculaires diminue. Si l’atrophie n’est pas attribuable à des problèmes persistants, la physiothérapie et le retour à un usage normal des muscles peuvent réduire ou inverser les transormations atrophiques. L’atrophie peut par contre avoir une cause pathologique, comme dans le cas d’une cirrhose du oie causée par l’alcoolisme. Dans ce cas, il y a destruction, donc diminution des cellules épithéliales du oie. La nécrose est la mort d’un tissu. Elle est généralement due à des dommages tissulaires irréversibles qui entraînent une réaction infammatoire dans le tissu (voir la section 22.3.4). La gangrène est un exemple de nécrose tissulaire (voir l’Application clinique intitulée « La gangrène »). La mort cellulaire peut aussi être autoprogrammée. C’est le cas de l’apoptose, qui n’entraîne pas de réaction infammatoire. Ce processus peut être comparé à un suicide cellulaire (voir le chapitre 4).
Vérifiez vos connaissances 20. Quelle est la diérence entre l’hypertrophie et
l’hyperplasie ?
5.7.3 4
La régénération des tissus
Comparer la capacité de régénération des diérents tissus.
La capacité de régénération varie selon le type de tissu (Nothias, 2008). Les tissus épithéliaux en général ont un très grand pouvoir de régénération (voir la section 5.2.1). Par exemple, les épithéliums des muqueuses sont remplacés régulièrement. L’épithélium de la muqueuse intestinale se renouvelle tous les 3 à 5 jours, et l’épiderme se renouvelle en moyenne tous les 21 jours. Dans le cas des cellules du oie, le renouvellement se ait tous les 400 jours environ. Ce taux élevé de régénération est associé à des tissus qui sont soumis à l’usure. D’autres tissus, non épithéliaux, se régénèrent acilement. C’est le cas du tissu hématopoïétique (moelle osseuse rouge) qui orme les cellules sanguines. Pour leur part, les érythrocytes ont une durée de vie d’environ 120 jours. Enn, les tissus conjonctis aréolaire, dense irrégulier et osseux ont une très bonne capacité de régénération, comme le conrme la réparation osseuse à la suite d’une racture. Le tissu conjoncti dense régulier, le cartilage et les tissus musculaires lisse et squelettique ont un pouvoir de régénération limité. Pour leur part, le muscle cardiaque et le tissu nerveux ne se régénèrent presque pas. Lorsqu’il y a une lésion dans ces tissus, ils sont remplacés par un tissu cicatriciel breux constitué essentiellement de bres de collagène, un processus nommé fbrose. Cette cicatrice reconstitue l’intégrité structurale du tissu ou de l’organe lésé, mais laisse des séquelles onctionnelles. Ainsi, à la suite d’un inarctus, le tissu cicatriciel remplace la zone nécrosée du muscle cardiaque. Cette zone est non contractile et, si elle est importante, elle peut altérer le onctionnement du cœur. De plus, s’il y a irritation des viscères à la suite d’interventions chirurgicales, des adhérences de tissu cicatriciel peuvent se ormer entre des structures voisines et gêner le onctionnement des viscères. Par exemple, si des adhérences se orment entre deux anses (replis) intestinales, la motilité de l’intestin s’en trouve aectée, pouvant même aboutir à une occlusion intestinale.
5.7.4 5
Le vieillissement des tissus
Énumérer certaines modifcations des tissus en raison du vieillissement.
Tous les tissus se modient en raison du vieillissement. Divers acteurs avorisent le bon onctionnement des tissus, même au-delà de
Chapitre 5 L’organisation tissulaire 211
INTÉGRATION APPLICATION CLINIQUE
La gangrène DÉSÉQUILIBRE HOMÉOSTATIQUE
La gangrène est la nécrose (mort) des tissus mous d’une partie du corps attribuable à la réduction ou à l’arrêt de l’irrigation artérielle de cette région. Les parties du corps les plus souvent touchées sont les membres, les doigts ou les orteils. La gangrène est une complication majeure du diabète qui entraîne souvent une réduction de l’irrigation sanguine dans les extrémités. Elle se présente sous plusieurs ormes. La gangrène intestinale est habituellement consécutive à une obstruction de l’irrigation sanguine des intestins. Sans irrigation susante, le tissu va se nécroser et se gangrener. La gangrène intestinale est mortelle si elle n’est pas traitée. Dans la gangrène sèche, des zones nettement délimitées de la partie du corps touchée se dessèchent et se racornissent en raison d’une constriction des vaisseaux sanguins due à l’exposition à un roid extrême. La gangrène sèche peut être la complication d’une gelure ou de diverses maladies cardiovasculaires qui réduisent l’irrigation sanguine, surtout celle des mains et des pieds.
Gangrène sèche du pied
La gangrène humide est causée par une inection bactérienne des tissus qui ont perdu leur approvisionnement en sang et en oxygène. Les cellules du tissu mourant se brisent et libèrent un liquide (d’où le nom de gangrène humide) qui crée un environnement humide avorable à la proliération des bactéries ; cellesci produisent souvent un pus nauséabond. Streptococcus, Staphylococcus, Enterobacter et Klebsiella sont les bactéries les plus réquemment associées à la gangrène humide. Il aut rapidement traiter cette aection à l’aide d’antibiotiques et exciser le tissu nécrotique. La gangrène gazeuse touche le plus souvent le tissu musculaire ; les bactéries qui lui sont associées appartiennent en général au genre Clostridium. Quand les bactéries envahissent le tissu nécrotique, celui-ci libère des gaz qui orment des bulles produisant un bruit crépitant dans le tissu, en particulier lorsque la personne est déplacée. La èvre, la douleur et l’œdème (enfure
la cinquantaine : une alimentation appropriée, une bonne santé, une circulation normale et des traumatismes relativement rares. Par la suite, le soutien, l’entretien et le remplacement des cellules et de la matrice extracellulaire deviennent moins ecaces. Des dommages physiques et des changements physiologiques peuvent alors modier la structure et la composition chimique de plusieurs tissus. Par exemple, à mesure qu’une personne vieillit, ses épithéliums deviennent plus minces, et son tissu conjoncti perd sa fexibilité et sa résistance. La quantité de collagène diminue dans l’organisme avec l’âge, de sorte que la réparation des tissus prend
Gangrène gazeuse dans un membre récemment amputé
localisée) sont les symptômes qui apparaissent dans les 72 heures suivant le traumatisme initial. Le traitement de la gangrène gazeuse est similaire à celui de la gangrène humide.
plus de temps. Les os deviennent ragiles, les muscles et le tissu nerveux commencent à s’atrophier. La mauvaise alimentation et les problèmes circulatoires accélèrent ce déclin des tissus. Les pertes cumulatives dues à des dommages ou à des lésions plutôt mineures peuvent nir par entraîner des problèmes de santé majeurs.
Vérifiez vos connaissances 21. Comment les épithéliums et le tissu conjoncti se
modient-ils avec l’âge ?
212 Partie I L’organisation du corps humain
INTÉGRATION APPLICATION CLINIQUE
Les greffes de tissus Une gree de tissus est la transplantation chirurgicale d’un tissu sain dans le but de remplacer un tissu malade, endommagé ou anormal. Il existe quatre types de grees de tissus : l’autogree, l’isogree, l’allogree et l’hétérogree. L’autogree (auto = soi-même) est une transplantation de tissus provenant de la même personne. Il s’agit souvent d’une gree de peau dans laquelle de la peau saine d’une partie du corps est greée sur une autre partie dont la peau a été endommagée par des brûlures ou des produits chimiques. Étant donné qu’il s’agit des tissus mêmes de la personne, son organisme ne les jugera pas comme étant étrangers et ne les rejettera pas. Il est cependant impossible de procéder à une autogree dans certaines situations, par exemple quand la surace de peau abîmée est trop importante pour qu’il soit possible de transplanter autant de tissus. Une isogree (isos = égal) est une transplantation de tissus provenant d’une personne génétiquement identique (c’est-à-dire un vrai jumeau). Il est peu probable que l’organisme du client rejette un greon de ce type, puisqu’il provient d’un individu génétiquement identique. Très peu de personnes cependant ont un vrai jumeau, de sorte que ce type de gree est inaccessible à la plupart des gens. L’allogree (allo = autre) est la transplantation des tissus d’une personne génétiquement diérente. Beaucoup de types de tissus sont utilisés pour eectuer des allogrees, notamment la peau, les muscles, les os et le cartilage. Le terme allogree est
également utilisé pour la transplantation d’organes comme les reins et le oie, ou de parties d’organes comme des valves cardiaques ou la cornée. Dans le cas de cette dernière, le taux de succès est élevé, car elle n’est pas vascularisée ; il n’y a donc pas de rejet par le système immunitaire du client. Bien que la plupart des allogrees de tissus soient couronnées de succès, la transplantation d’organes entiers reste beaucoup plus problématique. Le client et le donneur d’organe doivent être aussi semblables que possible du point de vue de la génétique (comparaison des antigènes d’histocompatibilité, des glycoprotéines situées sur la surace externe des membranes plasmiques des cellules du donneur et du receveur) et des traits comme le groupe sanguin ; d’autres acteurs sanguins du client et du donneur doivent également être compatibles. Plus la compatibilité est grande, moins le risque de rejet de l’allogree est élevé. Le receveur de l’organe greé doit absorber de puissants médicaments immunosuppresseurs pour éviter que son organisme rejette l’organe. Malheureusement, ces mêmes médicaments inhibent complètement le système immunitaire et rendent le receveur plus sensible à la maladie. Même avec des médicaments immunosuppresseurs, il est réquent qu’une allogree soit rejetée. L’hétérogree (heteros = autre), ou xénogree (xenos = étranger), est la transplantation de tissus provenant d’un animal. Des tissus porcins ou bovins ont notamment été utilisés pour remplacer des valves cardiaques, des vaisseaux sanguins et des os. Il est réquent que ces tissus animaux soient rejetés rapidement, mais certaines de ces transplantations sont mieux tolérées (tendons, valves) et peuvent durer plus longtemps.
RÉSUMÉ DU CHAPITRE 5.1
• Les tissus se classent en quatre types généraux : le tissu épithélial, le tissu conjoncti, le tissu
musculaire et le tissu nerveux.
Une introduction à l’orga nisation tissulaire – 176
5.2 Le tissu épithélial : le revêtement des sur faces et les fonctions de sécrétion – 176
• Le tissu épithélial recouvre la surace externe du corps, tapisse ses cavités et orme les struc-
tures sécrétrices que sont les glandes. 5.2.1
Les caractéristiques du tissu épithélial .........................................................................................................
176
• Le tissu épithélial se caractérise par une orte proportion de cellules, la polarité, la fxation à
une membrane basale, l’avascularité, une riche innervation et une grande capacité de régénération. 5.2.2
Les onctions du tissu épithélial ........................................................................................................................
177
• Les épithéliums assurent une protection physique, sont sélectivement perméables, produisent
des sécrétions et renerment des terminaisons nerveuses qui perçoivent les sensations. 5.2.3
La classifcation des tissus épithéliaux de revêtement ........................................................................ • La classifcation des épithéliums repose sur le nombre de couches cellulaires et sur la orme
des cellules superfcielles (apicales). • Un épithélium simple comporte une unique couche de cellules qui sont en contact direct
avec la membrane basale ; un épithélium stratifé se compose de deux couches de cellules ou plus, et seule la couche la plus proonde (basale) est en contact direct avec la membrane basale.
177
Chapitre 5 L’organisation tissulaire 213
• Les cellules peuvent adopter une orme squameuse (cellules aplaties), cuboïde (cellules à peu
près aussi hautes que larges) ou prismatique (cellules plus hautes que larges). • L’épithélium pseudostratifé prismatique semble stratifé, mais en réalité, il est composé d’une
seule couche de cellules à hauteurs variables ; toutes ses cellules sont en contact avec la membrane basale. • L’épithélium transitionnel comprend plusieurs couches de cellules arrondies, et son appa-
rence est diérente selon qu’il est relâché ou distendu. 5.2.4
Les épithéliums glandulaires ...............................................................................................................................
187
• Une glande est composée de une ou de plusieurs cellules épithéliales qui élaborent et
sécrètent un produit. • Les glandes endocrines sécrètent des hormones dans le sang, alors que les glandes exo-
crines sécrètent leurs produits, par un conduit, à la surace d’un épithélium. • Les glandes pluricellulaires sont classifées selon leur orme anatomique (simple ou compo-
sée, tubuleuse, acineuse ou tubuloacineuse) ou sur une base physiologique, selon leur mode de sécrétion (mérocrine, apocrine ou holocrine). • Selon la nature de la sécrétion, il aut distinguer les glandes muqueuses, dont la sécrétion est
visqueuse (mucus), et les glandes séreuses, dont la sécrétion est aqueuse.
5.3 Le tissu conjonctif : des cellules dans une matrice de soutien – 189
• Le tissu conjoncti soutient, protège et relie les organes du corps. 5.3.1
Les caractéristiques du tissu conjoncti .......................................................................................................
190
• Le tissu conjoncti contient des cellules, des fbres protéiques (sau pour le sang et la lymphe
dans lesquels les protéines sont dissoutes) et une substance ondamentale. Les fbres protéiques et la substance ondamentale orment la matrice extracellulaire. Il n’y a pas de mécanismes d’attache entre les cellules. Ce tissu est vascularisé (sau pour le cartilage). • Le tissu conjoncti contient des cellules fxes qui sont logées en permanence et qui varient
selon les types de tissus (p. ex., pour le tissu conjoncti proprement dit : fbroblastes, cellules mésenchymateuses, macrophagocytes, adipocytes) et des cellules mobiles qui se déplacent pour assurer sa réparation et sa protection (mastocytes, plasmocytes, macrophagocytes mobiles, autres leucocytes). • Le tissu conjoncti renerme trois types de fbres protéiques : des fbres élastiques, réticu-
laires et de collagène. • La substance ondamentale produite par les cellules peut être visqueuse et liquide, semi-
solide ou solide. Elle contient diverses grosses molécules : les glycosaminoglycanes, les protéoglycanes et les glycoprotéines d’adhérence. 5.3.2
Les onctions du tissu conjoncti ...................................................................................................................... 193 • Le tissu conjoncti ore une protection physique, ournit un soutien et une charpente structu-
rale, assure la liaison entre les structures et sert à la mise en réserve, au transport ainsi qu’à la protection immunitaire. 5.3.3
Le tissu conjoncti embryonnaire...................................................................................................................... 193 • Tous les tissus conjonctis dérivent d’un tissu conjoncti embryonnaire appelé mésenchyme. • Le tissu conjoncti muqueux n’est présent que dans le cordon ombilical. Les fbres protéiques
immatures y sont plus nombreuses que dans le mésenchyme. 5.3.4
La classifcation des tissus conjonctis......................................................................................................... • Le tissu conjoncti proprement dit comprend le tissu conjoncti lâche et le tissu conjoncti dense. • Le tissu conjoncti lâche renerme une grande quantité de substance ondamentale ; il se
déorme acilement et permet d’amortir les chocs. • Le tissu conjoncti dense se compose essentiellement de grandes quantités de fbres pro-
téiques et de relativement peu de substance ondamentale. S’il est régulier, il permet d’attacher solidement des os entre eux (ligaments) et des muscles aux os (tendons). S’il est irrégulier, il permet à la structure de résister à la tension dans toutes les directions. Lorsqu’il est riche en fbres élastiques, il peut résister à l’étirement. • Le tissu conjoncti de soutien (tissu cartilagineux et tissu osseux) ournit soutien et protection
aux tissus mous et aux organes du corps. • Le tissu conjoncti liquide (sang et lymphe) contient des éléments fgurés, des protéines dis-
soutes et une substance ondamentale aqueuse. Ce tissu transporte des substances (nutriments, déchets, gaz, hormones) et participe à la réponse immunitaire ainsi qu’à l’hémostase.
194
214 Partie I L’organisation du corps humain
5.4
• Le tissu musculaire squelettique se compose de bres musculaires, ou myocytes, soit de
longues cellules cylindriques, plurinucléées et striées. Les noyaux se situent à la périphérie de la bre, et la contraction de ce tissu est volontaire.
Le tissu musculaire : le mouvement – 200
• Le tissu musculaire cardiaque est localisé dans la paroi du cœur. Ses cellules sont ramiées,
courtes et striées, et elles renerment un ou deux noyaux en position centrale. Ses contractions sont involontaires. Des mécanismes d’attache, nommés disques intercalaires, sont visibles entre les cellules. • Du tissu musculaire lisse tapisse la paroi des organes internes ; ses cellules sont usiormes
(en orme de useau), contiennent un noyau central et ne sont pas striées. Ses contractions sont involontaires.
5.5
• Le tissu nerveux renerme des neurones et des gliocytes ; il compose l’encéphale, la moelle
épinière et les ners.
Le tissu nerveux : le transert et l’intégration de l’inormation – 201
5.6 L’intégration des tissus dans les organes et les membranes de revête ment de l’organisme – 205
• Les neurones reçoivent des stimulus et transmettent des infux nerveux. • Les gliocytes soutiennent, protègent et nourrissent les neurones. 5.6.1
Les organes : un assemblage de tissus ........................................................................................................ 205 • Un organe contient deux ou plusieurs tissus qui travaillent ensemble pour accomplir des
onctions précises et complexes. 5.6.2
Les membranes de revêtement de l’organisme ....................................................................................... 205 • Les membranes de revêtement de l’organisme tapissent les cavités corporelles et recouvrent
les viscères ou la surace externe du corps. • Les membranes muqueuses sécrètent du mucus et tapissent des cavités corporelles qui
communiquent avec l’extérieur. • Les membranes séreuses sécrètent une sérosité et tapissent des cavités internes qui ne
débouchent pas sur l’extérieur. • La membrane cutanée est la peau ; elle protège les structures internes du corps. • Les membranes synoviales sécrètent un liquide synovial ; elles tapissent la surace interne de
la cavité des articulations synoviales.
5.7
5.7.1
La ormation des tissus ...........................................................................................................................................
207
• Chez l’embryon, les euillets primitis embryonnaires (ectoderme, mésoderme et endoderme)
La ormation, les modifcations, la régénération et le vieillissement des tissus – 207
donnent naissance à tous les tissus de l’organisme. • L’ectoderme orme l’épiderme, le tissu nerveux, la médulla surrénale, le cristallin de l’œil et
l’émail des dents. • Le mésoderme orme le derme, tout le tissu conjoncti et le tissu musculaire, les séreuses, le
cœur, le cortex surrénal, les reins et les uretères, ainsi que les organes reproducteurs internes. • L’endoderme orme le revêtement épithélial du tube digesti et des voies respiratoires, géni-
tales et urinaires ; il compose également la glande thyroïde, les glandes parathyroïdes, le thymus, une portion des amygdales palatines, la vésicule biliaire, le pancréas et la plus grande partie du oie. 5.7.2
Les modifcations des tissus ............................................................................................................................... 209 • Une métaplasie est le changement d’un épithélium arrivé à maturité en un autre épithélium en
réaction à une lésion ou à un stress. • L’hypertrophie est une augmentation de la taille des cellules ; l’hyperplasie est une augmenta-
tion du nombre de cellules. • Une atrophie est une réduction de la taille d’un tissu causée par la diminution du nombre de
ses cellules ou par la réduction de leur taille, ou encore par ces deux acteurs. • Une néoplasie est une croissance cellulaire non contrôlée. Les cellules perdent leur diéren-
ciation. Il convient de distinguer la néoplasie bénigne de la néoplasie maligne (cancer).
Chapitre 5 L’organisation tissulaire 215
5.7.3
La régénération des tissus ....................................................................................................................................
210
• Le pouvoir de régénération est variable selon le type de tissu. Les tissus épithéliaux ont un
très grand pouvoir de régénération ; d’autres, comme la moelle osseuse rouge ainsi que les tissus conjonctis aréolaire, dense irrégulier et osseux, ont une bonne capacité de régénération ; certains, comme le tissu conjoncti dense régulier, le cartilage ainsi que les muscles lisses et squelettiques, ont un pouvoir limité. Finalement, certains tissus, comme le muscle cardiaque et le tissu nerveux, ont un pouvoir de régénération pratiquement nul ; dans ces cas, une lésion est remplacée par un tissu cicatriciel fbreux. 5.7.4
Le vieillissement des tissus ..................................................................................................................................
210
• Lorsque les tissus vieillissent, leur réparation et leur entretien deviennent moins efcaces, et
la structure de plusieurs d’entre eux peut se modifer.
AUTOÉVALUATION
Solutionnaire
Concepts de base 1
2
Lequel des éléments suivants ne constitue pas une caractéristique du tissu conjoncti aréolaire ?
5
a) Les fbroblastes y sont le type cellulaire prédominant.
a) mérocrine
b) Il y a abondance de substance ondamentale.
b) apocrine
c) Il contient des fbres protéiques étroitement serrées.
c) holocrine
d) Il est présent dans l’hypoderme (sous la peau).
d) Toutes ces réponses sont correctes.
Les membranes tapissent généralement des cavités corporelles qui s’ouvrent sur l’extérieur (p. ex., la cavité nasale). a) muqueuses
6
Quelles sont les caractéristiques communes à tous les types d’épithéliums ?
7
Quel type d’épithélium tapisse la lumière de l’estomac, la cavité orale, la vessie et les sacs alvéolaires (alvéoles) des poumons ? Dans chacun des cas, comment est-il possible de justifer le type d’épithélium ?
8
Énumérez les quatre types de membranes de revêtement de l’organisme et donnez un exemple de localisation pour chaque type.
9
Quelles sont les caractéristiques communes à tous les tissus conjonctis ?
b) séreuses c) cutanées d) synoviales 3
Toutes les caractéristiques suivantes s’appliquent au tissu épithélial, sau celle-ci : a) Il est sélectivement perméable. b) Il peut ormer des glandes exocrines. c) Ses cellules ont une grande capacité de régénération. d) Il contient de nombreux vaisseaux sanguins.
4
Une glande est une glande qui intègre sa sécrétion dans des vésicules et qui les libère par exocytose.
Quel type de tissu musculaire se compose de longues fbres cylindriques striées ayant de nombreux noyaux situés en périphérie ? a) Le muscle lisse. b) Le muscle squelettique. c) Le muscle cardiaque. d) Toutes ces réponses sont correctes.
10 Quelle est la diérence entre les neurones et les gliocytes
du tissu nerveux ?
216 Partie I L’organisation du corps humain Mise en application 1
Carlos se présente chez le médecin pour se plaindre d’une douleur au sternum. En l’auscultant, le médecin perçoit un crissement audible au stéthoscope. Il soupçonne un épanchement de liquide dans la cavité péricardique. De quel type de membrane corporelle s’agit-il ici ?
3
a) Le tissu contenait de grandes quantités de substance ondamentale qui l’ont gardé gonfé et à peu près intact. b) Le tissu contenait plusieurs couches de cellules, de sorte que le prélèvement de quelques cellules n’allait pas le blesser.
a) Une membrane cutanée. b) Une membrane séreuse.
c) Le tissu contenait beaucoup de vaisseaux sanguins, de sorte que le sang a rempli tous les espaces laissés par les cellules prélevées.
c) Une membrane synoviale. d) Une membrane muqueuse. 2
Votre optométriste dirige une lumière sur votre œil et voit que votre pupille se contracte (elle devient plus petite) en réaction à la lumière. Elle vous dit que l’iris, la partie colorée de l’œil, est un muscle qui ajuste automatiquement la taille de la pupille en onction de la quantité de lumière qui pénètre dans l’œil. En vous basant sur cette inormation, de quel type de tissu musculaire croyez-vous que l’iris est ormé ?
d) Les cellules restantes étaient reliées par des disques intercalaires qui ormaient un lien très solide entre elles. 4
De quelle orme les cellules que Geneviève a par la suite examinées au microscope étaient-elles ? a) Squameuse. b) Cuboïde. c) Prismatique. d) Circulaire.
a) Squelettique. b) Cardiaque.
Pourquoi a-t-il été si acile pour Geneviève de prélever ce tissu sans se blesser ?
5
c) Lisse. d) Visuel.
Si Geneviève prélevait un gros ragment de ce tissu au même endroit, quelles seraient la orme et les caractéristiques des cellules plus proondes ? a) Les mêmes que celles des premières cellules observées au microscope.
Répondez aux questions 3 à 5 à l’aide du paragraphe suivant.
b) Elles seraient cuboïdes.
Durant un laboratoire de biologie, Geneviève a prélevé du tissu de la paroi interne de sa joue à l’aide d’un coton-tige. Elle a ensuite déposé ce tissu sur une lame pour l’examiner au microscope.
c) Elles seraient binucléées et circulaires. d) Elles seraient squameuses.
Synthèse 1
Simon ait les observations suivantes au cours d’un exercice de microscopie au laboratoire d’histologie : 1) la coupe qu’il observe contient diérents types de bres protéiques dispersées (elles ont des largeurs diérentes, certaines sont ramiées et d’autres sont longues et non ramiées) ; 2) la préparation renerme certains vides, c’est-à-dire des plages claires situées entre les cellules et les bres observées, qui ne présentent pas de caractéristiques notables ; 3) plusieurs types cellulaires peuvent être observés dans la coupe, mais ces cellules ne orment pas des groupes denses et sont plutôt dispersées. Quel type de tissu cet étudiant observet-il ? Où ce tissu se situe-t-il dans l’organisme ?
2
Votre père soure d’une douleur au genou. Quelqu’un lui a dit qu’il s’agissait soit des premiers stades de l’arthrite, soit d’un quelconque problème articulaire intrinsèque. Son ami lui recommande de prendre un supplément chimique appelé sulate de chondroïtine avec ses repas, supplément qui, selon lui, aurait aidé certaines personnes sourant de douleurs articulaires. Il soulagerait en particulier les symptômes causés par la dégénérescence du cartilage des suraces osseuses des articulations. En vous ondant sur votre connaissance des tissus conjonctis, croyez-vous que les suppléments de sulate de chondroïtine pourraient améliorer les problèmes de genou de votre père ?
LE SYSTÈME TÉGUMENTAIRE
CHAPITRE
6
Adaptation française :
Dave Bélanger
LE DERMATOLOGUE …
DANS LA PRATIQUE
Le dermatologue (derma = peau, logos = étude) est un médecin spécialiste du système tégumentaire (peau, cheveux, poils, ongles et glandes exocrines annexes) et des maladies qui lui sont propres. Le dermatologue doit posséder une connaissance approfondie de la peau et de la capacité du système tégumentaire à se régénérer après un traumatisme dû, par exemple, à une infection ou à une chirurgie. Sur la photographie ci-contre, une dermatologue examine une marque s’apparentant à un mélanome, une forme maligne de cancer affectant les mélanocytes (cellules de l’épiderme).
6.1 6.2
6.3
Une introduction au système tégumentaire ................................................ La composition de la peau ....................... 6.2.1 L’épiderme ............................................ 6.2.2 Le derme .............................................. 6.2.3 L’hypoderme ......................................... 6.2.4 Les variations de la peau ....................... Les annexes cutanées ............................... 6.3.1 Les ongles ............................................
218 218 219 220 224 225 228 228
6.4
6.3.2 Les poils ............................................... 6.3.3 Les glandes exocrines de la peau ........... Les onctions de la peau ........................... 6.4.1 Les fonctions de l’épiderme ...................
229
234 235
Illustration des concepts Infuence structurale de la peau sur ses onctions ................................................... 236 INTÉGRATION
6.4.2
6.5
232
Les fonctions du derme ......................... 238
6.6
La réparation et la régénération du système tégumentaire ......................... 239 La ormation et le vieillissement du système tégumentaire ......................... 241 6.6.1 La formation de la peau et des dérivés tégumentaires ....................................... 241 6.6.2
Le vieillissement du système tégumentaire ......................................... 241 Liens entre le système tégumentaire et les autres systèmes ............................................... 245
218 Partie II Le soutien et les mouvements du corps
6.1
Une introduction au système tégumentaire
le poids des personnes. Son épaisseur varie de 1,5 à 4,0 millimètres (mm), selon les régions du corps (Laplante, 2004).
Chez l’humain, le système tégumentaire est composé de la peau et de ses annexes : les ongles, les poils, les glandes sudoripares et les glandes sébacées. Le système tégumentaire contribue à l’image que l’humain a de lui-même et il reète parois ses émotions (p. ex., la pâleur de la peau souvent associée à la peur). La peau est un organe soumis aux traumatismes, aux substances dangereuses, aux polluants, aux microorganismes et aux rayons du soleil. Elle constitue donc une barrière entre l’organisme et le monde extérieur. Robuste et souple, elle se nettoie acilement et possède un grand pouvoir de régénération. La peau est également un précieux indicateur visuel de l’état physiologique et de la santé générale d’une personne. Par exemple, des changements de la couleur de la peau, une modifcation de sa texture ou l’apparition de lésions peuvent signaler la présence de carences, d’inections ou de maladies systémiques.
6.2
La composition de la peau
La peau est le plus grand organe du corps. Elle représente de 7 à 8 % de la masse corporelle et recouvre tout le corps, sur une surace variant de 1,5 à 2,0 mètres carrés (m 2), selon la taille et
Les quatre types de tissus (épithélial, conjoncti, musculaire et nerveux) entrent dans la composition de la peau et agissent en harmonie pour protéger les structures internes de l’organisme. La surace de la peau est recouverte d’un tissu épithélial protégeant les couches inérieures. Le tissu conjoncti, situé en dessous du tissu épithélial, ournit à la peau sa résistance et sa exibilité. Il contient notamment des petits muscles qui, associés aux ollicules pileux, agissent sur la position des poils. Enfn, le tissu conjoncti renerme également du tissu nerveux qui permet la détection des stimulus sensoriels (apportant notamment des inormations tactiles) ou la transmission d’inormations motrices (permettant, entre autres, le hérissement des poils). La peau est composée de deux parties distinctes. L’épiderme, la partie superfcielle, est composé d’un épithélium stratifé squameux. Le derme, la partie plus proonde par rapport à l’épiderme, est ormé de deux types de tissu conjoncti FIGURE 6.1. Sous le derme se trouvent des tissus conjonctis aréolaires et adipeux nommés hypoderme (ou ascia superfciel ou encore couche sous-cutanée). L’hypoderme ne ait pas partie du système tégumentaire. Cependant, comme il est lié à la structure et aux onctions de la peau, il est présenté dans ce chapitre.
FIGURE 6.1 Structure de la peau ❯ Cette représentation d’une coupe transversale illustre les liens étroits qui existent entre la peau et l’hypoderme.
Tige du poil
Pore Crête épidermique Épiderme
Papille dermique Muscle arrecteur du poil Glande sébacée
Couche papillaire
Peau
Derme
Fibre nerveuse sensitive Canal de la glande sudoripare Glande sudoripare mérocrine
Couche réticulaire
Fibre nerveuse motrice Veine Artère Hypoderme Tissu conjonctif adipeux Follicule Récepteurs pileux sensoriels tactiles
Tissu conjonctif aréolaire
Chapitre 6 Le système tégumentaire 219
6.2.1
L’épiderme
1
Décrire les cinq couches de l’épiderme.
2
Expliquer le processus de kératinisation.
des cellules mortes qui se détachent de la surace de la peau. Elles doivent leur nom à une protéine qu’elles synthétisent en abondance : la kératine. Cette protéine a pour onction de renorcer considérablement l’épiderme.
L’épiderme (epi = sur, derma = peau) est la partie épithéliale de la peau. Il est composé d’un épithélium stratifé, squameux et kératinisé, et il est dépourvu de vaisseaux sanguins (non vascularisé). Un examen attenti de l’épiderme révèle une succession de couches bien précises. De la plus proonde à la plus superfcielle, il y a la couche basale, la couche épineuse, la couche granuleuse, la couche claire, qui se trouve uniquement dans la peau épaisse, et, fnalement, la couche cornée FIGURE 6.2. Les trois premières couches sont composées de kératinocytes vivants, alors que les deux couches superfcielles contiennent des kératinocytes morts.
6.2.1.1 La couche basale La couche épidermique la plus proonde est la couche basale (stratum basale) (ou couche germinative). Cette couche, composée d’une seule épaisseur de cellules, est solidement liée à la membrane basale sous-jacente qui sépare l’épiderme du derme. La couche basale contient trois types de cellules (voir la fgure 6.2B) : 1. Les kératinocytes (keras = corne, cornée) sont les cellules les plus abondantes de la couche basale. Ils sont également présents partout dans l’épiderme. La couche basale est dominée par de grandes cellules souches kératinocytes qui se divisent pour produire de nouvelles cellules. En migrant vers les couches supérieures, ces cellules permettent le remplacement
2. Les mélanocytes (melano = noir) sont des cellules de orme étoilée dispersées parmi les kératinocytes de la couche basale. Ils possèdent des prolongements longs et fns qui s’infltrent entre les kératinocytes. En réaction à l’exposition aux rayons ultraviolets (UV), les mélanocytes produisent un pigment : la mélanine. Une ois produits, les pigments de mélanine sont regroupés en amas et entourés d’une membrane. Cet ensemble prend alors le nom de mélanosome. Les mélanosomes agissent comme véhicules de transport de la mélanine qui prennent la direction des prolongements cytoplas miques du mélanocyte avant d’être transérés dans les kératinocytes de la couche basale et des couches plus superfcielles. La mélanine, dont la couleur peut aller du noir, au brun, au beige ou au brun jaunâtre, s’accumule fnalement autour du noyau des kératinocytes pour ormer un écran qui protège l’acide désoxyribonucléique (ADN) des cellules des rayons UV. La production de mélanine par les mélanocytes rend la peau plus oncée. 3. Les cellules de Merkel sont peu nombreuses et sont dispersées parmi les cellules de la couche basale située là où l’épiderme et le derme sont en contact. Sensibles au toucher, elles libèrent des substances chimiques lorsqu’elles sont comprimées. Ces substances stimulent les terminaisons nerveuses du derme sous-jacent, permettant ainsi de sentir les objets qui entrent en contact avec la peau. Les cellules de Merkel participent notamment à la perception des structures rugueuses.
Kératinocytes morts Canal d’une glande sudoripare
Couche cornée Canal d’une glande sudoripare
Couche claire Couche granuleuse
Kératinocyte vivant
Couche épineuse
Mélanocyte Cellule dendritique épidermique Membrane basale Cellule de Merkel
Couche basale
MO 25 x
Derme
A.
Terminaison nerveuse sensitive B.
FIGURE 6.2 Couches épidermiques ❯ A. Une photomicrographie et B. un schéma illustrent l’organisation des couches épidermiques de la peau épaisse.
220 Partie II Le soutien et les mouvements du corps 6.2.1.2 La couche épineuse
6.2.1.5 La couche cornée
La couche épineuse (stratum spinosum) est ormée de 8 à 10 couches de kératinocytes. Elle porte ce nom en raison de la orme en épine que prennent les kératinocytes de cette couche à la suite de la préparation du tissu nécessaire à l’observation au microscope. Chaque ois qu’un kératinocyte de la couche basale se divise, une des deux cellules demeure dans la couche basale et conserve son rôle de cellule souche, tandis que l’autre cellule flle est poussée vers la couche épineuse. Lorsque cette nouvelle cellule pénètre dans la couche épineuse, elle se diérencie et devient un kératinocyte ultraspécialisé qui ne subira plus de divisions. Les kératinocytes de la couche épineuse adhèrent à leurs semblables grâce à de nombreuses jonctions intercellulaires appelées desmosomes (voir la section 4.5.4).
La couche cornée (stratum corneum) est la couche la plus superfcielle de l’épiderme, soit celle qui est visible. Elle est composée de 20 à 30 couches de cellules mortes kératinisées et entrelacées. Ces cellules mortes n’ont plus de noyau, sont remplies de kératine et sont comprimées les unes contre les autres, un peu comme le seraient des pains pitas empilés.
En plus des kératinocytes diérenciés et des prolongements cytoplasmiques des mélanocytes, la couche épineuse contient un autre type de cellules : les cellules dendritiques épidermiques (ou cellules de Langerhans) (voir la fgure 6.2B). Elles sont généralement présentes dans la couche épineuse, mais également dans la couche granuleuse plus superfcielle. L’activité phagocytaire des cellules dendritiques épidermiques permet de détruire les microorganismes qui réussissent à pénétrer les couches superfcielles de l’épiderme ou encore les cellules cancéreuses épidermiques qui peuvent se ormer. Elles enclenchent par la suite une réponse immunitaire dont la onction est de protéger l’organisme (voir le chapitre 22 pour une description détaillée du système immunitaire).
Lorsqu’ils atteignent la couche cornée, les kératinocytes morts sont essentiellement composés de la protéine kératine entourée d’une membrane plasmique épaissie. La migration du kératinocyte vers la couche cornée se produit pendant les deux premières semaines de son cycle de vie. Les cellules mortes kératinisées restent habituellement deux autres semaines sur la surace externe de la couche cornée où elles servent de barrière, avant d’être éliminées par exoliation. Les cellules éliminées sont parois visibles à l’œil nu lorsqu’elles se détachent par groupes (p. ex., les pellicules ou les petites peaux mortes qui se détachent parois de l’épiderme). Ainsi, du moment de sa ormation jusqu’à son élimination par exoliation, un kératinocyte demeure approximativement un mois dans l’épiderme. La surace épaisse et normalement sèche de la couche cornée en ait un milieu peu adapté à la croissance de microorganismes. De plus, certaines sécrétions des glandes annexes exocrines empêchent la croissance de microorganismes sur l’épiderme et contribuent à son rôle de barrière (voir la section 6.3.3).
Vérifiez vos connaissances 1. Une épine pénètre la paume d’une main et traverse
6.2.1.3 La couche granuleuse La couche granuleuse (stratum granulosum) comporte de trois à cinq couches de kératinocytes. Ces derniers prennent un aspect de plus en plus aplati à mesure qu’ils progressent vers la surace de la peau. C’est dans la couche granuleuse que s’amorce le processus de kératinisation. Au cours de ce processus, les kératinocytes amorcent leur production de kératine. Cette kératine s’organise ensuite en aisceaux parallèles qui conèrent la résistance à l’épiderme. Les kératinocytes de la couche granuleuse libèrent également une sécrétion lipidique (glycolipides) qui s’accumule dans les espaces intercellulaires. Cette sécrétion contribue à rendre la peau hydrouge. En parallèle, les kératinocytes subissent une mort cellulaire programmée appelée apoptose. Ce phénomène s’accompagne d’une destruction des organites et du noyau de la cellule. Une cellule entièrement kératinisée est donc une cellule morte. Touteois, sa structure est résistante en raison de la kératine qu’elle contient. Enfn, bien que le processus de kératinisation débute dans la couche granuleuse, les cellules entièrement kératinisées n’apparaissent que dans les couches encore plus superfcielles (couches claire et cornée).
6.2.1.4 La couche claire La couche claire (stratum lucidum) est une couche translucide et mince comportant deux à trois couches de kératinocytes. Elle se situe au-dessus de la couche granuleuse et avant la couche cornée. La couche claire se trouve uniquement dans la peau épaisse présente notamment sur la paume des mains ou la plante des pieds. Les cellules de cette couche sont mortes et paraissent pâles et aplaties.
toutes les couches de l’épiderme. Nommez ces couches, en partant de la surface externe de la peau. 2. Décrivez brièvement le processus de la kératinisation.
Où se déroule-t-il ? Pourquoi est-il important ?
6.2.2
Le derme
3
Décrire les caractéristiques propres aux deux couches du derme.
4
Décrire l’utilité des lignes de Langer.
5
Décrire le rôle des vaisseaux sanguins du derme dans la régulation de la température.
Le derme, dont l’épaisseur varie de 0,5 à 3,0 mm, est situé sous l’épiderme et se compose de deux couches : une couche papillaire superfcielle et une couche réticulaire sous-jacente FIGURE 6.3. Il est ormé de tissu conjoncti composé majoritairement de fbres de collagène, bien qu’il y ait également des fbres élastiques et des fbres réticulaires. Le derme comprend des vaisseaux sanguins et lymphatiques, des glandes sudoripares, des glandes sébacées, des ollicules pileux et leur muscle arrecteur, des fbres nerveuses et, à certains endroits, la racine des ongles (voir la section 6.3). Il renerme également des cellules dendritiques comparables à celles présentes dans l’épiderme (Baleeiro, Wiesmüller, Reiter et al., 2013). Ces cellules, qui ont partie du
Chapitre 6 Le système tégumentaire 221
FIGURE 6.3 Couches du derme
❯ Le derme est composé d’une couche papillaire et d’une couche réticulaire.
Crêtes épidermiques
Papilles dermiques
Épiderme
Couche papillaire
Derme Couche réticulaire Récepteur sensoriel tactile Artère Veine Tissu conjonctif aréolaire
Hypoderme
Tissu conjonctif adipeux
système immunitaire, détectent les agressions microbiennes et peuvent alerter les autres cellules du système immunitaire.
6.2.2.1 La couche papillaire La couche papillaire est la couche superfcielle du derme. Elle est composée de tissu conjoncti aréolaire qui comprend notamment des fbroblastes ainsi que des fbres de collagène et des fbres élastiques organisées de açon plus ou moins régulière. Elle doit son nom aux projections en orme de bosses du derme nommées papilles dermiques (papilla = bout du sein). Les crêtes épidermiques (saillies proondes de l’épiderme) et les papilles dermiques s’interpénètrent pour ormer une structure appelée crêtes de la peau. Cette structure accroît la surace de contact entre le derme et l’épiderme, et retient ermement ces deux parties de la peau ensemble. Touteois, une riction trop importante ou répétée peut entraîner un détachement des crêtes épidermiques et des papilles dermiques. Cela se manieste par la ormation d’une poche remplie de liquide interstitiel appelée communément ampoule. Chaque papille dermique contient des
capillaires qui transportent les nutriments vers les cellules de l’épiderme. Enfn, les papilles dermiques contiennent des terminaisons nerveuses servant de récepteurs tactiles (voir la fgure 6.1). Leur rôle est décrit en détail dans la section 16.2.1.
6.2.2.2 La couche réticulaire La couche réticulaire orme la couche la plus épaisse et la plus proonde du derme. Elle s’étend de la couche papillaire jusqu’à l’hypoderme. La couche réticulaire est principalement composée de tissu conjoncti dense irrégulier. Ce tissu comprend quelques fbroblastes ainsi que des fbres de collagène denses entre lesquelles se trouvent des fbres élastiques. L’ensemble de ces fbres orme des aisceaux qui sont généralement parallèles à la surace de la peau, contrairement à la couche papillaire dans laquelle les fbres peuvent être perpendiculaires à la surace de la peau. Ces aisceaux conèrent une résistance et une élasticité au derme réticulaire, et permettent notamment à la peau d’être étirée et de reprendre sa orme. Ils entourent les composantes du derme, notamment les ollicules pileux, les glandes sébacées, les glandes
222 Partie II Le soutien et les mouvements du corps
Les fbres de collagène et les fbres élastiques contribuent à donner à la peau ses caractéristiques physiques. Les fbres de collagène conèrent à la peau sa orce mécanique et sa résistance, alors que les fbres élastiques assurent sa exibilité et son retour à la orme initiale après des mouvements normaux.
le plan clinique et chirurgical. Une incision pratiquée de açon perpendiculaire à une ligne de Langer ormera une ouverture béante, puisque les fbres élastiques sectionnées appliqueront une tension de part et d’autre de l’ouverture. Le temps de guérison sera alors plus long, et les cicatrices, plus apparentes. À l’opposé, si l’incision est parallèle à la ligne de Langer, l’ouverture aura tendance à se reermer plus acilement en raison de la tension exercée par les lignes de Langer intactes de part et d’autre de l’incision. Cela avorise une guérison plus rapide et des cicatrices moins apparentes.
La majorité des fbres de collagène et des fbres élastiques de la peau sont orientées en aisceaux parallèles à des endroits précis du corps. L’alignement des aisceaux dans le derme dépend du sens de la pression appliquée sur la peau pendant les mouvements normaux. La onction principale de ces aisceaux consiste à résister à cette pression. Les lignes de Langer présentes dans la peau désignent l’orientation prédominante des aisceaux de fbres de collagène FIGURE 6.4A. Le sens de ces lignes est important sur
Bien que le derme conère résistance et élasticité à la peau, un étirement excessi de la peau peut parois endommager les fbres élastiques et les fbres de collagène du derme. Ce type d’étirement peut survenir à la suite d’un gain de poids important ou d’une grossesse. Dans ces cas, certaines fbres de collagène se déchirent et laissent paraître des vergetures (voir la fgure 6.4B) qui prennent l’allure de stries rouges ou blanches à la surace de la peau.
sudoripares, les fbres nerveuses et les vaisseaux sanguins et lymphatiques.
6.2.2.3 Les lignes de Langer, les vergetures
et les rides
FIGURE 6.4 Lignes de Langer et vergetures
❯
A. Les lignes de Langer défnissent les zones de la peau et indiquent le sens prédominant des fbres de collagène dans la couche réticu laire du derme. B. Les vergetures surviennent à la suite d’un étirement excessi de la peau.
Une incision perpendiculaire aux lignes de Langer peut élargir la coupure et ralentir la guérison.
Une incision parallèle aux lignes de Langer produit une coupure plus mince et favorise une guérison rapide.
A. Lignes de Langer
B. Vergetures
Chapitre 6 Le système tégumentaire 223
INTÉGRATION APPLICATION CLINIQUE
Les tatouages Les tatouages sont des images permanentes imprimées dans la peau grâce à un procédé d’injection d’encre dans le derme. Les pigments d’encre injectés demeurent prisonniers du derme – à proximité des fbroblastes ou entre les aisceaux de collagène – et deviennent partie intégrante de la couche dermique. Le pâlissement de certains tatouages avec le temps serait dû à la perte de pigments au cours de la phase de guérison et à l’exposition répétée du tatouage aux rayons du soleil (Kluger & Koljonen, 2012). Enfn, il peut arriver que certaines cellules dendritiques parviennent à éliminer une partie des pigments et migrent ensuite vers les vaisseaux lymphatiques, puis vers les ganglions lymphatiques, si bien que des pigments d’encre ont déjà été retrouvés à l’intérieur de ganglions lymphatiques de gens qui avaient été tatoués (Kluger & Koljonen, 2012).
La exibilité et l’épaisseur du derme peuvent être compromises par l’exposition aux rayons UV et le vieillissement. Dans les deux cas, la production des fbres élastiques et des fbres de collagène est diminuée, souvent en raison de la baisse du nombre de cellules qui produisent ces fbres, ce qui peut mener à l’apparition de rides. Ces pertes peuvent également aire en sorte que la peau paraît moins erme et qu’elle reprend plus difcilement sa position initiale à la suite d’un étirement.
6.2.2.4 L’innervation et l’apport sanguin Le derme comporte un réseau d’innervation complexe. Des récepteurs sensoriels sont répartis dans l’ensemble du derme afn de détecter des stimulus externes. Ces récepteurs perçoivent par exemple la pression, la vibration, la chaleur, le roid et la douleur. Cette innervation sophistiquée inorme le cerveau sur son environnement et lui permet d’interpréter les signaux détectés. Des fbres nerveuses motrices sont également réparties dans le derme. Ces fbres s’étendent du système nerveux central jusqu’à la peau et permettent de contrôler le débit sanguin dans le derme par la vasoconstriction ou la vasodilatation des vaisseaux sanguins. Elles permettent également les sécrétions glandulaires (p. ex., au moment de la transpiration) et la contraction des muscles arrecteurs qui provoquent le hérissement des poils. L’épiderme n’étant pas vascularisé, ce sont les vaisseaux sanguins du derme qui doivent acheminer les nutriments vers les cellules vivantes de l’épiderme. Les plus gros vaisseaux sanguins se trouvent à la rontière de la couche réticulaire du derme et de l’hypoderme. À partir de ces gros vaisseaux, de plus petits vaisseaux sanguins se ramifent pour alimenter les structures du derme, notamment les ollicules pileux, les glandes sudoripares, les récepteurs sensoriels et tous les autres éléments du derme. Enfn, des vaisseaux artériels encore plus petits sont reliés à des capillaires situés dans la couche papillaire du derme qui permettent d’acheminer les nutriments vers l’épiderme. Les vaisseaux sanguins du derme jouent un rôle important dans le contrôle de la température corporelle et de la pression sanguine. Durant la vasoconstriction (p. ex., lorsqu’il ait roid),
Il est possible de retirer un tatouage, mais la procédure peut laisser des cicatrices. De plus, il arrive parois que le tatouage ne puisse pas être eacé complètement. À l’excision (découpage du tatouage), à la dermabrasion (sablage de la peau tatouée) et à la cryochirurgie (reroidissement de la zone tatouée avant la suppression du tatouage) s’ajoute aujourd’hui le laser pour eacer les tatouages. Le laser permet la décomposition des pigments d’encre du tatouage. Les nouvelles encres utilisées sont aussi désormais plus aciles à supprimer, ce qui acilite le retrait du tatouage.
le diamètre des vaisseaux sanguins du derme se rétrécit, réduisant ainsi la quantité de sang pouvant y circuler et diminuant la perte de chaleur par l’organisme. Comme cette vasoconstriction diminue la quantité de sang dans les vaisseaux sanguins du derme, les vaisseaux plus proonds en transportent une plus grande quantité. Le sang est ainsi éloigné de la surace de la peau et est dirigé vers les organes internes comme le cœur ou les muscles. La vasoconstriction des vaisseaux sanguins du derme se produit entre autres lorsque le corps tente de conserver sa chaleur. C’est la raison pour laquelle la peau paraît plus pâle lorsque le corps est exposé à des températures plus basses : moins de sang (donc moins d’érythrocytes et, par conséquent, moins d’hémoglobine) parvient à la peau. À l’inverse, la vasodilatation des vaisseaux sanguins du derme correspond à une augmentation du diamètre des vaisseaux sanguins. La vasodilatation des vaisseaux du derme se produit pour assurer le transport d’une plus grande quantité de sang près de la surace du corps. Le sang qui circule ainsi près de la surace perd une partie de sa chaleur, ce qui contribue, avec la transpiration, à reroidir l’organisme. Cette augmentation de la circulation sanguine dans le derme donne à la peau un aspect rougeâtre. Un plus grand nombre d’érythrocytes et, par conséquent, plus d’hémoglobine parviennent à la peau. C’est cette dilatation des vaisseaux sanguins du derme qui explique les rougeurs au visage qui apparaissent pendant une activité physique, par exemple.
Vérifiez vos connaissances 3. Comparez la couche papillaire et la couche réticulaire
du derme en aisant réérence aux types de tissus et aux structures qui entrent dans leur composition respective. 4. Quelle est l’utilité des lignes de Langer sur le plan
chirurgical ? 5. Pour quelle raison la peau du visage d’une personne
pâlit-elle lorsque celle-ci est à l’extérieur par temps roid ?
224 Partie II Le soutien et les mouvements du corps
6.2.3 6
L’hypoderme
de glisser sur les muscles sous-jacents, par exemple. L’hypoderme absorbe les chocs, emmagasine l’énergie grâce aux adipocytes (cellules du tissu adipeux) et assure une isolation thermique.
Nommer les onctions de l’hypoderme.
À proprement parler, l’hypoderme (ou ascia superfciel) n’appartient pas à la peau. Cette couche, qui comprend de nombreux vaisseaux sanguins et des ners, est composée de tissu conjoncti aréolaire et de tissu conjoncti adipeux (voir la fgure 6.1). À certains endroits du corps, le tissu conjoncti adipeux domine et porte alors le nom de gras sous-cutané. Les fbres de tissu conjoncti de la couche réticulaire du derme sont entrelacées avec celles de l’hypoderme afn de stabiliser la position de la peau et de l’attacher aux structures sous-jacentes. Cet ancrage laisse touteois un certain degré de liberté qui permet à la peau
L’injection de médicaments se ait souvent dans l’hypoderme, puisque le réseau vasculaire y est étendu, assurant ainsi l’absorption rapide des substances injectées. La distribution des tissus adipeux dans l’hypoderme est généralement diérente entre les deux sexes. Chez les hommes adultes, ils s’accumulent souvent autour du cou, des bras, de l’abdomen, du bas du dos et des esses. Pour les emmes, l’accumulation de gras se situe généralement dans les seins, les esses, les hanches et les cuisses. Le TABLEAU 6.1 présente une description des diverses couches de la peau et de l’hypoderme.
TABLEAU 6.1 Couches de la peau et hypoderme Partie
Couche
Description
Couche cornée
Couche la plus superfcielle de l’épiderme ; comporte de 20 à 30 couches de kératinocytes morts, plats, sans noyau et remplis de kératine.
Couche claire
Comporte de deux à trois couches de cellules mortes sans noyau ; se trouve uniquement dans la peau épaisse (paume des mains, plante des pieds, etc.).
Couche granuleuse
Comporte de trois à cinq couches de kératinocytes ; présence de granules distincts dans les cytoplasmes ; la kératinisation commence dans cette couche.
Couche épineuse
Comporte plusieurs couches de kératinocytes liés par les desmosomes ; contient des cellules dendritiques épidermiques.
Couche basale
Couche la plus proonde ; comporte une seule couche de cellules cuboïdales en contact avec la membrane basale ; contient des kératinocytes souches en mitose, des mélanocytes et des cellules de Merkel.
Couche papillaire
Couche la plus superfcielle du derme ; est composée de tissu conjoncti aréolaire ; orme les papilles dermiques.
Couche réticulaire
Couche la plus proonde du derme ; est composée de tissu conjoncti dense irrégulier ; comprend les ollicules pileux, les glandes sébacées, les glandes sudoripares, les fbres nerveuses ainsi que les vaisseaux sanguins et lymphatiques.
Aucune couche spécifque
Ne ait pas partie de la peau ; couche située sous le derme ; est composée de tissu conjoncti aréolaire et adipeux.
Épiderme
Couche cornée
Couche claire Couche granuleuse Couche épineuse Couche basale
Derme
Couche papillaire
Couche réticulaire
Hypoderme
Chapitre 6 Le système tégumentaire 225
mais elle ne contient pas de ollicules pileux ni de glandes sébacées. La présence de ollicules pileux ou de glandes sébacées dans la peau épaisse serait nuisible à la préhension ou à l’adhérence de la peau durant la marche, par exemple (voir la section 6.3.3).
Vérifiez vos connaissances 6. Quelles sont les fonctions de l’hypoderme ?
6.2.4
La peau mince recouvre la plus grande partie du corps. Son épiderme ne possède pas de couche claire. La peau mince contient des ollicules pileux, des glandes sébacées et des glandes sudoripares. L’épaisseur de son épiderme varie de 0,06 à 0,15 mm.
Les variations de la peau
7
Décrire les différences entre la peau épaisse et la peau mince.
8
Expliquer ce qui cause les différences de couleur de la peau.
6.2.4.2 La couleur de la peau
La peau présente de nombreuses variations entre les diérentes régions du corps d’une même personne. Il existe également de nombreuses variations interindividuelles. Ces variations aectent entre autres l’épaisseur, la coloration et les marques de la peau.
La couleur de la peau provient d’une combinaison des couleurs de trois pigments : la mélanine, l’hémoglobine et le carotène. C’est touteois la mélanine qui conère la couleur de base.
Sur l’ensemble du corps, l’épaisseur de la peau varie de 1,5 à 4,0 mm environ. L’épaisseur moyenne de l’épiderme est, quant à elle, de 0,06 à 0,10 mm, soit environ l’épaisseur d’une euille de papier (Laplante, 2004). La peau est qualifée de mince ou d’épaisse non pas en onction de son épaisseur totale, mais plutôt en onction du nombre de couches épidermiques et de l’épaisseur relative de l’épiderme FIGURE 6.5.
La mélanine est un pigment produit par les mélanocytes, puis transéré dans les kératinocytes de l’épiderme. Comme les kératinocytes se déplacent de la couche basale vers la couche cornée, l’activité des mélanocytes aecte la coloration de tout l’épiderme FIGURE 6.6. Il existe deux variétés de mélanine : brun-noir ou jaune-roux (Videira, Moura & Magina, 2013). Les personnes ont généralement les deux variétés, mais dans des proportions diérentes, ce qui explique en partie la grande variété des couleurs de peau. Ces proportions sont déterminées par l’hérédité. Touteois, la quantité de mélanine produite peut également être inuencée par l’exposition aux rayons UV. Ces derniers stimulent la production de mélanine par les mélanocytes, ce qui se manieste par le bronzage.
La peau épaisse se trouve sur la paume des mains, la plante des pieds et les suraces inérieures des doigts et des orteils. Elle est composée des cinq couches épidermiques, dont la couche claire. L’épaisseur de son épiderme varie de 0,4 à 0,7 mm (Laplante, 2004). La peau épaisse abrite des glandes sudoripares,
Le nombre de mélanocytes est sensiblement le même chez toutes les personnes. Touteois, l’activité de ces cellules et la couleur de la mélanine qu’elles produisent varient grandement selon les personnes et les populations. Chez les personnes à la peau plus oncée, les mélanocytes produisent plus de mélanine,
6.2.4.1 La peau épaisse et la peau mince
Couche cornée Couche granuleuse
Épiderme
Couche épineuse
Couche cornée Épiderme
Couche basale
MO 75 x
MO 40 x
Derme Couche claire Couche granuleuse Couche épineuse Couche basale A. Peau épaisse
B. Peau mince
FIGURE 6.5 Peau épaisse et peau mince
❯ L’épaisseur de l’épiderme varie selon les régions du corps. A. La peau épaisse est composée des cinq couches épidermiques et recouvre la plante des pieds et la
paume des mains. B. La peau mince recouvre la plus grande partie du corps ; elle ne possède pas de couche claire.
226 Partie II Le soutien et les mouvements du corps
Mélanosome (vésicule remplie de mélanine) Pigments de mélanine dans un kératinocyte
Épiderme Couche basale avec pigment de mélanine
Pigment de mélanine
Derme
MO 124 x
Mélanocyte Couche basale A.
B.
FIGURE 6.6 Production de mélanine par les mélanocytes
❯ La mélanine donne à la peau une coloration allant du beige au brun et au noir. A. Les mélanosomes des mélanocytes transportent les pigments
de mélanine vers les kératinocytes dans lesquels les pigments entourent alors le noyau. B. La mélanine est incorporée aux kératinocytes, principalement dans la couche basale.
INTÉGRATION APPLICATION CLINIQUE
Les rayons ultraviolets et les écrans solaires Le soleil génère trois ormes de rayons UV : les rayons ultraviolets A (UVA), les rayons ultraviolets B (UVB) et les rayons ultraviolets C (UVC). Les rayons UVC sont absorbés dans la couche supérieure de l’atmosphère. Touteois, les rayons UVA et UVB atteignent la surace de la Terre et peuvent altérer la couleur de la peau et lui donner une apparence bronzée. Par contre, ces rayons peuvent aussi causer des lésions sur la peau ou même des cancers de la peau. Afn d’éviter le plus possible les eets négatis des rayons UVA et UVB sur la peau, les dermatologues encouragent l’utilisation d’écrans solaires. Les écrans solaires sont des lotions qui contiennent des produits absorbant ou bloquant les UVA et les UVB. Ces lotions peuvent aider à protéger les peaux claires tout autant que les peaux oncées, mais uniquement si elles sont employées correctement. De plus, la lotion doit orir un facteur de protection solaire (FPS) sufsant. Le FPS est déterminé
et la proportion de mélanine brun-noir produite est plus importante que chez les personnes à la peau pâle. De plus, chez les personnes à la peau oncée, les mélanosomes peuvent contenir une plus grande quantité de mélanine, ce qui acilite son transert vers les kératinocytes. Enfn, les kératinocytes retiennent la mélanine plus longtemps. La réunion de ces acteurs détermine la couleur de base de la peau d’une personne, et non le nombre de mélanocytes. L’hémoglobine (haima = sang) est une protéine présente dans les érythrocytes (globules rouges). Liée à l’oxygène, elle donne au sang une couleur rouge clair qui, chez les personnes à la peau pâle, leur conère une teinte rosée. Quand les vaisseaux sanguins des couches superfcielles de la peau subissent
expérimentalement par l’exposition de sujets à un spectre lumineux. La quantité de lumière provoquant une rougeur sur la peau recouverte d’un écran solaire est ensuite divisée par la quantité de lumière induisant la rougeur sur une peau non protégée. Le résultat de cette division correspond au FPS. Par exemple, un écran solaire de FPS 15 augmente de 15 ois le temps qu’il audrait à la peau pour brûler. Si un coup de soleil se manieste normalement après 10 minutes sur la peau non protégée, l’écran solaire augmente cette période à 150 minutes. Cependant, il ne aut jamais présumer que l’écran solaire ore une protection totale contre le rayonnement solaire.
une augmentation de leur diamètre (vasodilatation), par temps chaud par exemple, la coloration rougeâtre est plus apparente. Cependant, une coloration rougeâtre localisée peut être l’indice d’une réaction inammatoire (phénomène accompagné d’une vasodilatation locale). À l’inverse, les anémies et les états de choc (chute importante de pression sanguine) peuvent conérer un teint plus pâle à la peau parce qu’il y a diminution du diamètre des vaisseaux sanguins (vasoconstriction), ce qui réduit l’aux sanguin dans le derme. Enfn, lorsqu’il y a insufsance d’oxygène, la peau peut prendre une teinte bleuâtre nommée cyanose. Ces états sont plus acilement observables chez les personnes au teint pâle, puisque la mélanine ne masque pas le phénomène.
Chapitre 6 Le système tégumentaire 227
INTÉGRATION APPLICATION CLINIQUE
Les lésions de pression DÉSÉQUILIBRE HOMÉOSTATIQUE
La lésion de pression, communément appelée plaie de lit, est une lésion localisée de la peau causée par une irrigation sanguine insufsante. La lésion apparaît surtout dans les régions qui surmontent une proéminence osseuse soumise à une pression ou à un rottement continu (Bruce, Shever, Tschannen et al., 2012). Les tissus sous-jacents peuvent également être atteints. Les personnes alitées ou qui portent un plâtre sont susceptibles d’avoir des lésions de pression. Les parties du corps les plus touchées sont notamment le sacrum, les talons, les coudes et les chevilles. Les lésions de pression sont classées selon la proondeur du dommage tissulaire. Le stade 1 est caractérisé par une rougeur.
Le carotène est un pigment jaune orangé acquis par la consommation de légumes de cette couleur, tels que les carottes, le maïs et les courges. Généralement, le carotène s’accumule dans les kératinocytes de la couche cornée et dans les tissus adipeux de l’hypoderme. C’est pour cette raison que cette coloration est surtout visible sur la peau épaisse (p. ex., la peau de la plante des pieds). Dans l’organisme, le carotène peut être converti en vitamine A. Cette dernière joue un rôle important dans la vision.
6.2.4.3 Les marques de la peau La peau porte plusieurs marques qui témoignent à divers degrés de la santé d’une personne, de ses traits héréditaires et de son degré d’exposition aux rayons du soleil. Les grains de beauté (ou nævus pigmentaires), le vitiligo, les taches de rousseur et les hémangiomes comptent parmi les marques les plus réquentes pouvant être observées sur la peau. Les crêtes de la peau, qui sont notamment à l’origine des empreintes digitales, sont aussi un exemple de marques de la peau qui témoignent quant à elles de la singularité de chaque personne. Le nævus, communément appelé grain de beauté, est une excroissance bénigne des mélanocytes. Dans certains cas rares, le nævus peut se transormer en tumeur maligne, généralement à la suite d’une exposition excessive aux rayons UV. Il aut en surveiller l’évolution et observer tout changement de orme, de couleur ou de taille. Le vitiligo est une décoloration de la peau qui apparaît sous orme de tache blanchâtre. La cause est liée à une diminution importante des mélanocytes ou à leur absence dans une région de la peau.
Dans le cas des peaux à pigmentation plus oncée, la région touchée peut paraître plus oncée. Le stade 2 correspond à une perte de l’épaisseur de la peau (épiderme, derme, ou les deux). Cela peut se présenter sous la orme d’une cloque ermée ou ouverte. Le stade 3 correspond à une perte totale de l’épaisseur de la peau. La graisse sous-cutanée peut être visible. Au quatrième et dernier stade, l’os, le tendon ou le muscle est visible ou palpable. Aussi, dans certains cas, la présence de sang ou de tissus noircis dans la zone touchée rend les lésions de pression inclassables. Dans les centres hospitaliers de courte durée du Québec, la prévalence des lésions de pression est de 25 %. Les personnes âgées sont les plus touchées, notamment en raison de leur peau et de leur hypoderme généralement plus minces (Ministère de la Santé et des Services sociaux, 2012).
causée par la ormation de cellules tumorales dans la couche interne des vaisseaux nommée tunique interne (ou intima) (Hamm & Höger, 2011). Les hémangiomes capillaires (raises) ont l’apparence de nodules allant du rouge vi au violet. Ces marques présentes à la naissance disparaissent généralement pendant l’enance, mais elles peuvent également apparaître chez l’adulte. Certaines études ont montré que le propranolol, un médicament souvent prescrit pour réduire l’hypertension artérielle, pouvait aider à réduire les hémangiomes inantiles (Bingham, Saltzman, Vo et al., 2012). L’hémangiome caverneux (tache de vin) aecte les vaisseaux sanguins plus grands et peut persister toute une vie. Les crêtes de la peau se situent à la surace de la peau et se présentent sous la orme de motis variables dont la orme peut aller de la petite élévation conique (dans la peau mince) jusqu’aux motis plus complexes. Les crêtes de la peau se trouvent sous les doigts (empreintes digitales) et les orteils, ainsi que sur la paume des mains et la plante des pieds FIGURE 6.7. Elles sont ormées par les plis et les invaginations du derme et de l’épiderme. Elles accroissent la riction entre la peau et l’environnement, ce qui permet aux mains de retenir des objets ou qui empêche les pieds de glisser quand une personne marche pieds nus. Lorsque les pores situés dans les crêtes sécrètent de la sueur, ces dernières laissent leur marque sur les suraces touchées (p. ex., les traces de doigts laissées sur l’écran tactile d’un téléphone intelligent). Chaque personne possède un modèle unique de crêtes papillaires. Cette caractéristique permet notamment d’identifer avec précision un suspect qui aurait laissé ses empreintes digitales sur une scène de crime.
Les taches de rousseur, une autre marque de la peau, sont des taches jaunes ou brunes qui représentent des zones d’activité intense des mélanocytes, mais non une augmentation de leur nombre. Leur degré de pigmentation varie selon l’exposition au soleil et l’hérédité.
Vérifiez vos connaissances
L’hémangiome est dû à une proliération anormale de vaisseaux sanguins dans une région de la peau. Cette proliération est
8. Quel est le rôle des crêtes de la peau ?
7. De quelle açon l’hémoglobine contribue-t-elle
à la couleur de la peau ?
228 Partie II Le soutien et les mouvements du corps
L’ongle est composé de plusieurs parties : une partie distale blanchâtre, l’extrémité libre de l’ongle, une partie rosée, le corps de l’ongle, et une partie proximale enouie sous la peau, la racine de l’ongle FIGURE 6.8. Ces trois parties orment ensemble la tablette unguéale. Le corps de l’ongle recouvre une couche de l’épiderme, appelée lit de l’ongle, qui contient les couches de cellules vivantes de l’épiderme.
Arches
Verticilles
Boucles
Combinaison
FIGURE 6.7 Crêtes de la peau
❯ Les crêtes de la peau forment les empreintes digitales ainsi que les empreintes de la paume des mains et des orteils.
6.3
Les annexes cutanées
Les ongles, les cheveux, les poils et les glandes exocrines de la peau sont des annexes cutanées. Ces annexes sont des dérivés de l’épiderme et se orment au cours du développement intrautérin, lorsque des portions de l’épiderme s’invaginent dans le derme. Les poils (incluant les cheveux) et les ongles sont principalement composés de cellules épithéliales kératinisées et mortes, alors que les glandes exocrines sont ormées de cellules épithéliales vivantes.
6.3.1
Les ongles
1
Décrire le rôle des ongles.
2
Énumérer les principales parties de l’ongle.
Les ongles sont des modifcations de la couche cornée de l’épiderme. Les kératinocytes sont à l’origine des ongles, mais ils produisent touteois une kératine plus dure que celle produite par les kératinocytes de l’épiderme de la peau. C’est ce qui explique la consistance diérente des ongles et de l’épiderme. Les ongles ont pour onction de protéger les extrémités distales des orteils (p. ex., lorsqu’une personne saute ou rappe un objet avec le pied) et des doigts (p. ex., lorsqu’une personne attrape un objet). Les ongles des doigts permettent également de saisir plus acilement les petits objets, comme une pièce de monnaie ou une aiguille à coudre.
La plus grande partie du corps de l’ongle présente une coloration rosée en raison de la circulation sanguine dans les capillaires sous-jacents du derme. L’extrémité libre de l’ongle est plutôt blanchâtre parce qu’il n’y a aucun capillaire en dessous. Près de la racine de l’ongle et de l’extrémité proximale du corps de l’ongle, le lit de l’ongle s’épaissit et orme la matrice de l’ongle. C’est à cet endroit que se produit la croissance active de l’ongle par mitose cellulaire. La lunule (luna = lune) est la zone blanche en orme de croissant à l’extrémité proximale de l’ongle. Son apparence blanchâtre est due à un épaississement de l’épithélium qui cache les vaisseaux sanguins sous-jacents. Autour des côtés et de l’extrémité proximale de l’ongle, un repli cutané, le repli unguéal, recouvre une partie de l’ongle. L’éponychium (epi = sur, onyx = ongle) (ou cuticule) est une bande étroite de l’épiderme qui s’avance sur une courte partie du corps de l’ongle. L’hyponychium (hypo = sous) est une région épaissie de la couche cornée de l’épiderme sur laquelle
FIGURE 6.8 Structure d’un ongle
❯ Les ongles sont des annexes rigides dérivées de la couche cornée de l’épiderme. Ils servent à protéger la surface sensible des extrémités des doigts et des orteils. A. Vue de surface d’un ongle de doigt. B. Coupe sagittale des parties internes de l’ongle.
Repli unguéal Extrémité libre
Matrice de l’ongle Racine de l’ongle
Corps de l’ongle Lit de l’ongle
Lunule
Éponychium (cuticule)
A.
Hyponychium Tablette unguéale Derme Épiderme
B.
Phalange (os du doigt)
Chapitre 6 Le système tégumentaire 229
Les poils
l’extrémité libre de l’ongle est projetée. Elle permet d’ancrer l’ongle au bout du doigt.
6.3.2
Les ongles des doigts croissent en moyenne de 1 mm par 10 jours, et ceux des orteils ont une croissance un peu plus lente. La croissance de l’ongle se fait à partir de la matrice de l’ongle. Les kératinocytes qui s’y trouvent font la mitose et produisent une kératine dure. Cette production de nouvelles cellules kératinisées fait en sorte que le corps de l’ongle est poussé vers l’extrémité du doigt, glissant ainsi lentement sur le lit de l’ongle. Un ongle dont la matrice a été arrachée ou détruite ne pourra repousser.
3
Décrire la structure d’un poil et d’un ollicule.
4
Énumérer les onctions des poils et des cheveux.
Vérifiez vos connaissances 9. Quelle est la diérence entre la kératine présente
dans l’épiderme et celle dans l’ongle ?
Les poils, incluant les cheveux, poussent sur la plus grande partie du corps, sauf sur la paume des mains et la surface palmaire des doigts, les côtés et la plante des pieds, les orteils, les lèvres, les mamelons et certaines parties des organes génitaux externes. Ils sont composés de cellules kératinisées issues de follicules pileux. Ces cellules atteignent la couche profonde du derme et s’étendent parfois jusque dans l’hypoderme. La FIGURE 6.9 illustre la structure générale d’un poil ou d’un cheveu.
INTÉGRATION APPLICATION CLINIQUE
Les maladies de l’ongle DÉSÉQUILIBRE HOMÉOSTATIQUE
Les changements qui surviennent dans la orme, la structure ou l’apparence des ongles ont une importance clinique. De telles modifcations peuvent signaler l’existence d’une maladie qui touche le métabolisme, à tel point que l’état des ongles peut représenter un indice important de la santé globale d’une personne. Il existe plusieurs maladies de l’ongle. Les ongles cassants sont sujets aux brisures verticales et à la séparation des couches de la tablette unguéale, près de l’extrémité libre de l’ongle. Le vieillissement, l’humectage et le séchage répétés de même que l’exposition à certains produits chimiques cosmétiques ou domestiques peuvent rendre les ongles cassants. La ragilité des ongles peut également être le reet de problèmes de santé plus systémiques comme certaines maladies qui touchent la glande thyroïde (Association canadienne de dermatologie, 2013). Pour améliorer leur état, il est recommandé d’hydrater les ongles et de limiter leur exposition aux produits chimiques. L’ongle incarné apparaît lorsque le bord d’un ongle pénètre dans la peau qui l’entoure. Cela se manieste par l’apparition de douleur et d’inammation dans la zone touchée. S’il n’est pas traité, l’ongle incarné peut mener à une inection. Ce problème peut être causé par des chaussures trop petites ou un entretien non adéquat des ongles. L’onychomycose (onyx = ongle, mykes = ungus, osis = condition) est une inection ongique de l’ongle qui se manieste lorsque les ongles sont exposés à la chaleur et à l’humidité de manière
Onychomycose
Syndrome des ongles jaunes
constante. Des champignons microscopiques peuvent alors croître sous l’ongle et provoquer une coloration jaunâtre ainsi qu’un épaississement de ce dernier. Cela peut rendre les ongles cassants. Les inections ongiques peuvent causer des dommages permanents à l’ongle et peuvent même se propager ailleurs dans l’organisme. Le traitement consiste en une médication qui doit être prise sur une longue période, soit un minimum de 6 à 12 semaines, parois jusqu’à 1 an. Le syndrome des ongles jaunes est un état rare dont la cause n’est pas bien connue. Ce syndrome, qui se manieste le plus souvent par des ongles jaunes, épais et parois douloureux, est accompagné de problèmes liés aux systèmes lymphatique et respiratoire (Maldonado & Ryu, 2009). La koïlonychie (koilos = creux, onyx = ongle) est une altération de l’apparence des ongles, caractérisée par une surace concave plutôt que convexe. La koïlonychie est souvent causée par une carence en er. Les lignes de Beau sont des lignes horizontales proondes à la surace de l’ongle. Elles indiquent une interruption temporaire de la croissance de l’ongle au moment où cette portion de l’ongle a été blessée. Une blessure à l’ongle ou une maladie grave peuvent être à l’origine des lignes de Beau. Elles sont également visibles chez les personnes sourant de malnutrition chronique. Les crêtes verticales sur les ongles prennent le plus souvent la orme de lignes peu proondes orientées dans le sens de la longueur de l’ongle. Ces crêtes sont courantes et n’indiquent généralement pas de problème médical sérieux. Elles apparaissent réquemment au cours du vieillissement.
Koïlonychie
Lignes de Beau
230 Partie II Le soutien et les mouvements du corps
FIGURE 6.9 Poils et cheveux
❯ Les poils et les cheveux sont des dérivés des couches profondes de l’épiderme. A. Un poil issu d’un follicule traverse l’épiderme et le derme. B. Photomicrographies d’un follicule pileux.
Tige Gaine de tissu conjonctif Gaine de tissu épithélial
Follicule pileux
Médulla
Racine Cuticule Médulla Cortex
Cortex Matrice MO 70 x
Muscle arrecteur
Follicule pileux Gaine de tissu conjonctif Gaine de tissu épithélial Matrice
Bulbe pileux
Papille du chorion
A.
B.
MO 180 x
Bulbe pileux Papille du chorion
6.3.2.1 Les types de poils et leur distribution
6.3.2.2 La structure des poils et des follicules pileux
Le corps humain produit trois types de poils au cours de sa vie : le lanugo, le duvet et les poils défnitis (ou terminaux). Le lanugo, ormé de poils fns non pigmentés, apparaît chez le œtus au cours du dernier trimestre de la gestation. À la naissance, le lanugo est remplacé par un autre type de poil fn peu ou non pigmenté : le duvet. Au cours de la puberté, sous l’action des hormones, le duvet qui se trouve dans la région du pubis, des aisselles et d’autres régions (p. ex., les jambes) est remplacé par les poils défnitis. Chez l’homme, le duvet du visage est remplacé par les poils défnitis qui orment la barbe. Les poils défnitis sont normalement plus gros et plus longs que le duvet, et ils contiennent des pigments de mélanine. Ils poussent sur le cuir chevelu et composent également les cils et les sourcils.
Le poil comporte trois parties distinctes : le bulbe pileux, la racine et la tige. Le bulbe pileux orme un renement d’où le poil prend son origine. Il est composé de cellules épithéliales vivantes et est situé dans le derme réticulaire. À la base du bulbe pileux se trouve un petit amas de tissu conjoncti appelé papille du chorion. Cette dernière s’apparente aux papilles dermiques du derme papillaire. En plus du tissu conjoncti dont elle est composée, la papille du chorion renerme des vaisseaux sanguins et des fbres nerveuses. Les vaisseaux sanguins permettent d’apporter les nutriments aux cellules de la matrice qui se trouve juste au-dessus de la papille du chorion. Cette matrice est composée de cellules épithéliales en mitose. En se divisant, les cellules épithéliales de la matrice produisent de nouvelles cellules qui sont graduellement
Chapitre 6 Le système tégumentaire 231
poussées vers la surace, ce qui permet la croissance du poil. La matrice est également composée de mélanocytes qui orent une coloration au poil par les pigments de mélanine qu’ils produisent et qu’ils transèrent aux kératinocytes avoisinants. La racine du poil correspond à la portion cachée du poil située sous la surace de la peau. C’est à ce niveau que se déroule un processus de kératinisation qui entraîne la ormation d’une kératine dite dure. La tige correspond quant à elle à la portion visible du poil, soit celle qui se prolonge à l’extérieur de la surace de la peau. La racine et la tige contiennent des cellules épithéliales mortes. La coupe transversale d’un poil à la hauteur de sa racine ou de sa tige révèle la présence de trois couches de tissus concentriques. Du centre vers la périphérie se trouvent la médulla, le cortex et la cuticule. La médulla est composée de quelques épaisseurs de cellules de ormes irrégulières qui contiennent de la kératine molle ; elle est absente des poils les plus fns. La médulla est entourée de plusieurs épaisseurs de cellules longues et aplaties qui orment le cortex. Cette couche est plus rigide que la médulla. Enfn, la cuticule, composée d’une seule couche de cellules aplaties et ortement kératinisées, entoure le cortex et recouvre le cheveu ou le poil. Le follicule pileux est un tube oblique qui entoure la racine du poil. À sa base, le ollicule pileux s’élargit et orme le bulbe pileux. Le ollicule pileux s’étend de l’épiderme au derme réticulaire, et parois même jusque dans l’hypoderme. Les cellules de ses parois sont disposées en deux couches concentriques principales : une couche extérieure ormant une gaine de tissu conjonctif prenant son origine dans le derme et une couche interne ormant une gaine de tissu épithélial prenant son origine dans l’épiderme (voir la fgure 6.9B). Des fbres nerveuses sensitives s’enroulent autour du ollicule pileux et transmettent un inux si le poil qui lui est associé subit un mouvement imposé (p. ex., par le vent). Chaque ollicule pileux est également associé à de minces rubans de muscles lisses qui s’étendent du ollicule pileux au derme papillaire. Ces bandes de muscles orment le muscle arrecteur du poil qui permet au poil de se hérisser. La stimulation du muscle arrecteur provient généralement d’une réaction émotive telle que la peur ou la colère, ou encore de l’exposition au roid. Lorsqu’il est stimulé, le muscle arrecteur se contracte et tire sur le ollicule pileux, ce qui soulève le poil et produit ce qui est communément appelé la chair de poule.
6.3.2.3 La couleur des poils La variation dans la couleur des cheveux et des poils dépend des diérences dans le type et la quantité de mélanine produite. Ces paramètres sont déterminés par les gènes. La mélanine est d’abord synthétisée par les mélanocytes de la matrice adjacente à la papille du chorion. La mélanine est ensuite transérée aux kératinocytes de la médulla et du cortex du poil selon un processus similaire à celui qui détermine la couleur de la peau (voir la section 6.2.4.2). Avec le vieillissement, la production de mélanine diminue, et les cheveux pâlissent. Les cheveux gris résultent de la baisse graduelle de la production de mélanine dans le follicule, et les cheveux blancs marquent l’arrêt complet de la production de mélanine.
6.3.2.4 La croissance et le remplacement des poils Les poils poussent normalement d’un tiers de millimètre par jour sur une période de deux à cinq ans. Cette vitesse varie
touteois selon le sexe, l’âge et la région du corps. Chaque ollicule pileux a un rythme de croissance qui lui est propre, puisqu’il n’y a pas de croissance synchronisée des poils chez l’humain. La croissance d’un poil se ait par l’alternance de deux périodes : la croissance et la dormance. Durant la période de croissance, les cellules de la matrice se diérencient, produisent la kératine et meurent. L’accumulation de ces cellules mène à la croissance du poil en longueur. Plus la période de croissance est longue, plus le poil qui en résulte est long. S’ensuit une période de dormance dont la durée varie de trois à quatre mois. Durant cette période, les cellules de la matrice meurent. Au bout d’un certain temps, les poils plus vieux sont éliminés et poussés hors du ollicule. Le poil ainsi tombé est remplacé par la croissance d’un nouveau poil. La vitesse de croissance et la durée du cycle de croissance des poils varient. Le cuir chevelu perd normalement de 10 à 100 cheveux par jour. La perte de plus de 100 cheveux par jour de açon soutenue peut indiquer un problème de santé. Certains acteurs peuvent provoquer une perte temporaire de cheveux : l’absorption de certains médicaments, des régimes alimentaires sévères, l’exposition à des radiations, de ortes fèvres ou un stress important.
INTÉGRATION APPLICATION CLINIQUE
L’alopécie, la perte diffuse des cheveux et la calvitie DÉSÉQUILIBRE HOMÉOSTATIQUE
L’alopécie désigne la raréfaction progressive des cheveux. Elle peut se produire chez les deux sexes dans le contexte du vieillissement. La perte diffuse des cheveux se caractérise par une perte de cheveux dans toutes les régions du cuir chevelu. Les femmes y sont principalement sujettes en raison des changements hormonaux, d’une carence en fer ou de la prise de certains médicaments. La calvitie est caractérisée par une perte de cheveux sur certaines régions du cuir chevelu. Elle résulte d’une combinaison de facteurs génétiques et environnementaux. Toutefois, l’identité des gènes impliqués dans l’apparition de la calvitie n’est pas encore très bien connue (Zhuo, Xu, Wang et al., 2012). Certaines études avancent que la liaison d’un androgène (p. ex., la testostérone) à un type de récepteur pourrait nuire à la croissance des cellules épithéliales du follicule pileux (Lai, Chang, Lai et al., 2012). Il s’ensuivrait une miniaturisation progressive des follicules pileux qui ne pourraient plus faire place à la croissance normale du poil.
6.3.2.5 Les fonctions des poils Les millions de poils et de cheveux répartis sur la surace du corps humain remplissent plusieurs onctions importantes. • La protection. Les cheveux protègent la tête des coups de soleil et des blessures. Les poils des narines captent les particules dans l’air avant qu’elles n’atteignent les voies respiratoires proondes. Les poils de l’oreille externe empêchent l’introduction d’insectes ou de particules dans les oreilles. Les
232 Partie II Le soutien et les mouvements du corps
cils protègent les yeux, et les sourcils empêchent la sueur de couler dans les yeux. • La rétention de la chaleur. Les cheveux et les poils empêchent la perte de chaleur en orant un léger espace isolant entre la peau et son environnement. • La réception sensorielle. Les ollicules pileux sont liés à des fbres nerveuses qui détectent la moindre variation de la position du poil. Ces fbres transmettent ensuite l’inormation au système nerveux central (voir la section 16.2.1). • L’identifcation visuelle. Les caractéristiques des poils et des cheveux sont des éléments importants qui servent à déterminer l’âge, le sexe et l’identité. L’analyse des poils contribue également à déterminer l’espèce de certains animaux. • La dispersion des signaux chimiques. Les cheveux et les poils contribuent à la dispersion des phéromones. Ces molécules chimiques participeraient notamment à l’attirance sexuelle (Kippenberger, Havlicek, Bernd et al., 2012). Les phéromones sont sécrétées par des glandes sudoripares spécialisées associées aux poils des aisselles et de la région pubienne (voir la section 6.3.3).
Vérifiez vos connaissances 10. Quelles sont les trois parties d’un poil ? 11. En quoi consistent les onctions de protection et de
rétention de la chaleur des poils et des cheveux ?
6.3.3
Les glandes exocrines de la peau
5
Présenter les diérences entre les deux types de glandes sudoripares.
6
Décrire le rôle des glandes sébacées.
7
Nommer deux autres glandes modifées.
La peau renerme plusieurs types de glandes exocrines. Les plus courantes sont les glandes sudoripares et les glandes sébacées FIGURE 6.10.
6.3.3.1 Les glandes sudoripares Il existe deux catégories de glandes sudoripares : les glandes mérocrines et les glandes apocrines. Ces deux types de glandes comportent une portion sécrétrice et un canal. La portion sécrétrice prend la orme d’un tube enroulé situé dans la couche réticulaire du derme. Le canal permet d’acheminer les sécrétions produites vers l’extérieur. Dans le cas des glandes sudoripares mérocrines, le canal se rend directement vers la surace de l’épiderme et débouche dans un pore de la peau. Dans le cas des glandes apocrines, le canal peut déboucher dans la partie supérieure d’un ollicule pileux. Les deux types de glandes sudoripares renerment des cellules myoépithéliales. Localisées entre les cellules sécrétrices et la membrane basale sous-jacente, les cellules myoépithéliales peuvent se contracter en réponse à une stimulation du système
nerveux sympathique et exercer une pression sur la glande. Cette pression entraîne la libération des sécrétions (p. ex., la sueur).
À votre avis 1. Le système sympathique ait partie du système
nerveux autonome et peut être activé lorsqu’une personne a peur ou qu’elle se sent nerveuse. Expliquez l’eet de ce système sur l’activité des glandes sudoripares dans ces circonstances.
Les glandes sudoripares mérocrines (voir la fgure 6.10C) sont les plus nombreuses et sont distribuées partout sur le corps. Chez l’adulte, la peau contient de trois à quatre millions de ces glandes. Elles sont en orme de tubes et libèrent leurs sécrétions directement à la surace de la peau grâce à un canal qui débouche dans un pore. Cette sécrétion, nommée sueur, est libérée par exocytose par les cellules de la glande. La sueur est une sécrétion claire composée d’environ 99 % d’eau et 1 % d’autres substances telles que des électrolytes (sodium et chlorure principalement), des métabolites (acide lactique) et des déchets (urée et ammoniaque). La principale onction des glandes sudoripares mérocrines consiste à assurer la thermorégulation, c’est-à-dire la régulation de la température corporelle par l’évaporation de l’eau sur la peau (voir la section 1.5.2). La sécrétion de sueur par les glandes sudoripares mérocrines permet à l’organisme d’excréter une certaine quantité d’eau et d’électrolytes, et permet également, dans une certaine mesure, d’éliminer certains déchets de l’organisme (p. ex., l’urée et l’acide lactique). Enfn, la sueur assure une protection en empêchant la croissance de microorganismes sur la peau (activité antimicrobienne). Les glandes sudoripares apocrines (voir la fgure 6.10D) sont des glandes en orme de tubes enroulés qui libèrent leurs sécrétions dans la partie supérieure des ollicules pileux. Elles sont présentes sous les aisselles, dans les aréoles des mamelons ainsi que dans les régions pubienne et anale. Comme c’est le cas pour les glandes mérocrines, les glandes apocrines produisent leurs sécrétions par exocytose. Le contenu de la sécrétion est touteois diérent. En plus de l’eau et des électrolytes, la sécrétion de la glande apocrine comprend des phéromones, des lipides et des protéines, ce qui rend la sécrétion plus visqueuse. La sécrétion d’une glande apocrine est inodore. Touteois, les protéines et les lipides qu’elle contient peuvent être métabolisés par les bactéries qui se trouvent de açon normale à la surace de la peau. C’est à la suite de l’action de ces bactéries que les sécrétions peuvent devenir odorantes. Les glandes sudoripares apocrines entrent en onction à la puberté et s’activent plus particulièrement en période de stress ou d’excitation sexuelle. Leur onction ait encore l’objet de débats scientifques, mais il semblerait que les phéromones contenues dans leur sécrétion joueraient un rôle dans l’attirance sexuelle (Kippenberger et al., 2012).
6.3.3.2 Les glandes sébacées Les glandes sébacées sont des glandes holocrines, c’est-à-dire que leurs sécrétions résultent de l’éclatement des cellules sécrétrices. Les sécrétions, qui prennent le nom de sébum, contiennent donc des débris cellulaires, ce qui les rend huileuses. Le sébum est libéré dans les ollicules pileux ; touteois, à certains endroits, comme le
Chapitre 6 Le système tégumentaire 233
Pore de la peau Canal de la glande sudoripare Follicule pileux Glande sébacée Glande sudoripare mérocrine Canal
Muscle arrecteur Glande sudoripare apocrine
Portion sécrétrice A. Glande sébacée et glandes sudoripares
B. Structure d’une glande sudoripare
Canal d’une glande sudoripare apocrine
C. Glande sudoripare mérocrine
Follicule pileux Glandes sébacées
MO 100 x
MO 100 x
MO 100 x
Canal d’une glande sudoripare mérocrine
D. Glande sudoripare apocrine
E. Glandes sébacées
FIGURE 6.10 Glandes exocrines de la peau ❯ A. La peau contient des glandes sudoripares et des glandes sébacées. B. Structure d’une glande sudo ripare C. Le canal sudoripare des glandes mérocrines est plus étroit et débouche sur un pore de la peau. D. La lumière du canal sudoripare
gland du pénis ou les petites lèvres de la vulve, il est libéré directement à la surace de la peau. Le sébum sert de lubrifant, prévient le dessèchement de la peau et permet l’assouplissement des poils et des cheveux. Il possède également des propriétés bactéricides (destruction des bactéries). Plusieurs glandes sébacées peuvent libérer leurs sécrétions sur le même ollicule pileux.
des glandes apocrines est plus grande et dirige ses sécrétions vers les parties supérieures des follicules pileux. E. Les cellules des glandes sébacées sont détruites au cours de la sécrétion du sébum dans le follicule pileux.
La sécrétion du sébum est stimulée par les hormones, particulièrement les androgènes (hormones sexuelles masculines). Les glandes sébacées sont relativement inactives au cours de l’enance ; elles sont activées chez les deux sexes au cours de la puberté avec la production accrue d’hormones sexuelles (voir la section 28.1.2).
234 Partie II Le soutien et les mouvements du corps
INTÉGRATION APPLICATION CLINIQUE
L’acné et ses traitements
mélange de globules blancs, de cellules mortes de la peau et de bactéries (pus).
DÉSÉQUILIBRE HOMÉOSTATIQUE
Le terme acné désigne les aections causées par l’obstruction des canaux des glandes sébacées. L’acné apparaît généralement à la puberté en raison de l’accroissement de l’activité hormonale qui stimule la sécrétion de ces glandes. La prévalence de l’acné est plus élevée à l’adolescence, bien qu’il puisse survenir dans tous les groupes d’âge. Il existe diérents types de lésions causées par l’acné : • Le comédon. Une glande sébacée est obstruée par le sébum. Le comédon ouvert est souvent appelé point noir en raison de la coloration oncée de la substance obstructive. Le comédon ermé est désigné sous le nom de point blanc, puisque la surace visible garde une coloration blanchâtre. • La papule et la pustule. Ces deux types de lésions ont la orme d’un dôme. Les papules ont une coloration rougeâtre, sont remplies de liquide et ne contiennent pas de pus. Les papules peuvent devenir des pustules, qui sont remplies d’un
Comédon ouvert (point noir)
Comédon fermé (point blanc)
• Le nodule. Semblable à la pustule, le nodule se prolonge plus proondément dans la peau et brise généralement la paroi d’un ollicule pileux. Les nodules laissent souvent des cicatrices. • Le kyste. Le kyste est un gros nodule rempli de liquide qui devient inecté et douloureux. Il peut laisser des cicatrices sur la peau. Selon le type et la gravité des lésions d’acné, plusieurs traitements sont possibles. L’efcacité des médicaments varie selon les personnes. Les plus réquemment utilisés sont le peroxyde de benzoyle, l’acide salicylique, les antibiotiques topiques ou oraux et les onguents topiques à base de vitamine A. Dans certains cas, les dermatologues pratiquent également la dermabrasion chimique légère de la peau et l’extraction des comédons. En l’absence d’un traitement approprié, l’acné grave peut laisser des cicatrices. Pour ces raisons, il est déconseillé de gratter les lésions d’acné.
Pustule
6.3.3.3 Les autres glandes exocrines de la peau Certaines glandes spécialisées sont situées dans des régions spécifques de la peau. Les glandes cérumineuses et les glandes mammaires constituent deux exemples importants. Les glandes cérumineuses (cera = cire) sont des glandes apocrines modifées ; elles sont présentes uniquement dans l’orifce externe du conduit auditi. Leurs sécrétions orment une cire étanche appelée cérumen, qui, avec les minuscules poils de l’oreille, contribue à empêcher l’introduction de particules ou de petits insectes vers le tympan. Le cérumen avorise également la lubrifcation de l’orifce externe du conduit auditi et du tympan. Les glandes mammaires des seins sont aussi des glandes apocrines modifées. Elles sont présentes chez les hommes et les emmes, mais elles deviennent onctionnelles uniquement chez les emmes enceintes ou en période d’allaitement. La croissance de ces glandes et la production de leurs sécrétions sont contrôlées par l’interaction complexe des hormones gonadiques et pituitaires (voir la section 28.3).
Nodule
Kyste
Vérifiez vos connaissances 12. Quelles sont les diérences entre les glandes
sudoripares apocrines et les glandes sudoripares mérocrines du point de vue de leur emplacement et de leurs sécrétions ? 13. Comment se nomment les sécrétions des glandes
sébacées et à quel endroit cette substance est-elle sécrétée ?
6.4
Les fonctions de la peau
La peau n’est pas uniquement une enveloppe autour du corps. Elle remplit de nombreuses onctions telles que la régulation de la température corporelle ou la perception sensorielle. L’épiderme et le derme peuvent partager certaines onctions communes
Chapitre 6 Le système tégumentaire 235
comme la contribution à l’immunité. Ils peuvent également être associés à des onctions qui leur sont propres. Les onctions de la peau sont présentées selon qu’elles sont associées à l’épiderme ou au derme. La FIGURE 6.11 illustre les liens entre la structure de la peau et ses principales onctions.
6.4.1
Les fonctions de l’épiderme
1
Expliquer comment l’épiderme assure la protection du corps et prévient l’évaporation de l’eau contenue dans l’organisme.
2
Décrire la contribution de l’épiderme dans le processus d’utilisation du calcium et du phosphate.
3
Décrire le rôle de la peau au cours des processus d’excrétion et d’absorption.
L’épiderme et le derme sécrètent et absorbent des substances, et ils participent tous deux aux onctions immunitaires ainsi qu’à la réception sensorielle. En plus de ces onctions communes, l’épiderme assure un rôle de protection, prévient les pertes d’eau et participe à la régulation métabolique.
6.4.1.1 La protection L’épiderme procure une barrière physique à l’organisme. Cette barrière, ormée notamment par les couches successives de kératinocytes qui se superposent, ore une résistance contre les abrasions et la pénétration de substances ou de microorganismes. La présence de glycolipides entre les kératinocytes rend la peau hydrouge. Cette caractéristique prévient l’évaporation de l’eau contenue dans le liquide interstitiel ou le cytoplasme des cellules. D’ailleurs, le premier risque associé aux brûlures graves (perte de peau) est celui de la déshydratation. La peau limite également l’absorption par l’organisme de l’eau qui se trouve à l’extérieur du corps (p. ex., durant une douche). Les poils contribuent quant à eux à la onction d’une barrière physique en éloignant notamment les particules ou les insectes de la surace de la peau. Enfn, les sécrétions des glandes sudoripares présentes à la surace de l’épiderme lui permettent de se débarrasser de plusieurs microorganismes par eet de ruissellement. L’épiderme procure en outre une barrière chimique à l’organisme par la sécrétion des glandes sudoripares et sébacées. Le pH légèrement acide de la sueur ralentit la proliération des bactéries présentes à la surace de la peau. Le sébum huileux des glandes sébacées prévient l’assèchement de l’épiderme et limite ainsi la ormation de portes d’entrée pour les microorganismes. Les mélanocytes contribuent également à la ormation d’une barrière chimique en produisant la mélanine. Cette dernière est transérée aux kératinocytes pour protéger leur ADN des rayons UV du soleil. Cette barrière agit un peu comme un écran solaire naturel.
6.4.1.2 La participation au métabolisme La synthèse de la vitamine D3 (cholécalciérol) s’amorce lorsque le 7-déhydrocholestérol, un dérivé du cholestérol présent dans
les couches proondes de l’épiderme, est transormé en vitamine D3 à la suite de l’action des rayons UV sur la peau (Lehmann & Meurer, 2010). La vitamine D3 est alors libérée dans le sang et transportée au oie où elle est convertie en une autre molécule intermédiaire (calcidiol). Cette molécule intermédiaire est ensuite transportée aux reins où elle est convertie en calcitriol. Le calcitriol, aussi considéré comme une hormone, est la orme active de la vitamine D (voir la section 7.6.1). Il accroît l’absorption du calcium et du phosphate par l’intestin grêle. La vitamine D joue ainsi un rôle important dans la régulation des niveaux de calcium et de phosphate dans le sang. Ces minéraux sont des constituants majeurs des os. Une exposition de 10 à 15 minutes par jour à la lumière du soleil est généralement sufsante à l’organisme pour la production de vitamine D. L’épiderme participe à d’autres ormes de régulation du métabolisme. Il peut convertir certains composés pour qu’ils deviennent utilisables par la peau. Par exemple, lorsqu’un corticostéroïde topique (p. ex., l’hydrocortisone) est appliqué pour soulager une réaction cutanée comme le psoriasis, le médicament est converti par les kératinocytes en une molécule active qui permet de réduire l’inammation et la démangeaison.
À votre avis 2. Pendant la révolution industrielle, de nombreux enfants
restaient enfermés pour travailler dans les usines et passaient très peu de temps à l’extérieur, favorisant ainsi la hausse des cas de rachitisme. Le rachitisme est une maladie des os causée par une carence en vitamine D. À partir de vos connaissances sur les fonctions de la peau, quelles sont les raisons qui ont pu expliquer la recrudescence du rachitisme chez ces enfants ?
6.4.1.3 L’excrétion et l’absorption Les onctions sécrétrices de la peau se maniestent par l’excrétion de substances pendant la sudation, par exemple lorsque l’organisme doit se reroidir. La sueur contient notamment de l’eau, des électrolytes et de l’urée, un déchet azoté libéré par les cellules de l’organisme. La quantité d’urée, d’électrolytes et d’eau peut être ajustée par la peau, contribuant ainsi au maintien de l’équilibre électrolytique de l’organisme (voir le chapitre 25). Enfn, le sébum excrété par les glandes sébacées assure la lubrifcation des cheveux, des poils et de la peau. La peau peut aussi absorber des substances chimiques et des médicaments, comme c’est le cas des œstrogènes contenus dans les timbres contraceptis ou de la nicotine des timbres antitabac. Certaines molécules ou certains médicaments solubles dans les lipides ou insérés dans des véhicules de transport liposolubles sont placés dans ces timbres adhésis. Le timbre permet de garder la substance en contact avec la peau. Celle-ci pénètre alors lentement dans l’épiderme et est absorbée par les vaisseaux sanguins du derme. Les timbres transdermiques sont particulièrement indiqués lorsque l’absorption lente sur une longue période de temps est requise. La diusion d’un médicament par l’épiderme exige touteois que la concentration de ce médicament dans le timbre soit relativement élevée.
Épithélium stratifié, squameux et kératinisé Épiderme
Derme papillaire
Derme réticulaire Derme
Hypoderme
B. Fonctions du derme Régulation de la température Les glandes sudoripares libèrent la sueur à la surface de la peau, permettant au corps de se refroidir grâce à l’évaporation.
Récepteurs sensoriels
La dilatation des vaisseaux sanguins du derme libère la chaleur ; la constriction des vaisseaux sanguins favorise la conservation de la chaleur. À l’état de dilatation, les vaisseaux sanguins du derme le transforment en réservoir de sang, qui peut être redistribué selon les besoins.
Fibre nerveuse sensitive Récepteurs sensoriels
Excrétion et absorption
Les glandes sudoripares excrètent des électrolytes (surtout des ions sodium et chlorure), de l’eau et de l’urée à la surface de l’épiderme, contribuant ainsi à maintenir un équilibre électrolytique. Les glandes sébacées sécrètent le sébum qui lubrifie la peau et qui contribue à la rendre hydrofuge. Glande sudoripare
Glande sébacée
Réception sensorielle De nombreux récepteurs sensoriels peuvent détecter la douleur, la température et le toucher ; ces signaux sont ensuite acheminés au système nerveux central. L’épiderme contient les cellules de Merkel, qui sont aussi des récepteurs sensoriels.
A. Fonctions de l’épiderme Protection Couche cornée
Toxines, microorganismes et rayons UV
Les différentes couches de l’épiderme assurent la protection contre les substances nocives, les toxines, les microorganismes ainsi que la chaleur et le froid excessifs. La peau protège également des rayonnements UV par la stimulation des mélanocytes qui produisent la mélanine.
Participation au métabolisme Couche épineuse
Couche basale
Au cours de l’exposition aux rayons UV, une molécule dérivée du cholestérol (7-déhydrocholestérol) est transformée, ce qui mène à la formation de la vitamine D.
Rayonnement solaire
Prévention des pertes d’eau L’épiderme est hydrofuge et empêche la déshydratation.
Mélanocyte
Cellule dendritique de l’épiderme Contribution à l’immunité
Microorganisme pathogène
Excrétion et absorption Les substances (sébum, électrolytes, eau et urée) sécrétées par les diverses composantes du derme sont libérées à la surface de l’épiderme. La peau est dotée d’une perméabilité sélective, c’est-à-dire que certaines substances (p. ex., la nicotine ou les œstrogènes contenus dans un timbre transdermique) peuvent être absorbées, alors que d’autres sont bloquées.
Les cellules dendritiques de l’épiderme phagocytent les microorganismes et alertent le système immunitaire afin de déclencher une réponse immunitaire. Le derme possède également des cellules dendritiques. Le nombre important de vaisseaux sanguins et lymphatiques facilite l’accès des autres cellules du système immunitaire au derme.
INTÉGRATION
Timbre transdermique à la nicotine
ILLUSTRATION DES CONCEPTS
FIGURE 6.11 Infuence structurale de la peau sur ses onctions
❯ A. L’épiderme est composé de plusieurs couches de cellules épithéliales kératinisées grâce auxquelles il peut assurer la protection du corps et la prévention des pertes d’eau. L’épiderme participe également à l’excrétion et à l’absorption. Enfn, il assure certaines onctions métaboliques et est associé à l’immunité. B. Le derme est composé de tissu conjoncti vascularisé qui participe à la régulation thermique, à l’excrétion, à l’absorption et à la réception sensorielle. Il est également associé à l’immunité et peut être qualifé de réservoir sanguin.
238 Partie II Le soutien et les mouvements du corps 6.4.1.4 La réception sensorielle épidermique Bien que la onction de réception sensorielle soit davantage l’aaire du derme, l’épiderme y contribue également par l’intermédiaire des cellules de Merkel. Ces cellules, localisées dans la couche basale de l’épiderme, libèrent des molécules de type neurotransmetteur, notamment lorsqu’elles sont déormées par une pression exercée sur la peau. Ces molécules stimulent des terminaisons nerveuses situées dans le derme sous-jacent qui, elles, acheminent l’inormation nerveuse vers le système nerveux central. Celui-ci interprète alors la réception sensorielle du toucher.
6.4.1.5 La contribution épidermique à l’immunité L’épiderme renerme des cellules dendritiques dont le rôle est d’alerter le système immunitaire en cas d’intrusion d’un microorganisme, par exemple. Pour ce aire, les cellules dendritiques phagocytent l’élément perturbateur (p. ex., une bactérie), se déplacent ensuite en direction des vaisseaux lymphatiques présents dans le derme, puis se dirigent vers les ganglions lymphatiques. Une ois parvenues à ces ganglions, elles peuvent activer les autres cellules du système immunitaire et enclencher ainsi une réponse immunitaire adaptative. Les cellules dendritiques agissent ainsi comme des rapporteurs. L’épiderme peut aussi contenir des macrophages. Cet autre type de cellule phagocytaire intervient notamment au cours du processus de guérison des plaies pour éliminer les débris des cellules mortes.
Vérifiez vos connaissances 14. De quelle façon la peau contribue-t-elle à la synthèse
de la vitamine D ? 15. Expliquez pourquoi certains médicaments peuvent
être administrés de façon transdermique (p. ex., par l’intermédiaire d’un timbre).
6.4.2
Les fonctions du derme
4
Décrire la manière dont la peau contribue à refroidir l’organisme ou à conserver sa chaleur.
5
Nommer les sensations qui peuvent être détectées par les récepteurs sensoriels de la peau.
Certaines onctions sont communes au derme et à l’épiderme. Par exemple, le derme et l’épiderme sécrètent et absorbent diverses substances, captent certaines sensations cutanées et contiennent tous deux des cellules dendritiques qui remplissent une onction immunitaire. Cependant, le derme a aussi des onctions qui lui sont propres.
6.4.2.1 La régulation de la température La régulation thermique est traitée en détail dans la section 1.5. La température corporelle peut subir l’inuence des vastes réseaux de capillaires et des glandes sudoripares présentes dans le derme. Lorsque le corps devient trop chaud et qu’il doit dissiper
sa chaleur, les vaisseaux sanguins du derme subissent une vasodilatation, ce qui augmente le ux sanguin et contribue à libérer la chaleur. De plus, l’évaporation de la sueur sécrétée par les glandes sudoripares contribue au reroidissement de la peau. À l’inverse, lorsque le corps reroidit et qu’il doit conserver sa chaleur, les vaisseaux sanguins du derme subissent une vasoconstriction ; ils se contractent et laissent passer moins de sang vers la peau, ce qui lui donne une teinte plus pâle. Enfn, le hérissement des poils par les muscles arrecteurs permet également de réguler la température corporelle en ormant une couche d’air isolante entre la peau et l’environnement.
6.4.2.2 La réception sensorielle dermique La peau contient de nombreux récepteurs sensoriels. Ces récepteurs, principalement situés dans le derme, permettent de détecter la température, le toucher (pression, vibration, chatouillement) et la douleur. Parmi ces récepteurs fgurent les cellules de Merkel présentes dans l’épiderme, mais qui orment aussi une unité réceptrice avec des fbres nerveuses du derme (voir le chapitre 16).
6.4.2.3 La contribution dermique à l’immunité En raison de l’ensemble des cellules dendritiques réparties à l’intérieur de l’épiderme et du derme, la peau peut être qualifée de plus grand organe du système immunitaire (Baleeiro et al., 2013). En eet, tout comme l’épiderme, le derme contient des cellules dendritiques dont la onction est de déclencher une réponse immunitaire spécifque. Il renerme également des macrophages qui phagocytent les débris de cellules mortes. Puisqu’il est riche en vaisseaux sanguins, le derme est acilement accessible aux autres cellules du système immunitaire (p. ex., les neutrophiles se trouvant dans le sang). Enfn, les vaisseaux lymphatiques contenus dans le derme acilitent la migration des cellules dendritiques vers les organes du système immunitaire, notamment dans les ganglions lymphatiques. C’est dans ces ganglions que les cellules dendritiques peuvent déclencher une réponse immunitaire adaptative.
6.4.2.4 Le réservoir sanguin Le derme est très vascularisé ; lorsque le corps est au repos, de 5 à 10 % du volume sanguin circule dans les vaisseaux qu’il renerme. C’est pour cette raison que le derme est parois qualifé de réservoir sanguin. En situation de stress, les vaisseaux du derme subissent une vasoconstriction, ce qui a pour eet de rediriger une grande proportion du sang qui se trouve dans le derme vers d’autres organes comme les muscles squelettiques, le cœur et le cerveau. Le sang redirigé vers ces organes leur assure un apport en nutriments et en oxygène, et leur permet de réagir adéquatement à la situation stressante.
Vérifiez vos connaissances 16. Expliquez quelques méthodes utilisées par la peau
pour dissiper l’excès de chaleur.
Chapitre 6 Le système tégumentaire 239
INTÉGRATION LIENS ENTRE LES CONCEPTS Le système tégumentaire protège tous les systèmes corporels et assure à l’organisme une déense de première ligne contre les agents pathogènes et les toxines qui pourraient y pénétrer. • La peau prévient la perte de liquides et contribue ainsi, avec le système cardiovasculaire, au maintien du volume sanguin. • Lorsque l’activité musculaire génère de la chaleur, le système tégumentaire avorise la libération de la chaleur excédentaire par la sudation et la vasodilatation. • La peau achemine au système nerveux de nombreuses inormations sensorielles.
6.5
La réparation et la régénération du système tégumentaire
1
Distinguer la régénération de la fbrose.
2
Décrire le processus de cicatrisation d’une plaie.
En raison de l’exposition du système tégumentaire à l’environnement extérieur, les éléments qui le composent démontrent une grande capacité de réponse au stress, aux traumatismes et aux blessures. Un stress mécanique répété sur la peau stimule l’activité des cellules souches de la couche basale, produisant ainsi un épaississement de l’épiderme et une amélioration de la résistance à ce stress. Par exemple, lorsqu’une personne marche sans
• La peau contribue à la synthèse de la vitamine D requise pour l’homéostasie du calcium. • Les cellules dendritiques de l’épiderme et du derme contribuent, avec le reste du système immunitaire, au déclenchement d’une réponse immunitaire appropriée. • Les poils de la cavité nasale aident le système respiratoire à fltrer l’air inspiré. • Le système tégumentaire et le système urinaire assurent l’excrétion des déchets azotés.
chaussures, sa peau s’épaissit à la plante des pieds, assurant ainsi une protection accrue aux tissus sous-jacents. Deux méthodes participent généralement à la réparation des tissus endommagés : la régénération et la fbrose. La régénération consiste à remplacer les cellules mortes ou endommagées par des cellules de même type. Par exemple, une lésion superfcielle de la peau provoquera une migration des kératinocytes de la couche basale, qui se trouvent de part et d’autre de la plaie, vers le centre de cette dernière. En parallèle, les cellules de la couche basale qui y demeurent sont stimulées à aire la mitose dans le but de remplacer les cellules qui ont migré. Ce processus permet de rétablir les onctions normales de l’organe aecté. Lorsque la régénération est impossible en raison du ait que les dommages sont trop importants ou que les cellules ont perdu leur capacité de se diviser, l’organisme a recours à une deuxième méthode qui entraîne la ormation de tissus cicatriciels. Ce
INTÉGRATION APPLICATION CLINIQUE
Le psoriasis DÉSÉQUILIBRE HOMÉOSTATIQUE
Selon l’Alliance québécoise du psoriasis (2013), cette aection cutanée aecte plus de 200 000 personnes au Québec. Elle se manieste par des périodes de poussée et de rémission tout au long de la vie. Chez les personnes prédisposées génétiquement, les traumatismes physiques, les inections, le stress, l’alcool ou la drogue peuvent induire une période de psoriasis. Ces acteurs externes mènent à l’activation des cellules dendritiques de la peau qui migrent alors vers les vaisseaux lymphatiques où elles activent des lymphocytes T. Une ois activés, les lymphocytes T infltrent l’épiderme et contribuent à stimuler les kératinocytes. Il en résulte une production excessive et rapide de nouveaux kératinocytes, et une migration précoce de ces derniers vers la surace. De plus, le processus de diérenciation des kératinocytes est également perturbé (Garcia-Pérez, Jean & Pouliot, 2012). Le cycle normal de desquamation des kératinocytes est ainsi déséquilibré, et la proliération des cellules entraîne l’apparition de plaques de peau blanchâtres et squameuses sur l’épiderme. Ces plaques ne sont pas contagieuses, mais elles peuvent causer des démangeaisons, des douleurs, des fssures de la peau et des saignements. Toutes les parties du corps peuvent être aectées, mais les zones les plus susceptibles d’en être atteintes sont le cuir chevelu,
Plaques blanchâtres sur l’avant-bras d’une personne atteinte de psoriasis
les bras, les jambes et les esses. Le psoriasis est traité grâce à l’application topique de corticostéroïdes qui inhibent la réponse immunitaire, à la thérapie aux rayons UV ou à certains médicaments oraux (p. ex., le méthotrexate) qui diminuent la proliération des cellules. Certaines études récentes suggèrent que l’application topique de corticostéroïdes est particulièrement efcace lorsqu’elle est combinée à la prise d’un analogue de la vitamine D (Murphy & Reich, 2011).
240 Partie II Le soutien et les mouvements du corps
processus, appelé fbrose, permet de relier les parties endommagées de la peau. Touteois, il n’assure pas le maintien de la onction des tissus endommagés. Le tissu cicatriciel est produit par les fbroblastes et se compose principalement de fbres de collagène. Ces fbres orment un réseau qui peut être plus dense que les fbres du tissu originel. Le tissu cicatriciel est également moins élastique et contient moins de vaisseaux sanguins. La diérence de densité du réseau de fbres de collagène
et la plus aible quantité de vaisseaux sanguins conèrent une apparence plus claire aux cicatrices que la couleur normale de la peau. Le processus de cicatrisation des blessures à la peau peut aire intervenir ces deux méthodes, notamment lorsque le derme ou l’hypoderme sont atteints. La FIGURE 6.12 illustre les étapes de la guérison d’une blessure à la peau.
Plaie
Caillot sanguin
Épiderme
Macrophages
Derme
Fibroblaste Neutrophiles
Macrophages Neutrophile 2 Formation d’un caillot sanguin et nettoyage de la plaie par les leucocytes (globules blancs)
1 Rupture des vaisseaux sanguins entraînant un saignement dans la plaie
Caillot séché (ou croûte)
Caillot sanguin
Tissu de granulation
Épiderme régénéré
Macrophages Reconstruction des vaisseaux sanguins
Tissu cicatriciel (fibrose) Fibroblaste
Fibroblaste
3 Reconstruction des vaisseaux sanguins et formation du tissu de granulation
4 Formation de l’épithélium et fibrose du tissu conjonctif
FIGURE 6.12 Étapes de cicatrisation d’une plaie ❯ La rupture des vaisseaux sanguins dans les tissus déclenche le processus de cicatrisation de la plaie.
Chapitre 6 Le système tégumentaire 241
1
2
3
4
La rupture des vaisseaux sanguins déclenche un saignement dans la plaie. Le sang ournit les éléments nécessaires à la coagulation, à l’élimination des tissus endommagés (p. ex., des macrophages) et à la lutte contre une inection potentielle (p. ex., des neutrophiles). Un caillot sanguin se orme pour aire cesser le saignement et pour raccorder temporairement les bordures de la plaie. Le caillot ournit également une barrière afn d’empêcher l’entrée de microorganismes. À l’intérieur du caillot, deux types de leucocytes, soit des macrophages et des neutrophiles (voir la section 18.3.3), nettoient la plaie de ses débris cellulaires et éliminent les microorganismes qui auraient pu s’y infltrer. Les vaisseaux sanguins brisés commencent à se régénérer, et le caillot se transorme progressivement en un caillot séché (croûte). Les cellules des couches inérieures de l’épiderme entrent en mitose et migrent sous le caillot. Les fbroblastes du derme migrent en direction du caillot et produisent de nouvelles fbres de collagène dans la région touchée. Le tissu qui se orme sous le caillot prend alors le nom de tissu de granulation. Les cellules épithéliales de l’épiderme se trouvant sous le caillot séché poursuivent leur migration vers le centre de la plaie, prolièrent et fnissent par occuper tout l’espace qui se trouve sous le caillot séché. En parallèle, les fbres de collagène s’organisent, et les fbroblastes qui les ont sécrétées diminuent en nombre. À mesure que l’épiderme et le derme se reconstruisent, le caillot séché s’amincit et fnit par tomber.
Plus la surace aectée est grande et proonde, plus il aut de temps à la peau pour se réparer. De plus, la zone endommagée peut être sujette à des complications en raison de la perte de liquides et des risques d’inection. En cas de blessures graves, certaines composantes du système tégumentaire ne peuvent être reconstituées. Il s’agit notamment des ollicules pileux, des glandes exocrines, des fbres nerveuses et des muscles arrecteurs des poils.
6.6.1
La formation de la peau et des dérivés tégumentaires
1
Décrire la formation du système tégumentaire à partir des deux feuillets embryonnaires.
2
Décrire l’origine de la formation des ongles, des poils, des cheveux et des glandes.
À la fn de la 7e semaine de grossesse, l’ectoderme orme une couche d’épithélium squameux qui s’aplatit et se transorme en une couche protectrice, le périderme, et en une couche basale sous-jacente. La couche basale ormera la couche basale de l’épiderme et toutes les autres couches épidermiques. À la 21e semaine apparaissent la couche cornée et les crêtes papillaires. Au cours de la période œtale, le périderme disparaît ; ses cellules se mêlent au sébum sécrété par les glandes sébacées et produisent un enduit protecteur imperméable, le vernix caseosa, qui recouvre et protège la peau du œtus. Le derme est issu du mésoderme. Au cours de la période embryonnaire, le mésoderme devient le mésenchyme. Les cellules du mésenchyme orment les éléments du derme autour de la 11e semaine. La ormation des ongles sur les doigts et les orteils commence autour de la 10e semaine du développement intra-utérin. Les ongles atteignent le bout des doigts vers la 32e semaine, alors que les ongles d’orteils sont complets à la 36e semaine. Les ollicules pileux apparaissent entre la 9e et la 12e semaine de grossesse, alors que des amas de cellules appelés bourgeons pileux envahissent le derme à partir de la couche basale de l’épiderme. Ces poils deviennent clairement visibles vers la 20e semaine. Enfn, les glandes sudoripares et sébacées sont ormées à partir de la couche basale de l’épiderme et ont leur apparition sur la paume des mains et la plante des pieds vers la 20e semaine, et un peu plus tard dans les autres régions.
Vérifiez vos connaissances 18. Quels sont les deux principaux feuillets à partir
Vérifiez vos connaissances
desquels se forme le système tégumentaire ?
17. Qu’est-ce que le tissu de granulation ? À quelle étape
du processus de cicatrisation apparaît-il ?
6.6.2
6.6
La formation et le vieillissement du système tégumentaire
Les structures du système tégumentaire sont dérivées de deux euillets embryonnaires, l’ectoderme et le mésoderme (voir la section 5.7.1). L’ectoderme est à l’origine de l’épiderme, alors que le mésoderme est à l’origine du derme.
Le vieillissement du système tégumentaire
3
Décrire les changements provoqués par le vieillissement sur la peau.
4
Énumérer les facteurs contribuant au vieillissement de la peau.
La plupart des problèmes de la peau ne deviennent apparents que chez les adultes d’âge moyen. Les mécanismes de réparation de la peau sont alors plus lents en raison de la réduction du nombre de cellules souches, de la réduction de l’activité de ces dernières et de la migration ralentie des kératinocytes vers les
242 Partie II Le soutien et les mouvements du corps
INTÉGRATION APPLICATION CLINIQUE
Les brûlures DÉSÉQUILIBRE HOMÉOSTATIQUE
Les brûlures sont généralement causées par la chaleur, la radiation, les produits chimiques dangereux, le rayonnement solaire ou les décharges électriques. Le premier risque associé aux brûlures graves est celui de la déshydratation causée par la perte de liquides corporels ; vient ensuite celui de l’inection. Le classement de la gravité des brûlures se ait selon la proondeur des tissus aectés. Les brûlures du premier degré ne touchent que l’épiderme, celles du second degré atteignent le derme et les brûlures du troisième degré aectent l’épaisseur complète de la peau.
Les brûlures du premier, du second et du troisième degré Les brûlures du premier degré touchent uniquement l’épiderme et sont caractérisées par la rougeur, la douleur et un œdème léger. Le coup de soleil superfciel en constitue un bon exemple. Le traitement consiste à immerger la partie aectée dans l’eau raîche ou à appliquer des compresses humides raîches, puis à couvrir la brûlure d’un pansement stérile non adhési. Le temps de guérison varie de trois à cinq jours, et la brûlure ne laisse habituellement aucune trace. Les brûlures du second degré aectent l’épiderme et une partie du derme. La peau, qui est douloureuse, prend une coloration rouge, brune ou blanche ; elle présente des cloques en raison de l’accumulation de liquide interstitiel entre l’épiderme et le derme. Certains coups de soleil graves sont des brûlures du second degré ainsi que les brûlures causées par des liquides très chauds ou des produits chimiques. Le traitement est le même que pour les brûlures du premier degré, mais il aut veiller à ne pas briser les cloques afn de ne pas accroître les risques d’inection. Il n’est pas recommandé d’appliquer des onguents sur les
Brûlure du premier degré
Brûlure du second degré
couches supérieures de l’épiderme. Le processus de réparation et de régénération qui prenait trois semaines chez une jeune personne en santé prendra deux ois plus de temps chez un septuagénaire. De plus, l’activité réduite des cellules souches de l’épiderme contribue à l’amincissement de la peau qui devient alors moins efcace dans son rôle de protection. L’amincissement
cloques, car ceux-ci emprisonnent la chaleur dans la zone aectée. Il aut surélever les membres atteints afn de limiter l’œdème. Le temps de guérison varie de deux à quatre semaines, et ces brûlures peuvent laisser des cicatrices légères. Les brûlures du troisième degré aectent l’épiderme, le derme et l’hypoderme, et elles peuvent entraîner leur destruction totale. La destruction des récepteurs tactiles peut aire disparaître les sensations dans la région atteinte par ce type de brûlure. La région peut prendre diérentes couleurs : grisâtre, acajou ou noire. L’œdème est également important aux sites de lésions. Les brûlures du troisième degré sont généralement causées par des substances corrosives, un incendie ou un contact prolongé avec de l’eau très chaude. Avec ce type de brûlure, les risques de déshydratation de l’organisme sont élevés, puisque la totalité de la peau est disparue sur la région atteinte. Le traitement de la déshydratation est donc prioritaire afn d’éviter la mort de la victime. L’administration d’antibiotiques est généralement recommandée en raison des risques importants d’inection. Le traitement varie selon la cause de la brûlure. La plupart des cas exigent une hospitalisation. Les grees de la peau sont souvent indiquées, puisque le derme et son réseau vasculaire ont été complètement détruits, rendant la régénération difcile. La greffe de la peau consiste à prélever une partie de peau dans une région non aectée du corps pour recouvrir la zone brûlée. Ces grees aident à prévenir l’inection et la déshydratation dans les régions brûlées. Elles contribuent également à réduire la gravité des cicatrices et la fbrose anormale des tissus conjonctis. Des euillets d’épiderme construits en laboratoire à partir des kératinocytes de la victime peuvent également être greés sur les sites de prélèvement. Cela permet d’accélérer la guérison. Certains laboratoires du Québec travaillent actuellement à la mise au point d’une peau (derme et épiderme) construite entièrement en laboratoire à partir de cellules (Gauvin, Larouche, Marcoux et al., 2012).
Brûlure du troisième degré
général de la peau est également causé par une perte de tissu adipeux de l’hypoderme et par l’amincissement du derme. Au cours du vieillissement, les fbroblastes contenus dans le derme sont de moins en moins nombreux, et les fbres de collagène du derme se raréfent et ne sont plus aussi bien organisées. Aussi, les fbres élastiques perdent leur élasticité. La peau perd
Chapitre 6 Le système tégumentaire 243
L’évaluation de la gravité d’une brûlure La gravité d’une brûlure est déterminée non seulement par son degré, mais également par l’âge de la personne ainsi que par la taille et l’emplacement de la brûlure. Par exemple, une brûlure au visage peut nécessiter des traitements plus importants qu’une brûlure semblable sur un bras en raison des risques de suocation liés à l’œdème qui peut apparaître. La règle des neuf de Wallace est utilisée pour estimer la surace de la brûlure. En termes simples, la plupart des parties importantes du corps occupent un multiple de 9 % de la surace totale du corps. Chez les adultes, les aces antérieure et postérieure de la tête et du cou occupent 9 % de la surace du corps, chaque membre supérieur occupe 9 %, chaque membre inérieur et sa région essière occupent 18 %, le tronc antérieur et le tronc postérieur occupent chacun 18 % et, enfn, le périnée correspond à 1 %. Il est essentiel de déterminer avec précision la surace du corps aectée par la brûlure afn de compenser adéquatement la perte de liquides. Plus cette surace est grande, plus la quantité de liquide perdu est importante. Ce liquide doit être remplacé par voie orale ou intraveineuse. Une brûlure est jugée très grave ou critique en présence de l’un des critères suivants :
de la uite de plasma sanguin vers le liquide interstitiel. Dans les cas les plus graves, il aut procéder à une escarrotomie, une intervention qui consiste à pratiquer une incision dans le derme afn de réduire la pression causée par l’œdème. Les personnes peuvent recevoir une médication pour soulager la douleur causée par la brûlure et l’œdème. Des antibiotiques et d’autres médicaments peuvent également être administrés pour limiter et prévenir les inections. Pendant le processus de guérison, les victimes de brûlures graves deviennent hypermétaboliques. Leurs besoins nutritis augmentent considérablement, puisque le corps travaille à se régénérer. Ces personnes doivent parois doubler ou tripler leur apport calorique pour combler les besoins de l’organisme. Ce supplément nutritionnel est normalement administré par voie intraveineuse ou par sonde gastrique, ou les deux à la ois.
Règle des neuf de Wallace La surface du corps est répartie en régions représentant 9 % ou des multiples de 9 %.
Cou et tête 9%
1. Plus de 25 % du corps est recouvert de brûlures du second degré. 2. Plus de 10 % du corps est recouvert de brûlures du troisième degré. 3. Des brûlures du troisième degré sont présentes sur les mains, les pieds, le visage ou le périnée. La présence de brûlures au visage peut entraîner un œdème des voies respiratoires et la suocation.
Membre supérieur droit 9 %
Tronc antérieur 18 %
Tronc postérieur 18 % Membre supérieur 9 % gauche
Cou et tête 18 %
Le traitement des brûlures graves En général, le traitement à court terme consiste à contrôler les pertes de liquide, à soulager l’enure et la douleur, à retirer les tissus détruits et les autres matières qui se trouvent dans les plaies (débridement), à contrôler l’inection et à accroître l’apport calorique. Les capillaires sanguins deviennent plus perméables et peuvent causer de l’œdème en raison
Périnée 1 %
Membre inférieur droit
Méthode de la règle des neu de Wallace permettant de déterminer la gravité des brûlures chez les adultes et les nourrissons.
alors sa exibilité, et des années d’expressions aciales (sourires, plissements des yeux) avorisent l’apparition de rides permanentes. La réponse immunitaire de la peau est également réduite en raison de la baisse du nombre et de l’efcacité des cellules dendritiques (du derme et de l’épiderme). Les ollicules pileux produisent des cheveux plus fns ou en cessent complètement la
18 %
18 %
Membre inférieur gauche
9% 9% Membre supérieur droit
Périnée 1 % Membre inférieur droit
Adulte
Tronc antérieur 18 %
Membre supérieur gauche
Tronc postérieur 18 % 14 %
14 %
Membre inférieur gauche
Nourrisson
production. Les mélanocytes sont de moins en moins nombreux ou produisent moins de mélanine, ce qui mène à l’apparition des poils et des cheveux blancs. Certains mélanocytes augmentent en taille, ce qui peut mener à l’apparition de taches de vieillesse (lentigo sénile). Les glandes sébacées s’atrophient, ce qui assèche la peau et la rend plus ragile.
244 Partie II Le soutien et les mouvements du corps
Une exposition chronique aux rayons UV peut causer des dommages permanents à l’ADN des cellules épidermiques et accélérer le vieillissement. Il s’agit d’un facteur prédominant dans l’apparition de la vaste majorité des cancers de la peau. Les cancers de la peau surviennent le plus souvent sur la tête et dans le cou ainsi que sur les autres régions exposées fréquemment au soleil. Les personnes à la peau pâle, particulièrement celles qui ont subi des coups de soleil importants durant l’enfance, sont plus à risque de voir apparaître un cancer de la peau. Toutefois,
TABLEAU 6.2
ce type de cancer peut survenir à tout âge. Il est recommandé d’utiliser des écrans solaires de façon régulière et d’éviter les longues expositions au soleil. Les trois principaux types de cancers de la peau sont décrits dans le TABLEAU 6.2.
Vérifiez vos connaissances 19. De quelle manière les rayons UV contribuent-ils
au vieillissement de la peau ?
Cancers de la peau
Apparence
Type et description
Épithélioma basocellulaire • • • • • • •
Dérive des cellules de la couche basale. Constitue le type de cancer le plus courant. Constitue le type de cancer le moins dangereux ; produit rarement des métastases. Prend d’abord l’aspect d’une petite excroissance translucide. L’excroissance s’agrandit en surace, puis une dépression centrale apparaît avec un rebord perlé. Se trouve généralement sur le visage. Le traitement s’eectue par excision chirurgicale.
• • • • • •
Dérive des kératinocytes de la couche épineuse. Les lésions apparaissent généralement sur le cuir chevelu, les oreilles, la lèvre inérieure ou le dos de la main. Forme des lésions précoces surélevées, rougeâtres et squameuses. Forme des lésions tardives prenant l’aspect d’ulcères concaves aux rebords surélevés. Peut produire des métastases dans les autres parties du corps. Le traitement s’eectue par détection précoce et excision chirurgicale des lésions.
Épithélioma spinocellulaire
Mélanome malin • Se orme à partir de mélanocytes, parois à partir d’un grain de beauté (Société canadienne du cancer, 2013c). • Les personnes à risque sont celles qui ont subi des coups de soleil importants, surtout durant l’enance. • Pour reconnaître un mélanome, la Société canadienne du cancer (2013c) suggère de surveiller tout grain de beauté qui présente : – une Asymétrie ; – des Bordures irrégulières ; – plusieurs Couleurs ; – un Diamètre supérieur à 6 mm. • La première lettre de chaque signe orme ce qui est appelé la règle ABCD. D’autres signes peuvent également être pris en considération : démangeaison, changement de texture, suintement et saignement. • Il s’agit du type de cancer de peau le plus mortel en raison de sa croissance ulgurante et de la production de métastases (Société canadienne du cancer, 2013a). • Il est moins répandu que les deux autres types de cancer de la peau (Société canadienne du cancer, 2013b). Selon les estimations de 2007, les probabilités d’être un jour atteint d’un mélanome étaient de 1 sur 63 pour les Canadiens et de 1 sur 79 pour les Canadiennes (Société canadienne du cancer, 2013d). • Le taux de survie est amélioré par une détection précoce et l’excision chirurgicale de la lésion. • Pour les cas avancés (avec métastases), la guérison est difcile. Les traitements proposés sont la chimiothérapie, le traitement à l’interéron et la radiothérapie.
Chapitre 6 Le système tégumentaire 245
INTÉGRATION APPLICATION CLINIQUE
Le Botoxmd et les rides De nombreuses personnes cherchent des moyens pour réduire l’apparence des rides. La toxine botulinique de type A (Botoxmd) est l’un des traitements populaires pour les atténuer. Ce médicament est dérivé d’une toxine produite par la bactérie Clostridium botulinum. Une surdose de cette toxine pourrait être mortelle, mais en petite quantité, elle permet de bloquer temporairement les impulsions nerveuses des muscles qui permettent les expressions aciales, ce qui atténue ou élimine les rides qui en résultent. Le traitement est eectué en cabinet médical. Le médecin injecte le BotoxMD dans les muscles aciaux participant à la ormation des rides (p. ex., les rides rontales). L’eet du traitement est temporaire et l’opération doit être répétée après environ quatre mois, lorsque les muscles récupèrent leurs onctions normales.
Le Botox md est un traitement relativement inoensi, mais certaines personnes peuvent subir des eets secondaires. Un recours exagéré au Botox md donne au visage un aspect fgé, sans expression aciale.
Liens entre le système tégumentaire et les autres systèmes Le système tégumentaire isole tous les organes internes de l’organisme et assure leur protection. Les nombreuses couches de kératinocytes solidement liées orment une barrière contre les microorganismes présents dans l’environnement. De plus, en produisant la sueur et le sébum, la peau ore un environnement peu attrayant pour de nombreux microorganismes. Les mélanocytes, les cellules dendritiques ainsi que les cheveux, les poils, les cils et les sourcils contribuent également à protéger le corps. La peau contribue à la production de la vitamine D, une vitamine essentielle à l’absorption du calcium et du phosphate. Elle contribue aussi au maintien de la pression artérielle, de l’équilibre hydrique et de la
température corporelle. L’observation de la peau et des téguments (p. ex., les ongles, les cheveux) peut donner des indications sur l’état de santé d’une personne (p. ex., en lien avec des troubles respiratoires, lymphatiques ou hépatiques, des changements hormonaux, des inections ou une malnutrition). Enfn, les récepteurs sensoriels situés dans la peau permettent la perception sensorielle du toucher. Le tableau suivant présente les interrelations principales du système tégumentaire avec les autres systèmes. Il est suivi d’une étude de cas qui permettra de récapituler les notions présentées dans l’ensemble du chapitre.
Système tégumentaire et… Liens
Interdépendance
… système squelettique • Soutien des os ormés de calcium
• La peau recouvre et protège les os qui orment le squelette. La peau produit un précurseur de la vitamine D nécessaire à l’absorption du calcium et du phosphate.
… système musculaire • Contraction des muscles squelettiques • Contraction des muscles arrecteurs des poils
• La contraction musculaire nécessite du calcium et produit de la chaleur. L’exercice physique augmente le ux sanguin dans le derme et la sudation. La peau glisse sur les muscles squelettiques durant leur contraction. • Les muscles arrecteurs se contractent pour hérisser les poils et ormer une couche d’air isolante.
246 Partie II Le soutien et les mouvements du corps
Système tégumentaire et… (suite) Liens
Interdépendance
… système nerveux • Perceptions sensorielles • Commande motrice et régulation de la circulation sanguine • Commande motrice de la thermorégulation
• Les cellules de Merkel présentes dans l’épiderme et les récepteurs tactiles situés dans le derme et l’hypoderme participent à la perception du toucher, de la pression, de la vibration, de la douleur et de la température. • Les fbres nerveuses du système nerveux autonome sympathique régissent le diamètre des artérioles pour ajuster le débit sanguin dans la peau. • L’hypothalamus contrôle la production de la sueur et la contraction des muscles (rissons) afn de maintenir la température corporelle.
… système endocrinien • Production d’hormones sexuelles (p. ex., la testostérone, les œstrogènes, la progestérone) • Régulation de la croissance et réparation de la peau
• Les hormones libérées durant la puberté déclenchent l’activation des glandes sudoripares apocrines, augmentent la production de sébum et stimulent la croissance des poils et de la barbe. • L’hormone de croissance, l’hormone thyroïdienne, le glucagon et l’insuline provoquent la libération et l’utilisation de nutriments nécessaires à la division des cellules de la peau, avorisant ainsi la croissance et la réparation de ce tissu.
… système cardiovasculaire • Érythrocytes • Transport des gaz respiratoires • Transport des nutriments et récupération des déchets • Calcium sanguin • Circulation du sang dans les vaisseaux sanguins situés dans le derme
• L’hémoglobine des érythrocytes donne une teinte rosée à la peau des personnes pâles. Lorsqu’il y a une vasodilatation des vaisseaux sanguins dermiques, la peau devient rouge. • Le sang ournit l’oxygène aux cellules de la peau et des téguments. Le sang récupère le gaz carbonique produit par le métabolisme des cellules et le transporte entre autre sous orme d’ion bicarbonate. • La peau se renouvelle continuellement : le sang ournit les nutriments nécessaires à sa croissance et à sa réparation. Le sang transporte les déchets métaboliques produits par le métabolisme des cellules de la peau jusqu’à leur lieu d’élimination (poumons, reins, glandes sudoripares). • Le calcium est indispensable pour la ormation de la fbrine en présence d’une brèche vasculaire. Pour absorber cet ion, la peau doit produire un précurseur de la vitamine D. • Les contractions du muscle cardiaque nécessitent du calcium et permettent le pompage ainsi que la circulation du sang dans les vaisseaux sanguins. La peau est un réservoir de sang.
… systèmes immunitaire et lymphatique • Vaisseaux lymphatiques dans le derme • Cellules dendritiques dans l’épiderme et le derme
• Les vaisseaux lymphatiques récupèrent le surplus de liquide interstitiel présent dans le derme. • Les cellules dendritiques phagocytent les cellules anormales et les microorganismes présents dans la peau et contribuent à l’activation des lymphocytes.
… système respiratoire • Apport d’oxygène et élimination du gaz carbonique par le sang
• Grâce à l’oxygène, les cellules de la peau et des téguments peuvent produire de l’énergie (adénosine triphosphate) et se renouveler. • L’élimination du gaz carbonique par l’expiration contribue à maintenir les pH sanguin et corporel constants pour éviter la dénaturation des enzymes.
… système urinaire • Élimination des déchets • Activation de la vitamine D
• Les déchets azotés produits par le métabolisme cellulaire sont éliminés dans l’urine. • La peau produit un précurseur de la vitamine D, activé par le oie et les reins, nécessaire à l’absorption du calcium et du phosphate.
… système digestif • Digestion et transormation des aliments en nutriments • Absorption du calcium et du phosphate
• Les nutriments permettent aux cellules de la peau et des téguments de croître et de se régénérer. • La peau produit un précurseur de la vitamine D, activé par le oie et les reins, nécessaire à l’absorption du calcium et du phosphate.
… système génital • Stimulation érotique • Glandes mammaires • Grossesse
• Les récepteurs sensoriels de la peau réagissent aux stimulus érotiques. • La prolactine et l’ocytocine agissent sur les glandes mammaires pour la ormation et l’éjection du lait maternel. • La peau s’étire tout au long du développement œtal.
c 6 Le système tégumentaire 247
Étude de cas Un homme âgé de 50 ans est hospitalisé à la suite d’un accident de moto. Il est polytraumatisé et soure d’une racture ouverte du tibia avec une plaie sur sa jambe gauche. Il perd beaucoup de sang. À la suite de l’examen clinique, les inormations suivantes sont notées à son dossier : • Fréquences cardiaque et respiratoire augmentées • Pression artérielle : 90/55 mm Hg (normale = 120/80 mm Hg) • Signes neurologiques : conus et agité • Signes cutanés : peau pâle L’homme est en état de choc hypovolémique. Il reçoit un soluté pour rétablir sa pression artérielle. Sa plaie et sa racture sont soignées. a) Comment expliquer la pâleur de sa peau ? Après 24 heures, une infrmière change le pansement, nettoie la plaie et note ces inormations au dossier : œdème, rougeur de la peau et
pus. L’homme ait de la fèvre. Des bactéries sont présentes dans la plaie. Le médecin prescrit un antibiotique et des soins de plaie adaptés. b) Comment expliquer la rougeur de la peau ? c) La peau protège les tissus et les organes internes contre les microorganismes présents dans l’environnement. Pour quelles raisons la plaie de l’homme s’est-elle inectée ? En d’autres mots, pour quelles raisons la protection assurée par la peau n’est-elle plus efcace ? d) Les microorganismes sont éliminés et la température corporelle redevient normale (37 °C). Comment les glandes sudoripares et les vaisseaux sanguins dermiques participent-ils à la perte de chaleur ? Expliquez. e) Quelques semaines plus tard, la plaie est guérie. Un tissu cicatriciel blanc s’est ormé. Est-ce que la peau s’est régénérée ? Justifez votre réponse.
résumé du chapitre 6.1
• Le système tégumentaire comprend la peau et ses annexes cutanées (ongles, poils, cheveux,
glandes sudoripares et glandes sébacées).
un noon yè gn – 218
• La peau constitue une barrière entre l’organisme et l’extérieur. • La peau représente également un indicateur de l’état physiologique et de la santé générale
d’une personne.
6.2
• La peau est ormée d’un épiderme superfciel composé d’un épithélium stratifé, squameux et
kératinisé, et d’une partie plus proonde, le derme, lequel est composé principalement de tissu conjoncti dense irrégulier.
L ooon l – 218
• L’hypoderme se trouve sous le derme ; il permet à la peau d’adhérer aux structures internes. • La peau comporte aussi de nombreuses variations dans son épaisseur, sa couleur ou les
marques à sa surace. 6.2.1
L’ ..................................................................................................................................... 219 • L’épiderme comprend plusieurs types de cellules : les kératinocytes (cellules les plus abon-
dantes), les mélanocytes (qui produisent la mélanine), les cellules dendritiques épidermiques (qui déclenchent une réponse immunitaire) et les cellules de Merkel (sensibles au toucher). • L’épiderme est composé de plusieurs couches superposées. De la plus proonde à la plus
superfcielle, il y a la couche basale (qui comprend des kératinocytes en mitose, des cellules de Merkel et des mélanocytes), la couche épineuse, la couche granuleuse, la couche claire (seulement dans la peau épaisse) et la couche cornée (qui comporte plusieurs épaisseurs de kératinocytes morts). • La kératinisation est le processus par lequel les kératinocytes se remplissent de la protéine
appelée kératine. Le processus s’accompagne de la mort cellulaire et débute dans la couche granuleuse. 6.2.2
L ........................................................................................................................................ 220 • Le derme est composé d’une couche papillaire superfcielle et d’une couche réticulaire plus
proonde. • La couche papillaire contient principalement du tissu conjoncti aréolaire. Ses papilles der-
miques s’emboîtent dans les crêtes papillaires de l’épiderme. • La couche réticulaire est composée de tissu conjoncti dense irrégulier ; elle contient les olli-
cules pileux et les portions sécrétrices des glandes sudoripares et sébacées.
248 Partie II Le soutien et les mouvements du corps
• Les lignes de Langer permettent de déterminer l’alignement des aisceaux de fbres de colla-
gène et de fbres élastiques dans le derme. Une incision pratiquée parallèlement aux lignes de Langer cicatrisera plus rapidement, puisque la tension exercée par les lignes de Langer parallèles à l’incision avorise la ermeture de la plaie. • Le derme est riche en fbres nerveuses ainsi qu’en vaisseaux sanguins et lymphatiques. La
vasodilatation des vaisseaux sanguins augmente la circulation sanguine de la peau, avorisant ainsi la perte de chaleur. La vasoconstriction entraîne une diminution de la circulation sanguine de la peau et avorise la conservation de la chaleur. 6.2.3
L’hypoderme .................................................................................................................................. 224 • L’hypoderme protège les tissus internes ; il emmagasine l’énergie et assure la protection et
l’isolation thermique. 6.2.4
Les variations de la peau ............................................................................................................. 225 • La peau épaisse (paume des mains, plante des pieds) comprend cinq couches épidermiques,
mais la peau mince (sur le reste du corps) n’en comporte que quatre (absence de la couche claire). • La couleur de la peau est déterminée par les pigments de mélanine, l’hémoglobine contenue
dans les érythrocytes des vaisseaux sanguins du derme et les pigments de carotène. • La peau peut présenter certaines marques telles que le nævus, le vitiligo, la tache de rousseur
et l’hémangiome. Des crêtes sont également présentes sous les doigts, sur les paumes de la main, sous les orteils et sur la plante des pieds.
6.3 Les annexes cutanées – 228
• Les ongles, les poils, les cheveux et les glandes exocrines de la peau prennent leur origine
dans l’épiderme. Ce sont les structures annexes de la peau. 6.3.1
Les ongles ..................................................................................................................................... 228 • Les ongles sont des modifcations de la couche cornée de l’épiderme ; ils protègent l’extré-
mité des doigts et acilitent la préhension. • L’ongle est composé de trois parties principales : l’extrémité libre, le corps et la racine. 6.3.2
Les poils ........................................................................................................................................ 229 • Le poil est composé d’un bulbe (renement situé dans le derme d’où il prend son origine),
d’une racine (portion du poil située sous la surace de la peau) et d’une tige (portion située à l’extérieur de la peau). • Le ollicule pileux est un tube oblique qui entoure la racine du poil. Sa base est ormée par le
bulbe pileux. • Les muscles arrecteurs peuvent se contracter pour redresser les poils. • Les poils remplissent plusieurs onctions : protection, rétention de la chaleur, réception sen-
sorielle, identifcation visuelle et dispersion des signaux chimiques (phéromones). 6.3.3
Les glandes exocrines de la peau ............................................................................................... 232 • Les glandes sudoripares mérocrines produisent une sécrétion composée essentiellement
d’eau et d’électrolytes : la sueur. • Les glandes sudoripares apocrines produisent une sécrétion visqueuse qui peut dégager une
odeur orte à la suite de l’action des bactéries situées à la surace de la peau. • Les glandes sébacées libèrent le sébum sur les ollicules pileux pour lubrifer les poils et la
peau. • Les glandes cérumineuses sont des glandes apocrines modifées produisant le cérumen qui
lubrife et protège le conduit auditi externe et le tympan. • Les glandes mammaires sont des glandes apocrines modifées servant à la production du lait
maternel.
6.4 Les fonctions de la peau – 234
• La peau remplit de nombreuses onctions : protection, régulation de la température, partici-
pation au métabolisme et à l’immunité, réception sensorielle, absorption et excrétion. 6.4.1
Les fonctions de l’épiderme ......................................................................................................... 235 • L’épiderme est doté d’une perméabilité sélective. Il sert de barrière physique pour empêcher
certaines substances de pénétrer dans l’organisme tout en permettant la diusion d’autres substances (certains médicaments) par la peau.
Chapitre 6 Le système tégumentaire 249
• À la suite de l’action des rayons UV sur l’épiderme, la vitamine D3 est libérée dans le sang en
direction du oie où elle est convertie en calcidiol. Le calcidiol est ensuite converti en calcitriol dans les reins, qui accroît ensuite l’absorption du calcium et du phosphate par l’intestin grêle. • L’épiderme est hydrouge. Il contient aussi des cellules dendritiques et des macrophages qui
détectent les agents pathogènes. Il remplit également des onctions d’absorption et d’excrétion. Il joue un rôle dans le métabolisme, notamment par l’intermédiaire de l’activation de la vitamine D. 6.4.2
Les fonctions du derme ............................................................................................................... 238 • La peau peut conserver la chaleur par la constriction des vaisseaux sanguins dans le derme.
Elle peut libérer l’excédent de chaleur par la sudation et par la dilatation des vaisseaux sanguins dans le derme. La dilatation des vaisseaux sanguins du derme permet la ormation d’un réservoir sanguin. • Le derme participe à l’excrétion et à l’absorption de substances. Il remplit également des
onctions de réception sensorielle. • Le derme renerme des cellules dendritiques et des macrophages qui permettent de lutter
contre les agents pathogènes. Il contient également des vaisseaux sanguins et lymphatiques qui acilitent l’accès des autres cellules du système immunitaire au derme. • Les récepteurs sensoriels de la peau permettent de détecter la température, le toucher et la
douleur.
6.5
• Le processus de cicatrisation d’une plaie peut se aire par régénération ou par fbrose. • La régénération est le processus de remplacement des cellules mortes ou endommagées par
La réparation et la régénération du système tégumentaire – 239
des cellules de même type. La fbrose est le remplacement des tissus endommagés par des tissus cicatriciels. • Plus la surace aectée est grande et proonde, plus il aut de temps à la peau pour se réparer. • Le processus de cicatrisation d’une plaie se déroule en quatre étapes. Le saignement permet
l’apport des éléments qui assurent la coagulation et le nettoyage de la plaie. À la suite de la ormation du caillot, le nettoyage de la plaie s’eectue. Par la suite, de nouveaux vaisseaux sanguins ainsi que le tissu de granulation apparaissent sous le caillot séché. Enfn, la fbrose du derme et la ormation de l’épithélium prennent place à mesure que le caillot séché disparaît.
6.6 La formation et le vieillissement du système tégumentaire – 241
• L’épiderme et les annexes épidermiques sont ormés à partir de l’ectoderme, alors que le
derme est issu du mésoderme. 6.6.1
La formation de la peau et des dérivés tégumentaires .............................................................. 241 • La ormation de la peau commence au cours de la période embryonnaire. • Les ongles apparaissent vers la 10e semaine de grossesse ; les ollicules pileux, entre la 9 e et
la 12e semaine ; les glandes exocrines ont leur apparition au cours de la période œtale. 6.6.2
Le vieillissement du système tégumentaire ................................................................................ 241 • Avec le vieillissement, les processus de réparation de la peau sont plus lents, les rides appa-
raissent, l’épiderme s’amincit en raison d’une réduction de l’activité des cellules souches, les poils blanchissent en raison de la diminution des mélanocytes et les cancers de la peau deviennent plus réquents.
AUTOÉVALUATION
Solutionnaire
Concepts de base 1
Dans quelle couche de l’épiderme les cellules commencentelles le processus de kératinisation ?
2
La mélanine est : a) un pigment jaune orangé qui renorce l’épiderme ;
a) La couche cornée.
b) un pigment qui s’accumule dans les kératinocytes ;
b) La couche basale.
c) une protéine qui se trouve dans le derme ;
c) La couche claire.
d) un pigment qui conère à l’hémoglobine sa couleur caractéristique.
d) La couche granuleuse.
250 Partie II Le soutien et les mouvements du corps
3
Les cellules responsables de la ormation des poils et des cheveux dans un ollicule pileux sont :
c) Avant que les leucocytes pénètrent dans la plaie pour la nettoyer. d) Après la ormation d’un caillot sanguin et avant la ormation du tissu cicatriciel.
a) les cellules papillaires ; b) les cellules de la matrice ;
6
Nommez les quatre principaux types de cellules épidermiques, leurs onctions et les couches tégumentaires auxquelles elles appartiennent.
7
Comparez les trois types de poils.
8
Décrivez le rôle de la peau dans la production de la vitamine D.
9
Décrivez les étapes de la cicatrisation d’une plaie sur la peau.
c) les cellules médullaires ; d) les cellules du cortex. 4
Quelles sont les cellules de l’épiderme responsables de la détection des sensations de toucher ? a) Les kératinocytes. b) Les mélanocytes. c) Les cellules de Merkel.
10 Présentez les eets du vieillissement sur la peau en aisant
réérence aux composantes de la peau qui sont touchées par ce processus.
d) Les cellules dendritiques épidermiques. 5
À quelle étape de la cicatrisation d’une plaie le tissu de granulation se orme-t-il ? a) Après la ormation du tissu cicatriciel sur la plaie. b) Avant que le sang soit complètement coagulé.
Mise en application 1
Alexandre est un jeune homme de 15 ans qui a des lésions d’acné importantes sur le nez, le ront et les joues. Ces lésions sont devenues plus abondantes à l’âge de 14 ans, au moment où il a atteint la puberté. Quelle est la cause de son acné ?
c) Cellules aplaties, sans noyau. d) Cellules ovales entourées de collagène en abondance. 3
a) Ses glandes sudoripares mérocrines ont commencé à produire des quantités abondantes de sueur. b) Les canaux de ses glandes sébacées se sont obstrués.
2
En courant pour se rendre à l’école, Jennier tombe et se blesse sur un genou. La plaie paraît superfcielle, mais elle saigne beaucoup. À partir de ses observations et de ses connaissances sur la composition de la peau, elle conclut que la plaie atteint :
c) Ses glandes sébacées ne produisent pas sufsamment de sébum pour lubrifer sa peau.
a) seulement la couche cornée de l’épiderme ;
d) Ses glandes sudoripares apocrines produisent une sécrétion qui dégage une odeur orte.
c) toutes les couches de l’épiderme et une partie du derme ;
b) toutes les couches de l’épiderme, mais non le derme ; d) toutes les couches de l’épiderme et du derme, ainsi que l’hypoderme.
Pendant une période de laboratoire dans son cours d’anatomie, Éva se gratte le bras et remarque que des cellules cutanées se détachent de la surace de sa peau. Elle décide de placer ces cellules sur une lamelle et de les observer au microscope. Quelles caractéristiques ces cellules présenteront-elles ? a) Cellules polygonales avec noyau proéminent. b) Cellules cuboïdales, certaines en mitose.
Synthèse 1
Lorsque vous sortez par temps roid, votre peau est beaucoup plus pâle qu’à l’habitude. Plus tard, lorsque vous entrez dans une pièce chaude, votre visage rougit. Quelles sont les raisons qui expliquent ce changement de couleur dans votre visage ?
3
La peau épaisse ne comporte pas de ollicules pileux ni de glandes sébacées. En considérant les régions du corps qui sont recouvertes de peau épaisse, pourquoi ces éléments nuiraient-ils au rôle de la peau dans ces endroits ?
2
Dans ses années de jeunesse, Hicham passait tous ses après-midis d’été à la piscine. À l’approche de la cinquantaine, sa peau est très ridée, et des lésions anormales sont apparues sur son visage. Un dermatologue a pratiqué l’excision de ces lésions. De quel type de lésions s’agit-il et quelle en est la cause probable ?
4
Les personnes âgées sont plus sujettes aux lésions de pression et lorsqu’elles en sont atteintes, la guérison est plus difcile. En aisant réérence aux structures du système tégumentaire touchées, expliquez en quoi le risque est augmenté chez ces personnes et pourquoi la guérison est plus difcile.
LE SYSTÈME SQUELETTIQUE : LA STRUCTURE ET LA FONCTION OSSEUSES
CHAPITRE
7
Adaptation française :
Dave Bélanger
LE TECHNOLOGUE EN RADIOLOGIE…
DANS LA PRATIQUE
En radiologie, plusieurs techniques médicales, dont la radiographie, la tomodensitométrie et l’imagerie par résonance magnétique (IRM), sont utilisées pour créer des images détaillées des structures internes de l’organisme. Ces techniques d’imagerie sont généralement non effractives et idéales pour le diagnostic de pathologies et de traumatismes internes. Tous les spécialistes en radiologie doivent être en mesure de reconnaître les structures squelettiques et de les distinguer des muscles et des tissus mous qui y sont associés. Ils doivent également pouvoir différencier l’os fracturé de celui en croissance, car pour le non-initié, les deux peuvent se ressembler sur la radiographie.
7.1 7.2
Une introduction au système squelettique .................................................. 252 L’os : le principal organe du système squelettique .................................................. 253 7.2.1 7.2.2 7.2.3 7.2.4 7.2.5 7.2.6
Les onctions générales des os .............. La classication des os .......................... L’anatomie macroscopique des os .......... La moelle osseuse ................................. L’anatomie microscopique : le tissu conjoncti osseux ................................... L’anatomie microscopique : le cartilage hyalin ..................................
253 253 254 256 257 262
7.3 7.4
La croissance cartilagineuse .................... 262 L’ossifcation ................................................. 264 7.4.1 L’ossication endomembraneuse ............ 264 7.4.2
7.5.3
7.6
Les hormones infuant sur la croissance osseuse et le remodelage osseux ........... 272 La régulation de la calcémie .................... 273
7.7
7.6.1 L’activation de la vitamine D ................... 7.6.2 La parathormone et le calcitriol .............. 7.6.3 La calcitonine ........................................ Les eets du vieillissement .......................
7.8
La racture et la consolidation ................. 277
L’ossication endochondrale .................. 265
INTÉGRATION Illustration des concepts Processus d’ossifcation endochondrale ........ 266
7.5
La croissance osseuse et le remodelage osseux ................................ 269 7.5.1 La croissance osseuse ........................... 269 Animation 7.5.2
Le remodelage osseux ........................... 271
273 275 275 277
Animation
252 Partie II Le soutien et les mouvements du corps
7.1
Une introduction au système squelettique
1
Relever les ressemblances et les diérences dans la composition de l’os compact et de l’os spongieux.
2
Indiquer les types de cartilage et leur localisation dans le système squelettique.
• Le cartilage élastique est un cartilage qui n’est pas présent dans le squelette comme tel. Il se retrouve entre autres dans l’épiglotte du larynx et l’oreille externe. Dans le chapitre 9, le rôle des ligaments, soit le tissu conjoncti dense régulier reliant deux pièces osseuses, des tendons, soit le tissu conjoncti dense régulier reliant le muscle à l’os, et des autres types de tissu conjoncti du système squelettique est présenté.
Vérifiez vos connaissances
La simple mention du système squelettique évoque souvent l’image d’os de tailles et de ormes variées, secs et sans vie. Touteois, le squelette (skeletos = desséché) est beaucoup plus qu’une charpente servant de soutien aux tissus mous du corps humain. Le système squelettique se compose de tissus vivants dynamiques ; il interagit avec tous les autres systèmes organiques, se régénère et se remodèle sans cesse.
spongieux. 2. Quelles sont les trois régions du corps comportant
du fbrocartilage ?
Cartilage articulaire
Le système squelettique comprend aussi bien les os du squelette que les cartilages, les ligaments et d’autres tissus conjonctis qui stabilisent les os ou les relient entre eux. Les os du squelette sont les organes ondamentaux du système squelettique. Ils orment la charpente rigide du corps et remplissent plusieurs onctions. Dans la plupart des os du corps humain, deux types de tissu conjoncti osseux sont présents, à savoir l’os compact et l’os spongieux. L’os compact, appelé aussi os dense ou cortical, est un tissu osseux relativement dense, d’apparence blanche, lisse et solide. Il représente environ 80 % de la masse osseuse totale. L’os spongieux, appelé aussi os trabéculaire, se situe à l’intérieur de l’os compact. Il est d’apparence poreuse et représente environ 20 % de la masse osseuse totale. La cavité intérieure de l’os contient un tissu conjoncti qui est soit de la moelle osseuse rouge, soit de la moelle osseuse jaune.
1. Décrivez la composition de l’os compact et de l’os
Cartilage épiphysaire
Cartilage articulaire Cartilage articulaire
Cartilage épiphysaire
Cartilage costal Cartilage d’un disque intervertébral
Symphyse pubienne
Le cartilage est un tissu conjoncti semi-rigide, plus exible que l’os. Il se divise en trois soustypes : le cartilage hyalin, le fbrocartilage et le cartilage élastique (voir la section 5.3.4). Deux d’entre eux, soit le cartilage hyalin et le fbrocartilage, sont présents dans le squelette de l’adulte et de l’enant FIGURE 7.1. • Le cartilage hyalin relie les côtes au sternum (cartilage costal), recouvre l’extrémité de certains os (cartilage articulaire) et orme le cartilage diaphysoépiphysaire (cartilage épiphysaire), qui permet la croissance de l’os en longueur. Le cartilage hyalin sert également de matrice pour la ormation de la plupart des os du corps. • Le fbrocartilage est un cartilage de soutien qui résiste à la compression. Il orme les disques intervertébraux, la symphyse pubienne (cartilage entre les os du bassin) et le coussinet cartilagineux de l’articulation des genoux (ménisque).
Cartilage articulaire Ménisque (coussin fibrocartilagineux dans l’articulation du genou)
Cartilage articulaire
Cartilage hyalin Fibrocartilage
FIGURE 7.1 Répartition du cartilage dans les squelettes de l’adulte et de l’enfant
❯
Les squelettes de l’adulte et de l’enant comptent deux types de cartilage : le cartilage hyalin et le fbrocartilage.
Chapitre 7 Le système squelettique : la structure et la fonction osseuses
7.2
L’os : le principal organe du système squelettique
Tous les os, tels que ceux de la cuisse (émur) ou du bras (humérus), sont des organes. La présente section décrit les onctions générales, la classifcation selon la orme, l’anatomie macroscopique et l’histologie de l’os.
7.2.1 1
Lorsque l’organisme a besoin de calcium ou de phosphate, une partie du tissu osseux se dégrade pour libérer ces minéraux dans la circulation sanguine. Enfn, de l’énergie potentielle est emmagasinée sous orme de triglycérides (orme de lipides) dans la moelle osseuse jaune de certains os adultes.
Vériiez vos connaissances 3. Quels sont les deux principaux minéraux stockés
dans les os et quelles sont leurs onctions dans l’organisme ?
Les onctions générales des os
Décrire les onctions générales des os.
Les os remplissent plusieurs onctions de base : soutien et protection, mouvement, hématopoïèse ainsi que stockage des réserves de minéraux et d’énergie.
7.2.1.1 Le soutien et la protection Les os servent de charpente à tout l’organisme. Ils protègent également de nombreux tissus et organes ragiles contre les blessures et les traumatismes. Ainsi, la cage thoracique protège le cœur et les poumons, les os du crâne recouvrent et protègent l’encéphale, les vertèbres entourent la moelle épinière, et le bassin protège le système urinaire, les organes associés à la reproduction et la partie terminale du tube digesti.
7.2.1.2 Le mouvement La plupart des os servent de points d’attache pour les muscles squelettiques, les autres tissus mous et certains organes. En se contractant, les muscles attachés aux os exercent une traction sur le squelette qui agit ensuite comme un système de leviers (voir la fgure 9.7, p. 362). D’autres structures présentes au sein de l’articulation, dont les ligaments, participent au degré de liberté de mouvement propre à chaque articulation. Les mouvements ainsi générés rendent possibles tant la course et le saut que la précision nécessaire pour retirer une écharde d’un doigt.
7.2.1.3 L’hématopoïèse L’hématopoïèse (haima = sang, poiesis = aire) est le processus de production des cellules sanguines (voir la section 18.3.1). Elle s’eectue dans la moelle osseuse rouge qui contient les cellules souches, lesquelles orment les érythrocytes (globules rouges), les leucocytes (globules blancs) et les thrombocytes (plaquettes).
7.2.1.4 Le stockage des minéraux
et des réserves d’énergie La plupart des réserves en minéraux du corps humain, comme le calcium et le phosphate, se trouvent stockées dans l’os pour être ensuite libérées dans le reste de l’organisme, au besoin. Le calcium est un minéral essentiel à certaines onctions de l’organisme comme la contraction musculaire, la coagulation du sang et la transmission de l’inux nerveux. Le phosphate est notamment essentiel dans le métabolisme de l’adénosine triphosphate (ATP) et représente une composante importante du constituant principal de la membrane plasmique : le phosphoglycérolipide.
253
INTÉGRATION LIENS ENTRE LES CONCEPTS Les systèmes musculaire et nerveux ont besoin de calcium pour bien onctionner. Heureusement, le système squelettique contient en général une réserve sufsante de calcium utilisable par ces deux systèmes lorsque le taux de calcium dans le sang est aible.
7.2.2 2
La classifcation des os
Décrire les quatre principales classes d’os déterminées d’après leur orme.
Les os ont des ormes et des tailles diérentes selon leur onction. Les quatre classes d’os déterminées d’après leur orme sont les os longs, les os courts, les os plats et les os irréguliers FIGURE 7.2. Les os longs sont plus longs que larges. Ils ont un corps cylindrique allongé et le plus souvent incurvé appelé diaphyse. Il s’agit de la orme osseuse la plus commune. Les os longs se trouvent dans les membres supérieurs (bras, avant-bras, paumes et doigts) et inérieurs (cuisses, jambes, plante des pieds et orteils). La taille des os longs varie. Par exemple, les petits os des doigts et des orteils sont des os longs, tout comme le tibia et la fbula (péroné) des membres inérieurs, qui sont cependant beaucoup plus gros. Les os courts sont pratiquement aussi longs que larges. Les os du carpe (poignet) et du tarse (pied) sont des exemples d’os courts. Les os sésamoïdes, de petits os dont la orme ressemble à une graine de sésame et qui sont présents dans l’épaisseur des tendons de certains muscles, ont également partie des os courts. La patella (rotule) est l’os sésamoïde le plus gros. Les os plats portent ce nom en raison de leur surace mince et plane pouvant comporter une légère courbure. Ils possèdent de grandes suraces pour attacher les muscles et protègent les tissus mous sous-jacents. Les os de la voûte crânienne, les scapulas (omoplates), le sternum et les côtes ont partie de la classe des os plats. Les os irréguliers ont des ormes élaborées et parois complexes, et ils n’appartiennent à aucune des catégories précédentes. Les vertèbres, les os de la hanche et plusieurs os du crâne comme l’ethmoïde, le sphénoïde et les os suturaux (ou wormiens) sont des exemples d’os irréguliers.
254 Partie II Le soutien et les mouvements du corps 7.2.3.1 L’anatomie macroscopique de l’os long
Os plat (frontal)
L’os long représente la orme osseuse la plus commune de l’organisme et sert donc de modèle utile pour expliquer la structure osseuse FIGURE 7.3. Il est constitué de trois régions principales : la diaphyse (ou corps de l’os), l’épiphyse (ou extrémité de l’os) et la métaphyse (ou région comprise entre la diaphyse et l’épiphyse). Le revêtement extérieur de l’os long s’appelle le périoste, et celui intérieur, l’endoste.
Les régions de l’os long
Os irrégulier (vertèbre)
Os long (fémur)
Os court (os du tarse)
FIGURE 7.2 Classifcation des os d’après leur orme
❯ Il existe quatre classes différentes d’os d’après leur forme : longs, courts, plats et irréguliers.
Vérifiez vos connaissances 4. Qu’est-ce qui fait la différence entre un os long,
un os court, un os plat et un os irrégulier ? Donnez un exemple pour chacun.
7.2.3
L’anatomie macroscopique des os
3
Présenter les composantes structurales de l’os long.
4
Comparer l’anatomie macroscopique d’autres types d’os à celle de l’os long.
5
Expliquer la fonction générale des vaisseaux sanguins et des nerfs desservant les os.
La présente section expose l’analyse détaillée de l’anatomie macroscopique de l’os long en le comparant avec d’autres types d’os. La vascularisation et l’innervation des os sont aussi expliquées.
L’une des principales caractéristiques macroscopiques de l’os long est son corps appelé diaphyse (dia = à travers, phusis = croissance). La diaphyse, allongée et généralement cylindrique, assure la orce de levier et le soutien de son propre poids. À l’intérieur de la diaphyse, sous l’os compact, se trouvent des travées (structures en orme de pics) d’os spongieux. L’espace creux et cylindrique à l’intérieur de la diaphyse se nomme cavité médullaire. Chez l’enant, cette cavité contient de la moelle rouge qui sera remplacée à l’âge adulte par de la moelle jaune. À chaque extrémité de l’os long se trouve une partie renée appelée épiphyse (epi = sur, phusis = croissance). L’épiphyse proximale est l’extrémité de l’os située le plus près du tronc, et l’épiphyse distale est celle située le plus loin. L’épiphyse se compose d’une fne couche externe d’os compact recouvrant une partie interne plus importante d’os spongieux. À l’intérieur de l’épiphyse, l’os spongieux résiste aux contraintes venant de toutes parts. Une fne couche de cartilage hyalin, appelée cartilage articulaire, recouvre la surace articulaire de l’épiphyse. Ce cartilage aide à réduire la riction et à absorber les chocs dans les articulations mobiles (diarthroses). La métaphyse (meta = après, phusis = croissance) est la partie de l’os mature comprise entre la diaphyse et l’épiphyse (Foret, 2004). Elle contient le cartilage épiphysaire de l’os en croissance. Il s’agit d’une fne couche de cartilage hyalin qui assure la croissance de l’os dans le sens de la longueur. Chez l’adulte, une ois la croissance de l’os terminée, le cartilage épiphysaire est remplacé par une mince zone d’os compact appelée ligne épiphysaire.
Les revêtements extérieur et intérieur de l’os Une enveloppe résistante appelée périoste (peri = autour de, osteon = os) recouvre la ace externe de l’os, à l’exception des régions couvertes de cartilage articulaire (voir la fgure 7.3A et C). Le périoste compte deux couches. La couche externe fbreuse, composée de tissu conjoncti dense et irrégulier, protège l’os des structures qui l’entourent, fxe les vaisseaux sanguins et les ners à la surace de l’os, et sert de point d’attache aux ligaments ainsi qu’aux tendons. La couche cellulaire interne renerme des cellules ostéogéniques, des ostéoblastes et des ostéoclastes (voir la section 7.2.5). De nombreuses fbres de collagène appelées fbres de Sharpey, dont l’orientation est perpendiculaire à la diaphyse, fxent solidement le périoste à l’os compact. L’endoste (endon = en dedans) est une couche discontinue de cellules qui tapisse toute la ace interne de l’os, ce qui permet de délimiter la cavité médullaire (voir la fgure 7.3A et B). Tout comme le périoste, l’endoste renerme des cellules ostéogéniques, des ostéoblastes et des ostéoclastes.
Chapitre 7 Le système squelettique : la structure et la fonction osseuses
255
Cartilage articulaire Os spongieux
Épiphyse proximale
Ligne épiphysaire Métaphyse
Os spongieux
Os compact
Ostéocyte
Os spongieux Cavité médullaire (contient de la moelle jaune chez l’adulte)
Endoste
Périoste
Ostéoclaste Noyaux Ostéoblastes
Cavité médullaire
Endoste
Cellule ostéogénique
B. E B Endoste d t
Fibres de Sharpey Diaphyse Os compact Ostéocyte
Artère nourricière passant par le foramen nourricier
Couche fibreuse
Couche cellulaire
Périoste
Fibres de Sharpey
Métaphyse
C. Périoste
Épiphyse distale
Cartilage articulaire A. Vue antérieure de l’humérus
FIGURE 7.3 Anatomie macroscopique de l’os long
❯ Les os longs soutiennent les tissus mous des membres. A. L’os long typique, comme l’humérus (os du bras), contient de l’os compact et de l’os spongieux. B. L’endoste
tapisse la face interne de l’os, délimitant la cavité médullaire. C. Le périoste tapisse la face externe du corps de l’os.
7.2.3.2 L’anatomie macroscopique d’autres types d’os
L’irrigation sanguine et l’innervation des os
L’anatomie macroscopique des os courts, plats et irréguliers dière de celle des os longs. La ace externe se compose généralement d’os compact, et l’intérieur ne contient que de l’os spongieux. La FIGURE 7.4 montre la disposition de l’os compact et de l’os spongieux dans un os du crâne. Les couches plus ou moins parallèles d’os compact sont séparées par une couche intermédiaire d’os spongieux. Dans le cas d’un os plat de la voûte crânienne, l’os spongieux se nomme également le diploé.
L’os, surtout l’os spongieux, est un organe très vascularisé. Les vaisseaux sanguins pénètrent dans l’os par le périoste par l’intermédiaire d’un petit orifce appelé foramen nourricier. En général, il n’y a qu’une artère nourricière qui pénètre dans l’os et une veine nourricière qui en sort. Les vaisseaux sanguins acheminent aux cellules osseuses les nutriments et l’oxygène dont celles-ci ont besoin et ils permettent l’élimination des déchets qu’elles produisent.
256 Partie II Le soutien et les mouvements du corps
Périoste
Os plat du crâne
Os spongieux (diploé)
Périoste
Os compact
MEB 5 x
FIGURE 7.4 Os plats du crâne
Les nerfs qui se rendent aux os pénètrent par le même foramen nourricier que les vaisseaux sanguins ; ils innervent aussi bien l’os, le périoste et l’endoste que la cavité médullaire.
dans la cavité médullaire des os longs. Mais, à mesure que l’enfant vieillit, une bonne partie de la moelle osseuse rouge se dégrade et se transforme en une substance lipidique appelée moelle osseuse jaune. En conséquence, l’adulte a de la moelle osseuse rouge surtout dans certains os précis, tels que les os plats du crâne, les
❯ Ces os comportent deux couches d’os compact séparées par une couche intermédiaire d’os spongieux (diploé). Le périoste recouvre les deux couches d’os compact.
Vérifiez vos connaissances 5. En quoi les structures de la diaphyse et de l’épiphyse
d’un os dièrent-elles ? 6. Quelle est la onction du oramen nourricier de l’os ?
INTÉGRATION
APPLICATION CLINIQUE
La greffe de moelle osseuse 7.2.4 6
La moelle osseuse
Comparer les deux types de moelle osseuse, et relever les ressemblances et les diérences relatives à leur structure et à leur localisation.
La moelle osseuse est le tissu conjonctif mou de l’os qui comprend la moelle osseuse rouge et la moelle osseuse jaune FIGURE 7.5. La moelle osseuse rouge est hématopoïétique, c’està-dire qu’elle est productrice de cellules sanguines, et elle contient du tissu conjonctif réticulaire (voir le tableau 5.6, p. 196), des cellules sanguines immatures et des graisses. Chez l’enfant, la moelle osseuse rouge ne se trouve pas exclusivement aux mêmes endroits que chez l’adulte. Elle est effectivement présente dans l’os spongieux de la plupart des os du corps ainsi que
Les personnes dont la moelle osseuse a été détruite, notamment par la radiothérapie ou la chimiothérapie, ou qui onctionne anormalement, par exemple dans les cas de leucémie où la moelle osseuse produit des cellules sanguines anormales, peuvent subir une gree. Le prélèvement de la moelle osseuse du donneur s’eectue le plus souvent dans la crête iliaque du bassin ou, plus rarement, dans le sternum. Les cellules prélevées sont injectées dans la circulation sanguine du receveur, d’où elles migrent vers les sites habituels de moelle rouge. La moelle osseuse du donneur doit être compatible avec celle du receveur, comme c’est le cas pour les groupes sanguins, afn que le système immunitaire ne s’attaque pas au tissu comme s’il s’agissait d’un corps étranger (voir le chapitre 22). Par conséquent, seules les personnes compatibles avec le receveur peuvent donner de leur moelle osseuse. Au Canada, près de 320 000 personnes sont inscrites au Registre de donneurs de cellules souches (Héma-Québec, 2012).
Chapitre 7 Le système squelettique : la structure et la fonction osseuses
FIGURE 7.5 Moelles osseuses rouge et jaune
7.2.5 ❯
A. Distribution de la moelle osseuse rouge dans le squelette adulte ; B. coupe d’une tête fémorale permettant de comparer les moelles osseuses rouge et jaune.
257
L’anatomie microscopique : le tissu conjonctif osseux
7
Nommer les quatre types de cellules osseuses et leurs fonctions.
8
Décrire la composition de la matrice osseuse.
9
Expliquer la formation et la résorption de la matrice osseuse.
10 Comparer la structure microscopique de l’os
compact et celle de l’os spongieux.
Moelle osseuse rouge
La principale composante de l’os est le tissu conjonctif osseux. Comme tout tissu conjoncti, le tissu osseux se compose de cellules et d’une matrice extracellulaire. La présente section décrit les cellules et la matrice qui composent le tissu osseux, la production et la résorption de la matrice osseuse ainsi que l’organisation microscopique de l’os compact et de l’os spongieux.
7.2.5.1 Les cellules osseuses Le tissu osseux comporte quatre types de cellules, à savoir les cellules ostéogéniques, les ostéoblastes, les ostéocytes et les ostéoclastes FIGURE 7.6. Les cellules ostéogéniques sont des cellules souches qui dérivent du mésenchyme (voir la section 5.3.3), et qui sont présentes dans l’endoste et le périoste de l’os. Lorsqu’une cellule ostéogénique se divise par le processus de la mitose, l’une des cellules résultantes est appelée à se diérencier en ostéoblastes, tandis que l’autre cellule conserve son identité de cellule ostéogénique. Les ostéoblastes (blastos= germe) se orment à partir des cellules souches ostéogéniques. Ils sont souvent A. Moelle osseuse rouge chez l’adulte présents côte à côte à la surace de l’os. Les ostéoblastes Moelle osseuse jaune actis présentent une orme quelque peu cuboïdale, un B. Coupe d’une tête fémorale réticulum endoplasmique rugueux abondant et plusieurs complexes golgiens. L’abondance de ces deux organites témoigne du ait que la synthèse des protéines est une activité importante chez l’ostéoblaste. L’une des vertèbres, les côtes, le sternum et les os du bassin. Il y en a égaleprincipales protéines synthétisées par ces cellules est le collament dans les épiphyses proximales de chaque humérus et de gène. Les ostéoblastes ont pour onction de sécréter une matrice chaque émur. extracellulaire, riche en collagène, nommée matériau ostéoïde Une anémie grave, soit une aection se caractérisant souvent (eidos = aspect, orme). Des sels minéraux cristallisés se déposent par un nombre d’érythrocytes plus aible que la normale causant ensuite entre les fbres de collagène de la matrice, ce qui mène à un apport d’oxygène insufsant aux cellules de l’organisme, la calcifcation du matériau ostéoïde. Cette calcifcation a pour conséquence d’emprisonner les ostéoblastes dans la matrice que peut déclencher une transormation de moelle osseuse jaune en ceux-ci synthétisent et sécrètent. Ces ostéoblastes ainsi aits primoelle osseuse rouge, un changement qui acilite la production sonniers se diérencient enfn en ostéocytes. d’érythrocytes additionnels.
Vérifiez vos connaissances 7. Où trouve-t-on de la moelle rouge dans le squelette
adulte ?
Les ostéocytes (cyt = cellule) sont des cellules osseuses matures issues des ostéoblastes qui ont perdu leur capacité de produire de l’os une ois qu’ils se trouvent emprisonnés dans le matériau ostéoïde calcifé. Cet emprisonnement est relati, puisque les liens entre les ostéoblastes sont maintenus lorsqu’ils se transorment en ostéocytes (voir la fgure 7.7). Les ostéocytes
258 Partie II Le soutien et les mouvements du corps
FIGURE 7.6 Différents types de cellules du tissu osseux ❯ Le tissu osseux comporte quatre types de cellules. A. Les cellules ostéogéniques se transforment en ostéoblastes, dont bon nombre se différencient pour devenir des ostéocytes. B. Certaines cellules de la moelle osseuse fusionnent pour former des ostéoclastes. C. Une photomicrographie montre des ostéoblastes, des ostéocytes et un ostéoclaste.
Différenciation des cellules ostéogéniques en ostéoblastes
Fusion d’une cellule de moelle osseuse Noyaux
Endoste Ostéoclaste
Lysosomes Ostéoblaste (produit la matrice osseuse)
Bordures ondulées Lacune de résorption
Différenciation de certains ostéoblastes en ostéocytes
B. Ostéoclaste
Ostéocytes
Ostéoblastes
A. Cellules osseuses
Ostéocyte (entretient la matrice osseuse)
entretiennent la matrice osseuse et détectent les contraintes mécaniques exercées sur l’os en lien avec la masse corporelle ou avec la pratique d’une activité physique intense. En présence d’une contrainte mécanique, les ostéocytes réagissent en le signalant aux ostéoblastes, ce qui peut entraîner le dépôt d’une nouvelle matrice osseuse à la surface de l’os. Les ostéoclastes (klastos = briser) sont de grosses cellules pourvues de plusieurs noyaux et qui ont la capacité de faire la phagocytose. Ils proviennent de la fusion de cellules de la moelle osseuse, semblables à celles qui produisent les cellules sanguines. Les ostéoclastes ont une bordure en brosse (microvillosités) qui permet d’augmenter leur surface de contact avec le tissu osseux. Ces cellules jouent un rôle dans la dégradation de la substance osseuse en libérant des enzymes et des acides qui
MO 400 x
Ostéoclaste
C. Tissu osseux
s’attaquent à l’os. Ce processus important prend le nom de résorption osseuse (voir la section 7.2.5.3). Les ostéoclastes se trouvent souvent à l’intérieur ou près de dépressions osseuses. Ces dépressions, nommées lacunes de résorption (ou lacune de Howship), apparaissent à la suite de l’action des enzymes et des acides libérés par les ostéoclastes.
INTÉGRATION
STRATÉGIES D’APPRENTISSAGE
Pour retenir la fonction respective des ostéoblastes et des ostéoclastes, le truc mnémotechnique suivant peut être utile : les ostéoblastes bâtissent (fabriquent la matrice extracellulaire), tandis que les ostéoclastes cassent (dégradent la matrice extracellulaire).
Chapitre 7 Le système squelettique : la structure et la fonction osseuses
7.2.5.2 La composition de la matrice osseuse La matrice du tissu osseux compte une composante organique et une autre inorganique. La composante organique est le matériau ostéoïde, produit par les ostéoblastes, qui se compose de collagène et d’une substance ondamentale semi-liquide comprenant des protéoglycanes et des glycoprotéines (voir la section 5.3.1). La substance ondamentale maintient en suspension et soutient les fbres de collagène. Ces composantes organiques conèrent à l’os une résistance à la traction permettant de contrer les orces d’étirement et de torsion, et contribuent à sa plasticité globale. La composante inorganique de la matrice osseuse se compose de cristaux de sels qui sont surtout du phosphate de calcium, Ca 3(PO4)2. Le phosphate de calcium et l’hydroxyde de calcium interagissent pour ormer des cristaux d’hydroxyapatite, dont la ormule chimique est Ca10(PO4)6(OH)2. Ces cristaux incorporent également d’autres sels (p. ex., du carbonate de calcium) et des ions (p. ex., du sodium, du magnésium, du sulate et du uorure) au cours du processus de la calcifcation. Ces cristaux se déposent autour de l’axe longitudinal des fbres de collagène de la matrice extracellulaire. Les cristaux durcissent la matrice et sont à l’origine de la rigidité relative de l’os, ce qui lui conère sa résistance à la compression. Le maintien des bonnes proportions de substances organiques et inorganiques dans la matrice osseuse permet à l’os de onctionner de manière optimale. La perte de protéines ou la présence d’une protéine anormale entraîne une ragilisation des os, et un manque de calcium provoque un ramollissement des os.
7.2.5.3 La production et la résorption
259
entre ces dernières. Le processus complet de l’ossifcation nécessite l’apport de plusieurs substances, dont la vitamine D, qui augmente l’absorption du calcium par le tube digesti, la vitamine A, qui stimule l’activité des ostéoblastes, la vitamine C, nécessaire pour la production du collagène, de même que le calcium et le phosphate pour la calcifcation. La résorption osseuse est un processus par lequel les ostéoclastes détruisent la matrice osseuse en libérant des substances dans l’espace extracellulaire adjacent à l’os. Ces substances comprennent des enzymes protéolytiques libérées par les lysosomes se trouvant à l’intérieur des ostéoclastes. Ces enzymes assurent la digestion chimique des composantes organiques de la matrice osseuse tels les fbres de collagène et les protéoglycanes. Les ostéoclastes libèrent également de l’acide chlorhydrique (HCl) qui assure la dissolution des parties minérales (calcium et phosphate) de la matrice. Les ions calcium et phosphate ainsi libérés passent dans le sang. La résorption osseuse peut se produire lorsque le niveau de calcium sanguin est aible (voir la section 7.6).
INTÉGRATION
STRATÉGIES D’APPRENTISSAGE
Il est possible de visualiser la matrice osseuse comme du béton armé, c’est-à-dire un béton coulé dans une armature (grille de barres de métal entrecroisées). Les bres de collagène sont l’armature, tandis que la substance ondamentale et l’hydroxyapatite représentent le béton. Sans l’armature, le béton s’erite ; sans le béton, les barres de métal plient.
de la matrice osseuse L’ossifcation, soit la ormation du tissu osseux, s’amorce lorsque les ostéoblastes sécrètent la matrice osseuse appelée matériau ostéoïde. La calcifcation, ou minéralisation, se produit lorsque les ions calcium et phosphate dissous atteignent une concentration critique. Ils précipitent et orment ainsi des cristaux d’hydroxyapatite qui se déposent autour des fbres de collagène et
7.2.5.4 Une comparaison de l’anatomie
microscopique de l’os compact et de l’os spongieux L’os compact et l’os spongieux présentent chacun une architecture microscopique diérente et unique FIGURE 7.7.
INTÉGRATION APPLICATION CLINIQUE
L’ostéite déformante hypertrophique DÉSÉQUILIBRE HOMÉOSTATIQUE
L’ostéite déormante hypertrophique, ou maladie osseuse de Paget, résulte d’une rupture de l’équilibre entre l’activité des ostéoclastes et celle des ostéoblastes. Les ostéoclastes deviennent alors cinq ois plus volumineux que la normale et peuvent contenir plus de 20 noyaux (comparativement à de 3 à 5 normalement). Par conséquent, ces gros ostéoclastes résorbent le tissu osseux plus rapidement. En réaction à cette résorption osseuse excessive, les ostéoblastes déposent davantage de matériau ostéoïde, mais le tissu osseux qui en résulte est mal ormé et instable, ce qui rend l’os plus vulnérable à la déormation et aux ractures. Cette maladie touche le plus souvent les os du bassin et du crâne, les vertèbres, le émur et le tibia. Les premiers symptômes sont la déormation et la douleur osseuses. À plus ou moins longue échéance, les os des membres inérieurs peuvent se courber et, souvent, le crâne s’épaissit et grossit.
Radiographie de prol de la boîte crânienne d’une personne atteinte d’ostéite déormante hypertrophique ; les fèches blanches indiquent les zones de dépôt osseux excessi.
260 Partie II Le soutien et les mouvements du corps
Lamelles de l’ostéon
Nerf Veine Artère Canalicules
Orientation des fibres de collagène
Canal central
Diaphyse de l’humérus Canal central
Ostéon
Ostéon
Lacune
Lamelles circonférentielles externes
Périoste
Ostéocyte
Fibres de Sharpey
Canalicules Lamelles circonférentielles internes
Couche Couche cellulaire fibreuse
Lamelles interstitielles
B. Os compact
Travées de l’os spongieux
A. Coupe de l’humérus
Canaux perforants
Canal central Endoste Lamelles interstitielles Ostéoclaste Espace médullaire
Lamelles interstitielles Ostéocyte dans sa lacune
Travées
Canalicules débouchant à la surface
FIGURE 7.7 Composantes de l’os
❯ A. Une coupe agrandie de l’humérus permet de montrer la disposition B. des ostéons dans l’os compact et C. des travées dans l’os spongieux.
Ostéoblastes alignés le long de la travée d’un nouvel os Canalicules débouchant à la surface C. Os spongieux
Chapitre 7 Le système squelettique : la structure et la fonction osseuses
L’anatomie microscopique de l’os compact L’os compact se compose de petites structures cylindriques appelées ostéons, ou systèmes de Havers. L’ostéon est l’unité onctionnelle et structurale de base de l’os compact arrivé à maturité (voir la fgure 7.7A et B). L’orientation des ostéons est parallèle à la diaphyse de l’os long. Examiné en coupe transversale, l’ostéon a l’apparence d’une cible de tir qui compte plusieurs éléments :
261
internes). Les lamelles circonérentielles externes et internes bordent la circonérence de l’os lui-même, d’où leur nom. • Les lamelles interstitielles (ou systèmes interstitiels) sont soit des composantes d’os compact remplissant les espaces entre les ostéons, soit des ragments d’ostéons partiellement résorbés. Souvent, elles ont l’apparence de structures qui auraient été « grignotées ». Les lamelles interstitielles sont incomplètes et n’ont généralement aucun canal central.
• Le canal central (de Havers) est un canal cylindrique au centre de l’ostéon qui s’étend parallèlement à ce dernier. À l’intérieur du canal central se trouvent les vaisseaux sanguins et les ners qui alimentent l’os. Lacune (avec ostéocyte)
• Les lamelles de l’ostéon (lamina = lame) sont des anneaux de tissu osseux qui entourent le canal central et orment la majeure partie de l’ostéon. Le nombre de ces lamelles varie d’un ostéon à l’autre. Chaque lamelle contient des fbres de collagène orientées dans le même sens (voir la fgure 7.7B) ; les lamelles adjacentes contiennent des fbres de collagène orientées perpendiculairement à celles de la lamelle qui précède et de celle qui suit. Cette alternance d’orientation des fbres de collagène conère à l’os une partie de sa résistance et de sa résilience.
Canal central Lamelles de l’ostéon MO 40 x
• Les ostéocytes sont des cellules osseuses matures logées dans de petites cavités appelées lacunes, situées entre deux lamelles adjacentes de l’ostéon. Ces cellules entretiendraient la matrice osseuse en assurant le transert de minéraux (du sang vers le tissu osseux, et vice versa) et en permettant le renouvellement de la partie organique de la matrice osseuse (André, Catala, Morère et al., 2008 ; Stevens et Lowe, 1993).
Ostéon
A. Os compact Ostéon
Vaisseaux sanguins
• Les lacunes sont de petites cavités dans lesquelles logent les ostéocytes.
MEB 500 x
• Les canalicules (canalis = canal) sont de minuscules canaux reliés les uns aux autres dans le tissu osseux. Ces canaux partent de chaque lacune et traversent les lamelles pour se lier à d’autres lacunes ainsi qu’au canal central. Les canalicules logent les prolongements cytoplasmiques des ostéocytes, assurant le contact et la communication intercellulaires. Ils assurent le passage des nutriments, des minéraux, des gaz et des déchets entre les vaisseaux sanguins du canal central et les ostéocytes.
Canal central
Lacunes B. Os compact
Travées de l’os spongieux
La FIGURE 7.8 montre des coupes transversales d’ostéons en microscopie optique et en microscopie électronique à balayage. Plusieurs autres structures sont présentes dans l’os compact, mais elles ne ont pas partie de l’ostéon proprement dit (voir la fgure 7.7A) :
• Les lamelles circonférentielles sont des anneaux d’os se trouvant directement sous la ace interne du périoste (lamelles circonérentielles externes) ou de l’endoste (lamelles circonérentielles
MO 25 x
• Les canaux perforants (ou canaux de Volkmann) s’apparentent aux canaux centraux en ce sens qu’ils contiennent également des vaisseaux sanguins et des ners. Touteois, ils sont perpendiculaires aux canaux centraux et servent à relier les canaux centraux des diérents ostéons, créant ainsi une communication vasculaire et nerveuse entre les multiples ostéons.
Moelle osseuse rouge
C. Os spongieux
FIGURE 7.8 Anatomie microscopique de l’os
❯ A. Micrographie optique et B. micrographie électronique à balayage d’un ostéon dans une coupe transversale d’os compact ; C. micrographie optique d’os spongieux.
262 Partie II Le soutien et les mouvements du corps
INTÉGRATION
STRATÉGIES D’APPRENTISSAGE
L’analogie d’une cible de tir à l’arc peut aider à retenir les composantes de l’ostéon : • la cible complète représente l’ostéon ; • le centre de la cible est le canal central ; • les anneaux de la cible sont les lamelles de l’ostéon.
L’anatomie microscopique de l’os spongieux Contrairement à l’os compact, l’os spongieux ne contient aucun ostéon (voir les fgures 7.7C et 7.8C). Sa structure est plutôt celle d’un treillis ormé de tiges et de plaques étroites d’os appelées travées (trabis = poutre). Lorsqu’elle est présente, la moelle osseuse remplit les espaces entre les travées, appelés espaces médullaires. En examinant une coupe d’os spongieux au microscope, il est possible de voir des lamelles interstitielles aites de matrice osseuse. Entre deux lamelles adjacentes, des ostéocytes reposent dans des lacunes, où débouchent de nombreux canalicules. Ces canalicules permettent aux ostéocytes de recevoir les nutriments dont ils ont besoin. Ces derniers se diusent à partir des capillaires de l’endoste (qui entoure les travées) jusqu’aux canalicules où se trouvent les prolongements cytoplasmiques des ostéocytes. Les travées orment souvent un treillis de tiges et de plaques entrecroisées de petits bouts d’os. Cette structure apporte une certaine légèreté à l’os ainsi qu’une grande résistance aux contraintes provenant de nombreuses directions en répartissant ces contraintes dans l’ensemble de la charpente. Par analogie, cette structure peut être comparée avec la cage à grimper de certaines aires de jeux. Elle peut soutenir le poids de beaucoup d’enants, peu importe qu’ils soient répartis dans toute sa structure ou localisés en un seul endroit, car les orces et les contraintes sont distribuées dans l’ensemble de la structure.
sulate. Elle en est touteois diérente, car les sels inorganiques qui la composent ne contiennent pas de calcium, ce qui rend le cartilage hyalin résilient et exible. De plus, le cartilage renerme un pourcentage élevé d’eau (de 60 à 70 % en poids). Cette orte teneur en eau le rend très compressible, ce qui lui permet de jouer efcacement son rôle d’amortisseur de chocs. Les chondroblastes (khondros = cartilage) proviennent d’un type de cellules souches embryonnaires appelées cellules mésenchymateuses. Ils produisent la matrice cartilagineuse. Une ois que les chondroblastes se trouvent emprisonnés dans la matrice qu’ils ont synthétisée et sécrétée, ils prennent le nom de chondrocytes. Comme les ostéocytes, les chondrocytes occupent des lacunes et assurent l’entretien de la matrice. Le cartilage hyalin, à l’exception du cartilage articulaire qui recouvre la surace articulaire de l’épiphyse, est entouré d’une membrane conjonctive dense et irrégulière appelée périchondre. Cette membrane aide au maintien de la orme. Le cartilage mature est non vascularisé et non innervé. L’apport en nutriments et en oxygène s’eectue par diusion depuis les vaisseaux sanguins du périchondre. L’absence de vaisseaux sanguins dans le cartilage ait en sorte que ce dernier, lorsque lésé, se répare très lentement. Par conséquent, le temps de guérison des blessures au cartilage est plus long que dans un tissu bien vascularisé. Le TABLEAU 7.1 présente un résumé des diérences importantes entre le tissu osseux et le tissu cartilagineux hyalin.
TABLEAU 7.1
Comparaison entre le tissu osseux et le tissu cartilagineux hyalin
Caractéristique
Tissu osseux
Tissu cartilagineux hyalin
Cellules produisant la matrice
Ostéoblastes
Chondroblastes
Cellules matures
Ostéocytes
Chondrocytes
Présence de calcium dans la matrice
Oui
Non
Vascularisation du tissu mature Très vascularisé Avasculaire
Vérifiez vos connaissances 8. Quelles sont les fonctions de la cellule ostéogénique,
de l’ostéoblaste, de l’ostéocyte et de l’ostéoclaste ?
Vérifiez vos connaissances 11. Quelles sont les principales différences entre le tissu
9. Quelles sont les substances organiques et
cartilagineux hyalin et le tissu osseux ?
inorganiques qui composent la matrice osseuse ? 10. Quels sont les principaux éléments constitutifs
de l’ostéon ?
7.2.6
L’anatomie microscopique : le cartilage hyalin
11 Analyser la structure du cartilage hyalin et les cellules
de sa matrice.
Le cartilage hyalin renerme une population de cellules dispersées dans une matrice d’aspect vitreux. Cette matrice est composée de fbres protéiques, surtout du collagène, enouies dans une substance ondamentale qui s’apparente à celle de l’os parce qu’elle comporte elle aussi des protéoglycanes et la chondroïtine
7.3 1
La croissance cartilagineuse
Comparer la croissance interstitielle et la croissance par apposition de cartilage.
La présente section porte sur le processus de croissance du cartilage, qu’il convient d’expliquer avant celui de l’os, car certains types d’ossifcation et de croissance osseuse dépendent de la croissance du cartilage hyalin. La ormation et la croissance cartilagineuses commencent au cours de l’embryogenèse. Le cartilage peut croître aussi bien en longueur, grâce au processus de croissance interstitielle, qu’en épaisseur, grâce à la croissance par apposition FIGURE 7.9.
Chapitre 7 Le système squelettique : la structure et la fonction osseuses
263
Périchondre Matrice
Cartilage hyalin MO 320 x
Chondrocyte dans sa lacune
A. Croissance interstitielle
B. Croissance par apposition
1 Un chondrocyte dans sa lacune montre une activité mitotique.
1 Une activité mitotique se produit dans les cellules souches du périchondre. Fibroblastes
Lacune
Périchondre
Chondrocyte Matrice
2 La mitose d’un chondrocyte produit deux cellules (maintenant appelées chondroblastes) qui occupent la même lacune.
Chondroblaste
Nouvelle matrice cartilagineuse Matrice cartilagineuse plus ancienne
2 De nouvelles cellules souches indifférenciées et des cellules appelées à se différencier en chondroblastes se forment. Les chondroblastes différenciés produisent de la nouvelle matrice à la périphérie du cartilage. Cellules souches indifférenciées
Lacune
3 Chaque cellule produit de la nouvelle matrice et, ce faisant, s’éloigne de sa voisine. Chaque cellule porte maintenant le nom de chondrocyte. Nouvelle matrice Lacune Chondrocyte
Cellule souche indifférenciée en mitose
Nouvelle matrice cartilagineuse Matrice cartilagineuse plus ancienne
Différenciation de cellules en chondroblastes Chondroblaste sécrétant de la nouvelle matrice
3 En raison de la sécrétion de la matrice, les deux chondroblastes s’éloignent l’un de l’autre et deviennent des chondrocytes. Les chondrocytes continuent de produire de la matrice à la périphérie du cartilage. Périchondre
Cellules souches indifférenciées
Nouvelle matrice cartilagineuse
Chondrocyte sécrétant de la nouvelle matrice
Matrice cartilagineuse plus ancienne
Chondrocyte mature
Le cartilage continue de croître de l’intérieur. Nouvelle matrice Chondrocyte
FIGURE 7.9 Formation et croissance cartilagineuses
❯ La croissance du cartilage s’effectue soit : A. de l’intérieur par la croissance interstitielle ; B. à sa périphérie ou sur les bords par la croissance par apposition.
264 Partie II Le soutien et les mouvements du corps
7.4
La croissance interstitielle se produit dans les parties internes du cartilage et se déroule en trois étapes (voir la fgure 7.9A) : 1
Les chondrocytes emprisonnés dans les lacunes sont stimulés pour se diviser par mitose.
2
Après la division cellulaire, deux cellules occupent une même lacune. Elles portent alors le nom de chondroblastes.
3
Lorsque ces chondroblastes commencent à synthétiser et à sécréter de la nouvelle matrice cartilagineuse, ils s’éloignent l’un de l’autre. Ils fnissent par occuper leur propre lacune et portent alors le nom de chondrocytes (Lullman-Rauch, 2008).
L’ossifcation (acere = aire), ou ostéogenèse (genesis = naissance), désigne la ormation et le développement du tissu osseux. L’ossifcation commence au cours du développement intra-utérin et se poursuit tout au long de l’enance et de l’adolescence, à mesure que le squelette grandit. De la huitième à la douzième semaine du développement intra-utérin, le squelette commence à se ormer selon le processus d’ossifcation endomembraneuse ou selon le processus d’ossifcation endochondrale.
7.4.1
Le cartilage continue de croître dans les parties internes à mesure que les chondrocytes continuent de produire de la matrice (Lullman-Rauch, 2008). La croissance par apposition est une croissance en épaisseur le long du bord externe du cartilage ou de sa périphérie. Ce processus comporte les trois étapes suivantes (voir la fgure 7.9B) : 1
Des cellules souches indiérenciées de la ace interne du périchondre commencent à se diviser par mitose.
2
De ces divisions cellulaires résultent de nouvelles cellules souches indiérenciées et des cellules qui se diérencient en chondroblastes. Ces chondroblastes diérenciés se trouvent à la périphérie du cartilage plus ancien, et ils commencent à produire et à sécréter de la nouvelle matrice cartilagineuse.
3
En raison de la sécrétion de la matrice, les chondroblastes s’isolent les uns des autres et deviennent des chondrocytes, occupant leur propre lacune. La sécrétion de matrice cartilagineuse par les chondrocytes mène à la croissance du cartilage vers la périphérie.
Au cours des premiers stades du développement intra-utérin, les croissances cartilagineuses interstitielle et par apposition se produisent simultanément. Touteois, la croissance appositionnelle se produit essentiellement au cours du développement intra-utérin, alors que la croissance interstitielle se poursuit jusqu’à la puberté. La croissance interstitielle ralentit rapidement à mesure que le cartilage épiphysaire atteint sa maturité, car il devient semi-rigide et ne peut plus s’élargir. Toute croissance ultérieure ne peut alors se produire qu’à la périphérie du tissu et devient donc essentiellement par apposition. Une ois que le cartilage est tout à ait mature, la croissance de nouveau cartilage cesse généralement. Par la suite, la croissance cartilagineuse ne se produira habituellement qu’à la suite d’une lésion, mais cette croissance est limitée en raison de l’absence de vaisseaux sanguins dans le tissu.
Vériiez vos connaissances 12. Dans quelles régions la croissance interstitielle
et la croissance par apposition du cartilage se produisent-elles ?
L’ossifcation
L’ossifcation endomembraneuse
1
Nommer certains os ormés par ossifcation endomembraneuse.
2
Présenter les quatre principales étapes de l’ossifcation endomembraneuse.
L’ossifcation endomembraneuse signife littéralement : croissance osseuse à l’intérieur d’une membrane. Elle se nomme ainsi, car la fne couche de tissu mésenchymateux présente dans ces régions est parois qualifée de membrane. L’ossifcation endomembraneuse produit les os plats de la voûte crânienne, certains os de la ace (os zygomatique, maxillaire, mandibule) et la partie centrale de la clavicule. Elle s’amorce par une étape d’épaississement et de condensation du mésenchyme, un tissu conjoncti embryonnaire composé de cellules mésenchymateuses et de substance ondamentale (voir la section 5.2). Cette étape se déroule en même temps que la ormation importante de nouveaux vaisseaux sanguins et elle est suivie de plusieurs autres étapes FIGURE 7.10 : 1
La ormation de centres d’ossifcation dans des régions épaissies du mésenchyme commençant à la huitième semaine du développement intra-utérin. Des cellules du mésenchyme se divisent. Une partie des cellules nouvellement ormées se diérencient en cellules ostéogéniques. Parmi ces dernières, certaines deviennent des ostéoblastes qui commencent à sécréter du matériau ostéoïde. De multiples centres d’ossifcation se orment dans le mésenchyme à mesure que le nombre d’ostéoblastes augmente.
2
La calcifcation du matériau ostéoïde. La calcifcation suit rapidement la ormation du matériau ostéoïde. Cette étape se réalise par le dépôt de sels de calcium sur le matériau ostéoïde qui se cristallise (solidife) par la suite. Lorsque la calcifcation emprisonne les ostéoblastes à l’intérieur des lacunes de la matrice, les cellules emprisonnées deviennent des ostéocytes.
3
La ormation du tissu osseux non lamellaire et du périoste qui l’entoure. Au départ, le tissu conjoncti osseux nouvellement ormé est immature et désorganisé ; il porte alors le nom de tissu osseux non lamellaire, ou tissu osseux primaire. Plus tard, il cède sa place au tissu osseux lamellaire, ou secondaire. Le mésenchyme encore présent autour du tissu osseux non lamellaire commence à s’épaissir et s’organise de manière à ormer le périoste. Des cellules mésenchymateuses croissent et se développent pour produire d’autres
Chapitre 7 Le système squelettique : la structure et la fonction osseuses
265
Os plat du crâne
FIGURE 7.10 Ossifcation endomembraneuse
❯ Formation d’un os plat du crâne à partir
de cellules mésenchymateuses. 1 Formation de centres
3 Formation du tissu
2 Calcification du
d’ossification dans des régions épaissies du mésenchyme
osseux non lamellaire et du périoste qui l’entoure
matériau ostéoïde
Ostéocyte
4 Remplacement du tissu
osseux non lamellaire par du tissu osseux lamellaire à mesure que se forment l’os compact et l’os spongieux
Matériau ostéoïde
Ostéoblaste te te
Matériau iau u ostéoïde ïde d
Centre C Ce Cen trre ttre e d’ossification d’ossi d’o ssific ssi ficati ation tion n Fibre Fibr Fib re de re e Cellule Ce ellllul el e lu ule ccollagène collag col ollag lagène ène è e més mésenchymateuse mé é enc ench hym h ymate t uss
Ostéoblaste O Ostéob Ost éob blas laste te
Matrice osseuse nouvellement calcifiée
Tissu osseux lamellaire Condensation ond densation du Travée de tissu mésenchyme ése enchyme pour osseux non former le périoste lamellaire
ostéoblastes. Les vaisseaux sanguins nouvellement ormés se ramifent dans toute cette région. Les travées calcifées et les espaces entre les travées sont composés d’os spongieux. 4
Le tissu osseux lamellaire remplace le tissu osseux non lamellaire à mesure que se orment l’os compact et l’os spongieux. Le tissu osseux lamellaire remplace les travées du tissu osseux non lamellaire. Aux suraces internes et externes, les espaces entre les travées se remplissent pour ormer l’os compact. À l’intérieur de l’os, les travées se modifent légèrement et produisent l’os spongieux. La structure typique d’un os plat du crâne comporte deux couches externes d’os compact séparées par une couche intermédiaire d’os spongieux.
13. À quel moment l’ossifcation endomembraneuse
commence-t-elle ? Quels types d’os se orment de cette açon ?
L’ossifcation endochondrale
3
Expliquer les étapes de l’ossifcation endochondrale de l’os long.
4
Déterminer les diérences entre l’ossifcation endomembraneuse et l’ossifcation endochondrale.
L’ossifcation endochondrale (en = dans, khondros = cartilage) prend orme à partir d’une matrice de cartilage hyalin. Ce
Périoste
processus d’ossifcation est responsable de la ormation de la plupart des os du squelette, notamment ceux des membres supérieurs et inérieurs, du bassin, des vertèbres de même que des extrémités des clavicules. Le développement d’un os long d’un membre constitue un bon exemple de ce processus qui se déroule en six étapes FIGURE 7.11 : 1
La ormation de la matrice de cartilage hyalin. De la huitième à la douzième semaine du développement intra-utérin, des chondroblastes sécrètent de la matrice cartilagineuse, ce qui mène à la ormation d’une matrice de cartilage hyalin. Des chondrocytes sont emprisonnés dans des lacunes, et une membrane nommée périchondre entoure le cartilage.
2
La calcifcation du cartilage et la ormation d’une gaine osseuse d’origine périostique. Dans le centre de la matrice cartilagineuse (uture diaphyse), les chondrocytes commencent à s’hypertrophier (grossir) et à résorber (dégrader) une partie de leur environnement, ce qui produit de gros trous dans la matrice. Pendant que ces chondrocytes s’hypertrophient, la matrice cartilagineuse commence à se calcifer. Les chondrocytes de cette région fnissent par mourir parce qu’ils manquent de nutriments. En eet, puisque le cartilage est avasculaire, les nutriments doivent diuser dans la matrice pour atteindre les chondrocytes. Cette diusion est pratiquement impossible dans une matrice calcifée. Il en résulte un cartilage calcifé contenant de grands trous (qu’occupaient les chondrocytes) dans la uture diaphyse.
Vériiez vos connaissances
7.4.2
Os Os Os Os ccompact com ompac om pacct spo p sspongieux pong p ngi ngi gieux e x
Vaisseau sanguin
De la 8e à la 12e semaine du développement intra-utérin
Période fœtale Détérioration de la matrice cartilagineuse
Périchondre
De la naissance à l’enfance
Vaisseaux sanguins épiphysaires
Vaisseau sanguin épiphysaire
Périoste
Cartilage hyalin
1 Formation de la matrice de cartilage hyalin fœtal
Gaine osseuse d’origine périostique
Centre d’ossification primaire
Cartilage hyalin
2 Calcification
Vaisseau sanguin du bourgeon conjonctivovasculaire
Formation de l’os compact Cavité médullaire
3 Formation du centre
du cartilage et formation d’une gaine osseuse périostique autour de la diaphyse
d’ossification primaire dans la diaphyse
Cartilage calcifié Centres d’ossification secondaires
4 Formation de centres d’ossification secondaires dans les épiphyses
Fœtus de 10 semaines ; une coloration spéciale permet de mettre en évidence les matrices cartilagineuses des os. La flèche pointe vers l’humérus.
INTÉGRATION
Fœtus de 16 semaines ; la flèche pointe vers la diaphyse de l’os en développement.
ILLUSTRATION DES CONCEPTS
FIGURE 7.11 Processus d’ossifcation endochondrale
❯ L’ossifcation endochondrale de l’os long comporte des stades évolutis. La croissance de l’os est terminée lorsque chaque cartilage épiphysaire est ossifé, aisant place à la ligne épiphysaire. Selon le type d’os long, l’ossifcation du cartilage épiphysaire se produit entre l’âge de 10 et 25 ans.
Squelette d’un nouveau-né
Fin de l’adolescence à l’âge adulte
Enfance Cartilage articulaire
Cartilage articulaire
Ligne épiphysaire (vestige du cartilage épiphysaire)
Os spongieux Cartilage épiphysaire
Os spongieux
Périoste Os compact Cavité médullaire Os compact Cavité médullaire
Périoste Cartilage épiphysaire
Cartilage articulaire Os spongieux
5 Remplacement du cartilage par du tissu osseux, sauf aux cartilages articulaires et épiphysaires
Cartilage articulaire
Ligne épiphysaire
6 Ossification des cartilages épiphysaires et apparition des lignes épiphysaires
Humérus d’un enfant de cinq ans ; les épiphyses ne sont pas fusionnées à la diaphyse.
Radiographie de l’humérus d’un adulte
268 Partie II Le soutien et les mouvements du corps
À mesure que progresse la calcifcation, des vaisseaux sanguins se orment en direction du cartilage et commencent à pénétrer le périchondre. Des cellules souches du périchondre se divisent pour ormer des ostéoblastes. L’apparition des ostéoblastes à ce stade et la sécrétion de matériau ostéoïde qui s’ensuit ont passer le périchondre à l’état de périoste. Cette étape s’accompagne d’une augmentation de la vascularisation. Le matériau ostéoïde sécrété par les ostéoblastes se trouve en périphérie de la matrice de cartilage calcifée et trouée. Ce matériau ostéoïde se durcit et fnit par ormer une gaine osseuse dite d’origine périostique, puisqu’elle dérive du périoste. 3
périoste, plus précisément d’une région nommée bourgeon conjonctivo-vasculaire, vers le centre du cartilage calcifé troué. Sur leur passage, les capillaires et les ostéoblastes envahissent les espaces laissés par les chondrocytes. Les restes du cartilage calcifé servent de gabarit sur lequel les ostéoblastes commencent à produire du matériau ostéoïde. Cette région s’appelle le centre d’ossifcation primaire, car il s’agit du premier centre important d’ostéogenèse. Le développement osseux s’étend dans les deux directions, du centre d’ossifcation primaire vers les épiphyses. Du tissu osseux sain remplace rapidement le cartilage calcifé, qui se dégrade dans la diaphyse. À la douzième semaine du développement, presque tous les centres d’ossifcation primaires sont ormés.
La ormation du centre d’ossifcation primaire dans la diaphyse. Des capillaires et des ostéoblastes s’étendent du
INTÉGRATION APPLICATION CLINIQUE
L’anthropologie judiciaire : la détermination de l’âge au décès Lorsque le cartilage épiphysaire s’ossife, il usionne au reste de l’os de açon bien ordonnée, et le moment où se produit cette usion est connu. Si le cartilage épiphysaire n’est pas encore ossifé, la diaphyse et l’épiphyse sont encore deux morceaux d’os distincts. Ainsi, un squelette dont les épiphyses et les diaphyses sont séparées (par opposition aux os entièrement usionnés) correspond à celui d’une personne jeune plutôt qu’à celui d’un adulte. Les anthropologues judiciaires utilisent cette inormation anatomique pour aider à déterminer l’âge d’une personne décédée à partir de ses ossements.
Fusion partielle
Absence de fusion
(À gauche) Fusion partielle : émur dont la usion des épiphyses est partielle (À droite) Absence de usion : aucune usion entre les épiphyses et la diaphyse
L’ossifcation du cartilage épiphysaire s’eectue de manière progressive et s’évalue généralement de la açon suivante : • absence de fusion (aucune usion ou union osseuse entre l’épiphyse et la diaphyse) ; • fusion partielle (une certaine usion entre l’épiphyse et le reste de l’os, mais une ligne de séparation est toujours visible) ; • fusion complète (tous les aspects visibles de l’épiphyse sont usionnés au reste de l’os). Pour déterminer l’âge d’une personne au moment de son décès à partir de ses ossements, il aut tenir compte du moment où les cartilages épiphysaires s’ossifent. Or, ce moment varie
d’un os à l’autre. Ainsi, le squelette sera plus âgé que l’os dont la usion complète est la plus récente, mais plus jeune que l’âge correspondant à l’os qui est encore non usionné. À titre d’exemple, si un cartilage épiphysaire qui usionne généralement à 17 ans montre une usion complète, mais qu’un autre cartilage qui usionne généralement à 19 ans est non usionné, le squelette correspond à celui d’une personne dont l’âge se situait entre 17 et 19 ans au moment de son décès. Les normes actuelles en matière d’estimation de l’âge ondée sur l’ossifcation des cartilages épiphysaires utilisent essentiellement des ossements masculins. Les cartilages épiphysaires éminins ont tendance à s’ossifer un an ou deux avant ceux du sexe masculin en raison de l’action des œstrogènes. Par conséquent, il aut tenir compte de ce ait lorsque vient le moment d’estimer l’âge d’un squelette éminin. Il peut également y avoir des diérences entre certaines populations. En tenant compte de ces mises en garde, le tableau suivant indique les normes concernant la disparition complète du cartilage épiphysaire de certains os. Os
Âge à la fusion complète du cartilage épiphysaire chez l’homme
Épicondyle latéral de l’humérus
11-16 (emme : 9-13)
Épicondyle médial de l’humérus (épitrochlée)
11-16 (emme : 10-15)
Tête de l’humérus
14,5-23,5
Extrémité proximale du radius
14-19
Extrémité distale du radius
17-22
Extrémités distales de la fbula et du tibia
14,5-19,5
Extrémité proximale du tibia proximal
15-22
Tête du émur
14,5-21,5
Extrémité distale du émur
14,5-21,5
Clavicule
19-30
Chapitre 7 Le système squelettique : la structure et la fonction osseuses
4
5
6
La ormation de centres d’ossifcation secondaires dans les épiphyses. Le même processus de base ayant servi à ormer le centre d’ossifcation primaire apparaît plus tard dans les épiphyses. À partir de la naissance, le cartilage hyalin présent au centre de chaque épiphyse se calcife et commence à se dégrader. Des vaisseaux sanguins épiphysaires et des cellules ostéogéniques pénètrent dans chaque épiphyse. Des centres d’ossifcation secondaires se orment à mesure que le tissu osseux remplace le cartilage calcifé. Les centres d’ossifcation secondaires ne se orment pas tous à la naissance ; certains apparaissent plus tard au cours de l’enance. Pendant la ormation des centres d’ossifcation secondaires, des ostéoclastes résorbent de la matrice osseuse au centre de la diaphyse, créant ainsi une cavité médullaire. Le remplacement de tout le cartilage par du tissu osseux, à l’exception des cartilages articulaires et épiphysaires. À la fn du développement osseux, le tissu osseux remplace pratiquement tout le cartilage hyalin. Les seules exceptions sont le cartilage articulaire des épiphyses et le cartilage épiphysaire à la jonction de la diaphyse et des épiphyses. La poursuite de la croissance en longueur jusqu’à l’ossifcation des cartilages épiphysaires et l’apparition des lignes épiphysaires. La croissance en longueur des os se poursuit à la puberté jusqu’à ce que le cartilage épiphysaire se transorme en une ligne épiphysaire. Selon le type d’os long, la plupart des cartilages épiphysaires s’ossifent pour devenir des lignes épiphysaires entre l’âge de 10 et 25 ans. Les derniers cartilages épiphysaires à s’ossifer sont ceux de la clavicule, vers la fn de la vingtaine.
À votre avis 1. Pourquoi l’os ne peut-il pas simplement se ormer
complètement chez le œtus ?
Vérifiez vos connaissances 14. Décrivez brièvement le processus de ormation
de l’os long par ossifcation endochondrale.
INTÉGRATION
STRATÉGIES D’APPRENTISSAGE
La croissance osseuse endochondrale est un processus complexe. Avant de tenter de retenir tous les détails, il est souhaitable d’apprendre d’abord ces principes de base : 1. une matrice de cartilage hyalin se orme ; 2. le tissu osseux remplace tout d’abord le cartilage hyalin de la diaphyse ; 3. par la suite, le tissu osseux remplace le cartilage hyalin des épiphyses ; 4. le tissu osseux fnit par remplacer tout le cartilage hyalin, sau le cartilage épiphysaire et le cartilage articulaire ; 5. lorsqu’une personne atteint la fn de la vingtaine, tous ses cartilages épiphysaires se sont ossifés, et la croissance en longueur de ses os est terminée.
7.5
269
La croissance osseuse et le remodelage osseux
La croissance osseuse et le remodelage osseux commencent au cours du développement intra-utérin. La présente section examine ces deux processus et les principales hormones qui les régulent.
7.5.1
La croissance osseuse
1
Relever les ressemblances et les diérences entre les cinq zones du cartilage épiphysaire, et décrire la açon dont s’eectue la croissance en longueur dans cette région.
2
Décrire les étapes de la croissance osseuse par apposition.
Comme dans le cas de la croissance cartilagineuse, la croissance en longueur de l’os long se nomme croissance interstitielle, et sa croissance en diamètre ou en épaisseur se nomme croissance par apposition.
7.5.1.1 La croissance interstitielle La croissance interstitielle dépend de la croissance dans le cartilage épiphysaire. Ce dernier compte cinq zones microscopiques distinctes, mais continues, allant de la première, du côté de l’épiphyse, à la dernière, du côté de la diaphyse FIGURE 7.12 : 1. Zone de cartilage de réserve. Cette zone est la plus éloignée de la cavité médullaire de la diaphyse et la plus près de l’épiphyse. Elle se compose de petits chondrocytes répartis dans l’ensemble de la matrice cartilagineuse. Elle s’apparente au cartilage hyalin sain et mature. Cette région fxe l’épiphyse au cartilage épiphysaire. 2. Zone de cartilage en proliération. Les chondrocytes de cette zone se divisent rapidement par mitose, grossissent légèrement et s’alignent comme des piles de monnaie en colonnes longitudinales orientées parallèlement à la diaphyse. 3. Zone de cartilage en hypertrophie. Les chondrocytes de cette zone cessent de se diviser et commencent à s’hypertrophier, augmentant de volume. Les parois des lacunes, soit les espaces où logent les chondrocytes, s’amincissent, car les chondrocytes résorbent de la matrice tout en s’hypertrophiant. 4. Zone de cartilage en calcifcation. Cette zone se compose généralement de deux ou trois couches de chondrocytes. Des minéraux se déposent dans la matrice entre les colonnes de lacunes ; cette calcifcation mène à la destruction des chondrocytes en limitant la diusion des nutriments jusqu’à ces derniers. La calcifcation est ce qui donne une apparence opaque à la matrice. 5. Zone de cartilage en ossifcation. Les parois entre les lacunes des colonnes se dégradent, ormant des canaux longitudinaux. Des capillaires et des cellules ostéogéniques provenant de la cavité médullaire envahissent ces canaux. De la nouvelle matrice osseuse se dépose sur la matrice cartilagineuse calcifée restante.
270 Partie II Le soutien et les mouvements du corps
Zone 1: zone de cartilage de réserve Cartilages épiphysaires
Épiphyses Zone 2 : zone de cartilage en prolifération
Zone 3 : zone de cartilage en hypertrophie
Diaphyse
Épiphyses
Zone 4 : zone de cartilage en calcification
Cartilages épiphysaires
MO 70 x
Diaphyses Zone 5 : zone de cartilage en ossification A. Cartilage épiphysaire
B. Radiographie d’une main
FIGURE 7.12 Cartilage épiphysaire
❯ A. Dans le cas d’un os long en croissance, le cartilage épiphysaire, situé à la limite de la diaphyse et de l’épiphyse, montre cinq zones distinctes, mais continues. Les zones 1 à 4 sont
composées de cartilage, et la zone 5 est composée de tissu osseux. B. La radiographie d’une main d’enant ait ressortir le cartilage épiphysaire comme une ligne sombre entre l’épiphyse et la diaphyse des os longs.
INTÉGRATION APPLICATION CLINIQUE DÉSÉQUILIBRE HOMÉOSTATIQUE
Le nanisme achondroplasique L’achondroplasie se caractérise par une anomalie de la transormation du cartilage hyalin en tissu osseux. La orme la plus réquente est le nanisme achondroplasique, une aection qui se manieste par un arrêt de la croissance des os longs des membres pendant l’enance, alors que les autres os poursuivent en général une croissance normale. Ainsi, une personne atteinte de nanisme achondroplasique est de petite taille, mais elle a
La croissance en longueur des os se produit plus particulièrement dans la zone 2, lorsque les chondrocytes se divisent par mitose, et dans la zone 3, lorsque les chondrocytes s’hypertrophient. Ces activités s’allient pour repousser la zone de cartilage de réserve vers l’épiphyse. Il est à noter que c’est la matrice exible du cartilage hyalin, et non celle dure et calcifée de l’os, qui permet cette croissance. Une ois que cette croissance en longueur s’est produite, du nouveau tissu osseux se orme alors au même rythme dans la zone 5. Par conséquent, la croissance en longueur est attribuable à la croissance du tissu conjoncti cartilagineux, lequel sera remplacé ultérieurement par du tissu osseux. Ce processus ressemble à celui de l’ossifcation endochondrale qui se produit au cours du développement osseux. Le cartilage épiphysaire conserve la même épaisseur pendant l’enance, car il est repoussé du centre de la diaphyse vers les
généralement une grosse tête. Elle peut également avoir des jambes arquées et une lordose, c’est-à-dire une courbure exagérée de la colonne vertébrale. Le nanisme achondroplasique résulte d’une incapacité des chondrocytes des deuxième et troisième zones du cartilage épiphysaire (voir la fgure 7.12A) à se multiplier et à s’hypertrophier. Par conséquent, l’ossifcation endochondrale est insufsante. Dans la plupart des cas, cette maladie est la conséquence d’une mutation spontanée au cours de la réplication de l’ADN, bien que d’autres cas soient attribuables à la transmission génétique de la maladie par un parent atteint.
épiphyses. À maturité, le rythme de production du cartilage épiphysaire ralentit, alors que celui de l’activité ostéoblastique s’accélère. Le cartilage épiphysaire continue donc de se rétrécir jusqu’à ce qu’il fnisse par disparaître et que la croissance interstitielle s’arrête complètement. À l’issue de ce processus, le seul vestige de chaque cartilage épiphysaire de l’os long sera une fne ligne interne d’os compact appelée ligne épiphysaire. La disparition du cartilage hyalin et l’apparition de la ligne épiphysaire indiquent la fn de la croissance interstitielle.
À votre avis 2. De quelle açon un médecin pourrait-il savoir si une
personne a atteint sa taille adulte en examinant les radiographies de ses os ?
Chapitre 7 Le système squelettique : la structure et la fonction osseuses
7.5.1.2 La croissance par apposition La croissance par apposition a lieu dans le périoste FIGURE 7.13. Au cours de ce processus, les ostéoblastes de la couche cellulaire interne du périoste abriquent et sécrètent de la matrice osseuse en couches parallèles, appelées lamelles circonérentielles externes, à la surace de l’os. Ces lamelles rappellent les anneaux de croissance d’un arbre : à mesure que leur nombre augmente, la structure s’accroît en diamètre. Par conséquent, l’os s’élargit, et du nouveau tissu osseux se dépose à sa périphérie. Pendant le dépôt de ce nouveau tissu, les ostéoclastes présents le long de la cavité médullaire résorbent de la matrice osseuse, créant un élargissement de cette cavité. Les eets combinés de la croissance osseuse à la périphérie et de la résorption osseuse dans la cavité médullaire permettent la transormation d’un os de nourrisson en os adulte.
se nomme remodelage osseux. Ce processus prend place à la surace du périoste et de l’endoste de l’os. Le remodelage osseux ne se produit pas à la même vitesse dans tous les os du squelette. À titre d’exemple, le remplacement de l’os compact s’eectue plus lentement que celui de l’os spongieux. Ainsi, la partie distale du émur se renouvelle tous les quatre à six mois, tandis que la diaphyse de ce même os peut ne pas avoir assez de toute une vie pour se renouveler entièrement. Il va de soi que le remodelage osseux dépend de la coordination des activités des ostéoblastes, des ostéocytes et des ostéoclastes. Deux principaux acteurs infuencent l’activité relative de ces cellules : les contraintes mécaniques exercées sur l’os et les hormones (voir la section 7.5.3). La contrainte mécanique ait réérence aux mouvements et aux exercices physiques qui agissent sur la structure portante. Elle est nécessaire à un remodelage osseux normal. Les ostéocytes détectent la contrainte et la communiquent aux ostéoblastes. Ces derniers augmentent la synthèse de matériau ostéoïde, et il s’ensuit un dépôt de sels minéraux. La solidité de l’os augmente ainsi pendant un certain temps en réaction à la contrainte mécanique.
Animation La croissance par apposition
Vérifiez vos connaissances 15. Expliquez comment s’effectue la croissance
en épaisseur d’un os.
7.5.2
Le remodelage osseux
3
Décrire le remodelage osseux et donner des exemples de variations dans différents os et différentes parties d’un même os.
4
Expliquer l’effet de la contrainte mécanique sur le remodelage osseux.
Même lorsque l’os a atteint sa taille adulte, il continue de se renouveler et de se remodeler tout au long de la vie. Ce processus dynamique et continu d’ajout de nouveau tissu osseux (dépôt osseux) et d’élimination de tissu osseux usé (résorption osseuse)
Les contraintes mécaniques qui agissent de manière importante sur les os proviennent des orces de contraction des muscles squelettiques et de la orce gravitationnelle. Typiquement, les os des athlètes deviennent nettement plus épais en raison d’eorts répétitis qui génèrent un stress sur la structure osseuse. Les activités qui agissent sur la structure portante, comme les poids et haltères, la marche ou la course à pied, aident à accroître et à conserver la masse osseuse. Des études montrent que l’entraînement musculaire peut accroître la masse osseuse totale chez les adolescents et les jeunes adultes, avant qu’elle ne diminue inévitablement plus tard dans la vie (Heidemann, Molgaard, Husby et al., 2013). À titre d’exemple, la perte osseuse se produit à un rythme qui est de 2 à 4 ois plus élevé chez les hommes qui ont
Sens de la résorption osseuse Tissu osseux déposé par les ostéoblastes Tissu osseux résorbé par les ostéoclastes
Périoste
Os compact Cavité médullaire
Cavité médullaire
Os compact
Nourrisson
Enfant
Jeune adulte
FIGURE 7.13 Croissance osseuse par apposition
271
❯ Le diamètre de l’os augmente à mesure que du nouveau tissu osseux s’ajoute à sa surface. Parallèlement, du tissu osseux est résorbé de sa paroi interne pour élargir la cavité médullaire.
Adulte
Périoste
272 Partie II Le soutien et les mouvements du corps
plus de 70 ans par rapport aux hommes plus jeunes (GómezCabello, Ara, González-Agüero et al., 2012). Cette perte se situerait entre 1 à 2 % de la masse osseuse totale par année. Chez les emmes, la perte osseuse oscillerait entre 0,6 et 5 % de la masse osseuse totale dans les premières années qui suivent la ménopause. Après l’âge de 60 ans, la perte osseuse annuelle se situerait autour de 2 à 3 % (Gouveia, Maia, Beunen et al., 2012).
TABLEAU 7.2
En revanche, une élimination ou une diminution importante des contraintes mécaniques aaiblit l’os en raison d’une diminution de la production de collagène et d’une déminéralisation. Lorsqu’une personne se racture un os et qu’elle porte un plâtre ou qu’elle doit demeurer alitée, la solidité de l’os qui ne subit aucune contrainte mécanique diminue dans le membre immobilisé. C’est ce qui explique que les astronautes doivent aire de l’exercice pendant leur séjour dans l’espace : ils doivent préserver leur masse osseuse et musculaire dans un environnement où la orce gravitationnelle est beaucoup plus aible.
Vériiez vos connaissances 16. Expliquez ce qu’est le remodelage osseux et précisez
ce qui peut le avoriser.
7.5.3
5
Les hormones infuant sur la croissance osseuse et le remodelage osseux
Nommer les hormones qui infuent sur la croissance osseuse et le remodelage osseux, et décrire leurs eets.
Les hormones sont des molécules libérées dans le sang par une glande ou par des cellules pour agir sur d’autres cellules. Cette action enclenche une modifcation – par exemple, la synthèse de collagène par l’ostéoblaste – chez la cellule qui répond de manière spécifque à l’hormone reçue (voir le chapitre 17). Certaines hormones inuencent la composition et les processus de croissance des os en modifant l’activité des chondrocytes, des ostéoblastes et des ostéoclastes TABLEAU 7.2. L’hormone de croissance, également appelée somatotrophine, est produite par l’adénohypophyse. Elle agit sur la croissance osseuse en stimulant le oie à produire une autre hormone appelée somatomédine. L’hormone de croissance et la somatomédine stimulent directement la croissance des cartilages épiphysaires. Une hypersécrétion de l’hormone de croissance peut mener au gigantisme, tandis qu’une hyposécrétion peut être associée à certaines ormes de nanisme (voir la section 17.8.4). L’hormone thyroïdienne est sécrétée par la glande thyroïde et stimule la croissance osseuse en activant le métabolisme basal des cellules osseuses (voir la section 17.8.5). Lorsqu’elles sont sécrétées dans les bonnes proportions, l’hormone de croissance et l’hormone thyroïdienne régulent et maintiennent l’activité normale des cartilages épiphysaires jusqu’à la puberté. L’hypothyroïdie, caractérisée par un aible taux d’hormones thyroïdiennes, mène à une croissance osseuse insufsante et à d’autres problèmes chez l’enant.
Effets des hormones sur le maintien et la croissance des os
Hormone
Effets sur les os
Hormone de croissance
Augmente l’allongement des os en stimulant le oie à produire la somatomédine qui provoque la croissance des cartilages épiphysaires.
Hormone thyroïdienne
Favorise la croissance osseuse en stimulant le métabolisme des ostéoblastes.
Calcitonine
Favorise le dépôt de calcium dans l’os et inhibe l’activité des ostéoclastes.
Calcitriol
Favorise la résorption osseuse en stimulant les ostéoclastes.
Parathormone
Augmente la calcémie en encourageant la résorption osseuse par les ostéoclastes.
Hormones sexuelles (œstrogène et testostérone)
Stimulent les ostéoblastes ; avorisent la croissance et l’ossication des cartilages épiphysaires.
Insuline
Favoriserait la croissance du tissu osseux.
Glucocorticoïdes (p. ex., le cortisol)
Augmentent la perte osseuse et, chez l’enant, perturbent la croissance osseuse lorsque le taux est élevé de açon chronique.
Sérotonine
Stimulerait la résorption osseuse et déavoriserait la croissance osseuse.
INTÉGRATION APPLICATION CLINIQUE
La diérence de grandeur entre l’homme et la emme Deux processus permettent d’établir pourquoi l’homme est généralement plus grand que la emme. Tout d’abord, la poussée de croissance chez la emme est déclenchée principalement par l’œstrogène, tandis que chez l’homme, elle est attribuable à la testostérone. L’œstrogène est un stimulant de croissance plus puissant que la testostérone. Touteois, ce puissant eet stimulant mène à une ossication plus rapide du cartilage épiphysaire, ce qui entraîne une période plus courte de croissance. Enn, la puberté de la emme commence deux ou trois ans plus tôt que celle de l’homme ; la emme compte donc moins d’années de croissance avant la puberté que l’homme.
Les hormones sexuelles (œstrogène et testostérone) accélèrent considérablement la croissance osseuse. Elles stimulent la croissance cartilagineuse et l’ossifcation dans le cartilage épiphysaire. Il en résulte un allongement des os longs et une augmentation de la stature. Ironiquement, l’apparition de taux élevés d’hormones sexuelles à la puberté marque également le début de la fn de la croissance des cartilages épiphysaires, car la vitesse à laquelle se produit l’ossifcation dépasse celle de la croissance cartilagineuse. La croissance osseuse fnit par avoir raison des cartilages épiphysaires, tout le tissu cartilagineux qui s’y trouve étant remplacé par du tissu osseux.
Chapitre 7 Le système squelettique : la structure et la fonction osseuses
À votre avis
Vérifiez vos connaissances
3. Expliquez pourquoi il y a un risque de retard de crois-
17. Quels sont les effets de l’hormone de croissance
sance chez un jeune garçon (prépubère) qui prend des stéroïdes anabolisants, à savoir des substances produisant des effets analogues à ceux de la testostérone.
Les glucocorticoïdes sont un groupe d’hormones stéroïdiennes sécrétées par les corticosurrénales dont la onction est de réguler la glycémie, c’est-à-dire le taux de glucose dans le sang. Ils jouent un rôle dans la résistance au stress. Des taux élevés de cortisol (principal représentant des glucocorticoïdes) augmentent la perte osseuse et, chez l’enant, perturbent la croissance des cartilages épiphysaires. Certaines ormes de glucocorticoïdes sont parois prescrites en raison de leur pouvoir anti-inammatoire. Les enants qui reçoivent un tel traitement sont surveillés de près afn de s’assurer que leur croissance n’est pas entravée par la prise du médicament. La sérotonine est une molécule utilisée par les cellules nerveuses du cerveau pour communiquer entre elles. Elle peut également agir en tant qu’hormone et participerait à la résorption osseuse. En eet, certaines études avancent l’idée que la sérotonine pourrait avoriser la résorption en stimulant la diérenciation de cellules en ostéoclastes (Chabbi-Achengly, Coudert, Callebert et al., 2012). Cependant, d’autres études avancent que la sérotonine ralentit la croissance osseuse en inhibant la proliération des ostéoblastes (Yadav, Ryu, Suda et al., 2008). Quoi qu’il en soit, le rôle de la sérotonine sur le tissu osseux revêt un intérêt clinique, puisque des recherches suggèrent qu’il existerait un lien entre la prise de certains médicaments (p. ex., une classe d’antidépresseurs dont le mécanisme est d’empêcher la dégradation de la sérotonine dans le cerveau) et le développement de l’ostéoporose (Chau, Atkinson & Taylor, 2012). L’insuline, une hormone produite par le pancréas, participe à la régulation de la glycémie. Des recherches aites sur les animaux et des observations cliniques réalisées auprès de personnes diabétiques (principalement de type 1) suggèrent que l’insuline avoriserait la croissance du tissu osseux. Les mécanismes qui entrent en jeu ne sont touteois pas encore connus (Yan & Li, 2013). Trois autres hormones participent à la régulation du remodelage osseux. Il s’agit de la parathormone, du calcitriol et de la calcitonine. Ces hormones ont l’objet d’une description détaillée dans les sections 7.6.2 et 7.63.
INTÉGRATION LIENS ENTRE LES CONCEPTS Beaucoup d’hormones du système endocrinien (voir le chapitre 17) sont responsables de la croissance normale et de l’homéostasie des tissus osseux. L’hormone de croissance, l’hormone thyroïdienne, la calcitonine et les hormones sexuelles favorisent la croissance osseuse. L’insuline jouerait également un rôle positif sur la croissance osseuse (Yan & Li, 2013). La parathormone, les glucocorticoïdes et la sérotonine peuvent soit inhiber la croissance osseuse, soit stimuler la résorption osseuse. Ainsi, les troubles du système endocrinien se manifestent souvent par des troubles du système squelettique.
273
et de l’hormone thyroïdienne sur la masse et la croissance osseuses ?
7.6
La régulation de la calcémie
La régulation du taux de calcium dans le sang, ou calcémie, est essentielle, car ce minéral participe à de nombreux processus physiologiques : la contraction musculaire, la transmission nerveuse, la contraction cardiaque et la coagulation, entre autres. Le maintien de la calcémie dans des valeurs normales, soit entre 2,1 et 2,6 mmol/L (calcium sérique total), est essentiel au maintien de l’homéostasie. Les deux principales hormones qui assurent la régulation de la calcémie sont le calcitriol (orme active de la vitamine D) et la parathormone. La glande thyroïde produit aussi la calcitonine, une troisième hormone participant à la régulation de la calcémie.
7.6.1 1
L’activation de la vitamine D
Expliquer comment se fait l’activation de la vitamine D pour former le calcitriol.
Pour assurer une description efcace de l’action du calcitriol et de la parathormone, la présente section décrit la voie enzymatique de l’activation de la vitamine D. Cette dernière peut se diviser en trois étapes FIGURE 7.14 : 1
Les rayons ultraviolets qui atteignent les cellules de l’épiderme de la peau permettent la conversion d’une molécule dérivée du cholestérol (déhydrocholestérol) en vitamine D3 (cholécalciérol). Cette vitamine, dont la principale source est le lait pour la plupart des personnes, peut également être absorbée par l’intestin grêle.
2
La vitamine D3 circule dans le sang. Lorsqu’elle atteint les vaisseaux sanguins hépatiques, des enzymes du oie la transorment en calcidiol.
3
Le calcidiol circule dans le sang. Lorsqu’il atteint les vaisseaux sanguins des reins, des enzymes le transorment en calcitriol, ce qui correspond à la orme active de la vitamine D3. Cette étape peut être accélérée par la présence de l’hormone parathormone.
Le calcitriol stimule l’absorption des ions calcium (Ca2+) par l’intestin grêle. Il mène par conséquent à une augmentation de la calcémie.
À votre avis 4. Pourquoi le lait est-il généralement enrichi de vitamine D ?
Vérifiez vos connaissances 18. Quels sont les organes qui participent à l’activation
de la vitamine D3 pour former le calcitriol ?
274 Partie II Le soutien et les mouvements du corps
FIGURE 7.14 Production du calcitriol
❯ Le calcitriol se orme de la açon suivante : lorsque les cellules de l’épiderme de la peau sont exposées aux rayons ultraviolets, un précurseur dérivé du cholestérol (déhydrocholes térol) présent dans ce type de cellules se transorme en vitamine D3 (cholécalciérol). L’être humain peut également obtenir la vitamine D3 à partir de sources alimentaires, comme le lait. Par la suite, le oie synthétise le calcidiol à partir de la vitamine D3. Enfn, les reins transorment le calcidiol en calcitriol.
Rayons ultraviolets
ou
Source alimentaire (p. ex., du lait)
—OH
Calcidiol
OH
HO Molécule dérivée du cholestérol (7-déhydrocholestérol)
CH2
CH2 HO Vitamine D3 (cholécalciférol) 1 Conversion de la molécule dérivée du cholestérol en vitamine D3 (cholécalciférol)
HO
CH2
OH
HO Calcitriol
—OH 2 Transformation de la vitamine D 3 en calcidiol par le foie
OH
3
Transformation du calcidiol en calcitriol par le rein
INTÉGRATION APPLICATION CLINIQUE
Le rachitisme DÉSÉQUILIBRE HOMÉOSTATIQUE
Le rachitisme, une maladie causée par une carence en vitamine D chez l’enant, est caractérisé par une surproduction et une calcifcation insufsante du matériau ostéoïde. Avec la prise de poids, les os de leurs membres inérieurs se courbent, et les jambes des personnes atteintes de rachitisme deviennent arquées. Cette aection se caractérise également par des perturbations de la croissance, une hypocalcémie et, parois, une tétanie (crampes et secousses musculaires) causée généralement par l’hypocalcémie. Dans la section 6.4.1, il a été question du ait que le corps peut abriquer sa propre vitamine D lorsque la peau est exposée aux rayons du soleil. Or, au Canada, malgré l’exposition plus restreinte de la peau aux rayons du soleil en période hivernale, plus des deux tiers des Canadiens ont une concentration
sanguine de vitamine D sufsante pour le maintien de la santé des os (Statistique Canada, 2013). L’inci dence du rachitisme est, par conséquent, relativement aible : 104 cas confrmés entre 2002 et 2004 (Godel, 2007). Les jeunes enants (1 an) allaités et qui ne reçoivent pas de suppléments en vitamine D représentent le groupe le plus à risque. À cet égard, la Société canadienne de pédiatrie (2004) recommande que les nourrissons exclusivement allaités reçoivent un supplément quotidien de vitamine D par voie orale.
Incurvation des os longs des membres inférieurs
Radiographie d’un enant atteint de rachitisme
Chapitre 7 Le système squelettique : la structure et la fonction osseuses
7.6.2
La parathormone et le calcitriol
2
Expliquer la libération de la parathormone.
3
Expliquer la açon dont la parathormone et le calcitriol onctionnent en synergie pour réguler la calcémie.
La parathormone (PTH) est sécrétée et libérée par les glandes parathyroïdes (voir la section 17.2.1) en réaction à une baisse de la calcémie FIGURE 7.15. La ormation du calcidiol se déroule sans arrêt. Touteois, la dernière étape enzymatique de transormation du calcidiol en calcitriol par les reins est acilitée par la présence de la PTH. La PTH et le calcitriol interagissent avec les organes importants suivants : • Le tissu osseux du squelette. La PTH et le calcitriol agissent en synergie pour accroître la libération de calcium provenant de l’os vers la circulation sanguine. En eet, la combinaison de leurs eets est plus importante que la somme des eets de chacun. Plus spécifquement, ces hormones augmentent l’activité des ostéoclastes, responsables de résorber la matrice osseuse, ce qui se traduit par une libération de calcium provenant des os dans la circulation sanguine. • Les reins. La PTH et le calcitriol agissent en synergie pour stimuler les reins à éliminer moins de calcium dans l’urine, et donc à retenir davantage de calcium dans le sang. Cela se produit spécifquement en augmentant la réabsorption du calcium dans les tubules rénaux (voir la section 24.6). • L’intestin grêle. Le calcitriol augmente l’absorption du calcium par l’intestin grêle. La libération du calcium par les os, la réabsorption du calcium par les reins et l’augmentation de l’absorption du calcium par l’intestin grêle entraînent une élévation de la calcémie, la ramenant à des valeurs normales pour maintenir l’homéostasie. Ce système d’homéostasie du calcium, qui ait intervenir la PTH et le calcitriol, est régulé par rétro-inhibition. En eet, une diminution de la calcémie stimule la libération de la PTH, qui, avec la production de calcitriol, déclenche une augmentation du calcium dans le sang. Cette augmentation inhibe toute libération supplémentaire de PTH.
Vérifiez vos connaissances 19. Qu’est-ce qui stimule la sécrétion de la PTH et du
calcitriol ? Quels sont les organes qui réagissent à cette sécrétion ?
7.6.3 4
La calcitonine
Expliquer le système d’homéostasie qui ait intervenir la calcitonine et les eets de cette dernière sur la calcémie.
La calcitonine (calx = chaux, signifant calcium, tonos= tension) est une autre hormone qui contribue à la régularisation de la
275
calcémie. Elle abaisse la calcémie en avorisant la fxation du calcium dans la matrice osseuse et inhibe la résorption osseuse aite par les ostéoclastes. La calcitonine est libérée par la glande thyroïde en réaction à une calcémie élevée. Elle peut également être sécrétée en réaction au stress physiologique engendré par l’exercice. La onction complète de la calcitonine n’est pas encore bien connue. Touteois, les organes suivants présentent des récepteurs qui les ont réagir à la présence de calcitonine pour diminuer la calcémie : • Le tissu osseux du squelette. La calcitonine inhibe surtout l’activité des ostéoclastes. Par conséquent, le tissu osseux libère relativement moins de calcium dans le sang. • Les reins. La calcitonine stimule les reins à augmenter l’élimination du calcium dans l’urine, réduisant ainsi la calcémie. La calcitonine semble touteois présenter les limites suivantes (Ganong, 2003) : • elle aurait le plus d’eets dans des conditions où le renouvellement du tissu osseux est le plus rapide, comme chez les enants en pleine croissance ; • si de ortes doses de calcitonine sont administrées, la diminution de la calcémie n’est que transitoire. Par conséquent, les injections thérapeutiques de calcitonine ne permettent pas d’assurer une diminution de longue durée de la calcémie ; • l’absence de calcitonine (p. ex., à la suite d’une thyroïdectomie) ne semble pas perturber la régulation de la calcémie ; • des taux anormalement élevés de calcitonine, comme dans le cas de tumeurs touchant les cellules productrices de calcitonine, n’aectent pas la régulation de la calcémie.
INTÉGRATION LIENS ENTRE LES CONCEPTS La régulation efcace de la calcémie s’eectue grâce aux interactions entre le système endocrinien, le système squelettique, les reins, le oie et l’intestin grêle. Les reins et le oie contribuent à l’activation de l’hormone calcitriol. Lorsque la calcémie est inérieure à la normale, les hormones PTH et calcitriol stimulent le tissu osseux à libérer du calcium dans le sang. Les deux hormones stimulent également les reins à réduire l’élimination de calcium dans l’urine. Enfn, le calcitriol stimule l’intestin grêle à absorber davantage de calcium. Toutes ces actions contribuent à augmenter la calcémie. Lorsque la calcémie est supérieure à la normale, la thyroïde sécrète la calcitonine pour stimuler la fxation du calcium sur la matrice osseuse, pour inhiber l’activité des ostéoclastes et la résorption osseuse et, enfn, pour augmenter l’élimination du calcium dans l’urine par les reins. Le tout se solde par une diminution de la calcémie.
Vérifiez vos connaissances 20. De quelle açon la calcitonine agit-elle sur les reins
et le tissu osseux pour réguler la calcémie ?
276 Partie II Le soutien et les mouvements du corps
Ca2+
Vitamine D3
Ho
m é o s t a si e
1 Calcémie faible
Tr
vée
Tro p
é le
f ai
le
op
b
Stimulus
Récepteur 2 Détection d’une calcémie
faible par les glandes parathyroïdes Calcidiol
Libération de la PTH
Glandes parathyroïdes
Centre de régulation
PTH
3 Libération de la PTH par
les glandes parathyroïdes Calcitriol
PTH + calcitriol
Ca2+
Transformation de la vitamine D en calcitriol et libération de ce dernier par les reins Effecteurs
Retour de l’homéostasie
Ho
m é o st a si e
Reins
4a Action synergique de 4b Action synergique de la PTH et du calcitriol la PTH et du calcitriol pour augmenter l’activité pour diminuer l’élimination des ostéoclastes du calcium dans l’urine
Intestin grêle 4c Augmentation par le calcitriol de l’absorption du calcium dans l’intestin grêle.
vé e
Tro p
Tr
Os
éle
fa
le
Élévation et retour aux valeurs normales de la calcémie ; régulation de cette élévation par un mécanisme de rétroaction négative. op
ib
5
FIGURE 7.15 Effets de la parathormone (PTH) et du calcitriol sur la calcémie ❯ La calcémie est étroitement régulée par un mécanisme de rétro-inhibition qui ait intervenir les glandes parathyroïdes, le calcitriol et diérents eecteurs (os, reins et intestin grêle). Une calcémie aible constitue le stimulus initial de la libération de la PTH par les glandes
parathyroïdes. Ensemble, la PTH et le calcitriol ciblent diérents eecteurs qui fniront par causer une élévation de la calcémie et un retour à l’homéostasie. La peau et le oie ne participent pas au processus de régulation, mais ils contribuent à la ormation du calcitriol.
Chapitre 7 Le système squelettique : la structure et la fonction osseuses
7.7 1
Les effets du vieillissement
d’hommes âgés. Il s’agit d’une aection caractérisée par une perte de masse osseuse sufsante pour compromettre la onction normale des os (voir l’encadré Application clinique intitulé «L’ostéoporose»).
Décrire de quelles açons l’âge infue sur la structure osseuse.
Le vieillissement aecte le tissu osseux de deux açons. Premièrement, la résistance à la traction des os diminue en raison d’un ralentissement de la synthèse protéique par les ostéoblastes. Par conséquent, la proportion de minéraux dans la matrice osseuse augmente en raison d’une diminution des protéines de la matrice comme le collagène, et les os du squelette se ragilisent, ce qui les prédispose aux ractures. Deuxièmement, avec le temps, l’os se déminéralise en perdant du calcium et d’autres minéraux. Les os du squelette s’amincissent et s’aaiblissent, entraînant une ossifcation insufsante nommée ostéopénie (penia= pauvreté). Il est normal de présenter des signes d’ostéopénie légère en vieillissant. Cette réduction de la masse osseuse peut débuter dès l’âge de 35 à 40 ans, lorsque l’activité des ostéoblastes diminue et que celle des ostéoclastes se poursuit au même rythme. Les diérents os du squelette ne sont pas tous touchés de manière équivalente. La perte de masse osseuse est généralement plus importante dans les vertèbres, les os de la mâchoire et les épiphyses, entraînant une diminution de la taille, une perte des dents et une ragilisation des membres. L’ostéoporose (poros= pore, osis= maladie) touche une proportion importante de emmes âgées et, dans une moindre mesure,
277
Animation L’ostéoporose
Les taux de vitamine D et de nombreuses hormones, dont l’hormone de croissance, l’œstrogène et la testostérone, diminuent avec le vieillissement. Cette diminution contribue à la réduction de la masse osseuse liée au vieillissement.
Vérifiez vos connaissances 21. Expliquez pourquoi les emmes sont davantage à
risque de sourir d’ostéoporose que les hommes.
La fracture et la consolidation
7.8 1
Présenter les quatre étapes de la consolidation des ractures.
L’os possède une grande résistance minérale, mais il peut se briser à la suite d’une sollicitation mécanique inhabituelle ou d’un impact soudain. La lésion causée par une rupture violente d’un os prend le nom de fracture. Il existe plusieurs classes de
INTÉGRATION APPLICATION CLINIQUE
L’ostéoporose DÉSÉQUILIBRE HOMÉOSTATIQUE
L’ostéoporose, qui signie « os poreux », est une aection se traduisant par une diminution de la masse osseuse et menant à un aaiblissement des os, ce qui prédispose ces derniers aux ractures. Les ractures liées à l’ostéoporose qui sont les plus réquentes concernent les os du poignet, de la hanche et de la colonne vertébrale. L’ostéoporose est plus réquente chez les personnes âgées, plus particulièrement chez les emmes caucasiennes ménopausées. La
emme ménopausée est plus à risque pour les raisons suivantes : 1) initialement, sa masse osseuse est généralement plus aible que celle de l’homme ; 2) elle commence à perdre de la masse osseuse plus tôt et plus rapidement que l’homme, parois vers 35 ans ; 3) elle produit moins d’œstrogène, une hormone qui semble avoir un eet protecteur contre l’ostéoporose en stimulant la croissance osseuse. Le tabagisme est également un acteur de risque lié à l’ostéoporose. Le meilleur arsenal pour lutter contre l’ostéoporose semble être la prévention. Les jeunes adultes doivent maintenir une saine alimentation et aire de l’exercice pour s’assurer d’une densité osseuse susante leur permettant ainsi de aire ace à la perte osseuse normale liée à l’âge. La prise de suppléments de calcium et de vitamine D aide à maintenir une bonne santé osseuse, mais à eux seuls, ces suppléments ne stimulent pas une nouvelle croissance osseuse.
M
A. Os normal
E
30
x
À l’heure actuelle, les médecins prescrivent des médicaments appelés bisphosphonates (p. ex., l’alendronate [FosamaxMD], le risédronate [ActonelMD]) pour ralentir l’évolution de l’ostéopoM rose. Ces médicaments agissent en perturbant le onctionnement des ostéoclastes, retardant ainsi B. Os atteint d’ostéoporose l’élimination de tissu osseux au cours du remodelage. EB
B
25
x
Les traitements médicaux contre l’ostéoporose ont appel à deux stratégies : 1) ralentir la perte osseuse ; 2) tenter de stimuler une nouvelle croissance osseuse.
278 Partie II Le soutien et les mouvements du corps
ractures. Une racture de stress est une fne cassure causée par une activité physique accrue durant laquelle l’os est soumis à des charges répétitives (p. ex., les ractures observées chez certains coureurs). Une racture pathologique se produit généralement dans un os ragilisé par la maladie. Dans le cas d’une racture ermée, les ragments de l’os racturé ne déchirent pas la peau, tandis que dans le cas d’une racture ouverte, l’un des ragments de l’os racturé (ou parois les deux) transperce la peau qui le recouvre. La consolidation d’une racture ermée prend environ de deux à trois mois, tandis qu’une racture ouverte prend plus de temps à guérir. La consolidation des ractures est beaucoup plus rapide chez les jeunes enants (durée moyenne de trois semaines) et elle ralentit avec le vieillissement. Chez les personnes âgées, l’amincissement et l’aaiblissement normaux des os augmentent la réquence des ractures, et certaines d’entre elles exigent une intervention chirurgicale pour assurer une bonne guérison. La FIGURE 7.16 présente le déroulement en quatre étapes de la consolidation des ractures et la FIGURE 7.17 énumère les diérentes classes de ractures. 1
La ormation d’un hématome au siège de la racture. L’os, en se racturant, déchire des vaisseaux sanguins à l’intérieur de l’os et dans le périoste, entraînant un saignement. Ce saignement aboutit à la ormation d’un hématome de racture constitué de sang coagulé. Des phagocytes (type de leucocytes) migrent vers l’hématome et commencent l’évacuation des tissus morts.
2
La ormation d’un cal fbrocartilagineux (mou). De nouveaux capillaires s’infltrent dans l’hématome. Des fbroblastes présents dans le périoste et l’endoste, près du siège de la racture, produisent des fbres de collagène. Ces fbres permettent de ormer un pont entre les points de racture. Certains fbroblastes se diérencient en chondroblastes.
Ces cellules amorcent la production de cartilage fbreux. À l’issue de ce processus, ce tissu composé de collagène et de cartilage prend le nom de cal fbrocartilagineux (mou) (callus = callosité). Bien que relativement solide, le cal fbrocartilagineux ne peut supporter une charge et demeure ainsi vulnérable aux pressions qui lui sont appliquées. Le stade du cal fbrocartilagineux dure au moins trois semaines. 3
La ormation d’un cal osseux (dur). Dans la semaine qui suit la blessure, des cellules ostéogéniques présentes dans les régions adjacentes au cal fbrocartilagineux se transorment en ostéoblastes et produisent des travées de tissu osseux non lamellaire (primaire). Le cal fbrocartilagineux est ensuite remplacé par ce tissu osseux, ormant un cal osseux (dur). Les travées du cal osseux continuent de croître et d’épaissir pendant plusieurs mois.
4
Le remodelage osseux. Le remodelage est la dernière phase de la consolidation de ractures. Le cal osseux (dur) persiste pendant au moins trois à quatre mois, le temps que les ostéoclastes éliminent l’excès de matériel osseux des parois internes et externes de l’os. De l’os compact remplace les travées de tissu osseux non lamellaire. En général, la racture laisse derrière elle un léger épaississement de l’os visible par rayons X ; touteois, dans certains cas, la consolidation ne laisse aucun épaississement permanent visible.
Vérifiez vos connaissances 22. Présentez les quatre principales étapes
de la consolidation de ractures. 23. Expliquez le risque d’infiger une charge à un os
pendant la ormation du cal brocartilagineux.
Cal fibrocartilagineux (mou) Cavité médullaire
Os compact au siège de la fracture
Tissu osseux non lamellaire
Hématome
Périoste Os compact 1 Formation d’un hématome de fracture
Cal osseux (dur) Vaisseaux sanguins en régénération 2 Formation d’un cal fibrocartilagineux (mou)
3 Formation d’un cal osseux (dur)
FIGURE 7.16 Consolidation d’une fracture
❯ La consolidation d’une racture se déroule selon une série d’étapes.
4 Remodelage osseux
Chapitre 7 Le système squelettique : la structure et la fonction osseuses
279
Classification des fractures
FIGURE 7.17 Classifcation des ractures
Fracture
Description
Avulsion
Il y a séparation d’un fragment d’os servant souvent de point d’attache à un ligament ou à un tendon.
De Pouteau-Colles
La fracture de l’extrémité distale de l’os latéral de l’avant-bras (radius) produit une déformation en « dos de fourchette ».
Plurifragmentaire (comminutive)
Il y a éclatement de l’os en plusieurs petits fragments entre les parties principales.
Complète
L’os est fracturé en au moins deux fragments.
Ouverte
Les extrémités de l’os fracturé font saillie au travers de la peau.
Tassement
L’os est écrasé (peut se produire dans une vertèbre pendant une chute).
Enfoncée (embarrure)
La partie fracturée de l’os forme une concavité (fracture du crâne).
Déplacée
Les parties de l’os fracturé ne sont pas dans l’alignement anatomique de l’os.
Épiphysaire
L’épiphyse est séparée de la diaphyse au cartilage épiphysaire.
En bois vert
Fracture partielle ; un côté de l’os est fragmenté et l’autre est courbé.
Fêlure
Fine ssure ; les sections de l’os restent alignées (fréquente aux os du crâne).
Engrenée
Les fragments de l’os subissent une interpénétration.
Incomplète
La fracture ne traverse qu’une partie de l’os (partielle).
Linéaire (longitudinale)
La fracture est parallèle à l’axe longitudinal de l’os.
Oblique
La fracture suit une ligne oblique par rapport à l’axe longitudinal de l’os.
Pathologique
L’os est affaibli en raison d’un processus pathologique sous-jacent (p. ex., le cancer).
Bimalléolaire (de Dupuytren ou de Pott)
Il y a fracture des extrémités distales du tibia et de la bula.
Fermée
L’os fracturé ne déchire pas la peau.
En spirale
Le trait de la fracture décrit une spirale autour de l’axe longitudinal de l’os long ; cette fracture résulte d’un mouvement de torsion.
De stress
Ces nes fractures sont attribuables à un impact intense et répété comme la course à pied ; ces fractures sont souvent difciles à déceler sur la radiographie, et une scintigraphie osseuse peut s’avérer nécessaire pour les mettre en évidence.
Transversale
La fracture est perpendiculaire à l’axe longitudinal de l’os.
280 Partie II Le soutien et les mouvements du corps
INTÉGRATION APPLICATION CLINIQUE
La scintigraphie osseuse La scintigraphie osseuse est un examen qui permet de dépister des aections osseuses. Une petite quantité de traceur radioacti que l’os absorbe est injectée par voie intraveineuse. Une caméra à balayage détecte et mesure ensuite le rayonnement émis par l’os. Les tissus osseux sains sont représentés par une couleur grise répartie uniormément alors que le squelette axial paraît plus oncé que le squelette des membres, comme c’est le cas sur l’image de gauche. Une scintigraphie osseuse anormale peut présenter des régions ocales plus oncées, appelées zones d’hyperactivité, ou des régions plus pâles, appelées zones d’hypoactivité. Les zones d’hyperactivité indiquent généralement un métabolisme accru ou un renouvellement plus important de tissu osseux, comme dans le cas d’une racture de stress ou de métastases osseuses liées à un cancer, par exemple. Les zones d’hypoactivité indiquent une aible activité métabolique du tissu osseux, comme dans les cas d’une nécrose avasculaire, c’est-à-dire une mort cellulaire attribuable à une absence d’irrigation sanguine d’un os.
Zones d’hyperactivité
Scintigraphie osseuse normale
Scintigraphie osseuse anormale ; les zones d’hyperactivité dans les deux tibias indiquant la présence de fractures de stress.
RÉSUMÉ DU CHAPITRE 7.1
• Le système squelettique est composé de tissus vivants dynamiques. • Les os, les cartilages, les ligaments et d’autres tissus conjonctis qui stabilisent les os ou qui
Une introduction au système squelettique – 252
les relient composent le système squelettique. • L’os compact se compose d’une masse dense et solide de tissu osseux. Il orme environ
80 % de la masse osseuse. L’os spongieux comporte une organisation tissulaire plus poreuse et orme environ 20 % de la masse osseuse. • Les squelettes de l’adulte et de l’enant comptent deux types de cartilage : le cartilage hya-
lin et le fbrocartilage. Le cartilage hyalin relie les côtes au sternum, recouvre l’extrémité de certains os et orme le cartilage diaphyso-épiphysaire. Le fbrocartilage orme les disques intervertébraux, la symphyse pubienne et le coussinet cartilagineux de l’articulation des genoux.
7.2 L’os : le principal organe du système squelettique – 253
• Les os sont des organes qui renerment tous les types de tissus, le plus abondant étant le
tissu conjoncti osseux. 7.2.1
Les onctions générales des os .................................................................................................... 253 • Les onctions de l’os sont le soutien et la protection, le mouvement, l’hématopoïèse ainsi
que le stockage de minéraux et de triglycérides. 7.2.2
La classifcation des os ................................................................................................................. 253 • Les os sont classés d’après leur orme : longs, courts, plats ou irréguliers. • Les os longs sont plus longs que larges ; les os courts sont pratiquement aussi longs que
larges ; les os plats présentent des suraces planes et minces ; et les os irréguliers présentent des ormes complexes et élaborées.
Chapitre 7 Le système squelettique : la structure et la fonction osseuses
7.2.3
281
L’anatomie macroscopique des os ............................................................................................... 254 • L’os long comporte les régions suivantes : diaphyse, épiphyse, métaphyse, cartilage articu-
laire, cavité médullaire et ligne épiphysaire. • Le périoste recouvre l’extérieur, et l’endoste tapisse la cavité interne de l’os long. • Pratiquement tous les types d’os, sau les os longs, se composent généralement d’os com-
pact entourant de l’os spongieux. Le périoste recouvre la ace externe de l’os. • Tous les os comportent une vascularisation et une innervation importantes permettant
l’acheminement des nutriments et de l’oxygène aux cellules osseuses et l’élimination des déchets qu’elles produisent. 7.2.4
La moelle osseuse ......................................................................................................................... 256 • La moelle osseuse remplit les cavités internes de l’os. La moelle osseuse rouge est hémato-
poïétique, c’est-à-dire qu’elle est productrice de cellules sanguines, et la moelle osseuse jaune sert de réserve pour les triglycérides. 7.2.5
L’anatomie microscopique : le tissu conjoncti osseux............................................................... 257 • Les cellules ostéogéniques sont des cellules souches osseuses ; les ostéoblastes pro-
duisent le matériau ostéoïde, les ostéocytes sont des cellules osseuses matures qui assurent l’entretien de la matrice osseuse et les ostéoclastes assurent la résorption osseuse. • La matrice osseuse renerme des fbres de collagène et de la substance ondamentale,
laquelle est composée de glycoprotéines, de protéoglycanes et de cristaux d’hydroxyapatite. • Les ostéoblastes orment la matrice osseuse. La résorption osseuse est un processus par
lequel les ostéoclastes dégradent la matrice osseuse. • L’os compact orme la région externe, solide et dense de l’os, tandis que l’os spongieux se
trouve à l’intérieur. 7.2.6
L’anatomie microscopique : le cartilage hyalin ............................................................................ 262 • Le cartilage hyalin se compose de chondrocytes logés dans des lacunes, lesquelles sont
situées dans une matrice semi-rigide.
7.3
• La croissance cartilagineuse comprend la croissance interstitielle, soit la croissance à partir
de l’intérieur du cartilage existant, et la croissance par apposition, soit la croissance à la périphérie du cartilage.
La croissance cartilagineuse – 262
7.4 L’ossifcation – 264
• L’ossifcation, ou ostéogenèse, est le processus de ormation du tissu conjoncti osseux. 7.4.1
L’ossifcation endomembraneuse ................................................................................................. 264 • L’ossifcation endomembraneuse produit les os plats de la voûte crânienne, certains os de
la ace et la partie centrale de la clavicule. • L’ossifcation endomembraneuse se déroule en quatre étapes principales : la ormation des
centres d’ossifcation dans le mésenchyme, la calcifcation du matériau ostéoïde, la ormation du tissu osseux non lamellaire et du périoste qui l’entoure et, fnalement, le remplacement du tissu osseux non lamellaire par le tissu lamellaire à mesure que se orment l’os compact et l’os spongieux. 7.4.2
L’ossifcation endochondrale ........................................................................................................ 265 • L’ossifcation endochondrale s’eectue à partir d’une matrice de cartilage hyalin qui est rem-
placée progressivement par du tissu osseux nouvellement ormé.
7.5 La croissance osseuse et le remodelage osseux – 269
• La croissance osseuse et le remodelage osseux commencent au cours du développement
intra-utérin. 7.5.1
La croissance osseuse.................................................................................................................. 269 • La croissance osseuse s’eectue en longueur grâce à la croissance interstitielle, et en
épaisseur grâce à la croissance par apposition sur le périoste. • Le cartilage épiphysaire comporte cinq zones à l’intérieur desquelles le cartilage croît et fnit
par être remplacé par du tissu osseux : la zone de cartilage de réserve, celle du cartilage en proliération, celle du cartilage en hypertrophie, celle du cartilage en calcifcation et celle du cartilage en ossifcation.
282 Partie II Le soutien et les mouvements du corps
• La croissance osseuse par apposition a lieu dans le périoste alors que les ostéoblastes
abriquent et sécrètent à la surace de l’os de la matrice osseuse en couches parallèles. L’os s’élargit alors et du nouveau tissu osseux se dépose à sa périphérie. 7.5.2
Le remodelage osseux .................................................................................................................. 271 • Le remodelage osseux est le dépôt continuel de nouveau tissu osseux par les ostéoblastes
et la résorption du tissu osseux plus ancien par les ostéoclastes. • La contrainte mécanique, souvent provoquée par l’exercice physique, ortife le tissu osseux
en raison d’une augmentation de la quantité de sels minéraux déposés et de fbres de collagène synthétisées. 7.5.3
Les hormones infuant sur la croissance osseuse et le remodelage osseux ........................... 272 • L’hormone de croissance, l’hormone thyroïdienne et les hormones sexuelles stimulent la
croissance osseuse en augmentant l’activité des ostéoblastes. L’insuline avoriserait également la croissance osseuse. • Les ortes doses de glucocorticoïdes interèrent avec la croissance osseuse normale. • La calcitonine inhibe l’activité des ostéoclastes, avorise la fxation du calcium dans la
matrice osseuse et stimule l’excrétion du calcium par les reins, tandis que la parathormone (PTH) stimule l’activité des ostéoclastes. • La sérotonine inhiberait la croissance osseuse et stimulerait la résorption osseuse.
7.6 La régulation de la calcémie – 273
• L’homéostasie du calcium exige une régulation précise de l’absorption, de l’élimination et du
stockage du calcium. 7.6.1
L’activation de la vitamine D ......................................................................................................... 273 • La vitamine D est une préhormone qui est activée pour ormer le calcitriol à travers une série
d’étapes enzymatiques.
AUTOÉVALUATION
7.6.2
La parathormone et le calcitriol.................................................................................................... 275 • La PTH est libérée par les glandes parathyroïdes en réaction à une baisse de la calcémie, et
sa libération stimule la dernière étape de synthèse du calcitriol. • La PTH et le calcitriol agissent en synergie pour augmenter la libération de calcium dans le
sang par les os et pour diminuer l’élimination du calcium dans l’urine. De plus, le calcitriol augmente l’absorption du calcium par l’intestin grêle. • Les actions combinées de la PTH et du calcitriol élèvent la calcémie jusqu’à l’atteinte de
valeurs normales. 7.6.3
La calcitonine ................................................................................................................................. 275 • La calcitonine est une hormone libérée par la thyroïde en réaction à une calcémie élevée. • L’eet net de la libération de la calcitonine est une baisse de la calcémie jusqu’à l’atteinte de
valeurs normales. • Il semblerait que la onction de la calcitonine dans la régulation de la calcémie est moins
importante que celle de la PTH et du calcitriol, du moins chez l’adulte.
7.7 Les eets du vieillissement – 277
7.8 La racture et la consolidation – 277
• Avec le vieillissement, la résistance à la traction des os diminue, et l’os perd du calcium et
d’autres minéraux (déminéralisation).
• Une racture est la rupture d’un os qui peut généralement se consolider si une partie des
vaisseaux sanguins, de l’endoste et du périoste reste intacte. • La consolidation d’un os se déroule en quatre étapes :
1. la ormation d’un hématome à la suite de la rupture des vaisseaux sanguins ; 2. la ormation d’un cal fbrocartilagineux qui permet de relier les points de racture grâce à la production de fbres de collagène ; 3. la ormation d’un cal osseux caractérisée par la production de tissu osseux non lamellaire ; 4. le remodelage osseux qui permet le remplacement du tissu osseux non lamellaire par l’os compact.
Chapitre 7 Le système squelettique : la structure et la fonction osseuses
AUTOÉVALUATION
283
Solutionnaire
Concepts de base 1
Toutes les onctions suivantes appartiennent au cartilage, sau : a) servir de site de l’hématopoïèse. b) ournir du soutien au tissu mou.
c) brocartilage d) cartilage élastique 5
a) la croissance du cartilage épiphysaire est terminée.
c) servir de matrice initiale à l’ossication endochondrale.
b) la croissance du cartilage épiphysaire vient de commencer.
d) ournir une surace de glissement lisse à l’extrémité des os des articulations mobiles. 2
c) la croissance osseuse en épaisseur vient de commencer. d) l’os est racturé à cet endroit.
Les cellules immatures qui produisent le matériau ostéoïde se nomment :
6
Décrivez la structure d’un os long typique.
a) ostéocytes.
7
Décrivez la onction générale de l’activité des ostéoblastes et des ostéoclastes.
c) ostéoclastes.
8
Décrivez l’anatomie microscopique de l’os compact.
d) ostéons.
9
Tous les énoncés suivants décrivent de açon précise le cartilage hyalin, sau :
Expliquez pourquoi l’os spongieux peut résister aux contraintes dans une région comme l’extrémité renfée d’un os long.
10 Comparez la croissance interstitielle et la croissance
b) ostéoblastes.
3
a) la matrice du cartilage hyalin contient du calcium. b) le cartilage hyalin est avasculaire. c) le cartilage hyalin n’est pas innervé. d) le cartilage hyalin est un tissu conjoncti fexible et semi-rigide. 4
Une ligne épiphysaire apparaît lorsque :
L’ossication endochondrale commence par une matrice de de l’os. a) tissu conjoncti régulier dense
par apposition du cartilage. 11 Énumérez les étapes de l’ossication endochondrale. 12 Indiquez lesquelles des cinq zones du cartilage épiphysaire
sont actives durant la croissance osseuse en longueur. 13 Expliquez l’eet de l’exercice sur la masse osseuse. 14 Décrivez la açon dont la PTH régule la calcémie. 15 Résumez les étapes de la consolidation des ractures.
b) cartilage hyalin
Mise en application 1
Alexandre donne de la moelle osseuse à un ami atteint de leucémie (type de cancer des cellules sanguines). Alexandre a 30 ans ; le médecin doit donc insérer l’aiguille dans :
c) Les protéines de la matrice se sont dénaturées sous l’action de la chaleur, et l’os cuit au our est devenu cassant ; l’os immergé dans le vinaigre a perdu son calcium et est maintenant fexible.
a) la diaphyse du émur.
d) Il y a eu perte de protéines dans la matrice osseuse qui a cuit, et l’os est maintenant fexible. La perte de calcium dans l’os immergé dans le vinaigre se traduit par un os fexible.
b) l’os iliaque. c) l’épiphyse distale du tibia. d) la diaphyse de l’humérus. 2
Vous devez réaliser l’expérience suivante. Vous vous procurez deux petits os de poulet ou de dinde. Vous en cuisez un au our à haute température pendant environ 30 minutes et vous immergez l’autre dans du vinaigre (pH acide) pendant plusieurs jours. Parmi les situations suivantes, laquelle refète le mieux les résultats obtenus ? a) Les protéines de la matrice osseuse se sont dénaturées dans l’os qui a cuit au our, et le vinaigre a dénaturé les protéines de l’os immergé ; les deux os sont donc fexibles. b) L’os cuit au our a perdu ses protéines de la matrice osseuse et il est maintenant fexible. L’os immergé dans le vinaigre a perdu du calcium et il est maintenant cassant.
3
Votre chien gruge un os long de vache adulte et le casse en deux. Il retire de la matière charnue de l’intérieur de la diaphyse. Vous savez que cette matière charnue : a) produit des globules rouges chez la vache adulte. b) contient des lipides. c) a été ormée à partir des ostéoblastes. d) est anormale et ne se trouve généralement pas dans l’os.
284 Partie II Le soutien et les mouvements du corps
4
Pour déterminer l’âge approximati d’un corps trouvé dans la orêt à partir de ses ossements, qu’est-ce qui suscitera le plus grand intérêt des anthropologues judiciaires parmi les énoncés suivants ? a) La présence ou l’absence d’une usion entre les épiphyses et les diaphyses.
Au laboratoire d’anatomie et de physiologie, vous observez des lames préparées montrant un os en croissance. Dans la région du cartilage épiphysaire, vous remarquez que les chondrocytes sont légèrement gonfés et empilés en colonnes longitudinales. Quelle est la zone du cartilage épiphysaire présente dans votre champ de vision ?
b) Le nombre d’os du squelette.
a) La zone de cartilage de réserve.
c) La longueur des os longs des jambes.
b) La zone de cartilage en proliération.
d) La présence ou l’absence de cartilages articulaires.
c) La zone de cartilage en hypertrophie.
5
d) La zone de cartilage en calcication.
Synthèse 1
2
L’intervention chirurgicale classique dans le traitement des tumeurs avancées de la thyroïde consiste à pratiquer l’ablation de l’organe atteint. Certaines préoccupations à propos des résultats de cette intervention ont été soulevées concernant les glandes parathyroïdes, qui sont de petits organes xés à la partie postérieure de la thyroïde. Pourquoi le chirurgien devrait-il se soucier de l’ablation de ces glandes ? Une intervention mise au point récemment consiste à placer du tissu des parathyroïdes à l’intérieur d’un support en treillis de plastique et à l’implanter dans l’organisme. Pourquoi cet implant constitue-t-il un avantage pour la personne qui le reçoit ? Un pompier est tombé d’une échelle en combattant un incendie et s’est gravement racturé les os de la cuisse et de la jambe droite. Il a passé plusieurs jours à l’hôpital, puis a été conné plusieurs mois à un auteuil roulant pendant
la consolidation des os de sa jambe. Lorsque le médecin lui a retiré son plâtre, il était évident que les os de sa cuisse et de sa jambe droite étaient amincis et aibles. Quels acteurs ont contribué à cet amincissement et à cet aaiblissement des os et que devrait aire le pompier pour améliorer la solidité de ses os ? 3
Élise, âgée de 14 ans, vit avec ses parents dans un appartement en ville. Elle n’aime pas les activités extérieures ; elle passe donc la plupart de ses temps libres à regarder la télévision ou à jouer à des jeux vidéo. Son alimentation est pauvre en produits laitiers. Un après-midi, Élise dévale les escaliers en parlant au téléphone, tombe et se racture une jambe. Elle semble en santé, mais sa jambe prend plus de temps que prévu à guérir. Quelle serait la cause de ce retard de guérison ?
LE SYSTÈME SQUELETTIQUE : LES OS
CHAPITRE
8
Adaptation française :
Dave Bélanger
LE CHIROPRATICIEN
DANS LA PRATIQUE
Le chiropraticien est un professionnel de la santé qui s’intéresse surtout au système musculosquelettique. Il palpe les repères anatomiques des surfaces osseuses pour localiser avec précision où il doit effectuer ses interventions thérapeutiques. Par la manipulation des articulations de la colonne vertébrale et d’autres régions osseuses, le chiropraticien peut prévenir et soulager la douleur liée au fonctionnement de ces articulations et corriger certaines affections. La photo ci-contre montre un chiropraticien qui palpe les processus épineux et transverses des vertèbres d’un client en vue d’un ajustement vertébral.
Les composantes du squelette ............... 8.1.1 Les relies osseux .................................. 8.1.2 Le squelette axial et le squelette appendiculaire ....................................... Partie 1 Le squelette axial ............................ 8.1
8.2
286
8.5
286 286 286
Les os et les caractéristiques du squelette de la tête ............................... 286 8.2.1 L’anatomie générale du squelette de la tête ............................................... 286
Les os de la cage thoracique ................... 8.6.1 Le sternum ............................................ 8.6.2 Les côtes .............................................. Partie 2 Le squelette appendiculaire ....... 8.6
8.7
Animation 8.8
8.2.2
8.3 8.4
Les repères anatomiques du squelette de la tête selon diérents points de vue .. 8.2.3 Les sutures ........................................... 8.2.4 Les complexes orbital et nasal et les sinus paranasaux ............................. Les autres os associés au squelette de la tête ........................................................ La détermination du sexe et de l’âge par l’analyse du squelette de la tête ...... 8.4.1 Les diérences entre le squelette de la tête de l’homme et celui de la emme . 8.4.2 Le vieillissement du squelette de la tête ....
289 297
8.9 307 307 309 309 309
Les os de la colonne vertébrale .............. 8.5.1 Les types de vertèbres ........................... 8.5.2 Les courbures de la colonne vertébrale .... 8.5.3 L’anatomie de la vertèbre .......................
Comparaison entre les membres supérieurs et inférieurs .............................. La ceinture scapulaire et ses fonctions ... 8.8.1 La clavicule ........................................... 8.8.2 La scapula ............................................ Les os des membres supérieurs .............
311 311 312 313 320 320 321 322 322 323 323 323 323
INTÉGRATION Illustration des concepts Similitudes entre le squelette des membres supérieurs et celui des membres inférieurs ... 324
8.9.1 8.9.2 8.9.3
L’humérus ............................................. 327 Le radius et l’ulna .................................. 328 Les os du carpe, les métacarpiens et les phalanges .................................... 329
8.10 La ceinture pelvienne et ses fonctions..... 8.10.1 L’os coxal .............................................. 8.10.2 Le petit bassin et le grand bassin ........... 8.10.3 Les diérences morphologiques selon le sexe ......................................... 8.10.4 L’évolution de l’os coxal en onction de l’âge ................................................. 8.11 Les os des membres inférieurs ............... 8.11.1 Le émur et la patella ............................. 8.11.2 Le tibia et la fbula ................................. 8.11.3 Les os du tarse, les métatarsiens et les phalanges .................................... 8.11.4 Les arcs plantaires ................................. 8.12 La formation du squelette .........................
330 330 333 333 336 336 336 338 339 341 343
286 Partie II Le soutien et les mouvements du corps
8.1
Les composantes du squelette
Les os du squelette orment une charpente interne qui soutient les tissus mous, protège les organes vitaux, supporte le poids corporel et contribue aux déplacements. Un squelette adulte compte normalement 206 os diérents, bien que ce nombre puisse varier. Les os présentent des ormes, des tailles et des poids diérents, et cette diversité est en lien direct avec les nombreuses onctions du squelette. Dans cette section, les diérents relies osseux de même que les deux subdivisions du squelette, à savoir le squelette axial et le squelette appendiculaire, sont présentés.
8.1.1 1
Les reliefs osseux
relient ces membres au squelette axial. La ceinture scapulaire (voir la section 8.8) comprend les os qui maintiennent les membres supérieurs en place, tandis que la ceinture pelvienne comprend les os qui maintiennent les membres inérieurs en place. Le squelette appendiculaire permet à l’organisme d’eectuer une multitude de mouvements, par exemple se déplacer ou porter la nourriture à la bouche.
Vérifiez vos connaissances 2. Quelle est la onction générale du squelette axial et
quels sont les os qui en ont partie ?
Partie 1 Le squelette axial 8.2
Se amiliariser avec la terminologie des relies osseux courants.
Les os et les caractéristiques du squelette de la tête
Les reliefs osseux sont des caractéristiques de surace propres à chaque os du corps humain FIGURE 8.1. Les saillies à la surace de l’os servent de points d’attache aux muscles, aux tendons et aux ligaments. Les sites articulaires entre deux os sont généralement des suraces lisses. Les dépressions, les sillons et les orifces dans les os correspondent aux voies de passage des vaisseaux sanguins et des ners.
Le squelette de la tête compte 22 os. La présente section passe en revue l’anatomie générale et les repères anatomiques du squelette de la tête, les sutures (articulations fbreuses) qui unissent les os du crâne ainsi que les caractéristiques spécialisées des sinus paranasaux et des complexes orbital et nasal.
Connaître les caractéristiques des relies osseux aide à mémoriser l’emplacement des os du squelette décrits dans le présent chapitre. À titre d’exemple, il est plus acile de localiser le oramen magnum du crâne en sachant que le terme oramen signife trou ou passage.
Beaucoup d’os du corps humain portent le même nom que les régions du corps où ils se trouvent. Avant de commencer l’étude des os du squelette, il peut être utile d’examiner le tableau 1.2, p. 14, et le tableau 1.3, p. 16.
Vérifiez vos connaissances 1. Quelle est la diérence entre un oramen et une fssure ?
8.1.2
2
Le squelette axial et le squelette appendiculaire
Comparer les onctions et la composition des squelettes axial et appendiculaire.
Le système squelettique comporte deux divisions : le squelette axial et le squelette appendiculaire FIGURE 8.2. Le squelette axial se nomme ainsi parce qu’il comprend les os situés le long de l’axe central du corps divisé communément en trois régions, à savoir les os de la tête, la colonne vertébrale et la cage thoracique. La principale onction du squelette axial est de créer une charpente qui soutient et protège les organes. De plus, l’os spongieux qui entre dans la composition de la plupart des os du squelette axial contient la moelle osseuse rouge qui assure la production des cellules sanguines (voir la section 18.3.2). Le squelette appendiculaire comprend les os des membres supérieurs et inérieurs ainsi que les ceintures osseuses qui
INTÉGRATION
8.2.1
1
STRATÉGIES D’APPRENTISSAGE
L’anatomie générale du squelette de la tête
Faire la distinction entre les os du crâne et ceux de la ace.
Le squelette de la tête est composé des os du crâne (au nombre de 8) et des os de la ace (au nombre de 14). Les os du crâne (kranion = tête) orment la partie arrondie de la tête et protègent l’encéphale. Les os de la ace orment le visage. Le crâne se compose d’un sommet et d’une base. Le sommet, ou voûte crânienne, calvaria ou calotte, comprend une partie de l’os rontal, les os pariétaux et une partie de l’os occipital. La base comprend une partie des os ethmoïde, sphénoïde, occipital et temporaux. Les os de la face protègent l’entrée des systèmes digesti et respiratoire. Ils conèrent au visage sa orme et son individualité, délimitent une partie des orbites (cavités orbitaires) et de la cavité nasale, soutiennent les dents et servent de points d’attache aux muscles assurant l’expression aciale et la mastication. La ace compte 14 os, à savoir les os zygomatiques, les os lacrymaux, les os nasaux, les cornets inérieurs, les palatins et les maxillaires, qui sont disposés en paires symétriques, ainsi que le vomer et la mandibule, qui sont des os uniques (non appariés ou impairs).
Chapitre 8 Le système squelettique : les os 287
Les os du squelette de la tête renferment plusieurs cavités importantes FIGURE 8.3. La plus vaste est la cavité crânienne (ou endocrâne), qui contient, protège et soutient l’encéphale. Le volume de la cavité crânienne adulte varie de 1 300 à 1 500 centimètres cubes (cm3). Les os du squelette de la tête participent également à la formation de plusieurs cavités de taille plus petite, à savoir les orbites (cavités orbitaires), la cavité orale, la cavité nasale et les sinus paranasaux.
Vérifiez vos connaissances 3. Quels sont les os qui composent le squelette de la
tête ? Lesquels forment les os du crâne ? Lesquels constituent les os de la face ?
Animation Le squelette de la tête
Trochanter
Tête
Structures générales
Terme anatomique
Description
Surfaces articulaires
Condyle
Grosse structure ovale articulaire arrondie et lisse
Facette Tête
Petite surface articulaire plane et peu profonde Épiphyse arrondie et proéminente portée sur un col (rétrécissement) osseux
Trochlée
Processus articulaire en forme de poulie, rainuré et lisse
Alvéole
Cavité ou trou profond dans les maxillaires ou la mandibule (loge les dents)
Fosse
Dépression aplatie ou peu profonde
Sillon
Enfoncement linéaire étroit
Crête
Saillie étroite et proéminente
Dépressions
Épicondyle
Saillies servant de point Épicondyle d’attache aux tendons et Ligne aux ligaments Processus
Condyle Fémur Facette
Partie renflée sus-jacente à un condyle Faible crête Toute proéminence des os en forme de pointe
Branche
Extrémité d’un os formant un angle par rapport au reste de la structure
Épine
Processus mince et pointu
Fosse
Trochanter
Saillie épaisse et rugueuse présente uniquement sur le fémur
Tubercule
Petite saillie arrondie
Épine
Tubérosité
Grosse saillie rugueuse
Canal
Conduit qui traverse un os
Fissure
Fente étroite qui traverse un os
Foramen
Orifice arrondi qui traverse un os
Méat
Passage qui traverse un os
Sinus
Cavité ou espace creux dans un os
Crête
Orifices et espaces
Ligne Foramen Branche Bassin
Tubercule
Tête
Sillon
Sinus
Tubérosité
Fissure
Méat
Processus Foramen
Branche
Alvéole
Canal Branche
Fosse
Foramen
Épicondyle Trochlée
Squelette de la tête, vue antérieure
Squelette de la tête, coupe sagittale
FIGURE 8.1 Reliefs osseux
❯ Des termes anatomiques précis décrivent les reliefs osseux caractéristiques.
Humérus
288 Partie II Le soutien et les mouvements du corps
Crâne Mandibule Clavicule Scapula Corps du sternum Côtes Humérus Vertèbres Sacrum Coccyx Ulna Radius Os du carpe Métacarpiens Phalanges Os coxal
Fémur Patella Fibula Tibia Os du tarse Métatarsiens Phalanges A. Vue antérieure
B. Vue postérieure Les os du squelette axial (80)
Os du squelette de la tête (22)
Autres os associés à la tête (7)
• Os du crâne (8) Colonne – Os frontal (1), os pariétaux (2), os temporaux (2), vertébrale os occipital (1), os sphénoïde (1), os ethmoïde (1) (26) • Os de la face (14) – Os zygomatiques (2), os lacrymaux (2), os nasaux (2), vomer (1), cornets inférieurs (2), palatins (2), maxillaires (2), mandibule (1) • Osselets de l’ouïe (6) – Malléus (2), incus (2), stapès (2) • Os hyoïde (1)
Cage thoracique (25)
• Vertèbres cervicales (7) • Vertèbres thoraciques (12) • Vertèbres lombaires (5) • Sacrum (1) • Coccyx (1) • Sternum (1) • Côtes (24)
Les os du squelette appendiculaire (63 os de chaque côté du corps, 126 os en tout) Ceinture scapulaire (4 os) Membres supérieurs (30 os par membre, 60 os au total)
• Clavicules (2) • Scapulas (2) • Humérus (2) • Radius (2) • Ulnas (2) • Os du carpe (16) • Métacarpiens (10) • Phalanges (28)
Ceinture pelvienne (2 os)
• Os coxaux (2)
Membres inférieurs (30 os par membre, 60 os au total)
• Fémurs (2) • Patellas (2) • Tibias (2) • Fibulas (2) • Os du tarse (14) • Métatarsiens (10) • Phalanges (28)
FIGURE 8.2 Squelette axial et squelette appendiculaire ❯ Les vues A. antérieure et B. postérieure comparent les composantes axiales et appendiculaires du squelette. Le squelette axial est en bleu
et le squelette appendiculaire est en brun clair. Les chiffres entre parenthèses indiquent le nombre de chacun des os dans le corps humain.
Chapitre 8 Le système squelettique : les os 289
Coupe frontale Os frontal
Cavité crânienne
Sinus frontal Sinus paranasaux
Os ethmoïde Os zygomatique Lame perpendiculaire de l’os ethmoïde
Orbite
Sinus ethmoïdaux
Supérieur Moyen Inférieur Vomer Maxillaire
Sinus maxillaire Cavité nasale
Cornets nasaux
Cavité orale
Mandibule Coupe frontale
FIGURE 8.3 Principales cavités formées par les os du squelette de la tête
❯ Cette coupe frontale du squelette de la tête met en évidence la cavité crânienne, les orbites, les sinus paranasaux, la cavité nasale et la cavité orale.
8.2.2
Les repères anatomiques du squelette de la tête selon différents points de vue
2
Situer les os du crâne et de la face sur différentes vues du squelette de la tête.
3
Reconnaître les principaux reliefs osseux et les principales caractéristiques de chaque os du squelette de la tête.
4
Comparer l’emplacement et le contenu des trois fosses crâniennes.
Pour mieux comprendre la nature complexe du squelette de la tête, il est utile de l’examiner d’abord comme un tout et de repérer les os les plus visibles selon un angle particulier. La présente section n’examine que certaines caractéristiques anatomiques importantes. Chaque os du squelette de la tête ait l’objet d’une description plus détaillée ultérieurement dans ce chapitre.
À votre avis 1. En quoi le fait d’être composé de multiples os de petite
taille plutôt que d’un seul gros os est-il avantageux pour le squelette de la tête ?
Un examen rapide du squelette de la tête révèle la présence de nombreux relies osseux, tels que des canaux, des fssures et des oramens qui orent un passage aux vaisseaux sanguins et aux ners. Un résumé des principaux oramens des os du crâne et de la ace est présenté dans le TABLEAU 8.1. Ce tableau peut servir de réérence tout au long de l’étude du squelette de la tête sous ses diérents angles. Il sera également important pour l’étude des ners dans les sections 13.9 et 14.5 et des vaisseaux sanguins dans le chapitre 20.
8.2.2.1 Vue antérieure La vue antérieure du squelette de la tête à la FIGURE 8.4 met en évidence plusieurs os importants. L’os rontal orme le ront. Les orbites gauche et droite, où se logent les yeux, se composent d’une articulation complexe de diérents os de la tête. Chaque orbite compte deux grands orifces appelés fssures orbitaire supérieure (ente sphénoïdale) et orbitaire inérieure (ente sphéno-maxillaire). Au-dessus des orbites, sur la partie antérieure du rontal, se trouvent les arcades sourcilières. L’homme présente généralement des arcades sourcilières plus proéminentes et prononcées que la emme. Les os nasaux gauche et droit orment la racine osseuse du nez. Au-dessus des os nasaux et entre les orbites se trouve un repère anatomique appelé glabelle (glaber = sans poil, ella = petite). Transposée sur la peau, la glabelle est située entre les deux sourcils et peut être dépourvue de poils – d’où son nom. Les maxillaires gauche et droit (maxilla = mâchoire), appelés également maxillaire supérieur, usionnent à la ligne médiane
290 Partie II Le soutien et les mouvements du corps TABLEAU 8.1
Voies de passage du squelette de la têtea
Passage
Emplacement
Structures qui le traversent
Canal carotidien
Partie pétreuse du temporal
Artère carotide interne
Foramens de la lame criblée
Lame criblée de l’ethmoïde
Nerfs olfactifs (NC I)
Foramen lacérum (déchiré)
Entre la partie pétreuse du temporal, le sphénoïde et l’occipital
Aucune
Foramen magnum
Occipital
Artères vertébrales, moelle épinière et nerfs accessoires (NC XI)
Foramen ovale
Grande aile du sphénoïde
Branche mandibulaire du nerf trijumeau (NC V 3)
Foramen rond
Grande aile du sphénoïde
Branche maxillaire du nerf trijumeau (NC V2)
Foramen épineux
Grande aile du sphénoïde
Vaisseaux méningés moyens
Canal hypoglosse
Au-dessus de la partie moyenne du condyle de l’occipital
Nerf hypoglosse (NC XII)
Fissure orbitaire inférieure
Au fond de l’orbite, à la jonction du maxillaire, du sphénoïde et de l’os zygomatique
Nerf infraorbitaire (branche du NC V2)
Foramen jugulaire
Entre la partie pétreuse du temporal et l’occipital (derrière le canal carotidien)
Veine jugulaire interne, nerf glossopharyngien (NC IX), nerf vague (NC X) et nerf accessoire (NC XI)
Foramen mastoïdien
Derrière le processus mastoïde du temporal
Veine émissaire mastoïdienne
Canal optique
Partie postéromédiale de l’orbite dans la petite aile du sphénoïde
Nerf optique (NC II) et artère ophtalmique
Foramen stylomastoïdien
Entre les processus mastoïde et styloïde du temporal
Nerf facial (NC VII) et artère stylomastoïdienne
Fissure orbitaire supérieure
Partie postérieure de l’orbite entre la grande aile et la petite aile du sphénoïde
Veines ophtalmiques, nerf oculomoteur (NC III), nerf trochléaire (NC IV), branche ophtalmique du nerf trijumeau (NC V1) et nerf abducens (NC VI)
Foramen supraorbitaire
Bord supraorbitaire de l’orbite dans le frontal
Artère supraorbitaire et nerf supraorbitaire (branche du NC V1)
Foramens grand et petit palatins
Palatin
Vaisseaux palatins, nerfs grand et petit palatins (branches du NC V2)
Foramen incisif
Derrière les incisives dans le palais dur du maxillaire
Branches du nerf nasopalatin (branche du NC V 2)
Foramen infraorbitaire
Sous l’orbite dans le maxillaire
Artère infraorbitaire et nerf infraorbitaire (branche du NC V2)
Fosse du sac lacrymal
Os lacrymal
Canal lacrymonasal
Foramen mandibulaire
Face médiale de la branche de la mandibule
Vaisseaux sanguins alvéolaires inférieurs et nerf alvéolaire inférieur (branche du NC V 3)
Foramen mentonnier
Au-dessous de la deuxième prémolaire sur la face antérolatérale de la mandibule
Vaisseaux sanguins mentonniers et nerf mentonnier (branche du NC V3)
Os du crâne
Os de la face
a
Les chiffres romains précédés de l’abréviation NC apparaissant entre parenthèses font référence au numéro du nerf crânien mentionné (voir le chapitre 13).
pour former la majeure partie de la mâchoire supérieure et les délimitations latérales de la cavité nasale (fosses nasales). Les maxillaires contribuent également à former une partie de la paroi inférieure de chaque orbite et la paroi supérieure de la cavité orale. Au-dessous de chaque orbite, dans le maxillaire, se trouve le foramen infraorbitaire (trou sous-orbitaire) qui amène des vaisseaux sanguins et des nerfs vers le visage.
La mandibule, aussi appelée maxillaire inférieur, forme la mâchoire inférieure. Le « menton » est la partie proéminente de la mandibule qui se nomme protubérance mentonnière (ou éminence mentonnière). Les arcades buccales des maxillaires et de la mandibule présentent des processus alvéolaires, ou apophyses alvéolaires, qui comprennent les alvéoles dentaires. Les processus alvéolaires sont palpables à travers la peau et les alvéoles dentaires logent les dents.
Chapitre 8 Le système squelettique : les os 291
FIGURE 8.4 Vue antérieure du squelette de la tête
❯
Cette vue permet de mettre en évidence l’os frontal, les os nasaux, les maxillaires et la mandibule.
Os frontal Os pariétal Glabelle Incisure supraorbitaire
Arcade sourcilière Bord supraorbitaire Foramen supraorbitaire
Os temporal Os sphénoïde Os ethmoïde
Fissure orbitaire supérieure
Os lacrymal Os nasal Foramen infraorbitaire
Fissure orbitaire inférieure Lame perpendiculaire Septum nasal de l’os ethmoïde Vomer Cornet nasal inférieur
Os zygomatique
Épine nasale antérieure
Maxillaire
Processus alvéolaires Mandibule Foramen mentonnier Protubérance mentonnière
Os frontal
Arcade sourcilière Glabelle Bord supraorbitaire
Incisure supraorbitaire Os sphénoïde
Fissure orbitaire supérieure
Os lacrymal
Fissure orbitaire inférieure
Os nasal Foramen infraorbitaire
Lame perpendiculaire de l’os ethmoïde Vomer
Os zygomatique
Septum nasal
Cornet nasal inférieur Épine nasale antérieure
Maxillaire
Processus alvéolaires Mandibule Foramen mentonnier Protubérance mentonnière Vue antérieure
292 Partie II Le soutien et les mouvements du corps
La vue antérieure met également en évidence la cavité nasale. Une épine nasale antérieure proéminente marque son bord inérieur. La mince cloison osseuse qui divise la cavité nasale en deux parties gauche et droite se nomme septum nasal ou cloison nasale. Le long des parois latérales inérieures de la cavité nasale se trouvent deux lamelles osseuses recourbées appelées cornets nasaux inférieurs (cornu = corne).
8.2.2.2 Vue supérieure La vue supérieure du squelette de la tête à la FIGURE 8.5A montre essentiellement quatre des os du crâne, à savoir l’os rontal, les deux os pariétaux (paries = paroi) et l’os occipital (occiput = derrière de la tête). L’articulation entre l’os rontal et les os pariétaux orme la suture coronale, appelée ainsi parce qu’elle longe le plan rontal (coronal). La suture sagittale unit les os pariétaux gauche et droit le long de la ligne médiane du crâne. Le long du tiers postérieur de la suture sagittale, près de la suture lambdoïde, se trouve un seul foramen pariétal ou une paire de foramens pariétaux, qui permettent le passage à de petites veines entre l’encéphale et le cuir chevelu. La ace latérale de chaque os pariétal présente une zone lisse et arrondie appelée bosse pariétale. La partie supérieure de la suture lambdoïde orme l’articulation de l’os occipital avec les deux os pariétaux.
8.2.2.3 Vue postérieure La vue postérieure du squelette de la tête à la fgure 8.5B met en évidence une partie de l’os occipital, des os pariétaux et des os
temporaux, de même que la suture lambdoïde située entre l’os occipital et les os pariétaux. Un ou plusieurs os suturaux, aussi appelés os wormiens, peuvent se trouver dans la suture lambdoïde. La protubérance occipitale externe est une proéminence située sur la ace postérieure du crâne. À la palpation de l’arrière de la tête, le crâne masculin présente généralement une protubérance occipitale externe proéminente et pointue, tandis que sur le crâne éminin, la protubérance est plutôt discrète et arrondie. Deux crêtes sont situées dans le prolongement de la protubérance occipitale externe, soit les lignes nucales supérieure et inférieure (lignes courbes occipitales supérieure et inérieure) (voir la fgure 8.7).
8.2.2.4 Vue latérale La vue latérale du squelette de la tête à la FIGURE 8.6 met en évidence un os pariétal, un os temporal et un os zygomatique (os malaire) (zygoma = joint). Cette vue montre également une partie du maxillaire, de la mandibule, de l’os rontal et de l’os occipital. Les lignes temporales supérieure et inférieure orment un arc d’un bout à l’autre de l’os pariétal et de l’os rontal, et elles servent de points d’attache au muscle temporal (voir la section 11.3.3). Le petit os lacrymal (lacrima = larme) s’articule avec le maxillaire à l’avant et l’os ethmoïde à l’arrière. Une partie de l’os sphénoïde (sphên = coin, eidos = semblable) s’articule avec l’os rontal, l’os pariétal et l’os temporal. Cette région se nomme ptérion (pteron = aile) et est encerclée sur la fgure 8.6. Les sutures qui convergent dans la région du ptérion orment un « H » incliné visible sur la fgure 8.6. À partir de ce repère, il
Suture sagittale Foramens pariétaux Os zygomatique Os frontal
Os pariétaux
Bosse pariétale
Os temporal Suture coronale
Os sutural Suture lambdoïde
Suture sagittale Os pariétal (gauche)
Os occipital
Os pariétal (droit)
Os temporal
Bosse pariétale
Protubérance occipitale externe
Foramens pariétaux Suture lambdoïde Os occipital
Mandibule
Os sutural
A. Vue supérieure
FIGURE 8.5 Vues supérieure et postérieure du squelette de la tête
❯ A. La vue supérieure du squelette de la tête met en évidence les principales sutures et les os plats du crâne. B. La vue postérieure montre essentiellement l’os occipital et les os pariétaux.
B. Vue postérieure
Processus mastoïde
Chapitre 8 Le système squelettique : les os 293
Suture coronale Os frontal Bosse pariétale Ligne temporale supérieure
Os pariétal Ligne temporale inférieure Suture squameuse
Ptérion
Suture lambdoïde Os sutural
Partie squameuse de l’os temporal
Os temporal Os occipital Méat acoustique externe
Os sphénoïde (grande aile) Os nasal Os lacrymal Os ethmoïde Os zygomatique Maxillaire
Processus mastoïde Processus styloïde Tête de la mandibule (dans la fosse mandibulaire) Branche de la mandibule Arcade zygomatique
Processus zygomatique de l’os temporal Processus temporal de l’os zygomatique
Corps de la mandibule Foramen mentonnier Protubérance mentonnière
Suture coronale Os frontal
Bosse pariétale Os pariétal Ligne temporale inférieure Suture squameuse
Ligne temporale supérieure Ptérion Partie squameuse de l’os temporal
Suture lambdoïde
Os occipital
Os sphénoïde (grande aile) Os nasal Os lacrymal Os ethmoïde
Méat acoustique externe
Os zygomatique
Os temporal
Processus mastoïde Processus styloïde
Maxillaire
Tête de la mandibule (dans la fosse mandibulaire) Branche de la mandibule Arcade zygomatique
Processus zygomatique de l’os temporal
Foramen mentonnier Processus temporal de l’os zygomatique Vue latérale
FIGURE 8.6 Vue latérale du squelette de la tête
Corps de la mandibule
❯ Cette vue met en évidence l’os pariétal, l’os temporal, l’os zygomatique, l’os frontal et l’os occipital, de même que le maxillaire et la mandibule.
Protubérance mentonnière
294 Partie II Le soutien et les mouvements du corps
est acile de localiser les os concernés : l’os rontal est situé à l’avant du H, et l’os temporal, à l’opposé ; l’os pariétal se trouve audessus du H, et l’os sphénoïde, en dessous. Le processus temporal de l’os zygomatique et le processus zygomatique de l’os temporal usionnent pour ormer l’arcade zygomatique. L’examen par palpation à l’aide des doigts à partir des saillies osseuses (« pommettes ») des joues vers les oreilles permet de repérer l’arcade zygomatique. Celle-ci se termine au-dessus du point où la mandibule s’articule avec la fosse mandibulaire de l’os temporal. Cette articulation se nomme articulation temporomandibulaire (ATM) et ait l’objet d’une description dans la section 9.7.1. Avec les doigts placés devant le conduit auditi externe tout en ouvrant et en ermant la bouche, il est possible de sentir le mouvement de cette articulation. La partie squameuse de l’os temporal se situe directement audessous de la suture squameuse (suture temporopariétale). En position postérolatérale par rapport à la osse mandibulaire se trouve la partie tympanique (tympanum = tambour) de l’os temporal. Il s’agit d’un petit anneau osseux entourant l’ouverture de l’oreille externe, appelé méat acoustique externe, ou conduit auditi externe. À l’arrière et au-dessous de ce conduit se trouve le processus mastoïde, ou apophyse mastoïde (mastos = sein, eidos = semblable). Il s’agit de la bosse qui peut être palpée derrière l’oreille.
8.2.2.5 Vue en coupe sagittale Une coupe sagittale du squelette de la tête révèle les os qui orment l’intérieur du crâne et de la cavité nasale FIGURE 8.7A. La cavité crânienne se compose d’une articulation complexe ormée par l’os rontal, les os pariétaux, les os temporaux, l’os occipital, l’os ethmoïde (ethmos = tamis) et l’os sphénoïde. Des empreintes de vaisseaux sanguins sont visibles sur la ace interne du crâne. Le sinus rontal, cette cavité creusée dans l’os rontal, et le sinus sphénoïdal, cette cavité creusée dans l’os sphénoïde, sont visibles en coupe sagittale. Une vue en coupe sagittale permet également de montrer de açon plus claire les os qui orment le septum nasal, une cloison qui sépare les deux narines. La lame perpendiculaire de l’ethmoïde orme la partie antérosupérieure du septum nasal, tandis que le vomer orme la partie postéro-inérieure. La partie antérieure du septum nasal est cartilagineuse. L’ethmoïde sert de division entre le plancher antérieur de la cavité crânienne et le plaond de la cavité nasale. Les processus palatins, ou apophyses palatines, des maxillaires et les os palatins orment le palais dur (voir la fgure 8.7B), qui compose le plancher de la cavité nasale et une partie de la voûte du palais. La palpation à l’aide de la langue le long de la voûte du palais permet de toucher les maxillaires vers l’avant et les os palatins vers l’arrière.
8.2.2.6 Vue inférieure Dans une vue inérieure, la structure la plus antérieure est le palais dur (voir la fgure 8.7B). Sur la ace postérieure, de chaque côté du palais, se trouvent les lames médiale et latérale du processus ptérygoïde (pteron = aile, eidos = semblable) de l’os sphénoïde. Ces deux lames orment le processus ptérygoïde. Plus
au centre au voisinage de ces structures se trouvent les orifces internes de la cavité nasale, appelés choanes (khoanê = entonnoir). Entre la osse mandibulaire et les processus ptérygoïdes se trouvent plusieurs paires de oramens et de canaux. En général, ces orifces livrent passage à des vaisseaux sanguins et à des ners précis. À titre d’exemple, le foramen jugulaire (jugulum = gorge), aussi appelé trou déchiré postérieur, est un orifce situé entre l’os temporal et l’os occipital qui livre passage à la veine jugulaire interne et à plusieurs ners. L’ouverture du canal carotidien (karos = sommeil proond) est en position antéromédiale par rapport au oramen jugulaire ; l’artère carotide interne passe par ce canal. Le processus styloïde, ou apophyse styloïde (stylos = colonne), est une saillie osseuse de orme eflée et allongée, située en position antéromédiale par rapport au processus mastoïde. Il sert de point d’attache à plusieurs muscles hyoïdiens et de la langue. Le foramen stylomastoïdien, ou trou stylomastoïdien, se trouve entre le processus mastoïde et le processus styloïde. Le ner acial (NC VII) passe par le oramen stylomastoïdien pour innerver les muscles aciaux. Le plus large de tous les oramens est le foramen magnum (trou occipital) qui veut littéralement dire « grand trou ». Par cet orifce, la moelle épinière pénètre dans la cavité crânienne où sa partie supérieure devient le tronc cérébral. De chaque côté du oramen magnum se trouvent les condyles de l’occipital de orme arrondie, qui s’articulent avec la première vertèbre cervicale de la colonne vertébrale appelée l’atlas. Sur le bord antéromédial de chaque condyle se trouve le canal hypoglosse par lequel passe le nerf hypoglosse (NC XII) qui innerve les muscles de la langue.
8.2.2.7 Vue interne de la base du squelette de la tête La coupe et le retrait de la partie supérieure du crâne permettent d’obtenir une vue interne du squelette de la tête FIGURE 8.8. Ce point de vue révèle l’os rontal qui entoure la lame criblée (criblum = tamis) de l’ethmoïde. Cette lame possède de nombreux petits orifces appelés foramens de la lame criblée qui livrent passage aux branches du ner olacti (NC I) dans la partie supérieure de la cavité nasale. La partie antéromédiale de la lame criblée présente une élévation dans le plan sagittal médian appelée crista galli (crista = crête, galli = coq), sur laquelle s’attache la aux du cerveau, région qui sépare les deux hémisphères cérébraux (voir la section 13.2.1). L’os sphénoïde, relativement gros et en orme de papillon, se trouve à l’arrière de l’os rontal. Il est souvent qualifé d’« os clé », parce qu’il s’articule avec beaucoup d’os du crâne et de la ace. Les prolongements latéraux de l’os sphénoïde se nomment grandes ailes et petites ailes du sphénoïde. Une glande endocrine importante, l’hypophyse, est suspendue à la base du cerveau dans une cavité osseuse du sphénoïde nommée osse hypophysaire. Cette osse ainsi que les deux processus qui lui sont antérieurs et postérieurs (respectivement processus clinoïdes antérieur et postérieur) orment une région en orme de selle d’équitation appelée selle turcique (turcicus = turc). En position antérieure par rapport à la selle turcique se trouvent les canaux optiques par lesquels passent les ners optiques (NC II) qui relient les yeux, logés dans les orbites, et le cerveau.
Chapitre 8 Le système squelettique : les os 295
Empreintes de vaisseaux sanguins
Os frontal Suture coronale
Os pariétal
Os sphénoïde Sinus sphénoïdal Os temporal Os occipital Suture squameuse Selle turcique de l’os sphénoïde Suture lambdoïde Méat acoustique interne Canal hypoglosse
Sinus frontal Crista galli
Os ethmoïde
Lame perpendiculaire Os nasal Vomer Os palatin
Processus ptérygoïdes de l’os sphénoïde
Maxillaire
Processus styloïde de l’os temporal Foramen mandibulaire
Mandibule A. Coupe sagittale
Palais dur
Fosse incisive (renferme le foramen incisif)
Processus palatin du maxillaire
Processus temporal de l’os zygomatique Processus zygomatique de l’os temporal
Os palatin Foramens palatins Choanes Vomer Os sphénoïde Foramen ovale Foramen épineux Foramen lacérum
Arcade zygomatique
Processus Lame ptérygoïde latérale ptérygoïdes Lame ptérygoïde médiale de l’os sphénoïde Processus styloïde de l’os temporal Fosse mandibulaire Partie basilaire de l’os occipital Os temporal
Foramen stylomastoïdien Foramen jugulaire
Processus mastoïde de l’os temporal
Canal carotidien Foramen mastoïdien
Os occipital
Ligne nucale inférieure
Condyle de l’os occipital Canal hypoglosse Foramen magnum Crête occipitale externe Suture lambdoïde
Ligne nucale supérieure
Protubérance occipitale externe
B. Vue inférieure
FIGURE 8.7 Coupe sagittale et vue inférieure du squelette de la tête
❯
A. La coupe sagittale permet de mieux voir des structures telles que la lame perpendiculaire de l’ethmoïde, le vomer, les sinus frontal et sphénoïdal,
de même que les liens internes qui unissent certains os du squelette de la tête. B. La vue inférieure met en évidence le palais dur, l’os sphénoïde, une partie des os temporaux et l’os occipital avec son foramen magnum.
296 Partie II Le soutien et les mouvements du corps
Antérieur Sinus frontal Crête frontale Os frontal Canal optique Processus clinoïde antérieur de la selle turcique
Crista galli Lame criblée
Petite aile de l’os sphénoïde
Os ethmoïde
Fosse hypophysaire de la selle turcique
Grande aile du sphénoïde Foramen rond Os sphénoïde
Foramen ovale Foramen épineux
Os temporal
Foramen lacérum
Processus clinoïde postérieur de la selle turcique
Méat acoustique interne Foramen jugulaire
Partie pétreuse de l’os temporal
Canal hypoglosse Foramen magnum
Sillon du sinus sigmoïde Partie basilaire de l’occipital
Os pariétal Sillon du sinus transverse
Os occipital
Crête occipitale interne
Protubérance occipitale interne
Postérieur
FIGURE 8.8 Vue interne de la base du squelette de la tête
❯ Cette coupe transversale met en évidence les parties internes de l’os frontal, de l’os ethmoïde, de l’os sphénoïde, des os temporaux et de l’os occipital.
Chaque partie latérale de la base du crâne se compose de la partie pétreuse de l’os temporal (rocher) (petra = roche), tandis que l’occipital orme la région postérieure. Le méat acoustique interne (appelé également conduit auditi interne) débouche dans la portion médiane de l’os temporal et contient la partie proximale du ner acial (NC VII) et du ner vestibulocochléaire (qui comprend le ner auditi [NC VIII]. La protubérance occipitale interne est un relie osseux de l’os occipital. La crête occipitale interne s’étend de cette protubérance au bord postérieur du oramen magnum. La ace interne du crâne présente de gros sillons, qui sont les empreintes laissées par les sinus veineux qui s’y trouvent (voir la section 13.2.1). Chaque os du crâne présente des structures de surace particulières. La FIGURE 8.9 montre les articulations de quelques os du crâne et de la ace, camoufés par des os situés en surace. Une représentation et un résumé de chaque os du crâne sont présentés dans le TABLEAU 8.2. Un résumé des diérents os de la ace gure dans le TABLEAU 8.3.
Les fosses crâniennes Le plancher sinueux de la cavité crânienne présente trois dépressions courbées appelées fosses crâniennes FIGURE 8.10. La fosse crânienne antérieure est la moins proonde des trois dépressions de l’intérieur du crâne. Elle se compose de l’os rontal, de l’os ethmoïde et des petites ailes de l’os sphénoïde. Elle loge les lobes rontaux du cerveau (voir la section 13.3.2). La fosse crânienne moyenne se trouve en position postéroinérieure par rapport à la osse crânienne antérieure. Elle s’étend du bord postérieur des petites ailes de l’os sphénoïde (partie antérieure) à la région antérieure de la partie pétreuse des os temporaux (partie postérieure). Elle loge les lobes temporaux du cerveau et la glande hypophyse. La fosse crânienne postérieure est la osse crânienne la plus proonde et s’étend de la région postérieure de la partie pétreuse des os temporaux à l’os occipital. Cette osse soutient le cervelet et une partie du tronc cérébral (voir les sections 13.5 et 13.6).
Chapitre 8 Le système squelettique : les os 297
Vérifiez vos connaissances 4. Quels sont les os du squelette de la tête qu’une vue
antérieure permet de mettre en évidence ? 5. Quels sont les os qui orment la osse crânienne
moyenne, et quelles parties de l’encéphale trouvet-on dans cette osse ?
8.2.3
Les sutures
Os sphénoïde Os ethmoïde Cornet nasal inférieur Vomer Os palatin
FIGURE 8.9 Os internes du squelette de la tête
❯ Plusieurs os du squelette de la tête, comme l’os ethmoïde et l’os sphénoïde, se trouvent essentiellement sous d’autres os. La présente fgure illustre l’emplacement de ces os internes par rapport aux os externes du squelette de la tête.
5
Situer les diérentes sutures entre les os du crâne.
Les sutures (sutura = couture) sont des articulations immobiles qui unissent les os du crâne entre eux (voir les fgures 8.5 à 8.7). Du tissu conjonctif dense régulier (orienté) relie solidement les os du crâne entre eux à la suture. Les sutures présentent souvent des formes complexes (bordures irrégulières) qui s’emboîtent, comme les pièces d’un casse-tête. Le squelette de la tête compte de nombreuses sutures et chacune d’elles porte un nom précis. Bon nombre des sutures de taille plus petite portent le nom des os ou des structures qu’elles relient. À titre d’exemple, la suture occipitomastoïdienne relie l’os occipital au processus mastoïde de l’os temporal. Les sutures étudiées ici sont les plus importantes par leur taille : il s’agit des sutures coronale, lambdoïde, sagittale et squameuse (suite page 306).
Fosse crânienne antérieure
Lobe frontal du cerveau
Lame criblée de l’os ethmoïde Petite aile de l’os sphénoïde
Lobe temporal du cerveau
Selle turcique de l’os sphénoïde
Fosse crânienne moyenne
Cervelet
Foramen ovale Partie pétreuse de l’os temporal
Fosse crânienne postérieure
Fosse crânienne postérieure Fosse crânienne moyenne Fosse crânienne antérieure
A. Vue latérale
B. Vue supérieure
FIGURE 8.10 Fosses crâniennes
❯ Les vues A. latérale et B. supérieure mettent en évidence les trois niveaux de dépression à l’intérieur du crâne (antérieure, moyenne et postérieure). L’encéphale épouse les osses du crâne.
Foramen jugulaire Foramen magnum
298 Partie II Le soutien et les mouvements du corps TABLEAU 8.2 Os du crâne
Os du crâne et quelques caractéristiquesa Caractéristiques
A. Os frontal Suture coronale Partie squameuse Glabelle Arcade sourcilière
Bord supraorbitaire Foramen supraorbitaire (incisure) Partie orbitaire Vue antérieure Description et délimitations
• L’os rontal orme les parties supérieure et antérieure du crâne ; orme une partie de la osse crânienne antérieure et de l’orbite.
Voies de passage associées
• Incisure ou oramen supraorbitaire
Quelques repères anatomiques et leurs fonctions
• Crête frontale : sert de point d’attache à la aux du cerveau qui contribue à stabiliser l’encéphale à l’intérieur du crâne. • Sinus frontaux : allègent l’os, humidifent l’air inspiré et procurent une résonance à la voix. • Partie orbitaire : orme le plaond de l’orbite. • Partie squameuse : sert de point d’attache aux muscles du cuir chevelu. • Bord supraorbitaire : orme le bord supérieur protecteur de l’orbite.
B. Os pariétaux Suture sagittale Foramen pariétal Bosse pariétale
Suture coronale
Ligne temporale supérieure
Suture lambdoïde Ligne temporale inférieure Suture squameuse Vue latérale Description et délimitations
• Les os pariétaux orment la majeure partie des parois latérales et supérieures du crâne.
Voies de passage associées
• Foramen pariétal
Quelques repères anatomiques et leurs fonctions
• Lignes temporales inférieure et supérieure : servent de points d’attache au muscle temporal. • Bosse pariétale : orme une saillie arrondie de chaque côté du crâne.
Chapitre 8 Le système squelettique : les os 299
TABLEAU 8.2 Os du crâne
Os du crâne et quelques caractéristiquesa (suite) Caractéristiques
C. Os temporaux Suture squameuse Méat acoustique externe
Partie squameuse Processus zygomatique
Tubercule articulaire
Processus mastoïde Partie tympanique Processus styloïde
Fosse mandibulaire Vue latérale
Description et délimitations
• Chacun des os temporaux orme la paroi latérale inérieure du crâne ; orme une partie de la osse crânienne moyenne ; se divise en trois parties présentées ci-dessous.
Voies de passage associées
• Foramen stylomastoïdien • Canal carotidien • Méat acoustique externe
Quelques repères anatomiques et leurs fonctions
• • • • • • • •
• Méat acoustique interne • Foramen mastoïdien
Partie pétreuse : protège les structures sensorielles de l’oreille interne (voir la fgure 8.8). Partie squameuse : sert de point d’attache à certains muscles de la mâchoire. Partie tympanique : loge le méat acoustique externe. Processus mastoïde : sert de point d’attache à certains muscles du cou permettant une extension, une fexion et une rotation de la tête. Processus styloïde : sert de point d’attache aux ligaments et aux muscles de l’os hyoïde. Processus zygomatique : s’articule avec l’os zygomatique pour ormer l’arcade zygomatique. Fosse mandibulaire : s’articule avec la mandibule. Tubercule articulaire : limite le déplacement de la tête de la mandibule dans la osse mandibulaire.
D. Os occipital Partie basilaire Canal hypoglosse Condyle de l’os occipital Canal condylaire Foramen magnum Crête occipitale externe Ligne nucale inférieure Ligne nucale supérieure Partie squameuse
Protubérance occipitale externe
Vue inférieure Description et délimitations
• L’os occipital orme la partie postéroinérieure du crâne, dont la majeure partie de la osse crânienne postérieure ; orme une partie de la base du crâne.
Voies de passage associées
• Foramen magnum • Canal hypoglosse
Quelques repères anatomiques et leurs fonctions
• • • •
• Foramen jugulaire (avec l’os temporal) • Canal condylaire
Crête occipitale externe : sert de point d’attache à certains ligaments. Protubérance occipitale externe : sert de point d’attache à certains ligaments et muscles du cou. Lignes nucales inférieure et supérieure : servent de points d’attache à certains ligaments et muscles du cou. Condyles de l’os occipital : s’articulent avec la première vertèbre cervicale, l’atlas.
300 Partie II Le soutien et les mouvements du corps TABLEAU 8.2 Os du crâne
Os du crâne et quelques caractéristiquesa (suite) Caractéristiques
E. Os sphénoïde Grande aile
Petite aile Canal optique
Foramen rond Sillon chiasmatique
Foramen ovale
Foramen épineux
Selle turcique Vue supérieure
Corps du sphénoïde
Petite aile
Grande aile
Fissure orbitaire supérieure
Canal ptérygoïdien Lame latérale
Lame médiale
Processus ptérygoïde Vue postérieure Description et délimitations
• L’os sphénoïde orme une partie de la base du crâne ; orme la partie postérieure de l’orbite ; orme une partie des osses crâniennes antérieure et moyenne.
Voies de passage associées
• • • • • • •
Quelques repères anatomiques et leurs fonctions
• • • • • •
Foramen lacérum (avec l’os temporal et l’os occipital) Foramen ovale Foramen rond Foramen épineux Canal optique Canal ptérygoïdien Fissure orbitaire supérieure
Corps du sphénoïde : contient les sinus sphénoïdaux. Selle turcique : loge l’hypophyse. Sillon chiasmatique : orme une dépression sur le corps de l’os sphénoïde, entre les canaux optiques. Lames latérales et médiales des processus ptérygoïdes : servent de points d’attache aux muscles liés à la mastication. Petites ailes : orment une partie de la osse crânienne antérieure ; contiennent les canaux optiques. Grandes ailes : orment une partie de la osse crânienne moyenne, de la ace latérale du squelette de la tête et des orbites. • Sinus sphénoïdaux : allègent l’os, humidifent l’air inspiré et procurent une résonance à la voix (voir la fgure 8.7).
Chapitre 8 Le système squelettique : les os 301
TABLEAU 8.2 Os du crâne
Os du crâne et quelques caractéristiquesa (suite) Caractéristiques
F. Os ethmoïde Lame perpendiculaire
Sinus ethmoïdaux
Crista galli Lame orbitaire Lame criblée et foramens de la lame criblée
Vue supérieure Crista galli
Cornet nasal supérieur
Lame orbitaire Cornet nasal moyen
Labyrinthe ethmoïdal
Lame perpendiculaire
Vue antérieure
a
Description et délimitations
• L’os ethmoïde orme une partie de la osse crânienne antérieure ; orme une partie du septum nasal, du plaond et des parois latérales de la cavité nasale ; orme une partie de la paroi médiale de l’orbite.
Voies de passage associées
• Foramens de la lame criblée
Quelques repères anatomiques et leurs fonctions
• Lame criblée : contient les oramens de la lame criblée qui livrent passage aux fbres nerveuses du ner olacti (NC I). • Crista galli : sert de point d’attache à la aux du cerveau qui contribue à stabiliser l’encéphale à l’intérieur du crâne. Labyrinthes ethmoïdaux : contiennent les sinus ethmoïdaux et les cornets nasaux. Sinus ethmoïdaux : allègent l’os, humidifent l’air inspiré et procurent une résonance à la voix. Cornets nasaux (supérieurs et moyens) : augmentent la turbulence de l’air inspiré à son passage dans la cavité nasale, ce qui avorise l’humidifcation et le nettoyage de l’air par la muqueuse nasale. Lame orbitaire : orme une partie de la paroi médiale de l’orbite. • Lame perpendiculaire : orme la partie supérieure du septum nasal.
Ce tableau peut ne pas présenter toutes les caractéristiques se rapportant à chaque os du crâne ; consulter les fgures 8.4 à 8.8 pour une étude complète des caractéristiques.
302 Partie II Le soutien et les mouvements du corps TABLEAU 8.3
Os de la face et quelques caractéristiques a
Os de la face
Caractéristiques
A. Os zygomatique
Processus frontal
Face orbitaire (partiellement cachée) Processus temporal Processus maxillaire
Foramen zygomaticofacial
Vue latérale Description et délimitations
• Chacun des deux os zygomatiques forme une joue et la partie latérale de l’orbite.
Voies de passage associées
• Quelques foramens dont le foramen zygomatico-facial
Quelques repères anatomiques et leurs fonctions
• • • •
Processus frontal : s’articule avec l’os frontal. Processus temporal : s’articule avec le temporal pour former l’arcade zygomatique. Processus maxillaire : s’articule avec le maxillaire. Foramen zygomatico-facial : permet le passage du nerf zygomatique et de vaisseaux sanguins.
B. Os lacrymal
Latéral
Médial
Os lacrymal Fosse du sac lacrymal
Os lacrymal droit, vue antérieure Description et délimitations
• Chacun des deux os lacrymaux forme une partie de la paroi médiale de l’orbite.
Voies de passage associées
• Fosse du sac lacrymal (voir aussi la fgure 8.6)
Quelques repères anatomiques et leurs fonctions
• Fosse du sac lacrymal : contient le canal lacrymonasal.
Chapitre 8 Le système squelettique : les os 303
TABLEAU 8.3
Os de la face et quelques caractéristiques a (suite)
Os de la face
Caractéristiques
C. Vomer Aile
Aile
Antérieur
Postérieur Lame verticale
Vue antérieure
Vue latérale
Description et délimitations
• Le vomer forme la partie postéro-inférieure du septum nasal.
Voies de passage associées
• Aucune
Quelques repères anatomiques et leurs fonctions
• Aile : s’articule avec l’os sphénoïde. • Lame verticale : s’articule avec la lame perpendiculaire de l’os ethmoïde.
D. Cornet nasal inférieur
Antérieur
Postérieur
Vue latérale Description et délimitations
• Le cornet nasal inférieur est un os recourbé qui fait saillie en position médiale par rapport aux parois latérales de la cavité nasale.
Voies de passage associées
• Aucune
Quelques repères anatomiques et leurs fonctions
• Cornet nasal inférieur : augmente la turbulence de l’air à son passage dans la cavité nasale.
304 Partie II Le soutien et les mouvements du corps TABLEAU 8.3
Os de la face et quelques caractéristiques a (suite)
Os de la face
Caractéristiques
E. Os palatin
Lame perpendiculaire
Lame horizontale
Vue antérieure
Vue médiale
Description et délimitations
• Chacun des os palatins forme la partie postérieure du palais dur ; forme également une petite partie de la cavité nasale et de la paroi de l’orbite.
Voies de passage associées
• Foramens grand et petit palatins (voir la fgure 8.7)
Quelques repères anatomiques et leurs fonctions b
• Lame horizontale : forme la partie postérieure du palais dur. • Lame perpendiculaire : forme une partie de la cavité. • Foramens grand et petit palatins : permettent le passage des nerfs grand et petit palatins (branches du NC V2) (voir aussi la fgure 8.7).
F. Maxillaire
Processus frontal Bord infraorbitaire Face orbitaire Foramen infraorbitaire Épine nasale antérieure Processus zygomatique Processus alvéolaire
Maxillaire droit, vue latérale Description et délimitations
• Chacun des maxillaires forme la partie antérieure de la face ; forme la mâchoire supérieure et une partie du palais dur ; forme la partie inférieure de l’orbite et une partie des parois de la cavité nasale.
Voies de passage associées
• Foramen incisif (dans la fosse incisive) (voir la fgure 8.7) • Foramen infraorbitaire
Quelques repères anatomiques et leurs fonctions b
• • • • • • • • • •
Épine nasale antérieure : forme une saillie en position antérieure par l’union des deux maxillaires. Processus alvéolaire : loge les dents. Processus frontal : forme une partie de la face latérale de la racine du nez. Bord infraorbitaire : forme le bord latéral inférieur de l’orbite. Sinus maxillaire : allège l’os (voir la fgure 8.3). Face orbitaire : forme une partie de l’orbite. Processus palatin : forme la majeure partie du palais osseux (voir la fgure 8.7B). Processus zygomatique : s’articule avec l’os zygomatique. Foramen incisif : dans la fosse incisive, permet le passage du nerf nasopalatin (branche du NC V2) (voir la fgure 8.7). Foramen infraorbitaire : permet le passage du nerf infraorbitaire (branche du NC V2).
Chapitre 8 Le système squelettique : les os 305
TABLEAU 8.3
Os de la face et quelques caractéristiques a (suite)
Os de la face
Caractéristiques
G. Mandibule Tête de la mandibule
Incisure mandibulaire
Fosse mandibulaire de l’os temporal Articulation temporomandibulaire Processus coronoïde
Condyle mandibulaire
Foramen mandibulaire Ligne mylohyoïdienne
Branche
Processus alvéolaire Foramen mentonnier Protubérance mentonnière
Angle de la mandibule Corps Vue latérale Description et délimitations
• La mandibule orme la mâchoire inérieure.
Voies de passage associées
• Foramen mandibulaire • Foramen mentonnier
Quelques repères anatomiques et leurs fonctions b
• • • •
Processus alvéolaire : loge les dents. Angle de la mandibule : constitue la jonction entre le corps et la branche. Corps : correspond à la partie horizontale de la mandibule. Condyle mandibulaire : orme une saillie en position postérieure, à l’extrémité de la branche ; comprend la tête de la mandibule. • Processus coronoïde : orme une saillie en position antérieure, à l’extrémité de la branche. • Tête de la mandibule : s’articule avec l’os temporal. • Incisure mandibulaire : constitue une dépression en orme de « U » entre le processus coronoïde et le condyle mandibulaire. • Protubérance mentonnière : orme le menton. • Ligne mylohyoïdienne : sert de point d’attache au muscle mylohyoïdien. • Branche : correspond à la partie verticale de la mandibule
a b
Ce tableau ne présente pas les deux os nasaux, mais ils apparaissent dans les fgures 8.4 et 8.6. ll se peut que certaines caractéristiques énumérées dans ce tableau ne se trouvent pas dans les illustrations ci-dessus ; se reporter aux autres illustrations du présent chapitre.
INTÉGRATION APPLICATION CLINIQUE
La fente labiale et la fente palatine DÉSÉQUILIBRE HOMÉOSTATIQUE
La fente labiale est la usion incomplète des structures de la mâchoire supérieure de l’embryon en développement, entraînant une ente de la lèvre supérieure qui s’étend de la bouche à l’une ou l’autre des narines. Pour la période s’étendant de 2003 à 2008 au Québec, la prévalence de la ente labiale se situait à 1 cas sur 1 493 naissances (ministère de la Santé et des Services sociaux [MSSS], 2013). L’étiologie de la Fente labiale ente labiale est multiactorielle, c’est-à-dire que des acteurs aussi bien génétiques qu’environnementaux (comme le tabagisme ou la consommation d’alcool pendant la grossesse) semblent contribuer à l’apparition de cette malormation.
La fente palatine est un autre type de malormation. Il s’agit d’une fssure congénitale dans la ligne médiane du palais. Une ente palatine apparaît lorsque les maxillaires et les palatins gauches et droits ne se soudent que partiellement ou pas du tout. Dans les cas les plus graves, les enants ont des problèmes de déglutition et d’alimentation, car la nourriture peut passer acilement de la cavité orale à la cavité nasale. Au Québec, la prévalence de la ente Fente palatine palatine pour la période s’étendant de 2003 à 2004 était la même que celle de la ente labiale, soit 1 cas sur 1 493 naissances (MSSS, 2013). Comme dans le cas de la ente labiale, l’étiologie de la ente palatine est multiactorielle. Elle survient parois en combinaison avec la ente labiale.
306 Partie II Le soutien et les mouvements du corps
• La suture coronale (corona = couronne) traverse latéralement la ace supérieure du crâne le long du plan rontal. Elle représente l’articulation entre l’os rontal et les os pariétaux. • La suture lambdoïde traverse la ace postérieure du crâne comme un arc et représente l’articulation entre les os pariétaux et l’os occipital. La orme de cette suture rappelle la lettre grecque « lambda » (λ), qui est à l’origine de son nom. • La suture sagittale (sagitta = fèche) s’étend entre les sutures coronale et lambdoïde, le long du plan médian. Elle articule les os pariétaux gauche et droit. • Une suture squameuse se trouve de chaque côté du crâne. Elle articule l’os temporal et l’os pariétal d’un côté donné. La partie squameuse du temporal « chevauche » généralement l’os pariétal. L’une des variations réquemment observées dans les sutures est la présence de petits os qu’on appelle os suturaux (ou os wormiens) (voir la fgure 8.5B). Les os suturaux sont de taille variable ; ils peuvent atteindre celle d’une pièce de 25 cents ou même être plus gros, dans certains cas. Les os suturaux représentent des
centres d’ossication d’os indépendants et sont plus réquents et nombreux dans la suture lambdoïde. À l’âge adulte, les sutures se erment à mesure que les os voisins se soudent. Cette soudure commence sur la ace interne des os pour se terminer sur leur ace externe. Le moment où se erment les sutures peut varier énormément, mais en général, la suture coronale est la première à se souder, vers la n de la vingtaine ou au début de la trentaine. La suture sagittale est généralement la deuxième à se souder (dans la trentaine ou plus tard), suivi de la suture lambdoïde (dans la quarantaine). Les deux sutures squameuses ne se soudent généralement qu’à un âge plus avancé (plus de 60 ans), et dans certains cas, elles ne se soudent jamais. L’ostéologue peut estimer l’âge approximati au décès à partir du crâne en examinant le degré de soudure de ses sutures.
Vérifiez vos connaissances 6. La suture lambdoïde permet l’articulation de quels
os ? À quel moment cette suture se soude-t-elle généralement ?
INTÉGRATION APPLICATION CLINIQUE
La craniosynostose et la plagiocéphalie DÉSÉQUILIBRE HOMÉOSTATIQUE
Lorsque la croissance crânienne s’arrête à l’âge adulte, les sutures se soudent progressivement et s’effacent. La craniosynostose désigne la soudure ou la fermeture prématurée d’une ou de plusieurs sutures crâniennes. Elle aurait des causes génétiques qui impliqueraient des mutations dans les gènes intervenant dans la régulation de l’activité des ostéoblastes (Melville, Wang, Taub et al., 2010). Si la soudure prématurée se produit tôt dans la vie ou pendant la vie intra-utérine, le crâne peut s’en trouver considérablement déformé. Cela peut également nuire au développement normal du cerveau en augmentant par exemple la pression intracrânienne ou en perturbant l’apport sanguin de l’encéphale (Melville et al., 2010). À défaut d’un traitement chirurgical, la personne atteinte d’une telle déformation grandit en présentant une dysmorphie craniofaciale. À titre d’exemple, si la suture sagittale se soude prématurément (une affection appelée synostose sagittale), le crâne ne peut pas croître ni s’élargir latéralement à mesure que croît l’encéphale. Il se produit donc une croissance crânienne compensatoire dans l’axe antéropostérieur. Chez un enfant atteint d’une synostose sagittale, le crâne acquiert une forme très étroite et allongée, une affection appelée
Synostose sagittale
Synostose coronale
scaphocéphalie ou dolichocéphalie. La synostose coronale désigne la soudure prématurée de la suture coronale, ce qui produit un crâne anormalement court et large. Le terme plagiocéphalie est utilisé pour décrire une forme asymétrique de la tête, où une partie du crâne (généralement la région frontale ou occipitale) présente un aplatissement oblique. La plagiocéphalie peut être attribuable à une synostose coronale unilatérale ou à une synostose lambdoïde asymétrique. Elle peut également être attribuable à des facteurs positionnels, comme le fait de toujours dormir sur le même côté de la tête. Au cours des années 1990, Santé Canada et d’autres partenaires ont mené une campagne nommée Dodo sur le dos, qui encourageait les parents à faire dormir les bébés sur le dos dans le but de réduire l’incidence de la mort subite du nourrisson. À la suite du succès de cette campagne, certains se sont inquiétés de l’augmentation des cas de plagiocéphalie positionnelle. Bien qu’aucune statistique ne vienne corroborer cette hypothèse, certains comptes rendus laissent planer un doute (Fondation canadienne pour l’étude de la mortalité infantile, Institut canadien de la santé infantile, Société canadienne de pédiatrie & Santé Canada, 2001). Ainsi, pour prévenir la plagiocéphalie Plagiocéphalie positionnelle, il est recommandé qu’en période d’éveil les nourrissons passent un certain temps sur le ventre sous supervision. Il est également conseillé de placer la tête du nourrison dans diverses positions lorsqu’il est couché et de varier l’orientation du bébé dans sa couchette. Changer l’orientation du bébé et la position de sa tête a aussi l’avantage de permettre à ce dernier de conserver la vision de son environnement, ce qui lui procure une stimulation sensorielle (Fondation canadienne pour l’étude de la mortalité infantile et al., 2001).
Chapitre 8 Le système squelettique : les os 307
8.2.4
Les complexes orbital et nasal et les sinus paranasaux
6
Énumérer les os qui orment les complexes orbital et nasal.
7
Décrire l’emplacement et la onction des sinus paranasaux.
(sinus = repli) FIGURE 8.13. Les sinus ont un revêtement muqueux qui contribue à l’humidifcation et au réchauement de l’air inspiré. De plus, ces cavités allègent les os du crâne dans lesquels ils se trouvent et procurent également une résonance à la voix.
INTÉGRATION LIENS ENTRE LES CONCEPTS Les cavités osseuses appelées orbites renerment et protègent les yeux et les muscles qui les ont bouger. Le complexe orbital comprend de nombreux os qui orment chaque orbite. La FIGURE 8.11 montre et énumère les parois du complexe orbital. Le complexe nasal se compose d’os et de cartilages qui entourent la cavité nasale et les sinus paranasaux. Une coupe sagittale permet de bien mettre en évidence la plupart de ces os FIGURE 8.12.
Le système respiratoire ne pourrait pas onctionner aussi efcacement (voir la section 23.1.1) sans les sinus paranasaux logés dans certains os du crâne. La présence de ces sinus permet à l’air inspiré de se réchauer et de s’humidifer efcacement, et à la voix d’avoir une résonance. La diérence dans la voix est nettement observable lorsque le nez est pincé, cela étant dû au ait que les sons émis ne résonnent pas dans les sinus paranasaux.
Les sinus ethmoïdaux, rontaux, maxillaires et sphénoïdaux ont déjà ait l’objet d’une description en association avec les os dans lesquels ils se situent. Regroupées, ces cavités remplies d’air qui débouchent dans les cavités nasales se nomment sinus paranasaux
8.3
Vérifiez vos connaissances 7. Quels sont les os qui orment le plancher de l’orbite
de l’œil ? 8. Quels sont les cinq os dans lesquels se trouvent
Les autres os associés au squelette de la tête
1
Situer et désigner les osselets de l’oreille moyenne.
2
Décrire la structure et la onction de l’os hyoïde.
Les osselets de l’oreille moyenne et l’os hyoïde sont des os du squelette axial associés au squelette de la tête. Les osselets de
les sinus paranasaux ?
Plafond de l’orbite Petite aile de l’os sphénoïde
Partie orbitaire de l’os frontal
Processus zygomatique de l’os frontal Grande aile de l’os sphénoïde Canal optique Fissure orbitaire supérieure Paroi médiale
Paroi latérale
Face orbitaire de l’os zygomatique
Processus frontal du maxillaire Os lacrymal Lame orbitaire de l’os ethmoïde
Fissure orbitaire inférieure
Processus orFace orbitaire Os bitaire de l’os palatin du maxillaire zygomatique Plancher de l’orbite
FIGURE 8.11 Orbite gauche
❯ Plusieurs os composent l’orbite de l’œil et l’ensemble de ces os orme le complexe orbital.
308 Partie II Le soutien et les mouvements du corps
Os frontal Crista galli de l’os ethmoïde Lame criblée de l’os ethmoïde
Sinus frontal Os nasal Cornet nasal supérieur Cornet nasal moyen Os lacrymal Cornet nasal inférieur Maxillaire
Cerveau
Sinus ethmoïdal
Selle turcique de l’os sphénoïde
Sinus frontal Cornet nasal supérieur
Sinus sphénoïdal Orbite droite Lame perpendiculaire de l’os palatin
Cornet nasal moyen Sinus maxillaire
Os sphénoïde Lame horizontale de l’os palatin
Processus palatin du maxillaire
Cornet nasal inférieur
A. Paroi latérale du complexe nasal, coupe sagittale
FIGURE 8.12 Complexe nasal
❯ De nombreux os du crâne orment le complexe nasal. A. Une coupe sagittale montre le côté droit du complexe nasal ; B. une coupe rontale de la tête d’un cadavre met en évidence le complexe nasal.
B. Coupe frontale
Selle turcique de l’os sphénoïde Sinus frontal
Sinus frontal Sinus ethmoïdaux
Sinus ethmoïdaux
Sinus sphénoïdal
Sinus sphénoïdal
Sinus maxillaire
Sinus maxillaire
A. Vue antérieure
B. Vue latérale
FIGURE 8.13 Sinus paranasaux
❯ Les sinus paranasaux sont des cavités remplies d’air creusées dans l’os rontal, l’os ethmoïde, l’os sphénoïde et les maxillaires. La présente fgure montre les vues A. antérieure et B. latérale
l’oreille moyenne sont trois os minuscules logés dans la partie pétreuse de chaque os temporal. Ces osselets, le malléus (marteau), l’incus (enclume) et le stapès (étrier), font l’objet d’une description détaillée dans la section 16.5.1.
des sinus paranasaux. Une muqueuse les tapisse et ils sont les prolongements de la cavité nasale.
L’os hyoïde est un os mince et courbé situé sous la tête entre la mandibule et le larynx FIGURE 8.14. Il ne s’articule avec aucun autre os du squelette. L’os hyoïde présente un corps central et deux paires de processus en forme de corne, à savoir les
Chapitre 8 Le système squelettique : les os 309
taille, un phénomène connu sous le nom de dimorphisme sexuel. Celui de la emme se caractérise généralement par une plus grande gracilité (des os plus délicats, plus petits), et celui de l’homme, par une plus grande robustesse (des os plus volumineux, solides et massis). Dans le TABLEAU 8.4 fgure un résumé des diérences générales liées au sexe concernant le squelette de la tête. Il aut touteois aire preuve de prudence lorsque le squelette de la tête ou d’autres ossements humains sont utilisés pour déterminer le sexe d’une personne. En eet, la taille, le degré de robustesse et les caractéristiques des squelettes peuvent diérer selon les populations. À titre d’exemple, les ossements d’un homme asiatique peuvent être moins robustes que ceux d’une emme amérindienne. De plus, il est souvent difcile ou même impossible de déterminer le sexe d’ossements de bébés ou d’adolescents, car le squelette de la tête présente des caractéristiques plus éminines qui peuvent persister même après la puberté.
Os hyoïde
Grande corne Petite corne Corps A. Vue antérieure
B. Vue latérale
FIGURE 8.14 Os hyoïde
❯ Les vues A. antérieure et B. latérale montrent que l’os hyoïde se situe au-dessous de la mandibule et qu’il n’est en contact direct avec aucun autre os.
La méthode la plus précise pour déterminer le sexe d’une personne consiste à examiner une variété de caractéristiques squelettiques et à retenir le sexe réunissant la majorité des caractéristiques présentes. À titre d’exemple, si le squelette de la tête présente deux caractéristiques typiquement éminines contre quatre typiquement masculines, il sera sans doute classé comme appartenant au sexe masculin.
À votre avis
grandes cornes et les petites cornes. Les cornes et le corps servent de points d’attache aux muscles et aux ligaments de la langue et du larynx.
2. Il est difcile de déterminer le sexe d’un jeune enant
par l’étude du squelette de la tête, car à ce stade du développement, les squelettes de la tête tant éminin que masculin ont une apparence plutôt éminine. Selon vous, quels acteurs sont à l’origine de la modifcation de ces caractéristiques chez l’homme une ois rendu à l’âge adulte ?
Vérifiez vos connaissances 9. Quel est le nom de chaque osselet de l’oreille moyenne
et dans quel os particulier les trouve-t-on ?
8.4
La détermination du sexe et de l’âge par l’analyse du squelette de la tête
Le squelette de la tête peut ournir des indices permettant l’estimation du sexe et de l’âge d’une personne. La présente section décrit certaines caractéristiques diagnostiques du squelette de la tête utilisées pour déterminer le sexe d’une personne. Elle compare également la manière dont le squelette de la tête évolue au cours de la vie, depuis la période œtale jusqu’à la vieillesse.
8.4.1
1
Les différences entre le squelette de la tête de l’homme et celui de la femme
Énumérer les diérences entre le squelette de la tête de l’homme et celui de la emme.
Chez l’humain, les squelettes de la tête masculin et éminin présentent des diérences évidentes quant à leur orme et à leur
Vérifiez vos connaissances 10. Quelles caractéristiques permettent de diérencier
les squelettes de la tête éminin et masculin ?
8.4.2
Le vieillissement du squelette de la tête
2
Comparer la structure du squelette de la tête du œtus, de l’enant et de l’adulte.
3
Énumérer les ontanelles et indiquer les âges de leur ermeture.
La orme et la structure des éléments du squelette de la tête dièrent entre l’enant et l’adulte, entraînant des variations quant à leurs proportions et à leur taille. La croissance du squelette de la tête la plus importante a lieu avant l’âge de cinq ans, de pair avec celle du cerveau. La croissance de la tête est alors plus rapide que celle du corps. Par conséquent, le squelette de la tête d’un jeune enant est relativement plus gros par rapport au reste du corps que celui d’un adulte. Vers l’âge de cinq ans, la croissance des os du crâne s’achève et les sutures crâniennes sont presque entièrement ormées.
310 Partie II Le soutien et les mouvements du corps TABLEAU 8.4
Différences entre le squelette de la tête de l’homme et celui de la femme
Vue Antérieure
Squelette de la tête féminin Bord supraorbitaire mince et tranchant
Squelette de la tête masculin Arcade sourcilière non proéminente
Bord supraorbitaire plus émoussé
Protubérance mentonnière plutôt triangulaire Latérale
Arcade sourcilière proéminente
Menton carré
Os frontal arrondi
Protubérance occipitale externe lisse Angle de la mandibule obtus
Os frontal incliné
Protubérance occipitale externe proéminente Angle de la mandibule évasé, moins obtus
Caractéristiques
Squelette de la tête féminin
Squelette de la tête masculin
Taille et apparence générales
Plus gracile (délicat et petit)
Plus robuste (gros et massif), reliefs musculaires proéminents
Lignes nuhales et protubérance occipitale externe
Face externe de l’os occipital relativement lisse, sans saillies osseuses importantes ; protubérance occipitale externe arrondie
Lignes nucales bien démarquées et protubérance occipitale externe proéminente formant une bosse ou un « crochet »
Processus mastoïde
Relativement petit
Gros et susceptible de faire saillie au-dessous du méat acoustique externe
Partie squameuse de l’os frontal
Généralement plus verticale et arrondie que celle du squelette de la tête masculin
En angle incliné
Bord supraorbitaire
Mince et tranchant
Épais, arrondi et émoussé
Arcades sourcilières
Petites ou sans proéminence
Proéminentes et massives
Mandibule (caractéristiques générales)
Petite et légère
Grosse, lourde et robuste
Protubérance mentonnière
Pointue et triangulaire, moins avancée
Carrée, plus avancée
Angle de la mandibule
Généralement supérieur à 125°
Généralement moins obtus et inférieur à 125° (près de 90°) ; évasement des bords de l’angle
Chapitre 8 Le système squelettique : les os 311
La FIGURE 8.15 montre le crâne d’un nouveau-né en vues latérale et supérieure. La taille des os du crâne du nouveau-né n’est pas encore susamment grande pour entourer complètement l’encéphale ; certains os du crâne sont donc reliés entre eux par des régions fexibles de tissu conjoncti dense régulier appelées fontanelles (fontis = source). Celles-ci sont parois désignées sous le nom de parties molles de la tête du bébé. Les ontanelles permettent une certaine fexion des lames osseuses du crâne pendant l’accouchement, acilitant ainsi le passage de la tête du bébé par la lière pelvigénitale (voir la section 29.6.3). Les nouveau-nés ont souvent une tête en orme de cône en raison de cette déormation temporaire, mais les os du crâne reprennent généralement leur position normale quelques jours après la naissance. Certaines ontanelles se erment rapidement après la naissance. C’est le cas des petites fontanelles mastoïdiennes, qui se trouvent à la jonction des os temporal, pariétal et occipital, et des ontanelles sphénoïdales, qui se trouvent dans la région des tempes. D’autres ontanelles cependant disparaissent bien des mois après la naissance, lorsque la croissance des os du crâne nit par suivre le rythme de celle de l’encéphale. Les ontanelles postérieure et antérieure – les deux plus grandes – en sont des exemples. La fontanelle postérieure se erme généralement vers l’âge de 9 mois, tandis que la fontanelle antérieure, plus large, ne se erme que vers l’âge de 15 mois. En vieillissant, le squelette de la tête subit bien d’autres changements. Le sinus maxillaire devient plus proéminent après l’âge de 5 ans, et à 10 ans, le sinus rontal est bien ormé. Plus tard, les sutures crâniennes commencent à se souder et à s’ossier. À mesure que la personne vieillit, ses dents commencent à s’user à orce d’utilisation, un processus appelé attrition dentaire. Enn, si une personne perd une partie ou la totalité de ses dents, les processus alvéolaires des maxillaires et de la mandibule régressent et nissent par disparaître.
Vérifiez vos connaissances 11. Quelles sont les deux fontanelles les plus grandes
et quand disparaissent-elles ?
Les os de la colonne vertébrale
8.5
La colonne vertébrale adulte compte 26 os, soit 24 vertèbres individuelles ainsi que les vertèbres soudées qui orment le sacrum et le coccyx. Chaque vertèbre, à l’exception de la première et de la dernière, s’articule avec une vertèbre supérieure et une vertèbre inérieure. Cette section présente les onctions générales et les régions de la colonne vertébrale. Elle dénit ensuite les courbures de la colonne, l’anatomie générale d’une vertèbre et les détails anatomiques des composantes des cinq régions de la colonne vertébrale.
Les types de vertèbres
8.5.1 1
Décrire les fonctions de la colonne vertébrale.
2
Énumérer les cinq types de vertèbres.
La colonne vertébrale sert d’appui vertical au corps et supporte le poids de la tête. Elle contribue au maintien de la position debout, mais plus encore, elle loge et protège la ragile moelle épinière.
Fontanelle antérieure
Os frontal
Os pariétal
Fontanelle sphénoïdale Fontanelle postérieure
Os sphénoïde
Os temporal
Os pariétal
Os occipital
Mandibule Os occipital
Fontanelle mastoïdienne A. Vue latérale
FIGURE 8.15 Squelette de la tête d’un nouveau-né
❯ Les vues A. latérale et B. supérieure montrent les os plats du crâne d’un nouveau-né séparés par des fontanelles. Ces fontanelles permettent la déformation du crâne pendant l’accouchement et la croissance de l’encéphale après la naissance.
Fontanelle postérieure B. Vue supérieure
312 Partie II Le soutien et les mouvements du corps
INTÉGRATION
La colonne vertébrale se divise en cinq sections ou régions
STRATÉGIES D’APPRENTISSAGE
Pour retenir le nombre de vertèbres présent dans chaque région de la colonne vertébrale, une référence aux heures de repas représente un bon moyen mnémotechnique. Ainsi, le petit-déjeuner peut se prendre à 7 h 00 le matin (7 vertèbres cervicales), le dîner peut se prendre à 12 h 00 (midi) (12 vertèbres thoraciques), le souper peut se prendre à 5 h 00 le soir (5 vertèbres lombaires).
Postérieur C1 2 3 4 5 6 7 T1
FIGURE 8.16. Les vertèbres sont désignées par une lettre majus-
cule indiquant la région dans laquelle elles sont situées, suivie d’un indice numérique indiquant leur ordre de la partie supérieure à la partie inérieure de la région concernée.
Antérieur
Arc postérieur de l’atlas (C1) 7 vertèbres cervicales (C1–C7)
Courbure cervicale
Vertèbre proéminente (C7)
3 5 6 7 8 9 10 11 12 L1 2 3 4
Processus transverse d’une vertèbre 12 vertèbres thoraciques (T1–T12)
Courbure thoracique
Corps d’une vertèbre
• Douze vertèbres thoraciques (désignées T1 à T12) orment la région supérieure du dos (région thoracique). Chaque vertèbre thoracique s’articule latéralement avec une ou deux paires de côtes. La douzième vertèbre thoracique (T12) s’articule vers le bas avec la première vertèbre lombaire (L1). • Cinq vertèbres lombaires (désignées L1 à L5) orment la région cambrée du bas du dos (région lombaire). La cinquième vertèbre lombaire (L5) s’articule vers le bas avec la première vertèbre sacrale (S1).
2 4
• Sept vertèbres cervicales (cervix = cou) (désignées C1 à C7) orment les os du cou (région cervicale). La première vertèbre cervicale (C1) s’articule vers le haut avec les condyles de l’os occipital du crâne. La septième vertèbre cervicale (C7) s’articule vers le bas avec la première vertèbre thoracique (T1).
Disque intervertébral Foramen intervertébral Processus épineux d’une vertèbre Courbure lombaire
5 vertèbres lombaires (L1–L5)
• Le sacrum se compose de cinq vertèbres sacrales, ou vertèbres sacrées, (désignées S 1 à S5) qui se soudent vers le milieu ou la n de la vingtaine pour ormer une seule structure osseuse. Le sacrum s’articule vers le haut avec la cinquième vertèbre lombaire (L5), vers le bas avec la première vertèbre coccygienne (Co 1) et latéralement avec les deux os coxaux (os des hanches). • Le coccyx, vestige de l’évolution des mammières, comprend quatre vertèbres coccygiennes (désignées Co1-Co4) qui commencent à se souder au cours de la puberté. La première vertèbre coccygienne (Co1) s’articule avec l’extrémité inérieure du sacrum. Il arrive, chez les personnes âgées, que le coccyx se soude au sacrum.
Vérifiez vos connaissances 12. Quelles vertèbres forment le creux du dos
5 S1 2 3 4 5
et combien y en a-t-il ? Sacrum (soudure des 5 vertèbres sacrales) (S1–S5)
Courbure sacrale
Coccyx (soudure des 4 vertèbres coccygiennes) (Co1–Co4) A. Vue antérieure
B. Vue latérale droite
FIGURE 8.16 Colonne vertébrale
❯ Les vues A. antérieure et B. latérale droite montrent
les types de vertèbres et de courbures de la colonne vertébrale.
8.5.2
Les courbures de la colonne vertébrale
3
Nommer les quatre courbures de la colonne vertébrale de l’adulte.
4
Expliquer l’ordre d’apparition des courbures.
La colonne vertébrale possède une certaine fexibilité, car elle n’est pas droite ni rigide. En vue latérale, la colonne vertébrale de l’adulte présente quatre courbures
Chapitre 8 Le système squelettique : les os 313
physiologiques, à savoir les courbures cervicale, thoracique, lombaire et sacrale. Ces courbures permettent une meilleure distribution du poids du corps sur les vertèbres en position debout que si la colonne était droite. Les courbures de la colonne vertébrale apparaissent selon un certain ordre au cours des stades de développement du fœtus, du nouveau-né et de l’enfant. Les courbures primaires sont les courbures thoracique et sacrale. Chez le nouveau-né, seules les courbures primaires sont présentes, et la colonne vertébrale est en forme de « C » FIGURE 8.17. Les courbures secondaires sont les courbures cervicale et lombaire qui apparaissent après la naissance. Ces courbures s’arquent vers l’intérieur et sont connues également sous le nom de courbures de compensation, car elles contribuent au transfert du poids du tronc vers les jambes. La courbure cervicale apparaît lorsque l’enfant commence à se tenir la tête droite sans soutien (habituellement vers l’âge de trois à quatre mois). La courbure lombaire apparaît lorsque l’enfant apprend à se tenir debout et à marcher (généralement vers l’âge de un an). Ces courbures s’accentuent à mesure que l’enfant marche avec de plus en plus d’assurance.
Vérifiez vos connaissances 13. Quelles sont les courbures secondaires et à quel
moment apparaissent-elles ? Quelle est leur fonction générale ?
INTÉGRATION APPLICATION CLINIQUE
Les anomalies de courbure de la colonne vertébrale DÉSÉQUILIBRE HOMÉOSTATIQUE
Il existe trois principales déviations anormales de la colonne vertébrale : la cyphose, la lordose et la scoliose. La cyphose est une courbure thoracique exagérée à convexité postérieure, donnant l’allure d’un bossu. Elle résulte souvent de l’ostéoporose, mais peut également être attribuable à une fracture vertébrale par tassement, à une ostéomalacie (affection entraînant une déminéralisation des os chez l’adulte), à une croissance vertébrale anormale ou à des contractions chroniques des muscles attachés aux vertèbres. La lordose est une courbure lombaire exagérée, appelée souvent dos creux, produisant une protrusion de l’abdomen et des fesses. La lordose peut avoir les mêmes causes que la cyphose ou être attribuable à un surplus de poids abdominal lié à la grossesse ou à l’obésité. La scoliose est l’anomalie de courbure la plus fréquente. Il s’agit d’une courbure latérale anormale qui se produit parfois au cours du développement, lorsque l’arc et le corps des vertèbres ne parviennent pas à se former ou ne se forment que partiellement sur l’un des côtés d’une vertèbre. Elle peut également être attribuable à une paralysie musculaire unilatérale ou à un spasme musculaire dans le dos. Il est possible de traiter les cas légers de scoliose à l’adolescence par le port d’un corset lombaire, tandis que les cas plus graves nécessitent une intervention chirurgicale.
Cyphose
8.5.3
FIGURE 8.17 Courbure vertébrale du nouveau-né
❯ La colonne vertébrale du bébé ne présente que les courbures primaires. Les courbures cervicale et lombaire se formeront plus tard.
Lordose
Scoliose
L’anatomie de la vertèbre
5
Indiquer les parties d’une vertèbre typique.
6
Comparer les différents types de vertèbres.
Les vertèbres présentent certaines caractéristiques structurales communes FIGURE 8.18. La région antérieure de chaque vertèbre
314 Partie II Le soutien et les mouvements du corps
se compose d’un corps vertébral, ou centrum, épais et cylindrique, qui est la partie de la vertèbre qui supporte le poids. Sur la ace postérieure du corps vertébral se trouve l’arc vertébral, appelé également arc neural. Ensemble, le corps et l’arc délimitent un orifce appelé foramen vertébral. L’empilement de tous les oramens vertébraux orme un canal vertébral, ou canal rachidien, orienté du haut vers le bas, qui contient la moelle épinière et les méninges qui la protègent. L’ouverture latérale entre deux vertèbres adjacentes se nomme foramen intervertébral. Les oramens intervertébraux orent une voie de passage horizontale aux ners spinaux (ners rachidiens), qui se dirigent vers diérentes parties du corps (voir la section 14.5). L’arc vertébral se compose de deux pédicules et de deux lames. Les pédicules (pes = pied) sont implantés sur les bords postérolatéraux du corps vertébral. Chaque lame (lamina = lame) s’implante sur le bord postérieur d’un pédicule. Les deux lames d’une vertèbre s’unissent sur le plan médian et contribuent ainsi à ormer le oramen vertébral. À partir de la jonction des lames gauche et droite, un processus épineux ait saillie vers l’arrière. Il est possible de sentir la plupart de ces processus épineux en palpant la peau le long du dos. Les saillies latérales de chaque côté de l’arc vertébral se nomment processus transverses. Ces derniers s’implantent à la rencontre des pédicules et des lames.
Processus épineux Processus transverse
Facette articulaire supérieure
FIGURE 8.18
Pédicule
Processus articulaire supérieur Foramen vertébral
Corps
Processus transverse
Corps
Facette articulaire supérieure Canal vertébral
L3 Disque intervertébral L4
Processus articulaire inférieur de L3 Processus articulaire supérieur de L4
Lame
Processus épineux
Processus articulaire inférieur de L4
B. Vue postérieure
L1 Foramen intervertébral Ligament longitudinal antérieur Disque intervertébral Corps
L2
L3
Processus articulaire supérieur de L1 Pédicule
Processus transverse Processus épineux Processus articulaire inférieur de L3
Facette articulaire inférieure C. Vue latérale Ligament jaune
Ligament longitudinal antérieur Anneau fibreux Disque intervertébral Noyau pulpeux
Anatomie générale de la vertèbre ❯ A. Vue supérieure d’une vertèbre thoracique ; B. vue postérieure de l’articulation entre deux vertèbres lombaires ; C. vue latérale de l’articulation entre des vertèbres lombaires ; D. coupe longitudinale de trois vertèbres montrant les ligaments et la structure des disques intervertébraux.
Arc vertébral
A. Vue supérieure
Chaque vertèbre présente des processus articulaires supérieurs et inférieurs issus de la jonction entre les pédicules et les lames. Chaque processus articulaire présente une surace lisse appelée facette articulaire. Ces facettes articulaires permettent l’articulation de deux vertèbres adjacentes. Ainsi, les processus articulaires inérieurs d’une vertèbre peuvent s’articuler avec les processus articulaires supérieurs de la vertèbre située immédiatement au-dessous (voir la fgure 8.18B). Des ligaments stabilisent et relient les corps vertébraux superposés (voir la fgure 8.18C et D). Le ligament longitudinal antérieur s’étend des vertèbres cervicales au sacrum et recouvre les aces antérieures et latérales des corps des vertèbres ainsi que les disques intervertébraux de açon partielle. Le ligament longitudinal postérieur s’étend lui aussi sur toute la hauteur de la colonne vertébrale, mais en position postérieure seulement. Les ligaments jaunes sont courts mais puissants. Ils relient les lames des vertèbres adjacentes. Les ligaments interépineux sont également courts et relient les vertèbres adjacentes par leurs processus épineux. Le ligament surépineux relie le sommet de chaque processus épineux des diérentes vertèbres. Enfn, les processus transverses des vertèbres thoraciques et lombaires sont reliés par les ligaments intertransversaires.
Lame
Ligament supraépineux
Ligament interépineux Processus épineux
D. Coupe longitudinale
Chapitre 8 Le système squelettique : les os 315
Des coussinets de fibrocartilage, appelés disques intervertébraux, s’insèrent entre deux corps vertébraux consécutifs. Les disques intervertébraux se composent d’un anneau externe de fibrocartilage, appelé anneau fibreux, et d’une région circulaire gélatineuse interne, appelée noyau pulpeux (voir l’Application clinique intitulée « La hernie discale »). Les disques intervertébraux représentent environ le quart de la longueur totale de la colonne vertébrale. Ils servent d’amortisseurs de choc entre les corps vertébraux et permettent également à la colonne vertébrale de se courber. À titre d’exemple, lorsque le torse se penche vers l’avant, les disques intervertébraux se compressent sur la face qui se courbe (antérieure) et sont poussés vers l’extérieur sur la face opposée (postérieure). Au cours de la journée, le poids du corps et la gravité agissent sur la colonne vertébrale ; les disques intervertébraux se compressent et s’aplatissent. Toutefois, lorsque le corps est allongé à l’horizontale pendant le sommeil, les disques intervertébraux parviennent à prendre de l’expansion et à reprendre leur forme originale, à la manière d’un ressort. En général, la taille des vertèbres situées près du crâne est plus petite. Elle augmente progressivement de haut en bas à mesure que s’accroît le poids du corps que doivent supporter les vertèbres. Bien que les vertèbres soient divisées par régions, il n’y a aucune ligne de démarcation nette entre ces régions sur le plan anatomique. À titre d’exemple, la dernière vertèbre cervicale présente certaines similitudes structurales avec la première vertèbre thoracique, car ces deux vertèbres sont adjacentes. De plus, la dernière vertèbre thoracique ressemble à la première vertèbre lombaire. Le TABLEAU 8.5 compare les caractéristiques des vertèbres cervicale, thoracique et lombaire et énumère les caractéristiques uniques de chaque groupe de vertèbres.
8.5.3.1 Les vertèbres cervicales Les vertèbres cervicales se situent à l’extrémité supérieure de la colonne vertébrale. Elles présentent typiquement un corps vertébral en forme de haricot et s’étendent depuis l’os occipital du crâne jusqu’au thorax. Comme les vertèbres cervicales ne supportent que le poids de la tête, leur corps vertébral est relativement petit et léger. La plupart des vertèbres cervicales se distinguent des autres vertèbres par la présence dans leurs processus transverses de foramens transversaires qui logent l’artère et la veine vertébrales (il arrive que la vertèbre C7 n’en ait pas). Le tableau 8.5 résume les principales caractéristiques d’une vertèbre cervicale typique (de C3 à C6) ; les autres vertèbres cervicales font l’objet d’une description ci-dessous.
INTÉGRATION APPLICATION CLINIQUE
La hernie discale DÉSÉQUILIBRE HOMÉOSTATIQUE
Une hernie discale se produit lorsque l’anneau breux d’un disque intervertébral se rompt et que le noyau pulpeux situé au centre ait saillie dans l’anneau ou le traverse. Cette saillie peut survenir à la suite d’un eort intense ou violent ou elle peut être causée par un aaiblissement des ligaments longitudinaux antérieurs et postérieurs de la colonne, qui recouvrent les corps vertébraux ainsi que les disques intervertébraux (voir la fgure 8.18). Une hernie produit une saillie du contenu du disque qui se ait généralement en direction du oramen vertébral, entraînant une compression de la moelle épinière ou des ners spinaux. Cette compression peut entraîner de la douleur, de l’insensiblité ou une perte de motricité selon la région touchée. Les disques intervertébraux cervicaux et lombaires sont les plus souvent touchés, car la colonne vertébrale présente une plus grande mobilité dans ces régions et la région lombaire supporte un poids accru. La hernie discale cervicale peut causer des douleurs dans la région cervicale et dans les membres supérieurs, tandis que la hernie discale lombaire provoque souvent des lombalgies et des douleurs dans les membres inérieurs. Les traitements possibles sont le repos pour avoriser la réparation naturelle des tissus, la prise d’anti-infammatoires non stéroïdiens comme l’ibuproène, la prise d’antiinfammatoires stéroïdiens et la physiothérapie. Les traitements chirurgicaux sont la microdiscectomie, une technique microchirurgicale qui consiste à enlever la portion herniée du disque, ou la discectomie, une technique plus eractive qui consiste à inciser les lames des vertèbres avoisinantes et des muscles du dos avant d’enlever les portions herniées du disque.
Anneau fibreux Noyau pulpeux Hernie discale Racine ventrale du nerf spinal droit normal
Compression de la racine ventrale du nerf spinal gauche
L’atlas (C1)
La première vertèbre cervicale, appelée atlas, soutient la tête grâce à son articulation avec les condyles de l’os occipital FIGURE 8.19A. Cette vertèbre tire son nom du personnage de la mythologie grecque Atlas, qui portait le monde sur ses épaules. L’articulation entre les condyles de l’os occipital et l’atlas, appelée articulation atlanto-occipitale, permet de faire « oui » de la tête. Il est facile de distinguer l’atlas des autres vertèbres, car il ne possède ni corps vertébral ni processus épineux. L’atlas présente plutôt des masses latérales reliées par les arcs antérieur et postérieur
Vue supérieure d’une hernie discale
316 Partie II Le soutien et les mouvements du corps TABLEAU 8.5
Caractéristiques anatomiques des vertèbres cervicale, thoracique et lombaire
Vue
A. Vertèbre cervicale
B. Vertèbre thoracique
Supérieure Processus transverse
Corps
Facette articulaire supérieure
Corps
Foramen transversaire
Processus épineux bifide
Latérale
Facette articulaire supérieure
Facette costale Processus transverse
Processus épineux
Facette articulaire supérieure
Facette articulaire supérieure
Foramen transversaire
Facette costale
Facette costale
Corps Demi-facette costale
Corps
Processus épineux
Processus épineux Facette articulaire inférieure Facette articulaire inférieure
Caractéristiques
Vertèbre cervicale
Vertèbre thoracique
Taille relative
Petite
Moyenne (plus grosse que la cervicale)
Forme du corps
En orme de haricot
En orme de cœur
Facettes costales pour les côtes
Absentes
Présentes sur le corps vertébral et les processus transverses
Foramens transversaires
Présents (sau parois dans le cas de la vertèbre C7)
Aucun
Processus épineux
Mince ; vertèbres C2 à C6 souvent bifdes (note : la vertèbre C1 n’a aucun processus épineux)
Long ; en saillie vers le bas pour la plupart des vertèbres thoraciques
Processus transverses
Petits (contiennent les oramens transversaires)
De taille moyenne
semi-circulaires, comportant chacun une légère protubérance, à savoir les tubercules antérieur et postérieur. L’atlas présente des facettes articulaires supérieures et inférieures ovales et concaves qui s’articulent avec les condyles de l’os occipital et l’axis (C2), respectivement. Enfn, l’atlas possède sur son arc antérieur une facette articulaire pour la dent de l’axis, tel que décrit ci-dessous.
L’axis ( C2) La plus grande particularité de la deuxième vertèbre cervicale appelée axis (voir la fgure 8.19B) est sa dent, ou processus odontoïde (odontos = dent, eidos = semblable). Cette dent proéminente s’articule avec l’arc antérieur de l’atlas pour ormer
INTÉGRATION LIENS ENTRE LES CONCEPTS Pour assurer le bon onctionnement du système nerveux, il est essentiel d’avoir des vertèbres normales et en bon état. S’il se orme des hernies discales, ces dernières peuvent comprimer la moelle épinière ou des ners spinaux et causer de la douleur, des engourdissements, des pertes de sensibilité ou de motricité. De la même açon, des courbures anormales et importantes de la colonne peuvent comprimer la moelle épinière. Enfn, une malormation des oramens intervertébraux peut exercer une compression sur un ou plusieurs ners spinaux qui émergent de la colonne (voir la section 14.5), entraînant de la douleur dans la région correspondante.
Chapitre 8 Le système squelettique : les os 317
palpation de la colonne entre les scapulas (omoplates) et la base du cou. En raison de sa orme caractéristique, elle porte également le nom de vertèbre proéminente.
C. Vertèbre lombaire
8.5.3.2 Les vertèbres thoraciques Corps
Facette articulaire supérieure
Processus transverse
Processus épineux Processus transverse
Processus articulaire supérieur Corps Processus épineux
Facette articulaire inférieure
Vertèbre lombaire La plus volumineuse Volumineux, ovale ou rond Absentes Aucun
La colonne vertébrale compte 12 vertèbres thoraciques, et chacune s’articule avec les côtes (voir le tableau 8.5). La vertèbre thoracique typique présente un corps en orme de cœur et se distingue des autres types de vertèbres par la présence de facettes costales ou de demi-facettes costales supérieure ou inérieure, qui sont situées de chaque côté du corps vertébral ainsi que sur les processus transverses. Les acettes ou demi-acettes costales qui se trouvent sur le corps des vertèbres s’articulent avec la tête des côtes (voir la fgure 8.22). La vertèbre T1 comporte une acette costale qui s’articule avec la tête de la 1re côte, ainsi qu’une demi-acette inérieure qui s’articule avec la tête de la 2e côte. Les vertèbres T2 à T9 comportent uniquement des demi-acettes supérieures et inérieures parce qu’à ce niveau chaque côte s’articule avec deux vertèbres. Par exemple, la tête de la 9e côte s’articule avec la demi-acette inérieure de la vertèbre T8 et avec la demi-acette supérieure de la vertèbre T9 (voir la fgure 8.22C). La vertèbre T10 ne porte qu’une demi-acette supérieure de chaque côté pour permettre l’articulation de la 10e côte, qui s’articule également avec la demi-acette inérieure de la vertèbre T9. Les vertèbres T11 et T12 portent des acettes costales qui s’articulent avec la tête des 11e et 12e côtes respectivement (voir la fgure 8.21). Quant aux acettes costales situées sur les processus transverses des vertèbres, chacune s’articule avec le tubercule de la côte correspondante. Par exemple, la acette costale du processus transverse de la vertèbre T6 s’articule avec le tubercule de la 6e côte (voir la fgure 8.22B). Cette particularité ne s’applique touteois pas à l’ensemble des vertèbres thoraciques. Les vertèbres T1 à T10 présentent des acettes costales sur leurs processus transverses, tandis que les vertèbres T11 et T12 n’en ont pas puisque les 11e et 12e côtes sont dénuées de tubercules permettant leur articulation avec les processus transverses.
Court (épais et émoussé) ; en saillie vers l’arrière
8.5.3.3 Les vertèbres lombaires Gros, épais et émoussés
l’articulation atlantoaxoïdienne. La dent sert de pivot pour la rotation latérale de l’atlas et de la tête. Cette articulation atlantoaxoïdienne permet de aire « non » de la tête (voir la fgure 8.19C).
La vertèbre proéminente (C7) La septième vertèbre cervicale représente la transition entre les régions cervicale et thoracique (voir la fgure 8.16). Le processus épineux de la vertèbre C7 et de toutes les vertèbres thoraciques n’est pas bifde (ourchu). Touteois, le processus épineux de la vertèbre C7 est beaucoup plus long que celui des autres vertèbres cervicales. La vertèbre C7 peut acilement être repérée à la
Les vertèbres lombaires sont les plus volumineuses. Le corps de la vertèbre lombaire typique est plus épais que celui de toutes les autres vertèbres et sa orme est ovale (voir le tableau 8.5). La vertèbre lombaire se distingue par l’absence de certaines caractéristiques : elles ne comportent ni oramens transversaires ni acettes costales. Les vertèbres lombaires supportent pratiquement tout le poids du corps. Les processus épineux épais ournissent une grande surace servant de points d’attache aux muscles du bas du dos qui viennent renorcer ou ajuster la courbure lombaire.
À votre avis 3. Vous devez identifer une vertèbre. Elle possède des
oramens transversaires et un processus épineux bifde. S’agit-il d’une vertèbre cervicale, thoracique ou lombaire ?
318 Partie II Le soutien et les mouvements du corps
FIGURE 8.19
Arc antérieur
Vertèbres cervicales C1 et C2
Tubercule antérieur
Facette articulaire supérieure Processus transverse Foramen transversaire Masses latérales
❯ L’atlas (C1) et l’axis (C2) sont différents sur le plan structural par rapport à la vertèbre cervicale typique. A. Une vue supérieure de l’atlas montre que cette vertèbre n’a pas de corps vertébral ni de processus épineux. B. Une vue postérosupérieure de l’axis met en évidence la dent. C. L’articulation de l’atlas et de l’axis, appelée articulation atlantoaxoïdienne, permet une rotation partielle de l’atlas.
Tubercule postérieur Arc postérieur A. Atlas (C1), vue supérieure Antérieur Dent
Facette articulaire supérieure Corps
Foramen transversaire Processus transverse Pédicule
Axe de rotation Atlas (vertèbre C1)
Facette articulaire pour la dent Dent
Lame Ligament transverse Processus épineux (bifide)
Axis (vertèbre C2)
Postérieur B. Axis (C2), vue postérosupérieure
8.5.3.4 Le sacrum Le sacrum est un os quelque peu triangulaire et concave sur sa face antérieure, qui constitue la partie postérieure de la cavité pelvienne FIGURE 8.20. L’apex du sacrum est la partie inférieure, étroite et pointue de l’os, tandis que la face supérieure plus large forme la base. La courbure sacrale latérale est plus prononcée chez l’homme que chez la femme. Le sacrum se compose de cinq vertèbres sacrales soudées. Ces vertèbres commencent à se souder peu après la puberté et le sont complètement normalement vers l’âge de 20 à 30 ans. Les lignes horizontales qui résultent de cette soudure se nomment lignes transverses. Dans la partie supérieure, le sacrum s’articule avec la vertèbre L5 au moyen d’une paire de processus articulaires supérieurs. Le canal vertébral devient beaucoup plus étroit et traverse le sacrum sur sa face postérieure ; il porte alors le nom de canal sacral. Le canal sacral se termine par une ouverture inférieure appelée hiatus sacral (hiatus = ouverture). De chaque côté du hiatus sacral se trouvent des saillies osseuses appelées cornes sacrales.
C. Atlas et axis, vue postérosupérieure
Le bord antérosupérieur de la première vertèbre sacrale fait saillie vers l’avant dans la cavité pelvienne et porte le nom de promontoire sacral. Quatre lignes transverses traversent la face antérieure du sacrum, marquant les lignes de soudure des vertèbres sacrales. Les paires de foramens sacraux antérieurs et postérieurs permettent le passage des nerfs vers les organes de la cavité pelvienne et de la région fessière, respectivement. Une crête dorsale, appelée crête sacrale médiane, est formée par la soudure des processus épineux de chaque vertèbre sacrale. Sur chaque surface latérale du sacrum se trouve l’aile du sacrum. Sur la face latérale de chaque aile se trouve une surface auriculaire, qui permet l’articulation avec l’ilium de l’os coxal de la ceinture pelvienne, formant ainsi l’articulation sacro-iliaque puissante et stable.
8.5.3.5 Le coccyx Quatre petites vertèbres coccygiennes, vestiges de l’évolution des mammifères, se soudent pour former le coccyx. Ces vertèbres commencent à se souder vers l’âge de 25 ans. Le coccyx sert de point d’attache à plusieurs ligaments et à quelques muscles. Les
Chapitre 8 Le système squelettique : les os 319
FIGURE 8.20 Base du sacrum Processus articulaire supérieur
Aile
Promontoire S1
Sacrum et coccyx
❯ Le sacrum est formé par la soudure des cinq vertèbres sacrales et le coccyx par la soudure des quatre vertèbres coccygiennes. A. La vue antérieure permet de bien voir le promontoire du sacrum. B. La vue postérieure montre la crête sacrale médiane et le hiatus sacral.
S2 Foramens sacraux antérieurs S3 Lignes transverses S4 S5 Apex
Coccyx Co1 Co2 Co3 Co4
A. Sacrum et coccyx, vue antérieure Canal sacral Facette articulaire supérieure
Crête sacrale médiane
Surface auriculaire Foramens sacraux postérieurs
Hiatus sacral Corne sacrale Corne coccygienne Coccyx B. Sacrum et coccyx, vue postérieure
deux premières vertèbres coccygiennes présentent des arcs vertébraux et des processus transverses. Les lames proéminentes de la première vertèbre coccygienne se nomment cornes coccygiennes. Elles sont courbées vers les cornes sacrales. Chez l’homme, le coccyx fait généralement saillie vers l’avant, tandis que, chez la femme, il fait saillie davantage vers le bas, ce qui facilite le passage du bébé à l’accouchement. Chez les personnes très âgées, le coccyx peut se souder au sacrum.
Vérifiez vos connaissances 14. Comparez l’emplacement et les fonctions des fora-
mens transversaires, des foramens intervertébraux et du foramen vertébral. 15. En quoi l’atlas et l’axis se distinguent-ils des autres
vertèbres cervicales ?
320 Partie II Le soutien et les mouvements du corps
8.6
Les os de la cage thoracique
INTÉGRATION APPLICATION CLINIQUE
Le foramen sternal Environ 5 % des adultes présentent un foramen sternal en position médiane dans la partie inérieure du corps du sternum (Yekeler, Tunaci & Tunaci, 2006). Le diamètre moyen des oramens sternaux est de 6,5 mm, mais certains peuvent atteindre 16 mm. Le oramen sternal résulte de la soudure incomplète des centres d’ossication gauche et droit du corps sternal. La prise en considération de la présence possible des oramens sternaux revêt une importance clinique particulièrement au cours de prélèvements de moelle osseuse rouge Foramen en vue d’une gree. Si le prélève- sternal ment se ait à proximité d’un oramen sternal, il existe un risque d’infiger des dommages au cœur (qui se trouve juste en dessous).
La charpente osseuse du thorax se nomme cage thoracique et comprend les vertèbres thoraciques sur la ace postérieure, les côtes de chaque côté et le sternum sur la ace antérieure FIGURE 8.21. La cage thoracique constitue une enceinte de protection autour des organes de la cavité thoracique et de certains organes de la cavité abdominale. Elle sert également de point d’attache à nombreux muscles.
8.6.1 1
Le sternum
Indiquer les trois principales composantes du sternum et leurs caractéristiques.
Le sternum (sternon = poitrine) est un os plat qui orme la ligne médiane antérieure de la paroi thoracique. Sa orme rappelle celle d’une épée. Le sternum comporte trois parties : le manubrium, le corps et le processus xiphoïde. Le manubrium sternal (manubrium = poignée) est la partie supérieure et la plus large du sternum (la « poignée » de l’épée osseuse). Deux incisures claviculaires permettent au sternum de s’articuler avec les clavicules gauche et droite. L’incisure supérieure peu proonde située entre les incisures claviculaires se nomme incisure jugulaire (ou ourchette sternale). Des incisures costales permettent l’articulation avec les cartilages costaux des premières côtes. Le corps sternal est la partie la plus longue du sternum et orme l’essentiel de l’os (la « lame » de l’épée osseuse). Chaque cartilage costal des côtes 2 à 7 est fxé au corps du sternum par l’intermédiaire des incisures costales articulaires dentelées. L’articulation du corps et du manubrium orme l’angle sternal, aussi appelé angle de Louis, une crête horizontale palpable sous la peau. L’angle sternal est un important repère anatomique en ce sens que les cartilages costaux des deuxièmes côtes se fxent à cet endroit ; il peut donc servir à dénombrer les côtes. Le processus xiphoïde (xiphos = épée) représente la « pointe » de l’épée. L’ossifcation de cette petite saillie cartilagineuse pointant vers le bas se poursuit souvent jusque dans la quarantaine. Au cours des manœuvres de réanimation cardiorespiratoire, il est important de ne pas appliquer de pression sur le processus xyphoïde pour éviter une racture et son enoncement
Manubrium Incisure jugulaire Incisure claviculaire
1
Incisure costale 2
Angle sternal 3
Vraies côtes (1–7)
Sternum Corps
4
Incisure costale
5 6
Processus xiphoïde
7
11
8
Fausses côtes (8–12)
T12 12
9 10 11
Cartilages costaux
L1
Côtes flottantes (11–12)
FIGURE 8.21 Cage thoracique
❯ La cage thoracique comprend les vertèbres thoraciques, les côtes et le sternum. Elle entoure et protège les organes de la cavité thoracique et certains organes de la cavité abdominale.
Chapitre 8 Le système squelettique : les os 321
dans les tissus sous-jacents. C’est pour cette raison qu’il est recommandé que la pression soit exercée quelques centimètres au-dessus de la jonction des côtes, soit sur le corps du sternum.
Vérifiez vos connaissances 16. Quelles structures du sternum forment l’angle
du sternum et quelle est l’importance de cet angle sur le plan clinique ?
8.6.2
Les côtes
2
Décrire les caractéristiques communes à toutes les côtes.
3
Énumérer les différences entre les vraies côtes et les fausses côtes.
Les côtes sont des os aplatis, courbés et allongés qui prennent naissance sur les vertèbres thoraciques ou entre celles-ci et qui se terminent sur la ace antérieure du thorax (voir la fgure 8.22A). La cage thoracique compte 12 paires de côtes tant chez l’homme
que chez la emme. Les côtes 1 à 7 se nomment vraies côtes. Elles sont reliées individuellement au sternum par des prolongements cartilagineux distincts appelés cartilages costaux (costa = côte) (voir la fgure 8.21). La première vraie côte est la plus petite. Les côtes 8 à 12 se nomment ausses côtes, car leurs cartilages costaux ne se fxent pas directement au sternum. En eet, les cartilages costaux des côtes 8 à 10 se soudent au cartilage costal de la septième côte. Ces côtes s’articulent donc indirectement avec le sternum. Les deux dernières paires de ausses côtes (11e et 12e côtes) se nomment côtes fottantes, car elles ne s’attachent d’aucune açon au sternum. L’extrémité vertébrale d’une côte typique s’articule avec la colonne vertébrale par la tête de la côte FIGURE 8.22. La surace articulaire de la tête se divise en deux suraces articulaires supérieure et inérieure séparées par une crête interarticulaire. Ces suraces s’articulent avec les acettes ou les demi-acettes situées sur le corps des vertèbres thoraciques. Le col de la côte s’étend entre la tête et le tubercule. Le tubercule de la côte présente une surace articulaire pour la acette costale du processus transverse de la vertèbre thoracique appelée surace articulaire du tubercule de la côte. La fgure 8.22B, C et D illustre la açon dont la plupart des côtes s’articulent avec les vertèbres thoraciques.
Tête Col Crête interarticulaire Tubercule Surfaces articulaires Angle Supérieure pour les corps Inférieure vertébraux Surface articulaire du tubercule de la côte Point d’attache au cartilage costal
Sillon costal
Facette costale pour la 6e côte
Facette costale Demifacette costale pour la 6e côte
T6
6e côte
Corps A. Côte
Demi-facette costale inférieure de la vertèbre T8 (sous la côte)
Tubercule Col Tête
B. Vue supérieure Processus transverse de la vertèbre
Tête T8
Col Demi-facette T costale 9 Angle supérieure de Tubercule la vertèbre T9 de la côte T10 te (sous la côte) s’articulant e cô 9 avec le processus a l de transverse de la rps Co vertèbre
Facette articulaire supérieure Demi-facette costale supérieure
Facette costale
Processus épineux
Demi-facette costale inférieure C. Vue latérale gauche
D. Vue latérale droite
FIGURE 8.22 Anatomie des côtes et leur articulation avec les vertèbres thoraciques ❯ Les paires de côtes s’attachent aux vertèbres thoraciques sur la face postérieure et s’étendent en direction antéro-inférieure
jusqu’à la paroi thoracique antérieure. A. Caractéristiques des côtes 2 à 10. Les vues B. supérieure, C. latérale gauche et D. latérale droite montrent l’articulation d’une côte avec deux vertèbres consécutives.
322 Partie II Le soutien et les mouvements du corps
L’angle (ou bord) de la côte indique l’endroit où le corps tubulaire commence à courber vers l’avant en direction du sternum. Un sillon costal proéminent le long de son bord interne inérieur marque le passage des ners et des vaisseaux sanguins vers la paroi thoracique.
Vérifiez vos connaissances 17. À quels endroits précis la tête et le tubercule de
la côte s’articulent-ils ?
INTÉGRATION APPLICATION CLINIQUE
Les variations liées au développement des côtes Chez environ 2 % de la population, il existe une variation relative soit au nombre de côtes, soit à leur structure (Wattanasirichaigoon, Prasad, Schneider et al., 2003). Certaines personnes présentent parois des côtes supplémentaires à la hauteur de la septième vertèbre cervicale (C7) ou de la première vertèbre lombaire (L1). Une côte supplémentaire dérive de l’allongement d’un processus transverse vertébral. La présence d’une côte supplémentaire peut ne provoquer aucun symptôme, mais advenant par exemple la compression de l’artère et des ners d’une côte cervicale qui desservent un membre supérieur, des picotements ou de la douleur risquent de se maniester dans le membre concerné. Chez d’autres personnes, certaines côtes sont manquantes (p. ex., les douzièmes côtes). Les variations costales liées à la structure se maniestent la plupart du temps par des anomalies comme la usion de côtes (synostose) ou la bifdité. Une côte bifde se divise en deux parties distinctes lorsqu’elle atteint le sternum. Ces variations peuvent être dues à un gène déectueux ou être associées à d’autres anomalies congénitales occasionnant d’autres malormations (Wattanasirichaigoon et al., 2003).
Partie 2 Le squelette
appendiculaire
8.7
Comparaison entre les membres supérieurs et inférieurs
1
Désigner les caractéristiques squelettiques communes aux membres supérieurs et inérieurs.
2
Décrire les raisons onctionnelles qui expliquent les diérences entre le squelette des membres supérieurs et celui des membres inérieurs.
se ressemblent en ce sens qu’ils sont conçus pour déplacer l’animal et supporter son poids corporel. L’évolution a ait en sorte que l’humain est un bipède chez qui seuls les membres inérieurs supportent le poids du corps et permettent la marche et la course. Ses membres supérieurs ainsi libérés peuvent accomplir d’autres activités, comme saisir des objets et manipuler des outils. Le squelette des membres supérieurs et inérieurs présente certaines caractéristiques communes ondées sur cette histoire évolutive et certaines diérences liées aux onctions de chaque membre. La FIGURE 8.23 résume les similitudes. Une « ceinture » osseuse soutient la partie proximale des membres supérieurs et inérieurs ; la ceinture scapulaire (composée des clavicules et scapulas) maintient les membres supérieurs en place, tandis que la ceinture pelvienne (constituée des deux os coxaux) s’articule avec les membres inérieurs. La partie proximale de chaque membre possède un os de grande taille : l’humérus dans le membre supérieur et le émur dans le membre inérieur. La partie distale des membres supérieurs (avant-bras) et inérieurs (jambes) contient deux os ; ces os peuvent pivoter légèrement l’un sur l’autre. Le poignet et le pied proximal contiennent de multiples os (os du carpe et os du tarse, respectivement) qui permettent une amplitude des mouvements. Enfn, le pied et la main sont très similaires, car les deux sont ormés de cinq os allongés : les métacarpiens dans la paume de la main et les métatarsiens dans l’arche du pied. De plus, la main et le pied comptent chacun un total de 14 phalanges (os des doigts ou des orteils). Les diérences structurales entre le squelette des membres supérieurs et celui des membres inérieurs découlent de diérences sur le plan onctionnel. La compréhension de ces diérences générales entre les membres supérieurs et inérieurs acilitera l’étude de leurs os particuliers. Comme les membres inérieurs supportent le poids du corps et servent à la locomotion, la mobilité de certaines articulations précises a été sacrifée au proft d’une meilleure stabilité. Les membres supérieurs ne supportent pas le poids corporel, de sorte que les os des bras et des avant-bras sont relativement plus petits et légers que les os correspondants des membres inérieurs. De plus, la mobilité articulaire des membres supérieurs est relativement plus importante que celle des parties correspondantes dans les membres inérieurs. Les membres supérieurs peuvent être utilisés pour accomplir toute une gamme d’activités. Cependant, l’ampleur de la mobilité d’une articulation s’exerce aux dépens de sa stabilité, et c’est la raison pour laquelle certaines articulations des membres supérieurs (comme celle de l’épaule) subissent plus souvent des blessures.
Vérifiez vos connaissances 18. Quelles sont les diérences entre les membres
L’humain descend des quadrupèdes, qui sont des animaux se déplaçant sur quatre pattes. Les quatre membres des quadrupèdes
supérieurs et les membres inérieurs sur le plan onctionnel ?
Chapitre 8 Le système squelettique : les os 323
8.8
La ceinture scapulaire et ses fonctions
La ceinture scapulaire (scapula = épaule) s’articule avec le squelette axial et soutient les membres supérieurs. La ceinture scapulaire comprend les clavicules et les scapulas.
8.8.1 1
La clavicule
Situer la clavicule et énumérer ses repères anatomiques.
La clavicule (clavicula = petite clé) est un os allongé en forme de « S » qui est convexe vers l’avant dans sa partie la plus médiale FIGURE 8.24. Son extrémité sternale (extrémité médiale) a une forme plus ou moins pyramidale et s’articule avec le manubrium du sternum, formant l’articulation sternoclaviculaire. L’extrémité acromiale (extrémité latérale) de la clavicule est large et aplatie. Elle s’articule avec l’acromion de la scapula, formant l’articulation acromioclaviculaire. La clavicule peut être localisée par la palpation de la partie supérieure du sternum, suivie du déplacement de la main latéralement. L’os courbe repéré sous la peau près de l’encolure est la clavicule. La face supérieure de la clavicule est relativement lisse, alors que la face inférieure est marquée de sillons et d’empreintes servant de points d’attache aux muscles. Sur la face inférieure, près de l’extrémité acromiale, se trouve une tubérosité rugueuse appelée tubercule conoïde (conus = cône, eidos = semblable) qui sert de point d’attache à un ligament reliant la clavicule à la scapula. La proéminence située sur la partie inférieure de l’extrémité sternale de la clavicule se nomme empreinte du ligament costoclaviculaire (parfois nommée tubercule costal). Elle sert de point d’attache au ligament costoclaviculaire qui relie la première côte à la clavicule.
proéminente palpable sur le dessus de l’épaule. Il s’articule avec l’extrémité acromiale de la clavicule. Le processus coracoïde de la scapula est une petite saillie antérieure qui sert de point d’attache à certains muscles. Les trois côtés ou bords de la scapula lui donnent sa forme triangulaire. Le bord supérieur est le côté horizontal de la scapula situé au-dessus de l’épine, le bord médial (appelé aussi bord vertébral) est le côté de la scapula le plus près des vertèbres et le bord latéral (appelé aussi bord axillaire) est le côté le plus près du creux axillaire (aisselle). Une incisure suprascapulaire, aussi appelée échancrure coracoïdienne, prend parfois la forme d’un foramen chez certaines personnes. Elle est creusée dans le bord supérieur et livre passage au nerf et aux vaisseaux sanguins suprascapulaires. Entre ces bords se trouvent les angles supérieur, inférieur et latéral. L’angle supérieur se situe entre les bords supérieur et médial, et l’angle inférieur se situe entre les bords médial et latéral. L’angle latéral se compose essentiellement de la cavité glénoïdale (glênê = cavité, eidos = semblable), ou fosse glénoïdale, peu profonde et en forme de coupelle, qui s’articule avec l’humérus, l’os du bras. La face antérieure large et relativement lisse de la scapula se nomme fosse subscapulaire (sub = sous). Un muscle volumineux appelé muscle subscapulaire recouvre cette fosse. L’épine divise la face postérieure de la scapula en deux fosses peu profondes. La dépression située au-dessus de l’épine se nomme fosse supraépineuse (supra = au-dessus) et la dépression plus grande et étendue située au-dessous de l’épine est la fosse infraépineuse. Les muscles supraépineux et infraépineux sont respectivement situés dans ces deux fosses (voir la section 11.8.1).
Vérifiez vos connaissances 20. Quelles sont les fosses situées sur la scapula et que
trouve-t-on dans chacune d’elles ?
Vérifiez vos connaissances 19. Comment peut-on différencier l’extrémité sternale de
l’extrémité acromiale de la clavicule ?
8.8.2 2
La scapula
Décrire les repères anatomiques et les caractéristiques de la scapula.
La scapula, aussi appelée omoplate, est un os plat, large et triangulaire FIGURE 8.25. Il est possible de la palper en plaçant une main sur la partie supérieure latérale du dos et en bougeant le bras ; l’os qui bouge est la scapula. L’épine de la scapula est une crête osseuse située sur sa face postérieure. Elle est facilement décelable sous la peau. Cette épine s’étend jusqu’à un processus plus gros appelé acromion (akros = extrémité, ômos = épaule), qui forme la pointe osseuse de l’épaule. L’acromion est la bosse
8.9
Les os des membres supérieurs
Le membre supérieur comprend le bras, l’avant-bras et la main. La structure complexe de la main confère à l’humain des capacités plus nombreuses par rapport à celles de la plupart des autres vertébrés. Chaque membre supérieur compte en tout 30 os : • 1 humérus situé dans le bras ; • 1 radius et 1 ulna qui forment l’avant-bras ; • 8 os du carpe qui forment le poignet ; • 5 métacarpiens qui forment la paume de la main ; • 14 phalanges qui forment les doigts.
INTÉGRATION
ILLUSTRATION DES CONCEPTS
A. Partie proximale du membre
FIGURE 8.23 Similitudes entre le squelette des membres supérieurs et celui des membres inférieurs ❯ A. La partie proximale de chaque membre possède une ceinture qui maintient le membre en place. B. La partie distale de chaque membre présente deux os longs, suivis de multiples os courts, puis de nombreux os longs dans la main et le pied.
Une « ceinture » maintient chaque membre en place. Chaque ceinture osseuse présente une cavité articulaire arrondie dans laquelle s’insère la tête de la partie proximale de chaque membre.
La partie proximale du membre contient un seul os présentant une tête arrondie. Les têtes arrondies de l’humérus et du fémur s’insèrent dans leur ceinture respective et permettent une grande amplitude articulaire des mouvements de l’épaule et de la hanche.
Ceinture scapulaire composée des clavicules et des scapulas gauches et droites Membre supérieur
Tête
Humérus
Fémur Corps
Membre supérieur
Membre inférieur
Ceinture pelvienne composée des os coxaux gauche et droit Membre inférieur
La partie distale de chaque membre comprend deux os unis par une membrane interosseuse. La membrane interosseuse maintient ces os à une distance fixe l’un de l’autre et leur permet de pivoter l’un sur l’autre. (Remarque : le pivotement est beaucoup plus limité dans le cas du membre inférieur.)
Membrane interosseuse Ulna
Tibia
Radius
Fibula
Les processus styloïdes du radius et de l’ulna sont similaires sur le plan structural aux malléoles du tibia et de la fibula.
Processus styloïde
Malléole latérale
Membre supérieur
Malléole médiale Membre inférieur
B. Partie distale du membre
Les mains et les pieds présentent des structures osseuses similaires. La main et le pied comptent 5 métacarpiens ou 5 métatarsiens respectivement, et 14 phalanges. Il est à noter que parmi les doigts et les orteils, le pouce et l’hallux (gros orteil) sont les plus robustes même s’ils ne comptent que 2 phalanges.
Phalanges des doigts Phalanges des doigts Métatarsiens I II III IV
V
II III
IV
V
Métacarpiens
I
Os du carpe Os du tarse
Membre supérieur
Membre inférieur
Les multiples os du carpe et du tarse permettent une grande amplitude articulaire des mouvements du poignet et de la cheville.
326 Partie II Le soutien et les mouvements du corps
Acromion Postérieur
Extrémité acromiale
Latéral
Extrémité acromiale
Processus Cavité coracoïde glénoïdale
Extrémité sternale
Extrémité sternale
Médial
Clavicule
Antérieur
A. Clavicule droite, vue supérieure Fosse subscapulaire Tubercule conoïde Scapula Postérieur Extrémité acromiale
Latéral
Médial
Antérieur
Empreinte du ligament costoclaviculaire Extrémité sternale
C. Scapula et articulation de la clavicule droite, vue antérieure
B. Clavicule droite, vue inférieure
FIGURE 8.24 Clavicule
❯ La clavicule en forme de « S » représente le seul lien direct entre la ceinture scapulaire et le squelette axial. Les vues A. supérieure et B. inférieure montrent la clavicule droite. C. La vue antérieure expose l’articulation entre les clavicule et scapula droites.
Acromion
Processus coracoïde Acromion Incisure suprascapulaire
Processus coracoïde Incisure suprascapulaire Bord supérieur Angle supérieur
Bord supérieur Angle supérieur Fosse supraépineuse
Angle latéral
Angle latéral
Épine Cavité glénoïdale
Cavité glénoïdale
Fosse subscapulaire Fosse infraépineuse
Bord médial Bord latéral
Bord latéral
Bord médial
Angle inférieur
Angle inférieur
A. Scapula droite, vue antérieure
B. Scapula droite, vue postérieure
FIGURE 8.25 Scapula
❯ Vues A. antérieure et B. postérieure de la scapula droite connue également sous le nom d’omoplate.
Chapitre 8 Le système squelettique : les os 327
8.9.1
L’humérus
1
Décrire les articulations de l’humérus.
2
Énumérer les repères anatomiques de l’humérus.
L’humérus est l’os du membre supérieur le plus long et le plus volumineux FIGURE 8.26. Son extrémité proximale présente une tête hémisphérique qui s’articule avec la cavité glénoïdale de la scapula. Le tubercule majeur proéminent est en position latérale par rapport à la tête de l’humérus et contribue à former le contour arrondi de l’épaule. Le tubercule mineur est plus petit et est en position plus médiale par rapport à la tête de l’humérus. Entre les deux tubercules se trouve le sillon intertuberculaire (ou gouttière bicipitale ou coulisse bicipitale), une dépression qui contient le tendon du chef long du muscle biceps brachial (voir la section 11.8.3).
Le col anatomique, un sillon peu visible qui marque l’endroit où se trouvait le cartilage épiphysaire, est situé entre les tubercules et la tête de l’humérus. Le col chirurgical est un rétrécissement de l’os directement au-dessous des tubercules, la zone de transition entre la tête et le corps de l’os. Cette caractéristique porte le nom de col « chirurgical », car il s’agit d’une partie de l’os qui se fracture souvent. Le corps de l’humérus présente une zone rugueuse appelée tubérosité deltoïdienne (delta = quatrième lettre de l’alphabet grecque [Δ]), qui s’étend le long de sa face latérale sur environ la moitié de la longueur de l’humérus. Cette surface rugueuse sert de point d’attache au muscle deltoïde de l’épaule (voir la section 11.8.2). Le sillon du nerf radial, ou gouttière radiale, se trouve à côté de la tubérosité deltoïdienne et sert de voie de passage au nerf radial (voir la section 14.5.2) et à certains vaisseaux sanguins.
Tête de l’humérus
Tête de l’humérus
Tubercule majeur
Col anatomique Tubercule majeur Tubercule mineur
Col anatomique
Sillon intertuberculaire
Col chirurgical
Col chirurgical
Humérus Épicondyle latéral Épicondyle médial Capitulum
Tubérosité deltoïdienne Sillon du nerf radial
Tubérosité deltoïdienne Corps
Ulna
Trochlée Tête du radius
Radius
C. Articulation du coude droit, vue antérieure
Épicondyle latéral
Épicondyle latéral Fosse radiale
Fosse coronoïdienne Épicondyle médial
Capitulum Trochlée A. Humérus droit, vue antérieure
Fosse olécrânienne Épicondyle médial
FIGURE 8.26 Trochlée
B. Humérus droit, vue postérieure
Humérus et articulation du coude ❯ Vues A. antérieure et B. postérieure de l’humérus ; C. vue antérieure de l’articulation du coude.
328 Partie II Le soutien et les mouvements du corps
Ensemble, l’humérus, le radius et l’ulna orment l’articulation du coude (voir la fgure 8.26C). Les épicondyles médial et latéral (epi = sur, kondulos = articulation) sont des saillies osseuses sur la partie distale de l’humérus qui servent de points d’attache à certains muscles et ligaments. La palpation des côtés du coude révèle les bosses que orment les épicondyles médial et latéral. Le ner ulnaire (ner cubital) passe derrière l’épicondyle médial (voir la section 14.5.2). Il s’agit du ner responsable de la décharge électrique ressentie lorsque le coude est heurté. L’extrémité distale de l’humérus présente deux suraces courbées et lisses servant à l’articulation avec les os de l’avant-bras. La première surace, le capitulum (caput = tête) (condyle huméral), se trouve en position latérale et s’articule avec la tête du radius. La deuxième surace, la trochlée (trochlea = poulie), qui rappelle la orme d’une poulie, se trouve en position médiale et s’articule avec l’incisure trochléaire de l’ulna. En plus de ces deux suraces lisses, l’extrémité distale de l’humérus présente trois dépressions, soit deux sur sa ace antérieure et une sur sa ace postérieure. Sur la ace antérieure se trouvent la fosse radiale en position latérale qui reçoit la tête du radius ainsi que la fosse coronoïdienne (korônê = corneille, eidos = semblable) en position médiale qui reçoit le processus coronoïde de l’ulna. Sur la ace postérieure de l’humérus se trouve une dépression appelée fosse olécrânienne (ôlenê = coude, kranion = tête) qui reçoit l’olécrâne de l’ulna lorsque le coude est en extension (droit).
Vérifiez vos connaissances 21. Quelle est la différence entre le col anatomique et
le col chirurgical de l’humérus ? 22. Quelles structures anatomiques de l’humérus
s’articulent avec le radius et l’ulna ?
8.9.2
Le radius et l’ulna
3
Comparer les caractéristiques du radius et de l’ulna.
4
Expliquer la façon dont le radius, l’ulna et l’humérus s’articulent entre eux.
5
Faire la distinction entre la supination et la pronation de l’avant-bras.
Le radius et l’ulna (aussi nommé cubitus) orment l’avant-bras FIGURE 8.27. En position anatomique, ces os sont parallèles, et le radius (radius = rayon) se trouve en position latérale. L’extrémité proximale du radius présente une tête caractéristique en orme de disque qui s’articule avec le capitulum de l’humérus. Un col étroit s’étend de la tête du radius à la tubérosité radiale (ou tubérosité bicipitale). La tubérosité radiale sert de point d’attache au muscle biceps brachial. Le corps du radius orme une légère courbe qui mène à une extrémité distale plus large comportant le processus styloïde en position latérale. Cette saillie osseuse est palpable du côté latéral du poignet, tout juste en amont du pouce. Sur la ace médiale de l’extrémité distale du radius se trouve une incisure ulnaire qui s’articule avec la ace médiale de l’extrémité distale de l’ulna.
L’ulna (ôlenê = coude) est l’os le plus long de l’avant-bras et se trouve en position médiale. À l’extrémité proximale de l’ulna, une incisure trochléaire en orme de « C » s’emboîte avec la trochlée de l’humérus. La partie postérosupérieure de l’incisure trochléaire présente une saillie proéminente appelée olécrâne. L’olécrâne s’articule avec la osse olécrânienne de l’humérus et orme la bosse postérieure du coude. La lèvre inérieure de l’incisure trochléaire, appelée processus coronoïde, s’articule avec la osse coronoïdienne de l’humérus, vers l’intérieur de l’articulation du coude. Située latéralement par rapport au processus coronoïde, une incisure radiale concave et lisse reçoit la tête du radius et contribue à ormer l’articulation radio-ulnaire proximale. Également à l’extrémité proximale de cet os se trouve la tubérosité ulnaire qui sert de point d’attache au muscle biceps brachial. À l’extrémité distale de l’ulna, le corps de l’os se rétrécit et se termine par une tête en orme de pommeau qui présente un processus styloïde. Le processus styloïde de l’ulna est palpable du côté médial (auriculaire) du poignet. Le radius et l’ulna présentent des bords interosseux qui se ont ace ; le bord interosseux de l’ulna ait ace au côté latéral (pouce) de l’avant-bras, tandis que le bord interosseux du radius ait ace au côté médial (auriculaire). Une membrane interosseuse (ou ligament interosseux), composée de tissu conjoncti dense régulier, relie ces bords interosseux. Cette membrane contribue à maintenir le radius et l’ulna à une distance fxe l’un de l’autre et sert de pivot de rotation pour l’avant-bras. Les articulations osseuses sollicitées au cours de cette rotation sont les articulations radio-ulnaires proximale et distale. En position anatomique, la paume de la main est tournée vers l’avant. Les os de l’avant-bras sont alors en supination (voir la fgure 8.27C). Dans cette position, le radius et l’ulna sont parallèles l’un par rapport à l’autre. Lorsque l’avant-bras est en supination, le radius est du côté latéral (pouce) de l’avant-bras, tandis que l’ulna est du côté médial (auriculaire). La pronation de l’avant-bras requiert que le radius et l’ulna se croisent et que les deux os pivotent autour de la membrane interosseuse (voir la fgure 8.27D). Lorsque l’avant-bras est en pronation, la paume de la main est tournée vers l’arrière. Dans cette position, la tête du radius se trouve toujours du côté latéral du coude, mais son extrémité distale se retrouve en position médiale en raison du croisement du corps du radius avec celui de l’ulna.
INTÉGRATION
STRATÉGIES D’APPRENTISSAGE
Peu importe la position de l’avant-bras, en pronation ou en supination, l’extrémité distale du radius est toujours du côté du pouce et l’extrémité distale de l’ulna du côté de l’auriculaire.
Vérifiez vos connaissances 23. Quelles sont les caractéristiques osseuses
communes au radius et à l’ulna ? 24. Décrivez la position du radius et de l’ulna lorsque
l’avant-bras est en pronation.
Chapitre 8 Le système squelettique : les os 329
8.9.3
Les os du carpe, les métacarpiens et les phalanges
6
Situer et nommer les os du carpe et les métacarpiens.
7
Décrire les phalanges et leur position relative.
Olécrâne
Les os qui forment le squelette du poignet et de la main sont les os du carpe, les métacarpiens et les phalanges FIGURE 8.28. Les os du carpe (karpos = jointure) sont de petits os courts qui forment le poignet. Ils sont disposés en deux rangées de quatre os, une rangée proximale et une rangée distale, et permettent au poignet d’accomplir de nombreux mouvements.
Olécrâne Incisure trochléaire Processus coronoïde
Tête du radius Col du radius
Articulation radio-ulnaire proximale
Tête du radius
Tubérosité ulnaire Col du radius Tubérosité radiale
Radius Ulna
Corps Ulna Radius
Radius
Pouce Auriculaire
Membrane interosseuse C. Supination de l’avant-bras droit
Bords interosseux
Incisure ulnaire du radius Radius Ulna
Articulation radio-ulnaire distale Tête de l’ulna Processus styloïde A. Radius et ulna droits, vue antérieure
B. Radius et ulna droits, vue postérieure
Pouce Auriculaire
FIGURE 8.27 Radius et ulna
❯ Vues A. antérieure et B. postérieure des os de l’avantbras droit, soit le radius et l’ulna ; C. supination et D. pronation de l’avant-bras droit.
D. Pronation de l’avant-bras droit
330 Partie II Le soutien et les mouvements du corps
INTÉGRATION APPLICATION CLINIQUE Radius
Les fractures du scaphoïde
Ulna
DÉSÉQUILIBRE HOMÉOSTATIQUE
Os du carpe (rangée distale)
Scaphoïde Lunatum Triquetrum Pisiforme
Trapèze Trapézoïde Capitatum Hamatum I II
Phalange proximale du pouce
III
IV
Os du carpe (rangée proximale)
Métacarpiens
V
Le scaphoïde est l’un des os du carpe le plus souvent racturé. Une chute sur la main tendue peut provoquer la racture du scaphoïde en deux morceaux distincts. Généralement, des vaisseaux sanguins se déchirent sur la partie proximale du scaphoïde, entraînant une nécrose avasculaire et la mort de tissu osseux dans cette région en raison d’une irrigation sanguine insufsante. Les ractures du scaphoïde mettent beaucoup de temps à se consolider paraitement en raison de cette complication.
Phalange distale du pouce Phalange proximale
Phalanges des doigts
Phalange moyenne Phalange distale Main et poignet droits, vue antérieure
FIGURE 8.28 Os du carpe, métacarpiens et phalanges
❯ Les os du carpe
orment le poignet ; les métacarpiens et les phalanges orment la main. Vue antérieure (palmaire) de la main et du poignet droits.
Les os du carpe de la rangée proximale sont (du bord latéral au bord médial) le scaphoïde (skapho = barque, eidos = semblable à), le lunatum (luna = lune), aussi nommé semi-lunaire, le triquetrum (triquetrus = triangulaire), aussi nommé pyramidal, et le pisiforme (pisum = pois, forma = orme). Les os du carpe de la rangée distale sont (du bord latéral au bord médial) le trapèze (trapeza = table), le trapézoïde, le capitatum, aussi nommé grand os, et l’hamatum (hamus = crochet), ou os crochu. Les os de la paume de la main sont les métacarpiens (meta = après, karpos = jointure). Cinq métacarpiens s’articulent avec les os distaux du carpe et soutiennent la paume. Les chires de I à V désignent les métacarpiens, le métacarpien I correspondant à la base du pouce et le métacarpien V à la base de l’auriculaire. Les doigts comptent en tout 14 os appelés phalanges (phalanx = rangée de soldats). Chaque doigt compte trois phalanges, sau le pouce qui n’en compte que deux. La phalange proximale s’articule avec la tête d’un métacarpien, tandis que la phalange distale est l’os du bout du doigt. La phalange moyenne de chaque doigt s’étend entre ses phalanges proximale et distale ; touteois, le pouce ne possède aucune phalange moyenne.
Vérifiez vos connaissances 25. Énumérez les huit os du carpe. Lequel de ces os est
sujet à la nécrose avasculaire en cas de racture ?
8.10 La ceinture pelvienne
et ses fonctions
Le bassin adulte se compose de quatre os : le sacrum, le coccyx et les os coxaux droit et gauche FIGURE 8.29. Le bassin protège et soutient les viscères de la partie inérieure de la cavité abdominale. Le terme ceinture pelvienne ait uniquement réérence aux os coxaux gauche et droit. Cette ceinture s’articule avec le tronc et sert de point d’attache aux membres inérieurs. Lorsqu’une personne se tient debout, le bassin présente une légère inclinaison vers l’avant.
8.10.1
L’os c oxal
1
Nommer les trois os qui orment chaque os coxal.
2
Décrire la açon dont l’os coxal s’articule avec le émur et le sacrum.
3
Décrire les repères anatomiques et les caractéristiques de l’os coxal.
L’os coxal porte souvent les noms os de la hanche ou os iliaque. Chaque os coxal se compose de trois os distincts, à savoir l’ilium (ilion), l’ischium (ischion) et le pubis FIGURE 8.30. Les structures anatomiques de l’os coxal portent les qualifcatis iliaque, ischiatique ou pubien en réérence à ces trois os. L’ilium, l’ischium et le pubis se soudent autour de l’âge de 13 à 15 ans pour ormer l’os coxal. Chaque os coxal s’articule vers l’arrière avec le sacrum ormant l’articulation sacro-iliaque. Le émur s’articule avec une cavité proonde et arrondie sur la ace latérale de l’os coxal appelée acétabulum. L’acétabulum comporte une surace arrondie et lisse appelée surface semi-lunaire, qui a la orme d’un croissant de lune et s’articule avec la tête du émur. L’acétabulum se compose d’une partie de l’ilium, de l’ischium et du pubis. Il représente donc une région où ces os se sont soudés.
Chapitre 8 Le système squelettique : les os 331
Bassin Sacrum Os coxal
Épine iliaque postérosupérieure
Crête iliaque
Ouverture supérieure
Coccyx
Sacrum
Articulation sacro-iliaque
Ilium
Épine iliaque antérosupérieure Épine iliaque antéro-inférieure Épine ischiatique
Coccyx
Acétabulum Tubercule pubien
Pubis
Foramen obturé
Ischium
Symphyse pubienne Arcade pubienne
Branche ischiopubienne
A. Vue antérieure
Articulation sacro-iliaque Sacrum
Acétabulum Tête du fémur Col du fémur Grand trochanter Foramen obturé
Ouverture supérieure
Petit trochanter
Tubérosité ischiatique Tubercule pubien
Symphyse pubienne B. Radiographie du bassin, vue antérieure
FIGURE 8.29 Bassin
❯ A. Le bassin comprend les deux os coxaux, le sacrum et le coccyx. B. La radiographie montre une vue antérieure de l’articulation entre le bassin et le fémur.
À votre avis 4. Comparez la cavité glénoïdale de la scapula et
l’acétabulum de l’os coxal. Laquelle des ceintures scapulaire ou pelvienne maintient une articulation osseuse plus solide et moulante avec son membre ? Pourquoi ?
Le plus gros des trois os de la hanche est l’ilium (ilium = fanc), qui orme la partie supérieure de l’os coxal et une partie de la surace semi-lunaire. La partie large de l’ilium en orme d’éventail se nomme aile. L’aile se termine vers le bas par une crête appelée ligne arquée (arcus = arc) sur la ace médiale de l’ilium. Du côté médial de l’aile se trouve une dépression appelée fosse iliaque. Sur la ace latérale de l’ilium, les lignes glutéales
332 Partie II Le soutien et les mouvements du corps
Ilium
Postérieur
Antérieur
Crête iliaque
Pubis
Ischium
Aile
Ligne glutéale antérieure Ligne glutéale postérieure
Épine iliaque antérosupérieure
Épine iliaque postéro supérieure
Ligne glutéale inférieure
Épine iliaque postéro-inférieure
Épine iliaque antéro-inférieure
Grande incisure ischiatique Corps de l’ischium Épine ischiatique
Surface semi-lunaire Acétabulum Branche pubienne supérieure
Petite incisure ischiatique
Crête pubienne Tubercule pubien Branche pubienne inférieure
Tubérosité ischiatique
Foramen obturé Branche de l’ischium A. Os coxal droit, vue latérale
Ilium
Antérieur Pubis
Crête iliaque
Postérieur Ischium
Fosse iliaque Épine iliaque antérosupérieure
Épine iliaque postérosupérieure Surface auriculaire
Épine iliaque antéro-inférieure Ligne arquée de l’ilium
Épine iliaque postéro-inférieure Grande incisure ischiatique Épine ischiatique Petite incisure ischiatique Corps de l’ischium
Pecten du pubis Branche pubienne supérieure Tubercule pubien Surface symphysaire Foramen obturé
Tubérosité ischiatique Branche de l’ischium
Branche pubienne inférieure B. Os coxal droit, vue médiale
FIGURE 8.30 Os coxal
❯ Chaque os coxal est formé par la soudure de trois os : l’ilium, l’ischium et le pubis. Ces schémas montrent les caractéristiques de ces os en vues A. latérale et B. médiale.
Chapitre 8 Le système squelettique : les os 333
(gloutos = esse) antérieure, postérieure et inférieure servent de points d’attache aux muscles essiers (glutéaux) (voir la section 11.9.1). Le côté postéromédial de l’ilium présente une grande surace rugueuse appelée surface auriculaire (auricula = petite oreille), où l’ilium s’articule avec le sacrum. La crête supérieure de l’ilium se nomme crête iliaque. À la palpation des bords postérosupérieurs des hanches, la crête iliaque correspond à la crête osseuse décelable de chaque côté. Cette crête se présente vers l’avant à partir d’une saillie appelée épine iliaque antérosupérieure et s’étend vers l’arrière jusqu’à l’épine iliaque postérosupérieure. Dans la partie inérieure de l’aile se trouvent l’épine iliaque antéro-inférieure et l’épine iliaque postéro-inférieure. Cette dernière est adjacente à une grande incisure ischiatique (sciaticus = articulation de la hanche), par laquelle passe le ner sciatique qui dessert le membre inérieur (voir la section 14.5.2). L’ilium se soude à l’ischium (iskhion = os de la hanche) près des bords supérieur et postérieur de l’acétabulum. Derrière l’acétabulum, l’épine ischiatique de orme triangulaire ait saillie en position médiale jusque dans la cavité pelvienne. La grosse partie osseuse se trouvant au-dessus de l’épine ischiatique se nomme corps de l’ischium. La petite incisure ischiatique est une dépression semi-circulaire située au-dessous de l’épine ischiatique. Le bord postérolatéral de l’ischium orme une saillie rugueuse appelée tubérosité ischiatique. Ces tubérosités ischiatiques supportent le poids du corps en position assise. Elles sont acilement décelables à la palpation des esses. La tubérosité ischiatique sert d’ancrage à diérents muscles postérieurs de la cuisse et à un ligament qui la relie au sacrum. Une branche de l’ischium s’étend de la tubérosité ischiatique en direction antéromédiale vers la branche inérieure du pubis avec laquelle elle usionne. Le pubis usionne avec l’ilium et l’ischium au point de jonction qui constitue l’acétabulum. En position anatomique de réérence, il s’oriente presque à l’horizontale. La branche de l’ischium usionne vers l’avant avec la branche pubienne inférieure pour ormer la branche ischiopubienne (voir la fgure 8.29). La branche pubienne supérieure est issue du bord antérieur de l’acétabulum. Le foramen obturé, ou trou ischiopubien, est une ouverture dans l’os coxal circonscrite par les branches de l’ischium et du pubis. Il est recouvert d’une membrane fbreuse qui ne laisse passer que quelques ners et vaisseaux sanguins. Une crête rugueuse, appelée crête pubienne, se trouve sur la ace antérosupérieure de la branche pubienne supérieure pour se terminer au tubercule pubien. Ce tubercule sert de point d’attache au ligament inguinal. Une zone rugueuse sur la ace antéromédiale du pubis, appelée surface symphysaire (sumphusis = union), indique l’emplacement de l’articulation entre les deux os pubiens (symphyse pubienne). Sur la ace médiale du pubis prend naissance le pecten du pubis (ligne pectinée) qui traverse le pubis en diagonale pour rejoindre la ligne arquée de l’ilium.
Vérifiez vos connaissances
8.10.2
Le petit bassin et le grand bassin
4
Énumérer les différences entre le petit bassin et le grand bassin.
5
Comparer les ouvertures supérieure et inférieure du bassin.
Le grand bassin et le petit bassin sont délimités par le bord pelvien, qui consiste en une ligne courbe continue orientée sur un plan oblique qui prend son origine au promontoire sacral (à l’arrière) et s’étend vers la symphyse pubienne (à l’avant). Cette ligne longe la ligne arquée des deux iliums et le pecten du pubis FIGURE 8.31A . Le petit bassin se trouve au-dessous de cette ligne. Il entoure la cavité pelvienne et orme un creux proond qui contient les organes pelviens (voir la fgure 8.31B). Le grand bassin se trouve au-dessus de la ligne. Il est délimité par les ailes des iliums. Il orme la région inérieure de la cavité abdominale et loge les organes abdominaux inérieurs. Le bassin possède une ouverture supérieure et inérieure, et chacune de ces ouvertures présente une importance clinique. L’ouverture supérieure du bassin, connue également sous le nom de détroit supérieur, est l’espace délimité par le bord pelvien, soit la ligne séparant le grand bassin du petit bassin. L’ouverture supérieure du bassin représente donc l’espace qui est à la rontière entre le petit bassin et le grand bassin (voir la fgure 8.31C). L’ouverture inférieure du bassin, connue également sous le nom de détroit inérieur, est délimitée par le coccyx, les tubérosités ischiatiques et le bord inérieur de la symphyse pubienne. Les épines ischiatiques du bassin masculin ont généralement saillie dans l’ouverture inérieure du bassin, rétrécissant ainsi le diamètre de cette ouverture. Les épines ischiatiques du bassin éminin ont rarement saillie dans l’ouverture inérieure du bassin, ce qui acilite le passage du bébé au cours de l’accouchement (voir la fgure 8.31C). L’ouverture inérieure du bassin est recouverte de muscles et de peau : elle orme une zone corporelle appelée périnée, située dans la région ano-génitale. La largeur et la taille de l’ouverture inérieure du bassin sont deux caractéristiques qui ont leur importance chez la emme, car l’ouverture doit être sufsamment grande pour laisser passer la tête d’un bébé à l’accouchement (voir la section 29.6).
Vérifiez vos connaissances 28. Comment distingue-t-on l’ouverture supérieure du
bassin de l’ouverture inférieure du bassin ?
8.10.3
6
Les différences morphologiques selon le sexe
Comparer l’anatomie du bassin masculin et du bassin féminin.
26. Quels sont les trois os qui se soudent pour former
l’os coxal ? 27. Où se trouvent les tubérosités ischiatiques ?
Bien qu’il soit possible de déterminer le sexe d’un squelette en examinant le squelette de la tête, l’indicateur le plus fable est le bassin, et plus particulièrement les os coxaux. Il s’agit des os du
334 Partie II Le soutien et les mouvements du corps
Bord pelvien (ligne pointillée)
Grand bassin
Promontoire sacral Petit bassin
Coccyx Ouverture supérieure du bassin Ouverture inférieure (espace délimité par du bassin le bord pelvien) A. Bassin, vue médiale
B. Vues antérolatérales
Coccyx
Promontoire sacral
Épine ischiatique
Ouverture supérieure du bassin (espace délimité par le bord pelvien)
Symphyse pubienne
Ouverture inférieure du bassin
Épine ischiatique Symphyse pubienne
Masculin
FIGURE 8.31
Petit bassin
Grand bassin
Féminin C. Bassin, vues antérosupérieures
Caractéristiques du bassin ❯ Le bord pelvien, une ligne courbe sur un plan oblique, forme l’ouverture supérieure du bassin. Il divise le bassin en deux : le grand bassin au-dessus de la ligne et le petit bassin en des sous. Le petit bassin se situe entre l’ouverture supérieure du bassin et
corps humain dont le dimorphisme sexuel est le plus apparent en raison d’exigences liées à la grossesse et à l’accouchement chez la femme. À titre d’exemple, le bassin féminin est moins profond et plus large que le bassin masculin. Certaines de ces différences sont évidentes, comme les hanches des hommes qui sont plus étroites que celles des femmes. L’examen des formes et des orientations des os du bassin révèle toutefois de nombreuses autres différences. Par exemple, l’ilium de la femme s’évase plus latéralement, tandis que celui de l’homme fait saillie davantage vers le haut, ce qui explique pourquoi les hommes ont généralement des hanches plus étroites. Comme le bassin féminin est plus large, l’acétabulum s’avance plus latéralement, et la grande incisure ischiatique est également beaucoup plus large. Au contraire, l’acétabulum masculin s’avance davantage vers l’avant, et la grande incisure ischiatique masculine est beaucoup plus étroite et profonde en plus d’être en forme de
l’ouverture inférieure du bassin. Vues A. médiale et B. antérolatérale du petit bassin et du grand bassin. C. Les vues antérosupérieures du bassin masculin et du bassin féminin mettent en évidence les différences liées au sexe relatives aux ouvertures supérieure et inférieure du bassin.
« U ». Les femmes présentent généralement un sillon préauriculaire, qui est une dépression ou une gouttière entre la grande incisure ischiatique et l’articulation sacro-iliaque. Ce sillon est généralement absent chez l’homme. Le sacrum féminin est quant à lui généralement plus court et large.
INTÉGRATION LIENS ENTRE LES CONCEPTS Le système squelettique et le système génital féminin (voir la section 28.3) sont interreliés du fait que la forme du bassin osseux a un lien direct avec la physiologie de l’accouchement.
Chez la femme, le corps du pubis est beaucoup plus long et est de forme quasi rectangulaire comparativement à celui de
Chapitre 8 Le système squelettique : les os 335
l’homme qui est plus court et de forme triangulaire. L’arcade pubienne (ou angle sous-pubien) est l’angle formé par l’union des os pubiens gauche et droit à leur surface symphysaire. Comme les os pubiens chez la femme sont beaucoup plus longs, l’arcade pubienne correspondante est beaucoup plus ouverte et convexe, formant un angle généralement supérieur à 100°. L’arcade pubienne chez l’homme est beaucoup plus fermée et l’angle qu’elle forme ne dépasse généralement pas 90°.
TABLEAU 8.6
Le TABLEAU 8.6 énumère et illustre plusieurs différences importantes entre le bassin féminin et le bassin masculin.
Vérifiez vos connaissances 29. En quoi les bassins féminin et masculin diffèrent-ils
relativement à la forme du pubis, à l’arcade pubienne, à la grande incisure ischiatique et à la forme générale du bassin ?
Différences selon le sexe entre le bassin féminin et le bassin masculin
Vue
Bassin féminin
Bassin masculin
Médiale Ilium plus large et évasé
Ilium plus étroit et vertical
Sillon préauriculaire Grande incisure ischiatique large
Grande incisure ischiatique étroite
Antérieure Iliums plus larges et évasés
Iliums plus étroits et verticaux
Corps pubien rectangulaire
Corps pubien triangulaire
Foramen obturé triangulaire
Foramen obturé ovale et gros Arcade pubienne ouverte
Arcade pubienne fermée
Caractéristique
Bassin féminin
Bassin masculin
Apparence générale
Moins massif ; processus graciles, empreintes musculaires moins proéminentes
Plus massif ; processus plus robustes, empreintes musculaires plus proéminentes
Largeur générale
Iliums plus larges et évasés
Iliums plus étroits et verticaux, moins évasés
Ouverture supérieure du bassin
Étendue, large et ovale
En forme de cœur
Grande incisure ischiatique
Large et peu profonde
Étroite et en forme de « U », profonde
Foramen obturé
Plus petit et triangulaire
Plus gros et ovale
Arcade pubienne
Ouverte, plus convexe, angle généralement supérieur à 100°
Fermée, en forme de « V », angle généralement inférieur à 90°
Corps du pubis
Plus long et rectangulaire
Plus court et triangulaire
Sillon préauriculaire
Généralement présent
Généralement absent
Sacrum
Plus court et large ; courbure sacrale moins prononcée
Plus étroit et long ; courbure sacrale plus prononcée
Épine ischiatique
Rarement en saillie dans le détroit inférieur
Souvent tournée vers l’intérieur, en saillie dans le détroit inférieur
336 Partie II Le soutien et les mouvements du corps
8.10.4
7
L’évolution de l’os coxal en fonction de l’âge
Décrire les changements que subit l’os coxal au cours du vieillissement.
Les os coxaux peuvent servir d’indicateur du sexe et de l’âge d’une personne, et peuvent également permettre d’eectuer une estimation de l’âge au décès. Ces estimations sont obtenues par tranches d’âge (par opposition à un âge précis), car il peut y avoir certaines variations dans la açon dont s’opèrent les changements que subit l’os coxal en onction de l’âge. De plus, l’obtention de résultats concordants, par l’étude en parallèle d’autres os, permet de renorcer la validité de l’estimation obtenue par l’étude de l’os coxal. La surace auriculaire de l’ilium évoluerait en onction de l’âge (Falys, Schutkowski & Weston, 2006 ; Igarashi, Useu, Wakebe et al., 2005). Chez les jeunes personnes, elle présente généralement une texture ondulée à grains ns. Avec le vieillissement, ces ondulations s’aplanissent, et la surace devient de plus en plus grossière et granulaire. Chez les personnes très âgées, elle est encore plus rugueuse, plus irrégulière et peut présenter des signes d’arthrose. La surace symphysaire du pubis subit aussi des changements uniormes liés à l’âge. Chez le jeune adulte, la surace symphysaire présente des ondulations et un pourtour peu déni. Avec le vieillissement, cette ondulation s’aplanit et un bord osseux commence à se ormer sur son pourtour. Ce bord est généralement totalement ormé vers l’âge de 35 à 50 ans. Une ois ce bord bien ormé, la surace symphysaire se creuse et devient concave, et elle peut présenter des trous chez les personnes très âgées. Ce bord ou cette bordure peut commencer à se désagréger, et des signes d’arthose apparaissent sur le pourtour de la surace symphysaire. Ces derniers stades surviennent généralement après l’âge de 50 ans.
Vérifiez vos connaissances 30. Quelles sont les différences entre la surface
symphysaire d’un jeune adulte et celle d’une personne plus âgée (plus de 50 ans) ?
8.11 Les os des membres
inférieurs
Chaque membre inérieur comprend la cuisse, la jambe et le pied. La structure du pied lui permet de supporter le corps pendant la marche et la course. Le nombre d’os et leur disposition dans le membre inérieur sont similaires à ceux du membre supérieur. Chaque membre inérieur compte en tout 30 os : • 1 émur, situé dans la région de la cuisse ; • 1 patella, située dans la région du genou ;
• 1 tibia et 1 bula, qui orment la région jambière ; • 7 os du tarse, qui orment les os de la cheville et du pied proximal ; • 5 métatarsiens, qui orment la partie arquée du pied ; • 14 phalanges, qui orment les orteils.
8.11.1
Le fémur et la patella
1
Décrire les articulations du fémur.
2
Décrire les principaux repères anatomiques et caractéristiques du fémur.
3
Décrire l’emplacement et la fonction de la patella.
Le fémur est l’os le plus long, le plus solide et le plus lourd du corps FIGURE 8.32. La tête du fémur, quasi sphérique, s’articule avec l’acétabulum de l’os coxal. La tête du émur présente une cavité minuscule dépourvue de cartillage articulaire appelée fossette de la tête fémorale (ossette pour le ligament de la tête du émur ou fovea capitis). À cet endroit, un tout petit ligament unit la tête du émur à l’acétabulum. Un col rétréci et allongé relie la tête du émur au corps du émur en ormant un angle. Grâce à cette caractéristique angulaire, les genoux sont plus près de la ligne médiane. Le grand trochanter (trokhantêr = courir) ait saillie latéralement à la jonction entre le col et le corps du émur. Un petit trochanter se situe sur la ace postéromédiale du émur. Il s’agit d’une saillie rugueuse qui sert de point d’attache aux muscles puissants de la esse et de la cuisse. Les grand et petit trochanters sont reliés à la ace postérieure du émur par une crête oblique et épaisse d’os appelée crête intertrochantérique. Sur la ace antérieure, une ligne intertrochantérique relie les deux trochanters et marque le bord distal de la capsule de l’articulation de la hanche. Au-dessous de la crête intertrochantérique, la ligne pectinée sert de point d’attache au muscle pectiné ; la tubérosité glutéale sert de point d’attache au muscle grand essier (ou glutéal) (voir la section 11.9.1). La tubérosité glutéale et la ligne pectinée se ondent en une crête médiane surélevée appelée ligne âpre, qui sert de point d’attache à de nombreux muscles de la cuisse. Sur la partie distale du émur, la ligne âpre se divise en deux lignes supracondylaires médiale et latérale. Ces lignes délimitent une zone triangulaire aplatie appelée surface poplitée (poples = jarret). La ligne supracondylaire médiale se termine par le tubercule de l’adducteur. Il s’agit d’une saillie surélevée et rugueuse qui sert de point d’attache au muscle grand adducteur (voir la section 11.9). À l’extrémité de la partie distale du émur se trouvent deux suraces articulaires ovales et lisses appelées condyles médial et latéral. Des saillies appelées épicondyle médial et épicondyle latéral, respectivement, surmontent chaque condyle. Une fexion du genou permet de palper ces épicondyles dans la cuisse, sur les côtés de l’articulation du genou. Les lignes supracondylaires médiale et latérale se terminent à la hauteur de ces épicondyles. Sur la ace postérodistale du émur, une fosse intercondylaire
Chapitre 8 Le système squelettique : les os 337
profonde sépare les deux condyles. Une dépression médiale et lisse sur la face antérieure, appelée surface patellaire, est l’endroit où la patella s’articule avec le fémur.
pointu. La face postérieure de la patella présente une surface articulaire qui s’articule avec la surface patellaire du fémur.
La patella (patella = petit plat), ou rotule, est un gros os sésamoïde plus ou moins triangulaire logé dans le tendon du muscle quadriceps fémoral FIGURE 8.33. La patella permet au tendon de bien glisser et protège l’articulation du genou. La base supérieure de la patella est large, tandis que son apex inférieur est
Grand trochanter
Vérifiez vos connaissances 31. Où se trouvent le grand trochanter et le petit
trochanter et quelles sont leurs fonctions ? 32. À quel endroit la patella s’articule-t-elle avec le fémur ?
Grand trochanter
Tête du fémur Fossette de la tête fémorale Col du fémur Ligne intertrochantérique
Crête intertrochantérique
Petit trochanter Tubérosité glutéale
Ligne pectinée
Ligne âpre
Corps du fémur
Ligne supracondylaire médiale Ligne supracondylaire latérale
Surface poplitée Tubercule de l’adducteur Épicondyle médial Condyle médial
Épicondyle latéral Condyle latéral Surface patellaire A. Fémur droit, vue antérieure
Épicondyle latéral Condyle latéral Fosse intercondylaire B. Fémur droit, vue postérieure
FIGURE 8.32 Fémur
❯ Le fémur est l’os de la cuisse. A. La vue antérieure permet de bien voir la surface patellaire et la ligne intertrochantérique. B. La vue postérieure permet de bien voir le petit trochanter et la surface poplitée.
338 Partie II Le soutien et les mouvements du corps
Base
Surface articulaire
Apex A. Vue antérieure
B. Vue postérieure
FIGURE 8.33 Patella
❯ La patella est un os sésamoïde situé dans le tendon du muscle quadriceps émoral. Les vues A. antérieure et B. postérieure montrent la patella droite.
INTÉGRATION APPLICATION CLINIQUE
La racture de la hanche DÉSÉQUILIBRE HOMÉOSTATIQUE
Entre 2003 et 2004, 3 % des Canadiens âgés de 60 ans et plus ont été hospitalisés dans un centre hospitalier de soins de courte durée pour un traitement lié à une racture de la hanche (Carrière, 2007). La plupart des ractures de la hanche surviennent dans la région du émur. Les ractures dues à la présence de l’ostéoporose (voir le chapitre 7) se produisent généralement à la hauteur du col du émur et résultent de aibles impacts sur l’os aaibli. Les ractures non associées à l’ostéoporose sont habituellement attribuables à un impact violent (comme dans un accident de la route) et surviennent généralement sous le col du émur (Fondation canadienne d’orthopédie, 2013). L’une des conséquences importantes de la racture de la hanche est la perturbation de l’irrigation sanguine de l’os, plus particulièrement de la tête du émur. Cette perturbation peut nuire à la guérison. Le type d’intervention chirurgicale nécessaire au traitement dépend du type de racture. Les ractures causées par l’ostéoporose requièrent souvent le remplacement du col et de la tête du émur par un implant artifciel. Les ractures causées par un impact violent sont souvent fxées à l’aide de tiges, de plaques ou de vis afn de avoriser la guérison naturelle (Fondation canadienne d’orthopédie, 2013).
péroné) FIGURE 8.34. Comme le radius et l’ulna, une membrane interosseuse unit ces deux os entre leurs bords interosseux. La membrane interosseuse stabilise les positions relatives du tibia et de la bula et sert également de pivot de rotation minimale pour ces deux os. Le tibia (tibia = fûte) est l’os situé du côté médial de la jambe et est le seul os de la région jambière qui supporte le poids du corps. Sa tête proximale est large et présente deux suraces relativement planes, les condyles médial et latéral, qui s’articulent avec les condyles médial et latéral du émur, respectivement. Une crête proéminente appelée éminence intercondylaire sépare les condyles du tibia. Du côté postérolatéral de la partie proximale du tibia se trouve une acette articulaire fbulaire, où vient s’articuler la tête de la bula pour ormer l’articulation tibiofbulaire proximale (ou supérieure). La surace antérieure rugueuse du tibia située près des condyles proximaux se nomme tubérosité tibiale. Elle peut être palpée immédiatement au-dessous de la patella. Elle sert de point d’attache au ligament patellaire. Le bord antérieur est une crête proéminente qui s’étend le long de la ace antérieure du tibia, depuis la tubérosité tibiale jusqu’à la partie distale de l’os. Le tibia se rétrécit vers sa partie distale, mais à son extrémité médiale, il orme un gros processus proéminent appelé malléole médiale (malleus = marteau). La palpation du côté médial de la cheville révèle la bosse qui constitue la malléole médiale du tibia. Le côté postérolatéral de la partie distale du tibia présente une incisure fbulaire, où vient s’articuler la bula pour ormer l’articulation tibiofbulaire distale (ou inérieure). Sur la surace inérieure de la partie distale du tibia se trouve la acette articulaire inérieure lisse qui reçoit le talus, l’un des os du tarse. La fbula (fbula = agrae), aussi appelée péroné, est l’os long et mince situé du côté latéral de la jambe. La bula ne supporte pas le poids du corps, mais plusieurs muscles s’y attachent. La tête arrondie en orme de pommeau de la bula est en position légèrement postéro-inérieure par rapport au condyle latéral du tibia. Au-dessous de la tête de la bula se trouve le col, suivi du corps de l’os. L’extrémité distale de la bula, appelée malléole latérale, s’étend latéralement vers l’articulation de la cheville, ournissant ainsi une stabilité latérale. La palpation du côté latéral de la cheville révèle la bosse qui constitue la malléole latérale de la bula.
À votre avis
8.11.2
Le tibia et la fbula
5. À quelles caractéristiques osseuses de l’avant-bras
les malléoles médiale et latérale de la jambe sont-elles similaires ?
4
Décrire les caractéristiques du tibia et de la fbula.
5
Expliquer en quoi la onction du tibia dière de celle de la fbula.
Vériiez vos connaissances
Décrire la açon dont s’articulent le tibia et la fbula.
33. Quelles sont les caractéristiques osseuses
6
communes au tibia et à la fbula ?
Le squelette de la jambe (région jambière) présente deux os parallèles, à savoir le tibia, solide et épais, et la ne bula (ou
34. Quelle est la principale onction du tibia ?
Chapitre 8 Le système squelettique : les os 339
Éminence intercondylaire
Condyle latéral Facette articulaire
Condyle médial Articulation tibiofibulaire proximale
Condyle latéral
Condyle médial
Condyle médial
Condyle latéral Articulation tibiofibulaire proximale Tête de la fibula
Tête de la fibula
Tête de la fibula
Tubérosité tibiale
Col de la fibula
Tibia
Bord antérieur Tibia
Col de la fibula
Facette articulaire fibulaire
Col de la fibula
Fibula
Fibula
Tibia
Fibula
Tibia
Corps
Malléole latérale
Éminence intercondylaire Condyle Condyle médial latéral
Éminence intercondylaire
Bords interosseux
Bords interosseux
Corps
Articulation tibiofibulaire distale Malléole médiale
Malléole médiale
Facette articulaire inférieure
Malléole latérale
Facette articulaire Malléole médiale inférieure
A. Tibia et fibula droits, vue antérieure
Incisure Malléole fibulaire médiale
Articulation tibiofibulaire Malléole distale latérale
Malléole latérale
B. Tibia et fibula droits, vue postérieure
FIGURE 8.34 Tibia et fbula
❯ Le tibia et la fbula sont les os de la région jambière. Les schémas et les photos de cette fgure montrent A. une vue antérieure et B. une vue postérieure de la fbula et du tibia droits.
8.11.3
Les os du tarse, les métatarsiens et les phalanges
7
Situer et énumérer les os du tarse et les métatarsiens.
8
Décrire les phalanges et leur position relative.
Les os qui forment la base de la cheville ainsi que le pied sont les os du tarse, les métatarsiens et les phalanges FIGURE 8.35. À certains égards, les sept os du tarse (tarsos = pied) de la base de la cheville et du pied proximal sont similaires aux huit os du carpe du poignet, bien que leur forme et leur disposition diffèrent de celles des parties correspondantes du carpe.
340 Partie II Le soutien et les mouvements du corps
Phalange distale Phalange distale de l’hallux Phalange proximale de l’hallux
Phalange distale Phalange moyenne
Phalange moyenne
Phalange proximale
I
II
III
IV V
IV
Métatarsiens
Os cunéiforme médial
II
I
V
Cuboïde
Talus
III
Os sésamoïdes (pour les tendons des courts fléchisseurs de l’hallux)
Os cunéiforme médial
Os cunéiforme latéral
Os cunéiforme latéral
Os cunéiforme intermédiaire Naviculaire
Phalange proximale
Phalanges
Cuboïde
Os du tarse
Os cunéiforme intermédiaire Naviculaire
Talus Calcanéus
Calcanéus B. Pied droit, vue inférieure
A. Pied droit, vue supérieure
FIGURE 8.35 Os du tarse, métatarsiens et phalanges
❯ Les os du tarse forment la base de la cheville et le pied proximal, les métatarsiens forment la plante arquée du pied et les phalanges entrent dans la composition des orteils. Ces schémas montrent les vues A. supérieure et B. inférieure du pied droit.
Le talus (astragale), le calcanéus (calcanéum) et le naviculaire orment la rangée proximale des os du tarse. Le talus est l’os de la partie la plus supérieure du tarse et le deuxième os du tarse en importance quant à sa grosseur. Il s’articule avec le tibia. Le calcanéus est l’os le plus gros du tarse et orme le talon. Son extrémité postérieure orme une saillie rugueuse en orme de pommeau servant de point d’attache au tendon calcanéen (tendon d’Achille), qui est le prolongement des muscles postérieurs puissants de la jambe (voir la section 11.9.3). Le naviculaire (navis = navire) se trouve du côté médial de la cheville. La rangée distale des os du tarse comprend quatre os, à savoir trois os cunéiormes et le cuboïde. Les os cunéiformes médial (cuneus = coin), intermédiaire et latéral sont des os en orme de coin placés en position antérieure par rapport au naviculaire avec lequel ils s’articulent. Le cuboïde (cubus = cube), situé latéralement, s’articule sur sa ace médiale avec l’os cunéiorme latéral et sur sa ace postérieure avec le calcanéus. Les métatarsiens du pied comptent cinq os longs dont la disposition et le nom sont similaires à ceux des métacarpiens
de la main. Ils orment la plante arquée du pied et sont désignés par les chires I à V, du côté médial au côté latéral du pied. La partie proximale des métatarsiens s’articule soit avec les os cunéiormes, soit avec le cuboïde. La partie distale de chaque métatarsien s’articule avec une phalange proximale. À la tête du premier métatarsien se trouvent deux minuscules os sésamoïdes qui s’insèrent dans les tendons du muscle court féchisseur de l’hallux, dont ils acilitent le mouvement (voir la section 11.9.4). Les os des orteils, tout comme ceux des doigts et du pouce, se nomment phalanges. Les orteils comptent en tout 14 phalanges. Le gros orteil se nomme également hallux (hallus = gros orteil) et ne compte que deux phalanges (proximale et distale), contrairement aux quatre autres orteils qui en comptent trois chacun (proximale, moyenne et distale).
Vérifiez vos connaissances 35. Quel est le nom des sept os du tarse ?
Chapitre 8 Le système squelettique : les os 341
INTÉGRATION APPLICATION CLINIQUE
Les pathologies du pied DÉSÉQUILIBRE HOMÉOSTATIQUE
L’oignon est un renfement localisé à la première articulation métatarsophalangienne. Cette bosse ait dévier l’hallux vers le deuxième orteil, alors qu’il devrait pointer naturellement vers l’avant. Les oignons sont généralement attribuables au ait de porter des chaussures trop serrées et comptent parmi les problèmes de pieds les plus réquents. Le pied creux, ou pied en grie, se caractérise par des arcs plantaires longitudinaux très prononcés. Les articulations entre les métatarsiens et les phalanges proximales présentent souvent une extension marquée, et celles entre les diérentes phalanges ont une courbure à l’origine de l’apparence en orme de gries des orteils. Le pied bot congénital se nomme aussi pied bot varus équin. Cette déormation du pied peut être liée à des acteurs génétiques ou à une position anormale du pied au cours du développement intra-utérin. Il se caractérise par une déviation
permanente des pieds (plante des pieds tournée vers l’intérieur), et les chevilles présentent une fexion plantaire (plante des pieds tournée davantage vers l’arrière), comme si la personne tentait de se mettre sur la pointe des pieds. La platypodie, communément appelée pied plat, est l’aaissement de l’arc longitudinal de la partie médiale du pied, de sorte que la plante du pied repose complètement au sol. La platypodie est souvent attribuable à l’embonpoint, à des anomalies posturales ou à un aaiblissement des tissus de soutien. Les personnes qui se tiennent debout pratiquement toute la journée peuvent présenter un aaissement léger des arcs plantaires en n de journée, mais un repos susant des pieds aide les arcs plantaires à reprendre leur orme normale. La fracture de stress d’un métatarsien se produit généralement lorsque l’application répétitive d’une pression ou d’une contrainte sur le pied entraîne l’apparition d’une petite ssure sur la ace externe de l’os. Les coureurs sont particulièrement exposés à ce type de blessure, car leurs pieds sont soumis à des contraintes répétitives.
Oignon
Pied bot congénital (pied bot varius équin)
Pied creux
Fractures de stress de métatarsiens Platypodie
8.11.4 9
Les arcs plantaires
Décrire les trois arcs plantaires et leurs onctions.
Normalement, la plante du pied est arquée, ce qui l’aide à supporter le poids du corps et fait en sorte que les vaisseaux sanguins et les nerfs qui passent par la plante des pieds ne soient pas compressés en position debout. Les trois arcs plantaires sont l’arc longitudinal médial, l’arc longitudinal latéral et l’arc transversal FIGURE 8.36. L’arc longitudinal médial est le plus prononcé des trois arcs et s’étend du talon à l’hallux. Il comprend le calcanéus, le talus, le
naviculaire, les os cunéiformes et les trois premiers métatarsiens. L’arc longitudinal médial empêche le côté médial du pied de toucher le sol, ce qui donne à l’empreinte du pied sa forme caractéristique (voir la fgure 8.36D). L’arc longitudinal latéral est moins prononcé que l’arc médial. Cet arc s’étend du petit orteil au talon, et comprend le calcanéus, le cuboïde et les quatrième et cinquième métatarsiens. L’arc transversal est perpendiculaire aux arcs longitudinaux. Il comprend la rangée distale des os du tarse et la base des cinq métatarsiens.
342 Partie II Le soutien et les mouvements du corps
Talus Os cunéiforme médial
Naviculaire
Premier métatarsien Calcanéus
Arc longitudinal médial Os sésamoïde A. Pied droit, vue médiale
Cuboïde
Cinquième métatarsien
Calcanéus
Arc longitudinal latéral
B. Pied droit, vue latérale
Métatarsiens Os cunéiforme intermédiaire
Os cunéiforme latéral Cuboïde
Os cunéiforme médial
Emplacement de l’arc longitudinal médial
Emplacement de l’arc longitudinal latéral
Arc transversal
C. Pied droit, rangée distale des os du tarse et des métatarsiens
D. Empreinte du pied droit
FIGURE 8.36 Arcs plantaires
❯ Les deux arcs longitudinaux et l’arc transversal du pied permettent de mieux soutenir le poids du corps. Les vues A. médiale et B. latérale montrent respectivement l’arc longitudinal
médial et l’arc longitudinal latéral. C. L’arc transversal est montré en coupe transversale. D. L’empreinte du pied permet de situer les arcs longitudinaux.
Chapitre 8 Le système squelettique : les os 343
Essentiellement, ce sont les os du pied eux-mêmes qui maintiennent la orme des arcs plantaires. Ces os sont ormés de manière à pouvoir s’emboîter et supporter leur poids en ormant un arc, un peu comme les blocs de pierre en orme de trapèze inversé permettent de soutenir toute la structure d’une cave voûtée. Par ailleurs, les ligaments solides attachés aux os et les muscles en contraction qui tirent sur les tendons aident à maintenir la orme des arcs.
Vérifiez vos connaissances 36. En quoi la orme arquée du pied est-elle bénéfque ?
Bourgeon d’un membre inférieur
Bourgeon d’un membre supérieur Crête apicale ectodermique
Crête apicale ectodermique 4e semaine : formation des bourgeons des membres supérieurs et inférieurs
8.12 La formation du squelette 1
Décrire la açon dont se orment les bourgeons des membres.
2
Comparer la ormation des bourgeons des membres supérieurs et des membres inérieurs.
L’os se orme soit par ossifcation endomembraneuse ou par ossifcation endochondrale (voir la section 7.4). Bon nombre des os du crâne se orment par ossifcation endomembraneuse, tandis que pratiquement tous les os restants du squelette se orment par ossifcation endochondrale. (La seule exception est la clavicule dont le corps se orme par ossifcation endomembraneuse et ses extrémités par ossifcation endochondrale.) Le squelette appendiculaire commence à se développer au cours de la 4e semaine de gestation, lorsque les bourgeons des membres apparaissent sous orme de petites crêtes le long des côtés latéraux de l’embryon. Les bourgeons des membres supérieurs, qui donneront naissance aux bras, apparaissent au début de la 4e semaine (autour du 26e jour), tandis que ceux des membres inérieurs, qui donneront naissance aux jambes, apparaissent quelques jours plus tard (28e jour) FIGURE 8.37. La ormation des membres supérieurs devance de deux à quatre jours celle des membres inérieurs. La ormation des membres supérieurs et inérieurs se ait dans le sens proximodistal, c’est-à-dire que les parties les plus proximales des membres sont les premières à se diérencier (au cours de la 4e ou de la 5e semaine), suivies plus tard des parties distales. Les bourgeons initiaux des membres se orment à partir de la lame latérale du mésoderme et sont recouverts d’une couche d’ectoderme. La musculature des membres se orme à partir des
Lame de la main 5e semaine : formation des lames des mains Lame du pied
Rayon digital
6e semaine : apparition des rayons digitaux dans la lame de la main ; formation des lames des pieds Rayon digital
Fente
7e semaine : apparition de fentes entre les rayons digitaux de la lame de la main ; apparition des rayons digitaux dans la lame du pied
FIGURE 8.37 Formation du squelette appendiculaire
❯ Les membres supérieurs et inérieurs se développent entre la 4 e et la 5e semaine de gestation. La ormation des membres supérieurs précède de deux à quatre jours celle des membres inérieurs.
8e semaine : formation des doigts et des orteils
344 Partie II Le soutien et les mouvements du corps somites du mésoderme au cours de la 5e semaine du développement (voir le chapitre 29). À la pointe de chaque bourgeon d’un membre, une partie de l’ectoderme s’épaissit, ormant une saillie surélevée appelée crête apicale ectodermique. Par des mécanismes encore partiellement élucidés, cette crête « signale » au tissu sous-jacent de ormer les diverses parties du membre. Au départ, les bourgeons des membres sont cylindriques. La partie distale des bourgeons des membres supérieurs orme une lame de la main en orme de nageoire arrondie au début de la 5e semaine. Elle deviendra plus tard la paume et les doigts. Dans les bourgeons des membres inérieurs, une lame du pied correspondante se orme au cours de la 6 e semaine. Ces lames développent des épaississements longitudinaux appelés rayons digitaux, qui fniront par ormer les doigts et les orteils. Les
rayons digitaux de la lame de la main apparaissent à la fn de la 6e semaine de gestation et ceux de la lame du pied au début de la 7e semaine. Ces rayons sont reliés au départ par du tissu qui subira ultérieurement un processus de mort cellulaire programmée (apoptose ; voir la section 4.9). Par conséquent, comme ce tissu intermédiaire meurt, des entes apparaissent entre les rayons digitaux, ormant ainsi les doigts et les orteils. Ce processus se produit à la 7e semaine de gestation et se termine à la 8e semaine tant pour les doigts que pour les orteils.
Vérifiez vos connaissances 37. De quelle açon une lame de la main (ou une lame
du pied) arrondie évolue-t-elle vers la ormation des doigts (ou des orteils) ?
INTÉGRATION APPLICATION CLINIQUE
Les malformations de membres Il arrive que des malormations des membres et des doigts surviennent en raison d’infuences génétiques ou environnementales. Voici quelques malormations de membres et de doigts : • La polydactylie (polus = nombreux, daktulos = doigt) se caractérise par la présence de doigts ou d’orteils supplémentaires. • L’ectrodactylie (ektrosis = avortement) est l’absence d’un doigt ou d’un orteil. • La syndactylie (sun = avec) indique la « palmature » ou la usion anormale des doigts ou des orteils. Elle se produit lorsque le tissu entre les rayons digitaux ne subit pas le processus normal de mort cellulaire programmée. Dans les cas légers, du tissu en excès est présent entre les doigts ou les orteils, tandis que dans les cas plus graves, deux ou plusieurs doigts ou orteils sont complètement soudés. • L’amélie (a = sans, melos = membre) indique l’absence complète d’un membre, tandis que la méromélie (meros = partie) ait réérence à l’absence partielle d’un membre.
enceintes. L’eet tératogène du médicament est documenté dès 1961. La prise de thalidomide entre la 3e et la 8e semaine de grossesse est alors associée à diverses malormations qui touchent les organes internes, les yeux, les oreilles et, surtout, les membres. La malormation des membres pouvait notamment se maniester par l’absence d’un membre ou d’une partie de ce dernier. Aujourd’hui, le mécanisme physiologique du thalidomide n’est pas encore pleinement élucidé. Il est touteois reconnu qu’il perturbe l’expression de gènes importants au cours de l’embryogenèse, des gènes jouant notamment un rôle dans la ormation des membres (Ito, Ando & Handa, 2011). Le thalidomide a été retiré du marché dans les années 1960, mais en raison de certaines de ses propriétés anti- infammatoires et antiangiogéniques, il est de nouveau prescrit – sau chez les emmes enceintes. Le thalidomide montre en eet une certaine ecacité dans le traitement de certaines maladies comme la lèpre, le lupus et le VIH/sida. On l’administre également pour traiter le myélome multiple (type de cancer de la moelle osseuse) (Ito et al., 2011).
• La phocomélie (phôkê = phoque) se caractérise par un membre court et mal ormé qui ressemble à la nageoire d’un phoque. Toutes ces malormations peuvent être attribuables à des acteurs génétiques (p. ex., des mutations dans les gènes jouant un rôle dans le développement embryonnaire et œtal), ou à des acteurs environnementaux qui peuvent altérer l’expression des gènes au cours de ce développement. La prise de médicaments ou de drogues par la emme enceinte, l’exposition à certains rayonnements ou encore une inection par certains pathogènes comptent parmi ces acteurs environnementaux. Les cas de malormations liées à la prise de thalidomide en sont un exemple notable. Ce médicament commercialisé dans plus de 40 pays à partir de 1957 était prescrit comme sédati ou comme antinauséeux pour diminuer les nausées matinales des emmes
Membre supérieur raccourci en forme de nageoire
Radiographie d’un enant atteint de phocomélie
Chapitre 8 Le système squelettique : les os 345
RÉSUMÉ DU CHAPITRE 8.1 Les composantes du squelette – 286
• Le squelette adulte compte généralement 206 os ; certaines caractéristiques du squelette
peuvent servir à déterminer la taille, l’âge au décès, le sexe et la santé générale. 8.1.1
Les reliefs osseux .......................................................................................................................... 286 • Des termes anatomiques précis sont utilisés pour décrire diérents relies présents sur les os.
Ces relies peuvent être des suraces, des dépressions, des saillies ou des orifces ou espaces. 8.1.2
Le squelette axial et le squelette appendiculaire ....................................................................... 286 • Le squelette axial comprend le squelette de la tête, la colonne vertébrale et la cage thora-
cique. Il soutient et protège les organes. • Le squelette appendiculaire comprend les ceintures scapulaire et pelvienne, les os des
membres supérieurs et ceux des membres inérieurs. Il permet le mouvement.
Partie 1 8.2 Les os et les caractéristiques du squelette de la tête – 286
Le squelette axial ................................................................................................................................. 286 8.2.1
L’anatomie générale du squelette de la tête ................................................................................ 286 • Les os du crâne entourent la cavité crânienne ; les os de la ace soutiennent l’entrée des appa-
reils digesti et respiratoire. 8.2.2
Les repères anatomiques du squelette de la tête selon différents points de vue.................... 289 • Plusieurs vues permettent de mettre en évidence des os, des oramens, des processus et
des repères anatomiques précis du squelette de la tête. • Les os du crâne sont l’os rontal, les deux os pariétaux, l’os occipital, les deux os temporaux,
l’os sphénoïde et l’os ethmoïde. • Les os de la ace sont les paires d’os zygomatiques, d’os lacrymaux, d’os nasaux, de cornets
nasaux inérieurs, d’os palatins et de maxillaires ainsi que le vomer et la mandibule. • Les osses crâniennes antérieure, moyenne et postérieure se situent à l’intérieur de la cavité
crânienne et logent des régions précises de l’encéphale. 8.2.3
Les sutures ..................................................................................................................................... 297 • Les sutures sont des articulations immobiles entre les diérents os du crâne. Elles permettent
la croissance des os du crâne au cours de l’enance. 8.2.4
Les complexes orbital et nasal et les sinus paranasaux ............................................................ 307 • Le complexe orbital se compose de sept os : le maxillaire, l’os rontal, l’os lacrymal, l’os eth-
moïde, l’os sphénoïde, l’os palatin et l’os zygomatique. • Le complexe nasal se compose d’os et de cartilages qui entourent la cavité nasale et les sinus
paranasaux. • La onction des sinus paranasaux est de donner une résonance à la voix, d’humidifer l’air
inspiré et d’alléger le squelette de la tête.
8.3 Les autres os associés au squelette de la tête – 307
• Les osselets de l’oreille moyenne (malléus, incus, stapès) sont des os minuscules de l’oreille
logés dans chaque os temporal. • L’os hyoïde ne s’articule avec aucun autre os, mais sert de point d’attache à plusieurs muscles
et ligaments.
346 Partie II Le soutien et les mouvements du corps
8.4 La détermination du sexe et de l’âge par l’analyse du squelette de la tête – 309
• Des caractéristiques diagnostiques du squelette de la tête peuvent servir à déterminer le sexe
et l’âge au décès. 8.4.1
Les différences entre le squelette de la tête de l’homme et celui de la femme........................ 309 • Le squelette de tête éminin est généralement plus gracile et présente un menton plus pointu
(par opposition à la orme carrée) et des bords supraorbitaires plus anguleux. • Le squelette de tête masculin est généralement plus robuste et présente des relies osseux
plus proéminents (comme les lignes nucales et la protubérance occipitale externe), un menton plus carré et un angle de la mandibule moins obtus. 8.4.2
Le vieillissement du squelette de la tête ...................................................................................... 309 • Les ontanelles permettent au crâne des nourrissons de s’élargir en onction du rythme de
croissance de l’encéphale. • À l’âge adulte, les diérentes sutures commencent à se souder et à s’ossier à des moments
précis, ce qui permet de déterminer l’âge au décès.
8.5
8.5.1
Les types de vertèbres.................................................................................................................. 311 • La colonne vertébrale compte 26 vertèbres et sert d’appui vertical au corps en même temps
Les os de la colonne vertébrale – 311
qu’elle supporte la tête. Elle protège également la moelle épinière. • La colonne comprend 5 types des vertèbres : 7 vertèbres cervicales, 12 vertèbres thora-
ciques, 5 vertèbres lombaires, le sacrum et le coccyx. 8.5.2
Les courbures de la colonne vertébrale ...................................................................................... 312 • Les courbures de la colonne vertébrale permettent de mieux supporter le poids du corps
comparativement à une colonne qui serait droite. Chez l’adulte, la colonne présente quatre types de courbures : cervicale, thoracique, lombaire et sacrale. • La courbure cervicale apparaît environ lorsque le bébé commence à se tenir la tête seul. La
courbure lombaire apparaît lorsque l’enant commence à se tenir debout et à marcher. 8.5.3
L’anatomie de la vertèbre .............................................................................................................. 313 • Une vertèbre type possède un corps vertébral et un arc vertébral qui délimitent un oramen
vertébral dans lequel se trouve la moelle épinière. • La vertèbre cervicale présente généralement des oramens transversaires et un processus
épineux bide. • La vertèbre thoracique présente des acettes costales sur son corps et sur ses processus
transverses dans la plupart des cas. • La vertèbre lombaire est plus massive que les vertèbres cervicale et thoracique. Elle n’a pas
de acettes costales ni de oramens transversaires. • Le sacrum est un os de orme triangulaire composé de cinq vertèbres soudées. • Les petites vertèbres coccygiennes se soudent pour ormer le coccyx.
8.6 Les os de la cage thoracique – 320
• La cage thoracique comprend les vertèbres thoraciques, les côtes et le sternum. 8.6.1
Le sternum ..................................................................................................................................... 320 • Le sternum comprend le manubrium (partie large), le corps (partie allongée) et le processus
xiphoïde (en orme de pointe d’épée). 8.6.2
Les côtes ........................................................................................................................................ 321 • Les côtes 1 à 7 se nomment vraies côtes et les côtes 8 à 12 se nomment ausses côtes. Les
deux dernières ausses côtes (11 et 12) sont dites fottantes. • Les vraies côtes s’articulent directement avec le sternum, les ausses côtes s’articulent indi-
rectement avec le sternum et les deux dernières côtes sont dites fottantes parce qu’elles ne s’articulent pas avec le sternum. • La tête de chaque côte s’articule avec les vertèbres par l’intermédiaire de deux suraces arti-
culaires. Le col de chaque côte présente un tubercule qui s’articule avec le processus transverse d’une vertèbre. L’angle d’une côte représente l’endroit où le corps de la côte courbe vers l’avant en direction du sternum.
Chapitre 8 Le système squelettique : les os 347
Partie 2
Le squelette appendiculaire ...............................................................................................................
8.7
• Chaque membre est maintenu en place grâce à une ceinture : la ceinture scapulaire pour les
membres supérieurs et la ceinture pelvienne pour les membres inférieurs.
Comparaison entre les membres supérieurs et inférieurs – 322
• Le bras et la cuisse comptent chacun 1 os ; l’avant-bras et la jambe comptent chacun 2 os qui
pivotent l’un sur l’autre ; le poignet et le pied proximal comptent de multiples os courts ; la main et le pied comptent chacun 14 phalanges.
8.8 La ceinture scapulaire et ses fonctions – 323
322
• La ceinture scapulaire se compose de la clavicule et de la scapula ; elle soutient le membre
supérieur tout en servant de point d’attache au squelette axial. 8.8.1
La clavicule .................................................................................................................................... 323 • La clavicule est l’os en forme de « S » qui s’articule avec le sternum et la scapula.
8.8.2
La scapula ...................................................................................................................................... 323 • La scapula est un os plat, large et triangulaire. • La cavité glénoïdale de la scapula s’articule avec la tête de l’humérus. • L’acromion forme la pointe osseuse de la scapula et permet à cette dernière de s’articuler
avec la clavicule.
8.9 Les os des membres supérieurs – 323
• Chaque membre supérieur comporte l’humérus, le radius, l’ulna, 8 os du carpe, 5 métacar-
piens et 14 phalanges. 8.9.1
L’humérus ....................................................................................................................................... 327 • L’humérus est l’os du bras. Il s’articule avec le radius et l’ulna au coude.
8.9.2
Le radius et l’ulna........................................................................................................................... 328 • Le radius et l’ulna sont les os de l’avant-bras. L’ulna est l’os le plus long de l’avant-bras. • À son extrémité proximale, l’olécrâne de l’ulna s’articule avec la fosse olécrânienne de
l’humérus. • En supination (paume de la main vers l’avant en position anatomique), le radius et l’ulna sont
parallèles. En pronation (paume de la main vers l’arrière), le radius et l’ulna se croisent. 8.9.3
Les os du carpe, les métacarpiens et les phalanges.................................................................. 329 • Les 8 os du carpe forment le poignet, les 5 métacarpiens forment la paume de la main et les
14 phalanges forment les doigts.
8.10 La ceinture pelvienne et ses fonctions – 330
• La ceinture pelvienne se compose des deux os coxaux, tandis que le bassin comprend les os
coxaux, le sacrum et le coccyx. 8.10.1
L’os coxal ........................................................................................................................................ 330 • Chaque os coxal est formé par la soudure de l’ilium, de l’ischium et du pubis. • L’acétabulum de l’os coxal s’articule avec la tête du fémur. La crête iliaque de l’ilium forme le
bord postérosupérieur des hanches. Les tubérosités ischiatiques supportent le poids du corps en position assise. Les deux os pubiens s’articulent par l’intermédiaire de leurs surfaces symphysaires. 8.10.2
Le petit bassin et le grand bassin ................................................................................................ 333 • Le bord pelvien est la ligne courbe orientée sur un plan oblique qui s’étend du promontoire du
sacrum à la symphyse pubienne le long de la ligne arquée de l’ilium. Il divise le bassin en deux : le grand bassin au-dessus et le petit bassin en dessous. 8.10.3
Les différences morphologiques selon le sexe ........................................................................... 333 • Les os coxaux sont les os dont le dimorphisme sexuel est le plus apparent. • Le bassin féminin est plus large et présente une grande incisure ischiatique plus large et un
pubis de forme plus rectangulaire que le bassin masculin. 8.10.4
L’évolution de l’os coxal en fonction de l’âge .............................................................................. 336 • Avec le vieillissement, la surface symphysaire ondulée devient plus ovale et s’aplanit.
348 Partie II Le soutien et les mouvements du corps
8.11 Les os des membres inérieurs – 336
• Chaque membre inérieur comporte le émur, la patella, le tibia, la fbula, 7 os du tarse, 5 méta-
tarsiens et 14 phalanges. 8.11.1
Le émur et la patella ..................................................................................................................... 336 • Le émur présente une tête arrondie et un col allongé. • Les condyles médial et latéral du émur s’articulent avec les condyles du tibia. • La patella, ou rotule, s’insère dans le tendon du muscle quadriceps émoral.
8.11.2
Le tibia et la fbula.......................................................................................................................... 338 • Le tibia est l’os solide et épais situé du côté médial de la jambe, et sa malléole médiale orme
la bosse médiale de la cheville. Il supporte tout le poids du corps. • La fbula est l’os fn situé du côté latéral de la jambe, et sa malléole latérale orme la bosse
latérale de la cheville. Il ne supporte pas le poids du corps, mais sert de point d’ancrage à plusieurs muscles. • La partie proximale du tibia s’articule avec la tête de la fbula. La partie distale des deux os
s’articulent également. 8.11.3
Les os du tarse, les métatarsiens et les phalanges .................................................................... 339 • Les os du tarse orment le pied proximal ; les 5 métatarsiens orment les os de l’arche du pied ;
les 14 phalanges orment les os des orteils. 8.11.4
Les arcs plantaires ........................................................................................................................ 341 • Les trois arcs plantaires supportent le poids du corps et empêchent la compression de cer-
taines structures plantaires lorsque le corps est en position debout. • L’arc longitudinal médial est le plus prononcé et s’étend du talon à l’hallux. L’arc longitudinal
latéral s’étend du petit orteil au talon. L’arc transversal est perpendiculaire aux arcs longitudinaux.
8.12 La ormation du squelette – 343
• Le squelette appendiculaire se orme à partir des bourgeons des membres apparaissant à la
4e semaine du développement. La ormation des membres est pratiquement terminée à la 8e semaine du développement embryonnaire. • Les bourgeons qui donnent naissance aux membres supérieurs apparaissent avant ceux qui
donnent naissance aux membres inérieurs.
AUTOÉVALUATION
Solutionnaire
Concepts de base 1
La compression des os du crâne d’un nouveau-né au cours de l’accouchement est acilitée par des espaces entre les os du crâne appelés .
Quelles sont les deux osses séparées par l’épine de la scapula ? a) Les osses supraépineuse et suprascapulaire.
a) centres d’ossifcation
b) Les osses suprascapulaire et inraépineuse.
b) ontanelles
c) Les osses inraépineuse et supraépineuse.
c) oramens
d) Les osses supraépineuse et glénoïdale.
d) osses 2
3
Laquelle des caractéristiques suivantes le bassin éminin présente-t-il généralement ? a) Une grande incisure ischiatique étroite et en orme de « U ». b) Une arcade pubienne ouverte, angle supérieur à 100°. c) Un corps pubien triangulaire et court. d) Une ouverture supérieure du bassin plus petite et en orme de cœur.
4
Le émur s’articule avec le tibia a) à la ligne âpre b) aux condyles médial et latéral c) à la tête du émur d) au grand trochanter du émur
.
Chapitre 8 Le système squelettique : les os 349
5
En position assise, le corps repose sur
.
10 Décrivez les similitudes et les diérences entre les vraies
côtes, les ausses côtes et les côtes fottantes.
a) les os pubiens b) les tubérosités ischiatiques
11 Comparez les caractéristiques anatomiques et onctionnelles
des ceintures scapulaire et pelvienne.
c) les articulations sacro-iliaques d) la crête iliaque 6
Que sont les sutures et de quelle açon agissent-elles sur la orme et la croissance du crâne ?
7
Énumérez les sept os qui orment l’orbite et expliquez leur disposition.
8
Quelles sont les onctions des sinus paranasaux ?
9
Nommez les deux premières vertèbres cervicales et décrivez leurs onctions distinctes sur le plan de la mobilité de la colonne.
12 Diérenciez le petit bassin du grand bassin en aisant
réérence aux repères anatomiques qui permettent de les distinguer. 13 Expliquez les onctions des arcs plantaires. 14 Expliquez la ormation des membres. Quels sont les euillets
embryonnaires ormant les bourgeons de membres ? Énumérez les principaux événements se déroulant au cours de chaque semaine de ormation des membres.
Mise en application pointue (au lieu de carrée). Toutes ces caractéristiques vous amènent à tirer la conclusion suivante :
Répondez aux questions 1 à 5 à l’aide du paragraphe suivant. On vous demande de vous rendre sur une scène de crime qui se trouve dans les bois. Un randonneur a découvert un squelette enseveli sous des euilles, et en tant qu’ostéologue de l’équipe, il vous incombe d’identier les ossements et de déterminer l’âge et le sexe du squelette. Vous commencez donc à examiner les ossements. 1
Le premier os que vous devez identier est long et plutôt gros. Il présente une tête arrondie, un col allongé et des condyles lisses sur sa partie distale. De grosses saillies osseuses se trouvent également près du col de cet os. À partir de ces caractéristiques, vous déterminez que cet os est :
c) Ce crâne appartient à un homme. d) Ce crâne appartient à un jeune enant. 4
Compte tenu de la réponse que vous avez donnée à la question 3, quelle caractéristique du bassin vous attendriezvous à trouver ? a) Une ouverture supérieure du bassin étroite. b) Des os pubiens rectangulaires et allongés. c) Une incisure ischiatique étroite et en orme de « U ».
b) un radius ;
d) Une arcade pubienne de 90°.
c) un émur ;
e) Toutes les caractéristiques ci-dessus.
b) Un métacarpien.
Les policiers veulent également savoir si vous pouvez déterminer l’âge du squelette au décès. Vous constatez que toutes les épiphyses des os longs sont soudées à leur corps et que toutes les dents permanentes ont poussé. Les sutures crâniennes sont encore ouvertes et la surace symphysaire est aplatie, mais le bord qui la circonscrit n’est pas complètement ormé. Compte tenu de ces caractéristiques, à quelle tranche d’âge ce squelette appartient-il ?
c) Une côte.
a) Moins de 10 ans.
d) Une phalange.
b) 10 à 20 ans.
Vous prenez le squelette de la tête et commencez à l’examiner. Le processus mastoïde est plutôt petit et la protubérance occipitale externe est mal dénie. Les bords supraorbitaires sont plutôt anguleux et la protubérance mentonnière est
c) 20 à 35 ans.
En examinant le reste du squelette, vous remarquez un os en orme de « S » qui semble avoir été racturé avant le décès. Cet os s’est sans doute racturé par suite d’une chute sur la main tendue. De quel os s’agit-il ? a) Une clavicule.
3
b) Ce crâne appartient à une emme.
a) un humérus ;
d) un tibia. 2
a) Ce squelette est enseveli depuis longtemps.
5
d) 35 à 50 ans. e) Plus de 50 ans.
350 Partie II Le soutien et les mouvements du corps Synthèse 1
Paul aperçoit sa flle qui vient de naître par la enêtre de la pouponnière à l’hôpital et est bouleversé, car la tête de la nouveau-née est très diorme. Une infrmière lui dit de ne pas s’inquiéter, la tête du bébé reprendra sa orme normale dans quelques jours. Qu’est-ce qui a provoqué cette déormation crânienne et quel repère anatomique du crâne de la nouveaunée lui permet de reprendre une orme plus arrondie ?
2
Tatiana en est à son premier trimestre de grossesse et rend visite à son médecin. Elle est atteinte de lupus et a lu que le médicament thalidomide se révèle très prometteur pour soulager les symptômes. Le médecin devrait-il lui prescrire ce médicament à ce stade-ci ? Pourquoi ?
3
Les radiographies du bassin d’une emme de 70 ans sont malencontreusement mélangées avec celles d’un homme dans la trentaine. Quelles caractéristiques liées au bassin permettraient de déterminer à qui appartiennent les radiographies ?
LE SYSTÈME SQUELETTIQUE : LES ARTICULATIONS
CHAPITRE
9
Adaptation française :
Mélanie Cordeau
LE RHUMATOLOGUE…
DANS LA PRATIQUE
Les rhumatologues sont des médecins spécialisés dans le traitement des os, des articulations, des muscles, des tendons et des ligaments. Ils peuvent diagnostiquer des blessures musculosquelettiques, particulièrement celles touchant les articulations qui ont l’objet du présent chapitre. Ce type de médecin doit connaître l’amplitude normale du mouvement de chaque articulation, les structures musculaires et ligamentaires qui soutiennent l’articulation ainsi que les répercussions des blessures sur la mobilité et la guérison défnitive de l’articulation. C’est donc ce spécialiste qui est consulté en cas d’ostéoporose, d’arthrite, de maux de dos ou de blessures sportives graves.
9.1 9.2
La classifcation des articulations ............ 352 Les articulations fbreuses ......................... 352 9.2.1
Les articulations alvéolodentaires ............ 352
INTÉGRATION llustration des concepts Relation entre la mobilité et la stabilité des articulations...................................................... 353
9.3
9.4
9.2.2 Les sutures ............................................ 9.2.3 Les syndesmoses ................................... Les articulations cartilagineuses .............. 9.3.1 Les synchondroses ................................. 9.3.2 Les symphyses.......................................
9.4.2
9.5
354 354 355 355 356
Les articulations synoviales ....................... 356 9.4.1 Les caractéristiques distinctives et l’anatomie des articulations synoviales .............................................. 356
9.6
La classifcation des articulations synoviales .............................................. Les articulations synoviales et les leviers ................................................... 9.5.1 La terminologie des leviers...................... 9.5.2 Les types de leviers ................................ Les mouvements des articulations synoviales ....................................................... 9.6.1 Le mouvement de glissement .................
359 361 361 362 363 363
9.6.2 9.6.3
Le mouvement angulaire......................... 363 Le mouvement de rotation ...................... 365
9.6.4 Les mouvements particuliers................... Les caractéristiques et l’anatomie de certaines articulations ........................... 9.7.1 L’articulation temporomandibulaire .......... 9.7.2 Les articulations de l’épaule .................... 9.7.3 L’articulation du coude ............................ 9.7.4 L’articulation de la hanche ...................... 9.7.5 L’articulation du genou............................ 9.7.6 L’articulation de la cheville ...................... 9.8 La ormation et le vieillissement des articulations ........................................... Liens entre le système squelettique et les autres systèmes ..........................................
366
9.7
368 368 372 376 378 380 382 383 385
352 Partie II Le soutien et les mouvements du corps
9.1
La classifcation des articulations
1
Défnir l’articulation.
2
Comparer les classifcations structurale et onctionnelle des articulations.
3
Expliquer la relation inverse entre la mobilité et la stabilité d’une articulation.
Le squelette protège les organes vitaux et soutient les tissus mous. Ses cavités médullaires sont la source des nouvelles cellules sanguines. En interaction avec le système musculaire, le squelette aide le corps à se mouvoir. Les os sont trop rigides pour plier, mais ils se rencontrent à des jointures que les anatomistes appellent articulations. Une articulation est la jonction entre deux os, entre un os et un cartilage ou entre un os et une dent. Les os s’articulent au site de l’articulation.
relation inverse entre la mobilité et la stabilité des articulations. Lorsque la mobilité d’une articulation augmente, sa stabilité diminue. À l’inverse, si une articulation est immobile, sa stabilité est maximale. La FIGURE 9.1 illustre la corrélation négative entre la mobilité et la stabilité de diérentes articulations. Elle permet de constater et de comparer les classifcations structurale et onctionnelle de certaines articulations courantes. L’exposé détaillé des articulations du présent chapitre se onde sur la classifcation structurale, à laquelle s’ajouteront des catégories onctionnelles, au besoin.
INTÉGRATION
Il est possible de parvenir à nommer la plupart des articulations en utilisant la logique, car elles portent le nom des os qui les orment. À titre d’exemple, l’articulation scapulohumérale se situe à l’endroit où la cavité glénoïdale de la scapula s’unit à la tête de l’humérus, et l’articulation sternoclaviculaire se situe à l’endroit où le sternum s’articule avec l’extrémité sternale de la clavicule.
Les articulations sont classées selon leurs caractéristiques structurales et le type de mouvement qu’elles permettent (voir le tableau 9.1). Les articulations sont catégorisées sur le plan structural en onction du type de tissu conjoncti qui unit les suraces articulaires des os et de la présence ou non d’un espace entre les os de l’articulation. • L’articulation fbreuse ne possède aucune cavité articulaire, et du tissu conjoncti dense régulier (fbreux) unit les os de l’articulation. Les articulations qui unissent les os du crâne sont des articulations fbreuses. • L’articulation cartilagineuse ne possède aucune cavité articulaire, et du cartilage unit les os de l’articulation. La ligne épiphysaire qui unit l’épiphyse à la diaphyse est un exemple d’articulation cartilagineuse. • L’articulation synoviale possède une cavité articulaire remplie de liquide qui sépare les suraces articulaires de chaque os. Une capsule de tissu conjoncti entoure les suraces articulaires, et divers ligaments unissent les os de l’articulation. Le genou est un exemple d’articulation synoviale. Sur le plan onctionnel, les articulations sont classées selon leur mobilité : • les articulations immobiles (ou synarthroses ; sun = usion) ; • les articulations semi-mobiles (ou amphiarthroses ; amphi = autour) ; • les articulations mobiles (ou diarthroses ; di = deux). Les articulations fbreuses et cartilagineuses sont immobiles ou semi-mobiles, alors que les articulations synoviales sont mobiles. La mobilité d’une articulation va d’immobile, comme l’emboîtement de deux os crâniens à une suture, à une grande diversité de mouvements, comme dans le cas de l’épaule où l’humérus s’articule avec la scapula (omoplate). La structure de chaque articulation détermine sa mobilité et sa stabilité. Il existe une
STRATÉGIES D’APPRENTISSAGE
Vériiez vos connaissances 1. Quelle relation existe-t-il entre la mobilité et la stabilité
d’une articulation ?
9.2
Les articulations fbreuses
Du tissu conjoncti dense régulier unit les os de l’articulation fbreuse. Ce type d’articulation ne possède aucune cavité articulaire ; il n’y a donc aucun espace entre les os de l’articulation. La plupart des articulations fbreuses sont immobiles ou, tout au plus, semi-mobiles ; leur principale onction est de maintenir deux os ensemble. L’articulation de la dent dans son alvéole, les sutures entre les os crâniens de même que l’articulation entre le radius et l’ulna ou entre le tibia et la fbula en sont des exemples. Dans la présente section, il est question des trois types d’articulations fbreuses les plus courants, soit les articulations alvéolodentaires, les sutures et les syndesmoses FIGURE 9.2 .
9.2.1 1
Les articulations alvéolodentaires
Indiquer où se trouvent les articulations alvéolodentaires et expliquer leurs caractéristiques.
L’articulation alvéolodentaire (ou gomphose) peut être comparée à une fche d’alimentation électrique enoncée dans une prise de courant. Les seules articulations alvéolodentaires du corps humain sont, comme leur nom l’indique, les articulations des racines de chaque dent avec les alvéoles osseuses de la mandibule et des maxillaires. Des ligaments alvéolodentaires fbreux maintiennent solidement la dent en place, rendant cette articulation immobile.
INTÉGRATION
ILLUSTRATION DES CONCEPTS
FIGURE 9.1 Relation entre la mobilité et la stabilité des articulations
❯
Plus une articulation est mobile, moins elle est stable, et vice versa.
Stable (mais mobilité limitée) Plus l’articulation est stable, moins elle est mobile.
Articulations fibreuses Leur principale fonction est de maintenir deux os ensemble. Elles sont immobiles ou semimobiles (p. ex., les sutures et la membrane interosseuse).
Immobile
La plus stable
Articulations cartilagineuses Leur principale fonction est de résister aux contraintes de compression et de traction, et de servir d’amortisseurs de choc. Elles sont immobiles ou semi-mobiles (p. ex., les articulations intervertébrales).
Suture
Membrane interosseuse Articulations synoviales
Semimobile
Stable
Articulations intervertébrales
Articulation du genou
La plus mobile
La moins stable Articulation scapulohumérale (épaule)
Mobile (mais plus instable) Plus l’articulation est mobile, moins elle est stable.
Leur principale fonction est le mouvement ; elles sont donc toutes mobiles (p. ex., l’articulation scapulohumérale [épaule] et l’articulation du genou).
354 Partie II Le soutien et les mouvements du corps
Ulna
Suture
Radius
Racine de la dent Ligaments alvéolodentaires Processus alvéolaire de la mandibule
Syndesmose (membrane interosseuse) Articulation alvéolodentaire
A. Articulation alvéolodentaire
B. Suture
C. Syndesmose
FIGURE 9.2 Articulations fbreuses
❯ Du tissu conjoncti dense régulier unit les os de l’articulation fbreuse pour empêcher ou limiter le mouvement. A. L’articulation alvéolodentaire est une articulation immobile entre la
Les raisons pour lesquelles les appareils orthodontiques peuvent être douloureux et prendre autant de temps à positionner correctement les dents sont directement liées à l’architecture de l’articulation alvéolodentaire. Le travail de l’orthodontiste consiste à repositionner ces articulations normalement immobiles au moyen de clamps, de bagues, d’anneaux et de broches. En réaction à ces contraintes mécaniques, des ostéoblastes et des ostéoclastes travaillent ensemble pour modifer le processus alvéolaire, entraînant un remodelage des articulations et un repositionnement lent des dents.
dent et la mâchoire. B. La suture est une articulation immobile entre des os crâniens. C. La syndesmose permet une légère mobilité entre le radius et l’ulna.
nombre de blessures à ces articulations. Ces articulations sont ormées de tissu conjoncti dense régulier dont les fbres de collagène sont très courtes. Elles sont présentes entre les os crâniens seulement chez l’enant et l’adolescent. En plus de joindre des os, les sutures permettent au crâne de prendre de l’expansion à mesure que la taille de l’encéphale augmente. Chez l’adulte, le tissu conjoncti dense régulier de la suture s’ossife, usionnant ainsi les os crâniens. Lorsque ces os ont complètement usionné le long de la suture, cette suture eacée se nomme synostose (sun = usion, osteon = os), ce qui signife jonction osseuse.
Vérifiez vos connaissances
Vérifiez vos connaissances
2. À quel endroit les articulations alvéolodentaires se
3. Quelle est la composition de la suture et où se
trouvent-elles et quel est leur degré de mobilité ?
9.2.2 2
Les sutures
Indiquer où se trouvent les sutures et décrire leurs onctions.
Les sutures (sutura = couture) sont des articulations fbreuses immobiles présentes uniquement entre des os crâniens. Les sutures possèdent des côtés généralement irréguliers permettant un emboîtement des os crâniens, ce qui accroît leur solidité et diminue le
trouve-t-elle dans le corps humain ?
9.2.3 3
Les syndesmoses
Indiquer où se trouvent les syndesmoses et décrire leurs onctions.
La syndesmose (sundesmos = ligament) est une articulation fbreuse dans laquelle les os de l’articulation ne sont unis que par des ligaments, c’est-à-dire de longues bandes de tissu
Chapitre 9 Le système squelettique : les articulations 355
conjoncti dense régulier composées de fbres de collagène plus longues que dans les sutures. Les ligaments peuvent prendre la orme d’un aisceau unissant les épiphyses de deux os longs adjacents. Ce type de syndesmose est présent entre les extrémités du radius et de l’ulna, et entre les extrémités du tibia et de la fbula. La syndesmose se présente aussi sous la orme d’une membrane ligamentaire, appelée membrane interosseuse, qui unit non pas les épiphyses, mais le corps de deux os longs adjacents. La syndesmose sous orme de aisceau permet une aible mobilité, alors que la membrane interosseuse sert d’axe de rotation pour permettre au radius et à l’ulna (ou au tibia et à la fbula) de pivoter l’un sur l’autre. La syndesmose est donc semimobile, et sa mobilité est attribuable à la longueur de ses fbres de collagène. En eet, plus les fbres de collagènes d’une articulation sont longues, plus celle-ci est mobile.
de l’articulation est soit du cartilage hyalin, soit du cartilage fbreux. Les deux types d’articulations cartilagineuses sont la synchondrose et la symphyse FIGURE 9.3.
INTÉGRATION APPLICATION CLINIQUE
La costochondrite DÉSÉQUILIBRE HOMÉOSTATIQUE
La costochondrite (costa = côte, chondros = cartilage, itis = infammation) désigne une infammation et une irritation des articulations chondrocostales (entre la côte et son cartilage costal) se traduisant par une douleur thoracique localisée. La cause de la costochondrite est généralement inconnue, mais quelques cas documentés montrent notamment un trauma léger et récurrent de la paroi thoracique (p. ex., une orte toux persistante ou un surmenage pendant l’exercice) ou une inection bactérienne ou virale de ces articulations. Cette douleur thoracique localisée se conond souvent avec celle liée à l’inarctus du myocarde (crise cardiaque). Le traitement de la costochondrite est la prise d’anti-infammatoires non stéroïdiens (AINS) comme l’aspirine. En général, le repos et un traitement approprié ont disparaître les symptômes en quelques semaines.
Vérifiez vos connaissances 4. Quel type de mouvement la syndesmose permet-elle
d’eectuer ? 5. Les articulations breuses ont-elles toutes le même
degré d’immobilité ? Expliquez.
9.3
Les articulations cartilagineuses
9.3.1 1
L’articulation cartilagineuse contient du cartilage entre les os de l’articulation et, tout comme l’articulation fbreuse, elle ne compte aucune cavité articulaire. Elle peut être immobile (synarthrose) ou semi-mobile (amphiarthrose). Le cartilage entre les os
Indiquer où se trouvent les synchondroses et décrire leurs onctions.
La synchondrose est un type d’articulation ormé de cartilage hyalin. Sur le plan onctionnel, toutes les synchondroses sont immobiles.
Synchondroses (contiennent du cartilage hyalin) Cartilage épiphysaire
Les synchondroses
Symphyses (contiennent un coussinet de cartilage fibreux)
Articulations chondrocostales (synchodroses entre les côtes vraies et leur cartilage costal)
Articulation sternocostale (synchodrose entre le sternum et le cartilage costal de la première côte)
Articulation intervertébrale
Disque intervertébral
Manubrium
Articulations sternocostales (articulations synoviales entre le sternum et le cartilage costal des côtes 2 à 7) A.
Symphyse pubienne
Corps de la vertèbre
B.
FIGURE 9.3 Articulations cartilagineuses
❯ Du cartilage unit les os de l’articulation cartilagineuse. A. La synchondrose est une articulation immobile située dans les cartilages épiphysaires des os longs, entre chacune des côtes vraies et leur cartilage costal respecti ainsi qu’entre
le cartilage costal de la première côte et le sternum. B. La symphyse est semi-mobile et se trouve à la symphyse pubienne et aux articulations intervertébrales.
356 Partie II Le soutien et les mouvements du corps
À votre avis 1. Pour quelle raison la synchondrose est-elle une
articulation immobile et pourquoi ne faut-il pas qu’elle soit mobile ?
Chez l’enant, le cartilage hyalin du cartilage épiphysaire orme une synchondrose qui unit chacune des épiphyses à la diaphyse de l’os long (voir la fgure 9.3A). L’os cesse de croître lorsque du tissu osseux remplace le cartilage hyalin et que la synchondrose disparaît (voir la section 7.4.2). La synchondrose sphéno-occipitale se situe entre les os sphénoïde et occipital à la base du crâne. La présence de cette synchondrose permet la croissance de la base du crâne. Tout comme le cartilage épiphysaire, cette articulation se transormera en tissu osseux (vers l’âge de 18 à 25 ans), entraînant la usion des os sphénoïde et occipital. À partir de ce moment, la croissance à la base du crâne devient impossible. L’état de cette articulation permet d’évaluer l’âge d’un crâne (voir la section 8.4.2). D’autres synchondroses se situent dans la région des côtes. Par exemple, les côtes vraies sont reliées au sternum par du cartilage hyalin. L’articulation qui unit la côte à son cartilage costal se nomme quant à elle l’articulation chondrocostale. Enn, les articulations qui relient le cartilage costal au sternum se nomment articulations sternocostales. La première articulation sternocostale (de la première côte) est une synchondrose, et le cartilage costal de la première côte est uni solidement au manubrium du sternum par du cartilage hyalin. Ceci assure la stabilité de la cage thoracique. Les autres articulations sternocostales (celles des côtes 2 à 7) ne sont pas des synchondroses, mais bien des articulations synoviales (voir la section 9.4). Elles assurent une plus grande mobilité de la cage thoracique, essentielle à l’inspiration et à l’expiration.
Vérifiez vos connaissances
mobilité de la symphyse pubienne s’accroît pour permettre au bassin de modier légèrement sa orme en augmentant l’angle de l’arcade pubienne pendant l’accouchement. Les articulations intervertébrales sont d’autres exemples de symphyses dans lesquelles les corps de deux vertèbres adjacentes sont unis par un disque intervertébral. Chaque disque intervertébral ne permet que de légers mouvements entre deux vertèbres adjacentes ; touteois, l’ensemble des mouvements de tous les disques intervertébraux apporte une fexibilité considérable à la colonne vertébrale.
Vérifiez vos connaissances 7. De quelle catégorie fonctionnelle la symphyse fait-elle
partie ? Pourquoi ?
9.4
Les articulations synoviales sont des articulations mobiles. La plupart des articulations les plus connues du corps humain sont des articulations synoviales, notamment l’articulation scapulohumérale (épaule), l’articulation temporomandibulaire (mâchoire), l’articulation du coude et celle du genou.
9.4.1
9.3.2 2
Les symphyses
Indiquer où se trouvent les symphyses et décrire leurs fonctions.
La symphyse (sumphusis = union) est une articulation dans laquelle les os sont recouverts de cartilage hyalin ; ce type de cartilage est également présent dans les chondrophyses. Par contre, la symphyse possède un coussinet de cartilage breux entre les os de l’articulation (voir la fgure 9.3B). Le cartilage breux résiste aux contraintes de compression et de traction, et il sert d’amortisseur de choc. Toutes les symphyses sont des articulations semi-mobiles (amphiarthroses). La symphyse pubienne en est un exemple : elle se trouve entre les os pubiens gauche et droit. Chez la emme enceinte, la
Les caractéristiques distinctives et l’anatomie des articulations synoviales
1
Décrire les caractéristiques communes à toutes les articulations synoviales.
2
Énumérer les principales caractéristiques de l’articulation synoviale.
3
Expliquer la composition et la fonction de la synovie dans une articulation synoviale typique.
6. Quelle est la composition de la synchondrose
et où est-elle présente dans le corps humain ?
Les articulations synoviales
Contrairement aux articulations décrites jusqu’ici, une cavité articulaire sépare les os qui composent l’articulation synoviale. Sur le plan onctionnel, toutes les articulations synoviales ont partie de la classe des articulations mobiles. Toutes les articulations synoviales comptent plusieurs caractéristiques de base : une capsule articulaire, une cavité articulaire, de la synovie, du cartilage articulaire, des ligaments, des ners et des vaisseaux sanguins FIGURE 9.4. Chaque articulation synoviale comporte une capsule articulaire composée de deux couches tissulaires. Sa couche externe se nomme couche fbreuse, et la couche interne orme la membrane synoviale. La couche breuse se compose de tissu conjoncti dense irrégulier. Elle renorce l’articulation pour empêcher les os de se déboîter. La membrane synoviale se compose surtout de tissu conjoncti lâche. Elle tapisse l’intérieur de la capsule articulaire, à l’exception des endroits déjà couverts
Chapitre 9 Le système squelettique : les articulations 357
membrane synoviale et du liquide fltré provenant du plasma. La synovie remplit trois onctions. Elle permet : 1. de lubrifer le cartilage articulaire à la surace des os de l’articulation (comme l’huile dans un moteur d’automobile qui lubrife les pièces mobiles du moteur) ;
Périoste Moelle osseuse jaune
Couche fibreuse Membrane synoviale
Capsule articulaire
Cavité articulaire (contient la synovie)
3. d’amortir les chocs en répartissant uniormément les contraintes et la orce sur les suraces articulaires en présence d’une augmentation soudaine de la pression dans l’articulation.
Cartilage articulaire Ligament
FIGURE 9.4 Articulations synoviales
Articulation synoviale typique
2. de nourrir les chondrocytes du cartilage articulaire. Le volume relativement petit de synovie doit circuler continuellement pour assurer l’approvisionnement en substances nutritives et l’élimination des déchets. Au moindre mouvement de l’articulation synoviale, la combinaison de la compression et de l’expansion du cartilage articulaire ait circuler la synovie vers l’intérieur et l’extérieur de la matrice cartilagineuse ;
❯
Toutes les articulations syno viales sont mobiles et permettent une grande variété de mouvements.
par le cartilage articulaire. Elle contribue également à la production de la synovie (décrite un peu plus loin). Une fne couche de cartilage hyalin, appelée cartilage articulaire, couvre toutes les suraces des os de l’articulation synoviale. Ce cartilage remplit de nombreuses onctions : il réduit la riction dans l’articulation pendant le mouvement, il sert de coussin spongieux pour absorber la compression appliquée sur l’articulation et il prévient les lésions aux extrémités articulaires des os. Ce cartilage hyalin spécial n’a pas de périchondre (couche interne et vascularisée du cartilage), qui, habituellement, lui permettrait d’être nourri. Il est avasculaire, ce qui signife qu’il ne compte aucun vaisseau sanguin pour lui apporter des substances nutritives et éliminer les déchets métaboliques. Le cartilage articulaire se nourrit à partir de la synovie. La compression et l’expansion répétitives qui se produisent pendant l’exercice sont donc vitales pour maintenir le cartilage articulaire en santé, car ces actions stimulent l’apport nutritionnel et l’élimination des déchets en aisant entrer et sortir la synovie de l’intérieur du cartilage articulaire. Seules les articulations synoviales comportent une cavité articulaire, soit un espace qui sépare les os de l’articulation. Le cartilage articulaire et la synovie, présents dans la cavité articulaire, contribuent à réduire la riction occasionnée par le déplacement des os de l’articulation synoviale. La membrane synoviale tapisse la cavité articulaire et sécrète la synovie (ou liquide synovial). La synovie est une substance huileuse et visqueuse située à l’intérieur de l’articulation synoviale. Elle se compose des sécrétions produites par les cellules de la
Les ligaments (ligamentum = lien) se composent de tissu conjoncti dense régulier et ils relient deux os. La onction du ligament est de stabiliser, de solidifer et de renorcer la plupart des articulations synoviales. Les ligaments intrinsèques correspondent à la couche fbreuse de la capsule articulaire, tandis que les ligaments extrinsèques sont des ligaments situés à l’extérieur de la capsule articulaire (ligaments extracapsulaires) ou à l’intérieur de la capsule articulaire (ligaments intracapsulaires). Toutes les articulations synoviales possèdent de nombreux nerfs sensitifs et vaisseaux sanguins qui innervent et alimentent la capsule articulaire et les ligaments qui y sont associés. Les ners sensitis détectent les stimulus potentiellement nocis pour l’articulation et signalent le degré de mouvement et d’étirement de l’articulation. En suivant l’étirement d’une articulation, le système nerveux peut détecter des changements dans la posture et modifer les mouvements corporels en conséquence. Les tendons (tenôn = étirer) ressemblent aux ligaments et se composent de tissu conjoncti dense régulier, mais ils ne ont pas partie de l’articulation synoviale comme telle. Le ligament sert à unir deux os, tandis que le tendon sert à fxer un muscle à un os. Lorsqu’un muscle se contracte, le tendon de ce muscle déplace l’os auquel il est attaché, créant ainsi un mouvement de l’articulation. Les tendons aident à stabiliser les articulations, car ils traversent ou contournent l’articulation pour ournir un soutien mécanique et limitent parois la mobilité permise par l’articulation lorsque les fbres de collagène ormant le tendon sont à leur étirement maximal. En plus des principales composantes décrites précédemment, l’articulation synoviale comporte généralement des bourses séreuses et des coussinets adipeux comme structures accessoires. Ces bourses, dont la ace interne est tapissée d’une membrane synoviale, sont des structures fbreuses en orme de sac qui contiennent de la synovie FIGURE 9.5A . Les bourses séreuses sont associées à la plupart des articulations synoviales et aux endroits où des os, des ligaments, des muscles, de la peau ou des tendons se chevauchent et rottent ensemble. Les bourses séreuses sont fxées à la cavité articulaire ou sont complètement indépendantes de celle-ci. Leur onction est d’atténuer la riction
358 Partie II Le soutien et les mouvements du corps
Gaine du tendon (ouverte) Tendon du fléchisseur profond des doigts
Fémur Bourse subtendineuse du muscle gastrocnémien Capsule articulaire Cartilage articulaire Ménisque Cavité articulaire remplie de synovie Tibia
Bourse synoviale suprapatellaire Membrane synoviale
Tendon du fléchisseur superficiel des doigts Gaines des tendons des doigts
Patella Bourse sous-cutanée prépatellaire Gaine du tendon Coussinet adipeux autour du tendon du Bourses long fléchisseur du pouce infrapatellaires Ligament patellaire Tendon du fléchisseur radial du carpe Tendon du long fléchisseur du pouce
A. Bourses séreuses de l’articulation du genou, coupe sagittale
Gaine commune des tendons des fléchisseurs Tendons du fléchisseur superficiel des doigts et du fléchisseur profond des doigts
B. Gaines des tendons du poignet et de la main, vue antérieure
FIGURE 9.5 Bourses séreuses et gaines du tendon ❯ Les structures remplies de synovie, appelées bourses séreuses et gaines du tendon, réduisent la friction aux endroits où des ligaments, des muscles, des tendons et des
qui résulte des diérents mouvements du corps, comme c’est le cas aux endroits où il y a un rottement entre un tendon (ou un ligament) et un os. Une bourse séreuse allongée appelée gaine du tendon (ou gaine synoviale) entoure les tendons aux endroits où la riction est plus importante. Les gaines du tendon sont surtout présentes dans les espaces restreints du poignet et de la cheville (voir la fgure 9.5B). L’infammation d’une bourse séreuse se nomme bursite, alors que l’infammation de la gaine du tendon est la tendinite. Des coussinets adipeux sont souvent répartis à la périphérie de l’articulation synoviale. Ils servent de tissu de remplissage et
os frottent ensemble. A. L’articulation du genou compte plusieurs bourses séreuses (en bleu et en pourpre). B. Le poignet et la main comptent de nombreuses gaines de tendon (en bleu).
assurent une certaine protection de l’articulation. Souvent, ils remplissent les espaces qui se orment lorsque les os se déplacent et que la cavité articulaire change de orme (voir la fgure 9.5A).
Vérifiez vos connaissances 8. Quelles sont les principales caractéristiques de tous
les types d’articulations synoviales ? 9. Quelle est l’utilité de la synovie dans ce type
d’articulation ?
INTÉGRATION APPLICATION CLINIQUE
Le craquement des jointures L’extension ou l’étirement d’une articulation synoviale fait immédiatement augmenter son volume et diminuer la pression sur la synovie présente dans l’articulation ; il se crée alors un vide partiel à l’intérieur de l’articulation. Par conséquent, les gaz dissous dans la synovie deviennent moins solubles et forment des bulles, un processus appelé cavitation. Lorsque l’étirement de
l’articulation atteint un certain point, la pression dans l’articulation chute encore davantage, et les bulles de gaz formées dans la synovie éclatent, entraînant un bruit sec ou un craquement. Ces gaz prennent généralement environ de 20 à 30 minutes à se dissoudre de nouveau dans la synovie. Il est donc impossible de faire craquer les jointures de nouveau tant que ces gaz ne se sont pas dissous.
Chapitre 9 Le système squelettique : les articulations 359
9.4.2
La classifcation des articulations synoviales
4
Expliquer le mouvement d’une articulation par rapport aux trois axes perpendiculaires de l’espace.
5
Comparer les six types d’articulations synoviales.
Les articulations synoviales sont classées en onction de la orme de leurs suraces articulaires et des types de mouvements qu’elles permettent. La meilleure açon de décrire le mouvement d’un os à une articulation synoviale est par rapport aux trois plans ou axes perpendiculaires : • Une articulation est uniaxiale (unus = un seul) si l’os ne se déplace que selon un seul plan ou axe. Les articulations du coude et du genou sont des exemples d’articulation uniaxiale. • Une articulation est biaxiale (bi = deux) si l’os se déplace selon deux plans ou axes. Le poignet est un exemple d’articulation biaxiale. • Une articulation est triaxiale (tri = trois) ou multiaxiale si l’os se déplace selon de multiples plans ou axes. La hanche et l’épaule sont des exemples d’articulation multiaxiale. Toutes les articulations synoviales sont mobiles, mais certaines sont plus mobiles que d’autres. Les six types d’articulations synoviales, allant de la moins mobile à la plus mobile, sont les articulations plane, trochléenne, trochoïde, condylaire, en selle et sphéroïde. La FIGURE 9.6 montre ces articulations et des exemples d’endroits où elles sont présentes dans le corps humain.
À votre avis 2. Si l’articulation sphéroïde est plus mobile que
l’articulation plane, laquelle de ces deux articulations est la plus stable ?
L’articulation plane (planus = plat) est l’articulation synoviale la plus simple et le type le moins mobile des articulations mobiles. Les anatomistes s’interrogent encore sur la açon de décrire cette articulation par rapport aux diérents plans perpendiculaires. Ce type d’articulation synoviale est décrit ici comme étant une articulation uniaxiale, car elle ne permet généralement que des mouvements latéraux limités dans un seul plan et n’eectue aucun mouvement angulaire ou de rotation. Les suraces articulaires des os sont aplaties (planes). Les articulations intercarpiennes et intertarsiennes (articulations entre les os du carpe et du tarse, respectivement) sont des exemples d’articulations planes. L’articulation trochléenne est ormée par l’ajustement de la surace convexe d’un os dans la surace concave d’un autre os. Le mouvement s’eectue dans un seul axe, comme celui d’une charnière de porte. L’articulation trochléenne est donc considérée comme une articulation uniaxiale. L’articulation du coude est un exemple d’articulation trochléenne. L’incisure trochléaire
de l’ulna s’ajuste directement dans la trochlée de l’humérus de manière à ce que l’avant-bras ne puisse se déplacer que pour se rapprocher ou s’éloigner du bras. Les articulations du genou et interphalangiennes des doigts sont d’autres exemples d’articulations trochléennes. L’articulation trochoïde est une articulation uniaxiale dans laquelle l’un des os de l’articulation à la surace arrondie s’ajuste dans un anneau ormé par un ligament et un autre os. Le premier os eectue un mouvement de rotation autour de son axe longitudinal par rapport au deuxième os. L’articulation radioulnaire proximale dans laquelle la tête arrondie du radius pivote sur l’ulna, permettant ainsi au radius d’eectuer un mouvement de rotation, est un exemple de ce type d’articulation. L’articulation atlantoaxoïdienne, située entre les deux premières vertèbres cervicales (atlas et axis), en est un autre exemple. C’est cette articulation qui pivote lorsqu’une personne hoche la tête pour dire non. L’articulation condylaire (ou articulation ellipsoïde) est une articulation biaxiale dont la surace convexe et ovale d’un os s’articule avec la surace articulaire concave (mais peu proonde) d’un deuxième os de l’articulation. L’articulation biaxiale présente deux axes de mouvements, soit d’avant en arrière et latéralement. Les articulations métacarpophalangiennes (ou jointures) du deuxième au cinquième doigt de la main sont des exemples d’articulations condylaires. Le mouvement consistant à plier et à déplier les doigts de sa main aux articulations métacarpophalangiennes s’eectue selon l’axe avant-arrière; celui consistant à éloigner ses doigts les uns des autres et à les rapprocher représente l’axe latéral. L’articulation en selle se nomme ainsi, car les suraces articulaires des os comportent des régions convexes et concaves qui ressemblent à une selle. Cette articulation biaxiale permet une plus grande mobilité que les articulations condylaire et trochléenne. L’articulation carpométacarpienne, située entre l’os du carpe (trapèze) et le premier métacarpien du pouce, est un exemple d’articulation en selle. Cette articulation permet au pouce de se déplacer vers les autres doigts pour saisir des objets. L’articulation sphéroïde est une articulation multiaxiale dans laquelle la tête articulaire sphérique d’un os s’insère dans la cavité ronde en orme de coupe d’un autre os. Les articulations de la hanche et de l’épaule (scapulohumérale) sont des exemples de ce type d’articulation. Le caractère multiaxial de ces articulations permet des mouvements dans les trois plans de l’espace. En déplaçant son bras à la hauteur de l’épaule, il est possible de constater la grande diversité de mouvements pouvant être eectués. L’articulation sphéroïde est considérée comme étant l’articulation synoviale la plus mobile. Le TABLEAU 9.1 décrit les classifcations des articulations.
Vériiez vos connaissances 10. Quels types de mouvements chacun des six types
d’articulations effectue-t-il ?
360 Partie II Le soutien et les mouvements du corps
FIGURE 9.6 Articulations synoviales
❯ Illustration des six types d’articulations synoviales et de leur emplacement dans le corps humain.
Articulation trochléenne (uniaxiale)
Os du carpe
Humérus Radius Triquetrum Hamatum Articulation métacarpophalangienne (jointure)
Trapèze Premier métacarpien
Articulation plane (uniaxiale)
Articulations interphalangiennes
Phalanges
Ulna
Métacarpien Phalange proximale
Articulation sphéroïde (multiaxiale)
Articulation en selle (biaxiale) Ilium Articulation condylaire (biaxiale) Dent de l’axis
Atlas
Tête du fémur
Axis
Articulation uniaxiale Articulation biaxiale Articulation multiaxiale
Articulation trochoïde (uniaxiale)
Chapitre 9 Le système squelettique : les articulations 361
TABLEAU 9.1
Classifcations des articulations
Classifcation structurale
Caractéristiques structurales
Catégories structurales
Exemples
Classifcation onctionnelle
Fibreuse (voir la fgure 9.2)
Extrémités osseuses unies par du tissu conjoncti ; aucune cavité articulaire
• Articulation alvéolodentaire : union de la dent à la mâchoire osseuse par un ligament alvéolodentaire
• Fixation de la dent à la mâchoire
Immobile
• Suture : os crâniens unis par du tissu conjoncti
• Suture de l’os occipital et des os pariétaux
Immobile
• Syndesmose : os rattachés par des ligaments sous orme de aisceau ou de membrane
• Faisceau : articulation entre le radius et l’ulna, et entre le tibia et la fbula • Membrane : membrane interosseuse entre le radius et l’ulna
Semi-mobile
• Synchondrose : os liés par du cartilage hyalin
• Cartilage épiphysaire des os en croissance ; articulations chondrocostales (entre les côtes et le sternum)
Immobile
• Symphyse : os liés par un coussinet de cartilage fbreux
• Symphyse pubienne ; articulations des disques entre les vertèbres
Semi-mobile
• Articulation uniaxiale – plane : suraces plates ou légèrement courbées qui glissent l’une contre l’autre – trochléenne : ajustement de la partie convexe d’un os dans la partie concave d’un autre os – trochoïde : ajustement de la surace arrondie d’un os dans un anneau ormé par un autre os et un ligament
• Articulation uniaxiale – plane : articulations situées entre les os du carpe et du tarse – trochléenne : articulation du coude, articulation du genou, articulations entre les phalanges – trochoïde : articulation atlan toaxoïdienne (entre l’atlas et l’axis – C1 et C2)
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• Articulation biaxiale – condylaire : contact étroit entre la surace articulaire ovale d’un os et la surace concave et ovale d’un autre os – en selle : contact étroit entre la surace articulaire en orme de selle d’un os et la surace en orme de selle d’un autre os
• Articulation biaxiale – condylaire : articulations métacarpophalangiennes ou métatarsophalangiennes – en selle : articulation carpométacarpienne (entre le carpe et le métacarpe) du pouce
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• Articulation multiaxiale (triaxiale) – sphéroïde : ajustement de la tête arrondie d’un os dans la cavité en orme de coupe d’un autre os
• Articulation multiaxiale (triaxiale) – sphéroïde : articulation scapulohumérale (épaule), articulation de la hanche
Mobile
Cartilagineuse (voir la fgure 9.3)
Synoviale (voir la fgure 9.6)
9.5
Extrémités osseuses unies par du cartilage ; aucune cavité articulaire
Extrémités osseuses re couvertes de cartilage articulaire ; présence d’une cavité articulaire entre les os de l’articulation ; articulation entourée d’une capsule articulaire tapissée d’une membrane synoviale à sa ace interne ; articulation contenant de la synovie
Les articulations synoviales et les leviers
Lorsque les anatomistes analysent le mouvement des articulations synoviales et la contraction musculaire, ils comparent souvent ce mouvement à la mécanique d’un levier ; cette pratique, qui consiste à appliquer des principes de mécanique à la biologie, se nomme biomécanique.
9.5.1
La terminologie des leviers
1
Défnir ce qu’est un levier.
2
Distinguer le bras de orce du bras de charge d’un levier.
Le levier (levare = lever) est une tige rigide qui pivote sur un point fxe appelé point d’appui. La balançoire à bascule est un exemple bien connu de levier. Le levier a la capacité de modifer la
362 Partie II Le soutien et les mouvements du corps 9.5.2.1 Le levier de première classe
vitesse et la distance d’un mouvement produit par une force, la direction d’une force appliquée et la puissance de la force.
Le levier de première classe comporte un point d’appui au milieu, soit entre le point de l’effort (force) et celui de la résistance (charge). La paire de ciseaux est un exemple de levier de première classe. L’effort est appliqué aux anneaux des ciseaux, tandis que la résistance se trouve à l’extrémité coupante. Le point d’appui (pivot du mouvement) se trouve au milieu des ciseaux, là où les deux lames se croisent. Dans le corps humain, l’articulation atlanto-occipitale du cou dans laquelle les muscles de la face postérieure du cou tirent vers le bas sur les lignes nucales de l’os occipital du crâne (voir la fgure 8.7, p. 295), empêchant ainsi la tête de s’incliner naturellement vers l’avant, est un exemple de levier de première classe.
Un mouvement se produit lorsque l’effort appliqué à un point donné sur le levier dépasse la résistance située à un autre point. La partie du levier qui va du point d’appui au point de l’effort se nomme bras de force, et la partie du levier allant du point d’appui au point de la résistance se nomme bras de charge. Dans le corps humain, l’os long sert de levier, l’articulation sert de point d’appui et le muscle attaché à l’os produit l’effort.
Vérifiez vos connaissances 11. Quelle est la différence entre le bras de force
et le bras de charge d’un levier ?
9.5.2 3
Les types de leviers
9.5.2.2 Le levier de deuxième classe Dans le cas du levier de deuxième classe, la résistance se trouve entre le point d’appui et la force appliquée. Un exemple bien connu de ce type de levier est le soulèvement des poignées d’une brouette, qui lui permet de pivoter sur sa roue à l’autre extrémité et de soulever une charge au milieu. Le poids de la charge est la
Comparer les trois types de leviers du corps humain.
Il existe trois classes de leviers dans le corps humain : les leviers de première classe, de deuxième classe et de troisième classe FIGURE 9.7.
Levier de deuxième classe
Levier de première classe Résistance
Effort
R
E
Résistance
Résistance
Effort
R
R
E
Bras de charge
P Bras de force Point d’appui
Bras de charge P Bras de force Point d’appui
Levier de troisième classe
Résistance
Résistance
R
R
Bras de force
Bras de charge P
E
Point d’appui
Effort Résistance R E
Effort
P
Effort
E
Point d’appui
P
E
P
Effort
Point d’appui
Point d’appui E
R
Effort
Point d’appui
Effort R
P
Résistance E
R
Effort
P
P Résistance
Point d’appui
Point d’appui A.
E
Résistance
B.
C.
FIGURE 9.7 Classes de leviers
❯ A. Dans le cas du levier de première classe, le point d’appui se trouve entre la résistance et l’effort, comme dans le cas des ciseaux ou du muscle trapèze (muscle du cou). B. Dans le cas du levier de deuxième classe, la résistance se trouve entre le point d’appui
et l’effort, comme dans le cas de la brouette ou du muscle du mollet. C. Pour le levier de troisième classe, soit le type de levier le plus commun, l’effort est appliqué entre la résistance et le point d’appui, comme dans le cas des forceps, des pinces à épiler ou des muscles du bras.
Chapitre 9 Le système squelettique : les articulations 363
résistance, et le soulèvement vers le haut des poignées constitue l’eort. Dans ce type de levier, une aible orce peut équilibrer un poids plus lourd, car l’eort est toujours plus éloigné du point d’appui que la résistance. Les leviers de deuxième classe sont rares dans le corps humain, mais un bon exemple est l’étirement du pied (fexion plantaire) qui permet de se tenir sur la pointe des pieds. La contraction du muscle du mollet tire vers le haut le tendon calcanéen attaché au talon (calcanéus).
9.5.2.3 Le levier de troisième classe Dans le cas du levier de troisième classe, l’eort est appliqué entre la résistance et le point d’appui, comme lorsqu’une personne ramasse un petit objet à l’aide de orceps. Il s’agit du levier le plus commun du corps humain. Le coude est un levier de troisième classe dans lequel l’articulation entre l’humérus et l’ulna correspond au point d’appui, le muscle biceps brachial applique l’eort et un poids quelconque dans la main ou le poids de l’avant-bras lui-même constitue la résistance. Le genou et la mandibule sont aussi des leviers de troisième classe. Par exemple, dans le cas de la mandibule, lorsqu’un aliment est croqué avec des incisives, l’articulation temporomandibulaire est le point d’appui et le muscle temporal applique l’eort, tandis que la résistance est l’aliment croqué.
Vérifiez vos connaissances 12. Quelles sont les positions du point d’appui, de la
résistance et de l’effort dans les leviers de première, de deuxième et de troisième classe ?
INTÉGRATION
STRATÉGIES D’APPRENTISSAGE
Pour chaque type de levier, il est possible d’utiliser l’acronyme PRE pour aider à retenir la partie du système de levier qui se trouve entre les deux autres parties. • Dans le cas du levier de première classe, le point d’appui (première lettre de l’acronyme) se trouve entre la résistance et l’effort. • Dans le cas du levier de deuxième classe, la résistance (deuxième lettre de l’acronyme) se trouve entre le point d’appui et l’effort. • Dans le cas du levier de troisième classe, l’effort se trouve entre le point d’appui et la résistance.
9.6
Les mouvements des articulations synoviales
Quatre types de mouvements caractérisent les articulations synoviales : le mouvement de glissement, le mouvement angulaire, le mouvement de rotation et des mouvements particuliers propres à des articulations précises. Le tableau 9.2 résume l’ensemble des mouvements des articulations synoviales.
9.6.1 1
Le mouvement de glissement
Décrire le mouvement de glissement et nommer les articulations effectuant ce mouvement.
Le glissement est un mouvement simple dans lequel deux suraces opposées glissent légèrement l’une contre l’autre. Dans le mouvement de glissement, l’angle entre les os ne varie pas, et ce mouvement est limité dans toutes les directions. Le mouvement de glissement se produit généralement aux articulations planes, comme c’est le cas entre les os du carpe ou du tarse. Par exemple, lorsque les mains bougent, les os du carpe glissent les uns sur les autres.
Vérifiez vos connaissances 13. Dans quelles articulations le mouvement de glisse-
ment se produit-il généralement ?
9.6.2
Le mouvement angulaire
2
Décrire le mouvement angulaire.
3
Nommer les types précis de mouvements angulaires.
4
Donner des exemples d’articulations effectuant un mouvement angulaire.
Le mouvement angulaire augmente ou diminue l’angle entre deux os. Beaucoup d’articulations synoviales eectuent ce mouvement. Ce dernier se divise en types précis de mouvements : fexion, extension, hyperextension, fexion latérale, abduction, adduction et circumduction. La fexion (fexio = action de plier) est un mouvement dans un plan antéropostérieur du corps qui diminue l’angle entre deux os. Ces os se rapprochent l’un de l’autre, car l’angle entre les deux diminue. La fexion des doigts vers la paume de la main pour ormer un poing, le féchissement de l’avant-bras vers le bras à l’articulation du coude, la fexion de l’épaule lorsque le bras est soulevé vers l’avant et la fexion du cou lorsque la tête s’incline vers l’avant pour regarder les pieds sont des exemples de fexion. À l’inverse de la fexion, l’extension (extendere = étendre) est un mouvement dans un plan antéropostérieur qui augmente l’angle entre les os de l’articulation. L’extension est une action d’étirement dans un plan antéropostérieur. L’étirement du bras et de l’avant-bras jusqu’à ce que le membre supérieur se projette à l’opposé de la ace antérieure du corps et l’étirement des doigts après avoir serré le poing sont des exemples d’extension. Lorsque l’extension d’une articulation dépasse 180°, ce mouvement se nomme hyperextension (huper = au-dessus, audelà). À titre d’exemple, lorsqu’une personne étend le bras et la main, la paume tournée vers le bas, et qu’elle soulève le dos de la main comme si elle admirait une bague à son doigt, le poignet est en hyperextension. En outre, si une personne regarde le plaond pendant qu’elle est debout, son cou est en hyperextension. La FIGURE 9.8 illustre la fexion, l’extension et l’hyperextension de diverses parties du corps.
364 Partie II Le soutien et les mouvements du corps
Flexion Extension
Hyperextension Flexion
Hyperextension Flexion latérale
Extension Extension Flexion Flexion A.
B.
Extension
C.
D.
E.
FIGURE 9.8 Flexion, extension, hyperextension et fexion latérale
❯ Dans un plan antéropostérieur, la fexion diminue l’angle articulaire, tandis que l’extension augmente l’angle articulaire. L’hyperextension est l’extension d’une articulation au-delà de 180°. La fexion latérale diminue l’angle
Une fexion latérale se produit lorsque le tronc du corps s’incline de açon latérale par rapport à un plan rontal. Ce type de mouvement se produit surtout entre les vertèbres des régions cervicale et lombaire de la colonne vertébrale (voir la fgure 9.8E).
À votre avis 3. Lorsqu’une personne est assise sur une chaise, les
articulations de ses hanches et de ses genoux sontelles en fexion ou en extension ?
L’abduction (abductio = écarter de) est un mouvement latéral d’une partie du corps qui s’écarte de la ligne médiane du corps. Il y a abduction lorsque le bras ou la cuisse s’éloignent latéralement de la ligne médiane du corps. L’abduction des doigts
articulaire, mais dans un plan rontal. Cette gure montre des exemples d’articulations qui permettent certains de ces mouvements : A. articulation atlanto-occipitale ; B. articulation du coude ; C. articulation radiocarpienne ; D. articulation du genou ; E. articulations intervertébrales.
ou des orteils signife qu’ils sont écartés par rapport au doigt ou à l’orteil du milieu, qui sert de ligne médiane. L’abduction du poignet (ou déviation radiale) consiste à écarter latéralement la main et les doigts de la ligne médiane du corps. Le mouvement inverse de l’abduction est l’adduction (adductio = rapprocher de). Il s’agit du mouvement d’une partie du corps vers la ligne médiane du corps. Il y a adduction lorsque la cuisse ou le bras écartés sont ramenés vers la ligne médiane du corps, ou dans le cas des doigts, vers la ligne médiane de la main. L’adduction du poignet (ou déviation ulnaire) consiste à pointer la main et les doigts vers la ligne médiane du corps. La FIGURE 9.9 montre l’abduction et l’adduction de diverses parties du corps. La circumduction (circum = autour de, ducere = conduire) est une séquence de mouvements au cours de laquelle l’extrémité
Abduction Abduction
Adduction Abduction Abduction A.
B.
Adduction C.
Adduction
FIGURE 9.9 Abduction et adduction
❯ L’abduction écarte latéralement du tronc une partie du corps, tandis que l’adduction la rapproche vers le tronc. En voici quelques exemples : A. articulation scapulohumérale ; B. articulation radiocarpienne ; C. articulation de la hanche ; D. articulations métacarpophalangiennes.
D.
Adduction
Chapitre 9 Le système squelettique : les articulations 365
proximale d’un appendice reste relativement immobile pendant que l’extrémité distale eectue un mouvement circulaire FIGURE 9.10. Le mouvement qui en résulte a la orme d’un cône imaginaire. Le ait de tracer un cercle à la craie sur un tableau noir illustre bien ce mouvement. L’épaule demeure relativement immobile pendant que la main se déplace. Le sommet du cône imaginaire est l’épaule immobile, tandis que la base du cône est le cercle ormé par la main. La circumduction est un mouvement complexe résultant d’une séquence continue des mouvements de fexion, d’abduction, d’extension et d’adduction.
Vérifiez vos connaissances 14. Quelle est la diérence entre la fexion et
l’extension ? Quels mouvements ont partie de la circumduction ?
9.6.3 5
Le mouvement de rotation
Expliquer le mouvement de rotation et nommer les articulations eectuant ce mouvement.
La rotation est un mouvement de pivotement au cours duquel un os tourne autour de son propre axe longitudinal FIGURE 9.11. Un mouvement de rotation est observé à l’articulation atlantoaxoïdienne (entre les deux premières vertèbres, l’axis et l’atlas), laquelle pivote lorsqu’une personne hoche la tête pour dire non. Certaines rotations des membres sont décrites comme s’éloignant ou se rapprochant du plan médian. À titre d’exemple, la rotation latérale (ou rotation externe) tourne la ace antérieure du émur ou de l’humérus vers l’extérieur, tandis que la rotation médiale (ou rotation interne) tourne la ace antérieure du émur ou de l’humérus vers l’intérieur. A.
La pronation est la rotation médiale de l’avant-bras de manière à tourner la paume de la main vers l’arrière ou vers le bas. Le radius et l’ulna se croisent alors pour ormer un X (voir la section 8.9.2). La supination est la rotation latérale de l’avant-bras de manière à tourner la paume de la main vers l’avant ou vers le haut. En position anatomique, l’avant-bras est en supination. La gure 9.11D illustre la pronation et la supination.
B.
FIGURE 9.10 Circumduction
❯ La circumduction est un mouvement complexe résultant de la séquence des mouvements de fexion, d’abduction, d’extension et d’adduction. Voici des exemples d’articulations qui permettent ce mouvement : A. articulation scapulohumérale ; B. articulation de la hanche.
Rotation latérale
Rotation médiale
Rotation latérale
Rotation A.
Rotation médiale Pronation
B.
C.
Supination
D.
FIGURE 9.11 Mouvements de rotation
❯ La rotation permet à un os de tourner autour de son axe longitudinal. Les articulations suivantes permettent ce mouvement : A. articulation atlantoaxoïdienne ; B. articulation
scapulohumérale ; C. articulation de la hanche. D. La pronation et la supination se produisent aux articulations de l’avant-bras.
366 Partie II Le soutien et les mouvements du corps
Vérifiez vos connaissances 15. En quoi consiste la pronation et dans quelle partie
du corps ce type de mouvement peut-il s’effectuer ?
9.6.4 6
Les mouvements particuliers
Expliquer ce que sont les mouvements particuliers et donner des exemples d’articulations effectuant ces types de mouvements.
Certains mouvements ne se produisent qu’à des articulations précises et n’entrent dans aucune des catégories fonctionnelles présentées jusqu’ici. Ces mouvements sont l’abaissement et l’élévation, la dorsiexion et la exion plantaire, l’éversion et l’inversion, la protraction et la rétraction ainsi que l’opposition. L’abaissement (bassiare = baisser) est le mouvement d’une partie du corps vers le bas. Le mouvement de la mandibule en ouvrant la bouche et celui des épaules vers le bas sont des exemples d’abaissement. L’élévation est le mouvement d’une partie du corps vers le haut. L’élévation de la mandibule pour fermer la bouche et le mouvement des épaules vers le haut (haussement d’épaules) sont des exemples d’élévation. La FIGURE 9.12A illustre l’abaissement et l’élévation à l’articulation scapulohumérale. La dorsiexion, comme la exion plantaire, ne concerne que l’articulation de la cheville, même si le terme est parfois utilisé, à tort, pour parler de l’articulation du poignet (voir la gure 9.12B). Il y a dorsiexion lorsque l’articulation de la cheville (tibiotarsienne) échit de manière à ramener le dos (face supérieure) du pied et les orteils vers la jambe. Ce mouvement se produit lorsqu’une personne appuie le talon au sol et il empêche ses orteils de gratter le sol lorsqu’elle fait un pas. La exion plantaire (plantaris = relatif à la plante du pied) est un mouvement du pied à l’articulation tibiotarsienne de manière à pointer les orteils vers le bas. Lorsqu’une ballerine se tient sur la pointe des pieds, ses articulations de la cheville sont en exion plantaire complète. L’inversion et l’éversion sont des mouvements qui ne concernent que les articulations intertarsiennes du pied (voir la gure 9.12C). Pendant l’inversion, la plante du pied est tournée vers l’intérieur, tandis que pendant l’éversion, elle est tournée vers l’extérieur. Il est à noter que certains orthopédistes et coureurs utilisent les termes pronation et supination pour décrire ces mouvements au lieu d’utiliser inversion et éversion. En bref, l’inversion est la supination du pied, et l’éversion est la pronation du pied. La protraction est le mouvement d’une partie du corps vers l’avant à partir de la position anatomique, comme lorsqu’une personne avance la mâchoire avec l’articulation temporomandibulaire ou qu’elle voûte les épaules en croisant les bras. Dans ce dernier exemple, les clavicules se déplacent vers l’avant en raison du mouvement des articulations acromioclaviculaires et sternoclaviculaires. La rétraction est le mouvement d’une partie du corps vers l’arrière à partir de la position anatomique. La gure 9.12D illustre la protraction et la rétraction de l’articulation temporomandibulaire.
FIGURE 9.12 Mouvements particuliers des articulations synoviales A. Abaissement et élévation à l’articulation scapulohumérale ; B. dorsiexion et exion plantaire à l’articulation tibiotarsienne ; C. inversion et éversion aux articulations intertarsiennes ; D. protraction et rétraction à l’articulation temporomandibulaire ; E. opposition aux articulations carpométacarpiennes.
❯
Chapitre 9 Le système squelettique : les articulations 367
L’articulation carpométacarpienne permet de déplacer le pouce vers le bout palmaire des doigts en passant au-dessus de la paume de la main. Ce mouvement se nomme opposition (voir la fgure 9.12E). Il permet à la main de saisir des objets et constitue le mouvement des doigts le plus caractéristique de l’humain. Le mouvement inverse se nomme reposition et consiste simplement à repositionner les doigts à leur emplacement habituel.
TABLEAU 9.2
a
Les mouvements des articulations synoviales sont résumés dans le TABLEAU 9.2.
Vérifiez vos connaissances 16. Quelle est la diérence entre l’inversion et l’éversion,
et quelles sont les articulations qui permettent ces mouvements ?
Mouvements des articulations synoviales
Mouvement
Description
Mouvement inversea
Mouvement de glissement
Deux surfaces articulaires opposées glissent l’une contre l’autre dans pratiquement toutes les directions ; l’ampleur du mouvement est faible.
Mouvement angulaire
L’angle entre les os de l’articulation augmente ou diminue.
Flexion
Diminution de l’angle entre les os de l’articulation
Extension
Extension
Augmentation de l’angle entre les os de l’articulation
Flexion
Hyperextension
Mouvement d’extension au-delà de l’axe à 180°
Flexion
Flexion latérale
Mouvement (féchissement) latéral de la colonne vertébrale par rapport au plan rontal
Aucun
Abduction
Mouvement d’un os s’écartant de la ligne médiane du corps
Adduction
Adduction
Mouvement d’un os vers la ligne médiane du corps
Abduction
Circumduction
Mouvement continu résultant de la séquence des mouvements de fexion, d’abduction, d’extension et d’adduction ; mouvement circulaire de l’extrémité distale du membre ou des doigts
Aucun
Mouvement de rotation
Un os pivote autour de son axe longitudinal.
Pronation
Rotation de l’avant-bras de manière à tourner la paume vers l’arrière
Supination
Supination
Rotation de l’avant-bras de manière à tourner la paume vers l’avant
Pronation
Mouvements particuliers
Types de mouvements qui n’entrent dans aucune des catégories ci-dessus.
Abaissement
Mouvement d’une partie du corps vers le bas
Élévation
Élévation
Mouvement d’une partie du corps vers le haut
Abaissement
Dorsifexion
Mouvement de l’articulation de la cheville qui ramène le dos (ace supérieure) du pied vers la ace antérieure de la jambe
Flexion plantaire
Flexion plantaire
Mouvement de l’articulation de la cheville qui amène la plante du pied vers la ace postérieure de la jambe
Dorsifexion
Inversion
Mouvement de torsion du pied qui tourne la plante du pied vers l’intérieur
Éversion
Éversion
Mouvement de torsion du pied qui tourne la plante du pied vers l’extérieur
Inversion
Protraction
Mouvement vers l’avant d’une partie du corps par rapport à sa position anatomique
Rétraction
Rétraction
Mouvement vers l’arrière d’une partie du corps par rapport à sa position anatomique
Protraction
Opposition
Mouvement particulier du pouce vers les doigts, permettant de saisir et de tenir un objet
Reposition à sa position naturelle
Certains mouvements (p. ex., la circumduction) n’ont pas de mouvement inverse.
368 Partie II Le soutien et les mouvements du corps
9.7
Les caractéristiques et l’anatomie de certaines articulations
Le squelette axial et le squelette appendiculaire comptent beaucoup plus d’articulations que celles décrites dans le présent chapitre. Cette section présente la structure et la onction des a rticulations les plus connues des squelettes axial et appendiculaire. Il s’agit de l’articulation temporomandibulaire FIGURE 9.13, des articulations de l’épaule et du coude, et des articulations de la hanche, du genou et de la cheville (tibiotarsienne). Le TABLEAU 9.3 résume les caractéristiques importantes des principales articulations du squelette axial. Le TABLEAU 9.4 dresse la liste des caractéristiques des principales articulations de la ceinture pectorale et des membres supérieurs, et le TABLEAU 9.5 résume les caractéristiques des principales articulations de la ceinture pelvienne et des membres inérieurs. La consultation du chapitre 8 peut aciliter le repérage des diérentes structures mentionnées dans chacun des tableaux de cette section.
9.7.1
L’articulation temporomandibulaire
1
Décrire les caractéristiques de l’articulation temporomandibulaire.
2
Énumérer les mouvements de l’articulation temporomandibulaire.
L’articulation temporomandibulaire (ATM) est ormée par l’articulation de la tête de la mandibule avec le temporal, plus particulièrement le tubercule articulaire vers l’avant et la osse mandibulaire vers l’arrière. Cette petite articulation complexe est la seule articulation mobile de la tête osseuse (voir le tableau 9.3). L’ATM possède plusieurs caractéristiques anatomiques uniques. Une capsule articulaire lâche entoure l’articulation et avorise une grande variété de mouvements. Elle contient un disque articulaire, un coussinet épais de cartilage fbreux séparant les os de l’articulation, qui s’étend horizontalement, divisant ainsi la cavité synoviale en deux cavités distinctes. L’ATM est en réalité deux articulations synoviales, soit une articulation entre le temporal et le disque articulaire, et une autre entre le disque articulaire et la mandibule.
FIGURE 9.13 Articulation temporomandibulaire
❯ L’articulation entre la tête de la mandibule et la fosse mandibulaire du temporal effectue une grande variété de mouvements.
Articulation trochléenne
Articulation plane
Ligament temporomandibulaire
Surface articulaire de la fosse mandibulaire
Capsule articulaire Méat acoustique externe
Processus styloïde
Disque articulaire Capsule articulaire
Ligament sphénomandibulaire
Tête de la mandibule
Processus coronoïde de la mandibule
Processus styloïde
Tubercule articulaire
Chapitre 9 Le système squelettique : les articulations 369
TABLEAU 9.3
Articulations du squelette axial Composantes de l’articulation Suture Articulation temporomandibulaire Atlanto-occipitale Atlantoaxoïdienne
Intervertébrales
Costovertébrale
Classifcation onctionnelle
Description du mouvement
Fibreuse
Immobile
Aucun mouvement
Synoviales (trochléenne et plane)
Mobile
Abaissement, élévation, déplacement latéral, protraction, rétraction, rotation légère
Synoviale (condylaire)
Mobile
Extension et fexion de la tête ; légère fexion latérale de la tête de chaque côté
Synoviale (trochoïde)
Mobile
Rotation de la tête
Cartilagineuse (symphyse) entre les corps vertébraux ; synoviale (plane) entre les processus articulaires
Semi-mobile entre les corps vertébraux ; mobile entre les processus articulaires
Extension, fexion et fexion latérale de la colonne vertébrale
Synoviale (plane)
Mobile
Glissement léger
Cartilagineuse (symphyse) entre le corps lombaire et la base du sacrum ; synoviale (plane) entre les processus articulaires
Semi-mobile entre le corps lombaire et la base du sacrum ; mobile entre les processus articulaires
Extension, fexion et fexion latérale de la colonne vertébrale
Cartilagineuse (synchondrose) entre le sternum et le cartilage costal de la première côte ; synoviale (plane) entre le sternum et le cartilage costal des côtes 2 à 7
Immobile entre le sternum et les premières côtes ; mobile entre le sternum et les côtes 2 à 7
Aucun mouvement entre le sternum et le cartilage costal de la première côte ; léger mouvement de glissement entre le sternum et le cartilage costal des côtes 2 à 7
Suture • Os crâniens adjacents Temporomandibulaire • Tête de la mandibule et osse mandibulaire du temporal • Tête de la mandibule et tubercule articulaire du temporal Atlanto-occipitale • Suraces articulaires supérieures de l’atlas et condyles occipitaux de l’occipital
Lombosacrée
Classifcation structurale
Atlantoaxoïdienne • Arc antérieur de l’atlas et dent de l’axis Intervertébrale
Sternocostales
• Corps vertébraux de deux vertèbres adjacentes • Processus articulaires supérieur et inérieur de deux vertèbres adjacentes Costovertébrale • Suraces articulaires de la tête costale, corps de deux vertèbres thoraciques adjacentes et disque intervertébral entre les deux vertèbres adjacentes • Surace articulaire du tubercule costal et acette costale du processus transverse de la vertèbre thoracique Lombosacrée • Corps de la cinquième ver tèbre lombaire et base du sacrum • Suraces articulaires inérieures de la cinquième vertèbre lombaire et suraces articulaires supérieures de la première vertèbre sacrale Sternocostale • Sternum et cartilage costal des sept premières paires de côtes
370 Partie II Le soutien et les mouvements du corps
TABLEAU 9.4
Articulations de la ceinture pectorale et des membres supérieurs Composantes de l’articulation Sternoclaviculaire
Sternoclaviculaire
Acromioclaviculaire
• Extrémité sternale de la clavicule, manubrium du sternum et cartilage de la première côte
Scapulohumérale (épaule)
Huméro-ulnaire (coude) Huméroradiale (coude) Radio-ulnaire (proximale) Radio-ulnaire (distale) Carpométacarpienne du pouce Carpométacarpienne des doigts II à V Métacarpophalangienne Interphalangienne
Radiocarpienne (poignet)
Classifcation structurale
Classifcation onctionnelle
Description du mouvement
Synoviale (en selle)
Mobile
Élévation, abaissement, circumduction
Synoviale (plane)
Mobile
Glissement de la scapula sur la clavicule
Synoviale (sphéroïde)
Mobile
Abduction, adduction, circumduction, extension, fexion, rotation latérale et rotation médiale du bras
Synoviale (trochléenne)
Mobile
Extension et fexion de l’avant-bras
Synoviale (trochoïde)
Mobile
Rotation du radius par rapport à l’ulna
Synoviale (condylaire)
Mobile
Abduction, adduc tion, circumduction, extension et fexion du poignet
Synoviale (plane)
Mobile
Glissement
Synoviale (en selle) pour le pouce ; synoviale (plane) pour les autres doigts
Mobile
Abduction, adduc tion, circumduction, extension, fexion et opposition pour le pouce ; glissement pour les autres doigts
Acromioclaviculaire • Extrémité acromiale de la clavicule et acromion de la scapula Scapulohumérale • Cavité glénoïdale de la scapula et tête de l’humérus
Intercarpienne Coude • Articulation huméroulnaire : trochlée de l’humérus et incisure trochléaire de l’ulna • Articulation huméroradiale : capitulum de l’humérus et tête du radius Radio-ulnaire • Articulation proximale : tête du radius et incisure radiale de l’ulna • Articulation distale : extrémité distale de l’ulna et incisure ulnaire du radius Radiocarpienne • Extrémité distale du radius ; lunatum, scaphoïde et triquetrum Intercarpienne • Os adjacents de la rangée proximale des os du carpe • Os adjacents de la rangée distale des os du carpe • Os adjacents entre les rangées proximale et distale (articulations médiocarpiennes) Carpométacarpienne • Pouce : trapèze et premier métacarpien • Autres doigts : os du carpe et du 2e au 5e métacarpien
Chapitre 9 Le système squelettique : les articulations 371
TABLEAU 9.4
Articulations de la ceinture pectorale et des membres supérieurs (suite) Composantes de l’articulation
Classifcation structurale
Classifcation onctionnelle
Description du mouvement
Synoviale (condylaire)
Mobile
Abduction, adduction, circumduction, extension et fexion des phalanges
Synoviale (trochléenne)
Mobile
Extension et fexion des phalanges
Métacarpopha langienne (jointure) • Tête des métacarpiens et base des phalanges proximales Interphalangienne • Tête des phalanges proximales et moyennes, et base des phalanges moyennes et distales, respectivement
TABLEAU 9.5
Articulations de la ceinture pelvienne et des membres inérieurs Composantes de l’articulation
Classifcation structurale
Classifcation onctionnelle
Description du mouvement
Synoviale (plane)
Mobile
Léger glissement ; mouvement accru pendant la grossesse et l’accouchement
Synoviale (sphéroïde)
Mobile
Abduction, adduc tion, circumduction, extension, fexion, rotation médiale et rotation latérale de la cuisse
Cartilagineuse (symphyse)
Semi-mobile
Glissement très léger ; mouvement accru pendant l’accouchement
Sacro-iliaque • Suraces auriculaires du sacrum et de l’ilium Sacro-iliaque
Hanche Symphyse pubienne
Hanche (coxoémorale) • Tête du émur et acétabulum de l’os iliaque
Symphyse pubienne • Les deux os pubiens
Fémoropatellaire (genou) Fémorotibiale (genou) Tibiofibulaire (supérieure)
Genou • Articulation émoropatellaire : patella et surace patellaire du émur • Articulation émorotibiale a : condyle médial du émur, ménisque médial et condyle médial du tibia
Synoviales (troMobile chléenne et plane) à l’articulation émoropatellaire ; synoviale (trochléenne) à l’articulation émorotibiale
Extension, fexion, rotation latérale de la jambe en position féchie, légère rotation médiale
Synoviale (plane) à l’articulation supérieure ; breuse (syndesmose) à l’articulation inérieure
Semi-mobile
Légère rotation de la bula pendant la dorsifexion du pied
Synoviale (trochléenne)
Mobile
Dorsifexion et fexion plantaire
Tibiofbulaire Tibiofibulaire (inférieure) Tibiotarsienne Intertarsienne Tarsométatarsienne
• Articulation supérieure : tête de la bula et condyle latéral du tibia • Articulation inérieure : extrémité distale de la bula et incisure bulaire du tibia
Métatarsophalangienne Tibiotarsienne Interphalangienne
• Extrémité distale du tibia et malléole médiale du tibia avec le talus • Malléole latérale de la bula et talus
372 Partie II Le soutien et les mouvements du corps TABLEAU 9.5
Articulations de la ceinture pelvienne et des membres inérieurs (suite) Composantes de l’articulation
Classifcation structurale
Classifcation onctionnelle
Description du mouvement
Synoviale (plane)
Mobile
Éversion et inversion du pied
Synoviale (plane)
Mobile
Léger glissement
Synoviale (condylaire)
Mobile
Abduction, adduction, circumduction, extension et fexion des phalanges
Synoviale (trochléenne)
Mobile
Extension et fexion des phalanges
Intertarsienne • Entre les os du tarse Tarsométatarsienne • Les trois os cunéiormes et cuboïdes (os du tarse) et la base des cinq métatarsiens Métatarsophalangienne • Tête des métatarsiens et base des phalanges proximales Interphalangienne • Tête des phalanges proximales et moyennes, et base des phalanges moyennes et distales, respectivement a
Les anatomistes classent l’articulation émorotibiale comme étant une articulation trochléenne, mais certains kinésiologues et spécialistes de l’exercice préèrent la classer comme une articulation condylaire modiée.
INTÉGRATION APPLICATION CLINIQUE
Les troubles de l’articulation temporomandibulaire DÉSÉQUILIBRE HOMÉOSTATIQUE
L’articulation temporomandibulaire (ATM) peut présenter diérents déséquilibres homéostatiques. Des troubles de l’ATM sont souvent observés chez les personnes qui ont l’habitude de mâcher de la gomme, de grincer des dents ou de serrer les dents. Le trouble de l’ATM le plus réquent résulte d’une modication des ligaments qui maintiennent l’articulation en place, provoquant un déplacement progressi interne du disque articulaire. Lorsque le disque articulaire quitte sa position normale, un bruit de claquement ou de craquement peut s’entendre à l’ouverture et à la ermeture de la bouche. La personne peut ressentir
Plusieurs ligaments soutiennent cette articulation. Le ligament sphénomandibulaire (ou ligament extracapsulaire) est une fne bande de tissu qui s’étend antéro-inérieurement du sphénoïde à la ace médiale de la branche de la mandibule. Le ligament temporomandibulaire (ou ligament latéral) se compose de deux courtes bandes de tissu qui s’étendent postéro-inérieurement du tubercule articulaire à la mandibule. L’ATM eectue les mouvements caractéristiques des articulations trochléennes, planes et trochoïdes. Elle onctionne comme une articulation trochléenne pendant l’ouverture (abaissement) et la ermeture (élévation) de la mâchoire au cours de la mastication. Elle glisse légèrement vers l’avant pendant la protraction de la mâchoire pour mordre dans les aliments et glisse légèrement de açon latérale pour broyer les aliments pendant la mastication.
de la douleur non seulement au site de l’articulation, mais également à d’autres endroits, notamment aux sinus de la ace, à la membrane du tympan, à la cavité orale, aux yeux et aux dents. La propagation de la douleur peut être importante, car de nombreuses branches sensitives du ner trijumeau innervent toutes ces structures, y compris les muscles et les mâchoires (voir la section 13.9). Bien que la plupart des troubles de l’articulation temporomandibulaire se rétablissent sans traitement, il est parois nécessaire de recourir à la prise d’anti-infammatoires (pour réduire la douleur), à la mise au repos de l’articulation par le port d’une attèle ou à une intervention chirurgicale dans les cas les plus graves.
Vérifiez vos connaissances 17. Quels mouvements l’articulation temporomandibulaire
peut-elle eectuer ?
9.7.2
Les articulations de l’épaule
3
Décrire chacune des trois articulations ormant l’articulation de l’épaule.
4
Expliquer pourquoi l’articulation scapulohumérale est relativement instable.
Les articulations liées aux mouvements de l’épaule sont les articulations sternoclaviculaire, acromioclaviculaire et scapulohumérale (voir le tableau 9.4).
Chapitre 9 Le système squelettique : les articulations 373
9.7.2.1 L’articulation sternoclaviculaire L’articulation sternoclaviculaire est une articulation en selle formée par le manubrium du sternum et l’extrémité sternale de la clavicule FIGURE 9.14. Un disque articulaire divise l’articulation
sternoclaviculaire en deux parties pour former deux cavités synoviales distinctes. Par conséquent, cette articulation permet de nombreux mouvements, soit l’élévation, l’abaissement et la circumduction.
Ligament sternoclaviculaire
Première côte
Clavicule
Disque articulaire Capsule articulaire Manubrium du sternum
Ligament costoclaviculaire
Deuxième côte
Cartilage costal
Corps du sternum
A. Membres supérieurs en position anatomique, vue antérieure
Ligament sternoclaviculaire
Clavicule
Première côte Ligament costoclaviculaire
Manubrium du sternum
B. Membres supérieurs soulevés, vue antérieure
FIGURE 9.14 Articulation sternoclaviculaire ❯ L’articulation sternoclaviculaire aide à stabiliser les mouvements de l’épaule. Comparaison des positions de l’articulation : A. membres supérieurs le long du corps ; B. membres supérieurs soulevés.
INTÉGRATION APPLICATION CLINIQUE
L’entorse de l’articulation acromioclaviculaire DÉSÉQUILIBRE HOMÉOSTATIQUE
L’expression entorse de l’articulation acromioclaviculaire ait réérence à une luxation de l’articulation acromioclaviculaire. La luxation (luxare = déboîter) est une lésion articulaire dans laquelle les os de l’articulation se sont séparés. L’entorse de l’articulation acromioclaviculaire résulte souvent d’un coup violent porté à l’articulation, comme lorsqu’un joueur de hockey est
rappé contre la bande. Elle est également réquente chez les lutteurs. Les symptômes de ce type d’entorse sont une sensibilité au toucher, un œdème (enfure) dans la région articulaire et de la douleur lorsque l’abduction du bras dépasse 90°, car c’est la position à laquelle un mouvement important se produit entre les suraces des os luxés. De plus, l’acromion paraîtra très proéminent et plus pointu. Le traitement peut être conservateur (p. ex., du repos) ou nécessiter une intervention chirurgicale, selon la gravité de la luxation.
374 Partie II Le soutien et les mouvements du corps
Les fbres de la capsule articulaire et de multiples ligaments extracapsulaires, notamment les ligaments sternoclaviculaires et costoclaviculaires, apportent du soutien et de la stabilité à cette articulation. Cette constitution la rend très stable. Si une personne tombe sur la main tendue en extension du poignet de manière à ce que la orce soit appliquée sur l’articulation sternoclaviculaire, la clavicule se racturera avant qu’une luxation de cette articulation ne se produise.
9.7.2.2 L’articulation acromioclaviculaire L’articulation acromioclaviculaire est une articulation plane située entre l’acromion et l’extrémité latérale de la clavicule FIGURE 9.15. Un disque articulaire de cartilage fbreux sépare ces deux os dans la cavité articulaire. Cette articulation travaille avec les articulations sternoclaviculaire et scapulohumérale pour permettre au membre supérieur d’eectuer une multitude de mouvements. Plusieurs ligaments apportent une grande stabilité à cette articulation. Un ligament acromioclaviculaire renorce la partie supérieure de la capsule articulaire fbreuse. De plus, un ligament coracoclaviculaire très solide relie la clavicule au processus coracoïde de la scapula. Si ce ligament se déchire, comme
dans les cas graves d’entorse de l’articulation acromioclaviculaire, l’acromion et la clavicule ne s’alignent plus correctement (voir l’Application clinique intitulée « L’entorse de l’articulation acromioclaviculaire », p. 373).
9.7.2.3 L’articulation scapulohumérale L’articulation scapulohumérale (ou articulation glénohumérale) est communément appelée articulation de l’épaule. Il s’agit d’une articulation sphéroïde ormée par la tête de l’humérus et la cavité glénoïdale de la scapula (voir la fgure 9.15). De toutes les articulations du corps humain, elle est celle qui est la plus mobile et qui permet la plus grande variété de mouvements. Par conséquent, elle est aussi l’articulation la moins stable et la plus souvent luxée. Le bourrelet glénoïdal de cartilage fbreux entoure la surace de la cavité glénoïdale. Une capsule articulaire relativement lâche s’attache au col chirurgical de l’humérus. L’articulation scapulohumérale compte plusieurs ligaments importants. Le ligament coracoacromial s’étend entre le processus coracoïde et l’acromion de la scapula. Le gros ligament coracohuméral est un épaississement de la partie supérieure de la capsule articulaire. Il s’étend du processus coracoïde de la scapula à la tête de l’humérus.
INTÉGRATION APPLICATION CLINIQUE
La luxation de l’articulation scapulohumérale DÉSÉQUILIBRE HOMÉOSTATIQUE
Comme l’articulation scapulohumérale est très mobile et relativement instable, les luxations sont réquentes. La luxation scapulohumérale, communément appelée épaule déboîtée, survient généralement lorsque l’humérus en abduction complète est rappé violemment (p. ex., lorsqu’un quart-arrière se ait rapper au moment où il s’apprête à lancer le ballon ou lorsqu’une personne tombe sur sa main tendue en extension du poignet).
la tête de l’humérus se trouve maintenant en position antéroinérieure par rapport à la capsule articulaire scapulohumérale. Il est possible de réduire certaines luxations scapulohumérales en replaçant l’humérus dans la cavité glénoïdale, mais cette manœuvre ne doit être eectuée que par une personne dûment qualifée. Les cas plus graves peuvent nécessiter une intervention chirurgicale.
Clavicule
La luxation scapulohumérale suit la séquence d’événements suivante : le coup initial pousse la tête de l’humérus dans la partie inérieure de la capsule et la déchire au moment de la luxation de l’humérus. Une ois que la capsule ne maintient plus la tête de l’humérus en place, les muscles thoraciques la tirent vers le haut et vers la ligne médiane, la plaçant tout juste au-dessous du processus coracoïde. L’épaule paraît alors aplatie et carrée, car
Cavité glénoïdale
Tête de l’humérus déplacée Tête de l’humérus luxée
Luxation de l’articulation scapulohumérale
Épaule carrée
Radiographie d’une luxation de l’articulation scapulohumérale
Chapitre 9 Le système squelettique : les articulations 375
Extension
Flexion
Ligament acromioclaviculaire
Clavicule
Acromion
Ligament coracoclaviculaire
Bourse subacromiale
Ligament coracoacromial
Ligament coracohuméral
Processus coracoïde
Bourse subdeltoïdienne
Ligaments glénohuméraux
Gaine du tendon
Tendon du chef long du biceps brachial Humérus
Ligament acromioclaviculaire Acromion
Clavicule Ligament coracoclaviculaire Ligament coracoacromial
Ligament coracohuméral
FIGURE 9.15
Processus coracoïde
Articulations acromioclaviculaire et scapulohumérale ❯ A. Schéma et photo d’un spécimen cadavérique montrant une vue antérieure des deux articulations du côté droit du corps ; B. une vue latérale droite ; C. une coupe frontale droite illustrant les os de l’articulation et les structures de soutien de l’épaule.
Ligaments glénohuméraux (sectionnés) Tendon du chef long du biceps brachial
Humérus A. Région de l’épaule droite, vue antérieure
Tendon du chef long du biceps brachial Ligament acromioclaviculaire Tendon supraépineux Acromion Tendon infraépineux Bourse séreuse Muscle petit rond Cavité glénoïdale Bourrelet glénoïdal Capsule articulaire
Ligament coracoacromial Clavicule Ligament coracoclaviculaire Processus coracoïde Muscle subscapulaire Bourse séreuse Ligaments glénohuméraux
Scapula
B. Épaule droite, vue latérale
Acromion
Articulation acromioclaviculaire Clavicule Disque articulaire
Tendon du chef long du biceps brachial Bourse séreuse Muscle deltoïde
Col chirurgical de l’humérus
C. Épaule droite, coupe frontale
Tendon supraépineux Membrane synoviale Cavité glénoïdale de la scapula Bourrelet glénoïdal Capsule articulaire
376 Partie II Le soutien et les mouvements du corps Les ligaments glénohuméraux sont trois épaississements de la partie antérieure de la capsule articulaire. Ces ligaments sont souvent indistincts ou absents et ils n’apportent que peu de soutien. De plus, le tendon du che long du biceps brachial passe dans la capsule articulaire et contribue à stabiliser la tête de l’humérus dans l’articulation.
paraitement et ournissent donc un soutien osseux solide. Enn, de multiples ligaments solides de soutien contribuent au renorcement de la capsule articulaire. En raison de la corrélation négative qui existe entre la stabilité et la mobilité, l’articulation du coude est très stable, mais n’est pas aussi mobile que d’autres articulations, comme l’articulation scapulohumérale.
Les ligaments de l’articulation scapulohumérale ne renorcent que légèrement l’articulation. La majeure partie de la solidité de l’articulation est attribuable aux muscles de la coiffe des rotateurs qui l’entourent (voir la section 11.8.2). Les muscles de la coie des rotateurs (inraépineux, subscapulaire, supraépineux et petit rond) agissent ensemble pour maintenir la tête de l’humérus dans la cavité glénoïdale. Les tendons de ces muscles entourent l’articulation (sau sa partie inérieure) et usionnent à la capsule articulaire. Comme les muscles de la coie des rotateurs ne soutiennent pas la partie inérieure de l’articulation, cette région est ragile et plus sujette aux blessures.
L’articulation du coude compte deux principaux ligaments de soutien. Le ligament collatéral radial (ou ligament collatéral latéral) assure la stabilité de l’articulation à sa ace latérale ; il s’étend autour de la tête du radius, entre le ligament annulaire et l’épicondyle latéral de l’humérus. Le ligament collatéral ulnaire (ou ligament collatéral médial) assure la stabilité de l’articulation du côté médial et s’étend de l’épicondyle médial de l’humérus au processus coronoïde et à l’olécrâne de l’ulna. De plus, un ligament annulaire (anularis = relati à l’anneau) entoure le col du radius et retient la tête proximale du radius contre l’ulna. Ce ligament annulaire aide à maintenir la tête du radius en place.
Des bourses séreuses aident à diminuer la riction à des endroits précis de l’épaule où des tendons et des muscles volumineux couvrent la capsule articulaire. L’épaule compte un nombre relativement élevé de bourses séreuses.
Vérifiez vos connaissances 18. Pour quelle raison l’articulation scapulohumérale
est-elle considérée comme étant l’articulation à la ois la plus mobile et la plus instable du corps humain ?
INTÉGRATION LIENS ENTRE LES CONCEPTS L’articulation scapulohumérale illustre l’interrelation entre les systèmes squelettique et musculaire. La stabilité de l’articulation scapulohumérale vient surtout de la musculature par opposition aux éléments squelettiques. Une lésion de cette musculature perturbera le onctionnement de cette articulation.
9.7.3
L’articulation du coude
5
Décrire l’articulation du coude et ses mouvements.
6
Expliquer pourquoi l’articulation du coude est relativement stable.
L’articulation du coude est une articulation trochléenne composée de deux articulations : 1) l’articulation huméro-ulnaire dans laquelle l’incisure trochléaire de l’ulna s’articule avec la trochlée de l’humérus ; 2) l’articulation huméroradiale dans laquelle le capitulum de l’humérus s’articule avec la tête du radius (voir la fgure 8.26C, p. 327). Une seule capsule articulaire entoure ces deux articulations FIGURE 9.16 (voir le tableau 9.4). Plusieurs raisons expliquent l’extrême stabilité de l’articulation du coude. Premièrement, la capsule articulaire est relativement épaisse et protège donc ecacement les articulations. Deuxièmement, les suraces osseuses de l’humérus et de l’ulna s’emboîtent
Malgré le soutien provenant de la capsule articulaire et des ligaments, l’articulation du coude est sujette aux blessures causées par des impacts violents ou des contraintes inhabituelles. À titre d’exemple, si une personne tombe sur la main tendue en extension du poignet et que l’articulation du coude est légèrement féchie, la combinaison de la contrainte postérieure exercée sur l’ulna et de la contraction des muscles qui déplient le coude peut racturer l’ulna au milieu de l’incisure trochléaire. Parois, des contraintes appliquées au coude entraînent une luxation. C’est le cas surtout lorsque le cartilage épiphysaire est encore présent ; les enants et les adolescents sont donc sujets aux luxations ou aux ractures des épicondyles de l’humérus.
INTÉGRATION APPLICATION CLINIQUE
La subluxation de la tête du radius DÉSÉQUILIBRE HOMÉOSTATIQUE
Le terme subluxation signife une luxation incomplète dans laquelle le contact entre les suraces articulaires des os est modifé, mais encore partiel. Dans le cas de la subluxation de la tête du radius, la tête de l’os est sortie du ligament annulaire. Cette blessure se nomme également pronation douloureuse des enants (ou maladie de Broca). Cette blessure survient souvent et presque exclusivement chez l’enant (généralement avant l’âge de cinq ans), car le ligament annulaire chez l’enant est mince et la tête du radius n’est pas encore complètement ormée. Après l’âge de cinq ans, les risques de subir ce type de blessure chutent considérablement, car la ormation du ligament et de la tête du radius est complétée. Touteois, une telle blessure peut survenir si quelqu’un tire brusquement sur l’avant-bras en pronation d’un enant. Heureusement, le traitement est simple : le pédiatre applique une pression vers l’arrière sur la tête du radius tout en déplaçant lentement l’avant-bras en supination et en l’étirant. Ce mouvement visse littéralement la tête du radius dans le ligament annulaire. Dans la plupart des cas, cette intervention manuelle apporte un soulagement immédiat.
Chapitre 9 Le système squelettique : les articulations 377
Humérus
Épicondyle latéral
Épicondyle médial
Capsule articulaire
Flexion
Ligament collatéral radial
Ligament collatéral ulnaire
Ligament annulaire
Extension
Tendon du biceps brachial (sectionné) Radius Ulna
Humérus Capsule Ligament Tendon du biceps articulaire annulaire brachial (sectionné)
A. Coude droit, vue antérieure
Épicondyle latéral Radius
Ligament collatéral radial
Ulna
B. Coude droit, vue latérale
Capsule articulaire Ligament annulaire
Tendon du biceps brachial (sectionné)
Radius
Trochlée
Humérus Capsule articulaire
Humérus Épicondyle médial Ligament collatéral ulnaire
Processus coronoïde Radius Cartilage articulaire
Ulna
Olécrâne Incisure trochléaire
Ulna C. Coude droit, vue médiale
FIGURE 9.16 Articulation du coude
❯ L’articulation du coude est une articulation trochléenne. Représentations du coude droit : A. vue antérieure ; B. vue latérale ; C. vue médiale ; D. coupe sagittale médiane.
D. Coude droit, coupe sagittale médiane
378 Partie II Le soutien et les mouvements du corps
Vérifiez vos connaissances 19. Quelle est la fonction du ligament annulaire dans
l’articulation du coude, et quelle blessure à ce ligament et à cette articulation peut survenir chez le jeune enfant ?
9.7.4
L’articulation de la hanche
7
Décrire l’articulation de la hanche et ses mouvements.
8
Expliquer pourquoi l’articulation de la hanche est plus stable que l’articulation scapulohumérale.
Un autre minuscule ligament, le ligament de la tête du fémur (ou ligament rond du fémur), prend naissance sur le bord de l’acétabulum. Son point d’attache est la ossette de la tête émorale. Ce ligament ne renorce pas l’articulation, mais il contient généralement une petite artère qui alimente la tête du émur. La combinaison d’une cavité osseuse proonde, d’une capsule articulaire solide, de ligaments de soutien et d’un recouvrement musculaire assure la stabilité de cette articulation. Les mouvements possibles de cette articulation sont la lexion, l’extension, l’abduction, l’adduction, la rotation et la circumduction.
Vérifiez vos connaissances 20. En quoi l’articulation scapulohumérale et celle
de la hanche se comparent-elles sur les plans de la mobilité et de la stabilité ?
L’articulation de la hanche (ou articulation coxofémorale) est l’articulation entre la tête du émur et l’acétabulum concave relativement proond de l’os iliaque FIGURE 9.17 (voir le tableau 9.5). Un bourrelet acétabulaire de cartilage breux rend cette cavité encore plus proonde. Par conséquent, l’architecture osseuse plus élaborée de l’articulation de la hanche est plus solide et plus stable que celle de l’articulation scapulohumérale. En revanche, la stabilité accrue de l’articulation de la hanche signie qu’elle est moins mobile que l’articulation scapulohumérale. L’articulation de la hanche doit être plus stable (et donc moins mobile), car elle supporte le poids du corps. Une capsule articulaire solide, plusieurs ligaments et une série de muscles puissants maintiennent l’articulation de la hanche en place. La capsule articulaire s’étend de l’acétabulum aux trochanters du émur, entourant à la ois la tête et le col du émur. Cette architecture empêche la tête du émur de sortir de l’acétabulum. Les bres ligamenteuses de la capsule articulaire se réféchissent autour du col du émur. Ces bres assurent une stabilité supplémentaire à la capsule. Des branches de l’artère émorale proonde traversent ces bres et ournissent pratiquement tout le sang nécessaire à la tête et au col du émur. Trois ligaments intracapsulaires spiralés renorcent la capsule articulaire. Le ligament iliofémoral est un ligament en orme d’Y qui renorce considérablement la partie antérieure de la capsule articulaire. Le ligament ischiofémoral est un ligament spiralé situé sur la ace postérieure. Le ligament pubofémoral est un épaississement triangulaire de la partie inérieure de la capsule. Tous ces ligaments spiralés se tendent lorsque l’articulation de la hanche est en extension ; par conséquent, l’articulation de la hanche est plus stable lorsqu’elle est en extension. Il est possible de constater soi-même, en comparant les deux positions, que le mouvement du émur vers l’extérieur (côté latéral) se ait avec une plus grande amplitude si la cuisse est soulevée à 90° par rapport à l’axe vertical du corps que si la cuisse reste dans l’axe vertical du corps avec le genou plié à 90° en levant le pied vers l’arrière. Comme ces ligaments sont tendus, l’articulation est beaucoup moins mobile que lorsqu’elle est en fexion.
INTÉGRATION APPLICATION CLINIQUE
La fracture du col du fémur DÉSÉQUILIBRE HOMÉOSTATIQUE
La fracture du col du fémur est souvent appelée fracture de la hanche, ce qui est faux, car l’os iliaque n’est pas fracturé. C’est plutôt le col du fémur qui se fracture. Lorsqu’une telle fracture survient, la traction des muscles du membre inférieur fait tourner la jambe vers l’extérieur, et celle-ci semble raccourcie de plusieurs centimètres. Il existe deux types de fractures du col du fémur : la fracture transtrochantérienne et la fracture sous-capitale. La fracture transtrochantérienne du col du fémur survient à la partie distale ou à l’extérieur de la capsule articulaire de la hanche, ce qui veut dire que cette fracture est extracapsulaire. Le trait de fracture sépare le grand trochanter du petit trochanter. Ce type de fracture survient généralement chez les jeunes et les personnes d’âge mûr en réaction à un traumatisme. La fracture sous-capitale (ou fracture intracapsulaire) du col du fémur se produit à l’intérieur de la capsule articulaire de la hanche, très près de la tête du fémur. Ce type de fracture survient généralement chez les personnes âgées dont les os sont affaiblis par l’ostéoporose, et donc plus susceptibles de se fracturer. La fracture sous-capitale entraîne une déchirure des artères rétinaculaires qui alimentent la tête et le col du fémur. Une déchirure du ligament de la tête du fémur peut également survenir. Par conséquent, la tête et le col du fémur n’ont plus d’apport sanguin et peuvent subir une nécrose avasculaire, qui est la mort du tissu osseux en raison d’un manque d’apport sanguin. Souvent, une arthroplastie de la hanche s’avère nécessaire. Cette intervention consiste à remplacer la partie nécrosée de l’os par une tête et un col de fémur métalliques. Toutefois, cette intervention chirurgicale n’est pas sans risques, et beaucoup de personnes âgées n’y survivent pas en raison de complications chirurgicales.
Chapitre 9 Le système squelettique : les articulations 379
FIGURE 9.17 Extension
Flexion
Articulation de la hanche
Abduction Adduction
❯ La tête du fémur et l’acétabulum de l’os iliaque forment l’articulation de la hanche. Représentations de l’articulation de la hanche droite : A. vue antérieure ; B. vue postérieure ; C. coupe frontale. D. Photo d’un spécimen cadavérique d’articu lation de la hanche dans laquelle la capsule articulaire a été sectionnée pour montrer les structures internes.
Ligament iliofémoral Ligament ischiofémoral Ligament iliofémoral
Grand trochanter
Grand trochanter Ligament pubofémoral
Petit trochanter
Petit trochanter
Tubérosité ischiatique
A. Hanche droite, vue antérieure
Bourrelet acétabulaire Capsule articulaire
B. Hanche droite, vue postérieure
Acétabulum Ligament de la tête du fémur
Grand trochanter du fémur
Bourrelet acétabulaire Ligament de la tête du fémur Tête du fémur
Fibres rétinaculaires Ischium
Capsule articulaire (sectionnée)
C. Hanche droite, coupe frontale
D. Hanche droite, vue antérieure de l’intérieur de l’articulation
380 Partie II Le soutien et les mouvements du corps
9.7.5 9
L’articulation du genou
Décrire l’articulation du genou et ses mouvements.
10 Nommer les ligaments qui soutiennent l’articulation
du genou.
L’articulation du genou représente l’articulation mobile la plus grosse et la plus complexe du corps humain FIGURE 9.18 (voir le tableau 9.5 et la fgure 9.5A). Il s’agit surtout d’une articulation trochléenne, mais lorsque le genou est féchi, elle peut également
eectuer une légère rotation et un glissement latéral. Sur le plan de la structure, le genou se compose de deux articulations distinctes : 1) l’articulation fémorotibiale, située entre les condyles du émur et les condyles du tibia ; 2) l’articulation fémoropatellaire, située entre la patella (rotule) et la surace patellaire du émur. L’articulation du genou possède une capsule articulaire qui n’entoure que les parties médiale, latérale et postérieure de l’articulation. Cette capsule ne couvre pas la ace antérieure de l’articulation ; c’est plutôt le tendon du muscle quadriceps émoral qui passe sur la ace antérieure de l’articulation du genou. La patella est logée dans ce tendon, et le ligament patellaire s’étend de la patella à la tubérosité
INTÉGRATION APPLICATION CLINIQUE
Les blessures aux ligaments et aux cartilages du genou Bien que le genou supporte beaucoup de poids et possède de nombreux ligaments de soutien, il est très vulnérable aux blessures, surtout chez les athlètes. Comme le genou n’est renorcé que par des tendons et des ligaments, les lésions ligamentaires du genou sont très réquentes. Le ligament collatéral tibial subit souvent des lésions dans le cas d’une hyperabduction de la jambe au niveau du genou, comme lorsqu’une personne reçoit un coup sur le côté latéral du genou. Puisque le ligament collatéral tibial est xé au ménisque médial, ce dernier peut également subir une lésion. Ce type de blessure est réquemment observé chez les joueurs de hockey lorsqu’une rondelle rappe le côté latéral du genou. Une blessure au ligament collatéral bulaire peut se produire si le côté médial du genou reçoit un coup, entraînant une hyperadduction de la jambe au niveau du genou. Ce type de blessure est assez rare, en partie parce que ce ligament est très solide et que les coups portés au côté médial du genou sont peu réquents. Une lésion du ligament croisé antérieur (LCA) peut survenir si la jambe subit une hyperextension (p. ex., lorsqu’un coureur met le pied dans un trou). Comme le LCA est plutôt aible comparativement aux autres ligaments du genou, il est particulièrement sujet aux blessures. Pour vérier la présence d’une lésion du LCA, le médecin tire doucement le tibia vers l’avant. Dans cet examen appelé la manœuvre du tiroir antérieur, un mouvement exagéré vers l’avant indique la présence d’une déchirure du LCA. Une blessure au ligament croisé postérieur (LCP) peut survenir si la jambe subit une hyperfexion ou si le tibia est ramené vers l’arrière, sur le émur. Ce type de blessure survient rarement, car ce ligament est plutôt solide. Pour vérier la présence d’une lésion du LCP, le médecin pousse doucement le tibia vers l’arrière. Dans cette manœuvre du tiroir postérieur, un mouvement exagéré vers l’arrière indique la présence d’une déchirure du LCP. Les ménisques peuvent également subir des lésions. Une déchirure du ménisque peut survenir en raison d’un coup porté au genou ou d’une surutilisation générale de l’articulation. Parce que le ménisque se compose de cartilage breux, il ne se régénère pas et, souvent, une intervention chirurgicale s’avère nécessaire. La triade malheureuse du genou désigne une triple blessure au genou qui touche le ligament collatéral tibial, le ménisque
médial et le ligament croisé antérieur. Il s’agit du type de blessure le plus réquent au ootball. Cette blessure survient lorsqu’un joueur est rappé illégalement par un coup latéral porté au genou, entraînant une hyperabduction et une rotation latérale de la jambe. Si le coup est susamment violent, le ligament collatéral tibial se déchire, suivi d’une déchirure du ménisque médial, car ces deux structures sont xées l’une à l’autre. La orce qui déchire le ligament collatéral tibial et le ménisque médial est donc transérée au LCA. Comme ce ligament est relativement aible, il se déchire également. Le traitement des lésions ligamentaires du genou dépend du type de lésion et de leur gravité. Le traitement conservateur consiste à immobiliser le genou pendant un certain temps pour avoriser le repos de l’articulation. Le traitement chirurgical peut consister à réparer les ligaments déchirés ou à les remplacer par un greon prélevé d’un autre tendon ou ligament (comme le tendon du quadriceps). Beaucoup d’interventions chirurgicales au genou s’eectuent par arthroscopie. L’arthroscopie est un type de traitement chirurgical conservateur au cours duquel une petite incision pratiquée dans le genou permet d’y introduire un arthroscope, un instrument muni d’une caméra et d’une source lumineuse, permettant ainsi au chirurgien de bien voir la région à traiter sans devoir pratiquer de grandes incisions.
Coup latéral porté au genou Déchirure du ligament croisé antérieur
Déchirure du ligament collatéral tibial Déchirure du ménisque médial
Chapitre 9 Le système squelettique : les articulations 381
Flexion Fémur Chefs du muscle gastrocnémien (sectionnés)
Extension Muscle quadriceps fémoral Tendon du quadriceps fémoral Ligament collatéral fibulaire Patella insérée dans le tendon du quadriceps
Capsule articulaire Ligament poplité oblique
Ligament collatéral fibulaire Ligament poplité arqué
Ligament collatéral tibial
Ligament collatéral tibial
Ligament patellaire
Muscle poplité (sectionné)
Fibula
Tibia B. Genou droit, vue postérieure superficielle Fibula
Tibia
A. Genou droit, vue antérieure superficielle Fémur
Cartilage articulaire Ligament croisé postérieur Condyle latéral
Condyle médial
Ménisque latéral
Ménisque médial
Ligament collatéral fibulaire
Ligament croisé antérieur Ligament collatéral tibial Tibia
Fibula
C. Genou droit, vue antérieure profonde
Condyle médial Ménisque médial
Ligament croisé antérieur Condyle latéral Ligament collatéral fibulaire Ménisque latéral Ligament croisé postérieur
Ligament collatéral tibial Tibia
Fibula
D. Genou droit, vue postérieure profonde
FIGURE 9.18 Articulation du genou ❯ Cette articulation est l’articulation mobile la plus complexe du corps humain. Les diérentes vues présentées révèlent les interrelations complexes entre les parties du genou droit :
A. vue antérieure superfcielle ; B. vue postérieure superfcielle ; C. vue antérieure proonde ; D. vue postérieure proonde.
382 Partie II Le soutien et les mouvements du corps tibiale du tibia. Par conséquent, le genou ne possède pas une seule capsule uniée ni une cavité articulaire commune. À l’arrière, plusieurs ligaments poplités viennent renorcer la capsule articulaire.
devient tendu lorsque le genou est en fexion, empêchant ainsi une hyperfexion de l’articulation du genou. Il empêche également le glissement postérieur du tibia vers le émur.
De chaque côté de l’articulation du genou se trouve un ligament collatéral qui se tend à l’extension et accroît la stabilité de l’articulation. Le ligament collatéral fbulaire (ou ligament collatéral latéral) renorce la ace latérale de l’articulation. Ce ligament s’étend du émur à la bula et empêche l’hyperadduction de la jambe au niveau du genou. Autrement dit, il empêche la jambe d’aller trop loin vers l’intérieur par rapport à la cuisse. Le ligament collatéral tibial (ou ligament collatéral médial) renorce la ace médiale de l’articulation du genou. Ce ligament s’étend du émur au tibia et empêche l’hyperabduction de la jambe au niveau du genou. Autrement dit, il empêche la jambe d’aller trop loin latéralement par rapport à la cuisse. Ce ligament s’attache également au ménisque médial de l’articulation du genou. Par conséquent, une blessure au ligament collatéral tibial aecte généralement le ménisque médial.
L’humain est un animal bipède, ce qui signie qu’il se déplace sur deux pieds. L’un des aspects importants de la locomotion bipède est la capacité de barrer les genoux lorsqu’ils sont en extension et de se tenir droit sans atiguer les muscles des jambes. En extension complète, le tibia eectue une rotation latérale de manière à tendre le ligament croisé antérieur et à comprimer le ménisque situé entre le tibia et le émur. La contraction du muscle poplité, situé à l’arrière du genou, débarre et féchit l’articulation du genou.
Située proondément dans la capsule articulaire et à l’intérieur de l’articulation du genou, une paire de coussinets de cartilage breux en orme de croissant repose sur les condyles du tibia. Ces coussinets se nomment ménisque médial et ménisque latéral. Ils stabilisent partiellement les côtés interne et externe de l’articulation, servent d’amortisseurs de choc entre les suraces articulaires et changent continuellement de orme pour s’adapter aux suraces articulaires au ur et à mesure des déplacements du émur. Deux ligaments croisés se trouvent proondément ancrés dans la capsule articulaire de l’articulation du genou. Ils limitent les mouvements antérieur et postérieur du émur par rapport au tibia. Ces ligaments se croisent pour ormer un X, d’où le nom de ligaments croisés. Le ligament croisé antérieur (LCA) s’étend de la partie postérieure du émur au côté antérieur du tibia. Lorsque le genou est en extension, le LCA est bien tendu et empêche l’hyperextension. Le LCA empêche le tibia d’aller trop loin en avant vers le émur. Le ligament croisé postérieur (LCP) s’étend de la partie antéro-inérieure du émur au côté postérieur du tibia. Le LCP
Vérifiez vos connaissances 21. Quelles sont les onctions de chacun des ligaments
croisés de l’articulation du genou ?
9.7.6
L’articulation de la cheville
11 Décrire l’articulation de la cheville et ses mouvements.
L’articulation de la cheville (ou articulation tibiotarsienne) est une articulation trochléenne grandement modiée qui permet la dorsifexion et la fexion plantaire. Elle comprend deux articulations à l’intérieur d’une seule capsule articulaire. L’une de ces articulations se trouve entre l’extrémité distale du tibia et le talus, et l’autre est située entre l’extrémité distale de la bula et le côté latéral du talus FIGURE 9.19 (voir le tableau 9.5). Les malléoles médiale et latérale du tibia et de la bula, respectivement, orment des crêtes médiale et latérale importantes qui empêchent le talus de glisser de chaque côté. L’articulation de la cheville comprend plusieurs caractéristiques anatomiques particulières. Sa capsule articulaire couvre les suraces distales du tibia, les malléoles médiale et latérale ainsi que le talus. Un ligament deltoïdien (ou ligament médial),
INTÉGRATION APPLICATION CLINIQUE
Les entorses de la cheville et les fractures de Dupuytren
fbreux se orme rapidement et de açon anarchique. La désorganisation des fbres crée une ragilité du tissu.
Une entorse est un étirement ou une déchirure ligamentaire, sans racture ni luxation de l’articulation. L’entorse de la cheville résulte d’une torsion du pied, pratiquement toujours attribuable à une inversion excessive. Des fbres du ligament latéral sont étirées (entorse légère) ou déchirées (entorse plus grave), produisant un œdème localisé et une sensibilité au toucher de la partie antéro-inérieure de la malléole latérale. L’entorse par éversion excessive est rare en raison de la solidité du ligament deltoïdien. Les ligaments se composent de tissu conjoncti dense régulier peu vascularisé (voir la section 5.2.4). Les tissus peu vascularisés prennent beaucoup de temps à guérir, et c’est ce qui est observé dans le cas des entorses de la cheville. De plus, des ligaments déjà lésés risquent davantage de subir de nouvelles lésions, puisqu’au moment de la cicatrisation, le nouveau tissu
S’il se produit vraiment une éversion excessive, la blessure qui en résulte généralement se nomme fracture de Dupuytren (ou fracture bimalléolaire) (voir la section 7.8). Si le pied subit une éversion excessive, il tire sur le ligament deltoïdien, mais comme il est très solide, il ne se déchire pas. Par conséquent, il se produit plutôt une avulsion (arrachement) de la malléole médiale du tibia. La orce appliquée par cette blessure provoque alors un déplacement latéral du talus, car la malléole médiale ne peut plus limiter les mouvements latéraux de la cheville. Comme le talus se déplace latéralement, appliquant ainsi une orce sur la fbula, celle-ci se racture aussi, généralement à son extrémité distale ou à la malléole latérale. Par conséquent, cette blessure entraîne une racture du tibia et de la fbula, tout en laissant le ligament deltoïdien intact.
Chapitre 9 Le système squelettique : les articulations 383
FIGURE 9.19
Flexion plantaire
Articulation de la cheville
Dorsiflexion
Fibula
❯
Les vues A. latérale et B. médiale du pied droit montrent que l’articulation tibiotarsienne comporte des articulations entre le tibia, la bula et le talus. Cette articulation n’eectue que la dorsifexion et la fexion plantaire. Tibia
Ligament tibiofibulaire antérieur
Ligament tibiofibulaire postérieur
Talus
Ligament latéral
Calcanéus Métatarsien V A. Pied droit, vue latérale
Tibia Ligament deltoïdien Os naviculaire Talus
Métatarsien I
Calcanéus B. Pied droit, vue médiale
ormé de plusieurs parties, relie le tibia au côté médial du pied. Ce ligament empêche l’éversion excessive du pied. Il est extrêmement solide et déchire rarement ; en ait, il va arracher la malléole médiale avant même de se déchirer ! Un ligament latéral plus mince, ormé de plusieurs parties, relie la fbula au côté latéral du pied. Ce ligament empêche l’inversion excessive du pied. Il n’est pas aussi solide que le ligament deltoïdien, et il est sujet aux entorses et aux déchirures. Deux ligaments tibiofbulaires (antérieur et postérieur) relient le tibia à la fbula.
Vérifiez vos connaissances 22. Quels os ont partie de l’articulation de la cheville et
quels mouvements cette articulation permet-elle ?
9.8
La formation et le vieillissement des articulations
1
Expliquer la ormation des trois principaux types d’articulations chez l’embryon et le œtus.
2
Décrire certains des changements courants liés à l’âge observés dans les articulations.
Les articulations commencent à se ormer à la sixième semaine du développement embryonnaire et se diérencient progressivement
384 Partie II Le soutien et les mouvements du corps
au cours de la période œtale. Dans la région des utures articulations fbreuses, le mésenchyme autour des os en développement se diérencie en tissu conjoncti dense régulier, tandis que dans le cas des articulations cartilagineuses, il se diérencie soit en cartilage fbreux, soit en cartilage hyalin. La ormation des articulations synoviales est plus complexe. Le mésenchyme le plus externe orme la capsule articulaire et les ligaments de soutien de l’articulation. Tout juste à l’intérieur de cette région, le mésenchyme orme la membrane synoviale qui commence alors à sécréter la synovie dans la cavité articulaire. Selon le type d’articulation synoviale, le mésenchyme central est réabsorbé ou orme les ménisques ou les disques articulaires.
Avant la disparition des cartilages épiphysaires, certaines blessures chez les jeunes peuvent entraîner la subluxation ou la racture d’une épiphyse, accompagnée d’éventuels eets négatis sur la croissance et la santé de l’articulation. Certains de ces eets négatis sont l’os qui n’atteint pas sa pleine longueur ou l’apparition de changements qui ressemblent à de l’arthrite dans l’articulation. L’arthrite est une maladie rhumatismale qui se caractérise par des lésions du cartilage articulaire (voir l’Application clinique intitulée « L’arthrite »). Le principal problème qui apparaît dans l’articulation vieillissante est l’arthrose. La cause de ces lésions peut varier, mais ces dernières résultent généralement de l’usure de la surace articulaire.
INTÉGRATION APPLICATION CLINIQUE
L’arthrite DÉSÉQUILIBRE HOMÉOSTATIQUE
L’arthrite est un ensemble de maladies infammatoires ou dégénératives des articulations qui existent sous diérentes ormes. Chaque orme présente les mêmes symptômes : gonfement articulaire, douleur et raideur. L’arthrite goutteuse, l’arthrose et la polyarthrite rhumatoïde sont des ormes courantes d’arthrite. Au Canada, l’arthrite est la troisième maladie chronique la plus importante. Elle touche plus de 4,2 millions de Canadiens et un peu plus de 11 % des Québécois de plus de 15 ans (Agence de la santé publique du Canada, Arthrisis Consumers Experts, Arthrisis Community Research and Evaluation Unity et al., 2010). L’arthrite goutteuse touche généralement les personnes d’âge mûr et elle est plus réquente chez l’homme. Communément appelée la goutte, cette maladie apparaît en raison d’un taux élevé d’acide urique (déchet cellulaire normal de la dégradation des acides nucléiques) dans le sang. Ce taux anormalement élevé entraîne une accumulation de cristaux d’acide urique dans le sang, la synovie et les membranes synoviales. La réaction infammatoire de l’organisme aux cristaux d’acide urique provoque une douleur articulaire. Généralement, la goutte commence par une crise limitée à une seule articulation, souvent celle du gros orteil, pour ensuite évoluer vers d’autres articulations. À la longue, l’arthrite goutteuse peut immobiliser des articulations en causant une usion des suraces articulaires des os.
(jointures), des hanches, des genoux et des épaules. L’arthrose se voit généralement chez les personnes âgées, bien que certains athlètes en sourent relativement tôt en raison des contraintes répétitives qu’ils exercent sur leurs articulations. La polyarthrite rhumatoïde touche environ 1 % des Canadiens et elle est au moins deux ois plus réquente chez la emme que chez l’homme (Agence de la santé publique du Canada et al., 2010). Elle apparaît souvent entre 25 et 50 ans. Les symptômes sont une douleur et un gonfement articulaires, une aiblesse musculaire, de l’ostéoporose et diérents problèmes cardiovasculaires. La polyarthrite rhumatoïde est un trouble auto-immun dans lequel le système immunitaire de la personne atteinte attaque ses propres tissus. Elle commence par une infammation de la membrane synoviale. Du liquide et des leucocytes s’échappent des petits vaisseaux sanguins pour atteindre la cavité articulaire, entraînant une augmentation du volume de synovie. Il en résulte un gonfement de l’articulation et un épaississement de la membrane synoviale enfammée ; le cartilage articulaire et souvent l’os sous-jacent nissent par s’éroder. À la longue, du tissu cicatriciel se orme et s’ossie, entraînant une usion des extrémités osseuses (processus appelé ankylose), ce qui immobilise l’articulation. Deux types de médicaments sont souvent prescrits pour traiter la polyarthrite rhumatoïde. Les médicaments de première intention à action rapide sont les antiinfammatoires non stéroïdiens (AINS) et les corticostéroïdes qui soulagent la douleur articulaire. Les médicaments de deuxième intention, mais à action prolongée, comme le méthotrexate et l’hydroxychloroquine, aident à avoriser la rémission de la maladie et à ralentir la détérioration des articulations.
L’arthrose est le type d’arthrite le plus réquent ; il aecte plus de 10 % des adultes canadiens (Agence de la santé publique du Canada et al., 2010). Cette maladie dégénérative chronique des articulations se nomme également arthrite par usure, car l’utilisation répétée d’une articulation use petit à petit le cartilage articulaire, comme l’usure d’une gomme à eacer à orce de s’en servir. Si le cartilage est susamment usé, l’arthrose apparaît. Les os de l’articulation nissent par se rotter l’un contre l’autre, entraînant une abrasion des suraces osseuses. Sans ce cartilage articulaire protecteur, les mouvements articulaires deviennent diciles et douloureux. Les articulations les plus touchées par l’arthrose sont celles des doigts Photographie et radiographie des mains d’une personne atteinte de polyarthrite rhumatoïde.
Chapitre 9 Le système squelettique : les articulations 385
Tout comme les contraintes exercées continuellement sur les os assurent le maintien de leur solidité, l’exercice pratiqué avec modération est directement lié à la santé des articulations. L’exercice comprime les cartilages articulaires, entraînant la sortie de synovie du cartilage, puis son retour dans la matrice cartilagineuse. Ce fux de liquide ournit la nourriture dont les chondrocytes présents dans le cartilage ont besoin pour bien
onctionner. L’exercice renorce également les muscles qui soutiennent et stabilisent l’articulation.
Vérifiez vos connaissances 23. Quels sont les principaux changements que subissent
les articulations avec le vieillissement ?
Liens entre le système squelettique et les autres systèmes Le système squelettique comprend les os, les cartilages et les articulations. Les os dénissent la stature et la orme de toutes les personnes, puisqu’ils constituent la charpente servant de soutien aux tissus mous (p. ex., la peau). Ils protègent les organes (p. ex., l’encéphale, la moelle épinière, le cœur, les poumons) contre les chocs et les traumatismes. La contraction des muscles squelettiques, solidement liés aux points d’attache des os par des tendons, permet la mobilité des os du squelette dans les articulations synoviales. De plus, l’exercice physique renorce les articulations et ortie les os. D’autres mouvements du squelette sont liés à des onctions vitales, par exemple la respiration ou la digestion mécanique.
En outre, la moelle osseuse rouge de l’os spongieux renerme les cellules souches qui produisent les cellules sanguines : les érythrocytes, les leucocytes et les thrombocytes. Enn, les os se régénèrent et se remodèlent sans cesse. Certaines hormones avorisent la croissance et l’entretien du squelette, alors que d’autres régulent le stockage ou la mise en circulation de minéraux (p. ex., le calcium) et d’énergie (p. ex., les triglycérides). Le tableau suivant présente les interrelations principales du système squelettique avec les autres systèmes. Il est suivi d’une étude de cas qui vous permettra de récapituler les notions présentées dans l’ensemble des chapitres 7, 8 et 9.
Système squelettique et… Liens
Interdépendance
… système tégumentaire • Peau : épiderme et derme • Conversion d’une molécule dérivée du cholestérol
• La peau recouvre et protège les os qui orment le squelette. • Les rayons ultraviolets convertissent une molécule dérivée du cholestérol (7-déhydrocholestérol) présente dans les kératinocytes de l’épiderme en vitamine D 3. Cette vitamine est indispensable à l’absorption du calcium et du phosphate, des minéraux qui solidient la matrice osseuse.
… système musculaire • Contraction des muscles squelettiques • Tonus musculaire
• Les muscles squelettiques sont liés aux points d’attache des os par des tendons. Leurs contractions nécessitent du calcium (emmagasiné dans les os) et permettent le mouvement des os liés par des articulations synoviales. • En se contractant, les muscles squelettiques exercent une contrainte mécanique sur les os et augmentent leur solidité. Même au repos, les muscles squelettiques restent légèrement contractés et renorcent les articulations (p. ex., l’épaule, les genoux ou l’arc plantaire).
… système nerveux • Perceptions sensorielles • Perceptions de l’audition et équilibre • Perceptions de l’odorat • Commande motrice • Transmission des infux nerveux
• Les ners sensitis qui innervent le système squelettique détectent les stimulus tels que la douleur, le degré d’étirement des articulations et le changement de la posture. • La perception des sons est possible grâce à la vibration des osselets. Les récepteurs de l’audition et l’équilibre se trouvent dans la cochlée et le vestibule, des cavités osseuses. • La turbulence de l’air augmente le contact entre les molécules et les récepteurs olactis situés sur des projections osseuses dans les cavités nasales. • Les ners moteurs envoient une réponse motrice pour maintenir le tonus musculaire et modier les mouvements corporels qui rendent les os plus denses et solides. • La transmission des infux nerveux nécessite du calcium qui est principalement entreposé dans les os.
… système endocrinien • Régulation de la croissance et réparation des os et du cartilage • Régulation de la calcémie • Production des hormones sexuelles
• L’hormone de croissance, les hormones thyroïdiennes, la calcitonine, le glucagon et l’insuline provoquent la libé ration et l’utilisation de nutriments nécessaires à la croissance osseuse et à la synthèse de la matrice osseuse. • La parathormone (produite par les glandes parathyroïdes) et le calcitriol stimulent la résorption osseuse par les ostéoclastes pour augmenter la concentration en calcium dans le sang. • La testostérone et l’œstrogène avorisent la croissance et l’ossication des cartilages épiphysaires.
386 Partie II Le soutien et les mouvements du corps
Système squelettique et… (suite) Liens
Interdépendance
… système cardiovasculaire • Cellules sanguines • Transport des gaz respiratoires • Transport des nutriments et récupération des déchets • Calcium sanguin
• La moelle osseuse rouge produit les cellules sanguines. • Le sang ournit l’oxygène aux cellules des os et à la synovie des articulations. Le sang récupère le dioxyde de carbone produit par le métabolisme des cellules et le transporte, entre autres, sous orme de bicarbonate. • Les os se renouvellent continuellement : le sang apporte les nutriments nécessaires à leur croissance et à leur remodelage. Le sang transporte les déchets azotés produits par le métabolisme des cellules osseuses et cartilagineuses jusqu’à leur lieu d’élimination (reins, glandes sudoripares).
• Circulation du sang dans les vaisseaux sanguins des os
• Le calcium est indispensable à la coagulation. • Les contractions du muscle cardiaque nécessitent du calcium ; elles permettent le pompage et la circulation du sang dans les vaisseaux sanguins irriguant les os.
… systèmes lymphatique et immunitaire • Vaisseaux lymphatiques dans les os • Leucocytes
• Les vaisseaux lymphatiques drainent le surplus de liquide interstitiel présent dans les os. • La moelle osseuse rouge produit les leucocytes qui participent à la réaction infammatoire et à la réponse immunitaire.
• Ostéoclastes
• Les ostéoclastes ont la capacité de aire de la phagocytose et ils participent à la résorption osseuse.
… système respiratoire • Nez et cavités nasales • Épiglotte • Apport d’oxygène et élimination du dioxyde de carbone par le sang
• Le nez et les cavités nasales se composent d’os et de cartilage hyalin. Des projections osseuses, les cornets, augmentent la turbulence de l’air pour le réchauer et l’humidier. • L’épiglotte est un cartilage élastique qui bloque l’accès aux voies respiratoires durant la déglutition. • Le cartilage hyalin maintient les voies respiratoires ouvertes et permet à la cage thoracique de s’adapter à la respiration. • Grâce à l’oxygène, les cellules des os et des cartilages peuvent produire de l’énergie (adénosine triphosphate) et se renouveler. • Le dioxyde de carbone produit par le métabolisme des cellules osseuses et cartilagineuses est éliminé par l’expiration, ce qui contribue à maintenir le pH corporel constant pour éviter la dénaturation des enzymes.
… système urinaire • Élimination des déchets • Activation de la vitamine D • Réabsorption du calcium
• Les déchets azotés produits par le métabolisme des cellules osseuses (p. ex., les ostéoblastes, les ostéocytes, les ostéoclastes) et des cellules cartilagineuses (p. ex., les chondroblastes, les chondrocytes) sont éliminés dans l’urine. • Les reins transorment le calcidiol en calcitriol (vitamine D activée) nécessaire à l’absorption du calcium et du phosphate contenus dans les os. • La parathormone et le calcitriol stimulent les reins à réduire l’élimination et à avoriser la réabsorption du calcium contenu dans les os.
… système digestif • Déglutition • Digestion mécanique des aliments • Transormation de la vitamine D3 • Absorption du calcium et du phosphate • Digestion des lipides alimentaires
• Le cartilage élastique présent dans le larynx permet la déglutition. • Les os du crâne servent de points d’attache aux muscles participant à la mastication (digestion mécanique). Les os palatins, les maxillaires et la mandibule orment la cavité orale. Les dents sont liées à la mâchoire par des articulations alvéolodentaires. • Les nutriments permettent aux cellules des os et des cartilages de croître : les protéines sont indispensables pour la production des tissus osseux et cartilagineux, la vitamine A stimule les ostéoblastes et la vitamine C est nécessaire pour la production du collagène. • Le oie participe à la transormation de la vitamine D3 en calcidiol. • L’intestin grêle absorbe le calcium et le phosphate, des minéraux qui solidient la matrice osseuse. • L’intestin grêle absorbe aussi les lipides alimentaires digérés par les sels biliaires et les lipases pancréatiques ; ces lipides sont ensuite transportés et emmagasinés, entre autres, dans les cellules adipeuses de la moelle osseuse jaune. Ces lipides sont une source d’énergie pour toutes les cellules.
… système génital • Grossesse et accouchement
• Les os du bassin éminin sont organisés de açon à soutenir le œtus dans l’utérus et à permettre le passage du bébé pendant l’accouchement. • Le brocartilage de la symphyse pubienne éminine s’assouplit tout au long de la grossesse et s’adapte au passage du bébé pendant l’accouchement.
c 9 Le système squelettique : les articulations 387
Étude de cas 1. Madame Tessier, une dame âgée de 54 ans, rencontre son médecin à la suite d’un diagnostic d’ostéoporose. a) Pourquoi madame Tessier avait-elle plus de chance qu’un homme du même âge de sourir d’ostéoporose ? b) Madame Tessier marche tous les jours. Pourquoi est-il primordial qu’elle reste active ? c) Quel rôle joue la vitamine D dans la santé osseuse ? Une vingtaine d’années plus tard, madame Tessier ait une chute et est soignée pour une racture ermée du radius, près du poignet gauche (racture radiocarpienne).
d) Après un réalignement anatomique des ragments osseux du radius, son avant-bras et son poignet sont immobilisés dans un plâtre pour quelques semaines. Décrivez les quatre étapes de la consolidation de la racture. e) Lorsque son plâtre est retiré, madame Tessier rencontre un physiothérapeute qui lui donne une série d’exercices à eectuer chaque jour. Donnez les caractéristiques structurales et onctionnelles de l’articulation radiocarpienne, puis indiquez quels seront les mouvements à pratiquer chaque jour afn que l’articulation retrouve sa mobilité et sa souplesse.
résumé du chapitre 9.1
• Les articulations sont des jonctions dans lesquelles des os interagissent. Les articulations se
distinguent par leur structure, leur onction et leur degré de mobilité.
L lfon lon – 352
• Les trois catégories structurales des articulations sont les articulations fbreuses, cartilagi-
neuses et synoviales. • Les trois catégories onctionnelles des articulations sont les articulations immobiles, semi-
mobiles et mobiles. • Plus une articulation est mobile, moins elle est stable.
9.2
• Du tissu conjoncti dense régulier unit les os de l’articulation fbreuse. • L’articulation fbreuse ne comporte aucune cavité articulaire et elle est immobile ou semi-
L lon fb – 352
mobile. 9.2.1
L lon lvolon ............................................................................................... 352 • Les articulations alvéolodentaires (ou gomphoses) sont des articulations immobiles situées
entre la dent et la mandibule, ou entre la dent et les maxillaires. 9.2.2
L ..................................................................................................................................... 354 • Les sutures sont des articulations immobiles qui unissent solidement des os crâniens. Les
sutures usionnées se nomment synostoses. 9.2.3
L yno .......................................................................................................................... 354 • Les syndesmoses sont des articulations semi-mobiles ; une membrane interosseuse unit les
os de ces articulations. • Des syndesmoses sont présentes sous orme de aisceaux entre les épiphyses d’os
longs adjacents, alors que les membranes interosseuses se situent entre les corps d’os longs adjacents.
9.3 L lon lgn – 355
• Les articulations cartilagineuses ne comportent aucune cavité articulaire ; le cartilage qui les
compose est soit du cartilage hyalin, soit du cartilage fbreux. 9.3.1
L ynono ....................................................................................................................... 355 • Les synchondroses sont des articulations immobiles dans lesquelles du cartilage hyalin se
trouve calé entre les os de ces articulations. 9.3.2
L yy .............................................................................................................................. 356 • Les symphyses sont des articulations semi-mobiles dans lesquelles un disque de cartilage
fbreux se trouve calé entre les os de ces articulations.
388 Partie II Le soutien et les mouvements du corps
9.4 Les articulations synoviales – 356
• Toutes les articulations synoviales sont des articulations mobiles. 9.4.1
Les caractéristiques distinctives et l’anatomie des articulations synoviales ........................... 356 • Les articulations synoviales comportent une capsule articulaire, une cavité articulaire, de la
synovie, du cartilage articulaire, des ligaments, des ners et des vaisseaux sanguins. • La synovie est une substance huileuse et visqueuse qui lubrie le cartilage articulaire, nourrit
les chondrocytes de ce cartilage et sert d’amortisseur de choc. 9.4.2
La classifcation des articulations synoviales ............................................................................. 359 • Les six types d’articulations synoviales sont les articulations plane, trochléenne, trochoïde,
condylaire, en selle et sphéroïde. • Les articulations synoviales peuvent être uniaxiale, biaxiale ou multiaxiale selon qu’elles
permettent le mouvement selon un axe, deux axes ou trois axes.
9.5 Les articulations synoviales et les leviers – 361
• La biomécanique consiste à appliquer des principes de mécanique à la biologie. 9.5.1
La terminologie des leviers ........................................................................................................... 361 • L’articulation synoviale peut être comparée à un levier dans lequel une tige rigide pivote sur
un point xe appelé point d’appui. • La partie du levier qui va du point d’appui au point de l’eort se nomme bras de orce, et la
partie du levier allant du point d’appui au point de la résistance se nomme bras de charge. 9.5.2
Les types de leviers ....................................................................................................................... 362 • Le levier de première classe comporte un point d’appui situé au centre, entre l’eort et la
résistance. • Le levier de deuxième classe comporte une résistance placée entre le point d’appui et
l’eort. • Le levier de troisième classe, le type de levier le plus commun du corps humain, comporte un
eort appliqué entre la résistance et le point d’appui.
9.6 Les mouvements des articulations synoviales – 363
• Les articulations synoviales eectuent les mouvements suivants : de glissement, angulaire,
de rotation ainsi que d’autres mouvements particuliers. 9.6.1
Le mouvement de glissement ....................................................................................................... 363 • Le glissement est un mouvement simple au cours duquel deux suraces opposées glissent
l’une contre l’autre dans un mouvement latéral ou de va-et-vient, comme c’est le cas, par exemple, des os qui composent le tarse ou le carpe. 9.6.2
Le mouvement angulaire ............................................................................................................... 363 • Les mouvements angulaires augmentent ou diminuent l’angle entre les os. • Les mouvements angulaires sont la fexion, l’extension, l’hyperextension, la fexion latérale,
l’abduction, l’adduction et la circumduction. 9.6.3
Le mouvement de rotation ............................................................................................................ 365 • Les mouvements de rotation ont appel à un mouvement de pivotement autour de l’axe longi-
tudinal de l’os. La rotation latérale, la rotation médiale, la pronation et la supination sont des exemples de mouvements de rotation. 9.6.4
Les mouvements particuliers ....................................................................................................... 366 • Les mouvements particuliers sont des mouvements précis qui n’entrent pas dans les autres
catégories. Ce sont l’abaissement et l’élévation, la dorsifexion et la fexion plantaire, l’inversion et l’éversion, la protraction et la rétraction ainsi que l’opposition.
9.7 Les caractéristiques et l’anatomie de certaines articulations – 368
• Chaque articulation possède des os aux caractéristiques uniques qui contribuent aux mou-
vements qui lui sont propres. 9.7.1
L’articulation temporomandibulaire ............................................................................................. 368 • L’articulation temporomandibulaire est située entre la tête de la mandibule et la osse mandibu-
laire du temporal ; elle permet des mouvements d’élévation, d’abaissement et de protraction.
Chapitre 9 Le système squelettique : les articulations 389
9.7.2
Les articulations de l’épaule ......................................................................................................... 372 • Les articulations sternoclaviculaire et acromioclaviculaire contribuent aux mouvements de
l’épaule. • L’articulation scapulohumérale est une articulation sphéroïde située entre la cavité glénoïdale
de la scapula et la tête de l’humérus. 9.7.3
L’articulation du coude .................................................................................................................. 376 • Le coude est une articulation trochléenne située entre l’humérus, le radius et l’ulna.
9.7.4
L’articulation de la hanche ............................................................................................................ 378 • L’articulation de la hanche est une articulation sphéroïde située entre la tête du émur et l’acé-
tabulum de l’os iliaque. 9.7.5
L’articulation du genou .................................................................................................................. 380 • L’articulation du genou est surtout une articulation trochléenne, mais elle peut aussi eectuer
de légers mouvements de rotation et de glissement. • Les ligaments patellaire, poplités, collatéraux bulaire et tibial, croisés ainsi que les ménisques
médial et latéral assurent la stabilité de l’articulation. 9.7.6
L’articulation de la cheville ............................................................................................................ 382 • L’articulation de la cheville est une articulation trochléenne qui permet la dorsifexion et la
fexion plantaire.
9.8 La formation et le vieillissement des articulations – 383
AUTOÉVALUATION
• Les articulations commencent à se ormer au cours de la sixième semaine du développement. • L’arthrose est un problème articulaire réquent qui apparaît avec le vieillissement.
Solutionnaire
Concepts de base 1
2
3
Quelle articulation du corps ore la plus grande mobilité ? a) L’articulation du genou.
Tous les ligaments suivants apportent de la stabilité à l’articulation de la hanche, sau :
b) L’articulation de la hanche.
a) le ligament ischioémoral ;
c) L’articulation scapulohumérale.
b) le ligament puboémoral ;
d) L’articulation du coude.
c) le ligament ilioémoral ;
La stabilisation de l’articulation scapulohumérale s’eectue surtout à l’aide de la structure suivante :
4
d) le ligament de la tête du émur.
a) le ligament coracohuméral ;
La fexion plantaire et la dorsifexion sont des mouvements appartenant à l’articulation .
b) les ligaments glénohuméraux ;
a) de la hanche
c) les muscles de la coie des rotateurs qui déplacent l’humérus ;
b) du genou
d) la scapula.
d) de la cheville
5
c) sternoclaviculaire
À quel type d’articulation synoviale l’articulation métacarpophalangienne, qui comporte des suraces articulaires ovales et permet des mouvements dans deux plans, appartient-elle ?
6
Expliquez les acteurs qui infuent sur la stabilité et la mobilité d’une articulation, et indiquez la relation qui existe entre la mobilité d’une articulation et sa stabilité.
a) Condylaire.
7
Décrivez les diérences structurales entre l’articulation breuse et l’articulation cartilagineuse.
8
Énumérez et décrivez toutes les articulations appartenant à la classe des articulations immobiles (synarthroses) sur le plan onctionnel.
b) Plane. c) Trochléenne. d) En selle.
390 Partie II Le soutien et les mouvements du corps
9
Comparez l’articulation trochléenne et l’articulation trochoïde par rapport à leur structure, à leur onction et à leur emplacement dans le corps humain.
13 Quels sont les principaux ligaments de soutien de l’articula-
tion du coude ? 14 Comparez les onctions du ligament collatéral tibial et du
10 Comparez les leviers de première, de deuxième
ligament collatéral bulaire de l’articulation du genou. Lequel de ces deux ligaments se déchire le plus souvent et pour quelle raison ?
et de troisième classe. 11 Décrivez et comparez l’abduction, l’adduction, la pronation
et la supination.
15 Expliquez le principal changement que peut subir une
articulation avec le vieillissement et les symptômes qui s’y rattachent.
12 Décrivez l’anatomie de base de l’articulation
scapulohumérale.
Mise en application Répondez aux questions 1 à 3 à l’aide du paragraphe suivant. Une mère et son ls de quatre ans sont dans un magasin de jouets et l’enant ne veut pas quitter le magasin. Comme l’enant ait un accès de colère et résiste à sa mère, cette dernière tire sur le bras du garçon pour le traîner hors du magasin. Immédiatement après ce geste, le garçon pousse un cri de douleur, et une bosse proéminente apparaît du côté latéral du coude. Tout aolée, la mère conduit son ls à l’hôpital. Le médecin examine le coude de l’enant et détermine qu’il soure d’une subluxation de la tête du radius. 1
3
a) L’épicondyle latéral de l’humérus. b) Le processus coronoïde de l’ulna. c) La tête du radius. d) Le ligament collatéral radial. 4
Quel ligament n’est pas parvenu à maintenir la tête du radius en place lorsque la mère a tiré sur le coude du garçon ?
b) Le ligament latéral a subi une lésion causée par une éversion excessive du pied.
b) Le ligament collatéral ulnaire. c) Le ligament collatéral radial.
c) Le ligament deltoïdien a subi une lésion causée par une inversion excessive du pied.
d) Le ligament coronoïde. Le médecin mentionne que ce type de blessure est réquent chez les enants de moins de cinq ans. Pour quelle raison en est-il ainsi ? a) L’olécrâne de l’ulna ne s’insère pas correctement dans la osse olécrânienne du radius.
Pendant une séance de course à pied, Robert a mis le pied dans un nid-de-poule et s’est oulé la cheville droite. Un œdème est apparu du côté latéral de la cheville. Quel ligament a subi une lésion et quel mouvement a causé cette blessure ? a) Le ligament deltoïdien a subi une lésion causée par une éversion excessive du pied.
a) Le ligament annulaire.
2
Quelle caractéristique osseuse a causé cette bosse proéminente du côté latéral du coude ?
d) Le ligament latéral a subi une lésion causée par une inversion excessive du pied. 5
b) La tête du radius n’est pas encore complètement ormée.
Pratiquement tous les ligaments du genou se tendent lorsque l’articulation est en extension, sau un. Parmi les ligaments du genou suivants, lequel se tend lorsque le genou est en fexion, empêchant ainsi l’hyperfexion de l’articulation ?
c) Les cartilages de conjugaison des épicondyles médial et latéral n’ont pas encore usionné au reste de l’humérus.
a) Le ligament croisé antérieur.
d) La capsule articulaire de l’articulation du coude est aible à sa ace antérieure.
c) Le ligament patellaire.
b) Le ligament croisé postérieur. d) Le ligament collatéral tibial.
Synthèse 1
Pendant une séance d’entraînement de soccer, Carolina trébuche sur la jambe tendue d’une coéquipière et tombe directement sur son épaule. Elle est transportée à l’hôpital aux prises avec une douleur insoutenable. L’examen révèle un déplacement antéro-inérieur de la tête de l’humérus vers la cavité axillaire (aisselle). Qu’est-il arrivé à Carolina ?
2
Durant une partie de ootball, un joueur reçoit une pénalité pour avoir auché un adversaire, car il l’a rappé du côté latéral du genou, entraînant une hyperabduction de l’articulation. Quelle articulation court le plus grand risque de blessure et quel type de blessure peut survenir si un joueur se ait aucher de cette açon ?
3
Marie-Ève consulte son médecin parce qu’elle ressent de la douleur à l’oreille droite. Le médecin vérie ses oreilles et ne remarque aucun signe d’inection. Il demande à Marie-Ève d’ouvrir et de ermer la bouche pendant qu’il palpe les parties de son visage situées près de ses oreilles. Pourquoi le médecin ait-il ouvrir et ermer la bouche de Marie-Ève alors qu’elle ressent de la douleur à l’oreille ? Quelle relation peut-il y avoir entre les deux ? Que pensez-vous que le médecin découvrira lorsque Marie-Ève ouvrira et ermera la bouche ?
Le tISSu muScuLaIre
chapItre
10
ao fç :
ay d s
Le KINÉSIOLOGUe…
dans la pratique
Ls kinésiologs son ds ossionnls d l sné qi évln l ondiion ysiq ls blsss soivs, n ls d onvoi ds ogs d édion fs visn l’gnion d l o sli l’élioion d l o ysiq ds lès. Ils on égln d l évnion ès ds sois fn d’évi ls s ls blsss. Sos l svision d’n édin, ils son ds invnns lés lés à ollbo non sln v ds lès, is égln v ds nîns d’s ossionnls d l sné (ysioés o ioiins). L l ds és sois son ilis d’n blé, ois d’n dilô ls vné, ins son édiés l Fédéion ds kinésiologs d Qéb qi nd l ossion (2013). L oion o non s l’noi l ysiologi ins, l bioéniq, ls niqs d’nînn ysiq, l édion à l si d blsss slosqliqs, ls is soins l niion.
10.1
10.2
10.3
10.4
Une introduction au muscle squelettique ................................................. 392 10.1.1 Les onctions du muscle squelettique .... 392 10.1.2 Les caractéristiques du tissu musculaire squelettique ...................... 392 L’anatomie du muscle squelettique....... 10.2.1 L’anatomie macroscopique.................. 10.2.2 L’anatomie microscopique................... 10.2.3 L’innervation des fbres musculaires squelettiques ...................................... La physiologie de la contraction du muscle squelettique ............................ 10.3.1 La jonction neuromusculaire : l’excitation d’une fbre musculaire squelettique ....................................... 10.3.2 Le sarcolemme, les tubules T et le réticulum sarcoplasmique : le couplage excitation-contraction ....... 10.3.3 Le sarcomère : le cycle des ponts d’union ............................... 10.3.4 Le relâchement du muscle squelettique ....................................... Le métabolisme du muscle squelettique .................................................
10.4.1
L’apport d’énergie pour la contraction du muscle squelettique ....................... 409
10.7.1 10.7.2
INtÉGratION Illusion ds concps Contraction musculaire squelettique ................ 410
10.7.3
animion
393 393 394
10.5
399 400
402
10.6
403 406 408
10.7 409
10.4.2 La dette d’oxygène ............................. Les types de bres musculaires squelettiques ............................................... 10.5.1 Les critères de classifcation des types de fbres musculaires.......................... 10.5.2 La classifcation des types de fbres musculaires........................................ 10.5.3 La distribution des types de fbres musculaires........................................ La mesure de la tension musculaire squelettique ................................................. 10.6.1 La secousse musculaire...................... 10.6.2 Les variations dans l’intensité du stimulus ........................................ 10.6.3 Les variations dans la réquence du stimulus ....................................... Les acteurs infuant sur la tension musculaire squelettique dans l’organisme...................................................
414
10.8
415 415 415 416 417 417 418 418
420
10.9 10.10
Le tonus musculaire ....................... 420 Les contractions isométriques et isotoniques................................. 420 La relation entre la longueur et la tension ................................... 421
10.7.4 La atigue musculaire ..................... Les eets de l’exercice et du vieillissement sur le muscle squelettique ............................ 10.8.1 Les eets de l’exercice ................... 10.8.2 Les eets du vieillissement ............. Le tissu musculaire cardiaque .............. Le tissu musculaire lisse ........................ 10.10.1 La localisation des muscles lisses ... 10.10.2 L’anatomie microscopique .............. 10.10.3 La contraction du muscle lisse ........ 10.10.4 Le contrôle du muscle lisse............. 10.10.5 Les catégories onctionnelles des muscles lisses .........................
422
422 422 423 424 425 425 426 427 429 429
392 Partie II Le soutien et les mouvements du corps
10.1 Une introduction
au muscle squelettique
Le terme muscle évoque la orce et le mouvement du squelette. À ce jour, plus de 700 muscles squelettiques ont été identifés, constituant ainsi le système musculaire. Le tissu musculaire n’est pas confné seulement aux muscles squelettiques : il est présent dans presque toutes les régions du corps humain. Il assure notamment le déplacement et le mouvement des éléments dans l’organisme. Ainsi, le tissu musculaire propulse les aliments ingérés dans le tube digesti, expulse du corps les déchets produits par celui-ci, régule le volume d’air dans les poumons et pompe le sang pour l’acheminer aux diérents tissus. Chez l’adulte, les muscles squelettiques représentent généralement de 40 à 50 % de la masse corporelle. La plupart sont attachés au squelette, tandis que d’autres ouvrent et erment le tube digesti et le tractus urinaire (sphincter). Ce chapitre décrit d’abord les onctions générales des muscles squelettiques, puis il présente les caractéristiques du tissu musculaire squelettique.
10.1.1
1
Les fonctions du muscle squelettique
Expliquer les cinq grandes fonctions du muscle squelettique.
Le corps humain compte plusieurs centaines de muscles squelettiques. Leurs onctions sont les suivantes : • Les mouvements du corps. Les mouvements du corps sont induits par la contraction de muscles attachés aux os du squelette. Le onctionnement conjoint des muscles, des os et des articulations produit entre autres les mouvements coordonnés (p. ex., courir), mais aussi les mouvements plus simples et localisés (p. ex., souligner un mot dans un livre). • Le maintien de la posture. La contraction de certains muscles squelettiques stabilise les articulations et maintient la posture du corps. Par exemple, se tenir la tête et le dos bien droits nécessite une contraction. En état d’éveil, ces muscles posturaux se contractent en permanence et empêchent le corps de s’eondrer sur le sol. • La protection et le soutien. Les parois de la cavité abdominale ainsi que le plancher pelvien sont tapissés de muscles squelettiques disposés en couches superposées. Ces muscles protègent les organes internes et les soutiennent de manière à ce qu’ils restent en place dans la cavité abdominopelvienne. • L’entreposage et l’acheminement des matières. Les sphincters (sphinctos = serré) sont des muscles annulaires (en orme d’anneau) qui se contractent et se détendent pour réguler le déplacement des matières dans le tube digesti et le tractus urinaire. Ces muscles squelettiques ouvrent et erment les orifces (orifcium = ouverture) et permettent ainsi de contrôler l’expulsion des èces et de l’urine, respectivement.
• La production de chaleur. La contraction du tissu musculaire exige le déploiement d’une certaine quantité d’énergie (adénosine triphosphate [ATP]). En vertu du second principe de la thermodynamique (voir la section 3.1.3), cette consommation d’énergie produit nécessairement de la chaleur. Par conséquent, les muscles sont comparables à de petits ourneaux qui produiraient constamment de la chaleur et contribueraient ainsi au maintien de la température corporelle normale. Lorsqu’une personne rissonne par temps roid, ses muscles se contractent involontairement pour la réchauer. À l’inverse, l’activité physique ait transpirer pour évacuer le surplus de chaleur produit par les muscles en mouvement (voir les sections 1.5 et 6.3).
Vérifiez vos connaissances 1. Comment la régulation du déplacement des matières
est-elle possible grâce aux muscles squelettiques ?
10.1.2
2
Les caractéristiques du tissu musculaire squelettique
Décrire les cinq caractéristiques du tissu musculaire squelettique.
Le tissu musculaire squelettique se compose de cellules possédant les caractéristiques suivantes : excitabilité, conductibilité, contractilité, élasticité et extensibilité. • L’excitabilité est la capacité des cellules musculaires squelettiques à répondre aux stimulations provenant du système nerveux. Les neurones (voir la section 5.5) libèrent des molécules chimiques, les neurotransmetteurs, qui se lient aux récepteurs des cellules musculaires. • La conductibilité permet la propagation du courant électrique, appelé potentiel d’action (voir le chapitre 11), par la membrane plasmique des cellules des muscles squelettiques. La variation électrique résulte de l’arrimage des molécules de neurotransmetteurs. Cette activité électrique est similaire à celle observée dans le tissu nerveux. • La contractilité s’exprime par le glissement des protéines contractiles des cellules musculaires squelettiques les unes contre les autres, provoquant ainsi le raccourcissement de ces cellules. La tension qui se développe à l’intérieur des cellules musculaires à la suite de leur raccourcissement induit une traction sur les os du squelette ou un mouvement du corps. • L’élasticité s’explique par la présence de fbres protéiques spécialisées dans les cellules musculaires squelettiques, permettant au muscle de retrouver sa longueur initiale après avoir été sollicité. Quand le muscle se contracte, ces fbres se tassent sur elles-mêmes comme des ressorts qui seraient comprimés ; quand le muscle se relâche, la tension disparaît à l’intérieur des protéines et le muscle reprend sa longueur initiale. • L’extensibilité est la capacité d’une cellule musculaire à s’allonger. Par exemple, le muscle biceps brachial (à l’avant du
Chapitre 10 Le tissu musculaire 393
bras) se contracte lorsque le coude est plié ; ce mouvement étire le muscle triceps brachial (à l’arrière du bras). Quand le coude est déplié pour tendre le bras, c’est l’inverse qui se produit.
Vérifiez vos connaissances
Tendon
2. Expliquez ces caractéristiques des muscles sque -
lettiques : contractilité ; élasticité ; extensibilité. En quoi dièrent-elles l’une de l’autre ?
Fascia profond Muscle squelettique
10.2 L’anatomie du muscle
squelettique
Un même muscle, par exemple le muscle droit antérieur de la cuisse, peut se composer de milliers de cellules musculaires souvent aussi longues que le muscle lui-même. Pouvant atteindre des longueurs impressionnantes, les cellules musculaires squelettiques sont souvent désignées par le terme fbre musculaire (ou myocyte). Cette section traite de l’anatomie macroscopique du muscle squelettique, de l’anatomie microscopique de la fbre musculaire squelettique et du mécanisme d’innervation des myocytes.
10.2.1
Épimysium
Artère Veine Nerf Faisceau
Périmysium
L’anatomie macroscopique
1
Nommer et décrire les trois couches de tissu conjoncti des muscles.
2
Indiquer la structure et la onction du tendon et de l’aponévrose.
3
Expliquer la onction des vaisseaux sanguins et des ners qui desservent les muscles.
Un muscle squelettique est un organe composé de fbres musculaires squelettiques, de couches (euillets) de tissu conjoncti, de vaisseaux sanguins et de ners. La FIGURE 10.1 illustre l’organisation anatomique du muscle. Il convient de noter que les fbres musculaires sont regroupées en aisceaux.
10.2.1.1 Les structures de tissu conjonctif Les muscles sont composés de trois gaines concentriques de tissu conjoncti. De la plus externe à la plus interne se trouvent l’épimysium, le périmysium et l’endomysium. Ces enveloppes conjonctives servent de revêtements protecteurs aux fbres musculaires, de points d’entrée des vaisseaux sanguins et des ners ainsi que de zones d’arrimage au squelette ou aux autres structures corporelles. • L’épimysium (epi = sur, mys = muscle) est une couche de tissu conjoncti dense irrégulier entourant l’ensemble des aisceaux composant le muscle squelettique. • Le périmysium (peri = autour de) enveloppe chacun des aisceaux qui composent l’ensemble du muscle. Il est ormé d’un tissu conjoncti dense irrégulier, et il contient de nombreux ners et vaisseaux sanguins qui innervent et irriguent les fbres musculaires des aisceaux.
Fibre musculaire Endomysium
FIGURE 10.1 Organisation structurelle du muscle squelettique
❯
Chaque muscle squelettique se compose de nombreux aisceaux (regroupement de fbres musculaires) et est enveloppé dans une membrane robuste de tissu conjoncti appelée épimysium. Chacun de ces aisceaux est lui-même protégé par une enveloppe de tissu conjoncti, le périmysium. À l’intérieur des aisceaux, chacune des fbres musculaires est ensuite entourée d’une enveloppe de tissu conjoncti mince appelée endomysium.
• L’endomysium (endo = en dedans) est une fne couche de tissu conjoncti interne au muscle. Il est ormé de tissu conjoncti aréolaire, entoure chacune des fbres musculaires et assure leur isolation électrique. Ces trois gaines conjonctives peuvent usionner à l’extrémité des fbres musculaires et ormer un tendon. Le tendon est donc une structure épaisse de tissu conjoncti dense régulier qui ressemble à une corde. Il relie les muscles aux os, à la peau ou à d’autres muscles. Dans certains cas, les couches de tissu conjoncti, au lieu de constituer un tendon, orment une bande mince et aplatie de tissu dense
394 Partie II Le soutien et les mouvements du corps
irrégulier appelée aponévrose (apo = qui sort de, névro = ner) (voir les fgures 11.6, p. 445, et 11.17, p. 463). Le ascia proond (ascia = bande) est un revêtement extensible de tissu conjoncti dense irrégulier qui recouvre l’épimysium. Il est également nommé ascia musculaire ou ascia viscéral. Les ascias proonds séparent les muscles individuellement en plus de permettre l’agencement de plusieurs muscles aux onctions similaires. Ils contiennent des ners, des vaisseaux sanguins et des vaisseaux lymphatiques, et comblent l’espace entre les muscles. Le ascia superfciel (ou hypoderme; voir la section 6.2.3) sépare les muscles squelettiques de la peau et il se compose de tissu conjoncti aréolaire et de tissu conjoncti adipeux. Il permet le passage des ners ainsi que celui des vaisseaux sanguins et lymphatiques. Il ore également une protection aux muscles en raison du tissu adipeux qui le compose.
10.2.1.2 Les vaisseaux sanguins et les nerfs Les muscles squelettiques sont vascularisés, c’est-à-dire qu’ils sont irrigués par un vaste réseau de vaisseaux sanguins. Ces vaisseaux acheminent l’oxygène et les nutriments jusqu’aux fbres musculaires et évacuent les déchets qu’elles produisent. Les muscles squelettiques sont aussi innervés par des neurones moteurs qui contrôlent leurs mouvements. Les neurones moteurs proviennent du cerveau et de la moelle épinière et se dirigent vers les fbres musculaires squelettiques. Chacun d’eux possède un long prolongement appelé axone, une fbre nerveuse, qui traverse les trois couches de tissu conjoncti pour atteindre la fbre musculaire. Le point de jonction entre l’axone et la fbre musculaire s’appelle jonction neuromusculaire (voir la section 10.2.3.2). Les muscles squelettiques sont des muscles volontaires, c’est-àdire que leurs fbres peuvent être contrôlées consciemment par le système nerveux.
Vérifiez vos connaissances
structures cellulaires habituelles, par exemple le complexe golgien, les ribosomes et les vésicules. Il constitue en ait le cytoplasme des fbres musculaires (voir la section 4.5). La présente section décrit les structures cellulaires spécialisées des fbres musculaires squelettiques, y compris les protéines contractiles.
10.2.2.1 Une cellule multinucléée Les fbres musculaires mesurent généralement de 10 à 500 micromètres (µm) de diamètre. Comme indiqué précédemment, elles parcourent souvent toute la longueur du muscle ; leur taille s’échelonne ainsi de 100 µm à 30 centimètres (cm). Pour atteindre de telles longueurs, les cellules embryonnaires, les myoblastes (blastos = germe), usionnent pendant le développement intrautérin pour ormer les fbres musculaires squelettiques FIGURE 10.2 . À l’occasion de cette usion, chacun des myoblastes apporte son propre noyau à la fbre. Par conséquent, les fbres musculaires squelettiques sont des cellules multinucléées, puisqu’elles possèdent de nombreux noyaux. Touteois, certains myoblastes ne usionnent pas avec d’autres pour constituer des fbres musculaires pendant le développement. Ils demeurent dans le tissu musculaire squelettique adulte en tant que cellules satellites. En cas de lésion d’un muscle squelettique, les cellules satellites peuvent se diérencier et contribuer dans une certaine mesure à la réparation et à la régénération du muscle endommagé.
À votre avis 1. Pourquoi est-il avantageux que les fbres musculaires
squelettiques longues possèdent plusieurs noyaux ?
Myoblastes
3. Indiquez l’emplacement et la onction de ces struc-
tures de tissu conjoncti associées aux muscles : l’endomysium ; le périmysium ; l’épimysium ; le ascia proond ; le ascia superfciel. Cellule satellite
10.2.2
L’anatomie microscopique
4
Expliquer comment la fbre musculaire squelettique devient multinucléée.
5
Décrire le sarcolemme, les tubules T et le réticulum sarcoplasmique des fbres musculaires squelettiques.
6
Distinguer les flaments fns des flaments épais.
7
Expliquer l’organisation des myofbrilles, des myoflaments et des sarcomères.
8
Nommer et décrire les structures qui participent à la production thermique dans les fbres musculaires squelettiques.
Les fbres musculaires squelettiques sont les cellules qui constituent le muscle. Leur sarcoplasme (sarco = chair) contient les
Cellule satellite
Les myoblastes fusionnent pour former Fibre une fibre musculaire musculaire squelettique.
Fibre musculaire
Noyaux
FIGURE 10.2 Formation d’une fbre musculaire squelettique
❯ Des cellules musculaires embryonnaires, les myoblastes, usionnent pour ormer une fbre musculaire squelettique. À la fn du développement, des cellules satellites sont agencées avec les fbres musculaires. Les cellules satellites sont des myoblastes qui n’ont pas participé à la ormation d’une fbre musculaire squelettique. Elles demeurent à l’état de cellules isolées dans le tissu musculaire squelettique postnatal et peuvent ainsi contribuer à la réparation des muscles.
Chapitre 10 Le tissu musculaire 395
10.2.2.2 Le sarcolemme et les tubules T
un gradient de concentration pour les ions Na+ et pour les ions K+ (voir la section 4.3.2). La concentration des Na+ est donc plus importante à l’extérieur de la fbre musculaire, tandis que celle des K+ est plus importante à l’intérieur de la fbre. Par ailleurs, l’inégalité de la répartition des ions permet aux pompes à Na+-K+ de maintenir un potentiel de repos de la membrane. Par rapport à l’extérieur de la cellule, l’intérieur possède une charge négative parce que le nombre d’ions positis dans le liquide interstitiel est supérieur au nombre d’ions positis dans la cellule au repos (voir la section 12.7). Ainsi, la séparation inégale des charges positives et négatives de part et d’autre de la fbre musculaire peut être
Le sarcolemme (lemma = gaine) correspond à la membrane plasmique de la fbre musculaire squelettique FIGURE 10.3. Des invaginations proondes du sarcolemme, les tubules T (ou tubules transverses), s’enoncent dans les fbres musculaires squelettiques en y creusant un réseau de tunnels membraneux étroits. Des pompes à sodium-potassium (Na+-K+) parcourent le sarcolemme et les tubules T sur toute leur longueur (voir la fgure 10.3B). Elles retirent trois ions sodium (Na+) de la fbre musculaire squelettique et y ait entrer deux ions potassium (K+), générant ainsi
FIGURE 10.3 Structure et organisation d’une fbre musculaire squelettique Muscle Triade
Faisceau Fibre Réticulum Tubule T musculaire sarcoplasmique
Citernes terminales
Noyau
Sarcomère
Myofilaments
Noyau
Ouvertures des tubules T
Sarcoplasme Noyau
Mitochondrie
A. Fibre musculaire squelettique Membrane du réticulum sarcoplasmique Liquide interstitiel Pompe Sortie à Na+-K+ de 3 Na+ +
Canal ionique à Na+ voltagedépendant K+
+ + +
+ + +
Canal ionique à K+ voltagedépendant
Ca2+
+ +
– – – –
+ +
+ + +
–
+
+ +
– –
Sarcoplasme
– –
Sarcolemme
+ +
Na+
– –
Entrée de 2 K+
– – –
Pompe à Ca2+ –
– – –
+ + + +
–
+
+ +
+
+
+
–
Canal ionique à Ca2+ voltagedépendant
Calmoduline Calséquestrine
Sarcoplasme
Tubule T B. Sarcolemme et tubules T
❯
A. Les fbres musculaires se composent essentiellement de myofbrilles. Chacune d’elles parcourt toute la longueur de la fbre musculaire et se trouve enserrée dans les segments du réticulum sarcoplasmique. B. Le sarcolemme (membrane plasmique de la cellule musculaire) contient des pompes à Na+-K+ et des canaux ioniques à Na+ et à K+ voltage-dépendants. Ces canaux contribuent à l’excitabilité et à la conductibilité du muscle. C. La membrane du réticulum sarcoplasmique contient des pompes à Ca2+ Sarcolemme et des canaux ioniques à Ca2+ voltage-dépendants. La libération des Ca2+ du réticulum sarcoplasmique déclenche Myofibrilles la contraction musculaire.
Citerne terminale C. Réticulum sarcoplasmique
396 Partie II Le soutien et les mouvements du corps
comparée aux charges électriques présentes dans une pile électrique. Le potentiel de repos de la membrane permet l’excitabilité de la bre musculaire (infux nerveux) comparable au onctionnement d’une pile (courant électrique). Des canaux ioniques à Na+ voltage-dépendants et des canaux ioniques à K+ voltage-dépendants (voir la section 4.3.1) sont également disposés le long du sarcolemme et des tubules T. Ces canaux spécialisés assurent la conductibilité (capacité de propager le courant électrique) du sarcolemme des bres musculaires. La onction physiologique de ces canaux est étudiée dans la section 10.3.2.
10.2.2.3 Le réticulum sarcoplasmique Le réticulum sarcoplasmique (reticulum = réseau) est un organite membranaire similaire au réticulum endoplasmique lisse des autres cellules, mais possédant une structure et des onctions diérentes (voir la fgure 10.3A). Structuré en réseaux de petits canaux, il enserre chacun des aisceaux de protéines contractiles (myobrilles) comme un let membranaire. Aux extrémités de ces réseaux, les canaux usionnent pour ormer des citernes terminales (cista = core), comparables à des tuyaux servant de réservoirs pour les ions calcium (Ca2+). Les citernes terminales sont immédiatement voisines des tubules T. Ensemble, deux citernes terminales et le tubule T orment une triade, participant aux contractions musculaires. Plusieurs triades sont présentes tout au long de la bre musculaire. La membrane du réticulum sarcoplasmique se compose également de deux types de protéines de transport (voir la fgure 10.3C) : les pompes à Ca 2+ (pompes calciques) et les canaux ioniques à Ca 2+ voltage-dépendants. Les pompes à Ca 2+ propulsent les ions
Ca 2+ dans le réticulum sarcoplasmique où ils sont mis en réserve, liés à des protéines spécialisées : la calmoduline et la calséquestrine. Au moment de la contraction musculaire, les canaux ioniques à Ca 2+ voltage-dépendants s’ouvrent pour libérer les Ca 2+ du réticulum sarcoplasmique et pour les transérer dans le sarcoplasme. La physiologie de la contraction musculaire est expliquée en détail dans la section 10.3.
10.2.2.4 Les fbres musculaires et les myofbrilles En volume, la bre musculaire se compose d’environ 80 % de myofbrilles, soit de longues structures cylindriques (voir la fgure 10.3A). Une seule bre musculaire squelettique contient plusieurs centaines, voire plusieurs milliers de myobrilles. Chacune d’elles mesure environ de 1 à 2 µm de diamètre et s’étend sur toute la longueur de la bre. Les myobrilles contiennent des aisceaux de laments protéiques musculaires, les myoflaments, beaucoup moins longs que les myobrilles. En ait, il aut un enchaînement de nombreux myolaments pour couvrir toute la longueur d’une myobrille. Plus précisément, il existe deux types de myolaments : les laments épais et les laments ns.
Les flaments épais Les flaments épais (ou myoflaments épais) mesurent environ 11 nanomètres (nm) de diamètre. Ils sont composés de aisceaux regroupant de 200 à 500 molécules de myosine, une protéine essentielle à la contraction musculaire FIGURE 10.4A. Chacune de ces molécules protéiques de myosine se compose de deux brins
Fibre musculaire Myofibrille Myofilaments Molécule de myosine Queue
Têtes Site de liaison de l’actine Site de liaison de l’ATP et l’ATPase
Têtes de myosine
FIGURE 10.4 Structure moléculaire des flaments épais et des flaments fns ❯ Les myoflaments, c’est-à-dire les flaments épais et les flaments fns, sont des protéines contractiles disposées en aisceaux à l’intérieur des myofbrilles. A. Le flament épais se compose de 200 à 500 molécules de myosine, une protéine. B. Le flament fn est ormé des protéines suivantes : l’actine, la tropomyosine et la troponine.
A. Filament épais Tropomyosine
Troponine
Actine B. Filament fin
Site de liaison de la myosine
Site de liaison du Ca2+
Chapitre 10 Le tissu musculaire 397
(chaînes) ormés chacun d’une tête sphérique et d’une longue queue. La tête contient un site de liaison pour l’actine des flaments fns et un autre site de liaison pour l’adénosine triphosphate (ATP). L’ATP s’arrime à la tête de myosine et se transorme en adénosine diphosphate (ADP) et en phosphate inorganique (Pi) sous l’eet de l’enzyme adénosine triphosphatase (ATPase) pour ournir l’énergie nécessaire à la contraction musculaire. Les queues des deux brins de la molécule de myosine sont torsadées, comme les brins d’un fl. Les molécules de myosine sont disposées de manière à ce que leurs longues queues pointent vers le milieu du flament épais, tandis que les têtes sont dirigées vers ses extrémités.
Les flaments fns Les flaments fns (ou myoflaments fns) mesurent environ de 5 à 6 nm de diamètre, ce qui correspond à la moitié des flaments épais. Ils se composent essentiellement de deux brins d’actine (ou chaînes d’actine), une protéine essentielle à la contraction musculaire, et sont torsadés de manière à ormer une structure en spirale (voir la fgure 10.4B). Les molécules d’actine possèdent
une caractéristique importante : elles comportent un site de liaison de la myosine auquel la tête de myosine s’arrime pendant la contraction musculaire. Les flaments fns se composent aussi de deux protéines régulatrices : la tropomyosine et la troponine. Ensemble, elles constituent le complexe troponine-tropomyosine. La tropomyosine se présente sous la orme d’un flament fn, court et torsadé de protéine fbreuse. Dans les muscles au repos, c’est-à-dire les muscles non contractés, les molécules de tropomyosine adjacentes couvrent en partie les brins d’actine, notamment les sites de liaison de la myosine. La troponine, quant à elle, est une protéine globulaire (sphérique) attachée à la tropomyosine de açon à la maintenir en place. Elle porte le site de liaison des ions Ca 2+.
10.2.2.5 L’organisation du sarcomère Les myoflaments des myofbrilles sont disposés en unités cylindriques microscopiques longues de 2 µm appelées sarcomères (meros = partie). La FIGURE 10.5A montre un enchaînement de
Fibre musculaire Bande I
Sarcomères
Bande A Bande I Myofibrille
Ligne Z
Zone H
Ligne Z
Myofilaments
Ligne M Sarcomère Coupe transversale A. Sarcomère Ligne Z Titine
Filament épais
Filament fin
Ligne M
Ligne Z Filament fin
Ligne M Filaments épais et protéines associées
Zone H Bande I B.
Bande A
Zone H Filaments épais
Bande A Bande I Filaments épais Filaments fins Filaments fins Titine
Bande I C.
FIGURE 10.5 Structure d’un sarcomère
❯ A. De nombreux sarcomères s’enchaînent sur toute la longueur de la myofbrille. B. Coupe longitudinale d’un sarcomère ; C. coupes transversales montrant les diérentes sections du sarcomère.
Ligne Z Filaments fins Titine et protéines associées
398 Partie II Le soutien et les mouvements du corps
sarcomères dans un segment d’une myofbrille de fbre musculaire. Le nombre de sarcomères dépend de la longueur de la myofbrille. Chacun d’eux se compose de flaments épais et de flaments fns qui se chevauchent. La fgure 10.5B propose une représentation bidimensionnelle du sarcomère, une structure en réalité cylindrique. Elle montre notamment que chaque sarcomère est séparé du voisin par une ligne Z. Les lignes Z (ou disques Z) se composent de protéines spécialisées disposées perpendiculairement aux myoflaments et servant de points d’ancrage aux flaments fns. Dans les vues en coupe transversale de la myofbrille, les lignes Z ressemblent à des rondelles, tandis que dans les vues latérales, seul le pourtour de la ligne est visible et se présente alors sous la orme d’un zigzag. Les flaments épais et les flaments fns enchevauchés dans le sarcomère constituent diérentes sections : • La bande I est séparée en deux sous-sections par la ligne Z. Ces zones terminales ne contiennent que des flaments fns. Vues au microscope, elles sont de couleur pâle. Pendant la contraction musculaire, les flaments fns glissent sur les flaments épais, et la bande I disparaît. • La bande A est la zone centrale du sarcomère et contient l’intégralité des flaments épais. Les flaments fns recouvrent partiellement les flaments épais à chaque extrémité de la bande A. Au microscope, la bande A est de couleur oncée. • La zone H (ou bande H) orme la partie centrale de la bande A dans le sarcomère au repos. Elle ne contient aucune portion de flaments fns, seulement des flaments épais. Pendant la contraction musculaire, les flaments fns de la bande I glissent sur les flaments épais, et cette zone disparaît. • La ligne M est un mince flet protéique transversal disposé au milieu de la zone H. Elle sert de site d’ancrage pour les flaments épais et préserve leur alignement à la contraction et à la détente du muscle. Dans la fbre musculaire squelettique, les myoflaments enchevauchés représentent des motis caractéristiques alternant entre les zones claires et les zones oncées. Vu au microscope en coupe longitudinale, le tissu musculaire squelettique comporte des rayures ; c’est pourquoi il est qualifé de strié (voir la fgure 10.12). Ces stries s’expliquent par les diérences de taille et de densité entre flaments fns et flaments épais. La fgure 10.5C présente des sections transversales d’un sarcomère en diérents points. Elle montre ainsi la disposition et la taille relative des flaments épais et des flaments fns dans les diérents segments du sarcomère. Il convient d’observer l’organisation des myoflaments dans la coupe transversale de la bande A. Chaque flament fn est entouré de trois flaments épais disposés en triangle, et chaque flament épais est encerclé de six flaments fns.
INTÉGRATION
STRATÉGIES D’APPRENTISSAGE
Voici un moyen mnémotechnique pour vous rappeler l’aspect des bandes A et des bandes I : les bandes A sont oncées, comme l’AsphAlte, et les bandes I sont claires, donc Incolores.
INTÉGRATION
STRATÉGIES D’APPRENTISSAGE
Voici une astuce pour vous rappeler quelles sont les sections de la myofbrille qui raccourcissent pendant la contraction musculaire squelettique et quelles sont celles qui conservent leur longueur. Les coudes écartés, entrecroisez vos doigts des deux mains à leur extrémité, vos ongles ormant une ligne verticale, vos paumes dirigées vers vous : vos doigts représentent les flaments épais et fns. Vos pouces pointés vers le haut représentent les lignes Z. L’écart entre vos pouces correspond au sarcomère. Faites maintenant glisser vos doigts de açon à les entrecroiser pour rapprocher vos paumes l’une de l’autre. Vos doigts, qui représentent les flaments fns et épais, conservent leur longueur… Par contre, la distance entre vos pouces, qui représente le sarcomère, a diminué. Cette astuce vous permettra de vous rappeler que les flaments conservent la même longueur, mais que la distance entre les lignes Z, le sarcomère, diminue.
À votre avis 2. Comment les grandeurs suivantes évoluent-elles
pendant la contraction musculaire : a) la largeur de la bande A ; b) la longueur de la zone H ; c) la distance entre les lignes Z ; d) la largeur de la bande I ?
Les autres protéines structurelles et fonctionnelles D’autres protéines jouent un rôle structurel ou onctionnel dans les fbres musculaires. Ce sont notamment la titine, la nébuline et la dystrophine (seule la titine est illustrée dans la fgure 10.5). La titine (ou connectine) est une protéine élastique qui se trouve au centre de chacun des flaments épais, entre les lignes Z et la ligne M (voir la fgure 10.5B). Elle maintient les flaments épais dans leur position et préserve leur alignement à l’intérieur des sarcomères. De plus, les molécules de titine possèdent des segments spiralés, un peu comme des ressorts, leur permettant de se comprimer pendant la contraction musculaire, induisant ainsi une tension passive. Pendant le relâchement musculaire, cette tension passive disparaît et le sarcomère reprend sa longueur initiale. La titine contribue par conséquent à l’élasticité de la fbre musculaire. La nébuline est une protéine de liaison de l’actine aux lignes Z du sarcomère. Étant d’une longueur proportionnelle à celle du flament fn, elle régule la longueur de ce dernier au moment de l’assemblage du sarcomère (Université Montpellier 1, 2013). De plus, elle renorce l’attachement des têtes de myosine sur l’actine. L’absence de nébuline réduirait la taille du flament fn, et de récentes études démontrent que des souris complètement défcientes en nébuline subissent une altération de leurs perormances contractiles musculaires (Bang, Caremani, Brunello et al., 2009). La dystrophine appartient à un complexe protéique qui arrime les myofbrilles aux protéines du sarcolemme. Ces protéines du sarcolemme pénètrent également dans le tissu conjoncti de l’endomysium. Par conséquent, la dystrophine relie les protéines internes des myoflaments de la fbre musculaire aux protéines externes et participe à ce qui est appelé le tonus musculaire.
Chapitre 10 Le tissu musculaire 399
INTÉGRATION APPLICATION CLINIQUE
10.2.3
La dystrophie musculaire DÉSÉQUILIBRE HOMÉOSTATIQUE
La dystrophie musculaire correspond à un groupe de maladies héréditaires dégénératives touchant les muscles de l’organisme. Il existe plus de 30 ormes diérentes de dystrophie, mais la orme la plus connue et la plus réquente est la dystrophie (myopathie) de Duchenne. Il est difcile d’en établir la prévalence, mais environ 1 garçon sur 3 500 en est atteint. Le gène muté se trouve sur le chromosome X, ce qui veut dire qu’il doit être présent sur chacun des deux chromosomes X pour que les flles soient atteintes de la maladie, tandis que les garçons sont atteints si leur seul chromosome X est porteur de la mutation. Cette mutation génétique entraîne une anomalie dans la structure de la dystrophine ou dans la quantité de cette protéine onctionnelle présente dans l’organisme se traduisant par une aiblesse musculaire ayant tendance à s’aggraver progressivement. Les symptômes se maniestent vers l’âge de 2 à 5 ans et commencent souvent par un aaiblissement musculaire des jambes, rendant la marche et la course difciles. Vers la fn de l’adolescence, des complications cardiaques ou respiratoires peuvent survenir, ce qui réduit l’espérance de vie (de 20 à 30 ans, en moyenne) (Dystrophie musculaire Canada, 2013 ; PasseportSanté.net, 2010).
10.2.2.6 Les mitochondries et les autres structures
participant à la production thermique Pour onctionner correctement, les bres musculaires squelettiques ont besoin d’un apport énergétique important. Elles contiennent par conséquent plusieurs structures avorisant la production d’ATP. Les bres musculaires squelettiques possèdent ainsi de nombreuses mitochondries permettant la respiration cellulaire aérobie (production d’ATP en présence d’oxygène) (voir la section 3.4) : chaque bre en contient environ 300. Les bres musculaires squelettiques contiennent aussi beaucoup de glycogène considéré comme une réserve énergétique immédiatement mobilisable. Molécule propre au tissu musculaire, étant donné qu’elle ne se trouve nulle part ailleurs dans le corps humain, la myoglobine est une protéine globulaire rougeâtre présentant une certaine ressemblance avec l’hémoglobine. Elle se lie à l’oxygène dans le muscle au repos et le libère pendant la contraction pour l’oxygénation musculaire. Cette source additionnelle d’oxygène intensie la respiration cellulaire aérobie et stimule la production d’ATP. Les bres musculaires squelettiques contiennent également une autre molécule propre au tissu musculaire, la créatine phosphate (ou phosphocréatine), qui permet aux bres musculaires de bénécier d’un apport anaérobie d’ATP (voir la section 10.4.1.1).
9
L’innervation des fbres musculaires squelettiques
Défnir l’unité motrice ; décrire sa distribution dans le muscle ; expliquer la variabilité de sa taille.
10 Décrire les trois éléments constitutis de la jonction
neuromusculaire.
La présente section explique le rapport anatomique entre les bres musculaires squelettiques et les neurones moteurs qui les régissent.
10.2.3.1 L’unité motrice Les neurones moteurs sont des cellules nerveuses qui transmettent les infux nerveux émis par le cerveau ou la moelle épinière pour contrôler l’activité musculaire squelettique. L’axone de chacun des neurones moteurs se subdivise en ramications qui permettent l’innervation de nombreuses bres musculaires squelettiques. L’ensemble ormé par un neurone moteur et les bres musculaires qu’il gouverne se nomme unité motrice FIGURE 10.6. La taille des unités motrices, c’est-à-dire le nombre de bres musculaires squelettiques innervées par un même neurone, peut varier. Certaines unités motrices comptent moins de cinq bres musculaires, tandis que d’autres en regroupent plusieurs centaines. La taille de l’unité motrice est inversement proportionnelle à la précision du contrôle qu’elle doit exercer sur les muscles qui lui sont associés. Par exemple, les unités motrices qui innervent les muscles oculaires sont très petites, car elles doivent régir avec une grande précision les muscles qui ont bouger les yeux. À l’inverse, un même neurone moteur gouverne plusieurs centaines de bres dans les muscles des membres inérieurs, qui doivent produire des mouvements amples et puissants, mais beaucoup moins précis que ceux des yeux. L’unité motrice est donc plus grosse. Les bres musculaires squelettiques d’une unité motrice ne sont pas regroupées dans une seule région ; elles sont plutôt réparties dans tout le muscle, ou presque. En général, la stimulation d’une unité motrice n’induit pas une contraction très orte dans une région restreinte du muscle, mais une aible contraction dans une vaste région.
10.2.3.2 Les jonctions neuromusculaires Chaque bre musculaire squelettique possède une jonction neuromusculaire. Généralement située dans la partie centrale de la bre, la jonction neuromusculaire constitue le site précis d’innervation de cette bre par le neurone moteur FIGURE 10.7A. Elle se compose de trois éléments : le bouton synaptique, la plaque motrice et la ente synaptique.
Vériiez vos connaissances 4. Dessinez un sarcomère en nommant ses éléments
constitutis. 5. Classez les structures anatomiques macroscopiques
et microscopiques suivantes par ordre décroissant de taille : le aisceau ; la myofbrille ; le myoflament ; le muscle ; la fbre musculaire.
Le bouton synaptique Le bouton synaptique d’un neurone moteur est un renfement à l’extrémité de l’axone. À proximité du sarcolemme, l’axone s’élargit et s’aplatit en une orme de bouton pour couvrir une surace plus importante du sarcolemme. Le cytosol du bouton synaptique contient de nombreuses vésicules synaptiques (petits sacs membraneux) remplies d’acétylcholine (ACh), un neurotransmetteur.
400 Partie II Le soutien et les mouvements du corps
Moelle épinière Neurone moteur 1 Neurone moteur 2
Fibres musculaires innervées par le neurone moteur 1 Jonctions neuromusculaires
Plusieurs caractéristiques des boutons synaptiques méritent d’être soulignées (voir la fgure 10.7B). Premièrement, la membrane plasmique des boutons synaptiques contient des pompes à Ca2+. Avant l’arrivée de l’infux nerveux au bouton synaptique, les pompes à Ca2+ de la membrane axonale établissent un gradient de concentration des ions Ca2+ : les Ca2+ sont donc plus nombreux à l’extérieur du neurone qu’à l’intérieur. Deuxièmement, la membrane des boutons synaptiques contient également des canaux ioniques à Ca2+ voltage-dépendants. L’ouverture de ces canaux permet aux ions Ca2+ de quitter le liquide interstitiel pour entrer dans les boutons synaptiques dans le sens de leur gradient de concentration. Troisièmement, les vésicules synaptiques et les membranes du bouton synaptique portent généralement des charges négatives, ce qui tend à éloigner de la membrane les vésicules contenant les neurotransmetteurs.
La plaque motrice La plaque motrice est une région spécialisée très dentelée du sarcolemme : ses nombreux replis jonctionnels à cet endroit augmentent la surace membranaire en contact avec le bouton synaptique. La plaque motrice contient par ailleurs de nombreux récepteurs de l’ACh : ces protéines ancrées dans la membrane plasmique sont des canaux ioniques ligand-dépendants. La liaison de l’ACh à ses récepteurs ouvre ces canaux, ce qui permet l’entrée d’ions Na+ et la sortie d’ions K+. Les récepteurs de l’ACh sont comme des portes qui ne pourraient être ouvertes que par l’ACh.
La fente synaptique La fente synaptique est cet espace très étroit (20 nm) rempli de liquide qui sépare le bouton synaptique de la plaque motrice. L’acétylcholinestérase (AChE), une enzyme se trouvant dans la ente synaptique, dégrade les molécules d’ACh à la suite de leur libération dans la ente.
A.
Vérifiez vos connaissances
Neurone moteur
6. Qu’est-ce qu’une unité motrice et pourquoi ne sont-
elles pas toutes de la même taille ? 7. Dessinez les structures anatomiques de la jonction
neuromusculaire en précisant leurs noms.
Fibres musculaires squelettiques
10.3 La physiologie
de la contraction du muscle squelettique
MO 100 x
Bouton synaptique
B.
FIGURE 10.6
Unité motrice
❯ A. L’unité motrice se compose d’un neurone mo teur et de toutes les fbres musculaires squelettiques qu’il innerve. Dans cette fgure, les deux unités motrices sont représentées par des couleurs diérentes pour aciliter la compréhension. B. Cliché micrographique d’un neurone moteur et des fbres musculaires squelettiques d’une unité motrice.
Pendant la contraction, le déplacement des myolaments épais et ns dans les sarcomères provoque un raccourcissement de ces derniers et des bres du muscle squelettique. Une tension s’exerce alors sur certaines parties du squelette auxquelles le muscle est attaché, ce qui induit un mouvement du corps. Les processus physiologiques qui participent à la contraction d’un muscle squelettique ont intervenir les structures anatomiques suivantes FIGURE 10.8 : 1) la jonction neuromusculaire ; 2) le sarcolemme, les tubules T et le réticulum sarcoplasmique ; 3) les sarcomères.
Chapitre 10 Le tissu musculaire 401
Jonction neuromusculaire Pompe à Ca2+ Liquide interstitiel
Ca2+
Canaux ioniques à Ca2+ voltagedépendants
Bouton Bou outon t ton synaptique s syn ynaptiqu apttiqu q e
Vésicule contenant de l’ACh
Bouton synaptique
Fente synaptique ACh
Influx nerveux Fente synaptique Endomysium
Sarcolemme Sa S Sar a arcol colemm e me em Sarcoplasme Sa Sa Sar arrco rcop cop oplas lasme lasme e
Na+
Plaque motrice
Récepteur de l’ACh
Myofilaments Sarcolemme
K+
Myofibrille
A. Repli jonctionnel du sarcolemme
FIGURE 10.7 Structure et organisation de la jonction neuromusculaire ❯ Le point de jonction entre le bouton synaptique d’un axone et une fbre musculaire orme la jonction neuromusculaire. A. La jonction neuromusculaire compte trois éléments constitutis principaux : le bouton synaptique, la plaque motrice et la ente synaptique. B. Les boutons synaptiques comportent des vésicules synaptiques contenant de l’ACh, un neurotransmetteur. L’ACh est libéré par les vésicules lorsque les ions Ca 2+ entrent par les canaux ioniques à Ca2+ voltage-dépendants de la membrane plasmique des boutons synaptiques. Les ions Ca 2+ sont ensuite renvoyés à l’extérieur par les pompes à Ca 2+. La plaque motrice contient des récepteurs de l’ACh : ce sont les canaux ioniques ligand-dépendants.
Plaque motrice B.
INTÉGRATION APPLICATION CLINIQUE
La myasthénie grave DÉSÉQUILIBRE HOMÉOSTATIQUE
La myasthénie grave (MG) est une maladie auto-immune qui touche environ 1 personne sur 5 000 à 10 000, principalement des emmes âgées de 20 à 40 ans et des hommes de plus de 50 ans (Coalition canadienne de la myasthénie grave, 2013). Elle se caractérise par la perte progressive du tonus musculaire de certains muscles squelettiques. Chez les personnes atteintes de myasthénie grave, les anticorps produits vont se lier aux récepteurs de l’ACh dans la plaque motrice des muscles squelettiques, bloquant ainsi le site de liaison de ce neurotransmetteur. Puisque l’ACh ne peut plus se lier à son récepteur, toute contraction musculaire est perturbée. Une diminution progressive des
récepteurs de l’ACh est observée à long terme et, par conséquent, la stimulation musculaire décroît, ce qui se traduit par une aiblesse musculaire ainsi qu’une atigabilité plus marquée. En général, la maladie touche d’abord les muscles oculaires et aciaux, provoquant la diplopie (vision double) et la ptose (aaissement) de la paupière. D’autres symptômes apparaissent ensuite, caractérisés par un manque général de vigueur physique pouvant mener à une difculté de déglutition ou à une aiblesse dans les membres. La myasthénie grave est rarement mortelle et se traite, entre autres, par la prise de médicaments visant essentiellement l’augmentation du taux d’ACh dans la ente synaptique ou la diminution de la réponse auto-immune (Coalition canadienne de la myasthénie grave, 2013 ; Dystrophie musculaire Canada, 2010).
402 Partie II Le soutien et les mouvements du corps
1 Jonction neuromusculaire : l’excitation d’une fibre musculaire squelettique Libération de l’ACh, un neurotransmetteur, des vésicules synaptiques, puis liaison de l’ACh à ses récepteurs Vésicule synaptique (contenant l’ACh)
Jonction neuromusculaire
le couplage excitation-contraction
musculaire Potentiel d’action d d’acti action mus
1 Fibre musculaire
2 Sarcolemme, tubules T et réticulum sarcoplasmique :
AC A ACh C Ch h
Tubule Tub T ub bule ule le T
2
La liaison de l’ACh à ses récepteurs déclenche la propagation d’un potentiel d’action musculaire le long du sarcolemme et des tubules T jusqu’au réticulum sarcoplasmique, qui libère alors les ions Ca2+.
Citerne terminale du réticulum sarcoplasmique
Récepteur ur ur de l’ACh
Réti Rét Ré R iculu icu icul lum lum m Réticulum ssarcoplasarcop ar cop plas la assmiq m ique e mique 2+ 2 + Ca Ca
Sarcolemme Sarcomère Ca2+
Ca2+
3 Sarcomère : le cycle des ponts d’union La liaison des ions Ca2+ à la troponine fait glisser les filaments fins sur les filaments épais des sarcomères ; ceux-ci raccourcissent, induisant alors la contraction musculaire.
3
Filament fin Filament épais
FIGURE 10.8 Étapes de la contraction d’un muscle squelettique
❯
La contraction d’un muscle squelettique est un processus en plusieurs étapes qui se déroulent : 1) à la jonction neuromusculaire ;
10.3.1
1
La jonction neuromusculaire : l’excitation d’une fbre musculaire squelettique
Expliquer les étapes conduisant à la libération de l’ACh du neurone moteur.
2) le long du sarcolemme et des tubules T jusqu’au réticulum sarcoplasmique de la fbre musculaire squelettique ; 3) à l’intérieur du sarcomère.
à Ca 2+ voltage-dépendants présents dans la membrane des boutons synaptiques. Les ions Ca 2+ présents dans le liquide interstitiel entrent dans les boutons synaptiques par les canaux calciques ouverts, dans le sens de leur gradient de concentration. Ils se lient ensuite aux protéines membranaires situées sur la surace externe des vésicules synaptiques.
10.3.1.2 La libération de l’acétylcholine
des boutons synaptiques
La première phase physiologique de la contraction d’un muscle squelettique consiste en l’excitation des bres musculaires par le neurone moteur à la jonction neuromusculaire. Cette phase se traduit par la libération de l’ACh (neurotransmetteur) et par sa xation sur ses récepteurs La FIGURE 10.9 résume l’enchaînement des étapes de cette phase d’excitation.
La liaison des ions Ca2+ aux vésicules synaptiques permet la usion de ces dernières à la membrane plasmique des boutons synaptiques et provoque par conséquent l’exocytose de l’ACh dans la ente synaptique. Chaque infux nerveux libère le contenu d’environ 300 vésicules.
10.3.1.1 L’entrée des ions calcium
10.3.1.3 La liaison de l’acétylcholine
dans les boutons synaptiques Tout commence lorsqu’un infux nerveux se propage le long de l’axone moteur jusqu’aux boutons synaptiques (voir la section 12.8.1). Cet infux nerveux déclenche l’ouverture des canaux
à la plaque motrice L’ACh diuse à travers la ente synaptique remplie de liquide pour aller se lier à ses récepteurs situés à la plaque motrice. Cette liaison provoque l’excitation de la bre musculaire.
Chapitre 10 Le tissu musculaire 403
1 Jonction neuromusculaire : l’excitation d’une fibre musculaire squelettique
1a Entrée des ions Ca2+ dans le bouton synaptique Influx nerveux Canal ionique à Ca2+ voltage-dépendant Bouton synaptique
L’influx nerveux se propage le long de l’axone moteur et permet l’ouverture des canaux ioniques à Ca2+ voltage-dépendants. Cette ouverture permet l’afflux des ions Ca2+ à l’intérieur du bouton synaptique. Les ions Ca2+ se lient aux protéines de la membrane des vésicules synaptiques.
Ca2+
1a
Vésicules synaptiques (contenant de l’ACh)
Ca2+ Vésicule synaptique ACh
Liquide interstitiel 1b
Fente synaptique
1b Libération de l’ACh des boutons synaptiques La liaison des ions Ca2+ provoque la fusion des vésicules synaptiques avec la membrane plasmique des boutons synaptiques, et l’ACh est expulsée dans la fente synaptique par exocytose.
ACh 1c
1c Liaison de l’ACh à ses récepteurs de la plaque
Récepteur de l’ACh
motrice
L’ACh diffuse dans la fente synaptique pour aller se lier à ses récepteurs de la plaque motrice. Plaque motrice
FIGURE 10.9 Jonction neuromusculaire : l’excitation d’une fbre musculaire squelettique ❯ L’excitation d’une fbre musculaire squelettique résulte de la libération d’un neurotransmetteur par le bouton synaptique d’un neurone moteur.
Vérifiez vos connaissances 8. Qu’est-ce qui déclenche la usion des vésicules
synaptiques à la membrane des boutons synaptiques et, par conséquent, l’exocytose de l’ACh ?
10.3.2
2
Le sarcolemme, les tubules T et le réticulum sarcoplasmique : le couplage excitation-contraction
Décrire les étapes du couplage excitation-contraction.
La deuxième phase physiologique de la contraction musculaire est le couplage excitation-contraction. Le couplage excitationcontraction est un enchaînement d’étapes qui s’amorce par l’excitation du sarcolemme sous l’eet de la stimulation exercée par un neurotransmetteur (ACh) ; il provoque la libération des ions Ca 2+ du réticulum sarcoplasmique. Cette phase se produit dans le sarcolemme, les tubules T et le réticulum sarcoplasmique. Elle relie la première phase, soit la stimulation du muscle squelettique à la
jonction neuromusculaire, et la troisième phase, qui consiste en la contraction induite par le glissement des myoflaments à l’intérieur des sarcomères. Le couplage excitation-contraction compte trois étapes : 1) la ormation d’un potentiel de plaque motrice ; 2) la ormation et la propagation d’un potentiel d’action musculaire le long du sarcolemme et des tubules T ; 3) la libération d’ions Ca 2+ par le réticulum sarcoplasmique. La FIGURE 10.10 résume l’enchaînement des étapes de cette phase.
10.3.2.1 La formation d’un potentiel
de plaque motrice L’ACh se lie à ses récepteurs situés à la plaque motrice de la fbre musculaire squelettique. Sous l’eet de cette stimulation, les récepteurs de l’ACh, qui sont des canaux ioniques liganddépendants, s’ouvrent. Leur ouverture permet aux ions Na+ de diuser rapidement vers l’intérieur de la fbre musculaire squelettique, tandis que les ions K+ diusent lentement vers l’extérieur. Les ions Na+ entrants étant plus nombreux que les ions K+ sortants, la charge positive à l’intérieur de la fbre musculaire squelettique augmente. L’accroissement net de la charge positive s’avère sufsamment important pour inverser la diérence de charge électrique de part et d’autre de la membrane à la plaque motrice :
404 Partie II Le soutien et les mouvements du corps
2 Sarcolemme, tubules T et réticulum sarcoplasmique :
Propagation du potentiel d’action musculaire
le couplage excitation-contraction
Liquide interstitiel Canal ionique à Na+ voltagedépendant
Fente synaptique
Na+ – – –
PPM
–
+ +
+ +
+ +
+ +
+ +
+ +
+ +
+ + +
– –
– –
– –
– –
– –
– –
– –
K+
Sarcoplasme +
+
+
+
2b Formation et propagation d’un potentiel d’action musculaire le long du sarcolemme et des tubules T
+ + + +
– – –
– – –
+ + +
ACh
–
– – –
–
+
+ + + +
– – –
–
–
Sarcolemme
+
2a
Na+ Récepteur de l’ACh
–
2b
Canal ionique à K+ voltagedépendant
Un potentiel d’action musculaire se propage le long du sarcolemme et des tubules T.
K+
Premièrement, les canaux ioniques à Na+ voltage-dépendants s’ouvrent et les ions Na+ entrent à l’intérieur en provoquant la dépolarisation.
+ + + +
Plaque motrice
Deuxièmement, les canaux ioniques à K+ voltage-dépendants s’ouvrent et les ions K+ sortent en induisant la repolarisation.
2a Formation d’un potentiel de plaque motrice La liaison de l’ACh à ses récepteurs situés à la plaque motrice déclenche l’ouverture des canaux ioniques ligand-dépendants. Les ions Na+ diffusent rapidement vers l’intérieur de la fibre musculaire, tandis que les ions K+ diffusent lentement vers l’extérieur. Par conséquent, la différence de charge électrique s’inverse de part et d’autre de la membrane de la fibre musculaire à la plaque motrice : ce phénomène s’appelle le potentiel de plaque motrice (PPM). L’intérieur de la fibre musculaire, qui était négatif, est maintenant positif.
FIGURE 10.10 Fibre musculaire squelettique : le couplage excitation-contraction
❯ L’excitation de la fbre musculaire squelettique par un neurone moteur est couplée à la contraction des myoflaments dans cette même fbre.
l’intérieur, qui était relativement négati, devient positi. Cette inversion de polarité s’appelle le potentiel de plaque motrice (PPM). Le PPM est localisé dans la plaque motrice et il est de courte durée, ce qui ait en sorte que la bre musculaire squelettique peut être stimulée de nouveau presque immédiatement.
10.3.2.2 La formation et la propagation d’un potentiel
d’action musculaire Le PPM déclenche la ormation d’un potentiel d’action musculaire (infux nerveux généré dans la bre musculaire) qui se propage le long du sarcolemme et des tubules T de la bre musculaire squelettique. Le potentiel d’action musculaire permet la contraction musculaire et il comprend deux volets. Le premier, la dépolarisation, génère un changement de polarité (positive) à l’intérieur du sarcolemme de la bre musculaire squelettique en raison de l’entrée d’ions Na+. Dans le deuxième volet, la repolarisation, l’intérieur du sarcolemme retrouve son potentiel de
repos (négati à l’intérieur et positi à l’extérieur) ; il est relativement négati en raison du fux sortant des ions K+. La dépolarisation est l’inversion de la polarité du sarcolemme. Le PPM provoque l’ouverture des canaux à Na+ voltage-dépendants dans la région voisine de celle qui s’est dépolarisée. Cette ouverture des canaux à Na+ voltage-dépendants permet aux ions Na+ de traverser rapidement le sarcolemme dans le sens de leur gradient de concentration pour entrer dans la bre musculaire. Le nombre d’ions Na+ entrants est susamment élevé pour inverser le potentiel membranaire du sarcolemme. L’intérieur, qui était à charge relativement négative, devient alors relativement positi. La propagation de la dépolarisation le long du sarcolemme et des tubules T s’accompagne de l’ouverture d’autres canaux à Na+ voltage-dépendants d’une section rapprochée. L’afux des ions Na+ à l’intérieur du segment initial du sarcolemme provoque un changement de la charge électrique dans la zone voisine du sarcolemme et, par conséquent, l’ouverture des canaux
Chapitre 10 Le tissu musculaire 405
Citerne terminale du réticulum sarcoplasmique
Canal ionique à K+ voltage-dépendant
Canal ionique à Na+ voltage-dépendant + +
+ +
+ +
+ +
+ +
+ +
– –
– –
– –
– –
– –
– –
– –
– –
+ + – –
+ +
+ +
– –
– –
+ + +
+ +
+
+ +
– –
+ + +
– –
Canaux ioniques à Ca2+ voltage-dépendants
Tubule T
– –
+
– –
Ca2+
2c
– –
+ +
Ca2+ – – –
+ +
En atteignant le réticulum sarcoplasmique, le potentiel d’action musculaire provoque l’ouverture des canaux ioniques à Ca2+ voltage-dépendants situés dans les citernes terminales du réticulum sarcoplasmique. Les ions Ca2+ diffusent vers l’extérieur des citernes du réticulum sarcoplasmique pour entrer dans le sarcoplasme.
+ +
2c Libération d’ions Ca2+
du réticulum sarcoplasmique
Sarcolemme
– – –
+ +
Ca2+
K+
Les canaux à voltage-dépendants présents dans le sarcolemme et les tubules T s’ouvrent dès la ermeture des canaux à Na+ voltage-dépendants. Les ions K+ traversent alors le sarcolemme dans le sens de leur gradient de concentration pour sortir de la bre musculaire squelettique. Le nombre d’ions K+ sortants est susamment important pour que le potentiel de membrane du sarcolemme et des tubules T s’inverse : le potentiel membranaire de repos négati (−95 mV) se rétablit. Ce processus s’appelle la repolarisation et survient juste après la dépolarisation. L’ouverture des canaux ioniques à K+ voltage-dépendants se produit également d’une section rapprochée à une autre, de sorte que la repolarisation se propage aussi le long du sarcolemme et des tubules T. La repolarisation permet à la bre musculaire de transmettre un autre potentiel d’action musculaire dès qu’elle est de nouveau
+ +
à Na+ voltage-dépendants dans cette région. Les ions Na+ afuent vers l’intérieur et entraînent la dépolarisation de ce secteur. Cette dépolarisation progresse rapidement le long du sarcolemme et des tubules T. La propagation d’un potentiel d’action musculaire le long du sarcolemme et des tubules T constitue en quelque sorte un eet domino : une ois enclenchée, elle ne peut pas s’arrêter et mène à la contraction musculaire.
– –
Ca2+
+ + +
– –
Citerne C Cit erne ern e tterm terminale ermina erm inalle ina le
stimulée par le neurone moteur. Le délai qui sépare la dépolarisation de la repolarisation s’appelle la période réfractaire absolue. Durant ce bre intervalle de temps (environ 5 ms), le muscle ne peut plus être stimulé.
10.3.2.3 La libération du calcium
par le réticulum sarcoplasmique En atteignant le réticulum sarcoplasmique, le potentiel d’action musculaire provoque l’ouverture des canaux ioniques à Ca 2+ voltage-dépendants des citernes terminales du réticulum sarcoplasmique. L’ouverture de ces canaux permet aux ions Ca 2+ de diuser vers l’extérieur des citernes pour entrer dans le sarcoplasme. Les ions Ca 2+ se mêlent aux laments épais et aux laments ns des myobrilles.
Vérifiez vos connaissances 9. Quelles sont les deux phases liées par le processus
physiologique du couplage excitation-contraction ? 10. Décrivez les étapes du couplage excitation-
contraction.
406 Partie II Le soutien et les mouvements du corps
10.3.3
3
Le sarcomère : le cycle des ponts d’union
Résumer les modifcations qui se produisent dans le sarcomère pendant la contraction musculaire.
La troisième phase physiologique de la contraction musculaire squelettique comprend la liaison des ions Ca2+ et l’instauration du cycle des ponts d’union. Cette phase provoque la contraction du muscle.
10.3.3.1 La liaison du calcium Les ions Ca2+ libérés par le réticulum sarcoplasmique se lient à une sous-unité de troponine globulaire (l’un des éléments constitutis des flaments fns). Cet arrimage modife la conormation de la troponine associée à la tropomyosine sous orme de complexe troponine-tropomyosine. Quand la troponine change de orme, le complexe troponine-tropomyosine tout entier se déplace, et les sites de liaison de la myosine sur l’actine se trouvent à découvert (ces sites de liaisons sont normalement dissimulés lorsque le muscle n’est pas contracté). Le cycle des ponts d’union peut alors s’amorcer.
10.3.3.2 L’établissement du cycle des ponts d’union Le cycle des ponts d’union provoque le glissement des myoflaments afn de permettre le raccourcissement du sarcomère. Il compte quatre étapes qui s’enchaînent et se répètent FIGURE 10.11 : 1) la ormation des ponts d’union par l’arrimage des têtes de myosine à l’actine ; 2) le pivotement des ponts d’union (les têtes de myosine qui tirent sur les flaments fns permettent alors le glissement des myoflaments) ; 3) la libération des têtes de myosine qui se détachent de l’actine ; 4) le repositionnement des têtes de myosine. 1. Formation des ponts d’union (voir la fgure 10.11-3b). Les têtes de myosine sont placées en position d’arrimage de manière à pouvoir s’attacher aux sites de liaison de la myosine (maintenant à découvert) sur l’actine. La liaison de chacune des têtes de myosine induit la ormation d’un pont d’union entre un flament fn et un flament épais. 2. Pivotement des ponts d’union (voir la fgure 10.11-3c). Après avoir ormé un pont d’union, chacune des têtes de myosine eectue un mouvement de bascule. Elle pivote en tirant le flament fn sur une courte distance de manière à le aire glisser sur les flaments épais, vers le milieu du sarcomère. Ce processus s’accompagne d’une libération de molécules d’ADP et de Pi. Les sites de liaison de l’ATP redeviennent disponibles par la suite. 3. Libération des têtes de myosine (voir la fgure 10.11-3d). L’ATP se fxe ensuite aux sites de liaison de l’ATP sur les têtes de myosine, ce qui libère les têtes de myosine des sites de liaison sur l’actine. 4. Repositionnement des têtes de myosine (voir la fgure 10.113e). L’ATPase, une enzyme présente sur les têtes de myosine, scinde l’ATP en ADP et en P i, ournissant ainsi l’énergie nécessaire pour replacer les têtes de myosine dans leur position de départ et leur permettre de s’arrimer aux sites de liaison sur l’actine. Tant qu’il reste des ions Ca 2+ et que les sites de liaison de la myosine sont à découvert, ces quatre étapes se répètent : les têtes de myosine s’arriment, tirent sur les flaments fns, se libèrent et
se repositionnent. La répétition de ces étapes raccourcit graduellement le sarcomère, qui passe de l’état de repos à la contraction. La FIGURE 10.12 illustre le sarcomère dans un muscle squelettique au repos et dans un muscle squelettique contracté. Pendant la contraction musculaire, le sarcomère subit les modifcations suivantes : la zone H disparaît ; la bande I raccourcit et peut même disparaître dans certains cas ; les lignes Z se rapprochent l’une de l’autre. Cependant, les flaments épais et fns ne changent pas de longueur. Le mécanisme de glissement des myoflaments, connu sous le nom de théorie des flaments glissants, illustre le mouvement des flaments fns qui glissent sur les flaments épais. La FIGURE 10.13 illustre les trois phases de la contraction des muscles squelettiques.
INTÉGRATION APPLICATION CLINIQUE
La paralysie musculaire et les neurotoxines DÉSÉQUILIBRE HOMÉOSTATIQUE
La paralysie musculaire peut être provoquée par une anomalie du onctionnement du système nerveux à la jonction neuromusculaire ou par une perturbation du couplage excitation-contraction. Le tétanos et le botulisme sont des paralysies musculaires. Le tétanos est une paralysie spastique (ou paralysie spasmodique) attribuable à une toxine produite par la bactérie Clostridium tetani. La toxine empêche la libération de la glycine, un neurotransmetteur inhibiteur se trouvant dans la moelle épinière, ce qui induit une stimulation excessive des muscles et des contractions musculaires supérieures à la normale. Les plaies perorantes contaminées à la terre ou aux matières végétales sont particulièrement exposées à l’inection à C. tetani. Le tétanos pouvant entraîner la mort, la plupart des gens sont vaccinés contre cette maladie. Le botulisme est une paralysie musculaire potentiellement mortelle attribuable à une toxine produite par Clostridium botulinum, une bactérie apparentée à celle du tétanos. La toxine empêche la libération de l’ACh par les boutons synaptiques et induit la paralysie musculaire. Comme C. tetani, C. botulinum est une bactérie très répandue dans l’environnement et ne produit sa toxine qu’en milieu anaérobie (sans oxygène). La plupart des cas de botulisme sont provoqués par l’ingestion de nourriture en conserve contaminée : n’ayant pas été traité à une température sufsamment élevée, l’aliment contient encore des spores botuliniques. Pour les mêmes raisons, la consommation de miel est déconseillée aux enants de la naissance à un an (Santé Canada, 2012), car elle risque d’introduire des spores de C. botulinum dans leur tube digesti. La toxine botulinique de type A (Botox) est un antispasmodique utilisé à plusieurs fns thérapeutiques, entre autres pour diminuer les courbatures musculaires pathologiques chez des personnes ayant eu un accident vasculaire cérébral. Cette toxine bloque la libération de l’ACh et permet de réduire les contractions et les mouvements anormaux, ce qui soulage la douleur produite par ces contractions. En eet, elle aaiblit ou paralyse temporairement les muscles dans lesquels elle est injectée. Elle peut aussi être utilisée dans le traitement des migraines et du strabisme (déaut de convergence des axes visuels) ou, plus récemment, à des fns esthétiques visant la réduction des rides.
Chapitre 10 Le tissu musculaire 407
3a Liaison des Ca2+
3 Sarcomère : le cycle des ponts d’union
Le Ca2+ se lie à la troponine des laments ns du muscle, modiant ainsi sa conformation. Quand la troponine change de forme, tout le complexe troponinetropomyosine se repositionne de sorte que la tropomyosine ne dissimule plus les sites de liaison de la myosine sur l’actine.
Ca2+ Troponine Filament fin
Sarcomère au repos (avant la libération des ions Ca2+)
Sites de liaison de la myosine à découvert
Tropomyosine Actine
Filament épais Myosine
3e Retour des têtes de myosine en position initiale
(repositionnement) L’ ATP est fractionnée en ADP et en Pi par l’ATPase de la myosine. Ce processus procure l’énergie nécessaire au repositionnement des têtes de myosine.
3b Formation des ponts d’union (arrimage) En position d’arrimage, les têtes de myosine se xent aux sites de liaison de la myosine sur l’actine, qui sont à découvert, et établissent ainsi des ponts d’union entre la myosine et l’actine. Actine
Filament fin
Filament fin Tête de myosine
ADP
Pi
Cycle des ponts d’union : Les répétitions du cycle arrimage/traction/libération/ repositionnement provoquent graduellement la contraction complète du sarcomère, et donc la contraction du muscle squelettique.
3d Libération des têtes de myosine (désarrimage) L’ATP se fixe aux sites de liaison de l’ATP sur les têtes de myosine, ce qui libère les têtes de myosine des sites de liaison sur l’actine.
Pont d’union
ADP Pi
Tête de myosine
3c Pivotement des ponts d’union (traction) Chaque tête de myosine pivote vers le centre du sarcomère en tirant sur le filament fin qui lui est attaché. Ce mouvement de bascule s’accompagne d’une libération d’ADP et de Pi.
Filament fin
Tête de myosine
Filament fin
ATP
Tête de myosine ADP Pi
FIGURE 10.11 Sarcomère : le cycle des ponts d’union
❯ Les protéines contractiles glissent les unes sur les autres vers le centre du sarcomère, ce qui provoque son raccourcissement.
408 Partie II Le soutien et les mouvements du corps
Sarcomère au repos
Sarcomère au repos
Ligne Z Titine
Filament épais Filament fin Ligne M
Ligne Z Filament fin Ligne Z
Bande I
Zone H Bande A
Bande I
Ligne Z
Ligne M
Zone H Bande A
Bande I
Bande I
A. Muscle squelettique au repos
Contraction
Ligne Z
Ligne M
Contraction
Ligne Z Ligne Z
Bande A
Ligne M
Ligne Z
Bande A
Sarcomère complètement contracté B. Muscle squelettique complètement contracté
Sarcomère complètement contracté
FIGURE 10.12 Raccourcissement des sarcomères
❯ Ces illustrations et ces clichés de micrographie électronique montrent le processus du raccourcissement des sarcomères pendant la contraction musculaire squelettique. A. Quand le muscle est au repos, la bande A, la bande I et la
À votre avis 3. Après la mort, les ions Ca 2+ sont libérés du réticulum
sarcoplasmique. L’absence d’ATP induit la rigidité cadavérique. Expliquez pourquoi les muscles restent contractés en l’absence d’ATP.
zone H sont visibles. B. Quand le muscle est complètement contracté, le sarcomère a perdu de sa longueur ; les lignes Z sont plus proches l’une de l’autre, la bande I est plus courte et peut même disparaître, et la zone H a disparu.
10.3.4
4
Expliquer l’évolution de chacune des structures suivantes au moment du relâchement d’un muscle squelettique : ACh ; potentiel d’action musculaire ; concentration d’ions Ca2+ dans le sarcoplasme ; complexe troponinetropomyosine.
5
Expliquer le rapport entre l’élasticité d’un muscle squelettique et son relâchement.
Vérifiez vos connaissances 11. Quel est le rôle des ions Ca 2+ dans la contraction des
muscles squelettiques ? 12. Décrivez les quatre étapes qui s’enchaînent et se
répètent dans le cycle des ponts d’union, induisant ainsi le raccourcissement des sarcomères. 13. Quelle est la cause du désarrimage des têtes de
myosine de l’actine ? Qu’est-ce qui permet ensuite leur repositionnement ?
Le relâchement du muscle squelettique
Le relâchement d’un muscle squelettique s’obtient par le retour de toutes les fbres qui le composent à leur état de repos et survient à la suite de la cessation de la stimulation exercée par le neurone moteur. Le relâchement musculaire se déroule selon un processus comportant plusieurs étapes. La première consiste en la cessation
Chapitre 10 Le tissu musculaire 409
INTÉGRATION APPLICATION CLINIQUE
La rigidité cadavérique Quelques heures après que le cœur a cessé de battre, les fbres musculaires squelettiques ne contiennent plus du tout d’ATP (molécule indispensable au onctionnement des pompes à Ca2+ et au désarrimage des têtes de myosine). Ainsi, les pompes à Ca2+ du réticulum sarcoplasmique ne peuvent plus réabsorber les ions Ca 2+ qui se trouvent dans le sarcoplasme. Ceux-ci s’accumulent donc dans le sarcoplasme, et d’autres continuent de sortir du réticulum sarcoplasmique, déclenchant ainsi une contraction soutenue des fbres musculaires. Comme les fbres musculaires squelettiques ne contiennent plus d’ATP quelques heures après la cessation du battement cardiaque, les ponts d’union entre les flaments fns et les flaments épais ne peuvent plus se détacher. Tous les muscles squelettiques se trouvent ainsi bloqués en position contractée, et le corps tout entier devient rigide. Cet état physiologique de rigidité cadavérique se maintient de 15 à 24 heures. Ensuite, la libération d’enzymes lysosomales dans les fbres musculaires provoque l’autolyse (autodestruction et dégradation) des myofbrilles. Les pathologistes de médecine légale déterminent souvent l’heure approximative de la mort à partir de la rigidité cadavérique relative (son état de progression ou de régression). Cependant, de nombreux acteurs doivent être pris en considération au moment de la détermination de l’heure approximative du décès, notamment les conditions environnementales. Par exemple, la rigidité cadavérique survient et disparaît plus rapidement quand la température ambiante est élevée. Le tableau ci-dessous ournit les indications permettant d’estimer le délai écoulé depuis le décès. Délai écoulé depuis le décès
Température corporelle
citernes terminales par les pompes à Ca 2+. Lorsque cesse la stimulation des bres musculaires squelettiques, les ions Ca 2+ qui restent dans le sarcoplasme sont renvoyés dans le réticulum sarcoplasmique où ils sont mis en réserve. Lorsque les ions Ca2+ ont disparu, la troponine reprend sa orme initiale, et la tropomyosine couvre de nouveau les sites de liaison de la myosine sur l’actine, ce qui empêche la ormation de ponts d’union myosine-actine. L’élasticité naturelle des bres musculaires permet au muscle de reprendre sa position initiale de détente.
Vérifiez vos connaissances 14. Quel est le rôle de l’AChE et des pompes à Ca 2+ dans
le relâchement musculaire ?
10.4 Le métabolisme
du muscle squelettique
La ormation de l’ATP par le processus de la respiration cellulaire a été étudié dans la section 3.4.1. Ces connaissances permettent la compréhension des modalités de l’apport énergétique dans les bres musculaires, lesquelles sont des structures particulièrement énergivores. Ces diérents modes d’approvisionnement en ATP permettent aussi de classier les bres musculaires squelettiques en trois grandes catégories.
10.4.1
État de rigidité
Moins de 3 heures
Élevée
Aucune rigidité
De 3 à 8 heures
Élevée, mais en baisse
Rigidifcation (rigidité croissante)
De 9 à 24 heures
Température ambiante
Rigidité résiduelle, mais décroissante
De 25 à 36 heures
Température ambiante
Flaccidité (plus aucune rigidité)
de la propagation de l’infux nerveux dans le neurone moteur, ce qui met également un terme à la libération de l’ACh. L’AChE, une enzyme dégradant l’ACh présente dans la ente synaptique, dégrade en continu l’ACh pour la dissocier de ses récepteurs de la plaque motrice et ainsi suspendre la stimulation qu’elle exerce sur les bres musculaires squelettiques. Par conséquent, les récepteurs de l’ACh se erment, entraînant la disparition du PPM et du potentiel d’action musculaire le long du sarcolemme et des tubules T. Les canaux ioniques à Ca 2+ voltage-dépendants du réticulum sarcoplasmique se erment. Les ions Ca 2+ qui ont déjà été libérés du réticulum sarcoplasmique sont captés de nouveau dans les
L’apport d’énergie pour la contraction du muscle squelettique
1
Décrire les processus par lesquels les fbres musculaires mobilisent l’ATP immédiatement, à court terme et à long terme pour se contracter.
2
Expliquer le rapport entre la durée et l’intensité de l’activité physique, d’une part, et le mode d’approvisionnement en ATP, d’autre part.
Les bres musculaires squelettiques disposent de trois méthodes pour se procurer l’ATP dont elles ont besoin. Ces trois modalités se distinguent selon le délai nécessaire à la production de l’ATP : approvisionnement immédiat, à court terme ou à long terme.
10.4.1.1 L’approvisionnement immédiat en adénosine
triphosphate : le système des phosphagènes Le système des phosphagènes assure l’approvisionnement immédiat en ATP par la mobilisation de molécules contenant un groupement phosphate très énergétique. Puisqu’il n’a pas besoin d’oxygène pour onctionner, ses processus sont anaérobies. Le système des phosphagènes met à contribution les réserves d’ATP et exploite les possibilités de production immédiate d’ATP à partir d’autres molécules phosphatées. La FIGURE 10.14 aide à mieux comprendre cette section.
Influx nerveux
1 Jonction neuromusculaire Excitation d’une bre musculaire
2b Le PPM engendre un potentiel d’action musculaire qui se propage le long du sarcolemme et des tubules T.
Axone Bouton synaptique
Ca2+
1a L’influx nerveux provoque l’ouverture des canaux ioniques à Ca2+ voltage-dépendants ; les ions Ca2+ entrent dans le bouton synaptique et se lient aux vésicules synaptiques.
PPM
Canal ionique à Ca2+ voltagedépendant M
PP
ACh ACh
Vésicule synaptique
1b L’ACh est libérée dans la fente synaptique par exocytose.
ACh ACh Ch Fente synaptique
2a La liaison de l’ACh Récepteur Ré R é urr de d e l’ACh
K+
Na+
provoque l’entrée rapide des ions Na+ dans la fibre musculaire squelettique et l’expulsion lente des ions K+ de cette même fibre, ce qui génère un PPM.
1c L’ACh se lie à ses récepteurs.
3e Repositionnement : L’ATPase Plaque motrice
scinde l’ATP en ADP et en Pi, et les têtes de myosine se replacent en position initiale.
Pi
ADP
3d Libération : L’ATP se lie aux têtes de myosine et les libère ainsi de l’actine.
INTÉGRATION FIGURE 10.13
ILLUSTRATION DES CONCEPTS Animation
Contraction musculaire squelettique ❯ Cette fgure récapitule les étapes de la contraction musculaire squelettique, un processus qui ait intervenir les structures suivantes : 1. la jonction neuromusculaire ; 2. le sarcolemme, les tubules T et le réticulum sarcoplasmique ; 3. les sarcomères.
ATP
2 Sarcolemme, tubules T et réticulum sarcoplasmique Couplage excitation-contraction Canal ionique à Na+ voltage-dépendant
tion
Potentiel d’ac
Tubule T-tubuleT
Na+ channel
Na+
K+ Canal ionique à K+ C voltage-dépendant v vo o
Sarcolemme
2c Le potentiel d’action musculaire déclenche l’ouverture des canaux ioniques à Ca2+ voltage-dépendants permettant la libération d’ions Ca2+ des citernes du réticulum sarcoplasmique.
Réticulum sarcoplasmique
Ca2+ Ca2+
3
Sarcomère
Filament fin
Cycle des ponts d’union (raccourcissement du sarcomère au fil de la répétition du cycle)
Filament épais
3a Les ions Ca2+ s’attachent à la troponine, et les sites de liaison de la myosine sur l’actine se retrouvent à découvert. Ca2+ Troponine Site de liaison de la myosine
3b Arrimage : Des ponts d’union s’éta-
Ca2+
blissent entre la myosine et l’actine. Actine Pont d’union
ADP Pi
Citerne terminale 2+ Ca Ca2+
Tête de myosine
3c Pivotement des ponts d’union : La
Formation d’un pont d’union Tête T Têt ête de ête de myosine m myos y ine yos ne e
tête de myosine pivote et tire sur le filament fin, qui la dépasse. Pivotement (bascule)
ADP AD DP Pi
action Sarcomère en contr
412 Partie II Le soutien et les mouvements du corps
ATP
ATPase ADP + Pi
2 ADP
Myokinase ATP + AMP
ADP
ATP
Pi
A.
ATP
B.
CP
ADP
ADP
Créatine kinase
Myokinase
ATPase ADP
Créatine kinase ADP + CP ATP + Créatine
AMP
ATP
Créatine
C.
FIGURE 10.14 Système des phosphagènes
❯ Les cellules musculaires peuvent mobiliser immédiatement de l’ATP selon plusieurs modalités : A. en puisant dans les petites réserves d’ATP contenues dans les fbres musculaires ; B. par le transert d’un phosphate inorganique (Pi) d’une
L’ATPase ractionne l’ATP déjà présente dans les fbres musculaires squelettiques en ADP et en Pi. Ce processus ournit généralement très peu d’énergie, soit l’équivalent de cinq à six secondes d’eort d’une intensité maximale (voir la fgure 10.14A). La myokinase, une enzyme, peut ensuite transérer un phosphate d’une molécule d’ADP à une autre molécule d’ADP pour produire un ATP et un adénosine monophosphate (AMP) : elle procure ainsi au muscle quelques secondes additionnelles d’énergie (voir la fgure 10.14B). Le tissu musculaire dispose également d’une méthode de production d’ATP qui lui est propre et qui met à contribution la
molécule d’ADP à une autre molécule d’ADP sous l’eet catalyseur de la myokinase, une enzyme ; ou C. par le transert d’un Pi de la créatine phosphate (CP) à l’ADP sous l’eet catalyseur de la créatine kinase, une autre enzyme.
créatine phosphate, appelée aussi phosphocréatine. La créatine kinase transère un P i de la créatine phosphate à l’ADP, produisant ainsi de la créatine et de l’ATP. Ce processus de ormation rapide d’ATP procure de 10 à 15 secondes additionnelles d’énergie, permettant d’eectuer une activité intense comme la course d’un 100 mètres, par exemple. En période de repos, de petites quantités d’ATP s’accumulent dans l’organisme, et le processus décrit dans la fgure 10.14C s’inverse : la créatine kinase transère un P i de l’ATP à la créatine, produisant ainsi de la créatine phosphate et de l’ADP.
À votre avis 4. L’endommagement du tissu musculaire squelettique
INTÉGRATION APPLICATION CLINIQUE
La créatine phosphate (phosphocréatine) La créatine kinase (CK), appelée également créatine phosphokinase, est l’enzyme qui permet le transert d’un groupement phosphate entre la créatine et l’ATP. Le muscle cardiaque et les muscles squelettiques contiennent deux ormes diérentes de la CK. En cas d’inarctus du myocarde (crise cardiaque), le taux sanguin de la variante cardiaque de la CK est très élevé : cette enzyme permet ainsi de mesurer les dommages causés au cœur par l’inarctus. De la même açon, un taux sanguin élevé de la variante musculaire squelettique de la CK permet de diagnostiquer certaines maladies musculaires squelettiques dégénératives, par exemple la dystrophie musculaire. Outre l’usage médical de la créatine, les suppléments de créatine sont utilisés dans les salles d’entraînement et permettent d’augmenter la masse musculaire et les perormances sportives pour un exercice intense et de courte durée seulement. La prise de supplément de créatine contribue à augmenter la teneur en créatine phosphate du muscle squelettique, ce qui avorise le renouvellement de l’ATP durant de courtes séances d’exercice d’intensité maximale, comme le sprint.
provoque la libération de créatine kinase. Quel est le rapport entre le taux sanguin de créatine kinase et l’étendue des dommages subis par le tissu musculaire ?
10.4.1.2 L’approvisionnement à court terme
en adénosine triphosphate : la voie anaérobie La section 3.4 mentionnait que la production d’ATP peut se aire selon deux processus métaboliques : la voie anaérobie et la voie aérobie. La voie anaérobie, soit l’étape de la glycolyse, assure l’approvisionnement à court terme en ATP. Ce processus se déroule dans le cytosol et, comme son nom l’indique, ne nécessite pas d’oxygène FIGURE 10.15A . Le glucose est mis à la disposition du muscle directement, à partir des réserves de glycogène des fbres musculaires, ou indirectement, par la circulation sanguine. Un long enchaînement de réactions enzymatiques décompose chacune des molécules de glucose en deux molécules d’acide pyruvique. La glycolyse produit une quantité d’énergie nette correspondant à deux molécules d’ATP par molécule de glucose.
Chapitre 10 Le tissu musculaire 413
Glycolyse Glucose NADH A. Approvisionnement énergétique à court terme (voie anaérobie)
2
ATP
2 molécules d’acide pyruvique Oxygénation insuffisante
Cytosol
Acide lactique
Oxygène
Membrane M em mitochondriale externe
Mitochondrie Acide pyruvique Espace intermembranaire NADH
Acétylcoenzyme A
CO2
Membrane mitochondriale interne Matrice mitochondriale
NADH B. Approvisionnement énergétique à long terme (voie aérobie)
FADH2
e−
e−
Cycle cle l’acide acide id de l’a citrique q citriq que
H+ O2
H2O
e– C Chaîne de e− tra ansp d’électrons tronss transport
CO2
2
ATP ATP T
28
ATP AT A TP
ATP synthase (pho (phosphorylation osphorylation oxydative) oxy
H+
FIGURE 10.15 Processus métaboliques de production de l’ATP
❯ A. Voie anaérobie de production à court terme d’ATP dans le cytosol ; B. voie aérobie de production à long terme d’ATP dans les mitochondries.
Normalement, l’acide pyruvique entre dans les mitochondries où il est oxydé par le processus métabolique de la respiration cellulaire aérobie (qui exige la présence d’oxygène). Si touteois l’oxygénation du muscle s’avère insusante, des quantités croissantes d’acide pyruvique se convertissent en acide lactique. À l’inverse, celui-ci peut être reconverti en acide pyruvique lorsque l’oxygène redevient disponible dans le muscle. L’acide lactique peut aussi entrer dans la circulation sanguine où il peut être mobilisé par le cœur pour servir de carburant à la production d’ATP, ou par le oie pour produire du glucose par néoglucogenèse (voir la section 17.7).
10.4.1.3 L’approvisionnement à long terme
en adénosine triphosphate : la respiration cellulaire aérobie À l’intérieur de la mitochondrie, la respiration cellulaire aérobie assure l’approvisionnement à long terme en ATP. L’acide pyruvique produit par la voie anaérobie ait oce de matière première pour la production aérobie d’ATP. L’oxygène indispensable à la respiration cellulaire aérobie provient du sang et de la myoglobine.
L’acide pyruvique entre dans une mitochondrie où il est complètement oxydé en dioxyde de carbone (CO2) au cours des réactions du cycle de l’acide citrique (ou cycle de Krebs) (voir la section 3.4). L’oxydation de l’acide pyruvique transère l’énergie de la liaison chimique aux coenzymes, le nicotinamide adénine dinucléotide hydrogéné (NADH) et la favine adénine dinucléotide hydrogénée (FADH2). Cette énergie sert alors à produire l’ATP dans la chaîne de transport des électrons par phosphorylation oxydative. Ce processus produit une quantité totale d’énergie correspondant à 28 molécules d’ATP. La respiration cellulaire aérobie produit également de l’ATP à partir des triglycérides, des structures se composant de une molécule de glycérol et de trois acides gras (voir la section 2.8.2). La quantité d’ATP produite dépend de la taille de la chaîne des acides gras : plus elle est longue, plus la quantité d’ATP résultante est importante. Dans la plupart des tissus musculaires squelettiques, les acides gras constituent le carburant de premier choix pour produire l’ATP. Ils présentent cependant un inconvénient d’importance : la réaction ne peut pas se aire en l’absence d’oxygène. Durant un eort physique soutenu, il aut par conséquent maintenir une bonne oxygénation pour
414 Partie II Le soutien et les mouvements du corps
que les tissus musculaires squelettiques puissent convertir les acides gras en énergie.
Vérifiez vos connaissances 15. Quelle est la molécule phosphatée caractéristique
qui permet la production immédiate d’une quantité additionnelle d’ATP dans le tissu musculaire ?
10.4.1.4 La production énergétique
et l’intensité de l’effort Les sources d’approvisionnement en ATP (immédiates, à court terme ou à long terme) varient en onction de l’eort produit et de sa durée. Pour illustrer le déploiement énergétique qu’exige l’activité physique, il convient d’examiner maintenant les modes d’approvisionnement en ATP mis en jeu par des coureurs sur piste FIGURE 10.16. Un sprint de 50 mètres dure de 5 à 6 secondes. Ainsi, le système des phosphagènes ournit la majeure partie de l’ATP nécessaire à la course. Dans un sprint long de 400 mètres, qui dure de 50 à 60 secondes, le système des phosphagènes ournit l’ATP nécessaire au tout début de la course, puis la voie anaérobie prend le relais et procure l’essentiel de l’énergie dont le coureur a besoin pour arriver à destination. Enn, dans une course de 1 500 mètres qui dure de 5 à 6 minutes, les trois modes d’approvisionnement entrent en jeu. Touteois, les processus aérobies ournissent la plus grande partie de l’ATP après la première minute d’eort, et les trois modes d’approvisionnement énergétique ne se suivent pas de manière séquentielle, mais se chevauchent. Un eort intense maintenu sur environ plus de une minute nécessite une bonne oxygénation qui, elle, est assurée par les systèmes cardiovasculaire et respiratoire. Les activités aérobies sont caractérisées par un eort d’intensité moyenne, mais qui est soutenu dans le temps et qui entraîne une élévation du rythme cardiaque au-delà de sa valeur normale. Elles induisent dans les systèmes respiratoire et cardiovasculaire des modications qui augmentent l’oxygénation, permettant ainsi de déployer un eort plus important sur une plus longue période.
16. Quels sont les diérents modes de production de l’ATP
qui entrent en jeu dans une course de 1 500 mètres ?
10.4.2 3
La dette d’oxygène
Défnir la dette d’oxygène et expliquer ses causes.
La quantité d’oxygène qui peut être ournie aux muscles squelettiques dans un délai donné n’est pas innie. Quand une activité physique exige une oxygénation supérieure à la quantité d’oxygène disponible, l’organisme en vient à manquer d’oxygène. La dette d’oxygène est la quantité additionnelle d’oxygène qui doit être inspirée après l’exercice pour rétablir l’état physiologique du corps d’avant l’eort. Cela s’avère indispensable pour : 1) rétablir l’oxygénation des molécules d’hémoglobine dans le sang et des molécules de myoglobine dans les muscles ; 2) reconstituer les réserves de glycogène dans les bres musculaires ; 3) rétablir l’ATP et la créatine phosphate dans le système des phosphagènes ; 4) reconvertir l’acide lactique en glucose par son acheminement au oie dans la circulation sanguine. Lorsqu’un sporti est essoufé après l’eort, c’est qu’il est en train de rembourser sa dette d’oxygène et qu’il ramène ainsi son organisme à son état normal d’avant l’eort. La majeure partie de cet oxygène est mobilisée par le tissu musculaire pour satisaire ses besoins énergétiques.
Vérifiez vos connaissances 17. Qu’est-ce que la dette d’oxygène ? À quoi sert
l’oxygénation additionnelle après un eort intense ?
400 mètres : 50 à 60 secondes
50 mètres : 5 à 6 secondes
1 500 mètres : 5 à 6 minutes
Système des phosphagènes = source énergétique immédiate Voie anaérobie = source énergétique à court terme Respiration cellulaire aérobie = source énergétique à long terme
Piste de 1 500 mètres
FIGURE 10.16 Mobilisation des sources énergétiques immédiates, à court terme et à long terme ❯ La production et la consommation énergétiques des muscles sont déterminées en grande partie par l’intensité et la durée de l’eort ourni. Pour les sprints de courte durée, le système des phosphagènes assure l’essentiel de la produ ction d’énergie ; pour les courses plus longues, la voie anaérobie prend le relais, suivie de la respiration cellulaire aérobie.
Chapitre 10 Le tissu musculaire 415
10.5 Les types de fbres
musculaires squelettiques
Les fbres musculaires squelettiques se répartissent en trois grandes catégories. Il existe des critères qui permettent de les classifer et d’en aire la description.
10.5.1
1
Les critères de classifcation des types de fbres musculaires
Présenter les deux principaux critères de classifcation des fbres musculaires squelettiques.
Les fbres musculaires squelettiques se répartissent en trois catégories défnies selon deux critères : 1) le type de contraction produit par la fbre ; 2) leur mode privilégié d’approvisionnement en ATP.
10.5.1.1 Le type de contraction produit
par la fbre musculaire Les fbres musculaires squelettiques se distinguent les unes des autres par la puissance, la rapidité et la durée des contractions qu’elles permettent. La puissance dépend du diamètre de la fbre musculaire : les grosses fbres contiennent plus de myofbrilles et produisent ainsi des contractions plus puissantes, comme celles des muscles des cuisses. La vitesse de contraction musculaire dépend de la variété génétique d’ATPase (lente ou rapide) de la myosine (enzyme qui ractionne l’ATP) présente dans la fbre musculaire. Les fbres contenant la variante rapide s’appellent les fbres rapides (ou fbres à contraction rapide), tandis que celles qui contiennent la variante lente se nomment évidemment les fbres lentes (ou fbres à contraction lente). Les fbres rapides comportent deux caractéristiques : elles propagent le potentiel d’action musculaire le long du sarcolemme plus rapidement que ne le ont les fbres lentes ; elles libèrent les ions Ca2+ et les renvoient dans le réticulum sarcoplasmique plus rapidement aussi que le ont les fbres lentes. Par conséquent, les fbres rapides déclenchent la contraction musculaire plus vite que les fbres lentes. Le délai entre la stimulation et le déclenchement de la contraction s’établit à 0,01 milliseconde (ms) pour les fbres rapides, contre au moins 0,02 ms pour les fbres lentes. La durée des contractions des fbres rapides est par ailleurs plus courte que celle des fbres lentes : 7,5 ms et 100 ms, respectivement. Les fbres rapides possèdent donc ces trois caractéristiques : elles produisent des contractions ortes ; elles déclenchent la contraction dans un délai plus court ; elles induisent des contractions plus brèves. Globalement, elles génèrent des mouvements plus puissants et plus rapides que les fbres lentes.
10.5.1.2 Les modes d’approvisionnement
en adénosine triphosphate Le mode privilégié d’approvisionnement en ATP constitue le deuxième critère de classifcation des fbres musculaires
squelettiques : respiration cellulaire aérobie ou voie anaérobie. Les fbres oxydatives recourent à la respiration cellulaire aérobie. Plusieurs de leurs caractéristiques avorisent ce processus. C’est le cas de leur vaste réseau capillaire, de leur nombre élevé de mitochondries et des quantités importantes de myoglobine. La myoglobine est un pigment rouge qui donne cette couleur aux fbres oxydatives. C’est pourquoi les fbres contenant de la myoglobine sont parois appelées fbres rouges. Avec leur ort approvisionnement en ATP, les fbres oxydatives disposent de l’énergie nécessaire pour se contracter longuement sans se atiguer. Elles sont aussi appelées fbres endurantes. À l’inverse, les fbres glycolytiques recourent à la voie anaérobie. Elles possèdent moins de structures anatomiques indispensables à la respiration cellulaire aérobie. Par exemple, leur réseau capillaire est clairsemé, leurs mitochondries sont moins nombreuses et elles contiennent moins de myoglobine. Cette rareté relative de la myoglobine donne à ces fbres glycolytiques une teinte blanchâtre expliquant pourquoi elles sont parois appelées fbres blanches. Par contre, les fbres glycolytiques possèdent des réserves importantes de glycogène qui peuvent approvisionner la voie anaérobie en glucose et maintenir ainsi le onctionnement musculaire, même si l’oxygénation n’est pas optimale. Par contre, la glycolyse ne produisant que des quantités restreintes d’ATP, ces muscles ne peuvent pas soutenir l’eort très longtemps. Les fbres glycolytiques se atiguent généralement très vite, et c’est la raison pour laquelle elles sont également appelées fbres peu endurantes.
Vériiez vos connaissances 18. Expliquez les diérences entre une fbre rapide et
une fbre lente, et entre une fbre oxydative et une fbre glycolytique.
10.5.2
2
La classifcation des types de fbres musculaires
Comparer les trois types de fbres musculaires.
Pour diérencier les fbres musculaires squelettiques, les physiologistes les classent selon le type de contraction qu’elles induisent et selon leur mode d’approvisionnement en ATP. Ils défnissent ainsi trois catégories de fbres musculaires squelettiques TABLEAU 10.1. • Les fbres oxydatives lentes (OL), également nommées fbres de type I, ont généralement un diamètre égal à environ la moitié de celui des autres fbres musculaires squelettiques et contiennent de l’ATPase lente. Ces cellules produisent des contractions plus lentes et moins puissantes. Par contre, elles peuvent se contracter plus longuement sans atigue, car leur ATP est produite essentiellement par respiration cellulaire aérobie. Ces fbres ont une couleur rouge oncé en raison de leur grande quantité de myoglobine. • Les ibres oxydatives rapides (OR), également nommées ibres de type IIa (ou ibres intermédiaires), sont les ibres
416 Partie II Le soutien et les mouvements du corps TABLEAU 10.1 Caractéristiques structurelles et onctionnelles des diérents types de fbres musculaires squelettiques Caractéristiques de la fbre
Fibres oxydatives lentes (OL) – Fibres de type I
Fibres oxydatives rapides (OR) – Fibres de type IIa
Fibres glycolytiques rapides (GR) – Fibres de type IIb
Mobilisation de l’ATP
Lente
Rapide
Rapide
Capacité de production de l’ATP
Élevée, aérobie
Moyenne, aérobie
Limitée, anaérobie
Concentration des capillaires
Importante
Moyennement importante
Faible
Couleur des fbres
Rouge oncé
Rouge clair/rose
Blanc (blanchâtre)
Vitesse de contraction
Faible
Élevée
Élevée
Endurance
La plus orte
Forte
Faible
Diamètre de la fbre
Le plus petit
Moyen
Le plus grand
Nombre de mitochondries
Élevé
Élevé
Faible
Quantité de myoglobine
Importante
Moyenne
Faible
Principale onction de la fbre
Endurance (maintien postural, marathon)
Eort modéré d’une durée moyenne (marche, bicyclette)
Eort intense et bre (sprint, haltérophilie)
Muscles possédant de nombreuses fbres de ce type
Tronc et mollets
Jambes
Membres supérieurs
musculaires squelettiques les moins nombreuses du corps humain. Elles ont une taille intermédiaire et contiennent de l’ATPase rapide. Elles produisent des contractions rapides et puissantes par l’intermédiaire de l’ATP ournie principalement par respiration aérobie. La vascularisation des OR est touteois moins importante que celle des OL, qui possèdent un important réseau de capillaires. Par conséquent, l’approvisionnement en nutriments et en oxygène est plus lent dans les OR que dans les OL. Les OR contiennent également de la myoglobine, mais moins que les OL. Au microscope, elles se distinguent par leur couleur rose ou rouge clair (et non rouge oncé, comme les OL).
3
FIGURE 10.17
OL
OR
OR OL OL
40 x
musculaires lentes et endurantes ? Quels avantages possèdent-elles ?
Représentation des types de fbres dans un muscle squelettique
MO
19. Comment s’appellent les fbres
Décrire la distribution des diérents types de fbres dans le muscle et expliquer le lien entre leur distribution et leur onction.
La FIGURE 10.17 représente les diérents types de fbres dans un muscle squelettique. La plupart des muscles se composent des
• Les fbres glycolytiques rapides (GR), également nommées fbres de type IIb (ou fbres anaérobies rapides), sont les fbres musculaires squelettiques les plus répandues dans le corps humain. Elles ont un diamètre plus important que les fbres des deux autres types, contiennent de l’ATPase rapide et produisent des contractions à la ois rapides et puissantes. Par contre, elles ne peuvent pas rester contractées longtemps, car leur ATP provient essentiellement de la voie anaérobie. Possédant peu de myoglobine, ces fbres sont d’une couleur blanchâtre.
Vériiez vos connaissances
La distribution des types de fbres musculaires
10.5.3
❯
Traitée par une technique ciblée de coloration, cette coupe transversale d’un muscle squelettique montre les diérents types de fbres musculaires. Les fbres se distinguent les unes des autres par leur couOR leur. Les fbres glyOR colytiques rapides GR (GR) sont les plus GR pâles, les oxydatives GR lentes (OL) sont les plus oncées et les OR oxydatives rapides (OR) sont plus oncées OL que les GR, mais plus claires que les OL. GR
Chapitre 10 Le tissu musculaire 417
trois types de fbres. Cependant, le pourcentage relati de chacune d’elles dière considérablement d’un muscle à l’autre et varie selon la onction du muscle considéré. Ainsi, les muscles de l’œil et de la main doivent pouvoir se contracter très vite, mais n’ont pas à maintenir cette contraction très longtemps. Ils contiennent par conséquent un pourcentage élevé de GR. À l’inverse, la plupart des muscles posturaux du dos et des mollets sont composés majoritairement de OL qui leur permettent de se contracter longuement pour maintenir la position du corps dans l’espace. La composition des muscles dière également d’un être humain à l’autre, comme en témoigne le corps des athlètes de haut niveau. Comparativement à la population dans son ensemble, la musculature des jambes des coureurs de marathon contient une proportion plus importante de fbres OL. Les sportis de compétition habitués aux eorts bres et intenses, par exemple les sprinteurs ou les haltérophiles, possèdent par contre une proportion plus élevée de GR dans leurs muscles. Ces variations dans la proportion relative des types de fbres musculaires sont déterminées essentiellement par le patrimoine génétique, mais aussi, quoique dans une moindre mesure, par l’entraînement physique. Quand les muscles sont souvent mis à contribution pour l’endurance, certaines fbres GR peuvent acquérir les caractéristiques visuelles et les capacités onctionnelles des fbres OR.
Vérifiez vos connaissances 20. Quel est le type de fbre musculaire le plus répandu
dans les muscles posturaux ?
10.6 La mesure de la tension
musculaire squelettique
La tension musculaire est la orce déployée au moment de la contraction du muscle. Diérentes expériences en laboratoire permettent de la mesurer. L’une de ces méthodes consiste à dégager le muscle gastrocnémien de la jambe (ou muscles jumeaux) sur
une grenouille avec le ner sciatique qui lui est attaché, puis à observer leurs modifcations avec l’aide d’un myographe qui mesure les variations de la tension musculaire selon la stimulation appliquée. Les phénomènes suivants sont illustrés par une représentation graphique et seront décrits dans cette section : 1) la secousse musculaire ; 2) le recrutement des unités motrices (ou sommation spatiale) ; 3) les variations dans la réquence du stimulus (phénomène de l’escalier, sommation temporelle, tétanos incomplet et tétanos complet).
10.6.1 1
La secousse musculaire
Décrire les étapes de la secousse musculaire.
La secousse musculaire se défnit par l’enchaînement d’une seule contraction brève d’un muscle squelettique et de son relâchement en réaction à un stimulus unique FIGURE 10.18. Des électrodes posées directement sur le muscle gastrocnémien de la jambe ou sur le ner sciatique appliquent des stimulus bres et isolés au muscle. L’intensité du stimulus est augmentée graduellement jusqu’à ce que le muscle réagisse par une secousse. Le stimulus minimal nécessaire pour déclencher une secousse musculaire s’appelle le seuil d’excitabilité. Tous les stimulus inérieurs au seuil d’excitabilité sont des stimulus inraliminaires. Le délai qui sépare le stimulus du début de la contraction des fbres musculaires s’appelle période de latence (ou phase de latence). Pendant cet intervalle de temps, la longueur de la fbre reste la même. Ce délai correspond au temps nécessaire pour que toutes ces étapes s’enchaînent et arrivent à leur terme : couplage excitation-contraction ; libération des ions Ca 2+ du réticulum sarcoplasmique dans le cytosol ; déclenchement de la mise en tension de la fbre musculaire. La période de contraction s’amorce au moment où la succession des pivotements tire les flaments fns sur les flaments épais, raccourcissant ainsi les sarcomères ; la tension musculaire s’intensife au fl de la contraction. La période de relâchement s’amorce à la libération des ponts d’union et au moment où les ions Ca2+ retournent dans le réticulum sarcoplasmique. La tension musculaire décroît ainsi
Secousse musculaire
FIGURE 10.18
Période de latence
❯
Une stimulation unique et brève d’un muscle provoque une seule contraction suivie de son relâchement : l’ensemble des deux orme la secousse musculaire. La période de latence est le délai qui s’écoule entre la stimulation des fbres mus culaires et la génération de la orce contractile. La période de contraction est la phase durant laquelle la tension musculaire augmente. La période de relâchement est celle durant laquelle elle diminue.
Muscle Électrodes Pivot
Poids Intensité Fréquence
Dispositif détectant les variations dans la longueur du muscle
Tension musculaire
Secousse musculaire
Période de contraction
Période de relâchement
Stimulus
Temps (ms)
418 Partie II Le soutien et les mouvements du corps
graduellement tout au long du relâchement. La contraction est un processus acti de constitution de ponts d’union et de mise en œuvre des pivotements. Le relâchement est par contre un processus passi déterminé par l’élasticité de la titine musculaire qui ramène le muscle à sa longueur de repos en reprenant elle-même ses dimensions initiales. Par conséquent, la contraction est toujours plus courte que le relâchement. La durée de chacune de ces périodes varie en onction du type de muscle squelettique. Par exemple, un muscle eectuant une contraction rapide (p. ex., un muscle des yeux) aura une période de contraction et de relâchement plus courte, tandis qu’un muscle eectuant une contraction plus lente (p. ex., un muscle des jambes) aura une période de contraction et de relâchement plus longue.
Tension musculaire
Contractions maximales
0
À votre avis 5. Considérant la distribution des diérents types de
fbres musculaires squelettiques, la secousse d’un muscle extrinsèque de l’œil devrait-elle durer plus longtemps ou moins longtemps que celle d’un muscle gastrocnémien de la jambe ? Justifez votre réponse.
Vérifiez vos connaissances 21. Que se passe-t-il dans le muscle à chacune des
périodes de la secousse musculaire (latence, contraction, relâchement) ?
10.6.2
2
Les variations dans l’intensité du stimulus
Décrire les étapes du recrutement des unités motrices au fl de l’intensifcation des stimulus.
Le recrutement des unités motrices (ou sommation spatiale des unités motrices) correspond à la sollicitation (mobilisation) de une ou de plusieurs unités motrices additionnelles dans le but d’eectuer une contraction musculaire uniorme et continue. L’application en laboratoire de stimulus répétitis (p. ex., plusieurs impulsions électriques) sur le muscle gastrocnémien de la jambe permet d’observer le recrutement des unités motrices. Alors que l’intensité du stimulus augmente à chacune des stimulations, la réquence des stimulus reste la même. Le délai qui sépare les stimulus permet au muscle de se contracter et de se relâcher avant d’être stimulé de nouveau. Chacune des augmentations dans l’intensité du stimulus se traduit par une élévation du nombre d’unités motrices qui participent à la contraction FIGURE 10.19. Par conséquent, la tension induite dans le muscle à chacune des contractions augmente jusqu’à ce que toutes les unités motrices soient mobilisées, c’est-à-dire jusqu’à la contraction maximale du muscle. Le recrutement des unités motrices explique le ait que nos muscles peuvent déployer des orces variables. La loi du tout ou rien stipule qu’une fbre musculaire soumise à une stimulation se contracte complètement ou reste complètement relâchée (si la
1
2 3 4 5 6 7 8 Accroissements de l’intensité du stimulus
9
FIGURE 10.19 Réaction du muscle squelettique aux variations de l’intensité du stimulus ❯ L’intensifcation de la stimulation augmente le nombre d’unités motrices activées.
stimulation n’est pas sufsante). En d’autres termes, la fbre musculaire atteint sa contraction maximale ou ne se contracte pas du tout, d’où l’expression loi du tout ou rien. La orce et la précision des mouvements musculaires dépendent essentiellement du nombre d’unités motrices mobilisées pour le mouvement. Si un nombre très restreint d’unités motrices est activé, par exemple lorsqu’il s’agit de mouvements précis comme le mouvement des yeux, le nombre de fbres musculaires qui se contractent reste limité et la puissance déployée (orce) est minime. À l’inverse, si le nombre d’unités motrices mobilisées est plus important, notamment lorsqu’il s’agit de mouvements exigeant plus de puissance, le nombre de fbres musculaires qui se contractent augmente également et le mouvement gagne en orce. Il est ainsi possible d’adapter la contraction des muscles des bras selon qu’il aut soulever un stylo très léger ou une lourde valise.
Vérifiez vos connaissances 22. Qu’est-ce que le recrutement des unités motrices ?
Expliquez son importance dans le onctionnement du corps humain.
10.6.3
3
Les variations dans la fréquence du stimulus
Distinguer les processus qui accompagnent l’augmentation de la réquence des stimulations : le phénomène de l’escalier, la sommation temporelle, le tétanos incomplet et le tétanos complet.
Si l’on soumet le muscle à des stimulus de plus en plus réquents, mais d’intensité constante, on observe le phénomène de l’escalier et le cumul des contractions. Les trois graphiques de la
Chapitre 10 Le tissu musculaire 419
FIGURE 10.20 sont classés par ordre croissant de réquence
des stimulus. Quand la réquence des stimulations du muscle squelettique est aible (moins de 10 stimulus/seconde [s]), la secousse musculaire est complète, c’est-à-dire que le muscle a le temps de se contracter et de se relâcher avant le début du stimulus suivant (voir la fgure 10.20A). La tension musculaire induite est la même à chaque secousse. Quand la réquence des stimulations augmente pour s’établir entre 10 et 20 stimulus/s, le muscle a encore le temps de se contracter puis de se relâcher avant le stimulus suivant (voir la fgure 10.20B). Cependant, la tension musculaire induite par la secousse devient plus orte que dans la première expérience. Or, cette augmentation de la tension n’est pas due à un accroissement de l’intensité du stimulus, car celui-ci reste constant. Elle s’explique en partie par le ait que les pompes à Ca 2+ du réticulum sarcoplasmique n’ont pas le temps de réabsorber le calcium ayant diusé dans le sarcoplasme. Par conséquent, les ponts d’union ormés au stimulus suivant sont plus nombreux et produisent donc une contraction plus orte. La chaleur induite par la contraction musculaire rend par ailleurs les interactions moléculaires plus efcaces, notamment l’activité de l’enzyme ATPase. La orce des contractions augmente ainsi à chaque occurrence : c’est le phénomène de l’escalier (ou eet de réchauement). Que se passe-t-il si la réquence de stimulation augmente encore, passant de 20 à 40 stimulus/s (voir la fgure 10.20C) ? À cette réquence, le muscle n’a plus le temps de se relâcher avant d’être stimulé de nouveau. Chaque nouvelle stimulation ait
augmenter la orce contractile dans le muscle : ce phénomène se nomme sommation temporelle, car il résulte de l’augmentation de la réquence des stimulus (ou sommation par vagues en raison du ait que les contractions orment des vagues qui se cumulent). Si la réquence des stimulus continue d’augmenter, il reste encore moins de temps au muscle pour se relâcher entre deux contractions. Il passe alors à l’état de tétanos incomplet. L’écart entre les vagues diminuant, la tension augmente. Si la réquence des stimulations augmente encore pour atteindre de 40 à 50 stimulus/s, les contractions successives des fbres musculaires usionnent pour ormer une contraction constante et continue, sans intervalle de relâchement : il est alors question de tétanos complet (voir la fgure 10.20C). Si la stimulation se maintient, le muscle fnit par atteindre l’état de fatigue, puisque la répétition des stimulus induit une diminution de la tension musculaire. Chez l’humain, la stimulation nerveuse des muscles ne dépasse généralement pas les 25 stimulus/s. Le tétanos complet ne s’observe donc qu’en laboratoire. Dans la vie quotidienne, les contractions musculaires maintenues longuement permettent par exemple de porter des objets sur une longue période. Le système nerveux stimule alternativement diérentes unités motrices des mêmes muscles de manière à ce que leurs activations se chevauchent, ce qui maintient la tension musculaire plus longtemps.
Vérifiez vos connaissances 23. Que se passe-t-il dans la sommation temporelle ?
Expliquez l’importance de ce processus dans le corps humain.
FIGURE 10.20 Réaction du muscle squelettique aux variations de la fréquence des stimulus ❯ A. Les stimulations étant espacées, chacune des secousses musculaires induit
Fréquence (< 10 stimulus/s) A. Secousse musculaire
Tétanos incomplet Tétanos complet
Tension musculaire
Stimulus Tension musculaire
Tension musculaire
Tension musculaire
la même tension dans le muscle. B. Le phénomène de l’escalier se défnit par un accroissement de la tension musculaire attribuable au ait qu’il reste des ions Ca 2+ en dehors du réticulum sarcoplasmique au moment où le stimulus suivant est déclenché et que la température du muscle augmente. Les stimulus sont appliqués à réquence et à intensités constantes. C. La sommation temporelle, le tétanos incomplet et le tétanos complet surviennent quand le muscle est exposé à des stimulations de réquences plus élevées causant un relâchement de plus en plus incomplet du muscle entre deux stimulus.
Fréquence (10-20 stimulus/s) B. Phénomène de l’escalier
Fatigue Sommation temporelle
Fréquence (20-50 stimulus/s) C. Sommation temporelle, tétanos incomplet et tétanos complet
420 Partie II Le soutien et les mouvements du corps
10.7 Les acteurs infuant
sur la tension musculaire squelettique dans l’organisme
L’analyse de la tension musculaire squelettique se poursuit par une description des acteurs qui déterminent l’action des muscles dans le corps humain, notamment le tonus musculaire, la relation entre la tension musculaire et la résistance, l’incidence du chevauchement des myoflaments sur l’activation de la contraction et les causes de la atigue musculaire.
10.7.1 1
Le tonus musculaire
Ces contractions aléatoires d’un nombre restreint d’unités motrices activées à tour de rôle, appelées tonus musculaire de base (ou tonus musculaire de fond), maintiennent une certaine tension dans le muscle. Elles n’induisent pas une tension sufsante pour provoquer le mouvement, mais maintiennent une tension constante dans les tendons et stabilisent ainsi la position des os et des articulations. Cependant, le tonus musculaire diminue pendant le sommeil paradoxal, lequel est caractérisé par les mouvements oculaires rapides.
Vériiez vos connaissances 24. À quoi sert le tonus musculaire squelettique ?
10.7.2
Décrire le tonus musculaire et expliquer son importance pour le fonctionnement du corps humain.
Même au repos, les muscles ne sont jamais complètement détendus. Le tonus musculaire est la tension musculaire au repos induite par la stimulation nerveuse involontaire du muscle. Quelques unités motrices du muscle sont activées de manière aléatoire pour maintenir une tension constante. Elles sont par ailleurs activées à tour de rôle pour éviter la atigue.
La tension musculaire est inférieure à la résistance.
2
Les contractions isométriques et isotoniques
Distinguer les contractions isométriques et isotoniques en donnant des exemples pour chacune des deux catégories.
Le résultat d’une contraction musculaire volontaire dépend essentiellement de ces deux acteurs : 1) la orce déployée par le muscle ; 2) la résistance (charge) à laquelle il s’oppose. Si sa tension est inérieure à la résistance, donc si la orce déployée est inérieure à la charge, le muscle ne produit aucun mouvement. Une telle contraction musculaire est dite isométrique (isos = égal, metrikos = mesure), c’est-à-dire que le muscle se contracte et que sa tension La tension musculaire est augmente, mais sa longueur reste la supérieure à la résistance. même. Les actions suivantes constituent quelques exemples de contractions isométriques : pousser des Le muscle deux bras contre un mur, notamment raccourcit. pour étirer les muscles des jambes ; porter un poids très lourd sans mouvoir le bras ; tenter de soulever une pelletée de neige trop lourde ; tenir un bébé dans ses bras sans bouger FIGURE 10.21A . Le muscle s’allonge.
Contraction isométriqe
Contraction isotonique
La tension musculaire est inférieure à la résistance. Le muscle est mis en tension, mais il ne se raccourcit pas et n’induit aucun mouvement du corps.
La tension musculaire est supérieure à la résistance. Le muscle raccourcit (contraction concentrique) ou s’ allonge (contraction excentrique) ; dans les deux cas, le muscle produit un mouvement.
A.
B.
FIGURE 10.21 Contraction isométrique et contraction isotonique
❯ Une contraction musculaire volontaire peut être isométrique ou isotonique, selon la force déployée et le degré de résistance rencontrée par le muscle.
Quand la tension musculaire est supérieure à la résistance, c’est-à-dire quand la orce déployée est plus grande que la charge, la contraction du muscle produit un mouvement et cette contraction est dite isotonique (tonikos = qui se tend). Le tonus musculaire reste constant même si la longueur du muscle change. Les activités suivantes induisent des contractions isotoniques : marcher ; soulever un bébé ; rapper dans une balle de tennis avec une raquette. Les contractions isotoniques se répartissent en deux sous-catégories défnies par l’eet de la contraction sur la longueur
Chapitre 10 Le tissu musculaire 421
du muscle (voir la fgure 10.21B). Les contractions isotoniques qui raccourcissent les muscles engagés sont dites concentriques : lorsqu’une personne soulève un bébé, ses biceps brachiaux (muscle antérieur du bras) eectuent une contraction concentrique. À l’inverse, les contractions qui allongent le muscle sont dites excentriques : lorsqu’une personne dépose un bébé dans son berceau, ses biceps brachiaux engagent une contraction excentrique.
Vérifiez vos connaissances 25. Quand vous pliez les bras pour gonfer vos biceps,
quel type de contraction induisez-vous dans ces muscles ?
10.7.3
INTÉGRATION APPLICATION CLINIQUE
Les contractions musculaires isométriques et l’augmentation de la pression artérielle
Tension musculaire (en % du maximum)
En général, les contractions isométriques soutenues des muscles squelettiques induisent une augmentation de la pression artérielle. Les personnes sourant d’hypertension doivent par conséquent redoubler de prudence dans leurs activités sportives, car elles peuvent aire augmenter leur risque de crise cardiaque. Les personnes présentant un risque cardiaque doivent aussi aire preuve de discernement pendant les tempêtes de neige. Les contractions musculaires isométriques soutenues qu’il aut déployer pour pelleter l’accumulation de neige peuvent aire augmenter la pression artérielle bien au-delà de la normale.
3
La relation entre la longueur et la tension
Expliquer la relation entre la longueur et la tension d’un muscle squelettique pendant la contraction.
Le principe de la relation longueur-tension stipule que l’ampleur du chevauchement des flaments épais et des flaments fns au début de la contraction musculaire détermine en partie la tension maximale que le muscle peut atteindre. En d’autres termes, la tension déployée par un muscle dépend de sa longueur au moment de la stimulation. La représentation graphique de la relation entre la longueur et la tension s’appelle la courbe longueur-tension FIGURE 10.22. La capacité contractile des fbres musculaires squelettiques atteint son apogée quand le muscle n’est ni contracté ni étiré. À sa longueur de repos, le chevauchement de ses flaments épais et fns s’avère optimal pour produire une contraction orte et puissante. À l’inverse, la stimulation d’un muscle déjà contracté ou très étiré produit une contraction plus aible. Dans le premier cas (muscle déjà contracté), la contraction est restreinte par le ait que les flaments épais se trouvent très près des lignes Z, ce qui ait en sorte que les flaments glissants sont limités dans leurs déplacements. Dans le second cas (muscle étiré), elle est restreinte par le ait que les flaments épais et fns se chevauchent très peu, ce qui limite la ormation de ponts d’union. S’il aut soulever un haltère relativement lourd, il est avantageux de plier
B. Longueur de repos
FIGURE 10.22
A. Contraction
100
Courbe longueur-tension C. Étirement
75
50
25
0 0,5
1,0
1,5
2,0 2,5 3,0 Longueur des sarcomères (en µm)
3,5
4,0
❯ Cette gure illustre la relation entre la tension déployée par un muscle et sa longueur juste avant la stimulation. A. Si le muscle est déjà contracté au moment de la stimulation, il lui reste moins de latitude pour raccourcir et il déploie donc une contraction relativement aible. B. Si le muscle est à sa longueur de repos au moment de la stimulation, le chevauchement de ses myolaments est alors optimal et il peut atteindre sa contrac tion maximale. C. Si le muscle est très étiré au moment de la stimulation, ses myola ments se chevauchent très peu et sa capacité de contraction est limitée.
422 Partie II Le soutien et les mouvements du corps
légèrement le coude plutôt que de tendre le bras, car l’extension réduit le chevauchement des flaments épais et fns.
Vérifiez vos connaissances 26. À la lumière du principe de la relation longueur-
tension, comparez la orce contractile que vous pou vez mobiliser dans vos muscles dorsaux pour soulever un objet du sol selon que vous vous penchez en pliant les genoux ou que vous vous penchez, jambes tendues. Justifez votre réponse.
10.7.4
les mitochondries maintient généralement les taux d’ATP à un niveau normal pendant les activités physiques soutenues. Il reste touteois à déterminer si l’ATP pourrait avoriser la atigue musculaire en raison de son emplacement dans la cellule, soit à l’intérieur des mitochondries, et non à proximité des myoflaments pour permettre le ractionnement de l’ATP en ADP et en Pi.
Vérifiez vos connaissances 27. Expliquez les causes possibles de atigue musculaire
à chacune des trois étapes de la contraction musculaire squelettique.
La fatigue musculaire INTÉGRATION LIENS ENTRE LES CONCEPTS
4
Défnir la atigue musculaire et décrire certaines de ses causes.
La fatigue musculaire est l’incapacité ou la difculté du muscle à se mettre en tension. Elle résulterait de la combinaison de plusieurs acteurs tels que la diminution des réserves de glycogène ou d’acides gras, le manque d’oxygène ou l’accumulation d’acide lactique (Wilmore, Costill & Kenney, 2009). Elle peut également avoir bien d’autres causes qui se classent selon l’étape physiologique de la contraction musculaire. • Excitation à la jonction neuromusculaire. À cette étape, la atigue musculaire peut résulter d’une insufsance du nombre d’ions Ca 2+ libres présents dans la jonction neuromusculaire pour entrer dans le bouton synaptique, ou d’une insufsance du nombre des vésicules synaptiques susceptibles de libérer le neurotransmetteur. Dans les deux cas, la capacité des neurones moteurs à stimuler les muscles se trouve réduite. • Couplage excitation-contraction. Dans ce cas-ci, la atigue musculaire peut être provoquée par une variation de la concentration ionique (p. ex., celle des ions Na+ ou des ions K+) qui amoindrit la capacité de la fbre musculaire à propager le potentiel d’action musculaire le long du sarcolemme, ce qui entrave la libération des ions Ca 2+ du réticulum sarcoplasmique. • Cycle des ponts d’union. À ce stade, la atigue musculaire peut être causée par une augmentation de la concentration des Pi. Quand elle est élevée, la concentration des P i dans le sarcoplasme musculaire entrave la libération de ces ions des têtes de myosine pendant le cycle des ponts d’union, ce qui ralentit ce cycle. La atigue musculaire peut également se aire sentir quand le nombre d’ions Ca 2+ susceptibles d’être libérés du réticulum sarcoplasmique est insufsant en raison notamment de la liaison des Ca 2+ aux Pi excédentaires. Les ions Ca 2+ étant alors moins nombreux à se lier à la troponine, la contraction musculaire est plus aible. Par conséquent, la concentration élevée des Pi et la aible concentration des Ca 2+ empêchent le muscle de déployer sa orce maximale pendant la contraction. L’insufsance de l’ATP dans la fbre musculaire n’est pas considérée comme une cause importante de atigue musculaire (Poortmans, 2009). En eet, la respiration cellulaire aérobie dans
La atigue mentale (appelée également atigue nerveuse ou atigue centrale) correspond à une baisse de la commande motrice par le système nerveux qui se traduit par une diminution des perormances physiques. Cette atigue s’expliquerait par l’augmentation de certains neurotransmetteurs dans le cerveau, notamment la sérotonine (Blomstrand, 2001). Pendant une activité physique soutenue, les acides aminés quittent les cellules et sont acheminés par la circulation sanguine jusqu’au oie, qui les utilise pour produire du glucose additionnel par néoglucogenèse, c’est-à-dire la synthèse de glucose à partir de sources non glucidiques (voir la section 17.7). Cependant, le tryptophane, un acide aminé, peut s’accumuler dans le sang, traverser la barrière hématoencéphalique et se transormer en sérotonine. Cette augmentation de sérotonine serait associée à la atigue mentale.
10.8 Les effets de l’exercice
et du vieillissement sur le muscle squelettique
L’activité physique et le vieillissement produisent diérents eets sur la musculature squelettique. Cette section décrit les conséquences d’une activité physique soutenue et celles du manque d’exercice, ainsi que les changements qui accompagnent l’avancée en âge.
10.8.1 1
Les effets de l’exercice
Comparer les eets d’un programme régulier d’activité physique sur les muscles squelettiques à ceux de la sédentarité.
10.8.1.1 Les effets d’un programme régulier
d’activité physique sur les muscles L’activité physique qui stimule à répétition les fbres musculaires squelettiques se traduit notamment par une augmentation de
Chapitre 10 Le tissu musculaire 423
leur taille, c’est-à-dire une hypertrophie (hyper = au-dessus, audelà, trophê = excès de nutrition) (voir la section 5.7.2). L’hypertrophie induit une augmentation du nombre de mitochondries, un accroissement des réserves de glycogène et une élévation de la capacité de production de l’ATP. En outre, chacune des bres musculaires ainsi stimulées produit de nouvelles myobrilles contenant des myolaments supplémentaires. Tous ces changements surviennent à l’occasion de la mise en œuvre d’un programme d’activité physique soutenue. Ainsi, les culturistes et les haltérophiles de haut niveau arborent une musculature visiblement hypertrophiée. Le maintien d’une bonne santé musculaire n’exige cependant pas d’aller jusqu’à de tels extrêmes. Le nombre de bres musculaires peut également augmenter, dans une certaine mesure, au l d’un programme régulier d’activité physique : ce phénomène s’appelle l’hyperplasie.
10.8.1.2 Les effets du manque d’activité physique
sur les muscles Quand les muscles sont trop peu sollicités, la taille de leurs bres diminue : c’est l’atrophie (a = sans). Le manque d’exercice induit une diminution de la taille des bres musculaires, mais aussi du tonus et de la puissance du muscle, qui devient fasque. L’atrophie musculaire peut survenir rapidement. Par exemple, lorsqu’une personne se casse la jambe ou le bras, les muscles sont visiblement moins développés et moins toniques au retrait du plâtre. La paralysie causée par des lésions du système nerveux provoque également une diminution graduelle du tonus musculaire et du volume des muscles dans les régions du corps qui sont immobilisées. L’atrophie musculaire est réversible dans ses premiers stades ; par contre, les bres musculaires très endommagées ou
INTÉGRATION APPLICATION CLINIQUE
Les douleurs musculaires causées par l’activité physique Certaines personnes croient souvent, à tort, que les douleurs musculaires ressenties à la n d’une période d’activité physique sont causées par l’accumulation d’acide lactique produit par la voie anaérobie. En réalité, ces douleurs s’expliquent en partie par des microdéchirures des bres musculaires squelettiques lorsque l’eort du muscle est inhabituel ou lorsqu’une charge lourde est soulevée. Ces microdéchirures créent des œdèmes par la uite d’ions Ca2+ intracellulaires, produisant ainsi de l’infammation. C’est cette infammation aisant suite aux microdéchirures qui erait apparaître les douleurs musculaires (Pasquet, Potier, Robert et al., 2004). La douleur peut parois prendre du temps à apparaître, soit quelques heures ou quelques jours après la séance d’entraînement. Elle disparaît avec le temps.
nécrosées ne peuvent pas être remplacées. En cas d’atrophie extrême, du tissu conjoncti prend la place du muscle, et la onction musculaire est dénitivement perdue. Les personnes qui subissent une perte de mobilité temporaire doivent donc suivre un bon programme de physiothérapie pour éviter l’atrophie musculaire.
Vérifiez vos connaissances 28. Quelles sont les modications anatomiques qui se
produisent dans la bre musculaire squelettique en voie d’hypertrophie ?
10.8.2 2
Les effets du vieillissement
Résumer les eets du vieillissement sur les muscles squelettiques.
Vers le milieu de la trentaine, la baisse du niveau d’activité physique induit généralement une diminution lente et progressive de la masse musculaire squelettique. Les muscles squelettiques perdent également en taille et en puissance. Très souvent, la masse musculaire perdue est remplacée par du tissu adipeux ou du tissu conjoncti breux. Le nombre de bres musculaires diminue ainsi que leur diamètre. Cet amincissement des bres s’explique par le ait que la taille et le nombre des myobrilles diminuent, mais aussi le nombre de myolaments. La myoglobine étant moins abondante, la capacité d’entreposage de l’oxygène diminue. Avec le temps, les réserves de glycogène s’amenuisent également, et la capacité de production d’ATP s’amoindrit. Globalement, la orce et l’endurance musculaires diminuent, et la atigue se manieste plus rapidement. Le vieillissement s’accompagne souvent d’un recul des capacités cardiovasculaires qui rend l’approvisionnement circulatoire des muscles actis beaucoup plus lent chez les personnes âgées qui commencent à aire de l’exercice. Plus le corps avance en âge, plus sa capacité à se remettre d’une maladie ou d’une lésion musculaire diminue, puisque le nombre de cellules satellites dans les muscles squelettiques baisse. Ainsi, les lésions musculaires peuvent laisser un tissu cicatriciel qui témoigne de la détérioration des capacités de régénération du tissu musculaire. De plus, les muscles squelettiques perdent de leur élasticité au l des ans. La masse musculaire cède la place à du tissu conjoncti dense régulier (breux) : ce processus s’appelle la fbrose. La proliération relative du tissu conjoncti dans le corps diminue la souplesse des muscles et l’accroissement des bres de collagène peut restreindre la circulation sanguine et les mouvements. Quelles que soient les habitudes de vie et la pratique sportive exercée, la diminution des capacités musculaires au l des ans est inévitable pour tous, bien qu’elle puisse être retardée par le maintien d’une bonne orme physique.
Vérifiez vos connaissances 29. Quelles sont les modications qui se produisent dans
la musculature squelettique durant le vieillissement ?
424 Partie II Le soutien et les mouvements du corps
INTÉGRATION APPLICATION CLINIQUE
Les stéroïdes anabolisants, stimulants de la performance sportive Les stéroïdes anabolisants sont des produits de synthèse qui imitent l’action de la testostérone. Le terme anabolisme désigne la synthèse d’une molécule complexe, par exemple une protéine, à partir de molécules simples, comme des acides aminés. Au Canada, les stéroïdes anabolisants ne peuvent être délivrés sans ordonnance (Centre canadien pour l’éthique dans le sport, 2006). Ils sont en principe réservés à quelques usages médicaux bien précis, notamment le traitement de la puberté tardive, de certains types d’impuissance et de l’amaigrissement causé par l’inection par le VIH ou par d’autres maladies. Cependant, comme les stéroïdes anabolisants stimulent la production de protéines musculaires, certains athlètes s’en servent pour améliorer leurs perormances sportives. L’obtention d’un accroissement musculaire sufsamment important pour améliorer la puissance ou la rapidité du muscle exige touteois l’assimilation de doses massives de stéroïdes anabolisants. Le prix à payer en contrepartie de cette amélioration des rendements peut cependant s’avérer très lourd. Des recherches démontrent ainsi que l’utilisation prolongée des stéroïdes anabolisants entraîne de nombreux eets secondaires : accroissement du risque de maladie cardiaque et d’accident vasculaire cérébral ; lésions rénales ; tumeurs hépatiques ;
atrophie testiculaire ; baisse du nombre de spermatozoïdes ; ormation anormale de tissu mammaire chez l’homme ; acné ; hypertension artérielle ; agressivité ; altérations de la personnalité ; etc. (Hartgens & Kuipers, 2004). Chez la emme, les stéroïdes anabolisants imitant les eets de la testostérone peuvent engendrer un dérèglement du cycle menstruel, l’apparition d’une pilosité aciale et, dans certaines situations extrêmes, l’atrophie de l’utérus et des glandes mammaires ; des cas de stérilité ont même été rapportés (Hartgens & Kuipers, 2004). À ces eets secondaires s’ajoutent les risques imputables au mode d’administration et aux inections qui peuvent en découler : la plupart des préparations stéroïdiennes devant être injectées, le partage ou l’utilisation douteuse des aiguilles peut augmenter l’exposition à des microorganismes pathogènes, et donc le risque de maladies (p. ex., le sida ou l’hépatite).
10.9 Le tissu musculaire
cardiaque
1
Décrire les points communs et les diérences entre le muscle squelettique et le muscle cardiaque. Endomysium Disques intercalaires
En plus des muscles squelettiques, la musculature humaine compte deux autres types de tissu musculaire : cardiaque et lisse (voir la section 5.4). Cette section porte sur les grandes caractéristiques du muscle cardiaque (voir la section 19.3.5). Les cellules musculaires cardiaques composent la paroi du cœur FIGURE 10.23. Plus courtes et plus épaisses que les fbres musculaires squelettiques, elles mesurent environ 15 µm de diamètre et de 50 à 100 µm de longueur. Les cellules musculaires cardiaques comportent par ailleurs une ramifcation caractéristique, et chacune d’elles est liée à ses voisines par des disques intercalaires: ces structures jonctionnelles propres au muscle cardiaque se composent de desmosomes et de jonctions ouvertes (voir la section 4.5.4). Les cellules musculaires cardiaques ne possèdent que un ou deux noyaux et elles sont striées comme les fbres musculaires squelettiques, puisqu’elles contiennent des sarcomères. Elles possèdent également de nombreuses mitochondries et produisent l’ATP indispensable à leur travail, qui s’eectue presque exclusivement par respiration aérobie. Le muscle cardiaque est stimulé par autorythmie. Il s’agit de cellules autoexcitables, c’est-à-dire qu’elles ont la capacité de
Jonctions ouvertes
Desmosomes
Mitochondrie Sarcolemme
Cellule musculaire Noyau cardiaque
FIGURE 10.23 Muscle cardiaque
❯ Le tissu musculaire cardiaque est propre à la paroi du cœur. Les cellules musculaires cardiaques sont ramifées et liées entre elles par les disques intercalaires.
Chapitre 10 Le tissu musculaire 425
générer des potentiels d’action musculaire sans contribution externe, donnant ainsi l’impulsion du rythme cardiaque. Ces cellules agissent comme un stimulateur cardiaque. Le système nerveux autonome intervient aussi dans le processus, puisqu’il régit la orce et la réquence des contractions du muscle cardiaque (voir le chapitre 15).
Lumière
MO 200 x
Muscle Mu lisse liss
Vérifiez vos connaissances
Système cardiovasculaire (vaisseau sanguin)
30. Nommez trois différences anatomiques ou
physiologiques entre le tissu musculaire squelettique et cardiaque.
Lumière
MO 26 x
Muscle lisse
10.10 Le tissu musculaire lisse
Système respiratoire (bronchiole)
Présent dans tout le corps humain, le tissu musculaire lisse représente environ 2 % de la masse corporelle chez l’adulte. Cette section décrit ses grandes caractéristiques, notamment sa répartition dans le corps, son anatomie microscopique, son mécanisme de contraction, les dispositis qui le régissent ainsi que sa classifcation onctionnelle.
10.10.1
MO 25 x
Lumière
La localisation des muscles lisses
Muscle lisse Système digestif (gros intestin) Lumière
Nommer des organes de différents systèmes contenant du tissu musculaire lisse. Muscle lisse
MO 18 x
1
Le tissu musculaire lisse est présent dans les parois d’organes creux de diérents systèmes du corps humain. Sa onction varie selon son emplacement FIGURE 10.24.
Système urinaire (vessie)
• Système cardiovasculaire. Les tissus musculaires lisses des vaisseaux sanguins régulent la pression artérielle et la distribution du sang.
Lumière
• Système respiratoire. Les tissus musculaires lisses des bronchioles (voies respiratoires) contrôlent le volume d’air qui entre et sort des alvéoles pulmonaires.
Système génital (utérus)
• Système urinaire. Les tissus musculaires lisses des uretères acheminent l’urine des reins jusqu’à la vessie. • Système génital féminin. Les tissus musculaires lisses de l’utérus permettent d’expulser le bébé à l’accouchement. Le muscle lisse n’est pas confné aux organes cités précédemment. Il est également présent dans plusieurs structures spécialisées : dans l’iris oculaire, il régit la quantité de lumière qui entre dans l’œil ; dans le corps ciliaire, il permet de ocaliser la vision sur un objet (voir la section 16.4.2) ; dans les muscles arrecteurs des poils, il produit la chair de poule (voir la section 6.3.2).
Muscle lisse
MO 45 x
• Système digestif. Les tissus musculaires lisses de l’estomac, de l’intestin grêle et du gros intestin mélangent et propulsent les aliments ingérés dans le tube digesti.
FIGURE 10.24 Emplacements du muscle lisse dans le corps humain
❯
Le tissu musculaire lisse est présent dans de nombreuses structures du corps humain, notamment dans les parois de la plupart des organes creux.
Le tissu musculaire lisse présente certaines similitudes avec les tissus musculaires squelettique et cardiaque. Par exemple, ses cellules peuvent augmenter de volume (hypertrophie).
426 Partie II Le soutien et les mouvements du corps
Il possède par contre une meilleure capacité d’augmentation du nombre de ses cellules par mitose (hyperplasie). Le tissu musculaire lisse de la paroi de l’utérus constitue un bon exemple de ces deux propriétés. Pendant la grossesse, il s’épaissit considérablement par hypertrophie et hyperplasie (voir la section 29.5.3). Pour n’importe quel tissu corporel, la aculté mitotique, c’està-dire la capacité à se développer par mitose, représente un avantage important. En cas de lésion, cette aculté lui permet de se régénérer sous la orme d’un tissu en tous points semblable au tissu d’origine, au lieu d’être remplacé par du tissu cicatriciel (voir la section 4.8). En examinant la répartition du muscle lisse dans le corps humain, il aut se rappeler qu’il est généralement remplacé par un nouveau tissu musculaire lisse en cas de lésion et qu’il peut ainsi continuer à onctionner de la même açon.
Vérifiez vos connaissances
10.10.2 2
L’anatomie microscopique
Comparer l’anatomie microscopique du muscle lisse à celle du muscle squelettique.
Les cellules musculaires lisses sont de petites structures usiormes (en orme de useaux, renfées en leur milieu et minces à leurs extrémités) pourvues d’un noyau central FIGURE 10.25. Elles mesurent généralement de 5 à 10 µm de diamètre et de 50 à 200 µm de longueur. Par rapport à la bre musculaire squelettique, leur diamètre peut donc être 10 ois plus petit, et leur longueur peut être plusieurs milliers de ois inérieure. Une gaine d’endomysium entoure chacune des cellules musculaires lisses. Les extrémités elées de la cellule chevauchent la zone centrale renfée des cellules voisines pour ormer un tissu compact. Les cellules musculaires lisses ne possèdent pas de jonctions neuromusculaires comme dans le muscle squelettique. Les
31. Où se situe le muscle lisse dans le corps humain ?
Sarcolemme Cavéoles Cytosquelette (filaments intermédiaires)
Varicosité de l’axone moteur autonome
Noyau Mitochondrie
Cellule musculaire lisse contractée
Cellule musculaire lisse
Plaque dense A. Cellules musculaires lisses enchevauchées
Corps dense Filament intermédiaire Filament épais Filament fin
Cellules voisines couplées physiquement aux plaques denses
Noyau Corps dense
Corps dense
B. Cellules musculaires lisses au repos
C. Cellules musculaires lisses contractées
FIGURE 10.25 Anatomie microscopique du tissu musculaire lisse
❯
A. Fusiormes, les cellules musculaires lisses se chevauchent pour ormer des amas cellulaires compacts. B. Au repos, elles sont étirées en orme de useaux longs. C. Pendant la contraction, elles sont
regroupées les unes contre les autres par les protéines contractiles des flaments intermédiaires, qui tirent sur les corps denses du sarcoplasme et sur les plaques denses de la membrane plasmique.
Chapitre 10 Le tissu musculaire 427
muscles lisses sont donc reliés au système nerveux autonome par les varicosités axonales (renfements permettant la libération des neurotransmetteurs) présentes en grand nombre sur l’axone du neurone moteur autonome. Le sarcolemme des cellules musculaires lisses contient plusieurs types de canaux ioniques à Ca 2+ (voltage-dépendants ou ligand-dépendants). Ils permettent aux cellules musculaires lisses de réagir à diérentes catégories de stimulus. Ces cellules ne possèdent pas de tubules T, et la surace de leur sarcolemme est accrue par la présence d’invaginations vésiculaires, les cavéoles. Peu développé, le réticulum sarcoplasmique se situe près du sarcolemme. Les ions Ca 2+ proviennent soit de l’extérieur de la cellule, soit du réticulum sarcoplasmique.
10.10.2.1 L’agencement des protéines d’ancrage et des
se révèlent par contre indispensables à la contraction : 1) la calmoduline, qui lie les ions Ca2+ pour constituer le complexe calcium-calmoduline (Ca2+-CaM); 2) la kinase de la chaîne légère de la myosine (KCLM), une enzyme activée par le complexe Ca2+-CaM pour phosphoryler (ajouter un groupement phosphate) les têtes de myosine du muscle lisse avec l’aide de l’ATPase. Les têtes de myosine peuvent par la suite ormer les ponts d’union avec l’actine et permettre le glissement de ceux-ci pour engendrer la contraction. Le tissu musculaire lisse contient une troisième protéine, la phosphatase de la chaîne légère de la myosine. Cette enzyme déphosphoryle les têtes de myosine, inactivant ainsi l’ATPase. Cette inactivation de l’ATPase est indispensable au relâchement du muscle lisse.
protéines contractiles dans le muscle lisse Le tissu musculaire lisse se compose notamment d’un agencement de structures protéiques d’ancrage qui lui est propre et qui est constitué du cytosquelette, des corps denses et des plaques denses. Le réseau cytosquelettique est un vaste maillage de flaments intermédiaires (voir la section 4.5.2). Ils sont tous reliés aux corps denses à leurs points de jonction dans le sarcoplasme de la cellule musculaire lisse et aux plaques denses à leurs sites d’arrimage sur la surace interne du sarcolemme. Par conséquent, les laments intermédiaires traversent toute la cellule musculaire lisse ; les corps denses les ancrent les uns aux autres comme des points de soudure, tandis que les plaques denses les ancrent à la membrane plasmique. Les protéines contractiles du tissu musculaire lisse sont disposées entre les corps denses et les plaques denses, et non dans les sarcomères, comme c’est le cas dans le tissu musculaire squelettique ou cardiaque. Les cellules musculaires lisses sont également dépourvues de lignes Z (les structures qui xent les sarcomères les uns aux autres, à chacune de leurs extrémités, dans les bres musculaires squelettiques). L’absence de sarcomères et de lignes Z dans les cellules musculaires lisses explique l’absence de stries ; c’est pourquoi ces muscles sont qualiés de lisses. Les protéines contractiles sont disposées à l’oblique ; elles orment donc un angle avec l’axe longitudinal de la cellule musculaire lisse et dessinent une spirale. Par conséquent, la contraction induit une torsion du muscle lisse, qui vrille comme la queue d’un tire-bouchon (voir la fgure 10.25C).
10.10.2.2 La comparaison entre les myoflaments
du muscle lisse et du muscle squelettique Les laments épais des muscles lisses sont pourvus de têtes de myosine sur toute leur longueur, et non uniquement à leurs extrémités, comme ceux des muscles squelettiques. Plus nombreuses, ces têtes de myosine peuvent établir un nombre plus élevé de ponts d’union avec l’actine, induisant ainsi des contractions musculaires plus puissantes. Les laments ns des muscles lisses se composent d’actine et de tropomyosine. Contrairement à ceux des bres musculaires squelettiques, ils ne contiennent pas de troponine susceptible de se lier aux ions Ca2+. Dans les muscles lisses, deux autres protéines
Vériiez vos connaissances 32. Comment les protéines contractiles et les flaments
d’ancrage sont-ils disposés dans les cellules musculaires lisses ? 33. Décrivez avec précision le rôle des structures sui -
vantes dans les cellules musculaires lisses : la calmoduline ; la kinase de la chaîne légère de la myosine ; la phosphatase de la chaîne légère de la myosine.
10.10.3 3
La contraction du muscle lisse
Expliquer l’enchaînement des étapes de la contraction du muscle lisse.
La contraction du muscle lisse ressemble à celle du muscle squelettique sur ces trois points : 1) ce sont les ions Ca 2+ qui la déclenchent ; 2) elle se manieste notamment par le glissement des laments ns sur les laments épais ; 3) elle nécessite la présence d’ATP. Comme le montre la FIGURE 10.26, ces deux contractions présentent cependant d’importantes diérences. Sous l’eet du stimulus, les ions Ca2+ entrent dans le sarcoplasme en provenance surtout du liquide interstitiel et du réticulum sarcoplasmique. Ils se lient à la calmoduline pour ormer le complexe Ca 2+-CaM, qui se lie ensuite à la KCLM et l’active. La KCLM activée phosphoryle les têtes de myosine, ce qui active l’ATPase des têtes de myosine et provoque leur arrimage à l’actine par la ormation des ponts d’union. L’ATPase de la myosine hydrolyse l’ATP, ce qui permet leur pivotement. Les têtes de myosine se libèrent et s’arriment de nouveau à l’actine de manière répétée, tirant ainsi les laments ns sur les laments épais. Ce glissement des laments induit une traction sur les corps denses adjacents ancrés aux laments intermédiaires du cytosquelette et sur les plaques denses xées au sarcolemme. Les laments d’ancrage se déplacent vers l’intérieur, et la cellule musculaire lisse tout entière raccourcit (voir la fgure 10.25C). Le processus du relâchement d’un muscle lisse s’avère plus complexe que celui d’un muscle squelettique. En plus de l’arrêt de la stimulation et de l’expulsion des ions Ca2+ du sarcoplasme,
428 Partie II Le soutien et les mouvements du corps
1 Ouverture des canaux ioniques à Ca2+ voltage-dépendants
Ca2+
Le stimulus (p. ex., le potentiel d’action musculaire ou l’étirement du muscle) déclenche l’ouverture des canaux ioniques à Ca2+ voltage-dépendants. Les ions Ca2+ entrent dans le sarcoplasme, en provenance essentiellement du liquide interstitiel.
Cavéole
1
Calmoduline
Canal ionique à Ca2+ voltagedépendant
Liquide interstitiel
2 Liaison du calcium à la calmoduline Les ions Ca2+ se lient à la calmoduline pour former le complexe Ca2+-CaM.
2
Cytosol
-
3 Activation de la kinase de la chaîne légère
Complexe Ca2+-CaM
de la myosine
3
Le complexe Ca2+-CaM active la KCLM, une enzyme phosphorylante.
KCLM inactive KCLM activée
ATP ADP
4
Pi
4 Activation des têtes de myosine La KCLM activée phosphoryle les têtes de myosine, ce qui active la myosine ; ce processus est relativement lent.
Pi
5
FIGURE 10.26 Contraction du muscle lisse
❯
Cette fgure illustre les diérentes étapes de la contraction musculaire lisse.
5 Formation des ponts d’union, pivotement, réarrimage Les têtes de myosine activées se lient aux filaments fins pour former des ponts d’union. L’ATPase de la myosine hydrolyse l’ATP, procurant ainsi l’énergie nécessaire au pivotement. La force générée par la répétition de ce processus se transmet aux filaments d’ancrage, et les cellules musculaires lisses raccourcissent.
le relâchement du muscle lisse nécessite la déphosphorylation de la myosine par la phosphatase de la chaîne légère de la myosine.
des parois des viscères, par exemple celles du tube digesti et des vaisseaux sanguins.
10.10.3.1 Les caractéristiques de la contraction
L’endurance
musculaire lisse La contraction des muscles lisses présente trois caractéristiques qui assurent un bon onctionnement de ces structures.
Le déclenchement et la durée de la contraction En général, la contraction du muscle lisse se produit assez lentement. L’apogée de la tension est atteint environ 500 ms après la stimulation. Ce temps de latence relativement long est principalement attribuable à la phosphorylation des têtes de myosine par les enzymes KCLM et aux fuctuations du rythme d’action de l’ATPase. La contraction s’étend souvent sur une à deux secondes, et ce, pour deux raisons : la lenteur de l’expulsion des ions Ca 2+ du sarcoplasme par les pompes à Ca 2+ et la nécessité de la déphosphorylation des têtes de myosine par la phosphatase. Il est essentiel que la contraction des muscles lisses se maintienne sur une certaine période, car ce sont les muscles lisses qui assurent le tonus (contraction tonique)
Par rapport à celle des muscles squelettiques, la contraction des muscles lisses exige un apport énergétique relativement aible. L’ATP provient généralement de la respiration cellulaire aérobie. Les muscles lisses peuvent rester contractés longtemps sans se atiguer, une propriété indispensable pour maintenir les contractions toniques évoquées précédemment.
La courbe longueur-tension La courbe longueur-tension des muscles lisses est plus large que celle des muscles squelettiques. Comme cela a été mentionné précédemment, la puissance de la contraction musculaire squelettique dépend de la longueur du muscle au moment de la stimulation. Pour produire une contraction maximale, le muscle doit se trouver à sa longueur de repos au déclenchement du stimulus. S’il est déjà raccourci ou étiré au moment de la stimulation, la puissance de sa contraction sera nécessairement plus limitée (voir la fgure 10.22). Dans le premier cas, les lignes Z empêcheront le muscle de raccourcir encore ; dans le second,
Chapitre 10 Le tissu musculaire 429
l’absence de têtes de myosine au centre des flaments épais entravera sa contraction. Les muscles lisses n’étant soumis à aucune de ces deux restrictions, ils peuvent produire d’importantes contractions, même s’ils sont comprimés à la moitié de leur longueur de repos ou étirés au double de cette longueur. Par exemple, la présence d’un volume important d’urine dans la vessie étire les parois de cet organe. Plus le volume d’urine est important, plus le muscle lisse de la paroi vésicale est étiré. La capacité de ce muscle lisse à se contracter avec orce, indépendamment (ou presque) de son degré d’étirement, permet de vider la vessie, quel que soit le volume d’urine qu’elle contient.
Vérifiez vos connaissances 34. Quelles sont les étapes de la contraction dans
les muscles lisses ? 35. Quelles sont les caractéristiques propres aux muscles
lisses qui leur permettent d’assurer leurs onctions ? Expliquez.
10.10.4 4
36. Quels sont les diérents types de stimulations
qui régissent les muscles lisses ? 37. Expliquez le mécanisme de contraction-relâchement
des muscles lisses.
10.10.5
Les catégories fonctionnelles des muscles lisses
5
Expliquer la principale diérence onctionnelle entre les muscles lisses multiunitaires et les muscles lisses unitaires.
6
Comparer l’emplacement et les mécanismes de contrôle des muscles lisses multiunitaires et des muscles lisses unitaires.
Les muscles lisses se répartissent en deux grandes catégories selon que leurs fbres se contractent indépendamment les unes des autres ou solidairement. Les cellules musculaires lisses multiunitaires réagissent séparément les unes des autres aux stimulations contractiles, tandis que les cellules musculaires lisses unitaires se contractent ensemble (en syncytium) FIGURE 10.27.
Le contrôle du muscle lisse
Présenter rapidement les structures et les processus qui régissent les muscles lisses.
La contraction des muscles lisses de la paroi du tube digesti échappe à la volonté. Qui n’a jamais ressenti l’embarras d’entendre son ventre gargouiller au moment le moins opportun ? Les muscles lisses sont contrôlés par le système nerveux autonome, soit la partie du système nerveux qui gouverne le contrôle involontaire du muscle cardiaque, des muscles lisses et des glandes. Sous l’eet de cette stimulation nerveuse, le muscle lisse se contracte ou se relâche, selon le neurotransmetteur libéré. Ainsi, les tissus musculaires lisses des parois des bronchioles se contractent quand ils sont exposés à l’ACh et se relâchent en présence de noradrénaline. Les muscles lisses se contractent également quand ils sont soumis à un étirement, mais cette contraction ne dure pas. En eet, l’étirement du muscle lisse enclenche le mécanisme contractionrelâchement, c’est-à-dire qu’il induit d’abord une contraction du muscle lisse, puis son relâchement. Par exemple, l’ingestion d’aliments étire les parois de l’estomac. Le tissu musculaire de ces structures se contracte et, au bout d’un certain temps, il se détend et permet ainsi la poursuite du repas, soit l’entrée de nourriture additionnelle dans l’estomac. La contraction du muscle lisse peut également être déclenchée par diérentes hormones, une baisse du pH, une insufsance de l’oxygénation, une élévation du taux de dioxyde de carbone, certains médicaments ou encore par les cellules autoexcitables (ou cellules pacemaker). Par exemple, l’ocytocine (hormone) induit des contractions du tissu musculaire lisse de l’utérus pour expulser l’enant au moment de l’accouchement. La gastrine (hormone) induit des contractions rythmiques du tissu musculaire lisse des parois de l’estomac dans le but de avoriser le brassage des aliments.
Vérifiez vos connaissances
Le tissu musculaire multiunitaire est présent notamment dans l’œil (dans l’iris et dans les muscles ciliaires), dans les
FIGURE 10.27 Muscles lisses multiunitaires et unitaires
❯ A. Les fbres des muscles lisses multiunitaires se contractent indépendamment les unes des autres. Elles sont agencées en unités motrices similaires à celles des fbres musculaires squelettiques, à l’exception du neurone moteur autonome. B. Les cellules des muscles lisses unitaires se contractent de concert. Les nombreuses varico sités des neurones moteurs autonomes qui Vésicule stimulent le muscle lisse ainsi synaptique que les jonctions ouvertes Neurone moteur avorisent cette contraction autonome musculaire à l’unisson. Varicosité
Neurone moteur autonome
Jonctions ouvertes Synapses Varicosité Neurone moteur autonome A. Muscle lisse multiunitaire
B. Muscle lisse unitaire
430 Partie II Le soutien et les mouvements du corps
muscles arrecteurs des poils, dans la paroi des grandes voies respiratoires et dans celle des grandes artères. Les cellules musculaires lisses de ces structures corporelles sont disposées en unités motrices et possèdent une jonction neuromusculaire. Ces deux caractéristiques sont également présentes dans les muscles squelettiques, à l’exception du neurone moteur du muscle lisse multiunitaire qui appartient au système nerveux autonome. L’intensité de la contraction musculaire lisse est déterminée par le nombre d’unités motrices activées : plus le nombre d’unités motrices stimulées augmente, plus la tension s’accroît. Dans le corps humain, la plupart des muscles lisses se composent cependant de tissu musculaire unitaire. Les cellules des muscles lisses unitaires sont généralement disposées en deux ou trois couches. Elles se trouvent dans les parois des systèmes digesti, urinaire et génital, dans des sections réduites du tractus respiratoire et dans la plupart des vaisseaux sanguins. Les bres musculaires de ces tissus sont pourvues de jonctions ouvertes qui assurent la liaison onctionnelle entre les cellules. Le tissu musculaire lisse unitaire est également appelé tissu musculaire lisse viscéral en raison de sa présence importante dans les parois de la plupart des viscères. La stimulation nerveuse des muscles lisses unitaires se propage par les nombreux renfements des neurones moteurs autonomes qui passent à proximité des cellules musculaires lisses :
TABLEAU 10.2
ce sont les varicosités (voir la fgure 10.27B). Les vésicules synaptiques situées à l’intérieur de ces varicosités contiennent un neurotransmetteur (p. ex., de l’ACh ou de la noradrénaline). Les récepteurs des cellules musculaires lisses sont disséminés dans leur sarcolemme, contrairement aux récepteurs des cellules musculaires squelettiques qui sont agglutinés dans la plaque motrice. Les récepteurs du tissu musculaire lisse unitaire ainsi disséminés constituent les jonctions diuses. Les neurotransmetteurs libérés par les varicosités stimulent simultanément de nombreuses cellules musculaires lisses. La libération des neurotransmetteurs peut être comparée à l’arrosage d’une pelouse par un arroseur automatique. Le stimulus se propage ensuite de cellule en cellule par les jonctions ouvertes. Ainsi, les cellules musculaires lisses se contractent en même temps, comme si elles ormaient une seule et même unité synchrone. Le TABLEAU 10.2 récapitule les caractéristiques des muscles squelettiques, du muscle cardiaque et des muscles lisses. Il résume ainsi les points les plus importants étudiés dans ce chapitre.
Vérifiez vos connaissances 38. Pourquoi le tissu musculaire lisse de l’œil est-il
multiunitaire ? Pourquoi celui des parois des organes digestis est-il unitaire ?
Types de tissus musculaires : une comparaison globale
Caractéristiques du muscle
Muscles squelettiques
Muscle cardiaque
Muscles lisses
Emplacement des muscles
• Attachés aux os (généralement par des tendons) ou aux ascias superfciels (tissus sous-cutanés)
• Seulement dans la paroi du cœur
• Parois des organes creux (p. ex., les intestins, les vaisseaux sanguins) ; l’iris et les structures ciliaires de l’œil ; les muscles arrecteurs des poils
Composantes du tissu conjonctif
• Épimysium, périmysium, endomysium
• Endomysium seulement
• Endomysium seulement
Apparence et forme de la cellule
• Longues fbres cylindriques ; noyaux périphériques multiples ; striées ; tubules T • Diamètre : grand (10-500 µm) • Longueur : importante (100 µm-30 cm)
• Cellules ramifées de taille intermédiaire possédant un ou deux noyaux en leur centre ; striées ; tubules T ; disques intercalaires • Diamètre : petit (environ 15 µm) • Longueur : restreinte (50-100 µm)
• Petites cellules usiormes enchevauchées et possédant un seul noyau en leur centre ; lisses (non striées) ; cavéoles • Diamètre : petit (5-10 µm) • Longueur : restreinte (50-200 µm)
Capacité de régénération
• Limitée
• Limitée
• Importante
Provenance du calcium
• Réticulum sarcoplasmique bien développé
• Réticulum sarcoplasmique moins développé que dans les muscles squelettiques ; ions Ca2+ ournis essentiellement par le liquide interstitiel
• Réticulum sarcoplasmique peu développé ; ions Ca 2+ ournis essentiellement par le liquide interstitiel
Unité contractile ; liaison des Ca2+
• Sarcomère ; liaison des ions Ca 2+ à la troponine
• Sarcomère ; liaison des ions Ca 2+ à la troponine
• Pas de sarcomère ; liaison des ions Ca 2+ à la calmoduline, et non à la troponine
Chapitre 10 Le tissu musculaire 431
TABLEAU 10.2
Types de tissus musculaires : une comparaison globale (suite)
Caractéristiques du muscle
Muscles squelettiques
Muscle cardiaque
Muscles lisses
Stimulation
• Contrôle nerveux volontaire (par le système nerveux somatique) ; excitation
• Autoexcitable (cellules régulatrices du rythme cardiaque, dites cellules pacemaker) ; propagation par les jonctions ouvertes ; contrôle nerveux involontaire (système nerveux autonome) ; excitation ou inhibition
• Tissu musculaire multiunitaire : régi par le système nerveux autonome ; excitation ou inhibition ; pas de jonctions ouvertes • Tissu musculaire unitaire : les stimulus provenant du système nerveux autonome se propagent par les varicosités, puis par les jonctions ouvertes ; autres stimulus (p. ex., l’étirement, le pH)
Réponse principale et source d’énergie
• Fibres oxydatives lentes (OL) : lente ; production aérobie d’ATP • Fibres oxydatives rapides (OR) : rapide et puissante ; production aérobie d’ATP • Fibres glycolytiques rapides (GR) : rapide et puissante ; production anaérobie d’ATP
• Lente ; production aérobie d’ATP
• Très lente et longue ; production aérobie d’ATP
RÉSUMÉ DU CHAPITRE 10.1
• Le tissu musculaire induit les mouvements du squelette, le déplacement des matières à l’inté-
rieur du corps ainsi que leur expulsion.
Une introduction au muscle squelettique – 392
• Les muscles possèdent des propriétés bien précises et assurent diérentes onctions. 10.1.1
Les fonctions du muscle squelettique ..................................................................................... 392 • Les muscles squelettiques produisent les mouvements du corps, maintiennent la posture,
protègent et soutiennent les structures corporelles, entreposent et acheminent les matières, et génèrent de la chaleur, contribuant ainsi à la stabilisation de la température corporelle. 10.1.2
Les caractéristiques du tissu musculaire squelettique ......................................................... 392 • Les muscles possèdent les propriétés suivantes : excitabilité ; conductibilité ; contractilité ;
élasticité ; extensibilité.
10.2 L’anatomie du muscle squelettique – 393
• Les cellules musculaires squelettiques s’étendent sur toute la longueur du muscle : elles sont
donc appelées fbres musculaires. 10.2.1
L’anatomie macroscopique ........................................................................................................ 393 • Les muscles sont enveloppés dans trois couches de tissu conjoncti superposées, soit, de
l’extérieur vers l’intérieur, l’épimysium, le périmysium et l’endomysium. • Les tendons et les aponévroses sont des prolongements de ces trois enveloppes conjonc-
tives ; ils attachent les extrémités des muscles à d’autres structures corporelles. • Les muscles squelettiques sont très vascularisés ; ils sont par ailleurs innervés par des neu-
rones moteurs qui régissent leur contrôle volontaire. 10.2.2
L’anatomie microscopique ......................................................................................................... 394 • La fbre musculaire est une cellule multinucléée en raison de la usion de plusieurs myo-
blastes durant le développement intra-utérin. • Le sarcolemme, les tubules T et le réticulum sarcoplasmique sont pourvus de canaux et de
pompes membranaires spécialisés qui contribuent à l’excitabilité et à la conductibilité du muscle, et qui participent au déclenchement de la contraction musculaire.
432 Partie II Le soutien et les mouvements du corps
• Les bres musculaires se composent essentiellement de myobrilles constituées de myola-
ments protéiques épais et ns ormés respectivement de myosine et d’actine, deux protéines. • Les myolaments sont agencés en unités onctionnelles qui se répètent : les sarcomères. • Les cellules musculaires contiennent également d’autres protéines spécialisées structurelles
et onctionnelles, notamment la titine (connectine), la nébuline et la dystrophine. • Les nombreuses mitochondries, les réserves de glycogène, la myoglobine et la créatine
phosphate participent à l’approvisionnement énergétique du tissu musculaire, lequel est particulièrement énergivore. 10.2.3
L’innervation des fbres musculaires squelettiques ............................................................... 399 • L’unité motrice se compose d’un neurone moteur et de toutes les bres musculaires qu’il
innerve et gouverne. • La taille de l’unité motrice est inversement proportionnelle à la précision du contrôle qu’elle
doit exercer sur les muscles qui lui sont associés. • Le site d’innervation d’une bre musculaire par le neurone moteur s’appelle la jonction
neuromusculaire. • La jonction neuromusculaire se compose de trois éléments : le bouton synaptique, la plaque
motrice et la ente synaptique.
10.3 La physiologie de la contraction du muscle squelettique – 400
• La contraction musculaire compte trois grandes phases physiologiques : l’excitation, le cou-
plage excitation-contraction et le cycle des ponts d’union. 10.3.1
La jonction neuromusculaire : l’excitation d’une fbre musculaire squelettique ................ 402 • Cette première phase se caractérise essentiellement par l’arrivée d’un infux nerveux qui
déclenche la libération de l’ACh, un neurotransmetteur contenu dans les vésicules synaptiques. 10.3.2
Le sarcolemme, les tubules T et le réticulum sarcoplasmique : le couplage excitationcontraction ................................................................................................................................... 403 • Le couplage excitation-contraction établit le lien entre l’excitation du muscle par le neurone
moteur et la contraction musculaire induite par le sarcolemme (propagation du potentiel d’action musculaire), les tubules T et le réticulum sarcoplasmique (libération des ions Ca 2+). 10.3.3
Le sarcomère : le cycle des ponts d’union ............................................................................... 406 • La libération des ions Ca 2+ du réticulum sarcoplasmique enclenche le cycle des ponts d’union
qui permet aux têtes de myosine de se lier à l’actine pour tirer les laments ns sur les laments épais. Ce processus est appelé la théorie des laments glissants (ou théorie du glissement des laments). 10.3.4
Le relâchement du muscle squelettique .................................................................................. 408 • Le relâchement survient à la suite de la cessation de la propagation de l’infux nerveux et de
la libération de l’ACh à la plaque motrice. Les ions Ca 2+ retournent dans les citernes terminales du réticulum sarcoplasmique, la troponine reprend sa orme initiale et la tropomyosine couvre les sites de liaison de la myosine sur l’actine. • À la cessation de la stimulation, l’élasticité naturelle des bres musculaires ramène le muscle
à son état de repos.
10.4 Le métabolisme du muscle squelettique – 409
• Pour maintenir son métabolisme, le tissu musculaire nécessite une grande quantité d’énergie
(ATP). 10.4.1
L’apport d’énergie pour la contraction du muscle squelettique .......................................... 409 • Les muscles disposent de trois grandes sources d’approvisionnement énergétique : une
source immédiate (système des phosphagènes), une à court terme (voie anaérobie) et une à long terme (respiration cellulaire aérobie). • La durée et l’intensité de l’activité physique déterminent les modalités de l’approvisionnement
en ATP utilisées pour soutenir les muscles.
Chapitre 10 Le tissu musculaire 433
10.4.2
La dette d’oxygène ...................................................................................................................... 414 • La dette d’oxygène est l’apport additionnel en oxygène nécessaire pour ramener l’organisme
à son état normal après une séance d’exercice physique, par exemple.
10.5 Les types de bres musculaires squelettiques – 415
• Les fbres musculaires squelettiques se répartissent en trois catégories défnies par deux
critères. 10.5.1
Les critères de classifcation des types de fbres musculaires ........................................... 415 • Les critères de classifcation des fbres musculaires sont les suivants : les caractéristiques de
leurs contractions (puissance, vitesse, durée) ainsi que leur principale source d’approvisionnement en ATP (voie anaérobie ou respiration cellulaire aérobie). 10.5.2
La classifcation des types de fbres musculaires ................................................................. 415 • Les fbres musculaires squelettiques se répartissent en trois catégories : les fbres oxydatives
lentes (OL) pour l’endurance, les fbres oxydatives rapides (OR) pour les eorts modérés d’une durée moyenne et les fbres glycolytiques rapides (GR) pour l’eort intense et bre. 10.5.3
La distribution des types de fbres musculaires ..................................................................... 416 • Les muscles squelettiques contiennent généralement les trois types de fbres. Cependant,
le pourcentage relati de chacun d’eux varie selon le muscle (p. ex., les muscles des jambes), mais aussi selon la personne. Par exemple, les muscles de l’œil contiennent majoritairement des GR, contrairement aux muscles du dos qui possèdent une plus grande proportion de OL.
10.6 La mesure de la tension musculaire squelettique – 417
• La tension musculaire est la orce déployée par la contraction d’un muscle. 10.6.1
La secousse musculaire .............................................................................................................
417
• La secousse musculaire se compose d’une contraction brève d’une fbre musculaire squelet-
tique en réponse à un stimulus, puis de son relâchement. 10.6.2
Les variations dans l’intensité du stimulus ............................................................................. 418 • L’augmentation de l’intensité du stimulus entraîne l’activation (recrutement) d’unités motrices
additionnelles pour accroître la tension musculaire. 10.6.3
Les variations dans la réquence du stimulus ......................................................................... 418 • Le phénomène de l’escalier entraîne une augmentation de plus en plus orte de la tension
musculaire. La sommation temporelle provoque des contractions musculaires qui se cumulent les unes avec les autres, un peu comme des vagues. Le tétanos incomplet ait en sorte que le muscle a de moins en moins de temps entre chaque stimulation pour se relâcher. Le tétanos complet entraîne une contraction constante et continue sans intervalles de relâchement.
10.7 Les acteurs infuant sur la tension musculaire squelettique dans l’organisme – 420
• La tension des muscles dans le corps humain est déterminée par quatre acteurs : le tonus
musculaire, le type de contraction (isométrique ou isotonique), la relation longueur-tension et la atigue musculaire. 10.7.1
Le tonus musculaire .................................................................................................................... 420 • Le tonus musculaire est la tension de repos qui subsiste dans un muscle pour stabiliser les
articulations. 10.7.2
Les contractions isométriques et isotoniques ........................................................................ 420 • Les contractions isométriques produisent une tension inérieure à la résistance ; le muscle ne
raccourcit pas. • Les contractions isotoniques produisent une tension supérieure à la résistance ; la longueur
des fbres musculaires change. • Les contractions isotoniques concentriques induisent un raccourcissement des fbres muscu-
laires, tandis que les contractions isotoniques excentriques provoquent leur allongement.
434 Partie II Le soutien et les mouvements du corps
10.7.3
La relation entre la longueur et la tension ............................................................................... 421 • La tension musculaire dépend entre autres du degré de chevauchement des myoflaments au
moment de la stimulation ; elle est donc aussi déterminée par la relation entre la longueur et la tension. 10.7.4
La fatigue musculaire ................................................................................................................. 422 • La atigue musculaire se défnit par l’incapacité ou la difculté du muscle à générer une orce
contractile. • Plusieurs acteurs peuvent être en cause, notamment la diminution des réserves de glyco-
gène ou d’acides gras, le manque d’oxygène ou l’accumulation d’acide lactique.
10.8 Les effets de l’exercice et du vieillissement sur le muscle squelettique – 422
• L’exercice et le vieillissement modifent la musculature squelettique. 10.8.1
Les effets de l’exercice ............................................................................................................... 422 • Le maintien d’un programme d’exercice physique soutenu se traduit par une hypertrophie des
muscles ; à l’inverse, le manque d’exercice induit l’atrophie. 10.8.2
Les effets du vieillissement ....................................................................................................... 423 • D’une manière générale, l’avancée en âge s’accompagne d’une atrophie et d’une fbrose pro-
gressive intensifée par le manque d’exercice physique.
10.9
• Le tissu musculaire cardiaque se compose de cellules striées et ramifées dans la paroi du
cœur. Le rythme des contractions est défni par autoexcitation (eet pacemaker) et régi de manière involontaire par le système nerveux autonome.
Le tissu musculaire cardiaque – 424
10.10 Le tissu musculaire lisse – 425
• Le tissu musculaire lisse est présent dans tout le corps humain. 10.10.1
La localisation des muscles lisses ............................................................................................ 425 • Le tissu musculaire lisse se trouve dans les parois de la plupart des organes creux et dans
d’autres structures spécialisées telles que l’iris oculaire, les corps ciliaires et les muscles arrecteurs des poils. 10.10.2
L’anatomie microscopique ......................................................................................................... 426 • Les protéines contractiles, les protéines d’ancrage et les protéines régulatrices des muscles
lisses dièrent considérablement des cellules musculaires squelettiques et cardiaques ; plus particulièrement, elles ne sont pas striées. 10.10.3
La contraction du muscle lisse ................................................................................................. 427 • La contraction des muscles lisses s’eectue par la liaison des ions Ca 2+ à la calmoduline
(protéine), activant ainsi la KCLM. Ceci entraîne l’activation des têtes de myosine qui orment alors des ponts d’union pour permettre le pivotement et ensuite le réarrimage avec l’actine. 10.10.4
Le contrôle du muscle lisse ....................................................................................................... 429 • Les muscles lisses sont régis par le système nerveux autonome, par l’étirement et par plu-
sieurs autres types de stimulus (p. ex., le pH). 10.10.5
Les catégories fonctionnelles des muscles lisses ................................................................. 429 • Le tissu musculaire lisse se répartit en deux catégories, multiunitaire et unitaire, selon que ses
fbres se contractent indépendamment les unes des autres ou solidairement. • Le muscle multiunitaire se trouve par exemple dans le muscle de l’iris et il est agencé en uni-
tés motrices semblables à celles de la fbre musculaire squelettique, à l’exception du neurone moteur qui appartient au système nerveux autonome au lieu du système nerveux somatique. Le muscle unitaire est notamment présent dans la paroi du tube digesti et possède de nombreuses varicosités qui stimulent le muscle lisse à se contracter solidairement.
Chapitre 10 Le tissu musculaire 435
AUTOÉVALUATION
Solutionnaire
Concepts de base 1
Comment s’appelle la membrane plasmique de la fbre musculaire squelettique ? a) Le réticulum sarcoplasmique. b) Le sarcolemme.
2
c) Elle chevauche la ligne Z. d) Elle conserve sa longueur. 5
c) Le sarcoplasme.
a) L’ADP.
d) Le sarcomysium.
b) L’acide lactique.
Où sont entreposés les ions Ca 2+ dans la fbre musculaire squelettique ?
c) La créatine phosphate.
a) Dans les récepteurs de l’ACh. b) À la plaque motrice.
d) Les acides gras. 6
Expliquez pourquoi le ratio des neurones moteurs aux fbres musculaires est plus important dans les muscles oculaires que dans les muscles posturaux des jambes.
7
Comparez le système des phosphagènes et la voie anaérobie d’approvisionnement énergétique des fbres musculaires pour la contraction.
8
Expliquez pourquoi les sprinteurs possèdent généralement moins de fbres à contraction lente dans les muscles de leurs jambes.
9
Défnissez l’emplacement du tissu musculaire lisse multiunitaire et du tissu musculaire lisse unitaire dans le corps humain et indiquez en quoi leurs modes de régulation dièrent.
4
Quelle est la cause de la rigidité cadavérique ?
c) Dans le réticulum sarcoplasmique. d) Dans le sarcolemme et les tubules T. 3
Quel est le rôle des tubules T dans le couplage excitation-contraction ? a) Ils propagent le potentiel d’action musculaire dans le réticulum sarcoplasmique. b) Ils réabsorbent et entreposent les ions excédentaires Na+ et K+ en provenance du sarcoplasme. c) Ils séparent les myoflaments fns des myoflaments épais. d) Ils procurent un soutien structurel aux sarcomères.
4
Lequel de ces énoncés désigne une modalité d’entreposage de l’énergie propre au tissu musculaire ?
Comment la bande I évolue-t-elle au moment de la contraction musculaire ? a) Elle dissimule la zone H. b) Elle raccourcit.
Mise en application 1
Que se passe-t-il quand un muscle squelettique est exposé à une toxine bactérienne qui empêche la libération de l’ACh par le bouton synaptique ?
a) La tropomyosine reste positionnée sur les sites de liaison de la myosine sur l’actine.
a) Il se contracte plus ortement.
2
b) Il se contracte plus réquemment.
b) Les têtes de myosine se lient à l’actine et n’en sont pas libérées, aute d’ATP.
c) Il y a absence de contraction.
c) La orme de la myosine s’altère.
d) Il est stimulé par d’autres neurotransmetteurs.
d) Tous les ions Ca2+ restent dans le réticulum sarcoplasmique.
Lequel de ces énoncés peut expliquer que le coureur A termine le sprint sur 50 mètres plus rapidement que le coureur B ? a) Sa musculature contient plus de fbres musculaires de petit diamètre. b) Les muscles de ses jambes contiennent plus de fbres oxydatives.
3
5
Une athlète pratique une activité aérobie trois ois par semaine, ce qui a notamment pour eet d’accroître la capacité d’oxygénation de ses muscles squelettiques. Au fl du temps, la sportive observe qu’elle peut accroître sans trop de difculté l’intensité et la durée de ses séances. Comment expliquer cette évolution ? a) Son système des phosphagènes est devenu plus efcace.
c) Il possède une meilleure capacité d’oxygénation de ses muscles.
b) La voie anaérobie produit plus d’ATP, et la respiration cellulaire aérobie en produit moins.
d) La musculature de ses jambes contient un pourcentage plus élevé de fbres rapides.
c) La respiration cellulaire aérobie produit plus d’ATP.
Expliquez le rôle des ions K+, Na+ et Ca2+ dans la contraction musculaire.
d) Sa production d’acide lactique augmente.
436 Partie II Le soutien et les mouvements du corps Synthèse 1
Carolina s’intéresse à l’anatomie et à la physiologie humaines. Membre de l’équipe de course sur piste, elle se demande si l’approvisionnement en ATP de ses muscles change selon qu’elle court sur 400 ou sur 1 500 mètres. Quelle est la réponse ?
2
Sabine soulève régulièrement des haltères. Elle observe que sa musculature a gagné en tonus et elle se demande quels sont les changements qui se sont produits dans son corps pour mener à ce résultat. Quelle est la réponse ?
3
Paul s’est cassé le radius gauche en jouant au football et il doit garder l’avant-bras plâtré pendant six semaines. Au retrait du plâtre, son avant-bras gauche est beaucoup plus mince que le droit ; il semble décharné. Comment s’explique cette perte visible de masse musculaire dans l’avant-bras gauche de Paul ?
LE SYSTÈME MUSCULAIRE : LES MUSCLES AXIAUX ET APPENDICULAIRES
CHAPITRE
11
Adaptation française :
Mélanie Cordeau
LE PHYSIOTHÉRAPEUTE…
DANS LA PRATIQUE
Les physiothérapeutes aident les personnes blessées à acquérir une plus grande mobilité et à améliorer leur qualité de vie. Il est essentiel pour eux de comprendre le fonctionnement des muscles squelettiques, et de savoir quels muscles travaillent ensemble pour augmenter la force d’un mouvement (synergie) et quels muscles produisent un mouvement opposé (antagonisme). Ces professionnels de la santé s’appuient sur ces connaissances pour mettre au point des plans de traitement pour leurs clients.
11.1
L’anatomie des muscles squelettiques et leurs actions ........................................... 438
11.4
Les muscles de la colonne vertébrale...................................................... 458
11.1.1
L’origine et l’insertion ......................... 440
11.5
Les muscles de la respiration ................. 460
11.1.2
Les types d’agencement des fbres des muscles squelettiques .................. 440
11.6
Les muscles de la paroi abdominale .... 462
11.7
Les muscles du plancher pelvien........... 465
Les actions des muscles squelettiques ...................................... 441
Partie 2
11.1.3 11.2
La dénomination des muscles squelettiques ............................................... 442
Partie 1 11.3
Les muscles axiaux ....................... 444
11.8
Les muscles appendiculaires ................................ 468
Les muscles de la ceinture scapulaire et du membre supérieur ........................... 468
Les muscles de l’expression aciale..... 444 Les muscles extrinsèques de l’œil ....... 448
11.3.3
Les muscles de la bouche et du pharynx ..................................... 450
Les muscles responsables des mouvements du poignet, de la main et des doigts...................... 480
11.8.5
Les muscles intrinsèques de la main .......................................... 487
Les muscles de la ceinture pelvienne et du membre inférieur.............................. 489 11.9.1
Les muscles responsables des mouvements de la hanche et de la cuisse .................................... 490
11.8.1
Les muscles responsables des mouvements de la ceinture scapulaire ... 468
11.9.2
11.8.2
Les muscles responsables des mouvements de l’articulation scapulohumérale et du bras ................ 470
Les muscles responsables des mouvements du genou et de la jambe .................................... 495
11.9.3
11.8.3
Les muscles responsables des mouvements de la cheville, du pied et des orteils .......................... 498
11.9.4
Les muscles intrinsèques du pied........ 503
Les muscles de la tête et du cou .......... 444 11.3.1 11.3.2
11.9
11.8.4
11.3.4
Les muscles antérieurs du cou : les muscles hyoïdiens ......................... 452
Les muscles responsables des mouvements du coude et de l’avant-bras ............................... 475
11.3.5
Les muscles responsables des mouvements de la tête et du cou ........ 455
Illustration des concepts Loges musculaires ................................................. 476 INTÉGRATION
Liens entre le système musculaire et les autres systèmes ..................................................... 506
438 Partie II Le soutien et les mouvements du corps
11.1 L’anatomie des muscles
squelettiques et leurs actions
Le partage du système squelettique en une division axiale et une division appendiculaire ournit une réérence utile pour la subdivision du système musculaire. La FIGURE 11.1 montre certains des principaux muscles de ces deux divisions. Les points
Muscles superficiels
de fxation, c’est-à-dire l’origine et l’insertion des muscles axiaux, se trouvent tous deux sur des parties du squelette axial. Les muscles axiaux soutiennent la tête et la colonne vertébrale, et ils sont responsables de leurs mouvements. Ils assurent, par exemple, la communication non verbale en modifant les caractéristiques aciales, ils actionnent la mandibule durant la mastication, ils participent à la transormation des aliments et à la déglutition, et ils contribuent à la respiration, en plus de soutenir et de protéger les organes abdominaux et pelviens. Les muscles appendiculaires déterminent les mouvements des
Muscles profonds
Ventre frontal de l’occipitofrontal Orbiculaire de l’œil
Temporal
Grand zygomatique Orbiculaire de la bouche Platysma
Masséter Sternocléidomastoïdien Sternohyoïdien
Trapèze Deltoïde
Petit pectoral
Grand pectoral
Dentelé antérieur
Triceps brachial
Intercostal externe Intercostal interne
Biceps brachial Brachial Oblique externe Rond pronateur Brachioradial
Droit de l’abdomen Transverse de l’abdomen Oblique interne (sectionné)
Fléchisseur radial du carpe Long palmaire
Oblique externe (sectionné) Iliopsoas
Tenseur du fascia lata
Pectiné
Long adducteur Sartorius Gracile Quadriceps fémoral
Droit fémoral Vaste latéral Vaste médial Vaste intermédiaire
Long fibulaire Tibial antérieur Long extenseur des orteils
Long extenseur de l’hallux
A. Vue antérieure
Chapitre 11 Le système musculaire : les muscles axiaux et appendiculaires 439
membres supérieurs et inérieurs, et ils stabilisent et contrôlent les mouvements des ceintures scapulaire et pelvienne. Ces muscles s’organisent en groupes basés sur leur localisation dans le corps ou sur la portion du squelette qu’ils mettent en mouvement.
L’anatomie macroscopique et microscopique du muscle squelettique a été étudiée dans la section 10.2. La présente section porte sur l’origine et l’insertion des muscles squelettiques, et présente également les types d’agencement de leurs fbres de même que leurs actions générales.
FIGURE 11.1 Muscles du corps
❯ A. La vue antérieure montre les muscles superfciels du côté droit du corps et certains muscles plus proonds du côté gauche. B. La vue postérieure montre les muscles superfciels
Muscles superficiels Ventre occipital de l’occipitofrontal
du côté gauche du corps et certains muscles plus proonds du côté droit. Les muscles axiaux sont indiqués en caractères gras ; certains muscles illustrés dans la fgure ne sont pas identifés. Muscles profonds Semi-épineux de la tête Splénius de la tête
Sternocléidomastoïdien
Splénius du cou Élévateur de la scapula Supraépineux Petit rhomboïde Grand rhomboïde Infraépineux Petit rond Grand rond
Trapèze Deltoïde Petit rond Grand rond Triceps brachial
Dentelé antérieur
Grand dorsal
Dentelé postéro-inférieur Oblique externe Oblique interne Érecteur du rachis
Extenseur des doigts Extenseur ulnaire du carpe Moyen fessier Grand fessier
Petit fessier Moyen fessier (sectionné) Piriforme Carré fémoral
Grand adducteur Biceps fémoral Gracile Tractus iliotibial
Ischiojambiers Semi-tendineux Semi-membraneux
Gastrocnémien
Soléaire
Tendon calcanéen (tendon d’Achille)
B. Vue postérieure
440 Partie II Le soutien et les mouvements du corps
11.1.1 1
L’origine et l’insertion
comme une origine, et le tendon unique de l’autre extrémité du muscle est considéré comme son insertion.
Distinguer l’origine de l’insertion d’un muscle squelettique.
Beaucoup de muscles squelettiques se fxent sur deux os diérents et traversent au moins une articulation mobile. Au moment de leur contraction, l’un des os bouge, alors que l’autre reste immobile. Le point d’attache d’un muscle sur l’os le moins mobile est son origine (originis = source), et son point d’attache sur l’os mobile est son insertion (insertio = action d’introduire) FIGURE 11.2 . Habituellement, lorsque le muscle se contracte, l’insertion est tirée vers l’origine. Dans les membres, l’origine occupe généralement une position plus près du squelette axial que l’insertion. Par exemple, l’origine du muscle biceps brachial se trouve sur la scapula et il s’insère sur le radius. La contraction de ce muscle tire l’avant-bras vers l’épaule. Il arrive parois que ni le mouvement ni la position ne permettent de déterminer acilement l’origine et l’insertion d’un muscle. Il aut alors recourir à d’autres critères. Par exemple, si un muscle s’étend d’une large aponévrose (membrane de tissu conjoncti fbreux) à un étroit tendon, l’aponévrose constitue alors son origine, et l’attache du tendon, son insertion. S’il y a plusieurs tendons à une extrémité du muscle et un seul tendon à son autre extrémité, chacun des multiples tendons est considéré
Origines
Muscle relâché
Vériiez vos connaissances 1. Quelle est la différence entre l’origine et l’insertion
d’un muscle squelettique ?
11.1.2
2
Les types d’agencement des fbres des muscles squelettiques
Décrire et distinguer les types d’agencement des faisceaux musculaires.
Les aisceaux de fbres musculaires sont disposés parallèlement les uns aux autres à l’intérieur de chaque muscle (voir la section 10.2.1). Touteois, leur agencement varie souvent d’un muscle à l’autre. Il existe quatre types d’agencement des aisceaux musculaires : circulaire, parallèle, convergent et penné FIGURE 11.3.
11.1.2.1 Les muscles circulaires Les fbres d’un muscle circulaire sont disposées concentriquement autour d’un orifce et elles en contrôlent l’ouverture. Le muscle orbiculaire de la bouche entourant l’ouverture de la bouche est un exemple de muscle circulaire. Un muscle circulaire porte parois le nom de sphincter, et sa contraction réduit le diamètre de l’orifce qu’il entoure (p. ex., le sphincter anal externe réduit le diamètre de l’anus lorsqu’il se contracte).
Muscle contracté
Circulaire (orbiculaire de la bouche)
Tendon
Parallèle (droit de l’abdomen)
Convergent (grand pectoral)
Mouvement du point d’insertion du muscle
Insertion Unipenné (extenseur des doigts)
Bipenné (droit fémoral)
Multipenné (deltoïde)
Penné
FIGURE 11.2 Origine et insertion musculaires
❯ L’origine d’un muscle est
son point d’attache sur l’os le moins mobile, alors que son insertion est le point d’attache sur l’os mobile, comme le montre cette illustration du muscle biceps brachial.
FIGURE 11.3 Agencement des fbres musculaires
❯ Les faisceaux musculaires adoptent quatre types d’agencement : circulaire, parallèle, convergent ou penné.
Chapitre 11 Le système musculaire : les muscles axiaux et appendiculaires 441
11.1.2.2 Les muscles parallèles Les aisceaux d’un muscle parallèle s’étendent parallèlement à son axe longitudinal. Ces muscles adoptent parois une orme cylindrique, avec une portion centrale élargie ; le corps central du muscle prend alors le nom de ventre. Ces muscles se raccourcissent en se contractant, augmentant alors le diamètre de leur ventre. Les muscles parallèles ont beaucoup d’endurance, mais ils ne sont pas orts. Le droit de l’abdomen et le biceps brachial sont des exemples de muscles parallèles.
INTÉGRATION APPLICATION CLINIQUE
Les injections intramusculaires L’injection intramusculaire constitue une façon d’adminis trer un médicament. Étant donné que les muscles squelet tiques sont dotés d’une riche vascularisation, le médicament injecté à l’aide d’une seringue pénètre dans le système cardio vasculaire par les vaisseaux sanguins du muscle et, de là, il est distribué dans tout l’organisme. Cette voie d’adminis tration d’un médicament permet d’en introduire une grande quantité d’un seul coup avec un minimum d’inconfort et assure que la distribution du médicament est plus lente et plus uni forme que s’il était pris par voie orale ou intraveineuse. En outre, certains médicaments sont mieux absorbés par voie intramusculaire que par voie orale, et des doses élevées de médicaments risquent d’être moins bien tolérées lorsqu’elles sont prises oralement. La plupart des vaccins, certaines médications contracep tives ou stimulant la fertilité ainsi que les doses élevées de certains antibiotiques (p. ex., la pénicilline) sont des exemples de médicaments administrés par voie intramusculaire. Le del toïde, le fessier et le quadriceps sont des sites courants d’in jection intramusculaire.
11.1.2.3 Les muscles convergents Dans un muscle convergent, des bres déployées sur une large surace convergent vers un site d’attache commun. Il peut s’agir d’un tendon unique, d’un euillet tendineux ou d’une mince bande de bres de collagène portant le nom de raphé (raphè = couture). Ces bres musculaires adoptent souvent une disposition triangulaire et ressemblent à un large éventail terminé par un tendon. Un muscle convergent est polyvalent, c’est-àdire qu’il peut changer la direction de sa traction simplement en activant un groupe unique et précis de bres musculaires à un moment donné. Touteois, quand toutes les bres d’un muscle convergent se contractent en même temps, elles n’exercent pas une traction aussi orte sur le tendon que le ait un muscle parallèle de même taille, car les bres des côtés opposés du tendon ne travaillent pas ensemble ; elles tirent plutôt dans des directions diérentes. Le grand pectoral de la poitrine est un exemple de muscle convergent.
11.1.2.4 Les muscles pennés Les muscles pennés (penna = plume) sont nommés ainsi parce que leurs aisceaux orment un angle constant par rapport au
tendon, ce qui les ait ressembler à une grosse plume. Un ou plusieurs tendons traversent le corps de ces muscles, et leurs aisceaux de bres se disposent obliquement par rapport à ces tendons. Étant donné que la traction des bres d’un muscle penné s’exerce sur le tendon avec un certain angle, le déplacement du tendon de ce type de muscle n’est pas aussi important que dans un muscle parallèle. Par contre, les muscles pennés ont en général une plus grande quantité de bres que les muscles parallèles. Par conséquent, la contraction d’un muscle penné génère une contraction plus orte que celle d’un muscle parallèle de même taille. Il existe trois types de muscles pennés : • Dans un muscle unipenné, toutes les bres musculaires se situent du même côté du tendon. Le long muscle extenseur des doigts est un muscle unipenné. • Les muscles bipennés sont le type le plus commun de muscles pennés. Dans un tel muscle, les bres musculaires sont disposées des deux côtés du tendon, un peu comme une plume. Les muscles interosseux palmaires et dorsaux du métacarpe sont des muscles bipennés qui participent à l’adduction et à l’abduction des doigts (voir la fgure 9.9, p. 364). • Des branches du tendon parcourent l’intérieur d’un muscle multipenné. Le deltoïde, un muscle triangulaire qui couvre la surace supérieure de l’articulation de l’épaule, est un muscle multipenné.
Vérifiez vos connaissances 2. Quel muscle est le plus fort : un muscle penné ou
un muscle parallèle ?
11.1.3
3
Les actions des muscles squelettiques
Distinguer les muscles agoniste, antagoniste et synergique.
En général, les muscles squelettiques n’agissent pas isolément ; ils travaillent plutôt ensemble pour produire des mouvements. Les muscles se regroupent en trois types selon leur action principale : les agonistes, les antagonistes et les synergiques. L’agoniste (agonista = lutteur) est le principal responsable du mouvement, celui qui se contracte pour produire un mouvement particulier, l’extension de l’avant-bras, par exemple. Le triceps brachial est l’agoniste responsable de l’extension de l’avant-bras FIGURE 11.4A . Un antagoniste (anti = contre) est un muscle dont l’action s’oppose à celle de l’agoniste (voir la fgure 11.4B). Si l’agoniste produit l’extension d’un muscle, l’antagoniste entraîne sa fexion. Donc, si l’agoniste se contracte pour aire l’extension, le muscle antagoniste est étiré, et vice versa. Touteois, quand ce mouvement s’eectue, le muscle antagoniste étiré ne se relâche pas complètement. Sa tension s’ajuste plutôt pour contrôler la vitesse du mouvement et assurer son uniormité. Quand le triceps brachial agit comme agoniste pour étendre l’avant-bras, le muscle biceps
442 Partie II Le soutien et les mouvements du corps
A. Extension
Triceps contracté
Triceps relâché
B. Flexion
Biceps contracté
tous deux en synergie pour féchir l’articulation du coude. Les xateurs sont un autre exemple de muscles synergiques. Les xateurs immobilisent une articulation lorsque l’origine du muscle agoniste se situe sur cette articulation. Par exemple, les muscles responsables de l’abduction du bras ont leur origine sur la scapula. Cette dernière doit être xée par les muscles deltoïde et trapèze (muscles xateurs) pour aciliter l’abduction du bras.
Vérifiez vos connaissances
Biceps relâché
3. Quelle est la diérence entre un muscle agoniste
et un muscle synergique ?
11.2 La dénomination
des muscles squelettiques
FIGURE 11.4 Muscles responsables de l’extension et de la fexion du bras ❯ A. L’agoniste de l’extension est le triceps et son antogoniste est le biceps. B. L’agoniste de la fexion est le biceps et son antogoniste est le triceps.
brachial, placé du côté antérieur de l’humérus, agit comme antagoniste pour féchir le bras. Un muscle synergique (synergia = coopération) est un muscle qui assiste l’agoniste dans la réalisation de son action. La contraction d’un muscle synergique contribue à la traction qui s’applique près de l’insertion du muscle agoniste ou stabilise l’origine de celui-ci. Les muscles synergiques sont habituellement plus utiles au début du mouvement, quand l’agoniste est étiré et qu’il ne peut déployer une grande puissance. Les muscles brachial et biceps brachial sont des exemples de muscles synergiques ; ils travaillent
INTÉGRATION
STRATÉGIES D’APPRENTISSAGE
Les conseils suivants aident à apprendre les noms des muscles : • Les muscles s’organisent en groupes. Il est plus acile de les apprendre ainsi. • En étudiant un muscle particulier, tentez de le palper sur vousmême, tout en vous regardant dans un miroir an de mieux visualiser sa localisation. Contractez ce muscle pour sentir son action. • Répétez le nom d’un muscle à voix haute pour vous amilia riser avec lui.
1
Énumérer sept critères utilisés pour nommer les muscles.
2
Donner un exemple de muscle dont le nom se rapporte à son action, à sa localisation, à sa orme ou à sa taille.
Une partie de la terminologie anatomique utilisée pour décrire le corps a déjà été étudiée (voir la section 1.4) de même que la açon dont les termes anatomiques s’appliquent aux os du squelette (voir le chapitre 8). La dénomination des muscles squelettiques respecte des conventions similaires et, habituellement, le nom d’un muscle procure des indices pour son identication. Les critères suivants servent à déterminer les noms des muscles squelettiques FIGURE 11.5 : • L’action du muscle. Le nom de certains muscles indique leur principale onction ou le principal mouvement qu’ils génèrent : fexion, extension ou pronation. Par exemple, le long féchisseur des doigts est un long muscle responsable de la fexion des doigts. • La localisation du muscle. Certains noms de muscles indiquent leur localisation. Par exemple, le droit émoral se trouve sur la cuisse (émur), et le tibial antérieur, sur la surace antérieure du tibia. Les termes superciel ou externe, ou encore proond ou interne, sont aussi utilisés. • Les attaches du muscle. Plusieurs noms de muscles indiquent leur origine, leur insertion ou d’autres attaches importantes. Dans ces cas, la première partie du nom indique l’origine du muscle, et la seconde, son insertion. Par exemple, l’origine du sternocléidomastoïdien se trouve sur le sternum et la clavicule (cléido), et son insertion se ait sur le processus mastoïde de l’os temporal.
• Associez des images de modèles, de cadavres, d’un atlas photographique ou d’animaux disséqués avec les noms des muscles.
• L’orientation des fbres musculaires. Le muscle oblique externe de l’abdomen doit son nom à ses bres musculaires alignées dans une orientation oblique par rapport à l’axe du corps.
• Localisez l’origine et l’insertion des muscles sur un squelette articulé pour comprendre comment ils produisent leurs actions.
• La orme du muscle. La orme du muscle peut aire partie du nom de celui-ci. Par exemple, un muscle peut être de orme deltoïde (triangulaire), orbiculaire (circulaire), rhomboïde (losange), trapèze (trapézoïdal), long, longissimus (le plus long)
• Apprenez d’où provient le nom de chaque muscle.
Chapitre 11 Le système musculaire : les muscles axiaux et appendiculaires 443
Action du muscle
Exemple
Adducteur (rapproche une partie du corps du plan médian)
Grand adducteur
Abducteur (écarte une partie du corps du plan médian)
Long abducteur du pouce
Fléchisseur (fléchit une articulation)
Fléchisseur radial du carpe
Extenseur (étend une articulation)
Long extenseur de l’hallux
Localisation du muscle
Exemple
Bouche
Orbiculaire de la bouche
Cou
Semi-épineux du cou
Brachial (bras)
Biceps brachial
Carpe (poignet)
Fléchisseur ulnaire du carpe
Pouce
Opposant du pouce
Fessier
Moyen fessier
Fémoral (cuisse)
Carré fémoral
Hallux (gros orteil)
Long extenseur de l’hallux
Antérieur (vers l’avant du corps)
Tibial antérieur
Postérieur ou dorsal (vers l’arrière du corps)
Tibial postérieur ; grand dorsal
Supérieur (plus près de la tête)
Dentelé postérosupérieur
Inférieur (plus près des pieds)
Dentelé postéro-inférieur
Superficiel
Fléchisseur superficiel des doigts
Profond
Fléchisseur profond des doigts
Attaches du muscle
Exemple
Sternum et clavicule (cléido)
Sternocléidomastoïdien
Entre les côtes
Intercostal
Fosse subscapulaire
Subscapulaire
Fibula
Long fibulaire
Os zygomatique
Grand zygomatique
Orientation des fibres musculaires
Exemple
Droit
Droit de l’abdomen
Oblique (en biais)
Oblique externe
Orbiculaire (circulaire)
Orbiculaire de l’œil
Forme du muscle
Exemple
Deltoïde (triangulaire)
Deltoïde
Carré (rectangulaire)
Carré pronateur
Trapézoïdal
Trapèze
Long
Long abducteur du pouce
Court
Court abducteur du pouce
Taille du muscle
Exemple
Grand (le plus grand d’un groupe de deux ou plusieurs muscles)
Grand fessier
Moyen (de taille moyenne)
Moyen fessier
Petit (plus petit)
Petit fessier
Minime (le plus petit)
Adducteur minime
Chefs ou tendons d’origine du muscle
Exemple
Biceps (deux chefs)
Biceps fémoral
Triceps (trois chefs)
Triceps brachial
Quadriceps (quatre chefs)
Quadriceps fémoral
FIGURE 11.5 Dénomination des muscles
❯ Diverses caractéristiques permettent de nommer les muscles.
444 Partie II Le soutien et les mouvements du corps
ou court. Par exemple, le nom donné au muscle deltoïde ait réérence à sa orme triangulaire. • La taille des muscles. Les muscles de la esse constituent des exemples de muscles dont le nom se rapporte à la taille : le grand essier, le moyen essier et le petit essier. • Les chefs ou les tendons d’origine du muscle. Le nom de certains muscles vient de leurs caractéristiques particulières, par exemple leur nombre de tendons d’origine ou le nombre de ventres ou de ches (régions du muscle) que contient chacun d’eux. Un biceps a deux tendons d’origine, un triceps a trois ches ou tendons, et un quadriceps a quatre ches ou tendons d’origine.
Vérifiez vos connaissances 4. Donnez quelques exemples de mots aisant réérence
à la orme des muscles. 5. Quels critères sont utilisés pour nommer le muscle
grand essier ?
Partie 1 Les muscles axiaux 11.3 Les muscles de la tête
et du cou
Les muscles de la tête et du cou se partagent en plusieurs groupes. L’origine de presque tous ces muscles, à l’exception de quelques muscles antérieurs du cou, se trouve soit sur les os du crâne, soit sur l’os hyoïde (voir la fgure 8.14, p. 309).
11.3.1
Les muscles de l’expression faciale
1
Nommer les muscles moteurs du ront et de la peau entourant les yeux et le nez, et décrire leur action.
2
Énumérer les muscles moteurs de la bouche et des joues, et préciser leur action.
L’origine des muscles de l’expression aciale se trouve dans l’hypoderme ou sur les os du crâne FIGURE 11.6. Ces muscles ont leur insertion dans l’hypoderme, de sorte que lorsqu’ils se contractent, ils tirent sur la peau et la ont bouger. La plupart d’entre eux sont innervés par le ner acial, qui est le septième ner crânien (NC VII) (voir la section 13.9). Le muscle occipitofrontal se divise en deux parties : le ventre rontal et le ventre occipital reliés par la large aponévrose épicrânienne. Le ventre frontal de l’occipitorontal est situé sur le ront, par-dessus l’os rontal. Lorsqu’il se contracte, ce muscle élève les sourcils et plisse la peau du ront. Le ventre occipital du muscle occipitorontal couvre la partie postérieure du crâne. En se contractant, il rétracte légèrement le cuir chevelu. Le corrugateur du sourcil se trouve sous le ventre rontal de l’occipitorontal. Ce muscle rapproche les sourcils et crée des plis verticaux à la racine du nez. L’orbiculaire de l’œil se compose de fbres musculaires circulaires qui entourent l’orbite de l’œil. Lorsqu’il se contracte, les paupières se erment (p. ex., pour cligner de l’œil ou pour plisser l’œil). L’élévateur de la paupière supérieure élève la paupière supérieure pour ouvrir l’œil. Plusieurs muscles de l’expression aciale sont associés au nez. Le muscle nasal élève le coin de la narine. Lorsqu’une personne ouvre grand ses narines, ce sont ses muscles nasaux qui se
INTÉGRATION APPLICATION CLINIQUE
La paralysie du nerf facial DÉSÉQUILIBRE HOMÉOSTATIQUE
La paralysie unilatérale des muscles de l’expression aciale porte le nom de paralysie faciale et survient lorsque le ner acial (NC VII) est atteint. La cause de ce type de paralysie est dite idiopathique (idios = particulier, pathos = sourance), c’estàdire qu’elle est inconnue. Cependant, quelle qu’en soit la cause on damentale, le ner acial devient enfammé et comprimé dans l’étroit oramen stylomastoïdien qu’il traverse. Il en résulte une paralysie des muscles du côté touché du visage. La paralysie aciale peut être centrale ou périphérique. La para lysie aciale centrale survient lorsque le ner est complètement atteint, souvent à la suite d’un accident vasculaire cérébral (AVC). La paralysie aciale périphérique (ou paralysie de Bell) est associée à une atteinte partielle du ner généralement à la suite de l’appari tion d’une tumeur ou de la sclérose en plaques. Elle se reconnaît, entre autres, par l’incapacité à ermer l’œil et à exprimer toute expression aciale volontaire ou automatique. De plus, comme le NC VII est aussi responsable de la salivation et du larmoiement, la production de ces deux sécrétions peut être aectée.
Le traitement de la paralysie aciale consiste habituellement à soulager les symptômes. Pour prévenir un assèchement ou une inection de l’œil, un pansement permet de ermer la paupière du côté atteint. Les médecins recourent souvent à la prednisone, un type de stéroïde, pour réduire l’infammation et l’enfure du ner. La guérison de la paralysie aciale est tout aussi mystérieuse que sa cause ondamentale. Plus de la moitié des personnes atteintes connaissent une guérison complète et spontanée en moins de 30 jours après l’apparition des premiers symptômes. Le rétablissement est plus long pour d’autres personnes, et certaines ne guériront jamais.
Paralysie du NC VII du côté gauche du visage ; il est possible d’observer la chute du côté gauche de la bouche (fèche) et l’absence de contraction de l’orbiculaire de l’œil gauche, alors que la emme tente de sourire. Source : Harrison, Kasper, Fauci et al., 2006
Chapitre 11 Le système musculaire : les muscles axiaux et appendiculaires 445
Muscles superficiels
Muscles profonds
Aponévrose épicrânienne Occipitofrontal Ventre frontal de l’occipitofrontal Procérus
Corrugateur du sourcil Élévateur de la paupière supérieure
Orbiculaire de l’œil Nasal
Élévateur de la lèvre supérieure Petit zygomatique Grand zygomatique
Élévateur de l’angle de la bouche (sectionné) Masséter Buccinateur
Risorius Abaisseur de l’angle de la bouche
Orbiculaire de la bouche
Abaisseur de la lèvre inférieure
Mentonnier
Platysma Sternocléidomastoïdien
A. Vue antérieure
Aponévrose épicrânienne Occipitofrontal
Ventre frontal de l’occipitofrontal
Temporal
Ventre occipital de l’occipitofrontal Orbiculaire de l’œil Élévateur de la lèvre supérieure Petit zygomatique Élévateur de l’angle de la bouche Grand zygomatique
Masséter Buccinateur
Orbiculaire de la bouche Mentonnier Abaisseur de la lèvre inférieure Abaisseur de l’angle de la bouche
Sternocléidomastoïdien
Platysma B. Vue latérale
FIGURE 11.6 Muscles de l’expression faciale ❯ Ces muscles, majoritairement contrôlés par le nerf facial (NC VII), sont responsables des différentes expressions faciales.
446 Partie II Le soutien et les mouvements du corps
contractent. Quand elle ronce le nez de dégoût après avoir senti une odeur nauséabonde, elle utilise le muscle procérus. Celui-ci est en continuité avec le ventre rontal du muscle occipitorontal et il traverse la racine du nez, où il crée des plis transversaux quand il se contracte. La bouche est la partie la plus expressive du visage. L’orbiculaire de la bouche se compose de bres musculaires qui entourent l’orice buccal. Lorsque ce muscle se contracte, la bouche se erme. C’est aussi lui qui travaille quand les lèvres s’avancent pour donner un baiser ou pour sifer. L’abaisseur de la lèvre inférieure, comme son nom l’indique, tire la lèvre inérieure vers le bas. L’abaisseur de l’angle de la bouche tire la commissure des lèvres vers le bas. Ces deux derniers muscles contribuent à l’expression mimique correspondant à la moue. Certains muscles de la bouche élèvent au contraire une partie ou la totalité de la lèvre supérieure. L’élévateur de la lèvre supérieure tire celle-ci vers le haut quand une personne sourit d’un air méprisant, par exemple, ou qu’elle montre les dents. L’élévateur de l’angle de la bouche tire le coin de la bouche vers le haut et le côté. Le grand zygomatique et le petit zygomatique travaillent avec l’élévateur de l’angle de la bouche. Ces trois derniers muscles sont ceux utilisés pour sourire normalement. Le risorius tire le coin des lèvres latéralement ; il est sollicité lorsqu’une personne sourit en gardant la bouche ermée et lorsqu’elle rit. Le mentonnier s’attache à la lèvre inérieure qu’il pousse vers l’avant et replie vers le bas quand il se contracte (p. ex., quand une personne ait la moue). C’est aussi le mentonnier qui permet la position de la lèvre inérieure lorsqu’une personne boit à l’aide d’une tasse ou d’un verre. Le platysma tend la peau du cou et tire
TABLEAU 11.1
la lèvre inérieure vers le bas. Ce muscle est sollicité lorsqu’une personne exprime de la tristesse. Un miroir permet de voir ce mince muscle aire des saillies quand la peau du cou est tendue. Le buccinateur comprime les joues contre les dents durant la mastication. C’est pourquoi les joues ne gonfent pas comme celles d’un écureuil quand une personne mange. Les nourrissons se servent de leurs buccinateurs pour téter le sein. Certains trompettistes, comme Dizzy Gillespie, ont étiré leurs muscles buccinateurs, de sorte que leurs joues se gonfent d’air quand ils jouent de la trompette. C’est aussi un des muscles qui permettent de sifer. Le TABLEAU 11.1 dresse un résumé des attaches et des mouvements des muscles de l’expression aciale. La FIGURE 11.7 montre certaines des expressions les plus caractéristiques produites par ces muscles.
INTÉGRATION LIENS ENTRE LES CONCEPTS La cause des problèmes visuels peut résider dans le système musculosquelettique, dans le système nerveux ou dans ces deux systèmes à la ois. Si, par exemple, une personne ne peut tourner son œil droit vers l’extérieur (abduction), il est possible que son ner abducens (NC VI) ait subi une lésion (voir la section 13.9). Par ailleurs, certains problèmes de vision sont attribuables à la aiblesse d’un seul des muscles extrin sèques de l’œil. Des exercices ou le masquage de l’œil le plus ort permettront de corriger ce déséquilibre musculaire. Le médecin doit donc intégrer les données musculaires et les données nerveuses pour diagnostiquer correctement les troubles de vision d’une personne.
Muscles de l’expression faciale
Région ou muscle
Action
Origine (O) et insertion (I)
Innervation a
Cuir chevelu Occipitofrontal (formé des ventres frontal et occipital séparés par une aponévrose épicrânienne) Ventre frontal de l’occipitofrontal frons = ront
Fait bouger le cuir chevelu et les sourcils ; plisse la peau du ront.
O : Peau des sourcils I : Aponévrose épicrânienne
NCb VII (ner acial)
Ventre occipital de l’occipitofrontal occipitalis = base du crâne
Rétracte le cuir chevelu.
O : Ligne nucale supérieure (sur l’os occipital) I : Aponévrose épicrânienne
NC VII (ner acial)
Nasal
Abaisse le bout du nez pour ermer les narines ; élève le coin de chaque narine.
O : Maxillaire et cartilage alaire du nez I : Arête du nez
NC VII (ner acial)
Procérus procerus = long
Fait bouger le nez et le plisse.
O : Os nasal et cartilage nasal latéral I : Peau du bas du ront
NC VII (ner acial)
Comprime la joue (p. ex., pour sifer) ; maintient les aliments entre les dents durant la mastication ; gonfe les joues pour jouer de la trompette.
O : Processus alvéolaires du maxillaire et de la mandibule I : Orbiculaire de la bouche
NC VII (ner acial)
Nez
Bouche Buccinateur bucco = bouche ou buccinator = joueur de trompette
Chapitre 11 Le système musculaire : les muscles axiaux et appendiculaires 447
TABLEAU 11.1
Muscles de l’expression faciale (suite)
Région ou muscle
Action
Origine (O) et insertion (I)
Innervation a
Abaisseur de l’angle de la bouche
Tire le coin de la bouche vers le bas et le côté (un des muscles servant à esquisser une moue).
O : Corps de la mandibule I : Peau du coin (angle) inérieur de la bouche
NC VII (ner acial)
Abaisseur de la lèvre inférieure
Tire la lèvre inérieure vers le bas (un des muscles servant à esquisser une moue).
O : Corps de la mandibule, latéralement à la ligne médiane I : Peau de la lèvre inérieure
NC VII (ner acial)
Élévateur de l’angle de la bouche
Tire le coin de la bouche vers le haut et le côté (un des muscles servant à esquisser un sourire).
O : Portion latérale du maxillaire I : Peau du coin supérieur de la bouche
NC VII (ner acial)
Élévateur de la lèvre supérieure
Ouvre les lèvres ; élève et replie la lèvre supérieure (muscle servant à montrer les dents du haut).
O : Os zygomatique ; maxillaire I : Peau et muscle de la lèvre supérieure
NC VII (ner acial)
Mentonnier
Se déplace vers l’avant pour replier la lèvre inérieure vers le bas (p. ex., pour boire à une tasse) ; plisse le menton (un des muscles servant à esquisser une moue).
O : Centre de la mandibule I : Peau du menton
NC VII (ner acial)
Orbiculaire de la bouche orbicularis = circulaire
Comprime et pince les lèvres (muscle servant à donner un baiser ou à sifer).
O : Maxillaire et mandibule ; usion avec les bres d’autres muscles aciaux I : Autour de la bouche ; peau et muscles des angles de la bouche
NC VII (ner acial)
Risorius risorius = qui rit
Tire le coin de la bouche latéra lement ; tend les lèvres (un des muscles servant à esquisser un sourire et à rire).
O : Fascia associé au muscle masséter I : Peau de l’angle de la bouche
NC VII (ner acial)
Grand zygomatique zeûgma = joug, joindre (os de la joue)
Élève le coin de la bouche (un des muscles servant à esquisser un sourire).
O : Os zygomatique I : Peau de l’angle supérieur de la bouche
NC VII (ner acial)
Petit zygomatique
Élève le coin de la bouche (un des muscles servant à esquisser un sourire).
O : Os zygomatique I : Peau du coin de la lèvre supérieure
NC VII (ner acial)
Corrugateur du sourcil corrugo = plisser cilium = paupière
Tire le sourcil vers le bas et le centre ; crée des plis verticaux audessus du nez (muscle servant à roncer les sourcils).
O : Extrémité médiale de l’arcade sourcilière I : Peau des sourcils
NC VII (ner acial)
Élévateur de la paupière supérieure
Élève la paupière supérieure.
O : Petite aile de l’os sphénoïde I : Tarse supérieur et peau de la paupière supérieure
NC III (ner oculomoteur)
Orbiculaire de l’œil
Ferme l’œil ; ait cligner et plisser l’œil (muscle servant à cligner des yeux).
O : Paroi médiale ou bord de l’orbite
NC VII (ner acial)
Tire la lèvre inérieure vers le bas ; tend la peau du cou (muscle servant à exprimer la tristesse).
O : Fascia du deltoïde et du grand pectoral, et acromion de la scapula I : Mandibule et peau de la joue
Œil
I : Peau entourant les paupières
Cou Platysma platy = aplati
a
Voir la section 13.9.
b
NC signie ner crânien.
NC VII (ner acial)
448 Partie II Le soutien et les mouvements du corps
Abaisseur de l’angle de la bouche (moue)
Orbiculaire de l’œil (clignement et fermeture de l’œil)
Grand zygomatique (sourire)
Orbiculaire de la bouche (fermeture de la bouche, donner un baiser et siffler)
Ventre frontal de l’occipitofrontal (plisse le front, lève les sourcils)
Platysma (tend la peau du cou)
FIGURE 11.7 Anatomie de surface de certains muscles de l’expression faciale ❯ Ces muscles rendent possibles les expressions complexes qui servent souvent de moyens de communication.
Vérifiez vos connaissances 6. Quels muscles de l’expression faciale se contractent
quand vous souriez ? 7. Quels muscles tirent le coin de la bouche vers le bas
pour faire la moue ?
11.3.2
Les muscles extrinsèques de l’œil
3
Connaître les six muscles extrinsèques de l’œil et expliquer l’action de chacun sur les mouvements de l’œil.
4
Nommer les trois nerfs crâniens qui innervent les muscles extrinsèques de l’œil et préciser sur quels muscles agit chacun.
Les muscles extrinsèques de l’œil (ou muscles du bulbe oculaire) sont responsables des mouvements de l’œil. Ils sont qualifés d’extrinsèques parce qu’ils s’insèrent à la surace externe de l’œil, sur la sclère. Ces muscles sont au nombre de six : quatre muscles droits (médial, latéral, inérieur et supérieur) et deux muscles obliques (inérieur et supérieur) FIGURE 11.8.
Les muscles droits de l’œil ont leur origine sur un anneau tendineux commun situé dans l’orbite. Ces muscles s’attachent à la portion antérieure de l’œil, et leur nom dépend du côté de l’œil où ils se trouvent (médial, latéral, inérieur ou supérieur). Le droit médial s’insère sur la surace antéromédiale de l’œil et le tire médialement (adduction de l’œil ; vers l’intérieur). Il est innervé par le ner oculomoteur (NC III). Le droit latéral s’attache à la surace antérolatérale de l’œil et tire l’œil latéralement (abduction de l’œil ; vers l’extérieur). Il est innervé par le ner abducens (NC VI). Le droit inférieur s’insère sur la portion antéro-inérieure de l’œil ; il tire l’œil vers le bas (pour regarder en bas) et l’intérieur (pour regarder son nez). Le droit supérieur s’attache à la portion antérosupérieure de la sclère. Ce muscle tire l’œil vers le haut (pour regarder en haut) et vers l’intérieur. Les muscles droits supérieur et inérieur sont innervés par le NC III. La fgure 11.8D montre que la traction de ces deux muscles ne s’exerce pas tout à ait parallèlement à l’axe longitudinal de l’œil ; c’est pourquoi tous deux tirent légèrement l’œil en direction médiale. L’origine des muscles obliques de l’œil se trouve à l’intérieur de l’orbite ; ces derniers s’insèrent sur la portion postérolatérale de la sclère. L’oblique inférieur élève l’œil et le tourne latéralement (vers l’extérieur). Puisque ce muscle s’attache à la partie inérieure postérieure de l’œil, sa contraction tire l’arrière de l’œil vers le bas, ce qui permet d’élever le devant de l’œil.
Chapitre 11 Le système musculaire : les muscles axiaux et appendiculaires 449
Trochlée
Trochlée Droit supérieur
Oblique supérieur Os frontal Droit supérieur
Oblique supérieur Orbiculaire de l’œil
Anneau tendineux commun
Droit médial Nerf optique
Nerf optique Droit latéral Droit inférieur
Oblique inférieur
Maxillaire
Anneau tendineux commun Droit inférieur
Oblique inférieur
B. Œil droit, vue médiale
A. Œil droit, vue latérale
Trochlée Trochlée
Axe parasagittal
Droit supérieur
Centre de l’œil
Oblique inférieur
Axe frontal Oblique supérieur Droit latéral Canal optique Anneau tendineux commun Oblique inférieur Droit inférieur Droit médial
C. Orbite droite (œil retiré), vue antérieure
Droit inférieur Droit latéral
Droit médial
Oblique supérieur
Droit supérieur D. Vue supérieure
FIGURE 11.8 Muscles extrinsèques de l’œil
❯ Les muscles extrinsèques de l’œil régissent les mouvements de l’œil. A. Cette illustration d’une vue latérale de l’œil droit montre l’insertion de la plupart de ses muscles extrinsèques. B. Une vue médiale de l’œil met en évidence le muscle droit médial. C. Un anneau tendineux commun, montré ici dans une
Ce muscle est innervé par le NC III. L’oblique supérieur abaisse l’œil et le tourne latéralement. Ce muscle passe par une boucle en forme de poulie, la trochlée, située dans la portion antéromédiale de l’orbite. Ce muscle s’attache sur la partie supérieure et postérieure de l’œil, de sorte que sa contraction tire l’arrière de l’œil vers le haut, ce qui permet d’abaisser le devant de l’œil. Ce muscle est innervé par le nerf trochléaire (NC IV).
vue antérieure de l’orbite droite en absence de l’oeil, constitue l’origine de la plupart des muscles de l’œil. D. Une vue supérieure des orbites gauche et droite montre les diérences d’insertion des muscles droits et obliques ainsi que la manière dont ces diérences infuencent leur action sur les mouvements de l’œil.
Le TABLEAU 11.2 offre une comparaison des muscles extrinsèques de l’œil. La section 13.9 permet de revoir les nerfs crâniens mentionnés ici.
Vérifiez vos connaissances 8. Quel muscle extrinsèque produit uniquement un
déplacement de l’œil vers l’extérieur ?
450 Partie II Le soutien et les mouvements du corps TABLEAU 11.2 Muscles extrinsèques de l’œil Groupe ou muscle
Action
Origine (O) et insertion (I)
Innervation a
Droit médial
Tourne l’œil médialement (vers l’intérieur).
O : Anneau tendineux commun I : Surace antéromédiale de l’œil
NC III (ner oculomoteur)
Droit latéral
Tourne l’œil latéralement (vers l’extérieur).
O : Anneau tendineux commun I : Surace antérolatérale de l’œil
NC VI (ner abducens)
Droit inférieur
Tourne l’œil vers le bas (abaisse l’œil) et l’intérieur.
O : Anneau tendineux commun I : Surace antéroinérieure de l’œil
NC III (ner oculomoteur)
Droit supérieur
Tourne l’œil vers le haut (élève l’œil) et l’intérieur.
O : Anneau tendineux commun I : Surace antérosupérieure de l’œil
NC III (ner oculomoteur)
Oblique inférieur
Tourne l’œil vers le haut (élève l’œil) et vers l’extérieur.
O : Face orbitaire antérieure du maxillaire I : Surace postéroinérieure latérale de l’œil
NC III (ner oculomoteur)
Oblique supérieur
Tourne l’œil vers le bas (abaisse l’œil) et le côté (abduction de l’œil).
O : Os sphénoïde I : Surace postérosupérieure latérale de l’œil
NC IV (ner trochléaire)
Muscles droits
Muscles obliques
a
Voir la section 13.9.
11.3.3
Les muscles de la bouche et du pharynx
5
Expliquer comment chacun des quatre muscles de la mastication agit sur les mouvements de la mandibule.
6
Décrire l’action des muscles intrinsèques de la langue et de ses quatre paires de muscles extrinsèques.
7
Expliquer la onction remplie par les trois principaux muscles du pharynx.
Les muscles de la bouche et du pharynx contribuent à la mastication, aux mouvements de la langue et à la déglutition.
11.3.3.1 Les muscles de la mastication La mastication est l’action de mâcher. Les muscles de la mastication font bouger la mandibule au niveau de l’articulation temporomandibulaire. Il s’agit de quatre muscles pairs : le temporal, le masséter et les ptérygoïdiens latéral et médial FIGURE 11.9. Ces muscles sont innervés par le nerf mandibulaire (V3), une branche du nerf trijumeau (NC V). Le muscle temporal est large et en forme d’éventail ; il s’étend des lignes temporales du crâne à son insertion sur le processus coronoïde de la mandibule. Il élève la mandibule et la rétracte (la tire vers l’arrière). C’est aussi ce muscle qui permet de maintenir la mandibule en position de repos. Il est possible de palper ce muscle en plaçant les doigts sur la tempe
Temporal
Temporal (sectionné)
Ptérygoïdien latéral Masséter
FIGURE 11.9 Muscles de la mastication
❯
Vues latérales A. des muscles super fciels et B. des muscles proonds de la mastication (en caractères gras) qui actionnent la mandibule. A. Muscles superficiels, vue latérale
Ptérygoïdien médial
Buccinateur Orbiculaire de la bouche
Buccinateur Orbiculaire de la bouche
B. Muscles profonds, vue latérale
Chapitre 11 Le système musculaire : les muscles axiaux et appendiculaires 451
(côté latéral du crâne, au niveau des orbites) tout en ouvrant et en ermant la bouche. Le muscle dont la contraction est ressentie est le temporal. Le masséter élève la mandibule et la tire vers l’avant (protraction). C’est le plus puissant et le plus important des muscles de la mastication. Ce muscle court et épais a son origine à l’arcade zygomatique et il entoure la mandibule. Il est possible de percevoir ses mouvements en palpant l’angle de la mandibule tout en ouvrant et en ermant la bouche. Les muscles ptérygoïdiens latéral et médial ont leur origine sur le processus ptérygoïde de l’os sphénoïde et ils s’insèrent sur la ace médiale de la mandibule. Les deux ptérygoïdiens exercent une protraction (mouvement vers l’avant) de la mandibule et la déplacent latéralement durant la mastication. Ces mouvements assurent l’efcacité maximale des dents durant la mastication ou le broyage des aliments de diverses consistances. Le ptérygoïdien médial élève également la mandibule. Le TABLEAU 11.3 résume les caractéristiques des muscles de la mastication.
11.3.3.2 Les muscles responsables
des mouvements de la langue La langue est un organe agile et très mobile. Elle est ormée de muscles intrinsèques qui la roulent, la tordent et la replient durant la mastication et la parole. La langue constitue donc en elle-même un gros muscle. L’origine des muscles extrinsèques de la langue se trouve sur d’autres structures de la tête et du cou, lesquelles s’insèrent sur la langue. Le nom de ces muscles se termine par le sufxe -glosse, un élément qui signife langue FIGURE 11.10. Diverses combinaisons de ces muscles extrinsèques servent à accomplir
TABLEAU 11.3
a
les mouvements précis, complexes et délicats de la langue nécessaires à une élocution correcte et à la manipulation des aliments dans la bouche. La plupart de ces muscles sont innervés par le ner hypoglosse (NC XII). Les muscles génioglosses gauche et droit, qui ont leur origine sur la ace interne de la mandibule (au niveau du menton), exercent une protraction de la langue et évitent qu’elle tombe vers l’arrière, dans le pharynx, et qu’elle obstrue les voies respiratoires. Ces muscles sont également sollicités pour tirer la langue et pour l’abaisser vers le bas de la bouche. L’origine des muscles styloglosses gauche et droit se trouve sur le processus styloïde de l’os temporal. Ces muscles produisent l’élévation vers le palais et la rétraction de la langue en la tirant vers l’arrière de la bouche. Ces muscles permettent aussi de placer la langue en orme de U. Les muscles hyoglosses gauche et droit prennent leur origine sur l’os hyoïde et s’insèrent sur les côtés inérieurs de la langue. Ils abaissent la langue et la rétractent. L’origine des muscles palatoglosses gauche et droit se trouve sur le palais mou ; ils élèvent la portion postérieure de la langue. Le TABLEAU 11.4 résume les caractéristiques des muscles extrinsèques de la langue.
11.3.3.3 Les muscles du pharynx Le pharynx (communément appelé gorge) est un tube en orme d’entonnoir situé derrière les cavités orale et nasale. Plusieurs muscles contribuent à la ormation de ce tube, s’y attachent et participent à la déglutition FIGURE 11.11. La plupart des muscles pharyngiens sont innervés par le ner vague (NC X). Les principaux muscles du pharynx sont les muscles constricteurs du pharynx (supérieur, moyen et inférieur). Quand le bol alimentaire pénètre dans le pharynx, ces muscles se contractent en séquence pour amorcer la déglutition et orcer le bol vers le
Muscles de la mastication
Muscle
Action
Origine (O) et insertion (I)
Innervation a
Temporal temporalis = relatif à la tempe
Élévation et rétraction de la mandibule ; maintien de la mandibule en position de repos
O : Lignes temporales supérieure et inférieure I : Processus coronoïde de la mandibule
NC V3 (nerf mandibulaire ; branche du nerf trijumeau NC V)
Masséter masêtêr = masticateur
Élévation et protraction (vers l’avant) de la mandibule ; principal moteur de l’élévation de la mandibule
O : Arcade zygomatique (pommette de la joue) I : Processus coronoïde, surface latérale et angle de la mandibule
NC V3 (nerf mandibulaire ; branche du nerf trijumeau NC V)
Ptérygoïdien médial pterugoeidês = semblable à une aile
Élévation et protraction de la mandi bule ; mouvements latéraux de la mandibule
O : Maxillaire, palatin et lame latérale du processus ptérygoïde I : Surface médiale de la branche de la mandibule
NC V3 (nerf mandibulaire ; branche du nerf trijumeau NC V)
Ptérygoïdien latéral
Protraction de la mandibule ; mouvements latéraux de la mandibule
O : Grande aile du sphénoïde et lame latérale du processus ptérygoïde I : Processus condylaire de la mandibule
NC V3 (nerf mandibulaire ; branche du nerf trijumeau NC V)
Voir la section 13.9.
452 Partie II Le soutien et les mouvements du corps
FIGURE 11.10 Muscles responsables des mouvements de la langue ❯ Les muscles extrinsèques de la langue (en caractère gras) ont leur origine sur d’autres structures que la langue et ils s’insèrent sur elle pour permettre ses mouvements prononcés.
Processus styloïde
Langue
Palatoglosse Styloglosse
Génioglosse
Stylohyoïdien
Mandibule (sectionnée)
Hyoglosse
Géniohyoïdien Os hyoïde Cartilage thyroïde
Vue latérale droite
TABLEAU 11.4 Muscles extrinsèques de la langue
a
Muscle
Action
Origine (O) et insertion (I)
Innervation a
Génioglosse genion = menton glôssa = langue
Protraction de la langue (évite que la langue tombe vers le pharynx)
O : Épines mentonnières de la mandibule I : Région inférieure de la langue ; os hyoïde
NC XII (nerf hypoglosse)
Styloglosse
Élévation vers le palais et rétraction de la langue vers l’arrière ; langue roulée en U
O : Processus styloïde de l’os temporal
NC XII (nerf hypoglosse)
Hyoglosse huoeidês = os en forme de U
Abaissement et rétraction de la langue
O : Os hyoïde I : Côté inférieur de la langue
NC XII (nerf hypoglosse)
Palatoglosse palatum = palais
Élévation de la partie postérieure de la langue
O : Surface antérieure du palais mou I : Côté postérieur de la langue
NC X (nerf vague) par l’intermédiaire du plexus nerveux pharyngien
I : Côté inférieur de la langue
Voir la section 13.9.
bas, dans l’œsophage. D’autres muscles pharyngiens élèvent ou tendent le palais au moment de la déglutition. Le TABLEAU 11.5 présente un résumé de ces muscles.
Vérifiez vos connaissances 9. Quels mouvements les muscles ptérygoïdiens médial
11.3.4
8
Les muscles antérieurs du cou : les muscles hyoïdiens
Comparer les actions des quatre muscles suprahyoïdiens à celles des quatre muscles infrahyoïdiens.
et latéral réalisentils ? 10. Quelle est la fonction générale des muscles
extrinsèques de la langue ?
Les muscles antérieurs du cou se partagent entre les muscles suprahyoïdiens, situés au-dessus de l’os hyoïde, et les muscles infrahyoïdiens, inférieurs à l’os hyoïde FIGURE 11.12.
Chapitre 11 Le système musculaire : les muscles axiaux et appendiculaires 453
FIGURE 11.11 Constricteurs du pharynx, muscles du palais et élévateurs du larynx ❯ Cette vue latérale droite montre certains des muscles qui resserrent le pharynx pendant la déglutition, qui ont bouger le palais et qui élèvent le larynx. (Les muscles palatopharyngien et salpingopharyngien ne sont pas illustrés.)
Tenseur du voile du palais Élévateur du voile du palais Constricteur supérieur Stylopharyngien Constricteur moyen
Constricteur inférieur
Œsophage Vue latérale droite
TABLEAU 11.5 Muscles du pharynx Région ou muscle
Action
Origine (O) et insertion (I)
Innervation a
Élévateur du voile du palais
Élève le palais mou pendant la déglutition.
O : Partie pétreuse de l’os temporal I : Palais mou
NC X (ner vague)
Tenseur du voile du palais tensus = rendu raide
Tend le palais mou et ouvre la trompe auditive pendant la déglutition ou le bâillement.
O : Os sphénoïde ; région entourant la trompe auditive I : Palais mou
NC V3 (ner mandibulaire ; branche du ner trijumeau NC V)
Constricteur supérieur constrictor = qui resserre
Resserre le pharynx en séquence pour orcer le bol alimentaire dans l’œsophage (péristaltisme) ; le supérieur est le plus interne.
O : Processus ptérygoïde de l’os sphé noïde ; surace médiale de la mandibule I : Raphé pharyngien (union des fbres musculaires des deux côtés)
NC X (ner vague) par l’inter mé diaire des rameaux du plexus pharyngien
Constricteur moyen
Resserre le pharynx en séquence (péristaltisme).
O : Os hyoïde I : Raphé médian postérieur
NC X (ner vague) par l’intermé diaire des rameaux du plexus pharyngien
Constricteur inférieur
Resserre le pharynx en séquence (péristaltisme) ; l’inérieur est le plus externe.
O : Cartilages thyroïde et cricoïde I : Raphé médian postérieur
NC X (ner vague) par l’intermé diaire des rameaux du plexus pharyngien
Palatopharyngien pharugx, pharuggos = gosier
Élève le pharynx et le larynx.
O : Palais mou I : Côté du pharynx et cartilage thyroïde du larynx
NC X (ner vague) par l’intermé diaire des rameaux du plexus pharyngien
Salpingopharyngien salpinx = trompe
Élève le pharynx et le larynx.
O : Trompe auditive I : Fusion avec le palatopharyngien sur la paroi latérale du pharynx
NC X (ner vague) par l’inter mé diaire des rameaux du plexus pharyngien
Stylopharyngien
Élève le pharynx et le larynx.
O : Processus styloïde de l’os temporal I : Côté du pharynx et cartilage thyroïde du larynx
NC IX (ner glossopharyngien) par l’intermédiaire des rameaux du plexus pharyngien
Muscles du palais
Constricteurs du pharynx
Élévateurs du larynx
a
Voir la section 13.9.
454 Partie II Le soutien et les mouvements du corps
Muscles profonds
Muscles superficiels
Mylohyoïdien Muscles suprahyoïdiens
Génioglosse
Stylohyoïdien Digastrique Ventre antérieur Ventre postérieur
Géniohyoïdien
Muscle suprahyoïdien
Hyoglosse Os hyoïde
Muscles infrahyoïdiens
Omohyoïdien
Thyrohyoïdien
Sternohyoïdien
Muscles infrahyoïdiens Sternothyroïdien
Sternocléidomastoïdien Muscles scalènes
Trapèze
Clavicule
Vue antérieure
FIGURE 11.12 Muscles antérieurs du cou
❯ Les muscles antérieurs du cou ont bouger l’os hyoïde et le cartilage thyroïde. Les muscles superfciels
Les muscles suprahyoïdiens sont associés au plancher de la bouche. Ces muscles agissent généralement en groupes pour élever l’os hyoïde durant la déglutition ou la phonation. Le digastrique a deux ventres, le ventre antérieur et le ventre postérieur. Son ventre antérieur s’étend de la osse digastrique de la mandibule jusqu’à l’os hyoïde, et son ventre postérieur va de l’os hyoïde jusqu’au processus mastoïde de l’os temporal. Les deux ventres s’unissent par un tendon intermédiaire tenu en place par une boucle fbreuse. En plus d’élever l’os hyoïde, le muscle digastrique peut également abaisser la mandibule pour ouvrir la bouche. Le géniohyoïdien s’attache sur les épines mentonnières de la mandibule et sur l’os hyoïde. Ce muscle élève et avance l’os hyoïde pour agrandir le pharynx et permettre le passage de la nourriture durant la déglutition. Le mylohyoïdien, large et plat, orme le plancher musculaire de la bouche pour permettre à la langue de pousser le bol alimentaire vers le pharynx au moment de la déglutition. Quand il se contracte, il élève à la ois l’os hyoïde et le plancher de la bouche. Les fbres des muscles mylohyoïdiens droit et gauche sont disposées en V. Le stylohyoïdien relie le processus styloïde du crâne et l’os hyoïde. En se contractant, il élève l’os
sont illustrés du côté droit du corps, et les muscles plus proonds, du côté gauche.
hyoïde et permet ainsi au plancher de la cavité orale de s’allonger durant la déglutition. Quand la déglutition est complétée, les muscles infrahyoïdiens se contractent pour modifer la position de l’os hyoïde et du larynx. En général, ces muscles abaissent l’os hyoïde ou le cartilage thyroïde du larynx. L’omohyoïdien se compose de deux minces ventres musculaires tenus en place par une bandelette de fascia (tissu conjoncti qui recouvre les muscles ou les groupes de muscles). Ce muscle est situé latéralement au sternohyoïdien et il part du bord supérieur de la scapula pour aller s’insérer sur l’os hyoïde qu’il abaisse. Le sternohyoïdien s’étend du sternum à l’os hyoïde et abaisse ce dernier. Le sternothyroïdien est plus proond que le sternohyoïdien. Il s’étend du sternum jusqu’au cartilage thyroïde du larynx. Il abaisse le cartilage thyroïde pour le ramener à sa position initiale après la déglutition. Le thyrohyoïdien s’étend du cartilage thyroïde du larynx jusqu’à l’os hyoïde. Il abaisse l’os hyoïde et élève le cartilage thyroïde pour ermer le larynx durant la déglutition. En outre, les muscles omohyoïdien, sternohyoïdien et thyrohyoïdien aident à ancrer l’os hyoïde pour que le digastrique puisse abaisser la mandibule.
Chapitre 11 Le système musculaire : les muscles axiaux et appendiculaires 455
11.3.5.1 Les muscles antérolatéraux du cou
À votre avis 1. Étant donné que le nom des muscles se rapporte
souvent à l’emplacement de leurs attaches, que signife, selon vous, le préfxe omo dans omohyoïdien ?
Le TABLEAU 11.6 résume les caractéristiques de ces muscles.
Vérifiez vos connaissances 11. Énumérez les quatre muscles suprahyoïdiens
et décrivez leur onction commune.
11.3.5
9
Les muscles responsables des mouvements de la tête et du cou
Comparer l’action des muscles antérolatéraux du cou à celle des muscles postérieurs du cou.
Les muscles qui assurent les mouvements de la tête et du cou ont leur origine sur la colonne vertébrale, la cage thoracique et la ceinture scapulaire, et ils s’insèrent sur les os du crâne FIGURE 11.13 (voir aussi la fgure 11.12).
Les muscles antérolatéraux du cou sont tous des féchisseurs de la tête ou du cou. Le sternocléidomastoïdien et les trois scalènes sont les principaux muscles de ce groupe. Le sternocléidomastoïdien est un muscle épais ressemblant à un câble qui s’étend du sternum et de la clavicule jusqu’au processus mastoïde, derrière l’oreille. La contraction des deux sternocléidomastoïdiens (ou contraction bilatérale) féchit le cou. La contraction d’un seul muscle sternocléidomastoïdien (ou contraction unilatérale) produit une fexion latérale de la tête du côté de ce muscle, accompagnée par la rotation de la tête vers le côté opposé. Si le sternocléidomastoïdien gauche se contracte, il tourne donc la tête vers le côté droit du corps. Les trois muscles scalènes (antérieur, moyen et postérieur) travaillent avec le sternocléidomastoïdien pour féchir le cou. Les muscles scalènes élèvent en outre les deux premières côtes durant l’inspiration orcée (voir la section 23.5.2).
11.3.5.2 Les muscles postérieurs du cou Plusieurs des muscles postérieurs du cou agissent ensemble pour produire l’extension de la tête ou du cou FIGURE 11.14. Le trapèze s’attache sur le crâne et participe à l’extension de la tête, du cou ou des deux, mais sa onction principale est d’assurer les mouvements de la ceinture scapulaire.
TABLEAU 11.6 Muscles antérieurs du cou Région ou muscle
Action
Origine (O) et insertion (I)
Innervation a
Muscles suprahyoïdiens Digastrique di = deux gastros = estomac
Abaisse la mandibule ; élève l’os hyoïde pour ouvrir la bouche.
O : Ventre antérieur : osse digastrique de la mandibule ; ventre postérieur : processus mastoïde de l’os temporal I : Os hyoïde par l’intermédiaire d’une poulie fbreuse
Ventre antérieur : NC V3 (ner mandibu laire ; branche du ner trijumeau NC V) ; ventre postérieur : NC VII (ner acial)
Géniohyoïdien
Élève et avance l’os hyoïde.
O : Épines mentonnières de la mandibule I : Os hyoïde
Premier ner spinal cervical (C1) par l’inter médiaire du NC XII (ner hypoglosse)
Mylohyoïdien myle = molaire
Élève l’os hyoïde ; élève le plancher de la bouche.
O : Ligne mylohyoïdienne de la mandibule I : Os hyoïde
NC V3 (ner mandibulaire ; branche du ner trijumeau NC V)
Stylohyoïdien
Élève l’os hyoïde.
O : Processus styloïde de l’os temporal I : Os hyoïde
NC VII (ner acial)
Omohyoïdien omo = épaule
Abaisse et fxe l’os hyoïde.
O : Bord supérieur de la scapula (omoplate) I : Os hyoïde
Ners spinaux cervicaux C1 à C3 par l’anse cervicale (venant du plexus cervical)
Sternohyoïdien sterno = sternum
Abaisse l’os hyoïde.
O : Manubrium sternal et extrémité médiale de la clavicule I : Os hyoïde
Ners spinaux cervicaux C1 à C 3 par l’anse cervicale (venant du plexus cervical)
Sternothyroïdien thyro = cartilage thyroïde
Abaisse le cartilage thyroïde du larynx.
O : Surace postérieure du manubrium sternal I : Cartilage thyroïde du larynx
Ners spinaux cervicaux C1 à C 3 par l’anse cervicale (venant du plexus cervical)
Thyrohyoïdien
Abaisse l’os hyoïde et élève le cartilage thyroïde du larynx.
O : Cartilage thyroïde du larynx I : Os hyoïde
Premier ner spinal cervical C1 par l’inter médiaire du NC XII (ner hypoglosse)
Muscles infrahyoïdiens
a
Voir les sections 13.9 et 14.5.2.
456 Partie II Le soutien et les mouvements du corps
Stylohyoïdien Ventre postérieur du digastrique Mylohyoïdien
Splénius de la tête
Ventre antérieur du digastrique
Élévateur de la scapula
Thyrohyoïdien Constricteur inférieur
Sternocléidomastoïdien
Sternothyroïdien Ventre supérieur de l’omohyoïdien
Muscles scalènes
Sternohyoïdien Trapèze Ventre inférieur de l’omohyoïdien Platysma (sectionné)
Vue antérolatérale
FIGURE 11.13 Muscles assurant les mouvements de la tête et du cou
❯
Collectivement, les muscles antérolatéraux exercent une fexion du cou, alors que les muscles postérieurs du cou produisent l’extension de la tête ou du cou.
Muscles profonds
Muscles très profonds Petit droit postérieur de la tête Grand droit postérieur de la tête
Semi-épineux de la tête
Oblique supérieur de la tête Sternocléidomastoïdien
Oblique inférieur de la tête Longissimus de la tête
Splénius de la tête
Semi-épineux de la tête (sectionné) Élévateur de la scapula
FIGURE 11.14
Splénius de la tête (sectionné)
Splénius du cou
Muscles postérieurs du cou ❯ Les muscles proonds et très proonds sont responsables de l’extension et de la rotation de la tête et du cou.
Vue postérieure
Chapitre 11 Le système musculaire : les muscles axiaux et appendiculaires 457
Quand les muscles splénius de la tête, splénius du cou, semiépineux de la tête et longissimus de la tête droits et gauches se contractent bilatéralement, ils produisent une extension du cou. Leur contraction unilatérale fait tourner la tête et le cou du côté des muscles qui se contractent.
que les muscles droits provoquent une extension de la tête et du cou. Le TABLEAU 11.7 résume les caractéristiques des muscles de la tête et du cou.
Le groupe des muscles sous-occipitaux comprend l’oblique supérieur de la tête, l’oblique inférieur de la tête, le grand droit postérieur de la tête et le petit droit postérieur de la tête. Les muscles obliques tournent la tête de leur côté, alors
Vérifiez vos connaissances 12. Quels muscles du cou produisent son extension ?
Lesquels féchissent le cou ?
TABLEAU 11.7 Muscles assurant les mouvements de la tête et du cou Muscle
Action
Origine (O) et insertion (I)
Innervation a
Sternocléidomastoïdien sternon = sternum kleidos = clavicule masto = sein
Action unilatérale b : fexion latérale et rotation de la tête du côté opposé ; action bilatérale c : fexion du cou
O : Manubrium sternal et extrémité sternale de la clavicule I : Processus mastoïde
NC XI (ner accessoire)
Muscles scalènes (antérieur, moyen, postérieur)d
Flexion du cou ; élévation des deux premières côtes durant l’inspiration orcée
O : Processus transverse des vertèbres cervicales I : Surace supérieure des deux premières côtes
Ners spinaux cervicaux
Splénius de la tête et du cou splenion = bandage
Action unilatérale : rotation de la tête de son côté ; action bilatérale : extension de la tête ou du cou
O : Ligament nucal I : Os occipital et processus mastoïde de l’os temporal
Ners spinaux cervicaux
Longissimus de la tête longissimus = le plus long
Action unilatérale : rotation de la tête de son côté ; action bilatérale : extension de la tête et du cou
O : Processus transverse des vertèbres T1 à T4, et processus articulaires des vertèbres C4 à C7 I : Processus mastoïde
Ners spinaux cervicaux et thoraciques
Oblique supérieur de la tête
Rotation de la tête de son côté
O : Processus transverse de l’atlas I : Ligne nucale inérieure de l’os occipital
Ner sousoccipital (rameau dorsal du ner spinal C1)
Oblique inférieur de la tête
Rotation de la tête de son côté
O : Processus épineux de l’axis I : Processus transverse de l’atlas
Ner sousoccipital (rameau dorsal du ner spinal C1)
Grand droit postérieur de la tête
Extension de la tête ou du cou
O : Processus épineux de l’axis I : Ligne nucale inérieure de l’os occipital
Ner sousoccipital (rameau dorsal du ner spinal C1)
Petit droit postérieur de la tête
Extension de la tête et du cou
O : Tubercule postérieur de l’atlas I : Ligne nucale inérieure de l’os occipital
Ner sousoccipital (rameau dorsal du ner spinal C1)
scalenus = inégal
a
Voir les sections 13.9 et 14.5.2.
b
L’action unilatérale signie qu’un seul des deux muscles se contracte (le droit ou le gauche).
c
L’action bilatérale signie que les deux muscles, le droit et le gauche, se contractent en même temps.
d
Voir aussi le tableau 11.9.
458 Partie II Le soutien et les mouvements du corps INTÉGRATION APPLICATION CLINIQUE
Le torticolis musculaire congénital DÉSÉQUILIBRE HOMÉOSTATIQUE
Le torticolis musculaire congénital est une condition dans laquelle l’un des muscles sternocléidomastoïdiens du nouveau né est plus court et plus tendu que l’autre ; cette aection peut persister durant l’enance. Il semble que ce torticolis résulte d’un traumatisme causé par un accouchement difcile ou par la position du œtus dans l’utérus. Le traumatisme provoque un hématome et la ormation de tissu fbreux dans le muscle. Les pédiatres ont par ailleurs noté une augmentation de l’incidence du torticolis musculaire acquis chez les nouveaunés gardés assis pendant de longues périodes dans un siège pour bébé à
11.4 Les muscles
de la colonne vertébrale
1 2
Nommer et décrire les trois groupes de muscles érecteurs du rachis. Décrire l’action des muscles transverses épineux et du muscle carré des lombes.
l’extérieur de la voiture. Les enants atteints de torticolis musculaire congénital ont souvent la tête inclinée du côté tou ché et le menton tourné du côté opposé. Étant donné que l’en ant préère généralement une position particulière de la tête durant son sommeil, la plagiocéphalie (aplatis sement unilatéral du crâne) accompagne souvent le torticolis congénital. Le traitement du torticolis musculaire congénital consiste géné ralement à étirer le muscle touché plusieurs ois par jour, à modifer les positions de sommeil et à veiller à ce que l’enant utilise plus réquemment le côté touché. L’administration de toxine botuli nique de type A (Botox), qui diminue la contraction du muscle atteint, combinée à des étirements, constitue une approche de traitement plus récente du torticolis musculaire congénital.
Les muscles de la colonne vertébrale sont très complexes ; ils possèdent plusieurs origines et insertions, et ils se chevauchent considérablement FIGURE 11.15. Tous ces muscles sont recouverts par les muscles plus superfciels du dos, qui assurent quant à eux les mouvements du membre supérieur. Le cou est en ait la portion cervicale de la colonne vertébrale. Les muscles postérieurs, présentés plus tôt en lien avec l’extension du cou (splénius du cou, splénius de la tête, longissimus de
Muscles très profonds
Muscles profonds
Semi-épineux de la tête
Longissimus de la tête
Semi-épineux du cou
Splénius de la tête
Dentelé postérosupérieur Intercostaux externes Splenius du cou Muscles érecteurs du rachis
Transverse épineux
Groupe iliocostal
Semi-épineux du thorax
Groupe longissimus Groupe épineux Dentelé postéro-inférieur
Oblique interne
FIGURE 11.15
Multifide Carré des lombes
Oblique externe (sectionné)
Muscles profonds et très profonds de la colonne vertébrale ❯ Ces muscles proonds sont des extenseurs qui modifent ou stabilisent la position de la colonne vertébrale, du cou et des côtes. Les groupes majeurs de muscles sont indiqués en caractère gras.
Vue postérieure
Chapitre 11 Le système musculaire : les muscles axiaux et appendiculaires 459
la tête, semi-épineux de la tête), produisent par conséquent l’extension de la région cervicale de la colonne vertébrale. Les muscles érecteurs du rachis orment la plus grande partie de la masse musculaire du dos, assurent le maintien de la posture et aident la personne à se tenir debout. Lorsqu’ils se contractent en même temps, les muscles érecteurs du rachis droits et gauches produisent l’extension de la colonne vertébrale. Si seuls ceux d’un côté se contractent, la colonne vertébrale féchit latéralement de ce côté.
qui relient les vertèbres et les stabilisent. Ce groupe comprend plusieurs muscles particuliers énumérés dans le tableau ci-dessous. Lorsqu’ils se contractent de açon bilatérale, ils permettent l’extension de la colonne vertébrale, mais lorsqu’ils se contractent de açon unilatérale, ils entraînent la rotation de la colonne vertébrale du côté opposé à la contraction.
• Le groupe iliocostal est le plus latéral des trois groupes. Il se compose de trois parties : l’iliocostal du cou, l’iliocostal du thorax et l’iliocostal des lombes.
Une dernière paire de muscles contribue aux mouvements de la colonne vertébrale. Le muscle carré des lombes se situe principalement dans la région lombaire. Lorsque les carrés des lombes droit et gauche se contractent bilatéralement, ils produisent l’extension de la colonne vertébrale. Quand le droit ou le gauche se contracte unilatéralement, il féchit latéralement la colonne vertébrale.
• Le groupe longissimus est situé médialement au groupe iliocostal. Il se compose de trois parties : le longissimus de la tête, le longissimus du cou et le longissimus du thorax.
Le TABLEAU 11.8 ore un résumé des caractéristiques des muscles de la colonne vertébrale.
Les muscles érecteurs du rachis s’organisent en trois groupes dont le nom provient de la région corporelle à laquelle ils sont associés.
• Le groupe épineux occupe la position la plus médiale des muscles érecteurs du rachis. Le groupe épineux se compose de deux parties : l’épineux du cou et l’épineux du thorax. Sous les muscles érecteurs du rachis se trouve un groupe de muscles collectivement nommés muscles transverses épineux
TABLEAU 11.8
Vérifiez vos connaissances 13. Quels sont les muscles érecteurs du rachis ?
Quelle est leur action générale ?
Muscles de la colonne vertébrale
Groupe ou muscle
Action
Origine (O) et insertion (I)
Innervation a
Groupe iliocostal ilio = ilium (hanche) costa = côte
Action bilatérale : extension de la colonne vertébrale ; maintien de la posture ; action unilatérale : fexion latérale de la colonne vertébrale
O : Tendon venant de la partie postérieure de la crête iliaque, de l’arrière du sacrum et des processus épineux lombaires I : Angle des côtes ; processus transverse des vertèbres cervicales C4 à C6
Ners spinaux cervicaux, thoraciques et lombaires
Groupe longissimus Longissimus = le plus long
Action bilatérale : extension du cou et de la colonne vertébrale ; maintien de la posture ; action unilatérale : rotation de la tête et fexion latérale de la colonne vertébrale
O : Tendon venant de la partie postérieure de la crête iliaque, de l’arrière du sacrum et des processus transverses des vertèbres lombaires jusqu’à la vertèbre cervicale C 4 I : Processus mastoïde de l’os temporal et processus transverse des vertèbres cervicales et thoraciques
Ners spinaux cervicaux et thoraciques
Groupe épineux
Action bilatérale : extension de la colonne vertébrale ; maintien de la posture ; action unilatérale : fexion latérale de la colonne vertébrale
O : Processus épineux lombaires (partie thoracique) et processus épineux de C7 (partie cervicale) I : Processus épineux de l’axis et des vertèbres thoraciques
Ners spinaux cervicaux et thoraciques
Multifdes multus = plusieurs fndo = endu
Action bilatérale : extension de la colonne vertébrale ; action unilatérale : rotation de la colonne vertébrale vers le côté opposé
O : Sacrum et processus transverse de chaque vertèbre I : Processus épineux des vertèbres situées de deux à quatre segments audessus de l’origine
Ners spinaux cervicaux, thoraciques et lombaires
Rotateurs du thorax
Action bilatérale : extension de la colonne vertébrale ; action unilatérale : rotation de la colonne vertébrale vers le côté opposé
O : Processus transverse de chaque vertèbre
Ners spinaux cervicaux, thoraciques et lombaires
Muscles érecteurs du rachis
Groupe transverse épineux
I : Processus épineux de la vertèbre située juste audessus
460 Partie II Le soutien et les mouvements du corps TABLEAU 11.8
Muscles de la colonne vertébrale (suite)
Groupe ou muscle
Action
Origine (O) et insertion (I)
Innervation a
Groupe semi-épineux
Action bilatérale : extension de la colonne vertébrale et du cou ; action unilatérale : rotation de la colonne vertébrale et du cou du côté opposé à la contraction
O : Processus transverse des vertèbres C4 à T12 I : Os occipital et processus épineux des vertèbres cervicales et thoraciques
Ners spinaux cervicaux et thoraciques
O : Crête iliaque et ligament iliolombaire I : 12e côte ; processus transverse des vertèbres lombaires
Ners spinaux thora ciques et lombaires
Extenseur et féchisseur latéral de la colonne vertébrale Carré des lombes
a
Action bilatérale : extension de la colonne vertébrale ; action unilatérale : fexion latérale de la colonne vertébrale
Voir la section 14.5.2.
11.5 Les muscles
de la respiration
1
Énumérer les groupes musculaires postérieur et antérieur du thorax participant à la respiration et décrire leurs actions.
2
Décrire le rôle du diaphragme dans la respiration et dans l’augmentation de la pression intraabdominale.
Le mécanisme de la respiration comprend l’inspiration et l’expiration. Au cours de l’inspiration, plusieurs muscles se contractent et augmentent les dimensions de la cavité thoracique afn de permettre aux poumons de se remplir d’air. Durant l’expiration, les muscles contractés à l’inspiration se relâchent, bien que certains muscles respiratoires se contractent durant une expiration orcée. Durant l’expiration orcée, l’action collective des muscles est de réduire les dimensions de la cavité thoracique et de orcer l’air hors des poumons. Les muscles de la respiration se situent sur les suraces postérieure et antérieure du thorax. Ils sont recouverts par des muscles plus superfciels, notamment les muscles pectoraux, le trapèze et le grand dorsal, qui sont responsables des mouvements du membre supérieur. Deux muscles postérieurs du thorax contribuent à la respiration. Le dentelé postérosupérieur s’attache aux côtes 2 à 5 (voir la fgure 11.15) ; il élève ces côtes durant l’inspiration orcée et augmente ainsi les dimensions latérales de la cavité thoracique. Le dentelé postéro-inférieur s’attache aux côtes 8 à 12, qu’il abaisse durant l’expiration orcée. Plusieurs groupes de muscles antérieurs du thorax modifent aussi les dimensions de la cage thoracique durant la respiration FIGURE 11.16 . Les muscles scalènes (déjà présentés avec d’autres muscles du cou) augmentent les dimensions de la cavité thoracique durant l’inspiration orcée en élevant les deux premières côtes.
Les intercostaux externes se dirigent de açon inéromédiale, allant de la côte supérieure à la côte inérieure adjacente. Ils contribuent à l’expansion de la cavité thoracique en élevant les côtes durant l’inspiration. Par conséquent, la contraction des intercostaux externes augmente les dimensions transversales de la cavité thoracique. Les intercostaux internes sont situés sous les intercostaux externes, et leurs fbres musculaires sont perpendiculaires à celles de ces derniers. Les intercostaux internes abaissent les côtes durant l’expiration orcée seulement ; l’expiration normale, calme, n’exige pas d’eort musculaire acti. Le petit muscle transverse du thorax s’étend à travers la surace interne de la cage thoracique et s’attache aux côtes 2 à 6. Il aide à abaisser les côtes durant l’expiration orcée. Finalement, le diaphragme est un muscle interne en orme de dôme qui constitue une cloison entre les cavités thoracique et abdominale. Le terme diaphragme se rapporte à un muscle ou à un groupe musculaire qui recouvre une ouverture ou compartimente une cavité. Le diaphragme est le plus important des muscles associés à la respiration. Les fbres de ses marges convergent vers un centre tendineux fbreux. Durant l’inspiration, le diaphragme se contracte et tire ce tendon central vers le bas, soit vers la cavité abdominale, ce qui augmente les dimensions verticales de la cavité thoracique. Le TABLEAU 11.9 résume les caractéristiques des muscles de la respiration. La section 23.5.2 ournit quant à elle des détails supplémentaires sur les muscles de la respiration.
INTÉGRATION LIENS ENTRE LES CONCEPTS Quand le diaphragme se contracte, il comprime la cavité abdominale et augmente ainsi la pression qui y règne. Cette augmentation de la pression intraabdominale est nécessaire pour la miction (voir la section 24.8.3), la déécation (voir la section 26.3.4) et l’accouchement (voir la section 29.6). En plus de leur rôle dans la respiration, les mouvements du diaphragme sont également importants pour avoriser le retour veineux du sang de la moitié inérieure du corps vers le cœur (voir la section 20.4.1).
Chapitre 11 Le système musculaire : les muscles axiaux et appendiculaires 461
Muscles scalènes
Muscles scalènes Sternum
Intercostaux externes
Intercostaux internes
Dentelé antérieur Intercostaux internes Intercostaux externes
Transverse du thorax
Côtes (sectionnées) Diaphragme Poumon Diaphragme
A. Vue antérieure
B. Vue antérolatérale Sternum Processus xiphoïde Cartilage costal
Sternum
Foramen de la veine cave
Centre tendineux du diaphragme Hiatus œsophagien
Sternum
Hiatus aortique Intercostaux externes
12e côte Pilier droit
L1 L2 L3
Intercostaux internes C. Vue latérale
Pilier gauche Muscle carré des lombes (sectionné) Muscle grand psoas (sectionné)
D. Diaphragme, vue inférieure
FIGURE 11.16 Muscles de la respiration
❯ Ces muscles squelettiques se contractent rythmiquement pour modifer la taille de la cavité thoracique et permettre la respiration. A. Vue antérieure. B. La photo d’un cadavre ore une vue antérolatérale. Les côtes
inérieures ont été sectionnées pour exposer la cavité thoracique et la surace supérieure du diaphragme. C. Des vues latérales montrent la direction des fbres des intercostaux externes et internes. D. Vue inérieure du diaphragme.
À votre avis
Vérifiez vos connaissances
2. Après avoir absorbé un repas copieux, il est parois
14. Comparez l’action des muscles intercostaux
difcile de prendre une grande respiration proonde. Pourquoi estil plus difcile de respirer proondément quand l’estomac est plein ?
externes à celle des muscles intercostaux internes. 15. Comment le diaphragme participetil à la respiration ?
462 Partie II Le soutien et les mouvements du corps TABLEAU 11.9 Muscles de la respiration Muscle
Action
Origine (O) et insertion (I)
Innervation a
Dentelé postérosupérieur
Élève les côtes durant l’inspiration forcée.
O : Processus épineux des vertèbres C7 à T3
Nerfs spinaux thoraciques
Dentelé postéro-inférieur
Abaisse les côtes durant l’expiration forcée.
O : Processus épineux des vertèbres T11 à L 3 I : Bord inférieur des côtes 8 à 12
Nerfs spinaux thoraciques
Muscles scalènes b
Élèvent les deux premières côtes durant l’inspiration forcée.
O : Processus transverse des vertèbres cervicales I : Surface supérieure des deux premières côtes
Nerfs spinaux cervicaux
Intercostaux externes inter = entre
Rapprochent et élèvent les côtes durant l’inspiration calme ou forcée.
O : Bord inférieur de la côte supérieure I : Bord supérieur de la côte inférieure
Nerfs spinaux thoraciques
Intercostaux internes
Rapprochent et abaissent les côtes durant l’expiration forcée.
O : Bord supérieur de la côte inférieure I : Bord inférieur de la côte supérieure
Nerfs spinaux thoraciques
Transverse du thorax
Abaisse les côtes durant l’expiration forcée.
O : Surface postérieure du processus xiphoïde et de la portion inférieure du sternum I : Cartilages costaux 2 à 6
Nerfs spinaux thoraciques
Diaphragme dia = à travers phragm = cloison
Sa contraction l’aplatit (l’abaisse) durant l’inspiration et augmente ainsi le volume de la cage thoracique ; augmente la pression dans la cavité abdominopelvienne.
O : Surface interne inférieure des côtes 7 à 12 ; processus xiphoïde du sternum et carti lages costaux des six côtes inférieures ; vertèbres lombaires I : Centre tendineux
Nerfs phréniques (C3 à C5)
a
Voir la section 14.5.2.
b
Voir le tableau 11.7.
11.6 Les muscles
I : Bord latéral des côtes 2 à 5
1
Énumérer les quatre paires de muscles abdominaux.
2
Comparer l’action du muscle droit de l’abdomen à celle des muscles obliques et à celle du muscle transverse de l’abdomen.
dirigent vers le haut et vers la ligne médiane, c’est-à-dire à angle droit par rapport à celles de l’oblique externe. Tout comme ce dernier, la portion antérieure de ce muscle orme une aponévrose. Le muscle le plus proond est le transverse de l’abdomen. Ses bres sont transversales, et sa portion antérieure orme aussi une aponévrose. Quand ces trois muscles se contractent unilatéralement, ils exercent une fexion latérale de la colonne vertébrale et produisent également la rotation de la colonne vertébrale du côté opposé.
La paroi antérolatérale de l’abdomen est renorcée par quatre paires de muscles qui agissent ensemble pour comprimer les organes abdominaux et les tenir en place : l’oblique externe, l’oblique interne, le transverse de l’abdomen et le droit de l’abdomen FIGURE 11.17. Ces muscles travaillent également de concert pour féchir et stabiliser la colonne vertébrale. Durant leur contraction, ces muscles contribuent à l’expiration orcée (en comprimant les organes abdominaux vers le haut), à la miction, à la déécation et à l’accouchement (en augmentant la pression intraabdominale).
Le droit de l’abdomen est un long muscle en orme de courroie qui s’étend verticalement sur toute la longueur de la paroi antéromédiale de l’abdomen, du sternum à la symphyse pubienne. Trois intersections tendineuses le partagent en quatre segments et orment les divisions typiques d’une paroi abdominale tonique et musculeuse. Le droit de l’abdomen est entouré d’un manchon breux, la gaine du muscle droit de l’abdomen, ormé par les aponévroses des muscles oblique externe, oblique interne et transverse de l’abdomen. Les gaines droite et gauche sont reliées par une bande breuse verticale appelée ligne blanche.
de la paroi abdominale
Les bres de l’oblique externe, un muscle plus superciel, se dirigent vers le bas et vers la ligne médiane. Ce muscle se compose d’une partie musculaire sur la portion latérale de la paroi abdominale et d’une partie aponévrotique à l’avant. À sa portion inérieure, l’aponévrose de l’oblique externe orme le solide ligament inguinal ressemblant à un câble qui s’étend de l’épine iliaque antérosupérieure jusqu’au tubercule pubien. L’oblique interne se trouve juste sous l’oblique externe. Ses bres se
Le TABLEAU 11.10 résume les caractéristiques des muscles de la paroi abdominale. Plusieurs muscles peuvent agir ensemble pour accomplir une onction commune. Par exemple, plusieurs muscles du cou et du dos travaillent ensemble pour produire l’extension de la colonne vertébrale. L’apprentissage des muscles par groupes ormés sur la base des onctions qu’ils partagent aide la plupart des étudiants
Chapitre 11 Le système musculaire : les muscles axiaux et appendiculaires 463
Muscles superficiels
Muscles profonds
Petit pectoral
Grand pectoral
Dentelé antérieur Oblique externe Intersections tendineuses Gaine du muscle droit de l’abdomen
Droit de l’abdomen
Ombilic (nombril)
Transverse de l’abdomen Oblique interne (sectionné) Oblique externe (sectionné)
Ligne blanche
Aponévrose de l’oblique externe
Ligament inguinal
Oblique interne et droit de l’abdomen
A. Vue antérieure
Intercostal externe
Intersections tendineuses
Intercostal interne
Ligament inguinal
Droit de l’abdomen
Gaine du muscle droit de l’abdomen
Transverse de l’abdomen
Ombilic (nombril) C. Ligne blanche Transverse de l’abdomen Oblique interne (sectionné)
Aponévrose de l’oblique externe
Oblique externe (sectionné) Ligament inguinal B. Vue antérolatérale
FIGURE 11.17 Muscles de la paroi abdominale
❯ Les muscles abdominaux compriment le contenu de l’abdomen et féchissent la colonne verté brale. A. Vue antérieure de certains muscles superciels et proonds.
B. La photo d’un cadavre ore une vue antérolatérale des muscles de la paroi abdominale. C. Diagrammes montrant individuellement certains des muscles de l’abdomen, en allant du plus superciel au plus proond.
464 Partie II Le soutien et les mouvements du corps
à assimiler l’information anatomique. Le TABLEAU 11.11 regroupe les divers muscles et groupes musculaires axiaux selon leurs fonctions communes. Il convient de noter que les muscles ayant plusieurs fonctions se trouvent dans plus d’un groupe.
TABLEAU 11.10
Vérifiez vos connaissances 16. Quelles sont les principales actions des muscles
abdominaux ?
Muscles de la paroi abdominale
Muscle
Action
Origine (O) et insertion (I)
Innervation a
Oblique externe
Action unilatérale b : fexion latérale de la colonne vertébrale ; rotation de la colonne vertébrale du côté opposé ; action bilatérale c : fexion de la colonne vertébrale (et du tronc) ; compression de la paroi abdominale
O : Bord externe et inérieur des huit côtes inérieures I : Ligne blanche par une large aponévrose ; une partie sur la crête iliaque et la crête pubienne
Ners spinaux T7 à T12, L1
Oblique interne
Action unilatérale : fexion latérale de la colonne vertébrale ; rotation de la colonne vertébrale du côté opposé ; action bilatérale : fexion de la colonne vertébrale (et du tronc) ; compression de la paroi abdominale
O : Fascia lombaire, ligament inguinal et crête iliaque I : Ligne blanche, crête pubienne, surace inérieure des côtes (les quatre dernières) ; cartilage costal des côtes 8 à 10
Ners spinaux T 7 à T12, L1
Transverse de l’abdomen
Action unilatérale : fexion latérale de la colonne vertébrale ; action bilatérale : fexion de la colonne vertébrale (et du tronc) ; compression de la paroi abdominale
O : Crête iliaque, cartilage des six côtes inérieures ; ascia lombaire ; ligament inguinal I : Ligne blanche et crête pubienne
Ners spinaux T 7 à T12, L1
Droit de l’abdomen
Flexion de la colonne vertébrale (et du tronc) ; compression de la paroi abdominale
O : Surace supérieure du pubis, près de la symphyse pubienne I : Processus xiphoïde du sternum ; surace inérieure des côtes 5 à 7
Ners spinaux T 7 à T12
a
Voir la section 14.5.2.
b
L’action unilatérale signie qu’un seul muscle se contracte (le droit ou le gauche).
c
L’action bilatérale signie que les deux muscles, le droit et le gauche, se contractent en même temps.
TABLEAU 11.11
Actions des muscles sur le squelette axial
Extension de la tête, du cou ou de la colonne vertébrale
Flexion de la tête, du cou ou de la colonne vertébrale
Flexion latérale de la colonne vertébrale
Rotation de la tête ou du cou
Élévation des côtes
Abaissement des côtes
Muscles spléniusa
Sternocléidomastoïdiena
Carré des lombes b
Sternocléidomastoïdienb
Dentelé postérosupérieur
Dentelé postéroinérieur
Muscles érecteurs du rachis (iliocostaux, longissimus, épineux)
Muscles scalènes a
Oblique externeb
Muscles splénius b
Intercostaux externes
Intercostaux internes
Carré des lombes a
Oblique externe a
Oblique interneb
Longissimus de la têteb
Muscles scalènes (1re et 2e côtes seulement)
Transverse du thorax
Groupe transverse épineuxa
Oblique internea
Transverse de l’abdomenb
Oblique inérieur de la tête b
Grand et petit droits supérieurs de la têtea
Transverse de l’abdomen a Droit de l’abdomen a
a
Action bilatérale des muscles.
b
Action unilatérale des muscles.
Oblique supérieur de la tête b
Chapitre 11 Le système musculaire : les muscles axiaux et appendiculaires 465
11.7 Les muscles
du plancher pelvien
1
Décrire les onctions des muscles du diaphragme pelvien.
2
Préciser les limites du périnée.
Le plancher de la cavité pelvienne, qui est ormé de trois couches de muscles et des ascias qui leur sont associés, porte le nom de diaphragme pelvien. Le TABLEAU 11.12 décrit les muscles particuliers du diaphragme pelvien et du périnée, et dresse un résumé de leurs caractéristiques.
TABLEAU 11.12
Le diaphragme pelvien s’étend de l’ischion et du pubis des os coxaux, à t ravers l’ouverture inérieure du pelvis (ouverture inérieure du bassin [voir la fgure 8.31, p. 334]), jusqu’au sacrum et au coccyx. Ces muscles orment ensemble le plancher de la cavité pelvienne et soutiennent les viscères pelviens FIGURE 11.18. La région en orme de losange située entre les membres inérieurs porte le nom de périnée. Celui-ci est limité par quatre relies osseux importants : la symphyse pubienne antérieurement, le coccyx postérieurement et les deux tubérosités ischiatiques latéralement. Une ligne transversale passant par les tubérosités ischiatiques partage le périnée en un triangle urogénital (en jaune dans les fgures) antérieur renermant les organes génitaux externes et un triangle anal postérieur (en bleu dans les fgures), qui contient l’anus (voir la fgure 11.18B et C).
Muscles du diaphragme pelvien
Groupe ou muscle
Action
Origine (O) et insertion (I)
Innervation a
Coccygien
Forme le plancher pelvien et soutient les viscères pelviens.
O : Épine ischiatique I : Bords latéraux du sacrum et du coccyx
Ners spinaux S 4 et S5
Sphincter anal externe sphinctos = serré
Ferme de açon volontaire l’ouverture anale ; doit se relâcher pour la déécation.
O : Corps périnéal I : Entoure l’ouverture anale
Ner pudendal (S2 à S 4)
Triangle anal
Élévateur de l’anus (groupe de muscles qui orment les parties antérieure et latérale du diaphragme pelvien) Iliococcygien
Forme le plancher pelvien et soutient les viscères pelviens.
O : Pubis et épine ischiatique
Ner pudendal (S2 à S 4)
Pubococcygien
Forme le plancher pelvien et soutient les viscères pelviens.
O : Pubis et épine ischiatique I : Coccyx et raphé médian
Ner pudendal (S2 à S 4)
Puborectal
Soutient la ligne anorectale ; doit se relâcher pour la déécation.
O : Pubis et épine ischiatique I : Coccyx et raphé médian
Ner pudendal (S2 à S 4)
Bulbospongieux (emme)
Resserre l’ouverture vaginale ; comprime et raidit le clitoris.
O : Gaine de fbres de collagène à la base du clitoris I : Corps périnéal
Ner pudendal (S2 à S 4)
Bulbospongieux (homme)
Expulse l’urine ou le sperme ; comprime la base du pénis ; raidit le pénis.
O : Gaine de fbres de collagène à la base du pénis I : Raphé médian et corps périnéal
Ner pudendal (S2 à S 4)
Ischiocaverneux caverna = cavité
Contribue à l’érection du pénis ou du clitoris.
O : Tubérosité ischiatique et branche de l’ischium I : Symphyse pubienne
Ner pudendal (S2 à S 4)
Muscle transverse superfciel du périnée
Soutient les organes pelviens.
O : Branche de l’ischium I : Corps périnéal
Ner pudendal (S2 à S 4)
I : Coccyx et raphé médian
Triangle urogénital Couche superfcielle
Couche proonde (diaphragme urogénital)
a
Muscle transverse proond du périnée
Soutient les organes pelviens.
O : Branche de l’ischium I : Raphé médian du diaphragme urogénital
Ner pudendal (S2 à S 4)
Sphincter externe de l’urètre
Resserre l’urètre pour inhiber volontaire ment la miction.
O : Branches de l’ischium et du pubis I : Raphé médian du diaphragme urogénital
Ner pudendal (S2 à S 4)
Voir la section 14.5.2.
466 Partie II Le soutien et les mouvements du corps
INTÉGRATION APPLICATION CLINIQUE
Les hernies DÉSÉQUILIBRE HOMÉOSTATIQUE
Une hernie (rupture de l’abdomen) se produit quand une portion d’un viscère, l’intestin en particulier, ait saillie à travers un point aible de la paroi musculaire de la cavité abdominopelvienne. Un problème médical d’importance peut se présenter si la portion herniée de l’intestin enfe et se coince dans cette position. L’irrigation sanguine du segment hernié risque alors d’être réduite, ce qui entraînerait la mort de cette portion de l’intestin. Cette condition, qui porte le nom de hernie intestinale étranglée, est très douloureuse et peut être mortelle si elle n’est pas traitée rapidement.
La formation des hernies inguinales et les personnes de sexe masculin Les hernies inguinales (les plus réquentes) et émorales sont deux types courants de hernies. La région inguinale est en eet l’une des plus aibles de la paroi abdominale. C’est dans cette région que se trouve le canal inguinal qui permet le passage du cordon spermatique, chez l’homme, ou celui d’une structure plus petite appelée ligament rond, chez la emme. Le canal inguinal, d’une longueur d’environ 4 cm, comporte un premier orice plus en proondeur de l’abdomen et est appelé anneau inguinal proond. Son deuxième orice, l’anneau inguinal superfciel, cor respond à la sortie du canal situé du côté du testicule. Les hommes risquent davantage d’avoir une hernie inguinale que les emmes parce que chez eux, le canal inguinal et l’anneau ingui nal superciel sont plus gros pour permettre le passage du cor don spermatique. Une augmentation de pression dans la cavité abdominale, comme il se produit quand une personne orce pour soulever un objet lourd, crée une orce qui pousse un segment de l’intestin grêle dans le canal. Il existe deux types de hernies inguinales : directe et indirecte. • Dans une hernie inguinale directe, une section de l’intestin grêle ait saillie à la suite d’une aiblesse de l’anneau inguinal superciel, directement à travers ce dernier. L’anse de l’intestin se trouve alors à l’intérieur du canal (à côté du cordon sperma tique), mais pas sur toute sa longueur. Elle orme ainsi une
bosse dans la partie inérieure de la paroi abdominale anté rieure. Ce type de hernie s’observe généralement chez des hommes d’âge moyen dont les muscles abdominaux sont peu développés et dont l’abdomen est proéminent. • Dans une hernie inguinale indirecte, la section intestinale herniée entre dans l’anneau inguinal proond et traverse tout le canal inguinal ; elle peut même atteindre le scrotum, sa course suivant alors celle du cordon spermatique. Ce type de hernie se produit plutôt chez des hommes plus jeunes ou chez des garçons porteurs d’une anomalie congénitale appelée persis tance du processus vaginal. Cette anomalie est caractérisée par le ait que le chemin embryonnaire suivi par le testicule jusqu’au scrotum n’a pas régressé.
Le diagnostic d’une hernie inguinale Le médecin doit d’abord trouver l’anneau inguinal superciel en localisant le ligament inguinal (inérieur à l’anneau). Il insère ensuite un doigt dans la dépression ormée par l’anneau inguinal superciel et demande à la personne de tourner la tête et de tousser, car la toux augmente la pression intraabdominale et pousse une portion de l’intestin à travers l’anneau s’il y a un pro blème. Pendant que la personne tousse, le médecin palpe l’an neau inguinal superciel pour s’assurer que l’intestin ne s’y est pas engagé.
La hernie fémorale Une hernie émorale (ou hernie crurale) se orme dans le haut de la cuisse, juste sous le ligament inguinal, et provient d’une région appelée trigone émoral, une ouverture permettant le pas sage de l’artère, de la veine et du ner émoral. La portion médiale du trigone émoral est relativement aible et sujette à une lésion par stress physique, ce qui permet alors à une section de l’intes tin grêle de s’y engager. Ce sont les emmes qui sourent le plus souvent de hernie émorale en raison de la dimension supérieure du triangle émoral associée à leurs hanches plus larges. Tant dans le cas de la hernie inguinale que émorale, un traite ment chirurgical est parois nécessaire, en onction de la gravité de la hernie. La chirurgie consiste à remettre en place la partie de l’intestin déplacée et à reermer la partie ouverte.
Épine iliaque antérosupérieure Ligament inguinal
Anneau inguinal superficiel Tubercule pubien Intestin hernié
Examen pour déceler une possible hernie inguinale du côté droit ; dans ce casci, l’intestin hernié s’est engagé dans l’anneau inguinal superciel gauche.
Chapitre 11 Le système musculaire : les muscles axiaux et appendiculaires 467
FIGURE 11.18 Muscles du diaphragme pelvien
Sacrum Articulation sacro-iliaque Ilium Coccyx
Piriforme Coccygien
Épine ischiatique Obturateur interne Canal anal
Iliococcygien Pubococcygien Canal obturateur
Vagin Urètre Diaphragme urogénital
❯
Le plancher de la cavité pelvienne se compose de couches musculaires formant le triangle uro génital et le triangle anal ; ces muscles s’éten dent à travers l’ouverture inférieure du pelvis (détroit inférieur) et soutiennent les organes de la cavité pelvienne. (Le muscle puborectal n’est pas illustré.) La vue A. supérieure montre la cavité pelvienne de la femme. Les vues infé rieures montrent la région périnéale B. de l’homme et C. de la femme.
Élévateur de l’anus
Symphyse pubienne A. Femme, vue supérieure
Symphyse pubienne Branche du pubis Sphincter externe de l’urètre Urètre Muscle transverse profond du périnée
Raphé Bulbospongieux
Triangle urogénital
Ischiocaverneux Muscle transverse superficiel du périnée
Corps périnéal (centre tendineux du périnée)
Élévateur de l’anus
Triangle anal
Anus Sphincter externe de l’anus
Grand fessier Muscles superficiels
B. Homme, vue inférieure
Muscles profonds
Symphyse pubienne Branche du pubis Sphincter externe de l’urètre Urètre Vagin
Urètre Vagin Bulbospongieux Ischiocaverneux Muscle transverse superficiel du périnée
Triangle urogénital Corps périnéal (centre tendineux du périnée)
Muscle transverse profond du périnée Anus Sphincter externe de l’anus
Élévateur de l’anus Grand fessier
Triangle anal Muscles superficiels
C. Femme, vue inférieure
Muscles profonds
468 Partie II Le soutien et les mouvements du corps
INTÉGRATION LIENS ENTRE LES CONCEPTS Après un accouchement, les muscles du diaphragme pelvien peuvent être étirés ou déchirés (voir la section 29.6), et les organes pelviens de la femme n’ont alors plus le soutien adé quat. Cette question risque de devenir plus problématique à mesure que la femme vieillit, et les femmes qui ont déjà eu des enfants se plaignent fréquemment d’incontinence (émission involontaire d’urine). Le renforcement des muscles du plan cher pelvien, grâce à des exercices comme le Pilates ou aux exercices de Kegel, corrige souvent ce problème.
Vérifiez vos connaissances 17. Quelle est la fonction des muscles du plancher pelvien ?
Partie 2 Les muscles
appendiculaires
11.8 Les muscles
de la ceinture scapulaire et du membre supérieur
Les muscles responsables des mouvements de la ceinture scapulaire et du membre supérieur s’organisent en groupes particuliers selon les structures qu’ils mettent en mouvement. Ils sont regroupés ainsi : • les muscles responsables des mouvements de la ceinture scapulaire ; • les muscles responsables des mouvements de l’articulation scapulohumérale (articulation de l’épaule) et du bras ; • les muscles responsables des mouvements du coude et de l’avant-bras ; • les muscles responsables des mouvements du poignet, de la main et des doigts ; • les muscles intrinsèques de la main. Certains de ces muscles sont superfciels, alors que d’autres sont proonds FIGURES 11.19 et 11.20.
11.8.1
1
Les muscles responsables des mouvements de la ceinture scapulaire
Comparer les mouvements de la ceinture scapulaire générés par les muscles antérieurs du thorax à ceux produits par les muscles postérieurs.
L’origine des muscles de la ceinture scapulaire se trouve sur le squelette axial, et leur insertion se ait sur la scapula et la
clavicule. Ces muscles stabilisent la scapula et la déplacent pour augmenter l’angle de mouvement du bras. Certains des muscles superfciels du thorax peuvent être groupés selon le mouvement de la scapula qu’ils assurent : élévation, abaissement, protraction ou rétraction FIGURE 11.21. Selon leur localisation, les muscles responsables des mouvements de la ceinture scapulaire sont classés en muscles antérieurs et en muscles postérieurs du thorax. Les muscles antérieurs du thorax sont le petit pectoral, le dentelé antérieur et le sousclavier FIGURE 11.22A. Le petit pectoral est plus proond que le grand pectoral. Ce muscle contribue à l’abaissement et à la protraction de la scapula en la tirant vers l’avant. Quand le muscle petit pectoral est contracté, les épaules sont voûtées vers l’avant. Le dentelé antérieur est un gros muscle plat en orme d’éventail placé entre les côtes et la scapula. Son nom lui vient de l’apparence en dents de scie de son origine, soit sur les côtes. Ce muscle est l’agoniste (moteur principal) de la protraction de la scapula et il aide à la stabiliser contre la surace postérieure de la cage thoracique. Il exerce aussi une rotation supérieure puissante de la scapula en déplaçant la cavité glénoïdale vers le haut pour permettre le haussement d’épaules ou l’abduction du bras. Le subclavier s’étend de la clavicule jusqu’à la première côte ; sa principale action est de stabiliser et d’abaisser la clavicule.
INTÉGRATION
STRATÉGIES D’APPRENTISSAGE
En étudiant les fonctions des muscles appendiculaires, vous devez retenir deux règles de base : 1. Si un muscle ou ses tendons traversent ou enjambent une articulation, alors ce muscle doit faire bouger cette articu lation. Par exemple, le biceps brachial traverse l’articulation du coude et doit donc la mettre en mouvement. 2. Inversement, si un muscle ou ses tendons ne traversent pas ou n’enjambent pas une articulation, ce muscle ne peut pas agir sur cette articulation. Par exemple, le deltoïde se trouve au niveau de l’épaule, et aucune de ses parties ne traverse l’articulation du coude. Par conséquent, le deltoïde participe au mouvement de l’épaule, mais il ne fait pas bou ger l’articulation du coude.
Les muscles postérieurs du thorax sont l’élévateur de la scapula, le grand rhomboïde, le petit rhomboïde et le trapèze (voir la fgure 11.22B). L’élévateur de la scapula prend son origine par plusieurs ches sur le processus transverse des quatre premières vertèbres cervicales et il s’insère sur l’angle supérieur de la scapula. Comme son nom l’indique, sa principale action est d’élever la scapula. Il peut également exercer une rotation inérieure de la scapula de açon à tourner la cavité glénoïdale vers le bas (voir les fgures 8.24, p. 326, et 11.21C). Le grand rhomboïde et le petit rhomboïde sont tous deux plus proonds que le trapèze. Les bandes parallèles de ces deux muscles sont orientées vers le bas et le côté, des vertèbres à la scapula. Ils contribuent à l’élévation et à la rétraction (adduction) de la scapula, quand une personne se tient droite, par exemple. Les muscles rhomboïdes produisent aussi la rotation inérieure de la scapula.
Chapitre 11 Le système musculaire : les muscles axiaux et appendiculaires 469
Muscles superficiels
Muscles profonds
Trapèze Deltoïde (sectionné) Subclavier Subscapulaire Petit pectoral Grand pectoral (sectionné) Deltoïde (sectionné)
Deltoïde Grand pectoral
Grand rond Dentelé antérieur Grand dorsal Biceps brachial
Grand dorsal
Chef long Chef court
Chef long
Coracobrachial
Chef court
Biceps brachial
Vue antérieure
FIGURE 11.19 Muscles antérieurs associés à la portion proximale du membre supérieur ❯ Cette vue antérieure met en comparaison certains muscles aisant à la ois partie de la musculature axiale et de la musculature appendiculaire. Seuls les muscles qui assurent
des mouvements du membre supérieur y sont indiqués. Les muscles superfciels sont montrés dans la partie droite du corps, et les muscles proonds, dans la partie gauche.
Muscles superficiels
Muscles profonds
Élévateur de la scapula
Trapèze
Petit rhomboïde Grand rhomboïde Supraépineux Deltoïde
Infraépineux Petit rond
Petit rond Grand rond
Grand rond
Dentelé antérieur Grand dorsal
Dentelé postéroinférieur
FIGURE 11.20 Muscles postérieurs associés à la portion proximale du membre supérieur ❯ Cette vue postérieure met en com paraison certains muscles aisant à la ois partie de la musculature axiale et de la musculature appendiculaire. Seuls les muscles qui assurent des mouvements du membre supérieur y sont indiqués. Les muscles superfciels sont montrés dans la partie gauche du corps, et les muscles proonds, dans la partie droite.
Oblique externe
Vue postérieure
470 Partie II Le soutien et les mouvements du corps
Rétraction de la scapula (bonne posture)
Protraction de la scapula (mauvaise posture)
Protracteurs Petit pectoral Dentelé antérieur Rétracteurs Trapèze Rhomboïdes
FIGURE 11.21 Actions de certains muscles thoraciques sur la scapula ❯ Un muscle peut participer à plusieurs actions diérentes. A. La scapula peut être en rétraction ou en protraction. La bonne posture consiste à se tenir debout avec la scapula en rétraction. À l’inverse, la protraction de la scapula correspond à une mauvaise posture. B. Muscles élévateurs et abaisseurs de la scapula. C. Muscles rotateurs de la scapula.
A. Rétraction et protraction de la scapula
Élévateurs Grand rhomboïde Petit rhomboïde Élévateur de la scapula Trapèze (partie supérieure)
Abaisseurs Trapèze (partie inférieure) Petit pectoral (non représenté)
B. Élévation et abaissement de la scapula
Rotateurs supérieurs Dentelé antérieur Trapèze (partie supérieure)
Rotateurs inférieurs Grand rhomboïde Petit rhomboïde Élévateur de la scapula
C. Rotation supérieure et inférieure de la scapula
Les muscles responsables des mouvements de l’articulation scapulohumérale et du bras
Le trapèze est un gros muscle en orme de losange qui s’étend latéralement du crâne et de la colonne vertébrale vers la ceinture scapulaire. Selon les bres du muscle qui se contractent, le trapèze peut élever ou abaisser la scapula, ou encore lui imposer une rétraction ou une rotation.
11.8.2
Le TABLEAU 11.13 résume les caractéristiques des muscles du thorax responsables des mouvements de la ceinture scapulaire.
2
Énumérer les muscles responsables de l’extension, de la fexion, de l’adduction et de l’abduction de l’articulation scapulohumérale.
3
Comparer l’action des quatre muscles de la coie des rotateurs.
Vérifiez vos connaissances 18. Énumérez les muscles postérieurs du thorax qui
assurent les mouvements de la ceinture scapulaire et décrivez les actions de chacun.
Faire bouger l’articulation scapulohumérale est synonyme de aire bouger le bras ou l’humérus. Un mouvement tel que la fexion du
Chapitre 11 Le système musculaire : les muscles axiaux et appendiculaires 471
Muscles superficiels
Muscles profonds
Sternocléidomastoïdien Subclavier Subscapulaire Deltoïde
Coracobrachial Petit pectoral
Grand pectoral
Dentelé antérieur Biceps brachial, chef long
A. Vue antérieure Muscles superficiels
Muscles profonds
Élévateur de la scapula Trapèze Petit rhomboïde
Supraépineux
Grand rhomboïde
Infraépineux
Deltoïde
Petit rond Grand rond
Grand dorsal
B. Vue postérieure
FIGURE 11.22 Muscles assurant les mouvements de la ceinture scapulaire, de l’articulation scapulohumérale et du bras ❯ Vues A. antérieure et B. postérieure des muscles (indiqués en caractères gras) dont la onc tion principale est de aire bouger la ceinture scapulaire (scapula ou clavicule). Les muscles qui s’attachent à la ceinture scapulaire mais
qui produisent surtout des mouvements du bras sont indiqués, mais non en caractères gras. Pour la vue antérieure, les muscles superfciels sont montrés du côté droit du corps, et les muscles proonds, du côté gauche. Pour la vue postérieure, les muscles superfciels sont montrés du côté gauche du corps, et les muscles proonds, du côté droit.
472 Partie II Le soutien et les mouvements du corps
bras exige en eet d’avoir un mouvement de l’articulation scapulohumérale. Dans la présente section, an d’éviter toute conusion, l’articulation dans laquelle le mouvement se produit et la partie du corps qui est mise en mouvement sont désignées indiéremment par cette même expression. Les 11 muscles qui s’insèrent sur le bras (humérus) ou l’avantbras (radius ou ulna) enjambent l’articulation scapulohumérale (voir la fgure 11.22). Le grand dorsal est un large muscle triangulaire situé dans la partie inérieure du dos. Il est souvent appelé le muscle du nageur parce que son action est nécessaire pour plusieurs nages. C’est le principal extenseur du bras dont il produit également l’adduction et la rotation médiale. Le grand pectoral est un gros muscle épais en orme d’éventail qui couvre la partie supérieure du thorax. C’est le principal féchisseur du bras et il en exerce aussi l’adduction et la rotation médiale. Le grand dorsal et le grand pectoral constituent les attaches les plus importantes du bras au tronc et ils sont les moteurs principaux des mouvements de l’articulation scapulohumérale. Ces muscles sont antagonistes dans les mouvements de fexion et d’extension du bras, mais ils travaillent en synergie quand ils
TABLEAU 11.13
accomplissent d’autres mouvements tels que l’adduction ou la rotation médiale de l’humérus. Le triceps brachial et le biceps brachial, décrits en détail avec les muscles responsables des mouvements de l’articulation du coude, agissent aussi sur l’articulation scapulohumérale. Plus particulièrement, le che long du triceps brachial, qui a son origine sur le tubercule inraglénoïdal (à la bordure inérieure de la cavité glénoïdale ; voir la fgure 9.15, p. 375) et qui traverse l’articulation scapulohumérale, contribue à l’extension et à l’adduction du bras. L’origine du che long du biceps brachial se trouve sur le tubercule supraglénoïdal (à la bordure supérieure de la cavité glénoïdale) de la scapula, et ce muscle participe à la fexion du bras.
INTÉGRATION
STRATÉGIES D’APPRENTISSAGE
En général, les muscles dont l’origine se situe devant l’articu lation scapulohumérale féchissent le bras, donc ils l’amènent vers l’avant, et ceux dont l’origine est derrière cette articulation produisent son extension, donc ils le déplacent vers l’arrière.
Muscles du thorax assurant les mouvements de la ceinture scapulaire
Groupe
Action a
Origine (O) et insertion (I)
Innervation b
Petit pectoral pectus = poitrine
Protraction et abaissement de la scapula
O : Côtes 3 à 5 I : Processus coracoïde de la scapula
Ner pectoral médial (C6 à C 8)
Dentelé antérieur
Agoniste de la protraction de la scapula ; rotation supérieure de la scapula (haussement d’épaules) ; stabilisation de la scapula
O : Bords antérieur et supérieur des côtes 1 à 8 I : Surace antérieure du bord médial de la scapula
Ner thoracique long (C5 à C7)
Subclavier
Abaissement et stabilisation de la clavicule
O : Côte 1 I : Surace inérieure de la clavicule
Ner subclavier (C 5 et C6)
Élévateur de la scapula
Élévation de la scapula ; rotation inérieure de la scapula (dirige la cavité glénoïdale vers le bas)
O : Processus transverse de C1 à C 4 I : Partie supérieure du bord médial de la scapula
Ners crâniens (C 3 et C 4) et ner scapulaire dorsal (C4 et C5)
Grand rhomboïde rhombos = losange
Élévation et rétraction (adduction) de la scapula ; rotation inérieure de la scapula
O : Processus épineux de T2 à T5 I : Bord médial de la scapula, de l’épine jusqu’à l’angle inérieur
Ner scapulaire dorsal (C5)
Petit rhomboïde
Élévation et rétraction (adduction) de la scapula ; rotation inérieure de la scapula
O : Processus épineux de C7 et T1 I : Bord médial de la scapula, audessus de l’épine
Ner scapulaire dorsal (C5)
Trapèze
Fibres supérieures : élévation et rotation supérieure de la scapula ; bres moyennes : rétraction de la scapula ; bres inérieures : abaissement de la scapula
O : Ligne nucale supérieure de l’os occipital ; ligament nucal ; processus épineux de C7 à T12 I : Clavicule ; acromion et épine de la scapula
NC XI (ner accessoire)
Muscles antérieurs
Muscles postérieurs
a
Pour un rappel des types de mouvements (adduction, abduction, supination, etc.), voir les gures 9.8 à 9.11, p. 364365.
b
Voir les sections 13.9 et 14.5.2.
Chapitre 11 Le système musculaire : les muscles axiaux et appendiculaires 473
Les sept muscles restants qui ont bouger l’humérus à l’articulation scapulohumérale portent le nom de muscles scapulaires, car leur origine se trouve sur la scapula. Ils comprennent le deltoïde, le coracobrachial, le grand rond et les quatre muscles de la coie des rotateurs.
Parmi les muscles scapulaires, les quatre muscles de la coiffe des rotateurs (subscapulaire, supraépineux, inraépineux et petit rond) procurent orce et stabilité à l’articulation scapulohumérale FIGURE 11.23. Ces muscles relient la scapula et l’humérus (voir la fgure 9.15, p. 375).
Le deltoïde est un muscle épais et puissant qui constitue le principal abducteur du bras ; c’est lui qui orme le contour arrondi de l’épaule. L’origine des bres du deltoïde se répartit sur trois sites diérents, et ces diérents groupes de bres accomplissent des onctions distinctes : 1) les bres antérieures entraînent la fexion et la rotation médiale du bras ; 2) les bres latérales exercent l’abduction du bras ; 3) les bres postérieures provoquent l’extension et la rotation latérale du bras. Lorsqu’une personne marche, c’est le deltoïde qui est responsable du balancement des bras par la contraction simultanée des bres antérieures et postérieures. Le coracobrachial est un muscle qui s’associe au grand pectoral pour la fexion et l’adduction du bras. Le grand rond travaille quant à lui avec le grand dorsal dans l’extension, l’adduction et la rotation médiale du bras.
Il est plus acile d’apprendre les mouvements précis de ces muscles en comprenant leur action dans le lancer d’une balle :
Subscapulaire
• Le subscapulaire sert à donner de l’élan au bras de l’arrière vers l’avant pour lancer. Il entraîne la rotation médiale du bras. • Le supraépineux agit au début du lancer en produisant l’abduction totale du bras. • L’infraépineux et le petit rond aident à ralentir le bras à la n du lancer. Ces deux muscles produisent l’adduction et la rotation latérale du bras. Le TABLEAU 11.14 résume les caractéristiques des muscles responsables des mouvements de l’articulation scapulohumérale et du bras.
Supraépineux
Clavicule
Acromion Supraépineux
Supraépineux
Processus coracoïde
Épine scapulaire Infraépineux
Subscapulaire Petit rond Humérus
A. Vue antérieure
B. Vue postérieure
FIGURE 11.23 Muscles de la coiffe des rotateurs
❯ Les muscles de la coie des rotateurs renorcent l’articulation scapulohumérale et fxent la tête de l’humérus dans la cavité glénoïdale. A. Une vue antérieure permet de mieux voir le subscapulaire ; ce muscle provoque la rotation médiale de l’humérus (p. ex., lorsque le bras se lève de l’arrière vers l’avant). B. Le supraépineux produit l’abduction de l’humérus (p. ex., au moment de lâcher la balle dans un lancer), alors que l’inra épineux et le petit rond exercent une rotation latérale de l’humérus (p. ex., à la fn du lancer et pour ralentir le bras). Ces trois muscles se situent sur la partie postérieure de la scapula.
Infraépineux et petit rond
474 Partie II Le soutien et les mouvements du corps TABLEAU 11.14
Muscles assurant les mouvements de l’articulation scapulohumérale et du bras
Groupe ou muscle
Action a
Origine (O) et insertion (I)
Innervation b
Muscles dont l’origine se trouve sur le squelette axial Grand dorsal
Agoniste de l’extension du bras ; également responsable de l’adduction et de la rotation médiale du bras (muscle du nageur)
O : Processus épineux de T 7 à T12 ; côtes 8 à 12 ; crête iliaque ; ascia thoracolombaire I : Sillon intertuberculaire de l’humérus
Ner thoracodorsal (C6 à C 8)
Grand pectoral
Agoniste de la fexion du bras ; également responsable de l’adduction et de la rotation médiale du bras
O : Portion médiale de la clavicule ; cartilage des côtes 2 à 6 ; corps du sternum I : Portion latérale du sillon intertuberculaire de l’humérus
Ners pectoraux latéral (C5 à C7) et médial (C8 et T1)
Muscles dont l’origine se trouve sur la scapula Deltoïde
Muscle responsable du balance ment des bras ; bres antérieures : fexion et rotation médiale du bras ; bres moyennes : moteur principal de l’abduction du bras ; bres postérieures : extension et rotation latérale du bras
O : Extrémité acromiale de la clavicule ; acromion et épine de la scapula I : Tubérosité deltoïdienne de l’humérus
Ner axillaire (C5 et C6)
Coracobrachial brachio = bras
Flexion et adduction du bras
O : Processus coracoïde de la scapula I : Portion médiale du milieu de la diaphyse de l’humérus
Ner musculocutané (neurobres de C 5 et C6)
Grand rond
Extension, adduction et rotation médiale du bras (humérus)
O : Bord latéral inérieur et angle inérieur de la scapula
Ner subscapulaire inérieur (C5 et C6)
I : Tubercule mineur et sillon intertuber culaire de l’humérus Triceps brachial (chef long) triceps = à trois têtes
Extension et adduction du bras
O : Tubercule inraglénoïdal de la scapula I : Olécrane de l’ulna
Ner radial (neurobres de C5 à C7)
Biceps brachial (chef long) biceps = à deux têtes
Flexion du bras
O : Tubercule supraglénoïdal de la scapula I : Tubérosité du radius et aponévrose bicipitale
Ner musculocutané (neurobres de C 5 et C6)
Muscles de la coiffe des rotateurs (ces quatre muscles travaillent ensemble pour stabiliser l’articulation scapulohumérale) Subscapulaire
Rotation médiale du bras
O : Fosse subscapulaire de la scapula I : Tubercule mineur de l’humérus
Ners subscapulaires supé rieur et inérieur (C5 et C6)
Supraépineux supra = audessus
Abduction du bras
O : Fosse supraépineuse de la scapula I : Tubercule majeur de l’humérus
Ner suprascapulaire (C5 et C6)
Infraépineux infra = audessous
Adduction et rotation latérale du bras
O : Fosse inraépineuse de la scapula I : Tubercule majeur de l’humérus
Ner suprascapulaire (C5 et C6)
Petit rond
Adduction et rotation latérale du bras
O : Portion dorsale supérieure du bord latéral de la scapula (audessus de l’origine du grand rond) I : Tubercule majeur de l’humérus
Ner axillaire (C5 et C6)
a
Pour un rappel des types de mouvements (adduction, abduction, supination, etc.), voir les gures 9.8 à 9.11, p. 364365.
b
Voir la section 14.5.2.
Les muscles responsables des mouvements du bras de l’articulation scapulohumérale sont regroupés dans le TABLEAU 11.15 selon leurs diérentes actions. Il convient de noter qu’un muscle qui accomplit plusieurs onctions peut se trouver dans plus d’un groupe. Le deltoïde, par exemple, peut produire l’abduction, l’extension ou la fexion de l’humérus selon que ses bres moyennes, postérieures ou antérieures se contractent. Le grand pectoral et
Vérifiez vos connaissances 19. Quelle action commune les muscles postérieurs
du thorax accomplissentils ? 20. Énumérez les muscles de la coie des rotateurs
et décrivez leur action.
Chapitre 11 Le système musculaire : les muscles axiaux et appendiculaires 475
INTÉGRATION APPLICATION CLINIQUE
Les lésions de la coiffe des rotateurs DÉSÉQUILIBRE HOMÉOSTATIQUE
Les lésions de la coie des rotateurs résultent d’un trauma tisme ou d’une maladie qui touche une portion quelconque de la musculature ou des tendons de la coie des rotateurs. L’usage intensi et répété des muscles de ce groupe peut provoquer la déchirure de leurs bres ou la rupture de leurs attaches tendi neuses. Une chute sur l’épaule ou la tentative de soulever un objet trop lourd peut aussi être à l’origine d’une telle lésion. C’est le muscle supraépineux qui est le plus souvent touché, vraisem blablement parce que lorsqu’il se contracte, son tendon risque de se trouver comprimé sous l’acromion. La réquence des lésions de la coie des rotateurs augmente avec l’âge en raison des années d’usage, de la réduction de l’irrigation sanguine des muscles et des tendons accompagnant le vieillissement, et de la probabilité accrue de ormation d’ostéophytes, des excrois sances osseuses qui pourraient comprimer les tendons. Les symptômes habituels d’une lésion de la coie des rota teurs sont l’enfure et la sensibilité de l’épaule, ainsi que la douleur plus ou moins sévère provoquée par certains mouvements, en particulier l’abduction du bras. Ce syndrome est particulièrement
TABLEAU 11.15
réquent chez les joueurs de baseball, car les mouvements répé tés de leur épaule pour lancer la balle peuvent comprimer le ten don supraépineux contre l’acromion. Les peintres aussi risquent de subir des lésions de la coie des rotateurs en raison des mou vements répétitis d’élévation du bras nécessaires pour leur travail. Le traitement dépend de la gravité de la lésion. Initialement, la douleur sera maîtrisée par l’application de roid et l’administra tion d’antiinfammatoires non stéroïdiens, ou par des injections locales de corticostéroïdes. La physiothérapie permettra de retrouver l’amplitude des mouvements et de renorcer les muscles touchés. Les lésions graves de la coie des rotateurs qui n’ont pas été soulagées par des traitements non chirurgicaux exigent en général une réparation chirurgicale pour retirer les ostéophytes, par exemple, ou pour réparer le tendon déchiré. Cette intervention se réalise par arthroscopie, soit en pratiquant une petite incision pour introduire dans l’articulation une caméra miniaturisée appelée arthroscope qui guidera le médecin dans le maniement de ses petits instruments chirurgicaux, à moins qu’une chirurgie réparatrice ouverte plus eractive soit néces saire. La physiothérapie permet de rétablir l’amplitude des mou vements après l’intervention.
Résumé des actions des muscles sur l’articulation scapulohumérale et le brasa
Abduction
Adduction
Extension
Flexion
Rotation latérale
Rotation médiale
Deltoïde (fbres moyennes) b
Grand dorsal
Grand dorsal
Grand pectoral
Inraépineux
Subscapulaire
Supraépineux
Grand pectoral
Deltoïde (fbres postérieures)
Deltoïde (fbres antérieures)
Petit rond
Deltoïde (bres antérieures)
Coracobrachial
Grand rond
Coracobrachial
Grand dorsal
Grand rond
Che long du triceps brachial
(Che long du biceps brachial)
Deltoïde (bres postérieures)
Petit rond
Grand pectoral Grand rond
Inraépineux a
Pour un rappel des types de mouvements (adduction, abduction, supination, etc.), voir les gures 9.8 à 9.11, p. 364365.
b
Les caractères gras indiquent un agoniste (muscle principal du mouvement) ; les autres muscles sont synergiques. Quand le nom du muscle est inscrit entre parenthèses, cela signie qu’il n’exerce qu’un eet léger.
le coracobrachial exercent tous deux l’adduction et la fexion de l’humérus, de sorte qu’ils sont présents dans la colonne des adducteurs et dans celle des féchisseurs.
11.8.3
Les muscles responsables des mouvements du coude et de l’avant-bras
4
Nommer les muscles de la loge antérieure et de la loge postérieure du bras, et comparer leurs onctions communes.
5
Décrire les muscles responsables de la pronation et de la supination de l’avantbras.
Quand un mouvement se produit à l’articulation du coude, les os de l’avant-bras se déplacent. Par conséquent, féchir l’articulation du coude est synonyme de féchir l’avant-bras. Les muscles des membres s’organisent en compartiments, appelés loges, et ils sont entourés par le ascia proond. Chaque loge abrite des muscles squelettiques liés par leur onction ainsi que les ners et les vaisseaux sanguins qui leur sont associés. Les muscles d’une même loge exécutent généralement des onctions semblables. La FIGURE 11.24 ore une vue d’ensemble de la compartimentation des muscles en loges. Les muscles de loges opposées tendent à être antagonistes. Les muscles antérieurs de l’avant-bras, par exemple, sont surtout des féchisseurs et des pronateurs, alors que les muscles postérieurs sont plutôt des extenseurs et des supinateurs (voir les fgures 9.8 à 9.11, p. 364-365). Il en va de même dans le membre inérieur où les extenseurs du
INTÉGRATION
ILLUSTRATION DES CONCEPTS
FIGURE 11.24 Loges musculaires ❯ A. et B. Dans le membre supérieur, le bras et l’avantbras se divisent tous deux en une loge antérieure de féchisseurs et une loge postérieure d’extenseurs. C. et D. La cuisse se partage en quatre loges, et la jambe, en trois loges. Chaque loge renerme des muscles qui produisent des mouvements semblables.
B. B
A.. A
A. Bras gauche (vue inférieure du bras sectionné)
Les muscles antérieurs du membre supérieur sont des fléchisseurs.
Antérieur
Biceps brachial Brachial Latéral
Médial Humérus Triceps brachial
Chef médial Chef latéral Chef long
Loges musculaires Antérieure
Les muscles postérieurs du membre supérieur sont des extenseurs.
Postérieure Médiale
Postérieur
Latérale
B. Avant-bras gauche Les muscles antérieurs de l’avant-bras sont des fléchisseurs.
(vue inférieure de l’avant-bras sectionné)
Antérieur
Long palmaire Fléchisseur radial du carpe Fléchisseur superficiel des doigts Fléchisseur ulnaire du carpe Fléchisseur profond des doigts Long fléchisseur du pouce
Brachioradial Long extenseur radial du carpe Court extenseur radial du carpe Radius
Médial
Ulna
Latéral Long abducteur du pouce Long extenseur du pouce Extenseur des doigts Extenseur du petit doigt Extenseur ulnaire du carpe
Postérieur
Les muscles postérieurs de l’avant-bras sont des extenseurs.
C. Cuisse droite (vue inférieure de la cuisse sectionnée) Les muscles latéraux de la cuisse et certains muscles fessiers sont des abducteurs de la cuisse.
Antérieur
Les muscles antérieurs de la cuisse sont des fléchisseurs de la hanche ou des extenseurs de la jambe et du genou. Vaste latéral Droit fémoral
Tractus iliotibial
Vaste médial
Quadriceps fémoral
Vaste intermédiaire Fémur
Sartorius
Latéral
Ischiojambiers
Médial
Biceps fémoral, chef court
Long adducteur
Biceps fémoral, chef long
Court adducteur
Semi-tendineux
Grand adducteur
Semi-membraneux
Gracile
Les muscles postérieurs de la cuisse sont des extenseurs de la cuisse ou des fléchisseurs de la jambe et du genou.
Les muscles antérieurs de la jambe produisent la dorsiflexion du pied ou l’extension des orteils.
Les muscles médiaux de la cuisse sont des adducteurs de la cuisse.
Postérieur
D. Jambe droite (vue inférieure de la jambe sectionnée)
Antérieur
Tibial antérieur Long extenseur des orteils Long extenseur de l’hallux
Tib Tibial T bial ia a postérieur posté po ssté t rie rieur ie eur ur Tibia Long fléchisseur des orteils
Long fibulaire Court fibulaire
Long fléchisseur de l’hallux
Fibula
Latéral
Médial Sol So S o éai ol éairre e Soléaire Tendon Ten T e don d plantaire pla p anta nttaire taire ir Gastrocnémien Gas G Gastr astro trocccné émie i en ((chef (ch ef médial) médial mé m a)
C.
Gastrocnémien Gas astro t ccné tro émie en (chef (ch ef latéral) la atéra téral) ral) l) Les muscles latéraux de la jambe produisent la flexion plantaire et l’éversion du pied.
Postérieur
Les muscles postérieurs de la jambe produisent la flexion de la jambe, la flexion plantaire du pied ou la flexion des orteils.
D.
478 Partie II Le soutien et les mouvements du corps
bras. Le principal muscle de cette loge est le triceps brachial. Lorsque la main est placée sur l’arrière du bras et que le coude est étendu jusqu’à l’hyperextension, il est possible de sentir les muscles se contracter durant ce mouvement. Ceci démontre que les muscles postérieurs du bras sont des extenseurs du coude. Faire cet exercice durant la description des muscles d’une loge particulière d’un membre permet de voir et de sentir comment ces muscles agissent.
genou se trouvent dans la loge antérieure de la cuisse, alors que les féchisseurs se situent dans la loge postérieure. Les adducteurs de la hanche occupent quant à eux la loge médiale de la cuisse, alors que les abducteurs se trouvent dans la loge latérale. Les muscles du bras se partagent entre une loge antérieure et une loge postérieure. La loge antérieure contient principalement des féchisseurs du coude, de sorte qu’elle porte aussi le nom de loge des muscles féchisseurs de l’avant-bras. Les muscles de cette loge sont irrigués par l’artère proonde du bras et ils sont innervés par le ner musculocutané. Il s’agit des muscles coracobrachial (ce muscle est un féchisseur du bras, et non un féchisseur du coude), biceps brachial, brachial et brachioradial. Lorsque la main est placée sur la partie antérieure du bras et que le coude est féchi, il est possible de remarquer comment ces muscles se gonfent en se contractant. Cela démontre que les muscles de la loge antérieure du bras sont des féchisseurs du coude.
11.8.3.1 Les muscles de la loge antérieure du bras Les principaux féchisseurs de l’avant-bras se trouvent sur la portion antérieure de l’humérus : il s’agit du biceps brachial et du brachial FIGURE 11.25. Le biceps brachial est un gros muscle à deux ches situé sur la surace antérieure de l’humérus. Ce muscle féchit l’articulation du coude, et c’est un puissant supinateur de l’avant-bras quand le coude est féchi. Ce mouvement de supination est évident quand une personne serre une vis avec la main droite (voir la fgure 9.11, p. 365). Le tendon du che long du biceps brachial traverse l’articulation de l’épaule, de sorte que ce muscle participe aussi à la fexion de l’humérus, bien que aiblement.
La loge postérieure renerme les extenseurs du coude, de sorte qu’elle est appelée la loge des muscles extenseurs de l’avant-bras. Ces muscles sont innervés par le ner radial et ils reçoivent leur irrigation sanguine de l’artère proonde du
Muscles superficiels
Muscles profonds
Deltoïde Processus coracoïde Grand pectoral Coracobrachial Biceps brachial, chef long Biceps brachial, chef court Triceps brachial Brachial
Biceps brachial, chef long Biceps brachial, chef court
Coracobrachial Brachial
Brachioradial Aponévrose bicipitale Tendon du biceps brachial Tubérosité du radius A. Vue antérieure
Processus coronoïde de l’ulna B. Muscles antérieurs
FIGURE 11.25 Muscles antérieurs assurant les mouvements de l’articulation du coude et de l’avant-bras ❯ A. Bras et épaule droits montrant les muscles responsables des mouvements de
l’articulation du coude (indiqués en caractères gras) ; B. muscles superfciels et muscles proonds de la portion antérieure du bras.
Chapitre 11 Le système musculaire : les muscles axiaux et appendiculaires 479
Le brachial se situe sous le biceps, sur la ace antérieure de l’humérus. C’est le féchisseur le plus puissant de l’avant-bras dans la région du coude. Le brachioradial est un autre muscle saillant de la surace antérolatérale de l’avant-bras. C’est un muscle synergique pour la fexion du coude, surtout ecace quand les principaux responsables ont déjà féchi partiellement l’avant-bras.
pronation. Ces muscles se situent dans la loge antérieure de l’avant-bras. Le TABLEAU 11.16 résume les caractéristiques des muscles responsables des mouvements de l’avant-bras et le TABLEAU 11.17 les regroupe selon les onctions qu’ils partagent.
11.8.3.2 Les muscles de la loge postérieure du bras
INTÉGRATION APPLICATION CLINIQUE
La loge postérieure du bras renerme deux muscles qui produisent l’extension de l’avant-bras au coude : le triceps brachial et l’anconé FIGURE 11.26. Le triceps brachial est un gros muscle à trois ches de la surace postérieure du bras. Son che long traverse également l’articulation scapulohumérale et participe ainsi à l’extension de l’humérus. Les trois parties de ce muscle usionnent pour ormer un tendon commun qui s’insère sur l’olécrane de l’ulna. Le petit muscle anconé, qui traverse la région postérolatérale du coude, est un aible extenseur du coude.
L’épicondylite latérale DÉSÉQUILIBRE HOMÉOSTATIQUE
L’épicondylite latérale (ou coude du joueur de tennis) est une aection douloureuse résultant d’un traumatisme ou de l’usage excessi du tendon commun des muscles extenseurs de la portion postérieure de l’avantbras. La douleur provient de l’épicondyle latéral de l’humérus qui est le site d’attache du tendon commun des extenseurs. L’épicondylite latérale est due le plus souvent à la vigoureuse contraction répétée des extenseurs situés dans l’avantbras (p. ex., pour rapper un coup de revers au tennis).
11.8.3.3 Les muscles de l’avant-bras
agissant sur l’articulation du coude Certains muscles de l’avant-bras produisent la pronation ou la supination de l’avant-bras FIGURE 11.27. Comme leur nom l’indique, le rond pronateur et le carré pronateur entraînent la rotation du radius autour de l’ulna pour amener l’avant-bras en
Dans la grande majorité des cas, les traitements de l’épi condylite latérale vont du simple repos à la correction des mouvements ou à un suivi en physiothérapie.
Supraépineux Muscles superficiels
Muscle profond
Infraépineux Petit rond Grand rond Tubercule infraglénoïdal Chef latéral Chef long
Chef long Triceps brachial
Chef latéral
Triceps brachial, chef médial
Chef médial Chef médial Anconé Grand dorsal
Tendon du triceps brachial (sectionné)
Tendon du triceps brachial
Olécrane de l’ulna
Anconé
A. Vue postérieure
B. Muscles postérieurs
FIGURE 11.26 Muscles postérieurs assurant les mouvements de l’articulation du coude et de l’avant-bras ❯ A. Bras et épaule droits montrant les muscles responsables des mouvements de
l’articulation du coude (indiqués en caractères gras) ; B. muscles superfciels et proonds de la portion postérieure du bras.
480 Partie II Le soutien et les mouvements du corps
11.8.4 Épicondyle médial Épicondyle latéral Supinateur
6
Décrire les muscles de la loge antérieure, indiquer dans quelle couche chacun se trouve et préciser leurs actions.
7
Expliquer les actions des muscles de la loge postérieure et préciser dans quelle couche chacun se trouve.
Rond pronateur
Membrane interosseuse
Les muscles responsables des mouvements du poignet, de la main et des doigts
La plupart des muscles de l’avant-bras produisent des mouvements de la main au poignet ou des mouvements des doigts, ou ces deux actions à la ois. Ces muscles portent le nom de muscles extrinsèques, car leur origine se trouve dans l’avant-bras et non dans le poignet ou la main. À la palpation, l’avant-bras est plus gros près du coude parce que les ventres de ces muscles orment une masse dans cette région, alors que distalement, près du poignet, il ne reste plus que leurs longs tendons.
Carré pronateur
Le ascia proond partage les muscles de l’avant-bras en une loge antérieure (loge des féchisseurs) et une loge postérieure (loge des extenseurs) FIGURE 11.28. Les muscles de la loge antérieure sont généralement des féchisseurs du poignet et des articulations métacarpophalangiennes de la main. La plupart des muscles de la loge antérieure ont leur origine sur l’épicondyle médial de l’humérus par un tendon commun des féchisseurs. Supination
Pronation
FIGURE 11.27 Muscles de l’avant-bras responsables de la supination et de la pronation ❯ Une vue du membre supérieur droit montre le muscle supinateur qui produit la supination de l’avantbras, alors que le rond pronateur et le carré pronateur l’amènent en pronation. (Le biceps brachial, un muscle du bras non représenté ici, est aussi un muscle supinateur de l’avantbras.)
Certains de ces muscles produisent également la fexion des articulations interphalangiennes des doigts. Les muscles de la loge postérieure de l’avant-bras sont généralement des extenseurs du poignet. Certains sont aussi responsables de l’extension des articulations métacarpophalangiennes et interphalangiennes. La plupart des muscles de la loge postérieure ont leur origine sur l’épicondyle latéral de l’humérus par un tendon commun des extenseurs.
11.8.4.1 Les rétinaculums de l’avant-bras À votre avis 3. Le brachial est situé du côté antérieur au bras. Sans
consulter les tableaux, déterminez si ce muscle est un féchisseur ou un extenseur de l’articulation du coude. Comment êtesvous parvenu à cette conclusion ?
Vérifiez vos connaissances 21. Quels sont les muscles de la loge antérieure du bras ?
Quelle action commune accomplissentils ? 22. Quels sont les muscles responsables de la pronation
et de la supination de l’avantbras ?
Dans le poignet, le ascia proond de l’avant-bras orme des bandes breuses épaissies appelées rétinaculums (retineo = retenir). Les rétinaculums maintiennent les tendons près des os et les empêchent de se tendre vers l’extérieur comme la corde d’un arc. La surace palmaire (antérieure) des os du carpe est couverte par le rétinaculum des féchisseurs (voir la fgure 11.28A). Les tendons des féchisseurs des doigts et le ner médian passent par l’espace étroit laissé entre les os et ce rétinaculum, espace qui porte le nom de canal carpien. Le rétinaculum des extenseurs se trouve au-dessus de la surace dorsale des os du carpe. Les tendons des extenseurs du poignet et des doigts passent entre les os et ce rétinaculum.
Chapitre 11 Le système musculaire : les muscles axiaux et appendiculaires 481
TABLEAU 11.16 Muscle
Muscles assurant les mouvements de l’avant-bras Action a
Origine (O) et insertion (I)
Innervation b
Flexion de l’avantbras ; puissant supinateur de l’avantbras ; che long également responsable de la fexion du bras
O : Che long : tubercule supraglénoïdal de la scapula ; che court : processus coracoïde de la scapula
Ner musculocutané (neurobres de C5 et C6)
Brachial
Principal féchisseur de l’avantbras
O : Portion distale de la surace antérieure de l’humérus I : Tubérosité et processus coronoïde de l’ulna
Ner musculocutané (neurobres de C5 et C6)
Brachioradial
Flexion de l’avantbras
O : Crête supracondylaire latérale de l’humérus I : Processus styloïde du radius
Ner radial (neurobres de C6 et C7)
Fléchisseurs (portion antérieure du bras) Biceps brachial
I : Tubérosité du radius et aponévrose bicipitale
Extenseurs (portion postérieure du bras) Triceps brachial • Che long • Che latéral • Che médial
Principal extenseur de l’avant bras ; che long du triceps également responsable de l’extension et de l’adduction du bras.
O : Che long : tubercule inraglénoïdal de la scapula ; che latéral : portion postérieure de l’humérus audessus du sillon du ner radial ; che court : portion postérieure de l’humérus sous le sillon du ner radial I : Olécrane de l’ulna
Ner radial (neurobres de C5 à C7)
Anconé ankôn = coude
Extension de l’avantbras
O : Épicondyle latéral de l’humérus I : Olécrane de l’ulna
Ner radial (neurobres de C 6 à C8)
Pronateurs (muscles antérieurs de l’avant-bras) Carré pronateur
Pronation de l’avantbras
O : Quart distal de l’ulna I : Quart distal du radius
Ner médian (neurobres de C8 et T1)
Rond pronateur
Pronation de l’avantbras
O : Épicondyle médial de l’humérus et processus coronoïde de l’ulna I : Surace latérale du radius
Ner médian (neurobres de C6 et C7)
O : Épicondyle latéral de l’humérus et ulna, distalement à l’incisure radiale I : Surace antérolatérale du radius, distalement à la tubérosité du radius
Ner médian (neurobres de C6 à C8)
Supinateur (muscle postérieur de l’avant-bras) Supinateur
Supination de l’avantbras
a
Pour un rappel des types de mouvements (adduction, abduction, supination, etc.), voir les gures 9.8 à 9.11, p. 364365.
b
Voir la section 14.5.2.
TABLEAU 11.17
Résumé des actions des muscles sur l’articulation du coude et l’avant-bras a
Extension
Flexion
Pronation
Supination
Triceps brachialb
Brachial
Rond pronateur
Biceps brachial
(Anconé)
Biceps brachial
Carré pronateur
Supinateur
Brachioradial a
Pour un rappel des types de mouvements (extension, fexion, etc.), voir les gures 9.8 à 9.11, p. 364365.
b
Les caractères gras indiquent un muscle agoniste ; les autres muscles sont synergiques. Les muscles entre parenthèses n’exercent qu’un aible eet.
482 Partie II Le soutien et les mouvements du corps
Épicondyle médial Épicondyle médial
Brachioradial
Tendon commun des fléchisseurs Rond pronateur Fléchisseur radial du carpe Long palmaire Fléchisseur ulnaire du carpe
Tendon commun des fléchisseurs
Rond pronateur
Fléchisseur radial du carpe Long palmaire Brachioradial Fléchisseur ulnaire du carpe
Rétinaculum des fléchisseurs Aponévrose palmaire Rétinaculum des fléchisseurs
Aponévrose palmaire A. Avant-bras droit, portion antérieure superficielle A
Supinateur Ulna
Radius
Fléchisseur superficiel des doigts
Fléchisseur profond des doigts Long fléchisseur du pouce Carré pronateur
Tendons du fléchisseur superficiel des doigts
Tendons du fléchisseur profond des doigts
Tendons du fléchisseur profond des doigts B. Avant-bras droit, portion antérieure intermédiaire
C. Avant-bras droit, portion antérieure profonde
FIGURE 11.28 Muscles antérieurs de l’avant-bras
❯ Les muscles antérieurs de l’avantbras sont responsables de la pronation de l’avantbras ou de la fexion du poignet et des doigts. Ils se subdivisent en trois couches : supercielle, intermédiaire et proonde. A. L’illustration et la photo d’un
cadavre montrent les muscles superciels de la portion antérieure de l’avantbras droit. B. Muscles antérieurs intermédiaires et C. muscles proonds de l’avantbras droit.
Chapitre 11 Le système musculaire : les muscles axiaux et appendiculaires
11.8.4.2 Les muscles de la loge antérieure
de l’avant-bras Les muscles de la loge antérieure de l’avant-bras se répartissent dans trois couches : une couche supercielle, une couche intermédiaire et une couche profonde. Le tendon commun des échisseurs, qui s’attache sur l’épicondyle médial à la base de l’humérus, constitue l’origine des muscles des couches supercielle et intermédiaire. L’origine des muscles de la couche profonde se trouve directement sur les os de l’avant-bras. Les muscles antérieurs de l’avant-bras ne sont pas tous des échisseurs. Le rond pronateur et le carré pronateur, dont il a déjà été question, se situent dans la loge antérieure de l’avant-bras, mais leur principale fonction est la pronation. Il en va de même pour le muscle supinateur, qui se trouve dans la loge postérieure de l’avantbras, dont la fonction principale est pourtant la supination. Les muscles de la couche supercielle antérieure de l’avantbras se suivent dans cet ordre, de la surface latérale à la surface médiale de l’avant-bras : le rond pronateur (déjà décrit), le échisseur radial du carpe, le long palmaire et le échisseur ulnaire du carpe. Le tendon du échisseur radial du carpe fait saillie du côté latéral de l’avant-bras. Ce muscle échit le poignet et produit l’abduction de la main au poignet. Le long palmaire est absent chez certaines personnes. Cet étroit muscle superciel de la surface antérieure de l’avant-bras contribue faiblement à la exion du poignet. Le échisseur ulnaire du carpe produit la exion du poignet et l’adduction de la main au poignet.
INTÉGRATION
STRATÉGIES D’APPRENTISSAGE
L’exercice illustré dans la gure ci-dessous permet de déterminer sur son propre bras la position des trois muscles superciels de la portion antérieure de l’avant-bras et celle du rond pronateur. Enroulez votre pouce autour de l’épicondyle médial de l’autre bras de façon à le placer derrière le coude. Alignez le petit doigt avec le bord médial de votre avant-bras. La position naturelle qu’adopteront alors vos doigts correspond à l’emplacement des muscles de la couche supercielle.
483
traverse le poignet ainsi que les articulations métacarpophalangienne et interphalangienne proximale des doigts II à V ; il échit par conséquent toutes ces articulations. Étant donné que le échisseur superciel des doigts ne traverse pas l’articulation interphalangienne distale de ces doigts, il ne peut faire bouger ces articulations. La couche profonde de muscles de la loge antérieure de l’avant-bras renferme le long échisseur du pouce (latéralement), le échisseur profond des doigts (médialement) et le carré pronateur (en profondeur) (voir la gure 11.28C). Le long échisseur du pouce s’attache sur la phalange distale du pouce et échit ses articulations métacarpophalangienne et interphalangienne. De plus, comme ce muscle traverse l’articulation du poignet, il contribue faiblement à la exion du poignet. Le échisseur profond des doigts se situe en profondeur par rapport au échisseur superciel des doigts. Ce muscle se sépare en quatre tendons qui s’insèrent sur la phalange distale des doigts II à V. Le échisseur profond des doigts exerce une exion du poignet, de l’articulation métacarpophalangienne et des articulations interphalangiennes proximale et distale des doigts II à V.
INTÉGRATION LIENS ENTRE LES CONCEPTS Étant donné que le nerf médian (voir la section 14.5.2) chemine sous le rétinaculum des échisseurs, il peut se trouver comprimé à l’intérieur du canal carpien. L’anatomie musculosquelettique se trouve ainsi liée au bon fonctionnement de certaines composantes du système nerveux.
11.8.4.3 Les muscles de la loge postérieure
de l’avant-bras Les muscles de la loge postérieure de l’avant-bras sont principalement des extenseurs du poignet et des doigts. Le supinateur, qui participe à la supination de l’avant-bras, constitue une exception. Les muscles de la loge postérieure se partagent entre une couche supercielle et une couche profonde. Le tendon commun des extenseurs, attaché sur l’épicondyle latéral de l’humérus, constitue l’origine des muscles de la couche supercielle postérieure de l’avant-bras FIGURE 11.29. Ces muscles se suivent, du côté médial au côté latéral, dans l’ordre suivant : • Le long extenseur radial du carpe et le court extenseur radial du carpe travaillent en synergie et produisent l’extension du poignet et l’abduction de la main au poignet.
Lorsque la main gauche est placée sur l’épicondyle médial de l’humérus droit, les doigts II à V se positionnent sur l’emplacement approximatif des muscles superciels de la partie antérieure de l’avant-bras.
La couche intermédiaire de la loge antérieure de l’avant-bras ne contient qu’un seul muscle (voir la gure 11.28B). Le échisseur superciel des doigts se sépare en quatre tendons ; chacun d’eux s’insère sur la phalange moyenne d’un des doigts II à V. Ce muscle
• L’extenseur des doigts se divise en quatre tendons qui s’insèrent sur la phalange distale des doigts II à V. Il amène l’extension du poignet, de l’articulation métacarpophalangienne et des articulations interphalangiennes proximale et distale des doigts II à V. • L’extenseur du petit doigt s’attache à la phalange distale de ce doigt (doigt V). Il agit avec l’extenseur des doigts pour amener le petit doigt en extension. • Du côté médial de la partie postérieure de l’avant-bras, l’extenseur ulnaire du carpe s’insère sur le cinquième os métacarpien et agit à cet endroit pour produire l’extension du poignet et l’adduction de la main.
484 Partie II Le soutien et les mouvements du corps
Brachioradial Long extenseur radial du carpe
Anconé Brachioradial
Court extenseur radial du carpe
Long extenseur radial du carpe
Extenseur des doigts
Court extenseur radial du carpe
Anconé Fléchisseur ulnaire du carpe
Extenseur des doigts
Extenseur ulnaire du carpe
Extenseur ulnaire du carpe
Extenseur du petit doigt Long abducteur du pouce Court extenseur du pouce
Extenseur du petit doigt
Rétinaculum des extenseurs
Long abducteur du pouce Court extenseur du pouce
Rétinaculum des extenseurs
Tendons de l’extenseur des doigts
Tendons de l’extenseur des doigts
A. Avant-bras droit, portion postérieure superficielle
Olécrane de l’ulna (extrémité du coude) Supinateur
Long abducteur du pouce Long extenseur du pouce Extenseur de l’index
Court extenseur du pouce
Interosseux dorsaux
FIGURE 11.29
B. Avant-bras droit, portion postérieure profonde
Muscles postérieurs de l’avant-bras ❯ Les muscles postérieurs de l’avantbras produisent la supination de l’avantbras ou l’extension du poignet ou des doigts. Ils se partagent entre A. une couche superfcielle et B. une couche proonde visibles sur ces vues de l’avantbras droit.
Chapitre 11 Le système musculaire : les muscles axiaux et appendiculaires 485
INTÉGRATION APPLICATION CLINIQUE
Le syndrome du canal carpien
de picotement. Il se produit parois une perte sensorielle plus importante ainsi qu’une réduction de la motricité des muscles de la main innervés par le ner médian, particulièrement le pouce.
DÉSÉQUILIBRE HOMÉOSTATIQUE
Le canal carpien est l’espace compris entre les os du carpe et le rétinaculum des féchisseurs. Plusieurs tendons de muscles féchisseurs des doigts traversent ce tunnel, de même que le ner médian, qui innerve la peau de la région palmaire latérale de la main et les muscles responsables des mouvements du pouce. Une compression du ner médian ou des tendons dans le canal, souvent à la suite d’une infammation, provoque le syndrome du canal carpien ; celuici se caractérise par une douleur et une paresthésie (aisthêsis = sensation), c’estàdire une sensation
Les personnes qui répètent le même mouvement du poignet ou qui utilisent des outils qui vibrent sur une longue période de temps ont plus de risque d’être atteintes du syndrome du canal carpien. Outre l’élimination des mouvements responsables du syndrome du canal carpien, le traitement principal consiste à mettre au repos le poignet touché au moyen d’une attelle limitant les mouvements responsables de la douleur. Une intervention chirurgicale est parois nécessaire.
Tendon du long fléchisseur du pouce
Tendon du fléchisseur superficiel des doigts
Tendon du long palmaire (sectionné)
Tendon du fléchisseur profond des doigts
Nerf médian Gaine commune du tendon des fléchisseurs
Tendon du fléchisseur radial du carpe
Rétinaculum des fléchisseurs couvrant le canal carpien Trapèze
Gaine commune du tendon des fléchisseurs
Canal carpien, vue antérieure Vue de la coupe transversale
Antérieur Tendon du long palmaire Nerf médian
Rétinaculum des fléchisseurs couvrant le canal carpien Tendons du fléchisseur superficiel des doigts
Tendon du fléchisseur radial du carpe Tendon du long fléchisseur du pouce
Canal carpien
Gaine commune du tendon des fléchisseurs Tendons du fléchisseur profond des doigts
Trapèze Hamatum Trapézoïde
Capitatum Postérieur
Canal carpien, coupe transversale
486 Partie II Le soutien et les mouvements du corps
L’origine des muscles de la couche profonde se trouve directement sur les os du côté postérieur de l’avant-bras ; ces muscles s’insèrent sur le poignet ou la main (voir la fgure 11.29B). Ces muscles exercent une faible extension du poignet et remplissent certaines autres fonctions : 1. Le long abducteur du pouce provoque l’abduction du pouce.
4. L’extenseur de l’index provoque l’extension de l’articulation métacarpophalangienne et des articulations interphalangiennes proximale et distale de l’index (doigt II). Le TABLEAU 11.18 résume les caractéristiques des muscles responsables des mouvements du poignet, de la main et des doigts.
2. Le court extenseur du pouce s’attache sur la phalange proximale du pouce et contribue à l’extension de l’articulation métacarpophalangienne de ce doigt.
Vérifiez vos connaissances
3. Le long extenseur du pouce s’insère sur la phalange distale du pouce et exerce ainsi une extension des articulations métacarpophalangienne et interphalangienne du pouce.
24. Quels muscles de la loge postérieure assurent
TABLEAU 11.18
23. Quelles sont les actions communes des muscles
de la loge antérieure de l’avantbras ? les mouvements du pouce ?
Muscles de l’avant-bras assurant les mouvements de l’articulation du poignet, de la main et des doigts
Groupe ou muscle
Action a
Origine (O) et insertion (I)
Innervation b
Muscles antérieurs : superciels Rond pronateur
Pronation de l’avantbras
O : Épicondyle médial de l’humérus et processus coronoïde de l’ulna I : Surace latérale du radius
Ner médian (neurobres de C6 et C7)
Fléchisseur radial du carpe carpos = jointure
Flexion du poignet et abduction de la main
O : Épicondyle médial de l’humérus I : Base des os métacarpiens II et III
Ner médian (neurobres de C6 et C7)
Long palmaire
Faible féchisseur du poignet
O : Épicondyle médial de l’humérus I : Rétinaculum des féchisseurs et aponévrose palmaire
Ner médian (neurobres de C6 et C7)
Fléchisseur ulnaire du carpe
Flexion du poignet et adduction de la main
O : Épicondyle médial de l’humérus ; olécrane et surace postérieure de l’ulna I : Os pisiorme et hamatum (os du carpe) ; base de l’os métacarpien V
Ner ulnaire (C8 et T1)
O : Épicondyle médial de l’humérus, processus coronoïde de l’ulna I : Phalange moyenne des doigts II à V
Ner médian (neurobres de C 6 et C7)
Muscles antérieurs : intermédiaires Fléchisseur superciel des doigts
Flexion du poignet et des articulations métacarpophalan gienne et interphalangienne proximale des doigts II à V
Muscles antérieurs : proonds Long féchisseur du pouce
Flexion des articulations méta carpophalangienne et interphalan gienne du pouce ; aible fexion du poignet
O : Portion antérieure de la diaphyse du radius ; membrane interosseuse I : Phalange distale du pouce
Ner médian (neurobres de C6 et C7)
Fléchisseur proond des doigts
Flexion du poignet, de l’articulation métacarpophalangienne et des articulations interphalangiennes proximale et distale des doigts II à V
O : Surace antéromédiale de l’ulna ; membrane interosseuse I : Phalange distale des doigts II à V
Moitié latérale du muscle innervée par le ner médian (neurobres de C6 à C8) ; moitié médiale du muscle innervée par le ner ulnaire (neurobres de C 8)
Carré pronateur
Pronation de l’avantbras
O : Quart distal de l’ulna I : Quart distal du radius
Ner médian (neurobres de C 8 et T1)
O : Crête supracondylaire latérale de l’humérus I : Base de l’os métacarpien II
Ner radial (neurobres de C 6 et C7)
Muscles postérieurs : superciels Long extenseur radial du carpe
Extension du poignet, abduction de la main
Chapitre 11 Le système musculaire : les muscles axiaux et appendiculaires 487
TABLEAU 11.18
Muscles de l’avant-bras assurant les mouvements de l’articulation du poignet, de la main et des doigts (suite)
Groupe ou muscle
Action a
Origine (O) et insertion (I)
Innervation b
Muscles postérieurs : superfciels Court extenseur radial du carpe
Extension du poignet, abduction de la main
O : Épicondyle latéral de l’humérus I : Base de l’os métacarpien III
Ner radial (neurobres de C 6 et C7)
Extenseur des doigts
Extension du poignet ; extension de l’articulation métacarpophalan gienne et des articulations interphalangiennes proximale et distale des doigts II à V
O : Épicondyle latéral de l’humérus I : Phalanges distale et moyenne des doigts II à V
Ner radial (neurobres de C6 à C8)
Extenseur du petit doigt
Extension des articulations métacarpophalangienne et interphalangienne proximale du doigt V ; aible extension du poignet
O : Épicondyle latéral de l’humérus I : Phalange proximale du doigt V
Ner radial (neurobres de C 6 à C8)
Extenseur ulnaire du carpe
Extension du poignet, adduction de la main
O : Épicondyle latéral de l’humérus, bord postérieur de l’ulna I : Base de l’os métacarpien V
Ner radial (neurobres de C6 à C8)
Muscles postérieurs : proonds Long abducteur du pouce
Abduction du pouce ; extension du poignet (aible)
O : Surace dorsale proximale du radius et de l’ulna ; membrane interosseuse I : Bord latéral de l’os métacarpien I
Ner radial (neurobres de C6 à C8)
Court extenseur du pouce
Extension de l’articulation métacarpophalangienne du pouce ; extension du poignet (aible)
O : Surace postérieure du radius ; membrane interosseuse I : Phalange proximale du pouce
Ner radial (neurobres de C6 à C8)
Long extenseur du pouce
Extension des articulations métacarpophalangienne et interphalangienne du pouce ; extension du poignet (aible)
O : Surace postérieure de l’ulna ; membrane interosseuse I : Phalange distale du pouce
Ner radial (neurobres de C6 à C8)
Extenseur de l’index
Extension de l’articulation métacarpophalangienne et des articulations interphalangiennes proximale et distale du doigt II ; extension du poignet (aible)
O : Surace postérieure de l’ulna ; membrane interosseuse I : Tendon de l’extenseur des doigts
Ner radial (neurobres de C6 à C8)
Supinateur
Supination de l’avantbras
O : Épicondyle latéral de l’humérus et ulna, distalement à l’incisure radiale I : Surace antérolatérale du radius, distalement à la tubérosité du radius
Ner médian (neurobres de C 6 à C 8)
a
Pour un rappel des types de mouvements (fexion, extension, abduction, etc.), voir les gures 9.8 à 9.11, p. 364365.
b
Voir la section 14.5.2.
11.8.5
8
Les muscles intrinsèques de la main
Comparer les actions des trois groupes de muscles intrinsèques de la main.
Les muscles intrinsèques de la main sont de petits muscles dont l’origine et l’insertion se trouvent toutes deux dans la main ; ils sont entièrement compris à l’intérieur de la paume FIGURE 11.30. Ces muscles se divisent en trois groupes : 1) les muscles du groupe thénarien orment l’épaisse masse charnue, appelée éminence thénar, située à la base du pouce ; 2) ceux du groupe hypothénarien constituent la masse charnue plus petite située à la base du petit doigt et appelée éminence hypothénar ; 3) les muscles du groupe
palmaire moyen occupent l’espace compris entre les deux premiers groupes. Les groupes thénarien et hypothénarien se composent de muscles plus petits : • Des petits féchisseurs (le court féchisseur du pouce du groupe thénarien et le court féchisseur du petit doigt du groupe hypothénarien) féchissent respectivement le pouce et le petit doigt. • Des abducteurs (le court abducteur du pouce du groupe thénarien et l’abducteur du petit doigt du groupe hypothénarien) produisent respectivement l’abduction du pouce et du petit doigt. • Les muscles opposants (l’opposant du pouce dans le groupe thénarien et l’opposant du petit doigt dans le groupe hypothénarien) participent à l’opposition du pouce et du petit doigt, respectivement.
488 Partie II Le soutien et les mouvements du corps
FIGURE 11.30 Muscles intrinsèques de la main ❯ Ces muscles permettent les mouvements fns et précis nécessaires pour écrire, taper au clavier ou jouer de la guitare A. Portion palmaire (antérieur) des muscles superfciels de la main droite ; B. portion palmaire des muscles proonds.
Gaine des tendons
Tendon du fléchisseur profond des doigts
Premier interosseux dorsal Tendon du long fléchisseur du pouce
Tendon du fléchisseur superficiel des doigts (sectionné) Lombricaux
Adducteur du pouce
Court fléchisseur du petit doigt
Court fléchisseur du pouce
Abducteur du petit doigt
Court abducteur du pouce
Rétinaculum des fléchisseurs
Tendon du long palmaire (sectionné)
A. Main droite, portion palmaire superficielle
Interosseux palmaires Chef transverse
Adducteur du pouce
Chef oblique
Opposant du petit doigt Rétinaculum des fléchisseurs (sectionné)
Opposant du pouce
Canal carpien
Tendon du fléchisseur radial du carpe
Tendon du fléchisseur ulnaire du carpe
Tendon du long abducteur du pouce B. Main droite, portion palmaire profonde
Chapitre 11 Le système musculaire : les muscles axiaux et appendiculaires 489
Le groupe palmaire moyen comprend les muscles suivants : les lombricaux, les interosseux dorsaux, les interosseux palmaires et l’adducteur du pouce. Les muscles lombricaux ont leur origine sur chaque tendon du muscle féchisseur des doigts du côté de la paume, alors que leur insertion se trouve sur les tendons des phalanges du côté dorsal de la main. La contraction de ce muscle peut entraîner de açon alternative la fexion de l’articulation métacarpophalangienne des doigts II à V ou l’extension des articulations interphalangiennes proximale et distale de ces doigts. Les interosseux dorsaux sont quatre muscles bipennés proonds qui féchissent l’articulation métacarpophalangienne des doigts II à V en même temps qu’ils provoquent l’extension des articulations interphalangiennes proximale et distale des mêmes doigts. Les interosseux dorsaux entraînent de plus l’abduction des doigts II à V. Les interosseux palmaires sont trois petits muscles adducteurs des doigts. Ils travaillent également avec les lombricaux et les interosseux dorsaux pour produire la fexion de l’articulation métacarpophalangienne des doigts II à V, tout en provoquant l’extension des articulations interphalangiennes proximale et distale de ces doigts. L’adducteur du pouce est parois classé de manière erronée parmi les interosseux palmaires. Comme son nom le suggère, ce muscle place le pouce en adduction. Les muscles responsables des mouvements particuliers des doigts, de la main et du poignet sont résumés dans le TABLEAU 11.19 et ils sont regroupés selon leurs actions communes dans le TABLEAU 11.20.
Vérifiez vos connaissances 25. Nommez les muscles intrinsèques de la main
responsables de l’abduction des doigts.
11.9 Les muscles de
la ceinture pelvienne et du membre inférieur
Les muscles les plus puissants et les plus gros du corps sont ceux du membre inérieur. Ces muscles sont conçus pour supporter le poids du corps et actionner les membres inérieurs durant la locomotion. Tout comme ceux du membre supérieur, les muscles du membre inérieur se regroupent dans des loges (voir la fgure 11.24). Comme pour les muscles de la ceinture scapulaire et du membre supérieur, les muscles de la ceinture pelvienne et du membre inérieur peuvent se répartir dans divers groupes : • les muscles assurant les mouvements de l’articulation de la hanche et de la cuisse ; • les muscles de la cuisse assurant les mouvements de l’articulation du genou et de la jambe ; • les muscles de la jambe assurant les mouvements de la cheville, du pied et des orteils ; • les muscles intrinsèques du pied.
FIGURE 11.30 Muscles intrinsèques de la main (suite)
❯
C. Vue postérieure (dorsale) des muscles superfciels.
Deuxième interosseux dorsal Tendon de l’extenseur de l’index
Troisième interosseux dorsal
Premier interosseux dorsal
Quatrième interosseux dorsal
Tendon du long extenseur du pouce
Tendon de l’extenseur du petit doigt
Tendon du court extenseur du pouce
Abducteur du petit doigt Tendons de l’extenseur des doigts Rétinaculum des extenseurs
C. Main droite, vue postérieure
490 Partie II Le soutien et les mouvements du corps TABLEAU 11.19
Muscles intrinsèques de la main
Groupe ou muscle
Action a
Origine (O) et insertion (I)
Innervation b
Court féchisseur du pouce
Flexion du pouce
O : Rétinaculum des féchisseurs ; trapèze I : Phalange proximale du pouce
Ner médian (neurobres de C8 et T1)
Court abducteur du pouce
Abduction du pouce
O : Rétinaculum des féchisseurs, scaphoïde, trapèze I : Côté latéral de la phalange proximale du pouce
Ner médian (neurobres de C8 et T1)
Opposant du pouce opponens = placer contre
Opposition du pouce
O : Rétinaculum des féchisseurs et trapèze I : Côté latéral de l’os métacarpien I
Ner médian (neurobres de C8 et T1)
Court féchisseur du petit doigt
Flexion du doigt V
O : Os hamatum, rétinaculum des féchisseurs I : Phalange proximale du doigt V
Ner ulnaire (C8 et T1)
Abducteur du petit doigt
Abduction du doigt V
O : Os pisiorme, tendon du féchisseur ulnaire du carpe I : Phalange proximale du doigt V
Ner ulnaire (C8 et T1)
Opposant du petit doigt
Opposition du doigt V
O : Os hamatum, rétinaculum des féchisseurs I : Os métacarpien V
Ner ulnaire (C8 et T1)
Lombricaux
Flexion de l’articulation métacarpo phalangienne des doigts II à V et extension des articulations inter phalangiennes proximale et distale de ces doigts
O : Tendons du féchisseur proond des doigts I : Tendons dorsaux sur les doigts II à V
Ner médian (les deux lombricaux latéraux, 1 et 2) et ner ulnaire (les deux lombricaux médiaux, 3 et 4)
Interosseux dorsaux inter = entre ossum = os
Abduction des doigts II à V ; fexion de l’articulation métacarpophalan gienne et extension des articulations interphalangiennes proximale et distale des doigts II à V
O : Faces adjacentes opposées des os métacarpiens I : Tendons dorsaux sur les doigts II à V
Ner ulnaire (C8 et T1)
Interosseux palmaires
Adduction des doigts II à V ; fexion de l’articulation métacarpophalan gienne et extension des articulations interphalangiennes proximale et distale des doigts II à V
O : Os métacarpiens II, IV et V I : Côtés de la base de la phalange proximale des doigts II, IV et V
Ner ulnaire (C8 et T1)
Adducteur du pouce
Adduction du pouce
O : Che oblique : os capitatum, base des os métacarpiens II et III ; che transverse : os métacarpien III I : Côté médial de la phalange proximale du pouce
Ner ulnaire (C8 et T1)
Groupe thénarien
Groupe hypothénarien
Groupe palmaire moyen
a
Pour un rappel des types de mouvements (adduction, abduction, supination, etc.), voir les gures 9.8 à 9.11, p. 364365.
b
Voir la section 14.5.2.
11.9.1
Les muscles responsables des mouvements de la hanche et de la cuisse
1
Comparer les onctions des muscles des loges antérieure, médiale, latérale et postérieure de la cuisse.
2
Décrire les actions des trois muscles essiers.
Dans cette section, les expressions mouvements de l’articulation de la hanche et mouvements de la cuisse sont utilisées comme synonymes. Le fascia lata est le ascia proond de la cuisse ; il entoure les muscles de la cuisse à la manière d’un bas de contention et les relie ermement. Le ascia lata compartimente les muscles de la cuisse en loges, chacune munie de sa propre irrigation sanguine et de son innervation. Les muscles de la loge antérieure produisent soit l’extension du genou, soit la fexion de la cuisse ; ils sont décrits dans la section suivante. Les muscles de la loge médiale sont responsables de l’adduction de la cuisse. L’unique muscle de la loge latérale est un abducteur de la cuisse. La plupart des muscles de la loge postérieure
Chapitre 11 Le système musculaire : les muscles axiaux et appendiculaires 491
sont à la ois des féchisseurs du genou et des extenseurs de la cuisse. Certains d’entre eux entraînent aussi l’abduction de la cuisse. Plusieurs muscles s’insèrent du côté antérieur de la cuisse et féchissent l’articulation de la hanche FIGURE 11.31A . Le grand psoas et l’iliaque ont des origines diérentes (sur les vertèbres
TABLEAU 11.20
lombaires et l’ilium, respectivement), mais ils partagent une insertion commune sur le petit trochanter du émur. Ces deux muscles usionnent en eet pour ormer l’iliopsoas qui s’insère sur le émur. Ils travaillent en synergie pour exercer la fexion de la cuisse. Le droit émoral ainsi que le long et mince muscle qui
Résumé des actions des muscles sur le poignet et la main a
Abduction de la main
Adduction de la main
Extension du poignet
Flexion du poignet
Fléchisseur radial du carpe
Extenseur ulnaire du carpe
Extenseur des doigts
Fléchisseur radial du carpe
Court extenseur radial du carpe
Fléchisseur ulnaire du carpe
Court extenseur radial du carpe
Fléchisseur ulnaire du carpe
Long extenseur radial du carpe
Fléchisseur superciel des doigts
Extenseur ulnaire du carpe
Fléchisseur proond des doigts
(Extenseur de l’index) b
(Long palmaire)
(Long extenseur du pouce)
(Long féchisseur du pouce)
Long extenseur radial du carpe
(Court extenseur du pouce) (Long abducteur du pouce)
Abduction des doigts
Adduction des doigts
Extension des articulations interphalangiennes
Flexion des articulations interphalangiennes
Interosseux dorsaux
Interosseux palmaires
Extenseur des doigts
Fléchisseur proond des doigts
Long abducteur du pouce
Adducteur du pouce
Extenseur de l’index
Fléchisseur superciel des doigts
Court abducteur du pouce
Court extenseur du pouce
Long féchisseur du pouce
Abducteur du petit doigt
Long extenseur du pouce
Court féchisseur du pouce
Extenseur du petit doigt
Fléchisseur du petit doigt
Lombricaux Interosseux dorsaux Interosseux palmaires a
Pour un rappel des types de mouvements (adduction, abduction, supination, etc.), voir les gures 9.8 à 9.11, p. 364365.
b
Les muscles entre parenthèses n’ont qu’un eet minime.
INTÉGRATION APPLICATION CLINIQUE
La périostite tibiale et le syndrome des loges DÉSÉQUILIBRE HOMÉOSTATIQUE
La périostite tibiale se caractérise par la sensibilité ou la douleur ressentie le long du tibia en raison de l’infammation du périoste (membrane qui entoure et protège l’os), habituellement dans sa portion inérieure. Ce syndrome touche souvent les nouveaux coureurs ou les coureurs en mauvaise condition physique. Le syndrome des loges est une aection généralement due à la compression des vaisseaux sanguins d’un membre, com pression qui résulte de l’infammation ou de l’enfure consécutive à un claquage (déchirure musculaire), à une contusion ou à l’usage excessi des muscles. Ce syndrome atteindra par exemple une personne qui entreprend tout à coup un programme intensi d’exercice. Le syndrome sera plus sévère s’il est causé par un traumatisme subi par une loge du membre (p. ex., dans le cas d’une racture osseuse ou d’une rupture d’un vaisseau
sanguin). Une morsure de serpent (quand du venin est injecté au site de la morsure) peut aussi provoquer de l’enfure et entraîner par conséquent un syndrome des loges. Toutes les loges des membres peuvent être touchées, mais c’est dans les jambes que ce syndrome est le plus réquent. Étant donné que le ascia proond qui enveloppe le muscle est tendu et ne peut s’étirer, l’enfure des muscles ou l’accumulation d’un liquide ou de sang augmente la pression à l’intérieur de la loge musculaire. Les vaisseaux sanguins et les ners de la loge sont alors comprimés, compromettant de ce ait son irrigation et son innervation. Si la circulation sanguine n’est pas rétablie, cette situation peut entraîner la mort des ners en deux heures et la mort du muscle squelettique dans les six heures. Les cas légers de syndrome des loges se traitent par l’immobilisation du membre atteint et la mise au repos. Dans les cas plus sévères, il peut être nécessaire d’inciser le ascia pour réduire la pression et décomprimer la loge touchée.
492 Partie II Le soutien et les mouvements du corps
Petit psoas Crête iliaque Grand psoas
Moyen fessier
Iliaque
Tenseur du fascia lata Sartorius
Grand fessier Iliopsoas
Droit fémoral Pectiné Long adducteur
Court adducteur
Gracile
Vaste latéral Tractus iliotibial
Grand adducteur
Biceps fémoral, chef long Semi-membraneux Biceps fémoral, chef court
Patella (rotule)
Gastrocnémien
A. Cuisse droite, vue antérieure
B. Cuisse droite, vue latérale
Crête iliaque
Sacrum
Moyen fessier (sectionné)
Grand fessier (sectionné)
Petit fessier Moyen fessier (sectionné)
Piriforme
Grand fessier (sectionné)
Jumeau supérieur Obturateur interne Jumeau inférieur
Carré fémoral
Tubérosité ischiatique Gracile Biceps fémoral, chef long Grand adducteur
Tractus iliotibial
Semi-tendineux C. Cuisse droite, vue postérieure profonde
FIGURE 11.31 Muscles agissant sur la hanche et la cuisse
❯ Vues A. antérieure, B. latérale et C. postérieure profonde de la cuisse droite. La plupart des muscles qui agissent sur la cuisse (sur le fémur) ont leur origine sur l’os coxal. (L’obturateur externe n’est pas illustré.)
Chapitre 11 Le système musculaire : les muscles axiaux et appendiculaires 493
porte le nom de sartorius féchissent la cuisse. Ces deux muscles sont étudiés dans la section 11.9.2, avec les muscles de la cuisse assurant les mouvements de la jambe. Six muscles se trouvent dans la loge médiale de la cuisse. La plupart d’entre eux produisent l’adduction de la cuisse, et certains accomplissent d’autres onctions. Le court adducteur et le gracile agissent seulement comme adducteurs, alors que le pectiné est aussi un féchisseur de la cuisse. Le long adducteur et le grand adducteur produisent aussi la rotation médiale de la cuisse. L’obturateur externe n’est pas un adducteur de la cuisse : il entraîne plutôt sa rotation latérale. Du côté latéral de la cuisse se trouve un unique muscle, le tenseur du fascia lata (voir la fgure 11.31B). Il s’attache à un épaississement latéral du ascia lata appelé tractus iliotibial (ou bandelette de Maissiat) qui s’étend de la crête iliaque jusqu’au condyle latéral du tibia. Le tenseur du ascia lata produit l’abduction et la rotation médiale de la cuisse. Les muscles postérieurs assurant les mouvements de la cuisse comprennent les trois muscles essiers et le groupe des muscles ischiojambiers (décrit plus loin). Le grand fessier (ou grand glutéal) est le plus gros et le plus lourd des trois muscles essiers ; c’est le principal extenseur de la cuisse, et il entraîne son abduction et sa rotation latérale. Le moyen fessier (ou moyen glutéal) et le petit fessier (ou petit glutéal) sont situés plus proondément que le grand essier ; ils exercent l’abduction et la rotation mé diale de la cuisse (voir la fgure 11.31C).
En proondeur, sous les muscles essiers, se trouve un groupe de muscles qui provoquent collectivement la rotation latérale de la cuisse et de l’articulation de la hanche (p. ex., quand les jambes sont croisées, la cheville de l’une reposant sur le genou de l’autre). Du côté postérieur de la cuisse, ces muscles se suivent, du haut vers le bas, dans l’ordre suivant : le piriforme, le jumeau supérieur, l’obturateur interne, le jumeau inférieur et le carré fémoral. Le côté postérieur de la cuisse comprend nalement un groupe de muscles désignés collectivement sous le nom d’ischiojambiers. Les muscles ischiojambiers sont le biceps émoral, le semi-membraneux et le semi-tendineux. Ces muscles partagent une origine commune sur la tubérosité ischiatique de l’os coxal et ils s’insèrent sur la jambe, d’où leur nom. Par conséquent, ils assurent à la ois des mouvements de la cuisse et des mouvements de la jambe. Le principal mouvement qu’ils imposent à la cuisse est l’extension. L’étude de ces muscles est reprise dans la section suivante qui porte sur les mouvements de la jambe. Le TABLEAU 11.21 résume les caractéristiques des muscles assurant les mouvements de l’articulation de la hanche et de la cuisse, et le TABLEAU 11.22 les regroupe selon leurs actions communes sur la cuisse.
Vérifiez vos connaissances 26. Énumérez les loges de la cuisse et décrivez l’action
commune des muscles de chacune.
TABLEAU 11.21 Muscles assurant les mouvements de l’articulation de la hanche et de la cuisse Groupe ou muscle
Action a
Origine (O) et insertion (I)
Innervation b
Loge antérieure de la cuisse (féchisseurs de la cuisse) Grand psoas psoas = muscle des lombes
Flexion de la cuisse
O : Processus transverse et corps des vertèbres T12 à L 5 I : Petit trochanter du émur, avec l’iliaque
Branches du plexus lombaire (L 2 et L3)
Iliaque ilium = hanche
Flexion de la cuisse
O : Fosse iliaque I : Petit trochanter du émur, avec le grand psoas
Ner émoral (neurobres de L 2 et L3)
Sartorius sartor = couturier
Flexion et rotation latérale de la cuisse ; fexion et rotation médiale de la jambe (croiser la jambe)
O : Épine iliaque antérosupérieure I : Côté médial de la tubérosité tibiale
Ner émoral (neurobres de L 2 et L3)
Droit émoral femoralis = relati à la cuisse
Flexion de la cuisse ; extension de la jambe
O : Épine iliaque antéroinérieure I : Tendon du quadriceps sur la patella, puis ligament patellaire jusqu’à la tubérosité tibiale
Ner émoral (neurobres de L 2 à L 4)
Loge médiale de la cuisse (adducteurs de la cuisse) Long adducteur
Adduction de la cuisse ; rotation médiale de la cuisse
O : Pubis, près de la symphyse pubienne I : Ligne âpre du émur
Ner obturateur (L 2 à L4)
Court adducteur
Adduction de la cuisse
O : Branche inérieure et corps du pubis I : Tiers supérieur de la ligne âpre du émur
Ner obturateur (neurobres de L 2 et L3)
Gracile gracilis = maigre
Adduction de la cuisse ; fexion de la jambe
O : Branche inérieure et corps du pubis I : Surace médiale supérieure du tibia
Ner obturateur (L 2 à L4)
Pectiné
Flexion de la cuisse ; adduction de la cuisse
O : Pecten (ligne pectinée) du pubis I : Ligne pectinée du émur
Ner émoral (L 2 à L 4) ou ner obturateur (L 2 à L4)
494 Partie II Le soutien et les mouvements du corps TABLEAU 11.21 Muscles assurant les mouvements de l’articulation de la hanche et de la cuisse (suite) Groupe ou muscle
Action a
Origine (O) et insertion (I)
Innervation b
Grand adducteur
Adduction de la cuisse ; rotation médiale de la cuisse
O : Branche inérieure du pubis et tubérosité ischiatique I : Ligne âpre du émur et tubercule de l’adducteur
Partie adductrice : ner obturateur (L 2 à L4) Partie ischiojambière : division tibiale du ner sciatique (neurobres de L2 à L4)
Obturateur externe obturare = boucher
Rotation latérale de la cuisse
O : Marges du oramen obturé et membrane obturatrice I : Fosse trochantérique à l’arrière du émur
Ner obturateur (neurobres de L 3 et L4)
Abduction de la cuisse ; rotation médiale de la cuisse
O : Crête iliaque et surace latérale de l’épine iliaque antérosupérieure I : Tractus iliotibial
Ner glutéal supérieur (L4 à S1)
Grand fessier (ou grand glutéal) glutos = esse
Extension de la cuisse ; abduction et rotation latérale de la cuisse
O : Crête iliaque, sacrum, coccyx I : Tractus iliotibial du ascia lata ; ligne âpre et tubérosité glutéale du émur
Ner glutéal inérieur (L5 à S2)
Moyen fessier (ou moyen glutéal)
Abduction de la cuisse ; rotation médiale de la cuisse
O : Crête iliaque postérieure ; surace latérale entre les lignes postérieure et antérieure du essier I : Grand trochanter du émur
Ner glutéal supérieur (L4 à S1)
Petit fessier (ou petit glutéal)
Abduction de la cuisse ; rotation médiale de la cuisse
O : Surace latérale de l’ilium, entre les lignes glutéales inérieure et antérieure I : Grand trochanter du émur
Ner glutéal supérieur (L4 à S1)
Loge latérale de la cuisse (abducteur de la cuisse) Tenseur du fascia lata fascia = bande lata = large Groupe fessier
Muscles profonds de la région fessière (rotateurs latéraux de la cuisse) Piriforme pirum = poire
Rotation latérale de la cuisse
O : Surace antérolatérale du sacrum I : Grand trochanter
Ner du muscle piriorme (S1 et S2)
Jumeau supérieur
Rotation latérale de la cuisse
O : Épine et tubérosité ischiatiques I : Grand trochanter
Ner vers les muscles obturateur interne et jumeau supérieur (L5 et S1)
Obturateur interne
Rotation latérale de la cuisse
O : Surace postérieure de la membrane obturatrice ; marges du oramen obturé I : Grand trochanter
Ner vers les muscles obturateur interne et jumeau supérieur (L5 et S 1)
Jumeau inférieur
Rotation latérale de la cuisse
O : Tubérosité ischiatique I : Tendon de l’obturateur interne
Ner du carré émoral (L 5 et S1)
Carré fémoral
Rotation latérale de la cuisse
O : Bord latéral de la tubérosité ischiatique I : Crête intertrochantérique du émur
Ner du carré émoral (L5 et S1)
Groupe des ischiojambiers Biceps fémoral • Che long • Che court
Extension de la cuisse (che long seulement) ; fexion de la jambe (les deux ches) ; rotation latérale de la jambe
O : Che long : tubérosité ischiatique ; che court : ligne âpre du émur I : Tête de la bula
Che long : ner tibial, une division du ner sciatique (neurobres de L4 à S1) Che court : ner bulaire commun, une division du ner sciatique (neurobres de L5 et S1)
Semi-membraneux
Extension de la cuisse et fexion de la jambe ; rotation médiale de la jambe
O : Tubérosité ischiatique I : Surace postérieure du condyle médial du tibia
Division tibiale du ner sciatique (neurobres de L4 à S1)
Semi-tendineux
Extension de la cuisse et fexion de la jambe ; rotation médiale de la jambe
O : Tubérosité ischiatique I : Surace médiale proximale du tibia
Division tibiale du ner sciatique (neurobres de L4 à S1)
a
Pour un rappel des types de mouvements (adduction, abduction, supination, etc.), voir les gures 9.8 à 9.11, p. 364365.
b
Voir la section 14.5.2.
Chapitre 11 Le système musculaire : les muscles axiaux et appendiculaires 495
TABLEAU 11.22
Résumé des actions des muscles sur l’articulation de la hanche et la cuisse a
Abduction
Adduction
Petit essier
Gracile
Moyen essier
Court, long et grand adducteurs
Grand essier
Extension
Flexion
Rotation latérale
Rotation médiale
Grand essier
Petit essier
Grand fessierb
Iliopsoas
Semimembraneux
Sartorius
Obturateur externe
Semitendineux
Droit émoral
Obturateur interne
Moyen essier Long et grand adducteurs
Piriorme Jumeau supérieur Jumeau inérieur Carré émoral Tenseur du ascia lata
Pectiné
Biceps émoral (che long)
Pectiné
Sartorius
a
Pour un rappel des types de mouvements (adduction, abduction, supination, etc.), voir les gures 9.8 à 9.11, p. 364365.
b
Les muscles en caractères gras sont des agonistes ; les autres muscles sont synergiques.
11.9.2
Les muscles responsables des mouvements du genou et de la jambe
Tenseur du ascia lata
d’adopter la position assise, jambes croisées, comme celle des couturiers.
11.9.2.2 Les muscles de la loge médiale
de la cuisse 3
Énumérer les muscles de la loge antérieure de la cuisse assurant les mouvements de l’articulation du genou.
4
Décrire les muscles de la cuisse responsables de la fexion de l’articulation du genou.
Les muscles qui agissent sur le genou orment la plus grande partie de la masse de la cuisse. Ils comprennent des muscles de la loge antérieure et de la loge postérieure de la cuisse ainsi que certains muscles déjà décrits dans la section précédente.
11.9.2.1 Les muscles de la loge antérieure
de la cuisse La loge antérieure de la cuisse (ou loge des extenseurs) se compose du gros muscle quadriceps émoral, qui est le moteur principal de l’extension du genou FIGURE 11.32. Ce muscle est ormé de quatre ches : le droit émoral, le vaste latéral, le vaste médial et le vaste intermédiaire. Ces quatre muscles convergent tous pour ormer un tendon unique, le tendon du quadriceps émoral ; celui-ci s’étend jusqu’à la patella (rotule) avant de continuer vers le bas en tant que ligament patellaire pour aller s’insérer sur la tubérosité tibiale. Le sartorius se trouve aussi dans la loge antérieure ; il agit à la ois sur l’articulation de la hanche et sur celle du genou, produisant la fexion et la rotation latérale de la cuisse ainsi que la fexion et la rotation médiale de la jambe. Ce muscle, le plus long du corps, s’appelle le muscle du couturier parce qu’il permet
Le muscle gracile, situé dans la loge médiale de la cuisse, produit l’adduction de la cuisse, mais également la fexion de la jambe, puisqu’il traverse l’articulation du genou.
11.9.2.3 Les muscles de la loge postérieure
de la cuisse La loge postérieure (ou loge des féchisseurs) de la cuisse renerme les trois muscles ischiojambiers déjà décrits FIGURE 11.33. Ces muscles sont des féchisseurs de la jambe. Le biceps émoral est un muscle à deux ches qui s’insère sur le côté latéral de la jambe. Il produit de plus une rotation latérale de la jambe quand le genou est féchi. Le semi-membraneux et le semi-tendineux s’insèrent du côté médial de la jambe. Ils entraînent aussi une rotation médiale de la jambe quand le genou est féchi. Finalement, plusieurs muscles de la jambe traversent l’articulation du genou et ont pour eet de féchir la jambe. Ces muscles (gastrocnémien, plantaire et poplité) sont décrits dans la prochaine section, qui se rapporte aux muscles de la jambe. Le TABLEAU 11.23 résume les caractéristiques des muscles de la cuisse qui assurent les mouvements de l’articulation du genou et de la jambe.
Vérifiez vos connaissances 27. Énumérez les muscles de la cuisse qui féchissent
l’articulation du genou.
496 Partie II Le soutien et les mouvements du corps
Iliaque Iliopsoas Grand psoas Iliopsoas Tenseur du fascia lata
Tenseur du fascia lata Pectiné
Pectiné
Long adducteur
Long adducteur Tractus iliotibial
Gracile
Tractus iliotibial Droit fémoral
Gracile
Sartorius
Sartorius
Droit fémoral
Vaste latéral
Vaste latéral Vaste médial
Vaste médial
Tendon du quadriceps fémoral
Tendon du quadriceps fémoral
Patella
Patella
Ligament patellaire
A. Cuisse droite, vue antérieure
Grand trochanter Droit fémoral
Vaste intermédiaire Sartorius Vaste latéral
Patella Ligament patellaire Tibia B. Muscles antérieurs de la cuisse
FIGURE 11.32 Muscles antérieurs de la cuisse
❯ Les muscles antérieurs de la cuisse féchissent la cuisse et étendent la jambe. A. Illustration et photo d’un cadavre montrant une vue antérieure de la cuisse droite ; B. muscles individuels de l’avant de la cuisse droite.
Vaste médial
Chapitre 11 Le système musculaire : les muscles axiaux et appendiculaires 497
Crête iliaque Moyen fessier
Grand fessier
Grand adducteur Gracile Tractus iliotibial Ischiojambiers Semi-membraneux Semi-tendineux Biceps fémoral, chef long Biceps fémoral, chef court
A. Cuisse droite, vue postérieure
Tubérosité ischiatique Semi-tendineux Biceps fémoral, chef long
Ligne âpre
Semimembraneux
Grand adducteur
Biceps fémoral, chef court
Tête de la fibula B. Extenseurs de la cuisse
FIGURE 11.33 Muscles de la région fessière et de l’arrière de la cuisse
❯
Les muscles postérieurs de la cuisse produisent l’extension de la cuisse et la fexion de la jambe. A. L’illustration et la photo d’un cadavre montrent les muscles essiers et les muscles postérieurs de la cuisse droite.
B. Les muscles extenseurs de la cuisse apparaissent ici séparément en caractères gras. (Le che court du biceps émoral ne participe pas à l’extension de la cuisse.)
498 Partie II Le soutien et les mouvements du corps TABLEAU 11.23
Muscles de la cuisse assurant les mouvements de l’articulation du genou et de la jambe
Groupe ou muscle
Action a
Origine (O) et insertion (I)
Innervation b
Extenseurs de la jambe (muscles antérieurs de la cuisse) Quadriceps fémoral Droit fémoral
Extension de la jambe ; fexion de la cuisse
O : Épine iliaque antéroinérieure I : Tendon du quadriceps émoral jusqu’à la patella, puis ligament patellaire jusqu’à la tubérosité tibiale
Ner émoral (L 2 à L 4)
Vaste intermédiaire
Extension de la jambe
O : Surace antérolatérale du émur I : Tendon du quadriceps émoral jusqu’à la patella, puis ligament patellaire jusqu’à la tubérosité tibiale
Ner émoral (L 2 à L 4)
Vaste latéral
Extension de la jambe
O : Grand trochanter et ligne âpre I : Tendon du quadriceps émoral jusqu’à la patella, puis ligament patellaire jusqu’à la tubérosité tibiale
Ner émoral (L 2 à L 4)
Vaste médial
Extension de la jambe
O : Ligne intertrochantérique et ligne âpre du émur I : Tendon du quadriceps émoral jusqu’à la patella, puis ligament patellaire jusqu’à la tubérosité tibiale
Ner émoral (L 2 à L 4)
Flexion et rotation latérale de la cuisse ; fexion et rotation médiale de la jambe
O : Épine iliaque antérosupérieure
Ner émoral (neurobres de L 2 et L3)
Gracile
Flexion et adduction de la cuisse ; fexion de la jambe
O : Branche inérieure et corps du pubis I : Surace médiale supérieure du tibia
Ner obturateur (L 2 à L4)
Ischiojambiers (biceps fémoral, semi-membraneux, semi-tendineux)
Extension de la cuisse et fexion de la jambe ; rotation latérale de la jambe
Voir le tableau 11.21
Voir le tableau 11.21
Fléchisseurs de la jambe Sartorius
I : Côté médial de la tubérosité tibiale
a
Pour un rappel des types de mouvements (adduction, abduction, supination, etc.), voir les gures 9.8 à 9.11, p. 364365.
b
Voir la section 14.5.2.
11.9.3
Les muscles responsables des mouvements de la cheville, du pied et des orteils
5
Comparer les muscles des trois loges de la jambe ainsi que leurs actions.
6
Distinguer les muscles de la couche supercielle de ceux de la couche proonde de la loge postérieure de la jambe.
Parmi les muscles responsables des mouvements de la cheville, du pied et des orteils, certains contribuent également à la fexion de la jambe. Le ascia proond partage la musculature de la jambe en trois loges (antérieure, latérale et postérieure) possédant chacune sa propre innervation et sa propre irrigation sanguine ; les muscles d’une même loge tendent à partager des onctions communes (voir la fgure 11.24).
11.9.3.1 Les muscles de la loge antérieure
de la jambe Les muscles de la loge antérieure de la jambe produisent la dorsifexion du pied ou l’extension des orteils, ou ces deux actions à la ois FIGURE 11.34. Le long extenseur des orteils entraîne la
INTÉGRATION LIENS ENTRE LES CONCEPTS La circulation veineuse des membres inérieurs est tributaire du système musculaire (voir la section 20.4.1). Plus précisé ment, la contraction et le relâchement réguliers des muscles de la jambe agissent comme une pompe musculaire pour pousser le sang veineux du membre inérieur vers le torse. Lorsque les membres inérieurs sont immobiles pendant une longue période de temps (p. ex., durant un long voyage en avion ou quand une personne est alitée), la pompe musculaire squelettique est inactive, et la circulation sanguine ralentit. Le risque de ormation d’un caillot sanguin dans les veines du membre inérieur augmente alors.
dorsifexion du pied et l’extension des orteils II à V (voir la fgure 9.12, p. 366). Le long extenseur de l’hallux projette un tendon jusqu’au dos du gros orteil (hallux) et produit ainsi la dorsifexion du pied et l’extension de cet orteil. Le troisième fbulaire (ou troisième péronier) provoque la dorsifexion et une aible éversion du pied (mouvement du pied vers l’extérieur de l’axe de la jambe). Le tibial antérieur est le principal dorsiféchisseur du pied. Ce muscle s’attache du côté médial de la plante du pied et permet ainsi l’inversion du pied. Tout comme les tendons du poignet, les tendons des muscles de la loge antérieure
Chapitre 11 Le système musculaire : les muscles axiaux et appendiculaires 499
FIGURE 11.34 Muscles antérieurs de la jambe
❯ Les muscles antérieurs de la jambe produisent la dorsifexion du pied et l’extension des orteils A. Vue antérieure de la jambe droite ; B. muscles individuels de l’avant de la jambe.
Long fibulaire
Gastrocnémien Tibia Tibial antérieur
Court fibulaire Long extenseur des orteils Tibial antérieur Long extenseur de l’hallux
Long extenseur des orteils
Rétinaculum des extenseurs
Tendon du troisième fibulaire Court extenseur des orteils
Tendon du long extenseur de l’hallux Tendons du long extenseur des orteils Court extenseur de l’hallux
A. Jambe droite, vue antérieure
sont maintenus ermement contre la cheville par plusieurs épaississements du ascia proond désignés collectivement sous le nom de rétinaculum des extenseurs.
11.9.3.2 Les muscles de la loge latérale de la jambe Les muscles de la loge latérale de la jambe comprennent deux muscles synergiques qui produisent une éversion puissante du pied et une aible fexion plantaire FIGURE 11.35. Le long bulaire (ou long péronier) est un muscle long et plat qui s’insère du côté plantaire du pied. Le court bulaire (ou court péronier) se trouve sous le long bulaire, et son tendon s’insère sur la base du cinquième os métatarsien.
11.9.3.3 Les muscles de la loge postérieure
de la jambe La loge postérieure de la jambe se compose de sept muscles répartis entre deux groupes : la couche supercielle et la couche proonde FIGURE 11.36. Les muscles superciels et la plupart des muscles proonds produisent la fexion plantaire du pied à la cheville.
Troisième fibulaire
Long extenseur de l’hallux
Tendon du troisième fibulaire
B. Muscles antérieurs de la jambe
La couche supercielle de la loge postérieure comprend le gastrocnémien, le soléaire et le plantaire. Le gastrocnémien possède deux ventres épais qui orment le renfement de la partie postérieure de la jambe, le mollet. Ce muscle enjambe l’articulation du genou et celle de la cheville ; il assure la fexion de la jambe et la fexion plantaire du pied. Le soléaire (solea = sandale) est un muscle large et plat situé sous le gastrocnémien. Ce muscle produit une fexion plantaire du pied. Le gastrocnémien et le soléaire orment ensemble le triceps sural ; ce sont les muscles les plus puissants de la fexion plantaire. Ils partagent un tendon d’insertion commun, le tendon calcanéen (ou tendon d’Achille). Le plantaire est un petit muscle qui est absent chez certaines personnes. C’est un aible féchisseur de la jambe et un aible féchisseur plantaire du pied. La couche proonde de la loge postérieure comprend quatre muscles. Le long féchisseur des orteils s’attache à la phalange distale des orteils II à V ; il produit la fexion plantaire et féchit l’articulation métatarsophalangienne et les articulations interphalangiennes proximale et distale des orteils II à V.
500 Partie II Le soutien et les mouvements du corps
Patella
Patella Tête de la fibula
Tête de la fibula
Gastrocnémien Gastrocnémien
Tibial antérieur
Tibial antérieur
Soléaire
Soléaire
Long fibulaire
Long fibulaire Long extenseur des orteils
Court fibulaire
Long extenseur des orteils
Long extenseur de l’hallux Rétinaculum des extenseurs
Troisième fibulaire
Court extenseur des orteils Rétinaculum fibulaire
Court extenseur de l’hallux Tendon du long extenseur de l’hallux Tendons du long extenseur des orteils
Tendon du troisième fibulaire
Cinquième os métatarsien
Court fibulaire
Long extenseur de l’hallux
Troisième fibulaire Court extenseur de l’hallux
Court extenseur des orteils
Tendon du long extenseur de l’hallux Tendons du long extenseur des orteils
Tendon du troisième fibulaire Cinquième os métatarsien
A. Jambe droite, vue latérale
Long fibulaire
Court fibulaire
FIGURE 11.35
Tendon du long fibulaire
Cinquième os métatarsien
Muscles latéraux de la jambe
❯ A. Illustration et photo d’un cadavre montrant une vue latérale de la jambe droite. B. Le long bulaire et le court bulaire produisent l’éversion et la fexion plantaire du pied.
B. Muscles latéraux de la jambe
Chapitre 11 Le système musculaire : les muscles axiaux et appendiculaires 501
Plantaire Plantaire (sectionné) Gastrocnémien (sectionné) Poplité
Gastrocnemius Chef latéral Chef médial
Tibial postérieur
Long fibulaire Long fléchisseur des orteils Soléaire Long fléchisseur de l’hallux Tendon du long fléchisseur de l’hallux Rétinaculum des fléchisseurs Malléole médiale
Tendon calcanéen Court fibulaire Rétinaculum fibulaire Malléole latérale
Tendon calcanéen (sectionné)
Calcanéus
A. Jambe droite, vue postérieure superficielle
Tibia
Tibial postérieur
B. Vue postérieure profonde
Poplité Fibula Long fléchisseur des orteils Long fléchisseur de l’hallux
Membrane interosseuse
Os du tarse et du métatarse Phalanges distales des orteils II à V
Phalange distale de l’hallux
C. Muscles postérieurs profonds de la jambe
FIGURE 11.36 Muscles postérieurs de la jambe
❯ Les muscles postérieurs de la jambe produisent la fexion plantaire du pied et la fexion des orteils. Vues A. supercielle et B. proonde des muscles postérieurs de la jambe droite. C. Certains muscles individuels de la loge postérieure proonde.
502 Partie II Le soutien et les mouvements du corps
Le long féchisseur de l’hallux provoque la fexion plantaire du pied et la fexion du gros orteil. Le tibial postérieur est le plus proond des muscles de la loge postérieure. Il entraîne la fexion plantaire et l’inversion du pied. Le poplité exerce une fexion de la jambe et une légère rotation médiale du tibia pour déverrouiller l’articulation du genou en pleine extension. L’origine et l’insertion de ce muscle se trouvent toutes deux dans la région poplitée, de sorte qu’il n’agit que sur le genou et non sur le pied.
Le TABLEAU 11.24 résume les caractéristiques des muscles responsables des mouvements de la jambe, et le TABLEAU 11.25 regroupe ces muscles selon leur action sur la jambe. Beaucoup de muscles de la cuisse et de la jambe participent à la fexion de la jambe.
Vérifiez vos connaissances 28. Quelles sont les actions communes des muscles
de chacune des loges de la jambe ?
TABLEAU 11.24 Muscles de la jambe Groupe ou muscle
Action a
Origine (O) et insertion (I)
Innervation b
Loge antérieure (dorsifexion et extension des orteils) Long extenseur des orteils
Extension des orteils II à V ; dorsifexion du pied
O : Condyle latéral du tibia ; surace antérieure de la bula ; membrane interosseuse I : Phalange distale des orteils II à V
Ner bulaire proond (L4 à S1)
Long extenseur de l’hallux allux = gros orteil
Extension du gros orteil (orteil I) ; dorsifexion du pied
O : Surace antérieure de la bula ; membrane interosseuse I : Phalange distale du gros orteil
Ner bulaire proond (L4 à S1)
Troisième bulaire
Dorsifexion et aible éversion du pied
O : Surace antérieure distale de la bula ; membrane interosseuse I : Base de l’os métatarsien V
Ner bulaire proond (neurobres de L5 et S1)
Tibial antérieur
Dorsifexion du pied ; inversion du pied
O : Condyle médial et portion proximale de la diaphyse du tibia ; membrane interosseuse I : Os métatarsien I et premier os cunéiorme (médial)
Ner bulaire proond (L4 à S1)
Loge latérale (éversion et fexion plantaire) Long bulaire
Éversion du pied ; aible fexion plantaire
O : Tête et deux tiers supérieurs de la diaphyse de la bula ; condyle latéral du tibia I : Base de l’os métatarsien I ; cunéiorme médial
Ner bulaire superciel (L5 à S 2)
Court bulaire
Éversion du pied ; aible fexion plantaire
O : Portion latérale du milieu de la diaphyse de la bula I : Base de l’os métatarsien V
Ner bulaire superciel (L 5 à S 2)
Loge postérieure (fexion plantaire, fexion de la jambe et des orteils) Couche supercielle Triceps sural • Gastrocnémien gastêr = ventre kneme = jambe
Flexion de la jambe ; fexion plantaire du pied
O : Suraces supérieure et postérieure des condyles latéral et médial du émur I : Calcanéus (par le tendon calcanéen)
Ner tibial (neurobres de L4 à S1)
• Soléaire solea = sandale
Flexion plantaire du pied
O : Tête et portion proximale de la diaphyse de la bula ; bord médial du tibia I : Calcanéus (par le tendon calcanéen)
Ner tibial (neurobres de L4 à S1)
Plantaire plantaris = relati à la plante du pied
Faible fexion de la jambe et fexion plantaire
O : Ligne supracondylaire latérale du émur I : Portion postérieure du calcanéus
Ner tibial (neurobres de L4 à S1)
Flexion plantaire du pied ; fexion de l’articulation métatarsophalangienne et des articulations inter phalangiennes proximale et distale des orteils II à V
O : Surace postéromédiale du tibia I : Phalange distale des orteils II à V
Ner tibial (neurobres de L 5 et S1)
Couche proonde Long féchisseur des orteils
Chapitre 11 Le système musculaire : les muscles axiaux et appendiculaires 503
TABLEAU 11.24 Muscles de la jambe (suite) Groupe ou muscle
Action a
Origine (O) et insertion (I)
Innervation b
Long féchisseur de l’hallux
Flexion plantaire du pied ; fexion des articulations métatarsophalangienne et interphalangienne du gros orteil (orteil I)
O : Deux tiers postérieurs et inérieurs de la bula I : Phalange distale du gros orteil (orteil I)
Ner tibial (neurobres de L 5 et S1)
Tibial postérieur
Flexion plantaire du pied ; inversion du pied
O : Fibula, tibia et membrane interosseuse I : Os métatarsiens II à IV ; os naviculaire ; os cuboïde ; tous les os cunéiormes
Ner tibial (neurobres de L 5 et S1)
Poplité poplitis = jarret
Flexion de la jambe ; rotation médiale du tibia pour déverrouiller le genou
O : Condyle latéral du émur I : Surace postérieure proximale du tibia
Ner tibial (neurobres de L4 et L5)
a
Pour un rappel des types de mouvements (adduction, abduction, supination, etc.), voir les gures 9.8 à 9.11, p. 364365.
b
Voir la section 14.5.2.
TABLEAU 11.25
Résumé des actions des muscles sur l’articulation du genou et la jambe
À votre avis 4. Le court extenseur des orteils ne se rend qu’aux orteils II
Extension
Flexion
Quadriceps émoral
Sartorius
• Droit émoral
Gracile
• Vaste latéral
Adducteurs : long, court, grand
Vérifiez vos connaissances
• Vaste intermédiaire
Biceps émoral
29. Nommez les muscles intrinsèques du pied
• Vaste médial
Semimembraneux
à IV ; comment alors estil possible de placer le petit orteil (orteil V) en extension ?
responsables de l’extension des orteils.
Semitendineux Gastrocnémien Poplité (Plantaire) a a
Les parenthèses indiquent que le muscle n’a qu’un aible eet.
11.9.4 7
Les muscles intrinsèques du pied
Nommer les muscles de chaque groupe et préciser leurs actions.
Les muscles intrinsèques du pied soutiennent la voûte plantaire et sont responsables des mouvements des orteils qui contribuent à la locomotion. La plupart de ces muscles se comparent aux muscles intrinsèques de la main, c’est-à-dire que leurs noms et leur localisation sont similaires. Toutefois, les muscles intrinsèques du pied accomplissent rarement tous les mouvements précis suggérés par leurs noms. Les muscles intrinsèques du pied se répartissent en un groupe dorsal et un groupe plantaire. Le groupe dorsal ne comprend que deux muscles : le court extenseur de l’hallux et le court extenseur des orteils (voir la fgure 11.34). Le court extenseur de l’hallux produit l’extension de l’articulation métatarsophalangienne du gros orteil. Le court extenseur des orteils est responsable de l’extension des articulations métatarsophalangienne et interphalangienne proximale des orteils II à IV.
INTÉGRATION APPLICATION CLINIQUE
La fasciite plantaire DÉSÉQUILIBRE HOMÉOSTATIQUE
La asciite plantaire est une infammation de l’aponévrose plantaire. L’excès d’exercices imposant un stress au ascia, les activités de mise en charge (p. ex., soulever des objets lourds, jogger ou marcher), le surplus de poids, les chaussures mal ajustées et la mauvaise biomécanique (p. ex., porter des talons hauts ou avoir les pieds plats) gurent au nombre des acteurs associés à cette aection. Étant donné que la asciite plantaire peut être consécutive au martèlement du pied sur le sol, cette aection est devenue une cause réquente de douleur au talon (talalgie) chez les coureurs. Plusieurs traitements peuvent soulager la personne atteinte de asciite plantaire. L’application de glace sur la région dou loureuse, le port d’orthèses, les massages, la physiothérapie et la mise au repos sont des exemples.
La surface plantaire du pied est soutenue par l’aponévrose plantaire formée à partir du fascia profond du pied. Cette aponévrose s’étend des phalanges des orteils jusqu’au calcanéus et elle recouvre ainsi les muscles plantaires du pied. Ceux-ci se répartissent en quatre couches FIGURE 11.37 et sont décrits en détail dans le TABLEAU 11.26. Le TABLEAU 11.27 regroupe les muscles de la jambe et les muscles intrinsèques du pied selon leurs actions communes sur le pied.
504 Partie II Le soutien et les mouvements du corps
Adducteur de l’hallux
Lombricaux
Court fléchisseur de l’hallux Court fléchisseur du petit orteil Tendon du long léchisseur de l’hallux
Court fléchisseur des orteils
Tendons du long fléchisseur des orteils Carré plantaire
Abducteur de l’hallux Abducteur du petit orteil
Abducteur du petit orteil (sectionné) Abducteur de l’hallux (sectionné)
Aponévrose plantaire (sectionnée) Calcanéus A. Couche 1 (superficielle)
B. Couche 2 (intermédiaire)
C. Couche 3 (profonde)
Interosseux plantaires Interosseux dorsaux
FIGURE 11.37 Muscles intrinsèques de la plante du pied (portion plantaire du pied droit) ❯ Ces muscles sont responsables des mouvements des orteils. Couches A. superfcielle ; B. intermédiaire et C. proonde des muscles intrinsèques du pied droit ; portions D. plantaire et E. dorsale des couches les plus proondes.
D. Couche 4 (la plus profonde), portion plantaire
E. Couche 4 (la plus profonde), portion dorsale
Chapitre 11 Le système musculaire : les muscles axiaux et appendiculaires 505
TABLEAU 11.26
Muscles intrinsèques du pied
Groupe ou muscle
Action a
Origine (O) et insertion (I)
Innervation b
Surace dorsale (extenseurs des orteils) Court extenseur de l’hallux
Extension de l’articulation métatarso phalangienne du gros orteil (orteil I)
O : Calcanéus et rétinaculum inérieur des extenseurs I : Phalange proximale du gros orteil (orteil I)
Ner bulaire proond (neurobres de S1 et S2)
Court extenseur des orteils
Extension des articulations métatarsopha langienne et interphalangienne proximale des orteils II à IV
O : Calcanéus et rétinaculum inérieur des extenseurs I : Phalange moyenne des orteils II à IV
Ner bulaire proond (neurobres de S1 et S2)
Surace plantaire (féchisseurs, abducteurs et adducteurs des orteils) Couche 1 (supercielle) Court féchisseur des orteils
Flexion des articulations métatarsopha langienne et interphalangienne proximale des orteils II à V
O : Calcanéus I : Phalanges moyennes des orteils II à V
Ner plantaire médial (S2 et S3)
Abducteur de l’hallux
Abduction du gros orteil (orteil I)
O : Calcanéus I : Côté médial de la phalange proximale du gros orteil
Ner plantaire médial (S2 et S3)
Abducteur du petit orteil
Abduction et fexion de l’orteil V
O : Calcanéus (surace inérieure de la tubérosité) I : Côté latéral de la phalange proximale de l’orteil V
Ner plantaire latéral (S2 et S 3)
Carré plantaire
Traction sur les tendons du long féchis seur des orteils pour féchir les orteils II à V
O : Calcanéus, ligament plantaire long I : Tendons du long féchisseur des orteils
Ner plantaire latéral (S2 et S 3)
Lombricaux
Flexion de l’articulation métatarsopha langienne et extension des articulations interphalangiennes proximale et distale des orteils II à V
O : Tendons du long féchisseur des orteils
Ner plantaire médial (1er lom brical) ; ner plantaire latéral (2e, 3e et 4e lombricaux)
Adducteur de l’hallux
Adduction du gros orteil (orteil I)
O : Che transverse : capsule des articulations métatarsophalan giennes III à V ; che oblique : base des os métatarsiens II à IV I : Côté latéral de la phalange proximale du gros orteil
Ner plantaire latéral (S2 et S 3)
Court féchisseur de l’hallux
Flexion de l’articulation métatarsophalan gienne du gros orteil (orteil I)
O : Os cuboïde et cunéiorme latéral I : Phalange proximale du gros orteil
Ner plantaire médial (S2 et S3)
Court féchisseur du petit orteil
Flexion de l’articulation métatarsophalan gienne de l’orteil V
O : Os métatarsien V I : Phalange proximale de l’orteil V
Ner plantaire latéral (S2 et S 3)
Couche 2 (intermédiaire)
I : Tendons du long extenseur des orteils
Couche 3 (proonde)
Couche 4 (la plus proonde) Interosseux dorsaux
Abduction des orteils
O : Côtés adjacents des métatarsiens I : Côtés de la phalange proximale des orteils II à IV
Ner plantaire latéral (S2 et S 3)
Interosseux plantaires
Adduction des orteils
O : Côtés des os métatarsiens III à V I : Côté médial de la phalange proximale des orteils III à V
Ner plantaire latéral (S2 et S 3)
a
Pour un rappel des types de mouvements (adduction, abduction, supination, etc.), voir les gures 9.8 à 9.11, p. 364365.
b
Voir la section 14.5.2.
506 Partie II Le soutien et les mouvements du corps TABLEAU 11.27
Résumé des actions des muscles de la jambe et du pied sur le pied et les orteils a
Pied
Orteils
Dorsifexion
Flexion plantaire
Éversion
Inversion
Extension
Flexion
Abduction
Adduction
Tibial antérieur b
Gastrocnémien
Long bulaire
Tibial postérieur
Long extenseur des orteils
Long féchis seur des orteils
Abducteur de l’hallux
Adducteur de l’hallux
Long extenseur des orteils
Soléaire
Court bulaire
Tibial antérieur
Long extenseur de l’hallux
Long féchis seur de l’hallux
Abducteur du petit orteil
Interosseux plantaires
(Long extenseur de l’hallux)
Long féchisseur des orteils
(Troisième bulaire)
Court exten seur des orteils
Court féchis seur des orteils
Interosseux dorsaux
(Troisième bulaire)
Long féchisseur de l’hallux
Court exten seur de l’hallux
Court féchis seur de l’hallux
Tibial postérieur
Court féchis seur du petit orteil
(Long bulaire) (Court bulaire) a
Pour un rappel des types de mouvements (adduction, abduction, supination, etc.), voir les gures 9.8 à 9.11, p. 364365.
b
Les caractères gras indiquent un muscle agoniste ; les autres muscles sont synergiques. Le nom d’un muscle mis entre parenthèses indique que celuici n’a qu’un léger eet.
Liens entre le système musculaire et les autres systèmes Le système musculaire est composé de muscles squelettiques, lisses et cardiaque. Chaque type de muscles est responsable du mouvement ou du déplacement d’un élément du corps humain. Les muscles squelettiques assurent les mouvements des membres ainsi que le déplacement et le maintien de l’organisme en entier. Les muscles lisses contribuent principalement au déplacement des diérents fuides et éléments de l’organisme. Enn, le muscle cardiaque assure le déplacement du sang dans les vaisseaux sanguins.
Les muscles squelettiques sont aussi les principaux responsables de processus essentiels à la survie : la production de chaleur, permettant de maintenir la température interne de l’organisme à des températures normales, et les mécanismes de la ventilation pulmonaire. Le tableau suivant présente les interrelations principales du système musculaire avec les autres systèmes. Il est suivi d’une étude de cas qui vous permettra de récapituler les notions présentées dans l’ensemble du chapitre.
Système musculaire et… Liens
Interdépendance
… système tégumentaire • Protection des muscles squelettiques • Évacuation de la chaleur
• La peau constitue une enveloppe qui entoure et protège les muscles squelettiques. • La peau contribue à éliminer la grande quantité de chaleur produite par les muscles au cours d’une activité physique.
… système squelettique • Déplacement et maintien du corps
• Les muscles squelettiques permettent le déplacement ou la stabilité des os du squelette. Ils contribuent ainsi au déplacement et au maintien du corps.
… système nerveux • Excitation des muscles • Contrôle de la réquence et de la contractilité cardiaques
• Les muscles cardiaques, lisses et squelettiques se contractent à la suite d’une excitation par un infux nerveux. • Le système nerveux central participe au contrôle de la réquence et de la contractilité du muscle cardiaque. • L’expression des émotions prend orme grâce à l’activité des muscles du visage.
Chapitre 11 Le système musculaire : les muscles axiaux et appendiculaires 507
Système musculaire et… (suite) Liens
Interdépendance
… système endocrinien • Croissance des muscles squelettiques • Contrôle de la réquence et de la contractilité cardiaques
• La croissance des muscles squelettiques est avorisée par l’hormone de croissance et les androgènes. • Plusieurs hormones participent au contrôle de la réquence et de la contractilité cardiaques.
… système cardiovasculaire • Circulation sanguine • Contrôle du débit sanguin • Contrôle de la pression artérielle
• Le muscle cardiaque (myocarde) assure la circulation sanguine. • Les muscles lisses des vaisseaux sanguins assurent un plus grand débit sanguin vers les organes en activité.
• Retour veineux par la pompe musculaire
• Les muscles lisses des vaisseaux sanguins contrôlent la pression artérielle. • Les muscles squelettiques acilitent la circulation sanguine dans les veines des membres supérieurs et inérieurs par la pompe musculaire, ce qui permet un meilleur retour veineux.
… système lymphatique • Circulation de la lymphe par la pompe musculaire
• Les muscles squelettiques assurent la circulation de la lymphe dans les vaisseaux lymphatiques des membres supérieurs et inérieurs par la pompe musculaire.
… système respiratoire • Inspiration et expiration • Capacité pulmonaire
• Le diaphragme et les muscles intercostaux internes et externes sont les principaux muscles responsables de l’inspiration et de l’expiration. • Lorsque ces muscles sont bien entraînés, la capacité pulmonaire s’améliore.
… système urinaire • Contrôle de la miction • Régulation des concentrations d’ions calcium (Ca 2+), sodium (Na+) et potassium (K+)
• Les muscles lisses de la vessie contribuent à la miction. • Deux muscles contrôlent la miction, le muscle sphincter urétral externe est sous contrôle volontaire, alors que le muscle sphincter urétral interne est sous contrôle autonome. • Les reins contrôlent les concentrations sanguines du Ca 2+, du Na+ et du K+, des ions essentiels à la contraction musculaire.
… système digestif • Péristaltisme, pétrissage et segmentation • • • • • •
Mastication Absorption de l’eau au gros intestin Transormation du lactate Contrôle de la propulsion du contenu gastrique Contrôle de la déécation Contrôle du refux gastrique
• Les muscles lisses de la musculeuse du tube digesti assurent le péristaltisme, le pétrissage et la segmentation. • Les muscles squelettiques de la mâchoire assurent la mastication. • L’activité des muscles lisses du gros intestin infuence l’absorption de l’eau. • Le oie est responsable de la transormation du lactate produit par les muscles squelettiques en situation anaérobie. • Le muscle sphincter pylorique contrôle la propulsion du contenu gastrique vers le duodénum. • Deux types de muscles contrôlent la déécation : les muscles squelettiques du sphincter anal externe sont sous contrôle volontaire, alors que les muscles lisses du sphincter anal interne sont sous contrôle involontaire (autonome). • Le sphincter œsophagien inérieur empêche le refux gastrique vers l’œsophage.
… système génital • Érection • Accouchement • Infuence des androgènes sur le volume des muscles squelettiques
• Les muscles lisses des vaisseaux sanguins irrigant le pénis et le clitoris sont respon sables de leur érection. • Les muscles lisses de la paroi de l’utérus (myomètre) sont responsables des contrac tions à l’accouchement. • Chez l’homme, les testicules sécrètent une grande quantité d’androgène qui augmente le volume des muscles squelettiques.
508 Partie II Le soutien et les mouvements du corps
Étude de cas Études de cas interactives Soukeyna a entrepris un entraînement de basketball il y a quelques mois. Après quelques semaines, elle observe un développement important de ses muscles essiers et de certains muscles des cuisses et des jambes. Durant une séance d’entraînement, elle se tord subite ment de douleur. Elle remarque que l’un de ses muscles est déormé et qu’un hématome apparaît. Au cours d’une visite chez le médecin, celuici diagnostique un claquage, c’estàdire que plusieurs fbres musculaires à l’intérieur du muscle se sont déchirées, sans que le muscle dans son intégralité le soit. Soukeyna est contrainte d’arrêter
toute activité physique pendant quelques semaines, et elle doit aussi voir une physiothérapeute. 1. Expliquer ce qui cause l’augmentation du volume des muscles squelettiques lorsqu’ils sont entraînés. 2. Décrire le processus de guérison du muscle à la suite d’un claquage. 3. Après avoir subi sa blessure, Soukeyna observe rapidement une atrophie de ses muscles. Pourquoi ? 4. Au cours de la visite de Soukeyna chez son médecin, celuici lui recommande de aire de la physiothérapie. Expliquez pourquoi il est important d’être suivi par un physiothérapeute en cas de claquage ou de blessure musculaire importante.
RÉSUMÉ DU CHAPITRE 11.1
• Les muscles axiaux s’attachent à des composantes du squelette axial, alors que les muscles
appendiculaires stabilisent des composantes du squelette appendiculaire ou assurent leurs mouvements.
L’anatomie des muscles squelettiques et leurs actions – 438
• Les muscles squelettiques ont généralement une origine et une insertion, et leurs aisceaux
peuvent adopter quatre types d’agencement. 11.1.1
L’origine et l’insertion .................................................................................................................... 440 • L’origine est l’attache la moins mobile d’un muscle, alors que son insertion est son attache la
plus mobile. 11.1.2
Les types d’agencement des fbres des muscles squelettiques ............................................... 440 • Les fbres musculaires peuvent adopter un agencement circulaire, parallèle, convergent ou
penné. 11.1.3
Les actions des muscles squelettiques ....................................................................................... 441 • Le muscle agoniste est le moteur principal du mouvement, alors que le muscle antagoniste
s’oppose à l’agoniste. • Un muscle synergique assiste un agoniste.
11.2
• Le nom d’un muscle peut se rapporter à son action, à sa localisation, à ses attaches, à la
direction de ses fbres, à sa orme, à sa taille ou au nombre de ses ches (origines).
La dénomination des muscles squelettiques – 442
Partie 1
Les muscles axiaux .................................................................................................................................... 444
11.3 Les muscles de la tête et du cou – 444
• Les muscles de la tête et du cou se séparent en groupes ondés sur leurs activités
particulières. 11.3.1
Les muscles de l’expression aciale............................................................................................. 444 • Les muscles de l’expression aciale ont leur origine sur le crâne et ils s’attachent souvent à la
peau. 11.3.2
Les muscles extrinsèques de l’œil ............................................................................................... 448 • Les six muscles extrinsèques de l’œil s’attachent à la surace externe de celuici et ils
régissent ses mouvements. • Les ners oculomoteur (NC III), trochléaire (NC IV) et abducens (NC VI) innervent les muscles
extrinsèques de l’œil.
Chapitre 11 Le système musculaire : les muscles axiaux et appendiculaires 509
11.3.3
Les muscles de la bouche et du pharynx .................................................................................... 450 • Les muscles de la mastication élèvent la mandibule et la meuvent durant la mastication. • Les muscles intrinsèques de la langue orment la langue ellemême, alors que les muscles
extrinsèques sont responsables de ses mouvements durant la manipulation des aliments, la déglutition et la phonation. • Les muscles du pharynx sont actis durant la déglutition. 11.3.4
Les muscles antérieurs du cou : les muscles hyoïdiens ............................................................. 452 • Les muscles suprahyoïdiens élèvent l’os hyoïde, alors que les muscles inrahyoïdiens
l’abaissent et ont bouger le cartilage thyroïde pendant la déglutition ou la phonation. 11.3.5
Les muscles responsables des mouvements de la tête et du cou ........................................... 455 • Les muscles antérolatéraux du cou produisent la fexion de la tête et du cou, alors que les
muscles postérieurs du cou entraînent l’extension de la tête et du cou.
11.4
• Les muscles érecteurs du rachis sont divisés en trois groupes : iliocostal, longissimus et
épineux.
Les muscles de la colonne vertébrale – 458
• Les muscles érecteurs du rachis, les muscles transverses épineux et le muscle carré des
lombes sont responsables de l’extension de la colonne vertébrale.
11.5
• Les muscles intercostaux, le muscle transverse du thorax et le diaphragme modient la orme
de la cavité thoracique durant la respiration.
Les muscles de la respiration – 460
11.6
• Les muscles de la paroi abdominale sont l’oblique externe, l’oblique interne, le transverse de
l’abdomen et le droit de l’abdomen.
Les muscles de la paroi abdominale – 462
• Les muscles de la paroi abdominale compriment l’abdomen, maintiennent les organes abdo
minaux en place et féchissent la colonne vertébrale.
11.7
• Les muscles du diaphragme pelvien soutiennent les organes pelviens et orment une paroi
musculaire qui erme l’ouverture inérieure du pelvis.
Les muscles du plancher pelvien – 465
Partie 2
Les muscles appendiculaires..................................................................................................................... 468
11.8
• Cinq groupes de muscles sont associés aux mouvements de la ceinture scapulaire et du
membre supérieur : les muscles qui assurent les mouvements 1) de la ceinture scapulaire, 2) de l’articulation scapulohumérale et du bras, 3) de l’articulation du coude et de l’avantbras, 4) de l’articulation du poignet, de la main et des doigts ainsi que les muscles intrinsèques de la main.
Les muscles de la ceinture scapulaire et du membre supérieur – 468 11.8.1
Les muscles responsables des mouvements de la ceinture scapulaire ................................... 468 • Les muscles antérieurs du thorax entraînent l’abaissement et la protraction de la scapula, de
la clavicule ou des deux. Les muscles postérieurs du thorax provoquent quant à eux l’éléva tion ou la rétraction de la scapula, ou encore ces deux actions à la ois. 11.8.2
Les muscles responsables des mouvements de l’articulation scapulohumérale et du bras ..... 470 • Le grand pectoral féchit le bras, alors que le grand dorsal et le grand rond en produisent
l’extension ; tous entraînent l’adduction et la rotation médiale du bras. • Le deltoïde produit la fexion, l’extension et l’abduction du bras. • Les muscles de la coie des rotateurs procurent orce et stabilité à l’articulation scapulohumérale. 11.8.3
Les muscles responsables des mouvements du coude et de l’avant-bras .............................. 475 • Les principaux féchisseurs se trouvent du côté antérieur du bras, et les principaux exten
seurs, du côté postérieur. • Le rond pronateur et le carré pronateur entraînent la pronation de l’avantbras, alors que le
supinateur et le biceps brachial en assurent la supination.
510 Partie II Le soutien et les mouvements du corps
11.8.4
Les muscles responsables des mouvements du poignet, de la main et des doigts ................ 480 • Les muscles antérieurs de l’avantbras féchissent le poignet et les articulations des doigts,
alors que les muscles postérieurs en assurent l’extension. • Les tendons des muscles antérieurs et des muscles postérieurs de l’avantbras sont mainte
nus en place par des bandes de tissu conjoncti dense régulier appelées rétinaculums. 11.8.5
Les muscles intrinsèques de la main ........................................................................................... 487 • Les muscles intrinsèques se divisent en trois groupes : 1) le groupe thénarien (mouvements
du pouce) ; 2) le groupe hypothénarien (mouvements du petit doigt) ; et 3) le groupe palmaire moyen (mouvements des doigts II à V).
11.9 Les muscles de la ceinture pelvienne et du membre inférieur – 489
• Quatre groupes de muscles sont associés au pelvis et au membre inérieur : 1) les muscles
assurant les mouvements de l’articulation de la hanche et de la cuisse ; 2) les muscles de la cuisse assurant les mouvements de l’articulation du genou et de la jambe ; 3) les muscles de la jambe ; et 4) les muscles intrinsèques du pied. 11.9.1
Les muscles responsables des mouvements de la hanche et de la cuisse ............................. 490 • Les muscles antérieurs de la cuisse féchissent celleci. • Le grand essier et les muscles postérieurs de la cuisse (muscles ischiojambiers) produisent
l’extension de la cuisse. • Le moyen essier, le petit essier et le tenseur du ascia lata entraînent l’abduction de la cuisse. • Les muscles médiaux de la cuisse sont des féchisseurs et des adducteurs de la cuisse. 11.9.2
Les muscles responsables des mouvements du genou et de la jambe.................................... 495 • Le quadriceps émoral de la loge antérieure met la jambe en extension. • La fexion de la jambe est assurée par plusieurs muscles médiaux de la cuisse, par le sarto
rius et par les muscles postérieurs de la cuisse (muscles ischiojambiers). 11.9.3
Les muscles responsables des mouvements de la cheville, du pied et des orteils ................. 498 • Les muscles antérieurs de la jambe produisent la dorsifexion du pied ou l’extension des
orteils, ou ces deux actions à la ois. Un de ces muscles, le tibial antérieur, est aussi respon sable de l’inversion du pied. • Les muscles latéraux de la jambe entraînent l’éversion du pied. • Les muscles postérieurs de la jambe produisent la fexion plantaire du pied ou la fexion des
orteils, ou encore ces deux actions. Un muscle, le tibial postérieur, provoque l’inversion du pied. 11.9.4
Les muscles intrinsèques du pied ................................................................................................ 503 • Les muscles dorsaux produisent l’extension des orteils. • Les quatre couches de muscles plantaires peuvent entraîner la fexion, l’abduction ou l’ad
duction des orteils. • Les muscles plantaires féchissent le pied.
Chapitre 11 Le système musculaire : les muscles axiaux et appendiculaires 511
AUTOÉVALUATION
Solutionnaire
Concepts de base 1
Parmi les énoncés suivants, lequel s’applique à un muscle agoniste ?
c) Le troisième bulaire d) Le vaste intermédiaire
a) Il s’oppose à la onction du principal responsable du mouvement.
6
À quoi le nom d’un muscle peutil se rapporter ?
b) C’est le principal responsable d’un mouvement.
7
Quels muscles de l’expression aciale sont utilisés pour : a) sourire ; b) ermer les yeux ; et c) ermer la bouche ?
d) L’agencement de ses bres est toujours circulaire.
8
Lorsque ce gros muscle se contracte, la dimension verticale de la cavité thoracique augmente.
Distinguez les muscles suprahyoïdiens des muscles inra hyoïdiens et décrivez les onctions de chacun de ces groupes.
9
Quel est l’eet de la contraction des muscles obliques de l’abdomen ?
c) Sa onction est surtout de stabiliser une articulation. 2
a) Intercostal externe. b) Intercostal interne.
10 Quels sont les mouvements possibles à l’articulation scapulo
humérale ? Quels muscles sont les principaux responsables de ces mouvements ?
c) Diaphragme. d) Transverse du thorax. 3
11 Indiquez les loges du bras, nommez les muscles de chaque
Ce muscle abaisse l’œil et l’amène en adduction. a) Droit inérieur.
loge et précisez leur onction. 12 Comparez le féchisseur superciel des doigts et le féchis
seur proond des doigts : où se situe l’insertion de chacun, comment leurs tendons sontils interreliés et quelles actions musculaires réalisentils ?
b) Oblique inérieur. c) Droit latéral. d) Oblique supérieur. 4
Les muscles de la loge antérieure de la jambe produisent . a) l’éversion du pied b) la dorsifexion du pied et l’extension des orteils c) la fexion plantaire du pied d) la fexion des orteils
5
13 Quels sont les muscles responsables de l’extension de la
cuisse ? Lequel d’entre eux est le moteur principal de l’exten sion de la cuisse ? 14 Quels muscles de la jambe permettent à une ballerine de aire
des pointes et de rester en équilibre sur ses orteils ? 15 Quels sont les muscles responsables de l’inversion du pied ?
entraîne la fexion plantaire du pied. a) L’iliopsoas b) Le gastrocnémien
Mise en application 1
Une emme de 50 ans s’inquiète des pattesd’oie (petites rides) qu’elle voit apparaître au coin de ses yeux. Son médecin lui dit que le responsable de ces rides est un muscle dont elle s’est servie durant toutes ces années pour plisser les yeux ou pour cligner des paupières. De quel muscle s’agitil ?
2
Élisa se rend compte qu’elle voit double et décide de consulter un optométriste. Celuici vérie le onctionnement des divers muscles de ses yeux et découvre qu’Élisa ne peut pas tourner l’œil droit médialement. Quel muscle pourrait être touché ? a) L’oblique supérieur.
a) Le ventre rontal de l’occipitorontal.
b) Le droit latéral.
b) L’orbiculaire de l’œil.
c) Le droit médial.
c) Le risorius.
d) L’oblique inérieur.
d) L’orbiculaire de la bouche.
512 Partie II Le soutien et les mouvements du corps
3
4
Après une séance d’entraînement intense, Samuel constate que la partie postérieure de ses bras est très sensible. Quelle activité d’entraînement répétitive est la responsable probable de cette sensibilité ?
5
Raphaël a subi une racture de la bula et a dû porter un plâtre pendant six semaines. Les muscles attachés à cet os se sont atrophiés durant cette période. Quelle onction musculaire risque alors d’être compromise ?
a) La fexion de l’humérus.
a) La fexion plantaire du pied.
b) La fexion de l’avantbras.
b) La fexion du genou.
c) La pronation de l’avantbras.
c) L’éversion du pied.
d) L’extension de l’avantbras.
d) La dorsifexion du pied.
Au cours d’une partie de soccer, un membre de l’équipe adverse porte un coup à l’avant de la cuisse de Samia. Quelle onction musculaire ce traumatisme pourraitil rendre dicile ? a) L’extension du genou. b) La fexion du genou. c) L’extension de la cuisse. d) La dorsifexion du pied.
Synthèse 1
2
Juan est un homme de 45 ans qui se décrit luimême comme une personne qui aime beaucoup la télévision. Il ne ait de l’exercice que très irrégulièrement et son abdomen est rebondi (« bedaine de buveur de bière »). En aidant un ami à déplacer un meuble très lourd, il ressent une douleur aiguë dans la cavité abdominopelvienne. Un médecin résident de la salle d’urgence lui dit qu’il a une hernie inguinale. En quoi ce traumatisme consistetil, comment s’estil produit et comment la aible musculature abdominale de Juan peutelle avoir contribué au problème ? Zoé s’entraîne sur la poutre d’équilibre. En atterrissant après un fipfap arrière (saut par renversement arrière), elle glisse et tombe à caliourchon sur la poutre. Bien que sa chute n’ait pas été très douloureuse, elle commence à s’inquiéter quand
elle perd tout à coup le contrôle de ses mictions. Qu’estce qui peut être arrivé aux structures du diaphragme pelvien de Zoé au moment de sa chute ? 3
Coralie a subi une intervention chirurgicale au coude à la suite d’une chute en planche à roulettes. Durant sa convalescence, elle doit rencontrer un physiothérapeute pour améliorer le onctionnement des muscles entourant son coude. Mettez au point une série d’exercices qui pourrait améliorer tous les mouvements du coude de Coralie et précisez quels muscles bénécieront de chaque exercice.
4
Pourquoi Éric atil plus de diculté à soulever des poids quand ses avantbras sont en pronation plutôt qu’en supination ?
LE SYSTÈME NERVEUX : LE TISSU NERVEUX
CHAPITRE
12
Adaptation française :
Sophie Morin
LE TECHNICIEN EN ÉLECTROENCÉPHALOGRAPHIE…
DANS LA PRATIQUE
Une technicienne en électroencéphalographie évalue les ondes cérébrales d’un jeune client en fxant des électrodes à son cuir chevelu. Les résultats de l’électroencéphalogramme contribuent à établir un diagnostic relativement à une diminution de la onction cérébrale attribuable à des troubles du sommeil, à l’épilepsie ou à une maladie inectieuse. Ils permettent également de mesurer les progrès que connaît le client à la suite du traitement d’un accident vasculaire cérébral ou d’un trauma crânien.
12.1
12.2
Une introduction au système nerveux .. 12.1.1 Les onctions générales du système nerveux .............................................. 12.1.2 L’organisation du système nerveux ...... Le tissu nerveux : les neurones ...............
514
12.4 12.5
514 514 515
12.2.1
12.3
Les caractéristiques générales du neurone......................................... 12.2.2 La structure du neurone...................... 12.2.3 Le transport axonal ............................. 12.2.4 La classifcation des neurones............. 12.2.5 Le lien entre les neurones et les ners ......................................... 12.2.6 La classifcation des ners ................... Le tissu nerveux : les gliocytes ............... 12.3.1 Les caractéristiques générales des gliocytes ...................................... 12.3.2 Les types de gliocytes ......................... 12.3.3 La myélinisation..................................
515
12.6
516 518 518 521 522 522 523 524 526
12.7
La régénération axonale .......................... La structure spécialisée du neurone..... 12.5.1 Les pompes et les canaux ioniques ..... 12.5.2 La répartition des substances, leur déplacement et les potentiels de membrane ..................................... Une introduction à la physiologie du neurone .................................................. 12.6.1 Les neurones et la loi d’Ohm............... 12.6.2 Le potentiel de repos de la membrane. 12.6.3 La modifcation du potentiel de repos de la membrane ................................. La physiologie des diérentes parties onctionnelles du neurone ....................... 12.7.1 La partie réceptrice............................. 12.7.2 La zone gâchette ................................ 12.7.3 La partie conductrice .......................... 12.7.4 La partie sécrétrice .............................
528 529 529
12.8
La vitesse de propagation de l’infux nerveux ...................................... 547 12.8.1 La propagation ................................... 547 Animation
532 533 533 534 536 538 538 540 542 545
INTÉGRATION Illustration des concepts Physiologie des diérentes parties onctionnelles du neurone .................................... 548
Animation 12.8.2 La classifcation des fbres nerveuses .. 12.9 Les synapses .............................................. 12.10 Les neurotransmetteurs et la neuromodulation............................... 12.10.1 Les neurotransmetteurs ...................... 12.10.2 La neuromodulation ............................ 12.11 L’intégration nerveuse et les réseaux neuronaux du système nerveux central ....................
550 550 551 551 554
554
514 Partie III La communication et la régulation
12.1 Une introduction
12.1.2
au système nerveux
Chaque jour, l’organisme perçoit une multitude de sensations auxquelles il réagit : l’odeur émanant des eurs au printemps, la pression d’une main sur l’épaule, la vue du monde qui l’entoure. Il maîtrise de nombreux mouvements musculaires lorsqu’il marche, qu’il parle ou lorsqu’il ouvre le présent manuel. Par contre, d’autres mouvements surviennent sans geste volontaire de sa part : les battements de son cœur, l’action de son estomac pour digérer le petit-déjeuner ou le sursaut que suscite chez lui le son du klaxon d’une voiture. Ces sensations et ces mouvements sont tous interprétés et régis par le système nerveux.
12.1.1
1
Les fonctions générales du système nerveux
Décrire les cinq fonctions générales du système nerveux.
Le système nerveux représente en quelque sorte le système de communication et de régulation de l’organisme. Il permet d’intégrer et de réguler rapidement les onctions de l’organisme en transmettant une activité électrique vers les cellules spécialisées qui le composent, les neurones, en vue d’accomplir les onctions suivantes : • La sensibilité. Le système nerveux reçoit l’inormation sensorielle par des récepteurs. Les récepteurs constituent des structures spécialisées du système nerveux qui surveillent les changements que pourrait connaître l’environnement interne ou externe, soit les stimulus. Par exemple, les récepteurs cutanés décèlent les stimulus relatis au toucher et transmettent cette inormation sensorielle le long des ners jusqu’à la moelle épinière et l’encéphale. • L’intégration. Le système nerveux central intègre l’inor mation qu’il reçoit des récepteurs. Après avoir traité l’inormation sensorielle, l’encéphale et la moelle épinière déterminent l’action à entreprendre, s’il y a lieu. • La motricité. L’encéphale et la moelle épinière communiquent leurs décisions par des inux moteurs qu’ils envoient aux effecteurs. Les eecteurs peuvent être des glandes ou l’un des trois types de cellules musculaires. Le résultat ou l’eet produit peut être une contraction musculaire ou un relâchement, ou encore une modifcation de la sécrétion glandulaire. • L’homéostasie. Le système nerveux contribue au maintien de l’homéostasie en stimulant et en inhibant les activités des autres systèmes de l’organisme. À l’aide du système endocrinien, il coordonne l’activité des milliards de cellules du corps humain. • Les activités mentales. L’encéphale est le siège des activités mentales telles que la mémoire, la pensée, l’apprentissage, la conscience et les émotions.
Vérifiez vos connaissances 1. À quoi servent les récepteurs ? Nommez les types
d’effecteurs régis par le système nerveux.
L’organisation du système nerveux
2
Reconnaître les composantes structurales du système nerveux central et du système nerveux périphérique.
3
Expliquer l’organisation fonctionnelle du système nerveux.
Il n’existe qu’un seul et unique système nerveux. Cependant, pour en aciliter l’étude, les anatomistes et les physiologistes classent ses composantes en deux grandes parties.
12.1.2.1 L’organisation structurale :
le système nerveux central et le système nerveux périphérique Le système nerveux est composé de deux parties, soit le système nerveux central (SNC) et le système nerveux périphérique (SNP) FIGURE 12.1. Le SNC est constitué de l’encéphale et de la moelle épinière. L’encéphale est contenu dans la boîte crânienne, qui le protège, alors que la moelle épinière est protégée par la colonne vertébrale. Le SNC est le centre de régulation et d’intégration du système nerveux. Le SNP se situe à l’extérieur du SNC. Il est constitué des récepteurs sensoriels, des ners et des ganglions. Les récepteurs sensoriels sont des cellules spécialisées ou des terminaisons nerveuses qui détectent les stimulus. Les ners sont des regroupements d’axones parallèles enveloppés de tissu conjoncti. Les ganglions, quant à eux, sont des amas de corps cellulaires situés le long de ces ners. Les diérentes structures du SNP constituent de véritables voies de communication qui relient l’organisme au SNC.
12.1.2.2 L’organisation fonctionnelle :
la voie sensitive et la voie motrice D’un point de vue onctionnel, le SNP se divise en deux voies. La première est une voie sensitive (ou aérente) qui transmet les inux nerveux des récepteurs sensoriels jusqu’au SNC. La deuxième est une voie motrice (ou eérente) qui achemine les inux nerveux du SNC aux eecteurs.
La voie sensitive La voie sensitive (ou aérente) (afferens = apporter) véhicule l’inormation sensorielle des récepteurs qui captent les stimulus et la transmet au SNC. La voie sensitive comprend deux types d’axones selon que le stimulus est décelé de açon consciente ou non. Il s’agit des axones sensitis somatiques et viscéraux. Les axones sensitifs somatiques (somâ = corps) véhiculent les inux provenant de stimulus décelés de açon consciente par des récepteurs situés dans la peau, les organes des sens, les muscles squelettiques et les articulations. Les axones sensitifs viscéraux (visceralis = proond) captent les stimulus perçus inconsciemment. Les récepteurs du système nerveux sensiti viscéral comprennent des structures situées dans les vaisseaux sanguins et les organes internes (p. ex., le cœur, l’estomac, les reins) qui captent les changements dans la composition chimique du sang, par
Chapitre 12 Le système nerveux : le tissu nerveux 515
Voie sensitive Système nerveux central (SNC)
Encéphale
Système nerveux périphérique (SNP)
Nerfs
Voie motrice
Les récepteurs captent les stimulus et transmettent l’information aux neurones du SNC.
Moelle épinière
Ganglions
Entraîne une réponse et la transmet du SNC aux effecteurs.
Axone sensitif somatique
Axone sensitif viscéral
Système nerveux somatique (SNS)
Système nerveux autonome (SNA)
L’information sensorielle est perçue consciemment par les récepteurs (p. ex., les yeux, la peau, les oreilles).
L’information sensorielle est perçue inconsciemment par les vaisseaux sanguins et les organes internes (p. ex., le cœur).
La réponse motrice est consciente ou volontaire ; l’effecteur est un muscle squelettique.
La réponse motrice est inconsciente ou involontaire ; l’effecteur est un muscle cardiaque, un muscle lisse ou une glande.
B. Organisation fonctionnelle du SNP
A. Organisation structurale
FIGURE 12.1 Organisation du système nerveux
❯ Le système nerveux s’organise de deux façons : structurale et fonctionnelle. A. L’organisation structurale comprend le SNC, qui est constitué de l’encéphale et de la moelle épinière,
exemple, ou dans l’étirement de la paroi d’un organe. Les divers types de récepteurs viscéraux sont décrits plus en détail ultérieurement (voir le chapitre 16).
La voie motrice La voie motrice (ou efférente) (efferens = porter hors) suscite une réponse motrice du SNC et la transmet aux effecteurs. Ce système régit les tissus musculaires et les glandes. La voie motrice, tout comme la voie sensitive, comprend deux parties selon que la stimulation de l’effecteur est consciente et volontaire ou non. D’un côté, le système nerveux somatique (SNS) entraîne une réponse motrice du SNC et la transmet aux muscles squelettiques. Par exemple, une personne assise dans sa voiture a la maîtrise des muscles de ses jambes lorsqu’elle appuie sur l’accélérateur. À l’opposé, le système nerveux autonome (SNA) (autonomos = qui est régi par ses propres lois) innerve et régit les muscles cardiaques, les muscles lisses et les glandes sans que l’organisme en soit conscient. À cet égard, l’organisme est incapable d’empêcher le cœur de battre ou le ventre de gargouiller. Le SNA se divise en deux parties : le système sympathique et le système parasympathique, lesquelles sont traitées ultérieurement (voir le chapitre 15).
Vérifiez vos connaissances 2. Quelles sont les deux principales divisions fonction
nelles du système nerveux ? En quoi diffèrentelles ?
et du SNP, qui est composé des nerfs et des ganglions. B. Sur le plan fonction nel, le SNP est divisé en une voie sensitive (afférente) et une voie motrice (ef férente). La voie motrice comprend aussi deux parties : le SNS et le SNA.
12.2 Le tissu nerveux :
les neurones
Le tissu nerveux, constituant principal du système nerveux, est composé de deux types de cellules : les neurones et les gliocytes (ou cellules gliales) (voir la section 5.5). Les neurones sont des cellules excitables qui émettent et transmettent une activité électrique, alors que les gliocytes sont des cellules non excitables dont le rôle est surtout de soutenir et de protéger les neurones.
12.2.1
1
Les caractéristiques générales du neurone
Décrire les cinq caractéristiques des neurones.
Le neurone constitue l’unité structurale de base du système nerveux. Ce type de cellule présente les caractéristiques particulières suivantes : • L’excitabilité. Il s’agit d’une réaction à une stimulation. Le type de stimulation à laquelle le neurone réagit dépend de son emplacement. Par exemple, un neurone situé dans le tissu cutané répondra aux changements de pression liés au toucher. Un autre situé dans le SNC répondra à la liaison de molécules appelées neurotransmetteurs, lesquels sont sécrétés par d’autres neurones.
516 Partie III La communication et la régulation
• La conductivité. Il s’agit de la capacité de propagation, le long de la membrane plasmique, des modifcations électriques survenues à la suite d’une stimulation. Elle peut être locale et de courte durée (potentiel gradué) ou elle peut s’autopropager (potentiel d’action) (voir la section 12.7.3). • La sécrétion. Il s’agit de la libération de neurotransmetteurs par le neurone en réaction à une activité de conduction. Généralement, un neurone donné ne sécrète qu’un seul type de neurotransmetteur, et ce dernier entraîne un eet stimulateur ou inhibiteur sur la cible, soit un autre neurone ou un eecteur. • La longévité. Il s’agit de la durée de vie du neurone. La plupart des neurones ormés au cours du développement du œtus sont onctionnels jusqu’à un âge très avancé. • L’amitose. Il s’agit de l’incapacité à se diviser. En eet, au cours du développement des neurones chez le œtus, la plupart d’entre eux perdent leur aptitude à la mitose, à l’exception des neurones de l’épithélium olacti et de certains autres neurones présents dans l’encéphale (situés entre autres dans le gyrus dentelé et l’hippocampe). Pendant de nombreuses années, le corps médical a cru que le nombre de neurones dans l’encéphale peu après la naissance représentait la réserve allouée à chacun pour la durée de la vie. Cependant, des études sur le sujet ont révélé que ce n’est pas toujours le cas (Chneiweiss, 2002 ; Dubuc, 2003 ; Lledo, 2004). Des chercheurs qui ont étudié l’hippocampe ont découvert qu’il contient un groupe de cellules souches neurales (voir la section 13.7.1). Il s’avère que ces cellules souches, autreois tenues responsables de la ormation de nouveaux gliocytes chez l’adulte, peuvent devenir des neurones une ois à maturité. Ces nouveaux neurones semblent être en mesure de s’intégrer au circuit cérébral. Les chercheurs ont aussi découvert que ce sont les gliocytes avoisinants qui transmettent un signal chimique aux cellules souches, les incitant ainsi à la maturation cellulaire (Chneiweiss, 2002).
Vérifiez vos connaissances 3. Expliquez les caractéristiques d’excitabilité,
de conductivité et de sécrétion du neurone.
12.2.2
La structure du neurone
2
Décrire les trois principales caractéristiques anatomiques propres à la plupart des neurones.
3
Reconnaître et décrire les structures uniques aux neurones.
Les neurones sont des cellules généralement longues, hautement spécialisées et ormant des réseaux complexes dont le nombre varie autour d’une centaine de milliards dans le corps humain. Ils présentent certaines variations de ormes et de tailles, mais tous comprennent généralement certaines caractéristiques de base, dont un corps cellulaire, une ou plusieurs dendrites et un axone FIGURE 12.2.
12.2.2.1 Le corps cellulaire Le corps cellulaire (ou soma) est contenu dans la membrane plasmique et renerme du cytoplasme qui entoure un noyau. Le corps cellulaire constitue en quelque sorte le centre de commande du neurone. C’est lui qui transmet les inux électriques à l’axone. Ces signaux prennent naissance dans le corps cellulaire ou dans les dendrites. Le cytoplasme présent dans le corps cellulaire porte le nom de péricaryon (peri= autour, karuon= noyau), bien que certains anatomistes emploient ce terme pour décrire le corps cellulaire en entier. Quant au noyau, il héberge un ou deux nucléoles proéminents dans lesquels sont ormés les ribosomes (voir la section 4.6.1). Le réticulum endoplasmique rugueux du neurone porte deux noms : 1)substance chromatophile (chromo= couleur, phile= ami), car les ribosomes donnent une teinte oncée grâce à des colorants basiques ; ou 2) corps de Nissl, car ils ont été découverts par un microscopiste allemand du nom de Franz Nissl (1860-1919). Les cytologistes croient que la coloration grisâtre de la substance grise présente dans certaines parties de l’encéphale et de la moelle épinière est attribuable à la substance chromatophile ainsi qu’à l’absence de myéline, une couche isolante luisante (voir la section 12.3.3). Des microflaments, des flaments intermédiaires et des microtubules qui orment le cytosquelette du neurone se trouvent également dans le corps cellulaire (voir la section 4.5.2). Les flaments intermédiaires, appelés neuroflaments (flamentum = fl), se regroupent pour ormer des neurofbrilles (fbrilla = fbre). Les neurofbrilles se prolongent pour ormer un réseau complexe dans les diérentes parties du neurone, leur résistance servant de soutien à ce dernier. Le cytosquelette est indispensable au maintien de la orme de la cellule et au transport de substances à l’intérieur du neurone.
12.2.2.2 Les dendrites Les dendrites (dendritês = qui concerne les arbres) sont des prolongements neuronaux généralement courts et de petite taille qui prennent naissance à partir du corps cellulaire. Certains neurones ne possèdent qu’une seule dendrite, alors que d’autres en ont plusieurs. Essentiellement, les dendrites reçoivent des signaux et les transmettent vers le corps cellulaire où ils sont ensuite traités. Ces signaux électriques ne sont pas des inux nerveux (potentiel d’action), mais des signaux de courte portée appelés potentiels gradués (voir la section 12.6.3). Avec le corps cellulaire, les dendrites orment la partie réceptrice du neurone. Plus le nombre de dendrites est grand, plus le neurone peut recevoir une grande quantité d’inux.
12.2.2.3 L’axone Le neurone comporte généralement un axone unique. L’axone est habituellement le plus long des prolongements neuronaux du corps cellulaire. Il sert à entrer en contact avec les autres neurones ainsi qu’avec les cellules musculaires et glandulaires. L’axone prend son origine dans une excroissance conique du corps cellulaire. Cette partie porte le nom de cône d’implantation.
Chapitre 12 Le système nerveux : le tissu nerveux 517
Dendrite Péricaryon
Dendrites
Substance chromatophile
Nucléole Noyau Corps cellulaire Substance chromatophile
Zone gâchette
Noyau
Cône d’implantation de l’axone Segment initial
Corps cellulaire Zone gâchette
Axoplasme Axolemme Neurofibrilles Noyau de gliocyte Axone Axone (sous la gaine de myéline) Neurolemmocyte Nœud de l’axone
MO 100 x
Collatérale de l’axone
B.
Gaine de myéline Télodendrons Boutons synaptiques Vésicules synaptiques renfermant le neurotransmetteur Fente synaptique Neurone postsynaptique (ou effecteur) Synapse Syn
A.
FIGURE 12.2 Structures anatomiques d’un neurone type
❯ A. L’activité électrique se propage à partir des dendrites, à travers le corps cel lulaire, puis dans l’axone, jusqu’aux boutons synaptiques qui con tiennent un neurotransmetteur dans des vésicules synaptiques. B. Cette photomicrographie représente un neurone moteur.
518 Partie III La communication et la régulation
La région de l’axone qui suit immédiatement le cône d’implantation est appelée segment initial. La zone gâchette est le lieu de création de l’inux nerveux. Elle est ormée du cône d’implantation et du segment initial. Le cytoplasme contenu dans l’axone est appelé axoplasme, et sa membrane plasmique, axolemme. Contrairement au corps cellulaire, l’axone est dépourvu de substance chromatophile. C’est cette diérence ondamentale qui ait en sorte qu’il est possible de distinguer, au microscope, l’axone du reste du tissu nerveux. L’axone émet parois quelques ramifcations nommées colla térales. La plupart des axones et de leurs collatérales présentent, à leur extrémité, un réseau de nombreuses ramifcations appelées télodendrons (telos = fn) (ou terminaisons axonales). L’extrémité de ces prolongements eflés est légèrement plus large. Cette portion de l’axone porte le nom de bouton synap tique (ou corpuscule nerveux terminal). Ces boutons synaptiques contiennent de nombreuses vésicules, appelées vésicules synap tiques, qui sont remplies de neurotransmetteurs. Finalement, les boutons synaptiques se rejoignent à une jonction appelée synapse (voir la section 12.9). L’axone, incluant le télodendron, représente la partie conductrice du neurone. Les boutons synaptiques, quant à eux, constituent sa partie sécrétrice.
Vériiez vos connaissances 4. Quelles sont les onctions des structures suivantes :
les dendrites, l’axone, les vésicules synaptiques et les neurofbrilles ?
12.2.3 4
Le transport axonal
Distinguer le transport axonal rapide du transport axonal lent, puis donner des exemples de substances dont la circulation est rendue possible grâce à chacun de ces modes de transport.
L’axone transporte diérentes sortes de substances : des substances qui sont synthétisées, par exemple des protéines ou des neurotransmetteurs, ou des substances qui seront recyclées ou dégradées. Celles-ci sont ournies par le corps cellulaire et circulent dans les deux sens. Le transport antérograde ait réérence aux substances qui passent du corps cellulaire aux
boutons synaptiques, et le transport rétrograde renvoie aux substances qui passent des boutons synaptiques au corps cellulaire du neurone. Les substances qui se orment dans le corps cellulaire, dont les vésicules, les organites et les glycoprotéines, circulent par transport antérograde vers les boutons synaptiques. Pour ce qui est des vésicules usées qui doivent être dégradées ou recyclées ainsi que des substances possiblement néastes (déchets), elles circulent par transport rétrograde du bouton synaptique vers le corps cellulaire. Fait intéressant, des études scientifques soutiennent l’idée selon laquelle le transport rétrograde serait un important moyen de communication intracellulaire. Ces vésicules porteraient des molécules servant de signaux, inormant le corps cellulaire des conditions prévalant dans les boutons synaptiques (Halpern & Neale, 1995 ; Paschal & Vallee, 1987). Le transport de ces substances est qualifé de transport axonal rapide ou lent, selon la vitesse de mouvement observée.
12.2.3.1 Le transport axonal rapide Le transport axonal rapide correspond approximativement à un mouvement de la matière de 400 mm par jour le long des microtubules. Pour aciliter la compréhension de ce concept, il est possible de le comparer à une locomotive qui serait tirée sur des rails. La puissance de ce mouvement provient de protéines motrices spécialisées, par exemple la kinésine ou la dynéine, qui brisent l’adénosine triphosphate (ATP) pour en tirer l’énergie nécessaire au transport de la matière. Le transport axonal rapide peut être antérograde ou rétrograde.
12.2.3.2 Le transport axonal lent Le transport axonal lent correspond à un mouvement de la matière d’environ 0,1 à 3 mm par jour. Ce type de transport résulte du ux de l’axoplasme et porte également le nom de ux axoplasmique. Ce mode de transport n’assure que la circulation des substances du corps cellulaire vers les boutons synaptiques : il n’est donc qu’antérograde. Les substances transportées ainsi sont les enzymes ainsi que les composants du cytosquelette et de l’axoplasme nouvellement produit pour assurer la régénération des axones.
Vériiez vos connaissances 5. Quel type de transport axonal est à la ois antérograde
et rétrograde ? Donnez des exemples de substances qui circulent grâce à ce mode de transport.
INTÉGRATION APPLICATION CLINIQUE
Les agents pathogènes et le transport axonal rapide Plusieurs agents pathogènes, notamment le virus de l’herpès, le virus de la rage, le poliovirus et la toxine tétanique, pénètrent dans les neurones par les boutons synaptiques. Une ois à l’intérieur, ils empruntent la voie du transport axonal rapide pour atteindre le corps cellulaire. Les agents pathogènes fnissent par causer la destruction de ces neurones et pro voquent ainsi les signes et les symptômes de chacune de ces maladies.
12.2.4
La classifcation des neurones
5
Nommer et décrire les quatre classes structurales de neurones.
6
Reconnaître les trois classes onctionnelles de neurones et savoir où chacune est principalement située.
La orme et l’emplacement des neurones varient. Comme c’est le cas pour les autres composantes du système nerveux, les neurones peuvent être classés selon leur structure et leur onction.
Chapitre 12 Le système nerveux : le tissu nerveux 519
12.2.4.1 La classifcation structurale
ces neurones est plutôt restreint chez l’être humain. Ils sont présents dans certains organes des sens comme la rétine de l’œil, l’oreille interne et la muqueuse olactive.
Les neurones peuvent être classés de manière structurale selon le nombre de prolongements qui émergent du corps cellulaire. Cette classifcation distingue quatre groupes principaux : les neurones multipolaires, bipolaires, unipolaires et anaxoniques TABLEAU 12.1.
Les neurones unipolaires comportent un seul prolongement court qui émerge du corps cellulaire et qui se divise en deux ramifcations ormant un « t ». L’une des ramifcations se dirige vers le SNC, et l’autre, vers le SNP. Le prolongement périphérique comporte des récepteurs sensoriels qui ressemblent à des dendrites et réagissent à des stimulus en envoyant des inux nerveux vers le SNC. Le prolongement central est pourvu de télodendrons et de boutons synaptiques qui sécrètent des
Les neurones multipolaires constituent le type de neurones le plus courant. Ces neurones comportent de nombreuses dendrites, mais un seul axone qui émerge du corps cellulaire. Les neurones bipolaires ont deux prolongements qui émergent du corps cellulaire : une dendrite et un axone. L’emplacement de
TABLEAU 12.1
Description de la classifcation structurale des neurones
Type de neurones
Structure
Neurone multipolaire
Description De nombreux prolongements émergent du corps cellulaire : généralement un grand nombre de dendrites et un seul axone.
Dendrites
Corps cellulaire
Axone
Neurone bipolaire
Deux prolongements émergent du corps cellulaire : une dendrite et un axone.
Corps cellulaire Dendrite
Axone
Neurone unipolaire
Axone Prolongement périphérique
Dendrites
Neurone anaxonique
Prolongement central
Corps cellulaire
Un prolongement simple et court émerge de la cellule et forme un « t » à la suite de la fusion de deux prolongements qui forment un seul et long axone.
Prolongement simple et court Les prolongements ne sont que des dendrites ; il n’y a aucun axone.
Dendrites
Dendrites Corps cellulaire
520 Partie III La communication et la régulation
Les neurones moteurs (ou neurones eérents) désignent les neurones du système nerveux moteur. Ils transmettent la réponse motrice vers les eecteurs somatiques et viscéraux. Tous les neurones moteurs sont multipolaires, exception aite de certains neurones du SNA. Le corps cellulaire de la plupart de ces neurones est situé dans le SNC.
neurotransmetteurs. Ces deux prolongements orment touteois un seul et unique axone, puisque leur structure rappelle celle de l’axone dont la onction permet la propagation de l’inux nerveux. Ils sont surtout présents dans le SNP, principalement dans la racine dorsale de la moelle épinière et dans les ganglions sensitis de certains ners crâniens. Les neurones anaxoniques (a ou an = qui exprime une négation) sont uniquement composés de dendrites et n’ont aucun axone. Ils se démarquent des autres neurones, car ils entraînent des variations électriques appelées potentiels gradués (voir la section 12.6.3.2), mais ne produisent pas de potentiel d’action. Ce type de neurones se trouve notamment dans la rétine de l’œil.
La plupart des interneurones (ou neurones d’association) sont situés dans le SNC. Ils reçoivent l’inux nerveux de nombreux autres neurones et assurent la onction d’intégration du système nerveux, c’est-à-dire qu’ils reçoivent l’inormation et la traitent, avant de décider, en quelque sorte, comment l’organisme devrait réagir aux stimulus. Ainsi, les interneurones acilitent la communication entre les neurones sensitis et moteurs. Il s’agit du type de neurones le plus nombreux. En eet, près de 99 % des neurones seraient des interneurones. Le nombre d’interneurones en activité durant les phases de traitement et de stockage de l’inormation augmente signifcativement en onction de la complexité de la réaction au stimulus. De açon générale, les interneurones sont multipolaires.
12.2.4.2 La classifcation onctionnelle Les neurones sont classés par onction selon le sens de la propagation du potentiel d’action par rapport au SNC. Cette classifcation distingue trois types de neurones : les neurones sensitis, les neurones moteurs et les interneurones FIGURE 12.3. Les neurones sensitifs (ou neurones aérents) désignent les neurones de la voie sensitive. Ce sont eux qui transmettent l’inux nerveux à partir des récepteurs sensoriels somatiques et viscéraux. La plupart des neurones sensitis sont unipolaires. Généralement, le corps cellulaire de ce type de neurones est logé à l’extérieur du SNC, dans les ganglions sensitis (voir la section 14.5.1). Quelques neurones sensitis somatiques sont bipolaires, ce qui est notamment le cas des neurones de l’épithélium olacti et de ceux de la rétine.
Vériiez vos connaissances 6. En quoi les divers prolongements du corps cellu
laire serventils à classer les neurones sur le plan structural ? 7. Où sont situés les interneurones et quel rôle jouentils ?
Ganglion spinal Moelle épinière Corps cellulaire du neurone sensitif
Influx sensitif
Neurone sensitif
Récepteurs cutanés
Interneurone
Réponse motrice
Neurone moteur Muscle squelettique
FIGURE 12.3 Classifcation onctionnelle des neurones
❯ Les neurones sensitis transmettent un inux nerveux au SNC. Les interneurones traitent l’inormation au cœur du SNC, puis les neurones moteurs relaient une réponse motrice du SNC aux eecteurs (muscle ou
glande). La fgure cidessus présente les structures les plus cou rantes de chacune des classes onctionnelles, soit un neurone sensiti unipolaire, un interneurone multipolaire ainsi qu’un neu rone moteur multipolaire.
Chapitre 12 Le système nerveux : le tissu nerveux 521
12.2.5
Le lien entre les neurones et les nerfs
7
Décrire la structure du nerf, notamment ses trois feuillets de tissu conjonctif.
8
Expliquer comment sont classés les divers types de nerfs sur les plans structural et fonctionnel.
• L’épinèvre (epi = sur) constitue une couche épaisse de tissu conjonctif dense irrégulier qui entoure l’ensemble du nerf et qui lui apporte soutien et protection. • Le périnèvre (peri = autour) est une couche de tissu conjonctif dense irrégulier qui entoure les fascicules, lesquels sont des groupements d’axones. Le périnèvre soutient les vaisseaux sanguins.
Un nerf est un groupement d’axones parallèles en forme de cordon qui appartiennent au SNP. Généralement, il est nécessaire d’employer un microscope pour voir un axone, alors que les nerfs constituent une structure macroscopique. La FIGURE 12.4 illustre d’ailleurs la structure du nerf. Tout comme les muscles, les nerfs possèdent trois enveloppes successives de tissu conjonctif :
• Dans un nerf, chaque axone est recouvert d’une gaine de myéline, entouré de neurolemmocytes, puis enveloppé dans l’endonèvre (endo = en dedans), une mince couche de tissu conjonctif lâche aréolaire qui sépare chacun des axones et les isole électriquement. Cette couche de tissu conjonctif contient également des capillaires qui approvisionnent chaque axone.
FIGURE 12.4 Structure d’un nerf et d’un ganglion
❯ A. Un nerf est enveloppé d’une gaine résistante de tissu conjonctif dense irrégulier portant le nom d’épinèvre. Chaque fascicule (faisceau d’axones) est enrobé d’une couche dense de tissu conjonctif portant le nom de périnèvre, et chaque axone est entouré d’une délicate couche de tissu conjonctif lâche aréolaire, l’endonèvre. Dans Vaisseaux sanguins les neurones myélinisés, des neurolemmocytes se trouvent entre l’axone et l’endonèvre. B. La photomicrographie Endonèvre électronique de la cartouche montre une portion de nerf, y compris ses Neurolemmocyte Épinèvre enveloppes conjonctives internes. Nerf Axone C. Un ganglion est un amas de corps cellulaires situé le long d’un nerf.
Périnèvre
Fascicule
Périnèvre Fascicule 0x
Endonèvre
45
Axone
ME
Neurolemmocyte B. A.
Vaisseaux sanguins Ganglion
Corps cellulaires Nerf
Épinèvre C.
Axones
Vaisseaux sanguins
Axones
B
522 Partie III La communication et la régulation Vériiez vos connaissances 8. Nommez les trois enveloppes de tissu conjoncti du
ner ainsi que la structure que chacune recouvre.
12.2.6
La classifcation des ners
Les ners sont classés en onction de la structure du SNC dont ils sont issus : les nerfs crâniens émergent de l’encéphale (voir la section 13.9) et les nerfs spinaux émergent de la moelle épinière (voir la section 14.5). Quant à la classifcation onctionnelle des ners, elle est établie selon le rôle que joue le type de neurones, sensitis ou moteurs, que contient le ner. Les nerfs sensitifs (afférents) ne sont composés que de neurones sensitis qui relaient l’inormation au SNC,
TABLEAU 12.2 Type de cellules
alors que les nerfs moteurs (efférents) contiennent principalement des neurones moteurs. La majorité des ners sont touteois des nerfs mixtes, qui sont composés à la ois de neurones moteurs et de neurones sensitis.
12.3 Le tissu nerveux :
les gliocytes
Les gliocytes constituent le second type de cellules présentes dans le tissu nerveux. Ces cellules non excitables servent principalement à soutenir, à protéger les neurones. Les parties qui suivent traitent de ce type de cellules et le TABLEAU 12.2 les décrit brièvement.
Description et fonctions des gliocytes Apparence
Fonctions
Système nerveux central Astrocyte Neurone Pied astrocytaire
Cellule de grande taille aux nombreux prolongements ; en contact avec des neurones et des capillaires ; gliocytes les plus abondants
• Contribue à la ormation de la barrière hématoencéphalique. • Régit la composition du liquide tissulaire. • Ore soutien et structure au SNC. • Contribue au développement des neurones. • Se réplique pour prendre la place des neurones qui meurent.
Cellule épithéliale simple prismatique ou cubique ; surace apicale ciliée
• Tapisse les ventricules cérébraux et le canal central de la moelle épinière, et contribue à la production et à la circulation du liquide cérébrospinal.
Petite cellule munie de prolongements eflés se ramifant à partir du corps cellulaire ; gliocytes les moins abondants
• Joue un rôle protecteur contre les agents inectieux et phagocyte les débris comme des neurones morts.
Astrocyte
Capilaire Épendymocyte
Canal central de la moelle épinière Épendymocytes
Moelle épinière
Microglie
Microglie
Neurone
Chapitre 12 Le système nerveux : le tissu nerveux 523
TABLEAU 12.2 Type de cellules
Description et fonctions des gliocytes (suite) Apparence
Fonctions
Oligodendrocyte Oligodendrocyte Noyau
Cellule arrondie et bulbeuse aux prolongements cytoplas miques eflés entourant les axones du SNC
• Myélinise et isole les axones du SNC. • Accroît la vitesse de conduction du potentiel d’action le long des axones du SNC.
Cellule aplatie se regrou pant avec d’autres glio cytes ganglionnaires dans les ganglions pour ormer un amas autour des corps cellulaires des neurones
• Protège et régit l’échange de nutri ments et de déchets entre les corps cellulaires des ganglions.
Cellule aplatie entourant une portion des axones du SNP
• Myélinise et isole les axones du SNP. • Accroît la vitesse de conduction du potentiel d’action le long des axones du S NP.
Gaines de myéline Axones
Système nerveux périphérique Gliocyte ganglionnaire
Ganglion spinal Gliocytes ganglionnaires
Axone
Corps cellulaire Racine du neurone sensitif dorsale
Neurolemmocyte
Nœuds de la neurofibre Axone
Noyau Gaine de myéline Neurolemmocyte Neurolemme
12.3.1
1
Les caractéristiques générales des gliocytes
Énumérer les composants distincts des gliocytes.
Les gliocytes (glia = colle) (ou névroglies ou cellules gliales) sont présents tant dans le SNC que dans le SNP. Ils sont de plus petite taille, mais plus nombreux, que les neurones et sont capables d’eectuer la mitose. Les gliocytes ne transmettent pas les inux nerveux, mais ils aident les neurones à jouer leur rôle. Ils les protègent physiquement et contribuent à leur alimentation, tout en orant structure et soutien au tissu
nerveux. Durant le développement des neurones, les gliocytes orment une structure qui guide les jeunes neurones en migration vers leur destination fnale. De récentes études ont démontré que les gliocytes jouent un rôle capital dans le onctionnement normal des synapses neuronales, car ils préservent leur structure anatomique et modifent la transmission des inux nerveux (Mader, 2009). Le nombre de gliocytes dans l’organisme dépasse de loin le nombre de neurones. En eet, le tissu nerveux d’un jeune adulte contient environ de 35 à 100 milliards de neurones et de 100 milliards à 1 billion de gliocytes. Les gliocytes représentent près de la moitié du volume du système nerveux.
524 Partie III La communication et la régulation
INTÉGRATION APPLICATION CLINIQUE
Les tumeurs du système nerveux central Des néoplasmes résultant d’une croissance cellulaire hors de contrôle, appelés communément des tumeurs, touchent parfois le SNC. Une tumeur découverte dans l’organe où elle a pris naissance est une tumeur primaire. Étant donné que la plupart des neurones matures ne peuvent se diviser par mitose, les tumeurs primaires du SNC ont généralement leur origine dans les tissus de soutien de l’encéphale ou de la moelle épinière, dont les cellules ont gardé la capacité de se diviser : les méninges (membranes protectrices du SNC) ou les gliocytes. Les gliomes sont des tumeurs des gliocytes ; ils peuvent être relativement bénins et de croissance lente, ou encore malins, c’est-à-dire qu’ils sont capables de métastaser ou de se propager vers des sites éloignés.
les plus abondants du SNC et représentent plus de 90 % du tissu nerveux de certaines parties de l’encéphale. Les astrocytes nourrissent, protègent, soutiennent et guident les neurones de plusieurs façons : • Ils contribuent à la formation de la barrière hématoencéphalique. Les extrémités des prolongements des astrocytes sont appelées pieds astrocytaires (ou pieds périvasculaires). Elles recouvrent les capillaires cérébraux qui les entourent. Ensemble, les pieds astrocytaires et les capillaires cérébraux contribuent à la formation de la barrière hématoencéphalique. Cette dernière régit de manière stricte la circulation des substances qui quittent la circulation sanguine pour pénétrer dans le tissu nerveux de l’encéphale. La barrière hématoencéphalique protège les neurones cérébraux fragiles des toxines, mais laisse toutefois passer les précieux nutriments dont ces derniers ont besoin (voir la section 13.2.4). • Ils régissent la composition du liquide tissulaire. Les astrocytes facilitent la régulation de la composition du liquide interstitiel de l’encéphale, soit le liquide situé entre les cellules, en maîtrisant les échanges capillaires, soit la circulation des ions et des molécules entre le sang et le liquide interstitiel. Par exemple, les astrocytes régissent la concentration des ions potassium (K+) en les absorbant dans le but de réguler leur concentration et de la maintenir constante de manière à ce que l’activité électrique des neurones demeure optimale.
Imagerie par résonance magnétique montrant un gliome du cervelet (èche)
Vérifiez vos connaissances 9. Si une personne a une tumeur au cerveau, est-il
plus probable que celle-ci soit issue d’un neurone ou d’un gliocyte ? Pourquoi ?
12.3.2 2
Les types de gliocytes
Décrire la structure et la fonction des quatre types de gliocytes du SNC et les deux types de gliocytes du SNP.
12.3.2.1 Les gliocytes du système nerveux central Le SNC compte quatre types de gliocytes, soit les astrocytes, les épendymocytes, les microglies et les oligodendrocytes FIGURE 12.5 . Ces types de gliocytes se distinguent par leur taille, leur organisation intracellulaire ainsi que par la présence ou l’absence de prolongements cytoplasmiques. Les astrocytes doivent leur forme étoilée à leurs prolongements. Ces nombreuses extensions rejoignent les parois capillaires ainsi que les neurones. Les astrocytes sont les gliocytes
• Ils offrent une structure au SNC. Le cytosquelette des astrocytes renforce le tissu nerveux du SNC et lui sert de charpente en formant une structure qui soutient les neurones. • Ils contribuent au développement des neurones. Les astrocytes facilitent le développement des neurones cérébraux du fœtus en sécrétant des substances qui régulent la formation de synapses entre les neurones. • Ils prennent la place des neurones qui meurent. Lorsque les neurones endommagés meurent, l’espace qu’ils occupaient est souvent rempli par des cellules produites au moment de la division cellulaire des astrocytes, l’astrocytose. Les épendymocytes sont des cellules épithéliales simples prismatiques ou cubiques ciliées. Elles tapissent les ventricules de l’encéphale et le canal central de la moelle épinière. Ces cellules sont munies de prolongements eflés qui se ramient de manière à rejoindre les autres gliocytes du tissu nerveux avoisinant. Les épendymocytes forment, avec les capillaires qui se trouvent près d’elles, un réseau appelé plexus choroïde. Le plexus choroïde contribue à la production de liquide cérébrospinal (liquide céphalorachidien ou LCS), un liquide clair dans lequel baigne la surface du SNC et qui en remplit les cavités internes. Les cils des épendymocytes facilitent la circulation de ce liquide dans le SNC (voir la section 13.2.3). Les microglies (mikros = petit) (ou microgliocytes) sont généralement de petites cellules aux prolongements eflés qui se ramient à partir de la portion principale de la cellule. Ce sont les gliocytes les plus rares. En effet, certains estiment qu’elles ne représentent que 5 % des gliocytes du SNC (Audoy, 2010). Les microglies sont considérées comme des phagocytes du système
Chapitre 12 Le système nerveux : le tissu nerveux 525
Microglie Neurone
Astrocyte Pieds astrocytaires
Oligodendrocyte
Capillaire Épendymocytes
Axone myélinisé Gaine de myéline (sectionnée)
Ventricule de l’encéphale
A. Gliocytes du SNC
Corps cellulaire du neurone
Ganglion spinal
Nœuds de la neurofibre
Gliocytes ganglionnaires
Axone
Noyau Neurolemmocyte Axone
Corps cellulaire d’un neurone sensitif Racine dorsale
Gaine de myéline Neurolemme
B. Gliocytes du SNP
FIGURE 12.5 Organisation cellulaire du tissu nerveux
❯ A. Les quatre types de gliocytes du SNC et B. les deux types de gliocytes du SNP sont montrés dans leurs relations avec les neurones.
immunitaire (voir la section 22.2). Elles circulent librement dans le SNC et se répliquent en réaction à une inection. Les microglies protègent l’organisme des microorganismes et des autres substances possiblement néastes en phagocytant les agents inectieux et en éliminant les débris issus des tissus nerveux morts ou endommagés. Les oligodendrocytes sont des cellules bulbeuses de grande taille aux prolongements cytoplasmiques eflés. Ces prolon-
gements entourent certaines parties des axones de nombreux neurones. Chacun des prolongements s’enroule plusieurs ois autour d’un axone à la manière d’un ruban isolant autour d’un fl électrique. L’enveloppe ainsi créée porte le nom de gaine de myéline (voir la section 12.3.3). La couche protectrice qui se orme autour de l’axone sert à l’isoler et à empêcher les ions de traverser la membrane axonale, accélérant ainsi la propagation du potentiel d’action au sein du SNC.
526 Partie III La communication et la régulation 12.3.2.2 Les gliocytes du système nerveux
périphérique Le SNP compte deux types de gliocytes : les gliocytes ganglionnaires (ou cellules satellites) et les neurolemmocytes (voir la fgure 12.5B et le tableau 12.2). Les gliocytes ganglionnaires sont des cellules aplaties qui circonscrivent les corps cellulaires des neurones à l’intérieur des ganglions. Par exemple, les gliocytes ganglionnaires entourent les corps cellulaires des neurones sensitifs dans les ganglions spinaux (voir la section 14.5.1). Ce type de gliocytes sépare donc le corps cellulaire du liquide interstitiel, et régit les échanges de nutriments et de déchets entre les neurones et leur environnement. Ils offrent une protection aux neurones notamment en absorbant les métaux lourds (p. ex., le mercure, le plomb, etc.) et en les empêchant ainsi d’entrer en contact avec ces substances nuisibles (Mader, 2009). Les neurolemmocytes (ou cellules de Schwann) sont des cellules aplaties qui entourent les axones du SNP, formant ainsi une gaine de myéline en vue d’accélérer la propagation du potentiel d’action au sein du SNP. La formation de la gaine de myéline par les neurolemmocytes et les oligodendrocytes est expliquée plus loin (voir la section 12.3.3).
Vérifiez vos connaissances 10. Si une personne soure d’une méningite (inamma
tion des membranes qui recouvrent l’encéphale), quel gliocyte se réplique généralement en réaction à cette inection ?
1 Le neurolemmocyte commence à s’enrouler autour d’une partie de l’axone.
Sens de l’enroulement
2 Le cytoplasme et la membrane plasmique du neurolemmocyte forment des couches superposées autour de l’axone à mesure que ce dernier continue de s’y enrouler.
3 La superposition des couches internes de membrane plasmique forme une gaine de myéline.
4
Cytoplasme du neurolemmocyte
Gaine de myéline
axones du SNP ?
3
Neurolemmocyte
Noyau
11. Quel type de gliocytes orme une gaine autour des
12.3.3
Axone
La myélinisation
Défnir la myélinisation et décrire la composition ainsi que le rôle de la gaine de myéline. Distinguer la myélinisation ormée par les neurolemmocytes de celle ormée par les oligodendrocytes.
La myélinisation est la formation d’une gaine de myéline (muelos = moelle) autour d’un axone. La myéline est l’enveloppe isolante qui recouvre l’axone et qui est composée de plusieurs couches concentriques formées par la membrane plasmique de deux types de gliocytes. La myélinisation est effectuée par les neurolemmocytes dans le SNP et par les oligodendrocytes dans le SNC. La myéline est principalement constituée de la membrane plasmique de ces gliocytes et contient surtout des lipides, mais également des protéines. La forte teneur en lipides de la myéline confère aux axones une apparence blanchâtre et luisante unique en son genre. Cette membrane sert à isoler l’axone. La FIGURE 12.6 illustre la myélinisation d’un axone du SNP. Le neurolemmocyte commence par s’enrouler autour d’une portion de 1 mm d’un axone. À mesure qu’il continue d’envelopper l’axone,
4 Le cytoplasme et le noyau du neurolemmocyte finissent par être repoussés en périphérie de la cellule avec la formation de la gaine de myéline. Gaine de myéline
Noyau du neurolemmocyte Neurolemme
FIGURE 12.6 Myélinisation des axones du système nerveux périphérique Une gaine de myéline recouvre la plupart des axones. Dans le SNP, ce sont les neurolemmocytes qui, à la suite d’une série d’étapes successives, orment la gaine de myéline et le neurolemme.
❯
Chapitre 12 Le système nerveux : le tissu nerveux 527
son cytoplasme et son noyau sont repoussés en périphérie de l’axone, soit vers l’extrémité extérieure. Les couches superposées de membrane plasmique forment ainsi une gaine de myéline. La partie en périphérie du neurolemmocyte qui contient le cytoplasme et le noyau est appelée neurolemme (lemma = enveloppe). Le processus de myélinisation est semblable à ce qui se produit lorsqu’un ballon contenant une petite quantité d’eau est enroulé plusieurs fois autour d’un crayon. La partie du ballon qui contient de l’eau est alors repoussée vers l’extérieur. Les diverses couches formées par le ballon représentent la gaine de myéline, et la partie extérieure du ballon, le neurolemme. Chaque neurolemmocyte présent dans le SNP ne peut myéliniser qu’une portion de 1 mm d’un seul axone. Si un axone mesure plus de 1 mm, ce qui est le cas de la plupart d’entre eux, de nombreux neurolemmocytes sont nécessaires pour recouvrir un axone en entier. La FIGURE 12.7 illustre un axone autour duquel sont entourés sept neurolemmocytes. Les axones de nombreux nerfs de l’organisme présentent des centaines,
voire des milliers de neurolemmocytes. L’espace entre les neurolemmocytes porte le nom de nœud de la neurobre (ou nœud de Ranvier). Comparativement au neurolemmocyte du SNP, l’oligodendrocyte dans le SNC peut, à l’aide de ses nombreux prolongements, myéliniser une portion de 1 mm de plusieurs axones. La gure 12.7B illustre des oligodendrocytes qui myélinisent une portion de l’axone de trois neurones à la fois. Les prolongements cytoplasmiques de l’oligodendrocyte entourent à plusieurs reprises une partie de plusieurs axones autour desquels la membrane plasmique forme une gaine de myéline. Dans le SNC, la myélinisation des neurones n’entraîne pas la formation d’un neurolemme. Entre les couches adjacentes formées par l’oligodendrocyte se trouvent des nœuds de la neurobre. Pour faciliter la visualisation de ce
INTÉGRATION APPLICATION CLINIQUE
Les troubles du système nerveux touchant la myéline La sclérose en plaques est une démyélinisation progressive des neurones du SNC qui s’accompagne de la destruction des oligodendrocytes. Au Canada, la sclérose en plaques est la maladie neurologique la plus répandue chez les jeunes adultes ; trois nouveaux cas sont enregistrés chaque jour (Société canadienne de la sclérose en plaques, 2013). Il s’agit d’une maladie auto-immune dans laquelle les cellules immunitaires de l’organisme attaquent les oligodendrocytes qu’elles ont détectés comme étant étrangers. La perturbation de la conduction des potentiels d’action qui en résulte entraîne une altération de la perception sensorielle et de la coordination motrice. Les événements inammatoires répétés aux sites myélinisés causent la cicatrisation (sclérose) et, avec le temps, une perte fonctionnelle dénitive. La maladie touche habituellement les jeunes adultes âgés de 18 à 40 ans et plus souvent les femmes que les hommes. Elle est cinq fois plus fréquente chez les personnes d’origine européenne que chez les Afro-Américains. Les symptômes habituels sont des problèmes visuels, de la faiblesse musculaire et des spasmes, des infections urinaires et de l’incontinence ainsi que des changements radicaux de l’humeur. Le syndrome de Guillain-Barré est un trouble inammatoire rare qui cause la perte de myéline dans les nerfs périphériques et les racines des nerfs spinaux (Steinberg & Koski, 2010). Il se caractérise par une faiblesse musculaire qui touche d’abord les muscles distaux des membres, mais qui progresse rapidement pour atteindre aussi les muscles proximaux (paralysie ascendante). La plupart des cas sont précédés d’une maladie aiguë ressemblant à une grippe, mais aucun agent infectieux précis n’a été identié à ce jour. Dans de rares cas, l’affection apparaît après une immunisation. Même si le syndrome de Guillain-Barré semble être une affection immunitaire, les stéroïdes ne procurent qu’une légère amélioration, voire aucune. En réalité, la plupart des gens récupèrent d’eux-mêmes presque toutes leurs fonctions neurologiques avec un minimum d’interventions médicales.
FIGURE 12.7 Gaine de myéline dans les systèmes nerveux central et périphérique ❯ A. Dans le SNP, le neurolemmocyte n’entoure qu’une portion d’un seul axone ; il forme ainsi une gaine de myéline et un neurolemme. B. Dans le SNC, l’oligodendrocyte entoure une petite partie de nombreux axones ; il forme ainsi une gaine de myé line, mais pas de neurolemme.
528 Partie III La communication et la régulation
concept, l’oligodendrocyte peut être comparé à un gant de latex contenant du liquide, et dont chacun des doigts est enroulé à plusieurs reprises autour de l’axone de plusieurs neurones ; le liquide est alors repoussé vers la paume du gant. Certains axones du SNC et du SNP sont dénués de gaine de myéline : ils sont amyélinisés. Dans le SNC, par contre, les neurones amyélinisés ne sont pas liés aux oligodendrocytes. Par contre, les neurones amyélinisés du SNP se trouvent tout de même liés aux neurolemmocytes, mais au lieu d’en être recouverts de plusieurs couches ils s’enoncent simplement dans leur membrane plasmique FIGURE 12.8. Un poing enoncé dans un oreiller moelleux peut illustrer ce concept. Il aut souligner que cet arrangement ne leur conère aucun isolement électrique.
Les axones du SNP sont vulnérables aux lésions (par sectionnement, écrasement ou autres types de traumatisme). Un axone endommagé est en mesure de se régénérer si son corps cellulaire demeure intact et si une partie du neurolemme est conservée. La régénération axonale dépend de deux acteurs principaux : 1) l’étendue des dommages subis ; et 2) la distance qui sépare l’axone endommagé de la structure qu’il innerve. Les chances de régénération axonale sont donc réduites si les dommages sont importants ou si la distance est grande. Les neurolemmocytes (gaine de myéline) jouent un rôle prépondérant dans la régénération axonale. La FIGURE 12.9 illustre ce processus dont voici les diverses étapes :
Vérifiez vos connaissances
1
L’axone est sectionné à la suite d’un traumatisme.
2
La partie proximale de l’axone endommagé est reermée par la usion de sa membrane, puis elle gonfe. Ce gonfement résulte du fux axoplasmique (transport lent) qui circule dans l’axone à partir du corps cellulaire du neurone. En même temps, la partie de l’axone qui est séparée du corps cellulaire et sa gaine de myéline sont dégradées ; ce processus est appelé dégénérescence wallérienne. Les macrophagocytes (phagocytes) éliminent les débris. Par contre, le neurolemme de la partie distale de l’axone survit.
3
Le neurolemme et ce qu’il reste de l’endonèvre orment un tube de régénération.
4
L’axone se régénère, puis il s’ensuit une nouvelle myélinisation. Le tube de régénération guide la repousse axonale, laquelle croît rapidement dans ce tube, à raison de 2 à 5 mm
12. Quel rôle joue la gaine de myéline ? Comment se
produit la myélinisation des axones dans le SNP ?
12.4 La régénération axonale 1
Reconnaître les acteurs infuençant la régénération des axones du SNP et expliquer pourquoi ce processus est restreint dans le SNC.
2
Décrire la dégénérescence wallérienne et le renouvellement axonal.
Axones amyélinisés
Axones amyélinisés
Neurolemmocyte
1 Le neurolemmocyte entoure une série d’axones.
Axones Noyau du neurolemmocyte
2 Les axones amyélinisés sont enveloppés du neurolemmocyte, mais ils n’ont pas de gaine de myéline.
Gaine de myéline
Axone amyélinisé Neurolemmocyte A.
MET 60 000 x
Axone myélinisé
Neurolemme B.
FIGURE 12.8 Axones amyélinisés du SNP
❯ A. Les axones amyélinisés sont enveloppés du neurolemmocyte, mais ils n’ont pas de gaine de myéline. B. Une micrographie électro nique montre un axone myélinisé et plusieurs autres amyélinisés.
Chapitre 12 Le système nerveux : le tissu nerveux 529
1 Un traumatisme provoque le sectionnement d’un axone. Endonèvre
Neurolemme
Fibres des muscles squelettiques 2 La partie proximale des axones sectionnés se referme, puis gonfle. La portion distale et la gaine de myéline se désintègrent, alors que le neurolemme survit.
La régénération d’un neurone endommagé dans le SNC est restreinte pour plusieurs raisons. D’abord, les oligodendrocytes ne sécrètent aucun acteur de croissance nerveuse. En ait, ils inhibent plutôt la croissance des axones en produisant et en sécrétant diverses molécules inhibitrices de croissance. Ensuite, la grande quantité d’axones qui se trouvent dans le SNC complique le renouvellement axonal. Finalement, les astrocytes et les enveloppes du tissu conjoncti orment un tissu cicatriciel qui nuit à la régénération axonale.
Vérifiez vos connaissances 13. Quels sont les deux principaux acteurs qui
Endonèvre
déterminent l’efcacité de la régénération axonale dans le SNP ?
Neurolemme Extrémité refermée et gonflée d’un axone
3 Le neurolemme et l’endonèvre forment un tube de régénération.
14. Expliquez la régénération nerveuse dans le SNP.
12.5 La structure spécialisée
du neurone
4 L’axone se régénère et se myélinise de nouveau.
5 L’innervation de l’effecteur reprend.
L’aptitude du système nerveux à intégrer et à régir des onctions de l’organisme dépend de la transmission des infux nerveux, soit les potentiels gradués et les potentiels d’action, par les neurones. Dans les prochains paragraphes, il sera question de la structure spécialisée des neurones, laquelle assure la transmission des infux nerveux. Les divers types de pompes et de canaux de la membrane plasmique des neurones sont décrits ainsi que la concentration relative de diverses substances du milieu intracellulaire et extracellulaire du neurone.
12.5.1
Les pompes et les canaux ioniques
1
Distinguer une pompe d’un canal et reconnaître ceux qui sont situés le long de la membrane plasmique du neurone.
2
Énumérer et décrire les quatre parties onctionnelles du neurone, puis expliquer la répartition des canaux et des pompes dans chacune d’elles.
FIGURE 12.9 Régénération axonale dans le SNP
❯ À la suite d’un trauma tisme subi par un ner périphérique, l’axone sectionné peut être réparé et se régénérer dans le but d’innerver de nouveau le récepteur ou l’eecteur auquel il était lié initialement (dans le cas présent, une fbre musculaire).
par jour. Cette croissance est infuencée par les acteurs de croissance nerveux libérés par les neurolemmocytes. 5
L’innervation est restaurée grâce au rétablissement du contact de l’axone avec sa structure initiale. Cette dernière constitue soit un récepteur des neurones sensitis, soit un eecteur des neurones moteurs.
Les neurones contiennent des protéines de transport qui servent à aire circuler les substances de part et d’autre de la membrane plasmique. Divers types de pompes et de canaux sont au nombre de ces protéines FIGURE 12.10. La présente partie reprend quelques notions sur les protéines de transport vues dans la section 4.3. Les pompes ont circuler les substances contre un gradient de concentration, ce qui nécessite de l’énergie (voir la fgure 12.10A). La membrane plasmique des neurones contient deux types de pompes : des pompes à sodium-potassium (Na+-K+) ainsi que des pompes à calcium (Ca 2+).
530 Partie III La communication et la régulation
Cytosol
Liquide interstitiel
Site de liaison de l’ATP
Dégradation de l’ATP (libération d’énergie)
K+
K+
ATP
P
Na+
ADP
Na+ La pompe à Na+-K+ change de forme (nécessite de l’énergie provenant de la dégradation de l’ATP).
Pompe à Na+-K+ A. Pompe à sodium-potassium (Na+-K+) Fermé
Ouvert
Liquide interstitiel
Cytosol
Le neurotransmetteur se lie à la vanne d’activation.
Na+
K+
B. Canaux ioniques à fonction passive (ouverts)
Ouvert (phase d’activation)
Fermé (phase d’inactivation)
+ + + +
– – – –
– – – –
– – – –
– – – –
– – – –
+ + +
+ + + +
+ + + +
+ + + +
Fermé (phase de repos)
Na+ + + + +
– –
–
Vanne d’inactivation (ouverte)
C. Canaux ioniques ligand-dépendants
Vanne d’activation (fermée)
Vanne d’inactivation (ouverte)
Vanne d’activation (ouverte)
Vanne d’inactivation (fermée)
Vanne d’activation (ouverte)
D. Canaux ioniques voltage-dépendants (trois phases possibles)
FIGURE 12.10 Pompes et canaux de la membrane plasmique ❯ A. La pompe à Na+K+ est une protéine de transport membranaire qui utilise de l’éner gie (ATP) pour le transport des ions Na+ et K+ à travers la membrane plasmique. B. Les canaux ioniques à fonction passive sont toujours ou verts et laissent un type d’ion donné les traverser par diffusion. C. Les canaux ioniques liganddépendants sont fermés jusqu’à ce qu’ils soient
Les canaux ioniques permettent aux substances de se déplacer dans le sens du gradient de concentration. Les neurones comportent deux principaux types de canaux : • Canaux ioniques à fonction passive (ou canaux ouverts ou encore canaux de fuite). Ces canaux sont toujours ouverts, ce qui permet la diffusion continue de certains ions d’un milieu où
en présence d’une substance chimique donnée. D. Les canaux ioniques voltagedépendants s’ouvrent pour laisser passer un ion une fois un cer tain voltage transmembranaire atteint. Les canaux ioniques à Na+ voltage dépendants sont sensibles aux variations de voltage et présentent trois phases distinctes : le repos, l’activation et l’inactivation.
leur concentration est élevée à un milieu où leur concentration est faible (voir la fgure 12.10B). Les canaux ioniques à fonction passive à sodium (Na+) ou à potassium (K+) en sont quelques exemples. • Canaux ioniques à fonction active (ou canaux fermés ou encore à ouverture contrôlée). Ces canaux sont toujours
Chapitre 12 Le système nerveux : le tissu nerveux 531
ermés et comportent une vanne qui peut changer de orme pour ouvrir ou ermer le canal en réponse à divers signaux physiques ou chimiques. Ce type de canaux se divise en trois catégories :
– Canaux ioniques liganddépendants. Ces canaux sont généralement ermés. Ils s’ouvrent en réaction à la liaison à un ligand (neurotransmetteur ou autres molécules). Lorsqu’ils s’ouvrent, un ou des ions donnés peuvent traverser la membrane plasmique (voir la fgure 12.10). Les canaux ioniques à K+ liganddépendants et les canaux ioniques à chlorure (Cl−) ligand-dépendants en sont quelques exemples. – Canaux ioniques voltagedépendants. Ces canaux sont généralement ermés, mais ils s’ouvrent en réaction aux variations de voltage, c’est-à-dire de potentiel de la membrane plasmique. Lorsque ces canaux sont ouverts, ils permettent à un type d’ions donné de traverser la membrane par diusion (voir la fgure 12.10D). Les canaux ioniques à Na+ voltage-dépendants, ceux à K+ voltage-dépendants et ceux à Ca 2+ en sont quelques exemples. La plupart de ces canaux ont généralement une vanne ouverte ou ermée. Les canaux ioniques à Na+ voltage-dépendants sont uniques, car ils possèdent deux vannes, l’une d’activation, l’autre d’inactivation. Ils peuvent donc entrer dans les trois phases décrites à la section 12.5.1.1. – Canaux ioniques sensibles à d’autres stimulus. Ces canaux sont présents dans les tissus spécialisés et peuvent être excités par des stimulus variés, notamment des sensations tactiles (mécanorécepteurs), des modifcations de la température (thermorécepteurs), etc. 12.5.1.1 Les trois phases des canaux ioniques
à sodium voltage-dépendants Les canaux ioniques à Na+ voltage-dépendants sont présents le long de l’axone et s’ouvrent en réponse à des uctuations de voltage. 1. La phase de repos. Même si la vanne d’inactivation est ouverte, la vanne d’activation, elle, est ermée. Les ions Na+ ne peuvent donc pas traverser la membrane (voir la fgure 12.10D). 2. La phase d’activation. Les deux vannes (activation et inactivation) demeurent ouvertes. La vanne d’activation s’ouvre en réaction à une variation du voltage. Les ions Na+ pénètrent dans la cellule par le canal ouvert. 3. La phase d’inactivation. Même si la vanne d’activation est ouverte, la vanne d’inactivation, elle, est ermée temporairement (plusieurs millisecondes [ms]) à la suite de l’activation du canal ionique à Na+. Pendant cette courte période, le canal ne peut s’ouvrir, même avec une stimulation. Les ions Na+ ne peuvent donc pas traverser la membrane. La phase de repos des canaux ioniques à Na+ voltage-dépendants recommence lorsque la vanne d’inactivation s’ouvre et que la vanne d’activation demeure ermée.
12.5.1.2 La répartition des pompes
et des canaux ioniques Certaines pompes et certains canaux ioniques sont présents un peu partout dans la membrane plasmique des neurones, alors que d’autres sont uniquement situés dans certaines parties de cette membrane. Dans la présente section, il est question de la répartition des divers types de pompes et de canaux dans la membrane plasmique du neurone FIGURE 12.11.
L’ensemble de la membrane plasmique du neurone Les canaux ioniques à onction passive à Na+, à K+ ainsi que les pompes à Na+-K+ sont présents dans l’ensemble de la membrane plasmique du neurone. Ces canaux ioniques et ces pompes sont importants dans la production et le maintien du potentiel de repos de la membrane. La membrane plasmique des neurones contient davantage de canaux ioniques à onction passive à K+ que de canaux ioniques à onction passive à Na+. Il est donc plus acile pour les ions K+ de traverser un canal à K+ qu’il ne l’est pour les ions Na+ de traverser un canal à Na+ (voir la section 12.5.2).
La membrane plasmique des parties fonctionnelles du neurone Le neurone type est divisé, sur le plan onctionnel, en quatre parties : la partie réceptrice, la zone gâchette, la partie conductrice et la partie sécrétrice. Chaque partie dière aussi quant aux principaux types de pompes et de canaux ioniques contenus dans la membrane plasmique : • La partie réceptrice contient les dendrites et le corps cellulaire, soit les parties du neurone qui captent les stimulus à transmettre le long du neurone. Les canaux ioniques à Na+, à K+ et à Cl− ligand-dépendants sont situés dans cette partie, qui ne contient qu’une quantité négligeable de canaux ioniques voltage-dépendants. Les canaux ioniques assurent le passage des ions Na+ dans la cellule et le passage des ions K+ en dehors du neurone. • La zone gâchette est composée du cône d’implantation et du segment initial, qui le suit immédiatement. Elle contient des canaux ioniques à Na+ voltage-dépendants et à K+. Les inux nerveux sont ormés dans la zone gâchette. • La partie conductrice correspond à la longueur de l’axone et à ses ramifcations appelées télodendrons. Tout comme le cône d’implantation de l’axone, cette partie contient des canaux ioniques à Na+ voltage-dépendants et à K+. • La partie sécrétrice est composée des boutons synaptiques, des canaux ioniques à Ca2+ voltage-dépendants et des pompes à Ca2+.
Vérifiez vos connaissances 15. Quelle est la différence de fonction entre les canaux
ioniques liganddépendants et les canaux ioniques voltagedépendants ? 16. Quelle partie fonctionnelle du neurone contient
des canaux ioniques liganddépendants ? Laquelle contient des canaux ioniques voltage dépendants ?
532 Partie III La communication et la régulation FIGURE 12.11
12.5.2
Répartition des pompes et des canaux ioniques dans la membrane plasmique d’un neurone ❯ A. Les pompes à Na+-K+ et les canaux ioniques à fonction passive à Na+ et à K+ se répartissent sur toute la membrane plasmique d’un neurone. D’autres types de canaux ioniques et de pompes ne se trouvent que sur des parties fonctionnelles particulières du neurone. La gure montre les canaux ioniques présents dans B. la partie réceptrice ; C. la zone gâchette de l’axone ; D. la partie conductrice ; et E. la partie sécrétrice. Il s’agit d’une représentation simpliée de la répartition des canaux et des pompes dans la membrane plasmique d’un neurone multipolaire.
3
La répartition des substances, leur déplacement et les potentiels de membrane
Expliquer la répartition des substances dans les milieux intracellulaire et extracellulaire.
La fonction du neurone dépend grandement de la répartition des substances contenues dans le cytosol et dans le liquide interstitiel situé à l’extérieur de ce dernier. Les ions phosphate de charge négative, un composant des molécules organiques (p. ex., l’ATP), les protéines chargées négativement et le K+ sont plus abondants dans le cytosol que dans le liquide interstitiel. À l’opposé, le Na+ et le Cl− sont présents en concentration plus élevée dans le liquide interstitiel que dans le cytosol (voir la gure 12.12,). La membrane plasmique est dotée d’une perméabilité sélective. Grâce aux canaux ioniques qu’elle comporte, les ions, notamment les ions Na+, K+ et Cl−, sont capables de la traverser. Cependant, les protéines et les molécules qui contiennent du phosphate demeurent généralement dans le cytosol ; elles sont trop volumineuses pour traverser la membrane plasmique. Le mouvement net d’un ion (p. ex., K+, Na+) dépend de son gradient électrochimique, soit l’interaction d’un gradient électrique et d’un gradient chimique. Un gradient électrique constitue une différence de charge électrique entre deux milieux. Or, toutes les cellules comportent un nombre différent de charges positives et négatives de part et d’autre de la membrane plasmique. Dans un neurone, le liquide intracellulaire a une charge électrique neutre, puisque le nombre de cations est généralement égal au nombre d’anions. Pour les mêmes raisons, le liquide extracellulaire est également électriquement neutre. Cependant, la membrane plasmique montre un gradient électrique. En effet, du côté extérieur de la membrane plasmique se trouve une légère accumulation de charges positives et, du côté intérieur, une accumulation équivalente de charges négatives. La membrane plasmique est alors dite polarisée. Les neurones ne sont pas les seules cellules de l’organisme à être polarisées ; la majorité des
Chapitre 12 Le système nerveux : le tissu nerveux 533
cellules le sont. Cette diérence de charge porte le nom de poten tiel de membrane. Pour le neurone, ce potentiel de membrane peut être modifé en vue de créer un inux nerveux (voir la section 12.8) (Mader, 2009). Le gradient de concentration d’une substance donnée représente la répartition inégale de cette substance dans deux milieux. Chaque substance a son propre gradient de concentration. Par exemple, la concentration des ions K+ est plus élevée dans le neurone qu’elle ne l’est dans le liquide interstitiel, alors que la concentration des ions Na+ est supérieure à l’extérieur du neurone qu’elle ne l’est à l’intérieur de ce dernier.
Vérifiez vos connaissances 17. Qu’estce qu’un gradient électrique ? Qu’estce qu’un
gradient de concentration ? 18. Défnissez le potentiel de membrane.
12.6 Une introduction à la
physiologie du neurone
Créer et transmettre un courant électrique constitue deux aspects importants de la onction du neurone. Pour y arriver, le neurone doit d’abord établir et conserver son potentiel membranaire de repos. Comme le neurone est une cellule excitable, ce potentiel de repos de la membrane peut touteois varier de sa valeur initiale de repos. Dans cette section, il est d’abord question des principes physiques du courant électrique. Ceux-ci sont ensuite appliqués aux neurones afn de comprendre comment le potentiel de repos de la membrane est créé et entretenu, et, enfn, comment ce potentiel de membrane peut varier de sa valeur de repos. Ces concepts sont mis en application dans la section 12.7 afn d’expliquer les événements physiologiques qui se produisent dans le neurone, du moment où les dendrites et le corps cellulaire sont stimulés jusqu’à ce que le neurotransmetteur soit libéré des boutons synaptiques.
12.6.1 1
Les neurones et la loi d’Ohm
Intégrer les concepts de voltage, de courant et de résistance à la structure et à la onction du neurone.
L’énergie électrique représente le mouvement des particules chargées électriquement et que toute orme d’énergie utilisable peut être exploitée (voir la section 3.1). L’activité neuronale dépend d’ailleurs de cette énergie électrique, plus particulièrement du courant électrique. En outre, trois caractéristiques importantes sont associées à ce dernier : le voltage, le courant et la résistance.
• Le voltage (ou tension) représente la mesure de la diérence de potentiel entre les charges électriques. Son unité de mesure est le volt (V) ou le millivolt (mV) ; 1 V = 1 000 mV. Plus la diérence est grande, plus le voltage est élevé. Il existe d’ailleurs diverses tailles de piles sur le marché (p. ex., une pile de 1,5 V de petite taille, une pile de 12 V de grande taille). Le voltage inscrit sur ces piles indique l’énergie potentielle relative qu’elles contiennent. • Le courant correspond au déplacement des particules chargées électriquement qui traversent une barrière entre deux milieux de charges électriques diérentes. Plus le mouvement des particules est grand, plus le courant sera élevé. Le mouvement des particules peut être utilisé à des fns pratiques (p. ex., un courant d’électrons se crée entre les bornes positive et négative d’une pile placée dans une lampe de poche lorsque cette dernière est allumée). • La résistance est l’opposition au mouvement des particules chargées électriquement. Il s’agit de la barrière entre deux milieux qui portent une charge. Plus la résistance est grande, plus le courant est aible. La relation entre le voltage, le courant et la résistance s’exprime par la loi d’Ohm : Courant (I) = Voltage (V)/Résistance (R) Cette équation démontre que le courant est directement proportionnel au voltage et inversement proportionnel à la résistance. Ainsi, le courant augmente avec la hausse de la diérence de voltage et la diminution de la résistance. Ces concepts généraux inhérents au courant électrique s’appliquent aux neurones. Ainsi, dans le neurone : • les particules chargées électriquement sont des ions (contrairement aux piles ou à l’électricité, où il est plutôt question d’un ux d’électrons) ; • la répartition de la charge, de part et d’autre de la membrane plasmique, est inégale ; cette diérence de potentiel entre les deux milieux est appelée potentiel de membrane ; • la bicouche phospholipidique de la membrane plasmique ore une résistance, car elle empêche généralement les particules chargées électriquement de traverser librement la membrane ; • la résistance de la membrane plasmique varie en raison du type et du nombre de canaux ioniques membranaires qui s’ouvrent et se reerment ; lorsqu’ils sont ouverts, la résistance diminue et celle-ci augmente de nouveau après leur ermeture ; • un courant électrique est généré lorsque les ions chargés positivement ou négativement traversent la membrane plasmique par diusion dans les canaux ioniques ouverts.
Vérifiez vos connaissances 19. Dans le neurone, quel rôle jouent les ions, la bicouche
phospholipidique et les canaux de la membrane plas mique relativement aux concepts de courant, de voltage et de résistance ?
534 Partie III La communication et la régulation
12.6.2
Le potentiel de repos de la membrane
INTÉGRATION
2
Défnir le concept de potentiel de repos de la membrane et énoncer la valeur normale du neurone.
3
Expliquer comment le potentiel de repos de la membrane est créé et entretenu.
STRATÉGIES D’APPRENTISSAGE
L’explication suivante peut aider à comprendre ce que l’ex pression « relativement négati » signife : 100 charges positives (+) se trouvent à l’extérieur d’une membrane et 30 charges positives (+) se trouvent à l’intérieur de celleci. Ainsi, le milieu se trouvant à l’intérieur de la membrane est moins positi que le milieu extérieur, ou relativement négati par rapport au milieu se trouvant à l’extérieur de la membrane.
La différence relative entre les charges de part et d’autre de la membrane plasmique représente le potentiel de membrane. De façon plus précise, le potentiel de membrane d’une cellule excitable au repos (p. ex., des neurones, des cellules musculaires) est appelé potentiel de repos de la membrane.
dans le liquide interstitiel est supérieur au nombre d’ions positifs dans le cytosol du neurone au repos.
Un voltmètre est utilisé pour mesurer la différence de tension des deux côtés de la membrane plasmique. Pour ce faire, une microélectrode est placée dans le neurone, et une seconde, à l’extérieur de celui-ci, dans le liquide interstitiel FIGURE 12.12. Le potentiel de repos de la membrane d’un neurone est négatif ; il s’élève généralement à −70 mV, mais peut se situer entre −40 et −90 mV. Cette valeur est négative, car la charge du cytosol est relativement négative comparativement à la charge du liquide interstitiel, c’est-à-dire que le nombre d’ions positifs présents
Le potentiel de repos de la membrane est principalement le résultat de la perméabilité de la membrane aux ions. Il est surtout créé grâce aux canaux ioniques à fonction passive (à K+ et à Na+) et entretenu par l’activité des pompes à Na+-K+ de la membrane plasmique.
12.6.2.1 La création et l’entretien du potentiel
de repos de la membrane
Le rôle du potassium La diffusion du K+ constitue le facteur le plus important dans l’établissement de la valeur du potentiel de repos de la membrane. Par ailleurs, le mouvement des ions K+ dépend de leur gradient de
−70 mV ++++++++++ – – – – – – – – – –
– – – – – – – – – – ++++++++++
−70 mV
Voltmètre
Canal ionique à Canal ionique à Pompe à fonction passive à Na+ fonction passive à K+ Na+-K+ Cl−
Na+ Liquide interstitiel Plus forte concentration en Na+ et en Cl−
Microélectrode +++
++
++
–––
––
––
++
+++
+++
––
–––
–––
+
+
Membrane plasmique Cytosol Plus forte concentration en K+, en phosphate inorganique (Pi) et en protéines
––––
−70 mV K+ ADP
Pi
Protéine
ATP
FIGURE 12.12 Production et conservation du potentiel de repos de la membrane ❯ L’établissement du potentiel de repos de la membrane à −70 mV dépend du déplacement, par les canaux ioniques à onction passive, des ions K+ et, dans une moindre mesure, de la diusion des
ions Na+. La pompe à Na+K+ joue un rôle essentiel dans la création et le maintien du potentiel de repos, puisqu’elle maintient les gradients de concentration ionique.
Chapitre 12 Le système nerveux : le tissu nerveux 535
concentration. Les ions K+ se trouvant en plus grande concentration dans le cytoplasme ont tendance à diffuser vers l’extérieur du neurone, dans le liquide interstitiel, par les canaux ioniques à fonction passive, dans le sens du gradient de concentration. Cette diminution du nombre d’ions K+ fait en sorte que la cellule est composée d’une plus grande proportion de composants chargés négativement (p. ex., le phosphate, les protéines). Ces composants demeurent dans la cellule, car ils sont trop gros pour pouvoir traverser la membrane plasmique. Le déplacement des ions K+ est toutefois contrebalancé par le gradient électrique. En effet, la charge positive du milieu extracellulaire repousse les ions K+, alors que la charge négative dans la cellule les attire. Ainsi, le déplacement des ions K+ est facilité par leur gradient de concentration, mais il est ralenti par leur gradient électrique. À mesure que les ions K+ se déplacent vers l’extérieur du neurone, l’intérieur de ce dernier porte une charge de plus en plus négative, ce qui amplie l’attraction des ions K+ vers l’intérieur de la cellule. Le gradient chimique qui permet aux ions K+ de sortir du neurone devient éventuellement égal au gradient électrique qui s’oppose à ce déplacement des ions. L’équilibre est alors atteint. S’il n’y avait que des canaux ioniques à fonction passive à K+ dans le neurone, le déplacement de ces ions entraînerait alors un potentiel de repos de la membrane de −90 mV.
fonction passive à Na+ dans le sens du gradient de concentration. Ces ions sont également attirés dans la cellule par un gradient électrique. Ces deux gradients contribuent donc au déplacement des ions Na+ du liquide interstitiel vers l’intérieur du neurone. Cependant, le nombre restreint de canaux ioniques à fonction passive à Na+ freine la quantité d’ions Na+ qui se déplacent vers le cytoplasme. Il y a donc toujours plus d’ions K+ qui se déplacent vers l’extérieur de la cellule que d’ions Na+ qui y entrent.
Le rôle des pompes à sodium-potassium Les pompes à Na+-K+ jouent un rôle modeste dans la création du potentiel de membrane, soit environ 3 des −70 mV FIGURE 12.13. Toutefois, leur activité permet d’entretenir ce
Le rôle du sodium Le potentiel de repos de la membrane d’un neurone est généralement de −70 mV. La différence entre le −90 mV créé par le déplacement des ions K+ et le potentiel de repos de −70 mV est principalement attribuable au déplacement des ions Na+. Les ions Na+, présents en concentration plus importante dans le milieu extracellulaire, pénètrent dans la cellule par les canaux ioniques à
FIGURE 12.13 Changements du potentiel de repos de la membrane
❯
A. Le potentiel de repos de la membrane des neurones est de −70 mV. Il y a B. dépolarisation quand le potentiel membranaire diminue en deçà de −70 mV (p. ex., −60 mV) à cause de l’ouverture des canaux ioniques
(ligand-dépendants ou voltage-dépendants) et C. hyperpolarisation quand le potentiel membranaire s’élève au-dessus de −70 mV (p. ex., −80 mV) en raison de l’ouverture des canaux ioniques à K+ (ligand-dépendants ou voltage-dépendants) ou des canaux ioniques à Cl− ligand-dépendants.
536 Partie III La communication et la régulation
potentiel de repos de la membrane en entraînant la sortie d’un plus grand nombre d’ions Na+ comparativement à l’entrée d’ions K+ dans le neurone. La section 4.3.3 précisait que trois ions Na+ sortent de la cellule chaque ois que deux ions K+ y entrent, pour un rapport de 3:2. Pour chaque échange de ce type, une molécule d’ATP subit une dégradation. Une grande quantité d’énergie est nécessaire pour alimenter les nombreuses pompes à Na+-K+ de la membrane plasmique du neurone ; cette quantité représente d’ailleurs près des deux tiers de la dépense énergétique du neurone.
L’entretien du potentiel de membrane Le rôle principal des pompes à Na+-K+ est de maintenir le potentiel de repos de la membrane à la suite du déplacement des ions Na+ et K+ par les canaux ioniques à onction passive. Ces pompes rétablissent également l’équilibre chimique du neurone à la suite du passage de l’inux nerveux.
INTÉGRATION
STRATÉGIES D’APPRENTISSAGE
Le neurone peut être comparé à un « bateau qui ait eau », avec des substances qui y pénètrent (Na+) et d’autres qui s’en échappent (K+) ; ce bateau est équipé de pompes (pompes à Na+K+) qui dépensent de l’énergie pour maintenir la quantité adéquate de Na+ et de K+ de chaque côté.
Vériiez vos connaissances
12.6.3.1 La dépolarisation et l’hyperpolarisation Lorsque les neurones sont stimulés, les canaux ioniques liganddépendants et voltage-dépendants s’ouvrent, entraînant un changement du ux ionique de part et d’autre de la membrane, ce qui modife le potentiel de repos de la membrane. Cela provoque une dépolarisation ou une hyperpolarisation du neurone selon le type d’ions qui se déplacent et le sens dans lequel ils se déplacent (voir la fgure 12.13). La dépolarisation survient lorsque l’intérieur de la cellule porte une charge plus positive (ou dont la valeur négative est moins élevée) que le potentiel de repos de la membrane (p. ex., de −70 à −60 mV). Il y a dépolarisation des neurones lorsque les canaux ioniques à onction active (p. ex., les canaux ioniques à Na+ voltage-dépendants) s’ouvrent et permettent aux ions Na+, lesquels sont chargés positivement, d’entrer dans le neurone (voir la fgure 12.13B). L’entrée de ces ions positis ait en sorte que la charge du neurone devient à son tour plus positive qu’auparavant (ou moins négative). L’hyperpolarisation survient lorsque l’intérieur de la cellule porte une charge plus négative (p. ex., de −70 à −80 mV) que le potentiel de repos de la membrane. Il y a hyperpolarisation des neurones lorsque les canaux ioniques à K+ ligand-dépendants ou voltagedépendants s’ouvrent et laissent sortir les ions K+, lesquels sont chargés positivement, ou lorsque les canaux ioniques à Cl− liganddépendants s’ouvrent et laissent entrer les ions Cl−, lesquels sont chargés négativement (voir la fgure 12.13C). La perte d’ions chargés positivement (K+) ou le gain d’ions chargés négativement (Cl−) ont en sorte que la cellule devient plus négative qu’auparavant.
20. Quelle est la onction principale des pompes à Na+K+
dans le potentiel de repos de la membrane ?
12.6.3
La modifcation du potentiel de repos de la membrane
4
Expliquer le concept de dépolarisation et celui d’hyperpolarisation.
5
Comparer le potentiel gradué et le potentiel d’action, puis les distinguer.
La variation du potentiel de repos de la membrane constitue un préalable pour qu’un neurone soit excité et qu’il transmette un inux nerveux. Il est question dans cette section de la açon dont le potentiel de repos de la membrane varie durant les phases de dépolarisation et d’hyperpolarisation ainsi que de la açon dont cette variation élec trique devient un courant local (potentiel gradué) ou un courant qui peut se propager sur une grande distance (potentiel d’action).
À votre avis 1. L’ouverture des canaux ioniques à onction active à Na+
aitelle en sorte que le potentiel de membrane devient plus positi ou plus négati ? Justifez votre réponse.
12.6.3.2 Le potentiel gradué et le potentiel d’action La variation du voltage peut se produire sous orme d’un potentiel gradué (ou local) ou d’un potentiel d’action. Ces deux types de potentiels sont décrits ci-dessous et résumés dans le TABLEAU 12.3. Les potentiels gradués (ou locaux) sont de petites modifcations du potentiel de membrane qui surviennent dans la partie réceptrice du neurone (dendrites et corps cellulaire). Ces modifcations sont attribuables à la stimulation du neurone à la suite de la réception de molécules-signaux (ligands) ou par une perturbation mécanique, thermique ou lumineuse qui provoque l’ouverture de canaux ioniques. Selon le type de canal qui s’ouvre, le potentiel gradué peut être soit une dépolarisation, soit une hyperpolarisation. Si un stimulus déclenche l’ouverture de canaux ioniques à Na+, la diusion de ces ions dans la cellule cause une dépolarisation. Au contraire, si le stimulus déclenche l’ouverture de canaux ioniques à K+ ou à Cl−, une hyperpolarisation se produit. L’amplitude d’un potentiel gradué dépend de l’intensité du stimulus. Cependant, l’eet de plusieurs potentiels gradués peut se cumuler et ainsi en augmenter l’amplitude ; il s’agit d’un phénomène appelé sommation. La sommation se produit chaque ois que deux ou plusieurs stimulus agissent sur le neurone dans un laps de temps très court. Beaucoup de canaux ioniques à Na+ s’ouvrent, et ceci produit un potentiel gradué accru. Les potentiels gradués se propagent le long de la membrane plasmique des dendrites et du corps cellulaire en diminuant d’amplitude de açon progressive. En eet, à mesure que les ions
Chapitre 12 Le système nerveux : le tissu nerveux 537
TABLEAU 12.3
a
Caractéristiques du potentiel gradué et du potentiel d’action
Caractéristique
Potentiel gradué
Potentiel d’action
Partie du neuronea
Dendrites et corps cellulaire
Axone
Canaux ioniques
Canaux ligand dépendants ou sen sibles à d’autres stimulus (mécanique, thermique, etc.)
Canaux voltagedépendants
Sens de la varia tion de tension
Positif ou négatif
Positif, puis négatif
Importance de la variation de voltage
Variation relativement petite
Variation relativement grande entraînant une inversion temporaire de la polarité
Degré de la varia tion de voltage
En fonction de la force du stimulus
Aucune variation en général
Durée
1 ms à quelques ms
Temps nécessaire pour parcourir l’axone
Variation de l’intensité
Diminution en fonction de la distance
Intensité constante en raison de l’ouverture et de la fermeture successives continues des canaux voltage dépendants
Emplacement le plus courant selon le type de potentiel
se déplacent, plusieurs uient à travers la membrane plasmique, et le potentiel de membrane se rétablit rapidement, alors que le cytosol oppose une certaine résistance aux mouvements des ions. Cette résistance s’établit par la présence d’un gradient de concentration et celle des canaux membranaires. Un potentiel gradué ne peut se propager au-delà de quelques millimètres. Au mieux, il peut se rendre à la zone gâchette de l’axone et possiblement générer un inux nerveux. Les caractéristiques des potentiels gradués peuvent se résumer ainsi : • La variation de voltage peut aire en sorte que l’intérieur du neurone devienne soit plus positi qu’avant (dépolarisation), soit plus négati (hyperpolarisation), selon le type de canaux qui s’ouvrent, et donc selon le type d’ions qui entrent ou qui sortent de la cellule. • Le degré de variation de voltage dépend de la orce du stimulus ; il est donc gradué. Plus le stimulus est ort, plus le nombre de canaux ioniques (ligand-dépendants ou autres) qui s’ouvrent est élevé, donc plus le nombre d’ions qui traversent la membrane est élevé. • L’intensité du potentiel gradué diminue proportionnellement à la distance qu’il parcourt le long de la membrane plasmique du neurone. Cette perte de charge est principalement attribuable à la résistance du cytosol qui s’oppose au déplacement des ions.
• Le potentiel gradué est de courte durée, de une à quelques millisecondes, soit du moment où les canaux s’ouvrent jusqu’à ce que le courant des ions locaux soit interrompu. Le potentiel d’action est créé dans la zone gâchette, qui comporte le cône d’implantation et le segment initial du neurone, et se propage le long de l’axone. La propagation des potentiels d’action est également assurée le long du sarcolemme des cellules musculaires (voir la section 10.3.2). Le potentiel d’action est attribuable à l’ouverture des canaux ioniques voltagedépendants à la suite d’une variation de voltage. La variation minimale nécessaire pour ouvrir les canaux ioniques voltagedépendants porte le nom de seuil d’excitation. Ce seuil se situe à environ −55 mV pour la majorité des cellules excitables. Tout voltage inérieur à cette valeur s’avère donc insufsant pour aire ouvrir les canaux ; il est alors question de valeur infralimi naire. Le cas échéant, les canaux ioniques voltage-dépendants demeurent ermés. Lorsque le seuil d’excitation est atteint, touteois, les canaux s’ouvrent et restent ouverts assez longtemps pour que le potentiel de membrane soit inversé. Par exemple, lorsque les canaux ioniques à Na+ voltage-dépendants s’ouvrent, sufsamment d’ions Na+ pénètrent dans le neurone pour que la charge de ce dernier devienne relativement positive. Ce courant d’ions Na+ se déplace le long de la membrane plasmique vers les emplacements adjacents, puis les canaux ioniques à Na+ voltage-dépendants s’ouvrent à ces endroits. L’ouverture successive de ces canaux se poursuit sur toute la longueur de l’axone où chaque canal laisse entrer tout juste assez d’ions Na+ pour que le potentiel de membrane du neurone soit inversé. L’ouverture en série des canaux ioniques à Na+ voltagedépendants est suivie de l’ouverture en série des canaux ioni ques à K+ voltage-dépendants, ce qui entraîne le déplacement des ions K+ hors du neurone de manière à ce que la membrane retrouve son potentiel de repos. Donc, le potentiel d’action : • ait intervenir une inversion temporaire de la polarité de la membrane plasmique au moment où l’intérieur de l’axone devient relativement positi et que l’extérieur devient relativement négati ; cette inversion est suivie d’un retour au potentiel de repos de la membrane (l’intérieur du neurone redevient relativement négati) ; • est autopropagé et conserve son intensité (diérence de charge) jusqu’au bouton synaptique en raison de l’ouverture et de la ermeture successives des canaux ioniques voltagedépendants ; • obéit à la loi du tout ou rien ; ainsi, si le seuil d’excitation (−55 mV) est atteint, le potentiel d’action est transmis, mais s’il n’est pas atteint, aucun potentiel d’action ne peut se propager ; il est important de noter que tous les potentiels d’action ont la même intensité lorsqu’ils sont soumis aux mêmes conditions.
Vérifiez vos connaissances 21. Qu’estce qui provoque la dépolarisation et
l’hyperpolarisation du neurone ? 22. En quoi le potentiel gradué diffèretil du potentiel
d’action quant au type de canaux en cause ? Où ces potentiels se produisentils dans le neurone ?
538 Partie III La communication et la régulation
12.7 La physiologie
des différentes parties fonctionnelles du neurone
Divers événements physiologiques surviennent dans les diérentes parties onctionnelles du neurone, de la stimulation initiale des dendrites et du corps cellulaire à la libération d’un neurotransmetteur par les boutons synaptiques. La FIGURE 12.14 présente un survol des événements qui ont lieu dans la partie réceptrice, dans la zone gâchette ainsi que dans les parties conductrice et sécrétrice du neurone.
12.7.1
La partie réceptrice
1
Défnir le potentiel postsynaptique.
2
Comparer l’action des neurotransmetteurs excitateurs à celle des neurotransmetteurs inhibiteurs dans la création des potentiels postsynaptiques dans la partie réceptrice du neurone, puis distinguer les deux types de neurotransmetteurs.
3
Représenter et expliquer les potentiels postsynaptiques excitateur et inhibiteur.
La FIGURE 12.15 illustre une série de neurones présynaptiques à proximité d’un neurone postsynaptique. Entre les deux se trouve
une ente synaptique, soit un espace rempli de liquide interstitiel. Chaque neurone présynaptique libère un neurotransmetteur qui se lie à des récepteurs situés dans la partie réceptrice d’un neurone postsynaptique, soit les dendrites et le corps cellulaire de ce dernier. Ces récepteurs jouent également le rôle de canaux ioniques ligand-dépendants. Ces canaux ioniques à onction active de la partie réceptrice s’ouvrent au moment de la liaison du neurotransmetteur. Ensuite, des ions donnés traversent la membrane, ce qui entraîne la création d’un potentiel gradué dans le neurone postsynaptique. Ce potentiel local constitue une légère variation de charge du potentiel de repos de la membrane. Les potentiels gradués qui surviennent dans les neurones postsynaptiques sont appelés potentiels postsynaptiques. Généralement, bon nombre de ces potentiels sont créés, car les neurones postsynaptiques peuvent se lier à plusieurs neurotransmetteurs au même moment. Ainsi, l’eet de plusieurs potentiels gradués se cumule ; ce processus se nomme sommation. Le potentiel gradué dépend toujours du type de neurotransmetteurs libérés par le neurone présynaptique. Si le neurotransmetteur est excitateur, il provoquera l’ouverture d’un canal à Na+, par exemple, et excitera le neurone postsynaptique. Il s’agit alors d’un potentiel postsynaptique excitateur. En contrepartie, si le neurotransmetteur est inhibiteur, il provoquera l’ouverture d’un canal à K+, à Cl- ou les deux et empêchera la création du potentiel gradué. Il s’agit alors d’un potentiel postsynaptique inhibiteur.
12.7.1.1 La production d’un potentiel
postsynaptique excitateur La libération d’un neurotransmetteur excitateur par un neurone présynaptique provoque les événements suivants (voir la fgure 12.15A) : Neurotransmetteur
1
Le neurotransmetteur excitateur traverse la ente synaptique et se lie spécifquement à un récepteur, un canal ionique à Na+ ligand-dépendant, ce qui déclenche l’ouverture de ce dernier.
2
Il y a plus d’ions Na+ qui pénètrent dans le neurone, dans le sens du gradient de concentration, qu’il n’y a d’ions K+ qui sortent du neurone.
3
En gagnant ces ions chargés positivement, l’intérieur du neurone devient temporairement un peu plus positi (ou moins négati). Cet état est appelé potentiel postsynaptique excitateur (PPSE) (voir le diagramme de la fgure 12.15A).
4
Le courant local d’ions Na+ s’aaiblit à mesure qu’il se déplace le long de la membrane plasmique jusqu’au cône d’implantation de l’axone ; plus la distance parcourue est grande, plus il perd de son intensité.
Propagation du potentiel d’action
Zone gâchette (cône d’implantation et segment initial) Partie réceptrice Liaison du neurotransmetteur libéré par le neurone présynaptique ; production de potentiels gradués
Partie conductrice
Partie sécrétrice
Propagation du potentiel d’action
Libération du neurotransmetteur induite par le potentiel d’action
Sommation des potentiels gradués ; déclenchement du potentiel d’action
FIGURE 12.14 Survol des événements physiologiques produits dans chacune des parties fonctionnelles du neurone ❯ Les diérentes parties onctionnelles sont illustrées sur un neurone multipolaire.
Chapitre 12 Le système nerveux : le tissu nerveux 539
FIGURE 12.15 Potentiels postsynaptiques de la partie réceptrice
❯ Le neurotransmet teur libéré par les neurones présynaptiques traverse la fente synaptique et pro duit un potentiel gradué (postsynaptique). A. La liaison d’un neurotransmetteur excitateur produit un potentiel postsynaptique excitateur (PPSE). B. La liaison d’un neurotransmetteur inhibiteur produit un potentiel postsynaptique inhibiteur (PPSI).
540 Partie III La communication et la régulation d’implantation. Son intensité s’aaiblit également en onction de la distance parcourue.
INTÉGRATION LIENS ENTRE LES CONCEPTS Les neurones sensitis sont uniques en ceci que leur partie réceptrice contient des canaux ioniques dont l’ouverture est contrôlée par un stimulus autre qu’un ligand ou une variation de voltage. Par exemple, les neurones sensitis de l’œil rener ment des canaux ioniques qui sont stimulés par la lumière (voir la section 16.4.3) ; les neurones sensitis de la peau (voir la section 16.2.1) contiennent des canaux stimulés par une pression mécanique, comme lorsque quelqu’un touche le bras d’une autre personne pour attirer son attention. Les termes potentiel générateur ou potentiel récepteur désignent plus particulièrement les potentiels gradués associés aux neurones sensitis.
Il n’est pas rare que des neurotransmetteurs excitateurs et inhibiteurs soient libérés par les nombreux neurones présynaptiques au même moment. Ainsi, plusieurs canaux s’ouvrent simultanément et laissent entrer et sortir des ions diérents FIGURE 12.16. De plus, un même neurone présynaptique peut stimuler le neurone postsynaptique en augmentant le rythme de libération du neurotransmetteur. Ainsi, il se produit rapidement de nombreux potentiels gradués, et le résultat qui en découle peut se résumer ainsi : plusieurs PPSE, PPSI, ou les deux, sont générés pratiquement au même moment (voir la section 12.7.2).
Le degré de variation du potentiel de repos de la membrane dépend du nombre de liaisons du neurotransmetteur par unité de temps. Plus la quantité de neurotransmetteurs excitateurs libérée par les neurones présynaptiques est grande, plus nombreux sont les canaux qui s’ouvrent dans la partie réceptrice du neurone postsynaptique et plus la charge à cet endroit devient positive : de −70 à −65 à −60 mV. Cependant, l’ouverture de milliers de canaux ioniques doit être stimulée afn de déclencher à son tour l’ouverture des canaux ioniques voltage-dépendants dans la zone gâchette (voir la section 12.7.2.) afn d’atteindre le seuil d’excitation.
À votre avis 2. La production de PPSI augmentetelle ou réduitelle
les chances qu’un inux nerveux soit émis ?
Vérifiez vos connaissances 23. Comment les potentiels postsynaptiques excita
teurs et les potentiels postsynaptiques inhibiteurs prennentils naissance dans la partie réceptrice du neurone ?
12.7.1.2 La production d’un potentiel
postsynaptique inhibiteur Le neurotransmetteur inhibiteur libéré par un neurone présynaptique provoque les événements suivants (voir la fgure 12.15B) : 1
Le neurotransmetteur inhibiteur traverse la ente synaptique et se lie spécifquement à un canal ionique à K+ ou à Cl− ligand-dépendant, selon le neurotransmetteur et les canaux présents.
2
Si le neurotransmetteur se lie à un canal ionique à K+ ligand-dépendant, ce canal s’ouvre pour laisser sortir les ions K+ du neurone dans le sens du gradient de concentration. Cela entraîne donc une perte d’ions chargés positivement. Si, au contraire, le neurotransmetteur se lie à un canal ionique à Cl− ligand-dépendant, l’ouverture de ce canal permet alors aux ions Cl− de pénétrer dans le neurone dans le sens du gradient de concentration. Le neurone gagne alors des ions chargés négativement. La quantité du neurotransmetteur présent détermine le nombre de canaux qui s’ouvriront.
3
L’intérieur de la cellule devient légèrement plus négati si les canaux ioniques à K+ ligand-dépendants s’ouvrent pour que les ions K+ s’en échappent, ou si les canaux ioniques à Cl− ligand-dépendants s’ouvrent pour que les ions Cl− pénètrent dans le neurone. Cet état temporaire au cours duquel la charge du neurone devient plus négative s’appelle le potentiel postsynaptique inhibiteur (PPSI) (voir le diagramme de la fgure 12.15B).
4
Le courant local d’ions s’aaiblit à mesure qu’il se déplace le long de la membrane plasmique jusqu’au cône
12.7.2 4
La zone gâchette
Défnir le concept de sommation et décrire les deux types de sommation qui peuvent avoir lieu dans la zone gâchette.
Les PPSE et les PPSI sont des courants ioniques locaux qui se propagent le long de la membrane plasmique vers la zone gâchette, laquelle est constituée du cône d’implantation et du segment initial. À cet endroit, les potentiels postsynaptiques gradués s’additionnent. C’est ce qui est appelé la sommation. Ainsi, cette addition des charges positives et des charges négatives détermine si le seuil d’excitation est atteint. Le seuil d’excitation de la membrane s’élève généralement à −55 mV, bien que selon le type de cellules excitables, la valeur précise de ce seuil varie légèrement. Il s’agit touteois d’une variation du potentiel de repos de la membrane de 15 mV. L’atteinte du seuil provoque l’ouverture des canaux ioniques voltage-dépendants et la création d’un potentiel d’action qui se propage le long de l’axone. Un seul PPSE ne permet pas au neurone postsynaptique d’atteindre le seuil d’excitation. De plus, le PPSI annule l’eet des PPSE. Ainsi, la simultanéité de ces potentiels entraîne une véritable lutte qui déterminera si le seuil d’excitation sera atteint ou non. De nombreux PPSE (généralement des milliers) doivent donc être produits et doivent atteindre la zone gâchette au même moment, ou pratiquement au même moment, pour que le seuil d’excitation soit atteint.
Chapitre 12 Le système nerveux : le tissu nerveux 541
PPSI
Neurone Bouton Axones postsynaptique synaptique présynaptiques
PPSE
Axones du neurone présynaptique Dendrites Corps cellulaire du neurone postsynaptique
MEB 80 000 x
Gaine de myéline
Axone
Axones du neurone présynaptique
FIGURE 12.16 Neurones présynaptiques et leur neurone postsynaptique ❯ L’illustration et la photographie montrent de nombreux axones de neurones présynaptiques ainsi que la partie réceptrice d’un neurone postsynaptique. Cet arrangement permet
Le seuil d’excitation peut être atteint grâce à deux types de sommation, la sommation spatiale et la sommation temporelle, lesquelles peuvent agir de concert en vue de produire un eet donné. • La sommation spatiale survient lorsque de multiples neurones présynaptiques libèrent un neurotransmetteur à divers endroits de la partie réceptrice du neurone postsynaptique, ce qui produit des PPSE, des PPSI ou les deux types de potentiels FIGURE 12.17A. Si un nombre sufsant de PPSE est généré et que le seuil d’excitation est atteint, un potentiel d’action est alors produit. • La sommation temporelle survient lorsqu’un seul neurone présynaptique libère un neurotransmetteur en vue de stimuler le neurone postsynaptique toujours au même endroit et à plusieurs reprises en très peu de temps (voir la fgure 12.17B). Si les PPSE qui en résultent atteignent la zone gâchette de l’axone dans un court laps de temps, ces deux potentiels s’additionnent (le PPSE dure généralement environ 15 ms). Finalement, un potentiel d’action est produit si le seuil d’excitation est atteint. La loi du tout ou rien (voir la section 10.6.2) s’applique aux potentiels d’action qui se propagent le long de la membrane plasmique des neurones. Si le seuil d’excitation est atteint, le potentiel d’action se déplace le long de l’axone sans perdre de son intensité. Touteois, si seule une valeur inraliminaire est atteinte, le potentiel d’action ne se propagera pas. De plus, les valeurs supérieures au seuil d’excitation entraînent toujours une réponse de même intensité. La zone gâchette tient d’ailleurs son nom du
la libération des neurotransmetteurs par un grand nombre de neurones présynaptiques ainsi que la production subséquente et simultanée des PPSE et des PPSI dans le neurone postsynaptique.
ait que son onctionnement s’apparente à celui d’une arme à eu. En eet, lorsqu’une pression sufsante est exercée sur la gâchette d’un usil, la balle contenue dans l’arme est expulsée du canon, mais si la pression est insufsante, il est impossible de aire eu.
INTÉGRATION
STRATÉGIES D’APPRENTISSAGE
Pour bien vous représenter les diérents types de sommation, imaginez que vous lancez des pierres dans une piscine. Le seuil d’excitation est représenté par l’eau qui déborde à une extrémité de la piscine (neurone postsynaptique). Vous vous tenez à l’autre bout de la piscine et vous êtes un neurone pré synaptique unique. Quand vous lancez une pierre dans la piscine, vous créez une petite vague, un PPSE, insufsante pour aire déborder l’eau à l’autre extrémité de la piscine (seuil d’excitation non atteint). Il y aura sommation spatiale si vous êtes plusieurs per sonnes à lancer des pierres un peu partout dans la piscine. Les vaguelettes collectives qui s’additionnent eront déborder l’eau au bout de la piscine (seuil d’excitation atteint). Quant à la sommation temporelle, vous pourrez l’illustrer en lançant des pierres de açon rapide et répétée au même endroit de la piscine, de sorte que les vaguelettes s’addition neront pour aire déborder l’eau à l’autre bout de la piscine (seuil d’excitation atteint).
542 Partie III La communication et la régulation
Sommation temporelle Zone gâchette
Potentiel d’action
0 P4 P5
–55 P1
P2 P3
Seuil d’excitation
–70
Cône d’implantation
Potentiel de membrane (mV)
Potentiel de membrane (mV)
Sommation spatiale +30
+30 Potentiel d’action
0 P2
Seuil d’excitation
–55 –70
Temps (ms)
Temps (ms)
Axone d’un neurone présynaptique (P2)
Dendrites Corps cellulaire du neurone postsynaptique
Neurone postsynaptique
P1
P2
P2
Gaine de myéline P3
PPSE
P4
P5
Axone
Axone
PPSE
Axones des neurones présynaptiques (P), (P1-P5) A. Sommation spatiale
B. Sommation temporelle
FIGURE 12.17 Sommation et zone gâchette
❯ La sommation correspond à l’intégration des eets des potentiels postsynaptiques qui parvien nent au cône d’implantation ; il y a A. la sommation spatiale au cours de laquelle interviennent les potentiels postsynaptiques
Dans le même ordre d’idées, la balle se déplace toujours à la même vitesse, même si la pression exercée sur la gâchette est supérieure à celle nécessaire pour faire feu.
Vérifiez vos connaissances 24. Dans quelle mesure le seuil d’excitation de la
membrane estil important dans la zone gâchette du neurone ?
12.7.3
La partie conductrice
5
Décrire les étapes de la création d’un inux nerveux ainsi que sa propagation le long de l’axone.
6
Illustrer et expliquer les variations électriques que subit un axone.
7
Défnir le concept de période réractaire, puis distinguer la période réractaire absolue et la période réractaire relative qui interviennent dans la transmission d’un potentiel d’action.
déclenchés par plusieurs neurones (P1P5) ; et B. la sommation temporelle due aux potentiels postsynaptiques créés par la stimu lation rapide venant d’un neurone présynaptique (P2). Les eets négatis des PPSI ne sont pas montrés.
La partie conductrice correspond à toute la longueur de l’axone. La zone gâchette et l’axone contiennent des canaux ioniques à Na+ et à K+ voltage-dépendants. La principale fonction de l’axone est la propagation des potentiels d’action. À cet égard, un potentiel d’action parcourt l’axone lorsque le seuil d’excitation est atteint dans la zone gâchette. Le potentiel d’action compte trois étapes : la dépolarisation, qui fait en sorte que l’axone devient plus positif en raison d’un apport en ions Na+, la repolarisation, soit le moment où le neurone revient à son potentiel de repos attribuable à une perte d’ions K+, et l’hyperpolarisation, qui correspond à une perméabilité accrue de la membrane plasmique aux ions K+ et un potentiel de membrane inférieur à la normale FIGURE 12.18. La propagation d’un potentiel d’action est appelée infux nerveux (voir la fgure 12.18A).
12.7.3.1 La dépolarisation et sa propagation La dépolarisation constitue une variation, à la hausse, du potentiel de membrane grâce à l’intervention des canaux ioniques à Na+ voltage-dépendants présents dans la membrane plasmique de l’axone (voir la fgure 12.18B). Normalement, ces canaux sont fermés. Le processus de dépolarisation commence lorsque les
Chapitre 12 Le système nerveux : le tissu nerveux 543
canaux ioniques à Na+ voltage-dépendants situés dans le segment initial de la zone gâchette (le neurone passe de l’état de repos à l’état d’activation) s’ouvrent sous l’eet de l’arrivée du potentiel gradué. L’ouverture des canaux ioniques à Na+ voltage-dépendants provoque l’entrée rapide des ions Na+ dans le neurone , ce qui permet d’atteindre le seuil d’excitation d’environ - 55 mV. Ces canaux ne demeurent ouverts qu’un bre instant avant de se reermer, aisant ainsi passer le neurone de l’état d’activation à l’état temporaire d’inactivation. Sufsamment d’ions Na+ entrent dans le neurone pour rendre l’axone positi (30 mV, bien que la valeur exacte puisse varier de 0 à 50 mV) et donner lieu à une dépolarisation. Le déplacement des ions Na+ est extrêmement subtil et correspond à une variation de la concentration en ions Na+ d’environ 0,01 %. Cette variation est touteois sufsante, car la dépolarisation ne touche que la membrane plasmique. La propagation de la dépolarisation nécessite l’ouverture consécutive des canaux ioniques à Na+ voltage-dépendants situés le long de l’axone. Le ux d’ions Na+ qui pénètre dans la cellule ait en sorte que les structures adjacentes à la membrane plasmique de l’axone situées en aval du corps cellulaire atteignent elles aussi le seuil d’excitation. Les canaux ioniques à Na+ voltage-dépendants qui se trouvent dans ces régions s’ouvrent à leur tour. La dépolarisation des régions adjacentes se répète rapidement le long de la membrane plasmique vers les boutons synaptiques. Les potentiels d’action ne stimulent pas les structures en amont de l’axone, car les canaux ioniques à Na+ voltagedépendants situés à cet endroit sont temporairement en phase d’inactivation. En somme, la propagation de la dépolarisation est comparable au phénomène du domino. Lorsque le premier domino bascule, il provoque la chute de tous les dominos qui suivent, et ce, jusqu’au dernier de la série. Les anesthésiques locaux administrés par injection pour soulager la douleur généralement causée par les interventions
++++
–––
++
––
Influx nerveux : propagation du potentiel d’action +
+
++++++++++++––––+++++++++++++++++++++++
Cône – –––––––––––––++++–––––––––––––––––––––––– d’implantation de l’axone – – – – – – – – – – – – – – + + + + – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – – –
– ++ + + + + + + + + + + + – – – – + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + + – – – – ++ Repolarisation Dépolarisation
+ ++++
A. Dépolarisation : les canaux ioniques à Na+ voltage-dépendants passent par les étapes suivantes : ouverture, fermeture (inactivation), fermeture (repos). Liquide interstitiel
Na+
+ + + + + + + + + + + + + + – –
– – – – – – – – – – – – – –
Cytosol
Fermeture Fermeture (inactivation) (repos)
Une toxine est une substance nocive synthétisée par un orga nisme. Il s’agit habituellement d’une protéine qui cause une maladie ou qui provoque la mort cellulaire lorsqu’elle interagit avec les récepteurs protéiques de la membrane plasmique. Cette interaction peut déclencher une grande variété d’eets, allant d’une gêne légère jusqu’à la mort. Certaines toxines sont des neurotoxines, ce qui signife qu’elles modifent l’acti vité normale des neurones. Plus précisément, les neurotoxines interagissent avec les protéines réceptrices de la membrane plasmique des neu rones. Elles perturbent ainsi l’activité des canaux ioniques voltagedépendants et empêchent les neurones de déclen cher des potentiels d’action ou de se repolariser après un potentiel d’action. Dans les deux cas, le onctionnement du système nerveux est perturbé. Les bloqueurs des canaux sodiques, comme la tétrodotoxine (trouvée chez certains pois sons, des amphibiens et même certains vers), et des canaux potassiques, comme l’agitoxine des scorpions, sont des exemples de neurotoxines.
– – + + + + + + + + +
+ + 30
+ −55 – −70 – – – – mV mV mV Ouverture Fermeture (activation) (repos)
B. Lorsque le seuil d’excitation est atteint, les canaux ioniques à Na+ s’ouvrent et les ions Na+ diffusent vers l’intérieur du neurone. La polarité est alors inversée.
Repolarisation : les canaux ioniques à K+ voltage-dépendants passent par les étapes suivantes : ouverture, fermeture.
INTÉGRATION APPLICATION CLINIQUE
Les effets des neurotoxines
– – –
K+ + + + + + + + + + + + +
– – – – – – – – – −70 – mV
Fermeture
+ + – – – – – – – – – + + + + + + + +
– + + 30 + + + + + – – – – – – – – mV
Ouverture
Fermeture
C. Les canaux ioniques à K+ s’ouvrent et laissent sortir les ions K+ par diffusion. Il y a alors retour au potentiel de repos de la membrane.
FIGURE 12.18 Propagation des potentiels d’action
❯ A. Le potentiel d’ac tion est propagé le long de l’axone. La propagation du potentiel d’action est appelée inux nerveux. B. La dépolarisation et sa pro pagation exigent l’ouverture consécutive des canaux ioniques à Na+ voltagedépendants situés le long de l’axone. Sufsamment d’ions Na+ pénètrent dans l’axone pour en inverser la polarité. C. La repo larisation et sa propagation surviennent à la suite de l’ouverture con sécutive des canaux ioniques à K+ voltagedépendants situés le long de l’axone qui suit de près la dépolarisation. Sufsamment d’ions K+ sortent de l’axone pour que ce dernier retrouve son potentiel de repos.
544 Partie III La communication et la régulation
la repolarisation correspond à l’action de relever tous les dominos pour pouvoir les aire basculer de nouveau.
médicales locales (p. ex., des points de suture, un plombage), comme la lidocaïne, empêchent l’ouverture des canaux ioniques à Na+ voltage-dépendants et interrompent la création de l’inux nerveux. Ainsi, s’il n’y a pas d’entrée d’ions Na+, il n’y a pas génération d’inux nerveux sur l’axone, et donc aucun message de douleur n’est perçu par le SNC. Aussi, le simple ait d’appliquer de la glace sur une blessure contribue à réduire la douleur en ralentissant l’ouverture des canaux ioniques à Na+ et, par le ait même, la transmission des potentiels d’action générés par les stimulus douloureux.
12.7.3.3 L’hyperpolarisation et le retour au potentiel
de repos de la membrane Généralement, les canaux ioniques à K+ voltage-dépendants sont ouverts plus longtemps qu’il ne leur aut pour retrouver leur potentiel de repos (−70 mV). Pendant ce court instant, la charge à l’intérieur du neurone est inérieure au potentiel de repos de la membrane. Le neurone est alors hyperpolarisé. L’action des pompes à Na+-K+ qui suit la ermeture des canaux ioniques à K+ voltage-dépendants permet de rétablir les concentrations ioniques normales et le potentiel de repos. Le neurone retrouve alors son équilibre chimique et électrique. Les changements électriques attribuables au potentiel d’action sont illustrés et décrits dans la FIGURE 12.19.
12.7.3.2 La repolarisation La repolarisation consiste à ramener le neurone à son potentiel de repos initial grâce aux canaux ioniques à K+ voltagedépendants situés dans la membrane plasmique de l’axone (voir la fgure 12.18C). Ces canaux sont généralement ermés, mais lorsque le seuil d’excitation est atteint, ils s’ouvrent. Les canaux ioniques à K+ s’ouvrent plus lentement que les canaux ioniques à Na+ et ne sont complètement ouverts qu’à la fn de la dépolarisation. Au moment de la repolarisation, sufsamment d’ions K+ sortent rapidement du neurone pour que l’axone devienne négati et que le neurone retrouve son potentiel de repos (−70 mV). La repolarisation ait passer les canaux ioniques à Na+ voltage-dépendants de l’état d’inactivation à l’état de repos, permettant ainsi à ces canaux de s’ouvrir de nouveau en vue de transmettre un nouvel inux nerveux.
12.7.3.4 La période réfractaire La période réfractaire correspond au court laps de temps qui suit la production d’un potentiel d’action et au cours duquel l’axone est incapable de générer un second potentiel d’action, ou lorsqu’il nécessite une stimulation plus orte que d’habitude pour y arriver. Pendant cette période, la membrane plasmique excitable récupère et se prépare à répondre à un autre stimulus. La période réractaire comporte deux phases, soit la période réractaire absolue et la période réractaire relative FIGURE 12.20. La période réfractaire absolue correspond à la courte période (environ 1 ms) suivant la production d’un potentiel d’action au
La repolarisation a lieu lorsque les canaux ioniques à K+ voltage-dépendants situés le long de l’axone, dans les régions adjacentes, s’ouvrent à tour de rôle. Dans l’analogie des dominos,
1
2
3
4
5
6
Potentiel de membrane (mV)
+30 +10
1
L’axone n’est pas stimulé et possède un potentiel de repos de la membrane de −70 mV.
2
Les potentiels gradués atteignent le cône d’implantation de l’axone et s’additionnent.
3
La dépolarisation a lieu lorsque le seuil d’excitation est atteint (à −55 mV). Les canaux ioniques voltage-dépendants s’ouvrent, et les ions Na+ pénètrent rapidement dans le neurone, ce qui inverse sa polarité qui passe de −55 à +30 mV.
4
La repolarisation survient à la suite de la fermeture des canaux ioniques à Na+ voltage-dépendants (phase d’inactivation) et de l’ouverture de ceux à K+. Les ions K+ passent de la cellule au liquide interstitiel, puis la polarité redevient négative (de +30 à −70 mV).
5
L’hyperpolarisation survient lorsque les canaux ioniques à K+ voltage-dépendants demeurent ouverts même une fois le potentiel de repos de la membrane atteint. Au cours de cette période, le potentiel de membrane est inférieur au potentiel de repos de −70 mV.
6
Les canaux ioniques à K+ voltage-dépendants se referment, puis la membrane plasmique revient à la phase de repos grâce aux pompes à Na+-K+
0 –10 –30 Seuil d’excitation –50 –70 –90
Potentiel de repos de la membrane 0
1 Temps (ms)
2
3
FIGURE 12.19 Phases du potentiel d’action
❯ Voici une illustration des variations de voltage de la membrane, en millivolts, attribuables à la production d’un potentiel d’action dans la zone gâchette. Ces variations ne surviennent
qu’en quelques millisecondes et résultent de l’ouverture ou de la fermeture des canaux ioniques à Na+ ou à K+ voltagedépendants, lesquels sont situés dans la membrane de l’axone.
Chapitre 12 Le système nerveux : le tissu nerveux 545
FIGURE 12.20 Périodes réfractaires
❯ La période réfractaire absolue correspond à la pé riode qui s’étend du début de la dépola risation jusqu’à ce que la repolarisation soit pratiquement terminée. Au cours de cette période, il est impossible de géné rer un second potentiel d’action, même si le stimulus est très puissant. La période réfractaire relative, quant à elle, est la pé riode qui survient immédiatement après la période réfractaire absolue. Au cours de celleci, il est possible de générer un autre potentiel d’action à condition que le stimu lus soit plus fort que le seuil d’excitation, car le neurone est hyperpolarisé.
cours de laquelle aucun stimulus, aussi fort soit-il, ne peut entraîner la production d’un second potentiel d’action. Pendant ce moment, les canaux ioniques à Na+ voltage-dépendants sont d’abord ouverts avant de se refermer lorsqu’ils entrent en phase d’inactivation. La phase d’inactivation se poursuit généralement jusqu’à ce que la membrane retrouve son potentiel de repos grâce à la repolarisation. Conséquemment, au cours de la période réfractaire absolue, aucune variation de voltage dans la membrane plasmique d’un axone ne peut provoquer l’ouverture des canaux ioniques à Na+ voltage-dépendants pour générer le prochain potentiel d’action. Finalement, la période réfractaire absolue fait en sorte que le potentiel d’action est transmis le long de l’axone dans une seule direction, soit vers les boutons synaptiques. La période réfractaire relative a lieu tout de suite après la période réfractaire absolue. Pendant cette période, un autre potentiel d’action peut être généré dans un axone à condition que la stimulation de sa membrane soit supérieure, soit sufsamment importante pour dépasser le seuil d’excitation. Le cas échéant, les canaux ioniques à Na+ voltage-dépendants retrouvent leur état de repos, mais le neurone est légèrement hyperpolarisé parce que les canaux ioniques à K+ voltagedépendants sont restés ouverts un peu plus longtemps pendant la phase de repolarisation.
Vérifiez vos connaissances 25. Comment surviennent la dépolarisation et la
repolarisation dans la partie conductrice du neurone ?
12.7.4
La partie sécrétrice
8
Décrire les événements qui surviennent lorsque le potentiel d’action atteint la partie sécrétrice du neurone.
9
Expliquer le rôle des ions Ca2+ dans la libération des neurotransmetteurs.
La partie sécrétrice du neurone est constituée des boutons synaptiques. La principale activité de cette partie est la libération d’un neurotransmetteur par les vésicules synaptiques FIGURE 12.21. Avant que le potentiel d’action n’atteigne les boutons synaptiques, les pompes à Ca 2+ incrustées dans la membrane de celui-ci (non illustrées dans la gure 12.21) créent un gradient de concentration en repoussant les ions Ca 2+ vers le cytoplasme. Il en résulte une plus grande quantité d’ions Ca 2+ à l’intérieur du bouton synaptique qu’à l’extérieur de ce dernier. Lorsque le potentiel d’action (ou l’inux nerveux) atteint les boutons synaptiques à l’extrémité de l’axone, l’ouverture des canaux ioniques à Ca 2+ voltage-dépendants est déclenchée. Les ions Ca 2+ passent alors du liquide interstitiel au cytoplasme du bouton synaptique dans le sens du gradient de concentration. Puis ils se lient aux protéines des vésicules synaptiques, ce qui déclenche une série d’événements qui donnent lieu à la fusion des vésicules synaptiques et de la membrane plasmique du neurone. Le neurotransmetteur est ensuite libéré par exocytose dans la fente synaptique. L’exocytose est un transport membranaire actif qui consiste en la sortie de substances à l’extérieur de la cellule par des vésicules qui fusionnent avec la membrane plasmique. Près de 300 vésicules fusionnent chaque fois qu’un
546 Partie III La communication et la régulation
FIGURE 12.21 Partie sécrétrice et libération du neurotransmetteur
❯ A. Cette gure montre les étapes qui mènent à la libération du neurotransmetteur des vésicules synaptiques par exocytose. B. Micrographie électronique sur laquelle gurent les vésicules synaptiques présentes dans le bouton synaptique.
Chapitre 12 Le système nerveux : le tissu nerveux 547
potentiel d’action est généré. De nombreuses protéines contribuent à l’exocytose du neurotransmetteur (p. ex., la synaptotagmine, les protéines SNARE). Des recherches dans le domaine se poursuivent en vue de comprendre le rôle précis de chacune d’elles (Dulubova, Khvotchev, Liu et al., 2007 ; Galli, MartinezArca & Paumet, 2002 ; Seagar, Quetglas, Iborra et al., 2001). Le neurotransmetteur traverse ensuite par diusion la ente synaptique située entre les boutons synaptiques et la cellule eectrice afn d’y être stimulé. Puis il se lie aux récepteurs d’une protéine cellulaire particulière d’un autre neurone ou d’un eecteur, qu’il s’agisse d’un muscle ou d’une glande. Les processus physiologiques qui surviennent dans les quatre principales parties onctionnelles du neurone, soit la partie réceptrice, la zone gâchette de l’axone, la partie conductrice et la partie sécrétrice, sont résumés dans la FIGURE 12.22.
Vériiez vos connaissances 26. Décrivez la suite d’événements qui surviennent
entre l’atteinte d’un potentiel d’action dans le bouton synaptique et la libération du neurotransmetteur dans la fente synaptique.
12.8 La vitesse de propagation
de l’infux nerveux
La propagation d’un inux nerveux le long de la membrane plasmique de l’axone varie quant à sa vitesse, mais elle est toujours inuencée par deux principaux acteurs : le diamètre de l’axone ainsi que sa myélinisation. • Le diamètre de l’axone. Généralement, plus le diamètre de l’axone est grand, plus l’inux nerveux se propagera rapidement, car la résistance qui s’oppose au déplacement des ions est plus aible. Ainsi, les axones de plus grand diamètre atteignent le seuil d’excitation plus rapidement que les axones plus étroits. • La myélinisation de l’axone (voir la section 12.3.3). Il s’agit du acteur d’inuence de la vitesse de propagation de l’inux nerveux le plus important. La propagation d’un potentiel d’action est plus rapide dans les axones myélinisés que dans les axones amyélinisés.
12.8.1 1
La propagation
Distinguer la conduction continue et la conduction saltatoire relativement au mécanisme et à la vitesse de transmission d’un potentiel d’action, puis comparer les deux.
La conduction continue touche les axones amyélinisés et donne lieu à l’ouverture séquentielle des canaux ioniques à Na+-K+ voltage-dépendants situés dans la membrane plasmique de l’axone. Le concept de propagation du potentiel d’action présenté dans les sections précédentes portait sur l’axone amyélinisé (voir la fgure 12.18).
La conduction saltatoire (saltare = sauter), quant à elle, touche les axones myélinisés. Touteois, le potentiel d’action n’est pas généré dans les régions myélinisées, mais plutôt à partir des nœuds de la neuroibre. Cette distinction réside dans la diérence anatomique entre les deux types de régions que comporte l’axone myélinisé. D’une part, les régions myélinisées contiennent moins de canaux ioniques à Na+ et à K+ voltage-dépendants que les nœuds. De plus, les lipides membranaires de la gaine de myéline jouent le rôle d’isolants en orçant les courants ioniques à sauter d’un nœud de la neuroibre à un autre. À l’opposé, les nœuds de la neuroibre présentent un nombre important de canaux ioniques à Na+ et à K+ voltage-dépendants, et ils ne sont pas isolés par une gaine de myéline. L’inlux nerveux circule donc rapidement d’un nœud à l’autre en stimulant l’ouverture des canaux ioniques à Na+ voltage-dépendants et en accélérant la propagation du potentiel d’action. La transmission des inlux nerveux le long des axones myélinisés se déroule comme suit FIGURE 12.23 : • Le nœud de la neurofbre. Le potentiel d’action est généré à partir des nœuds de la neurofbre. Il s’ensuit une dépolarisation attribuable à l’ouverture des canaux ioniques à Na+ voltage-dépendants, puis les ions Na+ pénètrent dans l’axone par diusion. Cette étape est suivie d’une repolarisation au cours de laquelle les canaux ioniques à K+ voltage-dépendants s’ouvrent pour laisser sortir les ions K+. • Les régions myélinisées. La présence de la gaine de myéline accroît signifcativement la vitesse de l’inux nerveux. La myéline isole l’axone, c’est-à-dire qu’elle empêche les uites de charges à travers la membrane plasmique de l’axone et permet au voltage de la membrane d’être modifé plus rapidement. Pour ces raisons, la dépolarisation de la membrane plasmique ne se déplace pas vers les régions adjacentes ; elle se déplace plutôt jusqu’au nœud de la neurofbre suivant. • Les nœuds de la neurofbre suivants. L’arrivée d’un courant d’ions Na+ relativement aible suft à provoquer l’ouverture des canaux ioniques à Na+ voltage-dépendants du nœud de la neurofbre suivant, ce qui engendre la production d’un nouveau potentiel d’action. Un autre potentiel d’action est alors créé au moment de l’entrée des ions Na+ dans le neurone, et un nouveau courant est produit. Animation La propagation du potentiel d’action dans les axones myélinisés
Ce processus se répète à mesure que l’inux nerveux parcourt l’axone, jusqu’à ce que ce dernier atteigne les boutons synaptiques. La transmission de l’inux nerveux le long de l’axone est appelée conduction saltatoire parce que les potentiels d’action ne sont générés qu’aux nœuds de la neurofbre. Ainsi, l’inux nerveux semble sauter d’un nœud à l’autre le long de l’axone. La transmission de l’inux nerveux dans un axone myélinisé est bien plus rapide que dans un axone amyélinisé : 120 mètres par seconde (m/s) comparativement à 2 m/s. La raison est simple : dans l’axone myélinisé, le potentiel d’action n’est généré qu’aux nœuds de la neurofbre, tandis que dans l’axone amyélinisé, le potentiel d’action est généré sur toute la longueur de l’axone. En outre, la conduction saltatoire s’avère plus efcace que la conduction continue parce que les pompes à Na+-K+ nécessitent un
INTÉGRATION FIGURE 12.22
ILLUSTRATION DES CONCEPTS Animation
Physiologie des différentes parties fonctionnelles du neurone
❯ La physiologie neuronale met en jeu des événements précis qui se produisent dans les quatre parties fonctionnelles du neurone : 1) la partie réceptrice ; 2) la zone gâchette de l’axone ; 3) la partie conductrice ; et 4) la partie sécrétrice.
550 Partie III La communication et la régulation
Gaine de myéline
K+
Nœud de la neurofibre
Na+
+ + + + + – – – – –
+ + + + + – – – – –
+ + + – – – – – –+ + +
– – – – – + + + + +
– – – – – + + + + +
– – –+ + + + + +– – –
Diffusion des ions Na+ dans l’axoplasme
Potentiel d’action Repolarisation
FIGURE 12.23
Dépolarisation
Conduction saltatoire ❯ Un nouveau potentiel d’action est généré à chacun des nœuds de la neurofbre. Ainsi, le potentiel d’action semble sauter d’un nœud à l’autre.
apport énergétique moindre pour préserver le potentiel de repos de la membrane.
Vériiez vos connaissances
1
Défnir la synapse.
27. En quoi la conduction d’un potentiel d’action estelle
2
Décrire ce qui distingue la synapse chimique de la synapse électrique sur les plans structural et onctionnel.
diérente selon qu’elle a lieu dans un axone myélinisé ou amyélinisé ?
12.8.2
2
12.9 Les synapses
La classifcation des fbres nerveuses
Reconnaître les critères utilisés pour distinguer les divers groupes de fbres nerveuses.
Une fbre nerveuse est constituée d’un axone et de sa gaine de myéline. Les fbres nerveuses sont classées en trois groupes principaux, soit les groupes A, B et C, selon leur taille et leur degré de myélinisation, et donc selon leur vitesse de conduction. Le groupe A contient des fbres dont la vitesse de conduction peut aller jusqu’à 150 m/s. Ces fbres ont un diamètre considérable et sont recouvertes d’une gaine de myéline. La plupart des neurones sensitis somatiques qui s’étendent des récepteurs jusqu’au SNC de même que tous les neurones mo teurs somatiques qui s’étendent du SNC jusqu’aux muscles squelettiques appartiennent au groupe A. Les fbres nerveuses du groupe B montrent une conduction d’environ 15 m/s, alors que celles du groupe C conduisent les inux nerveux à raison de 1 m/s. Les fbres nerveuses des groupes B et C sont généralement étroites ou amyélinisées, ou les deux. Les neurones viscéraux (autonomes) sensitis et moteurs ainsi que les petits neurones sensitis somatiques qui vont des récepteurs cutanés au SNC appartiennent aux groupes B et C.
Vériiez vos connaissances 28. Quelles sont les caractéristiques générales des fbres
nerveuses appartenant au groupe A et quels rôles jouentelles ?
La synapse (sunapsis= liaison) représente la zone de communication entre deux neurones, tandis que celle située entre un neurone et une cellule eectrice se nomme jonction neuromusculaire ou jonction neuroglandulaire, selon que l’eecteur est un muscle ou une glande. Le corps humain contient deux types de synapses : les synapses chimiques et les synapses électriques. Touteois, la plupart des synapses du système nerveux sont chimiques. La synapse chimique est composée d’un neurone présynap tique (prae = avant), émetteur de l’inux, et d’un ou de plusieurs neurones postsynaptiques, qui reçoivent l’inux. Le neurone postsynaptique devient présynaptique lorsqu’il transmet le message à son tour. La synapse peut être située entre l’axone du neurone présynaptique et toute autre portion de la surace d’un neurone postsynaptique, que ce soit la dendrite ou le corps cellulaire. La synapse située sur l’axone est également possible, à l’exception des parties recouvertes d’une gaine de myéline. Cependant, ce type de synapse est rare, et son rôle demeure encore inconnu. Plus couramment, la synapse est située entre les boutons synaptiques du neurone présynaptique et la dendrite ou le corps cellulaire d’un neurone postsynaptique. Le bouton synaptique du neurone présynaptique entre presque en contact avec le neurone postsynaptique (voir la fgure 12.2). Les deux neurones ne sont séparés que par un minuscule écart de 20 nanomètres (nm) rempli d’un liquide interstitiel. Cet écart porte le nom de fente synaptique. La transmission d’un inux entre les neurones présynaptique et postsynaptique survient lorsque les molécules d’un neurotrans metteur emmagasinées dans les vésicules synaptiques passent du bouton synaptique d’un neurone présynaptique à la ente synaptique. Une partie des molécules du neurotransmetteur est diusée à travers la ente synaptique en vue de se lier aux récepteurs de la membrane plasmique postsynaptique, et ce, dans le but d’émettre
Chapitre 12 Le système nerveux : le tissu nerveux 551
un autre inux nerveux. Il existe un retard d’action synaptique suivant la libération du neurotransmetteur des synapses chimiques. Ce retard représente le temps écoulé entre la libération du neurotransmetteur de la cellule présynaptique, sa diusion à travers la ente synaptique et sa liaison aux récepteurs situés dans la membrane plasmique postsynaptique. Ce retard d’action dure de 0,3 à 0,5 ms. Dans la plupart des cas, un neurone postsynaptique est stimulé par plus d’un neurone présynaptique à la ois. Le second type de synapse est la synapse électrique, laquelle est bien moins courante. La synapse électrique est composée d’un neurone présynaptique et d’un neurone postsynaptique qui sont physiquement liés. La membrane plasmique des deux neurones comporte des jonctions ouvertes (voir la section 4.5.4), lesquelles acilitent la circulation des ions entre les cellules. Quant aux cellules, elles agissent comme si elles partageaient la même membrane plasmique. Ainsi, l’inux nerveux traverse les cellules pratiquement sans délai. Les synapses électriques sont situées uniquement dans les régions de l’encéphale et des yeux.
Vérifiez vos connaissances 29. Expliquez ce qu’est une synapse et décrivez
son fonctionnement.
12.10 Les neurotransmetteurs
et la neuromodulation
Les neurotransmetteurs sont libérés dans la ente synaptique où leur action est modifée par neuromodulation. Dans cette section, il est d’abord question des divers types de neurotransmetteurs et des moyens utilisés pour les éliminer de la ente synaptique, puis de la açon dont l’action des neurotransmetteurs peut être modifée grâce à la neuromodulation.
12.10.1
Les neurotransmetteurs
1
Reconnaître les six classes de neurotransmetteurs et donner quelques exemples de leur action.
2
Expliquer les trois méthodes utilisées pour éliminer les neurotransmetteurs de la fente synaptique.
Les neurotransmetteurs sont des composés organiques de petite taille, qui, peu de temps après leur libération, sont éliminés de la ente synaptique.
12.10.1.1 Les classes de neurotransmetteurs Il existe environ une centaine de neurotransmetteurs connus répartis en six principales classes chimiques TABLEAU 12.4 : • L’acétylcholine (ACh) est un neurotransmetteur excitateur ou inhibiteur. Elle est libérée dans le SNC ainsi que dans le SNP. Elle a été décrite pour la première ois comme étant la
molécule libérée par un neurone moteur à une jonction neuromusculaire dans le but de stimuler une cellule musculaire squelettique (voir la section 10.2.3). • Les acides aminés constituent le composant central des protéines, bien que certains servent également de neurotransmetteurs. Cependant, il y a toujours une controverse sur la manière dont ces structures chimiques, présentes en si grand nombre dans les cellules pour la synthèse des protéines, interviennent dans la transmission des inux nerveux. L’acide gamma-aminobutyrique (GABA), la glycine, l’aspartate et le glutamate sont des acides aminés dont le rôle est démontré (Dubuc, 2002b), mais il en existe probablement d’autres. • Les amines biogènes sont dérivées de certains acides aminés dont un groupement carboxylique (—COOH) a été retiré et remplacé par un autre groupement onctionnel (p. ex., un groupement amine). Le groupement ajouté détermine l’appartenance d’une molécule au sous-groupe des catécholamines dont ont partie la noradrénaline, l’adrénaline et la dopamine. • Les neuropeptides sont constitués de chaînes comptant de 2 à 40 acides aminés. Les enképhalines et la somatostatine en sont des exemples. • Les purines, plus particulièrement l’adénosine, en plus d’être des composants de l’acide déoxyribonucléique (ADN) et de l’acide ribonucléique (ARN), jouent un rôle important dans le transert d’énergie, la transduction de signaux et la neurotransmission. • Les gaz, principalement le monoxyde d’azote (NO) et le monoxyde de carbone (CO), deux molécules répandues dans l’organisme, sont reconnus, depuis peu, comme des neurotransmetteurs (Benarroch, 2011 ; Fujita, Yamauji, Nakabeppu et al., 2012).
12.10.1.2 L’élimination des neurotransmetteurs
de la fente synaptique Afn d’éviter la stimulation continue et non souhaitée d’un neurone ou d’un eecteur par un neurotransmetteur, la liaison entre le neurotransmetteur et son récepteur n’est que temporaire. Ainsi, la molécule doit être éliminée au terme de chaque stimulation. Cette élimination peut être aite : 1. par dégradation au cours de laquelle le neurotransmetteur est rendu inacti dans la ente synaptique (p. ex., l’enzyme appelée acétylcholinestérase [AChE] située dans la jonction neuromusculaire dégrade rapidement les molécules d’ACh libérées dans la ente synaptique [voir la section 10.3.4]) ; 2. par recaptage au cours duquel le neurotransmetteur est réabsorbé par sa molécule de transport située dans la membrane du neurone présynaptique ; ces neurotransmetteurs sont en quelque sorte recyclés par le neurone présynaptique et sont envoyés vers une autre vésicule synaptique pour être réutilisés ; 3. par diusion hors de la ente synaptique. Certains médicaments sur ordonnance ont été spécialement conçus pour moduler l’eet des neurotransmetteurs. Ils peuvent
552 Partie III La communication et la régulation TABLEAU 12.4
Description et rôles des neurotransmetteurs
Neurotransmetteurs
Description
Sites de libération
Effets
Structure chimique diérente de celle des autres neurotransmet teurs, ce qui en ait une catégorie en soi
Synapses dans le SNC, le SNA et dans les jonctions neuromusculaires
• Excitation dans le SNC et dans la jonction neuromusculaire en vue de stimuler la contraction des muscles squelettiques • Inhibition ou excitation (selon le récepteur) des synapses du SNA (muscles lisses, muscle cardiaque et glandes) et du SNC
Molécules pourvues d’un grou pement carboxylique (—COOH), d’un groupement amine (—NH2) et de divers groupements R ; composants centraux des protéines ; agissent à titre de molécules signalisatrices dans le système nerveux
Synapses dans le SNC
• Excitation ou inhibition selon le récepteur auquel il se lie
Glutamate
Neurotransmetteur cérébral présent en plus grand nombre
Synapses dans le SNC
• Excitation dans les régions de l’encéphale jouant un rôle dans la cognition, l’appren tissage et la mémoire
Acide gammaaminobutyrique (GABA)
Acide aminé modifé synthétisé à partir du glutamate
Synapses dans le SNC
• Principal neurotransmetteur inhibiteur cérébral ; inuançant également le tonus musculaire
Glycine
Plus petit des acides aminés
Synapses dans le SNC
• Inhibition de l’activité entre les neurones de l’encéphale, de la moelle épinière et de l’œil
Molécules synthétisées à partir d’un acide aminé par le retrait du groupement carboxylique et la conservation de l’unique groupement amine ; également appelées monoamines
Synapses dans le SNC
• Excitation ou inhibition selon le récepteur auquel il se lie
Histamine
Amine hydrophile synthétisée et libérée par des neurones histaminergiques
Synapses dans le SNC, principalement dans l’hypothalamus
• Excitation ou inhibition selon le type de récepteur ; rôle dans l’état de veille, l’appétit, l’apprentissage et la mémoire
Sérotonine (5HT)
Fabriquée par les neurones à partir du tryptophane (Trp), un acide aminé acheminé au cerveau par la circulation sanguine
Synapses dans le SNC (tronc cérébral, noyaux du raphé)
• Inhibition en général ; divers rôles dans la régulation du sommeil, de l’appétit et de l’humeur (stress, anxiété, phobies, dépres sion, etc.) ainsi que dans les onctions cognitives (apprentissage, mémoire)
Catécholamines
Groupe unique d’acides ami nés nommé ainsi en raison d’une similarité chimique et structu rale particulière ; initialement qualifées d’hormones (subs tances sécrétées par des glandes dans une région donnée de l’organisme et qui agissent sur les cellules d’une autre région)
Synapses dans le SNC et dans le SNP
• Excitation ou inhibition selon le récepteur auquel il se lie
• Dopamine
Peu répandue ; produite par des neurones qui ne représentent qu’environ 0,3 % des cellules du cerveau (Dubuc, 2002a) mais qui jouent touteois un rôle essentiel dans plusieurs comportements
Synapses dans le SNC
• Excitation ou inhibition selon le type de récepteur ; rôle important dans le contrôle des mouvements, les onctions cognitives (apprentissage, mémoire), la motivation, la recherche de plaisir et certaines synapses du SNA
Acétylcholine (ACh) O
CH3 H3 C
N+
CH2
CH2
O
C
CH3
CH3
Acides aminés O NH2 CH
C OH
R
Amines biogènes OH NH2 CH2 CH
noyau aromatique OH OH
Chapitre 12 Le système nerveux : le tissu nerveux 553
TABLEAU 12.4
Description et rôles des neurotransmetteurs (suite)
Neurotransmetteurs
Description
Sites de libération
Effets
• Noradrénaline
Lien entre la noradrénaline et l’adrénaline par leurs voies de synthèse et de dégradation
Synapses dans le SNC (tronc cérébral, cortex, système limbique, etc.) et dans le SNP (fbres postganglionnaires du SNA sympathique)
• Excitation ou inhibition selon le type de récepteur ; agissant à titre de neuro transmetteur et d’hormone
• Adrénaline
Synthèse de l’adrénaline à partir de la noradrénaline
Synapses dans le SNC (thalamus, hypothalamus et moelle épinière)
• Excitation ou inhibition selon le type de récepteur ; agissant à titre de neuro transmetteur et d’hormone
Petites molécules ormées de chaînes d’acides aminés ; rôle de signalisation en vue de aciliter et d’adapter la communication entre les neurones et les autres cellules
Synapses dans le SNC et dans le SNP
• Excitation ou inhibition selon le récepteur auquel il se lie
Enképhalines
Très courte durée de vie : quelques minutes en général ; normalement rapidement dégra dées ; morphine agissant sur les mêmes types de récepteurs (Dubuc, 2010)
Synapses dans le SNC
• Inhibition en général ; eet sur la régulation de la sensation de douleur, mais aussi sur la quantité de dopamine produite, c’està dire sur la variation de l’intensité du plaisir provenant des neurones à dopamine
Neuropeptide Y
Constitué de 36 acides aminés
Synapses dans le SNC et dans le SNP
• Excitation ou inhibition ; rôle dans la régulation de la mémoire et l’équilibre énergétique (apport alimentaire accru et activité physique réduite)
Somatostatine
Polypeptide pouvant prendre deux ormes diérentes selon le clivage d’une même préprotéine (14 acides aminés et 28 acides aminés)
Synapses dans le SNC (hypothalamus, hippocampe, cortex, etc.)
• Inhibition en général ; agissant à titre de neurotransmetteur, neuromodulateur (dopamine, acétylcholine, sérotonine, etc.) et d’hormone
Substance P
Polypeptide composé de 11 acides aminés
Synapses dans le SNC et dans le SNP
• Excitation ; dans le SNC, rôle dans la régulation de l’humeur ; dans le SNA, rôle dans la régulation des systèmes respira toire et cardiovasculaire ; dans le SNP, rôle dans la transmission nociceptive
Cholécystokinine
Polypeptide composé d’un nombre variable d’acides aminés (4, 8 ou 33)
Synapses dans le SNC
• Excitation en général ; rôle dans la régula tion de la sensation de satiété et de aim
Bêtaendorphine
Polypeptide (variation du nombre d’acides aminés selon le type d’endorphines)
Synapses dans le SNC
• Inhibition en général ; diminution des eets de la libération de la substance P (nocicep tion) et création d’une sensation de bienêtre
Partie du nucléotide (composant principal de l’acide nucléique)
Synapses dans le SNC (noyaux basaux) et dans le SNP (neurones des ganglions spinaux)
• Excitation ou inhibition selon le type de récepteur ; dans le SNP, rôle dans la modulation des sensations de douleur à la suite de lésions ; dans le SNC, rôle dans la régulation du cycle veillesommeil
Composé chimique ormé d’un atome d’oxygène et d’un atome d’azote
Synapses dans le SNC et dans le SNP
• Excitation ; dans le SNC, rôle dans l’appren tissage et la mémoire ; dans le SNP, rôle dans le tube digesti, les vaisseaux san guins (vasodilatation), les glandes surré nales et les tissus péniens (érection)
Neuropeptides Tyr
Gly
Gly
Phe
Met
Purines Adénosine
Gaz Monoxyde d’azote (NO)
554 Partie III La communication et la régulation
par exemple avoir une inuence sur la quantité d’un neurotransmetteur donné présent dans la ente synaptique. Par exemple, les inhibiteurs sélectis du recaptage de la sérotonine (ISRS) bloquent le recaptage de la sérotonine et sont utilisés dans le traitement de la dépression (voir la section 1.6).
Vérifiez vos connaissances 30. Quelles sont les six principales classes
de neurotransmetteurs ?
12.10.2 3
La neuromodulation
Défnir la neuromodulation, y compris les concepts de acilitation et d’inhibition.
Les neuromodulateurs sont des molécules qui modifent la réponse d’un neurone à un neurotransmetteur. La neuromo dulation entraîne généralement une acilitation ou une inhibition. La facilitation se produit lorsque la réponse du neurone postsynaptique est plus prononcée que la normale en raison de la présence d’un neuromodulateur. La acilitation peut résulter d’une hausse de la concentration du neurotransmetteur dans la ente synaptique (par suite d’une libération accrue, d’une dégradation ou d’un recaptage ralenti). La
morphine, une molécule de la amille des opiacés utilisée en médecine pour diminuer la douleur, est un très bon exemple de acilitation. Elle se lie aux mêmes récepteurs que les endorphines et permet d’inhiber la réponse de la substance P qui avorise la propagation des inux nerveux dans les voies de transmission de la douleur. L’inhibition, quant à elle, se produit lorsque la réponse du neurone postsynaptique est plus aible en raison de la libération d’un neuromodulateur. L’inhibition peut résulter d’une diminution de la concentration du neurotransmetteur dans la ente synaptique (libération réduite, dégradation ou recaptage accéléré) ou d’une diminution du nombre de récepteurs présents dans les neurones postsynaptiques. La toxine botulinique, une toxine synthétisée par la bactérie Clostridium botulinum et utilisée en médecine sous le nom de Botox md, est un très bon exemple d’inhibition. Cette molécule empêche la contraction musculaire en bloquant l’exocytose de l’acétylcholine.
Vérifiez vos connaissances 31. Quel est le rôle général des neuromodulateurs ?
12.11 L’intégration nerveuse
et les réseaux neuronaux du système nerveux central
INTÉGRATION LIENS ENTRE LES CONCEPTS La région de l’encéphale nommée hippocampe a un rôle dans la mémoire (voir la section 13.8.3). La mémoire humaine est liée à de nombreuses modifcations cellulaires et moléculaires dans les neurones. Chacune de ces modifcations représente un aspect de ce qui est nommé potentialisation à long terme, qui reète l’augmentation durable de l’efcacité synaptique nécessaire au processus de mémorisation. La potentialisation à long terme se produit dans les neurones de l’hippocampe dont le neurotransmetteur est le glutamate. Un type de récep teur du glutamate joue également le rôle de canal ionique à Ca2+. Lorsqu’un neurone postsynaptique est dépolarisé par la liaison du glutamate, l’ouverture des canaux ioniques à Ca 2+ provoque l’activation d’enzymes, qui, à leur tour, entraînent des modifcations qui augmentent la quantité de neurotrans metteurs libérés ainsi que le nombre et la sensibilité des récepteurs qui se lient aux neurotransmetteurs dans les neu rones postsynaptiques. Dans les deux cas, ces modifcations amplifent les potentiels gradués qui sont créés dans les neu rones postsynaptiques, rapprochant ceuxci du seuil d’excita tion (si des PPSE sont générés) ou les éloignant de ce seuil (si des PPSI sont générés). Combinés, ces changements produisent une augmenta tion à long terme de l’efcacité synaptique nécessaire à la mémorisation.
1
Reconnaître les quatre types de réseaux neuronaux et expliquer leur onctionnement.
Le système nerveux assure la coordination et l’intégration de l’activité neuronale en partie parce que des milliards d’interneurones au sein du système nerveux sont regroupés en ormations complexes appelées réseaux neuronaux (ou circuits neuronaux). Les réseaux neuronaux sont classés selon leur onction en quatre types de réseaux : convergent, divergent, réverbérant et parallèle postdécharge FIGURE 12.24 . Le réseau peut être localisé, ses neurones étant circonscrits dans un endroit donné, ou les neurones d’un réseau peuvent être répartis dans diverses régions du SNC. Il reste que tous les réseaux neuronaux ont un nombre restreint de sources d’alimentation et de destinations. Dans un réseau convergent, les inormations se rejoignent toutes au même neurone postsynaptique (voir la fgure 12.24A). Ce neurone est donc alimenté par plusieurs neurones présynaptiques. Par exemple, les nombreuses synapses entre les neurones sensitis et les neurones du noyau salivaire du tronc cérébral donnent lieu à une modulation de l’activité des glandes salivaires par le noyau salivaire : la production de salive est ainsi accrue à l’heure des repas. Les diverses inormations proviennent de plus
Chapitre 12 Le système nerveux : le tissu nerveux 555
Entrée Entrée Entrée Entrée Entrée Entrée
Entrée
Sortie
Sortie Sortie
A. Réseau convergent
Sortie
Sortie
Sortie
Sortie
Sortie
B. Réseau divergent
C. Réseau réverbérant
D. Réseau parallèle postdécharge
FIGURE 12.24 Réseaux neuronaux
❯ Les réseaux neuronaux sont des groupes de neurones adoptant un arrangement précis et grâce auxquels les données d’entrée sont transmises et distribuées. Il existe quatre types de réseaux neuronaux : A. le réseau convergent ; B. le réseau divergent ; C. le réseau réverbérant ; et D. le réseau parallèle postcharge.
d’un stimulus, dont le fait de sentir l’odeur des aliments, de savoir que l’heure du repas arrive, d’entendre quelqu’un cuisiner ou de voir des images de nourriture dans un magazine. Ces multiples stimulus produisent toutefois une seule réponse : une production accrue de salive. Le réseau divergent achemine l’information reçue d’un seul neurone présynaptique à plusieurs neurones postsynaptiques, ou d’un réseau neuronal à plusieurs réseaux neuronaux (voir la fgure 12.24B). Les neurones présents dans l’encéphale dirigent les mouvements des muscles squelettiques des jambes durant la marche. Ils stimulent également les muscles dorsaux pour conserver une bonne posture et un certain équilibre pendant la marche. Dans cet exemple, une seule information produit diverses réponses. Les réseaux réverbérants ont recours à la rétroaction pour produire une stimulation répétitive et cyclique du c ircuit. Ce mécanisme porte le nom de réverbération (voir la igure 12.24C). C’est grâce au caractère répétitif du circuit de réverbération que la respiration se poursuit durant le sommeil. Une fois qu’il entre en activité, le circuit réverbérant continue de fonctionner jusqu’à ce que son cycle soit interrompu par un stimulus inhibiteur ou par une fatigue synaptique. La fatigue synaptique survient lorsqu’un stimulus répétitif entraîne l’épuisement de la production de neurotransmetteurs d’une cellule présynaptique.
Quant au réseau parallèle postdécharge, chaque information est transmise simultanément à diverses voies neuronales vers une seule cellule postsynaptique (voir la fgure 12.24D). Les voies neuronales dans un tel circuit varient grandement quant au nombre de neurones qu’elles contiennent, et donc par leur nombre de synapses. La communication entre deux neurones dans une synapse entraîne un délai synaptique, c’est-à-dire une période qui s’écoule avant la transmission de l’information. Conséquemment, plus le nombre de neurones présents dans le circuit est grand, plus les synapses sont nombreuses et plus le temps requis pour transmettre l’information est long. Ainsi, l’information qui part de l’endroit où le stimulus a été généré parviendra à la cellule postsynaptique à divers moments. Il peut être utile de considérer l’information transmise par chacun des groupes de neurones à la cellule postsynaptique comme étant l’écho du stimulus initial. Il semblerait que ce type de circuit intervient dans le processus de la pensée de niveau élevé. Par exemple, il renforcerait l’activité neuronale répétitive nécessaire aux calculs mathématiques précis.
Vérifiez vos connaissances 32. Comment les neurones sontils regroupés dans
un réseau convergent ? 33. Qu’estce qui distingue le réseau réverbérant
du réseau parallèle postdécharge ?
556 Partie III La communication et la régulation
RÉSUMÉ DU CHAPITRE 12.1
• Le système nerveux interprète les informations sensorielles des récepteurs et régit les
réponses motrices à transmettre aux effecteurs.
Une introduction au système nerveux – 514
• Le système nerveux est constitué de l’encéphale, de la moelle épinière, des nerfs et des
ganglions. 12.1.1
Les onctions générales du système nerveux ............................................................................ 514 • Le système nerveux recueille l’information transmise par les récepteurs sensoriels. Il traite
ensuite l’information, évalue l’action à prendre dans le but de rétablir l’équilibre homéosta tique de l’organisme, puis fournit une réponse motrice. De plus, son travail d’intégration per met la réalisation de plusieurs fonctions mentales supérieures, comme la pensée, la mémoire et la cognition. 12.1.2
L’organisation du système nerveux ............................................................................................. 514 • Le système nerveux est divisé en deux unités structurales, soit le système nerveux central
(SNC) et le système nerveux périphérique (SNP). • Le système nerveux est divisé en deux unités fonctionnelles : la voie sensitive et la voie
motrice.
12.2 Le tissu nerveux : les neurones – 515
• Le tissu nerveux est composé de neurones excitables qui génèrent et transmettent des
potentiels d’action ainsi que de gliocytes qui soutiennent et protègent les neurones. 12.2.1
Les caractéristiques générales du neurone ................................................................................ 515 • Les caractéristiques générales du neurone sont l’excitabilité, la conductivité, la sécrétion et la
longévité. De plus, les neurones sont généralement amitotiques (ils ne se divisent pas). 12.2.2
La structure du neurone ................................................................................................................ 516 • Le neurone type présente un corps cellulaire ; des prolongements appelés « dendrites », les
quels sont généralement courts et nombreux ; ainsi qu’un prolongement unique, générale ment plus long, l’axone, qui émerge du corps cellulaire. 12.2.3
Le transport axonal ....................................................................................................................... 518 • Les neurones transportent des substances du corps cellulaire au bouton synaptique grâce au
transport axonal rapide et au transport axonal lent. 12.2.4
La classifcation des neurones ..................................................................................................... 518 • Selon le nombre de prolongements qui émergent du corps cellulaire, les neurones sont clas
sés de manière structurale en quatre groupes principaux : les neurones multipolaires, bipo laires, unipolaires et anaxoniques. • Les neurones peuvent également être classés en trois groupes selon leur fonction : les neu
rones sensitifs, les neurones moteurs et les interneurones. 12.2.5
Le lien entre les neurones et les ners ......................................................................................... 521 • Un nerf est un groupement d’axones recouvert de tissu conjonctif. • Chaque axone est entouré d’une couche appelée endonèvre. Les axones groupés en fasci
cules sont enveloppés à leur tour du périnèvre. Finalement, l’ensemble du nerf est recouvert par l’épinèvre. 12.2.6
La classifcation des ners ............................................................................................................ 522 • Les nerfs sont classés en fonction de la structure du SNC dont ils sont issus (nerfs crâniens
et spinaux) et selon leur fonction (moteurs, sensitifs ou mixtes).
12.3 Le tissu nerveux : les gliocytes – 522
• Les gliocytes constituent le second type de cellules du tissu nerveux. 12.3.1
Les caractéristiques générales des gliocytes ............................................................................ 523 • Les gliocytes sont des cellules non excitables dont le rôle principal est de soutenir et de pro
téger les neurones.
Chapitre 12 Le système nerveux : le tissu nerveux 557
12.3.2
Les types de gliocytes ................................................................................................................. 524 • Il existe quatre types de gliocytes dans le SNC : les astrocytes, les épendymocytes, les micro
glies et les oligodendrocytes. • Il existe deux types de gliocytes dans le SNP : les gliocytes ganglionnaires et les
neurolemmocytes. 12.3.3
La myélinisation ............................................................................................................................ 526 • La myélinisation correspond au processus de ormation d’une gaine de myéline autour d’une
partie d’un axone. • Les neurolemmocytes myélinisent les axones du SNP, alors que les oligodendrocytes myéli
nisent ceux du SNC.
12.4
• La régénération des neurones endommagés ne s’applique qu’aux axones du SNP. La régéné
ration axonale dépend de : l’étendue des dommages subis et de la distance qui sépare l’axone endommagé de la structure qu’il innerve.
La régénération axonale – 528
• Les axones du SNP peuvent se reormer si le corps cellulaire est intact et s’il reste une cer
taine quantité de neurolemmes.
12.5 La structure spécialisée du neurone – 529
• La production et la modifcation d’un potentiel de membrane dépendent de divers types de
pompes et de canaux ioniques situés dans la membrane plasmique des neurones. 12.5.1
Les pompes et les canaux ioniques ............................................................................................ 529 • Les pompes et les canaux ioniques sont des protéines membranaires qui permettent aux ions
de traverser la membrane plasmique dans le sens du gradient de concentration ou contre celuici. • Les pompes se trouvent principalement dans la partie sécrétrice tandis que les canaux se
retrouvent aussi bien dans la partie réceptrice, conductrice et la zone gâchette. 12.5.2
La répartition des substances, leur déplacement et les potentiels de membrane ................. 532 • La répartition des substances de part et d’autre de la membrane plasmique est inégale. • Le potentiel de membrane représente la diérence de voltage de part et d’autre de la mem
brane plasmique.
12.6 Une introduction à la physiologie du neurone – 533
• Le neurone intervient dans la production et la transmission de courants électriques. 12.6.1
Les neurones et la loi d’Ohm ....................................................................................................... 533 • La loi d’Ohm (courant = voltage/résistance) s’applique aux principes de la physiologie du
neurone. 12.6.2
Le potentiel de repos de la membrane ....................................................................................... 534 • Le potentiel de repos de la membrane correspond à la diérence de voltage de part et d’autre
de la membrane lorsque le neurone est au repos. Sa valeur est généralement de −70 mV. • Le potentiel de repos de la membrane est établi grâce aux canaux ioniques à onction passive
à K+ et à Na+, et il est entretenu grâce aux pompes à Na+K+. 12.6.3
La modifcation du potentiel de repos de la membrane ............................................................ 536 La dépolarisation représente l’entrée d’ions Na+ dans le neurone, ce qui ait en sorte que ce dernier devient plus positi que le potentiel de repos de la membrane. À l’opposé, l’hyperpola risation correspond soit à la sortie d’ions K+ du neurone, soit à l’entrée d’ions Cl− dans celuici, ce qui rend le neurone plus négati que le potentiel de repos. • Les potentiels gradués sont des potentiels locaux produits dans les dendrites et le corps
cellulaire. Les potentiels d’action, quant à eux, sont des variations de voltage générées le long de l’axone.
558 Partie III La communication et la régulation
12.7 La physiologie des diérentes parties onctionnelles du neurone – 538
• Les événements physiologiques qui surviennent dans les diérentes parties onctionnelles du
neurone sont causés par une stimulation des dendrites à la suite de la libération d’un neuro transmetteur par les boutons synaptiques ou par d’autres stimulus comme la chaleur ou la pression. 12.7.1
La partie réceptrice ...................................................................................................................... 538 • La partie réceptrice est constituée des dendrites et du corps cellulaire. Elle intervient dans la
ormation et la propagation des potentiels gradués, qu’il s’agisse des potentiels postsynap tiques excitateurs (PPSE) ou des potentiels postsynaptiques inhibiteurs (PPSI). • Selon qu’ils sont excitateurs ou inhibiteurs, les potentiels ouvrent des canaux diérents et
provoqueront ou empêcheront la création du potentiel gradué. 12.7.2
La zone gâchette .......................................................................................................................... 540 • La zone gâchette (cône d’implantation et segment initial de l’axone) eectue la somme des
PPSE et des PPSI afn de déterminer si le seuil d’excitation de −55 mV est atteint. C’est ce que l’on appelle la sommation : elle peut être temporelle ou spatiale. 12.7.3
La partie conductrice ................................................................................................................... 542 • La partie conductrice intervient dans la propagation du potentiel d’action (inux nerveux),
un processus qui comprend trois phases : la dépolarisation, la repolarisation et l’hyperpolarisation. • Entre le début de la dépolarisation et la fn de la repolarisation, il est d’abord impossible de
générer un second potentiel d’action ; il s’agit alors de la période réractaire. Peu après, un autre potentiel d’action peut être généré si le stimulus est plus ort que le seuil d’excitation ; c’est la période réractaire relative. 12.7.4
La partie sécrétrice ...................................................................................................................... 545 • La partie sécrétrice intervient dans la libération du neurotransmetteur par les vésicules
synaptiques. • L’arrivée d’un potentiel d’action aux boutons synaptiques déclenche l’ouverture des canaux
ioniques à Ca2+ voltagedépendants. Les ions Ca 2+ pénètrent ainsi dans le bouton synaptique et provoquent la libération du neurotransmetteur des vésicules synaptiques par exocytose.
12.8 La vitesse de propagation de l’infux nerveux – 547
• La vitesse de transmission de l’inux nerveux dépend principalement du diamètre de l’axone
ainsi que de la présence ou de l’absence d’une gaine de myéline. 12.8.1
La propagation .............................................................................................................................. 547 • L’inux nerveux est propagé le long des axones amyélinisés par conduction continue et le
long des axones myélinisés par conduction saltatoire. La conduction saltatoire est plus rapide que la conduction continue. 12.8.2
La classication des bres nerveuses ........................................................................................ 550 • Les fbres nerveuses sont constituées d’axones et de leur gaine de myéline ; elles sont divi
sées en trois catégories établies en onction de la rapidité de la conduction de l’inux nerveux.
12.9
• La jonction onctionnelle entre deux neurones se nomme synapse, tandis que celle entre un
neurone et une cellule eectrice s’appelle jonction neuromusculaire ou jonction neuroglandu laire, selon que l’eecteur est un muscle ou une glande.
Les synapses – 550
• Les synapses peuvent être électriques ou chimiques.
12.10 Les neurotransmetteurs et la neuromodulation – 551
• Les neurotransmetteurs sont libérés dans les entes synaptiques où leur activité est modifée
par neuromodulation. 12.10.1
Les neurotransmetteurs ............................................................................................................... 551 • Les neurotransmetteurs sont des molécules organiques de petite taille libérées à partir du
bouton synaptique. Ils interviennent dans la régulation des neurones postsynaptiques, ou eecteurs (muscles et glandes).
Chapitre 12 Le système nerveux : le tissu nerveux 559
• Les six principales catégories de neurotransmetteurs sont les suivantes : l’acétylcholine, les
acides aminés, les amines biogènes, les neuropeptides, les purines et les gaz. • Le neurotransmetteur est éliminé par dégradation, recaptage ou diusion. 12.10.2
La neuromodulation ..................................................................................................................... 554 • La neuromodulation correspond à la libération de substances chimiques (autres que les neu
rotransmetteurs), lesquelles modifent la réponse d’un neurone à un neurotransmetteur en augmentant cette réponse (acilitation) ou en la diminuant (inhibition).
12.11
• Les interneurones sont structurés en réseaux neuronaux, des regroupements de neurones
interreliés dont la onction précise appartient à l’une des catégories suivantes : réseau conver gent, réseau divergent, réseau réverbérant ou réseau parallèle postdécharge.
L’intégration nerveuse et les réseaux neuronaux du système nerveux central – 554
AUTOÉVALUATION
Solutionnaire
Concepts de base 1
Quels sont les quatre groupes structuraux de neurones ? En quoi se distinguentils des trois groupes onctionnels de neurones ?
2
Énumérez les principaux types de gliocytes et expliquez brièvement leur rôle.
3
En quoi la myélinisation qui a lieu dans le SNC estelle diérente de celle qui a lieu dans le SNP ?
4
Expliquez le processus de guérison des axones du SNP (régénération axonale).
5
Expliquez comment le potentiel de repos de la membrane peut être préservé au sein de la membrane.
6
Comparez le potentiel d’action au potentiel gradué, puis présentez leurs diérences.
7
Expliquez la sommation des PPSE et des PPSI ainsi que le rôle qu’ils jouent dans la production d’un potentiel d’action.
8
Illustrez et expliquez les événements relatis à la production d’un potentiel d’action.
9
Expliquez le mécanisme de libération des neurotransmetteurs à partir d’un bouton synaptique.
10 Énumérez et expliquez brièvement les principaux types
de neurotransmetteurs.
Mise en application 1
André s’est ait mordre par un chien errant ; il décide donc de consulter un médecin. Il craint que l’animal ne soit porteur de la rage. Le virus de la rage contamine les neurones grâce à un mode de transport qui ait passer les substances du bouton synaptique au corps cellulaire. De quel mode de transport s’agitil ? a) Du transport antérograde. b) Du transport axonal rapide. c) Du transport axonal lent. d) Toutes ces réponses sont bonnes.
2
b) Sur la production des potentiels d’action dans les dendrites et le corps cellulaire. c) Sur la libération des neurotransmetteurs à partir du bouton synaptique. d) Sur la propagation du potentiel d’action dans l’axone. 3
Sarah veut appeler son amie Julie, mais elle ne trouve pas de crayon pour noter son numéro de téléphone. Elle décide donc de le répéter inlassablement pour ne pas l’oublier. Grâce à quel réseau neuronal cela atil le plus de chance de se produire ?
À la suite d’une prise de sang, Cynthia apprend que sa calcémie est anormale. Sur quel événement relati à la transmission neuronale cela auratil des conséquences ?
a) Le réseau réverbérant.
a) Sur la sommation des potentiels d’action eectuée dans le cône d’implantation de l’axone.
d) Le réseau parallèle postdécharge.
b) Le réseau divergent. c) Le réseau convergent.
560 Partie III La communication et la régulation Synthèse 1
2
Depuis six à neu mois, Maria éprouve des troubles de vision ainsi qu’une aiblesse et une perte de motricité fne des muscles de ses jambes. Ses analyses de sang révèlent la présence d’anticorps, des protéines du système immunitaire, qui s’attaquent à la myéline. Outre la présence de ces anticorps, qu’estce qui peut causer les troubles visuels et musculaires de Maria ? Les chirurgiens sont parvenus à greer à Charles son propre bras. Ils ont suturé ses ners et ses vaisseaux sanguins. Après l’intervention, qui s’est bien déroulée, la circulation sanguine a repris presque immédiatement. Cependant,
Charles a été incapable de bouger ou de sentir son bras pendant plusieurs mois. Pourquoi atil allu plus de temps pour rétablir l’innervation que la circulation sanguine ? 3
Certaines neurotoxines empêchent la dépolarisation de l’axone. Sur quel type de canaux ioniques cela atil une inuence ?
CHAPITRE
13
LE SYSTÈME NERVEUX : L’ENCÉPHALE ET LES NERFS CRÂNIENS Adaptation française :
Sophie Morin
LE TECHNOLOGUE EN RADIOLOGIE…
DANS LA PRATIQUE
Le technologue en radiologie maîtrise diverses techniques d’imagerie, notamment l’imagerie par résonance magnétique, la tomodensitométrie et l’échographie. Il doit être en mesure de comprendre les instructions du médecin, d’utiliser adéquatement les appareils d’imagerie et de communiquer avec le client tout au long de l’examen. L’image ci-contre montre un technologue spécialisé en tomodensitométrie qui positionne correctement une cliente en vue d’une tomodensitométrie crânienne. Ce technicien doit maîtriser l’anatomie de l’encéphale pour pouvoir interpréter correctement les images produites par l’appareil.
13.1 Le développement et l’organisation de l’encéphale .............................................. 562 13.1.1 Une vue d’ensemble de l’anatomie de l’encéphale ....................................... 562 13.1.2 Le développement de l’encéphale .......... 13.1.3 La répartition de la substance grise et de la substance blanche .................... 13.2 La protection et le soutien de l’encéphale .............................................. 13.2.1 Les méninges crâniennes ...................... 13.2.2 Les ventricules de l’encéphale ............... 13.2.3 Le liquide cérébrospinal ......................... 13.2.4 La barrière hématoencéphalique ............ 13.3 Le cerveau .................................................... 13.3.1 Les hémisphères cérébraux ................... 13.3.2 Les lobes du cerveau .............................
566 571 571 571 575 576 577 579 579 580
13.3.3 La substance grise : les aires onctionnelles du cerveau ...................... 581 INTÉGRATION Illustration des concepts Aires anatomiques et fonctionnelles des hémisphères cérébraux ............................... 582 13.3.4 La substance blanche cérébrale : les neurofbres ...................................... 13.3.5 La latéralisation cérébrale ...................... 13.3.6 Les noyaux basaux ................................ 13.4 Le diencéphale ............................................ 13.4.1 L’épithalamus ........................................ 13.4.2 Le thalamus .......................................... 13.4.3 L’hypothalamus ..................................... 13.5 Le tronc cérébral ......................................... 13.5.1 Le mésencéphale .................................. 13.5.2 Le pont ................................................. 13.5.3 Le bulbe rachidien .................................
586 588 590 591 591 591 594 595 595 598 599
13.6 Le cervelet ..................................................... 600 13.6.1 Les parties structurales du cervelet ........ 600 13.6.2 Les onctions du cervelet ....................... 600 13.7 Les systèmes fonctionnels de l’encéphale .............................................. 13.7.1 Le système limbique .............................. 13.7.2 La ormation réticulaire .......................... 13.8 Les fonctions d’intégration et les fonctions mentales supérieures ........ 13.8.1 Le développement des onctions mentales supérieures ............................ 13.8.2 La cognition .......................................... 13.8.3 La mémoire ........................................... 13.8.4 Les émotions ......................................... 13.8.5 Le langage ............................................ 13.9 Les nerfs crâniens .......................................
602 602 603 605 605 607 607 609 610 610
562 Partie III La communication et la régulation
13.1 Le développement
et l’organisation de l’encéphale
INTÉGRATION APPLICATION CLINIQUE
Les lésions traumatiques de l’encéphale : la commotion et la contusion DÉSÉQUILIBRE HOMÉOSTATIQUE
Il y a de cela plus de 4 millions d’années, alors que les premiers humains étaient en pleine évolution, l’encéphale humain mesurait à peine 440 cm3, ce qui est tout juste supérieur à l’encéphale du chimpanzé. Avec le temps, l’encéphale a connu une croissance constante. Aujourd’hui, son volume moyen varie de 1 200 à 1 500 cm3, et il pèse en moyenne de 1,35 à 1,4 kg. Aussi, la texture de la surace externe de l’encéphale, soit les hémisphères, a grandement changé au fl du temps. Étant donné que le crâne restreint l’encéphale en ce qui a trait à la taille, les tissus qui orment sa surace externe se replient sur eux-mêmes pour ormer les gyrus caractéristiques du cerveau. Cette conormation accroît la superfcie des hémisphères cérébraux et permet à un plus grand nombre de neurones d’occuper un volume plus petit et d’être ainsi contenus dans la boîte crânienne. Les principes ondamentaux du développement de l’encéphale chez l’embryon permettent de mieux comprendre le nom des structures cérébrales chez l’adulte ainsi que le lien qui les unit. En observant l’encéphale, il est possible de distinguer plusieurs régions de l’encéphale adulte ainsi qu’une certaine disposition de la substance blanche et de la substance grise.
13.1.1
1
Une vue d’ensemble de l’anatomie de l’encéphale
Décrire les composantes anatomiques générales de l’encéphale.
L’encéphale et la moelle épinière qui s’y rattache constituent le système nerveux central (SNC). L’encéphale comporte 12 paires de ners crâniens qui ont partie du système nerveux périphérique (SNP). L’encéphale se divise en quatre régions principales : le cerveau, le diencéphale, le tronc cérébral et le cervelet. La FIGURE 13.1 présente ces régions de l’encéphale adulte sous plusieurs angles. Les deux moitiés du cerveau portent le nom d’hémisphères gauche et droit. Chaque hémisphère se divise à son tour en cinq régions appelées lobes. Chez l’adulte, la surace externe de l’encéphale comporte des plis, des gyrus (guros = cercle), entre lesquels se orment des creux peu proonds, des sillons, ou des fssures, plus proondes. Deux termes sont souvent utilisés pour décrire la position relative d’une structure cérébrale : rostral, qui signife vers le nez et qui constitue un synonyme du mot antérieur ; et caudal, qui signife vers la queue et qui est synonyme de postérieur.
Vérifiez vos connaissances 1. Quelles sont les quatre principales régions
de l’encéphale ?
Les traumatismes cérébraux sont des dommages aigus subis par l’encéphale à cause d’un accident ou d’un impact. Le type le plus réquent de telles lésions est la commotion. Celle-ci se caractérise par un changement de l’état de conscience et une perturbation de l’activité nerveuse occasionnée par un coup porté à la tête ou par l’arrêt soudain de la tête en mouvement. La commotion peut s’accompagner de maux de tête, de somnolence, d’un manque de concentration, de conusion et d’amnésie (perte de mémoire). Des commotions multiples ont un eet cumulati, chaque épisode entraînant la perte d’une petite portion de l’habileté mentale de la personne atteinte. Une corrélation a été établie entre des antécédents de commotions répétées, d’une part, et des modifcations à long terme de la personnalité, la dépression et le déclin intellectuel, d’autre part (Baillargeon-Blais, 2010 ; Thériault, 2010). Les athlètes les plus susceptibles de subir des commotions (p. ex., les joueurs de hockey, les boxeurs) risquent davantage d’en éprouver les eets nuisibles, de sorte qu’il est recommandé aux entraîneurs sportis de ne pas laisser jouer un athlète s’ils croient que ce dernier a subi une commotion cérébrale. Une contusion est un traumatisme cérébral dans lequel les petits vaisseaux sanguins de l’encéphale perdent du sang dans l’espace sous-arachnoïdien, un espace rempli de liquide qui entoure l’encéphale. Une contusion cérébrale peut se voir sur une TDM crânienne. Habituellement, la personne perd immédiatement connaissance, généralement pas plus de cinq minutes. Des anomalies respiratoires et une diminution de la pression artérielle peuvent aussi être observées. Le syndrome de deuxième impact est une condition rare, mais sérieuse et particulièrement préoccupante. Il survient lorsqu’une personne subit un deuxième traumatisme cérébral avant la guérison d’une lésion précédente et quand un œdème cérébral grave se déclare et met sa vie en danger. C’est pour cette raison qu’il est important d’attendre la guérison complète d’une lésion traumatique de l’encéphale avant de permettre à la personne de reprendre une activité qui risquerait de lui aire subir une autre lésion. Les lésions cérébrales traumatiques graves et des lésions répétées peuvent entraîner à long terme des défcits cognitis et une atteinte motrice ; il est réquent que les personnes touchées doivent entreprendre des traitements de physiothérapie, d’ergothérapie et d’orthophonie pour récupérer une partie de ces onctions. Fait intéressant, des recherches préliminaires ont montré que la guérison de clients qui ont subi une lésion cérébrale traumatique et qui ont reçu de la progestérone était plus complète et plus rapide que celle de clients semblables qui n’ont pas reçu ce traitement. Il semble donc qu’une hormone de la reproduction (progestérone) contribue aussi à la guérison du système nerveux (Cordeau 2008 ; Schumacher, Akwa, Guennoun et al., 2001).
Chapitre 13 Le système nerveux : l’encéphale et les nerfs crâniens
Partie antérieure
Sillon central
Partie postérieure
Lobe pariétal
Lobe frontal
Gyrus Sillon
Hémisphère cérébral
Sillon latéral
Lobe occipital
Lobe temporal Mésencéphale Tronc cérébral
Cervelet
Pont Bulbe rachidien
Moelle épinière
Sillon central
Lobe frontal
Lobe pariétal
Gyrus Sillon Sillon latéral
Lobe occipital
Hémisphère cérébral
Lobe temporal Mésencéphale Tronc cérébral
Cervelet
Pont Bulbe rachidien
Moelle épinière A. Vue latérale gauche
FIGURE 13.1 Encéphale humain
❯ L’encéphale est un organe complexe comprenant plusieurs subdivisions. A. Vue latérale de l’hémisphère cérébral gauche, du cervelet et d’une partie du tronc cérébral
(illustration [en haut] et photographie de l’encéphale d’un cadavre [en bas]) ; le diencéphale n’est pas visible. Les principales régions de l’encéphale sont en caractères gras.
563
564 Partie III La communication et la régulation
Hémisphères cérébraux Partie antérieure Œil
Bulbe olfactif
Lobe frontal
Tractus olfactifs Chiasma optique Nerf optique Hypophyse Tractus optique Lobe temporal
Corps mamillaires
Cerveau Mésencéphale Pont
Tronc cérébral
Bulbe rachidien Nerfs crâniens Cervelet Lobe occipital
Partie postérieure Hémisphères cérébraux
Bulbe olfactif
Lobe frontal
Tractus olfactifs Chiasma optique Nerf optique Infundibulum Tractus optique Cerveau
Lobe temporal
Corps mamillaires Mésencéphale Pont Bulbe rachidien
Tronc cérébral
Nerfs crâniens Lobe occipital
Cervelet
B. Vue inférieure
FIGURE 13.1 Encéphale humain (suite)
❯ B. Un dessin et une photographie d’une vue inférieure de l’encéphale permettent d’illustrer les nerfs
crâniens qui prennent naissance à la base de l’encéphale. Les principales régions de l’encéphale apparaissent en caractères gras.
Chapitre 13 Le système nerveux : l’encéphale et les nerfs crâniens
565
FIGURE 13.1 Encéphale humain (suite)
❯ C. Une coupe sagittale médiane (illustration et photo de l’encéphale d’un cadavre) permet de voir des
structures internes comme le thalamus et l’hypothalamus. Les principales régions de l’encéphale sont en caractères gras.
566 Partie III La communication et la régulation
13.1.2
Le développement de l’encéphale
2
Décrire la neurulation.
Extrémité de l’amnios
3
Utiliser les termes scientifques relatis au prosencéphale, au mésencéphale et au rhombencéphale chez l’embryon.
Pli neural Sillon neural
4
Nommer les cinq vésicules cérébrales secondaires et décrire leur origine embryonnaire.
Pour comprendre comment se orment les divisions de l’encéphale, il est nécessaire de se pencher sur la ormation du système nerveux à partir de l’ectoderme. Ce processus est appelé neurulation.
Nœud primitif Sillon primitif
Sillon neural
13.1.2.1 La neurulation La ormation des tissus nerveux débute dans l’embryon au cours de la 3e semaine de son développement. Elle est attribuable à l’épaississement d’une partie de l’ectoderme sous-jacent à la notochorde (voir la section 5.7.1). La neurulation s’eectue en quatre étapes FIGURE 13.2 : 1
L’ectoderme s’épaissit et orme la plaque neurale dont l’ensemble des cellules porte le nom de neuroectoderme.
2
La plaque neurale se replie vers l’intérieur et orme en son centre un creux nommé sillon neural. À mesure que se creuse ce sillon, les cellules situées sur les bordures latérales de la plaque neurale prolièrent. Ces parois épaissies sont à l’origine des plis neuraux. Au sommet de ces plis naissent les cellules de la crête neurale, ou la crête neurale, tout simplement.
3
4
Les plis neuraux continuent de croître et commencent à s’approcher les uns des autres, tandis que le sillon neural devient de plus en plus proond. Les cellules de la crête neurale se trouvent alors tout en haut des parois du sillon neural. Vus de haut, les plis neuraux ressemblent à un pain à hot-dog, et le sillon neural, à la ente où y est déposée la saucisse. Les cellules de la crête neurale migrent dans d’autres directions pour ormer diverses structures, notamment la racine postérieure des ganglions. Les deux côtés du tube neural usionnent en son centre d’abord, puis dans les plis neuraux qui se trouvent légèrement au-dessus et en dessous de la ligne médiane du tube. Ainsi, le tube neural se orme pendant que les plis neuraux inérieurs et supérieurs se erment.
Dès la 4e semaine, le tube neural est ormé. Il est à l’origine des structures du SNC. Pendant une courte période, les deux extrémités du tube neural restent ouvertes. Ces ouvertures, appelées neuropores, se reerment touteois vers la fn de la 4e semaine du développement embryonnaire. L’ouverture la plus près de la tête
Cellules de la crête neurale
Plis neuraux Notochorde
1 Les plis neuraux et le sillon neural sont issus de la plaque neurale. Sillon neural
Plis neuraux
2 Les plis neuraux croissent et se rapprochent. Sillon neural Ectoderme Cellules de la crête neurale
3 Les cellules de la crête neurale se détachent des plis neuraux pour former d’autres structures. Tube neural
Devient la racine postérieure des ganglions
FIGURE 13.2 Formation du système nerveux ❯ La neurulation commence au cours de la 3 e semaine du développement embryonnaire et se termine avec la ermeture du tube neural, à la fn de la 4e semaine.
4 Les plis neuraux fusionnent et forment le tube neural.
Donne naissance à l’épiderme
Chapitre 13 Le système nerveux : l’encéphale et les nerfs crâniens
567
INTÉGRATION APPLICATION CLINIQUE
Les anomalies du tube neural DÉSÉQUILIBRE HOMÉOSTATIQUE
Les anomalies du tube neural sont de graves malormations de l’encéphale, de la moelle épinière et des méninges qui apparaissent au cours du développement. Les deux principales anomalies du tube neural, soit l’anencéphalie et le spina bifda, résultent toutes deux du déaut de ermeture du tube neural dans certaines régions au cours du développement. Les anomalies du tube neural représentent l’une des malormations congénitales les plus courantes parmi les nourrissons nés vivants au Canada. L’anencéphalie ne permet pas une longue survie (Rieder, 1997). L’anencéphalie (an = sans, egkephalos = encéphale) est l’absence partielle ou complète de l’encéphale et des os du crâne. Les nourrissons anencéphales vivent rarement plus de quelques heures après leur naissance. Des anomalies du tube neural de cette importance sont heureusement rares et elles sont acilement décelées à l’échographie prénatale, de sorte que les parents sont avisés de la pathologie. Le spina bifda (spina = épine, bifdus = divisé en deux parties) est plus réquent que l’anencéphalie. Cette anomalie se présente lorsque la portion caudale du tube neural ne se reerme pas, souvent dans la région lombaire ou sacrale. Il existe deux ormes de spina bifda : le spina bifda avec myéloméningocèle, plus grave, et le spina bifda occulte. Dans le spina bifda avec myéloméningocèle, il ne se orme presque pas d’arc vertébral, de sorte que l’aspect postérieur de la moelle épinière est laissé sans protection dans la région concernée FIGURES A et B. Il s’accompagne généralement d’un myéloméningocèle, une grosse structure kystique remplie de liquide cérébrospinal et recouverte d’une mince couche de peau ou, dans certains cas, uniquement par les méninges (membranes protectrices de la moelle épinière). En général, il aut procéder rapidement à une intervention chirurgicale pour corriger la malormation, réduire
les risques d’inection et préserver les capacités onctionnelles existantes de la moelle épinière. La paralysie des membres inérieurs ait souvent partie du syndrome du spina bifda. Touteois, malgré ces problèmes, la plupart des enants atteints s’engagent dans l’âge adulte. Le spina bifda occulte est moins grave et il est beaucoup plus commun que le spina bifda avec myéloméningocèle. Cette aection se caractérise par une anomalie partielle de l’arc vertébral qui touche en général les lames vertébrales et le processus épineux FIGURE C. La malormation osseuse étant légère, la moelle épinière et les méninges ne ont pas saillie dans le dos. Il y a souvent une toue de poils dans la région où se situe l’anomalie osseuse, ce qui peut alerter le médecin et lui en aire soupçonner l’existence. La plupart des personnes atteintes de cette aection ne présentent pas de symptômes, et c’est habituellement une radiographie passée pour une autre raison qui la révèle. Bien que les risques d’anomalies du tube neural ne puissent être éliminés, il est possible d’en réduire considérablement l’incidence. Des chercheurs ont en eet trouvé une corrélation entre l’absorption par la emme enceinte de plus grandes quantités de vitamine B12 et d’acide olique (olate), une autre vitamine du complexe B, et une réduction de l’incidence des anomalies du tube neural (Forman, Singal, Perelman et al., 1996 ; Potier de Courcy, 1994 ; Richard-Tremblay, 2012). Ces deux vitamines sont essentielles pour la ormation de l’acide désoxyribonucléique (ADN) et elles sont nécessaires pour la division cellulaire et la diérenciation tissulaire. Par conséquent, il est recommandé aux emmes enceintes de prendre des vitamines prénatales contenant des taux élevés de ces vitamines. L’industrie alimentaire a d’ailleurs entrepris d’enrichir de olate beaucoup de pains et de céréales. Toutes les emmes en âge de procréer sont incitées à inclure sufsamment d’acide olique à leur régime alimentaire au cas où elles ne constateraient une grossesse qu’après la 4e semaine, alors que la ormation du tube neural est achevée.
Rudiment d’arc vertébral Arc vertébral incomplet
Myéloméningocèle Dure-mère
Touffe de poils
Moelle épinière
Peau
Muscles dorsaux
Moelle épinière
Vertèbre
A. Spina bifida avec myéloméningocèle
B. Enfant atteint de spina bifida avec myéloméningocèle
C. Spina bifida occulte
Le spina bifda est un trouble du tube neural qui présente deux ormes : A. et B. le spina bifda avec myéloméningocèle ; C. le spina bifda occulte.
568 Partie III La communication et la régulation
du œtus porte le nom de neuropore crânien, alors que celle située près des esses est appelée neuropore caudal. De açon plus précise, l’extrémité crânienne du tube neural se prolonge en vue de ormer l’encéphale, alors que l’extrémité caudale orme la moelle épinière (voir la section 14.7). Si ces ouvertures ne se reerment pas, le œtus sera atteint d’une anomalie du tube neural (voir l’Application clinique intitulée « Les anomalies du tube neural », p. 567).
prosencéphale (proso = en avant, egkephalos = encéphale) ; l’encéphale moyen, le mésencéphale (mesos = au milieu) ; et l’encéphale postérieur, le rhombencéphale (rhombos = losange), en raison de sa orme FIGURE 13.3A. Au cours de la 5e semaine de croissance, les trois vésicules cérébrales principales continuent de se développer et se divisent en cinq vésicules cérébrales secondaires (voir la fgure 13.3B): • Le prosencéphale se divise en deux vésicules cérébrales secondaires :
13.1.2.2 La formation de l’encéphale Le tube neural croît à un rythme diérent selon la région de l’organisme. L’encéphale est ormé à partir de l’extrémité crânienne du tube neural de l’embryon. Vers la fn de la 4e semaine de développement, le tube neural a ormé trois vésicules cérébrales principales, lesquelles sont à l’origine des régions de l’encéphale adulte. Le nom que porte chacune des vésicules décrit leur emplacement dans le crâne en croissance : l’encéphale antérieur est appelé
– le télencéphale (tel = fn) qui donne naissance au cerveau ; – le diencéphale (dia = à travers) qui donne naissance au thalamus, à l’hypothalamus ainsi qu’à l’épithalamus. • Le mésencéphale est la seule vésicule cérébrale principale qui ne se divise pas pour ormer une vésicule secondaire. Il devient l’encéphale moyen chez l’adulte.
Rhombencéphale Prosencéphale
Mésencéphale
Mésencéphale Prosencéphale Rhombencéphale
Moelle épinière
Moelle épinière
A. 4e semaine
Myélencéphale Télencéphale
Métencéphale Mésencéphale
Diencéphale Mésencéphale
Diencéphale Télencéphale
Métencéphale Moelle épinière Myélencéphale
Moelle épinière
B. 5e semaine
FIGURE 13.3 Changements structuraux de l’encéphale en dévelop pement ❯ A. Dès la 4e semaine de développement, l’encéphale est enroulé sur lui-même en raison d’un manque d’espace dans la
cavité crânienne. B. Les vésicules cérébrales secondaires apparaissent durant la 5 e semaine.
Chapitre 13 Le système nerveux : l’encéphale et les nerfs crâniens
Cerveau
Contour du diencéphale Cerveau Contour du diencéphale Mésencéphale
Mésencéphale Pont
Cervelet
Cervelet
Bulbe rachidien
Pont
Bulbe rachidien
Moelle épinière
Moelle épinière
C. 13e semaine
D. 26e semaine
Cerveau Mésencéphale Pont Bulbe rachidien
Diencéphale Cervelet
Moelle épinière
FIGURE 13.3 Changements structuraux de l’encéphale en développement (suite) ❯ C. Durant la 13e semaine, le télencéphale se développe rapidement et enveloppe le diencéphale. D. Dès la 26 e semaine, les sillons et les gyrus de grande taille se forment. E. À la naissance, l’enfant possède les mêmes caractéristiques cérébrales que l’adulte.
E. À la naissance
Tronc cérébral
569
570 Partie III La communication et la régulation
• Le rhombencéphale se scinde en deux vésicules cérébrales secondaires :
– Le métencéphale (meta = après) à partir duquel se orment le pont et le cervelet ; – Le myélencéphale (muellos = moelle), à l’origine du bulbe rachidien. Les structures du mésencéphale et du rhombencéphale, à l’exception du cervelet, orment le tronc cérébral.
INTÉGRATION
STRATÉGIES D’APPRENTISSAGE
Il se forme 5 vésicules cérébrales secondaires durant la 5e semaine de croissance.
Le télencéphale se développe rapidement. Au cours des périodes embryonnaire et œtale, il vient envelopper le diencéphale. Ainsi, à mesure que l’encéphale se orme, sa paroi extérieure crée des replis, particulièrement là où se trouve le télencéphale. Cela entraîne la ormation des sillons et des gyrus observables chez l’adulte. Les replis et les creux qui se orment défnissent l’emplacement des cavités cérébrales. Ces plis et ces sillons permettent de contenir une grande quantité de tissu cérébral dans la cavité crânienne. La plupart des sillons et des gyrus se orment vers la fn de la période œtale. Ainsi, l’encéphale de l’enant naissant ressemble grandement à celui de l’adulte, et ce, même si son développement onctionnel est loin d’être terminé (voir la fgure 13.3C à E).
Vérifiez vos connaissances 2. Comment le tube neural se forme-t-il à partir
de la plaque neurale ?
Le TABLEAU 13.1 résume le développement embryonnaire des structures de l’encéphale à partir du tube neural jusqu’aux structures correspondantes chez l’adulte.
3. Désignez les cinq vésicules cérébrales secondaires
et les structures de l’encéphale adulte auxquelles elles donnent lieu.
TABLEAU 13.1 Principales structures cérébrales : du développement embryonnaire à la structure adulte Du développement embryonnaire à la structure adulte Tube neural
Vésicules cérébrales principales
Structure dérivée du canal neural b
Structure cérébrale
Télencéphale
Ventricules latéraux
• Cerveau
Prosencéphale (encéphale antérieur)
Diencéphale
Troisième ventricule
• Épithalamus • Thalamus • Hypothalamus
Mésencéphale (encéphale moyen)
Mésencéphale (encéphale moyen)
Aqueduc du mésencéphale
• Tronc cérébral : mésencéphale
Rhombencéphale (encéphale postérieur)
Métencéphale
Quatrième ventricule (portion supérieure)
• Tronc cérébral : pont, cervelet
Myélencéphale
Quatrième ventricule (portion inférieure) ; une partie du canal central
• Tronc cérébral : bulbe rachidien
Canal neural
• Moelle épinière
Antérieur
Vésicules cérébrales secondaires (à partir desquelles sont formées les régions cérébrales adultes)a
Postérieur a
b
Les vésicules secondaires embryonnaires donnent naissance aux diverses régions de l’encéphale ; c’est pourquoi elles portent le même nom que ces dernières. Dans chacune des régions cérébrales, le canal neural forme une cavité.
Chapitre 13 Le système nerveux : l’encéphale et les nerfs crâniens
13.1.3
5
La répartition de la substance grise et de la substance blanche
13.2.1
Deux régions de couleur distincte sont visibles dans l’encéphale et la moelle épinière, soit la substance grise et la substance blanche. La substance grise est principalement composée des corps cellulaires et des dendrites des neurones moteurs et des interneurones, ainsi que de leurs axones amyélinisés. C’est d’ailleurs l’absence de myéline qui donne sa couleur grise au tissu nerveux. La substance blanche, quant à elle, est composée en majorité d’axones myélinisés, et sa couleur est attribuable à la présence de myéline. En général, une couche superfcielle de substance grise se orme dans le cerveau durant son développement, à la suite du déplacement des neurones périphériques. Ces euillets externes de substance grise portent le nom de cortex cérébral (cortex = écorce) et recouvrent le cerveau. Pour ce qui est de la substance blanche, elle est située sous la substance grise du cortex. Cependant, au cœur des masses de substance blanche se trouvent également des amas de substance grise. Ces masses de corps cellulaires neuronaux de orme ovale, sphérique ou irrégulière se nomment noyaux basaux. Cette organisation se modife graduellement à l’approche du tronc cérébral : le cortex disparaît, et des noyaux de substance grise sont disposés dans la substance blanche. Cette composition s’inverse totalement à l’atteinte de la moelle épinière. La substance grise entoure le canal central, et la substance blanche se retrouve en périphérie. La FIGURE 13.4 illustre la répartition des substances blanche et grise dans diverses parties de l’encéphale et de la moelle épinière (SNC). Quant au TABLEAU 13.2, il constitue un glossaire de certaines structures qui composent le système nerveux.
Vérifiez vos connaissances 4. Où se trouve la substance grise dans le cerveau
et la moelle épinière ?
13.2 La protection et le soutien
de l’encéphale
L’encéphale est à la ois protégé et soutenu par plusieurs structures : la boîte crânienne, les méninges, le liquide cérébrospinal (LCS ; ou liquide céphalorachidien) et la barrière hématoencéphalique (BHC). La boîte crânienne ore un soutien rigide à l’encéphale, alors que les méninges sont des membranes protectrices ormées de tissu conjoncti ; elles entourent l’encéphale et le séparent en diverses parties. Le LCS crée une sorte de coussin entre les euillets des méninges. Finalement, l’encéphale est soutenu par la BHC qui empêche, de açon sélective, certaines substances de pénétrer dans l’encéphale à partir de la circulation sanguine.
Les méninges crâniennes
1
Comparer la structure et l’emplacement des trois méninges, et énumérer les espaces qui se trouvent entre elles.
2
Décrire les quatre cloisons durales ainsi que leur emplacement.
Comparer la disposition de la substance grise à celle de la substance blanche.
571
Les méninges (mênigx = membrane) représentent trois couches de tissu conjoncti qui soutiennent les tissus mous de l’encéphale et de la moelle épinière, et les séparent des os du crâne. Elles enveloppent et protègent certains vaisseaux sanguins qui alimentent l’encéphale, en plus de contribuer à la circulation du LCS. De la plus interne (près de l’encéphale) à la plus externe (loin de l’encéphale), les méninges se présentent dans l’ordre suivant : la piemère, l’arachnoïde et la dure-mère FIGURE 13.5.
INTÉGRATION APPLICATION CLINIQUE
La méningite DÉSÉQUILIBRE HOMÉOSTATIQUE
La méningite est une infammation des méninges généralement causée par une inection virale ou bactérienne. Ses premiers symptômes sont la èvre, de violents maux de tête, des vomissements et une raideur de la nuque. La douleur des méninges se projette à l’arrière du cou. La méningite bactérienne provoque en général des symptômes plus sévères (encéphalite) et peut entraîner des lésions cérébrales et même la mort si elle n’est pas traitée. Les deux types de méningite sont contagieux et peuvent se propager par des gouttelettes projetées par la toux ou par les sécrétions de la bouche. C’est donc une maladie qui peut se répandre rapidement là où existe une certaine promiscuité (écoles, résidences universitaires, casernes de militaires). C’est pourquoi un vaccin contre le méningocoque est inclus dans la routine vaccinale des jeunes bébés pendant leur première année de vie. Ce vaccin contient les souches bactériennes les plus répandues au Canada pourvant causer la méningite. Un rappel de ce vaccin durant l’adolescence est recommandé an de prolonger les bienaits de cette immunité (Agence de la santé publique du Canada, 2011 ; ministère de la Santé et des Services sociaux, 2011).
13.2.1.1 La pie-mère La pie-mère (pia mater = pieuse mère) est la méninge la plus proonde. Il s’agit d’une mince et délicate couche de tissu conjoncti lâche aréolaire qui adhère ermement à l’encéphale et à la moelle épinière, et en épouse les contours. Elle est parcourue d’un nombre important de petits vaisseaux sanguins. Elle recouvre également de courtes parties des petites artères qui pénètrent dans le tissu cérébral.
13.2.1.2 L’arachnoïde L’arachnoïde (ou méninge arachnoïdienne) se situe entre la piemère et la dure-mère. Elle tire son nom de son aspect qui évoque une toile d’araignée, composée d’un enchevêtrement délicat de
572 Partie III La communication et la régulation
FIGURE 13.4 Substance blanche et substance grise dans le SNC ❯ La substance grise correspond aux parties où se trouvent les corps cellulaires des neurones, les dendrites et les axones amyélinisés, alors que la substance blanche tire sa couleur des axones myélinisés. La répartition de ces deux substances est présentée dans A. le cerveau et le diencéphale ; B. le cervelet et le tronc cérébral ; C. le bulbe rachidien, qui constitue la partie inférieure du tronc cérébral ; et D. la moelle épinière.
bres de collagène et de bres élastiques appelées trabécules arachnoïdiennes (voir la gure 13.5). Les trabécules émergent de l’arachnoïde et traversent l’espace sous-arachnoïdien vers la piemère. Les trabécules et le LCS servent à soutenir les artères et les
veines cérébrales qui se trouvent dans l’espace sous-arachnoïdien qui est situé juste sous l’arachnoïde. Plus haut, entre l’arachnoïde et la dure-mère, se trouve un espace virtuel, soit l’espace sous-dural. Ce dernier devient un véritable espace s’il y a
Chapitre 13 Le système nerveux : l’encéphale et les nerfs crâniens
TABLEAU 13.2
573
Glossaire des structures du système nerveux
Structure
Description
Ganglion
Regroupement de corps cellulaires de neurones situé dans le SNP.
Noyau
Regroupement de corps cellulaires de neurones du SNC occupant une même onction.
Centre nerveux
Région dont les rontières anatomiques sont subtiles et qui est composée de neurofbres remplissant une même onction (p. ex., les centres respiratoires situés dans le bulbe rachidien permettent le contrôle de la réquence et de l’amplitude respiratoires).
Ner
Regroupement de neurofbres du SNP.
Plexus nerveux
Réseau de ners spinaux enchevêtrés (p. ex., plexus brachial, plexus lombaire).
Tractus
Regroupement d’axones du SNC qui ont la même trajectoire et dont toutes les structures des neurones se situent dans le SNC.
Faisceau et ascicule
Regroupement d’axones du SNC qui ont la même trajectoire et dont toutes les structures des neurones se situent à l’extérieur du SNC. Le ascicule est un aisceau de plus petite taille.
Cordon
Regroupement de aisceaux et de tractus dans une région donnée de la moelle épinière.
Voie nerveuse
Ensemble de aisceaux et de tractus reliant le SNC aux divers organes et systèmes de l’organisme (p. ex., la voie de la douleur permet de relier les diérents nocicepteurs du SNP aux centres cérébraux du SNC qui intègrent les messages de douleur).
Cuir chevelu Périoste Os du crâne Espace épidural (virtuel) Feuillet conjonctivo-vasculaire (feuillet externe)
Granulations arachnoïdiennes
Dure-mère
Feuillet méningé (feuillet interne) Espace sous-dural (virtuel) Arachnoïde Espace sous-arachnoïdien
Villosité arachnoïdienne Sinus veineux de la dure-mère (sinus sagittal supérieur)
Trabécules arachnoïdiennes Pie-mère Cortex cérébral Substance blanche Faux du cerveau
FIGURE 13.5 Méninges crâniennes
❯ Une section rontale de la portion supérieure de la tête montre l’organisation des trois enveloppes méningées : la dure-mère, l’arachnoïde et la pie-mère. Sur la ligne médiane, la couche interne de la dure-mère se replie et vient s’accoler à celle du côté opposé
accumulation de sang ou de liquide à cet endroit, comme c’est le cas en présence d’une aection appelée hématome sous-dural (voir l’Application clinique intitulée « Les hématomes épiduraux et sous-duraux», p. 574).
13.2.1.3 La dure-mère et les cloisons durales La dure-mère (durus = dur) constitue la couche la plus épaisse soutenant le plus l’encéphale. Cette couche externe irrégulière
pour ormer la aux du cerveau qui sépare les deux hémisphères cérébraux ormant le cerveau. Par endroits, la dure-mère se sépare en deux couches pour ormer des sinus veineux, comme le sinus sagittal supérieur montré ici, qui drainent le sang de l’encéphale.
est composée de tissu conjoncti dense. Comme l’indique son nom latin dura mater, il s’agit de la méninge la plus résistante. La dure-mère comporte deux euillets fbreux : le feuillet méningé (ou interne), qui se trouve juste au-dessus de l’arachnoïde, et le feuillet conjonctivo-vasculaire (ou externe), le plus superfciel des deux, qui adhère aux os du crâne. Le euillet interne se prolonge à l’arrière, dans le canal vertébral, pour ormer la duremère spinale, soit celle protégeant la moelle épinière. Le euillet conjonctivo-vasculaire ne recouvre pas la moelle épinière.
574 Partie III La communication et la régulation
Généralement, le euillet méningé est soudé au euillet conjonctivo-vasculaire, sau en quelques endroits où ils se séparent pour envelopper les sinus de la dure-mère (ou sinus veineux). Un sinus est une veine dont la orme a été modifée. Les sinus de la dure-mère sont généralement triangulaires et transverses. Contrairement à la plupart des veines, ils ne comportent pas de valve servant à réguler le débit sanguin. En ait, ces sinus évacuent le sang de l’encéphale et l’envoient dans les veines jugulaires internes du cou. La plupart des sinus veineux sont présentés dans la FIGURE 13.6. Entre la dure-mère et les os du crâne se trouve un second espace virtuel : l’espace épidural. Ce dernier renerme les artères et les veines qui alimentent les méninges ainsi que les os du crâne. Tout comme l’espace sous-dural, l’espace épidural devient un véritable espace lorsqu’il s’emplit de sang ou de liquide. Par ailleurs, c’est dans cet espace que l’anesthésie péridurale (ou épidurale) est pratiquée (Milon, Bentue-Ferrer, Noury et al., 1983). L’utilisation la plus courante de cette technique est l’analgésie péridurale lombaire au moment de l’accouchement. Cette technique d’anesthésie consiste à introduire un cathéter dans cet espace et à permettre la diusion d’un produit acti (p. ex., un analgésique ou un anesthésique). Elle peut également se pratiquer dans le cerveau ou le thorax pour d’autres types d’interventions médicales. Le euillet interne de la dure-mère s’enonce à diérents endroits dans la cavité crânienne et orme des cloisons aplaties. Ce sont les cloisons durales (clausus = clos). Ces cloisons séparent les diverses parties de l’encéphale et lui orent une stabilité ainsi qu’un soutien additionnels. Il existe quatre cloisons durales : la aux du cerveau, la tente du cervelet, la aux du cervelet et le diaphragme de la selle (voir la figure 13.6).
INTÉGRATION APPLICATION CLINIQUE
Les hématomes épiduraux et sous-duraux DÉSÉQUILIBRE HOMÉOSTATIQUE
Un hématome (haima, haimatos = sang, oma = tumeur) est une accumulation locale de sang en quantité anormale en dehors d’un vaisseau sanguin. L’hématome épidural se situe dans l’espace épidural de l’encéphale et résulte habituellement d’un coup violent porté à la tête. Le tissu cérébral avoisinant se trouve alors déformé et comprimé par l’hématome qui continue à grossir. Si le saignement ne peut être arrêté et que le sang accumulé ne peut être retiré, des lésions neurologiques graves et même la mort peuvent s’ensuivre. Cela peut être empêché grâce à une intervention chirurgicale consistant à forer un trou dans le crâne pour aspirer le sang et ligaturer le vaisseau endommagé. Un hématome sousdural est une hémorragie qui se produit dans l’espace sous-dural, entre la dure-mère et l’arachnoïde. De tels hématomes sont habituellement consécutifs à la rupture d’une veine causée par un mouvement rotationnel rapide ou violent de la tête. Le sang s’accumule alors dans cet espace et comprime l’encéphale. Le traitement des hématomes sous-duraux est semblable à celui des hématomes épiduraux.
La faux du cerveau est la plus grande des cloisons durales et, comme son nom l’indique, elle a une orme de aux. Ce pli pénètre entre les hémisphères gauche et droit. La partie antérieure de la aux du cerveau s’insère sur la crista galli de l’os ethmoïde (voir le tableau 8.2, p. 301). Quant à sa partie postérieure, elle est attachée à la protubérance occipitale interne. Cette cloison durale abrite le sinus sagittal supérieur et le sinus sagittal inférieur.
Crâne Dure-mère Faux du cerveau Sinus sagittal supérieur Sinus sagittal inférieur Diaphragme de la selle Hypophyse Sinus droit Tente du cervelet Incisure tentorielle Sinus transverse
A. Coupe sagittale médiane
Confluent des sinus Faux du cervelet Sinus occipital Tronc cérébral
FIGURE 13.6 Cloisons durales
❯ A. Une coupe sagittale médiane et B. une vue postérieure du crâne illustrent l’emplacement de la faux du cerveau, de la faux du cervelet, de la tente du cervelet ainsi que du diaphragme de la selle.
B. Vue postérieure
Chapitre 13 Le système nerveux : l’encéphale et les nerfs crâniens
Vérifiez vos connaissances
La tente du cervelet sépare le cervelet des lobes occipital et temporal du cerveau. Cette cloison doit son nom à sa orme de tente qui semble surmonter le cervelet. Les sinus latéraux parcourent sa paroi postérieure, alors que le sinus droit se situe le long du plan sagittal médian de la tente du cervelet. L’avant de cette cloison présente une ouverture, l’incisure tentorielle (ou oramen ovale de Pacchioni), qui crée un passage pour le tronc cérébral.
5. Nommez les méninges et les espaces qui se trouvent
entre elles, des plus superfciels aux plus proonds (de celui le plus éloigné de l’encéphale à celui le plus près). 6. Où se situe la aux du cerveau ? Quel rôle joue-t-elle ?
La faux du cervelet est une cloison verticale en orme de aucille qui sépare les hémisphères gauche et droit du cervelet et qui se rattache à la tente du cervelet. Un minuscule sinus occipital (autre sinus de la dure-mère) parcourt la paroi verticale postérieure de la aux du cervelet.
13.2.2 3
Les ventricules de l’encéphale
Décrire l’anatomie et l’emplacement des ventricules.
Les ventricules cérébraux sont des cavités ou des renfements de l’encéphale dérivés du canal neural (lumière du tube neural embryonnaire). Tous les ventricules sont tapissés d’épendymocytes (voir la section 12.3.2) et contiennent du LCS qui protège l’encéphale et la moelle épinière en créant un coussin aqueux. Ils communiquent entre eux ainsi qu’avec le canal central de la moelle épinière FIGURE 13.7.
Le diaphragme de la selle (ou diaphragme sellaire) représente la plus petite des cloisons durales. Il orme une sorte de toit qui surmonte la selle turcique du sphénoïde, une partie ormée par la osse hypophysaire (voir le tableau 8.2, p. 300). Il comporte une petite ouverture servant à laisser passer une ne tige tissulaire, l’inundibulum, qui relie l’hypophyse à la base de l’hypothalamus (voir la section 13.4.3).
L’encéphale comporte quatre ventricules, dont deux ventricules latéraux situés dans chaque hémisphère cérébral ; ils sont séparés par une mince cloison médiale appelée septum pellucidum (pellucide signie transparent) (voir la fgure 13.16). Chacun des ventricules latéraux communique avec le troisième ventricule grâce à une ouverture, le foramen interventriculaire (ou trou de Monro).
À votre avis 1. Quelle méninge ore le plus grand soutien à l’encé-
phale et le protège mieux sur le plan physique ? Pourquoi ?
Partie postérieure
575
Partie antérieure
Troisième ventricule
Hémisphère gauche
Foramen interventriculaire
Ventricule latéral
Ventricules latéraux
Foramen interventriculaire Troisième ventricule Aqueduc du mésencéphale
Aqueduc du mésencéphale Quatrième ventricule
Quatrième ventricule
Ouverture latérale Ouverture médiane
Canal central de la moelle épinière
A. Vue latérale
Canal central de la moelle épinière
B. Vue antérieure
FIGURE 13.7 Ventricules cérébraux
❯ Les ventricules sont ormés à partir du canal neural embryonnaire. Ils contiennent du LCS, lequel assure le transport des messages chimiques, des nutriments et des déchets.
Des vues A. latérale et B. antérieure illustrent l’emplacement des ventricules et le lien qui les unit.
576 Partie III La communication et la régulation
Le troisième ventricule se situe dans le diencéphale ; il est plus petit et plus mince (voir la fgure 13.7). Un canal étroit appelé aqueduc du mésencéphale (anciennement appelé aqueduc de Sylvius), dont la orme rappelle celle d’une aucille, traverse l’encéphale moyen et relie le troisième ventricule au quatrième ventricule. Le quatrième ventricule est situé entre le pont et le cervelet, et il mène à l’espace sous-arachnoïdien grâce à trois ouvertures : une ouverture médiane (ou trou de Magendie) et deux ouvertures latérales (ou trous de Luschka). Le quatrième ventricule se rétrécit à son extrémité inérieure, où il rejoint l’étroit canal central de la moelle épinière.
Vérifiez vos connaissances 7. Où se situe le quatrième ventricule et de quelle manière
est-il lié à l’espace sous-arachnoïdien ?
13.2.3
Le liquide cérébrospinal
4
Expliquer les trois fonctions que remplit le liquide cérébrospinal.
5
Décrire la circulation du liquide cérébrospinal, de son origine à son drainage.
Le liquide cérébrospinal (LCS) est un liquide clair et transparent qui circule dans les ventricules cérébraux et dans l’espace sousarachnoïdien. Les parties exposées du SNC sont complètement
submergées dans ce liquide. Le LCS remplit plusieurs onctions importantes : • La fottabilité. L’encéphale fotte dans le LCS, ce qui réduit son poids de plus de 95 % et l’empêche de s’eondrer sous son propre poids. Sans le LCS pour les soutenir, certaines parties de l’encéphale s’engageraient dans le trou occipital. • La protection. Le LCS constitue un coussin aqueux qui protège les structures nerveuses délicates des mouvements soudains. Pour illustrer cette onction, il est possible de la comparer à une tentative de marche rapide dans une piscine. Les mouvements sont grandement ralentis. Dans le même ordre d’idées, le LCS ralentit les mouvements de l’encéphale si le crâne ou le corps eectue des mouvements rapides et vigoureux. • La stabilité du milieu. Le LCS transporte des nutriments et des messagers chimiques vers l’encéphale, en plus de débarrasser ce dernier de ses déchets. Le LCS protège le tissu nerveux des fuctuations chimiques qui risqueraient de perturber la onction neuronale. Les déchets et la quantité superfue de LCS sont drainés dans la circulation veineuse.
13.2.3.1 La formation du liquide cérébrospinal Le LCS est produit par les plexus choroïdes (plectere = tresser, khorion = membrane), des tissus présents dans chacun des ventricules. Les plexus choroïdes sont composés d’une couche d’épendymocytes (epi = sur, enduma = vêtement) et de capillaires qui parcourent la pie-mère FIGURE 13.8.
FIGURE 13.8 Plexus choroïdes
❯ Les plexus choroïdes sécrètent le LCS. A. Une section frontale de l’encéphale montre les plexus choroïdes des ventricules latéraux. B. Un plexus choroïde est formé d’épendymocytes et de capillaires sanguins logés dans la pie-mère.
Fissure longitudinale
Épendymocytes Capillaire Pie-mère Section d’un plexus choroïde
Plexus choroïdes dans les ventricules latéraux Corps calleux
Cavité du ventricule Le LCS formé pénètre dans le ventricule. A. Section frontale de l’encéphale, en gros plan
B. Plexus choroïde
Chapitre 13 Le système nerveux : l’encéphale et les nerfs crâniens
Les capillaires des plexus choroïdes sont perméables, et une grande partie du plasma qui coule à l’intérieur de ces capillaires est continuellement ltrée vers le liquide interstitiel. Ce liquide (plasma mélangé au liquide interstitiel) entre dans les épendymocytes selon le gradient de concentration des ions sodium Na+, lesquels sont pompés activement à l’intérieur des cellules. Comme les épendymocytes sont reliés par des jonctions serrées, les substances qui pénètrent à l’intérieur doivent les traverser pour en ressortir. Munis de nombreuses pompes ioniques, les épendymocytes peuvent ainsi modier la composition du LCS avant sa sortie dans les ventricules. Pour leur part, les plus grosses molécules se déplacent grâce à un transport vésiculaire. Au nal, le LCS comprend moins de protéines et de glucose que le plasma, et sa concentration ionique est différente de ce dernier, puisqu’il contient plus d’ions Na+, chlorure (Cl–) et hydrogène (H+), et moins d’ions calcium (Ca 2+) et potassium (K+).
13.2.3.2 La circulation du liquide cérébrospinal L’encéphale produit environ 500 ml de LCS par jour. Ce dernier traverse les ventricules, puis pénètre dans l’espace sousarachnoïdien, où le volume total de LCS se situe toujours entre 100 et 160 ml. La quantité superue de LCS est continuellement évacuée de l’espace sous-arachnoïdien an d’éviter qu’il y ait accumulation de liquide et endommagement des tissus nerveux. Les villosités arachnoïdiennes (villus = poil), qui sont des prolongements en forme de doigts provenant de l’arachnoïde, traversent la dure-mère pour se loger dans les sinus veineux. Ces villosités se regroupent pour former des granulations
INTÉGRATION APPLICATION CLINIQUE
L’hydrocéphalie L’hydrocéphalie (hydro = eau, kephale = tête) est un état pathologique caractérisé par la présence d’une quantité excessive de LCS causée par une malformation congénitale de l’aqueduc du mésencéphale ou une tumeur du cervelet qui entraîne souvent une déformation de l’encéphale. La plupart des cas d’hydrocéphalie sont dus soit à une obstruction de l’écoulement du LCS qui limite sa réabsorption dans le sang veineux, soit à un problème intrinsèque des villosités arachnoïdiennes elles-mêmes. Si l’hydrocéphalie évolue chez un jeune enfant, sa tête grossit et des dommages neurologiques peuvent s’ensuivre. Si la condition apparaît après la soudure des sutures crâniennes, l’encéphale sera comprimé à l’intérieur du crâne à mesure que les ventricules se dilateront, ce qui peut occasionner une lésion permanente de l’encéphale. Une intervention chirurgicale permet de traiter l’hydrocéphalie : elle consiste à implanter des dérivations (tubes) pour drainer l’excès de LCS vers d’autres régions corporelles, où il sera absorbé dans le sang. Nourrisson atteint d’hydrocéphalie
577
arachnoïdiennes. Ces villosités arachnoïdiennes créent un conduit qui permet au LCS présent en trop grande quantité de retourner dans la circulation sanguine par les sinus veineux. Cependant, la circulation dans les villosités n’est possible que dans un sens. La FIGURE 13.9 illustre et explique en détail la production, la circulation et le drainage du LCS.
Vérifiez vos connaissances 8. Quelles sont les trois principales fonctions du liquide
cérébrospinal ? 9. Où est produit le LCS ? Dans quelles structures
circule-t-il et comment la quantité excédentaire de LCS est-elle retournée dans la circulation sanguine ?
13.2.4
La barrière hématoencéphalique
6
Décrire les composantes de la barrière hématoencéphalique.
7
Expliquer comment la barrière hématoencéphalique protège l’encéphale.
Les tissus nerveux sont protégés de la circulation systémique par la barrière hématoencéphalique (BHE), laquelle régit de manière stricte les substances qui peuvent pénétrer dans le liquide interstitiel de l’encéphale. La BHE prévient l’exposition des neurones cérébraux aux médicaments, aux déchets sanguins et aux variations de concentration des substances normalement présentes dans l’organisme (p. ex., les ions, les hormones), qui risqueraient d’avoir des conséquences nuisibles sur la fonction cérébrale. Cette barrière est constituée à la fois des membranes basales des cellules endothéliales et des pieds astrocytaires des astrocytes FIGURE 13.10. Les pieds astrocytaires recouvrent et enveloppent complètement la plupart des capillaires de l’encéphale (voir la section 12.3.2). Ils agissent à titre de véritables portiers ; ils décident quelles substances peuvent passer des capillaires aux neurones, tandis que la membrane basale continue des cellules endothéliales assure l’étanchéité entre les cellules endothéliales adjacentes. La BHE empêche donc les neurones d’être exposés à des médicaments ou à des drogues, aux déchets sanguins ainsi qu’à des variations de certaines substances présentes normalement dans l’organisme, notamment les hormones. Malgré tout, la barrière n’est pas parfaitement étanche. Les composés liposolubles comme la nicotine, l’alcool et certains anesthésiants parviennent à traverser par diffusion la membrane plasmique endothéliale et, par conséquent, la BHE pour se mêler au liquide interstitiel du SNC et atteindre les neurones. Certaines drogues, dont la cocaïne et les méthamphétamines, peuvent endommager la BHC. La BHE est nettement réduite ou complètement absente dans trois régions du SNC : le plexus choroïde, l’hypothalamus et l’épithalamus, qui contient la glande pinéale (corps pinéal) (voir la section 13.4.1). En effet, les capillaires du plexus choroïde doivent être perméables an de pouvoir produire du LCS. Quant à l’hypothalamus et à la glande pinéale, ils produisent certaines hormones qui doivent avoir accès à la circulation sanguine.
578 Partie III La communication et la régulation
1 Le LCS est sécrété par le plexus choroïde des ventricules.
Dure-mère Sens de la (feuillet Villosité circulation conjonctivoarachnoïdienne du LCS vasculaire)
2 Le LCS circule des ventricules latéraux vers le troisième ventricule en passant par les foramens interventriculaires, puis jusqu’au quatrième ventricule auquel il accède par l’aqueduc du mésencéphale. 3 Le LCS présent dans le quatrième ventricule traverse l’espace sous-arachnoïdien en passant par les ouvertures latérales et l’ouverture médiane ; une certaine quantité du LCS présent dans le quatrième ventricule passe également dans le canal central de la moelle épinière.
Sinus sagittal supérieur (sinus veineux) Dure-mère (feuillet méningé)
4 À mesure que le LCS circule dans l’espace sous-arachnoïdien, il débarrasse l’encéphale de ses déchets et de la quantité superflue de liquide grâce aux villosités arachnoïdiennes. Il assure la flottaison de l’encéphale et lui offre un certain soutien.
Arachnoïde Espace sous-arachnoïdien
5 La quantité superflue de LCS circule dans les villosités arachnoïdiennes, puis est drainée dans les sinus veineux. Le LCS exerce une pression importante sur l’espace sous-arachnoïdien et permet l’ouverture des rabats que forment les villosités arachnoïdiennes. Ces dernières s’ouvrent sur les sinus veineux, laissant passer, selon le gradient de pression hydrostatique (voir la section 4.3.2), l’excédent de liquide vers la circulation veineuse sans toutefois que le sang veineux entre dans l’espace sous-arachnoïdien.
Pie-mère Cortex cérébral Sens de la circulation du LCS
B. Villosité arachnoïdienne
Villosités arachnoïdiennes
5
Sinus sagittal supérieur (sinus veineux) Pie-mère Plexus choroïde du troisième ventricule
4 Sens de la circulation veineuse 1
Plexus choroïde du ventricule latéral Foramen interventriculaire Troisième ventricule
2 Aqueduc du mésencéphale Ouverture latérale Quatrième ventricule Plexus choroïde du quatrième ventricule Ouverture médiale
3
Dure-mère
Espace sous-arachnoïdien
Canal central de la moelle épinière
FIGURE 13.9 Production et circulation du liquide cérébrospinal
❯
A. La coupe sagittale médiane révèle l’endroit où est sécrété le LCS ainsi que le chemin qu’il emprunte jusqu’à ce qu’il parvienne aux villosités arachnoïdiennes. B. Le LCS circule des villosités arachnoïdiennes vers les sinus veineux.
A. Coupe sagittale médiane
Chapitre 13 Le système nerveux : l’encéphale et les nerfs crâniens
579
FIGURE 13.10 Barrière hématoencéphalique
❯ Les pieds astrocytaires des astrocytes et les jonctions serrées de l’endothélium des capillaires agissent de concert pour empêcher les substances nocives présentes dans le sang d’atteindre l’encéphale. A. La gure montre quelques pieds astrocytaires pour faciliter la compréhension de leur structure. B. Les astrocytes régulent les mouvements de la plupart des substances, mais les substances liposolubles peuvent quand même traverser la barrière.
Vérifiez vos connaissances 10. Comment la BHE protège-t-elle les tissus nerveux ?
INTÉGRATION LIENS ENTRE LES CONCEPTS Les déchets et l’excès de LCS sont absorbés par le sang, tout comme les autres déchets de l’organisme. Les reins, en ltrant le sang, retireront ces déchets pour les incorporer dans l’urine qui sera évacuée de l’organisme (voir le chapitre 24).
13.3 Le cerveau Le cerveau constitue le siège des processus mentaux conscients et l’origine de l’ensemble des fonctions intellectuelles complexes. Les deux grands hémisphères qui composent sa partie supérieure le rendent facilement reconnaissable (voir la gure 13.1). C’est grâce
aux activités fonctionnelles du cerveau qu’il est possible de lire et de comprendre les mots inscrits dans le présent manuel, de tourner les pages de ce dernier, d’arriver à formuler des idées et de s’en souvenir, et de parler de ces idées avec les pairs. Le cerveau représente le siège de l’intelligence, du raisonnement, de la perception sensorielle, de la pensée, de la mémoire, du jugement ainsi que des activités motrices, visuelles et auditives volontaires.
13.3.1
Les hémisphères cérébraux
1
Distinguer les hémisphères gauche et droit relativement aux fonctions qu’ils remplissent.
2
Préciser le rôle du corps calleux.
Le cerveau est divisé en deux moitiés appelées hémisphères cérébraux gauche et droit (hêmi = moitié, sphaira = boule) FIGURE 13.11. Ces deux hémisphères sont séparés par un sillon étroit et profond qui parcourt le plan sagittal médian : la ssure
580 Partie III La communication et la régulation
Partie antérieure Hémisphère cérébral gauche
Hémisphère cérébral droit Lobes frontaux Lobes pariétaux Lobes occipitaux
Gyrus Sillon Gyrus précentral
motrice. Ceci est dû au ait que les principales voies nerveuses se croisent dans la moelle épinière ou dans le bulbe rachidien. Lorsque les voies se croisent dans le bulbe rachidien, ce phénomène se nomme décussation des pyramides (voir la section 13.5.3). • Les hémisphères représentent le miroir anatomique l’un de l’autre, mais ils comportent certaines diérences onctionnelles. Il est alors question de latéralisation cérébrale. Par exemple, les régions de l’encéphale responsables du langage et de sa compréhension sont souvent situées dans l’hémisphère gauche. Ces diérences ont surtout une incidence sur les onctions d’ordre supérieur (voir la section 13.8).
Sillon central Gyrus postcentral
À votre avis
Fissure longitudinale
2. Autrefois, le traitement de l’épilepsie
consistait à sectionner le corps calleux pour que les convulsions ne touchent qu’un seul hémisphère. Quelles conséquences une telle pratique entraîne-t-elle sur la communication entre les hémisphères cérébraux ?
13.3.2
Les lobes du cerveau
Partie postérieure
3
Vue supérieure
FIGURE 13.11
Expliquer les frontières, les principales caractéristiques et les fonctions de chacun des lobes cérébraux.
Hémisphères cérébraux
❯ Cette vue du dessus illustre les hémisphères cérébraux dans lesquels les activités conscientes, les souvenirs, les comportements, les plans et les idées prennent naissance et sont régis.
longitudinale. Ils communiquent à plusieurs endroits grâce à des neurofbres qui relient leurs régions homologues (voir la section 13.3.4 et la fgure 13.1C). Le corps calleux (callosum = dur) est le tractus le plus gros ; il constitue la principale voie de communication entre les hémisphères du cerveau. Trois caractéristiques sont à retenir en ce qui concerne les hémisphères cérébraux : • Dans la plupart des cas, il est difcile d’associer une onction précise à une région donnée du cortex cérébral. En eet, en raison d’un certain chevauchement et de rontières peu défnies, une partie du cortex cérébral peut remplir diverses onctions. De plus, certains aspects de la onction corticale, dont la mémoire et la conscience, ne peuvent être attribués à une seule et unique région. • En règle générale, les deux hémisphères cérébraux sont reliés avec la partie du corps qui leur est opposée. Ainsi l’hémisphère droit reçoit l’inormation sensorielle du côté gauche de l’organisme, et c’est à ce même côté qu’il enverra une réponse
Les deux hémisphères cérébraux sont divisés en cinq lobes distincts sur le plan anatomique. Quatre de ces lobes sont visibles à la surace du cerveau et portent le nom de l’os crânien qui les surmonte. Il s’agit des lobes rontal, pariétal, temporal et occipital FIGURE 13.12A . Le cinquième lobe, le lobe insulaire (ou insula), ne peut être aperçu à la surace des hémisphères. Chacun des lobes du cerveau comporte des régions corticales précises ainsi que les aires qui y sont associées.
Le lobe frontal (voir la fgure 13.1A) est ancré proondément sous l’os rontal et constitue la partie antérieure des hémisphères cérébraux. Il s’étend jusqu’à un creux proond, le sillon central, lequel agit à titre de rontière entre les lobes rontal et pariétal. La limite inérieure du lobe rontal est le sillon latéral, sillon qui sépare les lobes rontal et pariétal du lobe temporal (voir la fgure 13.1). L’une des caractéristiques les plus importantes du lobe rontal est le gyrus précentral. Il s’agit d’une masse de tissus nerveux située juste devant le sillon central, qui constitue la partie postérieure des lobes rontaux et qui intervient principalement dans les onctions motrices volontaires. Ce lobe est associé également à la concentration, à la communication verbale, à la prise de décision, à la planifcation et à la personnalité. Le lobe pariétal se situe sous l’os du même nom et représente la partie supérieure arrière des hémisphères cérébraux. Le lobe
Chapitre 13 Le système nerveux : l’encéphale et les nerfs crâniens
pariétal est délimité à l’avant par le sillon central, à l’arrière par le sillon pariéto-occipital, lequel est difcilement perceptible, et sur les côtés par le sillon latéral. L’une des caractéristiques anatomiques importantes du lobe pariétal est le gyrus postcentral, une masse de tissus nerveux située juste derrière le sillon central et qui intervient dans les onctions sensitives générales comme le toucher ainsi que dans la discrimination de la orme et de la texture des objets. Le lobe occipital est situé sous l’os occipital, complètement à l’arrière du crâne. Le lobe occipital reçoit, intègre et mémorise l’inormation visuelle. Le lobe temporal se situe sous l’os temporal du crâne, plus bas que le sillon latéral. Ce lobe cérébral intervient dans l’ouïe et l’odorat. Il joue un rôle majeur dans la mémoire. Le sillon latéral sépare les lobes temporal et rontal. En écartant les bords du lobe temporal, il est possible d’apercevoir le lobe insulaire (insula = île), normalement caché par les lobes rontal, pariétal et temporal. Ce lobe, de petite taille, est situé proondément sous le sillon latéral. Comme il est difcile d’y accéder, très peu d’études exhaustives ont été menées sur le sujet. Cependant, il semblerait que le lobe insulaire intervienne dans la mémoire et l’interprétation des goûts (Dubuc, 2008 ; Guenot & Isnard, 2008). Le TABLEAU 13.3 constitue un résumé portant sur les lobes cérébraux et leurs divisions.
Vérifiez vos connaissances 11. Énumérez les cinq lobes cérébraux ainsi que
les principales onctions de chacun.
TABLEAU 13.3
13.3.3
581
La substance grise : les aires fonctionnelles du cerveau
4
Distinguer les diérentes aires sensitives.
5
Comparer les activités des aires associatives à celles des aires associatives multimodales.
6
Situer les diérentes aires motrices et énumérer leurs onctions.
La recherche sur le sujet a démontré que les aires structurales précises du cortex cérébral remplissent des onctions motrices et sensitives distinctes (Dubuc, 2004 ; Guigon, 1993). En revanche, certaines onctions mentales d’ordre supérieur, dont le langage et la mémoire, sont réparties sur de vastes régions. Il existe trois catégories d’aires onctionnelles : les aires sensitives, qui apportent des sensations, les aires associatives, qui interviennent principalement dans l’intégration et le stockage de l’inormation, et les aires motrices, qui régissent les onctions motrices volontaires. Dans le onctionnement habituel du cerveau, les inormations provenant de la périphérie sont acheminées dans les aires sensitives qui les reconnaissent. Elles sont ensuite envoyées dans les aires associatives qui les regroupent et les traitent. Ces inormations sont fnalement acheminées vers les aires motrices qui transmettent l’action aux eecteurs du corps (organes, glandes ou muscles squelettiques). De açon générale, le terme primaire est utilisé pour les aires sensitives ou motrices qui reçoivent l’inormation en premier pour chaque catégorie d’aire déterminée. Par exemple, l’aire visuelle primaire reçoit directement l’inormation sensorielle
Principales fonctions des lobes cérébraux et leurs régions corticales et aires associées
Lobe
Régions corticales et aires associées
Principales fonctions du lobe
Frontal
• Aire motrice primaire (située dans le gyrus précentral) • Aire prémotrice • Aire motrice du langage – généralement observée uniquement dans le lobe rontal gauche • Aire oculomotrice rontale • Aire associative antérieure
• Fonctions intellectuelles d’ordre supérieur (concentration, prise de décision, planifcation) • Personnalité • Communication verbale • Fonction musculaire squelettique volontaire
Pariétal
• • • •
Aire somesthésique primaire (située dans le gyrus postcentral) Aire somesthésique associative Une partie de l’aire de la compréhension du langage Une partie de l’aire associative postérieure
• Interprétation sensorielle des textures et des ormes • Compréhension de la parole • Formulation des pensées et des émotions en mots
Temporal
• • • • •
Aire auditive primaire Aire olactive Aire auditive associative Une partie de l’aire de la compréhension du langage Une partie de l’aire associative postérieure
• Interprétation et stockage des sensations auditives et olactives • Compréhension du langage
Occipital
Insulaire
• Aire visuelle primaire
• Perception consciente des stimulus visuels
• Aire visuelle associative
• Intégration des mouvements relatis au regard • Association des images avec les expériences visuelles précédentes
• Aire gustative
• Interprétation des goûts • Mémoire
INTÉGRATION
ILLUSTRATION DES CONCEPTS
FIGURE 13.12 Aires anatomiques et fonctionnelles des hémisphères cérébraux
❯ Chaque hémisphère cérébral se partage en cinq zones structurales et fonctionnelles appelées lobes, à l’intérieur desquelles se trouvent des aires corticales précises.
584 Partie III La communication et la régulation
provenant des récepteurs situés dans les yeux. Elle achemine par la suite cette information à l’aire visuelle associative. Bien que de nombreuses aires structurales aient déjà été découvertes, il n’en demeure pas moins qu’une foule d’autres aires de l’encéphale sont encore possiblement inconnues.
13.3.3.1 Les aires sensitives du cortex cérébral Les aires corticales des lobes pariétal, temporal et occipital interviennent dans la conscience des sensations. À cet effet, chacun des principaux sens est associé à une région corticale distincte. Cette section traite des aires somesthésique primaire, visuelle primaire, auditive primaire, olfactive et gustative primaire. L’aire somesthésique primaire est située dans le gyrus postcentral des lobes pariétaux. Les neurones de cette aire reçoivent l’information somatosensorielle générale des propriocepteurs, et des récepteurs du toucher, de la pression, de la douleur et de la température ; ils font synapse dans le thalamus où l’information est interprétée grossièrement. Les propriocepteurs sont situés dans les muscles et les articulations ; ils perçoivent les stimulus d’étirement en lien avec la locomotion, la posture et le tonus musculaire. Le thalamus relaie ensuite cette information à l’aire somesthésique primaire qui effectuera une localisation précise du stimulus, une faculté appelée discrimination spatiale. De manière générale, les sensations perçues par cette aire cérébrale le sont de façon consciente. Chaque partie du corps est projetée dans une section, le gyrus postcentral de l’aire somesthésique primaire de chaque hémisphère. Ainsi, les neurones qui véhiculent les informations sensorielles propres au pied se regroupent à un endroit, et ceux qui véhiculent celles de la main se regroupent à un autre endroit. La somatotopie est cette organisation anatomique qui établit une correspondance entre chaque partie du corps et une zone précise du cerveau. Il serait possible de tracer l’homoncule (homunculus = petit homme) somesthésique à la surface du gyrus postcentral. La notion d’homoncule sensitif représentée dans la FIGURE 13.13A démontre que l’aire somesthésique primaire constitue une représentation systématique du corps et que chaque neurone correspond précisément à une partie du corps. La surface de l’aire
somesthésique occupée pour chaque partie du corps donnée correspond à la quantité d’information recueillie par cette partie de l’organisme. Ainsi, les lèvres, les doigts et les organes génitaux occupent de grandes parties de l’homoncule, alors que le tronc en occupe une plus petite, étant donné que proportionnellement, il comporte un moins grand nombre de récepteurs et constitue donc une partie du corps dont la sensibilité est moindre. De plus, l’aire somesthésique gauche analyse les données du côté droit du corps, et inversement. En effet, les voies nerveuses se croisent dans la moelle épinière ou le bulbe rachidien (décussation). Les données sensorielles relatives à la vue, à l’ouïe, au goût et à l’odorat sont recueillies par des régions corticales autres que celles du lobe pariétal (voir la fgure 13.12). Ainsi, l’aire visuelle primaire est située dans le lobe occipital où elle reçoit et traite l’information visuelle qui lui parvient. Elle permet de percevoir les couleurs, les formes et le mouvement. L’aire auditive primaire est située dans le lobe temporal où elle reçoit et traite l’information auditive, comme l’intensité et le rythme des sons. L’aire olfactive (olactus = odorat) se situe pour sa part dans le lobe temporal et intervient dans la conscience des sensations olfactives. L’aire gustative primaire (gustare = goûter) est située dans le lobe insulaire près du lobe temporal et intervient dans le traitement des données gustatives.
13.3.3.2 Les aires associatives du cortex cérébral Les aires associatives traitent les informations des aires primaires sensitives et motrices adjacentes, en plus de transmettre les informations sensorielles à la mémoire. Elles interviennent dans la fonction de reconnaissance et créent ainsi les souvenirs des expériences passées (voir la fgure 13.12). Cette section traite des aires somesthésique associative, visuelle associative, auditive associative, prémotrice, de compréhension du langage, associative postérieure et associative antérieure. L’aire somesthésique associative (ou aire pariétale postérieure) est située dans le lobe pariétal, juste derrière l’aire somesthésique primaire. Liée à l’aire somesthésique primaire par de nombreuses connexions nerveuses, elle recueille les données et
INTÉGRATION APPLICATION CLINIQUE
Les aires de Brodmann Korbinian Brodmann (1868-1918), qui étudiait l’anatomie comparée du cortex cérébral des mammières au début des années 1900, ut parmi les premiers à établir une corrélation entre des activités physiologiques et des localisations anatomiques prédéterminées de l’encéphale. Brodmann a conçu une carte qui montre les régions précises du cortex cérébral qui sont le siège de certaines onctions. Par exemple, les aires 1, 2 et 3 correspondent à l’aire somesthésique primaire ; l’aire 17 chevauche l’aire visuelle primaire, et les aires 44 et 45 orment l’aire motrice du langage. Les avancées technologiques récentes permettent aux neuroscientifques de déterminer avec plus de précision la localisation des activités physiologiques dans le cortex, mais la carte des aires de Brodmann est encore utile pour orir une perspective historique des premiers travaux sur le cerveau.
4 8
6
5
3
9
7
1 2
40
44
10
45 22
39
41 42
19 37
11 38
21 20
Interprétation moderne de la carte de l’encéphale de Korbinian Brodmann montrant certaines des aires de Brodmann
18 17
Chapitre 13 Le système nerveux : l’encéphale et les nerfs crâniens
interprète les sensations an de déterminer la texture, la température, la pression et la orme des objets. L’aire somesthésique associative permet ainsi de reconnaître des objets sans même les voir. Par exemple, même en ermant les yeux, il est possible de aire la distinction entre la rugosité d’une poignée de terre, la orme lisse et arrondie d’une bille et la surace mince et plate d’un sou, car les interprétations de la texture et de la orme de ces objets sont déjà présentes dans l’aire somesthésique associative du cerveau. L’aire visuelle associative se situe dans le lobe occipital. Elle entoure l’aire visuelle primaire. Cette région corticale permet de traiter les données visuelles en analysant les couleurs, les mouvements et les ormes d’après les expériences visuelles antérieures, permettant ainsi de reconnaître ce qui est vu. Par exemple, si vous regardez le visage de quelqu’un, l’aire visuelle primaire perçoit en premier lieu les données visuelles brutes des ormes et des couleurs. L’aire visuelle associative intègre ensuite ces données, en les comparant aux expériences visuelles passées, pour créer dans le cerveau l’image d’un visage. Comme les autres aires associatives, cette aire est également en lien avec plusieurs parties du cortex qui lui permettent d’évaluer, de juger et d’apposer une coloration émotionnelle à ce qui est vu. Il est donc possible de reconnaître ce visage, de lui donner un nom et d’y apposer une perception particulière. L’aire auditive associative est située dans le lobe temporal, derrière l’aire auditive primaire et sous celle-ci. Cette aire eectue la même tâche que les autres aires associatives. Les neurones de cette région corticale reconnaissent les sons, les interprètent comme étant la voix d’une personne, de la musique ou le bruit ronfant d’un moteur, par exemple, et les mettent en mémoire. Ainsi, la prochaine ois que vous n’arriverez pas à vous sortir une mélodie de la tête, sachez que c’est l’aire auditive associative qui en est responsable. L’aire prémotrice porte également le nom d’aire somatomotrice associative et se situe dans le lobe rontal, juste à l’avant du gyrus précentral. Cette aire assure principalement la coordination de l’apprentissage des activités motrices (p. ex., déplacer le regard durant la lecture d’un livre ou d’une partition de piano). Une personne ayant subi un traumatisme cérébral dans cette aire pourrait tout de même comprendre les lettres et les mots, mais elle aurait de la diculté à lire, car son regard n’arriverait pas à suivre les lignes. Certains chercheurs considèrent que l’aire oculomotrice rontale appartient à l’aire prémotrice. Plusieurs régions du cerveau sont dites multimodales (ou onctionnelles), c’est-à-dire qu’elles agissent comme une aire aux multiples associations entre les divers lobes. Ces aires intègrent les données recueillies par chacune des aires associatives. L’aire de compréhension du langage (ou aire de Wernicke) constitue un exemple d’une région multimodale. Elle est généralement située dans l’hémisphère gauche du cerveau. L’aire de compréhension du langage intervient dans la reconnaissance et la compréhension de la langue parlée et écrite. Cette aire et l’aire motrice du langage doivent travailler de concert pour que la communication soit fuide. L’aire associative postérieure (ou aire intégrative commune ou encore aire gnosique) est une seconde région multimodale du cerveau. Elle est composée de certaines régions des lobes
585
pariétal, occipital et temporal. Cette aire intègre toutes les données somatosensorielles, visuelles et auditives qui sont traitées par les aires associatives des lobes énumérés précédemment. Elle permet de aire un tout de l’inormation reçue dans le but de ormuler une réponse appropriée. C’est d’ailleurs pourquoi cette aire est souvent comparée à une gare centrale. Ainsi, cette aire assure la compréhension des activités en cours. Par exemple, une personne se réveillant de sa sieste constate que son réveillematin indique 12 h 30. Elle sent l’odeur du repas qui l’attend et elle entend ses amis dire qu’ils ont aim. L’aire associative postérieure de son organisme interprète donc ces inormations, et cette personne conclut qu’il est l’heure de dîner. L’aire associative antérieure (ou cortex prérontal) se situe dans le lobe rontal et représente la région la plus complexe des régions corticales. Elle reçoit l’inormation des autres aires multimodales et l’utilise pour raisonner et pour planier des actions. Elle permet donc d’eectuer de l’analyse de haut niveau. L’intégration qui se déroule dans cette région permet les onctions liées à l’intellect, au jugement, au raisonnement, à la planication, à la mémorisation, aux idées abstraites, à la cognition, à la personnalité, à la persévérance et bien d’autres encore. Le ait que ces acultés se développent lentement chez les enants montre que la croissance de cette région du cerveau se déroule progressivement pendant l’enance et l’adolescence, et que son développement dépend directement de l’interaction sociale liée à l’apprentissage. Par exemple, un enant de deux ans auquel le parent reuse d’acheter une riandise dans une épicerie et qui exprime son mécontentement en se roulant par terre apprendra graduellement que son comportement n’est pas approprié socialement en observant le regard réprobateur des personnes qui l’entourent et en écoutant les recommandations de ses parents (Mader, 2009).
13.3.3.3 Les aires motrices du cortex cérébral Les aires du cortex cérébral qui régissent les onctions motrices volontaires se situent dans la partie postérieure des lobes rontaux. Cette section traite du cortex moteur primaire et de l’aire motrice du langage. L’aire motrice primaire se situe dans le gyrus précentral du lobe rontal (voir la fgure 13.1). Les neurones de cette aire régissent l’activité musculaire squelettique volontaire. Les axones de ces neurones se prolongent du côté opposé, soit dans le tronc cérébral, soit dans la moelle épinière. Ainsi, les axones de l’aire motrice primaire gauche régissent les muscles volontaires du côté droit du corps, et inversement. La distribution de l’innervation de l’aire motrice primaire dans diverses régions de l’organisme peut être illustrée grâce à l’homoncule moteur du gyrus précentral (voir la fgure 13.13A). D’ailleurs, il ressemblerait à l’homoncule illustré dans la gure 13.13B. Les proportions étranges et diormes de l’homoncule représentent la portion du cortex cérébral qui intervient dans l’activité motrice de chacune des parties du corps. Par exemple, les mains occupent une bien plus grande place que le tronc, car les muscles des mains eectuent des mouvements bien plus précis et ns que ceux du tronc. D’un angle onctionnel, il apparaît que l’activité motrice de la main est plus grande chez l’Homme que chez les animaux, car ses mains se sont
586 Partie III La communication et la régulation
FIGURE 13.13 Aires motrice et somesthésique primaires
❯ Les homoncules moteur et somesthésique illustrent la topographie A. de l’aire motrice primaire et B. de l’aire somesthésique primaire grâce à une coupe
adaptées aux mouvements précis nécessaires à la manipulation des choses qui l’entourent. C’est pourquoi de nombreuses unités motrices sont consacrées aux muscles de la main et des doigts (voir la gure 10.6, p. 400). L’aire motrice du langage (ou aire de Broca) se situe devant l’aire prémotrice. Cette région est associée aux muscles qui permettent de parler (lèvres, langue, larynx, etc.). Cependant, des études récentes utilisant la tomographie par émission de positrons, une technique d’imagerie médicale qui permet d’observer l’activité du cerveau, démontrent que l’aire motrice du langage participe également à la réalisation d’activités motrices volontaires d’autres natures que le langage (Habib, Joanette & Lecours, 2000 ; Schwartz, Sato & Fadiga, 2011). L’aire motrice du langage se situe, chez la plupart des gens, dans la portion inférolatérale du lobe frontal gauche (voir la gure 13.12). Cette région régit les modes de respiration et les mouvements musculaires propres à la vocalisation. L’aire oculomotrice frontale se situe sur la surface supérieure du gyrus frontal moyen, juste à l’avant de l’aire prémotrice du lobe frontal. Cette région corticale régit les mouvements des yeux à la lecture ainsi que la vision binoculaire. Certains
frontale. Cette représentation du corps (homoncule) montre la répartition des nerfs. La taille et l’emplacement des parties du corps indiquent, quant à eux, leur innervation relative.
chercheurs classent l’aire oculomotrice dans l’aire prémotrice (voir la section 13.3.3.3). La gure 13.12 et le tableau 13.3 résument la répartition des aires anatomiques et fonctionnelles du cerveau.
Vérifiez vos connaissances 12. Où sont situées les aires motrices et quelles fonctions
remplissent-elles ? 13. Quelles sont les sept aires associatives du cerveau ? 14. De façon générale, quel est le rôle des aires
associatives ?
13.3.4
7
La substance blanche cérébrale : les neurobres
Distinguer les trois principaux types de neurobres de la substance blanche cérébrale.
Chapitre 13 Le système nerveux : l’encéphale et les nerfs crâniens
Dans l’encéphale, la substance blanche cérébrale se situe sous la substance grise du cortex cérébral. Elle est essentiellement composée d’axones myélinisés. La plupart de ces axones sont regroupés en neurofbres dites associatives, commissurales ou de projection FIGURE 13.14 et TABLEAU 13.4.
Fibres arquées
Les neurofbres associatives relient diverses régions du cortex cérébral au sein d’un même hémisphère. Il en existe deux sortes : les neurofbres courtes et longues. Les neurofbres associatives courtes sont composées de fbres arquées (arcus = arc) qui relient les gyrus d’un lobe cérébral. Les neurofbres qui
Corps calleux
Fascicules longitudinaux
Lobe pariétal
Lobe occipital
Lobe frontal
Commissure antérieure
587
Lobe temporal A. Plan sagittal Fibres arquées Fascicules longitudinaux Neurofibres commissurales Neurofibres de projection
Fissure longitudinale Cortex
Neurofibres commissurales (du corps calleux) Ventricule latéral
Noyaux basaux
Thalamus
Sillon latéral Troisième ventricule
Pont Neurofibres de projection
Décussation des pyramides
Bulbe rachidien
B. Coupe frontale
FIGURE 13.14 Neurofbres composant la substance blanche cérébrale
❯
Les trois plus importants groupements d’axones peuvent être établis en onction de leur répartition. A. Ce plan sagittal montre les fbres arquées et les ascicules longitudinaux des neurofbres associatives,
lesquelles relient les gyrus d’un même hémisphère. B. Cette coupe rontale illustre la açon dont les neurofbres commissurales relient les deux hémisphères, alors que les neurofbres de projection se prolongent entre les hémisphères et le tronc cérébral.
588 Partie III La communication et la régulation TABLEAU 13.4
Neurofbres composant la substance blanche cérébrale
Neurofbres
Répartition des axones
Exemples
• Neurofbres associatives
• Relient les aires corticales au sein d’un même hémisphère.
• Fibres arquées, ascicules longitudinaux
– Fibres arquées
– Relient les gyrus adjacents au sein d’un même lobe cérébral.
– Neurofbres reliant l’aire motrice primaire (lobe rontal) à l’aire motrice associative (lobe rontal)
– Fascicules longitudinaux
– Relient les gyrus des divers lobes cérébraux au sein d’un même hémisphère.
– Neurofbres reliant l’aire de compréhension du langage (lobes pariétal et temporal) à l’aire motrice du langage (lobe rontal)
• Neurofbres commissurales
• Relient les hémisphères gauche et droit.
• Corps calleux, commissure antérieure, commissure postérieure
• Neurofbres de projection
• Relient le cortex cérébral au diencéphale, au tronc cérébral, au cerveau et à la moelle épinière.
• Faisceaux corticospinaux (axones moteurs passant du cortex cérébral à la moelle épinière ; axones sensitis passant de la moelle épinière au cerveau)
relient l’aire prémotrice (ou aire motrice associative) à l’aire motrice primaire, toutes deux situées dans le lobe rontal, constituent un exemple de neurofbres associatives aites de fbres arquées. Les neurofbres associatives plus longues, appelées ascicules longitudinaux (ascis = petit paquet), relient quant à elles les gyrus de divers lobes du même hémisphère. La voie qui relie l’aire de compréhension du langage à l’aire motrice du langage constitue un exemple de ascicule longitudinal. Les neurofbres commissurales relient les deux hémisphères cérébraux grâce à des ponts axonaux portant le nom de commissures. Les neurofbres commissurales proéminentes qui relient les hémisphères gauche et droit comprennent le corps calleux, une grosse masse de neurofbres en orme de C, ainsi que les commissures antérieure et postérieure (voir la fgure 13.17). Les neurofbres de projection relient le cortex cérébral aux régions inérieures du cerveau ainsi qu’à la moelle épinière. Les aisceaux corticospinaux qui transmettent les signaux moteurs du tronc cérébral à la moelle épinière en sont un bon exemple. Le groupement serré d’axones dont ils sont composés et qui passe entre les noyaux cérébraux et le thalamus porte le nom de capsule interne.
Vérifiez vos connaissances 15. Quelles parties de l’encéphale sont unies par
les neurofbres associatives, commissurales et de projection ?
13.3.5
La latéralisation cérébrale
8
Expliquer le concept de latéralisation cérébrale.
9
Distinguer les onctions des hémisphères gauche et droit chez la plupart des personnes.
Sur le plan anatomique, les hémisphères cérébraux semblent paraitement identiques, mais une analyse minutieuse permet de cerner un certain nombre de diérences. Chez l’être humain, les lobes rontal et occipital du cerveau comportent souvent des asymétries appelées pétalias. À cet égard, les droitiers tendent à présenter des pétalias rontale droite et occipitale gauche, ce qui signife que le lobe rontal droit est plus proéminent que le lobe rontal gauche et que le lobe occipital gauche est plus proéminent que le lobe occipital droit. Inversement, chez les gauchers, c’est le contraire qui se produit (pétalias rontale gauche et occipitale droite). Les deux hémisphères dièrent également sur le plan onctionnel. Cette spécialisation des hémisphères, appelée latéralisation onctionnelle, démontre l’aptitude des hémisphères à remplir des onctions diérentes, mais complémentaires FIGURE 13.15. Pour la plupart des gens, l’hémisphère gauche représente l’hémisphère de la rationalité. Il comprend l’aire de compréhension du langage et l’aire motrice du langage. L’hémisphère gauche est spécialisé dans les aptitudes relatives au langage et il joue un rôle important dans le raisonnement séquentiel et analytique, notamment en science et en mathématiques. Il semblerait que l’hémisphère gauche dirige ou ractionne l’inormation pour ensuite l’analyser. Son appellation renvoie à ses onctions de catégorisation et de symbolisation. Le second hémisphère, soit l’hémisphère droit pour la plupart des personnes, représente l’hémisphère de l’intuition et de la créativité. Il joue un rôle dans l’analyse et l’organisation visuospatiales. Il s’agit du siège de l’imagination, de l’intuition, des aptitudes musicales et artistiques, de la perception des habitudes et des relations spatiales, ainsi que de la comparaison des éléments visuels, des sons, des odeurs et des goûts. La latéralisation des hémisphères se produit à un jeune âge, soit vers cinq ou six ans. Chez l’enant, les onctions anormales ou absentes sont reprises par le second hémisphère avant que la latéralisation ne soit complétée. Certaines caractéristiques de la latéralisation sont diérentes selon le sexe de la personne. Ainsi, la partie postérieure du corps calleux de la emme est plus épaisse que celle de l’homme en raison d’un nombre accru d’axones présents dans la commissure. La latéralisation est plus marquée chez l’homme que chez la emme ; c’est la raison pour laquelle la perte onctionnelle est plus grande chez eux si l’un de leurs hémisphères cérébraux est endommagé. La latéralisation est légèrement diérente selon que la personne est droitière ou gauchère (manualité). Il existerait donc un rapport étroit entre la latéralisation et la prévalence manuelle. Chez près de 95 % de la population, l’hémisphère gauche représente l’hémisphère de la rationalité, ce qui correspond aux 90 % de droitiers. Cependant, la corrélation n’est pas
Chapitre 13 Le système nerveux : l’encéphale et les nerfs crâniens
aussi évidente chez les gauchers, chez qui l’hémisphère de la rationalité peut correspondre à l’hémisphère gauche ou droit. Fait intéressant, la présence d’un corps calleux plus épais chez les gauchers suggère qu’un plus grand nombre de signaux peut
589
être transmis entre les hémisphères. Finalement, l’hémisphère gauche est celui qui régit principalement le langage chez pratiquement tous les droitiers, mais également chez un bon nombre de gauchers.
Pétalia frontale droite
Œil gauche
Œil droit
Champ Champ visuel visuel gauche droit
Champ Champ visuel visuel gauche droit
Droitier
Main gauche
Main droite
Hémisphère gauche (hémisphère catégorique)
Pétalia occipitale gauche A. Pétalias
Hémisphère droit (hémisphère symbolique)
Mémoire verbale
Mémoire des formes (compréhension restreinte du langage)
Langage (aire motrice du langage)
Corps calleux Commande du mouvement de la main gauche
Commande du mouvement de la main droite
Interprétation des formes palpées de la main gauche
Interprétation des formes palpées de la main droite
FIGURE 13.15 Latéralisation cérébrale ❯ A. La plupart des personnes présentent des pétalias aux lobes rontal et occipital. B. Les hémisphères cérébraux portent des diérences onctionnelles attribuables à une certaine spécialisation des hémisphères.
Aptitude musicale Reconnaissance des visages et rapports spatiaux
Compréhension supérieure du langage et des mathématiques (aire de compréhension du langage)
Champ visuel gauche
Champ visuel droit Aire visuelle primaire B. Latéralisation cérébrale
INTÉGRATION APPLICATION CLINIQUE
L’hémisphérectomie et la latéralisation cérébrale DÉSÉQUILIBRE HOMÉOSTATIQUE
L’épilepsie est un trouble qui se caractérise par la transmission trop réquente et trop rapide de potentiels d’action par les neurones, ce qui provoque des convulsions préjudiciables pour les onctions motrices et sensitives. Des médicaments permettent de maîtriser la plupart des convulsions, mais s’ils demeurent inefcaces, une intervention chirurgicale peut s’avérer nécessaire. L’ablation chirurgicale de la partie de l’encéphale à la source des convulsions parvient souvent à éliminer celles-ci. Dans les cas les plus sévères, l’hémisphérectomie constitue un traitement rare et
plus radical de l’épilepsie ; cette intervention consiste à retirer chirurgicalement le côté de l’encéphale responsable des convulsions (Centre hospitalier universitaire vaudois, 2009 ; Dubuc, 1993 ; Jallon, Bogousslavsky, Léger et al., 2006). Bien que les onctions cérébrales ne reviennent pas complètement à la normale à la suite d’une hémisphérectomie, l’hémisphère restant se charge, dans une certaine mesure, de certaines des onctions de l’hémisphère manquant, mais la paresthésie et la paralysie du côté opposé demeurent des séquelles à envisager (Rougier, 2009). Plus la personne est jeune, meilleures sont ses chances de rétablissement onctionnel.
590 Partie III La communication et la régulation Vérifiez vos connaissances 16. Quelle fonction remplit le corps calleux ? 17. Qu’est-ce que la latéralisation cérébrale ? 18. Quelles sont les principales fonctions que remplit
l’hémisphère gauche ? Qu’en est-il de l’hémisphère droit ?
Généralement, les noyaux basaux contribuent à régir la réponse motrice entraînée par le cortex cérébral. Ils aideraient également à inhiber les mouvements involontaires. Les affections qui touchent les noyaux basaux, notamment la chorée de Huntington (voir l’Application clinique intitulée « Les troubles cérébraux », p. 593), se manifestent souvent sous forme de mouvements saccadés et involontaires. Les noyaux basaux sont constitués de quatre noyaux qui forment la majeure partie de la masse de chaque groupe de noyaux :
13.3.6
Les noyaux basaux
10 Distinguer les quatre noyaux basaux et énumérer
leurs fonctions.
Les noyaux basaux constituent des masses irrégulières de substance grise qui se présentent en paires et qui sont profondément ancrées dans la substance blanche de la région basale des hémisphères cérébraux, sous la paroi inférieure du ventricule latéral FIGURE 13.16 (voir aussi la fgure 13.4). Ces masses de substance grise sont parfois appelées à tort ganglions basaux. Ce terme ne doit être utilisé que pour désigner les grappes de corps cellulaires des neurones, qui sont situées en périphérie du SNC. Inversement, le terme noyau fait référence à un groupement de corps cellulaires au sein même du SNC.
• Le noyau caudé (cauda = queue) est en forme de C. Sa tête est proéminente, et sa queue, élancée et arquée. Il est parallèle à la courbe du ventricule latéral. Le noyau caudé régit la coordination des bras et des jambes durant la marche. Par exemple, lorsqu’un enfant commence à marcher, les neurones présents dans ce noyau stimulent les muscles adéquats en vue de produire la suite de mouvements des jambes et des bras, à un certain rythme, propre à la marche. • Le corps amygdaloïde (amygdala = amande) constitue une portion élargie du noyau caudé. Il intervient dans l’expression des émotions ainsi que dans la maîtrise des comportements et de l’humeur (voir la section 13.7.1). • Le noyau lenticulaire (lenticula = lentille) est une masse dense et arrondie composée du putamen, une sorte de coquille, et du globus pallidus (globus = sphère, pallidus = pâle), soit
Cortex Noyaux cérébraux
Corps calleux Ventricule latéral Septum pellucidum Thalamus Capsule interne Sillon latéral Lobe insulaire Troisième ventricule Tractus optique Hypothalamus
Noyau caudé Putamen Globus pallidus Claustrum Corps amygdaloïde
Coupe frontale
FIGURE 13.16 Noyaux basaux
Noyau lenticulaire
❯ Les noyaux basaux, des masses paires de substance grise enfouies au cœur de la substance blanche, sont situés en profondeur dans l’encéphale.
Corps strié
Chapitre 13 Le système nerveux : l’encéphale et les nerfs crâniens
deux amas de substance grise situés entre la surace externe protubérante du lobe insulaire et de la paroi latérale du diencéphale. Le putamen régit les mouvements musculaires inconscients, alors que le globus pallidus stimule et inhibe les activités du thalamus en vue de régir et d’ajuster le tonus musculaire en onction de l’activité. • Le claustrum (barrière) constitue une mince lame de substance grise ormée à partir d’une couche de neurones située à la rontière interne du cortex du lobe insulaire et qui découle de ce cortex. Le claustrum traite les données visuelles inconscientes. L’appellation corps strié ait réérence à l’apparence rayée ou striée de la capsule interne lorsqu’elle passe entre les noyaux caudé et lenticulaire.
INTÉGRATION APPLICATION CLINIQUE
13.4.1 1
Vérifiez vos connaissances 19. Quelles onctions générales les noyaux basaux
remplissent-ils et de quelles composantes anatomiques sont-ils constitués ?
13.4 Le diencéphale Le diencéphale, qui constitue une partie du prosencéphale, est situé entre les régions inérieures des hémisphères cérébraux. Cette structure comprend l’épithalamus, le thalamus et l’hypothalamus FIGURE 13.17. Le diencéphale agit à titre de relais pour certaines voies sensitives et motrices, et il régit les activités viscérales.
Énumérer les composantes de l’épithalamus et décrire leurs onctions.
L’arrière de l’épithalamus renerme la glande pinéale (pineus = en orme de cône de pin). Cette glande endocrine sécrète de la mélatonine, une hormone qui régularise, avec l’hypothalamus, le cycle veille-sommeil, soit le rythme circadien (voir la section 17.2.1).
Vérifiez vos connaissances 20. Où se situe la glande pinéale et quel rôle joue-t-elle ?
DÉSÉQUILIBRE HOMÉOSTATIQUE
Un accident ischémique transitoire (AIT) est un bre épisode de perte de la sensibilité ou de la capacité motrice, ou encore une sensation de ourmillement dans les membres. Il est dû à la présence, dans un vaisseau sanguin, d’un thrombus temporaire qui se dissout en quelques minutes. Un AIT peut cependant signaler un risque important d’obstruction plus sérieuse d’un vaisseau sanguin.
L’épithalamus
L’épithalamus orme en partie le toit postérieur du diencéphale et recouvre le troisième ventricule. Il contribue à relayer les infux nerveux du système limbique au mésencéphale. Il intervient également dans les réactions viscérales (inconscientes) et émotionnelles aux odeurs.
L’accident vasculaire cérébral Un accident vasculaire cérébral (AVC) (ou ictus cérébral) est causé par la réduction ou l’interruption de l’irrigation sanguine d’une partie de l’encéphale due à une hémorragie ou à l’obstruction d’une artère. Les conséquences d’un AVC dépendent de la localisation et de la durée de l’obstruction du vaisseau sanguin ou de l’hémorragie. Si l’insufsance d’irrigation dure plus de 10 minutes, le tissu cérébral peut mourir. Les symptômes de l’AVC comprennent une perte de la vision ou une vision brouillée, la aiblesse ou une légère torpeur, la céphalée, les vertiges et la difculté de marcher. Étant donné que chaque côté de l’encéphale commande le côté opposé du corps, les symptômes d’un AVC qui survient du côté gauche se maniestent du côté droit du corps, et vice versa. Les risques d’AVC augmentent avec l’âge et dépendent également des antécédents amiliaux, de la race et du sexe.
591
13.4.2 2
Le thalamus
Énumérer les composantes du thalamus et décrire leurs onctions.
Le thalamus (thalamos = lit) correspond à la paire de masses ovales de substance grise situées d’un côté ou de l’autre du troisième ventricule FIGURE 13.18. Ces masses orment les parois latérales supérieures du troisième ventricule. Sur une coupe sagittale médiane, le thalamus se situe entre la commissure antérieure du cerveau et la glande pinéale. Il est divisé en deux corps, les corps thalamiques gauche et droit. Ces derniers sont reliés par une petite masse intermédiaire de substance grise, l’adhérence interthalamique (ou commissure grise). Chaque partie du thalamus est composée d’une masse de substance grise ormée d’une douzaine de noyaux thalamiques divisés en groupes. Les infux sensitis de l’organisme, à l’exception de certains infux provenant des voies de l’olaction, convergent vers le thalamus avant de se projeter jusqu’au cortex cérébral. Le thalamus représente donc le centre relais sensiti de l’encéphale qui eectue une certaine orme de traitement de l’inormation. Il trie et regroupe les infux liés à des onctions semblables, et il les transmet aux régions sensitives et associatives du cortex. Lorsque les inormations atteignent le thalamus, la distinction approximative des sensations est possible ; cependant, la localisation précise et la distinction exacte du stimulus se ont seulement à l’arrivée des inormations sensitives dans le cortex cérébral. Aussi, certains noyaux thalamiques participent aux onctions motrices en établissant des liens entre les noyaux basaux, le cervelet et le cortex moteur. D’autres noyaux participent à la régulation de l’humeur en raison de leur lien avec le système limbique et l’aire associative postérieure (Mader, 2009). Les principales onctions de chacun des groupements de noyaux sont énumérées dans le TABLEAU 13.5.
592 Partie III La communication et la régulation
Corps calleux
Diencéphale Fornix Plexus choroïde du troisième ventricule Thalamus Noyau de l’habenula Épithalamus Glande pinéale
Septum pellucidum Adhérence interthalamique Commissure antérieure
Commissure postérieure
Hypothalamus Lobe frontal Corps mamillaire
Tubercules quadrijumaux du tectum Aqueduc du mésencéphale
Chiasma optique
Infundibulum Cervelet
Hypophyse
Quatrième ventricule Coupe sagittale médiane
FIGURE 13.17 Diencéphale
❯ Le diencéphale entoure le troisième ventricule et relie les hémisphères cérébraux au tronc cérébral. La partie droite du diencéphale est illustrée sur la coupe sagittale médiane ci-dessus. Le diencéphale et ses principales subdivisions sont indiqués en caractère gras.
FIGURE 13.18 Thalamus
❯ A. La fgure montre la position du thalamus dans l’encéphale. B. Le thalamus se compose de groupes de noyaux, comme le montre cette vue agrandie. Cet angle ne permet pas de voir tous les noyaux.
Groupe médial
Adhérence interthalamique Groupe latéral A. Localisation du thalamus dans l’encéphale
Pulvinar Groupe Corps géniculé postérieur latéral Groupe antérieur
Noyau ventral Noyau ventral Noyau ventral antérieur latéral postérolatéral Groupe ventral B. Vue latérale supérieure
Chapitre 13 Le système nerveux : l’encéphale et les nerfs crâniens
TABLEAU 13.5
593
Fonctions régies par les noyaux thalamiques
Groupes de noyaux
Fonctions
Groupe antérieur
• Modie l’excitabilité de l’aire motrice et de l’humeur.
Groupe latéral
• Régit les infux sensoriels transmis aux lobes pariétaux et les données émotionnelles transmises au gyrus cingulaire du système limbique.
Groupe médial
• Envoie des signaux aux lobes rontaux relativement à la conscience des états émotionnels.
Groupe postérieur • Corps géniculé latéral • Corps géniculé médial • Pulvinar
• Transmet les données visuelles des tractus optiques à l’aire visuelle et au mésencéphale. • Transmet les données auditives de l’oreille interne à l’aire auditive. • Intègre les données sensorielles et les transmet aux aires associatives du cortex cérébral.
Groupe ventral • Noyau ventral antérieur • Noyau ventral latéral • Noyau ventral postérolatéral
• Transmet les données somatomotrices des noyaux basaux et du cervelet à l’aire motrice primaire et à l’aire prémotrice du lobe rontal. • Transmet les données sensorielles à l’aire somesthésique primaire du lobe pariétal.
INTÉGRATION APPLICATION CLINIQUE
Les troubles cérébraux DÉSÉQUILIBRE HOMÉOSTATIQUE
Les troubles cérébraux peuvent se maniester par une perturbation de la perception sensorielle, de l’expression motrice ou de ces deux activités. La céphalée, l’inrmité motrice cérébrale, l’encéphalite, la chorée de Huntington et la maladie de Parkinson sont des exemples de troubles qui touchent l’encéphale. En général, la céphalée est due à la dilation des vaisseaux sanguins intracrâniens ou elle est consécutive à des contractions musculaires, comme cela peut se produire quand une personne a les yeux atigués à orce de regarder son écran d’ordinateur. Les migraines sont des céphalées sévères et récurrentes qui touchent souvent un seul côté de la tête. Les céphalées ne sont pas des troubles cérébraux en tant que tels, mais elles accompagnent parois d’autres maladies ou troubles de l’encéphale. L’infrmité motrice cérébrale (IMC) désigne en réalité un groupe de troubles neuromusculaires habituellement consécutis à des lésions touchant l’encéphale du nourrisson avant, durant ou immédiatement après sa naissance. Trois ormes d’IMC engendrent une perturbation quelconque de l’activité des muscles squelettiques : l’IMC athétosique, caractérisée par des mouvements lents et involontaires de contorsion de la main ; l’IMC ataxique, marquée par le manque de coordination musculaire ; et l’IMC spastique, se maniestant par une augmentation du tonus musculaire. La décience intellectuelle et des dicultés d’élocution accompagnent parois ce trouble. L’encéphalite (egkephalos = encéphale, itis = infammation) est une maladie infammatoire aiguë de l’encéphale due le plus
À votre avis 3. Si le thalamus n’existait pas, en quoi cela infuencerait-il
l’interprétation que ait le cerveau des stimulus sensitis ?
souvent à une inection virale. Les symptômes en sont la somnolence, la èvre, la céphalée, la douleur cervicale, le coma et la paralysie. La mort peut suivre. La chorée de Huntington est une maladie héréditaire autosomique dominante qui touche les noyaux basaux. Elle provoque des mouvements rapides et saccadés qui débutent habituellement de açon unilatérale dans la ace, mais qui, avec les mois et les années, atteignent les bras et les jambes. Il y a également une détérioration intellectuelle progressive, se maniestant notamment par un changement de la personnalité, la perte de mémoire et l’irritabilité. La maladie s’installe vers l’âge de 35 à 40 ans et conduit à la mort en 10 à 20 ans. La maladie de Parkinson est une aection neurologique de progression lente qui aecte les mouvements musculaires et l’équilibre. Les personnes atteintes de cette maladie exhibent un maintien rigide, un aciès sans expression, des mouvements volontaires lents, un tremblement de repos (touchant en particulier les mains) et une démarche traînante. La maladie est causée par un décit de dopamine, un neurotransmetteur, dû au déclin de la production de dopamine par les neurones en dégénérescence de la substantia nigra (un noyau du mésencéphale). Le décit de dopamine empêche les cellules cérébrales d’accomplir leurs onctions habituelles d’inhibition dans les noyaux basaux. Quand les symptômes apparaissent, la personne a déjà perdu de 80 à 90 % des cellules responsables de la production de dopamine. Les traitements actuels comprennent des médicaments qui améliorent la production de dopamine par les cellules restantes de la substantia nigra et des médicaments destinés à traiter les symptômes (p. ex., la rasagiline [Azilectmd]).
Vérifiez vos connaissances 21. Quel est le rôle principal du thalamus ?
594 Partie III La communication et la régulation
13.4.3 3
L’hypothalamus
Énumérer les composantes de l’hypothalamus et décrire leurs fonctions.
L’hypothalamus (hupo = en deçà) correspond à la partie située à l’avant du diencéphale, sous ce dernier. Il est composé d’une douzaine de noyaux onctionnels, et il constitue les parois et le plancher du troisième ventricule. Il s’étend du chiasma optique (point de croisement des ners optiques) à l’extrémité postérieure des corps mamillaires qui servent de relais aux stimulus olactis. Un mince inundibulum (littéralement, entonnoir) qui s’apparente à une tige relie la partie antérieure de l’hypothalamus à l’hypophyse FIGURE 13.19 (voir la section 17.8). Cette tige est ormée de neurofbres. Grâce à ses noyaux, l’hypothalamus régule de nombreuses onctions physiologiques essentielles au maintien de l’homéostasie TABLEAU 13.6. Le rôle de l’hypothalamus peut être comparé à celui d’un président qui dirige une entreprise. En eet, l’hypothalamus joue le rôle de président de nombreux systèmes pour lesquels il dirige la plupart des onctions. • Régulation des centres du système nerveux autonome (SNA). Il régularise la réquence cardiaque, la pression artérielle, la digestion et la respiration grâce à des axones. Émergeant de l’hypothalamus, ces axones descendent vers les noyaux autonomes de la partie inérieure du tronc cérébral (voir le chapitre 15).
Noyau paraventriculaire
• Régulation du système endocrinien. Il produit des hormones qui régissent la sécrétion hypophysaire antérieure, l’hormone antidiurétique et l’ocytocine (voir la section 17.8). • Régulation de la température corporelle. Le thermostat de l’organisme est situé dans l’hypothalamus. Les neurones de la région préoptique décèlent les variations de température, puis envoient un signal aux noyaux hypothalamiques, lesquels dirigent les mécanismes qui élèvent ou abaissent la température corporelle. • Régulation des comportements émotionnels. Il est situé au centre du système limbique, soit la partie de l’encéphale qui régit les réactions émotionnelles comme le plaisir, l’agressivité, la peur, la rage, la satisaction et la libido. • Régulation de l’apport alimentaire. Certains neurones de l’hypothalamus (noyau ventromédial) gèrent l’apport de nutriments tels le glucose et les acides aminés à l’origine de la sensation de aim. • Régulation de l’équilibre hydrique et de la soif. Certains neurones situés dans le noyau antérieur de l’hypothalamus sont sensibles à la concentration de substances présentes en solution dans le sang en vue de régler la soi (voir la section 25.2). Lorsque l’hypothalamus détecte une déshydratation du sang, il stimule la soi. • Régulation du cycle veille-sommeil. Le noyau suprachiasmatique règle la glande pinéale pour qu’elle produise de la mélatonine à certaines périodes de la journée. Ainsi, ils travaillent de concert pour réguler le rythme circadien.
Noyau dorsomédial
Noyau préoptique
Noyau postérieur
Noyau antérieur Corps mamillaire
Noyau supraoptique
Noyau ventromédial
Noyau suprachiasmatique
Noyau arqué Chiasma optique Infundibulum Lobe postérieur de l’hypophyse Lobe antérieur de l’hypophyse Coupe sagittale
FIGURE 13.19 Hypothalamus
❯ L’hypothalamus est situé sous le thalamus, à l’avant de celui-ci, et il est constitué de nombreux noyaux.
Hypophyse
Chapitre 13 Le système nerveux : l’encéphale et les nerfs crâniens
TABLEAU 13.6
Fonctions régies par les noyaux hypothalamiques
Noyau ou région hypothalamique
Fonctions
Noyau antérieur
• Régulation de la soif (stimulation de l’apport hydrique) • Régulation du SNA
Noyau arqué
• Régulation de l’appétit, sécrétion de l’hormone de libération des gonadotrophines • Sécrétion de l’hormone de libération de l’hormone de croissance • Libération de l’hormone inhibitrice de la prolactine
Corps mamillaire
• Orientation des sensations olfactives et régulation de la déglutition
Noyau paraventriculaire
• Production de l’ocytocine et de l’hormone antidiurétique (ADH)
Noyau préoptique
• Thermostat (régulation de la température corporelle)
Noyau suprachiasmatique
• Régulation du cycle veille-sommeil (rythme circadien) avec la collaboration de la glande pinéale
Noyau supraoptique
• Production de l’ocytocine et de l’ADH
Noyau ventromédial
• Régulation de l’appétit (sensation de faim et de satiété)
Vérifiez vos connaissances 22. De quelle manière l’hypothalamus régit-il la faim
et la soif ?
13.5 Le tronc cérébral Le tronc cérébral relie le cerveau, le diencéphale et le cervelet à la moelle épinière. Trois régions orment le tronc cérébral, de la partie supérieure à la partie inérieure : le mésencéphale, le pont et le bulbe rachidien FIGURE 13.20. Le tronc cérébral constitue une voie bidirectionnelle qu’empruntent toutes les neurobres qui traversent les principales régions de l’encéphale et de la moelle épinière. Il contient de nombreux centres nerveux autonomes et réfexes qui permettent de produire des comportements automatiques essentiels à la survie. Le tronc cérébral comprend plusieurs noyaux, ces derniers étant associés à 10 des 12 paires de ners crâniens.
13.5.1 1
Le mésencéphale
Nommer et situer les principales structures qui composent le mésencéphale, et expliquer leurs fonctions respectives.
Le mésencéphale (ou cerveau moyen) correspond à la partie supérieure du tronc cérébral et joue un rôle important dans la
595
coordination des activités motrices et de certains réfexes. Il se situe juste au-dessus du pont et constitue la plus petite partie du tronc cérébral. Le mésencéphale est composé de plusieurs structures principales, dont bon nombre sont visibles d’un plan extérieur (voir la fgure 13.20). La FIGURE 13.21 présente des coupes transversales du mésencéphale, permettant de révéler les structures internes de ce dernier. Ces structures apparaissent suivant leur emplacement, de la partie antérieure à la partie postérieure. Les pédoncules cérébraux (pedunculus = petits pieds) sont des tractus moteurs situés sur les suraces latérales antérieures du mésencéphale. Les regroupements d’axones de la voie motrice principale (aisceau corticospinal) qui descendent vers la moelle épinière traversent les pédoncules cérébraux et transmettent les directives motrices volontaires à partir de l’aire motrice primaire des deux hémisphères. Les pédoncules cérébelleux supérieurs, qui sont eux aussi constitués de tractus, relient la partie dorsale du mésencéphale au cervelet (voir la fgure 13.20). Le mésencéphale contient des noyaux bilatéraux symétriques dont la couleur est presque noire ; c’est pour cette raison qu’ils sont appelés substantia nigra (substantia = substance, nigra = noire). La substantia nigra est prise en étau entre les pédoncules cérébraux et le tegmentum. Sa couleur noire est attribuable à la mélanine, un pigment responsable de la coloration des téguments dans le corps humain. Elle renerme des grappes de neurones qui produisent un neurotransmetteur, la dopamine, qui intervient dans le contrôle des mouvements, les réactions émotionnelles et la capacité à ressentir du plaisir et de la douleur. La dégénérescence des cellules de la substantia nigra constitue une pathologie sous-jacente à la maladie de Parkinson (voir l’Application clinique intitulée « Les troubles cérébraux », p. 593). Le tegmentum (littéralement, revêtement) est coincé entre les noyaux bilatéraux symétriques de la substantia nigra et la substance grise centrale du mésencéphale. Le tegmentum est composé des noyaux rouges et de la formation réticulaire. La couleur des noyaux rouges est attribuable à la densité des vaisseaux sanguins et à la pigmentation du er présent dans le corps cellulaire des neurones. Le tegmentum intègre les données provenant du cerveau et du cervelet, puis transmet des directives motrices involontaires aux muscles érecteurs spinaux du dos en vue d’assurer la posture adéquate en position debout, lorsqu’il y a fexion de la taille ou pendant la marche. L’aqueduc du mésencéphale traverse le tegmentum, reliant les troisième et quatrième ventricules et permettant au LCS de s’écouler d’un ventricule à l’autre. Il est entouré de la substance grise centrale du mésencéphale. Cette région participe aux sensations associées à la douleur et relie les corps amygdaloïdes du système limbique jouant un rôle dans la peur et l’anxiété. Les noyaux de deux ners crâniens (NC) qui régissent les mouvements oculaires sont situés dans le mésencéphale, soit ceux du ner oculomoteur (NC III) et du ner trochléaire (NC IV) (voir la section 13.9). Le tectum (littéralement, toit) correspond à la région postérieure du mésencéphale. Il se situe derrière l’aqueduc du mésencéphale. Il renerme deux paires de noyaux sensitis, soit les colliculus supérieur et inérieur, dont l’ensemble porte le nom de tubercules quadrijumeaux du tectum (ou lame tectale).
596 Partie III La communication et la régulation
Thalamus
Adhérence interthalamique
Diencéphale
Chiasma optique Infundibulum Pédoncule cérébral Mésencéphale
Corps mamillaires Tractus optique
Pont Tronc cérébral
Nerfs crâniens
Pyramides Olive
Bulbe rachidien
Décussation des pyramides
A. Vue antérieure
Thalamus Diencéphale Glande pinéale
Mésencéphale
Tubercules quadrijumeaux du tectum
Tractus optique
Colliculus supérieurs
Pédoncule cérébral
Colliculus inférieurs
Pédoncule cérébelleux supérieur Pédoncule cérébelleux moyen
Pont
Pédoncule cérébelleux inférieur Quatrième ventricule Olive Noyau cunéiforme Noyau gracile
Bulbe rachidien
B. Vue latérale postérieure
FIGURE 13.20 Tronc cérébral
❯ Les vues A. antérieure et B. latérale postérieure ci-dessus illustrent l’emplacement, dans le tronc cérébral, du mésencéphale, du pont et du bulbe rachidien. Le diencéphale est situé au-dessus du tronc cérébral.
Chapitre 13 Le système nerveux : l’encéphale et les nerfs crâniens
597
Partie postérieure Colliculus supérieur Tectum
Aqueduc du mésencéphale Formation réticulaire
Tegmentum
Substance grise centrale du mésencéphale Noyau du nerf oculomoteur Lemnisque médial Noyau rouge Substantia nigra
Nerf oculomoteur (NC III)
Pédoncule cérébral Partie antérieure
A. Coupe transversale (au colliculus supérieur)
Partie postérieure Colliculus inférieur Tectum
Substance grise centrale du mésencéphale Aqueduc du mésencéphale
Tegmentum
Formation réticulaire Noyau du nerf oculomoteur Lemnisque médial Décussation du noyau rouge Substantia nigra
FIGURE 13.21 Mésencéphale
❯ La coupe transversale illustre les structures du mésencéphale A. à la hauteur du colliculus supérieur et B. à la hauteur du colliculus inférieur. Les noyaux du nerf crânien IV ne sont pas illustrés.
Pédoncule cérébral Partie antérieure B. Coupe transversale (au colliculus inférieur)
Ces noyaux agissent à titre de relais dans la voie qu’empruntent les sensations visuelles et auditives avant d’être traitées. Les colliculus supérieurs (colliculus = monticule) correspondent aux noyaux supérieurs. Ceux-ci sont appelés centres des réfexes visuels, car ils permettent de suivre des yeux les objets en déplacement, et ils régissent les réfexes comme celui de tourner la tête et de diriger le regard vers un stimulus visuel. Par exemple, les colliculus supérieurs entrent en scène lorsqu’une personne tourne subitement la tête parce qu’elle pense apercevoir un gros animal qui court à sa rencontre. Quant à la paire de colliculus inférieurs, elle agit à titre de
centres des réfexes auditis, ce qui signie qu’elle est à l’origine des mouvements de la tête et du regard en présence d’un son (p. ex., un bruit ort et soudain).
Vérifiez vos connaissances 23. Quel est le rôle de la substantia nigra et quelle
maladie peut compromettre son fonctionnement ? 24. Quelles parties du mésencéphale contiennent
les noyaux sensitifs visuels et auditifs ?
598 Partie III La communication et la régulation
13.5.2 2
Le pont
Nommer et situer les principales structures qui composent le pont, et expliquer leurs onctions respectives.
Le pont (ou protubérance annulaire), représentant la partie proéminente du tronc cérébral, est situé au-dessus du bulbe rachidien FIGURE 13.22 (voir aussi la fgure 13.20). Il renerme des tractus sensitis et moteurs qui relient l’encéphale à la moelle épinière, ainsi que plusieurs noyaux dont émergent plusieurs paires de ners crâniens, notamment les ners trijumeaux, les ners abducens (ou moteur oculaire externe) et les ners aciaux. Les pédoncules cérébelleux moyens regroupent des axones transversaux qui relient le pont au cervelet. Le pont renerme aussi plusieurs composantes, notamment des noyaux appartenant à la ormation réticulaire (voir la section 13.7.2), des centres nerveux du SNA et le noyau olivaire supérieur. Le groupe respiratoire pontin, autreois appelé centre pneumotaxique, est situé dans le bulbe rachidien. Il est un centre du SNA permettant de régir les mouvements des muscles respiratoires, de concert avec les groupes respiratoires ventral et dorsal, dans le but de contrôler le rythme et l’amplitude respiratoires (voir la section 23.5.4 et la fgure 23.23, p. 1087).
Le noyau olivaire supérieur (ou complexe olivaire supérieur) est situé dans la partie inérieure du pont et représente, sur les plans anatomique et onctionnel, une des structures les plus complexes de la voie auditive (voir la fgure 16.30, p. 762). Il est composé de plusieurs noyaux qui orment un réseau neuronal intense avec de nombreuses projections ascendantes (vers les noyaux supérieurs de la voie auditive) et descendantes (vers les noyaux cochléaires et la cochlée). Ce noyau participe à l’analyse complexe et au ltrage de l’inormation auditive qui monte vers le cortex cérébral ; il participe également à la production de réfexes importants pour la survie de la personne ainsi qu’à la protection du système auditi. Enn, il joue un rôle important, avec les colliculus inérieurs, dans la localisation de la source sonore (voir la section 16.5.3). Le pont renerme également les noyaux sensitis et moteurs des nerfs crâniens suivants : le ner trijumeau (NC V), le ner abducens (NC VI) et le ner acial (NC VII). Certains noyaux du ner vestibulocochléaire (NC VIII) y sont également situés.
Vérifiez vos connaissances 25. Quelle est la principale onction du groupe
respiratoire pontin ?
Centre respiratoire pontique Partie postérieure
Pont Noyau olivaire supérieur Bulbe rachidien
Olive
Quatrième ventricule
Noyau olivaire inférieur Formation réticulaire
Pédoncule cérébelleux supérieur Noyau pontique du nerf trijumeau Noyau moteur du nerf trijumeau Formation réticulaire Lemnisque médial
Quatrième ventricule Pédoncule cérébelleux moyen
Noyaux olivaires supérieurs Nerf trijumeau Noyaux pontiques
Partie antérieure A. Coupe longitudinale (plan de coupe)
Neurofibres de la voie motrice principale (ou voie pyramidale)
B. Coupe transversale
FIGURE 13.22 Pont
❯ Le pont est un renfement du côté ventral du mésencéphale qui est composé de neurobres ascendantes et descendantes, et d’une partie de la ormation réticulaire. A. Cette coupe longitudinale partielle
illustre le centre respiratoire pontique ainsi que le noyau olivaire supérieur. B. La coupe transversale du pont présente les noyaux pontiques, les neurobres des tractus et certains noyaux des ners crâniens.
Chapitre 13 Le système nerveux : l’encéphale et les nerfs crâniens
13.5.3 3
Le bulbe rachidien
Nommer et situer les principales structures qui composent le bulbe rachidien, et expliquer leurs fonctions respectives.
Le bulbe rachidien (ou moelle allongée ; medulla oblongata) est formé à partir du myélencéphale. Il s’agit de la partie inférieure du tronc cérébral qui est un important centre réexe du SNA (voir le chapitre 15) et qui joue un rôle essentiel dans l’homéostasie. Le bulbe rachidien s’unit à la moelle épinière à la hauteur du foramen magnum. Le canal central de la moelle épinière se prolonge dans le bulbe rachidien où il s’élargit pour devenir le quatrième ventricule. Toute communication entre l’encéphale et la moelle épinière dépend des tractus qui montent ou descendent par le bulbe rachidien FIGURE 13.23 (voir aussi les gures 13.20 et 13.22). La partie antérieure du bulbe rachidien comporte deux saillies longitudinales appelées pyramides, lesquelles renferment des neurobres motrices de projection, les tractus corticospinaux (pyramidaux) qui descendent du cortex moteur primaire. Dans la partie inférieure du bulbe rachidien, la majeure partie (90 %) de ces axones provenant d’un côté de l’encéphale se
croisent pour aller rejoindre le point opposé. Cet entrecroisement en X se nomme décussation des pyramides. La conséquence de ce croisement est que les hémisphères cérébraux régissent les mouvements volontaires du côté opposé du corps. Juste à côté des pyramides se trouve un renement de substance grise, l’olive, qui véhicule les informations sensorielles ascendantes au cervelet, particulièrement les données proprioceptives liées à l’étirement des muscles et des articulations. Les pédoncules cérébelleux inférieurs constituent un groupe de neurobres reliant le bulbe rachidien au cervelet et transmettant des informations en provenance des propriocepteurs des muscles et des noyaux vestibulaires du tronc cérébral associés à l’équilibre (voir la section 13.6.2). Le bulbe rachidien contient plusieurs noyaux autonomes qui, une fois regroupés, forment des centres nerveux qui régulent les fonctions vitales de l’organisme (voir le tableau 13.2). Les plus importants centres, ainsi que leurs fonctions, sont les suivants : • Le centre cardiaque régit la fréquence cardiaque et la force de contraction du cœur (voir la section 19.5.2). • Le centre vasomoteur régit la pression artérielle en régulant le cycle de contraction-relaxation du muscle lisse des parois
FIGURE 13.23 Bulbe rachidien
❯ Le bulbe rachidien relie l’encéphale à la moelle épinière. A. Cette coupe transversale illustre les principales structures internes et la décussation des pyramides B. Le bulbe rachidien contient
599
divers noyaux qui interviennent dans la régulation des fréquences cardiaque et respiratoire. Ces noyaux reçoivent et transmettent les données sensorielles portant sur les mouvements des membres.
600 Partie III La communication et la régulation
des plus petites artères, les artérioles, en vue de modier leur diamètre. La pression artérielle augmente lorsque la paroi des vaisseaux se contracte et elle s’abaisse lorsque les vaisseaux se dilatent (voir la section 20.4).
cortex portent le nom de lamelles du cervelet FIGURE 13.24. Le cervelet est composé des hémisphères cérébelleux gauche et droit. Chacun d’eux présente deux lobes, le lobe antérieur et le lobe postérieur, qui sont séparés par la fssure primaire.
• Le centre respiratoire médullaire régit la réquence respiratoire. Il est composé des groupes respiratoires ventral et dorsal. Ces groupes sont infuencés par le centre respiratoire pontique (voir la section 23.5.3).
Une bande étroite de cortex, le vermis (littéralement, ver), s’étend le long de la ligne médiane qui sépare les hémisphères cérébelleux gauche et droit. Le vermis reçoit les données sensitives portant sur la position du tronc ainsi que sur l’équilibre.
• Les autres noyaux du bulbe rachidien gèrent les activités telles que la toux, l’éternuement, la salivation, la déglutition, le réfexe pharyngé et le vomissement.
Le cervelet est séparé intérieurement en trois régions : un cortex de substance grise appelé cortex cérébelleux, une région interne de substance blanche et, plus proondément, une couche de substance grise composée des noyaux cérébelleux. La masse de substance blanche porte le nom d’arbre de vie du cervelet (arbor vitae), qui tire son nom de sa orme, laquelle s’apparente aux branches d’un arbre.
À votre avis 4. En vous basant sur votre compréhension des fonctions
du bulbe rachidien, diriez-vous qu’une grave blessure de cette structure risque davantage d’entraîner la mort ou plutôt des conséquences incapacitantes ? Pourquoi ?
De plus, le bulbe rachidien contient les noyaux des ners crâniens vestibulocochléaire (NC VIII), glossopharyngien (NC IX), vague (NC X), accessoire (NC XI) et hypoglosse (NC XII). Il contient également les noyaux cunéiorme (en orme de coin) et gracile (élancé), lesquels relaient l’inormation sensitive au thalamus. Des bandes d’axones myélinisés, qui orment le lemnisque médial émergeant de ces noyaux, se croisent vers la région inérieure du bulbe rachidien. Le lemnisque médial se prolonge à travers le tronc cérébral, derrière la substantia nigra, vers le noyau ventral postérieur du thalamus.
Trois neurobres de grand diamètre, appelées pédoncules, relient le cervelet au tronc cérébral (voir la fgure 13.20B). Les pédoncules cérébelleux supérieurs relient le cervelet au mésencéphale, les pédoncules cérébelleux moyens relient le pont au cervelet et les pédoncules cérébelleux inérieurs relient le cervelet au bulbe rachidien. Ces liaisons permettent un réglage n des mouvements des muscles squelettiques par le cervelet ainsi qu’une interprétation, par ce dernier, des infux sensitis provenant des propriocepteurs de l’ensemble du corps.
Vérifiez vos connaissances 28. Quelles sont les principales structures anatomiques
du cervelet ? 29. À quelle partie du tronc cérébral les pédoncules
cérébelleux moyens relient-ils le cervelet ?
Vérifiez vos connaissances 26. Où se situent les pyramides et quelle est leur
fonction ? 27. Quels sont les trois principaux centres autonomes
situés dans le bulbe rachidien ?
13.6.2 3
13.6 Le cervelet Le cervelet (petit cerveau) est la deuxième plus grande structure de l’encéphale. Il provient du métencéphale et assure le contrôle de la posture, la coordination motrice ne, la planication et l’apprentissage de mouvements complexes (p. ex., aire ses gammes au piano).
13.6.1
Les parties structurales du cervelet
1
Nommer les principales parties du cervelet et expliquer leurs fonctions.
2
Désigner les trois tractus qui relient le tronc cérébral au cervelet.
Le cervelet présente une surace complexe ortement ondulée et recouverte d’une couche de cortex cérébelleux. Les replis de ce
Les fonctions du cervelet
Expliquer les fonctions du cervelet.
Le cervelet remplit une onction motrice importante. Bien qu’il ne soit pas l’initiateur des mouvements musculosquelettiques, il agit à titre de coordonnateur des mouvements initiés par le cortex moteur. Il permet l’initiation et l’arrêt des mouvements, tout en déterminant leur durée, leur amplitude, leur synchronisation et leur succession. Le cervelet participe également à des mouvements inconscients comme la déglutition ou le déplacement des yeux durant la lecture. Le cervelet permet aussi les déplacements en amorçant, en synchronisant et en coordonnant les contractions musculaires nécessaires. Comme il reçoit des données proprioceptives ou sensorielles en provenance des muscles et des articulations, le cervelet est en mesure d’ajuster la position du corps en vue de maintenir un équilibre et une bonne posture. Par exemple, il est possible de se tenir en équilibre sur un pied parce que le cervelet capte des données proprioceptives provenant des articulations du corps grâce auxquelles il trace un plan qui permet au corps de rester droit. Étant donné que les données proprioceptives provenant tant des muscles que des articulations sont transmises au cervelet, le cerveau est au courant de la
Chapitre 13 Le système nerveux : l’encéphale et les nerfs crâniens
601
Aqueduc du mésencéphale Tubercules quadrijumeaux du tectum Substance blanche (arbre de vie)
Partie antérieure Hémisphère cérébelleux
Vermis
Mésencéphale
Lobe antérieur Lobe postérieur
Quatrième ventricule Pont
Bulbe rachidien Substance grise
Lamelles du cervelet
Fissure primaire
Partie postérieure
Lamelles du cervelet
B. Vue supérieure
FIGURE 13.24 Cervelet
A. Coupe sagittale médiane
position de ces dernières ainsi que du tonus musculaire, et ce, même si la personne ne regarde pas l’articulation en question. Par exemple, même les yeux ermés, il est possible de savoir quelles articulations présentent une fexion et lesquelles sont en extension. Le cervelet reçoit continuellement des données convergentes des diverses voies sensitives et motrices de l’encéphale FIGURE 13.25. Ainsi, la onction motrice du cervelet repose essentiellement sur un travail de comparaison. Voici comment se déroule son onctionnement : 1. Le cervelet reçoit des infux nerveux provenant des noyaux basaux et du cortex moteur l’inormant de leur intention de déclencher un mouvement volontaire. 2. Simultanément, il reçoit, par les pédoncules cérébelleux inérieurs, des infux nerveux provenant des propriocepteurs l’inormant de la tension des muscles et des tendons ainsi que de la position des articulations, des infux provenant des voies de l’équilibre (oreille interne) et des infux provenant de la vision. Ces inormations permettent au cervelet d’évaluer la position des diérentes parties du corps dans l’espace. 3. Le cervelet compare ensuite les infux provenant du cortex moteur avec celles provenant des diérents récepteurs. À partir de ces données, il détermine l’intensité, la direction et
❯ Le cervelet se situe à l’arrière du pont, du bulbe rachidien et du tronc cérébral. A. Cette coupe sagittale médiane illustre le lien entre le cervelet et le tronc cérébral. B. Cette vue supérieure permet de comparer les lobes antérieur et postérieur du cervelet. Le cerveau n’apparaît pas dans les images ci-dessus.
la durée des contractions musculaires à exécuter an que le corps en mouvement maintienne l’équilibre et la posture. 4. Finalement, il envoie sa réponse au thalamus par les pédoncules cérébelleux supérieurs. Le thalamus la communique au cortex moteur (aires prémotrice et motrice primaire) qui corrige les mouvements et envoie les infux nécessaires, par la moelle épinière, aux diérents muscles squelettiques. Il en résulte des mouvements coordonnés et précis. Le cervelet travaille de concert avec les hémisphères cérébraux pour l’apprentissage de mouvements spécialisés, par exemple les mouvements maîtrisés et précis qu’eectue un guitariste classique lorsqu’il interprète un concerto. Sans le cervelet, les mouvements des mains du guitariste seraient saccadés, désordonnés, et manqueraient de précision et de coordination (Mader, 2009).
INTÉGRATION LIENS ENTRE LES CONCEPTS Plusieurs systèmes contribuent à la réalisation des mouvements précis des doigts. Le système squelettique fournit le soutien structural pour les muscles et les autres tissus des doigts, le système musculaire est responsable de leurs mouvements et le système nerveux émet des signaux vers le système musculaire pour commander leurs mouvements coordonnés.
602 Partie III La communication et la régulation
Aire motrice primaire Mouvements volontaires L’aire motrice primaire ainsi que les noyaux basaux envoient des influx nerveux au cervelet par l’intermédiaire des noyaux pontiques.
Hémisphère cérébral
Évaluation des mouvements volontaires Les propriocepteurs des muscles squelettiques et des articulations informent le cervelet de l’amplitude des mouvements. Thalamus
Intégration et analyse Le cervelet compare les mouvements planifiés (signaux moteurs) aux résultats des mouvements réels (signaux sensoriels). Correction rétroactive Le cervelet envoie des influx nerveux par le thalamus à l’aire motrice primaire ainsi qu’aux noyaux moteurs du tronc cérébral.
Noyau pontique Pont
FIGURE 13.25 Voies cérébelleuses
Cortex cérébelleux
Corps calleux
❯ Des infux sont dirigés vers le cervelet
Voie principale (voie pyramidale)
à partir du pont et de l’aire motrice du cerveau (fèches bleues) et de la moelle épinière au cervelet (fèche jaune). L’intégration et l’analyse des données ont lieu dans le cervelet (fèches vertes). La réponse du cervelet (fèches orangées) passe par les pédoncules cérébelleux (non illustrés dans la gure).
Coupe sagittale
INTÉGRATION APPLICATION CLINIQUE
Vérifiez vos connaissances
Les effets de l’alcool et des drogues sur le cervelet
30. Décrivez la onction comparatrice du cervelet.
DÉSÉQUILIBRE HOMÉOSTATIQUE
Diverses drogues, l’alcool en particulier, peuvent perturber la onction cérébelleuse de açon temporaire ou permanente. L’intoxication alcoolique entraîne plusieurs symptômes de perturbation du onctionnement du cervelet. • Troubles de la démarche. Une personne sous l’infuence d’une dose importante d’alcool peut rarement marcher en ligne droite ; elle semble plutôt tanguer et chanceler. Il arrive souvent qu’elle tombe ou qu’elle heurte des objets en raison de cette perturbation cérébelleuse temporaire. • Perte d’équilibre et posture. Habituellement, une personne intoxiquée qui tente de se tenir sur un pied bascule et tombe par terre. • Incapacité de percevoir l’information proprioceptive. Lorsqu’elle doit ermer les yeux et toucher son nez, la personne intoxiquée manque réquemment la cible. Cette réaction, due à sa capacité réduite de percevoir les inormations proprioceptives, s’ajoute au manque de coordination de ses muscles squelettiques.
13.7 Les systèmes fonctionnels
de l’encéphale
L’encéphale comporte deux importants systèmes fonctionnels : le système limbique et la formation réticulaire. Un système cérébral fonctionnel correspond à un ensemble de structures différentes qui travaillent de concert pour exercer une fonction commune.
13.7.1
Le système limbique
1
Décrire les principales onctions du système limbique.
2
Énumérer les six principales structures qui composent le système limbique et résumer leurs rôles.
Chapitre 13 Le système nerveux : l’encéphale et les nerfs crâniens
Le système limbique est constitué de multiples structures cérébrales et diencéphaliques qui, ensemble, traitent et intègrent les émotions ; il permet ainsi de ressentir les émotions. C’est d’ailleurs pourquoi certains qualifent le système limbique de cerveau émotionnel. Les structures qui composent le système limbique (limbus = bordure) orment un anneau autour du diencéphale. Les neuroanatomistes ne s’entendent pas en tous points sur les structures qui composent ce système. Cependant, les structures suivantes ont l’unanimité et sont illustrées dans la FIGURE 13.26 :
sur le plan émotionnel (p. ex., s’ils suscitent de la peur, une grande joie ou de la tristesse). 5. Le tractus, le bulbe et le cortex olfactifs ont également partie du système limbique. Ainsi, certaines odeurs peuvent susciter une émotion donnée ou rappeler un certain souvenir. 6. Le fornix (fornix = arche) est un étroit tractus de substance blanche qui relie l’hippocampe aux autres structures diencéphaliques du système limbique.
1. Le gyrus du cingulum (cingulum = ceinture) constitue une masse de cortex cérébral située dans la fssure longitudinale du cerveau, au-dessus du corps calleux. Seule la coupe sagittale peut révéler cette masse corticale qui entoure le diencéphale. Le gyrus du cingulum reçoit des données des autres structures qui composent le système limbique. 2. Le gyrus parahippocampal est une masse de tissu cortical située dans le lobe temporal. Comme l’hippocampe, il joue un rôle dans la mémoire à long terme. 3. L’hippocampe (hippocampus = cheval de mer) est un noyau situé au-dessus du gyrus parahippocampal relié au diencéphale par le ornix. Comme son nom l’indique, ce noyau ressemble à un cheval de mer. L’hippocampe et le gyrus parahippocampal s’avèrent essentiels au stockage des souvenirs ainsi qu’à la mémoire à long terme. 4. Le corps amygdaloïde est relié à l’hippocampe. Il intervient dans divers aspects des émotions, particulièrement la peur. Le corps amygdaloïde contribue également au stockage des souvenirs et à leur analyse selon la açon dont ils sont perçus
603
Vérifiez vos connaissances 31. Quelles structures composent le système limbique ? 32. Quelles sont les principales onctions du système
limbique ?
13.7.2
La formation réticulaire
3
Décrire les structures et les onctions de la ormation réticulaire.
4
Expliquer l’anatomie et le rôle du système réticulaire activateur ascendant.
Il existe une région du système nerveux qui s’étend à la verticale à travers le mésencéphale, le pont et le bulbe rachidien. Cette masse de substance grise plus ou moins organisée est appelée formation réticulaire FIGURE 13.27. La ormation réticulaire
Structures composant le système limbique Gyrus du cingulum Corps calleux
Commissure antérieure du cerveau
FIGURE 13.26 Système limbique
❯ Les structures composant le système limbique ont une incidence sur le comportement et les émotions. L’aire olactive du lobe temporal n’est pas illustrée dans Coupe sagittale médiane cette fgure.
Fornix Noyaux thalamiques antérieurs (de part et d’autre du troisième ventricule) Septum précommisural Corps mamillaires Hypothalamus Hippocampe Corps amygdaloïde Gyrus parahippocampal Tractus olfactif Bulbe olfactif
604 Partie III La communication et la régulation
s’étend jusque dans le diencéphale et la moelle épinière. Ce système onctionnel comporte des composantes à la ois motrices et sensitives. La partie motrice de la ormation réticulaire communique avec la moelle épinière. Elle régit le tonus musculaire, surtout lorsque les muscles sont au repos. Cette partie motrice contribue également aux onctions motrices autonomes, dont la respiration, la pression artérielle et la réquence cardiaque, en travaillant de concert avec les centres autonomes du bulbe rachidien et du pont. Quant à la partie sensitive de la ormation réticulaire, elle est chargée d’indiquer au cerveau l’arrivée de nouvelles données sensorielles. Cette composante sensitive porte le nom de système réticulaire activateur ascendant (SRAA) et contient des axones sensitis qui se projettent dans le cortex cérébral. Le SRAA traite et ltre les données sensorielles provenant de la vue, de l’ouïe ainsi que du toucher, et il ajuste en conséquence l’état d’éveil ou de vigilance. En eet, lorsqu’il reçoit un stimulus sensiti, le SRAA le transmet au cerveau. Ainsi, ce système joue un rôle prépondérant dans la régulation du cycle veille-sommeil. C’est ainsi que la sonnerie du réveille-matin, la voix d’une
Données sensitives transmises au SRAA Réponse motrice du SRAA Réponse du SRAA transmise au cerveau
Réponse du SRAA au cortex cérébral
personne et la lumière stimulent le SRAA et réveillent une personne endormie. Inversement, lorsqu’il y a absence de stimulus, ou que ce dernier est aible, par exemple lorsqu’une personne est au lit, que la lumière est éteinte et qu’il n’y a aucun bruit, le SRAA n’est pas stimulé. La personne est alors capable de s’endormir. L’alternance veille-sommeil est régulée par diérentes parties de l’encéphale réparties de l’hypothalamus au bulbe rachidien. La somnolence est principalement induite par l’accumulation d’adénosine, un neuromodulateur du cerveau qui provient de l’utilisation intensive de l’adénosine triphosphate, l’énergie utilisable par les cellules pour les activités métaboliques de l’organisme. Ce neuromodulateur inhibe certains neurones cholinergiques du SRAA et aaiblit l’afux de messages nerveux transmis au cortex. Les stimulus sont toujours présents, mais les aires corticales de la personne endormie ne reçoivent plus cette inormation. Le réveil se produit à la suite d’une baisse d’adénosine et d’une augmentation de l’activité dans plusieurs régions de l’encéphale, dont celle du SRAA, par l’intermédiaire de plusieurs neurotransmetteurs : acétylcholine, noradrénaline, sérotonine, glutamate et histamine (Dubuc, 2013b). Les anesthésiques et certains tranquillisants inhibent articiellement l’activité du SRAA. Il est à noter que les odeurs ont peu d’infuence sur ce système, et c’est pourquoi en cas d’incendie, l’avertisseur de umée est nécessaire pour réveiller une personne. Ce système ltre également les stimulus inutiles, ce qui permet par exemple d’étudier tout en écoutant de la musique (Mader, 2009). La conscience implique une perception des sensations et une maîtrise volontaire des activités motrices ainsi que de celles qui nécessitent un traitement mental complexe. L’état de conscience exige le onctionnement simultané de certaines aires de grande envergure du cortex cérébral. Le niveau de conscience s’insère dans un continuum, le plus élevé étant la vigilance. La personne en état de vigilance répond bien, elle est consciente de soi, elle reconnaît les gens et elle est orientée dans le temps et l’espace. Grâce au SRAA, il y a généralement alternance entre vigilance et sommeil, ce dernier pouvant être déni comme l’absence naturelle et temporaire de vigilance. Une personne peut sortir de cet état grâce à une stimulation dite normale. En eet, l’activité corticale est réduite pendant le sommeil, mais les centres vitaux du tronc cérébral continuent de onctionner.
Vérifiez vos connaissances Influx visuels
33. Quel lien unit le système réticulaire activateur
Formation réticulaire Tractus moteurs menant à la moelle épinière
ascendant à la ormation réticulaire ? Influx auditifs
Tractus sensitifs généraux (toucher, douleur, température)
FIGURE 13.27 Formation réticulaire
❯ La ormation réticulaire reçoit et traite divers stimulus (fèches bleues). Elle participe aux activités d’éveil du cortex (fèches violettes) et du cycle veille-sommeil. Certaines réponses de la ormation réticulaire ont une incidence sur l’activité musculaire (fèche rouge).
Le sommeil non MOR (Mouvements Oculaires Rapides, voir l’Application clinique intitulée « Le sommeil et le cycle veillesommeil », p. 606) est régi par l’hypothalamus et le bulbe rachidien. La régulation de l’alternance veille-sommeil est contrôlée par le rythme circadien (circa = environ, dies = jour), lequel est établi par le noyau suprachiasmatique de l’hypothalamus, qui représente une véritable horloge biologique interne s’alignant sur l’alternance du jour et de la nuit au moyen des acteurs externes de synchronisation. Le sommeil MOR est régulé par le pont et le mésencéphale (Dubuc, 2013c ; Mader, 2009).
Chapitre 13 Le système nerveux : l’encéphale et les nerfs crâniens
605
INTÉGRATION APPLICATION CLINIQUE
Les états pathologiques d’inconscience DÉSÉQUILIBRE HOMÉOSTATIQUE
Le niveau de conscience d’une personne en santé varie de l’état de veille attentive et alerte au sommeil proond. Techniquement, la personne qui dort est inconsciente, mais elle ne l’est pas de açon pathologique. Certains états d’inconscience sont cependant pathologiques. L’évanouissement (ou syncope) est une brève perte de conscience ; il résulte souvent d’une irrigation sanguine insusante de l’encéphale attribuable à une baisse de la pression artérielle, consécutive par exemple à une hémorragie ou à un stress émotionnel subit. La stupeur (stupor = engourdissement) est un niveau d’inconscience modérément proond duquel une personne ne peut sortir que par une stimulation extrême répétée ou douloureuse. La stupeur peut être liée à des troubles métaboliques (p. ex., l’hypoglycémie), à des maladies du oie ou des reins, à un AVC ou à un autre traumatisme cérébral. Elle peut également être provoquée par l’usage de drogues. Le coma est un état proond d’inconscience dont il est impossible de sortir une personne, même avec des stimulations répétées ou douloureuses. La personne dans le coma est vivante, mais incapable de réagir à l’environnement. Le coma peut résulter d’une grave lésion crânienne ou d’un AVC, d’une insusance métabolique grave observée notamment dans des maladies hépatiques ou rénales à un stade avancé, d’une hypoglycémie très marquée ou de la consommation de drogues. L’état végétatif chronique est la condition dans laquelle se trouve une personne qui a perdu sa capacité de penser et sa conscience de l’environnement, mais dont les onctions cérébrales non cognitives se poursuivent, comme la régulation par le tronc cérébral de la réquence cardiaque, de la respiration et du cycle veille-sommeil. Certaines personnes dans cet état eectuent des mouvements spontanés : il leur arrive de bouger les yeux, de grimacer, de pleurer et même de rire. Ces états pathologiques peuvent être détectés par l’électroencéphalographie (EEG). Cette méthode d’exploration cérébrale est
13.8 Les fonctions d’intégration
et les fonctions mentales supérieures
La cognition, la mémoire, les émotions et le langage comptent parmi les fonctions mentales supérieures. Ces onctions ont lieu dans le cortex cérébral et nécessitent l’intervention de diverses régions de l’encéphale reliées par un réseau complexe d’axones. Les onctions mentales supérieures impliquent le traitement conscient et inconscient de l’inormation. Ce traitement est constamment ajusté ou modifé, au besoin.
indolore et non eractive ; elle mesure l’activité électrique du cerveau grâce à des électrodes placées sur le cuir chevelu. Les résultats de cet examen sont souvent représentés sous la orme d’un tracé appelé électroencéphalogramme. L’EEG renseigne plus particulièrement sur l’activité neurophysiologique du cortex cérébral dans le but d’aider à poser un diagnostic en neurologie ou pour la recherche en neurosciences cognitives. Le signal électrique à la base de l’EEG est la résultante de la sommation des potentiels d’action postsynaptiques issus d’un grand nombre de neurones. Les tracés obtenus sont appelés ondes cérébrales. Ces ondes, uniques à chaque personne, sont infuencées par de nombreux acteurs : l’âge, les stimulus sensoriels, les aections cérébrales et l’état chimique de l’organisme. Il existe quatre types d’ondes diérentes (Dubuc, 2013a ; Massicote-Marquez, 2008) : • Les ondes alpha (de 8 à 12 Hz) sont des ondes rythmiques et synchronisées, de aible amplitude. Elles sont présentes lorsqu’une personne est éveillée, mais dans un état de calme et de relaxation mentale. • Les ondes bêta (de 13 à 30 Hz) sont des ondes rythmiques plus irrégulières et à plus orte amplitude que les précédentes. Elles sont présentes lorsque la personne est dans un état d’éveil acti, comme lorsqu’elle se concentre ou porte son attention sur un stimulus particulier. • Les ondes thêta (de 4 à 8 Hz) sont des ondes irrégulières, réquentes et normales chez les enants ainsi que chez les adultes dans les premières phases du sommeil. Elles sont cependant considérées comme anormales chez un adulte éveillé. • Les ondes delta (4 Hz et moins) sont des ondes lentes de orte amplitude qui se produisent pendant le stade de sommeil proond ou durant une anesthésie qui diminue l’activité du SRAA. Elles indiquent une lésion cérébrale chez l’adulte éveillé. • Les ondes gamma (30 à 35 Hz) sont des ondes reliées à la conscience. L’absence d’ondes cérébrales sur un tracé d’EEG, c’est-à-dire un tracé plat, est un signe clinique de mort cérébrale (Dubuc, 2013c).
13.8.1
1
Le développement des fonctions mentales supérieures
Décrire le lien entre l’âge et les onctions mentales supérieures.
Tout au long du développement de l’enant, la maîtrise des mouvements et le traitement de l’inormation deviennent de plus en plus complexes. Au cours des deux premières années suivant la naissance, la myélinisation de la plupart des axones du SNC se poursuit. Quant à l’encéphale, sa taille et sa complexité
606 Partie III La communication et la régulation
INTÉGRATION APPLICATION CLINIQUE
Le sommeil et le cycle veille-sommeil Les stades du sommeil Le sommeil se défnit comme un état d’inconscience partielle qui peut être rompu par un stimulus. Quoique la durée du sommeil varie selon les personnes, son déroulement se divise en deux principales phases : le sommeil sans mouvements oculaires rapides (ou sommeil non MOR), aussi appelé sommeil lent, et le sommeil avec mouvements oculaires rapides (ou sommeil MOR), aussi appelé sommeil paradoxal. Les quatre premiers stades correspondent au sommeil non MOR, et le cinquième, au sommeil MOR. L’EEG peut être utilisée afn de déterminer les diérents stades du sommeil (Dubuc, 2013c ; Mader, 2009 ; Mongrain, 2006).
Le sommeil non MOR • Le stade 1. La somnolence est le stade de l’endormissement (transition entre l’éveil et le sommeil). Ce stade dure de 1 à 7 minutes et il se caractérise par une réduction de la vigilance. • Le stade 2. Le sommeil est encore léger, mais ce stade représente la première phase de sommeil proprement dite. Le sujet est assoupi, mais il est encore très sensible aux stimulus extérieurs. Il y a diminution du tonus musculaire, de la température corporelle et des réquences respiratoire et cardiaque en raison de la prédominance du onctionnement du système nerveux parasympathique. • Le stade 3. Le sommeil est relativement proond et survient environ 30 à 45 minutes après le précédent stade. État de veille (ondes alpha et bêta)
• Le stade 4. Durant ce stade, le sommeil est le plus proond et dure de quelques minutes à une heure. Le métabolisme de l’encéphale diminue, la température de l’organisme et les signes vitaux continuent de ralentir tout en devenant réguliers. C’est à ce stade que peuvent parois se produire les terreurs nocturnes et le somnambulisme. C’est à ce moment qu’ont lieu les divisions cellulaires et la production de l’hormone de croissance, d’où l’importance du sommeil chez l’enant. Le sommeil proond occupe environ 1 heure et 40 minutes au cours d’une nuit moyenne de sommeil. Il a tendance à diminuer avec l’âge, au proft du stade 2. Après ce stade, l’organisme revient au stade 3, puis au stade 2, et le sommeil paradoxal (MOR) s’installe.
Le sommeil MOR • Le stade 5. Le sommeil paradoxal est le stade pendant lequel l’activité électrique du cerveau et des yeux est très importante, d’où l’appellation de sommeil MOR (mouvements oculaires rapides). Ce stade dure de 15 à 45 minutes, et il se répète toutes les 30 à 90 minutes environ, soit de 5 à 6 ois par nuit. Sa durée s’allonge avec la succession des cycles du sommeil, pour devenir maximale en fn de nuit. C’est la période propice aux rêves, mais aussi aux cauchemars, bien que les rêves puissent survenir pendant le sommeil lent. Sur l’EEG, l’activité corticale est plus proche de celle de l’éveil que de celle du sommeil lent (aible amplitude, mais réquence élevée) ; c’est là le paradoxe. L’activité musculaire squelettique est absente, la respiration est irrégulière et le rythme cardiaque peut accélérer ou ralentir. Veille MOR
MOR
MOR
MOR Stades du sommeil
Stade 1
Stade 1 (MOR)
Stade 2 Sommeil
Stade 2
Stade 3 Stade 4
Stade 3
0
Stade 4 (ondes delta) A. Ondes cérébrales : veille et sommeil
1
2
Début du sommeil
3
4
5
Temps (heure)
6
7
Fin du sommeil
B. Répartition des stades du sommeil pour une période donnée
A. Tracés d’ondes cérébrales sur un EEG lorsqu’une personne est en état de veille et durant les quatre stades du sommeil B. Représentation typique des stades du sommeil chez un jeune adulte. Le temps passé en sommeil paradoxal (MOR) est indiqué par d’épaisses barres horizontales
augmentent rapidement : il est développé à 95 % vers l’âge de 5 ans. Il aut attendre la puberté pour que le reste de l’encéphale arrive à maturité (Cameron, 2000). À mesure que le SNC continue de se développer, de nombreux neurones multiplient leurs liaisons pour décupler le nombre de
synapses qu’exige la complexité croissante des activités réfexes et du traitement de l’inormation. De plus, certains axones demeurent amyélinisés jusqu’à l’adolescence (p. ex., certains axones de l’aire associative antérieure), ce qui a pour conséquence que certaines ormes de traitement cortical demeurent limitées jusqu’à la n de la puberté.
Chapitre 13 Le système nerveux : l’encéphale et les nerfs crâniens
Vérifiez vos connaissances 34. Le développement de l’encéphale n’est pas complet
avant la fn de l’adolescence. Quelles répercussions cela a-t-il ?
13.8.2
La cognition
La personne sourant d’agnosie (a = sans, absence de, gnosis = connaissance) est incapable de reconnaître ou de comprendre certains stimulus. Par exemple, une lésion au lobe temporal peut entraîner une incapacité à reconnaître ou à comprendre les sons ou les mots. Les symptômes précis de l’agnosie varient grandement selon l’emplacement de la lésion dans le cerveau.
Vérifiez vos connaissances
2
Désigner les aires cérébrales dans lesquelles la cognition s’eectue.
35. Quelles aires associatives interviennent dans
3
Expliquer en quoi des lésions dans diverses parties du cortex cérébral ont une incidence sur la cognition.
36. Défnissez l’agnosie, puis expliquez ses
Les processus mentaux, notamment la conscience, le savoir, la mémoire, la perception et la réfexion, procèdent de la cognition. Les aires associatives du cerveau, qui constituent près de 70 % des tissus encéphaliques, interviennent dans la cognition ainsi que dans le traitement et l’intégration des données entre les aires sensitives et motrices. Diverses études menées auprès de personnes sourant de lésions cérébrales, causées notamment par un cancer, une inection, un AVC ou un traumatisme, ont permis de ournir des indices quant aux onctions remplies par ces aires de l’encéphale. Par exemple, l’aire associative du lobe rontal intègre l’inormation reçue des aires sensitives, motrices et associatives en vue de permettre à l’être humain de penser, de planier et d’adopter un comportement adéquat. Ainsi, une personne sourant d’une lésion au lobe rontal serait atteinte de troubles de la personnalité (Gil, 2007 ; Kelley-Puskas, Cailhol, D’Agostino et al., 2005 ; Université Mohammed V Souissi, 2009). Par ailleurs, si une personne subit une perte de conscience, c’est-à-dire si elle perd la capacité de déceler et de reconnaître les stimulus d’un côté de son corps (ou ceux des membres de ce même côté), il est alors possible d’armer que cette personne soure de lésions de l’aire somesthésique primaire dans l’hémisphère opposé au côté des membres atteints.
607
la cognition ? conséquences sur la cognition.
13.8.3
La mémoire
4
Comparer la mémoire à court et à long terme, et décrire les parties de l’encéphale qui interviennent dans chacune d’elles.
5
Nommer les deux régions du système limbique qui interviennent dans la conversion de la mémoire à court terme en mémoire à long terme.
La mémoire constitue un élément de la cognition qui varie constamment, notamment quant à la durée de rétention et à la quantité de données emmagasinées. Le stockage et le rappel de l’inormation dépendent des onctions mentales supérieures et des interactions complexes entre les diverses régions de l’encéphale. De manière plus générale, en plus de la mémoire, la gestion de l’inormation nécessite également les phases d’apprentissage (acquisition de nouvelles données) et d’oubli (élimination des données utiles ou inutiles). Les neuroscientiques catégorisent la mémoire de diverses açons. Par exemple, la mémoire sensorielle intervient lorsqu’une personne ait des associations à partir des données sensorielles
INTÉGRATION APPLICATION CLINIQUE
Le cas de Phineas Gage L’histoire curieuse et tragique de Phineas Gage a rendu possible une meilleure compréhension de l’encéphale et de ses onctions d’ordre supérieur. En 1848, alors que M. Gage, travaillant pour la construction d’un chemin de er, se servait d’une tige de er pour tasser de la poudre noire, celle-ci explosa. La tige de près de 6 kg et de 1 m de long ut propulsée par l’explosion vers sa tête et y pénétra juste sous l’œil gauche. Il survécut à l’accident et fnit par recouvrer ses orces, mais sa personnalité avait complètement changé. Il était décrit avant l’accident comme un homme compétent, bien équilibré et perspicace ; après sa blessure, il devint irrévérencieux, changeant et grossier. Une reconstitution inormatisée de la tête de M. Gage montrant les sites de la lésion a permis aux chercheurs de déterminer assez précisément quelles portions de son cerveau étaient
Reconstitution inormatisée du traumatisme crânien de Phineas Gage
endommagées (Ratiu, Talos, Haker et al., 2004). C’est en partie grâce à ce cas que la science médicale a appris que les lobes rontaux sont importants pour le onctionnement correct de la personnalité et qu’ils sont étroitement liés aux éléments ondamentaux de la prise de décision.
608 Partie III La communication et la régulation
INTÉGRATION APPLICATION CLINIQUE
La maladie d’Alzheimer DÉSÉQUILIBRE HOMÉOSTATIQUE
La maladie d’Alzheimer est devenue la principale cause de démence dans les pays développés. Les images ci-dessous montrent les diérences anatomiques entre un encéphale normal et celui d’une personne atteinte de cette maladie.
Les symptômes habituels de la maladie d’Alzheimer
neurones corticaux et la présence dans les neurones survivants d’agrégats anormaux de fbres protéiques appelés enchevêtre ments neurofbrillaires. Une protéine anormale, le précurseur du peptide bêtaamyloïde, apparaît dans la matrice de l’encéphale ainsi que dans la paroi des artérioles cérébrales. Des altérations biochimiques surviennent aussi, plus particulièrement une diminution de la quantité d’acétylcholine, un neurotransmetteur, dans les hémisphères cérébraux.
Un remède pour la maladie d’Alzheimer
En général, la maladie d’Alzheimer ne devient cliniquement apparente qu’après l’âge de 65 ans, bien que son apparition soit plus précoce chez certaines personnes ; le diagnostic en est souvent retardé, car elle est conondue avec d’autres ormes de troubles cognitis. Les symptômes comprennent une perte lente et progressive des onctions intellectuelles supérieures ainsi que des modifcations de l’humeur et du comportement. La maladie entraîne une détérioration graduelle du langage et des habiletés visuospatiales, une attitude d’indiérence et une aiblesse du jugement, mais le onctionnement moteur reste intact. La personne atteinte devient conuse et agitée, et pose souvent la même question à répétition. La maladie d’Alzheimer progresse inexorablement pendant des mois et des années, ce qui lui a valu le surnom de maladie des longs adieux. Elle fnit par priver sa victime de sa mémoire, de son ancienne personnalité et même de la parole.
La cause de la maladie d’Alzheimer La cause proonde de la maladie d’Alzheimer demeure un mystère, bien que des acteurs génétiques et environnementaux semblent y tenir un rôle. L’examen post mortem de l’encéphale de personnes atteintes de cette maladie montre une atrophie cérébrale marquée et généralisée. L’examen microscopique du tissu cérébral révèle une diminution sérieuse du nombre de
À ce jour, il n’existe pas de cure pour la maladie d’Alzheimer, même si certains médicaments en soulagent les symptômes et semblent ralentir sa progression. Entretemps, les chercheurs tentent de mettre au point une épreuve diagnostique permettant de mieux prédire qui est exposé à la maladie. Jusqu’à récemment, la seule açon de diagnostiquer avec certitude la maladie d’Alzheimer était de pratiquer une autopsie pour procéder à un examen macroscopique et microscopique de l’encéphale. Il semble maintenant que la tomographie par émission de positrons permette d’observer les modifcations cérébrales précoces associées à la maladie d’Alzheimer. Des recherches récentes suggèrent que la difculté ou l’incapacité à reconnaître des odeurs amilières (p. ex., le citron ou la cannelle) seraient liées à un risque accru de voir apparaître la maladie d’Alzheimer. En réalité, cette perte d’olaction pourrait être l’un des premiers signes de la maladie, vraisemblablement parce que les régions cérébrales sollicitées dans l’odorat sont parmi les premières à ormer les enchevêtrements neurofbrillaires de la maladie d’Alzheimer (Baril, 2012 ; Hubert, 2012 ; Nores, Biacabe & Bonfls, 2000 ; Rey, 2010). Les chercheurs pourraient ainsi, dans un proche avenir, mettre au point un test de type pastille à humer pour prédire les risques que court une personne d’être atteinte de la maladie d’Alzheimer (Baril, 2012 ; Hubert, 2012 ; Santé log, 2012).
Ventricules dilatés
Atrophie corticale
A. Encéphale normal A. Imagerie par résonance magnétique d’une section rontale d’un encéphale normal.
B. Imagerie Encéphale personne atteinte de lasection B. pard’une résonance magnétique d’une maladie d’Alzheimer rontale d’un encéphale d’une personne atteinte de la maladie d’Alzheimer; ce dernier présente des ventricules dilatés et de larges espaces entre les gyrus.
Chapitre 13 Le système nerveux : l’encéphale et les nerfs crâniens
qui proviennent de l’environnement qui l’entoure (p. ex., la multitude de sons dans une caétéria pleine à craquer, l’odeur de la nourriture, le ort éclairage de la pièce) (Dubuc, 2002). La mémoire sensorielle dure généralement quelques secondes, tout au plus. La mémoire à court terme suit la mémoire sensorielle. Elle se caractérise généralement par une capacité de stockage restreinte (environ sept courts ragments d’inormation) et d’une durée limitée (de quelques secondes à quelques heures). Imaginez, par exemple, que durant un cours d’anatomie et de physiologie, un vendredi matin, votre enseignant énumère au tableau les onctions des lobes cérébraux. À moins que vous n’étudiiez la matière pendant le weekend, les chances que vous vous souveniez de ces onctions au cours du lundi matin sont bien minces. Certains éléments de la mémoire à court terme peuvent être transmis à la mémoire à long terme, à condition de répéter et d’évaluer l’inormation. Une ois qu’une donnée entre dans la mémoire à long terme, elle peut y rester pour toujours. Par exemple, pendant le weekend, vous lisez et recopiez vos notes de cours, vous révisez certains passages du manuel ainsi que les fgures correspondantes, et vous vous préparez des aidemémoire. Ainsi, les onctions des lobes cérébraux eront partie de votre mémoire à long terme. Non seulement serez-vous bien préparé en vue de l’examen, mais il se peut également que vous vous souveniez de tout pendant plusieurs années. Cependant, les données de la mémoire à long terme ont parois besoin d’être raraîchies, sans quoi elles risquent d’être perdues, d’autant plus que la capacité d’emmagasiner des données et de s’en souvenir diminue avec l’âge. Il semblerait donc que l’encéphale doive classer l’inormation complexe dans la mémoire à court terme avant de pouvoir la transmettre à la mémoire à long terme FIGURE 13.28. L’étape de transormation de la mémoire à court terme en mémoire à long terme correspond à l’encodage (ou consolidation mnésique). L’encodage repose essentiellement sur l’état émotionnel : la vigilance, la motivation, l’étonnement et la stimulation acilitent généralement l’encodage des inormations. Par exemple, lorsqu’une personne lit un roman passionnant, il lui sera aisé d’en raconter les principaux détails à quelqu’un, et ce, même plusieurs années plus tard. Dans le même ordre d’idées, lorsqu’une personne visite une exposition de peinture et que ce médium artistique ne l’intéresse pas, la rétention d’inormations importantes, comme les dates et le nom des artistes, sera alors beaucoup plus difcile, voire quasi inexistante. Deux structures du système limbique sont également importantes dans
Donnée sensorielle provenant de l’environnement
609
l’encodage des inormations : le corps amygdaloïde et l’hippocampe. Ces structures limbiques interviennent surtout dans la ormation de la mémoire à court terme, alors que la mémoire à long terme est principalement emmagasinée dans les aires associatives du cortex cérébral. Par exemple, la mémoire relative aux activités motrices volontaires est logée dans l’aire prémotrice et le cervelet. Pour ce qui est des sons, ils sont emmagasinés dans l’aire auditive associative.
INTÉGRATION APPLICATION CLINIQUE
L’amnésie DÉSÉQUILIBRE HOMÉOSTATIQUE
L’amnésie est la perte complète ou partielle de la mémoire. Elle est le plus souvent temporaire et ne touche qu’une partie des expériences de la personne. Les causes de l’amnésie vont du traumatisme psychologique à une lésion directe de l’encéphale, un violent coup porté à la tête par exemple, ou même un AVC. Étant donné que le traitement des souvenirs et leur emmagasinage font intervenir beaucoup de régions cérébrales, le type de perte de mémoire qui s’observe dans un épisode amnésique dépend de la région endommagée de l’encéphale. Les formes les plus graves d’amnésie résultent d’une lésion du thalamus et des structures limbiques, en particulier l’hippocampe. Si une ou plusieurs de ces structures sont endommagées, il peut s’ensuivre une perturbation sérieuse ou une perte complète de l’emmagasinage et de la consolidation des souvenirs. La nature du problème sous-jacent détermine si l’amnésie est complète ou partielle et s’il existe une possibilité, de recouvrer la mémoire.
INTÉGRATION Vérifiez vos connaissances 37. En ce qui a trait aux stratégies d’étude, quelles
habitudes permettraient la transformation de la mémoire à court terme en mémoire à long terme ?
13.8.4 6
Les émotions
Expliquer les interactions entre l’aire associative antérieure et le système limbique relativement à l’expression des émotions.
Répétition
FIGURE 13.28
Transfert Mémoire sensorielle
Oubli
Transfert
Mémoire à court terme
Oubli
Récupération
Mémoire à long terme
Traitement mnésique
❯ Les spécialistes de la psychologie cognitive ont proposé le modèle suivant illustrant le lien entre la mémoire sensorielle et la mémoire à court terme. La mémoire à long terme se développe par la suite.
610 Partie III La communication et la régulation
L’expression des émotions peut se maniester de diverses açons. Par exemple, un accident de voiture peut susciter chez les victimes et les témoins des pleurs, des cris ou une totale perte de la maîtrise émotionnelle. D’un autre côté, les intervenants d’urgence semblent généralement stoïques, comme s’ils dissimulaient leurs émotions pour exercer leurs responsabilités proessionnelles. L’expression des émotions est interprétée par le système limbique, mais elle est surtout régie par l’aire associative antérieure. Indépendamment de ce qu’une personne ressent, cette région corticale décide de la açon adéquate d’exprimer ses émotions. Les chercheurs sont parvenus à déterminer les sièges de la maîtrise des émotions à l’aide de techniques d’imagerie cérébrale, mais également en observant le comportement des sujets qu’ils étudiaient (animaux et personnes sourant de lésions cérébrales) (Dubuc, 2002, 2013a). S’il est souvent ardu d’interpréter les résultats d’une telle analyse en raison de la complexité de l’encéphale et du comportement, il s’avère que les chercheurs ont découvert que de nombreux aspects importants relativement à l’expression émotionnelle dépendent d’un corps amygdaloïde et d’un hippocampe sains et onctionnels. Il s’agit de deux structures du système limbique (Dubuc, 2003, 2013a). En eet, si des parties précises de ces structures sont endommagées ou stimulées artifciellement, la personne a alors des réactions amorties ou exagérées, et ce, qu’il soit question d’agressivité, d’aection, de colère, de peur, d’amour, de douleur ou de plaisir. Cela entraîne également des anomalies relativement à l’apprentissage et à la mémoire.
Vérifiez vos connaissances 38. Quelles parties de l’encéphale et du système limbique
interviennent dans la modulation des émotions ?
13.8.5 7
Le langage
Énumérer les centres cérébraux intervenant dans le langage écrit et parlé, et décrire comment ces centres travaillent de concert.
Les onctions mentales supérieures du langage comprennent la lecture, l’écriture, la communication orale et la compréhension. Les deux aires corticales les plus importantes dans l’intégration de la parole sont l’aire de compréhension du langage et l’aire motrice du langage. L’aire de compréhension du langage permet d’interpréter ce qui est lu ou entendu, alors que l’aire motrice du langage reçoit les inormations de celle-ci, puis contribue à la régulation des activités motrices liées à la parole. Ainsi, la capacité à reconnaître les mots, tant à l’écrit qu’à l’oral, dépend de l’aire de compréhension du langage. Juste derrière celle-ci se trouve le gyrus angulaire, une région de l’encéphale qui traite les mots lus de manière à ce qu’ils puissent être prononcés FIGURE 13.29. Tout d’abord, l’aire de compréhension du langage envoie un plan de ce qui va être dit, en quelque sorte, à l’aire motrice du langage. Ensuite, cette dernière met en marche un programme moteur précis qui contient les ormes d’expression choisies, lequel est transmis à l’aire motrice primaire. Puis, les neurones de cette aire stimulent d’autres neurones qui innervent
alors les muscles des joues, du larynx, des lèvres et de la langue en vue de produire des sons. Chez la plupart des gens, l’aire de compréhension du langage se trouve dans l’hémisphère gauche. Dans l’hémisphère droit, la région corticale opposée à l’aire de compréhension du langage reconnaît la teneur émotionnelle du discours produit. Ainsi, une lésion à cet endroit du cerveau peut rendre une personne incapable de comprendre les nuances émotionnelles que dénotent les mots, comme l’amertume ou la joie, par exemple. Dans le même ordre d’idées, une lésion dans la région corticale de l’hémisphère symbolique opposée à l’aire motrice primaire entraîne une aprosodie, laquelle se manieste par la production d’un discours morne et sans émotion.
Vérifiez vos connaissances 39. Dans quelle mesure l’aire de compréhension du
langage intervient-elle dans le traitement du langage ?
INTÉGRATION APPLICATION CLINIQUE
La dyslexie DÉSÉQUILIBRE HOMÉOSTATIQUE
La dyslexie (dys = mauvais, lexis = mot) est un trouble d’apprentissage héréditaire qui se caractérise par des problèmes de décodage des mots. Elle est souvent observée dans une même amille. Non seulement les personnes atteintes ont-elles de la diculté à lire, mais elles peinent également à écrire et à épeler avec exactitude. Ces personnes peuvent reconnaître les lettres normalement, mais leur compétence en lecture est de beaucoup inérieure à ce que leur niveau d’intelligence permettrait d’attendre. Leur écriture peut être désorganisée et irrégulière, l’ordre des lettres ou des mots étant incorrect ou carrément inversé. Certaines personnes semblent surmonter cette condition ou, du moins, acquérir une meilleure capacité en lecture avec le temps. Cette amélioration peut être le refet d’une maturation nerveuse ou de la rééducation de certaines parties de l’encéphale pour mieux décoder les mots et les symboles. Certains chercheurs ont émis l’hypothèse que la dyslexie est une orme de syndrome de déconnexion dans lequel il y a une perturbation du transert des inormations entre les hémisphères cérébraux par le corps calleux (Descombes, 2010 ; Habib, 2012).
13.9 Les nerfs crâniens 1
Énumérer les 12 paires de ners crâniens et spécier leur emplacement.
2
Comparer les onctions de chacun des ners crâniens.
Les 12 paires de ners crâniens ont partie du SNP et émergent de la partie inérieure de l’encéphale. Elles sont numérotées en
Chapitre 13 Le système nerveux : l’encéphale et les nerfs crâniens
Aire motrice primaire Aire motrice du langage
611
FIGURE 13.29
Aire de compréhension du langage
Aires fonctionnelles du cortex cérébral
❯ A. Chez la plupart des gens, l’hémisphère gauche renferme l’aire de compréhension du langage, l’aire motrice du langage et l’aire associative antérieure. B. Une tomographie par émission de positrons présente les aires cérébrales les plus sollicitées par la parole.
A. Vue latérale
1 L’information auditive que comporte la phrase énoncée est transmise à l’aire auditive primaire. L’aire de compréhension du langage interprète ensuite la phrase.
2 L’information provenant de l’aire de compréhension du langage est transmise à l’aire motrice du langage.
3 Elle passe finalement de l’aire motrice du langage à l’aire motrice primaire, où les ordres moteurs relatifs au langage sont donnés.
B. Tomographie par émission de positrons
chiffres romains en fonction de leur emplacement, en commençant par la paire située la plus à l’avant FIGURE 13.30. Le nom des nerfs fait généralement référence à leur fonction. Les 12 paires de nerfs crâniens sont les suivantes : nerfs olfactif (I), optique (II), oculomoteur (III), trochléaire (IV), trijumeau (V), abducens (VI), facial (VII), vestibulocochléaire (VIII), glossopharyngien (IX), vague (X), accessoire (XI) et hypoglosse (XII). Le TABLEAU 13.7 constitue un résumé des principales fonctions motrices et sensitives des nerfs crâniens. Par souci de simplicité, une couleur a été attribuée à chacune de ces fonctions. Le rose représente la fonction sensitive; le bleu, la fonction motrice somatique (voir la section 12.1.2) ; et le vert, la fonction motrice parasympathique. Le TABLEAU 13.8 énumère pour sa part les nerfs crâniens et traite de leurs fonctions, de leur origine et de leur trajet. Le même code de couleur a été utilisé pour le tableau 13.8 ; il est donc aisé de voir rapidement quels nerfs sont moteurs et lesquels sont sensoriels.
Vérifiez vos connaissances 40. Quels nerfs crâniens remplissent uniquement
des fonctions sensitives ?
INTÉGRATION
STRATÉGIES D’APPRENTISSAGE
Cette phrase est une stratégie ou un moyen mnémonique qui vous aidera à vous souvenir des nerfs crâniens : Oh ! Oscar, ma terrible théière me fait à grand-peine six gorgées. Oh (olfactif) Oscar (optique) Ma (oculomoteur) Terrible (trochléaire) Théière (trijumeau) Me (moteur oculaire externe ou abducens) Fait (facial) À (auditif ou vestibulocochléaire) Grand (glossopharyngien) Peine (pneumogastrique ou vague) Six (accessoire) Gorgées (hypoglosse)
612 Partie III La communication et la régulation
Nerfs crâniens
Bulbe olfactif, terminaison du nerf olfactif (NC I) Tractus olfactif
Chiasma optique Nerf optique (NC II) Infundibulum Tractus optique Nerf oculomoteur (NC III) Nerf trochléaire (NC IV) Pont
Nerf trijumeau (NC V)
Pont
Nerf abducens (NC VI) Nerf facial (NC VII) Nerf vestibulocochléaire (NC VIII) Bulbe rachidien
Nerf glossopharyngien (NC IX) Nerf vague (NC X)
Bulbe rachidien
Nerf accessoire (NC XI) Nerf hypoglosse (NC XII)
Moelle épinière
FIGURE 13.30 Nerfs crâniens
❯ Une vue de la face inférieure de l’encéphale montre les 12 paires de nerfs crâniens.
TABLEAU 13.7 Principales fonctions des nerfs crâniens Nerf crânien
Fonction sensitive
Fonction motrice somatique
Fonction motrice autonome (parasympathique)a
I (olfactif)
Olfaction (odorat)
Aucune
Aucune
II (optique)
Vision
Aucune
Aucune
III (oculomoteur)
Aucune b
Quatre muscles extrinsèques de l’œil (les muscles droit médial, droit supérieur, droit inférieur et oblique inférieur) ; muscle élévateur de la paupière supérieure
Innervation du muscle sphincter de la pupille pour contracter la pupille de l’œil ; contraction du muscle ciliaire pour arrondir le cristallin (pour les besoins de la vision rapprochée)
IV (trochléaire)
Aucuneb
Muscle oblique supérieur de l’œil
Aucune
V (trijumeau)
Sensibilité générale de la portion antérieure du cuir chevelu, de la cavité nasale, du nasopharynx, de l’ensemble de la face, de la plus grande partie de la cavité orale, des dents, des deux tiers antérieurs de la langue, d’une partie du pavillon de l’oreille ; méninges
Muscles de la mastication, mylohyoïdien, digastrique (ventre antérieur), tenseur du tympan, tenseur du voile du palais
Aucune
Chapitre 13 Le système nerveux : l’encéphale et les nerfs crâniens
613
TABLEAU 13.7 Principales fonctions des nerfs crâniens (suite)
a
b
c
Nerf crânien
Fonction sensitive
Fonction motrice somatique
Fonction motrice autonome (parasympathique)a
VI (abducens)
Aucune b
Muscle droit latéral de l’œil
Aucune
VII (acial)
Sens du goût des deux tiers antérieurs de la langue
Muscles de l’expression aciale, digastrique (ventre postérieur), stylohyoïdien, muscle stapédien
Accroissement de la sécrétion des glandes lacrymales de l’œil et des glandes salivaires submandibulaires et sublinguale
VIII (vestibulocochléaire)
Audition (branche cochléaire) ; équilibre (branche vestibulaire)
Aucune c
Aucune
IX (glossopharyngien)
Sensibilité générale et sens du goût du tiers postérieur de la langue, sensibilité générale d’une partie du pharynx, sensibilité viscérale des glomus carotidiens
Muscle pharyngien (le stylopharyngien)
Accroissement de la sécrétion des glandes salivaires parotides
X (vague)
Sensibilité viscérale du cœur, des poumons et de la plupart des organes abdominaux, sensibilité générale du méat acoustique externe, de la membrane du tympan, d’une partie du pharynx, du laryngopharynx et du larynx
La plupart des muscles du pharynx ; tous les muscles du larynx
Innervation du coeur, des poumons, du larynx, de la trachée, des muscles lisses et des glandes de la plupart des organes abdominaux (96 % de l’activité parasympathique du corps humain)
XI (accessoire)
Aucune
Muscles trapèze et sternocléidomastoïdien
Aucune
XII (hypoglosse)
Aucune
Muscles intrinsèques et extrinsèques de la langue
Aucune
Le SNA comprend une division parasympathique et une division sympathique. Certains des ners crâniens énumérés dans ce tableau contiennent des axones parasympathiques. Les divisions du SNA sont décrites en détail dans la section 15.2. Ces ners contiennent quelques axones sensitis proprioceptis venant des muscles, mais ils sont généralement décrits comme étant uniquement moteurs. Quelques axones moteurs voyagent avec ce ner vers l’oreille interne, mais ils ne sont pas considérés comme étant une composante importante.
TABLEAU 13.8
Nerfs crâniens
I – Nerf olfactif (olfacio = sentir) Tractus olfactif (vers le cortex cérébral) Bulbe olfactif
Lame criblée de l’ethmoïde
Axones des nerfs olfactifs (I) Description
• Transmet les sensations olactives (odorat) à l’encéphale.
Fonction sensitive
• Transmet les infux aérents de l’odorat.
614 Partie III La communication et la régulation TABLEAU 13.8
Nerfs crâniens (suite)
Origine
• Récepteurs (neurones bipolaires) situés dans la muqueuse olactive de la cavité nasale
Trajet
• Émerge des cellules olactives de la muqueuse nasale et traverse la lame criblée de l’ethmoïde ; ait synapse dans le bulbe olacti.
Aections causées par une lésion nerveuse
• Perte totale (anosmie) ou partielle (hyposmie) de l’odorat
II – Nerf optique (optikos = relatif à la vue) Œil
Nerf optique (II)
Chiasma optique Tractus optique Noyau du corps géniculé latéral du thalamus
Prolongements des axones optiques
Aire visuelle (dans le lobe occipital) Description
• Ner sensiti de la vision : constitue une excroissance de l’encéphale ; devrait plutôt être appelé tractus cérébral.
Fonction sensitive
• Achemine les infux aérents de la vision.
Origine
• Rétine
Trajet
• Émerge de la rétine et pénètre dans le crâne par le canal optique du sphénoïde ; les ners optiques gauche et droit s’unissent pour ormer le chiasma optique ; le tractus optique est lié au noyau du corps géniculé latéral du thalamus ; l’inormation est transmise au lobe occipital, plus précisément aux aires visuelles.
Aections causées par une lésion nerveuse
• Cécité ou anopsie (cécités passagères)
III – Nerf oculomoteur (oculus = œil, motorius = mouvoir) Muscle élévateur de la paupière Nerf supérieure optique
Muscle droit médial
Muscle droit supérieur
Vers les muscles ciliaires
Nerf oculomoteur (III) Ganglion ciliaire Muscle droit inférieur Muscle oblique inférieur Vers le muscle sphincter de l’iris
Chapitre 13 Le système nerveux : l’encéphale et les nerfs crâniens
TABLEAU 13.8
615
Nerfs crâniens (suite)
Description
• Innerve le muscle supérieur de la paupière ainsi que quatre des six muscles extrinsèques de l’œil.
Fonction motrice somatique
• Innerve quatre muscles extrinsèques de l’œil (muscles droits supérieur et inérieur, muscle droit médial, muscle oblique inérieur) afn de permettre à l’œil de bouger. • Innerve le muscle élévateur de la paupière supérieure qui, comme son nom l’indique, soulève la paupière supérieure.
Fonction motrice parasympathique
• Innerve le muscle sphincter de l’iris pour permettre à la pupille de se contracter. • Entraîne la contraction des muscles ciliaires de manière à ce que le cristallin soit plus sphérique (nécessaire pour la vision de près).
Origine
• Noyaux oculomoteurs accessoires situés dans le mésencéphale
Trajet
• Le ner quitte le crâne par la fssure orbitale supérieure, puis se dirige vers l’œil et la paupière. Les axones parasympathiques se dirigent vers le ganglion ciliaire, alors que les axones parasympathiques postganglionnaires se prolongent ensuite vers l’iris et les muscles ciliaires.
Aections causées par une lésion nerveuse
• Ptose (abaissement de la paupière supérieure) ; paralysie de la plupart des muscles oculaires, ce qui entraîne un strabisme (déaut de parallélisme des yeux, déviation de l’un des yeux) ; diplopie (vision double) ; troubles de la mise au point
IV – Nerf trochléaire (trochlea = poulie)
Nerf optique (II)
Muscle oblique supérieur
Nerf trochléaire (IV)
Description
• Innerve un muscle extrinsèque de l’œil, soit le muscle oblique supérieur, qui orme une boucle à travers un ligament en orme de poulie.
Fonction motrice somatique
• Innerve un muscle extrinsèque de l’œil, soit le muscle oblique supérieur, afn de permettre à l’œil de bouger vers le bas et sur les côtés.
Origine
• Noyau trochléaire du mésencéphale
Trajet
• Sort du crâne par la fssure orbitale supérieure, puis se prolonge jusqu’au muscle oblique supérieur.
Aections causées par une lésion nerveuse
• Paralysie du muscle oblique supérieur, ce qui entraîne un strabisme (déaut de parallélisme des yeux, déviation de l’un des yeux) ; diplopie (vision double)
616 Partie III La communication et la régulation TABLEAU 13.8
Nerfs crâniens (suite)
V – Nerf trijumeau (littéralement, triplé)
Distribution des neurofibres sensitives des trois branches du nerf trijumeau Nerf ophtalmique (V1) Nerf maxillaire (V2) Nerf mandibulaire (V3)
Nerf ophtalmique (V1) Ganglion trigéminal Nerf trijumeau (V)
Nerf maxillaire (V2) Nerfs alvéolaires supérieurs
Nerf mandibulaire (V3) Corde du tympan (du nerf facial)
Vers les muscles masticateurs Nerf lingual
Nerf alvéolaire inférieur Vers le muscle mylohyoïdien
Ganglion submandibulaire
Nerf mentonnier
Description
• Ner mixte divisé en trois parties : ophtalmique (V1), maxillaire (V2) et mandibulaire (V3) ; reçoit les infux sensoriels du visage, des cavités orale et nasale, des méninges ainsi que de la partie antérieure du cuir chevelu ; innerve les muscles masticatoires.
Fonction sensitive
• Les stimulus sensoriels de ce ner sont le toucher, les variations de la température et la douleur. • V1 : transmet les infux sensoriels de la cornée, du nez, du ront, de la partie antérieure du cuir chevelu et des méninges. • V2 : transmet les infux sensoriels de la muqueuse nasale, du palais, des gencives, des joues et des méninges. • V3 : transmet les infux sensoriels des deux tiers antérieurs de la langue, des méninges, de la peau du menton, de la mâchoire inérieure ainsi que du tiers des axones sensoriels du pavillon de l’oreille.
Fonction motrice somatique
• Innerve les muscles masticatoires (temporal, masséter, ptérygoïdiens latéral et médial), le mylohyoïdien, le ventre antérieur du muscle digastrique, le muscle du marteau et le muscle péristaphylin externe.
Origine
• Noyaux pontiques
Trajet
• V1 : les axones sensoriels entrent dans le crâne par la ssure orbitaire supérieure du sphénoïde, puis passent par le ganglion trigéminal avant de pénétrer dans le pont. • V2 : les axones sensoriels entrent dans le crâne par le oramen rond, puis passent par le ganglion trigéminal avant de pénétrer dans le pont. • V3 : les axones moteurs sortent du pont, puis du crâne par le oramen ovale an d’alimenter les muscles. Les axones sensoriels passent ensuite par le oramen ovale en direction du ganglion trigéminal avant d’entrer dans le pont.
Aections causées par une lésion nerveuse
• Névralgie du trijumeau (tic douloureux) causée par une infammation des structures sensorielles du ner trijumeau et provoquant une douleur intense et pulsative qui peut durer de quelques minutes à plusieurs heures
Chapitre 13 Le système nerveux : l’encéphale et les nerfs crâniens
TABLEAU 13.8
617
Nerfs crâniens (suite)
VI – Nerf abducens (littéralement, qui s’éloigne de) Nerf abducens (VI)
Nerf optique
Muscle droit latéral (section)
Description
• Innerve le muscle oculaire droit latéral, lequel permet l’abduction de l’œil (mouvement latéral).
Fonction motrice somatique
• Innerve un muscle extrinsèque de l’œil, le muscle droit latéral, qui permet l’abduction de l’œil.
Origine
• Noyaux pontiques (abducens)
Trajet
• Sort du crâne par la fssure orbitaire supérieure, puis se dirige vers le muscle droit latéral.
Aections causées par une lésion nerveuse
• Paralysie du muscle droit latéral restreignant les mouvements de l’œil ; diplopie (vision double)
VII – Nerf facial
Ganglion géniculé Pont Nerf facial (VII) Rameau auriculaire postérieur Foramen stylomastoïdien Glande parotide Rameau lingual du nerf trijumeau (V)
Rameau temporal Glande lacrymale Nerf pétreux Ganglion ptérygopalatin Rameau zygomatique Nerf de la corde du tympan (vers le nerf mandibulaire du trijumeau) Rameau buccal Ganglion submandibulaire Rameau mandibulaire
Rameau cervical
Description
• Ner mixte : innerve les muscles responsables des expressions aciales, la glande lacrymale et la plupart des glandes salivaires ; transmet les sensations gustatives provenant des deux tiers antérieurs de la langue.
Fonction sensitive
• Assure la gustation (deux tiers antérieurs de la langue).
Fonction motrice somatique
• Les cinq principaux rameaux moteurs (temporal, zygomatique, buccal, mandibulaire et cervical) innervent les muscles responsables des expressions aciales, le ventre postérieur du muscle digastrique ainsi que les muscles stylohyoïdien et de l’étrier.
Fonction motrice parasympathique
• Accroît la sécrétion des glandes lacrymales ainsi que celle des glandes salivaires submandibulaire et sublinguale.
Origine
• Noyaux pontins
Trajet
• Les axones sensitis passent de la langue au crâne en empruntant le rameau de la corde du tympan du ner acial. Ils pénètrent dans le crâne par un minuscule trou et ont synapse dans le ganglion géniculé du ner acial. Les axones moteurs somatiques, quant à eux, quittent le pont et pénètrent dans l’os temporal par le méat acoustique interne, se prolongent à travers l’os, puis sortent par le oramen stylomastoïdien afn d’innerver les muscles. Finalement, les axones moteurs parasympathiques quittent le pont, entrent dans le méat acoustique interne et ressortent par le ner pétreux ou le ner de la corde du tympan. Ils passent par un ganglion du SNA avant d’innerver leurs glandes respectives.
618 Partie III La communication et la régulation TABLEAU 13.8
Nerfs crâniens (suite)
Affections causées par une lésion nerveuse
• Réduction du larmoiement (sécheresse oculaire), réduction de la salivation (sécheresse buccale) ; perte des sensations gustatives des deux tiers antérieurs de la langue ; paralysie des muscles faciaux (paralysie de Bell) ; absence de la contraction du muscle orbiculaire ; affaissement d’un coin de la bouche (voir l’Application clinique intitulée « La paralysie du nerf facial », p. 444)
VIII – Nerf vestibulocochléaire (relatif au vestibule et à la cochlée)
Description
• Transmet à l’encéphale les sensations relatives à l’équilibre et à l’ouïe.
Fonction sensitive
• Le rameau vestibulaire transmet les inux nerveux relatifs à l’équilibre, alors que le rameau cochléaire transmet les inux nerveux relatifs à l’ouïe.
Origine
• Rameau vestibulaire : cellules auditives situées dans le vestibule de l’oreille interne • Rameau cochléaire : cochlée située dans l’oreille interne
Trajet
• Les corps cellulaires sensitifs du rameau vestibulaire sont situés dans le ganglion vestibulaire, alors que ceux du rameau cochléaire sont situés dans le ganglion spiral, près de la cochlée. Ces deux rameaux fusionnent, puis pénètrent dans la cavité crânienne par le méat acoustique interne. Ils se dirigent ensuite vers le pont et le bulbe rachidien.
Affections causées par une lésion nerveuse
• Lésions du nerf cochléaire ou des récepteurs cochléaires entraînant la surdité centrale (ou surdité nerveuse) ; lésions du nerf vestibulaire causant des vertiges, des mouvements involontaires des yeux (nystagmus), la perte de l’équilibre, des nausées et des vomissements
IX – Nerf glossopharyngien (glossa = langue)
Description
• Nerf mixte : reçoit les données relatives au goût et au toucher du tiers postérieur de la langue ; innerve un muscle du pharynx ainsi que la glande salivaire parotide.
Fonction sensitive
• Médie les sensations générales et la perception du goût (tiers postérieur de la langue), ainsi que les sensations générales relatives à la majeure partie du pharynx ; des axones chimiorécepteurs aboutissent aux glomus carotidiens (structures des artères carotides qui mesurent et surveillent la concentration sanguine en oxygène et en dioxyde de carbone).
Chapitre 13 Le système nerveux : l’encéphale et les nerfs crâniens
TABLEAU 13.8
619
Nerfs crâniens (suite)
Fonction motrice somatique
• Innerve le muscle stylopharyngien (muscle du pharynx).
Fonction motrice parasympathique
• Accroît la sécrétion de la glande salivaire parotide.
Origine
• Axones sensitifs provenant des papilles gustatives et de la muqueuse du tiers postérieur de la langue, de même que des glomus carotidiens ; axones moteurs provenant des noyaux du bulbe rachidien
Trajet
• Les axones sensitifs passent du tiers postérieur de la langue et des glomus carotidiens situés le long du nerf au ganglion inférieur ou supérieur, jusque dans le foramen jugulaire, avant d’atteindre le pont. Les axones moteurs somatiques quittent le crâne par le foramen jugulaire pour se rendre au muscle stylopharyngien. Finalement, les axones moteurs parasympathiques passent par le ganglion otique, puis par la glande parotide.
Affections causées par une lésion nerveuse
• Réduction de la sécrétion de salive (sécheresse buccale) ; perte de sensations gustatives du tiers postérieur de la langue
X – Nerf vague (errant)
Ganglion supérieur Ganglion inférieur
Nerf vague droit (X)
Rameau pharyngien Nerf laryngé supérieur Nerf laryngé interne Nerf laryngé externe Nerf vague gauche (X) Nerf laryngé récurrent gauche
Nerf laryngé récurrent droit
Rameau cardiaque Poumon Plexus pulmonaire
Cœur
Tronc vagal antérieur (formé à partir du nerf vague gauche) Rate
Rein Foie
Estomac Pancréas
Intestin grêle
Côlon ascendant
Appendice vermiforme Description
• Nerf mixte : innerve les structures situées dans la tête, le cou ainsi que dans les cavités thoracique et abdominale.
Fonction sensitive
• Transmet les données sensitives viscérales du cœur, des poumons et de la plupart des organes situés dans l’abdomen. • Transmet les données sensitives générales du méat acoustique externe, du tympan, du laryngopharynx et du larynx.
620 Partie III La communication et la régulation TABLEAU 13.8
Nerfs crâniens (suite)
Fonction motrice somatique
• Innerve la plupart des muscles du pharynx et tous les muscles du larynx.
Fonction motrice parasympathique
• Innerve les muscles lisses des organes situés dans la cavité thoracique, la plupart de ceux situés dans la cavité abdominale de même que le muscle cardiaque, les glandes du cœur, les poumons, le pharynx, le larynx, la trachée et la plupart des organes de la cavité abdominale.
Origine
• Noyaux moteurs du bulbe rachidien
Trajet
• Le ner vague quitte le crâne par le oramen jugulaire avant de se diriger vers le cou, le thorax et l’abdomen où il se ramife abondamment ; les corps cellulaires des neurones sensitis se situent dans les ganglions supérieur et inérieur liés au ner.
Aections causées par une lésion nerveuse
• Paralysie de ce ner entraînant divers troubles laryngés, dont un enrouement de la voix, un ton monotone ou une aphonie complète ; autres types de lésions susceptibles d’être à l’origine d’un trouble de la déglutition ou de la motilité gastro-intestinale
XI – Nerf accessoire Pont
Racine crânienne du nerf accessoire
Racine spinale du nerf accessoire Foramen jugulaire
Foramen magnum
Nerf vague (X)
Bulbe rachidien
La racine crânienne du nerf accessoire diverge et rejoint le nerf vague.
Région cervicale de la moelle épinière (C1 à C5)
Nerf accessoire (XI)
Muscle trapèze
Muscle sternocléidomastoïdien
Description
• Innerve le trapèze et le muscle sternocléidomastoïdien ; portait autreois le nom de ner spinal accessoire.
Fonction motrice somatique
• Racine crânienne : se dirige, avec les axones du ner vague, vers le pharynx. • Racine spinale : ournit des fbres sensitives et motrices pour les muscles trapèze et sternocléidomastoïdien.
Origine
• Racine crânienne : noyaux du bulbe rachidien • Racine spinale : noyaux de la moelle épinière
Trajet
• La racine spinale pénètre dans le crâne par sa partie supérieure, soit le oramen magnum. À cet endroit, les racines crânienne et spinale usionnent et quittent le crâne par le oramen jugulaire. À l’extérieur du crâne, la racine crânienne diverge et se dirige, avec le ner vague, vers le pharynx pour en innerver les muscles. La racine spinale, quant à elle, se dirige vers le trapèze et le muscle sternocléidomastoïdien.
Aections causées par une lésion nerveuse
• Paralysie du trapèze et du muscle sternocléidomastoïdien, ce qui entraîne une difculté à soulever les épaules (onction du trapèze) ou à tourner la tête, d’un côté ou de l’autre (onction du muscle sternocléidomastoïdien)
Chapitre 13 Le système nerveux : l’encéphale et les nerfs crâniens
TABLEAU 13.8
621
Nerfs crâniens (suite)
XII – Nerf hypoglosse (hupo = en deçà, glossus = langue) Nerf hypoglosse (XII) C1 C2 C3 Anse cervicale, vers les muscles sous-hyoïdiens (nerfs cervicaux accompagnant le nerf hypoglosse)
Vers les muscles de la langue Vers le muscle géniohyoïdien
Description
• Innerve les muscles intrinsèques et extrinsèques de la langue ; hypoglosse signife sous la langue.
Fonction motrice somatique
• Innerve les muscles intrinsèques et extrinsèques de la langue.
Origine
• Noyau hypoglosse du bulbe rachidien
Trajet
• Le ner sort du crâne par le canal de l’hypoglosse, puis passe sous la mandibule et la surace inérieure de la langue.
Aections causées par une lésion nerveuse
• Troubles de déglutition et de langage en raison d’une difculté à bouger la langue ; en cas de paralysie d’un seul ner hypoglosse (gauche ou droit), langue pendante du côté du ner touché
RÉSUMÉ DU CHAPITRE • L’encéphale est composé du cerveau, du diencéphale, du tronc cérébral et du cervelet, ainsi
13.1 Le développement et l’organisation de l’encéphale – 562
que de 12 paires de ners crâniens. 13.1.1
Une vue d’ensemble de l’anatomie de l’encéphale ..................................................................... 562 • L’encéphale est constitué de deux hémisphères qui comportent des gyrus (replis) ainsi que
des sillons superfciels et de proondes fssures. 13.1.2
Le développement de l’encéphale ............................................................................................... 566 • L’encéphale se développe à partir de la portion antérieure du tube neural embryonnaire. • Trois principales vésicules, soit le prosencéphale, le mésencéphale et le rhombencéphale,
émergent du tube neural dès la 4 e semaine de développement de l’embryon. • Cinq vésicules secondaires, soit le télencéphale, le diencéphale, le mésencéphale,
le métencéphale et le myélencéphale, se orment à partir des vésicules principales dès la 5e semaine du développement. 13.1.3
La répartition de la substance grise et de la substance blanche .............................................. 571 • La majeure partie de la substance grise, laquelle est composée de neurones moteurs et du
corps cellulaire des interneurones, de même que des dendrites et d’axones amyélinisés, se situe en périphérie de l’encéphale, alors que la substance blanche, principalement composée d’axones myélinisés, se situe au centre de celui-ci. Cette répartition est inversée dans la moelle épinière où la substance blanche entoure la substance grise logée autour du canal central.
622 Partie III La communication et la régulation
13.2 La protection et le soutien de l’encéphale – 571
• L’encéphale est protégé et isolé grâce à la boîte et aux méninges crâniennes, au LCS ainsi
qu’à la barrière hématoencéphalique. 13.2.1
Les méninges crâniennes ............................................................................................................. 571 • Les méninges crâniennes sont la pie-mère, l’arachnoïde et la dure-mère. • Les cloisons durales sont des replis de la dure-mère qui se prolongent entre les principales
régions de l’encéphale et qui stabilisent ces dernières. 13.2.2
Les ventricules de l’encéphale ..................................................................................................... 575 • Les ventricules sont des cavités remplies de LCS. Les ventricules latéraux sont logés dans les
hémisphères du cerveau. Le troisième ventricule se trouve dans le diencéphale ; le quatrième ventricule, en lien avec la moelle épinière par le canal central, se situe dans le tronc cérébral. 13.2.3
Le liquide cérébrospinal ................................................................................................................ 576 • Le LCS constitue un liquide clair qui remplit les onctions de fottabilité, de protection et de
stabilisation du milieu, et ce, tant pour l’encéphale que pour la moelle épinière. • Le plexus choroïde, ormé à partir des épendymocytes et des capillaires, produit le LCS pré-
sent dans les ventricules. • Le LCS quitte les ventricules pour entrer dans l’espace sous-arachnoïdien où il circule autour
de l’encéphale et de la moelle épinière. Le LCS superfu retourne dans la circulation veineuse par les villosités arachnoïdiennes. 13.2.4
La barrière hématoencéphalique ................................................................................................. 577 • La BHC est constituée des membranes basales des cellules endothéliales des vaisseaux
sanguins et des astrocytes. Elle assure la circulation sélective des substances entre le sang et le liquide interstitiel de l’encéphale en laissant passer certaines substances, comme l’eau, l’oxygène et les nutriments, et en empêchant la circulation d’autres substances, notamment certains déchets métaboliques.
13.3
• Le cerveau est au cœur des sensations, de la pensée, de la mémoire, du jugement ainsi que
des activités motrices volontaires.
Le cerveau – 579 13.3.1
Les hémisphères cérébraux ......................................................................................................... 579 • Les hémisphères cérébraux sont constitués de gyrus, de sillons et de ssures. Les hémis-
phères gauche et droit sont séparés partiellement par la ssure longitudinale. • Le corps calleux est un dense réseau d’axones qui relie les deux hémisphères. 13.3.2
Les lobes du cerveau .................................................................................................................... 580 • Chacun des hémisphères comporte cinq lobes cérébraux : quatre lobes superciels (lobes
rontal, pariétal, temporal et occipital) ainsi que le lobe insulaire, lequel ne peut être aperçu à la surace du cerveau. 13.3.3
La substance grise : les aires onctionnelles du cerveau ........................................................... 581 • Chaque hémisphère est ormé en surace d’un cortex de substance grise. Le cortex de
chaque hémisphère reçoit et envoie les infux nerveux du côté opposé du corps. • Les lobes de chaque hémisphère se subdivisent en trois types de régions onctionnelles : – Les régions sensitives reçoivent l’inormation provenant des diérents récepteurs de l’orga-
nisme (p. ex., l’aire visuelle primaire dans le lobe occipital, l’aire gustative primaire dans le lobe insulaire). – Les régions associatives intègrent et mémorisent l’inormation reçue dans les aires sensi-
tives (p. ex., l’aire associative antérieure dans le lobe rontal). – Les régions motrices régissent les mouvements volontaires (p. ex., l’aire motrice du langage
située dans le lobe rontal). 13.3.4
La substance blanche cérébrale : les neurofbres ...................................................................... 586 • La substance blanche cérébrale contient trois principaux groupes d’axones : les neurobres
associatives, commissurales et de projection.
Chapitre 13 Le système nerveux : l’encéphale et les nerfs crâniens
13.3.5
623
La latéralisation cérébrale ............................................................................................................ 588 • Chaque hémisphère est doté de propriétés dont l’autre est dépourvu. Cette spécialisation est
appelée latéralisation onctionnelle. • L’hémisphère cérébral gauche est analytique chez la plupart des gens ; il correspond à des
habiletés sur le plan du langage, des mathématiques et de la logique, tandis que l’hémisphère droit est holistique et synthétique ; il correspond à des habiletés spatiovisuelles, à l’intuition et aux émotions. 13.3.6
Les noyaux basaux ........................................................................................................................ 590 • Les noyaux basaux, soit le noyau lenticulaire (qui se divise en pallidus et putamen) ainsi que
le noyau caudé, constituent des masses de substance grise situées dans la substance blanche cérébrale. • Ils jouent un rôle dans la régulation des mouvements volontaires.
13.4
• Le diencéphale est recouvert par les hémisphères cérébraux et il est composé de l’épithala-
mus, du thalamus et de l’hypothalamus.
Le diencéphale – 591 13.4.1
L’épithalamus ................................................................................................................................. 591 • L’épithalamus orme en partie le toit postérieur du diencéphale. Il renerme la glande pinéale,
qui sécrète la mélatonine, et les noyaux de l’habenula, qui relaient les infux nerveux du système limbique au mésencéphale. 13.4.2
Le thalamus .................................................................................................................................... 591 • Le thalamus constitue le principal point de relais sensiti relativement à l’intégration, à l’assi-
milation et à l’amplication des infux transmis au cerveau. 13.4.3
L’hypothalamus .............................................................................................................................. 594 • L’hypothalamus régit le SNA, supervise le système endocrinien, règle la température corpo-
relle, régit le comportement émotionnel, l’apport alimentaire et hydrique ainsi que le cycle veille-sommeil. L’hypothalamus n’intervient pas dans la onction motrice somatique.
13.5
• Le tronc cérébral est composé du mésencéphale, du pont et du bulbe rachidien. Il participe
à la production de comportements automatiques essentiels à la survie.
Le tronc cérébral – 595 13.5.1
Le mésencéphale........................................................................................................................... 595 • Le mésencéphale est constitué des pédoncules cérébraux, de la substantia nigra, du tegmen-
tum, des tubercules quadrijumeaux du tectum ainsi que des noyaux des ners crâniens III et IV. • Le mésencéphale relie les centres cérébraux supérieurs et inérieurs, et il contient des centres
réfexes visuels et auditis ainsi que des centres moteurs importants. 13.5.2
Le pont............................................................................................................................................ 598 • Le pont contient des aisceaux d’axones qui relient les centres cérébraux supérieurs et iné-
rieurs, et il sert de lien entre le cervelet et les centres supérieurs. Il contient également des noyaux autonomes qui régissent la respiration ainsi que les noyaux des ners crâniens V, VI et VII et certains noyaux du ner crânien VIII. 13.5.3
Le bulbe rachidien ......................................................................................................................... 599 • Le bulbe rachidien relie l’encéphale à la moelle épinière. Il contient des centres de traitement
sensitis, de réfexe autonome ainsi que les noyaux des ners crâniens VIII, IX, X, XI et XII. Il est le lieu de la décussation des tractus corticospinaux ou pyramidaux.
13.6
• Le cervelet, xé au tronc cérébral par le pont, communique avec les autres régions du SNC
par les pédoncules cérébelleux.
Le cervelet – 600 13.6.1
Les parties structurales du cervelet ............................................................................................ 600 • Le cervelet est composé des hémisphères cérébelleux gauche et droit séparés par le
vermis. • Les pédoncules cérébelleux sont des aisceaux d’axones épais qui relient le cervelet à
diverses parties du tronc cérébral.
624 Partie III La communication et la régulation
13.6.2
Les fonctions du cervelet .............................................................................................................. 600 • Le cervelet contribue à la posture et à l’équilibre. Par sa onction comparatrice, il permet le
réglage n de la contraction des muscles squelettiques, ce qui permet d’eectuer des mouvements fuides et coordonnés.
13.7
• Un système cérébral onctionnel correspond à un ensemble de structures diérentes qui
travaillent de concert pour exercer une onction commune (p. ex., le système limbique, la ormation réticulaire).
Les systèmes fonctionnels de l’encéphale – 602 13.7.1
Le système limbique ...................................................................................................................... 602 • Le système limbique comprend un ensemble de structures qui entourent le corps calleux et
le thalamus. Le système limbique intervient dans la mémoire et le comportement émotionnel. 13.7.2
La formation réticulaire ................................................................................................................. 603 • La ormation réticulaire comprend des noyaux situés le long du tronc cérébral. Elle intervient
dans les activités cycliques comme l’éveil du cortex (SRAA) et la gestion du cycle veillesommeil. Elle ltre les stimulus répétitis.
13.8 Les fonctions d’intégration et les fonctions mentales supérieures – 605
• Les neurobiologistes utilisent plusieurs techniques d’imagerie cérébrale qui permettent d’étu-
dier et d’enregistrer le onctionnement du cerveau humain. 13.8.1
Le développement des fonctions mentales supérieures ........................................................... 605 • Les onctions supérieures deviennent plus complexes à mesure que le développement se
poursuit. 13.8.2
La cognition ................................................................................................................................... 607 • Les processus mentaux, notamment la conscience, le savoir, la mémoire, la perception et la
réfexion, procèdent de la cognition. Les aires associatives du cerveau, qui constituent près de 70 % des tissus encéphaliques, interviennent dans la cognition ainsi que dans le traitement et l’intégration des données entre les aires sensitives et motrices. 13.8.3
La mémoire .................................................................................................................................... 607 • La mémoire constitue une onction mentale supérieure qui correspond au stockage et au
rappel des données recueillies durant les activités précédentes. • La mémorisation se produit en trois phases : – La mémoire sensorielle intervient lorsqu’une personne ait des associations à partir des
données sensorielles qui proviennent de son environnement. – La mémoire à court terme suit la mémoire sensorielle et se produit dans les corps amygda-
loïdes et l’hippocampe. Elle se caractérise par une capacité de stockage restreinte. – Certains éléments de la mémoire à court terme peuvent être transmis à la mémoire à long
terme qui ait intervenir les aires corticales associatives. Les données y sont stockées pour une durée illimitée. 13.8.4
Les émotions .................................................................................................................................. 609 • Les émotions sont régies par le système limbique et régulées par l’aire associative
antérieure. 13.8.5
Le langage ...................................................................................................................................... 610 • Dans l’hémisphère gauche, l’aire motrice du langage met en marche un programme moteur
précis relati aux mouvements de la parole, alors que l’aire de compréhension du langage intervient dans la reconnaissance des mots, et ce, tant à l’écrit qu’à l’oral.
13.9 Les nerfs crâniens – 610
• Douze paires de ners crâniens émergent de l’encéphale. Chaque ner porte un nom qui
indique la structure desservie ou la onction ainsi qu’un chire romain déterminé par sa position, de l’extrémité postérieure à l’extrémité antérieure : – Ners olactis (I) : odorat. – Ners optiques (II) : vue. – Ners oculomoteurs (III) : contraction de quatre des muscles des bulbes oculaires, des
muscles des paupières, des muscles ciliaires et des muscles sphincters des pupilles.
Chapitre 13 Le système nerveux : l’encéphale et les nerfs crâniens
625
– Ners trochléaires (IV) : contraction des muscles obliques supérieurs des yeux. – Ners trijumeaux (V) : sensations du visage et mastication. – Ners abducens (VI) : contraction des muscles droits latéraux des yeux. – Ners aciaux (VII) : mouvements du visage. – Ners vestibulocochléaires (VIII) : audition et équilibre. – Ners glossopharyngiens (IX) : sensations de la langue, du pharynx, de l’aorte et des caro-
tides, et contraction des muscles du pharynx et des glandes parotides. – Ners vagues (X) : sensations et motricité du pharynx, du larynx et des viscères des cavités
thoracique et abdominale. – Ners accessoires (XI) : contraction et proprioception des muscles trapèzes et sterno-
cléidomastoïdiens. – Ners hypoglosses (XII) : contraction et proprioception des muscles de la langue.
AUTOÉVALUATION
Solutionnaire
Concepts de base 1
Énumérez les cinq vésicules cérébrales secondaires, puis décrivez la structure ormée à partir de chacune d’elles à l’âge adulte.
2
3
6
Décrivez comment et où se orme le LCS ; sa circulation ; comment où le LCS est réabsorbé par le système vasculaire.
Après avoir reçu un coup à la tête, un client perd soudainement la maîtrise de ses émotions et semble incapable de dire s’il est déshydraté. Dans quelle région de l’encéphale le médecin en service devrait-il s’attendre à déceler une lésion ?
7
Quelle région de l’encéphale est atteinte si vous n’arrivez plus à aire la diérence entre une surace lisse et une surace rugueuse en utilisant uniquement vos mains ?
Décrivez le trajet de la pression d’une poignée de main, du moment où la main droite la reçoit jusqu’à sa perception dans l’aire somesthésique primaire gauche.
8
Au cours d’une intervention visant l’ablation d’une tumeur au lobe occipital de l’hémisphère gauche du cerveau, le chirurgien doit pratiquer une incision dans l’encéphale pour atteindre la tumeur. Dans l’ordre, en débutant avec la peau recouvrant le crâne, énumérez toutes les couches par lesquelles il devra passer.
4
Quelles activités ont lieu dans l’aire visuelle associative ?
5
Décrivez le lien qui unit les noyaux basaux et le cervelet durant les activités motrices.
Mise en application Répondez aux questions 1 et 2 à l’aide du paragraphe suivant.
Répondez aux questions 3 et 4 à l’aide du paragraphe suivant.
Alexandre se rend chez son dentiste pour un plombage. Ce dernier lui injecte un anesthésique pour insensibiliser la dent touchée avant la peroration.
Marie est lanceuse dans son équipe de balle-molle. Au cours d’une partie, la balle a ricoché et l’a rappée sur le côté de la tête. À la suite de cela, elle a perdu connaissance pendant un instant. Lorsqu’elle a repris ses esprits, Marie a ressenti une grande douleur près de sa tempe gauche. Quelques heures après l’incident, Marie avait de la difculté à bouger son bras droit, puis elle est devenue léthargique. La capitaine de l’équipe l’a alors conduite à l’urgence où le médecin lui a diagnostiqué un hématome extradural.
1
Quel ner a ait l’objet de l’anesthésie ? a) Le ner trochléaire (IV). b) Le ner trijumeau (V). c) Le ner acial (VII). d) Le ner glossopharyngien (IX).
2
Une ois le plombage terminé, les gencives du même côté sont demeurées engourdies pendant un certain temps. Quelle autre difculté temporaire Alexandre pourrait-il rencontrer avant que les eets de l’anesthésique se dissipent ? a) Une incapacité à ermer la bouche. b) Une incapacité à sortir la langue. c) Une sécheresse buccale. d) Un engourdissement des lèvres.
3
L’hématome extradural provoque une accumulation de sang entre deux structures. De quelles structures s’agit-il ? a) Le crâne et le euillet conjonctivo-vasculaire de la dure-mère. b) Les euillets conjonctivo-vasculaire et méningé de la dure-mère. c) Le euillet méningé de la dure-mère et l’arachnoïde. d) L’arachnoïde et la pie-mère.
626 Partie III La communication et la régulation
4
Pourquoi les symptômes de Marie se sont-ils présentés du côté droit ? Quelle structure l’hématome a-t-il probablement touchée ?
c) Les noyaux cérébraux gauches.
Cependant, une diplopie se manifeste lorsqu’il tente de faire la mise au point avec ses deux yeux. L’optométriste remarque que lorsqu’il demande à Carlos de porter son regard sur le côté, l’œil droit de ce dernier ne parvient pas à regarder aussi loin que l’œil gauche. À partir des examens effectués, l’optométriste croit que le muscle innervé par le nerf ne fonctionne pas adéquatement.
d) Le cervelet gauche.
a) optique (II)
Carlos, un homme de 25 ans, se rend chez l’optométriste et se plaint d’une vision double (diplopie). L’optométriste entreprend une série d’examens oculaires au cours desquels Carlos parvient à lire l’échelle d’acuité visuelle de chaque oeil.
b) oculomoteur (III)
a) Le gyrus précentral gauche. b) Le gyrus postcentral gauche.
5
c) trochléaire (IV) d) abducens (VI)
Synthèse 1
2
À son réveil, Pascale se sent étrange. Elle ne parvient pas à tenir son crayon de la main droite lorsqu’elle tente d’écrire dans son journal et elle remarque que les muscles de son côté droit sont bien plus faibles que ceux du côté gauche. De plus, son mari remarque qu’elle manifeste des troubles d’élocution. Il décide alors de la conduire à l’urgence. Quelle devrait être l’hypothèse du médecin ? Quelle partie de l’encéphale semble être atteinte ? Pourquoi ? La maladie de Parkinson résulte d’une chute de la dopamine dans l’encéphale. Cependant, les personnes qui en souffrent ne
peuvent prendre des comprimés de dopamine, car la substance ne peut atteindre l’encéphale. Quelle structure anatomique empêche le médicament d’y parvenir ? Dans d’autres circonstances, quels sont les avantages de cette structure ? 3
Damien est victime d’un vol à main armée à son commerce. Il a subi une blessure par balle à l’hémisphère droit. Heureusement, il a survécu, mais il présente certaines altérations fonctionnelles. À votre avis, Damien aurait-il eu plus de chance de vivre ou de mourir si la balle avait touché le bulbe rachidien ? Pourquoi ?
LE SYSTÈME NERVEUX : LA MOELLE ÉPINIÈRE ET LES NERFS SPINAUX
CHAPITRE
14
Adaptation française :
Sophie Morin
LE NEUROLOGUE...
DANS LA PRATIQUE
Le neurologue est spécialisé dans le diagnostic et le traitement des troubles du système nerveux. L’examen neurologique de routine comprend le contrôle des réfexes et de la perception de diverses sensations. La surréfectivité, la subréfectivité ou encore la perte de sensations relativement à des dermatomes précis peuvent aider à cerner le onctionnement inadéquat d’un ner, d’un segment de la moelle épinière ou d’une région de l’encéphale. Le neurologue s’appuie sur ses connaissances approondies des structures motrices et sensitives des ners. Il se sert d’ailleurs de ces connaissances pour poser un diagnostic précis.
14.1 14.2 14.3
14.4
L’anatomie macroscopique de la moelle épinière ................................ 628 La protection et le soutien de la moelle épinière ................................ 631 L’anatomie sectionnelle de la moelle épinière ................................ 14.3.1 La répartition de la substance grise ......................... 14.3.2 La répartition de la substance blanche .................... Les voies de conduction de la moelle épinière ................................
14.4.1 14.4.2 14.5
633 633 634 634
Une vue d’ensemble des voies de conduction ..................... 635 Les voies sensitives ........................... 636
14.6
14.4.3 Les voies motrices ............................. 638 Les ners spinaux ...................................... 643
14.6.3 14.6.4
Illustration des concepts Diérences entre les voies sensitives et les voies motrices ............................................. 644 INTÉGRATION
14.5.1 14.5.2
Une vue d’ensemble des ners spinaux .............................. 645 Les plexus nerveux ............................ 648
Les réfexes ................................................. 662 14.6.1 Les caractéristiques des réexes ........ 662 14.6.2 Les composantes d’un arc réexe ...... 662
14.7
Les réexes spinaux .......................... L’évolution des réexes au fl des âges ................................... 14.6.5 La vérifcation des réexes chez l’adulte en milieu clinique .................. La ormation de la moelle épinière .......
664 667 669 670
628 Partie III La communication et la régulation
14.1 L’anatomie macroscopique
lombaires. Cette divergence est attribuable à la croissance des vertèbres, laquelle se poursuit au-delà de la croissance de la moelle épinière. Ainsi, chez l’adulte, la moelle épinière est plus courte que le canal vertébral dans lequel elle se trouve.
1
Nommer et situer les cinq divisions anatomiques de la moelle épinière.
2
Expliquer l’origine de la queue de cheval.
3
Décrire les nerfs spinaux ainsi que la façon de les reconnaître.
L’extrémité inérieure uselée de la moelle épinière porte le nom de cône médullaire. Ce dernier marque la fn de la moelle épinière à proprement parler, ce qui correspond généralement à l’emplacement de la première vertèbre lombaire. En deçà de ce point, les racines nerveuses, dont l’ensemble constitue la queue de cheval (cauda equina), se prolongent vers le bas à partir de la moelle épinière. Ces racines nerveuses sont appelées ainsi en raison de leur ressemblance à une queue de cheval. Cette structure renerme le flum terminale (terminus = limite), un mince brin de pie-mère qui contribue à fxer le cône médullaire au coccyx (voir la fgure 14.1C).
de la moelle épinière
La moelle épinière assure un lien vital entre l’encéphale et le reste de l’organisme. Touteois, elle possède une certaine indépendance par rapport à l’encéphale. La moelle épinière et les ners spinaux qui y sont reliés remplissent deux onctions d’une grande importance. D’abord, ils constituent la voie qu’empruntent les inux nerveux moteurs et sensitis pour que l’encéphale communique avec le reste du corps. Ensuite, la moelle épinière et les ners spinaux régissent les réexes qui correspondent à nos réactions les plus rapides à un stimulus. Avant d’examiner les onctions de la moelle, l’anatomie de la moelle épinière doit être connue. La moelle épinière adulte mesure en moyenne de 42 à 45 cm de long. Elle s’étend, dans le canal vertébral (ou canal spinal), de la portion inérieure de l’encéphale jusqu’à la vertèbre L1. Des axones émergent de la moelle épinière et orment les racines dorsales et ventrales qui, ensemble, donnent naissance aux ners spinaux. Certains de ces ners orment des plexus nerveux, soit un enchevêtrement de ners spinaux. La moelle épinière se divise ainsi FIGURE 14.1 : • La portion cervicale correspond à la partie supérieure de la moelle épinière. Il s’agit en ait du prolongement du bulbe rachidien. La portion cervicale de la moelle épinière contient des neurones dont les axones contribuent à la ormation des ners spinaux cervicaux (voir la fgure 14.1B). • La portion thoracique se trouve sous la portion cervicale de la moelle épinière. Elle contient les neurones à l’origine des ners spinaux thoraciques. • La portion lombaire constitue un segment plus court de la moelle épinière, lequel contient les neurones à l’origine des ners spinaux lombaires. • La portion sacrée se trouve sous la portion lombaire et contient les neurones à l’origine des ners spinaux sacrés. • La portion coccygienne correspond à la partie inérieure de la moelle épinière. Une paire de ners spinaux coccygiens émerge de cette portion (Rigaud, Delavierre, Sibert et al., 2010). Cette partie de la moelle épinière, absente chez environ 5 % des individus, est parois incluse dans la portion sacrée. Les diverses portions de la moelle épinière ne correspondent pas paraitement aux vertèbres qui portent le même nom. Par exemple, la portion lombaire de la moelle épinière s’avère plus près des dernières vertèbres thoraciques que des vertèbres
La moelle épinière comporte 31 paires de ners spinaux sousjacents. Les ners spinaux sont considérés comme étant des ners mixtes, car ils contiennent à la ois des axones sensitis, qui transmettent les inux nerveux des récepteurs au système nerveux central (SNC), et des axones moteurs, qui transmettent les inux nerveux du SNC aux eecteurs (muscles ou glandes). Chacun des ners spinaux porte un nom ormé à partir de la première lettre de la partie de la moelle épinière à laquelle il se rattache et d’un chire. Ainsi, les deux côtés de la moelle épinière comportent chacun 8 ners cervicaux (C1 à C8), 12 ners thoraciques (T1 à T12), 5 ners lombaires (L1 à L5), 5 ners sacrés (S1 à S5) ainsi que 1 ner coccygien (Co1).
INTÉGRATION
STRATÉGIES D’APPRENTISSAGE
Pour distinguer les nerfs spinaux des nerfs crâniens, souvenez-vous que les nerfs crâniens sont désignés par un chiffre romain (voir la section 13.9).
La moelle épinière est à peu près ronde, bien qu’elle soit légèrement aplatie à l’avant et à l’arrière TABLEAU 14.1. Sa surace externe comporte deux creux longitudinaux : un sillon étroit, le sillon médian dorsal (ou sillon postérieur), qui s’enonce du côté postérieur de la moelle épinière, et un second sillon, celui-ci un peu plus large, la fssure médiane ventrale (ou fssure antérieure), qui se situe du côté antérieur de la moelle épinière. La composition de la moelle épinière varie selon l’endroit où la coupe transversale a été eectuée (voir le tableau 14.1). Ces diérences subtiles permettent de distinguer un peu plus acilement la partie de la moelle épinière qui ait l’objet de la coupe. Par exemple, le diamètre de la moelle épinière varie, car la quantité de substance grise et de substance blanche de même que les onctions remplies changent selon l’emplacement. La quantité de substance grise dans un segment donné de la moelle épinière est directement liée au nombre de muscles squelettiques à innerver. Ainsi, les cornes ventrales ont une dimension supérieure dans les portions cervicale et lombaire qui innervent les membres. Cela explique la ormation d’un renement à ces deux endroits de la moelle épinière.
Chapitre 14 Le système nerveux : la moelle épinière et les nerfs spinaux 629
Atlas Plexus cervical
Renflement cervical Plexus brachial
C1 C2 C3 C4 C5 C6 C7 C8 T1 T2 T3
Cervelet Portion cervicale Moelle épinière Filets radiculaires dorsaux
Vertèbre T1
T4 T5 T6
Sillon médian dorsal
Portion thoracique
Ligaments dentelés B. Portion cervicale
T7 T8 T9
Moelle épinière
T10 Renflement lombaire Vertèbre L1 Cône médullaire Plexus lombaire
T11 T12 L1
Portion lombaire Portion sacrale
L3 Queue de cheval
L5
Filum terminal
Cône médullaire
L2
L4
Plexus sacral
Filets radiculaires dorsaux
S1 S2 S3 S4 S5 Co1
A. Vue postérieure
Racine dorsale
Ganglion spinal
Queue de cheval
Filum terminale
C. Cône médullaire et queue de cheval
FIGURE 14.1 Anatomie macroscopique de la moelle épinière
❯ La moelle épinière se loge dans le canal vertébral ; elle prend naissance à l’extrémité inérieure du bulbe rachidien et se prolonge vers le bas. A. Dans cette
Le renfement cervical (ou intumescence cervicale), situé dans la portion cervicale inférieure de la moelle épinière, contient les neurones qui innervent les membres supérieurs, tandis que le renfement lombaire (ou intumescence lombaire), qui passe par la portion lombaire médiane, innerve les membres inférieurs.
fgure, les arcs vertébraux ont été retirés pour révéler l’anatomie de la moelle épinière et des ners spinaux de l’adulte. B. Photo de la portion cervicale de la moelle épinière ; C. photo du cône médullaire et de la queue de cheval.
Vérifiez vos connaissances 1. Combien de paires de ners spinaux y a-t-il en tout ?
Nommez chacune des catégories. 2. Quelles onctions remplissent les renements cervical
et lombaire ?
630 Partie III La communication et la régulation TABLEAU 14.1
Coupe transversale des principales parties de la moelle épinière
Portion de la moelle épinière
Taille (diamètre)
Forme
Rapport substance blanche – substance grise
Autres caractéristiques
La plus grosse portion de la moelle épinière (de 13 à 14 mm de diamètre)
Ovale ; faces postérieure et antérieure légèrement aplaties
Davantage de substance blanche que de substance grise
• Dans les segments supérieurs de la portion cervicale (C1 à C5), les cornes ventrales sont relativement petites, alors que les cornes dorsales sont relativement grosses. • Dans les segments inférieurs (C6 à C8), les cornes ventrales sont plus grosses que dans le segment supérieur. Cette augmentation de taille est encore plus marquée pour les cornes dorsales.
Plus petite que la portion cervicale (de 9 à 11 mm de diamètre)
Ovale ; faces postérieure et antérieure toujours légèrement aplaties
Davantage de substance blanche que de substance grise
• Les cornes ventrales et dorsales sont plus grosses, mais uniquement dans le premier segment thoracique ; de petites cornes latérales sont visibles.
Légèrement plus grosse que la portion thoracique (de 11 à 13 mm de diamètre)
Moins ovale, pratiquement ronde
Quantité réduite de substance blanche comparativement à la substance grise et à la quantité de substance blanche présente dans la portion cervicale
• Les cornes ventrales et dorsales sont très grosses, alors que les cornes latérales ne sont présentes que dans les deux premiers segments de la portion lombaire.
Minuscule
Pratiquement ronde
Davantage de substance grise que de substance blanche dans cette portion de la moelle épinière
• Les cornes ventrales et dorsales occupent l’essentiel de la section.
Cervicale Partie postérieure Sillon médian dorsal Fissure médiane ventrale
Partie antérieure Thoracique Partie postérieure
Corne dorsale Corne latérale Corne ventrale
Partie antérieure Lombaire Partie postérieure
Substance grise Substance blanche
Partie antérieure Sacrée Partie postérieure
Partie antérieure
INTÉGRATION
STRATÉGIES D’APPRENTISSAGE
À deux exceptions près, le nombre de nerfs spinaux d’une région donnée du corps est le même que le nombre de vertèbres de cette région. Suivant cette logique, le sacrum, par exemple, est formé de cinq vertèbres sacrales et il y a cinq paires de nerfs spinaux sacrés. De même, les 12 paires de nerfs spinaux thoraciques correspondent aux 12 vertèbres thoraciques. La première exception concerne l’unique paire de nerfs coccygiens car, bien qu’elles soient atrophiées et tendent à fusionner en une seule
structure, il y a environ quatre à six vertèbres coccygiennes dans le corps humain. Le fait qu’il y ait huit paires de nerfs spinaux cervicaux, mais seulement sept vertèbres cervicales constitue la deuxième exception à la règle. Dans ce cas, c’est que la première paire de nerfs cervicaux émerge en dessous de l’os occipital et au-dessus de l’atlas (la première vertèbre cervicale), et que la huitième paire de nerfs cervicaux sort sous la septième vertèbre cervicale.
Chapitre 14 Le système nerveux : la moelle épinière et les nerfs spinaux 631
INTÉGRATION APPLICATION CLINIQUE
La ponction lombaire Il est parois nécessaire d’analyser le liquide cérébrospinal (LCS) pour vérifer s’il existe une inection ou un trouble du SNC. La ponction lombaire (ou rachicentèse) est l’intervention clinique permettant de prélever du LCS. Il s’agit d’insérer une aiguille à travers la peau, les muscles du dos et le ligament jaune (entre les vertèbres). L’aiguille doit ensuite traverser l’espace épidural, la dure-mère, l’arachnoïde et pénétrer dans l’espace sous-arachnoïdien pour aspirer environ de 3 à 9 millilitres (ml) de LCS. Étant donné que chez l’adulte, la moelle épinière se termine généralement au niveau de la première vertèbre lombaire, la ponction doit être eectuée sous ce niveau pour s’assurer que l’aiguille ne pique pas la moelle. La ponction lombaire est généralement pratiquée entre les vertèbres L3 et L4 ou entre les vertèbres L4 et L5. Pour localiser cet endroit, le médecin anesthésiste palpe le point le plus élevé des crêtes iliaques, qui se situe sur la même ligne horizontale que le processus épineux de la vertèbre L4. Le médecin introduit alors l’aiguille à ponction juste audessus ou en dessous de celui-ci, après s’être assuré que la colonne vertébrale est bien échie.
14.2 La protection et le soutien
de la moelle épinière
1
Décrire la structure et le rôle des méninges de la moelle épinière.
2
Nommer et situer les principaux espaces que délimitent les méninges.
Les méninges (mênigx = membrane) qui protègent la moelle épinière constituent le prolongement des méninges crâniennes (voir la section 13.2.1). De plus, les espaces qui se situent entre certaines de ces méninges revêtent une importance clinique. Les structures et les espaces (réels et virtuels) qui entourent la moelle épinière, du plus superfciel au plus proond, sont les suivants : la vertèbre, l’espace épidural, la dure-mère, l’espace sousdural, l’arachnoïde, l’espace sous-arachnoïdien et la pie-mère FIGURE 14.2 . L’espace épidural se situe entre la dure-mère et la paroi interne de la vertèbre. Il renerme du tissu conjoncti lâche aréolaire, des vaisseaux sanguins et du tissu adipeux. Les substances administrées au moment d’une anesthésie épidurale, comme celles qui servent à soulager la douleur durant un accouchement, sont injectées dans cet espace. Sous l’espace épidural se trouve la dure-mère, soit la méninge externe. Bien que la duremère crânienne comporte un euillet conjonctivo-vasculaire externe et un euillet méningé interne, la dure-mère spinale, quant à elle, est constituée du prolongement du euillet interne de la dure-mère de l’encéphale. La dure-mère protège et stabilise
Peau Couche sous-cutanée Muscles du dos Ligament jaune
L3
Espace épidural Dure-mère et arachnoïde L4
Aiguille à ponction lombaire Espace sousarachnoïdien Queue de cheval Canal vertébral
Site d’insertion de l’aiguille pour une ponction lombaire
la moelle épinière. De plus, pour chacun des oramens intervertébraux, la dure-mère se prolonge entre les vertèbres et s’unit aux euillets de tissu conjoncti qui entourent les ners spinaux.
À votre avis 1. Pourquoi la dure-mère spinale ne possède-t-elle pas
deux euillets comme la dure-mère crânienne ? Quelles structures ormées à partir de la dure-mère crânienne sont absentes de la moelle épinière ?
Dans la plupart des coupes anatomiques et histologiques, un espace sous-dural étroit sépare la dure-mère de l’arachnoïde. Cet espace est virtuel. Sous l’arachnoïde se trouve l’espace sousarachnoïdien qui est rempli de liquide cérébrospinal (LCS) (ou liquide céphalorachidien). La pie-mère, située sous l’espace sous-arachnoïdien, est un mince euillet méningé le plus interne. Elle est constituée de fbres de collagène élastiques. Cette méninge adhère directement à la moelle épinière et soutient certains vaisseaux sanguins qui alimentent la moelle épinière. Les ligaments dentelés (dentem = dent) sont des prolongements latéraux et triangulaires de la pie-mère spinale qui se présentent par paires. Ces prolongements reliés à la dure-mère contribuent au maintien et au positionnement latéral de la moelle épinière (voir les fgures 14.1B et 14.2A).
Vérifiez vos connaissances 3. Où se situent les espaces épidural, sous-dural
et sous-arachnoïdien ? Lequel contient du liquide cérébrospinal ?
632 Partie III La communication et la régulation
Partie postérieure
Processus épineux de la vertèbre
Espace épidural Espace sous-dural Ligament dentelé
Espace sousarachnoïdien
Nerf spinal
Dure-mère Arachnoïde
Foramen intervertébral
Pie-mère Moelle épinière
Corps vertébral
Partie antérieure A. Vertèbre et moelle épinière, coupe transversale Substance blanche
Substance grise
Sillon médian dorsal Canal central Fissure médiane ventrale Pie-mère
Filets radiculaires dorsaux Racine dorsale du nerf spinal Ganglion spinal Nerf spinal Racine ventrale du nerf spinal Filets radiculaires ventraux
Espace sous-arachnoïdien Arachnoïde
Espace sous-dural Dure-mère
B. Vue antérieure
FIGURE 14.2 Méninges spinales et structure de la moelle épinière
❯
A. La coupe transversale de la moelle épinière illustre le lien qui unit les euillets méningés et les points de repère superfciels de la moelle épinière et de la colonne vertébrale. B. Cette vue antérieure présente la moelle épinière et les méninges.
Chapitre 14 Le système nerveux : la moelle épinière et les nerfs spinaux 633
14.3 L’anatomie sectionnelle
de la moelle épinière
La moelle épinière se divise en deux régions, soit une région de substance grise interne et une région de substance blanche externe FIGURE 14.3. La substance grise est principalement composée des dendrites et des corps cellulaires des neurones. Elle contient également des gliocytes (ou cellules gliales) et quelques axones amyélinisés. La substance blanche, quant à elle, est surtout composée d’axones myélinisés qui émergent de l’encéphale ou qui se prolongent en sa direction.
14.3.1
La répartition de la substance grise
1
Distinguer les quatre divisions anatomiques de la substance grise de la moelle épinière.
2
Nommer les types de neurones et les groupes fonctionnels de noyaux présents dans chacun des emplacements de la substance grise.
La substance grise de la moelle épinière est centrale. Sa orme s’apparente à celle de la lettre H ou à celle d’un papillon. La substance grise se divise en quatre structures : les cornes ventrales, les cornes latérales, les cornes dorsales et la commissure grise. Les cornes ventrales correspondent aux masses antérieures gauche et droite de substance grise. Ces cornes renerment principalement les corps cellulaires des neurones moteurs somatiques,
lesquels innervent les muscles squelettiques. Les cornes latérales se trouvent uniquement dans la partie T1 à L2 de la moelle épinière et contiennent les corps cellulaires des neurones moteurs autonomes, lesquels innervent le muscle cardiaque, les muscles lisses et les glandes. Les cornes dorsales sont des masses postérieures gauche et droite de substance grise. Les axones des neurones sensitis ainsi que les corps cellulaires des interneurones y sont situés. Les corps cellulaires des neurones sensitis ne se trouvent pas dans les cornes dorsales, mais plutôt dans le ganglion spinal (voir la section 14.4.2). La commissure grise (commissura = joint) constitue une bande horizontale de substance grise qui entoure l’étroit canal central. Elle contient principalement des axones amyélinisés et agit à titre de voie de communication entre les côtés droit et gauche de la substance grise. La substance grise de la moelle épinière se divise en une partie sensitive (dorsale) et une partie motrice (ventrale) FIGURE 14.4. La partie sensitive située dans les cornes dorsales contient les corps cellulaires des interneurones. La partie sensitive somatique reçoit les infux nerveux des récepteurs sensoriels, dont les récepteurs cutanés de la douleur et de la pression, alors que la partie sensitive viscérale reçoit les infux nerveux des vaisseaux sanguins et des viscères (p. ex., l’étirement d’un muscle lisse d’un viscère). La partie motrice des cornes ventrales et latérales est composée des corps cellulaires des neurones moteurs. Elle envoie des infux nerveux aux muscles et aux glandes. La partie motrice somatique de la corne ventrale innerve les muscles squelettiques, alors que la partie motrice autonome des cornes latérales innerve les muscles lisses, le muscle cardiaque ainsi que les glandes.
Partie postérieure Substance blanche
Canal central
Sillon médian dorsal
Substance grise Corne dorsale Commissure grise
Cordon dorsal Cordon latéral Commissure blanche Cordon ventral
Corne latérale Corne ventrale
Partie postérieure Substance blanche Substance grise Corne dorsale Commissure grise
MO 10 x
Corne latérale Corne ventrale
Fissure médiane ventrale
Canal central Partie antérieure
Partie antérieure A. Substances blanche et grise
FIGURE 14.3 Répartition de la substance grise et de la substance blanche dans la moelle épinière ❯ A. La substance grise est centrale, alors que la substance blanche est située en périphérie. B. Histologie d’une coupe transversale de la moelle épinière.
B. Coupe transversale
634 Partie III La communication et la régulation
Racine dorsale (sensitive)
Neurone sensitif somatique Structures généralement présentes dans un nerf spinal
Ganglion spinal
Somatique Partie sensitive Viscérale
Corne latérale (neurones moteurs autonomes)
Neurone sensitif viscéral Neurone moteur autonome Neurone moteur somatique
Corne dorsale (axones sensitifs et interneurones)
Nerf spinal (mixte)
Autonome Partie motrice Somatique
Racine ventrale (motrice) Corne ventrale (neurones moteurs somatiques)
FIGURE 14.4 Parties neuronales et organisation de la substance grise de la moelle épinière ❯ La substance grise de la moelle épinière se divise en une partie sensitive (dorsale) et une partie motrice (ventrale).
Vérifiez vos connaissances 4. Quelles structures du système nerveux se trouvent
dans les cornes ventrales, latérales et dorsales ?
14.3.2
La répartition de la substance blanche
3
Indiquer l’emplacement de la substance blanche dans la moelle épinière.
4
Nommer les trois divisions anatomiques de la substance blanche et expliquer leur structure.
La substance blanche de la moelle épinière se situe en périphérie de la substance grise. Elle se trouve de part et d’autre de la moelle épinière et se divise en trois régions, chacune appelée cordon (voir la fgure 14.3). Le cordon dorsal se trouve entre les cornes grises dorsales de la partie postérieure de la moelle épinière et le sillon médian dorsal. Le cordon latéral correspond à la substance blanche située de chaque côté de la moelle épinière. Le cordon ventral est composé de tractus de substance blanche des deux côtés antérieurs de la moelle épinière, entre les cornes grises ventrales et la fssure médiane ventrale. Ces cordons ventraux sont liés par la commissure blanche.
Du côté gauche de l’illustration, chaque type de neurone porte une couleur différente dont les zones associées apparaissent du côté droit.
Les axones qui se trouvent dans chacun des cordons de substance blanche se regroupent en plus petites unités structurelles, les faisceaux et les tractus (tractus = traînée). Ces aisceaux et ces tractus transmettent exclusivement soit des inux sensitis (aisceaux et tractus ascendants, de la moelle épinière jusqu’à l’encéphale), soit des inux moteurs (tractus descendants, de l’encéphale à la moelle épinière). Touteois, chaque cordon est composé à la ois de aisceaux et de tractus ascendants et de tractus descendants. Ainsi, les cordons sont composés à la ois d’axones moteurs et d’axones sensitis.
Vérifiez vos connaissances 5. Quels sont les trois types de cordons ? Énumérez
les structures de chacun.
14.4 Les voies de conduction
de la moelle épinière
Le SNC communique avec les structures périphériques de l’organisme grâce aux voies de conduction. Ces voies acheminent soit des inux sensitis en provenance des récepteurs, soit des inux moteurs vers les eecteurs. Le traitement et l’intégration de l’inormation ont lieu le long de ces voies de conduction. Ces dernières traversent la substance blanche de la moelle épinière, car elles relient diverses structures du SNC aux ners spinaux.
Chapitre 14 Le système nerveux : la moelle épinière et les nerfs spinaux 635
INTÉGRATION APPLICATION CLINIQUE
Les lésions de la moelle épinière DÉSÉQUILIBRE HOMÉOSTATIQUE
Une lésion de la moelle épinière ou des racines des ners spinaux laisse souvent la personne qu’elle touche paralysée (perte de la onction motrice) ou incapable de percevoir les sensations (paresthésie), selon la localisation et l’importance de la lésion. La paralysie fasque correspond à des lésions graves de la racine ou de la corne ventrales. Les ners sectionnés n’atteignent plus les muscles squelettiques correspondants à la région atteinte. Les muscles s’atrophient, puisqu’ils ne reçoivent plus d’inux et de stimulation nerveuse, qu’ils soient volontaires ou réexes. La paralysie spastique se défnit par l’atteinte des neurones moteurs supérieurs se rendant au cortex moteur primaire. Dans ce cas, les muscles correspondants ne répondent plus aux commandes volontaires provenant de l’encéphale ; touteois, les neurones moteurs inérieurs qui sont intacts permettent toujours une activité réexe spinale. Cette stimulation musculaire est irrégulière, ce qui fnit par provoquer un raccourcissement irréversible des muscles. Aussi, si le traumatisme se produit au niveau de la vertèbre C 4, la paralysie du diaphragme entraîne une insufsance ou un arrêt respiratoire, selon la gravité de la lésion. Peu importe le niveau, un sectionnement complet de la moelle épinière amène la perte motrice et sensitive pour la portion située au-dessous de cette section. Ainsi, selon la hauteur du sectionnement, la paraplégie et la quadriplégie peuvent survenir. La paraplégie est une perte motrice et sensitive des deux membres inérieurs. Elle correspond à un sectionnement entre T1 et L 1. La quadriplégie correspond à un sectionnement dans la région cervicale. Dans ce cas, la perte motrice et sensitive touche les quatre membres.
14.4.1
Une vue d’ensemble des voies de conduction
1
Nommer les structures composant les voies de conduction, puis énumérer celles communes à toutes les voies.
2
Comparer les voies sensitives aux voies motrices.
Chaque cordon de substance blanche de la moelle épinière est composé de aisceaux et de tractus qui peuvent monter ou descendre le long de la moelle épinière. Ces aisceaux et ces tractus sont des groupements d’axones qui ont relativement la même origine et la même destination dans le SNC (voir le tableau 13.2, p. 573). Ils constituent des voies de conduction qui acheminent les inux nerveux entre l’encéphale et les récepteurs sensoriels. Chacun de ces aisceaux et de ces tractus peut travailler de concert avec divers groupes de noyaux du SNC. Il convient de diérencier les aisceaux et les tractus. Dans un tractus, toutes les structures des neurones se situent à l’intérieur du SNC, tandis que dans le aisceau, certaines structures des neurones se situent à l’extérieur.
L’hémiplégie est une paralysie de la moitié du corps. Contrairement aux lésions précédentes, elle n’est pas due à un sectionnement de la moelle épinière, mais bien à une lésion cérébrale d’une aire motrice primaire (p. ex., un accident vasculaire cérébral). Selon le principe de la décussation, l’hémisphère lésé est celui opposé à la partie du corps touchée. Le choc spinal est une perte onctionnelle temporaire suivant un traumatisme de la moelle épinière. Il se caractérise par une réduction de l’activité réexe au-dessous de la localisation du traumatisme. Les symptômes observés sont l’interruption du réexe vésical et du réexe de déécation, une chute de la pression artérielle (réexe autonome) ainsi que la perte motrice et sensitive des muscles squelettiques et lisses situés sous la lésion. Le choc spinal est observable quelques heures après le traumatisme. Si l’activité nerveuse ne se rétablit pas après 48 heures, l’atteinte spinale sera probablement permanente. À la suite d’une lésion spinale, le recours à des stéroïdes immédiatement après l’atteinte semble préserver une partie de la onction musculaire qui serait autrement perdue. Par ailleurs, l’usage hâti d’antibiotiques a réduit considérablement le nombre de décès dus à des inections des voies respiratoires causées par la perte du réexe de la toux menant à un encombrement de ces voies ou par des inections urinaires qui surviennent souvent à la suite de la perte du réexe vésical. Des travaux récents signalent que des chercheurs ont réussi à reconnecter la moelle épinière sectionnée de rats et à restaurer partiellement son onctionnement (Bauchet, Lonjon, Perrin et al. 2009 ; Emery, Horvat & Tadie, 1997 ; Gaillard & Horvat, 1994 ; Horvat, Aane-Boulaid, Baillet-Derbin et al., 1997). D’autres recherches indiquent que des cellules souches nerveuses pourraient permettre la régénération d’axones du SNC (Féron, 2007 ; Gerber, Hugnot, Bauchet et al., 2009 ; Tremblay-LeMay, 2010).
Les voies de conduction du système nerveux sont sensitives ou motrices. Les voies sensitives portent également le nom de voies ascendantes, car les inux nerveux transmis par les récepteurs sensoriels remontent la moelle épinière jusqu’à l’encéphale. Les voies sensitives contiennent aussi bien des aisceaux que des tractus. Les voies motrices sont également appelées voies descendantes, car elles transmettent les inux nerveux qui descendent dans la moelle épinière, de l’encéphale aux muscles et aux glandes. Contrairement aux voies sensitives, elles ne contiennent que des tractus. La plupart des voies nerveuses ont plusieurs caractéristiques en commun, dont les suivantes : • La plupart des voies (90 %) subissent une décussation (decussare = qui a la orme du chire romain X) d’un côté à l’autre de l’organisme (elles le traversent) à un certain point de leur trajectoire. Cela signife donc que le côté gauche de l’encéphale traite l’inormation qui lui provient du côté droit de l’organisme, et vice versa. Le terme controlatéral (contra = opposition à, laterem = côté) est d’ailleurs utilisé pour aire réérence au côté opposé, alors que le terme homolatéral (homo = même) renvoie au même côté que le point de réérence.
636 Partie III La communication et la régulation
• Toutes les voies sont symétriques, c’est-à-dire qu’elles sont composées de aisceaux et de tractus disposés par paires. Ainsi, une voie du côté gauche du SNC trouve son équivalent du côté droit. • La plupart des voies sont composées d’une série de deux ou trois types de neurones qui travaillent de concert. Les voies sensitives comportent principalement des neurones de premier et de deuxième ordre et, la plupart du temps, de neurones de troisième ordre qui contribuent au bon onctionnement de la voie de conduction. En revanche, les voies motrices comportent un neurone moteur supérieur et un neurone moteur inérieur. Les corps cellulaires de ces neurones sont situés dans les noyaux associés à chacune des voies de conduction. • La plupart des aisceaux et des tractus sont somatotopiques. Leur emplacement dans les cordons de la moelle épinière est représentati de l’organisation corporelle. Les aisceaux et les tractus qui transmettent des inux sensitis des membres supérieurs se trouvent à proximité de ceux qui transmettent les inux sensitis en provenance des membres inérieurs.
INTÉGRATION
STRATÉGIES D’APPRENTISSAGE
Les aisceaux et les tractus tirent leur nom de leur origine et de leur terminaison. Par exemple, le nom des tractus sensitis commence généralement par le préfxe spino-, ce qui signife que la voie émerge de la moelle épinière. Ainsi, le tractus dont la trajectoire commence dans la moelle épinière et se termine dans le cervelet est appelé tractus spinocérébelleux. Les voies motrices commencent par le préfxe cortico-, qui indique que la voie prend naissance dans le cortex cérébral, ou par le préfxe du nom d’un noyau du tronc cérébral, rubro- par exemple, ce qui indique que la voie provient du noyau rouge du mésencéphale. Ainsi, les tractus corticospinal et rubrospinal ont tous deux partie d’une voie motrice.
Vérifiez vos connaissances 6. Nommez trois caractéristiques qu’ont en commun
toutes les voies de la moelle épinière.
14.4.2
Les voies sensitives
3
Défnir les voies sensitives et décrire leur rôle.
4
Énumérer les neurones composant les chaînes des voies sensitives, puis décrire leur rôle.
5
Décrire les trois principales voies somatosensitives.
Les voies sensitives constituent des voies ascendantes qui transmettent les données proprioceptives (posture et équilibre) ainsi que celles relatives au toucher, à la température, à la pression et à la douleur. Les voies sensitives somatiques traitent les stimulus captés par les récepteurs de la peau, des muscles et des articulations, alors que les voies sensitives viscérales traitent les stimulus qui proviennent des diérents organes.
Les voies sensitives sont composées d’une série de deux ou trois neurones en vue de transmettre les inux nerveux de l’organisme vers l’encéphale : • Le premier neurone de la chaîne est le neurone de premier ordre. Les dendrites de ce neurone sensiti ont partie du récepteur qui capte un stimulus précis. Les corps cellulaires du neurone de premier ordre se trouvent dans les ganglions spinaux. Quant à son axone, il se rend dans le SNC : il peut, selon le cas, terminer sa course dans la corne dorsale de la moelle épinière ou encore emprunter un tractus ascendant de la moelle épinière et se rendre jusqu’au bulbe rachidien. • Le neurone de deuxième ordre est un interneurone. Il ait synapse avec le neurone de premier ordre. Le corps cellulaire de ce neurone se situe soit dans la corne dorsale de la moelle épinière, soit dans un noyau du tronc cérébral. L’axone du neurone de deuxième ordre se prolonge vers le thalamus (sensations conscientes) ou vers le cervelet (proprioception inconsciente), ou il ait synapse avec le neurone de troisième ordre. • Le neurone de troisième ordre est également un interneurone. Lorsqu’il est présent, il ait synapse avec le neurone de deuxième ordre dans le thalamus, et c’est à cet endroit que se situe son corps cellulaire. Il convient de se rappeler que le thalamus correspond au centre de traitement et d’encodage de pratiquement toutes les données sensorielles. Ainsi, il semble logique que le dernier neurone de la chaîne se trouve dans le thalamus. L’axone du neurone de troisième ordre se prolonge dans l’aire somesthésique primaire du lobe pariétal (voir la section 13.3.3). Les trois principales voies sensitives somatiques sont les suivantes : la voie du lemnisque médial du cordon dorsal, la voie antérolatérale et la voie spinocérébelleuse FIGURE 14.5.
14.4.2.1 La voie du lemnisque médial
du cordon dorsal La voie du lemnisque médial du cordon dorsal traverse la moelle épinière, le tronc cérébral et le thalamus pour terminer sa course dans le cortex cérébral FIGURE 14.6A . Cette voie tire son nom de deux structures : les tractus du tronc cérébral, qui orment le lemnisque médial (lemniscus = ruban de couronne), et les tractus de la moelle épinière, qui, ensemble, orment le cordon dorsal. Cette voie transmet les stimulus sensitis qui ont trait aux données proprioceptives relatives à la position des membres et aux sensations discriminatives du toucher, de la pression et de la vibration. La voie du lemnisque médial du cordon dorsal a recours à une chaîne de trois types de neurones en vue d’inormer l’encéphale de la présence d’un stimulus donné. Les axones des neurones de premier ordre se situent dans les ganglions spinaux et atteignent la moelle épinière en passant par les racines dorsales des ners spinaux. Lorsqu’ils pénètrent dans la moelle épinière, les axones se dirigent vers l’encéphale en passant par une voie précise du cordon dorsal, soit le faisceau cunéiforme (cuneus = coin) ou le faisceau gracile (gracilis = fn, maigre). Les axones sensitis qui montent dans le cordon dorsal ont synapse avec les corps cellulaires des neurones de deuxième ordre, lesquels se trouvent dans un noyau du bulbe rachidien. De ces neurones, les axones se prolongent en vue de transmettre l’inux nerveux au thalamus
Chapitre 14 Le système nerveux : la moelle épinière et les nerfs spinaux 637
Partie postérieure Voie du lemnisque médial du cordon dorsal
Faisceau gracile Faisceau cunéiforme
Tractus spinocérébelleux dorsal Voie spinocérébelleuse Tractus spinocérébelleux ventral
Tractus spinothalamique latéral Voie antérolatérale Tractus spinothalamique ventral
FIGURE 14.5 Voies sensitives de la moelle épinière
❯ Les principales voies sensitives (ascendantes) sont indiquées par diverses teintes de bleu. Il s’agit de aisceaux ou de tractus symétriques bilatéraux. Les principaux tractus moteurs sont indiqués en rouge pâle.
du côté opposé de l’encéphale par le tractus du lemnisque médial. La décussation survient après que les axones des neurones de deuxième ordre sortent de leur noyau, dans le bulbe rachidien, et avant qu’ils pénètrent dans le thalamus. Les axones des neurones de deuxième ordre ont synapse avec les corps cellulaires des neurones tertiaires qui se trouvent dans le thalamus. Les données sensitives y sont triées en onction de la partie du corps touchée, soit de açon somatotopique. Les axones de ces neurones de troisième ordre transmettent les infux nerveux à un endroit précis de l’aire somesthésique primaire (voir la fgure 13.13, p. 586).
14.4.2.2 La voie antérolatérale La voie antérolatérale (ou voie spinothalamique) se situe dans le cordon latéral antérieur de la moelle épinière, lequel est ormé de substance blanche (voir la fgure 14.6B). Cette voie est composée des tractus spinothalamiques ventral et latéral. Les axones
Partie antérieure
se prolongent des neurones de premier ordre à la moelle épinière et créent une synapse avec les neurones de deuxième ordre des cornes dorsales. Les axones de ces voies transmettent les infux nerveux relatis au toucher grossier, à la pression précise, à la douleur et à la température. Généralement, les sensations qui exigent une réaction à un stimulus (p. ex., une démangeaison qui pousse à se gratter, un chatouillement qui provoque un mouvement brusque) passent par la voie antérolatérale. Les axones des neurones de deuxième ordre de la voie antérolatérale subissent une décussation à la commissure blanche antérieure et transmettent les infux nerveux au côté opposé de la moelle épinière avant de se diriger vers l’encéphale. Les axones des neurones de deuxième ordre ont synapse avec les neurones de troisième ordre situés dans le thalamus. Finalement, les axones des neurones de troisième ordre transmettent les infux nerveux à la région adéquate de l’aire somesthésique primaire.
INTÉGRATION APPLICATION CLINIQUE
Le tabès DÉSÉQUILIBRE HOMÉOSTATIQUE
Le tabès (tabes dorsalis ; ou maladie de Duchenne de Boulogne) est une complication neurologique rare de la syphilis qui se produit lorsque la bactérie Treponema pallidum se propage dans les voies nerveuses et la moelle épinière. L’aection se manieste par la détérioration des aisceaux graciles et cunéiormes qui véhiculent les infux sensitis des propriocepteurs des articulations ainsi que la détérioration des racines dorsales de la
moelle épinière qui y sont associées. La personne atteinte soure d’une mauvaise coordination musculaire et de douleurs intenses dans les membres. Le signe de Romberg est notamment utilisé pour valider le diagnostic. Des antibiotiques peuvent être prescrits. Cependant, selon les dommages causés par la bactérie dans le tissu nerveux, la guérison est rare. Il est cependant possible d’améliorer l’état de santé du client grâce à des exercices et à une médication pour contrer l’infammation et la douleur (Khasnis & Gokula, 2003 ; Nitrini, 2000 ; Vora & Lyons, 2004).
638 Partie III La communication et la régulation
Côté droit
FIGURE 14.6 Voies sensitives somatiques
Aire somesthésique primaire (gyrus postcentral)
❯
A. La voie antérolatérale conduit les sensations relatives au toucher grossier, à la pression, à la douleur et à la température vers l’encéphale. La décussation des axones survient à l’endroit où le neurone de premier ordre pénètre dans la moelle épinière. B. La voie du lemnisque médial du cordon dorsal conduit les données sensitives relatives à la position des membres, au toucher fn, à la pression précise et à la vibration. Elle est symétrique, mais pour éviter toute conusion, seules les données sensitives provenant du côté droit du corps sont illustrées. La décussation des axones se produit dans le bulbe rachidien. Ici, seul le aisceau cunéiorme est montré, puisqu’il innerve les membres supérieurs. C. La voie spinocérébelleuse transmet les données proprioceptives au cervelet grâce aux tractus spinocérébelleux ventral et dorsal. Certains axones ne subissent aucune décussation. Les autres croisent deux ois la ligne médiane, ce qui annule la décussation. Dans cette voie, les neurones de troisième ordre sont absents.
Côté gauche
Cerveau Thalamus
Th
Mésencéphale
Corpuscule tacti (faisceau cunéifo Récepteurs (pro relatifs au touche à la propriocepti pression précise la vibration (cou, membres)
Cervelet Pont
Terminaison nerveuse libre Récepteurs (thermorécepteurs) de la douleur, de la température, du toucher grossier et de la pression
Bulbe rachidien
Tractus spinothalamique ventral Tracus spinothalamique latéral
Moelle épinière
Racin Neurone de premier ordre Neurone de deuxième ordre Neurone de troisième ordre
Racin
Corne dorsale Sens de circulation de l’information A. Voie antérolatérale
14.4.2.3 La voie spinocérébelleuse
Vérifiez vos connaissances
La voie spinocérébelleuse transmet les données proprioceptives au cervelet an qu’il les traite et coordonne les mouvements du corps en conséquence. Cette voie est composée des tractus spinocérébelleux ventral et dorsal. Il s’agit des principaux trajets empruntés pour transmettre au cervelet les données relatives à la posture (voir la fgure 14.6C). Les tractus spinocérébelleux sont diérents des autres voies sensitives, car ils comportent uniquement des neurones de premier et de deuxième ordre. Les données transmises par la voie spinocérébelleuse sont intégrées de açon inconsciente, ce qui est également le cas de la réponse motrice qui en découle.
7. Où se situent les neurones de premier, de deuxième et
Le tractus spinocérébelleux ventral transmet les infux sensitis provenant des parties inérieures du tronc et des membres inérieurs. Les axones pénètrent dans le cervelet en empruntant les pédoncules cérébelleux supérieurs. Le tractus spinocérébelleux dorsal transmet les infux sensitis provenant des membres inérieurs, de certaines parties du tronc ainsi que des membres supérieurs. Les axones pénètrent dans le cervelet en empruntant les pédoncules cérébelleux inérieurs. Les TABLEAUX 14.2 et 14.3 résument les caractéristiques des trois principales voies sensitives.
de troisième ordre des voies sensitives ? Quelles sont leurs onctions ? 8. Quel type de données la voie du lemnisque médial
du cordon dorsal transmet-elle ?
14.4.3
Les voies motrices
6
Défnir les voies motrices et décrire leur rôle.
7
Distinguer un neurone moteur supérieur d’un neurone moteur inérieur sur les plans de leur onction et de l’emplacement de leurs corps cellulaires.
8
Comparer les voies motrices principale et secondaire.
Les voies motrices (ou tractus descendants) constituent des voies qui descendent de l’encéphale et de la moelle épinière en
B. Voie du
Chapitre 14 Le système nerveux : la moelle épinière et les nerfs spinaux
uche
Côté droit
e somesthésique maire (gyrus stcentral)
Côté droit
Côté gauche
639
Côté gauche
Aire somesthésique primaire (gyrus postcentral) Thalamus
Lemnisque médial
Corpuscule tactile capsulé (faisceau cunéiforme) Récepteurs (propriocepteurs) relatifs au toucher discriminant, à la proprioception, à la pression précise et à la vibration (cou, tronc, membres)
Tractus spinocérébelleux dorsal Tractus spinocérébelleux ventral Noyau gracile Noyau cunéiforme Lemnisque médial Décussation précédant la pénétration dans le lemnisque médial
spinothalamique
spinothalamique
Faisceau gracile Faisceau cunéiforme
Racine ventrale Racine dorsale
n
Cordon dorsal
Sens de circulation de l’information
Voie spinocérébelleuse
Fuseau neuromusculaire Données proprioceptives provenant des articulations, des muscles et des tendons Sens de circulation de l’information C. Voie spinocérébelleuse
B. Voie du lemnisque médial
TABLEAU 14.2 Emplacement et fonction des principales voies sensitives de la moelle épinière Voie sensitive
Cordon
Origine
Terminaison
Fonction
Membres supérieurs, partie supérieure du tronc, cou, partie postérieure de la tête
Noyau cunéiorme du bulbe rachidien
Membres inérieurs, partie inérieure du tronc
Noyau gracile du bulbe rachidien
Transmettent les infux proprio ceptis relatis à la position des membres ainsi qu’aux sensa tions qui ont trait au toucher discriminati, à la pression précise et à la vibration.
Interneurones de la corne dorsale
Thalamus : prolongement des neurones de troisième ordre jusqu’à l’aire somes thésique primaire
Voie du lemnisque médial du cordon dorsal Faisceau cunéiorme
Dorsal
Faisceau gracile
Voie antérolatérale Tractus spinothalamique ventral
Ventral
Tractus spinothalamique latéral
Latéral
Transmet les infux nerveux relatis au toucher grossier et à la pression. Transmet les infux nerveux relatis à la douleur et à la température.
Voie spinocérébelleuse Tractus spinocérébelleux ventral Tractus spinocérébelleux dorsal
Latéral
Interneurones de la corne dorsale
Cervelet
Transmet les infux proprioceptis des parties inérieures du tronc et des membres inérieurs. Transmet les infux proprioceptis des membres inérieurs, de cer taines parties du tronc et des membres supérieurs.
640 Partie III La communication et la régulation TABLEAU 14.3
Emplacement du corps cellulaire des neurones et lieu de décussation des principales voies sensitives de la moelle épinière
Voie sensitive
Emplacement des corps cellulaires des neurones Neurone de premier ordre
Neurone de deuxième ordre
Neurone de troisième ordre
Noyau cunéiorme
Thalamus
Structures intervenant dans la décussation
Voie du lemnisque médial du cordon dorsal Faisceau cunéiorme
Ganglion spinal
Faisceau gracile
Noyau gracile
Les axones du neurone de deuxième ordre subissent une décussation avant de pénétrer dans le lemnisque médial. Les axones du neurone de deuxième ordre subissent une décussation avant de péné trer dans le lemnisque médial.
Voie antérolatérale Tractus spinothalamique ventral
Ganglion spinal
Interneurones de la corne dorsale
Thalamus
Les axones du neurone de deuxième ordre subissent une décussation dans la moelle épinière, au site de pénétration.
Ganglion spinal
Interneurones de la corne dorsale
Aucun
Certains axones ne subissent aucune décussation. Les autres croisent deux ois la ligne médiane, ce qui annule la décussation.
Tractus spinothalamique latéral Voie spinocérébelleuse Tractus spinocérébelleux ventral Tractus spinocérébelleux dorsal
vue de régir les eecteurs. Dans la présente section, il est plus particulièrement question des voies motrices qui régissent les muscles squelettiques. Les voies motrices sont ormées à partir du cortex cérébral, des noyaux cérébraux, du cervelet, des neurofbres de projection descendantes ou des neurones moteurs FIGURE 14.7. Deux types de neurones moteurs sont présents dans la voie motrice, soit le neurone moteur supérieur et le neurone moteur inférieur TABLEAU 14.4. Le corps cellulaire du neurone moteur supérieur se situe dans le cortex cérébral ou dans un noyau du tronc cérébral. Les axones du neurone moteur supérieur ont synapse directement avec les neurones moteurs inérieurs ou avec les interneurones, qui, eux, orment une synapse directement avec les neurones moteurs inérieurs. Le corps cellulaire du neurone moteur inérieur se situe soit dans la corne ventrale de la moelle épinière, soit dans le noyau d’un ner crânien du tronc cérébral. Les axones des neurones moteurs inérieurs sortent du SNC pour se projeter vers les muscles squelettiques en vue d’être innervés. Les deux types de neurones moteurs remplissent des onctions diérentes. Le neurone moteur supérieur stimule ou inhibe l’action du neurone moteur inérieur, mais ce dernier possède toujours une action excitatrice, car ses axones sont directement reliés aux fbres des muscles squelettiques. Les corps cellulaires des neurones moteurs ainsi que la plupart des interneurones qui interviennent dans l’innervation et qui régissent les muscles des membres et du tronc se trouvent principalement dans la
corne ventrale de la moelle épinière. Les neurones qui innervent la tête et le cou, quant à eux, se situent dans les noyaux moteurs de ners crâniens ainsi que dans la ormation réticulée. Les axones des neurones moteurs orment deux types de voies motrices : les voies principales et les voies secondaires. Les voies
INTÉGRATION APPLICATION CLINIQUE
L’engourdissement (ou fourmillement) DÉSÉQUILIBRE HOMÉOSTATIQUE
Avez-vous déjà « eu des ourmis » dans un membre ? Cette sensation de ourmillement se produit lorsque les ners moteurs sont pincés. Eectivement, lorsqu’un membre est écrasé trop longtemps sous le poids du corps (jambes croisées ou en position du tailleur, bras sous le corps, etc.), la circulation sanguine est momentanément interrompue, les neurones cessent d’être irrigués et le membre s’engourdit. « La désagréable sensation de ne plus sentir sa jambe ou de ne plus pouvoir la bouger se produit lorsque certains ners moteurs sont pincés. L’infux nerveux s’en trouve bloqué, et ni les stimulations sensorielles qui vont vers la moelle ni les stimulations motrices qui descendent vers les muscles ne peuvent passer. Quand la pression sur le ner est enlevée, les stimulations nerveuses reprennent toutes en même temps. Cette reprise soudaine mélange en quelque sorte le cerveau, qui l’interprète comme une douleur, d’où la sensation de picotement intense [et de ourmillement] qui s’ensuit » (Dubuc, 2002).
Chapitre 14 Le système nerveux : la moelle épinière et les nerfs spinaux 641
INTÉGRATION APPLICATION CLINIQUE
Partie postérieure
La sclérose latérale amyotrophique Tractus corticospinal latéral Tractus rubrospinal
Tractus corticospinal ventral Tractus réticulospinal Tractus vestibulospinal Tractus tectospinal
Partie antérieure
FIGURE 14.7
DÉSÉQUILIBRE HOMÉOSTATIQUE
La sclérose latérale amyotrophique (SLA) (ou maladie de Lou Gehrig, du nom du célèbre joueur de baseball) est une maladie dégénérative de plusieurs composantes de la voie motrice principale (Société de la sclérose latérale amyotrophique du Québec, 2013). Elle se caractérise par la dégénérescence des neurones supérieurs et inférieurs, de la corne ventrale de la moelle épinière et des unités motrices des muscles squelettiques. Elle engendre une paralysie progressive des membres, du tronc (y compris les muscles respiratoires) ainsi que de la tête. Les causes exactes de cette maladie sont encore inconnues, mais il existe des prédispositions génétiques familiales. La SLA est la cause la plus courante de décès des suites d’une maladie neurologique au Canada. Près de 3 000 Canadiens en sont actuellement atteints. Cette maladie entraîne généralement le décès dans les trois à cinq ans suivant le diagnostic. Sans que les spécialistes sachent exactement pourquoi, de 10 à 15 % des personnes atteintes peuvent cependant vivre quelque 10 ans après le diagnostic. Aucun traitement curatif n’est encore connu.
Voies motrices de la moelle épinière
❯ Les voies motrices (descendantes) sont bilatérales. Elles apparaissent en rouge et en orange dans l’illustration ci-dessus. Les voies sensitives (ascendantes), en bleu clair, sont illustrées à titre de comparaison.
principales régissent le mouvement conscient des muscles squelettiques, alors que les voies secondaires régissent les mouvements involontaires des muscles.
14.4.3.1 La voie motrice principale La voie motrice principale (ou voie pyramidale) prend naissance dans les cellules pyramidales de l’aire motrice primaire. Elle tire son nom de la orme pyramidale des corps cellulaires des neurones moteurs supérieurs. Les axones de ces neurones se prolongent soit dans le tronc cérébral, soit dans la moelle épinière en vue de ormer une synapse directe avec les neurones moteurs inérieurs. Les axones des neurones moteurs supérieurs des cellules pyramidales descendent à travers la capsule interne, pénètrent dans les pédoncules cérébraux et orment fnalement les deux types de tractus de la voie principale, soit les tractus corticonucléaires et les tractus corticospinaux.
Les tractus corticonucléaires Les tractus corticonucléaires proviennent de la région aciale de l’homoncule moteur situé dans l’aire motrice primaire (voir la section 13.3.3). Les axones de ces neurones moteurs supérieurs se prolongent vers le tronc cérébral où ils ont synapse avec les corps cellulaires des neurones moteurs inérieurs situés dans les noyaux des ners crâniens du tronc cérébral. Les axones des neurones
moteurs inérieurs, quant à eux, contribuent à la ormation de certains ners crâniens. Il est donc pertinent de noter que ces tractus dièrent des tractus corticospinaux dont il sera question dans la section suivante, car : 1) ils ne traversent pas la moelle épinière ; et 2) ils sont associés aux ners crâniens, et non aux ners spinaux.
Les tractus corticospinaux Les tractus corticospinaux prennent naissance dans le cortex cérébral, descendent à travers le tronc cérébral et se croisent dans les pyramides du bulbe rachidien. Avant de quitter le bulbe, ces tractus se divisent en tractus corticospinal latéral et en tractus corticospinal ventral. Ils poursuivent ensuite leur descente dans la moelle épinière où ils ont synapse avec les neurones moteurs inérieurs dans la corne ventrale FIGURE 14.8. Les tractus corticospinaux latéraux comprennent près de 85 % des axones des neurones moteurs supérieurs qui se prolongent vers le bulbe rachidien. Ils décussent dans les pyramides du bulbe rachidien, puis orment les tractus corticospinaux latéraux des cordons latéraux de la moelle épinière. Les axones des neurones moteurs inérieurs innervent les muscles squelettiques qui régissent les mouvements exigeant une certaine dextérité (p. ex., jouer de la guitare, dribler, taper à l’ordinateur). Les tractus corticospinaux ventraux correspondent aux 15 % d’axones des neurones moteurs supérieurs qui restent. Ils se prolongent dans le bulbe rachidien et décussent au niveau de la commissure grise antérieure. Ces axones ont synapse avec les interneurones ou les neurones moteurs inérieurs de la corne ventrale. Les axones des neurones moteurs inérieurs innervent les muscles squelettiques axiaux.
642 Partie III La communication et la régulation TABLEAU 14.4 Tractus
Principales voies motrices de la moelle épinière Mode de décussation
Destination des neurones moteurs supérieurs
Terminaison
Fonction
Voie motrice principale Tractus cortico nucléaires
Tous les noyaux des ners crâniens moteurs reçoivent des inux bilatéraux (homolatéraux et controlatéraux), à l’exception des ners VI et VII de la partie inérieure du visage, et du ner XII. Ces ners ne reçoivent que des inux nerveux controlatéraux.
Tronc cérébral (uniquement)
Noyaux des ners crâniens ; ormation réticulée
Mouvements volontaires des muscles crâniens et aciaux
Tractus corticospinaux latéraux
Subissent tous une décussation aux pyramides.
Cordon latéral
Substance grise de la corne ventrale ; ensemble de la moelle épinière
Mouvements volontaires des muscles axiaux
Tractus corticospinaux ventraux
Subissent une décussation dans la moelle épinière, à la hauteur du corps cellulaire du neurone moteur inérieur.
Cordon ventral
Substance grise de la corne ventrale ; portion cervicale de la moelle épinière
Subissent une décussation au niveau du tegmentum ventral.
Cordon latéral
Substance grise de la corne ventrale ; portion cervicale de la moelle épinière
Régulation et maîtrise des mouvements précis ainsi que du tonus des muscles échisseurs des membres
Tractus réticulospinaux
Ne subissent aucune décussation (tractus homolatéral).
Cordon ventral
Substance grise de la corne ventrale ; sur toute la longueur de la moelle épinière
Maîtrise des mouvements réexes liés à la posture et au maintien de l’équilibre
Tractus tectospinaux
Subissent une décussation au niveau du tegmentum dorsal.
Substance grise de la corne ventrale ; portion cervicale de la moelle épinière
Régulation des changements de position réexes des membres supérieurs, des yeux, de la tête et du cou à la suite d’un stimulus visuel ou auditi
Tractus vestibulospinaux
Les neurofbres descendent sans subir de décussation.
Substance grise de la corne ventrale ; tractus médiaux menant aux portions thoraciques cervicale et supérieure de la moelle épinière ; tractus latéraux menant à toutes les parties de la moelle épinière
Régulation de l’activité musculaire réexe qui contribue au maintien de l’équilibre en position assise, debout ou durant la marche
Voie motrice secondaire Voie latérale Tractus rubrospinaux
Voie médiale
Cordon ventral
14.4.3.2 La voie motrice secondaire La voie motrice secondaire est ainsi nommée parce que les diérents tractus qui la composent acheminent les infux nerveux à partir des noyaux moteurs du tronc cérébral vers les muscles squelettiques. Ces tractus suivent un trajet complexe et indirect dans l’encéphale avant de transmettre l’infux nerveux à la moelle épinière. La voie motrice secondaire ajuste l’activité motrice somatique ou contribue à sa régulation en stimulant ou en inhibant l’activité des neurones moteurs inérieurs qui innervent les muscles semi-volontaires.
Les divers tractus de la voie motrice secondaire sont regroupés selon leurs principales onctions. Ainsi, la voie latérale régit les mouvements de précision ainsi que le tonus des muscles féchisseurs des membres (p. ex., les mouvements qui permettent de coucher délicatement un bébé dans son berceau). Cette voie est composée des tractus rubrospinaux qui proviennent du noyau rouge de l’encéphale. La voie médiale, quant à elle, régit le tonus musculaire et les mouvements grossiers eectués par les muscles de la tête et du cou ainsi que les mouvements proximaux des membres et du tronc. La voie
Chapitre 14 Le système nerveux : la moelle épinière et les nerfs spinaux
643
Sens de circulation de l’information Côté droit Cerveau
Thalamus
Côté gauche Aire motrice primaire (gyrus précentral)
Capsule interne Neurones moteurs supérieurs
Mésencéphale
Tractus corticospinaux (ventral et latéral)
Pédoncule cérébral
Quatrième ventricule Bulbe rachidien
Tractus corticospinal ventral Vers les muscles squelettiques
Décussation dans les pyramides du bulbe rachidien Tractus corticospinal latéral
Neurones moteurs inférieurs Moelle épinière
Décussation dans la moelle épinière
FIGURE 14.8 Tractus corticospinaux
❯ Les tractus corticospinaux proviennent du cerveau et forment une synapse avec les neurones moteurs des cornes ventrales de la moelle épinière. Le neurone moteur supérieur apparaît en vert foncé et le neurone moteur inférieur, en violet.
médiale comprend trois groupes de tractus, soit les tractus réticulo spinaux, les tractus tectospinaux et les tractus vestibulospinaux : • Les tractus réticulospinaux prennent naissance dans la orma tion réticulée du mésencéphale. Ils contribuent à la régulation des mouvements réfexes moins précis de la posture et de l’équilibre. • Les tractus tectospinaux dirigent la réponse motrice des colliculus supérieurs et inérieurs du mésencéphale en vue de régir les changements de position des bras, des yeux, de la tête et du cou à la suite d’un stimulus visuel ou auditi. • Les tractus vestibulospinaux proviennent des noyaux vestibu laires du tronc cérébral. Les infux nerveux qui traversent ces tractus régissent l’activité musculaire qui contribue à maintenir l’équilibre en position assise, debout et durant la marche. Le tableau 14.4 résume les caractéristiques des principaux types de voies motrices. La FIGURE 14.9 illustre les diérences les plus marquées entre les voies sensitives et motrices.
Vérifiez vos connaissances 9. Indiquez l’emplacement et les fonctions des
neurones moteurs supérieurs et inférieurs des voies motrices. 10. Quelles différences y a-t-il entre les voies motrices
principale et secondaire ?
14.5 Les nerfs spinaux Trente et une paires de ners spinaux relient le SNC aux muscles, aux glandes ainsi qu’aux récepteurs. Le ner est issu de l’union de milliers d’axones moteurs et sensitis enveloppés dans trois couches successives de tissu conjoncti : l’épinèvre, le périnèvre et l’endonèvre (voir la section 12.2).
INTÉGRATION
ILLUSTRATION DES CONCEPTS
FIGURE 14.9 Différences entre les voies sensitives et les voies motrices
❯ A. Les voies sensitives transmettent des informations ascendantes vers l’encéphale, voyagent dans les cordons dorsal et latéral de la moelle épinière et utilisent jusqu’à trois types de neurones pour acheminer leur information (les neurones de premier, de deuxième et de troisième ordre). B. Les voies motrices transmettent l’information descendante de l’encéphale, passent en général par les cordons ventral et latéral de la moelle épinière et utilisent deux types de neurones (les neurones moteurs supérieur et inférieur).
A. Voies sensitives Les influx nerveux sensitifs montent à l’encéphale par les faisceaux et les tractus sensitifs.
La plupart des influx nerveux sensitifs voyagent par les cordons dorsal et latéral de la moelle épinière. Tractus lemniscal (voie du cordon dorsal)
Neurone sensitif de troisième ordre Neurone sensitif de deuxième ordre Neurone sensitif de premier ordre
Tractus spinocérébelleux (cette voie passe par le cervelet et non par le thalamus) Tractus spinothalamiques ventral et latéral
Les faisceaux et les tractus sensitifs ascendants nécessitent jusqu’à trois types de neurones : le neurone de premier ordre, le neurone de deuxième ordre et le neurone de troisième ordre. Neurone de troisième ordre (corps cellulaire dans le thalamus)
B. Voies motrices Les influx nerveux moteurs descendent de l’encéphale dans les tractus moteurs. Neurone moteur supérieur Neurone moteur inférieur
Les influx nerveux moteurs voyagent surtout par les cordons ventral et latéral de la moelle épinière.
Tractus corticospinal latéral Tractus rubrospinal Tractus réticulospinal médial Tractus corticospinal ventral
Les tractus moteurs transitent par deux neurones moteurs : le neurone moteur supérieur et le neurone moteur inférieur. Neurone moteur supérieur (corps cellulaire dans le cortex cérébral ou dans un noyau du tronc cérébral)
Thalamus
Neurone de deuxième ordre (corps cellulaire dans la corne dorsale ou dans un noyau du tronc cérébral) Neurone de premier ordre (corps cellulaire dans le ganglion spinal ou dans un noyau du tronc cérébral)
Neurone moteur inférieur (corps cellulaire dans la corne ventrale ou dans un noyau du tronc cérébral)
Chapitre 14 Le système nerveux : la moelle épinière et les nerfs spinaux 645
14.5.1
Une vue d’ensemble des nerfs spinaux
1
Décrire les éléments composant les ners spinaux en général.
2
Expliquer la convention d’appellation des ners spinaux lorsque ces derniers quittent le canal vertébral par le oramen intervertébral.
3
Comparer les rameaux ventral et dorsal des ners spinaux.
4
Expliquer la répartition des ners intercostaux.
5
Défnir le dermatome et expliquer son importance sur le plan clinique.
Les axones moteurs qui prennent naissance dans la moelle épinière passent par les racines ventrales des ners spinaux pour se rendre jusqu’aux muscles squelettiques FIGURE 14.10. Pour leur part, les axones des neurones sensitis en provenance des récepteurs sensoriels périphériques s’assemblent pour ormer la racine dorsale des ners spinaux. Les corps cellulaires de ces neurones sensitis sont situés dans le ganglion spinal, lequel se trouve dans la racine dorsale. Les racines dorsales et ventrales sont
ormées par l’union de plusieurs petites racines nerveuses appelées flets radiculaires (voir la fgure 14.2). Chaque racine ventrale et sa racine dorsale correspondante s’unissent dans le oramen intervertébral pour ormer un ner spinal. Ainsi, les ners spinaux contiennent à la ois des axones moteurs, provenant de la racine ventrale, et des axones sensitis, provenant de la racine dorsale. Les ners spinaux peuvent être comparés à un câble ormé de nombreux fls, ces fls représentant les axones moteurs et sensitis. Les sept premiers ners spinaux cervicaux émergent du canal vertébral et traversent le oramen intervertébral situé au-dessus de la vertèbre correspondante. Par exemple, le second ner spinal cervical traverse le canal vertébral en passant par le oramen intervertébral qui se trouve entre les vertèbres C1 et C2. Cependant, le huitième ner spinal cervical ainsi que les ners spinaux inérieurs à celui-ci émergent du canal vertébral et traversent le oramen intervertébral situé en dessous de la vertèbre correspondante. Ainsi, le second ner spinal thoracique quitte le canal vertébral en passant par le oramen intervertébral qui sépare les vertèbres T2 et T3. Étant donné que la moelle épinière est plus courte que le canal vertébral, les racines des ners spinaux lombaires et sacrés doivent se diriger vers le bas avant d’atteindre leur oramen respecti et de s’unir pour ormer un ner spinal. Par conséquent, les racines ventrale et dorsale des ners spinaux lombaires et
Partie postérieure Processus épineux
Muscles profonds du dos Racine dorsale Ganglion spinal Rameau dorsal
Moelle épinière
Rameau ventral
Nerf spinal
Rameau méningé Rameaux communicants
Racine ventrale
Ganglion du tronc sympathique
FIGURE 14.10 Ramifcations d’un ner spinal
❯ Les principales
ramifcations des ners spinaux sont les rameaux dorsal et ventral.
Corps vertébral Partie antérieure
646 Partie III La communication et la régulation
sacrés sont bien plus longues que celles des autres ners spinaux. Ensemble, ces racines orment la queue de cheval, dont il a été question précédemment.
méningé est un petit rameau qui innerve les méninges et leurs vaisseaux sanguins. Tout de suite après sa ormation à partir du ner spinal, il retourne vers la moelle épinière par le canal vertébral.
14.5.1.1 La répartition des nerfs spinaux
À votre avis
Une ois qu’il a traversé le oramen intervertébral, le ner spinal type se ramife presque immédiatement pour ormer des rameaux (voir la fgure 14.10). Ces rameaux sont mixtes, tout comme le ner spinal à partir duquel ils sont ormés. Le rameau dorsal (ramellus = petite branche) constitue la plus petite des deux principales ramifcations. Il innerve les muscles proonds du dos (p. ex., les muscles érecteurs spinaux et les muscles spinaux transverses) ainsi que la peau du dos (voir la section 11.4).
2. Pourquoi le rameau ventral est-il plus gros que
Le rameau ventral est le plus grand des deux. Il se sépare en de nombreuses ramifcations, lesquelles innervent les parties ventrale et latérale du tronc ainsi que les membres supérieurs et inérieurs. Bon nombre des rameaux ventraux orment un plexus nerveux (voir la section 14.5.2). D’autres ramifcations, les rameaux communicants, sont également liées aux ners spinaux. Ces ramifcations contiennent des axones du système nerveux autonome. Chaque paire de rameaux communicants se prolonge entre le ner spinal auquel elle est associée et une structure sphérique appelée ganglion du tronc sympathique. Ces ganglions sont interreliés et orment ce qui ressemble à un collier ait de billes, le tronc sympathique (voir la section 15.4). Ce dernier longe le côté de la colonne vertébrale. Le rameau
le rameau dorsal ?
14.5.1.2 Les nerfs intercostaux Les rameaux ventraux des ners spinaux T1 à T11 portent le nom de nerfs intercostaux, car ils traversent l’espace intercostal compris entre deux côtes adjacentes FIGURE 14.11. Le ner T12 est appelé nerf sous-costal étant donné qu’il émerge sous la cage thoracique plutôt qu’entre deux côtes. À l’exception du ner T1, dont la plupart des neurofbres ont partie du plexus brachial, les ners intercostaux ne orment pas de plexus. L’innervation par les ners T1 à T12 se présente ainsi : • Une partie du rameau ventral du ner T1 contribue à la ormation du plexus brachial, mais l’une de ses ramifcations passe dans le premier espace intercostal. • Le rameau ventral du ner T2 émerge de son oramen intervertébral et innerve les muscles intercostaux du second espace. De plus, une ramifcation du ner T2 transmet les inux sensoriels de la peau de la région axillaire ainsi que ceux de la surace médiale du bras.
Nerf spinal Rameau dorsal Racine dorsale Rameau ventral
Racine ventrale Ganglion spinal
Rameaux communicants Ganglion du tronc sympathique
Tronc sympathique
FIGURE 14.11 Distribution des nerfs intercostaux Les nerfs intercostaux sont les rameaux ventraux des nerfs spinaux thoraciques.
❯
Chapitre 14 Le système nerveux : la moelle épinière et les nerfs spinaux 647
• Les rameaux ventraux des nerfs T 3 à T6 suivent le sillon qui sépare les côtes et innervent les muscles intercostaux. Ils reçoivent également les sensations perçues par la paroi thoracique antérieure et latérale. • Les rameaux ventraux des nerfs T7 à T12 innervent non seulement les espaces intercostaux inférieurs, mais également les muscles abdominaux et la région cutanée sous-jacente.
Vérifiez vos connaissances
14.5.1.3 Les dermatomes Un dermatome (derma = peau, tome = coupure) est une région cutanée précise innervée par un seul nerf spinal. Tous les nerfs spinaux, à l’exception du nerf C1, innervent un dermatome. Ainsi, la peau peut être divisée en segments sensoriels qui, ensemble, forment un genre de carte des dermatomes FIGURE 14.12. Par exemple, la portion cutanée horizontale qui se situe autour de l’ombilic (nombril) est desservie par le rameau ventral du nerf spinal T10. Sur le plan clinique, les dermatomes revêtent une importance particulière, car ils permettent d’indiquer une lésion à un ou plusieurs nerfs spinaux. Par exemple, si un client souffre d’une anesthésie (disparition des sensations ou engourdissement d’une
11. De façon générale, quelles structures les nerfs
intercostaux innervent-ils ?
C2
Nerf trijumeau (NC V)
C3
C2
C4 C5 C6 C7 C8 T1 T2 T3 T4 T5 T6 T7 T8 T9 T10 T11 T12
C3 C4 C5 T1 T2 T3 T4 T5 T6 T7 T8
T2 T1
C5 T2 T1
T9 T10
C6
T11
C5
C7
C8
C5
C8
C5
L1 L2 L3 L4
T12 L1
S2
L1
S3
S3
C6
L2
C7 C8
L3
L3
L4
L4
S4 S5 Co
C6
L2
C8 C7
L5
L5
L1 S1
S2
S2 L2
S1
L2
L3 L5
L5
S1
S1
S1
L5
Vue antérieure
L4
S1
Vue postérieure
FIGURE 14.12 Répartition des dermatomes
❯ Un dermatome est une région cutanée précise innervée par un seul nerf spinal. Ces illustrations ne présentent la disposition des dermatomes que de manière approximative.
C7
L5
C6
648 Partie III La communication et la régulation
partie du corps) le long de la partie médiale de l’avant-bras et du bras, cela signife alors que le ner spinal C8 a possiblement été endommagé. Les dermatomes interviennent également dans la douleur projetée (ou douleur viscérale irradiée), un phénomène au cours duquel une douleur ou un inconort à un organe est associé à tort à un dermatome donné (voir la section 16.2.2). Par exemple, l’appendice est innervé par les axones de la région T10 de la moelle épinière. Ainsi, l’appendicite provoque généralement une douleur viscérale irradiée au dermatome T10 de la région ombilicale plutôt qu’à la région abdominopelvienne, soit celle dans laquelle se trouve l’appendice. Ainsi, la douleur ressentie à l’emplacement d’un dermatome est bien souvent issue d’un organe qui n’est même pas à proximité du dermatome en question.
Vérifiez vos connaissances 12. Quelles structures composent un ner spinal type ? 13. D’où provient le nom des ners spinaux ? Donnez
des exemples précis. 14. Quelles diérences y a-t-il entre le rameau ventral
et le rameau dorsal des ners spinaux ? 15. Qu’est-ce qu’un dermatome et quelle importance
revêt-il sur le plan clinique ?
14.5.2
INTÉGRATION APPLICATION CLINIQUE
Le zona DÉSÉQUILIBRE HOMÉOSTATIQUE
Chez certains adultes (habituellement âgés de plus de 50 ans), une réactivation de l’inection varicelleuse de leur enance est parois observée. Elle crée une aection portant le nom de zona. Un stress psychologique, d’autres inections (p. ex., un rhume ou une grippe) ou même un coup de soleil peuvent déclencher l’apparition du zona. À la suite de l’inection initiale, il arrive que le virus de la varicelle et du zona migre des cellules de la peau vers les ganglions spinaux. Une ois dans les ganglions, les parti cules virales demeurent en latence jusqu’à l’âge adulte. Lorsqu’il est réactivé et qu’il prolière, le virus emprunte les axones sensitis vers les dermatomes correspondants. Il provoque dans ces T1 régions une éruption cutaT2 née et des ampoules souT3 vent accompagnées d’une T4 intense sensation doulouT5 reuse de brûlure ou de T6 picotement. T7
Les plexus nerveux
6
Défnir le plexus nerveux.
7
Énumérer les ners du plexus cervical et expliquer le rôle du ner phrénique.
8
Expliquer les structures composant le plexus brachial, soit les trois troncs, les deux divisions et les trois aisceaux qu’il comporte.
9
Nommer et situer les ners spinaux ormant le plexus lombaire.
10 Énumérer les ners spinaux ormant le plexus sacral.
Un plexus nerveux (plexus = tressé) est un réseau de rameaux ventraux enchevêtrés. Les rameaux ventraux de la plupart des ners spinaux orment des plexus nerveux des deux côtés du corps. Ces plexus se divisent en une multitude de ners désignés qui innervent diverses structures de l’organisme. Les principaux plexus sont les plexus cervical, brachial, lombaire et sacral (voir la fgure 14.1).
Propagation typique, le long d’un dermatome, d’une éruption de zona chez un homme de 49 ans.
Un médicament antiviral (p. ex., Acyclovir md) peut réduire la sévérité et la durée des symptômes du zona. Les personnes âgées peuvent recevoir un vaccin contre le zona qui pourrait les aider à prévenir la maladie ou à réduire sa gravité.
diérentes. De plus, l’extrémité des plexus renerme des axones provenant de divers ners spinaux. La plupart des ners d’un plexus sont composés des axones de plusieurs ners spinaux. Une lésion à un segment de la moelle épinière ou à un seul ner spinal n’entraîne donc pas l’interruption complète de l’innervation d’un muscle ou d’une région cutanée.
INTÉGRATION
STRATÉGIES D’APPRENTISSAGE
La majeure partie des ners spinaux thoraciques ainsi que les ners S 5 et Co1 ne orment pas de plexus.
Vérifiez vos connaissances À votre avis
16. De quoi est composé un plexus nerveux type ?
3. Quel est l’avantage d’avoir un plexus nerveux complexe
au lieu d’un seul ner qui innerve une structure donnée ?
Les plexus nerveux sont structurés de manière à ce que les axones de chacun des rameaux ventraux se prolongent vers les structures de l’organisme à travers plusieurs ramifcations
14.5.2.1 Le plexus cervical Le plexus cervical est situé proondément dans le cou ; il s’étend de chaque côté de la tête, tout juste à côté des vertèbres cervicales C1 à C 4 FIGURE 14.13. Ce plexus est principalement ormé à partir des rameaux ventraux des ners spinaux C1 à C 4. Le ner
Chapitre 14 Le système nerveux : la moelle épinière et les nerfs spinaux 649
spinal C5 ne ait pas partie du plexus cervical, bien que certains de ses axones se lient aux ramifcations du plexus. Les branches du plexus cervical innervent les muscles antérieurs du cou (voir la section 11.3.4) ainsi que la peau du cou et certaines parties de la tête et des épaules. Ces structures sont présentées plus en détail dans le TABLEAU 14.5.
Le ner phrénique (phrên = diaphragme) constitue une ramifcation importante du plexus cervical. Ce ner est ormé principalement du ner C 4 et de certains axones des ners C3 et C 5. Le ner phrénique traverse la cavité thoracique en vue d’innerver le diaphragme (voir la section 11.5).
Rameaux ventraux Branches du plexus cervical Autres nerfs (ne faisant pas partie du plexus cervical)
FIGURE 14.13 Plexus cervical
❯ Les rameaux ventraux des nerfs C1 à C4 forment le plexus cervical qui innerve la peau et plusieurs muscles du cou.
C1
Atlas
Nerf hypoglosse (XII) C2
Nerf accessoire (XI)
Axis
Branches segmentaires C3
Nerf petit occipital Nerf grand auriculaire
C4
Nerf transverse du cou
Anse cervicale
Racine supérieure C5
Racine inférieure Branche vers le plexus brachial Nerfs supraclaviculaires Nerf phrénique
TABLEAU 14.5 Branches du plexus cervical Nerfs
Rameaux ventraux
Structures innervées
Branches motrices Anse cervicale • Racine supérieure
Muscle géniohyoïdien (avec le nerf crânien XII) ; muscles infrahyoïdiens (omohyoïdien, sternohyoïdien, sternothyroïdien)
• Racine inférieure
C1, C 2 C3, (C 4)
Branches segmentaires
C1 à C 4
Scalènes antérieur et moyen (muscles accessoires respiratoires)
Nerf phrénique
C3 à C5
Diaphragme
Grand auriculaire
C2, C 3
Peau de l’oreille ; capsule de tissu conjonctif recouvrant la glande parotide
Petit occipital
C2 (C3)
Peau du cuir chevelu située au-dessus de l’oreille et derrière celle-ci
Supraclaviculaire
C 3, C 4
Peau de la partie supérieure de la poitrine et des épaules
Transverse du cou
C2, C 3
Peau de la partie antérieure du cou
Branches cutanées
650 Partie III La communication et la régulation
Vérifiez vos connaissances 17. Quel est le rôle du ner phrénique ?
14.5.2.2 Le plexus brachial Les plexus brachiaux gauche et droit constituent des réseaux nerveux qui desservent les membres supérieurs. Chacun des plexus est ormé à partir des rameaux ventraux des ners spinaux C5 à T1 FIGURE 14.14. Les structures qui composent les plexus brachiaux s’étendent latéralement du cou jusqu’à l’aisselle en passant au-dessus de la première côte. Chacun de ces plexus innerve la ceinture scapulaire ainsi que le membre supérieur du côté où il se trouve.
La structure du plexus brachial Sur le plan structurel, le plexus brachial est plus complexe que le plexus cervical. L’observation d’un plan médial ou latéral révèle qu’il comporte des rameaux ventraux, des troncs, des divisions et des aisceaux. Les rameaux ventraux du plexus brachial, parois qualifés de racines, constituent tout simplement des prolongements des rameaux ventraux des ners spinaux C5 à T1. Ces rameaux émergent du oramen intervertébral et traversent le cou. Ces cinq rameaux s’unissent ensuite pour ormer les troncs supérieur, moyen et inférieur près du muscle sternocléidomastoïdien du cou. Les ners C5 et C 6 s’unissent pour ormer le tronc supérieur, le ner C7 orme le tronc moyen et les ner C8 et T1 orment le tronc inérieur.
petit rond (voir la section 11.8). Il reçoit aussi les inux nerveux de la partie latérale supérieure du bras. Le nerf médian suit la ligne médiane du bras et de l’avantbras, et passe sous le canal carpien du poignet. Ce ner innerve la plupart des muscles antérieurs de l’avant-bras, les muscles de l’éminence thénar et les deux muscles lombricaux latéraux (voir la section 11.8.5). Il reçoit les inux nerveux du côté palmaire et de l’extrémité dorsale du pouce, de l’index, du majeur et de la moitié latérale de l’annulaire. Le nerf musculocutané innerve les muscles antérieurs des bras, soit le coracobrachial, le biceps brachial et le muscle brachial antérieur, lesquels sont responsables de la exion du bras ou de l’avant-bras (voir les sections 11.8.2 et 11.8.3). Le ner musculocutané reçoit les inux nerveux provenant de la partie latérale de l’avant-bras. Le nerf radial, quant à lui, longe la partie postérieure du bras, puis la partie radiale de l’avant-bras. Il innerve les muscles postérieurs du bras, soit les extenseurs de l’avant-bras ainsi que les muscles postérieurs de l’avant-bras (extenseurs du poignet et des doigts, supinateur de l’avant-bras ; voir la section 11.8). Le ner radial reçoit les inux nerveux de la partie postérieure du bras et de l’avant-bras ainsi que de la partie dorsolatérale de la main.
Lorsqu’elles atteignent l’aisselle, les divisions convergent et donnent naissance à trois aisceaux dont le nom indique leur emplacement par rapport à l’artère axillaire :
Le nerf ulnaire descend le long du côté médial du bras. Il passe derrière la partie médiale de l’épicondyle de l’humérus, puis il se dirige du côté ulnaire de l’avant-bras. Ce ner innerve certains des muscles antérieurs de l’avant-bras, soit la partie médiale du échisseur proond des doigts ainsi que tous les muscles cubitaux antérieurs. Il innerve également la plupart des muscles intrinsèques de la main, dont les muscles de l’éminence hypothénar, les muscles interosseux palmaires et dorsaux ainsi que les deux muscles lombricaux médiaux (voir la section 11.8.5). Le ner ulnaire reçoit les inux nerveux sensoriels de la peau des portions dorsale et palmaire du petit doigt et de la moitié de l’annulaire.
• Le faisceau postérieur se trouve derrière l’artère axillaire. Il est ormé à partir des divisions postérieures des troncs supérieur, moyen et inérieur. Le aisceau postérieur est composé d’une partie des ners C5 à T1.
Du plexus brachial émergent plusieurs autres ners qui innervent chacun certaines parties des membres supérieurs et de la ceinture scapulaire. Ces ramifcations ne sont touteois pas d’aussi grande taille que les branches terminales TABLEAU 14.6.
Sous la clavicule, chacun de ces troncs se sépare en une division antérieure et une division postérieure (voir la fgure 14.14; en vert et violet, respectivement). Ces divisions sont principalement composées d’axones qui innervent les portions antérieure et postérieure, respectivement, des membres supérieurs.
• Le faisceau médial parcourt la partie médiale de l’artère axillaire. Il est ormé à partir des divisions antérieures du tronc inérieur. Il comporte une partie des ners C 8 à T1. • Le faisceau latéral longe la partie latérale de l’artère axillaire. Il est ormé à partir des divisions antérieures des troncs supérieur et moyen. Il est composé d’une partie des ners C5 à C7.
INTÉGRATION
STRATÉGIES D’APPRENTISSAGE
De açon générale, les ners de la division antérieure du plexus brachial innervent les muscles responsables de la exion des membres supérieurs, alors que les ners de la division postérieure du plexus brachial innervent les muscles de l’extension des membres supérieurs.
Les branches terminales du plexus brachial Cinq branches terminales principales émergent des trois aisceaux : 1) le ner axillaire, ormé à partir du aisceau postérieur ; 2) le ner médian, ormé à partir des aisceaux médial et latéral ; 3) le ner musculocutané, ormé à partir du aisceau latéral ; 4) le ner radial, ormé à partir du aisceau postérieur ; et 5) le ner ulnaire, ormé à partir du aisceau médial. Le nerf axillaire, qui traverse l’aisselle et passe derrière le col chirurgical de l’humérus, innerve tant le deltoïde que le muscle
Vérifiez vos connaissances 18. Quel ner est susceptible d’être endommagé si vous
avez de la difculté à écarter le bras de votre corps et que vous êtes atteint d’une anesthésie (perte des sensations) le long de la partie latérale supérieure du bras ? 19. Comparez le ner ulnaire au ner radial en ce qui
a trait à l’innervation motrice et cutanée.
Chapitre 14 Le système nerveux : la moelle épinière et les nerfs spinaux 651
C5
Vertèbre C5 Vertèbre T1
C6
Nerf du muscle subclavier Tronc supérieur
C7 Tronc moyen C8
Nerf pectoral latéral Nerfs subscapulaires Faisceau latéral
T1
Faisceau postérieur
Nerf thoracique long
Nerf musculocutané
Rameaux ventraux : C5, C6, C7, C8, T1
Tronc inférieur
Troncs : supérieur, moyen, inférieur Divisions antérieures Divisions postérieures Faisceaux : postérieur, latéral, médial Branches terminales
Nerf pectoral médial Nerf médian
Nerf thoracodorsal
Nerf axillaire Nerf radial
Faisceau médial Nerf ulnaire A. Vue antérieure
Clavicule Faisceau latéral Faisceau postérieur
Faisceau latéral
Faisceau médial
Faisceau postérieur
Nerf axillaire
Artère axillaire
Scapula
Nerf musculocutané
Nerf musculocutané
Humérus
Nerf radial
Nerf axillaire Faisceau médial Nerf radial Nerf médian Nerf ulnaire
Nerf ulnaire
Nerf médian
Branche superficielle du nerf radial
Nerf thoracique long B. Aisselle droite, vue antérieure
Branche profonde du nerf radial
Plexus brachial
Branche musculaire du nerf médian ❯ Les rameaux ventraux des nerfs C 5 à T1
forment le plexus brachial, lequel innerve les membres supérieurs. A. Les rameaux, les troncs, les divisions et les faisceaux constituent les subdivisions de ce plexus. B. La dissection d’un cadavre révèle les principaux nerfs du plexus brachial. C. Une vue antérieure illustre les voies complètes des principales branches du plexus brachial.
Nerf ulnaire Nerf médian
Radius
FIGURE 14.14
Ulna
Branche digitale du nerf médian
Branche profonde du nerf ulnaire Branche superficielle du nerf ulnaire Branche digitale du nerf ulnaire
C. Membre supérieur droit, vue antérieure
652 Partie III La communication et la régulation TABLEAU 14.6
Branches du plexus brachial
Ners
Rameaux ventraux
Innervation motrice
Innervation cutanée
Faisceau postérieur (C5, C 6) et division postérieure du plexus brachial
• Deltoïde (muscle abducteur du bras) • Muscle petit rond (muscle rotateur latéral du bras)
• Partie supérieure latérale du bras
Branches terminales Ner axillaire
Faisceau postérieur Nerf axillaire Muscle petit rond
Deltoïde
Vue postérieure
Vue postérieure
Ner médian Faisceau latéral Faisceau postérieur Faisceau médial
Nerf médian
Rond pronateur Muscle fléchisseur radial du carpe Long palmaire Long fléchisseur du pouce Carré pronateur Muscles de l’éminence thénar Deux muscles lombricaux latéraux
Fléchisseur superficiel des doigts Fléchisseur profond des doigts (moitié latérale)
Vue antérieure
Faisceaux médial (C8 à T1) et latéral (C5 à C7) ainsi que la division antérieure du plexus brachial
• Groupe féchisseur de la loge antérieure de l’avant-bras – Long palmaire – Fléchisseur radial du carpe – Fléchisseur superfciel des doigts – Rond pronateur – Carré pronateur – Fléchisseur proond des doigts (moitié latérale) – Long échisseur du pouce • Muscles de l’éminence thénar (assurent les mouvements du pouce) – Court échisseur du pouce – Court abducteur du pouce – Opposant du pouce • Deux muscles lombricaux latéraux (échisseurs des articulations métacarpophalangiennes et extenseurs des articulations interphalangiennes proximales et distales)
• Partie palmaire et extrémité dorsale latérale de trois doigts et demi (pouce, index, majeur et moitié latérale de l’annulaire)
Vue postérieure
Vue antérieure
Chapitre 14 Le système nerveux : la moelle épinière et les nerfs spinaux 653
TABLEAU 14.6
Branches du plexus brachial (suite)
Nerfs
Rameaux ventraux
Innervation motrice
Innervation cutanée
Faisceau latéral (C5 à C7) et division antérieure du plexus brachial
• Muscles antérieurs du bras (féchisseurs de l’humérus et de l’articulation du coude, supinateur de l’avant-bras) – Coracobrachial – Biceps brachial – Brachial antérieur
• Portion latérale de l’avant-bras
Branches terminales Nerf musculocutané
Faisceau latéral
Coracobrachial Nerf musculocutané Biceps brachial
Brachial
Vue antérieure
Vue antérieure
Nerf radial Vue postérieure Faisceau latéral Faisceau postérieur Faisceau médial Chef long du triceps brachial Chef médial du triceps brachial
Nerf radial Chef latéral du triceps brachial
Brachioradial
Anconé Supinateur
Extenseurs radiaux du carpe
Extenseur ulnaire du carpe
Long abducteur du pouce
Extenseur du petit doigt Extenseur des doigts Long et court extenseurs du pouce Extenseur de l’index
Vue postérieure
Faisceau (C5 à T1) et division postérieure du plexus brachial
• Muscles postérieurs du bras (extenseurs de l’avant-bras) – Triceps brachial – Anconé • Muscles postérieurs de l’avant-bras (supinateur de l’avant-bras, extenseurs du poignet et des doigts, un muscle abducteur du pouce) – Supinateur – Extenseur radial du carpe – Extenseur des doigts – Extenseur ulnaire du carpe – Long extenseur du pouce – Court extenseur du pouce – Court abducteur du pouce – Extenseur du petit doigt – Extenseur de l’index • Muscle brachioradial (féchisseur de l’avant-bras)
• Partie postérieure du bras • Partie postérieure de l’avant-bras • Portion dorsale de trois doigts et demi (à l’exception de leur extrémité distale)
Vue postérieure
654 Partie III La communication et la régulation TABLEAU 14.6
Branches du plexus brachial (suite)
Nerfs
Rameaux ventraux
Innervation motrice
Innervation cutanée
Faisceau médial (C8 à T1) et division antérieure du plexus brachial
• Muscles antérieurs de l’avant-bras (échisseurs du poignet et des doigts) – Moitié médiale du échisseur proond des doigts – Fléchisseur ulnaire du carpe • Muscles intrinsèques de la main – Muscles de l’éminence hypothénar – Muscles interosseux palmaires (adducteurs des doigts) – Muscles interosseux dorsaux (adducteurs des doigts) – Adducteur du pouce – Deux muscles lombricaux médiaux (échisseurs des articulations métacarpophalangiennes et extenseurs des articulations interphalangiennes proximales et distales)
• Portions dorsale et palmaire de un doigt et demi (petit doigt, moitié latérale de l’annulaire)
Branches terminales Nerf ulnaire Vue antérieure
Faisceau latéral Faisceau postérieur Faisceau médial
Nerf ulnaire
Fléchisseur ulnaire du carpe Fléchisseur profond des doigts (moitié latérale) Muscles de l’éminence hypothénar Adducteur du pouce Muscles interosseux dorsaux et palmaires
Deux muscles lombricaux médiaux
Vue postérieure
Vue antérieure
Branches secondaires Nerf dorsal de la scapula
Ramifcation du rameau de C 5
• Rhomboïdes, élévateurs de la scapula
Nerf thoracique long
Ramifcation des rameaux de C5 à C7
• Dentelé antérieur
Nerf pectoral latéral
Ramifcation du aisceau latéral de C5 à C7
• Grand pectoral
Nerf pectoral médial
Ramifcation du aisceau latéral de C8 à T1
• Grand pectoral • Petit pectoral
Nerf cutané médial du bras
Ramifcation du aisceau latéral de C8 à T1
• Partie médiale du bras
Nerf cutané médial de l’avant-bras
Ramifcation du aisceau latéral de C8 à T1
• Partie médiale de l’avant-bras
Nerf du muscle subclavier
C5 et C6
• Subclavier
Nerfs suprascapulaires
Tronc supérieur (C5 et C6)
• Supraépineux, inraépineux
Nerfs subscapulaires
Faisceau postérieur ; ramifcations des rameaux de C5 et de C 6
• Subscapulaire, grand rond
Nerf thoracodorsal (nerf du grand dorsal)
Ramifcation des rameaux de C6 à C 8
• Grand dorsal
Chapitre 14 Le système nerveux : la moelle épinière et les nerfs spinaux
655
INTÉGRATION APPLICATION CLINIQUE
Les lésions du plexus brachial Les causes des lésions du plexus brachial sont variées (p. ex., une traction brutale du bras ou de la colonne vertébrale, une fracture de la clavicule, une plaie par balle, etc.). La plupart des blessures du plexus brachial sont liées à des accidents de moto et touchent surtout les jeunes âgés de 18 à 20 ans. La lésion peut également être causée par un accident sportif ou, plus rarement, par un accouchement difcile (le nouveau-né est alors atteint). Parmi les signes les plus fréquents gurent un décit sensoriel ou moteur dans les régions correspondant aux racines touchées (perte de sensibilité, perte de force, difculté à effectuer un mouvement) et des douleurs. Dans les cas les plus graves, ces lésions peuvent aboutir à une paralysie du membre supérieur (Gloaguen, 2010 ; Goubier & Teboul, 2010 ; Houvet, 2010 ; Petit-Lacour, Ducreux & Adams, 2004 ; Vulgaris Médical, 2013).
La lésion du nerf axillaire Le nerf axillaire est sujet aux compressions dans l’aisselle ou aux lésions si le col chirurgical de l’humérus subit une fracture, puisqu’il passe derrière ce dernier. Ainsi, une personne qui subit une lésion de ce nerf est atteinte d’une anesthésie de la peau de la partie supérieure latérale du bras et parvient difcilement à éloigner le bras de son corps en raison d’une paralysie du deltoïde.
La lésion du nerf radial Le nerf radial est particulièrement vulnérable aux lésions en présence d’une fracture de la diaphyse de l’humérus ou d’une blessure à la portion latérale du coude. Une lésion nerveuse entraîne une paralysie des muscles extenseurs de l’avant-bras, du poignet et des doigts. La main tombante constitue un signe clinique fréquent d’une atteinte au nerf radial. Le client qui en souffre s’avère alors incapable de déplier son poignet. Il manifeste également les signes d’une anesthésie le long de la partie postérieure du bras et de l’avant-bras ainsi que d’une partie de la main, celles-ci étant innervées par le nerf radial.
La lésion du faisceau postérieur Le faisceau postérieur du plexus brachial, qui comprend les nerfs axillaire et radial, est sujet aux lésions en présence d’une utilisation inadéquate des béquilles, une affection qui porte le nom de syndrome des béquillards. Le faisceau postérieur risque également la compression si une personne demeure trop longtemps appuyée sur son bras sur le dossier d’une chaise. Cette affection est appelée syndrome de l’ivrogne, car il arrive que des personnes en état d’ébriété prennent cette position pendant une longue période en raison d’un abrutissement éthylique.
La lésion du nerf médian Le nerf médian est sujet au pincement et à la compression en présence d’un syndrome du canal carpien (voir l’Application clinique intitulée « Le syndrome du canal carpien », p. 485) ou d’une profonde lacération au poignet. Les lésions du nerf médian provoquent souvent une paralysie des muscles de
l’éminence thénar. L’un des signes les plus courants qui révèlent une lésion au nerf médian est la main du prédicateur. Cette déformation apparaît progressivement jusqu’à ce que la main ressemble à celle d’un primate, d’où le nom anglais ape hand deformity, car les muscles du pouce de ces derniers ne sont pas très développés. Les deux muscles lombricaux latéraux sont également paralysés, et la personne qui souffre d’une lésion du nerf médian subit aussi une perte de sensation dans la partie de la main innervée par ce nerf.
La lésion du nerf ulnaire Le nerf ulnaire peut subir une lésion lorsqu’il y a fracture ou dislocation du coude, car ce nerf est situé très près de l’épicondyle médial. Ainsi, lorsqu’une personne se cogne le coude et qu’elle ressent une douleur qui irradie jusque dans son petit doigt, il s’agit en réalité du nerf ulnaire. En présence d’une lésion du nerf ulnaire, la plupart des muscles intrinsèques de la main sont paralysés. La personne atteinte est donc incapable d’écarter les doigts ou de serrer le poing (main en griffe). De plus, elle subit une perte sensorielle le long de la partie médiale de la main. Il est possible d’évaluer la présence d’une lésion du nerf ulnaire en demandant à la personne de serrer une feuille de papier entre les doigts, puis en tentant de la retirer. Si les muscles interosseux de la personne sont faibles ou paralysés, il sera alors facile de lui enlever la feuille d’entre les doigts.
La lésion du tronc supérieur Le tronc supérieur du plexus brachial risque d’être atteint s’il y a un écart trop grand entre le cou et l’épaule. Cette situation peut se produire lorsqu’un motocycliste est éjecté de son véhicule et qu’il atterrit sur le côté de la tête, par exemple. Une lésion au tronc supérieur a des conséquences sur les rameaux ventraux des nerfs C5 et C6, et donc sur toutes les branches du plexus brachial qui sont liées à ces nerfs.
La lésion du tronc inférieur Il y a lésion du tronc inférieur en présence d’une trop grande abduction du bras, par exemple lorsqu’une trop grande traction est exercée sur le bras d’un nouveau-né au moment de l’accouchement. Chez les enfants et les adultes, le tronc inférieur peut être atteint lorsqu’une personne tente d’éviter une chute en s’agrippant à un objet situé au-dessus d’elle (p. ex., s’accrocher à une branche pour éviter de tomber d’un arbre). Une lésion du tronc inférieur touche les rameaux ventraux des nerfs C8 à T1. Les branches du plexus brachial formées à partir de ces nerfs (dont le nerf ulnaire) sont également susceptibles d’être atteintes. Pour la plupart de ces lésions spinales, une récupération spontanée est possible en quelques mois, le temps de récupération dépendant alors de l’importance et de la nature des blessures. Le repos est le meilleur traitement des lésions mineures, alors que les lésions plus graves peuvent nécessiter une greffe nerveuse ou un transfert nerveux. La greffe nerveuse permet de remplacer le nerf endommagé par un nerf sain. Le transfert nerveux permet de détourner la branche d’un nerf sain et de la rattacher à la partie d’un nerf endommagé, comme le branchement d’un l électrique. Malheureusement, aucun traitement n’existe pour les lésions très graves (Tonetti, Cazal, Eid et al., 2004).
656 Partie III La communication et la régulation 14.5.2.3 Le plexus lombaire
FIGURE 14.15. Sur le plan structurel, le plexus lombaire est
Les plexus lombaires gauche et droit sont formés à partir des rameaux ventraux des nerfs spinaux L1 à L 4 situés latéralement par rapport aux vertèbres L1 à L 4 ainsi que le long du muscle grand psoas, dans la partie postérieure de la paroi abdominale
moins complexe que le plexus brachial. Toutefois, tout comme ce dernier, le plexus lombaire se sépare en une division antérieure et une division postérieure. Les principaux nerfs du plexus lombaire sont énumérés dans le TABLEAU 14.7.
Rameaux ventraux Divisions postérieures Divisions antérieures
FIGURE 14.15 Plexus lombaire
❯ A. Les rameaux ventraux des nerfs L1 à L 4 forment le plexus lombaire. B. Une photographie d’un cadavre montre les structures qui composent le plexus lombaire. C. Une vue antérieure illustre les voies empruntées par les nerfs du plexus lombaire.
L1 Nerf iliohypogastrique
L2
Nerf ilio-inguinal
L3
Nerf iliohypogastrique Nerf ilio-inguinal
Nerf génitofémoral L4
Nerf cutané latéral de la cuisse
L5
Nerf fémoral
Nerf génitofémoral Nerf fémoral Nerf cutané latéral de la cuisse Nerf obturateur
Nerf obturateur Tronc lombaire
A. Vue antérieure
Nerf saphène (prolongement du nerf fémoral)
Nerf sous-costal Nerf iliohypogastrique Nerf ilio-inguinal Nerf cutané latéral de la cuisse Nerf génitofémoral Nerf obturateur
Nerf fémoral
B. Région pelvienne du côté droit, vue antérieure
C. Membre inférieur droit, vue antérieure
Chapitre 14 Le système nerveux : la moelle épinière et les nerfs spinaux 657
TABLEAU 14.7 Branches du plexus lombaire Nerfs
Rameaux ventraux
Innervation motrice
Innervation cutanée
L2 à L4
• Muscles antérieurs de la cuisse – Quadriceps émoral (extenseur du genou) – Iliopsoas (féchisseur de la hanche) – Sartorius (féchisseur de la hanche et du genou) – Pectinéa (féchisseur de la hanche)
• Partie antérieure de la cuisse • Partie inérieure médiale de la cuisse • Partie médiale de la jambe
Branches principales Nerf fémoral
Muscle iliaque
L2 L3 L4
Nerf fémoral
Grand psoas
Sartorius
Pectiné
Droit fémoral Vaste intermédiaire
Vaste médial Sartorius
• Majeure partie du côté médial du pied
Vaste latéral
Vue antérieure
Vue antérieure
Nerf obturateur
L2 à L4 L2 L3 L4 Nerf obturateur
Obturateur externe Court adducteur Long adducteur Grand adducteur
Long adducteur
• Muscles internes de la cuisse (adducteurs de la cuisse) – Adducteurs – Gracile – Pectiné a – Obturateur externe (rotateur latéral de la cuisse)
• Partie supérieure interne de la cuisse
Gracile
Vue médiale
Vue antérieure
658 Partie III La communication et la régulation TABLEAU 14.7
Branches du plexus lombaire (suite)
Nerfs
Rameaux ventraux
Innervation motrice
Innervation cutanée
Nerf iliohypogastrique
L1
• Innervation partielle des muscles abdominaux (échisseurs de la colonne vertébrale)
• Partie latérale supérieure de la esse • Paroi abdominale inérieure
Nerf ilio-inguinal
L1
• Innervation partielle des muscles abdominaux (échisseurs de la colonne vertébrale)
• Paroi abdominale inérieure • Scrotum (chez l’homme) et grandes lèvres (chez la emme)
Nerf génitofémoral
L1, L 2
• Petite portion de la partie antérosupérieure de la cuisse • Scrotum (chez l’homme) et grandes lèvres (chez la emme)
Nerf cutané latéral de la cuisse
L 2, L 3
• Partie latérale antérieure de la cuisse
Branches secondaires
a
Le pectiné peut être innervé par le ner émoral, le ner obturateur ou les branches issues de ces deux derniers.
Le principal ner de la division postérieure du plexus lombaire est le ner émoral. Ce dernier innerve les muscles antérieurs de la cuisse, notamment le quadriceps émoral (extenseur du genou) ainsi que les muscles sartorius et iliopsoas (échisseurs de la hanche ; voir la section 11.9.1). Le ner émoral reçoit les inux nerveux sensoriels de la partie antérieure et inérieure interne de la cuisse ainsi que ceux de la partie médiale de la jambe. Quant au ner principal de la division antérieure, il s’agit du ner obturateur, lequel traverse le oramen obturateur de l’os iliaque et se dirige vers la partie médiale de la cuisse. À cet endroit, le ner obturateur dessert les muscles internes de la cuisse (adducteurs de la cuisse ; voir la section 11.9.1) et reçoit les inux nerveux sensoriels de la partie médiale supérieure de la peau de la cuisse. Les branches secondaires des deux plexus lombaires innervent la paroi abdominale, certaines parties des organes génitaux externes ainsi que certaines parties inérieures des muscles abdominaux (voir la section 11.6).
Vérifiez vos connaissances 20. Quel ner pourrait être endommagé si vous avez de
la difculté à pratiquer une extension du genou ?
14.5.2.4 Le plexus sacral Les plexus sacraux gauche et droit sont ormés à partir des rameaux ventraux des ners spinaux L4 à S4 et se situent tout juste sous les plexus lombaires FIGURE 14.16. Les plexus lombaire et sacral sont parois considérés comme un ensemble appelé plexus lombosacré. Les ners qui émergent du plexus sacral innervent la esse, le bassin, le périnée, l’arrière de la cuisse ainsi que pratiquement toute la jambe et le pied. Les rameaux antérieurs du plexus sacral orment une division antérieure et une division postérieure. Les ners qui émergent de
la division antérieure innervent surtout les muscles échisseurs des membres inérieurs, alors que ceux de la division postérieure innervent surtout les muscles extenseurs de ces membres. Le TABLEAU 14.8 énumère les ners principaux et secondaires du plexus sacral. Le ner sciatique (ou ner ischiatique), qui ait réérence à l’articulation de la hanche, représente le ner le plus gros et le plus long de tout le corps. Il est ormé à partir de diverses parties des divisions antérieure et postérieure du plexus sacral. Ce ner émerge du bassin, traverse la grande incisure ischiatique de l’os iliaque et se prolonge jusqu’à la partie postérieure de la cuisse. Le ner sciatique comporte en ait deux divisions, la division tibiale et la division fbulaire commune, lesquelles sont enveloppées dans la même gaine. Les deux divisions du ner sciatique se séparent au-dessus de la osse poplitée pour ormer deux ners. Le ner tibial est ormé à partir de la division antérieure du ner sciatique. Dans la partie postérieure de la cuisse, la division tibiale innerve les ischiojambiers, à l’exception du che court du biceps émoral, ainsi que la portion du grand abducteur qui participe aux ischiojambiers. Le ner tibial parcourt le compartiment postérieur de la jambe où il dessert les échisseurs plantaires du pied et des orteils (voir la section 11.9). Dans le pied, le ner tibial se ramife en ners plantaires latéral et médial, lesquels innervent les muscles plantaires du pied et reçoivent les inux nerveux sensoriels de la peau de la plante du pied. La seconde division du ner sciatique correspond au ner fbulaire commun. Ce ner est ormé à partir de la division postérieure du ner sciatique. Tout comme la division fbulaire commune, le ner du même nom dessert la courte extrémité du biceps émoral (voir la section 11.9.2). Le ner fbulaire commun s’enroule autour du col de la fbula et se sépare le long de la partie latérale du genou pour ormer deux branches principales : le ner fbulaire proond et le ner fbulaire superfciel.
Chapitre 14 Le système nerveux : la moelle épinière et les nerfs spinaux 659
Rameaux ventraux Divisions postérieures Divisions antérieures
L4 Nerf glutéal supérieur
L5
Nerf glutéal inférieur
Nerf honteux
Nerf glutéal supérieur S2
Nerf glutéal inférieur Nerf du muscle piriforme
Nerf sciatique
Nerf sciatique
Nerf cutané latéral de la cuisse
S1
S3
Division fibulaire commune Division tibiale
S4
Nerf cutané latéral de la cuisse Nerf honteux A. Vue antérieure
Nerf fibulaire commun
Nerf tibial
Nerf cutané sural latéral
Moyen fessier (sectionné) Petit fessier Grand fessier (sectionné)
Nerf glutéal supérieur Muscle piriforme
Nerf glutéal inférieur Ligament sacrotubéral
Nerf sural Nerf sciatique Nerf cutané latéral de la cuisse
Nerf honteux
Grand fessier (sectionné) B. Côté droit de la région glutéale
FIGURE 14.16 Plexus sacral
❯ Les rameaux ventraux des nerfs L4, L5 et S1 à S4 forment le plexus sacral. A. Le plexus sacral possède six racines de même que deux divisions (antérieure et postérieure). B. Une photographie d’un
Le ner fbulaire proond (ou péronier proond) parcourt le compartiment antérieur de la jambe pour terminer sa course entre les deux premiers orteils. Il dessert les muscles antérieurs de la jambe responsables de la dorsifexion du pied et de l’extension des orteils
Nerf plantaire médial
Nerf plantaire latéral C. Membre inférieur droit, vue postérieure
cadavre montre les principaux nerfs du plexus sacral du côté droit de la région glutéale. C. Une vue postérieure illustre la répartition des nerfs du plexus sacral.
ainsi que des muscles de la partie dorsale du pied (extenseurs des orteils ; voir les sections 11.9.3 et 11.9.4). De plus, ce ner reçoit les infux nerveux sensoriels provenant de la région cutanée située entre les deux premiers orteils ainsi que ceux de la partie dorsale du pied.
660 Partie III La communication et la régulation TABLEAU 14.8 Branches du plexus sacral Ners
Rameaux ventraux
Innervation motrice
Innervation cutanée
Ner sciatique (composé des divisions tibiale et fbulaire commune enveloppées dans la même gaine)
L4 à S 3
(Voir « ner tibial » et « ner fbulaire commun »)
(Voir « ner tibial » et « ner fbulaire commun »)
Ner tibial
L4 à S 3
• Muscles postérieurs de la cuisse (extenseurs de la cuisse et échisseurs de la jambe) – Biceps émoral (che long) – Semi-membraneux – Semi-tendineux – Une partie du grand adducteur • Muscles postérieurs de la jambe (échisseurs de la plante du pied et échisseurs du genou) – Long échisseur des orteils – Long échisseur de l’hallux – Gastrocnémien – Soléaire – Poplité – Tibial postérieur (inversion du mouvement du pied) • Muscles plantaires (branches plantaires médiale et latérale)
• Ners du talon (branches médiale et latérale du ner plantaire qui innervent la plante du pied)
• Che court du biceps émoral (échisseur du genou ; voir également « ner fbulaire proond » et « ner fbulaire superfciel »)
(Voir « ner fbulaire proond » et « ner fbulaire superfciel »)
Branches principales
L4 L5 S1 S2 S3 Biceps fémoral (chef long)
Division tibiale du nerf sciatique Grand adducteur
Semi-tendineux Semi-membraneux Nerf tibial Gastrocnémien Poplité Soléaire Tibial postérieur Long fléchisseur des orteils Long fléchisseur de l’hallux Nerf plantaire médial
Nerf tibial
Nerf plantaire médial
Nerf plantaire latéral
Plante du pied
Nerf plantaire latéral Vue postérieure
Ner fbulaire commun (se divise en ners fbulaires proond et superfciel) L4 L5 S1 S2 S3
Division fibulaire commune du nerf sciatique Biceps fémoral (chef court) Nerf fibulaire commun Long fibulaire Court fibulaire Nerf fibulaire superficiel Long extenseur des orteils Troisième fibulaire Court extenseur des orteils
Tibial antérieur Nerf fibulaire profond Long extenseur de l’hallux Court extenseur de l’hallux Vue antérieure
L4 à S 2
Chapitre 14 Le système nerveux : la moelle épinière et les nerfs spinaux 661
TABLEAU 14.8
Branches du plexus sacral (suite)
Ners
Rameaux ventraux
Innervation motrice
Innervation cutanée
L4 à S 1
• Muscles antérieurs de la jambe (échisseurs dorsaux du pied, extenseurs des orteils) – Tibial antérieur (inversion du mouvement du pied) – Long extenseur de l’hallux – Long extenseur des orteils – Troisième fbulaire • Muscles dorsaux du pied (extenseurs des orteils) – Court extenseur de l’hallux – Court extenseur des orteils
• Espace dorsal entre les deux premiers orteils
Branches principales Ner fbulaire proond
Nerf fibulaire commun Tibial antérieur Nerf fibulaire superficiel Long extenseur des orteils
Nerf fibulaire profond Long extenseur de l’hallux
Troisième fibulaire Court extenseur des orteils
Vue antérieure Court extenseur de l’hallux Vue antérieure
Ner fbulaire superfciel
L 5 à S2
Nerf fibulaire commun Long fibulaire
• Muscles latéraux de la jambe (muscles responsables de l’éversion du pied, échisseurs plantaires) – Long fbulaire – Court fbulaire
• Partie antéro-inérieure de la jambe ; • Majeure partie de la portion dorsale du pied
Court fibulaire Nerf fibulaire superficiel
Vue antérieure
Vue antérieure Branches secondaires Ner glutéal inérieur
L 5 à S2
• Grand essier (extenseur de la cuisse)
Ner glutéal supérieur
L4 à S 1
• Moyen essier, petit essier et tenseur du ascia latta (abducteurs de la cuisse)
Ner cutané postérieur de la cuisse
S1 à S3
Ner honteux
S2 à S 4
• Peau de la partie postérieure de la cuisse • Muscles du périnée, du sphincter anal externe et du sphincter urétral externe
• Peau des organes génitaux externes
662 Partie III La communication et la régulation
Le ner bulaire superciel (ou péronier superciel) parcourt le compartiment latéral de la jambe. Près de la cheville, ce ner devient superfciel et longe la partie antérieure de celleci ainsi que la ace dorsale du pied. Le ner fbulaire superfciel innerve les muscles du compartiment latéral de la jambe (muscles responsables de l’éversion du pied, échisseurs aibles de la plante du pied ; voir les sections 11.9.3 et 11.9.4). Ce ner reçoit les inux nerveux sensoriels de la majeure partie de la surace dorsale du pied et ceux de la partie antérieure latérale de la jambe.
INTÉGRATION APPLICATION CLINIQUE
Les lésions du plexus sacral DÉSÉQUILIBRE HOMÉOSTATIQUE
Certaines branches du plexus sacral risquent davantage de subir des lésions. Une injection intramusculaire glutéale mal placée, par exemple, peut blesser le ner glutéal supérieur ou le ner glutéal inérieur, voire le ner sciatique dans certains cas. Par ailleurs, une hernie discale peut comprimer les branches nerveuses qui orment le ner sciatique. Une lésion du ner sciatique cause la sciatique, une aection qui se caractérise par une douleur intense dans la partie postérieure de la cuisse et de la jambe. Le ner fbulaire commun est particulièrement exposé à des lésions dues à la racture du col de la fbula ou à la compression d’un plâtre trop serré. Les muscles antérieurs et latéraux de la jambe peuvent alors être paralysés et empêcher la personne de aire une dorsiexion ou une éversion de son pied. Le pied tombant est le signe classique d’une lésion du ner fbulaire : étant donné que la personne est incapable de échir son pied vers le haut pour marcher normalement (dorsiexion), elle compense en échissant la hanche pour lever le membre atteint et éviter de aire un aux pas ou de se cogner les orteils.
14.6.1 1
Décrire les caractéristiques des réexes.
Un réexe constitue une réaction rapide, préprogrammée et involontaire des muscles ou des glandes à un stimulus. Par exemple, une personne réagit par réexe lorsqu’elle touche à un rond de la cuisinière resté allumé. De açon automatique et instantanée, elle retire sa main avant même de comprendre qu’elle touchait un objet brûlant. Tous les réexes possèdent les mêmes caractéristiques : • Ils nécessitent un stimulus en vue de provoquer une réponse à une inormation sensorielle. • Ils provoquent une réponse rapide dans laquelle n’interviennent que quelques neurones et dont le délai synaptique est minimal. • Ils entraînent une réponse préprogrammée qui se produit toujours de la même açon. • Ils engendrent une réponse involontaire qui ne nécessite aucune connaissance ni conscience préalable de l’activité réexe. Ainsi, un réexe ne peut être réprimé. La conscience du stimulus ne survient qu’après le déclenchement du réexe pour corriger ou éviter une situation possiblement dangereuse. Un réexe constitue donc un mécanisme de survie qui permet de réagir rapidement à un stimulus qui pourrait nuire au bien-être sans devoir attendre que le cerveau traite l’inormation.
Vériiez vos connaissances 22. Quelles sont les quatre principales caractéristiques
du réexe ?
14.6.2 Vériiez vos connaissances 21. Quels rameaux ventraux orment le plexus sacral et
Les circuits nerveux les plus simples sont ceux qui sont responsables de nos réexes. Les réfexes sont en eet des comportements automatiques et très anciens qui ne nécessitent pas l’intervention de la conscience. Ces circuits réexes courts permettent des réactions peu élaborées et rapides pour protéger l’organisme. Ces derniers sont souvent utilisés comme outils diagnostiques dans le milieu clinique afn de vérifer l’intégrité du système nerveux.
Les composantes d’un arc réfexe
2
Énumérer les structures intervenant dans l’arc réexe ainsi que les étapes de son onctionnement.
3
Distinguer les réexes homolatéraux des réexes controlatéraux.
4
Comparer les réexes monosynaptiques et polysynaptiques.
quelles parties du corps ce dernier innerve-t-il ?
14.6 Les réfexes
Les caractéristiques des réfexes
Un arc réfexe correspond en quelque sorte au flage du réexe. Son circuit commence toujours par un récepteur du système nerveux périphérique, qui communique avec le SNC, et se termine par un eecteur périphérique, qu’il s’agisse d’un muscle ou d’une glande. Le nombre d’étapes présentes entre les deux varie selon la complexité du réexe. Généralement, un réexe comporte cinq étapes et composantes, lesquelles sont illustrées dans la FIGURE 14.17 et énumérées ci-après :
Chapitre 14 Le système nerveux : la moelle épinière et les nerfs spinaux
1
Le stimulus et le récepteur. Un stimulus agit sur un récepteur. Les récepteurs sensoriels (terminaisons dendritiques d’un neurone sensoriel) réagissent à des stimulus externes ou internes, notamment la température, la pression ou les changements de perception tactile.
2
La transmission de l’inormation et le neurone sensiti. Un inux nerveux est acheminé au SNC par un neurone sensiti. Le neurone sensiti transmet l’inux nerveux du récepteur à la moelle épinière.
3
La gestion de l’inormation et le centre d’intégration. L’inormation de l’inux nerveux est traitée par les interneurones dans le centre d’intégration du SNC (p. ex., la moelle épinière). Les réexes les plus complexes peuvent nécessiter l’intervention d’un certain nombre d’interneurones du SNC en vue d’intégrer et de traiter les inux nerveux, puis de transmettre l’inormation au neurone moteur.
4
La transmission de la réponse et le neurone moteur. Le neurone moteur achemine l’inux nerveux à l’organe eecteur périphérique (muscle ou glande) par l’intermédiaire d’un ner spinal.
5
La réponse et l’eecteur. L’eecteur, qui est soit une cellule musculaire, soit une cellule glandulaire, réagit à l’inux nerveux provenant du neurone moteur. Un eecteur correspond à un organe périphérique cible qui réagit aux inux nerveux provenant des neurones moteurs, mais il ne ait jamais partie du système nerveux. Cette réponse vise à contrer ou à éliminer le stimulus initial.
Les arcs réexes sont homolatéraux ou controlatéraux. L’arc réexe est homolatéral lorsque les organes récepteur et eecteur 1 Activation d’un récepteur par un stimulus
663
se trouvent du même côté de la moelle épinière. Par exemple, la réaction est dite homolatérale lorsque les muscles du bras gauche se contractent pour éloigner la main gauche d’un objet brûlant. À l’opposé, l’arc réexe est controlatéral lorsque les inux sensoriels provenant d’un organe récepteur doivent traverser la moelle épinière en vue de stimuler les organes eecteurs d’un membre opposé. Par exemple, la réaction est dite controlatérale lorsque les muscles de la jambe droite d’une personne se contractent parce que son pied gauche s’est posé sur un objet tranchant. Elle parvient ainsi à garder l’équilibre nécessaire en vue de relever le pied gauche. Les réexes peuvent également être monosynaptiques ou polysynaptiques FIGURE 14.18. Le réfexe monosynaptique (monos = seul, unique) représente le plus simple des réexes. Les axones sensitis orment une synapse directement sur les neurones moteurs dont les axones se prolongent vers l’eecteur. Les interneurones n’interviennent pas dans le traitement de ce type de réexe. Le délai synaptique de l’unique synapse de cet arc réexe est très court, ce qui entraîne une réaction très rapide. Le réexe patellaire (ou réexe rotulien), que le médecin évalue afn de vérifer le bon onctionnement de la moelle épinière, constitue un exemple de réexe monosynaptique. Lorsque le ligament patellaire est tapoté à l’aide du marteau à réexes, les useaux neuromusculaires du quadriceps s’étirent. Ce court stimulus provoque une contraction réexe sans opposition qui produit une extension marquée de la jambe. Le réfexe polysynaptique (polus = nombreux, abondant) comporte un plus grand nombre de voies neurales complexes composées d’un certain nombre de synapses dans lesquelles interviennent les interneurones de l’arc réexe. Comme ce type de
2 Propagation de l’influx nerveux par un neurone sensitif vers le centre d’intégration
Peau
3 Traitement de l’influx nerveux dans le centre d’intégration par les interneurones
Interneurone
Moelle épinière
4 Propagation de l’influx nerveux par un neurone moteur vers l’effecteur
5 Réponse de l’effecteur
FIGURE 14.17 Arc réfexe
❯ L’arc réfexe correspond à une voie nerveuse composée de neurones qui régissent les réponses rapides, subconscientes et préprogrammées à un stimulus.
664 Partie III La communication et la régulation
Réflexe monosynaptique Récepteur sensoriel (fuseau neuromusculaire)
Réflexe polysynaptique
Communication directe entre les neurones sensitifs et moteurs (p. ex., le réflexe d’étirement)
Interneurone agissant à titre d’intermédiaire dans la communication entre les neurones sensitifs et les neurones moteurs (p. ex., le réflexe des raccourcisseurs) Moelle épinière Thermorécepteur
Neurone sensitif
Neurone sensitif Interneurone
Effecteur Effecteur Neurone moteur
Neurone moteur
FIGURE 14.18 Réfexes monosynaptiques et polysynaptiques
❯ Comparaison du nombre minimal de neurones et du trajet des réfexes monosynaptiques (à gauche) et polysynaptiques (à droite).
réexe comporte davantage d’éléments que le réexe monosynaptique, le délai entre le stimulus et la réaction est plus long. Le réexe des raccourcisseurs constitue un exemple de réexe polysynaptique. Ce réexe est provoqué par un stimulus douloureux comme le ait de se brûler le doigt sur la amme d’une chandelle. L’inormation sensorielle est acheminée par les neurones sensitis vers la moelle épinière où elle est reçue et traitée par les interneurones. Ces derniers stimulent ensuite les neurones moteurs qui transmettent des inux nerveux aux muscles échisseurs des membres supérieurs. Finalement, la contraction musculaire éloigne la main du stimulus douloureux.
Vériiez vos connaissances 23. Quelles sont les cinq étapes du onctionnement
d’un réfexe ? 24. Quelle est la principale diérence entre les réfexes
monosynaptiques et polysynaptiques ?
14.6.3 5
Les réfexes spinaux
Nommer et décrire quatre réfexes spinaux parmi les plus courants.
Les réfexes spinaux sont des réexes somatiques dont le centre d’intégration se trouve dans la moelle épinière. Même s’il
n’intervient pas dans le déroulement d’un réexe spinal, l’encéphale reçoit la plupart des inormations liées au déclenchement de ces réexes. Ainsi, selon les circonstances, il peut modifer la réponse motrice de l’arc réexe. Par exemple, si, en soulevant une casserole remplie d’eau brûlante, quelques gouttes touchent la main d’une personne, elle aura le réexe spinal, commandé par sa moelle épinière, de retirer sa main et de laisser tomber le chaudron. Mais si, au même moment, un enant se trouve à côté d’elle, son encéphale, inormé par ses yeux, empêchera le réexe de se produire ou le retardera afn d’éviter que l’enant soit blessé. De plus, le onctionnement optimal des réexes spinaux nécessite la réception constante de signaux en provenance de l’encéphale, comme le démontrent les perturbations des réexes spinaux en cas de choc spinal (voir l’Application clinique intitulée « Les lésions de la moelle épinière », p. 635). Les réexes d’étirement, tendineux, des raccourcisseurs et d’extension croisée, qui fgurent parmi les réexes spinaux les plus courants, sont traités dans la présente section.
14.6.3.1 Le réfexe d’étirement Le réfexe d’étirement est nécessaire au maintien du tonus musculaire, et donc à l’ajustement de la contraction musculaire selon les exigences des mouvements, et au maintien de la posture. Il permet de maintenir la station debout. Le réexe patellaire, utilisé par les proessionnels de la santé afn de tester les atteintes neurologiques chez un client, est un réexe d’étirement qui empêche les genoux de échir lorsqu’une personne est debout.
Chapitre 14 Le système nerveux : la moelle épinière et les nerfs spinaux
Le réexe d’étirement constitue un réexe monosyna ptique qui régit la longueur des muscles squelettiques. Ainsi, lorsqu’un stimulus provoque l’étirement d’un muscle, ce dernier se contracte par réexe FIGURE 14.19 (voir aussi la fgure 14.18). Les arcs réexes qui inhibent les neurones moteurs desservant les muscles antagonistes sont polysynaptiques. L’étirement des muscles est régi par un récepteur qui porte le nom de useau neuromusculaire. Les useaux neuromusculaires sont composés de myocytes intrausoriaux (ou fbres musculaires intrausales) entourés d’une capsule de tissu conjoncti. La partie centrale de ces myocytes intrausoriaux est exempte de myoflaments, et seules leurs portions distales peuvent se contracter (l’actine et la myosine se trouvant aux extrémités des fbres). Les myocytes intrausoriaux sont innervés par les neurofbres motrices gamma (γ ). Ils sont nommés ainsi parce que le terme gamma ait réérence aux neurones moteurs possédant des axones de petit diamètre. Les neurones moteurs gamma décèlent les changements qui s’opèrent dans le muscle luimême. Autour
665
du useau neuromusculaire se trouvent les myocytes extrausoriaux (ou fbres musculaires extrausales), lesquels sont inner vés par les neurofbres motrices alpha (α ). Ces neurones moteurs sont appelés ainsi parce qu’il s’agit des neurones moteurs dont le diamètre des axones est le plus grand.
inTéGrATion
STrATéGieS d’ApprenTiSSAGe
Pour vous souvenir de la diérence entre les deux types de neurones, cette phrase est un bon moyen mnémotechnique : les neurones moteurs Gamma Gisent dans les muscles, les Alpha Autour d’eux.
Un useau neuromusculaire peut être étiré si tout le muscle est étiré ou allongé, ou encore si la portion du muscle qui contient le useau neuromusculaire est allongée. Les neurones sensitis qui entourent les myocytes intrausoriaux du useau neuromusculaire
Excitation Inhibition
Moelle épinière
2 L’étirement musculaire envoie des influx nerveux sensitifs vers le SNC. Neurone sensitif Neurofibre motrice α reliée aux myocytes extrafusoriaux Neurofibre motrice γ reliée au fuseau neuromusculaire Fuseau neuromusculaire
Myocytes intrafusoriaux
Neurofibres motrices γ vers le fuseau neuromusculaire
Interneurone
Myocytes extrafusoriaux Terminaison du nerf sensitif 1 Le fuseau neuromusculaire décèle un étirement.
Neurofibres motrices α vers les myocytes extrafusoriaux 4 Les neurofibres motrices α acheminent les influx nerveux aux myocytes extrafusoriaux, ce qui entraîne une contraction des muscles.
3 Les neurones sensitifs forment une synapse avec les neurofibres motrices α.
5 Les interneurones forment une synapse avec les neurofibres motrices α vers les muscles antagonistes, ce qui inhibe la contraction musculaire (inhibition réciproque).
FIGURE 14.19 rfx ’tmt
❯ Le réfexe d’étirement constitue un réfexe monosynaptique impliquant le useau neuromusculaire, un type de propriocepteur qui réagit à l’étirement des muscles et qui permet de maintenir cet étirement pour le maintien de la posture. Un étirement est déclenché par le useau neuromusculaire, ce qui entraîne la
con traction du muscle. À l’inverse, la contraction des muscles antago nistes est réduite, un phénomène appelé inhibition réciproque. Les arcs réfexes qui inhibent les neurones moteurs desservant les muscles antagonistes sont polysynaptiques.
666 Partie III La communication et la régulation
perçoivent alors cet allongement, puis transmettent un inux nerveux vers la moelle épinière (SNC) avant de ormer une synapse avec les neurones moteurs α du muscle dont il est question. Les neurones moteurs α acheminent ensuite l’inux nerveux aux myocytes extrausoriaux, ce qui provoque une contraction du muscle et, par le ait même, une résistance à l’étirement. Le réexe bicipital est un réexe monosynaptique, mais aussi un exemple de réexe d’étirement. Le stimulus, un tapotement du tendon bicipital, étire le useau neuromusculaire du biceps brachial. Les terminaisons nerveuses du ner sensiti acheminent alors un inux nerveux au SNC, puis orment une synapse avec les neurones moteurs α (voir la fgure 14.19). Ces derniers transmettent l’inux nerveux aux myocytes extrausoriaux du biceps brachial, provoquant ainsi la contraction du muscle et la exion du coude. En observant la fgure 14.19, il est possible de remarquer que le réexe d’étirement intervient également, bien qu’indirectement, dans l’inhibition réciproque. Lorsque l’inux sensiti atteint le SNC, certains axones sensitis orment une synapse avec les interneurones. Ces derniers orment à leur tour une synapse avec les neurones moteurs α qui inhibent la contraction des muscles antagonistes. Dans le cas du réexe bicipital, les muscles antagonistes dont la contraction est inhibée sont les muscles du triceps brachial. Ainsi, lorsque le biceps brachial est stimulé, l’inhibition réciproque entraîne une réduction de la contraction du triceps brachial de manière à ce que le mouvement du biceps ne soit pas contré par le triceps. Bien que le réexe d’étirement constitue un réexe monosynaptique, l’inhibition réciproque correspondante est polysynaptique en soi, car son circuit, pour être bouclé, nécessite l’intervention d’un interneurone.
14.6.3.2 Le réfexe tendineux Si le réexe d’étirement empêche l’allongement exagéré des muscles, le réfexe tendineux, quant à lui, empêche les muscles de se tendre et de se contracter à l’excès. Le réexe tendineux constitue un réexe polysynaptique qui entraîne l’allongement et la réduction de la contraction musculaire en réponse à une tension accrue subie par le useau neurotendineux (Collège des enseignants en neurologie, 2013 ; Faculté de médecine Pierre & Marie Curie, 2013 ; Hennebicq, 2012). Cette structure est composée de terminaisons nerveuses sensitives situées dans un tendon ou près de la jonction ormée entre un muscle et un tendon FIGURE 14.20.
du quadriceps émoral perçoit une tension excessive, le réexe tendineux qui s’ensuit entraîne le relâchement du muscle, alors que l’activation réciproque ait en sorte que les ischiojambiers se contractent à leur tour. Les réexes tendineux contribuent à prévenir les lésions musculaires et tendineuses attribuables à une trop grande tension. Ils permettent également de s’assurer que la contraction musculaire est efcace et qu’elle se déroule normalement. Lorsque le muscle subit une tension extrêmement orte (p. ex., le soulèvement d’une charge très lourde), il arrive que le réexe tendineux annule le réexe d’étirement (la personne laisse alors tomber la charge parce que la tension musculaire était trop grande). C’est pourquoi les haltérophiles travaillent avec des pareurs qui pourront retenir la charge soulevée si l’athlète venait à la relâcher subitement.
14.6.3.3 Le réfexe des raccourcisseurs Le réfexe des raccourcisseurs (ou réfexe de retrait) constitue un arc réexe polysynaptique déclenché par un stimulus douloureux, par exemple le ait de toucher un objet brûlant ou coupant FIGURE 14.21 (voir aussi la fgure 14.18). Cette stimulation provoque l’émission d’un inux nerveux qui est transmis par un neurone sensiti vers la moelle épinière. Les interneurones reçoivent cet inux sensiti, puis stimulent les neurones moteurs vers les muscles échisseurs qui se contractent alors. Par exemple, si une personne marche sur un objet coupant, les neurones sensitis perçoivent une sensation douloureuse et transmettent des inux nerveux à la moelle épinière. Ils orment une synapse avec les interneurones qui stimulent à leur tour les neurones moteurs afn que les muscles échisseurs se contractent (dans le cas présent, les ischiojambiers) dans le membre inérieur. La personne lève alors la jambe pour l’éloigner de la source de douleur. De plus, l’inhibition réciproque contre l’action des extenseurs, soit le quadriceps émoral, de manière à ce que les ischiojambiers puissent se contracter sans obstacle.
14.6.3.4 Le réfexe d’extension croisée
Lorsqu’un muscle se contracte, le tendon sous-jacent est étiré, ce qui entraîne une augmentation de la tension de ce dernier ainsi que l’activation du useau neurotendineux. Les neurones sensitis de cet organe transmettent ensuite les inux nerveux aux interneurones de la moelle épinière qui, à leur tour, inhibent les neurones moteurs α du muscle en question. Une ois ces neurones moteurs inhibés, le muscle peut se détendre, ce qui protège le muscle lui-même et le tendon d’une tension excessive.
Le réfexe d’extension croisé se produit en combinaison avec le réexe des raccourcisseurs et touche le plus souvent les membres inérieurs, soit ceux qui portent le poids du corps (voir la fgure 14.21). Essentiellement, lorsqu’un membre déclenche le réexe des raccourcisseurs, l’autre membre déclenche le réexe d’extension croisée. Ainsi, lorsque les neurones sensitis transmettent des inux nerveux à la moelle épinière, certaines ramifcations sensitives orment une synapse avec les interneurones qui interviennent dans le réexe d’étirement, alors que d’autres orment une synapse avec les interneurones qui interviennent dans le réexe d’extension croisée. Ces derniers traversent alors la moelle épinière par la commissure grise et orment une synapse avec les neurones moteurs qui régissent les muscles antagonistes du membre opposé. Il y a donc stimulation des neurones moteurs, ce qui entraîne la contraction des muscles antagonistes.
Les neurones sensitis communiquent également avec d’autres interneurones de la moelle épinière qui stimulent les neurones moteurs α des muscles antagonistes. Ce phénomène est appelé activation réciproque. Par exemple, si un useau neurotendineux
La fgure 14.21 illustre la açon dont le réexe des raccourcisseurs entraîne une exion du genou gauche attribuable à la contraction des ischiojambiers droits. À l’opposé, le réexe d’extension croisée entraîne la contraction du quadriceps gauche de
Chapitre 14 Le système nerveux : la moelle épinière et les nerfs spinaux 667
FIGURE 14.20 Réfexe tendineux
❯ La contraction d’un muscle entraîne une augmentation de la tension de son tendon, causant parois un réfexe chez celui-ci. L’illustration ci-dessous présente le useau neurotendineux, un type de propriocepteur qui réagit à la tension des muscles et des tendons, lequel perçoit la orce de contraction d’un muscle, puis provoque son relâchement. En revanche, les muscles antagonistes sont stimulés et se contractent, un phéno mène appelé activation réciproque.
1 La contraction musculaire augmente la tension des tendons, laquelle est perçue par le fuseau neurotendineux.
Tendon
Muscle
Fuseau neurotendineux
Excitation Inhibition
Axone du neurone sensitif
Moelle épinière 2 La contraction musculaire est responsable de l’envoi des influx sensitifs vers le SNC.
3 Les neurones sensitifs forment une synapse avec les interneurones.
Neurone sensitif Interneurones Neurone moteur α
Quadriceps fémoral 5A Il se produit un relâchement musculaire et une diminution de la tension dans le tendon. 5B Une contraction musculaire (activation réciproque) est provoquée.
Ischio jambiers
Neurone moteur α vers le muscle antagoniste 4A Les interneurones inhibent les neurofibres motrices α vers le muscle.
4B Les interneurones stimulent les neurofibres motrices α vers les muscles antagonistes.
manière à ce que le membre inérieur gauche demeure en extension et soutienne le corps. Ainsi, le réfexe d’extension croisée aide à garder l’équilibre et à aire passer le poids du corps d’un côté à l’autre selon la situation, et ce, sans même avoir à y penser. Ce réfexe apparaît très tôt chez le bébé et lui servira à maintenir son équilibre pour l’apprentissage de la marche.
14.6.4
L’évolution des réexes au fl des âges
6
Expliquer l’utilité des réfexes primitis chez le nouveau-né.
7
Décrire diérents réfexes primitis chez le nouveau-né.
Vériiez vos connaissances 25. Quels sont les quatre réfexes spinaux
les plus courants ?
Les réfexes sont des comportements automatiques très anciens. Certains d’entre eux sont dits primitifs (ou archaïques), puisqu’ils apparaissent pendant la vie œtale ou dès les premiers mois de la
668 Partie III La communication et la régulation
FIGURE 14.21 Réexes des raccourcisseurs et d’extension croisée ❯ Le réexe des raccourcisseurs est un réexe polysynaptique provoqué par un stimulus douloureux. Le réexe d’extension croisée, quant à lui, survient en réponse au réexe des raccourcisseurs et stimule les extenseurs du membre opposé pour s’assurer que ce dernier soutient le poids du corps.
naissance. Par exemple, le réexe de succion apparaît dans le ventre de la mère dès la 24e semaine de gestation. Ce réexe de survie automatique permettra au bébé de téter le lait maternel. À la naissance, les mouvements involontaires sont nombreux chez le bébé. Certains sont provoqués par un inux sensitif (p. ex., un toucher de la lèvre provoque une succion), d’autres sont provoqués par un mouvement de la tête (p. ex., quand la tête tourne, la partie opposée du corps se plie, le bras se tend ; quand la tête tombe, les jambes se tendent, les bras se plient). Les réexes aident le nouveau-né dans son processus de maturation neurosensorielle et motrice (Kubis & Catala, 2003). Parmi ses réexes se trouvent notamment :
• le réexe tonique asymétrique du cou permettant la traversée du bassin pendant la naissance ; • le réexe de succion et de recherche du sein permettant la satisfaction des besoins vitaux ; • la répétition de différents mouvements involontaires contribuant à la myélinisation des gaines de myéline ; • le réexe tonique et asymétrique du cou et le réexe de préhension favorisant le développement de la coordination ; • les réexes posturaux et le réexe amphibien participant à l’acquisition de l’équilibre et du maintien de la posture.
Chapitre 14 Le système nerveux : la moelle épinière et les nerfs spinaux 669
Pour s’assurer de l’intégrité neurologique du nouveau-né, l’observation de quelques réexes permet de confrmer la présence de ces comportements involontaires. Si un des réexes mentionnés ci-dessous est absent, une consultation en neurologie peut être proposée (Vaivre-Douret, 2003) : • Le réexe de sursaut (ou réexe de Moro) est une réaction automatique à un changement soudain dans la stimulation sensorielle (lumière vive, changement de position du corps, changement de température, bruit ort, toucher brutal, etc.). • Le réexe de préhension ait intervenir le aisceau pyramidal. Lorsqu’un doigt ou un objet est déposé dans sa paume, le nouveau-né reerme solidement sa main. Ce réexe s’observe aussi chez les singes, pour qui il s’avère être très utile, étant donné que le petit doit s’agripper à sa mère pendant qu’elle grimpe aux arbres. • Le réexe cutané plantaire (ou signe de Babinski) ait aussi intervenir le aisceau pyramidal. Il est une réaction à la stimulation de la plante du pied. À la suite de cette stimulation, les orteils se échissent. • Le réexe de redressement et de la marche automatique est une réaction du nourrisson placé en position verticale et qui touche une surace solide avec ses pieds. En réponse à cette stimulation, il se redresse en étendant les jambes et le tronc, il s’incline vers l’avant et se met à « marcher » spontanément, sans contrôle postural. Ces réexes sont le reet du développement et de la maturation du système nerveux du bébé. Dans la première année de vie, à mesure que le système nerveux se développe, ces réexes primitis sont transormés naturellement, contrôlés et intégrés par le cortex cérébral afn de permettre le développement éventuel de la motricité volontaire (aire du vélo, écrire, lire, attraper une balle, etc.) et du système d’apprentissage en général. Ainsi, la disparition de ces réexes indique que le système nerveux de l’enant se développe bien.
TABLEAU 14.9
a
La rapidité des réexes diminue avec l’âge pour diverses raisons. En eet, le vieillissement normal du système nerveux entraîne progressivement une diminution de la masse de l’encéphale (environ 7 %) (Museum Marseille, 2004) ainsi qu’une décroissance de la connexion synaptique et de la quantité de neurotransmetteurs. En conséquence, une diminution de l’efcacité du traitement de l’inormation est observable et se traduit par une augmentation du temps de réaction. Les récepteurs sensoriels semblent aussi moins nombreux, et la vitesse de propagation des inux nerveux diminue également. Les mouvements volontaires deviennent alors plus lents et moins coordonnés. Cette diminution générale de la sensibilité et de la motricité avorise les tremblements, l’instabilité posturale et l’amoindrissement des réexes (Faculté de médecine de Strasbourg, 2006 ; Université de Paris V, 2000 ; Université médicale virtuelle rancophone, 2008-2009).
14.6.5
8
La vérifcation des réexes chez l’adulte en milieu clinique
Expliquer les signes indicateurs d’une subréfectivité et d’une surréfectivité.
Les réexes peuvent s’avérer un outil diagnostique des plus utiles. Les cliniciens s’en servent d’ailleurs pour évaluer le bon onctionnement de groupes musculaires, de ners spinaux ou de sections de la moelle épinière en particulier TABLEAU 14.9. Bien qu’une certaine variation soit normale, un réexe systématiquement anormal peut indiquer la présence d’une lésion du système nerveux ou de certains muscles. Le signe de Romberg, du nom du neurologue allemand Moritz Heinrich Romberg (1795-1873) qui en a ait la description le premier, se manieste par une perte de l’équilibre pouvant provoquer une chute ; ce déséquilibre apparaît ou s’accentue lorsqu’une
Certains réfexes parmi les plus importants sur le plan clinique
Réfexe
Segments des ners spinaux évalués
Action normale de l’eecteur
Bicipital
C 5, C 6
Flexion du coude en présence d’un tapotement du tendon du biceps brachial
Olécrânien
C6, C 7
Extension du coude en présence d’un tapotement du tendon du triceps brachial
Abdominal
T8 à T12
Contraction des muscles abdominaux en présence d’un efeurement rapide d’un côté de la paroi abdominale
Crémastérien
L1, L 2
Élévation des testicules (attribuable à la contraction du muscle crémaster du scrotum) en présence d’un efeurement rapide de l’intérieur de la cuisse
Patellaire
L2 à L4
Extension du genou en présence d’un tapotement du ligament rotulien
Achilléen (du triceps sural)
S1
Flexion plantaire de la cheville en présence d’un tapotement du tendon d’Achille
Plantaire
L5, S1
Flexion plantaire du pied et des orteils en présence d’un rottement rapide de la partie plantaire du pieda
Il s’agit là du réfexe normal chez l’adulte. Chez les adultes sourant d’une lésion de la moelle épinière ainsi que chez les nourrissons âgés de moins de un an, le réfexe plantaire est remplacé par le réfexe cutané plantaire qui consiste en une extension du gros orteil et une abduction des autres orteils.
670 Partie III La communication et la régulation
personne erme les yeux. Le test neurologique qui utilise ce signe s’intéresse à la sensibilité proprioceptive, c’est-à-dire une sensibilité qui renseigne sur la position spatiale de chaque membre par rapport aux autres. Durant l’évaluation utilisant le signe de Romberg, la personne doit se tenir debout, joindre les talons, tendre les bras, puis ermer les yeux. Si un déséquilibre ou une oscillation des membres supérieurs sont observés, le spécialiste en conclut que cette personne est atteinte d’une déaillance de la sensibilité proprioceptive, car l’adaptation automatique ne se ait plus adéquatement. Ce test est réquemment utilisé en présence d’un syndrome vestibulaire (voir la section 16.5.4) ou d’un syndrome cérébelleux (voir la section 13.6.2) dans lequel l’instabilité n’est pas modifée par la ermeture des yeux. Aussi, l’évaluation des réexes tendineux est utilisée dans la pratique clinique en présence de grossesses à risques élevés (GARE). En eet, l’augmentation de l’irritabilité nerveuse est liée à l’évolution de la prééclampsie en éclampsie (voir l’Application clinique intitulée « La prééclampsie », p. 1375). Un réexe peut s’avérer normal, hypoacti ou hyperacti. La subréectivité signife que la réaction est plus aible que la normale ou complètement absente. Elle peut indiquer une lésion d’une section de la moelle épinière, une aection musculaire ou une atteinte à la jonction neuromusculaire. La surréfectivité signife que la réaction se produit plus rapidement que la normale. Cela peut être causé par une lésion cérébrale ou spinale, surtout en présence d’un clonus (klonos = agitation), soit une série de contractions rythmiques entre la exion et l’extension durant l’examen.
Vérifiez vos connaissances 26. Quelles aections peuvent être à l’origine d’une
subréfectivité ?
14.7 La formation de la moelle
épinière
1
Décrire de quelle manière le tube neural donne lieu aux structures composées de substance grise dans la moelle épinière.
La partie caudale (inérieure) du tube neural donne naissance à la moelle épinière (voir la section 13.1.2). À mesure que cette
partie du tube neural se diérencie et se spécialise, la moelle épinière prend orme FIGURE 14.22. Ce processus est touteois bien moins complexe que celui de l’encéphale. Un canal neural creux présent dans le tube neural donne lieu au canal central de la moelle épinière. Le canal neural ne rétrécit pas ; c’est plutôt le tube neural qui l’entoure qui croît rapidement. Ainsi, à mesure que les parois du tube neural grandissent, le canal neural du nouveau-né devient le canal central et il ne ressemble plus qu’à un petit trou. Au cours des quatrième et cinquième semaines du développement embryonnaire, le tube neural croît de manière rapide et irrégulière. Une partie de ce tube orme la substance blanche de la moelle épinière, alors que d’autres éléments donnent lieu à la substance grise. À partir de la sixième semaine, un sillon horizontal, le sillon limitant (limes= rontière), se orme dans les parois latérales du canal central (voir la fgure 14.22). Le sillon limitant correspond également à un point de séparation dans le tube neural, car à partir de cette période, deux régions distinctes deviennent alors évidentes : les lames basales et alaires. Les lames basales sont antérieures au sillon limitant et sont à l’origine des cornes ventrale et latérale, les structures motrices de la substance grise. Elles donnent également lieu à la partie antérieure de la commissure grise. Les lames alaires (ala = aile) sont postérieures au sillon limitant. À partir de la neuvième semaine, environ, elles donnent lieu aux cornes dorsales, les structures sensitives de la substance grise. Au cours de la période embryonnaire, la moelle épinière prolonge le canal vertébral. Cependant, pendant la période œtale, la croissance de la colonne vertébrale (et de son canal vertébral) dépasse grandement celle de la moelle épinière. Au sixième mois de développement, l’extrémité de cette dernière se trouve à la hauteur de la vertèbre S1, alors que chez le nouveau-né, elle ne dépasse pas la vertèbre L 3. À l’âge adulte, la moelle épinière se termine à la vertèbre L1. Cette croissance disproportionnée permet d’expliquer pourquoi les portions lombaire, sacrale et caudale de la moelle épinière ainsi que les racines nerveuses qui y sont associées ne se trouvent pas à la même hauteur que leur vertèbre respective.
Vérifiez vos connaissances 27. Quelles structures sont issues des lames alaires
et lesquelles sont issues des lames basales ?
Chapitre 14 Le système nerveux : la moelle épinière et les nerfs spinaux 671
Crêtes neurales Canal neural Tube neural
A. 4e semaine
Lame alaire Corps cellulaires des neurones sensitifs
Sillon limitant Lame basale
Corps cellulaires des neurones moteurs B. 6e semaine : formation des lames basales et alaires Commissure grise
Racine dorsale Axones sensitifs
Corne dorsale Substance grise
Ganglion spinal
Corne latérale Canal central
Corne ventrale
Nerf spinal Interneurone Axones moteurs Substance blanche
Racine ventrale
C. 9e semaine : formation des cornes grises à partir des lames basales et alaires
FIGURE 14.22 Formation de la moelle épinière
❯ La moelle épinière se forme alors qu’elle n’est qu’un prolongement tubulaire de l’encéphale. A. Une section transversale illustre les structures du tube neural d’un embryon
à quatre semaines. B. La coupe transversale présente la formation des lames basales et alaires à la sixième semaine et C. le développement de la moelle épinière à la neuvième semaine.
672 Partie III La communication et la régulation
RÉSUMÉ DU CHAPITRE 14.1
• La moelle épinière et les ners spinaux servent de voie aux inux nerveux sensitis et moteurs.
Ils régissent également les réexes.
L’anatomie macroscopique de la moelle épinière – 628
• Chez l’adulte, la moelle épinière parcourt le canal vertébral et se termine généralement à la
hauteur de la vertèbre L1. • La moelle épinière comporte 31 paires de ners spinaux : 8 paires de ners cervicaux, 12 paires
de ners thoraciques, 5 paires de ners lombaires, 5 paires de ners sacrés et 1 paire de ners coccygiens.
14.2
• La moelle épinière est située à l’intérieur de la colonne vertébrale. De l’extérieur vers l’inté-
rieur, les trois couches de méninges, soit la dure-mère, l’arachnoïde et la pie-mère, la recouvrent et la protègent.
La protection et le soutien de la moelle épinière – 631
• Trois espaces séparent les diérentes couches de méninges et la moelle épinière : 1) l’espace
épidural se situe entre le canal vertébral et la dure-mère ; 2) l’espace sous-dural se trouve entre la dure-mère et l’arachnoïde ; et 3) l’espace sous-arachnoïdien se situe entre l’arachnoïde et la pie-mère.
14.3 L’anatomie sectionnelle de la moelle épinière – 633
• La substance grise est centrale et se compose de corps cellulaires, d’axones amyélinisés et
de gliocytes. • La substance blanche est périphérique et se compose d’axones myélinisés. 14.3.1
La répartition de la substance grise ........................................................................................... 633 • La substance grise possède trois cornes : la corne ventrale, composée des corps cellulaires
des neurones moteurs somatiques ; la corne latérale, composée des corps cellulaires des neurones moteurs autonomes ; et la corne dorsale, composée d’axones sensitis et d’interneurones. 14.3.2
La répartition de la substance blanche ...................................................................................... 634 • La substance blanche possède trois paires de cordons dont chacun d’eux contient des ais-
ceaux et des tractus sensitis (ascendants) et moteurs (descendants).
14.4 Les voies de conduction de la moelle épinière – 634
• Le système nerveux central (SNC) communique avec l’organisme grâce à des voies de
conduction de la moelle épinière. 14.4.1
Une vue d’ensemble des voies de conduction ........................................................................... 635 • Les aisceaux et les tractus constituent des voies de conduction qui acheminent les inux
nerveux entre l’encéphale et les récepteurs sensoriels. Ils sont des groupements dont l’origine et la destination sont relativement les mêmes. • Les voies sensitives acheminent les inormations ascendantes vers le SNC, alors que les
voies motrices transmettent les inormations descendantes de l’encéphale aux muscles et aux glandes. 14.4.2
Les voies sensitives ...................................................................................................................... 636 • Les voies sensitives ont recours aux neurones de premier, de deuxième et parois de troi-
sième ordre. • La voie du lemnisque médial du cordon dorsal conduit les stimulus liés au toucher fn, à la
pression précise et à la proprioception. • La voie antérolatérale conduit les stimulus relatis à la douleur, à la pression, à la température
et au toucher. • La voie spinocérébelleuse transmet au cervelet les stimulus relatis aux tendons, aux articu-
lations ainsi qu’à la position des muscles.
Chapitre 14 Le système nerveux : la moelle épinière et les nerfs spinaux 673
14.4.3
Les voies motrices ........................................................................................................................ 638 • Les voies motrices ont recours à une chaîne de deux neurones. Le neurone moteur supérieur
a son origine dans le cortex moteur de l’encéphale ; il ait synapse avec le neurone moteur inérieur dans la corne ventrale de la moelle épinière. Ce dernier se dirige vers les muscles squelettiques. • La réponse motrice somatique emprunte la voie principale, qui régit les mouvements
conscients, ou la voie secondaire, qui régit les mouvements inconscients. • La voie principale est composée des tractus corticonucléaires et corticospinaux. • La voie secondaire est composée des voies latérales (tractus rubrospinal) et médiales (trac-
tus réticulospinal, tectospinal et vestibulospinal).
14.5 Les ners spinaux – 643
• Un ner spinal naît de l’union d’une racine ventrale avec une racine dorsale. 14.5.1
Une vue d’ensemble des ners spinaux ...................................................................................... 645 • Les 31 paires de ners spinaux sont numérotées d’après leur point d’émergence de la moelle
épinière. • Les ners spinaux sont courts et sont constitués de l’union d’une racine dorsale et d’une
racine ventrale. • Les ners spinaux comportent quatre ramifcations : 1) un rameau dorsal qui innerve la peau
et les muscles proonds du dos ; 2) un rameau ventral qui innerve les parties antérieure et latérale du tronc et des membres ; 3) un rameau méningé qui innerve les méninges ; et 4) des rameaux communicants appartenant au système nerveux autonome. • Les ners spinaux (sau C1) délimitent des dermatomes qui représentent des segments de
peau innervés par les branches cutanées d’un ner spinal. • Les rameaux ventraux des ners spinaux T1 à T11 donnent lieu aux ners intercostaux. Le
ner T12, quant à lui, est appelé ner sous-costal. • Un dermatome est une région cutanée innervée par un seul ner spinal. 14.5.2
Les plexus nerveux ....................................................................................................................... 648 • Un plexus nerveux correspond à un réseau de rameaux ventraux enchevêtrés. Les plexus
nerveux se présentent par paires. • Chacun des plexus cervicaux est ormé à partir des rameaux ventraux des ners spinaux C1
à C4. Ils innervent les muscles cervicaux antérieurs ainsi que la peau du cou et des épaules. Le ner phrénique, une ramifcation importante du plexus cervical, innerve le diaphragme. • Chacun des plexus brachiaux innerve un membre supérieur et est ormé à partir des rameaux
ventraux des ners spinaux C5 à T1. • Chacun des plexus lombaires innerve la partie antérieure et médiale de la cuisse, la paroi
abdominale inérieure ainsi que la peau de la partie médiale de la jambe. Ces plexus sont ormés à partir des rameaux ventraux des ners spinaux L1 à L4. • Les plexus sacraux innervent la majeure partie des membres inérieurs ainsi que le périnée.
Ils sont ormés à partir des rameaux ventraux des ners spinaux L4 à S 4. • Le ner sciatique est le plus gros et le plus long ner du corps. Il est composé de deux ners,
soit le ner tibial et le ner fbulaire commun, qui desservent les membres inérieurs, sau les parties antérieure et médiale de la cuisse.
14.6
• Un réexe constitue une réponse motrice rapide, automatique et involontaire des muscles ou
des glandes à un stimulus.
Les réfexes – 662 14.6.1
Les caractéristiques des réfexes ................................................................................................ 662 • Un réexe nécessite un stimulus pour provoquer une réaction involontaire de l’organisme.
674 Partie III La communication et la régulation
14.6.2
Les composantes d’un arc réexe .............................................................................................. 662 • Les cinq étapes du réexe sont : 1) l’action d’un stimulus sur un récepteur ; 2) la transmission
de l’inormation sous la orme d’un inux nerveux par un neurone sensiti vers le SNC ; 3) la gestion de l’inormation par l’intégration et le traitement de l’inux nerveux par les interneurones ; 4) la transmission de la réponse par la propagation d’un inux nerveux par un neurone moteur ; et 5) la réponse de l’eecteur. • L’arc réexe le plus simple correspond au réexe monosynaptique au cours duquel il y a
synapse entre un neurone sensiti et un neurone moteur. • Un neurone sensiti, un neurone moteur et au moins un interneurone, qui unit ces derniers,
interviennent dans le réexe polysynaptique. 14.6.3
Les réexes spinaux ..................................................................................................................... 664 • Le réexe d’étirement est qualifé de monosynaptique ; il entraîne la contraction d’un muscle
en réponse à un étirement accru d’un useau neuromusculaire. • Le réexe tendineux est qualifé de polysynaptique ; il empêche le muscle de se tendre
démesurément. • Le réexe des raccourcisseurs est également un réexe polysynaptique ; il stimule les muscles
échisseurs en vue d’éloigner instantanément un membre d’un stimulus douloureux. • Le réexe d’extension croisée stimule les extenseurs du membre opposé en réponse au
réexe des raccourcisseurs. 14.6.4
L’évolution des réexes au fl des âges ....................................................................................... 667 • Les réexes primitis (ou réexes archaïques) apparaissent pendant la vie œtale ou dès les
premiers mois de la naissance, puis ils disparaissent. Ils sont le reet du développement et de la maturation du système nerveux du bébé. • Ces réexes primitis aident le nouveau-né durant son développement (traversée du bassin,
satisaction des besoins vitaux, myélinisation des axones, développement de la coordination et acquisition de l’équilibre et du maintien de la posture). 14.6.5
La vérifcation des réexes chez l’adulte en milieu clinique ...................................................... 669 • La vérifcation des réexes peut contribuer au diagnostic d’un trouble du système musculaire
ou du système nerveux. • Une subréectivité, soit une réaction anormalement aible, peut indiquer une lésion à la
moelle épinière ou une aection musculaire. • Une surréectivité, soit une réaction anormalement orte, peut indiquer une lésion cérébrale
ou médullaire.
14.7 La ormation de la moelle épinière – 670
• Le tube neural est ormé à partir des lames basales et alaires. • Les lames basales donnent lieu aux cornes ventrales, aux cornes latérales ainsi qu’à la moitié
antérieure de la commissure grise. • Les lames alaires donnent lieu aux cornes dorsales ainsi qu’à la moitié postérieure de la com-
missure grise.
Chapitre 14 Le système nerveux : la moelle épinière et les nerfs spinaux 675
AUTOÉVALUATION
Solutionnaire
Concepts de base 1
Nommez le euillet méningé situé immédiatement sous l’espace sous-dural.
c) Les ners intercostaux proviennent de la partie thoracique de la moelle épinière.
a) L’arachnoïde.
d) Les ners intercostaux innervent les membres inérieurs.
b) La pie-mère.
2
c) La dure-mère.
Le réexe est monosynaptique et survient en réponse à l’étirement d’un useau neuromusculaire.
d) L’espace épidural.
a) des raccourcisseurs
La racine ventrale d’un ner spinal est composée :
b) d’extension croisée
a) d’axones des neurones moteurs et sensitis ;
c) tendineux
b) d’axones des neurones sensitis uniquement ;
d) d’étirement
5
c) d’interneurones ;
6
Indiquez les diverses parties de la moelle épinière, les ners spinaux de chacune d’entre elles ainsi que le lien qui les unit aux vertèbres correspondantes.
7
Nommez les diérences entre la voie du lemnisque médial du cordon dorsal et la voie antérolatérale.
8
Quelles sont les principales branches terminales du plexus brachial et quels muscles innervent-elles ?
9
Quels muscles les ners tibial et fbulaire commun innervent-ils ?
d) d’axones des neurones moteurs uniquement. 3
Le ner radial prend naissance dans le plexus
.
a) cervical b) brachial c) lombaire d) sacral 4
Laquelle des afrmations suivantes est vraie ? a) Les ners intercostaux sont ormés à partir des rameaux dorsaux de ners spinaux. b) Les ners intercostaux donnent naissance au plexus thoracique.
10 Quelles sont les cinq étapes de base de l’arc réexe ? 11 Quelles diérences y a-t-il entre le réexe d’étirement
et le réexe tendineux ?
Mise en application c) Demander à Madeleine de tenir une euille de papier entre ses doigts, puis tenter de lui enlever.
Répondez aux questions 1 à 3 à l’aide du paragraphe suivant. Madeleine est une jeune emme active âgée de 18 ans. Récemment, elle s’est racturé l’épicondyle médial en tombant de son vélo. En plus d’une intense douleur au coude, elle a ressenti un engourdissement le long de la partie médiale de sa main. Elle a été transportée à l’urgence où un médecin l’examine. 1
d) Demander à Madeleine de échir son coude, puis exercer une aible pression sur les muscles antérieurs de son avant-bras. 3
Après avoir ait une radiographie de son coude, le médecin poursuit avec d’autres examens afn de déterminer de quel type de lésion nerveuse Madeleine pourrait sourir. Quel ner semble avoir subi une lésion ?
a) L’adduction du pouce. b) La exion du pouce. c) L’extension du pouce.
a) Le ner radial.
d) L’abduction du pouce.
b) Le ner ulnaire. c) Le ner musculocutané. d) Le ner médian. 2
Quel examen physique permettrait de déterminer le type de lésion encouru ? a) Demander à Madeleine de déplier son coude en exerçant une résistance. b) Demander à Madeleine de échir son poignet et ses doigts en exerçant une résistance.
Quelle autre onction musculaire pourrait être compromise par cette blessure ?
4
George est victime d’une hernie discale lombaire alors qu’il tente de soulever une boîte très lourde. La hernie comprime des racines nerveuses et, ce aisant, entraîne l’une des conséquences suivantes. Laquelle ? a) Une douleur le long de l’arrière de la jambe. b) Une incapacité à échir la cuisse. c) Une incapacité à rapprocher la cuisse de son corps. d) Une douleur le long de la partie médiale de la jambe.
676 Partie III La communication et la régulation
5
Carlos remarque qu’il soure d’une aiblesse musculaire du membre inérieur droit. Il décide donc de consulter son médecin. Ce dernier remarque que Carlos est incapable d’eectuer une éversion du pied et qu’il est atteint d’une anesthésie de la majeure partie de la ace dorsale du pied droit. Carlos est touteois en mesure d’exercer une dorsiexion et une inversion de son pied.
En onction des symptômes énoncés, quel ner semble être touché ? a) Le ner fbulaire commun. b) Le ner tibial. c) Le ner fbulaire proond. d) Le ner fbulaire superfciel.
Synthèse 1
2
À la suite d’une blessure à la tête subie au moment d’un plongeon d’une alaise dans une eau peu proonde, Arthur devient quadriplégique. Ses membres supérieurs et inérieurs sont paralysés. Où se situe approximativement sa blessure ? Quelles sont les chances qu’Arthur guérisse ? À la suite d’une racture, Jessica doit porter un plâtre à la jambe pendant plusieurs semaines. Une ois son plâtre retiré, Jessica a de la difculté à marcher, et son pied est tombant.
Quelle structure semble avoir été comprimée par le plâtre, causant cette chute du pied ? 3
Alors qu’elle circulait pieds nus, Lilia a posé le pied droit sur un morceau de verre. Par réexe, sa jambe droite s’est soulevée pour s’éloigner du tesson. Quel nom porte ce type de réexe ? Lilia n’est pas tombée lorsqu’elle a levé la jambe. Quelle action de la jambe gauche a permis de maintenir son équilibre ?
LE SYSTÈME NERVEUX : LE SYSTÈME NERVEUX AUTONOME
CHAPITRE
15
Adaptation française :
Sophie Morin
L’ACUPUNCTEUR…
DANS LA PRATIQUE
L’acupuncture constitue l’une des pierres angulaires de la médecine traditionnelle chinoise (MTC) et ait partie des approches complémentaires et parallèles en médecine occidentale. La MTC considère que les aections et les pathologies sont attribuables à une interruption de la circulation du qi (ou tchi), l’énergie vitale, à un endroit donné de l’organisme. L’acupuncteur insère de longues aiguilles métalliques dans la peau à des points précis afn de rétablir la circulation du qi. Cette pratique s’avère efcace dans le soulagement de certains types de douleur. De nombreuses études ont démontré que l’acupuncture permet de réduire la nausée attribuable à la chimiothérapie ou à d’autres traitements (Carrière, 2005 ; Desoutter, 2008 ; Streitberger, Ezzo & Schneider, 2006). L’acupuncture est également utilisée dans le traitement de la dépression (Leo & Ligot, 2007 ; Zhang, Chen, Yip et al., 2010). Certains chercheurs croient d’ailleurs que l’acupuncture manipule le système nerveux autonome d’une manière encore inconnue (Alimi, 2004). Étant donné que le système nerveux autonome régit notre milieu interne et innerve nos viscères, il se pourrait donc que les pratiques comme l’acupuncture agissent sur le onctionnement de ces structures.
15.1
15.2
15.3
15.4
Une comparaison entre les systèmes nerveux somatique et autonome ........... 15.1.1 L’organisation onctionnelle et les eecteurs.................................. 15.1.2 Les neurones moteurs et les neurotransmetteurs ................... Les divisions du système nerveux autonome ..................................... 15.2.1 Les diérences onctionnelles ............. 15.2.2 Les diérences anatomiques............... 15.2.3 L’ampleur de la réponse...................... La division parasympathique .................. 15.3.1 Les neurobres d’origine crânienne ..... 15.3.2 Les neurobres d’origine sacrale......... La division sympathique........................... 15.4.1 L’organisation et l’anatomie du système sympathique .................... 15.4.2 Les voies sympathiques ......................
15.5 678 679 680 682 682 683 684 685 685 688 688 688 692
15.6
Une comparaison des neuro transmetteurs et des récepteurs entre les deux divisions ............................ 15.5.1 Une vue d’ensemble des neuro transmetteurs du système nerveux autonome ........................................... 15.5.2 Les récepteurs cholinergiques............. 15.5.3 Les récepteurs adrénergiques ............. Les interactions entre les divisions parasympathique et sympathique ......... 15.6.1 Le tonus autonome ............................. 15.6.2 La double innervation .........................
15.7 693
693 694 697 700 700 701
INTÉGRATION Illustration des concepts Comparaison des divisions parasympathique et sympathique du système nerveux autonome .......................... 702
15.6.3
Les systèmes relevant uniquement de la division sympathique .................. 704
Le contrôle et l’intégration de la fonction du système autonome ... 15.7.1 Les plexus autonomes ........................ 15.7.2 Les réfexes autonomes ...................... 15.7.3 La régulation du système nerveux autonome par le système nerveux central.................. 15.7.4 Le vieillissement du système nerveux autonome ..............................
705 705 707
708 709
678 Partie III La communication et la régulation
15.1 Une comparaison entre
les systèmes nerveux somatique et autonome
Le système nerveux autonome (SNA) constitue un réseau complexe de ners qui régit les mouvements involontaires et leur sert d’intermédiaire. Il régularise également l’activité des organes et assure le onctionnement normal des structures internes. Par exemple, les skieurs olympiques qui dévalent une pente se concentrent sur la açon dont ils doivent maîtriser les mouvements de leur corps en vue de descendre la piste plus rapidement que les autres athlètes. Comparativement aux spectateurs qui les observent, ces athlètes ont des pupilles plus dilatées, et leur cœur bat plus rapidement pour acheminer un plus grand volume sanguin jusqu’aux muscles squelettiques. Au même moment, les onctions de leur organisme qui ne sont pas essentielles sont pratiquement interrompues. En eet, la digestion, la miction et la déécation sont autant de onctions qui peuvent attendre la n de la course. Les skieurs présentent une vigilance
Système nerveux central (SNC)
accrue, un phénomène appelé réaction de lutte ou de uite, car au cours de cette période, c’est la division sympathique du SNA qui domine. Le SNA se nomme ainsi parce que la croyance voulait qu’il onctionne sans l’infuence des autres structures du système nerveux (Flourens, 1842 ; Vulpain & Brémond, 1866). C’est pourquoi, encore aujourd’hui, il est appelé système nerveux végétati ou involontaire. Cependant, il est désormais connu que le SNA constitue une voie motrice du système nerveux périphérique (SNP), et que c’est le système nerveux central (SNC) qui en dirige les actions. De la même açon, le système nerveux somatique (SNS) représente aussi une voie motrice du SNP. Bien que ces deux divisions soient des divisions motrices, il convient de préciser qu’elles comportent également des structures sensitives. Le présent chapitre s’amorce par une description comparative des SNS et SNA, décrivant leurs ressemblances et leurs principales diérences : les eecteurs ainsi que les neurones moteurs, et les eets sur leurs eecteurs FIGURE 15.1. Par la suite sont étudiées les deux divisions du SNA, soit les divisions
Système nerveux périphérique (SNP)
Voie sensitive (afférente)
Voie motrice (efférente)
Système nerveux somatique (SNS)
Système nerveux autonome (SNA)
Système nerveux parasympathique
Système nerveux sympathique
FIGURE 15.1 Système nerveux périphérique
❯ Le SNP se divise en deux voies : une voie sensitive (aérente) et une voie motrice (eérente). La voie motrice se divise ellemême en deux parties, soit le SNS et le SNA.
Les organes sont innervés par des neurofbres sympathiques et parasympathiques du SNA.
Chapitre 15 Le système nerveux : le système nerveux autonome
parasympathique et sympathique, ainsi que la açon dont le SNA est régi par divers centres du SNC.
15.1.1
1
L’organisation fonctionnelle et les effecteurs
Comparer le SNS et le SNA quant à leur fonctionnement et à leurs effecteurs.
Le SNS gère les activités qui sont perçues ou maîtrisées consciemment FIGURE 15.2A . La portion somatique sensitive comporte la détection des stimulus et la transmission, vers le SNC, des infux nerveux des sens particuliers (p. ex., la vue, l’ouïe, l’équilibre, l’odorat, le goût), de la peau et des propriocepteurs, c’està-dire les récepteurs de la position du corps situés dans les articulations et les muscles squelettiques. Il s’agit de la partie sensitive du système somatique qui permet, par exemple, d’apprécier la vue d’une montagne, l’odeur de la peau d’un bébé ou le goût d’un mets. La portion somatique motrice, quant à elle,
intervient dans l’initiation et la transmission des infux nerveux du SNC en vue d’exercer une maîtrise des muscles squelettiques. Les activités volontaires telles que se lever d’une chaise, prendre une balle, puis la lancer au chien constituent quelques exemples de situations dans lesquelles intervient la portion motrice du SNS. Tant les infux nerveux sensoriels qui sont perçus que les infux moteurs qui sont transmis consciemment aux eecteurs (muscles squelettiques) nécessitent la participation du cervelet (voir la section 13.3.3). Par ailleurs, l’activité réfexe des muscles squelettiques est régie par le tronc cérébral et la moelle épinière (voir la section 14.6). Le système nerveux autonome (SNA) (autonomos = qui se régit par ses propres lois) comporte des mécanismes involontaires (voir la fgure 15.2B). Ainsi, toutes les onctions du SNA sont réfexes ; elles surviennent donc sans que l’organisme en soit conscient. Les éléments sensoriels viscéraux correspondent à des récepteurs qui captent les stimulus liés au onctionnement des vaisseaux sanguins, des organes internes et des viscères. Certains de ces neurones sensitis viscéraux, par exemple, décèlent la concentration sanguine du dioxyde de carbone, alors que d’autres détectent les variations de pression en mesurant
Système nerveux somatique
Système nerveux autonome
Ganglion autonome
Ganglion spinal
Racine ventrale
Le neurone somatique moteur achemine les influx nerveux vers un muscle squelettique.
Le neurone somatique sensitif capte les stimulus et transmet les influx nerveux provenant de la peau, des muscles squelettiques, des articulations et des sens particuliers (vue, ouïe, etc.).
Le neurone moteur préganglionnaire autonome achemine les influx nerveux vers un neurone moteur ganglionnaire. Le neurone moteur ganglionnaire autonome transmet les influx nerveux aux muscles lisses, au muscle cardiaque ainsi qu’aux glandes. Muscle lisse de la trachée
Le neurone sensitif viscéral capte les stimulus provenant des vaisseaux sanguins et des muscles lisses des viscères.
Récepteur sensoriel d’un viscère Muscle squelettique
Récepteur sensoriel cutané
A.
B.
FIGURE 15.2 Comparaison entre les systèmes nerveux somatique et autonome ❯ Le SNP se divise, sur le plan fonctionnel, en deux parties : A. le SNS, qui comprend des mécanismes volontaires que
679
l’organisme perçoit et maîtrise consciemment ; et B. le SNA, qui comprend des mécanismes involontaires.
680 Partie III La communication et la régulation
Les neurones moteurs et les neurotransmetteurs
l’étirement des muscles lisses qui orment la paroi des viscères. En revanche, les éléments moteurs autonomes, appelés aussi moteurs viscéraux, émettent les inux nerveux à partir du SNC et les transmettent vers les diérents eecteurs que sont le muscle cardiaque, les muscles lisses et les glandes.
15.1.2
2
Comparer les neurones moteurs du SNS et du SNA.
Le rôle du SNA est de maintenir l’homéostasie, soit la stabilité du milieu interne (voir la section 1.5). Ainsi, le SNA régit l’ensemble des mécanismes physiologiques essentiels pour garder l’organisme en vie, ce qui comprend notamment la régulation de la réquence cardiaque, de la pression artérielle, de la température corporelle, de la réquence respiratoire, de la sudation et de la digestion. Finalement, le SNA s’assure que ces variables demeurent à l’intérieur des limites des valeurs optimales et les ajuste en vue de répondre aux besoins changeants de l’organisme.
3
Décrire la façon dont la chaîne à deux neurones du SNA assure la communication et la régulation de certains mécanismes.
4
Comparer les neurotransmetteurs du SNS et du SNA ainsi que leurs effets sur les effecteurs.
Bien que le SNS et le SNA aient des onctions diérentes, ces deux parties du SNP travaillent de concert pour permettre à l’organisme de s’adapter aux changements du milieu interne et de l’environnement dans le but de maintenir l’homéostasie. Par exemple, durant un exercice physique intense, les besoins des muscles squelettiques en dioxygène et en glucose augmentent. Le SNA permet alors d’augmenter la réquence cardiaque et de dilater les voies respiratoires afn de répondre aux besoins accrus des muscles squelettiques régis par le SNS. Ces derniers pourront poursuivre leur action tant que l’organisme leur ournira les éléments nécessaires à leur grande activité cellulaire et qu’il leur permettra d’éliminer leurs déchets.
Vérifiez vos connaissances 1. Quels critères permettent de diviser le SNP en deux
Les diérences ondamentales entre le SNS et le SNA résident dans le nombre de neurones moteurs inérieurs (voir la section 14.4.3) qui émergent du SNC ainsi que dans la composition et le diamètre des axones. En eet, dans le SNS, un seul neurone moteur inérieur se prolonge du SNC jusqu’aux fbres musculaires squelettiques (voir la fgure 15.2A). Le corps cellulaire d’un neurone moteur inérieur du SNS se situe dans le tronc cérébral ou dans la moelle épinière, alors que son axone émerge du SNC par un ner crânien (NC) ou spinal pour se diriger vers un muscle squelettique. Les neurones moteurs du SNS sont composés d’axones myélinisés de grand diamètre, ce qui assure une propagation rapide des inux nerveux (voir la section 12.8.2). De plus, ils libèrent toujours de l’acétylcholine (ACh), un neurotransmetteur, de leur bouton synaptique de manière à stimuler ou à exciter les fbres des muscles squelettiques (voir la section 10.3). La rapidité des inux somatiques est une question de survie, puisqu’ils commandent les muscles squelettiques pour les réexes, la posture, etc. À l’opposé, dans le SNA, une chaîne de deux neurones moteurs inérieurs émerge du SNC pour innerver le muscle cardiaque, les muscles lisses ainsi que les glandes FIGURE 15.3 (voir aussi la fgure 15.2B). Le premier neurone moteur correspond au
parties, soit le SNS et le SNA ? Quels éléments sensitifs et moteurs interviennent dans chacun de ces systèmes ?
Ganglion autonome
Axone postganglionnaire Axone préganglionnaire
Moelle épinière
Corps cellulaire du neurone préganglionnaire
Corps cellulaire du neurone ganglionnaire
Effecteur (p. ex., le muscle cardiaque, le muscle lisse, la glande)
FIGURE 15.3 Neurones moteurs inférieurs du système nerveux autonome
❯
Le SNA comprend une chaîne à deux neurones moteurs inférieurs composée d’un neurone préganglionnaire et d’un neurone ganglionnaire. Les dendrites et le corps cellulaire du neurone préganglionnaire se
situent dans le SNC (encéphale ou moelle épinière). L’axone préganglionnaire forme une synapse avec un neurone ganglionnaire à l’intérieur d’un ganglion autonome.
Chapitre 15 Le système nerveux : le système nerveux autonome 681
neurone préganglionnaire, dont le corps cellulaire se situe dans le tronc cérébral ou la moelle épinière. Un axone préganglionnaire émerge de ce corps cellulaire, puis quitte le SNC par un nerf crânien ou spinal. L’axone se prolonge jusqu’à un ganglion autonome du SNP. Les neurones préganglionnaires sont composés d’axones faiblement myélinisés dont le diamètre est généralement petit. L’inux nerveux y circule donc plus lentement. Aussi, comme c’est le cas pour le SNS, les inux nerveux entraînent toujours la libération d’ACh en vue d’exciter le neurone ganglionnaire. Le second neurone porte le nom de neurone ganglionnaire. Son corps cellulaire se trouve dans un ganglion autonome. Un axone postganglionnaire émerge du corps cellulaire et se prolonge jusqu’à un effecteur, qu’il s’agisse du muscle cardiaque, d’un muscle lisse ou d’une glande. Les neurones ganglionnaires comportent des axones amyélinisés dont le diamètre est inférieur à celui des axones préganglionnaires. L’influx nerveux y circule donc encore plus lentement. Par ailleurs, le neurotransmetteur libéré par le neurone ganglionnaire à la suite d’un influx nerveux correspond soit à de l’ACh, soit à de la noradrénaline. Ces deux neurotransmetteurs peuvent exciter ou inhiber un effecteur, selon le type de récepteurs que porte ce dernier (voir la section 15.5). Comme
TABLEAU 15.1
les neurones moteurs du SNA sont minces et peu ou pas myélinisés, la propagation des influx nerveux s’avère relativement lente comparativement à celle des axones moteurs somatiques. Le TABLEAU 15.1 compare les caractéristiques des SNS et SNA. La voie motrice à deux neurones du SNA présente un avantage important : elle offre une maîtrise accrue des mécanismes qu’elle régit ainsi qu’une communication efcace entre deux structures en raison de la convergence et de la divergence neuronales qu’elle assure (voir la section 12.11). La convergence neuronale survient lorsque les axones des nombreux neurones préganglionnaires font synapse avec une cellule ganglionnaire unique et qu’ils l’inuencent. La divergence neuronale (di = deux fois), quant à elle, survient lorsque l’axone d’une seule cellule préganglionnaire font synapse avec de nombreuses cellules ganglionnaires et les inuencent.
Vérifiez vos connaissances 2. Quels éléments anatomiques permettent de faire
la distinction entre les neurones moteurs du SNS et ceux du SNA ?
Comparaison des systèmes nerveux somatique et autonome
Caractéristique
Système nerveux somatique
Système nerveux autonome
Type de contrôle
• Volontaire (cerveau) • Réexe (tronc cérébral et moelle épinière)
• Involontaire ou réexe (tronc cérébral, hypothalamus et moelle épinière)
Nombre de neurones que comporte la voie motrice
• Un neurone : un axone moteur somatique émerge du SNC et se prolonge jusqu’à l’effecteur.
• Chaîne de deux neurones : le neurone préganglionnaire comporte un axone qui se prolonge vers un ganglion et qui fait synapse avec le neurone ganglionnaire ; ce dernier comporte un axone qui se prolonge jusqu’à l’effecteur.
Provenance de l’information sensorielle
• Sens particuliers • Peau • Propriocepteurs
• Sens viscéraux, certains sens somatiques
Ganglions liés à l’information sensitive
• Ganglions spinaux • Ganglions sensitifs des nerfs crâniens
Ganglions liés aux neurones moteurs
• Aucun
• Ganglions autonomes (ganglions terminaux, intramuraux, du tronc sympathique, prévertébraux)
Effecteurs
• Fibres des muscles squelettiques
• Cellules du muscle cardiaque, cellules des muscles lisses, glandes
Réponse de l’effecteur
• Excitation uniquement
• Excitation ou inhibition, selon le type de récepteurs
Neurotransmetteur libéré
• Acétylcholine (ACh)
• Les axones préganglionnaires libèrent de l’ACh. • Les axones postganglionnaires libèrent de l’ACh ou de la noradrénaline.
Caractéristiques des axones
• Grand diamètre • Myélinisés • Propagation rapide des inux nerveux
• Axones préganglionnaires : petit diamètre, faiblement myélinisés • Axones postganglionnaires : minces et amyélinisés • Les deux : propagation relativement lente des inux nerveux
682 Partie III La communication et la régulation
INTÉGRATION
STRATÉGIES D’APPRENTISSAGE
Pour mieux comprendre les chaînes de deux neurones du SNA, il sut de les comparer au réseau de transport aérien, lequel a recours à des vols de correspondance et à des plate ormes aéroportuaires en vue de transporter le plus grand nombre de passagers possible, de la manière la plus rentable possible. Imaginez un instant que vous quittez Québec pour Vancouver à l’occasion d’un voyage de ski. L’escale que vous aites à Toronto correspond à l’axone préganglionnaire. Bien que Toronto ne soit pas vraiment sur votre chemin, la compagnie de transport aérien vous dirige vers une plateorme aéroportuaire, car il est plus ecace de transporter tous les pas sagers en provenance de Québec vers la ville centrale de Toronto avant de diriger chacun à travers tout le Canada.
Cette approche par correspondances permet de aire conver ger un grand nombre de passagers vers une plateorme aéropor tuaire avant de les aire diverger vers leur destination nale. Ainsi, la chaîne de deux neurones moteurs du SNA assure une conver gence et une divergence neuronales. Le SNA s’apparente aux correspondances aériennes et aux plateormes aéroportuaires dans la mesure où, dans les deux cas, il y a regroupement puis dispersion de nombreux éléments dié rents (qu’il s’agisse d’infux nerveux ou de passagers) à l’aide d’un nombre restreint de neurones ou d’appareils.
1 Vol « préganglionnaire » de Québec à Toronto
Ainsi, la plateorme de Toronto correspond au ganglion autonome, soit le point où les « vols » préganglionnaire et postganglion naire se croisent. Par ailleurs, d’autres « vols » préganglionnaires passent par cet endroit à partir duquel les passagers prennent ensuite une correspondance vers leur destination. Votre correspondance de Toronto à Vancouver représente donc le neurone ganglionnaire. C’est ce second vol qui vous transporte vers votre destination nale. De la même manière, l’axone postganglionnaire achemine un infux nerveux vers un organe eecteur. Dans votre avion se trouvent des passagers d’autres « vols » préganglionnaires qui se dirigent tous vers Vancouver, comme vous. La açon la plus rapide de vous rendre à Vancouver estelle vraiment de prendre deux vols ? Évidemment, la réponse est non. Cependant, il s’agit de la açon la plus rentable (ou la plus ecace) pour les transporteurs aériens de répondre aux besoins des passagers avec un nombre restreint d’appareils.
15.2 Les divisions du système
nerveux autonome
La portion motrice du SNA se subdivise en deux pour ormer la division parasympathique et la division sympathique. Ces deux divisions comportent des diérences onctionnelles et anatomiques, et, lorsqu’elles sont activées, l’ampleur de leur réponse varie selon le mode d’activation (activation locale ou générale).
Vancouver Québec Toronto 2 Vol « postganglionnaire » de Toronto (ganglion autonome) à Vancouver (organe effecteur)
innervation, les deux divisions permettent d’assurer avec précision le bon onctionnement de l’organisme. Il est ainsi plus juste de les considérer comme des divisions complémentaires que de les qualifer d’antagonistes.
Décrire les onctions générales remplies par les divisions parasympathique et sympathique du SNA.
En l’absence de stress, la division parasympathique (para = à côté de, sympatia = entente) (ou système nerveux autonome parasympathique [SNAP]) contribue au maintien de l’homéostasie de l’organisme. Lorsque le corps est au repos, cette division est principalement responsable de préserver l’énergie, d’approvisionner les réserves de nutriments et d’éliminer les déchets. En eet, sous son contrôle, la sécrétion des glandes digestives est activée ainsi que la miction et la déécation. Généralement, une augmentation de l’activité parasympathique diminue la réquence cardiaque et la pression artérielle, et resserre les voies aériennes, puisque le repos ne nécessite pas l’augmentation des besoins en oxygène.
Les divisions sympathique et parasympathique du SNA innervent généralement les mêmes organes, mais elles exercent cependant des eets diérents sur ces derniers. C’est ce qui se nomme la double innervation (voir la section 15.6.2). Grâce à cette double
La division sympathique (ou système nerveux autonome sympathique [SNAS]) intervient surtout dans la préparation de l’organisme aux situations de stress. Cette division est souvent associée au concept de lutte ou de uite, car une activité sympathique accrue entraîne une augmentation de la vigilance et de
15.2.1 1
Les différences fonctionnelles
Chapitre 15 Le système nerveux : le système nerveux autonome
l’activité métabolique en vue de coordonner et de diriger une réponse de l’organisme en situation d’urgence ou de peur. Généralement, une augmentation de l’activité sympathique accélère la réquence cardiaque, élève la pression artérielle, dilate les bronches et augmente la sudation pour s’adapter à une activation du métabolisme de l’organisme. En plus de ces eets, le SNAS diminue l’activité des organes non essentiels en situation d’urgence an de permettre à l’organisme d’investir son énergie aux activités lui permettant de combler ses besoins élevés. Par exemple, il ralentit la digestion en diminuant la sécrétion des glandes digestives et inhibe le réfexe de miction.
STRATÉGIES D’APPRENTISSAGE
INTÉGRATION
Afn de ne pas oublier à quels moments les systèmes para sympathique et sympathique sont actis, souvenezvous des trois « P » pour le système parasympathique (Paresse, Pause et Paix) et des trois « S » pour le système sympathique (Stress, Sport et Survie).
683
Vérifiez vos connaissances 3. Quelles principales onctions la division parasym
pathique remplitelle ?
15.2.2 2
Les différences anatomiques
Comparer les neurones moteurs et les ganglions de la divi sion parasympathique à ceux de la division sympathique.
Sur le plan anatomique, ces deux divisions sont semblables dans la mesure où elles ont toutes deux recours à un neurone préganglionnaire et à un neurone ganglionnaire an d’innerver les muscles et les glandes. De plus, les divisions parasympathique et sympathique comportent toutes les deux des ganglions autonomes qui renerment les corps cellulaires des neurones ganglionnaires. Touteois, l’une des principales diérences entre les deux a trait à l’emplacement des corps cellulaires des neurones préganglionnaires dans le SNC FIGURE 15.4. En eet, les
Système nerveux autonome moteur
Division parasympathique Origine : Les neurones préganglionnaires sont situés dans des noyaux du tronc cérébral et dans les segments S2 à S4 de la moelle épinière (origine crâniosacrale). Fonctions : • Réaction de repos et de récupération • Retour de l’organisme à l’homéostasie
Division sympathique
Tronc sympathique
Origine : Les neurones préganglionnaires sont situés dans les cornes latérales des segments T1 à L2 de la moelle épinière (origine thoracolombaire).
Segments T1 à L2 de la moelle épinière
Fonctions : • Actifs dans les situations de stress • Réaction de lutte ou de fuite • Contribution à l’homéostasie
NC III (nerf oculomoteur) NC VII (nerf facial) NC IX (nerf glossopharyngien) NC X (nerf vague)
Segments S2 à S4 de la moelle épinière
Nerfs splanchniques sacraux
FIGURE 15.4 Composantes des divisions parasympathique et sympathique du système nerveux autonome ❯ Les neurones moteurs de la division parasympathique du système nerveux autonome
sont issus du tronc cérébral et de la région sacrale de la moelle épinière. Les neurones moteurs de la division sympathique ont leur origine dans les régions thoracique et lombaire de la moelle épinière.
684 Partie III La communication et la régulation
neurones préganglionnaires parasympathiques proviennent du tronc cérébral (NC III, NC VII, NC IX, NC X) ou de la substance grise située dans la partie latérale de la portion S2 à S4 de la moelle épinière. C’est d’ailleurs pourquoi le système nerveux parasympathique est également qualifé de système crâniosacral. À l’opposé, les neurones préganglionnaires sympathiques proviennent des cornes latérales de la portion T1 à L2 de la moelle épinière. C’est pourquoi le système nerveux sympathique est également appelé système thoracolombaire. Les divisions parasympathique et sympathique du SNA se distinguent également par ces points FIGURE 15.5 : • La longueur de leurs axones préganglionnaires et postgan glionnaires. Les axones préganglionnaires parasympathiques sont longs, tandis que les axones postganglionnaires sont courts, ce qui est exactement l’inverse pour les axones du même type de la division sympathique. • Le nombre de ramifcations de l’axone préganglionnaire. Les axones préganglionnaires parasympathiques présentent généralement peu de ramifcations (moins de 4), alors qu’elles sont nombreuses pour ce même type d’axones dans la division sympathique (plus de 20). • L’emplacement de leurs ganglions. Les ganglions autonomes parasympathiques se situent à proximité de l’eecteur ou à l’intérieur de ce dernier (ganglions terminaux ou intramuraux). À l’opposé, les ganglions autonomes sympathiques se trouvent à proximité de la moelle épinière, de part et d’autre ou à l’avant de celle-ci (ganglions du tronc sympathique et ganglions prévertébraux ; voir la section 15.4.1.4).
Vérifiez vos connaissances 4. Décrivez les diérences anatomiques générales
des divisions parasympathique et sympathique.
15.2.3 3
Comparer l’ampleur de la réponse créée à la suite de l’activation de la division parasympathique à celle créée à la suite de l’activation de la division sympathique.
Les caractéristiques distinctes de ces divisions ont un eet direct sur la capacité d’activation des eecteurs. Dans la division parasympathique, le neurone préganglionnaire ait synapse avec un petit nombre de neurones ganglionnaires, voire un seul. Ce court neurone ganglionnaire prend naissance dans un ganglion situé près ou à l’intérieur de l’eecteur. De plus, tous les neurones parasympathiques sécrètent de l’ACh qui est rapidement dégradée par une enzyme, l’acétylcholinestérase. Ainsi l’action du neurotransmetteur disparaît rapidement. La division parasympathique exerce donc une action brève et localisée sur ses eecteurs. En revanche, dans la division sympathique, les ramifcations abondantes des neurones préganglionnaires se situent dans le tronc sympathique (voir la section 15.4.1.1) et ont synapse avec de nombreux neurones ganglionnaires courts, ce qui permet l’activation simultanée de nombreuses structures. Le rapport entre les axones préganglionnaires et postganglionnaires est estimé à une proportion de 1 à 200. La division sympathique exerce donc une réaction plus diuse et prolongée sur les eecteurs. Ce phénomène est appelé activation générale. Cette mobilisation générale est particulièrement importante dans la réaction de l’organisme au stress, soit lorsqu’il s’avère nécessaire de coordonner des changements rapides dans l’activité de plusieurs structures à la ois. Par exemple, songez un instant à tous les changements qui s’opèrent dans votre organisme lorsque vous êtes apeuré ou que vous aites de l’exercice : votre réquence cardiaque, votre pression artérielle, votre réquence et votre amplitude respiratoires augmentent, vos pupilles se dilatent et votre organisme libère les réserves d’énergie dans le
Division sympathique
Division parasympathique
Neurone préganglionnaire
Axone préganglionnaire (long)
Neurone ganglionnaire
L’ampleur de la réponse
Axone postganglionnaire (court)
Axone préganglionnaire (court et ramifié)
Axone postganglionnaire (long)
Neurone préganglionnaire
Neurone ganglionnaire Ganglion autonome (près de la paroi de l’effecteur ou dans celle-ci) A.
Ganglion autonome (près de la colonne vertébrale) B.
FIGURE 15.5 Différences anatomiques entre les neurones parasympathiques et sympathiques ❯ A. La division parasympa thique comporte des axones préganglionnaires plus longs et des axones postganglionnaires plus courts que les axones de la division sympathique. Les axones se ramifent peu. Les ganglions autonomes se trouvent près
ou à l’intérieur de l’eecteur. B. La division sympathique comporte des axones préganglionnaires plus courts et des axones postganglion naires plus longs que les axones de la division parasympathique. Les axones préganglionnaires possèdent de nombreuses ramifcations, et les ganglions autonomes se situent près de la colonne vertébrale.
Chapitre 15 Le système nerveux : le système nerveux autonome
oie. Cependant, n’oubliez pas qu’il arrive également que le système sympathique n’active qu’un seul eecteur, ce qui est le cas, par exemple, lorsque ce système stimule le muscle lisse de vos pupilles en vue d’accroître leur diamètre quand la luminosité est aible.
15.3.1
1
Le TABLEAU 15.2 compare sommairement les divisions parasympathique et sympathique du SNA.
Vériiez vos connaissances 5. Comment la division sympathique entraînetelle
une mobilisation générale de l’organisme ?
15.3 La division
parasympathique
La division parasympathique intervient principalement dans le maintien de l’homéostasie lorsque l’organisme est au repos. La division parasympathique est également qualifée de crâniosacrale en raison de la provenance de son neurone préganglionnaire. Les deux types de ganglions liés à la division parasympathique sont les ganglions terminaux (terminalis = relati aux limites), situés à proximité de l’eecteur, et les ganglions intramuraux (intra = dans, murus = mur), situés dans la paroi de l’organe cible. Les sections 15.3.1 et 15.3.2 traitent plus en détail de la structure, des onctions ainsi que des éléments crâniens et sacraux du système nerveux parasympathique. Le TABLEAU 15.3 présente un résumé des divers ners associés à la division parasympathique.
TABLEAU 15.2
685
Les neurofbres d’origine crânienne
Nommer les quatre ners crâniens de la division parasympathique et décrire leurs onctions.
Les ners crâniens qui interviennent dans la division parasympathique sont les ners oculomoteur (III), acial (VII), glossopharyngien (IX) et vague (X) (il s’agit de paires de ners qui prennent naissance dans l’encéphale ; voir le tableau 13.8, p. 613). Parmi ces ners, les trois premiers assurent l’innervation parasympathique de la tête, alors que le ner vague est à l’origine de la stimulation parasympathique des organes thoraciques et de la plupart des organes abdominaux FIGURE 15.6.
15.3.1.1 Le ner oculomoteur Le nerf oculomoteur (NC III) est ormé à partir des axones qui émergent des corps cellulaires situés dans les noyaux oculomoteurs accessoires du mésencéphale. Les axones préganglionnaires se prolongent du NC III jusqu’aux ganglions ciliaires (cilium = paupière) de l’orbite. Les axones postganglionnaires émergent ainsi de ce ganglion et se projettent vers le muscle ciliaire en vue de régir la mise au point qu’eectue le cristallin pour percevoir les objets rapprochés. Les axones du ganglion ciliaire se prolongent également jusqu’au muscle responsable de la contraction de la pupille, dans l’iris, qui empêche une certaine partie de la lumière de pénétrer dans l’œil (p. ex., lorsqu’une personne sort marcher par une belle journée ensoleillée) (voir la section 16.4.2).
Comparaison des divisions parasympathique et sympathique du système nerveux autonome
Caractéristique
Division parasympathique
Division sympathique
Fonctions
• Maintien de l’homéostasie • Conservation de l’énergie, renouvellement des réserves énergétiques en avorisant la digestion et l’élimination des déchets
• Adaptation à un stress • Dépense de l’énergie • Réaction de lutte et de uite
Situation du corps cellu laire des neurones préganglionnaires
• Tronc cérébral et substance grise latérale des segments S2 à S 4 de la moelle épinière, d’où son nom de division crâniosacrale
• Cornes latérales des segments T1 à L 2 de la moelle épinière, d’où l’appellation de division thoracolombaire
Divergence des axones
• Faible (un axone innerve moins de 4 neurones ganglionnaires)
• Importante (un axone innerve plus de 20 neurones ganglionnaires)
Longueur de l’axone préganglionnaire
• Long
• Court
Nombre de ramifcations
• Peu ou pas ramifé
• Très ramifé (plus de 20 ramifcations)
Longueur de l’axone postganglionnaire
• Court
• Long
Localisation des ganglions
• Ganglions terminaux près de l’organe cible • Ganglions intramuraux dans la paroi de l’organe cible
• Ganglions du tronc sympathique (paravertébraux) de part et d’autre de la colonne vertébrale • Ganglions prévertébraux (collatéraux) en avant de la colonne vertébrale et de l’aorte descendante
Rameaux communicants
• Aucun
• Rameaux blancs reliés aux ners spinaux T1 à L2 • Rameaux gris reliés à tous les ners spinaux
Degré de réaction
• Brève et locale
• Prolongée et diuse : activation générale ou réponse locale
686 Partie III La communication et la régulation
TABLEAU 15.3
Nerfs émergeant de la division parasympathique
Nerfs
Origine des neurones préganglionnaires
Ganglions autonomes
Effecteurs innervés
NC III (ner oculomoteur)
Mésencéphale
• Ganglions ciliaires
• Muscles ciliaires régissant le cristallin au moment de l’accommodation pour la vision de près • Muscle sphincter de la pupille responsable de la constriction de la pupille
NC VII (ner acial)
Pont
• Ganglions ptérygopalatins • Ganglions submandibulaires
• Glandes lacrymales • Glandes de la cavité nasale, du palais et de la cavité orale • Glandes submandibulaires et glandes salivaires sublinguales
NC IX (ner glossopharyngien)
Bulbe rachidien
• Ganglion otique
• Glandes salivaires parotides
NC X (ner vague)
Bulbe rachidien
• Nombreux ganglions terminaux et intramuraux
• Viscères thoraciques ainsi que la plupart des viscères abdominaux
Neurofbres d’origine sacrale
Portion S 2 à S4 de la moelle épinière
• Ganglions terminaux et intramuraux
• Certains viscères abdominaux et pelviens
15.3.1.2 Le nerf facial Le nerf facial (NC VII) renerme des axones préganglionnaires parasympathiques qui émergent des noyaux lacrymaux du pont et qui régissent la production et la sécrétion de larmes, de mucus et de salive. Deux ramifcations de ces axones émergent du ner acial et terminent leur course dans un ganglion. En eet, l’extrémité de l’une des ramifcations, soit le grand ner pétreux, se trouve dans le ganglion ptérygopalatin (pterugoeidês = qui a la orme d’une aile, palatum = palais), lequel se situe à la jonction entre les os de la mâchoire et du palais. Quant aux axones postganglionnaires, ils se prolongent jusqu’aux glandes lacrymales ainsi qu’aux petites glandes de la cavité nasale, de la cavité orale et du palais en vue d’accroître leur sécrétion.
INTÉGRATION
STRATÉGIES D’APPRENTISSAGE
Pour vous souvenir de la onction du ganglion ptérygopalatin, rappelezvous qu’il est parois appelé ganglion du rhume des oins. En eet, lorsqu’il subit une surstimulation, il provoque cer tains des symptômes types d’allergie, notamment un écoule ment des yeux et du nez, des démangeaisons du nez et de la gorge ainsi que des éternuements.
L’extrémité de la seconde ramifcation des axones préganglionnaires, la corde du tympan, se trouve dans le ganglion sub mandibulaire situé près de l’angle que orme la mandibule. Les axones postganglionnaires, quant à eux, se projettent à partir de ce ganglion en vue de desservir les glandes salivaires submandibulaires et sublinguales du plancher buccal, ce qui entraîne une augmentation de la production de sécrétions par ces glandes (voir la section 26.2.2). Ainsi, c’est la division
parasympathique du SNA qui ait saliver une personne lorsqu’elle hume les odeurs d’un mets qui lui ait envie.
À votre avis 1. Le ner vague (NC X) est parois appelé ner pneumo
gastrique. Pourquoi ne seraitil pas aux de l’appeler encore ainsi ?
15.3.1.3 Le nerf glossopharyngien Le nerf glossopharyngien (NC IX) innerve la glande parotide. La stimulation parasympathique quitte le tronc cérébral par ce ner. À partir du ner glossopharyngien, les axones préganglionnaires parasympathiques se ramifent et ont synapse avec les neurones ganglionnaires du ganglion otique (ôtikos = relati à l’oreille), ce dernier se trouvant à l’avant de l’oreille, près du oramen ovale. Quant aux axones postganglionnaires du ganglion otique, ils provoquent une augmentation de la sécrétion des glandes salivaires parotides.
15.3.1.4 Le nerf vague Le nerf vague (NC X) est chargé de l’innervation parasympathique des organes thoraciques, de la plupart des organes abdominaux et des gonades (ovaires et testicules). Le terme vague renvoie à la notion d’errance qui décrit bien la trajectoire multidirectionnelle du ner vague lorsqu’il se projette vers le cou ainsi que vers plusieurs structures du tronc. Des ners vagues gauche et droit naissent de multiples ramifcations qui se prolongent vers les organes thoraciques. À mesure que les ners se dirigent vers le bas, ils dévient légèrement et deviennent les troncs vagaux antérieur et postérieur. Dans la cavité thoracique, l’innervation parasympathique entraîne une augmentation de la production de mucus ainsi qu’une
Chapitre 15 Le système nerveux : le système nerveux autonome
687
Axone préganglionnaire Axone postganglionnaire
Ganglion ciliaire Glande lacrymale
NC III
Ganglion ptérygopalatin
Glande salivaire parotide Glande salivaire submandibulaire Glande salivaire sublinguale
NC VII Ganglion submandibulaire Ganglion otique NC IX
Pont
Cœur Plexus cardiaque
NC X
Trachée Plexus pulmonaire Plexus œsophagien Poumon Œsophage Foie Vésicule biliaire Estomac
Plexus aortique abdominal
Rate
Moelle épinière
Rein Uretère Pancréas Intestin grêle
Plexus hypogastrique Testicule Ovaire
Côlon descendant Rectum
S2 S3 S4
Vessie
Nerfs splanchniques sacraux Pénis Utérus Vagin
FIGURE 15.6 Vue d’ensemble des voies parasympathiques
❯ Les neurones préganglionnaires de la division parasympathique sont issus de l’encé phale et de la région sacrale de la moelle épinière. Ils font synapse avec des neurones ganglionnaires situés soit dans les ganglions terminaux
(près de l’organe), soit dans les ganglions intramuraux (dans la paroi de l’organe). Les axones postganglionnaires partent de ces ganglions et se rendent aux cellules effectrices se trouvant à proximité.
688 Partie III La communication et la régulation
diminution du diamètre des voies respiratoires, de la réquence cardiaque et de la orce des contractions cardiaques. Les troncs vagaux traversent le diaphragme et se joignent, dans la cavité abdominale, à l’aorte abdominale descendante. À cet endroit, ils se prolongent jusqu’aux ganglions adjacents (ganglions terminaux) ou jusqu’à la paroi des organes cibles (ganglions intramuraux). Cette innervation parasympathique entraîne également une augmentation de la motilité des muscles lisses et de la sécrétion des organes digestis (voir le chapitre 26).
parasympathique augmente la motilité (contraction) des muscles lisses, la sécrétion des composantes du tube digesti (ou tractus gastro-intestinal) (voir le chapitre 26), en plus de régir la contraction des muscles lisses de la vessie (voir la section 24.8.3) ainsi que l’érection du clitoris, chez la emme, et du pénis, chez l’homme (voir les sections 28.3.7 et 28.4.6).
Vériiez vos connaissances 7. Quels organes sont innervés par les neurofbres
d’origine sacrale ?
INTÉGRATION APPLICATION CLINIQUE
Le choc vagal Le choc vagal (ou lipothymie vagale) est un malaise dû à une activité excessive du système nerveux parasympathique par la dixième paire de ners crâniens, appelée ner vague. Ce malaise est causé par un ralentissement du rythme cardiaque (bradycardie) associé à une chute de la pression artérielle aboutissant à une mauvaise irrigation sanguine du cerveau et causant une aiblesse, une sudation excessive, des nausées et des étourdissements pouvant mener à un évanouissement. Normalement, le système nerveux parasympathique ralentit le rythme cardiaque et, de son côté, le système nerveux sympa thique l’accélère. Cette rupture d’équilibre entre les deux sys tèmes peut survenir en présence d’un choc émoti, de douleurs violentes, à la vue du sang, chez un individu en surpoids ou chez une personne âgée. Aucune intervention médicale n’est nécessaire. La position couchée, le repos et la nutrition amé liorent généralement l’état de santé de la personne atteinte.
15.4 La division sympathique La division sympathique intervient principalement dans l’adaptation de l’organisme aux diérentes situations de stress. Sur le plan onctionnel, il s’agit de la division chargée des mécanismes de lutte ou de uite, car elle est activée durant les situations d’urgence. La division sympathique est également appelée division thoracolombaire en raison de l’origine anatomique de ses neurones préganglionnaires (entre T1 et L 2). Le TABLEAU 15.4 présente l’infuence de la division sympathique sur certains organes.
15.4.1
1
Situer les corps cellulaires des neurones préganglionnaires sympathiques.
2
Décrire les troncs sympathiques gauche et droit ainsi que les ganglions qui y sont associés.
3
Comparer les rameaux de substance grise et de substance blanche quant à leur emplacement et à leur composition.
4
Distinguer les ganglions du tronc sympathique des ganglions prévertébraux.
Vériiez vos connaissances 6. Nommez les quatre ners crâniens qui jouent
un rôle dans le système nerveux parasympathique. Quels organes sont innervés par ces ners ?
15.3.2 2
Les neurofbres d’origine sacrale
Expliquer le rôle des neurofbres d’origine sacrale.
Les autres axones préganglionnaires parasympathiques naissent des neurones préganglionnaires de la substance grise située dans la partie latérale de la portion S2 à S4 de la moelle épinière. Ces axones se ramient et orment les neurofbres d’origine sacrale (ou ners splanchniques [splagkhnon = viscère] sacraux ou pelviens), lesquels passent par les plexus hypogastriques supérieur et inérieur situés de part et d’autre de l’organisme. Les axones préganglionnaires qui traversent chacun des plexus se prolongent jusqu’aux neurones ganglionnaires des ganglions terminaux ou intramuraux. Quant aux axones postganglionnaires, ils se prolongent jusqu’à l’eecteur. Parmi les organes innervés gurent la partie distale du gros intestin, le rectum, la vessie, la partie distale de l’uretère ainsi que la plupart des organes génitaux. Cette innervation
L’organisation et l’anatomie du système sympathique
Sur le plan anatomique, la division sympathique est plus complexe que la division parasympathique. C’est pourquoi il sera d’abord question des structures anatomiques qui la composent et de ses voies nerveuses. Les corps cellulaires des neurones préganglionnaires sympathiques se situent dans la corne latérale de la portion de moelle épinière située entre les vertèbres T1 et L2. À partir de ce point, les axones préganglionnaires quittent la moelle épinière avec les axones moteurs somatiques, puis ils pénètrent dans les racines antérieures et dans les ners spinaux T1 à L 2. Touteois, ces axones sympathiques préganglionnaires ne demeurent dans les ners spinaux qu’un court moment avant d’en ressortir FIGURE 15.7.
15.4.1.1 Les troncs et les ganglions sympathiques Les troncs sympathiques gauche et droit se situent devant la paire de ners spinaux, de part et d’autre de la colonne vertébrale. Les troncs sympathiques s’apparentent à un collier de
Chapitre 15 Le système nerveux : le système nerveux autonome
TABLEAU 15.4
Voies de la division sympathique
Voie nerveuse
Destination
Segment spinal d’origine
Voie empruntée par l’axone postganglionnaire à partir du tronc sympathique
Effecteurs innervés a
Voie spinale
Structure tégumentaire
T1 à L 2
• Rameau cervical de substance grise vers tous les nerfs spinaux
• Glandes sudoripares, muscles arrecteurs des poils, vaisseaux sanguins de la peau du torse, des membres et du cou
Voie postganglion naire sympathique
Viscères de la tête et du cou
T1 à T 2 (principale ment à partir de T1)
• Ganglion cervical supérieur • Vaisseaux sanguins vers les viscères de la tête et du cou
• Glandes sudoripares, muscles arrecteurs des poils, vaisseaux sanguins de la peau de la tête • Muscle dilatateur de la pupille • Glandes de Meibomius • Muscle tarsal supérieur de l’œil • Viscères du cou
Organes thoraciques
T1 à T5
• Ganglions cervicaux et thoraciques vers les plexus nerveux situés près des organes thoraciques
• Œsophage, cœur, poumons, vaisseaux sanguins de la cavité thoracique
La plupart des organes abdominaux
T5 à T12
• Nerfs splanchniques vers les ganglions prévertébraux (p. ex., les ganglions cœliaques, le mésentérique supérieur et le mésentérique inférieur)
• Portion abdominale de l’œsophage, estomac, foie, vésicule biliaire, rate, intestin grêle, la majeure partie du gros intestin, reins, uretères, glandes surrénales, vaisseaux sanguins de la cavité abdominopelvienne
Organes pelviens
T10 à L 2
• Nerfs splanchniques lombaire et sacral vers les plexus nerveux autonomes qui se prolongent vers les effecteurs
• Portion distale du gros intestin, du canal anal et du rectum • Portion distale de l’uretère • Vessie • Organes génitaux
Glandes surrénales (médulla surrénale)
T8 à T12
• Nerf grand splanchnique vers la médulla surrénale
• Cellules neurosécrétrices de la médulla surrénale
Voie splanchnique
Voie de la médulla surrénale a
689
Les axones sympathiques innervent les muscles lisses, le muscle cardiaque ainsi que les glandes associées aux organes énumérés.
perles. Les regroupements d’axones correspondent à la chaînette du collier, alors que les ganglions du tronc sympathique (ou ganglions latéraux vertébraux ou chaîne ganglionnaire) représentent les perles et renferment les corps cellulaires des neurones sympathiques ganglionnaires. Environ un ganglion du tronc sympathique est associé à chaque nerf spinal. Toutefois, la portion cervicale de chacun des troncs sympathiques est séparée en trois ganglions, les ganglions cervicaux supérieur, moyen et inférieur. Le ganglion cer vical supérieur renferme des corps cellulaires postganglionnaires sympathiques dont les axones se projettent principalement vers les structures de la tête et du cou, mais également vers certains viscères thoraciques. Ces axones postganglionnaires innervent les glandes sudoripares, les muscles lisses des vaisseaux sanguins de la tête et du cou, les muscles dilatateurs de la pupille ainsi que le muscle tarsal supérieur de l’œil (qui permet d’élever la paupière). Les ganglions cervicaux moyen et inférieur renferment également des corps cellulaires qui prolongent les axones postganglionnaires vers les viscères thoraciques. La FIGURE 15.8 présente une photographie du tronc sympathique du côté droit du corps.
15.4.1.2 Les rameaux blancs et gris Les rameaux communicants (ramellus = petite branche, communicare = partager) relient les nerfs spinaux à chacun des troncs sympathiques (voir la fgure 14.10, p. 645). Les rameaux communicants blancs (ou rameaux blancs) acheminent des axones préganglionnaires sympathiques des nerfs spinaux T1 à L2 vers le tronc sympathique. Ainsi, ils ne sont associés qu’aux nerfs spinaux T1 à L 2. Les axones préganglionnaires sont myélinisés, d’où la couleur blanchâtre de ces rameaux. Par analogie, les rameaux blancs peuvent être comparés aux rampes d’accès d’une autoroute. Les rameaux communicants gris (ou rameaux gris) transportent des axones postganglionnaires sympathiques du tronc sympathique vers un nerf spinal. Ces axones sont amyélinisés, ce qui explique leur couleur grisâtre. Les rameaux gris se lient à tous les nerfs spinaux, y compris les nerfs spinaux cervical, sacral et caudal. En empruntant ces voies nerveuses, l’information sympathique provenant de la région thoracolombaire peut ainsi être transmise dans l’ensemble de l’organisme. Par analogie, les rameaux gris peuvent être comparés aux sorties d’une autoroute.
690 Partie III La communication et la régulation
Axone préganglionnaire Axone postganglionnaire
Œil Vaisseaux sanguins et glandes sudoripares de la tête
Glandes salivaires
Vaisseaux sanguins Cœur
Moelle épinière
Droite
Gauche
Plexus cardiaque et pulmonaire
Ganglion cervical supérieur Ganglion cervical moyen Ganglion cervical inférieur T1
Axones postganglionnaires allant à la peau et aux vaisseaux sanguins
T1
T1
T2
T2
T3
T3
T4
T4
T5
T5
T6
T6
T7
T7
T8
T8
T9
T9
T10
T10
T11
T11
T12
T12
L1
L1
L2
L2
Poumon Ganglion cœliaque Nerf grand splanchnique
Nerf petit splanchnique
Nerf splanchnique inférieur
L2 L3 L4
Foie et vésicule biliaire
S1
Ganglion mésentérique inférieur
Pancréas Gros intestin Intestin grêle
Rectum Uretère (portion distale)
Plexus hypogastrique
Vessie
Conduit déférent Vésicule séminale Prostate
S2
Ganglions du tronc sympathique Nerfs splanchiques Ovaire sacraux
Médulla surrénale Rein Uretère (portion proximale)
Ganglions mésentériques supérieurs
Nerfs splanchniques lombaires
L5
Estomac Rate
Utérus
Testicule
FIGURE 15.7 Vue d’ensemble des voies sympathiques
❯ La partie gauche de la fgure montre le point de sortie des axones préganglionnaires et la distribution des axones postganglionnaires innervant la peau.
La partie droite de la fgure illustre les voies axonales postganglionnaires sympathiques dans les rameaux communicants gris, les ners spinaux et les ners splanchniques.
Chapitre 15 Le système nerveux : le système nerveux autonome
691
Veine cave supérieure
Nerf intercostal Tronc sympathique Rameau gris Rameau blanc
Aorte thoracique descendante
Ganglions du tronc sympathique
Veine azygos
Nerf grand splanchnique
Diaphragme
FIGURE 15.8 Tronc sympathique
❯ Cette photographie de l’intérieur du côté droit de la cavité thoracique montre le tronc sympathique, des rameaux communicants (un blanc et un gris), leur jonction aux nerfs intercostaux ainsi que le nerf grand splanchnique.
15.4.1.3 Les nerfs splanchniques sympathiques À l’exception des ners splanchniques sacraux, tous les nerfs splanchniques sympathiques sont composés d’axones préganglionnaires sympathiques qui n’ont pas ormé de synapses dans le ganglion du tronc sympathique (voir la fgure 15.7). Ces ners parcourent l’avant du corps, entre le tronc sympathique et la plupart des viscères. Les ners splanchniques sympathiques ne doivent pas être conondus avec les neurofbres d’origine sacrale (ou ners splanchniques) de la division parasympathique, dont il a été question précédemment. Voici le nom de certains de ces ners splanchniques : • Le nerf grand splanchnique est ormé à partir des axones préganglionnaires qui émergent des ganglions du tronc sympathique de T5 à T9.
• Le nerf petit splanchnique est ormé à partir des axones préganglionnaires qui émergent des ganglions du tronc sympathique de T10 à T11. • Le nerf splanchnique inférieur est ormé à partir des axones préganglionnaires qui émergent des ganglions du tronc sympathique de T12. • Les nerfs splanchniques lombaires proviennent des ganglions du tronc sympathique de L1 et L 2. Les ners splanchniques sacraux prennent naissance dans les ganglions sympathiques sacraux. Généralement, les ners splanchniques aboutissent dans trois ganglions prévertébraux (ou ganglions collatéraux). Ces ganglions sont dits prévertébraux, car ils sont situés juste à l’avant de la colonne vertébrale,
692 Partie III La communication et la régulation
sur la paroi antérolatérale de l’aorte abdominale. Les ganglions prévertébraux orment généralement des grappes autour des points d’origine des principales artères abdominales. Ils sont d’ailleurs nommés d’après ces artères. Les axones postganglionnaires sympathiques émergent des neurones de ces ganglions et innervent bon nombre d’organes abdominaux.
15.4.1.4 La typologie des ganglions autonomes Les ganglions prévertébraux dièrent des ganglions du tronc sympathique dans la mesure où ils sont situés à l’avant de la colonne vertébrale (d’où le qualifcati prévertébral), sur la paroi antérolatérale de l’aorte, et qu’ils sont présents uniquement dans la cavité abdominopelvienne. Les ganglions prévertébraux comprennent les ganglions cœliaques, mésentériques supérieurs et mésentériques inérieurs. Les ganglions cœliaques sont adjacents au point d’origine de l’artère cœliaque. Les ners grands splanchniques (composés d’axones de la partie T5 à T9 de la moelle épinière) ont synapse avec les neurones ganglionnaires dans chacun des ganglions cœliaques. Les axones postganglionnaires de ces ganglions innervent l’estomac, la rate, le oie, la vésicule biliaire, la portion proximale du duodénum (la première partie de l’intestin grêle) ainsi qu’une partie du pancréas.
et les ners splanchniques inérieurs se projettent vers les ganglions mésentériques supérieurs, où ils terminent leur course. Ces ganglions reçoivent des neurones préganglionnaires sympathiques de la portion T10 à T12 de la moelle épinière. Quant aux axones postganglionnaires, ils émergent des ganglions mésentériques supérieurs et innervent la moitié distale du duodénum, la portion restante de l’intestin grêle, la partie proximale du gros intestin, une partie du pancréas, les reins ainsi que la portion proximale de l’uretère. Les ganglions mésentériques inférieurs sont adjacents au point d’origine de l’artère mésentérique inérieure. Ils reçoivent des axones préganglionnaires sympathiques des ners splanchniques lombaires qui proviennent de la portion L1 à L 2 de la moelle épinière. Les axones postganglionnaires se prolongent jusqu’à la portion distale du gros intestin, au rectum, à la vessie, à la portion distale de l’uretère ainsi que jusqu’à la plupart des organes génitaux en vue de les innerver.
Vérifiez vos connaissances 8. Quelle est la différence entre les ganglions du tronc
sympathique et les ganglions prévertébraux ? 9. Quelles différences structurales et fonctionnelles y
atil entre les rameaux communicants gris et blancs ?
Les ganglions mésentériques supérieurs (mesos = au milieu, médian, enteron = intestin) sont adjacents au point d’origine de l’artère mésentérique supérieure. Les ners petits splanchniques
10. Où se situent les nerfs splanchniques dans la division
sympathique ? Quel rôle jouentils ?
INTÉGRATION APPLICATION CLINIQUE
Le syndrome de Horner DÉSÉQUILIBRE HOMÉOSTATIQUE
Le syndrome de Horner (ou syndrome de ClaudeBernard Horner) est une affection causée par une compression ou une lésion du tronc sympathique cervical ou du ganglion T1 du tronc sympathique, là où prennent naissance les axones post ganglionnaires sympathiques se rendant à la tête. Les symp tômes se limitent généralement au même côté de la tête que la lésion d’origine. La personne est atteinte d’une ptose de la paupière supérieure, qui tombe en raison de la paralysie du muscle tarsal supérieur. La paralysie du muscle dilatateur de la pupille provoque un myosis (muein = cligner de l’œil), c’est àdire la constriction de la pupille. Une anhydrose (an = sans, hidros = sueur) s’observe parce que les glandes sudoripares ne reçoivent plus d’innervation sympathique. Un quatrième symptôme, qui consiste en une rougeur faciale évidente, est dû à l’absence d’innervation sympathique dans la paroi des vaisseaux sanguins, ce qui provoque leur dilatation. Les causes les plus fréquentes de ce syndrome sont notamment l’accident vasculaire cérébral, l’étirement du plexus brachial durant l’accouchement, une tumeur à l’hypothalamus ou à la glande thyroïde et une lésion à la moelle épinière ou au tronc cérébral. La régression spontanée des symptômes est rare, mais possible. Une amélioration peut être observée si la cause du symptôme est traitée. Par exemple, si une tumeur qui engendre une compression sympathique est retirée, la ptose, le myosis et l’anhydrose s’amélioreront ou disparaîtront.
15.4.2
Les voies sympathiques
5
Décrire les quatre voies empruntées par les neurones sympathiques.
6
Comparer les principaux organes effecteurs innervés par chacune des voies sympathiques.
Tous les neurones préganglionnaires sympathiques prennent naissance dans les cornes latérales de substance grise de la portion T1 à L2 de la moelle épinière. Cependant, les voies sympathiques qu’empruntent les axones de ces neurones varient en onction du type d’eecteur à innerver et de l’emplacement de cet eecteur. Les axones préganglionnaires émergent des corps cellulaires des neurones préganglionnaires en passant par les racines antérieures en vue de suivre la trajectoire des nerfs spinaux T1 à L 2. Ils quittent sans tarder le ner spinal, traversent les rameaux blancs, puis pénètrent dans le tronc sympathique. Une ois à l’intérieur de ce dernier, les axones préganglionnaires demeurent à l’entrée du tronc ou se dirigent vers la partie supérieure ou inérieure de celui-ci. Les axones quittent les ganglions du tronc sympathique en passant par l’une des quatre voies sympathiques suivantes (voir le tableau 15.4) : • la voie nerveuse spinale ; • la voie nerveuse postganglionnaire sympathique ;
Chapitre 15 Le système nerveux : le système nerveux autonome
• la voie nerveuse splanchnique ; • la voie nerveuse de la médulla surrénale.
accrue longtemps après l’événement en raison des eets prolongés de la stimulation sympathique attribuable à cette voie.
Dans la voie nerveuse spinale, un neurone préganglionnaire ait synapse avec un neurone ganglionnaire dans un ganglion du tronc sympathique FIGURE 15.9A . Le cas échéant, l’axone postganglionnaire traverse un rameau gris qui se trouve à la même hauteur que le neurone ganglionnaire. Par exemple, s’il y a synapse entre un neurone préganglionnaire et un neurone ganglionnaire dans le ganglion L 4, l’axone postganglionnaire passera donc par le rameau gris du ner spinal L 4. Une ois que cet axone a traversé le rameau gris, il pénètre dans le ner spinal et se prolonge jusqu’à l’organe cible. Cette voie permet l’innervation de la peau du cou, du torse et des membres ainsi que celle des glandes sudoripares, des muscles arrecteurs des poils (responsables de la chair de poule) et des vaisseaux sanguins cutanés (voir le chapitre 6). Dans la voie nerveuse postganglionnaire sympathique, le neurone préganglionnaire ait synapse avec un neurone ganglionnaire dans un ganglion du tronc sympathique, mais l’axone postganglionnaire ne quitte pas le tronc par le rameau gris (voir la fgure 15.9B). Il se prolonge plutôt en direction opposée au ganglion du tronc sympathique et se dirige directement vers l’eecteur. Généralement, ce sont l’œsophage, le cœur, les poumons et les vaisseaux sanguins thoraciques qui sont innervés par cette voie. L’innervation sympathique de la tête, notamment des vaisseaux sanguins et des glandes sudoripares de la tête, du muscle dilatateur de la pupille et du muscle tarsal supérieur, est également assurée par cette voie (voir la section 16.4.2). Dans la voie nerveuse splanchnique, ce sont les ners splanchniques qui interviennent, soit des axones préganglionnaires qui traversent les ganglions du tronc sympathique sans y aire synapse. Ils se prolongent plutôt jusqu’aux ganglions prévertébraux (voir la fgure 15.9C). À cet endroit, l’axone préganglionnaire ait synapse avec un neurone ganglionnaire. Puis, l’axone postganglionnaire se dirige vers les organes eecteurs. Les organes abdominaux et pelviens sont innervés par cette voie. La quatrième voie correspond à la voie nerveuse de la médulla surrénale (voir la fgure 15.9D). Dans cette voie, la partie interne de la glande surrénale, appelée médulla surrénale (medulla = moelle, renalis = relati aux reins), est innervée directement par les axones préganglionnaires sympathiques. Ainsi, il n’y a aucun neurone ganglionnaire. Les axones du neurone préganglionnaire se prolongent à travers le tronc sympathique et les ganglions prévertébraux, puis ont synapse avec les cellules neurosécrétrices de la médulla surrénale. La stimulation de ces cellules entraîne la libération d’adrénaline et de noradré naline. Ces deux hormones circulent ensuite dans les vaisseaux sanguins et prolongent les mécanismes de lutte ou de uite. En eet, l’adrénaline et la noradrénaline potentialisent (prolongent) toutes deux les eets de la stimulation sympathique. Par exemple, si une personne échappe de peu à un accident de voiture, son cœur continuera de battre rapidement, sa respiration demeurera rapide et elle se sentira tendue et en état de vigilance
693
À votre avis 2. Lorsqu’une personne est stressée et tendue, il arrive
généralement que sa pression artérielle augmente. Quel phénomène associé au système nerveux sympathique provoque cette augmentation de la pression artérielle ?
Vérifiez vos connaissances 11. En quoi les voies nerveuses spinale et splanchnique
diffèrentelles quant à la voie en tant que telle et aux organes innervés ? 12. Comment la voie nerveuse de la médulla surrénale
contribuetelle à prolonger les effets de la stimulation sympathique ?
15.5 Une comparaison
des neurotransmetteurs et des récepteurs entre les deux divisions
La transmission d’un infux nerveux aux boutons synaptiques provoque la libération de neurotransmetteurs dans la ente synaptique. Le SNA a recours à deux neurotransmetteurs, l’ACh et la noradrénaline, dont il est question dans la présente section.
15.5.1
1
Une vue d’ensemble des neurotransmetteurs du système nerveux autonome
Indiquer les cibles des neurotransmetteurs cholinergiques et adrénergiques du SNA.
L’ACh et la noradrénaline constituent les principaux neurotransmetteurs du SNA FIGURE 15.10. Ces neurotransmetteurs se lient à des récepteurs précis situés sur la cellule postsynaptique. Selon le type de récepteur, le neurotransmetteur peut être à l’origine d’une stimulation ou d’une inhibition. Les neurones qui assurent la synthèse et la libération de l’ACh sont qualiés de cholinergiques (ergo = travail) ; pour leur part, les récepteurs auxquels se lie l’ACh sont appelés récepteurs cho linergiques. La section qui suit met en évidence le ait qu’il existe deux types de récepteurs cholinergiques (nicotiniques et muscariniques) et que l’eet de l’ACh sera diérent selon qu’elle
694 Partie III La communication et la régulation
Axone préganglionnaire Axone postganglionnaire
Ganglion spinal Racine dorsale
Vaisseau sanguin
Poil Racine ventrale
Corne latérale Rameau blanc
Rameau blanc
Rameau gris Nerf spinal Rameau dorsal
Rameau gris
Plexus cardiaque (axones parasympathiques du plexus non illustrés)
Muscles arrecteurs des poils et glandes sudoripares
Rameau ventral
Ganglion du tronc sympathique
Cœur
Tronc sympathique A. Voie nerveuse spinale
B. Voie nerveuse postganglionnaire sympathique
FIGURE 15.9 Description des voies sympathiques ❯ A. Dans la voie nerveuse spinale, le neurone préganglionnaire fait synapse avec le neurone ganglionnaire dans les ganglions du tronc sympathique, qui se rend à l’effecteur. B. Dans la voie nerveuse postganglionnaire sympathique,
se xe à un type de récepteur ou à l’autre. Les neurones cholinergiques comprennent : • tous les neurones préganglionnaires sympathiques et parasympathiques ; • tous les neurones ganglionnaires parasympathiques ;
le neurone préganglionnaire fait synapse avec le neurone ganglionnaire dans le tronc sympathique, mais ce dernier n’emprunte pas le rameau gris ; il quitte le tronc directement pour se rendre à l’effecteur.
noradrénaline emmagasinée dans de petites vésicules. De nombreuses varicosités s’entrecroisent à la surace des cellules cibles (voir la fgure 10.27, p. 429). Lorsqu’un infux nerveux parvient à cet endroit, la noradrénaline est libérée sur toute la longueur de l’axone plutôt qu’à un endroit distinct. Ainsi, la réponse de la cellule cible est plus prononcée.
• les neurones ganglionnaires sympathiques qui innervent les glandes sudoripares de la peau et les vaisseaux sanguins des tissus musculaires squelettiques. Les neurones qui assurent la synthèse et la sécrétion de la noradrénaline sont appelés neurones adrénergiques. La plupart des neurones ganglionnaires sympathiques sont adrénergiques, à l’exception de ceux mentionnés précédemment. Les récepteurs auxquels se lie la noradrénaline (ou toute autre molécule apparentée, dont l’adrénaline) sont qualiés de récepteurs adréner giques. Ces récepteurs appartiennent à l’une des deux catégories suivantes : alpha (α) ou bêta (β) (voir la section 15.5.3). Les terminaisons des neurones ganglionnaires sympathiques qui sécrètent de la noradrénaline ne sont pas celles qui orment généralement la structure du bouton synaptique qui entre en contact avec les organes cibles FIGURE 15.11. Elles orment plutôt un réseau de renfements qui ressemble à un chapelet de perles. Chaque perle constitue une varicosité composée de
Vérifiez vos connaissances 13. Quels neurones du SNA sont cholinergiques ?
Lesquels sont adrénergiques ?
15.5.2 2
Les récepteurs cholinergiques
Décrire les deux types de récepteurs cholinergiques ainsi que l’action découlant de chacun lorsqu’un neurotransmetteur se lie à eux.
Il existe deux types de récepteurs cholinergiques, les récepteurs nicotiniques et les récepteurs muscariniques, qui se trouvent dans le SNC et le SNP. Ces deux types de récepteurs ont été nommés d’après deux substances non produites par l’organisme qui, en se liant à eux, reproduisent les mêmes eets que l’ACh.
Chapitre 15 Le système nerveux : le système nerveux autonome
695
Ganglion du tronc sympathique
Rameau blanc
Rameau blanc
Rameau gris
Rameau gris
Nerf splanchnique Médulla surrénale
Intestin
Axone préganglionnaire Nerfs splanchniques Ganglion prévertébral
C. Voie nerveuse splanchnique
C. Dans la voie nerveuse splanchnique, l’axone préganglionnaire ait synapse avec le neurone ganglionnaire dans un ganglion prévertébral, puis ce dernier rejoint son eecteur. D. Dans la voie nerveuse de la
Les récepteurs nicotiniques sont nommés ainsi parce qu’ils sont sensibles à la nicotine. Ces récepteurs se trouvent sur le corps cellulaire de tous les neurones ganglionnaires (voir la fgure 15.10) ainsi que sur les cellules de la médulla surrénale. Lorsqu’il y a liaison entre les récepteurs nicotiniques et l’ACh, ces récepteurs ouvrent les canaux ioniques afn qu’une plus grande quantité d’ions sodium (Na+) que d’ions potassium (K+) entre dans la cellule. Ce aisant, la membrane subit une
Ganglion prévertébral (absence de synapse)
D. Voie nerveuse de la médulla surrénale
médulla surrénale, le neurone préganglionnaire se rend directement à l’eecteur ; il n’y a pas de neurone ganglionnaire.
dépolarisation, entraînant ainsi la production d’un potentiel postsynaptique excitateur (PPSE) (voir la section 12.7.1). En d’autres mots, la liaison de l’ACh aux récepteurs nicotiniques entraîne toujours une réaction de stimulation ou d’excitation. Cette réaction d’excitation en présence d’ACh survient également dans le SNS, plus précisément dans les jonctions neuromusculaires squelettiques (voir la section 10.3.1).
INTÉGRATION APPLICATION CLINIQUE
Les effets du tabagisme sur les récepteurs nicotiniques du système nerveux autonome DÉSÉQUILIBRE HOMÉOSTATIQUE
La nicotine stimule les récepteurs nicotiniques des ganglions du SNA et du cerveau, ce qui se traduit par la libération d’ACh par les terminaisons cholinergiques, et de noradrénaline par les ter minaisons adrénergiques et la médulla surrénale. Bien qu’elle ait un eet sur les divisions sympathique et parasympathique à la ois, la principale maniestation de la nicotine se traduit par une élévation de la pression artérielle et de la réquence cardiaque ainsi qu’une vasoconstriction (en d’autres mots, une stimulation généralisée de la division sympathique). En eet, lorsque la
nicotine est administrée à plusieurs reprises et d’une manière rapprochée, comme dans le tabagisme par exemple, l’organisme s’adapte, et ses eets s’atténuent puis disparaissent. La compo sante parasympathique (ou composante hypotensive) est celle qui s’atténue et disparaît avant la composante sympathique (ou composante hypertensive). La nicotine agit également sur le centre du plaisir. Elle stimule la libération de dopamine, le neurotransmetteur associé au plai sir et à la sensation de détente que ressentent les umeurs lorsqu’ils allument une cigarette. Ces eets ne sont cependant que de courte durée, et c’est pourquoi les umeurs doivent umer régulièrement pour pouvoir bénéfcier de cet apport en dopamine.
696 Partie III La communication et la régulation
Voie parasympathique
Voies sympathiques
L’axone préganglionnaire libère de l’ACh.
ACh
Le corps cellulaire et les dendrites du neurone ganglionnaire contiennent toujours des récepteurs de l’ACh.
Récepteurs nicotiniques
ACh
Récepteurs nicotiniques
ACh
Récepteurs nicotiniques
L’axone postganglionnaire libère de l’ACh ou de la NA. Récepteurs muscariniques
ACh
ACh Récepteurs muscariniques
Les cellules cibles contiennent soit des récepteurs de l’ACh (auxquels se lie l’ACh), soit des récepteurs de la NA (auxquels se lie la NA).
Cellule cible
Cellule cible (p. ex., les glandes sudoripares et les vaisseaux sanguins des muscles squelettiques)
NA Récepteurs adrénergiques
Cellule cible (p. ex., la plupart des autres structures de l’organisme)
FIGURE 15.10 Comparaison des neurotransmetteurs du système nerveux autonome ❯ Dans la voie parasympathique, les axones préganglionnaires et les axones postganglionnaires libèrent de l’acétylcholine (ACh). Dans la voie sympathique, tous les axones
À votre avis 3. L’atropine, une molécule utilisée comme médica
ment dans le traitement de certaines pathologies cardiaques, est un anticholinergique qui se fxe aux récepteurs muscariniques. Cette substance aecte telle la contraction des muscles squelettiques ?
Les récepteurs muscariniques sont quant à eux sensibles à la muscarine, une substance toxique extraite d’un champignon. Ces récepteurs sont présents dans toutes les membranes plasmiques des cellules cibles de la division parasympathique ainsi que dans la membrane plasmique de quelques cellules cibles de la division sympathique (p. ex., les glandes sudoripares et les
préganglionnaires et quelques axones postganglionnaires libèrent de l’ACh. La plupart des axones postganglionnaires sympathiques libèrent de la noradrénaline (NA).
vaisseaux sanguins des muscles squelettiques). Il existe diverses sous-catégories de récepteurs muscariniques qui sont déterminées par la conormation de la protéine réceptrice (voir la section 2.9.2) et dont les eets sont diérents selon le système touché. Ces sous-catégories sont stimulées ou inhibées par une liaison de l’ACh avec le récepteur muscarinique. Par exemple, la liaison de l’ACh avec le muscle lisse du tube digesti provoque une augmentation de la motilité de ce muscle. En revanche, si l’ACh se lie aux récepteurs muscariniques du muscle cardiaque, il y aura diminution de la réquence cardiaque. Les récepteurs muscariniques sont de type métabotrope, ce qui signife qu’ils ont recours à un mécanisme de second messager (voir la section 17.5.2). Ce type de mécanisme provoque des réponses lentes et prolongées.
Chapitre 15 Le système nerveux : le système nerveux autonome
15.5.3 Axone préganglionnaire
Ganglion autonome Corps cellulaire du neurone ganglionnaire
Les récepteurs adrénergiques
3
Énumérer les neurotransmetteurs appartenant à la catégorie des catécholamines.
4
Nommer les cinq types de récepteurs adrénergiques et situer chacun d’eux.
Les molécules de signalisation, dont les neurotransmetteurs, sont appelées ligands lorsqu’elles se lient à un récepteur donné de la membrane plasmique (voir la section 4.4.2). Les ligands capables de se lier aux récepteurs adrénergiques sont les amines biogènes (ou monoamines) ; les catécholamines (adrénaline, noradrénaline et dopamine) en font partie.
Axone postganglionnaire Varicosités
697
Cellules des muscles lisses
Les deux types de récepteurs adrénergiques du SNA (voir le tableau 15.5) sont les récepteurs alpha (α) et bêta (β). Ces catégories se divisent en sous-catégories (α1, α2, β1, β2 et β3). Les récepteurs α provoquent généralement un effet stimulant sur les cibles, alors que les récepteurs β peuvent entraîner une réaction de stimulation ou d’inhibition. Il existe toutefois des exceptions à cette règle. Voici les sous-catégories des récepteurs adrénergiques α et β : • Les récepteurs 1 se situent dans la membrane plasmique de la plupart des cellules des muscles lisses dont ils stimulent la contraction. Les organes qui comportent des récepteurs α1 sont la plupart des vaisseaux sanguins (dont ceux de la peau, du tube digestif et des reins), les muscles arrecteurs des poils, l’utérus, les uretères ainsi que le sphincter urétral interne. Ces récepteurs interviennent respectivement dans la vasoconstriction des vaisseaux sanguins énoncés précédemment ainsi que dans la contraction de la paroi utérine, des muscles arrecteurs des poils et du sphincter urétral interne.
Mitochondrie
Vésicule synaptique contenant de la NA
Varicosité
FIGURE 15.11 Varicosités des neurones ganglionnaires sympathiques
❯
Les renflements que forment les axones postganglionnaires sympa thi ques contiennent de la noradrénaline (NA), un neurotransmetteur qui stimule ou inhibe les cellules effectrices. Leur disposition particulière à la surface des cellules cibles contribue à une stimulation généralisée de ces dernières.
Vérifiez vos connaissances 14. Où se situent les récepteurs nicotiniques et les récep
teurs muscariniques ? 15. La liaison entre un neurotransmetteur et un récep
teur nicotinique provoquetelle une réaction de stimulation ou d’inhibition ?
• Les récepteurs 2 sont présents sur la membrane plasmique des boutons synaptiques des axones adrénergiques, dans le pancréas et sur la membrane plasmique des thrombocytes (plaquettes sanguines). Ils inhibent la sécrétion d’insuline ainsi que la libération de noradrénaline par les axones adrénergiques. Ils interviennent dans la contraction des sphincters du tube digestif en plus de contribuer à la coagulation sanguine (voir la section 18.4). • Les récepteurs 1 produisent principalement une stimulation. Ils sont présents dans la membrane plasmique des cellules du cœur, où ils entraînent une augmentation de la fréquence cardiaque et de la force de contraction du cœur (voir les sections 19.5.2 et 19.9.2), et dans les reins, où ils stimulent la sécrétion de rénine (voir la section 24.5.5). • Les récepteurs 2 produisent surtout un effet inhibiteur. Ils se situent dans la membrane plasmique des muscles lisses des vaisseaux sanguins qui se dirigent vers le cœur, le foie et les muscles squelettiques. Contrairement à l’activation des récepteurs α1, l’activation des récepteurs β2 provoque une détente des muscles lisses, ce qui entraîne une vasodilatation des vaisseaux sanguins énoncés précédemment. La stimulation de ces récepteurs est également à l’origine d’une bronchodilatation, d’une décontraction des muscles lisses de l’utérus et du tube
698 Partie III La communication et la régulation
digestif ainsi que d’une décontraction du détrusor, la couche musculeuse de la vessie. • Les récepteurs 3 sont présents dans le tissu adipeux et déclenchent la lipolyse dans les cellules adipeuses. Le TABLEAU 15.5 résume l’effet des récepteurs cholinergiques et adrénergiques selon leur localisation (effecteurs).
TABLEAU 15.5
Vérifiez vos connaissances 16. Nommez les neurotransmetteurs appartenant à
la catégorie des catécholamines. 17. Comment se faitil que la stimulation des récepteurs
adrénergiques entraîne soit une constriction, soit une dilatation de certains vaisseaux sanguins ?
Effets des récepteurs cholinergiques et adrénergiques
Effecteurs
Effets des neurotransmetteurs sur les récepteurs périphériquesa Division sympathique (noradrénaline)
Division parasympathique (acétylcholine)
Récepteurs adrénergiques
Effet de la stimulation
Récepteurs cholinergiques
Effet de la stimulation
Vaisseaux sanguins (arté rioles de la peau, des glandes salivaires, du tube digestif, du cœur, des reins, des muscles squelettiques, de l’encéphale et des veines systémiques)
• α1
• Vasoconstriction
• Muscariniques pour les vaisseaux de la peau ; aucun pour les autres localisations
• Minimes pour les vaisseaux de la peau ; nuls pour les autres localisations
Muscles arrecteurs des poils
• α1
• Contraction
• Aucun
• Aucun effet connu
Muscle lisse de l’utérus
• α1
• Contraction de la paroi utérine (femme enceinte)
• Muscariniques
• Effet antagoniste minime
• Paroi musculaire vaginale • Clitoris
• α1 • Aucun • Aucun
• Inhibition de la sécrétion • Aucun • Aucun
• Muscariniques • Muscariniques • Muscariniques
• Stimulation de la sécrétion • Contraction • Érection
Pénis
• α1
• Contraction du muscle lisse du conduit déférent, de la vésicule séminale et de la prostate (éjaculation)
• Muscariniques
• Vasodilatation (érection)
Uretères et sphincter urétral interne
• α1
• Contraction (fermeture du sphincter urétral interne)
• Muscariniques
• Dilatation (ouverture du sphincter urétral interne)
Glandes salivaires
• α1
• Inhibition de la sécrétion de salive et augmentation de sa viscosité
• Muscariniques
• Stimulation de la sécrétion de salive
Glandes sudoripares de la majorité des parties du corps
• ACh sur les récepteurs nicotiniques
• Augmentation de la sécrétion de la sueur
• Aucun
• Aucun effet connu
Glandes lacrymales
• α1
• Inhibition de la sécrétion et augmentation de la concentration des sécrétions
• Muscariniques
• Stimulation de la sécrétion
Pupille
• α1
• Contraction du muscle dilatateur
• Muscariniques
• Contraction du muscle constricteur
Rate
• α1
• Contraction et déversement de sang dans la circulation systémique
• Aucun
• Aucun effet connu
Estomac et intestins
• α1
• Diminution de la motilité et contraction des sphincters
• Muscariniques
• Augmentation de la motilité et relâchement des sphincters
Vagin • Glandes G
Glandes sudoripares de la paume des mains et des pieds
Chapitre 15 Le système nerveux : le système nerveux autonome
TABLEAU 15.5
Effets des récepteurs cholinergiques et adrénergiques (suite)
Effecteurs
a
699
Effets des neurotransmetteurs sur les récepteurs périphériquesa Division sympathique (noradrénaline)
Division parasympathique (acétylcholine)
Récepteurs adrénergiques
Effet de la stimulation
Récepteurs cholinergiques
Effet de la stimulation
Membrane plasmique des boutons synaptiques des axones adrénergiques
• α2
• Inhibition de la libération de noradrénaline par les axones adrénergiques (diminution générale du tonus sympathique)
• Muscariniques
• Dilatation : ouverture des sphincters du tube digestif
Pancréas
• α2
• Inhibition de la sécrétion d’en zymes digestives et d’insuline
• Muscariniques
• Stimulation de la sécrétion des enzymes digestives et de l’insuline
Muscle lisse des organes du tube digestif
• α2
• Diminution de la motilité
• Muscariniques
• Augmentation de la motilité
Artérioles du cœur
• α2
• Vasoconstriction
• Aucun
• Aucun effet connu
Membrane plasmique des plaquettes sanguines
• α2
• Coagulation sanguine
• Aucun
• Aucun effet connu
Membrane plasmique des cellules du cœur
• β1
• Augmentation de la fréquence cardiaque et de la force de contraction du cœur
• Muscariniques
• Diminution de la fréquence cardiaque
Reins
• β1
• Stimulation de la sécrétion de rénine
• Aucun
• Aucun effet connu
Tissu adipeux
• β1
• Lipolyse et libération d’acides gras dans le sang
• Aucun
• Aucun effet connu
Neurohypophyse
• β1
• Sécrétion de l’hormone antidiurétique
• Aucun
• Aucun effet connu
Membrane plasmique des muscles lisses des vaisseaux sanguins (artérioles du cœur, du foie, des viscères abdomi naux et des muscles squelet tiques, veines systémiques)
• β2
• Vasodilatation, sauf pour les viscères abdominaux
• Aucun • Muscariniques
• Aucun effet connu • Minimes ou nuls vers les muscles squelettiques
Muscle lisse des bronchioles
• β2
• Bronchodilatation
• Muscariniques
• Bronchoconstriction
Muscle lisse de l’utérus
• β2
• Dilatation (femme non enceinte)
• Muscariniques
• Constriction
Muscle lisse des organes du tube digestif
• β2
• Dilatation : inhibition de la motilité • Contraction : fermeture des sphincters
• Muscariniques
• Contraction : stimulation de la motilité • Dilatation : ouverture des sphincters
Foie
• β2
• Glycogénolyse, néoglucogenèse et diminution de la sécrétion de bile
• Muscariniques
• Synthèse de glycogène, augmentation de la sécrétion de bile
Vésicule biliaire
• β2
• Diminution de la sécrétion de bile
• Muscariniques
• Augmentation de la sécrétion de bile
Muscle lisse de la vessie
• β2
• Dilatation
• Muscariniques
• Contraction
Muscle ciliaire
• β2
• Légère inhibition : affaissement du cristallin pour la vision de loin
• Muscariniques
• Contraction : bombement du cristallin pour la vision de près
Tissu adipeux
• β3
• Libération d’acides gras dans le sang
• Aucun
• Aucun
Médulla surrénale
• Nicotiniques
• Stimulation de la sécrétion d’adrénaline et de noradrénaline
• Aucun
• Aucun effet connu
Neurones ganglionnaires
• Aucun
• Aucun
• Nicotiniques
• Stimulation
Jonctions neuromusculaires
• Aucun
• Aucun
• Nicotiniques
• Stimulation
Les récepteurs adrénergiques et cholinergiques sont également présents dans le SNC, mais ils ne sont pas représentés dans ce tableau.
700 Partie III La communication et la régulation
INTÉGRATION APPLICATION CLINIQUE
Les effets des médicaments sur les récepteurs du système nerveux autonome Les récepteurs du SNA peuvent servir de cible dans le traitement de certaines maladies. En effet, par mimétisme avec un neurotransmetteur, et donc par afnité avec les récepteurs correspondants, certaines molécules utilisées en médecine peuvent moduler l’action des organes. Certains médicaments sont des sympathomimétiques, puisqu’ils stimulent le système sympathique, tandis que d’autres sont des sympatholytiques, puisqu’ils l’inhibent. Certains médicaments sont très ciblés et ne vont seulement qu’exciter ou inhiber l’action d’un type de récepteur noradrénergique en particulier, par exemple les α-bloqueurs qui inhibent les récepteurs α, et les β-mimétiques qui excitent les
récepteurs β. Dans le même ordre d’idée, certains médicaments vont stimuler la division parasympathique (parasympathomimétiques) et d’autres vont la bloquer (anticholinergiques). Par exemple, des médicaments de la classe des 2-mimétiques sont utilisés pour soigner une personne asthmatique. Ces médicaments, souvent pris en inhalation, entrent dans les voies respiratoires et se déposent sur les récepteurs β2 du muscle lisse des bronchioles an de provoquer la bronchodilatation. Il convient de se rappeler que l’action du système sympathique sur les bronchioles est une action dilatatrice, contrairement au système parasympathique qui produit une constriction. De cette façon, il serait également possible d’utiliser un médicament parasympatholytique an de soulager les symptômes de l’asthme. D’autres exemples sont proposés dans le tableau ci-dessous.
Inuence des médicaments sur l’activité des récepteurs du système nerveux autonome Classe de médicaments
Récepteurs
Effets
Exemple
Traitements
Parasympathomimétique
Récepteurs cholinergiques
Stimulation des effets parasympathiques : la molécule de médicament inhibe la cholinestérase qui dégrade habituellement l’ACh. Les effets muscariniques et nicotiniques de l’ACh sont prolongés.
Bromure de pyridostigmine (Mestinon md)
Constipation (favorise la sécrétion et la motilité des organes digestifs)
Parasympatholytique ou anticholinergique
Récepteurs muscariniques
Diminution des effets parasympathiques : la molécule de médicament entre en compétition avec le neuro transmetteur en se déposant sur les récepteurs muscariniques. Les effets du neurotransmetteur sont donc diminués.
Bromure d’ipratropium (Atrovent md)
Asthme (diminue l’effet constricteur sur le muscle lisse des bronches)
Sympathomimétique (β2-mimétique)
Récepteurs adrénergiques β2
Stimulation des effets sympathiques : la molécule de médicament se dépose sur les mêmes récepteurs que la noradrénaline. Par une action synergique, les effets du neurotransmetteur sont augmentés.
Salbutamol (Ventolinmd)
Asthme (augmente l’effet dilatateur sur le muscle lisse des bronches)
Sympatholytique (β-bloquant)
Récepteurs adrénergiques β
Diminution des effets sympathiques : la molécule du médicament compétitionne avec le neurotransmetteur en se déposant sur les mêmes récepteurs. Les effets du neurotransmetteur sont donc diminués.
Propranolol
Hypertension (diminue l’effet du tonus sympathique sur le muscle lisse des vaisseaux sanguins)
15.6 Les interactions entre les
divisions parasympathique et sympathique
La plupart des organes sont innervés par les divisions parasympathique et sympathique du SNA. C’est ce qui se nomme la double innervation des organes (voir la section 15.6.2). Ainsi, les divisions sympathique et parasympathique stimulent les organes cibles de façon continue, mais à divers degrés. À cet égard, les effets que produisent ces deux divisions sont comparés dans le tableau 15.2 ainsi que dans la FIGURE 15.12.
15.6.1 1
Le tonus autonome
Expliquer la nature du tonus autonome et les effets qu’il produit.
Les divisions parasympathique et sympathique provoquent toutes deux une activité continue appelée tonus autonome. En effet, pour certaines fonctions, l’activité de l’une ou l’autre de ces divisions domine. L’activité d’un organe stimulé peut ainsi être régulée simplement par un changement de tonus de l’une ou l’autre des divisions du SNA.
Chapitre 15 Le système nerveux : le système nerveux autonome
Par exemple, la régulation de la pression artérielle, même au repos, provient principalement de l’action du système sympathique. La majeure partie des vaisseaux sanguins demeure en constriction partielle grâce au tonus sympathique (ou tonus vasomoteur, ou tonus de repos). Ainsi, une diminution de la stimulation sympathique, qui se produit par la baisse du nombre d’infux nerveux transmis à l’eecteur, ait chuter ce tonus sous la normale, ce qui entraîne une dilatation des vaisseaux sanguins, alors qu’une augmentation de la stimulation, se traduisant par une augmentation du nombre d’infux nerveux transmis, donne lieu à leur constriction. Donc, en situation de stress, dans un état de choc ou durant un exercice intense, nécessitant un apport de sang plus important dans les muscles squelettiques, les vaisseaux sanguins cutanés se contractent. Le sang dérivé de la peau permet d’assurer l’irrigation cardiaque et encéphalique ainsi que l’approvisionnement du muscle squelettique dans lequel les vaisseaux sanguins se dilatent.
Vérifiez vos connaissances 18. Comment le tonus autonome permetil de régir le dia
mètre des vaisseaux sanguins grâce à l’innervation sympathique ?
15.6.2
La double innervation
2
Expliquer le concept de double innervation.
3
Décrire les effets antagonistes et synergiques causés par la double innervation.
Bon nombre d’eecteurs viscéraux possèdent une double inner vation. Cela signie qu’ils sont innervés par des axones postganglionnaires des divisions parasympathique et sympathique. L’intervention des deux divisions dans un seul organe produit habituellement des eets antagonistes ou synergiques FIGURE 15.13.
15.6.2.1 Les effets antagonistes Généralement, les eets de l’innervation parasympathique et sympathique sur un même organe s’avèrent antagonistes, c’est-à-dire qu’ils s’opposent. L’activité antagoniste des systèmes sympathique et parasympathique est importante pour l’ajustement de plusieurs variables homéostatiques de l’organisme. Elle se remarque particulièrement dans la régulation des activités cardiaque, respiratoire, digestive ainsi que pour la vision : • Régulation de la fréquence cardiaque. La stimulation parasympathique ralentit la réquence cardiaque, alors que la stimulation sympathique l’accélère. Les mêmes cellules eectrices du muscle cardiaque reçoivent ces deux types opposés de stimulation. Ce phénomène est possible, car ces cellules contiennent à la ois des récepteurs muscariniques auxquels se lie l’ACh libérée par les axones parasympathiques et des
701
récepteurs adrénergiques β1 auxquels se lie la noradrénaline libérée par les axones sympathiques (voir la section 19.9.3). • Régulation du diamètre des bronchioles. La stimulation parasympathique des cellules du muscle lisse des bronchioles entraîne une constriction qui diminue leur diamètre. Cet eet est créé par la libération de l’ACh qui se xe à des récepteurs muscariniques présents sur les cellules du muscle lisse. En situation de demande énergétique plus importante, la stimulation sympathique dilate le muscle lisse et amène une bronchodilatation an de laisser circuler une plus grande quantité d’air dans les voies respiratoires pour répondre aux besoins accrus de l’organisme. Cette action antagoniste est possible en raison de la sécrétion de noradrénaline qui se lie aux récepteurs adrénergiques β2 (voir les sections 23.3.3 et 24.4.2). • Régulation de l’activité musculaire dans le tube digestif. La stimulation parasympathique des cellules des muscles lisses du tube digesti entraîne une augmentation du rythme de contraction et, par le ait même, une augmentation de la motilité, alors que la stimulation sympathique la diminue. Cette ois encore, les deux ramications du SNA (SNAP et SNAS) innervent les mêmes cellules eectrices. Ces cellules possèdent donc deux types de récepteurs diérents, soit des récepteurs muscariniques et des récepteurs adrénergiques (voir le chapitre 26). • Régulation du diamètre des pupilles. Dans le cas présent, les divisions du SNA innervent des eecteurs distincts. La stimulation parasympathique du euillet musculaire circulaire de l’iris entraîne une contraction de la pupille, alors que la stimulation sympathique du euillet musculaire radial de l’iris provoque une dilatation de la pupille (voir la section 16.4.2).
15.6.2.2 Les effets synergiques Des eets synergiques se produisent lorsque les stimulations parasympathiques et sympathiques entraînent diverses actions qui, ensemble, produisent un résultat unique. Le meilleur exemple d’eet synergique a trait à la régulation des organes génitaux externes. Au moment de l’excitation sexuelle, l’érection du pénis ou du clitoris résulte de la dilatation des vaisseaux sanguins par l’innervation parasympathique. Ainsi, dans des situations pendant lesquelles la division sympathique prédomine, la libido a tendance à diminuer (Graziottin, 2000 ; Karydis, Asvetis & Tolis, 2001 ; Lebret & Cour, 2005 ; Lenzi, Lombardo, Salacone et al., 2003). L’éjaculation et la contraction réfexe du vagin sont quant à elles attribuables à l’innervation sympathique (voir la section 28.4.6). Cet eet synergique produit par la stimulation des deux divisions du SNA acilite ainsi la reproduction.
Vérifiez vos connaissances 19. Quels effets antagonistes les divisions sympathique
et parasympathique produisentelles sur le cœur ? 20. En quoi les divisions sympathique et parasym
pathique produisentelles des effets synergiques sur les organes génitaux ?
INTÉGRATION
ILLUSTRATION DES CONCEPTS
FIGURE 15.12 Comparaison des divisions parasympathique et sympathique du système nerveux autonome ❯ A. Les neurones préganglionnaires de la division parasympathique, associés au repos, à la digestion et à l’élimination,
A. Division parasympathique
sont situés dans la région crânienne (tronc cérébral) et dans la région sacrale de la moelle épinière. B. La division sympathique renferme des neurones préganglionnaires situés dans les segments T1 à L2 de la moelle épinière ; elle commande la réaction de lutte ou de fuite. Repos — Digestion — Élimination
En général, axones préganglionnaires longs et axones postganglionnaires courts Origine dans les régions crânienne et sacrale du SNC
Neurone préganglionnaire
Axone postganglionnaire (court) Axone préganglionnaire (long)
NC III Neurone ganglionnaire NC V VII
Ganglions situés près de l’organe effecteur ou dans sa paroi (ganglions terminaux ou intramuraux)
Pont Pont Pon
Ganglion terminal
Bulbe rachidien
Ganglion intramural
NC C IX NC X
Ganglions intramuraux
Nerfs splanchniques sacraux
S2 S3 S4
Neurotransmetteurs et récepteurs
Principaux effets
Constriction de la pupille
L’ACh libérée par les axones préganglionnaires se lie à des récepteurs cholinergiques (nicotiniques).
Restauration de l’homéostasie de l’organisme
ACh
Réduction de la fréquence cardiaque et apparition d’une bronchoconstriction
Augmentation de la motilité et de l’activité du système digestif
Stimulation de la sécrétion des glandes lacrymales, nasales et digestives Emmagasinage des molécules de combustible dans le foie et dans le tissu adipeux
Récepteurs nicotiniques
Les axones postganglionnaires libèrent de l’ACh qui se lie à des récepteurs cholinergiques (muscariniques).
ACh
Récepteurs muscariniques Cellule cible
B. Division sympathique
Réponse de lutte ou de fuite
En général, axones préganglionnaires plus courts et axones postganglionnaires plus longs ; axones préganglionnaires ayant plusieurs ramifications et présentant une divergence considérable Axone préganglionnaire court et ramifié
Neurone préganglionnaire
Origine dans les segments T1 à L2 de la moelle épinière
Axone postganglionnaire long
Neurone ganglionnaire Droite
Gauche
Ganglions (ceux du tronc sympathique et ganglions prévertébraux) situés près de la moelle épinière Ganglions du tronc sympathique
T1 à L2 Ganglions prévertébraux
Principaux effets
Neurotransmetteurs et récepteurs
Dilatation de la pupille
Glande surrénale
ACh
Récepteurs nicotiniques
L’ACh libérée par les axones préganglionnaires se lie à des récepteurs cholinergiques (nicotiniques). Les axones postganglionnaires libèrent soit de l’ACh, soit de la noradrénaline.
L’ACh se lie à des récepteurs cholinergiques ACh (muscariniques) dans les glandes Récepteurs sudoripares et muscales vaisseaux riniques sanguins allant Cellule cible aux muscles.
ACh
Récepteurs nicotiniques
La noradrénaline se lie à NA des récepteurs adrénergiques Récepteurs (dans toutes adrénerles autres giques structures). Cellule cible
Stimulation de la médulla surrénale à sécréter de l’adrénaline et de la noradrénaline pour prolonger les effets sympathiques Réduction de la motilité et de l’activité du système digestif Muscle arrecteur du poil Glande sudoripare Libération dans le sang des molécules de combustible du foie et du tissu adipeux
Élévation de la fréquence cardiaque et bronchodilatation
Stimulation de l’activité des glandes sudoripares et contraction des muscles arrecteurs du poil Vasoconstriction des vaisseaux sanguins superficiels et des vaisseaux de la plupart des organes viscéraux, mais vasodilatation des artères coronaires et des artères allant aux muscles squelettiques
704 Partie III La communication et la régulation
Système nerveux autonome division sympathique • Situation de stress • Réaction de lutte ou de fuite
Système nerveux autonome division parasympathique Dilatation des pupilles Réduction de la salivation Glandes salivaires Dilatation des bronchioles Augmentation de la fréquence cardiaque et de la force des contractions
Nerfs thoraciques
Nerfs lombaires
T1 T2 T3 T4 T5 T6 T7 T8 T9 T10 T11 T12 L1 L2
Augmentation de la sécrétion des hormones du stress (adrénaline et noradrénaline) Augmentation de la libération de glucose par le foie
Yeux
Constriction des pupilles Augmentation de la salivation Bronchioles Constriction des bronchioles Réduction de la fréquence cardiaque et de la force de contraction
Cœur
III VII IX X
Nerfs crâniens
S2 S3 S4
Nerfs sacraux
Glandes surrénales
Foie et vésicule biliaire
Contraction de la vésicule biliaire Augmentation de l’activité gastrique et pancréatique
Réduction de l’activité gastrique et pancréatique Réduction de l’activité intestinale (côlon) Réduction de l’activité intestinale (intestin grêle)
• Pas de stress • Repos • Digestion • Maintien de l’homéostasie
Estomac et pancréas
Augmentation de l’activité intestinale (côlon) Augmentation de l’activité intestinale (intestin grêle)
Côlon et intestin grêle Contraction de la vessie
Relâchement de la vessie Vessie
Engorgement sanguin
Éjaculation et augmentation des sécrétions génitales
Érection Organes génitaux
FIGURE 15.13 Effets des systèmes nerveux autonomes sympathique et parasympathique sur leurs effecteurs viscéraux ❯ La plupart des organes sont innervés à la fois par des neurones sympathiques et des neurones parasympathiques. Les deux divisions du SNA y produisent des actions antagonistes, par exemple l’effet sur le cœur,
15.6.3
4
Les systèmes relevant uniquement de la division sympathique
Nommer les systèmes innervés uniquement par la division sympathique et décrire leur fonctionnement.
Dans le cas de certains eecteurs du SNA, les eets antagonistes se produisent sans une double innervation de l’eecteur. Par exemple,
lorsqu’une division stimule, l’autre inhibe. Les deux divisions du SNA peuvent également produire des effets coopératifs sur certains organes, comme sur les gonades, par exemple. Il arrive parfois qu’une division exerce un rôle exclusif sur un organe, par exemple l’effet de la division sympathique sur la médulla surrénale.
la majorité des vaisseaux sanguins ne sont innervés que par des axones sympathiques. Ainsi, une stimulation sympathique accrue, c’est-à-dire une augmentation de la réquence des infux nerveux, entraîne une augmentation de la contraction des muscles lisses, provoquant ainsi une hausse de la pression artérielle. Par analogie, ce phénomène est comparable à celui qui se produit lorsqu’une personne appuie sur l’accélérateur pour que son véhicule avance plus rapidement. Par ailleurs, une diminution de la stimulation sympathique sous le seuil du tonus autonome entraîne une
Chapitre 15 Le système nerveux : le système nerveux autonome
705
INTÉGRATION APPLICATION CLINIQUE
La maladie et le syndrome de Raynaud DÉSÉQUILIBRE HOMÉOSTATIQUE
La maladie de Raynaud et le syndrome de Raynaud sont des troubles chroniques de la circulation du sang dans les extrémités qui se manifestent par une constriction subite des petites artères des orteils et des doigts. La réduction immédiate de l’irrigation sanguine fait blanchir les doigts distalement au site de la constric tion vasculaire. Celleci s’accompagne d’un engourdissement et d’une douleur qui peuvent persister même après que le vaisseau se soit dilaté et ait ramené l’irrigation locale. Normalement, le corps qui est exposé au froid cherche à réduire les pertes de chaleur en resserrant les artérioles de la peau. Cette vasocons triction, effectuée par la division sympathique, limite l’exposition du sang au froid et permet ainsi au corps de maintenir une tem pérature adéquate (voir la fgure 1.12, p. 22). Chez les personnes qui souffrent de la maladie ou du syndrome de Raynaud, une réaction excessive des nerfs sympathiques qui contrôlent la vasoconstriction est observée. Cette hypersensibilité entraîne un
spasme des artérioles qui bloque, de quelques minutes à quelques heures, la circulation sanguine. Deux formes de cette pathologie existent, selon la gravité : La forme primaire, soit la maladie de Raynaud, est la plus fréquente, soit 90 % des cas. L’origine exacte est encore incon nue, mais une exposition au froid ou un stress peuvent déclen cher une exacerbation des symptômes. Dans la plupart des cas, les symptômes sont légers et, dans environ les deux tiers des cas, la maladie se résorbe d’ellemême après quelques années. La forme secondaire, soit le syndrome de Raynaud, est beau coup plus rare et généralement plus grave. Elle est causée par des maladies qui atteignent les vaisseaux sanguins, comme la sclérodermie, ou encore par des engelures sévères ou la mani pulation à long terme d’outils qui vibrent ou qui causent des impacts aux mains. Ce syndrome apparaît généralement autour de la quarantaine et demande un suivi médical spécialisé en rhu matologie (PasseportSanté.net, 2013).
vasodilatation, comme lorsque cette personne relâche l’accélérateur et que sa voiture ralentit, car le moteur n’est plus alimenté en essence. Ainsi, des eets antagonistes ne sont produits qu’avec l’augmentation ou la réduction de la réquence des infux nerveux produits par une seule division du SNA. Il existe d’autres exemples d’innervation exclusive par la division sympathique, notamment en ce qui a trait aux glandes sudoripares du tronc (qui activent la sudation), à l’innervation des muscles arrecteurs des poils responsables de la chair de poule (voir la section 6.2) ainsi qu’à l’innervation des reins pour la sécrétion de la rénine (voir la section 24.5.5). Dans le même ordre d’idées, les cellules neurosécrétrices de la médulla surrénale ne sont innervées que par la division sympathique. Ces cellules comportent des récepteurs nicotiniques. Ainsi, au moment où l’axone postganglionnaire libère de l’ACh, les cellules de la médulla surrénale sont activées, puis elles libèrent de l’adrénaline et de la noradrénaline dans la circulation sanguine. Ces molécules agissent ensuite à titre d’hormones en vue de prolonger les mécanismes de la division sympathique (voir la section 15.4.2). Par ailleurs, si une personne se trouve en situation d’urgence, la division sympathique era monter rapidement sa pression artérielle, lui donnera la chair de poule et la era transpirer.
INTÉGRATION
STRATÉGIES D’APPRENTISSAGE
L’abréviation mnémonique RVEM (Hervé aime) pourrait vous aider à vous rappeler les structures qui ne sont innervées que par la division sympathique : R = Reins (sécrétion de rénine) V = Vaisseaux sanguins E = Effecteurs cutanés (muscles arrecteurs des poils et glandes sudoripares) M = Médulla surrénale
Vérifiez vos connaissances 21. Quelles structures sont innervées uniquement
par la division sympathique ?
15.7 Le contrôle et l’intégration
de la fonction du système autonome
Les deux divisions du SNA innervent les divers organes grâce à des groupements d’axones appelés plexus autonomes. Il s’agit de réseaux nerveux situés dans les cavités thoracique et abdominopelvienne. L’homéostasie est maintenue grâce aux réfexes autonomes des organes innervés par les ners autonomes qui orment ces plexus. De manière générale, les onctions autonomes sont régies par le SNC.
15.7.1 1
Les plexus autonomes
Décrire la structure et l’emplacement des cinq plexus autonomes.
Les plexus autonomes constituent un ensemble ormé d’axones postganglionnaires sympathiques, d’axones préganglionnaires parasympathiques et de certains axones sensitis viscéraux. Ces axones sympathiques et parasympathiques sont rapprochés, mais ils n’interagissent ni ne ont synapse. Si les plexus ressemblent à une masse désordonnée d’axones, ils constituent en ait un réseau complexe d’innervation des organes cibles FIGURE 15.14.
706 Partie III La communication et la régulation
Trachée Ganglion du tronc sympathique
Nerf vague gauche (X)
Nerf vague droit (X) Plexus cardiaque
Plexus pulmonaire Nerf grand splanchnique
Plexus œsophagien
Nerf petit splanchnique
Aorte
Veine cave inférieure
Œsophage Diaphragme
Tronc cœliaque Artère mésentérique supérieure
Plexus et ganglions cœliaques Plexus et ganglions mésentériques supérieurs
Artère mésentérique inférieure
Plexus aortique abdominal
Plexus et ganglions mésentériques inférieurs Plexus hypogastrique
FIGURE 15.14 Plexus autonomes
❯ Cette vue antérieure présente les plexus cardiaque, pulmonaire et œsophagien dans la cavité thoracique, de même que, dans la cavité abdominopelvienne, le plexus aortique
Dans le médiastin de la cavité thoracique, le plexus cardiaque, le plexus pulmonaire et le plexus œsophagien sont composés d’axones postganglionnaires sympathiques qui proviennent des ganglions des troncs sympathiques cervical et thoracique, de même que d’axones préganglionnaires parasympathiques émergeant du ner vague. De ce ait, une augmentation de l’activité sympathique dans le plexus cardiaque entraîne une élévation de la réquence cardiaque et de la pression artérielle, alors qu’une augmentation de l’activité parasympathique provoque une diminution de la réquence cardiaque (voir la section 19.5.2). Les axones du plexus pulmonaire se prolongent jusqu’aux bronches. L’innervation sympathique est à l’origine de la bronchodilatation, soit l’augmentation du diamètre des bronches,
abdominal de la cavité abdominopelvienne (formé des plexus cœliaque, mésentérique supérieur et mésentérique inférieur) et le plexus hypogastrique.
alors que la stimulation de la voie parasympathique donne lieu à une bronchoconstriction, soit le rétrécissement du diamètre des bronches (voir la section 23.4.2). L’innervation sympathique du plexus œsophagien inhibe la motilité musculaire. L’activité des muscles lisses de la paroi œsophagienne inérieure est coordonnée par les axones parasympathiques, lesquels régissent le réfexe de déglutition dans la partie inérieure de l’œsophage par l’innervation du sphincter œsophagien inérieur, une valve que doivent traverser les aliments et les liquides qui sont avalés (voir la section 26.2.3). Le plexus aortique abdominal est constitué du plexus cœ liaque, du plexus mésentérique supérieur ainsi que du plexus mésentérique inférieur. Il innerve tous les organes abdominaux ainsi que certains organes pelviens. Le plexus aortique abdominal
Chapitre 15 Le système nerveux : le système nerveux autonome
707
INTÉGRATION APPLICATION CLINIQUE
La dysréfexie autonome DÉSÉQUILIBRE HOMÉOSTATIQUE
La dysréfexie autonome est une aection vasculaire possible ment dangereuse qui provoque une élévation considérable de la pression artérielle parois si importante qu’elle entraîne la rupture des vaisseaux sanguins. Elle stimule plus particulièrement un réfexe sympathique qui provoque une vasoconstriction systé mique et une augmentation marquée de la pression artérielle. La dysréfexie autonome est causée par l’hyperactivité du SNA durant les semaines ou les mois qui suivent une lésion de la moelle épinière. La réaction initiale à une telle lésion consiste souvent en un choc spinal, qui se caractérise par la perte des réfexes autonomes. Paradoxalement, cette réduction des
est composé d’axones postganglionnaires sympathiques qui se prolongent à partir des ganglions vertébraux et des axones préganglionnaires parasympathiques provenant du ner vague ou des neurobres d’origine sacrale (ners splanchniques sacraux). Le plexus cœliaque est l’une des structures qui interviennent dans la sensation de perte de soufe lorsqu’une personne reçoit un coup dans la région épigastrique. Le plexus hypogastrique est constitué d’un réseau d’enchevêtrements d’axones postganglionnaires sympathiques, provenant du plexus aortique et de la région lombaire du tronc sympathique, et d’axones préganglionnaires parasympathiques, provenant des neurobres d’origine sacrale. Les axones de ce plexus innervent les viscères de la région pelvienne.
Vériiez vos connaissances 22. Quelles structures de base sont à l’origine des plexus
autonomes ?
15.7.2
Les réfexes autonomes
2
Expliquer en quoi les réfexes autonomes contribuent au maintien de l’homéostasie.
3
Décrire certains des principaux réfexes autonomes.
Le SNA contribue au maintien de l’homéostasie grâce à l’activité involontaire des réfexes autonomes (ou réfexes viscéraux). Les réfexes autonomes comprennent la contraction des muscles lisses et du muscle cardiaque ainsi que la sécrétion de glandes, qui sont activées par l’intermédiaire des arcs réfexes autonomes en réponse à un stimulus donné. Les neurobres sensitives, dont la partie réceptive se retrouve directement dans les viscères, perçoivent diérents stimulus, comme les changements chimiques, l’étirement ou l’irritation. Elles représentent les premiers éléments de l’arc réfexe autonome qui permet au SNA de régir les onctions viscérales. Les arcs réfexes autonomes
activités réfexes peut provoquer une réaction anormale de cer tains viscères à ce manque d’innervation, un phénomène appelé hypersensibilité de dénervation. Par exemple, quand une per sonne perd la capacité d’évacuer volontairement le contenu de sa vessie, celleci peut continuer à se remplir d’urine au point de se distendre de açon démesurée. Ceci déclenche un réfexe médullaire qui provoque le relâchement involontaire du muscle sphincter urétral interne et qui permet à la vessie de se vider. Comme cette aection est causée par une lésion médullaire, aucun traitement ne peut la guérir. Le client atteint sera cepen dant pris en charge par le corps médical an de réduire les symptômes associés à la dysréfexie autonome (p. ex., l’adminis tration d’un antihypertenseur à action rapide an de contrôler la pression artérielle).
ressemblent aux arcs réfexes somatiques et comportent les mêmes éléments (voir la section 14.6). Voici certains des réfexes autonomes : • Le réfexe cardiovasculaire. Il s’agit d’un réfexe autonome type qui se caractérise par la diminution de la pression artérielle. Lorsque la pression artérielle augmente, les récepteurs de l’étirement logés dans la paroi des plus gros vaisseaux sanguins sont stimulés, ce qui entraîne la propagation d’un infux nerveux le long des neurones sensitis viscéraux, jusqu’au centre de l’activité cardiaque du bulbe rachidien. Ces infux nerveux inhibent la réponse sympathique et activent la réponse parasympathique. Ce aisant, la réquence cardiaque est réduite, de même que le volume de sang expulsé des ventricules. Ainsi, la pression artérielle diminue (voir la section 19.5). • Le réfexe gastrointestinal. Les réfexes autonomes régissent à la ois la partie proximale du tube digesti et le rectum. Les glandes gastriques situées dans la portion proximale du tube digesti sont stimulées par l’innervation parasympathique. Ainsi, ces glandes produisent des sucs gastriques dès qu’une personne voit ou sent un aliment. Pour ce qui est du rectum, la présence de matières écales entraîne un étirement de ses parois, ce qui déclenche un réfexe dans la région sacrale de la moelle épinière. Ce réfexe donne lieu à de ortes contractions qui contribuent à l’élimination des èces présentes dans le côlon (voir la section 26.3.4). • Le réfexe de miction. Le mécanisme à l’origine de la vidange de la vessie est semblable à celui de la vidange du côlon. Chez l’enant en bas âge qui n’est pas encore propre, les récepteurs de l’étirement envoient des infux nerveux à la portion sacrale de la moelle épinière lorsque la vessie se remplit d’urine FIGURE 15.15. Le réfexe entraîne ensuite une contraction des muscles lisses de la vessie, puis un relâchement des sphincters urinaires. Lorsque l’enant est propre, les infux nerveux parviennent au pont plutôt qu’à la portion sacrale de la moelle épinière. Ainsi, la miction survient à la suite du relâchement volontaire du sphincter urétral externe (voir la section 24.8.3).
708 Partie III La communication et la régulation
Uretères 2 Les influx nerveux sont transmis le long d’un neurone sensitif jusqu’au centre d’intégration de la moelle épinière.
La vessie s’étire à mesure qu’elle s’emplit d’urine.
3 Les influx nerveux sensitifs sont traités dans le centre d’intégration. Neurone sensitif Interneurone Moelle épinière
1 Le stimulus active le récepteur.
FIGURE 15.15
Neurofibre d’origine sacrale 4 Les influx nerveux sont transmis le long des neurones moteurs, par les neurofibres d’origine sacrale, jusqu’à l’effecteur.
Axone postganglionnaire Uretère
Réfexes autonomes
❯ Un réfexe autonome nécessite l’intervention de la stimulation d’un eecteur autonome. Dans le cas présent, le réfexe est provoqué par l’étirement des barorécepteurs de la vessie et la transmission d’infux nerveux le long de neurones sensitis jusqu’aux interneu rones du SNC. Par la suite, ces infux nerveux sont transmis le long des neurones moteurs en vue de stimuler l’eecteur. La réponse de ce dernier correspond à la contraction de la vessie et au relâchement du sphincter urétral interne. Ici, le réfexe illustré est celui de la miction chez un enant en bas âge. Pour comparaison, le réfexe de la miction volontaire (adulte) est illustré dans la gure 24.29, p. 1163.
Vessie
5 La réponse de l’effecteur correspond à la contraction des muscles lisses de la vessie et au relâchement du sphincter urétral interne.
D’autres réfexes ont une incidence sur la réquence et l’amplitude respiratoires, sur la régulation des onctions digestives ainsi que sur le diamètre des pupilles.
Vérifiez vos connaissances 23. Quelle incidence le réfexe cardiovasculaire atil
sur la pression artérielle ?
15.7.3
4
La régulation du système nerveux autonome par le système nerveux central
Décrire la hiérarchie du SNC qui assure la régulation du SNA.
Diérentes régions du SNC sont sollicitées en vue de coordonner et de réguler les onctions du SNA. Bien qu’il soit qualié d’autonome, il s’avère que le SNA constitue un système nerveux dont le onctionnement est soumis à une régulation, et non un système indépendant. En eet, les onctions autonomes sont infuencées par quatre régions du SNC : les hémisphères cérébraux, l’hypothalamus, le tronc cérébral et la moelle épinière FIGURE 15.16.
Contraction des muscles lisses Relâchement du sphincter urétral interne
Les activités du SNA sont infuencées par les activités conscientes du cortex cérébral ainsi que par la communication inconsciente entre les aires associatives du cortex et les centres parasympathique et sympathique de l’hypothalamus. De plus, le traitement sensiti assuré par le thalamus de même que les états émotionnels régis par le système limbique ont une incidence directe sur l’hypothalamus. L’hypothalamus constitue le siège de l’intégration et de la régulation des onctions autonomes (voir la section 13.4.3). Il contient des noyaux qui régissent les onctions viscérales des deux divisions du SNA en plus de communiquer avec les autres régions du SNC, notamment le cortex cérébral, le thalamus, le tronc cérébral, le cervelet et la moelle épinière. L’hypothalamus constitue la principale structure cérébrale qui intervient dans les émotions et les pulsions par l’intermédiaire du SNA. Par exemple, les mécanismes de lutte ou de uite du système nerveux sympathique proviennent du noyau sympathique de l’hypothalamus. Ainsi, à la suite de l’intégration eectuée par l’hypothalamus, le onctionnement des viscères refète, dans une certaine mesure, les émotions. Par exemple, il semblerait que la colère coupe l’appétit. En eet, lorsqu’une personne est en colère, la division sympathique provoque la contraction des sphincters et diminue l’activité des glandes salivaires et gastriques, ce qui ne avorise pas la digestion. Les noyaux du tronc cérébral servent d’intermédiaires aux réfexes viscéraux (voir la section 13.5). Ces centres réfexes
Chapitre 15 Le système nerveux : le système nerveux autonome
Hémisphères cérébraux
709
Les activités conscientes des hémisphères cérébraux influencent la régulation hypothalamique du SNA. Le centre d’intégration et de commande des fonctions autonomes participe aux émotions.
Hypothalamus
Tronc cérébral
Renferme des centres réflexes autonomes majeurs.
Moelle épinière
Renferme les centres réflexes autonomes pour la défécation et la miction.
FIGURE 15.16 Régulation des onctions autonomes par les centres céré braux supérieurs ❯ Les onctions du SNA sont infuencées par les activités des hémisphères cérébraux et de l’hypothalamus qui contrôlent les régions autonomes du tronc cérébral et de la moelle épinière.
régissent les variations de la pression artérielle, du diamètre des vaisseaux sanguins, des onctions digestives, de la réquence cardiaque, de la taille des pupilles et de la orme du cristallin durant la mise au point. Certaines réponses autonomes, particulièrement les activités parasympathiques liées à la déécation et à la miction (chez l’enant), sont traitées et régies par la moelle épinière sans l’intervention de l’encéphale. Touteois, les centres cérébraux d’ordre supérieur parviennent à retarder la déécation ou la miction par la maîtrise du onctionnement des sphincters externes.
INTÉGRATION
STRATÉGIES D’APPRENTISSAGE
L’analogie avec une compagnie commerciale peut aider à comprendre la hiérarchie de la régulation du SNA : • L’hypothalamus est le président de la compagnie « Système nerveux autonome ». Il supervise toutes les activités de cette compagnie. • Les centres réfexes autonomes du tronc cérébral et de la moelle épinière sont les viceprésidents de la compagnie. Ils ont beaucoup de responsabilités et de pouvoir, mais ils doivent ultimement rendre des comptes au président (hypothalamus). • Les neurones préganglionnaires et ganglionnaires sont les travailleurs de la compagnie. Ils sont sous les ordres à la ois du président et des viceprésidents. Ces travailleurs sont responsables de la production.
Vérifiez vos connaissances 24. Quelle structure du SNC constitue le centre d’intégra
tion et de régulation de la onction autonome ?
15.7.4
5
Le vieillissement du système nerveux autonome
Décrire les principaux eets du vieillissement sur le onctionnement du SNA.
Le vieillissement du SNA se caractérise par une hyperactivité sympathique (augmentation des taux de noradrénaline dans le sang) et par une réduction de la réponse aux stimulations en raison d’une diminution de la sensibilité des récepteurs adrénergiques. Une hypotension orthostatique est souvent observée chez les personnes âgées en raison de l’efcacité amoindrie des barorécepteurs et du ralentissement des centres nerveux régulateurs. La baisse du fonctionnement général de la division para sympathique, quant à elle, entraîne la diminution des onctions digestives, notamment la diminution des sécrétions et de la motilité du tube digesti. Ainsi, le temps de transit intestinal est augmenté chez la personne âgée. Les glandes lacrymales sécrètent également moins de larmes, avorisant ainsi les inections oculaires. Des dysonctionnements érectiles peuvent également survenir chez les hommes. Une désensibilisation des osmorécepteurs de l’hypothalamus entraînant une réponse plus aible aux signaux de la soi peut également être observée. La plupart de ces symptômes s’avèrent sans conséquences sérieuses et s’améliorent considérablement par la modifcation du mode de vie. Par exemple, il est suggéré aux personnes âgées d’ajouter des fbres alimentaires dans leur alimentation afn de avoriser le transit intestinal ou encore de se relever plus lentement afn d’éviter les changements trop brusques de position (Barthélémy, Desvigne, Roche et al., 2004).
710 Partie III La communication et la régulation
RÉSUMÉ DU CHAPITRE 15.1
• Le système nerveux autonome régit le milieu interne et contribue au maintien de
l’homéostasie.
Une comparaison entre les systèmes nerveux somatique et autonome – 678
• Sur le plan onctionnel, le système nerveux périphérique (SNP) se divise en deux parties, soit
le système nerveux somatique (SNS) et le système nerveux autonome (SNA), selon que l’inor mation sensitive et la réponse motrice sont régies de manière consciente ou non. 15.1.1
L’organisation onctionnelle et les eecteurs.............................................................................. 679 • Le SNS comprend les inormations sensorielles qui proviennent des sens, de la peau, des
muscles squelettiques et des articulations, ainsi que les réponses motrices transmises aux muscles squelettiques. • Le SNA comprend les inormations sensorielles qui proviennent des vaisseaux sanguins et
des viscères, de même que les réponses motrices involontaires du muscle cardiaque, des muscles lisses et des glandes. 15.1.2
Les neurones moteurs et les neurotransmetteurs ...................................................................... 680 • Dans le SNS, un seul neurone moteur sécrète l’acétylcholine (ACh) et innerve les fbres des
muscles squelettiques. Pour sa part, le SNA est une voie nerveuse à deux neurones compor tant un neurone préganglionnaire du système nerveux central (SNC) qui sécrète l’ACh et un neurone ganglionnaire du SNP qui sécrète l’ACh ou la noradrénaline.
15.2
15.2.1
Les diérences onctionnelles .................................................................................................... 682 • La division parasympathique est associée au repos (conservation de l’énergie), à la digestion
Les divisions du système nerveux autonome – 682
(approvisionnement des réserves de nutriments) et à l’élimination. • La division sympathique intervient principalement dans l’adaptation de l’organisme dans les
situations de stress. 15.2.2
Les diérences anatomiques ....................................................................................................... 683 • Les neurones préganglionnaires parasympathiques prennent naissance dans le tronc céré
bral et la partie sacrale de la moelle épinière, alors que les axones préganglionnaires sympa thiques proviennent des parties thoracique et lombaire de la moelle épinière. 15.2.3
L’ampleur de la réponse ............................................................................................................... 684 • La réponse parasympathique est généralement brève et localisée, alors que la réponse sym
pathique peut produire une mobilisation générale.
15.3 La division parasympathique – 685
Les neurones préganglionnaires parasympathiques portent également le nom de division crâniosacrale en raison de leur emplacement. 15.3.1
Les neurofbres d’origine crânienne ............................................................................................ 685 • Les axones préganglionnaires parasympathiques se prolongent à travers les ners crâniens :
– Oculomoteur (III) : intervient dans les onctions motrices autonomes de l’œil (muscles ciliaires et contraction de la pupille). – Facial (VII) : innerve les glandes lacrymales ainsi que les glandes salivaires sublinguales et submandibulaires, de même que d’autres petites glandes des cavités orale et nasale. – Glossopharyngien (IX) : innerve la glande parotide. – Vague (X) : innerve les viscères des cavités thoracique et abdominale. 15.3.2
Les neurofbres d’origine sacrale ................................................................................................ 688 • Les autres corps cellulaires préganglionnaires parasympathiques se situent dans la partie S 2
à S 4 de la moelle épinière, où ils orment les neurofbres d’origine sacrale. • Les neurofbres d’origine sacrale innervent des organes de la cavité pelvienne (côlon distal,
rectum, vessie, pénis, clitoris, vagin, utérus).
Chapitre 15 Le système nerveux : le système nerveux autonome
15.4
711
• La division sympathique est également appelée division thoracolombaire, car ses neurones
préganglionnaires se trouvent dans la portion T1 à L 2 de la moelle épinière.
La division sympathique – 688
• Les voies nerveuses sympathiques préparent l’organisme en vue d’une réaction de lutte ou
de fuite. • Un seul effecteur peut régir un tissu, mais dans bien des cas, plusieurs effecteurs réagissent
ensemble et donnent lieu à une réponse unique appelée mobilisation générale. 15.4.1
L’organisation et l’anatomie du système sympathique ............................................................... 688 • Les corps cellulaires des neurones préganglionnaires sympathiques se situent dans la corne
latérale de la substance grise spinale. Leurs axones pénètrent dans le tronc sympathique par les rameaux communicants blancs. • Les rameaux communicants gris transportent quant à eux des axones postganglionnaires
sympathiques du tronc sympathique jusqu’au nerf spinal. • Certains axones préganglionnaires traversent le tronc sympathique sans y faire synapse. Ils
forment les nerfs splanchniques qui se prolongent jusqu’aux ganglions prévertébraux. Les axones postganglionnaires circulent des ganglions prévertébraux à l’organe cible. • Les ganglions du tronc sympathique appartiennent aux troncs sympathiques, lesquels se
situent dans la partie adjacente à la colonne vertébrale. Les ganglions prévertébraux se trouvent à l’avant de la colonne vertébrale et forment des grappes autour du point d’origine des principaux organes de l’abdomen et du bassin. 15.4.2
Les voies sympathiques ................................................................................................................ 692 • Dans la voie nerveuse spinale, l’axone postganglionnaire pénètre dans le nerf spinal par le
rameau gris, puis se dirige vers les vaisseaux sanguins et les glandes des membres et du tronc. • Dans la voie nerveuse postganglionnaire sympathique, l’axone postganglionnaire quitte le
tronc sympathique, puis se prolonge directement jusqu’à l’organe cible. • Dans la voie nerveuse splanchnique, l’axone préganglionnaire traverse le tronc sympathique, puis
se dirige vers les ganglions prévertébraux où il fait synapse avec un neurone ganglionnaire. • Dans la voie nerveuse de la médulla surrénale, les axones préganglionnaires traversent le
ganglion du tronc sympathique ainsi que le ganglion prévertébral sans y faire synapse. Toutefois, ils font synapse avec les cellules sécrétoires de la médulla surrénale qui libèrent l’adrénaline et la noradrénaline.
15.5 Une comparaison des neurotransmetteurs et des récepteurs entre les deux divisions – 693
• Les deux principaux types de récepteurs sont les récepteurs cholinergiques et les récepteurs
adrénergiques. 15.5.1
Une vue d’ensemble des neurotransmetteurs du système nerveux autonome ....................... 693 • L’ACh est le neurotransmetteur cholinergique utilisé par tous les neurones préganglionnaires
sympathiques et parasympathiques ainsi que par les neurones ganglionnaires parasympathiques. L’ACh est également utilisée par certains neurones ganglionnaires sympathiques des glandes sudoripares, des vaisseaux sanguins des muscles squelettiques et de la médulla surrénale. • La noradrénaline constitue le neurotransmetteur adrénergique utilisé par tous les autres neu
rones ganglionnaires sympathiques (sauf par les glandes sudoripares, les vaisseaux sanguins des muscles squelettiques et la médulla surrénale). 15.5.2
Les récepteurs cholinergiques .................................................................................................... 694 • Les récepteurs nicotiniques se lient à l’ACh et sont présents sur tous les neurones ganglion
naires ainsi que sur les cellules de la médulla surrénale. Ces récepteurs produisent toujours un effet stimulateur. • Les récepteurs muscariniques sont présents dans toutes les cellules cibles de la division
parasympathique, dans les glandes sudoripares cutanées ainsi que dans les vaisseaux san guins des muscles squelettiques. Ces récepteurs produisent un effet inhibiteur ou stimula teur, selon l’organe cible. 15.5.3
Les récepteurs adrénergiques .................................................................................................... 697 • Les récepteurs adrénergiques se lient à la noradrénaline. Deux types de récepteurs adréner
giques sont connus : les récepteurs α, qui se subdivisent euxmêmes en deux types, soit les récepteurs α1 et α2, et les récepteurs β, qui se subdivisent en trois types, soit les récepteurs β1, β2 et β3.
712 Partie III La communication et la régulation
15.6 Les interactions entre les divisions parasympathique et sympathique – 700
• La plupart des organes sont innervés par les deux divisions du SNA. 15.6.1
Le tonus autonome ....................................................................................................................... 700 • Les deux divisions du SNA présentent une activité continue appelée tonus autonome.
15.6.2
La double innervation ................................................................................................................... 701 • Bon nombre d’eecteurs viscéraux présentent une double innervation : ils sont innervés par
des axones provenant des deux divisions du SNA. Comme l’activité de ces divisions s’op pose, les eets qu’elles produisent sur un organe donné sont donc antagonistes ou synergiques. • Les eets antagonistes, comme le nom l’indique, s’opposent. Cette activité est importante
pour l’ajustement de plusieurs variables homéostatiques de l’organisme. • Les eets synergiques se produisent lorsque les stimulations parasympathiques et sympa
thiques mènent à un résultat unique (régulation des organes génitaux externes). 15.6.3
Les systèmes relevant uniquement de la division sympathique ............................................... 704 • La plupart des vaisseaux sanguins, la médulla surrénale ainsi que les glandes sudoripares et
les reins ne sont innervés que par des axones sympathiques.
15.7 Le contrôle et l’intégration de la onction du système autonome – 705
• Les onctions autonomes sont régies par le SNC. 15.7.1
Les plexus autonomes ................................................................................................................. 705 • Les plexus autonomes constituent des réseaux d’enchevêtrements ormés d’axones post
ganglionnaires sympathiques, d’axones préganglionnaires parasympathiques ainsi que de certains axones sensitis viscéraux. 15.7.2
Les réfexes autonomes ............................................................................................................... 707 • Le SNA contribue au maintien de l’homéostasie grâce à l’activité involontaire des réfexes
autonomes, lesquels sont également appelés réfexes viscéraux. 15.7.3
La régulation du système nerveux autonome par le système nerveux central ........................ 708 • La onction autonome est infuencée par quatre régions du SNC : les hémisphères cérébraux,
l’hypothalamus, le tronc cérébral et la moelle épinière. 15.7.4
Le vieillissement du système nerveux autonome ....................................................................... 709 • Le vieillissement du SNA se caractérise par une hyperactivité sympathique et une réduction
de la réponse aux stimulations en raison d’une diminution de la sensibilité des récepteurs adrénergiques.
Chapitre 15 Le système nerveux : le système nerveux autonome
AUTOÉVALUATION
713
Solutionnaire
Concepts de base 1
Les ners splanchniques de la division sympathique du SNA :
c) Le plexus hypogastrique.
a) relient les ganglions du tronc sympathique qui sont adjacents ;
d) Le plexus mésentérique inérieur.
b) régissent les onctions parasympathiques de la cavité thoracique ;
5
a) Les récepteurs β se lient à l’acétylcholine. b) Les récepteurs β ont toujours un eet de stimulation.
c) sont ormés à partir des axones préganglionnaires qui se prolongent jusqu’aux ganglions prévertébraux ;
c) Les récepteurs β entraînent une vasoconstriction générale.
d) traversent la voie parasympathique présente dans la tête. 2
Laquelle des onctions suivantes ne relève pas de la division sympathique du SNA ? a) L’augmentation des réquences cardiaque et respiratoire.
d) Les récepteurs β entraînent une augmentation de la réquence cardiaque. 6
Désignez l’emplacement des types de ganglions suivants, puis indiquez pour chacun la division du SNA dont il relève : ganglions du tronc sympathique, ganglions prévertébraux, ganglions terminaux.
7
Comparez les axones postganglionnaires des divisions parasympathique et sympathique en ce qui a trait à la longueur de l’axone, à la myélinisation (ou à l’absence de myélinisation) ainsi qu’au neurotransmetteur utilisé.
8
Expliquez la réponse des récepteurs nicotiniques et musca riniques lorsqu’ils sont stimulés par de l’acétylcholine.
9
Décrivez en quoi les onctions générales des divisions sympathique et parasympathique du SNA dièrent.
b) La préparation aux situations d’urgence. c) L’augmentation de la motilité et de l’activité du système digesti. d) La dilatation des pupilles. 3
Les axones préganglionnaires de la division sympathique se dirigent vers les ganglions en passant par les rameaux . a) terminaux ; blancs b) du tronc sympathique ; gris c) prévertébraux ; gris
4
Laquelle des armations suivantes est vraie ?
d) du tronc sympathique ; blancs
10 Décrivez le réfexe de miction.
Quel plexus autonome innerve les organes pelviens ?
11 Comment l’innervation sympathique régitelle la vasoconstric
a) Le plexus cardiaque.
tion ou la vasodilatation d’un même vaisseau sanguin ?
b) Le plexus œsophagien.
Mise en application Répondez aux questions 1 et 2 à l’aide du paragraphe suivant. En traversant la rue, une voiture brûlant un eu rouge a ailli renverser Arlène. Arlène n’est pas blessée, mais elle est terriée et manieste les signes d’une vigilance accrue longtemps après l’incident. 1
Arlène présente probablement tous les signes suivants, à l’exception :
2
Arlène manieste les signes d’une vigilance accrue longtemps après l’incident en raison : a) de la sécrétion d’adrénaline et de noradrénaline par la médulla surrénale ; b) de la stimulation de certaines parties de l’encéphale par la division parasympathique ;
a) d’une augmentation de la réquence cardiaque ;
c) de la diminution du tonus autonome général des vaisseaux sanguins par la division sympathique.
b) d’un rétrécissement de ses pupilles ;
d) Toutes ces réponses sont bonnes.
c) d’une augmentation de la réquence respiratoire ; d) des mains moites.
714 Partie III La communication et la régulation
3
George soure d’hypertension (pression artérielle élevée). Son médecin lui prescrit du propranolol, un bêtabloquant, en vue d’abaisser sa pression. À votre avis, quel eet secondaire le propranolol peutil provoquer ?
5
a) Une diminution de la réquence cardiaque.
a) En stimulant la vasodilatation des vaisseaux qui desservent l’estomac.
b) Une augmentation de la coagulation sanguine. c) Une vasoconstriction des vaisseaux sanguins cutanés.
b) En entraînant une diminution de la sécrétion des glandes gastriques.
d) Une bronchodilatation. 4
L’un des traitements des ulcères gastriques consiste à pratiquer une vagotomie sélective. Dans cette intervention chirurgicale, certaines ramifcations du ner vague qui mènent au tube digesti sont sectionnées. Comment la vagotomie permetelle de traiter un ulcère gastrique ?
Le salbutamol est un médicament conçu pour contrer les eets de l’asthme sur le système respiratoire. En inhalation, il entraîne notamment une bronchodilatation. À votre avis, à quels récepteurs ce médicament se lietil ?
c) En accélérant la circulation des aliments dans l’estomac. d) Aucune de ces réponses.
a) Aux récepteurs α1. b) Aux récepteurs α2. c) Aux récepteurs β1. d) Aux récepteurs β2.
Synthèse 1
L’organisme dépense beaucoup d’énergie pour enclencher et propager l’activation générale du système nerveux sympa thique. Pourquoi s’avèretil nécessaire d’avoir un mécanisme aussi « coûteux » ?
2
Lorsque vous étiez plus jeune, vos parents vous ont peutêtre déjà conseillé d’attendre une heure après le repas avant d’aller vous baigner. En vous basant sur ce que vous avez appris relativement au système nerveux autonome, émettez une hypothèse quant à la raison pour laquelle il pourrait s’avérer problématique de nager tout de suite après avoir mangé.
3
Certains enseignants n’aiment pas enseigner après le dîner, prétextant que les élèves ne sont pas attentis à ce moment de la journée. D’un point de vue physiologique, que se produitil chez les étudiants ?
LE SYSTÈME NERVEUX : LES SENS
CHAPITRE
16
Adaptation française :
Sophie Morin
LE PÉDIATRE…
DANS LA PRATIQUE
L’otite, une infection de l’oreille, constitue l’affection la plus répandue chez l’enfant. Elle est généralement attribuable à une infection respiratoire qui s’est propagée jusqu’à l’oreille moyenne. Ainsi, connaître l’anatomie et la physiologie de l’oreille revêt une importance capitale pour le pédiatre, expert du développement de l’enfant et des affections qui touchent habituellement cette population. Ici, le pédiatre se sert d’un otoscope pour examiner le conduit auditif, le tympan et l’oreille moyenne à la recherche du moindre signe d’infection. Ce chapitre présente des exemples de signes qui révèlent une oreille moyenne saine ou une infection de cette structure et explique pourquoi les infections de l’oreille sont plus courantes chez les enfants de moins de cinq ans.
16.1
16.2
16.3
Une introduction aux récepteurs sensoriels ........................................ 716 16.1.1 Les stimulus et les sensations..... 716 16.1.2 Les propriétés des récepteurs sensoriels ............................... 716
16.4
16.1.3
16.5
La classifcation des récepteurs sensoriels ............................... Les sens généraux .......................... 16.2.1 Les récepteurs tactiles .............. 16.2.2 La douleur projetée................... L’olfaction et la gustation ............... 16.3.1 L’olaction : le sens de l’odorat .... 16.3.2 La gustation : le sens du goût......
718 721 721 724 725 725 728
La vision et les récepteurs visuels . 16.4.1 Les structures annexes de l’œil ... 16.4.2 La structure de l’œil.................. 16.4.3 La physiologie de la vision ..........
731 732 733 742
16.4.4 Les voies optiques.................... 749 L’audition et les récepteurs de l’équilibre.................................... 751 16.5.1 La structure de l’oreille.............. 751
INTÉGRATION Illustration des concepts Mécanisme de la vision ............................. 752
16.5.2 16.5.3 16.5.4
La physiologie de l’audition ........ 757 La voie auditive........................ 761 Les mécanismes de l’équilibre et des mouvements de la tête ..... 763
INTÉGRATION Illustration des concepts Mécanisme de l’audition ........................... 764
Liens entre le système nerveux et les autres systèmes .....................................................
770
716 Partie III La communication et la régulation
16.1 Une introduction aux
récepteurs sensoriels
L’organisme est constamment bombardé de données sensorielles portant sur son environnement interne et externe. Ces inorma tions doivent être perçues par divers récepteurs sensoriels, puis transmises à l’encéphale en vue d’être analysées avant que l’or ganisme envoie nalement une réponse adaptée. Ces données sensorielles se présentent sous plusieurs ormes. Les récepteurs tactiles réagissent aux contacts physiques, les récepteurs du goût décèlent la présence de substances chimiques dans les aliments consommés, les récepteurs visuels reçoivent les ondes lumineuses et y répondent, les récepteurs de l’ouïe décèlent les ondes sonores et y répondent, et des récep teurs logés dans les vaisseaux sanguins réagissent en présence d’un étirement. Malgré leurs diérences, tous ces récepteurs inorment le système nerveux central (SNC) de ce qui se pro duit en périphérie, et ce, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de l’organisme. Les récepteurs (recipere = recevoir) sont des structures ner veuses capables de répondre à un stimulus et d’acheminer les inormations sensitives au SNC. La réception d’un stimulus par un récepteur engendre la création d’un potentiel gradué excita teur ou inhibiteur. Si le potentiel gradué excitateur est susam ment ort pour se rendre au cône d’implantation, il peut générer un potentiel d’action (voir la section 12.7.1). La présente section concerne la description des récepteurs et leur onctionnement. Elle dénit les concepts de stimulus, de sensation, de perception et de transduction, elle ore un survol des principales caractéristiques des récepteurs sensoriels et elle décrit leur mode de classication.
16.1.1 1
de voir cette personne relève de la sensation, et celui de la recon naître relève de la perception. Seuls les stimulus qui atteignent le cortex cérébral sont perçus de açon consciente. Même si votre organisme est constamment bombardé de stimulus sensoriels, vous n’êtes conscient que d’une raction d’entre eux. La majeure partie de ces inormations sensorielles est acheminée vers les parties inérieures de l’encéphale (p. ex., le tronc cérébral ou l’hypothalamus) qui produisent une réponse sans que vous en soyez conscient. En eet, les stimulus senso riels relatis à l’environnement interne, tels que la pression arté rielle, la concentration en dioxyde de carbone dans le sang et la composition chimique des substances qui se trouvent dans l’in testin grêle, sont autant d’exemples d’inormations sensorielles qui sont traitées de manière inconsciente.
INTÉGRATION LIENS ENTRE LES CONCEPTS Les récepteurs sensoriels sont à l’origine de la communication entre la plupart des systèmes de l’organisme. Par exemple, les récepteurs sensoriels de la peau avisent le SNC de déclencher les mécanismes de reroidissement ou de réchauement si la température ambiante devient trop chaude ou trop roide. Les chimiorécepteurs des vaisseaux sanguins surveillent les taux d’oxygène et de dioxyde de carbone dans le sang et, lorsque leur équilibre est modifé, le système cardiovasculaire et le système respiratoire sont tous deux stimulés pour ramener ces taux à l’homéostasie. Les récepteurs associés au système musculosquelettique transmettent au système nerveux des inormations concernant la posture et l’équilibre. Finalement, les récepteurs sensoriels du système digesti permettent de percevoir le goût des aliments, leur texture et leur consistance, et signalent que l’estomac est distendu après un repas trop copieux.
Les stimulus et les sensations
Vérifiez vos connaissances 1. Pour qu’un stimulus soit perçu consciemment, vers
Distinguer un stimulus d’une sensation.
Les stimulus (stimulus = aiguillon) sont des acteurs externes ou internes perçus par les récepteurs sensoriels et capables de déclencher une réaction donnée. Certains stimulus vous ont éprouver du plaisir, comme lorsque vous visionnez une comédie, que vous écoutez de la musique, que vous efeurez le visage d’un bébé ou que vous savourez un mets délicieux. D’autres sti mulus vous avisent d’un danger possible. C’est notamment le cas lorsque vous sentez une odeur de umée en entrant dans une pièce ou que vous apercevez un objet qui brûle sur la cuisinière. Il existe également des stimulus qui vous tiennent au ait des inormations concernant votre environnement externe (p. ex., la température) ou interne (p. ex., une élévation ou une chute de votre pression artérielle). La sensation représente la conscience d’une inormation sensorielle, tandis que la perception constitue l’interpréta tion consciente de ce stimulus. Ces deux activités ont appel à la conscience. La sensation et la perception se maniestent par exemple lorsque vous reconnaissez une personne connue : le ait
quelle partie de l’encéphale l’inormation sensorielle doit-elle être acheminée ?
16.1.2
Les propriétés des récepteurs sensoriels
2
Décrire la onction générale des récepteurs sensoriels.
3
Expliquer l’importance du champ récepteur.
4
Distinguer les récepteurs toniques des récepteurs phasiques.
Les récepteurs possèdent des caractéristiques onctionnelles particulières qui leur permettent de jouer pleinement leur rôle : il s’agit de la transduction, de la taille du champ récepteur et de leur açon de percevoir le stimulus (récepteurs toniques ou phasiques).
Chapitre 16 Le système nerveux : les sens
16.1.2.1 Les récepteurs et la conversion
des potentiels gradués Les récepteurs sensoriels jouent un rôle important dans la conversion de l’énergie d’un stimulus en un potentiel gradué. La transduction (trans = audelà de, à travers, conducere = conduire) est le processus qui permet cette conversion. Ainsi, le stimulus initial doit être émis sous une orme d’énergie compatible au type de récepteur en question (p. ex., l’énergie lumineuse est perçue par l’œil ; l’énergie acoustique, par l’oreille ; l’énergie mécanique, par les vaisseaux sanguins). Le potentiel gradué obtenu est appelé potentiel récepteur et il peut être de deux natures : dépolarisant (potentiels postsynaptiques excita teurs [PPSE]) ou hyperpolarisant (potentiels postsynaptiques inhibiteurs [PPSI]). Si ces potentiels s’additionnent et créent un potentiel d’action dans le cône d’implantation, l’inormation sen sitive parvient au SNC où elle sera traitée (voir la section 12.7). Deux caractéristiques s’avèrent primordiales en vue de per mettre aux récepteurs sensoriels d’agir à titre de transducteurs : le potentiel de repos et les canaux membranaires. Les récepteurs, pré sents dans les neurones et dans les cellules musculaires, créent et préservent un potentiel de repos de la membrane plasmique (voir la section 12.6.2). Dans leur membrane plasmique, ces récepteurs contiennent des canaux qui s’ouvrent en présence de diérents sti mulus (p. ex., ils sont sensibles à la pression ou à la température).
16.1.2.2 Le champ récepteur Le champ récepteur correspond à la zone particulière dans laquelle sont réparties les terminaisons dendritiques du récep teur. Une comparaison des champs récepteurs cutanés permet d’illustrer ce concept FIGURE 16.1. La capacité du cerveau à localiser précisément un stimulus est inversement proportionnelle à la taille du champ récepteur. Ainsi, si le champ récepteur est petit, il est acile de sentir et de cerner de açon précise l’emplacement du stimulus. En revanche, si le champ récepteur est vaste, il ne sera possible de déterminer que la région approximative dans laquelle le stimu lus a été perçu.
Champ récepteur de petite taille
717
Il semblerait avantageux que tous les récepteurs aient un champ récepteur de petite taille, mais si tel était le cas, le nombre de récepteurs de l’organisme devrait augmenter afn que l’organisme puisse percevoir les stimulus environnementaux. La taille des organes et la surace corporelle totale devraient alors être supé rieures afn de pouvoir héberger un nombre sufsant de récep teurs, et l’énergie nécessaire à leur onctionnement serait énorme.
16.1.2.3 Les récepteurs toniques et phasiques Les récepteurs sensoriels réagissent continuellement à un stimulus ou ne répondent qu’aux variations d’un stimulus FIGURE 16.2. Les récepteurs toniques réagissent de açon conti nue et constante aux stimulus. Les récepteurs de l’équilibre situés dans l’oreille interne, qui aident à garder la tête droite, en constituent un exemple. En outre, la sensibilité de ces récepteurs demeure la même et ne change pas avec le temps. Les récepteurs phasiques perçoivent rapidement les nou veaux stimulus ou les variations des stimulus déjà présents. Les récepteurs tactiles de la peau, qui permettent de ressentir une pression au toucher, sont des récepteurs phasiques. Touteois, la sensibilité de ces récepteurs diminue avec le temps, un phéno mène appelé adaptation. Il s’agit de la diminution de la sensi bilité à un stimulus continu. Par exemple, lorsque vous vous asseyez sur une chaise, vous êtes tout de suite conscient d’une augmentation de la pression à l’endroit de votre corps qui entre en contact avec la chaise. Rapidement, touteois, vous ne ressen tez plus cette pression, car les récepteurs de pression ancrés pro ondément dans la peau ont subi une adaptation. Ce phénomène s’avère utile, car il empêche l’organisme d’être continuellement sollicité par une même inormation sensorielle.
Vérifiez vos connaissances 2. De quelle manière les récepteurs convertissent-ils
l’énergie d’un stimulus en un potentiel gradué ? 3. Quelle est la différence entre les récepteurs toniques
et phasiques ?
Champ récepteur de grande taille
FIGURE 16.1 Champs récepteurs
❯
La zone précise à laquelle est associé chacun des récepteurs sensoriels porte le nom de champ récepteur. Un champ récepteur de petite taille permet une localisation plus précise du stimulus par le cerveau qu’un champ récepteur de grande taille.
718 Partie III La communication et la régulation
Intensité de la réponse
Récepteurs toniques Les récepteurs toniques perçoivent et traitent les stimulus de façon continue à une vitesse constante (p. ex., les récepteurs de l’équilibre situés dans l’oreille interne).
Réponse
Stimulus
Temps Malgré une exposition continue au stimulus, la sensibilité des récepteurs demeure constante.
Récepteurs phasiques Les récepteurs phasiques perçoivent un nouveau stimulus ou une variation du stimulus existant (p. ex., les récepteurs tactiles cutanés).
Intensité de la réponse
Réponse
Stimulus
Temps La détection d’un nouveau stimulus ou de la variation d’un stimulus entraîne une réponse. Avec une exposition continue, la sensibilité au stimulus diminue, résultant en une adaptation.
FIGURE 16.2 Activité des récepteurs
❯ L’activité des récepteurs toniques entraîne une réponse continue aux stimulus, alors que l’activité des récepteurs phasiques diminue avec le temps.
16.1.3
La classifcation des récepteurs sensoriels
5
Nommer et décrire les quatre critères servant à classer les récepteurs sensoriels.
6
Classer les divers types de récepteurs sensoriels en fonction de ces quatre critères.
Quatre critères servent à classer les récepteurs : la situation ana tomique, l’origine du stimulus, le type de stimulus capté et la complexité du récepteur TABLEAU 16.1.
16.1.3.1 La situation anatomique Les récepteurs peuvent être classés selon leur situation anato mique. Ils se divisent alors en deux groupes : les récepteurs des sens généraux et les récepteurs des sens particuliers. Les récepteurs des sens généraux, répartis dans tout l’orga nisme, se situent dans la peau et les organes internes. Ces
récepteurs sensoriels possèdent généralement une structure assez simple et se divisent en deux souscatégories selon leur emplacement dans l’organisme. Ainsi, les récepteurs sensoriels somatiques sont contenus dans la peau en vue de régir les sensa tions tactiles (p. ex., le toucher, la pression, la vibration, la démangeaison, la température et la douleur) ainsi que dans les articulations, les muscles et les tendons an de percevoir l’étire ment et la pression relative au positionnement ainsi qu’au mou vement du squelette et des muscles squelettiques. Les récepteurs sensoriels viscéraux, quant à eux, se situent dans les parois des viscères (organes internes). Ils réagissent en onction de la tem pérature, de l’étirement, de la douleur et des variations chimiques. Les récepteurs des sens particuliers se situent uniquement dans la tête. Il s’agit d’organes des sens complexes et spéciali sés. Les cinq sens particuliers sont la gustation (goût), l’olac tion (odorat), la vision (vue), l’ouïe (audition) et l’équilibre (stabilité et accélération).
16.1.3.2 L’origine du stimulus Les récepteurs peuvent également être classés en onction de leur point d’origine. Cette catégorie comprend les extérocep teurs, les intérocepteurs et les propriocepteurs. Les extérocepteurs (exterus = extérieur) décèlent les stimu lus provenant du milieu externe. Par exemple, les récepteurs de la peau, appelés récepteurs cutanés, sont des extérocepteurs, car les stimulus extérieurs provoquent généralement des sensations cutanées. Dans le même ordre d’idées, les récepteurs des sens particuliers sont considérés comme étant des extérocepteurs, car ils sont stimulés par des stimulus externes comme le goût d’un aliment ou la musique émise par un lecteur MP3. Les extérocep teurs sont également présents dans les muqueuses exposées au milieu externe, notamment dans les membranes qui tapissent les cavités nasale, orale et vaginale ainsi que dans le canal anal. Les stimulus enregistrés deviennent conscients lorsqu’ils atteignent le cortex cérébral. Les intérocepteurs (inter = entre) (ou viscérocepteurs) per çoivent les stimulus provenant du milieu interne de l’organisme. Il s’agit, par exemple, des récepteurs sensibles à l’étirement, à la température corporelle et aux changements chimiques ; ils sont situés dans les muscles lisses de la paroi des organes. La plupart du temps, l’organisme n’est pas conscient de l’existence de ces récepteurs, mais lorsqu’ils sont stimulés, ils peuvent notamment provoquer des sensations de douleur, de malaise et de aim. Les propriocepteurs (proprius = qui n’appartient qu’à soi même) sont situés dans les muscles, les tendons, les articulations et l’oreille interne. Ils perçoivent les mouvements du corps et des membres, la contraction et l’étirement des muscles ainsi que les variations relatives à la structure des capsules articulaires. Ainsi, même sans regarder vos articulations, vous savez dans quelle position elles se trouvent et vous êtes conscient de la contraction de vos muscles, car les propriocepteurs ont parvenir de açon continue (récepteurs toniques) ces données au SNC. Les fuseaux neuromusculaires sont des propriocepteurs localisés dans le périmysium des muscles squelettiques, qui est une gaine de tissu conjoncti recouvrant les aisceaux de bres musculaires. Ces propriocepteurs détectent l’étirement des muscles squelettiques et en inorment le SNC, qui déclenche le réfexe d’étirement
Chapitre 16 Le système nerveux : les sens
719
TABLEAU 16.1 Critères et classifcation des récepteurs Classifcation
Description
Exemples
Sens généraux
Sont répartis dans tout l’organisme ; structures simples.
Récepteurs des sens généraux :
• Récepteurs sensoriels somatiques
• Sont situés dans la peau, les articulations, les muscles et les tendons.
• Récepteurs tactiles (du toucher) ; propriocepteurs situés dans les articulations
• Récepteurs sensoriels viscéraux
• Sont situés dans les parois des viscères.
• Récepteurs de l’étirement situés dans les vaisseaux sanguins
Sens particuliers
Sont situés uniquement dans la tête ; structures complexes.
Récepteurs de l’odorat, du goût, de la vue, de l’ouïe et de l’équilibre
Extérocepteurs
Décèlent les stimulus provenant du milieu externe.
Récepteurs du toucher, de la pression, de la douleur et de la température situés dans la peau et les muqueuses ; récepteurs des organes des sens : de l’odorat, du goût, de la vue, de l’ouïe et de l’équilibre
Intérocepteurs (viscérocepteurs)
Décèlent les stimulus provenant du milieu interne (organisme).
Récepteurs des viscères sensibles aux stimulus chimiques, à l’étirement des tissus et à la température corporelle
Propriocepteurs
Décèlent les stimulus provenant des muscles squelettiques, des tendons, des capsules articulaires ainsi que de l’oreille interne.
Récepteurs des useaux neuromusculaires et des useaux neurotendineux ; récepteurs kinesthésiques des articulations et récepteurs de l’oreille interne percevant la position et la contraction des muscles
Chimiorécepteurs
Décèlent les substances chimiques en solution.
Récepteurs du goût ; récepteurs situés dans les vaisseaux sanguins qui régissent la concentration sanguine en ions hydrogène (H+)
Thermorécepteurs
Décèlent les variations de température.
Récepteurs situés dans la peau et l’hypothalamus
Photorécepteurs
Décèlent les variations d’intensité lumineuse ainsi que les variations de couleur et de mouvement des rayons lumineux.
Récepteurs situés dans la rétine de l’œil
Mécanorécepteurs
Décèlent les déormations physiques attribuables au toucher, à la pression, à la vibration et à l’étirement.
Récepteurs tactiles cutanés (principalement)
• Barorécepteurs
• Décèlent les variations d’étirement ou la distension des organes.
• Vaisseaux sanguins, vessie
Nocicepteurs
Décèlent les stimulus potentiellement néastes pour l’organisme.
Récepteurs de la douleur présents dans pratiquement tous les organes
Récepteurs sensoriels simples
Terminaisons dendritiques modifées de neurones sensitis : terminaisons nerveuses libres (nues) ou capsulées ; sont situés partout dans l’organisme.
Mécanorécepteurs, thermorécepteurs, nocicepteurs et propriocepteurs
Récepteurs sensoriels complexes
Amas de cellules spécialisées associées à un type de stimulus ; sont situés dans les organes des sens.
Photorécepteurs de la rétine de l’œil, mécanorécepteurs de l’oreille et chimiorécepteurs du nez et de la bouche
Situation anatomique
Origine du stimulus
Type de stimulus
Complexité de la structure
(voir la section 14.6.3). Les fuseaux neurotendineux (ou organes tendineux de Golgi) se trouvent au point d’attache du tendon avec le muscle squelettique. Ces propriocepteurs détectent l’étire ment des tendons durant une contraction mus culaire, ce qui per met d’arrêter la contraction du muscle (voir la fgure 14.20, p. 667). Finalement, les récepteurs kinesthésiques des articulations
sont des propriocepteurs sensibles à l’étirement des capsules arti culaires logées dans les articulations synoviales.
16.1.3.3 Le type de stimulus Les récepteurs peuvent être classés en fonction du type de stimulus perçu. En effet, certains récepteurs ne réagissent
720 Partie III La communication et la régulation
qu’aux changements de température, alors que d’autres réa gissent aux variations chimiques. Il existe cinq catégories de récepteurs établies en onction de la modalité du stimulus : • Les chimiorécepteurs sont sensibles aux substances chimiques présentes dans l’air ou en solution. Ces substances comprennent les aliments et les liquides consommés, les substances qui com posent les liquides organiques ainsi que les constituants relatis de l’air inhalé. Ainsi, les récepteurs des papilles gustatives de la langue sont des chimiorécepteurs, car ils réagissent aux molé cules des aliments en vue d’inormer l’organisme de ce qu’ils contiennent. Dans le même ordre d’idées, les chimiorécepteurs présents dans certains vaisseaux sanguins surveillent la concen tration sanguine en oxygène et en dioxyde de carbone, ce qui a une incidence sur la réquence respiratoire (voir la section 23.5.3). • Les thermorécepteurs (thermon = chaleur) réagissent aux variations de température. Ils sont présents dans la peau et dans l’hypothalamus, et ont partie des arcs réfexes qui régissent et maintiennent la température corporelle. • Les photorécepteurs (phôtos = lumière) se trouvent dans l’œil où ils détectent les variations de l’intensité lumineuse, la couleur et le mouvement. • Les mécanorécepteurs (mecanicus = relati à la machine) répondent au toucher, à la pression, y compris la pression arté rielle (voir la section 20.5.1), à la vibration et à l’étirement. La plupart des récepteurs cutanés sont des mécanorécepteurs, car ils réagissent à la pression et au toucher exercés sur la peau. Des mécanorécepteurs sont également situés dans l’oreille pour l’ouïe et l’équilibre ainsi que dans les organes (baroré cepteurs) an de déceler les variations d’étirement ou la dis tension anatomique. C’est d’ailleurs ce type de récepteurs qui permet de réguler la pression artérielle (voir la section 20.5.1). • Les nocicepteurs (nocere = nuire) réagissent aux stimulus potentiellement nuisibles pour l’organisme. Le rôle des noci cepteurs est d’inormer l’organisme en cas de blessure ou de dommage de manière à ce que les mesures adéquates soient prises. Les inormations sensitives transmises sont interpré tées par le cerveau comme étant de la douleur. Les noci cepteurs somatiques perçoivent les lésions chimiques, thermiques ou mécaniques qui touchent la surace du corps ou les muscles squelettiques. Par exemple, le picotement des yeux à la suite d’une exposition à un acide, la sensation de brûlure aiguë lorsque la main est retirée d’un objet brûlant ou la sensation d’élancement douloureux à la suite de la tor sion de la cheville sont autant de situations qui stimulent les nocicepteurs somatiques. Les nocicepteurs viscéraux, quant à eux, perçoivent les lésions internes, soit celles qui touchent les viscères. Un inconort à un organe interne est souvent attribuable à : 1) un apport insusant en oxygène (p. ex., dans le cas d’un inarctus ou de l’obstruction d’un vaisseau sanguin) ; 2) l’étirement marqué du muscle lisse de la paroi de l’organe ; ou 3) un traumatisme, suivi de la libération, par les cellules endommagées, de substances chimiques qui sti mulent des nocicepteurs précis. Les stimulus excessis nissent toujours par être interprétés par l’encéphale comme étant de la douleur. Par exemple, si vous rôlez de vos doigts un glaçon, le changement de température sera détecté par des thermorécepteurs et sera interprété comme une sensation de
roid par votre cerveau. Cependant, si vous laissez vos doigts sur le glaçon pendant quelques minutes, le changement de température important sera perçu par les nocicepteurs et sera alors interprété comme étant de la douleur. En eet, les noci cepteurs ont un seuil d’excitation plus élevé (voir la section 12.7) que les autres types de récepteurs sensoriels ; ils réagissent ainsi moins rapidement à un même stimulus. Ils permettent à l’organisme de prévenir les dommages qui pour raient être causés par des stimulations excessives.
16.1.3.4 La complexité de la structure Les récepteurs peuvent également être classés selon la com plexité de leur structure. Selon cette classication, les récepteurs peuvent être simples ou complexes. La majorité des récepteurs sont des récepteurs simples. Ce sont des neurones sensitis constitués de terminaisons dendritiques modiées. Ils sont pré sents partout dans le corps et ils sont sensibles à une grande variété de stimulus. Les récepteurs complexes, quant à eux, se trouvent dans les organes des sens et sont sensibles à la vue, à l’ouïe, à l’équilibre, à l’odorat et à la gustation. Un récepteur donné est catégorisé en onction des quatre c ritères de classication énoncés précédemment : leur situation anatomique, l’origine du stimulus, le type de stimulus et la complexité de leur structure. Les yeux, par exemple, sont à l’ori gine d’un sens particulier parce qu’ils sont situés dans la tête (situation anatomique) ; ce sont des extérocepteurs parce qu’ils perçoivent les stimulus externes (origine du stimulus), des pho torécepteurs parce qu’ils perçoivent la lumière (type de stimu lus) et des récepteurs complexes (complexité de la structure). Comparativement aux yeux, les barorécepteurs qui détectent l’étirement des vaisseaux sanguins sont considérés comme ai sant partie des sens généraux parce qu’ils sont répartis dans tout l’organisme. En outre, il s’agit d’intérocepteurs, car ils décèlent des stimulus internes, et de mécanorécepteurs, étant donné qu’ils perçoivent les variations de la distension de la paroi d’un organe. Finalement, ce sont des récepteurs simples, puisque leurs terminaisons sont des dendrites modiées.
Vérifiez vos connaissances 4. Décrivez les récepteurs suivants en vous basant sur
les quatre critères de classifcation des récepteurs : l’oreille et l’ouïe ; la langue et le goût ; les récepteurs de l’étirement de la paroi de la vessie.
INTÉGRATION
STRATÉGIES D’APPRENTISSAGE
Un plat très épicé crée une sensation de brûlure dans la bouche parce que les nocicepteurs qui y sont présents sont du type somatique. Une ois avalé, ce mets épicé se déplace dans le tube digesti et n’y provoque pas de sensation de picotement ou de brûlure, car les nocicepteurs qui se trouvent là sont des nocicepteurs viscéraux qui ne réagissent qu’à un étirement anormal des muscles, au manque d’oxygène ou à un déséquilibre chimique des tissus. Quand les déchets de ce repas épicé sont évacués, il est possible qu’ils produisent une sensation de brûlure dans l’anus, car les nocicepteurs situés autour de l’anus et à l’intérieur du canal anal sont des nocicepteurs somatiques.
Chapitre 16 Le système nerveux : les sens
16.2 Les sens généraux Les récepteurs des sens généraux sont répartis dans la peau et les viscères. Il s’agit généralement de structures simples. Dans la pré sente section, il est question des récepteurs tactiles cutanés ainsi que de la douleur projetée. Il s’agit d’un type de douleur perçue dans la peau, à distance de l’organe où siège la lésion responsable.
16.2.1 1
Les récepteurs tactiles
Comparer les terminaisons nerveuses non capsulées avec les terminaisons nerveuses capsulées.
La peau est un organe qui renerme un grand nombre de récep teurs. Elle est composée de deux couches de tissus : l’une, supé rieure, composée d’un épithélium stratié squameux kératinisé, est appelée l’épiderme ; l’autre, inérieure, composée d’un tissu conjoncti dense irrégulier, est nommée le derme (voir les sections 6.2.1 et 6.2.2). Les récepteurs tactiles (tactilis = qui peut être touché) constituent les récepteurs les plus nombreux FIGURE 16.3. Il s’agit principalement de mécanorécepteurs situés dans le derme et l’hypoderme (voir la section 6.2.3) qui réagissent aux stimulus du toucher, de la pression et de la vibra tion, mais également de thermorécepteurs et de nocicepteurs. Les récepteurs tactiles varient des structures les plus simples,
721
telles les terminaisons dendritiques non capsulées (c’estàdire non entourées d’une gaine protectrice de tissu conjoncti), aux structures plus complexes, comme les terminaisons dendri tiques capsulées, lesquelles sont entourées de tissu conjoncti ou de gliocytes (ou cellules gliales) TABLEAU 16.2.
16.2.1.1 Les récepteurs tactiles non capsulés Les récepteurs tactiles non capsulés sont des terminaisons den dritiques des neurones sensoriels qui ne portent pas de couche protectrice. Les trois types de récepteurs non capsulés sont les terminaisons nerveuses libres, les récepteurs du ollicule pileux et les corpuscules tactiles. Les terminaisons nerveuses libres correspondent aux branches terminales des dendrites. Il s’agit des récepteurs tac tiles les plus simples et les plus près de la surace de la peau, géné ralement situés dans la portion papillaire du derme. Il n’est pas rare que des ramications dendritiques se prolongent à travers les couches les plus proondes de l’épiderme, jusque dans les cellules épithéliales. Les terminaisons nerveuses libres se situent également dans les membranes muqueuses. Ces récepteurs tac tiles perçoivent principalement la douleur (nocicepteurs) et les variations de température (thermorécepteurs), mais également les stimulus relatis à l’efeurement et à la pression légère (mécanorécepteurs). Ils peuvent aussi percevoir les molécules chimiques participant à une réaction infammatoire et produi sant une sensation de démangeaison (chimiorécepteurs).
Récepteurs tactiles non capsulés Corpuscule tactile non capsulé Terminaison nerveuse libre
Récepteurs tactiles capsulés Corpuscule tactile capsulé Corpuscule de Krause
Récepteur du follicule pileux
Corpuscule bulboïde Corpuscule lamelleux
FIGURE 16.3 Récepteurs tactiles
❯ Divers types de récepteurs tactiles cutanés reçoivent des informations relativement à certains stimulus de l’environnement immédiat, soit le toucher, la pression ou la vibration.
Les récepteurs tactiles non capsulés (ou libres) ne portent pas de gaine de tissu conjonctif, alors que les récepteurs tactiles capsulés portent une gaine de tissu conjonctif ou de gliocytes.
722 Partie III La communication et la régulation TABLEAU 16.2
Classifcation des récepteurs tactiles
Type de récepteur
Structure
Emplacement
Fonction
Terminaison nerveuse libre
Terminaison dendritique des neurones sensoriels
Abondante dans les tissus conjonctis (ligaments, tendons, derme, capsule articulaire, périoste) et les épithéliums (épiderme, cornée, muqueuse et glandes)
Thermorécepteur ; nocicepteur ; mécanorécepteur (pression) et chimiorécepteur (démangeaison durant une réaction infammatoire)
Récepteur du ollicule pileux
Terminaison dendritique des neurones sensoriels qui entoure les ollicules pileux
Couche réticulée du derme : à l’intérieur et autour des ollicules pileux (adaptation rapide)
Mécanorécepteur qui perçoit le mouvement des poils (toucher)
Corpuscule tactile non capsulé (ou disque de Merkel) Cellule tactile Disque tactile
Terminaison dendritique aplatie des neurones sensoriels qui se lie à de grandes cellules épidermiques en orme de rondelles
Couche basale de l’épiderme
Mécanorécepteur de l’efeurement (toucher)
Corpuscule de Krause (ou bulbe terminal de Krause)
Terminaison dendritique des neurones sensoriels qui porte une gaine de tissu conjoncti
Derme (bout des doigts et paume), muqueuses des cavités nasale et orale (lèvres et langue), mamelons, clitoris et pénis
Mécanorécepteur qui décèle la pression légère, les vibrations à basse réquence et le roid (adaptation rapide)
Corpuscule lamelleux (ou corpuscule de Pacini)
Terminaison dendritique des neurones sensoriels qui porte une gaine et dont le centre est ormé de couches concentriques de neurolemmocytes et de couches externes de tissu conjoncti (orme d’un oignon)
Derme, tissu sous-cutané, membranes synoviales et certains viscères
Mécanorécepteur qui décèle la pression intense, l’étirement et la vibration à réquence élevée (adaptation rapide)
Récepteurs tactiles non capsulés
Récepteurs tactiles capsulés
Chapitre 16 Le système nerveux : les sens
TABLEAU 16.2
723
Classifcation des récepteurs tactiles (suite)
Type de récepteur
Structure
Emplacement
Fonction
Corpuscule bulboïde (ou corpuscule de Runi)
Terminaison dendritique des neurones sensoriels située dans le tissu conjoncti
Derme et tissu sous-cutané ; capsules articulaires
Mécanorécepteur qui décèle la pression proonde continue (adaptation lente) ainsi que la distorsion cutanée
Corpuscule tactile capsulé (ou corpuscule de Meissner)
Dendrites à l’enchevêtrement complexe recouvertes de neurolemmocytes modiés et d’une couche dense de tissu conjoncti irrégulier
Papilles dermiques, particulièrement celles des lèvres, de la paume des mains, des paupières, des mamelons et des organes génitaux
Mécanorécepteur de l’efeurement et du toucher discriminati en vue de reconnaître les textures et les ormes (adaptation rapide)
Récepteurs tactiles capsulés
Les récepteurs du follicule pileux constituent des terminai sons nerveuses libres spécialisées qui orment une gaine s’appa rentant à une toile d’araignée autour des ollicules pileux dans la couche réticulaire du derme. Ainsi, tout mouvement ou déplace ment du poil modie la disposition des ramications des den drites, ce qui donne lieu à un infux nerveux. Ces récepteurs s’adaptent rapidement ; c’est pourquoi vous ressentez le contact du chandail à manches longues sur vos bras lorsque vous l’en lez, mais que votre perception consciente de ce contact s’atténue immédiatement, et ce, jusqu’à ce que les plexus de la racine des poils soient stimulés de nouveau. Les corpuscules tactiles non capsulés (ou disques de Merkel) sont des terminaisons nerveuses aplaties qui se prolongent jusqu’aux cellules tactiles spécialisées (cellules de Merkel), les quelles sont situées dans la couche basale de l’épiderme. Ces disques agissent à titre de récepteurs toniques des stimulus rela tis à l’efeurement et jouent un rôle important dans la discrimi nation des textures et des ormes. Leur stimulation provoque une sensation de pression légère.
16.2.1.2 Les récepteurs tactiles capsulés Les récepteurs tactiles capsulés sont entourés d’une couche de tissu conjoncti ou recouverts de gliocytes. Parmi ces récepteurs gurent les corpuscules de Krause, les corpuscules lamelleux, les corpuscules bulboïdes, les corpuscules tactiles, en plus des useaux neuromusculaires, des useaux neurotendineux et des récepteurs kinesthésiques des articulations présentés dans la section 16.1.3.2. Les corpuscules de Krause (ou bulbes terminaux de Krause) constituent des terminaisons dendritiques sensorielles qui portent une gaine de tissu conjoncti. Ils se situent dans le derme, à la rontière de l’épithélium stratié squameux, ainsi que dans les muqueuses des cavités orale, nasale et vaginale de même que dans celles du canal anal, du clitoris et du pénis. Les corpuscules de Krause perçoivent les stimulus relatis à la pression légère,
aux vibrations à basse réquence et aux sensations de roid (Colson, 2010 ; Denys, EvenSchneider, Bensmail et al., 2007 ; Lopes & Poudat, 2013). Les corpuscules lamelleux (ou corpuscules de Pacini) sont com posés de plusieurs terminaisons dendritiques portant une gaine or mée du noyau central des neurolemmocytes (type de gliocytes) et de couches concentriques de tissu conjoncti. Ces corpuscules se trouvent dans la couche réticulaire du derme ; dans le tissu sous cutané de la paume des mains, de la plante des pieds, des seins et des organes génitaux externes ; dans la membrane synoviale des articu lations ; et dans la paroi de certains organes. La structure des cor puscules lamelleux ait en sorte que seuls les stimulus relatis à la pression intense et à l’étirement sont en mesure de les activer. Les corpuscules bulboïdes (ou corpuscules de Runi) sont des terminaisons dendritiques sensorielles du tissu conjoncti situées dans le derme et l’hypoderme de même que dans les cap sules articulaires. Ces corpuscules perçoivent la pression intense continue ainsi que la distorsion cutanée. Finalement, il s’agit de récepteurs toniques qui ont une adaptation lente. Les corpuscules tactiles (ou corpuscules de Meissner) sont des récepteurs capsulés ovales et de grande taille. Ces corpuscules sont ormés à partir d’un enchevêtrement complexe de dendrites contenues dans les neurolemmocytes modiés, lesquels sont éga lement recouverts d’une couche dense de tissu conjoncti irrégu lier. Les corpuscules tactiles se situent dans les papilles dermiques, surtout dans les lèvres, les paumes des mains, les paupières, les mamelons et les organes génitaux. Finalement, les corpuscules tactiles constituent des récepteurs phasiques (adaptation rapide) qui permettent la discrimination tactile. Cette discrimination ore la capacité de reconnaître comme étant diérents deux sti mulus appliqués à proximité ; elle permet également de distinguer la texture et la orme des objets. Cette capacité de discrimination dépend donc du nombre de corpuscules tactiles ; elle est excel lente sur la langue et le bout des doigts, et plus aible dans le dos, par exemple (voir la fgure 13.13, p. 586).
724 Partie III La communication et la régulation
Vérifiez vos connaissances 5. Quels sont les trois types de récepteurs non capsulés ?
Où sont-ils situés ?
16.2.2 2
La douleur projetée
Dénir le concept de douleur projetée, puis expliquer son importance quant au diagnostic médical.
La douleur projetée apparaît lorsque les infux sensitis d’un vis cère donné sont perçus dans la peau ou juste en dessous de celle ci plutôt que dans l’organe d’où provient la douleur (voir la fgure 14.12, p. 647). De nombreux neurones sensitis qui com posent les dermatomes cutanés (voir la section 14.5.1) et des neu rones sensitis viscéraux transmettent des infux nerveux le long des mêmes tractus ascendants de la moelle épinière FIGURE 16.4. Il en résulte que le cortex sensiti de l’encéphale ne ait pas la distinction entre la source véritable du stimulus et la source erro née. C’est pourquoi l’origine d’un stimulus peut s’avérer inexacte. Sur le plan clinique, certaines régions de projection des dou leurs parmi les plus courantes s’avèrent utiles en vue de poser un diagnostic médical FIGURE 16.5. Par exemple, les troubles cardiaques sont souvent à l’origine d’une douleur projetée, car l’innervation sympathique du cœur provient de la portion T1 à
T5 de la moelle épinière (voir la section 15.4). Or, la douleur asso ciée à un inarctus du myocarde (crise cardiaque) peut se rap porter aux dermatomes innervés par les ners spinaux T 1 à T5, lesquels se situent le long de la région pectorale et de la partie médiale du bras (voir la fgure 14.12, p. 647). Ainsi, certaines personnes qui sourent de troubles cardiaques ressentent une douleur le long de la partie médiale du bras gauche, soit à l’em placement du dermatome du ner T1. Dans le même ordre d’idées, une douleur provenant des reins et de l’uretère peut se projeter aux dermatomes T10 à L 2, lesquels recouvrent généralement la paroi abdominale inérieure dans la région de l’aine et la partie dorsale inérieure de part et d’autre de la colonne vertébrale (lombes). La douleur viscérale se projette généralement le long de la voie nerveuse sympathique, mais il arrive qu’elle suive la voie parasympathique. À cet eet, la douleur projetée depuis la ves sie suit souvent la voie parasympathique en passant par les neu robres d’origine sacrale (voir la section 15.3.2). Comme les neurobres d’origine sacrale se trouvent dans la région S2 à S 4 de la moelle épinière, il arrive donc que la douleur soit projetée vers les dermatomes de cette même région, lesquels recouvrent la région médiale des esses.
Vérifiez vos connaissances 6. Expliquez l’importance de la douleur projetée sur
le plan clinique.
V Voie sensitive vvers l’encéphale Ganglion spinal
Nocicepteurs cutanés
Ganglion du tronc sympathique Axones sensitifs
Moelle épinière
Rameau gris Rameau blanc Nocicepteurs situés dans la paroi du cæcum et de l’appendice
Voie sensitive somatique Voie sensitive viscérale
FIGURE 16.4 Origine de la douleur projetée ❯ Une interprétation autive de la source d’une douleur peut survenir lorsque les infux sensitis de deux organes distincts empruntent la même voie en vue d’atteindre
l’encéphale. Par exemple, une douleur perçue dans la région cutanée ombilicale provient en ait du cæcum et de l’appendice.
Chapitre 16 Le système nerveux : les sens
725
Foie et vésicule biliaire Foie et vésicule biliaire
Cœur Estomac Pancréas
Appendice vermiforme
Ovaires (femme) Reins Vessie
FIGURE 16.5 Uretère A. Vue antérieure
INTÉGRATION APPLICATION CLINIQUE
La douleur fantôme DÉSÉQUILIBRE HOMÉOSTATIQUE
La douleur fantôme (ou algohallucinose ou douleur illusionnelle du membre antôme) est une sensation associée à une partie du corps qui a été enlevée. Après l’amputation d’un membre, une personne continue souvent à ressentir des sensations (p. ex., la démangeaison, la pression, le picotement et la douleur) qui semblent provenir de ce membre absent. Elle peut, par exemple, ressentir une douleur apparemment localisée dans un pied qui n’est plus là. Les caractéristiques de ce phénomène demeurent encore obscures, et plusieurs chercheurs ont énoncé des théories à ce sujet (Laurent, 2001, 2011 ; Sautreuil, Lassaux, Thoumie et al., 2007). Certains stipulent que si une voie nerveuse sensitive venant du membre amputé est stimulée dans sa portion intacte, elle déclenchera des signaux nerveux et les acheminera au SNC ; celui-ci les interprétera alors comme venant du membre amputé. En d’autres termes, les corps cellulaires des neurones sensitis responsables de la sensibilité du membre sont toujours vivants, puisqu’ils ne ont pas partie de ce membre. D’autres maintiennent que l’encéphale contient des réseaux de neurones qui ont gardé en mémoire diérentes sensations générées avant l’amputation. Ainsi, les neurones cérébraux qui recevaient les infux sensitis du membre amputé seraient toujours actis et continueraient à générer des perceptions qui sont en ait illusoires. Ce syndrome du membre fantôme peut être assez débilitant. Certaines personnes éprouvent une douleur extrême impossible à calmer par des analgésiques, alors que d’autres ont une envie persistante de gratter une démangeaison inexistante. Des traitements comme la stimulation électrique, l’acupuncture et la rétroaction biologique permettent, dans certains cas, d’atténuer ces symptômes (Sautreuil et al., 2007).
B. Vue postérieure
Régions les plus courantes de projection de la douleur ❯ A. Vue antérieure ; B. vue postérieure.
16.3 L’olfaction et la gustation Les chimiorécepteurs sont des neurones spécialisés qui per çoivent la présence d’une substance chimique donnée et pro duisent un infux nerveux. L’agent stimulant doit cependant être dissout dans l’environnement aqueux du récepteur pour être décelé. La présente section traite des chimiorécepteurs de l’olaction (odorat) et de la gustation (goût), et elle permet de constater que le goût est intimement lié à l’odorat.
16.3.1
L’olfaction : le sens de l’odorat
1
Nommer les structures des organes olactis et expliquer leur onctionnement.
2
Désigner les régions de l’encéphale recevant les infux sensitis des chimiorécepteurs olactis.
3
Décrire les voies nerveuses de l’olaction.
L’olfaction (olfactus = action de fairer) correspond au sens de l’odorat dans lequel des molécules volatiles, appelées substances odorantes, doivent être dissoutes dans le mucus de la cavité nasale an d’être décelées par les chimiorécepteurs. L’organisme utilise ce sens pour évaluer l’environnement à la recherche d’in ormations en ce qui a trait à la nourriture, à la présence d’autres personnes dans la pièce ou aux dangers possibles (p. ex., la umée provenant d’un incendie ou une nourriture avariée). Comparativement à l’odorat de bon nombre d’animaux, celui de l’être humain est bien moins sensible et développé, car ce der nier n’a pas autant besoin de se er aux données olactives pour trouver de la nourriture ou pour communiquer avec les autres.
726 Partie III La communication et la régulation
L’humain est touteois capable de distinguer environ 10 000 odeurs, et il apprécie pleinement cette capacité lorsqu’il marche dans un jardin feuri ou qu’il entre dans une boulangerie.
16.3.1.1 L’organe olfactif L’organe olacti est la région olactive de la muqueuse nasale FIGURE 16.6. En eet, la partie supérieure de la cavité nasale, dont le cornet supérieur et la surace inérieure de la lame cri blée de l’ethmoïde (voir la section 8.2), est recouverte d’un épi thélium olfactif accompagné d’une lame basale et de glandes olactives. Cet épithélium pseudostratié spécialisé est ormé de millions de cellules de trois types diérents : • les cellules olfactives (ou neurones olactis) jouent le rôle de récepteurs qui perçoivent les odeurs ; • les cellules de soutien (ou cellules sustentaculaires) assurent le maintien et la protection des cellules olactives ; • les cellules basales constituent la base de l’épithélium et agissent à titre de cellules souches nerveuses en vue de rem placer de açon continue les cellules olactives. Les cellules olactives constituent l’un des rares types de neu rones qui se renouvellent. En eet, la régénération des neurones récepteurs olactis se produit tous les 40 à 60 jours. Elle est assu rée par les cellules basales de l’épithélium olacti. Touteois, ce processus est de moins en moins ecace avec l’âge, ce qui signi e que les neurones olactis qui demeurent perdent, avec le temps, leur sensibilité aux odeurs. Ainsi, les personnes âgées possèdent une capacité réduite à reconnaître les molécules odorantes.
Tractus olfactif
Bulbe olfactif Bulbe olfactif Nerfs olfactifs (cellules réceptrices) Cornets nasaux
Lame criblée de l’ethmoïde
Une couche de tissu conjoncti aréolaire appelée lamina propria est présente dans l’épithélium olacti. Les bres de colla gène et la substance ondamentale de ce tissu renerment des glandes olfactives (ou glandes de Bowman) qui sécrètent de la mucine de même que de nombreux ners et vaisseaux sanguins. Les sécrétions provenant des cellules de soutien et des glandes olactives orment un mucus qui recouvre la surace exposée de l’épithélium olacti.
16.3.1.2 Les cellules olfactives Les cellules olactives correspondent à des neurones bipolaires qui ont subi une diérenciation et une modication complètes. Ces cel lules agissent à titre de neurone de premier ordre de la voie sensi tive de l’odorat. Les cellules olactives comportent à la ois une dendrite et un axone amyélinisé. Les dendrites se prolongent jusque dans la couche de mucus qui recouvre les cellules olactives, alors que de nombreux prolongements minces et amyélinisés émergent des dendrites. Il s’agit des cils olfactifs, lesquels sont immobiles et semblent emmêlés au cœur de la couche de mucus. Le mucus sert de solvant aux molécules odorantes. En outre, les cils olactis contiennent des protéines réceptrices conçues pour déceler une molécule odorante en particulier. Selon les cellules olactives sti mulées, diverses odeurs sont perçues. Les axones minces des cel lules olactives orment une vingtaine de petits aisceaux appelés lets du nerf olfactif (ner crânien [NC] I ; voir la section 13.9). Ces lets se prolongent à travers les orices de la lame criblée de l’ethmoïde, puis pénètrent dans les bulbes olactis. Il convient de noter que la lame criblée est une partie ragile de l’os ethmoïde, et qu’une personne peut perdre l’olaction à la suite d’une racture de cet os.
Cellule mitrale (neurone postsynaptique) Cellule à panache (neurone de deuxième ordre) Glomérule olfactif Filets du nerf olfactif Glande olfactive
Lamina propria
Cellule basale Cellule de soutien
Épithélium olfactif de la cavité nasale
Lame criblée de l’ethmoïde Épithélium olfactif
Couche de mucus
Cellule olfactive Axone Corps cellulaire Dendrite Cils olfactifs Molécules odorantes
FIGURE 16.6 Région olfactive de la muqueuse du nez
❯ Les cellules olactives perçoivent les stimulus chimiques présents dans l’air inspiré. Lorsque les cellules olactives sont stimulées, elles produisent alors des infux nerveux dans les axones qui traversent la lame criblée de l’ethmoïde
et ont synapse dans les glomérules du bulbe olacti. Les cellules mitrales et les cellules à panaches sont les deux types de neurones postsynaptiques du bulbe olacti.
Chapitre 16 Le système nerveux : les sens
16.3.1.3 Les structures et les voies du nerf olfactif Les bulbes olfactifs sont les terminaisons des tractus olactis situées sous les lobes rontaux de l’encéphale (voir la section 13.9). Les axones des lets du ner olacti ont synapse avec les cellules mitrales et les cellules à panache (neurones de deuxième ordre) dans les bulbes olactis. Les structures sphériques qui naissent de ce phénomène sont appelées glomé rules olfactifs (glomeris = pelote, ulus = petite). Les cellules mitrales amplient et relaient le message nerveux dans les glo mérules. Un neurotransmetteur, l’acide gammaaminobutyrique (GABA), sécrété par d’autres cellules du bulbe olacti, inhibe rait l’action des cellules mitrales et permettrait au cerveau de recevoir seulement les infux olactis grandement excitateurs. Ainsi, le corps humain comprend environ 2 000 glomérules répartis dans les bulbes olactis. Les axones d’environ 10 000 cel lules olactives convergent dans chaque glomérule. Or, la conver gence des infux au sein du glomérule aide l’organisme à percevoir les odeurs les plus subtiles. D’ailleurs, chaque glomé rule représente un aspect unique d’une odeur, et chaque odeur active un ensemble précis de glomérules. Le regroupement des axones des cellules mitrales et des cellules à panache donne lieu aux tractus olfactifs qui se dirigent dans deux directions principales. La première voie traverse le thalamus et se dirige le long de la surace inérieure du lobe rontal pour atteindre directement l’aire olactive primaire située dans le lobe temporal (voir le tableau 13.3, p. 581). La deuxième voie ne se pro longe pas jusqu’au thalamus ; elle le contourne et rejoint principa lement l’hypothalamus et le corps amygdaloïde, ce qui explique les réactions émotives aux odeurs. Par exemple, vous allez saliver abondamment si vous sentez l’odeur d’un mets que vous aection nez particulièrement, car l’hypothalamus active la division para sympathique du système nerveux autonome (SNA). Ainsi, par cette deuxième voie, une partie des infux olactis ont la possibi lité d’atteindre le cortex cérébral sans passer par le thalamus.
INTÉGRATION LIENS ENTRE LES CONCEPTS L’hippocampe et le corps amygdaloïde sont des parties du système limbique participant au fonctionnement de la mé moire et des émotions (voir les sections 13.8.3 et 13.8.4) ; leur stimulation associe inévitablement des réactions comportementales et émotionnelles à des odeurs perçues au même moment, celles d’aliments précis ou de certains parfums, par exemple. C’est ce qui explique que les odeurs soient si fortement associées à des souvenirs nostalgiques ou à ceux de mauvaises expériences.
16.3.1.4 La perception des odeurs Lorsque la respiration est normale et détendue, la majeure partie de l’air inhalé ne ranchit pas l’épithélium olacti. Ainsi, pour s’assurer de percevoir diverses odeurs, il s’avère nécessaire de renifer à plusieurs reprises ou de respirer proondément. En eet, la respiration proonde entraîne un mélange et un tourbil lonnement de l’air dans la partie supérieure de la cavité nasale de manière à ce que les molécules odorantes se diusent dans la couche de mucus qui recouvre les cellules réceptrices olactives. Dans le mucus, des protéines solubles qui portent le nom de pro téines OBP (odorant binding protein) possèdent une anité
727
avec une grande variété de substances odorantes et contribuent à la liaison de ces substances aux récepteurs des cils olactis. Les cellules olactives sont stimulées lorsque les protéines OBP entrent en contact avec elles. Par ailleurs, la voie olactive est si sensible qu’il sut de quelques molécules stimulantes qui se lient aux récepteurs pour produire une sensation olactive. La stimulation des cellules olactives est assurée par un mécanisme de second messager impliquant l’activation d’une protéine G qui se trouve sur la surace interne de la membrane plasmique des cellules olactives (voir la fgure 4.19, p. 143, et la section 4.4.2). En se xant sur les récepteurs (cellules olactives), les substances odorantes activent les protéines G, ce qui entraîne éventuelle ment l’ouverture des canaux ioniques. En eet, l’activation des protéines G génère la ormation d’une molécule intermédiaire, le second messager (voir la section 17.5.2). La ormation du second messager déclenche à son tour une série de phénomènes qui entraînent l’ouverture des canaux ioniques et permettent aux ions de traverser la membrane plasmique. Ceci contribue à la génération de potentiels récepteurs dans les cils olactis (voir la section 12.7). Ces potentiels récepteurs, s’ils sont susamment orts pour se rendre à la zone gâchette de la cellule olactive, seront à l’origine d’un potentiel d’action qui se propagera dans l’axone et déclenchera la libération de neurotransmetteurs par les boutons terminaux à l’intérieur des glomérules du bulbe olacti. Les axones des cellules olactives de même type, c’estàdire des axones qui se xent aux mêmes types de molécules odorantes, convergent et s’assemblent en lets dans des glomérules particu liers selon des catégories d’odeurs précises. Par exemple, l’action de cuisiner entraîne la libération de nombreuses substances odo rantes, mais l’odeur particulière du repas préparé porte une signature unique reconnue par un type de glomérules particu liers. Imaginez que vous entrez chez vous et que votre amie cui sine une sauce à la tomate et au basilic ; sans même pénétrer dans la cuisine, vous aurez reconnu cette odeur particulière. La liaison du neurotransmetteur aux neurones de deuxième ordre (cellules mitrales ou cellules à panache) entraîne la propagation ou non des infux nerveux par l’intermédiaire des deux principales voies olactives. Les données sensitives peuvent atteindre plusieurs régions de l’encéphale, notam ment : 1) le cortex cérébral, qui permet de percevoir une odeur de açon consciente et de la reconnaître ; 2) l’hypothalamus, qui régit les réactions viscérales associées à l’odorat, notam ment la salivation, l’éternuement ou le réfexe pharyngé (ou réfexe nauséeux, déclenché par la stimulation de la paroi pos térieure du pharynx avec un cotontige) ; et 3) le corps amygda loïde, qui mémorise et constitue le centre de la reconnaissance des odeurs. Comme l’hypothalamus et le corps amygdaloïde ont partie du système limbique, ils permettent d’associer les odeurs à une émotion précise (voir la section 13.8.4). Pensez, par exemple, au bébé qui sent l’odeur de sa mère durant l’allai tement. Cette odeur réconortante procure au bébé un tel senti ment de bienêtre qu’il peut reconnaître sa mère parmi tant d’autres seulement à l’odorat. Les cellules olactives sont des récepteurs phasiques dont l’adaptation est très rapide. Il convient de noter qu’une ois les récepteurs stimulés, tout changement relati aux canaux ioniques modie le fux des ions et interère avec la production des poten tiels récepteurs. Ainsi, une odeur très orte (p. ex., l’odeur
728 Partie III La communication et la régulation
désagréable que dégage une poubelle) peut sembler se dissiper au bout d’un moment, car les récepteurs olactis s’adaptent rapi dement, même aux mauvaises odeurs.
INTÉGRATION APPLICATION CLINIQUE
Les dysfonctionnements de l’odorat DÉSÉQUILIBRE HOMÉOSTATIQUE
Près de 20 000 Canadiens consultent pour des problèmes liés à l’odorat (Lavigne, 2002). L’anosmie est une perte totale de l’odorat, et l’hyposmie est la perte partielle de ce sens. Le plus souvent, l’anosmie est causée par une altération du ner olacti en raison d’un trauma crânien ou de la présence d’une tumeur cérébrale, et l’hyposmie est due à une exposition toxique, à une rhinite ou encore à une congestion grave. L’anosmie peut également être transitoire en présence d’inections virales (rhinosinusite, polypose) qui aectent la muqueuse nasale (Faulcon, Portier, Biacabe et al., 1999 ; Lavigne, 2002). Les traitements peuvent être envisagés lorsque la cause est infammatoire. Pour les causes traumatiques ou toxiques, la perte peut être persistante (jusqu’à un an, s’il y a récupération). Les crises uncinées sont des hallucinations olactives et gustatives ; elles sont associées à des troubles de la conscience liés à des aections cérébrales (épilepsie) ou à la présence d’une tumeur au cerveau siégeant dans le lobe temporal (Campolini, Tollet & Vansteelandt, 2003 ; Lavigne, 2002).
Vérifiez vos connaissances 7. Quel rôle le mucus joue-t-il dans la perception
des odeurs ? 8. Pourquoi certaines odeurs sont-elles à l’origine
de réactions émotionnelles ?
À votre avis 1. Lorsqu’une personne est congestionnée en raison d’un
rhume ou d’une rhinite allergique saisonnière, elle est généralement incapable de percevoir les goûts aussi bien qu’en temps normal. Pourquoi ?
16.3.2
La gustation : le sens du goût
4
Décrire la structure et la onction des papilles linguales.
5
Décrire la structure, l’emplacement et les voies d’innervation des chimiorécepteurs gustatis.
6
Énumérer les cinq sensations gustatives.
7
Expliquer le phénomène relati à l’association des odeurs et des goûts.
La gustation (gustatio = action de goûter), c’estàdire le sens du goût, intervient lorsque l’organisme entre en contact avec les molécules des aliments et des boissons. Les saveurs sont détec tées par des récepteurs sensoriels qui se rassemblent en une
structure appelée calicules gustatis (ou bourgeons du goût). La bouche compte environ 10 000 de ces récepteurs, surtout sur la langue, mais aussi, en moindre nombre, sur le palais mou, sur la ace interne des joues, sur le pharynx et sur l’épiglotte. La langue renerme également des mécanorécepteurs, des thermo récepteurs et des nocicepteurs qui ournissent respectivement de l’inormation relativement à la texture, à la température de la nourriture et à la douleur provoquée par l’ingestion d’aliments orts, par exemple.
16.3.2.1 Les papilles linguales
et les calicules gustatifs Des saillies de tissus épithélial et conjoncti appelées papilles (papilla = mamelon) sont présentes sur la surace supérieure de la langue. Il en existe quatre types : les papilles fliormes, les papilles ongiormes, les papilles caliciormes et les papilles oliées FIGURE 16.7A et B. Les papilles fliormes (flum = fl) sont courtes et pointues. Elles se répartissent sur les deux tiers antérieurs de la surace de la langue. Elles contiennent quelques cellules gustatives, mais ne renerment pas de calicules gustatis. Elles n’interviennent donc pas dans la gustation. Les papilles fliormes jouent plutôt un rôle mécanique en raison de leur structure hérissée. En eet, elles contribuent à la perception des textures et à la manipula tion des aliments. Les papilles ongiormes (ungus = champignon) consti tuent de petites élévations en orme de champignons situées sur toute la surace de la langue. Chacune de ces papilles contient environ cinq calicules gustatis. Les papilles caliciormes (ou circumvallées ; vallo = entou rer) constituent les papilles les moins nombreuses (de 10 à 12), mais les plus grosses. Elles sont disposées de manière à ormer un V inversé sur la surace dorsale à l’arrière de la langue. Chacune de ces papilles est entourée d’un creux proond et étroit. En outre, la majeure partie des calicules gustatis, soit de 100 à 300, se trouve dans la paroi de ces papilles, du côté qui ait ace au creux. Les papilles oliées (olium = euille) sont sousdéveloppées chez l’être humain. Elles orment des crêtes sur les bords laté raux de la langue et ne renerment que quelques calicules gusta tis qui dégénèrent pendant l’enance. Les calicules gustatis, dont la orme ovoïde ressemble à celle de l’oignon (voir la fgure 16.7C et D), contiennent de 50 à 100 cellules épithéliales réparties en deux groupes : des récep teurs du goût, appelés cellules gustatives (ou récepteurs gus tatis), qui sont enchâssés entre des cellules de soutien. Un groupe de cellules basales (cellules souches) remplace continuellement les cellules gustatives, dont la durée de vie varie de 7 à 10 jours. Vers l’âge de 50 ans, l’aptitude à distin guer les goûts diminue en raison d’une réduction du renouvel lement des cellules gustatives et du nombre de calicules gustatis. Aussi, la pratique du tabagisme entraîne avec le temps une perte de la sensibilité gustative. En eet, la nicotine altère la orme des calicules gustatis et réduit leur approvi sionnement sanguin.
Chapitre 16 Le système nerveux : les sens
729
Épithélium stratifié squameux de la langue
Racine de la langue Épithélium
Cellule gustative Microvillosité gustative Pore gustatif
Corps de la langue
Cellule de soutien
B. Papille caliciforme
Nerf Cellule basale sensitif C. Calicule gustatif Noyaux des Pore cellules gustatives gustatif
Apex de la langue Épithélium
Calicule gustatif
Épithélium MO 300 x
Épithélium
Calicule gustatif
Papille fongiforme
Papille foliée
MO 140 x
Papille filiforme
A. Surface dorsale de la langue
Noyaux des cellules de soutien
D. Histologie du calicule gustatif
FIGURE 16.7 Papilles linguales et calicules gustatifs
❯ A. Les papilles linguales constituent de petites saillies à la surace de la langue. Il en existe quatre types : les papilles fliormes, les papilles ongiormes, les papilles oliées
et les papilles caliciormes. B. La papille caliciorme possède de nombreux calicules gustatis. C. Détails d’un calicule gustati ; D. micrographie de la structure histologique d’un calicule gustati.
16.3.2.2 Les cellules gustatives
16.3.2.3 Les voies gustatives
Les cellules gustatives situées dans les calicules gustatifs consti tuent des cellules neuroépithéliales spécialisées. La terminaison dendritique de chaque cellule gustative est formée à partir d’une mince microvillosité gustative qui porte le nom de poil gustatif. Les microvillosités traversent le calicule gustatif par une ouverture, le pore gustatif, qui les mène à la surface de la langue. Il s’agit de la partie réceptrice de la cellule. Dans la cavité orale, la salive conserve le milieu humide, alors que les substances gustatives (molécules qui produisent le goût) des aliments se dissolvent dans cette dernière avant d’entrer en contact avec les récepteurs gustatifs en vue de les stimuler grâce au pore gustatif. Ces récepteurs consti tuent des chimiorécepteurs, car les molécules des aliments doivent être en solution dans la salive pour qu’elles génèrent un goût.
Les terminaisons dendritiques des neurones de premier ordre sont associées aux cellules gustatives de manière à ce que chaque neurone sensitif entre en contact avec plusieurs cellules gusta tives. Ces neurones sensitifs représentent les principaux éléments composant le nerf facial (NC VII), qui innerve les calicules gus tatifs des deux tiers antérieurs de la langue, le nerf glossopharyn gien (NC IX), qui innerve les calicules gustatifs du tiers postérieur de la langue, et le nerf vague (NC X), qui innerve les calicules gustatifs de la partie postérieure de la langue et de l’épiglotte FIGURE 16.8. Les axones de ces nerfs se prolongent d’abord vers le bulbe rachidien, plus particulièrement vers le noyau solitaire, où ils font synapse avec les neurones de deuxième ordre. Ces neurones se prolongent jusqu’au thalamus, alors que les axones
730 Partie III La communication et la régulation
NC X NC IX
Aire Ai rre gustative gu uss 3
NC VII
Thalamus Tha a 2 No Noyau solitaire Pont
1
Bulbe rachidien
1 Les neurones de premier ordre émergent des cellules gustatives de la langue, passent par les paires de nerfs crâniens VII, IX et X, puis font synapse dans le noyau solitaire situé dans le bulbe rachidien. 2 Les neurones de deuxième ordre passent par le noyau solitaire et font synapse dans le thalamus. 3 Les neurones de troisième ordre se prolongent du thalamus jusqu’à l’aire gustative primaire située dans le lobe insulaire des hémisphères du cerveau.
FIGURE 16.8 Voie gustative ❯ Les sensations gustatives circulent par les ners aciaux appariés (NC VII) des deux tiers antérieurs de la langue, par les ners glossopharyngiens (NC IX) du tiers postérieur de la langue ainsi que par les ners vagues (NC X) reliés à la partie postérieure de
des neurones de troisième ordre se prolongent vers l’aire gusta tive primaire située dans le lobe insulaire des hémisphères du cerveau (voir la section 13.3 et le tableau 13.3, p. 581).
16.3.2.4 La discrimination gustative
et la physiologie du goût Contrairement au grand nombre de récepteurs olactis que compte le nez, la langue ne perçoit que cinq sensations gusta tives de base : le sucré, le salé, l’acide, l’amère et l’umami. • La saveur sucrée est produite par des composés organiques qui comportent un groupement —OH tels le sucre et d’autres molécules (p. ex., les édulcorants artifciels). • La saveur salée est produite par les ions métalliques (sels inorganiques) comme le sodium (Na+) et le potassium (K+). • La saveur acide est associée aux acides contenus dans la substance ingérée, par exemple les ions hydrogène (H+) du vinaigre. • La saveur amère est produite principalement par les alca loïdes, dont la quinine, la morphine, la nicotine et la caéine. • L’umami est un mot d’origine japonaise qui signife délicieux. Il s’agit d’une saveur viandeuse relative à la présence d’acides aminés comme le glutamate et l’aspartate. Le romage parme san, le poulet, la tomate et les champignons sont des exemples
la langue et à l’épiglotte. Ces sensations gustatives sont transmises au noyau solitaire du bulbe rachidien avant d’être acheminées au thalamus et de pénétrer fnalement dans l’aire gustative du cerveau.
d’aliments de consommation courante qui peuvent contenir des concentrations élevées de ces acides aminés et qui repré sentent cette saveur. L’umami est également à l’origine d’un rehausseur de goût grandement utilisé dans la transormation industrielle des aliments et dans la cuisine asiatique, le gluta mate de sodium (MSG). Chez certaines personnes, la consom mation de MSG peut provoquer des réactions de type allergique ou une réaction d’hypersensibilité (Santé Canada, 2008). Les chercheurs croyaient autreois que certains goûts étaient mieux perçus par une portion spécifque de la langue. Or, les études sur le sujet ont démontré que ces cartes gustatives étaient erronées et que les sensations gustatives s’étendent en ait sur des suraces plus vastes de la langue (Accolla, 2007). Comme c’est le cas pour les substances odorantes, les subs tances gustatives contenues dans les aliments se lient à des pro téines membranaires précises de la cellule réceptrice. La liaison initiale entre une substance gustative donnée et son récepteur génère une réponse en lien avec les sensations gustatives de base. Touteois, la manière dont se produit la dépolarisation cel lulaire varie. De açon générale, les stimulus sucrés, amers et l’umami se lient aux récepteurs à la surace des calicules gusta tis, ce qui active une protéine G, la gustducine. L’activation de cette dernière produit un second messager, ce qui entraîne la libération de calcium (Ca 2+), provoquant ainsi l’ouverture des canaux ioniques et la dépolarisation cellulaire. En revanche,
Chapitre 16 Le système nerveux : les sens
731
INTÉGRATION APPLICATION CLINIQUE
Les dysfonctionnements du sens gustatif DÉSÉQUILIBRE HOMÉOSTATIQUE
L’agneusie est l’impossibilité de percevoir le goût d’une substance déposée sur la langue. L’altération peut être partielle ou totale. Plusieurs causes sont possibles, dont une lésion du ner glossopharyngien, une paralysie aciale, la vieillesse, une inection respiratoire des voies supérieures, une mycose buccale, le tabagisme et certains traitements contre le cancer. Comme la gustation dépend de trois paires de ners crâniens, ce dysonctionnement est rare (Mathy, Dupuis, Pigeolet et al., 2003 ; RuhinPoncet, Guerre, Goudot et al., 2010). Plusieurs études ont montré une perturbation du goût causée par le tabagisme. La consommation de tabac semble diminuer majoritairement la reconnaissance de la saveur acide et de la saveur amère, à un degré moindre. Cette perturbation chez les umeurs peut être due à plusieurs acteurs. La carence en
la protéine G n’intervient pas dans les stimulus salé et acide ; la dépolarisation cellulaire a alors lieu sans intermédiaire. La dépolarisation d’une cellule gustative génère des potentiels gradués qui produisent à leur tour des potentiels d’action qui entraînent la libération d’un neurotransmetteur du côté basal (voir la section 12.7.1). Les diérents types de cellules gustatives présentent des seuils d’excitation diérents. Par exemple, les récepteurs de l’amer détectent les substances présentes en très petites quantités, tandis que les autres récepteurs nécessitent une plus grande quantité de substances pour atteindre leur seuil d’excitation. De plus, les récepteurs gustatis s’adaptent rapide ment en quelques minutes. À la suite de la libération du neuro transmetteur, il y a stimulation d’un neurone sensiti en vue de transmettre à l’encéphale, par l’intermédiaire des ners crâniens VII, IX et X, les données adéquates relativement à la sensation gustative. L’inormation sensitive atteint d’abord le noyau solitaire situé dans le bulbe rachidien, ce qui donne lieu à des réfexes qui aug mentent la salivation et la libération de sécrétions digestives en prévision d’un apport alimentaire. Un réfexe pharyngé ou de vomissement peut également se produire en réaction à une subs tance nauséeuse. Les données sensitives sont ensuite achemi nées vers le thalamus, puis vers l’aire gustative primaire en vue d’une perception consciente des goûts. Cette étape nécessite une intégration des sensations gustatives avec celles relatives à la température, à la texture et à l’odeur de la substance ingérée. L’inormation sensitive rejoint également l’hypothalamus et d’autres structures du système limbique, ce qui permet d’appré cier ou non certains aliments. La capacité à goûter les aliments consommés dépend grande ment de l’olaction. Ensemble, le goût et l’odorat sont respon sables de la saveur des aliments. Le goût est perçu lorsque l’encéphale interprète à la ois la stimulation provenant des neu rones sensitis des récepteurs gustatis et les données relatives
vitamine B12, observée chez le umeur, peut être à l’origine de troubles du goût, puisque cette vitamine participe à la régénération des calicules gustatis et de l’épithélium de la langue. Il existe chez les umeurs une toxicité liée à des métaux lourds comme le chlorure de cadmium, qui a des répercussions néastes sur les mitochondries ainsi que sur les endothéliums et qui entraîne une carence en zinc. Par ailleurs, l’augmentation de la chaleur labiale et linguale induite par la cigarette pourrait altérer localement l’épithélium lingual et aecter ainsi le goût du umeur (Lamarre, 2005). Du point de vue de la sensibilité aux saveurs, une légère augmentation des seuils perceptis s’observerait avec le vieillissement. Cela signife qu’une concentration plus orte d’une saveur considérée est nécessaire pour que la même sensation soit provoquée chez la personne âgée. C’est probablement pour cette raison que de nombreuses personnes âgées salent et sucrent un peu plus leurs aliments (Charlier, 2003 ; Raynaud-Simon, 2009).
à l’arôme des aliments provenant des récepteurs olactis. L’exemple d’un gâteau à l’orange peut illustrer ce phénomène. La sensation de goût sucré au moment d’une première bouchée provient des récepteurs gustatis, et la capacité à distinguer la saveur précise de l’orange, plutôt que celle de la raise ou de la mangue, dépend des récepteurs de l’épithélium olacti. D’ailleurs, rappelezvous la dernière grippe ou la dernière sinu site dont vous avez souert. L’arôme des aliments ne pouvant atteindre les récepteurs olactis, la nourriture vous paraissait ade, pratiquement sans goût.
Vérifiez vos connaissances 9. Quelle est la composition ondamentale du calicule
gustati et quels types de papilles ces calicules comportent-ils ? 10. Quelles sont les cinq sensations gustatives de base ?
Quels stimulus particuliers sont perçus par chacune d’elles ?
16.4 La vision
et les récepteurs visuels
Les stimulus visuels permettent d’établir une image précise et détaillée des objets environnants. Le sens de la vision est le sens le plus développé chez l’être humain, et une grande partie du cortex cérébral travaille à son onctionnement. Il est basé sur les photorécepteurs de l’œil qui décèlent la lumière, la couleur et le mouvement (voir la section 8.2.4 pour le complexe orbital ; voir la section 11.3.2 pour les muscles extrinsèques de l’œil et leurs fonctions ; voir la section 13.9 pour les nerfs crâniens intervenant dans la vision et le mouvement des muscles extrinsèques de l’œil).
732 Partie III La communication et la régulation
16.4.1 1
Les structures annexes de l’œil
Les paupières s’unissent aux commissures palpébrales médiale (ou angle médial de l’œil) et latérale (ou angle latéral de l’œil). À la commissure médiale se trouve une structure rougeâtre de petite taille appelée caroncule lacrymale (caruncula = petite chair) qui renerme des glandes ciliaires. Ces glandes sont une orme modifée de glandes sudoripares et donnent lieu à la sécrétion épaisse et granuleuse qui s’accumule souvent au bord des paupières après une nuit de sommeil.
Décrire les structures annexes de l’œil, puis énumérer leurs fonctions.
Les structures annexes de l’œil remplissent plusieurs onctions : 1) elles permettent d’éviter que des corps étrangers entrent en contact avec l’œil (sourcils, cils et paupières) ; 2) elles conservent la partie exposée de l’œil humide, propre et lubrifée (glandes lacrymales) ; 3) elles recouvrent de manière superfcielle la partie antérieure de la surace exposée (conjonctive) ; 4) elles permettent le mouvement de l’œil (muscles du bulbe oculaire) FIGURE 16.9.
À votre avis 2. Lorsqu’une personne pleure, des larmes coulent
sur ses joues et, pendant un moment, son nez coule. En vous basant sur votre connaissance de l’appareil lacrymal, expliquez ce qui se produit.
16.4.1.1 Les structures annexes externes Les sourcils constituent une bande légèrement recourbée or mée de poils courts et épais, située à la limite extérieure de l’or bite, le long de la crête supraorbitaire. Leur rôle principal est de protéger l’œil des gouttes de sueur. Les cils, quant à eux, se pro longent à partir du bord des paupières et permettent d’éviter que les gros corps étrangers entrent en contact avec la portion anté rieure de la surace exposée de l’œil.
16.4.1.2 Les structures annexes internes Un épithélium stratifé squameux appelé conjonctive tapisse de açon continue la surace antérieure externe de l’œil, soit la conjonctive bulbaire, et la surace interne de la paupière, soit la conjonctive palpébrale. L’espace qui se trouve à la jonc tion entre la conjonctive bulbaire et la conjonctive palpébrale porte le nom de fornix (fornix = voûte).
Les paupières (palpebra = paupière) orment une couche pro tectrice mobile à la surace antérieure de l’œil. Chacune des pau pières est composée d’un centre fbreux (tarse des paupières), de muscles tarsaux, de glandes tarsales, de la partie palpébrale du muscle orbiculaire, de la conjonctive palpébrale et d’une mince couche cutanée. Les glandes tarsales (ou glandes de Meibomius) constituent des glandes sébacées produisant une sécrétion qui pré vient le débordement des larmes et qui empêche les paupières de se coller l’une contre l’autre. Finalement, les bords libres des paupières sont séparés au centre par la fente palpébrale (la ente de l’œil).
FIGURE 16.9
La conjonctive contient de nombreuses cellules en gobelets qui lubrifent et humidifent l’œil. De plus, la conjonctive est constituée de plusieurs vaisseaux sanguins qui ournissent des nutriments à la sclère avasculaire de l’œil (blanc de l’œil) de même que d’abondantes terminaisons nerveuses qui décèlent les corps étrangers entrant en contact avec l’œil. La conjonctive ne recouvre pas la cornée, ce centre transparent de la partie externe de l’œil posé sur la pupille et l’iris. Ainsi, les vaisseaux sanguins ne bloquent pas le passage de la lumière dans l’œil.
Muscle élévateur de la paupière supérieure
Plan parasagittal
Anatomie externe de l’œil et structures annexes avoisinantes ❯ A. Les structures annexes protègent l’œil.
Sourcil
B. Un plan parasagittal montre l’œil et ses structures annexes.
Muscle orbiculaire de l’œil (partie palpébrale) Fornix de la paupière supérieure Conjonctive bulbaire Sourcil
Conjonctive palpébrale
Paupière supérieure Pupille
Cils
Tarse supérieur Cils Caroncule lacrymale
Pupille Cristallin Iris
Iris Commissure palpébrale latérale
Commissure palpébrale médiale Fente palpébrale
Cornée
Paupière Glandes tarsales
Sclère (recouverte par la conjonctive bulbaire) Paupière inférieure A.
Fente palpébrale
Tissu adipeux orbitaire
B.
Muscle orbiculaire de l’œil (partie palpébrale)
Chapitre 16 Le système nerveux : les sens
INTÉGRATION APPLICATION CLINIQUE
La conjonctivite et le trachome DÉSÉQUILIBRE HOMÉOSTATIQUE
La conjonctivite est le cas le plus réquent des problèmes non traumatiques de l’œil rapporté aux médecins. Elle se manieste comme une infammation et une rougeur de la conjonctive, et c’est pourquoi elle porte le nom commun d’œil rose. La conjonctivite est réquemment causée par une inection virale, mais il peut aussi s’agir d’une inection bactérienne, d’une réaction à des allergènes en suspension dans l’air (pollen ou squames animales), à des produits chimiques ou à des irritants physiques (p. ex., des lentilles de contact portées trop longtemps). Le traitement varie selon la cause. Les antibiotiques topiques en gouttes ou en crème sont prescrits pour les inections bactériennes, des solutions oculaires stériles sont prescrites an d’humidier et de nettoyer les yeux dans les cas d’inections virales et des antihistaminiques ainsi que des solutions oculaires stériles sont prescrits pour contrer les réactions à un allergène. Le trachome est une orme chronique et contagieuse de conjonctivite causée par Chlamydia trachomatis. L’inection par cette bactérie entraîne une infammation due à l’hypertrophie de la conjonctive. L’aection s’accompagne de la ormation de minuscules granulations jaune grisâtre dans la conjonctive. Le trachome est une cause courante de cécité néonatale dans les pays en développement ; le nouveau-né est inecté lorsqu’il entre en contact avec la muqueuse vaginale de la mère au cours d’un accouchement par voie naturelle. La cécité survient quand le processus infammatoire provoque la cicatrisation et l’épaississement de la conjonctive. Le traitement du trachome nécessite l’utilisation d’une pommade antibiotique. Cependant, ce traitement n’est pas toujours ecace, et une intervention chirurgicale peut s’avérer nécessaire.
733
sécrétions lacrymales vers une structure arrondie, le sac lacrymal. Finalement, le conduit lacrymonasal recueille les sécrétions depuis le sac lacrymal et les dirige de chaque côté de la cavité nasale où elles se mélangent au mucus. Les mouvements du bulbe oculaire sont possibles grâce aux muscles du bulbe oculaire. Au nombre de six, ces muscles s’at tachent sur la ace externe du bulbe oculaire et permettent sa mobilité, le maintien de sa orme et sa stabilité dans l’orbite (voir la section 11.3.2).
Vérifiez vos connaissances 11. Où se situe la conjonctive ? Quel rôle joue-t-elle ? 12. Expliquez comment les sécrétions lacrymales
parcourent l’œil, puis quittent la région de l’orbite.
16.4.2 2
La structure de l’œil
Décrire la structure et les onctions des éléments composant l’œil.
L’œil (ou bulbe oculaire) est un organe pratiquement rond qui mesure environ 2,5 centimètres (cm) de diamètre. La majeure partie de l’œil est ancrée dans l’orbite, une cavité qu’il partage avec la glande lacrymale, les muscles extrinsèques de l’œil, de
Glande lacrymale (portion orbitale) Glande lacrymale (portion palpébrale)
Points lacrymaux Caroncule lacrymale Canalicules lacrymaux Sac lacrymal
1 2 3
Les deux yeux possèdent chacun un appareil lacrymal (lacrima = larme) composé de la glande lacrymale et des conduits qui drainent les sécrétions lacrymales (larmes) dans la cavité nasale FIGURE 16.10. Les sécrétions lacrymales accomplissent plusieurs onctions : elles lubrifent la surace antérieure de l’œil en vue de réduire la riction attribuable au mouvement des pau pières, elles nettoient et humidifent de açon continue la surace de l’œil et elles contribuent à prévenir l’inection bactérienne, car elles contiennent une enzyme antibactérienne, le lysozyme. Une glande lacrymale est située dans le creux audessus du bord latéral de chaque orbite. Cette glande est constituée d’une partie orbitale (ou supérieure) et d’une partie palpébrale (ou inérieure). Elle produit continuellement des sécrétions lacrymales. Ainsi, le mouvement de clignement des pau pières permet de rincer l’œil à l’aide des sécrétions libérées par les canaux d’excrétion. Graduellement, les sécrétions lacrymales sont transérées à la surace vers la caroncule dans la commis sure palpébrale médiale. De chaque côté supérieur et inérieur de la caroncule lacrymale se trouve une petite ouverture : il s’agit des points lacrymaux. Si vous observez vos yeux, vous ver rez que chacun de ces points s’apparente à un trou situé dans la caroncule lacrymale. Ces points lacrymaux comportent un canalicule lacrymal (canalicula = petit canal) qui draine les
4 Conduit lacrymonasal
5
Cavité nasale Narine
1 Les sécrétions lacrymales (larmes) sont produites dans la glande lacrymale. 2 Les sécrétions lacrymales sont réparties sur toute la surface de l’œil à chaque clignement. 3 Les sécrétions lacrymales qui entrent dans les points lacrymaux sont drainées dans les canalicules lacrymaux, puis recueillies dans le sac lacrymal. 4 Les sécrétions lacrymales présentes dans le sac lacrymal s’écoulent dans le conduit lacrymonasal. 5 Les sécrétions lacrymales passent dans la cavité nasale.
FIGURE 16.10 Appareil lacrymal
❯ L’appareil lacrymal produit des sécrétions lacrymales (larmes) de açon continue. Les larmes nettoient la surace antérieure de l’œil en plus de la garder humide. La production et le drainage des sécrétions lacrymales se déroulent en plusieurs étapes.
734 Partie III La communication et la régulation
nombreux vaisseaux sanguins ainsi que les ners crâniens qui innervent l’œil et les autres structures présentes dans l’orbite. Le tissu adipeux autour de l’orbite sert de coussin aux côtés posté rieurs et latéraux de l’œil (voir la fgure 16.9B). Ainsi, il ore à l’œil soutien et protection en plus de contribuer à son apport en oxygène et en nutriments grâce à la circulation sanguine. La paroi de l’œil est composée de trois principales tuniques : la tunique fbreuse (couche externe), la tunique vasculaire (couche moyenne) et la rétine (couche interne) FIGURE 16.11 et TABLEAU 16.3.
La partie interne de l’œil comprend deux cavités remplies de liquide. Le cristallin, qui concentre les rayons lumineux en direc tion de la rétine, se trouve entre ces deux cavités.
16.4.2.1 La tunique fbreuse La couche externe de la paroi oculaire porte le nom de tunique fbreuse (ou tunique externe). Elle est composée de la sclère et de la cornée qui orment respectivement les parties postérieure et antérieure.
Tunique fibreuse
FIGURE 16.11
Sclère Cornée
Anatomie interne de l’œil
Tunique vasculaire
❯ Vue sagittale A. des trois tuniques de l’œil et B. des structures internes de l’œil.
Iris Corps ciliaire Choroïde Rétine Partie pigmentaire Partie nerveuse
A.
Ora serrata
Artère centrale de la rétine Veine centrale de la rétine
Muscle ciliaire Procès ciliaire
Corps ciliaire
Ligaments suspenseurs du cristallin Limbe cornéen Sinus veineux de la sclère
Nerf optique (NC II)
Cristallin Iris Cornée
Disque du nerf optique (tache aveugle)
Pupille
Fossette centrale Segment postérieur
Rétine Choroïde
Chambre antérieure Chambre postérieure
Sclère B.
Segment antérieur
Chapitre 16 Le système nerveux : les sens
TABLEAU 16.3 Structures
735
Tuniques de l’œil Composantes
Emplacement
Fonction
Tunique fbreuse (couche externe) Sclère
Tissu conjoncti dense irrégulier
Recouvre la partie postérieure de l’œil ; correspond au blanc de l’œil.
• Façonne l’œil. • Protège les structures ragiles de l’œil. • Sert d’ancrage aux muscles extrinsèques.
Cornée
Deux couches d’épithélium séparées par une couche de bres de collagène ; structure avasculaire
Forme une partie de la section antérieure de la tunique externe de l’œil.
• Protège la surace antérieure de l’œil. • Réracte (dévie) la lumière entrante.
Tunique vasculaire (couche moyenne) Choroïde
Tissu conjoncti aréolaire ortement vascularisé
Forme les deux tiers postérieurs de la paroi centrale de l’œil.
• Fournit des nutriments à la rétine. • Son pigment absorbe la lumière parasite.
Corps ciliaire
Muscle ciliaire lisse et procès ciliaires ; recouverts d’un épithélium sécrétoire
Est situé entre la choroïde, à l’arrière, et l’iris, à l’avant.
• Retient les ligaments suspenseurs rattachés au cristallin et ajuste la orme de ce dernier pour la vision éloignée et rapprochée. • L’épithélium sécrète l’humeur aqueuse.
Iris
Deux couches de muscle lisse (muscles sphincter et dilatateur de la pupille) séparées par une ouverture centrale, la pupille
Forme la portion antérieure de la couche moyenne.
• Régit le diamètre de la pupille et, par le ait même, la quantité de lumière qui entre dans l’œil.
Rétine (couche interne) Partie pigmentaire
Cellules épithéliales pigmentaires et cellules de soutien
Forme la partie externe de la rétine qui adhère directement à la choroïde.
• Absorbe la lumière parasite. • Fournit de la vitamine A aux cellules des photorécepteurs.
Partie nerveuse
Photorécepteurs, neurones et cellules ganglionnaires
Forme la partie interne de la rétine.
• Perçoit les rayons entrants ; les rayons lumineux sont convertis en infux nerveux, puis transmis à l’encéphale.
La majeure partie de la tunique fbreuse, soit les cinq sixièmes postérieurs, est constituée de la sclère (sklêros = dur), une partie résistante de la tunique externe de l’œil qualifé de blanc de l’œil. La sclère est composée de tissu conjoncti dense irrégulier qui comprend à la ois des fbres élastiques et des fbres de collagène. La sclère açonne l’œil, protège ses structures les plus ragiles et sert d’ancrage aux muscles extrinsèques de l’œil. À l’arrière de l’œil, la sclère se joint à la duremère qui entoure le ner optique. La cornée est une structure transparente convexe qui orme le sixième antérieur de la tunique fbreuse. Le bord externe de la cornée est contigu à la sclère. À cet eet, la jonction structurelle entre la cornée et la sclère porte le nom de limbe (ou jonction sclérocornéenne). Le euillet interne de la cornée est composé d’un épithélium simple squameux, et le euillet externe, d’un épi thélium stratifé squameux appelé épithélium cornéen. Les deux euillets sont séparés par une tunique centrale de fbres de col lagène. Le bord de l’épithélium cornéen s’unit à la conjonctive bulbaire. La cornée ne contient aucun vaisseau sanguin. Les nutriments et l’oxygène parviennent donc à l’épithélium cornéen externe grâce au liquide sécrété par les glandes lacrymales. Quant à l’épithélium interne, il obtient les gaz et les nutriments dont il a besoin grâce au liquide (humeur aqueuse) situé dans la chambre antérieure de l’œil (voir la section 16.4.2.2). Finalement, la orme convexe de la cornée assure la réraction (déviation) des rayons lumineux qui entrent dans l’œil.
16.4.2.2 La tunique vasculaire La tunique moyenne de la paroi oculaire est appelée tunique vasculaire (ou uvée ; uva = raisin). La tunique vasculaire
renerme une myriade de vaisseaux sanguins, de vaisseaux lym phatiques et de muscles intrinsèques. Elle comporte également trois régions distinctes : de l’arrière vers l’avant, il s’agit de la choroïde, du corps ciliaire et de l’iris. La choroïde, située le plus à l’arrière de la tunique vas culaire, constitue la région la plus vaste. Elle contient un énorme réseau de capillaires qui ournit à la rétine, soit la tunique interne de l’œil, l’oxygène et les nutriments dont elle a besoin. Les cellules de la choroïde sont remplies de pigments provenant des nombreux mélanocytes situés dans cette région. La mélanine s’avère nécessaire à l’absorption de la lumière qui entre dans l’œil pour la ormation des images, l’empêchant de se réléchir à l’intérieur de l’œil et de brouil ler la vision. Le corps ciliaire (cilium = paupière) se trouve tout juste devant la choroïde. Il est composé à la ois de muscles et de procès ciliaires. Les procès ciliaires, de petites glandes situées derrière l’iris, produisent une humeur aqueuse servant à nour rir et à oxygéner le cristallin et la cornée (voir la section 16.4.2.5). Les muscles ciliaires sont des aisceaux de muscle lisse. Par ailleurs, les ligaments suspenseurs se prolongent du muscle ciliaire jusqu’à la capsule qui entoure le cristallin de manière à le maintenir en place. La décontraction et la contraction des muscles ciliaires ont varier la tension exercée sur les liga ments suspenseurs, modifant ainsi la orme du cristallin. Finalement, les procès ciliaires contiennent des capillaires qui sécrètent un liquide, par transport acti, qui porte le nom d’hu meur aqueuse.
736 Partie III La communication et la régulation
La partie située le plus à l’avant de la tunique vasculaire est l’iris (iridis = arcenciel), soit la portion colorée de l’œil. L’iris est composé de deux couches de cellules qui produisent des pig ments, de deux groupes de bres musculaires lisses et d’un réseau de structures vasculaires et nerveuses. Le bord de l’iris s’unit au corps ciliaire, alors qu’en son centre se trouve un trou noir, la pupille, qui laisse entrer la lumière dans l’œil. L’iris régit la taille et le diamètre de la pupille et, par le ait même, la quantité de lumière qui entre dans l’œil. Cela nécessite l’intervention de deux couches de muscle lisse FIGURE 16.12. Le muscle sphincter de la pupille (ou constricteur pupillaire) orme ce qui ressemble à des cercles concentriques autour de la pupille. Sous le contrôle de la division parasympathique par l’intermédiaire des axones du NC III (voir la section 13.9), ce muscle contracte la pupille. Le muscle dilatateur de la pupille (ou dilatateur pupillaire) est dis posé de manière radiale et traverse l’iris à partir de sa périphérie. La dilatation de la pupille est régie par la division sympathique du SNA. Une seule de ces couches musculaires peut se contracter à la ois. Ainsi, en présence d’une lumière vive, la division para sympathique stimule le muscle sphincter de la pupille qui se contracte et réduit le diamètre de la pupille, alors qu’en présence d’une aible lumière, la division sympathique entraîne la dilata tion de la pupille. Le diamètre de la pupille est également infuencé par les émotions. Sous l’infuence du système limbique, l’hypo thalamus contrôle les divisions sympathique et parasympathique (voir le chapitre 15). Ainsi, si vous regardez une personne qui vous plaît, vos pupilles vont se dilater sous l’infuence de l’excita tion, et donc de la division sympathique ; en contrepartie, si vous regardez des images qui vous ennuient, la division parasympa thique infuence la contraction de vos pupilles.
16.4.2.3 La rétine La rétine (retis = let) (ou tunique interne ou de tunique neu rale), la partie interne de la paroi oculaire, est composée de deux couches : la partie pigmentaire de la rétine et la partie ner veuse de la rétine FIGURE 16.13. La partie pigmentaire (couche
Constriction pupillaire
Dilatation pupillaire
Lumière vive
Lumière faible
Le muscle sphincter de la pupille se contracte (innervation parasympathique).
Le muscle dilatateur de la pupille se contracte (innervation sympathique).
FIGURE 16.12 Diamètre de la pupille
❯ La constriction pupillaire réduit le diamètre de la pupille pour restreindre la quantité de lumière qui entre dans l’œil. Elle est commandée par la division parasympathique du SNA. La dilatation pupillaire augmente le diamètre de la pupille pour permettre à plus de lumière d’entrer dans l’œil ; elle est sous le contrôle de la division sympathique.
externe) se trouve tout juste sous la choroïde et s’unit à elle. Cette couche ournit de la vitamine A aux cellules photorécep trices, c’estàdire celles qui perçoivent la lumière. Les rayons lumineux qui traversent la partie nerveuse (couche interne), qui est transparente, sont absorbés par la partie pigmentaire. Quant
INTÉGRATION APPLICATION CLINIQUE
Le décollement de la rétine DÉSÉQUILIBRE HOMÉOSTATIQUE
Le décollement de la rétine correspond à la séparation des deux couches de la rétine (pigmentaire et nerveuse). Ce décollement peut être consécuti à un trauma crânien (les joueurs de soccer et les plongeurs de haut vol y sont particulièrement exposés), mais il arrive qu’il n’y ait aucune cause apparente. Les personnes myopes, en raison de la orme plus elliptique de leur bulbe oculaire, risquent davantage de subir un décollement de la rétine, car celle-ci est généralement plus mince ou plus distendue que celle d’un œil normal. Le risque est également plus élevé chez les diabétiques et les personnes âgées. Quand la rétine se décolle, les cellules de sa couche nerveuse (interne) manquent de nutriments parce qu’elles se trouvent alors trop loin de la choroïde, là où se trouve la vascularisation. Le tissu nerveux dégénère et meurt si l’irrigation sanguine n’est pas rétablie. Le décollement de la rétine se manieste par une grande quantité de corps fottants (de petits objets particulaires) pré-
sents dans le champ visuel, par l’impression d’avoir un voile dans l’œil atteint et par des éclats lumineux ; la vision devient réduite et semble aqueuse et ondulante. Si le diagnostic est précoce, c’est-à-dire avant que les photorécepteurs ne soient endommagés de açon irréversible, il peut s’avérer possible, par une intervention et des traitements au laser, d’améliorer ou de corriger la situation. La rétinopexie pneumatique permet de traiter un décollement supérieur de la rétine. Le médecin insère une aiguille dans l’œil anesthésié et injecte une bulle de gaz dans le corps vitré. La bulle de gaz monte et exerce une pression sur la partie supérieure décollée de la rétine, ramenant ensemble les deux couches. La bulle de gaz est ensuite absorbée et elle disparaît en une ou deux semaines ; les deux couches sont alors xées ensemble à l’aide d’un laser. Le cerclage oculaire est un autre traitement dans lequel une bande de silicone est utilisée pour comprimer la sclère vers l’intérieur an de maintenir la rétine en place, avant de remettre les deux couches en contact à l’aide d’un laser.
Chapitre 16 Le système nerveux : les sens
737
Choroïde
Bâtonnet Cône Rétine Sclère Choroïde
Cellule horizontale
Partie pigmentaire
Disque du nerf optique
Photorécepteurs
Neurones bipolaires
Rétine Cellule amacrine Cellules ganglionnaires Axones des cellules ganglionnaires se prolongeant vers le nerf optique
Partie nerveuse
Nerf optique (NC II)
Lumière entrante Inux nerveux en réponse à l’entrée de rayons lumineux par la rétine
Fossette centrale
B.
A.
Choroïde Partie pigmentaire Bâtonnets et cônes
FIGURE 16.13 ❯
La rétine est composée de deux couches distinctes : la partie pigmentaire (externe) et la partie nerveuse (interne), également appelée neurorétine. A. Le nerf optique est composé d’axones d’une cellule ganglionnaire qui provient de la partie nerveuse de la rétine. B. La partie nerveuse est composée de trois principales couches cellulaires (en gras) qui sont, de la plus externe à la plus interne : la couche des photorécepteurs (bâtonnets et cônes), la couche des neurones bipolaires et la couche des cellules ganglionnaires. C. Coupe histologique de la rétine.
Rétine
à la partie nerveuse, elle renerme tous les photorécepteurs ainsi que les neurones correspondants. Cette partie de la rétine absorbe les rayons lumineux et les convertit en infux nerveux qui sont ensuite transmis à l’encéphale. Le rebord de la rétine est appelé ora serrata (serratus = qui a la orme d’une scie). Il s’agit d’une jonction dentelée située entre la région postérieure photosensible de la rétine et la région anté rieure non photosensible de la rétine qui se poursuit vers l’avant et qui recouvre le corps ciliaire ainsi que la partie postérieure du cristallin (voir la fgure 16.11B).
Neurones bipolaires
Partie nerveuse
Cellules ganglionnaires Axones des cellules ganglionnaires
MO 250 x
Structure et organisation de la rétine
Segment postérieur C.
Les cellules de la partie nerveuse de la rétine Trois couches distinctes de cellules donnent lieu à la partie ner veuse de la rétine : les photorécepteurs, les neurones bipolaires et les cellules ganglionnaires. La lumière entrante doit pratique ment traverser toute la partie nerveuse de la rétine avant de par venir aux photorécepteurs. La couche externe de la partie nerveuse est composée de cel lules photoréceptrices (phôtos = lumière), lesquelles contiennent des pigments qui réagissent à l’énergie lumineuse. La partie nerveuse de la rétine est composée d’environ 250 millions de
738 Partie III La communication et la régulation
photorécepteurs répartis en deux types. Les bâtonnets, les plus nombreux, doivent leur nom à leur apparence ; ils interviennent dans la vision crépusculaire. Les cônes, comme leur nom l’indique, sont coniques et s’activent en présence d’une orte lumière ; ils interviennent dans la vision des couleurs (voir la section 16.4.3). Tout juste sous la couche de photorécepteurs se trouve une couche de neurones bipolaires. Les bâtonnets et les cônes ont synapse avec les dendrites de ces neurones. Ces derniers sont moins nombreux que les photorécepteurs ; c’est pourquoi les données doivent converger lorsque les signaux visuels sont diri gés vers l’encéphale à partir des photorécepteurs activés. Les cellules ganglionnaires sont des neurones qui constituent la couche interne de la partie nerveuse de la rétine. Ces cellules sont adjacentes au segment postérieur. La convergence neuro nale se poursuit entre les neurones bipolaires et les cellules gan glionnaires. Par ailleurs, les axones se prolongent à partir des cellules ganglionnaires et traversent le disque optique (ce phénomène sera expliqué plus en détail dans la section 16.4.3). Les autres cellules qui contribuent à la transmission des sti mulus lumineux comprennent notamment les cellules horizon tales et les cellules amacrines. Les cellules horizontales sont contenues entre les photorécepteurs et les neurones bipolaires, dans une structure qui s’apparente à une mince toile. Ces cel lules interviennent dans la régulation et l’intégration des stimu lus qui passent des photorécepteurs aux autres couches de cellules. Quant aux cellules amacrines, elles se situent entre les neurones bipolaires et ganglionnaires. Elles contribuent au trai tement et à l’intégration des données visuelles lorsque ces der nières passent des neurones bipolaires aux cellules ganglionnaires. Seules les cellules amacrines et les cellules ganglionnaires de la rétine génèrent des potentiels d’action ; les autres cellules génèrent plutôt des potentiels gradués (voir la section 12.6.3).
Les composantes de la rétine Les bâtonnets et les cônes, ces deux types de photorécepteurs, ne sont pas répartis de manière uniorme dans la rétine. Par consé quent, trois régions particulières sont désignées selon le type et la quantité de photorécepteurs qu’elles contiennent : le disque du ner optique, la macula et la rétine périphérique FIGURE 16.14. Le disque du nerf optique est dépourvu de photorécepteurs en raison des axones ganglionnaires qui se prolongent vers l’encéphale (voir la fgure 16.13A). Le disque du ner optique porte également le nom de tache aveugle, car en l’absence de photorécepteurs, aucune image ne peut s’y ormer. La macula (ou macula lutea ; macula = tache, luteus = jaune rougeâtre) constitue une zone ovale jaunâtre située du côté latéral du disque optique (voir la fgure 16.14). Elle comporte un creux appelé fos sette centrale (ossa = osse, centralis = qui est au centre) qui compte la plus orte proportion de cônes, mais pratiquement aucun bâtonnet. Ce creux représente la région où l’acuité visuelle est la plus marquée. En eet, lorsque vous lisez un texte, c’est à cet endroit que se orment les mots. Les autres parties de la rétine reçoivent et interprètent aussi les rayons lumineux, mais aucune ne parvient à aire une mise au point aussi précise que la ossette centrale, car c’est elle qui possède le plus grand nombre de cônes. Quant aux structures qui restent, elles constituent la rétine périphérique, qui comprend surtout des bâtonnets et qui intervient dans la vision crépusculaire.
Macula
Latéral
Fossette Vaisseaux Disque du centrale sanguins nerf optique
Médial
A.
B.
FIGURE 16.14 Aspect interne de la rétine montrant le disque du nerf optique (tache aveugle) ❯ A. Un ophtalmoscope permet d’observer la rétine à travers la pupille. Les vaisseaux sanguins empruntent le ner optique pour entrer dans l’œil près du disque du ner optique. B. Trouvez votre tache aveugle ! Fermez l’œil gauche ; tenez cette image devant l’œil droit et fxez le point noir. Approchez l’image de l’œil ouvert. À environ 15 cm de l’œil, l’image de la croix se trouve sur le disque du ner optique et semble alors disparaître.
16.4.2.4 Le cristallin Le cristallin est une structure transparente, à la ois résistante et fexible, enermée dans une capsule élastique et breuse. Le cris tallin est composé de deux éléments, soit l’épithélium du cristal lin et les bres du cristallin. L’épithélium est simple cuboïde, et les cellules le constituant se divisent et se diérencient pour or mer les bres du cristallin. Ces bres superposées comme les pelures d’un oignon, dépourvues de noyaux et contenant peu d’organites, sont remplies d’une protéine appelée cristalline. En outre, cette structure de l’œil concentre la lumière entrante et la dirige vers la rétine selon un degré de réraction déterminé en onction de la orme que prend le cristallin. Les ligaments suspenseurs (suspendere = suspendre) sont reliés à la périphérie de la capsule du cristallin sur laquelle ils exercent une tension de manière à aire varier la orme du cris tallin. Cette tension dans les ligaments suspenseurs provient de la contraction des muscles du corps ciliaire. De plus, lorsque les muscles ciliaires se détendent, le corps ciliaire se déplace vers l’arrière, c’estàdire qu’il s’éloigne du cristallin. C’est alors que la tension dans les ligaments suspenseurs augmente. La ten sion constante a pour eet d’aplatir le cristallin FIGURE 16.15A .
Chapitre 16 Le système nerveux : les sens
739
INTÉGRATION APPLICATION CLINIQUE
La dégénérescence maculaire DÉSÉQUILIBRE HOMÉOSTATIQUE
La dégénérescence maculaire est une détérioration physique de la macula ; c’est la principale cause de cécité dans les pays développés. Bien que la majorité des cas se trouve chez des gens de plus de 55 ans, l’aection peut aussi toucher des personnes plus jeunes. La plupart des cas non liés à l’âge sont associés à des conditions telles que le diabète, une inection oculaire, l’hypertension ou un traumatisme de l’œil.
Vision normale
La personne La même même scène, vue par une personne atteinte de dégénérescence dégénérescencemaculaire maculaire
La grille d’Amsler d’Amsler vue vue par par un un œil oeilnormal normal
La grille grille d’Amsler d’Amsler vue vue par parune une personne personne atteinte atteinte de de dégénérescence dégénérescencemaculaire maculaire
La dégénérescence maculaire se manieste généralement par une perte de l’acuité visuelle dans le centre du champ visuel, par une réduction de la perception des couleurs et par la présence de corps fottants. À ce jour, il n’existe pas de traitement pour la dégénérescence maculaire, mais il est possible d’en ralentir la progression. Le dépistage précoce est maintenant un élément important du traitement. Pour suivre la progression de la maladie, les médecins comptent beaucoup sur l’autosurveillance : la personne pratique régulièrement un test simple à l’aide de la grille d’Amsler. Il s’agit de xer un point de la grille et de vérier si des lignes sont ondulées, embrouillées ou manquantes, ce qui révélerait l’existence de modications dégénératives de la macula.
Muscles ciliaires relâchés Cristallin aplati
Cristallin épaissi, plus sphérique
Ligaments suspenseurs tendus
Ligaments suspenseurs relâchés
A. Forme du cristallin pour la vision éloignée
Les muscles ciliaires se contractent et rapprochent le corps ciliaire du cristallin.
B. Forme du cristallin pour la vision rapprochée (accommodation)
FIGURE 16.15 Forme du cristallin pour la vision éloignée et la vision rapprochée ❯ A. Pour ocaliser l’image d’un objet éloigné sur la rétine, les muscles ciliaires se trouvant à l’intérieur du corps ciliaire se relâchent, ce qui a pour eet de tendre les ligaments suspenseurs
et d’aplatir le cristallin. B. L’accommodation permet de ocaliser l’image d’un objet rapproché sur la rétine. Les muscles ciliaires se contractent alors, entraînant le relâchement des ligaments suspenseurs et l’épaississement du cristallin (il devient plus sphérique, bombé).
740 Partie III La communication et la régulation
Or, le cristallin doit être plat pour que l’œil puisse voir les objets éloignés. Il s’agit là de la orme par déaut du cristallin. En revanche, lorsque l’œil regarde un objet rapproché, le cris tallin doit s’arrondir pour pouvoir réracter (aire dévier) conve nablement les rayons lumineux et ainsi aire une mise au point de l’image sur la rétine. Ce phénomène, qui consiste à rendre le cristallin plus rond pour pouvoir déceler les objets rapprochés, est appelé accommodation (accommodare = rendre commode) (voir la fgure 16.15B). L’accommodation est régie par les axones parasympathiques qui se prolongent dans le ner oculomoteur (NC III) (voir la section 13.9). En outre, la stimulation des muscles ciliaires par la division parasympathique entraîne leur contrac tion. Durant cette contraction, le corps ciliaire se déplace vers l’avant ; il s’approche donc du cristallin. Ce aisant, la tension sur les ligaments suspenseurs est réduite, et ces derniers relâchent la traction qu’ils exercent sur le cristallin. Ainsi, ce dernier s’ar rondit. La lecture est un bon exemple d’accommodation. Lorsque vous lisez, les muscles ciliaires doivent se contracter afn de per mettre le relâchement du ligament suspenseur et le bombement du cristallin. Si vous lisez trop longtemps, vous ressentirez une atigue oculaire.
16.4.2.5 Les cavités oculaires À l’intérieur de l’œil, le cristallin divise l’espace en deux ca vités : le segment antérieur et le segment postérieur de l’œil FIGURE 16.16. Le segment postérieur, plus grand que l’autre, se trouve à l’arrière du cristallin, devant la rétine. Cette cavité est occupée par le corps vitré (vitreus = de verre) (ou humeur vitrée). Ce liquide transparent et gélatineux
remplit en entier l’espace situé entre le cristallin et la rétine. Le corps vitré contribue au maintien de la orme de l’œil, sou tient la rétine de manière à ce qu’elle reste collée contre la paroi postérieure de l’œil et transmet les rayons lumineux du cristallin à la rétine. Le segment antérieur correspond à l’espace situé à l’avant du cristallin, mais à l’arrière de la cornée. L’iris subdivise ce segment en deux chambres : la chambre antérieure, laquelle se trouve entre l’iris et la cornée, et la chambre postérieure, qui se situe entre le cristallin et l’iris (voir la fgure 16.16). Le segment antérieur contient un liquide appelé humeur aqueuse (aqua = eau). Il s’agit d’un fltrat du plasma sanguin ; il res semble au liquide cérébrospinal (LCS) et est produit par les capillaires des procès ciliaires. Composée de glucose, l’humeur aqueuse contient cependant moins d’électrolytes que le LCS et aucune protéine. Sécrétée dans la chambre postérieure, elle s’écoule dans la chambre antérieure en traversant la pupille. L’humeur aqueuse est résorbée de açon continue dans un espace vasculaire appelé sinus veineux de la sclère (ou canal de Schlemm), lequel se trouve dans le limbe, entre la cornée et la sclère. Ce sinus veineux se draine dans les veines adja centes. Ainsi, comme c’est le cas pour le LCS, l’humeur aqueuse excédentaire est transportée des chambres oculaires vers la circulation veineuse, ce qui garde la pression intraoculaire à environ 16 mm Hg et maintient le bulbe oculaire vers l’inté rieur. La circulation de l’humeur aqueuse ournit des nutri ments et de l’oxygène au cristallin et à la cornée, contribuant ainsi à préserver l’équilibre chimique du segment antérieur de l’œil.
INTÉGRATION APPLICATION CLINIQUE Cataracte
La cataracte DÉSÉQUILIBRE HOMÉOSTATIQUE
La cataracte consiste en de petites opacités qui se orment à l’intérieur du cristallin et qui, avec le temps, peuvent usionner et le voiler complètement. La plupart des cas sont dus à l’âge, mais d’autres acteurs interviennent, notamment le diabète, les inections intraoculaires, l’exposition excessive aux ultraviolets et le glaucome (voir l’Application clinique intitulée « Le glaucome »). Divers problèmes visuels en résultent : difculté de voir nettement les objets rapprochés, réduction de la clarté de la vision due à l’opacifcation du cristallin, vision laiteuse et réduction de l’intensité des couleurs.
OEil normal Œil normal
OEilavec avec Œil une cataracte cataracte
Vision normale
La cataracte n’est traitée que lorsqu’elle nuit aux activités de la vie quotidienne. La phacoémulsifcation est une technique chirurgicale récente qui consiste à ragmenter le centre opacifé
Image vue vue àà travers travers Image une cataracte cataracte
du cristallin à l’aide d’ultrasons, ce qui le rend plus acile à extraire. Le cristallin détruit est ensuite remplacé par une lentille intraoculaire artifcielle qui s’intègre dans l’œil de açon permanente.
Chapitre 16 Le système nerveux : les sens
741
FIGURE 16.16
Cristallin
2
Sécrétion et résorption de l’humeur aqueuse ❯ L’humeur aqueuse constitue une sécrétion
Cornée Pupille
liquide qui est produite et qui circule de açon continue. Elle contribue à préserver l’équilibre chimique des yeux et à éliminer les déchets.
Chambre antérieure Chambre postérieure
3
Ligaments suspenseurs
Iris
Segment antérieur (contient l’humeur aqueuse)
1 Sinus veineux de la sclère Angle iridocornéen Segment postérieur (contient l’humeur vitrée)
Segment antérieur Chambre antérieure Chambre postérieure Segment postérieur
Procès ciliaires
1 L’humeur aqueuse est sécrétée par les procès ciliaires dans la chambre postérieure. 2 Elle passe de la chambre postérieure à la chambre antérieure en traversant la pupille. 3 L’humeur aqueuse excédentaire est résorbée par le sinus veineux de la sclère.
INTÉGRATION APPLICATION CLINIQUE
Le glaucome DÉSÉQUILIBRE HOMÉOSTATIQUE
Le glaucome est une maladie caractérisée par une augmentation de la pression oculaire causée par un mauvais drainage de l’humeur aqueuse, entraînant ainsi une accumulation de liquide. Cette maladie se présente généralement sous trois ormes : le glaucome primiti à angle ermé, le glaucome à angle ouvert et le glaucome congénital (ou juvénile). Les noms du glaucome à angle fermé et du glaucome à angle ouvert se rapportent tous deux à l’angle ormé par la jonction de l’iris et de la cornée, appelé angle iridocornéen (voir la fgure 16.16). Si cet angle diminue, comme dans les cas de glaucome primiti à angle ermé, l’humeur aqueuse s’accumule dans la chambre antérieure, et la pression y augmente. Ce type de glaucome est causé par une confguration anatomique particulière, notamment les personnes ayant de petits yeux et dont le cristallin, qui grossit normalement avec l’âge, pousse l’iris sur la cornée. Le terme primiti signife que ce glaucome n’est pas lié à une autre aection. Le glaucome à angle ouvert apparaît, quant à lui, lorsque le transport du liquide hors de la chambre antérieure ne se ait pas normalement en raison d’une obstruction des voies de drainage. Les causes sont variables : âge, hérédité, fnesse de la cornée, myopie et origine ethnique, particulièrement les origines antillaise et aricaine. Le
glaucome congénital ne s’observe que très rarement ; il est dû à des acteurs héréditaires ou à une inection intra-utérine. Quelle qu’en soit la cause, l’accumulation de liquide provoque un déplacement postérieur du cristallin et une augmentation considérable de la pression dans le segment postérieur. La pression peut alors comprimer la choroïde et les vaisseaux sanguins qu’elle contient et qui nourrissent la rétine. La mort des cellules rétiniennes et l’augmentation de pression risquent de déormer les axones à l’intérieur du ner optique. La personne fnira par sourir de divers symptômes : réduction du champ visuel, vision obscurcie et présence de halos autour des lumières. Certaines ormes de glaucome évoluent si lentement qu’il est réquent que ces symptômes soient reconnus trop tardivement et que les dommages soient irréversibles (Glaucomes.r, 2013). C’est pourquoi il est important de passer régulièrement des examens de la vue qui permettront à l’optométriste ou à l’ophtalmologiste de déceler les premiers stades de l’aection. Plusieurs traitements sont envisagés pour traiter le glaucome. Les traitements aux ultrasons diminuent la sécrétion d’humeur en détruisant les corps ciliaires. Les traitements chirurgicaux vont quant à eux avoriser l’élimination de l’humeur aqueuse par la pratique d’incisions qui acilitent sa circulation. Finalement, les traitements au laser qui ouvrent les voies de circulation de l’humeur aqueuse en augmentant la perméabilité des tissus fgurent également au nombre des traitements possibles.
742 Partie III La communication et la régulation Vériiez vos connaissances 13. Quelle est la principale onction de la rétine ? 14. Comment le cristallin parvient-il à changer de orme ? 15. Quelles onctions l’humeur aqueuse et l’humeur vitrée
remplissent-elles ?
16.4.3
La physiologie de la vision
3
Comparer les deux types de photorécepteurs, notamment en ce qui a trait à leurs photopigments.
4
Dénir la phototransduction.
5
Expliquer le phénomène de décoloration et le lien l’unissant aux processus d’adaptation à l’obscurité ainsi qu’à la lumière.
La vision stéréoscopique permet de faire converger diverses images du champ visuel vers la rétine des yeux. Le champ visuel correspond à l’étendue de ce que l’œil voit lorsque le foyer est situé en un point central donné. La cornée et le cristallin font converger les images de la partie gauche du champ visuel vers le côté droit de la rétine, alors qu’au même moment, les images de la partie droite convergent vers le côté gauche de la rétine. Les images perçues par les deux yeux sont ensuite transmises à l’encéphale, qui les interprète. L’acuité visuelle correspond à la clarté de la vision. Cette clarté de l’image formée sur la rétine dépend de la déviation (réfraction) des rayons lumineux lorsqu’ils pénètrent dans l’œil, de la sensibilité des structures neuronales de la rétine ainsi que de la capacité de chacun à interpréter l’image parvenue à l’encéphale. Dans bien des cas, l’acuité visuelle est présentée comme étant la capacité à diffé rencier deux objets (généralement deux petits points noirs) très rap prochés. Cette aptitude à former des images distinctes des objets rapprochés est appelée pouvoir de résolution de l’appareil optique.
INTÉGRATION APPLICATION CLINIQUE
Les défciences visuelles onctionnelles DÉSÉQUILIBRE HOMÉOSTATIQUE
L’emmétropie (emmetros = proportionné, opsis = vision) est l’état dans lequel la vision est normale : les rayons lumineux parallèles convergent alors exactement sur la rétine. Toute modication de la courbure de la cornée, du cristallin ou de la orme globale de l’œil entraîne une convergence anormale des rayons lumineux qui entrent dans l’œil, ce qui provoque une décience visuelle comme l’hypermétropie, la myopie ou l’astigmatisme. Les personnes atteintes d’hypermétropie (hupermetros = qui excède la mesure) (ou vision longue) ont de la diculté à voir les objets rapprochés. Dans leur cas, seuls les Emmétropie (vision normale)
rayons convergents (ceux qui proviennent de points éloignés) se ocalisent sur la rétine. L’hypermétropie est causée par la longueur insusante du bulbe oculaire, de sorte que les rayons lumineux parallèles des objets rapprochés convergent derrière la rétine. Par opposition, les personnes atteintes de myopie (myops = qui a la vue basse) ont de la diculté à voir nettement les objets éloignés. Chez elles, seuls les rayons relativement près de l’œil convergent sur la rétine. Cette pathologie est due à la longueur excessive du bulbe oculaire : les rayons parallèles venant d’une certaine distance se ocalisent devant la rétine, à l’intérieur du corps vitré. Dans le cas de l’astigmatisme, la convergence des rayons lumineux est inégale, et les images sont foues en raison de la courbure irrégulière d’une ou de plusieurs suraces de réraction (cornée et suraces antérieure et postérieure du cristallin).
Hypermétropie : le bulbe oculaire est trop court, de sorte que les objets rapprochés paraissent flous.
Myopie : le bulbe oculaire est trop long, de sorte que les objets éloignés paraissent flous. Plan focal
Plan focal
Plan focal
Hypermétropie (non corrigée) Plan focal corrigé
Correction de la vision à l’aide de lentilles convexes et concaves
Lentilles correctrices convexes
Myopie (non corrigée) Plan focal corrigé
Lentilles correctrices concaves
Chapitre 16 Le système nerveux : les sens
La présente section comporte une description des divers concepts relatis à la vision, notamment la réraction et la ocali sation, de même qu’une explication détaillée des photorécepteurs et de leur stimulation en vue de générer un infux nerveux.
743
FIGURE 16.17 Réfraction
❯ La vitesse des ondes lumineuses varie lorsqu’elle traverse des milieux de densité diérente. C’est d’ailleurs ce qui explique la déormation de la paille entre l’air et l’eau, puisque l’indice de réraction de l’eau est plus important que celui de l’air.
16.4.3.1 La réfraction et la focalisation de la lumière Les rayons lumineux sont réractés (déviés) : 1) lorsqu’ils tra versent deux milieux de densité diérente ; ou 2) lorsqu’ils ren contrent une surace courbe. Chaque milieu (air, eau, autres fuides transparents et même solides transparents comme le verre) possède un indice de réraction, c’estàdire un chire indiquant sa capacité de réféchir la lumière (densité compara tive). La réraction des rayons est plus marquée lorsque la dié rence entre l’indice de réraction de deux milieux adjacents est grande (p. ex., la réraction des rayons est importante entre l’air et l’eau, puisque l’eau est plus dense que l’air et que son indice de réraction est plus élevé) FIGURE 16.17.
Correction de la vision au laser par le procédé LASIK
1 La cornée est incisée et rabattue afin d’exposer ses couches profondes.
2 Un laser retire des portions microscopiques des couches cornéennes profondes et modifie ainsi la forme de la cornée.
La presbytie (presbutês = vieillard) est une déormation due à l’âge. Avec l’âge, le cristallin perd de son élasticité et prend plus difcilement une orme sphérique. Par conséquent, même si les ligaments suspenseurs se relâchent, le cristallin ne perd pas sa orme aplatie pour adopter la orme plus bombée nécessaire pour la vision de près ; il devient alors difcile de bien voir les objets rapprochés. Les verres correcteurs constituent le traitement habituel pour les troubles de la vision. Un verre concave corrige la myopie en courbant les rayons lumineux pour ocaliser l’image directement sur la rétine, plutôt que devant elle. Une lentille convexe permet de corriger à la ois l’hypermétropie et la presbytie. Des techniques chirurgicales impliquant une incision de la cornée aident à corriger l’hypermétropie, la myopie et l’astigmatisme, soit les troubles visuels touchant la cornée. Ces techniques consistent à inciser la cornée afn de modifer sa orme, et donc sa capacité de réracter la lumière. La kératotomie radiaire (keratos = cornée, tomos = couper, découper) est l’une de ces interventions ; elle permet de corriger la myopie. L’ophtalmologiste pratique des incisions cornéennes disposées en rayons, ce qui aplatit la cornée et lui permet de réracter les rayons lumineux afn qu’ils convergent sur la rétine.
3 Le rabat cornéen est remis en place, et ses bords commencent à se ressouder en moins de 72 heures.
La correction de la vision au laser recourt à un laser pour modifer la orme de la cornée. La photokératectomie réractive et la kératomileusie in situ au laser sont les deux types les plus populaires. La photokératectomie réfractive (PKR) est une intervention de photoablation, car le laser retire du tissu directement de la surace de la cornée. L’ablation de tissu cornéen donne à la cornée une nouvelle orme qui permet une meilleure ocalisation. Cette procédure devient de moins en moins populaire, car son taux de régression est élevé, c’est-à-dire que le tissu épithélial qui recouvre la surace de la cornée a tendance à se régénérer et à neutraliser partiellement la correction apportée. La kératomileusie in situ au laser (laser assisted in situ keratomileusis, LASIK) devient la technique de correction visuelle au laser la plus populaire. Elle permet de corriger la myopie, l’hypermétropie et l’astigmatisme. Le LASIK retire des tissus du euillet épithélial interne (endothélium cornéen), le plus proond de la cornée, moins susceptible de se régénérer que le euillet externe, de sorte qu’il y a moins de régression de la vision par la suite.
744 Partie III La communication et la régulation
Avant que la lumière parvienne aux photorécepteurs, elle doit d’abord traverser l’air, la cornée, l’humeur aqueuse, le cristallin, l’humeur vitrée ainsi que les deux couches internes de la rétine. La plus grande réraction de la lumière relativement à la vision est observée lorsque celleci passe de l’air à la cornée, car c’est à ce moment que la diérence d’indice de réraction est la plus importante. Même si la orme de la cornée ne peut être modiée, le cristallin, quant à lui, est fexible an de pouvoir ocaliser les rayons lumineux vers la rétine. D’ailleurs, il aut se rappeler que les muscles ciliaires se contractent, puis se relâchent en vue de changer la courbe du cristallin. Par ailleurs, l’image réractée apparaît à l’envers sur la rétine : c’est donc l’encéphale qui per met de voir les objets à l’endroit (voir la fgure 16.15).
16.4.3.2 Les photorécepteurs Le nombre de bâtonnets et de cônes ainsi que leur répartition dans la rétine varient. En eet, le rapport entre les bâtonnets et les cônes est le plus élevé en périphérie de la rétine, alors qu’il est le plus aible dans la ossette centrale ainsi qu’autour de cette dernière. Chacun des photorécepteurs comporte à la ois un segment externe, qui se prolonge jusque dans la partie pigmentaire de la rétine (de orme allongée pour ce qui est des bâtonnets, et de orme conique pour ce qui est des cônes), et un segment interne FIGURE 16.18. Le segment externe des photorécepteurs est com posé de centaines de disques qui sont en ait des invaginations de la membrane plasmique contenant des photopigments et
Bâtonnets • Sont plus nombreux que les cônes. • Sont situés principalement en périphérie de la rétine. • Sont spécialisés dans la vision crépusculaire et nocturne. • Ne permettent pas de distinguer les couleurs ; faible acuité visuelle. Choroïde
Cônes
Noyau d’une cellule de la partie pigmentaire
Partie pigmentaire de la rétine
Disques se faisant phagocyter
Disques Granules de mélanine
• Sont moins nombreux que les bâtonnets. • Sont situés principalement dans la fossette centrale. • Réagissent à la stimulation de la lumière vive. • Permettent une grande acuité visuelle et une reconnaissance des couleurs. • Sont subdivisés en cônes bleus, verts et rouges.
Segment externe Cils connecteurs Segment interne
Mitochondries
Corps cellulaire
Noyau du cône et du bâtonnet
Disque
Photopigment
Photopigment
Vésicules synaptiques
Cône Bâtonnet
Bâtonnet Rétinal Opsine
Lumière A.
B.
FIGURE 16.18 Photorécepteurs
❯ A. Les segments externes des bâtonnets et des cônes sont constitués de disques ancrés dans les cellules pigmentaires. Quant aux segments internes, ils contiennent des organites cellulaires,
dont un grand nombre de mitochondries. B. La membrane des disques contient des photopigments composés de molécules photosensibles appelées rétinals et de protéines appelées opsines.
Chapitre 16 Le système nerveux : les sens
Les bâtonnets Les bâtonnets sont plus longs et plus étroits que les cônes. Chaque œil comporte plus de 100 millions de bâtonnets, lesquels sont principalement situés en périphérie de la partie nerveuse de la rétine. Les bâtonnets sont très sensibles, c’estàdire que leur seuil d’excitation est bas ; ils jouent un rôle particulièrement important lorsque la lumière est aible. Ils perçoivent les mouve ments, mais ne ournissent pas une vision très précise. Les bâtonnets sont reliés à des zones du cerveau jouant un rôle dans la vigilance et l’alerte, participant ainsi à la réaction de lutte et de uite. De plus, comme ils ne contiennent qu’un seul type de pigment, les bâtonnets décèlent les contrastes entre les tons on cés et pâles, mais ne permettent pas de distinguer les couleurs. Ainsi, dans la semiobscurité, ce sont surtout les bâtonnets qui travaillent : ils permettent de distinguer les objets, mais il se peut ort bien que la vision soit foue et qu’il soit impossible de perce voir les couleurs.
Cônes bleus 420 nm Pourcentage d’activation des cônes
aug mentant la surace d’absorption de la lumière. Ces disques sont continuellement renouvelés. En eet, de nouveaux dis ques s’ajoutent à la base du segment externe, puis migrent gra duellement vers l’extrémité où les disques usés et vieux sont éliminés par des phagocytes. Généralement, un disque parcourt en une dizaine de jours la distance qui sépare la base de l’extré mité du segment externe. Quant au segment interne, qui est directement lié au corps cellulaire, il contient les organites de la cellule. Il possède une grande quantité de mitochondries permettant de ournir l’énergie nécessaire aux réactions photoréceptrices.
Bâtonnets 500 nm
745
Cônes verts 531 nm
100
Cônes rouges 558 nm
80 60 40 20
400
500
600
700
Longueur d’onde (nm)
FIGURE 16.19 Spectre électromagnétique et sensibilité des photo récepteurs ❯ Chacun des photorécepteurs décèle un certain éventail de longueurs d’onde, mais ces dernières ne sont pas perçues avec la même efcacité. Par exemple, les cônes bleus atteignent leur excitation maximale en présence de longueurs d’onde de 420 nm. Touteois, à 450 nm, les cônes bleus réagissent à environ 70 % de leur capacité. En outre, les mélanges de couleurs (comme le bleu-vert, à 470 nm) stimulent à la ois les cônes verts et les cônes bleus à approximativement 50 % de leur capacité.
Les cônes La densité des cônes s’élève à moins de 10 millions par œil. Comme ils sont moins sensibles que les bâtonnets, ils sont activés par la lumière vive. Ils permettent une grande acuité visuelle ainsi que la reconnaissance des couleurs. Ainsi, lorsque vous remarquez un détail subtil sur une image colorée, c’est grâce aux cônes de vos yeux. Les cônes sont concentrés dans la région de la ossette centrale, soit la zone où la vision est la plus claire.
n’exprime que la longueur d’onde associée au type d’opsine qu’il contient.
Il existe trois types de cônes établis en onction de la longueur d’onde la mieux perçue. En eet, la lumière visible se propage sous orme d’ondes dont la longueur se mesure de açon précise. Il existe donc des cônes bleus, qui perçoivent le mieux les lon gueurs d’onde lumineuse d’environ 420 nanomètres (nm) ; des cônes verts, qui perçoivent le mieux la lumière de 531 nm ; et des cônes rouges, dont la longueur d’onde optimale s’élève à 558 nm FIGURE 16.19.
Les cônes, qui permettent de percevoir les couleurs, com portent chacun un rétinal associé à une opsine précise appelée photopsine. Les cônes bleus, verts et rouges constituent les trois types de protéines de photopsine sensibles à des longueurs d’onde diérentes qui permettent de capter une gamme de cou leurs variées.
Les photopigments Les photopigments (ou pigments visuels) sont composés d’une protéine, l’opsine, qui se combine à une molécule photosensible dérivée de la vitamine A, le rétinal (ou rétinène), pour ormer quatre types de pigments visuels (voir la fgure 16.18). Il existe divers types d’opsine et, selon le type d’opsine auquel il se xe, le rétinal absorbe diérentes longueurs d’onde lumineuse. Ainsi, certaines opsines assurent la transduction de longueurs d’onde lumineuse élevées, comme les rouges, alors que d’autres assurent la transduction de aibles longueurs d’onde, notamment les bleus. Cependant, chaque photorécepteur
La rhodopsine (rhodonrose) présente dans les bâtonnets est ormée d’opsine et de cis-rétinal. Ce type d’opsine intervient dans la transduction de la lumière aible et s’avère plus ecace en présence d’ondes de 500 nm. Par conséquent, la rhodopsine est moins sensible aux autres longueurs d’onde.
En somme, chaque type de cône absorbe une certaine cou leur, mais qu’advientil des mélanges de couleurs comme le jaune, le violet et l’orangé, par exemple ? Les spectres d’absorp tion des cônes se chevauchent, et l’œil perçoit les couleurs com plexes selon les infux nerveux qui proviennent de leur activation simultanée. En observant la gure 16.19, vous constaterez que vers les 470 nm, seuls les cônes bleus et verts sont stimulés. Ces cônes sont excités tous deux à 50 % de leur capacité et, ainsi, lorsqu’ils produisent des infux nerveux, l’encéphale les associe à la couleur bleuvert. Cependant, si l’un des deux est stimulé plus ortement, la teinte qui sera perçue par l’encéphale pen chera en aveur de cette couleur. Il est à noter que lorsque les trois types de cônes sont stimulés également, la couleur recon nue par l’encéphale est le blanc.
746 Partie III La communication et la régulation 16.4.3.3 La stimulation des photorécepteurs
INTÉGRATION APPLICATION CLINIQUE
et l’adaptation
Le daltonisme
Avant d’être activée par la lumière, la molécule de rétinal qui compose la rhodopsine présente une forme recourbée et entor tillée appelée cisrétinal. Quand le pigment est frappé par la lumière, le rétinal se redresse et prend une nouvelle forme appe lée transrétinal FIGURE 16.20. Sous l’effet de ce changement de forme, le transrétinal se détache de l’opsine ; il s’ensuit alors une phototransduction. Cette dissociation de la rhodopsine en deux composantes constitue un phénomène appelé décolora tion, car la rhodopsine passe de violacée à incolore. En outre, la décoloration entraîne une réduction de la quantité de rhodop sine dans les bâtonnets, ce qui altère temporairement la vision crépusculaire.
DÉSÉQUILIBRE HOMÉOSTATIQUE
Le daltonisme est une aection héréditaire récessive causée par l’absence ou la défcience de l’un des types de cônes rétiniens. Les cônes le plus souvent en cause sont les cônes rouges et les cônes verts (daltonisme rouge-vert). Pour ces personnes, le rouge et le vert semblent pareils, et elles ont de la difculté à les distinguer. Par exemple, dans l’image ci-contre, une personne daltonienne ne pourrait pas distinguer le nombre 74 coloré en vert du reste de l’arrière-plan moucheté rouge. L’image lui apparaîtrait plutôt comme un amas de points colorés de diérentes tailles, sans grande diérence de couleur. Le daltonisme est beaucoup plus réquent chez les hommes (il touche environ 8 % de la population masculine), car il s’agit d’un trait récessi lié au chromosome X (voir la section 29.9.3). Comme le daltonisme est une maladie héréditaire, aucun traitement n’existe pour l’instant.
Pour que les bâtonnets puissent continuer leur travail, la rho dopsine doit se régénérer. Ce renouvellement suit le cycle sui vant : le transrétinal est acheminé vers la partie pigmentaire de la rétine où le rétinal reprend sa forme enroulée (cisrétinal). Le cisrétinal retourne vers le bâtonnet où il s’unit à l’opsine en vue de former de nouveau de la rhodopsine. Ce processus s’avère relativement lent. En cinq minutes environ, la moitié de la
Obscurité ou faible lumière
Lumière vive
5 Le cis-rétinal s’unit à l’opsine pour former de la nouvelle rhodopsine.
Rhodopsine 1 La rhodopsine (opsine + cis-rétinal) absorbe les rayons lumineux.
Opsine Cis-rétinal
H2C
Cis-rétinal 4 Le trans-rétinal est reconverti en cis-rétinal dans l’épithélium pigmentaire grâce à l’adénosine triphosphate (ATP).
H2C
C
C
H C
CH3
C H
C C CH3 H2 CH3
C
H C C CH H C H3C CH
Cis-rétinal
HC
O
Opsine 2 Le cis-rétinal se transforme en trans-rétinal.
Trans-rétinal
ATP CH3
Trans-rétinal H2C H2C
Opsine
C
C C
H C
CH3 C H
C CH H2 CH3 3
C
C H
H C
CH3 C H
C
C H
H C
O
Trans-rétinal
3 Le trans-rétinal se dissocie de l’opsine lorsque cette dernière est activée (décoloration).
FIGURE 16.20 Décoloration et régénération de la rhodopsine
❯
Lorsque les ondes lumineuses parviennent au bâtonnet, le cis-rétinal se redresse et prend la orme de trans-rétinal, puis il se dissocie de l’opsine,
ce qui correspond au processus de décoloration. Une enzyme, le rétinal isomérase, reconvertit le trans-rétinal en cis-rétinal. Finalement, la rhodopsine se régénère lorsque le cis-rétinal s’unit de nouveau à l’opsine.
Chapitre 16 Le système nerveux : les sens
rhodopsine décolorée s’est régénérée. La lumière intervient éga lement dans ce phénomène, si bien qu’aussitôt que la rhodopsine se régénère, elle est décolorée de nouveau. C’est d’ailleurs pour quoi les bâtonnets sont pratiquement inutiles dans les situations où la lumière est vive. En eet, la décoloration dans la partie nerveuse de la rétine se produit plus rapidement que la régéné ration de la rhodopsine dans la partie pigmentaire. La photopsine, une protéine présente dans les cônes, suit un cycle semblable. Le cisrétinal se transorme en transrétinal, puis la décoloration survient. Cependant, la régénération de la photopsine est plus rapide que celle de la rhodopsine. Ainsi, la lumière vive nuit moins aux cônes qu’aux bâtonnets. Il vous est probablement déjà arrivé d’entrer dans une salle de cinéma sombre par une belle journée ensoleillée. Le cas échéant, vous vous souvenez sûrement que cela a pris du temps avant de vous habituer à la noirceur. Cette adaptation à l’obscurité sur vient lorsque les cônes s’avèrent inutiles parce qu’il ait sombre et que les bâtonnets sont toujours décolorés en raison de la lumière vive de l’extérieur. Cette adaptation est lente et peut prendre de 20 à 30 minutes avant que susamment de rhodop sine se régénère pour que vous puissiez bien voir dans un envi ronnement obscur. À l’opposé, l’adaptation à la lumière correspond au processus au cours duquel votre œil s’ajuste lorsque vous passez de l’obs curité à la clarté. Ce genre de situation survient par exemple lorsque vous vous réveillez pendant la nuit et que vous allumez la lumière de la salle de bain. Malgré la contraction de vos pupilles qui laissent passer le moins de lumière possible, vous êtes pourtant aveuglé pendant quelques instants, car les bâton nets deviennent inactis et les cônes, qui ont été surstimulés, s’ajustent graduellement à la lumière vive. Déjà, après 60 secondes, les cônes sont désensibilisés. Touteois, après 5 à 10 minutes, ils permettent une acuité visuelle et une perception des couleurs susantes.
16.4.3.4 La phototransduction La phototransduction correspond à la conversion de l’énergie lumineuse en infux nerveux. Au cours de ce processus, les pho torécepteurs sont activés au moment où les photopigments pré sents dans les disques des cellules subissent une transormation au contact de la lumière qui pénètre dans l’œil. Le photorécep teur répond alors au stimulus lumineux en modiant son poten tiel de repos de la membrane, provoquant ainsi une modication du neurotransmetteur libéré. Il convient de noter que les photo récepteurs n’engendrent que des potentiels gradués, des PPSE ou des PPSI. Comme les cellules de la rétine sont petites et rappro chées, l’intensité d’un potentiel gradué est susante pour contrôler la libération de neurotransmetteurs. En présence de lumière, le cisrétinal se transorme en trans rétinal, et la rhodopsine de la cellule photoréceptrice active une protéine G, la transducine, qui active à son tour une enzyme, la phosphodiestérase (PDE), qui dégrade le glycomacropeptide cyclique (GMPc) (voir la fgure 17.8, p. 789). Comme le GMPc est dégradé, les canaux ioniques demeurent ermés, le Na+ n’entre pas dans la cellule, et cette dernière subit une hyperpolarisation (−70 millivolts [mV]). Cette hyperpolarisation signie qu’aucun
747
infux nerveux n’est généré dans la cellule réceptrice. Dans l’obs curité totale, le phénomène s’inverse. En eet, en l’absence de lumière, le cisrétinal activé stimule la production de GMPc qui se xe aux canaux ioniques GMPcdépendants des photorécep teurs et provoque leur ouverture (voir la section 4.4.2). L’ouverture des canaux permet alors le passage des ions Na+ qui pénètrent à l’intérieur de la cellule photoréceptrice (dans le segment externe). Ce fux ionique se nomme courant d’obscurité. Ce dernier dépo larise le photorécepteur à un potentiel d’obscurité d’environ −40 mV FIGURE 16.21A . En conséquence de ce courant d’obscurité, un potentiel gra dué est généré dans le photorécepteur. Ainsi, ni les photorécep teurs ni les neurones bipolaires n’engendrent de potentiel d’action. Ces cellules ne produisent que des potentiels gradués excitateurs ou inhibiteurs qui sont propagés à travers la cellule jusqu’aux boutons synaptiques en raison de leur petite taille. Les canaux à Ca 2+ du photorécepteur s’ouvrent alors, ce qui entraîne la libération continue (récepteur tonique) d’un neurotransmet teur inhibiteur, le glutamate. Ce dernier se lie aux neurones bipolaires, ce qui engendre des PPSI, provoquant ainsi une hyperpolarisation à −70 mV. Ainsi inhibées, ces cellules ne libèrent plus de neurotransmetteur excitateur et ne stimulent plus les cellules ganglionnaires. Comme ces dernières ne sont plus stimulées, aucun infux nerveux n’est généré, et l’encéphale ne perçoit pas la lumière. Lorsqu’il y a de la lumière, la stimulation lumineuse entraîne une hyperpolarisation (−70 mV) de la membrane plasmique du photorécepteur (voir la fgure 16.21B). Pourtant, ce phénomène est diérent de celui observé chez les autres cellules nerveuses ou musculaires. Habituellement, la stimulation d’une cellule excitable donne lieu à sa dépolarisation, c’estàdire à une aug mentation de la charge positive ou à une diminution de la charge négative à l’intérieur de la cellule. En somme, l’hyperpolarisa tion due à une stimulation constitue une caractéristique propre aux photorécepteurs. L’hyperpolarisation se déroule précisément comme suit : les rayons lumineux activent l’opsine et entraînent un changement de orme du cisrétinal qui devient un transrétinal. Ce phéno mène provoque la décoloration des photorécepteurs et active les photopigments. Lorsque la rhodopsine change de conormation, c’estàdire lorsqu’elle est décolorée, elle active une protéine G qui active à son tour une enzyme, la phosphodiestérase, qui dégrade le GMPc et ait chuter sa concentration. Finalement, les canaux à Na+ GMPcdépendants se erment, provoquant ainsi une diminution de l’apport en ions Na+, et hyperpolarisent la cellule photoréceptrice. Lorsque la cellule photoréceptrice est hyperpolarisée, les canaux calciques sont également ermés, ce qui inhibe par conséquent la libération du glutamate (inhibiteur). Sans ce der nier, les neurones bipolaires se dépolarisent, leurs canaux cal ciques s’ouvrent et ils libèrent à leur tour un neurotransmetteur excitateur. Ce neurotransmetteur excitateur se lie aux récep teurs des cellules ganglionnaires, générant par le ait même des infux nerveux qui sont acheminés aux aires corticales du cerveau grâce au ner optique. En somme, ce phénomène se poursuit tant et aussi longtemps que la lumière stimule les photorécepteurs.
748 Partie III La communication et la régulation
Clarté
Obscurité
Bâtonnet Les canaux à Na+ GMPc-dépendants restent ouverts en raison d’une forte concentration en GMPc.
La rhodopsine subit une décoloration, ce qui entraîne une chute de la concentration en GMPc, laquelle provoque une fermeture des canaux à Na+ GMPc-dépendants.
Na+ Canal à Na+ ouvert Courant d’obscurité provoqué par l’entrée d’ions Na+
Canal à Na+ (fermé)
1 Le courant d’obscurité (attribuable à l’entrée d’ions Na+) entraîne la dépolarisation du photorécepteur à −40 mV. Le potentiel gradué est transmis le long de la cellule.
Le courant d’obscurité est interrompu en raison d’une diminution de l’apport en ions Na+.
1 La stimulation lumineuse entraîne une hyperpolarisation des photorécepteurs à −70 mV.
Mitochondries K+
K+
Canal à K+ Potentiel gradué
Ca2+
Canal à Ca2+ ouvert Dans l’obscurité, un neurotransmetteur inhibiteur est libéré de façon continue. Neurotransmetteur inhibiteur Neurone bipolaire Canal à Ca2+ fermé
Cellule ganglionnaire
Canal à Ca2+ (fermé) 2 Les canaux à Ca2+
s’ouvrent, et le neurotransmetteur inhibiteur (glutamate) est libéré du photorécepteur en direction du neurone bipolaire.
En présence de lumière, aucun neurotransmetteur inhibiteur n’est libéré.
3 Les PPSI entraînent
3 Le neurone bipolaire n’est plus inhibé ; il subit alors une dépolarisation.
une hyperpolarisation du neurone bipolaire qui empêche la création d’un potentiel d’action. 4 Dans le neurone bipolaire, les canaux à Ca2+ sont fermés ; le neurone bipolaire ne libère pas de neurotransmetteur excitateur.
Ca2+
Canal à Ca2+ (ouvert)
Neurotransmetteurs excitateurs Cellule ganglionnaire Influx nerveux
5 Aucun influx nerveux n’est généré.
A.
2 Les canaux à Ca2+ se ferment ; aucun neurotransmetteur inhibiteur n’est libéré.
4 Les canaux à Ca2+ du neurone bipolaire s’ouvrent ; celui-ci libère alors un neurotransmetteur excitateur. 5 Le neurotransmetteur excitateur se lie aux récepteurs de la cellule ganglionnaire, générant ainsi un influx nerveux.
B.
FIGURE 16.21 Phototransduction des photorécepteurs du bâtonnet
❯
A. Dans l’obscurité, la dépolarisation des photorécepteurs génère la dépolarisation des cellules. B. En présence de lumière, les
photorécepteurs subissent une hyperpolarisation et provoquent une réaction en chaîne qui a pour eet de stimuler la cellule ganglionnaire et de propager un infux nerveux le long du ner optique.
Chapitre 16 Le système nerveux : les sens
INTÉGRATION APPLICATION CLINIQUE
L’hémianopsie DÉSÉQUILIBRE HOMÉOSTATIQUE
Une perte de la vision dans une partie du champ visuel peut être attribuable à une aection ou à un trouble de l’œil, du tractus optique ou de l’encéphale. L’hémianopsie (ou hémianopie) constitue un exemple de trouble qui réduit le champ de vision. Elle est due à un onctionnement anormal d’un côté du tractus optique, ce qui ait que l’encéphale reçoit des images d’une moitié seulement des deux yeux. Ainsi, la moitié du champ visuel est perdue. Même s’il n’existe aucun traitement de l’hémianopsie, la cause sous-jacente doit touteois être déterminée et traitée afn de prévenir une aggravation de la perte du champ visuel. Ce trouble survient généralement à la suite d’un accident vasculaire cérébral (AVC), de la croissance d’une tumeur ou d’une lésion cérébrale.
Vérifiez vos connaissances 16. Quelles diérences y a-t-il entre les bâtonnets et les
cônes quant à leur anatomie, à leurs photopigments et au traitement des rayons lumineux ? 17. En quoi l’adaptation à l’obscurité dière-t-elle
de l’adaptation à la lumière ? 18. Que se produit-il durant le phénomène
de phototransduction ?
16.4.4
Les voies optiques
6
Décrire le trajet de la voie optique, des photorécepteurs jusqu’à l’encéphale.
7
Expliquer comment la vision stéréoscopique permet de percevoir la proondeur de champ.
L’image qui se orme dans l’encéphale est issue du traitement et de la sommation des données recueillies puis intégrées par la rétine. En raison de ce traitement et de cette intégration conti nue, un nombre réduit de cellules s’avère nécessaire dans chaque couche de la rétine, du photorécepteur au neurone ganglionnaire dont il sera question sous peu. Les axones des cellules ganglionnaires convergent pour or mer le ner optique. Au nombre de deux, les nerfs optiques se prolongent à partir des deux yeux, traversent les canaux optiques appariés, puis convergent au chiasma optique (khiasma = croi sement). Le chiasma optique constitue une structure aplatie située devant l’hypophyse, tout juste à l’avant de l’inundibu lum, la partie étroite reliant l’hypophyse à l’hypothalamus FIGURE 16.22 (voir la section 13.9). Il s’agit du point de décussa tion (croisement) des axones du ner optique. Les axones des cellules ganglionnaires qui proviennent de la région médiane de la rétine se croisent dans le chiasma optique, puis orment les tractus optiques qui se prolongent latéralement jusqu’à
749
l’encéphale. Les axones des cellules ganglionnaires qui pro viennent de la partie latérale de la rétine, quant à elles, demeu rent du même côté ; elles ne se croisent pas avant d’atteindre l’encéphale. Les deux tractus optiques contournent l’hypothalamus, et de ces tractus, un petit groupe d’axones se prolonge vers les collicu lus supérieurs du mésencéphale. Ces derniers constituent des centres visuels réfexes qui contrôlent le mouvement des muscles du bulbe oculaire. Ces prolongements d’axones ainsi que la voie motrice indirecte qu’ils stimulent orment un ensemble appelé système tectal. Ce système coordonne les mouvements réfexes des yeux, de la tête et du cou en réponse aux stimulus visuels. L’autre groupe d’axones, provenant de cellules rétiniennes conte nant un pigment appelé mélanopsine, se prolonge vers les noyaux prétectaux du mésencéphale pour se rendre au noyau suprachiasmatique de l’hypothalamus (voir la fgure 13.19, p. 594). Ce noyau joue un rôle dans l’établissement du rythme circadien (voir les sections 13.4.3 et 13.7.2). Les autres axones du tractus optique se prolongent vers le thalamus, plus précisément vers le noyau géniculé latéral (geniculum = genou, en réérence à son apparence). Les corps thala miques conservent la séparation préétablie des neurobres dans le chiasma optique, mais associent et combinent certaines inor mations visuelles avant de les acheminer vers les aires corti cales. Finalement, les neurones du thalamus traversent la capsule interne (voir la section 13.3.4) pour ormer la radiation optique qui projette ses axones vers les aires visuelles primaires du lobe occipital an d’assurer l’interprétation des stimulus visuels entrants. Les yeux gauche et droit orment un champ visuel qui se che vauche partiellement. Ainsi, pour que l’encéphale soit en mesure d’interpréter ces deux images visuelles distinctes, il doit les usionner. Cette usion des images donne lieu à la vision sté réoscopique (ou vision du relief ou encore perception des pro ondeurs), laquelle correspond à la capacité de déterminer à quelle distance se trouve un objet donné. Pour plusieurs ani maux, le champ visuel ne se chevauche pas (c’est notamment le cas du cheval et du chevreuil). Or, leur champ visuel est plus grand que celui de l’humain, mais ils ne perçoivent pas les proondeurs.
16.4.4.1 L’intégration visuelle Cette section permet d’intégrer ce qui a été appris sur le traite ment des données visuelles. La consultation de la FIGURE 16.23 au moment d’aborder le résumé de l’anatomie et de la physiologie de la vision acilite cette intégration. 1. La vision s’amorce avec l’entrée des rayons lumineux dans l’œil et leur réraction par la cornée. La pupille se contracte (lumière vive) ou se dilate (aible lumière) an de régir la quantité de lumière qui la traverse. Les rayons lumineux sont ensuite réractés davantage par le cristallin. Ce dernier s’aplatit lorsque l’objet est éloigné et se bombe lorsque l’objet est rapproché. 2. Les rayons lumineux ocalisent une image inversée sur une partie donnée de la rétine. Les photorécepteurs de cette région subissent alors une hyperpolarisation au contact de
750 Partie III La communication et la régulation
FIGURE 16.22 Voies optiques
❯
Les deux nerfs optiques transmettent les stimulus visuels. Certains axones du nerf optique subissent une décussation dans le chiasma optique. Des deux côtés, le tractus optique contient des axones provenant des deux yeux. Les stimulus visuels sont traités par le thalamus, puis interprétés par les aires visuelles du cerveau.
Vision binoculaire Œil droit uniquement (vision monoculaire)
Œil gauche uniquement (vision monoculaire)
Œil droit
Œil gauche Rétine Les photorécepteurs et les neurones de la rétine traitent les stimulus lumineux. Nerf optique Les axones des cellules ganglionnaires rétiniennes forment les nerfs optiques qui émergent des yeux. Chiasma optique La plupart des axones nerveux subissent une décussation dans le chiasma optique. Colliculus supérieur Certains axones du tractus optique se prolongent vers le colliculus supérieur du mésencéphale.
Axone non croisé (ipsilatéral)
Axone croisé (controlatéral) Noyau du corps géniculé latéral du thalamus La majorité des axones du tractus optique se prolongent vers le noyau du corps géniculé latéral du thalamus.
Fibres de projection (radiation optique)
Aires visuelles primaires Reçoivent les données traitées par le thalamus du lobe occipital. Vue inférieure
la lumière. Ils mettent alors un terme à l’inhibition des neu rones bipolaires en cessant de libérer un neurotransmet teur inhibiteur, le glutamate. Les neurones bipolaires libèrent à leur tour un neurotransmetteur excitateur qui se lie aux récepteurs des cellules ganglionnaires. Ce phéno mène entraîne la production d’infux nerveux dans les cel lules ganglionnaires, infux qui se propagent ensuite le long du ner optique. 3. Chaque ner optique transmet les infux nerveux de l’œil auquel il se rattache. Dans le chiasma optique, une partie des axones de chaque ner subissent une décussation. Ainsi, les hémisphères de l’encéphale reçoivent des données visuelles
des deux yeux. À partir du chiasma optique, certaines neu robres des tractus optiques, lesquels sont composés d’axones des deux yeux, se prolongent vers les colliculus supérieurs en vue d’assurer la coordination des mouvements réfexes des yeux, de la tête et du cou en réaction aux stimu lus visuels. D’autres se prolongent vers le noyau suprachis matique de l’hypothalamus et participent à l’établissement du rythme circadien. Les autres neurobres des tractus se prolongent vers le noyau géniculé latéral du thalamus. Les axones du thalamus se dirigent ensuite vers les aires visuelles primaires gauche et droite, lesquelles se situent dans le lobe occipital. C’est là que l’image (à l’endroit) est produite et per çue consciemment par l’encéphale.
Chapitre 16 Le système nerveux : les sens
Vérifiez vos connaissances 19. Quelle importance revêt le passage de certains
axones ganglionnaires du côté opposé de l’encéphale ? 20. Pourquoi est-il possible de voir de nombreuses
couleurs malgré le fait que les yeux possèdent seulement trois types de cônes ?
751
cérumineuses produisent une sécrétion semblable à de la cire appelée cérumen (cera = cire). Cette substance, mélangée à des cellules mortes, orme ce qui est appelé dans le langage courant la cire d’oreille. Le cérumen est riche en acides gras saturés et en lysozymes, et son pH est relativement acide. Ainsi, il contribue à réduire le risque d’inection dans le méat acoustique externe en ralentissant la croissance de certains microorganismes.
16.5.1.2 L’oreille moyenne
16.5 L’audition et les récepteurs
de l’équilibre
L’oreille est un organe qui perçoit les sons et les mouvements de la tête. Ces stimulus, transormés en infux nerveux, sont trans mis par le ner vestibulocochléaire (NC VIII) (voir la section 13.9), donnant ainsi lieu aux sensations de l’ouïe et de l’équilibre.
16.5.1
La structure de l’oreille
1
Situer l’oreille externe, l’oreille moyenne et l’oreille interne, puis décrire leur structure et leur fonction.
2
Nommer les osselets de l’ouïe, puis expliquer le rôle joué par chacun.
3
Comparer les labyrinthes osseux et membraneux.
L’oreille moyenne, ou caisse du tympan, est une cavité remplie d’air FIGURE 16.25. La limite médiane est une paroi osseuse qui renerme la enêtre vestibulaire de orme ovale ainsi que la enêtre cochléaire de orme ronde qui séparent l’oreille moyenne de l’oreille interne (voir la section 16.5.2.1). La caisse du tympan comporte une ouverture sur le milieu externe appelée trompe auditive (ou trompe d’Eustache). Cette voie se situe entre l’oreille moyenne et le nasopharynx, soit la partie supérieure de la gorge située à l’arrière de la cavité nasale. À l’endroit où la trompe audi tive rencontre le nasopharynx se trouve une ouverture en orme de ente, laquelle est généralement ermée. La mastication, le bâillement et la déglutition entraînent un mouvement de l’air dans ce conduit, ce qui permet d’équilibrer la pression dans l’oreille moyenne. Les sons voyagent dans la trompe auditive par l’intermédiaire des osselets de l’ouïe (voir ci-dessous).
À votre avis 3. Lorsqu’un avion amorce sa descente, il arrive qu’une
L’oreille se divise en trois régions anatomiques distinctes : l’oreille externe, l’oreille moyenne et l’oreille interne FIGURE 16.24. L’oreille externe se situe principalement à l’extérieur du corps, alors que les oreilles moyenne et interne se trouvent dans la partie pétreuse de l’os temporal (voir la section 8.2). Il est important de noter que le ner cochléaire et le ner vestibulaire sont des rami cations du ner vestibulocochléaire.
16.5.1.1 L’oreille externe La partie la plus visible de l’oreille externe est composée d’un cartilage élastique recouvert de peau appelé auricule (auricula = petite oreille) (ou pavillon ; papilio = tente ou papillon). L’auricule de l’oreille a la orme d’un entonnoir. Il protège l’ori ce de l’oreille et dirige les ondes sonores dans le conduit osseux qu’est le méat acoustique externe, lequel se prolonge à partir de la surace latérale supérieure de la tête. Le méat acoustique externe, qui est creusé dans l’os temporal, prend n là où commence la membrane tympanique (ou tympan), une mem brane mince de tissu conjoncti en orme d’entonnoir qui orme une cloison entre l’oreille externe et l’oreille moyenne. La mem brane tympanique vibre lorsque les ondes sonores l’atteignent. La vibration qui s’ensuit constitue le mode de transmission des ondes sonores vers les osselets de l’oreille moyenne. L’ouverture étroite que présente le méat acoustique externe empêche les objets d’entrer dans l’oreille et d’endommager le tympan. Des poils très ns protègent l’ouverture du méat. Proondément ancrées dans le conduit auditi externe, les glandes
augmentation de la pression soit ressentie dans les oreilles, suivie d’un petit bruit sec. Ensuite, la pression redevient normale. À votre avis, que se produit-il ?
Les osselets de l’ouïe La caisse du tympan des deux oreilles moyennes renerme les trois plus petits os du corps humain, les osselets de l’ouïe. Il s’agit, de l’osselet latéral au médial, du malléus (ou marteau), de l’incus (ou enclume) et du stapès (ou étrier). C’est sur la orme de ces trois osselets que se basait l’ancienne terminologie. Le malléus est uni à la surace médiale de la membrane du tympan et attaché à la paroi interne de la caisse du tympan par des liga ments. L’incus correspond à l’osselet moyen. Le stapès possède une base cylindrique en orme de disque qui s’insère dans la enêtre vestibulaire, une ouverture dans la paroi latérale de l’oreille interne. Les osselets de l’ouïe servent à la ois à amplier les ondes sonores et à les acheminer vers l’oreille interne par la enêtre vestibulaire. Lorsque les ondes sonores rappent la membrane tympanique, les trois osselets de l’oreille moyenne vibrent en chœur de concert avec le tympan, ce qui entraîne un mouvement de vaetvient de la base du stapès dans la enêtre vestibulaire. Le mouvement de cet osselet provoque des ondes de pression dans le liquide qui se trouve dans l’oreille interne. Comme la membrane tympanique comporte un diamètre de 20 ois supé rieur à celui de la enêtre vestibulaire, les sons qui traversent l’oreille moyenne sont ampliés par un multiple de 20. C’est
INTÉGRATION
ILLUSTRATION DES CONCEPTS
FIGURE 16.23 Mécanisme de la vision
Cristallin aplati
❯ A. La lumière est réfractée puis focalisée sur la rétine. B. Les rayons lumineux sont convertis en signaux nerveux C. qui sont transmis à l’encéphale.
Vision éloignée
3 La lumière qui traverse la pupille est réfractée par le cristallin. Celui-ci s’aplatit pour la vision éloignée et s’arrondit pour accommoder l’œil à la vision rapprochée.
A. Réfraction et focalisation de la lumière Cristallin bombé
Vision rapprochée
1 Les rayons lumineux pénètrent dans l’œil et sont réfractés par la cornée.
8 Le cerveau perçoit une image.
2 Les pupilles se dilatent si la lumière est faible et elles se contractent si elle est vive.
Pupille Cristallin
Cornée
Rayons lumineux
Iris
Lumière faible : la pupille se dilate.
Lumière vive : la pupille se contracte.
Bâtonnet
Cône
Sclère Choroïde Rétine Disque du nerf optique
Choroïde
Couche pigmentaire Rétine Couche nerveuse
Nerf optique
Fossette centrale
4 Une image inversée se focalise sur la rétine.
B. Phototransduction
ière
Lum
5 Les photorécepteurs s’hyperpolarisent en présence de lumière.
Axones des cellules ganglionnaires (vers le nerf optique)
Bâtonnet
Segment externe
Segment interne
Corps cellulaire
En présence de lumière vive, les cônes offrent une vision nette en couleur.
Les bâtonnets détectent le mouvement et sont plus efficaces en lumière faible.
C. Voie visuelle
Influx nerveux Œil droit Œil droit seulement (vision monoculaire)
7c 7a
7b
Vision binoculaire
Aires visuelles primaires dans le lobe occipital Colliculus supérieur Noyau géniculé latéral du thalamus
Neurone bipolaire
Cellule ganglionnaire
Tractus optiques
7d
6 Les photorécepteurs hyperpolarisés cessent de sécréter le glutamate inhibant les cellules bipolaires, ce qui permet de stimuler les cellules ganglionnaires ; celles-ci déclenchent alors des influx nerveux qui se propagent le long du nerf optique.
Chiasma optique Œ Œil il gauche gau gauc
Nerf optique
Œil gauche seulement (vision-monoculaire)
7a Les influx nerveux générés dans chaque œil circulent dans le nerf optique correspondant. 7b Certains axones du nerf optique de chacun des deux yeux se croisent dans le chiasma optique. 7c Chaque tractus optique transmet des influx nerveux venant des deux yeux, influx qu’il relaie au colliculus supérieur, aux noyaux prétectaux et au noyau géniculé latéral du thalamus. 7d Les signaux nerveux se propagent des noyaux géniculés latéraux du thalamus jusqu’aux aires visuelles primaires droite et gauche du cortex. Chaque aire reçoit donc des informations venant des deux yeux.
754 Partie III La communication et la régulation
Oreille externe
Oreille moyenne
Osselets de l’ouïe Stapès Incus Malléus
Oreille interne
Canaux semicirculaires
Partie pétreuse de l’os temporal Nerf vestibulaire Nerf cochléaire Nerf facial (NC VII) Nerf vestibulocochléaire (NC VIII) Méat acoustique interne
Auricule
Labyrinthe osseux de l’oreille interne
Méat acoustique externe
Cochlée Vestibule Membrane Caisse du tympanique tympan Fenêtre vestibulaire Cartilage élastique
FIGURE 16.24
Fenêtre cochléaire Trompe auditive
Vers le nasopharynx
Régions anatomiques de l’oreille droite ❯ L’oreille est divisée en trois régions : externe, moyenne et interne.
Os temporal (partie pétreuse)
Osselets de l’ouïe Malléus Incus Stapès Fenêtre vestibulaire Muscle stapédien
Membrane M Me Mem embra bra brane ane ne tympanique tympan tym mpa pan p a iqu qu q ue Méat acoustique externe
FIGURE 16.25 Oreille moyenne
❯ L’oreille moyenne renferme
les osselets de l’audition et des structures annexes à l’intérieur de la caisse du tympan.
Muscle tenseur du tympan (sectionné) Fenêtre cochléaire
Trompe auditive Caisse du tympan
Chapitre 16 Le système nerveux : les sens
d’ailleurs la raison pour laquelle une personne est en mesure de percevoir des sons à peine audibles. Deux minuscules muscles squelettiques, le muscle stapédien et le muscle tenseur du tym pan, se situent dans l’oreille moyenne. Ces muscles retiennent les osselets lorsqu’un grand bruit se fait entendre, protégeant ainsi les récepteurs fragiles de l’oreille interne.
16.5.1.3 L’oreille interne L’oreille interne se situe dans la partie pétreuse de l’os tempo ral (voir la section 8.2.2), là où se trouvent les cavités du laby rinthe osseux FIGURE 16.26 . Le labyrinthe osseux contient des cavités et des conduits remplis de liquide et entourés d’une membrane. Il s’agit du labyrinthe membraneux. Les récep teurs de l’équilibre et de l’audition de même que les cellules de soutien sont contenus dans l’épithélium sensoriel qui tapisse ce labyrinthe. Le labyrinthe osseux est rempli d’un liquide appelé péri lymphe dont la composition est semblable à celle du LCS. Les deux liquides sont en contact, puisque les canaux semi
755
circulaires de l’oreille interne sont en relation étroite avec les citernes sousarachnoïdiennes, qui forment un espace entre la piemère et l’arachnoïde à la base du crâne, autour du tronc céré bral et rempli de LCS (Brasseur & Djian, 2010). Dans l’oreille interne, la périlymphe suspend, soutient et protège le labyrinthe membraneux de la paroi du labyrinthe osseux. Le laby rinthe membraneux se trouve à l’intérieur de la périlymphe et contient l’endolymphe, un liquide d’une composition sem blable au liquide intracellulaire, c’estàdire qui possède une faible teneur en Na+ et une forte concentration en K+. Sur les plans structurel et fonctionnel, le labyrinthe osseux se divise en trois régions distinctes : la cochlée (cochlea = escar got), le vestibule (vestibulum = pièce d’entrée) et les canaux semicirculaires. La cochlée contient un labyrinthe membra neux appelé conduit cochléaire (voir la section 16.5.2.1). Le ves tibule et les canaux semicirculaires, quant à eux, forment une structure fonctionnelle appelée système vestibulaire. Le vesti bule contient deux éléments en forme de sac, l’utricule (utriculus = petite outre) et le saccule (sacculus = petit sac), qui font
INTÉGRATION APPLICATION CLINIQUE
L’otite moyenne DÉSÉQUILIBRE HOMÉOSTATIQUE
L’otite (itis = infammation) moyenne (medium = milieu) est une inection de l’oreille moyenne. Elle touche plus souvent les jeunes enants, car leur trompe auditive encore insusamment développée est horizontale et relativement courte. Quand un jeune enant a une inection respiratoire, l’agent inectieux peut se propager dans la trompe auditive à partir du pharynx (gorge). Le liquide qui s’accumule alors dans la cavité de l’oreille moyenne y crée une pression qui entraîne de la douleur et parois une altération de l’audition. L’otoscope (skopein = examiner, observer) est un instrument utilisé pour examiner la membrane tympanique ; celle-ci est normalement blanche et nacrée, mais elle devient rouge en cas d’otite moyenne sévère en raison de l’infammation et parois d’un saignement. La pression du liquide dans l’oreille moyenne peut même aire bomber le tympan.
Des inections répétées de l’oreille ou une inection chronique qui ne répond pas au traitement antibiotique nécessitent habituellement une intervention chirurgicale, appelée paracentèse du tympan (ou myringotomie ; myringa = membrane), qui consiste à insérer un tube de ventilation dans la membrane tympanique. Cette intervention, qui permet le drainage du pus et du mucus de l’oreille moyenne vers le méat auditi externe et la guérison de l’inection, procure un soulagement immédiat de la pression. Le tube inséré sera naturellement rejeté par l’oreille, et la membrane tympanique achèvera sa guérison. Lorsque l’enant a environ cinq ans, sa trompe auditive est devenue plus volumineuse, plus verticale et plus apte à drainer le liquide et à empêcher l’inection d’atteindre l’oreille moyenne ; par conséquent, l’incidence des inections de l’oreille chute de açon spectaculaire à partir de cet âge.
Malléus Malléus
Membrane tympanique normale Oreille moyenne vue à l’aide d’un otoscope
Membrane tympanique bombée Saignement
Otite moyenne
Tube de ventilation
Paracentèse du tympan (myringotomie)
756 Partie III La communication et la régulation
Labyrinthe membraneux Labyrinthe osseux
Conduits semi-circulaires (labyrinthe membraneux) Endolymphe Canaux semi-circulaires (labyrinthe osseux)
Périlymphe
Conduits semi-circulaires (labyrinthe membraneux)
Os Canal semi-circulaire (labyrinthe osseux)
Nerf cochléaire (NC VIII) Cochlée (labyrinthe osseux)
Utricule Vestibule
Apex de la cochlée (contient l’hélicotrèma)
Saccule
Organe spiral
Conduit cochléaire (labyrinthe membraneux)
Endolymphe Ampoules du canal semi-circulaire Canal menant au conduit cochléaire
Périlymphe
Ganglion spiral
Conduit cochléaire (labyrinthe membraneux)
Cochlée (labyrinthe osseux)
Os
FIGURE 16.26 Oreille interne
❯ L’oreille interne est composée d’un labyrinthe osseux qui renferme un labyrinthe membraneux rempli de liquide. Dans le labyrinthe osseux se trouvent les structures du labyrinthe membraneux qui
aussi partie du labyrinthe membraneux. Ces structures forment un angle droit et sont interreliées par une voie étroite. Les canaux semicirculaires sont des conduits osseux qui contiennent chac un une partie membraneuse s’ouvrant dans l’utricule du vestibule et appelée conduit semicirculaire. Les conduits mem braneux comportent une partie arrondie appelée ampoule qui
TABLEAU 16.4
régissent l’équilibre (saccule, utricule et canaux semi-circulaires) ainsi que le conduit cochléaire qui intervient dans l’audition.
perçoit les mouvements rotatoires de la tête et qui sert à régir l’équilibre du corps. Le TABLEAU 16.4 constitue un résumé des structures de l’oreille interne et distingue celles qui appartiennent au laby rinthe osseux de celles qui appartiennent au labyrinthe membraneux.
Structures composant l’oreille interne
Structure du labyrinthe osseux
Structure du labyrinthe membraneux se trouvant dans le labyrinthe osseux
Structures contenant les récepteurs de l’ouïe et de l’équilibre
Fonction des récepteurs
Cochlée
Conduit cochléaire
Organe spiral
Audition
Vestibule
Utricule, saccule
Macules
Perception des mouvements linéaires de la tête et des informations relatives à l’équilibre statique de la tête
Canaux semi-circulaires
Conduits semi-circulaires
Ampoules du canal semi-circulaire
Perception des mouvements de rotation de la tête
Chapitre 16 Le système nerveux : les sens
Vériiez vos connaissances 21. Quelle est la fonction du méat acoustique externe ? 22. Où se situent les osselets de l’ouïe et quelles
fonc tions assurent-ils ? 23. Quelles structures composent le labyrinthe osseux
et lesquelles forment le labyrinthe membraneux ?
16.5.2
La physiologie de l’audition
4
Expliquer quelles structures composent la cochlée et le rôle de chacune dans l’ouïe.
5
Décrire la trajectoire d’une onde sonore, de l’extérieur de l’oreille jusqu’à la stimulation du nerf vestibulocochléaire.
6
Distinguer la fréquence de l’intensité du son.
Cette section présente la trajectoire qu’empruntent les sons, du milieu externe jusqu’à l’encéphale, où ils sont interprétés. Les structures de l’oreille interne intervenant dans la détec tion sonore, qui représente la perception consciente des sons par l’encéphale, sont d’abord étudiées. Pour qu’elles soient détectées, les ondes sonores voyagent dans l’air, entrent dans l’oreille externe et ont vibrer la membrane tympanique. Ces ondes sont transmises à l’oreille interne par une chaîne d’osselets, puis continuent leur voyage par l’intermédiaire de la portion liquide de l’oreille interne. La transormation de l’énergie mécanique en énergie électrique est réalisée par des cellules ciliées. Ces im pulsions électriques sont envoyées au cerveau, qui va les interpréter.
16.5.2.1 Les structures de l’audition Les organes de l’audition se trouvent dans la cochlée, au cœur de l’oreille interne des deux oreilles. La cochlée contient l’organe spiral, soit l’endroit où les cellules sensorielles ciliées perçoivent les mouvements ondulatoires produits par le stapès dans l’oreille moyenne ; ce dernier ait bouger le liquide de l’oreille interne. Ces mouvements ondulatoires sont transmis au cerveau sous orme d’ondes sonores.
La cochlée La cochlée constitue une cavité spiralée en orme d’escargot située dans la paroi osseuse de l’oreille interne. Elle comporte un axe osseux spongieux appelé modiolus de la cochlée (ou colu melle ; columella = petite colonne). La cochlée adulte déroulée mesure environ 32 millimètres (mm) de longueur et 2 mm de diamètre. Au cœur de la cochlée se trouve l’organe spiral (ou organe de Corti), qui est responsable de l’audition FIGURE 16.27. Le conduit cochléaire (ou cochlée membraneuse ou rampe médiane), rempli d’endolymphe, correspond au labyrinthe mem braneux qui se prolonge dans la cochlée. Le toit et le plancher du conduit cochléaire sont ormés respectivement de la paroi vestibulaire (ou membrane de Reissner) et de la lame basilaire. Sa paroi externe, appelée strie vasculaire, est composée d’une muqueuse vascularisée qui sécrète l’endolymphe. La lame
757
basilaire joue un rôle dans la réception du son. Ces deux mem branes séparent le labyrinthe osseux du conduit cochléaire en deux petites cavités remplies de périlymphe. La cavité supé rieure est appelée rampe vestibulaire (ou conduit vestibulaire), alors que la cavité inérieure porte le nom de rampe tympanique (ou conduit tympanique ; voir la fgure 16.27). Les rampes vesti bulaire et tympanique s’unissent dans un petit canal appelé hélicotrèma (helikos = spirale, trêma = ouverture) situé au sommet de la cochlée (voir la fgure 16.26).
L’organe spiral Le conduit cochléaire contient l’organe spiral, un épithélium sensoriel épais composé de cellules sensorielles ciliées (ou cel lules réceptrices de l’ouïe) et de cellules de soutien. L’organe spi ral est situé sur la lame basilaire (voir la fgure 16.27). Les cellules sensorielles ciliées correspondent aux récepteurs sensoriels de l’oreille interne qui interviennent dans l’audition. Ces récepteurs libèrent continuellement des molécules de neurotransmetteurs à l’intention des neurones sensitis qui régissent leur activité. La surace apicale de chacune des cellules sensorielles ciliées présente de nombreuses microvillosités (plus de 50) à la ois longues et raides appelées stéréocils (stereos = solide). Ces sté réocils se prolongent jusque dans la structure gélatineuse susjacente, la membrana tectoria (tectus = recouvrir). Le moindre mouvement de la lame basilaire entraîne une tor sion des stéréocils, puis une modifcation quant à la libération du neurotransmetteur, ce qui entraîne une stimulation des neu rones sensitis (voir la section 16.5.2.2).
16.5.2.2 De l’onde acoustique à l’infux nerveux À titre de rappel, la cochlée est une structure qui orme une spirale. Dans les fgures qui suivent, la cochlée a été déroulée afn de bien visualiser la voie qu’empruntent les ondes sonores lorsqu’elles traversent l’oreille interne FIGURE 16.28. Les ondes sonores sont recueillies par l’auricule de l’oreille externe, pénètrent dans le méat acoustique externe et ont vibrer la membrane du tympan. La vibration entraîne un mouvement des osselets de l’ouïe, soit le malléus, l’incus et le stapès. Les ondes sonores sont ensuite amplifées, permettant ainsi, même aux sons les plus ténus, de provoquer une vibration. Ensuite, la base du stapès eectue un mouvement de piston dans la enêtre vestibulaire, ce qui assure la transmission des ondes sonores dans l’oreille interne sous orme d’ondes de pression. Ces ondes de pression générées dans la enêtre vestibulaire se transmettent à la périlymphe de la rampe vestibulaire. Les mou vements de la périlymphe déorment le conduit cochléaire, car ils ont osciller certaines régions bien précises de la lame basilaire selon leur réquence. Les stéréocils des cellules sensorielles ciliées de l’organe spiral qui répondent à ces diérentes réquences sont ainsi déormés, ce qui génère des potentiels d’action dans le ner cochléaire ; le ner cochléaire étant une ramifcation du ner vesti bulocochléaire (NC VIII). Certaines ondes générées par des sons de basse réquence parcourent la cochlée en empruntant la rampe vestibulaire jusqu’à l’hélicotrèma. Elles retournent ensuite à la enêtre cochléaire en descendant la rampe tympanique sans acti ver les cellules ciliées de l’organe spiral ; elles se trouvent alors sous le seuil de l’audition.
758 Partie III La communication et la régulation
Paroi cochléaire osseuse Conduit cochléaire Paroi vestibulaire du conduit cochléaire Lame basilaire Rampe vestibu vestibulaire Par Paroi P aroi ar oii vvestibulaire ves tib ib bula ulaire l ire ire
Rampe vestibulaire Conduit cochléaire
Membrana tectoria
Rampe tympanique Ganglion spiral du nerf cochléaire Nerf cochléaire (NC VIII)
Lame Lam e basi b basilaire asiillai la aire a re Modiolus de la cochlée
Rampe Ram tympa tympanique
A. Coupe de la cochlée
Stéréocils Membrana tectoria
Cellules de soutien
Nerf cochléaire (NC VIII) Ganglion spiral du nerf cochléaire
Organe spiral B. Agrandissement de la cochlée
Cellule Cellule sensorielle sensorielle ciliée externe ciliée interne Nerf cochléaire (NC VIII)
Lame basilaire
Rampe tympanique
C. Organe spiral
Conduit cochléaire
FIGURE 16.27 Membrana tectoria Cellule sensorielle ciliée externe Cellule sensorielle ciliée interne Cellules de soutien Nerf cochléaire (NC VIII) Lame basilaire MO 75 x
Rampe tympanique
D. Organe spiral
Structure de la cochlée et de l’organe spiral ❯ La cochlée est en forme d’escargot et contient trois conduits remplis de liquide. A. Cette coupe de la cochlée expose en dé tail le lien qui unit ces trois conduits, soit le conduit cochléaire, la rampe tympanique et la rampe vestibulaire. B. Agrandissement de la cochlée. C. Les cellules sensorielles ciliées se trouvent sur la lame basilaire de l’organe spiral, dans le conduit cochléaire. D. Micrographie optique de l’organe spiral.
Chapitre 16 Le système nerveux : les sens
759
INTÉGRATION APPLICATION CLINIQUE
Les acouphènes, les pertes auditives et les implants cochléaires DÉSÉQUILIBRE HOMÉOSTATIQUE
Les acouphènes sont des bruits perçus uniquement par la personne présentant ce symptôme. Ils sont souvent comparés à des bourdonnements, à des sifements ou à des tintements. Le son entendu peut être de aible ou de haute intensité, permanent ou intermittent, associé ou non à une perte auditive, perçu par une ou par les deux oreilles (latéral ou bilatéral) ou encore de açon diuse (central). Au Québec, près de 800 000 personnes en sourent (Acouphènes Québec, 2013). Les causes sont encore mal connues et il arrive parois qu’aucune cause ne soit identiable. Cependant, la majorité des problèmes relatis aux acouphènes est liée à des maladies ou à des traumatismes tels qu’une maladie cardiaque ou une pression artérielle élevée, des inections de l’oreille ou des sinus, des eets indésirables de médicaments, des coups reçus sur la tête, un traumatisme auditi tel qu’une exposition à des niveaux sonores trop élevés, une perte de l’audition, des objets logés dans le canal auditi, un bouchon de cérumen, des problèmes dentaires ou certains types de tumeur. Il existe peu de traitements de l’acouphène, mais s’il y en a, il dépend alors de sa cause.
1 L’antenne, le transmetteur et le récepteur sont insérés dans la peau, en arrière et au-dessus de l’auricule de l’oreille. Le câble du transmetteur est inséré dans l’oreille interne.
Câble du transmetteur
Organe spiral
Transmetteur Récepteur Antenne Coupe de la cochlée
Câble du transmetteur 2 Les ondes sonores sont captées par le récepteur et transformées en impulsions électriques dirigées vers le transmetteur.
3 Les impulsions électriques du transmetteur stimulent le nerf cochléaire qui achemine alors des signaux nerveux à l’encéphale.
Implant cochléaire
La perte auditive et la surdité La perte auditive représente une réduction de la capacité auditive. La surdité est une incapacité complète à entendre les sons. La surdité ou la perte auditive peuvent survenir à tout moment à la suite d’une inection virale, d’une maladie, d’une lésion nerveuse ou d’une blessure provoquée par la surexposition au bruit. Au Canada, 6 bébés sur 1 000 naissent avec une décience auditive pouvant aller jusqu’à la surdité. Plus de la moitié des Canadiens de plus de 65 ans sont atteints d’un tel désordre (Fondation canadienne de l’ouïe, 2007a, 2007b). Il existe deux types de surdité : • La surdité de conduction survient lorsque l’oreille externe ou l’oreille moyenne est aectée et que les sons ne peuvent atteindre l’oreille interne qui, elle, demeure intacte. Parmi les principaux problèmes connus gurent le manque de mobilité du tympan causé par un bouchon de cérumen, une otite séreuse, une peroration ou un problème de mobilité des osselets. Pour ce type de surdité, le traitement médical ou chirurgical est souvent ecace. • La surdité de perception est quant à elle causée par une atteinte de l’oreille interne ou de toutes structures nerveuses reliant l’oreille à l’encéphale, y compris l’aire auditive primaire. Les causes génétiques sont les plus réquentes, mais les inections virales telles que le zona, la méningite, les oreillons, la rubéole, les inections à cytomégalovirus, les AVC, l’exposition à des niveaux élevés de bruit, la sclérose en plaques et les traumatismes physiques sont également des causes courantes. La presbyacousie, soit la perte de l’audition liée à l’âge, possède également une composante génétique. Cette orme de surdité s’installe avec le temps en raison de la décomposition lente des cellules ciliées de l’oreille interne, elle-même engendrée
par le vieillissement normal, par des troubles circulatoires ou d’autres maladies telles que le diabète et par l’exposition prolongée au bruit. Au Québec, 6 bébés sur 1 000 nés à terme ont donc un problème de surdité. Chez les bébés prématurés, 4 bébés sur 100 sourent de surdité. Un dépistage de la surdité chez tous les nourrissons et les enants est important. Un diagnostic et une intervention précoces peuvent avoir des retombées considérables sur le développement utur de l’enant et sur ses besoins en matière d’éducation (CHU Sainte-Justine, 2011 ; Direction des communications du ministère de la Santé et des Services sociaux, 2012).
Les implants cochléaires Un implant cochléaire est un dispositi électronique pouvant aider certaines personnes malentendantes. Un implant n’est pas une prothèse auditive et il ne redonne pas une audition normale ; il remplace plutôt des parties endommagées ou non onctionnelles de l’oreille interne. Un implant cochléaire comprend : 1) un microphone externe qui capte les sons (généralement porté derrière une oreille) ; 2) un processeur vocal qui traite les inormations sonores venant du microphone ; et 3) un transmetteur relié à un récepteur-stimulateur (placé à l’intérieur de la cochlée) qui convertit le son traité en impulsions électriques. Un implant cochléaire imite l’audition normale en ceci qu’il sélectionne les sons, les traite pour les transormer en signaux électriques, puis achemine l’inormation sonore vers l’encéphale pour son interprétation. Ce type d’audition est touteois considérablement diérent de l’audition normale. Les personnes dotées d’implants disent que les voix ont un son grinçant et aigu, mais cet inconvénient ne les empêche pas de communiquer oralement.
760 Partie III La communication et la régulation
INTÉGRATION APPLICATION CLINIQUE (suite) Bien que des dizaines de milliers de personnes aient déjà reçu des implants cochléaires, une certaine controverse accompagne leur utilisation grandissante (Maison des sciences sociales du handicap, 2012 ; Turgeon, 2011). D’abord, une intervention chirurgicale est toujours accompagnée d’un certain risque d’infection ou de complication (Comité sur l’immunisation du Québec, 2003 ; Direction de la santé publique de la Montérégie, 2002). Ensuite,
les implants cochléaires n’améliorent pas toujours la qualité de l’audition. Les opposants à leur usage expriment par ailleurs des inquiétudes quant à la menace que les implants représentent pour la culture propre aux personnes sourdes, fondée sur la communication par signes. D’autres enn remettent en question leur utilisation chez les jeunes enfants, qui n’ont pas nécessairement pris la décision par eux-mêmes de porter des implants cochléaires.
FIGURE 16.28 Transmission des ondes sonores dans l’oreille
❯
Les ondes sonores qui pénètrent dans l’oreille externe font vibrer la membrane tympanique et sont ensuite transmises par les osselets dans l’oreille moyenne avant d’être détectées par une région déterminée de l’organe spiral dans l’oreille interne.
Chapitre 16 Le système nerveux : les sens
Les ondes sonores qui engendrent des ondes de pression dans l’oreille interne se caractérisent par leur réquence et leur inten sité. La fréquence correspond au nombre d’ondes qui passe par un point donné en un temps donné. La réquence s’exprime en hertz (Hz) ; elle est qualiée d’élevée, de moyenne ou de basse FIGURE 16.29. La réquence est interprétée en onction de la hau teur d’un son. Par ailleurs, l’intensité renvoie à l’amplitude du son. Elle est mesurée en décibels (dB). L’intensité des sons inau dibles est de 0 dB. De plus, les sons de orte intensité entraînent une augmentation du nombre d’infux nerveux acheminés à l’encéphale.
761
Par exemple, la région de l’organe spiral stimulée par les ondes de pression qui traversent la périlymphe varie en onction de la réquence du son. Ainsi, les sons dont la réquence est éle vée sont transmis directement à la rampe vestibulaire par le conduit cochléaire. Les sons de très basse réquence (moins de 20 Hz), quant à eux, engendrent des ondes de pression qui par courent la cochlée, en remontant dans la rampe vestibulaire jusqu’à l’hélicotrèma, puis reviennent le long de la rampe tym panique jusqu’à la enêtre. Les sons inaudibles sont ceux qui n’activent pas l’organe spiral. Ils se trouvent alors sous le seuil de l’audition.
Vérifiez vos connaissances 24. Quelles sont les étapes de la détection sonore ?
FIGURE 16.29
25. En quoi la réquence dière-t-elle de l’intensité
Interprétation des ondes sonores par la lame basilaire
Les ondes sonores sont interprétées à des sites déterminés situés le long de la lame basilaire, à l’intérieur de la cochlée (déroulée sur cette gure). Les sons aigus (fèche rouge), de haute réquence, génèrent des ondes de pression qui provoquent le mouvement de la lame basilaire près de la base de la cochlée. Les sons de réquence moyenne (fèche verte) créent des ondes de pression qui ont bouger la portion de la lame basilaire se trouvant près du centre de la cochlée. Les sons graves (fèche bleue), de basse réquence, génèrent des ondes de pression qui ont bouger la portion de la lame basilaire située près de l’hélicotrèma.
Fenêtre vestibulaire Sons de haute fréquence
Paroi Conduit Lame vestibulaire cochléaire basilaire
Rampe vestibulaire Hélicotrèma Organe spiral Rampe tympanique
Sons de fréquence moyenne
Sons de basse fréquence
Base
Apex
Haute fréquence Fréquence moyenne Basse fréquence
20 000 Hz 1 500 Hz (haute fréquence)
Largeur relative des différentes régions de la membrane basilaire
500 Hz
20 Hz (basse fréquence)
d’un son ?
❯
16.5.3 7
La voie auditive
Décrire la voie auditive au moment de la stimulation du ner vestibulocochléaire jusqu’à l’encéphale.
Dans la section précédente, il a été question de la manière dont les ondes auditives traversent l’oreille interne. Mais quelle voie nerveuse les infux nerveux empruntentils pour parvenir à l’encéphale ? La voie auditive est présentée dans la FIGURE 16.30 et décrite cidessous : 1. Lorsque la lame basilaire oscille, les stéréocils des cellules sensorielles ciliées de l’organe spiral se déorment, car ils sont ancrés dans la membrana tectoria. Cela génère des infux nerveux qui sont transmis par le ner cochléaire relié aux cellules sensorielles ciliées. Les axones sensitis du ner cochléaire traversent le ganglion spiral de la cochlée et se prolongent jusqu’aux noyaux cochléaires du bulbe rachidien. Ils sont les neurones de premier ordre de cette voie sensitive. Ces neurones sensitis ont alors synapse avec les neurones de deuxième ordre contenus dans les noyaux cochléaires. 2. À la suite de l’intégration et du traitement des données à l’intérieur des noyaux cochléaires, les axones de deuxième ordre de ce noyau empruntent l’une des deux voies sui vantes : 1) les axones de certains neurones de deuxième ordre se prolongent directement jusqu’aux colliculus iné rieurs du mésencéphale ; 2) d’autres se prolongent vers le noyau olivaire supérieur situé dans le pont (voir la section 13.5.2) où ils ont synapse avec d’autres neurones sen sitis avant de se prolonger par la voie du lemnisque latéral vers les colliculus inférieurs (centre auditi réfexe du mésencéphale). Les infux nerveux qui parviennent aux noyaux olivaires supérieurs interviennent à la ois dans la localisation du son et dans l’activité réfexe en réaction aux sons de orte intensité, ce qui permet d’acheminer des infux nerveux vers les muscles stapédien et tenseur du tympan. Ces derniers se contractent pour atténuer
762 Partie III La communication et la régulation
1 Le mouvement de la lame basilaire génère des influx nerveux qui se propagent le long des axones du nerf cochléaire. Ceux-ci aboutissent au noyau cochléaire du bulbe rachidien. Deux voies sensitives prennent naissance à partir de ce noyau. 2a Des axones des neurones de deuxième ordre du noyau cochléaire se projettent directement sur le colliculus inférieur. 2b Les axones de certains neurones de deuxième ordre du noyau cochléaire se projettent d’abord sur le noyau olivaire supérieur avant de faire synapse avec d’autres neurones qui se projettent sur le colliculus inférieur. 3 Les axones des neurones du colliculus inférieur se projettent sur le noyau géniculé médial du thalamus. 4 Les axones des neurones thalamiques (troisième ordre) se projettent dans l’aire auditive primaire du cortex ; c’est là que les signaux nerveux seront perçus comme étant des sons.
Thalamus Aire auditive primaire
4
Noyau géniculé médial
Aire auditive primaire
3 Colliculus inférieur
Nerf cochléaire (NC VIII) 2b 2a
Noyau olivaire supérieur
1
Noyau cochléaire
FIGURE 16.30 Voie auditive dans le système nerveux central ❯ Les signaux nerveux se propagent le long du ner cochléaire (NC VIII) jusqu’au noyau olivaire supérieur et au colliculus inérieur dans le tronc cérébral.
l’intensité de la vibration des osselets. Les infux nerveux qui parviennent aux colliculus inérieurs du mésencé phale (voir la section 13.5.1) interviennent quant à eux dans le réfexe de tressaillement. En eet, les infux ner veux sont transmis aux muscles squelettiques de l’orga nisme avant la transmission des infux nerveux au noyau du corps géniculé médial du thalamus. C’est pourquoi vous sursautez et tournez la tête lorsque vous entendez un son de orte intensité. 3. Les infux nerveux sont transmis d’un colliculus inérieur à un noyau du corps géniculé médial du thalamus (voir la section 13.4.2) en vue d’un traitement et d’un ltrage initial des données sensorielles auditives. 4. Les axones des neurones de troisième ordre du thalamus se prolongent vers l’aire auditive primaire du lobe temporal où se produit la détection sonore. Les infux nerveux sont
Les signaux sont ensuite acheminés jusqu’au thalamus avant que l’inormation parvienne fnalement à l’aire auditive primaire.
perçus consciemment sous orme de sons. Il convient de noter que certaines neurobres de la voie auditive ne se croisent pas. Cela ait en sorte que les aires auditives de chaque hémisphère cérébral reçoivent des infux en prove nance des deux oreilles, ce qui permet de percevoir les sons en stéréophonie. La FIGURE 16.31 constitue un résumé de l’anatomie et de la physiologie de l’audition permettant d’intégrer les connais sances relatives au traitement et à l’interprétation des sons par l’encéphale.
Vérifiez vos connaissances 26. Quelles sont les principales structures de l’encéphale
qui interviennent dans la voie auditive ? Quelle onction remplit chacune d’elles ?
Chapitre 16 Le système nerveux : les sens
16.5.4
Les mécanismes de l’équilibre et des mouvements de la tête
8
Décrire les structures de l’oreille interne intervenant dans l’équilibre.
9
Expliquer comment l’utricule et le saccule perçoivent l’équilibre statique et les mouvements linéaires de la tête, de même que la façon dont les conduits semi-circulaires parviennent à déceler les mouvements de rotation de la tête.
10 Résumer les voies nerveuses intervenant dans l’équilibre.
Le terme équilibre renvoie à la conscience et au suivi de la position de la tête. Les récepteurs sensoriels de l’utricule, du saccule et des conduits semicirculaires assurent ce suivi, ce qui permet d’adapter l’équilibre en conséquence. L’encéphale reçoit et intègre ces données sensorielles de même que les données visuelles et celles provenant des propriocepteurs de açon à maintenir l’équilibre du corps et à apporter les changements de position nécessaires. L’utricule et le saccule, qui ont partie du vestibule, décèlent la position de la tête relativement à l’équilibre statique, c’est àdire lorsque le corps est immobile. Par exemple, lorsque vous vous tenez en position anatomique, ce sont l’utricule et le sac cule qui inorment votre encéphale que votre tête est droite. Ce sont eux, également, qui décèlent l’accélération linéaire de la tête. Ce phénomène survient, par exemple, lorsque vous penchez la tête pour regarder vos souliers. Les conduits semicirculaires, en revanche, perçoivent l’accé lération angulaire, soit les mouvements de rotation de la tête. Ainsi, ce sont les récepteurs sensoriels de ces conduits qui inor ment l’encéphale de la position de la tête lorsqu’une patineuse artistique tournoie longuement sur ellemême.
16.5.4.1 Le saccule, l’utricule et
l’accélération linéaire de la tête L’épithélium sensoriel présent dans l’utricule et le saccule tapisse une petite partie ovale et surélevée de la paroi interne de ces deux poches appelées macules. Chacune des macules est composée d’une couche mixte de cellules sensorielles ciliées et de cellules de soutien FIGURE 16.32. Non seulement ces cellules senso rielles ciliées ont des stéréocils, mais leur surace apica le pos sède également un long cil appelé kinocil (kino = mouvement). Lorsque les stéréocils et les kinocils subissent une inclinaison ou un déplacement, cela provoque une variation de la quantité du neurotransmetteur libéré par la cellule sensorielle ciliée et une variation du la vitesse de libération de ce neurotransmet teur. Les stéréocils et les kinocils qui se prolongent à partir des cellules sensorielles ciliées s’implantent dans une masse gélati neuse qui recouvre entièrement la surace apicale de l’épithé lium. Cette couche gélatineuse est parsemée de petits cristaux de carbonate de calcium qui portent le nom de statoconies (ou
763
otolithes ; ôtos = oreille, lithos = pierre). Ensemble, la couche gélatineuse et les cristaux orment la membrane statoconiale (ou otolithique). Les statoconies exercent une pression sur la sur ace gélatineuse sousjacente, ce qui accroît le poids de la mem brane statoconiale qui recouvre les cellules sensorielles ciliées ainsi que sa résistance au mouvement. De plus, la position de la tête a une incidence sur la position de la membrane statoconiale FIGURE 16.33. Lorsque la tête est droite, la membrane exerce une pression directe sur les cel lules sensorielles ciliées ; leur stimulation est alors minimale. Touteois, une inclinaison de la tête entraîne un déplacement de la membrane statoconiale sur la macule, ce qui a pour eet de déormer les stéréocils. L’inclinaison des stéréocils entraîne à son tour une variation de la quantité du neurotransmetteur libéré par les cellules sensorielles ciliées ainsi qu’un change ment simultané de la stimulation des neurones sensitis du ner vestibulaire. Les macules réagissent aux variations de la vitesse des mouvements de la tête et, comme leur adaptation est rapide, elles n’inorment pas l’encéphale des positions normales. Elles permettent donc de maintenir la tête à une position normale et réagissent aux variations de vitesse des mouvements linéaires de la tête. Une inclinaison des stéréocils vers le kinocil donne lieu à la dépolarisation des cellules sensorielles ciliées et, par consé quent, à une augmentation de la vitesse de libération du neuro transmetteur (voir la fgure 16.33B). Il y a alors une augmentation de la réquence des infux nerveux générés dans le ner vestibu laire. En revanche, un éloignement des stéréocils par rapport au kinocil entraîne une hyperpolarisation des cellules sensorielles ciliées, et donc une diminution de la vitesse de libération du neurotransmetteur. En n de compte, avec le temps, le nombre et la réquence des infux nerveux générés dans les axones du ner vestibulaire connaissent tous deux une diminution. L’en céphale interprète cette variation relative aux infux nerveux pour déterminer dans quelle direction la tête a été inclinée.
16.5.4.2 Les conduits semi-circulaires et
les mouvements de rotation de la tête Un conduit semicirculaire relié à l’utricule est présent dans chaque canal semicirculaire. Chacun de ces conduits semi circulaires comporte une partie renfée appelée ampoule (ampulla = ole) située à l’extrémité opposée au point d’union entre le conduit et l’utricule FIGURE 16.34. L’ampoule possède, elle aussi, des éminences, soit des crêtes ampul laires, lesquelles sont recouvertes d’un épithélium composé de cellules sensorielles ciliées et de cellules de soutien. Ces cel lules sensorielles ciliées comportent un kinocil et plusieurs stéréocils couverts d’une masse gélatineuse en orme de dôme appelée cupule. Les récepteurs présents dans les conduits semicirculaires perçoivent les mouvements de rotation de la tête. La FIGURE 16.35 montre ces trois conduits semicirculaires qui occupent chacun un des trois plans de l’espace (parasagittal, transversal, vertical), ce qui permet de détecter toutes les sortes de mouvements (haut et bas ; avant, arrière et diagonale). Ainsi, lorsque la tête pivote pour la première ois, l’inertie ait en sorte
INTÉGRATION
ILLUSTRATION DES CONCEPTS
FIGURE 16.31 Mécanisme de l’audition ❯ A. Les ondes sonores qui pénètrent dans l’oreille externe sont transmises à l’oreille moyenne. B. Le son est amplifé, puis transmis à l’oreille interne. C. Dans l’oreille interne, le son est converti en signaux nerveux ; D. ces derniers sont acheminés à l’encéphale.
A. Transmission des ondes sonores de l’oreille externe à l’oreille moyenne
Aire auditive primaire
1 Les ondes sonores sont dirigées vers l’oreille externe. 2 Les ondes sonores traversent le méat acoustique externe et font vibrer la membrane tympanique.
Oreille externe
Oreille moyenne
Ondes sonores
Oreille interne
Cochlée
Membrane tympanique Méat acoustique externe
D. Voie auditive 8 Les influx nerveux parcourent le nerf cochléaire, une ramification du nerf vestibulocochléaire, jusqu’au tronc cérébral, puis traversent le noyau géniculé médial du thalamus ; ils parviennent finalement à l’aire auditive primaire, où ils sont perçus en tant que sons.
Thalamus
Aire auditive primaire
Noyau géniculé médial Nerf cochléaire (NC VIII)
Colliculus inférieur Noyau olivaire supérieur Noyau cochléaire
Trompe auditive
B. Amplification et transmission du son de l’oreille moyenne à l’oreille interne 3 La vibration de la membrane tympanique fait vibrer les osselets de l’audition qui amplifient alors le son.
4 Le stapès fait bouger la fenêtre vestibulaire et crée ainsi des ondes de pression dans la périlymphe de l’oreille interne. Nerf cochléaire (NC VIII)
Fenêtre vestibulaire
Osselets de l’audition Malléus Mal M alléu al lléu lé éus IIncus In Inc nccus n uss Stapès
Rampe vestibulaire
Conduit cochléaire Paroi vestibulaire Membrane tympanique
Lame basilaire
Fenêtre cochléaire
Cai C ai a sse sssse s du Caisse tyyymp tym tympan
Rampe tympanique
Trompe auditive
C. Conversion du son en signaux nerveux
Conduit cochléaire Rampe vestibula e vestibulaire
5 Les ondes de pression circulent dans la périlymphe de la rampe vestibulaire et provoquent la vibration de la paroi vestibulaire et le mouvement de l’endolymphe à l’intérieur du conduit cochléaire.
Paroi Pa Par P aro oii ves vvestibulaire es stib bula laire i Membrana Mem M embra br na tec tectoria ector ector orriia a Lame basilaire Rampe Ram Ra R am tympanique ty ym mpa
Membrana tectoria
6 Les ondes de pression font bouger la lame basilaire à un endroit dont la localisation dépend de la fréquence des sons.
Stéréocils
Conduit cochléaire Sons de haute fréquence Nerf cochléaire (NC VIII) Lame basilaire
Cellule sensorielle ciliée
Influx nerveux
Lame basilaire Sons de fréquence moyenne
7 Le déplacement de la lame basilaire fait courber les stéréocils des cellules sensorielles ciliées ; les influx nerveux déclenchés se propagent le long du nerf cochléaire (NC VIII). Sons de basse fréquence
766 Partie III La communication et la régulation
Statoconies
Membrane statoconiale
Statoconies Couche gélatineuse Kinocil Stéréocils
Conduits semi-circulaires Macule
Antérieur Postérieur Latéral
Cellule sensorielle ciliée Nerf vestibulaire (NCVIII)
Cellules de soutien
B. Macule
Nerf vestibulaire (NCVIII)
Macule utriculaire Macule sacculaire
C. Cellule sensorielle ciliée
FIGURE 16.32 Vestibule
Structure maculaire
Utricule Saccule
A. Appareil vestibulaire
Nerf crânien VIII
❯ Les macules décèlent à la fois l’orientation de la tête lorsque le corps est immobile et son accélération linéaire. A. Les macules se situent dans la paroi du saccule et de l’utricule. B. Un agrandissement de la macule illustre la surface apicale des cellules sensorielles ciliées recouvertes d’une membrane gélatineuse parsemée de statoconies, lesquelles forment la membrane statoconiale. C. Une seule cellule sensorielle ciliée possède de nombreuses microvillosités appelées stéréocils ainsi qu’un long kinocil.
que le mouvement de l’endolymphe est retardé. L’endolymphe exerce une pression sur la cupule, ce qui entraîne une inclinai son des stéréocils. Ce déplacement ait varier la libération du neurotransmetteur par les cellules sensorielles ciliées et, au même moment, stimule les neurones sensitis. À titre de rappel, une inclinaison des stéréocils dans le sens du kinocil provoque la dépolarisation des cellules sensorielles ciliées et l’aug mentation de la réquence des infux nerveux, alors que dans la direction opposée, les cellules sensorielles ciliées sont hyperpo larisées et la réquence de génération des infux nerveux est réduite (voir la fgure 16.33B). Fait intéressant, les ampoules réa gissent principalement aux variations de la vitesse du mouve ment, donc à l’accélération comme à la décélération. Ainsi, si la vitesse de rotation de la tête s’avère constante, l’endolymphe arrive à suivre le mouvement de l’ampoule, et les stéréocils des cellules sensorielles ciliées ne sont plus déormés. C’est alors que la stimulation des cellules sensorielles ciliées cesse, tout comme la sensation de tête qui tourne. Lorsque vous étiez enant, il vous est peutêtre déjà arrivé de jouer à vous tenir debout, les yeux ermés, puis de tourner sur vousmême dans le sens des aiguilles d’une montre pendant une minute. Pendant quelques instants, vous aviez la tête qui tourne, mais après 30 secondes environ, cette sensation disparaissait.
Pourquoi ? Tout simplement parce que le mouvement de l’endo lymphe s’est synchronisé au mouvement du corps. Lorsque vous vous êtes arrêté de tourner, peutêtre aviezvous encore l’im pression de pivoter sur vousmême, et ce, malgré le ait que vous étiez alors immobile ? Cette impression est attribuable au ait qu’à l’arrêt du mouvement (donc au moment de la décélération), l’impulsion de l’endolymphe ait poursuivre l’impression de mouvement, et ce, même après l’arrêt du corps.
16.5.4.3 Les voies sensitives vestibulaires Le ner vestibulaire, qui est une ramication du ner vestibulo cochléaire (NC VIII), reçoit tous les stimulus relatis à l’équilibre de l’oreille interne FIGURE 16.36. Les neurones sensitis situés dans les ganglions vestibulaires surveillent les variations de l’activité des cellules sensorielles du vestibule et des canaux semicirculaires. Les axones vestibulaires se prolongent d’abord soit vers les noyaux vestibulaires appariés de la partie supérieure du bulbe rachidien, soit vers le cervelet. Les noyaux vestibulaires, tout comme le cer velet, intègrent les stimulus relatis à l’équilibre, puis transmettent les infux nerveux vers les muscles squelettiques grâce aux ais ceaux vestibulospinaux descendants en vue de maintenir le tonus musculaire et l’équilibre.
Chapitre 16 Le système nerveux : les sens
Statoconies Membrane gélatineuse Kinocil Tête droite
Membrane statoconiale
767
Membrane statoconiale
Stéréocils
Stéréocils parallèles au kinocil • Libération du neurotransmetteur à intervalles réguliers
Ce C Cel Cellule elllul e l le lu ssensorielle sen enssor en orriel o iel ie elle le cciliiliée ciliée ié ée ée
• Transmission des influx nerveux le long du nerf vestibulaire (NC VII|) à une vitesse régulière
Fréquencenerve normale d’émission Standard signal frequency des influx nerveux
Nerf vestibulaire (NC VIII)
Cellule de soutien
A. Macule lorsque la tête est droite
Inclinaison de la tête vers l’arrière
Inclinaison des stéréocils vers le kinocil • Dépolarisation des cellules sensorielles ciliées, ce qui augmente la libération du neurotransmetteur • Augmentation de la fréquence des influx nerveux le long du nerf vestibulaire (NC VIII) Excitation
Inclinaison des stéréocils des cellules sensorielles ciliées Déplacement de la membrane statoconiale Gravité
Inclinaison de la tête vers l’avant
Éloignement des stéréocils par rapport au kinocil • Hyperpolarisation des cellules sensorielles ciliées, ce qui inhibe la libération du neurotransmetteur • Diminution de la fréquence des influx nerveux le long du nerf vestibulaire (NC VIII) Inhibition
B. Macule au moment d’un changement de position de la tête
FIGURE 16.33 Perception de l’accélération linéaire de la tête par la macule ❯ A. Lorsque la tête est droite, les cellules sensorielles ciliées et les stéréocils sont parallèles et ils sont soutenus par la membrane statoconiale. B. L’inclinaison de la tête entraîne un léger déplacement de la membrane statoconiale, provoquant ainsi une inclinaison des stéréocils et une variation de la réquence des infux nerveux. Ce
aisant, l’encéphale est inormé du changement de position de la tête. Lorsque les stéréocils subissent une inclinaison vers le kinocil, il y a alors dépolarisation de la cellule sensorielle ciliée, ce qui augmente la réquence de génération des infux nerveux. En revanche, si les stéréo cils s’éloignent du kinocil, la cellule est hyperpolarisée, ce qui entraîne une diminution de la réquence des infux nerveux.
768 Partie III La communication et la régulation
FIGURE 16.34 Ampoule
Conduits semi-circulaires
❯ Cette représentation schématique de l’ampoule d’un conduit semi-circulaire illustre le lien entre les cellules sensorielles ciliées, les cellules de soutien, la cupule et l’endolymphe.
Ampoules Cupule Nerf vestibulaire (NC VIII)
Cupule Endolymphe Kinocil Stéréocils Cellule sensorielle ciliée
Crête ampullaire
Cellule de soutien
Nerf vestibulaire (NC VIII)
De plus, les noyaux vestibulaires ont parvenir des infux nerveux aux noyaux de certains ners crâniens dans le but de régir les activités motrices réfexes liées au mouvement de la tête et des yeux. En termes plus précis, les axones se prolongent jusqu’aux noyaux des ners crâniens III, IV et VI, soit les ners responsables des mouvements réfexes des muscles oculaires
INTÉGRATION LIENS ENTRE LES CONCEPTS Plusieurs structures contribuent au maintien de l’équilibre du corps. L’appareil vestibulaire détecte les mouvements de la tête et les yeux informent l’encéphale de la position du corps, alors que les propriocepteurs répartis dans tout le système musculosquelettique perçoivent la tension des muscles et des tendons ainsi que la position des articulations.
assurés par les muscles extrinsèques. Des infux nerveux qui découlent d’une modication de l’équilibre sont également pro duits par les noyaux vestibulaires et le cervelet, puis transmis au cortex cérébral où ils sont traités de açon plus approondie an que la personne puisse être consciente de la position de son corps.
Vérifiez vos connaissances 27. Quel rôle joue la membrane statoconiale dans
la perception des mouvements de la tête ? 28. Quel type de mouvements les macules décèlent-elles
et comment y parviennent-elles ? 29. Quel type de mouvements les ampoules décèlent-
elles et comment y parviennent-elles ?
Chapitre 16 Le système nerveux : les sens
Tête droite
Rotation de la tête
Ampoule
Ampoule
Coupe d’une ampoule remplie d’endolymphe
769
Déplacement de la cupule ule parr ll’inertie inertie de l’endolymphe ndolymp phe
Inclinaison des stéréocils
Axones du nerf vestibulaire (NC VIII)
Envoi des influx nerveux à l’encéphale
FIGURE 16.35 F ds ês amas
❯ La rotation de la tête ait en sorte que l’endolymphe contenue dans le conduit semi-circulaire exerce une pression contre la cupule qui recouvre les cellules sensorielles ciliées. Ce aisant, il y a inclinaison des stéréocils et variation de la réquence des inux nerveux.
intégrAtion ApplicAtion clinique
Le vertige, la maladie de Ménière et le mal des transports DÉSÉQUILIBRE HOMÉOSTATIQUE
Le vertige, le mal des transports et la maladie de Ménière sont des pathologies liées à l’envoi d’inormations contradictoires à l’appareil vestibulaire, à un dysonctionnement ou à une lésion de cet appareil. Si le vertige et le mal des transports sont circonstanciels, la maladie de Ménière est chronique. Il est à noter que la labyrinthite est un terme connu et générique regroupant les diérentes inammations du labyrinthe de l’oreille interne provoquant des crises de vertige. La neuronite vestibulaire, quant à elle, qui est une inammation du ner vestibulaire, s’apparente à la labyrinthite sans qu’il y ait touteois atteinte auditive et acouphènes.
La maladie de Ménière La maladie de Ménière (ou syndrome de Ménière) est une maladie chronique qui se manieste par des crises de vertige qui s’accompagnent d’acouphènes et d’une baisse d’audition (Boles-Aguirre, Palomar, Sanchez-Perrandiz et al., 2008). Le plus souvent, une seule oreille est atteinte. La survenue des crises
est très variable et imprévisible, et elle peut varier de quelques crises par an à plusieurs par semaine. Les périodes de rémission peuvent durer plusieurs mois, voire plusieurs années. Les symptômes seraient causés par un excès d’endolymphe dans l’oreille interne, ce qui augmente la pression dans celle-ci, empêche les sons d’être perçus correctement et brouille les signaux d’équilibre envoyés au cerveau. Ainsi, durant une crise de vertige, des renseignements contradictoires parviennent au cerveau, comme si le corps était à la ois arrêté et en mouvement. Les scientifques ne savent pas ce qui provoque cet excès d’endolymphe (Couloigner, Texeira, Sterkers et al., 2004). Plusieurs hypothèses ont été émises, mais aucune d’elles n’est ofciellement validée : réaction à une blessure à la tête ou à certaines inections, allergie ou intolérance alimentaire, dérèglement du système immunitaire (mécanisme auto-immun). La maladie de Ménière apparaît le plus souvent à partir de 40 ans ; elle est très rare chez les enants. Elle touche légèrement plus de emmes que d’hommes. En Amérique du Nord, la prévalence varie de 1 personne sur 1 000 à 1 sur 10 000, selon les études (Québec en santé, 2013). Plusieurs médicaments comme les vestibuloplégiques, qui diminuent l’intensité des vertiges, ou
770 Partie III La communication et la régulation
INTÉGRATION APPLICATION CLINIQUE (suite) les antiémétiques, qui diminuent les nausées, sont utilisés à long terme pour soulager les symptômes. En cas de résistance à ces traitements, les récepteurs vestibulaires peuvent également être détruits (labyrinthectomie chimique ou chirurgicale) ou le ner vestibulaire peut être sectionné (neurotomie vestibulaire). La labyrinthectomie chimique réalisée par des injections d’une substance, la gentalline, détruit la structure de l’oreille interne (Lesvertiges.com, 2013).
Le mal des transports Le mal des transports est une sensation de nausée, de légère désorientation et de vertiges que certaines personnes éprouvent quand elles voyagent à bord d’un avion, d’une automobile ou encore d’un bateau (mal de mer). Il apparaît lorsqu’une personne est soumise à une accélération et à des changements de
Noyaux intervenant dans le mouvement des yeux (NC III, IV, VI ; mouvements oculaires compensatoires) Coordination motrice Conscience de la position du corps Thalamus Noyau vestibulaire
Cortex cérébral
direction, mais que son contact visuel avec l’horizon extérieur est limité ou intermittent. Dans ce cas, l’appareil vestibulaire de l’oreille interne envoie à l’encéphale des infux nerveux qui sont en confit avec les réérences visuelles. Les yeux disent à l’encéphale de la personne qu’elle est calmement assise dans un avion ou dans la cabine d’un bateau, mais son oreille interne lui dit quelque chose de complètement diérent. Il est possible de soulager le mal des transports en trouvant un endroit où le mouvement est moindre et en rétablissant le contact visuel avec l’horizon. Manger légèrement avant d’entreprendre un long trajet an d’éviter d’avoir l’estomac vide et éviter les aliments gras, les boissons gazeuses et l’alcool peuvent aussi aider. Les antihistaminiques antiémétiques sont ecaces pour réduire les symptômes, et des préparations orales sont oertes en vente libre, notamment le dimenhydrinate (Gravolmd).
1
Les stimulus relatifs à l’équilibre sont transmis sous forme d’influx nerveux le long du nerf vestibulaire (NC VIII).
2
Les axones du nerf vestibulaire se prolongent vers les noyaux vestibulaires et le cervelet.
3a Les données relatives à l’équilibre empruntent les faisceaux vesti-
bulospinaux en vue de maintenir le tonus musculaire et l’équilibre. 3b Les noyaux vestibulaires transmettent des influx nerveux aux noyaux
de divers nerfs crâniens en vue de régir les mouvements réflexes des yeux et de la tête. 3c Les influx nerveux sont également acheminés au thalamus, puis
3c
au cortex cérébral pour un traitement approfondi, ce qui permet d’être conscient de la position du corps. 3b
Récepteurs vestibulaires
NC IV
NC III Nerf vestibulaire (NC VIII)
NC VI
Cervelet
NC VIII 1 Noyau vestibulaire
Appareil vestibulaire
2
Faisceaux vestibulospinaux
Noyaux vestibulaires du bulbe rachidien
Cervelet 3a
Conscience de l’équilibre (thalamus et cortex cérébral)
Tonus musculaire et équilibre (faisceaux vestibulospinaux)
Régulation oculomotrice (NC III, IV, VI)
FIGURE 16.36 Voies vestibulaires ❯ Les données provenant de l’appareil vestibulaire sont acheminées à diverses parties de l’encéphale de açon à ce que la posture et les mouvements du corps soient adaptés en conséquence.
Liens entre le système nerveux et les autres systèmes Chaque jour, l’organisme perçoit une multitude de sen sations auxquelles il réagit soit par des mouvements volontaires ou involontaires, ou encore par la libéra tion d’hormones. Ces sensations et ces réactions sont toutes interprétées et régies par le système nerveux. Ce système centralise la communication et le contrôle des activités conscientes ou inconscientes de l’organisme.
Le SNC, aidé par le système endocrinien, assure la direction, la gestion et la régulation de l’organisme. Le tableau suivant présente les principales interrela tions du système nerveux avec les autres systèmes. Il est suivi d’une étude de cas qui vous permettra de réca pituler les notions présentées dans les chapitres 12 à 16.
Chapitre 16 Le système nerveux : les sens
771
Système nerveux et… Liens
Interdépendance
… système tégumentaire • Perception des stimulus extérieurs • Participation à la thermorégulation
• La peau contient un grand nombre de récepteurs sensoriels qui permettent de percevoir diérents types de stimulus tels que la douleur, la pression et les changements de température. L’inormation sensorielle est transmise à l’encéphale par l’intermédiaire du système nerveux somatique. • En se contractant ou en suant, la peau est un eecteur pour la thermorégulation régie par l’hypothalamus. • Le système nerveux sympathique contrôle la sécrétion des glandes sudoripares, active les muscles arrecteurs des poils, qui provoque la chair de poule, et commande la variation du diamètre des vaisseaux sanguins de la peau, permettant ainsi la thermorégulation.
… système squelettique • Source de calcium • Perception de la douleur et de la posture • Protection du système nerveux central
• Les os représentent une source de calcium, essentiel à la sécrétion des neurotransmetteurs. • Les ners qui innervent le périoste (couche extérieure des os) et les articulations permettent la perception de la douleur ainsi que la proprioception permettant de maintenir l’équilibre et la posture. • La boîte crânienne protège l’encéphale, et la colonne vertébrale protège la moelle épinière.
… système musculaire • Eecteur du système nerveux somatique • Perception de la posture • Réalisation des mouvements volontaires et des réfexes
• Le muscle squelettique est un important eecteur du système nerveux somatique. Il dépend totalement du système nerveux pour son onctionnement. • Le système nerveux somatique véhicule les inormations sensitives en provenance des propriocepteurs des muscles squelettiques. Il véhicule également les infux moteurs vers les muscles squelettiques, ce qui permet d’eectuer les mouvements volontaires. • Ces inormations servent au maintien de l’équilibre du corps et à la réalisation des réfexes.
… système endocrinien • Participation au développement et au onctionnement nerveux • Régulation des sécrétions hormonales
• Plusieurs hormones, notamment l’hormone de croissance, l’hormone thyroïdienne (T4) et les hormones sexuelles, jouent un rôle important dans le développement du système nerveux du œtus et du nourrisson, et dans le onctionnement du système nerveux de l’adulte. • La partie sympathique du SNA active la médulla surrénale. • L’hypothalamus ait partie à la ois du système nerveux et du système endocrinien ; il constitue un lien entre les deux. Il contrôle les sécrétions de l’adénohypophyse et il sécrète lui-même deux hormones qui sont stockées et sécrétées par la neurohypophyse.
… système cardiovasculaire • Transport des nutriments nécessaires et des déchets produits par les neurones • Régulation de la réquence cardiaque et de la pression artérielle
• Le système cardiovasculaire transporte les gaz respiratoires ainsi que les nutriments vers les cellules nerveuses. Il évacue les déchets provenant du métabolisme des neurones. Il véhicule également les hormones produites par l’hypothalamus. • Les centres cardiaques du bulbe rachidien régulent la réquence cardiaque et la pression sanguine, permettant ainsi, selon les besoins du moment, d’apporter aux organes qui en ont besoin les nutriments et le dioxygène (O2) nécessaires à leur activité métabolique.
… systèmes lymphatique et immunitaire • Élaboration des réponses immunitaires et maintien d’une pression adéquate dans les capillaires • Régulation de la réponse immunitaire
• Les vaisseaux lymphatiques récoltent les liquides et les protéines plasmatiques qui s’échappent des capillaires des structures du système nerveux périphérique (SNP). • Des ners innervent les gros vaisseaux lymphatiques. • Le système immunitaire protège les structures du SNP des virus et des bactéries ; cependant, le SNC possède ses propres mécanismes de déense (microglies). • L’encéphale joue un rôle dans la modulation et la régulation de la réponse immunitaire. L’hypothalamus régule la èvre, un système inné de déense.
772 Partie III La communication et la régulation
Système nerveux et… (suite) Liens
Interdépendance
… système respiratoire • Source de O2 pour la respiration cellulaire des neurones • Régulation de l’amplitude et de la réquence respiratoires, de la toux et de l’éternuement
• Comme les neurones sont des cellules hautement métaboliques, leur besoin en adénosine triphosphate (ATP) est élevé. Le système respiratoire ournit le O2 permettant aux cellules nerveuses d’assurer la respiration cellulaire. Il permet également d’évacuer le dioxyde de carbone généré par cette abrication intense d’ATP. • Les centres nerveux du bulbe rachidien et du pont contrôlent l’amplitude et la réquence respiratoires en augmentant la contraction des muscles squelettiques, ce qui modie le volume des poumons et la pression qui règne à l’intérieur. Ces centres reçoivent l’inormation sensorielle en provenance des récepteurs périphériques les inormant de la concentration en gaz, de l’étirement des poumons et de la contraction des muscles squelettiques. Le système nerveux permet également de réguler les réfexes de toux et d’éternuement.
… système urinaire • Maintien de la composition électrolytique • Régulation de l’excrétion de la vessie • Régulation de la ormation de l’urine et de l’équilibre hydrique
• Les reins éliminent les déchets azotés et maintiennent l’équilibre hydrique, électrolytique et acidobasique du sang nécessaire au bon onctionnement du système nerveux. • Le SNA régit la miction et intervient aussi dans le relâchement ou la contraction du muscle sphincter de l’urètre. • Le SNA est aussi responsable de la pression du sang dans le rein. • L’hypothalamus gère le mécanisme de la soi et la régulation de l’apport hydrique. Il sécrète l’hormone antidiurétique (ADH) qui augmente la réabsorption d’eau par les tubules rénaux.
… système digestif • Source de nutriments • Régulation de l’activité du système digesti, de l’excrétion et du vomissement
• Le système digesti ournit aux cellules nerveuses les nutriments utilisés pour la respiration cellulaire et pour la abrication des neurotransmetteurs. Il lui procure aussi les ions Na+ et K+ nécessaires à la génération et à la conduction de l’infux nerveux, ainsi que les ions Ca 2+ nécessaires à sa transmission. • Le SNA contrôle les activités digestives ainsi que la satiété. La division parasympathique régule les activités digestives normales et s’oppose à l’action de la division sympathique qui, elle, les inhibe. Le système parasympathique permet la motilité du tube digesti ainsi que la sécrétion des organes digestis et des glandes annexes. Le système nerveux assure aussi la régulation volontaire de la déécation. Le bulbe rachidien permet également de déclencher le réfexe de vomissement.
… système génital • Régulation des comportements sexuels et de la reproduction
• L’hormone sexuelle testostérone intervient dans la masculinisation du cerveau ainsi que dans la libido et l’agressivité. • L’hypothalamus règle le déroulement de la puberté, contrôle le cycle menstruel et stimule les testicules. Le SNA contrôle l’érection du pénis et l’éjaculation chez l’homme, ainsi que la lubrication du vagin et l’érection du clitoris chez la emme.
Étude de cas Votre mère, qui est âgée de 65 ans, est à la retraite depuis peu. Depuis quelque temps, vous constatez que son comportement s’est modié. Elle oublie tout : le nom de son rère, les rendez-vous et même des propos que vous échangez avec elle. L’autre jour, elle a ailli causer un incendie dans la maison en oubliant une casserole sur la cuisinière allumée. De plus, vous la surprenez régulièrement à parler toute seule à voix haute et, l’autre soir, vous l’avez trouvée, en pyjama, errant dans le jardin du voisin. Finalement, elle présente des troubles de l’odorat ; elle est persuadée de sentir de la vanille lorsque vous cuisinez un gâteau au chocolat. Vous décidez de consulter son médecin de amille. Le diagnostic est clair : votre mère est atteinte de la maladie d’Alzheimer. 1. Nommez les régions de l’encéphale principalement touchées par la maladie d’Alzheimer.
2. Associez les symptômes suivants à la détérioration de ces régions : perte de la mémoire, perte de l’odorat, désorientation, changement de la personnalité, jugement amoindri, problème de langage. 3. Nommez le neurotransmetteur qui est principalement touché par la destruction du tissu nerveux dans ces régions et mentionnez les conséquences de ce décit sur les activités cérébrales. 4. En vous réérant à l’action des médicaments sur les récepteurs des neurotransmetteurs et sachant que la cholinestérase est une enzyme qui permet de détruire les neurotransmetteurs cholinergiques dans la ente synaptique, expliquez le onctionnement d’un inhibiteur de la cholinestérase utilisé pour ralentir la production des symptômes pendant les premiers stades et les stades intermédiaires de la maladie d’Alzheimer.
Chapitre 16 Le système nerveux : les sens
773
RÉSUMÉ DU CHAPITRE 16.1 Une introduction aux récepteurs sensoriels – 716
• Les récepteurs ont un trait commun : la capacité de répondre à un stimulus et d’acheminer les
inormations sensorielles au système nerveux central. 16.1.1
Les stimulus et les sensations ...............................................................................................................
716
• Un stimulus est un changement dans l’environnement interne ou externe du corps qui est perçu
par les récepteurs sensoriels et qui entraîne une réaction. • La sensation représente la conscience d’une inormation sensorielle, tandis que la perception
constitue l’interprétation consciente de ce stimulus. La sensation et la perception se produisent essentiellement dans l’encéphale. 16.1.2
Les propriétés des récepteurs sensoriels ...........................................................................................
716
• Les récepteurs sensoriels agissent à titre de transducteurs ; ils décèlent des stimulus précis,
selon leur nature, et entraînent la propagation d’un infux nerveux le long d’un neurone sensiti par l’ouverture de canaux ioniques qui modient le potentiel de repos. • Le champ de réception d’un récepteur correspond à la zone dans laquelle sont réparties ses
terminaisons dendritiques sensorielles. Plus le champ récepteur est petit, plus la localisation du stimulus est précise et acile. • Les infux sensitis proviennent soit de récepteurs toniques (stimulation continue), soit de récep-
teurs phasiques (stimulation par intermittence). 16.1.3
La classifcation des récepteurs sensoriels........................................................................................
718
• Les récepteurs sont classés et catégorisés en onction de leur situation anatomique (sens généraux
ou sens particuliers), de l’origine du stimulus (extérocepteurs, intérocepteurs ou propriocepteurs), du type de stimulus (chimiorécepteurs, thermorécepteurs, photorécepteurs, mécanorécepteurs, barorécepteurs et nocicepteurs) et de la complexité de leur structure (simples ou complexes).
16.2
• Les récepteurs des sens généraux sont répartis dans tout l’organisme et présentent généra-
lement une structure assez simple.
Les sens généraux – 721 16.2.1
Les récepteurs tactiles ............................................................................................................................ 721 • Les récepteurs tactiles sont les récepteurs sensoriels les plus nombreux. Ils sont classés en
deux catégories selon qu’ils sont capsulés ou non. • Les récepteurs tactiles non capsulés comprennent les terminaisons nerveuses libres, dont les
récepteurs de la douleur et de la température ; les récepteurs du ollicule pileux (mouvement des poils) ainsi que les corpuscules tactiles non capsulés (textures et ormes subtiles). • Les récepteurs tactiles capsulés comprennent les corpuscules de Krause (pression légère), les
corpuscules lamelleux, les corpuscules bulboïdes (pression proonde), les corpuscules tactiles (efeurement et textures), les useaux neuromusculaires (étirement et longueur des muscles), les useaux neurotendineux (étirement des tendons et tension) et récepteurs kinesthésiques (étirement et nociception). 16.2.2
La douleur projetée ...................................................................................................................................
724
• La douleur projetée est une douleur ressentie lorsque les infux sensitis d’un viscère donné sont
perçus dans les dermatomes plutôt que dans l’organe d’où provient la douleur. Cette douleur est importante dans le diagnostic médical.
16.3 L’olaction et la gustation – 725
• Les récepteurs olactis et gustatis constituent des chimiorécepteurs. 16.3.1
L’olaction : le sens de l’odorat ............................................................................................................... 725 • L’olaction correspond au sens chimique de l’odorat. • L’organe olacti est la région olactive de la muqueuse nasale. La partie supérieure de la cavité
nasale est recouverte d’un épithélium olacti (ormé de cellules réceptrices olactives, de cellules de soutien et de cellules basales), accompagné d’une lamina propria et de glandes olactives. • Les cellules olactives constituent des neurones bipolaires qui comportent des cils olactis. • Les tractus olactis se prolongent pour ormer deux voies. La première voie traverse le thalamus
et se dirige directement vers l’aire olactive primaire (lobe temporal de l’encéphale). La deuxième voie contourne le thalamus et rejoint le système limbique.
774 Partie III La communication et la régulation
16.3.2
La gustation : le sens du goût ................................................................................................................. 728 • Les cellules gustatives se situent dans les calicules gustatis, lesquels comportent également
des cellules de soutien et des cellules basales. • Il existe cinq sensations gustatives de base : le sucré, le salé, l’acide, l’amère et l’umami. • Les ners crâniens VII, IX et X (respectivement les ners acial, glossopharyngien et vague) inter-
viennent dans le transport des données relatives au goût le long de la voie gustative.
16.4 La vision et les récepteurs visuels – 731
• Les yeux contiennent des photorécepteurs qui perçoivent la lumière, la couleur et le mouvement. 16.4.1
Les structures annexes de l’œil ............................................................................................................. 732 • Les structures annexes de l’œil comprennent les sourcils, les cils, les paupières, la conjonctive
et les glandes lacrymales. • La conjonctive est une membrane qui tapisse la sclère (conjonctive bulbaire) et la surace
interne de la paupière (conjonctive palpébrale). • Chacun des appareils lacrymaux comprend une glande lacrymale qui répartit les sécrétions
lacrymales en vue de nettoyer l’œil et d’humidier la conjonctive. Ces sécrétions sont recueillies dans les points lacrymaux, puis drainées dans les conduits lacrymonasaux avant d’être envoyées dans la cavité nasale. 16.4.2
La structure de l’œil .................................................................................................................................. 733 • La tunique breuse (couche externe) contribue à la protection de l’œil, au maintien de sa
orme (grâce à la sclère) et à la ocalisation de la lumière sur la rétine (grâce à la cornée). • La tunique vasculaire (couche moyenne) de la paroi oculaire comporte trois parties : la choroïde,
qui contient les vaisseaux sanguins qui nourrissent la rétine, le corps ciliaire, qui contribue au changement de orme du cristallin grâce aux ligaments suspenseurs et qui sécrète une humeur aqueuse, ainsi que l’iris, qui régit le diamètre de la pupille. • La rétine est composée d’une partie pigmentaire et d’une partie nerveuse interne qui renerme
tous les photorécepteurs et les neurones qui y sont associés. • La rétine contient une zone postérieure jaunâtre appelée macula. La vision la plus précise est
produite dans le creux situé au centre de la macula. Ce creux porte le nom de ossette centrale. • Le cristallin est une structure transparente, à la ois résistante et fexible, contenue dans une
capsule dense, breuse et élastique. 16.4.3
La physiologie de la vision ......................................................................................................................
742
• La lumière visible est transormée par les photorécepteurs (bâtonnets et cônes). Dans les
bâtonnets, la rhodopsine intervient dans la transduction de la lumière crépusculaire, alors que dans les cônes, les photopsines interviennent dans la vision des couleurs. • La phototransduction correspond au processus au cours duquel l’énergie lumineuse pro-
voque un changement chimique dans les cellules photoréceptrices. • Dans l’obscurité, les photorécepteurs subissent continuellement une dépolarisation et
libèrent un neurotransmetteur inhibiteur en vue d’avoir une incidence sur l’activité des cellules bipolaires. La lumière, quant à elle, entraîne une modication de l’opsine, une hyperpolarisation de la cellule et l’arrêt de la libération du neurotransmetteur. Les changements chimiques du photorécepteur qui en découlent entraînent une stimulation des cellules ganglionnaires. 16.4.4
Les voies optiques ....................................................................................................................................
749
• Les ners optiques, ormés à partir des axones ganglionnaires qui émergent des deux yeux,
convergent dans le chiasma optique. • Chaque tractus optique est composé d’axones ganglionnaires qui proviennent de la rétine de
l’œil. Les tractus optiques transmettent les infux nerveux au thalamus et aux colliculus supérieurs. Par la suite, le thalamus achemine les données visuelles au lobe occipital. • Chaque œil reçoit une image d’un même champ visuel. Ces images sont usionnées et per-
mettent la vision stéréoscopique.
16.5 L’audition et les récepteurs de l’équilibre – 751
• Les récepteurs situés dans l’oreille interviennent dans l’audition et l’équilibre. 16.5.1
La structure de l’oreille ............................................................................................................................ • L’oreille externe se compose de l’auricule et du méat acoustique externe qui dirigent les
ondes sonores vers la membrane du tympan, laquelle les dirige ensuite vers l’oreille moyenne. • L’oreille moyenne est une cavité remplie d’air qui contient trois osselets : le malléus, l’incus et le stapès.
Les osselets de l’ouïe transmettent et amplient les ondes acoustiques en direction de l’oreille interne.
751
Chapitre 16 Le système nerveux : les sens
775
• L’oreille interne renerme les structures qui interviennent dans l’audition et l’équilibre. Les récep-
teurs spécialisés se trouvent dans le labyrinthe membraneux, lequel se situe dans l’espace caverneux ormé d’une structure osseuse dense appelée labyrinthe osseux. 16.5.2
La physiologie de l’audition ....................................................................................................................
757
• Les organes de l’ouïe se trouvent dans la cochlée. Les cellules sensorielles ciliées de l’organe
spiral de la cochlée se situent sur la lame basilaire et sont ancrées dans la membrana tectoria. • Pour qu’elles soient détectées, les ondes sonores voyagent dans l’air, entrent dans l’oreille externe
et ont vibrer la membrane tympanique. Ces ondes sont transmises à l’oreille interne par une chaîne d’osselets, puis continuent leur voyage par l’intermédiaire de la portion liquide de l’oreille interne. La transormation de l’énergie mécanique en énergie électrique est réalisée par des cellules sensorielles ciliées. Ces impulsions électriques sont envoyées au cerveau, qui les interprète. 16.5.3
La voie auditive ..........................................................................................................................................
761
• L’inclinaison des cellules sensorielles ciliées génère des infux nerveux qui sont acheminés
aux noyaux cochléaires du tronc cérébral par l’intermédiaire du ner cochléaire, une ramication du ner vestibulicochléaire (NC VIII). • Les axones secondaires des noyaux cochléaires se prolongent directement vers les collicu-
lus inérieurs ou passent d’abord par les noyaux olivaires supérieurs. Ensuite, les axones se prolongent vers le thalamus où les axones thalamiques se projettent vers l’aire auditive primaire en vue de percevoir les sons. 16.5.4
Les mécanismes de l’équilibre et des mouvements de la tête ....................................................... 763 • Les macules, des récepteurs de l’équilibre statique situés dans le saccule et l’utricule du ves-
tibule, perçoivent à la ois la position de la tête, lorsque le corps est immobile, et l’accélération linéaire de la tête. Ces macules sont constituées de cellules sensorielles équipées de stéréocils et d’un kinocil enchâssés dans la membrane des statoconies. Les mouvements déplacent cette membrane, féchissent les cils et modient la réquence des infux nerveux. • Les canaux semi-circulaires ont partie du labyrinthe osseux, lequel renerme des conduits
semi-circulaires membraneux. Chacun des conduits comporte une éminence appelée ampoule ; celle-ci contient des cellules sensorielles ciliées qui interviennent dans la perception des mouvements de rotation de la tête. • Les infux nerveux provenant de l’appareil vestibulaire sont transmis soit aux noyaux vestibu-
laires (dans le bulbe rachidien), soit directement au cervelet par le ner vestibulaire, une ramication du ner vestibulocochléaire (NC VIII).
AUTOÉVALUATION
Solutionnaire
Concepts de base 1
Les terminaisons dendritiques non capsulées sont appelées .
a) La conjonctive contient des vaisseaux sanguins qui alimentent la sclère.
a) corpuscules lamelleux
b) Elle recouvre la cornée.
b) terminaisons nerveuses libres
c) Elle sécrète un mucus qui agit à titre de lubriant.
c) corpuscules bulboïdes
d) En présence d’une infammation de la conjonctive, l’œil rougit et produit des sécrétions plus épaisses.
d) corpuscules de Krause 2
Laquelle des armations suivantes est juste en ce qui a trait à la macule et à l’appareil vestibulaire ? a) Ils perçoivent les mouvements rotatis de la tête. b) Ils sont situés dans un canal semi-circulaire. c) Les infux nerveux sont générés lorsque la membrane statoconiale donne lieu à une inclinaison des stéréocils des cellules sensorielles ciliées. d) Ils constituent les organes de l’ouïe.
3
Tous les énoncés suivants sont justes en ce qui a trait à la conjonctive, sau un. Lequel ?
4
Laquelle des associations suivantes est juste en ce qui a trait aux structures de l’oreille et à leurs onctions ? a) Fenêtre cochléaire ; transmet les ondes acoustiques à l’oreille interne. b) Méat acoustique externe ; dirige les ondes acoustiques vers la membrane du tympan. c) Osselets de l’ouïe ; atténuent les ondes acoustiques avant qu’elles ne parviennent à l’oreille interne. d) Paroi vestibulaire ; provoque une inclinaison des stéréocils des cellules sensorielles ciliées en vue de produire un infux nerveux.
776 Partie III La communication et la régulation
5
Lequel des énoncés suivants est juste en ce qui a trait au conduit cochléaire ?
7
Par quelles voies les sensations gustatives parviennent-elles à l’encéphale ?
a) Il perçoit l’accélération de la tête lorsque la membrane statoconiale entraîne une inclinaison des cellules sensorielles ciliées.
8
Décrivez la voie qu’empruntent les stimulus olactis pour passer de la cavité nasale à l’encéphale.
9
Comment le cristallin permet-il de ocaliser le regard sur les images d’un livre, puis, quelques instants plus tard, sur les enants qui jouent à l’extérieur ?
b) Il est rempli de périlymphe. c) Il contient des cellules sensorielles ciliées qui convertissent les ondes acoustiques en infux nerveux. d) Il contient un organe spiral qui se trouve sur la paroi vestibulaire. 6
En quoi les nocicepteurs viscéraux sont-ils diérents des nocicepteurs somatiques ? Quel rôle jouent-ils dans la douleur projetée ?
10 Décrivez brièvement le lien structurel qui unit le labyrinthe
membraneux au labyrinthe osseux de l’oreille interne. 11 Expliquez la açon dont le vestibule et les canaux semi-
circulaires perçoivent l’équilibre.
Mise en application 1
Vous gardez un enant de cinq ans qui reuse de manger sa portion de brocoli. Il arme que ce légume a mauvais goût. Vous lui suggérez de se pincer le nez pendant qu’il mâche. Il vous répond que le goût du brocoli est moins dégoûtant lorsqu’il se pince le nez (ce qui ne l’empêche pas de reuser de manger). Le goût du brocoli est-il moins mauvais lorsque l’enant se pince le nez ? Expliquez.
2
Le syndrome de Horner est une aection caractérisée par une interruption de l’innervation sympathique d’un côté de la tête et du cou. De quels troubles visuels une personne risque-t-elle d’être atteinte si elle soure du syndrome de Horner ?
3
Vous connaissez peut-être les sonneries de cellulaires qui imitent le bruit des moustiques. Il s’agit de sonneries relativement aiguës que la plupart des enants et des adolescents entendent, mais que la majeure partie des adultes ne perçoit pas. À votre avis, pourquoi les adultes n’entendent-ils pas ces sonneries ?
4
Les personnes qui sourent de dégénérescence maculaire peuvent subir une perte de la vision centrale, alors que la vision périphérique demeure intacte ou moins atteinte. Expliquez ce phénomène.
5
Un homme âgé se présente à l’urgence en raison d’une douleur qui irradie son bras gauche et d’un essoufement. L’urgentologue craint un inarctus. Si le problème provient de son cœur, pourquoi l’homme ressent-il une douleur dans son bras ?
3
Maxime s’explique mal pourquoi avec l’âge, les personnes myopes ont besoin de porter des verres à double oyer, c’est-à-dire des verres qui ont deux lentilles : l’une pour la lecture, l’autre pour traiter la myopie. Il ne comprend pas pourquoi une seule paire de lunettes ne sut pas pour la lecture et la correction de la myopie. Expliquez-lui la dié rence entre ces deux aections et la raison pour laquelle les deux traitements peuvent paraître semblables.
a) Une incapacité d’ajustement dans la vision de près. b) Une pupille contractée. c) Un cristallin qui ne peut se bomber. d) Une abduction de l’œil du côté atteint.
Synthèse 1
Chiara est une enant active âgée de trois ans qui a d’abord eu une toux et un écoulement nasal avant de sourir de maux d’oreille et d’une diminution marquée de son acuité auditive. Durant l’examen physique, le médecin remarque une température élevée, une rougeur et un léger gonfement de la membrane du tympan ainsi qu’une infammation du pharynx. Quel diagnostic le médecin posera-t-il et en quoi consiste le traitement ? Quel lien existe-t-il entre l’âge de Chiara et son aection ?
2
Après avoir cessé de umer, Alejandro a remarqué que les aliments étaient bien plus savoureux. Quel lien existe-t-il entre le tabagisme et les perceptions gustatives ?
LE SYSTÈME ENDOCRINIEN
CHAPITRE
17
Adaptation rançaise :
Marc-André Lafamme
DANS LA PRATIQUE
L’ENDOCRINOLOGUE…
L’endocrinologue est le médecin spécialiste des troubles endocriniens. Les traitements endocriniens les plus fréquents sont ceux de la glande thyroïde. Située sur la face antérieure du cou, la thyroïde produit et libère l’hormone thyroïdienne qui assure la régulation et le contrôle du métabolisme. La palpation de la glande thyroïde permet souvent de détecter les premiers signes d’un trouble thyroïdien comme le goitre ou la maladie de Basedow-Graves.
17.1
17.2
17.3
17.4
Une introduction au système endocrinien ................................................. 17.1.1 Une comparaison des mécanismes de régulation des systèmes nerveux et endocrinien ................................... 17.1.2 Les onctions générales du système endocrinien ..................... Les glandes endocrines .......................... 17.2.1 L’emplacement des principales glandes endocrines ........................... 17.2.2 La régulation de la sécrétion hormonale ......................................... Les hormones ............................................ 17.3.1 La classifcation chimique des hormones ................................... 17.3.2 Les hormones locales ........................ Le transport des hormones .................... 17.4.1 Le transport dans le sang .................. 17.4.2 Les taux d’hormones circulantes ........
17.5 778
778
17.6
780
17.5.2 Les hormones hydrosolubles .............. Les cellules cibles : l’ampleur de la réponse cellulaire ............................ 17.6.1 Le nombre de récepteurs ................... 17.6.2 La spécifcité des récepteurs .............. Le métabolisme des nutriments ............
788
791 792
17.7
784 784
Illustration des concepts Système endocrinien : un système de régulation d’importance majeure dans l’organisme ......... 794
785
17.8
786 787
17.8.3
17.8.5
793
INTÉGRATION
L’hypothalamus et l’hypophyse ............ 796 17.8.1 La relation anatomique entre l’hypothalamus et l’hypophyse ........... 797
Les interactions entre l’hypothalamus et la neurohypophyse ......................... 798 Les interactions entre l’hypothalamus et l’adénohypophyse .......................... 799 L’hormone de croissance ................... 801 La glande thyroïde et l’hormone thyroïdienne ...................................... 804 Animation
791
783
786
17.8.2
17.8.4
Animation
779 779
Les cellules cibles : les interactions avec les hormones .................................... 787 Animation 17.5.1 Les hormones liposolubles ................. 787
17.8.6
Les glandes surrénales et le cortisol ...................................... 17.9 Les hormones pancréatiques ................ 17.9.1 L’anatomie du pancréas ..................... 17.9.2 Les eets des hormones pancréatiques ................................... 17.10 Le vieillissement et le système endocrinien ................................................. Liens entre le système endocrinien et les autres systèmes ..........................................
809 814 814 815 820 820
778 Partie III La communication et la régulation
17.1 Une introduction
au système endocrinien Glande endocrine
En libérant des hormones, le système endocrinien assure le contrôle de nombreuses onctions métaboliques de l’organisme. En période de déséquilibre, ce système contribue à ramener l’organisme dans les limites de l’homéostasie. Le système endocrinien se compose des glandes endocrines situées à plusieurs endroits de l’organisme ; ces glandes assurent la synthèse et la sécrétion de molécules appelées hormones (hormôn = exciter). Les glandes endocrines ne sont pas munies de conduits spéciques ; les hormones sont donc libérées dans le sang pour être transportées partout dans l’organisme (voir la section 5.2.4 et les tableaux fgurant dans l’annexe, p. 1397, pour plus de détails sur les diérentes hormones et leurs rôles). Une ois libérées dans l’organisme, les hormones se lient à des récepteurs spéciques des cellules cibles. La liaison des hormones aux récepteurs des cellules cibles active ou inhibe certaines activités métaboliques des cellules. Avec le système nerveux, décrit dans les chapitres précédents, le système endocrinien est l’un des deux principaux systèmes de contrôle de l’organisme. Le présent chapitre étudie les aspects suivants : 1) le rôle des glandes endocrines dans la synthèse et la libération des hormones ; 2) la onction de messager chimique assurée par les hormones libérées par les glandes endocrines ; 3) le transport des hormones dans le sang à partir des glandes endocrines jusqu’aux cellules cibles ; 4) les cellules cibles et leurs récepteurs spéciques des hormones.
Neurone
Hormone
Sang
Signal nerveux
Cellules cibles
Cellules cibles Neurotransmetteur
Cette section commence par une comparaison générale entre le système endocrinien et le système nerveux, suivie d’une description des principales onctions du système endocrinien.
17.1.1
1
Une comparaison des mécanismes de régulation des systèmes nerveux et endocrinien
Comparer l’action du système endocrinien à celle du système nerveux dans le contrôle des fonctions de l’organisme.
Le système endocrinien et le système nerveux assurent la coordination et la régulation de l’organisme. Ils ont plusieurs onctions communes. En réponse à un stimulus, ces deux systèmes libèrent des substances chimiques (des hormones, pour le système endocrinien, et des neurotransmetteurs, pour le système nerveux) appelées ligands dont le rôle est de communiquer avec la cellule cible. Le ligand se lie à un récepteur cellulaire de la cellule cible an de déclencher un changement dans la cellule. Cependant, les méthodes employées et les eets produits ne sont pas les mêmes pour les deux systèmes. En utilisant des neurotransmetteurs, le système nerveux exerce un contrôle entre deux endroits précis du corps FIGURE 17.1A . L’émission rapide d’un infux nerveux déclenche la libération d’un neurotransmetteur qui traverse la ente synaptique et se lie à un autre neurone, à
A. Système nerveux
B. Système endocrinien
FIGURE 17.1 Modes de communication du système nerveux et du système endocrinien ❯ A. Dans le système nerveux, les neurones libèrent des neurotransmetteurs dans une fente synaptique pour stimu ler leurs cellules cibles. B. Dans le système endocrinien, les hormones sécrétées par des cellules endocrines pénètrent dans le sang et circu lent à travers l’organisme pour atteindre leurs cellules cibles.
une cellule musculaire ou encore à une glande an de déclencher une réaction (p. ex., une contraction musculaire ou une sécrétion glandulaire). Le neurotransmetteur subit ensuite une dégradation, suivie d’un recaptage (ou d’une recapture) à l’intérieur du neurone. Le système endocrinien communique avec les cellules cibles par la sécrétion d’hormones (voir la fgure 17.1B). Les glandes endocrines sécrètent des hormones qui sont transportées dans le sang dans le but d’atteindre une cible. Cette cible peut être n’importe quelle cellule du corps, pourvu qu’elle possède un récepteur pour cette hormone. Le temps de réponse du système
Chapitre 17 Le système endocrinien
endocrinien est généralement plus lent, mais ses eets sont plus étendus et plus durables que ceux du système nerveux. Le TABLEAU 17.1 compare les principales caractéristiques des systèmes endocrinien et nerveux.
Vérifiez vos connaissances 1. Qu’estce qui distingue les cellules cibles du système
nerveux de celles du système endocrinien ?
17.1.2
2
Les fonctions générales du système endocrinien
779
2. Le contrôle des activités reproductrices. Les hormones aectent le développement et les onctions du système génital ainsi que l’expression des comportements sexuels. 3. La régulation du développement embryonnaire, de la croissance et du métabolisme. Au cours du développement embryonnaire, les hormones remplissent des onctions de régulation de la division et de la diérenciation cellulaires. Elles participent également de manière importante aux processus anaboliques (synthèse) et cataboliques (dégradation) servant à la croissance et au métabolisme des protéines, des glucides et des lipides. 4. Le contrôle de l’activité digestive. Certaines hormones infuencent les activités de sécrétion et le mouvement des substances à travers les parois du tube digesti.
Décrire les principales onctions coordonnées par le système endocrinien.
Vérifiez vos connaissances 2. Les diabètes de type 1, de type 2 et gestationnel se
Les cellules cibles du système nerveux se limitent aux autres neurones, aux cellules musculaires et aux cellules d’une glande. Grâce à la libération d’hormones, le système endocrinien peut, quant à lui, communiquer avec toute cellule dotée des récepteurs spéciques de ces hormones. Par conséquent, le système endocrinien peut coordonner et réguler presque toutes les cellules du corps. Ses onctions sont donc très diversiées et peuvent se diviser en quatre grandes catégories : 1. Le maintien de l’homéostasie dans la composition et le volume sanguins. Les hormones contrôlent la quantité de substances spéciques dissoutes dans le sang, par exemple le glucose, les cations (des ions positis tels que le calcium [Ca2+], le potassium [K+] et le sodium [Na+]) et les anions (des ions négatis tels que le phosphate [PO4−]). Les hormones assurent également la régulation d’autres caractéristiques du sang, notamment son volume, sa composition en éléments gurés (érythrocytes [ou globules rouges], leucocytes [ou globules blancs] ainsi que thrombocytes [ou plaquettes]).
TABLEAU 17.1
maniestent par la présence d’une concentration élevée en glucose sanguin. Laquelle des quatre onctions du système endocrinien se trouve en lien direct avec cette maladie ?
17.2 Les glandes endocrines Les glandes endocrines sont ormées de cellules épithéliales endocrines sécrétrices. Elles sont dérivées d’un épithélium de revêtement et sont soutenues par un tissu conjoncti qui contient de nombreux capillaires sanguins. Bien que la disposition et l’organisation dièrent selon les types de glandes endocrines, elles possèdent touteois une caractéristique commune : ces glandes sans conduits reçoivent un apport sanguin important. Cette caractéristique acilite le passage rapide des hormones des cellules de la glande jusqu’au sang. La FIGURE 17.2, qui présente
Comparaison entre le système nerveux et le système endocrinien
Caractéristique
Système nerveux
Système endocrinien
Mode de communication
Un signal nerveux entraîne la libération d’un neuro transmetteur à partir d’un neurone vers une ente synaptique.
Il sécrète des hormones dans le sang ; les hormones transportées dans le sang sont distribuées aux cellules cibles dans l’organisme.
Cible de la stimulation
D’autres neurones, des cellules musculaires ou des cellules glandulaires
Toutes les cellules dotées d’un récepteur pour cette hormone
Temps de réponse
Temps de réaction rapide : quelques millisecondes ou secondes
Temps de réaction plutôt lent : de quelques secondes à quelques minutes ou à quelques heures
Effet de la stimulation
Déclenche la stimulation (ou l’inhibition) d’un autre neurone, la contraction (ou le relâchement) des muscles ou un changement de la sécrétion des glandes.
Déclenche des changements de l’activité métabolique dans les cellules cibles.
Portée des effets
Les eets ont généralement une portée locale et spécifque dans le corps.
Les eets ont généralement une portée étendue sur l’organisme.
Durée de la réponse
Courte durée : quelques millisecondes ; se termine avec l’interruption du stimulus.
Longue durée : de quelques minutes à quelques jours ou à quelques semaines ; peut se poursuivre après l’interruption du stimulus.
780 Partie III La communication et la régulation 17.2.1.1 Les principales glandes endocrines Capillaire Cellules épithéliales sécrétrices
MO 100 x
Tissu conjonctif aréolaire
Une glande endocrine est un organe qui possède uniquement des onctions endocrines, c’est-à-dire qu’elle synthétise et sécrète des hormones directement dans le sang. L’hypophyse ainsi que les glandes pinéale, thyroïde, parathyroïdes et surrénales sont des glandes endocrines. Les cinq principales glandes endocrines sont décrites dans le présent chapitre. La structure et les onctions générales de la glande pinéale et des glandes parathyroïdes sont présentées dans cette section, alors que la description détaillée de l’hypophyse, de la glande thyroïde et des glandes surrénales fgure dans la section 17.8.
Îlot pancréatique
La glande pinéale
FIGURE 17.2 Histologie d’une glande endocrine du pancréas
❯
Les cellules épithéliales productrices d’hormones sont intégrées dans un tissu conjoncti vascularisé par de nombreux capillaires.
un schéma histologique du pancréas (îlots pancréatiques), permet d’observer la présence des cellules épithéliales sécrétrices intégrées au tissu conjoncti aréolaire ainsi que les nombreux capillaires.
17.2.1
L’emplacement des principales glandes endocrines
1
Distinguer les deux types d’organisation des cellules endocrines.
2
Nommer les principales glandes endocrines et les situer dans le corps.
Les cellules endocrines sont classées selon deux grands types d’organisation. Elles peuvent constituer une glande endocrine structurée telle la glande thyroïde. Elles peuvent aussi être disposées en un amas cellulaire dans un organe qui assure une onction endocrine en plus de remplir d’autres onctions, comme dans le cas du pancréas FIGURE 17.3.
INTÉGRATION LIENS ENTRE LES CONCEPTS Les capillaires sanguins sont des vaisseaux microscopiques d’environ 1 millimètre (mm) de longueur (voir la section 20.1.3). La portion liquide du sang et les substances qui y sont dis soutes, notamment les hormones, quittent le sang à une extrémité du capillaire et s’intègrent au liquide interstitiel dans lequel les cellules baignent. La plus grande partie du liquide est ensuite réabsorbée dans le sang à l’autre extrémité du capillaire. Ce mécanisme permet aux hormones libérées par les glandes endocrines de pénétrer dans le sang et, par la suite, d’entrer en contact avec leurs cellules cibles (celles qui possèdent leurs récepteurs spécifques).
La glande pinéale (pinea = pomme de pin) (ou épiphyse) est une petite structure conique ormant la région postérieure de l’épithalamus (voir la section 13.4.1). Elle se compose essentiellement de pinéalocytes qui sécrètent la mélatonine, une hormone qui cause la somnolence. La production de mélatonine est cyclique : elle s’accroît durant la nuit et baisse durant le jour, alors que les concentrations les plus aibles en mélatonine sont observées au milieu de la journée. Avec l’hypothalamus, la mélatonine contribue à la régulation du cycle circadien, c’est-à-dire l’horloge biologique d’environ 24 heures. Les onctions de la mélatonine sont mal connues chez l’humain, mais il est admis qu’elle joue un rôle d’antioxydant et qu’elle pourrait participer à diverses onctions biologiques au cours de la réponse immunitaire, de la maturation sexuelle et des rythmes de veille et de sommeil (Tan, Hardeland, Manchester et al., 2009). Ses usages thérapeutiques, sous orme d’agoniste des récepteurs de la mélatonine, sont nombreux pour traiter, entre autres, le décalage horaire, l’insomnie chronique et la dépression chronique (Seraty & Raven, 2012). Cependant, à ce jour, il n’existe aucun consensus de la communauté médicale sur les eets thérapeutiques de la mélatonine.
Les glandes parathyroïdes Les glandes parathyroïdes, de petites glandes d’un rouge brunâtre, sont situées sur la ace postérieure de la glande thyroïde. Les parathyroïdes se présentent normalement sous orme de quatre nodules, mais certaines personnes n’en ont que deux, alors que d’autres en ont six. Les glandes parathyroïdes contiennent deux types de cellules diérentes : les cellules principales et les cellules oxyphiles. Les cellules oxyphiles sont des cellules qui contiennent une très grande quantité de mitochondries et qui réagissent aux colorants acides durant les préparations histologiques. Les cellules principales synthétisent la parathormone (PTH) (ou hormone parathyroïde). En réponse à une baisse de calcium sanguin, cette hormone est libérée pour restaurer l’équilibre homéostatique de la calcémie (voir la section 7.6.2). Le rôle des cellules oxyphiles est peu connu, mais dans le cas d’un adénome à cellules oxyphiles (une orme rare de cancer), il est démontré que les personnes atteintes sécrètent davantage de PTH et développent des symptômes d’hyperparathyroïdie (Sakuma, Nishimura, Deturmeny et al., 2009).
Chapitre 17 Le système endocrinien
Principales glandes endocrines
Organes contenant des cellules endocrines
Hypothalamus Glandes parathyroïdes
Hypophyse Glande pinéale
Surface postérieure de la glande thyroïde
Glande thyroïde
Cortex surrénal Médulla surrénale
Peau Thymus
Glande surrénale
Glandes surrénales
Cœur
Foie
Estomac Pancréas Intestin grêle Rein
Gonades Testicules (homme) Ovaires (femme)
FIGURE 17.3 Emplacement anatomique des principales glandes endocrines et des organes contenant des cellules endocrines ❯ Les glandes endocrines et les organes contenant des cellules endocrines assurent des fonctions cruciales au maintien de l’homéostasie.
781
782 Partie III La communication et la régulation 17.2.1.2 Les cellules endocrines
dans les autres organes D’autres cellules endocrines se logent dans des amas de tissus, à l’intérieur de certains organes qui ont des onctions à la ois endocrines et non endocrines. C’est le cas du pancréas, dont la onction endocrine assure le maintien de la glycémie dans des valeurs normales, mais qui produit aussi des sucs pancréatiques essentiels à la onction digestive. Les cellules endocrines sécrètent des hormones, mais les organes dont elles ont partie
TABLEAU 17.2
assurent aussi d’autres onctions essentielles. Il s’agit de l’hypothalamus, de la peau, du thymus, du cœur, du oie, de l’estomac, du pancréas, de l’intestin grêle, des gonades (testicules et ovaires) et des reins (voir la fgure 17.3). La liste des glandes endocrines et des autres organes contenant des cellules endocrines fgure dans le TABLEAU 17.2. Dans ce chapitre, l’expression glande endocrine est utilisée tant pour une glande endocrine que pour tout autre organe qui contient des cellules endocrines.
Glandes endocrines et organes contenant des cellules endocrines
Glandes ou organes
Hormones produites
Principales fonctions
Chapitres de référence
• Mélatonine
• Participation à la régulation du rythme circadien
• 17
• Ocytocine (OT) • Hormone antidiurétique (ADH pour antidiuretic hormone) • Thyréotrophine (TSH pour thyroidstimulating hormone) • Prolactine (PRL) • Folliculostimuline (FSH pour folliclestimulating hormone) • Hormone lutéinisante (LH pour luteinizing hormone) • Corticotrophine (ACTH pour adrenocorticotropic hormone) • Hormone de croissance (GH pour growth hormone)
• Contractions utérines ; lactation • Équilibre hydrique
• 28, 29 • 24, 25
• Stimulation de la thyroïde pour libérer l’hormone thyroïdienne • Production du lait maternel • Développement des gamètes (et des follicules chez la femme) • Développement des gamètes (et ovulation chez la femme) • Stimulation du cortex surrénal pour libérer les corticostéroïdes • Stimulation de la croissance et de la division cellulaires
• 17
• Hormone thyroïdienne (HT)
• 17
• Calcitonine
• Déterminant du métabolisme basal (voir la section 27.6.1) • Baisse de la concentration en calcium dans le sang
• Parathormone (PTH pour parathyroid hormone)
• Augmentation de la concentration en calcium dans le sang
• 7, 17
• Catécholamines (adrénaline et noradrénaline) • Minéralocorticoïde (p. ex., l’aldostérone)
• Prolongation de la réaction de fuite ou de combat • Régulation des concentrations en sodium, en eau et en potassium dans le sang • Participation à la réponse au stress • Stimulation de la maturation et du fonctionne ment du système génital
• 15 • 24, 25
Glandes endocrines Glande pinéale Hypophyse • Neurohypophyse a
• Adénohypophyse
Glande thyroïde
Glandes parathyroïdes
• 28, 29 • 28 • 28 • 17 • 17
• 7
Surrénales • Médulla surrénale • Cortex surrénal
• Glucocorticoïde (p. ex., le cortisol) • Gonadocorticoïde (p. ex., les androgènes)
• 17 • 28, 29
Organes contenant des cellules endocrines Hypothalamus
• Thyréolibérine (TRH), hormone de libération de la prolactine (PRH), gonadolibérine (GnRH), corticolibérine (CRH), hormone de libération de l’hormone de croissance (ou somatocrinine) (GHRH) (voir le tableau 17.4)
• Régulation de la libération d’hormones par l’hypophyse
• 17
Peau
• Vitamine D3 (cholécalciférol ; convertie plus tard en calcitriol par les enzymes du foie et des reins)
• Absorption du calcium provenant du tube digestif vers le sang
• 7
Thymus
• Thymosine, thymuline, thymopoïétine
• Stimulation de la maturation des lymphocytes T
• 21, 22
Cœur
• Facteur natriurétique auriculaire (FNA)
• Régulation de la pression sanguine et de la concentration en sodium dans le sang
• 24, 25
Estomac
• Gastrine
• Augmentation des sécrétions et de la motilité dans l’estomac
• 26
Chapitre 17 Le système endocrinien
TABLEAU 17.2
783
Glandes endocrines et organes contenant des cellules endocrines (suite)
Glandes ou organes
Hormones produites
Principales fonctions
Chapitre de référence
Organes contenant des cellules endocrines
a
Foie
• Angiotensinogène • Érythropoïétine (EPO)
• Régulation de la pression artérielle • Augmentation de la production des érythrocytes
• 20, 24, 25 • 18
Pancréas
• Insuline • Glucagon
• Baisse du glucose sanguin • Hausse du glucose sanguin
• 17 • 17
Intestin grêle
• Sécrétine • Cholécystokinine
• Régulation des processus digestis dans l’intestin grêle
• 26
Reins
• Érythropoïétine (EPO) • Rénine
• Hausse de production des érythrocytes • Régulation de la pression artérielle
• 18 • 20, 24, 25
Testicules (gonades)
• Androgènes (testostérone), inhibine
• Stimulation de la maturation et onctionnement du système génital chez l’homme
• 28, 29
Ovaires (gonades)
• Œstrogène, progestérone, inhibine
• Stimulation de la maturation et onctionnement du système génital chez la emme
• 28, 29
L’hypophyse comprend deux parties : la neurohypophyse et l’adénohypophyse. L’ocytocine et l’hormone antidiurétique sont produites dans l’hypothalamus, mais c’est la neurohypophyse qui assure le stockage et la libération de ces hormones.
Vérifiez vos connaissances 3. Quelles sont les principales glandes endocrines
dans le corps humain ? Quels sont les organes qui contiennent des glandes endocrines, mais qui rem plissent également d’autres onctions essentielles ? 4. L’une des principales onctions du système endocrinien
consiste à maintenir l’homéostasie de la composition et du volume sanguins. À partir du tableau 17.2, nom mez les hormones qui assurent la régulation des subs tances suivantes dans le sang : le glucose, le calcium et le sodium.
17.2.2
3
La régulation de la sécrétion hormonale
Décrire les trois réfexes servant à la régulation de la sécrétion hormonale.
La régulation de la sécrétion hormonale d’une glande endocrine est assurée par un réfexe. Un réfexe est une réponse prédéterminée qui se manieste en présence d’un stimulus (voir la section 14.6). Les réfexes se produisent dans le système nerveux et le système endocrinien. Les réfexes endocriniens sont déclenchés par trois types de stimulation : la stimulation hormonale, la stimulation humorale et la stimulation nerveuse FIGURE 17.4. • La stimulation hormonale. Le stimulus qui déclenche la libération de plusieurs hormones par une glande endocrine provient de la libération d’une autre hormone. Par exemple, l’hormone thyréotrophine (TSH) (ou thyréostimuline) est libérée par l’adénohypophyse et stimule la sécrétion de l’hormone thyroïdienne par la glande thyroïde. La libération de
TSH est elle-même stimulée par la thyréolibérine (TRH) produite par l’hypothalamus. • La stimulation humorale. La libération d’hormones par certaines glandes endocrines est stimulée par les changements de concentration en nutriments ou en ions dans le sang. Le terme humoral signie relati aux liquides organiques, y compris le sang. Lorsque les concentrations en nutriments ou en ions subissent une hausse ou une baisse, ce changement entraîne la libération d’hormones par les cellules endocrines qui agissent sur les cellules cibles pour compenser la baisse ou éliminer les excédents. • La stimulation nerveuse. Pour certaines glandes endocrines, la libération d’hormones est déclenchée par une stimulation directe du système nerveux. Un exemple classique est celui de la libération d’adrénaline et de noradrénaline par la médulla surrénale en réponse à la stimulation aite par le système nerveux sympathique au cours d’une réponse à une situation d’urgence ou de stress intense (voir la section 15.4.2).
INTÉGRATION LIENS ENTRE LES CONCEPTS La régulation du taux sanguin de Ca2+, c’estàdire de la calcé mie (voir la section 7.6), se réalise par un réfexe endocrinien déclenché par une stimulation humorale et ait intervenir plu sieurs systèmes de l’organisme. Un aible taux sanguin de Ca2+ constitue une stimulation humorale qui provoque la libération de parathormone (PTH) par la glande parathyroïde. Après sa libération dans le sang, la PTH stimule plusieurs organes cibles, notamment le tissu osseux qui libère alors du Ca2+ dans le sang et les reins an que ceuxci achèvent la dernière étape enzymatique permettant la production de calcitriol, une hor mone qui accroît l’absorption de Ca2+ par le tube digesti. En réponse à la PTH, les reins réduisent également l’élimination de calcium dans l’urine. Le résultat nal est une élévation du taux de Ca2+ sanguin jusqu’à une valeur normale.
784 Partie III La communication et la régulation
Stimulation humorale : libération d’une hormone en réponse à une variation de la concentration en nutriments ou en ions dans le sang
Stimulation hormonale : libération d’une hormone en réponse à une autre hormone
1 L’hypothalamus libère de l’hormone thyréolibérine (TRH).
1 Le taux de glucose sanguin (glycémie) s’élève.
Stimulation nerveuse : libération d’une hormone en réponse à une stimulation par le système nerveux
1 L’activité du système nerveux sympathique s’accroît.
Pancréas
Moelle épinière
Adénohypophyse 2 En réponse à la TRH, l’adénohypophyse libère de la thyréotrophine (TSH).
Stimulation nerveuse Insuline TSH
3 La TSH stimule la libération de l’hormone thyroïdienne (HT) par la glande thyroïde. Capillaire
2 L’élévation du taux de glucose sanguin stimule la libération d’insuline par le pancréas.
Glande thyroïde HT
A.
Élévation du taux de glucose sanguin
B.
Axone préganglionnaire
Glande surrénale
2 Les axones préganglionnaires sympathiques stimulent la libération d’adrénaline et de Adrénaline noradrénaline par la médulla surrénale. et noradrénaline
C.
FIGURE 17.4 Types de stimulation endocrinienne
❯ La libération d’une hormone par une glande endocrine peut être provoquée par A. une stimulation hormonale, B. une stimulation humorale ou C. une stimulation nerveuse.
Vériiez vos connaissances 5. La corticotrophine (ACTH) stimule la libération
d’hormones par le cortex surrénal. De quel type de stimulation s’agitil ?
17.3 Les hormones Toutes les hormones dites circulantes sont des hormones synthétisées dans les cellules endocrines soit à partir du cholestérol ou des acides aminés. Le cholestérol est un lipide, et les acides aminés sont les éléments de base des protéines (voir la section 2.8.5).
17.3.1
La classifcation chimique des hormones
Les hormones circulantes sont réparties en trois catégories différentes, et ce, en fonction de leur structure chimique : les hormones stéroïdiennes, les hormones peptidiques (protéines) et les amines biogènes FIGURE 17.5. Chaque catégorie comporte des hormones liposolubles ou hydrosolubles. La différence de solubilité détermine le transport de ces hormones dans le sang et la manière dont elles interagissent avec les cellules cibles.
17.3.1.1 Les hormones stéroïdiennes Les hormones stéroïdiennes sont des molécules liposolubles synthétisées à partir du cholestérol (voir la fgure 17.5A). Cette catégorie inclut les hormones stéroïdiennes produites dans les gonades, soit l’œstrogène et la progestérone dans les ovaires et la testostérone dans les testicules, ainsi que les hormones synthétisées par le cortex surrénal, soit les corticostéroïdes (p. ex., le cortisol). Le calcitriol est l’hormone produite à partir de la vitamine D3 (voir la section 7.6.1) ; il fait partie de la catégorie des hormones stéroïdiennes. Cependant, il serait plus précis de le classer parmi les stérols, des molécules un peu différentes, mais qui sont aussi liposolubles.
1
Nommer les trois catégories d’hormones circulantes et donner des exemples pour chacune.
17.3.1.2 Les hormones peptidiques
2
Distinguer les hormones liposolubles des hormones hydrosolubles.
La plupart des hormones sont des hormones peptidiques. Ces molécules sont composées de courtes chaînes d’acides aminés (voir la fgure 17.5B). Toutes les hormones de cette catégorie sont
Chapitre 17 Le système endocrinien
Hormone stéroïdienne
CH2OH C HO
H3C
Amine biogène
Hormone peptidique
• Liposoluble • Formée à partir du cholestérol • Produite par les gonades et le cortex surrénal
O
• Hydrosoluble (sauf l’hormone thyroïdienne) • Dérivée d’un acide aminé modifié (p. ex., la tyrosine)
• Hydrosoluble • Composée de chaînes d’acides aminés • Deux sous-groupes : – peptides (polypeptides, oligopeptides) – glycoprotéines
H2 N
CH2
HO
CH2
H2 N
OH
785
H3C HO OH
O Exemple : le cortisol A.
COOH Exemple : la parathormone
Exemple : la noradrénaline
B.
C.
FIGURE 17.5 Types d’hormones circulantes
❯ A. Les hormones stéroïdiennes sont des hormones liposolubles formées à partir du cholestérol, alors que B. les hormones peptidiques et C. les amines biogènes sont généralement hydrosolubles et formées d’acides aminés.
des hormones hydrosolubles. Elles sont réparties dans les deux sous-groupes suivants : • Les peptides sont des hormones contenant de quelques acides aminés à quelques dizaines d’acides aminés. L’insuline et le glucagon, deux hormones libérées par le pancréas, ainsi que la PTH, libérée par la glande parathyroïde, se trouvent dans ce groupe. L’ocytocine (OT) et l’hormone antidiurétique (ADH) sont toutes deux des peptides et sont libérées par la neurohypophyse. • Les glycoprotéines sont des hormones composées de protéines liées à des glucides. La olliculostimuline (FSH) et la TSH libérées par l’adénohypophyse ont partie des glycoprotéines.
17.3.1.3 Les amines biogènes Les amines biogènes (ou monoamines) sont des acides aminés (voir la fgure 17.5C). Les amines biogènes regroupent les catécholamines (p. ex., l’adrénaline et la noradrénaline), libérées par la médulla surrénale, et l’hormone thyroïdienne, libérée par la glande thyroïde. Les amines biogènes sont des hormones hydrosolubles, à l’exception de l’hormone thyroïdienne. L’hormone thyroïdienne est liposoluble, car elle est produite à partir de deux acides aminés de tyrosine (voir la fgure 2.27, p. 74) qui sont liposolubles.
Vérifiez vos connaissances 6. Parmi les hormones suivantes, nommez celles qui
sont des hormones liposolubles : les hormones repro ductrices produites dans les gonades ; les hormones du cortex surrénal ; l’hormone thyroïdienne. 7. Quels sont les deux mécanismes qui seront affectés
par le degré de solubilité d’une hormone ?
17.3.2
Les hormones locales
3
Décrire la structure, la formation et le rôle des hormones locales.
4
Comparer les stimulations autocrine et paracrine produites par les hormones locales.
Les hormones locales orment un vaste groupe de molécules de signalisation qui ne circulent pas dans le sang. Ces molécules sont plutôt libérées par les cellules qui les produisent et elles se lient à ces mêmes cellules ou à des cellules avoisinantes. C’est la raison pour laquelle ces molécules de signalisation ne sont pas toujours considérées comme des hormones. Les éicosanoïdes (eikos = vingt) orment la principale catégorie d’hormones locales. Leur nom provient du ait que ces molécules sont ormées à partir d’acides gras contenant une chaîne de 20 atomes de carbone. Ces acides gras proviennent des phospholipides contenus dans la membrane plasmique d’une cellule. Les éicosanoïdes sont synthétisés par une cascade enzymatique. Une cascade enzymatique consiste en une suite de réactions enzymatiques dont le produit d’une réaction orme le substrat de la prochaine réaction FIGURE 17.6. Ce processus est déclenché par une enzyme, la phospholipase A 2, qui retire un acide gras d’un phospholipide dans la membrane plasmique. L’acide gras libéré est un acide arachidonique. D’autres enzymes spécifques agissent ensuite sur l’acide arachidonique pour transormer sa structure chimique en ormes variées d’éicosanoïdes, notamment des leucotriènes, des prostaglandines et des thromboxanes. Ces molécules jouent un rôle important dans
786 Partie III La communication et la régulation
17.4 Le transport
des hormones
Liquide intracellulaire Membrane plasmique Liquide interstitiel Phospholipide
Phospholipase A2
1 La phospholipase A2 exerce son action sur une molécule de phospholipides dans la membrane plasmique, ce qui libère une molécule d’acide gras appelée acide arachidonique.
Après leur libération par les glandes endocrines dans lesquelles elles ont été synthétisées, les molécules d’hormones sont transportées dans le sang vers les cellules cibles. Les sections qui suivent présentent la manière dont les hormones hydrosolubles et liposolubles sont transportées dans le sang et les acteurs aectant la concentration du sang en hormones circulantes.
17.4.1
Le transport dans le sang
O
1
C OH
Comparer le mode de transport des hormones hydrosolubles à celui des hormones liposolubles.
Acide arachidonique Enzymes variées
2 D’autres enzymes agissent sur l’acide arachidonique et produisent les éicosanoïdes.
Éicosanoïdes (p. ex., les leucotriènes, les prostaglandines et les thromboxanes)
Le transport des hormones hydrosolubles entre la glande endocrine et les cellules cibles est relativement simple. Les interactions chimiques entre l’hormone hydrosoluble et le plasma permettent aux molécules d’hormones de se solubiliser (dissoudre) rapidement, et donc d’être transportées acilement dans le sang.
Les hormones liposolubles (p. ex., les hormones stéroïdiennes, le calcitriol et l’hormone thyroïdienne) Formation des éicosanoïdes ❯ Les éicosanoïdes sont synthétisés par ne se solubilisent pas directement dans l’environneune cascade enzymatique qui s’amorce sur des phospholipides de la membrane ment aqueux du sang. Le transport de ces hormones plasmique. Après leur formation, les éicosanoïdes peuvent stimuler la cellule dont ils s’eectue principalement grâce à des molécules de ont été libérés (stimulation autocrine) ou les cellules voisines (stimulation paracrine). transport. Ces molécules sont des protéines hydro solubles synthétisées par le oie. Par analogie, ces l’infammation et la coagulation, et elles sont également impliprotéines agissent un peu comme des bateaux-remorques transquées dans l’asthme (Bertin, 2012). portant les molécules d’hormones dans le sang. Certaines protéines de transport sont très sélectives ; elles se lient exclusivement Après leur synthèse, les éicosanoïdes déclenchent des changeà une seule molécule d’hormone liposoluble pour en assurer le ments cellulaires dans la cellule dont ils sont issus par ce qui est transport (p. ex., la globuline liée à la thyroxine ne se lie qu’à la appelé une stimulation autocrine, ou encore dans les cellules thyroxine). D’autres sont non sélectives ; elles peuvent se lier à avoisinantes par ce qui est appelé une stimulation paracrine. de nombreux types de molécules liposolubles pour en assurer le Les éicosanoïdes jouent un rôle important dans la déense de transport (p. ex., l’albumine). l’organisme : ils participent au processus de l’infammation (voir La liaison entre une hormone liposoluble et une protéine de la section 22.3.4). Ils remplissent également d’autres onctions de transport est une liaison temporaire. Les molécules d’hormones signalisation, notamment le déclenchement de la contraction ou se lient à leur molécule de transport, puis s’en détachent et du relâchement des muscles lisses des vaisseaux sanguins, ainsi fottent librement dans le sang. Elles peuvent plus tard se lier que la stimulation des récepteurs de la douleur. à une autre molécule de transport. L’hormone attachée à une molécule de transport est une hormone liée, alors que l’hormone qui n’est pas liée à une molécule de transport est une Vérifiez vos connaissances hormone non liée (ou libre). Normalement, moins de 10 % des 8. Les leucotriènes présents dans les tissus endom hormones liposolubles sont non liées dans le sang. Ces hormones magés entraînent le relâchement des muscles lisses non liées peuvent quitter le sang et se lier aux récepteurs celludes vaisseaux sanguins, provoquant ainsi une vaso laires des organes cibles. La protéine de transport sert également dilatation (accroissement du diamètre de la lumière à protéger la molécule d’hormone qu’elle transporte an d’empêde ces vaisseaux). Cet exemple illustretil la stimu cher sa destruction trop hâtive par des enzymes présentes dans lation autocrine ou la stimulation paracrine ? le sang ou par les tissus de l’organisme. Par conséquent, l’assoExpliquez votre réponse. ciation d’une hormone à sa protéine de transport permet de
FIGURE 17.6
Chapitre 17 Le système endocrinien
prolonger la vie de cette hormone. Pour cette raison, certaines hormones hydrosolubles sont également transportées par des protéines de transport.
Vérifiez vos connaissances 9. Pourquoi les protéines de transport sontelles néces
saires au transport des hormones liposolubles ?
17.4.2
Les taux d’hormones circulantes
2
Décrire les deux principaux facteurs affectant la concen tration d’une hormone circulante.
3
Expliquer ce qu’est la demivie d’une hormone.
Les eets physiologiques des hormones dépendent principalement de leur concentration dans le sang. Par conséquent, la concentration de chaque hormone doit être rigoureusement contrôlée an de prévenir certains problèmes cliniques, qu’il s’agisse d’anomalies ou de maladies liées aux organes ou aux tissus. Par exemple, le gigantisme est causé par une concentration sanguine trop élevée en hormone de croissance. Deux acteurs principaux infuencent la concentration en hormones dans le sang : la synthèse et l’élimination des hormones. • Synthèse des hormones. La synthèse d’une hormone se produit dans une glande endocrine. Si la vitesse à laquelle les cellules abriquent une hormone (taux de synthèse) et le taux de libération d’une hormone augmentent, la concentration de cette hormone dans le sang sera plus élevée. À l’opposé, si la synthèse et la libération de l’hormone diminuent, la concentration de cette hormone dans le sang sera plus aible. • Élimination des hormones. Les hormones peuvent être éliminées par la dégradation enzymatique. Ce processus d’inactivation d’une hormone par une enzyme se déroule normalement dans les cellules du oie. Les hormones peuvent aussi être éliminées par le retrait de l’hormone du sang, par son excrétion par les reins ou par son absorption par les cellules cibles. Un taux d’élimination rapide abaisse la concentration en hormones dans le sang, alors qu’un taux d’élimination plus lent augmente la concentration en hormones dans le sang. L’équilibre entre le taux de synthèse d’une hormone (par sa glande endocrine) et son taux d’élimination du sang (grâce à l’activité du oie, des reins et des cellules cibles) est essentiel au maintien de la concentration homéostatique de chaque hormone.
À votre avis 1. Quel serait l’effet produit par une anomalie fonctionnelle
du foie ou des reins sur la concentration d’une hormone dans le sang : la baisse, la hausse ou le maintien de la concentration ? Expliquez votre réponse.
787
17.4.2.1 La demi-vie hormonale La demi-vie hormonale correspond au temps nécessaire pour réduire la concentration d’une hormone dans le sang jusqu’à la moitié de sa sécrétion initiale. La demi-vie des hormones hydrosolubles est généralement assez courte. Elle varie de quelques minutes ou moins pour les hormones peptidiques de petite taille, jusqu’à environ une heure pour les hormones polypeptidiques plus grosses. Les hormones stéroïdiennes sont celles dont la demi-vie est la plus longue. La demi-vie de la testostérone, par exemple, est de 12 jours. Plus la demi-vie d’une hormone est de courte durée, plus elle doit être remplacée réquemment an de maintenir sa concentration normale dans le sang.
Vérifiez vos connaissances 10. Quelle est la relation entre la synthèse d’une hormone
et la concentration de cette hormone dans le sang ?
17.5 Les cellules cibles :
les interactions avec les hormones
Les hormones entrent en contact avec la quasi-totalité des tissus corporels, puisqu’elles sont transportées dans le sang et qu’elles traversent les capillaires. Cependant, les hormones interagissent uniquement avec leurs cellules cibles an de déclencher une réponse cellulaire spécique. Une hormone possède généralement plusieurs types de cellules cibles. L’insuline, par exemple, se lie aux cellules musculaires, aux hépatocytes (cellules du oie) et aux cellules des tissus conjonctis adipeux. La quantité de cellules cibles d’une hormone détermine l’importance de son infuence dans l’organisme. Ainsi, une hormone qui possède un grand nombre de cellules cibles aura un grand eet sur l’organisme, alors qu’une hormone qui ne possède qu’un petit nombre de cellules cibles aura peu d’eet sur l’organisme. L’interaction des hormones avec leurs cellules cibles ainsi que les changements cellulaires qui en découlent sont sensiblement diérents selon qu’il s’agit d’hormones liposolubles ou hydrosolubles. Animation La communication hormonale
17.5.1 1
Les hormones liposolubles
Décrire la manière dont les hormones liposolubles atteignent les récepteurs de leurs cellules cibles ainsi que le type de changement cellulaire qu’elles déclenchent.
Les hormones liposolubles sont des molécules non polaires de petite taille ; elles sont lipophiles, c’est-à-dire qu’elles aiment les lipides. Il convient de rappeler que la membrane plasmique ne constitue pas une barrière ecace contre les substances non polaires de petite taille (voir la section 4.2). Par conséquent, les hormones liposolubles non liées, telles que les hormones stéroïdiennes, peuvent diuser à travers la membrane plasmique.
788 Partie III La communication et la régulation
À son entrée dans la cellule, l’hormone se lie aux récepteurs intracellulaires situés dans le liquide intracellulaire ou dans le noyau et orme un complexe hormone-récepteur FIGURE 17.7.
cordes vocales et la croissance des poils au visage. Tous ces eets déclenchés par la testostérone refètent une augmentation de la synthèse des protéines dans les cellules. Animation Le mécanisme d’action des hormones liposolubles
Ce complexe hormone-récepteur, ormé dans la cellule cible, se lie à une séquence précise d’acide désoxyribonucléique (ADN) dans des régions de la chromatine du noyau appelées les éléments de réponse aux hormones (HRE pour hormone-response elements). Cette liaison à une séquence d’ADN spécique entraîne la transcription d’un acide ribonucléique messager (ARNm). La traduction subséquente de cet ARNm par les ribosomes aboutit à la ormation d’une protéine particulière (voir la section 4.7). Le changement apporté au taux de synthèse de cette protéine dans la cellule peut causer une modication de la structure cellulaire (comme les hormones sexuelles au cours de la puberté) ou un changement de l’activité métabolique des cellules cibles si les nouvelles protéines synthétisées sont des enzymes. La testostérone peut être citée à titre d’exemple. Elle avorise notamment l’augmentation de la masse musculaire en raison de la ormation de protéines contractiles, l’apparition d’une voix plus grave causée par l’allongement et l’épaississement des
1 L’hormone liposoluble non liée diffuse facilement à travers la membrane plasmique et se lie à un récepteur intracellulaire, dans le liquide intracellulaire ou dans le noyau, afin de former un complexe hormone-récepteur. 2 Le complexe hormone-récepteur se lie ensuite à une séquence spécifique d’ADN (une étape du mécanisme d’action des hormones liposolubles).
Vérifiez vos connaissances 11. Où se trouvent les récepteurs d’hormones liposo
lubles ? Quel est le principal changement cellulaire se produisant au moment de la liaison d’une hormone liposoluble ?
17.5.2 2
Les hormones hydrosolubles
Décrire la manière dont les hormones hydrosolubles déclenchent des changements cellulaires dans leurs cellules cibles.
Les hormones hydrosolubles (p. ex., les hormones peptidiques et les amines biogènes, à l’exception de l’hormone thyroïdienne)
Hormone non liée
1
Hormone liée
Hormone Complexe hormonerécepteur
Protéine de transport Récepteur d’hormone
3 Cette liaison stimule la synthèse d’ARNm. 4 L’ARNm quitte le noyau et est traduit par un ribosome dans le liquide intracellulaire, ce qui génère une nouvelle protéine.
Complexe hormonerécepteur
Acides aminés
2
Sang
Ribosome
ARNm
Enveloppe nucléaire
ADN
3 Synthèse Syn Sy S ynthè thèse e de e ll’A l’ARNm ARNm RN
4 ARNm
Protéine Pro ottéi é ne
Membrane ran ne plasmique qu q ue Liquide interstitiel ers rst stitiiel e
Liquide intracellulaire
FIGURE 17.7 Hormones liposolubles et récepteurs intracellulaires
❯
Les hormones liposolubles pénètrent dans une cellule et entraînent ultimement la formation d’une nouvelle protéine.
Une étape du mécanisme d’action des hormones liposolubles
Chapitre 17 Le système endocrinien
sont des molécules polaires incapables de traverser la membrane plasmique. Puisqu’elles ne peuvent pénétrer dans la cellule, les hormones hydrosolubles doivent se lier à un récepteur de la membrane plasmique pour stimuler la cellule cible. La liaison d’hormones hydrosolubles au récepteur d’une membrane plasmique déclenche une série d’événements biochimiques à travers la membrane. Cette série d’événements biochimiques est appelée la voie de transduction du signal. Dans cette voie, l’hormone est la molécule de signalisation et elle est considérée comme le premier messager. Son arrimage au récepteur entraîne la ormation d’une molécule diérente dans la cellule appelée second messager. Le second messager modife ensuite certaines activités cellulaires, ce qui permet la transduction d’un signal provenant de l’extérieur vers l’intérieur d’une cellule. Il existe deux voies principales de transduction du signal, toutes deux en lien avec l’activation de la protéine G.
17.5.2.1 La liaison des hormones
et l’activation de la protéine G Les deux voies de transduction du signal onctionnent grâce à un complexe protéique de la membrane interne, la protéine G (voir la section 4.4.2). Cette protéine possède la capacité de se lier à un nucléotide guanine, c’est-à-dire un nucléotide contenant une base guanine (voir la section 2.8.4), d’où son appellation de protéine G. Sous sa orme inactive, la protéine G est liée à la guanosine diphosphate (GDP). La liaison de l’hormone au récepteur situé sur la membrane plasmique modife sa conormation, ce qui active le récepteur d’une cellule cible. Le récepteur activé entraîne l’activation de la protéine G. Cette activation de la protéine G se produit lorsque la GDP est remplacé par la guanosine triphosphate (GTP). Le déroulement de ce processus est décrit en détail dans la FIGURE 17.8. Après son activation, la protéine G activée déclenche généralement l’activation de l’une des deux enzymes de la membrane plasmique, l’adénylcyclase ou la phospholipase C, qui, ellesmêmes, déclenchent des cascades enzymatiques intracellulaires
Hormone hydrosoluble Récepteur de la membrane plasmique
789
qui leur sont propres. L’activation de l’une ou l’autre de ces enzymes est une étape de la transduction du signal qui permet à la cellule cible de répondre à l’hormone. Une cellule peut contenir l’une ou l’autre de ces cascades enzymatiques, voire les deux.
17.5.2.2 L’activité de l’adénylcyclase La protéine G activée se déplace le long de la membrane plasmique, où elle se lie à l’enzyme adénylcyclase FIGURE 17.9A . À partir de la dégradation de l’adénosine triphosphate (ATP), l’adénylcyclase accroît la ormation du second messager, l’adénosine monophosphate cyclique (AMPc). L’AMPc active alors une protéine kinase, soit la protéine kinase A, qui assure la phosphorylation d’autres molécules (enzymes ou canaux ioniques) (voir la section 3.3.7). La phosphorylation (ajout de phosphate) entraîne l’activation ou l’inhibition de certaines molécules. L’AMPc est rapidement transormé en adénosine monophosphate (AMP) par la phosphodiestérase, ce qui met fn à son action comme second messager. Parmi les hormones soumises à l’activation de l’adénylcyclase fgurent le glucagon, l’adrénaline, l’ADH, la TSH et la FSH.
17.5.2.3 L’activité de la phospholipase C La protéine G activée peut également se lier à une protéine diérente de la membrane plasmique, la phospholipase C (voir la fgure 17.9B). L’activation de la phospholipase C entraîne la division du phosphatidylinositol diphosphate (PIP2), une molécule phospholipide de la membrane plasmique. La division du PIP2 déclenche la ormation de deux molécules seconds messagers : le diacylglycérol (DAG) et le triphosphate d’inositol (IP3).
L’action du diacylglycérol Le DAG est un second messager qui reste dans la membrane plasmique. Son action s’apparente à celle de l’AMPc en ce sens qu’il active une protéine kinase (dans ce cas, la protéine kinase C). Cette enzyme assure à son tour la phosphorylation d’autres molécules (enzymes ou canaux ioniques).
1 L’hormone (premier messager) se lie au récepteur et provoque un changement de conformation afin d’activer le récepteur.
GDP : guanosine diphosphate GTP : guanosine triphosphate
Hormone
Liquide interstitiel
Récepteur
Liquide intracellulaire Protéine G inactive GDP
2 La protéine G se lie au récepteur activé. GTP
3 La GDP est repoussée et la GTP se lie à la protéine G, GDP qui est alors activée.
FIGURE 17.8 Activation des protéines G
Protéine G activée
Protéine G
❯ Les protéines G sont activées en réponse à la liaison des hormones hydrosolubles à un récepteur de la membrane plasmique.
GTP 4 La protéine G activée (avec GTP) est libérée du récepteur et se déplace à l’intérieur de la membrane plasmique, entraînant la formation ou la mise en disponibilité du second messager (voir la figure 17.9).
790 Partie III La communication et la régulation
Adénylcyclase
Liquide interstitiel
1 2
Liquide intracellulaire
AMPc
ATP
GTP Protéine G activée
3 Enzymes de la protéine kinase A activée
A. Protéine G activée déclenchant l’activation de l’adénylcyclase Canal ionique
Phospholipase C
Liquide interstitiel
1 DAG
DAG
3a
2
Protéine kinase C activée
GTP Protéine G activée
Calmoduline
3b
Ca2+
Réticulum endoplasmique B. Protéine G activée déclenchant l’activation de la phospholipase C
1 La protéine G activée se lie et déclenche l’activation de l’enzyme phospholipase C dans la membrane plasmique.
3a Le DAG active la protéine kinase C (enzyme de phosphorylation).
3c Ca2+
IP3
3 L’AMPc devient second messager en activant la protéine kinase A (une enzyme de phosphorylation qui ajoute du phosphate à d’autres molécules, activant ou inhibant ces dernières).
2 La phospholipase C divise le phosphatidylinositol diphosphate (PIP2) en deux seconds messagers : le diacylglycérol (DAG) et le triphosphate d’inositol (IP3).
PIP2
Liquide intracellulaire
1 La protéine G activée se lie à l’enzyme adénylcyclase dans la membrane plasmique et entraîne son activation. 2 L’adénylcyclase convertit les molécules d’ATP en molécules d’AMPc.
3c Enzymes de la protéine kinase C activée
3b L’IP3 augmente les ions Ca2+ dans le liquide intracellulaire (en stimulant la libération de Ca2+ par le réticulum endoplasmique et leur arrivée par la membrane plasmique en provenance du liquide interstitiel). 3c Le Ca2+ devient troisième messager et active les enzymes de la protéine kinase C (directement ou en se liant d’abord à la calmoduline). Le Ca2+ peut également modifier l’activité des canaux ioniques dans la membrane plasmique.
FIGURE 17.9 Action des protéines G
❯ Après son activation, la protéine G devient une molécule intracellulaire qui se déplace le long de la membrane plas mique et qui peut stimuler d’autres molécules. Les deux plus courantes sont A. l’adénylcyclase, qui orme le second messager AMPc, et B. la phospholipase C, qui entraîne la ormation des seconds
L’action du triphosphate d’inositol L’IP3 est un second messager qui diuse de la membrane plasmique vers le liquide intracellulaire. Il accroît la concentration en Ca 2+ intracellulaire soit par son interaction avec le réticulum endoplasmique, entraînant la libération du Ca 2+ emmagasiné dans ce dernier, soit avec les canaux à Ca 2+ de la membrane plasmique (non illustrés dans la gure), permettant l’entrée du Ca 2+ en provenance du liquide interstitiel. L’augmentation du Ca 2+ intracellulaire agit comme un troisième messager dans le liquide intracellulaire an : 1) d’activer directement les enzymes de la protéine kinase C ou en se liant d’abord à une protéine intracellulaire, la calmoduline ; ou 2) de modier la perméabilité de la membrane plasmique en se liant à des canaux ioniques spéciques dans la membrane plasmique et en changeant le fux
messagers DAG et IP3. Les mécanismes d’action associés aux protéines G fnissent tous par activer les protéines kinases (A ou C), provoquant ainsi l’activation ou l’inhibition d’autres enzymes par la phosphorylation, ou fnissent par modifer la perméabilité cellulaire, ou encore par produire ces deux résultats.
de ces ions spéciques vers la cellule ou hors de celle-ci. Parmi les hormones soumises à l’activation de la phospholipase C se trouvent l’ocytocine, l’hormone antidiurétique et l’adrénaline.
17.5.2.4 L’action des hormones hydrosolubles La liaison des hormones à leurs récepteurs spéciques et la production subséquente de seconds (et de troisièmes) messagers déclenchent l’activité de la protéine kinase ou la modication de la perméabilité des cellules aux ions, ou encore ces deux eets. Au nal, l’action peut entraîner l’activation ou l’inhibition de cascades enzymatiques, la stimulation de la croissance par la reproduction cellulaire (mitose), la stimulation des sécrétions cellulaires, des changements à la perméabilité de la membrane
Chapitre 17 Le système endocrinien
et la contraction ou la relaxation musculaires. La réponse de chaque type de cellule dépend : 1) de l’hormone qui est liée au récepteur cellulaire ; 2) des types de seconds (et de troisièmes) messagers (AMPc, DAG, IP3 et Ca 2+) pouvant être produits par ce type de cellule ; et 3) des diérentes enzymes qui subissent une phosphorylation pendant une cascade enzymatique. Par exemple : • Le glucagon est libéré par les cellules pancréatiques en réponse à une baisse de la concentration en glucose sanguin (glycémie). Le glucagon se combine aux récepteurs situés dans les membranes plasmiques des cellules du oie afn d’augmenter la synthèse de l’AMPc et d’activer la protéine kinase A. La protéine kinase A assure la phosphorylation des cascades enzymatiques spécifques qui déclenchent la libération de glucose par les cellules du oie (p. ex., la glycogénolyse ; voir la section 2.8.3). Le glucose pénètre dans le sang, acilitant le retour de la concentration en glucose dans les valeurs homéostatiques normales. • La neurohypophyse libère de l’ocytocine pendant l’accouchement (voir la section 29.6) (Belghiti, Kayem, Dupont et al., 2011). L’ocytocine se lie aux récepteurs des membranes cellulaires des muscles lisses de l’utérus. La phospholipase C est activée et provoque la production d’IP3, augmentant ainsi la concentration en Ca2+ intracellulaire, ce qui déclenche des contractions utérines plus ortes qui acilitent l’expulsion du bébé.
791
qui dégrade l’AMPc et qui limite la réponse de ces voies de transduction du signal.
Vériiez vos connaissances 12. Quel est le rôle des protéines kinases A et C dans
la voie de transduction du signal déclenchée par les hormones hydrosolubles ?
INTÉGRATION
STRATÉGIES D’APPRENTISSAGE
L’interaction entre une hormone hydrosoluble et une cellule cible peut se comparer à un coursier qui livre une lettre à une riche résidence. Le coursier qui livre le message joue le rôle de l’hormone. Il rappe à la porte de la résidence (récepteur). Un maître d’hôtel (protéine G) vient ouvrir et prend la lettre, mais reuse l’entrée au coursier. La lettre passe d’un domestique à l’autre avant de parvenir à la dame de la maison (cette série d’événements représente la cascade enzymatique intracellulaire). Celleci modie alors les activités de la maison en onction du message contenu dans la lettre.
17.5.2.5 La cascade enzymatique intracellulaire
et l’amplifcation de la réponse L’hormone ne se déplace pas elle-même le long de la voie de transduction du signal. Elle se lie à son récepteur pour assurer la transmission d’une inormation précise dans cette voie de transduction du signal qu’est la cascade d’enzymes intracellulaires. Cette cascade inclut des protéines G, l’enzyme transmembranaire (adénylcyclase ou phospholipase C), le second messager et les protéines kinases A et C. Les protéines kinases A et C activées peuvent stimuler ou inhiber les cascades enzymatiques dans la cellule, modifer la perméabilité cellulaire aux ions ou aire les deux. Les voies de transduction du signal ont deux avantages : • Elles amplifent le signal à chaque étape enzymatique afn d’activer un plus grand nombre de molécules qu’à l’étape précédente, ce qui entraîne une plus grande réponse spécifque. Par conséquent, la liaison d’un nombre relativement réduit de molécules d’hormones aux récepteurs de la membrane cellulaire peut entraîner l’activation ou l’inhibition de millions de molécules dans une cellule. • Elles orent davantage de possibilités pour contrôler et ajuster les activités cellulaires. Une insistance a été mise sur les voies d’amplifcation, mais les contrôles des cascades enzymatiques exigent un système de régulation très précis afn d’en assurer l’efcacité. Les cellules possèdent des mécanismes efcaces pour inactiver rapidement les intermédiaires (adénylcyclase, phospholipase C et PIP2), y compris la rupture des molécules agissant comme seconds messagers (AMPc, DAG et IP3), et pour compléter l’activité des enzymes qui ont été activées au cours de l’amplifcation. Un de ces mécanismes de contrôle est l’activité de la phosphodiestérase
17.6 Les cellules cibles :
l’ampleur de la réponse cellulaire
La réponse cellulaire à une hormone n’est pas un événement isolé. Une seule cellule cible afche un nombre variable de récepteurs pour une même hormone et peut lier simultanément des quantités diérentes de la même hormone. Elle peut aussi posséder plusieurs récepteurs pour des hormones diérentes et ainsi répondre à plusieurs types d’hormones en même temps. Par exemple, les hépatocytes sont dotés d’un nombre variable de récepteurs pour l’insuline et le glucagon, et ils réagissent à chacun. Par conséquent, la réponse d’une cellule donnée dépend de l’eet net de ses récepteurs disponibles ainsi que des quantités et des types d’hormones auxquels elle se lie.
17.6.1
Le nombre de récepteurs
1
Décrire les acteurs infuençant le nombre de récepteurs disponibles pour une hormone donnée.
2
Décrire les processus de régulation de la sensibilité hormonale des cellules cibles.
Le nombre de récepteurs disponibles dans une cellule varie, et la direction ainsi que l’ampleur de la réponse sont soumises à une régulation rigoureuse. Ce contrôle est essentiel, puisque le
792 Partie III La communication et la régulation
nombre de molécules réceptrices disponibles à la liaison avec une hormone inuence directement l’ampleur de la réponse cellulaire. Par une régulation positive de la sensibilité hormonale des cellules cibles, les cellules peuvent accroître leur nombre de récepteurs, augmentant ainsi leur sensibilité à une hormone en particulier. À l’inverse, la régulation négative de la sensibilité hormonale des cellules cibles permet aux cellules de réduire leur nombre de récepteurs et de diminuer ainsi leur sensibilité à une hormone. Les cellules modient le nombre de leurs récepteurs disponibles en réponse à des modications de la concentration en hormones dans le sang. Une cellule peut augmenter le nombre de ses récepteurs lorsque la concentration en hormones est inférieure à la normale ou diminuer le nombre de ses récepteurs en réponse à une concentration en hormones plus élevée FIGURE 17.10A. La capacité d’une cellule à modier le nombre de ses récepteurs disponibles contribue à maintenir une réponse cellulaire adéquate et permet d’éviter une stimulation trop faible ou trop élevée de la cellule.
À votre avis 2. À quel type de réponse cellulaire (régulation positive
ou négative) faut-il s’attendre après avoir administré de fortes doses d’un médicament qui se lie à un récepteur d’hormone spécique ? Avec le temps, faudra-t-il augmenter ou réduire la dose du médicament pour obtenir la même réponse cellulaire ? Expliquez votre réponse.
La modication du nombre de récepteurs cellulaires est également causée par le stade de développement d’une cellule, l’activité de celle-ci et les différentes étapes du cycle cellulaire. Lorsqu’une cellule atteint sa maturité, elle peut répondre moins bien à l’hormone de croissance (GH) parce que sa croissance accélérée n’est plus nécessaire. Cette même cellule répond alors aux hormones qui stimulent sa sécrétion de produits cellulaires par une production ajustée de ses récepteurs propres à ces hormones. Cette capacité à répondre à diverses hormones est possible, car la cellule synthétise des récepteurs pour des hormones différentes, et ce, en fonction de sa maturité cellulaire.
Vérifiez vos connaissances 13. De quelle façon une régulation négative de la sensibi-
lité hormonale des cellules cibles peut-elle modier la réponse de la cellule à une hormone donnée ?
17.6.2
La spécicité des récepteurs FIGURE 17.10
3
Comparer les trois types d’interactions avec les hormones.
Différentes hormones peuvent se lier simultanément à une cellule cible. La réponse cellulaire à ces liaisons entraîne une intégration des signaux différents qui se produisent le long de la voie
Réponse cellulaire aux hormones
❯ La réponse cellulaire aux hormones dépend de plusieurs facteurs, notamment A. du nombre de récepteurs cellulaires disponibles pouvant se lier à une hormone spécique et B. des interactions possibles causées par plusieurs types d’hormones se liant aux différents récepteurs d’une cellule.
Chapitre 17 Le système endocrinien 793
de transduction du signal. Lorsque la cellule cible se lie simultanément à des hormones différentes, l’interaction entre les hormones peut être synergique, permissive ou antagoniste (voir la gure 17.10B).
17.7 Le métabolisme
L’interaction synergique se produit lorsqu’une hormone renforce l’activité d’une autre hormone. Synergie est synonyme de coopération. Par exemple, les structures du système génital de la femme fonctionnent beaucoup mieux lorsqu’elles sont inuencées par la présence de l’œstrogène et de la progestérone, plutôt que par une seule de ces hormones.
1
Nommer les trois principaux nutriments présents dans le sang.
2
Décrire les voies enzymatiques modiant les concen trations en nutriments dans le sang.
L’interaction permissive se produit lorsque l’activité d’une hormone dépend de la permission donnée par une autre hormone. Par exemple, la prolactine déclenche la production de lait maternel, mais l’ocytocine assure l’éjection du lait du sein maternel. L’ocytocine ne pourrait déclencher l’éjection du lait en l’absence de l’action antérieure ou simultanée de la prolactine qui déclenche la production du lait. L’interaction antagoniste se produit lorsque les effets d’une hormone s’opposent aux effets d’une autre. Par exemple, le glucagon déclenche des changements cellulaires qui augmentent la concentration en glucose dans le sang, alors que l’insuline déclenche des changements cellulaires qui abaissent la concentration en glucose sanguin. La FIGURE 17.11 présente un schéma illustrant les principaux concepts liés au système endocrinien.
Vérifiez vos connaissances 14. Quels sont les effets de l’action synergique
des hormones ?
INTÉGRATION APPLICATION CLINIQUE
Les analogues d’hormones La spécicité des récepteurs permet à l’industrie pharmaceu tique de produire des analogues d’hormones qui servent de médicaments pour inhiber ou activer des fonctions cellulaires particulières. Par exemple, le médicament active un récepteur et imite l’effet de l’hormone naturelle. Cependant, l’usage à long terme d’un tel médicament ou un traitement par des doses élevées peut entraîner un effet indésirable chez la per sonne, soit la régulation négative de la sensibilité hormonale des cellules cibles. Par conséquent, le recours à un analogue d’hormone doit être suivi d’un sevrage, c’estàdire que les doses sont progressivement réduites sur une période de plu sieurs jours. Le sevrage donne le temps aux cellules de l’orga nisme d’effectuer une régulation positive de la sensibilité hormonale des cellules cibles jusqu’à ce que l’organisme revienne à la normale. C’est le cas, par exemple, des per sonnes qui doivent se sevrer des hormones stéroïdiennes après un traitement antiinammatoire (p. ex., pour traiter l’in ammation associée à l’asthme, à des réactions allergiques ou à l’arthrite rhumatoïde).
des nutriments
Toutes les hormones décrites dans le présent chapitre inuencent le métabolisme des nutriments. Pour mieux comprendre l’action de ces hormones, certains aspects importants du métabolisme doivent être expliqués. Il faut se rappeler que certaines molécules organiques, dont le glucose, les acides gras et certains acides aminés, peuvent être oxydées par les cellules an de fournir l’énergie nécessaire à la formation de molécules d’ATP (voir la section 3.4). Dans le but de faciliter la compréhension, le terme nutriments désigne ici les molécules organiques dérivées de la nourriture et servant à produire l’ATP. Les principaux nutriments circulent dans le sang sous leur forme simple, soit le glucose, les acides gras et les acides aminés. Le glucose et les acides gras sont aussi emmagasinés dans les cellules sous leur forme complexe respective, soit le glycogène et les triglycérides (gras). Les protéines ne sont pas stockées, mais elles remplissent des fonctions importantes en lien avec les activités et les structures de la cellule. Plusieurs structures de l’organisme assurent en partie la régulation des concentrations en nutriments dans le sang, notamment le foie, le tissu conjonctif adipeux et le tissu musculaire squelettique. Grâce aux voies enzymatiques intracellulaires, les nutriments peuvent être déposés dans ces structures de l’organisme lorsqu’ils se trouvent en trop grande quantité dans le sang et y être extraits lorsque leur concentration sanguine diminue. La FIGURE 17.12 illustre la manière dont les nutriments se déplacent du sang vers les cellules du corps qui peuvent les emmagasiner (foie, tissu conjonctif adipeux, muscle) ainsi que les processus enzymatiques concernés. Trois voies enzymatiques participent principalement au traitement des nutriments dans le foie : la glycogenèse, la glycogénolyse et la néoglucogenèse (voir la gure 17.12A) (Martin, 2011). La glycogenèse (glukus = doux, genesis = naissance, génération) désigne la synthèse du glycogène à partir du glucose sanguin ; cette voie enzymatique est également active dans les cellules musculaires. Cependant, ce sont les processus de la glycogénolyse et de la néoglucogenèse qui permettent l’ajout du glucose au sang. La glycogénolyse (lysis = destruction) désigne la dégradation du glycogène stocké en glucose. Quant à la néoglucogenèse (neos = nouveau), elle désigne la production de glucose à partir de molécules non glucidiques telles que les acides aminés, le glycérol ou le lactate. Les cellules musculaires participent à la glycogénolyse, mais elles ne libèrent pas de glucose dans le sang, se contentant d’utiliser le glucose pour répondre à leurs propres besoins énergétiques.
INTÉGRATION
ILLUSTRATION DES CONCEPTS Vaisseau sanguin
FIGURE 17.11 Système endocrinien : un système de régulation d’importance majeure dans l’organisme ❯ Les hormones produites par les glandes du système endocrinien sont libérées dans le sang et transportées vers des organes cibles. Les hormones liposolubles pénètrent dans leurs cellules cibles, alors que les hormones hydrosolubles se lient à des récepteurs de la membrane plasmique pour provoquer des modifcations à l’intérieur de la cellule. La réac tion d’une cellule dépend à la ois du nombre de récepteurs qu’elle possède et des diérents types de récepteurs disponibles. Les hormones sont éliminées par le oie et les reins.
A. Système endocrinien
La libération d’hormones par les cellules endocrines élève leur taux sanguin.
Les glandes et les cellules endocrines synthétisent des hormones et les libèrent dans le sang en réponse à une stimulation hormonale, humorale ou nerveuse.
Glandes endocrines
B. Hormones et leurs molécules de transport Hormone liée
Hormone
Protéine de transport
Hormones liposolubles
Hormones hydrosolubles
• Hormones stéroïdiennes • Calcitriol • Hormone thyroïdienne (HT)
• Hormones peptidiques • Amines biogènes (sauf les HT)
Organes renfermant des cellules endocrines
Glande pinéale Hypophyse Thyroïde Parathyroïdes
Hypothalamus Peau Thymus Cœur
Face postérieure de la glande thyroïde Surrénales
F. Élimination des hormones Foie Estomac Rein
Le foie dégrade les hormones.
Pancréas Intestin grêle Gonades Ovaire (chez la femme) Testicule (chez l’homme)
Les reins excrètent les hormones.
C. Cellule cible et réponse cellulaire Hormones liposolubles et activation génique Protéine
Acides aminés
Hormone
Complexe hormone-récepteur
Ribosome
Récepteur
Résultat Synthèse de la nouvelle protéine
L’hormone se lie à un récepteur intracellulaire pour former un complexe hormone-récepteur.
Hormone non liée Protéine de transport
Le complexe se lie à un segment d’ADN qui est alors transcrit en ARNm.
Synthèse d’ARNm
ARNm
Hormones hydrosolubles, activation d’enzymes kinases et modifications de la perméabilité aux ions 1 Activation de la protéine G provoquée par la liaison de l’hormone (premier messager)
2 Activation de la protéine effectrice : adénylcyclase ou phospholipase C
4 Activation par l’AMPc, le Ca2+ et le DAG des enzymes de type protéine kinase pour phosphoryler d’autres molécules
Résultats possibles
Protéine G inactive GDP 1
3 Formation d’un second messager (AMPc ou DAG et IP3)
Protéine G activée GTP
• Stimulation ou inhibition d’une voie enzymatique Croissance ou libération de sécrétions cellulaires • Cr Modification de la perméabilité membranaire • Mo Contraction ou relâchement musculaire • Co
Hormone Adénylcyclase
ATP
Hormone
Protéines kinases actives
AMPc 2
4 *Ca2+ 3
Phospholipase C
PIP2
Protéines kinases inactives
IP3
DAG AG Ion o * Le Ca2+ peut aussi se lier aux canaux ioniques de la membrane plasmique pour augmenter la perméabilité cellulaire aux ions.
E. Liaison simultanée de différentes hormones
Canal ionique ouvert
D. Modification du nombre de récepteurs Régulation négative Le nombre de récepteurs des cellules cibles diminue en réaction à une concentration sanguine élevée d’une hormone spécifique.
Lorsque plusieurs hormones se lient à une cellule cible, leur interaction peut produire divers effets.
Synergique
Permissif
Antagoniste
Les hormones agissent ensemble pour produire un effet plus important.
La première hormone permet à la seconde hormone d’exercer son action.
Une hormone entraîne un effet opposé à celui d’une autre hormone. Récepteur
R Régulation positive Le nombre de récepteurs des cellules cibles augmente en réaction à une faible concentration sanguine d’une hormone spécifique.
Récepteur
796 Partie III La communication et la régulation
Foie et tissu musculaire
Glucose
Tissu conjonctif adipeux
Acides aminés
Glycérol Acides gras
Glucose
Toutes les cellules, en particulier celles des muscles
Cellules Glycérol et acides gras
Glucose 1
2
3
Acides aminés
Glucose Muscle
Glycogène Composé non glucidique
1 1
2 Triglycérides
2
2
1 Protéine
Muscle
Glycogène
1 Glycogenèse Formation de glycogène à partir du glucose
1 Lipogenèse Formation de triglycérides à partir de glycérol et d’acides gras
2 Glycogénolyse Dégradation du glycogène en glucose
2 Lipolyse Dégradation de triglycérides en glycérol et en acides gras
3 Néoglucogenèse Formation de glucose à partir d’une source non glucidique (p. ex., un acide gras) A. Métabolisme du glucose
B. Métabolisme des lipides
1 Synthèse des protéines S Synthèse hè d de protéines éi à partir d’acides aminés 2 Dégradation des protéines Dégradation de protéines en acides aminés
C. Métabolisme des protéines
FIGURE 17.12 Mouvements des nutriments entre le sang et les cellules
❯ Le maintien des taux normaux de nutriments dans le sang (p. ex., le glucose, les acides gras et les acides aminés) fait intervenir le méta bolisme A. du glucose, B. des lipides et C. des protéines.
Les cellules des tissus conjonctis adipeux utilisent deux voies enzymatiques : la lipogenèse et la lipolyse (voir la fgure 17.12B). La lipogenèse (lipo = gras) est la synthèse des triglycérides à partir des acides gras et du glycérol en vue de leur stockage. La lipolyse désigne la dégradation des triglycérides en glycérol et en acides gras qui sont ensuite libérés dans le sang. Toutes les cellules, surtout les cellules musculaires, emploient des voies enzymatiques produisant des protéines (voir la fgure 17.12C). La synthèse des protéines (ou anabolisme des protéines) est stimulée par un plus grand apport d’acides aminés dans le sang pour produire des protéines. La dégradation des protéines (ou catabolisme des protéines) correspond à leur transormation qui génère des acides aminés. Cependant, les cellules ne procèdent généralement pas à la dégradation des protéines dans le but de ournir des acides aminés comme combustible, sau dans des conditions très précises (p. ex., en cas de stress intense accompagné d’une libération de cortisol, ou en cas de jeûne prolongé). Cette source de nutriments est normalement réservée aux situations d’urgence.
Vérifiez vos connaissances 15. Nommez le nutriment (p. ex., le glucose, les acides
gras, les acides aminés) qui pénètre dans le sang à la suite des processus suivants : glycogénolyse et néoglucogenèse ; lipolyse ; dégradation de protéines.
17.8 L’hypothalamus
et l’hypophyse
Bien que certaines glandes endocrines onctionnent essentiellement comme des structures indépendantes, comme dans le cas des parathyroïdes, plusieurs sont soumises à l’infuence ou au contrôle de l’hypothalamus. Ce dernier exerce un contrôle direct sur la libération d’hormones par l’hypophyse et un contrôle indirect sur la libération d’hormones par la glande thyroïde, les surrénales, le oie, les testicules et les ovaires. L’hypothalamus contrôle ainsi de nombreux processus physiologiques. Cette section traite de la relation anatomique entre l’hypothalamus et l’hypophyse, des interactions entre l’hypothalamus et la neurohypophyse et des interactions entre l’hypothalamus et l’adénohypophyse, en plus de décrire les principales hormones régulatrices sécrétées par l’hypothalamus. Elle examine également les eets des hormones régulatrices sur trois des six hormones trophiques : l’hormone de croissance, l’hormone thyroïdienne et les glucocorticoïdes. Les autres hormones (FSH, hormone lutéinisante et prolactine) qui participent à la régulation du système génital sont décrites en détail dans les chapitres 28 et 29.
Chapitre 17 Le système endocrinien
La relation anatomique entre l’hypothalamus et l’hypophyse
797
1
Décrire la relation anatomique entre l’hypothalamus et l’hypophyse.
L’hypophyse est reliée à l’hypothalamus par une mince tige en forme d’entonnoir, l’infundibulum (infundibulum = entonnoir). L’hypophyse comprend deux parties distinctes sur le plan de la structure et des fonctions : la neurohypophyse et l’adénohypophyse, parfois désignées respectivement sous le nom de lobe postérieur et de lobe antérieur de l’hypophyse.
2
Nommer les structures spécifques de la neurohypophyse et de l’adénohypophyse.
17.8.1.1 La neurohypophyse
17.8.1
L’hypophyse (hupophusis = croissance en dessous) est située sous l’hypothalamus FIGURE 17.13. Cette petite glande ovale de la taille d’un pois se loge dans la selle turcique de l’os sphénoïde (voir la section 8.2.2).
La neurohypophyse est la partie neurale de l’hypophyse ; elle commence sa croissance vers la troisième semaine du développement embryonnaire à partir d’un bourgeon sur l’hypothalamus. La neurohypophyse se compose d’un lobe rond, la partie
FIGURE 17.13 Relation anatomique entre l’hypothalamus et l’hypophyse
❯ L’hypothalamus est relié A. à la neurohypophyse par le tractus hypothalamohypophysaire et B. à l’adénohypophyse par le système porte hypothalamohypophysaire. C. D. et E. L’adénohypophyse et la neurohypophyse se orment dès la 3e semaine du développement embryonnaire à partir de deux structures distinctes.
Hypothalamus
Bourgeon neurohypophysaire (future neurohypophyse)
Noyau paraventriculaire (production d’ocytocine) Noyau supraoptique (production d’ADH)
Chiasma des nerfs optiques
Poche hypophysaire (future adénohypophyse) Cavité orale
Neurohypophyse Infundibulum
C. 3e semaine : Formation du bourgeon neurohypophysaire et de la poche hypophysaire
Tractus hypothalamohypophysaire Partie nerveuse (stockage et libération d’ocytocine et d’ADH)
Infundibulum Bourgeon neurohypophysaire
A.
Poche hypophysaire Hypothalamus
D. Fin du 2e mois : La poche hypophysaire se détache de la voûte du pharynx.
S Système porte hypothalamohypophysaire Adénohypophyse Partie tubéreuse
Plexus primaire Veine porte hypophysaire
Partie intermédiaire
Adénohypophyse
Neurohypophyse
Partie tubéreuse
Infundibulum
Partie intermédiaire
Partie nerveuse
Partie distale Partie distale Plexus secondaire
B.
E. Période fœtale : L’adénohypophyse et la neurohypophyse sont formées.
798 Partie III La communication et la régulation
poreux associé à l’hypothalamus. Le plexus secondaire (ou plexus capillaire secondaire) est pour sa part associé à l’adénohypophyse. Le sang est drainé du plexus primaire de l’hypothalamus et transporté vers le plexus secondaire de l’adénohypophyse par les veines portes hypophysaires. Ce réseau de vaisseaux sanguins constitue le système porte hypothalamo-hypophysaire et il assure directement l’approvisionnement sanguin entre l’hypothalamus et l’adénohypophyse.
nerveuse, et de l’inundibulum ; elle représente environ le quart de la masse de l’hypophyse. Les axones provenant d’un groupe d’environ 10 000 neurones s’étendent de l’hypothalamus à la partie nerveuse de la neurohypophyse. Les dendrites et les corps cellulaires de ces neurones se trouvent dans l’hypothalamus. Les axones amyélinisés de ces neurones traversent l’inundibulum et orment le tractus hypothalamo-hypophysaire. Les extrémités des axones, y compris les boutons synaptiques, se trouvent dans la neurohypophyse. Deux noyaux hypothalamiques sont associés à la neurohypophyse : le noyau supraoptique et le noyau paraventriculaire.
Le TABLEAU 17.3 compare les caractéristiques de la neurohypophyse et de l’adénohypophyse.
Vérifiez vos connaissances 17.8.1.2 L’adénohypophyse
16. Décrivez le lien anatomique entre l’hypothalamus
et la neurohypophyse.
L’adénohypophyse (adên = glande) constitue environ les trois quarts de l’hypophyse. Sa ormation commence autour de la troisième semaine du développement embryonnaire, avec une invagination de l’ectoderme de la cavité orale en croissance menant à la ormation de la poche hypophysaire (voir la fgure 17.13C à E). L’adénohypophyse se compose de trois parties distinctes (voir la fgure 17.13B). La partie distale est la grande portion ronde de l’adénohypophyse. La partie tubéreuse correspond à la mince couche entourant l’inundibulum. Enfn, la partie intermédiaire désigne une minuscule région entre la partie distale et la neurohypophyse.
17.8.2
3
L’interaction entre l’hypothalamus et l’adénohypophyse passe par deux plexus capillaires reliés par les veines portes (un vaisseau porte désigne tout vaisseau sanguin situé entre deux lits de capillaires ; voir la section 20.1.5). Le plexus primaire (ou plexus capillaire primaire) est un réseau de capillaires très
TABLEAU 17.3
Les interactions entre l’hypothalamus et la neurohypophyse
Nommer les deux hormones libérées par la neuro hypophyse et décrire le contrôle exercé par l’hypothalamus sur ce processus.
La neurohypophyse stocke deux hormones (voir la fgure 17.13A) : l’ocytocine (OT) (ôkutokos = qui procure un accouchement rapide) et l’hormone antidiurétique (ADH). Ces deux hormones
Comparaison entre la neurohypophyse et l’adénohypophyse
Caractéristique
Neurohypophyse
Adénohypophyse
Structure
Le quart de la masse de l’hypophyse ; tissus nerveux
Les trois quarts de la masse de l’hypophyse ; tissus endocriniens
Mécanisme de contrôle
Nerveux
Hormonal
Hormones synthétisées par l’hypothalamus
Synthétisées et transportées à la neurohypophyse : • Ocytocine (OT) • Hormone antidiurétique (ADH)
Synthétisées et libérées dans le système porte hypothalamohypophysaire : • Thyréolibérine (TRH pour thyrotropin-releasing hormone) • Hormone de libération de la prolactine (PRH pour prolactinreleasing hormone) • Gonadolibérine (GnRH pour gonadotropin-releasing hormone) • Corticolibérine (CRH pour corticotropin-releasing hormone) • Hormone de libération de l’hormone de croissance (ou somatocrinine) (GHRH pour growth hormone-releasing hormone) • Hormone inhibitrice de la prolactine (PIH pour prolactin-inhibiting hormone) • Hormone inhibitrice de l’hormone de croissance (ou somatostatine) (GHIH pour growth hormone-inhibiting hormone)
Hormones libérées, ou synthétisées et libérées par l’hypophyse
Libérées seulement : • Ocytocine (OT)
Hormones trophiques synthétisées et libérées : • Thyréotrophine (TSH pour thyroid-stimulating hormone)
• Hormone antidiurétique (ADH)
• • • • •
Prolactine (PRL) Folliculostimuline (FSH pour follicle-stimulating hormone) Hormone lutéinisante (LH pour luteinizing hormone) Corticotrophine (ACTH pour adrenocorticotropic hormone) Hormone de croissance (GH pour growth hormone)
Chapitre 17 Le système endocrinien 799
sont synthétisées dans l’hypothalamus : le noyau paraventriculaire produit surtout de l’ocytocine, alors que le noyau supraoptique forme l’ADH. C’est la raison pour laquelle ces neurones de l’hypothalamus sont appelés cellules neurosécrétrices. À la suite de leur synthèse dans l’hypothalamus, ces hormones sont stockées dans des vésicules sécrétrices et acheminées aux boutons synaptiques de la neurohypophyse par transport axonal (voir la section 12.2.3), c’est-à-dire par la voie des axones amyélinisés. À titre de rappel, la neurohypophyse ne produit pas d’hormones ; elle n’est qu’un lieu de stockage pour ces deux hormones synthétisées dans l’hypothalamus. L’une ou l’autre de ces deux hormones est libérée par la neurohypophyse au moment de la transmission d’un signal nerveux en provenance de l’hypothalamus, le long du tractus hypothalamohypophysaire. De manière précise, les signaux nerveux du noyau paraventriculaire stimulent d’abord la libération d’ocytocine, alors que les signaux du noyau supraoptique déclenchent la libération d’ADH. Ces molécules sont des hormones, et non des neurotransmetteurs, car elles pénètrent dans le sang une fois libérées, même si elles sont libérées par les boutons synaptiques des neurones (voir les sections 24.6.4, 25.4.2 et 29.6).
Vérifiez vos connaissances 17. De quelle façon l’ADH est-elle libérée par la neuro-
hypophyse lorsque l’hypothalamus détecte une augmentation de l’osmolarité (concentration) dans le sang ?
17.8.3
Les interactions entre l’hypothalamus et l’adénohypophyse
4
Décrire le contrôle exercé par l’hypothalamus sur la libération d’hormones par l’adénohypophyse.
5
Nommer les hormones qui sont libérées par l’hypothalamus et qui contrôlent l’adénohypophyse.
6
Nommer et décrire brièvement le rôle des six hormones trophiques produites par l’adénohypophyse.
La stimulation hormonale déclenche la libération d’hormones par l’adénohypophyse. Ceci peut se produire lorsque des hormones produites dans l’hypothalamus sont libérées dans le plexus primaire et transportées, par la veine porte hypophysaire, vers le plexus secondaire dans l’adénohypophyse. L’adénohypophyse libère ensuite ses hormones dans la circulation sanguine, qui les mène jusqu’à leurs cellules cibles.
17.8.3.1 Les hormones de l’hypothalamus Les hormones libérées par l’hypothalamus sont les hormones régulatrices, car ces molécules sont sécrétées dans le sang pour assurer la régulation de la sécrétion des hormones de l’adénohypophyse FIGURE 17.14. Les hormones régulatrices peuvent appartenir à deux catégories différentes : les hormones
de libération et les hormones inhibitrices. Les hormones de libération stimulent la production et la sécrétion d’hormones spéciques de l’adénohypophyse, alors que les hormones inhibitrices empêchent la production et la sécrétion d’hormones spéciques de l’adénohypophyse. Le TABLEAU 17.4 dresse la liste des hormones qui sont libérées par l’hypothalamus et qui contrôlent la libération d’hormones par l’adénohypophyse. L’arrivée de ces hormones hypothalamiques commande à des cellules de l’adénohypophyse de libérer leurs molécules d’hormones.
17.8.3.2 Les hormones de l’adénohypophyse L’adénohypophyse sécrète six hormones importantes dont cinq sont des hormones trophiques : la thyréotrophine, la folliculostimuline, l’hormone lutéinisante, la corticotrophine et l’hormone de croissance (ou somatotrophine). La prolactine n’est pas une hormone trophique, car elle ne déclenche pas la sécrétion d’hormones par d’autres cellules endocrines. Chacune de ces hormones occupe une fonction principale différente. • La thyréotrophine (TSH) contrôle la libération de l’hormone thyroïdienne par la glande thyroïde (voir la description dans la section 17.8.5.2). • La prolactine (PRL) sert principalement à contrôler la croissance des glandes mammaires et la production de lait chez les femmes (voir les descriptions dans les sections 28.3.6 et 29.8.3). • La folliculostimuline (FSH) et l’hormone lutéinisante (LH) sont des gonadotrophines. Ces hormones assurent la régulation de la synthèse des hormones dans les gonades mâles et femelles, et contrôlent la production et la maturation des gamètes (voir les descriptions dans les sections 28.3.2 et 28.4.2). • La corticotrophine (ACTH) stimule la production et la sécrétion de glucocorticoïdes (p. ex., le cortisol) par le cortex surrénal (voir la description dans la section 17.8.6.3). • L’hormone de croissance (GH) (ou somatotrophine) stimule la croissance et la division de la plupart des cellules du corps, particulièrement les cellules musculaires et squelettiques. Elle stimule la libération du facteur de croissance insulinomimétique de type 1 et de type 2 (IGF-1 et IGF-2 pour insulin-like growth factor 1 or 2) par le foie. Ces facteurs de croissance stimulent la croissance, la différenciation et la survie des cellules, et portent le nom de somatomédines ; les fonctions de ces hormones et celles de la GH se recoupent (voir la section 17.8.4).
17.8.3.3 La mélanostimuline L’adénohypophyse libère également la mélanostimuline (MSH) (ou hormone mélanotrope). La MSH stimule le taux de synthèse de la mélanine pour les mélanocytes du tégument (cheveux et poils) et la distribution des mélanocytes dans la peau. Des résultats de recherche chez l’animal montrent le rôle de protection contre les ultraviolets (UVB) de la MSH. Les UVB qui atteignent les yeux et la peau entraînent une élévation de la sécrétion de MSH par l’adénohypophyse qui stimule les
800 Partie III La communication et la régulation
Hypothalamus
Hormones de libération : TRH, PRH, Gn-RH, CRH, GHRH Hormones d’inhibition : PIH, GHIH
Hormones hypothalamiques de régulation Stimulines de l’adénohypophyse
Infundibulum Adénohypophyse
Neurohypophyse
Muscle TSH
La thyréotrophine (TSH) stimule la libération de l’hormone thyroïdienne par la glande thyroïde.
L’hormone de croissance (GH) agit sur tous les tissus de l’organisme, en particulier sur le cartilage, les os, les muscles et le tissu adipeux, pour stimuler la croissance.
GH
Thyroïde Glande mammaire
Os
PRL
Tissu adipeux Cortex surrénal
La prolactine (PRL) stimule la production de lait par les glandes mammaires.
ACTH
La corticotrophine (ACTH) provoque la libération de corticostéroïdes (p. ex., le cortisol) par le cortex surrénal.
FSH et LH
Glande surrénale La folliculostimuline (FSH) et l’hormone lutéinisante (LH) agissent sur les gonades (testicules et ovaires) pour stimuler le développement des gamètes (spermatozoïdes et ovocytes). Testicule
Ovaire
FIGURE 17.14 Stimulines de l’adénohypophyse
❯ L’hypothalamus libère sept hormones de régulation (de libération ou d’inhibition) ; quant à elle, l’adénohypophyse libère cinq stimulines et une hormone.
TABLEAU 17.4 Hormones hypothalamiques stimulant l’adénohypophyse Hormone
Effets sur l’adénohypophyse
Effets indirects sur d’autres organes
Thyréolibérine (TRH)
Augmente la sécrétion de la thyréotrophine (TSH).
La TSH stimule la libération de l’hormone thyroïdienne (HT) par la glande thyroïde.
Hormone de libération de la prolactine (PRH)
Augmente la sécrétion de prolactine (PRL).
La PRL contrôle la production de lait maternel chez les femmes ; elle peut contribuer à la production d’androgène chez les hommes.
Gonadolibérine (GnRH)
Augmente la sécrétion de la folliculostimuline (FSH) et de l’hormone lutéinisante (LH).
La FSH et la LH contrôlent la production et la maturation des gamètes (spermatozoïdes et ovules) ainsi que la synthèse des hormones par les gonades.
Corticolibérine (CRH)
Augmente la sécrétion de corticotrophine (ACTH).
L’ACTH stimule la production et la sécrétion des corticostéroïdes (p. ex., le cortisol) par le cortex surrénal.
Hormone de libération de l’hormone de croissance (ou somatocrinine) (GHRH)
Augmente la sécrétion de l’hormone de croissance (GH).
La GH stimule directement ou indirectement (par la libération du facteur de croissance insulinomimétique [IGF]) la croissance cellulaire, surtout dans le cartilage, les os, le tissu musculaire et le tissu conjonctif adipeux.
Chapitre 17 Le système endocrinien
mélanocytes à produire davantage de mélanine, pigment cutané qui protège contre les UVB (Cantón, Eves, Szabo et al., 2003 ; Hiramoto, Yanagihara, Sato et al. 2003 ; Schiller, Brzoska, Böhm et al., 2004).
Vérifiez vos connaissances 18. Quelles sont les six principales hormones libérées
par l’adénohypophyse ? De quelle açon la libération de chacune de ces hormones estelle régulée par l’hypothalamus ?
INTÉGRATION APPLICATION CLINIQUE
L’hypophysectomie DÉSÉQUILIBRE HOMÉOSTATIQUE
L’ablation chirurgicale de l’hypophyse porte le nom d’hypophysectomie. Auparavant, cette intervention était pratiquée pour traiter les cancers du sein et de la prostate à un stade avancé, deux types de tumeurs malignes dont la croissance est dépendante d’une stimulation hormonale. L’ablation de l’hypophyse bloquait eectivement la source hormonale de ces tumeurs, mais elle entraînait également la perte de toutes les autres hormones hypophysaires. Il existe maintenant des médicaments capables de bloquer la stimulation hormonale dans ces cancers. L’hypophysectomie est aujourd’hui pratiquée en cas de tumeurs de l’hypophyse. La plupart des tumeurs hypophy saires entraînent des modifcations de la vision chez la per sonne, car le chiasma optique enveloppe littéralement l’adénohypophyse. La voie d’entrée privilégiée pour l’hypophy sectomie est la cavité nasale et le sinus sphénoïdal, directe ment vers la selle turcique. Cette approche, qui exige des instruments très fns, permet de retirer entièrement l’hypo physe avec un minimum de traumatisme.
17.8.4 7
L’hormone de croissance
Décrire le système homéostatique lié à l’hormone de croissance.
L’hormone de croissance (GH) assume de nombreuses onctions, dont la stimulation de la croissance linéaire des os, l’hypertrophie des muscles et plusieurs autres changements physiologiques. La libération de l’hormone de croissance par l’adénohypophyse est contrôlée par la sécrétion de l’hormone de libération de l’hormone de croissance (GHRH) (ou somatocrinine) FIGURE 17.15. C’est l’hypothalamus qui produit et libère la GHRH en onction de divers acteurs, notamment l’âge d’une personne, le moment de la journée, la concentration en nutriments dans le sang, le stress et
801
l’exercice physique FIGURE 17.16. La GHRH pénètre dans le système porte hypothalamo-hypophysaire et se dirige vers l’adénohypophyse (voir la fgure 17.15). Elle se lie aux récepteurs de cellules spécifques de l’adénohypophyse, les cellules somatotropes, et stimule la libération de GH dans la circulation sanguine grâce à laquelle elle sera acheminée dans tout l’organisme. Les hépatocytes constituent l’une des principales cibles de GH ; ils libèrent les somatomédines (IGF-1 et IGF-2) dans le sang. Il s’agit d’un peptide qui pénètre dans la circulation sanguine à la suite d’une stimulation par la GH. Les onctions de la GH et des IGF se chevauchent, mais les IGF assurent la plus grande part de la réponse des cellules cibles. La diérence entre les demi-vies de ces deux hormones explique ce phénomène : la GH, une hormone peptidique, possède une demi-vie de 6 à 20 minutes, alors que la demi-vie des IGF, également une hormone peptidique, est d’environ 20 heures en raison du ait que ces hormones sont transportées dans le sang par les protéines de transport qui empêchent la destruction des IGF. Toutes les cellules du corps possèdent des récepteurs pour la GH, les IGF ou ces deux hormones. La liaison des hormones active les seconds messagers dans les cellules cibles, modifant les cascades enzymatiques pour qu’elles accroissent la synthèse des protéines, la mitose, la diérenciation cellulaire ou une combinaison de ces processus. Les tissus osseux et musculaires sont particulièrement aectés par ces hormones. Les fbres musculaires connaissent une augmentation de l’apport en acides aminés et une baisse d’utilisation du glucose. La GH stimule également l’augmentation de la glycogénolyse et de la néoglucogenèse par les hépatocytes tout en inhibant le circuit de glycogenèse, causant ainsi une augmentation de la concentration en glucose sanguin (Mader, 2009). Ce phénomène porte le nom d’eet diabétogène en raison des similitudes avec l’augmentation du glucose sanguin chez les personnes atteintes de diabète. Les cellules des tissus conjonctis adipeux sont stimulées par la GH et les IGF afn d’augmenter la lipolyse et d’abaisser la lipogenèse, causant ainsi une augmentation du glycérol et des acides gras dans le sang. La croissance exige une certaine quantité d’énergie. Par conséquent, le glucose supplémentaire libéré par le oie et les acides gras libérés par les tissus conjonctis adipeux ournissent les molécules de nutriments nécessaires à la respiration cellulaire pour la production d’ATP (voir la section 3.4). Le tableau A.3 de l’annexe (p. 1398) présente les autres eets produits par la libération des hormones de croissance. La régulation de la libération de GHRH par l’hypothalamus et de GH par l’adénohypophyse est assurée par rétroaction négative. L’augmentation des concentrations en GH ou en IGF stimule la libération de la somatostatine, l’hormone inhibitrice de l’hormone de croissance (GHIH), par l’hypothalamus. La somatostatine inhibe la libération de GH par l’adénohypophyse. De plus, la GH inhibe sa propre libération.
802 Partie III La communication et la régulation
Hormone de croissance Stimulus
Stimulation Inhibition
1 Variables influençant la libération de l’hormone de libération de l’hormone de croissance (GHRH) par l’hypothalamus : • Âge • Moment de la journée • Concentration en nutriments dans le sang • Stress et exercice Hypothalamus 1 2 Récepteur 8 Les taux élevés de GH et de somatomédines inhibent la libération de GHRH par l’hypothalamus ; le taux élevé de GH inhibe également la libération de GH par l’adénohypophyse.
GH
3 GHRH
IGF
GH
GH
7 Augmentation des synthèses protéiques, de la mitose et de la différenciation cellulaire, en particulier dans le cartilage, les os et les muscles ; libération dans le sang des nutriments emmagasinés.
Acides aminés
3 L’hypothalamus relâche la GHRH dans le système porte hypothalamo-hypophysaire.
4 En réponse à la GHRH, l’adénohypophyse libère l’hormone de croissance (GH).
4 GH Effet global
2 L’hypothalamus réagit à divers stimulus.
Centre de régulation
5 La GH stimule la libération dans le sang de somatomédines (IGF-1 et IGF-2) par les hépatocytes.
Foie Hépatocytes
6 La GH et les somatomédines stimulent les cellules cibles (effecteurs). 5 IGF
Glucose GH
Glycérol Acides gras
IGF
6 Effecteurs Les effecteurs réagissent à l’hormone de croissance ou aux somatomédines de la manière suivante : Os
Muscle
Toutes les cellules
• Croissance accrue – Absorption plus importante d’acides aminés menant à la synthèse de protéines – Stimulation de la mitose • Différenciation cellulaire
Tissu hépatique
Tissu adipeux
• Accroissement de la glycogénolyse et de la néoglucogenèse • Réduction de la glycogenèse
• Augmentation de la lipolyse • Diminution de la lipogenèse
FIGURE 17.15 Action et régulation de l’hormone de croissance
❯
L’hypothalamus réagit à certaines stimulations en relâchant l’hormone de libération de l’hormone de croissance (GHRH) ; celleci stimule la libération de l’hormone de croissance (GH) par l’adénohypophyse. La GH active la libération par le oie de somatomédines. Ensemble,
la GH et les somatomédines stimulent la croissance et modient la disponibilité des molécules de nutriments dans le sang an de soutenir cette croissance. (Le sens des fèches entre le sang et les eecteurs indique le mouvement net des nutriments.)
Chapitre 17 Le système endocrinien
GH (microgrammes par millilitre [g/ml])
La libération de GH varie selon l’âge.
Le taux de GH varie avec l’âge. Les enfants et les adolescents ont les taux les plus élevés ; les jeunes adolescents en ont presque deux fois plus (700 microgrammes [µg] par jour) que les adultes (400 µg par jour).
2 000 1 500 1 000 500
0
10
20
30 40 50 Âge (en années)
60
70
80
A. La libération de GH fluctue selon le moment de la journée (rythme circadien).
GH (g/ml)
25
Des variations journalières dans la libération de GH sont observées à tout âge. Il convient de noter que dans un cycle de sommeil normal, les taux maximums de GH correspondent aux premiers stades du cycle normal de sommeil, de sorte que la croissance s’effectue surtout durant le sommeil. Ces pics nocturnes sont en fait responsables de la plus grande partie de la libération quotidienne de GH.
Sommeil
20 15 10 5 0
8
Heure du jour
16
24
B.
La libé ération de GH varie se libération selon les taux sanguins en nutriments.
Augmentation des acides aminés
La libération de GH est régulée par la concentration en molécules nutritives dans le sang. Le taux de GH augmente en réponse à une élévation du taux d’acides aminés et à une baisse du taux de glucose ou d’acides gras.
Dim Diminution du glucose g ou des acides gras
C. Le stress influence la libération de GH. Les stress émotionnels, physiques ou chimiques, notamment les interventions chirurgicales, les traumatismes, l’exercice et les traitements par électrochocs, accroissent la libération de GH (bien qu’un choc émotif important puisse avoir l’effet inverse chez les enfants).
D.
FIGURE 17.16 Facteurs infuençant le taux d’hormone de croissance
❯ La libération de l’hormone de croissance est infuencée par A. l’âge de la personne, B. le moment de la journée, C. la concentration sanguine en nutriments et D. le stress.
803
804 Partie III La communication et la régulation
INTÉGRATION APPLICATION CLINIQUE
Les troubles de sécrétion de l’hormone de croissance DÉSÉQUILIBRE HOMÉOSTATIQUE
Le nanisme hypophysaire est une aection congénitale qui résulte d’une production insusante d’hormone de croissance (GH) attribuable à un problème hypothalamique ou hypophy saire. Le retard de croissance n’est généralement pas apparent avant l’âge de 1 an, car l’infuence de la GH est minime durant les 6 à 12 premiers mois de la vie. En plus de la petitesse de la taille, les enants atteints de nanisme hypophysaire connaissent des épisodes périodiques d’hypoglycémie (aible taux de glucose sanguin). Des injections de GH pendant plusieurs années peuvent apporter une amélioration, mais elles ne rétablissent pas l’état normal. Un excès de GH entraîne une croissance exagérée et pro voque de l’hyperglycémie. La production excessive de GH durant l’enance cause le gigantisme hypophysaire. En plus d’une taille hors du commun (parois supérieure à 2,4 m), ces personnes ont des organes internes énormes, leur langue est hypertrophiée et elles ont d’importants problèmes de régulation de la glycémie. Laissé sans traitement, un géant hypophysaire meurt relativement jeune, souvent d’insusance cardiaque ou de complications liées au diabète. La production excessive de GH chez un adulte entraîne l’acromégalie. La taille de la personne n’augmente pas, mais les os de sa ace, de ses mains et de ses pieds grossissent et s’élargissent (croissance par apposition), de même que ses cartilages. L’augmentation de taille de la mandibule ait saillir la mâchoire inérieure (prognathisme). La taille des organes internes, en parti culier le oie, augmente, et la libération accrue de glucose entraîne l’apparition du diabète chez presque toutes les personnes atteintes d’acromégalie. Cette aection peut être attribuable à l’absence de régulation par rétroaction de la GH dans l’hypotha lamus ou dans l’hypophyse, ou encore à une tumeur de l’hypo physe sécrétant de la GH. L’ablation de l’hypophyse réduit les eets de l’acromégalie, mais ce traitement entraîne la perte de toutes les hormones hypophysaires.
À votre avis
16 ans
33 ans
52 ans
Acromégalie
17.8.5
3. Vous entendez parler d’un adolescent qui a minci
pendant la puberté. Quel processus cellulaire stimulé par la GH assure directement la perte de tissus adipeux : la glycogénolyse, la lipolyse ou la synthèse des protéines ?
9 ans
La glande thyroïde et l’hormone thyroïdienne
8
Décrire l’emplacement et l’anatomie de la glande thyroïde.
9
Expliquer la production, le stockage et la sécrétion de l’hormone thyroïdienne.
10 Décrire le contrôle de l’hormone thyroïdienne exercé
Vérifiez vos connaissances
par l’hypothalamus et l’hypophyse.
19. De quelle manière les GHRH, GH et IGF assurent
elles ensemble la régulation de la croissance ? 20. Quels sont les principaux organes et tissus
ciblés par la GH et les IGF ? Décrivezen les eets sur chacun.
La glande thyroïde (thureoeidês = en forme de bouclier) est la plus grande structure corporelle destinée exclusivement à l’activité endocrinienne FIGURE 17.17. Les deux formes d’hormones thyroïdiennes, soit la triiodothyronine (T3) et la tétraiodothyronine (T4), sont produites par la glande thyroïde. Elles ajustent et
Chapitre 17 Le système endocrinien
805
Cartilage thyroïdien
Artère thyroïdienne supérieure Veine thyroïdienne supérieure Cartilage cricoïde
Lobe gauche de la glande thyroïde Isthme de la glande thyroïde
Artère thyroïdienne inférieure
Lobe droit de la glande thyroïde
Trachée
Veines thyroïdiennes inférieures A.
Cellule folliculaire Capillaire
Cellule parafolliculaire Follicule thyroïdien
Lumière du follicule (contient du colloïde)
MO 400 x
Capsule de tissu conjonctif
B.
FIGURE 17.17 Glande thyroïde
❯ A. La photographie des organes et le dessin correspondant illustrent la position de la glande thyroïde, sur la face anté rieure du cartilage thyroïdien, et son riche approvisionnement sanguin. B. Anatomie microscopique des follicules thyroïdiens illustrant
régulent la vitesse du métabolisme basal de nombreuses cellules de l’organisme ainsi que la température corporelle. La libération de l’hormone thyroïdienne est contrôlée par l’hypothalamus, et ce, par l’intermédiaire de l’adénohypophyse.
17.8.5.1 L’anatomie de la glande thyroïde La glande thyroïde est située sous le cartilage thyroïdien du larynx, devant la trachée, et son poids chez l’adulte se situe entre 25 et 30 grammes (g). La glande thyroïde est recouverte d’une capsule de tissu conjoncti. Les lobes latéraux de la glande thyroïde lui conèrent une orme de papillon ; ces lobes sont reliés par un isthme étroit au centre de sa ace antérieure. Les deux lobes de la glande thyroïde sont richement vascularisés, d’où la coloration rougeâtre de la glande.
l’épithélium simple cubique des cellules folliculaires, le colloïde dans la lumière folliculaire et la relation entre les cellules parafolliculaires (qui produisent la calcitonine) et un follicule.
La glande thyroïde est irriguée par les artères thyroïdiennes supérieure et inérieure. Les veines thyroïdiennes retournent le sang veineux de la thyroïde et transportent l’hormone thyroïdienne (et la calcitonine ; voir la section 7.6) de la glande thyroïde à la circulation sanguine. Sur le plan histologique, la glande thyroïde est composée de nombreuses structures sphériques microscopiques, les follicules thyroïdiens (voir la fgure 17.17B). Les parois de chaque follicule se composent de cellules épithéliales simples cuboïdes, les cellules folliculaires, qui entourent la lumière centrale. La lumière renerme un liquide visqueux et riche en protéines, le colloïde. Les ollicules sont donc des sphères microscopiques remplies de colloïde. Afn de produire et de libérer par la suite l’hormone thyroïdienne (HT), les cellules olliculaires procèdent d’abord à la
806 Partie III La communication et la régulation
synthèse d’une protéine appelée thyroglobuline (TGB), puis à sa sécrétion par exocytose dans le liquide colloïde. Les molécules d’iode doivent se combiner à la thyroglobuline du colloïde an de produire des précurseurs hormonaux. Ces précurseurs sont des molécules de TGB contenant dans leur structure une hormone thyroïdienne immature ; ils sont stockés dans le colloïde jusqu’à ce que la sécrétion de l’hormone thyroïdienne devienne nécessaire. Lorsque la glande thyroïde est stimulée pour sécréter l’hormone thyroïdienne, une partie du colloïde contenant des précurseurs d’hormone thyroïdienne est intégrée à une cellule olliculaire par endocytose. Le colloïde est transporté vers un lysosome dans lequel une enzyme libère les molécules d’hormone thyroïdienne immature, en préparation de leur sécrétion
par les cellules olliculaires. La FIGURE 17.18 illustre en détail la synthèse et la libération de l’hormone thyroïdienne.
À votre avis 4. Les boîtes de sel de table comportent souvent la men
tion suivante : sel iodé. À quoi sert l’iode ajouté au sel ?
17.8.5.2 L’action de l’hormone thyroïdienne La thyroïde libère l’hormone thyroïdienne sous l’infuence de l’action conjointe de l’hypothalamus et de l’adénohypophyse. Cette relation physiologique, désignée sous le nom d’axe hypothalamohypophysaire-thyroïdien, est décrite ci-après FIGURE 17.19.
Sang Cellule folliculaire Colloïde
Follicule thyroïdien
1 Apport d’ion iodure (I−) : L’ion I− est dirigé dans les cellules folliculaires par transport actif. I–
Sang
–
I
I–
T3 T4
–
I
2a Formation de l’iode (I2) : Deux ions I− se joignent
pour former une molécule de I2.
2b Synthèse de la thyroglobuline : La protéine
I–
1
Cellule folliculaire
de thyroglobuline, contenant des acides aminés de tyrosine, est synthétisée dans les cellules folliculaires.
7
I–
2a
I–
3 Transport vers le colloïde : Les molécules de I2 et la thyroglobuline sont transportées vers le colloïde.
Tyrosine 2b
I2
Thyroglobuline Thy T hyyroglob ob buli ulin lline Ly Ly Lysosome
6
5 Formation de pré-triiodothyronine (pré-T3) et de pré-tétraiodothyronine (pré-T4) : Dans les molécules de thyroglobuline, une DIT et une MIT se joignent pour former la pré-T3 ; ou deux DIT s’unissent pour former la pré-T4.
3 Colloïde Ty Ty Tyr
Tyr
Tyr
Tyr
4 I2
I2
MIT
5
I2
DIT
I2
I2
DIT
Tyr
Tyr
MIT DIT
DIT DIT
Tyr
Tyr
Pré-T3
Pré-T4
MIT : monoiodotyrosine DIT : diiodotyrosine
4 Formation de monoiodotyrosine (MIT) et de diiodotyrosine (DIT) : Une molécule de I2 se lie à la tyrosine de la thyroglobuline pour former la MIT ; deux I2 se joignent à la tyrosine pour former la DIT.
I2
I2
DIT
T3 : triiodothyronine T4 : tétraiodothyronine
6 Endocytose dans la cellule folliculaire : Le brin de protéine modifiée contenant la pré-T3 et la pré-T4 est soumis à l’endocytose dans la cellule folliculaire et transporté vers un lysosome. 7 Libération de T3 et de T4 : La T 3 et la T4 sont extraites de la molécule et libérées dans le sang.
FIGURE 17.18 Hormone thyroïdienne : synthèse, stockage et libération ❯ L’iode est lié aux acides aminés de tyrosine de la thyroglobuline, dans le colloïde des follicules thyroïdiens. Des structures préT3 et préT4 sont ensuite formées. La préT3 et la préT4 contenues dans la thyroglobuline sont ensuite transportées vers les cellules folliculaires. Dans les lysosomes des cellules folliculaires, l’hormone thyroïdienne est séparée de la thyroglobuline et libérée dans le sang.
Chapitre 17 Le système endocrinien
Hormone thyroïdienne : T 3 – T4 Stimulus
Stimulation Inhibition
1 Un ou plusieurs facteurs agissant sur l’hypothalamus : • Baisse de l’hormone thyroïdienne • Autres stimulus : le froid, la grossesse, la haute altitude et l’hypoglycémie
Hypothalamus 1 2 Récepteur 8 Le taux élevé de l’hormone thyroïdienne inhibe la libération de TRH et de TSH.
3 TRH
HT
Centre de régulation 3 L’hypothalamus relâche la thyréolibérine (TRH) dans le système porte hypothalamohypophysaire.
2 L’hypothalamus réagit à divers stimulus.
HT Effet global
TSH
7 Taux métabolique plus élevé soutenu par la libération accrue des molécules de combustible emmagasinées ainsi que par l’apport accru d’oxygène
Glande thyroïde
5 La TSH stimule la libération de l’hormone thyroïdienne (HT) de la glande thyroïde dans le sang. 6 L’hormone thyroïdienne agit alors sur les cellules cibles (effecteurs).
Température plus élevée Acides aminés
4 En réponse à la TRH, l’adénohypophyse libère la thyréotrophine (TSH).
4
5 HT HT (T3 – T4) liées à une protéine de transport ansport (p. ex., la globuline e liée à la thyroxine ou l’albumine lbumine sérique)
Glucose
Glycérol Acides gras
6 Effecteurs Les effecteurs réagissent à l’élévation du taux de l’hormone thyroïdienne de la manière suivante : Toutes les cellules, en particulier les neurones
Tissu hépatique
Tissu adipeux
• Taux métabolique plus élevé
• Augmentation de la glycogénolyse et de la néoglucogenèse
• Augmentation de la lipolyse
• Absorption accrue de glucose
• Réduction de la glycogenèse
• Réduction de la lipogenèse
Poumons
• Accélération de la fréquence respiratoire
Cœur
• Accélération de la fréquence cardiaque • Augmentation de la force de contraction
Ces réactions aident à satisfaire la demande accrue en oxygène pour la respiration cellulaire aérobie.
FIGURE 17.19 Action et régulation de l’hormone thyroïdienne
❯
L’hypothalamus réagit à certaines stimulations en relâchant de la TRH ; celleci stimule la libération de TSH par l’adénohypophyse. La TSH stimule à son tour la libération de la HT par la glande thyroïde. Celleci
accélère le métabolisme et modie la disponibilité des molécules nutritives du sang pour entretenir ce métabolisme plus rapide. (Le sens des fèches entre le sang et les eecteurs indique le mouvement net des nutriments.)
807
808 Partie III La communication et la régulation
L’hypothalamus libère la TRH qui pénètre dans le système porte hypothalamo-hypophysaire en réponse à une baisse de la concentration en hormone thyroïdienne dans le sang. D’autres stimulus, notamment les températures roides, la grossesse, l’altitude, l’hypoglycémie et, chez les enants, une baisse de la température corporelle, peuvent augmenter la libération de TRH. La TRH se lie ensuite aux récepteurs cellulaires de l’adénohypophyse (les cellules thyréotropes) et stimule la libération de TSH dans le sang par l’adénohypophyse. La TSH se lie aux récepteurs des cellules olliculaires de la glande thyroïde et stimule la libération de la HT. Les deux ormes de HT, soit la triiodothyronine (T3) et la tétraiodothyronine (T4) (ou thyroxine), sont libérées dans la circulation sanguine. La T3 et la T4 sont transportées dans le sang par des molécules de transport (p. ex., l’albumine sérique et la globuline liée à la thyroxine). Elles se détachent aléatoirement de leur molécule de transport et peuvent quitter le sang. Grâce au système de transport, l’hormone thyroïdienne est acheminée vers ses cellules cibles où elle se lie aux récepteurs intracellulaires. La T3 est la orme la plus active de l’hormone thyroïdienne. Cependant, la plupart des cellules possèdent une enzyme qui retire une molécule d’iode an de convertir la T4 en T3. Ce processus accroît la réponse cellulaire à l’hormone thyroïdienne, puisque la quantité de T4 produite (≈ 80 %) est beaucoup plus élevée que la quantité de T 3 (≈ 20 %) (Sapin & Schlienger, 2003). Animation Le mécanisme d’action de l’hormone thyroïdienne
L’hormone thyroïdienne est liposoluble et avorise la synthèse des protéines dans toutes les cellules, surtout les neurones. Elle stimule particulièrement la synthèse des pompes à sodiumpotassium (Na+-K+) dans les tissus nerveux, et l’action de ces pompes génère de la chaleur. Cette augmentation de la température s’appelle l’effet calorigène (calor = chaleur, genos = naissance, origine). L’apport accru d’acides aminés aux cellules constitue les éléments structuraux essentiels à la synthèse des protéines. L’hormone thyroïdienne augmente également l’apport
en glucose à toutes les cellules. Parallèlement à cette augmentation, le nombre d’enzymes de la respiration cellulaire s’accumule dans les mitochondries. L’hormone thyroïdienne stimule d’autres cellules cibles pour qu’elles puissent répondre aux besoins supplémentaires d’ATP en raison de l’augmentation du métabolisme du corps. Les hépatocytes sont stimulés ain d’accroître la glycogénolyse et la néoglucogenèse, alors que la glycogenèse est inhibée, avorisant une libération supplémentaire de glucose dans le sang. Les tissus conjonctis adipeux répondent à l’hormone thyroïdienne par la stimulation de la lipolyse et l’inhibition de la lipogenèse. Conséquemment, le glycérol et les acides gras sont libérés dans le sang, en remplacement des autres molécules d’énergie. Ce processus, l’effet économiseur de glucose, permet de conserver le glucose pour les onctions cérébrales. En réponse à l’hormone thyroïdienne, le rythme respiratoire augmente an de répondre au surplus de la demande en oxygène. De plus, la réquence cardiaque et la orce de contraction du muscle cardiaque augmentent le fux sanguin vers les tissus, transportant de plus grandes quantités de nutriments et d’oxygène. Ce phénomène est causé par l’augmentation des récepteurs cellulaires pour l’adrénaline et la noradrénaline dans les cellules du cœur, maintenant la réponse du cœur à ces hormones (voir la section 19.9.2). Le tableau A.4 de l’annexe (p. 1399) dresse une liste des autres réponses à la libération de l’hormone thyroïdienne. La libération de la TRH par l’hypothalamus et de la TSH par l’adénohypophyse est régulée par rétroaction négative. Une augmentation de l’hormone thyroïdienne inhibe la libération de la TRH par l’hypothalamus et la libération de la TSH par l’adénohypophyse. L’augmentation de l’hormone thyroïdienne entraîne également la libération de la somatostatine, la GHIH, qui inhibe la libération de la TSH par l’adénohypophyse (non illustrée dans la gure 17.19).
À votre avis 5. Selon vous, quels sont les signes ou les symptômes
INTÉGRATION LIENS ENTRE LES CONCEPTS Le second principe de la thermodynamique, qui veut que toute conversion de l’énergie s’accompagne de production de chaleur (voir la section 3.1.3), aide à comprendre la relation qui existe entre l’augmentation de la concentration en hormone thyroïdienne et une élévation de la température corporelle. L’hormone thyroïdienne stimule la synthèse de pompes à Na+K+ pour déplacer le sodium et le potassium à travers la membrane plasmique. De l’énergie chimique, sous forme d’ATP, est alors transformée en énergie mécanique pour faire fonctionner ces pompes. Avec plus de pompes à Na+K+, plus d’énergie chimique est convertie en énergie mécanique, de sorte que la température corporelle s’élève.
qu’une personne souffrant d’hyperthyroïdisme présen terait dans chacune des paires suivantes : température basse ou élevée ; hausse ou baisse des pulsations cardiaques ; hausse ou baisse du rythme respi ratoire ; prise de poids ou perte de poids.
Vérifiez vos connaissances 21. Quelles sont les relations entre la TRH, la TSH
et la HT dans la régulation du métabolisme ? 22. Quels sont les principaux organes et tissus cibles
de l’hormone thyroïdienne ? Décrivezen les effets sur chacun.
Chapitre 17 Le système endocrinien
809
INTÉGRATION APPLICATION CLINIQUE
Les troubles de l’activité thyroïdienne DÉSÉQUILIBRE HOMÉOSTATIQUE
L’hormone thyroïdienne joue un rôle essentiel dans la régulation du métabolisme de nombreuses cellules de l’organisme. La libération de l’hormone thyroïdienne est strictement contrôlée chez une per sonne en santé et si sa concentration devait varier, même légère ment, la personne deviendrait hyperactive et intolérante à la chaleur, ou encore léthargique et en surcharge pondérale. Les troubles de l’activité thyroïdienne ont partie des problèmes méta boliques les plus réquemment rencontrés par les cliniciens. En eet, en 2005, selon ce qui est rapporté par les proessionnels de la santé, 6,7 % de la population du Québec âgée de 12 ans et plus était touchée par un problème de la thyroïde, et ce pourcentage est à la hausse depuis 2000 (Institut de la statistique du Québec, 2009). L’hyperthyroïdie résulte de la production excessive de l’hor mone thyroïdienne ; elle se caractérise par l’accélération du métabolisme, la perte de poids, l’hyperactivité et l’intolérance à la chaleur. Bien que l’hyperthyroïdie puisse avoir de nombreuses causes, les plus réquentes sont : 1) l’ingestion de T4 (les cliniques de contrôle du poids recourent parois aux hormones thyroï diennes pour accroître l’activité métabolique) ou de certains médicaments antiarythmiques ; 2) la stimulation excessive de la thyroïde par l’hypophyse ; et 3) la perte par la thyroïde ellemême de sa capacité de contrôle par rétroaction. Cette dernière condi tion, qui porte le nom de maladie de Basedow-Graves, entraîne tous les symptômes de l’hyperthyroïdie en plus d’un changement particulier des yeux appelé exophtalmie (yeux globuleux et saillants). Le traitement de l’hyperthyroïdie consiste à pratiquer l’ablation de la glande thyroïde, soit par une intervention chirurgicale, soit grâce à des injections intraveineuses d’iode radioacti (131I). Dans ce dernier cas, la thyroïde est littéralement cuite à mesure qu’elle séquestre l’iode 131, mais les autres organes ne sont pas endommagés, car ils n’emmagasinent pas l’iode comme le ait la
Exophtalmie dans la maladie de BasedowGraves
17.8.6
Les glandes surrénales et le cortisol
11 Décrire la structure et l’emplacement des glandes surrénales. 12 Nommer les trois zones du cortex surrénal et les hormones
produites dans chaque zone. 13 Décrire la manière dont l’hypothalamus contrôle la libération
de glucocorticoïdes (cortisol) et les eets du cortisol.
thyroïde. Les personnes dont la glande thyroïde a été excisée ou détruite doivent absorber par la suite des suppléments hormo naux quotidiens. L’hypothyroïdie résulte de la production réduite de l’hormone thyroïdienne. Elle se caractérise par un aible taux métabolique, la léthargie, la sensation d’avoir roid, la prise de poids (chez certaines personnes) et la photophobie (crainte de la lumière). L’hypothyroïdie peut être causée par la réduction de l’apport d’iode, l’absence de stimulation hypophysaire de la thyroïde, l’ablation chirurgicale de la thyroïde, des traitements à l’iode radioacti, la prise de certains médicaments antipsychotiques ou encore la destruction de la thy roïde par le système immunitaire de la personne ellemême (thyroï dite de Hashimoto). La prise orale d’hormone thyroïdienne constitue le traitement de ce type d’hypothyroïdie. Un goitre est une hypertrophie de la glande thyroïde. Divers acteurs peuvent générer un goitre : une carence en iode, une consommation de produits alimentaires réduisant la captation de l’iode par la glande thyroïde (p. ex., le manioc), la prise de certains médicaments (p. ex., le lithium) et des acteurs génétiques. Dans le cas d’une carence en iode, bien que l’hypophyse libère alors plus de TSH pour stimuler la thyroïde, le manque d’iode alimentaire empêche cette dernière de produire l’hormone thyroïdienne en quantité sufsante. À long terme, la stimulation excessive par la TSH provoque l’augmentation de volume des ollicules thyroï diens et de la thyroïde elle même. Le goitre endémique était un trouble de l’activité thyroïdienne assez courant aux ÉtatsUnis avant que les abri cants de produits alimentaires commencent à ajouter de l’iode au sel de table. Il est encore présent dans les parties du monde où l’iode alimentaire est insufsant. Malheureusement, les goitres ne régressent pas acilement une ois que de l’iode est réintroduit dans l’ali mentation, et il est souvent nécessaire de procéder à l’abla tion chirurgicale de la glande thyroïde. Goitre
Les glandes surrénales (sur = au-dessus, renalis = rein) sont deux glandes endocrines jumelles en forme de pyramides situées sur la face supérieure de chaque rein FIGURE 17.20. Chacune d’elles comporte deux parties distinctes : le cortex surrénal (ou corticosurrénal) et la médulla surrénale ; ces deux parties sécrètent des hormones différentes décrites ci-dessous.
17.8.6.1 L’anatomie des glandes surrénales Les glandes surrénales sont rétropéritonéales, c’est-à-dire qu’elles sont postérieures au péritoine pariétal. Elles sont entourées de
810 Partie III La communication et la régulation
Artère phrénique inférieure droite
Artère phrénique inférieure gauche
Artères surrénales supérieures droites Artère surrénale moyenne droite Tronc cœliaque Glande surrénale droite
Artères surrénales supérieures gauches Artère surrénale moyenne gauche Glande surrénale gauche Artères surrénales inférieures gauches Veine surrénale gauche
Artère surrénale inférieure droite Veine surrénale droite Artère rénale droite Veine rénale droite
Artère rénale gauche Veine rénale gauche
Rein droit
Artère mésentérique supérieure
Veine cave inférieure
Rein gauche Aorte abdominale A.
Glande surrénale droite Diaphragme
Veine rénale gauche Veine rénale droite
Veine cave inférieure
Rein droit
Aorte abdominale
B. Capsule
Capsule Zone glomérulée
Capsule Cortex surrénal Médulla surrénale
Zone fasciculée
Cortex surrénal
C.
Médulla surrénale
Médulla surrénale D.
FIGURE 17.20 Glandes surrénales
❯ Les surrénales sont les glandes sécrétant les hormones liées au stress, à la régulation des concentrations sanguines en Na+, en eau et en K+ ainsi qu’à la régulation des hormones sexuelles. Chacune se compose de deux parties : le cortex surrénal, qui produit des hormones corticostéroïdes (p. ex., le cortisol), et la médulla surrénale, qui produit l’adrénaline et la noradrénaline. A. Une vue antérieure et
B. une photo d’organes illustrent les relations entre les reins et les glandes surrénales. C. La vue en coupe d’une surrénale illustre ses deux parties : le cortex surrénal et la médulla surrénale. D. Un schéma et une micrographie illustrent les trois zones du cortex surrénal et les liens de ce dernier avec la capsule externe et la médulla surrénale.
MO 35 x
Zone réticulée
Chapitre 17 Le système endocrinien
gras et de fascia qui empêchent leur mouvement. Ces glandes endocrines sont irriguées par de nombreuses artères surrénales issues des artères abdominales. Le drainage veineux est réalisé par les veines surrénales. La partie interne de chaque glande est la médulla surrénale, alors que le cortex surrénal constitue la partie externe (voir la fgure 17.20C). D’un brun rougeâtre en raison de sa riche vascularisation, la médulla surrénale libère les catécholamines (adrénaline et noradrénaline) en réponse à la stimulation du système nerveux sympathique (voir la section 15.4). Les lipides emmagasinés dans les cellules du cortex surrénal lui confèrent une couleur jaune distincte. Ses cellules assurent la
811
synthèse de plus de 25 corticostéroïdes différents, notamment le cortisol et l’aldostérone. Le cortex surrénal est divisé en trois régions distinctes : la zone glomérulée (externe), la zone fasciculée (intermédiaire) et la zone réticulée (interne) (voir la fgure 17.20D). Les diverses catégories d’hormones stéroïdiennes sont synthétisées et sécrétées dans des zones distinctes.
17.8.6.2 Les hormones du cortex surrénal La zone glomérulée (glomus = peloton, boule) est la couche extérieure mince composée d’amas cellulaires sphériques et denses. Ces cellules synthétisent les minéralocorticoïdes, un groupe d’hormones contribuant à la régulation de la
INTÉGRATION APPLICATION CLINIQUE
Les troubles de sécrétion des hormones du cortex surrénal DÉSÉQUILIBRE HOMÉOSTATIQUE
Le syndrome de Cushing, la maladie d’Addison et l’hyperplasie congénitale des surrénales sont trois déséquilibres homéosta tiques engendrés par un onctionnement anormal du cortex surrénal. Le syndrome de Cushing résulte de l’exposition chronique des tissus de l’organisme à des taux excessis d’hormones glucocorticoïdes. Cet ensemble de symptômes s’observe le plus réquemment chez des personnes qui doivent absorber des corticostéroïdes pour traiter des maladies autoimmunes, telle l’arthrite rhumatoïde, bien que certains cas soient attri buables à la surproduction de glucocorticoïdes par les glan des surrénales de la personne ellemême. Les corticostéroïdes sont des médicaments immunosuppresseurs puissants, mais ils entraînent des eets secondaires sérieux tels que l’ostéo porose, la aiblesse musculaire, la redistribution des graisses corporelles et la rétention de sel (ce qui provoque un œdème généralisé des tissus). Le syndrome de Cushing se caractérise par une obésité qui est particulièrement marquée dans les régions du visage (aciès lunaire) et du dos (bosse de bison). L’hypertension, la croissance pileuse excessive, les calculs rénaux et les irrégularités menstruelles sont d’autres symp tômes de cette maladie. La maladie d’Addison est une orme d’insufsance surréna lienne qui entraîne un défcit chronique de glucocorticoïdes et, parois, de minéralocorticoïdes. L’insufsance du cortex surrénal peut être attribuable à l’arrêt de sécrétion d’ACTH par l’adénohy pophyse ou à une maladie des glandes surrénales ellesmêmes qui les rend insensibles à l’ACTH. La maladie d’Addison est un trouble rare qui touche de 110 à 144 personnes sur 1 000 000 dans les pays développés (Betterle & Morlin, 2011) ; elle atteint autant les hommes que les emmes. La personne atteinte perd du poids, soure d’une atigue généralisée, de aiblesse et d’hypo tension, et sa peau prend une teinte bronzée. Le traitement consiste en l’administration de corticostéroïdes par voie orale pendant le reste de la vie de la personne.
La bosse de bison et le aciès lunaire sont des symptômes résultant de la sécrétion excessive de glucocorticoïdes dans la maladie de Cushing.
L’hyperplasie congénitale des surrénales se manieste d’abord chez l’embryon et le œtus. Ce syndrome se caractérise par l’incapacité de synthétiser des corticostéroïdes. L’adéno hypophyse, percevant le défcit de corticostéroïdes, libère alors des quantités massives d’ACTH dans une tentative inructueuse pour ramener leur concentration sanguine à un niveau normal. La grande quantité d’ACTH provoque l’hyperplasie (augmentation de la taille) du cortex surrénal et entraîne la libération d’hormones intermé diaires qui ont un eet semblable à celui de la testostérone. Il en résulte une virilisation (masculinisation) du nouveauné. Chez la flle, cette virilisation se manieste par l’hypertrophie du clitoris, qui atteint parois la taille d’un pénis. Cet eet peut être si marqué qu’il arrive que le médecin s’interroge sur le sexe de l’enant ou qu’il se trompe en croyant que c’est un garçon. Un garçon virilisé peut avoir le pénis hypertrophié et présenter des signes de puberté précoce, dès l’âge de six ou sept ans. La plupart des nouveaunés touchés ont également un problème de perte de sel attribuable à l’incapacité de leur organisme à synthétiser des minéralocorticoïdes. Le traite ment consiste en l’administration orale de corticostéroïdes afn d’élever leur niveau dans l’organisme et d’inhiber la libération de quantités excessives d’ACTH par l’hypophyse.
812 Partie III La communication et la régulation
composition et de la concentration en électrolytes (ions) présents dans les liquides corporels. Le minéralocorticoïde principal est l’aldostérone ; il assure la régulation du rapport de Na+ et de K+ dans le sang ainsi que celui des liquides corporels en ajustant les quantités excrétées par les reins dans l’urine. L’aldostérone stimule la rétention de Na+ et d’eau ainsi que la sécrétion de K+. Un déséquilibre important de ce rapport peut causer la mort (voir l’explication détaillée de ce processus dans la section 25.4.3). La zone fasciculée (asciculus = petit paquet) est la couche moyenne et la plus grande région du cortex surrénal. Elle se compose de cordons parallèles ormés de cellules riches en lipides et présentant une apparence de bulles pâles. Les principaux glucocorticoïdes synthétisés dans cette région sont le cortisol et la corticostérone. La régulation et le rôle du cortisol sont décrits dans la section 17.8.6.3. La région interne du cortex surrénal, la zone réticulée (reticulum = petit let), est une bande étroite de petites cellules ramiées. Ces cellules peuvent sécréter des quantités minimes d’hormones sexuelles, les gonadocorticoïdes. Les principaux gonadocorticoïdes sécrétés sont les androgènes, des hormones sexuelles masculines. Chez la emme, les hormones androgènes sont converties en œstrogène. La quantité d’androgène sécrétée par le cortex surrénal est très peu élevée en comparaison de la quantité sécrétée par les gonades. Cependant, une tumeur des glandes surrénales chez la emme peut entraîner une hausse de la testostérone et un degré plus ou moins important de virilisme (masculinisation).
17.8.6.3 L’action du cortisol Le cortisol (ou hydrocortisone) et la corticostérone sont les principaux glucocorticoïdes libérés par le cortex surrénal. Les glucocorticoïdes accroissent les concentrations en nutriments dans le sang (glucose, acides gras et acides aminés) essentiellement pour avoriser la résistance au stress et la réparation des tissus endommagés. D’autres changements physiologiques sont stimulés par les glucocorticoïdes et deviennent plus évidents en présence de doses importantes. La libération de cortisol par le cortex surrénal se produit par la régulation hypothalamique grâce à la corticolibérine (CRH) et la libération subséquente, par l’adénohypophyse, de la corticotrophine (ACTH) (ou hormone adrénocorticotrope ou hormone corticotrope). Cette relation physiologique porte le nom d’axe hypothalamo-hypophysaire-surrénalien FIGURE 17.21. Une baisse de la concentration en cortisol dans le sang stimule la libération de CRH par l’hypothalamus. Le moment de la journée ainsi que le niveau de stress infuencent également la libération de CRH et, par conséquent, de cortisol FIGURE 17.22 . La CRH traverse le système porte hypothalamo-hypophysaire jusqu’à l’adénohypophyse où elle se lie aux récepteurs des cellules corticotropes de l’adénohypophyse et stimule la libération de l’ACTH dans le fux sanguin (voir la fgure 17.21). L’ACTH se lie ensuite aux récepteurs du cortex surrénal situés dans la zone asciculée et stimule la libération de cortisol et de corticostérone. Le cortisol assure 95 % de l’activité glucocorticoïde. Il est transporté dans le sang par des protéines de
transport, à savoir la globuline qui lie les corticostéroïdes et qui est parois désignée sous le nom de transcortine (ou sérumalbumine). Le cortisol circule dans le sang et brise aléatoirement ses liens avec les protéines de transport avant de quitter le sang. Le cortisol traverse acilement la membrane plasmique et se lie aux récepteurs intracellulaires pour ormer un complexe hormone-récepteur. Ce complexe se lie à l’ADN et stimule les changements cellulaires par l’activation de certains gènes (p. ex., les gènes des molécules infammatoires interleukine-1 et interleukine-2). Les changements cellulaires varient selon les tissus touchés par la stimulation. Par exemple, les hépatocytes sont stimulés par le cortisol en vue d’accroître la glycogenèse et la néoglucogenèse, ce qui génère une élévation du glucose sanguin (Martin, 2011). Une partie du cortisol est alors convertie en cortisone dans le oie, ce qui a pour eet d’inactiver le cortisol an de le dégrader ultérieurement. Les cellules des tissus conjonctis adipeux sont stimulées par le cortisol en vue d’accroître la lipolyse et de réduire la lipogenèse, provoquant la libération de glycérol et d’acides gras dans le sang. Ce processus ournit d’autres nutriments destinés à la néoglucogenèse. En réponse au cortisol, la plupart des cellules accroissent la dégradation des protéines, notamment les cellules musculaires, lymphatiques, osseuses et dermiques. Les hépatocytes constituent cependant une exception. Dans les cellules du oie, les acides aminés supplémentaires libérés dans le sang ournissent d’autres molécules de nutriments pour la néoglucogenèse (Martin, 2011). De plus, le cortisol stimule la plupart des cellules an qu’elles réduisent leur apport en glucose. Ceci correspond à l’eet économiseur de glucose, qui permet de conserver le glucose sanguin pour les onctions cérébrales. La corticostérone sert au traitement de l’infammation chronique. Les eets secondaires, surtout à ortes doses, incluent la rétention de Na+ et d’eau, l’inhibition de la libération des agents infammatoires (eet anti-infammatoire) ainsi que l’immunosuppression et l’inhibition des onctions réparatrices des tissus conjonctis. Il aut noter que l’immunosuppression accroît les risques d’inection et de cancer. La libération de la CRH par l’hypothalamus et de l’ACTH par l’adénohypophyse est régulée par rétroaction négative. L’augmentation de la concentration en cortisol inhibe la libération de la CRH par l’hypothalamus et de l’ACTH par l’adénohypophyse. Le tableau A.5 de l’annexe (p. 1399) résume l’inormation relative au cortisol.
Vérifiez vos connaissances 23. Quelles sont les relations entre la CRH, l’ACTH
et le cortisol ? 24. Quels sont les principaux organes et tissus cibles
du cortisol ? Décrivezen les effets sur chacun.
Chapitre 17 Le système endocrinien 813
FIGURE 17.21 Action et régulation du cortisol
❯ L’hypothalamus réagit à diverses stimulations en relâchant la CRH, qui stimule la libération d’ACTH par l’adénohypophyse. L’ACTH stimule la libération de cortisol par la glande
surrénale. Cette dernière hormone augmente la disponibilité des molécules de nutriments pour soutenir la réaction au stress. (Le sens des èches entre le sang et les effecteurs indique le mouvement net des nutriments.)
814 Partie III La communication et la régulation
Pourcentage d’écart par rapport à la moyenne
La libération de cortisol fluctue selon le moment de la journée (rythme circadien). 24 heures
150 Sommeil 100 50 0 –50 –100 0
8 Heures
16
Les taux de cortisol varient au cours de la journée. Dans un cycle de sommeil normal, les taux maximums de cortisol correspondent aux derniers stades du cycle de sommeil. Environ la moitié de la libération totale de cortisol se produit ainsi durant le sommeil, et son taux atteint un maximum juste avant le réveil, au matin. Ce rythme de libération est régulé par les cycles de clarté et d’obscurité détectés par la rétine qui relaie les signaux nerveux à l’hypothalamus. (Le taux normal de cortisol varie considérablement selon les 24 personnes.)
A. Le stress accroît le taux de cortisol. Les stress émotionnels (p. ex., l’anxiété, la colère, la peur) et physiques (p. ex., la fièvre, un traumatisme ou l’exercice intense) augmentent la libération de cortisol. B.
FIGURE 17.22 Variables infuençant le taux sanguin de cortisol ❯ Le taux sanguin de cortisol A. fuctue au cours de la journée et B. s’élève avec le stress ; c’est pourquoi il est appelé hormone du stress.
17.9 Les hormones
pancréatiques
Les hormones pancréatiques, soit l’insuline et le glucagon, assurent la régulation des concentrations en nutriments dans le sang. Ces hormones, libérées par le pancréas, assurent la régulation de la concentration en glucose sanguin. Cette section décrit brièvement l’anatomie du pancréas avant de présenter les hormones pancréatiques.
17.9.1
L’anatomie du pancréas
1
Décrire l’anatomie macroscopique et la structure cellulaire du pancréas.
2
Nommer les principaux îlots pancréatiques dans le pancréas ainsi que les hormones qu’ils produisent.
Le pancréas (pan = tout, kreas = chair) est un organe nodulaire de orme allongée situé entre le duodénum de l’intestin grêle et la rate, directement derrière l’estomac FIGURE 17.23A. Comme le pancréas remplit des onctions exocrines et endocrines, il est considéré comme une glande mixte. Le pancréas se compose
principalement de groupes de cellules pancréatiques acineuses (acinus = raisins). Les cellules acineuses participent aux activités exocrines (sécrétion de produits dans des conduits spécifques) et produisent une sécrétion pancréatique alcaline (suc) libérée par les canaux pancréatiques dans l’intestin grêle. Le suc pancréatique avorise la digestion (voir la section 26.3.3). Les cellules acineuses regroupent de petits amas de cellules endocrines, les îlots pancréatiques (ou îlots de Langerhans ; voir la fgure 17.23B). Le nombre d’îlots dans le pancréas varie de 1,5 à 2 millions ; pourtant, ces amas de cellules endocrines ne orment qu’environ 1 % du volume total du pancréas. Un îlot pancréatique comporte deux principaux types de cellules : les cellules alpha, qui sécrètent le glucagon, et les cellules bêta, qui sécrètent l’insuline (insula = île). Les îlots pancréatiques comportent d’autres cellules secondaires : les cellules delta, qui sécrètent la somatostatine, et les cellules F (ou cellules PP), qui sécrètent le polypeptide pancréatique. Ces cellules et leurs hormones ne sont pas décrites dans le présent ouvrage.
Vérifiez vos connaissances 25. Pourquoi le pancréas estil à la ois une glande
exocrine et une glande endocrine ?
Chapitre 17 Le système endocrinien
17.9. 2
INTÉGRATION LIENS ENTRE LES CONCEPTS Le pancréas agit à la fois comme une glande endocrine et une glande exocrine. Les glandes endocrines libèrent leurs sécrétions (hormones) dans le sang. Le pancréas libère l’in suline et le glucagon dans le sang. Par opposition, les glandes exocrines libèrent leurs sécrétions dans des conduits. Le pancréas sécrète le suc pancréatique dans des conduits qui se déversent dans l’intestin grêle, plus précisément dans le duodénum (voir la section 26.3).
Aorte abdominale
Corps du pancréas
815
Les effets des hormones pancréatiques
3
Décrire le rôle de l’insuline dans la baisse de la concen tration en glucose sanguin.
4
Décrire le rôle du glucagon dans l’augmentation de la concentration en glucose sanguin.
La principale fonction endocrine du pancréas consiste à maintenir la concentration en glucose sanguin dans les limites normales, soit de 3,5 à 6 millimoles par litre (mmol/L) lorsqu’un individu est à jeun.
Rate
Veine cave inférieure
Diaphragme
Rate
Conduit biliaire Veine cave inférieure
Conduits pancréatiques
Queue du pancréas
Foie (sectionné) Corps du pancréas
Vésicule biliaire
Papilles duodénales
Tête du pancréas
Duodénum (intestin grêle)
Tête du pancréas
Duodénum
Aorte abdominale
Rein Queue du gauche pancréas
A. Capillaire sanguin Îlot pancréatique Cellule alpha
Îlot pancréatique
Cellule bêta Cellule delta
Acinus pancréatique
MO 150 x
Cellule F
B.
FIGURE 17.23 Pancréas
❯ Le pancréas exécute à la fois des activités exocrines et endocrines. A. L’illustration et la photographie montrent la relation entre le pancréas, le duodénum et la rate. B. Le schéma et la micro
photographie illustrent l’histologie d’un îlot pancréatique. Le schéma montre les différents types de cellules insulaires.
816 Partie III La communication et la régulation
INTÉGRATION APPLICATION CLINIQUE
Le stress DÉSÉQUILIBRE HOMÉOSTATIQUE
Les facteurs de stress peuvent se classer dans la catégorie du stress émotionnel (p. ex., l’anxiété, la colère, la peur ou l’excita tion) ou du stress physique (p. ex., une fèvre, un traumatisme, une hémorragie, une chirurgie ou la malnutrition). Ces acteurs déclenchent le stress (ou syndrome général d’adaptation), comme défni par Hans Selye, un pionnier de la recherche en endocrinologie sur le stress. Selon lui, le stress est une réponse non spécifque du corps à toute demande qui lui est aite. La réponse de l’organisme au stress est déclenchée par l’hypothala mus et ait intervenir le système nerveux et le système endocri nien. En 1936, Hans Selye décrivait les trois stades de la réponse au stress : la réaction d’alarme, la phase de résistance et la phase d’épuisement.
• augmentation de la transpiration ; • réduction de la digestion et de la production d’urine.
La phase de résistance La phase de résistance commence quelques heures plus tard, au moment où les réserves de glycogène du oie sont épuisées. Cette phase est surtout contrôlée par le système endocrinien. Les principaux changements sont causés par la libération de gluco corticoïdes (p. ex., le cortisol). Cette étape sert à ournir le glu cose nécessaire à l’accroissement des besoins énergétiques.
La réaction d’alarme est la réaction initiale au stress ; elle est régulée par la division sympathique du système nerveux auto nome. L’hypothalamus active la division sympathique, qui sti mule à son tour la libération d’adrénaline et de noradrénaline par la médulla surrénale. Les changements suivants se maniestent dans l’organisme (voir le tableau 15.5, p. 684) :
Le glucose est particulièrement important pour les tissus nerveux, puisqu’il constitue le combustible essentiel utilisé par ces tissus. Afn de répondre à cette hausse de la demande énergé tique, il se produit une intensifcation de la néoglucogenèse dans le oie, et le glucose est libéré dans le sang. Une hausse de la concen tration en acides gras dans le sang est déclenchée par l’augmen tation de la lipolyse dans les cellules des tissus conjonctis adipeux. La concentration en acides aminés subit également une hausse en raison de l’augmentation de la dégradation des protéines (et de la baisse de la synthèse des protéines) dans la plupart des cellules. Les acides gras et les acides aminés ournissent au oie d’autres nutriments destinés à la néoglucogenèse. Enfn, l’apport de glu cose est inhibé dans la plupart des cellules. Il en résulte une aug mentation de la concentration en glucose sanguin.
• dilatation des pupilles ;
La phase d’épuisement
La réaction d’alarme
• dilatation des bronchioles ; • augmentation du rythme respiratoire ; • augmentation de la pression artérielle causée par l’augmenta tion de la réquence cardiaque et de la orce de contraction ; • vasoconstriction des vaisseaux sanguins ; • rétention de sodium et d’eau, entraînant une augmentation du volume sanguin ; • excrétion d’ions potassium et hydrogène ; • augmentation de la concentration en glucose et en lipides dans le sang ;
La présence chronique de concentrations élevées en glucose sanguin peut endommager les vaisseaux sanguins et les reins en plus de nécessiter le transport de l’excès de glucose dans d’autres cellules du corps qui peuvent alors l’utiliser ou le stocker. À l’opposé, de aibles concentrations en glucose sanguin produisent une léthargie, un aaissement des onctions physiques et mentales, et même la mort si la concentration en glucose est trop basse. Il est donc essentiel d’assurer une régulation rigoureuse de la concentration en glucose dans le sang. La section suivante décrit les mécanismes de régulation homéostatique de l’insuline et du glucagon. Cette description est résumée dans le tableau A.1 de l’annexe (p. 1397).
17.9.2.1 La réduction du glucose sanguin
par l’insuline Généralement, le pancréas sécrète de l’insuline après un repas FIGURE 17.24. Les chimiorécepteurs des cellules bêta du pancréas détectent l’augmentation du glucose sanguin et sont stimulés pour
La phase d’épuisement survient après quelques semaines ou quelques mois, alors que les réserves de gras contenues dans les tissus conjonctis adipeux s’épuisent. Sans ces réserves, les protéines structurales des cellules de l’organisme continuent de se dégrader pour réaliser la néoglucogenèse, et le corps devient progressivement plus aible. De plus, la hausse de la concentra tion en aldostérone peut entraîner des déséquilibres des liquides, des électrolytes et du pH. Cette combinaison de la aiblesse de l’organisme et du déséquilibre des électrolytes, liée à d’autres acteurs, peut éventuellement entraîner la déaillance de certains organes et même causer la mort par atteinte coronarienne, par exemple (Chouanière, 2006).
libérer l’insuline, une hormone peptidique. L’insuline circule dans le sang et passe aléatoirement du sang au liquide interstitiel en traversant les capillaires. Les cellules cibles se lient à l’insuline, activant les seconds messagers contenus dans ces cellules. Les circuits enzymatiques sont donc modifés de la açon suivante : • Dans les hépatocytes, la glycogenèse est stimulée, alors que la glycogénolyse et la néoglucogenèse sont inhibées ; les molécules de glucose sont ainsi retirées du sang et stockées sous orme de glycogène dans les cellules du oie. • Dans les cellules des tissus conjonctis adipeux, la lipogenèse est stimulée et la lipolyse est inhibée. En conséquence, il se produit une baisse de la concentration en acides gras dans le sang et une augmentation du stockage du gras. • La plupart des cellules sont stimulées afn d’accroître leur apport cellulaire en acides aminés (surtout les cellules musculaires), un changement qui stimule les cellules à accroître la synthèse des
Chapitre 17 Le système endocrinien
817
Insuline Stimulus
Pancréas
Stimulation Inhibition
1 Augmentation de la glycémie
Récepteur 1
2
Effet global 5 Diminution de la glycémie (les taux sanguins d’acides gras et d’acides aminés diminuent également)
3 Insuline Rétro-inhibition La libération d’insuline est inhibée quand la glycémie revient à la normale.
2 Les cellules bêta du pancréas décèlent l’élévation du taux de glucose sanguin.
Centre de régulation 3 Les cellules bêta du pancréas libèrent de l’insuline.
4 L’insuline stimule ses cellules cibles (effecteurs). Glucose Acides aminés
Glucose Acides gras
Insuline
4 Effecteurs Les effecteurs réagissent à l’insuline de la manière suivante : Tissu hépatique
Tissu adipeux
• Augmentation de la glycogenèse • Réduction de la glycogénolyse et de la néoglucogenèse
Toutes les cellules (en particulier celles des muscles)
• Augmentation de • Absorption accrue d’acides la lipogenèse aminés, ce qui stimule • Réduction de la lipolyse la synthèse des protéines
La plupart des cellules
• Absorption accrue de glucose grâce à une augmentation des protéines de transport du glucose dans la membrane plasmique
FIGURE 17.24 Action et régulation de l’insuline
❯ L’insuline abaisse le taux sanguin de toutes les molécules des nutriments (glucose, acides gras et acides aminés). L’absorption des acides gras et des acides aminés du
protéines. Les cellules sont aussi stimulées afn d’accroître leur apport en glucose, surtout par les cellules des muscles et des tissus conjonctis adipeux. Les vésicules intracellulaires contenant des protéines de transport du glucose usionnent à la membrane plasmique, avorisant l’apport en glucose. D’autres molécules de transport du glucose sont placées dans la membrane plasmique des cellules et ournissent les molécules de transport nécessaires à un apport plus important de glucose à la cellule. Ces molécules de transport sont retirées plus tard, lorsque la concentration en insuline diminue. En résumé, la sécrétion d’insuline entraîne une baisse de tous les nutriments dans le sang et une hausse de la synthèse des ormes stockables de ces molécules dans les tissus corporels (glycogène et triglycérides). En réduisant la quantité des autres nutriments (acides gras et acides aminés), les cellules du corps utilisent plus acilement le glucose disponible et avorisent le retour du taux de glucose à la
sang limite leur disponibilité, de sorte que les cellules utiliseront plutôt les molécules de glucose comme combustible. Le taux de glucose sanguin revient ainsi plus rapidement dans les limites homéostatiques normales.
normale. La régulation de la libération d’insuline est assurée par rétroaction négative : une baisse de la concentration en glucose sanguin entraîne une baisse de sécrétion de l’insuline par le pancréas. Il aut préciser que certaines cellules n’ont pas besoin d’insuline pour assurer leur apport en glucose. Il s’agit des cellules des tissus nerveux, des reins, des hépatocytes et des érythrocytes. Toutes ces cellules absorbent le glucose indépendamment, sans stimulation externe.
À votre avis 6. Les culturistes procèdent parois à des injections
d’insuline afn d’augmenter leur masse musculaire. Quelles sont les raisons qui expliquent ce choix ? Quels sont les risques liés à une surdose d’insuline ?
818 Partie III La communication et la régulation
INTÉGRATION APPLICATION CLINIQUE
Les affections entraînant des taux anormaux de glucose sanguin
Le diabète Le diabète (diabêtês = qui traverse) est une affection métabolique qui se caractérise par une absorption insufsante du glucose sanguin par les cellules. Aussi appelé diabète sucré, son nom vient de l’expression urine sucrée en raison du fait qu’une partie du glucose excédentaire peut passer dans l’urine, une condition appelée glycosurie (voir l’Application clinique intitulée « La glycosurie, p. 1143). Au Canada, un diagnostic de diabète est posé quand la glycémie à jeun est de plus de 7,0 mmol/L de sang ou quand la glycémie 2 heures après l’ingestion de 75 g de glucose est plus grande que 11,1 mmol/L de sang (Canadian Diabetes Association, 2013d). La mesure de la quantité de glucose lié aux molécules d’hémoglobine dans les érythrocytes constitue un moyen précis de déterminer le facteur de risque pour une personne. Plus il y a de glucose lié à son hémoglobine, plus le risque est élevé. Les taux constamment élevés de glucose sanguin endommagent les vaisseaux sanguins, en particulier les petites artérioles. En raison de ses effets néfastes sur le système vasculaire, en 2009, le diabète était la principale cause de 34 % des nouveaux cas d’insufsance rénale terminale (Agence de la santé publique du Canada, 2011). En 2008-2009, il y avait 2,4 millions de Canadiens atteints de diabète, soit 6,8 % de la population, ce qui représente une hausse de 70 % du nombre de personnes diagnostiquées entre 1998-1999 et 2008-2009. En 2007, 3,1 % des décès au Canada étaient dus au diabète (Agence de la santé publique du Canada, 2011). Il existe trois catégories de diabète : le diabète de type 1, le diabète de type 2 et le diabète gestationnel. Le diabète de type 1 (ou diabète insulinodépendant [DID] ou diabète juvénile) se caractérise par l’absence ou la réduction de production et de sécrétion d’insuline par les cellules bêta des îlots pancréatiques. Ce type de diabète tend à apparaître chez les enfants ou les jeunes individus, et il n’est pas directement associé à l’obésité. Le diabète de type 1 se développe chez une personne ayant une prédisposition génétique si certains éléments déclencheurs amorcent le processus. Cet élément déclencheur est souvent une infection virale qui provoque une réaction auto-immune qui détruit les cellules bêta des îlots pancréatiques. Le traitement du diabète de type 1 consiste en des injections quotidiennes d’insuline. Les instruments de mesure actuels permettent une surveillance pratiquement ininterrompue de la glycémie. Le recours récent aux cellules souches s’est avéré prometteur pour le traitement efcace du diabète de type 1 (Pattou, Kerr-Conte, Gmyr et al., 2000) (voir l’Application clinique intitulée « L’acidocétose, p. 1203).
Le diabète de type 2 (ou diabète non insulinodépendant [DNID]) est consécutif soit à une diminution de la libération d’insuline par les cellules bêta du pancréas, soit à une réduction de l’efcacité de l’insuline dans les tissus périphériques. Autrefois, ce diabète était connu sous le nom de diabète de l’adulte, car il se manifestait surtout chez des gens âgés de plus de 30 ans. Cependant, le diabète de type 2 s’observe maintenant fréquemment chez des adolescents ou de jeunes adultes. Il est estimé que 80 à 90 % des personnes souffrant de diabète de type 2 sont également obèses (Canadian Diabetes Association, 2013c). La combinaison d’un régime approprié, d’exercice physique et de médicaments qui augmentent la libération d’insuline ou la sensibilité des tissus à l’insuline permet de traiter avec succès la plupart des personnes atteintes de diabète de type 2. Dans les cas les plus sévères, la personne atteinte devra recevoir des injections d’insuline. Le diabète gestationnel s’observe chez certaines femmes enceintes, généralement durant la seconde moitié de la grossesse. Si elle n’est pas traitée, cette affection peut représenter un danger pour le fœtus et augmenter les risques de complications à l’accouchement. Les femmes les plus exposées à cette forme de diabète sont celles qui ont des antécédents de diabète gestationnel ou de diabète de type 1 ou 2, celles appartenant à une population à risque (aborigène, hispanique, asiatique et africaine), celles qui ont plus de 35 ans ainsi que celles qui ont un indice de masse corporelle égal ou supérieur à 30 kilogrammes par mètre carré (kg/m 2) (IMC ≥ 30) (Canadian Journal of Diabetes, 2013a). Bien que le diabète gestationnel se résorbe habituellement après l’accouchement, une femme qui en a souffert court 20 % plus de risque d’être atteinte d’un diabète de type 2 dans les neuf années suivantes (Canadian Journal of Diabetes, 2013a).
L’hypoglycémie L’hypoglycémie correspond à une diminution de la glycémie sous les 4 mmol de glucose par litre de sang ; l’hypoglycémie est considérée comme sévère lorsque les concentrations en glucose sanguin sont inférieures à 2,8 mmol/L de sang (Canadian Journal of Diabetes, 2013b). Il ne s’agit pas d’une maladie, mais elle peut être un indicateur non spécique d’un déséquilibre homéostatique sous-jacent. Les causes de l’hypoglycémie sont nombreuses : surdose d’insuline, exercice intense prolongé, consommation d’alcool avec un estomac vide, anomalie fonctionnelle du foie ou des reins, décit de glucocorticoïdes ou d’hormone de croissance, ou certains troubles génétiques. Les symptômes observés sont la faim, les étourdissements, la nervosité, la confusion, une sensation d’anxiété ou de faiblesse, la sudation, la somnolence ou une combinaison de ces manifestations. Ces symptômes sont possiblement attribuables à l’apport insufsant de glucose à l’encéphale ou à l’activation du système sympathique en réaction au faible taux sanguin de glucose (Cryer, 1999). Dans le cas où une personne est incapable de manger ou de boire (p. ex., lorsqu’elle est inconsciente), ou lorsqu’elle a des convulsions, une façon sécuritaire de compenser son hypoglycémie consiste à lui administrer une injection de glucagon.
Chapitre 17 Le système endocrinien
17.9.2.2 L’augmentation du glucose sanguin
par le glucagon Tous les tissus nerveux dépendent quasi exclusivement du glucose pour la respiration cellulaire. Afn d’éviter la perte des onctions mentales, la léthargie et possiblement la mort, la concentration en glucose sanguin ne doit pas être trop basse. Le glucagon, une hormone peptidique, est l’une des hormones importantes libérées en réaction à une baisse anormale du glucose sanguin FIGURE 17.25. Les chimiorécepteurs des cellules alpha du pancréas détectent la baisse du glucose sanguin et déclenchent la libération de
glucagon dans le sang. Les nutriments sont stockés dans les tissus corporels, et le glucagon acilite la dégradation de ces nutriments ainsi que leur libération dans le sang. Le glucagon se lie aux récepteurs de la membrane plasmique afn d’activer les seconds messagers (AMPc) qui déclenchent deux processus principaux : • La glycogénolyse et la néoglucogenèse sont stimulées dans les hépatocytes, alors que la glycogenèse est inhibée. Le glucose est libéré par le oie dans le sang, entraînant une hausse de la concentration en glucose sanguin. (Le tissu musculaire ne
Glucagon Pancréas
Stimulus
Stimulation Inhibition
1 Baisse de la glycémie Effet global
1
2
5 Augmentation de la glycémie et du taux sanguin d’acides gras (pas de changement pour les acides aminés ou les protéines)
Glucose
Centre de régulation
Récepteur 2 Les cellules alpha du pancréas décèlent la diminution du taux de glucose sanguin.
3 Les cellules alpha du pancréas libèrent du glucagon.
3 Glucagon
Rétro-inhibition La libération de glucagon est inhibée q quand la g glyy cémie revient ev à la normale. normale
G Glucagon
4 Le glucagon g g stimule ses cellules cibles ( ff t (effecteurs). )
Glycérol Acides gras
4 Effecteurs Les effecteurs réagissent au glucagon de la manière suivante : Foie
• Augmentation de la glycogénolyse et de la néoglucogenèse
Tissu adipeux
• Augmentation de la lipolyse • Réduction de la lipogenèse
• Réduction de la glycogenèse
FIGURE 17.25 Action et régulation du glucagon
819
❯ Le glucagon est libéré en réponse à une diminution de la glycémie. Il se lie à des cellules cibles qui augmentent les taux sanguins de glucose, de glycérol et d’acides gras.
820 Partie III La communication et la régulation
contribue pas au rétablissement de la glycémie, puisque le glucose reste dans les cellules musculaires et n’est pas libéré ; il est oxydé par la respiration cellulaire.) • La lipolyse est stimulée dans les cellules des tissus conjonctis adipeux et la lipogenèse est inhibée. Les acides gras et le glycérol sont libérés à partir des réserves de gras, et leur concentration est augmentée dans le sang. En résumé, la libération de glucagon entraîne une augmentation du glucose, du glycérol et des acides gras dans le sang ainsi qu’une baisse du stockage de ces molécules dans les tissus corporels. Par rétroaction négative, une augmentation de la concentration en glucose sanguin produit une réduction de la libération de glucagon. Finalement, il aut se rappeler que le glucagon ne produit aucun eet sur les composants protéiques onctionnels et structuraux du corps ; son action catabolique n’agit que pour la libération d’énergie. Ce phénomène possède une grande importance sur le plan physiologique ; il signiie que la libération continue et régulière de cette hormone (entre les repas) empêche la dégradation des muscles et des autres composants protéiques pour maintenir la concentration en glucose sanguin en situation normale.
Vérifiez vos connaissances 26. La libération d’insuline et de glucagon par le pancréas
estelle déclenchée par la stimulation hormonale, humorale ou nerveuse ?
17.10 Le vieillissement
et le système endocrinien
1
Décrire les changements apportés à l’activité endocrinienne avec le vieillissement.
L’activité sécrétrice des glandes endocrines ralentit peu à peu avec l’âge. Le vieillissement réduit l’efcacité des onctions endocrines et la concentration en hormones. Plusieurs phénomènes survenant après l’âge mûr, comme l’apparition de graisse abdominale ou la perte musculaire, sont directement liés au ralentissement des onctions endocrines. C’est le cas de la sécrétion de la GH, qui est souvent réduite. La baisse de concentration en GH avorise la perte de poids et de masse musculaire chez les personnes âgées, bien que cet eet puisse être atténué par l’exercice physique. La sécrétion des hormones sexuelles est elle aussi réduite. En eet, les concentrations en testostérone chez l’homme et en œstrogène chez la emme diminuent avec l’âge. Une hormonothérapie substitutive est parois suggérée pour ralentir l’horloge du temps et combler la baisse de concentration en hormones sexuelles et en hormone de croissance.
Vérifiez vos connaissances 29. Quels changements généraux affectent la production
27. Comment l’insuline assuretelle une partie de la régu
lation de la glycémie et quels sont ses effets sur la concentration des nutriments dans le sang ?
d’hormones par les glandes endocrines chez les per sonnes vieillissantes ?
28. Quelle hormone déclenche la libération de glucose
dans le sang : l’hormone de croissance, l’hormone thyroïdienne, le cortisol, l’insuline ou le glucagon ?
Liens entre le système endocrinien et les autres systèmes Le système endocrinien est composé de glandes et de cellules endocrines sises dans des organes qui ont une onction mixte (onction endocrine et autres onctions). Il communique par l’intermédiaire d’hormones qui voyagent dans le sang et qui sont spécifques aux cellules cibles. Le système nerveux et le système endocrinien sont les deux principaux systèmes qui participent au maintien de l’homéostasie. Le système endocrinien est responsable de la composition du sang et du volume sanguin. En eet, certaines hormones servent à réguler la production d’érythrocytes, tandis que d’autres régulent le volume sanguin et, par le ait même, la pression sanguine.
Le système endocrinien contrôle aussi les activités du système génital en contribuant à son développement embryonnaire et œtal, à sa mise en marche à la puberté et à son maintien durant la période reproductive de la emme et de l’homme. Il est également ondamental pour la grossesse et l’accouchement. De plus, le système endocrinien est essentiel à la régulation du développement embryonnaire, à la croissance et au métabolisme des cellules de l’organisme. Le tableau suivant présente les interrelations principales du système endocrinien avec les autres systèmes. Il est suivi d’une étude de cas qui vous permettra de récapituler les notions présentées dans l’ensemble du chapitre.
Chapitre 17 Le système endocrinien
821
Système endocrinien et… Liens
Interdépendance
… système tégumentaire • Protection des organes endocriniens • Production d’un précurseur du calcitriol (orme active de la vitamine D 3)
• La peau constitue une barrière physique, chimique et biologique contre des agents agresseurs externes tels les rayons ultraviolets, les microbes et la déshydratation de la peau (dessiccation). • La peau et les reins sont les deux organes principaux qui activent la vitamine D3. Une carence en vitamine D3 diminue l’absorption de Ca 2+ par le tube digesti avec, comme conséquence, une diminution de la calcémie.
… système squelettique • Régulation de la calcémie et du calcium dans la matrice osseuse • Protection mécanique de certaines parties du système endocrinien
• Lorsque les concentrations sanguines en calcium sont trop importantes, la calcitonine est synthétisée et libérée dans le sang afn d’agir sur les os qui absorbent alors du calcium à partir du sang. À l’inverse, lorsque les concen trations sanguines en calcium sont trop basses, la parathormone est synthétisée et libérée afn d’agir sur les os qui libèrent alors du calcium dans le sang. • Le système squelettique procure une protection mécanique importante d’une partie du système endocrinien. Par exemple, l’hypophyse est protégée par la base du crâne, les ovaires sont protégés par le bassin et les glandes surrénales sont protégées par les côtes.
… système musculaire • Livraison des hormones aux cellules cibles • Régulation de la glycémie • Protection des organes endocriniens
• La contraction du muscle cardiaque et le tonus musculaire des vaisseaux sanguins permettent la livraison des hormones aux cellules cibles. Le cœur et les vaisseaux génèrent une circulation sanguine sans laquelle les hormones ne pourraient pas atteindre leur cible. • L’insuline et les catécholamines (adrénaline et noradrénaline) assurent un approvisionnement énergétique aux cellules musculaires durant un eort physique. Ceci permet à l’organisme de conserver une sensibilité adéquate à l’insuline. • Les muscles sont en mesure d’absorber les chocs qui pourraient provoquer des lésions aux organes endocriniens.
… système nerveux • Régulation du système endocrinien par le système nerveux central • Stimulation de la médulla surrénale par le système nerveux sympathique
• La régulation du système endocrinien se ait en partie par le système nerveux central. L’hypothalamus dirige les activités de l’adénohypophyse grâce à la synthèse et à la sécrétion d’hormones régulatrices, et il synthé tise les hormones de la neurohypophyse. • En réponse à un stress, le système nerveux sympathique entraîne la libération des catécholamines (adrénaline et noradrénaline) par la médulla surrénale.
… système cardiovasculaire • Transport des hormones aux cellules cibles • Transport des gaz respira toires, des nutriments et des déchets
• Les hormones produites par le système endocrinien sont transportées vers les cellules cibles par l’action du système cardiovasculaire qui génère la circulation sanguine. • Le système cardiovasculaire transporte l’oxygène et les nutriments nécessaires au onctionnement des cellules du système endocrinien. De plus, il s’assure de disposer des déchets métaboliques et du gaz carbonique (ou dioxyde de carbone).
… systèmes lymphatique et immunitaire • Protection immunitaire des cellules endocriniennes • Circulation des hormones et récupération des pertes liquidiennes des glandes endocrines
• Le système immunitaire se charge de détruire et de neutraliser les agents inectieux qui pourraient causer des dommages aux organes endocriniens. • Les hormones présentes dans le liquide interstitiel sont récupérées et retournées dans la circulation sanguine par le système lymphatique. De plus, les pertes de liquide interstitiel des glandes endocrines qui contiennent des protéines sont récupérées par le système lymphatique.
… système respiratoire • Activation du système rénineangiotensine • Gestion des gaz respiratoires
• Le système rénineangiotensine dépend des poumons pour produire une augmentation du volume sanguin grâce à l’action de l’angiotensine II, ce qui est essentiel au maintien de la pression sanguine. • Le système respiratoire se charge de capter l’oxygène, essentiel au métabolisme énergétique cellulaire, et de se débarrasser du gaz carbonique qui aecte l’équilibre acidobasique du sang. Les cellules endocrines dépendent de cet oxygène pour leur survie.
822 Partie III La communication et la régulation
Système endocrinien et… (suite) Liens
Interdépendance
… système urinaire • Production de la rénine • Production, synthèse et régulation de l’érythro poïétine (EPO) • Activation de la vitamine D3 • Gestion des équilibres hydrique, électrolytique et acidobasique du sang
• La rénine est produite par les reins ; elle assure une pression sanguine adéquate, ce qui est essentiel au onction nement du système endocrinien (livraison des hormones et activité des cellules). • L’EPO est produite, synthétisée et régulée par le système urinaire. Elle stimule la production des érythrocytes qui sont chargés de transporter et de livrer l’oxygène aux cellules du système endocrinien. • La vitamine D3 est activée par le système urinaire. • Le système urinaire est responsable du maintien des équilibres hydrique, électrolytique et acidobasique du sang sans lesquels les cellules endocrines ne pourraient remplir leurs onctions.
… système digestif • Dégradation et inactivation des hormones par le oie • Absorption des nutriments essentiels à la ormation, à la croissance et au onc tionnement du système endocrinien
• La régulation de la concentration sanguine en hormones endocrines est capitale, car cellesci pourraient générer des réponses trop grandes, ce qui entraînerait des perturbations majeures des activités cellulaires. La dégrada tion ou l’inactivation des hormones est alors ondamentale, et la plupart des hormones endocrines sont dégra dées ou inactivées par le oie. • Pour que le système endocrinien se orme et qu’il subisse une croissance, il aut l’apport de grandes quantités de nutriments. De plus, pour le maintien du onctionnement du système endocrinien, les nutriments sont essentiels. Ces nutriments sont issus de la digestion et de l’absorption de nutriments aites par le système digesti.
… système génital • Synthèse des hormones sexuelles par les testicules et les ovaires
• Les concentrations sanguines en œstrogènes et en testostérone provoquent une rétroaction négative sur la production des hormones de libération (gonadolibérine) synthétisées par l’hypothalamus. Il s’agit alors d’une interaction continuelle entre l’hypothalamus et les concentrations sanguines en hormones sexuelles.
Étude de cas cardiaque trop basse par rapport à une valeur normale), une hypertension artérielle diastolique et une phase de relaxation des réfexes ralentie.
Études de cas interactives Une emme âgée de 38 ans se présente chez son médecin de amille. Le médecin connaît bien ses antécédents médicaux et sait qu’elle est médicamentée pour un trouble bipolaire. Elle prend du lithium (qui sert à stabiliser son humeur) depuis huit ans et tout allait bien jusqu’à ce qu’elle remarque que, depuis six mois, elle a des symptômes progressis de ralentissement psychomoteur. De plus, elle constate qu’elle est cons tamment atiguée, que sa peau est sèche et roide, que ses cheveux sont cassants, qu’elle a régulièrement roid et que, depuis 1 an, elle a pris 10 kg. L’examen médical de routine révèle une bradycardie (réquence
1. Quel dérèglement hormonal est à l’origine de la consultation médicale de la emme ? 2. Quelle est la cause probable de ce dérèglement hormonal et comment expliquer les maniestations cliniques vécues par cette emme ? 3. An de conrmer son diagnostic, quels types de tests de laboratoire le médecin exigeratil ? 4. An de remédier aux maniestations cliniques vécues par la emme, quel médicament ayant quelle onction le médecin prescriratil ? Quel type de suivi médical devra être ait par la suite ?
RÉSUMÉ DU CHAPITRE 17.1
• Le système endocrinien se compose des glandes endocrines qui produisent des molécules
de communication chimique appelées hormones.
Une introduction au système endocrinien – 778
• Le système nerveux et le système endocrinien sont les deux systèmes de contrôle du corps. 17.1.1
Une comparaison des mécanismes de régulation des systèmes nerveux et endocrinien ..... 778 • Le système nerveux et le système endocrinien agissent en complémentarité pour maintenir
l’homéostasie. Le système nerveux opère par communication neuronale, alors que le sys tème endocrinien utilise des messagers chimiques : les hormones. 17.1.2
Les fonctions générales du système endocrinien ...................................................................... 779 • Les principaux processus contrôlés par les hormones incluent le maintien de l’homéostasie
relative à la composition et au volume du sang, le contrôle des activités reproductrices, la régulation du développement embryonnaire, de la croissance et du métabolisme, ainsi que le contrôle de l’activité digestive.
Chapitre 17 Le système endocrinien
17.2 Les glandes endocrines – 779
823
• Les glandes endocrines sont situées dans tout le corps ; leur régulation permet la sécrétion
de leurs hormones dans le sang. 17.2.1
L’emplacement des principales glandes endocrines .................................................................. 780 • La glande pinéale, l’hypophyse, la thyroïde, les parathyroïdes et les surrénales sont les
organes endocriniens. La glande pinéale se situe dans la région de l’épithalamus, et l’hypo physe se situe sous l’hypothalamus. Alors que la thyroïde et les parathyroïdes se trouvent dans le cou, les glandes surrénales, quant à elles, sont situées audessus des reins. • Les tissus endocriniens se logent en petites grappes dans l’hypothalamus, la peau, le thy
mus, le cœur, l’estomac, le oie, le pancréas, l’intestin grêle, les reins et les gonades. 17.2.2
La régulation de la sécrétion hormonale ..................................................................................... 783 • La libération d’hormones par les cellules endocrines est assurée par des réfexes. Trois
méthodes sont utilisées pour stimuler ces cellules : 1) la stimulation hormonale ; 2) la stimula tion humorale, déclenchée par une substance dans le sang (autre qu’une hormone) ; et 3) la stimulation par le système nerveux.
17.3
• Toutes les hormones circulantes sont synthétisées dans les cellules des glandes endocrines
à partir du cholestérol ou des acides aminés.
Les hormones – 784 17.3.1
La classifcation chimique des hormones ................................................................................... 784 • Les trois grandes catégories d’hormones circulantes sont les hormones stéroïdiennes, les
hormones peptidiques et les amines biogènes. 17.3.2
Les hormones locales ................................................................................................................... 785 • Les éicosanoïdes sont des hormones locales, synthétisées à partir d’acides gras polyinsa
turés (acide arachidonique). • Lorsque les hormones produites par une cellule infuencent les activités de cette même
hormone, il s’agit d’une stimulation autocrine ; lorsque les hormones infuencent les cellules voisines, il est question de stimulation paracrine.
17.4 Le transport des hormones – 786
• Le mécanisme de transport hormonal varie selon qu’une hormone est liposoluble ou hydrosoluble. 17.4.1
Le transport dans le sang ............................................................................................................. 786 • Les hormones hydrosolubles sont dissoutes acilement dans le milieu aqueux du sang. • Les hormones liposolubles doivent s’attacher à une molécule de transport (protéines de
transport) pour être acheminées dans le sang. 17.4.2
Les taux d’hormones circulantes ................................................................................................. 787 • Deux acteurs principaux infuencent la concentration en hormones : 1) la synthèse des hormones
par les glandes endocrines ; et 2) l’élimination des hormones par le oie, les reins et les cellules cibles. • La demivie d’une hormone est le temps nécessaire pour que la concentration initiale en hor
mone dans le sang soit réduite de moitié.
17.5 Les cellules cibles : les interactions avec les hormones – 787
• Les hormones se lient aux récepteurs des cellules cibles. 17.5.1
Les hormones liposolubles ........................................................................................................... 787 • Les hormones liposolubles (hormones stéroïdiennes, calcitriol et hormone thyroïdienne) sti
mulent l’activité cellulaire en se liant aux récepteurs intracellulaires. Le complexe hormone récepteur active une région de l’ADN, entraînant la production de nouvelles protéines. 17.5.2
Les hormones hydrosolubles ....................................................................................................... 788 • Les hormones hydrosolubles (hormones peptidiques et amines biogènes, à l’exception de
l’hormone thyroïdienne) se lient aux récepteurs de la membrane plasmique. L’hormone est le premier messager ; elle déclenche l’activation de la protéine G et la ormation d’un second messager grâce à une cascade enzymatique intracellulaire. • La réponse cellulaire peut inclure l’activation ou l’inhibition des cascades enzymatiques, la
stimulation de la croissance par reproduction cellulaire, la stimulation des sécrétions cellu laires, la modication de la perméabilité de la membrane ainsi que la contraction ou la relaxa tion musculaire.
824 Partie III La communication et la régulation
• L’ampleur de la réponse cellulaire varie en fonction du nombre de récepteurs et de l’interac-
17.6 Les cellules cibles : l’ampleur de la réponse cellulaire – 791
tion entre ceux-ci. 17.6.1
Le nombre de récepteurs..............................................................................................................
791
• La régulation positive de la sensibilité hormonale des cellules cibles déclenche la produc-
tion d’un plus grand nombre de récepteurs, alors que la régulation négative de la sensi bilité hormonale des cellules cibles réduit le nombre de récepteurs. La capacité de modier le nombre de récepteurs permet à la cellule cible de modier sa réponse pour une hormone donnée. 17.6.2
La spécicité des récepteurs ....................................................................................................... 792 • Une seule cellule cible peut posséder plusieurs récepteurs pour des hormones différentes. • Les hormones peuvent produire trois effets différents sur d’autres hormones lorsqu’elles se
lient à des cellules cibles : une interaction synergique, permissive ou antagoniste. • Les trois principaux nutriments qui circulent dans le sang sont le glucose, les acides gras et
17.7
les acides aminés.
Le métabolisme des nutriments – 793
• Le métabolisme des nutriments dépend des circuits enzymatiques dans les cellules, surtout
dans le foie (glycogenèse, glycogénolyse et néoglucogenèse) et les tissus conjonctifs adipeux (lipogenèse et lipolyse). • La synthèse et la dégradation des protéines se produisent dans toutes les cellules, surtout les
cellules musculaires. • L’hypothalamus sécrète des hormones régulatrices qui contrôlent directement la libération
17.8
des hormones par l’hypophyse et, indirectement, la libération d’hormones par les autres glandes endocrines.
L’hypothalamus et l’hypophyse – 796 17.8.1
La relation anatomique entre l’hypothalamus et l’hypophyse ................................................... 797 • L’hypophyse est située sous l’hypothalamus ; elle y est reliée par l’infundibulum. • L’hypothalamus communique avec la neurohypophyse par le tractus hypothalamo-hypophy-
saire, qui contient les axones de deux noyaux de l’hypothalamus : le noyau supraoptique et le noyau paraventriculaire. • L’hypothalamus communique avec l’adénohypophyse par le système porte hypothalamo-
hypophysaire, un réseau de vaisseaux sanguins assurant le transport des hormones de l’hypothalamus à l’adénohypophyse. 17.8.2
Les interactions entre l’hypothalamus et la neurohypophyse ................................................... 798 • En réponse à la stimulation, les terminaisons nerveuses de la neurohypophyse libèrent l’hor-
mone diurétique et l’ocytocine ; la neurohypophyse emmagasine et libère des hormones, mais elle n’en produit pas. 17.8.3
Les interactions entre l’hypothalamus et l’adénohypophyse..................................................... 799 • Les hormones de libération stimulent la libération d’hormones par l’adénohypophyse, alors
que les hormones inhibitrices réduisent la libération d’hormones par l’adénohypophyse. • La plupart des hormones sécrétées par l’adénohypophyse sont des hormones trophiques,
car elles stimulent la sécrétion d’hormones par d’autres glandes endocrines ou par des tissus endocriniens. Les principales hormones trophiques sont la thyréotrophine, la folliculostimuline, l’hormone lutéinisante, la corticotrophine et l’hormone de croissance. • Les hormones régulatrices inuencent la sécrétion de l’hormone de croissance, de l’hormone
thyroïdienne et des glucocorticoïdes (p. ex., le cortisol). Elles sont régulées par rétrocontrôle négatif. 17.8.4
L’hormone de croissance .............................................................................................................. • La libération de l’hormone de croissance par l’adénohypophyse est contrôlée par l’hor-
mone de libération de l’hormone de croissance (GHRH) et par les somatomédines (IGF-1 et IGF-2), l’hormone inhibitrice de l’hormone de croissance (GHIH) libérée par l’hypothalamus. • L’hormone de croissance stimule la libération des somatomédines par le foie ; la GH et les IGF
stimulent les cellules cibles (surtout les cellules musculaires) en vue d’accroître la synthèse des protéines, la mitose et la différenciation cellulaire ; ils stimulent également l’augmentation de la glycogénolyse et de la néoglucogenèse dans le foie et l’augmentation de la lipolyse dans les tissus conjonctifs adipeux.
801
Chapitre 17 Le système endocrinien
17.8.5
825
La glande thyroïde et l’hormone thyroïdienne............................................................................. 804 • La thyroïde est une glande en forme de papillon ; elle est située à l’avant de la trachée, sous
le larynx. • Une baisse de l’hormone thyroïdienne ainsi que certains stimulus peuvent entraîner la sécrétion
de TRH par l’hypothalamus, déclenchant la libération de TSH par l’adénohypophyse. La TSH atteint la thyroïde et déclenche la libération de l’hormone thyroïdienne à partir d’un précurseur. Cette séquence interactive porte le nom d’axe hypothalamohypophysairethyroïdien. • La thyroïde accroît le métabolisme en déclenchant une hausse subséquente de la tempéra
ture corporelle. En réponse à la hausse du taux de métabolisme, des quantités supplémen taires de glucose et d’acides gras sont libérées dans le sang, produisant une augmentation de la fréquence cardiaque, de la force de contraction du cœur et du rythme respiratoire. 17.8.6
Les glandes surrénales et le cortisol ........................................................................................... 809 • Les surrénales sont composées d’une partie extérieure, le cortex surrénal, et d’une partie
interne, la médulla surrénale. • Le cortex surrénal comprend trois zones qui produisent des minéralocorticoïdes, des gluco
corticoïdes (surtout le cortisol) et des gonadocorticoïdes. • Lorsqu’il reçoit une certaine stimulation, l’hypothalamus sécrète la CRH, qui entraîne la
libération de l’ACTH par l’adénohypophyse. L’ACTH déclenche la libération de cortisol par le cortex surrénal. Cette relation physiologique est désignée sous le nom d’axe hypothalamohypophysairesurrénalien. • Le cortisol produit les effets nets suivants : augmentation du glucose sanguin, libération de
glycérol et d’acides gras dans le sang et accroissement de la dégradation des protéines.
17.9
17.9.1
L’anatomie du pancréas ................................................................................................................ 814 • Le pancréas est à la fois une glande exocrine et une glande endocrine. Les principales cel
Les hormones pancréatiques – 814
lules endocrines sont les cellules alpha et les cellules bêta. 17.9.2
Les effets des hormones pancréatiques ..................................................................................... 815 • La libération d’insuline dans le sang par les cellules bêta entraîne une baisse des concentra
tions de tous les nutriments dans le sang, y compris le glucose, et une augmentation du stockage de ces molécules dans les tissus corporels. • La libération de glucagon par les cellules alpha entraîne une hausse de la concentration en
glucose, en glycérol et en acides gras dans le sang ; elle ne produit aucun effet sur les com posants protéiques fonctionnels et structuraux de l’organisme.
17.10 Le vieillissement et le système endocrinien – 820
AUTOÉVALUATION
• L’activité sécrétrice des glandes endocrines ralentit normalement avec le vieillissement, par
ticulièrement la production et l’activité de l’hormone de croissance, de la testostérone et de l’œstrogène.
Solutionnaire
Concepts de base 1
Lequel des éléments suivants n’est pas un processus général contrôlé par le système endocrinien ? a) La régulation du développement embryonnaire, de la croissance et du métabolisme. b) Le contrôle des activités reproductrices. c) Le maintien de l’homéostasie dans la composition sanguine. d) La destruction programmée des cellules âgées.
2
Quelle est l’hormone dont la fonction principale consiste à réguler le métabolisme ? a) La calcitonine. b) L’hormone thyroïdienne.
c) L’hormone de croissance. d) Le glucagon. 3
Les hormones hydrosolubles peuvent entraîner toutes les réactions cidessous, sauf une. Laquelle ? a) L’activation ou l’inhibition des circuits enzymatiques. b) La formation directe d’un complexe hormone récepteur actif. c) La contraction ou la relaxation musculaire. d) La stimulation de sécrétions cellulaires.
826 Partie III La communication et la régulation
4
La thyréotrophine stimule :
7
Décrivez les trois mécanismes utilisés pour stimuler la libéra tion d’hormones par une cellule cible en vue de déclencher un réfexe endocrinien.
8
Nommez les trois principales classes chimiques d’hormones et donnez un exemple pour chacune. À quelle catégorie la plupart des hormones appartiennentelles ?
9
Expliquez les diérences entre les hormones locales et les hormones circulantes.
a) la libération d’hormones par l’adénohypophyse ; b) la libération d’hormones par l’hypothalamus ; c) la libération d’hormones par la glande thyroïde. d) Toutes ces réponses sont bonnes. 5
Laquelle des hormones cidessous n’est pas libérée par l’hypothalamus en vue de contrôler l’adénohypophyse ? a) La somatostatine. b) L’hormone antidiurétique.
10 Décrivez le rôle des protéines de transport dans le transport
des hormones liposolubles dans le sang ainsi que la manière dont ces hormones interagissent avec les cellules.
c) L’hormone de libération de la prolactine. d) La corticolibérine. 6
Décrivez les similitudes et les diérences entre le système endocrinien et le système nerveux quant à leur action et à leur eet.
11 Décrivez la manière dont l’hypothalamus contrôle
les onctions endocriniennes de la neurohypophyse. 12 Décrivez la manière dont l’hypothalamus contrôle
les onctions endocriniennes de l’adénohypophyse.
Mise en application 1
Stéphane est un ouvrier de la construction. À 43 ans, il vient de constater l’apparition d’une bosse douloureuse dans le cou. Comme cette bosse grossit, il a consulté un médecin, lui conant qu’il perdait du poids et qu’il devenait hyperacti. À votre avis, quelle glande le médecin devraitil examiner ? a) L’hypophyse.
a) L’insuline et le glucagon. b) L’adrénaline et le cortisol. c) L’insuline et l’hormone thyroïdienne. d) La mélatonine et l’adrénaline. 4
b) La thyroïde. c) Les surrénales. d) Le pancréas. 2
Quel examen est le plus approprié pour déterminer si la thyroïde onctionne normalement ?
a) L’hormone de croissance.
a) La mesure de la quantité d’iode radioacti absorbé par la thyroïde.
c) L’insuline.
b) La mesure de la température corporelle chaque matin et chaque soir, à heures xes.
b) Le glucagon. d) Le cortisol. 5
c) La surveillance des variations de poids pendant un mois. d) L’analyse sanguine servant à déterminer la quantité d’hormone thyroïdienne (T3 et T4) dans le sang. 3
Les résultats d’analyse sanguine de Michelle révèlent une concentration élevée en glucose sanguin. Ce déséquilibre est probablement causé par une insusance ou une baisse de sensibilité à une hormone en particulier. De quelle hormone s’agitil ?
Amina s’est levée trop tard et craint d’arriver en retard à son travail. C’est l’heure de pointe, son trajet est plus long que d’habitude et elle devient anxieuse et irritable. En arrivant au parc de stationnement, une autre voiture rappe la sienne. Elle se met immédiatement en colère. Quelles sont les hormones libérées pendant cette période pour aider Amina à surmonter cette situation stressante ?
Mamadou prend des suppléments alimentaires pour avoriser sa perte de poids. L’étiquette indique que le produit réduit la quantité de tissu conjoncti adipeux en plus de réduire les réserves de glycogène dans le oie et de avoriser la dégra dation des protéines musculaires (dégradation des protéines). Quelle est la substance responsable de ces changements ? a) L’hormone de croissance. b) Le glucagon. c) L’insuline. d) Le cortisol.
Synthèse 1
2
Julien, un jeune homme de 19 ans, consulte un médecin en raison d’une perte de poids subite. Le médecin pose un diagnostic de diabète de type 1. Dans ce type de diabète, les cellules bêta du pancréas produisent des quantités insu santes d’une hormone précise. Expliquez à Julien les raisons pour lesquelles les résultats de son analyse sanguine révèlent un taux de glucose sanguin élevé. MarieClaude est mère de deux enants. Elle est âgée de 35 ans et occupe un poste de commis aux admissions à
l’université. Elle vient de recevoir un diagnostic de tumeur à l’hypophyse. Nommez les hormones libérées par la neuro hypophyse et l’adénohypophyse qui seront aectées par sa tumeur. 3
Karim est un client bien inormé. Il veut comprendre l’inter action de la TRH et de la TSH sur la sécrétion de l’hormone thyroïdienne. Expliquezlui brièvement les onctions de l’axe hypothalamohypophysairethyroïdien.
LE SYSTÈME CARDIOVASCULAIRE : LE SANG
CHAPITRE
18
Adaptation française :
Matthieu Devito
LE TECHNICIEN EN ANALYSE BIOMÉDICALE… DANS LA PRATIQUE Le technicien en analyse biomédicale qui travaille dans une banque de sang veille au prélèvement et à l’analyse du sang de donneurs. L’analyse a pour but de déterminer le groupe sanguin et de déceler les signes d’une maladie grave comme l’hépatite ou la présence du virus de l’immunodéfcience humaine (VIH). Le technicien a une connaissance approondie du sang et il est au ait de l’importance de la compatibilité des groupes sanguins du donneur et du receveur.
18.1
18.2
Une introduction aux onctions et à la composition du sang .................... 828 18.1.1 Les fonctions du sang ......................... 828 18.1.2 Les caractéristiques physiques du sang. 18.1.3 Les composants du sang .................... La composition du plasma sanguin ...... 18.2.1 Les protéines plasmatiques................. 18.2.2 Les autres solutés ..............................
18.3
Les éléments fgurés du sang ................. 834 18.3.1 L’hématopoïèse .................................. 834 18.3.2 Les érythrocytes ................................. 837
829 830 830 830 833
18.4
Animation Illustration des concepts Recyclage et élimination des érythrocytes ...... 841 INTÉGRATION
18.3.3
Les leucocytes.................................... 846
18.5
18.3.4 Les thrombocytes ............................... 850 L’hémostase ................................................ 851 18.4.1 Le spasme vasculaire ......................... 851 18.4.2 La formation du clou plaquettaire ........ 18.4.3 La coagulation sanguine ..................... 18.4.4 L’élimination du caillot ........................ La ormation et le vieillissement du sang .........................................................
852 852 856 856
828 Partie IV Le maintien et la régulation
18.1 Une introduction
aux fonctions et à la composition du sang
Dans l’organisme, il est un tissu conjoncti si précieux que, transusé à quelqu’un, il peut lui sauver la vie. Ce tissu, qui se régénère continuellement, transporte les gaz, les substances nutritives et les hormones nécessaires au onctionnement de l’organisme ainsi que les déchets cellulaires qui seront éliminés. Ce tissu est le sang. De 4 à 6 litres (L) de sang circulent en per manence dans les vaisseaux sanguins grâce à l’impulsion don née par le cœur. Les vaisseaux sanguins, comprenant les artères, les capillaires et les veines, orment un circuit ermé ou un réseau qui part du cœur et y revient. Les artères transportent le sang du cœur aux parties du corps, tandis que les veines apportent le sang au cœur. Les capillaires (capillaris, de capil lus = cheveu) sont les vaisseaux perméables et microscopiques qui relient généralement les artérioles (petites artères) aux vei nules (petites veines). Ils constituent les lieux d’échange entre le sang et les tissus. Ces ramications du système cardiovasculaire permettent à l’oxygène et aux nutriments de se diuser dans les tissus, et de récupérer le dioxyde de carbone ainsi que les déchets à éliminer. La circulation sanguine s’apparente à une courroie de transmission qui dirige le mouvement de cellules, d’ions et de molécules quittant le circuit pour les uns, alors que d’autres y reviennent. C’est ainsi que la composition du sang change constamment tout au long de son trajet dans le réseau vascu laire. Parce qu’il est en contact étroit avec les cellules de l’orga nisme, le sang refète, dans une certaine mesure, leur état. Ainsi, les diverses analyses sanguines ournissent l’inormation qui permettra au médecin d’établir son diagnostic. Composé d’une matrice liquide riche en protéines dissoutes (le plasma), le sang comprend également les éléments fgurés suivants : les érythrocytes, les leucocytes et les thrombocytes. Les érythrocytes (eruthros = rouge, kutos = cellule) transportent les gaz de la respiration, principalement l’oxygène, et un peu de dioxyde de carbone, alors que les leucocytes participent à la déense de l’organisme contre des corps étrangers (voir la sec tion 18.3). Enn, les thrombocytes interviennent dans l’hémo stase an de prévenir l’écoulement de sang qui résulte d’une lésion vasculaire. Le plasma, partie liquide du sang, contient majoritairement de l’eau, des protéines et d’autres substances dissoutes (voir la section 18.2).
18.1.1 1
Les fonctions du sang
Décrire les onctions générales du sang.
Le sang remplit diverses onctions importantes dans l’organisme ; elles se rangent dans trois grandes catégories : le transport, la régulation et la protection.
18.1.1.1 Le transport Le plasma sanguin transporte les éléments gurés, des molé cules et des ions en solution partout dans l’organisme. En
circulant dans les vaisseaux sanguins, il apporte l’oxygène pro venant des poumons aux tissus et il rapporte le dioxyde de car bone provenant du métabolisme cellulaire aux poumons. Il transporte les substances nutritives absorbées dans le tube digesti (ou tractus gastrointestinal), les hormones sécrétées par les glandes endocrines vers les cellules cibles ainsi que les déchets résultant des activités cellulaires. Il participe égale ment à la régulation de la chaleur corporelle. Au moment de l’ingestion d’un médicament, c’est le sang qui l’amène là où il agira dans l’organisme. Le sang ait donc oce de système de distribution.
18.1.1.2 La régulation Le sang participe à la régulation de la température corporelle, du pH et de l’équilibre hydroélectrolytique.
La température corporelle Le sang contribue au maintien de la température corporelle (homéothermie). Lorsqu’il passe dans les vaisseaux sanguins irriguant les tissus de l’organisme, il absorbe la chaleur prove nant des cellules, en particulier celle des muscles squelettiques, et il expulse cette chaleur à la surace de la peau alors qu’il cir cule dans les vaisseaux sanguins cutanés.
INTÉGRATION LIENS ENTRE LES CONCEPTS L’hypothalamus veille à la régulation de la chaleur corporelle, d’une part, en stimulant la contraction musculaire pour accroître la production de chaleur par l’horripilation (chair de poule) et les rissons, par exemple, et, d’autre part, en modifant la circulation sanguine dermique par la vasoconstriction pour conserver la chaleur ou par la vasodilatation pour accentuer la perte de chaleur (voir les sections 1.5.2 et 6.3.2).
Le pH Dans ses échanges avec les cellules, le sang absorbe des compo sés acides et d’autres alcalins ; ce aisant, il contribue à la stabi lité du pH. Il contient des composés chimiques qui agissent en tant que tampons, des protéines et du bicarbonate, par exemple, qui libèrent ou qui captent des ions hydrogène (H+) dans le but de maintenir le pH sanguin à sa valeur optimale (7,357,45) jusqu’à ce que l’excédent soit éliminé (voir le chapitre 25).
L’équilibre hydroélectrolytique De l’eau se mêle au sang en passant par le tube digesti, tandis qu’elle quitte l’organisme de plusieurs açons, dans l’urine ou par la peau, par exemple. L’échange d’eau et d’électrolytes est constant entre le plasma des capillaires et le liquide interstitiel. En eet, les cellules ont des besoins en électrolytes, soit des ions distribués de part et d’autre de la membrane cytoplasmique qui interviennent dans l’activité électrique des cellules nerveuses, musculaires et cardiaques. Par ailleurs, le sang renerme des protéines et des ions qui exercent une pression osmotique rete nant le liquide dans les capillaires dans le but de maintenir l’équilibre hydroélectrolytique (voir la section 20.2).
Chapitre 18 Le système cardiovasculaire : le sang
INTÉGRATION LIENS ENTRE LES CONCEPTS Grâce à l’action des tampons, le sang participe au maintien du pH de l’organisme, mais il n’est pas le seul à remplir cette fonction : les systèmes respiratoire et urinaire y contribuent également (voir les sections 25.5.2 et 25.5.3). L’accélération du rythme respiratoire peut entraîner une baisse du taux de dioxyde de carbone et des ions H+ dans le sang et ainsi hausser le pH sanguin, alors que le ralentissement du rythme respiratoire produit l’effet contraire : une hausse du taux de dioxyde de carbone et des ions H+ dans le sang, donc une baisse du pH sanguin. Le système urinaire participe au maintien du pH sanguin normal en produisant du bicarbonate (HCO3−) et en éliminant des ions H+ dans l’urine pour ainsi occasionner une hausse du pH sanguin.
18.1.1.3 La protection Les leucocytes, les protéines plasmatiques et les molécules qui se trouvent dans le sang concourent à protéger l’organisme. Les leucocytes ont partie du système immunitaire (voir le cha pitre 22). Les acteurs plasmatiques de coagulation (essentielle ment des protéines) et les thrombocytes protègent l’organisme contre le saignement (voir la section 18.4).
Vérifiez vos connaissances 1. Que transporte le sang ? 2. En quoi le sang participe-t-il à la régulation de la tem-
pérature corporelle et de l’équilibre hydroélectrolytique ?
18.1.2
2
Les caractéristiques physiques du sang
Énumérer six caractéristiques du sang et préciser leur importance respective sur le plan de la santé et de l’homéostasie.
Le sang est le seul tissu conjoncti liquide (voir la section 5.3.4) qui possède des caractéristiques physiques particulières que sont la couleur, le volume, la viscosité, la concentration plasma tique, la température et le pH. • La couleur. La couleur du sang varie selon qu’il est riche ou pauvre en oxygène. Le sang riche en oxygène est rouge bril lant, presque écarlate. Contrairement à la croyance générale, le sang pauvre en oxygène n’est pas bleu : il est plutôt rouge oncé. La coloration bleutée des veines est due à la perception par l’œil du sang circulant dans les veines supercielles de la peau et à la couleur de la lumière refétée selon sa longueur d’onde. Ainsi, la lumière de longueur d’onde de aible énergie, la lumière rouge par exemple, est absorbée par la peau et elle n’est pas réféchie, tandis que la lumière de longueur d’onde de haute énergie, telle la lumière bleue, est réféchie, de sorte que l’œil ne perçoit que le bleu des veines.
829
• Le volume. Le volume moyen du sang chez l’adulte est de 5 L, soit environ 8 % de sa masse corporelle. L’homme a plus de sang (de 5 à 6 L) que la emme (de 4 à 5 L), car il est de plus grande taille en général. Le maintien du volume sanguin normal est essentiel au maintien de la pression artérielle. • La viscosité. Le sang est de quatre à cinq ois plus visqueux que l’eau ; le sang est donc plus épais que l’eau. La viscosité dépend de la quantité de cellules par rapport à la quantité de liquide ou de la concentration de substances dissoutes (surtout des protéines). Autrement dit, la viscosité augmente lorsque la quantité d’éléments gurés ou de substances dissoutes aug mente, lorsque la quantité de liquide diminue, ou les deux. • La concentration plasmatique. La concentration plasmatique, un aspect propre au plasma, désigne la concentration relative des solutés dans le plasma. Il s’agit d’une caractéristique du sang aussi importante que la viscosité. La concentration rela tive des solutés, soit les protéines et les ions, détermine le mouvement du liquide lorsque le sang circule dans les capil laires, à savoir la rétention ou la sortie d’eau du plasma selon le phénomène de l’osmose. Par exemple, en cas de déshydrata tion, le plasma devient hypertonique (voir la section 4.3.2), et l’eau du liquide interstitiel est attirée vers le plasma. La concentration plasmatique intervient dans la détermination de la concentration de la solution destinée à l’administration intraveineuse, qui est habituellement isotonique par rapport au plasma. • La température. La température du sang est d’un degré supé rieur à celle du corps ; alors que la température corporelle est de 37 °C, la température du sang est de 38 °C. Par conséquent, le sang réchaue les zones qu’il parcourt. • Le pH. Le plasma est légèrement alcalin, d’un pH variant de 7,35 à 7,45. Les protéines plasmatiques, à l’instar des autres protéines de l’organisme, ont une orme tridimension nelle qui varie selon la concentration en ions H+. Le pH qui s’éloigne de l’écart normal entraîne le changement de orme, et donc la dénaturation des protéines plasmatiques, qui ne sont alors plus en mesure d’exercer leurs onctions comme molécules de transport ou comme enzymes (voir la sec tion 2.9.2). Cet écart de la normale peut aussi perturber le onctionnement de l’encéphale (coma, surexcitation, convul sions). Le TABLEAU 18.1 résume les caractéristiques phy siques du sang.
TABLEAU 18.1
Caractéristiques physiques du sang
Caractéristique
Valeurs normales
Couleur
• Rouge écarlate (riche en oxygène) à rouge foncé (pauvre en oxygène)
Volume
• 4-5 L (femme) • 5-6 L (homme)
Viscosité
• 4,5-5,5 fois plus grande que celle de l’eau
Température
• 38 °C
pH
• 7,35-7,45
830 Partie IV Le maintien et la régulation
À votre avis 1. Une emme dont le volume de sang est de 5 L donne
environ 500 mL de son sang ; quel pourcentage ce don représente-t-il par rapport au volume total : 1 %, 5 %, 10 % ou 15 % ? Pour quelle raison les personnes de moins de 50 kg ne peuvent-elles pas donner de sang ?
Vérifiez vos connaissances 3. Le sang sera-t-il en mesure d’exercer ses onctions si
son pH est altéré ? Précisez.
INTÉGRATION LIENS ENTRE LES CONCEPTS Le composé acide, comme l’acide chlorhydrique (HCl) et l’acide carbonique (H 2CO3), en libérant des ions H+, augmente la concentration d’ions H+ dans une solution. À l’opposé, la base, tels les ions bicarbonate (HCO 3−) et les ions hydroxyde (OH−), diminue la concentration en ions H+ d’une solution, car elle accepte des ions H+ (voir la section 2.6.3). Le pH est l’unité de mesure de la quantité relative en ions H+ dans une solution. Un tampon est une molécule ou un ion qui empêche l’altération du pH en se liant aux ions H+ présents en grande quantité ou qui en libère de manière à en maintenir la concentration normale dans la solution.
L’hématocrite (haima, haimatos = sang, krites = juge, arbitre) est la mesure du volume du sang occupé par les principaux élé ments fgurés, soit les érythrocytes, exprimée en pourcentage. L’hématocrite varie d’une personne à une autre, notamment en onction de l’âge et du sexe. L’hématocrite de l’homme adulte est de 47 ±5%, tandis que celui de la emme adulte est de 42 ±5 %. Cette diérence s’explique par l’eet de la testosté rone sur la régulation hormonale de la production d’érythrocytes (voir les sections 18.3.1.1 et 18.3.2.2).
18.1.3.2 Le frottis sanguin L’analyse microscopique du frottis sanguin coloré permet de voir les éléments fgurés du sang. La FIGURE 18.2 illustre la préparation du rottis sanguin. Il convient de souligner les points suivants : • Les érythrocytes constituent les éléments fgurés les plus nombreux. Ce sont des cellules anucléées, de couleur rose, de la orme d’un disque biconcave. • Les leucocytes sont plus gros que les érythrocytes et ils ont un noyau bien visible coloré en violet. Ils comprennent plusieurs types de cellules, notamment un lymphocyte, deux neutro philes et un monocyte (voir la fgure 18.2). • Les thrombocytes ont l’apparence de petits ragments de cellule.
Vérifiez vos connaissances 4. Quels sont les trois éléments visibles du sang centriugé ? 5. Dans quelle mesure l’hématocrite varie-t-il d’une
18.1.3
personne à une autre ?
Les composants du sang
3
Énumérer les trois composants d’un prélèvement de sang centriugé.
4
Défnir le mot hématocrite.
5
Énumérer les trois éléments fgurés du sang et comparer leur proportion respective.
18.1.3.1 Le sang centrifugé La centrifugation est une méthode de séparation de substances selon leur densité par la orce centriuge (rotation rapide du tube contenant le sang). Ainsi, les éléments les plus denses tombent au ond de l’éprouvette. Les éléments du sang total (plasma et éléments fgurés) se séparent en partie liquide et en composants cellulaires. La FIGURE 18.1 illustre le résultat de cette sépara tion. De bas en haut, voici les éléments séparés :
18.2 La composition du
plasma sanguin
Le plasma se compose principalement d’eau (92 %), de pro téines (7 %) ainsi que de molécules organiques ou inorga niques et d’ions dissous (1 %) TABLEAU 18.2. Le plasma est un liquide extracellulaire, c’estàdire qu’il est un liquide orga nique situé à l’extérieur des cellules. Il s’apparente au liquide interstitiel en raison de sa concentration semblable en nutri ments, en déchets et en électrolytes. Cependant, sa concentra tion en protéines est plus élevée que celle du liquide interstitiel. Cette section décrit les protéines plasmatiques ainsi que les autres solutés du plasma.
Les protéines plasmatiques
• Les érythrocytes, qui se déposent au ond du tube, repré sentent environ 44 % de l’échantillon sanguin.
18.2.1
• Une mince couche leucoplaquettaire sépare les érythrocytes du surnageant. Cette couche grisblanc se compose de leuco cytes et de thrombocytes. Elle représente moins de 1 % du prélèvement sanguin.
1
Défnir la notion de pression osmotique colloïdale.
2
Énumérer les types de protéines plasmatiques et préciser leur onction générale respective.
• Le plasma est le liquide jaune paille qui orme la couche supé rieure dans l’éprouvette ; il constitue 55 % du sang en général.
Le sang est considéré comme un colloïde (voir la section 2.7.1) en raison de la présence de protéines en suspension dans le plasma.
Chapitre 18 Le système cardiovasculaire : le sang
Centrifugeuse
Échantillon de sang prélevé
1 Prélever le sang dans une seringue, puis le verser dans un tube en verre.
2 Déposer le tube dans la centrifugeuse qui doit fonctionner pendant 10 minutes.
3 La centrifugation résulte en la séparation du plasma, de la couche leucoplaquettaire et des érythrocytes. Plasma (55 % du sang total) Eau 92 % du poids
Protéines 7 % du poids
Autres solutés 1 % du poids
Albumine 58 % Globuline 37 % Fibrinogène 4 % Protéines régulatrices < 1 %
Électrolytes Substances nutritives Gaz respiratoires Déchets
Couche leucoplaquettaire (< 1 % du sang total)
55 %
pression auriculaire Pression ventriculaire • < pression dans le tronc artériel • Valves auriculoventriculaires Valves fermées • Valves sigmoïdes fermées
5 Fin de la diastole ventriculaire
895
Contraction des ventricules Cavités
• Relâchement des oreillettes • Contraction des ventricules
• > pression auriculaire Pression ventriculaire • > pression dans le tronc artériel • Valves auriculoventriculaires Valves fermées • Valves sigmoïdes ouvertes
4 Début de la diastole ventriculaire
Valves auriculoventriculaires ouvertes Fermeture des valves sigmoïdes VTS Relâchement des ventricules Cavités
• Relâchement des oreillettes • Relâchement des ventricules
Cavités
• Relâchement des oreillettes • Relâchement des ventricules
Pression ventriculaire
• < pression auriculaire • < pression dans le tronc artériel • Valves auriculoventriculaires ouvertes • Valves sigmoïdes fermées
Pression ventriculaire
• > pression auriculaire • < pression dans le tronc artériel • Valves auriculoventriculaires fermées • Valves sigmoïdes fermées
Valves
Valves
VS : Volume systolique VTD : Volume télédiastolique VTS : Volume télésystolique
FIGURE 19.21 Phases du cycle cardiaque
❯ Les phases du cycle cardiaque sont marquées par la contraction et le relâchement des parois auriculaires et ventriculaires, par la variation de la pression ventriculaire ainsi que par l’ouverture et la fermeture des valves cardiaques.
de la diastole. Chez l’adulte au repos, ce volume est d’environ 130 millilitres (ml) de sang.
19.8.2.3 Le début de la systole ventriculaire Le début de la systole ventriculaire correspond au début de la contraction ventriculaire. La systole ventriculaire consiste en la contraction du myocarde ventriculaire déclenchée par les myobres de conduction. Cette contraction propulse le sang des ventricules dans les troncs artériels, à savoir le tronc pulmonaire et l’aorte.
La pression dans les ventricules augmente, nit par dépasser celle exercée par le sang qui entre dans les oreillettes et orce ainsi la ermeture des valves auriculoventriculaires pour empêcher le refux sanguin dans les oreillettes. Les valves sont enchâssées dans le cordage tendineux qui, lui, est enserré par les muscles papillaires. La pression augmente toujours dans les ventricules ; cependant, les valves sigmoïdes demeurent ermées étant donné que la pression dans le ventricule en contraction est encore inérieure à la pression exercée dans le tronc artériel adjacent.
896 Partie IV Le maintien et la régulation
INTÉGRATION FIGURE 19.22
À ce moment précis, toutes les valves cardiaques sont ermées ; le sang ne peut ni pénétrer dans les ventricules ni en sortir. Les myocytes cardiaques se contractent, mais le volume sanguin dans les cavités cardiaques ne change pas. C’est pourquoi le début de la systole ventriculaire est désigné également par l’expression phase de contraction isovolumétrique (isos = égal) des ventricules. Animation Les événements mécaniques du cycle cardiaque
19.8.2.4 La fn de la systole ventriculaire
ILLUSTRATION DES CONCEPTS Animation
Déroulement du cycle cardiaque
❯ Le cycle cardiaque se produit à l’impulsion du potentiel d’action qui se propage dans les oreillettes, puis dans les ventricules. A. Le tracé ECG illustre l’activité électrique cardiaque. B. Les parois des cavités cardiaques se contractent, puis se relâchent, C. ce qui provoque une variation de pression dans les oreillettes, dans les ventricules et dans les troncs artériels. L’aorte ainsi que l’oreillette et le ventricule gauches paraissent ici. La variation de pression D. orce l’ouverture et la ermeture des valves et E. dirige ainsi la circulation sanguine dans le cœur. La fgure illustre la variation du volume sanguin ventriculaire.
La contraction des ventricules se poursuit durant la fn de la systole ventriculaire. La pression exercée par le sang dans les ventricules dépasse celle exercée par le sang dans les troncs artériels adjacents, ce qui orce l’ouverture des valves sigmoïdes. Le sang est expulsé des ventricules vers les troncs artériels ; il s’agit de l’éjection ventriculaire. La quantité de sang expulsé durant la systole ventriculaire représente le volume d’éjection systolique, ou tout simplement volume systolique (VS), qui est de 70 ml de sang en général. L’expulsion ne chasse pas tout le sang des ventricules. La quantité de sang résiduelle à la n de la systole correspond au volume télésystolique (VTS). Le VTS est obtenu par la soustraction du VS du VTD : 130 ml − 70 ml = 60 ml. Les valves auriculoventriculaires sont ermées, et les oreillettes sont en diastole durant cette phase.
19.8.2.5 Le début de la diastole ventriculaire Au début de la diastole ventriculaire, les ventricules commencent à se relâcher, et la cavité ventriculaire reprend peu à peu sa taille au repos. La pression qui s’exerce sur le sang résiduel dans les ventricules s’abaisse en deçà de celle qui s’exerce dans les troncs artériels adjacents. Le sang refue quelque peu dans les troncs artériels, mais la ermeture des valves sigmoïdes stoppe ce mouvement. En eet, la ermeture de ces valves empêche le refux de sang dans les ventricules. Les valves auriculoventriculaires sont toujours ermées, et les oreillettes sont en diastole au début de la diastole ventriculaire. Pour une deuxième ois, le sang résiduel est emprisonné dans les cavités ermées des ventricules. Il n’y a pas de sang qui entre ou qui sort de ces cavités. Cela correspond à la phase de relâchement isovolumétrique.
19.8.2.6 La fn de la diastole ventriculaire Le relâchement ventriculaire se poursuit jusqu’à la fn de la diastole ventriculaire, qui correspond au début du remplissage ventriculaire. Lorsque la pression qui s’exerce sur le sang dans l’oreillette détendue en remplissage excède la pression qui s’exerce sur le sang dans le ventricule décontracté, la valve auriculoventriculaire s’ouvre. Le remplissage passi des ventricules s’amorce ; c’est à cette phase que la plus grande partie (80%) du remplissage s’eectue. Les valves sigmoïdes demeurent ermées an de prévenir tout refux sanguin en provenance des troncs artériels. Les oreillettes sont encore en diastole durant cette phase. La FIGURE 19.22 illustre le déroulement des phases du cycle cardiaque, y compris l’activité électrique à l’origine de la contraction cardiaque, représentée par le tracé de l’ECG : la contraction et le relâchement auriculaires et ventriculaires ; la variation de la pression dans l’oreillette gauche, dans le ventricule gauche et dans l’aorte ; l’ouverture et la ermeture des valves cardiaques ; et la variation du volume sanguin dans le ventricule gauche.
Trajet de la circulation sanguine
A. Électrocardiogramme Stimulation de la contraction ventriculaire R Stimulation de la contraction auriculaire P
L’électrocardiogramme enregistre l’activité électrique cardiaque à l’origine de la contraction auriculaire et ventriculaire ; le tracé ECG illustre cette activité.
T
Q
S
B. Cavités cardiaques 2
1 Relâchement
Oreillettes Ventricules
4
3
Relâchement
Contraction
Relâchement
5
Relâchement
Contraction
C. Pression dans l’oreillette et le ventricule gauches ainsi que dans l’aorte Incisure catacrote (suivie de l’onde dicrote)a
Pression (mm Hg)
120
80
Aorte
40
Oreillette gauche
Ventricule gauche
0 a Incisure catacrote : Baisse de pression dans l’aorte et, à la suite de la fermeture de la valve sigmoïde aortique, légère augmentation
temporaire de cette pression causée par l’onde de choc du sang aspiré vers la valve fermée ; c’est l’onde dicrote.
1 Systole auriculaire Cavités : Les oreillettes se contractent, alors que les ventricules sont relâchés. Pression : Pression ventriculaire (ligne bleue) < pression auriculaire (ligne verte) et < pression dans l’aorte (ligne rouge) Valves : Les valves auriculoventriculaires sont ouvertes ; les valves sigmoïdes sont fermées. Volume sanguin ventriculaire : Augmente légèrement (environ 20 % du remplissage).
2 Début de la systole ventriculaire Cavités : Les oreillettes se relâchent, alors que les ventricules se contractent. Pression : Pression ventriculaire > pression auriculaire et < pression dans l’aorte Valves : Les valves auriculoventriculaires se ferment ; les valves sigmoïdes demeurent fermées. Volume sanguin ventriculaire : Reste tel quel (période isovolumétrique de contraction marquée par la ligne plane [portion bleue] en E).
3 Fin de la systole ventriculaire Cavités : Les oreillettes se relâchent, alors que les ventricules continuent de se contracter. Pression : Pression ventriculaire > pression auriculaire et > pression dans l’aorte Valves : Les valves auriculoventriculaires sont toujours fermées ; les valves sigmoïdes s’ouvrent. Volume sanguin ventriculaire : Diminue au fil de l’éjection du sang dans l’aorte.
D. Valves cardiaques Valves auriculoventriculaires Valves sigmoïdes
Ouvertes Fermées
Fermées
Ouvertes
Ouvertes
Fermées
Volume ventriculaire (ml)
E. Volume sanguin dans le ventricule gauche Volume télédiastolique (VTD)
4 Début de la diastole ventriculaire Cavités : Les oreillettes sont toujours relâchées et les ventricules se relâchent. Pression : Pression ventriculaire > pression auriculaire et < pression dans l’aorte Valves : Les valves auriculoventriculaires sont toujours fermées ; les valves sigmoïdes sont fermées. Volume sanguin ventriculaire : Reste tel quel (période isovolumétrique de relâchement marquée par la ligne plane [portion orange] en E).
130 Volume systolique (VS)
100
Volume télésystolique (VTS)
70 0
0,2
0,4 Durée (ms)
0,6
0,8
5 Fin de la diastole ventriculaire Cavités : Les oreillettes sont détendues et les ventricules continuent de se relâcher. Pression : Pression ventriculaire < pression auriculaire et < pression dans l’aorte Valves : Les valves auriculoventriculaires s’ouvrent ; les valves sigmoïdes demeurent fermées. Volume sanguin ventriculaire : Augmente avec l’arrivée de sang en provenance de l’oreillette (environ 80 % du remplissage).
898 Partie IV Le maintien et la régulation Vériiez vos connaissances 26. Quel est le déroulement de la fn de la systole
ventriculaire ? 27. Quelle est la nature de la variation de pression
orçant la ermeture des valves auriculoventriculaires et l’ouverture des valves sigmoïdes ? 28. Indiquez ce que sont le volume télédiastolique,
le volume télésystolique et le volume systolique.
19.9 Le débit cardiaque Le système cardiovasculaire est responsable de la circulation du sang qui transporte les gaz de la respiration, les nutriments, les déchets et d’autres substances dans l’organisme. Le débit cardiaque est une mesure de l’efcacité du système cardiovasculaire dans l’exercice de cette onction. Le débit cardiaque de la personne bien portante augmente à l’eort pour satisaire la demande de O2 et de nutriments accrue des cellules et pour
INTÉGRATION APPLICATION CLINIQUE
Les bruits et les soufes du cœur DÉSÉQUILIBRE HOMÉOSTATIQUE
Le cœur produit quatre bruits à chaque battement : la succession habituelle des bruits B1 et B2, et deux bruits mineurs, B3 et B4. Le premier bruit (B1) correspond à la ermeture simultanée des valves auriculoventriculaires, tandis que le deuxième bruit (B2) se ait entendre à la ermeture simultanée des valves sigmoïdes. Les bruits du cœur orent de l’inormation importante sur l’activité cardiaque et le onctionnement des valves cardiaques. Les meilleurs lieux d’écoute des bruits produits à la ermeture de chacune des valves auriculoventriculaires et de chacune des valves sigmoïdes ne sont pas orcément à l’emplacement de la valve en question, car le son se répercute à proximité : • Le bruit de la valve sigmoïde aortique s’entend le mieux au deuxième espace intercostal, du côté droit du sternum.
Sternum
2e espace intercostal
Valve sigmoïde aortique Valve auriculoventriculaire droite
• Le bruit de la valve auriculoventriculaire gauche s’entend le mieux à l’apex du cœur, au niveau du cinquième espace intercostal gauche, à environ neu centimètres de la ligne sternale médiane. Le troisième bruit (B3) est audible chez environ 50 % des enants, chez des sujets jeunes ou chez des emmes enceintes. Il est peu intense et très sourd. Il correspond à la phase de remplissage rapide initial du ventricule gauche. Il disparaît lorsque le sujet passe de la position couchée à la position debout. Le qua trième bruit (B4) est exceptionnellement enregistré chez les sujets normaux. Il correspond à la contraction des oreillettes. Le bruit cardiaque anormal, désigné en général par le terme soufe cardiaque, constitue la première indication d’une anomalie des valves. Il signale habituellement la turbulence de la circulation sanguine dans le cœur, et il est causé par une uite valvulaire, la perte de souplesse ou la déormation de la valve. Certains soues au cœur sont dénués de conséquences, mais il est nécessaire de tous les évaluer afn d’écarter la possibilité d’un problème cardiaque grave. L’insufsance valvulaire et la sténose valvulaire fgurent au nombre des soues caractéristiques.
Valve auriculoventriculaire gauche
5e espace intercostal
• Le bruit de la valve sigmoïde pulmonaire s’entend le mieux au deuxième espace intercostal, du côté gauche du sternum. • Le bruit de la valve auriculoventriculaire droite s’entend le mieux du côté droit du sternum, à son extrémité inérieure (cinquième espace intercostal).
Valve sigmoïde pulmonaire
Emplacement de la valve cardiaque Lieu où le bruit de la valve s’entend le mieux
L’insusance valvulaire survient en présence d’un déaut d’étanchéité de la valve marqué par un écoulement du sang. L’inammation ou une maladie peut causer des lésions aux bords libres de la valve, lesquels deviennent envahis par du tissu cicatriciel et rigide, d’où le bris d’étanchéité. Ce bris provoque un reux de sang dans la cavité qu’il vient de quitter et, à la longue, l’hypertrophie du cœur. La sténose valvulaire (ou rétrécissement valvulaire) se caractérise par la ormation de tissu cicatriciel sur les valvules de la valve. Ces dernières deviennent rigides ou en partie usionnées l’une à l’autre et ne peuvent plus s’ouvrir complètement. L’ouverture de la valve est rétrécie, et l’orifce présente une résistance au ux sanguin, ce qui a pour eet de diminuer le débit de la cavité. Dans bien des cas, cette cavité s’hypertrophie et se dilate, et ces deux phénomènes peuvent avoir de graves conséquences. La cardite rhumatismale, une complication possible de l’inection streptococcique de la gorge, est l’une des principales causes de sténose valvulaire.
Chapitre 19 Le système cardiovasculaire : le cœur
éliminer les déchets du métabolisme. Par contre, la personne aux prises avec un trouble cardiaque ne pourra pas s’adonner à des activités physiques intenses si son cœur est incapable de hausser son débit à l’eort. Cette section présente le débit cardiaque et examine les variables qui l’infuencent.
19.9.1
Une introduction au débit cardiaque
1
Défnir le débit cardiaque.
2
Préciser la notion de réserve cardiaque.
La bradycardie et la tachycardie
Le débit cardiaque (DC) est onction de la réquence cardiaque et du volume systolique. La fréquence cardiaque (FC) équivaut au nombre de battements cardiaques par minute, alors que le volume systolique correspond au volume de sang éjecté durant la contraction ; il s’exprime en millilitres par battement (ml/batt.). Le calcul du débit cardiaque s’eectue comme suit :
ml éjectés/min
=
cardiovasculaire durant l’eort extrême. Plus le cœur est gros, plus le volume systolique est grand. Donc, le débit cardiaque normal au repos de l’athlète se maintient grâce à un grand volume systolique et à une réquence cardiaque relativement basse. L’exemple du nageur Michael Phelps, l’athlète le plus titré des Jeux olympiques (18 médailles d’or de 2004 à 2012) dont la réquence cardiaque au mieux de sa orme est de 40 batt./min, conrme ces aits.
INTÉGRATION APPLICATION CLINIQUE
Le débit cardiaque (DC) correspond à la quantité de sang propulsé par un ventricule, le gauche ou le droit, en une minute ; il s’exprime en litres par minute (L/min). Les deux ventricules éjectant la même quantité de sang (débit ventriculaire équilibré), le débit cardiaque peut donc se mesurer à l’un ou l’autre des ventricules.
DC
899
FC batt./min
×
DÉSÉQUILIBRE HOMÉOSTATIQUE
La bradycardie correspond à une réquence cardiaque au repos constamment inérieure à 60 contractions par minute chez l’adulte. Elle est considérée comme un état normal chez l’athlète de haut niveau dont l’entraînement en aérobie est soutenu. Elle est jugée anormale quand elle est causée par l’hypothyroïdie, un déséquilibre électrolytique ou l’insufsance cardiaque congestive. À l’opposé, la tachycardie désigne la réquence cardiaque au repos constamment supérieure à 100 contractions par minute chez l’adulte. Elle est l’un des symptômes d’un trouble ou d’une anomalie comme une maladie cardiaque, la fèvre ou l’anxiété, ou elle peut être causée par certaines drogues (amphétamines).
VS ml éjectés/batt.
À titre d’exemple, lorsque la réquence cardiaque au repos est de 75 batt./min et que le volume d’éjection est de 70 ml/batt., alors le débit cardiaque sera de 5 250 ml/min (ou 5,25 L/min). Le volume de sang total dans le corps est de 5 L (voir la section 18.1.2). Par conséquent, si le débit cardiaque est de 5 L/min, tout le sang de l’organisme parcourt le trajet de la circulation pulmonaire et de la circulation systémique chaque minute, ce qui revient à dire que le cœur ait circuler près de 7 500 L de sang tous les jours !
19.9.1.1 Le maintien du débit cardiaque au repos La capacité de maintenir le débit cardiaque normal au repos tient à la réquence cardiaque et au volume systolique, et la valeur de l’un infue sur la valeur de l’autre. Ainsi, le cœur de petite taille a un volume d’éjection bas ; par conséquent, la réquence cardiaque au repos doit être plus élevée que celle du cœur de plus grande taille pour maintenir le débit cardiaque normal au repos. Cela explique le ait que la réquence cardiaque au repos de la emme est, en général, supérieure à celle de l’homme et le ait que les nourrissons et les jeunes enants, qui ont un petit cœur, ont une réquence cardiaque au repos plus rapide que celle de l’adulte. Le nouveau-né, par exemple, a une réquence cardiaque au repos qui varie de 120 à 160 batt./min. Par comparaison, l’athlète de haut niveau a un cœur gros et puissant. Le cœur doit sa taille et sa orce au ait que les myocytes cardiaques de la paroi cardiaque s’hypertrophient en réaction à la grande demande en énergie exercée sur le système
19.9.1.2 La réserve cardiaque La hausse de la réquence cardiaque et du volume systolique se traduit par une augmentation du débit cardiaque. Durant l’exercice physique, la réquence cardiaque s’accélère et dépasse les 170 batt./min. De même, le volume d’éjection grimpe à plus de 100 ml. La réserve cardiaque désigne la diérence entre le débit cardiaque maximal et le débit cardiaque au repos. Elle se mesure par la soustraction du débit cardiaque au repos du débit cardiaque à l’exercice. Elle indique l’intensité et la durée de l’eort physique que peut accomplir la personne. Le débit cardiaque de la personne ordinaire bien portante peut augmenter de quatre ois sa valeur au repos (jusqu’à 20 L/min), alors que le débit cardiaque de l’athlète de haut niveau équivaudra à sept ois sa valeur au repos, soit jusqu’à 45 L/min. À l’opposé, quand le cœur est aaibli, la réserve est mince, et les possibilités d’exercice sont limitées.
Vérifiez vos connaissances 29. Quels sont les deux éléments qui déterminent
le débit cardiaque ? 30. Quels sont le débit cardiaque au repos, le débit
cardiaque à l’eort et la réserve cardiaque lorsque la réquence cardiaque et le volume d’éjection au repos sont respectivement de 79 batt./min et de 68 ml, et lorsque la réquence cardiaque et le volume d’éjection à l’exercice sont de 147 batt./min et de 98 ml ?
900 Partie IV Le maintien et la régulation
19.9.2
3
Les variables infuant sur la réquence cardiaque
Énumérer les agents chronotropes et décrire leur eet sur la réquence cardiaque.
19.9.2.1 Les agents chronotropes et leur eet
sur la réquence cardiaque Le débit cardiaque est directement proportionnel à la réquence cardiaque et au volume systolique. À leur tour, la réquence cardiaque et le volume systolique sont infuencés par des variables. Des acteurs externes qui agissent aux nœuds sinusal et auriculoventriculaire peuvent modier la réquence cardiaque. Les principaux acteurs externes sont liés à l’innervation autonome et à la fuctuation de la sécrétion de certaines hormones. Ces acteurs, qui accéléreront ou ralentiront la réquence cardiaque, sont dits agents chronotropes (khrônos = temps, tropos = tour, direction). Les agents chronotropes interèrent directement ou indirectement avec l’activité du système cardionecteur en agissant sur les ners qui parcourent les nœuds sinusal ou auriculoventriculaire. Les agents chronotropes positis accélèrent la réquence cardiaque ; ils relèvent du système nerveux sympathique et de certaines hormones. Les axones des ners sympathiques libèrent le neurotransmetteur noradrénaline qui exerce un eet direct sur le cœur après avoir stimulé la sécrétion d’adrénaline et de nor adrénaline par les glandes surrénales. Ces deux hormones se lient aux récepteurs adrénergiques β1 du cœur (voir la section 15.5.3). La liaison déclenche un processus intracellulaire aisant intervenir l’adénylcyclase qui active la ormation d’adénosine monophosphate (AMP) cyclique, un messager intracellulaire secondaire (voir la section 17.5.2). Au nal, des protéines kinases activent les canaux calciques par la phosphorylation, ce qui provoque leur ouverture. Les ions Ca 2+ pénètrent dans les cellules du système cardionecteur. La stimulation sympathique du nœud auriculoventriculaire accroît également l’afux de calcium dans ces cellules. Le délai de transmission de l’infux nerveux à ce nœud est abrégé, le rythme de conduction s’accélère, et donc la réquence cardiaque ait de même. L’hormone thyroïdienne, la thyroxine, est aussi un agent chronotrope positi en raison du ait qu’elle accentue la sensibilité du système cardionecteur à l’action de la noradrénaline et de l’adrénaline en multipliant les récepteurs adrénergiques β1. La caéine, qui inhibe la dégradation de l’AMP cyclique, occasionne une augmentation de la réquence cardiaque. Des médicaments et des drogues, notamment la nicotine qui stimule la sécrétion de noradrénaline et la cocaïne qui s’oppose à la recapture de la noradrénaline, accélèrent aussi la réquence cardiaque. La cocaïne à haute dose peut dérégler le rythme cardiaque, et ce dernier peut s’emballer en plus de devenir irrégulier ; il est alors question de tachyarythmie, un trouble du rythme cardiaque qui peut être mortel.
À l’opposé, les agents chronotropes négatis ralentissent la réquence cardiaque. Les ners parasympathiques gurent au nombre des plus importants chronotropes négatis. Les axones de ces ners libèrent de l’acétylcholine (Ach) qui se lie aux canaux potassiques voltage-dépendants du système cardionecteur (nœuds sinusal et auriculoventriculaire). Ces canaux s’ouvrent, et les ions K+ suivent leur gradient de concentration et sortent ainsi des cellules. Ce déplacement d’ions positis provoque l’hyperpolarisation (potentiel de membrane encore plus négati) du système cardionecteur, de sorte qu’il est plus long avant que ces cellules ranchissent le seuil d’excitabilité ; par conséquent, la réquence cardiaque diminue. Les médicaments bêtabloquants, qui entravent la liaison de la noradrénaline et de l’adrénaline avec les récepteurs bêta, sont également des agents chronotropes négatis employés dans le traitement de l’hypertension.
19.9.2.2 Le réfexe de Bainbridge Le réfexe de Bainbridge protège le cœur contre le remplissage excessi. Il se met en branle lorsque les barorécepteurs de la paroi de l’oreillette, qui détectent la tension musculaire, sont activés par une augmentation du retour veineux. Cette inormation est acheminée par l’infux nerveux le long des neurones sensoriels au centre cardioaccélérateur qui stimule les ners sympathiques à destination du cœur. La réquence cardiaque s’accroît pour accélérer la circulation sanguine dans le cœur et ainsi réduire la tension musculaire auriculaire. La section 20.5.1 présente les réfexes artériels qui entrent en jeu dans la régulation de la pression artérielle.
Vériiez vos connaissances 31. Décrivez l’eet respecti de l’agent chronotrope
positi et de l’agent chronotrope négati, et mentionnez un exemple pour chacun. 32. Précisez l’eet du déplacement des ions Ca 2+ et celui
des ions K+ sur la réquence cardiaque.
19.9.3
Les variables infuant sur le volume systolique
4
Énumérer les trois variables infuant sur le volume systolique.
5
Décrire ces trois variables, les acteurs infuant sur elles et leur eet sur le volume systolique.
Plusieurs variables infuent sur le volume systolique. Ce sont : 1) le retour veineux, soit la quantité de sang qui retourne au cœur ; 2) les agents inotropes, c’est-à-dire les acteurs externes qui modient la orce de contraction du myocarde ; et 3) la postcharge ventriculaire tenant à la résistance artérielle qui s’oppose à l’éjection du sang FIGURE 19.23.
Chapitre 19 Le système cardiovasculaire : le cœur
A. Retour veineux
C. Postcharge
Volume de sang qui retourne au cœur par unité de temps.
Résistance artérielle à l’éjection du sang
Retour veineux accru (sous l’effet de l’augmentation de la pression veineuse ou du ralentissement de la fréquence cardiaque)
Formation d’une plaque sur la paroi interne de l’artère : athérosclérose (ne devient généralement un problème qu’avec l’âge) Rétrécissement de l’ouverture des artères
Étirement accru de la paroi de la cavité (précharge), d’où une expansion du chevauchement des filaments épais et fins des sarcomères du myocarde
Augmentation de la résistance à la propulsion du sang dans les artères
Formation d’un plus grand nombre de liens transversaux et augmentation de la force de contraction des ventricules
Diminution du volume systolique
Augmentation du volume systolique
B. Agents inotropes Substances qui, par leur action sur le myocarde, en modifient la contractilité.
L’inverse se produit lorsque le retour veineux diminue, en cas d’hémorragie ou de fréquence cardiaque extrêmement rapide, par exemple.
Agents inotropes positifs (p. ex., une stimulation par le système nerveux sympathique) Hausse de la concentration d’ions Ca2+ dans le sarcoplasme ; multiplication de la liaison entre le calcium et la troponine dans les filaments fins des sarcomères du myocarde
FIGURE 19.23 Variables infuant sur le volume systolique
901
❯
Trois variables infuent sur le volume d’éjection. Ce sont : A. le retour veineux, B. les agents inotropes et C. la postcharge.
Formation d’un plus grand nombre de liens transversaux et augmentation de la force de contraction des ventricules Augmentation du volume systolique L’inverse se produit quand il s’agit d’agents inotropes négatifs (p. ex., les inhibiteurs des canaux calciques).
19.9.3.1 Le retour veineux Le retour veineux, soit le volume de sang qui revient au cœur par les grandes veines, a un eet direct sur le volume systolique. Il détermine la quantité de sang dans le ventricule au terme de la période de repos qui précède la contraction, autrement dit le volume télédiastolique. Ce volume, quant à lui, détermine la précharge. Sous l’eet de cette charge initiale, les myocytes cardiaques s’étirent avant de se contracter. La relation directement proportionnelle entre le retour veineux et le volume systolique repose sur la loi de Frank-Starling ou, tout simplement, loi de Starling. Cette loi veut que plus le volume télédiastolique du ventricule augmente, plus les myocytes cardiaques s’allongent (précharge). Cet allongement étend la zone de chevauchement des flaments fns et des flaments épais des
sarcomères des myocytes cardiaques et, par là, multiplie les possibilités de liens transversaux. La orce de contraction s’en trouve augmentée, de même que le volume systolique. En revanche, lorsque le retour veineux diminue, l’allongement des myocytes cardiaques est moindre (précharge plus petite) et il en va de même de la zone de chevauchement des flaments épais et des flaments fns, et du nombre de liens transversaux. Il s’ensuit une orce de contraction moindre et un volume systolique plus bas. Le myocarde s’ajuste ainsi à la quantité de sang qu’il reçoit. Donc, qu’est-ce qui ait que le retour veineux – et la précharge par le ait même – augmente ou diminue ? Le retour veineux augmente en présence d’une hausse de la pression veineuse ou de la durée de remplissage, tandis qu’il diminue en présence
902 Partie IV Le maintien et la régulation
d’une baisse de ces deux acteurs. Le remplissage d’un ballon peut être utilisé à titre d’exemple. La pression de l’eau et la durée du remplissage détermineront la quantité d’eau qui entre dans le ballon durant une période précise.
inotrope positi (p. ex., la digitaline) sont employés dans le traitement de certaines maladies cardiaques, notamment l’insusance cardiaque congestive, pour rétablir le débit cardiaque aaibli.
À l’exercice, le retour veineux s’accroît parce que la pression veineuse augmente. Les muscles squelettiques compriment les veines, ce qui orce le retour du sang vers le cœur (voir la section 20.4.1). L’activité musculaire stimule l’action de la pompe musculaire squelettique. Durant l’exercice physique, la valeur du retour veineux peut doubler par rapport à celle observée au repos. Le retour veineux augmente également en présence d’une réquence cardiaque au ralenti. Ce ralentissement de la réquence cardiaque donne plus de temps au sang pour remplir la cavité cardiaque. Ce phénomène s’observe chez l’athlète de haut niveau dont la réquence cardiaque au repos est très basse.
À l’inverse, l’agent inotrope négati diminue la contractilité en réduisant la quantité d’ions Ca 2+ disponibles, donc la possibilité de ormation de liens transversaux. Le déséquilibre électrolytique (voir les sections 25.3 et 25.6) marqué par une hausse des ions K+ ou H+ produit un eet inotrope. Certaines substances sont des inhibiteurs calciques. La niédipine, par exemple, exerce un eet inotrope négati. Cette substance est prescrite pour diminuer le débit cardiaque dans le traitement de l’hypertension.
À l’opposé, une baisse du volume sanguin (p. ex., en raison d’une hémorragie) ou une réquence cardiaque anormalement élevée ont pour eet de diminuer le retour veineux. Par conséquent, le volume télédiastolique diminue, de même que la précharge et le volume systolique. L’équilibre du débit ventriculaire tient principalement à la capacité inhérente du cœur d’augmenter sa orce de contraction en réaction à un retour veineux accru. Ainsi, le retour veineux au cœur droit augmente lorsqu’une personne se met à l’exercice physique, amenant le cœur à augmenter sa orce de contraction et, par le ait même, le volume systolique. La quantité de sang qui emprunte la circulation pulmonaire s’en trouve augmentée et il en va de même de la quantité de sang qui retourne au cœur gauche. Le ventricule gauche s’étire en proportion de cette quantité de sang et se contracte avec plus de puissance pour l’éjecter.
19.9.3.3 La postcharge La postcharge provient de la résistance artérielle à l’éjection du sang par les ventricules. Elle représente la tension supplémentaire que doit produire le ventricule pour évacuer son contenu. En général, elle ne pose problème que chez les personnes âgées. Avec l’âge apparaît souvent l’athérosclérose, une aection caractérisée par la ormation d’une plaque sur la paroi interne du vaisseau sanguin. Cette plaque diminue l’ouverture du vaisseau et crée ainsi une résistance à l’écoulement du sang dans les troncs artériels, ce qui a pour eet de réduire le volume systolique.
Vériiez vos connaissances 33. Dans lesquels de ces cas le volume systolique
augmente-t-il : une augmentation du retour veineux, une hausse de la concentration en ions Ca 2+ dans le sarcoplasme ou une augmentation de la postcharge ? Justifez votre réponse.
19.9.3.2 Les agents inotropes À l’instar de la réquence cardiaque, le volume systolique est sujet à l’infuence de acteurs externes. Les principaux acteurs externes qui occasionnent une augmentation ou une diminution du volume systolique ont trait, d’une part, à l’innervation autonome et, d’autre part, à la fuctuation de la sécrétion de certaines hormones. Ces acteurs qui modient le volume systolique sont dits agents inotropes (inos = bre). Les agents inotropes modient la contractilité, soit la orce de contraction selon l’étirement des myocytes cardiaques. L’augmentation ou la diminution de la orce de contraction relève en général de la présence d’ions Ca 2+ dans le sarcoplasme. La variation de la concentration en ions Ca 2+ aura un eet sur le nombre de liens transversaux dans les sarcomères, donc sur la orce de contraction générée. L’agent qui exerce un eet inotrope positi accroît la quantité d’ions Ca 2+ disponibles, donc stimule la ormation d’un nombre accru de liens transversaux. Au nombre des agents inotropes positis gure la noradrénaline issue des axones des nerfs sympathiques, laquelle avorise la sécrétion d’adrénaline et de noradrénaline par les glandes surrénales. L’hormone thyroïdienne (thyroxine) exerce le même eet, car elle accroît le nombre de récepteurs de l’adrénaline. Des médicaments exerçant un eet
19.9.4
6
Les variables infuant sur le débit cardiaque
Énumérer les variables inuant sur le débit cardiaque et décrire brièvement leur eet.
Les acteurs qui infuent sur la réquence cardiaque et le volume systolique, donc sur le débit cardiaque, paraissent dans le schéma de la FIGURE 19.24 et peuvent se résumer ainsi : • Fréquence cardiaque. L’accélération ou le ralentissement de la réquence cardiaque relève de l’eet d’agents chronotropes qui modulent la conduction cardiaque. Stimulés par ces agents, le nœud sinusal modie la réquence de l’impulsion nerveuse, tandis que le nœud auriculoventriculaire modie le délai de transmission de cette impulsion. • Volume systolique. L’augmentation ou la diminution du volume systolique tient habituellement à des changements dans le myocarde. Le retour veineux, qui détermine l’étirement du muscle cardiaque, et les agents inotropes, qui modient la concentration en ions Ca 2+ dans le sarcoplasme,
Chapitre 19 Le système cardiovasculaire : le cœur
FIGURE 19.24 Facteurs infuant sur le débit cardiaque ❯ Le débit cardiaque est à la ois tributaire de la réquence cardiaque et du volume systolique. La réquence cardiaque est modulée selon la stimulation des nœuds sinusal et auriculoventriculaire, tandis que le volume systolique fuctue selon l’activité myocardique, à savoir l’étendue de l’étire ment de la paroi des cavités cardiaques (précharge), la concentration en ions calciques du sarcoplasme sous l’eet des agents inotropes et la variation de la résistance (postcharge) artérielle s’opposant à la propulsion du sang par les ventricules.
Agents chronotropes (exercent un effet sur les nœuds sinusal et auriculoventriculaire) Effet chronotrope positif
Retour veineux (volume de sang qui revient au cœur)
Effet chronotrope négatif
Agents inotropes (modifient la concentration de Ca2+ dans le sarcoplasme) Effet inotrope positif
903
Postcharge (résistance artérielle accrue)
Effet inotrope négatif
corrélation directement proportionnelle avec
corrélation inversement proportionnelle avec Augmentation Diminution
Augmentation Diminution
Volume systolique (quantité de sang éjecté par contraction)
Fréquence cardiaque (nombre de contractions cardiaques par minute)
Débit cardiaque (volume de sang éjecté par le ventricule en une minute)
modulent le nombre de liens transversaux dans les sarcomères et, par le ait même, la orce de la contraction. La seule exception à cette règle est la postcharge, refet de la résistance artérielle qui, si elle s’accroît, s’oppose de plus en plus à la propulsion du sang. Cet aspect ne devient généralement problématique qu’avec l’âge. • Débit cardiaque. La relation entre la réquence cardiaque et le volume systolique, d’une part, et le débit cardiaque, d’autre part, est directement proportionnelle. Lorsque la réquence cardiaque et le volume d’éjection augmentent, le débit cardiaque augmente. À l’inverse, lorsque la réquence cardiaque et le volume d’éjection diminuent, le débit cardiaque diminue. Par contre, lorsque la réquence cardiaque et le volume d’éjection changent dans des sens opposés (p. ex., lorsque le volume d’éjection diminue en raison d’un saignement et que la réquence cardiaque s’accélère an de maintenir le débit cardiaque), il est impossible de prévoir l’eet net sur le débit cardiaque, c’est-à-dire de savoir s’il augmentera ou s’il diminuera. L’eet net dépendra de la modication relative de la réquence cardiaque et du volume systolique.
Vérifiez vos connaissances 34. Lorsque la réquence cardiaque et le volume
systolique augmentent, que ait le débit cardiaque : demeure-t-il tel quel, augmente-t-il ou diminue-t-il ? La relation entre ces deux variables et le débit cardiaque est-elle directement ou inversement proportionnelle ?
19.10 La formation du cœur 1
Décrire la ormation des structures cardiaques postnatales à partir du tube cardiaque primiti.
2
Décrire les anomalies septales qui peuvent survenir durant le développement.
La ormation du cœur s’amorce à la troisième semaine alors que l’embryon est maintenant trop gros pour obtenir ses nutriments par la seule diusion. Les phases de sa ormation sont complexes, et le cœur doit onctionner avant même que son développement soit terminé FIGURE 19.25. Au 19e jour (milieu de la troisième semaine), deux cœurs primordiaux (ou tubes cardiaques ou tubes endocardiques) se orment à partir du mésoderme de l’embryon. Ces deux coeurs usionnent au 21e jour pour ormer le cœur tubulaire simple (ou un seul tube cardiaque primiti) (voir la fgure 19.25A). Le lendemain, le cœur se met à battre et, au cours de la quatrième semaine, le tube se plie et s’enroule sur lui-même pour constituer la orme externe du cœur (voir la fgure 19.25B). Le tube donne naissance à ce qui deviendra les structures cardiaques postnatales (de bas en haut) : le sinus veineux, l’oreillette primitive, le ventricule primitif et le bulbe artériel. Le sinus veineux et l’oreillette primitive sont les lieux d’origine des oreillettes droite et gauche, tandis que le ventricule primiti se transormera en ventricule gauche. Le bulbe artériel se compose de trabécules charnues qui ormeront la plus grande partie du ventricule droit, d’une zone distale, le conus, qui se transormera en orices d’éjection des ventricules, et du tronc
904 Partie IV Le maintien et la régulation
Bulbe artériel
Formation du cœur tubulaire simple par la fusion des deux cœurs primordiaux
Ventricule primitif Oreillette primitive
Cœurs primordiaux non fusionnés A. 21 jours
Sinus veineux B. 22 jours
Crosse aortique 1 Veine cave supérieure
Crosse aortique 2
Septum secundum
Tronc artériel commun
Oreillette droite
Conus Bulbe artériel
Portion trabéculaire du ventricule droit
Foramen ovale
Circulation du sang Septum primum Oreillette gauche
Bourgeon endocardique
Ventricule primitif
Ventricule droit
Oreillette primitive
Ventricule gauche Septum interventriculaire
Sinus veineux Veine cave inférieure
C. 28 jours
D. Début de la septième semaine (43 jours)
FIGURE 19.25 Formation du cœur
❯ Le cœur se forme à partir du mésoderme. Au 19e jour, les deux cœurs primordiaux en forme de tube sont présents dans la région cardiaque de l’embryon. A. Les deux tubes fusionnent au jour 21. B. Le repliement et l’enroulement du cœur tubulaire simple se produisent à compter du 22e jour. C. Au 28 e jour, le cœur tubulaire
artériel commun, qui réunit l’aorte ascendante et le tronc pulmonaire (voir la fgure 19.25C). La segmentation du tube en quatre cavités, deux oreillettes et deux ventricules, et la ormation des grands vaisseaux sanguins sont les phases majeures du développement du cœur qui se déroulent de la cinquième à la huitième semaine. La segmentation est complexe, et des anomalies à cette phase peuvent entraîner des malormations cardiaques congénitales.
simple a pris la forme d’un S. D. Au début de la septième semaine, la cloison interauriculaire se forme ; elle est constituée de deux feuillets superposés. Le sang est dévié de la circulation pulmonaire en passant par le foramen ovale, puis il est dirigé vers la circulation systémique.
L’oreillette commune se sépare en oreillette gauche et en oreillette droite par un cloisonnement interauriculaire constitué de deux euillets, le septum primum et le septum secundum, qui se chevauchent en partie (voir la fgure 19.25D). Ces deux euillets sont reliés à des renfements, les bourgeons endocardiques. Le septum secundum est percé d’une ouverture, le foramen ovale, lequel est recouvert par le septum primum. Étant donné que les poumons de l’embryon ne sont pas
Chapitre 19 Le système cardiovasculaire : le cœur
onctionnels, le sang est dévié et passe de l’oreillette droite à l’oreillette gauche par le oramen ovale et repousse le septum primum dans l’oreillette gauche. Le sang ne peut refuer de l’oreillette gauche vers l’oreillette droite parce que le mouvement du septum primum est stoppé au contact du septum secundum. Ainsi, le septum primum agit comme une soupape fottante. À la naissance, quand la onction pulmonaire du nouveau-né se met en branle, le sang de l’oreillette gauche pousse le septum primum et le septum secundum l’un sur l’autre, ce qui provoque la ermeture du canal interauriculaire. Le seul vestige de cette ouverture est une dépression au centre de la cloison interauriculaire appelée fosse ovale. Une autre voie permet au sang d’éviter en partie la circulation pulmonaire avant la naissance. Il s’agit du conduit artériel, qui relie le tronc pulmonaire et l’aorte. Ce conduit se ermera après la naissance et deviendra le ligament artériel (voir la section 20.12). Le septum interventriculaire, issu du plancher des ventricules, vient séparer les deux ventricules. Les valves auriculoventriculaires, les muscles papillaires et les cordages tendineux naissent également des parois ventriculaires. La partie supérieure du septum interventriculaire se développe aux dépens de structures supérieures qui n’appartiennent pas aux ventricules.
905
La cloison aortopulmonaire d’aspect spiralé divise le tronc artériel commun en tronc pulmonaire et en aorte ascendante. Des anomalies de développement à cette période entraînent des malormations cardiaques congénitales. La communication interauriculaire, qui se caractérise par la présence, à la naissance, d’un orice dans la cloison qui sépare les deux oreillettes, est un exemple de malormation cardiaque congénitale. Le sang de l’oreillette gauche, là où la pression est élevée, est dévié vers l’oreillette droite, là où la pression est plus basse. Cette malormation peut provoquer l’hypertrophie du cœur droit. La communication interventriculaire risque de survenir si la ormation de la cloison interventriculaire est incomplète. La tétralogie de Fallot est une malormation qui se produit lorsque le septum aortopulmonaire divise le tronc artériel commun de açon inégale. La malormation associe la communication interventriculaire, le rétrécissement de la voie artérielle pulmonaire (sténose pulmonaire), la malposition de l’aorte qui se trouve à cheval sur les deux ventricules et une hypertrophie ventriculaire droite.
Vérifiez vos connaissances 35. Quel serait le trajet du fot sanguin dans le cœur si
le oramen ovale ne se ermait pas à la naissance ?
RÉSUMÉ DU CHAPITRE 19.1 Une introduction au système cardiovasculaire – 864
• Le système cardiovasculaire se compose du cœur et des vaisseaux sanguins ; il est respon-
sable de la circulation sanguine pulmonaire et de la circulation sanguine systémique. 19.1.1
La fonction générale du système cardiovasculaire ................................................................ 864 • Le système cardiovasculaire veille au transport de diverses substances dans le corps et à
l’irrigation sanguine de tous les tissus. 19.1.2
Une vue d’ensemble des composantes du système cardiovasculaire ................................ 864 • Les vaisseaux sanguins se répartissent en artères, capillaires et veines. Les artères quittent
le cœur. Les veines ramènent le sang au cœur. Les capillaires sanguins sont le site d’échanges entre le sang et les tissus. • Le cœur onctionne comme deux pompes côte à côte : le cœur droit, ormé d’une oreillette et
d’un ventricule, et le cœur gauche, ormé lui aussi d’une oreillette et d’un ventricule. Les valves ont en sorte que la circulation sanguine cardiaque emprunte une seule direction. • Les deux voies circulatoires sont la circulation pulmonaire et la circulation systémique. Le
déplacement du sang va essentiellement comme suit : cœur droit → poumons → cœur gauche → organes et tissus → retour au cœur droit. La circulation pulmonaire amène le sang veineux appauvri en O2 dans le cœur droit, qui l’envoie aux poumons, où il se charge de O2 et se débarrasse du CO2. Après cet échange gazeux, le sang oxygéné retourne dans le cœur gauche. • La circulation systémique est le circuit qu’emprunte le sang riche en O2. Ce sang se rend du
cœur gauche aux diérents systèmes de l’organisme. C’est dans les cellules que s’eectue l’échange de nutriments, de gaz et de déchets métaboliques ; le sang appauvri en O2 retourne ensuite au cœur droit.
906 Partie IV Le maintien et la régulation
19.2
19.2.1
L’emplacement et l’orientation du cœur ................................................................................... 867 • Le cœur est situé dans le médiastin, à la gauche de la ligne médiane du corps, sur le plan
L’emplacement et l’enveloppe du cœur – 867
postérieur par rapport au sternum ; son apex se projette sur le plan antéro-inérieur. 19.2.2
Les caractéristiques du péricarde ............................................................................................ 867 • Le péricarde, une membrane qui enveloppe le cœur, prend la orme d’un sac péricardique
dont la paroi externe est le péricarde fbreux et dont la paroi interne est ormée du euillet pariétal du péricarde séreux ; ce dernier comporte également un euillet viscéral, l’épicarde, qui constitue le revêtement externe de la paroi cardiaque. • L’espace compris entre les deux euillets du péricarde séreux orme un espace potentiel,
l’espace péricardique, qui contient du liquide séreux produit par les membranes séreuses et dont la onction consiste à lubrifer les suraces en contact pour atténuer le rottement.
19.3
• Le cœur droit est proéminent sur le plan antérieur, tandis que le cœur gauche occupe le plan
postérieur.
L’anatomie du cœur – 871 19.3.1
Les structures à la surace du cœur ......................................................................................... 871 • Le sillon coronaire et le sillon interventriculaire parcourent la surace externe du cœur. Les
vaisseaux coronaires courent au creux de ces sillons. 19.3.2
Les tuniques de la paroi du cœur .............................................................................................. 871 • Les tuniques du cœur sont l’épicarde, à savoir le euillet viscéral du péricarde séreux, ormé
de tissu conjoncti lâche recouvert d’un épithélium simple squameux, le myocarde ormé de tissu musculaire strié cardiaque et l’endocarde ormé d’une mince couche de tissu conjoncti lâche recouvert d’un épithélium simple squameux. 19.3.3
Les cavités du cœur .................................................................................................................... 875 • Les quatre cavités cardiaques sont les oreillettes droite et gauche, et les ventricules droit et
gauche. Les oreillettes reçoivent le sang des veines. Les ventricules propulsent le sang dans les artères. La paroi des ventricules est beaucoup plus épaisse que celle des oreillettes. • Les oreillettes sont séparées par une cloison interauriculaire, alors que les ventricules sont
séparés par un septum interventriculaire. 19.3.4
Les valves cardiaques ................................................................................................................ 876 • Les valves auriculoventriculaires occupent la jonction entre une oreillette et un ventricule.
Elles empêchent le sang de reuer dans les oreillettes. Les valves sigmoïdes marquent l’embouchure d’un tronc artériel (tronc pulmonaire ou aorte) dans un ventricule. Elles empêchent le sang de reuer dans les ventricules. 19.3.5
La structure microscopique et les caractéristiques du muscle cardiaque ........................ 877 • Le myocyte cardiaque est une petite cellule ramifée ; il est doté en son centre de un ou de
deux noyaux. • Des disques intercalaires lient étroitement les myocytes cardiaques, et les jonctions ouvertes
permettent la propagation du potentiel d’action d’un myocyte cardiaque à l’autre. • Le myocyte cardiaque a recours presque exclusivement à la respiration cellulaire aérobie
pour produire le transporteur d’énergie appelé adénosine triphosphate (ATP). 19.3.6
Le squelette fbreux du cœur ..................................................................................................... 879 • Le squelette fbreux ait ofce de zone d’ancrage pour les valves cardiaques et le muscle
cardiaque lui-même. Il empêche la transmission du potentiel d’action de l’oreillette au ventricule ailleurs qu’au nœud auriculoventriculaire.
Chapitre 19 Le système cardiovasculaire : le cœur
19.4 La circulation coronarienne : l’irrigation sanguine de la paroi du cœur – 880
907
• La circulation coronarienne est le trajet qu’emprunte le sang en provenance et à destination
de la paroi du cœur. 19.4.1
Les artères coronaires ............................................................................................................... 880 • Les artères coronaires transportent le sang destiné à la paroi du cœur ; elles sont au nombre
de deux, l’artère coronaire gauche et l’artère coronaire droite, toutes deux issues de l’aorte. Elles se subdivisent en rameaux. • La circulation dans les artères coronaires est intermittente : elle est onctionnelle lorsque le
cœur est relâché, et interrompue durant la contraction. La circulation est aussi qualifée de terminale, car si l’une des artères se bouche, l’ischémie qui en résultera sera atale pour cette région du muscle cardiaque. 19.4.2
Les veines du cœur ..................................................................................................................... 881 • Le retour veineux s’eectue par les veines du cœur qui aboutissent dans le sinus coronaire,
lequel se déverse dans l’oreillette droite.
19.5 Les structures anatomiques régulant l’activité cardiaque – 882
• Le système de conduction et le système nerveux autonome régulent l’activité cardiaque. 19.5.1
Le système de conduction du cœur .......................................................................................... 882 • La stimulation du muscle cardiaque suppose l’initiation d’un potentiel d’action au nœud sinu-
sal et sa transmission par le système de conduction appelé système cardionecteur. • Le système cardionecteur comprend le nœud sinusal, le nœud auriculoventriculaire, le ais-
ceau auriculoventriculaire et le réseau des myofbres de conduction ; il est composé de cellules cardiaques spécialisées, les cellules cardionectrices, qui génèrent et propagent les potentiels d’action donnant lieu à la contraction cardiaque. 19.5.2
L’innervation du cœur .................................................................................................................. 884 • L’innervation parasympathique provient du centre cardio-inhibiteur qui ralentit la réquence
cardiaque. L’innervation sympathique provient du centre cardioaccélérateur qui accélère la réquence cardiaque et augmente la orce de contraction.
19.6
19.6.1
Une vue d’ensemble des pompes et des canaux ioniques des cellules cardionectrices .... 884 • Les pompes et les canaux ioniques propres au neurone sont également présents sur la mem-
La stimulation cardiaque – 884
brane plasmique de la cellule du système cardionecteur. Canal particulier à ce système, le canal à Na+ voltage-dépendant lent assure la dépolarisation spontanée de la cellule du système cardionecteur. 19.6.2
L’activité électrique du nœud sinusal : l’initiation du potentiel d’action .............................. 885 • Les cellules du nœud sinusal présentent un automatisme qui leur permet de déclencher des
potentiels d’action de açon autonome. • Les trois phases de l’activité électrique au nœud sinusal sont : 1) le ranchissement du seuil
d’excitabilité grâce à l’arrivée d’ions Na+ dans la cellule par les canaux sodiques voltagedépendants ; 2) la dépolarisation sous l’eet de l’entrée d’ions Ca2+ dans la cellule par les canaux calciques voltage-dépendants ; et 3) la repolarisation au moment où les ions K+ quittent la cellule par les canaux potassiques voltage-dépendants. • Au repos, le système nerveux parasympathique ralentit le rythme naturel de production d’im-
pulsions nerveuses du système cardionecteur, qui est ramené de 100 à 75 battements par minute. 19.6.3
Le système de conduction du cœur : la propagation du potentiel d’action ........................ 887 • Le potentiel d’action se propage dans le système cardionecteur en passant par : 1) le nœud
sinusal ; 2) le nœud auriculoventriculaire ; 3) le aisceau auriculoventriculaire ; 4) les aisceaux auriculoventriculaires droit et gauche ; et 5) le réseau des myofbres de conduction. • Après avoir parcouru le système cardionecteur, le potentiel d’action se propage au sarco-
lemme et stimule la contraction des sarcomères du myocyte cardiaque.
908 Partie IV Le maintien et la régulation
19.7
19.7.1
Les myocytes cardiaques – 889
Une vue d’ensemble des pompes et des canaux ioniques dans les myocytes cardiaques ................................................................................................... 889 • Les pompes et les canaux propres aux fbres musculaires squelettiques sont également pré-
sents sur la membrane plasmique des myocytes cardiaques. Celle-ci comporte des canaux Na+ voltage-dépendants qui participent à la dépolarisation et des canaux K+ voltagedépendants qui participent à la repolarisation. Des canaux calciques voltage-dépendants sont particulièrement utiles aux myocytes cardiaques dans la transmission du potentiel d’action. 19.7.2
Les activités électriques et mécaniques des myocytes cardiaques ................................... 889 • L’activité électrique du muscle cardiaque va de la dépolarisation à la repolarisation du sarco-
lemme en passant par la phase du plateau, rendue possible par l’action des canaux calciques voltage-dépendants lents. • L’activité mécanique du muscle cardiaque s’apparente à celle des muscles squelettiques, soit
la ormation de liens transversaux dans les sarcomères des myocytes cardiaques et la contraction de ces sarcomères. 19.7.3
La repolarisation et la période réfractaire ............................................................................... 890 • La période réractaire est plus longue dans le muscle cardiaque que dans les muscles sque-
lettiques afn que le myocarde puisse se contracter et se relaxer avant d’être stimulé de nouveau ; cet aspect est essentiel à l’action de pompage du cœur. • Le plateau laisse aux myocytes cardiaques le temps de se contracter et de se relâcher. 19.7.4
L’enregistrement de l’électrocardiogramme ........................................................................... 891 • L’ECG est l’enregistrement de l’activité électrique globale du cœur reproduit sur un tracé.
L’examen est utile dans le diagnostic et le traitement de dysonctionnements cardiaques. L’onde P est associée à la dépolarisation auriculaire, le complexe QRS, à la dépolarisation ventriculaire, et l’onde T, à la repolarisation ventriculaire.
19.8
• Le cycle cardiaque couvre la période allant du déclenchement d’un battement de cœur au
déclenchement du battement suivant.
Le cycle cardiaque – 893 19.8.1
Une vue d’ensemble du cycle cardiaque .................................................................................. 894 • Le terme systole désigne la contraction de la paroi cardiaque, alors que le terme diastole
désigne son relâchement. 19.8.2
Le déroulement du cycle cardiaque ......................................................................................... 894 • La systole auriculaire consiste en la contraction de la paroi auriculaire destinée à terminer le
remplissage du ventricule correspondant qui, lui, est en diastole. • Le début de la systole ventriculaire est une période isovolumétrique de contraction : la
contraction s’amorce, les valves auriculoventriculaires se reerment et le sang ne se déplace pas encore. • La fn de la systole ventriculaire correspond à l’éjection du sang : les valves sigmoïdes
s’ouvrent et le sang est propulsé par ces ouvertures dans un tronc artériel (aorte ou tronc pulmonaire). • Au début de la diastole ventriculaire, le ventricule commence à se relâcher : les valves auricu-
loventriculaires demeurent ermées et les valves sigmoïdes se reerment. C’est la période isovolumétrique de relâchement. • À la fn de la diastole ventriculaire, le ventricule commence à se remplir au moment où les
valves auriculoventriculaires s’ouvrent et que le remplissage passi s’amorce.
19.9
• Le débit cardiaque est une indication de l’efcacité du système cardiovasculaire dans l’exer-
cice de sa onction de transport de substances dans l’organisme.
Le débit cardiaque – 898 19.9.1
Une introduction au débit cardiaque ........................................................................................ 899 • Le débit cardiaque correspond à la quantité de sang propulsé par un ventricule en une minute. • Le débit cardiaque est le produit de la réquence cardiaque par le volume systolique. • La réserve cardiaque représente la possibilité pour le cœur d’accroître sa capacité à pomper
le sang au-delà de son débit normal au repos. Elle désigne la diérence entre le débit cardiaque maximal et le débit cardiaque au repos.
Chapitre 19 Le système cardiovasculaire : le cœur
19.9.2
909
Les variables infuant sur la réquence cardiaque ................................................................. 900 • Les agents chronotropes, en modulant l’activité électrique aux nœuds sinusal et auriculoven-
triculaire, modifent la réquence cardiaque. L’agent chronotrope positi accélère la réquence cardiaque, tandis que l’agent chronotrope négati ralentit la réquence cardiaque. Le réexe de Bainbridge protège le cœur contre le remplissage excessi. Durant une augmentation du retour veineux, des inux sympathiques en provenance du centre cardioaccélérateur stimulent le cœur, qui augmente alors sa réquence. 19.9.3
Les variables infuant sur le volume systolique ...................................................................... 900 • Le retour veineux, les agents inotropes et la postcharge inuent sur le volume systolique. En
ait, celui-ci est directement proportionnel au retour veineux (précharge). L’agent inotrope positi augmente la orce de contraction, donc le volume systolique, alors que l’agent inotrope négati le diminue. Enfn, le volume systolique est inversement proportionnel à la postcharge, soit la résistance à l’éjection venant du réseau artériel. 19.9.4
Les variables infuant sur le débit cardiaque .......................................................................... 902 • La réquence cardiaque est modulée selon l’activité du système de conduction, tandis que le
volume systolique est modulé par l’activité du myocarde. • La réquence cardiaque et le volume systolique inuent directement sur le débit cardiaque.
19.10 La formation du cœur – 903
• Le cœur commence à se ormer à compter de la troisième semaine de grossesse. • Les cellules du mésoderme dans la région cardiaque de l’embryon s’assemblent en cœurs
primordiaux cardiaques (deux tubes) qui usionnent au 21e jour pour constituer le tube cardiaque primiti. • Le oramen ovale, une ouverture qui relie les deux oreillettes, ait en sorte que la plus grande
partie du sang est déroutée de la circulation pulmonaire. Il se erme à la naissance. • Plusieurs anomalies septales peuvent survenir durant le développement. Les principales ano-
malies sont la communication interauriculaire, la communication interventriculaire et la tétralogie de Fallot (division inégale du septum aortopulmonaire).
AUTOÉVALUATION
Solutionnaire
Concepts de base 1
Quel est le trajet du sang qui circule dans le cœur ?
3
a) Oreillette droite → valve auriculoventriculaire gauche → ventricule droit → valve sigmoïde pulmonaire
a) d’entraîner la dépolarisation et de générer le potentiel d’action
b) Oreillette droite → valve auriculoventriculaire droite → ventricule droit → valve sigmoïde pulmonaire
2
Les canaux calciques des cellules du système cardionecteur ont pour onction .
b) de aire en sorte que le surplus de calcium quitte la cellule
c) Oreillette gauche → valve auriculoventriculaire droite → ventricule gauche → valve sigmoïde aortique
c) de veiller à ce que la cellule atteigne rapidement son potentiel de membrane au repos
d) Oreillette gauche → valve auriculoventriculaire gauche → ventricule gauche → valve sigmoïde pulmonaire
d) de soutenir la contraction de la cellule
La cavité péricardique est située entre
.
a) le péricarde fbreux et le euillet pariétal du péricarde séreux b) les euillets pariétal et viscéral du péricarde séreux c) le euillet viscéral du péricarde séreux et l’épicarde d) le myocarde et le euillet viscéral du péricarde séreux
4
La précharge est une indication
.
a) du volume de la cavité ventriculaire avant sa contraction b) de la réquence des contractions du muscle cardiaque c) de la diminution du remplissage à l’eort d) de la stimulation du cœur par le système nerveux autonome
910 Partie IV Le maintien et la régulation
5
Les phénomènes ci-dessous se produisent à la contraction ventriculaire, à l’exception .
8
Décrivez les diérences onctionnelles entre les branches sympathique et parasympathique du système nerveux autonome dans leur eet sur l’activité cardiaque.
9
Indiquez les deux phénomènes à l’origine de la contraction du muscle cardiaque qui ont intervenir le système cardionecteur et les myocytes cardiaques.
a) de la ermeture des valves auriculoventriculaires b) de l’éjection de sang dans l’aorte c) de l’ouverture des valves sigmoïdes d) de l’entrée du sang en provenance de l’artère pulmonaire dans l’oreillette 6
Décrivez les circulations pulmonaire et systémique, et précisez ce qui les diérencie.
7
Expliquez pourquoi la paroi des oreillettes est plus mince que celle des ventricules, et pourquoi la paroi du ventricule droit est plus mince que celle du ventricule gauche.
10 Précisez ce qu’est le débit cardiaque ainsi que la nature de
l’infuence de la réquence cardiaque et du volume systolique sur lui.
Mise en application Répondez aux questions 1 et 2 à l’aide du paragraphe suivant.
3
En quoi l’accélération de la réquence cardiaque, conjuguée à de l’exercice physique vigoureux, peut-elle causer une perte de conscience ?
b) d’augmenter la postcharge c) de diminuer la contractilité d) de diminuer la précharge 4
Anna a été victime d’un grave accident de la route et elle est en hémorragie. Qu’est-il possible d’observer chez elle en raison de cette hémorragie ? a) Une baisse du volume systolique.
a) En raison d’une augmentation de la pression artérielle systémique.
b) Une hausse de la réquence cardiaque.
b) En raison de la déaillance du système de conduction.
c) Une baisse possible du débit cardiaque.
c) En raison d’une hausse du volume de sang revenant au cœur.
d) Toutes ces réponses sont correctes. 5
d) En raison de la réduction de la circulation sanguine coronaire due à la tachycardie. 2
.
a) d’augmenter le volume de sang propulsé
En s’adonnant à de l’exercice physique vigoureux, Sali ressent une vive douleur thoracique avant de s’eondrer. Il est réanimé et conduit à l’hôpital où il subit les tests usuels ainsi qu’un électrocardiogramme. Le médecin lui dit qu’il pourra reprendre ses activités et son entraînement habituels sans problème. 1
L’inhibiteur calcique est prescrit an
Durant l’opération, le ner vague droit est sectionné par mégarde. Précisez l’eet de cette lésion sur la réquence cardiaque. a) Rien ne change, car le ner vague n’innerve pas le cœur.
Laquelle de ces interventions ne serait pas eectuée pour écarter l’éventualité d’un inarctus du myocarde ?
b) La réquence cardiaque s’élève jusqu’au rythme inhérent au nœud sinusal.
a) L’électrocardiogramme.
c) Le cœur cesse de battre, et la réquence cardiaque devient nulle.
b) La surveillance constante de la pression artérielle. c) Le dosage de la créatine kinase (CK) comme marqueur de lésions cardiaques.
d) La réquence cardiaque s’abaisse jusqu’au rythme du nœud sinusal.
d) Une angiographie des vaisseaux coronariens.
Synthèse 1
2
Un couple d’amis a eu un bébé. Le médecin a dit aux parents que le oramen ovale qui relie les oreillettes ne s’est pas reermé, que le bébé a « un trou dans le cœur ». Comme vous êtes inrmière, vos amis ont appel à vous pour comprendre ce qui se passe. Vous avez à leur expliquer le trajet normal du sang dans le cœur et le parcours de la circulation sanguine lorsque le oramen ovale est toujours ouvert. Dans votre explication, abordez également le sujet du sang enrichi ou appauvri en oxygène. Âgé de 55 ans et en excès de poids, Jean-Marc n’a pas un régime alimentaire équilibré et ne ait pas d’exercice physique. Un jour, tandis qu’il marche d’un pas vi, il ressent de
la douleur à la poitrine et le long de son bras gauche. Le médecin diagnostique de l’angine causée par des problèmes cardiaques. Jean-Marc vous demande de lui parler des causes de l’angine et de la raison pour laquelle il a éprouvé de la douleur au bras alors que c’est son cœur qui a des problèmes. Que lui dites-vous ? 3
Le médecin annonce à votre grand-père que son nœud sinusal (stimulateur cardiaque) a cessé de onctionner. Expliquez pourquoi son cœur bat toujours à une réquence de 40 à 50 contractions par minute. Les oreillettes sontelles stimulées à se contracter ? Justiez votre réponse.
LE SYSTÈME CARDIOVASCULAIRE : LES VAISSEAUX ET LA CIRCULATION SANGUINE
CHAPITRE
20
Adaptation française :
Matthieu Devito
LE CHIRURGIEN CARDIOVASCULAIRE…
DANS LA PRATIQUE
La chirurgie cardiovasculaire est une spécialité chirurgicale englobant le diagnostic et le traitement des troubles touchant le cœur et les vaisseaux sanguins. L’athérosclérose, un trouble vasculaire courant, se caractérise par l’accumulation de dépôts lipidiques sur la paroi de vaisseaux ; les plaques ainsi ormées réduisent leur calibre. L’obstruction complète du vaisseau peut se traduire par la mort tissulaire de la région irriguée. Le chirurgien cardiovasculaire intervient pour rétablir l’ouverture du vaisseau ou eectuer un pontage afn de restaurer la circulation sanguin et la perusion de l’organe touché. Il peut avoir recours au cathétérisme guidé par l’imagerie médicale afn de mettre en place des endoprothèses dans les vaisseaux bloqués.
20.1
La structure et la onction des vaisseaux sanguins............................ 912 20.1.1 La structure générale des vaisseaux .... 912 20.1.2 20.1.3 20.1.4 20.1.5
Les artères ......................................... Les capillaires sanguins ...................... Les veines .......................................... Les circuits des vaisseaux sanguins ....
20.4.2 20.4.3
914 917
20.5
919 921
INTÉGRATION Illustration des concepts Infuence de la orme des vaisseaux sanguins sur leur onction .................................... 922
20.2
Les échanges capillaires .......................... 20.2.1 La diusion et le transport vésiculaire .... 20.2.2 Les échanges liquidiens ...................... 20.2.3 La pression nette de fltration ..............
923 923 923 925
Animation 20.3
20.4
La régulation de la pression artérielle et du débit sanguin .................................... 936 20.5.1 La régulation nerveuse de la pression artérielle....................... 936 Animation 20.5.2
20.6
La régulation hormonale de la pression artérielle....................... 939 La vitesse du débit sanguin..................... 941
Illustration des concepts Facteurs de régulation de la pression artérielle ............................................... 942 INTÉGRATION
20.7
20.2.4
Le rôle du système lymphatique .......... 926 Le débit sanguin local ............................... 926 20.3.1 Le degré de vascularisation et l’angiogenèse ................................. 926 20.3.2 La régulation locale de courte durée.... 926 20.3.3 La relation entre les débits sanguins local et systémique ............................. 927 La pression sanguine, la résistance et le débit sanguin systémique ............... 928 20.4.1 La pression sanguine.......................... 928
La résistance...................................... 933 La relation entre le débit sanguin, les gradients de pression sanguine et la résistance périphérique ............... 935
20.8
20.9
La répartition du débit sanguin pendant l’eort............................................ 944 La circulation pulmonaire ......................... 945 20.8.1 Le circuit de la circulation pulmonaire .... 945 20.8.2 Les caractéristiques de la circulation pulmonaire ......................................... 946 La circulation systémique : les vaisseaux aérents et eérents du cœur......................................................... 946 20.9.1 Les principales subdivisions de l’aorte à la sortie du cœur .............. 946
20.9.2
Les veines retournant le sang au cœur droit ..................................... 949 20.10 La circulation systémique : la tête et le tronc ......................................... 949 20.10.1 20.10.2 20.10.3 20.10.4 20.10.5
La tête et le cou ................................. Les parois thoracique et abdominale ... Les organes thoraciques ..................... Le tube digesti................................... Les organes de la région abdominale postérieure, le bassin et le périnée ...... 20.11 La circulation systémique : les membres supérieurs et inérieurs .................................................. 20.11.1 Les membres supérieurs .................... 20.11.2 Les membres inérieurs ...................... 20.12 La ormation des vaisseaux sanguins, les circulations œtale et postnatale, et le vieillissement ...................................... 20.12.1 La ormation des vaisseaux sanguins ............................................ 20.12.2 La circulation œtale ........................... 20.12.3 La circulation postnatale ..................... 20.12.4 Le développement postnatal et le vieillissement des vaisseaux sanguins... Liens entre le système cardiovasculaire et les autres systèmes ..........................................
949 951 955 957 959
961 961 963
963 966 966 967 967 968
912 Partie IV Le maintien et la régulation
20.1 La structure et la fonction
des vaisseaux sanguins
Pompé par le cœur, le sang est envoyé partout dans le corps grâce à un système de distribution : les vaisseaux sanguins. La résistance rencontrée par le sang durant sa circulation dans le réseau sanguin se nomme pression artérielle. Cette pression est tributaire du rythme et de la orce du cœur, de l’activité physique et de l’état des vaisseaux sanguins. Une pression artérielle minimale est nécessaire à la propulsion et à la circulation du sang, ainsi qu’à celles des nutriments et des gaz respiratoires qu’il contient, jusque dans les moindres recoins de l’organisme. Si la pression artérielle chute, le corps est privé de nutriments et risque la mort. Nombre de systèmes, comme les systèmes endocrinien, nerveux et urinaire, participent au maintien de la pression artérielle sufsante pour que les tissus soient irrigués de manière à pouvoir accomplir leurs tâches. Avant d’étudier plus en détail la pression artérielle, cette section traite d’abord des voies de circulation, à savoir les vaisseaux sanguins. Les vaisseaux sanguins se classent en trois groupes d’après leur onction respective. Les artères transportent le sang qui va du cœur aux capillaires. Les capillaires (capillaris, de
capillus = cheveu) sont des vaisseaux sanguins microscopiques relativement poreux dans lesquels se produit l’échange de substances entre le sang et les tissus. Les veines recueillent le sang des capillaires et le dirigent vers le cœur.
20.1.1
La structure générale des vaisseaux
1
Décrire les trois tuniques communes à la plupart des vaisseaux sanguins.
2
Préciser les caractéristiques distinctives des tuniques des artères, des capillaires et des veines.
La paroi vasculaire se compose de tuniques (tunica = enveloppe) concentriques qui délimitent la lumière (ou espace libre central) du vaisseau dans laquelle s’écoule le sang. De l’intérieur vers l’extérieur, ces tuniques sont l’intima, la média et l’adventice FIGURE 20.1. Les tuniques et leur composition varient selon le type de vaisseau sanguin. Ainsi, en observant le type de tuniques et leurs caractéristiques, il est possible de défnir de quel type de vaisseau sanguin il s’agit.
Intima
Endothélium Couche sous-endothéliale
Valvule
Média Fibres élastiques
FIGURE 20.1
Adventice
Parois de l’artère, du capillaire et de la veine ❯ Les artères et les veines sont dotées de trois tuniques : l’intima, la média et l’adventice. Par comparaison avec la veine, l’artère possède une média plus épaisse et une lumière plus petite ; la tunique la plus épaisse de la paroi vei neuse est l’adventice. Des veines sont pourvues de val vules. En général, le capillaire ne comporte qu’une tunique, l’intima (membrane basale et endothélium), et il est dépourvu de couche sousendothéliale.
Vasa vasorum
Lit capillaire
Lumière
Lumière
Artère Endothélium Membrane basale
Capillaire
Lumière Veine
Chapitre 20 Le système cardiovasculaire : les vaisseaux et la circulation sanguine 913
20.1.1.1 Les tuniques
Veine
Artère
La média (medialis, de medius = qui est au milieu, central) (ou tunique moyenne) se situe entre les deux autres tuniques. Elle se compose principalement de cellules musculaires lisses disposées en couches concentriques, soutenues par des fbres élastiques. Ces cellules musculaires se contractent et provoquent la vasoconstriction, c’est-à-dire le rétrécissement de la lumière du vaisseau sanguin, tandis que leur relâchement produit la vasodilatation, soit l’élargissement de la lumière du vaisseau. L’adventice (adventicius =qui vient de l’extérieur) (ou externa) est la tunique externe de la paroi vasculaire. Elle est ormée de tissu conjoncti aréolaire contenant des fbres élastiques et du collagène. Cette tunique sert de point d’ancrage du vaisseau à d’autres structures. L’adventice des vaisseaux sanguins volumineux a besoin d’être alimentée en sang. À cet eet, la tunique externe est parcourue d’un réseau de petites artères nourricières appelé vasa vasorum (vaisseaux des vaisseaux). Il est important de noter que les tuniques plus internes des vaisseaux sanguins sont alimentées en nutriments directement par le sang circulant dans la lumière du vaisseau.
20.1.1.2 Une comparaison entre
les divers vaisseaux sanguins Les artères et les veines irriguant la même région du corps et adoptant une trajectoire parallèle rapprochée sont appelées vais seaux annexes FIGURE 20.2. Par rapport à la veine annexe, l’artère comporte une paroi et une média plus épaisses, une lumière moins grande et un plus grand nombre de fbres élastiques et de fbres de collagène (voir les fgures 20.1 et 20.2). Grâce à ses caractéristiques particulières,
MO 100 x
L’intima (intimus = intérieur) est la tunique interne de la paroi vasculaire. Elle est ormée d’un endothélium, un épithélium simple squameux, qui délimite la lumière du vaisseau sanguin et d’une mince couche sous-endothéliale aite de tissu conjoncti aréolaire. Cette tunique constitue une surace lisse qui acilite l’écoulement du sang. C’est cette tunique qui prolonge l’endocarde, la membrane interne du cœur (voir la section 19.3.2).
Sang dans la lumière
FIGURE 20.2 Vue microscopique d’une artère et d’une veine
❯ Parce que sa paroi vasculaire est plus épaisse que celle de la veine, l’artère conserve en général sa forme. La paroi de la veine annexe s’aplatit habituellement quand le vaisseau n’est pas rempli de sang. Sur l’image, la veine est ouverte.
la paroi artérielle reprend sa orme et ait preuve d’une plus grande résilience (capacité de reprendre sa orme après avoir subi un choc) et d’une meilleure résistance à la variation de la pression sanguine que la paroi veineuse. D’ailleurs, la pression sanguine dans les artères est beaucoup plus élevée que dans les veines. La lumière de l’artère demeure ouverte même en l’absence de sang. Pour sa part, la veine annexe a une tunique externe plus épaisse, une lumière plus grande et une quantité moindre de fbres élastiques et de fbres de collagène que sa contrepartie artérielle. En général, la veine s’aplatit en l’absence de sang. Les caractéristiques des artères et des veines sont résumées dans le TABLEAU 20.1.
TABLEAU 20.1 Comparaison entre l’artère et la veine annexes Caractéristique
Artère annexe
Veine annexe
Diamètre de la lumière
Plus petit que celui de la veine
Plus grand que celui de l’artère
Épaisseur générale de la paroi
Plus épaisse que la paroi veineuse
Plus mince que la paroi artérielle
Forme transversale
Conservation de sa forme circulaire
Tendance à s’aplatir en l’absence de sang
Tunique la plus épaisse
Média
Adventice
Fibres élastiques et fbres de collagène des tuniques
Plus nombreuses que dans les tuniques de la veine
Moins nombreuses que dans les tuniques de l’artère
Valvules
Aucune
Dans la plupart des veines
Pression du sang
Plus élevée que dans les veines (100 mm Hg dans les grosses artères et 40 mm Hg dans les artérioles)
Plus basse que dans les artères (20 mm Hg dans les veinules et 0 mm Hg dans les veines caves)
Direction de la circulation sanguine
Du cœur aux régions du corps
Des régions du corps au cœur
Taux d’oxygène
Artères systémiques : transport du sang riche en oxygène ; artères pulmonaires : transport du sang appauvri en oxygène
Veines systémiques : transport du sang appauvri en oxygène ; veines pulmonaires : transport du sang riche en oxygène
914 Partie IV Le maintien et la régulation
Les capillaires ont ceci de distincti qu’ils ne sont constitués que de l’intima ormée d’un endothélium et d’une membrane basale sous-jacente. Il n’y a pas de tissus sous l’endothélium (couche sous-endothéliale). La présence d’une seule tunique explique le ait que la paroi du capillaire est très mince, ce qui avorise les échanges rapides de gaz, de nutriments et de déchets entre le sang des capillaires et les tissus avoisinants.
Vérifiez vos connaissances 1. Indiquez trois différences anatomiques structurales
entre l’artère et la veine.
20.1.2 3
Les artères
Distinguer les artères élastiques des artères musculaires et des artérioles.
Les artères se ramifent en vaisseaux de plus en plus petits au ur et à mesure qu’elles s’éloignent du cœur. Ce rétrécissement résulte d’une réduction du diamètre de la lumière ainsi que d’une modifcation dans la composition de la paroi, laquelle se traduit par une diminution du nombre de ses fbres élastiques et une augmentation de ses cellules musculaires lisses. Les artères se rangent dans trois catégories : les artères élastiques, les artères musculaires et les artérioles FIGURES 20.3 et 20.4.
Aorte ascendante Tronc pulmonaire (artère) Veine cave supérieure Veines
Artères
Grosse veine
Artère élastique Veine cave inférieure
Intima
Intima
Valvule Média
Média Adventice
Adventice Aorte descendante
Veine petite ou moyenne
Artère musculaire
Intima Valvule Média
Intima Limitante élastique interne Média
Adventice
Veinule
Artériole
Limitante élastique externe Adventice
Intima Intima Média Adventice
Média Adventice
FIGURE 20.3 Membrane basale
Comparaison entre les vaisseaux sanguins annexes ❯ Les tuniques de l’artère et celles de la veine annexe ne sont pas de la même épaisseur, et cette dernière varie selon la taille du vaisseau sanguin.
Endothélium Capillaire
Chapitre 20 Le système cardiovasculaire : les vaisseaux et la circulation sanguine 915
Lumière Intima
Média
MO 100 x
Fibres élastiques de la média Adventice A. Artère élastique
abondance de fbres élastiques, l’artère peut s’élargir et accueillir le sang éjecté par le ventricule à la systole (contraction), puis reprendre sa orme. Ce rétrécissement de la lumière propulse le sang dans l’arbre artériel à la diastole ventriculaire (relaxation du ventricule). L’aorte et les artères pulmonaires, le tronc brachiocéphalique, les artères carotides, les artères subclavières et les artères iliaques communes sont des artères élastiques (voir la fgure 20.19A). Les artères élastiques se subdivisent en artères musculaires.
20.1.2.2 Les artères musculaires
Intima Lumière
Limitante élastique interne Média
MO 100 x
Limitante élastique externe Adventice
B. Artère musculaire
Média comptant quelques couches de cellules musculaires lisses
MO 220 x
Lumière
C. Artériole
FIGURE 20.4 Types d’artères
❯ Cette image au microscope optique permet de voir trois artères diérentes. A. L’artère élastique est ormée d’une média constituée d’un vaste réseau de fbres élastiques. B. La média de l’artère musculaire se compose de nombreuses couches de cellules musculaires lisses bordées de part et d’autre d’une limitante élastique. C. La média de l’artériole comporte tout au plus six couches de cellules musculaires lisses.
20.1.2.1 Les artères élastiques Les plus grosses artères sont les artères élastiques ; leur diamètre varie de 1 à 2,5 centimètres (cm). Ce sont les artères principales qui transportent le sang du cœur aux artères musculaires de plus petit calibre. Comme leur nom l’indique, ces artères ont une paroi aite d’un grand nombre de fbres élastiques réparties dans les trois tuniques, mais surtout dans la média. Grâce à cette
Le diamètre de l’artère musculaire varie habituellement de 0,3 millimètre (mm) à 1 cm. Ces artères de calibre moyen orment le réseau de distribution du sang dans les régions et les organes du corps. La tunique la plus épaisse de l’artère musculaire est la média, qui est constituée de plusieurs couches de cellules musculaires lisses. Les fbres élastiques de l’artère musculaire sont confnées à deux zones circonscrites : la limitante élastique interne, qui sépare l’intima de la média, et la limitante élas tique externe, qui sépare la média de l’adventice. L’abondance de tissu musculaire par rapport au tissu élastique conère à l’artère musculaire la propriété de se contracter (vasoconstriction) et de se dilater (vasodilatation), mais, parce qu’elle comporte moins de fbres élastiques que l’artère élastique, elle ne peut s’étirer autant. La plupart des artères dont le nom est associé à une partie du corps (p. ex., l’artère brachiale, l’artère tibiale antérieure, l’artère coronaire, les artères mésentériques) sont des artères musculaires (voir la fgure 20.19A). Les artères musculaires se ramifent en artérioles.
20.1.2.3 Les artérioles Les artérioles sont les artères de plus petit calibre ; leur diamètre varie de 10 micromètres (µm) à 0,3 mm. En général, leur média compte moins de six couches de fbres musculaires lisses. La grande artériole est dotée des trois tuniques, tandis que la petite artériole a une paroi ormée d’un mince endothélium enveloppé d’une seule couche de cellules musculaires lisses. Habituellement, les fbres musculaires lisses de l’artériole sont légèrement contractées (au même titre que les muscles squelettiques, la plupart du temps ; voir la section 10.7.1). Cet état de aible vasoconstriction constitue le tonus vasomoteur régulé par le centre vasomoteur du tronc cérébral. Les artérioles exercent un rôle important dans la régulation de la pression artérielle systémique et celle du débit sanguin dans les tissus (voir la section 20.4.2.3).
Vérifiez vos connaissances 2. Quelles sont les modifcations de la composition de la
paroi vasculaire des artères au fl de leur ramifcation en artères de plus en plus petites ?
916 Partie IV Le maintien et la régulation
INTÉGRATION APPLICATION CLINIQUE
L’athérosclérose
Les facteurs de risque
DÉSÉQUILIBRE HOMÉOSTATIQUE
L’athérosclérose (atheroma = tumeur graisseuse, sklêros = dur) est une maladie évolutive de la paroi des artères élastiques et des artères musculaires. Elle se caractérise par la présence de plaques d’athérome (ou plaques athéromateuses) qui entraînent l’épais sissement de l’intima et le rétrécissement du calibre de l’artère.
L’étiologie L’étiologie de l’athérosclérose, c’estàdire sa cause, n’est pas complètement élucidée, mais l’hypothèse prédominante veut qu’il s’agisse d’une réaction à des lésions (Tedgui & Chapman, 2004). Cette théorie suppose que la lésion de l’endothélium de la paroi artérielle, particulièrement les lésions multiples occasion nées par une inection, un traumatisme ou l’hypertension, pro voque une réaction inammatoire qui aboutit à la ormation de la plaque d’athérome. L’endothélium lésé devient perméable, ce qui stimule l’adhérence de leucocytes (ou globules blancs) et de thrombocytes (ou plaquettes) sur la lésion et déclenche la réac tion inammatoire (voir la section 22.3.4). Des lipoprotéines de basse densité (LDL) et des lipoprotéines de très basse densité (VLDL) s’engourent dans l’intima, se lient à des molécules d’oxygène et s’accumulent sur la paroi vasculaire. L’oxydation des lipoprotéines attire des monocytes qui se fxent à l’endothé lium et migrent dans la paroi. Au cours de leur migration, ces monocytes ingèrent les lipoprotéines et se transorment en cel lules spumeuses, à savoir des cellules remplies de vacuoles lipi diques. Par la suite, les fbres musculaires lisses de la média migrent dans la plaque d’athérome et y prolièrent, agrandissant ainsi la plaque qui rétrécit davantage la lumière du vaisseau san guin, ce qui a pour conséquence de réduire la circulation du sang en direction des régions irriguées par l’artère. Au ur et à mesure que la plaque s’épaissit, les cellules en leur centre meurent, et du calcium s’y dépose. La paroi de l’artère devient ulcérée et rugueuse, avorisant ainsi l’accumulation de sang, l’adhésion des thrombocytes et la ormation de caillots. L’athérosclérose est une maladie évolutive. Les plaques se orment au début de l’âge adulte et s’agrandissent avec le temps. Aucun signe ou symptôme ne signale leur présence jusqu’à ce qu’elles obstruent les artères au point d’entraver la circulation sanguine et de provoquer des complications vasculaires. Sang dans la lumière rétrécie
Dans certains cas, il s’agit d’une prédisposition génétique ; dans d’autres, ce peut être l’hypercholestérolémie (hausse du taux de cholestérol sanguin), une maladie à tendance amiliale corrélée avec l’apparition et la gravité de l’athérosclérose. Par ailleurs, l’athérosclérose touche davantage les hommes que les emmes, et la maladie symptomatique se ait plus réquente avec l’âge. Enfn, le tabagisme et l’hypertension, qui provo quent des lésions vasculaires, sont également des acteurs de risque.
Les options thérapeutiques S’il n’y a que quelques sites d’occlusion, le traitement utilise l’an gioplastie (aggeion = capsule, vaisseau, plassein = modeler). L’intervention consiste en l’insertion d’un cathéter à ballonnet dans une artère. Une ois le cathéter positionné au site de l’oc clusion, le ballonnet est goné, ce qui a pour eet d’élargir la zone rétrécie. La mise en place d’une endoprothèse maintient l’ouverture. L’endoprothèse vasculaire est un treillis métallique qui, à la açon d’un ressort, se détend pour maintenir l’ouverture du vaisseau sanguin. En cas d’occlusion des artères coronaires, le pontage coronaire, un traitement eracti, s’avère nécessaire. Une veine (p. ex., la grande veine saphène) ou une artère (p. ex., l’artère thoracique interne) détournée de son cours habituel sert de greon interposé entre l’aorte et l’artère coronaire en aval de son obstruction.
Plaque d’athérome
Cathéter
Artère
1 Le cathéter transporte le ballonnet dégonflé et l’endoprothèse comprimée au site de l’occlusion. Ballonnet
Endoprothèse vasculaire
2 Le ballonnet est gonflé, et l’endoprothèse vasculaire s’étend, se met en place et comprime la plaque d’athérome.
M
Artère normale
O
x 50 O
20
x
Lumière
M
Artère athéroscléreuse
Plaque d’athérome obstruant la lumière
3 Le ballonnet est dégonflé et le cathéter est retiré, mais l’endoprothèse vasculaire demeure en place dans le vaisseau sanguin.
L’angioplastie a pour objecti de rétablir la lumière de l’artère rétrécie.
Chapitre 20 Le système cardiovasculaire : les vaisseaux et la circulation sanguine 917
INTÉGRATION APPLICATION CLINIQUE
L’anévrisme DÉSÉQUILIBRE HOMÉOSTATIQUE
Au fl du vieillissement, les artères élastiques et les artères musculaires perdent de leur capacité à supporter les grandes pressions qu’elles subis sent au cours du cycle cardiaque. En outre, l’augmentation de la pres sion artérielle systolique (due à une augmentation de la rigidité de la paroi artérielle en raison de la perte de fbres élastiques), qui peut survenir avec l’âge, vient accentuer ce pro blème. C’est ainsi que des personnes âgées sont aux prises avec un ané Aorte normale vrisme (aneurusma = dilatation), soit la dilatation d’un segment artériel due à l’amincissement de la paroi vasculaire causé par une diminution des fbres de collagène, comme dans la plupart des tissus. Cette paroi menace de se rompre, auquel cas l’hémorragie massive subséquente risque d’entraîner la mort.
20.1.3
Les capillaires sanguins
4
Décrire la structure anatomique générale et les onctions des capillaires.
5
Comparer les capillaires continu, enêtré et sinusoïde sous les aspects de la structure anatomique, des onctions et de l’emplacement.
6
Indiquer la trajectoire du sang dans le lit capillaire.
Les capillaires sont les plus petits vaisseaux sanguins. Ils sont situés entre les artérioles et les veinules (les plus petites veines). En moyenne, le capillaire a une longueur de 1 mm et un diamètre de 8 à 10 µm, un diamètre à peine plus grand que celui de l’érythrocyte (ou globule rouge). Les érythrocytes y circulent ainsi à la queue leu leu. Pour ce aire, ils s’emboîtent les uns dans les autres et orment une ligne, le rouleau (voir la section 18.3.2). Le capillaire est constitué d’une couche de cellules endothéliales reposant sur une membrane basale. Son petit diamètre et sa paroi mince avorisent l’échange de substances entre le sang et les tissus.
20.1.3.1 Les types de capillaires Les diérents capillaires se distinguent les uns des autres par leur degré de perméabilité ; ce sont les capillaires continus, les capillaires enêtrés et les capillaires sinusoïdes TABLEAU 20.2 . Les capillaires les plus courants sont les capillaires continus. Les cellules endothéliales qui tapissent la lumière orment un revê tement continu d’une pièce reposant sur une membrane basale
L’anévrisme intracrânien (ou céré bral), dans l’une des artères à la base du crâne, et l’anévrisme aor tique (thoracique ou abdominal) sont les plus courants. Dans le cas de l’anévrisme intracrânien, les symptômes suivants sont souvent observés : vision double ou perte de la vue, strabisme, tremblements incontrôlables de l’œil et des paupières, céphalées et douleurs aciales. L’anévrisme thoracique s’accompagne de douleurs thora ciques vives, de toux avec expec toration de sang, de respiration siante et de difculté à déglutir. Gros anévrisme de Dans le cas d’un anévrisme abdo l’aorte abdominale minal, une douleur vive dans le bas du dos est observée. Le traitement des anévrismes est essentiellement chirurgical : ermeture de l’anévrisme rupturé par une agraphe, pose d’un greon synthé tique ou d’une endoprothèse vasculaire.
d’une pièce, elle aussi. Des jonctions serrées (voir la section 4.5.4) unissent les cellules endothéliales les unes aux autres, sans pour autant ormer des joints étanches. Les espaces qui persistent entre les cellules orment les fentes intercellulaires. Les substances qui sortent du sang ou qui y entrent traversent les cellules endothéliales selon un mode de transport cellulaire comme la diusion ou la pinocytose (voir la section 4.3), ou passent entre les cellules endothéliales dans les entes intercellulaires par diusion ou par échange liquidien (voir la section 20.2.2). La taille des entes intercellulaires dicte la grosseur des substances qui peuvent les traverser : les entes sont trop petites pour laisser passer des substances volumineuses comme les éléments fgurés et les protéines plasmatiques, mais elles sont assez grandes pour permettre le passage de petites substances, d’une taille inérieure à 5 nanomètres (nm), comme le glucose, les acides aminés et les ions. Les capillaires continus sont situés dans les muscles, la peau, les poumons et le système nerveux central. Les capillaires fenêtrés (fenestra = enêtre) sont également aits d’un revêtement continu de cellules endothéliales et d’une membrane basale d’une pièce. Cependant, la paroi de ces capillaires est constituée de petites zones arrondies (d’un diamètre de 10 à 100 nm habituellement) dont la paroi est extrêmement mince : ce sont les fenestrations (ou pores). Ces pores sont trop petits pour que les éléments igurés traversent la paroi, mais assez grands pour laisser passer les petites protéines plasmatiques. Les capillaires enêtrés sont situés là où les échanges liquidiens entre le sang et le liquide interstitiel des tissus sont intenses, notamment dans l’intestin grêle où les nutriments sont absorbés, dans le corps
918 Partie IV Le maintien et la régulation TABLEAU 20.2
Types de capillaires
Caractéristique
A. Capillaire continu
B. Capillaire fenêtré
Structure
Membrane basale
Membrane basale
Pores (fenestrations)
Vésicules de pinocytose
Érythrocyte
Érythrocyte Lumière Fente intercellulaire
Fente intercellulaire
Noyau d’une cellule endothéliale
Lumière Noyau d’une cellule endothéliale
Description
• Lumière tapissée d’un revêtement endothélial continu • Membrane basale d’une pièce • Fentes entre les cellules endothéliales
• Comme le capillaire continu, en plus de perorations arrondies d’un diamètre allant de 10 à 100 nm (pores ou enestrations)
Substances traversant la paroi vasculaire
• Certains leucocytes, plasma et son contenu (à l’exception de la plupart des protéines)
• Grande quantité de substances fltrées, sécrétées ou absorbées • Protéines de petite taille
Emplacement
• Type de la plupart des capillaires (capillaires des muscles, de la peau, du thymus, des poumons et du système nerveux central)
• • • •
ciliaire de l’œil qui sécrète l’humeur aqueuse, dans le plexus choroïde qui produit le liquide cérébrospinal dans l’encéphale, dans la plupart des glandes endocrines pour aciliter le passage des hormones dans le sang ainsi que dans les reins, là où le sang est iltré. Les capillaires sinusoïdes (sinus = courbe, pli, eidos = aspect) (ou capillaires discontinus) sont ormés d’un revêtement endothélial parcellaire marqué de grandes ouvertures (ou espaces libres) et d’une membrane basale discontinue, s’il y en
INTÉGRATION LIENS ENTRE LES CONCEPTS La barrière hématoencéphalique (voir la section 13.2.4) se compose de capillaires continus modifés, ormés d’une mem brane basale épaissie et dépourvue de entes intercellulaires. Des péricytes sont présents à certains endroits sur la surace externe de ces capillaires. Ce sont des cellules semblables à des cellules musculaires lisses qui agissent un peu à la manière d’étaux pour resserrer la paroi, ce qui a pour eet de la stabili ser. Les substances traversent les cellules endothéliales selon des modes de transport régulés, sau en ce qui concerne les substances non polaires, notamment la nicotine et l’alcool, qui se déplacent par simple diusion et qui pénètrent dans le cerveau.
Intestin grêle : absorption de nutriments Corps ciliaire : production de l’humeur aqueuse dans l’œil Plexus choroïde : production du liquide cérébrospinal La plupart des glandes endocrines : passage des hormones dans le sang • Reins : fltration du sang
a une. Ce sont donc les capillaires les plus perméables. En eet, les ouvertures avorisent le passage de substances volumineuses (p. ex., les éléments fgurés, les grosses protéines plasmatiques) et du plasma en direction des tissus. Les capillaires sinusoïdes de la moelle osseuse ont entrer les éléments fgurés dans la circulation, ceux du oie et de la rate avorisent l’élimination des érythrocytes âgés de la circulation sanguine et ceux de certaines glandes endocrines acilitent le passage d’hormones dans le sang. Dans le cas des capillaires sinusoïdes du oie, des macrophagocytes stellaires (ou cellules de Kuper) sont présents ici et là sur la paroi, et ils phagocytent des bactéries transportées par le sang.
20.1.3.2 Les lits capillaires Les capillaires n’agissent pas isolément, mais plutôt en groupe ; de 10 à 100 capillaires se rassemblent en un lit capillaire pour onctionner ensemble FIGURE 20.5. Une métartériole (meta = succession, changement), une structure vasculaire terminale issue d’une artériole, nourrit le lit capillaire. La partie proximale de la métartériole est encerclée de fbres musculaires lisses éparses, tandis que sa partie distale, le canal de passage (ou canal de Suquet), est dépourvue de fbres musculaires lisses. Le canal de passage est relié à une veinule postcapillaire qui collecte le sang du lit capillaire.
Chapitre 20 Le système cardiovasculaire : les vaisseaux et la circulation sanguine
C. Capillaire sinusoïde
919
exercice physique important qui nécessite l’utilisation de plusieurs muscles, le sang sera dérivé vers ces derniers plutôt que vers le système digestif.
Vérifiez vos connaissances 3. Quels capillaires sont les plus perméables et où
sont-ils situés dans l’organisme ?
20.1.4
• Lumière tapissée d’un revêtement endothélial discontinu • Membrane basale incomplète ou absente
• Substances volumineuses (éléments gurés, grosses protéines plasmatiques) et plasma
• Moelle osseuse : passage des éléments gurés dans le sang • Foie et rate : phagocytose des vieux érythrocytes par des macrophagocytes et élimination des déchets de la circulation • Certaines glandes endocrines : lobe antérieur de l’hypophyse, glandes surrénales et glandes parathyroïdes
La métartériole se ramie en vaisseaux, les capillaires vrais, qui constituent le lit capillaire. Au point d’origine de certains capillaires vrais (ceux des mésentères) se situe le sphincter précapillaire, un anneau musculaire lisse qui contrôle la circulation sanguine. Lorsque le sphincter est relâché, le sang circule dans les capillaires vrais, tandis que s’il se contracte, le sang passe directement de la métartériole à la veinule postcapillaire par le canal de passage, contournant ainsi le lit capillaire. Le cycle de contraction et de relaxation des sphincters précapillaires se reproduit au rythme de 5 à 10 par minute. Ce phénomène vasomoteur contrôle les variations de débit sanguin dans le tissu. Il est régi par des substances chimiques libérées localement par les cellules endothéliales, comme le monoxyde d’azote. Seulement le quart des lits capillaires sont perfusés en même temps, car l’ensemble des capillaires s’étend sur plus de 95 000 kilomètres (km) et il n’y a qu’environ 250 à 300 millilitres (ml) de sang (5 % du volume de sang total) qui y circulent à tout moment. Il n’y a tout simplement pas assez de sang pour remplir tous les capillaires en même temps. Le terme perfusion désigne la quantité précise de sang circulant dans les capillaires par unité de temps par gramme de tissu ; la perfusion s’exprime en millilitres par minute par gramme (ml/min/g). Selon les besoins, la perfusion d’un tissu peut augmenter au détriment d’un autre tissu. Par exemple, durant un
Les veines
7
Décrire la structure et les fonctions générales des veines.
8
Préciser en quoi les veines font ofce de réservoirs sanguins pour le système cardiovasculaire.
Plus les veines s’éloignent des capillaires et se rapprochent du cœur, plus leur taille augmente en raison de l’accroissement du diamètre de leur ouverture (voir la gure 20.3).
20.1.4.1 Les veinules Les veinules sont les plus petites veines ; leur diamètre varie de 8 à 10 µm. Elles forment les vaisseaux annexes des artérioles. Les veinules les plus petites, les veinules postcapillaires, collectent le sang des capillaires. Les petites veinules s’assemblent pour former de plus grosses veinules, puis ces veinules se regroupent pour former les veines. La paroi des plus grosses veinules est dotée des trois tuniques. 20.1.4.2 Les petites, moyennes et grosses veines La veinule devient une veine lorsque son diamètre est supérieur à 100 µm. Les petites et les moyennes veines sont les vaisseaux sanguins annexes des artères musculaires, tandis que les grosses veines accompagnent les artères élastiques. La pression sanguine dans les veines est en général trop basse pour contrer la gravité. La plupart des veines des membres sont pourvues de valvules dans le but d’empêcher le sang de stagner dans les membres inférieurs. La valvule se compose principalement d’une intima et d’une structure de bres élastiques et de bres de collagène. Sa structure anatomique est semblable à celle des valves cardiaques sigmoïdes (voir la section 19.3.4). Il est important de noter que les veines des cavités abdominale et thoracique n’ont pas de valvules. INTÉGRATION LIENS ENTRE LES CONCEPTS Le sinus est une veine modiée dont la paroi, très mince, est dénuée de bres musculaires lisses. Il est soutenu par le tissu avoisinant. À titre d’exemple, il y a le sinus coronaire, soutenu par du tissu adipeux, qui parcourt le sillon coronaire du cœur (voir la gure 19.12, p. 881), et les sinus veineux cérébraux, formés par des dédoublements de la dure-mère (voir les gures 13.5 et 13.6, p. 573 et 574).
920 Partie IV Le maintien et la régulation
Extrémité artérielle
Capillaires vrais
Extrémité veineuse
Endothélium Endothélium
Fibres musculaires lisses Métartériole Canal de passage
Veinule postcapillaire
Artériole Sphincters précapillaires relâchés A. Sphincters relâchés ; lit capillaire bien perfusé
Sphincters précapillaires contractés B. Sphincters contractés ; contournement des capillaires vrais
FIGURE 20.5 Structure et perfusion d’un lit capillaire ❯ Le lit capillaire prend naissance dans une métartériole. Celleci est reliée à la veinule postcapillaire par le canal de passage. La métartériole se ramife en capillaires vrais, et la circulation du sang dans ces capillaires est
20.1.4.3 Les veines systémiques :
des réservoirs de sang La FIGURE 20.6 illustre la proportion de sang qui circule dans les diverses parties du système cardiovasculaire au repos. Relativement peu de sang parcourt le circuit pulmonaire (environ 12 %) et le cœur (environ 8 %). La plus grande partie du sang se déplace dans la circulation systémique (environ 80 %), plus
régulée par les sphincters précapillaires. A. Le lit capillaire est perusé en entier, les sphincters précapillaires étant relâchés. B. Le lit capillaire est vide de sang, car les sphincters précapillaires sont contractés.
précisément dans les veines systémiques (environ 60 %) (Vander, Widmaier, Raff et al., 2013). La présence de sang en quantité relativement grande dans les veines en fait des réservoirs san guins. Le sang passe des réservoirs veineux à la circulation grâce à la vasoconstriction veineuse durant un effort physique, c’est-à-dire lorsque les besoins énergétiques augmentent, et il retourne aux réservoirs veineux au repos lorsque les besoins diminuent et que les veines se dilatent.
Chapitre 20 Le système cardiovasculaire : les vaisseaux et la circulation sanguine 921
Circulation pulmonaire ≈ 12 %
Poumon
Le circuit sanguin qui se dirige vers la rate et en ressort est un exemple de circuit simple. L’artère splénique apporte le sang enrichi en oxygène (O2) à la rate, les échanges entre le sang et les tissus se déroulent dans le lit capillaire de la rate, puis une veine splénique recueille le sang appauvri en oxygène de la rate. L’artère qui n’ore qu’une seule voie par laquelle le sang peut se rendre à un organe est dite artère terminale.
20.1.5.2 Les circuits de suppléance
Cœur
Veines systémiques 60 %
Cœur ≈ 8 %
Capillaires systémiques 5%
Artères systémiques 15 % Circulation systémique ≈ 80 %
FIGURE 20.6 Répartition du sang au repos ❯ La proportion de sang qui circule dans les diérentes parties du système cardiovasculaire varie. Ce sont les veines systémiques qui en contiennent le plus.
La FIGURE 20.7 illustre la açon dont la structure particulière d’un vaisseau sanguin est adaptée à ses onctions précises.
Vérifiez vos connaissances 4. Pourquoi les veines sontelles qualifées de réservoirs
sanguins ?
20.1.5
9
Les circuits des vaisseaux sanguins
Distinguer le circuit sanguin simple des circuits sanguins de suppléance.
Les vaisseaux sanguins sont disposés en circuits simples ou en circuits de suppléance FIGURE 20.8.
20.1.5.1 Le circuit simple Le circuit simple est celui qu’emprunte l’artère majeure qui transporte le sang à un organe ou à une région du corps et qui se ramie en artères de plus en plus petites, lesquelles deviennent des artérioles. Chacune de ces artérioles donne naissance à un lit capillaire. Une veinule draine le sang des capillaires et s’unit à d’autres veinules pour ormer une veine majeure qui collecte le sang de l’organe ou de la région irriguée. Ainsi, le circuit simple est ormé de l’artère, du lit capillaire et de la veine qui irrigue l’organe ou la région.
Le sang peut circuler dans plusieurs circuits de suppléance aisant intervenir des anastomoses et des systèmes portes. Ces circuits dièrent du circuit simple par le nombre d’artères, de lits capillaires ou de veines qui irriguent l’organe ou la région en question. Trois circuits de suppléance sont constitués d’anastomoses. L’anastomose est l’abouchement de deux vaisseaux sanguins. Si un vaisseau est sectionné ou obstrué (p. ex., par un caillot ou par la fexion d’une articulation), l’anastomose ournira une voie alternative à la circulation sanguine an d’irriguer la région. L’anastomose artérielle réunit deux ou plusieurs artères qui convergent vers la même région du corps. Par exemple, la gure 20.22A présente des anastomoses entre les artères épigastriques supérieure et inérieure qui irriguent la paroi abdominale. D’autres vaisseaux, dont les artères coronaires, peuvent comporter des anastomoses si nes que ces artères sont considérées comme des artères terminales sur le plan fonctionnel (voir la section 19.4.1). L’anastomose veineuse réunit deux ou plusieurs veines qui drainent le sang de la même région. Les veines orment généralement plus d’anastomoses que les artères. Les veines qui drainent le sang des membres supérieurs, soit les veines basilique, brachiale et céphalique, sont des exemples d’anastomoses veineuses (voir la fgure 20.19B). L’anastomose artérioveineuse, qui orme une dérivation, ait passer le sang d’une artère directement dans une veine ; la circulation sanguine contourne donc le lit capillaire. De telles dérivations sont présentes dans les doigts, les orteils, la paume des mains, la plante des pieds et les oreilles ; grâce à ces anastomoses, le sang est dévié de ces régions en cas d’hypothermie (reroidissement). Le système porte représente un autre type de circuit. Le sang va d’un lit capillaire à un autre, les deux lits étant séparés par un vaisseau porte. Ce vaisseau peut être une veine ou une artère, selon l’endroit. Dans le cas d’une veine porte, elle transporte le sang à un organe (par l’intermédiaire de son lit capillaire) avant de le retourner au cœur. Donc, la circulation dans ce circuit va comme suit : une artère, un lit capillaire, une veine porte, un lit capillaire (organe) et une veine. Ainsi, le système porte hypothalamo-hypophysaire (voir la section 17.8.1) permet le passage direct de l’hormone hypothalamique au lobe antérieur de l’hypophyse. Le système porte hépatique constitue un autre exemple de système porte veineux (voir la section 20.10.4). Le rein a quant à lui un système porte artériel. Dans ce cas, l’artériole eérente, issue des capillaires glomérulaires, aboutit à un deuxième lit capillaire, les capillaires péritubulaires (voir le chapitre 24).
INTÉGRATION
ILLUSTRATION DES CONCEPTS
FIGURE 20.7 Infuence de la orme des vaisseaux sanguins sur leur onction ❯ La fgure ore une description de la structure et de la onction A. des artères, B. des capillaires et C. des veines.
C. Veines
A. Artères
Les veines systémiques rapportent le sang appauvri en oxygène au cœur. (À noter que les veines pulmonaires transportent le sang riche en oxygène en provenance des poumons.) Les petites veines se déversent dans des veines de plus en plus grosses.
Les artères systémiques transportent le sang enrichi en oxygène du cœur aux différentes parties du corps. Les artères pulmonaires transportent le sang appauvri en oxygène aux poumons. Les grandes artères se ramifient en artères de plus en plus petites, jusqu’aux artérioles.
Artères élastiques Elles s’étirent pour accueillir le sang éjecté du cœur et elles reprennent leur forme pour propulser le sang dans les artères.
Grosses veines Elles font office de réservoirs sanguins.
Artères musculaires Elles régulent la distribution du sang dans les organes par la vasoconstriction et la vasodilatation.
Artérioles Elles régulent la distribution du sang dans une région tissulaire par la vasoconstriction et la vasodilatation.
Anatomie de l’artère
Les valvules empêchent le reflux de sang.
Petites et moyennes veines Le sang est drainé d’abord par les veinules, puis par les petites veines et les veines moyennes et, enfin, par les grosses veines.
Anatomie de la veine Intima
Intima Endothélium
Endothélium
Couche sousendothéliale
Couche sous-endothéliale Média
Média Veinules Elles collectent le sang provenant des capillaires.
Fibres élastiques
B. Capillaires Lumière
Les capillaires accueillent le sang provenant des artérioles et sont le lieu des échanges de substances entre le sang et les cellules.
Sphincters précapillaires Ils régulent le flux sanguin dans les lits capillaires.
Sphincter précapillaire relâché
Flux sanguin
Adventice Vasa vasorum
Adventice
Sphincter précapillaire contracté
Valvule
Lit capillaire
Lumière Capillaire continu Le moins perméable
Capillaire fenêtré
Le degré de perméabilité détermine la taille et la quantité de substances qui traversent la paroi des capillaires.
Capillaire sinusoïde Le plus perméable
Chapitre 20 Le système cardiovasculaire : les vaisseaux et la circulation sanguine 923
20.2 Les échanges capillaires Les capillaires sont les lieux d’échange de substances (p. ex., les gaz de la respiration, les nutriments, les déchets métaboliques, les hormones) entre le sang et les tissus avoisinants. Les échanges s’effectuent par la diffusion et le transport vésiculaire, ou selon le principe de l’échange liquidien (ou écoulement de masse). A. Circuit simple
20.2.1
B. Circuits de suppléance
1
Anastomoses
Anastomoses veineuses
Anastomoses artérielles
Anastomose artérioveineuse (dérivation)
Système porte Lit capillaire Lit capillaire Vaisseau porte
Le transport vésiculaire intervient lorsque les cellules endothéliales ont recours à la pinocytose (voir la section 4.3.3) pour fusionner des vésicules remplies de liquide à la membrane plasmique et transporter leur contenu du sang au liquide interstitiel ou, à l’inverse, du liquide interstitiel au sang. Des grosses molécules, comme certaines hormones (p. ex., l’insuline), et des protéines traversent les cellules endothéliales par ce mode de transport.
FIGURE 20.8
Vérifiez vos connaissances 5. En quoi les divers circuits de suppléance dièrentils
du circuit simple ?
Décrire les processus de diusion et de transport vésiculaire entre les capillaires et les tissus.
Dans les capillaires systémiques, l’oxygène, les hormones et les nutriments traversent la paroi vasculaire par diffusion (voir la section 4.3.1), se déplaçant du sang où leur concentration est relativement élevée au liquide interstitiel, puis dans les cellules où la concentration de ces substances est plus basse. Pour leur part, le dioxyde de carbone (CO2) et les déchets métaboliques passent par diffusion des tissus, où ils sont en grande concentration, au sang, où leur concentration est basse. Les solutés liposolubles (dioxygène, dioxyde de carbone) de taille minime passeront à travers la double couche de phospholipides de la membrane plasmique des cellules endothéliales. Les liquides contenant de petits solutés hydrosolubles (p. ex., du glucose, des ions) passeront par les fentes intercellulaires, alors que les solutés de plus grande taille (p. ex., les petites protéines) doivent traverser la paroi vasculaire par les ouvertures des capillaires fenêtrés ou les espaces libres des capillaires sinusoïdes.
Vérifiez vos connaissances
Comparaison entre le circuit simple et les circuits de suppléance ❯ A. Le circuit simple se compose d’une artère majeure, d’un lit capillaire et d’une veine majeure qui irriguent une région du corps. B. Les anastomoses et les systèmes portes représentent des circuits de suppléance. Les anastomoses dièrent entre elles par le nombre d’artères, de lits capillaires ou de veines qui irriguent la région du corps. Dans un système porte, le sang veineux est d’abord dirigé vers le lit capillaire d’un autre organe, le oie par exemple, avant d’être redirigé vers le cœur.
La diffusion et le transport vésiculaire
6. Quelles substances traversent la membrane capillaire
par diusion ? Quelles sont celles qui sortent des capillaires par transport vésiculaire ?
20.2.2
Les échanges liquidiens
2
Décrire les processus des échanges liquidiens, de la fltration et de la réabsorption.
3
Préciser les similitudes et les diérences entre les pres sions hydrostatique et osmotique dans les capillaires.
L’échange liquidien (ou écoulement de masse) correspond au déplacement d’une grande quantité de liquide et des substances
924 Partie IV Le maintien et la régulation
qui y sont dissoutes dans la direction dictée par le gradient de pression. La fltration, un processus se déroulant à l’extrémité artérielle du capillaire, désigne le déplacement de liquide, selon le principe de l’échange liquidien, qui quitte le sang par les ouvertures des capillaires (entes intercellulaires, enestrations). Le liquide et les solutés de petite taille s’écoulent librement, alors que les solutés de grande taille ne passent généralement pas. À l’opposé, l’extrémité veineuse du capillaire est le lieu de la réab sorption, qui désigne le déplacement de liquide, toujours selon le principe de l’échange liquidien, dans la direction opposée, c’està-dire vers le sang FIGURE 20.9. Pourquoi un processus de fltration à l’extrémité artérielle du capillaire et un processus de réabsorption à son extrémité veineuse ? La direction du déplacement de liquide est onction de la pression nette exercée par deux orces opposées dans le capillaire, soit la pression hydrostatique et la pression osmotique ; les deux s’expriment en millimètres de mercure (mm Hg).
20.2.2.1 La pression hydrostatique La pression hydrostatique (PH) correspond à la orce physique qu’exerce un liquide sur une structure. Ainsi, la pression hydro statique sanguine (PHs) (ou simplement pression sanguine) est la orce qu’exerce le sang contre la paroi vasculaire par unité de
surace. La pression hydrostatique sanguine avorise la fltration capillaire. Le liquide interstitiel possède sa propre pression hydrostatique appelée pression hydrostatique du liquide interstitiel (PHli). Cette pression correspond à la orce exercée par le liquide interstitiel sur la surace externe du vaisseau sanguin. Dans la plupart des tissus, la pression hydrostatique du liquide interstitiel est très basse et, pour simplifer, elle est considérée comme étant nulle. Donc, pour les besoins de la discussion, la principale pression hydrostatique est celle du sang, qui avorise la sortie de substances du capillaire.
20.2.2.2 La pression osmotique L’autre orce principale qui régule la fltration et la réabsorption est la pression osmotique (PO). Cette pression désigne la orce d’attraction qui s’exerce sur l’eau pour qu’elle se déplace par osmose dans une zone où la concentration en solutés est relativement élevée. La pression osmotique colloïdale (ou pression oncotique) se défnit comme l’attraction de l’eau dans un tissu exercée par les grosses molécules non diusables, soit les protéines (colloïdes) présentes dans ce tissu à une certaine concentration. Puisque les protéines sont les seules molécules à exercer cette pression, les termes pression osmotique et pression
En direction du cœur
En provenance du cœur Réabsorption
Filtration Extrémité artérielle
Extrémité veineuse
La pression hydrostatique est supérieure à la pression osmotique. La pression nette favorise la sortie.
La pression osmotique est supérieure à la pression hydrostatique. La pression nette favorise l’entrée. Liquide interstitiel
Capillaire
(35 − 0) 35 mm Hg PH nette
Artériole
14 mm Hg PNF Sortie
(26 − 5) 21 mm Hg PO nette
(16 − 0) 16 mm Hg PH nette
(26 − 5) 21 mm Hg PO nette
–5 mm Hg PNF Entrée
PH nette
−
PO nette
=
PNF
PH nette
−
PO nette
=
PNF
(PHs − PHli)
−
(POs − POli)
=
PNF
(PHs − PHli)
−
(POs − POli)
=
PNF
(35 − 0)
−
(26 − 5)
PNF
(16 − 0)
−
(26 − 5)
=
PNF
35 mm Hg
−
21 mm Hg
16 mm Hg
−
21 mm Hg
=
= 14 mm Hg
= −5 mm Hg
Veinule
FIGURE 20.9 Échanges liquidiens dans les capillaires
❯ La pression hydro statique sanguine (PHs) est plus grande à l’extrémité artérielle du capillaire qu’à son extrémité veineuse. La pression osmotique (PO) demeure relativement constante, de sorte que la pression nette de fltration (PNF)
avorise la sortie du liquide à l’extrémité artérielle et la réabsorption du liquide à l’extrémité veineuse du capillaire. À noter que toutes les valeurs dans la fgure sont en millimètres de mercure (mm Hg).
Chapitre 20 Le système cardiovasculaire : les vaisseaux et la circulation sanguine 925
osmotique colloïdale sont interchangeables. Afn de ne pas alourdir le texte, l’expression pression osmotique sera utilisée dans le reste du chapitre. La pression osmotique colloïdale du sang (POs) est la orce qui attire le liquide vers le sang en raison de la présence de protéines comme l’albumine. La pression osmotique colloïdale sanguine s’oppose à la pression hydrostatique ; elle avorise donc la réabsorption. Des cliniciens utilisent le terme oncotique (onkos = masse, volume) pour désigner la pression osmotique colloïdale sanguine. Il existe également une pression osmotique du liquide inter stitiel (POli), mais elle est relativement basse en raison de la rareté des protéines dans ce liquide. Cette pression peut varier de 0 à 5 mm Hg. Connaissant les valeurs précises des pressions hydrostatique et osmotique, il est possible de déterminer la direction de l’échange liquidien en calculant la pression nette de fltration (PNF) (voir la fgure 20.9).
Vériiez vos connaissances 7. Quelle est la diérence entre la pression hydrostatique
et la pression osmotique colloïdale ?
20.2.3
La pression nette de fltration
4
Défnir la notion de pression nette de fltration.
5
Calculer la pression nette de fltration aux extrémités artérielle et veineuse du capillaire.
La pression nette de fltration (PNF) correspond à la diérence entre la pression hydrostatique nette, soit la diérence entre la pression hydrostatique du sang et celle du liquide interstitiel, et la pression osmotique nette, soit la diérence entre la pression osmotique du sang et celle du liquide interstitiel (voir la fgure 20.9). Le calcul de la pression nettte de fltration s’eectue comme suit : PNF = (PHs − PHli) − (POs − POli) où PHs = pression hydrostatique du sang, PHli = pression hydrostatique du liquide interstitiel, POs = pression osmotique du sang et POli = pression osmotique du liquide interstitiel. Cette ormule s’inspire de la loi de Starling, qui doit son nom au physiologiste Ernest Starling (1866-1927). Il est l’un des premiers à avoir découvert que les orces hydrostatique et osmotique s’opposent l’une à l’autre dans la régulation de la fltration et de la réabsorption de liquide et de substances dans la membrane capillaire. La PNF change au fl du déplacement du sang de l’extrémité artérielle à l’extrémité veineuse des capillaires. À l’extrémité artérielle d’un capillaire, la PHs est habituellement de 35 mm Hg environ, la PHli est de 0 mm Hg en théorie, la POs est d’environ 26 mm Hg et la POli est d’environ 5 mm Hg. La PNF se calcule comme suit : PNF = (35 mm Hg − 0 mm Hg) − (26 mm Hg − 5 mm Hg) PNF = 35 mm Hg − 21 mm Hg PNF = 14 mm Hg
Il convient de noter que la PNF a une valeur positive de 14 mm Hg à l’extrémité artérielle. La valeur positive indique que la pression hydrostatique poussant le liquide hors du sang est supérieure à la pression osmotique nette attirant le liquide dans le capillaire. Par conséquent, la fltration, soit la sortie de liquide du vaisseau sanguin au fnal et sa diusion dans le tissu avoisinant, se produit à l’extrémité artérielle du capillaire. En ce qui a trait à l’activité se déroulant à l’extrémité veineuse du capillaire, la pression hydrostatique sanguine diminue continuellement au fl de la circulation du sang dans le réseau capillaire vers l’extrémité veineuse, car il y a plus de liquide qui sort des capillaires qu’il y en a y pénètrant. Le volume sanguin ayant diminué, la pression hydrostatique sanguine à l’extrémité veineuse du capillaire est moindre qu’à son extrémité artérielle, soit habituellement de 16 à 20 mm Hg environ. À l’opposé, les pressions osmotiques du sang et du liquide interstitiel demeurent relativement constantes dans le réseau capillaire, et leur valeur est sensiblement la même aux deux extrémités du capillaire : la POs est d’environ 26 mm Hg et la PO li est de 5 mm Hg environ. La PH li est toujours de 0 mm Hg. La PNF à l’extrémité veineuse du capillaire se calcule comme suit : PNF = (16 mm Hg − 0 mm Hg) − (26 mm Hg − 5 mm Hg) PNF = 16 mm Hg − 21 mm Hg PNF = −5 mm Hg La PNF est donc négative (−5 mm Hg). Cette valeur négative s’explique par le ait que la pression hydrostatique du sang est inérieure à la pression osmotique nette. Par conséquent, le phénomène qui se produit à l’extrémité veineuse du capillaire est la réabsorption, soit le déplacement du liquide du tissu avoisinant en direction du vaisseau sanguin. Les valeurs de pression utilisées ici pour calculer la PNF ne sont que des exemples. La valeur précise est onction de la partie du corps, de la quantité de sang arrivant dans un lit capillaire en particulier et de l’état de santé général de la personne. Animation Les échanges liquidiens de part et d’autre de la paroi des capillaires
À votre avis 1. Estce possible que la pression artérielle diminue au
point où les échanges capillaires cessent ? Précisez.
Vériiez vos connaissances 8. Quelle est la variation de la pression hydrostatique
de l’extrémité artérielle à l’extrémité veineuse du capillaire ? La pression osmotique uctuetelle de la même manière ? 9. Quelles sont les deux pressions les plus élevées
aux extrémités artérielle et veineuse du capillaire ? Décrivez l’eet de chacune de ces deux pressions sur la fltration et la réabsorption.
926 Partie IV Le maintien et la régulation
20.2.4 6
Le rôle du système lymphatique
Décrire le rôle du système lymphatique dans le lit capillaire.
Bien qu’il y ait ltration nette de liquide à l’extrémité artérielle du capillaire et réabsorption nette de liquide à l’extrémité veineuse, ce n’est pas tout le liquide qui est réabsorbé à l’extrémité veineuse du capillaire. Les capillaires ne réabsorbent qu’environ 85 % du liquide qui a traversé dans l’espace interstitiel. Que devient la proportion restante de 15 %, soit environ 1,5 millilitre par minute (ml/min), de liquide non réabsorbé ? En ait, un autre système, le système lymphatique, est chargé de collecter ce liquide et de le retourner dans le sang. Les capillaires lymphatiques réabsorbent le liquide résiduel de l’espace interstitiel, le ltrent et le renvoient dans la circulation veineuse (voir le chapitre 21).
Vérifiez vos connaissances
La vascularisation d’un tissu peut varier avec le temps grâce au processus d’angiogenèse (aggeion= capsule, vaisseau, genesis =naissance, ormation, production). Ce terme désigne la ormation de vaisseaux sanguins dans des tissus qui en ont besoin. Grâce à l’angiogenèse, la région sera susamment irriguée tout au long des changements anatomiques qui s’étendent sur des semaines, voire des mois. Ainsi, l’entraînement en aérobie stimule l’angiogenèse dans les muscles squelettiques ; dans le tissu adipeux, elle se produit lorsque la personne prend du poids sous la orme de gras. L’angiogenèse survient également en réaction à l’occlusion (obstruction) des vaisseaux coronaires pour qu’une circulation suppléante ou collatérale se mette en place an d’irriguer la paroi cardiaque. La régression de la vascularisation, soit le retour à un état antérieur, est également possible. Ainsi, la vascularisation des muscles squelettiques d’une personne physiquement active a tendance à régresser lorsque cette personne devient sédentaire, et la vascularisation du tissu adipeux régresse lorsque la quantité de tissu adipeux diminue sous l’eet d’une diète et de l’augmentation de l’activité physique.
10. Si les vaisseaux lymphatiques sont incapables de
Vérifiez vos connaissances
onctionner normalement, que devient ce liquide occu pant l’espace interstitiel adjacent au lit capillaire ?
11. Qu’estce qui stimule l’angiogenèse dans les muscles
squelettiques ? Dans le tissu adipeux ?
20.3 Le débit sanguin local Il n’y a pas assez de sang dans l’organisme pour remplir tous les capillaires en même temps. Le sang doit donc être dirigé vers les organes et les tissus qui en ont le plus besoin. Le débit sanguin local correspond au sang qui circule dans les capillaires d’un tissu en particulier et il s’exprime en millilitres par minute (ml/min). La perusion, pour sa part, est la quantité précise de sang circulant dans les capillaires par unité de temps par gramme de tissu. Le but ultime du système cardiovasculaire consiste à veiller à la perusion susante de tous les tissus. La quantité de sang apporté à un organe ou à un tissu varie selon plusieurs acteurs, notamment : 1) l’étendue de la vascularisation de l’organe ou du tissu ; 2) les éléments régulateurs locaux infuant sur la circulation sanguine ; et 3) le débit sanguin systémique.
20.3.1
Le degré de vascularisation et l’angiogenèse
1
Expliquer ce qu’est le degré de vascularisation.
2
Décrire l’angiogenèse et préciser en quoi elle acilite la perusion.
Le degré de vascularisation, à savoir la distribution des vaisseaux sanguins dans une région, détermine l’apport sanguin potentiel dans cette région. Les organes au métabolisme très acti, notamment le cerveau, les muscles squelettiques, le cœur et le oie, ont généralement une vascularisation très étendue. Des structures comme les tendons et les ligaments sont par contre très peu vascularisées ; l’apport sanguin à ces tissus est limité.
INTÉGRATION APPLICATION CLINIQUE
L’angiogenèse tumorale DÉSÉQUILIBRE HOMÉOSTATIQUE
Au même titre que les cellules normales, les cellules anormales de la tumeur maligne ont besoin d’oxygène et de nutriments, et leurs déchets métaboliques doivent également être éliminés. La ormation de vaisseaux sanguins dans la tumeur, ou angioge nèse tumorale, constitue une étape cruciale dans la progression d’un cancer. Le processus s’amorce lorsque les cellules cancé reuses sécrètent des molécules, les acteurs angiogéniques tumoraux, qui incitent les cellules hôtes normales à sécréter des acteurs de croissance qui stimulent l’angiogenèse. La recherche s’emploie très activement à trouver un moyen de stopper l’an giogenèse tumorale dans l’espoir que la tumeur, privée d’oxy gène et de nutriments nécessaires à sa croissance, régresse, voire qu’elle disparaisse (Fondation contre le cancer, 2013).
20.3.2
La régulation locale de courte durée
3
Décrire et comparer le vasodilatateur et le vasoconstricteur.
4
Expliquer le mécanisme d’autorégulation du débit sanguin local du tissu en onction de ses besoins métaboliques et de la pression artérielle systémique.
5
Décrire la modifcation du débit sanguin local en cas de lésions tissulaires ou dans le cadre de la réaction de déense de l’organisme.
La régulation locale de la circulation sanguine est continuelle an de s’adapter à l’activité métabolique fuctuante du tissu.
Chapitre 20 Le système cardiovasculaire : les vaisseaux et la circulation sanguine 927
La circulation sanguine locale est également modiée en réaction à des lésions tissulaires ou dans le cadre de la réaction de déense de l’organisme. Le déclencheur est la variation de la concentration de certains composés chimiques, plus précisément les composés chimiques vasoactifs, répartis en deux catégories selon leur action : les vasodilatateurs et les vasoconstricteurs. Un vasodilatateur est une substance qui provoque la dilatation des artérioles et la relaxation des sphincters précapillaires, de sorte que la circulation sanguine dans le lit capillaire s’accroît. Un vasoconstricteur est une substance qui stimule la constriction des artérioles et des sphincters précapillaires, de sorte que la circulation sanguine dans le lit capillaire diminue (voir la fgure 20.5).
20.3.2.1 L’autorégulation et l’activité
métabolique fuctuante L’autorégulation désigne le processus par lequel le débit sanguin d’un tissu est constamment adapté aux modications des besoins de ce même tissu. En général, la perusion insusante due à l’augmentation de l’activité métabolique du tissu constitue le stimulus initial. Si le tissu n’est pas susamment irrigué, la quantité d’oxygène et de nutriments qui lui parvient diminue, tandis que les taux de dioxyde de carbone, d’acide lactique, d’ions hydrogène (H+) et d’ions potassium (K+) augmentent. Ces substances, dont la concentration change, agissent en tant que vasodilatateurs locaux qui ont pour eet d’augmenter la quantité de sang circulant dans les capillaires du tissu. Comme la perusion augmente et que les taux reviennent aux valeurs de l’homéostasie, les vaisseaux sanguins se contractent. Ainsi, le lien entre l’élévation du taux de ces substances et le degré de vasodilatation est régi par un mécanisme de rétro-inhibition. L’autorégulation prend davantage d’importance quand l’apport sanguin cesse temporairement, avant d’être restauré. Lorsque la circulation sanguine est entravée, le tissu est privé de l’oxygène et des nutriments dont il a besoin, et les déchets métaboliques s’accumulent. Au rétablissement de la circulation sanguine locale, le sang revient en orce, un phénomène appelé hyperémie réactive. Cette grande quantité de sang est nécessaire pour réapprovisionner le tissu en oxygène et en nutriments, et éliminer les déchets accumulés. Le rouge qui monte aux joues d’une personne quand elle entre dans un lieu chaud après avoir été au roid pendant un certain temps est un exemple d’hyperémie réactive. Dehors, au roid, les vaisseaux sanguins du derme se contractent, éloignant le sang qui emprunte une dérivation artérioveineuse pour conserver la chaleur. Au réchauement, la circulation sanguine qui se rétablit dans le derme est à l’origine de la teinte rougeâtre qui colore les joues. Avec le temps, la couleur disparaît, signe que la circulation sanguine de la peau est revenue à son état normal.
ragiles. Les variations de pression artérielle infuencent également le débit sanguin vers les tissus. Des réponses myogènes préviennent les dommages aux tissus malgré les variations de pression artérielle systémique. Ces réponses sont des réfexes aisant appel aux muscles lisses de la paroi vasculaire. Si la pression artérielle vers un organe ou un tissu augmente, le débit sanguin vers le tissu augmente également. Cela provoque un étirement passi de la paroi vasculaire de l’artériole qui irrigue le tissu. Le muscle lisse vasculaire réagit en se contractant. Cette vasoconstriction rétablit le débit sanguin normal dans le tissu. À l’inverse, si la pression artérielle vers le tissu diminue, le débit sanguin vers ce même tissu diminue. Cela provoque une vasodilatation qui rétablit à la hausse le débit sanguin vers le tissu. Ainsi, malgré les variations de pression artérielle systémique, le débit sanguin local dans un tissu demeure relativement stable.
20.3.2.3 La régulation de courte durée en cas de
lésions tissulaires ou dans le cadre de la réaction de déense de l’organisme La régulation du débit sanguin local entre également en jeu lorsque le tissu lésé, les leucocytes et les thrombocytes sécrètent des composés chimiques vasoactis en réaction à une lésion tissulaire ou dans le cadre de la réaction de déense de l’organisme se maniestant sous orme d’infammation (voir la section 22.3.4). Par exemple, un traumatisme, une réaction allergique, une inection ou l’exercice physique entraînent la sécrétion d’hista mine et de bradykinine. Ces substances chimiques provoquent une vasodilatation par voie directe en stimulant les artérioles, ou par voie indirecte en stimulant les cellules endothéliales du vaisseau sanguin qui sécréteront du monoxyde d’azote (NO) (ou oxyde nitrique). Ce composé chimique est un puissant vasodilatateur, mais il possède une durée d’action très brève, soit quelques secondes seulement. D’autres substances vasoactives, notamment les throm boxanes, provoquent une vasoconstriction (voir la description des hormones locales dans la section 17.3.2). Les cellules endothéliales lésées sécrètent bon nombre de composés chimiques agissant comme de puissants vasoconstricteurs destinés à empêcher l’écoulement de sang du vaisseau sanguin lésé (voir la section 18.4.1). Le TABLEAU 20.3 comporte notamment une liste des principaux vasodilatateurs et vasoconstricteurs.
Vériiez vos connaissances 12. Quel lien existetil entre l’activité métabolique et
le débit sanguin local ?
20.3.3
20.3.2.2 L’autorégulation et la pression
La relation entre les débits sanguins local et systémique
artérielle systémique Dans un tissu, il est important de maintenir un débit sanguin adéquat an d’assurer l’apport d’oxygène et de nutriments aux cellules. Un débit sanguin trop aible diminue la vitesse du métabolisme et peut entraîner la mort des cellules. Un débit sanguin trop élevé peut provoquer une rupture des capillaires sanguins
6
Préciser la relation générale existant entre les débits sanguins local et systémique.
Le maintien d’un débit sanguin local susant dans tout le corps qui permet d’irriguer tous les tissus repose, au nal, sur le débit
928 Partie IV Le maintien et la régulation TABLEAU 20.3
Substances et systèmes infuant sur la pression artérielle et la circulation sanguine
Eet
Substances locales
Hormones et neurotransmetteurs
Vasodilatation
• • • • • •
• Facteur natriurétique auriculaire (FNA) • Adrénaline a et noradrénaline (eet moins important) (liées aux récepteurs adrénergiques β des vaisseaux coronaires et des vaisseaux sanguins des muscles squelettiques)
↓ taux d’oxygène ↓ quantité de nutriments ↑ taux de CO2, d’H+, de K+ et d’acide lactique Histamine Bradykinine Prostaglandines
• Monoxyde d’azote (NO) Vasoconstriction
• • • • •
• • • •
↑ taux d’oxygène ↑ quantité de nutriments ↓ taux de CO2, d’H+, de K+ et d’acide lactique Endothélines Thromboxanes
Angiotensine II Aldostérone Hormone antidiurétique (ADH) Noradrénaline et adrénaline (liées aux récepteurs adréner giques α de la plupart des vaisseaux sanguins, dont ceux de la peau et des organes abdominaux)b
a
L’adrénaline accroît le débit cardiaque et provoque une vasoconstriction généralisée, sau dans le muscle cardiaque et les muscles squelettiques où elle entraîne une vasodilatation.
b
Une diminution de la stimulation sympathique s’accompagne d’une baisse de l’eet indiqué, de la même açon que la voiture ralentit lorsque l’accélérateur n’est plus enoncé.
sanguin systémique. Le débit sanguin systémique représente la quantité de sang transportée dans le réseau vasculaire en entier par unité de temps ; il s’exprime habituellement en litres par minute (L/min). Le débit sanguin systémique correspond au débit cardiaque. Le débit cardiaque moyen au repos est de 5,25 L/min. Il peut augmenter remarquablement durant l’activité physique (voir la section 19.9). Lorsque le débit cardiaque s’accroît, le débit sanguin systémique augmente, et la quantité de sang qui se rend aux tissus augmente aussi. Si le débit cardiaque diminue, le débit sanguin systémique diminue également, et il y a moins de sang qui se rend aux tissus. Les acteurs qui régulent le débit sanguin systémique relèvent des deux composantes du système cardiovasculaire, le cœur et les vaisseaux sanguins, ainsi que le sang qui y circule. Ces acteurs sont examinés en détail dans la prochaine section.
Vérifiez vos connaissances 13. En quoi le débit sanguin local dépendil du débit
sanguin systémique ?
20.4 La pression sanguine,
la résistance et le débit sanguin systémique
Cette section intègre les concepts portant sur le cœur, les vaisseaux sanguins et le sang pour décrire, dans un premier temps, la pression sanguine et le gradient de pression. Ces derniers sont établis par l’action de pompage du cœur, qui propulse le sang dans le réseau vasculaire, puis par la résistance, qui s’oppose à la circulation du sang. Cette section décrit également l’infuence de la pression sanguine et de la résistance sur le débit sanguin systémique.
20.4.1
La pression sanguine
1
Défnir la pression sanguine et le gradient de pression du sang.
2
Comparer la pression sanguine et le gradient de pression dans les artères, les capillaires et les veines, et préciser leurs caractéristiques distinctives.
3
Calculer la pression diérentielle et la pression artérielle moyenne dans les artères.
4
Décrire les mécanismes de compensation du petit gradient de pression veineuse déclenché pour assurer le retour veineux.
La pression sanguine correspond à la orce exercée par le sang contre la paroi vasculaire par unité de surace (voir la section 20.2.2). Le gradient de pression désigne la variation de la pression sanguine d’une extrémité à l’autre d’un vaisseau sanguin. Le gradient de pression sanguine qui existe dans le réseau vasculaire vient du ait que la pression sanguine est plus élevée dans les artères que dans les veines en raison de la contraction rythmique du cœur. Les gradients de pression sanguine ont une importance clinique et physiologique parce qu’ils constituent l’énergie motrice qui propulse le sang dans les vaisseaux sanguins. La FIGURE 20.10 illustre les concepts décrits ici.
20.4.1.1 La pression artérielle Le fux sanguin est pulsati dans les artères, rythmé par la contraction et le relâchement ventriculaire. La pression artérielle est à son plus haut durant la systole ventriculaire lorsque l’artère est étirée au maximum ; cette valeur représente la pression systolique. Elle est à son plus bas durant la diastole ventriculaire lorsque l’artère a complètement repris sa orme ; cette valeur correspond à la pression diastolique. La pression artérielle s’exprime par le rapport de deux valeurs : la pression systolique comme numérateur
Chapitre 20 Le système cardiovasculaire : les vaisseaux et la circulation sanguine 929
300 280 260 240 220 200 180 160 140 120 100 80 60 40 20 0
La pression systolique se mesure au moment où l’artère est étirée à son maximum durant la contraction ventriculaire (systole). Forme étirée
Forme initiale
Pression systolique (p. ex., 120 mm Hg)
Pression diastolique (p. ex., 80 mm Hg)
La pression diastolique se mesure au moment où l’artère a complètement repris sa forme au relâchem ment ventriculaire (d (diastole).
300 280 260 240 220 200 180 160 140 120 100 80 60 40 20 0
Flux sanguin différentiel Pression systolique − pression pressio pressio on diastolique = pression différentielle 120 mm Hg − 80 mm Hg = 40 mm Hg
Pression sanguine (mm Hg)
A.
Pression systolique
120 100 93 80
Pression artérielle moyenne (P.A.M.)
60
Pression diastolique
40
Extrémité artérielle du capillaire Extrémité veineuse du capillaire
20
av e ec Ve in
es
Ve ine s
lai
iol
Ca pil
tér Ar
tèr es Ar
Ao
r te
0
re s Ve inu les
Gradient de pression = 93 mm Hg
B.
FIGURE 20.10 Pression sanguine
❯ A. La pression sanguine dans les artères est pulsative. La pression systolique se mesure lorsque l’artère est étirée à son maximum durant la contraction ventriculaire. La pression diastolique se mesure lorsque le vaisseau a complètement repris sa forme, ce qui se produit durant le relâchement ventriculaire. La pression différentielle
(nombre supérieur) et la pression diastolique comme dénominateur (nombre inférieur). En général, la pression artérielle de l’adulte est de 120/80 mm Hg, mais elle peut varier grandement d’une personne à une autre. Connaissant les valeurs de la pression systolique et de la pression diastolique, il est possible de calculer deux autres paramètres : la pression différentielle et la pression artérielle moyenne.
représente l’écart entre la pression minimale au relâchement du cœur et la pression maximale à la contraction cardiaque. B. Le schéma illustre la variation de la pression artérielle durant la circulation du sang dans les vaisseaux sanguins du système cardiovasculaire.
La pression différentielle La pression différentielle correspond à l’écart de pression entre la pression minimale lorsque le cœur est au repos (pression artérielle diastolique) et la pression maximale lorsque le cœur se contracte (pression artérielle systolique). Sa valeur équivaut à la différence entre les valeurs de pression systolique et de pression diastolique. Par exemple, si la pression artérielle est de 120/80 mm Hg, la pression différentielle est de 40 mm Hg (120 mm Hg − 80 mm Hg = 40 mm Hg).
930 Partie IV Le maintien et la régulation
L’importance de la pression diérentielle tient à ce qu’elle constitue une indication de l’élasticité des artères, c’est-à-dire leur capacité à s’étirer et à reprendre leur orme. L’artère très élastique s’étend et se reorme acilement, acilitant le déplacement du sang dans le système cardiovasculaire. Avec le vieillissement ou la maladie (p. ex., l’athérosclérose), les artères perdent de leur élasticité ; l’étirement et le retour à la orme initiale étant plus ardus, cela rend la tâche du cœur plus difcile. Ainsi, la variation temporaire de la pression diérentielle peut relever de l’augmentation du débit cardiaque, comme c’est le cas durant
l’exercice physique, alors que le changement permanent peut être l’indication d’un problème artériel. Les battements rythmés caractéristiques de la pression diérentielle, perçus à la palpation d’artères élastiques et musculaires superfcielles, constituent le pouls (voir ci-dessous l’Application clinique intitulée « La palpation du pouls »).
La pression artérielle moyenne La pression artérielle moyenne (P.A.M.) désigne la mesure moyenne de la pression sanguine dans les artères. Étant donné
INTÉGRATION APPLICATION CLINIQUE
La palpation du pouls Le pouls désigne les battements rythmés de la paroi d’une artère déterminés par le passage du sang. Il représente la pres sion diérentielle. La mesure du pouls est importante dans la pratique clinique pour les motis suivants : 1. Le pouls permet de déterminer indirectement la réquence des battements du cœur. 2. La orce du pouls donne une indication de la pression artérielle. Lorsque la pression artérielle est élevée, le pouls gagne en orce, alors qu’il s’aaiblit lorsque la pression artérielle est basse.
3. L’absence de pouls est révélatrice de l’arrêt de la circulation sanguine dans cette partie du corps. Le pouls se mesure à divers points du corps, habituellement là où une artère superfcielle est comprimée par un os ou une autre structure solide. La palpation se ait à l’aide de deux doigts. Le pouce ne doit pas être utilisé durant cette palpation, car il a un pouls aible qui peut interérer avec la détection du pouls de l’ar tère superfcielle. Le tableau cidessous énumère des points courants de palpation du pouls. Vérifez si vous pouvez détecter votre pouls à ces points.
Sites de palpation du pouls Artère
Site optimal de détection
Temporale superfcielle
Devant l’oreille, en haut du processus zygomatique de l’os temporal
Faciale
Tout juste devant l’angle de la mandibule et du muscle masséter
Carotide commune
Position antérieure au muscle sternocléido mastoïdien et latérale par rapport au larynx et à la trachée
Brachiale
À la ace interne du bras, à michemin entre l’aisselle et la région cubitale antérieure
Radiale
À la hauteur du poignet, entre les tendons du muscle brachioradial et du muscle long palmaire
Artère radiale
Fémorale
Tout juste sous le pli inguinal, à michemin environ entre le pubis et le plan antérieur du point iliaque supérieur
Artère fémorale
Poplitée
Au creux poplité, le genou légèrement en exion
Tibiale postérieure
À l’arrière et en dessous de la malléole médiale
Pédieuse (dorsale du pied)
Audessus de l’os naviculaire (plan dorsomédial du pied) ou dans l’espace entre les premier et deuxième orteils
Artère temporale superficielle Artère faciale Artère carotide commune
Artère brachiale
Artère poplitée
Postérieur
Artère tibiale postérieure Artère pédieuse
Chapitre 20 Le système cardiovasculaire : les vaisseaux et la circulation sanguine 931
que la pression diastolique dure un peu plus longtemps que la pression systolique, la P.A.M. ne correspond pas exactement à la moyenne des deux pressions. Elle se calcule plutôt comme suit : 1 P.A.M. = pression diastolique + pression diérentielle 3 Par exemple, si la pression artérielle est de 120/80 mm Hg, la P.A.M. serait d’environ 93 mm Hg (80 + 40/3 = 93). La P.A.M. a une importance clinique, car sa valeur numérique illustre l’étendue de la perusion des tissus et des organes. Une P.A.M. allant de 70 à 110 mm Hg indique une bonne perusion. Quand elle est inérieure à 60 mm Hg, le débit sanguin est insusant ; quand elle est très élevée, elle indique un apport sanguin volumineux aux tissus avec un risque d’œdème (gonfement) de l’espace interstitiel (voir ci-dessous l’Application clinique intitulée « L’œdème cérébral »). C’est dans les artères à proximité du cœur, notamment dans l’aorte, que la pression diérentielle et la P.A.M. sont les plus hautes. Dans l’arbre artériel, quand les artères se ramient et s’éloignent des ventricules, ces deux pressions diminuent. Le gradient de pression dans les artères est relativement accentué, ce qui acilite le déplacement du sang dans le réseau artériel (voir la fgure 20.10B).
INTÉGRATION APPLICATION CLINIQUE
L’œdème cérébral
chute rapidement le long du millimètre de longueur du capillaire et elle se retrouve sous la barre des 20 mm Hg à l’extrémité veineuse du capillaire. Ces valeurs de pression sanguine permettent de déterminer la pression nette de ltration dans les échanges capillaires. Il convient de se rappeler que la pression sanguine relativement élevée à l’extrémité artériolaire du capillaire avorise la ltration, et que la pression sanguine relativement basse à l’extrémité veineuse du capillaire s’accompagne de la réabsorption, car la pression osmotique attire le liquide dans le sang.
20.4.1.3 La pression sanguine veineuse Le retour veineux correspond à l’écoulement du sang en provenance des capillaires vers le cœur par l’intermédiaire des veines. La pression sanguine dans les veinules et les veines n’est pas pulsative, car le sang est loin du cœur, donc il ne subit pas l’eet de l’action de pompage. Par conséquent, il n’y a pas de pression diérentielle dans le réseau veineux. La pression sanguine, de 20 mm Hg lorsqu’elle est dans les veinules, est presque nulle (0 mm Hg) dans la veine cave inérieure, et ce, jusqu’à l’oreillette droite. Ainsi, le gradient de pression dans les veines n’est que de 20 mm Hg. Ce gradient de pression est généralement insusant pour orcer le déplacement du sang dans certaines conditions, notamment en position debout. Le retour veineux doit donc être acilité par des valvules à l’intérieur des veines et par deux pompes, soit la pompe des muscles squelettiques et la pompe respiratoire FIGURE 20.11.
DÉSÉQUILIBRE HOMÉOSTATIQUE
Le maintien de la P.A.M. normale dans le cerveau revêt une importance critique. L’élévation de la P.A.M. peut entraîner un œdème cérébral, soit l’accumulation de liquide dans l’espace interstitiel du cerveau. Ce risque est bien réel quand la P.A.M. est supérieure à 160 mm Hg, un seuil ranchi lorsque la pres sion artérielle est de 240/140 mm Hg. La P.A.M. élevée accroît notablement la fltration dans les capillaires du cerveau et, comme il n’y a pas de vaisseaux lymphatiques dans le système nerveux central, le liquide s’accumule dans l’espace interstitiel sans possibilité d’évacuation. L’œdème cérébral peut avoir plusieurs causes : un trauma crânien, une inammation locale, un accident vasculaire cérébral, une hypertension maligne, une tumeur cérébrale ou une sécrétion inappropriée de l’hormone antidiurétique. L’œdème cérébral est traité avec des médicaments antiœdémateux (p. ex., le mannitol), des diu rétiques et des corticostéroïdes antiinammatoires.
20.4.1.2 La pression sanguine capillaire La pression sanguine chute de açon importante dans les artérioles, car c’est à cet endroit qu’il y a la plus orte résistance périphérique (voir la section 20.4.2.3). Dans les capillaires, la fuctuation entre la pression systolique et la pression diastolique disparaît, et il en va de même de la pression pulsative. À l’arrivée dans les capillaires, le sang s’écoule à un rythme régulier. La pression sanguine capillaire doit être susamment élevée pour que se produisent les échanges de substances entre le sang et les tissus avoisinants, mais pas trop pour ne pas causer de lésions à ces vaisseaux sanguins ragiles. La pression sanguine à l’extrémité artérielle du capillaire est d’environ 40 mm Hg ; elle
INTÉGRATION APPLICATION CLINIQUE
La varice DÉSÉQUILIBRE HOMÉOSTATIQUE
La varice (varix = veine dilatée) est une veine dilatée et tor tueuse (parcours en courbes). Les valvules de la veine ne onctionnant plus, le sang s’accumule et provoque le gonement de la veine. Les varices se trouvent principalement dans les veines superfcielles des membres inérieurs. Elles sont dues à une prédisposition génétique, au vieillissement ou à une orme de stress entravant le retour vei neux (p. ex., la position debout durant de longues périodes, Varices l’obésité, la grossesse). Les veines variqueuses de la région anorectale sont des hémorroïdes. Leur apparition est avorisée par l’augmentation de la pression intraabdominale à l’eort produit au moment de la déécation ou durant le travail à l’accouchement, par exemple. Le traitement des varices peut se aire par sclérothérapie, c’estàdire par des injections d’une solution sclérosante (durcissante) qui provoquent la ermeture et l’aaissement des veines. Cellesci sont alors remplacées par du tissu cicatriciel. Dans les cas plus avancés, l’ablation chirurgicale des veines peut s’avérer nécessaire.
932 Partie IV Le maintien et la régulation
Pompe respiratoire
Pompe musculaire squelettique Vers le cœur
Cavité thoracique Cavité abdominopelvienne
Ouverture de la valvule sous l’effet de l’augmentation de pression Muscles squelettiques contractés
Inspiration Hausse du débit sanguin dans les veines thoraciques
Expiration Augmentation du débit sanguin vers le cœur et les veines abdominales
Baisse de la pression intrathoracique
Hausse de la pression intrathoracique
Contraction du diaphragme
Relâchement du diaphragme
Écoulement du sang vers le haut
Valvule fermée (pour empêcher le reflux sanguin)
Compression
Augmentation de la pression intra-abdominale
Baisse de la pression intra-abdominale
Veine Relâchement de la compression
Sang en provenance des tissus A.
B.
FIGURE 20.11 Facteurs infuant sur le retour veineux
❯ Pour pallier le aible gradient de pression dans les veines, deux mécanismes acilitent le retour veineux : A. la pompe musculaire squelettique des membres et B. la pompe respiratoire dans le thorax.
La pompe musculaire squelettique acilite la circulation du sang, surtout dans les membres. Durant la contraction musculaire, les veines sont comprimées, ce qui avorise la propulsion du sang en direction du cœur ; les valvules à l’intérieur des veines préviennent le refux de sang, puisqu’elles se reerment lorsque le sang redescend. Lorsque les muscles squelettiques s’activent (p. ex., durant la marche), le sang est propulsé plus
vigoureusement vers le cœur par la pompe musculaire squelettique. À l’inverse, l’inactivité prolongée entraîne l’accumulation de sang dans les veines des membres inérieurs causée par l’eet de la gravité. Cette accumulation s’accompagne d’un risque accru de thrombose veineuse proonde (voir ci-dessous l’Application clinique intitulée « La thrombose veineuse profonde ou phlébite »).
INTÉGRATION APPLICATION CLINIQUE
La thrombose veineuse profonde ou phlébite DÉSÉQUILIBRE HOMÉOSTATIQUE
La thrombose veineuse proonde ou phlébite désigne la pré sence d’un caillot sanguin (thrombus) dans une veine. Le thrombus veineux est le plus souvent logé dans une veine du mollet (région surale). En général, la thrombose veineuse pro onde survient chez une personne atteinte d’une maladie car diaque, une personne inactive ou une personne immobilisée durant une longue période (p. ex., une personne alitée). Elle peut même s’installer chez une personne bien portante après un long vol en avion.
La fèvre, l’endolorissement et la rougeur localisés, la douleur intense, l’enure des régions parcourues par la veine porteuse du caillot et les palpitations cardiaques fgurent parmi les premiers signes de thrombose veineuse proonde. La plus grave complica tion de la thrombose veineuse proonde est l’embolie (bouchon) pulmonaire. Cette aection est causée par le détachement d’une partie du thrombus de la paroi d’une veine qui, libéré dans la circu lation sanguine, migre vers les poumons, venant obstruer une branche de l’artère pulmonaire et risquant de causer une insuf sance respiratoire et la mort. Le traitement de la thrombose vei neuse proonde s’eectue grâce à la prise d’un anticoagulant (p. ex., une héparine de bas poids moléculaire) qui permet d’empê cher la ormation d’autres caillots et de dissoudre celui déjà ormé.
Chapitre 20 Le système cardiovasculaire : les vaisseaux et la circulation sanguine 933
La pompe respiratoire acilite la circulation du sang dans la cavité thoracique. À l’inspiration, le diaphragme se contracte et s’aplatit, et la pression intra-abdominale augmente, ce qui accroît la pression exercée sur les vaisseaux sanguins de la cavité abdominale. En parallèle, le volume de la cavité thoracique augmente et la pression intrathoracique diminue. Le sang est propulsé des vaisseaux de la cavité abdominopelvienne aux vaisseaux de la cavité thoracique. À l’expiration, le diaphragme se détend et reprend sa orme conique. Le volume de la cavité thoracique diminue et la pression intrathoracique augmente, ce qui soumet les vaisseaux de la cavité thoracique à une pression accrue. Le sang des vaisseaux de la cavité thoracique se dirige vers le cœur. De plus, la pression intra-abdominale diminue, ce qui permet au sang des membres inérieurs de remonter dans les vaisseaux sanguins abdominaux. Quand le rythme respiratoire s’accélère (p. ex., pendant un exercice physique), la pompe respiratoire accélère le retour du sang au cœur.
révèle une pression sanguine moyenne dans les artères de 93 mm Hg. La pression sanguine dans la veine cave inérieure est de 0 mm Hg. Le gradient de pression établi par l’action de pompage du cœur est donc de 93 mm Hg (93 − 0). Qui plus est, ce gradient de pression sanguine constitue l’énergie motrice qui entraîne le mouvement du fux sanguin dans le réseau vasculaire. La variation du gradient de pression a un eet directement proportionnel sur le débit sanguin systémique. En eet, une hausse du gradient de pression se traduit par une hausse du débit sanguin systémique, tandis qu’une baisse du gradient de pression s’accompagne d’une diminution du débit sanguin systémique. La fuctuation du débit cardiaque modie le gradient de pression. L’augmentation du débit cardiaque se traduit par une augmentation du gradient de pression. À l’inverse, une baisse du débit cardiaque s’accompagne d’une diminution du gradient de pression (voir la section 19.9).
INTÉGRATION APPLICATION CLINIQUE Vérifiez vos connaissances
L’état de choc
14. La pression artérielle d’une emme de 55 ans est de
DÉSÉQUILIBRE HOMÉOSTATIQUE
155/95 mm Hg. Quelles sont les valeurs de sa pression diérentielle et de sa pression artérielle moyenne ?
L’état de choc (ou choc circulatoire ou collapsus circulatoire) est un état caractérisé par un débit sanguin insufsant pour assurer la perusion des tissus et des organes. Il est générale ment dû à une déaillance onctionnelle du cœur (p. ex., une insufsance cardiaque congestive, un dysonctionnement du stimulateur cardiaque) ou à un aible retour veineux. Le choc circulatoire associé au aible retour veineux résulte :
15. Quelle est l’importance physiologique de la pression
sanguine capillaire ? 16. Quels mécanismes compensent le aible gradient de
pression dans les veines ? 17. Comment se calcule le gradient de pression qui orce
• d’une baisse du volume sanguin (choc hypovolémique) à la suite d’une hémorragie, d’une déshydratation ou d’une sécrétion d’histamine systémique consécutive à une réaction allergique (choc anaphylactique) qui accroît la perméabilité capillaire ; • d’une occlusion veineuse ; • de l’accumulation de sang veineux dans les membres iné rieurs en raison d’une immobilité prolongée ou d’une vaso dilatation étendue (p. ex., sous l’eet d’une toxine bactérienne ou d’une lésion du tronc cérébral entraînant l’eondrement de la vasomotricité). Le premier traitement est le rétablissement du volume sanguin grâce à l’administration d’un soluté par voie intraveineuse. Selon la cause de l’état de choc, plusieurs traitements sont possibles : adrénaline (choc anaphylactique), corticostéroïdes, transusion sanguine (choc hémorragique), médicaments thrombolytiques, médicaments tonicardiaques et désobstruction de l’artère coro naire occluse, dans le cas d’un inarctus du myocarde.
20.4.1.4 Le gradient de pression
dans la circulation systémique La gamme de valeurs normales de la pression sanguine dans les diverses parties du réseau vasculaire et les aspects importants de chacun des types de vaisseaux sanguins sont désormais connus. La pression sanguine moyenne dans les artères à proximité du cœur soustraite à la pression sanguine dans la veine cave inérieure donne le gradient de pression dans la circulation systémique. Le calcul d’après les indications de la gure 20.10
l’écoulement du sang dans la circulation systémique ? En quoi ce gradient de pression estil important ?
20.4.2
La résistance
5
Défnir la résistance.
6
Expliquer l’inuence de la viscosité sanguine ainsi que de la lon gueur et du rayon du vaisseau sanguin sur la résistance.
La résistance exerce une infuence sur le débit sanguin systémique. Ce terme désigne l’ampleur de la riction que subit l’écoulement du sang dans le réseau vasculaire. La résistance s’oppose à l’écoulement du sang. La riction est due au contact du sang avec la paroi vasculaire. L’expression résistance périphérique s’applique en général à la résistance à l’écoulement du sang dans les vaisseaux sanguins, par opposition à la résistance à l’écoulement du sang dans le cœur. Plusieurs acteurs modient la résis tance périphérique, notamment la viscosité du sang ainsi que la longueur et la taille de la lumière du vaisseau sanguin, cette dernière étant indiquée par son rayon.
20.4.2.1 La viscosité du sang La viscosité désigne la résistance d’un liquide à son propre écoulement ; elle est assimilée à l’épaisseur du liquide. Plus le liquide est épais, plus il est visqueux et plus il résiste à son écoulement. L’épaisseur dépend de la proportion relative des particules dans
934 Partie IV Le maintien et la régulation le liquide et de leurs interactions mutuelles. Le sang étant composé d’éléments gurés, de protéines plasmatiques et de thrombocytes, il est plus visqueux que l’eau d’un acteur variant de 4,5 à 5,5. Par conséquent, le sang résiste davantage à son écoulement que l’eau. Si la viscosité du sang change, la résistance à son écoulement dans les vaisseaux sanguins change également. Par exemple, lorsque le nombre d’érythrocytes est inérieur à la valeur normale (p. ex., en cas d’anémie), la viscosité du sang diminue et la résistance à son écoulement diminue également, ce qui signie qu’il est plus fuide. À l’opposé, lorsque le nombre d’éléments gurés est supérieur à la valeur normale (p. ex., en cas de déshydratation ou dans le cas d’un athlète qui s’emploie à augmenter le nombre d’érythrocytes dans son sang ; voir l’Application clinique intitulée « Le dopage sanguin », p. 840), la viscosité du sang augmente, tout comme la résistance à son écoulement. Dans les conditions physiologiques habituelles, la viscosité du sang étant relativement stable, ce acteur a peu d’infuence sur la résistance périphérique.
20.4.2.2 La longueur du vaisseau sanguin Plus un vaisseau sanguin est long, plus la résistance est grande, car plus grande est la riction que subit le liquide au cours de son trajet. Par conséquent, les vaisseaux courts orent moins de résistance que les vaisseaux longs de diamètre comparable. En règle générale, la longueur des vaisseaux sanguins d’une personne demeure relativement constante. Ce acteur a donc normalement peu d’infuence sur la résistance périphérique. Cependant, en cas de gain de poids considérable, le corps abrique des kilomètres de vaisseaux sanguins supplémentaires par le processus de l’angiogenèse pour que le sang circule dans le tissu adipeux ormé durant la prise de poids. Ainsi, la résistance vasculaire s’accroît en cas de gain de poids et diminue avec la perte de poids (les vaisseaux supplémentaires n’étant plus nécessaires, ils régressent).
20.4.2.3 Le rayon du vaisseau sanguin En règle générale, la viscosité du sang et la longueur des vaisseaux sanguins d’une personne bien portante demeurent relativement constantes. C’est la modication du rayon de la lumière d’un vaisseau sanguin et, par conséquent, de son diamètre qui entraîne une altération de la résistance. En quoi précisément le rayon du vaisseau sanguin infue-t-il sur la résistance ? Le sang s’écoule plus rapidement au centre de la lumière du vaisseau qu’en périphérie, où il rôle la paroi ; la résistance qu’ore la paroi toute proche ralentit sa course. Ce débit diérent dans un même vaisseau sanguin (ou dans tout autre conduit) s’appelle l’écoulement laminaire. En examinant les fots d’une rivière, il est possible d’avoir une idée de l’écoule ment laminaire. Le mouvement de l’eau aux abords des rives est plus lent, plus traînant qu’au centre de la rivière où l’eau s’écoule rapidement. Donc, si le diamètre du vaisseau sanguin augmente, il y a proportionnellement moins de sang à proximité de la paroi qu’au centre, et l’écoulement du sang s’accélère. À l’opposé, si le rayon du vaisseau sanguin diminue, il y a relativement plus de sang à proximité de la paroi qu’au centre, et le mouvement du sang ralentit.
La relation entre le débit sanguin et le rayon de la lumière du vaisseau sanguin s’exprime comme suit (le symbole ∝ signiant « est proportionnel à ») : D ∝ r4 où D = débit sanguin et r = rayon de la lumière du vaisseau. La ormule mathématique indique que le débit sanguin (ou écoulement) est directement proportionnel au rayon à la puissance quatre. Par exemple, si le vaisseau sanguin se dilate et que son rayon passe de 1 à 2 mm, l’écoulement sera 16 ois plus rapide : si r = 1 mm, alors r 4 = 1 et D = 1 mm par seconde ; lorsque r = 2 mm, alors r 4 = 16 et D = 16 mm par seconde. À l’inverse, si le vaisseau sanguin se contracte et que son rayon passe de 2 à 1 mm, l’écoulement sera 16 ois moins rapide. Une variation, même minime, du rayon d’un vaisseau a un eet important sur le débit sanguin. Tous les vaisseaux sanguins peuvent se contracter et se dilater ; touteois, la résistance est habituellement régulée plus particulièrement par la vasoconstriction et la vasodilatation des artérioles, des phénomènes régis par la branche sympathique du système nerveux autonome. Ainsi, parce que les artérioles sont très nombreuses et que la longueur totale des artérioles est très grande, la moindre modication du rayon des vaisseaux exerce un grand eet sur la résistance et, par conséquent, sur le débit sanguin. L’athérosclérose accroît la résistance à l’écoulement sanguin. Cette maladie se caractérise par la ormation de plaques sur la paroi vasculaire ; la lumière des vaisseaux sanguins en est rétrécie (voir l’Application clinique intitulée « L’athérosclérose », p. 916).
Vérifiez vos connaissances 18. Quelle est la défnition de la résistance ? 19. Quels sont les trois acteurs qui modifent la résis
tance ? Quel est leur eet sur l’écoulement du sang dans les vaisseaux sanguins ?
INTÉGRATION
STRATÉGIES D’APPRENTISSAGE
L’exemple de la paille pour boire peut être utilisé pour illustrer les variables qui inuent sur la résistance : • La viscosité. L’eau ou la boisson gazeuse remonte plus aci lement dans la paille que l’épais lait rappé à la vanille. • La longueur du vaisseau sanguin. Il est plus acile de boire à l’aide d’une paille relativement courte qu’à l’aide d’une paille longue et tortueuse. • Le rayon du vaisseau sanguin. L’eau remonte plus rapide ment le long d’une paille de taille normale que le long d’un bâtonnet à caé creux de petit diamètre. La résistance est plus grande quand le liquide est épais, que la paille est longue ou que son ouverture est étroite. De même, la résistance à l’écoulement s’accroît quand la viscosité du sang augmente, que la longueur totale des vaisseaux sanguins aug mente et que les vaisseaux se contractent (vasoconstriction).
Chapitre 20 Le système cardiovasculaire : les vaisseaux et la circulation sanguine 935
20.4.3
7
8
La relation entre le débit sanguin, les gradients de pression sanguine et la résistance périphérique
qu’une baisse du débit cardiaque s’accompagne d’une diminution du gradient de pression, si bien qu’il est possible d’accroître le débit sanguin en accentuant le gradient de pression, mais cela uniquement au prix d’un eort décuplé du cœur.
20.4.3.2 La résistance périphérique
Préciser la relation existant entre les gradients de pression sanguine et le débit sanguin systémique, et celle existant entre la résistance périphérique et le débit sanguin systémique.
La ormule mathématique de la section 20.4.3 démontre également que le débit sanguin est inversement proportionnel à la résistance. C’est donc dire que si la résistance augmente, le dé bit sanguin diminue, et que si la résistance diminue, le débit sanguin augmente, si tant est que le gradient de pression demeure le même.
Expliquer la hausse de la pression artérielle lorsque la résistance dans la circulation systémique s’accroît.
Comme mentionné précédemment, la résistance augmente : 1) lorsque la viscosité du sang augmente (p. ex., quand la concentration en érythrocytes s’accroît) ; 2) lorsque la longueur du réseau vasculaire augmente (p. ex., en cas de gain de poids) ; et 3) lorsque le diamètre de la lumière des vaisseaux sanguins diminue (p. ex., en raison de la prédominance de la vasoconstriction ou en cas d’athérosclérose).
Le débit sanguin systémique correspond à la quantité de sang qui circule dans le système cardiovasculaire par unité de temps ; il est modulé par le gradient de pression et la résistance. La relation entre ces éléments s’exprime par la ormule mathématique suivante : D ∝ ΔP R où D = débit sanguin, ΔP = gradient de pression (P1 − P2), P1 correspondant à la région ayant la plus haute pression sanguine et P2 à celle ayant la plus basse pression, et R = résistance.
20.4.3.3 La relation entre la pression artérielle
systémique et la résistance périphérique
20.4.3.1 Le gradient de pression systémique
Lorsque la résistance accrue perdure (p. ex., en cas de gain de poids considérable ou d’athérosclérose), la pression artérielle est généralement élevée. Cet état a une importance clinique, car il sous-entend que le gradient de pression doit augmenter pour pallier la résistance accrue et aire en sorte que le débit sanguin soit normal afn de maintenir la perusion sufsante des tissus. La FIGURE 20.12 résume la relation entre le débit sanguin, le gradient de pression sanguine et la résistance périphérique.
La ormule de la section précédente indique que le débit sanguin est directement proportionnel au gradient de pression. Ainsi, lorsque le gradient de pression augmente, le débit sanguin systémique augmente également ; quand le gradient de pression diminue, le débit sanguin systémique diminue, si la résistance demeure la même. Il convient de se rappeler qu’une hausse du débit cardiaque se traduit par une hausse du gradient de pression, alors
Débit sanguin systémique
Gradient de pression (établi par le cœur) Résistance (qui s’oppose à l’écoulement du sang dans le réseau vasculaire)
Facteurs augmentant le débit sanguin systémique
mm Hg
L’augmentation du débit cardiaque accentue le gradient de pression.
Hausse du gradient de pression
Distance du cœur
Vasodilatation Débit sanguin
Débit cardiaque La diminution du débit cardiaque atténue le gradient de pression.
Diminution de la résistance en raison de la vasodilatation, de la réduction de la longueur du réseau vasculaire ou de la diminution de la viscosité du sang
A.
mm Hg
Débit cardiaque
Facteurs diminuant le débit sanguin systémique
Distance du cœur B.
FIGURE 20.12 Facteurs infuant sur le débit sanguin systémique
Baisse du gradient de pression
❯ Le maintien de la perusion systémique sufsante repose sur le maintien du débit sanguin systémique. Le débit sanguin systémique varie selon le gradient de pression et la résistance périphérique, et il peut A. augmenter ou B. diminuer.
Vasoconstriction Débit sanguin
Résistance accrue en raison de la vasoconstriction, de l’augmentation de la longueur du réseau vasculaire ou de la viscosité du sang
936 Partie IV Le maintien et la régulation
Vérifiez vos connaissances 20. Diriezvous que la pression artérielle est générale
ment élevée, basse ou normale lorsque la résistance périphérique accrue persiste ? Précisez.
20.5 La régulation de la pression
artérielle et du débit sanguin
La pression artérielle doit être susamment élevée pour propulser le sang dans le réseau vasculaire an d’assurer la perusion de tous les tissus, mais pas trop pour qu’elle n’entraîne pas de lésions vasculaires. La pression artérielle est modulée par trois variables principales : le débit cardiaque, la résistance périphérique et le volume sanguin. La régulation de ces variables revêt une importance critique dans l’homéostasie ; elle relève de mécanismes à brève échéance du système nerveux, de mécanismes à long terme du système endocrinien ou de ces deux types de mécanismes conjugués.
20.5.1
1
2
La régulation nerveuse de la pression artérielle
Décrire les éléments anatomiques participant à la régu lation de la pression artérielle dans le cadre des méca nismes à court terme. Décrire les réexes autonomes modifant la pression artérielle.
La régulation à brève échéance de la pression artérielle s’eectue grâce à des réfexes du système nerveux autonome aisant intervenir des centres nerveux du bulbe rachidien (voir la section 13.5.3). Ces réfexes modient la pression artérielle rapidement, au changement de position par exemple, en modiant le débit cardiaque, la résistance ou ces deux variables à la ois. Cette section examine les structures anatomiques participant à ces réfexes autonomes et leur onctionnement dans le maintien de la pression artérielle normale FIGURE 20.13.
20.5.1.1 Le centre cardiovasculaire Deux groupes de neurones distincts du bulbe rachidien participent à la régulation de la pression artérielle, plus précisément le centre cardiaque et le centre vasomoteur. Réunis, ces deux centres orment le centre cardiovasculaire. Le centre cardiaque régit l’activité cardiaque, donc le débit cardiaque, et le centre vasomoteur contrôle le degré de constriction des vaisseaux sanguins, donc la résistance.
la réquence cardiaque et la orce de contraction, ce qui a pour eet d’augmenter le débit cardiaque. Le réseau parasympathique du centre cardio-inhibiteur couvre les nœuds sinusal et auriculoventriculaire. La stimulation parasympathique issue du centre cardio-inhibiteur se traduit par une baisse de la réquence cardiaque et un ralentissement de la conduction des signaux électriques dans le système cardionecteur, ce qui a pour eet de diminuer le débit cardiaque.
Le centre vasomoteur Les ramications du système nerveux sympathique vont du centre vasomoteur aux vaisseaux sanguins. La réaction vasculaire à la stimulation sympathique varie selon la nature des récepteurs cellulaires présents dans le muscle lisse de la paroi du vaisseau sanguin. Les deux principaux récepteurs adrénergiques sont les récepteurs alpha (α) et les récepteurs bêta (β) (voir la section 15.5.3). Les vaisseaux sanguins renermant des récepteurs α, soit la plupart des vaisseaux sanguins, se contractent (vasoconstriction) en réaction à la stimulation sympathique. Par opposition, les vaisseaux sanguins dotés de récepteurs β, à savoir les vaisseaux sanguins des muscles squelettiques et les vaisseaux coronaires, se relaxent (vasodilatation) sous l’eet de l’adrénaline. La médulla surrénale stimulée par le système nerveux sympathique sécrète l’adrénaline. Autrement dit, la stimulation sympathique se traduit par la constriction des vaisseaux sanguins pourvus de récepteurs α, et l’adrénaline dilate les vaisseaux sanguins dotés de récepteurs β. L’activation du centre vasomoteur et l’intensication des infux nerveux le long de la voie sympathique produisent les eets suivants : • Augmentation de la résistance périphérique. La vasoconstriction l’emporte sur la vasodilatation, étant donné que les vaisseaux sanguins dotés de récepteurs α sont plus nombreux que les vaisseaux sanguins pourvus de récepteurs β. Par conséquent, la résistance périphérique s’accroît, ce qui entraîne une hausse de la pression artérielle . • Augmentation du volume de sang circulant. La constriction des veines ait sortir le sang des réservoirs veineux et augmenter le retour veineux ; donc, la pression artérielle s’élève. • Redistribution du fux sanguin. Il y a plus de sang qui se dirige vers les muscles squelettiques et le cœur, et moins qui se rend à la plupart des autres structures. Ainsi, les organes qui nécessitent des nutriments et de l’oxygène supplémentaires sont irrigués comme il se doit. Une diminution de la stimulation sympathique des vaisseaux sanguins provenant du centre vasomoteur produit l’eet inverse : la résistance périphérique diminue ; le sang retourne aux réservoirs veineux ; et le fux sanguin reprend son cours habituel.
Le centre cardiaque
20.5.1.2 Les barorécepteurs
Le centre cardiaque est ormé de deux nœuds de régulation : le centre cardioaccélérateur et le centre cardioinhibiteur (voir la section 19.5.2). Du centre cardioaccélérateur, le réseau sympathique s’étend au nœud sinusal et au myocarde. L’infux nerveux sympathique en provenance du centre cardioaccélérateur accroît
Les barorécepteurs sont des terminaisons nerveuses sensitives spécialisées, sensibles à l’étirement de la paroi vasculaire. Les barorécepteurs sinocarotidiens et les barorécepteurs de la crosse aortique sont les principaux barorécepteurs du système cardiovasculaire.
Chapitre 20 Le système cardiovasculaire : les vaisseaux et la circulation sanguine 937
Centre cardiovasculaire Centre cardiaque Nerf vague (nerf crânien X)
Centre cardioaccélérateur Centre cardio-inhibiteur
Nerf glossopharyngien (nerf crânien IX) Moelle épinière
Centre vasomoteur Constriction des vaisseaux sanguins innervés par des fibres adrénergiques (p. ex., les récepteurs α des vaisseaux cutanés, des vaisseaux des organes abdominaux) Dilatation des vaisseaux innervés par des fibres adrénergiques (p. ex., les récepteurs β des vaisseaux des muscles squelettiques, des vaisseaux coronaires)
Artère carotide externe Artère carotide interne Sinus carotidien (siège des barorécepteurs) Glomus carotidien (chimiorécepteurs de l’artère carotide externe) Artère carotide commune droite
Corpuscules aortiques (renferment des chimiorécepteurs)
Nœud sinusal
Barorécepteurs de la crosse aortique
Influx sensitif Influx moteur Axones sympathiques (préganglionnaires)
Nœud auriculoventriculaire
Axones sympathiques (postganglionnaires) Axones parasympathiques (nerf vague)
FIGURE 20.13 Centre cardiovasculaire
❯ Le centre cardiovasculaire régule la pression artérielle en vertu d’un mécanisme de rétroinhibition. Les barorécepteurs et les chimiorécepteurs des artères carotides et de la crosse aortique lui acheminent les inux sensitis à propos de
Les barorécepteurs de la crosse aortique sont situés dans la tunique externe de l’aorte. Ils transmettent l’infux nerveux au centre cardiovasculaire par l’intermédiaire du ner vague (ner crânien X). Ils occupent une place importante dans la régulation de la pression artérielle systémique. Les sinus carotidiens renerment des barorécepteurs situés dans la tunique externe des artères carotides internes, près de la biurcation (ramication) de l’artère carotide commune (ou artère carotide primitive). Chacun des sinus carotidiens transmet les infux nerveux au centre cardiovasculaire le long du ner glossopharyngien (ner crânien IX). Les sinus carotidiens surveillent la pression artérielle de la tête et du cou, un important mécanisme de surveillance de la pression artérielle cérébrale. Les barorécepteurs sinocarotidiens sont plus sensibles à la
la pression artérielle. Par la transmission d’un inux moteur le long des ners sympathiques et des ners vagues, il régule la pression artérielle en modifant le débit cardiaque et la résistance périphérique qui s’oppose à l’écoulement du sang dans le réseau vasculaire.
variation de la pression artérielle que les barorécepteurs de la crosse aortique, ce qui n’a rien de surprenant étant donné l’importance de l’apport sanguin au cerveau. La transmission de l’infux nerveux des barorécepteurs au centre cardiovasculaire s’eectue à un rythme particulier. La cadence de transmission fuctue au l de la variation de l’étirement de la paroi vasculaire, ce qui permet une meilleure réactivité selon la variation de la pression artérielle.
20.5.1.3 Les réfexes autonomes Activés par la variation de l’étirement de la paroi vasculaire, les barorécepteurs déclenchent des réfexes autonomes (ou baroréfexes) qui contribuent à réguler la pression artérielle. Ces réfexes sont enclenchés par une baisse ou une hausse de la pression.
938 Partie IV Le maintien et la régulation
Si la pression artérielle diminue, les réfexes suivants sont enclenchés : 1. Les barorécepteurs de la crosse aortique, les barorécepteurs sinocarotidiens ou les deux détectent le relâchement (diminution de l’étirement) de la paroi vasculaire qui accompagne cette baisse de pression (p. ex., le matin au lever). 2. Les barorécepteurs ralentissent la cadence de transmission de l’infux (baisse de la réquence des potentiels d’action) le long des neurobres sensitives des ners vague et glossopharyngien qui aboutissent au centre cardiaque et au centre vasomoteur. 3. Le centre cardioaccélérateur intensie la transmission d’infux nerveux dans les branches du système nerveux sympathique qui innervent le cœur. Le nœud sinusal augmente sa vitesse de stimulation électrique, et le myocarde se contracte avec une puissance accrue. En parallèle, le centre cardioinhibiteur du centre cardiaque diminue la transmission d’infux nerveux le long des voies parasympathiques qui s’étendent aux nœuds sinusal et auriculoventriculaire, si bien que tant la réquence cardiaque que le volume d’éjection systolique (voir le chapitre 19) augmentent, de sorte que le débit cardiaque augmente également. 4. Le centre vasomoteur, de açon simultanée, intensie la transmission d’infux nerveux dans les branches du système nerveux sympathique qui innervent les vaisseaux sanguins, ce qui produit une vasoconstriction nette, une augmentation de la résistance périphérique et la sortie du sang des réservoirs veineux. Il en résulte donc une hausse du débit cardiaque ainsi qu’une augmentation de la résistance périphérique et du volume de sang circulant (retour veineux) qui, ensemble, provoquent une élévation de la pression artérielle susante pour maintenir la circulation sanguine dans le réseau vasculaire. Si la pression artérielle augmente, les réfexes suivants sont enclenchés : 1. Les barorécepteurs de la crosse aortique, les barorécepteurs sinocarotidiens ou les deux détectent l’étirement accru de la paroi vasculaire, signe de la hausse de la pression sanguine. 2. Les barorécepteurs accélèrent la cadence de la transmission des infux nerveux (augmentation de la réquence des potentiels d’action) aux centres cardiaque et vasomoteur. 3. Le centre cardioaccélérateur ralentit la transmission des infux nerveux le long des ners sympathiques qui innervent : 1) le nœud sinusal, ce qui diminue la réquence cardiaque ; et 2) le myocarde, ce qui a pour eet de réduire le volume d’éjection systolique. En parallèle, le centre cardio-inhibiteur intensie la transmission des infux nerveux le long des voies parasympathiques qui se rendent au nœud sinusal an de ralentir sa cadence de stimulation électrique, et au nœud auriculoventriculaire pour ralentir la conduction électrique. Il s’ensuit une diminution de la réquence cardiaque et du volume d’éjection systolique, de même que du débit cardiaque. 4. Le centre vasomoteur, de açon simultanée, diminue la transmission d’infux nerveux dans les branches du système
nerveux sympathique qui innervent les vaisseaux sanguins, ce qui produit une vasodilatation nette, une diminution de la résistance périphérique et le déplacement du sang dans les réservoirs veineux. Il en résulte donc une baisse du débit cardiaque ainsi qu’une diminution de la résistance périphérique et du volume de sang circulant (retour veineux) qui, ensemble, provoquent une baisse de la pression artérielle ; le débit sanguin revient à son taux au repos. Animation Les baroréfexes et la régulation de la pression artérielle
Les barorécepteurs sont plus ecaces devant une variation soudaine et brève de la pression artérielle ; ils ne sont pas des régulateurs à long terme. En présence d’hypertension chronique, ils nissent par s’adapter à ce changement et modient leur seuil d’activation (voir la section 1.5).
À votre avis 2. La nicotine stimule le cœur et entraîne une augmen
tation du débit cardiaque. Elle provoque également la vasoconstriction des artérioles. Sachant cela, diriez vous que la pression artérielle d’un fumeur est plus élevée ou plus basse que celle d’un nonfumeur ? Précisez.
20.5.1.4 Les chimiorécepteurs Bien qu’ils soient plus importants dans la régulation de la respiration, les chimiorécepteurs (ou chémorécepteurs) participent à titre secondaire à la régulation de la pression artérielle, particulièrement lorsque la pression artérielle est inérieure à 80 mm Hg. Stimulés, ils déclenchent des réfexes de rétro-inhibition qui, au nal, rétablissent la composition chimique normale du sang, et donc la pression artérielle. Les corpuscules aortiques et les glomus carotidiens sont les deux principaux groupes de chimiorécepteurs périphériques. Les corpuscules aortiques sont situés dans la crosse aortique, alors que les glomus carotidiens logent dans chacune des artères carotides externes, à proximité de la biurcation de la carotide commune. Les deux groupes transmettent des infux nerveux sensitis au centre cardiovasculaire : le corpuscule aortique par le ner vague, le glomus carotidien le long du ner glossopharyngien. Les chimiorécepteurs sont stimulés par l’élévation du taux de dioxyde de carbone, la diminution du pH et la chute du taux d’oxygène ; ils augmentent alors la cadence de transmission des infux nerveux, principalement en direction du centre vasomoteur. Celui-ci réagit en intensiant la stimulation électrique des branches du système sympathique qui innervent les vaisseaux sanguins, ce qui a pour eet d’augmenter la résistance périphérique, de mobiliser le sang des réservoirs veineux et d’accroître le retour veineux. Il s’ensuit une élévation de la pression artérielle et du débit sanguin, y compris du débit sanguin pulmonaire et, par conséquent, des échanges de gaz de la respiration. Ainsi, le taux de ces gaz revient à la normale (voir les sections 23.5 et 23.6). Animation Les réfexes des chimiorécepteurs et la régulation de la pression artérielle
Chapitre 20 Le système cardiovasculaire : les vaisseaux et la circulation sanguine 939
20.5.1.5 Les centres cérébraux supérieurs Des centres cérébraux supérieurs modulent également la pression artérielle. Ainsi, la hausse de la température corporelle pendant un eort ou la réaction de lutte ou de uite qui se produit en situation d’urgence stimulent l’hypothalamus à augmenter le débit cardiaque et la résistance périphérique par l’intermédiaire de connexions nerveuses au centre cardiovasculaire. Même l’anxiété ressentie à la perspective d’une nouvelle expérience ou d’un danger (p. ex., un saut en parachute) peut occasionner une élévation de la pression artérielle. De plus, le système limbique modife la pression artérielle en réaction à des émotions ou à des souvenirs qui en ont naître (voir la section 13.8.4).
Vérifiez vos connaissances 21. À quel moment les mécanismes de régulation de la
pression artérielle à court terme sontils importants ? 22. Quelle est la variation initiale de la pression artérielle
au lever le matin ? Décrivez le réexe autonome qui se met en action pour maintenir la stabilité de la pression artérielle au passage à la position debout.
20.5.2
La régulation hormonale de la pression artérielle
3
Décrire les hormones régulant la pression artérielle.
4
Décrire le système rénineangiotensine et préciser son inuence sur la pression artérielle.
5
Distinguer les eets sur la pression artérielle de l’aldo stérone, de l’hormone antidiurétique et de l’angiotensine II de ceux du acteur natriurétique auriculaire.
Plusieurs hormones, outre l’adrénaline et la noradrénaline, participent à la régulation de la pression artérielle. Il s’agit notamment de l’angiotensine II, de l’hormone antidiurétique, de l’aldostérone et du acteur natriurétique auriculaire. En général, ces hormones régulent la pression artérielle en modiiant la résistance périphérique, le volume sanguin ou les deux. Elles modiient le volume sanguin en stimulant l’apport liquidien (si tant est qu’il y a eectivement un apport liquidien) ou en altérant la diurèse. La description générale des hormones est présentée ci-après (voir les chapitres 24 et 25).
INTÉGRATION APPLICATION CLINIQUE
L’hypertension et l’hypotension DÉSÉQUILIBRE HOMÉOSTATIQUE
L’hypertension se caractérise par une pression artérielle élevée de manière chronique, plus précisément une pression systolique supérieure à 140 mm Hg ou une pression diastolique supérieure à 90 mm Hg. Elle peut entraîner des lésions de la paroi vasculaire, avorisant ainsi l’apparition d’athérosclérose, ou l’épaississe ment de la paroi artériolaire et la diminution du diamètre de la lumière de ces vaisseaux, un phénomène appelé artériolosclé rose. L’hypertension est l’une des principales causes d’insuf sance cardiaque en raison de la charge de travail supplémentaire imposée au cœur. Chez 90 % des personnes sourant de cette pathologie, il n’y a pas de cause connue : il s’agit alors d’hypertension essentielle. Chez l’autre 10 %, il s’agit d’hypertension secondaire, et plusieurs causes sont possibles, notamment la grossesse, le vieillissement (p. ex, un durcissement des artères), un problème rénal (p. ex., une sténose de l’artère rénale ou une glomérulonéphrite), un problème thyroïdien (p. ex., l’hyperthy roïdie), une pathologie de la glande surrénale (p. ex., l’hypersécré tion de cortisol dans le syndrome de Cushing, ou d’aldostérone dans le syndrome de Conn), une tumeur cérébrale, un accident vasculaire cérébral ou une corticothérapie. Pour traiter l’hyperten sion, un ou plusieurs médicaments sont utilisés : diurétiques bêta bloquants, vasodilatateurs et antihypertenseurs. Par opposition, l’hypotension se caractérise par une pres sion artérielle basse de manière chronique qui se manieste par des symptômes tels que la atigue, l’étourdissement et l’éva nouissement. Certains médecins considèrent que l’hypotension correspond à une pression systolique inérieure à 90 mm Hg ou
à une pression diastolique inérieure à 60 mm Hg, tandis que d’autres estiment qu’une pression artérielle basse jugée nor male pour une personne peut constituer de l’hypotension pour une autre (Mayo Clinic, 2013). Il existe plusieurs causes à l’hy potension, notamment la déshydratation, des vomissements, de la diarrhée aiguë, de la fèvre, des exercices épuisants ou encore une grossesse en raison de la dilatation des vaisseaux sanguins. L’hypotension peut également être associée à des pathologies comme des troubles thyroïdiens, de l’hypoglycé mie, des cardiopathies (p. ex., un inarctus, une insufsance cardiaque, une bradycardie), une réaction allergique grave ou un état de choc. Il existe divers traitements possibles : hydratation, augmentation de l’apport alimentaire en sel, port de bas de contention, administration d’adrénaline (état de choc) et de médicaments hypertenseurs. L’hypotension orthostatique (ou hypotension posturale) consiste en une chute de pression artérielle au passage d’une position à une autre (p. ex., de la position couchée à la position debout). Cette chute de pression peut occasionner des étourdis sements, une sensation ébrieuse (vertige) ou de la aiblesse et un évanouissement. Pour l’essentiel, l’hypotension orthostatique découle de l’incapacité du système nerveux à déclencher promp tement le mécanisme de régulation de la pression artérielle, de sorte que la pression artérielle moyenne chute en deçà de 60 mm Hg. Par conséquent, le sang s’accumule dans les veines et une quantité moindre se rend au cerveau, d’où les symptômes mentionnés cidessus. Les personnes âgées y sont plus sen sibles étant donné que leur système nerveux sympathique réagit plus lentement aux changements de position (le sang stagne dans les extrémités inérieures).
940 Partie IV Le maintien et la régulation 20.5.2.1 Le système rénine-angiotensine Le système rénineangiotensine chevauche la régulation neuronale à court terme et la régulation hormonale à long terme en raison du ait que la synthèse de l’angiotensine II est déclenchée par le système nerveux (mécanismes à court terme) et que l’angiotensine II stimule la sécrétion d’autres hormones (mécanismes à long terme). En réaction à une irrigation sanguine anormalement basse ou à la stimulation du système nerveux sympathique, le rein sécrète l’enzyme rénine dans le sang FIGURE 20.14. La rénine déclenche une réaction chimique enzymatique qui aboutit à la conversion de l’angiotensinogène, une hormone inactive synthétisée par le oie et circulant dans le sang, en angiotensine I. Puis, l’enzyme de conversion de l’angiotensine (ECA) de l’endothélium capillaire transorme l’angiotensine I en angioten sine II. Cette enzyme est présente en très grande concentration dans l’endothélium capillaire pulmonaire, de sorte que la
conversion se produit pour la plus grande partie dans les poumons. La présence de l’ECA en si grande quantité dans l’endothélium capillaire pulmonaire garantit la production sufsante d’angiotensine II. En eet, comme tout le sang passe par la circulation pulmonaire pour être enrichi en oxygène, il y transporte l’angiotensine I qui vient ainsi en contact avec la principale source d’ECA. L’angiotensine II exerce plusieurs eets : puissant vasoconstricteur (beaucoup plus puissant que des hormones comparables, dont la noradrénaline), son eet sur l’augmentation de la résistance périphérique et sur l’élévation de la pression artérielle est très grand. Cette hormone stimule le centre de la soi ; l’ingestion de liquide accroît le volume sanguin, ce qui hausse la pression artérielle. L’angiotensine II module également le volume sanguin par une action directe sur les reins, qui diminuent la diurèse, et par une action indirecte en stimulant d’autres
1 Les récepteurs rénaux détectent la baisse de la pression sanguine ou sont stimulés par le système nerveux sympathique ; les reins sécrètent l’enzyme rénine.
Foie
L’ECA loge dans la paroi interne des capillaires, en majeure partie dans les capillaires des poumons.
Rein Le foie synthétise continuellement l’angiotensinogène qui circule dans le sang.
Angiotensinogène (hormone inactive)
Rénine
Poumons
Angiotensine I (hormone inactive)
ECA
Angiotensine II (hormone active)
2 La rénine con convertit l’angiotensinogène en angiotensine I.
3 L’ECA transforme me l’angiotensine I en angiotensine II.
4 L’angiotensine II augmente la pression artérielle en :
FIGURE 20.14 Système rénine-angiotensine
❯ L’enzyme rénine, sécrétée par le rein en réaction à la baisse de la pression artérielle, déclenche des réactions chimiques enzymatiques en chaîne dans le sang, contribuant ainsi à la hausse de la pression artérielle.
• provoquant une vasoconstriction ; • stimulant le centre de la soif ; • diminuant la diurèse pour augmenter la pression artérielle.
Chapitre 20 Le système cardiovasculaire : les vaisseaux et la circulation sanguine
hormones (p. ex., l’aldostérone et l’hormone antidiurétique). Le ralentissement de la formation d’urine réduit la perte de liquide sanguin et contribue à maintenir son volume et, de ce fait, la pression artérielle.
la pression artérielle augmente, et si l’une ou l’autre diminue, la pression artérielle diminue FIGURE 20.15.
Vérifiez vos connaissances 23. Quel est le mécanisme de transformation de l’angio
À votre avis
tensinogène en angiotensine II ? Quel est l’effet de l’angiotensine II sur la pression artérielle ?
3. L’inhibiteur de l’ECA estil utile dans le traitement
de l’hypertension ou dans celui de l’hypotension ? Précisez.
20.5.2.2 L’aldostérone et l’hormone antidiurétique Le cortex surrénal sécrète l’aldostérone en réaction à divers stimulus, l’un d’eux étant l’angiotensine II. L’aldostérone favorise la réabsorption des ions sodium (Na+) et de l’eau par les reins, réduit leur élimination dans les urines et contribue ainsi au maintien du volume sanguin et de la pression artérielle. La neurohypophyse relâche l’hormone antidiurétique (ADH) dans la circulation en réaction aux inux nerveux transmis par l’hypothalamus (voir la section 17.8.2). C’est après avoir détecté une hausse de la concentration en solutés (principalement du sodium) du sang (due en général à une hypovolémie) ou à la suite de la stimulation par l’angiotensine II que l’hypothalamus incite la neurohypophyse à agir ainsi. L’ADH accroît la réabsorption de l’eau dans les reins, réduisant ainsi son élimination dans les urines, ce qui contribue à maintenir le volume sanguin et la pression artérielle. Elle stimule également le centre de la soif an d’encourager l’ingestion de liquide, ce qui augmente le volume sanguin. Lorsque le volume sanguin chute (p. ex., en cas d’hémorragie), la quantité d’ADH circulante grimpe en èche et vient provoquer la vasoconstriction. Ce phénomène augmente la résistance périphérique et la pression artérielle, d’où le nom de vasopressine attribué à l’ADH. En somme, l’angiotensine II et l’ADH (en grande quantité) augmentent la résistance périphérique et la pression artérielle, et l’angiotensine II, l’aldostérone et l’ADH diminuent la diurèse an de maintenir le volume sanguin et la pression artérielle ou d’accroître le volume sanguin et la pression artérielle en stimulant l’ingestion de liquide (voir le tableau 20.3).
20.5.2.3 Le facteur natriurétique auriculaire Le facteur natriurétique auriculaire (FNA) (ou peptide natriurétique auriculaire [PNA]) est libéré dans l’oreillette en réaction à une augmentation de l’étirement de la paroi auriculaire due à une hausse du volume sanguin et du retour veineux. Ce peptide stimule la vasodilatation, ce qui diminue la résistance périphérique et accroît la diurèse an d’abaisser le volume sanguin. L’effet net est une baisse de la pression artérielle. 20.5.2.4 L’intégration des variables inuant
sur la pression artérielle Les mécanismes homéostatiques destinés à maintenir la pression artérielle à ses valeurs normales relèvent de trois variables principales : le débit cardiaque, la résistance et le volume de sang. Ces trois variables ont une relation directement proportionnelle avec la pression artérielle. Si l’une ou l’autre augmente,
941
24. Quelle hormone diminue la pression artérielle ?
20.6 La vitesse du débit sanguin 1
Décrire la relation entre l’aire transversale totale et la vitesse du débit sanguin.
2
Préciser l’importance de la lenteur du débit sanguin dans les capillaires
Le débit sanguin est le volume de sang déplacé par une unité de temps (ml/min). La vitesse du débit sanguin inclut un paramètre supplémentaire: il s’agit de la distance parcourue par un volume de sang par unité de temps ; elle s’exprime en millimètres par minute (mm/min) ou en centimètres par seconde (cm/s), en général. La vitesse de l’écoulement du sang dans les artères, les capillaires et les veines dépend de l’aire transversale totale de ces vaisseaux sanguins. Cette supercie est déterminée par le calcul du diamètre global de l’ensemble des vaisseaux sanguins de même type comme s’ils étaient placés côte à côte. Les artères ont une petite supercie transversale, soit environ 2,5 centimètres carrés (cm 2) pour l’aorte, comparativement aux capillaires qui, parce qu’ils s’étirent sur des milliers de kilomètres, ont la plus vaste aire transversale totale. Cette aire est évaluée à près de 4 500 cm 2. L’aire transversale totale des veines se rapproche de celle des artères (celle des veines caves est d’environ 8 cm2). La FIGURE 20.16 illustre la relation entre l’aire transversale totale et la vitesse du débit sanguin. La vitesse de déplacement d’un liquide est inversement proportionnelle à l’aire transversale totale du conduit où il s’écoule. Le débit sanguin est relativement rapide dans les artères, il ralentit beaucoup dans les capillaires, puis reprend de la vitesse dans les veines. Plus l’aire transversale totale des vaisseaux sanguins de même type est grande, plus la vitesse du sang diminue, et l’inverse est vrai. Par analogie, ce phénomène peut être comparé aux eaux d’un euve. Là où son cours est étroit, l’eau se déplace rapidement, alors que là où les rives s’éloignent l’une de l’autre, les eaux sont plus calmes. Bien sûr, la quantité d’eau est la même dans ces différentes régions, et elle se déplace toujours vers l’océan, quelle que soit sa vitesse. De même, le sang circule selon le gradient de pression dans le réseau vasculaire du système cardiovasculaire, mais sa vitesse change au l de son passage dans les divers vaisseaux sanguins. Ce ralentissement du débit sanguin dans les capillaires favorise les échanges de nutriments, de gaz respiratoires, d’hormones et de déchets métaboliques entre les tissus et le sang.
INTÉGRATION
ILLUSTRATION DES CONCEPTS
FIGURE 20.15 Facteurs de régulation de la pression artérielle
❯ Trois acteurs principaux infuent sur la pression artérielle : A. le débit cardiaque, B. la résistance périphérique et C. le volume sanguin.
A. Débit cardiaque Le débit cardiaque (DC) correspond au volume de sang propulsé par minute ; il est fonction de la fréquence cardiaque (FC) et du volume d’éjection systolique (VS) : DC = FC × VS (voir la section 19.9).
Volume d’éjection systolique
Fréquence cardiaque Augmentation du débit cardiaque
120 battements par minute
Diminution du débit cardiaque
Augmentation du débit cardiaque
Diminution du débit cardiaque
65 battements par minute
Force de contraction L’augmentation de la fréquence cardiaque se traduit par une hausse du débit cardiaque et de la pression artérielle.
La diminution de la fréquence cardiaque s’accompagne d’une baisse du débit cardiaque et de la pression artérielle.
L’augmentation du volume d’éjection systolique se traduit par une hausse du débit cardiaque et de la pression artérielle.
Force de contraction La diminution du volume d’éjection systolique s’accompagne d’une baisse du débit cardiaque et de la pression artérielle.
INTÉGRATION APPLICATION CLINIQUE Artère brachiale Stéthoscope
La mesure de la pression artérielle La pression artérielle se mesure indirectement à l’aide d’un sphygmomanomètre (sphugmos = pouls, pulsation, manos = clairsemé, peu dense, metron = mesure). Le brassard pneumatique entoure le bras, et le stéthoscope est posé en bas du brassard, sur l’artère comprimée, pour entendre les bruits pulsatifs. Le brassard est gonflé jusqu’à ce que l’artère brachiale soit complètement comprimée de sorte que le flux sanguin s’interrompt temporairement. La pression dans le brassard est relâchée progressivement. Deux valeurs sont enregistrées (p. ex., 120/80), et l’unité de mesure est le millimètre de mercure (mm Hg). Étirement
Relâchement (reprise de la forme)
Pression systolique (p. ex., 120 mm Hg)
Pression diastolique (p. ex., 80 mm Hg)
Brassard pneumatique
Flux sanguin Pression systolique Le numérateur de la pression artérielle enregistrée représente la pression systolique, c’est-à-dire la pression dans les artères au moment où le cœur se contracte. Il s’agit de la valeur enregistrée au premier bruit entendu à l’auscultation. Ce bruit se produit lorsque la pression dans l’artère brachiale est suffisamment élevée pour surpasser la pression dans le brassard et rétablir la circulation sanguine.
300 280 260 240 220 200 180 160 140 120 100 80 60 40 20 0
300 280 260 240 220 200 180 160 140 120 100 80 60 40 20 0
Pression diastolique Le dénominateur de la pression artérielle enregistrée correspond à la pression diastolique, c’est-àdire la pression dans les artères lorsque le cœur se relâche. Il s’agit de la valeur enregistrée lorsqu’il n’y a plus de bruit. Ce silence s’installe lorsque la circulation sanguine dans l’artère brachiale est fluide, puisque le brassard ne comprime plus l’artère.
B. Résistance périphérique La résistance périphérique est la force qui s’oppose à la circulation du sang dans le réseau vasculaire ; elle est fonction du rayon et de la longueur des vaisseaux sanguins ainsi que de la viscosité du sang. Rayon du vaisseau sanguin La vasoconstriction resserre le vaisseau et réduit sa lumière, ce qui accroît la résistance périphérique et la pression artérielle.
La vasodilatation élargit la lumière du vaisseau et diminue la résistance périphérique ainsi que la pression artérielle.
Longueur du vaisseau sanguin
Viscosité du sang
La résistance périphérique s’accroît dans les longs vaisseaux sanguins, et il en va ainsi de la pression artérielle.
La viscosité accrue ralentit le flux sanguin et accroît la résistance périphérique ainsi que la pression artérielle.
La résistance périphérique diminue dans les vaisseaux sanguins courts, et il en va ainsi de la pression artérielle.
Le sang de faible viscosité circule plus librement dans les vaisseaux sanguins, diminuant ainsi la résistance périphérique et la pression artérielle.
C. Volume sanguin Le volume de sang dépend de l’apport et de l’élimination de liquide. L’apport ou la rétention de liquide accroît le volume de sang et la pression artérielle, tandis que la perte de liquide se traduit par une baisse du volume de sang et de la pression artérielle. Apport de liquide (≈ 2 500 ml/jour)
Aliments et boissons
Élimination de liquide (≈ 2 500 ml/jour)
Humidité de l’air expiré
Eau de métabolisme Sueur
Urine
Fèces
La pression artérielle doit être suffisamment élevée pour maintenir la perfusion des tissus systémiques durant les échanges capillaires.
944 Partie IV Le maintien et la régulation Vérifiez vos connaissances
20.7 La répartition du débit
25. Dans quels vaisseaux sanguins le sang estil le plus
sanguin pendant l’effort
lent ? Décrivez la structure anatomique à l’origine du ralentissement du ux sanguin et l’importance physiologique de ce ralentissement.
35
5 000 Vitesse du débit sanguin
4 000
28
3 000
21
2 000
14
1 000
Aire transversale
7
0 e av ec Ve in
Ve ine s
A éla r tèr sti es qu es A mu rtè sc res ula ire s Ar té r Ca iole pil s lai Ve res inu les
0
FIGURE 20.16 Relation entre l’aire transversale totale et la vitesse du débit sanguin ❯ Plus l’aire transversale totale est grande, plus le débit sanguin est lent. Ce sont les capillaires qui ont la plus vaste superfcie transversale ; c’est donc là que le débit sanguin est le plus lent, un ralentissement qui acilite l’échange de substances entre le sang et les tissus.
Au repos
Dans la FIGURE 20.17, le débit sanguin passe de 5,25 L/min (5 250 ml/min) au repos à 17,5 L/min (17 500 ml/min) durant un eort. Le débit sanguin augmente dans le cœur et les muscles squelettiques comme suit : • Le débit sanguin dans les vaisseaux coronaires du cœur triple, passant de 250 ml/min à 750 ml/min, pour que le sang transporte susamment d’oxygène au myocarde. • Le débit sanguin dans les muscles squelettiques grimpe en fèche, d’un acteur 11, passant de 1 100 ml/min à 12 500 ml/ min, ce qui représente environ 70 % du débit cardiaque total, une augmentation nécessaire pour satisaire les immenses besoins métaboliques des muscles pendant l’eort.
Hausse Cerveau 750 ml/min Cœur 750 ml/min
Baisse
Rein 600 ml/min
Rein 1 100 ml/min
A.
Durant un eort, le débit sanguin systémique s’accroît, car la réquence et la puissance de la contraction cardiaque augmentent en raison du ait que le sang se déplace des réservoirs veineux vers la circulation active. Au repos, le sang se répartit autrement. Ces deux changements ont en sorte que les tissus, pendant une activité métabolique intense, sont susamment irrigués pour répondre aux besoins énergétiques des cellules.
Débit sanguin systémique = 17 500 ml/min (débit cardiaque)
Cœur 250 ml/min
Muscles squelettiques 1 100 ml/min
Comparer le débit sanguin systémique avec la répartition du débit sanguin au repos et pendant l’eort.
Exercice physique vigoureux
Débit sanguin systémique = 5 250 ml/min (débit cardiaque) Cerveau 650 ml/min
Peau 400 ml/min
Vitesse du débit sanguin (cm/s)
Aire transversale totale (cm2)
1
FIGURE 20.17
Peau 1 900 ml/min
Organes abdominaux 1 300 ml/min
Organes abdominaux 600 ml/min
Autres organes 450 ml/min
Muscles squelettiques 12 500 ml/min
B.
Autres organes 400 ml/min
Débit sanguin dans la circulation systémique au repos et pendant un exercice physique vigoureux ❯ A. Le débit sanguin systémique au repos est d’environ 5,25 L/min (5 250 ml/min). B. Il grimpe à 17,5 L/min (17 500 ml/min) durant un exercice physique vigoureux. Le sang se dirige en plus grande pro portion vers les vaisseaux coronaires du cœur, les muscles squelettiques et la peau, et il y a relativement moins de sang transporté aux organes abdo minaux, aux reins et aux tissus dans lesquels l’activité métabolique est aible.
Chapitre 20 Le système cardiovasculaire : les vaisseaux et la circulation sanguine 945
• Le débit sanguin dans les vaisseaux cutanés est multiplié par 5, passant de 400 ml/min à 1 900 ml/min, pour dissiper la chaleur.
20.8.1
À l’opposé, une proportion relativement aible du fux sanguin est dirigée vers les organes abdominaux, ce qui ralentit la digestion, et vers les reins, ce qui diminue la production d’urine, pour le maintien du volume sanguin et de la pression artérielle. Le sang se rend en quantité assez aible dans d’autres régions peu actives sur le plan métabolique durant l’eort.
1
Le circuit de la circulation pulmonaire
Tracer le circuit des vaisseaux sanguins allant du ventricule droit aux poumons, puis des poumons à l’oreillette gauche.
Le circuit de la circulation pulmonaire s’amorce lorsque le ventricule droit éjecte le sang appauvri en oxygène dans le tronc pulmonaire FIGURE 20.18. Le tronc pulmonaire se divise en artère pulmonaire gauche et en artère pulmonaire droite, chacune parcourant le poumon correspondant. Les artères pulmonaires se ramient en petites artères, et celles-ci en artérioles. Les artérioles deviennent des capillaires qui entourent les alvéoles pulmonaires dans lesquelles se produisent les échanges gazeux entre le sang des capillaires et l’air alvéolaire. Le dioxyde de carbone passe du sang aux alvéoles, alors que l’oxygène se déplace dans la direction inverse, soit des alvéoles au sang.
Vérifiez vos connaissances 26. Quels organes bénéfcient principalement de
l’augmentation du débit cardiaque durant l’eort ? Quels sont ceux qui voient leur débit sanguin diminuer durant l’eort ?
20.8 La circulation pulmonaire
Les capillaires se regroupent pour ormer des veinules qui, elles, deviennent les veines pulmonaires. En général, deux veines pulmonaires gauches et deux veines pulmonaires droites transportent le sang enrichi en oxygène à l’oreillette gauche.
La circulation pulmonaire a pour onction de transporter le sang appauvri en oxygène du cœur droit aux poumons, puis de transporter le sang nouvellement enrichi d’oxygène au cœur gauche.
FIGURE 20.18 Circulation pulmonaire 7
5
4
11 4
6 8
6
8 3
9
1 10 2
Le sang appauvri en oxygène est transporté aux poumons. 1 Oreillette droite
11 Aorte 10 Ventricule gauche 9 Oreillette gauche
2 Ventricule droit 3 Tronc pulmonaire 4 Artères pulmonaires 5 Artérioles pulmonaires
8 Veines pulmonaires 7 Veinules pulmonaires Le sang enrichi en oxygène se dirige vers le cœur.
6 Échanges gazeux dans les capillaires pulmonaires
❯ Le circuit de la circulation pulmonaire va du cœur droit aux poumons dans lesquels se pro duisent les échanges gazeux, puis des poumons au cœur gauche. Des èches colorées indiquent le sens de la circula tion sanguine dans le cœur : le sang ap pauvri en oxygène (èches bleues) et le sang enrichi en oxygène (èches rouges).
946 Partie IV Le maintien et la régulation
Vérifiez vos connaissances
20.9.1
27. Quel pourcentage du sang revenant au cœur droit est
Les principales subdivisions de l’aorte à la sortie du cœur
éjecté vers les poumons ? 1
20.8.2
2
Les caractéristiques de la circulation pulmonaire
Cerner les caractéristiques distinguant la circulation pulmonaire de la circulation systémique.
Les artères pulmonaires ont moins de tissu conjonctif élastique et une plus grande lumière que les artères systémiques. Par rapport aux vaisseaux sanguins de la circulation systémique, les vaisseaux sanguins pulmonaires sont relativement courts, car les poumons sont situés à proximité du cœur. La résistance périphérique est donc plus faible, puisque le cœur droit n’a pas à générer une grande pression pour que le sang circule dans ce circuit. Il s’ensuit que la pression sanguine dans la circulation pulmonaire est plus basse que dans la circulation systémique. La variation de la pression dans la circulation pulmonaire s’explique comme suit : • Le sang quitte le ventricule droit à une pression systolique d’environ 15 à 25 mm Hg et une pression diastolique d’environ 8 mm Hg, selon que le corps est inactif ou actif. • La pression sanguine baisse au fur et à mesure que le sang traverse le tronc pulmonaire et les artères pulmonaires droite et gauche, jusqu’à environ 10 mm Hg dans les capillaires des alvéoles pulmonaires. En raison de cette pression basse, le sang se déplace plus lentement dans les capillaires pulmonaires que dans les capillaires systémiques, ce qui facilite les échanges gazeux avec les poumons. • Le sang passe des capillaires pulmonaires à des veines de plus en plus grosses qui deviennent les veines pulmonaires. La pression sanguine est près de 0 mm Hg lorsque ces veines se jettent dans l’oreillette gauche.
Vérifiez vos connaissances 28. En quoi la pression sanguine dans la circulation
Énumérer et localiser les artères transportant le sang provenant du ventricule gauche dans les principales régions du corps.
Le sang riche en oxygène est éjecté du ventricule gauche dans l’aorte ascendante. Les artères coronaires gauche et droite émergent de la paroi de l’aorte ascendante et irriguent la paroi cardiaque (voir l’encadré de la fgure 20.19A). L’aorte ascendante dessine une courbe vers la gauche du corps et devient l’arc de l’aorte (l’aorte ascendante et l’arc de l’aorte forment la crosse de l’aorte). Les corpuscules aortiques qui participent à la régulation de la pression artérielle logent dans l’adventice de la crosse aortique. Trois branches artérielles principales sont issues de la crosse aortique : 1. Le tronc brachiocéphalique d’où naissent l’artère carotide commune droite transporte le sang au côté droit du cou et de la tête, et l’artère subclavière droite irrigue le membre supérieur droit et certaines régions thoraciques. 2. L’artère carotide commune gauche transporte le sang au côté gauche du cou et de la tête. 3. L’artère subclavière gauche irrigue le membre supérieur gauche et certaines régions thoraciques. La crosse aortique se recourbe et se projette sur le plan inférieur en devenant l’aorte thoracique, une portion située sur la face antérieure de la colonne vertébrale, soit les vertèbres thoraciques T5 à T 12, dont plusieurs branches transportent le sang à la
INTÉGRATION
STRATÉGIES D’APPRENTISSAGE
Voici une manière de se souvenir acilement du nom des vais seaux sanguins. Dans bien des cas, le nom du vaisseau sanguin est le même que celui de la région qu’il parcourt ou de l’os qu’il longe. Ainsi, l’artère axillaire sillonne la région axillaire et l’artère radiale longe le radius.
pulmonaire se distinguetelle de celle dans la circulation systémique ?
1. Certains vaisseaux sanguins portent le nom de la structure qu’ils irriguent (p. ex., les artères rénales transportent le sang aux reins, les artères gonadiques irriguent les gonades et les artères aciales parcourent le visage).
20.9 La circulation systémique :
2. Les artères et les veines dont le trajet est parallèle, soit les vaisseaux sanguins annexes, partagent parois le même nom (p. ex., la veine émorale qui accompagne l’artère émorale).
les vaisseaux afférents et efférents du cœur
Cette section présente les vaisseaux sanguins afférents et efférents du cœur, puis les trajets circulatoires des régions suivantes : la tête et le tronc, les membres supérieurs et les membres inférieurs. La FIGURE 20.19 indique l’emplacement des principales artères et veines ; elle sera utile pour le repérage.
3. Un vaisseau (artère ou veine) dit commun se divise en vais seaux externe et interne (p. ex., l’artère carotide commune se subdivise en artères carotides externe et interne). 4. Tracer un diagramme simplifé des vaisseaux sanguins de chaque région du corps peut être un moyen de renorcer la mémoire à propos des vaisseaux sanguins.
Chapitre 20 Le système cardiovasculaire : les vaisseaux et la circulation sanguine
FIGURE 20.19 Distribution vasculaire générale
❯ Les artères de la circulation systémique transportent le sang provenant du cœur gauche aux lits capillaires systémiques ; les veines systémiques retournent le sang au cœur droit. A. Vue antérieure des artères systémiques avec un encadré illustrant le cœur et l’aorte.
947
948 Partie IV Le maintien et la régulation
Veine jugulaire externe gauche Veine jugulaire interne gauche Veine subclavière gauche Veine brachiocéphalique gauche Veine cave supérieure
Veine subclavière droite Veine brachiocéphalique droite Veine axillaire
Veines brachiales Veines hépatiques
Veine basilique Veine céphalique
Veine rénale Veine médiane du coude Veine cave inférieure Veine gonadique Veine iliaque commune Veine iliaque externe Veine iliaque interne
Veines ulnaires Veines radiales Arcades veineuses palmaires
Veine brachiocéphalique droite Veine brachiocéphalique gauche
Veine fémorale profonde Veine fémorale
Veine cave supérieure
Grande veine saphène
Oreillette droite
Veine poplitée
Diaphragme
Veines tibiales postérieures
Veine cave inférieure
Veines tibiales antérieures Arcade veineuse dorsale du pied Veine iliaque commune droite Veines supercielles Veines profondes
Veine iliaque commune gauche B. Veines, vue antérieure
FIGURE 20.19 Distribution vasculaire générale (suite)
❯ B. Vue antérieure des veines systémiques avec un encadré illustrant les veines majeures qui rapportent le sang au cœur.
Chapitre 20 Le système cardiovasculaire : les vaisseaux et la circulation sanguine 949
paroi et aux viscères thoraciques. Au moment où elle ranchit l’orice (hiatus) dans le diaphragme, l’aorte thoracique change de nom et s’appelle alors aorte abdominale ; elle irrigue la paroi et les organes abdominaux. À la hauteur de la quatrième vertèbre lombaire, l’aorte abdominale biurque en artères iliaques (iliacus, de ilia = fancs) communes gauche et droite. Chacune de celles-ci se divise en artères iliaques interne (qui irrigue les structures pelviennes et périnéales) et externe (qui transporte le sang au membre inérieur).
Vérifiez vos connaissances 29. Quelles sont les trois principales artères qui naissent
de la crosse aortique ? Quelles sont les régions irriguées par ces branches de l’aorte ?
20.10.1
La tête et le cou
1
Énumérer les artères et les veines qui parcourent la tête et le cou.
2
Tracer la trajectoire du circuit artériel cérébral et préciser ses fonctions.
3
Décrire la structure générale et les fonctions des sinus veineux de la duremère.
Le sang artériel à destination du cou et de la tête provient des branches de la crosse aortique. Le retour du sang veineux de la tête et du cou s’eectue par les veines jugulaires, qui se jettent dans les veines brachiocéphaliques. Cette section traite des circulations artérielle et veineuse.
20.10.1.1 La circulation artérielle
20.9.2
2
Les veines retournant le sang au cœur droit
Énumérer et localiser les veines responsables du retour du sang de la circulation systémique à l’oreillette droite.
Trois vaisseaux sanguins déversent le sang dans l’oreillette droite : la veine cave supérieure, la veine cave inérieure et le sinus coronaire (voir l’encadré de la fgure 20.19B). Les veines qui recueillent le sang de la tête, du cou, des membres supérieurs et du thorax se regroupent pour ormer les veines brachiocépha liques gauche et droite, lesquelles s’unissent à leur tour pour ormer la veine cave supérieure. Les veines situées en bas du diaphragme se réunissent pour ormer la veine cave inérieure. Celle-ci transporte le sang provenant des membres inérieurs, du bassin, du périnée et des structures abdominales jusqu’au cœur. Elle longe le côté droit de l’aorte abdominale et ranchit le diaphragme par l’orice qui lui est destiné. Le sinus coronaire se déverse également dans l’oreillette droite, y apportant le sang appauvri en oxygène du myocarde (voir la section 19.4.2).
Vérifiez vos connaissances 30. De quelles régions provient le sang que transportent
la veine cave supérieure et la veine cave inférieure ?
Les artères carotides communes transportent le sang au cou et à la tête, pour la plus grande partie FIGURE 20.20A. Ces artères remontent le cou de chaque côté de la trachée. À la hauteur du bord supérieur du cartilage thyroïde du larynx, chacune des artères se divise en une artère carotide externe, qui transporte le sang aux structures hors du crâne, et en une artère carotide interne, qui irrigue les structures intracrâniennes. Le sinus carotidien, siège des barorécepteurs participant à la régulation de la pression artérielle, se situe dans l’artère carotide interne, à proximité de la biurcation de l’artère carotide commune. Il est à noter qu’une technique de massage du sinus carotidien peut être indiquée dans le cas de certains troubles de conduction cardiaque (sinoauriculaire ou auriculoventriculaire). Elle stimule le ner vague, d’où son eet cardio-inhibiteur et vasodépresseur. Pour le reste, ce sont des branches de l’artère subclavière, plus précisément l’artère vertébrale, qui assurent la vascularisation vertébrale, et les troncs thyrocervical et costocervical, qui assurent l’irrigation de structures cervicales et thoraciques (glande thyroïde, vertèbres, muscles). Ces structures se situent de chaque côté.
L’artère carotide externe L’artère carotide externe donne plusieurs branches collatérales : l’artère thyroïdienne supérieure, l’artère pharyngienne (pharugx, pharuggos = gorge) ascendante, l’artère linguale, l’artère aciale, l’artère occipitale et l’artère auriculaire postérieure. Puis, elle biurque en artères maxillaire et temporale superf cielle (voir la fgure 20.20A).
L’artère carotide interne
20.10 La circulation systémique :
la tête et le tronc
La circulation sanguine dans la tête ainsi que dans les organes thoraciques et abdominaux est critique pour la survie ; il n’est donc pas surprenant que ces régions soient les premières à être irriguées par le sang propulsé par le cœur.
L’artère carotide interne se ramie une ois qu’elle a ranchi le canal carotidien de l’os temporal. Dans le crâne, elle orme de multiples branches, dont les artères cérébrales antérieure et moyenne, qui irriguent le cerveau. Plus précisément, l’artère cérébrale antérieure irrigue la ace interne des lobes rontal et pariétal d’un hémisphère cérébral. Elle orme une anastomose avec l’artère cérébrale antérieure de l’autre côté grâce à l’artère communicante antérieure. L’artère cérébrale moyenne (ou sylvienne) suit le sillon latéral (scissure de Sylvius) et irrigue la ace latérale des lobes rontal, pariétal et temporal d’un hémisphère
950 Partie IV Le maintien et la régulation
Branches de l’artère carotide externe Artère temporale superficielle (glande parotide, une partie du cuir chevelu)
Branches de l’artère carotide commune Artère carotide interne (cerveau et orbite) Artère carotide externe (tête et cou en superficie)
Artère maxillaire (dents, gencives, cavité nasale, muscles de la mastication, méninges) Artère auriculaire postérieure (oreilles et une partie du cuir chevelu) Artère occipitale (cuir chevelu postérieur) Artère faciale (visage)
Artères couplées de la tête et du cou
Artère linguale (langue)
Tronc thyrocervical (glande thyroïde, partie du cou et de l’épaule)
Artère pharyngienne ascendante (pharynx) Artère thyroïdienne supérieure (glande thyroïde et larynx) Cartilage thyroïde
Tronc costocervical (profondeur du cou et muscles intercostaux supérieurs) Artère vertébrale
Tronc brachiocéphalique
Artère carotide commune
Artère subclavière A. Artères, vue latérale droite Artère communicante antérieure (relie les artères cérébrales antérieures droite et gauche) Artères cérébrales antérieures droite et gauche Artère carotide interne
Antérieur
Artère carotide interne Artère cérébrale antérieure
Artères communicantes postérieures droite et gauche (relient les artères cérébrales postérieures aux artères cérébrales moyennes) Artères cérébrales postérieures droite et gauche
Artère ophtalmique Artère cérébrale moyenne
Cercle artériel du cerveau Artère cérébrale postérieure Artère basilaire
Artère vertébrale
Postérieur B. Artères desservant l’encéphale, vue inférieure
FIGURE 20.20 Circulation artérielle de la tête et du cou
❯ A. Vue latérale droite des branches artérielles transportant le sang au cou et à la tête ; B. vue inérieure de l’encéphale illustrant les branches des artères carotide interne et vertébrale qui irriguent le cerveau. Dans l’encadré fgure un
agrandissement du cercle artériel du cerveau, un système anastomotique des grands axes artériels entourant la selle turcique de l’os sphénoïde. Ce système entoure l’hypophyse et le chiasma optique.
Chapitre 20 Le système cardiovasculaire : les vaisseaux et la circulation sanguine 951
cérébral. En se ramifant, l’artère carotide interne orme aussi les artères ophtalmiques (ophtalmos = œil) qui transportent le sang aux yeux et à des structures avoisinantes (voir la fgure 20.20B).
Les artères vertébrales Les artères vertébrales, issues des artères subclavières, traversent le oramen transversaire des vertèbres cervicales et pénètrent dans le crâne par le trou occipital (ou oramen magnum) ; là, elles se réunissent pour ormer l’artère (le tronc) basi laire (basis = base). Celle-ci longe la ace ventrale du pont (protubérance annulaire), une partie du tronc cérébral, et donne de nombreuses branches avant de se diviser en artères céré brales postérieures qui transportent le sang à la partie postérieure du cerveau, plus précisément à la partie inérieure des lobes temporaux et aux lobes occipitaux des hémisphères cérébraux.
à la veine jugulaire interne (voir la fgure 20.21). L’encéphale est drainé par les sinus sagittaux supérieur et inférieur situés dans la aux du cerveau (portion de la dure-mère qui s’enonce entre les hémisphères cérébraux). Le sinus sagittal inérieur rejoint le sinus droit dans la partie postérieure de la cavité crânienne. Ce dernier ainsi que le sinus sagittal supérieur aboutissent dans les sinus transverses de la région occipitale. Les sinus transverses drainent ensuite le sang dans les sinus sigmoïdes qui sortent du crâne par les oramens jugulaires pour devenir les veines jugulaires internes. Les veines ophtalmiques drainent les orbites et les veines aciales (dont le sang provient de la lèvre supérieure et du nez) pour se jeter dans les sinus caverneux. Le sang passe ensuite des sinus caverneux aux sinus pétreux supérieurs qui rejoignent les sinus sigmoïdes, puis aux veines jugulaires internes et aux sinus pétreux inférieurs qui rejoignent aussi les veines jugulaires internes.
Le cercle artériel du cerveau
Vérifiez vos connaissances
Le cercle (ou polygone) artériel du cerveau (ou cercle de Willis) est un important système artériel anastomotique entourant la selle turcique. Une anastomose est une communication entre deux vaisseaux (voir l’encadré de la fgure 20.20B). Le cercle artériel du cerveau est ormé des artères cérébrales postérieures, des artères communicantes postérieures (qui relient les artères cérébrales postérieures aux artères cérébrales moyennes), des artères carotides internes (qui orment les artères cérébrales moyennes), des artères cérébrales antérieures et de l’artère com municante antérieure (qui relie les deux artères cérébrales antérieures). Il a pour onction d’équilibrer la pression artérielle dans l’encéphale et d’orir des voies alternatives en cas d’obstruction d’un vaisseau.
31. Quelles sont les quatre artères qui transportent
20.10.1.2 La circulation veineuse Trois paires de veines principales sont responsables du retour du sang du cou et de la tête au cœur FIGURE 20.21. De chaque côté de la tête, une veine vertébrale et une veine jugulaire externe débouchent dans la veine subclavière. La veine vertébrale débouche également dans la veine brachiocéphalique. La troisième paire est constituée des veines jugulaires internes, chacune s’unissant à la veine subclavière pour ormer la veine brachiocéphalique. Contrairement aux artères vertébrales, les veines vertébrales ne drainent pas l’encéphale, mais plutôt les vertèbres et la moelle épinière de la région cervicale et quelques muscles du cou. Les veines jugulaires externes reçoivent le sang des structures superfciel les de la tête et du cou, alors que les veines jugulaires internes recueillent le sang de la cavité crânienne. Enfn, les veines brachiocéphaliques droite et gauche réunies orment la veine cave supérieure.
La cavité crânienne La majeure partie du sang veineux crânien retourne au cœur par l’intermédiaire de plusieurs grosses veines constituant le réseau des sinus veineux de la duremère. Ces grosses veines modifées proviennent de la dissociation de la couche conjonctivovasculaire et du euillet méningé de la dure-mère. L’excédent de liquide cérébrospinal s’y déverse (voir la section 13.2.1). Le sang des sinus veineux de la dure-mère passe ensuite principalement
le sang au cou et à la tête ? Quelles sont les trois principales veines qui drainent le sang de ces régions vers le cœur ? 32. Quelle est la fonction des sinus veineux de
la duremère ?
20.10.2
Les parois thoracique et abdominale
4
Décrire les paires d’artères transportant le sang à la paroi thoracique.
5
Énumérer les artères irriguant la paroi abdominale.
6
Énumérer les veines recueillant le sang des parois thora cique et abdominale, et indiquer leur trajectoire.
La circulation systémique des parois de la région du tronc relève principalement de vaisseaux sanguins regroupés par paires (appariés) et comportant de nombreuses anastomoses. Le réseau veineux est plus complexe que l’arbre artériel.
20.10.2.1 La circulation artérielle Plusieurs paires d’artères parcourent les parois thoracique et abdominale FIGURE 20.22A. Les artères subclavières donnent naissance aux artères thoraciques internes (ou artères mammaires internes) gauche et droite qui transportent le sang à la paroi thoracique antérieure et aux glandes mammaires. Ces artères longent le sternum, l’une à sa gauche, l’autre à sa droite, et se ramifent comme suit : les six premières artères, les rameaux intercostaux antérieurs et une artère musculophrénique (phrên, phrenos = diaphragme) qui se divise en rameaux intercostaux (sept à neu). Les rameaux intercostaux irriguent les muscles intercostaux. L’artère thoracique interne devient l’artère épigastrique (epi = sur, gastros = estomac) supérieure qui transporte le sang à la paroi abdominale supérieure.
952 Partie IV Le maintien et la régulation
Veines du cou et des structures superficielles de la tête Veine occipitale Veine temporale superficielle Veine maxillaire interne Veine auriculaire postérieure Principales veines retournant le sang de la tête et du cou au cœur
Veine rétromandibulaire
Veine vertébrale
Veine faciale
Veine jugulaire externe
Veine linguale
Veine jugulaire interne Veine thyroïdienne supérieure Veine subclavière droite Veine brachiocéphalique droite
A. Veines, vue latérale droite
Sinus sagittal supérieur Faux du cerveau
Sinus sagittal inférieur
Sinus droit Sinus caverneux
Sinus occipital Sinus marginaux Sinus transverse
Sinus pétreux supérieur Sinus pétreux inférieur Veines ophtalmiques
Sinus sigmoïde
Veine faciale Veine jugulaire interne
B. Sinus veineux de la dure-mère, vue antérolatérale supérieure droite
FIGURE 20.21 Circulation veineuse de la tête et du cou
❯ A. Vue latérale droite des veines majeures et des vaisseaux afuents qui transportent le sang de la tête et du cou au cœur. B. Vue antérolatérale supérieure de la circulation veineuse crânienne. Les sinus veineux de la duremère sont indiqués en caractères gras.
Chapitre 20 Le système cardiovasculaire : les vaisseaux et la circulation sanguine 953
L’artère épigastrique inférieure, une branche collatérale de l’artère iliaque externe, sillonne la paroi abdominale inérieure. Elle compte de multiples anastomoses avec l’artère épigastrique supérieure. L’artère intercostale suprême provient de la biurcation du tronc costocervical, une branche de l’artère subclavière ; elle se ramife et donne les deux premières artères intercostales postérieures. Les neu artères intercostales postérieures suivantes sont des branches de l’aorte thoracique descendante. Elles irriguent les muscles intercostaux, les muscles proonds du dos, les vertèbres et la moelle épinière. Une anastomose relie chaque paire d’artères intercostales postérieures
au rameau intercostal antérieur correspondant qui orme ainsi une arcade vasculaire horizontale qui couvre un segment de la paroi thoracique, soit la partie antérieure d’un muscle intercostal. Il est à noter qu’il est question de rameaux intercostaux antérieurs et d’artères intercostales postérieures, car ces dernières sont issues directement de l’aorte et non de l’artère thoracique interne. Enfn, quatre paires d’artères lombaires issues directement de l’aorte abdominale irriguent la paroi abdominale postérolatérale. De plus, une unique artère sacrale médiane (ou artère sacrée) provenant de la biurcation de l’aorte dans la région pelvienne transporte le sang au sacrum et au coccyx.
Crosse aortique Tronc costocervical
Artère subclavière droite
Artère subclavière gauche
Tronc brachiocéphalique
Artère intercostale suprême
Artère thoracique interne
Artères intercostales postérieures (1 et 2) (espaces intercostaux postérieurs) Rameaux intercostaux antérieurs (1-6) (portions antérieures des muscles intercostaux)
Artères intercostales postérieures (3-11) (espaces intercostaux postérieurs)
Aorte thoracique descendante Artère musculophrénique (espaces intercostaux antérieurs) Rameaux intercostaux antérieurs (7-9) Aorte abdominale
Artère épigastrique supérieure (paroi abdominale supérieure)
Artères lombaires (4 paires ) (paroi abdominale postérolatérale)
Artère iliaque commune Artère sacrale médiane (sacrum et coccyx) Artère épigastrique inférieure (paroi abdominale inférieure)
A. Artères, vue antérieure
FIGURE 20.22 Circulation sanguine dans les parois thoracique et abdominale ❯ La fgure A. présente les artères qui irriguent les parois thoracique et abdominale, ainsi que les anastomoses entre les artères
épigastriques supérieure et inérieure. Toutes les artères sont symé triques, à l’exception de l’artère sacrale médiane. Les régions irriguées sont indiquées entre parenthèses.
954 Partie IV Le maintien et la régulation 20.10.2.2 La circulation veineuse Le circuit veineux des parois thoracique et abdominale est un peu plus complexe que le réseau artériel de cette région (voir la fgure 20.22B). Les veines intercostales antérieures, la veine musculophrénique et la veine épigastrique supérieure s’unissent en une veine thoracique interne qui se jette dans la veine brachiocéphalique.
La veine épigastrique inférieure rejoint la veine iliaque externe. Les trois premières veines intercostales postérieures s’unissent à la veine intercostale suprême qui, elle, aboutit à la veine brachiocéphalique. Les veines lombaires ascendantes (qui recueillent le sang de l’ensemble des veines lombaires) et les veines intercostales pos térieures débouchent dans le réseau veineux azygos, le long de
Veine subclavière gauche Veine subclavière droite
Veine brachiocéphalique gauche Veine intercostale suprême
Veine brachiocéphalique droite Veine cave supérieure Veine thoracique interne
Veines intercostales postérieures (1-3)
Veines intercostales antérieures Veine azygos
Veine hémiazygos accessoire
Veine intercostale postérieure Veine intercostale postérieure
Veine cave inférieure
Veine hémiazygos Veine musculophrénique Veine épigastrique supérieure
Diaphragme
Veines lombaire ascendantes Veine cave inférieure Veines lombaires Veines gonadiques Veine sacrale médiane Veine épigastrique inférieure
Veine iliaque commune Veine iliaque externe
Veine iliaque interne
B. Veines, vue antérieure
FIGURE 20.22 Circulation sanguine dans les parois thoracique et abdominale (suite) ❯ B. Le circuit veineux des parois thoracique et abdominale est
plus complexe que le réseau artériel. Toutes les veines sont symétriques, à l’exception du réseau azygos et de la veine sacrale médiane.
Chapitre 20 Le système cardiovasculaire : les vaisseaux et la circulation sanguine 955
la paroi thoracique postérieure. Les veines hémiazygos et hémiazygos accessoire du côté gauche des vertèbres recueillent le sang des veines de la région latérale gauche. La veine azygos collecte le sang des veines de la région latérale droite et celui des veines hémiazygos. Elle débouche dans la veine cave supérieure. Il existe plusieurs anastomoses entre la veine azygos et la veine cave inérieure : ce sont les anastomoses azygocaves. Le schéma du retour veineux est illustré dans la fgure 20.22C.
seaux sanguins qui irriguent le cœur ; celle-ci étudie les vaisseaux sanguins irriguant les autres organes thoraciques FIGURE 20.23.
20.10.3.1 Les poumons La circulation pulmonaire achemine le sang riche en dioxyde de carbone du cœur droit vers les poumons par les artères pulmonaires et rapporte le sang oxygéné des poumons au cœur gauche par les veines pulmonaires. Il existe une autre circulation sanguine appelée circulation bronchique. Celle-ci est une branche de la circulation systémique dont le but est d’oxygéner le tissu pulmonaire et les voies respiratoires, et de recueillir le dioxyde de carbone provenant du métabolisme bronchopulmonaire. Les bronches, les bronchioles (voies aériennes) et le tissu conjoncti des poumons sont irrigués par trois ou quatre artères bron chiques, de minuscules branches issues de la paroi antérieure de l’aorte thoracique descendante. Les veines bronchiques gauche et droite (absentes sur l’illustration) débouchent dans le réseau veineux azygos et les veines pulmonaires par l’intermédiaire des anastomoses entre les circulations veineuses bronchique et pulmonaire. Le reste du poumon reçoit son oxygène par diusion des minuscules vésicules pleines d’air (alvéoles) de son parenchyme.
Vérifiez vos connaissances 33. Le système azygos qui reçoit le sang veineux des
parois thoracique et abdominale débouchetil dans la veine cave supérieure ou dans la veine cave inférieure ?
20.10.3 7
Les organes thoraciques
Décrire les vaisseaux transportant le sang aux poumons, à l’œsophage et au diaphragme.
Le cœur, les poumons, l’œsophage et le diaphragme sont les principaux organes thoraciques. La section 19.4 décrit les vais-
Côté droit Veines intercostales postérieures droites (1-3)
Côté gauche Veine brachiocéphalique droite
Veine brachiocéphalique gauche Veine intercostale suprême gauche Veine cave supérieure
Veine intercostale suprême droite
Veines intercostales antérieures droites Veine musculophrénique droite Veine épigastrique supérieure droite
Cœur
Veine thoracique interne droite Veine azygos
Veine thoracique interne gauche
Veine hémiazygos accessoire
Veine cave inférieure
Veines intercostales postérieures droites (4-11)
Veines intercostales postérieures gauches (1-3)
Veines intercostales antérieures gauches Veine musculophrénique gauche Veine épigastrique supérieure gauche
Veines intercostales postérieures gauches (4-8)
Veines intercostales postérieures gauches (9-11) Veine hémiazygos Veines lombaires droites
Veines lombaires gauches
Veine iliaque Veine iliaque commune droite commune gauche
Veine iliaque externe droite Veine iliaque interne droite
FIGURE 20.22 Circulation sanguine dans les parois thoracique et abdominale (suite) ❯ C. Schéma du retour veineux.
Veine iliaque externe gauche Veine iliaque interne gauche
956 Partie IV Le maintien et la régulation
Artère thoracique interne Œsophage Artères bronchiques (bronches et bronchioles) Artères œsophagiennes (œsophage) Aorte thoracique descendante Poumon Tronc cœliaque
Artères phréniques supérieures (diaphragme)
Artère gastrique gauche
Artère phrénique inférieure (diaphragme)
Branche œsophagienne (œsophage)
Artère musculophrénique (diaphragme)
Artère splénique Artère hépatique commune
Artère rénale droite Artère mésentérique supérieure Aorte abdominale Artère mésentérique inférieure
FIGURE 20.23 Circulation artérielle des organes de la cavité thoracique et du diaphragme ❯ La fgure présente les vaisseaux sanguins des
abstraction des côtes et des vaisseaux superfciels du côté gauche du corps pour aire voir les vaisseaux sanguins proonds.
bronches (voies aériennes), de l’œsophage et du diaphragme. Elle ait
20.10.3.2 L’œsophage De très petites artères œsophagiennes émergeant de la paroi antérieure de l’aorte thoracique descendante transportent le sang à l’œsophage. De plus, l’artère gastrique gauche donne plusieurs branches œsophagiennes qui irriguent la partie abdominale de l’œsophage. Les veines œsophagiennes recueillent le sang de la paroi œsophagienne et empruntent ensuite l’une ou l’autre de deux directions : la veine azygos ou la veine gastrique gauche (absente de la fgure). Cette dernière s’unit à la veine porte hépatique (voir la section 20.10.4.2).
20.10.3.3 Le diaphragme L’arbre artériel du diaphragme est constitué de vaisseaux sanguins regroupés en paires. Les artères phréniques supérieures proviennent
de l’aorte thoracique descendante ; les artères phréniques infé rieures sont issues de l’aorte abdominale ; les artères musculo phréniques comme les artères péricardiophréniques (absentes sur l’illustration) naissent de l’artère thoracique interne. Les veines phréniques supérieure et inérieure aboutissent à la veine cave inérieure, alors que les veines musculophréniques se jettent dans les veines thoraciques internes qui s’unissent aux veines brachiocéphaliques. Ces veines ne paraissent pas sur l’illustration.
Vérifiez vos connaissances 34. Quelles artères systémiques transportent le sang
riche en oxygène aux poumons ? Quelles structures du poumon reçoivent le sang ?
Chapitre 20 Le système cardiovasculaire : les vaisseaux et la circulation sanguine 957
20.10.4
Le tube digestif
8
Énumérer les trois artères majeures issues de la biurca tion de l’aorte descendante qui irriguent le tube digesti, et indiquer leurs principales branches.
9
Préciser la onction du système porte hépatique.
10 Tracer le circuit du sang provenant du tube digesti à
destination de la veine cave inérieure.
Des artères non appariées surgies de l’aorte abdominale assurent la circulation sanguine artérielle dans le tube digesti. Le sang veineux circule dans le système porte hépatique avant de se déverser dans la veine cave inérieure.
20.10.4.1 La circulation artérielle vers l’abdomen Trois artères émergent de la paroi antérieure de l’aorte abdominale pour aller irriguer le tube digesti. Contrairement aux autres, elles ne onctionnent pas par paires. Du plan supérieur au plan inérieur, ces artères sont le tronc cœliaque, l’artère mésentérique supérieure et l’artère mésentérique inérieure (voir la fgure 20.23).
Le tronc cœliaque Le tronc cœliaque (koliakos = qui appartient aux intestins) est situé juste sous l’orifce aortique du diaphragme. Il donne naissance à trois branches FIGURE 20.24 : 1) l’artère gastrique gauche ; 2) l’artère splénique; et 3) l’artère hépatique commune (ou principale). Cette dernière se divise en artère hépatique propre et en artère gastroduodénale.
dégradation des érythrocytes en provenance de la rate et les dirige vers le oie qui recyclera certains de ces produits. Dans le système porte hépatique, le sang des organes digestis circule dans trois branches veineuses principales : 1. la veine splénique, qui court sur le plan transversal ; 2. la veine mésentérique inférieure, dont le trajet est vertical ; 3. la veine mésentérique supérieure, verticale également, située du côté droit du corps. Ces trois veines se jettent dans la veine porte hépatique reliée au oie. De petites veines, notamment les veines gastriques gauche et droite, débouchent directement dans la veine porte hépatique. Cette veine ait circuler le sang dans les sinusoïdes du oie. Là, le sang veineux se mêle au sang artériel riche en oxygène arrivant au oie par les artères hépatiques. Ainsi, le sang appauvri en oxygène, mais chargé de nutriments en provenance des organes digestis, et le sang enrichi en oxygène des artères hépatiques circulent ensemble dans les sinusoïdes du oie (voir le chapitre 26). Le sang sort du oie par les veines hépatiques qui s’unissent à la veine cave inérieure.
INTÉGRATION
STRATÉGIES D’APPRENTISSAGE
Bien que le tracé des veines du système porte hépatique puisse varier, il s’apparente en général à la orme d’une chaise vue de côté. Le pied de devant de la chaise représente la veine mésentérique inérieure, et le pied de derrière, la veine mésen térique supérieure. Le siège illustre la veine splénique et le dossier, la veine porte hépatique.
L’artère mésentérique supérieure L’artère mésentérique (mesos= au milieu, médian, enteron= intestin) supérieure se situe juste sous le tronc cœliaque. Parmi ses branches fgurent de 18 à 20 artères intestinales, dont l’artère colique moyenne, l’artère colique droite et l’artère iléocolique.
L’artère mésentérique inférieure L’artère mésentérique inférieure émerge à environ 5 cm de la biurcation de l’aorte à la hauteur de la troisième vertèbre lombaire. Elle se ramife en artère colique gauche, en artères sigmoïdiennes et en artère rectale supérieure (voir la fgure 20.24).
Veine porte hépatique
Veine splénique
Veine mésentérique supérieure
Veine mésentérique inférieure
20.10.4.2 Le retour veineux de l’abdomen
et du système porte hépatique Le sang qui circule dans les capillaires des organes digestis et qui passe ensuite dans les veines qui drainent ces capillaires ne se dirige pas directement vers la veine cave inérieure, puis vers le cœur FIGURE 20.25. Les veines des organes digestis le transportent plutôt à destination du système porte hépatique qui amène le sang au oie d’abord, puis à la veine cave inérieure ensuite.
La confguration des veines du système porte hépatique ressemble à celle d’une chaise vue de côté.
Ce passage par le système porte hépatique est nécessaire : le sang des veines du tube digesti est plein de nutriments digérés que le oie doit traiter. Le oie exerce également une onction de détoxifcation qui neutralise les substances nocives absorbées par les vaisseaux sanguins gastro-intestinaux. Le système porte hépatique constitue la porte d’entrée du centre de traitement des substances absorbées. Il reçoit en outre les produits de la
cœliaque et quels sont les organes irrigués par ces vaisseaux sanguins ?
Vérifiez vos connaissances 35. Quelles sont les trois branches issues du tronc
36. Quelles sont les trois principales veines qui se
jettent dans la veine porte hépatique du système porte hépatique ? Quelle est la onction du sys tème porte hépatique ?
958 Partie IV Le maintien et la régulation
Tronc cœliaque et ses branches
Artère gastrique gauche (partie de l’estomac, œsophage) Artère splénique (rate, partie de l’estomac et du pancréas) Artère hépatique commune Artère hépatique propre Artère hépatique gauche (moitié gauche du foie) Artère hépatique droite (moitié droite du foie, vésicule biliaire) Artère gastrique droite (partie de l’estomac) Artère gastroduodénale (partie de l’estomac, duodénum, pancréas)
Foie Œsophage Estomac Artère gastroépiploïque (gastro-omentale) gauche (partie de l’estomac) Rate Artère gastroépiploïque (gastro-omentale) droite (partie de l’estomac) Duodénum Pancréas Artère mésentérique supérieure Aorte abdominale Veine cave inférieure A. Branches du tronc cœliaque
Côlon transverse
Artère mésentérique supérieure et ses branches
Tronc cœliaque
Artère colique moyenne (la plus grande partie du côlon transverse) Artères intestinales (jéjunum et iléon)
Côlon descendant Aorte abdominale
Artère colique droite (côlon ascendant)
Artère mésentérique inférieure et ses branches
Artère iléocolique (iléon, cæcum, appendice vermiforme)
Artère colique gauche (partie distale du côlon transverse, la plus grande partie du côlon descendant) Artères sigmoïdiennes (partie du côlon descendant et du côlon sigmoïde) Artère rectale supérieure (rectum)
Côlon ascendant Iléon Cæcum Appendice vermiforme
Côlon sigmoïde Rectum B. Artères mésentériques supérieure et inférieure
FIGURE 20.24 Circulation artérielle irriguant le tube digestif et les organes abdominaux ❯ Le tronc cœliaque, l’artère mésentérique supérieure et l’artère mésentérique inférieure irriguent la plupart des organes abdomi naux. A. Des branches du tronc cœliaque irriguent en partie l’œsophage,
l’estomac, le duodénum, la rate, le pancréas, le foie et la vésicule biliaire. B. Les branches des artères mésentériques supérieure et inférieure irri guent principalement les intestins.
Chapitre 20 Le système cardiovasculaire : les vaisseaux et la circulation sanguine 959
Veine cave inférieure Diaphragme Veines hépatiques Foie Estomac Veine gastrique Rate
MO 30 x
Sinusoïde (traite le sang provenant de la veine porte hépatique et de l’artère hépatique)
Veine gastroépiploïque
Veine porte hépatique
Veine splénique
Duodénum Pancréas (sectionné) Flux sanguin
Veine mésentérique supérieure
Veine mésentérique inférieure
Côlon descendant
Côlon ascendant
Intestin grêle
FIGURE 20.25 Système porte hépatique ❯ Le système porte hépatique est un réseau de veines transportant le sang veineux provenant du tube digestif à destination du foie, centre de traitement des nutriments.
20.10.5
Les organes de la région abdominale postérieure, le bassin et le périnée
11 Décrire les artères et les veines assurant la vascularisation
20.10.5.1 Les organes abdominaux postérieurs De part et d’autre de l’axe médian du corps, l’artère surrénale moyenne irrigue la glande surrénale, l’artère rénale transporte le sang au rein et l’artère gonadique (ovarique ou testiculaire) nourrit la gonade (ovaire ou testicule). Ces organes sont ensuite drainés par des veines du même nom que les artères.
des glandes surrénales, des reins et des gonades. 12 Énumérer les principaux vaisseaux sanguins irriguant
le bassin et le périnée.
Des branches de l’aorte abdominale et les artères iliaques internes transportent le sang aux organes abdominaux postérieurs et au bassin, alors que les veines de même nom retournent ce sang vers le cœur FIGURE 20.26. En plus des artères déjà mentionnées, plusieurs paires d’artères émergent de l’aorte abdominale.
20.10.5.2 Le bassin et le périnée Au terme de sa course, l’aorte abdominale se divise en artères iliaques communes droite et gauche. Chacune d’elles se ramife en deux artères iliaques, une interne et une externe. L’artère iliaque interne est responsable du principal apport de sang artériel au bassin et au périnée. Elle donne les branches suivantes : l’artère glutéale supérieure, l’artère glutéale inférieure (ou ischiatique), l’artère vésicale supérieure, l’artère rectale
960 Partie IV Le maintien et la régulation
Artères appariées
Artères non appariées Tronc cœliaque
Artère phrénique inférieure (diaphragme et partie de la glande surrénale)
Artère mésentérique supérieure
Artère surrénale moyenne (glande surrénale)
Aorte abdominale
Artère rénale (rein et partie de la glande surrénale) Artère gonadique (ovarique ou testiculaire) (gonades)
Artère mésentérique inférieure
Artère iliaque commune Artère sacrale médiane Artère iliaque interne (bassin et périnée) Artère iliaque externe (paroi abdominale inférieure, peau des organes génitaux externes, membre inférieur)
A. Paroi abdominale, vue antérieure
Artère iliaque commune
Artère iliaque interne et ses branches Artère vésicale supérieure Artère glutéale supérieure (muscles petit fessier et moyen fessier)
Artère iliaque externe
Artère ischiatique (grand fessier)
Ligament ombilical médian (artère ombilicale fœtale oblitérée)
Artère rectale moyenne (rectum) Artère vaginale (vagin) Artère pudendale interne (anus et périnée) Artère utérine (utérus)
B. Bassin féminin, vue sagittale médiale
Artère obturatrice (groupe médial des muscles de la cuisse)
FIGURE 20.26 Circulation artérielle dans les organes abdominaux, le bassin et le périnée ❯ A. Des artères regroupées par paires émer geant de l’aorte abdominale transportent le sang aux glandes surrénales, aux reins, aux gonades et au bassin. B. Des branches de l’artère iliaque
interne droite irriguent les organes pelviens. La fgure illustre le bassin éminin ; le bassin masculin est dépourvu d’artères utérine et vaginale, mais cette dernière est remplacée par une artère vésicale (les branches de l’artère iliaque interne ne sont pas toutes indiquées).
Chapitre 20 Le système cardiovasculaire : les vaisseaux et la circulation sanguine 961
moyenne, l’artère vaginale et l’artère utérine chez la emme, l’artère pudendale (ou honteuse) interne et l’artère obturatrice. Les ligaments ombilicaux médians sont des vestiges de la circulation sanguine œtale, plus précisément des artères ombilicales qui transportent le sang du œtus au placenta. Le retour du sang veineux du bassin et du périnée est l’aaire de veines qui portent le même nom que les artères qui irriguent ces régions (voir la fgure 20.22B). Les veines s’unissent à la veine iliaque interne qui, elle, débouche dans la veine iliaque commune, laquelle aboutit à la veine cave inérieure.
Vériiez vos connaissances 37. Quelles artères irriguent les reins ? Les glandes
surrénales ? L’utérus ?
Cette dernière donne naissance à de nombreuses branches qui s’étendent à l’épaule et à la région thoracique. Au bas du muscle grand rond, elle se poursuit par l’artère brachiale, dont l’une des branches, l’artère brachiale proonde, irrigue la plupart des muscles brachiaux (du bras). Dans la région ulnaire antérieure, l’artère brachiale se divise en artère radiale et en artère ulnaire. Ces deux artères couvrent l’avant-bras et le poignet, puis elles s’anastomosent et orment deux arcades artérielles dans la paume : l’arcade palmaire proonde (issue principalement de l’artère radiale) et l’arcade palmaire superfcielle (ormée principalement de l’artère ulnaire). Les artères digitales, qui irriguent les doigts, naissent des arcades.
À votre avis 4. Si l’artère ulnaire gauche est sectionnée, le sang peutil
se rendre à la main gauche et à ses doigts ? Précisez.
20.11 La circulation systémique :
les membres supérieurs et inérieurs
La circulation sanguine dans les membres supérieurs et celle dans les membres inérieurs sont le refet l’une de l’autre, à savoir : 1) une artère principale y transporte le sang, soit l’artère subclavière pour le membre supérieur et l’artère iliaque externe pour le membre inérieur ; 2) l’artère principale biurque au coude ou au genou, selon qu’il s’agit du membre supérieur ou du membre inérieur ; 3) dans les deux cas, il y a des arcades artérielles et des arcades veineuses ; 4) les deux comportent des réseaux veineux superciels et proonds.
20.11.1
Les membres supérieurs
1
Tracer l’arbre artériel du membre supérieur, de l’artère subclavière aux doigts.
2
Distinguer les réseaux veineux superfciel et proond du membre supérieur.
Chaque bras compte une artère subclavière qui y apporte le sang et une veine subclavière qui retourne le sang au cœur. Le système veineux est ormé d’un réseau superciel et d’un réseau proond.
20.11.1.1 La circulation artérielle
des membres supérieurs Une artère subclavière transporte le sang au membre supérieur. L’artère subclavière gauche émerge directement de la crosse aortique, alors que l’artère subclavière droite est issue du tronc brachiocéphalique (voir la fgure 20.19A).
20.11.1.2 Le retour veineux des membres supérieurs Deux groupes de veines sont responsables du retour du sang veineux du membre supérieur : un réseau superciel et un réseau proond convergeant dans la veine axillaire qui, elle, débouche dans la veine subclavière.
Le réseau veineux superfciel Au dos de la main, le réseau veineux dorsal (ou arcade) aboutit à la veine basilique sur le plan médian et à la veine céphalique sur le plan latéral. Ces veines se jettent dans la veine axillaire et comptent plusieurs anastomoses le long de leur trajet. Dans la région ulnaire, une veine médiane du coude (ou veine ulnaire médiane) en position oblique relie les veines céphalique et basilique. Cette anastomose est réquemment choisie comme site de ponction veineuse (prélèvement du sang ou perusion par goutte à goutte intraveineux). Ce réseau veineux superciel varie beaucoup d’une personne à une autre, et de multiples rameaux superciels s’y déversent.
Le réseau veineux proond Les veines digitales et les arcades veineuses palmaires pro onde et superfcielle débouchent dans des veines radiales et des veines ulnaires en paires dont le trajet est parallèle à celui des artères de même nom. À la hauteur de la région ulnaire antérieure, les veines radiales et ulnaires s’unissent pour ormer une paire de veines brachiales qui longent l’artère brachiale. Ces veines et la veine basilique réunies orment la veine axillaire. Au-dessus du bord latéral de la première côte, la veine axillaire devient la veine subclavière (voir la fgure 20.19B). La réunion de la veine subclavière et des veines jugulaires internes du cou donne naissance à la veine brachiocéphalique. Les veines brachiocéphaliques gauche et droite orment la veine cave supérieure.
Avant de parcourir le bras, l’artère subclavière donne de multiples branches qui irriguent certaines régions supérieures du corps : l’artère vertébrale, le tronc thyrocervical, le tronc costocervical et l’artère thoracique interne.
Vériiez vos connaissances
Une ois que l’artère subclavière a ranchi le bord latéral de la première côte, elle se continue par l’artère axillaire FIGURE 20.27.
du membre supérieur ?
38. Quels vaisseaux sanguins se succèdent, de l’artère
subclavière à l’artère digitale du pouce ? 39. Quelles sont les principales veines superfcielles
962 Partie IV Le maintien et la régulation
Veine brachiocéphalique Artère subclavière
Veine subclavière
Artère axillaire (aisselle, paroi de la cage thoracique, épaule, humérus)
Veine axillaire
Veine céphalique
Artère brachiale (humérus et coude)
Veine basilique Artère brachiale profonde (muscles du bras)
Veines brachiales
Veine médiane du coude
Veine céphalique
Artère radiale (avant-bras latéral, poignet, main)
Artère ulnaire (avant-bras médian, poignet, main)
Veines radiales
Arcade palmaire profonde Arcade palmaire superficielle
Veine basilique Veines ulnaires
Arcade veineuse palmaire profonde Arcade veineuse palmaire superficielle Réseau veineux dorsal Veines digitales
Artères digitales (doigts)
Veines supercielles Veines profondes
A. Artères du membre supérieur droit, vue antérieure
B. Veines du membre supérieur droit, vue antérieure
FIGURE 20.27 Vascularisation du membre supérieur
❯ L’artère subclavière transporte le sang riche en oxygène au membre supérieur ; les veines s’unissent pour retourner le sang appauvri en oxygène au cœur. A. Artères irriguant le membre supérieur ; B. veines superfcielles et proondes recevant le sang du membre.
Chapitre 20 Le système cardiovasculaire : les vaisseaux et la circulation sanguine 963
20.11.2
Les membres inérieurs
3
Tracer l’arbre artériel du membre inérieur, de l’artère iliaque externe aux orteils.
4
Distinguer les réseaux veineux superfciel et proond du membre inérieur.
La circulation sanguine artérielle et veineuse du membre inérieur ressemble beaucoup à celle du membre supérieur. Au ur et à mesure que la circulation sanguine du membre inérieur sera étudiée, comparez-la à celle du membre supérieur.
20.11.2.1 La circulation artérielle
des membres inérieurs Étant une branche de l’artère iliaque commune, l’artère iliaque externe représente la principale artère du membre inérieur FIGURE 20.28A . Une ois passée sous l’arcade crurale, l’artère iliaque externe se continue par l’artère émorale. L’artère émo rale proonde (ou artère proonde de la cuisse) émerge de l’artère émorale. Elle irrigue de nombreux muscles de la cuisse et l’articulation de la hanche par l’intermédiaire des artères circon fexes médiale et latérale. L’artère émorale descend au milieu de la cuisse, sur sa ace postérieure. Dans le creux poplité, elle adopte le nom d’artère poplitée. Celle-ci irrigue l’articulation du genou et les muscles de cette région. L’artère poplitée biurque en artère tibiale antérieure qui transporte le sang dans la loge antérieure de la jambe et en artère tibiale postérieure qui, elle, irrigue la loge postérieure de la jambe. L’une des branches de cette dernière, l’artère bulaire, irrigue la loge latérale des muscles de la jambe. L’artère tibiale postérieure poursuit sa course jusqu’à la plante du pied où elle se termine en artère plantaire latérale (ou externe) et en artère plantaire médiale (ou interne). L’artère tibiale antérieure court à la surace antérieure de la cheville où elle devient l’artère pédieuse (ou artère dorsale du pied). Elle s’unit à une branche de l’artère plantaire latérale pour ormer l’arcade plantaire artérielle. Les artères digitales s’étendent de l’arcade plantaire jusqu’aux orteils.
20.11.2.2 Le retour veineux des membres inérieurs Des veines superfcielles et des veines proondes assurent le re tour du sang du membre inérieur, comme c’est le cas pour le membre supérieur (voir la fgure 20.28B).
Le réseau veineux superfciel Sur la ace dorsale du pied, l’arcade veineuse dorsale du pied aboutit à la grande veine saphène et à la petite veine saphène. La grande veine saphène commence au centre de la malléole médiale, court tout le long du membre inérieur sur son bord interne et débouche dans la veine émorale. Des segments de la grande veine saphène peuvent être prélevés pour eectuer des pontages coronariens. La petite veine saphène remonte le long de la cheville externe et du mollet postérieur avant de se jeter dans la veine poplitée. Ces veines superfcielles donnent des
anastomoses qui les relient aux veines proondes. La jambe sera marquée de varices si les valvules de ces veines ne onctionnent plus (voir l’Application clinique intitulée « La varice », p. 931).
Le réseau veineux proond Les veines digitales et les veines proondes du pied débouchent en paires dans des veines plantaires médiales et latérales. Celles-ci et les veines bulaires se jettent dans la paire de veines tibiales postérieures. Dans la ace dorsale du pied et de la malléole médiale, des veines proondes aboutissent à la paire de veines tibiales antérieures qui longent l’artère tibiale antérieure. Les veines tibiales antérieures et postérieures s’unissent pour ormer la veine poplitée qui se courbe en remontant la partie antérieure de la cuisse ; là, elle devient la veine émorale. Au-dessus du ligament inguinal, elle se poursuit par la veine iliaque externe. Les veines iliaques externe et interne se réunissent dans le bassin et orment la veine iliaque commune. Enfn, les veines iliaques communes gauche et droite orment la veine cave inérieure.
Vériiez vos connaissances 40. Tracez l’une des trajectoires que le sang peut em
prunter pour circuler de l’artère iliaque externe aux artères digitales. 41. Quelles sont les caractéristiques distinctives de
la grande veine saphène et de la petite veine saphène sur les plans de leur position anatomique et de leur longueur ?
20.12 La ormation des vaisseaux
sanguins, les circulations œtale et postnatale, et le vieillissement
Très tôt durant l’embryogenèse, les vaisseaux sanguins se orment. Il convient cependant de préciser que le système cardiovasculaire du œtus et celui du nouveau-né sont diérents sur les plans structurel et onctionnel. L’oxygène et les nutriments provenant de la mère parviennent au œtus par l’intermédiaire du placenta, alors que le système cardiovasculaire du nouveau-né doit onctionner de açon autonome. Puisque les poumons du œtus ne sont pas onctionnels, la pression sanguine dans les artères pulmonaires et le cœur droit est plus élevée que celle dans le cœur gauche (voir la section 19.10). Enfn, plusieurs vaisseaux sanguins œtaux transportent le sang directement aux organes qui en ont besoin sans même irriguer les organes qui ne sont pas encore onctionnels. Ainsi, le système cardiovasculaire œtal se modife, et certains de ses éléments cessent de onctionner à la naissance. Durant la vie d’une personne, de nouveaux vaisseaux sanguins peuvent se ormer, selon les besoins. Enfn, le vieillissement a des eets sur le réseau vasculaire.
964 Partie IV Le maintien et la régulation
Vue antérieure
Vue postérieure
Artère iliaque commune Artère iliaque externe
Artère iliaque interne Ligament inguinal
Artère fémorale (genou, jambe) Artère fémorale profonde (articulation coxofémorale, fémur, la plupart des muscles de la cuisse)
Artère poplitée (genou, muscle poplité)
Artère tibiale antérieure (loge antérieure de la jambe) Artère tibiale postérieure (loge postérieure de la jambe)
Artère fibulaire (loge latérale de la jambe) Artère fibulaire (loge latérale de la jambe)
Artère pédieuse (dos du pied)
Arcade plantaire artérielle (formée d’une branche de l’artère pédieuse et de l’artère plantaire latérale) Artères digitales (orteils)
Artère plantaire latérale (partie de la plante du pied)
Artère plantaire médiale (partie de la plante du pied) Artères digitales (orteils) A. Artères du membre inférieur droit
FIGURE 20.28 Vascularisation du membre inférieur
❯ L’artère iliaque externe transporte le sang enrichi en oxygène au membre inférieur ; les veines se réunissent pour retourner le sang appauvri en oxygène au cœur. A. Vues antérieure et postérieure de l’arbre artériel du membre inférieur.
Chapitre 20 Le système cardiovasculaire : les vaisseaux et la circulation sanguine 965
Vue antérieure
Vue postérieure
Veine iliaque commune Veine iliaque externe Veine iliaque interne
Veine fémorale Veine fémorale profonde
Grande veine saphène
Veine poplitée
Veines tibiales antérieures Veines fibulaires
Veines fibulaires Veines tibiales postérieures Grande veine saphène
Petite veine saphène
Veines plantaires médiales Veines plantaires latérales
Arcade veineuse dorsale
Veines profondes Veines supercielles
Veines digitales B. Veines du membre inférieur droit
FIGURE 20.28 Vascularisation du membre inférieur (suite) ❯ B. Vues antérieure et postérieure des veines superfcielles et proondes retournant le sang du membre inérieur au cœur.
966 Partie IV Le maintien et la régulation
20.12.1
1
La formation des vaisseaux sanguins
Veine cave supérieure Crosse aortique
Vers le 15e jour du développement embryonnaire, la formation des vaisseaux s’amorce d’abord dans la paroi du sac vitellin, dans le chorion (portion embryonnaire du futur placenta) et dans le futur cordon ombilical (voir le chapitre 29). La formation des vaisseaux sanguins se poursuivra dans l’embryon deux jours plus tard à partir du mésoderme embryonnaire.
2
Artère pulmonaire Tronc pulmonaire Veines pulmonaires Foramen ovale
5
4
Poumon Oreillette droite Ventricule droit
3
Cœur Foie
2
L’hémangioblaste (haima, haimatos = sang, blastos = germe) est la cellule précurseur du mésoderme embryonnaire à partir de laquelle se formeront les cellules sanguines et les vaisseaux sanguins. Les hémangioblastes formés se regroupent en amas mésodermiques ayant la forme de cordons, appelés îlots sanguins. Certaines cellules de ces îlots deviennent des hémocytoblastes qui seront à l’origine des différentes lignées de cellules sanguines (voir le chapitre 18), tandis que d’autres deviennent des angioblastes à l’origine des vaisseaux sanguins. Ces îlots se transforment ensuite en petits tubes vasculaires primitifs dont la paroi est constituée de cellules épithéliales aplaties à partir des angioblastes : l’endothélium. Les autres angioblastes situés autour de l’endothélium forment ensuite les autres tuniques constituées de tissus conjonctif et musculaire lisse. Des facteurs de croissance, soit le facteur de croissance endothélial vasculaire (VEGF pour vascular endothelial growth factor) et le facteur de croissance dérivé des plaquettes (PDGF pour platelets-derived growth factor) sont nécessaires à la prolifération des cellules composant les parois vasculaires. À la 4e semaine de gestation, le cœur embryonnaire (voir le chapitre 19) commence à propulser le sang dans le système vasculaire nouvellement formé.
20.12.2
Conduit artériel
6
Expliquer la ormation des vaisseaux sanguins chez l’embryon.
Conduit veineux
Veine cave inférieure Aorte abdominale 1
Veine ombilicale Ombilic (absent) Artère iliaque commune
Artères ombilicales
7
Artère iliaque interne
Cordon ombilical 8
Placenta
La circulation fœtale
Tracer la trajectoire de la circulation sanguine œtale.
Le circuit de la circulation fœtale est décrit ci-après et illustré dans la FIGURE 20.29 : 1
Le sang enrichi en oxygène du placenta parvient au fœtus par la veine ombilicale.
2
Le sang que transporte la veine ombilicale contourne le foie et se dirige vers la veine cave inférieure par le conduit veineux (ou canal d’Arantius).
3
Le sang oxygéné du conduit veineux se mêle au sang désoxygéné de la veine cave inférieure.
Structure cardiovasculaire fœtale
Structure postnatale
Conduit artériel
Ligament artériel
Conduit veineux
Ligament veineux
Foramen ovale
Fosse ovale
Artères ombilicales
Ligaments ombilicaux médians
Veine ombilicale
Ligament rond du foie
FIGURE 20.29 Circulation fœtale
❯ Des modifcations structurales du cœur et des vaisseaux sanguins sont là pour répondre aux besoins particuliers du œtus et du nouveauné. Les èches noires indiquent la direction de la circulation sanguine. Le tableau au bas de la fgure résume la transormation des structures cardiovasculaires œtales après la naissance.
Chapitre 20 Le système cardiovasculaire : les vaisseaux et la circulation sanguine 967
4
Le sang provenant de la veine cave supérieure et de la veine cave inérieure se déverse dans l’oreillette droite.
5
Comme la pression est plus grande dans le cœur droit que dans le cœur gauche, le sang, pour la plus grande partie, passe de l’oreillette droite à l’oreillette gauche par le fora men ovale. Le sang s’écoule ensuite dans le ventricule gauche, puis il est propulsé dans l’aorte.
6
Une petite quantité de sang va au ventricule droit et au tronc pulmonaire, mais une ois là, la plus grande partie est déviée vers l’aorte par un court vaisseau, le conduit artériel.
7
Le sang circule dans le reste du corps, et le sang appauvri en oxygène retourne au placenta par une paire d’artères ombilicales (des branches des artères iliaques internes).
8
Les échanges de nutriments et de gaz s’eectuent dans le placenta (voir le chapitre 29), puis le cycle recommence.
À la naissance, la circulation sanguine œtale laisse la place à la circulation sanguine postnatale. Au premier soufe du nouveau-né, la résistance pulmonaire chute, et les artères pulmonaires se dilatent. Il s’ensuit une baisse de la pression dans le cœur droit au point où la pression du cœur gauche, moteur de la circulation systémique, surpasse celle du cœur droit.
Vérifiez vos connaissances 42. Énumérez cinq structures de la circulation œtale et
précisez leur onction respective.
20.12.3 3
La circulation postnatale
Décrire la transormation du système cardiovasculaire à la naissance.
La transormation postnatale se déroule comme suit : • La veine et les artères ombilicales se contractent et cessent de onctionner. Elles s’atrophient et orment le ligament rond du foie pour la veine et les ligaments ombilicaux médians pour les artères. • Le conduit veineux cesse de onctionner, se contracte et devient le ligament veineux. • La pression étant maintenant plus grande dans le cœur gauche que dans le cœur droit, les deux volets du septum interauriculaire se rabattent sur le oramen ovale. La fosse ovale, mince dépression de orme ovale dans la paroi, demeure le seul vestige du oramen ovale. • Dans les 10 à 15 heures suivant la naissance, le conduit artériel se erme et se transorme en un cordon breux, le liga ment artériel.
Vérifiez vos connaissances 43. En quoi estce important que le conduit artériel
et le oramen ovale se erment à la naissance ?
INTÉGRATION APPLICATION CLINIQUE
La persistance du conduit artériel DÉSÉQUILIBRE HOMÉOSTATIQUE
Dans certains cas, notamment chez le prématuré, le conduit artériel ne s’oblitère pas à la naissance. Le conduit artériel persistant (ouvert) ait ofce de conduit que peut emprunter le sang de l’aorte pour se diriger vers le système pulmonaire ; cela peut entraîner l’élévation de la pression sanguine pulmo naire et le mélange de sang pauvre en oxygène et de sang riche en oxygène de l’aorte. Comme ce sont les prostaglan dines qui avorisent l’ouverture du conduit artériel durant la vie œtale, l’inhibiteur de prostaglandine peut être utile dans le traitement de la persistance du conduit artériel. En eet, la ermeture du conduit artériel est causée par une augmentation du niveau d’oxygène dans le sang et par une baisse du taux sanguin de prostaglandines à la suite du retrait du placenta, source de ces dernières. L’intervention chirurgicale en vue de l’ablation du conduit artériel constitue une modalité thérapeu tique de deuxième intention.
INTÉGRATION APPLICATION CLINIQUE
La tétralogie de Fallot DÉSÉQUILIBRE HOMÉOSTATIQUE
Cette malormation cardiaque représente environ 10 % des pathologies cardiaques congénitales. Elle comporte quatre anomalies : 1. Le rétrécissement (sténose) du tronc pulmonaire, qui pro voque une augmentation de pression dans le ventricule droit. 2. La présence d’une communication entre les deux ventri cules. Du sang pauvre en oxygène passe du ventricule droit au ventricule gauche et se mélange au sang oxygéné de ce dernier. Cela entraîne une cyanose (peau bleutée du bébé). 3. L’hypertrophie du ventricule droit résultant de l’augmentation de la pression causée par la sténose du tronc pulmonaire. 4. Un changement de position de l’aorte (déplacement au dessus du ventricule droit) causé par la communication interventriculaire. Cette malormation cardiaque peut être réparée chirurgica lement (Huehnergarth, Gurvitz, Stout et al., 2008).
20.12.4
4
Le développement postnatal et le vieillissement des vaisseaux sanguins
Décrire le développement postnatal des vaisseaux sanguins et les modifcations subies par le système vasculaire au cours du vieillissement.
Durant le développement postnatal, les vaisseaux sanguins se orment en onction des besoins de l’organisme. Dans certaines
968 Partie IV Le maintien et la régulation
circonstances physiologiques, l’angiogenèse de petits vaisseaux ainsi que le remodelage de l’épaisseur de la paroi vasculaire sont possibles. Ces phénomènes se manifestent en présence d’une cicatrisation ou à la suite d’une adaptation à l’exercice. Aussi, chaque mois chez la femme, de nouveaux vaisseaux prolifèrent dans l’endomètre utérin à la suite des menstruations. Des facteurs de croissance comme le VEGF et le PDGF ainsi que des hormones (œstrogènes et progestérone) participent à ces phénomènes. Les cellules endothéliales néoformées prolifèrent sous l’action des facteurs de croissance. Ensuite, elles se différencient et recrutent des cellules musculaires lisses pour former la paroi vasculaire. Le remodelage des vaisseaux sanguins selon les besoins est associé à plusieurs contraintes physiologiques comme la pression sanguine, le débit sanguin et la quantité d’oxygène disponible dans le tissu (situation d’hypoxie). Avec les années, des changements de la pression artérielle sont observés. Chez le nouveau-né, elle est d’environ 90/55 mm Hg ; elle augmente progressivement pendant l’enfance. À l’âge adulte,
elle atteint approximativement 120/80 mm Hg et pourra augmenter jusqu’à environ 145/90 mm Hg. Divers degrés d’hypertension peuvent se manifester si cette limite est dépassée. Avec les années, les artères perdent de leur élasticité. L’athérosclérose, causée par l’accumulation de lipides sur les parois internes des artères et par le durcissement de ces dernières en raison de l’ajout de calcium, est également responsable de l’augmentation de la pression artérielle. La fréquence de l’athérosclérose est plus faible chez les femmes jusqu’à la ménopause. Cela est probablement dû à l’effet protecteur des œstrogènes. Ces hormones stimulent la production de monoxyde d’azote (effet vasodilatateur), inhibent celle de l’endothéline (effet vasoconstricteur) et stimulent les cellules hépatiques à synthétiser des enzymes qui favorisent la dégradation des lipoprotéines de type LDL (associées au mauvais cholestérol) et à fabriquer également des lipoprotéines de type HDL (associées au bon cholestérol). Lorsque la production d’œstrogènes diminue à la ménopause (entre 45 et 65 ans), l’effet protecteur diminue également, et la prédisposition des femmes aux maladies cardiovasculaires rejoint celle des hommes.
Liens entre le système cardiovasculaire et les autres systèmes Grâce à l’ensemble du réseau de vaisseaux sanguins, aux échanges capillaires et à la pression sanguine générée par le cœur, le système cardiovasculaire apporte l’oxygène, les hormones et les nutriments aux tissus. Ces éléments sont nécessaires au bon fonctionnement de l’organisme, que ce dernier soit au repos ou en intense activité physique. Le système cardiovasculaire emporte les déchets produits par les tissus vers les organes qui les recyclent ou les évacuent. De plus,
le sang apporte et maintient la chaleur de l’organisme nécessaire à son bon fonctionnement. Ce système est, en quelque sorte, la courroie de transmission entre tous les autres systèmes. Le tableau suivant présente les interrelations principales du système cardiovasculaire avec les autres systèmes. Il est suivi d’une étude de cas qui vous permettra de récapituler les notions présentées dans les chapitres 18 à 20.
Système cardiovasculaire et… Liens
Interdépendance
… système tégumentaire • Régulation de la tempéra ture corporelle • Réserve de volume sanguin • Réparation des lésions cutanées (hémorragies et inections)
• Grâce aux modifcations du débit sanguin (vasoconstriction et vasodilatation), les vaisseaux sanguins de la peau contribuent à la régulation de la température corporelle. • Les vaisseaux sanguins de la peau sont des réservoirs importants de volume sanguin. • Le sang, grâce aux acteurs de coagulation et aux leucocytes qu’il transporte, contribue au maintien de l’équilibre interne (lutte contre les hémorragies et les inections) et à la réparation des lésions cutanées.
… système squelettique • Formation et maintien de la structure osseuse • Formation des éléments fgurés du sang
• Le sang apporte les ions calcium et phosphate qui sont des acteurs nécessaires à la ormation et au maintien de la structure osseuse. • Le système cardiovasculaire transporte l’hormone érythropoïétine vers la moelle osseuse rouge dans laquelle s’eectue la ormation des éléments fgurés du sang.
… système musculaire • Activation du retour veineux • Amélioration de l’efcacité musculaire et circulatoire • Maintien de la température corporelle
• Plusieurs muscles, surtout ceux des membres inérieurs, agissent comme des pompes musculaires afn de avoriser le retour veineux. • L’exercice musculaire avorise une meilleure circulation sanguine et un meilleur rendement du muscle cardiaque. Cela contribue à abaisser la température corporelle en avorisant une bonne circulation sanguine en périphérie et ainsi la sudation, à mieux oxygéner les tissus et à prévenir l’athérosclérose.
Chapitre 20 Le système cardiovasculaire : les vaisseaux et la circulation sanguine 969
Système cardiovasculaire et… (suite) Liens
Interdépendance
… système nerveux • Régulation du muscle cardiaque • Contrôle de la vasocons triction et de la vasodila tation des vaisseaux sanguins
• Le système nerveux autonome régule la orce du muscle cardiaque ainsi que la réquence de ses battements. • Le système nerveux autonome sympathique agit sur le tissu musculaire des vaisseaux sanguins pour réguler la pression artérielle. • Les plexus choroïdes (capillaires sanguins particuliers à l’intérieur des ventricules de l’encéphale) participent à la production du liquide cérébrospinal. Ce liquide agit comme un coussin protecteur et contribue à nourrir l’encéphale et la moelle épinière.
• Participation au soutien, au maintien et à la protection de l’encéphale
• Les capillaires de l’encéphale contribuent à la barrière hématoencéphalique. Cette dernière laisse passer les nutriments essentiels et les molécules liposolubles, et empêche l’accès aux substances hydrosolubles potentiellement nuisibles.
… système endocrinien • Transport des messagers chimiques • Régulation de la pression artérielle • Régulation de l’angio genèse dans le système génital éminin
• Le sang transporte les hormones des glandes endocrines jusqu’aux organes cibles. • Plusieurs hormones comme le acteur natriurétique auriculaire (FNA), l’hormone antidiurétique (ADH), l’adrénaline, l’angiotensine II, l’aldostérone et l’hormone thyroïdienne (T4) contribuent à la régulation de la pression artérielle. • Les cellules de l’oreillette abriquent et sécrètent le FNA. • Les œstrogènes et la progestérone participent à la reconstruction des structures vasculaires de l’endomètre utérin et à leur maintien durant une grossesse.
… systèmes lymphatique et immunitaire • Transport des éléments de déense de l’organisme
• Le sang contient et transporte les diérents types de leucocytes ainsi que les anticorps participant à la déense de l’organisme contre les corps étrangers (sites d’inection, lésions). • Les capillaires lymphatiques récupèrent le surplus de liquide interstitiel et les protéines plasmatiques perdues dans les capillaires sanguins, et ce, des tissus vers le système cardiovasculaire, afn de maintenir le volume sanguin.
… système respiratoire • Transport de l’oxygène et du gaz carbonique • Facilitation du retour veineux au cœur
• Les capillaires sanguins pulmonaires sont responsables des échanges gazeux entre l’air alvéolaire et le sang. Ils se chargent d’oxygène que le système cardiovasculaire transporte jusqu’aux tissus et rejettent le gaz carbo nique transporté par le système cardiovasculaire en provenance de ces derniers. • Dans les tissus, les capillaires sanguins sont responsables des échanges gazeux entre le sang et le liquide interstitiel. • Durant la ventilation pulmonaire, les mouvements de la cage thoracique contribuent à avoriser le retour veineux (pompe respiratoire).
… système urinaire • Mécanisme de la fltration glomérulaire • Filtration du sang • Régulation de la pression artérielle
• La pression artérielle est le moteur de la fltration glomérulaire dans les reins. • Les reins modifent la composition du sang en le fltrant, en réabsorbant les substances utiles et en éliminant dans l’urine les substances nuisibles et en excès. • Les reins participent à la régulation de la pression artérielle en sécrétant la rénine et en modulant la diurèse.
… système digestif • Assimilation des nutriments • Facilitation de la digestion
• Grâce à l’absorption, essentiellement dans les villosités intestinales, le système digesti transporte les nutriments dans le sang. • Le système porte hépatique ait le lien entre l’absorption intestinale et le oie. Les nutriments transportés par la veine porte hépatique seront transormés par le oie en vue de leur utilisation par le métabolisme cellulaire. • Le système digesti alimente le sang en vitamines du complexe B et en er, des substances utilisées dans la ormation des érythrocytes et de l’hémoglobine. • Le sang véhicule des hormones (sécrétine et cholécystokinine) participant à la digestion (sécrétion et libération de la bile et du suc pancréatique).
… système génital • Régulation de la onction reproductrice • Mécanisme de la onction érectile • Maintien des structures vasculaires éminines
• Le sang véhicule les hormones participant à la régulation de la onction reproductrice. • L’érection du pénis et du clitoris est associée à la vasodilatation des artérioles des corps érectiles. • Chez la emme, les œstrogènes sont importants dans le maintien des structures vasculaires.
970 Partie IV Le maintien et la régulation
Étude de cas interventions d’urgence, elle mentionne qu’elle a soi malgré le ait que sa production d’urine est très aible.
Études de cas interactives Frédérique se présente à l’urgence dans un état de conusion mentale à la suite d’une racture ouverte de l’humérus du bras gauche. Elle perd même connaissance. Malgré la compression appliquée sur la blessure, elle a perdu beaucoup de sang. Sa pression artérielle est tombée à 50/28 mm Hg. Elle manieste des signes de tachycardie, mais son pouls est peu perceptible. Elle est très pâle, et sa peau est moite et roide. En reprenant connaissance à la suite des premières
a) De quoi soure Frédérique ? b) Estil urgent de traiter la racture ? Pourquoi ? c) Comment l’équipe médicale doitelle intervenir dans un premier temps ? d) Expliquez physiologiquement les mécanismes responsables des symptômes de Frédérique.
RÉSUMÉ DU CHAPITRE 20.1 La structure et la fonction des vaisseaux sanguins – 912
• Les artères transportent le sang loin du cœur, les capillaires sont les lieux d’échange de gaz
et de nutriments, et les veines rapportent le sang au cœur. 20.1.1
La structure générale des vaisseaux .......................................................................................... 912 • La paroi des artères et des veines se compose de trois tuniques : l’intima (tunique interne), la
média (tunique médiane) et l’adventice (tunique externe). • Les capillaires ont une intima constituée d’un endothélium et d’une membrane basale. 20.1.2
Les artères .................................................................................................................................... 914 • Les artères élastiques sont les artères de plus gros diamètre et celles dont la paroi comporte
la plus grande proportion de fbres élastiques. • Les artères musculaires sont de taille moyenne et elles se composent surtout de fbres mus
culaires lisses plutôt que de fbres élastiques, car ce sont elles qui sont sollicitées durant la vasodilatation et la vasoconstriction. • Les artérioles sont les artères les plus petites. Elles exercent un rôle important dans la régu
lation de la pression artérielle systémique et du débit sanguin. 20.1.3
Les capillaires sanguins ............................................................................................................... 917 • Les capillaires, les plus petits vaisseaux sanguins, relient les artérioles et les veinules.
L’échange de gaz et de nutriments se produit dans les capillaires. • Les capillaires sont classés en trois catégories : les capillaires continus, les capillaires enê
trés et les capillaires sinusoïdes. Ces derniers sont les plus perméables. • Un lit capillaire est un ensemble de capillaires dérivés d’une métartériole. Des sphincters
précapillaires contrôlent la perusion de sang dans le lit capillaire. 20.1.4
Les veines ...................................................................................................................................... 919 • Les veinules sont de petites veines qui aboutissent dans des veines moyennes, puis dans
les grosses veines. Les veines des membres ont des valvules prévenant le reux de sang. • Les veines ont ofce de réservoirs sanguins. Au repos, elles contiennent environ 60 % du
sang, et la pression sanguine y est basse. 20.1.5
Les circuits des vaisseaux sanguins ........................................................................................... 921 • Le circuit simple se compose ainsi : artère → artérioles → lit capillaire → veinules → veines →
cœur. Il existe des circuits de suppléance, notamment les anastomoses artérielles, veineuses et artérioveineuses, ainsi que les systèmes portes.
20.2 Les échanges capillaires – 923
• Les échanges de substances à travers la paroi des capillaires s’eectuent par la diusion et
le transport vésiculaire ou selon le principe des échanges liquidiens. 20.2.1
La diffusion et le transport vésiculaire ....................................................................................... 923 • L’oxygène, le dioxyde de carbone, les nutriments et les déchets métaboliques se déplacent
par diusion du sang vers le liquide interstitiel ou du liquide interstitiel vers le sang. • Certaines hormones (p. ex., l’insuline) et les acides gras traversent la paroi par transport
vésiculaire.
Chapitre 20 Le système cardiovasculaire : les vaisseaux et la circulation sanguine 971
20.2.2
Les échanges liquidiens ............................................................................................................... 923 • Les échanges liquidiens reposent sur les phénomènes de fltration nette et de réabsorption
dans les capillaires, phénomènes modulés par la pression hydrostatique et la pression osmotique. • La pression hydrostatique correspond à la pression exercée par le liquide sur une structure,
comme la paroi vasculaire. Elle avorise la fltration capillaire. • La pression osmotique, due à la présence de protéines, s’oppose à la pression hydrostatique
et avorise la réabsorption. 20.2.3
La pression nette de fltration ...................................................................................................... 925 • La pression nette de fltration (PNF) correspond à la diérence entre la pression hydrostatique
nette et la pression osmotique nette. • La PNF est positive à l’extrémité artérielle du capillaire, où se produit la fltration, et elle est
négative à son extrémité veineuse, où se produit la réabsorption. 20.2.4
Le rôle du système lymphatique ................................................................................................. 926 • Les capillaires lymphatiques réabsorbent le liquide interstitiel qui n’est pas recueilli à l’extré
mité veineuse des capillaires sanguins. Ils le déversent après l’avoir fltré dans la circulation sanguine veineuse.
20.3
• La perusion correspond à la quantité précise de sang circulant dans les capillaires par unité
de temps par gramme de tissu.
Le débit sanguin local – 926
• Le débit sanguin local varie selon l’étendue de la vascularisation du tissu, les acteurs de
régulation locaux et le débit sanguin systémique. 20.3.1
Le degré de vascularisation et l’angiogenèse ............................................................................ 926 • Le degré de vascularisation correspond à la distribution des vaisseaux sanguins dans une
région, ce qui y détermine l’apport sanguin. • L’angiogenèse désigne la ormation de nouveaux vaisseaux sanguins dans les tissus qui en
ont besoin (p. ex., dans un muscle à la suite d’un exercice, dans le tissu adipeux à la suite d’une prise de poids). 20.3.2
La régulation locale de courte durée .......................................................................................... 926 • Un vasodilatateur est une substance qui provoque la dilatation des artérioles et la relaxation
des sphincters précapillaires, tandis qu’un vasoconstricteur stimule la constriction des arté rioles et la contraction des sphincters précapillaires. • L’autorégulation désigne le processus permettant l’ajustement automatique du débit local
d’un tissu à ses besoins par la production de molécules vasoactives. Des réponses myo gènes permettent de maintenir un débit sanguin relativement stable malgré les uctuations de la pression artérielle systémique. • La régulation du débit sanguin local entre aussi en jeu lorsqu’un tissu est lésé. Cette réaction
de déense est causée par des composés chimiques libérés par les leucocytes, les thrombo cytes et les cellules lésées. 20.3.3
La relation entre les débits sanguins local et systémique ........................................................ 927 • Le débit sanguin systémique est relativement constant au repos et correspond au débit
cardiaque (environ 5,25 L/min) ; il augmente de açon notable durant un eort. • Le maintien d’un débit sanguin local sufsant pour irriguer un tissu repose sur le débit san
guin systémique.
20.4 La pression sanguine, la résistance et le débit sanguin systémique – 928
• Le débit sanguin est directement proportionnel à la pression sanguine et inversement propor
tionnel à la résistance. 20.4.1
La pression sanguine ................................................................................................................... 928 • La pression sanguine correspond à la orce qu’exerce le sang contre la paroi vasculaire par
unité de surace, et elle s’exprime en millimètres de mercure (mm Hg). • La pression sanguine dans les artères est orte et pulsative. La pression artérielle systolique
est la pression qui s’exerce durant la systole ventriculaire (contraction du ventricule) ; la pres sion artérielle diastolique désigne la pression qui s’exerce durant la diastole ventriculaire (relâchement ventriculaire).
972 Partie IV Le maintien et la régulation
• La pression artérielle moyenne (P.A.M.) correspond à la pression qui propulse le sang du
cœur aux tissus ; elle équivaut à la pression artérielle diastolique à laquelle s’ajoute le tiers de la pression diérentielle. • La pression sanguine dans les capillaires est d’environ 40 mm Hg à l’extrémité artérielle et
d’environ 20 mm Hg à l’extrémité veineuse. La pression sanguine dans les veines est aible (de 20 mm Hg vers 0 mm Hg) et non pulsative. • Les valvules veineuses, la pompe musculaire squelettique et la pompe respiratoire acilitent
le retour veineux. 20.4.2
La résistance ................................................................................................................................. 933 • Ce terme désigne l’ampleur de la riction que subit le sang durant son écoulement dans le
réseau vasculaire. • L’augmentation de la viscosité du sang et de la longueur du vaisseau sanguin se traduit par
une augmentation de la résistance périphérique. • La vasoconstriction, principalement celle des artérioles, accroît la résistance périphérique,
tandis que la vasodilatation s’accompagne d’une baisse de la résistance périphérique. 20.4.3
La relation entre le débit sanguin, les gradients de pression sanguine et la résistance périphérique ....................................................................................................... 935 • Le débit sanguin (D) est directement proportionnel au gradient de pression sanguine (ΔP) et
inversement proportionnel à la résistance (R) vasculaire : D ∝ ΔP/R. • Le débit sanguin augmente quand le gradient de pression s’accentue ou que la résistance
périphérique diminue ; à l’inverse, il diminue lorsque le gradient de pression s’atténue ou que la résistance vasculaire s’accroît.
20.5 La régulation de la pression artérielle et du débit sanguin – 936
• La pression artérielle est onction du débit cardiaque, de la résistance périphérique et du
volume sanguin, régulés à court terme par des mécanismes du système nerveux, à court et à long terme par des mécanismes endocriniens, ou par ces deux types de mécanismes. 20.5.1
La régulation nerveuse de la pression artérielle ........................................................................ 936 • Les barorécepteurs situés dans la crosse aortique et les artères carotides surveillent le degré
d’étirement de la paroi de ces vaisseaux sanguins et transmettent cette inormation, ce qui déclenche des mécanismes réfexes de régulation de la pression artérielle. • Les chiomorécepteurs, également situés dans la crosse aortique, ainsi que les artères caro
tides sont sensibles à la composition chimique du sang ; stimulés par un changement de cette composition, ils déclenchent des réfexes de régulation de la pression artérielle. Ces mécanismes réfexes sont régis par le système nerveux autonome. Ils ont intervenir des centres nerveux situés dans le bulbe rachidien : le centre cardioaccélérateur, le centre cardio inhibiteur et le centre vasomoteur. 20.5.2
La régulation hormonale de la pression artérielle ..................................................................... 939 • Le système rénineangiotensine consiste en la transormation de l’angiotensinogène en angio
tensine II sous l’impulsion de la rénine et de l’enzyme de conversion de l’angiotensine (ECA). L’angiotensine II augmente la résistance périphérique et le volume de sang à la ois directement ainsi que par l’intermédiaire de la sécrétion d’aldostérone et d’hormone antidiurétique (ADH). • L’ADH et l’aldostérone diminuent les pertes d’eau par l’urine pour maintenir le volume sanguin
et la pression artérielle. • Le acteur natriurétique auriculaire (FNA) accroît le débit urinaire, ce qui a pour eet de diminuer
le volume sanguin et de provoquer une vasodilatation destinée à abaisser la pression artérielle.
20.6 La vitesse du débit sanguin – 941
20.7 La répartition du débit sanguin pendant l’effort – 944
• La vitesse du fux sanguin est inversement proportionnelle à l’aire transversale totale des
vaisseaux sanguins. • C’est dans les capillaires que le sang s’écoule le plus lentement, ce qui avorise les échanges
de nutriments et de gaz. • Tant le débit sanguin systémique que la répartition du fux sanguin changent selon l’activité
de l’organisme. • Durant un eort, le sang est dirigé en priorité vers la paroi cardiaque, les muscles squelet
tiques et la peau, et moins de sang est acheminé vers les organes abdominaux.
Chapitre 20 Le système cardiovasculaire : les vaisseaux et la circulation sanguine 973
20.8
20.8.1
Le circuit de la circulation pulmonaire ........................................................................................ 945 • Le sang est éjecté par le tronc pulmonaire, du ventricule droit vers les poumons, et il revient
La circulation pulmonaire – 945
à l’oreillette gauche par les veines pulmonaires. 20.8.2
Les caractéristiques de la circulation pulmonaire ..................................................................... 946 • La circulation pulmonaire emprunte un circuit plus court que celui de la circulation systé
mique, et la pression artérielle dans la circulation pulmonaire est plus basse que celle dans la circulation systémique.
20.9
20.9.1
Les principales subdivisions de l’aorte à la sortie du cœur ...................................................... 946 • Le ventricule gauche propulse le sang enrichi en oxygène dans l’aorte ascendante ; les artères
La circulation systémique : les vaisseaux afférents et efférents du cœur – 946
coronaires sont des branches de l’aorte ascendante. • Le tronc brachiocéphalique, l’artère carotide commune gauche et l’artère subclavière gauche
sont trois branches de la crosse aortique. • À son extrémité, l’aorte abdominale biurque en artères iliaques communes gauche et droite. 20.9.2
Les veines retournant le sang au cœur droit ............................................................................... 949 • Trois vaisseaux sanguins déversent le sang dans l’oreillette droite : les veines caves supé
rieure et inérieure ainsi que le sinus coronaire. • Les veines qui recueillent le sang de la tête, du cou, des membres supérieurs et du thorax se
regroupent pour ormer les deux veines brachiocéphaliques droite et gauche qui se jettent dans la veine cave supérieure. • Les veines situées en bas du diaphragme se réunissent pour ormer la veine cave inérieure.
Celleci recueille le sang provenant des membres inérieurs, du bassin, du périnée et des structures abdominales.
20.10
20.10.1
La tête et le cou ............................................................................................................................ 949 • L’artère carotide commune transporte le sang à la plus grande partie du cou et de la tête ; elle
La circulation systémique : la tête et le tronc – 949
se divise en artère carotide externe et en artère carotide interne. • L’artère carotide externe irrigue les régions superfcielles de la tête et les organes du cou,
alors que l’artère carotide interne transporte le sang au cerveau et à l’orbite oculaire. • Les artères vertébrales, issues des artères subclavières, se réunissent pour ormer l’artère
basilaire, située à la base du tronc cérébral d’où part le cercle artériel du cerveau. • Le cercle artériel du cerveau a pour onction d’équilibrer la pression artérielle dans l’encé
phale et d’orir des voies alternatives advenant l’obstruction d’un vaisseau. De ce système partent les artères cérébrales qui irriguent les diérentes régions de l’encéphale. • Trois paires de veines sont responsables du retour veineux du sang du cou et de la tête. Ce
sont les veines vertébrales ainsi que les veines jugulaires externes et internes. Le sang vei neux des structures de la cavité crânienne est drainé par les sinus veineux de la duremère, qui se jettent ensuite dans les veines jugulaires internes. 20.10.2
Les parois thoracique et abdominale ......................................................................................... 951 • Deux artères thoraciques internes et leurs subdivisions (rameaux intercostaux antérieurs et
artère musculophrénique) ainsi que les artères intercostales postérieures transportent le sang aux parois thoraciques. • Les artères épigastriques supérieure et inérieure ainsi que les artères lombaires irriguent les
parois abdominales. • Le drainage veineux des parois thoracique et abdominale est eectué par les veines intercos
tales antérieures et postérieures, les veines musculophréniques, épigastriques supérieure et inérieure, lombaires ainsi que par le réseau azygos. 20.10.3
Les organes thoraciques ............................................................................................................. 955 • Les artères bronchiques, des branches collatérales de l’aorte thoracique descendante,
irriguent les poumons, les bronches et les bronchioles ; les veines bronchiques transportent le sang en direction du cœur. • Les artères œsophagiennes qui naissent de l’aorte ainsi que des branches œsophagiennes de l’ar
tère gastrique irriguent l’œsophage ; le retour veineux est assuré par les veines œsophagiennes. • Le diaphragme est irrigué par un certain nombre d’artères phréniques et il est drainé par les
veines phréniques.
974 Partie IV Le maintien et la régulation
20.10.4
Le tube digestif ............................................................................................................................. 957 • Les trois artères principales qui naissent de l’aorte abdominale pour ensuite aller irriguer les
organes abdominaux sont le tronc cœliaque, l’artère mésentérique supérieure et l’artère mésentérique inérieure. • Le système porte hépatique est ormé de la veine porte hépatique qui recueille le sang des
organes digestis et de la rate. Ce sang appauvri en oxygène, mais riche en nutriments, est transporté au oie qui utilise ses nutriments et neutralise les substances nocives. • Le sang des veines spléniques et mésentériques supérieure et inérieure est acheminé au oie
par la veine porte hépatique. Le sang quitte le oie par la veine hépatique pour rejoindre la veine cave inérieure. 20.10.5
Les organes de la région abdominale postérieure, le bassin et le périnée ............................. 959 • Des branches en paires de l’aorte abdominale, soit les artères surrénales moyennes, rénales
et gonadiques, transportent le sang aux organes postérieurs de l’abdomen. Des veines du même nom que les artères retournent le sang vers la veine cave inérieure, à destination du cœur. • Les artères iliaques internes et leurs branches irriguent le bassin et le périnée. Des veines du
même nom que les artères retournent le sang vers la veine cave inérieure.
20.11 La circulation systémique : les membres supérieurs et inférieurs – 961
• Une seule artère se ramifant en de multiples vaisseaux transporte le sang aux membres
supérieurs ou aux membres inérieurs. Des veines superfcielles et proondes reçoivent le sang des membres supérieurs ou inérieurs. 20.11.1
Les membres supérieurs ............................................................................................................. 961 • L’artère subclavière et ses branches (artères axillaire, brachiale, brachiale proonde, radiale et
ulnaire ; arcades palmaires ; artères digitales) irriguent les membres supérieurs. • Les veines superfcielles qui assurent le retour du sang vers la veine subclavière sont le réseau
dorsal de la main ainsi que les veines basilique (qui rejoignent la veine axillaire) et céphalique ; la veine médiane du coude est la principale anastomose qui relie les veines céphalique et basilique. • Les veines digitales et les arcades veineuses palmaires proonde et superfcielle débouchent
dans des veines radiales et des veines ulnaires en paire dont le trajet est parallèle à celui des artères de même nom. À la hauteur de la région ulnaire antérieure, les veines radiales et ulnaires s’unissent pour ormer une paire de veines brachiales qui longent l’artère brachiale. Ces veines et la veine basilique réunies orment la veine axillaire. 20.11.2
Les membres inférieurs ................................................................................................................ 963 • L’artère iliaque externe et ses branches (artères émorale et émorale proonde, circonexes,
poplitée, tibiales antérieure et postérieure, fbulaire, plantaire, pédieuse ; arcade plantaire artérielle ; artères digitales) irriguent les membres inérieurs. • Les veines superfcielles qui retournent le sang au cœur sont les arcades veineuses dorsales
du pied qui se jettent dans les veines saphènes : la grande veine saphène rejoint la veine émorale, puis la petite veine saphène rejoint la veine poplitée. • Les veines proondes qui drainent le sang des membres inérieurs sont les veines digitales,
plantaires, fbulaires, tibiales postérieures et antérieures. Ces dernières s’unissent pour ormer la veine poplitée, qui devient ensuite la veine émorale, laquelle aboutit à la veine iliaque externe.
20.12 La formation des vaisseaux sanguins, les circulations fœtale et postnatale, et le vieillissement – 963
20.12.1
La formation des vaisseaux sanguins ......................................................................................... 966 • Les vaisseaux sanguins sont ormés à partir des angioblastes des îlots sanguins qui, eux,
sont issus du mésoderme embryonnaire. 20.12.2
La circulation fœtale ..................................................................................................................... 966 • Le œtus reçoit le sang riche en oxygène du placenta par la veine ombilicale ; le sang appauvri
en oxygène est évacué par une paire d’artères ombilicales. • Le sang que transporte la veine ombilicale contourne le oie par le conduit veineux qui aboutit
à la veine cave inérieure vers l’oreillette droite ; ce sang passe ensuite à l’oreillette gauche du cœur œtal par le oramen ovale sans passer par le circuit pulmonaire. Le sang qui se dirige vers la circulation pulmonaire est détourné dans le conduit artériel qui relie le tronc pulmonaire et l’aorte.
Chapitre 20 Le système cardiovasculaire : les vaisseaux et la circulation sanguine 975
20.12.3
La circulation postnatale ............................................................................................................. 967 • À la naissance, la veine et les artères ombilicales s’atrophient et deviennent des ligaments. Le
conduit veineux, le oramen ovale et le conduit artériel se erment, puisque le nouveauné respire de luimême. 20.12.4
Le développement postnatal et le vieillissement des vaisseaux sanguins .............................. 967 • Durant le développement postnatal, des vaisseaux sanguins se orment en onction des
besoins physiologiques de l’organisme. Des acteurs de croissance et des hormones parti cipent à ces phénomènes. • La pression artérielle change avec les années. Elle est aible chez le nouveauné (90/55 mm Hg)
et augmente progressivement jusqu’à environ 120/80 mm Hg à l’âge adulte. Avec le vieillisse ment, elle peut atteindre 145/90 mm Hg. Divers degrés d’hypertension peuvent se maniester si cette limite est dépassée. Avec les années, les artères perdent de leur élasticité et dur cissent à la suite de l’accumulation de lipides calcifés sur leurs parois.
AUTOÉVALUATION
Solutionnaire
Concepts de base 1
Lequel des énoncés suivants à propos des capillaires sanguins est aux ?
c) Le débit sanguin systémique revêt de l’importance dans le maintien de la perusion sufsante des tissus.
a) Le capillaire enêtré comporte des pores par lesquels des substances relativement volumineuses peuvent sortir.
d) Tous ces énoncés sont exacts.
b) Le capillaire sinusoïde représente le principal type de capillaires du cerveau.
5
a) les artères musculaires ; b) les capillaires ;
c) Les capillaires sont souvent organisés en un lit capillaire à partir duquel le sang est transporté par une artériole. d) La paroi du capillaire est uniquement ormée d’un endo thélium et d’une membrane basale ; elle ne comporte pas de tissu sousendothélial. 2
c) les veines ; d) les artères élastiques. 6
a) subclavière → axillaire → ulnaire → radiale → brachiale
a) Les veines ne transportent que du sang appauvri en oxygène.
b) subclavière → axillaire → brachiale → céphalique → basilique
b) Les veines se jettent dans des vaisseaux plus petits appelés veinules.
c) subclavière → ulnaire → brachiale → radiale
d) La veine a une lumière généralement plus petite que celle de l’artère de taille comparable. Une augmentation du débit sanguin local.
se traduit par une hausse
d) subclavière → axillaire → brachiale → radiale et ulnaire 7
Comparez veines et artères entre elles sur les plans de leur onction, de la taille des tuniques et de la lumière, et de la pression sanguine.
8
Précisez la diérence entre la pression hydrostatique et la pression osmotique, ainsi que la variation de ces pressions entre l’extrémité artérielle du capillaire et son extrémité veineuse.
9
Décrivez la relation entre le débit sanguin et les acteurs suivants : pression artérielle, viscosité du sang, rayon et longueur des vaisseaux sanguins.
a) de la longueur des vaisseaux sanguins b) du diamètre des vaisseaux sanguins c) de la viscosité du sang d) du nombre d’éléments fgurés 4
Choisissez le circuit de la circulation sanguine artérielle dans le membre supérieur.
Lequel des énoncés suivants à propos des veines est exact ?
c) La tunique la plus épaisse de la veine est l’adventice.
3
La vitesse du ux sanguin est la plus lente dans :
Lequel des énoncés cidessous est exact ? a) Le débit sanguin systémique s’accroît lorsque le gradient de pression s’accentue (si tant est que la résistance demeure inchangée). b) Le débit sanguin systémique diminue lorsque la résis tance augmente (si tant est que le débit cardiaque demeure inchangé).
10 Comment expliquezvous que le système nerveux sym
pathique provoque la vasoconstriction de la plupart des vaisseaux sanguins, mais la vasodilatation des vaisseaux coronaires et des vaisseaux des muscles squelettiques ?
976 Partie IV Le maintien et la régulation 11 Décrivez brièvement en quoi la variation du débit cardiaque,
12 Expliquez comment le centre cardiaque et le centre vaso
moteur interviennent afn de réguler la pression artérielle et le débit sanguin.
de la résistance et du volume sanguin inue sur la pression artérielle.
Mise en application 1
Un client atteint de cirrhose est incapable de produire sufsamment d’albumine et d’autres protéines plasmatiques. En quoi cela modifetil les échanges capillaires ? Quel en est l’eet ? a) Le processus d’échange capillaire demeure le même.
d) Les sinus carotidiens décèlent la diminution de l’étirement de la paroi de la carotide et déclenchent une réaction réexe des barorécepteurs, ce qui se traduit par une hausse du débit sanguin dans la tête et le cou. 4
b) La pression hydrostatique du sang et les échanges diminuent ; le liquide demeure donc dans le sang. c) La pression osmotique dans les capillaires augmente, et le volume de sang circulant augmente.
a) En présence d’une perte de tissu adipeux, les vaisseaux sanguins qui irriguaient ce tissu régressent. La diminution de la longueur des vaisseaux sanguins provoque une baisse de la pression artérielle.
d) La pression osmotique dans les capillaires diminue, et le liquide demeure dans l’espace interstitiel, ce qui risque de provoquer un œdème. 2
b) La majeure partie du tissu adipeux perdu entourait les organes thoraciques et les comprimait. La perte de poids se traduit par un relâchement de la orce de compression.
Mélanie va au gymnase et s’entraîne vigoureusement. Quelle hormone n’est pas sécrétée ? a) L’adrénaline.
c) La résistance dans les vaisseaux sanguins s’accroît en raison de la perte de gras, ce qui occasionne une baisse de la pression artérielle.
b) Le acteur natriurétique auriculaire. c) L’angiotensine II.
d) Le tissu adipeux comprimait les vaisseaux sanguins, entraînant une vasoconstriction. La perte du tissu adipeux relâche cette pression, permettant aux vais seaux sanguins de se dilater et, ainsi, la pression artérielle diminue.
d) La noradrénaline. 3
À la fn de son entraînement, Mélanie s’étend au sol pour étirer les muscles de ses jambes. Elle se relève brusquement et éprouve une sensation d’étourdissement et de aiblesse, sensation qui disparaît rapidement. Quel processus physio logique explique la disparition de cette sensation ?
Sali a perdu 18 kg en 6 mois. Au cours d’une consultation médicale, il se rend compte que sa pression artérielle a également baissé. Qu’estce qui explique la diminution de la pression artérielle ?
5
a) Les barorécepteurs de la crosse aortique détectent l’élévation de la pression artérielle à la tête et déclenchent une réaction réexe des chimiorécepteurs, lesquels abaissent la pression artérielle. b) Les corpuscules carotidiens détectent la baisse du taux de dioxyde de carbone et l’augmentation du taux d’oxygène dues à l’exercice physique et stimulent le centre vasomoteur qui provoque la vasoconstriction des vaisseaux sanguins de la tête et du cou.
Frappé par une automobile, Semka est grièvement blessé au pied droit et subit une hémorragie massive. Vous vous souvenez qu’il aut comprimer une artère du membre inérieur pour limiter la perte de sang. Quel vaisseau sanguin autil comprimer pour interrompre complètement la circulation sanguine du pied ? a) L’artère tibiale antérieure. b) L’artère tibiale postérieure. c) L’artère émorale proonde. d) L’artère poplitée.
c) Ce sont seulement les récepteurs α de la tête et du cou qui sont stimulés initialement, occasionnant la sensation de aiblesse.
Synthèse 1
Thomas est un homme âgé de 50 ans, très peu enclin à l’exercice physique et en excès de poids. Il a un régime alimentaire rarement équilibré, et l’athérosclérose le guette. Expliquezlui le lien existant entre l’athérosclérose et l’hypertension.
2
Les artères qui parcourent les articulations, notamment le coude et le genou, comportent beaucoup d’anastomoses. En quoi cela estil bénéfque ?
3
Expliquez ce qui motive la recommandation de perdre du poids adressée à la personne ayant un excès de poids et de l’hypertension. Dans votre réponse, abordez la question du lien existant entre la longueur des vaisseaux sanguins, la résistance vasculaire et la pression artérielle.
LE SYSTÈME LYMPHATIQUE
CHAPITRE
21
Adaptation française :
Matthieu Devito
LES PHYSIOTHÉRAPEUTES…
DANS LA PRATIQUE
Les physiothérapeutes, les ergothérapeutes, les massothérapeutes et les infrmières peuvent se spécialiser dans le traitement du lymphœdème. Ils ont recours au massage, à la compression par le port de vêtements particuliers (p. ex., des bas et des bandeaux de contention) et à l’exercice physique pour atténuer ou éliminer l’œdème. Ce dernier survient réquemment après l’ablation des vaisseaux et des nœuds lymphatiques, une intervention chirurgicale qui s’impose parois dans le traitement du cancer, par exemple. Le massage acilite le mouvement de la lymphe dans les vaisseaux sanguins et son déversement dans la circulation veineuse.
21.1
21.2 21.3
L’organisation du système lymphatique ................................................. 978 21.1.1 La lymphe et les capillaires lymphatiques ...................................... 978 21.1.2 Les vaisseaux collecteurs, les troncs et les conduits lymphatiques ............... 981 Une vue d’ensemble des tissus et des organes lymphoïdes ..................... Les structures lymphoïdes primaires .... 21.3.1 La moelle osseuse rouge .................... 21.3.2 Le thymus ..........................................
983 983 983 984
21.4
Les structures lymphoïdes secondaires ................................................. 21.4.1 Les nœuds lymphatiques .................... 21.4.2 La rate ............................................... 21.4.3 Les amygdales ................................... 21.4.4
21.5 985 985 988 990
Les follicules lymphoïdes diffus et les tissus lymphoïdes associés aux muqueuses .................................. 991
La formation du système lymphatique et des structures lymphoïdes.................. 992 21.5.1 La formation du système lymphatique ....................................... 992 21.5.2 La formation des structures lymphoïdes......................................... 992
INTÉGRATION Illustration des concepts Relation entre le système lymphatique et les systèmes cardiovasculaire et immunitaire ....... 993
978 Partie IV Le maintien et la régulation
21.1 L’organisation du
système lymphatique
Le système lymphatique est en étroite relation avec les systèmes cardiovasculaire et immunitaire. Grâce à son réseau de capillaires parallèles, il retourne le surplus de liquide interstitiel, ce qui est appelé la lymphe, dans la circulation sanguine FIGURE 21.1. Les capillaires sanguins réabsorbent 85 % du liquide ayant traversé dans l’espace interstitiel. Le 15 % restant sera récupéré par les capillaires lymphatiques, tout comme les protéines, les hormones et les électrolytes qui y sont associés. En retournant ce liquide et ces substances dans la circulation sanguine, le système lymphatique participe au maintien de l’équilibre hydroélectrolytique, du volume sanguin et de la pression artérielle. Les vaisseaux lymphatiques transportent les substances liposolubles (lipides, vitamines A, D, E et K) absorbées dans les vaisseaux chylières des villosités intestinales vers la circulation sanguine (voir le chapitre 26). Le système lymphatique est étroitement associé aux organes lymphoïdes, soit les nœuds lymphatiques, la rate, le thymus, la moelle osseuse, les amygdales ainsi que d’autres tissus lymphoïdes disséminés dans les muqueuses. Grâce à ces organes et à ces tissus lymphoïdes, le système lymphatique est le site de maturation et de proliération des déenses immunitaires (lymphocytes et phagocytes) (voir la fgure 21.1). Les vaisseaux lymphatiques transportent ces cellules mobilisées par le système immunitaire, et ces organes et tissus sont les sites de déense privilégiés des réponses immunitaires contre les substances étrangères (voir le chapitre 22). Par exemple, dans les cas d’amygdalite, il y a inammation et augmentation du volume des amygdales et, dans bien des cas, les nœuds lymphatiques cervicaux sont enés et la rate est hypertrophiée. Cela démontre bien que ces structures sont actives. Cette section présente la ormation et les caractéristiques de la lymphe. Elle décrit également le transport de la lymphe par des vaisseaux lymphatiques de plus en plus gros qui la déversent ensuite dans la circulation sanguine.
21.1.1
La lymphe et les capillaires lymphatiques
1
Décrire la lymphe et son contenu.
2
Préciser l’emplacement et la structure anatomique des capillaires lymphatiques.
3
Décrire le mode d’entrée du liquide dans les capillaires lymphatiques.
La lymphe provient du liquide interstitiel qui entoure les cellules. Ce liquide se déplace passivement dans le sens du gradient de pression vers les capillaires lymphatiques. Ceux-ci s’unissent pour ormer des vaisseaux lymphatiques de plus grand diamètre.
21.1.1.1 Les caractéristiques de la lymphe Dans une proportion d’environ 15 %, le liquide qui s’infltre dans l’espace interstitiel entre les cellules n’est pas réabsorbé dans les
capillaires sanguins durant les échanges entre ces capillaires et le tissu avoisinant (voir la section 20.2). Cette proportion équivaut à près de 3 litres (L) par jour, et ce sont les capillaires lymphatiques qui absorbent ce liquide. Une ois à l’intérieur des vaisseaux lymphatiques, le liquide interstitiel devient la lymphe (lympha = eau). La lymphe a une composition semblable à celle du plasma sanguin, sau que sa teneur en protéines est beaucoup plus aible étant donné que les grosses protéines ne sortent pas de la circulation sanguine durant les échanges dans les capillaires sanguins. Elle se compose d’eau, de solutés dissous (p. ex., du glucose et des ions), de protéines en petite quantité (environ de 100 à 200 grammes [g] de protéines s’étant échappées dans l’espace interstitiel durant les échanges capillaires) et, parois, de matières étrangères, notamment des débris cellulaires et des agents pathogènes, ainsi que de cellules cancéreuses, à l’occasion (voir ci-dessous l’Application clinique intitulée « La métastase »).
INTÉGRATION APPLICATION CLINIQUE
La métastase DÉSÉQUILIBRE HOMÉOSTATIQUE
Quoique les vaisseaux lymphatiques offrent un service essentiel en redirigeant dans la circulation sanguine le liquide qui s’accumule dans l’espace interstitiel, ils contribuent parfois à la propagation d’agents pathogènes ou de maladies. Ainsi, la lymphe peut transporter des cellules cancéreuses provenant du foyer primitif (tumeur primaire) d’un cancer. Ces cellules cancéreuses errantes peuvent former des tumeurs secondaires à distance du foyer primitif. Ce processus s’appelle la métastase. Par exemple, le cancer du sein peut se disséminer aux poumons par ce processus ; les métastases pulmonaires ne constituent pas un cancer du poumon, mais des tumeurs secondaires d’un cancer du sein métastatique. Le résultat positif de la biopsie d’un nœud lymphatique indiquant la présence de cellules cancéreuses provenant d’un autre organe atteste la nature métastatique du cancer.
21.1.1.2 Les capillaires lymphatiques Le réseau lymphatique s’organise à partir des capillaires lymphatiques, les vaisseaux lymphatiques les plus petits FIGURE 21.2 . Ces capillaires sont de microscopiques vaisseaux ermés à une extrémité qui absorbent le liquide interstitiel. Ils débutent en cul-de-sac et s’entremêlent avec la plupart des capillaires sanguins dans le tissu conjoncti aréolaire de la majorité des organes. Ils sont par contre absents à certains endroits, notamment dans le myocarde, les dents, les os comportant de la moelle osseuse rouge et le système nerveux central. Dans ce dernier cas, le surplus de liquide interstitiel se mélange au liquide cérébrospinal (voir le chapitre 13). Les tissus avasculaires comme les épithéliums, les cartilages et la cornée de l’œil ne contiennent pas de capillaires lymphatiques. La structure anatomique du capillaire lymphatique ressemble à celle du capillaire sanguin en ce que la paroi de ces deux types de capillaires est constituée d’un endothélium (voir la fgure 21.2B).
Chapitre 21 Le système lymphatique
Vaisseaux lymphatiques
Tissus et organes lymphoïdes
Structures lymphoïdes primaires
Structures lymphoïdes secondaires
Amygdales
Conduit lymphatique droit
Nœuds lymphatiques cervicaux Thymus Nœuds lymphatiques axillaires
Conduit thoracique Rate Citerne du chyle
Tissus lymphoïdes associés aux muqueuses (MALT) dans l’intestin grêle
Troncs lymphatiques
Moelle osseuse rouge
Vaisseaux collecteurs lymphatiques Capillaire lymphatique
FIGURE 21.1 Système lymphatique
❯ Le système lymphatique est formé de vaisseaux lymphatiques, de tissus lymphoïdes et des organes lymphoïdes. Ces derniers sont subdivisés en structures primaires et secondaires.
Nœuds lymphatiques inguinaux
979
980 Partie IV Le maintien et la régulation
Liquide interstitiel
Veinule
Filament d’union Capillaires lymphatiques
Lymphe
Cellules du tissu
Disjonction
Artériole
Liquide interstitiel
Lit capillaire sanguin
Endothélium du capillaire lymphatique A. Lit capillaire sanguin et capillaires lymphatiques
B. Capillaire lymphatique
FIGURE 21.2 Capillaires lymphatiques
❯ A. Les capillaires lymphatiques sont des vaisseaux ermés à une extrémité qui parcourent le tissu conjoncti, entremêlés à la plupart des lits capillaires sanguins ; ils absorbent le liquide qui demeure dans l’espace interstitiel durant les échanges
INTÉGRATION LIENS ENTRE LES CONCEPTS Le liquide cérébrospinal en excès se déplace du cerveau à l’espace sous-arachnoïdien par l’intermédiaire de la pie-mère. Se déversant dans cet espace, la région n’a pas besoin de vaisseaux lymphatiques. Voilà pourquoi le système nerveux central est dépourvu de vaisseaux lymphatiques. (Pour la formation du liquide cérébrospinal, voir la section 13.2.3.)
Cependant, la ressemblance s’arrête là, car le capillaire lymphatique a un diamètre supérieur à celui du capillaire sanguin. De plus, il est dépourvu de membrane basale et sa paroi est aite de cellules endothéliales qui se chevauchent. Ce chevauchement orme des disjonctions (ou ouvertures) qui agissent comme des clapets antiretour grâce auxquels le liquide entre dans le capillaire, sans aucune sélection de ses composants, mais ne peut en sortir. Des flaments d’union ont ofce de points d’ancrage entre
INTÉGRATION LIENS ENTRE LES CONCEPTS Les capillaires lymphatiques qui sillonnent l’intestin grêle prennent le nom de vaisseaux chylifères. Ils absorbent les lipides alimentaires et les vitamines liposolubles qui ne peuvent passer directement dans la circulation sanguine gastro-intestinale (voir la section 26.4.3). La lymphe du tube digesti est d’apparence laiteuse en raison de la présence de ces lipides, d’où son nom de chyle.
capillaires. B. Le liquide interstitiel pénètre dans le capillaire lymphatique par les disjonctions entre les cellules endothéliales qui se chevauchent. Le liquide devient alors la lymphe. Les fèches noires indiquent le sens du fux sanguin, et les fèches vertes, celui du courant lymphatique.
les cellules endothéliales et les structures adjacentes. Dans le tube digesti, les capillaires lymphatiques prennent le nom de vais seaux chylières ; ils transportent le chyle, un liquide laiteux contenant les substances liposolubles absorbées dans le tube digesti (voir la section 26.4.3).
21.1.1.3 Le déplacement de la lymphe
dans les capillaires lymphatiques Le déplacement du liquide vers les capillaires lymphatiques s’eectue sous l’impulsion de la pression hydrostatique dans l’espace interstitiel (voir la section 20.2.2). La pression hydrostatique augmente au ur et à mesure que le liquide sort des capillaires sanguins en raison de la fltration. La hausse de pression aux abords des cellules endothéliales de la paroi du capillaire lymphatique attire le liquide interstitiel dans le capillaire. Plus la pression du liquide interstitiel est grande, plus la quantité de liquide qui entre dans le capillaire est importante. Afn d’empêcher l’aplatissement des capillaires sous l’eet de cette pression, des flaments d’union relient les cellules endothéliales des capillaires lymphatiques et le tissu adjacent. La pression exercée par la lymphe qui circule dans le capillaire lymphatique orce les cellules endothéliales à se serrer les unes contre les autres. Ainsi, la lymphe se trouve emprisonnée dans le vaisseau lymphatique et ne peut s’échapper dans l’espace interstitiel. Elle est transportée par des vaisseaux de plus en plus gros. Elle passe ainsi des capillaires aux vaisseaux collecteurs, puis aux troncs lymphatiques et, enfn, aux conduits lymphatiques. Cette lymphe rejoint fnalement le circuit sanguin dans les veines subclavières.
Chapitre 21 Le système lymphatique
Vérifiez vos connaissances 1. Quelles substances de l’espace interstitiel sont
généralement absorbées dans les capillaires lymphatiques ? 2. De quelle açon le liquide entre-t-il dans les capillaires
lymphatiques et s’y trouve-t-il emprisonné ?
21.1.2
4
Les vaisseaux collecteurs, les troncs et les conduits lymphatiques
Décrire les mécanismes de déplacement de la lymphe dans les vaisseaux collecteurs, les troncs et les conduits lymphatiques.
5
Énumérer les cinq types de troncs lymphatiques et les régions qu’ils drainent.
6
Décrire les régions drainées par le conduit lymphatique droit et le conduit thoracique.
Une ois à l’intérieur des capillaires lymphatiques, la lymphe circule dans des vaisseaux lymphatiques qui augmentent de diamètre, soit des vaisseaux collecteurs aux conduits en passant par les troncs lymphatiques. Au terme de sa trajectoire, la lymphe se jette dans la circulation sanguine veineuse.
981
21.1.2.1 Les vaisseaux collecteurs lymphatiques Les capillaires lymphatiques s’unissent pour ormer des structures plus grandes, les vaisseaux collecteurs lymphatiques (voir la fgure 21.1). En général, les vaisseaux collecteurs lymphatiques superfciels sont adjacents aux veines superfcielles, et les vaisseaux collecteurs lymphatiques proonds longent les artères et les veines proondes. Le vaisseau collecteur lymphatique ressemble à la petite veine ; comme elle, il comporte trois tuniques, l’intima, la média et l’adventice (ou externa), ainsi que des valvules. En raison de la basse pression dans le réseau vasculaire lymphatique, ces valvules sont nécessaires pour empêcher la stagnation et l’accumulation de lymphe dans le vaisseau, et le retour à son lieu d’origine. Elles sont particulièrement importantes dans les régions où la lymphe s’écoule dans le sens contraire de la gravité, dans les membres inérieurs, par exemple. Le système lymphatique est dépourvu de pompes ; il s’en remet donc à d’autres mécanismes pour déplacer la lymphe dans son réseau vasculaire : 1) la contraction des muscles squelettiques situés près des membres (pompe musculaire squelettique) et la pompe respiratoire dans le thorax (voir la section 20.4.1) ; 2) la pulsation du sang dans les artères avoisinantes ; et 3) la contraction rythmique des fbres musculaires lisses de la paroi des gros vaisseaux lymphatiques (troncs et conduits). Certains vaisseaux collecteurs lymphatiques sont reliés directement aux nœuds lymphatiques. Dans ces nœuds, la lymphe y est débarrassée des matières étrangères ou pathogènes (voir la section 21.4).
INTÉGRATION APPLICATION CLINIQUE
Le lymphœdème DÉSÉQUILIBRE HOMÉOSTATIQUE
Le lymphœdème (oidêma = enure) correspond à l’accumulation de liquide interstitiel due à une insufsance de drainage lymphatique dans une région du corps. L’accumulation de liquide interstitiel donne lieu à l’enure et à l’endolorissement de la région en question. Ce liquide est souvent riche en protéines en raison des lésions des vaisseaux lymphatiques à la suite d’un traumatisme ou d’une inection. En l’absence de traitement, la présence de ce liquide riche en protéines peut compromettre la cicatrisation des plaies et avoriser l’apparition d’une inection en créant un milieu propice à la croissance bactérienne. Dans la plupart des cas, le lymphœdème découle d’une obstruction, c’est-à-dire qu’il est dû à un blocage des vaisseaux lymphatiques. Le lymphœdème de nature obstructive a plusieurs causes : • un traumatisme ou une inection des vaisseaux lymphatiques ; • la dissémination d’une tumeur maligne par l’intermédiaire des nœuds et des vaisseaux lymphatiques ; • la radiothérapie, qui entraîne la ormation de tissu cicatriciel dans les vaisseaux ou les nœuds lymphatiques ; • l’ablation d’un groupe de nœuds (p. ex., un curage ganglionnaire axillaire au cours de la chirurgie du cancer du sein [mastectomie]).
Le lymphœdème ne se guérit pas, mais il se soigne. Le bas de contention ou un autre vêtement exerçant une compression atténue l’enure et acilite le passage du liquide interstitiel Éléphantiasis dans la circulation. Des exercices physiques et des massages peuvent également améliorer le drainage lymphatique. Des millions de personnes de l’Asie du Sud-Est et d’Arique sont aux prises avec un lymphœdème en raison d’une inection parasitaire par un ver pathogène appelé le ilaire. Dans la ilariose lymphatique (filum = il), le ver ilaire élit domicile dans le système lymphatique et s’y reproduit durant des années pour inir par obstruer la circulation lymphatique. L’inection se transmet par la piqûre d’un moustique porteur des larves du ver ilaire. La région inectée enle au point de décupler sa taille. Poussée à l’extrême, l’inection évolue vers l’éléphantiasis. Le traitement passe par un antiparasitaire destiné à tuer les vers ilaires ; touteois, les lésions lymphatiques sont irréversibles.
982 Partie IV Le maintien et la régulation 21.1.2.2 Les troncs lymphatiques La plupart des vaisseaux collecteurs lymphatiques se jettent dans des troncs lymphatiques des deux côtés du corps FIGURE 21.3. Chacun de ces troncs draine la lymphe d’une grande région du corps : • Les troncs jugulaires droit et gauche drainent la lymphe de la tête et du cou. • Les troncs subclaviers droit et gauche collectent la lymphe des membres supérieurs, des seins et de la paroi thoracique superfcielle. • Les troncs bronchomédiastinaux droit et gauche drainent la lymphe des structures thoraciques proondes. • Le tronc intestinal, unique, recueille la lymphe de la plupart des structures abdominales, particulièrement tous les organes Veine jugulaire interne droite Tronc jugulaire droit
digestis situés sous le diaphragme, à l’exception du côlon sigmoïde et du rectum. • Les troncs lombaires droit et gauche drainent la lymphe des membres inérieurs, de la paroi abdominopelvienne et des organes pelviens, y compris le côlon sigmoïde et le rectum.
À votre avis 1. Qu’advient-il de la circulation lymphatique en cas
d’ablation d’un groupe de nœuds lymphatiques et de leurs vaisseaux lymphatiques connexes, une intervention chirurgicale pouvant être indiquée dans le traitement du cancer du sein métastatique, par exemple ?
Tronc jugulaire gauche Veine jugulaire interne gauche
Veine jugulaire interne droite Tronc subclavier droit
Tronc jugulaire gauche Tronc subclavier gauche
Tronc jugulaire droit Veine subclavière droite
Veine jugulaire interne gauche Veine subclavière gauche
Tronc subclavier droit Conduit lymphatique droit
Tronc subclavier gauche Tronc bronchomédiastinal gauche Veine subclavière gauche Veine brachiocéphalique gauche
Veine subclavière droite Tronc bronchomédiastinal droit Conduit lymphatique droit Veine brachiocéphalique droite Tronc bronchomédiastinal droit Veine cave supérieure
Tronc bronchomédiastinal gauche Veine brachiocéphalique gauche Conduit thoracique
Veine brachiocéphalique droite Circulation veineuse
Circulation lymphatique Veine cave supérieure
Conduit thoracique
Circulation veineuse Nœuds lymphatiques Circulation lymphatique intercostaux
Région drainée Région drainée le conduit par par le conduit thoracique lymphatique droit
Nœuds lymphatiques intercostaux
Veine cave inférieure Tronc lombaire droit Veine cave inférieure Tronc lombaire droit A. Paroi thoracique postérieure, vue antérieure
A. Paroi thoracique postérieure, vue antérieure
FIGURE 21.3 Troncs et conduits lymphatiques
❯ La lymphe des troncs lym phatiques se déverse dans deux conduits lymphatiques, le conduit lymphatique droit et le conduit thoracique, qui se jettent au point de jonction des veines jugulaire interne et subclavière droites pour le premier, et au point de jonction des veines jugulaire interne et
Région drainée par le conduit lymphatique droit
Région drainée par le conduit thoracique
Citerne du chyle Tronc lombaire gauche Citerne du chyle Tronc intestinal Tronc lombaire gauche Tronc intestinal B. Drainage lymphatique B. Drainage lymphatique subclavière gauches pour le second. A. Vue antérieure de la paroi thoracique postérieure illustrant les principaux troncs lymphatiques, les conduits lymphatiques et le site de déversement de la lymphe dans la circulation veineuse du système cardiovasculaire ; B. régions drainées par le conduit lymphatique droit et le conduit thoracique.
Chapitre 21 Le système lymphatique
21.1.2.3 Les conduits lymphatiques Les troncs lymphatiques débouchent dans de gros vaisseaux, les conduits lymphatiques, au nombre de deux : le conduit lympha tique droit et le conduit thoracique. Ces deux conduits déversent la lymphe dans la circulation sanguine veineuse.
Le conduit lymphatique droit Le conduit lymphatique droit est situé près de la clavicule droite. Il reçoit la lymphe des troncs lymphatiques qui drainent les régions suivantes : 1) le côté droit de la tête et du cou ; 2) le membre supérieur droit ; et 3) le côté droit du thorax. Il déverse la lymphe dans la circulation veineuse, à la jonction des veines jugulaire interne et subclavière droites. Le conduit lymphatique droit draine donc la lymphe du quadrant supérieur droit du corps.
Le conduit thoracique Le conduit thoracique est le plus gros des deux conduits lymphatiques. D’une longueur de 37,5 à 45 centimètres (cm) environ, il s’étend du diaphragme à la jonction des veines subclavière et jugulaire interne gauches. Il draine la lymphe des autres régions du corps, notamment le côté gauche de la tête et du cou, le membre supérieur gauche, le côté gauche du thorax, l’abdomen et les membres inérieurs. À l’origine du conduit thoracique, devant la deuxième vertèbre lombaire, se situe la citerne du chyle (ou citerne de Pecquet), un réservoir rond dans lequel se déverse le chyle (khulos = suc), une lymphe laiteuse riche en lipides provenant des vaisseaux lymphatiques qui drainent l’intestin grêle. Les troncs lombaires droit et gauche ainsi que le tronc intestinal débouchent dans la citerne du chyle. De là, le conduit thoracique se dirige vers le haut, devant les deux premières vertèbres lombaires. Il ranchit l’orifce aortique du diaphragme, puis remonte le long du côté gauche de la ligne vertébrale médiane pour aboutir à la veine subclavière gauche.
Vérifiez vos connaissances
983
les amygdales, les tissus lymphoïdes associés aux muqueuses (MALT) et les ollicules lymphoïdes dius (voir la fgure 21.1 ; les ollicules lymphoïdes sont absents de l’illustration). Les tissus et les organes lymphoïdes se classent en deux catégories, à savoir les structures primaires et les structures secondaires : • Les structures lymphoïdes primaires participent à la ormation et à la maturation des lymphocytes. La moelle osseuse rouge et le thymus ont partie de cette catégorie. • Les structures lymphoïdes secondaires ne participent pas à la ormation des lymphocytes, mais elles servent de terre d’accueil aux lymphocytes et à d’autres cellules immunitaires une ois leur maturation terminée. Les structures secondaires sont les lieux où s’enclenchent la proliération des lymphocytes et la réaction immunitaire (voir la section 22.6). Les nœuds lymphatiques, la rate, les amygdales, les ollicules lymphoïdes dius et les ormations de MALT sont des structures lymphoïdes secondaires. Ces éléments sont présentés en bre dans le TABLEAU 21.1.
Vérifiez vos connaissances 5. Qu’est-ce qui différencie les structures lymphoïdes
primaires et secondaires ? Donnez des exemples de chaque groupe.
21.3 Les structures lymphoïdes
primaires
Cette section présente la composition et la onction générale des structures lymphoïdes primaires, soit la moelle osseuse rouge et le thymus.
3. En quoi le tronc lymphatique et le conduit lymphatique
se différencient-ils ?
21.3.1
La moelle osseuse rouge
4. Quelles sont les régions majeures drainées par le
conduit lymphatique droit ?
21.2 Une vue d’ensemble
des tissus et des organes lymphoïdes
1
Énumérer les deux catégories de tissus et d’organes lymphoïdes, et indiquer les structures s’y rattachant.
Le système lymphatique est également ormé de tissus et d’or ganes lymphoïdes (ou lymphatiques) spécialisés. Ce sont la moelle osseuse rouge, le thymus, les nœuds lymphatiques, la rate,
1
Préciser l’emplacement, la structure et la fonction générale de la moelle osseuse rouge.
2
Nommer les deux principaux groupes de lymphocytes.
La moelle osseuse rouge occupe les espaces entre les trabécules de l’os spongieux de certains os du squelette, plus précisément les os plats du crâne, les vertèbres, les côtes, le sternum, l’os coxal et l’épiphyse proximale de l’humérus et du émur (voir la section 7.2.4). La moelle osseuse rouge (ou tissu myéloïde) est constituée d’un tissu conjoncti lâche réticulaire contenant des fbres réticulaires entrelacées et toutes les lignées des cellules sanguines en ormation (voir la fgure 7.8C, p. 261). Elle est donc responsable de l’hématopoïèse (voir la section 18.3). À titre de rappel, les éléments fgurés du sang sont les érythrocytes (ou globules rouges), les thrombocytes (ou plaquettes) et les leucocytes (ou
984 Partie IV Le maintien et la régulation TABLEAU 21.1
Structures lymphoïdes selon leur catégorie
Éléments
Emplacement
Fonctions
Moelle osseuse rouge
Espaces de l’os spongieux de certains os
• Formation des éléments gurés du sang, y compris les lymphocytes • Maturation et différenciation des lymphocytes B
Thymus
Médiastin antérieur et supérieur chez l’enfant (sous le sternum, au-dessus du cœur, qui est partiellement recouvert) ; en résorption après la puberté
• Maturation et différenciation des lymphocytes T
Nœuds lymphatiques
Le long des vaisseaux lymphatiques ; regroupés dans les aisselles, l’aine, le cou ainsi que dans les cavités thoracique et abdominale
• Filtration de la lymphe • Déclenchement de la réaction immunitaire en présence d’une substance étrangère dans la lymphe
Rate
Quadrant supérieur gauche de l’abdomen, à proximité des 9e, 10 e et 11e côtes ; autour d’une partie de l’estomac
• Filtration du sang • Déclenchement de la réaction immunitaire en présence d’une substance étrangère dans le sang • Élimination des érythrocytes et des thrombocytes âgés • Réservoir de thrombocytes
Amygdales
Dans le pharynx (gorge)
• Protection contre des substances inhalées ou avalées
Tissus lymphoïdes associés aux muqueuses (MALT)
Parois du tube digestif, des voies respiratoires, du système génital et des voies urinaires
• Déclenchement de la réaction immunitaire au contact d’une substance étrangère avec une membrane muqueuse
Follicules lymphoïdes diffus
Dans presque tous les organes
Structures primaires
Structures secondaires
globules blancs), lesquels sont subdivisés en granulocytes (neutrophiles, éosinophiles et basophiles) et en agranulocytes (monocytes et lymphocytes) FIGURE 21.4. Les deux principaux groupes de lymphocytes sont les lymphocytes T et les lymphocytes B. Après leur formation, les éléments gurés se déplacent en direction de la circulation sanguine. À l’encontre des autres éléments gurés, les précurseurs des lymphocytes T doivent migrer d’abord dans le thymus pour terminer leur maturation et devenir des lymphocytes T immunocompétents. Les lymphocytes B sont soumis à leur maturation dans la moelle osseuse rouge. Le chapitre 22 décrit en détail la formation et les fonctions des lymphocytes T et B.
Vérifiez vos connaissances 6. En quoi la moelle osseuse rouge est-elle une structure
lymphoïde primaire ?
antérieur en plus du médiastin supérieur. Il recouvre même une partie du cœur. Le thymus croît jusqu’à la puberté où il atteint son poids maximal de 30 à 50 g. Après quoi, il se résorbe pour devenir un amas de tissu broadipeux. À son apogée, le thymus est constitué de deux lobes thymiques accolés et enfermés dans une capsule breuse de tissu conjonctif. Des subdivisions provenant de la capsule, appelées trabécules (ou cloisons), divisent les lobes en lobules. Le lobule est formé d’une zone externe, le cortex, et d’une zone interne, la médulla. Ces deux zones se composent principalement de cellules épithéliales inltrées de lymphocytes T à divers stades de développement. La région corticale renferme les lymphocytes T immatures (précurseurs des lymphocytes T), alors que la région médullaire contient les lymphocytes T matures. Les cellules épithéliales sécrètent des hormones thymiques qui stimulent la maturation des lymphocytes T. Dans la médulla, il y a aussi des
INTÉGRATION LIENS ENTRE LES CONCEPTS
21.3.2 3
Le thymus
Décrire la structure et la fonction générale du thymus.
Le thymus, un organe constitué de deux lobes situés dans le médiastin supérieur, a pour fonction de veiller à la maturation des lymphocytes T FIGURE 21.5. Chez le nourrisson et l’enfant en bas âge, le thymus est assez gros et il occupe le médiastin
Certains organes comportant des zones de tissu endocrinien sécrètent des hormones en plus d’exercer leur fonction primaire (voir le chapitre 17). Le thymus est l’un de ces organes. Il est formé : 1) de tissu lymphoïde B, par conséquent il fait partie du système lymphatique ; et 2) de tissu épithélial qui produit des hormones, d’où sa place dans le système endocrinien. Les hormones sécrétées par le thymus sont la thymosine, la thymuline et la thymopoïétine qui stimulent la maturation des lymphocytes T.
Chapitre 21 Le système lymphatique 985
21.4
FIGURE 21.4 Éléments gurés issus de l’hématopoïèse
❯
La moelle osseuse rouge produit les éléments gurés au cours du processus d’hématopoïèse. Les précurseurs des lymphocytes T migrent vers le thymus pour achever leur transformation en lymphocytes T matures.
Les structures lymphoïdes secondaires
Les structures dans lesquelles prolifèrent les lymphocytes à la suite d’une stimulation par des agents étrangers et qui renferment également d’autres cellules immunitaires sont des structures lymphoïdes secondaires. Elles se composent donc de lymphocytes et d’autres cellules comme les macrophagocytes, qui sont enchevêtrés dans une matrice extracellulaire de tissu conjonctif lâche réticulaire. Les structures lymphoïdes secondaires sont réparties en organes lymphoïdes et en grappes de follicules lymphoïdes. Elles se différencient par la présence ou l’absence d’une capsule faite de tissu conjonctif dense irrégulier qui entoure la structure lymphoïde. Les organes lymphoïdes se caractérisent par une capsule complète ; ces organes sont les nœuds lymphatiques et la rate. Dans les autres structures lymphoïdes, soit les amygdales, les formations MALT et les follicules lymphoïdes diffus, la capsule est soit incomplète, soit absente.
21.4.1
Les nœuds lymphatiques
1
Décrire la structure du nœud lymphatique.
2
Préciser la fonction du nœud lymphatique.
21.4.1.1 La structure du
nœud lymphatique structures sphériques constituées de cellules épithéliales kératinisées concentriques : ce sont les corpuscules thymiques (ou corpuscules de Hassall). Ils auraient une fonction importante dans la formation de lymphocytes régulateurs participant à l’inhibition des réponses immunitaires lorsqu’elles sont trop im portantes (Hill, 2013). Parce qu’il est constitué de cellules lymphatiques et de cellules épithéliales, le thymus est un organe lymphoépithélial. La section 22.5 examine en profondeur la maturation du lymphocyte T.
Vérifiez vos connaissances 7. Comment les deux types de lymphocytes T sont-ils
disposés dans le cortex et la médulla ?
Le nœud lymphatique (ou ganglion lymphatique) est une petite structure, de forme ronde ou ovale, recouverte d’une enveloppe conjonctive, la capsule. Les nœuds forment des chaînes le long des vaisseaux lymphatiques, où ils font ofce de principal organe lymphoïde. Ils ltrent la lymphe, c’est-à-dire que, grâce aux macrophagocytes, ils la débarrassent des microorganismes et des autres débris indésirables. Les nœuds lymphatiques varient en taille (1 à 25 millimètres [mm]) et en nombre (500 à 700 environ). Certains sont situés en surface, d’autres en profondeur, et, en général, ils forment des groupes qui reçoivent la lymphe de régions précises du corps. Parmi ces groupe de nœuds lymphatiques se trouvent, par exemple, les nœuds lymphatiques axillaires (près de l’aisselle), dans lesquels se jettent la lymphe provenant du sein, de l’aisselle et du membre supérieur, les nœuds lymphatiques
986 Partie IV Le maintien et la régulation
Glande thyroïde Trachée Thymus
Poumons Cœur Diaphragme
A. Thorax de l’enfant (à gauche) et thorax de l’adulte (à droite), vue antérieure
Tissu thymique Trabécule Cortex
Tissu fibroadipeux
Trabécule
MO 5 x
MO 20 x
Médulla
B. Micrographie du thymus de l’enfant
C. Micrographie du thymus de l’adulte
FIGURE 21.5 Thymus
❯ A. Le thymus est un organe lymphoïde constitué de deux lobes. Il est proportionnellement plus volumineux chez l’enant que chez l’adulte. B. La micrographie du thymus de l’enant illustre la structure
inguinaux (près de l’aine), qui fltrent la lymphe du membre inérieur et du bassin, ainsi que les nœuds lymphatiques cervi caux, situés essentiellement le long des veines jugulaires internes qui reçoivent, avec d’autres nœuds lymphatiques situés à la base du crâne et le long de la mandibule, la lymphe de la tête et du cou (voir la fgure 21.1). Outre les groupes de nœuds, il existe aussi des nœuds éparpillés un peu partout dans le corps, principalement dans les régions thoracique (nœuds trachéobronchiques longeant la trachée et les bronches) et abdominale (nœuds associés essentiellement à l’aorte, au tronc cœliaque et aux artères mésentériques supérieure et inérieure). Très peu de nœuds lymphatiques se trouvent dans les membres. De nombreux vaisseaux lymphatiques afférents transportent la lymphe au nœud lymphatique. Un ou deux vaisseaux lymphatiques efférents prennent naissance dans le hile, un point en creux du nœud lymphatique FIGURE 21.6. Le drainage de la lymphe de cette région s’eectue par ces vaisseaux
histologique du lobule en région corticale externe et en région médullaire centrale. C. La micrographie du thymus de l’adulte permet de constater le remplacement du tissu thymique par du tissu fbroadipeux.
lymphatiques eérents. Le ait qu’il y ait davantage de vaisseaux lymphatiques aérents que de vaisseaux eérents avorise une certaine stagnation de la lymphe dans le nœud lymphatique, ce qui permet à ce dernier de fltrer la lymphe. Le nœud lymphatique est le seul organe qui possède des vaisseaux lymphatiques aérents. La plupart des organes n’ont que des vaisseaux lymphatiques eérents, puisque ces derniers proviennent de la réunion des capillaires lymphatiques qui débutent en cul-de-sac dans l’organe. La capsule du nœud lymphatique est aite de tissu conjoncti et elle se prolonge en flaments internes, les trabécules. Celles-ci divisent le nœud en compartiments. Le tissu conjoncti est la voie qu’empruntent les vaisseaux sanguins et les ners pour parcourir le nœud lymphatique. Sous la capsule se trouvent une région corticale périphérique et une région médullaire centrale. Le cortex est constitué de
Chapitre 21 Le système lymphatique
Circulation lymphatique
987
Cortex Médulla
Cortex
Cortex
Follicule lymphoïde Centre germinatif Enveloppe Sinus subcapsulaire
Sinus cortical Capsule Trabécule
Centre germinatif
Paracortex Médulla
Enveloppe
Sinus cortical
Sinus médullaire Cordon médullaire
Hile Médulla Sinus médullaire Vaisseau lymphatique efférent
Valvule
Cordons médullaires Flux lymphatique
B. Cortex et médulla
Vaisseaux lymphatiques afférents
Follicule lymphoïde A. Nœud lymphatique
Enveloppe ❯ A. Les nœuds lymphatiques sont
de petits organes encapsulés qui fltrent la lymphe circulant dans les vaisseaux lymphatiques. Les èches vertes indiquent le sens du ux lymphatique à l’entrée et à la sortie du nœud lymphatique. B. Composition tissulaire des régions corticale et médullaire du nœud lymphatique ; C. micrographie du nœud lymphatique illustrant le cortex et la médulla.
Cordons médullaires Médulla
deux zones, une externe et une interne. Il comprend, du côté externe, de multiples follicules (ou nodules) lymphoïdes, lesquels sont aits de fbres réticulaires soutenant un centre germi natif délimité par une enveloppe et contenant des lymphocytes B en multiplication, des macrophagocytes ainsi que des cellules dendritiques. Ces dernières sont des cellules présentatrices de l’antigène, c’est-à-dire des cellules qui captent les corps étrangers (antigènes), les transorment et les présentent aux lymphocytes (voir le chapitre 22). Du côté interne, le cortex, appelé ici paracortex, n’est pas organisé en ollicules lymphoïdes. Cette région est riche en lymphocytes T, en macrophagocytes et en cellules dendritiques (voir la section 22.2.1). Enfn, la médulla est constituée de tissu lymphoïde organisé en cordons médullaires. Ces derniers renerment des lymphocytes T et B, des plasmocytes (des lymphocytes B transormés qui produisent des anticorps) et des macrophagocytes.
Trabécule
MO 10 x
Nœuds lymphatiques
Centre germinatif
Cortex
FIGURE 21.6
Capsule C. Coupe d’un nœud lymphatique
Le cortex et la médulla du nœud lymphatique renerment de minuscules canaux ouverts, les sinus lymphatiques (subcapsulaire, corticaux et médullaires), tapissés de macrophagocytes.
INTÉGRATION LIENS ENTRE LES CONCEPTS Les cellules dendritiques sont des cellules phagocytaires spécialisées ormées dans la moelle osseuse ; elles élisent domicile dans le tissu épithélial de la peau et dans les membranes muqueuses des voies digestives, respiratoires et urogénitales. Dans la peau, elles se nomment cellules dendritiques intraépidermiques (ou cellules de Langerhans) (voir la section 6.2). Une ois qu’elles ont emprisonné une substance étrangère par endocytose, elles migrent de la peau ou de la membrane muqueuse vers un nœud lymphatique (voir la section 22.2.1).
988 Partie IV Le maintien et la régulation
INTÉGRATION APPLICATION CLINIQUE
DÉSÉQUILIBRE HOMÉOSTATIQUE
Un lymphome (ome = élément désignant une tumeur) est une tumeur maligne ormée de structures lymphoïdes. Habituellement, le lymphome se présente sous la orme d’un nœud lymphatique hypertrophié insensible dans le cou ou l’aisselle. Là s’arrêtent les symptômes pour certains, alors que d’autres éprouveront des sueurs nocturnes et de la fèvre, en plus de subir une perte de poids. Les lymphomes se classent dans deux catégories : le lymphome de Hodgkin et le lymphome non hodgkinien. Dans les deux cas, les causes ne sont pas élucidées. Certains acteurs augmenteraient les risques d’être atteint d’un lymphome. Par exemple, une personne ayant déjà contracté le virus d’Epstein-Barr (celui qui cause la mononucléose) ou le virus de l’immunodéfcience humaine (VIH), une personne ayant été exposée à des radiations ou à un traitement de radiothérapie, une personne exposée à des pesticides, à des engrais ou à des solvants et une personne immunodéprimée à la suite d’un traitement immunosuppresseur associé à une gree d’organe courent davantage de risques d’être atteintes d’un lymphome (Küppers, 2009).
et la personne de plus de 60 ans (Küppers, 2009). La maladie apparaît d’abord dans un nœud lymphatique, puis elle s’étend aux nœuds avoisinants. Détectée au stade précoce, elle peut être guérie grâce à l’ablation de la tumeur, suivie de radiothérapie, de chimiothérapie ou des deux modalités thérapeutiques combinées. Le lymphome non hodgkinien est plus réquent que le lymphome hodgkinien. Il est ormé de lymphocytes B anormaux dans la plupart des cas, et plus rarement de lymphocytes T. Certaines ormes sont ulgurantes et mortelles, tandis que d’autres ont une évolution lente et répondent mieux au traitement. Le traitement varie selon le type du lymphome, son étendue au moment du diagnostic et la vitesse de propagation de la tumeur.
Le lymphome de Hodgkin (ou maladie de Hodgkin) se caractérise par la présence de cellules de Reed-Sternberg, soit des cellules de grande taille à deux noyaux ressemblant à des yeux de hibou, entourées de lymphocytes dans le nœud lymphatique atteint. Il touche surtout le jeune adulte de la tranche d’âge des 16 à 35 ans
La cellule de Reed-Sternberg est un trait caractéristique du lymphome de Hodgkin.
21.4.1.2 La circulation de la lymphe
Vérifiez vos connaissances
dans le nœud lymphatique La lymphe parvient au nœud lymphatique par l’intermédiaire de nombreux vaisseaux lymphatiques aérents et elle parcourt le nœud dans diérents sinus lymphatiques du cortex vers la médulla (sinus subcapsulaire, sinus corticaux, sinus médullaires). Le nœud fltre la lymphe qui le traverse à la recherche de substances étrangères ou pathogènes. Les macrophagocytes débarrassent la lymphe de ces matières. La lymphe poursuit son chemin en empruntant le ou les vaisseaux lymphatiques eérents. Étant donné que les nœuds lymphatiques sont souvent regroupés, la lymphe passe d’un nœud du groupe à un autre, de sorte que la recherche et la détection de substances indésirables sont continuelles. Les lymphocytes que contient le nœud lymphatique entrent en contact, eux aussi, avec les substances étrangères, le cas échéant. Ce contact peut déclencher une réponse immunitaire qui stimule la multiplication des lymphocytes, surtout dans les centres germinatis. Certains de ces nouveaux lymphocytes demeurent dans le nœud lymphatique, mais d’autres sont transportés par la lymphe dans la circulation sanguine pour se rendre jusqu’aux oyers de l’inection (voir la section 22.6). En cas d’inection, des nœuds lymphatiques enent et deviennent douloureux à la pression. Dans la pratique clinique, certains parlent alors de ganglions enés ou d’adénopathie. Le gonement de nœuds lymphatiques est le signe de la multiplication des lymphocytes qui se mobilisent pour combattre l’inection. Il est généralement possible de sentir les nœuds lymphatiques superfciels enés à la palpation, notamment ceux du cou et de l’aisselle.
Cellule de Reed-Sternberg
MO 1 000 x
Le lymphome
8. Décrivez la circulation de la lymphe dans le nœud
lymphatique ainsi que la surveillance qu’exercent les macrophagocytes et les lymphocytes.
21.4.2
La rate
3
Décrire la rate et préciser son emplacement.
4
Distinguer la pulpe blanche de la pulpe rouge.
5
Énumérer les onctions de la rate.
21.4.2.1 La structure de la rate La rate est le plus gros organe lymphoïde de l’organisme. Elle est située dans le quadrant supérieur gauche de l’abdomen, sous le diaphragme, et elle est adjacente aux 9e, 10e et 11e côtes FIGURE 21.7. L’organe de couleur pourpre prend place sur le côté du rein gauche et derrière l’estomac. Sa taille et son poids peuvent varier, mais il ait habituellement 12 cm de long sur 7 cm de large. Sur le plan postérolatéral (surace diaphragmatique), la rate est arrondie et convexe ; sa bordure antéromédiale concave (surace viscérale) est creusée du hile qui accueille les vaisseaux sanguins et les ners qui parcourent la rate. Une artère splé nique (splên = rate) transporte le sang à la rate, et une veine splénique récupère le sang qui retourne au cœur.
Chapitre 21 Le système lymphatique
989
Flux sanguin Diaphragme Pulpe blanche et son artère centrale
Artère splénique
Pulpe rouge
Rate
Sinusoïde splénique
Veine splénique
Cordon splénique
Pancréas Rein gauche e
Flux sanguin
Foie (sectionné) A. Cavité abdominale, vue antérieure
Trabécule Capsule
C. Pulpe blanche et pulpe rouge rou de la rate
Pulpe blanche et son artère centrale Pulpe rouge Hile Artère splénique Veine splénique
MO 40 x
Trabécule
B. Rate, vue médiale
Capsule D. Histologie de la rate
FIGURE 21.7 Rate
❯ A. La photographie de l’intérieur d’un cadavre illustre l’emplacement de la rate dans le corps. Le pancréas est abaissé afn de mieux aire voir les vaisseaux spléniques. B. Photographie de la ace médiale de la rate où se
La rate est enveloppée d’une capsule de tissu conjoncti d’où émergent des trabécules qui sillonnent l’intérieur de l’organe. Cette capsule contient aussi des fbres musculaires lisses permettant à la rate de s’étirer et de se contracter, si nécessaire. En réalité, cela permet à cet organe d’emmagasiner du sang (rôle de réservoir) et de l’expulser, au besoin. La rate est dépourvue de cortex et de médulla. Les trabécules délimitent des zones de pulpe blanche et des zones de pulpe rouge. La pulpe blanche est ormée d’amas sphériques de lymphocytes T, de lymphocytes B et de macrophagocytes entremêlés à des fbres réticulaires. D’une certaine açon, cette pulpe est l’équivalent d’un ollicule lymphoïde pour les autres organes lymphoïdes. La pulpe blanche est parcourue d’une artère en son centre. Le reste du tissu constitue la pulpe rouge renermant des érythrocytes, des thrombocytes, des macrophagocytes et des lymphocytes B. Les cellules de la pulpe rouge sont enchevêtrées dans du tissu conjoncti réticulaire et orment les cordons spléniques
trouve le hile, point d’insertion de l’artère et de la veine spléniques ; C. dessin et D. micrographie de la rate révélant la disposition tissulaire microscopique de la pulpe rouge et de la pulpe blanche.
(ou cordons de Billroth). Les sinusoïdes spléniques, qui proviennent des ramifcations des artères centrales, traversent la pulpe rouge. Les sinusoïdes sont des capillaires très perméables dont la membrane basale est discontinue, de sorte que les cellules sanguines peuvent acilement traverser la paroi vasculaire (voir le chapitre 20). Les sinusoïdes se jettent dans de petites veinules qui débouchent dans une veine splénique. Il est important de se rappeler que la pulpe blanche est associée aux lymphocytes (globules blancs), tandis que la pulpe rouge est associée aux érythrocytes (globules rouges) et à leur destruction. Les thrombocytes emmagasinés dans la pulpe rouge constituent un réservoir renermant environ 30 % de l’ensemble des thrombocytes. Dans certaines situations où il est nécessaire de mobiliser des thrombocytes (p. ex., en cas d’hémorragie), ceux stockés dans la rate retournent dans la circulation sanguine (voir la section 18.3.4).
990 Partie IV Le maintien et la régulation À votre avis 2. En cas d’accident de la route, quel danger y a-t-il pour
la rate si la ceinture de sécurité repose sur l’abdomen plutôt que sur le bassin du conducteur ? Quelles seraient les conséquences d’une ablation de la rate (splénectomie) ?
21.4.2.2 Les fonctions de la rate Contrairement aux nœuds lymphatiques, la rate nettoie le sang, non pas la lymphe. Les lymphocytes et les macrophagocytes de la pulpe blanche surveillent le sang qui entre dans la rate et qui circule dans les artères centrales à la recherche de substances étrangères (p. ex., des débris cellulaires et des microorganismes pathogènes). Le sang de l’artère centrale se dirige vers les capillaires sinusoïdes de la pulpe rouge. Au cours de son passage dans les sinusoïdes, le sang est en contact avec des macrophagocytes situés dans le réseau de fbres réticulaires des cordons spléniques de la pulpe rouge. Ces cellules, dont plusieurs tapissent les sinusoïdes, phagocytent les bactéries et les substances étrangères présentes dans le sang ainsi que les érythrocytes et les thrombocytes âgés et aaiblis. Durant la destruction des vieux érythrocytes, la rate récupère le er, qui sera transporté éventuellement vers la moelle osseuse rouge en vue de la synthèse de l’hémoglobine (voir le chapitre 18). Ainsi, la circulation du sang dans la rate va comme suit : artère splé nique → artères centrales de la pulpe blanche → sinusoïdes spléni ques de la pulpe rouge → veinules drainant les sinusoïdes → veine splénique en fn de parcours (voir la fgure 21.7C). En bre, la rate exerce plusieurs onctions : 1) la phagocytose de bactéries et d’autres substances étrangères présentes dans le sang comme moyen de déendre l’organisme (pulpe rouge et pulpe blanche) ; 2) la phagocytose des érythrocytes et des thrombocytes âgés et déectueux (pulpe rouge) ; 3) un réservoir de thrombocytes (pulpe rouge) ; 5) un rôle majeur dans la capture des antigènes apportés par le sang et dans la production subséquente de réponses immunitaires (proliération des lymphocytes) grâce à la pulpe blanche. À compter du cinquième mois de grossesse, la rate du œtus participe à la ormation des cellules sanguines ; cette onction est remplie par la moelle osseuse une ois l’enant né. Cette capacité de production de cellules sanguines demeure latente, mais elle peut être réactivée dans certaines circonstances. Enfn, la rate est aussi un réservoir de monocytes. En eet, des études récentes ont montré qu’après un inarctus du myocarde, certains monocytes seraient les premières cellules à infltrer le tissu myocardique endommagé. Ces monocytes proviendraient de la rate et participeraient à la destruction et au recyclage des tissus nécrosés (Swirski, Nahrendor, Etzrodt et al., 2009 ; Ting & Pamer, 2009).
Vérifiez vos connaissances 9. Quelles sont les onctions générales de la rate ? Pour
chacune d’elles, précisez si c’est la pulpe rouge ou la pulpe blanche qui entre en jeu. 10. Quelles structures lymphoïdes fltrent la lymphe ?
Quelle est celle qui fltre le sang ?
INTÉGRATION APPLICATION CLINIQUE
La splénectomie La splénectomie consiste en l’ablation chirurgicale de la rate. L’intervention est exécutée pour divers motis, notamment en raison d’une inection splénique grave, de la présence de kystes ou d’une tumeur, d’un lymphome de Hodgkin ou d’un autre cancer, ou de troubles hématologiques (p. ex., la drépanocytose). Cependant, une rupture de la rate consécutive à une blessure abdominale représente le moti le plus courant de cette intervention, qui est touteois plus rare qu’autreois, car la rate a un bon pouvoir de régénération. En cas de splénectomie, d’autres organes lymphoïdes, la moelle osseuse et le oie prennent le relais et exercent nombre des onctions de la rate. Cependant, la personne sera vulnérable aux inections graves qui risquent de mettre sa vie en danger. Voilà pourquoi il est recommandé aux personnes ayant subi cette intervention chirurgicale de se aire vacciner contre la grippe et la pneumonie, et de se soumettre à une antibiothérapie de longue durée.
21.4.3 6
Les amygdales
Indiquer les principaux groupes d’amygdales, leur emplacement et leur onction.
Les amygdales (amygdala =amande) (ou tonsilles) sont des structures lymphoïdes secondaires qui ne sont pas complètement entourées d’une capsule de tissu conjoncti. Il existe trois principaux types d’amygdales. L’amygdale pharyngienne, située dans la paroi postérieure du nasopharynx, devient une végétation (ou ormation) adénoïde (adên = glande) quand elle ene. Les amyg dales palatines sont situées dans la région postérolatérale de la cavité orale, alors que les amygdales linguales longent le tiers postérieur de la langue FIGURE 21.8. Moins importantes, les amygdales tubaires se trouvent autour des ouvertures des trompes auditives situées dans le pharynx. Les amygdales protègent l’organisme contre les substances étrangères inhalées ou ingérées. Les amygdales sont tapissées d’un épithélium stratifé squameux. Les replis de cet épithélium orment les cryptes amygda laires (ou tonsillaires) qui accroissent la surace des amygdales et acilitent la capture de substances étrangères. En eet, en ce qui a trait aux amygdales palatines et linguales, la salive pénètre dans ces cryptes, apportant avec elle des particules et des agents pathogènes. Ces particules sont endocytées par des cellules épithéliales particulières appelées cellules M (membraniormes). Ces dernières présentent les particules étrangères aux lymphocytes situés dans les ollicules lymphoïdes du tissu conjoncti sous-jacent. Certains ollicules lymphoïdes sont dotés de centres germinatis dans lesquels prolièrent les lymphocytes.
Vérifiez vos connaissances 11. Quels sont les trois principaux groupes d’amygdales
et quelle est leur onction ?
Chapitre 21 Le système lymphatique
Centres germinatifs
Amygdale pharyngienne
A. Amygdales
Follicule lymphoïde Cryptes amygdalaires
Centre germinatif
MO 40 x
MO 5 x
Amygdale palatine Amygdale linguale
991
B. Amygdale
C. Follicules lymphoïdes d’une amygdale
FIGURE 21.8 Amygdales ❯ A. Les amygdales sont situées dans la paroi du pharynx. B. Micrographie des cryptes amygdalaires qui emprisonnent les substances étrangères et des centres germinatis ; C. micrographie des ollicules lymphoïdes des amygdales.
INTÉGRATION APPLICATION CLINIQUE
L’amygdalite et l’amygdalectomie DÉSÉQUILIBRE HOMÉOSTATIQUE
Les amygdales ont pour onction de protéger le pharynx contre l’inection. L’amygdalite aiguë est une inammation et une inection des amygdales. Le plus souvent, ce sont les amygdales palatines qui sont touchées. Les amygdales rougissent, enent et, dans des cas graves, elles obstruent partiellement le pharynx, provoquant ainsi une détresse respiratoire. L’inection peut être causée par un virus comme un adénovirus ou une bactérie (p. ex., un streptocoque). L’amygdalite streptococcique se caractérise par des amygdales d’un rouge vi parsemées de taches blanchâtres (exsudat blanchâtre). La fèvre, les rissons, le mal de gorge et une difculté à avaler sont des symptômes de l’amygdalite. Des inections persistantes ou récurrentes peuvent occasionner l’enure permanente des amygdales, une aection appelée amygdalite chronique. Si le traitement médical se révèle inefcace, l’ablation chirurgicale (amygdalectomie) peut être indiquée. L’ablation des amygdales est recommandée en cas d’apnée obstructive du sommeil, de ronements, d’amygdalites chroniques, récurrentes ou graves, de grosses amygdales rendant la
21.4.4
Les follicules lymphoïdes diffus et les tissus lymphoïdes associés aux muqueuses
7
Décrire la composition du ollicule lymphoïde.
8
Préciser l’emplacement respecti des ormations de tissus lymphoïdes associées aux muqueuses et des ollicules lymphoïdes agrégés.
Les follicules lymphoïdes diffus et les tissus lymphoïdes associés aux muqueuses (MALT) représentent le dernier groupe de
déglutition difcile et d’abcès des amygdales. Les troubles respiratoires du sommeil (des ronements jusqu’à l’apnée obstructive du sommeil) sont la raison la plus réquente de l’amygdalectomie chez les enants de moins de 15 ans. L’ablation des végétations adénoïdes, quant à elle, est indiquée dans les cas de congestion chronique du nez, d’inections persistantes et récurrentes des oreilles, de sinusites persistantes et aussi dans les cas d’apnée obstructive du sommeil. La recherche indique que l’amygdalectomie n’altère pas vraiment la réaction de l’organisme à l’inection (Hôpital de Montréal pour enants, 2009).
Amygdalite
structures lymphoïdes secondaires. Ces amas de tissu lymphoïde relativement petits sont répartis dans tout le corps.
21.4.4.1 Les follicules lymphoïdes diffus Le follicule lymphoïde est un petit amas de lymphocytes de forme ovale comprenant une matrice extracellulaire ; il n’est pas complètement entouré d’une capsule de tissu conjonctif. Ces follicules lymphoïdes éparpillés constituent le tissu lymphoïde dif fus, qui est présent dans tous les organes. Ce dernier participe à la défense de l’organisme contre l’infection. Dans certaines régions, un grand nombre de follicules lymphoïdes se rassemblent en une structure plus imposante, les formations MALT.
992 Partie IV Le maintien et la régulation 21.4.4.2 Les tissus lymphoïdes
associés aux muqueuses Les tissus lymphoïdes associés aux muqueuses (MALT, de mucosa-associated lymphoid tissue) logent dans la lamina propria (voir la section 5.6.2) des muqueuses gastro-intestinale, respiratoire, génitale et urinaire. Les lymphocytes de ces ormations participent à la déense de l’organisme contre des substances étrangères qui entrent en contact avec la muqueuse. Les particules étrangères sont captées par des cellules M de l’épithélium de la muqueuse et sont présentées aux lymphocytes du ollicule lymphoïde sous-jacent. Ces ormations sont importantes dans la muqueuse de l’intestin grêle, principalement dans l’iléon. À cet endroit, la conuence de plusieurs ollicules lymphoïdes crée les follicules lymphoïdes agrégés (ou plaques de Peyer), de vastes amas de ollicules qui se projettent dans la lumière intestinale. Il y a aussi une grande concentration de ces ormations dans la paroi de l’appendice vermiforme, une ramifcation en orme de tube attachée au cæcum, la première partie du gros intestin (voir la section 26.3.4). La FIGURE 21.9 illustre le rôle du système lymphatique, qui collabore avec le système cardiovasculaire dans le maintien de l’équilibre hydroélectrolytique en dirigeant dans la circulation sanguine le liquide qui s’accumule dans l’espace interstitiel, et avec le système immunitaire, en participant à la déense de l’organisme contre des substances potentiellement nocives.
perdent ensuite leurs liens avec les veines dont ils sont issus. Des cellules mésenchymateuses envahissent les sacs lymphatiques afn de ormer des regroupements de nœuds lymphatiques. Les sacs lymphatiques jugulaires apparaissent d’abord à la base du cou, aux jonctions des veines jugulaires internes et subclavières. Des réseaux de capillaires lymphatiques issus de ces sacs lymphatiques s’étendent ensuite au cou, à la tête, au thorax et aux membres supérieurs. Les liens entre les sacs lymphatiques et les veines subclavières demeurent, ce qui orme la partie supérieure du conduit thoracique du côté gauche et le conduit lymphatique droit. Le sac lymphatique rétropéritonéal prend naissance à la racine du mésentère, à partir de la veine cave inérieure primitive et des veines des reins embryonnaires (mésonéphros). Des réseaux de vaisseaux lymphatiques issus de ce sac lymphatique se développent alors vers les organes abdominaux, jusqu’au diaphragme. Pendant ce temps, la citerne du chyle se orme sous le diaphragme et contre la paroi abdominale dorsale. La partie inérieure du conduit thoracique prend naissance dans cette citerne. Les deux sacs lymphatiques postérieurs, à partir desquels des réseaux de vaisseaux lymphatiques se développent vers la paroi abdominale, les organes de la région pelvienne ainsi que les membres inérieurs, sont issus des veines iliaques.
Vérifiez vos connaissances 12. Quelle est la fonction des MALT du tube digestif, des
voies respiratoires, du système génital et des voies urinaires ?
21.5.2
2
21.5 La formation du système
lymphatique et des structures lymphoïdes
21.5.1
1
La formation du système lymphatique
Décrire la formation des structures du système lymphatique.
La ormation des structures du système lymphatique commence vers la fn de la cinquième semaine du développement embryonnaire. De açon générale, à partir du mésoderme, et plus précisément des veines en ormation, apparaissent les sacs lymphatiques à partir desquels les vaisseaux lymphatiques se développent. La plupart des vaisseaux lymphatiques
La formation des structures lymphoïdes
Décrire l’origine des structures lymphoïdes.
Le thymus se orme à partir de deux tissus embryonnaires : l’endoderme et l’ectoderme de la région du pharynx. Il est le premier organe lymphoïde ormé. Une ois détaché du pharynx, il migre vers la région du médiastin où il se ait infltrer par des lymphocytes immatures en provenance des tissus hématopoïétiques de l’embryon (sac vitellin, oie, rate et, vers le septième mois, moelle osseuse du œtus). Le thymus continue son développement durant l’enance. Les autres structures lymphoïdes dérivent de cellules mésenchymateuses du mésoderme qui migrent ensuite vers des sites particuliers. Par exemple, la rate est ormée à partir des cellules mésenchymateuses situées entre les euillets du mésentère dorsal commun à l’estomac. Le développement de la rate et des amygdales est terminé à la naissance. Pour les autres structures lymphoïdes (nœuds lymphatiques, appendice vermiorme, ormations MALT, ollicules lymphoïdes dius), le développement se poursuit en même temps que celui du système immunitaire.
INTÉGRATION
ILLUSTRATION DES CONCEPTS
FIGURE 21.9 Relation entre le système lymphatique et les systèmes cardiovasculaire et immunitaire ❯ Le système lymphatique collabore avec A. le système cardiovasculaire en redirigeant le liquide de l’espace interstitiel vers la circulation sanguine afn de maintenir l’équilibre hydoélectrolytique, le volume sanguin et la pression artérielle, ainsi qu’avec B. le système immunitaire en participant à la déense de l’organisme.
A. Structures lymphoïdes collaborant avec le système cardiovasculaire
B. Structures lymphoïdes collaborant avec le système immunitaire
Structures lymphoïdes primaires Troncs et conduits lymphatiques Circulation de la lymphe dans des vaisseaux lymphatiques de plus en plus gros, qui vont des capillaires, aux vaisseaux collecteurs, aux troncs et aux conduits lymphatiques ; déversement de la lymphe dans la circulation veineuse par les conduits lymphatiques
Moelle osseuse rouge Production des éléments figurés, y compris les lymphocytes, et lieu de maturation et de différenciation des lymphocytes B
Thymus Vaisseaux collecteurs lymphatiques
Nœud lymphatique
Lieu de maturation et de différenciation des lymphocytes T
Transport de la lymphe par les vaisseaux collecteurs lymphatiques à travers des nœuds lymphatiques qui surveillent la composition de la lymphe
Structures lymphoïdes secondaires
Vaisseaux chylifères Absorption des substances liposolubles du tube digestif par les vaisseaux chylifères qui sont les capillaires lymphatiques de l’intestin grêle
Capillaires lymphatiques Absorption du liquide interstitiel dans les capillaires lymphatiques
Nœuds lymphatiques Surveillance de la composition de la lymphe pour détecter des matières étrangères (p. ex., des bactéries et des virus)
Rate : pulpe blanche Surveillance de la composition du sang pour détecter des matières étrangères (p. ex., des bactéries et des virus)
Amygdales Protection contre des agents pathogènes aériens ou présents dans les aliments Rate : pulpe rouge Phagocytose des érythrocytes et des thrombocytes âgés et affaiblis du sang circulant ; réservoir de thrombocytes
Follicules lymphoïdes diffus et formations MALT Protection des organes (follicules lymphoïdes diffus) et des muqueuses (formations MALT) contre des substances potentiellement nocives
994 Partie IV Le maintien et la régulation
RÉSUMÉ DU CHAPITRE 21.1 L’organisation du système lymphatique – 978
• Le système lymphatique appuie les systèmes cardiovasculaire et immunitaire. • La lymphe circule dans les vaisseaux lymphatiques. 21.1.1
La lymphe et les capillaires lymphatiques .................................................................................. 978 • La lymphe est constituée de liquide interstitiel contenant les mêmes solutés que le plasma
sanguin, mais avec moins de protéines et, parois, des matières étrangères. La lymphe est absorbée dans les capillaires lymphatiques et transportée à sens unique par les vaisseaux lymphatiques en direction de la circulation sanguine. • Le capillaire lymphatique est un vaisseau qui prend naissance dans un tissu ; il est revêtu d’un
endothélium ormé de cellules épithéliales qui se chevauchent afn de réguler l’entrée de la lymphe. • La lymphe circule lentement grâce à un gradient de pression hydrostatique. Elle entre dans
les capillaires, sans aucune sélection de ses composants, par les disjonctions créées en raison du chevauchement des cellules endothéliales. La hausse de pression aux abords des cellules endothéliales de la paroi du capillaire lymphatique attire le liquide interstitiel dans le capillaire. Plus la pression du liquide interstitiel est importante, plus la quantité de liquide qui entre dans le capillaire est grande. 21.1.2
Les vaisseaux collecteurs, les troncs et les conduits lymphatiques ....................................... 981 • Les vaisseaux collecteurs lymphatiques naissent de la réunion de capillaires lymphatiques. Ils
sont dotés de valvules qui empêchent le reux de la lymphe. Le transport de la lymphe est acilité par les contractions des muscles squelettiques avoisinants, la pompe respiratoire, la pulsation du sang et la contraction rythmique des fbres musculaires lisses dans la paroi des plus gros vaisseaux lymphatiques. • Les troncs lymphatiques sont issus du regroupement de vaisseaux collecteurs lymphatiques ;
chacun draine la lymphe d’une région majeure. Ils se jettent dans l’un ou l’autre des deux conduits lymphatiques. • Le conduit lymphatique droit reçoit la lymphe du côté droit de la tête et du cou, du membre
supérieur droit et du côté droit du thorax. • Le conduit thoracique draine la lymphe du côté gauche de la tête et du cou, du membre supé-
rieur gauche, du thorax gauche et de toutes les régions situées sous le diaphragme.
21.2
• Les structures lymphoïdes primaires (moelle osseuse rouge et thymus) participent à la orma-
tion et à la maturation des lymphocytes.
Une vue d’ensemble des tissus et des organes lymphoïdes – 983
21.3
• Les structures lymphoïdes secondaires hébergent les lymphocytes et les autres cellules
immunitaires ; ce sont les lieux où s’enclenche la réponse immunitaire. Il s’agit des nœuds lymphatiques, de la rate, des amygdales, des ollicules lymphoïdes dius et des tissus lymphoïdes associés aux muqueuses (MALT). 21.3.1
La moelle osseuse rouge ............................................................................................................. 983 • La moelle osseuse rouge est un tissu conjoncti lâche réticulaire qui occupe les espaces entre
Les structures lymphoïdes primaires – 983
les trabécules de l’os spongieux de certains os du squelette, principalement les os plats du crâne, les vertèbres, les côtes, le sternum, les os coxaux et l’épiphyse proximale de l’humérus et du émur. • Elle produit tous les éléments fgurés du sang, y compris les lymphocytes B et les précur-
seurs des lymphocytes T. 21.3.2
Le thymus ...................................................................................................................................... 984 • Le thymus est un organe constitué de deux lobes situés dans le médiastin, au-dessus du
cœur. Jusqu’à la puberté, son activité est maximale, puis le thymus décline tant dans sa taille que dans son activité onctionnelle. • Les lymphocytes T achèvent leur ormation et leur diérenciation dans le thymus sous la sti-
mulation des hormones thymiques.
Chapitre 21 Le système lymphatique
21.4
995
• Les structures lymphoïdes secondaires peuvent se répartir en organes lymphoïdes, entière-
ment enveloppés d’une capsule, et en ollicules lymphoïdes, entourés d’une capsule incomplète ou sans capsule.
Les structures lymphoïdes secondaires – 985
• Les organes lymphoïdes comme les ollicules lymphoïdes se composent d’une matrice de
tissu conjoncti réticulaire contenant principalement des lymphocytes et des macro phagocytes. 21.4.1
Les nœuds lymphatiques ............................................................................................................. 985 • Les nœuds lymphatiques, nombreux et petits, sont des organes lymphoïdes encapsulés.
Chaque nœud lymphatique contient plusieurs vaisseaux lymphatiques aérents ainsi que un ou deux vaisseaux lymphatiques eérents. • Le nœud lymphatique comprend trois zones : 1) un cortex contenant plusieurs ollicules lym-
phoïdes avec des lymphocytes B et des macrophagocytes ; 2) un paracortex contenant des lymphocytes T et des macrophagocytes ; et 3) une médulla contenant des cordons médullaires avec des lymphocytes T et B ainsi que des plasmocytes et des macrophagocytes. • Les nœuds lymphatiques fltrent la lymphe et sont le lieu de proliération des lymphocytes à
la suite de leur stimulation par des substances étrangères. 21.4.2
La rate ............................................................................................................................................ 988 • La rate est le plus gros organe lymphoïde ; elle est située dans le quadrant supérieur gauche
de l’abdomen, sous le diaphragme, derrière l’estomac. Elle est aite de pulpe blanche et de pulpe rouge. • La pulpe blanche, qui entoure une artère centrale, est ormée de grappes de lymphocytes qui
déclenchent la réponse immunitaire au contact de substances étrangères circulant dans le sang. • La pulpe rouge est composée de cordons spléniques et de sinusoïdes qui renerment des
érythrocytes, des thrombocytes, des macrophagocytes et des lymphocytes B. • En plus de la réponse immunitaire, la rate détruit les érythrocytes et les thrombocytes âgés et
inaptes, et elle récupère le er de l’hémoglobine en vue de la ormation de nouveaux érythrocytes par la moelle osseuse rouge. La rate est aussi un réservoir de thrombocytes et de monocytes. Elle est le siège de l’érythropoïèse chez le œtus. 21.4.3
Les amygdales .............................................................................................................................. 990 • Les amygdales sont des ollicules lymphoïdes partiellement encapsulés et situés sous l’épi-
thélium stratifé squameux de la région du pharynx. Les principaux groupes sont l’amygdale pharyngienne, les amygdales palatines et les amygdales linguales. Elles protègent l’organisme des substances étrangères ingérées ou inhalées. 21.4.4
Les follicules lymphoïdes diffus et les tissus lymphoïdes associés aux muqueuses ............................................................................................................................. 991 • Les ollicules lymphoïdes dius sont éparpillés dans tous les organes du corps. Ils ne sont
pas complètement entourés par du tissu conjoncti. • Les ormations MALT consistent en de vastes groupes de ollicules lymphoïdes situés dans la
paroi du tube digesti, notamment dans les ollicules lymphoïdes agrégés de l’iléon et dans l’appendice vermiorme, ainsi que dans celle des voies respiratoires et urogénitales.
21.5
21.5.1
La formation du système lymphatique ........................................................................................ 992 • Les vaisseaux lymphatiques sont ormés dès la cinquième semaine du développement
La formation du système lymphatique et des structures lymphoïdes – 992
embryonnaire à partir du mésoderme, plus précisément à partir des sacs lymphatiques issus des veines en ormation. • À certains endroits, des cellules mésenchymateuses envahissent les sacs lymphatiques pour
ormer des groupes de nœuds lymphatiques. 21.5.2
La formation des structures lymphoïdes .................................................................................... 992 • Le thymus, issu de l’endoderme et de l’ectoderme, est le premier organe lymphoïde à être
ormé. Son développement se poursuit pendant l’enance. • Les autres structures lymphoïdes sont ormées à partir des cellules mésenchymateuses du
mésoderme. Seules la rate et les amygdales sont complètement ormées à la naissance. Le développement des autres structures lymphoïdes se poursuit en même temps que celui du système immunitaire.
996 Partie IV Le maintien et la régulation
AUTOÉVALUATION
Solutionnaire
Concepts de base 1
De quelle région provient la lymphe qui se déverse dans le conduit thoracique ?
c) L’organe est le lieu habituel de l’hématopoïèse à l’âge adulte.
a) Du membre inérieur droit.
d) L’organe élimine des substances potentiellement nocives, comme des bactéries et des virus provenant du sang.
b) Du membre supérieur droit. c) Du côté droit de la tête.
5
d) Du côté droit du thorax. 2
a) La rate et les nœuds lymphatiques.
Quelle est la onction du thymus ?
b) Les nœuds lymphatiques et le thymus.
a) Il sert de lieu de maturation aux lymphocytes T.
c) Le thymus et la rate.
b) Il fltre la lymphe.
d) La moelle osseuse rouge et le thymus.
c) Il fltre le sang. d) Il produit les éléments fgurés du sang. 3
b) Les nœuds lymphatiques fltrent le sang. c) Il y a plus de vaisseaux lymphatiques aérents que de vaisseaux lymphatiques eérents. d) Les ollicules lymphoïdes contiennent des lymphocytes T en multiplication. 4
6
Énumérez les structures anatomiques du système lymphatique, notamment les vaisseaux lymphatiques, les structures lymphoïdes primaires et les structures lymphoïdes secondaires.
7
Décrivez la lymphe et tracez un schéma illustrant les structures qu’elle traverse dans sa trajectoire en direction de la circulation sanguine.
8
De quelles régions provient la lymphe que transporte le conduit lymphatique droit ?
9
Décrivez l’évolution anatomique du thymus avec l’âge.
Quel énoncé à propos des nœuds lymphatiques est exact ? a) La médulla est constituée d’un ensemble de ollicules lymphoïdes.
Les énoncés ci-dessous décrivent une onction de la rate, sau un. Lequel ?
Dans les paires ci-dessous, indiquez celle qui contient les deux structures lymphoïdes primaires.
10 Précisez les traits caractéristiques de la pulpe rouge
et de la pulpe blanche des points de vue anatomique et onctionnel.
a) L’organe phagocyte les érythrocytes âgés et inaptes. b) L’organe ait ofce de réservoir de thrombocytes.
Mise en application 1
Une tique s’est infltrée dans le cuir chevelu d’un jeune garçon. À la palpation, quels nœuds lymphatiques seront probablement enés ?
2
L’enant né sans thymus sera dépourvu de matures.
3
Une jeune emme blessée dans un accident de la route doit subir une splénectomie, car sa rate s’est rompue. Quelle conséquence majeure cette opération aura-t-elle sur sa vie ? Expliquez.
4
Quelle serait l’une des complications postopératoires de l’ablation de nœuds lymphatiques à la mastectomie ?
5
Expliquez comment l’exercice physique peut être bénéfque pour le drainage lymphatique des tissus.
3
Aux prises avec un mal de gorge, Marc se rend au service des urgences de l’hôpital. À l’examen, ses amygdales sont enées. Interrogé sur ce sujet, Marc indique que son mal de gorge dure depuis une semaine, mais que ses amygdales n’étaient pas enées auparavant. Il est inquiet à la perspective d’être hospitalisé pour se aire enlever les amygdales. Indiquez-lui les critères pour lesquels l’amygdalectomie est indiquée.
a) macrophagocytes b) lymphocytes B c) cellules dendritiques d) lymphocytes T
Synthèse 1
Le médecin diagnostique une mononucléose chez Arianne, une inection qui atteint les lymphocytes B. Il palpe le anc gauche d’Arianne, juste en dessous de la cage thoracique, pour savoir si un organe en particulier est ené, une complication possible de la mononucléose. Quel organe lymphoïde le médecin vérife-t-il et pour quelle raison cet organe serait-il ené ? Décrivez aussi l’anatomie et l’histologie de cet organe.
2
Julien a un nœud lymphatique ené le long du cou ; il craint que ce soit un lymphome. Expliquez le mode de propagation des cellules tumorales du nœud lymphatique.
LE SYSTÈME IMMUNITAIRE ET LA DÉFENSE DE L’ORGANISME
CHAPITRE
22
Adaptation française :
Matthieu Devito
LES IMMUNOLOGISTES-ALLERGOLOGUES…
DANS LA PRATIQUE
L’immunologie est une science biomédicale qui étudie les caractéristiques et les composantes du système immunitaire. Les immunologistes-allergologues et les chercheurs en analysent le fonctionnement et les défaillances, et poursuivent leurs recherches sur le traitement des troubles de l’immunité. Les hypersensibilités, notamment les allergies, constituent l’une des principales anomalies du système immunitaire. Les tests d’allergie consistent à placer des allergènes sur l’épiderme du dos ou du bras et à observer les réactions provoquées. L’apparition d’une éruption sur l’une des zones indique une réaction allergique à cette substance.
22.1
Une vue d’ensemble des maladies causées par des agents infectieux ....... 998
22.2
Une vue d’ensemble du système immunitaire ................................................. 999
22.3
22.2.1
Les cellules immunitaires et leur localisation ............................. 1000
22.2.2
Les cytokines .................................... 1001
22.2.3
Une comparaison entre l’immunité innée et l’immunité adaptative ........... 1002
L’immunité innée ....................................... 1003 22.3.1
Les barrières anatomiques et physiologiques ............................... 1003
22.3.2
Les déenses cellulaires ..................... 1003
22.3.3
Les protéines antimicrobiennes .......... 1007
22.3.4
L’inammation ................................... 1008 Animation
22.3.5 22.4
La fèvre ............................................ 1012
INTÉGRATION Illustration des concepts Immunité innée ...................................................... 1014
22.4.2
La structure générale des lymphocytes ................................ 1017
22.4.3
Les cellules présentatrices de l’antigène et les molécules du complexe majeur d’histocompatibilité ................ 1018
22.6
22.7.1
La réponse eectrice des lymphocytes T ............................. 1029
22.7.2
La réponse eectrice des lymphocytes B ............................. 1030
Les immunoglobulines ............................. 1030 22.8.1
La structure des immunoglobulines .... 1031
22.8.2
Les onctions des anticorps ................ 1031
La formation et la sélection des lymphocytes ....................................... 1024
22.8.3
Les classes d’immunoglobulines ........ 1033
22.5.1
La ormation des lymphocytes T ......... 1024
La mémoire immunologique et la réponse immunitaire ........................ 1035
22.5.2
La sélection des lymphocytes T .......... 1024
22.9.1
La mémoire immunologique ............... 1035
22.5.3
La diérenciation et la migration des lymphocytes T ............................. 1024
22.9.2
La mesure de la mémoire immunologique .................................. 1035
L’activation et la sélection clonale des lymphocytes ....................................... 1026
Une introduction à l’immunité adaptative ................................................... 1013
22.6.1
L’activation des lymphocytes T ........... 1026
22.6.2
L’activation des lymphocytes B ........... 1028
22.4.1
22.6.3
La recirculation des lymphocytes ........ 1028
Les antigènes .................................... 1013
22.8
La réponse effectrice au foyer de l’infection ............................................... 1029
Les événements de la vie des lymphocytes ................................ 1022
22.4.4 22.5
22.7
22.9
INTÉGRATION Illustration des concepts Immunité adaptative ............................................. 1036
22.9.3
L’immunité active et passive .............. 1038
Liens entre les systèmes lymphatique et immunitaire et les autres systèmes ............... 1042
998 Partie IV Le maintien et la régulation
22.1 Une vue d’ensemble
des maladies causées par des agents infectieux
1
Comparer les cinq grandes catégories d’agents inectieux.
2
Décrire les prions et nommer une maladie dont ils sont la cause.
Les agents infectieux sont des organismes causant des dommages à l’organisme hôte qu’ils envahissent et ils peuvent même causer la mort. Ces agents pathogènes se classent en cinq grandes catégories : les bactéries, les virus, les eumycètes, les protozoaires et les parasites multicellulaires. Les bactéries sont des organismes unicellulaires microscopiques ; mesurant de 1 à 2 micromètres (μm), elles sont entourées d’une paroi cellulaire rigide composée de peptidoglycane, c’est-à-dire un complexe moléculaire glucidique et peptidique. Les cellules bactériennes sont des procaryotes. Une cellule procaryote est une cellule dont le matériel génétique (acide désoxyribonucléique [ADN]) n’est pas contenu dans une enveloppe nucléaire. Ces cellules bactériennes sont plus simples et très diérentes des cellules humaines et des autres cellules vivantes, lesquelles sont des cellules eucaryotes. Ces dernières possèdent un vrai noyau, c’est-à-dire que leur matériel génétique est entouré d’une enveloppe nucléaire. Il existe plusieurs espèces de bactéries de ormes diérentes : les coccus (en orme de sphères), les bacilles (en orme de bâtonnets) et les spirilles (en orme de spirales). Bien que certaines bactéries soient pathogènes, c’està-dire qu’elles peuvent causer des maladies, ce n’est pas le cas pour la grande majorité d’entre elles. En eet, elles participent à l’équilibre des écosystèmes et ont partie intégrante de notre ore (p. ex., la ore intestinale). La virulence d’un microorganisme désigne sa capacité à provoquer une maladie grave. Plusieurs acteurs inuencent la virulence des bactéries. La présence de fmbriae (appendices fliormes) chez certaines espèces ou d’une capsule externe collante composée de polysaccharides chez d’autres espèces augmente l’adhérence aux suraces (muqueuses). La capsule externe protège la bactérie contre la phagocytose, ce qui a donc pour eet d’augmenter sa virulence. Certaines bactéries pathogènes peuvent causer des maladies en libérant des enzymes ou des toxines qui perturbent la onction des cellules. La bactérie Clostridium tetani en constitue un exemple (voir l’Application clinique intitulée « La paralysie musculaire et les neurotoxines », p. 406). Les virus ne sont pas des cellules. Beaucoup plus petits que les cellules bactériennes, ils ne mesurent qu’environ 0,001 μm. Ils sont constitués d’une capside protéique qui entoure et protège une molécule d’ADN ou d’acide ribonucléique (ARN). Il arrive aussi que la capside protéique de certains virus soit recouverte d’une enveloppe membraneuse, ce qui augmente leur pouvoir d’adhérence sur les cellules qu’ils inectent, et donc leur virulence. En eet, cette enveloppe avorise la pénétration du virus dans la cellule hôte. Les virus sont des parasites intracellulaires obligatoires, c’est-à-dire qu’ils doivent pénétrer dans une cellule
pour se reproduire. Dans le processus de reproduction virale, la cellule inectée doit synthétiser des copies de la molécule d’ADN ou d’ARN viral et de sa capside protéique. Les nouvelles particules virales ainsi ormées se multiplient dans les cellules inectées et dans les cellules avoisinantes qui sont inectées à leur tour. Généralement, le virus, ou la réponse immunitaire qu’il déclenche, fnit par détruire les cellules envahies. Certains virus sont oncogènes et entraînent une transormation cancéreuse des cellules, ce qui ne les tue pas. Par exemple, c’est le cas de certaines souches du virus du papillome humain qui cause le cancer du col de l’utérus. Les virus peuvent causer plusieurs maladies diérentes selon le type de cellules auxquelles ils s’attaquent. Parmi les maladies virales fgurent le rhume, la varicelle et le virus de l’immunodéfcience humaine (VIH). Les eumycètes sont des cellules eucaryotes dont la membrane plasmique est entourée d’une paroi cellulaire. Cette paroi rigide est composée d’un complexe glucidique diérent de celui de la paroi des bactéries. Cette catégorie regroupe les levures, les moisissures et les eumycètes multicellulaires, et ces deux derniers produisent des spores. Les enzymes protéolytiques libérées par les eumycètes permettent à ceux-ci de digérer des substances organiques afn d’absorber des nutriments. Cela cause une rougeur et entraîne un œdème de la région inectée. Dans les pays industrialisés, les mycoses (maladies causées par des eumycètes) les plus réquentes sont des inections superfcielles de la peau, du cuir chevelu ou des ongles, notamment la
TABLEAU 22.1 Caractéristique
Principales catégories d’agents infectieux Bactéries
Structure
Caractéristique cellulaire
Procaryotes
Caractéristiques importantes
Parasites intracellulaires et extra cellulaires ; production d’enzymes et de toxines par certaines bactéries
Maladies causées par cet agent
Inections à streptocoques (p. ex., la pharyngite streptococcique), inections à staphylocoques (p. ex., une intoxication alimentaire, une inection de plaies chirur gicales), tuberculose, syphilis, diphtérie, tétanos, maladie de Lyme, salmonelle, diarrhée à Clostridium difcile et anthrax
Chapitre 22 Le système immunitaire et la défense de l’organisme 999
dermatophytose (teigne) et le pied d’athlète. D’autres types de mycoses s’attaquent aux muqueuses (p. ex., les inections vaginales aux levures) ou peuvent causer des mycoses systémiques (p. ex., l’aspergillose aectant les poumons). Les protozoaires sont des cellules eucaryotes sans paroi cellulaire. Ces organismes unicellulaires sont mobiles à une phase de leur cycle vital. Ils sont généralement aquatiques, et l’inection de l’humain peut se aire par l’ingestion d’eau impropre à la consommation, de chairs de certains mollusques ou de poissons inectés, ou encore par l’intermédiaire de petits arthropodes (moustiques, puces, araignées). La malaria (causée par Plasmodium) et une orme de vaginite (causée par Trichomonas vaginalis) sont deux exemples d’inections causées par des protozoaires. Les parasites multicellulaires sont des organismes non microscopiques (leur taille dépasse 1 centimètre [cm]) se logeant dans un organisme hôte dont ils se nourrissent. Le ver solitaire, par exemple, inecte le tractus intestinal des humains et d’autres mammières. Un dernier agent pathogène est connu, mais il n’est pas encore classé : il s’agit des prions. Les prions sont de petits ragments de protéines qui inectent les tissus nerveux. La maladie de Creutzeldt-Jakob (équivalente de l’encéphalopathie spongiorme bovine ou maladie de la vache olle) en constitue un exemple. Cette maladie à prions peut être transmise des vaches aux humains par la consommation de viande contaminée. Les prions ne sont ni des cellules ni des virus ; les scientifques poursuivent leurs recherches sur leurs caractéristiques et leur mode d’action (Rokeach, 2011).
Le TABLEAU 22.1 présente un résumé descripti de toutes ces catégories ainsi qu’un exemple pour chacune.
Vérifiez vos connaissances 1. Quel type d’agent pathogène doit d’abord pénétrer
dans une cellule avant de se reproduire ? Quel type d’agent pathogène a une organisation cellulaire de type procaryote ?
22.2 Une vue d’ensemble
du système immunitaire
Le système immunitaire, par l’intermédiaire de cellules, de protéines plasmatiques et de sécrétions, protège constamment l’organisme contre l’ensemble des agents inectieux et d’autres substances étrangères, y compris les cellules, les tissus et les organes du non-soi (p. ex., les rejets de greons par l’hôte), ainsi que contre les cellules cancéreuses nouvellement ormées qui sont reconnues comme étant diérentes des cellules normales. De plus, le système immunitaire est davantage un système onctionnel qu’un système anatomique. Il se distingue des autres systèmes de l’organisme en ce qu’il n’est pas composé d’organes spécialisés qui lui sont propres. Il comporte plutôt de nombreuses structures moléculaires et cellulaires, réparties dans les tissus et les organes lymphoïdes (voir le chapitre 21), qui circulent dans l’ensemble du corps grâce aux systèmes cardiovasculaire et lymphatique.
Virus
Eumycètes
Protozoaires
Parasites multicellulaires
Agents qui ne sont pas des cellules ; ADN ou ARN entouré d’une capside de protéine et d’une enveloppe lipidique pour les virus enveloppés
Eucaryotes
Eucaryotes
Eucaryotes
Parasites intracellulaires obliga toires qui doivent pénétrer dans une cellule pour se reproduire
Production de spores ; libération d’enzymes protéolytiques
Parasites intracellulaires et extracellulaires qui perturbent les onctions cellulaires normales
Logés dans des organismes hôtes ; croissance en onction des nutri ments ournis par l’hôte
Rhume, influenza, poliomyélite, oreillons, rougeole, hépatite, gastroentérite (norovirus) rubéole, varicelle, herpès et VIH (qui cause le syndrome d’immunodéfcience acquise [sida]), diarrhée aiguë sévère (rotavirus)
Vaginite, érythème essier, eczéma marginé, pied d’athlète, inections aux levures, aspergillose et histoplasmose
Malaria, toxoplasmose, lambliase, amibiase, leishmaniose, tricho monase et maladie aricaine du sommeil
Inections parasitaires : ver solitaire, paragonimiase, douve, schistosome, ankylostome, trichine, ascaris, trichocéphale et oxyure
1000 Partie IV Le maintien et la régulation
22.2.1
1
Les cellules immunitaires et leur localisation
22.2.1.1 Les structures abritant les cellules
du système immunitaire
Énumérer les types de leucocytes appartenant au système immunitaire et décrire l’endroit où ils se trouvent.
Les leucocytes (ou globules blancs) se forment dans la moelle osseuse rouge (voir la section 18.3.3) avant de se retrouver dans la circulation sanguine et les tissus. Les leucocytes se divisent en trois catégories : 1) les granulocytes, qui se divisent eux-mêmes en trois types : les neutrophiles, les éosinophiles et les basophiles ; 2) les monocytes, qui deviennent des macrophagocytes lorsqu’ils quittent les vaisseaux sanguins et envahissent les tissus ; et 3) les lymphocytes, qui comprennent eux aussi trois types, soit les lymphocytes T, les lymphocytes B et les cellules tueuses naturelles (cellules NK).
La plupart des leucocytes se trouvent dans les tissus corporels, et non dans le sang. Ils se logent principalement dans les tissus lymphoïdes, dans certains organes, dans les couches épithéliales de la peau et des membranes muqueuses ainsi que dans les tissus conjonctifs FIGURE 22.1 : • Tissus lymphoïdes. Les lymphocytes T et B, les macrophagocytes et les cellules tueuses naturelles se trouvent dans les structures lymphoïdes secondaires : les nœuds lymphatiques (ou ganglions lymphatiques), la rate, les amygdales, les tissus lymphoïdes associés aux muqueuses (MALT) et les follicules lymphoïdes diffus (voir la section 21.4). • Organes. Les macrophagocytes se logent également dans d’autres organes ; certains tirent leur nom de l’organe qu’ils
Neutrophile
Lymphocyte T
Lymphocyte
Lymphocyte B Macrophagocyte
Monocyte
Cellule NK Éosinophile
Tissu lymphoïde (p. ex., les nœuds lymphatiques, la rate, les amygdales, les formations MALT)
Basophile
Macrophagocyte alvéolaire
Les leucocytes circulent dans le sang. Organes spécifiques (p. ex., les poumons)
Cellule dendritique
Tissu épithélial de la peau et des muqueuses Mastocytes
Tissu conjonctif dans l’ensemble du corps
FIGURE 22.1 Emplacement des principales cellules immunitaires
❯
Les cellules immunitaires circulent dans le sang, mais elles se trouvent principalement dans les tissus lymphoïdes, dans certains organes,
dans le tissu épithélial de la peau et des muqueuses ainsi que dans le tissu conjonctif de tout l’organisme.
Chapitre 22 Le système immunitaire et la défense de l’organisme 1001
occupent, par exemple les macrophagocytes alvéolaires des poumons et les microglies de l’encéphale. Les macrophagocytes fxes occupent un organe en permanence, alors que les macrophagocytes migrateurs se déplacent dans divers tissus. • Couches épithéliales de la peau et des muqueuses. Les cellules dendritiques se trouvent dans la peau et les muqueuses, et proviennent typiquement des monocytes. Lorsqu’elles se trouvent dans l’épiderme de la peau, elles portent le nom de macrophagocytes intraépidermiques (ou cellules de Langerhans) (voir la section 6.2.1). Ces cellules ingèrent les agents pathogènes sur la peau et les muqueuses, et migrent ensuite vers un nœud lymphatique par les vaisseaux lymphatiques qui drainent les tissus pour présenter l’intrus au système immunitaire. • Tissu conjonctif. Les mastocytes, des cellules semblables aux basophiles, sont présents dans les tissus conjonctis du corps, généralement dans les tissus adjacents aux petits vaisseaux sanguins (voir la section 5.3.1). Ils sont particulièrement abondants dans le derme de la peau et dans les muqueuses des parois des voies respiratoires, digestives et urogénitales. Les mastocytes sécrètent entre autres l’histamine, un vasodilatateur.
Vérifiez vos connaissances 2. Quels types de cellules immunitaires se logent dans
les tissus lymphoïdes ? Quels sont les deux types de cellules immunitaires se trouvant dans la peau et les muqueuses ?
22.2.2
Les cytokines
2
Défnir les cytokines et décrire leurs similitudes avec les hormones.
3
Nommer les grandes catégories de cytokines.
TABLEAU 22.2
Les cytokines (cellule, kinein= bouger) sont de petites protéines solubles produites par les composantes du système immunitaire ; elles servent à réguler et à aciliter l’activité de ce système. Étant des moyens de communication entre les cellules, les cytokines contrôlent le développement et le comportement des cellules immunitaires eectrices, assurent la régulation de la réponse inammatoire et, dans certains cas, constituent des armes de destruction cellulaire. Des découvertes récentes démontrent que les cytokines peuvent aussi inuencer d’autres cellules non immunitaires comme les cellules du système nerveux (Breton & Mao-Draayer, 2011). Une cytokine est libérée d’une cellule et se lie au récepteur spécifque d’une cellule cible ; son action est alors semblable à celle d’une hormone. Les cytokines peuvent agir sur la cellule dont elles ont été libérées (stimulation autocrine), sur les cellules avoisinantes (stimulation paracrine) ou sur d’autres cellules en circulant dans le sang pour produire des eets systémiques (stimulation endocrine). La stimulation continue est évitée grâce à la courte demi-vie des cytokines (voir la section 17.4.2). Bien que la classifcation des cytokines soit en constante évolution en immunologie, la méthode actuelle les regroupe en plusieurs catégories diérentes : les interleukines (IL), les acteurs de nécrose tumorale (TNF), les acteurs de croissance des colonies hématopoïétiques (CSF) et les interérons (IFN). Ces catégories sont présentées dans le TABLEAU 22.2 .
Vérifiez vos connaissances 3. Quelle est la défnition d’une cytokine ? Pourquoi
les cytokines sontelles comparées aux hormones ?
INTÉGRATION
STRATÉGIES D’APPRENTISSAGE
Une analogie avec le domaine militaire peut être utilisée pour décrire le rôle du système immunitaire dans la déense de l’or ganisme. Les cellules sont les soldats, les agents pathogènes sont les ennemis et les cytokines sont les moyens de commu nication et les armes servant à combattre l’inection.
Principales catégories de cytokines
Catégorie
Fonctions principales
Cellules productrices
Désignation
Exemples
Interleukines (IL)
Régulation des cellules immunitaires ; stimulent la diérenciation et la proliération des lymphocytes ; suppriment la réponse immunitaire.
Lymphocytes T, macro phagocytes et autres cellules
Abréviation IL, suivie d’un chire (il en existe une trentaine)
• IL1 • IL2 • IL4
Facteurs de nécrose tumorale (TNF)
Destruction des cellules tumorales ; stimulent la mort cellulaire par apoptose ; stimulent l’inflammation et le chimiotactisme des phagocytes.
Lymphocytes T, macro phagocytes, mastocytes
Abréviation TNF, suivie d’une lettre grecque
• TNFα • TNFβ
Facteurs de croissance des colonies hémato poïétiques (CSF)
Stimulent la leucopoïèse dans la moelle osseuse pour accroître la synthèse d’un type (colonie) de leucocytes en particulier.
Monocytes, macropha gocytes, fbroblastes et cellules endothéliales
Première lettre de la cellule ou des cellules régulées, suivie de l’abréviation CSF
• GCSF (granulocyte CSF) • GMCSF (granulocyte macrophagocyte CSF)
Interérons (IFN)
Deux classes : les IFNα et les IFNβ sont des agents antiviraux, et l’IFNγ est un agent proinflammatoire.
Leucocytes, fbroblastes et cellules inectées par un virus.
Abréviation IFN, suivie d’une lettre grecque
• IFNα
1002 Partie IV Le maintien et la régulation
22.2.3
4
Une comparaison entre l’immunité innée et l’immunité adaptative
Comparer l’immunité innée avec l’immunité adaptative.
Les cellules, les cytokines et les divers processus du système immunitaire sont regroupés en deux catégories diérentes selon le type d’immunité qu’ils procurent, soit l’immunité innée et l’immunité adaptative FIGURE 22.2 . Bien que ces deux types d’immunité protègent l’organisme des agents potentiellement nocis, ils dièrent sous plusieurs aspects selon le type de cellules qui y participent, la spécifcité de la réponse cellulaire, les mécanismes servant à éliminer les substances nocives et le délai de réponse.
22.2.3.1 Les particularités de l’immunité innée Certains mécanismes de déense du système immunitaire servent à protéger l’organisme contre de nombreuses substances. Comme ces mécanismes sont présents dès la naissance, ils appartiennent à l’immunité innée (ou immunité non spécifque). Ce type d’immunité englobe les barrières anatomiques et physiologiques (peau et muqueuses ainsi que leurs sécrétions) qui bloquent l’entrée aux substances nocives ainsi que les déenses internes non spécifques. Ces dernières comprennent les barrières cellulaires (p. ex., les phagocytes ingèrent les substances étrangères, et les cellules tueuses naturelles détruisent des cellules inectées par des virus ou des cellules tumorales) ainsi que les barrières chimiques (p. ex., les interérons, qui sont des substances antivirales, et le système du complément, qui est
constitué de protéines accentuant les réactions inammatoires et immunitaires). Enfn, l’immunité innée inclut des réponses physiologiques comme l’inammation, qui avorise la circulation sanguine dans la zone atteinte, et donc l’apport de cellules immunitaires et de protéines participant à la réparation tissulaire, ainsi que la fèvre, qui inhibe la croissance microbienne. Les structures et les mécanismes de l’immunité innée n’exigent aucune exposition préalable à une substance étrangère ; ils réagissent immédiatement à tout agent potentiellement dangereux.
22.2.3.2 Les particularités de l’immunité adaptative L’immunité adaptative (ou immunité spécifque ou immunité acquise) relève des lymphocytes T et des lymphocytes B qui réagissent spécifquement aux substances étrangères (ou antigènes) auxquelles l’organisme est exposé. Par exemple, un lymphocyte donné réagira au virus de la varicelle, mais non à la bactérie causant la pharyngite streptococcique. Les lymphocytes suppriment efcacement les substances étrangères. Cependant, bien que le processus soit mis en marche dès le premier contact, il aut normalement quelques jours pour que les mécanismes de l’immunité adaptative entrent en action. Ce laps de temps est nécessaire pour que le système immunitaire apprenne à reconnaître l’agent étranger et qu’il s’y adapte. Par contre, l’immunité adaptative a une action à long terme (la protection peut durer plusieurs années dans certains cas), ce qui signife que l’organisme possède une mémoire immunologique. Le système immunitaire était autreois défni comme étant un système onctionnel composé uniquement des lymphocytes et de leur réponse aux substances étrangères, ce qui correspond à ce qui est maintenant appelé l’immunité adaptative. Cette défnition a été modifée depuis que l’interdépendance entre l’immunité
Système immunitaire
Immunité innée
Immunité adaptative
Réponse immédiate à un large éventail de substances
Réponse différée à des antigènes spécifiques
Barrières anatomiques et physiologiques : peau et muqueuses ainsi que leurs sécrétions (bloquent l’entrée d’un corps étranger)
Cellules (p. ex., les macrophagocytes et les autres phagocytes, les cellules tueuses naturelles)
Défenses internes non spécifiques
Substances chimiques (p. ex., les interférons, le système du complément)
Réponse physiologique (p. ex., l’inflammation, la fièvre)
Lymphocytes T (immunité cellulaire)
Lymphocytes T auxiliaires (activent les autres lymphocytes et les cellules NK)
Lymphocytes B (immunité humorale)
Lymphocytes T cytotoxiques (détruisent les cellules étrangères ou infectées)
Plasmocytes (synthétisent et libèrent des anticorps)
FIGURE 22.2 Vue d’ensemble du système immunitaire
❯ Le système immunitaire regroupe deux composantes complémentaires dont les onctions se recoupent : l’immunité innée, déclenchée dès sa mise en
contact avec un large éventail de substances, et l’immunité adaptative, désignant une réponse diérée à un antigène spécifque.
Chapitre 22 Le système immunitaire et la défense de l’organisme 1003
adaptative et l’immunité innée est mieux connue ; elle inclut maintenant les structures et les processus relatis aux deux types d’immunité (Mayer & Hudrisier, 2012). Bien que les immunités innée et adaptative soient traitées séparément dans le présent chapitre, leurs onctions de déense sont intimement liées.
Vérifiez vos connaissances 4. Quelles sont les cellules de l’immunité adaptative ?
22.3 L’immunité innée L’immunité innée englobe les structures et les processus qui bloquent l’entrée de substances potentiellement dangereuses et qui réagissent de açon non spécifque à un vaste éventail de ces substances potentiellement dangereuses une ois qu’elles ont pénétré dans l’organisme ; ce sont les déenses internes non spécifques (voir la fgure 22.2). Les déenses innées agissent rapidement pour neutraliser les corps étrangers, ce qui laisse le temps à l’immunité adaptative de s’installer, puisqu’elle est plus lente à se déployer. Si l’organisme est une orteresse, la peau et les muqueuses en constituent la première ligne de défense, alors que les processus internes de l’immunité innée correspondent à la deuxième ligne de défense. Ces déenses internes comprennent notamment : 1) l’activité de divers types de cellules, dont les neutrophiles, les macrophagocytes et les cellules tueuses naturelles ; 2) les substances chimiques telles que les interérons et le système du complément ; 3) les processus physiologiques comme la réponse inammatoire et la fèvre.
22.3.1
Les barrières anatomiques et physiologiques
bactéries pathogènes telles que Salmonella et Shigella, toutes deux responsables de coliques et de diarrhées. Le TABLEAU 22.3 résume les divers mécanismes utilisés par la peau, les muqueuses et les autres structures pour bloquer l’entrée des agents pathogènes. Ces mécanismes de déense sont normalement très efcaces. Cependant, en présence d’un nombre sufsant de microorganismes ou d’un aaiblissement de ces barrières (p. ex., dans le cas d’une plaie ou d’une brûlure), les microorganismes peuvent s’infltrer dans les tissus conjonctis internes et provoquer une inection. C’est à ce moment que les processus internes de l’immunité innée (deuxième ligne de déense) et de l’immunité adaptative (troisième ligne de déense) entrent en action pour éliminer l’agent inectieux.
Vérifiez vos connaissances 5. Quel rôle jouent la peau et les muqueuses dans
la défense de l’organisme ?
22.3.2 2
Les défenses cellulaires
Décrire les six types de cellules participant à l’immunité innée.
Les cellules de l’immunité innée sont les neutrophiles et les macrophagocytes, les basophiles et les mastocytes ainsi que les cellules tueuses naturelles et les éosinophiles (voir la section 18.3.3). La structure et les onctions de chaque type de cellule sont décrites ci-après. La consultation de la FIGURE 22.3 durant la lecture de cette section acilite la compréhension de ces notions.
22.3.2.1 Les neutrophiles et les macrophagocytes 1
Décrire les barrières physiques, chimiques et biologiques bloquant l’entrée des substances nocives dans l’organisme.
Le tissu épithélial de l’épiderme et le tissu conjoncti du derme constituent une barrière physique que peu de microorganismes peuvent traverser lorsque la peau est intacte. De plus, les cellules de la peau libèrent certaines substances antimicrobiennes, dont le lysozyme, le sébum, le cérumen (peau du conduit auditi), les défensines, la dermicidine et l’immunoglobuline A (IgA). De plus, des microorganismes non pathogènes, constituant la ore normale cutanée, se logent sur la peau et empêchent la croissance de microorganismes pathogènes. Les muqueuses tapissant les cavités corporelles libèrent aussi des IgA et produisent la mucine qui, une ois hydratée, orme du mucus. Des bactéries inoensives (dites de la ore normale ou microbiote) vivent également dans les parois des diverses cavités corporelles s’ouvrant vers l’extérieur et empêchent la croissance d’autres bactéries potentiellement pathogènes. Par exemple, dans le côlon, des bactéries de la ore normale comme Escherichia coli, des entérocoques et des staphylocoques limitent l’installation de
Les neutrophiles sont les leucocytes les plus nombreux dans le sang ; ils sont les premiers à se maniester au moment de la réponse inammatoire (voir la section 22.3.4). Les macrophagocytes sont des cellules se trouvant dans les tissus conjonctis ; ils se maniestent au début de la réponse inammatoire, mais après les neutrophiles, et ils demeurent plus longtemps sur le site de l’inection (voir la fgure 22.3A). À titre de rappel, les monocytes se transorment en macrophagocytes lorsqu’ils quittent les vaisseaux sanguins et pénètrent dans les tissus conjonctis (voir la section 18.3.3). Les neutrophiles et les macrophagocytes ingèrent par phagocytose les substances indésirables, notamment les agents inectieux et les débris cellulaires (voir la section 4.3.3). Après l’endocytose, la vésicule contenant la substance dangereuse, soit le phagosome, usionne avec un lysosome et orme un phagolysosome. Dans ce phagolysosome, les enzymes digestives ournies par le lysosome procèdent à la digestion chimique des substances indésirables (voir la section 4.5.1). La destruction des microorganismes et des virus est acilitée par la production de molécules contenant de l’oxygène réacti, comme l’oxyde nitrique, le peroxyde d’hydrogène, le superoxyde et
1004 Partie IV Le maintien et la régulation TABLEAU 22.3 Première ligne de défense : le blocage des agents pathogènes Structures, substances ou processus
Description
Fonctions
Épiderme ; derme
Épithélium stratifé squameux kératinisé ormant l’épiderme ; tissu conjoncti aréolaire dense irrégulier ormant le derme
Forme une barrière physique, chimique et biologique à la surace du corps.
Flore normale cutanée
Flore commensale, y compris des bactéries non pathogènes
Prévient la croissance de microorganismes pathogènes.
Desquamation (exoliation)
Détachement par petites plaques des cellules épidermiques
Enlève les microorganismes pathogènes qui pourraient se trouver à la surace de la peau.
Acide hyaluronique
Mucopolysaccharide d’une consistance gélatineuse situé dans le tissu conjoncti aréolaire du derme
Ralentit la migration des microorganismes qui ont pénétré dans l’épiderme.
Sécrétions des glandes sébacées (sébum)
Sécrétions contenant de l’acide lactique et des acides gras
Produisent un pH acide (35) perturbant la croissance des microorganismes.
Sécrétions des glandes sudori pares (sueur)
Sécrétions contenant du lysozyme, des déensines, de la dermicidine et de petites quantités d’IgA
Éliminent les microorganismes ; contiennent des substances antibactériennes et antiongiques.
Tissu épithélial et conjoncti
Revêtement des voies respiratoires, digestives et urogénitales
Forme une barrière physique, chimique et biologique pour les structures corporelles exposées à l’environ nement externe.
Flore normale de la muqueuse
Flore commensale, y compris des bactéries non pathogènes qui aident à prévenir la croissance de microorganismes pathogènes
Aide à prévenir la croissance des bactéries pathogènes.
Mucus
Sécrétion collante contenant du lysozyme, des déensines et des IgA
Les sécrétions épaisses aident à emprisonner les microorganismes ; contiennent des substances antimicrobiennes.
Sécrétions nasales
Sécrétions contenant du lysozyme, des déensines et des IgA
Contiennent des substances antimicrobiennes.
Poils
Poils des cavités nasales
Emprisonnent les microorganismes dans le nez et retiennent les poussières dans les narines.
Cils
Extensions des membranes plasmiques
Renvoient le mucus vers le haut (oropharynx) où il peut être expectoré ou avalé.
Toux et éternuement
Poussées d’air expiré
Assurent l’élimination mécanique des microorga nismes ou d’autres substances étrangères des voies respiratoires.
Salive
Sécrétion libérée dans la bouche par les glandes salivaires, contenant du lysozyme et des IgA
Élimine les microorganismes ; contient des substances antibactériennes.
Acide chlorhydrique (HCl)
Acide ort produit dans l’estomac
Produit un pH très acide (≈ 2) qui détruit plusieurs bactéries, des toxines bactériennes et d’autres microorganismes dans l’estomac.
Déécation et vomissement
Expulsion des déchets du tube digesti
Éliminent les microorganismes avant qu’ils atteignent le sang.
Urine
Urine ormée dans les reins ; acheminée hors de l’organisme par les voies urinaires
Le passage de l’urine dans les voies urinaires élimine les microorganismes qui peuvent s’y trouver.
Acide lactique
Acide produit dans le vagin par la flore bactérienne à partir du glycogène
Produit un pH acide (entre 4 et 5) qui ralentit ou empêche la croissance des microorganismes.
Peau
Muqueuses
Voies respiratoires
Voies digestives
Voies urogénitales
Les neutrophiles et les macrophagocytes phagocytent.
Chapitre 22 Le système immunitaire et la défense de l’organisme 1005 Ingestion de l’agent infectieux
TABLEAU 22.3
Première ligne de défense : le blocage des agents pathogènes (suite)
Structures, substances ou processus
Description
Macrophagocyte Lysosome Phagosome Destruction de l’agent infectieux par le phagolysosome
Fonctions
Sécrétions de la peau et des muqueuses Lysozyme
Enzyme antibactérienne
Déensines
Protéines de petite taille
Élimination Attaque la paroi cellulaire de certainesdes bactéries (bactéries Grampositives).résidus par exocytose A.
Produisent des pores dans la membrane plasmique des microorganismes, ce qui compromet leur intégrité. Les basophiles et les mastocytes sécrètent des substances su favorisant risant la réponse inflammatoire. Protéine de petite taille produite par la peau Est un agent antibactérien qui combat les bactéries Grampositives et Gramnégatives, ainsi qu’un agent Artériole antiongique. Vasodilatation Vasodi od d lat attati a on n Anticorps spécifque se trouvant dans les régions Se lie à une substance étrangère spécifque (antigène). Basophile exposées à l’environnement Histamine e Accroissement de la perméabilité Capillaire des capillaires à la surace des yeux ; Liquide produit par les glandes lacrymales, contenant Nettoie les microorganismes du lysozyme et des gA contient des agents antimicrobiens. Héparine H Hép arin ne e Sécrétion cireuse dans le méat auditi externe Imperméabilise le conduit auditi externe ; peut empri Anticoagulant Ant A n ico nt ccoagu gulant lan an nt sonner lesdes microorganismes dans l’oreille externe et Éicosanoïdes cosanoïd réduire la croissance de certains microorganismes. Veinule Ve Vei V eiin e Accroissement Ac A Acc cccroi o sse semen m td de e
Dermicidine
Immunoglobuline A (IgA) Autres sécrétions Liquide lacrymal (larmes) Cérumen
l’inflammation Les neutrophiles et les macrophagocytes phagocytent. Ingestion de l’agent infectieux
B. Les cellules tueuses naturelles déclenchent l’apoptose.
Macrophagocyte Lysosome Phagosome
Perforine et granzyme La perforine forme un pore transmembranaire.
Destruction de l’agent infectieux par le phagolysosome
Les granzymes pénètrent dans les pores et provoquent l’apoptose cellulaire.
Cellule NK
Élimination des résidus par exocytose
Cellule anormale ou étrangère
A. Les basophiles et les mastocytes sécrètent des su substances favorisant risant la réponse inflammatoire.
C.
Artériole
Les éosinophiles détruisent les parasites.
Vasodilatation Vasodi od d lat attati a on n Basophile Histamine e
Accroissement de la perméabilité des capillaires
Apoptose
Substances cytotoxiques Ver parasitaire
Capillaire
Héparine H Hép arin ne e Éicosanoïdes cosanoïd des
Anticoagulant Ant A n ico nt ccoagu gulant lan an nt
Accroissement Ac Acc A cc croi o sse semen m td de e l’inflammation
Éosinophile Veinule Ve Vei V eiin e
B.
D.
FIGURE 22.3
Les cellules tueuses naturelles déclenchent l’apoptose. ❯ Les cellules de l’immunité innée em Perforine et ploient plusieurs tactiques pour combattre les agents pathogènes, notam granzyme ment : A. la phagocytose (p. ex., les macrophagocytes), B. la sécrétion de La perforine forme un pore transmembranaire.
Cellules de l’immunité innée
substances accroissant l’inflammation (p. ex., les basophiles), C. la sécrétion de substances détruisant les cellules anormales par apoptose et D. la sécré tion de substances avorisant l’élimination des parasites.
1006 Partie IV Le maintien et la régulation
l’anion hypochlorite (OCl-) ; la libération de ces molécules constitue une stimulation du métabolisme oxydatif (ou ambée oxydative). Les résidus dégradés des substances ingérées sont ensuite libérés de la cellule par exocytose.
22.3.2.2 Les basophiles et les mastocytes Les basophiles et les mastocytes sont deux types de cellules pro-inammatoires sécrétant des substances chimiques (voir la fgure 22.3B). Les basophiles circulent dans le sang, et les mastocytes sont présents dans les tissus conjonctis de la peau, des muqueuses et de divers organes internes. Les substances sécrétées par les basophiles et les mastocytes, telle l’histamine, accroissent la vasodilatation et la perméabilité des capillaires sanguins, ce qui accélère le passage des liquides du sang vers les tissus endommagés (exsudat riche en protéines). De plus, les basophiles et les cellules lésées libèrent des substances chimiotactiques telles que les éicosanoïdes (prostaglandines et leucotriènes ; voir la section 17.3.2) et attirent ainsi les cellules immunitaires (neutrophiles, monocytes et lymphocytes) vers le liquide interstitiel du tissu lésé dans le but d’accroître la réponse inammatoire (voir la section 22.3.4). Pendant cette réponse inammatoire, les basophiles et les mastocytes libèrent l’héparine, un anticoagulant.
22.3.2.3 Les cellules tueuses naturelles Les cellules tueuses naturelles (ou cellules NK pour natural killer) détruisent un grand nombre de cellules indésirables, notamment celles qui sont envahies par un virus ou une bactérie, des cellules cancéreuses ou des tissus greés (voir la fgure 22.3C). Les cellules tueuses naturelles se orment dans la moelle osseuse, circulent dans le sang et s’accumulent dans les organes lymphoïdes secondaires (nœuds lymphatiques, rate et amygdales). Les cellules tueuses naturelles assurent la surveillance immunitaire de l’organisme en vue de détecter toute cellule anormale. Les cellules tueuses naturelles établissent un contact physique avec les cellules anormales et les détruisent en libérant des substances cytotoxiques. Parmi ces dernières fgurent la perforine, qui orme un pore transmembranaire dans les cellules à détruire, ainsi que les granzymes, qui pénètrent dans ce pore et déclenchent l’apoptose. L’apoptose est une orme de mort cellulaire dans laquelle la cellule n’est pas désagrégée (par la lyse), mais plutôt ragmentée puis phagocytée par les macrophagocytes, ce qui limite la propagation de l’agent inectieux (voir la section 4.9).
22.3.2.4 Les éosinophiles Les éosinophiles ciblent les parasites (voir la fgure 22.3D). Leurs mécanismes de destruction comprennent la dégranulation ainsi que la libération d’enzymes et d’autres substances (p. ex., des composés contenant de l’oxygène réacti, des neurotoxines) qui entraînent la mort des parasites. Comme les cellules tueuses naturelles, les éosinophiles peuvent libérer des protéines qui orment des pores transmembranaires servant à détruire les cellules d’un organisme multicellulaire.
Les éosinophiles participent également à la réponse immunitaire associée à l’asthme et aux allergies (voir l’Application clinique intitulée « Les hypersensibilités », p. 1039) ; ils s’engagent dans la phagocytose des complexes antigènes-anticorps.
INTÉGRATION LIENS ENTRE LES CONCEPTS La formule leucocytaire du sang ou la formule de sang com plète (FSC) (voir la section 18.3.3) exprime la proportion rela tive des divers leucocytes du sang et détermine si certains d’entre eux n’ont pas achevé leur différenciation. La formule leucocytaire permet de diagnostiquer plusieurs types d’infec tion, par exemple : • Une augmentation des neutrophiles est associée à une infection bactérienne aiguë. • La concentration en monocytes peut augmenter en pré sence d’un trouble inflammatoire chronique ou de la tuberculose. • Une augmentation des éosinophiles est déclenchée en réaction à une infection parasitaire. • Une augmentation du nombre de lymphocytes (leucocytose) est généralement associée à des infections virales ou à des infections bactériennes chroniques. À l’inverse, une baisse des lymphocytes leucopénie peut signaler une infection par le VIH (excepté au début de l’infec tion, le nombre de lymphocytes augmente) ou une septicémie (présence d’un nombre élevé d’agents pathogènes dans le sang).
INTÉGRATION
STRATÉGIES D’APPRENTISSAGE
Par analogie, les fonctions des cellules de l’immunité innée peuvent être comparées à des fonctions militaires : • Neutrophiles : les soldats de l’armée de terre ; ils par viennent les premiers sur le foyer de l’infection. • Macrophagocytes : les gros mangeurs ; ils constituent l’équipe de nettoyage qui arrive plus tard sur le site infecté ou endommagé et ils restent plus longtemps que les neutrophiles. • Basophiles et mastocytes : les armes chimiques ; ils s’engagent dans une guerre chimique et provoquent l’inflammation. • Cellules tueuses naturelles : les gardes de sécurité ; elles recherchent et détruisent les cellules indésirables. • Éosinophiles : l’artillerie lourde ; ils se déploient pour com battre les gros envahisseurs (parasites).
Vérifiez vos connaissances 6. Quelle est la différence entre les neutrophiles et
les macrophagocytes ? Quelle est la différence entre les basophiles et les mastocytes ? 7. De quelle façon les cellules tueuses naturelles
procèdentelles à l’élimination des cellules indésirables ?
Chapitre 22 Le système immunitaire et la défense de l’organisme 1007
22.3.3
Les protéines antimicrobiennes
3
Décrire les principales onctions des interérons.
4
Décrire le système du complément et la manière dont il est activé.
5
Décrire les quatre principaux moyens par lesquels le sys tème du complément participe à l’immunité innée.
Les protéines antimicrobiennes combattent les microorganismes ; elles ont partie du système immunitaire inné. Les plus importantes sont les interérons, les protéines du système du complément et la protéine C réactive. Produite par le oie durant une réaction inammatoire, cette dernière participe au marquage des agents pathogènes. Ainsi, elle se fxe aux polysaccharides bactériens, ce qui active le système du complément et permet leur phagocytose. Cette section décrit les interérons et le système du complément.
22.3.3.1 Les interférons Les interférons (IFN) constituent une classe de cytokines libérées par plusieurs cellules diérentes, dont les leucocytes et les fbroblastes. Les interérons procurent un mécanisme de déense non spécifque contre la propagation de plusieurs inections virales. Une cellule inectée par un virus est vouée à la destruction, que ce soit par le virus lui-même ou par les cellules immunitaires ; la cellule inectée contribue à prévenir la propagation du virus en libérant des interérons. Une ois libérés, les interérons produisent deux actions principales FIGURE 22.4 : • L’interéron se lie aux récepteurs des cellules voisines et empêche l’inection de ces cellules. Il déclenche la synthèse d’enzymes qui détruisent l’ADN ou l’ARN viral et inhibe la synthèse des protéines virales.
IFN Macrophagocytes (phagocyPerforine tose des cellules infectées)
IFN
Granzymes Cellule normale
Cellule NK (provoque l’apoptose)
Synthèse des enzymes perturbant la réplication virale
Apoptose
FIGURE 22.4 Effets de l’interféron
Les interérons produits par génie génétique sont utilisés comme thérapie antivirale, particulièrement en cancérologie ainsi que dans le traitement de la sclérose en plaques et de l’hépatite C.
22.3.3.2 Le système du complément La composition du système du complément Participant à l’immunité innée, le système du complément (ou complément) est l’un des groupes de substances antimicrobiennes les plus importants. Il est constitué d’au moins 30 protéines plasmatiques qui composent environ 10 % des protéines du sérum sanguin. L’ensemble de ces protéines orme le système du complément en raison de leur rôle complémentaire aux anticorps (des protéines produites par les lymphocytes B diérenciés ; voir la section 22.8). Les protéines du système du complément sont généralement identifées par la lettre C suivie d’un nombre (p. ex., C1, C2). Certaines portent d’autres noms : les acteurs B, D et P, ce dernier étant aussi appelé properdine.
L’activation du système du complément Le oie assure continuellement la synthèse et la libération de protéines inactives du système du complément dans le sang. Ces protéines sont activées par une cascade enzymatique. Ici, chaque acteur protéique catalyse l’étape suivante. Pour que ces protéines soient activées, il aut qu’elles soient dans le sang et qu’un agent pathogène s’y trouve également. Le déroulement de l’activation du système du complément se ait selon deux modes principaux d’activation : la voie d’activation classique et la voie d’activation alterne. Dans la voie d’activation classique, une protéine du système du complément se lie à un anticorps (voir la section 22.8.2) préalablement lié à une substance étrangère, l’antigène (p. ex., une partie de bactérie). Le complexe antigène-anticorps se lie alors à un complexe moléculaire ormé, dans l’ordre, des facteurs C1, C4 et C2. Cela entraîne l’activation du acteur C3.
Interféron
Cellule infectée par un virus IFN
• L’interéron stimule les macrophagocytes et les cellules tueuses naturelles qui détruisent les cellules inectées par le virus.
❯ L’interéron (IFN) constitue une classe de cytokines libérées par plusieurs cellules diérentes. Une cellule inectée par un virus libère de l’interéron ; ce dernier déclenche des modifcations antivirales dans les cellules avoisinantes afn de limiter la propagation de l’inection et stimule la destruction des cellules inectées par les macrophagocytes et les cellules tueuses naturelles.
Dans la voie d’activation alterne, les polysaccharides superfciels des parois cellulaires de certaines bactéries ou des eumycètes se lient directement aux protéines du système du complément. La présence d’un anticorps est essentielle à la voie classique, mais pas à la voie alterne. Le acteur C3 est activé par les acteurs B, D et P qui interagissent avec les polysaccharides de certains microorganismes. Dans les deux cas, il est important de noter que le facteur C3 activé est considéré comme la plaque tournante de l’activation du système du complément. Une ois activé, le acteur C3 est scindé en deux ragments : C3a et C3b. Ces acteurs eectuent alors des onctions biologiques variées.
Les fonctions biologiques du système du complément Le système du complément active plusieurs mécanismes de déense importants ; il est particulièrement efcace contre les inections bactériennes FIGURE 22.5.
1008 Partie IV Le maintien et la régulation
Système du complément
Mastocyte
Basophile
Neutrophile
Système du complément
C
Macrophagocyte
Le système du complément active et attire diverses cellules de l’immunité innée.
Antigène
Protéine du CAM
Agent pathogène Inflammation
Élimination des complexes immuns
Cytolyse
Opsonisation
Inflammation
C
Érythrocyte
Agent pathogène
Macrophagocyte Le système du complément se lie à l’agent pathogène et agit comme opsonine.
Les protéines du système du complément produisent le CAM et procèdent à la lyse de la cellule.
Anticorps Système du complément
Le système du complément établit une liaison croisée entre les complexes immuns (antigèneanticorps) et les érythrocytes afin qu’ils puissent être transportés vers le foie et la rate.
FIGURE 22.5 Système du complément
❯ Une ois activées, les protéines du système du complément (C) servent à protéger l’organisme grâce à divers mécanismes, dont l’accroissement de l’inflammation, l’opsonisation, la cytolyse des cellules cibles et l’élimination des complexes immuns.
• L’infammation. Le système du complément, par l’intermédiaire du ragment C3a, accroît la réponse inammatoire (voir la section 22.3.4) en activant les mastocytes et les basophiles, et en attirant les neutrophiles et les macrophagocytes. • L’opsonisation. Ce terme désigne la liaison d’une protéine (dans ce cas, le ragment C3b) à une partie de bactérie ou d’une autre cellule afn de avoriser la phagocytose. Cette protéine de liaison est une opsonine. L’enrobage du microorganisme par les ragments C3b augmente la probabilité que ce corps étranger soit ciblé et ingéré par des phagocytes. Par analogie, ce processus peut être comparé à l’enrobage d’un gâteau avec du glaçage afn de le rendre plus appétissant. En réalité, les molécules de C3b se comportent comme des sites de fxation pour les phagocytes. • La cytolyse. Le acteur C3b active d’autres protéines du système du complément, notamment les acteurs C5 à C9. Cela orme une structure moléculaire appelée complexe d’attaque membranaire (CAM). Le CAM se fxe sur la membrane plasmique du microorganisme cible, créant ainsi un trou par lequel l’eau entre massivement. Il y a alors cytolyse de la cellule cible. • L’élimination des complexes immuns. Le système du complément lie les complexes immuns (antigène-anticorps) aux érythrocytes (ou globules rouges) afn qu’ils puissent être transportés vers le oie et la rate. Les érythrocytes sont débarrassés de ces complexes par les macrophagocytes situés dans ces organes, et les érythrocytes continuent alors à circuler dans le sang.
INTÉGRATION
STRATÉGIES D’APPRENTISSAGE
L’acronyme OCIEL pourra vous aider à mémoriser les quatre mécanismes utilisés par le système du complément : Opsonisa tion, Cytolyse, Inflammation et Élimination du complexe immun.
Vériiez vos connaissances 8. Qu’estce que le système du complément ? Quels sont
les quatre principaux mécanismes par lesquels le sys tème du complément participe à l’immunité innée ?
22.3.4
L’infammation
6
Défnir l’inflammation et en décrire les principales étapes.
7
Expliquer ce qu’est l’exsudat et son rôle dans l’élimination des substances nocives.
8
Énumérer les principaux symptômes de l’inflammation et décrire les acteurs les provoquant.
L’infammation (ou réponse inammatoire) est un événement immédiat, local et non spécifque se produisant dans un tissu vascularisé, en réaction à un stimulus causant notamment une blessure, un traumatisme ou une agression microbienne. L’inammation peut se produire à la suite d’une égratignure, d’une piqûre d’abeille, d’une utilisation répétitive d’une structure corporelle (p. ex., le lanceur au baseball) ou de la libération d’enzymes protéolytiques par des eumycètes. Ce processus physiologique est la principale réponse eectrice de l’immunité innée. L’inammation contribue à éliminer la plupart des agents inectieux et des autres substances indésirables de l’organisme.
22.3.4.1 Les étapes de l’infammation Le processus inammatoire comporte quatre étapes FIGURE 22.6. La première étape se manieste par la libération des acteurs inammatoires et chimiotactiques. Les cellules des tissus
Chapitre 22 Le système immunitaire et la défense de l’organisme 1009
FIGURE 22.6 Infammation
❯ L’inflammation comporte quatre étapes comprenant la libération de substances chimiques, des changements vasculaires et l’approvisionnement en protéines plasmatiques. L’une des étapes importantes de l’inflammation est celle de la formation de l’exsudat, qui aide à nettoyer la zone blessée ou infectée.
Tissu endommagé
Bactéries
Formation de l’exsudat et nettoyage de la région infectée Exsudat
Phagocytose
Capillaire lymphatique Lymphe
Chimiotactisme Gradient chimique 1 Libération de facteurs inflammatoires et chimiotactiques Mastocytes
2 Changements vasculaires • Vasodilatation des artérioles • Augmentation de la perméabilité des capillaires • Production des molécules d’adhésion cellulaire
3 Mobilisation des cellules immunitaires • Margination • Diapédèse • Chimiotactisme
Margination
4 Libération de protéines plasmatiques
Augmentation de l’absorption de liquide par les capillaires lymphatiques
Diapédèse
Molécules d’adhésion cellulaire Basophile Neutrophile Neutro Neut Neu ophi phi
endommagés, les basophiles, les mastocytes ainsi que les organismes inectieux libèrent plusieurs substances chimiques, notamment l’histamine, les leucotriènes, les prostaglandines et le acteur chimiotactique. Le TABLEAU 22.4 présente une liste des diérentes substances de l’inammation ainsi qu’une description de leur rôle et de leur origine. La deuxième étape est celle des changements vasculaires. Les substances chimiques libérées entraînent diverses réactions dans les vaisseaux sanguins environnants, notamment la vasodilatation, l’augmentation de la perméabilité des capillaires et la stimulation de l’endothélium des capillaires pour qu’ils produisent des molécules servant à l’adhésion des molécules (molécules d’adhésion cellulaire).
La troisième étape consiste à recruter des leucocytes qui passeront du sang aux tissus inectés grâce aux processus suivants : • La leucocytose est une augmentation du nombre de leucocytes. Cette réaction est normale au cours d’une réponse inammatoire. Le nombre de neutrophiles peut augmenter de cinq ois en quelques heures. Les cellules lésées libèrent des substances qui avorisent la leucocytose (des kinines) afn de stimuler la pénétration de neutrophiles dans le sang à partir de la moelle osseuse. • La margination est le processus par lequel les molécules d’adhésion des leucocytes adhèrent aux molécules d’adhésion des cellules endothéliales des capillaires situés dans les tissus
1010 Partie IV Le maintien et la régulation TABLEAU 22.4
Substances chimiques de l’infammation
Substance
Rôles dans l’infammation
Cellules productrices
Histamine
• Vasodilatation • Accroissement de la perméabilité des capillaires • Conversion d’une protéine plasmatique inactive (kininogène) en peptides actis (kinines) • Libération au début de l’inflammation
Mastocytes, basophiles, thrombocytes (ou plaquettes)
Kinines (bradykinine et autres)
• Vasodilatation • Accroissement de la perméabilité des capillaires • Stimulation des récepteurs sensoriels de la douleur
Protéines plasmatiques produites par le oie et d’autres cellules telles que les kininogènes; activée par les tissus endommagés (deviennent des kinines actives lorsqu’elles sont clivées par des enzymes protéolytiques comme la kallicréine)
Leucotriènes (substance à réaction lente de l’anaphylaxie [SRSA])
• Eets semblables à ceux de l’histamine, mais leur libération arrive plus tard dans la réaction inflammatoire et leur durée est plus longue
Éicosanoïdes produits à partir des molécules d’acide arachidonique (type d’acide gras) provenant des mem branes plasmiques des mastocytes, des basophiles, des neutrophiles et d’autres types de cellules
Prostaglandines
• Vasodilatation • Fièvre
Éicosanoïdes produits à partir des molécules d’acide arachidonique provenant des membranes plasmiques des mastocytes, des basophiles, des neutrophiles et d’autres types de cellules
• Stimulation des récepteurs sensoriels de la douleur Facteur chimiotactique
• Selon les acteurs chimiotactiques spécifques libérés, attire un type particulier de cellule (p. ex., le acteur chimiotactique neutrophile attire les neutrophiles dès le début de la réponse inflammatoire; durant une inection parasitaire, le acteur chimiotactique éosinophile attire les éosinophiles)
Mastocytes
Sérotonine
• Eets semblables à ceux de l’histamine
Thrombocytes
Oxyde nitrique
• Vasodilatation • Inhibition possible des mastocytes et des thrombocytes
Endothélium des vaisseaux sanguins
α1antitrypsine
• Inhibition des dommages causés aux tissus conjonctis par des enzymes libérées par les phagocytes détruits
Protéines plasmatiques produites par le oie
Protéine C réactive
• Marqueur précoce de la réaction inflammatoire • Activation du système du complément grâce à leur liaison avec les polysaccharides à la surace des bactéries • Activation possible de la voie classique du système du complément en se liant aux anticorps, libérant des acteurs opsonisants et avorisant ainsi la phagocytose
Foie
endommagés. Par analogie, ce processus peut se représenter comme un velcro cellulaire. Les neutrophiles sont généralement les premiers à arriver, mais ils vivent peu longtemps ; ils sont suivis des macrophagocytes dont la durée de vie est plus longue. • La diapédèse est le processus par lequel les cellules quittent le sang en se auflant entre les parois cellulaires de l’endothélium des vaisseaux, généralement dans les veinules postcapillaires, pour migrer ensuite vers le oyer de l’inection (voir la section 18.3.3).
cellules immunitaires. Les cellules mobilisées participent également à la réponse inammatoire par la libération de cytokines spécifques, comme le acteur de croissance de colonies de granulocytes et de macrophagocytes (GM-CSF), qui stimulent la leucopoïèse (voir la section 18.3.1). Ce processus contribue à la hausse du nombre de leucocytes se produisant au cours d’une inection active. Les macrophagocytes peuvent également libérer des pyrogènes (p. ex., l’IL-1) qui provoquent la fèvre. Animation L’infammation
• Le chimiotactisme désigne la migration des cellules le long d’un gradient chimique (voir la section 18.3.3). Les substances chimiques libérées par les cellules endommagées ou mortes, ou celles libérées par les agents pathogènes, sont diusées vers l’extérieur et créent un gradient chimique qui attire les
Au cours de la quatrième étape, il y a libération de protéines plasmatiques. En eet, en plus des cellules immunitaires, certaines protéines plasmatiques spécifques, soit les immunoglobulines (voir la section 22.8), le système du complément (voir la section 22.3.3.2), les protéines de coagulation et les kinines,
Chapitre 22 Le système immunitaire et la défense de l’organisme 1011
sont acheminées au site inecté. Les protéines de coagulation permettent la ormation d’un caillot qui isole les microorganismes et empêche leur propagation dans le sang et les autres tissus (voir la section 18.4.3). Cependant, certaines espèces de bactéries peuvent dissoudre les caillots, ce qui avorise la propagation de l’inection. Les kinines sont produites à partir des kininogènes, des protéines plasmatiques inactives sécrétées par le oie et libérées dans le sang ainsi que dans de nombreuses cellules locales. Les kinines, y compris la bradykinine, produisent des eets semblables à ceux de l’histamine ; elles accroissent la perméabilité des capillaires et la production de molécules d’adhésion cellulaire par l’endothélium des capillaires. Les kinines assurent également la stimulation des récepteurs de la douleur ; ce sont les stimulus les plus importants de la douleur associée à l’inammation.
Les bactéries, les cellules hôtes endommagées et les neutrophiles agonisants sont ingérés et détruits par les macrophagocytes. Les fbroblastes se multiplient et synthétisent le collagène, amorçant la réparation des tissus par la ormation d’un nouveau tissu conjoncti. Ce processus peut également entraîner la ormation de tissu cicatriciel dans les cas de blessures graves.
INTÉGRATION APPLICATION CLINIQUE
L’application de glace dans les cas d’infammation aiguë L’application de glace est généralement conseillée dans les cas d’inflammation aiguë. La glace provoque la vasoconstric tion des vaisseaux sanguins, ce qui réduit la réponse inflam matoire et avorise le soulagement de la douleur.
INTÉGRATION APPLICATION CLINIQUE
Le pus et les abcès DÉSÉQUILIBRE HOMÉOSTATIQUE
La ormation du pus se produit normalement dans les cas d’in ection grave. Le pus est un exsudat contenant des agents pathogènes, des leucocytes détruits, des macrophagocytes et des débris cellulaires. Le pus peut être éliminé par le système lymphatique ou par la peau (pour les inections superfcielles). S’il n’est pas complètement éliminé, un abcès pourra se or mer sur la surace inectée ; dans ce cas, le pus est alors recou vert de fbres de collagène. Lorsqu’un abcès se orme, il aut généralement procéder à son ablation par une intervention chirurgicale.
22.3.4.2 Les eets de l’infammation Le mouvement net du liquide qui traverse les régions inectées, passant ainsi du sang à la lymphe, constitue l’une des conséquences les plus importantes de la réponse inammatoire. Une quantité plus grande de liquide, de protéines et de cellules immunitaires quitte les capillaires et pénètre dans l’espace interstitiel des tissus ; cette substance orme l’exsudat. En transportant les cellules et les substances nécessaires à l’élimination des agents inectieux, l’exsudat avorise la guérison. La présence d’une plus grande quantité de liquide interstitiel élève la pression hydrostatique et accroît l’absorption de liquide par les capillaires lymphatiques (voir la section 21.1.1). Cela se traduit souvent par un œdème du site d’inection. La nouvelle lymphe transporte les substances indésirables, notamment les agents inectieux, les cellules mortes et les débris cellulaires. Le contrôle du contenu de la lymphe est assuré au moment de son passage dans les nœuds lymphatiques. La réponse inammatoire correspond ainsi à un grand nettoyage de la zone inectée ou blessée. Généralement, la réponse inammatoire ralentit, et le processus de guérison des tissus commence dans les 72 heures qui suivent. Les monocytes quittent le sang et deviennent des macrophagocytes afn de commencer le nettoyage de la région aectée.
À votre avis 1. À l’observation visuelle d’une plaie, quels sont
les indices signalant la présence d’inflammation ?
22.3.4.3 Les signes majeurs de l’infammation L’inammation s’accompagne de certains signes majeurs, notamment : • la rougeur, causée par l’augmentation du débit sanguin dans le tissu aecté ; • la chaleur, causée par l’augmentation du débit sanguin et de l’activité métabolique dans la région aectée ; • l’enfure (ou œdème), causée par une augmentation du liquide passant des capillaires à l’espace interstitiel suite à une hyperperméablité des vaisseaux sanguins ; • la douleur, causée par la stimulation des récepteurs de la douleur en raison de la compression exercée par l’accumulation du liquide interstitiel et de l’irritation chimique provoquée par les kinines, les prostaglandines et les substances libérées par les microorganismes ; • la perte de onction, qui peut se produire dans les cas d’inammation plus grave causée par la douleur et l’enure. Dans des conditions normales, la réponse inammatoire dure généralement de 8 à 10 jours. Il est essentiel que la période de réponse infammatoire aiguë (processus décrit précédemment) prenne fn pour éviter les eets adverses indésirables de l’infammation chronique (voir l’Application clinique intitulée « L’infammation chronique », p. 1012).
Vériiez vos connaissances 9. Qu’estce que l’inflammation ? Quelles sont les princi
pales étapes de la réponse inflammatoire ? 10. De quelle açon l’exsudat contribuetil à la déense
de l’organisme ?
1012 Partie IV Le maintien et la régulation
INTÉGRATION APPLICATION CLINIQUE
L’inammation chronique DÉSÉQUILIBRE HOMÉOSTATIQUE
L’infammation chronique désigne les cas d’inflammation se poursuivant audelà de deux semaines. L’inflammation chro nique provoque les mêmes symptômes et le même inconort que la réponse inflammatoire, sans nécessairement débarras ser l’organisme de la substance nuisible. L’inflammation aiguë se caractérise généralement par la présence des neutro philes, mais l’inflammation chronique est plutôt causée par l’arrivée et le maintien des macrophagocytes et des lympho cytes, qui se maniestent plus tardivement dans le processus inflammatoire. L’inflammation chronique est souvent liée à des blessures causées par des gestes répétitis, par exemple l’épicondylite latérale (tennis elbow), l’épaule douloureuse du nageur ou la périostite tibiale. Certaines ormes d’inflammation chronique se maniestent lorsque le processus d’inflammation aiguë ne parvient pas à éliminer l’agent pathogène, comme dans les cas suivants : la tuberculose, la présence d’allergènes, une écharde laissée dans la peau, une lésion des vais seaux sanguins ou une mala die autoimmune (p. ex., la polyarthrite rhumatoïde, représentée sur la photographie cicontre). M al he u re us e m e nt , l’inflammation chro nique peut entraîner la destruction des tissus et la ormation de tissus cicatriciels (fbrose). Le traitement doit s’adapter aux causes de l’inflammation.
22.3.5.1 Les étapes de la fèvre Les pyrogènes sont libérés dans la circulation sanguine ; ils ciblent l’hypothalamus (voir la section 13.4.3), dans lequel se situe le centre de la thermorégulation, et déclenchent la libération de prostaglandine E2 (PGE2) ; la PGE 2 hausse la valeur de la température fxée normalement à 37 °C dans l’hypothalamus. Les étapes qui suivent se déroulent en réaction à cet événement : l’apparition du symptôme de la fèvre, la période d’état et la déervescence. Ces étapes peuvent se répéter en cycles jusqu’à ce que l’agent pathogène soit éliminé ou, à tout le moins, contrôlé. Au moment de l’apparition de la fèvre, l’hypothalamus stimule les vaisseaux sanguins du derme et provoque leur vasoconstriction afn de réduire les pertes de chaleur par la peau. La personne févreuse tremble afn d’accroître la production de chaleur par la contraction musculaire (voir la section 1.5) et, par conséquent, la température corporelle augmente. C’est à cette étape que la personne peut ressentir un rissonnement. La période d’état correspond à la période de maintien de la température élevée. Le taux de métabolisme augmente afn de avoriser les processus physiologiques participant à l’élimination de la substance nocive. Le oie et la rate séquestrent le zinc et le er pour empêcher leur utilisation par les bactéries, ce qui a pour but de ralentir leur multiplication. La déervescence (ou phase de crise) se produit lorsque la température revient à la normale. L’hypothalamus n’est alors plus stimulé par les pyrogènes, la libération de prostaglandine diminue et la température corporelle revient à un niveau normal. L’hypothalamus stimule les mécanismes de thermolyse permettant d’évacuer la chaleur corporelle, notamment par la vasodilatation des vaisseaux sanguins de la peau et par la transpiration. La peau présente des rougeurs et devient plus chaude au toucher. Il est recommandé d’absorber une grande quantité de liquide durant un épisode de fèvre afn de prévenir la déshydratation causée par la perte des liquides corporels.
22.3.5.2 Les avantages de la fèvre
22.3.5 9
La fèvre
Décrire la fèvre et la manière dont elle se manieste.
10 Énumérer les avantages et les risques de la fèvre.
La fèvre accompagne parois la réponse inammatoire. Elle se défnit par une élévation anormale de la température corporelle (pyrexie) supérieure d’au moins 1 °C à la température corporelle normale, qui est fxée à 37 °C. Elle peut être déclenchée par la libération de pyrogènes tels que l’IL-1, le TNF-α et l’IL-6 produits par les macrophagocytes. Cette libération peut survenir à la suite de la phagocytose des bactéries Gram qui, une ois dégradées, libèrent elles aussi des endotoxines (toxines aisant partie de la paroi cellulaire) ou encore en réaction à un traumatisme, à des tumeurs au cerveau, à un médicament ou à une drogue.
La fèvre comporte plusieurs avantages. Elle inhibe la reproduction des bactéries et des virus, avorise l’activité des interérons, accroît l’activité de l’immunité adaptative et accélère la réparation des tissus. La fèvre avorise aussi l’augmentation du nombre de molécules d’adhésion cellulaire sur l’endothélium des capillaires dans les nœuds lymphatiques ; cette caractéristique permet à un plus grand nombre de cellules immunitaires de migrer hors du sang, vers les tissus lymphoïdes. Par conséquent, le traitement d’une fèvre légère n’est pas nécessaire et peut même s’avérer nuisible. La plupart des médecins recommandent maintenant de laisser la fèvre suivre son cours et de réserver les médicaments contre la fèvre aux cas de fèvre élevée ou d’inconort important.
22.3.5.3 Les risques d’une fèvre élevée La fèvre est jugée importante lorsqu’elle dépasse 37,8 °C. Les fèvres élevées (39,4 °C chez les enants et un peu moins chez les adultes) peuvent être dangereuses en raison des changements apportés aux voies métaboliques et de la dénaturation des
Chapitre 22 Le système immunitaire et la défense de l’organisme 1013
protéines du corps (voir la section 2.9.2). Des convulsions peuvent se produire lorsque la température corporelle se maintient au-delà de 38,9 °C, bien qu’elles se produisent généralement en présence de températures beaucoup plus élevées. Une température corporelle se maintenant au-delà de 41,1 °C peut causer des dommages irréversibles au cerveau ; une température corporelle de 42,8 °C peut même causer la mort. La FIGURE 22.7 présente un sommaire visuel de l’immunité innée, soit les structures et les processus qui bloquent l’entrée aux agents inectieux (première ligne de déense) ainsi que les structures et les processus internes non spécifques (deuxième ligne de déense). Les déenses internes non spécifques parviennent généralement à éliminer efcacement la plupart des agents pathogènes.
Vérifiez vos connaissances 11. Qu’estce que la fèvre ? Quelles sont les trois étapes
de la fèvre ? 12. Quels sont les avantages et les risques de la fèvre ?
22.4 Une introduction à
l’immunité adaptative
L’immunité adaptative se déclenche, elle aussi, dès l’entrée d’une substance étrangère (antigène) ; touteois, sa réponse est plus lente que celle de l’immunité innée. Le contact avec l’antigène déclenche la proliération et la diérenciation des lymphocytes ; ces derniers orment alors des clones spécialisés constituant une armée de lymphocytes combattant l’antigène. Ces lymphocytes et leurs sécrétions exercent la réponse immunitaire. L’élaboration de cette réponse immunitaire nécessite généralement quelques jours ; par conséquent, l’immunité adaptative représente la troisième ligne de déense pour l’organisme. Cette immunité possède une mémoire immunologique ; elle est efcace sur une grande période de temps, pouvant aller jusqu’à plusieurs années. De plus, elle est spécifque, c’est-à-dire que le système immunitaire la construit pour chaque antigène qui pénètre dans l’organisme.
TABLEAU 22.5
L’immunité cellulaire est la réponse immunitaire produite par les lymphocytes T. Elle se nomme ainsi, car ce sont des cellules spécialisées qui attaquent des cellules ciblées. Ces dernières sont soit des cellules inectées, soit des cellules cancéreuses, soit encore des cellules étrangères provenant de greons. Pour sa part, l’immunité humorale est exercée par les lymphocytes B qui se transorment en plasmocytes à la suite d’une stimulation antigénique. Les plasmocytes servent à la synthèse et à la libération des anticorps. Cette orme d’immunité s’attaque principalement à des microorganismes libres, c’est-àdire des microorganismes qui n’ont pas encore pénétré dans les cellules, ainsi qu’à leurs toxines. Cette immunité est humorale, car les anticorps produits se trouvent dans les humeurs, c’est-àdire dans les liquides biologiques comme le sang et la lymphe. Enfn, il est important de souligner que des lymphocytes T régulent aussi bien l’immunité humorale que l’immunité cellulaire. Le TABLEAU 22.5 présente les caractéristiques propres à ces deux types d’immunité. La section qui suit présente l’immunité adaptative par la description de certains concepts importants, notamment la description des antigènes, la structure générale des lymphocytes, les molécules du complexe majeur d’histocompatibilité (qui interagissent avec les lymphocytes T) ainsi qu’une vue d’ensemble des principales étapes du cycle de vie d’un lymphocyte.
22.4.1
Les antigènes
1
Décrire les caractéristiques d’un antigène et défnir le déterminant antigénique.
2
Décrire l’immunogénicité et les acteurs la déterminant.
3
Décrire le mécanisme de stimulation des réponses immunitaires par les haptènes.
Les lymphocytes B et T parviennent à détecter les organismes pathogènes et les autres substances étrangères parce que ces derniers contiennent des antigènes.
Comparaison entre l’immunité cellulaire et l’immunité humorale
Caractéristique
Immunité cellulaire
Immunité humorale
Type de lymphocytes
Lymphocyte T
Lymphocyte B
Efcacité
Contre les antigènes à l’intérieur des cellules
Contre les antigènes à l’extérieur des cellules
Cellules présentatrices de l’antigène requises
Oui
De thermolyse
Structure moléculaire de l’antigène
Protéines dégradées en ragments de peptides
Protéines et molécules non protéiques (p. ex., des glucides complexes)
Réponse eectrice générale
Libération de cytokines pour l’activation d’autres cellules immunitaires ou pour la destruction des cellules inectées
Synthèse et libération d’anticorps
INTÉGRATION
ILLUSTRATION DES CONCEPTS
FIGURE 22.7 Immunité innée
❯ L’immunité innée est l’ensemble des mécanismes de défense non spéciques utilisés par l’organisme pour se défendre contre les substances potentiellement nuisibles. L’immunité innée inclut A. la première ligne de défense, soit des barrières anatomiques et physiologiques qui bloquent l’entrée des micro organismes, et B. la deuxième ligne de défense, c’estàdire tous les mécanismes cellulaires et moléculaires ainsi que les réponses physiologiques internes et non spéciques utilisés pour l’élimination des substances étrangères.
B. Deuxième ligne de défense Les mécanismes cellulaires et moléculaires et réponses physiologiques internes non spécifiques sont utilisés pour l’élimination des substances étrangères. Fièvre
Inflammation L’hypothalamus assure la régulation de la température corporelle et de la fièvre. Les avantages de la fièvre incluent l’inhibition de la reproduction des microorganismes, l’amélioration de la réponse immunitaire et l’accélération du processus de réparation des tissus.
Inflammation
Défenses cellulaires
L’inflammation procure les substances nécessaires pour défendre l’organisme contre les agents infectieux et évacue les substances indésirables dans les capillaires lymphatiques.
Protéines et substances antimicrobiennes Les interférons (IFN) sont des substances antivirales qui aident à prévenir la propagation des virus.
Les basophiles et les mastocytes libèrent des substances déclenchant et favorisant l’inflammation. L’héparine est un anticoagulant.
IFN
L’histamine accroît la perméabilité des capillaires.
Macrophagocyte
IFN
Les éicosanoïdes (p. ex., les leucotriènes) favorisent l’inflammation.
Cellule infectée
Basophile
IFN
Perforine/granzyme Apoptose
Cellule normale
Cellule NK
Mastocyte Le système du complément est une cascade de réactions faisant appel à des protéines plasmatiques particulièrement efficaces pour lutter contre les bactéries. Le système du complément accroît
Les neutrophiles et les macrophagocytes ingèrent et détruisent les microorganismes.
Neutrophiles Macrophagocyte
Système du complément
l’inflammation grâce à l’activation des basophiles et des mastocytes ainsi que grâce à l’attraction des macrophagocytes et des neutrophiles.
Neutrophile
Basophile
Agent pathogène
Macrophagocyte Les cellules tueuses naturelles détruisent les cellules anormales grâce à la libération de substances cytotoxiques. Perforine Granzymes
Mastocyte Le système du complément favorise l’opsonisation en se liant aux agents pathogènes afin d’accroître la phagocytose par les cellules immunitaires.
Bactérie
Cellule NK Cellule anormale ou indésirable
Tube digestif
Substances cytotoxiques
Apoptose Les éosinophiles détruisent les parasites grâce à la libération de substances cytotoxiques.
Éosinophile
Anticorps
Antigène
Érythrocyte
Macrophagocyte Le système du complément élimine les complexes immuns (antigène-anticorps) en les reliant aux érythrocytes. Le système du complément induit la cytolyse des microorganismes grâce à la formation des protéines transmembranaires du CAM.
Protéines du complément
Ver parasitaire
CAM
Bactérie
1016 Partie IV Le maintien et la régulation
Un antigène (anti = contre, genos = naissance, origine) est une substance qui se lie à une composante de l’immunité adaptative, à savoir un anticorps ou un lymphocyte T. Les antigènes sont généralement des macromolécules complexes étrangères au système immunitaire d’une personne (molécules du non-soi). La structure moléculaire d’un antigène se compose généralement d’une protéine ou d’une grande molécule de polysaccharide (voir la section 2.8). Les antigènes peuvent être constitués de certaines parties d’agents inectieux telles que la capside protéique des virus, la paroi cellulaire des bactéries ou des eumycètes, ou encore les toxines bactériennes. Les cellules des tumeurs contiennent également des antigènes. Dans le cas des cellules cancéreuses, des mutations se produisent et entraînent généralement la production de protéines anormales désignées sous le nom d’antigènes tumoraux. La détection de ces antigènes particuliers (marqueurs tumoraux) est souvent utile pour dépister certains cancers, par exemple l’antigène carcinoembryonnaire (ACE) pour le cancer du côlon, le CA 15-3 pour le cancer du sein ou l’antigène spécifque prostatique (ASP) pour le cancer de la prostate. Ce dernier est par contre contesté. En eet, ce test manquerait de précision, et certains lui reprochent son incapacité à distinguer les tumeurs bénignes des tumeurs malignes (Andriole, Craword, Grubb et al., 2009 ; Schröder, Hugosson, Roobol et al., 2009). Les antigènes exogènes (du non-soi) se lient aux composantes du système immunitaire parce que leur structure est sufsamment diérente de celle des molécules de l’organisme. À l’opposé, les molécules du corps sont des antigènes endogènes (du soi) ; elles ne se lient généralement pas aux composantes immunitaires de l’organisme. Le système immunitaire établit assez efcacement la distinction entre un antigène endogène et un antigène exogène. Cependant, certaines anomalies peuvent perturber la réaction du système immunitaire aux antigènes endogènes, qui traite alors ces derniers comme s’ils étaient extérieurs à l’organisme. Ces anomalies sont des maladies auto-immunes (voir l’Application clinique intitulée « Les maladies auto-immunes »). Le plastique et certains métaux tels que le titane, l’acier inoxydable et le chrome-cobalt ne sont pas des antigènes ; c’est la raison pour laquelle ils sont utilisés dans la abrication des implants artifciels, comme les prothèses de la hanche. Généralement, les lymphocytes et les anticorps entrent en contact avec une portion de l’antigène seulement. La portion limitée de la molécule d’antigène qui est reconnue par les composantes du système immunitaire est le déterminant antigénique (ou épitope). Chaque type de déterminant antigénique possède une orme diérente, et un organisme pathogène peut comporter plusieurs déterminants antigéniques, ce qui signife qu’il est presque impossible pour le système immunitaire de ne pas reconnaître un microorganisme. La FIGURE 22.8 représente un antigène avec ses déterminants antigéniques. L’immunogène (ou antigène complet) est un antigène qui induit une réponse immunitaire ; l’immunogénicité désigne sa capacité à déclencher une réponse immunitaire. Parmi les caractéristiques importantes aectant l’immunogénicité d’un antigène, il aut noter le degré de diérence, la taille, la
Molécule d’antigène
Anticorps 1 Anticorps 4
Sites anticorps
Antigène
Dét Déterminants antigéniques
Anticorps 2 Anticorps 3
FIGURE 22.8 Antigènes et déterminants antigéniques
❯ Le déterminant antigénique désigne la portion spécifque d’un antigène à laquelle se lient les composantes de l’immunité adaptative. Généralement, chaque antigène possède plusieurs déterminants antigéniques.
complexité et la quantité de l’antigène. La présence plus importante de l’une de ces caractéristiques ou de plusieurs d’entre elles accroît la capacité de l’antigène à déclencher une réponse immunitaire et, par conséquent, son immunogénicité. Les protéines sont les antigènes les plus immunogéniques en raison de leur grande masse moléculaire et de leur complexité structurale. Viennent ensuite les polysaccharides de grande taille, certains lipides et les acides nucléiques (ADN). Ces derniers sont des molécules de grande taille, mais ils sont peu complexes du point de vue structural, d’où leur plus aible immunogénicité. Certaines substances sont trop petites pour constituer des antigènes par elles-mêmes. Cependant, une ois liées à une molécule porteuse de l’hôte, ces substances deviennent des antigènes et déclenchent une réponse immunitaire. Ces molécules sont des haptènes (haptein = toucher) (ou antigènes incomplets). La toxine huileuse (urushiol) présente dans la sève de l’herbe à puce (sumac vénéneux) en est un exemple connu. Cette substance pénètre dans la peau et déclenche une réponse immunitaire une ois combinée avec une protéine de l’organisme. Cela se manieste sous la orme d’une inammation de la peau. Les réponses immunitaires stimulées par l’haptène sont responsables de l’hypersensibilité à certains médicaments, tels que la pénicilline, ou à certaines substances présentes dans l’environnement, notamment le pollen, les phanères (poils, cheveux ou ongles), les pellicules d’animaux, les moisissures, le venin d’abeille ou de serpent ainsi que des produits cosmétiques
Chapitre 22 Le système immunitaire et la défense de l’organisme 1017
INTÉGRATION APPLICATION CLINIQUE
Les maladies auto-immunes DÉSÉQUILIBRE HOMÉOSTATIQUE
Les maladies auto-immunes se maniestent lorsque le système immunitaire ne peut tolérer un antigène endogène spécifque et qu’il déclenche une réponse immunitaire contre cet antigène, comme s’il était étranger à l’organisme. Cette absence de tolé rance et la survenue des maladies autoimmunes peuvent être causées par une réactivité croisée, par la modifcation des anti gènes endogènes ou par l’entrée des cellules immunitaires dans une zone de privilège immunitaire. La réactivité croisée se produit lorsque la structure d’un antigène étranger est semblable à celle d’un antigène endogène et que le système immunitaire ne parvient pas à les distinguer. Par exemple, les antigènes des bactéries Streptococcus pyogenes (streptocoques du groupe A) ressemblent à certaines pro téines cardiaques ; il arrive que les cellules immunitaires puissent endommager la valve mitrale et la valve de l’aorte, causant ainsi une atteinte cardiaque du rhumatisme articulaire aigu. La modifcation des antigènes endogènes se produit lors qu’un microorganisme apporte des changements à une protéine spécifque du corps (antigène endogène) et que les cellules immu nitaires y réagissent comme s’il s’agissait d’un antigène étranger. Voici quelques exemples de maladies déclenchées par ce acteur :
ou domestiques (voir l’Application clinique intitulée « Les hypersensibilités », p. 1039). Donc, à eux seuls, les haptènes ne sont pas immunogéniques, mais ils possèdent la propriété de réactivité, c’est-à-dire qu’ils sont capables de réagir avec les composants de la réponse immunitaire une ois que ceux-ci sont produits à la suite d’une réaction immunogénique. En revanche, les antigènes complets possèdent les deux propriétés : l’immunogénicité et la réactivité.
Vérifiez vos connaissances
• Le diabète de type 1 (insulinodépendant) serait causé par un microorganisme qui modife les protéines des cellules bêta dans les îlots pancréatiques. Le système immunitaire détruit alors ces cellules (voir l’Application clinique intitulée « Les affections entraînant des taux anormaux de glucose sanguin », p. 818). • La sclérose en plaques est causée par la destruction de la gaine de myéline ormée par les oligodendrocytes ; cette des truction est réalisée par les lymphocytes T (voir l’Application clinique intitulée « Les troubles du système nerveux touchant la myéline », p. 527). Les zones de privilège immunitaire sont des structures qui empêchent ou limitent l’accès des cellules immunitaires (p. ex., le cerveau, la cornée, les testicules, les ovaires et le placenta). Ces zones participent activement au maintien d’un privilège immunitaire en produisant diverses molécules, notamment des cytokines immunosuppressives et des protéines plasmatiques qui détruisent activement les lymphocytes T infltrés dans cette zone (Janeway, Murphy, Travers et al., 2009). Lorsqu’un grand nombre de cellules immunitaires pénètre dans une zone de privi lège, cellesci peuvent détruire des structures perçues comme étrangères. Par exemple, si un homme reçoit un coup important sur le scrotum et que la barrière hématotesticulaire est détruite, les cellules immunitaires pourraient détruire les spermatozoïdes naissants et causer l’inertilité.
Chaque cellule possède environ 100 000 récepteurs identiques, et chacun se lie à un type d’antigène spécifque. Le récepteur d’antigène (constituant une portion du complexe récepteur) d’un lymphocyte T est un récepteur des cellules T (TCR), et le récepteur d’antigène d’un lymphocyte B est un récepteur des cellules B (BCR) FIGURE 22.9.
À votre avis 2. Si un antigène subit une mutation, pourratil être
reconnu par les mêmes lymphocytes ?
13. Quel est le lien entre le déterminant antigénique
et l’antigène ? 14. Quelle est la diérence entre un haptène (antigène
incomplet) et un antigène complet ?
22.4.2
4
La structure générale des lymphocytes
Décrire les récepteurs des lymphocytes T et des lymphocytes B.
Les lymphocytes T et les lymphocytes B sont diérents des autres cellules immunitaires, car chaque lymphocyte possède sur sa membrane plasmique un type de récepteur unique.
Le contact initial réalisé entre les récepteurs BCR ou TCR d’un lymphocyte et l’antigène qu’il reconnaît est diérent pour les lymphocytes B et les lymphocytes T. Les lymphocytes B peuvent établir un contact direct avec un antigène ; au contraire, les lymphocytes T doivent se lier à un antigène traité et présenté dans la membrane plasmique d’un autre type de cellule appelé cellules présentatrices de l’antigène. Les lymphocytes T sont incapables de détecter l’antigène sans cette étape préliminaire. Les lymphocytes T possèdent des molécules réceptrices supplémentaires (corécepteurs) qui acilitent l’interaction physique du lymphocyte T avec une cellule portant l’antigène. Les molécules CD (pour cluster of differenciation) sont des marqueurs de diérenciation et constituent une catégorie importante de corécepteurs. Il est en ait possible de distinguer les deux principaux
1018 Partie IV Le maintien et la régulation
Lymphocytes T : cellules de l’immunité cellulaire Protéine CD4
Lymphocytes B : cellules de l’immunité humorale
Protéine CD8 BCR
TCR
TCR
Lymphocyte T auxiliaire
Lymphocyte T cytotoxique
Chaque cellule possède environ 100 000 récepteurs. B.
A.
FIGURE 22.9 Lymphocytes T et lymphocytes B
❯ Les récepteurs des lympho cytes T et des lymphocytes B sont des molécules de la membrane plasmique. A. Les lymphocytes T auxiliaires contiennent des récepteurs
types de lymphocytes T, soit les lymphocytes T auxiliaires et les lymphocytes T cytotoxiques, selon le type de protéine CD associée au TCR (voir la fgure 22.9A). Les membranes plasmiques des lymphocytes T auxiliaires contiennent la protéine CD4, alors que les membranes plasmiques des lymphocytes T cytotoxiques contiennent la protéine CD8. La terminologie associée aux lymphocytes T peut parois porter à conusion, puisque plusieurs désignations sont utilisées. Il aut se rappeler que leur nom peut reéter la onction du lymphocyte ou le type de récepteur protéique associé au TCR : • Les lymphocytes T auxiliaires (lymphocytes Th ou lymphocytes T helper) aident à activer les lymphocytes B ainsi que d’autres cellules immunitaires. Comme ils contiennent les protéines plasmatiques membranaires CD4, ils sont également appelés cellules T4 ou cellules CD4+(ou CD4). • Les lymphocytes T cytotoxiques (TC) libèrent des substances qui produisent un eet toxique sur les cellules anormales ou étrangères, causant ainsi leur destruction. Comme ils contiennent les protéines plasmatiques membranaires CD8, ils sont également appelés cellules T8 ou cellules CD8+ (ou CD8).
Vérifiez vos connaissances 15. Quelles sont les caractéristiques permettant de
distinguer les récepteurs des lymphocytes T auxi liaires de ceux des lymphocytes T cytotoxiques et de ceux des lymphocytes B ?
des cellules T (TCR) et des protéines CD4, alors que les lympho cytes T cytotoxiques contiennent des TCR et des protéines CD8. B. Les lymphocytes B contiennent des récepteurs des cellules B (BCR).
22.4.3
Les cellules présentatrices de l’antigène et les molécules du complexe majeur d’histocompatibilité
5
Défnir le concept de présentation d’un antigène.
6
Décrire les cellules présentatrices de l’antigène et nommer les cellules remplissant ces onctions.
7
Décrire le processus de ormation des molécules du complexe majeur d’histocompatibilité de classe I dans les cellules nucléées et des molécules du complexe majeur d’histocompatibilité de classe II dans les cellules présentatrices de l’antigène.
8
Expliquer l’interaction générale entre le TCR et les récepteurs CD d’un lymphocyte T dont l’antigène est associé aux molécules du complexe majeur d’histo compatibilité d’autres cellules.
La présentation d’un antigène est le processus par lequel un antigène traité (c’est-à-dire modifé) est présenté à un TCR d’un lymphocyte T. Ce processus, réalisé par d’autres cellules, est essentiel à la reconnaissance de l’antigène par les lymphocytes T. Normalement, deux catégories de cellules présentent leur antigène aux lymphocytes T : 1) toutes les cellules nucléées de l’organisme, soit toutes les cellules du corps, à l’exception des érythrocytes ; 2) une catégorie de cellules désignées sous le nom de cellules présentatrices de l’antigène. L’expression cellule présentatrice de l’antigène
Chapitre 22 Le système immunitaire et la défense de l’organisme 1019
(CPA) désigne toute cellule immunitaire dont le rôle consiste précisément à communiquer la présence d’un antigène aux lymphocytes T auxiliaires et aux lymphocytes T cytotoxiques. Les cellules dendritiques, les macrophagocytes et les lymphocytes B onctionnent comme des CPA. La présentation de l’antigène exige la liaison physique de l’antigène à une protéine transmembranaire spécialisée, la molécule du CMH. L’abréviation CMH désigne le complexe majeur d’histocompatibilité (histos = tissu). Il s’agit d’un groupe de gènes codant pour les molécules du CMH, des protéines intégrées aux membranes plasmiques. Il existe deux catégories principales de molécules du CMH : les molécules du CMH de classe I et de classe II. Toutes les cellules nucléées présentent l’antigène avec des molécules du CMH de classe I, alors que les CPA afchent l’antigène avec des molécules du CMH des classes I et II, cette dernière étant uniquement afchée par les CPA.
INTÉGRATION
STRATÉGIES D’APPRENTISSAGE
Le rôle de la cellule présentatrice de l’antigène se compare à celui d’une sentinelle. Elle monte la garde, surveille l’arrivée de substances potentiellement dangereuses et signale leur pré sence aux lymphocytes T.
22.4.3.1 Les molécules du complexe majeur
d’histocompatibilité de classe I sur les cellules nucléées Les molécules du CMH de classe I sont des glycoprotéines génétiquement déterminées et propres à chaque être humain (voir l’Application clinique intitulée « Les grees d’organes et les molécules du complexe majeur d’histocompatibilité », p. 1021). Les molécules du CMH de classe I sont synthétisées en continu par le réticulum endoplasmique rugueux (RER), transmises et modifées par le système endomembranaire (voir la section 4.5.1), puis intégrées à la membrane plasmique FIGURE 22.10A. Un événement important se produit au cours de la synthèse et du transport des molécules du CMH de classe I vers la surace cellulaire : des ragments peptidiques de la cellule se lient, de açon aléatoire, aux molécules du CMH de classe I. Cet événement se produit dans le RER. Dans les cellules saines non inectées, ces ragments peptidiques ne sont que des protéines partiellement dégradées dans la cellule et sont considérés comme étant endogènes. Par conséquent, dans une cellule saine, les molécules du CMH de classe I afchent à leur surace des antigènes endogènes qui sont ignorés ou tolérés par les cellules du système immunitaire. Touteois, si la cellule est inectée, elle comporte des antigènes exogènes (voir la fgure 22.10B). Les protéines d’un agent inectieux intracellulaire (p. ex., une particule virale) sont sectionnées en ragments peptidiques de 3 à 15 acides aminés par un protéasome (complexe enzymatique) du liquide intracellulaire. Ces ragments dégradés sont considérés comme étant exogènes. Les ragments peptidiques de l’agent inectieux se trouvant dans le liquide intracellulaire sont acheminés vers le
RER, où ils se combinent aux molécules du CMH de classe I. Par l’intermédiaire du système endomembranaire, les molécules du CMH de classe I transportant les antigènes exogènes sont acheminées à la surace de la membrane plasmique de la cellule, où ces antigènes sont afchés. Plus loin dans ce chapitre, il est question de l’expression d’antigènes exogènes avec une molécule du CMH de classe I qui permet de communiquer particulièrement avec les lymphocytes T cytotoxiques et qui entraîne la destruction de ces cellules.
22.4.3.2 Les molécules du complexe majeur
d’histocompatibilité de classe II sur les cellules présentatrices de l’antigène Les sections précédentes ont permis de constater que les CPA expriment les molécules du CMH de classe I et de classe II. La synthèse des molécules du CMH de classe I dans une CPA se produit de manière semblable à celle des autres cellules nucléées. La section qui suit présente la synthèse et l’expression des molécules du CMH de classe II. Au même titre que la molécule du CMH de classe I, la molécule du CMH de classe II est une glycoprotéine dont la synthèse est continuellement réalisée par le RER ; elle est modifée par le système endomembranaire, puis intégrée à la membrane plasmique FIGURE 22.11. Touteois, les molécules du CMH de classe II présentent les antigènes uniquement après l’ingestion d’antigènes exogènes (p. ex., des agents pathogènes, des débris cellulaires ou d’autres substances nocives situées à l’extérieur des cellules) par une CPA. L’antigène exogène est intégré à la cellule par phagocytose. Un phagosome (vésicule) est alors ormé. Le phagosome contenant l’antigène exogène usionne avec un lysosome et orme un phagolysosome à l’intérieur duquel la substance est dégradée en ragments peptidiques. La vésicule contenant les ragments peptidiques (antigènes) usionne ensuite avec les vésicules contenant les nouvelles molécules du CMH de classe II. Les ragments peptidiques sont ensuite insérés dans les molécules du CMH de classe II. À leur tour, ces vésicules usionnent avec la membrane plasmique de la CPA, et l’antigène exogène exprimé se lie aux molécules du CMH de classe II. L’expression de l’antigène exogène avec une molécule du CMH de classe II lui permet de communiquer spécifquement avec les lymphocytes T auxiliaires. Les composantes dégradées de l’antigène exogène ingéré sont également retirées de la cellule par exocytose. La FIGURE 22.12 présente un exemple général de l’interaction entre les récepteurs d’un lymphocyte T (TCR et CD4 ou CD8) avec une molécule du CMH de classe I ou de classe II contenant un antigène. Une description détaillée se trouve plus loin.
Vérifiez vos connaissances 16. Quel type de molécules du CMH se trouve sur toutes
les cellules nucléées et sert à communiquer avec les lymphocytes T cytotoxiques ? Quel type est présent uniquement sur les CPA et sert à communiquer avec les lymphocytes T auxiliaires ?
1020 Partie IV Le maintien et la régulation
Formation et incorporation à la membrane plasmique des molécules du CMH dans une cellule saine Molécule cule cu le e du CMH MH de de Liquide intracellulaire classe eI Système endomembranaire
Liquide interstitiel
Molécules du CMH de classe I synthétisées
Membrane plasmique
Antigène endogène
3
Antigène endogène
RER
Vésicule sécrétrice 1
2
Fragments peptidiques de l’antigène endogène
Une protéine membranaire transporte les vésicules contenant les molécules du CMH de classe I avec l’antigène endogène.
Vésicule de transport
Antigène endogène
Complexe golgien
1 Les molécules du CMH de classe I sont synthétisées par le réticulum endoplasmique rugueux (RER). Pendant leur production, des fragments peptidiques de la cellule (antigènes endogènes) se lient aux molécules du CMH de classe I. 2 Les vésicules de transport sont produites par le RER contenant les molécules du CMH de classe I liées à l’antigène endogène. Le complexe CMH de classe I-antigène endogène est ensuite transporté vers la membrane plasmique par le système endomembranaire. 3 Les molécules du CMH de classe I liées à l’antigène endogène sont affichées dans la membrane plasmique après la fusion des vésicules sécrétrices avec la membrane plasmique. A. Formation et incorporation à la membrane plasmique des molécules du CMH dans une cellule non saine (p. ex., une cellule infectée par un virus)
RER Particules virales
Le Le propro p roro o téasome téassome digère té le es protéines prroté proté les dess particules part pa art des vvir i ale less. s. virales.
1
Molécule du CMH de classe I Vésicule de transport 2
Les vésicules de transport Antigène A Antigè Ant n igè gèn exogène des protéines membra(p ex., (p. ex., un n antigène viral) naires contiennent des molécules du CMH de classe I avec l’antigène exogène.
3 Complexe golgien
Fragments peptidiques des particules virales Les fragments de peptides viraux s’attachent aux molécules du CMH de classe I.
Peptide viral (antigène exogène)
Molécule cule e du CMH MH de MH de classe se eI
Antigène exogène Les protéines des particules virales (ou d’autres microorganism microorganismes) sont digérées par les protéasomes (complexe enzymatique) en fragments peptidiques ; les fragments peptidiques sont ensuite ens incorporés par le RER. 1 Pendant que ue les molécules du CMH de classe I sont synthétisées synthé par le RER, les fragments peptidiques de la particule virale (antigène exogène) s’attachent aux molécules du CMH de classe I. 2 Les vésicules de transport sont produites par le RER qui contient les molécules du CMH de classe I avec les fragments peptidiques viraux. Ils sont acheminés par le système endomembranaire vers la membrane plasmique par l’intermédiaire du complexe golgien. 3 Les molécules du CMH de classe I comportant l’antigène exogène lié sont affichées dans la membrane plasmique après la fusion des vésicules sécrétrices avec la membrane plasmique. B.
FIGURE 22.10 Formation et incorporation à la membrane plasmique des molécules du CMH de classe I dans les cellules nucléées ❯ Les molécules du CMH de classe I sont produites et acheminées vers les membranes plasmiques de toutes les cellules nucléées. A. Une cellule saine normale afche uniquement les
antigènes endogènes dans les molécules du CMH de classe I. B. Une cellule inectée ou anormale afche l’antigène exogène avec les molécules du CMH de classe I, alertant ainsi les lymphocytes T cytotoxiques que cette cellule est inectée ou malade et qu’elle doit être détruite.
Chapitre 22 Le système immunitaire et la défense de l’organisme 1021
Formation et incorporation à la membrane plasmique des molécules du CMH de classe II dans une CPA (p. ex., des cellules dendritiques, des macrophagocytes, des lymphocytes B) : des cellules ingérant les microorganismes par phagocytose Liquide interstitiel
Liquide intracellulaire
Membrane plasmique
Antigène exogène (p. ex., une bactérie)
Phagolysosome Phagosome Complexe golgien
Lysosome
Molécules du CMH de classe II synthétisées 1 RER
2 Les vésicules de transport déplacent les molécules du CMH de classe II vers le complexe golgien.
Antigène exogène
Molécules du CMH de Antigène classe II exogène
Vésicule sécrétrice 3 Les vésicules de ttransport tra tr r ns n contenant les moléccules cule cul u e du CMH de classe II se combinent com om au phagolysosome contenant cco on t l’antigène exogène. Molécules du CMH de classe II
4 L’antigène exogène est exprimé avec les molécules du CMH de classe II.
1 Les molécules du CMH de classe II sont synthétisées par le réticulum endoplasmique rugueux (RER) de la CPA. 2 Les molécules du CMH de classe II sont acheminées par le système endomembranaire vers la membrane plasmique par l’intermédiaire du complexe golgien. 3 Au cours du processus de phagocytose et de la destruction d’un antigène exogène, les vésicules contenant les fragments digérés de peptide fusionnent avec les vésicules contenant des molécules du CMH de classe II ; l’antigène exogène se lie aux molécules du CMH de classe II dans les vésicules. 4 Les molécules du CMH de classe II et l’antigène exogène sont exprimés dans la membrane plasmique.
FIGURE 22.11 Formation et incorporation à la membrane plasmique des molécules du CMH de classe II dans les CPA ❯ Les CPA, y compris les cellules dendritiques, les macrophagocytes et les lymphocytes B, expriment les molécules du CMH de classe I
et de classe II. Le schéma illustre ici l’ingestion d’un antigène exo gène, c’estàdire un antigène provenant de l’extérieur d’une cellule, et sa présentation avec les molécules du CMH de classe II dans la membrane plasmique.
INTÉGRATION APPLICATION CLINIQUE
Les greffes d’organes et les molécules du complexe majeur d’histocompatibilité DÉSÉQUILIBRE HOMÉOSTATIQUE
La greffe d’organe consiste à prélever un organe chez une per sonne et à le transplanter dans l’organisme d’une autre personne (voir l’Application clinique intitulée « Les greffes de tissus », p. 212). Il existe, par exemple, des grees du rein, du oie, du cœur et des poumons. Avant de procéder à une gree d’organes, le donneur et le receveur doivent se soumettre à des examens afn de véri fer les antigènes du CMH et les antigènes de leur groupe san guin. À l’exception des jumeaux identiques, personne ne possède les mêmes gènes du CMH et, par conséquent, les mêmes molé cules du CMH. Les grees d’organes comportent certains risques, puisque le système immunitaire du receveur peut diérencier les molé cules du CMH des cellules appartenant au tissu ou à l’organe
greé et les considérer comme étant étrangères. Dans ce cas, les composantes de l’immunité adaptative et innée enclenchent les mécanismes visant à détruire ces nouvelles cellules. Il aut donc procéder à la suppression du système immunitaire du receveur grâce à des immunosuppresseurs qui réduisent les probabilités de détection des antigènes étrangers et leur rejet. Cependant, ces médicaments empêchent également la détec tion d’agents inectieux ou de cellules tumorales. Selon l’im munosuppresseur utilisé, une augmentation des inections bactériennes, virales et ongiques ainsi qu’une augmentation du risque de la transormation de cellules normales en cellules can céreuses peuvent être observées. La cornée de l’œil est une zone de privilège immunitaire, c’est àdire une zone où l’entrée des cellules immunitaires est généra lement bloquée. Des grees de cornée sont donc possibles sans avoir à établir la compatibilité des tissus ni à administrer des médicaments immunosuppresseurs.
1022 Partie IV Le maintien et la régulation
Cellule nucléée
TCR
CMH de classe I ou II avec antigène
CD8 TCR
Lymphocyte T
CD8
CMH de classe I ou II Antigène
À titre de rappel, la protéine CD4 interagit spécifiquement avec les molécules du CMH de classe II. La protéine CD8 interagit spécifiquement avec les molécules du CMH de classe I.
FIGURE 22.12 Interaction entre les récepteurs des lymphocytes T et les molécules du CMH des autres cellules ❯ La protéine plasma tique CD4 ou CD8 d’un lymphocyte T s’attache directement aux molé cules du CMH des autres cellules. Dans cette fgure, il s’agit de CD8.
22.4.4
9
Les événements de la vie des lymphocytes
Nommer trois événements importants de la vie d’un lymphocyte.
La participation des lymphocytes à la déense immunitaire de l’organisme comporte trois étapes importantes FIGURE 22.13. • La formation des lymphocytes. La ormation et la maturation des lymphocytes se produisent dans les structures lymphoïdes primaires, soit dans la moelle osseuse rouge et le thymus (voir la section 21.3). Dès leur ormation, les lymphocytes T et les lymphocytes B acquièrent la capacité de reconnaître un seul antigène exogène. Ils deviennent immunocompétents. Cependant, ils sont qualifés de naïs, car ils n’ont pas encore été en contact avec un antigène. L’analogie suivante peut être aite : ils sont passés par l’école (structure lymphoïde primaire) et ont obtenu leur diplôme (T ou B), mais ils devront aller sur le marché du travail (structures lymphoïdes secondaires) pour acquérir de l’expérience. C’est l’étape de l’activation des lymphocytes. • L’activation des lymphocytes. Après leur ormation, les lymphocytes migrent vers les structures lymphoïdes secondaires, soit les nœuds lymphatiques, la rate, les amygdales et les ormations MALT (voir la section 21.4). Généralement, c’est dans ces structures que les lymphocytes subissent leur première
Ce processus permet de garder les deux cellules ensemble pendant que le TCR du lymphocyte T examine le ragment peptidique afn de déterminer s’il s’agit d’un antigène endogène ou exogène.
exposition à l’antigène par l’intermédiaire de la circulation sanguine ou de la circulation lymphatique qui transportent l’antigène ; ce premier contact est nécessaire à leur activation. Des lymphocytes peuvent être en attente pendant des années avant d’être activés par leur antigène spécifque. Si l’antigène se présente, il y aura donc une sélection de lymphocytes spécifques de cet antigène qui reconnaît un type particulier de récepteurs (TCR ou BCR). En réponse à l’activation, les lymphocytes se répliquent et orment plusieurs lymphocytes identiques. • La réponse effectrice. La réponse eectrice correspond à l’action spécifque des lymphocytes T et des lymphocytes B en vue d’éliminer l’antigène au oyer de l’inection. Les lymphocytes T activés quittent les structures lymphoïdes secondaires et migrent vers le oyer de l’inection. Les lymphocytes B, qui deviennent des plasmocytes à la suite de leur stimulation par l’antigène, restent dans les structures lymphoïdes secondaires où ils synthétisent et libèrent de grandes quantités d’anticorps pour combattre l’antigène. Les anticorps pénètrent dans le sang et dans la lymphe, puis sont transportés vers le oyer de l’inection.
Vérifiez vos connaissances 17. Généralement, à quel endroit un lymphocyte rencontre
til un antigène pour la première ois : dans les struc tures lymphoïdes primaires, dans les structures lymphoïdes secondaires ou au oyer de l’inection ?
Chapitre 22 Le système immunitaire et la défense de l’organisme 1023
Structure lymphoïde primaire assurant la production des lymphocytes et la maturation des lymphocytes B
Moelle osseuse rouge
Pré-lymphocytes T
Structure lymphoïde primaire assurant la maturation des lymphocytes T
Thymus
Lymphocytes B immunocompétents naïfs
Lymphocytes T immunocompétents naïfs (lymphocytes T auxiliaires et cytotoxiques) A. Formation des lymphocytes
Amygdales et formations MALT
Rate
Nœud lymphatique
Structures lymphoïdes secondaires logeant Plasmocyte les lymphocytes B et les lymphocytes T ; (lymphocyte B différencié) sites d’activation et de prolifération de ces cellules B. Activation des lymphocytes
Cellule infectée
Lymphocyte T auxiliaire
Agent infectieux
Lymphocyte T cytotoxique
Lymphocytes T activés
Foyer de l’infection
Anticorps
Interaction des lymphocytes T et des anticorps avec les antigènes exogènes au foyer de l’infection en vue de les éliminer C. Réponse effectrice
FIGURE 22.13 Événements de la vie des lymphocytes
❯ A. La formation des lymphocytes se produit principalement dans les structures lymphoïdes primaires (moelle osseuse et thymus) ; les cellules à maturité (immuno
compétentes) migrent alors vers les structures lymphoïdes secon daires. B. L’activation est réalisée dans les structures lymphoïdes secondaires. C. La réponse effectrice se produit au foyer de l’infection.
1024 Partie IV Le maintien et la régulation
22.5 La formation et la sélection
des lymphocytes
Les lymphocytes se orment dans la moelle osseuse rouge (voir la section 18.3.3). Après leur ormation, les lymphocytes sont mis à l’essai afn de vérifer s’ils peuvent se lier à un antigène et y réagir. Si tel est le cas, ils sont alors immunocompétents. Lorsqu’ils deviennent immunologiquement compétents, ils acquièrent, sur leur surace membranaire, un type de récepteur unique (TCR ou BCR). Un lymphocyte ne va acquérir qu’un seul type de récepteur, mais en 100 000 copies environ. Ce processus se produit surtout au cours du développement œtal et durant les premières semaines qui suivent la naissance, dans les structures lymphoïdes primaires (moelle osseuse et thymus). Les lymphocytes destinés à devenir des lymphocytes T (T pour thymodépendants) migrent vers le thymus par la circulation sanguine. Ceux qui sont destinés à devenir des lymphocytes B restent dans la moelle osseuse. Il est à noter que le B signife la bourse de Fabricius, l’organe de maturation des lymphocytes B chez les oiseaux, organismes chez lesquels ont été découverts ces lymphocytes. Chez les mammières, y compris l’humain, ce rôle est attribué à la moelle osseuse rouge (B pour bone marrow).
22.5.1 1
La formation des lymphocytes T
Décrire le processus de maturation des lymphocytes T.
Les lymphocytes T naissent dans la moelle osseuse rouge et migrent vers le thymus où ils y demeurent de deux à trois jours afn d’y compléter leur maturation. Des millions de pré-lymphocytes T (cellules progénitrices de lymphocytes T) migrent de la moelle osseuse rouge vers le thymus ; ils possèdent un seul récepteur TCR et, au départ, les deux protéines CD4 et CD8 (dites doubles positives). Ces cellules sont des lymphocytes T immatures avec un TCR produit par réarrangement génique aléatoire, un sujet qui dépasse le contexte du présent chapitre. Le TCR de chaque lymphocyte T doit être vérifé afn de déterminer s’il peut se lier à la molécule du CMH et à son antigène, mais également s’il se lie uniquement à l’antigène exogène (ou étranger). Ce processus entraîne une sélection des lymphocytes T.
consultation de la FIGURE 22.14 durant la lecture de cette section acilite la compréhension de ces processus. 1. La sélection positive. Le TCR intégré à la membrane plasmique d’un lymphocyte T doit pouvoir reconnaître une molécule du CMH et s’y lier. Cette capacité est mise à l’essai par la liaison des lymphocytes T avec les cellules épithéliales thymiques possédant des molécules du CMH. Les lymphocytes T qui peuvent se lier aux molécules du CMH survivent, tandis que les autres sont éliminés par apoptose. Les lymphocytes T étant sélectionnés pour leur capacité à exécuter cette onction, il s’agit d’un processus de sélection positive. 2. La sélection négative. Le nouveau lymphocyte T doit également être incapable de se lier à des antigènes endogènes présentés dans une molécule du CMH. Cette incapacité est vérifée par les cellules dendritiques thymiques présentant des antigènes endogènes dans les molécules du CMH des classes I et II. Si le lymphocyte T se lie à l’antigène endogène, il est alors détruit. Par conséquent, puisque les lymphocytes T sont sélectionnés en onction de leur incapacité à se lier, ce processus est celui de la sélection négative. C’est par ce processus que les cellules apprennent à ignorer les molécules de l’organisme ou les antigènes endogènes ; cet état porte le nom d’autotolérance. De cette açon, un lymphocyte qui échoue à cette sélection ne peut pas déclencher une réponse auto-immune. Les lymphocytes T qui survivent à la sélection positive et à la sélection négative peuvent alors se lier à une molécule du CMH et reconnaître les antigènes exogènes. Les lymphocytes T dont les TCR peuvent reconnaître les protéines du CMH de classe I conservent l’expression des protéines CD8 sur leur membrane et perdent celle des protéines CD4. À l’inverse, les lymphocytes T dont les TCR peuvent reconnaître les protéines du CMH de classe II conservent l’expression des protéines CD4 et perdent celle des protéines CD8. Seulement 2 % des lymphocytes T ormés à l’origine parviennent à survivre à ces deux processus ; les 98 % de lymphocytes qui ont échoué à cette sélection sont éliminés par apoptose dans le thymus (voir la section 4.9).
Vérifiez vos connaissances 19. Qu’arrivetil si un lymphocyte T échouant à
la sélection négative n’est pas détruit ?
Vérifiez vos connaissances 18. À quel endroit se produit la maturation des
lymphocytes T ?
22.5.2 2
La sélection des lymphocytes T
Comparer la sélection positive avec la sélection négative des lymphocytes T.
Dans le thymus, les lymphocytes T traversent deux processus de sélection regroupés sous l’expression sélection thymique. La
22.5.3
3
La différenciation et la migration des lymphocytes T
Décrire les autres modifcations apportées aux lympho cytes T après leur sélection.
À la dernière étape de la sélection, chaque lymphocyte T est diérencié et possède soit le corécepteur CD4 et devient un lymphocyte T auxiliaire (cellule CD4+), soit le corécepteur CD8 et devient un lymphocyte T cytotoxique (cellule CD8+). Ces deux principaux types de lymphocytes T immunocompétents quittent
Chapitre 22 Le système immunitaire et la défense de l’organisme 1025
Thymus pend Sélection positive : La survie du pré-lymphocyte dépend de sa capacité à se lier à une molécule du CMH. CD8
Sélec Sélection négative : La survie du pré-lymphocyte dépend de son incapacité à reconnaître l’antigène endogène.
TCR
TCR
Antigène endogène
CMH de classe I CMH de classe II
CMH de classe I
CMH de classe II
CD4 Pré-lymphocyte T
La cellule épithéliale thymique présente la molécule du CMH au pré-lymphocyte T.
Pré-lymphocyte T
Se lie à la molécule du CMH ?
Oui
Les cellules dendritiques présentent l’antigène endogène au pré-lymphocyte T.
Reconnaît l’antigène endogène?
Oui
Non
Non
Détruite par apoptose Survit
Survit
Seulement 2 % des cellules survivent au processus de sélection dans le thymus.
Perte sélective de CD4 ou de CD8
FIGURE 22.14 Sélection thymique
❯
Les lymphocytes T terminent leur maturation dans le thymus et forment des lymphocytes T immunocompétents. Le pro cessus de sélection thymique des lymphocytes T comprend la sélection positive, la sélection négative et la perte sélective des protéines CD4 ou CD8. La sélec tion positive se déroule avant la sélection négative.
Lymphocytes T immunocompétents naïfs
Lymphocyte T auxiliaire (retient uniquement la protéine CD4)
alors le thymus. Il existe d’autres types de lymphocytes T, notamment les lymphocytes T régulateurs qui servent à réduire la réponse immunitaire. Par exemple, ils libèrent des cytokines (comme l’IL-10) qui inhibent des lymphocytes autoréactis participant aux réactions auto-immunes. Leur mécanisme de régulation et leurs onctions sont encore mal compris. Les lymphocytes T qui quittent le thymus sont des cellules immunocompétentes, mais ils sont aussi des lymphocytes T naïfs, c’est-à-dire qu’ils n’ont pas encore été exposés à l’antigène exogène spécifque qu’ils peuvent reconnaître. Les lymphocytes T
Lymphocyte T cytotoxique (retient uniquement la protéine CD8)
naïs auxiliaires et cytotoxiques quittent le thymus pour se loger dans les structures lymphoïdes secondaires (voir la fgure 22.13B). La ormation et la sélection des lymphocytes B se produisent de manière identique dans la moelle osseuse rouge. Les lymphocytes B naïs se logent également dans les structures lymphoïdes secondaires où ils entrent en contact avec l’antigène exogène qui stimule leur proliération et leur diérenciation. La ormation de nouveaux lymphocytes T se poursuit durant l’enance et baisse graduellement à partir de l’adolescence,
1026 Partie IV Le maintien et la régulation
parallèlement à l’involution du thymus. Par contre, la formation de nouveaux lymphocytes B se poursuit durant toute la vie. Les lymphocytes T et B participent à la réponse immunitaire dès qu’ils sont exposés à un antigène exogène.
Vérifiez vos connaissances 20. Quels types de lymphocytes sont présents dans
les structures lymphoïdes secondaires et à quel endroit sont-ils formés ?
22.6 L’activation et la sélection
clonale des lymphocytes
L’activation des lymphocytes nécessite un contact physique entre le lymphocyte et l’antigène qu’il peut reconnaître, ainsi que la prolifération et la différenciation de ces lymphocytes pour former des clones de cellules identiques qui possèdent le même TCR ou le même BCR correspondant à l’antigène spécique. La sélection clonale désigne ce processus de formation d’un clone en réponse à un antigène spécique.
La première rencontre entre un antigène et un lymphocyte se déroule normalement dans les structures lymphoïdes secondaires. L’endroit précis de cette rencontre dépend du point d’entrée de l’antigène. L’antigène dans le sang est transporté vers la rate ; l’antigène qui pénètre dans la peau est ingéré et transporté par les cellules dendritiques épidermiques. Ces CPA pénètrent alors dans un capillaire lymphatique pour être transportées vers un nœud lymphatique en vue de leur présentation aux lymphocytes. Si un antigène traverse l’épithélium pour se retrouver dans le tissu conjonctif sous-jacent ou s’il pénètre l’organisme par les muqueuses des voies respiratoires, digestives ou urogénitales, il entre alors en contact avec les amygdales ou les MALT. Il passe ensuite dans un capillaire sanguin pour se rendre à la rate. Dans ces organes, l’antigène est capturé par une CPA et subit une présentation croisée (Abbas & Lichtman, 2008).
22.6.1
L’activation des lymphocytes T
1
Décrire la manière dont les lymphocytes T auxiliaires et les lymphocytes T cytotoxiques sont activés.
2
Décrire le rôle de l’IL-2 dans ces deux modes d’activation.
FIGURE 22.15 Activation des lymphocytes
❯ L’activation des lymphocytes se déroule dans les structures lymphoïdes secondaires, généralement dans les nœuds lymphatiques ou dans la rate. L’activation déclenche la prolifération et la différenciation de lymphocytes an de former
des clones de cellules identiques, y compris des cellules mémoire. Deux formes de stimulation (costimulation) sont nécessaires à l’activation de chaque type de lymphocyte : A. lymphocyte T auxiliaire, B. lymphocyte T cytotoxique et C. lymphocyte B.
Chapitre 22 Le système immunitaire et la défense de l’organisme
1027
Les deux types de lymphocytes T doivent être activés avant de pouvoir remplir leurs fonctions dans le système immunitaire. L’activation des deux types de lymphocytes T nécessite deux formes de stimulation (costimulation) ; cependant, les processus diffèrent selon le type de lymphocyte.
La deuxième stimulation se produit dans les 24 heures qui suivent, lorsque les lymphocytes T auxiliaires commencent à sécréter une cytokine : l’IL-2. L’IL-2 intervient comme une hormone autocrine an de poursuivre la stimulation du lymphocyte T auxiliaire dont elle est issue.
22.6.1.1 L’activation des lymphocytes T auxiliaires Les particularités de l’activation des lymphocytes T auxiliaires sont représentées dans la FIGURE 22.15A. La première stimulation consiste en un contact physique direct entre une CPA et un lymphocyte T auxiliaire. L’antigène précédemment ingéré par une CPA est présenté à sa surface avec des molécules du CMH de classe II. La CPA peut se loger dans une structure lymphoïde secondaire (p. ex., les macrophagocytes) ou encore y migrer à partir de la peau (p. ex., les cellules dendritiques).
En réponse à cette deuxième stimulation, les lymphocytes T activés prolifèrent et se différencient pour former des clones de lymphocytes T auxiliaires (les lymphocytes T possédant les TCR qui peuvent se lier à cet antigène spécique). De ces clones sont produits des lymphocytes T auxiliaires activés qui continuent de produire de l’IL-2, et des lymphocytes T auxiliaires mémoire qui restent en attente et disponibles pour d’autres rencontres avec ce même antigène.
Un lymphocyte T auxiliaire se lie à la CPA an de vérier l’antigène. Le TCR spécique d’un lymphocyte T se lie au fragment peptidique présenté avec la molécule du CMH de classe II de la CPA. Cette liaison est stabilisée par la molécule CD4 du lymphocyte T auxiliaire qui se lie à d’autres régions de la molécule du CMH de classe II. Si le TCR ne reconnaît pas l’antigène présenté, il se désengage de la CPA. S’il le reconnaît, le contact entre les deux cellules peut durer plusieurs heures.
22.6.1.2 L’activation des lymphocytes T cytotoxiques La première stimulation d’un lymphocyte T cytotoxique se déroule sensiblement de la même manière que pour un lymphocyte T auxiliaire naïf (voir la gure 22.15B). Toutefois, un contact physique direct est établi entre le TCR d’un lymphocyte T cytotoxique et un fragment peptidique présenté avec la molécule du CMH de classe I d’une CPA. Cette interaction est stabilisée par la protéine CD8 du lymphocyte T cytotoxique qui se lie à d’autres régions de la molécule du CMH de classe I. Il est
1028 Partie IV Le maintien et la régulation
important de noter que plusieurs cellules inectées sont nécessaires pour activer un lymphocyte cytotoxique naï.
L’IL-4 a un rôle équivalent à celui de l’IL-2 ; elle stimule la production des lymphocytes B au lieu des lymphocytes T.
Souvent, des CPA, plus précisément des cellules dendritiques, peuvent participer à la costimulation des lymphocytes T cytotoxiques et des lymphocytes T auxiliaires dans le but de provoquer une réponse immunitaire contre les agents microbiens intracellulaires. Ce processus est appelé présentation croisée. Dans ce processus, la cellule inectée par le microorganisme est phagocytée par une CPA. Cette dernière présente alors l’antigène bactérien ou viral à des lymphocytes T auxiliaires et à des lymphocytes T cytotoxiques, associés respectivement à des molécules du CMH de classe II et de classe I.
L’activation des lymphocytes B déclenche leur proliération et leur diérenciation. La plupart des lymphocytes B activés se diérencient et orment des plasmocytes qui produisent des anticorps ; les autres deviennent des lymphocytes B mémoire qui seront activés au cours d’une exposition ultérieure au même antigène. Il existe certaines diérences entre les lymphocytes B mémoire et les plasmocytes : 1) les lymphocytes B mémoire conservent leurs BCR ; et 2) ils vivent beaucoup plus longtemps (des mois ou des années) que les plasmocytes (normalement cinq à sept jours). Dans certaines conditions, les lymphocytes B peuvent être stimulés par un antigène sans contact direct entre un lymphocyte B et un lymphocyte T auxiliaire. Ces antigènes sont appelés antigènes T-indépendants. C’est le cas des polysaccharides situés dans les capsules bactériennes ou les agelles de bactéries. Cependant la production de lymphocytes B mémoire et des diverses ormes d’anticorps (voir la section 22.8.3) exige, beaucoup plus réquemment, la participation du lymphocyte T auxiliaire pendant l’activation du lymphocyte B. C’est le cas des antigènes peptidiques. Ils sont alors appelés antigènes T-dépendants.
La deuxième stimulation se produit au moment de la liaison de l’IL-2 libérée par les lymphocytes T auxiliaires. L’IL-2 intervient comme une hormone paracrine afn de stimuler le lymphocyte T cytotoxique. Une ois activés, les lymphocytes T cytotoxiques prolièrent et se diérencient pour ormer des clones. Certains deviennent des lymphocytes T cytotoxiques activés et d’autres deviennent des lymphocytes T cytotoxiques mémoire ; ces derniers seront activés durant une exposition ultérieure au même antigène.
Vérifiez vos connaissances Vérifiez vos connaissances
23. La présence d’une CPA distincte estelle nécessaire
à l’activation d’un lymphocyte B ? Le lymphocyte B peutil remplir les fonctions d’une CPA ?
21. Quel est le type de cellule nécessaire pour activer
les lymphocytes T auxiliaires et les lymphocytes T cytotoxiques ?
24. Décrivez le rôle des cytokines libérées par les lym
phocytes T auxiliaires au cours de l’activation des lymphocytes B.
22. De quelle manière les cytokines libérées par les lym
phocytes T auxiliaires participentelles à l’activation des lymphocytes T auxiliaires et cytotoxiques ?
22.6.2 3
L’activation des lymphocytes B
Comparer l’activation des lymphocytes B à l’activation des lymphocytes T.
Les lymphocytes B immunocompétents naïs sont également activés par un antigène spécifque dans les structures lymphoïdes secondaires. Comme dans le cas des lymphocytes T, deux ormes de stimulation sont nécessaires pour activer les lymphocytes B. Cependant, ces derniers n’ont pas besoin que l’antigène soit présenté par des cellules qui ne sont pas des lymphocytes. Les lymphocytes B peuvent reconnaître les antigènes à l’extérieur des cellules et y répondre, qu’il s’agisse par exemple des antigènes de particules virales, de toxines bactériennes ou de levures. La première stimulation se produit lorsqu’un antigène intact se lie au BCR et que l’antigène établit des liaisons croisées avec les BCR, c’est-à-dire qu’un antigène se lie simultanément avec deux BCR adjacents (voir la fgure 22.15C). Le lymphocyte B stimulé ingère, traite et présente l’antigène au lymphocyte T auxiliaire qui reconnaît l’antigène. Cette présentation est semblable à l’action des autres CPA. Quelques heures après, la deuxième stimulation se déroule lorsqu’un lymphocyte T auxiliaire libère de l’IL-2, puis de l’IL-4, afn de stimuler le lymphocyte B.
22.6.3 4
La recirculation des lymphocytes
Décrire le processus de recirculation des lymphocytes et ses principales fonctions.
La nécessité du contact physique direct entre l’antigène et le lymphocyte qui possède un récepteur unique pouvant reconnaître cet antigène constitue l’un des principaux obstacles à l’immunité adaptative. Il semble que seulement 1 lymphocyte sur 100 000 à 1 000 000 de lymphocytes T ou B puisse se lier à un antigène dès sa première exposition à ce dernier. Cependant, les lymphocytes ne résident que temporairement dans les structures lymphoïdes secondaires. Après quelques jours, ils quittent ces structures et circulent dans le sang et dans la lymphe. Ce processus de recirculation des lymphocytes augmente ainsi les probabilités de contact avec l’antigène. La recirculation des lymphocytes permet de transporter des lymphocytes diérents dans toutes les structures lymphoïdes secondaires, accroissant ainsi les probabilités qu’un lymphocyte établisse un contact avec son antigène, s’il s’y trouve. Cette recirculation concerne surtout les lymphocytes T cytotoxiques. Une ois activés, ils se promènent dans la lymphe et le sang, et ils parcourent les structures lymphoïdes secondaires afn de chercher d’autres cellules porteuses d’antigènes spécifques qu’ils peuvent reconnaître dans le but de les détruire. C’est en quelque sorte une surveillance immunitaire. Cela
Chapitre 22 Le système immunitaire et la défense de l’organisme 1029
22.7.1
permet donc de détecter les antigènes pour les éliminer, et ce, partout dans l’organisme.
La réponse effectrice des lymphocytes T
Vérifiez vos connaissances 25. Quel est l’avantage que procure la recirculation
des lymphocytes ?
22.7 La réponse effectrice
au foyer de l’infection
Chaque type de lymphocyte possède une onction unique. Les lymphocytes T auxiliaires libèrent l’IL-2 et d’autres cytokines qui régulent ou stimulent les cellules de l’immunité adaptative et de l’immunité innée. Les lymphocytes T cytotoxiques détruisent les cellules anormales (inectées, tumorales) ou étrangères par apoptose. Les plasmocytes (lymphocytes B diérenciés) produisent des anticorps. Chaque type de lymphocyte a donc sa propre réponse eectrice. La réponse effectrice comprend les mécanismes ayant activé l’utilisation des lymphocytes pour éliminer l’antigène.
Infection
1
Décrire la réponse effectrice des lymphocytes T auxiliaires.
2
Décrire la manière dont les cellules anormales ou étran gères sont détruites par les lymphocytes T cytotoxiques.
3
Expliquer pourquoi l’activité des lymphocytes T constitue la forme cellulaire de l’immunité adaptative.
Comme c’est le cas pour l’activation, la réponse eectrice des lymphocytes T auxiliaires et des lymphocytes T cytotoxiques est diérente.
22.7.1.1 La réponse effectrice
des lymphocytes T auxiliaires Les lymphocytes T auxiliaires (lymphocytes mémoire ou activés) quittent les structures lymphoïdes secondaires après avoir été exposés quelques jours à l’antigène. Ils migrent vers le oyer de l’inection où ils continuent à libérer les cytokines afn de réguler d’autres cellules immunitaires FIGURE 22.16A .
Réponse Ré épo effectrice des lymphocytes T auxiliaires
Réponse effectrice des lymphocytes T cytotoxiques Lymphocyte T cytotoxique activé Apoptose de la cellule anormale
Lymphocyte T auxiliaire activé
Cytokines (p. ex., l’IL-2)
Perforine
Granzymes
Lymphocyte T cytotoxique Lymphocyte B
Cellule NK
Macrophagocyte
Cellule anormale (p. ex., une cellule infectée, une cellule tumorale) ou étrangère (p. ex., une cellule greffée)
La synthèse et la libération de diverses cytokines (p. ex., l’IL-2) régulent les cellules du système immunitaire adaptatif et inné, stimulent les réactions inflammatoires, activent les macrophagocytes et les cellules tueuses naturelles, favorisent la différenciation des lymphocytes T cytotoxiques et activent les réponses immunitaires qui dépendent des lymphocytes B. A.
La libération de substances cytotoxiques déclenche l’apoptose des cellules anormales.
B.
FIGURE 22.16 Réponse effectrice des lymphocytes T
❯ La réponse effectrice des lymphocytes T auxiliaires et des lymphocytes T cytotoxiques se mani feste au foyer de l’infection. A. Les lymphocytes T auxiliaires libèrent
diverses cytokines ; B. les lymphocytes T cytotoxiques détruisent les cellules anormales et étrangères grâce à la libération de substances cytotoxiques (perforine et granzymes).
1030 Partie IV Le maintien et la régulation
Les lymphocytes T auxiliaires sont ainsi nommés en onction de leur rôle dans l’activation des lymphocytes B, mais leur contribution est beaucoup plus vaste. Il existe plusieurs types de lymphocytes T auxiliaires (Th). Des lymphocytes T auxiliaires activent les lymphocytes T cytotoxiques par la libération de cytokines (p. ex., l’IL-2) ; c’est le cas des lymphocytes Th1. Ces derniers activent aussi les macrophagocytes et les cellules tueuses naturelles. D’autres, les lymphocytes Th2, stimulent les réponses immunitaires qui dépendent des lymphocytes B. D’autres enfn, les lymphocytes Th17 (libèrent l’IL-17), stimulent les réactions de la réponse inammatoire (réaction du système immunitaire inné). Des lymphocytes T auxiliaires jouent ainsi un rôle essentiel dans le onctionnement du système immunitaire (voir l’Application clinique intitulée « Le virus de l’immunodéfcience humaine et le syndrome d’immunodéfcience acquise », p. 1041).
INTÉGRATION
STRATÉGIES D’APPRENTISSAGE
Pour reprendre l’analogie militaire, la contribution des lympho cytes à l’immunité adaptative peut se décrire de la manière suivante : • Les lymphocytes T auxiliaires sont les généraux de l’ar mée ; ils recrutent d’autres cellules immunitaires et en assurent la régulation. • Les lymphocytes T cytotoxiques sont les soldats d’élite ; ils s’engagent dans un combat de cellule à cellule pour com battre un ennemi spécifque. • Les lymphocytes B sont des orces d’élite qui libèrent les munitions (anticorps) agissant à distance.
Vérifiez vos connaissances 26. Les cytokines libérées par les lymphocytes T
auxiliaires assurentelles à la ois la régulation des cellules de l’immunité innée et celle des cellules de l’immunité adaptative ?
À votre avis 3. Le VIH, qui cause le syndrome d’immunodéfcience
acquise (sida), cible particulièrement les lympho cytes T auxiliaires et entraîne la destruction de ces cellules. À partir de vos connaissances sur le rôle des lymphocytes T auxiliaires, expliquez la raison pour laquelle cette maladie accroît la susceptibilité aux maladies inectieuses.
22.7.1.2 La réponse effectrice
des lymphocytes T cytotoxiques De la même manière que les lymphocytes T auxiliaires, les lymphocytes T cytotoxiques mémoire ou activés quittent également les structures lymphoïdes secondaires après quelques jours et migrent vers le oyer de l’inection dans les tissus corporels. Les lymphocytes T cytotoxiques détruisent les cellules inectées afchant l’antigène. La réponse eectrice des lymphocytes T cytotoxiques est déclenchée lorsque ces derniers entrent en contact physique avec une cellule anormale, par exemple une cellule inectée par un virus ou une bactérie, une cellule tumorale ou encore une cellule étrangère provenant d’un tissu greé (voir la fgure 22.16B). Si, par exemple, le lymphocyte T cytotoxique reconnaît l’antigène présenté par la cellule inectée (avec des molécules du CMH de classe I), il détruit la cellule en libérant des granules contenant de la perforine et des granzymes, les mêmes substances cytotoxiques que celles libérées par les cellules tueuses naturelles et décrites précédemment. La perorine perce un canal dans la membrane de la cellule ciblée, ce qui en accroît la perméabilité ; les granzymes pénètrent ensuite dans la cellule par ces canaux et provoquent la mort de la cellule par apoptose, limitant la propagation de l’agent inectieux. Ce processus est donc celui de l’immunité cellulaire, la réponse immunitaire des lymphocytes T étant efcace contre les antigènes liés aux cellules. À la fn de la réponse immunitaire, les lymphocytes devenus inutiles sont détruits par apoptose.
27. Quels types de substances l’immunité cellulaire
parvientelle à combattre efcacement ?
22.7.2
La réponse effectrice des lymphocytes B
4
Décrire la onction des plasmocytes dans la réponse eectrice des lymphocytes B.
5
Défnir la notion de titre d’anticorps.
Les anticorps sont les eecteurs de l’immunité humorale. Ils sont ormés par les plasmocytes. Normalement, les plasmocytes restent dans les structures lymphoïdes secondaires et poursuivent la synthèse et la libération d’anticorps. Les anticorps circulent dans la lymphe et le sang de tout l’organisme et fnissent par entrer en contact avec l’antigène au oyer de l’inection. Tout au long de leur existence (environ cinq jours), les plasmocytes produisent des centaines de millions d’anticorps contre l’antigène spécifque. La concentration d’un anticorps (ciblant un antigène spécifque) dans la circulation sanguine sert à mesurer la réponse immunitaire. Cette concentration se nomme titre d’anticorps. La section suivante décrit la structure et les onctions d’un anticorps.
Vérifiez vos connaissances 28. Quel est le rôle exercé par les plasmocytes ?
22.8 Les immunoglobulines Un anticorps est une protéine d’immunoglobuline (Ig) correspondant à la raction gammaglobuline des protéines plasmatiques et agissant contre un antigène en particulier FIGURE 22.17.
Chapitre 22 Le système immunitaire et la défense de l’organisme 1031
Site de fixation de l’antigène
Site de fixation de l’antigène Ponts disulfures Région charnière
Bras (région Fab)
Région variable
22.8.1.2 La région constante
Chaîne légère
Région constante
Tige (région Fc) Chaîne lourde
FIGURE 22.17 Structure d’un anticorps
anticorps possèdent deux sites de fxation de l’antigène leur permettant de se lier à deux déterminants antigéniques. La région variable se lie à l’antigène grâce à des orces intermoléculaires aibles, comme des liaisons hydrogène, des interactions électrostatiques, des orces de Van der Waals et des interactions hydrophobes (voir la section 2.4.4). Grâce à la région charnière, les bras de la molécule d’anticorps s’ajustent aux déterminants antigéniques.
❯ L’anticorps possède une structure
de protéine en orme d’Y, y compris deux régions variables qui servent à la liaison avec l’antigène et une région constante déterminant son activité biologique.
La région constante contient la région Fc (pour ragment cristallisable, lorsqu’il est isolé en laboratoire), c’est-à-dire la portion de l’anticorps déterminant ses onctions biologiques. La région Fc contient également deux sites de reconnaissance très importants : un pour les macrophagocytes et un pour la protéine C1 du système du complément. La structure de la région constante est toujours identique ou semblable à celle des autres molécules d’anticorps d’une même classe. Il existe cinq principales classes d’immunoglobulines, les IgG, IgM, IgA, IgD et IgE, qui sont décrites un peu plus loin.
INTÉGRATION LIENS ENTRE LES CONCEPTS La plupart des protéines plasmatiques, y compris l’albumine, les protéines de coagulation et les globulines alpha et bêta, sont produites par le oie (voir la section 18.2.1). Les anticorps (immunoglobulines) sont les gammaglobulines les plus impor tantes et ils sont produits par les plasmocytes.
La structure des anticorps reète leur capacité à cibler les antigènes spécifques avec lesquels ils entrent en contact. Les anticorps ne détruisent pas directement les agents pathogènes, mais ils acilitent leur destruction par d’autres cellules immunitaires. Les anticorps servent à marquer un antigène de manière à ce qu’il soit reconnu et éliminé. La section suivante présente la structure et l’action des immunoglobulines.
Vérifiez vos connaissances 29. À quoi servent les régions variables dans une
molécule d’immunoglobuline ?
22.8.2 22.8.1
1
La structure des immunoglobulines
Décrire la structure d’une molécule d’immunoglobuline, y compris ses deux régions onctionnelles.
La molécule d’immunoglobuline est une protéine soluble en orme d’Y composée de quatre chaînes de polypeptides : deux chaînes lourdes identiques et deux chaînes légères identiques, y compris une exibilité dans la région charnière des deux chaînes lourdes. Ces quatre chaînes de polypeptides, retenues ensemble par des liaisons disulure, orment un monomère d’anticorps (protéine simple en orme d’Y). Le monomère d’anticorps comporte deux régions onctionnelles importantes : les régions variables et la région constante.
22.8.1.1 Les régions variables Les régions variables, situées aux extrémités des bras de l’anticorps (ou région Fab pour fragment antigen binding), contiennent le site de fxation de l’antigène, soit la portion se liant au déterminant antigénique spécifque d’un antigène. La plupart des
2
Les fonctions des anticorps
Énumérer les onctions du site de fxation de l’antigène et de la région Fc des anticorps, puis décrire brièvement la manière dont elles s’exercent.
Les anticorps peuvent lutter efcacement contre les antigènes grâce à la liaison de leur site de fxation de l’antigène avec le déterminant antigénique ciblé. Ce processus entraîne l’une des actions suivantes FIGURE 22.18 : • Neutralisation. Un anticorps recouvre physiquement le déterminant antigénique d’un agent pathogène afn de le rendre inefcace à déclencher une inection ou à causer des dommages. Par exemple, la neutralisation se produit lorsqu’un anticorps recouvre la région d’un virus qui sert à le lier au récepteur d’une cellule, empêchant l’entrée du virus dans la cellule. Un processus similaire permet de neutraliser les toxines. • Agglutination. L’anticorps établit des liaisons croisées, c’est-à-dire qu’il orme des liens avec les antigènes de plusieurs cellules étrangères en même temps et entraîne leur agglutination (ormation d’amas). Ce mode d’action est particulièrement efcace contre les cellules bactériennes et les
1032 Partie IV Le maintien et la régulation
La liaison du site de fixation de l’antigène à un antigène est à l’origine des fonctions suivantes :
Précipitation
Neutralisation
Agglutination
L’anticorps recouvre les portions dangereuses d’un microorganisme ou d’une toxine.
L’anticorps établit des liaisons croisées avec des cellules (p. ex., des bactéries) et forme un amas.
L’anticorps établit une liaison croisée avec des particules en circulation (p. ex., des toxines) et forme un complexe antigène-anticorps insoluble.
Antigène
Particules solubles
Virus Bactéries Complexe antigène-anticorps
Anticorps
Anticorps
Anticorps
A. Après la liaison de l’antigène à l’anticorps, la portion Fc exposée favorise les fonctions suivantes :
Fixation du système du complément La région Fc de l’anticorps se lie aux protéines du système du complément et l’active.
Opsonisation
Activation des cellules tueuses naturelles
La région Fc de l’anticorps se lie aux récepteurs des phagocytes et déclenche la phagocytose.
La région Fc de l’anticorps se lie à une cellule tueuse naturelle et déclenche la libération de substances cytotoxiques.
Bactérie Antigène Région Fc de l’anticorps
Système du complément
Bactérie Région Fc de l’anticorps Récepteur pour la région Fc de l’anticorps
Cellule infectée par un virus Perforine / granzymes Antigène Cellule NK
Apoptose Phagocyte
Anticorps Récepteur pour la région Fc de l’anticorps
B.
FIGURE 22.18 Fonctions des anticorps
❯ L’anticorps a pour onction de se lier à l’antigène jusqu’à ce que ce dernier soit éliminé. A. Trois onctions des anticorps sont associées à la açon dont la liaison du site de fxation se ait avec l’antigène, soit la neutralisation, l’agglutination
érythrocytes non compatibles au moment d’une transusion sanguine (voir la section 18.3.2). • Précipitation. L’anticorps peut établir une liaison croisée avec des antigènes solubles en circulation, notamment avec des particules virales (et non des cellules entières), afn de ormer un complexe antigène-anticorps. Ces complexes deviennent insolubles et sont précipités hors des liquides corporels. Les complexes précipités sont ensuite ingérés et éliminés par des phagocytes tels que les macrophagocytes.
ou la précipitation. B. Trois autres onctions exigent la liaison préalable de l’anticorps à l’antigène. La région Fc de l’antigène est projetée vers l’extérieur et peut alors se lier au système du complément, augmenter l’opsonisation et activer les cellules tueuses naturelles.
La région Fc de l’anticorps est projetée vers l’extérieur, après la liaison de la région variable de l’anticorps avec l’antigène. La région Fc ainsi exposée peut participer à plusieurs interventions importantes, notamment : • Fixation du système du complément. La région Fc de certaines classes d’anticorps (IgG et IgM) peut lier des protéines du système du complément et entraîner l’activation de ce dernier par la voie classique. Les onctions du système du complément ont été décrites précédemment. Elles incluent
Chapitre 22 Le système immunitaire et la défense de l’organisme 1033
l’opsonisation, l’accroissement de l’inammation, l’induction de la cytolyse et l’élimination des complexes immuns. • Opsonisation. La région Fc de certaines classes d’anticorps (IgG) peut également causer l’opsonisation, c’est-à-dire augmenter la probabilité qu’une cible soit détectée par les phagocytes. Les phagocytes, tels que les neutrophiles et les macrophagocytes, possèdent des récepteurs pour la région Fc de certaines classes d’anticorps. Les récepteurs de ces cellules se lient à la région Fc des anticorps, un peu à la manière d’une ermeture éclair, et ingèrent l’antigène et l’anticorps. • Activation des cellules tueuses naturelles. La région Fc de certaines classes d’anticorps (IgG) peut également déclencher l’activité des cellules tueuses naturelles. Ces dernières détruisent les cellules anormales grâce à la libération de substances cytotoxiques causant l’apoptose de la cellule, un processus désigné sous le nom de cytotoxicité à médiation cellulaire dépendant des anticorps (ADCC). Les anticorps immobilisent des antigènes spécifques et en viennent à causer leur élimination par d’autres cellules immunitaires. Les anticorps sont particulièrement efcaces pour se lier à des particules virales, à des bactéries, à des toxines et à des levures. Comme la réponse immunitaire des lymphocytes B est très efcace contre les antigènes solubles, c’est-à-dire les antigènes dissous dans les humeurs (ou liquides corporels), elle est qualifée d’immunité humorale.
INTÉGRATION
STRATÉGIES D’APPRENTISSAGE
Le rôle des anticorps peut généralement être comparé à celui de dispositifs permettant d’attacher le prisonnier jusqu’à ce que les renforts arrivent. L’utilisation des acronymes NAP et COT peut vous aider à mémoriser les six fonctions d’un anti corps : NAP pour neutralisation, agglutination et précipitation, et COT pour complément (pour système du complément), opsonisation et tueuses (pour cellules tueuses naturelles).
Vérifiez vos connaissances 30. Quelles sont les six principales fonctions des
anticorps ? Quelles sont les fonctions associées à la liaison de l’anticorps à l’antigène et quelles sont celles qui dépendent de la région Fc ?
22.8.3 3
Les classes d’immunoglobulines
Décrire la structure, l’emplacement et le rôle des cinq principales classes d’immunoglobulines.
Les cinq grandes classes d’immunoglobulines sont les IgG, les IgM, les IgA, les IgD et les IgE. Chaque classe d’immunoglobulines possède ses caractéristiques propres. Le TABLEAU 22.6 présente leurs principales caractéristiques.
Les IgG constituent la plus grande classe d’immunoglobulines. C’est la plus abondante et la plus diversifée. Ce sont les principaux anticorps de la réponse immunitaire secondaire, qui est la réponse mémoire durant la deuxième rencontre avec l’antigène spécifque (voir la section 22.9.2). Cette classe compte de 75 à 85 % des anticorps dans le sang. Ce sont les anticorps prédominants dans la lymphe, le liquide cérébrospinal et les liquides séreux comme le liquide péritonéal. Les IgG peuvent participer à toutes les onctions des anticorps préalablement énumérées, y compris la neutralisation des toxines telles que le venin des serpents. De plus, les anticorps IgG peuvent traverser le placenta et causer la maladie hémolytique du nouveau-né (voir l’Application clinique intitulée « L’incompatibilité Rhésus et la grossesse », p. 847). Les IgM sont généralement des pentamères, c’est-à-dire qu’elles sont composées de cinq monomères, et se trouvent surtout dans le sang. C’est la première classe d’anticorps libérée durant la réponse immunitaire primaire, c’est-à-dire la réponse immunitaire produite au moment de la première rencontre avec un antigène spécifque (voir la section 22.9.2). Les onctions biologiques de l’IgM ne sont pas aussi polyvalentes que celles de l’IgG. Par exemple, l’IgM est inefcace pour neutraliser des virus. Elle est cependant la plus efcace pour déclencher l’agglutination des cellules et la liaison du système du complément. De plus, les anticorps IgM sont produits naturellement et assurent le rejet des transusions sanguines non compatibles (voir l’Application clinique intitulée « La transfusion sanguine », p. 844). Les IgA se trouvent dans les endroits exposés à l’environnement, comme la peau, les muqueuses et les amygdales. Elles sont produites dans diverses sécrétions, y compris le mucus, la salive, les larmes et le lait maternel. Les IgA jouent un rôle important dans la protection des voies respiratoires et digestives. Dans les sécrétions, l’IgA est un dimère, c’est-à-dire qu’elle est composée de deux molécules d’anticorps. Elle empêche des agents pathogènes d’adhérer au tissu épithélial et de pénétrer dans les tissus sous-jacents grâce à la neutralisation. L’IgA est aussi particulièrement efcace pour l’agglutination.
INTÉGRATION
STRATÉGIES D’APPRENTISSAGE
En mémorisant le terme MADGE, il est facile de se rappeler les cinq classes d’immunoglobulines : M (dans IgM) pour Macro (gros pentamère) ou pour Matinal, car il s’agit des premiers anticorps à se présenter au moment de la réponse immunitaire primaire. A (dans IgA) pour Avantposte ou Avantpremière, car les IgA sont sécrétées sur les surfaces corporelles (muqueuses), ou pour Allaitement, car elles sont présentes dans le lait maternel. D (dans IgD) pour Dessus, car elles sont situées sur les lymphocytes B (BCR). G (dans IgG) pour Général (les plus abondantes) ou Grossesse, car elles traversent le placenta. E (dans IgE) pour Éternuements ou Ennuis, car elles parti cipent aux réactions allergiques et parasitaires.
1034 Partie IV Le maintien et la régulation TABLEAU 22.6 Caractéristique
Caractéristiques des principales classes d’immunoglobulines IgG
IgM
IgA
IgD
IgE
Principaux endroits
• Sous orme de monomère seulement • Liquides corporels, notamment le sang, la lymphe, le liquide cérébrospinal, le liquide séreux (p. ex., le liquide péritonéal)
• Sous orme de monomère : – Récepteur d’antigène sur les lymphocytes B (BCR) • Sous orme de pentamère : – Dans le plasma sanguin • Première classe d’Ig libérée par les plasmo cytes au cours de la réaction primaire
• Sous orme de monomère : – En petite quantité dans le plasma sanguin • Sous orme de dimère : – Sécrétions exter nes (peau, mucus, salive, sueur, larmes, lait mater nel et colostrum)
• Presque toujours à la surace des lympho cytes B ; très peu dans le plasma sanguin
• Sous orme de monomère : – À l’état de trace dans le sang • Sécrétée par les plasmocytes de la peau, des muqueuses et des amygdales
Actions
• Neutralisation (virus, bactéries, toxines) • Agglutination • Précipitation • Activation du système du complément • Opsonisation • Activation des cellules tueuses naturelles (cytotoxicité cellulaire dépendant des anticorps)
• Neutralisation • Agglutination (liaison du système du complément)
• Neutralisation • Agglutination
• BCR (récepteur de lymphocytes B)
• Déclenchement de la libération de l’histamine par les basophiles et les mastocytes • Attraction des éosinophiles
Demi-vie dans le sang
23 jours
5 jours
5,5 jours
2,8 jours
2 jours
Caractéristiques spécifques
• Principal anticorps de la réaction secondaire • Utilisée pour l’immunité passive • Passage placentaire • Composant du lait maternel (peu) • La classe d’Ig la plus abondante : 7585 % des anticorps circulants
• Premier anticorps produit • Seul anticorps produit dans le œtus • Composant du lait maternel (peu) • 10 % de la totalité des Ig
• Associée aux membranes muqueuses
• Liaison à un antigène spécifque procurant le premier signal de stimulation • Moins de 1 % des Ig du plasma sanguin
• Produite au cours des réactions allergiques ou à la suite d’une inection parasitaire
Forme
• Activation des mastocytes et des basophiles afn de déclencher la libération des médiateurs chimiques
Les IgD (ainsi qu’une orme monomère d’IgM) sont des récepteurs de lymphocytes B (BCR) spécifques de l’antigène. Elles servent aussi à déceler les lymphocytes B immatures lorsqu’ils sont prêts à être activés et à participer à l’immunité adaptative. Les IgE (ou réagines) ont un taux de synthèse très bas. Elles sont généralement ormées en réponse à des réactions allergiques ou à des inections parasitaires. L’IgE déclenche la libération d’histamine et d’autres substances médiatrices des basophiles et des mastocytes, et attire les éosinophiles. La ormation de l’IgE et sa réponse aux allergènes sont décrites en détail à la fn du présent chapitre (voir l’Application clinique intitulée « Les hypersensibilités », p. 1039).
• Rôle dans la protection contre les inections des voies respiratoires et digestives et urogénitales • Composant du lait maternel
La FIGURE 22.19 présente un sommaire visuel de l’immunité adaptative. L’immunité adaptative orme la troisième ligne de déense, puisqu’il s’écoule une longue période entre la première exposition à un antigène et l’apparition de la réponse immunitaire. Ce processus peut durer quelques jours.
INTÉGRATION LIENS ENTRE LES CONCEPTS Le œtus produit uniquement de l’IgM, et la mère ournit l’IgG, le seul anticorps pouvant traverser le placenta. Les IgA, sur tout, ainsi que les IgG et les IgM contenues dans le lait mater nel protègent le nouveauné. Plus tard, le jeune enant produit ses propres IgA qui protègent ses intestins.
Chapitre 22 Le système immunitaire et la défense de l’organisme 1035
Vérifiez vos connaissances 31. Quelle classe d’anticorps est prédominante ? Quelles
onctions spécifques des anticorps cette classe peutelle exécuter ?
22.9 La mémoire immunologique
et la réponse immunitaire
Le développement d’une mémoire immunologique constitue l’une des caractéristiques les plus importantes de l’immunité adaptative ; elle ournit l’immunité contre un antigène spécifque. La section qui suit présente la mémoire immunologique et le développement de l’immunité par des moyens actis et passis.
penser à la grippe saisonnière associée au virus de l’inuenza. L’immunité acquise par la vaccination annuelle n’est efcace que pour une année. Cela s’explique par des changements dans les déterminants antigéniques situés à la surace du virus. Ces changements sont associés à des mutations du code génétique de ce dernier. Il existe plusieurs types de virus de l’inuenza. Il n’y a qu’à penser au type H1N1 qui a causé la récente pandémie de grippe en 2009. Cette dénomination du virus met en évidence deux protéines de surace appelées respectivement hémagglutinine (pour H), qui intervient dans l’adhérence du virus sur la membrane plasmique de la cellule cible, et neuraminidase (pour N), qui est l’enzyme permettant au virus de quitter la cellule puis de pénétrer dans le mucus tapissant la muqueuse des voies respiratoires. Il existe plusieurs variétés de ces deux protéines, d’où les chires H1 à H16, et N1 à N9.
Vérifiez vos connaissances 32. Décrivez brièvement le concept de la mémoire
22.9.1 1
immunologique et son importance.
La mémoire immunologique
Défnir le concept de mémoire immunologique et expliquer la manière dont elle se développe.
L’activation de l’immunité adaptative exige un contact physique entre un lymphocyte et un antigène. Cette première rencontre de l’antigène avec le lymphocyte constitue la réponse (ou réaction) immunitaire primaire. À la première exposition, un nombre limité de lymphocytes T auxiliaires, de lymphocytes T cytotoxiques et de lymphocytes B arrive à reconnaître l’antigène (environ 1 sur 100 000 à 1 000 000). Il y a généralement un délai entre l’exposition initiale à l’antigène et le contact physique avec les lymphocytes nécessaire à l’élaboration de la réponse immunitaire. Touteois, comme cela a été décrit précédemment, la première exposition entraîne la ormation de cellules mémoire en réponse à l’activation des lymphocytes T et B. Ces lymphocytes de longue durée, qui constituent en quelque sorte une armée de « soldats » combattant des milliers d’antigènes diérents, assurent la mémoire immunologique. Au cours des expositions subséquentes à un antigène, ces nombreuses cellules mémoire entrent plus rapidement en contact avec l’antigène et produisent une réponse encore plus efcace appelée réponse (ou réaction) immunitaire secondaire (ou réponse mémoire). À chacune des expositions ultérieures à un agent pathogène, ce dernier est éliminé avant même l’apparition de symptômes. Par exemple, une personne qui a déjà eu la rougeole ne pourra pas l’attraper une deuxième ois, même si elle est exposée de nouveau à ce virus. Le virus est éliminé par les lymphocytes T mémoire activés, les lymphocytes B et les anticorps avant de causer des dommages. Grâce à cette mémoire immunologique, l’immunité adaptative assure une protection encore plus efcace. Les vaccins contribuent efcacement au développement de la mémoire immunologique, puisque l’organisme peut réagir par une réponse immunitaire secondaire lorsqu’il est exposé à la substance contre laquelle il a été vacciné (voir l’Application clinique intitulée « La vaccination », p. 1038). Cependant, dans plusieurs cas, la vaccination ne protège pas toujours. Il suft de
22.9.2
2
La mesure de la mémoire immunologique
Expliquer la diérence entre la réponse immunitaire primaire et la réponse immunitaire secondaire à un antigène.
Le titre d’anticorps (concentration) dans le sérum sanguin permet de mesurer la mémoire immunologique. Les graphiques présentés dans la FIGURE 22.20 illustrent les changements apportés au titre d’anticorps séreux (soit la quantité d’IgM et d’IgG dans le sang) sur une période de temps en réponse à l’exposition initiale et à une exposition subséquente à un antigène. Le degré de protection est indiqué par la concentration en IgG dans le sang.
22.9.2.1 L’exposition initiale et la réponse primaire L’exposition initiale à un antigène spécifque peut se présenter sous la orme d’une inection active ou d’un vaccin. La réponse primaire est la réponse mesurable de la production d’anticorps en réaction à une première exposition (voir la fgure 22.20) : • Phase latente. À la suite de la première exposition, il se déroule une période initiale au cours de laquelle aucun anticorps n’est détectable dans le sang. Cette période peut durer de trois à six jours. La détection de l’antigène, l’activation, la proliération et la diérenciation des lymphocytes, y compris la production de lymphocytes mémoire, se produisent au cours de la phase latente. • Production d’anticorps. En une à deux semaines, les plasmocytes produisent les IgM, puis les IgG. Le titre d’anticorps atteint un point maximum et décroît généralement par la suite.
22.9.2.2 Les expositions subséquentes
et la réponse secondaire Les expositions subséquentes à un antigène peuvent se produire après une période plus ou moins longue suivant l’exposition
INTÉGRATION
ILLUSTRATION DES CONCEPTS
FIGURE 22.19 Immunité adaptative ❯ L’immunité adaptative constitue la troisième ligne de défense et le moyen par lequel les lymphocytes défendent l’organisme contre les substances potentiellement dangereuses. L’immunité adaptative exige la présence de trois étapes (ou événements) dans le cycle de vie des lymphocytes : A. la formation des lymphocytes dans les structures lymphoïdes primaires, B. l’activation et la sélection clonale des lymphocytes dans les structures lymphoïdes secondaires et C. la réponse effectrice des lymphocytes T et des anticorps au foyer de l’infection.
A. Formation des lymphocytes Structure lymphoïde primaire
La formation des lymphocytes T et des lymphocytes B ainsi que leur maturation en lymphocytes immunocompétents naïfs se déroulent dans la moelle osseuse rouge pendant le développement embryonnaire et tout au long de la vie. Pour les lymphocytes T, cette maturation est complétée dans le thymus. Ces cellules migrent vers les structures lymphoïdes secondaires. Lymphocytes T (maturation complétée dans le thymus) Récepteur CD4
Récepteur CD8
TCR
Lymphocyte T auxiliaire
TCR
Lymphocytes B (maturation complétée dans la moelle osseuse rouge) BCR
Lymphocyte T cytotoxique
Moelle osseuse rouge
Nœud lymphatique
Foyer de l’infection
B. Activation et sélection clonale des lymphocytes
Structure lymphoïde secondaire
La première exposition à l’antigène se produit généralement dans les structures lymphoïdes secondaires (p. ex., les nœuds lymphatiques, la rate, les amygdales, les formations MALT). Les clones des lymphocytes T cytotoxiques et auxiliaires (activés et mémoire), les plasmocytes et les lymphocytes B sont formés. Lymphocyte T auxiliaire naïf
CD4 TCR Antigène
IL-2 IL-2
Les plasmocytes produisent des anticorps.
TCR Antigène
CMH de classe I avec antigène
Anticorps
IL-4 IL-2
CD4
Cellule infectée CPA
Lymphocyte T auxiliaire activé
Lymphocyte T cytotoxique naïf
CD8 TCR Antigène
CMH de classe II avec antigène
CMH de classe II avec antigène
Lymphocyte B naïf (sert de CPA)
IL-2
Lymphocytes B mémoire Les lymphocytes T auxiliaires activés prolifèrent et se différencient pour former des clones de lymphocytes T auxiliaires activés et mémoire.
Les lymphocytes T cytotoxiques activés prolifèrent Les lymphocytes B activés prolifèrent et et se différencient pour former des clones de se différencient pour former des clones lymphocytes T cytotoxiques activés et mémoire. de plasmocytes et de lymphocytes B mémoire.
C. Réponse effectrice
Foyer de l’infection Immunité cellulaire
Immunité humorale
Une partie des lymphocytes T auxiliaires activés libère des cytokines (IL-4, IL-2) afin de stimuler l’activité des lymphocytes B et T cytotoxiques, et une autre partie sort de la structure lymphoïde secondaire pour aller vers le site de l’infection et activer d’autres cellules de l’immunité innée telles que les macrophagocytes.
Les lymphocytes B ne sortent pas des structures lymphoïdes secondaires. Ils se transforment en plasmocytes qui fabriquent les anticorps spécifiques de l’antigène, lesquels se retrouvent dans la circulation. La région variable de l’anticorps se lie à l’antigène et entraîne plusieurs conséquences : neutralisation des cellules microbiennes (p. ex., les bactéries), de particules virales ou de toxines ; agglutination des cellules ; et précipitation des particules (p. ex., les toxines). Région Fab
Érythrocyte CPA PA
Particules solubles
Bactéries Précipitation
Lymphocyte T auxiliaire Les lymphocytes T cytotoxiques activés quittent la structure lymphoïde secondaire pour aller vers le site de l’agression. Ils libèrent des molécules cytotoxiques (perforine et granzymes), causant l’apoptose des cellules étrangères ou anormales. Perforine Granzymes
Virus
Bactérie
Cytokines (p. ex., l’IL-2)
Neutralisation
Agglutination
La région constante de l’anticorps sert de point d’interaction avec certaines structures, notamment ; le système du complément, ce qui permet de l’activer ; les phagocytes, pour accroître la probabilité que l’antigène soit ingéré (opsonisation) ; les cellules tueuses naturelles, pour que celles-ci déclenchent l’apoptose des cellules Système du complément indésirables. Liaison avec le système du complément Liaison des phagocytes par opsonisation Région Fc
Phagocyte
Cellule NK
Lymphocyte T cytotoxique Cellule anormale
Apoptose d’une cellule anormale
Liaison des cellules tueuses naturelles causant l’apoptose des cellules indésirables
1038 Partie IV Le maintien et la régulation
INTÉGRATION APPLICATION CLINIQUE
Phase latente
IgG IgM
0
Réponse secondaire Titre d’anticorps sériques
Titre d’anticorps sériques
Réponse primaire
5 10 15 20 25 Jours depuis la première exposition à l’antigène
IgG
IgM
0 5 10 15 20 25 Jours depuis la réexposition au même antigène
FIGURE 22.20 Réponse primaire et réponse secondaire de l’immunité humorale ❯ Le graphique représentant la réponse primaire indique la concentration en anticorps IgM et IgG produits par les plasmocytes à la première exposition à un antigène donné. Le graphique représen tant la réponse secondaire illustre la concentration de ces mêmes anticorps au cours des expositions subséquentes au même antigène.
initiale. La réponse mesurable qu’elles déclenchent correspond à la réponse secondaire (voir la fgure 22.20) et elle est possible grâce aux lymphocytes mémoire à vie longue situés dans les structures lymphoïdes secondaires : • Phase latente. Grâce à la présence des lymphocytes mémoire, la période de latence est beaucoup plus courte durant les expositions subséquentes à un même antigène qu’au moment de la première exposition. • Production d’anticorps. La concentration en anticorps augmente plus rapidement et comporte une plus grande proportion d’anticorps de classe IgG. La production plus élevée d’IgG peut se poursuivre sur de longues périodes, parois même des années, grâce aux lymphocytes B mémoire qui se transorment en plasmocytes, si nécessaire. Il est important de remarquer que les réponses aux antigènes sont indépendantes l’une de l’autre. Il est nécessaire que l’organisme reconnaisse chaque antigène. Si, par exemple, l’organisme est exposé à un deuxième type d’antigène (Ag B) diérent en même temps que la deuxième exposition au premier antigène (Ag A), la réponse à l’Ag B sera indépendante de celle à l’Ag A. Il y aura une réponse primaire de l’organisme à l’Ag B.
Vérifiez vos connaissances 33. En quoi la réponse secondaire dièretelle de la
réponse primaire ? Quel est l’avantage de la réponse secondaire par rapport à la réponse primaire ?
La vaccination Le vaccin est un microorganisme mort ou atténué (aaibli), ou une composante d’un microorganisme (pouvant être synthé tique), ou encore une anatoxine (toxine inactivée). Il peut être administré par diérentes voies, notamment les voies intra musculaire, souscutanée, orale ou intranasale. Le rôle du vaccin consiste à stimuler la production de lym phocytes B mémoire (principalement) par le système immuni taire tout en assurant des conditions relativement sécuritaires pour l’exposition initiale à un microorganisme. Le risque est relativement aible, puisque le microorganisme (ou ses com posantes) ne possède aucune capacité (ou une capacité limi tée seulement) à déclencher une inection. Si une personne est exposée plus tard au même antigène, la réponse secon daire est immédiatement déclenchée. Cette réponse étant rapide et efcace, la personne ne sera même pas consciente d’avoir été en contact avec le microorganisme. Le vaccin dière touteois d’une inection active en raison des caractéristiques cidessous : • La réponse immunitaire à un vaccin provient principalement de la orme humorale. Dans le cas d’un vaccin, les lympho cytes B se lient à des microorganismes non attachés afn d’induire l’immunité humorale ; touteois, peu de ces micro organismes (et parois aucun) parviennent à inecter les cel lules et à stimuler le développement de l’immunité cellulaire par les lymphocytes T. Dans certains cas, les lymphocytes B présentent l’antigène aux lymphocytes T. • En onction de la durée de vie des lymphocytes B mémoire sollicités, le vaccin peut assurer une immunité pour toute la vie d’une personne, mais dans certains cas, des rappels du vaccin peuvent être nécessaires pour assurer la protection contre l’antigène. Par exemple, dans le cas du vaccin contre le tétanos, des rappels sont nécessaires tous les 10 ans.
22.9.3
L’immunité active et passive
3
Défnir les concepts d’immunité active et d’immunité passive.
4
Décrire les processus d’acquisition naturelle et artifcielle de l’immunité active et passive.
L’immunité peut être active ou passive. L’immunité active résulte du contact direct avec un agent pathogène ou une substance étrangère ; elle peut être acquise de manière naturelle ou artifcielle. L’immunité active est acquise de manière naturelle lorsqu’une personne est exposée directement à l’antigène d’un agent inectieux. Elle est dite artifcielle lorsque l’exposition est réalisée par un vaccin. Dans ces deux cas, il y a ormation de cellules mémoire ciblant l’antigène spécifque. L’immunité est qualifée d’active, car le système immunitaire de la personne devra s’activer pour produire ses anticorps. Contrairement à l’immunité active, l’immunité passive est obtenue par l’intermédiaire d’un autre organisme, de manière naturelle ou artifcielle. L’immunité passive est acquise naturellement
Chapitre 22 Le système immunitaire et la défense de l’organisme 1039
par le transert des anticorps de la mère au œtus par le placenta (IgG) ou de la mère au nouveau-né par le lait maternel (IgA, IgM et IgG). À l’opposé, lorsqu’une personne reçoit un sérum d’un autre organisme contenant des anticorps contre un antigène en particulier, il s’agit d’une immunité passive acquise de manière artifcielle. Par exemple, un sérum contenant des anticorps contre les toxines du tétanos et du botulisme peut être transéré à une personne qui risque d’être contaminée par ces toxines. Les anticorps combattant le venin d’un serpent (sérum antivenimeux) peuvent être administrés à une personne ayant été mordue par cette espèce de serpent. Les anticorps neutralisent la toxine ou le venin et l’empêchent de causer des dommages jusqu’à ce que l’organisme puisse l’éliminer. L’immunité est dite passive, car le système immunitaire de la personne n’est pas activé. Il ne abrique pas d’anticorps. Ces derniers, déjà abriqués, sont ournis à l’organisme.
Pour les deux types d’immunité passive, la personne n’est pas exposée une première ois à l’antigène et ne produit pas de cellules mémoire. L’immunité passive ne dure que pendant la période où les protéines d’anticorps restent dans l’organisme. Par exemple, la demi-vie de l’IgG dans le sang est de 23 jours, et celle de l’IgM est de 5 jours (voir le tableau 22.6). L’administration d’un sérum (p. ex., les gammaglobulines antitétaniques) peut être utile afn d’assurer une protection immédiate chez une personne non vaccinée. Le TABLEAU 22.7 présente une comparaison des caractéristiques de l’immunité passive et de l’immunité active.
Vérifiez vos connaissances 34. Quel type d’immunité (active ou passive) entraîne la
production de cellules mémoire et assure générale ment une protection à long terme contre l’antigène ?
TABLEAU 22.7 Comparaison de l’immunité active et de l’immunité passive Caractéristique
Immunité active
Immunité passive
Contact direct avec un antigène
Oui • Acquise naturellement : par contact avec un agent inectieux • Acquise artifciellement : par vaccin
Non
Développement de cellules mémoire
Oui • Protection à long terme
Non • Protection à court terme
Anticorps provenant d’autres sources
Non
Oui • Acquise naturellement : transmission de la mère au œtus ou au nouveauné • Acquise artifciellement : transmission des cellules ou des anticorps d’un autre organisme par sérum
INTÉGRATION APPLICATION CLINIQUE
Les hypersensibilités DÉSÉQUILIBRE HOMÉOSTATIQUE
L’hypersensibilité désigne une réponse anormale et exagérée du système immunitaire à un antigène. Les divers types d’hypersen sibilités sont classés en onction du délai qui s’écoule entre l’ex position à un antigène et la réponse immunitaire. L’hypersensibilité aiguë (ou anaphylactique ou de type I) est déclenchée en quelques secondes, et les signes cliniques apparaissent en deçà de 30 minutes ; c’est le cas des réactions allergiques où les anti corps de type IgE sont en cause (voir plus loin). L’hypersensibilité subaiguë (ou cytotoxique ou de type II) implique des anticorps IgG ou IgM qui sont dirigés contre des cellules de l’hôte ou étran gères. Cela nécessite la fxation du complément qui provoque la lyse des cellules. Par exemple, c’est le cas des transusions san guines incompatibles (lyse des érythrocytes) et des réactions cyto toxiques d’origine médicamenteuse. Dans ce type de réaction, les signes apparaissent après 5 à 8 heures. L’hypersensibilité semi-retardée (ou à complexes immuns ou de type III) implique la ormation de complexes entre des anticorps de type IgG et des antigènes solubles. Suite à la fxation du complément, l’organe atteint présente une réaction inflammatoire de ses vaisseaux san guins. Par exemple, c’est le cas de la glomérulonéphrite. Enfn,
l’hypersensibilité retardée (ou différée ou de type IV) relève de l’immunité cellulaire, les signes cliniques apparaissent après quelques jours. Dans ce type de réaction, des haptènes (aller gènes) se lient à des molécules de l’hôte, ce qui stimule la prolié ration de lymphocytes T. Lors du second contact avec le même allergène, les lymphocytes T libèrent des cytokines responsables des réactions inflammatoires. Par exemple, c’est le cas des der matites de contact (herbe à puce).
L’hypersensibilité aiguë (allergies) L’hypersensibilité aiguë est en ait une allergie caractérisée par une réaction exagérée du système immunitaire à une substance non inectieuse appelée allergène. Par exemple, le pollen, le latex, les arachides et le venin d’abeille sont des allergènes cou rants. La réaction allergique se déclenche quelques secondes après l’exposition à l’allergène et dure environ 30 minutes. La réaction allergique se déroule en trois étapes principales : 1. Phase de sensibilisation. Une personne est exposée à un allergène. L’allergène est ingéré par une CPA et présenté à des lymphocytes T auxiliaires. Ces derniers libèrent des cytokines qui déclenchent la maturation de lymphocytes B spécifques, qui se transorment en plasmocytes, lesquels produisent les
1040 Partie IV Le maintien et la régulation
INTÉGRATION APPLICATION CLINIQUE (suite) anticorps IgE contre l’allergène. Les anticorps IgE se lient aux basophiles et aux mastocytes (par la région constante de l’anticorps), et ils peuvent rester liés à ces cellules pendant plusieurs semaines ou plus. 2. Phase d’activation. Si la personne est exposée de nouveau au même allergène, celuici se lie aux anticorps IgE qui sont liés aux basophiles et aux mastocytes, établissant une liaison croisée avec les récepteurs (ormation d’un pont entre l’aller gène et deux anticorps adjacents). 3. Phase eectrice. Il y a alors dégranulation des mastocytes et des basophiles, ce qui libère des substances (histamine, leuco triènes et prostaglandines) provoquant une réponse inflamma toire. Cette réponse inflammatoire déclenche des symptômes allergiques variés selon l’endroit du corps où se produit la réponse inflammatoire : • Le contact avec les muqueuses nasales et la conjonctive de l’œil cause l’écoulement nasal et les larmes (rhinite allergique ou rhume des oins). Ce sont les symptômes les plus courants ; environ de 20 à 25 % de la population canadienne soure de rhinite allergique (PasseportSanté.net, 2013). Cette rhinite peut être saisonnière lorsque les symptômes sont limi tés sur une période de l’année. La plupart du temps, elle apparaît entre l’âge de 5 et 20 ans. Elle est causée principale ment par le pollen des arbres au début du printemps, par les graminées (oin, gazon) en juillet ainsi que par l’herbe à poux à la fn de l’été. La rhinite peut être annuelle lorsque les symp tômes durent toute l’année, comme c’est souvent le cas pour les allergies aux moisissures et aux acariens (minuscules arachnidés qui vivent dans les matelas et les moquettes, et qui se nourrissent de squames humaines).
• L’exposition à la surace de la peau peut causer des rou geurs et des démangeaisons (urticaire). • L’entrée dans les voies respiratoires cause la bronchocons triction, accroît la sécrétion de mucus et entraîne des dif cultés respiratoires et de la toux (asthme allergique). • L’entrée de l’allergène dans le tube digesti augmente les sécrétions de liquides et le péristaltisme causant les vomis sements et la diarrhée (non représentés). L’allergène peut aussi provoquer l’œdème de Quincke (ou angioœdème) dans les cas graves d’allergies. • La circulation de l’allergène dans le sang causée par une piqûre d’abeille ou une injection (p. ex., l’allergie à la pénicil line) entraîne l’inflammation, la vasodilatation systémiques et l’hyperperméabilité des vaisseaux sanguins. Dans les cas graves, le passage abondant de liquide du sang vers l’es pace interstitiel cause une baisse importante de la pression et du volume sanguins. Par conséquent, la pression arté rielle peut devenir insufsante pour maintenir une perusion adéquate (choc anaphylactique systémique).
Plusieurs traitements peuvent être envisagés. Dans un pre mier temps, les mesures d’éviction sont avorisées lorsqu’elles sont possibles. Viennent ensuite les traitements symptomatiques qui permettent de traiter les maniestations et de soulager les symptômes. C’est le cas des antihistaminiques, qui s’opposent à l’action de l’histamine. Enfn, la désensibilisation (ou immunothérapie spécifque) est le seul traitement préventi et curati, puisqu’il s’attaque à la cause. Il s’agit d’injections souscutanées, dans le bras, de doses progressivement croissantes de un ou de plusieurs allergènes identifés par des tests cutanés ou sanguins. Au début, ces injections sont répétées toutes les semaines jusqu’à la dose d’entretien, puis elles sont espacées à raison d’une ois par Hypersensibilité de type I (anticorps IgE) mois environ, pour trois à cinq ans en général. Il existe aussi une orme Exposition initiale à l’allergène Exposition subséquente au même allergène sublinguale et journalière de ce traite Phase ment ; le client qui y a recours dépose Allergène d'activation : des gouttes des allergènes sous la Liaison de Allergène langue. Cette méthode, populaire en l’allergène aux anticorps IgE Europe, n’est pas encore approuvée Mastocyte en Amérique du Nord. L’objecti de la Plasmocyte désensibilisation est de provoquer la Récepteur Fc IgE production d’anticorps bloquants de Phase effectrice : type IgG qui neutralisent les allergènes Exocytose du avant qu’ils réagissent avec les IgE contenu des granules (p. ex., l’histamine) ; fxés aux mastocytes. Région Fc IgE
Phase de sensibilisation : Liaison des anticorps IgE aux récepteurs Fc des basophiles et des mastocytes Mastocyte
Récepteur Fc
Granules contenant les molécules inflammatoires
libération et formation de molécules à partir de la membrane plasmique (leucotriènes, prostaglandines) Un accroissement de la réponse inflammatoire peut entraîner les effets suivants :
Rhinite allergique
Urticaire
Asthme Choc anaallergique phylactique
Les réactions d’hypersensibilité aiguë sont liées aux anticorps IgE. L’hypersensibilité aiguë comporte trois phases : la sensibilisation, l’activation et la phase eectrice.
Chapitre 22 Le système immunitaire et la défense de l’organisme 1041
INTÉGRATION APPLICATION CLINIQUE
Le virus de l’immunodéfcience humaine et le syndrome d’immunodéfcience acquise DÉSÉQUILIBRE HOMÉOSTATIQUE
Le syndrome d’immunodéfcience acquise (sida) est une aection mettant en danger la vie de la personne. Il est causé par un rétrovirus (virus à ARN), soit le virus de l’immunodéfcience humaine (VIH). L’inection par le VIH cible le système immuni taire, particulièrement les lymphocytes T auxiliaires (cel lules CD4+). Le VIH inecte et détruit ces lymphocytes T auxiliaires sur une certaine période de temps (des mois ou des années). Une inection prolongée par le VIH entraîne les eets dévasta teurs du sida.
L’épidémiologie Le VIH s’installe dans les liquides corporels des personnes inectées, soit dans le sang, le sperme, les sécrétions vaginales et même le lait maternel. Le VIH peut donc être transmis au cours de toute activité qui comporte un échange de liquides cor porels, qu’il s’agisse d’une relation sexuelle non protégée (vagi nale ou anale), du partage de seringues hypodermiques entre consommateurs de drogues intraveineuses ou de l’allaitement d’un bébé. Les recherches actuelles démontrent que le VIH n’est pas transmis par les baisers, le partage d’un verre, un éternue ment, une étreinte ou les contacts physiques courants (Sida Ino Service.org, 2012a, 2012b). D’abord observé aux ÉtatsUnis au début des années 1980 dans la population homosexuelle mas culine, le sida est désormais une maladie répandue parmi les populations hétérosexuelles. Avant 1985, alors que les connais sances sur le VIH et le sida étaient encore limitées, le VIH pou vait être transmis au cours de transusions de sang. Plusieurs personnes ont ainsi été inectées par le VIH en recevant une transusion sanguine. Depuis, l’évolution des connaissances a permis de dépister la présence du VIH et de qualifer plus rigou reusement les donneurs. Depuis le début des années 1980, plus de 60 millions de personnes ont été inectées par le VIH et plus de 27 millions en sont mortes. Entre 1980 et 2009 au Canada, il y a plus de 20 000 décès signalés parmi les cas déclarés de sida (Agence de la santé publique du Canada, 2009). L’incidence du VIH est en croissance partout dans le monde, mais la maladie atteint des proportions épidémiques en Arique et en Asie. L’épidémie de sida en Arique entraîne un taux de mortalité considérable. En Asie, il y a une augmentation des cas d’inection par le VIH et d’apparition du sida.
La prévention Grâce à des programmes d’inormation et d’éducation, la pré vention permet de aire évoluer les comportements et d’éliminer ou de limiter les comportements qui en permettent la transmis sion (ONUSIDA, 2012). Les personnes à risque doivent se proté ger par l’utilisation systématique du condom au cours de relations sexuelles. Le VIH peut également être transmis durant des rela tions sexuelles orales (Sida Ino Service.org, 2005). Les autres contraceptis, notamment les contraceptis oraux, n’orent aucune protection contre le VIH. Les toxicomanes ne doivent pas échanger leurs seringues. Les praticiens œuvrant dans le milieu
de la santé doivent porter des gants et aire preuve de prudence chaque ois qu’ils sont en contact avec les liquides corporels des clients. Enfn, le lait maternel peut transmettre le virus ; ne pas allaiter est certes le moyen le plus sûr, mais un traitement anti rétroviral diminue grandement les risques de contamination (Institut de recherche pour le développement, 2011). Le VIH ne peut survivre longtemps hors de l’organisme. Le nettoyage normal avec un désinectant courant (p. ex., l’eau de Javel, le peroxyde d’hydrogène) et la stérilisation à une tempéra ture supérieure à 57 °C permettent d’éliminer le virus.
Le mode de onctionnement du VIH Une inection par le VIH détruit les lymphocytes T auxiliaires. Ce processus peut se dérouler de plusieurs manières. Certains lym phocytes T auxiliaires sont programmés pour produire l’ARN du VIH à une vitesse si grande que les cellules subissent une lyse ou éclatent. D’autres lymphocytes T auxiliaires sont ciblés et détruits par d’autres cellules immunitaires telles que les macrophagocytes ou les lymphocytes T cytotoxiques. Après quelques mois ou quelques années, la population de lymphocytes T auxiliaires baisse considérablement. Comme les lymphocytes T auxiliaires ont pour onction de déclencher et de réguler la réponse immunitaire de l’organisme, leur diminution importante entraîne la perte des onc tions immunitaires.
Les premiers symptômes Quelques semaines ou quelques mois après l’inection initiale par le VIH, plusieurs personnes éprouvent des symptômes sem blables à ceux de la grippe : maux de gorge, fèvre, atigue, maux de tête et enflure des nœuds lymphatiques. Certains peuvent également éprouver des sueurs nocturnes, alors que d’autres ne présentent aucun symptôme. Ces symptômes disparaissent souvent après quelques semaines, puisque les autres cellules immunitaires de l’organisme parviennent à cibler et à détruire les cellules inectées par le VIH. Les lymphocytes T auxiliaires non inectés se divisent pour remplacer les cellules détruites. Cependant, même si le système immunitaire travaille à se débar rasser des cellules inectées, le VIH continue à se multiplier à un rythme encore plus rapide. De plus, le virus subit des mutations et empêche ainsi sa détection par le système immunitaire. Après quelques années, la population de lymphocytes T auxiliaires devient très basse, avorisant l’apparition du sida. Le VIH cible le récepteur CD4 sur un lymphocyte T auxiliaire et s’y attache. Corécepteurs
Lymphocyte T auxiliaire
Récepteur CD4
Processus d’inection d’une cellule par le VIH
1042 Partie IV Le maintien et la régulation
INTÉGRATION APPLICATION CLINIQUE (suite)
Les indices de la présence du VIH dans le sang Un des tests sanguins permettant de déceler le VIH consiste à détecter la présence des anticorps du VIH dans le sang. Ces anticorps sont produits par les plasmocytes environ un mois après l’inection initiale. Ces anticorps révèlent la réponse de l’organisme à une inection par le VIH. Il aut parois jusqu’à six mois pour détecter le VIH par un test sanguin, puisque la concentration en anticorps n’est pas toujours sufsante pour en permettre la détection avant ce moment. Si le test sanguin est pratiqué dans les six mois suivant l’exposition, les per sonnes exposées au VIH peuvent donc recevoir de aux résul tats négatis et propager l’inection à leur insu. Il existe aussi un autre test qui consiste à dépister l’ARN du VIH dans le sang. Ce test mesure quantitativement l’ARN viral, aussi appelée charge virale, dans le plasma. Les résultats permettent de suivre la progression de l’inection et d’évaluer l’efcacité des traitements antirétroviraux. Il a comme avantage de détecter l’inection beaucoup plus tôt, soit autour du 15 e jour environ après une contamination par le VIH.
Lorsque le VIH devient le sida Une personne inectée par le VIH reçoit un diagnostic de sida lorsque sa concentration sanguine en lymphocytes T auxiliaires devient inérieure à 200 cellules par microlitre cube (ml3) (la concentration chez une personne en santé est de 800 à 1 200 cel lules/ml3) ou lorsqu’elle est atteinte d’une inection opportuniste. Les inections opportunistes sont des inections qui se mani estent et se propagent en raison de l’aaiblissement du système immunitaire. Les inections causées par des protozoaires (p. ex., la toxoplasmose et la pneumonie causée par Pneumocystis jiroveci), les inections ongiques (p. ex., la candidose, l’aspergillose, l’histo plasmose), certaines inections bactériennes ainsi que les néo plasmes (ou cancers) (p. ex., le sarcome de Kaposi, le lymphome
malin non hodgkinien et le cancer du col de l’utérus) fgurent dans cette catégorie. Les inections opportunistes représentent la prin cipale cause de décès, soit environ 80 % des cas liés au sida. De nombreuses personnes atteintes du sida sourent également de certaines complications du système nerveux central, comme la méningite, l’encéphalite, les défciences neurologiques et les neuropathies.
Les traitements possibles Il n’existe pas de remède contre le VIH ; l’inection par le VIH est donc une maladie qui dure toute la vie. Les traitements pharma cologiques actuellement oerts permettent de soulager les symptômes ou de prévenir la propagation du VIH dans l’en semble du corps, mais ils ne permettent pas d’éradiquer totale ment le virus de l’organisme. Par exemple, la trithérapie est un protocole de traitement qui consiste à administrer trois antirétroviraux dans le but de ralentir la multiplication du VIH dans l’organisme. Ce protocole inclut un ou deux inhibiteurs de la transcriptase inverse, soit l’enzyme du VIH qui est nécessaire pour ormer, à partir de l’ARN du VIH, un segment d’ADN capable d’intégrer le génome de la cellule inectée, ainsi qu’un ou deux inhibiteurs de protéase, c’estàdire l’enzyme qui participe nor malement à l’assemblage de la capside protéique du VIH. La plu part de ces médicaments produisent des eets secondaires indésirables. Malheureusement, les médicaments utilisés pour traiter le VIH coûtent cher et ne sont pas acilement accessibles dans les pays en voie de développement, là où les besoins sont pourtant les plus grands. Les compagnies pharmaceutiques négocient avec les gouvernements de ces pays, et il aut espérer que des ormes plus abordables de ces médicaments pourront être oertes à ces clients. D’ici là, les eorts de sensibilisation et d’éducation se poursuivent partout dans le monde.
Liens entre les systèmes lymphatique et immunitaire et les autres systèmes Le système lymphatique appuie le système cardiovasculaire et le système immunitaire dans leurs fonctions. Il complète également le système cardiovasculaire, car il maintient l’équilibre hydroélectrolytique, le volume sanguin et la pression artérielle. Les nombreuses structures moléculaires et cellulaires du système immunitaire se forment et sont amenées à maturité par les organes et les tissus lymphoïdes, puis elles circulent dans les réseaux de vaisseaux lymphatiques et sanguins. En ce sens, le système immunitaire est donc
distinct des autres systèmes, car il n’est pas composé d’organes spécialisés qui lui sont propres. Il est davantage un système fonctionnel qu’un système anatomique. Le tableau suivant présente les interrelations principales des systèmes lymphatique et immunitaire avec les autres systèmes. Il est suivi d’une étude de cas qui vous permettra de récapituler les notions présentées dans les chapitres 21 et 22.
Chapitre 22 Le système immunitaire et la défense de l’organisme 1043
Systèmes lymphatique et immunitaire Liens
Interdépendance
… système tégumentaire • Régulation du liquide interstitiel dermique • Première ligne de déense du système immunitaire
• Les vaisseaux lymphatiques drainent l’excès de liquide interstitiel du derme de la peau. • Les vaisseaux lymphatiques récupèrent les protéines plasmatiques échappées des capillaires sanguins du derme de la peau. • L’épithélium stratifé squameux kératinisé de l’épiderme est une barrière anatomique efcace contre les antigènes de l’extérieur. • Les macrophagocytes intraépidermiques et les macrophagocytes du derme phagocytent, traitent et présentent les antigènes aux lymphocytes. • L’acidité des sécrétions de la peau inhibe la croissance bactérienne sur l’épiderme. • Des anticorps de la classe des IgA sont sécrétés dans la sueur.
… système squelettique • Formation des lymphocytes et des macrophagocytes • Récupération du liquide interstitiel du périoste • Déense du tissu osseux
• La moelle osseuse rouge de certains os produit les diérents types de leucocytes, dont les lymphocytes, ainsi que les macrophagocytes participant aux réponses immunitaires. • Les vaisseaux lymphatiques drainent l’excès de liquide interstitiel et récupèrent les protéines plasmatiques échappées du périoste. • Les macrophagocytes et les lymphocytes protègent le tissu osseux contre les agents pathogènes.
… système musculaire • Régulation du liquide interstitiel musculaire • Déense du tissu musculaire • Circulation de la lymphe
• Les vaisseaux lymphatiques drainent l’excès de liquide interstitiel et récupèrent les protéines plasmatiques échappées des capillaires sanguins des muscles squelettiques. • Les macrophagocytes et les lymphocytes protègent le tissu musculaire squelettique contre les agents pathogènes. • Les contractions de certains muscles assurent la circulation de la lymphe dans les vaisseaux lymphatiques.
… système nerveux • Régulation du liquide interstitiel du système nerveux périphérique • Déense du tissu nerveux • Contribution à la réponse immunitaire
• Les vaisseaux lymphatiques drainent l’excès de liquide interstitiel et récupèrent les protéines plasmatiques échappées des capillaires sanguins des structures du système nerveux périphérique (SNP). • Les macrophagocytes et les lymphocytes protègent le tissu nerveux du SNP contre les agents pathogènes. • Les microglies, un type de gliocytes, agissent comme des phagocytes dans le système nerveux central. Elles protègent le tissu nerveux contre les microorganismes pathogènes. • Le système nerveux autonome agit sur le tissu musculaire des gros vaisseaux lymphatiques. Des neuropeptides, comme les endorphines, diminuent la douleur, donc le stress, ce qui avorise de meilleures réponses immunitaires.
… système endocrinien • Régulation du liquide interstitiel des tissus endocriniens • Déense du tissu endocrinien • Circulation des hormones • Participation à la maturation des lymphocytes T • Régulation de la réponse immunitaire
• Les vaisseaux lymphatiques drainent l’excès de liquide interstitiel et récupèrent les protéines plasmatiques échappées des capillaires sanguins des tissus des glandes endocrines. • Les macrophagocytes et les lymphocytes protègent le tissu endocrinien contre les agents pathogènes. • La lymphe contribue, avec le sang, à la circulation des hormones. • Le thymus produit des hormones paracrines (thymosine, thymopoïétine, thymuline) qui contribuent à la maturation des lymphocytes T. • Les cytokines du système immunitaire stimulent la libération de cortisol par le cortex surrénal et de la corticotrophine par l’adénohypophyse. Le cortisol et les autres glucocorticoïdes réduisent la réaction inflammatoire et la réponse immunitaire (eet modulateur).
… système cardiovasculaire • Transport des nutriments ainsi que des cellules et des molé cules participant à l’immunité • Régulation du liquide interstitiel cardiaque et des tissus vasculaires • Formation de la lymphe • Déense du tissu cardiaque et des tissus vasculaires • Régulation du volume sanguin et de la pression sanguine
• Le sang contient les diérents types de leucocytes et les anticorps participant à la déense de l’organisme contre les corps étrangers. Il transporte aussi les nutriments et l’oxygène aux structures lymphoïdes. • Les vaisseaux lymphatiques drainent l’excès de liquide interstitiel et récupèrent les protéines plasmatiques échappées des capillaires sanguins du cœur et des tissus des parois vasculaires. • La lymphe est ormée à partir du sang. • Les macrophagocytes et les lymphocytes protègent les tissus du cœur et des vaisseaux sanguins contre les agents pathogènes. • Les capillaires lymphatiques récupèrent le surplus de liquide interstitiel et les protéines plasmatiques perdues dans les capillaires sanguins, des tissus vers le système cardiovasculaire, afn de maintenir le volume sanguin et la pression sanguine.
1044 Partie IV Le maintien et la régulation
Systèmes lymphatique et immunitaire (suite) Liens
Interdépendance
… système respiratoire • Régulation du liquide interstitiel du tissu pulmonaire
• Les vaisseaux lymphatiques drainent l’excès de liquide interstitiel et récupèrent les protéines plasmatiques échappées des capillaires sanguins des voies respiratoires et des poumons.
• Défense des voies respiratoires et des poumons • Contribution à la réponse immunitaire
• Les macrophagocytes et les lymphocytes protègent les tissus des voies respiratoires et des poumons contre les agents pathogènes. • L’épithélium cilié des voies respiratoires et le mucus contribuent à évacuer les corps étrangers. • Les tissus lymphoïdes associés aux muqueuses respiratoires ainsi que les anticorps de la classe des IgA sécrétés par les plasmocytes de ces muqueuses respiratoires empêchent les microorganismes pathogènes d’envahir l’organisme. • Les amygdales sont situées dans le pharynx. • Les muscles thoraciques participant à la ventilation pulmonaire facilitent l’écoulement de la lymphe vers le haut du corps, dans les vaisseaux lymphatiques.
• Participation à la circulation de la lymphe
… système urinaire • Régulation du liquide interstitiel rénal
• Les vaisseaux lymphatiques drainent l’excès de liquide interstitiel et récupèrent les protéines plasmatiques échappées des capillaires sanguins des voies urinaires et des reins.
• Défense des voies urinaires et des reins
• Les macrophagocytes et les lymphocytes protègent les tissus des voies urinaires et des reins contre les agents pathogènes. • Le pH urinaire contribue à inhiber la croissance des microorganismes. L’écoulement de l’urine permet de débarrasser l’organisme de certains microorganismes pathogènes. • Les tissus lymphoïdes associés aux muqueuses empêchent les microorganismes pathogènes d’envahir l’organisme lorsqu’ils pénètrent par l’urètre.
… système digestif • Régulation du liquide interstitiel des organes digestifs • Défense immunitaire des organes digestifs • Contribution à la nutrition des structures lymphoïdes et à la synthèse des anticorps • Circulation des nutriments
• Les vaisseaux lymphatiques drainent l’excès de liquide interstitiel et récupèrent les protéines plasmatiques échappées des capillaires sanguins des organes digestifs. • Les macrophagocytes et les lymphocytes protègent les tissus des organes digestifs contre les agents pathogènes. • Le pH acide de l’estomac empêche les microorganismes pathogènes d’envahir l’organisme. • Les tissus lymphoïdes associés aux muqueuses digestives ainsi que les anticorps de la classe des IgA sécrétés par les plasmocytes de ces muqueuses digestives empêchent les microorganismes pathogènes d’envahir l’organisme. • Grâce à la digestion des molécules alimentaires, les nutriments absorbés sont transportés vers les struc tures du système lymphatique. Les acides aminés sont nécessaires à la synthèse des anticorps par les plasmocytes. • Les vaisseaux lymphatiques chylifères absorbent les lipides alimentaires et les vitamines liposolubles qui sont ensuite transportés par le système lymphatique vers la circulation sanguine.
… système génital • Régulation du liquide interstitiel des structures génitales • Défense immunitaire des structures du système génital, du fœtus et du nouveauné
• Les vaisseaux lymphatiques drainent l’excès de liquide interstitiel et récupèrent les protéines plasmatiques échappées des capillaires sanguins des structures du système génital. • Les macrophagocytes et les lymphocytes protègent les tissus des structures du système génital contre les agents pathogènes. • Le pH acide des sécrétions vaginales contribue à inhiber la croissance des microorganismes pathogènes. Le sperme contient une substance antimicrobienne, la plasmine séminale, qui contribue à détruire certains microorganismes. • Les tissus lymphoïdes associés aux muqueuses empêchent les microorganismes pathogènes d’envahir l’organisme lorsqu’ils pénètrent par le vagin et l’urètre. • Le placenta contribue à fournir des anticorps IgG au fœtus. Le lait maternel fournit des anticorps IgA au nouveauné. • L’embryon (puis le fœtus) n’est pas rejeté par le système immunitaire de la femme enceinte. Il échappe à la surveillance immunitaire.
c 22 Le système immunitaire et la défense de l’organisme 1045
Étude de cas À la suite d’un accident de la route, une emme de 45 ans est trans portée au service des urgences d’un hôpital. Sa voiture est entrée en collision avec une clôture barbelée en métal. Le côté gauche de son abdomen et son bras gauche comportent plusieurs ecchymoses. Le bras est tuméfé et, durant l’examen physique par palpation, une hypertrophie des nœuds lymphatiques axillaires du côté gauche est décelée. De plus, plusieurs lacérations souillées de terre et de pièces métalliques provenant probablement de la clôture sont observées. À son arrivée à l’hôpital, une analyse sanguine est eectuée ainsi qu’un examen radiographique. L’analyse révèle que le nombre de leuco cytes de la dame a atteint environ quatre ois la valeur normale. La radiographie montre une rupture de la rate. a) Quel est le danger de ne pas intervenir sur la rupture de la rate ? Il est alors décidé que la cliente subira une splénectomie (ablation de la rate). Estil nécessaire de lui greer une nouvelle rate ?
b) Pouvezvous expliquer le résultat de l’analyse sanguine ? Quels types de leucocytes devraient avoir augmenté ? Estce que le nombre de certains leucocytes devrait continuer d’augmenter durant les prochaines heures ? c) Comment pouvezvous expliquer les ecchymoses et la tuméaction de son bras ? d) Pourquoi les nœuds lymphatiques axillaires sontils hypertrophiés ? Y atil un lien avec la tuméaction du bras gauche ? e) L’historique des vaccinations de cette emme n’est pas connu. Elle ne se souvient pas de ses vaccinations antérieures, particulièrement celle contre le tétanos. Que doit aire le personnel médical afn de prévenir toute complication ?
résumé du chapitre 22.1
• Le système immunitaire est un système onctionnel composé de cellules, de protéines plas
matiques et d’autres substances qui protègent l’organisme des agents nocis.
un v ’nbl l gn nfx – 998
• Les bactéries, les virus, les eumycètes, les protozoaires et les parasites multicellulaires sont
les cinq principales catégories d’agents inectieux. • Les bactéries sont des microorganismes unicellulaires de type procaryote ; les virus sont
composés d’ADN ou d’ARN dans une capside protéique ; les eumycètes, les protozoaires et les parasites multicellulaires sont composés d’une ou de plusieurs cellules eucaryotes. Les prions sont des protéines inectieuses qui aectent le tissu nerveux.
22.2 un v ’nbl yè n – 999
• Le système immunitaire se compose de cellules immunitaires et de cytokines ; il assure l’im
munité innée et l’immunité adaptative. 22.2.1
L lll n l lolon ............................................................................. 1000 • Les cellules immunitaires comprennent les granulocytes (neutrophiles, éosinophiles, baso
philes), les monocytes (deviennent des macrophagocytes dans les tissus conjonctis), les lymphocytes, les cellules tueuses naturelles et les mastocytes des tissus conjonctis. Elles comprennent aussi les cellules dendritiques des muqueuses, y compris les macrophago cytes intraépidermiques. • Les cellules immunitaires circulent dans le sang et se trouvent également dans les tissus
corporels, notamment dans les structures lymphoïdes, dans certains organes, dans le tissu épithélial de la peau (épiderme) et des muqueuses ainsi que dans le tissu conjoncti de l’organisme. 22.2.2
L yokn ................................................................................................................................ 1001 • Les cytokines sont de petites protéines solubles produites par les cellules immunitaires et
dont le onctionnement ressemble à celui des hormones ; elles régulent et acilitent l’activité du système immunitaire. • Les cytokines comprennent les interleukines, les acteurs de nécrose tumorale, les acteurs
de croissance des colonies hématopoïétiques et les interérons. 22.2.3
un oon n l’n nn l’n v .......................................... 1002 • L’immunité innée désigne les déenses présentes à la naissance : les barrières anatomiques
et physiologiques qui bloquent les substances nuisibles ainsi que les mécanismes internes non spécifques. Elle agit rapidement, mais sur une courte période. • L’immunité adaptative désigne les déenses produites en réponse à l’exposition à des anti
gènes spécifques. Elle regroupe l’immunité cellulaire (lymphocytes T) et l’immunité humorale (lymphocytes B). Elle agit à long terme et possède une mémoire immunologique.
1046 Partie IV Le maintien et la régulation
22.3
• Les composantes de l’immunité innée présentent une réponse immédiate à un grand
nombre de substances nocives ; cependant, leur réponse immunitaire n’est pas conservée en mémoire. Elles permettent à l’immunité adaptative de s’installer.
L’immunité innée – 1003 22.3.1
Les barrières anatomiques et physiologiques ........................................................................... 1003 • La peau et les muqueuses empêchent la plupart des substances nocives de pénétrer dans
l’organisme. Elles sont la première ligne de déense. Les autres mécanismes constituent la deuxième ligne de déense. 22.3.2
Les déenses cellulaires ............................................................................................................... 1003 • Les cellules de l’immunité innée sont les neutrophiles, les macrophagocytes, les basophiles,
les mastocytes, les cellules tueuses naturelles et les éosinophiles. 22.3.3
Les protéines antimicrobiennes .................................................................................................. 1007 • Les protéines antimicrobiennes regroupent les interérons et le système du complément. • Les interérons sont des protéines antivirales synthétisées par des cellules inectées par un
virus. Une ois libérés, les interérons empêchent la multiplication du virus dans d’autres cellules. • Le système du complément est composé d’une série de protéines plasmatiques sélection
nées et activées qui déclenchent quatre mécanismes de déense en réponse à une inection : 1) l’inflammation ; 2) l’opsonisation ; 3) la cytolyse ; et 4) l’élimination des complexes immuns. 22.3.4
L’inammation ............................................................................................................................... 1008 • L’inflammation est une réponse locale, immédiate et non spécifque se produisant dans un
tissu vascularisé en réponse à une blessure ou à un traumatisme. • Ses principales étapes comprennent la libération de substances chimiques qui avorisent
l’inflammation et le chimiotactisme, les changements vasculaires, la mobilisation des cellules immunitaires et la libération de protéines plasmatiques (immunoglobulines, système du com plément, protéines de coagulation et kinines). • L’exsudat, un liquide contenant des protéines et des cellules immunitaires, quitte les capil
laires sanguins pour aller dans les espaces interstitiels ; il permet l’élimination des agents inectieux et la guérison. • Les signes majeurs de l’inflammation sont la rougeur, la chaleur (augmentation du débit sanguin
et de l’activité métabolique), l’enflure (augmentation de liquide interstitiel), la douleur (compres sion due au surplus d’exsudat, irritation chimique) et la perte de onction (douleur et enflure). 22.3.5
La fèvre ......................................................................................................................................... 1012 • La fèvre est une hausse anormale de la température corporelle d’au moins 1 °C. Elle com
porte généralement trois phases : l’apparition, la période d’état et la déervescence. • Les fèvres légères inhibent la reproduction des microorganismes, augmentent l’activité des
interérons et de l’immunité adaptative, et avorisent la réparation des tissus. Les fèvres éle vées peuvent être dangereuses. Elles altèrent le métabolisme, dénaturent les protéines, pro voquent des convulsions et peuvent créer des dommages cérébraux irréversibles et la mort.
22.4
• L’immunité adaptative se développe à la suite de la stimulation des lymphocytes T et des
lymphocytes B par un antigène. Elle est spécifque de l’antigène et possède une mémoire immunologique.
Une introduction à l’immunité adaptative – 1013
• L’immunité cellulaire correspond à des lymphocytes T spécialisés qui attaquent des cellules
inectées, cancéreuses ou étrangères provenant de greons. L’immunité humorale est asso ciée aux lymphocytes B qui, une ois stimulés, deviennent des plasmocytes et sécrètent des anticorps neutralisant des microorganismes libres et des toxines. 22.4.1
Les antigènes ................................................................................................................................ 1013 • Un antigène est une macromolécule complexe étrangère au système immunitaire d’une
personne. La portion limitée de la molécule d’antigène reconnue par les composantes du système immunitaire adaptati est le déterminant antigénique. • L’immunogénicité est la capacité de déclencher une réponse immunitaire qui varie selon le
degré de diérence, la taille, la complexité et la quantité de l’antigène. • Un haptène est un antigène incomplet et trop petit pour déclencher une réponse immunitaire.
Il déclenche la réponse immunitaire s’il est lié à une molécule porteuse de l’hôte.
Chapitre 22 Le système immunitaire et la défense de l’organisme 1047
22.4.2
La structure générale des lymphocytes ..................................................................................... 1017 • Les lymphocytes T auxiliaires contiennent des récepteurs des cellules T (TCR) et des CD4 ; les
lymphocytes T cytotoxiques contiennent des TCR et des CD8 ; les lymphocytes B contiennent des récepteurs des cellules B (BCR). • Les TCR se lient à l’antigène présenté, et les BCR se lient aux antigènes libres (p. ex., des
particules virales). 22.4.3
Les cellules présentatrices de l’antigène et les molécules du complexe majeur d’histocompatibilité ................................................................................... 1018 • La présentation d’un antigène correspond à un antigène modifé par une autre cellule et pré
senté à un TCR d’un lymphocyte T. • Les cellules présentatrices de l’antigène (CPA) incluent les cellules dendritiques, les macro
phagocytes et les lymphocytes B. • Toutes les cellules nucléées présentent l’antigène avec les molécules du complexe majeur
d’histocompatibilité (CMH) de classe I ; les CPA présentent l’antigène avec les molécules du CMH de classe I et les molécules du CMH de classe II. • Les molécules du CMH sont des protéines de la membrane plasmique qui présentent l’anti
gène à la surace d’une cellule pour qu’il entre en contact avec des lymphocytes T. • Une cellule saine normale afche uniquement les antigènes endogènes dans les molécules
du CMH de classe I. Une cellule inectée ou anormale afche l’antigène exogène avec les molécules du CMH de classe I, alertant les lymphocytes T cytotoxiques que cette cellule est inectée ou malade et qu’elle doit être détruite. • Les molécules du CMH de classe II présentent les antigènes uniquement après l’ingestion
d’antigènes exogènes (agents pathogènes, débris cellulaires ou autres substances nocives situées à l’extérieur des cellules) par une CPA. • La protéine plasmatique CD4 ou CD8 d’un lymphocyte T s’attache directement et respective
ment aux molécules du CMH de classe II ou de classe I des cellules. Ainsi les deux cellules restent attachées pendant que le TCR du lymphocyte T examine le ragment peptidique et détermine s’il s’agit d’un antigène endogène ou exogène. 22.4.4
Les événements de la vie des lymphocytes ............................................................................... 1022 • Le cycle de vie d’un lymphocyte comporte trois phases ou événements principaux : la orma
tion ; l’activation ; et la participation à la réponse eectrice.
22.5
22.5.1
La formation des lymphocytes T ................................................................................................. 1024 • La ormation des lymphocytes T commence dans la moelle osseuse rouge ; la maturation est
La formation et la sélection des lymphocytes – 1024
complétée dans le thymus afn de produire des lymphocytes immunocompétents naïs, un processus contribuant à l’autotolérance. 22.5.2
La sélection des lymphocytes T .................................................................................................. 1024 • Les lymphocytes T sont d’abord soumis à une sélection positive qui permet de déterminer
leur capacité à reconnaître un antigène exogène attaché à la molécule du CMH et à se lier à lui, puis à une sélection négative qui permet d’évaluer leur incapacité à se lier aux antigènes endogènes. Seuls les lymphocytes réussissant ces deux étapes de sélection survivent. 22.5.3
La différenciation et la migration des lymphocytes T ............................................................... 1024 • Les lymphocytes T se diérencient en lymphocytes T auxiliaires marqués des CD4 ou en
lymphocytes T cytotoxiques marqués des CD8. Ces lymphocytes immunocompétents naïs migrent ensuite du thymus vers les structures lymphoïdes secondaires. • Un processus de sélection similaire se déroule dans la moelle osseuse rouge afn de produire
des lymphocytes B immunocompétents.
22.6 L’activation et la sélection clonale des lymphocytes – 1026
• L’activation constitue le premier contact entre un antigène et un lymphocyte capable de le
reconnaître. Lorsque le lymphocyte est activé, un grand nombre de cellules identiques (clones) sont produites et se lient à l’antigène : il s’agit de la sélection clonale. 22.6.1
L’activation des lymphocytes T ................................................................................................... 1026 • Au cours de la première stimulation, le CD4 du lymphocyte T auxiliaire se lie à une molécule du
CMH de classe II d’une CPA ; le TCR interagit avec l’antigène dans la molécule du CMH de classe II.
1048 Partie IV Le maintien et la régulation
• Le CD8 du lymphocyte T cytotoxique se lie à la molécule du CMH de classe I de la cellule
inectée ; le TCR interagit avec l’antigène dans la molécule du CMH de classe I. • Au cours de la seconde stimulation, l’IL2 libérée par le lymphocyte T auxiliaire ou cytotoxique
stimule le lymphocyte T auxiliaire ou cytotoxique dont il est issu, lui permettant ainsi de se cloner en lymphocytes T auxiliaires et cytotoxiques activés et mémoire. 22.6.2
L’activation des lymphocytes B ................................................................................................... 1028 • L’antigène libre se lie au BCR ; le lymphocyte B ingère l’antigène et le présente afn d’activer
le lymphocyte T auxiliaire. L’IL4 et l’IL2 libérées par le lymphocyte T auxiliaire activé sti mulent le lymphocyte B. 22.6.3
La recirculation des lymphocytes ............................................................................................... 1028 • Les probabilités qu’une rencontre se produise entre un lymphocyte et l’antigène qu’il recon
naît sont augmentées par la recirculation des lymphocytes, soit la circulation des lympho cytes dans le sang et la lymphe après des cycles d’une durée de quelques jours.
22.7
22.7.1
La réponse effectrice des lymphocytes T .................................................................................. 1029 • Les lymphocytes T auxiliaires activés jouent un rôle essentiel : ils libèrent des cytokines régu
La réponse effectrice au foyer de l’infection – 1029
lant l’activation des autres lymphocytes et l’activité des cellules du système immunitaire inné. • Les lymphocytes T cytotoxiques activés se dirigent vers le oyer de l’inection et produisent
des substances cytotoxiques détruisant les cellules indésirables contenant l’antigène ciblé. • L’immunité cellulaire correspond à la réponse immunitaire des lymphocytes T cytotoxiques,
car ces derniers sont efcaces contre les antigènes liés aux cellules. Ils libèrent des molé cules de perorine et de granzymes qui perorent et induisent l’apoptose des cellules cibles. Il y a aussi production de lymphocytes T cytotoxiques mémoire. 22.7.2
La réponse effectrice des lymphocytes B .................................................................................. 1030 • Lorsqu’un type de lymphocyte B est stimulé par un antigène spécifque, il se diérencie en
plasmocytes et en lymphocytes B mémoire. Les plasmocytes produisent de grandes quan tités d’anticorps contre cet antigène. Les anticorps sont les eecteurs de l’immunité humorale. • Le titre d’anticorps (ciblant un antigène spécifque) désigne sa concentration dans la circula
tion sanguine, ce qui permet de mesurer la réponse immunitaire.
22.8
22.8.1
La structure des immunoglobulines ............................................................................................ 1031 • Un anticorps est une immunoglobuline produite pour combattre un antigène spécifque.
Les immunoglobulines – 1030
• L’immunoglobuline est une protéine en orme d’Y. Elle comporte deux régions variables iden
tiques, les bras, sur lesquels se trouvent les sites de fxation de l’antigène, ainsi qu’une région constante qui détermine l’activité biologique propre à la classe de l’anticorps. 22.8.2
Les fonctions des anticorps ........................................................................................................ 1031 • Grâce au site de fxation de l’antigène, l’anticorps se lie spécifquement à un antigène et entraîne
sa neutralisation, son agglutination ou sa précipitation. Il avorise ainsi la phagocytose. • Lorsqu’un anticorps est lié à son antigène, la région constante de l’anticorps peut se lier au
système du complément, causer l’opsonisation et déclencher la destruction d’une cellule par les cellules tueuses naturelles. 22.8.3
Les classes d’immunoglobulines ................................................................................................ 1033 • Il existe cinq principales classes d’immunoglobulines : IgG, IgM, IgA, IgD et IgE. Les IgG sont
les immunoglobulines les plus abondantes. Chaque classe possède ses propres caractéris tiques et onctions biologiques.
22.9 La mémoire immunologique et la réponse immunitaire – 1035
• La mémoire immunologique est une caractéristique importante de l’immunité adaptative ; elle
assure une protection contre les expositions subséquentes à un antigène donné. 22.9.1
La mémoire immunologique ........................................................................................................ 1035 • La première exposition déclenche la réponse primaire, et les expositions subséquentes au
même antigène déclenchent la réponse secondaire. Grâce aux lymphocytes mémoire, cette réponse secondaire est plus efcace et plus orte.
Chapitre 22 Le système immunitaire et la défense de l’organisme 1049
22.9.2
La mesure de la mémoire immunologique ................................................................................. 1035 • Il est possible d’utiliser les concentrations en IgM et en IgG (titres d’anticorps) dans le sang
pour mesurer la réponse primaire et la réponse secondaire du système immunitaire. Les IgM sont produites en premier, suivies par les IgG. Au moment de la réponse secondaire, la concentration en IgG est beaucoup plus orte. 22.9.3
L’immunité active et passive ........................................................................................................ 1038 • L’immunité active consiste en la production de cellules mémoire ; elle apparaît par contact
avec un agent inectieux (immunité naturelle) ou par la vaccination (immunité artifcielle). Elle permet la production d’anticorps à la suite d’une stimulation antigénique. Elle assure une protection à long terme. • L’immunité passive ne comporte aucune production de cellules mémoire ; la protection pro
vient d’une autre personne, par exemple de la mère par le placenta ou le lait maternel (immu nité naturelle), ou du sérum d’un autre organisme (immunité artifcielle). Les anticorps sont alors donnés à l’organisme, qui ne les abrique pas luimême. La protection acquise est immédiate, mais ne dure pas longtemps.
AUTOÉVALUATION
Solutionnaire
Concepts de base 1
Toutes les cellules cidessous sont des phagocytes, à l’exception des : a) neutrophiles ; b) lymphocytes T ;
2
c) Le lymphocyte T auxiliaire et le lymphocyte T cytotoxique. d) Le lymphocyte B et le lymphocyte T. 5
c) macrophagocytes ;
a) L’activation par un antigène spécifque.
d) éosinophiles.
b) La mémoire immunologique.
Cette cellule libère des cytokines servant à activer les lymphocytes B, à accroître l’activité des macrophagocytes et à assurer la régulation générale du système immunitaire.
c) La production de clones des cellules qui possèdent le même TCR ou le même BCR. d) L’efcacité de chaque lymphocyte contre une grande variété d’agents pathogènes.
a) Le lymphocyte T cytotoxique. b) Le lymphocyte T auxiliaire.
6
Comparez les principales caractéristiques de l’immunité innée et de l’immunité adaptative en ce qui a trait aux cellules qui y participent, à la spécifcité de chacune, à leurs principaux mécanismes et au délai de leur réponse immunitaire.
7
Qu’estce que la réponse inflammatoire ? Décrivez ses avantages.
8
Décrivez les molécules du CMH de classe I et de classe II, et indiquez la manière dont elles permettent aux lymphocytes T de reconnaître un antigène.
9
Décrivez le rôle essentiel des lymphocytes T auxiliaires dans le bon onctionnement du système immunitaire.
c) La cellule tueuse naturelle. d) Le basophile. 3
Cette cellule est activée par sa liaison à l’antigène ; elle ingère ensuite l’antigène et le présente avec des molécules du CMH de classe II aux lymphocytes T auxiliaires. Les lymphocytes T auxiliaires libèrent alors des cytokines dans une deuxième orme de stimulation. a) La cellule tueuse naturelle. b) Le plasmocyte. c) Le lymphocyte B. d) Le lymphocyte T cytotoxique.
4
Les quatre caractéristiques cidessous appartiennent à l’immunité adaptative, sau une. Laquelle ?
Ces deux cellules détruisent une cellule inectée en libérant des substances toxiques causant l’apoptose.
10 Décrivez les principales onctions des lymphocytes T
a) La cellule tueuse naturelle et le lymphocyte T cytotoxique.
11 Expliquez la diérence entre les réponses immunitaires
b) Le macrophagocyte et la cellule tueuse naturelle.
cytotoxiques. primaire et secondaire.
1050 Partie IV Le maintien et la régulation Mise en application 1
Souad, une fllette de trois ans, vient d’être piquée par une abeille. La zone entourant l’endroit où le dard a pénétré dans la peau est rouge, chaude et enflée. Cette réaction est une réponse normale à la présence du venin. Il s’agit :
c) les cellules tueuses naturelles ; d) les lymphocytes T cytotoxiques. 4
a) d’une fèvre ; b) d’une cascade du système du complément ;
a) de capacité à produire une réponse inflammatoire ;
c) d’une réponse inflammatoire ;
b) de lymphocytes T auxiliaires ;
d) d’une première exposition à l’antigène. 2
Une jeune maman amène son bébé plusieurs ois chez le pédiatre pour des vaccinations au cours de la première année de vie de l’enant. Pour quelle raison certains vaccins néces sitentils plusieurs doses ?
Le petit Matthieu a un an et il est constamment malade. Une analyse de son sang démontre qu’il n’a pas de gamma globulines. Son médecin conclut à une absence :
c) de lymphocytes T cytotoxiques ; d) d’immunité humorale. 5
a) Parce qu’il n’y a aucun anticorps produit à la suite d’une seule dose du vaccin.
Après d’autres examens, le médecin découvre que Matthieu jouit touteois d’une immunité cellulaire normale. Cependant, sans anticorps, l’organisme de Matthieu sera moins apte à : a) détruire les cellules cancéreuses ;
b) Pour stimuler les lymphocytes B mémoire spécifques de l’antigène administré.
b) détruire les cellules inectées par des virus ;
c) Pour augmenter le nombre de macrophagocytes partici pant à la réponse immunitaire en lien avec l’antigène administré.
d) détruire les agents pathogènes intracellulaires.
c) établir une liaison avec des particules virales ;
d) Pour augmenter le nombre de récepteurs diérents sur les lymphocytes qui reconnaissent l’antigène administré. 3
Une jeune emme vient d’apprendre qu’elle est porteuse du VIH. Ce virus est particulièrement dévastateur, puisqu’il inecte les cellules responsables de la régulation du système immunitaire. Le VIH inecte : a) les lymphocytes B ; b) les lymphocytes T auxiliaires ;
Synthèse 1
Laurence est une joueuse de tennis aguerrie, mais elle soure depuis quelque temps d’une tendinite au coude. Sachant que vous travaillez dans le domaine de la santé, elle s’adresse à vous pour connaître la cause de cette inflammation. Expliquezlui ce phénomène.
2
Bahia est une étudiante de première année à l’université. Elle vient de contracter un gros rhume et se plaint d’une fèvre de 37,7 °C. Expliquezlui en quoi cette fèvre peut lui être utile.
3
Nommez les diérentes composantes de la première ligne de déense constituant une barrière physique contre les subs tances nocives.
LE SYSTÈME RESPIRATOIRE
CHAPITRE
23
Adaptation française :
Dave Bélanger
L’INHALOTHÉRAPEUTE…
DANS LA PRATIQUE
Les inhalothérapeutes sont des professionnels de la santé spécialisés dans les soins liés au système cardiorespiratoire. Avec les médecins et toute une équipe multi disciplinaire, ils contribuent à l’évaluation, au suivi médical et au traitement de problèmes qui touchent le système cardiorespiratoire. À titre d’exemple, les inhalo thérapeutes veillent aux soins des personnes qui ont subi une trachéotomie ou qui sont intubées. Ils participent également à l’établissement d’un diagnostic grâce à des tests qui mesurent la fonction cardiorespiratoire à l’effort ou au repos.
23.1
23.2
23.3
23.4
Une introduction au système respiratoire .................................................. 1052 23.1.1 Les onctions générales du système respiratoire ........................................ 1052 23.1.2 L’organisation générale du système respiratoire ........................................ 1052 23.1.3 Le revêtement muqueux .................... Les voies respiratoires supérieures ...... 23.2.1 Le nez et les osses nasales ............... 23.2.2 Les sinus paranasaux ........................ 23.2.3 Le pharynx ........................................ Les voies respiratoires inférieures ........ 23.3.1 Le larynx ........................................... 23.3 2 La trachée ......................................... 23.3.3 L’arbre bronchique ............................. 23.3.4 Les conduits alvéolaires et les alvéoles ....................................... 23.3.5 La membrane respiratoire .................. Les poumons ............................................. 23.4.1 L’anatomie macroscopique du poumon ........................................
23.4.2 23.4.3 23.4.4 23.5
1052 1054 1054 1056 1057 1058 1058 1062 1063 1067 1070 1070 1070
23.6
La vascularisation, le drainage lymphatique et l’innervation pulmonaire ................. 1073 La plèvre et la cavité pleurale ............. 1076 Le mécanisme de dilatation pulmonaire ........................................ 1077
La respiration : la ventilation pulmonaire .................................................. 23.5.1 Une introduction à la ventilation pulmonaire ........................................ 23.5.2 La mécanique de la ventilation ........... 23.5.3 Les acteurs infuençant l’écoulement de l’air .............................................. 23.5.4 La régulation nerveuse de la ventilation ................................. 23.5.5 La ventilation pulmonaire et la ventilation alvéolaire ................... 23.5.6 Le volume et la capacité respiratoires ...................................... La respiration : les échanges gazeux alvéolaires et systémiques ...................... 23.6.1 Les principes chimiques de l’échange gazeux ..........................
23.6.2
23.7
23.7.1 23.7.2 23.7.3
1077 1078 1079
Les échanges gazeux alvéolaires (respiration externe) ........................... 1096 23.6.3 Les échanges gazeux systémiques (respiration interne) ............................ 1098 La respiration : le transport des gaz ..... 1099
23.8
Le transport de l’oxygène ................... Le transport du dioxyde de carbone .... L’hémoglobine comme molécule de transport ...................................... La fréquence respiratoire et l’homéostasie ........................................
1099 1100 1100 1105
1085 1086 1090 1091 1093 1093
INTÉGRATION Illustration des concepts Transport de l’oxygène et du dioxyde de carbone .............................................................. 1106
Animation 23.8.1
Les eets de l’hyperventilation et de l’hypoventilation sur la onction cardiovasculaire ................................ 1108 23.8.2 La respiration et l’eort physique ....... 1109 Liens entre le système respiratoire et les autres systèmes........................................................ 1110
1052 Partie IV Le maintien et la régulation
23.1 Une introduction au
système respiratoire
Le système respiratoire se compose des poumons et des voies aériennes de la tête, du cou et du tronc. Plusieurs onctions de l’organisme découlent de ce système : la régulation du pH et la production de sons par les cordes vocales (ou plis vocaux), par exemple. C’est touteois la respiration qui représente la onction la plus évidente assumée par ce système. En eet, le système respiratoire assure les échanges gazeux nécessaires à la survie des cellules. Ces dernières nécessitent un approvisionnement constant en oxygène (O2) ainsi que l’élimination en continu du dioxyde de carbone (ou gaz carbonique [CO2]). Ensemble, les processus des échanges d’oxygène et de dioxyde de carbone entre l’atmosphère et les cellules du corps constituent la respiration. La respiration exige le déploiement de processus physiologiques coordonnés et intégrés mobilisant plusieurs systèmes, notamment les systèmes respiratoire, squelettique, musculaire, nerveux et cardiovasculaire. Le système respiratoire assure les échanges gazeux entre l’atmosphère et les poumons. Les systèmes squelettique et musculaire ajustent le volume et la pression dans la cavité thoracique pour aciliter l’entrée de l’air dans les poumons, puis son expulsion dans l’atmosphère. Le système nerveux stimule et coordonne la contraction de ces muscles squelettiques. Enn, le système cardiovasculaire distribue l’oxygène aux cellules et achemine le dioxyde de carbone des cellules vers les poumons.
23.1.1
1
Les fonctions générales du système respiratoire
Décrire les onctions du système respiratoire.
Il ne ait aucun doute que le système respiratoire sert… à respirer ! Or, une étude plus approondie de ce système permet de constater qu’il participe également à plusieurs autres onctions.
• Production sonore. Les cordes vocales du larynx vibrent au passage de l’air et produisent ainsi des sons qui résonnent dans les structures respiratoires supérieures. • Régulation du pH sanguin. La proondeur et la réquence de la respiration déterminent en partie les taux sanguins d’oxygène (O2), de dioxyde de carbone (CO2) et d’ions hydrogène (H+). Ces derniers infuencent particulièrement le pH du sang. • Circulation du sang et de la lymphe. Par les variations de pression qu’elles induisent dans la cavité thoracique, la proondeur et la réquence de la respiration infuent aussi sur la circulation sanguine dans les veines et sur la circulation de la lymphe dans les vaisseaux lymphatiques. L’ensemble de ces onctions permet à l’organisme de maintenir son état d’homéostasie.
Vérifiez vos connaissances 1. Quelles sont les onctions liées au système respiratoire ?
23.1.2
2
• Détection des odeurs. Les récepteurs olactis situés dans la région supérieure des osses nasales détectent les odeurs durant le passage de l’air. L’inormation sensorielle qu’ils captent est ensuite transmise à diérentes zones du cerveau qui en assurent le traitement et l’interprétation.
Distinguer l’organisation structurale de l’organisation onctionnelle du système respiratoire.
Le système respiratoire compte deux régions structurales : les voies respiratoires supérieures et les voies respiratoires inérieures FIGURE 23.1. Le nez, les osses nasales et le pharynx orment les voies respiratoires supérieures. Le larynx, la trachée, les bronches, les bronchioles (terminales et respiratoires), les conduits alvéolaires et les alvéoles constituent les voies respiratoires inférieures. Les structures du système respiratoire peuvent également se classer selon leur onction. Les voies aériennes qui servent essentiellement à acheminer l’air orment la zone de conduction: elles relient le nez à l’extrémité des bronchioles terminales. Les structures participant aux échanges gazeux avec le sang orment la zone respiratoire: ce sont les bronchioles respiratoires, les conduits alvéolaires et les alvéoles.
• Acheminement de l’air. Les voies respiratoires acheminent l’air entre l’environnement externe et les alvéoles pulmonaires. L’air est ainsi amené de l’atmosphère jusqu’aux alvéoles au moment de l’inspiration, puis expulsé dans l’atmosphère durant l’expiration. • Échanges gazeux d’oxygène et de dioxyde de carbone. La mince paroi qui sépare les alvéoles et les capillaires pulmonaires permet les échanges de gaz entre le sang et ces alvéoles. L’oxygène diuse à partir des alvéoles vers le sang contenu dans les capillaires, tandis que le dioxyde de carbone diuse du sang vers les alvéoles.
L’organisation générale du système respiratoire
Vérifiez vos connaissances 2. Quelles structures orment les voies respiratoires
supérieures et inérieures ?
23.1.3
Le revêtement muqueux
3
Décrire la structure de la membrane muqueuse tapissant les voies respiratoires ainsi que l’évolution de cette structure au fl de ses diérents segments.
4
Expliquer la onction du mucus sécrété par la membrane muqueuse.
Exposées à l’environnement externe, les voies aériennes sont protégées par une membrane muqueuse ou, plus simplement,
Chapitre 23 Le système respiratoire
Organisation structurale
1053
Organisation fonctionnelle
Nez Fosse nasale
Voies respiratoires supérieures
Pharynx Larynx Trachée
Zone de conduction
Bronche
Bronchiole
Voies respiratoires inférieures
Bronchiole terminale
Poumons Bronchiole respiratoire Conduit alvéolaire
Zone respiratoire
Alvéoles
FIGURE 23.1 Anatomie générale du système respiratoire
❯ Du point de vue structural, le système respiratoire se compose de deux grandes régions : les voies supérieures et les voies inférieures. Du point de vue fonctionnel, il comprend deux zones : la zone de conduction et la zone respiratoire.
une muqueuse, qui tapisse leur paroi intérieure. Cette muqueuse se compose en général d’un épithélium recouvrant une membrane basale, qui repose elle-même sur une couche de tissu conjoncti aréolaire nommée lamina propria (ou chorion). La majeure partie de l’épithélium de la zone de conduction est ciliée, c’est-à-dire que les cellules portent des cils sur leur portion en contact avec l’air. L’épithélium des voies respiratoires change de structure selon la région étudiée. Il s’amincit depuis les osses nasales jusqu’aux alvéoles. D’abord pseudostratifé prismatique cilié, l’épithélium devient simple prismatique cilié, puis simple cuboïde, puis simple squameux (voir la section 5.2 et la fgure 23.2). Quelques régions des voies respiratoires ont touteois exception à cette règle, notamment : 1) les zones du pharynx qui permettent le passage de l’air et de la nourriture ; et 2) certains éléments du larynx, en particulier les cordes vocales et la région juste audessus d’elles. Ces structures sont protégées par un épithélium stratifé squameux non kératinisé qui leur permet de résister à l’abrasion. La FIGURE 23.2 récapitule les types d’épithéliums contenus dans la muqueuse respiratoire.
Dans la majeure partie des voies respiratoires, l’épithélium se compose notamment de cellules caliciormes, tandis que la lamina propria sous-jacente renerme des glandes muqueuses et des glandes séreuses. Les sécrétions de ces cellules et de ces glandes orment le mucus. Le corps humain produit chaque jour de 15 à 105 millilitres (ml) environ de mucus ; cette quantité augmente touteois en cas d’exposition à des irritants comme la umée de cigarette ou la pollution. Le mucus sécrété contient de la mucine, une protéine qui augmente la viscosité et qui permet au mucus de bloquer plus efcacement les poussières, les déchets microscopiques, les microorganismes et les pollens transportés par l’air inhalé. Certains composants de ces sécrétions ont pour onction de déendre l’organisme contre les microbes, par exemple les lysozymes (enzymes antibactériennes), les déensines (protéines antimicrobiennes) et les immunoglobulines A (anticorps). Le mucus mélangé à la salive et aux corps étrangers qu’il a interceptés dans l’air peut être évacué sous la orme d’un produit visqueux : l’expectoration (ou crachat). Pour diagnostiquer
1054 Partie IV Le maintien et la régulation
Structure générale de la muqueuse
d’éventuelles inections respiratoires, le médecin demande parois de ournir un échantillon d’expectoration.
Mucus Cellule caliciforme
Vérifiez vos connaissances 3. En quoi l’épithélium des voies respiratoires supérieures
Épithélium
dière-t-il de celui des alvéoles ?
Membrane basale Lamina propria Vaisseau sanguin
La muqueuse se compose d’un épithélium recouvrant une membrane basale, qui repose elle-même sur une couche de tissu conjonctif aréolaire : la lamina propria. À quelques exceptions près, l’épithélium s’amincit depuis les fosses nasales jusqu’aux alvéoles.
23.2 Les voies respiratoires
supérieures
Les voies respiratoires supérieures se composent du nez, des osses nasales et du pharynx FIGURE 23.3A .
A. Amincissement progressif de l’épithélium Un épithélium pseudostratifié prismatique cilié tapisse les fosses nasales, les sinus paranasaux, le nasopharynx, la trachée ainsi que les bronches principales et lobaires. Un épithélium simple prismatique cilié tapisse les bronches segmentaires et les bronchioles (dans leurs segments les plus larges). Un épithélium simple cuboïde cilié tapisse les bronchioles terminales et respiratoires (avec raréfaction progressive des cils). Un épithélium simple squameux tapisse les conduits alvéolaires et forme les alvéoles. B. Exceptions
Un épithélium stratifié squameux non kératinisé tapisse les régions des voies aériennes exposées à l’abrasion, notamment l’oropharynx, le laryngopharynx et la partie supérieure du larynx. C.
FIGURE 23.2 Membrane muqueuse
❯ L’intérieur des voies respiratoires est tapissé d’une muqueuse. A. Globalement, la muqueuse se compose d’un épithélium (superfciel) et de la lamina propria (proond). Entre les deux se trouve la membrane basale. B. De manière générale, l’épithélium de la muqueuse s’amincit tout au long des voies respiratoires, des osses nasales jusqu’aux voies respiratoires les plus proondes. C. Les régions exposées à l’abrasion, comme le pharynx, ont touteois exception à cette règle.
23.2.1
Le nez et les fosses nasales
1
Décrire la structure et les onctions du nez.
2
Énumérer et décrire les trois régions constituant les osses nasales.
Le nez représente la principale voie d’acheminement de l’air inhalé (voir la fgure 23.3B). Il se compose d’os, de cartilage hyalin et de tissu conjoncti dense irrégulier ; ces structures sont recouvertes de peau. Les deux os nasaux constituent la charpente supérieure du nez. En dessous et vers l’avant de ces os se trouvent les deux cartilages latéraux et les deux paires de cartilages alaires. Les parois latérales des deux narines s’appellent les ailes du nez ; elles se composent de tissu conjoncti dense irrégulier. Les narines s’ouvrent au bas du nez et mènent, vers le haut, aux osses nasales. Les fosses nasales sont des cavités vides dont les limites sont ormées par le nez (vers l’avant) et le crâne (vers le haut et l’arrière) (voir la fgure 23.3C et D). De orme allongée, les osses nasales s’étendent des narines jusqu’aux choanes, deux ouvertures menant au pharynx et également appelées orifces pharyngés des osses nasales. Les osses nasales reposent sur un plancher constitué par les os palatins (palais dur) et le palais (palais mou) ; leur plaond se compose de plusieurs os (nasal, rontal, ethmoïde et sphénoïde) et de certains cartilages du nez. La cloison nasale (ou septum nasal) sépare les deux osses nasales l’une de l’autre sur le plan vertical, dessinant ainsi une osse gauche et une osse droite. La partie antérieure de cette cloison est ormée par le cartilage septal du nez. La partie postérieure est ormée par une mince paroi osseuse constituée par la lame perpendiculaire de l’ethmoïde (dans sa partie supérieure) et par le vomer (dans sa partie inérieure) (voir la section 8.2.2).
À votre avis 1. Qu’est-ce qu’une déviation de la cloison nasale ?
En quoi peut-elle entraver la respiration ?
Chapitre 23 Le système respiratoire
1055
Os nasaux Fosse nasale Nez
Cartilage septal du nez
Pharynx
Cartilage nasal latéral
Nasopharynx
Cartilages alaires
Oropharynx
Tissu conjonctif dense irrégulier
Laryngopharynx
A. Voies respiratoires supérieures
Narine
B. Structure externe du nez
Moyen Inférieur Os frontal Os nasal Os ethmoïde Os sphénoïde Supérieur Supérieur Cornets Cornets Moyen Moyen nasaux nasaux Inférieur Inférieur Choane Sinus maxillaire Pharynx Cloison nasale Uvule palatine
Région olfactive Fosses nasales
Région respiratoire Vestibule nasal Narine
Méats nasaux
Supérieur Moyen Inférieur
Os palatin
Palais mou
C. Fosses nasales, coupe sagittale
FIGURE 23.3 Voies respiratoires supérieures
❯ La fgure montre A. les régions anatomiques des voies respiratoires supérieures, B. la structure externe du nez, C. une coupe sagittale des osses nasales et D. une coupe rontale de la osse nasale d’un cadavre.
D. Coupe frontale
Méats nasaux
1056 Partie IV Le maintien et la régulation
Trois projections osseuses émergent sur chaque paroi latérale des osses nasales : les cornets nasaux supérieur, moyen et inférieur. Les cornets accroissent la turbulence de l’air inhalé au moment de son passage dans les osses nasales. Puisque les cornets sont recouverts d’un tissu riche en vaisseaux sanguins, la turbulence imposée à l’air permet de la réchauer. Les replis ormés par les cornets ont apparaître dans chaque osse nasale des sillons (ou vallées) : les méats nasaux supérieurs, moyens et inérieurs. Chacun d’eux se trouve juste en dessous du cornet correspondant. Les osses nasales se divisent en trois sections (voir la fgure 23.3C) : le vestibule, la région olactive et la région respiratoire. Le vestibule se trouve à l’entrée du nez, juste après les narines. Il est revêtu de peau et de poils, les vibrisses, qui emprisonnent les particules de poussière les plus volumineuses.
l’air roid, ces vaisseaux se dilatent, ce qui stimule le débit sanguin et avorise le réchauement de l’air inhalé. Les microbes, les poussières et les autres corps étrangers contenus dans l’air entrant se trouvent emprisonnés dans le mucus couvrant le revêtement intérieur des voies respiratoires, puis les cils évacuent le mucus et les déchets interceptés vers le pharynx, où ils peuvent être expulsés durant la déglutition (action d’avaler) : c’est la onction de nettoyage des osses nasales. Enfn, l’air est humidifé à son passage dans le milieu humide des voies nasales. Ces trois onctions de réchauement, de nettoyage et d’humidifcation de l’air entrant sont rendues plus efcaces encore par les cornets, qui ont tourbillonner l’air dans les osses nasales et augmentent ainsi la surace de contact entre l’air inhalé et les membranes muqueuses (eet de turbulences des cornets).
Vérifiez vos connaissances
La région olfactive correspond à la partie supérieure des osses nasales. Elle est tapissée d’un épithélium olacti (épithélium pseudostratifé prismatique cilié) et de récepteurs olactis. Certaines molécules contenues dans l’air se dissolvent dans le mucus recouvrant l’épithélium olacti et stimulent les récepteurs olactis, ce qui permet de détecter les odeurs (voir la section 16.3.1). La région respiratoire des osses nasales est tapissée d’une muqueuse composée d’un épithélium pseudostratifé prismatique cilié. Un réseau vasculaire important parcourt la lamina propria de ce revêtement muqueux. Le nombre élevé de vaisseaux sanguins dans cette région et leur emplacement superfciel (juste en dessous de l’épithélium) rendent ces derniers vulnérables aux coups ou aux autres traumatismes, ce qui explique les saignements de nez (épistaxis) occasionnels. Enfn, des conduits lacrymonasaux acheminent les sécrétions lacrymales de la surace de chaque œil jusqu’à la région respiratoire de chaque osse nasale (voir la fgure 16.10, p. 733).
4. Quelles sont les modifcations subies par l’air inhalé
durant son passage dans les osses nasales ? 5. Quelle est la onction des cornets nasaux ?
23.2.2 3
Les sinus paranasaux
Décrire la structure et la onction des quatre paires de sinus paranasaux.
Les sinus paranasaux (ou sinus de la face) ont été décrits dans la section 8.2.4. Reliées aux osses nasales FIGURE 23.4, ces cavités
Trois des onctions principales des osses nasales consistent à réchauer, à nettoyer et à humidifer l’air qui entre dans les voies respiratoires. Les nombreux vaisseaux sanguins qui parcourent le revêtement des osses nasales réchauent l’air entrant pour l’amener à la température du corps. Lorsqu’ils sont exposés à de
Sinus frontal Sinus ethmoïdaux Sinus sphénoïdal
Sinus maxillaire
INTÉGRATION APPLICATION CLINIQUE
L’écoulement nasal L’écoulement nasal, ou rhinorrhée (rhinos = nez, rroia = couler), peut être causé par : 1) un accroissement de la production de mucus, par exemple en réaction à une inection au virus du rhume ou à l’exposition à un allergène ; 2) les pleurs, car les glandes lacrymales produisent alors des sécrétions additionnelles qui s’évacuent dans les osses nasales ; ou 3) l’air roid, qui provoque la condensation des vapeurs d’eau contenues dans l’air expiré. En pénétrant dans les osses nasales, l’air roid arrive dans un milieu ambiant plus chaud, ce qui provoque une condensation des gouttelettes d’eau contenues dans l’air ; cette eau se mêle au mucus. Par ailleurs, les cils des cellules épithéliales étant moins mobiles par temps roid, ils s’avèrent moins efcaces pour évacuer le mucus vers le nasopharynx. C’est ainsi que le mucus mélangé à l’eau de condensation reste bloqué dans les osses nasales.
Vue antérolatérale
FIGURE 23.4 Sinus paranasaux
❯ Les sinus paranasaux sont des cavités remplies d’air situées dans des os du crâne et nommées selon la structure osseuse dans laquelle elles se trouvent : sinus rontaux, ethmoïdaux, sphénoïdaux et maxillaires.
Chapitre 23 Le système respiratoire
remplies d’air, ormées dans diérents os du squelette de la tête, portent le nom des os dans lesquels elles sont situées. Les sinus paranasaux permettent notamment d’humidier et de réchauer l’air inhalé, et procurent une caisse de résonance à la voix. Il existe ainsi trois paires de sinus disposées symétriquement de part et d’autre des osses nasales : de haut en bas, il y a les sinus frontaux, ethmoïdaux et maxillaires. Derrière les sinus ethmoïdaux se trouvent les deux sinus sphénoïdaux. Des canaux relient tous les sinus aux osses nasales. Les sinus et leurs canaux sont tapissés d’un épithélium pseudostratié prismatique cilié qui s’étend
1057
jusqu’à la muqueuse des osses nasales. Le mucus et les particules qui peuvent se trouver dans les sinus sont dirigés vers les osses nasales, puis vers le pharynx, où ils peuvent être évacués.
Vérifiez vos connaissances 6. Comment les sinus paranasaux sont-ils reliés aux
osses nasales ?
23.2.3
Le pharynx
INTÉGRATION APPLICATION CLINIQUE
Les infections des sinus et les céphalées causées par la sinusite DÉSÉQUILIBRE HOMÉOSTATIQUE
Les membranes muqueuses des canaux qui mènent des sinus paranasaux aux osses nasales s’enfamment parois en raison d’une inection respiratoire ou d’une allergie. Le mucus est évacué moins rapidement et s’accumule dans les sinus paranasaux, ce qui peut provoquer une infection des sinus. Les céphalées causées par la sinusite s’expliquent par une augmentation de la pression dans les sinus paranasaux en raison du gonfement des membranes muqueuses ; elles peuvent également résulter des variations de pression attribuables à la natation ou à l’altitude. Les céphalées causées par la sinusite disparaissent généralement en même temps que l’inection s’atténue. Dans le cas des sinusites persistantes, le médecin peut prescrire certains médicaments pour réduire l’inection (p. ex., des antibiotiques si l’inection est d’origine bactérienne) ou pour réduire l’œdème (p. ex., des corticoïdes en aérosols) (Nadeau, 2007).
4
Comparer les trois régions du pharynx et décrire les structures qui leur sont associées.
Communément appelé gorge, le pharynx est un passage allongé mesurant en moyenne 13 centimètres (cm) FIGURE 23.5. Il s’étend derrière les osses nasales, la cavité orale et le larynx. L’air traverse le pharynx sur toute sa longueur ; la nourriture traverse uniquement sa partie inérieure. Les parois latérales du pharynx se composent de muscles squelettiques qui participent à la fexibilité et à la capacité d’extension de cette voie de passage, deux qualités qui lui permettent d’assurer la déglutition et de pousser les aliments vers l’œsophage. Le pharynx compte trois grandes régions ; de haut en bas se trouvent le nasopharynx, l’oropharynx et le laryngopharynx.
23.2.3.1 Le nasopharynx Le nasopharynx est la partie supérieure du pharynx. Situé directement à l’arrière des osses nasales et au-dessus du palais mou, le nasopharynx est, comme les osses nasales, tapissé d’un épithélium pseudostratié prismatique cilié. En conditions normales, seul l’air pénètre dans le nasopharynx : les matières
Nasopharynx Oropharynx
Pharynx
Laryngopharynx
Nasopharynx Amygdale pharyngienne Trompe auditive Amygdale tubaire Amygdales palatines
A.
FIGURE 23.5 Pharynx ❯ A. Cette coupe sagittale montre les trois régions du pharynx : le nasopharynx, l’oropharynx et le laryngopharynx. B. Cette vue antérolatérale illustre la position du pharynx par rapport au larynx, à la trachée et à l’œsophage.
Oropharynx Os hyoïde Cartilage thyroïde du larynx Trachée
B.
Laryngopharynx Larynx Œsophage
1058 Partie IV Le maintien et la régulation
provenant de la cavité orale ou de l’oropharynx sont bloquées à l’entrée du nasopharynx par le palais mou, qui se soulève durant la déglutition. Il arrive touteois que des aliments solides ou liquides pénètrent dans le nasopharynx et les osses nasales, par exemple quand une personne éclate de rire en mangeant. Dans ce cas, le palais mou n’obture pas l’entrée du nasopharynx de manière susamment ecace, et les contractions provoquées par le rire propulsent des matières dans les osses nasales. Ces matières peuvent parois même sortir par les narines. Les parois latérales du nasopharynx comportent deux ouvertures paires débouchant dans les trompes auditives (ou trompes d’Eustache), qui relient le nasopharynx à l’oreille moyenne. Ces conduits permettent l’évacuation de la pression excessive vers le nasopharynx, ce qui égalise la pression de l’air de part et d’autre du tympan situé à l’entrée de l’oreille moyenne (voir la section 16.5.1). Près de l’ouverture pharyngienne de ces trompes sont disposées les amygdales tubaires. Sur la paroi postérieure du nasopharynx se trouve également une amygdale pharyngienne impaire (unique). Quand elle est enfée, elle est dite adénoïde (ou en végétation). Les amygdales tubaires et l’amygdale pharyngienne sont aites de tissu lymphatique et participent à la prévention de la propagation des inections.
23.2.3.2 L’oropharynx Située juste derrière la cavité orale, la région moyenne du pharynx s’appelle l’oropharynx. Ce dernier s’étend, de haut en bas, du palais mou jusqu’à l’os hyoïde. Les amygdales palatines se déploient sur les parois latérales de l’oropharynx, tandis que les amygdales linguales se situent à la base de la langue (dans la région antérieure de l’oropharynx) ; ces deux types d’amygdales assurent la première déense contre les matières étrangères ingérées ou inhalées (voir la fgure 21.8, p. 991). L’infammation excessive et récurrente des amygdales palatines mène parois à leur ablation.
23.2.3.3 Le laryngopharynx Plus étroite que les deux autres, la région inérieure du pharynx s’appelle le laryngopharynx. Située juste derrière le larynx, cette structure s’amorce près de l’os hyoïde. Elle est délimitée dans sa partie inérieure par le larynx (sur l’avant) et l’œsophage (sur l’arrière). L’oropharynx et le laryngopharynx servent de conduits pour le passage de la nourriture et de l’air. Ils sont tapissés d’un épithélium stratié squameux non kératinisé (voir la fgure 23.2).
Vérifiez vos connaissances 7. Quelles sont les deux régions du pharynx qui
contiennent des amygdales ? À quoi servent-elles ?
23.3 Les voies respiratoires
inférieures
Les structures ormant les voies respiratoires inférieures servent à l’acheminement de l’air (larynx, trachée, bronches et bronchioles) ou aux échanges gazeux (bronchioles respiratoires,
conduits alvéolaires, alvéoles [voir la fgure 23.1]). Le TABLEAU 23.1 récapitule leurs caractéristiques. Les inections des voies respiratoires inérieures peuvent toucher une ou plusieurs de ces structures.
23.3.1
Le larynx
1
Décrire les fonctions et la structure du larynx.
2
Expliquer le fonctionnement du larynx au moment de la production des sons.
Le larynx est un passage plus ou moins cylindrique mesurant environ 4 cm en moyenne (voir la fgure 23.5). Il est délimité dans sa partie supérieure par le laryngopharynx et, dans sa partie inérieure, par la trachée.
23.3.1.1 Les fonctions du larynx Le larynx assure plusieurs onctions importantes. • Passage de l’air. En conditions normales, c’est-à-dire en l’absence de déglutition (action d’avaler), le larynx reste ouvert pour laisser passer l’air. • Prévention de la pénétration des matières ingérées dans les voies respiratoires. Durant la déglutition, l’ouverture supérieure du larynx est obturée pour empêcher les matières ingérées d’entrer dans les voies respiratoires inérieures. • Production de sons pour la parole et le chant. Les cordes vocales, qui sont des ligaments situés dans le larynx, vibrent au passage de l’air durant l’expiration. • Accroissement de la pression dans la cavité abdominale. Lorsqu’une contraction des muscles abdominaux est accompagnée par une ermeture du larynx par l’épiglotte, l’air est retenu dans les poumons et il se crée une augmentation de la pression intra-abdominale. Ce phénomène prend le nom de manœuvre de Valsalva. Cette manœuvre avorise plusieurs processus physiologiques et intervient, par exemple, lorsqu’une personne soulève une charge (voir « Liens entre les concepts » sur la manœuvre de Valsalva). La manœuvre de Valsalva sert aussi à établir des diagnostics médicaux, puisque certains problèmes de santé, par exemple certains types de hernies, entraînent l’apparition de douleur durant la manœuvre. • Participation aux réflexes de l’éternuement et de la toux. L’éternuement et la toux produisent une expulsion brusque d’air. Il en résulte une contraction soudaine des muscles abdominaux et l’activation des cordes vocales : d’abord ermées, elles s’ouvrent d’un coup sous l’eet de l’accroissement de la pression dans la cavité thoracique. L’éternuement est provoqué par la pénétration d’irritants dans les osses nasales ; pour sa part, la toux est causée par l’arrivée d’irritants dans la trachée et les bronches. Ces deux rélexes permettent l’expulsion des irritants des voies respiratoires.
Chapitre 23 Le système respiratoire
TABLEAU 23.1
a
1059
Structures des voies respiratoires inférieures
Structure a
Description anatomique
Soutien des parois
Revêtement épithélial
Fonctions
Larynx
Voie aérienne plus ou moins cylindrique séparant le pharynx de la trachée
Neu pièces de cartilage soutenues par des ligaments et des muscles squelettiques
Épithélium stratié squameux non kératinisé au-dessus des plis vocaux ; épithélium pseudostratié prismatique cilié en dessous des plis vocaux
Conduction de l’air ; prévention de la pénétration des matières ingérées dans la trachée ; production des sons ; contribution à l’accroissement de la pression dans la cavité abdominale ; participation au déclenchement des réfexes de l’éternuement et de la toux
Trachée
Organe tubulaire semi-rigide et fexible raccordant le larynx aux bronches principales
Anneaux cartilagineux incomplets (en orme de er à cheval) maintenant l’ouverture de la trachée
Épithélium pseudostratié prismatique cilié
Conduction de l’air
Bronches
Voies aériennes les plus larges de l’arbre bronchique ; regroupent les bronches principales, lobaires et segmentaires ainsi que les bronches plus petites
Plaques irrégulières d’anneaux de cartilage incomplets ; quel ques muscles lisses
Bronches plus larges : épithélium pseudostratié prismatique cilié ; bronches plus petites : épithélium simple prismatique cilié
Conduction de l’air
Bronchioles
Les plus petites voies d’acheminent de l’air de l’arbre bronchique ; ramication des grosses bronchioles en bronchioles plus étroites ; dernier segment de la zone de conduction ormé par les bronchioles terminales
Pas de cartilage ; quantité proportionnellement plus importante de tissu musculaire lisse dans les parois
Épithélium évoluant d’une structure simple prismatique ciliée (bronchioles les plus larges) à une structure simple cuboïde (bronchioles plus étroites)
Conduction de l’air ; rétrécissement (bronchoconstriction) et agrandissement (bronchodilatation) de l’ouverture des bronchioles permis grâce au tissu musculaire lisse des parois
Bronchioles respiratoires
Premières structures de la zone respiratoire
Pas de cartilage ; peu de tissu musculaire lisse dans les parois
Épithélium simple cuboïde
Échanges gazeux
Conduits alvéolaires
Voies aériennes minuscules émergeant des bronchioles respiratoires ; nombreuses alvéoles dans les parois des conduits alvéolaires
Pas de cartilage ; pas de tissu musculaire lisse
Épithélium simple squameux
Échanges gazeux
Alvéoles
Pochettes microscopiques remplies d’air
Pas de cartilage ; pas de tissu musculaire lisse
Épithélium simple squameux
Échanges gazeux
Les structures sont indiquées selon l’ordre dans lequel l’air les traverse durant l’inspiration.
INTÉGRATION LIENS ENTRE LES CONCEPTS La manœuvre de Valsalva avorise plusieurs processus physiologiques, notamment l’élimination de l’urine contenue dans la vessie (voir la section 24.8.3) et celle des èces du tube digesti (ou tractus gastro-intestinal) (voir la section 26.3.4), ainsi que l’expulsion du bébé à l’accouchement (voir la section 29.6.3).
23.3.1.2 L’anatomie du larynx L’ouverture qui relie le pharynx au larynx s’appelle simplement l’ouverture du larynx (parfois nommé aditus laryngé ou encore margelle laryngée). Le larynx est une charpente constituée de neuf pièces de cartilage maintenues en place par des ligaments et des muscles. Ces neuf pièces cartilagineuses sont les suivantes : les cartilages thyroïde et cricoïde ainsi que l’épiglotte,
qui sont des structures uniques ; et les cartilages aryténoïdes, corniculés et cunéiformes, qui sont des structures qui viennent en paires FIGURE 23.6. Le cartilage thyroïde est le plus volumineux des cartilages qui composent le larynx. Avec sa forme triangulaire, il constitue les parois latérales et antérieures du larynx. Sa saillie pointue, presque en forme de V, s’appelle proéminence laryngée ou, plus communément, pomme d’Adam. Cette protubérance est généralement plus volumineuse chez les hommes que chez les femmes, car sa croissance est stimulée à la puberté sous l’effet de la testostérone. Le cartilage thyroïde est attaché à la face latérale du cartilage cricoïde (krikos = anneau), une structure annulaire (en forme d’anneau) située en dessous du cartilage thyroïde. À la face postérieure du cartilage thyroïde se trouve l’épiglotte (epi = sur, glottis = langue, languette). L’épiglotte est une grande structure
1060 Partie IV Le maintien et la régulation
Épiglotte
Épiglotte
Os hyoïde
Os hyoïde
Membrane thyrohyoïdienne (extrinsèque)
Membrane thyrohyoïdienne (extrinsèque) Cartilage thyroïde
Cartilage thyroïde
Cartilage cunéiforme
Muscle thyrohyoïdien (extrinsèque)
Cartilage corniculé Cartilage aryténoïde
Proéminence laryngée (pomme d’Adam)
Muscles aryténoïdiens obliques (intrinsèque)
Muscle cricothyroïdien (extrinsèque) Ligament cricothyroïdien Cartilage cricoïde
Cartilage cricoïde Muscle cricoaryténoïdien postérieur (intrinsèque)
Ligament cricotrachéal (extrinsèque) Trachée
A. Vue antérieure
Trachée
B. Vue postérieure
C. Vue postérieure oblique
FIGURE 23.6 Larynx
❯ Cette illustration montre le larynx sous trois angles : soit les vues A. antérieure, B. postérieure et C. postérieure oblique. Le larynx se compose de neuf cartilages ainsi que de plusieurs ligaments et muscles squelettiques. Les neuf pièces cartilagineuses et les ligaments
en orme de cuillère ou de euille ; elle est ancrée à la ace postérieure du cartilage thyroïde et se déploie dans le pharynx vers l’arrière et vers le haut. Elle obture l’ouverture du larynx durant la déglutition. Plus petits, les cartilages pairs se situent à l’intérieur du larynx : ce sont les cartilages aryténoïdes, corniculés (corniculatus = qui possède des cornes) et cunéiformes (cuneus = coin). À l’exception de l’épiglotte, toutes les structures cartilagineuses du larynx sont aites de cartilage hyalin. L’épiglotte, qui ouvre et erme l’ouverture du larynx, se compose d’un cartilage élastique plus fexible. Les ligaments laryngiens se répartissent en deux catégories : extrinsèques et intrinsèques. Les ligaments extrinsèques sont attachés à la surace externe des cartilages du larynx et le relient à d’autres structures, notamment l’os hyoïde et la trachée. Situés à l’intérieur du larynx, les ligaments intrinsèques se répartissent en deux catégories : vocaux et vestibulaires FIGURE 23.7. Les ligaments vocaux se composent essentiellement de tissu conjoncti élastique et relient d’avant en arrière le cartilage thyroïde et les cartilages aryténoïdes. Ils sont recouverts d’une membrane muqueuse avec laquelle ils orment les plis vocaux, également appelés cordes vocales du ait qu’ils produisent des sons au moment du passage de l’air entre eux. Ces plis vocaux ont une apparence blanchâtre en raison du ait qu’ils ne sont pas vascularisés. L’ouverture entre ces plis s’appelle la fente de la glotte (ou rima glottidis). Ensemble, les plis vocaux et la ente de la glotte orment la glotte.
intrinsèques et extrinsèques constituent la charpente souple du larynx. Les muscles extrinsèques permettent au larynx de s’élever ; les muscles intrinsèques participent à la production des sons.
Les ligaments vestibulaires constituent la deuxième catégorie de ligaments intrinsèques. Ils relient le cartilage thyroïde aux cartilages aryténoïdes et corniculés. Avec leur revêtement muqueux, les ligaments vestibulaires orment les plis vestibulaires situés au-dessus des cordes vocales. L’ouverture entre les plis vestibulaires s’appelle la ente vestibulaire (ou rima vestibuli). Ces plis s’appellent également les ausses cordes vocales, car ils servent uniquement à protéger les plis vocaux, sans participer à la production des sons (voir la fgure 23.7B). Les parois du larynx se composent notamment de muscles squelettiques extrinsèques et intrinsèques. Les muscles extrinsèques sont attachés à l’os hyoïde ou au sternum, et ils s’insèrent sur le cartilage thyroïde. Ils stabilisent le larynx et avorisent son déplacement durant la déglutition (voir la section 26.2.3). Situés à l’intérieur du larynx, les muscles intrinsèques s’arriment aux cartilages aryténoïdes et corniculés. La contraction des muscles intrinsèques ait pivoter les cartilages aryténoïdes et modie ainsi la taille de la ente de la glotte. Cette ouverture devient plus étroite à l’adduction (ermeture) des plis vocaux et plus large à leur abduction (ouverture) (voir la fgure 23.7). Les muscles intrinsèques participent à la production des sons vocaux et à la ermeture du larynx durant la déglutition.
23.3.1.3 La production des sons Les sons vocaux sont produits par la vibration des plis vocaux, qui survient quand les muscles laryngiens intrinsèques rétrécissent la
Chapitre 23 Le système respiratoire
Plis vocaux en adduction (fermés)
1061
FIGURE 23.7
Plis vocaux en abduction (ouverts) Antérieur
Plis vocaux
❯ Les plis vocaux (cordes vo cales) sont des ligaments élastiques couverts d’une membrane muqueuse qui relient les cartilages thyroïde et aryténoïdes. Ils entourent la ente de la glotte et participent à la production des sons. Cette fgure illustre les plis vocaux en adduction (ermés) et en abduction (ouverts) sous les angles suivants : A. vue supérieure des cartilages et des ligaments seulement ; et B. vues schématique et laryngoscopique des structures entourant ces cartilages et ligaments. C. Cette photographie laryngoscopique sous l’angle supérolatéral montre les plis vestibu laires, les plis vocaux et la ente de la glotte débouchant dans la trachée.
Cartilage thyroïde Cartilage cricoïde Ligaments vocaux (intrinsèques) Ligaments vestibulaires (intrinsèques)
Cartilage aryténoïde Cartilage corniculé Postérieur A. Cartilages et ligaments
Épiglotte
Base de la langue
Pli vestibulaire Épiglotte Plis vestibulaires Plis vocaux
Pli vocal Glotte
Fente de la glotte
Fente de la glotte
Cartilage cunéiforme Cartilage corniculé
B. Vue laryngoscopique
ente de la glotte et que l’air est poussé entre les cordes vocales au moment de l’expiration. La voix se caractérise par son registre, sa hauteur et son intensité. Le registre de la voix (p. ex., basse ou soprano) dépend de la longueur et de l’épaisseur des plis vocaux. Ayant généralement des plis vocaux plus longs et plus épais que ceux des emmes, les hommes ont un registre vocal plus grave. Par ailleurs, la longueur des plis vocaux augmente avec l’âge, ce qui explique que la voix devient plus grave (plus proonde) en passant de l’enance à l’âge adulte. La hauteur des sons produits correspond à la réquence des ondes sonores générées par la vibration des plis vocaux. Elle dépend de la tension des plis vocaux, qui est déterminée essentiellement par la contraction volontaire des muscles laryngiens intrinsèques. Plus les plis vocaux sont tendus, plus ils vibrent rapidement au passage de l’air et, par conséquent, plus les sons qu’ils produisent sont aigus. Inversement, plus les plis vocaux sont détendus, moins ils vibrent rapidement et plus le son qu’ils produisent est grave. Quand une personne chuchote, seule la partie postérieure de la ente de la glotte est ouverte et les plis vocaux ne vibrent pas ; de ce ait, les chuchotements ont toujours la même hauteur. L’intensité sonore est déterminée par la orce de l’air qui traverse les plis vocaux. Plus la quantité d’air qui passe par la ente
C. Larynx, vue supérolatérale
de la glotte est importante, plus le son est ort ; à l’inverse, les sons moins intenses sont produits par des quantités plus aibles d’air traversant la ente de la glotte. La production de la parole exige par ailleurs la mise à contribution d’autres structures. Les espaces vides du pharynx, des osses nasales, de la cavité orale et des sinus paranasaux ont ofce de caisses de résonance. Les lèvres, les dents et la langue permettent d’articuler les sons. Les enants en bas âge parlent généralement d’une voix aiguë et nasale parce que leurs sinus ne sont pas encore complètement ormés, ce qui les prive de plusieurs caisses de résonance. Lorsqu’une personne se pince le nez en parlant, sa voix change parce que le pincement empêche l’air de passer par les osses nasales.
Vérifiez vos connaissances 8. Comment le larynx participe-t-il à l’accroissement
de la pression abdominale ? 9. Comment s’appellent les trois cartilages impairs
du larynx ? 10. Quelles sont les diérences structurales et
onctionnelles entre les plis vocaux et les plis vestibulaires ?
1062 Partie IV Le maintien et la régulation
INTÉGRATION APPLICATION CLINIQUE
La laryngite DÉSÉQUILIBRE HOMÉOSTATIQUE
La laryngite est une infammation du larynx qui peut s’étendre à ses structures voisines. Les laryngites sont généralement causées par une inection virale ou bactérienne, mais elles peuvent aussi, quoique plus rarement, résulter d’une utilisation excessive de la voix (p. ex., chez les amateurs de sport qui crient durant plusieurs heures pendant les parties de hockey). La laryngite se manieste notamment par les symptômes suivants : voix rauque, mal de gorge et, parois, èvre. Dans certains cas plus graves, l’infammation atteint l’épiglotte. Les voies respiratoires des enants étant proportionnellement plus étroites que celles des adultes, l’épiglottite (infammation de l’épiglotte) peut provoquer une obstruction soudaine des voies aériennes et nécessiter une intervention médicale immédiate. Cette vue au laryngoscope montre l’infammation et la rougeur des plis vocaux caractéristiques de la laryngite (voir la gure 23.7C pour un larynx non enfammé).
23.3.2
La trachée
3
Décrire la structure de la trachée.
4
Expliquer la structure et la onction des cartilages trachéaux.
La trachée (trakheia = raboteux) est un organe tubulaire semirigide et fexible FIGURE 23.8. De haut en bas, elle relie le larynx aux bronches principales en passant par le cou et le médiastin (partie médiane de la cavité thoracique). Elle est placée juste devant l’œsophage et derrière la partie haute du sternum.
23.3.2.1 L’anatomie macroscopique de la trachée La trachée mesure environ 13 cm de longueur pour 2,5 cm de diamètre, en moyenne. Elle s’étend du larynx au bord supérieur de la cinquième vertèbre thoracique. Ses parois antérieure et latérales sont soutenues par 15 à 20 anneaux incomplets de cartilage hyalin en orme de C (ou de er à cheval) appelés cartilages trachéaux. Ils sont reliés entre eux par des euillets de tissu conjoncti élastique nommés ligaments annulaires. À la ourche (biurcation) des bronches principales se trouve la carina trachéale, une structure cartilagineuse recouverte d’une muqueuse présentant une orme de carène (partie immergée de la coque d’un navire) (voir la fgure 23.8C). Les récepteurs sensoriels de la région de la carina trachéale sont extrêmement sensibles et déclenchent la toux dès qu’ils sont stimulés par des irritants. Chacun des cartilages trachéaux est recouvert d’une gaine de périchondre (membrane de tissu conjoncti) et d’une membrane breuse dense. Vers l’arrière, l’ouverture des anneaux de cartilage (qui sont incomplets) est reliée au muscle trachéal ainsi qu’à une membrane ligamentaire élastique. La orme particulière des cartilages trachéaux renorce la paroi de la trachée et lui procure une certaine rigidité. Cela lui permet de rester ouverte
Plis vocaux enflammés
Pli vestibulaire
Fente de la glotte
en tout temps pour assurer le passage de l’air. Sur la ace postérieure de la trachée, le muscle trachéal et la membrane ligamentaire, plus souples, permettent à cette paroi de se distendre (s’étirer) durant le passage d’un bol alimentaire dans l’œsophage, qui est postérieur à la trachée. Par ailleurs, le muscle trachéal se contracte durant la toux, ce qui rétrécit la trachée et acilite l’expulsion de l’air. Cela peut également aciliter l’expulsion d’aliments ou de corps étrangers qui pourraient se trouver prisonniers des voies aériennes pendant un étouement. La trachéotomie (tomos = couper, découper) s’impose comme l’une des interventions les plus anciennes de l’histoire de la chirurgie. Elle consiste à inciser la trachée pour aciliter la respiration quand les voies aériennes sont bloquées, ou qu’une maladie ou une lésion gêne la respiration. L’ouverture se pratique habituellement au niveau du premier ligament annulaire de la trachée, sous le cartilage cricoïde. La cricothyroïdotomie est une intervention semblable qui donne accès aux voies respiratoires inérieures. L’incision se ait touteois à la hauteur du ligament cricothyroïdien, qui se trouve à la première dépression sous la pomme d’Adam. Ces deux interventions peuvent sauver la vie, mais elles comportent aussi des risques et doivent être pratiquées par un personnel médical qualié en raison des risques d’hémorragies.
23.3.2.2 L’histologie de la paroi trachéale De l’intérieur vers l’extérieur, les couches superposées qui constituent la paroi de la trachée sont les suivantes : 1) la muqueuse, qui se compose d’une lamina propria et d’un épithélium pseudostratié prismatique cilié contenant des cellules caliciormes ; 2) la sous-muqueuse, ormée de tissu conjoncti aréolaire et contenant de gros vaisseaux sanguins, des terminaisons nerveuses, des glandes séreuses et muqueuses ainsi que du tissu lymphatique ; 3) le cartilage trachéal (décrit précédemment) ; et 4) l’adventice, aite de tissu conjoncti élastique (non représentée dans la gure 23.8).
Chapitre 23 Le système respiratoire
1063
FIGURE 23.8 Trachée
Œsophage
Larynx
❯ A. De haut en bas, la trachée relie le larynx aux bronches principales. B. Cette microscopie optique d’une coupe transversale montre l’arrimage entre la trachée et l’œsophage. C. Cette photographie montre la trachée débouchant dans les bronches principales. Cette ourche comprend un cartilage en Œsophage orme de V évasé appelé carina trachéale ; la ourche de la trachée Muscle trachéal contient des récepteurs sensoriels Lumière de la trachée qui induisent la toux lorsqu’ils sont stimulés par des irritants. D. Face Muqueuse interne de la paroi trachéale, avec indication du déplacement ascen Sous-muqueuse dant du mucus vers le pharynx.
Vue postérieure
Cartilage thyroïde Cartilage cricoïde
MO 8 x
Cartilage trachéal
Trachée
Cartilage trachéal
B.
Muqueuse Épithélium pseudostratifié prismatique cilié
Vue antérieure
Membrane basale
Ligament annulaire Trachée
Bronche Bronche principale droite principale gauche A.
Lamina propria
Carina trachéale (cartilage)
Bronche principale droite
Sousmuqueuse
Mucus
Lumière
Bronche principale gauche C. Fourche de la trachée
Le mouvement des cils de l’épithélium muqueux propulse le mucus chargé de poussières, de microbes et d’autres particules vers le haut, en direction du larynx et du pharynx, où il sera avalé ou expulsé (voir la fgure 23.8D).
À votre avis
D.
23.3.3
L’arbre bronchique
5
Décrire les subdivisions structurales de l’arbre bronchique.
6
Expliquer les processus de la bronchoconstriction et de la bronchodilatation.
2. Chez les umeurs chroniques, le revêtement de la
trachée et des bronches se transorme, passant d’un épithélium pseudostratifé prismatique cilié à un épi thélium stratifé squameux. Quelles sont, selon vous, les conséquences de cette métamorphose ?
Vérifiez vos connaissances 11. Quelle est la onction des cartilages trachéaux en
orme d’anneaux incomplets et quelle est la onction du muscle trachéal et de la membrane ligamentaire élastique qui se trouvent dans la partie incomplète des anneaux ?
L’arbre bronchique est un système très ramifé de passages permettant la conduction de l’air. Il prend ses racines à la hauteur des bronches principales et se ramife progressivement en conduits de plus en plus étroits qui sillonnent l’ensemble des poumons jusqu’à leurs conduits les plus petits : les bronchioles terminales FIGURE 23.9.
23.3.3.1 L’anatomie macroscopique
de l’arbre bronchique À l’angle sternal (ou angle de Louis) situé au point d’articulation du manubrium sternal et du corps du sternum, la trachée biurque vers les bronches principales gauche et droite (ou
1064 Partie IV Le maintien et la régulation
Larynx
Trachée
Bronche principale droite
Bronches principales Bronches lobaires Bronches segmentaires Petites bronches
Bronche principale gauche
Bronche lobaire droite
Bronche lobaire gauche
B. Principales sections de l’arbre bronchique
Bronche segmentaire gauche
Bronche segmentaire droite
Petites bronches Petites bronches
A. Vue antérieure
FIGURE 23.9 Arbre bronchique
❯ L’arbre bronchique se compose de voies de conduction de l’air qui s’amorcent dans les deux bronches principales et nissent dans les bronchioles terminales. A. Cette gure montre le
larynx, la trachée et les bronches (les bronchioles terminales ne sont pas visibles). B. Diérentes couleurs permettent de bien distinguer les principales sections de l’arbre bronchique.
INTÉGRATION APPLICATION CLINIQUE
La bronchite DÉSÉQUILIBRE HOMÉOSTATIQUE
La bronchite est une infammation des bronches causée par une inection virale ou bactérienne, ou par l’inhalation d’irritants (p. ex., des vapeurs chimiques, des particules de matière ou la umée de cigarette). Du point de vue clinique, il existe deux catégories : les bronchites aiguë et chronique. La bronchite aiguë se manieste rapidement pendant ou après l’inection (p. ex., un rhume). Ses symptômes sont les suivants : toux, éternuements, douleur à l’inhalation, èvre. La plupart des bronchites aiguës guérissent complètement en 10 à 14 jours. La bronchite chronique résulte de l’exposition à long terme à des irritants ; elle est souvent liée au tabagisme. Du
point de vue médical, elle se dénit par la production de quantités importantes de mucus et par une toux durant au moins trois mois consécutis. Si l’organisme reste exposé aux irritants en cause, des altérations permanentes des bronches peuvent se produire, notamment l’épaississement des parois bronchiques et, par conséquent, le rétrécissement de leur lumière, ou encore la croissance excessive (hyperplasie) des cellules bronchiques sécrétant la mucine. Ces altérations bronchiques à long terme accroissent la probabilité d’inections bactériennes utures. Accompagnées d’une surproduction de mucus, ces mêmes altérations peuvent nir par entraver l’ecacité des échanges gazeux (voir la section 23.6.2), ce qui peut se maniester par l’essoufement et l’apparition d’un teint cyanosé (teint bleuté dû à un apport insusant en oxygène).
Chapitre 23 Le système respiratoire
segmentaires, et le poumon gauche, entre 8 et 10. L’arbre bronchique continue ainsi à se ramifer en voies de plus en plus étroites et nombreuses. Il existe environ de 9 à 12 niveaux de ramifcation bronchique. Les bronches principales, lobaires et segmentaires constituent les premier, deuxième et troisième niveaux de ramifcation bronchique, respectivement.
bronches primaires). Chacune des bronches principales se déploie ensuite vers le bas et sur le côté dans l’un des deux poumons. La bronche principale droite est plus courte, plus large et plus verticale que la gauche ; par conséquent, elle est plus exposée à l’entrée de matières étrangères. Les deux bronches principales ainsi que tous les vaisseaux pulmonaires, les vaisseaux lymphatiques et les ners qui lui sont associés pénètrent dans le poumon par sa ace médiale (interne).
Les bronches débouchent fnalement dans des conduits mesurant moins de 1 millimètre (mm) de diamètre : les bronchioles. Les bronchioles terminales orment la dernière portion de la zone de conduction. Elles mènent aux bronchioles respiratoires, qui marquent l’entrée de la zone respiratoire.
Chacune des deux bronches principales se subdivise ensuite en bronches lobaires (ou bronches secondaires) qui se déploient dans les diérents lobes pulmonaires. Possédant trois lobes, le poumon droit compte trois bronches lobaires ; le poumon gauche possède deux lobes, et donc deux bronches lobaires. D’un diamètre inérieur à celui des bronches principales, les bronches lobaires se ramifent ensuite en bronches segmentaires (ou bronches tertiaires) qui s’enoncent dans le segment bronchopulmonaire du poumon. Le poumon droit possède 10 bronches
23.3.3.2 L’histologie de l’arbre bronchique Des lames ou des anneaux incomplets de cartilage hyalin soutiennent les parois des bronches principales pour les maintenir ouvertes FIGURE 23.10. Ce soutien s’amenuise au fl des ramifcations, à mesure que le diamètre des bronches diminue.
Trachée Anneaux cartilagineux
Bronche principale gauche
Cartilage Bronches lobaires
Lames de cartilage
Bronches segmentaires Petites bronches
Bronchiole Coupes transversales de bronchioles Bronchiole terminale Musculeuse Sous-muqueuse Muqueuse
Sans cartilage
Bronchiole respiratoire
Alvéoles Bronchoconstriction
Bronchodilatation
FIGURE 23.10 Structure des parois bronchiques
❯ Des lames irrégulières de cartilage de taille décroissante soutiennent chacune des branches de l’arbre bronchique. Les bronchioles ne contiennent pas de cartilage, mais sont maintenues par une couche proportionnellement plus
1065
épaisse de muscle lisse. Cette couche musculaire lisse permet la bronchoconstriction et la bronchodilatation, qui modifent le diamètre de la lumière et régulent ainsi la quantité d’air qui atteint les alvéoles.
1066 Partie IV Le maintien et la régulation
Ces structures de charpente se présentent tout d’abord sous la orme de lames irrégulières de cartilage de tailles variées dont le nombre et les dimensions diminuent à mesure que l’arbre bronchique se subdivise en voies aériennes de plus en plus
étroites. Contrairement aux bronches, les bronchioles ne sont pas soutenues par du cartilage, car leur diamètre restreint suft à lui seul, en conditions normales, à éviter l’aaissement. Les bronchioles possèdent cependant une couche de muscle
INTÉGRATION APPLICATION CLINIQUE
L’asthme DÉSÉQUILIBRE HOMÉOSTATIQUE
L’asthme est en constante progression au Canada depuis 1980, ce qui en ait la maladie respiratoire la plus importante au pays. Parmi les 3 millions de personnes atteintes estimées en 2013, il y a environ 700 000 Québécois et, parmi ceux-ci, près de 300 000 sont des enants (Association pulmonaire du Québec, 2013b). L’asthme est une aection chronique caractérisée par des épisodes de bronchoconstriction s’accompagnant de sifement respiratoire, de toux, d’essoufement et de production excessive de mucus pulmonaire. En général, la personne acquiert une sensibilité à un type de particules ou à un corps étranger présent dans l’air (p. ex., le pollen, la umée, les spores de moisissure ou les acariens). Des acteurs émotionnels ou l’air roid peuvent également déclencher une crise. Enn, certains gènes sont associés à l’hyperréactivité des bronches, et l’obésité constituerait un acteur de risque (Killeen & Skora, 2013). Quand l’organisme est réexposé à un déclencheur, une réaction immunitaire localisée se produit dans les bronches et les
bronchioles, provoquant le rétrécissement de la lumière des bronches (bronchoconstriction), le gonfement de la sous-muqueuse et l’accroissement de la production du mucus. Ces épisodes durent généralement une heure ou deux. L’exposition continue à l’agent déclencheur augmente la gravité et la réquence des crises. À la longue, les parois des bronches et des bronchioles peuvent s’épaissir de manière permanente, ce qui provoque un rétrécissement déniti des voies aériennes et un essoufement constant. Si les voies aériennes se rétrécissent de manière excessive à l’occasion d’une crise d’asthme sévère, la personne peut en mourir. Le traitement privilégié de l’asthme consiste à administrer, par inhalation, des médicaments dérivés de la cortisone dans le but d’atténuer la réaction infammatoire ainsi que des bronchodilatateurs pour soulager la bronchoconstriction. Les personnes atteintes d’asthme sévère doivent, dans certains cas, prendre des dérivés de la cortisone par voie orale pour endiguer la réaction allergique et réduire l’infammation.
Les crises d’asthme provoquent la constriction des voies aériennes.
Mucus Muqueuse
Sousmuqueuse
Coupe transversale d’une bronchiole normale
Constriction des voies respiratoires
Musculeuse
Mucus excédentaire Muqueuse Sousmuqueuse enflée Musculeuse Coupe transversale d’une bronchiole pendant une crise d’asthme
Chapitre 23 Le système respiratoire
1067
INTÉGRATION APPLICATION CLINIQUE
La fbrose kystique DÉSÉQUILIBRE HOMÉOSTATIQUE
La fbrose kystique est une maladie héréditaire qui entraîne une production de mucus plus dense que la normale, ce qui avorise l’apparition d’inections pulmonaires. Au Canada, une personne meurt de la fbrose kystique (mucoviscidose) chaque semaine. Au total, environ 4 000 Canadiens sont atteints de cette maladie génétique (Fibrose kystique Canada, 2013). Plus spécifquement, la fbrose kystique se caractérise par la mutation d’un gène responsable de la production d’un canal transmembranaire pour les ions chlorure (Cl−). Ce canal, présent sur les cellules qui tapissent l’intérieur des voies respiratoires (comme les bronchioles), permet à ces dernières d’expulser les ions Cl− à l’extérieur de leur cytoplasme. Ces ions Cl− se retrouvent alors dans le mucus présent dans les voies respiratoires. Chez les personnes atteintes de fbrose kystique, la déectuosité, voire l’absence du canal, empêche les cellules de se départir des ions Cl−. Il se crée donc une diérence de concentration en ions Cl − entre l’intérieur et l’extérieur de ces cellules (haute concentration dans le cytoplasme des cellules et aible concentration dans le mucus). Les molécules d’eau présentes dans le mucus ont alors tendance à quitter ce dernier par
lisse proportionnellement plus épaisse que celle des bronches. La contraction de ce tissu musculaire lisse réduit le diamètre des bronchioles – il s’agit de la bronchoconstriction –, ce qui diminue la quantité d’air qui traverse l’arbre bronchique. Une bronchoconstriction peut notamment survenir au moment de l’inhalation de certaines substances nocives ou par temps roid. À l’inverse, le relâchement du tissu musculaire lisse accroît le diamètre des bronchioles – il s’agit de la bronchodilatation –, ce qui augmente la quantité d’air qui traverse l’arbre bronchique. La bronchodilatation survient par exemple en situation de stress, ce qui permet un apport plus important des cellules en oxygène. La fgure 23.2 récapitule les modifcations de l’épithélium au fl des ramifcations bronchiques.
Vériiez vos connaissances 12. Quelles sont les principales diérences structurales
entre les bronches et les bronchioles ?
23.3.4
Les conduits alvéolaires et les alvéoles
7
Décrire la orme et la onction des autres structures et organes des voies respiratoires inérieures.
8
Indiquer quatre types de cellules présentes dans les alvéoles et préciser leurs onctions.
La zone respiratoire se compose des bronchioles respiratoires, des conduits alvéolaires et des alvéoles. Toutes ces structures sont
osmose pour pénétrer dans le cytoplasme des cellules dont le canal est déectueux. Cette migration des molécules d’eau rend le mucus plus épais. Ce aisant, les cils présents sur les cellules qui tapissent les voies aériennes ont plus de difculté à remonter ce mucus vers le larynx et le pharynx afn qu’il soit évacué. Ce mucus stagnant peut nuire à la circulation de l’air et devient un milieu qui avorise la croissance de bactéries, d’où la réquence élevée d’inection pulmonaire chez les gens atteints de la maladie. Au milieu des années 2000, un traitement aisant appel à l’inhalation de gouttelettes hypertoniques en chlorure de sodium (NaCl) s’est montré efcace pour avoriser la remontée du mucus par les cellules ciliées chez les personnes atteintes de fbrose kystique. Les gouttelettes hypertoniques rétabliraient en partie les concentrations d’ions Cl− de part et d’autre de la membrane plasmique, ce qui réduirait le déplacement d’eau par osmose vers l’intérieur des cellules (Reeves, Molloy, Pohl et al., 2012). Il aut noter que la mutation qui touche les canaux ioniques à Cl− ne se limite pas aux cellules des voies respiratoires. Le même phénomène d’épaississement du mucus peut notamment se produire à l’intérieur du pancréas. Dans cet organe, l’épaississement du mucus nuit à l’expulsion des enzymes digestives qui peuvent alors s’attaquer au pancréas lui-même (Fibrose kystique Québec, 2013).
microscopiques. Les bronchioles respiratoires les plus étroites se subdivisent en voies aériennes fnes, les conduits alvéolaires. Ces derniers débouchent dans des sacs alvéolaires, soit des grappes d’alvéoles suspendues à l’extrémité de chacun des conduits alvéolaires FIGURE 23.11. Les bronchioles respiratoires et les conduits alvéolaires contiennent des petites poches d’environ 0,25 à 0,5 mm de diamètre nommées alvéoles (alveus = cavité). Les bronchioles respiratoires sont généralement tapissées d’un épithélium simple cuboïde ; les conduits alvéolaires et les alvéoles sont tapissés d’un épithélium simple squameux (voir la fgure 23.2). L’épithélium qui recouvre la zone respiratoire est beaucoup plus mince que celui de la zone de conduction, ce qui acilite la diusion des gaz entre les alvéoles et les capillaires pulmonaires. Dès l’âge de 8 ans, chacun des deux poumons contient environ 300 à 400 millions d’alvéoles, et c’est la juxtaposition de ces centaines de millions d’alvéoles remplies d’air qui donne aux poumons leur texture spongieuse. Les alvéoles s’appuyant les unes contre les autres, leurs parois s’aplatissent légèrement. Par conséquent, les coupes transversales des alvéoles montrent une structure plus hexagonale que sphérique. Les pores des cloisons interalvéolaires (ou pores de Kohn) sont des petites ouvertures dans les cloisons qui permettent la circulation d’air entre les alvéoles adjacentes. Les capillaires sanguins qui entourent chacune des alvéoles permettent par ailleurs les échanges gazeux. La cloison interalvéolaire (ou septum interalvéolaire) contient des fbres élastiques qui contribuent à la capacité de dilatation des poumons à l’inspiration et à leur retour à leur taille antérieure à l’expiration. Les parois alvéolaires se composent de deux types de cellules : les pneumocytes de type I (squameux) et les pneumocytes
1068 Partie IV Le maintien et la régulation
Bronchiole terminale
Bronchiole Alvéoles respiratoire
Conduit alvéolaire
Ramification d’une artère pulmonaire Bronchiole
Bronchiole terminale
Ramification d’une veine pulmonaire
Artériole pulmonaire
MEB 180 x
Muscle lisse
B. Bronchiole respiratoire
Lits capillaires pulmonaires Veinule pulmonaire
FIGURE 23.11 Conduit alvéolaire Alvéoles Pores de la cloison interalvéolaire Cloison interalvéolaire Sac alvéolaire
Fibres élastiques Tissu conjonctif A.
de type II (presque cuboïdes) FIGURE 23.12A . Les pneumocytes de type I sont les plus nombreux ; ils sont également appelés cellules alvéolaires squameuses. Ils représentent environ 95 % de la surface alvéolaire et constituent une mince frontière entre l’air des alvéoles et le sang des capillaires pulmonaires. La face intérieure des alvéoles, formée essentiellement de pneumocytes de type I, est humide et composée en grande partie d’eau et de surfactant pulmonaire. L’eau présente dans les alvéoles provoque une tension de surface élevée (voir la section 2.5.2) qui, sans la présence du surfactant pulmonaire, les exposerait à un risque important d’affaissement (les molécules d’eau s’attirant entre elles en raison de leurs liaisons hydrogène). Le surfactant pulmonaire est un liquide huileux qui couvre la surface alvéolaire intérieure et qui est sécrété par les pneumocytes de type II (ou cellules septales). Ainsi, dès qu’une alvéole commence à s’affaisser, par exemple à l’expiration, les
Bronchioles et alvéoles
❯ Les bronchioles et les alvéoles constituent les sections terminales des voies respiratoires. A. Les bronchioles terminales se ramifent en bronchioles respiratoires dans la zone respiratoire ; puis, les bronchioles respiratoires se ramifent elles-mêmes en conduits alvéolaires et en alvéoles. Un vaisseau pulmonaire suit chacune des bronchioles ; des capillaires pulmonaires s’enroulent autour des alvéoles pour avoriser les échanges gazeux. Du tissu élastique entoure également les alvéoles. B. Cette microscopie électronique à balayage montrant une bronchiole terminale, une bronchiole respiratoire, un conduit alvéolaire et des alvéoles permet d’apprécier la structure en rayons de miel (ou nid d’abeille) des alvéoles.
molécules de surfactant pulmonaire se retrouvent massées les unes contre les autres et empêchent alors l’affaissement alvéolaire. Les alvéoles contiennent également un vaste réseau de cellules associées à des fonctions immunitaires : les cellules dendritiques, qui sont également présentes dans l’arbre bronchique, et les macrophagocytes alvéolaires. Les cellules dendritiques réagissent aux intrus (p. ex., une bactérie ou un virus) en les ingérant, en migrant vers les vaisseaux lymphatiques, qui sont en grand nombre dans les poumons, puis en se dirigeant vers les ganglions lymphatiques où elles peuvent déclencher une réponse immunitaire adaptative (Garcia-Romo, PedrozaGonzalez, Lambrecht et al., 2013 ; Guilliams, Lambrecht & Hammad, 2013). Elles agissent un peu comme des rapporteurs. Les macrophagocytes alvéolaires peuvent quant à eux se déplacer sur la face interne des alvéoles pour ingérer également les intrus d’origine microbienne ou des particules de poussière.
Chapitre 23 Le système respiratoire
Cloison interalvéolaire
Noyau d’une cellule endothéliale d’un capillaire
Noyau d’un pneumocyte de type I
Érythrocyte
1069
Érythrocyte
Capillaire
Capillaires pulmonaires
Pneumocyte de type I Diffusion du CO2 Diffusion du O2
Pneumocyte de type II Macrophagocytes alvéolaires Alvéole
Pores de la cloison interalvéolaire
Membrane respiratoire
Cloison interalvéolaire A.
B.
Épithélium alvéolaire Fusion des membranes basales de l’épithélium alvéolaire et de l’endothélium capillaire Endothélium capillaire
FIGURE 23.12 Alvéoles et membrane respiratoire ❯ A. Les voies aériennes se terminent par des alvéoles microscopiques. B. Les échanges gazeux entre les alvéoles et les capillaires pulmonaires s’eectuent à travers une membrane respiratoire mince composée de pneumocytes de type I, de cellules endothéliales qui composent les capillaires et de leurs
membranes basales usionnées. L’oxygène diuse depuis les alvéoles jusque dans la circulation sanguine par les capillaires ; le dioxyde de carbone diuse dans le sens inverse. (Cette gure ne montre pas le revêtement de suractant pulmonaire.)
INTÉGRATION APPLICATION CLINIQUE
La grippe DÉSÉQUILIBRE HOMÉOSTATIQUE
La grippe (ou infuenza), une maladie contagieuse causée par un virus, se manieste notamment par un mal de tête, de la toux et des rissons suivis de èvre, de douleurs musculaires, de atigue et d’irritation de la gorge. Le rhume, souvent conondu avec la grippe, est quant à lui une inection moins grave des voies respiratoires qui ne s’accompagne généralement pas de èvre ni de douleurs musculaires. Chaque année, au Canada, la grippe et ses complications causent de 2 000 à 8 000 décès (Agence de la santé publique du Canada, 2013b). Le virus de la grippe s’attaque aux cellules qui tapissent le nez, la gorge et les bronches. Il pénètre à l’intérieur de ces cellules. Une ois installé dans la cellule, le matériel génétique du virus est utilisé de manière à produire de nouveaux virus. La cellule inectée devient donc une véritable usine à production de virus qui peuvent à leur tour
inecter de nouvelles cellules. Au bout d’un certain temps, la cellule inectée meurt. Le virus de la grippe est sujet aux mutations, ce qui ait en sorte que d’une saison à l’autre, le virus qui se présente est toujours un peu diérent de celui de la saison précédente. L’ajustement nécessaire du système immunitaire à chaque nouveau virus explique le ait qu’il est possible d’être victime de la grippe chaque année. La plupart des gens atteints de la grippe se rétablissent en une dizaine de jours. Touteois, certaines personnes, déjà atteintes d’une maladie chronique ou encore âgées de 65 ans et plus, peuvent présenter des complications plus graves comme la pneumonie (Agence de la santé publique du Canada, 2013b). La pneumonie peut être causée par certains virus ou certaines bactéries. Elle entraîne souvent une réaction infammatoire importante qui peut mener à une accumulation de liquides à l’intérieur des alvéoles, ce qui peut perturber les échanges gazeux et mener à la mort.
1070 Partie IV Le maintien et la régulation
En plus de cette onction, ils pourraient participer, en certaines circonstances, à la régulation à la baisse de la réponse immunitaire, ce qui pourrait limiter les réponses exagérées (GarciaRomo et al., 2013 ; Guilliams et al., 2013). Enfn, un dernier type de cellule est également associé aux alvéoles : les fbroblastes. Ces cellules, présentes essentiellement à l’ouverture des alvéoles, produisent les fbres élastiques qui permettent aux alvéoles de s’étirer et de reprendre leur position initiale au cours d’une ventilation.
Vérifiez vos connaissances 13. Parmi ces structures respiratoires, lesquelles sont
soutenues par une charpente de cartilage : le nez ; le larynx ; la trachée ; les bronches ; les bronchioles ; les sacs alvéolaires ? 14. L’air froid ou sec, les microorganismes et
l’exposition à des produits chimiques ou à des particules de poussière peuvent endommager les voies respiratoires. Précisez de quelle façon les structures suivantes per mettent de protéger les voies respiratoires : les poils nasaux ; le mucus ; les cils ; les amygdales ; les macrophagocytes ; les cellules dendritiques. 15. Énumérez, dans l’ordre, les structures de conduction
et les structures respiratoires que l’air traverse, depuis l’extérieur du corps jusqu’aux alvéoles.
23.3.5 9
La membrane respiratoire
Présenter la structure de la membrane respiratoire.
La membrane respiratoire est une barrière mince (seulement 0,5 micromètre [μm] d’épaisseur) à travers laquelle l’oxygène et le dioxyde de carbone se diusent entre les alvéoles et le sang des capillaires pulmonaires durant les échanges gazeux (voir la figure 23.12b). Elle se compose d’un épithélium alvéolaire (ormé essentiellement par les pneumocytes de type I) et d’un endothélium capillaire, tous deux avec leur membrane basale respective. Les deux membranes basales sont usionnées. L’oxygène diuse à travers la membrane respiratoire à partir des alvéoles jusque dans les capillaires pulmonaires, où il se ixe sur l’hémoglobine des érythrocytes contenus dans le sang. L’oxygène ainsi ixé est ensuite t ransporté vers les cellules des tissus. À l’inverse, le dioxyde de carbone diuse à travers la membrane respiratoire depuis le sang des capillaires pour entrer dans chacune des alvéoles. Une ois parvenu à l’intérieur des alvéoles, il est expulsé des voies respiratoires vers l’air ambiant durant l’expiration.
Vérifiez vos connaissances 16. Énoncez, dans l’ordre, les structures de la membrane
respiratoire que l’oxygène traverse pour passer d’une alvéole dans le sang.
23.4 Les poumons Les deux poumons contiennent l’arbre bronchique et l’intégralité de la zone respiratoire du système respiratoire. Cette section examine l’emplacement et la position des poumons dans la cavité thoracique ainsi que leur structure anatomique ; elle décrit également la vascularisation et l’innervation des poumons, la plèvre et le mécanisme de maintien de la dilatation pulmonaire.
23.4.1
L’anatomie macroscopique du poumon
1
Décrire l’emplacement et la structure générale des poumons.
2
Indiquer les différences entre le poumon gauche et le poumon droit.
Les deux poumons se déploient dans la cavité thoracique de part et d’autre du médiastin, cet espace médian au centre de la cavité thoracique dans lequel se trouve le cœur. Ils sont protégés par la cage thoracique qui les entoure FIGURE 23.13. Chacun des deux poumons possède une base large et concave reposant sur le diaphragme ainsi qu’un apex (sommet) situé légèrement plus haut que la clavicule, mais derrière elle. La orme de chaque poumon met en évidence trois aces pulmonaires : la ace costale, qui longe les côtes, la ace médiale (ou médiastinale), qui longe le médiastin, et la ace diaphragmatique, qui longe le diaphragme. Chacun des deux poumons se présente sous la orme d’un cône et possède une échancrure sur sa ace médiale, le hile, par lequel passent les bronches, les vaisseaux pulmonaires, les vaisseaux lymphatiques et les ners du plexus pulmonaire FIGURE 23.14. Ensemble, ces structures qui traversent le hile orment la racine du poumon. Les poumons gauche et droit se distinguent l’un de l’autre par des diérences structurales évidentes. Le poumon droit est plus grand et plus large que le gauche, et il se subdivise en trois lobes séparés par deux scissures. La scissure horizontale sépare le lobe supérieur du lobe moyen ; la scissure oblique sépare le lobe moyen du lobe inérieur. Le poumon gauche est un peu plus petit que le droit parce que le cœur s’enonce vers le côté gauche de la cavité thoracique. Il ne compte par ailleurs que deux lobes : le lobe supérieur et le lobe inérieur, séparés par la scissure oblique. La lingula du poumon gauche est une portion
Chapitre 23 Le système respiratoire
Apex du poumon droit
FIGURE 23.13 Emplacement des poumons
❯
À l’intérieur de la cavité thoracique, les poumons sont protégés par la cage thoracique qui les entoure. Ils se déploient de part et d’autre du médiastin. La base des deux poumons repose sur le diaphragme, et leur apex se trouve un peu plus haut que la clavicule et derrière elle.
1071
Apex du poumon gauche
Clavicule Scapula (omoplate)
Côtes
Cœur Sternum
Base du poumon gauche
Base du poumon droit
Face costale
Face médiale
Face diaphragmatique
du lobe supérieur qui correspond au lobe moyen du poumon droit. Le poumon gauche est également doté de deux échancrures superfcielles permettant de aire place au cœur : l’empreinte cardiaque sur sa ace médiale et l’incisure cardiaque (ou échancrure cardiaque) sur sa ace antérieure. Enfn, une empreinte en orme de sillon se dessinant sur la surace médiale du poumon gauche permet le passage de l’aorte thoracique descendante. Les poumons droit et gauche sont séparés en segments bronchopulmonaires. Le poumon droit en compte 10 ; le poumon gauche, généralement de 8 à 10 FIGURE 23.15. Cette variabilité du nombre des segments du poumon gauche s’explique par la usion de certains d’entre eux. Chaque segment bronchopulmonaire constitue une unité autonome qui est entourée d’une gaine de tissu conjoncti. Chaque segment possède également sa propre bronche segmentaire de même qu’une ramifcation de l’artère pulmonaire, une ramifcation de la veine pulmonaire et plusieurs vaisseaux lymphatiques. En cas de maladie pulmonaire, l’équipe chirurgicale peut donc retirer l’intégralité d’un
Diaphragme
Colonne vertébrale
segment bronchopulmonaire atteint sans entraver le onctionnement des segments sains. À l’intérieur de chacun des segments, le poumon est agencé en lobules, chacun d’eux étant entouré de tissu conjoncti. Chaque lobule contient également une bronchiole terminale, une artériole, une veinule et un vaisseau lymphatique.
Vérifiez vos connaissances 17. Pour chacune des parties du poumon indiquées
ci-dessous, sélectionnez la voie aérienne qui lui correspond. • bronche principale • bronche lobaire • bronche segmentaire • bronchiole terminale
• segment bronchopulmonaire • lobe • lobule • poumon (droit et gauche)
1072 Partie IV Le maintien et la régulation
Apex Lobe supérieur
Scissure horizontale Scissure oblique Lobe moyen Incisure cardiaque Lobe inférieur
Lingula du poumon
Base Poumon droit
Poumon gauche A. Vues latérales
Apex Lobe supérieur Scissure oblique Artère pulmonaire Bronche principale Hile
Veines pulmonaires
Racine du poumon
Scissure horizontale
Empreinte cardiaque
Lobe moyen
Incisure cardiaque Lobe inférieur
Scissure oblique
Scissure oblique
Base
Poumon droit
Lingula du poumon Poumon gauche
B. Vues médiales
FIGURE 23.14 Poumons
❯ Les poumons se composent de lobes séparés par des sillons profonds : les scissures. A. Ces vues latérales montrent les trois lobes du poumon droit et les deux du poumon gauche.
B. Ces vues médiales montrent le hile de chacun des deux poumons, qui est le point de passage des vaisseaux pulmonaires et des bronches.
Chapitre 23 Le système respiratoire
Segments bronchopulmonaires du lobe supérieur
Segments bronchopulmonaires du lobe moyen
Segments bronchopulmonaires du lobe inférieur
1073
Apicopostérieur
Apical
Antérieur
Postérieur Antérieur
Lingulaire supérieur
Lobules
Lingulaire inférieur
Segments bronchopulmonaires du lobe supérieur
Médial Supérieur
Latéral Supérieur
Basal latéral
Basal postérieur
Basal postérieur
Basal latéral
Segments bronchopulmonaires du lobe inférieur
Basal antérieur
Basal antérieur Poumon droit, vue latérale
Poumon gauche, vue latérale
FIGURE 23.15 Segments bronchopulmonaires et lobules des poumons
❯
Les deux poumons sont constitués de segments bronchopulmonaires autonomes (représentés ici par des couleurs différentes) ; chacun d’eux
23.4.2
La vascularisation, le drainage lymphatique et l’innervation pulmonaire
3
Indiquer les différences entre les deux types de circulations sanguines qui traversent les poumons.
4
Décrire l’innervation des structures pulmonaires par le système nerveux autonome.
Cette section traite de la circulation sanguine en provenance et à destination des poumons, du drainage lymphatique en provenance des poumons et de l’innervation des poumons par le système nerveux autonome.
23.4.2.1 La circulation sanguine Les poumons sont irrigués par deux types de circulations sanguines : la circulation pulmonaire et la circulation bronchique. L’étude du cœur et des vaisseaux sanguins (voir les chapitres 19 et 20) a mis en évidence le ait que la circulation pulmonaire assure les échanges gazeux FIGURE 23.16. Ainsi, le sang qui parvient aux poumons par l’intermédiaire du ventricule droit est débarrassé de son dioxyde de carbone et rechargé en oxygène dans les capillaires pulmonaires. Ce sang oxygéné emprunte par la suite les veines pulmonaires par lesquelles il est redirigé vers l’oreillette gauche du cœur. La circulation bronchique appartient à la circulation systémique (voir la fgure 20.23, p. 956). Elle emprunte les petites
contient sa propre bronche segmentaire. Chacun des segments bronchopulmonaires est formé de lobules. (Cette illustration ne montre pas tous les segments bronchopulmonaires.)
artères bronchiques, qui approvisionnent les bronches et les bronchioles en oxygène et en nutriments, et les petites veines bronchiques, qui débarrassent les bronches et les bronchioles du dioxyde de carbone. Pour les cellules des structures respiratoires les plus petites (alvéoles et conduits alvéolaires), les échanges gazeux respiratoires se ont directement par l’air inhalé. Trois ou quatre artères bronchiques émergent de la paroi antérieure de l’aorte tho racique descendante ou de ses branches (voir la fgure 20.23, p. 956). En se ramifant, ces artères donnent naissance à de nombreux capillaires qui assurent la distribution de l’oxygène et des nutriments et qui recueillent le dioxyde de carbone ainsi que les autres déchets cellulaires produits. Les veines bronchiques recueillent le sang riche en dioxyde de carbone et en déchets recueillis par les capillaires. Une partie du sang désoxygéné s’écoule dans les veines pulmonaires, en direction de l’oreillette gauche du cœur, où il se mélange au sang qui vient d’être réoxygéné. Par conséquent, le sang qui sort des poumons par les veines pulmonaires et qui retourne au côté gauche du cœur pour circuler ensuite dans tout le corps contient un peu moins d’oxygène que celui qui sort des capillaires pulmonaires après les échanges gazeux.
23.4.2.2 Le drainage lymphatique Des vaisseaux et des nœuds lymphatiques (chaque nœud étant comparable à un poste de douane immunitaire) se déploient dans le tissu conjoncti des poumons, autour des bronches et dans la plèvre. Les vaisseaux lymphatiques jouent un rôle important, puisqu’ils assurent le drainage du liquide interstitiel
1074 Partie IV Le maintien et la régulation
INTÉGRATION APPLICATION CLINIQUE
Le tabagisme
Alvéoles
La umée produite par le tabac contient quelque 4 000 substances chimiques parmi lesquelles 60 sont reconnues comme étant cancérigènes (De Groot & Munden, 2012). La umée inhalée noircit les voies respiratoires, diminue l’ecacité des cellules ciliées qui tapissent l’intérieur des voies respiratoires et peut induire des altérations à l’acide désoxyribonucléique (ADN) des cellules. Les risques qui découlent de ces eets sont nombreux : 1) inections respiratoires, y compris le rhume, la grippe, la pneumonie et la tuberculose ; 2) détériorations des cellules qui composent les alvéoles des poumons pouvant provoquer l’emphysème ou le cancer du poumon. À cet égard, le tabagisme constitue le acteur de risque prédominant pour l’apparition de ce type de cancer (De Groot & Munden, 2012).
Les alvéoles sont petites, nombreuses et bien formées. Poumons roses d’un non-fumeur
Les eets nocis du tabac ne se limitent pas qu’au système respiratoire. Le monoxyde de carbone nuit à la liaison de Dépôts l’oxygène à l’hémoglobine, ce qui limite son transport ecace vers les cellules ; la nicotine provoque la vasoconstriction de plusieurs vaisseaux sanguins, Alvéole ce qui contribue à la hausse de la presélargie sion artérielle ; le tabac augmente le risque d’être atteint d’athérosclérose et peut entraîner une tachycardie (réquence cardiaque rapide) (Toda & Toda, 2010). De plus, le Les alvéoles sont plus larges, moins nombreuses, et elles tabac aecte l’estomac en diminuant son ecacité à contiennent des dépôts noirs. produire un mucus qui le protège de sa propre acidité, ce qui peut ralentir considérablement la vitesse de guérison associée aux ulcères gastriques (Ma, Wang, Chow et al., 2000). Enn, le tabac augmente également les risques de sourir Poumons noircis d’un fumeur d’un cancer de la bouche, du larynx, de l’œsophage, de l’estomac, du pancréas et de la vessie (Underwood, Townsend, Tai et al., 2012). En plus de la umée directe inhalée par le umeur, la umée Les emmes qui ument durant leur grossesse augmentent le secondaire qui se dégage du tabac en combustion est nocive, risque d’avortement spontané. De plus, les bébés auxquels elles puisqu’elle n’est pas ltrée comme celle du umeur (De Groot, & donnent naissance ont généralement un poids inérieur à la Munden, 2012). Elle augmente l’incidence de l’asthme d’au moins moyenne en raison notamment de la vasoconstriction des 20 % chez les enants qui y sont exposés (Burke, Leonardi-Bee, artères ombilicales qui restreint l’afux sanguin (Billaud & Hashmin et al., 2012). Certaines études ont également démontré Lemarié, 2001). L’exposition prénatale aux composants du tabac que chez les conjointes non umeuses d’hommes umeurs, le augmente également chez le bébé les risques de sourir risque d’être atteintes d’un cancer du poumon est augmenté de d’asthme, d’allergies et d’inections respiratoires. l’ordre de 20 à 30 % (De Groot & Munden, 2012).
qui s’accumule à l’extérieur des capillaires sanguins. Absorbé par les vaisseaux lymphatiques, ce liquide, qui prend alors le nom de lymphe, est acheminé vers les nœuds lymphatiques, qui renerment diérents types de leucocytes. Si la lymphe qui parvient à un nœud lymphatique renerme des microorganismes ou des particules étrangères à l’organisme ou encore si elle apporte des cellules dendritiques activées (qui ont détecté un microorganisme, par exemple), une réaction immunitaire adaptative peut être enclenchée à l’intérieur même de ce nœud de manière à ce que l’organisme puisse se débarrasser du microorganisme
identifé. Étant donné que les poumons sont en contact constant avec le milieu extérieur par l’air qui y entre et qui y sort, le drainage lymphatique associé au poumon revêt une importance stratégique pour la détection d’inections potentielles.
23.4.2.3 L’innervation du système respiratoire Les glandes et le tissu musculaire lisse du larynx, de la trachée, de l’arbre bronchique et des poumons sont innervés par le système nerveux autonome. Cette branche du système nerveux contrôle
Chapitre 23 Le système respiratoire
1075
Aorte Tronc pulmonaire Ramifications des artères pulmonaires Ramifications des veines pulmonaires Oreillette droite
Artères pulmonaires Veines pulmonaires Oreillette gauche Ventricule gauche
Ventricule droit
Ramification d’une artère pulmonaire Ramification d’une veine pulmonaire Artériole pulmonaire Veinule pulmonaire Capillaires pulmonaires Alvéoles
FIGURE 23.16 Circulation pulmonaire
❯ La circulation pulmonaire achemine le sang jusqu’aux poumons, où il est réoxygéné et débarrassé du dioxyde de carbone.
INTÉGRATION APPLICATION CLINIQUE
Le cancer du poumon DÉSÉQUILIBRE HOMÉOSTATIQUE
Maladie à progression rapide, souvent mortelle et associée de açon importante au tabagisme, le cancer du poumon est le deuxième type de cancer le plus souvent diagnostiqué au Canada, après celui du sein chez la emme et celui de la prostate chez l’homme. Il est touteois le plus mortel en étant responsable de 27 % des décès par cancer (Société canadienne du cancer, 2012). Les signes et les symptômes parois associés sont les suivants : toux chronique qui s’intensie avec le temps ; toux avec expectoration de sang ; douleur thoracique qui ne disparaît pas ; respiration sifante ; soufe court ; pneumonies ; bronchites récurrentes (Association pulmonaire, 2012). Les cancers du poumon dérivent pour la plupart des cellules épithéliales qui sont présentes tout au long de l’arbre bronchique ou qui composent les alvéoles. Les cancers qui dérivent de tissus épithéliaux prennent le nom de carcinomes (karkinos = cancer, oma = tumeur). Les cancers du poumon se classent en deux grandes catégories : les cancers à petites cellules (plus rares) et les cancers non à petites cellules. Cette dernière catégorie se divise encore en trois grands types de cancer du poumon : le carcinome à cellules squameuses, l’adénocarcinome et le carcinome à grosses cellules.
plusieurs fonctions dont l’organisme n’a pas conscience, notamment la fréquence cardiaque. Le système nerveux autonome se divise en deux parties : le système sympathique (actif en situation de stress) et le système parasympathique. Les bronchioles sont
Le carcinome à cellules squameuses est le plus réquent et est celui le plus souvent associé au tabagisme. Il se orme le plus souvent à partir des cellules épithéliales des bronches ou près des alvéoles. L’adénocarcinome se développe à partir des cellules de l’épithélium qui sécrètent le mucus. Enn, le carcinome à grosses cellules est le plus rare, mais l’un des plus invasis (Cancer Research UK, 2012). Les métastases, soit la propagation des cellules cancéreuses à d’autres tissus, le plus souvent les glandes surrénales, le oie, le cerveau et les os, se produisent à un stade précoce de la maladie, ce qui compromet considérablement les probabilités de guérison par intervention chirurgicale. Dans certains cas, le diagnostic est établi en onction de symptômes qui se maniestent après que les métastases ont envahi d’autres organes. Par exemple, une personne est traitée pour un trouble épileptique causé par une tumeur cancéreuse au cerveau, qui provient elle-même d’un cancer du poumon. Le traitement varie en onction de la catégorie de cancer. En général, les cancers du poumon à petites cellules sont traités par la chimiothérapie ou la radiothérapie, alors que les cancers non à petites cellules sont le plus souvent traités par la chirurgie. En onction de la taille et de la position de la masse de cellules cancéreuses, il aut procéder à l’ablation d’un segment, d’un lobe ou du poumon entier (Cancer Research UK, 2012).
innervées à la fois par le système sympathique et le système parasympathique. L’innervation sympathique des poumons provient généralement des segments T1 à T5 de la moelle épinière (voir la section 15.4) ; elle assure la bronchodilatation.
1076 Partie IV Le maintien et la régulation
L’innervation parasympathique des poumons provient des ners vagues (pneumogastriques, NC X) et stimule la bronchoconstriction (voir la section 15.3). Les ners vagues assurent également l’essentiel de l’innervation du larynx. Toute lésion de l’un des ners vagues menant au larynx peut ainsi rendre la voix dénitivement rauque ou monocorde, puisqu’ils innervent les muscles associés aux plis vocaux (cordes vocales).
Cavité pleurale
Feuillet pariétal
Pression intrapleurale
Feuillet viscéral Poumon
Pression intrapulmonaire
Vérifiez vos connaissances 18. Quelles sont les artères qui apportent le sang
oxygéné aux tissus pulmonaires ? Quelles sont les veines qui rejettent le sang désoxygéné hors des poumons ? Quels sont les vaisseaux qui recueillent une partie de ce sang désoxygéné ?
Feuillet pariétal Feuillet viscéral Cavité pleurale
23.4.3
La plèvre et la cavité pleurale
5
Décrire la plèvre et la cavité pleurale.
6
Expliquer la onction du liquide séreux présent dans la cavité pleurale.
Chaque poumon est entouré par une membrane protectrice appelée plèvre. La plèvre est ormée par deux euillets membranaires. La ace extérieure d’un poumon est tapissée par le feuillet viscéral de la plèvre, tandis que les parois thoraciques intérieures adjacentes au poumon ainsi que les aces latérales du médiastin et la ace supérieure du diaphragme sont tapissées par le feuillet pariétal de la plèvre FIGURE 23.17. Pour chacun des deux poumons, la plèvre s’étend jusqu’au hile. Chaque poumon est enermé dans sa propre plèvre, et le cœur est entouré d’une membrane péricardique qui l’isole des poumons (voir la section 19.2.2). Le poumon gauche et le poumon droit sont donc isolés l’un de l’autre et sont également isolés du cœur. Ainsi, si la plèvre d’un poumon est perorée (p. ex., dans le cas d’une racture de la clavicule), seul le poumon enermé par la plèvre atteinte s’aaisse, ce qui laisse l’autre intact. La cavité pleurale est un mince espace qui sépare le euillet viscéral du euillet pariétal. Quand les poumons sont entièrement gonfés, la cavité pleurale se dénit comme un espace potentiel (non réel), car le euillet viscéral et le euillet pariétal se touchent presque. Les deux euillets sécrètent un liquide huileux (séreux) nommé liquide pleural. Ce liquide enduit la surace de chaque euillet de l’intérieur de la cavité pleurale. Il ait oce de lubriant entre les deux euillets, ce qui permet à chacun d’eux de glisser l’un sur l’autre sans trop de riction durant l’inspiration ou l’expiration. Le liquide pleural permet également l’adhésion des deux euillets en ormant une tension de surace, un peu comme le ait une petite quantité d’eau entre deux lames de microscope. Cette adhésion des deux euillets revêt une grande importance pour la dilatation des poumons (voir la section 23.4.4). Chacune des cavités pleurales contient normalement moins de 15 ml de liquide pleural. Des vaisseaux lymphatiques présents dans le euillet viscéral assurent un drainage constant de ce liquide. En conditions normales, la
Diaphragme
FIGURE 23.17 Plèvre et pressions pulmonaires
❯ La plèvre se compose de deux euillets : le euillet viscéral, qui couvre la ace externe des poumons, et le euillet pariétal, qui tapisse l’intérieur de la paroi thoracique. Ces deux euillets sont séparés par un espace : la cavité pleurale. Les deux pressions qui s’exercent sur les pou mons sont la pression intrapulmonaire (à l’intérieur des poumons) et la pression intrapleurale (dans la cavité pleurale).
sécrétion et l’élimination du liquide pleural de la cavité pleurale s’équilibrent. Sur le plan clinique, le prélèvement de liquide pleural, nommé ponction pleurale (ou thoracocentèse), permet parois de repérer la présence de microorganismes ou de cellules cancéreuses. La ponction pleurale s’eectue dans la partie de la plèvre qui s’étend sur environ 5 cm sous chaque poumon et vis-à-vis de la
INTÉGRATION APPLICATION CLINIQUE
La pleurésie et l’épanchement pleural DÉSÉQUILIBRE HOMÉOSTATIQUE
La pleurésie est une infammation de la plèvre. Les deux poumons étant entourés de plèvres distinctes, l’inection ne touche généralement qu’un seul côté du corps. L’infammation peut augmenter la riction entre le euillet viscéral et le euillet pariétal de la plèvre. La pleurésie se manieste alors par des douleurs importantes dans la poitrine durant l’inspiration et l’expiration. Quand le liquide en excès ne peut plus être éliminé par les vaisseaux lymphatiques, il s’accumule dans la cavité pleurale : c’est l’épanchement pleural. Cette accumulation peut être causée par : 1) des acteurs systémiques (p. ex., une déaillance cardiaque du côté gauche, une embolie pulmonaire ou une cirrhose) ; 2) une inection virale ou bactérienne du poumon (p. ex., une pneumonie) ; 3) le cancer du poumon, qui déclenche la réaction infammatoire du système immunitaire pulmonaire.
Chapitre 23 Le système respiratoire
douzième côte (en position postérieure). Ce mince espace permet le prélèvement d’un échantillon de liquide pleural. L’insertion de l’aiguille se ait à l’intérieur du septième espace intercostal an de ne pas abîmer le tissu pulmonaire (en position supérieure) ou perorer le diaphragme (en position inérieure).
Vérifiez vos connaissances 19. Quelle est la onction du liquide pleural se trouvant
dans la cavité pleurale ?
23.4.4
7
Le mécanisme de dilatation pulmonaire
Présenter les propriétés anatomiques permettant aux poumons de rester gonfés.
Les poumons peuvent se dilater grâce à trois acteurs : 1) l’extensibilité de la paroi thoracique ; 2) la propension du tissu pulmonaire à revenir à son état initial ; 3) la tension supercielle ormée par le liquide pleural qui sépare chaque poumon de la paroi thoracique. Du point de vue anatomique, la paroi thoracique est congurée pour prendre de l’expansion vers l’extérieur. Cette réalité se vérie très acilement en salle d’opération : dès que la paroi thoracique est incisée de bas en haut, la cage thoracique s’ouvre. Quand la paroi thoracique se dilate, les poumons continuent d’adhérer à sa surace interne, notamment en raison de la tension de surace induite par le liquide pleural contenu dans la cavité pleurale. Cependant, cette dilatation pulmonaire étire les tissus conjonctis élastiques, lesquels sont particulièrement présents dans les poumons. Ces tissus conjonctis élastiques ont une propension naturelle à revenir à leur état antérieur dès la cessation de l’étirement, exerçant alors sur les poumons une traction vers l’intérieur. La traction vers l’extérieur exercée sur les poumons par la paroi thoracique ainsi que la traction vers l’intérieur générée par l’élasticité du tissu pulmonaire produisent un eet de succion dans la cavité pleurale, occupée par le liquide pleural. Par conséquent, la pression intrapleurale (présente dans la cavité pleurale) est inérieure à la pression intrapulmonaire (ou intra-alvéolaire, celle qui s’exerce à l’intérieur des poumons) (voir la fgure 23.17). C’est cet écart entre les deux pressions, de même que la tension de surace ormée par le liquide pleural, qui maintient la dilatation pulmonaire. Ainsi, les poumons restent gonfés exactement pour la même raison qu’un ballon reste gonfé : parce que la pression à l’intérieur du ballon est supérieure à celle à l’extérieur de ce dernier. Quand la pression intrapleurale et la pression intrapulmonaire s’égalisent, les poumons s’aaissent, comme un ballon se dégonfe quand il est percé.
Vérifiez vos connaissances 20. Pourquoi la pression intrapleurale est-elle en principe
inérieure à la pression intrapulmonaire ?
1077
INTÉGRATION APPLICATION CLINIQUE
Le pneumothorax et l’atélectasie DÉSÉQUILIBRE HOMÉOSTATIQUE
Le pneumothorax (pneuma, pneumatos = air, soufe) se dénit par une pénétration d’air dans la cavité pleurale et peut être causé par un acteur externe ou interne. L’air peut entrer de l’extérieur par une blessure perorante à la poitrine (p. ex., une blessure aite par un couteau ou un projectile d’arme à eu) ; il peut aussi venir de l’intérieur du corps (p. ex., en cas de lacération de la surace du poumon par une côte cassée ou en cas de rupture d’alvéoles). Pour qu’un poumon se dilate, il est indispensable que la pression intrapleurale soit inérieure à la pression intrapulmonaire. Cependant, le pneumothorax peut mener à l’égalisation de ces deux pressions, de sorte que la paroi thoracique n’exerce plus aucune traction vers l’extérieur sur le poumon, qui s’aaisse. Cet aaissement pulmonaire s’appelle l’atélectasie (ateles = incomplet, ektasis = extension). L’atélectasie peut également être due à l’obstruction d’une bronche ou d’une bronchiole. Dans ce cas particulier, en onction de l’étendue du réseau touché par la bronche atteinte, l’atélectasie peut ne concerner qu’un groupe d’alvéoles, un segment ou un lobe pulmonaire. Si l’atélectasie est causée par une peroration de la plèvre, la partie aaissée du poumon reste dans cet état jusqu’à ce que la cavité pleurale ait été vidée de l’air qu’elle contenait. Si cette quantité d’air est minime, elle s’évacue naturellement en quelques jours. Par contre, l’entrée d’un volume important d’air dans l’espace pleural constitue un cas d’urgence médicale : l’air doit être aspiré.
23.5 La respiration :
la ventilation pulmonaire
Le terme respiration désigne les échanges de gaz respiratoires (oxygène et dioxyde de carbone) entre l’atmosphère et les cellules des tissus du corps. La respiration s’articule autour de quatre processus continus et simultanés : • La ventilation pulmonaire : déplacements de gaz respiratoires entre l’atmosphère et les alvéoles des poumons ; • Les échanges gazeux alvéolaires (ou respiration externe ou encore respiration pulmonaire) : échanges de gaz respiratoires entre les alvéoles et le sang ; • Le transport des gaz : acheminement des gaz respiratoires entre les poumons et les cellules du corps par la circulation sanguine ; • Les échanges gazeux systémiques (respiration interne, tissulaire ou cellulaire) : échanges de gaz respiratoires entre le sang et les cellules du corps. La FIGURE 23.18 et le TABLEAU 23.2 récapitulent le déplacement des gaz respiratoires au cours des quatre processus qui
1078 Partie IV Le maintien et la régulation TABLEAU 23.2 Processus respiratoires
Ventilation pulmonaire Atmosphère
8 Air contenant du CO2
1 Air contenant du O2
Échanges gazeux alvéolaires
Le CO2 entre Alvéoles dans les CO2 alvéoles.
2 Le O2 entre dans le sang. O2
Transport des gaz 6
3
Sang contenant du CO2
Sang contenant du O2
Déplacement du O2
Déplacement du CO2
7
Processus
Description
Systèmes de l’organisme sollicités
Ventilation pulmonaire
Déplacement de l’air entre l’atmosphère et les alvéoles • Il se produit un déplacement net d’oxygène depuis l’atmosphère jusqu’aux alvéoles durant l’inspiration (étape 1). • Il se produit un déplacement net de dioxyde de carbone depuis les alvéoles jusque dans l’atmosphère durant l’expiration (étape 8).
Systèmes respiratoire, squelettique, musculaire et nerveux
Échanges gazeux alvéolaires
Échanges de gaz respiratoires entre les alvéoles des poumons et le sang • L’oxygène diffuse des alvéoles vers le sang (étape 2). • Le dioxyde de carbone diffuse du sang vers les alvéoles (étape 7).
Systèmes respiratoire et cardiovasculaire
Transport des gaz
Acheminement par la circulation sanguine des gaz respiratoires entre les poumons et les cellules des tissus du corps
Système cardiovasculaire
Échanges gazeux systémiques 5
CO2
Le CO2 entre dans le sang.
O2
Cellules des différents tissus de l’organisme
4
Le O2 entre dans les cellules.
FIGURE 23.18 Étapes de la respiration
• L’oxygène est transporté des poumons vers les cellules des différents tissus de l’organisme (étape 3). • Le dioxyde de carbone est transporté des cellules des différents tissus de l’organisme vers les poumons (étape 6).
❯ La respiration s’articule en quatre processus : la ventilation pulmonaire, les échanges gazeux alvéolaires, le transport des gaz, les échanges gazeux systémiques.
constituent la respiration. Le déplacement net d’oxygène s’eectue depuis l’atmosphère jusqu’aux cellules selon huit étapes. 1
L’air contenant de l’oxygène est inhalé dans les alvéoles au moment de l’inspiration (phase inspiratoire de la ventilation pulmonaire).
2
L’oxygène diuse depuis les alvéoles jusque dans le sang des capillaires pulmonaires à l’étape des échanges gazeux alvéolaires.
3
L’oxygène est transporté par le sang depuis les poumons jusqu’aux cellules de l’organisme.
4
L’oxygène diuse depuis le sang des capillaires jusqu’aux cellules à l’étape des échanges gazeux systémiques.
5
Le dioxyde de carbone diuse des cellules vers le sang des capillaires à l’étape des échanges gazeux systémiques.
6
Le dioxyde de carbone est transporté par le sang depuis les cellules jusqu’aux poumons.
7
Le dioxyde de carbone diuse du sang des capillaires pulmonaires vers les alvéoles à l’étape des échanges gazeux alvéolaires.
8
L’air contenant le dioxyde de carbone est ensuite expulsé des alvéoles vers l’atmosphère au moment de l’expiration (phase expiratoire de la ventilation pulmonaire).
Échanges gazeux systémiques
23.5.1
1
Échanges de gaz respiratoires entre le sang et les cellules des différents tissus de l’organisme • L’oxygène diffuse du sang vers les cellules des différents tissus de l’organisme (étape 4). • Le dioxyde de carbone diffuse des cellules des différents tissus de l’organisme vers le sang (étape 5).
Système cardiovasculaire
Une introduction à la ventilation pulmonaire
Présenter, dans ses grandes lignes, le processus de la ventilation pulmonaire.
La ventilation pulmonaire est simplement ce qui se nomme la respiration dans le langage courant. Elle se défnit par les déplacements d’air entre l’atmosphère et les alvéoles, et elle s’articule
Chapitre 23 Le système respiratoire
en deux phases enchaînées en cycles : 1) l’inspiration, également appelée inhalation, qui amène l’air dans les poumons ; et 2) l’expiration, également appelée exhalation, qui rejette l’air hors des poumons. La respiration peut être normale ou orcée. La respiration normale, appelée aussi eupnée, est la ventilation pulmonaire rythmique qui caractérise l’état de repos ; la respiration forcée est une ventilation pulmonaire plus vigoureuse qui se déploie à l’eort. Qu’elle soit normale ou orcée, la respiration ait appel aux mêmes processus physiologiques. Des neurones du tronc cérébral regroupés sous orme de noyaux stimulent alternativement la contraction et le relâchement des muscles squelettiques associés à la respiration. Ainsi, le volume de la cavité thoracique change constamment ; par conséquent, sa pression intérieure change aussi, établissant un gradient de pression variable entre les poumons et l’atmosphère. L’air se déplace dans le sens de son gradient de pression descendant, c’est-à-dire de la région du corps dans laquelle la pression est la plus orte vers la région dans laquelle elle est la plus aible : il entre dans les poumons au moment de l’inspiration (lorsque la pression dans les poumons diminue) et en sort durant l’expiration (lorsque la pression dans les poumons augmente). Trois sujets sont ici à l’étude : les modalités de l’établissement des gradients de pression au l de la respiration (mécanique de la ventilation) ; les modalités de contrôle de la respiration par le système nerveux central ; et les mesures pulmonaires relatives à la respiration.
Vérifiez vos connaissances 21. Quelles sont les grandes étapes de la ventilation
pulmonaire à partir de l’activation de certains noyaux des neurones du tronc cérébral ?
23.5.2 2
La mécanique de la ventilation
Expliquer les modalités de l’établissement des gradients de pression et le rôle de ces derniers dans la ventilation pulmonaire.
3
Présenter le rapport entre la pression et le volume selon la loi de Boyle-Mariotte.
4
Distinguer la respiration normale de la respiration orcée.
Le mécanisme de la ventilation repose sur plusieurs acteurs liés entre eux : 1) les actions des muscles squelettiques respiratoires ; 2) l’évolution des dimensions (du volume) de la cavité thoracique ; 3) les changements de pression provoqués par les changements de volume (loi de Boyle-Mariotte) ; 4) les gradients de pression ; et 5) les volumes et les pressions respiratoires. Chacun de ces acteurs sera d’abord étudié, puis le processus de la ventilation sera décrit dans son ensemble avec l’intégration de chacun de ces acteurs.
23.5.2.1 Les muscles squelettiques respiratoires Les muscles squelettiques de la ventilation se répartissent en trois catégories : les muscles de la respiration normale ; les
1079
muscles de l’inspiration orcée ; les muscles de l’expiration orcée FIGURE 23.19. • Les muscles de la respiration normale, à savoir les muscles intercostaux externes et le diaphragme, sont les muscles squelettiques qui participent à la respiration à l’état de repos. Ils se contractent et se relâchent en alternance, aisant sortir et entrer l’air dans les poumons. • Les muscles de l’inspiration forcée servent à prendre les inspirations proondes, par exemple dans les périodes d’activité physique intense ou quand une personne chante, avant d’émettre une note soutenue. Ce sont les muscles sternocléidomastoïdiens, scalènes, petits pectoraux, dentelés postérosupérieurs (ou petits dentelés supérieurs) et érecteurs du rachis (ou erector spinae). À l’exception des érecteurs du rachis, tous ces muscles se trouvent au-dessus de la cavité thoracique et peuvent donc déplacer les côtes vers le haut, sur les côtés et vers l’avant, donnant ainsi à la cavité thoracique un volume plus important qu’au repos (en respiration normale). Longeant toute la colonne vertébrale, les muscles érecteurs du rachis contribuent également à soulever la cage thoracique, mais en étirant la colonne vertébrale. • Les muscles de l’expiration forcée se contractent à l’expiration vigoureuse, par exemple quand une personne gonfe un ballon ou qu’elle tousse. Ce sont les muscles intercostaux internes, abdominaux, transverses du thorax et dentelés postéro-inférieurs (petits dentelés inférieurs). En général, ces muscles de l’expiration orcée tirent la cage thoracique vers le bas et vers l’arrière, ou compriment l’abdomen pour imposer une orme de dôme au diaphragme et le aire ainsi remonter dans la cavité thoracique de manière à induire une diminution de son volume. Ensemble, les muscles de l’inspiration orcée et de l’expiration orcée s’appellent les muscles accessoires de la respiration.
INTÉGRATION LIENS ENTRE LES CONCEPTS La section 3.4 indique que la respiration cellulaire est un processus métabolique d’oxydation du glucose et d’autres molécules énergétiques (p. ex., les acides gras) et de conversion de leur énergie chimique en molécules d’adénosine triphosphate (ATP). Les atomes de carbone des molécules énergétiques oxydées sont libérés sous orme de dioxyde de carbone, qui constitue un déchet du processus. L’oxygène capte les électrons disponibles et il s’associe à des ions hydrogène pour ormer des molécules d’eau, l’étape fnale de la chaîne de transport des électrons. Les systèmes respiratoire et cardiovasculaire participent à la respiration cellulaire en lui ournissant de l’oxygène et en éliminant les déchets de dioxyde de carbone.
23.5.2.2 Les variations du volume thoracique L’activité cyclique des muscles respiratoires se traduit par une modication tridimensionnelle du volume de la cavité thoracique : verticale (en hauteur), latérale (en largeur) et antéropostérieure (en proondeur) FIGURE 23.20.
1080 Partie IV Le maintien et la régulation
Sternocléidomastoïdien Scalènes Dentelé postérosupérieur (petit dentelé supérieur) Petit pectoral Érecteurs du rachis Intercostal externe
Transverse du thorax Intercostal externe
Dentelé postéroinférieur (petit dentelé inférieur)
Diaphragme
Intercostal interne Diaphragme
Oblique externe de l’abdomen Transverse de l’abdomen
Vue antérieure
Vue postérieure
Muscles de la ventilation pulmonaire Respiration normale
• Le diaphragme constitue le plancher arrondi de la cavité thoracique. Au repos, il adopte une forme de dôme. La forme du diaphragme alterne entre le dôme (au repos) et la surface plane (à la contraction), modifiant ainsi la hauteur de la cavité thoracique. • Les muscles intercostaux externes relient chaque côte à celle du dessous en se rapprochant du plan médial. Ils élèvent les côtes et augmentent ainsi la largeur (donc l’ouverture) de la cavité thoracique.
Inspiration forcée
• Le muscle sternocléidomastoïdien s’attache au sternum et à la clavicule ; il soulève toutes les côtes en même temps (donc l’ensemble de la cage thoracique). • Les muscles scalènes s’arriment aux côtes 1 et 2, qu’ils soulèvent. • Le muscle petit pectoral s’arrime aux côtes 3 à 5, qu’il soulève. • Le muscle dentelé postérosupérieur (ou petit dentelé supérieur) s’arrime aux côtes 2 à 5 sur leur face antérieure et les soulève. • Les muscles érecteurs du rachis (ou erector spinae) constituent un groupe de muscles profonds qui longent toute la colonne vertébrale et l’étirent.
Expiration forcée
• Les muscles intercostaux internes se situent en dessous des muscles intercostaux externes et forment avec eux un angle droit ; ils abaissent les côtes et diminuent ainsi la largeur (donc l’ouverture) de la cavité thoracique. • Les muscles abdominaux (essentiellement les obliques externes et transverses de l’abdomen [transversus abdominis]) compriment l’abdomen et contraignent ainsi le diaphragme à prendre une forme en dôme ; le muscle droit de l’abdomen tire le sternum et l’ensemble des côtes (donc la cage thoracique) vers le bas. • Le muscle transverse du thorax (transversus thoracis) traverse la cage thoracique sur sa face intérieure et s’attache aux côtes 2 à 6, qu’il abaisse. • Le muscle dentelé postéro-inférieur (ou petit dentelé inférieur) relie le ligament cervical postérieur (ligamentum nuchae) au bord inférieur des côtes 9 à 12, qu’il abaisse.
FIGURE 23.19 Muscles squelettiques de la ventilation pulmonaire
Chapitre 23 Le système respiratoire
Inspiration
Expiration
Cavité thoracique
Cavité thoracique
s’aplatit et s’abaisse pour s’appuyer contre les viscères abdominaux ; par conséquent, la hauteur de la cavité thoracique augmente. À l’inverse, elle diminue quand le diaphragme se détend et reprend sa orme de dôme. La ventilation pulmonaire n’exige pas de grands mouvements du diaphragme : au cours de la respiration normale, la hauteur de la cavité thoracique ne change généralement que de quelques millimètres. Cependant, l’expiration orcée provoque la contraction des muscles abdominaux et engendre ainsi un mouvement ascendant plus important du diaphragme. La largeur de la cavité thoracique change au gré du déplacement des côtes : elle s’élargit quand la cage thoracique se soulève et elle se rétrécit quand elle s’abaisse. Pour bien comprendre ce mouvement, il suft de placer ses mains de part et d’autre des côtes et de prendre quelques respirations.
Variations verticales
Le diaphragme se contracte ; la hauteur de la cavité thoracique augmente.
1081
Le diaphragme se relâche ; la hauteur de la cavité thoracique diminue.
La proondeur de la cavité thoracique change selon le déplacement de la partie inérieure du sternum, qui avance et recule en alternance. Pour mieux comprendre ce mouvement, il suft de placer une main devant la partie inérieure de la poitrine et de prendre quelques respirations. D’une manière générale, la largeur et la proondeur changent en onction de la contraction ou de la détente de tous les muscles de la respiration montrés dans la fgure 23.19, à l’exception du diaphragme.
23.5.2.3 La loi des gaz de Boyle-Mariotte :
le rapport entre le volume et la pression
Variations latérales
Les côtes baissent et la cavité thoracique se rétrécit.
Les côtes montent et la cavité thoracique s’élargit. Variations antéropostérieures
La partie inférieure du sternum avance et la cavité thoracique s’approfondit.
Les variations du volume thoracique induisent des variations de la pression des gaz contenus dans cette cavité. La loi de Boyle-Mariotte stipule qu’à température constante, la pression (P) d’un gaz diminue quand le volume (V) du contenant augmente, et inversement. Elle peut ainsi s’exprimer de la manière suivante : P1V1 = P2V2 où P1 et V1 représentent respectivement la pression et le volume à l’état initial, et P2 et V2 les représentent à l’état fnal. Cette ormule exprime donc la relation inverse qui unit la pression d’un gaz et son volume. La FIGURE 23.21A illustre visuellement cette corrélation inversée.
La partie inférieure du sternum recule et la cavité thoracique se comprime.
FIGURE 23.20 Évolution des dimensions de la cavité thoracique attribuable à la ventilation pulmonaire ❯ La cavité thoracique change de taille durant l’inspiration et l’expiration. Sa hauteur, sa largeur et sa profondeur augmentent au moment de l’inspiration sous l’effet des mouvements du diaphragme, des côtes et du sternum, respectivement. Elles diminuent au cours de l’expiration, et le volume thoracique baisse.
23.5.2.4 Les gradients de pression Un gradient de pression s’établit dès que la orce exercée sur chaque surace de deux régions voisines n’est plus la même. Si ces régions sont reliées, l’air se déplace de celle où la pression est la plus élevée vers celle où la pression est la plus aible. Ce déplacement de l’air se poursuit jusqu’à ce que la pression soit devenue la même dans les deux régions (voir la fgure 23.21B).
23.5.2.5 Les volumes et les pressions
de la ventilation pulmonaire La hauteur de la cavité thoracique change selon les contractions et les relâchements alternatis du diaphragme, lequel constitue le plancher arrondi de la cavité thoracique. Au repos, il se place en dôme. Durant sa contraction, sa partie centrale
Un rapport similaire existe entre les poumons et l’atmosphère, qui sont reliés par les voies respiratoires (voir la fgure 23.21C). L’atmosphère est l’air ambiant. La pression atmosphérique est la pression (poids) que les gaz de l’air exercent sur
1082 Partie IV Le maintien et la régulation
Région A
Région A
Région A
Circulation de l’air
Circulation de l’air Pression B ↑
Pression ↓
Volume ↑ Pression ↑
La pression diminue quand le volume augmente. A. Loi de Boyle-Mariotte
Pression B ↓
Région B
Volume B
Volume B
Région B
Volume ↓
La pression augmente quand le volume diminue.
Pression A = pression B Pas de mouvement net de l’air
Région B Le volume de la région B augmente et sa pression diminue. L’air passe de la région A à la région B.
Le volume de la région B diminue et sa pression augmente. L’air se déplace de la région B à la région A.
B. Gradients de pression
Atmosphère
FIGURE 23.21
Pression atmosphérique (760 mm Hg) Cavité pleurale (pression intrapleurale) 756 mm Hg 760 mm Hg
Volume alvéolaire des poumons (pression intrapulmonaire)
C. Volumes et pressions induits par la ventilation pulmonaire (à la fin de l’expiration)
les éléments physiques de l’environnement. Elle varie selon l’altitude : plus il y a éloignement de la surace de la Terre, moins l’air est dense, et donc moins il exerce de pression. Pour éviter d’avoir à tenir compte de l’altitude, la pression atmosphérique utilisée est celle du niveau de la mer. La pression atmosphérique au niveau de la mer peut s’exprimer de plusieurs açons : 101,325 kilopascals (kPa) = 1 atmosphère (atm) = 760 millimètres de mercure (mm Hg). Dans le présent ouvrage, c’est cette troisième expression qui sera utilisée. La valeur de 760 mm Hg retenue signie que l’air crée la même pression que celle exercée par une colonne de 760 Hg dans une éprouvette. Dans le contexte de la ventilation pulmonaire utilisé dans ce volume, la pression atmosphérique de réérence est considérée comme constante et correspond à celle du niveau de la mer, soit 760 mm Hg. La cavité thoracique contient les poumons. Le volume cumulé de toutes les alvéoles des poumons s’appelle le volume alvéolaire ; la pression que ce volume exerce à l’intérieur des poumons représente la pression intrapulmonaire (voir la section 23.4.4).
Loi de Boyle-Mariotte et gradients de pression ❯ A. La loi de Boyle-Mariotte stipule qu’à température constante, la pression d’un gaz diminue si le volume du contenant augmente. B. Dans cette fgure, la région A représente l’atmosphère et la région B, l’intérieur des poumons. Cette fgure montre que l’air ne se déplace pas d’une région à l’autre tant que la pression reste égale entre ces deux régions. Dès que les volumes des régions changent, un gradient de pression s’établit entre ces régions et ait passer l’air de la région dont la pression est plus élevée à celle dont la pression est plus aible. C. La ventilation pulmo naire se caractérise par trois types de pression. La pression atmosphérique est une valeur fxe égale à 760 mm Hg au niveau de la mer. La pression intrapulmonaire et la pression intrapleurale changent au fl de la ventilation pulmonaire parce que les volumes corporels changent.
Cette pression fuctue au l de la ventilation pulmonaire et peut ainsi devenir supérieure, inérieure ou égale à la pression atmosphérique. La pression intrapulmonaire est égale à la pression atmosphérique (qui est de 760 mm Hg au niveau de la mer) à la n de l’inspiration et à la n de l’expiration. La cavité pleurale sépare le poumon de la paroi intérieure de la cavité thoracique. La pression qui s’exerce à l’intérieur de la cavité pleurale s’appelle la pression intrapleurale. Elle fuctue également au l de la ventilation pulmonaire. Touteois, elle est toujours inérieure à la pression intrapulmonaire, de sorte que les poumons restent gonfés en tout temps. Avant l’inspiration, la pression intrapleurale est généralement inérieure de 4 mm Hg à la pression intrapulmonaire ; elle s’établit donc à environ 756 mm Hg. La variation du volume thoracique au moment de l’inspiration et durant l’expiration induit un gradient de pression entre l’atmosphère et la cavité thoracique, et cet écart de pression détermine la circulation de l’air. Toute augmentation du volume de la cavité thoracique s’accompagne d’une baisse de la pression dans
Chapitre 23 Le système respiratoire
23.5.2.6 La respiration normale
cet espace et provoque un afux de l’air dans les poumons (au moment de l’inspiration). À l’inverse, toute baisse du volume de la cavité thoracique s’accompagne d’une augmentation de la pression dans cet espace et provoque l’expulsion de l’air contenu dans les poumons (au moment de l’expiration).
FIGURE 23.22
La respiration normale (ou eupnée) correspond à la ventilation au repos. La lecture de la description des étapes ci-dessous, combinée à une consultation régulière de la FIGURE 23.22 illustrant
Inspiration normale
Évolution des pressions et des volumes induits par le mécanisme de la respiration normale ❯ Les chires encer-
Expiration normale
1 Pression intrapulmonaire = pression atmosphérique
clés correspondent aux étapes décrites dans le corps du texte. A. L’illustration schématique montre l’évolution des volumes, des pressions et de la circulation de l’air au fl de la ventilation pulmonaire. B. Une personne inspire puis expire environ 500 ml d’air à chaque respiration normale. C. Ce volume inspiré puis expiré entraîne une modifcation relativement minime des pressions intrapulmonaire et intrapleurale.
3 Pression intrapulmonaire = pression atmosphérique
1 atm = 760 mm Hg
1 atm = 760 mm Hg
756 mm Hg (pression intrapleurale)
754 mm Hg (pression intrapleurale)
760 mm Hg (pression intrapulmonaire)
Diaphragme
2 La pression intrapulmonaire devient inférieure à la pression atmosphérique. L’air entre dans les poumons.
1 atm = 760 mm Hg
754 mm Hg 759 mm Hg
L’air entre dans les poumons (≈ 500 ml par inspiration normale). Le volume de la cavité pleurale augmente. La pression intrapleurale baisse. Le volume alvéolaire augmente. La pression intrapulmonaire baisse.
760 mm Hg 4 La pression intrapulmonaire devient supérieure à la pression atmosphérique ; l’air sort des poumons.
1 atm = 760 mm Hg
756 mm Hg 761 mm Hg
L’air sort des poumons (≈ 500 ml par expiration normale). Le volume de la cavité pleurale baisse. La pression intrapleurale augmente. Le volume alvéolaire baisse. La pression intrapulmonaire augmente.
Volume (ml)
A. 500 2 0
3
1
4 Respiration complète (≈ 5 secondes)
B. Pression (mm Hg)
762 760 758
1
2
3
756 Intrapulmonaire Intrapleurale
754 752
Respiration complète (≈ 5 secondes) C.
1083
4
1084 Partie IV Le maintien et la régulation
le processus de la respiration normale, acilitera la compréhension de cette section.
4
• Le relâchement du diaphragme et le retour des parois thoraciques à leur position antérieure induisent une diminution du volume de la cavité pleurale. La pression intrapleurale augmente, passant de 754 mm Hg à son niveau antérieur de 756 mm Hg.
23.5.2.7 L’inspiration 1
2
Avant l’inspiration, la pression intrapulmonaire et la pression atmosphérique s’établissent toutes deux à 760 mm Hg (au niveau de la mer). La pression intrapleurale est légèrement inérieure : elle est approximativement de 756 mm Hg, soit environ 4 mm Hg de moins que la pression intrapulmonaire, ce qui permet aux poumons de rester étirés.
• Simultanément, le retour du tissu conjoncti élastique pulmonaire à sa position antérieure occasionne une compression des poumons, et donc une baisse du volume alvéolaire. La pression intrapulmonaire augmente donc, passant de 760 à 761 mm Hg.
Le diaphragme se contracte, ce qui augmente la hauteur de la cavité thoracique ; les muscles intercostaux externes se contractent également, induisant une augmentation de la largeur et de la proondeur de la cavité thoracique. Quand la respiration est normale, ce mouvement du diaphragme peut représenter environ les deux tiers de la variation du volume de la cavité thoracique ; le mouvement des muscles intercostaux externes en représente donc un tiers. • Ces contractions musculaires provoquent une augmentation du volume de la cavité pleurale et, par conséquent, une baisse de la pression intrapleurale, qui passe de 756 à 754 mm Hg environ. • Simultanément, la tension superfcielle générée par le liquide pleural de la cavité pleurale contraint les poumons à l’expansion. Comme le volume alvéolaire augmente, la pression intrapulmonaire diminue, passant de 760 à 759 mm Hg. • Dès que la pression intrapulmonaire devient inérieure à la pression atmosphérique (759 mm Hg par rapport à 760 mm Hg), l’air se déplace dans le sens de son gradient de pression descendant, c’est-à-dire de l’atmosphère aux poumons, jusqu’à ce que la pression intrapulmonaire soit redevenue égale à la pression atmosphérique. Le volume d’air qui passe ainsi de l’environnement aux poumons, au cours d’une seule et même inspiration normale, s’établit à environ 500 ml. Cette quantité d’air qui entre ou qui sort au moment d’une inspiration ou d’une expiration normale s’appelle le volume courant (ou volume respiratoire).
Le diaphragme et les muscles intercostaux externes se relâchant ; le volume thoracique diminue.
• Dès que la pression intrapulmonaire devient supérieure à la pression atmosphérique (761 mm Hg par rapport à 760 mm Hg), l’air est expulsé des alvéoles vers l’extérieur du corps jusqu’à ce que la pression intrapulmonaire soit redevenue égale à la pression atmosphérique. À l’expiration, environ 500 ml d’air sortent ainsi des poumons (volume courant). La fgure 23.22 (B et C) illustre l’évolution du volume thoracique et des pressions intrapulmonaire et intrapleurale au fl de la respiration normale. Le TABLEAU 23.3 récapitule les étapes de l’inspiration et de l’expiration normales.
23.5.2.9 La respiration forcée La respiration forcée suit les mêmes étapes que la respiration normale. Cependant, l’inspiration et l’expiration orcées sont des processus actis exigeant la contraction de muscles additionnels (voir la fgure 23.19). Cette activité musculaire engendre des variations plus marquées dans le volume thoracique et dans la pression intrapulmonaire. Par conséquent, un volume plus important d’air entre et sort des poumons. Au cours de la respiration orcée, les mouvements de la poitrine sont visibles, alors que ces mouvements sont à peine perceptibles au cours de la respiration normale.
Vérifiez vos connaissances 22. Décrivez, dans l’ordre, les étapes de l’inspiration
normale. 23. Par quel mécanisme le volume d’air additionnel
23.5.2.8 L’expiration 3
Avant l’expiration normale, la pression intrapulmonaire et la pression atmosphérique s’établissent toutes deux à 760 mm Hg ; la pression intrapleurale est d’environ 754 mm Hg (elle reste inérieure à la pression intrapulmonaire).
TABLEAU 23.3
circule-t-il entre les poumons et l’atmosphère au moment de l’inspiration et de l’expiration orcées ? La respiration orcée exige-t-elle une dépense énergétique plus importante que la respiration normale ? Justifez votre réponse.
Changements induits par la respiration normale
Variable
Inspiration
Expiration
Diaphragme et muscles intercostaux externes
Ils se contractent (processus acti).
Ils se relâchent (processus passi).
Cavité pleurale
Le volume augmente ; la pression diminue.
Le volume diminue ; la pression augmente.
Poumons
Le volume augmente ; la pression diminue.
Le volume diminue ; la pression augmente.
Circulation de l’air
L’air entre dans les poumons.
L’air sort des poumons.
Chapitre 23 Le système respiratoire
23.5.3
Les acteurs infuençant l’écoulement de l’air
5
Dénir l’écoulement de l’air.
6
Expliquer la manière dont les gradients de pression et la résistance infuencent l’écoulement de l’air.
L’écoulement de l’air est la quantité d’air qui entre et sort des poumons à chaque respiration. Il est déterminé par deux acteurs : 1) le gradient de pression établi entre la pression atmosphérique et la pression intrapulmonaire ; 2) la résistance qui se déploie à l’intérieur des voies aériennes, des poumons et de la paroi thoracique. La ormule de l’écoulement de l’air est la suivante : E = ΔP R
Ou
E=
Patm − Palv R
Les paramètres de la ormule sont les suivants : E = écoulement de l’air ; ΔP = écart entre la pression atmosphérique (Patm) et la pression intrapulmonaire dans les alvéoles (Palv) ; R = résistance. Cette ormule mathématique montre que l’écoulement de l’air est directement proportionnel au gradient de pression entre l’atmosphère et les poumons (si le gradient de pression augmente, l’écoulement de l’air augmente aussi) et inversement proportionnel à la résistance (si la résistance augmente, l’écoulement de l’air diminue). Le gradient de pression (ΔP) est la diérence entre la pression atmosphérique et la pression intrapulmonaire (Patm − Palv). Il évolue, par exemple, selon le volume thoracique. La contraction du diaphragme et des muscles intercostaux externes au cours de la respiration normale entraîne une petite modication du volume de la cavité thoracique qui provoque un appel d’air d’environ 500 ml dans les poumons. Si les muscles accessoires de l’inspiration orcée entrent en jeu, le volume de la cavité thoracique augmente encore et la pression intrapulmonaire accuse une baisse plus marquée. La circulation de l’air dans les poumons augmente alors, car un gradient de pression plus important s’établit entre la pression atmosphérique et la pression intrapulmonaire. La circulation de l’air entretient toujours une relation inverse avec la résistance. La résistance dépend des acteurs qui entravent le passage de l’air depuis l’atmosphère jusqu’aux alvéoles par les voies respiratoires. Elle est déterminée selon trois modalités : 1) une diminution de l’élasticité de la paroi
INTÉGRATION LIENS ENTRE LES CONCEPTS Une ormule mathématique exprime l’écoulement de l’air en onction du gradient de pression et de la résistance. Une ormule similaire s’applique à la pression sanguine : la pression sanguine est déterminée par le débit cardiaque et la résistance qui entrave le déplacement du sang dans les vaisseaux sanguins (voir la section 20.4.3).
1085
thoracique et des poumons ; 2) un changement dans le diamètre des bronchioles ou dans la taille des voies par lesquelles l’air entre dans les poumons ; et 3) l’aaissement des alvéoles. Toute diminution de l’élasticité de la paroi thoracique ou des poumons engendre une augmentation de la résistance. Chez les personnes jeunes et en bonne santé, la paroi thoracique et les tissus pulmonaires présentent une bonne élasticité naturelle. Au l de l’avancée en âge, touteois, le tissu conjoncti élastique se rarée dans ces structures. L’élasticité de la paroi thoracique et des poumons est également moins marquée dans les cas suivants : 1) malormation de la colonne vertébrale (p. ex., une scoliose) ; 2) arthrite des articulations de la cage thoracique ; 3) remplacement du tissu conjoncti élastique dans les poumons par du tissu cicatriciel rigide en raison d’une brose pulmonaire. La résistance dépend également du diamètre des bronchioles. La résistance augmente durant une bronchoconstriction provoquée par une stimulation de la branche parasympathique du système nerveux autonome, une libération d’histamines par certains types de leucocytes par exemple, ou l’exposition au roid. La résistance augmente également si la lumière des bronchioles se rétrécit en raison d’une accumulation de mucus ou d’une infammation. La résistance diminue en cas de bronchodilatation induite par une stimulation de la branche sympathique du système nerveux autonome, au moment de la libération d’adrénaline par les glandes surrénales ou durant l’administration externe d’adrénaline (p. ex., en cas de réactions allergiques graves). Si les pneumocytes de type II ne produisent pas susamment de suractant pulmonaire, la résistance augmente ainsi que la tension de surace. Ce phénomène n’a généralement d’incidences réelles que chez les nouveau-nés prématurés, qui ne produisent pas susamment de suractant pulmonaire. De açon générale, la production de suractant pulmonaire se ait en continu à partir du deuxième mois avant la naissance, environ. Privées de suractant pulmonaire, les alvéoles des poumons des nouveau-nés prématurés s’aaissent à chaque expiration. À chaque inspiration subséquente, l’organisme doit déployer des eorts additionnels pour vaincre la tension de surace engendrée par la surace intérieure humide des alvéoles. Chez ces nouveaunés prématurés, la résistance à la circulation de l’air est donc plus importante que chez les nouveau-nés à terme. Cette insusance respiratoire s’appelle le syndrome de détresse respiratoire aiguë (SDRA). La tension supercielle et l’élasticité de la paroi thoracique et des poumons déterminent la compliance. La compliance est une mesure de la capacité d’expansion des poumons et de la paroi thoracique. Par conséquent, plus les poumons se déploient acilement, plus la compliance est grande. À l’inverse, plus il est dicile de dilater les poumons, plus elle est aible.
À votre avis 3. De l’adrénaline est généralement administrée aux per-
sonnes sourant d’asthme. L’adrénaline augmentet-elle ou diminue-t-elle la résistance des voies aériennes ? Augmente-t-elle ou diminue-t-elle la circulation de l’air ?
1086 Partie IV Le maintien et la régulation
Les anomalies anatomiques et les maladies respiratoires qui augmentent la résistance à la circulation de l’air provoquent un rétrécissement de la lumière des bronchioles (p. ex., durant une crise d’asthme) ou une diminution de la compliance (p. ex., dans la brose pulmonaire), ou les deux. Dans un cas comme dans l’autre, elles augmentent la résistance. Pour surmonter cette résistance additionnelle et maintenir une circulation d’air susante, il aut inspirer de manière plus vigoureuse an d’établir un gradient de pression plus important.
bulbe rachidien : il contient des neurones inspiratoires et expiratoires. Le GRV donne donc les infux nerveux nécessaires à l’inspiration et à l’expiration. Derrière le GRV, dans la région dorsomédiale du bulbe rachidien, se trouve le groupe respiratoire dorsal (GRD), qui reçoit diérentes inormations sensorielles (p. ex., le mouvement d’une articulation comme le genou durant la course à pied) qu’il transmet ensuite au GRV. Ce dernier peut alors ajuster la réquence et la proondeur des respirations en conséquence.
Les muscles de l’inspiration doivent donc travailler de manière plus importante, et ces inspirations orcées obligent l’organisme à une dépense d’énergie plus importante. En général, la respiration normale représente environ 5 % de la dépense énergétique totale de l’organisme. Cette proportion augmente avec la résistance des voies aériennes et peut atteindre de 20 à 30 % dans certains cas. Cette multiplication par quatre à six de la dépense énergétique se révèle si exigeante que le simple ait de respirer peut causer un épuisement.
Le GRV permet l’inspiration et l’expiration par l’intermédiaire de neurones moteurs qui s’étendent du GRV jusque dans la moelle épinière. Ces neurones transmettent ensuite l’inormation à d’autres neurones de la moelle épinière appelés neurones moteurs inérieurs. Par l’intermédiaire de leur axone, ces neurones moteurs inérieurs émergent de la moelle épinière pour ormer les nerfs phréniques, qui innervent le diaphragme, et les nerfs intercostaux, qui innervent les muscles intercostaux.
Vérifiez vos connaissances 24. Les deux acteurs qui déterminent l’écoulement de l’air
sont les suivants : le gradient de pression et la résistance. Quels sont les trois acteurs principaux qui intensient la résistance à la circulation de l’air ? Quelles sont les modications qui doivent être apportées à la respiration pour maintenir une circulation d’air susante lorsque la résistance augmente ?
23.5.4
La régulation nerveuse de la ventilation
7
Décrire la manière dont le système nerveux central régit la ventilation pulmonaire.
8
Expliquer les réfexes modiant la réquence et la proondeur respiratoires.
9
Distinguer la régulation nerveuse de la ventilation de celle des structures anatomiques du système respiratoire.
Des groupes de neurones du tronc cérébral, rassemblés en amas nommés noyaux, assurent la coordination des muscles squelettiques de la ventilation pulmonaire. Plus précisément, ces noyaux se situent dans le bulbe rachidien, où ils orment le centre respiratoire bulbaire, et dans le pont, où ils orment le centre respiratoire du pont. Ensemble, ces noyaux orment le centre respiratoire. Les mécanismes de la régulation de la ventilation pulmonaire ne sont pas encore pleinement élucidés. Cependant, la description ci-dessous ore quelques pistes d’explications généralement admises. Une consultation régulière de la FIGURE 23.23 permettra de bien comprendre le processus.
23.5.4.1 Le centre respiratoire : la régulation
de la respiration normale Les noyaux du bulbe rachidien se répartissent en deux groupes de neurones. Le groupe respiratoire ventral (GRV) est une colonne de neurones qui se situe dans la région ventrolatérale du
Durant la respiration normale, les neurones inspiratoires du GRV génèrent des infux nerveux qui parcourent ces voies nerveuses pendant environ 2 secondes. L’intensité des infux nerveux augmente durant ces 2 secondes. Les neurones inspiratoires du GRV envoient également des infux nerveux aux neurones expiratoires du GRV, qui inhiberont les neurones inspiratoires au moment de l’expiration. Les infux nerveux générés par les neurones inspiratoires du GRV déclenchent la contraction du diaphragme et des muscles intercostaux externes, ce qui ait augmenter le volume de la cavité thoracique. Les neurones inspiratoires sont par la suite inhibés par les neurones expiratoires du GRV et du groupe respiratoire du pont. Les infux nerveux générés par les neurones inspiratoires du GRV cessent alors pendant 3 secondes environ. L’absence de stimulation nerveuse ramène le diaphragme et les muscles intercostaux externes au repos, ce qui diminue le volume thoracique et provoque l’expiration. À de ortes doses, les opioïdes comme la morphine peuvent inhiber le centre respiratoire bulbaire (Stucke, Zuperku, Sanchez et al., 2008). Le centre respiratoire du pont se trouve dans le pont et modie l’activité des noyaux du bulbe rachidien. Il assurerait une transition en douceur entre l’inspiration et l’expiration par l’envoi d’infux nerveux au GRV. C’est un centre important pour la respiration normale, mais son rôle reste encore à clarier (St-John & Paton, 2004). Toute altération du centre respiratoire du pont se traduit ainsi par une irrégularité respiratoire. Si l’inspiration dure 2 secondes et que l’expiration en dure 3, la réquence respiratoire moyenne s’établit à 12 respirations par minute. De ait, la respiration normale se déploie généralement selon un rythme de 12 à 15 ventilations par minute.
À votre avis 4. Les ners phréniques émergent du plexus cervical
(ramication de ners) ormé par les rameaux des ners rachidiens C1 à C 4 ; les ners intercostaux sont les rameaux antérieurs des ners rachidiens T1 à T11. Quelles seraient les conséquences sur la respiration d’une lésion de la moelle épinière au-dessus de C2-C4 ? Entre C5 et T12 ? En dessous de T12 ?
Chapitre 23 Le système respiratoire
1087
Inux nerveux sensoriels envoyés au centre respiratoire Inux nerveux moteurs envoyés aux muscles respiratoires
Information émise par le cortex cérébral
Récepteurs d’irritation
Centre respiratoire du pont Chimiorécepteurs centraux CO2 sanguin
Pont
Liquide cérébrospinal CO2 + H2O
HCO3− + H+ Barorécepteurs
Chimiorécepteurs périphériques p p p Détection de l’augmentatio l’augmentation du taux de CO2 et du nombre d’ions H+, et de la baisse du taux de O2 Chimiorécepteurs internes
Nerfs glossopharyngiens (NC IX) Co orrp puscule le les le Corpuscules caro ro otidien ns carotidiens Artères carotides communes
Récepteurs des autres réflexes
Bulbe rachidien Groupe respiratoire dorsal (GRD) Groupe respiratoire ventral (GRV)
Nerf vague (NC X) Propriocepteurs Moelle épinière
Corpuscules aortiques
Plexus cervical
Nerfs phréniques
Moelle épinière (T1-T11) Nerfs intercostaux
Muscles intercostaux
Muscles accessoires de la respiration
Diaphragme
FIGURE 23.23 Centre respiratoire
❯ Le centre respiratoire envoie à intervalles réguliers des stimulus moteurs jusqu’au diaphragme et aux muscles intercostaux externes an de régulariser la respiration normale. Stimulé par des infux nerveux sensoriels en provenance des chimiorécepteurs du cerveau, le centre respiratoire ajuste la réquence et la proondeur des ventilations. D’autres infux sensoriels sont émis par les récepteurs périphériques : chimiorécepteurs des corpuscules carotidiens et des
corpuscules aortiques ; récepteurs d’irritation du revêtement muqueux du tractus respiratoire ; mécanorécepteurs musculaires des poumons et de la plèvre viscérale ; propriocepteurs des muscles, des tendons et des articulations. La respiration peut être régulée consciemment par le cortex cérébral : les infux nerveux moteurs provenant du cortex cérébral contournent le centre respiratoire pour atteindre directement les neurones moteurs inérieurs qui innervent les muscles squelettiques de la respiration.
1088 Partie IV Le maintien et la régulation 23.5.4.2 L’altération de la réquence et
de l’amplitude respiratoires Diérents réfexes peuvent modier la réquence et l’amplitude (proondeur) de la ventilation pulmonaire. Ils sont déclenchés par les infux émis par les récepteurs (p. ex., les chimiorécepteurs, les propriocepteurs, les barorécepteurs et les récepteurs d’irritation) et par les centres cérébraux supérieurs. Les infux nerveux sensoriels sont acheminés jusqu’au GRD. Une ois activé, le GRD envoie à son tour des infux nerveux au GRV, provoquant alors une modication de la réquence et de la proondeur des ventilations. L’altération de la réquence respiratoire s’explique par la modication de la durée de l’inspiration et de
INTÉGRATION APPLICATION CLINIQUE
L’apnée et l’apnée du sommeil L’apnée (a = sans ; pneuma, pneumatos = soufe) se caractérise par la suspension de la respiration. Elle peut se produire volontairement (p. ex., en retenant son soufe ou en avalant) ou être provoquée par des médicaments (p. ex., des anesthésiques), un trauma ou un dérèglement neurologique. L’apnée du sommeil est la cessation temporaire de la respiration pendant le sommeil. Plus de 3 250 000 Canadiens, dont 700 000 Québécois, sont atteints de l’apnée du sommeil (Association pulmonaire du Québec, 2013a). Les signes et les symptômes associés sont des éveils nocturnes à répétition, un sommeil non réparateur, des maux de tête au réveil, des ronfements et de la atigue (ou de la somnolence durant la journée). L’apnée du sommeil se manieste par des arrêts respiratoires qui durent de 10 à 30 secondes et qui peuvent survenir à plusieurs reprises au cours de la nuit. Dans sa orme la plus commune, l’apnée du sommeil se produit lorsque les voies aériennes supérieures sont obstruées par les tissus mous de la gorge, par exemple les muscles relâchés du pharynx ou encore la présence d’un surplus de tissu adipeux au niveau de la gorge (Agence de la santé publique du Canada, 2013a). Ces tissus mous commencent par induire une obstruction partielle qui se traduit par le ronfement. L’obstruction peut ensuite être complète, ce qui se manieste par l’apnée proprement dite. Durant cette apnée, le centre respiratoire envoie des signaux pour provoquer une respiration normale, mais la personne atteinte en est incapable en raison de l’obstruction des voies aériennes. Après 10 à 30 secondes, le cerveau peut provoquer un réveil pour que la respiration reprenne son cours. Il s’ensuit alors une longue inspiration. Ce cycle peut se répéter et durer toute la nuit, d’où la sensation de atigue ressentie durant la journée suivante. Certains acteurs avorisent l’apparition de l’apnée du sommeil, notamment le surplus de poids, la taille des amygdales adénoïdes, la consommation d’alcool ainsi que la taille et la orme des voies aériennes supérieures. Les traitements sont multiples et dépendent des causes. Ils vont de l’adoption de saines habitudes de vie (comme le maintien d’un poids santé) à la chirurgie (p. ex., une amygdalectomie) en passant par l’usage d’un appareil de ventilation à pression positive (la pression d’air maintien les voies aériennes ouvertes) (Association pulmonaire du Québec, 2013a).
l’expiration. L’altération de l’amplitude de la respiration est causée par la stimulation de muscles accessoires qui induisent une variation plus marquée du volume thoracique.
Les réfexes stimulés par les chimiorécepteurs Les chimiorécepteurs internes se répartissent en deux catégories : centraux et périphériques. Ils mesurent les fuctuations de la concentration en ions H+ et des gaz respiratoires dans le sang et le liquide cérébrospinal (LCS), et ils jouent ainsi un rôle déterminant dans la régulation des variations de la réquence respiratoire. Puisque l’oxygène et le dioxyde de carbone sont des gaz, leur quantité respective s’exprime en pression partielle plutôt qu’en concentration. Il est ainsi question de pression partielle de dioxyde de carbone (PCO2) et de pression partielle de l’oxygène (PO2) (voir la section 23.6.1). Plus la pression partielle d’un gaz est élevée, plus sa concentration est orte. Les chimiorécepteurs centraux se situent très précisément sur la ace ventrolatérale du bulbe rachidien, tout près du centre respiratoire bulbaire. Ils mesurent uniquement les variations du pH du LCS causées par les fuctuations de la PCO2 dans le sang. Le dioxyde de carbone diuse depuis le sang jusque dans le LCS. Quand il arrive dans le LCS, une enzyme, l’anhydrase carbonique, active la ormation d’acide carbonique à partir de dioxyde de carbone et d’eau (CO2 + H2O → H2CO3). L’acide carbonique se dissocie ensuite en ions bicarbonate et hydrogène (H2CO3 → HCO3− + H+). La ormation des ions H+ rend le pH du LCS plus acide (diminution du pH) ; l’inormation relative à cette variation est transmise au centre respiratoire bulbaire. La réquence et la proondeur de la respiration augmentent, et l’expulsion du dioxyde de carbone s’intensie ; la PCO2 du sang et le pH du LCS reviennent graduellement à leurs valeurs normales. À l’inverse, une baisse de la PCO2 engendre une augmentation du pH (plus alcalin) et, conséquemment, provoque une baisse de la réquence et de la proondeur de la respiration. Les chimiorécepteurs périphériques se trouvent dans les parois de certains vaisseaux sanguins. Plus précisément, ils sont localisés dans les corpuscules carotidiens (ou glomus carotidiens), eux-mêmes présents à la biurcation de l’artère carotide commune (la ourche que orment les artères carotides externe et interne), ainsi que dans les corpuscules aortiques présents dans la crosse aortique. Les chimiorécepteurs périphériques détectent les modications chimiques de la composition du sang artériel. Dès qu’ils sont stimulés par une modication de la pression partielle des gaz respiratoires du sang ou par une variation du pH sanguin, les corpuscules carotidiens et les corpuscules aortiques envoient des infux nerveux au centre respiratoire. Ces infux sont acheminés respectivement par les ners glossopharyngiens et les ners vagues. Le centre respiratoire modie alors les infux nerveux acheminés aux muscles de la respiration an de aire augmenter ou diminuer la réquence et la proondeur de la ventilation pulmonaire, selon le cas. Voici un peu plus en détail les diérents types de stimulus détectés par les chimiorécepteurs périphériques. Les chimiorécepteurs centraux et périphériques mesurent les variations du pH induites par les fuctuations de la PCO2 du sang (il aut se rappeler que le CO2 peut mener à la production d’ions H+ acides). Les chimiorécepteurs périphériques se
Chapitre 23 Le système respiratoire
distinguent des chimiorécepteurs centraux parce qu’ils peuvent également être stimulés par des fuctuations de la concentration en ions H+ indépendantes de la PCO2. Cela peut survenir, par exemple, lorsque des ions H+ s’accumulent en raison d’une insusance de l’un ou l’autre des reins, puisqu’en conditions normales, les reins éliminent les ions H+. Un autre exemple de fuctuation pourrait être attribuable au diabète de type 1 et de type 2 (les acides cétoniques constituent des sous-produits du métabolisme des acides gras qui est souvent augmenté chez les diabétiques ; voir la section 25.6.3). Lorsque les chimiorécepteurs périphériques détectent une augmentation de la concentration en ions H+ dans le sang, ils le signalent au centre respiratoire, peu importe si cette hausse de concentration est associée à la PCO2 ou à d’autres causes. Le centre respiratoire augmente alors la réquence et la proondeur de la respiration dans le but de rétablir l’homéostasie. La section 23.8.1 montrera que l’élimination de CO2 durant l’expiration peut contribuer à diminuer la concentration en ions H+. Les chimiorécepteurs périphériques sont également stimulés par les variations de la PO2 du sang. D’une manière générale, les fuctuations de la PO2 du sang altèrent la réquence respiratoire parce qu’elles rendent les chimiorécepteurs plus sensibles aux variations de la PCO2 du sang. Cette relation entre la PO2 et la PCO2 produit un eet synergique : par exemple, durant un exercice physique intense, une baisse de la PO2, accompagnée d’une augmentation de la PCO2 et d’une production d’ions H+ accrue, induise la stimulation plus intense du centre respiratoire et, conséquemment, stimule la respiration. Le taux d’oxygène artériel dans le sang doit diminuer considérablement pour stimuler les chimiorécepteurs indépendamment de la PCO2 : la valeur de PO2 normale, qui est de 95 mm Hg, doit descendre à 60 mm Hg (ce qui est très aible). Ce aible seuil de stimulation des chimiorécepteurs entraîne parois la mort de nageurs qui sont en état d’hyperventilation avant de s’immerger. L’hyperventilation abaisse en eet le taux sanguin de CO2 du nageur à un point tel que ses chimiorécepteurs ne sont plus stimulés (cela survient si la PCO2 tombe sous le seuil de 40 mm Hg). L’eort physique déployé durant la nage abaisse par ailleurs le taux sanguin de O2, mais pas susamment pour que les chimiorécepteurs soient stimulés. La baisse de PO2 dans les artères du cerveau du nageur peut alors mener à une perte de connaissance de ce dernier, entraînant ainsi des risques de
INTÉGRATION
STRATÉGIES D’APPRENTISSAGE
Les variables mesurées par les deux types de chimiorécepteurs sont les suivantes : • Les chimiorécepteurs centraux réagissent aux fuctuations des ions H+ dans le LCS (produits à partir du CO2 sanguin). • Les chimiorécepteurs périphériques réagissent aux fuctuations sanguines : 1) des ions H+ dans le sang (produits à partir du CO2 sanguin) ; 2) des ions H+ provenant d’autres sources que du CO2 sanguin (p. ex., en cas d’acidocétose) ; et 3) de la PO2 du sang.
1089
INTÉGRATION APPLICATION CLINIQUE
Le stimulus hypoxique DÉSÉQUILIBRE HOMÉOSTATIQUE
Certains dérèglements respiratoires (p. ex., l’emphysème) détériorent la capacité d’évacuation du dioxyde de carbone par l’expiration. La PO2 du sang peut alors devenir le principal stimulateur de la respiration. Le stimulus hypoxique se déclenche par le mécanisme suivant : lorsque le niveau de dioxyde de carbone dans le sang augmente au-delà d’un certain seuil et reste élevé sur une période relativement longue, les chimiorécepteurs deviennent moins sensibles à la PCO2. Dans cette situation, une PO2 moins élevée que la normale peut sure pour stimuler le centre respiratoire. Sur le plan clinique, une PO2 relativement aible, qui constitue le stimulus de la respiration, rend l’administration d’oxygène risquée, puisque cela augmenterait la PO2 et entraverait par conséquent la capacité respiratoire autonome.
noyade, avant que la PCO2 atteigne le niveau requis pour stimuler les chimiorécepteurs. La PCO2 représente le stimulus le plus important dans l’évolution de la réquence et de la proondeur de la ventilation pulmonaire. Le centre respiratoire est très sensible aux variations des niveaux de dioxyde de carbone : une augmentation minime de la PCO2 (de l’ordre de 5 mm Hg) peut multiplier par deux la réquence respiratoire. Les variations de la PCO2 altèrent la réquence respiratoire de manière encore plus marquée quand le dioxyde de carbone se mêle à l’eau pour ormer de l’acide carbonique (H2CO3) dans le LCS, car, contrairement au sang, le LCS ne contient pas de protéines qui pourraient tamponner l’augmentation ou la diminution de la concentration en ions H+ issus de l’acide carbonique (H2CO3 → HCO3− + H+). Par conséquent, les fuctuations du pH dans le LCS constituent la mesure la plus exacte des variations de la PCO2.
Les autres réfexes Les propriocepteurs sont présents dans les articulations ainsi que dans les muscles ; ils sont stimulés par les mouvements du corps. À chaque intensication d’un mouvement corporel, ces récepteurs acheminent l’inormation jusqu’au centre respiratoire, qui approondit la respiration en conséquence. Les barorécepteurs sont spécialisés dans la détection des variations d’étirement. Ils se trouvent notamment à l’intérieur de la plèvre viscérale et dans les tissus musculaires lisses des bronchioles. S’ils détectent un étirement excessi (p. ex., un étirement de la plèvre viscérale), les barorécepteurs le communiquent au centre respiratoire par l’intermédiaire des ners vagues, ce qui entraîne une inhibition de l’inspiration. Ce mécanisme de protection prend le nom de réfexe de distension pulmonaire (ou réfexe de Hering-Breuer). Il permet d’éviter que les poumons se gonfent de manière excessive, ce qui pourrait entraîner des dommages tissulaires.
1090 Partie IV Le maintien et la régulation L’action des centres cérébraux supérieurs Les centres cérébraux supérieurs, soit l’hypothalamus, le système limbique et le cortex cérébral, peuvent également infuer sur la réquence respiratoire. L’hypothalamus (centre de contrôle important) augmente la réquence respiratoire quand le corps a chaud, et la diminue quand il a roid. Le système limbique, participant aux émotions, altère la réquence respiratoire en réaction aux émotions ou à des souvenirs chargés d’émotion. Le lobe rontal du cortex cérébral régit les modications volontaires de la respiration pour les besoins de diérentes activités, par exemple pour parler, chanter, retenir son soufe, appliquer la manœuvre de Valsalva, etc. Contrairement aux impulsions des autres zones supérieures du cerveau, qui sont transmises au centre respiratoire, les infux nerveux en provenance du cortex cérébral contournent le centre respiratoire pour stimuler directement les neurones moteurs inérieurs de la moelle épinière.
23.5.4.3 La régulation nerveuse de la ventilation
pulmonaire et du système respiratoire Il convient d’établir une distinction claire entre l’innervation nécessaire à la respiration et l’innervation des structures anatomiques du système respiratoire. Les structures anatomiques du système respiratoire, qui sont constituées de tissu musculaire lisse (p. ex., autour des bronchioles) et de glandes (p. ex., dans les bronches), sont innervées par les neurones du système nerveux autonome et sont régies par les noyaux du tronc cérébral. Le système nerveux autonome innerve les structures qui ne sont pas contrôlées de açon volontaire. Les muscles de la respiration, qui se composent de tissu musculaire squelettique, sont innervés par les neurones moteurs du système nerveux somatique. Le système nerveux somatique innerve des structures qui sont contrôlées de açon volontaire. Ensemble, les noyaux du tronc cérébral et du cortex cérébral régissent les muscles de la respiration. Les noyaux qui composent le centre respiratoire régissent la respiration normale en acheminant leurs impulsions nerveuses régulières par l’intermédiaire des ners phréniques et intercostaux. Le centre respiratoire modie la réquence et la proondeur de la ventilation pulmonaire en onction de diérents stimulus sensoriels qui lui parviennent. Le cortex cérébral assure quant à lui la régulation consciente de la respiration en stimulant directement les neurones qui se rendent jusqu’aux muscles squelettiques de la respiration. Cette diversité des infux nerveux régissant la respiration ait d’elle une activité à la ois consciente et non consciente (activité réfexe).
Vérifiez vos connaissances 25. Quelles sont les onctions du groupe respiratoire
ventral (GRV) et du groupe respiratoire dorsal (GRD) dans les centres respiratoires ? 26. Parmi les stimulus suivants, quels sont ceux qui ont
augmenter la réquence respiratoire : augmentation de la PCO2 du sang ; augmentation de la concentration en ions H+ dans le sang ; augmentation de la concen tration en ions H+ dans le LCS ; augmentation de la PO2 du sang ? 27. Les muscles squelettiques de la respiration sont-
ils innervés par le système nerveux somatique ou autonome ? Expliquez votre réponse.
23.5.5
La ventilation pulmonaire et la ventilation alvéolaire
10 Distinguer la ventilation pulmonaire de la ventilation
alvéolaire et préciser l’importance de chacune d’elles. 11 Expliquer le rapport entre l’espace mort anatomique
et l’espace mort physiologique.
Les sections précédentes ont décrit l’entrée et l’expulsion de l’air des poumons, un processus qui se nomme ventilation pulmonaire. Le terme ventilation pulmonaire renvoie également à la quantité d’air qui passe de l’atmosphère aux alvéoles en une minute. L’adulte normal inspire et expire environ 500 ml d’air par respiration (volume courant), et ce, environ 12 ois par minute. La quantité d’air inspiré (en ml ou en litres [L]) en une minute (ventilation pulmonaire) s’obtient donc par la ormule suivante : Volume courant × Fréquence respiratoire = Ventilation (quantité d’air (nombre de respirations pulmonaire par respiration)
par minute)
500 ml × 12 respirations/min = 6 000 ml/min = 6 L/min
À votre avis 5. Est-ce que l’intégralité de l’air inspiré durant
la ventilation pulmonaire peut servir aux échanges gazeux ? Justifez votre réponse.
Seul l’air qui atteint les alvéoles peut servir aux échanges gazeux. Quand l’air passe de l’atmosphère aux voies respiratoires, une partie reste dans la zone de conduction (p. ex., la trachée). Cet espace dans lequel aucun échange de gaz respiratoires ne se produit s’appelle l’espace mort anatomique ; son volume moyen s’établit à environ 150 ml. La quantité d’air qui atteint les alvéoles en une minute et qui peut ainsi participer aux échanges gazeux s’appelle la ventilation alvéolaire. Elle est inérieure à la ventilation pulmonaire, car une partie de l’air inspiré reste dans l’espace mort anatomique. Par conséquent, la ventilation alvéolaire s’obtient selon la ormule mathématique suivante : Volume – Espace mort × Fréquence = Ventilation courant anatomique respiratoire alvéolaire (500 ml − 150 ml) × 12 = 350 ml × 12 = 4 200 ml/min = 4,2 L/min La ventilation alvéolaire est plus importante en respirations proondes qu’en respirations supercielles et rapides. En eet, une même inspiration passe une seule ois par l’espace mort, qu’elle soit supercielle ou proonde. Plus elle est proonde, plus la quantité d’air qui traverse l’espace mort sans y rester est importante, donc plus le volume disponible pour les échanges gazeux l’est aussi. Quand une personne prend deux respirations rapides au lieu d’une respiration proonde, la quantité d’air qui demeure dans l’espace mort est également multipliée par deux. Certains dérèglements respiratoires induisent une diminution du nombre d’alvéoles qui participent aux échanges gazeux, soit parce qu’ils endommagent certaines alvéoles, soit parce qu’ils altèrent la membrane respiratoire : c’est le cas, par exemple, de la
Chapitre 23 Le système respiratoire 1091
pneumonie qui provoque une accumulation de liquide dans les poumons. Le volume d’air qui est inspiré sans toutefois pouvoir participer aux échanges gazeux s’appelle l’espace mort physiologique ; il correspond à la somme de l’espace mort anatomique normal et du volume des alvéoles devenues inutiles. Chez une personne en santé, l’espace mort anatomique est égal à l’espace mort physiologique, car le nombre d’alvéoles inutilisables reste en principe négligeable.
Vérifiez vos connaissances 28. Les professeurs de yoga invitent souvent leurs
étudiants à prendre de longues inspirations profondes. Ces longues inspirations profondes engendrent-elles une ventilation alvéolaire plus importante ou moins importante que la respiration supercielle ? Pourquoi ?
23.5.6
Le volume et la capacité respiratoires
12 Dénir les quatre mesures du volume respiratoire. 13 Présenter les quatre capacités respiratoires calculées
à partir de la mesure du volume. 14 Expliquer ce que sont le volume expiratoire maximal
et la ventilation maximale minute.
La quantité d’air qui entre dans les poumons ou en sort se mesure à l’aide d’un appareil appelé spiromètre. Les volumes respiratoires uctuent tout au long de la journée et de la nuit, mais aussi au cours de la vie. Ils sont également variables d’une personne à l’autre. Cette variation s’avère sufsamment signicative pour être utilisée dans une évaluation de l’état de santé du système respiratoire d’une personne. Les valeurs observées doivent alors être comparées aux valeurs normales d’une population de référence. Les mesures respiratoires sont couramment utilisées pour diagnostiquer les maladies respiratoires, suivre l’évolution des dérèglements respiratoires au l du temps ou évaluer l’efcacité de certains traitements. Aux ns de mesure, il existe quatre volumes respiratoires FIGURE 23.24 et TABLEAU 23.4. Le volume courant (VC) est la
quantité d’air inspiré ou expiré au cours d’une respiration normale. Le volume de réserve inspiratoire (VRI) est la quantité supplémentaire d’air qui peut être inspiré au cours d’une inspiration forcée, à la n d’une inspiration normale. Le VRI mesure la compliance pulmonaire. Le volume de réserve expiratoire (VRE) est la quantité supplémentaire d’air qui peut être expiré au cours d’une expiration forcée, à la n d’une expiration normale. Le VRE mesure l’élasticité des poumons et de la paroi thoracique. Enn, le volume résiduel (VR) est la quantité d’air qui reste dans les poumons après une expiration maximale (forcée). L’addition de certains de ces volumes respiratoires permet d’obtenir quatre capacités respiratoires importantes. La capacité inspiratoire (CI) est la somme du volume courant et du volume de réserve inspiratoire. La capacité résiduelle fonctionnelle (CRF)
FIGURE 23.24 Volumes et capacités respiratoires
❯ Plusieurs volumes caractérisent la fonction pulmonaire, notamment le volume courant (VC), le volume de réserve inspiratoire (VRI), le volume de réserve expiratoire (VRE) et le volume résiduel (VR). Une capacité correspond à la somme de deux ou
plusieurs de ces volumes. La capacité inspiratoire (CI) est la somme du VC et du VRI. La capacité résiduelle fonctionnelle (CRF) est la somme du VRE et du VR. La capacité vitale (CV) comprend le VC, le VRI et le VRE. La CPT est la somme des quatre volumes indiqués précédemment.
1092 Partie IV Le maintien et la régulation TABLEAU 23.4
Volumes et capacités respiratoires
Volumes Volume
Défnition
Valeurs normales (homme)
Volume courant (VC)
Quantité d’air inspiré ou expulsé des poumons au cours d’une respiration normale
Volume de réserve inspiratoire (VRI)
Valeurs normales (emme)
500 ml
500 ml
Quantité d’air qui entre dans les poumons au cours d’une inspiration orcée, au terme d’une inspiration normale ; compliance pulmonaire mesurée par le VRI
3 100 ml
1 900 ml
Volume de réserve expiratoire (VRE)
Quantité d’air expulsé des poumons au cours d’une expiration orcée, au terme d’une expiration normale ; élasticité des poumons et de la paroi thoracique mesurée par le VRE
1 200 ml
700 ml
Volume résiduel (VR)
Quantité d’air restant dans les poumons au terme d’une expiration orcée
1 200 ml
1 100 ml
Capacités Capacité
Formule
Défnition
Capacité inspiratoire (CI)
VC + VRI
Capacité totale d’inspiration
3 600 ml
2 400 ml
Capacité résiduelle onctionnelle (CRF)
VRE + VR
Quantité d’air restant normalement (résiduelle) dans les poumons à la n d’une expiration normale
2 400 ml
1 800 ml
Capacité vitale (CV)
VC + VRI + VRE
Mesure de la puissance respiratoire
4 800 ml
3 100 ml
Capacité pulmonaire totale (CPT)
VC + VRI + VRE + VR
Quantité totale d’air que les poumons peuvent contenir
6 000 ml
4 200 ml
est la somme du volume de réserve expiratoire et du volume résiduel. Elle correspond donc à la quantité d’air qui reste normalement dans les poumons à la fn d’une expiration normale. La capacité vitale (CV) est la somme du volume courant et des volumes de réserve inspiratoire et expiratoire. La capacité vitale ne tient donc pas compte du volume résiduel. Cette valeur est importante en ceci qu’elle mesure la quantité totale d’air qu’une personne peut inspirer et expirer au cours d’une respiration orcée. Enfn, la capacité pulmonaire totale (CPT) est la somme de tous les volumes précédemment cités, y compris le volume résiduel ; elle correspond donc à la quantité maximale d’air que les poumons peuvent contenir. Il convient également de mentionner deux autres mesures respiratoires importantes : le volume expiratoire maximal et la ventilation maximale minute. Le volume expiratoire maximal (VEM) est le pourcentage de la capacité vitale qui peut être expulsé en un temps donné. Par exemple, le VEM1 est le pourcentage de la capacité vitale qui peut être expulsé des poumons en une seconde. Pour mesurer le VEM1, il aut inspirer autant d’air que possible, puis l’expulser le plus rapidement possible. D’une manière générale, les personnes en santé peuvent expulser l’équivalent de 75 à 85 % de leur capacité vitale en une seconde. Celles qui ont une capacité respiratoire inérieure à la normale (p. ex., en cas d’emphysème) ont un VEM également inérieur aux normales.
Valeurs normales (homme)
Valeurs normales (emme)
La ventilation maximale minute (VMM) est la quantité maximale d’air qui peut être inspiré puis expulsé des poumons en une minute. Pour la mesurer, il aut respirer le plus rapidement et le plus proondément possible pendant une minute. Chez certaines personnes, la VMM peut atteindre 30 L (contre 6 L/min
INTÉGRATION APPLICATION CLINIQUE
Le volume minimal Avant la naissance, les échanges gazeux s’eectuent entre le sang œtal et le sang maternel par le placenta. Le système respiratoire du œtus n’entre donc pas en onction. Les poumons du œtus sont aaissés, et la plus grande partie du sang qui parvient normalement aux poumons est détournée vers la circulation systémique. À la naissance, au moment où le nouveau-né prend sa première inspiration, ses alvéoles se gonfent. Par la suite, une petite quantité d’air reste dans les poumons, même s’ils s’aaissent : c’est le volume minimal. Chez les enants mort-nés, la première inspiration n’est jamais prise. Au cours de l’autopsie, le test permettant de déterminer si l’enant était mort à la naissance ou s’il a respiré consiste à immerger ses poumons dans l’eau. Si l’enant était mort-né, ses poumons calent dans l’eau parce qu’ils ne contiennent pas d’air du tout.
Chapitre 23 Le système respiratoire
pour la ventilation pulmonaire normale). Les personnes souffrant de dérèglement respiratoire ont une capacité inspiratoire ou expiratoire (ou les deux) réduite ; leur VMM est donc également inférieure aux normales. Le VEM et la VMM sont des volumes rapportés au temps ; ils mesurent par conséquent la vitesse ou la fréquence des déplacements d’air entre l’atmosphère et les poumons.
Vérifiez vos connaissances 29. Comment les capacités respiratoires se
calculent-elles ?
23.6 La respiration :
les échanges gazeux alvéolaires et systémiques
Un échange gazeux est un déplacement de gaz respiratoires entre le sang, d’une part, et les alvéoles ou les cellules des tissus systémiques, d’autre part. Le déplacement de ces gaz entre le sang des capillaires pulmonaires et les alvéoles des poumons s’appelle un échange gazeux alvéolaire, tandis que le mouvement de gaz respiratoires entre le sang des capillaires systémiques et les cellules des tissus systémiques s’appelle un échange gazeux systémique. Cette section décrit d’abord les principes chimiques généraux des échanges gazeux, puis elle présente les particularités des échanges gazeux alvéolaires dans les poumons et celles des échanges gazeux systémiques dans les cellules des tissus systémiques.
23.6.1
Les principes chimiques de l’échange gazeux
1
Défnir la pression partielle et le déplacement des gaz dans le sens des gradients de pression partielle.
2
Présenter les pressions partielles se rapportant aux échanges gazeux.
3
Expliquer les lois qui régissent la solubilité des gaz.
Pendant la respiration, les gaz contenus dans l’air se déplacent ensemble dans le sens d’un gradient de pression (totale) descendant (section 23.5). Pendant les échanges gazeux, par contre, chacun des gaz se déplace indépendamment dans le sens de son propre gradient de pression partielle descendant. Chacun d’eux se déplace entre l’air contenu dans les alvéoles et un liquide, en l’occurrence le sang.
23.6.1.1 La pression partielle et la loi de Dalton La pression partielle est la pression exercée par chacun des gaz d’un mélange gazeux ; elle se mesure en mm Hg et se note au moyen d’un P, suivi du symbole du gaz dont il est question. Par exemple, la pression partielle de l’oxygène s’écrit : PO2. L’exemple
1093
de la pression atmosphérique et de l’air (un mélange gazeux) sera utilisé pour expliquer plus en détail la notion de pression partielle. La pression atmosphérique est la pression totale que tous les gaz exercent ensemble sur les éléments physiques de l’environnement. Ces molécules sont les suivantes : l’azote (N2), l’oxygène (O2), le dioxyde de carbone (CO2), la vapeur d’eau (H 2O) ainsi qu’un certain nombre de gaz mineurs. La section 23.5.2.5 a précisé qu’au niveau de la mer, la pression atmosphérique s’établit à 760 mm Hg. La pression partielle de chaque gaz, ou sa contribution dans la pression totale, est égale à la pression totale exercée par le mélange gazeux, multipliée par le pourcentage qu’un gaz donné représente dans l’ensemble. Pression totale × % d’un gaz = Pression partielle dans le mélange de ce gaz Par conséquent, la pression partielle de chacun des gaz atmosphériques s’obtient à partir de la pression totale (qui s’établit pour l’atmosphère au niveau de la mer à 760 mm Hg) et du pourcentage de chacun des gaz les plus courants : l’azote (78,6 %), l’oxygène (20,9 %), le dioxyde de carbone (0,04 %) et la vapeur d’eau (0,46 %). Pn2 PO2 PCO2 Ph2o
760 mm Hg 760 mm Hg 760 mm Hg 760 mm Hg
× 78,6 % = 597 mm Hg × 20,9 % = 159 mm Hg × 0,04 % = 0,3 mm Hg × 0,46 % = 3,5 mm Hg
Pression totale 760 mm Hg La somme de ces pressions partielles doit être égale à la pression atmosphérique totale. Pn2 + PO2 + PCO2 + Ph2o = 760 mm Hg La loi de Dalton formalise la relation entre les pressions partielles et la pression totale : elle stipule que la pression totale d’un mélange gazeux est égale à la somme des pressions partielles de tous les gaz qui le constituent.
23.6.1.2 Les gradients de pression partielle Quand la pression partielle d’un gaz est plus grande dans une région du système respiratoire que dans une autre, cet écart génère un gradient de pression partielle. Dans ce cas, le gaz se déplace de la région dans laquelle sa pression partielle est la plus élevée vers la région dans laquelle elle est la plus faible ; il continue ainsi de se déplacer jusqu’à ce que les pressions partielles des deux régions soient devenues égales. Les échanges de gaz respiratoires se font ainsi dans le sens des gradients de pression partielle descendants, et ce, tant dans les échanges gazeux alvéolaires que dans les échanges gazeux systémiques.
23.6.1.3 Les principales pressions partielles
du corps humain Dans le contexte des échanges gazeux respiratoires, les pressions partielles les plus importantes sont la PO2 et la PCO2 à l’intérieur des alvéoles des poumons, dans les cellules des tissus systémiques et dans la circulation sanguine. Une consultation régulière de la FIGURE 23.25 facilitera la compréhension de cette section.
1094 Partie IV Le maintien et la régulation
PO2 = 104 mm Hg
Circulation pulmonaire
Air
Trachée
Capillaires pulmonaires
Membrane respiratoire
Alvéole
PCO2 = 40 mm Hg
CO2 PO2 = 40 mm Hg PCO2 = 45 mm Hg Ci O2 rc ula tio ns ang uin e
PO2 = 104 mm Hg PCO2 = 40 mm Hg
Circulation systémique
Épithélium alvéolaire Membranes basales fusionnées de l’épithélium alvéolaire et de l’endothélium capillaire
Membrane respiratoire
p Endothélium capillaire Capillaires systémiques
anges gazeux alvéolaires B. Échanges
on ulati Circ
uine sang
CO2
PO2 = 95 mm Hg P PCO2 = 40 mm Hg PC
PO2 = 40 mm Hg PCO2 = 45 mm Hg A.
PO2 = 40 mm Hg PCO2 = 45 mm Hg
O2 Cellules des tissus systémiques
Membrane plasmique Liquide interstitiel Endothélium capillaire C. Échanges gazeux systémiques
FIGURE 23.25 Échanges gazeux alvéolaires et systémiques
❯ A. La circulation pulmonaire achemine le sang qui entre et qui sort des poumons ; la circulation systémique achemine le sang qui entre et qui sort des cellules composant les tissus systémiques. B. Les échanges gazeux alvéolaires se défnissent par l’échange de gaz respiratoires entre les alvéoles et les capillaires pulmonaires à travers la membrane respiratoire. L’oxygène
Les pressions partielles de l’oxygène et du dioxyde de carbone dans les alvéoles Bien que l’air atmosphérique soit inhalé directement dans les poumons, les pressions partielles des gaz à l’intérieur des
diuse hors des alvéoles dans le sang des capillaires pulmonaires. Le dioxyde de carbone diuse simultanément dans la direction opposée. C. L’oxygène diuse hors du sang des capillaires systémiques pendant les échanges gazeux systémiques, tandis que le dioxyde de carbone diuse simultanément dans la direction opposée.
alvéoles diffèrent de leurs pressions partielles atmosphériques, et ce, pour plusieurs raisons : 1) l’air du milieu ambiant se mêle à l’air restant dans l’espace mort anatomique du tractus respiratoire ; 2) l’oxygène diffuse hors des alvéoles et dans le sang, et le
Chapitre 23 Le système respiratoire
dioxyde de carbone diuse hors de la circulation sanguine dans les alvéoles ; 3) constituant un milieu plus humide, les alvéoles contiennent plus de vapeur d’eau. Par conséquent, le pourcentage d’oxygène dans les alvéoles est inérieur (13,7 %) à celui de l’atmosphère, tandis que le pourcentage de dioxyde de carbone est plus élevé (5,2 %). Le calcul de la pression partielle des gaz respiratoires dans les alvéoles s’établit de la açon suivante (voir la fgure 23.25B) : Pressions partielles alvéolaires (au niveau de la mer) 760 mm Hg × 13,7 % = 104 mm Hg PO2 PCO2 760 mm Hg × 5,2 % = 40 mm Hg La Po2 est plus basse dans les alvéoles (PO2 = 104 mm Hg) que dans l’atmosphère (PO2 = 159 mm Hg), et la PCO2 est plus élevée dans les alvéoles (PCO2 = 40 mm Hg) que dans l’atmosphère PCO2 = 0,3 mm Hg). Il convient de noter qu’en conditions normales, les pressions partielles alvéolaires restent constantes en raison des échanges d’air réguliers que la respiration induit entre l’atmosphère et les alvéoles pulmonaires.
Les pressions partielles de l’oxygène et du dioxyde de carbone dans les cellules composant les tissus systémiques Les pressions partielles de l’oxygène et du dioxyde de carbone du liquide interstitiel qui entoure les cellules des tissus systémiques sont déterminées par la respiration cellulaire (voir le chapitre 3). Les cellules consomment de l’oxygène pendant la respiration cellulaire, et ce processus produit un déchet : le dioxyde de carbone. Par conséquent, le pourcentage d’oxygène dans les cellules qui composent les tissus systémiques est inérieur à celui des alvéoles, mais le pourcentage de dioxyde de carbone est plus élevé. Les pressions partielles des gaz respiratoires dans les cellules qui composent les tissus systémiques s’établissent généralement de la manière suivante lorsque le corps est au repos (voir la fgure 23.25C) : Pressions partielles dans les cellules composant les tissus systémiques (au repos) 40 mm Hg PO2 PCO2 45 mm Hg Il convient de noter qu’en conditions normales au repos, les pressions partielles dans les cellules qui composent les tissus systémiques restent constantes parce que l’oxygène est consommé en continu et que le dioxyde de carbone est produit en continu par la respiration cellulaire.
Les pressions partielles de l’oxygène et du dioxyde de carbone dans le sang Alors qu’elles sont relativement constantes dans les alvéoles et dans les cellules qui composent les tissus systémiques, la PO2 et la PCO2 ne sont pas des valeurs fxes dans le sang (voir la fgure 23.25B et C). Dans le sang, la PO2 et la PCO2 changent constamment au gré de la circulation sanguine qui emprunte les capillaires pulmonaires. Ces capillaires sont le point d’entrée de l’oxygène dans le sang et la voie de sortie du dioxyde de carbone. En outre, l’inverse se produit quand le sang traverse les capillaires systémiques (près des tissus systémiques) : l’oxygène quitte le sang et le dioxyde de carbone y pénètre. L’évolution de la PO2 et de la PCO2 du sang au moment des échanges gazeux
1095
systémiques et alvéolaires est présentée dans les sections 23.6.3 et 23.6.2, respectivement.
23.6.1.4 La solubilité des gaz et la loi de Henry D’autres principes chimiques régissent les échanges gazeux entre l’air, qui est un gaz, et le sang, qui est un liquide. La loi de Henry stipule les principes suivants : à une température donnée, la solubilité d’un gaz dans un liquide (c’est-à-dire la quantité de gaz qui peut entrer dans ce liquide ou en sortir) dépend de : 1) la pression partielle du gaz dans l’air ; et 2) le coefcient de solubilité du gaz dans le liquide. La pression partielle du gaz constitue le moteur qui le ait entrer dans le liquide. Il aut se rappeler que la pression partielle dépend de la pression totale et du pourcentage que le gaz représente dans le mélange gazeux en question ; si l’une ou l’autre de ces deux variables change, la quantité de gaz qui entre dans le liquide change également. L’introduction des bulles de dioxyde de carbone dans les boissons gazeuses se ait par l’accroissement de la PCO2. Celui-ci est introduit dans la boisson sous haute pression, puis le contenant est immédiatement scellé. Quand ce contenant est ouvert, la pression se relâche et le dioxyde de carbone quitte le liquide parce que la PCO2 de l’atmosphère est inérieure à celle de la boisson ; avec le temps, toutes les bulles s’évanouissent ainsi dans l’atmosphère, et la boisson perd son aspect pétillant. Le coefcient de solubilité est le volume de gaz qui se dissout dans un volume prédéterminé de liquide à une température et à une pression données. Cette constante dépend des interactions entre les molécules du gaz et celles du liquide. Plus ces interactions moléculaires sont nombreuses à une pression partielle donnée, plus la quantité de gaz qui se dissout dans le liquide est importante. Tous les gaz ne sont pas également solubles dans l’eau. Ainsi, l’oxygène est très peu soluble dans l’eau (coefcient de solubilité = 0,024) ; le dioxyde de carbone est environ 24 ois plus soluble que l’oxygène (coefcient de solubilité = 0,57). Des trois gaz majeurs de l’atmosphère, l’azote est le moins soluble, soit presque deux ois moins que l’oxygène. Par ordre décroissant de solubilité, ces trois gaz se classent donc de la manière suivante : CO2 > O2 > N2 La quantité de gaz qui peut se dissoudre dans un liquide dépendant à la ois de la pression partielle de ce gaz et de son coefcient de solubilité, les gaz les moins solubles doivent être soumis à des gradients de pression plus importants pour entrer dans le liquide. Cette relation s’observe notamment par la comparaison des gradients de pression partielle de l’oxygène et du dioxyde de carbone. L’azote, qui possède un coefcient de solubilité très aible, ne se dissout pas dans le sang en quantités importantes au niveau de la mer ou au-dessus. Cependant, les plongeurs qui utilisent des bombonnes d’air comprimé sont soumis à des pressions plus intenses sous l’eau, et ils s’exposent ainsi à une élévation dangereuse de leur taux d’azote dans le sang (voir l’Application clinique intitulée « Le mal de décompression et les caissons d’oxygénothérapie hyperbare », p. 1096).
1096 Partie IV Le maintien et la régulation
INTÉGRATION APPLICATION CLINIQUE
Le mal de décompression et les caissons d’oxygénothérapie hyperbare DÉSÉQUILIBRE HOMÉOSTATIQUE
Le mal de décompression, également appelé maladie des caissons, des plongeurs ou des scaphandriers, survient quand une personne est immergée en eau proonde et remonte trop rapidement à la surace. Pendant la plongée, elle respire de l’air sous haute pression ; plus elle s’enonce dans l’eau, plus la pression augmente. Bien qu’il soit peu soluble, cela orce une certaine quantité d’azote à se dissoudre dans son sang. Si ce plongeur remonte à la surace trop rapidement, son organisme n’a pas le temps d’expulser tout l’azote au cours des expirations. L’azote dissous reprend sa orme gazeuse alors qu’il se trouve encore dans le sang et les tissus, et des bulles d’azote gazeux se orment dans le corps, y compris dans les articulations, un peu comme le dioxyde de carbone s’échappe des boissons gazeuses à l’ouverture de la canette. La personne peut alors ressentir des ourmillements et des crampes. Dans des cas plus rares, elle peut suoquer et subir une chute de
Vériiez vos connaissances 30. À pressions partielles égales pour l’oxygène et le
dioxyde de carbone, lequel de ces deux gaz respiratoires pénètre plus acilement dans les solu tions aqueuses ? Justifez votre réponse à l’aide de la loi de Henry.
23.6.2
Les échanges gazeux alvéolaires (respiration externe)
4
Décrire les échanges gazeux alvéolaires et les gradients de pression partielle qui les provoquent.
5
Énumérer les deux caractéristiques anatomiques de la membrane respiratoire contribuant à l’efcacité des échanges gazeux alvéolaires.
6
Expliquer le couplage ventilation-perusion ainsi que le mécanisme par lequel il maximise les échanges gazeux alvéolaires.
pression importante qui peut mener à un état de choc (Transport Canada, 2010). Le mal de décompression se traite au moyen de caissons d’oxygénothérapie hyperbare (huper = au-dessus, au-delà, barus = pression). Contenant une pression d’oxygène supérieure à la pression atmosphérique (c’est-à-dire supérieure à 1 atm), ces caissons ont augmenter le gradient de pression partielle de l’oxygène dans l’organisme. Une quantité plus importante d’oxygène peut alors se dissoudre dans le plasma sanguin. Les caissons d’oxygénothérapie hyperbare servent également à traiter les ulcères au pied qui accompagnent parois le diabète et certaines ormes graves d’anémie. Le surcroît d’oxygène qui pénètre dans les tissus accélère la guérison tissulaire. Ces caissons sont également utilisés pour traiter certaines inections causées par des bactéries qui ne supportent pas la présence d’oxygène (bactéries anaérobies). La gangrène gazeuse et le tétanos sont des exemples d’inections causées par ce type de bactéries. Enfn, les caissons peuvent être utilisés en cas d’intoxication au monoxyde de carbone (ce gaz empêche l’oxygène d’être bien transporté dans le sang).
jusqu’à ce que la PO2 du sang devienne égale à celle des alvéoles, soit 104 mm Hg. Par conséquent, la PO2 du sang qui traverse les capillaires pulmonaires passe graduellement de 40 à 104 mm Hg. La PO2 dans les alvéoles reste constante parce que l’oxygène entre en continu dans les alvéoles par les voies respiratoires. Le CO2 diuse simultanément dans la direction opposée. La PCO2 dans les alvéoles s’établit à 40 mm Hg, et la PCO2 du sang des capillaires pulmonaires s’élève à 45 mm Hg. Le dioxyde de carbone diuse hors du sang en direction des alvéoles dans le sens de son gradient de pression partielle jusqu’à ce que la PCO2 du sang soit devenue égale à celle des alvéoles, soit 40 mm Hg. Par conséquent, la PCO2 du sang qui traverse les capillaires pulmonaires passe de 45 à 40 mm Hg. Comme pour la PO2, la PCO2 des alvéoles reste constante parce que le dioxyde de carbone qui s’y trouve sort continuellement des alvéoles par les voies respiratoires.
23.6.2.1 L’efcacité des échanges gazeux
à travers la membrane respiratoire
Cette section porte sur les gradients de pression partielle qui s’établissent entre les alvéoles et le sang, ainsi que sur le déplacement des gaz respiratoires à travers la membrane respiratoire au cours des échanges gazeux alvéolaires. Elle examine également les acteurs qui contribuent à l’efcacité de ces échanges gazeux.
L’efcacité de la diusion de l’oxygène et du dioxyde de carbone au cours des échanges gazeux alvéolaires dépend des caractéristiques de la membrane respiratoire, notamment sa grande surace et sa minceur. La surace totale de la membrane respiratoire d’un poumon sain est d’environ 70 mètres carrés (m 2), soit un peu moins de la moitié d’un terrain de tennis ! L’épaisseur minimale de cette barrière est d’environ 0,5 μm, soit 2 000 ois plus petit que 1 mm !
La fgure 23.25B décrit les diérentes étapes des échanges gazeux alvéolaires. Il est important de noter que la PO2 dans les alvéoles s’élève à 104 mm Hg, et que celle du sang des capillaires pulmonaires s’établit à 40 mm Hg. L’oxygène diuse à travers la membrane respiratoire depuis les alvéoles jusque dans les capillaires dans le sens du gradient de pression partielle de l’oxygène
Plusieurs ajustements physiologiques contribuent à la maximisation des échanges gazeux dans les alvéoles. À tout moment, certaines alvéoles sont bien ventilées, alors que d’autres le sont moins ; de la même manière, certaines régions du poumon sont très bien irriguées en sang par leurs capillaires pulmonaires, alors que d’autres le sont moins bien. Les tissus
Chapitre 23 Le système respiratoire
1097
INTÉGRATION APPLICATION CLINIQUE
L’emphysème
Alvéoles dilatées, non fonctionnelles
DÉSÉQUILIBRE HOMÉOSTATIQUE
L’emphysème (en = dans, à l’intérieur de, physema = gonfement) ait partie des maladies pulmonaires obstructives chroniques. Ce type de maladie, qui comprend également les bronchites chroniques, touche 4,2 % des Canadiens âgés de 35 ans et plus (Statistique Canada, 2011). L’emphysème correspond à une perte irréversible de la surace disponible pour les échanges gazeux pulmonaires. Cette perte est due à la destruction des alvéoles et à une perte d’élasticité du tissu pulmonaire. Ces deux événements provoquent la dilatation (augmentation du diamètre) des alvéoles ainsi que la usion de certaines d’entre elles. Par conséquent, le nombre total d’alvéoles diminue et la surace propice aux échanges gazeux diminue. Les personnes atteintes d’emphysème avancé n’arrivent plus à expirer de manière ecace. L’air désoxygéné s’accumule ainsi dans les alvéoles devenues anormalement volumineuses (mais moins nombreuses que chez une personne en bonne santé). Une ois que les tissus pulmonaires ont été détruits, ils ne peuvent se régénérer, ce qui ait de l’emphysème une maladie incurable.
musculaires lisses présents dans les bronchioles qui mènent aux alvéoles et présents dans les artérioles qui acheminent le sang jusqu’aux capillaires pulmonaires peuvent se contracter et se détendre pour maximiser les échanges gazeux. Cette capacité des bronchioles à réguler la circulation de l’air, tout comme celle des artérioles à réguler le débit sanguin, s’appelle le couplage ventilation-perfusion FIGURE 23.26. La ventilation est déterminée notamment par la bronchodilatation et la bronchoconstriction. Lorsque la PCO2 augmente dans un groupe d’alvéoles, les bronchioles qui alimentent ces alvéoles se dilatent de manière à rétablir l’oxygénation. Au contraire, lorsque la PCO2 diminue dans un groupe d’alvéoles, les
Alvéoles dilatées, non fonctionnelles
MO 15 x
La plupart des cas d’emphysème sont provoqués par le tabagisme. Certaines personnes présentent touteois une prédisposition génétique pour contracter la maladie. Chez ces gens, l’enzyme alpha-1-antitrypsine est déectueuse ou elle est sécrétée en quantité insusante par le oie (DeMeo & Silverman, 2004). La onction de cette enzyme n’est pas anodine. Elle permet de limiter les dégâts qui peuvent être associés aux réactions immunitaires. Au cours de ce type de réaction, les neutrophiles (un type de leucocyte) phagocytent les microorganismes et libèrent par la même occasion une enzyme nommée élastase qui a pour onction de dégrader les bres élastiques (Russo-Marie, Peltier & Polla, 1998). Le rôle joué par l’alpha-1-antitrypsine est d’inhiber l’élastase an de limiter les dégâts qui pourraient être infigés aux tissus sains (p. ex., le tissu pulmonaire, qui est riche en bres élastiques). Si l’alpha-1-antitrypsine est présente en trop aible quantité ou qu’elle est inecace, plus rien ne reine l’action de l’élastase (DeMeo & Silverman, 2004). Lorsqu’une inection ou une infammation survient dans les poumons, comme ce peut être le cas chez les umeurs, l’élastase peut alors s’attaquer aux bres élastiques présentes dans les poumons, ce qui mène à la destruction des alvéoles et ait perdre l’élasticité qui leur est associée.
A.
B. L’emphysème provoque une dilatation des alvéoles et une diminution du tissu élastique, ce qui réduit la surace de la membrane respiratoire et entrave par conséquent les échanges gazeux alvéolaires. A. Les alvéoles dilatées sont bien visibles sur ce poumon atteint d’emphysème. B. Au microscope, les alvéoles se révèlent anormalement volumineuses ; elles ne peuvent plus assurer leur onction normale.
bronchioles associées se contractent, ce qui permet de dévier l’air inspiré vers d’autres alvéoles dans lesquelles la PCO2 serait plus élevée, le but étant de rentabiliser au maximum les échanges gazeux dans l’ensemble des alvéoles. La perfusion est déterminée notamment par la dilatation ou la constriction des artérioles pulmonaires. Les artérioles sont les vaisseaux sanguins qui apportent le sang dans les capillaires alvéolaires. Lorsque la PO2 d’un groupe d’alvéoles diminue, les artérioles qui alimentent les capillaires associés à ces alvéoles subissent une vasoconstriction. Cela permet de diminuer le débit sanguin dans les capillaires pour lesquels la PO2 des alvéoles est faible et de le redistribuer vers les alvéoles dans lesquelles la PO2 est plus élevée.
1098 Partie IV Le maintien et la régulation
La bronchiole se dilate.
Artériole pulmonaire
La bronchiole se contracte.
Augmentation de la PO2 dans l’alvéole
Baisse de la PO2 dans l’alvéole
Les artérioles se dilatent.
Les artérioles se contractent.
Augmentation de la PCO2 dans l’alvéole Baisse de la PCO2 dans l’alvéole Alvéole Lit capillaire A. Évolution des bronchioles
B. Évolution des artérioles
FIGURE 23.26 Couplage ventilation-perfusion
❯ A. Les bronchioles se dilatent ou se contractent au gré de l’évolution de la PCO2 de l’air qu’elles contiennent. B. Les artérioles pulmonaires se dilatent ou se contractent
À l’inverse, si la PO2 d’un groupe d’alvéoles est élevée, l’artériole qui irrigue les capillaires associés à ces alvéoles subit une vasodilatation, ce qui augmente le débit sanguin dans cette région et permet de favoriser les échanges gazeux. Il est important de souligner que les bronchioles se dilatent ou se contractent indépendamment des artérioles pulmonaires, et inversement.
Vérifiez vos connaissances 31. Comment les pressions partielles de l’oxygène et
du dioxyde de carbone dans le sang évoluent-elles pendant les échanges gazeux alvéolaires ? 32. Lesquels de ces acteurs entravent les échanges
gazeux alvéolaires : la détérioration d’alvéoles ; la vasoconstriction des artérioles ; la dilatation des bronchioles ?
23.6.3
Les échanges gazeux systémiques (respiration interne)
7
Expliquer les gradients de pression partielle entre les cellules composant les tissus systémiques et le sang des capillaires.
8
Distinguer les échanges gazeux alvéolaires des échanges gazeux systémiques.
L’oxygène passe du sang aux cellules des tissus systémiques – et inversement pour le dioxyde de carbone – à l’occasion des
au gré de l’évolution de la PO 2 de l’air contenu dans les alvéoles (les veinules ne sont pas représentées dans la fgure).
échanges gazeux systémiques (voir la fgure 23.25C). L’oxygène diffuse hors des capillaires systémiques en direction du liquide interstitiel, qui entoure les cellules des tissus, puis traverse la membrane plasmique de ces dernières pour y pénétrer. Le dioxyde de carbone emprunte simultanément un chemin opposé : il sort des cellules en direction du liquide interstitiel pour entrer dans le sang des capillaires systémiques. Le moteur de ces déplacements est le même que celui des échanges gazeux alvéolaires : le gradient de pression partielle de l’oxygène et celui du dioxyde de carbone. La PO2 dans les cellules des tissus systémiques s’élève à 40 mm Hg, et la PO2 du sang qui entre dans les capillaires systémiques environnants s’établit à 95 mm Hg. Par conséquent, l’oxygène diffuse hors des capillaires systémiques vers les cellules des tissus dans le sens de son gradient de pression partielle descendant jusqu’à ce que la PO2 sanguine soit devenue égale à la pression partielle dans les cellules, c’est-à-dire 40 mm Hg. La PO2 du sang passe donc de 95 à 40 mm Hg à mesure que le sang traverse les capillaires systémiques. Le dioxyde de carbone diffuse simultanément dans la direction opposée. La PCO2 dans les cellules des tissus systémiques s’établit à 45 mm Hg, et celle du sang qui entre dans les capillaires systémiques s’élève à 40 mm Hg. Le dioxyde de carbone diffuse hors des cellules et dans le sang dans le sens de son gradient de pression partielle descendant jusqu’à ce que la PCO2 du sang soit devenue égale à 45 mm Hg. Par conséquent, la PCO2 du sang augmente, passant de 40 à 45 mm Hg à mesure que le sang traverse les capillaires systémiques. À moins que les conditions ne changent (p. ex., au cours d’une activité physique exigeante), la pression partielle de
Chapitre 23 Le système respiratoire
chacun des gaz dans les cellules reste relativement constante. En eet, l’oxygène qui entre dans une cellule est consommé rapidement durant la respiration cellulaire, et le dioxyde de carbone qui sort de la cellule est remplacé par du nouveau dioxyde de carbone qui provient de cette même respiration cellulaire (voir le chapitre 3). Le TABLEAU 23.5 récapitule les incidences des échanges gazeux alvéolaires et systémiques.
1099
pompé par le ventricule gauche dans la circulation systémique. C’est ce sang désoxygéné qui explique la baisse de la PO2, qui passe de 104 à 95 mm Hg.
Vériiez vos connaissances 33. Comment évoluent les pressions partielles de
l’oxygène et du dioxyde de carbone dans le sang pendant les échanges gazeux systémiques ?
23.6.3.1 L’intégration des échanges gazeux
alvéolaires et systémiques Pendant les échanges gazeux alvéolaires, la PCO2 du sang baisse, passant de 45 à 40 mm Hg ; pendant les échanges gazeux systémiques, la PCO2 du sang augmente, passant de 40 à 45 mm Hg (voir la fgure 23.25B et C). Les valeurs de la PCO2 s’inversent à mesure que le sang traverse les deux circuits cardiovasculaires : elle passe de 45 à 40 mm Hg dans les capillaires pulmonaires, et de 40 à 45 mm Hg dans les capillaires systémiques.
À votre avis 6. Pourquoi la PO2 du sang est-elle plus basse à l’arri-
vée du sang dans les capillaires systémiques qu’à la sortie du sang des capillaires pulmonaires ?
La PO2 du sang augmente, passant de 40 à 104 mm Hg, pendant les échanges gazeux alvéolaires ; elle diminue, passant de 95 à 40 mm Hg, pendant les échanges gazeux systémiques. Comme cela a été mentionné précédemment, les veines bronchiques laissent une petite quantité de sang désoxygéné dans les veines pulmonaires avant que le sang retourne au cœur, où il est ensuite
TABLEAU 23.5
a
23.7 La respiration :
le transport des gaz
Le transport des gaz constitue le quatrième processus de la respiration, en plus de la ventilation pulmonaire, des échanges gazeux alvéolaires et des échanges gazeux systémiques. Il se défnit par le déplacement des gaz respiratoires du sang entre les poumons et les cellules systémiques.
23.7.1 1
Le transport de l’oxygène
Expliquer pourquoi l’hémoglobine est essentielle au transport de l’oxygène.
L’oxygène est acheminé dans le sang par les veines pulmonaires de la circulation pulmonaire depuis les alvéoles jusqu’au côté
Échanges gazeux a
Caractéristique
Échanges gazeux alvéolaires
Échanges gazeux systémiques
Dénition
Échanges de gaz respiratoires entre les alvéoles pulmonaires et le sang dans les capillaires pulmonaires
Échange de gaz respiratoires entre les cellules systémiques et le sang dans les capillaires systémiques
Évolution de la PO2 du sang
La PO2 du sang augmente, passant de 40 à 104 mm Hg.
La PO2 du sang diminue, passant de 95 à 40 mm Hg.
Évolution de la PCO 2 du sang
La PCO 2 du sang diminue, passant de 45 à 40 mm Hg.
La PCO2 du sang augmente, passant de 40 à 45 mm Hg.
Conditions : au niveau de la mer et au repos.
INTÉGRATION APPLICATION CLINIQUE
Les maladies respiratoires et l’efcacité des échanges gazeux alvéolaires DÉSÉQUILIBRE HOMÉOSTATIQUE
Certains dérèglements et certaines maladies peuvent modier la structure anatomique de la membrane respiratoire et amoindrir ainsi l’ecacité des échanges d’oxygène et de dioxyde de carbone. Par exemple, l’emphysème, le cancer du poumon, la tuberculose et l’ablation chirurgicale d’un poumon abaissent le nombre d’alvéoles et, par conséquent, diminuent la surace disponible pour les échanges gazeux. La pneumonie et l’insusance cardiaque associée au côté gauche du cœur induisent un risque plus élevé d’accumulation de liquides (œdème pulmonaire), et donc d’épaississement de la membrane respiratoire.
Certaines variations du couplage ventilation-perusion peuvent également entraver les échanges gazeux. En cas de bronchite ou d’asthme provoquant un rétrécissement des voies aériennes, la quantité d’air qui atteint les alvéoles devient inérieure à la normale. Une accumulation de mucus associée à la brose kystique mène au même résultat. Une embolie pulmonaire (caillot qui obstrue une artère d’un poumon) entrave le débit sanguin et réduit ainsi l’afux du sang dans les capillaires pulmonaires. Ces dérèglements et ces maladies provoquent tous une baisse de la PO2 du sang (en raison du ait qu’ils entravent l’entrée de l’oxygène dans le sang) ainsi qu’une augmentation de la PCO2 du sang (en raison du ait qu’ils induisent une plus grande stagnation du dioxyde de carbone dans le sang).
1100 Partie IV Le maintien et la régulation
gauche du cœur. Il est ensuite pompé dans l’aorte et les artères systémiques jusqu’aux capillaires systémiques qui irriguent les diérents tissus de l’organisme (voir la fgure 19.3, p. 868). Il diuse alors hors du sang des capillaires systémiques vers les cellules qui composent les tissus systémiques. La capacité du sang à transporter l’oxygène est déterminée par deux acteurs : 1) le coecient de solubilité de l’oxygène dans le plasma sanguin ; et 2) la présence d’hémoglobine (Hb). L’analyse de la solubilité des gaz et de la loi de Henry a démontré que le coecient de solubilité de l’oxygène est très aible (0,024). En d’autres termes, seule une très petite quantité d’oxygène se dissout dans le plasma (moins de 2 %). C’est cette petite quantité de O2 dissous qui correspond à la PO2 mesurée dans le sang. Par conséquent, environ 98 % de l’oxygène contenu dans le sang doit être transporté par les érythrocytes (globules rouges). Pour y parvenir, les érythrocytes contiennent une grande quantité de molécules nommées hémoglobine. Chaque molécule d’hémoglobine contient quatre atomes de er (ionisés) avec lesquels l’oxygène peut se lier (voir la fgure 18.6, p. 838). L’oxygène lié à l’hémoglobine orme l’oxyhémoglobine (HbO2). L’hémoglobine non liée à l’oxygène s’appelle la désoxyhémoglobine (HHb). HHb + O2 ↔ HbO2
Vérifiez vos connaissances 34. Pourquoi l’oxygène se dissout-il si peu dans le plasma
(environ 2 %) et doit-il être essentiellement transporté par l’hémoglobine ?
23.7.2
Le transport du dioxyde de carbone
2
Décrire les trois modes de transport du dioxyde de carbone dans le sang.
3
Expliquer la conversion du CO2 en HCO 3–, et inversement, à l’intérieur des érythrocytes.
Généralement, les cellules sécrètent environ 200 ml/min de dioxyde de carbone comme déchet de la respiration cellulaire. Le dioxyde de carbone est acheminé dans le sang désoxygéné par les veines, depuis les cellules qui composent les tissus systémiques jusqu’au côté droit du cœur. Il est alors pompé dans le tronc pulmonaire et les artères pulmonaires pour pénétrer dans les capillaires des poumons (voir la fgure 19.3, p. 868). Il diuse ensuite hors du sang des capillaires pour se rendre dans les alvéoles. Alors que l’hémoglobine assure l’essentiel du transport de l’oxygène, trois modes de transport existent pour la circulation du dioxyde de carbone depuis les cellules des tissus systémiques jusqu’aux alvéoles : 1) dissous dans le plasma ; 2) attaché à la partie globine de l’hémoglobine ; et 3) sous orme de HCO3− dissous dans le plasma. Le coecient de solubilité du dioxyde de carbone s’établit à 0,57. Du ait de cette solubilité relativement importante et du
gradient de pression partielle minime du CO2, environ 7 % du dioxyde de carbone est acheminé jusqu’aux alvéoles sous orme de gaz dissous dans le plasma sanguin. Cette proportion détermine la PCO2 du sang. L’hémoglobine transporte environ 23 % du CO2 sous orme d’un composé : la carbhémoglobine (HbCO2). Le CO2 se lie à des groupements amine (—NH 2) de la globine (la partie protéique de l’hémoglobine). Par conséquent, le dioxyde de carbone n’occupe pas la même place que l’oxygène sur l’hémoglobine (il aut se rappeler que l’oxygène se lie au er de l’hémoglobine). CO2 + Hb ↔ HbCO2 Les 70 % restant du CO2 diusent vers l’intérieur des érythrocytes et se lient à l’eau sous l’action d’une enzyme, l’anhydrase carbonique, pour ormer l’acide carbonique (H2CO3) qui se dissocie ensuite en des ions bicarbonate (HCO3−) et hydrogène (H+). CO2 + H2O ↔ H2CO3 ↔ HCO3− + H+ Les ions HCO3− diusent ensuite hors de l’érythrocyte en direction du plasma. C’est donc sous cette orme que l’essentiel du CO2 est acheminé des cellules qui composent les tissus systémiques jusqu’aux poumons. La sortie d’un ion HCO3− (chargé négativement) de l’érythrocyte est contrebalancée par l’importation simultanée d’un ion chlorure (Cl−) (lui aussi chargé négativement). Cet échange d’ions chargés négativement de part et d’autre de la membrane prend le nom de phénomène de Hamburger et permet à l’érythrocyte de maintenir la même charge électrique. Quant aux ions H+ qui sont générés au cours de la ormation du HCO3−, ils se lient à l’hémoglobine qui devient alors de la HHb à la suite de la liaison d’ions H+. Cette liaison est doublement utile, puisque l’expulsion d’ions H+ dans le plasma pourrait entraîner une acidication du sang (acidose), ce qui pourrait être mortel. De plus, la liaison des ions H+ à l’hémoglobine infuencera la libération de l’oxygène par cette dernière (voir la section 23.7.3.2). Le dioxyde de carbone peut se reormer par la réaction chimique inverse lorsque le sang traverse les capillaires pulmonaires. En eet, la réaction chimique est réversible, comme le montrent les fèches bidirectionnelles de l’équation. La FIGURE 23.27 récapitule cette conversion et son processus inverse qui se déploient principalement à l’intérieur des érythrocytes.
Vérifiez vos connaissances 35. Comment la majeure partie du dioxyde de carbone
est-elle transportée à l’intérieur du sang ?
23.7.3
L’hémoglobine comme molécule de transport
4
Nommer trois ions ou molécules transportés par l’hémoglobine.
5
Expliquer l’importance de la courbe de saturation en oxygène de l’hémoglobine pour les échanges gazeux alvéolaires et systémiques.
Dans le contexte de la respiration, l’hémoglobine transporte trois ions ou molécules : 1) l’oxygène attaché au er ; 2) le dioxyde de
Chapitre 23 Le système respiratoire
Capillaire systémique
Membrane basale
Les étapes suivantes s’enchaînent quand le sang traverse les capillaires systémiques et que le CO2 entre dans le plasma sanguin.
1101
Érythrocyte
Endothélium
1 Le CO2 diffuse d’une cellule systémique vers le plasma, puis vers l’intérieur d’un érythrocyte. 2 Une fois à l’intérieur de l’érythrocyte, le CO2 se lie au H2O pour former des molécules de H2CO3 sous l’action de l’anhydrase carbonique. Le H2CO3 se scinde ensuite en un ion HCO3– et un ion hydrogène H+. CO2 + H 2O
H2CO3
CO2 + H 2O
HCO3− + H+
HCO3− 3 HCO3−
CO2
Plasma
Cl−
H2CO3
Anhydrase carbonique
1
3 Un ion HCO3− (chargé négativement) sort de l’érythrocyte. Un ion Cl− entre simultanément dans l’érythrocyte pour égaliser les charges. L’ion H+ se lie à l’hémoglobine.
Hb
H+
2
Cl−
CO2 Cellules d’un tissu de l’organisme
A. Capillaires systémiques Capillaire pulmonaire Érythrocyte Membranes basales fusionnées
2 3 CO2
CO2 + H2O
Ce processus s’inverse quand le sang traverse les capillaires pulmonaires (il faut se rappeler la bidirectionnalité des flèches de la réaction chimique).
Hb H+
1 L’ion HCO3− entre dans l’érythrocyte et l’ion Cl− en sort.
H2CO3
Anhydrase carbonique
HCO3− Cl−
1 HCO3−
Alvéole
Cl−
2 L’ion HCO3− se lie de nouveau à l’ion H + libéré par l’hémoglobine pour former la molécule de H2CO3, qui se dissocie en CO2 et en H2O. 3 Le CO2 diffuse hors de l’érythrocyte pour entrer dans le plasma, puis à l’intérieur d’une alvéole.
B. Capillaires pulmonaires
FIGURE 23.27 Conversion du dioxyde de carbone en bicarbonate ❯ A. Dans les capillaires systémiques, le CO 2 entre dans les érythrocytes, où il se lie au H 2O pour former de l’acide carbonique (H 2CO3) sous l’action de l’anhydrase carbonique. Ce composé se convertit ensuite en un ion bicarbonate (HCO3−) et en un ion hydrogène (H+). L’ion HCO 3− sort de l’érythrocyte et il est remplacé par un ion Cl− : c’est le phénomène de Hamburger. L’ion HCO3− est transporté par le plasma. L’ion H+ généré
carbone lié à la globine ; 3) les ions H+ liés à la globine. Ce mode de transport se caractérise notamment par le ait que la liaison ou la libération de l’un de ses ions ou molécules provoque un changement de conormation qui altère temporairement la orme de la molécule d’hémoglobine, ce qui modife sa capacité à capter ou à libérer les deux autres ions ou molécules.
se lie à l’hémoglobine, ce qui évite une baisse de pH du sang qui pour rait être mortelle. B. Le processus s’inverse dans les capillaires pulmonaires. L’ion Cl− sort de l’érythrocyte et l’ion HCO3− y entre. L’ion HCO3− se lie de nouveau à l’ion H+ pour reformer une molécule de CO2 et une molécule de H2O (sous l’action de l’anhydrase carbonique). Le CO2 sort de l’érythrocyte, puis diffuse à l’intérieur des alvéoles avant d’être expulsé.
23.7.3.1 La courbe de saturation de l’hémoglobine
en oxygène Comme une molécule d’hémoglobine compte quatre atomes de er, elle peut se lier à un maximum de quatre molécules de O2. La quantité d’oxygène qui se lie à l’hémoglobine s’exprime par le
1102 Partie IV Le maintien et la régulation
pourcentage de saturation en O2 de l’hémoglobine. Par exemple, quand un quart des sites de liaison du er sont occupés par les molécules d’oxygène, l’hémoglobine est saturée à 25 % ; si tous les sites de liaison du er sont occupés par des molécules d’oxygène, l’hémoglobine est saturée à 100 %.
en oxygène (ou courbe de Barcrot ou encore courbe de disso ciation de l’oxyhémoglobine). La relation entre la PO2 et la saturation de l’hémoglobine n’est pas linéaire (elle ne trace pas une ligne droite) ; les points dessinent plutôt une courbe en orme de S (courbe sigmoïde).
La saturation de l’hémoglobine dépend de plusieurs variables, la plus importante étant la PO2. Quand la PO2 augmente, la saturation de l’hémoglobine augmente également. La liaison de chacune des molécules de O2 induit un changement de conormation de l’hémoglobine (sa orme change légèrement), ce qui acilite la liaison des autres molécules de O2 sur les sites de liaison du er qui étaient restés vacants. Il y a donc un accroissement graduel de la capacité de liaison de l’oxygène, autrement dit une augmentation de l’afnité, à mesure que les molécules d’oxygène se lient à l’hémoglobine. L’un des phénomènes qui expliquent l’intoxication au monoxyde de carbone (CO) est que l’hémoglobine a une afnité encore plus grande à l’égard du CO que pour l’oxygène. En présence de CO, l’oxygène se fxe donc plus difcilement à l’hémoglobine, et les cellules de l’organisme en sont donc moins bien pourvues. L’intoxication au CO, qui se dégage notamment de la umée des eux de oyer et de la combustion de l’essence, peut même mener à la mort.
INTÉGRATION APPLICATION CLINIQUE
La mesure du taux d’oxygène dans le sang au moyen du sphygmo-oxymètre La mesure du taux d’oxygène dans le sang peut se faire par prélèvement d’un échantillon sanguin. Le sphygmo- oxymètre permet toutefois de mesurer le taux d’oxygène sanguin de manière indirecte et sans effraction cutanée. Cet appareil doit être appliqué contre une partie translucide du corps, généralement un doigt ou un lobe d’oreille. Des diodes électroluminescentes (DEL) émettent vers le doigt ou le lobe de l’oreille deux rayons lumineux de longueurs d’onde différentes, l’un rouge et l’autre infrarouge. De l’autre côté de l’appareil se trouve une photodiode qui mesure la saturation de l’hémoglobine par détermination du ratio oxyhémoglobine/déoxyhémoglobine selon l’absorption des deux longueurs d’onde. En situation normale, la saturation de l’hémoglobine est supérieure à 95 %.
Pourcentage de saturation de l’hémoglobine en O2
Le graphique de la FIGURE 23.28 illustre le rapport entre la PO2 et le pourcentage de saturation en O2 de l’hémoglobine : il trace par conséquent la courbe de saturation de l’hémoglobine
E.
100 D.
90
C.
80
B.
70
PO2 (mm Hg)
% saturation de Hb en O2
60
10
14
50
20 30
35 57
40 50 60 70
75 85 90 93
20
80
95
10
90 100
97 98
105
98
40
A.
30
0 0
10
20
30
40
50
60
70
80
90
100
110
PO2 (mm Hg)
FIGURE 23.28 Courbe de saturation de l’hémoglobine en oxygène
❯
Le pourcentage de saturation de l’hémoglobine en O2 augmente avec la PO2. Entre 0 et 60 mm Hg, les augmentations de la PO2 engendrent
des accroissements relativement importants du pourcentage de saturation en O2 de l’hémoglobine. À partir de 60 mm Hg, les augmentations de la PO2 induisent des accroissements de la saturation beaucoup moins marqués.
Chapitre 23 Le système respiratoire
Les premiers accroissements de la PO2 provoquent des variations relativement importantes de la saturation de l’hémoglobine. Ainsi, la saturation de l’hémoglobine passe de 35 à 75 % quand la PO2 passe de 20 à 40 mm Hg (voir les phases A et B de la fgure 23.28) ; cet accroissement beaucoup plus marqué de la saturation de l’hémoglobine s’explique par l’anité de l’hémoglobine pour l’oxygène. Au total, la courbe de saturation est très abrupte dans sa partie initiale. Par ailleurs, l’hémoglobine devient saturée à plus de 90 % dès que la PO2 dépasse les 60 mm Hg. Au-delà de 60 mm Hg, les variations de la PO2 n’induisent plus que des augmentations relativement minimes de la saturation de l’hémoglobine (voir les phases C à E de la fgure 23.28). Ainsi, quand la PO2 passe de 80 à 100 mm Hg, la saturation de l’hémoglobine passe de 95 % à 98 %, un accroissement très modeste de seulement 3 %. La gure 23.28 permet également de mieux comprendre les processus physiologiques de l’oxygénation pendant les échanges gazeux alvéolaires qui se produisent dans les poumons, et de la désoxygénation pendant les échanges gazeux systémiques dans les cellules systémiques. Ces deux notions seront expliquées dans la section suivante.
INTÉGRATION LIENS ENTRE LES CONCEPTS L’hémoglobine est une protéine. Comme toutes les protéines, elle possède une structure tridimensionnelle maintenue par diérentes interactions moléculaires qui peuvent être ortes ou aibles. Ces interactions sont les suivantes : les interactions hydrophiles ou hydrophobes, les liaisons H+, les liaisons ioniques et les ponts disulure. Les augmentations de température, les changements de pH et la présence de molécules pouvant établir des liaisons ioniques (p. ex., des sels) aaiblissent ou brisent ces interactions. Ces dernières provoquent en défnitive une modifcation de la conormation de la protéine qui peut aller jusqu’à la rendre non onctionnelle (dénaturation de la protéine).
La courbe de saturation de l’hémoglobine en oxygène et les échanges gazeux alvéolaires L’hémoglobine des érythrocytes se charge d’oxygène à mesure que le sang traverse les capillaires pulmonaires. La PO2 des alvéoles s’établit à 104 mm Hg au niveau de la mer. La gure 23.28 montre qu’à une telle PO2, l’hémoglobine des érythrocytes qui traversent les capillaires pulmonaires se sature en O2 à 98 %. Autrement dit, 98 % des sites de liaison au O2 de l’hémoglobine sont occupés par le O2. En altitude, l’air se rarée et la PO2 atmosphérique diminue. Par conséquent, la PO2 des alvéoles diminue également. En quoi cette baisse de la PO2 infue-t-elle sur la saturation de l’hémoglobine pendant les échanges gazeux alvéolaires ? La gure 23.28 permet de déterminer le pourcentage de saturation en oxygène approximati pour des PO2 alvéolaires correspondant à diérentes altitudes. Par exemple, si la PO2 des alvéoles s’établit à 81 mm Hg, ce qui correspond à une altitude d’environ 1 500 mètres (m), la saturation de l’hémoglobine sera d’environ 95 % (voir la phase D de la fgure 23.28) ; si la PO2 s’élève à 65 mm Hg, soit
1103
2 750 m d’altitude, l’hémoglobine est saturée à environ 91 % (voir la phase C de la fgure 23.28). À titre de comparaison, la saturation de l’hémoglobine sera de 75 % seulement si la PO2 des alvéoles s’établit à 40 mm Hg, soit 5 000 m d’altitude (voir la phase B de la fgure 23.28). À partir du niveau de la mer, les premiers mètres d’altitude (et les baisses de la PO2 des alvéoles qui les accompagnent) n’entraînent que des variations minimes de la saturation de l’hémoglobine ; par conséquent, l’approvisionnement en oxygène change très peu. Cependant, les hautes altitudes s’accompagnent de baisses marquées de la PO2 des alvéoles, et donc d’une diminution importante de la saturation de l’hémoglobine. Quand elle est excessive, la diminution de la PO2 des alvéoles produit des eets physiologiques indésirables, notamment le mal de l’altitude. Certaines personnes le ressentent à des altitudes relativement aibles (p. ex., à 2 000 m) ; la plupart commencent à en sourir à partir de 2 500 m. Les symptômes les plus légers du mal de l’altitude sont les suivants : mal de tête, nausée, perturbations du sommeil. Mais ce mal peut également se maniester par des symptômes plus graves, notamment l’œdème pulmonaire ou cérébral. Chez l’humain, l’hémoglobine est saturée à 98 % au niveau de la mer. Si la PO2 augmente de manière soutenue (p. ex., par l’administration d’oxygène pur), la saturation n’augmente guère ; l’accroissement maximal n’est en eet que de 2 %. Cependant, pour que la liaison de l’oxygène sature l’hémoglobine à 100 %, il aut que la pression atmosphérique passe de 1 à 3 atm, autrement dit, de 760 à 2 280 mm Hg ; or, les pressions de cette importance ne peuvent généralement être obtenues qu’en caisson d’oxygénothérapie hyperbare.
À votre avis 7. Un athlète se tient sur le côté de la piste de course et
respire de l’oxygène pur. Pensez-vous que cela aura une incidence sur sa perormance sportive ? Justifez votre réponse.
La courbe de saturation de l’hémoglobine en oxygène et les échanges gazeux systémiques L’hémoglobine libère l’oxygène en traversant les capillaires systémiques pour approvisionner les cellules des tissus du corps. Au repos, la PO2 dans les cellules qui composent les tissus systémiques s’établit à environ 40 mm Hg ; la saturation de l’hémoglobine s’élève donc à 75 % (voir la phase B de la fgure 23.28). L’hémoglobine est saturée en oxygène à 98 % quand elle quitte les poumons ; ensuite, alors qu’elle traverse les capillaires systémiques, elle reste relativement saturée en oxygène avec un taux de 75 % environ. Par conséquent, seule une petite partie de l’oxygène transporté par l’hémoglobine est libérée à son passage par les capillaires systémiques, soit environ de 20 à 25 %. Ces observations s’appliquent uniquement à l’état de repos. La quantité d’oxygène qui reste liée à l’hémoglobine après le passage par les capillaires systémiques s’appelle la réserve d’oxygène. Cette dernière sert à acheminer de l’oxygène
1104 Partie IV Le maintien et la régulation
supplémentaire aux cellules qui composent les tissus systémiques en cas d’augmentation des besoins métaboliques (respiration cellulaire), par exemple à l’eort. Si la PO2 des cellules des tissus systémiques baisse jusqu’à 20 mm Hg, comme c’est le cas dans les périodes d’activités physiques vigoureuses, la saturation en oxygène de l’hémoglobine subit une baisse importante (désoxygénation) (voir la fgure 23.28). La saturation de l’hémoglobine dans le sang qui sort des capillaires systémiques devrait être d’environ 35 % seulement (voir la phase A de la fgure 23.28).
O2 Hb
Cellules PO2 = 40 mm Hg
PO2 = 95 mm Hg Saturation à 75 % (réserve de O2)
À votre avis
Hb
O2
O2
8. Quand la PO2 cellulaire baisse (p. ex.,
O2
pendant un eort physique intense), la quantité d’oxygène reléguée aux cellules systémiques est-elle plus ou moins importante qu’en conditions normales ? La réserve d’oxygène est-elle plus ou moins grande ?
Température
23.7.3.2 Les autres variables infuençant
La Po2 du sang constitue le acteur le plus décisi de la capacité de l’hémoglobine à lier et à libérer l’oxygène FIGURE 23.29A. Cependant, d’autres acteurs peuvent également infuer sur la quantité d’oxygène qui se lie à l’hémoglobine, notamment les changements de température, les variations du pH (H+), la synthèse d’une molécule nommée 2,3-diphosphoglycérate (2,3-DPG) et la liaison du CO2 à l’hémoglobine. Toutes ces variables induisent un changement de conormation de l’hémoglobine qui abaisse la capacité à se lier au O2. Par conséquent, la quantité d’oxygène libéré augmente. Les prochaines lignes précisent l’incidence de ces diérentes variables sur la libération de l’oxygène dans les capillaires systémiques (voir la fgure 23.29A). • La température. Toute activité métabolique augmente la température corporelle. Cette augmentation de la température réduit la capacité de l’hémoglobine à se lier à l’oxygène et à le retenir ; par conséquent, la quantité d’oxygène libéré par l’hémoglobine augmente (voir la fgure 23.29B). • La liaison des ions H+ à l’hémoglobine. Les ions H+ produits à l’entrée des CO2 dans les érythrocytes (par l’anhydrase carbonique) se lient à la globine, le composant protéique de l’hémoglobine, et provoquent ainsi un changement de la conormation de l’hémoglobine
Libération de O2
la libération de l’oxygène de l’hémoglobine pendant les échanges systémiques
CO2
O2
O2 O2
O2 CO2 + H2O
Hb
H+
H2CO3 HCO3−
C. Augmentation du nombre d’ions H + (effet Bohr)
Pyruvate
Glucose
2,3-DPG Hb
O2 O2
O2
O2
D. Liaison des 2,3-DPG
CO2 O2 O2 O2 O2
E. Liaison du CO2
Hb
100
20 °C 38 °C
80
43 °C Température corporelle normale
60 40 20 0 0
40 80 120 PO2 (mm Hg)
La libération d’oxygène augmente avec la température.
B. Augmentation de la température
% saturation de l’hémoglobine
O2
% saturation de l’hémoglobine
A. PO2 dans le sang et dans les cellules
100
pH 7,6 pH 7,4 (pH sanguin normal)
80 60 40
pH 7,2
20 0 0
40 80 120 PO2 (mm Hg)
La libération d’oxygène augmente à mesure que le pH baisse.
FIGURE 23.29 Hémoglobine et libération d’oxygène ❯ A. La PO2 du sang
constitue la variable la plus déterminante de la libération d’oxygène de l’hémoglobine pendant les échanges gazeux systémiques. D’autres variables peuvent également provoquer un changement de la conormation de l’hémoglobine qui stimule la libération de l’oxygène. Ce sont notamment : B. une augmentation de la température ; C. une augmentation du nombre d’ions H+ (eet Bohr) ; D. la présence de molécules de 2,3-DPG ; et E. la présence de dioxyde de carbone. Les graphiques des fgures B et C illustrent l’incidence de la température et du taux d’ions H+ sur la courbe de saturation en oxygène de l’hémoglobine, respectivement.
Chapitre 23 Le système respiratoire
et une augmentation de la quantité d’oxygène libéré. Cette baisse de l’afnité de l’hémoglobine pour l’oxygène provoquée par les ions H+ s’appelle l’effet Bohr (voir la fgure 23.29C). • La présence de molécules de 2,3-DPG. Les molécules de 2,3-DPG se lient à l’hémoglobine et provoquent ainsi une libération additionnelle d’oxygène quand le sang traverse les capillaires systémiques (voir la fgure 23.29D). Ces molécules sont produites à l’intérieur des érythrocytes lorsque ces derniers produisent de l’adénosine triphosphate (ATP) à partir du glucose, un processus nommé glycolyse et décrit dans la section 3.4.2. La production des molécules de 2,3-DPG par l’érythrocyte est stimulée par certaines hormones, notamment l’hormone thyroïdienne, l’adrénaline, l’hormone de croissance et la testostérone. • La liaison du CO2 à l’hémoglobine. La liaison du dioxyde de carbone à la globine provoque également une libération additionnelle d’oxygène de l’hémoglobine (voir la fgure 23.29E). La libération de l’oxygène pendant les échanges gazeux systémiques provoque également un changement de conormation de l’hémoglobine qui stimule sa capacité à se lier au CO2. Il aut se rappeler que 23 % du CO2 se lie à la globine de l’hémoglobine. Par conséquent, plus la quantité d’oxygène libéré de l’hémoglobine est importante, plus la quantité de dioxyde de carbone qui se lie à l’hémoglobine est grande : c’est ce qui est appelé l’effet Haldane. L’analyse de la courbe de saturation en oxygène de l’hémoglobine permet de voir l’incidence de deux variables sur l’efcacité de la libération d’oxygène : la température et le pH (voir les graphiques de la fgure 23.29). Quand la température passe de 38 à 43 °C pour une PO2 donnée, la saturation de l’hémoglobine diminue (voir le graphique de la fgure 23.29B). Quand la température diminue, la saturation de l’hémoglobine augmente. Les variations du pH provoquent des changements similaires dans la saturation de l’hémoglobine (voir le graphique de la fgure 23.29C). Les acteurs qui provoquent une baisse de l’afnité de l’hémoglobine pour l’oxygène (p. ex., une élévation de la température ou une augmentation du nombre d’ions H+) et, par conséquent, une libération additionnelle d’oxygène, entraînent un déplacement vers la droite de la courbe de saturation. À l’inverse, les variables qui ont augmenter l’afnité de l’hémoglobine pour l’oxygène (p. ex., une baisse de la température ou une diminution du nombre d’ions H+) entravent la libération de l’oxygène et provoquent un déplacement vers la gauche de la courbe de saturation.
23.7.3.3 La respiration : un résumé La FIGURE 23.30 récapitule visuellement les quatre grandes étapes de la respiration. Ce processus, qui semble n’exiger aucun eort, remplit pourtant une onction essentielle : approvisionner nos cellules en oxygène et les débarrasser du dioxyde de carbone qu’elles produisent pour abriquer de l’ATP au cours de la respiration cellulaire. Ces quatre étapes se produisent simultanément et en continu. Plusieurs systèmes participent à la respiration : systèmes respiratoire, squelettique, musculaire, nerveux et cardiovasculaire. Si l’un d’eux ne onctionne pas normalement, l’équilibre homéostatique des échanges gazeux respiratoires est perturbé. Le TABLEAU 23.6 récapitule la plupart des causes de ces dérèglements homéostatiques.
1105
INTÉGRATION APPLICATION CLINIQUE
L’hémoglobine fœtale Dans le œtus, les érythrocytes contiennent une molécule d’hémoglobine particulière : l’hémoglobine fœtale (HbF). L’afnité de liaison pour l’oxygène de l’hémoglobine œtale est supérieure à celle de l’hémoglobine adulte, ce qui permet un déplacement net d’oxygène du sang maternel au sang du œtus. Une ois l’enant venu au monde, les érythrocytes contenant de l’hémoglobine œtale sont remplacés par des érythrocytes contenant de l’hémoglobine adulte.
Vérifiez vos connaissances 36. Décrivez le déplacement de l’oxygène pendant les
échanges gazeux alvéolaires, ses modes de transport ainsi que le sens de sa diusion au cours des échanges gazeux systémiques. 37. Décrivez le déplacement du dioxyde de carbone
pendant les échanges gazeux alvéolaires, ses modes de transport ainsi que le sens de sa diusion au cours des échanges gazeux systémiques. 38. La saturation de l’hémoglobine augmente-t-elle
ou diminue-t-elle au cours des échanges gazeux alvéolaires ? 39. Quelle est l’incidence des variables suivantes sur
la libération de l’oxygène de l’hémoglobine pen dant les échanges gazeux systémiques : la PO2 ; la température ; la concentration en ions H+ ; le nombre de molécules de 2,3-DPG ; le taux de CO2 ?
23.8 La fréquence respiratoire
et l’homéostasie
Le centre respiratoire génère une ventilation pulmonaire caractérisée par une réquence de 12 à 15 respirations par minute et un volume courant de 500 ml au repos. Il adapte cette réquence et cette proondeur respiratoires pour maintenir l’homéostasie. Cela permet de contrecarrer l’eet potentiellement perturbateur de diérents stimulus, par exemple les variations de la PCO2 ou de la PO2 du sang et celles du nombre d’ions H+ dans le sang. Il convient de souligner que la PCO2 du sang constitue le plus important de ces stimulus. Les variations de la réquence respiratoire contribuent généralement au maintien de l’homéostasie des gaz respiratoires et du pH dans le sang. Cependant, certaines peuvent au contraire provoquer des déséquilibres homéostatiques. Cette section examine les cas particuliers de l’hyperventilation, de l’hypoventilation et de l’activité physique intense, en soulignant leur incidence sur l’homéostasie.
1 Ventilation pulmonaire : inspiration • Le centre respiratoire stimule la contraction des muscles respiratoires.
Air inspiré
• Le volume de la cavité pleurale et celui de la cavité thoracique augmentent ; les pressions intrapleurale et intrapulmonaire diminuent.
754 mm Hg (intrapleurale)
• L’air contenant l’oxygène passe de l’atmosphère aux alvéoles dans le sens du gradient de pression descendant.
2
Air inspiré
759 mm Hg (intrapulmonaire)
Échanges gazeux alvéolaires : diffusion de l’oxygène vers le sang
A. Transport de l’oxygène de l’atmosphère dans les cellules composant les tissus systémiques (étapes 1 à 4)
Membrane respiratoire
Alvéole PO2 = 104 mm Hg
Capillaire pulmonaire PO2 = 104 mm Hg
Le O2 diffuse vers le sang
PO2 = 40 mm Hg
gu
ine
atio
cul
Cir
an ns
L’oxygène diffuse dans le sens de son gradient de pression partielle descendant. La quantité d’oxygène qui entre dans le sang dépend de la surface de la membrane respiratoire disponible pour les échanges gazeux, de son épaisseur et du couplage ventilation-perfusion. p
3 Transport de l’oxygène oxygène par le sang < 2 % du O2 se dissout dans le plasma.
> 98 % du O2 se lie au fer de l’hémoglobine.
4 Échanges gazeux systémiques : diffusion de l’oxygène dans les cellules systémiques Le O2 diffuse dans les cellules qui composent les tissus systémiques.
PO2 = 40 mm Hg
Cellules d’un tissu systémique
PO2 = 95 mm Hg Capillaire systémique
Circu
lation
sang uine
PO2 = 40 mm Hg
L’hémoglobine libère une quantité additionnelle d’oxygène dans les conditions suivantes : élévation de la température, augmentation du nombre d’ions H+, présence de molécules de 2,3-DPG ou liaison du CO2. O2
O2
O2
O2
O2
O2
O2
O2
2,3DPG Augmentation de la température
Augmentation du nombre d’ions H+ (effet Bohr)
Augmentation du nombre de 2,3-DPG
Augmentation du taux de CO2
8
Ventilation pulmonaire : expiration • Le centre respiratoire suspend la stimulation des muscles respiratoires qui se décontractent. Air expiré
• Le volume de la cavité pleurale et celui de la cavité thoracique diminuent ; les pressions intrapleurale et intrapulmonaire augmentent.
756 mm Hg (intrapleurale)
Air expiré
• L’air contenant du dioxyde de carbone passe des alvéoles à l’atmosphère dans le sens du gradient de pression descendant.
761 mm Hg (intrapulmonaire)
7 Échanges gazeux alvéolaires : diffusion du
B. Déplacement du dioxyde de carbone des cellules composant les tissus systémiques vers l’atmosphère (étapes 5 à 8)
dioxyde de carbone dans les alvéoles Membrane respiratoire
PCO2 = 40 mm Hg
Alvéole
Le CO2 diffuse dans les alvéoles. Capillaire pulmonaire PCO2 = 45 mm Hg
Circ
ulat io
n sa
PCO2 = 40 mm Hg
ngu
ine
Le dioxyde de carbone diffuse dans le sens de son gradient de pression partielle descendant. La quantité de dioxyde de carbone qui entre dans les alvéoles dépend de la surface de la membrane respiratoire disponible pour les échanges gazeux, de son épaisseur et du couplage ventilation-perfusion.
6 Transport du dioxyde de carbone par le sang 7 % du CO 2 se dissout dans le plasma.
23 % du CO2 se lie à la globine de l’hémoglobine.
HCO3−
5 Échanges gazeux systémiques : diffusion du dioxyde de carbone dans le sang Cellules systémiques
PCO2 = 45 mm Hg Le CO 2 diffuse dans le sang.
du CO2 se convertit 70 % d 70 en HCO HCO3− et est acheminé en pa le par ep plasma.
Le dioxyde de carbone se lie plus facilement à l’hémoglobine quand la libération d’oxygène augmente (effet Haldane).
O2 CO2 PCO2 = 45 mm Hg
PCO2 = 40 mm Hg Capillaire systémique
O2
nguine
tion sa
Circula
INTÉGRATION FIGURE 23.30
CO2
ILLUSTRATION DES CONCEPTS Animation
Transport de l’oxygène et du dioxyde de carbone
❯ L’oxygène passe de l’atmosphère aux cellules, et le dioxyde de carbone passe des cellules à l’atmosphère grâce aux différents processus de la respiration. Toutes ces étapes se produisent simultanément.
1108 Partie IV Le maintien et la régulation TABLEAU 23.6
Principales causes des déséquilibres homéostatiques respiratoires
Système
Conséquences physiologiques
Exemples cliniques
Obstruction des voies aériennes
Diminution de la circulation de l’air dans les alvéoles
Asthme, bronchite, fbrose kystique
Épaississement de la membrane respiratoire
Baisse des échanges gazeux alvéolaires
Œdème pulmonaire, pneumonie
Destruction partielle de la membrane respiratoire
Baisse des échanges gazeux alvéolaires
Emphysème, cancer du poumon
Difcultés pour l’ajustement du volume de la cavité thoracique
Polyarthrite rhumatoïde, malormations congénitales
Difcultés pour l’ajustement du volume de la cavité thoracique
Poliomyélite, dystrophie musculaire
Lésion du tronc cérébral ou sédation excessive du centre respiratoire
Diminution de la capacité à stimuler les muscles de la respiration
Trauma, toxicomanie
Lésion de la moelle épinière
Diminution de la capacité à stimuler les muscles de la respiration
Trauma (p. ex., un accident de moto ou de plongée)
Embolie pulmonaire
Blocage d’une artère pulmonaire : impossibilité pour le sang de se rendre jusqu’aux capillaires pulmonaires pour les échanges gazeux
Ralentissement du débit sanguin causé par l’immobilisation (p. ex., un alitement prolongé, un trajet aérien de longue durée, un confnement au auteuil roulant)
Anémie
Baisse du nombre des érythrocytes ou de la concentration en hémoglobine, avec ralentissement du transport des gaz
Taux de er anormalement aible ; anémie pernicieuse (incapacité d’absorber la vitamine B12)
Dérèglement du débit sanguin
Ralentissement du transport des gaz et diminution des échanges gazeux
Athérosclérose, insufsance cardiaque congestive, hémorragie
Système respiratoire
Système squelettique Arthrite ou diormité de la cage thoracique ou de la colonne vertébrale Système musculaire Paralysie des muscles respiratoires Système nerveux
Système cardiovasculaire
23.8.1
Les effets de l’hyperventilation et de l’hypoventilation sur la fonction cardiovasculaire
1
Expliquer les eets de l’hyperventilation et de l’hypoventilation sur la composition chimique du sang.
2
Décrire l’incidence de la réquence et de la proondeur respiratoires sur le retour veineux du sang et de la lymphe.
L’hyperventilation se caractérise par une fréquence ou une profondeur respiratoire supérieure aux besoins de l’organisme. Elle peut être provoquée par l’anxiété, la panique ou l’altitude (qui incite à respirer plus vite pour contrebalancer la baisse du taux d’oxygène atmosphérique). Il est également possible d’induire l’hyperventilation de manière volontaire, en inspirant et en expirant très rapidement. Au cours de l’hyperventilation, la PO2 augmente et la PCO2 diminue dans les alvéoles, ce qui fait augmenter les gradients (écarts) de pression partielle de l’oxygène et du dioxyde de carbone entre les alvéoles et le sang. Ces changements ont les effets suivants sur le sang : 1) l’hémoglobine étant généralement saturée à 98 % même au repos, l’élévation du gradient de
la PO2 n’augmente pas la pénétration de l’oxygène dans le sang ; 2) cependant, le gradient de la PCO2 étant plus important, une quantité additionnelle de dioxyde de carbone quitte le sang pour entrer dans les alvéoles ; par conséquent, la PCO2 du sang baisse en deçà des valeurs normales : c’est l’hypocapnie. La PCO2 du sang étant inférieure aux normales, les vaisseaux sanguins se contractent. Cette évolution touche particulièrement les vaisseaux cérébraux. Paradoxalement, l’hyperventilation se traduit par une baisse de l’approvisionnement en oxygène du cerveau en raison, précisément, de cette vasoconstriction. La baisse de la PCO2 du sang peut également provoquer une baisse de la concentration en ions H+ dans le sang à partir du moment où l’organisme a atteint la limite de sa capacité de tamponnage. La baisse de la concentration en ions H+ peut provoquer une alcalose respiratoire (voir la section 25.6). L’hyperventilation se manifeste par différents symptômes, notamment une sensation de faiblesse physique, des étourdissements ou un évanouissement ; des engourdissements ; des picotements dans la bouche et dans l’extrémité des doigts ; des crampes musculaires ; une tétanie. Si elle se prolonge, elle peut causer la désorientation, la perte de connaissance, le coma et, dans certains cas, la mort. Quand l’hyperventilation est provoquée par la panique, la fréquence
Chapitre 23 Le système respiratoire
respiratoire revient généralement à la normale au moment de la perte de connaissance. En cas d’hyperventilation, il est parois recommandé de respirer dans un sac en papier ; cette méthode permettrait de rétablir la PCO2 par l’inspiration d’air plus riche en CO2. L’hypoventilation se caractérise par une respiration trop lente (bradypnée) ou trop supercielle (hypopnée) pour répondre aux besoins métaboliques de l’organisme. Les causes de l’hypoventilation sont diverses : obstruction des voies aériennes ; pneumonie ; lésions du tronc cérébral ; obésité (qui restreint l’expansion pulmonaire) et tout autre acteur qui entrave la ventilation pulmonaire ou les échanges gazeux alvéolaires. Le taux d’oxygène diminue dans les alvéoles, tandis que celui du dioxyde de carbone augmente. Au total, les gradients de pression partielle entre les alvéoles et le sang baissent tant pour le O2 que pour le CO2. Cette diminution entraîne une altération de la diusion des gaz respiratoires durant les échanges gazeux alvéolaires : • la quantité d’oxygène qui diuse depuis les alvéoles jusque dans le sang baisse et la PO2 du sang diminue ; c’est l’hypoxémie ; • la quantité de dioxyde de carbone qui diuse depuis le sang jusque dans les alvéoles baisse, ce qui ait augmenter la PCO2 du sang ; c’est l’hypercapnie. La diminution du taux d’oxygène dans le sang peut rendre l’oxygénation des cellules systémiques insusante et entraver ainsi la respiration cellulaire aérobie (voir la section 3.4) ; c’est ce qui est appelé l’hypoxie. La PCO2 du sang étant supérieure aux valeurs normales, la concentration en ions H+ dans le sang augmente (donc, le pH diminue) à partir du moment où l’organisme a atteint la limite de sa capacité de tamponnage. Cette augmentation du nombre d’ions H+ dans le sang peut provoquer une acidose respiratoire (voir la section 25.6). La baisse excessive de la PO2 du sang et l’augmentation excessive de la PCO2 du sang (ou les deux) se maniestent notamment par les symptômes suivants : léthargie ; somnolence ; mal de tête ; polycythémie (l’insusance de l’oxygénation déclenche la libération d’érythropoïétine) ; cyanose (la saturation de l’hémoglobine en oxygène devenant inérieure aux valeurs normales, la peau bleuit). Si elle se prolonge, l’hypoventilation peut entraîner des convulsions, la perte de connaissance et, dans certains cas, la mort. L’hypoventilation, voire la suspension de la respiration, peut être déclenchée de manière volontaire. Il est cependant
INTÉGRATION LIENS ENTRE LES CONCEPTS La réquence et la proondeur respiratoires infuencent le retour veineux du sang et de la lymphe, comme cela a été mentionné dans l’étude des systèmes cardiovasculaire et lymphatique (voir les sections 20.4.1 et 21.1.2, respectivement). La contraction et le relâchement des muscles squelettiques de la respiration provoquent des variations de pression régulières synchronisées avec la respiration : ce mécanisme s’appelle la pompe respiratoire. L’action de la pompe respiratoire s’intensie en cas d’hyperventilation, ce qui accélère le retour veineux du sang et de la lymphe ; à l’inverse, en cas d’hypoventilation, l’activité de la pompe respiratoire s’atténue, et le retour veineux du sang et de la lymphe ralentit.
1109
impossible de retenir son soufe susamment longtemps pour en mourir. L’accumulation de CO2 dans le sang stimule les chimiorécepteurs, qui déclenchent l’inspiration avant ou après la perte de connaissance, mais toujours avant que le manque d’oxygène n’infige des dommages au cerveau.
Vérifiez vos connaissances 40. Comment les pressions partielles de l’oxygène et du
dioxyde de carbone du sang évoluent-elles en cas d’hyperventilation ?
23.8.2 3
La respiration et l’effort physique
Expliquer les changements induits par l’activité physique sur la respiration.
Les scientiques ont beaucoup étudié le lien entre l’exercice physique et la respiration. Cependant, certaines dimensions de cette dynamique sont encore mal connues. Il est avéré que l’activité physique modérée augmente l’amplitude (proondeur) des mouvements respiratoires, sans modier leur réquence. Ce type de respiration, plus proond mais pas plus rapide, s’appelle l’hyperpnée. En cas d’exercice physique intense, la réquence peut également être augmentée. L’hyperpnée se distingue de l’hyperventilation en ceci qu’en hyperpnée, l’évacuation du CO2 est compensée par la production de nouveau CO2 associé à l’activité physique. En hyperventilation, le CO2 évacué n’est pas remplacé par une production accrue de CO2 provenant de l’activité physique. Au cours de l’eort physique, les besoins en oxygène et la production de dioxyde de carbone augmentent en raison de la respiration cellulaire qui onctionne à plein régime (p. ex., dans les muscles squelettiques). La respiration plus proonde, le débit cardiaque augmenté et le débit sanguin accéléré permettent un approvisionnement en oxygène et une évacuation du dioxyde de carbone plus rapides de manière à répondre aux besoins de l’organisme. En d’autres termes, l’ore augmente pour répondre à la demande. La stimulation du centre respiratoire au cours de l’eort physique s’explique par une ou plusieurs des causes ci-dessous : • les propriocepteurs des articulations, des muscles et des tendons transmettent des infux sensoriels en réaction aux mouvements eectués ; • le cortex cérébral émet des infux nerveux qui déclenchent les mouvements musculaires et acheminent simultanément les impulsions correspondantes au centre respiratoire ; • le corps anticipe consciemment les mouvements qu’il va aire.
À votre avis 9. L’activité physique stimule-t-elle ou atténue-t-elle
le retour veineux du sang et de la lymphe ?
Vérifiez vos connaissances 41. Nommez trois causes possibles des changements
respiratoires observés à l’eort.
1110 Partie IV Le maintien et la régulation
Liens entre le système respiratoire et les autres systèmes Le système respiratoire assure les échanges gazeux nécessaires à la survie des cellules qui ont constamment besoin d’un apport en oxygène pour produire de l’énergie (ATP). L’oxygène et le dioxyde de carbone circulent dans les voies respiratoires. Ces gaz respiratoires diusent à travers la mince paroi entre les alvéoles et les capillaires pulmonaires. La régulation de la réquence et de l’amplitude respiratoires ainsi que l’élimination du dioxyde de carbone participent au maintien de l’équilibre acidobasique afn d’éviter toutes variations du pH qui pourraient s’avérer mortelles (p. ex., la dénaturation des enzymes).
En outre, les plis vocaux localisés dans le larynx assurent la production des sons, et les récepteurs olactis situés dans les cavités nasales permettent la détection des odeurs. Enfn, les variations de la pression dans la cavité thoracique et l’abdomen, occasionnées par l’inspiration et l’expiration, avorisent l’écoulement du sang dans les veines et celui de la lymphe dans les vaisseaux lymphatiques. Le tableau suivant présente les interrelations principales du système respiratoire avec les autres systèmes. Il est suivi d’une étude de cas qui vous permettra de récapituler les notions abordées dans l’ensemble du chapitre.
Système respiratoire et… Liens
Interdépendance
… système tégumentaire • Peau : épiderme et derme • Poils • Couleur de la peau
• La peau recouvre et protège le nez, le vestibule et le larynx. • Les vibrisses (poils) présentes dans le vestibule des cavités nasales emprisonnent les particules de poussière les plus volumineuses contenues dans l’air inspiré. • Lorsqu’il y a insusance d’oxygène, la peau peut prendre une teinte bleuâtre nommée cyanose.
… système squelettique • Nez, osses nasales et sinus paranasaux • Épiglotte • Cartilage hyalin
• Le nez et les osses nasales sont ormés d’os et de cartilage hyalin. Les cornets nasaux, des projections osseuses dans les osses nasales, augmentent la turbulence de l’air et la surace de contact entre l’air inhalé et la muqueuse nasale pour le réchauer et l’humidier ; les sinus paranasaux, des cavités des os de la tête, permettent également d’humidier et de réchauer l’air inhalé. Les osses nasales et les sinus paranasaux sont des caisses de résonance pour la production des sons. • L’épiglotte est un cartilage élastique qui bloque l’accès aux voies respiratoires inérieures durant la déglutition. • Des pièces (anneaux) de cartilage hyalin maintiennent le larynx, la trachée et les bronches ouvertes. Le cartilage hyalin permet à la cage thoracique de s’adapter à la respiration et d’en ajuster le volume.
… système musculaire • Contraction des muscles squelettiques situés autour du pharynx et du larynx • Muscle trachéal • Bronchoconstriction et bronchodilatation • Contraction des muscles squelettiques respiratoires • Relâchement des muscles squelettiques respiratoires
• La contraction des muscles squelettiques nécessite de l’oxygène et ore fexibilité, soutien et stabilité au pharynx et au larynx. • Le muscle trachéal s’étire au moment du passage des aliments dans la trachée et se contracte durant la toux pour expulser l’air contenant des corps étrangers. • La bronchoconstriction et la bronchodilatation des muscles lisses dans la paroi des bronchioles ajustent le diamètre de ces dernières en onction des besoins de l’organisme (p. ex., le stress) et infuencent l’écoulement de l’air. • La contraction du diaphragme et des muscles intercostaux externes nécessite de l’oxygène, augmente le volume de la cavité thoracique, diminue la pression alvéolaire et avorise l’entrée de l’air dans les poumons. D’autres muscles squelettiques sont sollicités durant l’inspiration orcée. • Le relâchement du diaphragme et des muscles intercostaux externes réduit le volume de la cavité thoracique, augmente la pression alvéolaire et avorise l’expulsion de l’air des poumons. D’autres muscles squelettiques sont sollicités durant une expiration orcée.
Chapitre 23 Le système respiratoire
1111
Système respiratoire et… (suite) Liens
Interdépendance
… système nerveux • Perception des odeurs • Réfexes de toux et d’éternuement
• Les molécules olactives présentes dans l’air inspiré sont perçues par les récepteurs olactis situés dans les cavités nasales.
• • • •
• Des récepteurs sensoriels déclenchent la toux et l’éternuement pour l’expulsion des irritants. • Dans le cortex cérébral, l’aire motrice du langage dirige les plis vocaux et les muscles intrinsèques associés à la production de la parole. • Le système nerveux autonome sympathique provoque une bronchodilatation, tandis que le système nerveux autonome parasympathique entraîne une bronchoconstriction des bronchioles. • Les neurones des centres respiratoires bulbaire et du pont provoquent la contraction ou le relâchement des muscles squelettiques respiratoires ; ils ajustent également la réquence et l’amplitude respiratoires selon les inormations sensorielles transmises par les propriocepteurs et les barorécepteurs. Les centres cérébraux supérieurs participent au contrôle volontaire de la ventilation pulmonaire. • Les chimiorécepteurs centraux et périphériques détectent les fuctuations de la concentration en ions H+ et en gaz respiratoires dans le liquide cérébrospinal et dans le sang, et ils ajustent la réquence et l’amplitude respiratoires pour maintenir l’équilibre acidobasique.
Commande motrice du langage Régulation du diamètre des bronchioles Régulation de la ventilation pulmonaire Réfexes stimulés par les chimiorécepteurs
… système endocrinien • Testostérone
• À la puberté, la testostérone stimule la croissance du cartilage thyroïde du larynx.
• Médulla surrénale • Régulation de la croissance et réparation
• L’adrénaline libérée par la médulla surrénale provoque une bronchodilatation. • L’hormone de croissance, les hormones thyroïdiennes, le glucagon et l’insuline provoquent la libération et l’utilisation de nutriments nécessaires au onctionnement des cellules des voies respiratoires.
… système cardiovasculaire • Vaisseaux sanguins dans les osses nasales • Transport de l’oxygène par les érythrocytes • Transport du dioxyde de carbone • Circulation pulmonaire • Circulation systémique (p. ex., la circulation bronchique pour les organes du système respiratoire)
• Les vaisseaux sanguins qui parcourent le revêtement des osses nasales réchauent l’air entrant pour l’amener à la température du corps. • L’oxygène doit être transporté par les érythrocytes, qui contiennent l’hémoglobine. L’hémoglobine contient quatre atomes de er avec lesquels l’O 2 peut se lier pour ormer l’oxyhémoglobine. • Le sang récupère le dioxyde de carbone produit par le métabolisme des cellules et le transporte dissous dans le plasma (lié à la partie globine de l’hémoglobine pour ormer la carbhémoglobine) − ou principalement sous orme de bicarbonate (HCO3 ). • La contraction du ventricule droit propulse le sang dans la circulation pulmonaire qui assure la respiration externe, soit l’échange d’oxygène et de dioxyde de carbone entre le sang et les alvéoles pulmonaires. • La contraction du ventricule gauche pompe le sang dans la circulation bronchique qui assure la respiration interne, soit l’échange d’oxygène et de dioxyde de carbone entre le sang et les cellules des voies respiratoires. De plus, le sang contenu dans ces vaisseaux apporte les nutriments aux cellules et il transporte les déchets azotés jusqu’à leur lieu d’élimination (reins, glandes sudoripares).
… systèmes lymphatique et immunitaire • Vaisseaux lymphatiques dans les organes du système respiratoire • Mucus • Amygdales • Cellules dendritiques • Macrophagocytes alvéolaires
• Les vaisseaux lymphatiques drainent le surplus de liquide interstitiel dans les poumons et ils transportent la lymphe vers les nœuds lymphatiques. • Le mucus contient de la mucine, des lysozymes, des déensines et des immunoglobulines A (anticorps) ; il emprisonne les particules et les microorganismes contenus dans l’air inhalé. • La réponse immunitaire contre les matières étrangères inhalées ou ingérées s’eectue dans les amygdales. • Les cellules dendritiques ingèrent les microorganismes présents dans les voies respiratoires, migrent dans les vaisseaux lymphatiques et se dirigent vers les nœuds lymphatiques où elles contribuent à l’activation des lymphocytes. • Les macrophagocytes alvéolaires se déplacent sur la ace interne des alvéoles et digèrent les microorganismes ou des particules de poussière. Ils régulent à la baisse la réponse immunitaire an de limiter les réponses exagérées.
1112 Partie IV Le maintien et la régulation
Système respiratoire et… (suite) Liens
Interdépendance
… système urinaire • Élimination des déchets • Maintien de l’équilibre acidobasique
• Les déchets azotés produits par le métabolisme des cellules présentes dans les organes du système respiratoire sont éliminés dans l’urine.
• Système rénine-angiotensine-aldostérone
• Le CO 2 diuse à l’intérieur des érythrocytes, se lie à l’eau et orme l’acide carbonique (H 2CO3) qui + − − se dissocie ensuite en ions bicarbonate (HCO3 ) et hydrogène (H ). Les ions HCO 3 diusent dans le plasma. Les reins ltrent le sang et réabsorbent ou excrètent des ions bicarbonate (HCO 3−) pour maintenir le pH corporel constant. • Les reins produisent la rénine qui stimule le oie à libérer l’angiotensine I catalysée dans les capillaires pulmonaires par l’enzyme de conversion de l’angiotensine (ECA) en angiotensine II nécessaire à la libération d’aldostérone.
… système digestif • Digestion et transormation des aliments en nutriments • Absorption du er et de la vitamine B12 • Production d’acide chlorhydrique (HCl)
• Les nutriments permettent aux cellules des organes respiratoires de se régénérer. • Les cellules pariétales de l’estomac produisent le acteur intrinsèque nécessaire à l’absorption de la vitamine B12. Le er et la vitamine B12 sont essentiels à la synthèse d’hémoglobine et au transport des gaz respiratoires. − • Les cellules pariétales éliminent le dioxyde de carbone sous orme d’ions bicarbonate (HCO3 ) dans − le sang en même temps que des ions chlorure (Cl ) sont acheminés du sang vers les cellules − + pariétales. Le Cl se combine aux ions H dans le conduit des glandes gastriques pour ormer le HCl.
… système génital • Accouchement • Hémoglobine œtale • Augmentation de la consommation d’oxygène de la mère
• La contraction des muscles abdominaux, accompagnée par la ermeture du larynx, augmente la pression intra-abdominale et avorise l’expulsion du bébé au moment de l’accouchement. • L’oxygène passe acilement du sang maternel au sang œtal, car l’hémoglobine œtale a plus d’anité de liaison avec l’oxygène que l’hémoglobine adulte. • La quantité d’air inspiré ou expulsé durant une respiration normale augmente pendant la grossesse pour répondre à la demande supplémentaire d’O2 de la mère et du œtus.
Étude de cas Études de cas interactives 1. Alexandre, âgé de deux mois, devient capricieux au moment des périodes d’allaitement : il boit très peu, s’étoue souvent et pleure. Sa maman observe des écoulements nasaux. a) En quoi la présence de sécrétions nasales nuit-elle à l’allaitement (alimentation) du nourrisson? Pourquoi soure-t-il d’étouement ? Le lendemain matin, l’état d’Alexandre ne s’améliore pas, et ses parents consultent un médecin. L’examen clinique montre une èvre légère, une obstruction nasale, une toux creuse, une augmentation de la réquence respiratoire et des signes d’utilisation des muscles accessoires de la respiration. L’auscultation pulmonaire révèle des bruits respiratoires provoquée par le passage de l’air dans des bronchioles rétrécies ou obstruées. Alexandre est hospitalisé et traité pour une bronchiolite causée par un virus. Après 48 heures, son état s’améliore et il reçoit son congé de l’hôpital.
b) De quelles açons (2) les réponses immunitaire et infammatoire localisées dans les bronchioles réduisent-elles le diamètre de ces dernières? Comment la réduction du diamètre des bronchioles infuence-t-elle l’écoulement de l’air ? Comment l’administration d’un bronchodilatateur infue-t-elle sur l’écoulement de l’air ? c) Pour surmonter la résistance additionnelle provoquée par l’infammation des bronchioles et maintenir un apport en O2 susant, quels sont les muscles participant à l’inspiration orcée? Comment ces muscles infuencent-ils le déplacement de l’air ? d) La respiration orcée augmente la dépense énergétique qui s’observe par l’augmentation de la production de dioxyde de carbone. Expliquez la régulation nerveuse de la réquence respiratoire et de l’amplitude de la respiration provoquée par la production de CO2. e) Quels sont les mécanismes de déense présents dans les voies respiratoires et comment participent-ils à l’élimination du virus?
Chapitre 23 Le système respiratoire
1113
RÉSUMÉ DU CHAPITRE 23.1 Une introduction au système respiratoire – 1052
• Le système respiratoire se compose des poumons et des voies respiratoires qui traversent la
tête, le cou et le tronc. 23.1.1
Les fonctions générales du système respiratoire ...................................................................... 1052 • Les principales onctions du système respiratoire sont : voie de passage pour l’air entre l’at-
mosphère et les alvéoles ; point de mise en œuvre des échanges gazeux entre les alvéoles et le sang ; outil de détection des odeurs et de production sonore ; régulation du pH sanguin ; et, enn, contribution à la circulation du sang et de la lymphe. 23.1.2
L’organisation générale du système respiratoire ....................................................................... 1052 • Du point de vue structurel, le système respiratoire se compose des voies respiratoires supé-
rieures et des voies respiratoires inérieures. • Du point de vue onctionnel, le système respiratoire se compose de la zone de conduction et
de la zone respiratoire. 23.1.3
Le revêtement muqueux ............................................................................................................... 1052 • Les voies aériennes sont tapissées d’une membrane muqueuse qui assure des onctions de
protection, de sécrétion et d’inormation sensorielle. • De manière générale, l’épithélium de la muqueuse s’amincit de son début (point d’entrée de
l’air) à sa n, sau dans les régions exposées à l’abrasion. • Le mucus permet d’emprisonner les poussières, les déchets microscopiques, les microorga-
nismes et les pollens transportés dans l’air inhalé.
23.2 Les voies respiratoires supérieures – 1054
• Les voies respiratoires supérieures se composent du nez, des osses nasales et du pharynx. 23.2.1
Le nez et les fosses nasales ........................................................................................................ 1054 • Le nez débouche dans les osses nasales. Cet espace, ormé par le nez et le crâne, se divise
en trois régions : le vestibule, la zone olactive et la zone respiratoire. 23.2.2
Les sinus paranasaux ................................................................................................................... 1056 • Les quatre sinus paranasaux sont reliés aux osses nasales par des conduits. Ce sont les
sinus rontaux, ethmoïdaux, sphénoïdaux et maxillaires. Ils permettent d’humidier et de réchauer l’air inhalé, et ils procurent une caisse de résonance à la voix. 23.2.3
Le pharynx .................................................................................................................................... 1057 • Le pharynx compte trois régions : le nasopharynx, l’oropharynx et le laryngopharynx.
23.3 Les voies respiratoires inférieures – 1058
• Les voies respiratoires inérieures regroupent toutes les structures qui s’échelonnent du
larynx jusqu’aux alvéoles. 23.3.1
Le larynx ........................................................................................................................................ 1058 • Le larynx sert de voie de passage pour l’air ; il erme l’accès à la trachée au cours de la déglu-
tition et contribue à la production des sons et à l’accroissement de la pression dans la cavité abdominale ; il intervient également dans les réfexes de l’éternuement et de la toux. • Les plis vocaux (cordes vocales), des ligaments présents dans le larynx, vibrent au passage
de l’air. Leur tension est contrôlée par les muscles laryngiens intrinsèques. 23.3.2
La trachée ..................................................................................................................................... 1062 • La trachée est un cylindre fexible qui va du larynx aux bronches principales ; elle est soutenue
par des anneaux cartilagineux incomplets (en orme de C) qui maintiennent la trachée en état d’ouverture. 23.3.3
L’arbre bronchique ........................................................................................................................ 1063 • L’arbre bronchique est un système hautement ramié de conduction de l’air qui se déploie
depuis les bronches principales gauche et droite jusqu’aux bronchioles terminales. • Dans toutes les ramications de l’arbre bronchique, la circulation de l’air est régie par la
contraction et la détente du tissu musculaire lisse (la bronchoconstriction et la bronchodilatation, respectivement), surtout dans les bronchioles.
1114 Partie IV Le maintien et la régulation
23.3.4
Les conduits alvéolaires et les alvéoles ..................................................................................... 1067 • La zone respiratoire regroupe les régions des voies respiratoires dont la paroi est assez mince
pour permettre les échanges gazeux, soit les bronchioles respiratoires, les conduits alvéolaires et les alvéoles. • Les alvéoles se composent de pneumocytes de type I qui érigent une barrière entre les
pochettes d’air (alvéoles) et les capillaires pulmonaires, de pneumocytes de type II qui sécrètent le suractant qui abaisse la tension superfcielle et, enfn, de cellules dendritiques et de macrophagocytes alvéolaires qui capturent les microorganismes et les petites particules. 23.3.5
La membrane respiratoire ............................................................................................................ 1070 • La membrane respiratoire sépare la lumière des alvéoles de celle des capillaires
pulmonaires. • Les gaz respiratoires traversent cette membrane durant les échanges gazeux alvéolaires qui
s’eectuent entre les alvéoles pulmonaires et le sang.
23.4
• Les poumons se trouvent dans la cavité thoracique, de part et d’autre du médiastin ; la cage
thoracique les entoure et les protège.
Les poumons – 1070 23.4.1
L’anatomie macroscopique du poumon ...................................................................................... 1070 • Le poumon est une structure conique divisée en lobes. Chaque poumon comprend un hile
par lequel passent les bronches, les vaisseaux pulmonaires, les vaisseaux lymphatiques et les ners. Le poumon gauche comprend deux lobes, et le droit en compte trois. 23.4.2
La vascularisation, le drainage lymphatique et l’innervation pulmonaire ................................ 1073 • La circulation pulmonaire achemine le sang désoxygéné jusqu’aux alvéoles (suraces
d’échanges gazeux des poumons), où il est rechargé en oxygène ; la circulation bronchique achemine le sang oxygéné jusqu’aux bronches et aux bronchioles. • Des vaisseaux lymphatiques drainent le liquide interstitiel qui s’accumule à l’extérieur des
capillaires sanguins. • Le tissu musculaire lisse du larynx et des bronchioles est innervé par le système nerveux
autonome. 23.4.3
La plèvre et la cavité pleurale ...................................................................................................... 1076 • La surace des poumons ainsi que la paroi thoracique intérieure sont tapissées d’une plèvre
séreuse. • La cavité pleurale est l’espace compris entre les euillets de la plèvre ; elle contient le liquide
pleural. • Le liquide pleural lubrife les deux euillets et permet l’adhésion de ces derniers en créant une
tension de surace. 23.4.4
Le mécanisme de dilatation pulmonaire ..................................................................................... 1077 • La pression intrapleurale (pression à l’intérieur de la cavité pleurale) est inérieure à la pres-
sion intrapulmonaire (pression à l’intérieur des poumons) ; c’est cette diérence de pression qui maintient la dilatation pulmonaire.
23.5 La respiration : la ventilation pulmonaire – 1077
• Les quatre processus de la respiration sont les suivantes : la ventilation pulmonaire ; les
échanges gazeux alvéolaires ; le transport des gaz ; les échanges gazeux systémiques. 23.5.1
Une introduction à la ventilation pulmonaire .............................................................................. 1078 • La ventilation pulmonaire se défnit comme l’ensemble des interactions coordonnées des sys-
tèmes respiratoire, squelettique, musculaire et nerveux qui ont entrer et sortir l’air des voies respiratoires. 23.5.2
La mécanique de la ventilation .................................................................................................... 1079 • À l’inspiration normale, le diaphragme et les muscles intercostaux externes se contractent
pour augmenter le volume de la cavité thoracique et aire baisser la pression dans cet espace ; l’air se déplace dans le sens du gradient de pression descendant, de l’atmosphère jusque dans les alvéoles.
Chapitre 23 Le système respiratoire
1115
• À l’expiration normale, les muscles qui se sont contractés pour l’inspiration normale se
détendent pour réduire le volume de la cavité thoracique et augmenter la pression dans cet espace ; l’air se déplace dans le sens du gradient de pression descendant depuis les alvéoles jusque dans l’atmosphère. • La respiration orcée sollicite d’autres muscles qui se contractent pour augmenter davantage
le volume thoracique et modier la pression dans cette cavité. 23.5.3
Les acteurs infuençant l’écoulement de l’air ............................................................................ 1085 • L’écoulement de l’air dépend du gradient de pression et de la résistance. Plus le gradient de
pression est élevé, plus la circulation de l’air est intense. La résistance a une incidence inverse : plus elle est élevée, plus la circulation de l’air s’amenuise. 23.5.4
La régulation nerveuse de la ventilation ..................................................................................... 1086 • Le centre respiratoire comprend le groupe respiratoire ventral (GRV), le groupe respiratoire
dorsal (GRD) et le centre respiratoire du pont. • Le GRV établit le rythme de base de la respiration ; son activité est également déterminée par
le GRD, par le centre respiratoire du pont ainsi que par des infux nerveux sensoriels. • La réquence et l’amplitude (proondeur) de la respiration sont dénies par des réfexes ai-
sant intervenir les chimiorécepteurs, les propriocepteurs, les barorécepteurs et les récepteurs d’irritation. La respiration est également régie par les centres cérébraux supérieurs. • Le système nerveux autonome innerve les muscles lisses et les glandes du système res -
piratoire. Le système nerveux somatique innerve les muscles squelettiques associés à la ventilation. 23.5.5
La ventilation pulmonaire et la ventilation alvéolaire ................................................................. 1090 • La ventilation pulmonaire est la quantité d’air qui passe de l’atmosphère aux alvéoles en une
minute. La ventilation alvéolaire correspond à la quantité d’air qui arrive aux alvéoles et qui peut participer aux échanges gazeux en une minute ; elle est inérieure à la ventilation pulmonaire, car une partie de l’air inspiré reste dans l’espace mort anatomique. • L’espace mort anatomique correspond à la zone de conduction à l’intérieur de laquelle aucun
échange gazeux n’est permis. L’espace mort physiologique correspond à la somme de l’espace mort anatomique et au volume d’alvéoles qui pourraient être devenues inutiles à la suite d’une maladie. 23.5.6
Le volume et la capacité respiratoires ........................................................................................ 1091 • Les quatre mesures du volume respiratoire sont le volume courant (VC), le volume de réserve
inspiratoire (VRI), le volume de réserve expiratoire (VRE) et le volume résiduel (VR). • Les quatre capacités respiratoires sont la capacité inspiratoire (VC + VRI), la capacité rési-
duelle onctionnelle (VRE + VR), la capacité vitale (VC + VRI + VRE) et la capacité pulmonaire totale (VC + VRI + VRE + VR). • Le volume expiratoire maximal (VEM) est le pourcentage de la capacité vitale qui peut être
expulsé en un temps donné. La ventilation maximale minute (VMM) est la quantité maximale d’air qui peut être inspiré puis expulsé des poumons en une minute.
23.6 La respiration : les échanges gazeux alvéolaires et systémiques – 1093
• D’autres processus interviennent dans la respiration, notamment les échanges de gaz respi-
ratoires entre les alvéoles et le sang (échanges gazeux alvéolaires), et entre le sang et les cellules systémiques (échanges gazeux systémiques). 23.6.1
Les principes chimiques de l’échange gazeux .......................................................................... 1093 • La pression partielle est la pression exercée par chacun des gaz d’un mélange gazeux.
Chacun des gaz se déplace indépendamment dans le sens de son propre gradient de pression partielle descendant. • Les gradients de pression partielle et le coecient de solubilité des gaz déterminent en
grande partie la solubilité des gaz dans un liquide. • Au niveau de la mer, à l’intérieur des alvéoles, la pression partielle de l’oxygène (PO2) est de
104 mm Hg et la pression partielle du dioxyde de carbone (PCO2) est de 40 mm Hg. Dans les cellules des tissus systémiques, la PO2 est de 40 mm Hg et la PCO2 est de 45 mm Hg.
1116 Partie IV Le maintien et la régulation
23.6.2
Les échanges gazeux alvéolaires (respiration externe) ............................................................ 1096 • Les échanges gazeux alvéolaires se dénissent par le déplacement de l’oxygène et du dioxyde
de carbone dans le sens de leur gradient de pression partielle descendant respecti. • L’ecacité des échanges gazeux alvéolaires est déterminée par la surace de membrane
respiratoire disponible pour les échanges gazeux, par l’épaisseur de cette membrane et par le couplage ventilation-perusion. 23.6.3
Les échanges gazeux systémiques (respiration interne) .......................................................... 1098 • Les échanges gazeux systémiques se dénissent par le déplacement des gaz respiratoires
entre les capillaires systémiques et les cellules qui composent les tissus systémiques. Ils s’eectuent dans le sens d’un gradient de pression partielle descendant (de la pression la plus élevée vers la moins élevée). • Les échanges gazeux alvéolaires se produisent entre les alvéoles et les capillaires pulmo-
naires. À cet endroit, la PO2 du sang augmente et passe de 40 à 104 mm Hg. La PCO2 passe quant à elle de 45 à 40 mm Hg. Les échanges gazeux systémiques se produisent entre les cellules des tissus systémiques et les capillaires systémiques. À cet endroit, la PO2 du sang diminue et passe de 95 à 40 mm Hg. La PCO2 passe quant à elle de 40 à 45 mm Hg.
23.7 La respiration : le transport des gaz – 1099
• Le transport des gaz correspond aux déplacements des gaz respiratoires entre les poumons
et les cellules systémiques par le débit sanguin. 23.7.1
Le transport de l’oxygène ............................................................................................................ 1099 • Pour être acheminé par le sang, l’oxygène se lie au er de l’hémoglobine (plus de 98 % de la
quantité totale d’oxygène) et se dissout dans le plasma (moins de 2 %). 23.7.2
Le transport du dioxyde de carbone ........................................................................................... 1100 • Le dioxyde de carbone est principalement acheminé sous orme d’ions HCO3 – (70 % de la
quantité totale) ; il peut aussi être lié à la globine de l’hémoglobine (23 %) ou dissous dans le plasma (7 %). • À l’intérieur de l’érythrocyte, le CO 2 réagit avec le H2O pour ormer le H2CO3, qui s’ionise en
HCO3− et en H+. 23.7.3
L’hémoglobine comme molécule de transport ........................................................................... 1100 • L’hémoglobine transporte l’oxygène, le dioxyde de carbone et les ions H+. • La PO 2 constitue le acteur le plus déterminant du transport de l’oxygène par l’hémoglobine.
La saturation de l’hémoglobine en oxygène augmente avec la PO 2. • D’autres variables stimulent la libération de l’oxygène (donc inhibent la liaison de l’oxygène à
l’hémoglobine), notamment l’élévation de la température, la baisse du pH, l’augmentation du nombre de molécules de 2,3-DPG et l’accroissement du taux de dioxyde de carbone.
23.8 La fréquence respiratoire et l’homéostasie – 1105
• La réquence respiratoire détermine en partie la PO2, la PCO 2 et le pH du sang. • La réquence respiratoire infue également sur le retour veineux du sang et de la lymphe. 23.8.1
Les effets de l’hyperventilation et de l’hypoventilation sur la fonction cardiovasculaire ....... 1108 • L’hyperventilation ait baisser la PCO2 du sang et peut ainsi augmenter le pH. • L’hypoventilation ait baisser la PO2 du sang et augmenter la PCO2, ce qui peut mener à une
diminution du pH. • La contraction et le relâchement des muscles squelettiques de la respiration provoquent des
variations de pression régulières sur les vaisseaux sanguins et lymphatiques, ce qui contribue à la circulation du sang et de la lymphe. 23.8.2
La respiration et l’effort physique ............................................................................................... 1109 • L’approondissement de la respiration attribuable à l’eort physique s’appelle l’hyperpnée.
Chapitre 23 Le système respiratoire
AUTOÉVALUATION
1117
Solutionnaire
Concepts de base 1
2
Lequel ou lesquels de ces systèmes la respiration met-elle à contribution ?
a) Dissous dans le plasma.
b) Le système musculaire.
b) Lié à l’hémoglobine.
c) Le système nerveux.
c) Sous orme d’ions bicarbonate.
d) Toutes ces réponses sont bonnes.
d) Lié à l’oxygène.
Pourquoi les poumons ne s’aaissent-ils pas en conditions normales ?
6
Nommez, dans l’ordre, toutes les structures que l’air doit traverser pour passer de l’atmosphère aux alvéoles.
a) Parce que les ligaments pariétaux les attachent à la paroi thoracique.
7
Décrivez la manière dont la plèvre viscérale, la plèvre pariétale, la cavité pleurale et le liquide pleural maintiennent la dilatation des poumons.
8
Décrivez les muscles, les variations de volume et les variations de pression qui participent à l’inspiration et à l’expiration normales.
9
Expliquez comment se déplace l’air au cours de l’inspiration et de l’expiration orcées.
c) Parce que la pression à l’intérieur de la cavité intrapleurale est inérieure à la pression dans l’espace intrapulmonaire. d) Parce que la pression à l’intérieur de la cavité intra pleurale est supérieure à la pression dans l’espace intrapulmonaire. Laquelle de ces séquences décrit le mieux le processus de l’inspiration dans la cavité thoracique ? a) Contraction musculaire, augmentation du volume, baisse de la pression. b) Baisse de la pression, augmentation du volume, contraction musculaire.
4
Sous quelle orme la plus grande partie du dioxyde de carbone est-il transporté dans le sang ?
a) Le système respiratoire.
b) Parce que les ligaments viscéraux les attachent à la paroi thoracique.
3
5
10 Décrivez le mécanisme de régulation de l’inspiration au cours
de la respiration normale par le centre respiratoire. 11 Expliquez les échanges gazeux alvéolaires et systémiques. 12 Indiquez les deux modes de transport de l’oxygène dans le
sang et les trois modes de transport du dioxyde de carbone dans le sang.
c) Contraction musculaire, baisse de la pression, augmentation du volume.
13 Décrivez le rapport entre la pression partielle de l’oxygène et
d) Augmentation du volume, contraction musculaire, baisse de la pression.
14 Énumérez les variables qui stimulent la libération de l’oxygène
Quelle est la variable sanguine qui établit le rythme respiratoire en conditions normales ?
le pourcentage de saturation de l’hémoglobine. (en abaissant l’afnité de l’hémoglobine pour l’oxygène) quand le sang traverse les capillaires systémiques.
a) Le taux d’oxygène. b) Le taux de dioxyde de carbone. c) Le taux d’hydrogène gazeux (H2). d) La concentration en bicarbonate.
Mise en application 1
En arrivant sur les lieux d’un accident, les ambulanciers constatent qu’un vieil homme respire de manière très irrégulière. Il ne portait pas sa ceinture de sécurité et sa tête a heurté le pare-brise. Considérant qu’il respire de manière irrégulière, les ambulanciers pensent qu’il a pu subir une lésion : a) au bulbe rachidien ; b) au cortex cérébral ; c) au pont ; d) à la moelle épinière.
Répondez aux questions 2 à 4 à l’aide du paragraphe suivant. Âgée de 45 ans, Michelle ume depuis plus de 30 ans et commence à avoir du mal à respirer. Son médecin lui a prescrit des tests visant à mesurer sa onction respiratoire. Ces tests permettent de constater que Michelle soure d’emphysème, une aection qui se caractérise par une diminution de la surace disponible pour les échanges gazeux alvéolaires.
1118 Partie IV Le maintien et la régulation
2
Quelle est la partie du système respiratoire qui est la plus détériorée par l’emphysème et qui constitue le siège des dicultés respiratoires de Michelle ? a) Ses voies nasales sont enfammées, réduisant la quantité d’air qui peut entrer et sortir de son tractus respiratoire.
c) Plus proonde et plus dicile, sa respiration la atigue énormément. d) Sa PCO2 du sang a diminué. 4
b) Ses bronches sont enfammées.
a) Baisse de la PO2 ; augmentation de la PCO2 ; baisse du pH sanguin.
c) Ses bronchioles sont dilatées. d) Ses alvéoles sont endommagées. 3
Quels seront probablement les résultats des analyses sanguines de Michelle pour ce qui concerne le pH et les gaz respiratoires sanguins ?
b) Baisse de la PO2 ; baisse de la PCO2, baisse du pH sanguin.
Puisque le volume de l’espace mort physiologique de Michelle a augmenté, lequel de ces énoncés décrirait le mieux sa condition actuelle ?
c) Baisse de la PO2 ; augmentation de la PCO2 ; augmentation du pH sanguin.
a) Sa résistance à l’inhalation a augmenté.
d) Augmentation de la PO2 ; baisse de la PCO2 ; augmentation du pH sanguin.
b) La quantité d’air qui entre dans ses poumons a diminué.
Synthèse 1
En revenant à son appartement, Julie constate qu’elle a de la diculté à respirer. Elle est en train de aire une crise d’asthme. Quelles sont les altérations de son tractus respiratoire qui causent ses dicultés respiratoires ? Quelle est l’évolution probable de sa PO2 et de sa PCO2 du sang ? Quel produit aut-il lui administrer pour dilater les bronchioles ?
2
Une intervention chirurgicale a endommagé le ner relié au muscle sternocléidomastoïdien de Felipe. Quelle modalité respiratoire sera désormais plus dicile pour lui : l’inspiration normale, l’expiration normale, l’inspiration orcée ou l’expiration orcée ?
3
Vladimir tente sa première ascension majeure en montagne. Il compte monter à plus de 2 400 m. À mesure qu’il grimpe, il se met à respirer plus ort ; la tête lui tourne et il a du mal à penser clairement. Pourquoi Vladimir respire-t-il plus ort ? Quelle incidence cette respiration a-t-elle sur sa PCO2 ? De quelle manière son pH sanguin peut-il changer ? La quantité d’oxygène qui atteint son cerveau est-elle inérieure ou supérieure à la normale ? Justiez votre réponse.
LE SYSTÈME URINAIRE
CHAPITRE
24
Adaptation française :
Lia Tarini
L’UROLOGUE…
DANS LA PRATIQUE
Les urologues sont des médecins et des chirurgiens responsables du diagnostic et du traitement des affections du système urinaire et des organes génitaux masculins. Les urologues traitent ainsi les calculs rénaux, l’incontinence à l’effort, les infections des voies urinaires, les malformations congénitales, l’hyperplasie bénigne de la prostate et plusieurs types de cancers. Dans la photo ci-contre, un urologue pratique une chirurgie endoscopique de la prostate en observant un moniteur vidéo.
24.1 24.2
24.3
24.4
24.5
Une introduction au système urinaire ... L’anatomie macroscopique du rein ....... 24.2.1 La position et le soutien du rein ........... 24.2.2 L’anatomie interne du rein...................
1120
24.2.3 L’innervation du rein ........................... L’anatomie onctionnelle du rein ............ 24.3.1 Le néphron......................................... 24.3.2 Les tubules rénaux ............................. 24.3.3 L’appareil juxtaglomérulaire................. Le débit sanguin et l’écoulement du fltrat ......................................................... 24.4.1 Le débit sanguin dans le rein .............. 24.4.2 Le fltrat et l’urine ............................... La production de fltrat dans le corpuscule rénal .......................... 24.5.1 La ormation de l’urine : une vue d’ensemble ........................... 24.5.2 La membrane de fltration ................... 24.5.3 La ormation et la composition du fltrat ............................................. 24.5.4 Les pressions intervenant dans la fltration glomérulaire ..............
1123
24.5.5
1122 1122 1123
1124
24.6
La régulation de la fltration glomérulaire ....................................... 1136 La réabsorption et la sécrétion dans les tubules rénaux............................ 1138
INTÉGRATION Illustration des concepts Filtration glomérulaire et régulation ................... 1140
1124
Animation
1127
24.6.1
1128 1129
1131
24.6.2 24.6.3
1132
24.6.4
1132
24.6.5
1133
24.6.6 1134 1134
24.7
Le taux maximal de réabsorption et le seuil rénal................................... 1141 Les substances entièrement réabsorbées ....................................... 1141 Les substances partiellement réabsorbées ....................................... 1144 Les substances éliminées comme déchets.................................. 1148 L’établissement du gradient osmotique : le mécanisme de concentration de l’urine............................................ 1150
La réabsorption et la sécrétion tubulaires en résumé .......................... 1152 L’évaluation de la onction rénale .......... 1152 24.7.1 La mesure de la fltration glomérulaire ....................................... 1152
INTÉGRATION Illustration des concepts Réabsorption et sécrétion tubulaires ................ 1153
Animation
Les processus de transport : une vue d’ensemble ........................... 1141 Animation
1129
24.6.7
24.8
24.7.2 La mesure de la clairance rénale......... Les caractéristiques, le transport, l’accumulation et l’élimination de l’urine ....................................................... 24.8.1 Les caractéristiques de l’urine............. 24.8.2 Le tractus urinaire .............................. 24.8.3 La miction ..........................................
1154
1154 1154 1157 1161
Animation Liens entre le système urinaire et les autres systèmes .............................. 1164
1120 Partie IV Le maintien et la régulation
24.1 Une introduction
au système urinaire
1
Nommer les diérentes parties du système urinaire et décrire leurs onctions générales.
2
Énumérer les onctions des reins.
Pensez à une rivière qui alimente une ville en eau potable. L’eau de la rivière est polluée par les activités de la ville (sédiments, déchets, essence, etc.). Pour éliminer ces polluants, la ville a installé une usine de traitement des eaux. De la même manière, le sang irrigue tout notre organisme, et toutes ses cellules y versent leurs déchets qui sont acheminés aux reins par le sang. Ces substances indésirables sont fltrées par les reins qui pro duisent l’urine, ensuite éliminée de l’organisme par les uretères, la vessie et l’urètre. Le système urinaire peut ainsi se comparer à une usine de traitement des eaux usées pour l’organisme. L’une des principales onctions du rein consiste à fltrer le sang, à le débarrasser des déchets et à convertir le fltrat en urine. Les uretères transportent ensuite l’urine des reins à la vessie, un sac musculaire extensible qui peut emmagasiner jusqu’à 1 litre (L) d’urine. L’urine est ensuite éliminée de l’orga nisme par l’urètre FIGURE 24.1. En plus de leur rôle dans le traitement des déchets, les reins remplissent d’autres onctions : • L’activation de la vitamine D. Les reins assurent la synthèse d’une enzyme permettant l’activation de la vitamine D. La orme active de la vitamine D, le calcitriol, joue le rôle d’hor mone en accroissant l’absorption du calcium contenu dans l’intestin grêle en vue d’augmenter sa concentration dans le sang (voir la section 7.6). • La production et la libération de l’érythropoïétine. Au cours du processus de fltration du sang, les reins assurent égale ment une mesure indirecte de la concentration d’oxygène dans le sang. Si la concentration est aible, les cellules du rein sécrètent l’hormone érythropoïétine (EPO). L’EPO stimule la moelle osseuse rouge afn d’augmenter la ormation d’érythro cytes (voir la section 18.3.2). La présence d’un plus grand nombre d’érythrocytes permet ainsi de transporter une plus grande quantité d’oxygène des poumons aux cellules systé miques (voir la section 23.7.1). • La régulation des concentrations d’ions et de l’équilibre aci dobasique. Les reins participent au maintien de l’équilibre des ions inorganiques dans le plasma, notamment les ions sodium (Na+), potassium (K+), calcium (Ca 2+) et phosphate (PO43−). Ils avorisent également le maintien de l’équilibre aci dobasique en modifant les concentrations d’ions hydrogène (H+) et bicarbonate (HCO3−) dans le sang. • La régulation de la pression artérielle. Les reins contribuent à la régulation de la pression artérielle (P.A.) en contrôlant la perte des liquides par l’urine, ce qui permet de contrôler le volume sanguin. Les reins libèrent l’enzyme rénine nécessaire à la production de l’angiotensine II, une hormone qui augmente
la P.A. (voir la section 20.5.2). La régulation de la P.A. est certai nement l’une des onctions les plus importantes du rein (voir la section 25.4). • La capacité d’amorcer la néoglucogenèse. En cas de jeûne prolongé, les reins peuvent amorcer un processus de néoglu cogenèse afn de produire du glucose à partir d’autres sources que les glucides (p. ex., acides aminés). Ce processus permet de maintenir une concentration normale de glucose sanguin pendant les périodes de privation intense ou de jeûne (voir la section 17.7). En ait, les reins débarrassent le sang de ses déchets, contrôlent la quantité d’érythrocytes, maintiennent les concentrations ioniques (p. ex., les ions Ca 2+, Na+ et K+) du plasma et contri buent à la régulation du pH sanguin ; ils peuvent même mainte nir la glycémie en cas d’insufsance grave de nutriments. La qualité du sang est donc intimement liée à la santé des reins.
À votre avis 1. Quelle serait la conséquence d’une perte des onctions
rénales : a) une accumulation des déchets ; b) l’anémie ; c) une modifcation de la pression artérielle ; ou d) un déséquilibre du pH sanguin ?
INTÉGRATION APPLICATION CLINIQUE
Les variations et les anomalies du rein DÉSÉQUILIBRE HOMÉOSTATIQUE
Au cours du développement embryonnaire, les reins peuvent subir certaines variations anatomiques. L’agénésie rénale désigne l’absence de ormation des reins. Lorsque la croissance d’un seul rein est inhibée, il s’agit d’agénésie rénale unilatérale ; plus rare, l’agénésie rénale bilatérale désigne l’absence de ormation des deux reins. La première malormation ne présente souvent aucun symptôme, alors que la seconde est mortelle. Un rein pelvien est un rein qui n’a pas migré de la cavité pelvienne à la cavité abdominale. Le rein en fer à cheval désigne la usion du rein droit et du rein gauche au cours de leur ascension de la cavité pelvienne vers la cavité abdominale. Cette malormation est assez courante. Le rein pelvien et le rein en er à cheval sont asymptomatiques et remplissent leurs onctions normalement. Les reins surnuméraires sont des reins supplémentaires qui se orment sous les reins existants ; ces cas sont très rares. Ils n’ont généralement aucune incidence clinique. Parois, des anomalies anatomiques liées à la orme ou à la structure des reins sont découvertes au cours d’examens qui n’ont aucun lien avec ces onctions (p. ex., au moment d’une échographie abdominale ou pelvienne).
Vérifiez vos connaissances 1. Quelle partie du système urinaire produit l’urine
et quelle partie sert à emmagasiner l’urine ? 2. Quels sont les deux moyens par lesquels les reins
assurent la régulation de la pression artérielle ?
Chapitre 24 Le système urinaire 1121
Diaphragme Glande surrénale Reins Hile rénal Artère rénale Veine rénale Veine cave inférieure Aorte abdominale Uretères Péritoine pariétal (section)
Vessie
Urètre
A. Vue antérieure
Glande surrénale
Vertèbre T12 12e côte
Rein gauche Rein droit
Vertèbre L3
Uretères
Voies urinaires
FIGURE 24.1 Système urinaire
❯ Le système
urinaire comprend deux reins, deux uretères, la vessie et l’urètre. Ces structures sont représentées dans la fgure : A. en vue antérieure et B. en vue postérieure. Les noms des parties du système urinaire paraissent en caractères gras.
Vessie Urètre
B. Vue postérieure
1122 Partie IV Le maintien et la régulation
INTÉGRATION
STRATÉGIES D’APPRENTISSAGE
Pour mieux comprendre la position rétropéritonéale des reins, imaginez que vous placez une brosse à tableau (les reins) contre un tableau (la paroi abdominale postérieure). Vous suspendez ensuite un morceau de tissu représentant le péritoine pariétal devant ce tableau ; la brosse située entre le tableau et le tissu se trouve ainsi dans la région rétropéritonéale. Les structures se trouvant devant la pièce de tissu appartiennent à la région intrapéritonéale, car elles sont emprisonnées dans le péritoine.
Intrapéritonéal Péritoine pariétal Rétropéritonéal
24.2 L’anatomie macroscopique
du rein
Les reins sont deux organes symétriques en forme de haricot d’un brun rougeâtre. Chaque rein mesure environ 12 centimètres (cm) de longueur, 6,5 cm de largeur et 2,5 cm d’épaisseur. Il
correspond approximativement à la taille d’une main, jusqu’à la deuxième jointure des doigts, et sa masse est d’environ 100 grammes (g). Le bord interne médian du rein, le hile rénal, est une région concave dans laquelle les vaisseaux, les nerfs et l’uretère sont liés au rein. Le bord latéral du rein est convexe. Une glande surrénale est déposée sur la partie supérieure de chaque rein.
24.2.1
La position et le soutien du rein
1
Décrire la position des reins dans le corps.
2
Nommer et décrire les quatre couches de tissus qui entourent et soutiennent les reins.
Les reins reposent sur la paroi abdominale postérieure, de chaque côté de la moelle épinière (voir la fgure 24.1). Le rein gauche se situe entre la 12e vertèbre thoracique (T12) et la 3e ver tèbre lombaire (L3). Le rein droit est environ 2 cm plus bas que le rein gauche en raison de la taille et de la position du foie. Les reins ne sont que partiellement protégés par la cage thoracique, ce qui les rend vulnérables aux coups importants portés à la région inférieure du dos. Les reins sont postérieurs au péritoine pariétal, dans la cavité rétropéritonéale FIGURE 24.2. Par conséquent, seule la surface antérieure des reins est recouverte du péritoine pariétal.
FIGURE 24.2 Position et soutien des reins Région antérieure
Estomac
Aorte abdominale Veine rénale Artère rénale Hile rénal
Corps de la vertèbre L2
Rein gauche
Veine cave inférieure Foie Rein droit Péritoine pariétal Graisse pararénale Fascia rénal Capsule adipeuse du rein
Rate
Capsule fibreuse du rein
Région postérieure
❯
Une vue en coupe illustre les reins reposant sur la paroi abdominale postérieure et recouverts du péritoine pariétal sur leur ace antérieure. Quatre couches concentriques de tissus (de l’intérieur vers l’extérieur) entourent le rein : la capsule fbreuse du rein, la capsule adipeuse du rein, le ascia rénal et la graisse pararénale.
Chapitre 24 Le système urinaire 1123
Chaque rein est entouré et soutenu par plusieurs couches de tissus. Ces couches, de la plus proonde à la plus superfcielle, sont : • La capsule fbreuse du rein adhère directement à la surace externe du rein. Cette capsule se compose de tissu conjoncti dense irrégulier ; elle maintient la orme du rein, le protège des traumatismes et empêche la pénétration d’agents inectieux. • La capsule adipeuse du rein entoure la capsule fbreuse et contient du tissu adipeux. Cette couche contribue à la protec tion et au soutien du rein. • Le ascia rénal recouvre la capsule adipeuse du rein. Il est composé de tissu conjoncti dense irrégulier et suspend les reins aux structures qui l’entourent. • La graisse pararénale (para = à côté de) (ou corps pararé nal) est la couche extérieure qui entoure chaque rein. Elle est composée de tissu adipeux et contribue également à la protec tion et au soutien du rein.
INTÉGRATION APPLICATION CLINIQUE
La ptose rénale DÉSÉQUILIBRE HOMÉOSTATIQUE
La perte de tissu adipeux chez les gens âgés très maigres ou chez les personnes sourant d’anorexie peut causer la ptose rénale, soit la chute ou la descente des reins dans la cavité abdominale. Les uretères peuvent alors plier et bloquer le passage de l’urine entre les reins et la vessie. L’urine peut alors remonter vers les reins et entraîner l’insufsance rénale.
24.2.2
L’anatomie interne du rein
3
Nommer les deux régions distinctes du rein et les parties qui les composent.
4
Décrire la relation entre les calices mineurs, les calices majeurs et le pelvis rénal.
Au cours de la dissection d’un rein sur un plan rontal, le paren chyme (ou tissu onctionnel) devient visible. Le parenchyme comporte deux régions distinctes : une couche externe appelée cortex rénal, et une couche interne, la médulla rénale. Pour alléger le texte, les termes cortex et médulla seront utilisés tout au long de ce chapitre FIGURE 24.3. Les colonnes rénales (ou colonnes de Bertin) sont des exten sions du cortex; elles se prolongent dans la médulla, où elles se subdivisent en structures d’apparence striée appelées pyramides rénales (ou pyramides de Malpighi). Un rein adulte comporte nor malement de 8 à 15 pyramides rénales. La base large de la pyra mide repose sur le bord externe de la médulla, en contact avec le cortex. Cette zone est la jonction corticomédullaire. La pointe médiane (ou apex) de la pyramide porte le nom de papille rénale. Le parenchyme du rein humain se divise ainsi en 8 à 15 lobes rénaux. Le lobe rénal se compose d’une pyramide rénale, des portions des colonnes rénales qui lui sont adjacentes et du cortex à la ace externe de la base de la pyramide. En plus du parenchyme, chaque rein contient une région médiane, le sinus rénal. Cet espace est une zone de drainage de l’urine et contient les calices mineurs, les calices majeurs et le pelvis rénal. Chacun des calices mineurs, au nombre de 8 à 15, est associé à une pyramide rénale. Le calice majeur est ormé par la usion de plusieurs calices mineurs. Chaque rein contient généralement deux ou trois calices majeurs qui s’unissent pour ormer un sac en orme d’entonnoir, le pelvis rénal (ou bassinet du rein). Sur le bord médian du rein, le pelvis se joint à l’uretère. Une quantité variable de graisse ainsi que les artères rénales, les veines rénales, les vaisseaux lymphatiques et les ners se trouvent aussi dans le sinus rénal, dans l’espace entourant le pelvis rénal.
Vérifiez vos connaissances 4. Quelles structures du rein assurent le drainage
de l’urine ?
24.2.3 Ptose du rein droit détectée au cours d’une pyélographie intraveineuse
Vérifiez vos connaissances 3. Quelles sont les quatre couches de tissus qui
entourent les reins (de la plus proonde à la plus superfcielle) ?
5
L’innervation du rein
Nommer les composantes nerveuses du plexus rénal et énumérer les structures du rein innervées par le système nerveux sympathique.
Par l’intermédiaire du plexus rénal, chaque rein est innervé par le système nerveux autonome. Le plexus rénal contient des ners sympathiques provenant des segments T10 à T12 de la moelle épi nière, ainsi que des ners parasympathiques du ner vague (ner crânien X) (voir la section 15.3). Les axones sympathiques
1124 Partie IV Le maintien et la régulation
Cortex rénal Éléments du sinus rénal :
Médulla rénale Colonne rénale Calice mineur
Calice mineur Calice majeur
Pyramide rénale
Pelvis rénal Jonction corticomédullaire Pelvis rénal
Artère rénale Veine rénale
Papille rénale
Calice majeur Pyramide rénale Lobe rénal Colonne rénale Uretère Capsule fibreuse Uretère Rein droit, coupe frontale
FIGURE 24.3 Rein ❯ Une coupe rontale du rein droit révèle le parenchyme et les zones de drainage de l’urine dans le rein. Les vaisseaux lymphatiques et les ners ne sont pas représentés dans cette fgure.
rejoignent les vaisseaux sanguins du rein (voir la section 15.4), y compris les artérioles aérente et eérente, et innervent égale ment l’appareil juxtaglomérulaire (voir la section 24.3.3). Une douleur aux reins est généralement acheminée par le système sympathique aux dermatomes T10 à T12 (voir la fgure 14.12, p. 647). Les eets de l’innervation des reins par le système para sympathique sont inconnus.
24.3 L’anatomie fonctionnelle
du rein
L’anatomie onctionnelle des reins comprend notamment les né phrons, les tubules rénaux collecteurs et leurs structures annexes.
24.3.1
Le néphron
1
Décrire le corpuscule rénal et ses composantes.
2
Décrire la position et la structure des trois composantes d’un tubule rénal.
3
Nommer et comparer les deux types de néphrons, et décrire leurs diérences onctionnelles.
Responsable de la fltration, le néphron est l’unité onctionnelle microscopique du rein. Chaque néphron comprend deux éléments
principaux, le corpuscule rénal et le tubule rénal FIGURE 24.4. Le corpuscule rénal et la plupart des tubules se trouvent dans le cortex, à l’exception de l’anse du néphron qui se prolonge jusque dans la médulla.
24.3.1.1 Le corpuscule rénal Le corpuscule rénal est une région bulbeuse du néphron com prise dans le cortex. Il comporte deux structures, un glomérule et une capsule glomérulaire (ou capsule de Bowman). Le glomérule (glomus = pelote, boule) est une masse épaisse de capillaires en boucles, les capillaires glomérulaires. Le sang pénètre dans le glomérule par une artériole afférente (aerre = apporter) et en ressort par une artériole efférente (eerre = porter hors). La capsule glomérulaire est ormée de deux couches : un feuillet viscéral interne et perméable qui recouvre directement les capillaires glomérulaires (voir la section 24.5.2) et un feuillet pariétal externe et imperméable composé d’un épithélium simple squameux. L’espace capsulaire qui se trouve entre ces euillets reçoit le fltrat (voir la section 24.4.2), qui est par la suite modifé pour ormer l’urine.
24.3.1.2 Le tubule rénal Le tubule rénal est l’autre partie du néphron. Il est composé de trois parties successives, soit le tubule contourné proximal, l’anse du néphron et le tubule contourné distal. Les tubules
Chapitre 24 Le système urinaire 1125
contournés se trouvent dans le cortex, alors que l’anse du néphron s’étend normalement du cortex à la médulla. Le tubule contourné proximal (TCP) constitue la première partie du tubule rénal. Prenant son origine dans le corpuscule rénal, il est composé d’un épithélium simple cuboïde et de longues microvillosités apicales qui accroissent sa surface et, par conséquent, sa capacité de réabsorption. Observée sous un microscope, la lumière du tubule contourné proximal paraît légèrement trouble en raison de la bordure en brosse formée par ces longues microvillosités qui la rendent en quelque sorte pelucheuse (voir la gure 24.6). L’anse du néphron (ou anse de Henlé) s’amorce à un tournant marqué du tubule contourné proximal. Chaque anse possède deux branches, la branche descendante et la branche ascendante, qui se lient l’une à l’autre dans la médulla. La branche descendante s’étend vers la médulla, du tubule
contourné proximal jusqu’à la pointe de l’anse du néphron. À l’opposé, la branche ascendante de l’anse du néphron revient au cortex et se joint au tubule contourné distal. Des portions des deux branches sont dites grêles ou larges en fonction de leur paroi épithéliale. Les segments grêles de chaque branche sont tapissés d’un épithélium simple squameux. Les segments larges sont faits d’un épithélium simple cuboïde. Le tubule contourné distal (TCD) est entièrement situé dans le cortex, à la sortie de la branche ascendante de l’anse du néphron, et se rend à un tubule rénal collecteur. Comme le tubule contourné proximal, le tubule contourné distal est tapissé d’un épithélium simple cuboïde. Toutefois, les cellules épithéliales du tubule contourné distal sont plus petites et sont dotées de microvillosités apicales plus rares et plus courtes. La lumière du tubule contourné distal paraît ainsi plus claire et nette au microscope (voir la gure 24.6).
FIGURE 24.4 Structure du néphron
❯ Le néphron se compose d’un corpuscule rénal et d’un tubule rénal. A. Le néphron est représenté dans son orientation anatomique relative à sa position dans le cortex et la médulla du rein.
1126 Partie IV Le maintien et la régulation
Néphron
Corpuscule rénal Artériole efférente
Glomérule
Tubule rénal
Tubule contourné proximal
Feuillet viscéral Artériole afférente
Espace capsulaire
Feuillet pariétal
Anse du néphron
Tubule contourné distal
Tubule rénal collecteur
Capsule glomérulaire Segment large
Cortex rénal Segment large Médulla rénale
Branche ascendante
Branche descendante
Segment grêle
Cellules intercalaires Segment grêle
Cellules principales
B.
FIGURE 24.4 Structure du néphron (suite)
❯ B. Cette illustration présente un schéma du néphron dans lequel chacune des composantes est représentée en une couleur distincte afn d’en aciliter la compréhension. Le tubule rénal collecteur ne ait pas partie du néphron.
24.3.1.3 Les deux types de néphrons Le corpuscule rénal et les tubules contournés proximal et distal se trouvent dans le cortex. Pour sa part, l’anse du néphron s’amorce dans le cortex et descend vers le centre de la médulla. Selon la position du néphron dans le cortex et la longueur de l’anse, les néphrons sont classés en deux catégories : le néphron cortical et le néphron juxtamédullaire FIGURE 24.5. Dans les néphrons corticaux, les corpuscules rénaux sont disposés en périphérie du cortex. L’anse du néphron pénètre à peine dans la médulla, et la plus grande partie du néphron corti cal se trouve ainsi dans le cortex. Environ 85 % des néphrons sont des néphrons corticaux.
Les néphrons juxtamédullaires forment environ 15 % du nombre total des néphrons. Les corpuscules rénaux de ces néph rons sont adjacents à la jonction corticomédullaire. L’anse du néphron est plus longue et se prolonge plus profondément dans la médulla. Les néphrons juxtamédullaires jouent un rôle impor tant, car ils déterminent le gradient de concentration du sel dans l’espace interstitiel se situant à l’extérieur de l’anse du néphron, des tubules contournés et des tubules rénaux collecteurs. Grâce à cette caractéristique, ils assurent la régulation de la concen tration de l’urine par l’hormone antidiurétique (ADH) (voir la section 24.6.4.2).
Chapitre 24 Le système urinaire 1127
FIGURE 24.5 Deux types de néphrons
❯ Les néphrons corticaux se trouvent presque entièrement dans le cortex ; l’anse du néphron y est courte et pénètre à peine dans la médulla. Les néphrons juxtamédullaires sont
Vérifiez vos connaissances 5. Quelles sont les deux structures composant le
corpuscule rénal ? Décrivez-les brièvement. 6. Quel est l’ordre des composantes du tubule rénal ? 7. Quelles sont les différences entre les néphrons
corticaux et juxtamédullaires ?
24.3.2 4
Les tubules rénaux collecteurs
Nommer les deux types de cellules épithéliales spécialisées présentes dans les tubules contournés distaux et dans les tubules rénaux collecteurs.
Chaque néphron se vide dans un tubule rénal collecteur. Un rein contient des milliers de tubules rénaux collecteurs qui traversent les pyramides de la médulla pour atteindre la
adjacents à la jonction corticomédullaire ; leur anse est plus longue et se prolonge plus profondément dans la médulla.
papille rénale. Un groupe de tubules rénaux collecteurs se vide alors dans un conduit papillaire situé dans la papille rénale (voir la gure 24.9). Les stries observées dans la pyramide rénale sont formées par l’ensemble des branches ascendantes et descendantes des anses et par les tubules rénaux collecteurs. Le tubule contourné distal et les tubules rénaux collecteurs contiennent deux types de cellules épithéliales spécialisées, soit les cellules principales et les cellules intercalaires (voir la gure 24.4B). Les cellules principales sont sensibles à l’aldostérone (libérée par le cortex surrénal) et à l’ADH (libérée par la neurohypophyse). Ces deux hormones permettent d’augmenter la réabsorption de l’eau par les reins, ce qui diminue la diurèse. Les cellules intercalaires (types A et B) sont des cellules épithéliales spécialisées qui contribuent à la régulation du pH de l’urine et du sang. Les cellules de type A éliminent les acides et les cellules de type B éliminent les bases (voir la gure 25.14, p. 1196). La FIGURE 24.6 présente des images histologiques du rein.
1128 Partie IV Le maintien et la régulation
FIGURE 24.6
Corpuscule rénal Tubule contourné proximal Tubule contourné distal Anse du néphron
Histologie de la médulla et du cortex rénal ❯ A. Cette photomicrographie montre une section du cortex rénal abritant les corpuscules rénaux et la plus grande partie du tubule d’un néphron. Les tubules contournés proximaux prennent une coloration plus foncée, et leur lumière paraît plus trouble que celle des tubules contournés distaux. B. La photomicrographie d’une coupe transversale de la médulla illustre les anses du néphron et les tubules rénaux collecteurs.
Tubule rénal collecteur
Segments larges des anses du néphron
Tubule contourné proximal
Tubules rénaux collecteurs Corpuscule rénal
A. Cortex rénal
24.3.3
L’appareil juxtaglomérulaire
5
Décrire la position et la structure de l’appareil juxtaglomérulaire.
6
Décrire les deux fonctions des cellules granulaires.
7
Décrire la fonction des cellules de la macula densa.
L’illustration de la fgure 24.4B est allongée afn de mieux repré senter toutes les parties du néphron. Une représentation fdèle de l’orientation du néphron montrerait que le tubule contourné dis tal touche directement l’artériole aérente dans un même néphron FIGURE 24.7. Cette disposition nous aide à comprendre les caractéristiques anatomiques d’une région spécialisée du néphron, l’appareil juxtaglomérulaire (juxta = à côté), une structure essentielle à la régulation de la ormation du fltrat et de la P.A. L’appareil juxtaglomérulaire comprend des cellules granu laires ainsi qu’un groupe particulier de cellules ormant la macula densa. Les cellules granulaires (ou cellules juxtaglomé rulaires) sont des cellules musculaires lisses modifées de l’arté riole aérente. Elles sont situées à l’endroit où l’artériole pénètre
MO 160 x
Tubule contourné distal
Segments grêles des anses du néphron
Vasa recta
B. Médulla rénale
dans le corpuscule rénal. Les cellules granulaires remplissent deux onctions : 1) elles se contractent lorsqu’elles sont étirées ou sous l’eet du système nerveux sympathique, ce qui provoque une vasoconstriction de l’artériole aérente ; 2) elles assurent la synthèse, le stockage et la sécrétion de la rénine. La rénine est une enzyme essentielle à la production de l’hormone angioten sine II qui régule la P.A. en augmentant le volume sanguin (voir la section 20.5.2). La macula densa désigne un groupe de cellules épithéliales modifées qui composent la paroi du tubule contourné distal, à l’endroit où celuici entre en contact avec les cellules granulaires. Les cellules de la macula densa se trouvent uniquement sur le côté du tubule adjacent à l’artériole aérente. Ces cellules sont plus étroites et plus longues que les autres cellules épithéliales du tubule contourné distal. Les cellules de la macula densa détectent les changements de concentration en chlorure de sodium (NaCl) dans le fltrat de la lumière du tubule contourné distal. Les cellules de la macula densa transmettent un signal aux cellules granulaires, qui libèrent alors la rénine (voir la section 17.3.2). D’autres cellules, les mésangiocytes extraglomérulaires (ou cel lules mésangiales), qui sont situées à l’extérieur du glomérule,
Chapitre 24 Le système urinaire 1129
FIGURE 24.7 Appareil juxtaglomérulaire
❯ Dans la position normale du néphron, l’artériole afférente entre directement en contact avec le tubule contourné distal. Cette zone de contact forme l’appareil juxtaglomérulaire, composé
dans l’espace séparant l’artériole afférente et l’artériole efférente, font également partie de l’appareil juxtaglomérulaire. Ces cellules communiquent avec les autres cellules de l’appareil par des jonctions ouvertes et par la libération d’hormones paracrines. Toutes les fonctions de ces cellules ne sont toutefois pas encore bien comprises.
Vérifiez vos connaissances 8. Quelles sont les deux principales composantes
cellulaires de l’appareil juxtaglomérulaire et de quelle façon chacune est-elle stimulée ?
24.4 Le débit sanguin et
l’écoulement du ltrat
Le débit sanguin rénal représente au moins de 20 à 25 % du débit cardiaque au repos, soit environ 1 litre par minute (L/min). Le sang traverse les reins, où sont éliminées les substances non absorbées. Lorsque le sang traverse le glomérule, le ltrat se forme, et certains composants du plasma pénètrent dans l’espace capsulaire. Il existe deux circuits d’écoulement des liquides : 1) la circulation du sang à l’entrée et à la sortie du rein ; 2) la circulation du ltrat ou de l’urine dans le tubule rénal et les autres structures du système urinaire.
des cellules granulaires de l’artériole afférente et des cellules de la macula densa du tubule contourné distal. L’appareil juxtaglomérulaire surveille la P.A. et libère la rénine dans le sang en réaction à la baisse de P.A.
24.4.1
Le débit sanguin dans le rein
1
Nommer les artères irriguant le rein, de la plus grande à la plus petite.
2
Décrire les deux lits capillaires traversés par le sang dans les reins.
3
Nommer les veines par lesquelles le sang quitte les reins, de la plus petite à la plus grande.
Le trajet emprunté par la circulation sanguine est illustré dans la FIGURE 24.8.
24.4.1.1 Les artères Le sang est acheminé à chaque rein par une artère rénale issue de l’aorte abdominale, généralement au niveau de la première ou de la deuxième vertèbre lombaire. Les artères segmentaires naissent de l’artère rénale dans le sinus rénal. Alors qu’elles se trouvent toujours dans le sinus rénal, les artères segmentaires se subdivisent de nouveau pour former les artères interlobaires. Ces dernières traversent les colonnes rénales jusqu’à la jonction corticomédullaire, où elles se séparent pour former les artères arquées (arcuatus = en arc). Les artères arquées sont parallèles à la base de la pyramide médullaire, au niveau de la jonction corticomédullaire. Elles se subdivisent et forment des artères interlobulaires (ou radiées)
1130 Partie IV Le maintien et la régulation
Artère interlobaire
Artère arquée
Artériole afférente
Artère interlobulaire
Néphron Artère segmentaire
Glomérule Veine interlobaire
Artère rénale
Corpuscule rénal
TCP
TCD Artériole efférente
Cortex rénal Vaisseaux arqués
Médulla rénale
Capillaires péritubulaires (associés aux tubules contournés)
Vasa recta (associés à l’anse du néphron)
Veine rénale
Anse du néphron
Veine interlobaire
Veine arquée
Veine interlobulaire
FIGURE 24.8 Vascularisation des reins
❯ Le plan frontal illustre la circulation sanguine dans le rein. Le plan agrandi illustre la circulation vers le néphron. Les boîtes roses représentent les vaisseaux qui transportent le sang artériel. Les boîtes mauves représentent les vaisseaux dans
qui s’étendent jusqu’au cortex. Lorsqu’elles atteignent le cortex, les artères interlobulaires se ramifent en vaisseaux encore plus petits et plus nombreux, les artérioles afférentes.
24.4.1.2 Les artérioles et les capillaires Chaque artériole aérente pénètre dans un corpuscule rénal et orme un glomérule dans lequel le sang sera fltré. Après cette fl tration, le sang demeuré dans le glomérule sort du corpuscule rénal par une artériole efférente. Chaque artériole eérente se ramife ensuite pour ormer un deuxième réseau de capillaires, soit les capillaires péritubulaires (peri = autour, tubulus = petit tube). Les capillaires péritubulaires enroulés autour des tubules contour nés proximal et distal servent aux échanges entre le sang et le fl trat (réabsorption et sécrétion de substances) ; ils se trouvent ainsi principalement dans le cortex. En comparaison, les capillaires associés à l’anse du néphron sont plutôt droits et se trouvent princi palement dans la médulla ; ces capillaires sont appelés vasa recta. Les vasa recta acilitent la ormation de l’urine concentrée. Ainsi, le sang traverse deux lits de capillaires au cours de son passage dans les reins. Il passe d’abord de l’artériole aérente
lesquels les substances réabsorbées retournent dans le sang. Les boîtes bleues représentent les vaisseaux qui retournent le sang à la circulation générale de l’organisme.
aux capillaires glomérulaires (premier lit de capillaires) où il est fltré. Lorsque le sang atteint le deuxième lit de capillaires, soit les capillaires péritubulaires et les vasa recta, des échanges de gaz, de nutriments, d’eau et de déchets se produisent entre le fltrat (liquide dans le tubule rénal) et le sang. Le sang des capil laires péritubulaires et des vasa recta est ensuite drainé dans le réseau veineux du rein.
24.4.1.3 Les veines Le sang drainé des capillaires péritubulaires et des vasa recta se dirige vers de petites veines. Les plus petites d’entre elles sont les veines interlobulaires (ou radiées) qui longent les artères inter lobulaires. Elles usionnent ensuite pour ormer les veines arquées à la base des pyramides médullaires. Ces veines arquées s’unissent et orment les veines interlobaires qui traversent les colonnes rénales. Les veines interlobaires s’anastomosent dans le sinus rénal pour ormer la veine rénale. Il n’y a pas de veine segmentaire ; les veines interlobaires orment directement la veine rénale. Cette dernière quitte le rein par le hile et se déverse dans la veine cave inérieure.
Chapitre 24 Le système urinaire 1131
INTÉGRATION
STRATÉGIES D’APPRENTISSAGE
Filtrat dans le glomérule
Les noms attribués aux vaisseaux sanguins du rein donnent des indices clairs sur leur position ou leur orme :
1 Espace capsulaire
• Les vaisseaux interlobaires sont placés entre les lobes du rein (inter = entre).
Filtrat au niveau du tubule rénal
1
• Les vaisseaux arqués orment des arcs, car ces vaisseaux suivent un parcours parallèle à la jonction corticomédullaire.
2
• Les vaisseaux interlobulaires sont situés entre les lobules du cortex. • Les artérioles aérentes (afferre = apporter) transportent le sang vers le glomérule.
2 TCP
5
3 Branche descendante de l’anse du néphron
3
• Les artérioles eérentes (efferre = porter hors) ont sortir le sang du glomérule.
4
4 Branche ascendante de l’anse du néphron
• Les capillaires péritubulaires (peri = autour) sont situés autour des tubules contournés dans le cortex.
5 TCD
• L’expression vasa recta signife vaisseaux droits. Ces vaisseaux sont disposés parallèlement aux branches longues et droites de l’anse du néphron. 6
6 Tubule rénal collecteur
Vériiez vos connaissances 9. Décrivez le trajet du sang dans le rein, de son entrée
par l’artère rénale jusqu’à sa sortie par la veine rénale.
A.
7
10. Quels sont les trois principaux types de capillaires
Urine 7 Canal papillaire
associés au néphron ? Décrivez la position et les principales onctions de chacun.
24.4.2
Le fltrat et l’urine
4
Distinguer le fltrat de l’urine.
5
Connaître le parcours du liquide, de sa ormation dans le corpuscule rénal jusqu’à son expulsion de l’organisme par l’urètre.
8
8 Calice mineur
9
9 Calice majeur 10
Lorsque le sang traverse le glomérule, l’eau et les solutés sont fltrés du plasma sanguin et traversent les parois des capillaires glomérulaires pour atteindre l’espace capsulaire où ils orment le fltrat. Ce dernier traverse ensuite le tubule contourné proxi mal, l’anse du néphron et le tubule contourné distal. Le fltrat provenant d’un groupe de tubules contournés distaux se déverse plus tard dans les tubules rénaux collecteurs FIGURE 24.9.
11
12
10 Pelvis rénal
11 Uretère
12 Vessie
FIGURE 24.9 Transport des liquides dans le système urinaire
❯ A. Une vue microscopique illustre le passage des liquides dans le néphron. B. Une vue macroscopique illustre le passage de l’urine dans les calices rénaux, le pelvis rénal et les uretères, puis dans la vessie et l’urètre, où l’urine est expulsée du corps.
13 B.
13 Urètre
1132 Partie IV Le maintien et la régulation
Le fltrat ne subit aucune autre modifcation après avoir quitté les tubules rénaux collecteurs et porte à ce moment le nom d’urine. Il pénètre dans un canal papillaire situé dans une papille rénale et s’écoule progressivement par les espaces du sinus rénal dans l’ordre suivant : le calice mineur, le calice majeur et le pelvis rénal. Le pelvis rénal transporte l’urine du rein jusqu’à l’uretère, et de l’uretère de chaque rein jusqu’à la vessie. L’urine est alors stockée dans la vessie jusqu’à ce qu’elle soit expulsée de l’organisme par l’urètre.
Vériiez vos connaissances 11. Quel trajet le liquide fltré par le rein parcourt-il entre
son entrée dans le glomérule et son expulsion par l’urètre ?
24.5 La production de fltrat
dans le corpuscule rénal
La production du fltrat se déroule dans le corpuscule rénal. Grâce aux pressions physiologiques, l’eau et les solutés traversent la membrane de fltration et pénètrent dans l’espace capsulaire ; les échanges et les transormations se produisent dans les tubules et orment fnalement l’urine.
24.5.1
1
La ormation de l’urine : une vue d’ensemble
Comparer les processus de fltration glomérulaire, de réabsorption et de sécrétion tubulaires dans le rein.
Trois processus participent à la ormation de l’urine dans les reins : la fltration, la réabsorption et la sécrétion FIGURE 24.10 : • La fltration glomérulaire est une fltration passive qui se produit dans les capillaires glomérulaires. Elle permet de séparer du plasma sanguin une partie de l’eau et des solutés dissous. L’eau et les solutés pénètrent dans l’espace capsulaire du corpuscule rénal en raison des diérences de pression de part et d’autre de la membrane de fltration. Ce liquide séparé porte le nom de fltrat. • La réabsorption tubulaire se produit lorsque les éléments contenus dans le fltrat traversent les parois des tubules rénaux ou des tubules rénaux collecteurs et passent vers le sang des capillaires péritubulaires ou des vasa recta. Le dépla cement des solutés s’eectue par osmose, par diusion ou par transport acti. Généralement, tous les solutés essentiels et la plus grande partie de l’eau qui se trouvaient dans le fltrat sont réabsorbés, alors que les solutés en surplus, une partie de l’eau et certains déchets demeurent dans le fltrat.
Filtration glomérulaire
Réabsorption tubulaire
Sécrétion tubulaire
Passage des substances contenues dans le sang du glomérule vers l’espace capsulaire
Passage des substances du filtrat vers le sang
Passage des substances du sang vers le filtrat
Capillaires péritubulaires Artériole efférente Anse du néphron Artériole afférente TCP
TCD
Glomérule Capsule glomérulaire Espace capsulaire
Branche ascendante Branche descendante Tubule rénal collecteur Vasa recta
FIGURE 24.10 Processus de formation de l’urine ❯ Les trois étapes de la ormation de l’urine sont la fltration glomérulaire, la réabsorption tubulaire et la sécrétion tubulaire.
Chapitre 24 Le système urinaire 1133
• La sécrétion tubulaire est normalement réalisée par trans port acti ; elle correspond au passage des solutés du sang vers le fltrat, présent dans les capillaires péritubulaires et les vasa recta. Les substances sont acheminées sélectivement vers les tubules où elles seront éliminées ou expulsées de l’organisme. La sécrétion conduit à l’excrétion. Les étapes de réabsorption et de sécrétion tubulaires repré sentent le mouvement des substances dans des directions oppo sées. Dans le cas de la réabsorption tubulaire, les substances retournent dans le sang, alors que dans le cas de la sécrétion tubulaire, les substances sont transportées du sang vers le fltrat.
Vériiez vos connaissances 12. En quoi la réabsorption tubulaire dière-t-elle de
la sécrétion tubulaire ?
24.5.2 2
La membrane de fltration
Décrire les trois couches composant la membrane de fltration glomérulaire.
La membrane de fltration est une structure mince (0,1 micro mètre [μm] d’épaisseur) et poreuse, de charge négative. Compor tant trois couches superposées, elle est ormée des couches
glomérulaires et du euillet viscéral de la capsule glomérulaire FIGURE 24.11. Pour qu’une substance contenue dans le sang puisse s’intégrer au fltrat, elle doit pouvoir traverser ces trois couches fl trantes décrites ciaprès (de la couche interne à la couche externe) : 1. Endothélium du glomérule. Les capillaires du glomérule sont des capillaires enêtrés (voir les types de capillaires dans la section 20.1.3). Leur endothélium fltre le plasma et ses substances dissoutes, et il restreint le passage des structures plus grandes comme les éléments fgurés du sang (érythro cytes, leucocytes et thrombocytes). 2. Membrane basale du glomérule. La membrane basale poreuse est composée de molécules de glycoprotéine et de protéoglycane. Elle restreint le passage des grandes protéines du plasma telles que l’albumine, tout en laissant passer les éléments plus petits. 3. Feuillet viscéral de la capsule glomérulaire. Le euillet vis céral de la capsule glomérulaire est ormé de cellules spéciali sées, les podocytes (podos = pied). Ces cellules possèdent des saillies en orme de pieds, les pédicelles (pedicellus = petit pied). Les pédicelles, qui recouvrent la membrane basale, sont séparés par de minces espaces, les entes de fltration. Les pédicelles des divers podocytes s’emboîtent les uns dans les autres, un peu comme le eraient les doigts lorsque les deux mains sont croisées. Ces entes de fltration sont recou vertes d’une membrane (non représentée dans la fgure 24.11), ce qui restreint le passage de la plupart des petites protéines.
Membrane de filtration Feuillet viscéral de la capsule glomérulaire Pédicelles
Fentes de Corps cellulaire filtration du podocyte
Protéine de petite taille
Endothélium (bloque les éléments figurés) Membrane basale (bloque les grosses protéines) Fentes de filtration du feuillet viscéral (bloquent les petites protéines)
Leucocyte
Lumière du capillaire
Protéine P Pro Pr rro otéi té téine té éine ne de de grande gr gra g ra ande nde de ta ttaill taille aill ille e
Capillaire glomérulaire
Thrombocyte Membrane de filtration Endothélium des capillaires fenêtrés Membrane basale du capillaire
Érythrocyte Ér Éry É rythrocyte ythr throcy oc te ocy e
Non filtré
Fentes de filtration du feuillet viscéral
Capillaire glomérulaire A. Membrane de filtration
Le filtrat contient de l’eau, du glucose, des acides aminés, des ions, de l’urée, de la créatinine, plusieurs hormones, des vitamines B et C, des cétones et de très petites quantités de protéines.
Filtré Espace capsulaire
B. Substances filtrées par p la membrane de filtration
FIGURE 24.11 Membrane de fltration
❯ Le fltrat est produit dans le corpuscule rénal lorsque le plasma sanguin, soumis à une pression, traverse la membrane de fltration. A. La membrane de fltration comporte trois couches : l’endothélium des capillaires enêtrés, la membrane basale
des capillaires et les entes de fltration ormées par les podocytes sur le euillet viscéral de la capsule glomérulaire. B. Vue schématique des trois couches de la membrane de fltration représentant les substances non fltrées (à gauche) et les substances fltrées (à droite).
1134 Partie IV Le maintien et la régulation
À cette membrane de fltration s’ajoutent les mésangiocytes (plus précisément, les mésangiocytes intraglomérulaires). Ces cellules spécialisées sont présentes dans les boucles des capil laires du glomérule et entre cellesci (non représentées dans la fgure 24.11). Ces cellules possèdent des propriétés contractiles et phagocytaires. Ainsi, en se contractant ou en se relâchant, elles participent à la réduction ou à l’augmentation de la surace de la membrane de fltration. Elles maintiennent aussi la mem brane en bon état, puisqu’elles phagocytent les macromolécules qui restent coincées dans la membrane basale au moment de la fltration.
INTÉGRATION
STRATÉGIES D’APPRENTISSAGE
La membrane de ltration se compare à un tamis étagé. Les images suivantes peuvent aider à visualiser les trois épaisseurs de ce tamis que les substances doivent traverser avant de se transormer en ltrat : 1) le capillaire glomérulaire est une paille percée de petits trous (les trous correspondent aux enestrations de l’endothélium) ; 2) la paille est entourée de pâte à modeler (qui représente la membrane basale) ; 3) une main saisit cette paille enveloppée de pâte à modeler. La main représente les podocytes et les doigts, les pédicelles. Les espaces entre les doigts correspondent aux entes de ltration. Si les doigts étaient recouverts d’un mince let, ce let représenterait les entes de ltration recouvertes d’une membrane.
grande taille ne peuvent généralement pas traverser la mem brane de fltration. • Substances partiellement fltrées. Les protéines de taille intermédiaire ne sont généralement pas fltrées. Elles sont bloquées parce que leur taille ne leur permet pas de passer par les orifces de la membrane de fltration ou, encore, parce qu’elles ont une charge négative et sont repoussées par les charges négatives de la membrane. Le fltrat est composé de plasma fltré contenant certains solu tés et des quantités minimes de protéines. Il est d’abord empri sonné dans l’espace capsulaire, puis acheminé vers le tubule contourné proximal, comme dans un entonnoir. Les composants du sang quittent le corpuscule rénal par l’artériole eérente et rejoignent la circulation sanguine par les capillaires péritubu laires et les vasa recta. Certaines substances fltrées demeurent attachées à la mem brane basale. L’une des onctions des mésangiocytes consiste à phagocyter les macromolécules (p. ex., les immunoglobulines) qui restent coincées dans la membrane basale afn de la mainte nir en bon état.
Vériiez vos connaissances 13. Quelles sont les substances normalement ltrées par
la membrane glomérulaire ? Quelles sont celles qui ne le sont pas ?
À votre avis
14. Certaines maladies ont pour eet d’éliminer la charge
négative sur la membrane de ltration. Quelle en serait la conséquence sur la perméabilité relative de la membrane ?
2. Une substance qui n’est pas acheminée vers le ltrat
demeure-t-elle dans le sang ? Par quelle structure les substances quittent-elles le glomérule ?
24.5.3
La ormation et la composition du fltrat
3
Donner des exemples de substances ltrées librement, non ltrées ou partiellement ltrées.
4
Décrire la onction phagocytaire des mésangiocytes.
En moyenne, les reins produisent quotidiennement 180 L de fl trat par la membrane de fltration glomérulaire. Touteois, en raison de la taille des ouvertures dans la membrane et de sa charge négative globale, toutes les substances contenues dans le sang ne sont pas fltrées de la même açon (voir la fgure 24.11B). Ces substances peuvent être classées dans trois catégories dié rentes, selon le degré de fltration qu’elles subissent : • Substances fltrées librement. Certaines molécules de petite taille traversent acilement la membrane de fltration et s’intègrent au fltrat, notamment l’eau, le glucose, les acides aminés, les ions, certaines hormones, les vitamines B et C ainsi que les cétones. • Substances non fltrées. Les éléments fgurés du sang (érythrocytes, leucocytes et thrombocytes) et les protéines de
24.5.4
Les pressions intervenant dans la fltration glomérulaire
5
Dénir la pression hydrostatique glomérulaire et expliquer la raison pour laquelle cette pression est plus élevée que dans les autres capillaires.
6
Nommer deux pressions qui s’opposent à la pression hydrostatique glomérulaire.
7
Calculer la pression nette de ltration.
8
Dénir le débit de ltration glomérulaire et décrire les acteurs qui l’infuencent.
La production du fltrat est due à la diérence entre la pression hydrostatique du sang dans le glomérule (pression hydrostatique glomérulaire [PH g]) et les pressions opposées exercées par la pression osmotique du sang dans le glomérule (pression osmo tique glomérulaire [PO g]) et la pression du liquide contenu dans l’espace capsulaire du corpuscule rénal (pression hydrostatique capsulaire [PHc]). Cette diérence de pression correspond à la pression nette de fltration (PNF).
Chapitre 24 Le système urinaire 1135
24.5.4.1 La pression hydrostatique glomérulaire La pression hydrostatique glomérulaire (PHg) correspond à la pression sanguine dans le glomérule. Elle constitue la force qui pousse l’eau et certains solutés dissous à l’extérieur du glomérule, vers l’espace capsulaire du corpuscule rénal FIGURE 24.12. Cette pression assure la ltration. La valeur de la PHg est plus élevée que celle de la pression sanguine dans les autres capillaires systémiques (55 millimètres de mercure (mm Hg) en comparaison d’environ 20 à 40 mm Hg ; voir la section 20.2). Cette pression plus élevée est essentielle à la ltration. Elle est due à la différence relative de taille entre les artérioles afférentes et efférentes. Le diamètre des artérioles afférentes est plus grand que celui des artérioles efférentes. De façon imagée, le tuyau d’alimentation est plus gros que le tuyau d’évacuation. Cette différence produit une pression plus élevée sur les capillaires glomérulaires. Par conséquent, ces capillaires sont plus sensibles aux dommages causés par la P.A. relativement élevée.
24.5.4.2 Les pressions s’opposant à la pression
hydrostatique glomérulaire Deux pressions s’opposent à la PHg et, par conséquent, à la ltration. Il s’agit de la pression osmotique glomérulaire et de la pression hydrostatique capsulaire.
La pression osmotique glomérulaire (POg) (qui correspond à la pression osmotique colloïdale du sang dans les capillaires glomérulaires) correspond à la pression osmotique exercée par le sang en raison des solutés dissous qu’il contient. Les protéines du plasma (colloïdes) sont les plus importants de ces solutés. La POg s’oppose à la ltration parce qu’elle tend à retenir ou à ramener les liquides dans le glomérule. Sa valeur typique de 30 mm Hg est assez semblable à celle de la pression osmotique colloïdale des autres capillaires systémiques, qui se situe à 26 mm Hg. La pression hydrostatique capsulaire (PHc) correspond à la pression exercée par le ltrat se trouvant dans l’espace capsulaire. La présence de ce ltrat ralentit le passage de liquide supplémentaire du sang vers l’espace capsulaire et s’oppose ainsi à la ltration. Une valeur typique de 15 mm Hg est observée.
24.5.4.3 Le calcul de la pression nette de ltration La ltration se produit lorsque la pression qui en est à l’origine, la PHg, est plus élevée que la somme des pressions qui s’opposent à la ltration, soit la PO g et la PHc. La différence entre ces valeurs de pression correspond à la pression nette de ltration (PNF). Les calculs ci-dessous déterminent la valeur de la PNF : PHg − (POg + PHc ) = PNF 55 mm Hg − (30 mm Hg + 15 mm Hg) = PNF 55 mm Hg − 45 mm Hg = 10 mm Hg
À votre avis 3. Une personne atteinte d’une cirrhose produit un
nombre anormalement bas de protéines plasma tiques. Indiquez la pression qui en sera affectée : PHg, POg ou PHc ? Quels seront les effets sur la pression nette de ltration ? La quantité de ltrat produit seratelle moindre ou plus grande ?
24.5.4.4 Les variables inuencées
par la pression nette de ltration Le débit de ltration glomérulaire (DFG) est une variable importante inuencée par la pression nette de ltration. Il correspond au rythme de formation du ltrat et s’exprime en volume par unité de temps (normalement en ml/min). La pression nette de ltration affecte directement le DFG. Une baisse de la PNF entraîne une baisse du DFG. De la même façon, une augmentation de la PNF, normalement causée par une augmentation de la PHg, fait augmenter le DFG, ce qui entraîne une augmentation de la quantité de ltrat produit.
Types de pressions déterminant la pression nette de ltration ❯ La somme de la pression osmotique glomérulaire
Cette augmentation de la quantité de ltrat accroît le volume de liquide qui se déplace alors plus rapidement dans les tubules rénaux, laissant ainsi moins de temps pour la réabsorption des substances contenues dans le ltrat. Par conséquent, le ltrat contient davantage de substances qui sont excrétées dans l’urine.
(PO g) et de la pression hydrostatique capsulaire (PH c) est sous traite de la pression hydrostatique glomérulaire (PH g) an de déterminer la pression nette de ltration (PNF).
La relation entre ces variables pour produire une augmentation de la PNF est représentée dans la FIGURE 24.13.
FIGURE 24.12
1136 Partie IV Le maintien et la régulation
seront réabsorbées dans le sang et sur celles qui seront excrétées dans l’urine. En contrôlant la ltration glomérulaire, le rein contrôle la production de l’urine en tenant compte de certaines conditions physiologiques telles que l’état d’hydratation.
Augmentation de la PHg
Augmentation de la PNF
Augmente
Diminue
DFG Eau et solutés dans le filtrat
Réabsorption du filtrat Augmente
Substances dans l’urine
FIGURE 24.13 Les variables infuencées par la pression nette de ltration
La ltration glomérulaire est principalement infuencée par la modication du diamètre de la lumière de l’artériole aérente et de la surace de la membrane de ltration. Ces processus assurent : 1) un contrôle intrinsèque (dans le rein luimême), qui consiste en une autorégulation rénale maintenant le DFG à un niveau normal ; et 2) un contrôle extrinsèque (à l’extérieur du rein), qui consiste en une régulation nerveuse ou hormonale agissant respectivement pour réduire ou accroître le DFG.
24.5.5.1 L’autorégulation rénale :
le contrôle intrinsèque L’autorégulation rénale est la capacité intrinsèque du rein à maintenir une P.A. et un débit de ltration glomérulaire constants en dépit des changements de la P.A. systémique. Ce contrôle est exercé par deux mécanismes : le mécanisme myogénique et le mécanisme de rétroaction tubuloglomérulaire FIGURE 24.14.
Le mécanisme myogénique Une consultation de ces relations acilitera la compréhension des sections subséquentes du présent chapitre. Il aut remarquer particulièrement la relation directe qui existe entre la PHg et la quantité d’eau et de solutés restant dans le ltrat. Lorsque la valeur de la PHg augmente, les substances contenues dans le ltrat aug mentent également, y compris le NaCl. Lorsque la valeur de la PHg baisse, la quantité de substances contenues dans le ltrat diminue aussi, y compris le NaCl. La concentration en NaCl est contrôlée par la macula densa de l’appareil juxtaglomérulaire et elle infuence indirectement la pression sanguine dans le glomérule. Ce processus est décrit en détail dans la section suivante.
Vériiez vos connaissances 15. Si la valeur de la pression hydrostatique glomérulaire
(PHg) augmente, quel sera l’eet produit sur la pression nette de fltration (PNF) ? La relation entre la PHg et la PNF est-elle directe ou inverse ?
24.5.5
9
La régulation de la fltration glomérulaire
Décrire les concepts de contrôle intrinsèque et de contrôle extrinsèque, et donner des exemples pour chacun.
10 Comparer le mécanisme myogénique et le mécanisme
de rétroaction tubuloglomérulaire. 11 Décrire les eets du système nerveux sympathique sur
le débit de fltration glomérulaire. 12 Décrire les eets du acteur natriurétique auriculaire sur
le débit de fltration glomérulaire.
La ltration glomérulaire est soumise à une régulation précise en raison de son infuence sur la quantité de substances qui
Le mécanisme myogénique (mus = muscle, genesis = origine) désigne la contraction et le relâchement du muscle lisse or mant la paroi de l’artériole aérente. Une baisse de la P.A. sys témique ait diminuer le volume sanguin pénétrant dans l’artériole aérente, réduisant ainsi l’étirement du muscle lisse de la paroi artériolaire. Les cellules de ce muscle lisse se relâchent, entraînant une vasodilatation. L’élargissement de la lumière de l’artériole aérente ait passer une plus grande quantité de sang dans le glomérule, compensant la baisse de la P.A. systémique. La P.A. glomérulaire et le DFG demeurent nor maux (voir la fgure 24.14A). À l’opposé, une hausse de la P.A. systémique augmente le volume sanguin qui pénètre dans l’artériole aérente, étirant le muscle lisse de la paroi artériolaire. Les cellules de ce muscle lisse se contractent, entraînant une vasoconstriction. Le rétrécis sement de la lumière de l’artériole aérente laisse passer moins de sang vers le glomérule, compensant la hausse de la P.A. sys témique. La P.A. glomérulaire et le DFG demeurent normaux (voir la fgure 24.14C).
Le mécanisme de rétroaction tubuloglomérulaire L’appareil juxtaglomérulaire contribue également à maintenir une pression glomérulaire normale grâce à un mécanisme de rétroaction tubuloglomérulaire. Ce mécanisme onctionne à partir de la détection des concentrations en NaCl dans le ltrat. Si le mécanisme myogénique ne sut pas à maintenir la P.A. glo mérulaire normale à la suite d’une augmentation de la P.A. sys témique, il y a augmentation de la pression glomérulaire et de la quantité restante de NaCl dans le ltrat, puisque l’augmentation de la PNF augmente la vitesse d’écoulement du ltrat, ce qui dimi nue la réabsorption des solutés. Les cellules de la macula densa, dans l’appareil juxtaglomérulaire, détecteront alors une augmen tation de la concentration en NaCl dans le ltrat. La réponse des cellules de la macula densa consiste à libérer une molécule de signalisation qui se lie aux cellules des muscles lisses de la paroi
Chapitre 24 Le système urinaire 1137
Autorégulation rénale en réponse à la pression artérielle systémique Baisse de la pression artérielle systémique
Pression artérielle systémique normale
Artériole efférente
Artériole efférente
Artériole efférente
Glomérule
Glomérule
Vasodilatation de l’artériole afférente
Hausse de la pression artérielle systémique
Élargissement de la lumière de l’artériole, ce qui fait passer plus de sang vers le glomérule pour compenser la baisse de P.A.
Lumière de l’artériole P.A. systémique normale
Vasoconstriction de l’artériole afférente
Production insuffisante d’urine
270
Production normale d’urine assurée par l’autorégulation rénale
Production excessive d’urine
180 P.A.M. normale 90
0 0
Rétrécissement de la lumière de l’artériole, ce qui fait passer moins de sang vers le glomérule pour compenser la hausse de P.A.
C.
B.
Débit de filtration glomérulaire (L/jour)
A.
Artériole afférente
Glomérule
20 40 60 80 100 120 140 160 180 200 Pression artérielle moyenne (P.A.M.) (mm Hg)
D.
artériolaire aérente et stimule ces cellules. Cette stimulation paracrine entraîne une vasoconstriction plus importante de l’arté riole aérente et une baisse du volume sanguin pénétrant dans le glomérule. Le DFG et la quantité de fltrat ormé reviennent à la normale. Pour mieux comprendre ce processus, la rétroaction tubulo glomérulaire peut être comparée à un mécanisme de secours qui prend la relève du mécanisme myogénique lorsque la P.A. systé mique s’élève.
Les limites au maintien du débit de fltration glomérulaire Il est possible de contrôler le DFG et la quantité d’urine ormée en maintenant une P.A. normale dans le glomérule. Touteois, cette régulation est soumise à certaines limites. L’autorégulation rénale parviendra efcacement à maintenir une pression glomé rulaire normale uniquement si la pression artérielle moyenne
FIGURE 24.14 Autorégulation rénale
❯
L’autorégulation rénale est la capacité intrinsèque du rein à maintenir un débit de fltration glomérulaire constant en dépit des changements de la P.A. systémique. Réponse à A. une baisse de la P.A. systémique ; B. à une P.A. systémique normale (au repos) ; et C. à une hausse de la P.A. systémique . D. L’autorégulation rénale maintient efcacement le débit de fltration glomérulaire lorsque la pression artérielle moyenne (P.A.M.) est située entre 80 et 180 mm Hg.
(P.A.M.) (voir la section 20.4.1) reste entre 80 et 180 mm Hg (voir la fgure 24.14D). Une baisse de la P.A.M. entraîne la vasodilatation de l’arté riole aérente, et la dilatation maximale de l’artériole est atteinte si la P.A.M. chute à 80 mm Hg. Si la P.A.M. continue à baisser, l’artériole ne peut plus continuer à se dilater, causant ainsi une baisse de la P.A. glomérulaire et du débit de fltration gloméru laire. Si la P.A. systémique est très basse (p. ex., à la suite d’une hémorragie grave), le processus de fltration et d’élimination des déchets dans l’urine est interrompu, produisant une accumula tion des déchets métaboliques toxiques dans le sang. Si la P.A.M. augmente, l’eet contraire se produit, et l’artériole aérente subit une vasoconstriction. Si la P.A.M. devient supé rieure à 180 mm Hg, la vasoconstriction de l’artériole ne peut se poursuivre, ce qui entraîne une augmentation de la pression glomé rulaire et du DFG. Alors la quantité d’urine produite augmentera.
1138 Partie IV Le maintien et la régulation 24.5.5.2 Le contrôle nerveux et le contrôle hormonal :
les contrôles extrinsèques Les contrôles intrinsèques de l’autorégulation rénale contribuent au maintien du débit de fltration glomérulaire dans les limites homéostatiques normales. Pour leur part, les contrôles extrin sèques sont des processus physiologiques qui modifent le DFG. Le DFG peut être abaissé par une stimulation importante du sys tème nerveux sympathique ; il peut être augmenté par une libé ration du acteur natriurétique auriculaire (FNA). Ces processus ont une incidence sur la production de l’urine.
La baisse du débit de fltration glomérulaire par la stimulation sympathique L’activation de la branche sympathique du système nerveux autonome produit une baisse du DFG par la vasoconstriction de l’artériole aérente et la réduction de la surace du glomérule. Durant un exercice physique intense ou une situation d’ur gence, le système nerveux sympathique transmet un signal moteur aux reins FIGURE 24.15A . Ce signal entraîne la vaso constriction des artérioles aérente et eérente. Une vasocons triction drastique de l’artériole aérente réduit de açon importante l’arrivée du sang au glomérule. Conséquemment, il se produit une baisse de la P.A. glomérulaire et du DFG. La stimulation du système nerveux sympathique déclenche la libération de rénine par les cellules granulaires de l’appareil jux taglomérulaire, ce qui entraîne par la suite la production de l’hormone angiotensine II (voir la section 20.5.2). L’angiotensine II stimule la contraction des myoflaments des mésangiocytes, entraînant une réduction de la surace de la membrane de fltra tion et, subséquemment, une baisse du DFG. Une vasoconstriction importante de l’artériole aérente et la contraction des mésangiocytes contribuent à réduire le DFG, entraînant une baisse de la production d’urine. Le liquide est retenu dans le sang et maintient le volume sanguin. Ce processus est une adaptation critique qui permet au corps de conserver ses liquides dans des conditions extrêmes telles qu’un exercice physique important (p. ex., durant un marathon par temps chaud) ou en cas d’une hémorragie grave.
L’augmentation du débit de fltration glomérulaire par le acteur natriurétique auriculaire Le facteur natriurétique auriculaire (FNA) (ou peptide natriu rétique auriculaire [PNA]) augmente le DFG afn d’éliminer les liquides. Cette hormone peptidique est libérée par les cellules auriculaires du muscle cardiaque en réponse à la distension des oreillettes. Ceci se produit lorsque surviennent une augmenta tion du volume de sang qui retourne au cœur ou une augmenta tion de la P.A. Libéré par le cœur, le FNA est alors transporté par le sang vers les reins. Le FNA relâche l’artériole aérente et inhibe la libération de rénine par les cellules granulaires afn de provoquer le relâchement des mésangiocytes et d’accroître ainsi la surace de la membrane de fltration (voir la fgure 24.15B). Le résultat net consiste en une augmentation du DFG, accompagnée d’une augmentation du volume de l’urine et d’une baisse du volume sanguin.
Les relations complexes entre les systèmes urinaire, nerveux et endocrinien pour le contrôle du volume sanguin et de la P.A. systémique sont décrites en détail dans le chapitre 25.
24.5.5.3 La régulation du débit de fltration
glomérulaire en résumé Le débit de fltration glomérulaire peut être maintenu, abaissé ou augmenté grâce aux mécanismes suivants : • L’autorégulation rénale maintient le DFG en modifant la taille de l’artériole aérente en réponse aux variations de la P.A. sys témique. Une augmentation de la P.A. systémique entraîne la vasoconstriction de l’artériole aérente, alors qu’une baisse de la P.A. systémique provoque la vasodilatation de l’artériole aérente. L’autorégulation rénale parvient à maintenir efcace ment le DFG si la P.A.M. se situe entre 80 et 180 mm Hg (voir la fgure 24.14D). • La stimulation directe par la branche sympathique du sys tème nerveux autonome et la production subséquente d’angiotensine II réduisent le DFG en provoquant la vaso constriction des artérioles aérentes ou la contraction des mésangiocytes qui réduisent la surace du glomérule. Ces deux processus peuvent être simultanés. • Le FNA augmente le DFG par la vasodilatation de l’artériole aérente. L’inhibition de la libération de rénine et le relâche ment subséquent des mésangiocytes (ce qui accroît la surace du glomérule) augmentent aussi le DFG. Ces deux processus peuvent être simultanés. La FIGURE 24.16 présente un tableau des structures et des processus participant à la fltration glomérulaire.
Vériiez vos connaissances 16. Expliquez l’eet d’une hausse du débit de fltration
glomérulaire sur la production d’urine. 17. Quels sont les trois acteurs assurant la régulation
du DFG ? Indiquez si chacun d’eux augmente, diminue ou maintient le DFG. 18. L’autorégulation rénale serait-elle efcace chez
une personne dont la pression artérielle est de 300/150 mm Hg ? Chez une personne dont la pression artérielle est de 70/55 mm Hg ? Expliquez votre réponse.
24.6 La réabsorption
et la sécrétion dans les tubules rénaux
Le fltrat traverse le tubule contourné proximal, l’anse du néphron et le tubule contourné distal, puis il est acheminé vers le tubule rénal collecteur. Les substances sont réabsorbées lorsqu’elles sont transportées du fltrat vers le sang. De plus, cer taines substances qui n’ont pas été fltrées initialement dans le glomérule, mais qui doivent être éliminées du sang, sont inté grées à l’urine grâce à la sécrétion tubulaire.
Chapitre 24 Le système urinaire 1139
Hausse du DFG par le facteur natriurétique auriculaire
Baisse du DFG par la stimulation du système nerveux sympathique
Stimulus : stress ou urgence
Stimulus : hausse du volume sanguin ou de la P.A.
Stimulation des reins par le système nerveux sympathique
Étirement de la paroi des oreillettes
Libération du FNA par le cœur Libération de rénine par les cellules granulaires de l’appareil juxtaglomérulaire
Inhibition de la libération de rénine par les cellules granulaires
Production d’angiotensine II
Vasoconstriction des artérioles afférente et efférente Artériole efférente
Baisse de la production d’angiotensine II
Contraction des mésangiocytes
Vasodilatation de l’artériole afférente
Artériole efférente
Artériole efférente
Relâchement des mésangiocytes Artériole efférente Filtrat
Filtrat Glomérule Débit sanguin Artériole afférente Résultat : baisse du débit sanguin dans le glomérule
• • • •
Glomérule Débit sanguin
Réduction de la surface de filtration Artériole afférente Résultat : réduction de la filtration glomérulaire
Artériole afférente Résultat : hausse du débit sanguin dans le glomérule
• • • •
Baisse du DFG Baisse de la production d’urine Rétention des liquides Maintien du volume sanguin
A.
Augmentation de la surface de filtration Artériole afférente Résultat : augmentation de la filtration glomérulaire
Hausse du DFG Hausse de la production d’urine Augmentation de la perte de liquide Baisse du volume sanguin
B.
FIGURE 24.15 Mécanismes extrinsèques modifant le débit de fltration glomérulaire grâce à des contrôles nerveux et hormonaux ❯ La fltration glomérulaire peut être A. abaissée par une stimulation importante du système nerveux sympathique et B. augmentée par une stimulation du FNA.
Cette section présente une vue d’ensemble des processus de transport ainsi qu’une description des concepts de taux maximal de réabsorption et de seuil rénal. Les substances réabsorbées et sécrétées sont classées dans les catégories suivantes : • les substances entièrement réabsorbées ;
• les substances partiellement réabsorbées ; • les substances éliminées comme déchets. L’établissement du gradient de concentration dans le liquide interstitiel, qui assure la régulation de la réabsorption de l’eau sous le contrôle de l’ADH, est également étudié dans cette section.
INTÉGRATION
ILLUSTRATION DES CONCEPTS
FIGURE 24.16
Animation
Filtration glomérulaire et régulation Les schémas ci-dessous illustrent la fltration glomérulaire : A. la membrane de fltration et les composantes du fltrat ; B. le calcul de la pression nette de fltration ; et C. les mécanismes de contrôle de la fltration glomérulaire.
B. Calcul de la pression nette de filtration dans le corpuscule rénal
A. Membrane de filtration et composants du filtrat
PHg 55 sortant
POg 30 entrant Membrane de filtration
Non filtrés : • Érythrocytes • Leucocytes • Thrombocytes • Protéines
Le filtrat est composé d’eau, de glucose, d’acides aminés, d’ions, d’urée, de créatinine, de plusieurs hormones, de vitamines B et C, de cétones et de faibles quantités de protéines.
PNF 10 sortant
PHc 15 entrant
Endothélium Membrane basale Fente de filtration Feuillet viscéral Pédicelle
PHg 55 mm Hg sortant POg – 30 mm Hg entrant PHc – 15 mm Hg entrant PNF = 10 mm Hg sortant
Filtrat TCP
Artériole efférente Leucocytes Érythrocytes Protéines S Solutés
Glomérule
Appareil juxtaglomérulaire
Espace capsulaire
TCD
Capsule glomérulaire (feuillet pariétal)
Artériole afférente
C. Contrôle du débit de filtration glomérulaire Maintien du DFG
Artériole afférente L’autorégulation rénale maintient le DFG en dépit des variations de la P.A. systémique par : • la baisse de la P.A. systémique, qui entraîne la vasodilatation de l’artériole afférente ; • la hausse de la P.A. systémique, qui entraîne la vasoconstriction de l’artériole afférente.
Baisse du DFG
Réduction de la surface de filtration Le système nerveux sympathique abaisse le DFG par : • la vasoconstriction de l’artériole afférente ; • la contraction des mésangiocytes, ce qui provoque une réduction de la surface de filtration.
Vasoconstriction
Hausse du DFG
Vasodilatation
Augmentation de la surface de filtration
Le FNA hausse le DFG par : • la vasodilatation de l’artériole afférente ; • le relâchement des mésangiocytes, ce qui provoque une augmentation de la surface de filtration.
Chapitre 24 Le système urinaire 1141
24.6.1
1
Les processus de transport : une vue d’ensemble
d’absorption sont acilités par les nombreuses microvillosités présentes sur les suraces apicales des cellules, ce qui accroît leur surace d’absorption.
Vérifiez vos connaissances
Nommer et décrire cinq caractéristiques ou conditions qui aectent la réabsorption et la sécrétion tubulaires.
Cette section présente une vue d’ensemble des structures anato miques importantes et des conditions physiologiques du rein qui infuencent la réabsorption et la sécrétion des substances. Une consultation de la FIGURE 24.17 parallèlement à la lecture des descriptions cidessous permet de bien comprendre ces processus :
19. Quels acteurs anatomiques et physiologiques
importants infuencent la réabsorption et la sécrétion tubulaires ?
24.6.2
1. Pour être réabsorbée, une substance doit traverser l’épithé lium simple de la paroi tubulaire. 2. Les substances peuvent passer entre les cellules épithéliales de la paroi tubulaire par transport paracellulaire (para = le long de) ou, plus réquemment, traverser les cellules épithé liales par transport transcellulaire (trans = à travers). 3. Au cours du transport transcellulaire, une substance doit traverser deux membranes cellulaires : la membrane api cale, qui est en contact avec le ltrat, et la membrane baso latérale, qui repose sur la membrane basale. L’ordre dans lequel les substances traversent ces membranes varie selon qu’elles sont réabsorbées ou sécrétées. 4. Plusieurs protéines de transport intégrées aux deux mem branes contrôlent le mouvement des diverses substances TABLEAU 24.1. Ces substances voyagent par diusion simple ou acilitée, par osmose, par transport acti primaire ou secon daire, ou encore par transport vésiculaire (voir la section 4.3). Animation La pompe à sodium-potassium (Na+-K+) Animation Les symporteurs et les antiporteurs
5. Les capillaires péritubulaires ont une pression hydrostatique aible (8 mm Hg) en raison de la perte de liquide durant la ltration glomérulaire, mais ils ont aussi une pression osmo tique colloïdale élevée, car la plupart des protéines demeurent dans le sang au cours de la ltration. Ces deux importantes propriétés acilitent la réabsorption des substances, puisque le liquide cherche naturellement à retourner dans les vais seaux sanguins (voir la section 20.2.2).
2
Dénir le taux maximal de réabsorption d’une substance.
3
Dénir le concept de seuil rénal.
Le taux maximal de réabsorption (Tm) est la quantité maximale d’une substance qui peut être réabsorbée (ou sécrétée) par l’épi thélium tubulaire dans une période donnée. Ce taux maximal dépend du nombre de protéines de transport associées à cette substance se trouvant dans la membrane de la cellule épithéliale. Par exemple, le Tm pour la réabsorption du glucose par les protéines de transport du glucose est d’environ 2 millimoles par minute (mmol/min) (GodinRibuot, 2011). Tant que le ltrat ne contient pas plus de 2 mmol de glucose lorsqu’il traverse une région du tubule rénal chaque minute, tout le glucose sera réab sorbé. Si la concentration en glucose du ltrat excède cette valeur, les protéines de transport deviennent saturées et l’excé dent de glucose est excrété dans l’urine. Le seuil rénal désigne la concentration plasmique maximale pouvant être transportée dans le sang sans être excrétée dans l’urine. Pour le glucose, par exemple, le seuil rénal est de 9,1 mmol/L. Audessus de cette concentration, la substance est tellement concentrée dans le plasma et, par conséquent, dans le ltrat que les protéines de transport ne peuvent pas la réabsorber entièrement. Le Tm étant dépassé, la substance demeure dans le ltrat et est excrétée dans l’urine.
Vérifiez vos connaissances
Même si la réabsorption et la sécrétion des substances se pro duisent tout le long des tubules du néphron et des tubules rénaux collecteurs, la plus grande partie de la réabsorption se produit dans le tubule contourné proximal, là où les mécanismes
INTÉGRATION
STRATÉGIES D’APPRENTISSAGE
Le passage du ltrat dans le néphron peut se comparer au mouvement des objets sur la courroie d’un convoyeur. Le circuit emprunté par le ltrat correspond à la courroie du convoyeur. Les substances sont d’abord posées au départ de la courroie (ltration). Par la suite, certaines substances sont retirées de la courroie (réabsorption tubulaire). D’autres substances qui n’ont pas été ltrées au départ peuvent ensuite s’ajouter sur la courroie, le long de son parcours (sécrétion tubulaire). À la n du trajet, ce qui reste sur la courroie du convoyeur représente les substances qui ormeront l’urine.
Le taux maximal de réabsorption et le seuil rénal
20. Qu’est-ce que le taux maximal de réabsorption d’une
substance ? En quoi cette valeur est-elle diérente du seuil rénal pour cette même substance ?
24.6.3
Les substances entièrement réabsorbées
4
Décrire le processus de réabsorption des nutriments tels que le glucose.
5
Décrire le processus par lequel les protéines sont transportées hors du ltrat vers le sang.
Certaines substances ne sont pas des composants normaux de l’urine, puisque la totalité de ces substances sont réabsorbées à
1142 Partie IV Le maintien et la régulation
FIGURE 24.17 Tubules contournés proximaux et capillaires péritubulaires
❯
Structures anatomiques et conditions physiologiques infuençant la réabsorption et la sécrétion tubulaires. Réabsorption tubulaire :
Capillaire péritubulaire : pression hydrostatique faible ; pression osmotique colloïdale élevée
Sang Membrane basale ba bas ale tiel ti ell Liquide interstitiel Épithélium simple cuboïde
Transport paracellulaire : passage des substances entre les cellules épithéliales
Passage des substances du tubule vers le sang
Transport transcellulaire : passage des substances à travers une cellule épithéliale
Membrane basolatérale
Membra Mem Membrane brane brane bra e ap a api pica cale cal e apicale
Sécrétion tubulaire :
Filtrat
Passage des substances du sang vers le tubule Protéines de transport : canaux, transporteurs et pompes
Espace capsulaire
Tubule contourné proximal
TABLEAU 24.1
Protéines de transport dans les cellules tubulaires du néphron
Pompes
Transporteurs
Canaux
• • • •
• • • • •
• Na+ • K+ • Aquaporines (canaux H2O)
à Na+-K+ ATPase à Na+-K+-2 Cl− à H+ ATPase à Ca2+ ATPase
Transporteur de glucose Symport Na+-glucose Symporteur Na+-HCO3− Antiporteur Na+-H+ Antiporteur Cl−-HCO3−
partir du fltrat et acheminées vers le sang. Cette réabsorption se produit généralement dans le tubule contourné proximal. C’est le cas de deux grandes catégories de substances : les nutriments (p. ex., le glucose, les acides aminés ou le lactate) et les petites quantités de protéines plasmiques fltrées.
24.6.3.1 Les nutriments Généralement, les nutriments sont complètement réabsorbés dans le tubule contourné proximal par leurs transporteurs pro téiques spécifques. L’exemple du glucose sera utilisé pour décrire la réabsorption complète des nutriments FIGURE 24.18. Le glucose est d’abord transporté à travers la membrane apicale de la cellule tubulaire par les symporteurs Na+glucose. Le Na+ se déplace dans le sens de son gradient de concentration et entre dans les cellules tubulaires. L’énergie de ce gradient de concentration est utilisée pour aire entrer le glucose dans les cellules tubulaires contre son gradient de concentration (par transport acti secondaire ; voir la section 4.3.3). Le glucose est alors transporté hors des cellules tubulaires par diusion acilitée à travers la membrane basolatérale.
Chapitre 24 Le système urinaire 1143
À la fn de ce processus, le glucose retourne dans le sang des capillaires péritubulaires. Comme c’est le cas pour plu sieurs autres substances qui traversent des membranes à l’aide de transporteurs protéiques, il existe une quantité maximale de glucose pouvant être réabsorbée par unité de temps.
Réabsorption de la totalité du glucose dans le TCP
INTÉGRATION APPLICATION CLINIQUE
La glycosurie DÉSÉQUILIBRE HOMÉOSTATIQUE
Capillaire péritubulaire
Liquide interstitiel Membrane basale
Réabsorption de la totalité du glucose dans le sang
Flux sanguin Glucose
Faible concentration en glucose
2 Diffusion facilitée du glucose dans le sens de son gradient de concentration
Membrane Transporteur basolatérale de glucose Concentration élevée en glucose Cellules du TCP Membrane apicale
Glucose
Na+ Faible Concentration concentration élevée en en Na+ glucose
24.6.3.2 Les protéines 1 Déplacement du glucose contre son gradient de concentration par transport actif secondaire
Symporteur Na+-glucose
Concentration élevée Concen Con Concen centra tratitition é tra élev levé lev ée en ée en Na+
Faib Fai b concentration en glucose Faible
Filtrat
Absence de glucose dans le filtrat
Lumière du tubule contourné proximal
FIGURE 24.18 Réabsorption du glucose
La glycosurie désigne l’excrétion anormale de glucose dans l’urine. Elle se produit lorsque le niveau de sucre dans le plasma dépasse la moyenne de 9,1 mmol/L et que le taux maximal de réabsorption du glucose, établi à 2 mmol/min, a été dépassé. Les molécules de glucose présentes dans le tubule rénal agissent comme un diurétique osmotique ; elles augmentent la pression osmotique dans le tubule rénal, ce qui retient l’eau dans le fltrat, entraînant ainsi une perte de liquide et une augmentation de la production d’urine. La glycosurie s’ajoute aux trois signes classiques du diabète, soit la polyurie, la polydipsie et la polyphagie. La polyurie est une augmentation de la production d’urine causée par la présence de glucose dans le fltrat. L’augmentation de l’urine produite entraîne une déshydratation qui se maniestera par une soi excessive, la polydipsie. Finalement, la polyphagie est une augmentation de l’ingestion des aliments causée par le manque de glucose dans les cellules (voir l’Application clinique intitulée « Les affections entraînant des taux anormaux de glucose sanguin », p. 818).
❯ La réabsorption du glucose se produit dans le tubule contourné proximal. Chez une personne en santé, le glucose est réabsorbé en totalité. Le glucose est transporté : 1) à travers la membrane apicale, contre son gradient de concentration, par l’intermédiaire des symporteurs Na+-glucose ; 2) à travers la mem brane basolatérale, dans le sens de son gradient de concentration, par diusion acilitée grâce à des transporteurs de glucose.
Bien que la plupart des protéines ne soient pas fltrées libre ment dans le glomérule en raison de leur taille et de leur charge négative, certains peptides de petite taille et de taille moyenne (p. ex., l’insuline et l’angiotensine) ainsi que des quantités limitées de protéines plus grandes (p. ex., environ 0,02 % d’albumine) peuvent se trouver dans le fltrat. Les pro téines sont transportées par le tubule contourné proximal, du fltrat vers le sang, et ne sont pas excrétées dans l’urine. Les protéines sont transportées, plutôt que réabsorbées, en raison du ait qu’elles subissent des transormations au cours de leur réabsorption. Les protéines traversent la mem brane apicale par pinocytose (voir la section 4.3.3). Les lyso somes de ces cellules tubulaires digèrent ensuite ces protéines pour les décomposer en acides aminés. Ces acides aminés sont alors acheminés à travers la membrane basolatérale par diusion acilitée pour être réintégrés dans le sang. Les pep tides de très petite taille, comme l’angiotensine II, sont dégra dés par les peptidases dans la membrane apicale, et les acides aminés sont absorbés directement dans les cellules tubu laires. Par conséquent, les protéines et les peptides de petite taille sont d’abord dégradés en acides aminés qui sont alors absorbés dans le sang.
1144 Partie IV Le maintien et la régulation
Vérifiez vos connaissances 21. De quelle açon le glucose est-il réabsorbé à travers
les deux membranes des cellules tubulaires ? 22. Pourquoi les protéines sont-elles transportées
plutôt que simplement réabsorbées dans le tubule contourné proximal ?
24.6.4
Les substances partiellement réabsorbées
6
Nommer les substances pour lesquelles la réabsorption est partielle.
7
Décrire le processus de réabsorption du Na+, du K+, du Ca2+ et du PO43−.
8
Décrire la réabsorption de l’eau et comparer la manière dont ce processus est régulé par l’action de l’aldostérone et de l’ADH.
9
Décrire la régulation du pH dans les tubules rénaux collecteurs.
Certaines substances sont entièrement récupérées dans le fltrat, mais d’autres ne sont pas complètement réabsorbées, ce qui explique leur présence variable et en petite quantité dans l’urine. En variant la quantité d’une substance qui sera excrétée dans l’urine, le néphron joue un rôle important dans la concentration de cette substance dans le sang. Un certain nombre de subs tances se trouvent dans cette catégorie, notamment les ions Na+, l’eau et certains autres ions (K+, HCO3− et Ca 2+). La réabsorption des ions Na+ joue un rôle crucial dans la réabsorption de plu sieurs de ces autres substances.
À votre avis 4. Lorsqu’une substance contenue dans le sang est
fltrée, mais qu’elle n’est pas totalement réabsorbée dans le sang, sa concentration sanguine subira-t-elle une hausse, une baisse ou sera-t-elle maintenue ? Expliquez votre réponse.
24.6.4.1 Le sodium La quantité d’ions Na+ réabsorbés à partir du fltrat peut varier de 98 à 100 %. Contrairement au glucose et à d’autres nutriments, le Na+ est réabsorbé tout le long des tubules du néphron, la plus grande partie (environ 65 %) étant réabsorbée dans le tubule contourné proximal FIGURE 24.19A . Une proportion d’environ 25 % est réabsorbée dans l’anse du néphron. Une quantité variable est absorbée dans le tubule contourné distal et dans le tubule rénal collecteur à la suite d’une régulation hormonale. La concentration en Na+ est relativement aible à l’intérieur des cellules tubulaires et relativement élevée dans la lumière du tubule ainsi que dans le liquide interstitiel (voir la fgure 24.19B).
Le gradient de concentration du Na+ est établi par les pompes à Na+K+ ATPase. Ainsi, les ions Na+ traversent passivement la membrane apicale par diusion acilitée, dans le sens de leur gradient électrochimique, pour atteindre les cellules tubulaires dans lesquelles la concentration est plus basse. Le type de trans porteur protéique participant à leur passage à travers la mem brane apicale varie selon les diérentes sections du tubule rénal. Les pompes à Na+K+ ATPase sont intégrées à la membrane basolatérale. Ces pompes déplacent les ions Na+ des cellules tubulaires au liquide interstitiel, alors que les ions K+ passent du liquide interstitiel à la cellule tubulaire. Ce processus permet de maintenir une concentration en Na+ relativement aible dans les cellules tubulaires. Ces pompes consomment une quantité d’énergie substantielle ; elles utilisent environ 80 % de toute l’énergie investie dans le transport acti à l’intérieur des né phrons. Les ions Na+ pénètrent alors dans les capillaires péritu bulaires et les vasa recta. Près de la fn du tubule, la régulation de la réabsorption du Na+ est assurée par des hormones (voir la fgure 24.19C). En considérant que la consommation moyenne de sel des Canadiens en 2004 était de plus de 3 000 mg/jour, ce qui représente le double d’un apport sufsant (1 500 mg/jour) selon Santé Canada (2012), la régulation du Na+ dans les néphrons est essentielle au maintien de la natrémie normale. La quantité normale de Na+ excrétée dans l’urine varie de 0 à 2 % de la quantité totale de Na+ fltrée. Cette quantité est contrôlée par l’aldostérone et par le FNA dans le tubule contourné distal et dans le tubule rénal collecteur. L’al dostérone est une hormone stéroïde (voir la section 17.5.1) pro duite par le cortex surrénal. Elle pénètre dans les cellules principales pour se lier aux récepteurs intracellulaires et ormer un complexe hormonorécepteur qui stimule la synthèse de canaux protéiques à Na+ et de pompes à Na+K+ ATPase. Ces protéines de transport supplémentaires s’intègrent aux mem branes plasmiques des cellules principales et accroissent la réabsorption du Na+. L’eau suit le Na+ par osmose, entraînant la réabsorption d’un liquide isotonique. Les ions K+ sont toute ois sécrétés dans le fltrat au cours de ce processus, ce qui peut entraîner une diminution de la kaliémie (voir l’Application clinique intitulée « Les diurétiques », p. 1152). Le FNA inhibe la réabsorption des ions Na+ dans le tubule contourné proximal et dans le tubule rénal collecteur. Il inhibe aussi la libération de l’aldostérone (non représentée dans la fgure 24.19). Par conséquent, une plus grande quan tité de Na+ et d’eau (puisque l’eau suit le Na+ par osmose) est excrétée dans l’urine. Il convient de se rappeler que le FNA augmente le DFG, un processus qui accroît également la pro duction d’urine.
INTÉGRATION
STRATÉGIES D’APPRENTISSAGE
La phrase « Aldo aime le sel » peut aider à se rappeler que l’aldostérone contribue à la rétention du sodium. Notez également les racines du terme natriurétique (acteur natriurétique auriculaire), qui ont réérence à l’excrétion du sodium (Na+, du latin natrium) dans l’urine (-urétique).
Chapitre 24 Le système urinaire 1145
Réabsorption d’environ 65 % du Na+ dans le TCP
Réabsorption d’environ 25 % du Na+ dans l’anse du néphron
Réabsorption d’un pourcentage régulé de Na+ dans le TCD et les tubules rénaux collecteurs
A. Tubules Flux sanguin Capillaire péritubulaire
Na+
Réabsorption d’environ 65 % du Na+ dans le sang.
Liquide interstitiel
Filtrat
Membrane apicale Liquide e interstitiel iti tiel el
Concentration élevée en Na+
Faible concentration en K+ 2 Déplacement du Na+ contre son gradient de concentration par transport actif
Pompe à Membrane Mem Memb Me mb bra rane Na+-K+ rane basolatérale b ba aso ola até téra rale le ATPase
Faible concentration en Na+ Concentration élevée en K+
Flux sanguin
Membrane b assolatéralle basolatérale
le pr p inci in cipa ipa pale lle e Cellule principale Canaux à Na+
Concentration élevée en Na+
Pompes à Concentration élevée Na+-K+ ATPase + + K en K
N Na+
Faible concentration Concentration élevée en Na+ en Na+
H 2O
H 2O
Osm mose mose e Osmose
Aquaporine
Cellule tubulaire
Augmentation par l’aldostérone du nombre de canaux à Na+ et de pompes à Na+-K+ ATPase, ce qui accroît la réabsorption du Na+
1 Entrée du Na+ par diffusion facilitée
Membrane Transporteur apicale protéique de Na+ Concentration élevée Conservation d’environ en Na+ 35 % du Na+ dans le filtrat Filtrat B. Lumière du tubule contourné proximal
Variation du pourcentage de Na+ de 0 à 2 %
Capillaire péritubulaire
C. Lumière du tubule contourné distal et du tubule rénal collecteur
FIGURE 24.19 Réabsorption du sodium
❯ A. La réabsorption du Na+ se déroule tout le long du tubule rénal. B. La plus grande partie du Na+ est réabsorbée dans le tubule contourné proximal. Le Na+ est transporté par diusion acilitée à travers la membrane apicale dans le sens de son gradient de concentration ; il est aussi transporté à travers la membrane basolatérale contre son gradient de concentration par les pompes à Na+-K+ ATPase. C. Dans le tubule
24.6.4.2 L’eau Le mouvement de l’eau s’eectue par osmose. L’eau est réab sorbée par transport paracellulaire entre les cellules ou encore par transport transcellulaire à l’aide de protéines aectées spé cifquement au transport de l’eau, les aquaporines. Sur la quantité totale d’eau fltrée chaque jour, soit environ 180 L,
contourné distal et le tubule rénal collecteur, la régulation de la quantité de Na+ excrétée dans l’urine est assurée par des hormones. L’aldostérone se lie aux cellules principales, ce qui accroît le nombre de transporteurs de Na+ et de pompes à Na+-K+ ATPase. Au fnal, une augmentation de la réabsorption des ions Na+ et de l’eau (qui suit par osmose) se produit, de même qu’une augmentation de la quantité d’ions K+ sécrétés.
seule une petite quantité (environ 1,5 L) ne sera pas réabsorbée. La quantité exacte réabsorbée dépend de la consommation de liquides et de l’excrétion de liquides par d’autres voies (p. ex., par la transpiration ou les èces). La perméabilité du tubule à l’eau et la concentration du fltrat varient selon les diérentes sections du tubule.
1146 Partie IV Le maintien et la régulation
Environ 65 % de l’eau contenue dans le fltrat est réabsorbée dans le tubule contourné proximal FIGURE 24.20A. Ici, les aqua porines sont des composantes permanentes de la membrane api cale, et leur nombre est relativement constant. La sortie de l’eau hors du tubule contourné proximal est appelée réabsorption obli gatoire de l’eau. Comme le mouvement de l’eau dépend du mou vement des ions Na+, l’eau est obligée de suivre le Na+. Les mouvements de Na+ et de l’eau sont équivalents ; un fltrat isoto nique est maintenu le long du passage du fltrat dans le tubule contourné proximal. Dans l’anse du néphron, environ 10 % de l’eau fltrée conte nue dans le fltrat est réabsorbée. L’eau passe par la branche descendante de l’anse du néphron pour atteindre les vasa recta. Pendant que le fltrat traverse les tubules contournés distaux et les tubules rénaux collecteurs, la réabsorption de l’eau est principalement contrôlée par l’aldostérone et l’ADH. Puisque l’aldostérone accroît le nombre de pompes à Na+K+ ATPase et de canaux à Na+ dans les cellules prin cipales, cela augmente la réabsorption du Na+ et de l’eau. En conséquence, la concentration du fltrat est maintenue (voir la fgure 24.19). À l’opposé, l’ADH libérée par la neuro hypophyse (en présence d’une déshy dratation) se lie aux récepteurs des cellules principales afn d’accroître la migration des vésicules contenant des aquaporines vers la membrane. Ce pro cessus ournit des canaux supplémen taires pour la réabsorption de l’eau (voir la fgure 24.20B). La orce osmotique causée par le gra dient de concentration dans le fltrat, décrite ciaprès, retire l’eau du tubule. De cette açon, la réabsorption de l’eau régu lée par l’ADH vers la fn du tubule est indé pendante de la réabsorption du Na+, et la concentration du soluté dans le fltrat se met à augmenter. La réabsorption tubulaire en réponse à l’ADH est désignée sous le nom de réabsorption facultative de l’eau.
L’hormone antidiurétique et la production de l’urine L’hormone antidiurétique (ADH) accroît la réabsorption de l’eau du fltrat dans le sang, ce qui entraîne la production d’un volume restreint de l’urine, qui, par le ait même, est aussi plus concentrée. Dans le cas d’une déshydratation extrême, l’hy pothalamus produit des concentrations élevées en ADH ; par conséquent, le volume d’urine peut baisser à près de 500 ml/jour. La concentration de l’urine peut s’élever jusqu’à 1 200 milliosmoles (mOsm), soit la même concentration que le liquide interstitiel à l’extérieur des
tubules. Dans ces conditions, l’urine devient généralement beau coup plus oncée. Une baisse de l’ADH entraîne une augmentation du volume d’urine et une baisse du volume sanguin. Le volume d’urine peut atteindre plusieurs litres par jour et, grâce aux pompes qui extraient le sel du fltrat, la concentration de l’urine peut des cendre jusqu’à 50 mOsm. Dans de telles conditions, l’urine devient jaune très pâle. Le chapitre 25 décrit en détail les eets de ces hormones (aldostérone, FNA et ADH) sur les électrolytes, les liquides et l’équilibre acidobasique.
24.6.4.3 Le potassium Le K+ est diérent des autres substances étudiées jusqu’à pré sent, car il est à la ois réabsorbé et sécrété FIGURE 24.21. Le résultat peut ainsi correspondre à une réabsorption nette de K+,
Réabsorption facultative de l’eau dans le TCD et les tubules rénaux collecteurs Réabsorption obligatoire d’environ 65 % de l’eau dans le TCP
Réabsorption de 10 % de l’eau dans l’anse du néphron
FIGURE 24.20 Réabsorption de l’eau
❯
A. La réabsorption obligatoire de l’eau se déroule dans le tubule contourné proximal (environ 65 %). Dans l’anse du néphron, environ 10 % de l’eau est réabsorbée. La quantité d’eau excrétée dans l’urine est régulée dans le tubule contourné distal et dans les tubules rénaux collecteurs en réponse à la liaison de l’ADH. B. L’ADH se lie aux cellules principales afn d’accroître le nombre d’aquaporines. L’eau quitte les tubules par osmose.
A. Tubules Flux sanguin
Filtrat
e Cellule principale
ADH Aquaporines
Réabsorption accrue de I’eau par osmose en raison de l’augmentation du nombre d’aquaporines H2O
Osmose H2O Liquide interstitiel H2O
H2O Membrane apicale
Membrane basolatérale
Capillaire péritubulaire
B. Lumière du tubule contourné distal et des tubules rénaux collecteurs
Chapitre 24 Le système urinaire 1147
FIGURE 24.21 Mouvement du potassium
❯
Le K+ est à la fois réabsorbé et sécrété le long des différents segments du tubule rénal. La quantité d’ions K+ perdus dans l’urine dépend de l’activité des cellules principales dans les tubules rénaux collecteurs en réponse à l’aldostérone.
Réabsorption de 60 à 80 % des ions K+ dans le TCP Réabsorption et sécrétion régulées des ions K+ dans les tubules rénaux collecteurs Réabsorption continue des ions K+ par les cellules intercalaires de type A Modification de la sécrétion de K+ par les cellules principales en fonction des concentrations en aldostérone. Réabsorption de 10 à 20 % des ions K+ dans l’anse du néphron
avec une perte minime dans l’urine, ou une sécrétion nette, avec une perte plus grande dans l’urine. Dans le tubule contourné proximal, une proportion de 60 à 80 % des ions K+ du ltrat est réabsorbée par transport paracel lulaire qui varie en onction du mouvement des ions Na+ selon le processus suivant : 1. Le Na+ est réabsorbé à travers la membrane apicale. 2. L’eau suit le Na+. 3. La concentration des solutés restés dans le ltrat augmente, alors que l’eau suit le mouvement des ions Na+. 4. En conséquence, la concentration des solutés du ltrat est plus grande que celle du liquide interstitiel, ce qui produit un gradient de concentration entre le ltrat et le liquide interstitiel. 5. Le K+ se déplace dans le sens de son gradient de concentra tion et quitte le ltrat par la route paracellulaire. 6. Ces conditions permettent également la réabsorption passive d’autres solutés, y compris d’autres cations (Mg2+, Ca 2+), des ions PO 43−, des acides gras et de l’urée. Une quantité approximative de 10 à 20 % des ions K+ du ltrat est réabsorbée par transport transcellulaire et par transport paracellulaire dans le segment large de la branche ascendante de l’anse du néphron. Dans le tubule rénal collecteur, deux processus peuvent se produire : une réabsorption nette ou une sécrétion nette de K+. Les deux types de cellules spécialisées, les cellules intercalaires et les cellules principales, produisent des eets opposés sur le mouvement des ions K+. Les cellules intercalaires de type A réabsorbent continuellement le K+, alors que les cellules princi pales sécrètent le K+ selon les variations des concentrations en aldostérone.
L’aldostérone stimule la sécrétion de K+ par les cellules prin cipales, alors que le Na+ et l’eau sont réabsorbés. Une concentra tion élevée en K+ dans le sang constitue la source de stimulation la plus importante pour déclencher la libération d’aldostérone par le cortex surrénal. Ce mécanisme utilise ainsi une rétro inhibition pour maintenir les concentrations en K+ dans le sang le plus près possible des valeurs optimales.
24.6.4.4 L’équilibre calcium et phosphate Les onctions du Ca 2+ et du PO 43− sont intimement liées, car 99 % du calcium contenu dans l’organisme est emmagasiné dans les os et la plus grande partie de ce calcium est stockée sous orme de phosphate de calcium. Environ 60 % du Ca 2+ contenu dans le sang s’intègre au ltrat. Le reste des ions Ca 2+ se lient aux protéines du sang et ne peuvent ainsi être ltrés. En compa raison, une proportion de 90 à 95 % du PO43− est ltrée lorsque le sang traverse les capillaires glomérulaires. La quantité de Ca2+ et de PO43− excrétée dans l’urine est régu lée par la parathormone (PTH), ce qui infuence également les concentrations en Ca 2+ et en PO 43− dans le sang. La glande para thyroïde libère la PTH en réponse à une baisse de la calcémie (voir la section 7.6.2). Les tubules rénaux sont l’une des cibles de l’hormone FIGURE 24.22. La PTH inhibe la réabsorption du PO43− dans le tubule contourné proximal et stimule la réabsorp tion du Ca 2+ dans le tubule contourné distal. Lorsqu’une plus grande quantité de PO43− est éliminée dans l’urine, il reste moins de PO43− pour ormer le phosphate de calcium, le sel de calcium le plus présent dans les os. Par conséquent, une baisse du Ca 2+ normalement redéposé dans les os se produit ainsi qu’une hausse de la calcémie.
24.6.4.5 Les ions bicarbonate,
les ions hydrogène et le pH Le mouvement des ions bicarbonate (le HCO3− est une base aible) et des ions hydrogène (le H+ est un acide) joue un rôle
1148 Partie IV Le maintien et la régulation
Inhibition par la PTH de la réabsorption de PO 43− dans le TCP
intercalaires de type B (non représentées dans la fgure 24.23) sont actives. L’action des cellules de type B est opposée à celle des cellules de type A. Les cellules de type B sécrètent du HCO3− et réabsorbent des ions H+ pour abaisser le pH sanguin et hausser le pH de l’urine.
Stimulation par la PTH de la réabsorption du Ca2+ dans le TCD
L’action des cellules intercalaires de type A et de type B dans la régulation du pH sanguin constitue un élément important de l’équilibre du pH dans l’organisme (voir la section 25.5). Résultat : perte plus grande de PO43− dans l’urine et augmentation de la calcémie
23. Comment la réabsorption du
Na+ et de l’eau se produit-elle ? Quelles sont les deux hormones qui participent à ce processus ? 24. Quel est l’eet de la parathormone
FIGURE 24.22 Réabsorption des ions calcium et des ions phosphate
Vérifiez vos connaissances
sur la réabsorption du PO43− et du Ca2+ ?
❯ Les ions Ca 2+ et
PO43− sont réabsorbés dans les divers segments des tubules rénaux. Les quantités réabsorbées sont régulées par la PTH, qui inhibe la réabsorption du PO43− dans le tubule contourné proximal et stimule la réabsorption du Ca2+ dans le tubule contourné distal.
important dans la régulation du pH de l’urine et du sang. Les ions HCO3− traversent librement la membrane de fltration, alors que seules de petites quantités d’ions H+ sont fltrées. Le HCO3− fltré doit être réabsorbé pour aire en sorte que le pH sanguin ne devienne pas trop acide FIGURE 24.23A . De 80 à 90 % du HCO3− est récupéré du fltrat, principalement dans le tubule contourné proximal. La portion restante, entre 10 et 20 %, est récupérée de la branche ascendante de l’anse du néphron. Par conséquent, lorsque le fltrat entre dans le tubule contourné distal, la totalité du HCO3− qui se trouvait initialement dans le fltrat aura norma lement été réabsorbée. Il aut préciser que le HCO3− fltré n’est pas réabsorbé tel quel, mais qu’il est plutôt remplacé par le pro cessus décrit dans la fgure 24.23B. Le pH de l’urine et, par conséquent, celui du sang sont régu lés dans les tubules rénaux collecteurs. La manière dont ce pro cessus se produit dépend du pH sanguin de la personne ; il variera selon que les conditions sont acides ou alcalines. Chez une personne dont l’alimentation comporte des protéines ani males et du blé (diète nordaméricaine), les conditions sont généralement acides. Dans un tel cas, les molécules de HCO 3− nouvellement synthétisées sont réabsorbées dans le sang, et les ions H + sont excrétés dans le fltrat par les cellules interca laires de type A. Il en résulte une augmentation du pH san guin (qui devient plus alcalin) et une diminution du pH de l’urine (qui devient plus acide), produisant une valeur de pH moyenne d’environ 6,0 (voir la fgure 24.23C). Une personne qui consomme une abondance de ruits et de légumes et peu ou pas de protéines animales se trouve typique ment dans des conditions alcalines. Dans ce cas, les cellules
25. De quelle manière le mouvement
des ions H+ et HCO3− peut-il modifer le pH sanguin ?
24.6.5
Les substances éliminées comme déchets
10 Nommer les trois déchets azotés et décrire la destination
de chacun. 11 Donner d’autres exemples de substances éliminées
par les reins.
Le système urinaire prévient l’accumulation dans le corps de déchets cellulaires, de certaines hormones et de leurs métabo lites, ainsi que de substances étrangères (médicaments et pro duits chimiques) en les éliminant dans l’urine. Afn d’assurer leur élimination, les substances excrétées dans l’urine sont fl trées dans le glomérule et sécrétées tout le long du tubule.
24.6.5.1 Les déchets azotés Les déchets azotés sont des déchets métaboliques contenant de l’azote. Les principaux déchets azotés produits par l’orga nisme sont : 1) l’urée, une molécule hydrosoluble de petite taille produite dans le oie à partir de la dégradation des protéines ; 2) l’acide urique, provenant de la dégradation des acides nucléiques dans le oie ; 3) la créatinine, résultant du métabolisme de la créatine phosphate dans les tissus musculaires. L’urée et l’acide urique sont réabsorbés et sécrétés, alors que la créatinine n’est que très peu sécrétée. Les concentrations en urée dans le sang se situent entre 2,5 et 7,1 mmol/L, et elles
Chapitre 24 Le système urinaire 1149
Récupération de 80 à 90 % du HCO3− dans le TCP
Régulation d