Vivre ensemble 5e secondaire. Cahier de savoirs et d'activités. [2e édition. ed.] 9782761360173, 2761360176, 9782761360234, 2761360230

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Vivre ensemble 5e secondaire. Cahier de savoirs et d'activités. [2e édition. ed.]
 9782761360173, 2761360176, 9782761360234, 2761360230

Table of contents :
Cahier de savoirs et d’activités
Copyright
Table des matières
Aperçu d’un dossier
Aperçu de la Boîte à outils
Dossier 1: Les maîtres spirituels
Scénariste en quête d’inspiration
Regard sur la situation
Arrêt sur images
Des liens entre le visible et l’invisible
Les prêtres catholiques
Les pasteurs pentecôtistes
Les rabbins juifs
Les chamans autochtones
Les prêtres en Égypte ancienne
À propos des maîtres spirituels
Des ponts entre deux mondes
Maîtres spirituels et traditions religieuses
L’interprète de l’invisible
Test bilan du dossier 1
Dossier 2: La liberté d’expression
Débat à la radio étudiante: L’opinion de Maxime
Regard sur la situation
Arrêt sur images
Un droit fondamental
Des limites à la liberté d’expression
Lumière sur la liberté d’expression
Liberté d’expression et liberté de presse
Limiter la liberté d’expression dans les médias?
D’autres limites à la liberté d’expression dans les médias
Des libertés sans limites?
Censuré!
Les limites de la liberté
Tolérer ou ne pas tolérer?
Émission spéciale
Test bilan du dossier 2
Dossier 3: Voyage au cœur des religions
Un voyage culturel
Regard sur la situation
Arrêt sur images
La vie monastique
Le désert d’Égypte
Le mont Cassin, en Italie
Le mont Athos, en Grèce
La région de Qumran, en Palestine
Le mont Girnar, en Inde
Ermite, ascète ou moine?
Des effets de l’expérience religieuse
Des lieux et des expériences
Mes choix de destinations
Test bilan du dossier 3
Dossier 4: Virage équitable?
De nouvelles tenues de sport
Regard sur la situation
Arrêt sur images
La mondialisation
Pour ou contre la mondialisation
L’industrie du textile et du vêtement
La culture et le marché du coton
Des normes et des conditions de travail
Des solutions possibles
L’économie mondiale
100% coton
Derrière l’étiquette
La réunion du comité
Test bilan du dossier 4
Dossier 5: Dialogue entre religions
Une invitation du Parlement des religions du monde
Regard sur la situation
Arrêt sur images
Des religions, des points de vue
De l’affrontement au rapprochement
L’aventure du dialogue interreligieux
Des repères
L’historique des pourparlers
Des enjeux du dialogue interreligieux
Les conditions favorables au dialogue
Dialoguer ou ne pas dialoguer?
Regard éthique sur le dialogue interreligieux
Les cinq aveugles et l’éléphant
Un dépliant sur le dialogue interreligieux
Test bilan du dossier 5
Dossier 6: Surpopulation?
Une simulation d’une assemblée de l’ONU
Regard sur la situation
Arrêt sur images
La population terrestre
Des problèmes en vue?
La limitation des naissances
Des préoccupations d’ordre éthique
Des politiques responsables
Des chiffres et des mots pour le dire
Limiter les naissances?
Des solutions complexes
Questions de méthodologie
Le discours à la simONU
Test bilan du dossier 6
Dossier 7: Rites d’aujourd’hui
Un rite nouveau genre pour les finissants
Regard sur la situation
Arrêt sur images
La religion en trois temps
Les sociétés contemporaines et la religion
Des rites personnalisés
Des rites qui mettent l’accent sur l’émotion
Religion à la carte
Questions de sociétés
Religion et sociétés
Des rites nouveaux
Analyse d’un rite d’aujourd’hui
Mon entrevue à la télévision communautaire
Test bilan du dossier 7
Dossier 8: Dans votre assiette
Le Défi VG
Regard sur la situation
Arrêt sur images
Petit historique de l’élevage
La santé humaine
L’environnement
Le bien-être animal
Des solutions de rechange à l’élevage intensif
Des solutions de rechange à la viande
L’élevage en question
Traitement éthique d’une situation
Faits sur l’élevage animal
Des points de vue sur la viande
Des avantages et des inconvénients
Réflexion éthique
Réponse à la lettre du conseil des élèves
Test bilan du dossier 8
Dossier 9: L’art sacré
Le Mois de la culture à l’école
Regard sur la situation
Arrêt sur images
L’art et la religion
Le vitrail dans le catholicisme
L’icône dans le christianisme orthodoxe
Le masque sacré dans la spiritualité iroquoise
La calligraphie dans l’islam
Le mandala dans le bouddhisme tibétain
La représentation des divinités dans l’hindouisme
L’art et le sacré
Sacré ou profane ?
Des œuvres et des rites
Exprimer le divin
Mon œuvre d’art
Test bilan du dossier 9
Dossier 10: Êtres de besoins et de désirs
Esclaves de nos désirs?
Regard sur la situation
Arrêt sur images
Les besoins et les désirs humains
Les désirs: une expression de l’ambivalence
Désirs et consommation
Distinguer le besoin du désir
Face à face avec le désir
Le christianisme et le désir
La communauté amish et le désir
L’épicurisme et le désir
Le bouddhisme et le désir
Place au désir
Traitement éthique d’une situation
Histoire de pêche
Forum de discussion
Test bilan du dossier 10
Boîte à outils
Glossaire
Sources

Citation preview

5e secondaire

s et d ’a ct iv it és Ca h ie r d e sa vo ir

Martin Dubreuil

|

2 e éd it io n

Stéphane Farley

5e secondaire

s et d ’a Ct iv it és Ca h ie r d e sa vo ir

Martin Dubreuil

|

2 e éd it io n

Stéphane Farley

avec la collaboration de Myriam Jézéquel

Directrices à l’édition Chantale Quirion (2e édition) Marie Duclos (édition originale) Diane Legros (édition originale)

Directrice à l’édition Dossiers 4, 8 et 9 (édition originale) Monique Daigle

Chargées de projet Madeleine Dufresne (2e édition) Carole Lambert (édition originale) Johanne Chasle (édition originale)

Rédacteurs (édition originale) Virginie Krysztofiak Paul Ste-Marie

Réviseure linguistique Diane Plouffe

Chargé de projet (édition originale) Pierre-Marie Paquin

Correctrices d’épreuves Lucie Lefebvre (2e édition) Marie Théorêt (2e édition) Pierrette Tostivint (édition originale) Céline Vangheluwe (édition originale)

Réviseurs scientifiques Chrystian Boyer, historien, chargé de cours à l’UQAM. Myriam Jézéquel, docteure en philosophie (Université de la Sorbonne Paris-IV), experte-conseil en éducation interculturelle et chercheure sur les droits de la personne, finaliste en 2008 du Prix québécois Jacques-Couture pour le rapprochement interculturel. Denyse Légaré, Ph. D., historienne de l’art et de l’architecture. Michel Métayer, philosophe et auteur du livre La philosophie éthique : enjeux et débats actuels, publié chez ERPI. Sophie Riverin, chargée de gestion, Centre des Premières Nations Nikanite de l’Université du Québec à Chicoutimi. Isabelle Saine, enseignante au collège André-Grasset, chargée de cours à l’UQAM et doctorante à l’École des hautes études en sciences sociales de Paris.

Recherchiste (photos et droits) Pierre Richard Bernier (2e édition) Jocelyne Gervais

Amina Triki-Yamani, docteure en sciences de l’éducation, Chaire de recherche du Canada sur l’Éducation et les rapports ethniques, et enseignante à l’Université de Montréal.

Directrice artistique Hélène Cousineau Coordonnatrice aux réalisations graphiques Sylvie Piotte

Philippe Turenne, chargé de cours et doctorant à l’Université McGill. Consultants pédagogiques

Couverture Frédérique Bouvier (2e édition et édition originale)

Diane Beauchemin, enseignante, école secondaire JacquesRousseau, commission scolaire Marie-Victorin.

Conception graphique Benoît Pitre (2e édition) Frédérique Bouvier (édition originale)

Diane Lajoie, enseignante, polyvalente Benoît-Vachon, commission scolaire de la Beauce-Etchemin. Nancy Granger, enseignante, école secondaire Louis-Cyr, commission scolaire des Grandes-Seigneuries.

Édition électronique Fenêtre sur cour (2e édition) Catherine Boily (édition originale)

Richard Têtu, enseignant, école secondaire De Rochebelle, commission scolaire des Découvreurs.

Illustrateurs Annick Poirier, p. 177 Sonia Roy, colagene.com, p. 19 Yan Dillenschneider, p. B81, B82 et B93 à B97 Cartographes Julie Benoit, p. B52 Dimension DPR, p. 42, B23, B31, B37, B41, B53, B59, B65, B70, B73

© ÉDITIONS DU RENOUVEAU PÉDAGOGIQUE INC. (ERPI), 2014 Membre du groupe Pearson Education depuis 1989 5757, rue Cypihot Saint-Laurent (Québec) H4S 1R3 CANADA Téléphone : 514 334-2690 Télécopieur : 514 334-4720 [email protected] http://pearsonerpi.com

Dépôt légal – Bibliothèque et Archives nationales du Québec, 2014 Dépôt légal – Bibliothèque et Archives Canada, 2014 Imprimé au Canada ISBN 978-2-7613-6023-4

1234567890 NB 1987654 13305 ABCD OF10

Notes Graphies : Il existe plusieurs façons d’écrire les mots qui viennent d’autres langues que le français. Dans le présent ouvrage, nous avons privilégié les translittérations qui se trouvent dans le programme d’éthique et culture religieuse ou dans le Petit Robert. Projection des planisphères : projection de Robinson.

table des matières Aperçu d’un dossier

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

IV

Aperçu de la Boîte à outils . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

VII

dossier 1

Les maîtres spirituels . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

dossier 2

La liberté d’expression

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

19

dossier 3

Voyage au cœur des religions . . . . . . . . . . . .

41

dossier 4

Virage équitable ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

59

dossier 5

Dialogue entre religions . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

79

dossier 6

Surpopulation ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

99

dossier 7

Rites d’aujourd’hui . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

117

dossier 8

Dans votre assiette . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

135

dossier 9

L’art sacré . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

157

dossier 10

Êtres de besoins et de désirs . . . . . . . . . . . . .

177

Boîte à outils . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

B1

Glossaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

G98

1

Sources . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . S100

Aperçu d’un dossier Première partie du dossier Le numéro et le titre du dossier.

Voyage au cœur des religions

dossier 3

Pour visualiser le contenu du dossier : textes et activités (les activités sont précédées d’un symbole noir).

Un voyage culturel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .42 Regard sur la situation . . . . . . . . . . . . . . . . . .43 Arrêt sur images . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .44 La vie monastique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .45 Le désert d’Égypte . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .46 Le mont Cassin, en Italie . . . . . . . . . . . . . . . . . . .47 Le mont Athos, en Grèce . . . . . . . . . . . . . . . . . .48 La région de Qumran, en Palestine . . . . . . . . . .49 Le mont Girnar, en Inde . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .50 Ermite, ascète ou moine ? . . . . . . . . . . . . . . . .51 Des effets de l’expérience religieuse . . . . . . .52

Une mise en situation pour orienter la lecture des contenus du dossier et la réalisation des activités.

Des lieux et des expériences . . . . . . . . . . . . .53 Mes choix de destinations . . . . . . . . . . . . . . .55 Test bilan du dossier 3 . . . . . . . . . . . . . . . . . .57

Pour vous approprier le sujet et pour enclencher votre réflexion. Nom :

Groupe :

Un voyage culturel Chaque année, votre école offre aux élèves la possibilité de faire un voyage culturel. Cette année, les enseignants d’histoire et ceux d’éthique et culture religieuse proposent un voyage fascinant : la découverte d’une forme de vie monastique et son influence sur une tradition religieuse. Les organisateurs envisagent cinq destinations. Désireux de connaître l’avis des élèves intéressés, ils organisent une réunion d’information.

1. Selon vous, quelles sont les caractéristiques du mode de vie d’un moine ou d’une moniale ? Option 3 Le mont Athos, en Grèce. Croisière autour du mont Athos.

2. Selon vous, quelle tradition religieuse pourrait être associée à chacun des lieux présentés à la page précédente ?

Option 2 Le mont Cassin, en Italie. Visite du premier monastère bénédictin.

Pour faire des liens entre la pratique du dialogue et des éléments de la vie de tous les jours traités dans le dossier.

Date :

REGARD SUR LA SITUATION

Option 4 La région de Qumran, en Palestine. Visite du lieu de la découverte des manuscrits de la mer Morte.



Le désert d’Égypte :



Le mont Cassin, en Italie :



Le mont Athos, en Grèce :



La région de Qumran, en Palestine :



Le mont Girnar, en Inde :

3. Connaissez-vous d’autres lieux dans le monde où des personnes se retirent pour vivre une expérience religieuse ? Expliquez votre réponse.

4. Selon vous, existe-t-il au Québec un lieu ou des lieux où des personnes se retirent pour vivre une expérience religieuse ? Expliquez votre réponse.

5. Les moines et les moniales obéissent à certaines règles, comme prier à heures fixes ou garder le

Option 1

silence. Connaissez-vous une autre règle en vigueur dans les monastères chrétiens ? Expliquez votre réponse.

Le désert d’Égypte. Sur les pas des Pères du désert.

Option 5

PLACE PUBLIQUE

Le mont Girnar, en Inde. Visite du sanctuaire du grand guide Neminatha.

42

6. Nommez une activité que pourrait pratiquer une personne qui souhaite prendre du recul et réfléchir à son existence. Expliquez votre réponse.

La lettre de motivation La lettre de motivation est un document qui permet à une personne de susciter l’intérêt de recruteurs pour un projet particulier. Ce type de lettre accompagne généralement le curriculum vitæ d’une personne qui postule un emploi. Elle peut aussi appuyer une demande de financement pour un projet, une demande d’admission dans certaines écoles ou une candidature pour un stage d’étude à l’étranger. Généralement, la lettre de motivation vise la tenue d’une entrevue entre les recruteurs et les candidats.

7. Notez une question que soulève chez vous la lecture de la page 42.

VIVRE ENSEMBLE 5

DOSSIER 3 Voyage au cœur des religions

ARRÊT SUR IMAGES

43

Se retirer du monde Les formes de vie monastique varient selon les traditions religieuses. Toutefois, la réclusion n’est pas le propre des traditions religieuses. De nombreuses personnes s’isolent de temps à autre pour réfléchir à leur existence.

Au Québec La communauté juive hassidique du Québec est principalement établie à Montréal. Courant mystique originaire de l’Europe de l’Est, le hassidisme fait partie du judaïsme orthodoxe. Les communautés juives hassidiques peuvent être considérées comme des sociétés fermées. Leurs membres rejettent la plupart des valeurs et mœurs associées à la consommation et au divertissement des sociétés occidentales modernes. Ils s’habillent également de manière très pudique et se voient souvent interdire de regarder la télévision.

Pour faire des liens entre le sujet du dossier et le monde actuel.

Plusieurs chercheurs comparent les voyages sac au dos à de véritables rituels de passages. Les randonneurs quittent leur environnement familier pour vivre une expérience intense et ainsi revenir transformés.

Ailleurs dans le monde Les randonneurs, souvent appelés « backpackers », se déplacent souvent seuls, avec un sac à dos comme unique bagage. Leurs voyages sont souvent à petit budget et peu planifiés. Les randonneurs cherchent souvent à quitter le quotidien pour vivre des expériences intenses qui pourraient avoir pour effet de transformer leur vision du monde.

Chez les juifs orthodoxes, certains vêtements, tissus et coiffures doivent respecter diverses prescriptions bibliques.

Qu’est-ce que la vie monastique ? Quelles sont les règles de la vie monastique ? Quels sont les aspects de la vie monastique dans les traditions religieuses ? Qu’est-ce qu’un ermite ? Qu’est-ce que l’ascétisme ?

44

IV

ViVre ensemble 5

VIVRE ENSEMBLE 5

Des pistes de réflexion pour amorcer la discussion sur le sujet.

Deuxième partie du dossier

La vie monastique Certains croyants adoptent la vie monastique, c’est-à-dire qu’ils se retirent du monde pour se consacrer totalement à leur quête spirituelle. La plupart d’entre eux considèrent que la vie en société ne permet pas de mener une existence pleinement inspirée par les fondateurs de leur tradition religieuse. La vie monastique les amène à suivre certains principes et règles propres à leur religion et à leur communauté religieuse. Elle leur offre ainsi la possibilité de consacrer une grande partie de leur temps à diverses expériences et pratiques religieuses, comme la prière, la méditation et la contemplation.

Les pages d’information

Des encadrés pour en apprendre plus sur certains sujets. L’abbaye de Saint-Benoit-du-Lac, près de Magog. Fondée en 1912, l’abbaye compte une quarantaine de moines. Elle fait partie de la Confédération bénédictine.

Quelques caractéristiques de la vie monastique

Un peu de vocabulaire

La vie monastique est généralement caractérisée par le célibat et l’ascétisme. Le célibat permet en effet aux moines et aux moniales de se consacrer entièrement et exclusivement à leur quête spirituelle. Quant à l’ascétisme, qui nie divers besoins physiques et psychologiques, il favorise l’atteinte d’un idéal spirituel. Les pratiques ascétiques peuvent comprendre le jeûne, le silence, la solitude, la privation de sommeil, etc.

Ascète errant : Personne qui s’impose un grand nombre de privations et qui renonce aux biens matériels pour mener une existence d’itinérant et de mendiant, et qui consacre son existence à sa quête de perfection morale et spirituelle. Ermite : Personne qui se retire de la vie en société pour mener, dans la solitude, une existence généralement axée sur la prière et la contemplation. Moine ou moniale : Personne qui s’engage, le plus souvent en communauté, à consacrer sa vie à la prière ou à la méditation et à suivre les règles d’une institution monastique. Monastique : Qui concerne les moines.

La retraite spirituelle Généralement, les moines et les moniales s’engagent à temps plein et de façon permanente dans la vie monastique. Les croyants qui ne font pas partie d’une communauté religieuse peuvent faire une retraite spirituelle, c’est-à-dire qu’ils se retirent temporairement du monde pour se livrer à la méditation et à la contemplation. Ils peuvent ainsi combler leurs besoins de silence, de ressourcement et de solitude, ce qui leur permet de prendre du recul par rapport à leur existence et de réfléchir à divers de ses aspects.

Des rubriques Les trucs du métier pour en apprendre davantage sur différentes professions.

Chaque année, un nombre grandissant de jeunes du secondaire participent à des retraites spirituelles.

DOSSIER 3 Voyage au cœur des religions

Pour ou contre la mondialisation

La mondialisation

Les partisans de la mondialisation

La mondialisation est le développement de la production et de l’échange de marchandises, d’information et d’argent à l’échelle de la planète. Les pays harmonisent leurs lois économiques et mettent en place des mesures favorisant le commerce. Cependant, l’industrialisation ne se fait pas au même rythme dans toutes les régions du monde. Des écarts importants existent entre les pays industrialisés et les pays en voie de développement. Mais à l’heure de la mondialisation, tous les pays sont devenus dépendants les uns des autres. On parle des « effets » de la mondialisation, car les systèmes économiques de tous les pays forment une seule grande économie mondiale. Ainsi, lorsqu’un pays connaît des difficultés, par exemple la faillite des grandes banques aux États-Unis en 2008, les pays du monde entier vivent, presque en même temps, une crise.

Les partisans de la mondialisation considèrent que le commerce international doit se développer le plus librement possible, sans l’intervention des gouvernements. On appelle cette théorie le « néolibéralisme ». Pour les partisans de la mondialisation, il faut laisser la loi de l’offre et de la demande dicter le prix des produits. Les partisans de la mondialisation souhaitent que les entreprises augmentent leur compétitivité et accroissent leurs profits en produisant des biens ou en offrant des services, là où les conditions sont les Les altermondialistes prônent l’égalité entre pays riches plus avantageuses, c’est-à-dire dans des pays où la et pays pauvres. main-d’œuvre coûte peu cher. Selon eux, les inégalités entre les pays industrialisés et les pays en développement ont toujours existé, mais la mondialisation pourrait permettre d’atténuer ces inégalités à long terme.

Le 4 janvier 2008, l’effondrement des valeurs à la bourse de New York a touché les Bourses du monde entier.

Le libre-échange Le libre-échange est un régime économique dans lequel les échanges commerciaux entre plusieurs pays sont exempts des frais de douane et des taxes. Il s’agit d’une entente entre des pays. Le libre-échange encourage généralement les pays à se spécialiser dans ce qu’ils produisent le mieux, au meilleur coût de production possible. L’un des buts du libre-échange est de permettre aux consommateurs de bénéficier d’un plus grand choix de produits de consommation, le plus souvent à bas prix, en provenance du monde entier.

Le point de vue des altermondialistes Les altermondialistes s’opposent à la mondialisation néolibérale parce qu’ils considèrent qu’elle accentue les inégalités entre les pays industrialisés et les pays en développement, autrement dit, qu’elle aggrave le déséquilibre des rapports Nord-Sud. Ils réclament une mondialisation plus humaine, contrôlée par des lois qui permettent de diminuer les inégalités économiques, les injustices sociales et les impacts environnementaux des industries. Les altermondialistes militent pour un partage équitable des ressources et de la richesse. Selon eux, il est possible de combattre les inégalités et les injustices mondiales en améliorant la coopération entre les pays, de manière à ce que les pays riches deviennent moins riches et les pays pauvres, moins pauvres.

Un peu de vocabulaire Pays du Nord : ensemble des « pays développés », car la majorité des pays les plus riches se trouvent au Nord et la majorité des pays en développement et des pays pauvres se trouvent au Sud.

Des rubriques biographiques

Loi de l’offre et de la demande : en économie, loi selon laquelle le prix d’un produit fluctue selon la quantité de ce produit offerte sur le marché (l’offre) et le nombre de personnes qui souhaitent l’acquérir (la demande).

La délocalisation, une conséquence de la mondialisation Avec la mondialisation, les pays émergents et les pays en développement se sont spécialisés dans la production de biens et de services tels que les vêtements, les produits électroniques, les produits agroalimentaires et même les services de téléphonie. Cette situation a entraîné un phénomène de délocalisation, c’est-à-dire le déplacement de certains emplois des pays du Nord vers le Sud, où les coûts de production sont moins élevés.

LES TRUCS DU MÉTIER Économiste Un ou une économiste est une personne spécialisée en sciences économiques. Son rôle est de conseiller les entreprises, les institutions financières ou les gouvernements dans la prise de décisions financières ou dans l’établissement de prévisions budgétaires. Les sciences économiques rejoignent plusieurs domaines, par exemple la mathématique, la statistique, la sociologie, l’histoire, les sciences politiques et les lois commerciales. Au Québec, des programmes de baccalauréat en sciences économiques sont offerts dans plusieurs universités.

PORTRAIT

Milton Friedman Milton Friedman est considéré comme l’un des économistes les plus influents du 20e siècle. Lauréat du prix Nobel d’économie en 1976, il fut un défenseur du libéralisme économique. Il estimait que la réduction du rôle de l’État dans l’économie mondiale est le meilleur moyen pour les pays d’atteindre une plus grande liberté politique et économique. Il a exercé une influence importante sur la politique économique des États-Unis.

Milton Friedman (1912-2006).

64

45

DOSSIER 4 Virage équitable ?

VIVRE ENSEMBLE 5

63

La région de Qumran, en Palestine Les esséniens sont les membres d’un regroupement religieux juif installé en Palestine à partir du 2e siècle avant notre ère. Ils sont organisés en diverses communautés monastiques, installées dans la région de Qumran, sur les rives inhospitalières de la mer Morte.

BAO

Des renvois aux pages de la Boîte à outils pour compléter l’information présentée.

Le judaïsme, p. B41

Un peu d’histoire Vers 150 avant notre ère, un prêtre juif décide de quitter Jérusalem avec un petit nombre de disciples pour fonder une communauté dans le désert, sur les rives de la mer Morte. Pour les esséniens, le désert représente un idéal spirituel de pureté, éloigné de la vie religieuse de Jérusalem qu’ils estiment corrompue. Vers 68 de notre ère, l’armée romaine, qui se prépare à attaquer Jérusalem, détruit Qumran. Cet événement marque la fin de la communauté des esséniens qui doivent fuir pour éviter les persécutions. Le judaïsme n’a pas connu d’autre forme de vie monastique par la suite.

Des mots en gras, bleus, qui renvoient au glossaire, aux pages G98 et G99.

L’expérience religieuse des esséniens Pour les membres de la communauté de Qumran, la fin des temps est imminente. Ils croient que leur monde sera bientôt remplacé par un monde meilleur, un monde tel que Dieu l’a souhaité. Pour se préparer à cet événement, les esséniens de Qumran cherchent à vivre une relation intime avec Dieu par l’entremise de pratiques ascétiques rigoureuses et par divers rituels de purification. Ils croient que ces pratiques favoriseront l’arrivée d’une ère de perfection à laquelle ils seront appelés à participer.

Le site où ont été découverts les manuscrits de la mer Morte. De 1947 à 1956, à Qumran, des fouilles archéologiques ont permis de découvrir, scellés dans des vases de terre cuite, près de 900 manuscrits. Des esséniens, qui fuyaient les persécutions romaines, avaient caché, les documents dans des grottes. Parmi ces manuscrits se trouvent divers textes sur la vie religieuse de la communauté de Qumran, des commentaires bibliques et des fragments de presque tous les livres de l’Ancien Testament.

Aujourd’hui, les manuscrits de la mer Morte constituent le principal héritage des esséniens de Qumran. Ces documents fournissent aux chercheurs des informations précieuses sur les textes bibliques. De plus, ils ont permis de mieux saisir le contexte religieux et culturel dans lequel évoluait Jésus de Nazareth et ses premiers disciples. Une des urnes qui contenaient des manuscrits de la mer Morte. DOSSIER 3 Voyage au cœur des religions

49

Aperçu d’un dossier

V

Les pages d’activités Nom :

Groupe :

Date :

ERMITE, ASCÈTE OU MOINE ? 1. Expliquez en quoi la vie monastique est une expérience religieuse.

Des renvois aux pages de la Boîte à outils pour trouver l’information nécessaire à la réalisation de l’activité.

2. Quelle est la principale différence entre un ermite et un moine ?

3. Nommez trois exemples concrets de pratiques ascétiques.

PLACE PUBLIQUE

BAO, p. B85 et B86

1 Lisez les citations, puis répondez aux questions. A. De même que les poissons crèvent s’ils demeurent trop longtemps hors de l’eau, de même les moines qui s’attardent hors de leur cellule ou passent leur temps avec les gens du monde se relâchent-ils de l’intensité de leur paix intérieure. Sentence du père Antoine (Paroles des anciens. Apophtegmes des Pères du désert, trad. Jean-Claude Guy, Paris, Éditions du Seuil, coll. Points, Sagesses, 1976, p. 16.)

a) À quel type de raisonnement correspond cette affirmation ?

b) Nommez les deux réalités qui y sont comparées.

c) Quel est le but visé par le raisonnement du père Antoine ?

B. Ne tue aucun être vivant. N’essaie pas de les dominer.

Mahavira, grand guide jaïn.

a) À quel type de jugement correspond cette affirmation ?

b) Formulez une question qui permet d’interroger ce jugement.

DOSSIER 3 Voyage au cœur des religions

51

Troisième partie du dossier Nom :

Groupe :

Date :

TEST BILAN DU DOSSIER 3

Total

Le test bilan

/25

1. Reliez les formes de vie monastique aux personnes correspondantes. Certains mots ont laissé échapper des lettres. Complétez-les.

Des activités pour revenir sur les notions et concepts vus dans le dossier et pour faire le point sur le sujet.

Personnes qui se retirent de la vie en société pour mener, dans la solitude, une existence généralement axée sur la prière et la contemplation. Les Personnes qui s’imposent un grand nombre de privations et qui renoncent aux biens matériels pour mener une existence d’itinérants et de mendiants, et qui consacrent leur existence à leur quête de perfection morale et spirituelle.

s

te

e

nts.

Les

mi

es.

Les moines et Personnes qui s’engagent, le plus souvent en communauté, à consacrer leur vie à la prière ou à la méditation et à suivre les règles d’une institution monastique.

s.

/3

2. Nommez une caractéristique commune aux différentes formes de vie monastique décrites à la question 1. Expliquez votre réponse.

/2

3. Complétez la ligne du temps suivante. Pour chacune des dates indiquées, a) écrivez le nom de la communauté ou du personnage approprié : Benoît de Nursie. Pacôme. Pierre l’Athonite. Esséniens. Mahavira. b) nommez la tradition religieuse associée au personnage ou à la communauté.

Nom :

6e siècle avant notre ère

2e siècle avant notre ère

4e siècle

6e siècle

Groupe :

Date :

4. De quel exemple de vie monastique chrétienne se rapproche le plus l’ascétisme jaïn ?

8e siècle

Expliquez votre réponse à l’aide d’un argument.

/3

/5

5. Parmi les comportements suivants, cochez ceux que doivent adopter les moines qui suivent DOSSIER 3 Voyage au cœur des religions

la règle de saint Benoît.

57

Être brave.

Être agile.

Être humble.

Être spontané.

Être obéissant.

Être silencieux.

6. Vrai ou faux ?

/3 vrai

faux

a) Les écrits des esséniens de Qumran ont permis de mieux comprendre le contexte religieux dans lequel évoluait Jésus de Nazareth. b) Pierre l’Athonite, un ermite du mont Athos, a organisé la vie monastique sur cette sainte montagne. c) Les Pères du désert sont considérés comme les fondateurs de la vie monastique chrétienne.

/3

7. Lisez chacune des affirmations, puis répondez aux questions suivantes. a) Nommez le type de jugement auquel l’affirmation correspond. b) Formulez une question qui permet d’interroger ce jugement. A. « Arsène, fuis les hommes et tu seras sauvé. » Type de jugement : Interrogation du jugement :

B. Depuis 1060, seuls les hommes ont accès au mont Athos. Type de jugement : Interrogation du jugement :

C. Les manuscrits de la mer Morte sont des documents précieux. Type de jugement : Interrogation du jugement :

/6 58

VI

ViVre ensemble 5

VIVRE ENSEMBLE 5

Aperçu de la Boîte à outils L’éthique Mieux comprendre la réflexion éthique

Pour mieux réfléchir sur des questions éthiques.

L’éthique comporte des…

questions éthiques qui soulèvent des…

enjeux éthiques qui sont des…

Comment formuler une question éthique? valeurs (Voir la page B6.)

normes La question éthique est l’outil principal pour poser un regard éthique sur une situation. Se divisent en… Les questions éthiques ont trois fonctions.

Comprendre Certaines questions permettent de mieux comprendre les normes, les valeurs et les comportements associés à une situation, car elles font ressortir des précisions Règle morale importantes.

Principe moral Un principe moral est une norme qui définit ce qu’il est nécessaire de faire ou de ne pas faire pour atteindre ce qui est tenu pour le bien. Cette norme est souvent exprimée dans un énoncé très général dont découle un ensemble de règles morales.

Exemples de questions : Qu’est-ce le droit à la liberté d’association ? Qu’est-ce que Une règle morale est une norme qui spécifieque comment appliquer un principe moral dans situations précises.est la différence entre l’égalité et l’équité ? la vie privée ? Qu’est-ce quedes le plagiat ? Quelle La règle apparaît généralement plus contraignante et elle Quelles sont les différentes façons de concevoir la justice sociale ? s’exprime souvent sous forme d’interdictions.

Définir

« Ne fais pas aux autres ce que tu ne voudrais pas que l’on te fasse. »

« Ne tue pas. » permettent de définir et de mieux connaître les normes, les points «Certaines Ne vole pas.questions » vue et les de différentes personnes dans telle situation, car elles per«de Il est interdit de motivations s’adresser à autrui de manière volontairement offensante, que ce soitdivers en paroles ou en et gestes. » mettent de distinguer repères conduites.

« Aimez-vous les uns les autres. »

questions : Quelles leshaineux normes relatives à l’élevage des animaux ? «Exemples Il est interditde de tenir ou d’encourager dessont propos Quel est le point »de vue de tel spécialiste sur tel sujet ? Pour quelles raisons les interou discriminatoires. fréquentent-ils tel réseau social Pourquoi est-il interdit de mâcher de la gomme «nautes Il est défendu d’utiliser la force physique contre? qui que ce classe soit. » ? en

« Agis en vue du plus grand bonheur collectif. »

« Il est interdit de détériorer volontairement le local de classe. »

« Sois honnête. »

« Afin de respecter les droits d’auteurs, l’élève doit indiquer Certaines permettent d’évaluer, clairement les questions sources des informations qui sont utilisées de justifier ou de recommander des conduites ou dans un travail. » des idées en lien avec la situation, car elles mènent à des suggestions

Évaluer

« Respecte les droits et libertés d’autrui. » « Tout être humain est titulaire de libertés fondamentales telles la liberté d’expression, de conscience et de réunion pacifique. » « Tout être humain a droit au respect professionnel. » B4

VIVRE ENSEMBLE 5

de conduites à adopter ou à des propositions de solutions à divers problèmes éthiques. Les options proposées visent à favoriser le vivre-ensemble. « Il est interdit de faire circuler des informations sur la vie Exemples de questions : Pour quelles raisons est-il souhaitable d’acheter des livres de privée des personnes sans leur consentement. » littérature dans des magasins à grande surface ? Quels seraient les comportements à promouvoir ou à éviter dans telle situation ? Que conseillerais-tu à telle personne dans telle situation ? Quels sont les avantages et les inconvénients de certaines actions ? Quelles sont les conséquences de telles actions ?

Un aperçu de quelques grands courants philosophiques pour aborder les questions éthiques et y réfléchir.

Questions à éviter Lors d’une réflexion éthique, il est recommandé d’éviter les questions du type « Doit-on… ? » ou « Faut-il… ? », qui laissent croire à une bonne réponse. De telles questions relèvent plus de la morale. L’éthique cherche davantage à déterminer si les actions sont souhaitables et sur quoi elles sont fondées.

BOÎTE À OUTILS

B5

Les grands courants philosophiques

Des extraits de la Charte des droits et libertés de la personne du Québec, du Code civil du Québec et du Code criminel du Canada pour mieux comprendre les droits fondamentaux dans notre société.

Extraits de la Charte des droits et libertés de la personne du Québec

Que fait le philosophe ? Il réfléchit aux questions les plus fondamentales que se pose l’être humain. Il s’interroge sur des sujets comme la vérité, la liberté, la démocratie ou le sens de la vie et de la mort. L’éthique est un domaine spécialisé de la philosophie qui s’intéresse aux grands principes de la conduite humaine. Ses deux principaux objets d’étude sont la morale et le bonheur. Le texte qui suit présente une brève description de six courants de pensée éthiques et de six philosophes qui y sont associés. Le penseur, œuvre du sculpteur français Auguste Rodin (1840-1917).

L’hédonisme

qu’il veut tuer. Vous savez où elle se trouve. DevezL’éthique déontologique Le terme hédonisme vient du grec hedonê, qui vous le lui dire ? » Kant a estimé que oui, car notre Un hédonisme modéré signifie « plaisir ». L’hédonisme est une éthique duL’éthique déontologique est une morale du devoir Épicure professait un hédonisme modéré. Ildevoir est de toujours dire la vérité. plaisir. Il définit le bien par le plaisir et le mal, par(déontos en grec). Elle fonde la morale sur des prinavec modération lespeu plaisirs cipesconseillait que nousde nesatisfaire devons jamais transgresser, la douleur. simples et naturels, et il condamnait le luxe, les excès L’existentialisme importe les conséquences. et ce qu’il appelait les désirs vides, comme la soif de Épicure L’existentialisme nie que l’être humain ait une Kantcélébrité, de pouvoir ou de richesse, qui est impos-nature prédéterminée. Il conçoit l’être humain Épicure (341-270 avant notre ère) fut probablement sible à combler. Emmanuel Kant (1724comme un être libre qui se définit et s’invente luile philosophe le plus célèbre de l’Antiquité. Il fonda 1804) est un des plus Selon Épicure, il n’y a aucune raison de craindre les même à travers ses choix. à Athènes sa fameuse école du Jardin, vers 306 avant grands nomsà de dieux, car ils vivent dans un monde partl’hiset ils ne notre ère. Ouverte aux femmes et à toutes les classes Sartre toire de philosophie. Il s’intéressent aucunement aulasort des humains. sociales, cette école fonctionnait sur le modèle d’une mena Königsberg, Il conseillait aussi de ne pas àavoir peur de laenmort.À la fois philosophe et écrivain, Jean-Paul Sartre communauté d’amis. Épicure y mena une vie simple Allemagne, une suppose vie pai- des(1905-1980) fut un personnage fortement médiaPartant de l’idée que toute souffrance et frugale, et resta célibataire et sans enfants jusqu’à et rationnellement sensations de douleur,sible il concluait qu’on n’a rien àtisé en raison de ses positions politiques radicales, sa mort. ordonnée, de nicomme son appui à la révolte étudiante de mai 1968, craindre de la mort, puisqu’on n’aànil’image sensations sa philosophie. Il faisait douleur lorsqu’on est mort. en France. Il fut le seul écrivain à refuser le prix chaque jour une promeNobel de littérature. Ses funérailles ont attiré plus Emmanuel Kant (1724-1804). L’actualité d’Épicure nade d’une heure avec de 50 000 personnes. un tel d’exactitude lesun gens, endans le voyant, Lasouci pensée d’Épicure que trouve écho la culture savaient exactement qu’il ! d’aujourd’hui, carl’heure il est un desétait inspirateurs du mou-Une éthique de la liberté vement de la simplicité volontaire, qui condamne laSartre voit dans la liberté la caractéristique essen-

Deux grands principeset le gaspillage, et appelle un surconsommation tielle de l’être humain. Sur le plan moral, cette liberté

Kantretour a donné deuxvie versions à une simpledu et principe naturelle.fondamental signifie qu’il n’y a pas de règles du bien ou du mal de la morale. La première est le principe d’universaimmuables et prédéterminées. Il revient à chaque Une qu’il idée controversée lisation, énonce sous forme de questions : individu de définir par ses choix ce qui est bien et ce « Puis-je vouloir que tout monde agisse toujours Épicure préconisait le le célibat et l’amitié, car il consi-qui est mal, et il doit assumer une totale responsacomme moi ? Puis-je vouloir quedetout le monde dérait que le mariage et la vie famille empêchentbilité à cet égard. mente ? Puis-je vouloir la que personneintérieure ne vienne l’individu d’atteindre tranquillité essenCette responsabilité est une source d’angoisse qui jamais en au aide aux autres ? » tielle bonheur. porte souvent l’individu à se dérober et à attribuer La deuxième version est le principe du respect : « Ne ses actions à des causes extérieures, comme les traite jamais une personne humaine comme un autres ou les circonstances. Cette fuite de la ressimple moyen pour arriver à tes fins. » La personne ponsabilité est ce que Sartre appelle la mauvaise humaine a une dignité qui lui vient de sa liberté et foi. Son contraire est l’authenticité. de son autonomie. Toute forme de violence, de chanBOÎTE À OUTILS B15 Dans son roman La nausée, paru en 1938, Sartre tage ou de manipulation envers une personne viole décrit notamment l’angoisse existentielle qui accomle principe du respect. pagne souvent la réflexion sur l’existence.

Épicure (341-270 avant notre ère).

Préambule Considérant que tout être humain possède des droits et libertés intrinsèques, destinés à assurer sa protection et son épanouissement ;

Extraits du Code criminel du Canada

Considérant que tous les êtres humains sont égaux en valeur et en dignité et ont droit à une égale protection de la loi ; En matière de droit criminel, les lois permettent de protéger les individus, ainsi que d’assurer la paix et Considérant que le respect de la dignité de l’être humain, l’égalité entre les femmes l’ordre entre les personnes. Ces lois énumèrent et définissent les comportements criminels tout en et les hommes et la reconnaissance des droits et libertés dont ils sont titulaires prévoyant les sanctions qui y sont reliées. constituent le fondement de la justice, de la liberté et de la paix ; Au Canada, les lois relevant du droit criminel sont élaborées par le Parlement canadien. Elles s’appliquent Considérant que les droits et libertés de la personne humaine sont inséparables des à tous les individus de 12 ans et plus dans toutes les provinces et dans tous les territoires canadiens. Elles droits et libertés d’autrui et du bien-être général ; sont majoritairement regroupées dans le Code criminel du Canada. Considérant qu’il y a lieu d’affirmer dans une Charte les libertés et Ensolennellement voici quelques extraits. droits fondamentaux de la personne afin que ceux-ci soient garantis par la volonté collective et mieux protégés contre toute violation ;

L’actualité de Kant Kant a souhaité l’avènement d’un organisme international voué à la cause de la paix qui réunirait tous les pays du monde. Il préfigurait ainsi ce qui est devenu, au 20e siècle, l’Organisation des Nations unies.

Une idée controversée

À ces causes, Sa Majesté, de l’avis et du consentement de l’Assemblée nationale du Québec, décrète ce qui suit : LES DROITS ET LIBERTÉS DE LA PERSONNE DÉFENSE DE LA PERSONNE LIBERTÉS ET DROITS FONDAMENTAUX 1.

34. qu’à (1) la N’est pas àcoupable d’une Tout être humain a droit à la vie, ainsi sûreté, l’intégrité et à infraction la liberté la personne qui, à la fois : de sa personne. Il possède également la personnalité juridique. a) croit, pour des motifs raisonnables, que la force est employée contre elle ou une

2.

autreau personne qu’on menace de l’employer contre elle ou une autre personne ; Tout être humain dont la vie est en péril a droit secours.ou […]

3.

b) commet l’acte l’infraction dans le but de se défendre ou de se protéger Toute personne est titulaire des libertés fondamentales tellesconstituant la liberté de — ou de défendre de protéger une autre personne — contre l’emploi ou la menace conscience, la liberté de religion, la liberté d’opinion, la libertéoud’expression, de la force ; la liberté de réunion pacifique et la libertéd’emploi d’association.

4.

Toute personne a droit à la sauvegarde de sa de sonraisonnable honneur etdans de les circonstances. c) dignité, agit de façon sa réputation.

5.

Toute personne a droit au respectATTROUPEMENT de sa vie privée. ILLÉGAL

6.

Toute personne a droit à la jouissance et à la libre disposition 63. paisible (1) Un attroupement illégal estde la ses réunion de trois individus ou plus qui, dans l’intention biens, sauf dans la mesure prévue par la d’atteindre loi. un but commun, s’assemblent, ou une fois réunis se conduisent, de manière à faire craindre, pour des motifs raisonnables, à des personnes se trouvant dans le voisinage de l’attroupement :

On a demandé à Kant son avis sur le dilemme moral suivant : « Un homme armé se présente chez vous et vous demande de lui dire où se trouve la personne B16

« J’étais apparu par hasard, j’existais comme une pierre, une plante, un microbe. Ma vie poussait au petit bonheur et dans tous les sens. Elle m’envoyait parfois des signaux vagues ; d’autres fois, je ne sentais rien qu’un bourdonnement sans conséquence. » « Donc j’étais tout à l’heure au Jardin public. La racine du marronnier s’enfonçait dans la terre,

VIVRE ENSEMBLE 5

a) soit qu’ils ne troublent la paix tumultueusement ; BOÎTE À OUTILS B7 b) soit que, par cet attroupement, ils ne provoquent inutilement et sans cause raisonnable d’autres personnes à troubler tumultueusement la paix.

INTERCEPTION DES COMMUNICATIONS 184.

(1) Est coupable d’un acte criminel et passible d’un emprisonnement maximal de cinq ans quiconque, au moyen d’un dispositif électromagnétique, acoustique, mécanique ou autre, intercepte volontairement une communication privée.

HOMICIDE 222.

B12

(1) Commet un homicide quiconque, directement ou indirectement, par quelque moyen, cause la mort d’un être humain.

VIVRE ENSEMBLE 5

Aperçu de la boîte à outils

VII

La culture religieuse Mieux comprendre la culture religieuse

Les traditions religieuses

La culture religieuse permet de mieux comprendre les traditions religieuses, qui se manifestent dans l’environnement social et culturel par des expressions du religieux. Ces expressions observables peuvent être des récits, des rites, des règles, des symboles, des éléments du patrimoine religieux, des vêtements, des paroles, des lieux, des objets, etc. Ces expressions du religieux peuvent aussi se retrouver dans la culture profane, c’est-à-dire en dehors de la religion.

Cette partie de la Boîte à outils propose une vue d’ensemble de quelques-unes des religions du monde qui sont pratiquées au Québec. Cette synthèse permet de les situer dans le temps, d’apprendre le nom de leurs fondateurs, leur répartition dans le monde, leurs croyances, leur conception de l’être humain, du mal et de la vie après la mort, leur organisation, leur façon de transmettre la foi, la place qu’elles accordent aux femmes, leurs rites, leurs fêtes, leurs règles de conduite, leur implantation et leur importance relative en fonction de la population de chaque région administrative du Québec.

Les traditions religieuses, c’est-à-dire les grandes religions, se manifestent par les...

expressions du religieux, des éléments observables qui ont des liens avec une religion et qui peuvent se retrouver...

dans la pratique religieuse : le calice, la kippa, l’icône, l’alléluia, le col romain, la communion, les ablutions, le voile, le turban, l’autel, la Bible, le Coran, « Tu ne tueras point », la hutte de sudation.

dans le patrimoine religieux : le nom Sainte-Anne-deBeaupré, la croix de chemin, le cimetière, l’oratoire Saint-Joseph, la synagogue Shaar Hashomayim, les vitraux de Guido Nincheri, la légende de la Chassegalerie, La Mecque.

Un monde, des religions

dans la culture profane : la bible du barbecue, une religieuse dans une publicité, un nom de commerce ou de produit de consommation en lien avec la religion, le titre gourou de la finance, des expressions comme « Œil pour œil, dent pour dent », qui sont tirées de la Bible, mais utilisées dans un contexte profane.

Résumer une religion en quelques lignes comporte sa part de dangers. Avant de lire les dossiers qui suivent, il importe de prendre en considération quelques nuances afin d’éviter de tomber dans la généralisation abusive, ou pire, dans la caricature.

La fête de Timkat, qui correspond à l’Épiphanie, a lieu en janvier. Pour les chrétiens orthodoxes éthiopiens, il s’agit du principal événement de l’année. Chaque culture religieuse a sa façon particulière de célébrer les moments importants de son calendrier.

Pour chaque tradition religieuse, il serait possible d’affirmer qu’il existe autant de façons de croire qu’il y a de croyants. En effet, certains croyants s’engagent à respecter de façon stricte et dans les moindres détails l’ensemble des récits, des règles et des rites

propres à leur religion. D’autres cherchent plutôt à dégager l’esprit d’un récit ou d’une règle, son sens général, et l’ajustent aux réalités du monde d’aujourd’hui.

Chronologie générale des grandes traditions religieuses – 30 000 à – 15 000 v. – 1500

Afin de mieux comprendre une expression du religieux, il faut connaître...

– 1000 – 6e siècle ses caractéristiques : ce que c’est.

ses fonctions : un rôle, une utilité.

ses significations : ce qu’elle veux dire, ce qu’elle représente.

v. – 500 – 523 30-120

Exemples de caractéristiques, de significations et de fonctions : Une caractéristique La Bible (pour un chrétien)

Le rabbin (pour un juif)

B20

Recueil de textes.

Spécialiste de la Torah.

Une fonction

610 Une signification

Guider les croyants dans leurs choix de vie.

La parole de Dieu.

Inspirer moralement les membres de sa communauté.

Il est la Torah vivante.

Présentation des traditions religieuses présentes au Québec.

Arrivée des premières populations de chasseurs avec leurs pratiques animistes en Amérique. Naissance des spiritualités amérindiennes. Début de l’écriture des Veda. Naissance de l’hindouisme. Arrivée des premiers ancêtres des Inuits avec leurs pratiques animistes. Naissance de la spiritualité inuite. Naissance du judaïsme à partir de traditions anciennes. Début de l’ère brahmanique de l’hindouisme. Par son éveil, Siddhartha Gautama devient le Bouddha. Naissance du bouddhisme. Vie publique de Jésus de Nazareth, naissance du christianisme et rédaction du Nouveau Testament. Le prophète Muhammad reçoit de Dieu les premières révélations du Coran. Naissance de l’islam.

1517

Critique du christianisme catholique par le moine allemand Martin Luther. Naissance du christianisme protestant.

1529

Rupture d’Henri VIII avec l’Église de Rome.

1534

Le Parlement anglais entérine la suprématie du roi sur l’Église d’Angleterre. Naissance de l’anglicanisme.

1536

Publication en latin de l’Institution de la religion chrétienne, par le prêtre français Jean Calvin. Naissance du calvinisme.

VIVRE ENSEMBLE 5

BOÎTE À OUTILS

Des notions pour mieux comprendre le phénomène religieux.

B21

Des moments importants.

Le catholicisme

Un Dieu, trois religions Il y a dans le monde trois grandes religions monothéistes : le judaïsme, le christianisme et l’islam. Ces trois religions se réfèrent en effet au même Dieu unique et universel. Qu’il soit appelé « Yahvé » en hébreu, « Dieu » en français ou « Allah » en arabe, il s’agit du même Tout-Puissant, créateur du monde. C’est pour cette raison que le premier être humain à le reconnaître, Abram ou Abraham ou Ibrahim, est qualifié de « père des croyants ». On trouve ainsi la parole de Dieu dans les textes sacrés de ces religions, entre autres dans le TaNaK (judaïsme), la Bible (christianisme) et le Coran (islam).

POINTS DE REPÈRE

De nos jours, au Québec, la foi se conjugue au pluriel. En effet, sur les 7 millions d’habitants que comptait la province en 2001, 6 712 400 déclaraient appartenir à une religion, de près ou de loin. Le tableau qui

VIII

ViVre ensemble 5

Les catholiques.

Tous les lieux significatifs dans la vie de Jésus sont devenus des lieux importants pour de nombreux croyants (Bethléem, Jérusalem, etc.).

Jérusalem, en Israël. Les religions juive, chrétienne et musulmane considèrent Jérusalem comme un lieu saint.

La pluralité religieuse

Les principales traditions religieuses au Québec en termes de population.

Dieu (en trois personnes : le Père, le Fils et le Saint-Esprit).

Texte sacré

Lieux sacrés

À son arrivée à Gaspé, en 1534, Jacques Cartier plante une croix. Il manifeste ainsi la double intention de son commanditaire, le roi de France : prendre possession du territoire et l’évangéliser. Des missionnaires accompagnent les premiers groupes de Français en Amérique du Nord pour convertir les populations autochtones. Dès le début, la foi catholique est un des moteurs de la colonisation. La Nouvelle-France est fortement marquée par l’empreinte du catholicisme. Le territoire est divisé en paroisses, où sont construites les premières églises. Des communautés religieuses, principalement des femmes, fondent et dirigent des écoles, des hôpitaux et de nombreux lieux d’entraide. Surtout catholique au début, la colonie a, par la suite, accueilli des chrétiens protestants et des chrétiens orthodoxes. Ensemble, ils ont contribué à développer le territoire. Ces trois visages du christianisme ont d’importants points en commun : ils croient en un même Dieu et en un même Jésus, Fils de Dieu, sauveur du monde. Les trois enseignent l’amour de Dieu et du prochain. Enfin, le baptême et l’eucharistie sont au cœur de leur foi.

VIVRE ENSEMBLE 5

Nom du divin

Jésus-Christ en est le fondateur ; les douze apôtres et Paul de Tarse en sont les pierres angulaires.

La Bible (l’Ancien Testament et le Nouveau Testament).

Le christianisme au Québec

B22

Fondateur

Lieux de culte

suit fournit les données sur la présence de certaines traditions religieuses au Québec. Dans les pages suivantes, pour chaque tradition religieuse présentée, un tableau fournit les données par région administrative du Québec.

Église (où Dieu réside), chapelle, basilique, cathédrale, oratoire.

Symbole principal

Noms des croyants Principales divisions : • catholiques romains ; • catholiques de rite byzantin (Ukrainiens, Roumains, melkites) ; • catholiques de rite arménien (Arméniens) ; • catholiques de rite alexandrin (coptes et Éthiopiens) ; • catholiques de rite syrien occidental (maronites, malankares) ; • catholiques de rite syrien oriental (malabars, Chaldéens).

La croix (l’instrument de supplice sur lequel Jésus est mort).

Présence de certaines traditions religieuses au Québec Population

en %

Catholique

5 939 705

83,36

Protestante

Traditions religieuses

335 595

4,71

Orthodoxe chrétienne

100 370

Musulmane

1,41

108 605

1,52

Juive

89 945

1,26

Bouddhiste

41 430

0,58

Hindoue

24 515

0,34

8 225

0,12

64 000

0,90

Sikhe Autres religions Aucune croyance religieuse Total

Le catholicisme dans le monde

413 190

5,80

7 125 580

100,0

Source : L’atlas des religions : pays par pays, les clés de la géopolitique, numéro hors-série, co-édition La vie – Le Monde, Paris, 2007, p. 48-49.

Source : D’après les données de l’Institut de la statistique du Québec, recensement 2001. BOÎTE À OUTILS

B23

Pour en savoir plus sur chacune des principales traditions religieuses présentes au Québec, un dossier de quelques pages leur est consacré.

Le catholicisme POINTS DE REPÈRE Fondateur

Nom du divin

Jésus-Christ en est le fondateur ; les douze apôtres et Paul de Tarse en sont les pierres angulaires.

Dieu (en trois personnes : le Père, le Fils et le Saint-Esprit).

Noms des croyants

Texte sacré

Les catholiques.

La Bible (l’Ancien Testament et le Nouveau Testament).

Lieux sacrés Tous les lieux significatifs dans la vie de Jésus sont devenus des lieux importants pour de nombreux croyants (Bethléem, Jérusalem, etc.).

Lieux de culte Église (où Dieu réside), chapelle, basilique, cathédrale, oratoire.

Symbole principal

Les grands moments de l’histoire de chaque religion.

Principales divisions : • catholiques romains ; • catholiques de rite byzantin (Ukrainiens, Roumains, melkites) ; • catholiques de rite arménien (Arméniens) ; • catholiques de rite alexandrin (coptes et Éthiopiens) ; • catholiques de rite syrien occidental (maronites, malankares) ; • catholiques de rite syrien oriental (malabars, Chaldéens).

La croix (l’instrument de supplice sur lequel Jésus est mort). Chronologie du catholicisme

Le catholicisme dans le monde

v. – 6

Naissance de Jésus.

v. 30

Crucifixion et résurrection de Jésus-Christ.

45 v. 50-120

Apparition des premières représentations iconographiques du Christ. Fondation du premier monastère.

325 381

Source : L’atlas des religions : pays par pays, les clés de la géopolitique, numéro hors-série, co-édition La vie – Le Monde, Paris, 2007, p. 48-49.

BOÎTE À OUTILS

Un encadré expose les principaux points de repère pour chacune des religions.

B23

Rédaction des lettres de Paul, des Évangiles (Matthieu, Marc, Luc, Jean) et des autres écrits du Nouveau Testament.

v. 320

385-406

Concile de Nicée, où les bases de la foi chrétienne sont établies. On confirme la divinité de Jésus. Concile de Constantinople. Traduction de la Bible en latin par Jérôme.

451

Concile de Chalcédoine. On discute de la Trinité (Dieu Père, Fils et Saint-Esprit). Quelques Églises de rite alexandrin en désaccord se séparent.

529

Création de l’ordre des Bénédictins par Benoît de Nursie.

910

Fondation de l’abbaye de Cluny. Mille deux cents autres abbayes seront ensuite construites en deux cents ans.

1054

Séparation entre l’Église catholique et l’Église orthodoxe parce que les Églises de l’Est ne reconnaissent pas l’autorité du pape.

1209

Fondation, par saint François d’Assise, de l’ordre des Frères mineurs.

1455

Première impression de la Bible par Gutenberg.

1541-1627

Arrivée des premiers chrétiens en Amérique.

1545-1563

Concile de Trente.

1869-1870

Concile du Vatican I, qui proclame le dogme de l’infaillibilité du pape.

1962-1965

Concile du Vatican II, qui vise à adapter l’Église à la société moderne.

1986

Rencontre à Assise entre les responsables des grandes religions du monde.

2013

Élection du pape François.

PORTRAIT

Une carte montre la répartition des fidèles de chaque tradition religieuse dans le monde.

VIVRE ENSEMBLE 5

Répartition des catholiques au Québec par régions en 2001 Population totale

Population catholique

en %

01 Bas-Saint-Laurent

195 545

188 150

96,22

02 Saguenay–Lac-Saint-Jean

274 315

263 805

96,17

03 Capitale-Nationale

Régions administratives

628 515

578 030

91,97

235 925

94,48

279 705

242 975

86,87

1 782 830

1 141 170

64,01

07 Outaouais

312 820

262 200

83,82

08 Abitibi-Témiscamingue

144 355

135 645

93,97

09 Côte-Nord

96 895

90 295

93,19

10 Nord-du-Québec

38 495

16 945

44,02

11 Gaspésie–Îles-de-la-Madeleine

95 465

88 595

92,80

376 575

358 715

95,26

274 925

81,10

04 Mauricie 05 Estrie 06 Montréal

12 Chaudière-Appalaches 13 Laval

249 705

339 000

L’athéisme

358 205

93,44

15 Laurentides

454 525

406 615

89,46

16 Montérégie

1 260 150

1 096 070

86,98

213 345

201 440

94,42

POINTS DE REPÈRE

7 125 580

5 939 705

83,36

Plusieurs personnes dans le monde affirment ne croire en aucun dieu. Ces personnes se qualifient généralement d’athées ou d’agnostiques.

14 Lanaudière

Basilique de Sainte-Anne-de-Beaupré. Ce lieu de pèlerinage international est également un des plus anciens au Québec. Dès 1658, des fidèles viennent y prier. C’est aussi un lieu de pèlerinage important pour de nombreux Autochtones christianisés.

Paul de Tarse Paul est né à Tarse, au Proche-Orient, vers l’an 5. Ses écrits, qui font partie du Nouveau Testament sous le nom d’épîtres, l’ont rendu célèbre. L’Église catholique l’a canonisé. Pourtant, rien, au début de sa vie, ne laissait présager une telle destinée. Citoyen de l’Empire romain, il est éduqué à Jérusalem. Juif pharisien, il observe strictement les lois de la Torah. Il se joint aux persécuteurs des premiers chrétiens jusqu’au jour où une apparition du Christ l’incite à se convertir. Dès lors, il se consacre à l’évangélisation des juifs et des païens. Ses lettres – épîtres – aux communautés chrétiennes qu’il a fondées reflètent le message du Christ. Bien que, contrairement aux autres apôtres, il n’ait pas connu le Christ pendant sa vie sur Terre, il fait partie des apôtres du christianisme, les premiers à prêcher les paroles du Christ.

La répartition des croyants dans les régions administratives du Québec.

Le catholicisme au Québec Les catholiques sont les premiers à avoir colonisé la partie de la Nouvelle-France qui devait devenir le Québec. Leur nombre s’est accru grâce aux multiples naissances et à l’immigration, en particulier celle des Irlandais au 19e siècle.

Paul de Tarse (v. 5-65).

B24

Des portraits qui présentent des personnes significatives pour chacune des traditions religieuses.

Paul de Tarse annonce l’Évangile en Asie Mineure.

v. 150

17 Centre-du-Québec Le Québec

383 340

Source : D’après les données fournies par l’Institut de la statistique du Québec, recensement 2001.

Chronologie du catholicisme au Québec 1534

Jacques Cartier prend possession du territoire en plantant une croix au nom du Christ et du roi de France.

1615

Première messe catholique célébrée sur l’île de Montréal.

1637

Premier baptême d’un Amérindien adulte en Huronie.

1674

Nomination du premier évêque de Québec, François-Xavier de Montmorency-Laval.

1847

Inauguration de l’église catholique irlandaise Saint-Patrick.

1886

Mgr Elzéar-Alexandre Taschereau devient le premier cardinal canadien.

1910

Congrès eucharistique à Montréal, le premier en Amérique.

1918

Début de la construction de l’église catholique italienne Notre-Dame-de-la-Défense.

1924

Pose de la croix illuminée sur le mont Royal, à Montréal.

1933

Fondation de l’église catholique polonaise Notre-Dame-de-Czestochowa.

1982

Naissance de la paroisse catholique haïtienne Notre-Dame-d’Haïti.

1983

Au primaire et au secondaire, les élèves ont maintenant le choix entre le cours d’enseignement moral et religieux (catholique ou protestant) et un enseignement moral.

1986

Inauguration de l’église catholique portugaise Santa Cruz.

2008

Programme d’éthique et de culture religieuse obligatoire pour tous, qui remplace le choix entre un enseignement moral et religieux (catholique ou protestant) et un enseignement moral.

L’athéisme

L’athéisme est une attitude ou une doctrine qui nie l’existence de Dieu ou de dieux. Le mot « athée » signifie littéralement « sans dieu ». L’agnosticisme est une attitude ou une doctrine qui affirme que les êtres humains sont incapables de savoir si Dieu existe ou non. Pour l’agnostique, même si le divin existait, les humains ne pourraient y avoir accès, ni par les sens, ni par la raison.

Dans plusieurs sociétés, il est très difficile d’établir clairement le nombre d’athées et d’agnostiques. Par exemple, il arrive que les autorités de certains pays, comme la Chine, émettent des directives pour promouvoir l’athéisme. Certaines personnes peuvent

Il n’y a pas de doctrine unique qui oriente l’agir de l’ensemble des athées et des agnostiques. Pour trouver des réponses à leurs questions existentielles et morales, les athées et les agnostiques seront généralement guidés par diverses philosophies ou idéologies qui ne font pas référence à Dieu. Les athées et les agnostiques transmettent leurs idées et leurs convictions au public au moyen de livres, de magazines et, plus récemment, dans internet et par diverses campagnes publicitaires. Certaines associations athées organisent aussi des débats, des conférences et des congrès sur le sujet.

alors hésiter à affirmer leur croyance en Dieu lors d’un sondage ou d’un recensement. Au contraire, dans des pays à population fortement croyante, la pression sociale ou politique pourrait entraîner certaines personnes à ne pas oser affirmer leur athéisme.

L’athéisme dans le monde B30

VIVRE ENSEMBLE 5

Un lieu de culte de chaque tradition religieuse présente au Québec.

Les grands moments de l’histoire des principales traditions religieuses au Québec.

Source : The Cambridge Companion to Atheism, éd. Michael Martin, Cambridge University Press, New York, 2007, p. 47-57 et les chiffres de la Library of Congress des États-Unis [en ligne] pour la population de l’Inde. (Consulté le 11 février 2009.) BOÎTE À OUTILS

B73

Des textes sur l’athéisme complètent la section sur la culture religieuse.

Aperçu de la boîte à outils

IX

Le dialogue Les conditions favorables au dialogue Pour qu’un dialogue sur une question éthique ou sur un sujet touchant au phénomène religieux soit rigoureux et respectueux, certaines conditions doivent être remplies. Ces conditions favorables au dialogue concernent autant l’attitude à adopter lors de l’écoute d’un point de vue que la façon d’exprimer son propre point de vue.

Des outils pour comprendre et pratiquer le dialogue.

Une écoute active et attentive Voici quelques exemples d’attitudes à adopter lors de l’écoute d’un point de vue. • Se soucier de l’autre et prendre en considération ses sentiments, ses perceptions ou ses idées. • Écouter attentivement les propos de l’autre. • Manifester de l’ouverture et du respect à l’égard de ce qui est exprimé. • S’assurer de comprendre les idées émises par les autres.

Des arguments clairs et rigoureux Lors d’une discussion sur une question éthique ou sur un sujet touchant au phénomène religieux, on peut se faire demander d’expliquer son point de vue ou de le justifier. L’explication et la justification d’un point de vue se font généralement à l’aide d’un ou de plusieurs arguments.

Une formule gagnante Voici une formule qui permet de s’assurer que tous les éléments nécessaires sont réunis lorsque vient le temps d’expliquer ou de justifier un point de vue à l’aide d’un argument. • De quoi parle-t-on ? Au sujet de … • Mon point de vue Je suis en accord, ou en désaccord, avec le fait que…, avec l’idée selon laquelle… • Mon argument ou argumentation Mon argument principal est le suivant… • Mes repères Mon argument s’appuie sur…

Voici quelques critères indispensables à la formulation d’un argument complet. 1. Il est cohérent, c’est-à-dire fidèle au point de vue général de la personne qui l’émet. 2. Il est clair et tient compte des nuances propres au sujet ou à la situation étudiée. 3. Il ne s’appuie pas sur un procédé susceptible d’entraver le dialogue. 4. Il est expliqué ou développé à l’aide d’un ou de plusieurs repères qui agissent comme des fondements valides et pertinents (faits, statistiques, études, citations, exemples, valeurs, lois, droits de la personne, etc.).

B80

VIVRE ENSEMBLE 5

Les formes du dialogue, les types de raisonnements et de jugements, des méthodes pour élaborer et interroger un point de vue et les procédés susceptibles d’entraver le dialogue.

Les procédés susceptibles d’entraver le dialogue Les procédés susceptibles d’entraver le dialogue sont des raisonnements qui font obstacle à l’élaboration d’un point de vue rigoureux. Ces raisonnements peuvent être faits de bonne foi. Cependant, ces procédés peuvent être utilisés de façon consciente pour tromper un interlocuteur ou une interlocutrice.

1 La généralisation abusive La généralisation abusive consiste à tirer une conclusion générale à partir d’un seul cas ou de quelques cas isolés, sans vérifier si ce ou ces cas suffisent pour en arriver à cette conclusion.

Hier, pour la première fois, je suis allée chez mon ami en autobus. L’autobus est arrivé avec près de 30 minutes de retard. Les transports en commun ne sont vraiment pas efficaces.

Maude, est-ce seulement parce que ton autobus est arrivé en retard hier que tu conclus que tous les transports en commun ne sont pas efficaces ?

Les types de raisonnements Le raisonnement est une opération intellectuelle qui consiste à soutenir un jugement à l’aide d’autres jugements. Le jugement qu’on cherche à soutenir par le raisonnement est sa conclusion et les jugements qui l’appuient constituent ses prémisses.

Tu penses vraiment que c’est lui le meilleur joueur ? Lui ? Avec sa nouvelle coupe de cheveux affreuse ?

Pourquoi est-ce que tu critiques son physique ? As-tu quelque chose à dire sur ses habiletés au soccer ?

Il y a donc deux choses essentielles à évaluer dans un raisonnement : la vérité ou l’acceptabilité des prémisses et la force du lien qui lie les prémisses à la conclusion. Ce faisant, il est plus facile de reconnaître en quoi certains jugements posés gênent le dialogue et empêchent la construction d’un point de vue rigoureux. Les pages qui 2 L’attaque personnelle suivent présentent quatre types de raisonnements et leurs caractéristiques. L’attaque personnelle consiste à critiquer un aspect d’une personne 1 n’a Lepas raisonnement parlesinduction qui de rapport avec arguments ou avec la situation à Raisonnement qui consiste à tirer de plusieurs cas particuliers ayant des caracévaluer.

Comment interroger un point de vue?

téristiques communes une règle générale qui peut s’appliquer à l’ensemble des cas du même type. Les types de jugements

L’induction est donc une généralisation qui permet de tirer d’une série de cas Un jugement est une affirmation sur un sujet donné. Il est important de pouvoir étaou de faits observés une conclusion qui peut convenir à d’autres cas similaires. blir quel type de jugement est en cause afin de pouvoir l’interroger de façon pertinente.

Valérie, ne crois-tu pas qu’il 2 teLe raisonnement par analogie serait temps de trouver un travail pour cet été ?

3 L’appel au clan L’appel au clan consiste à utiliser comme argument l’opinion d’un groupe de personnes qu’on juge estimables.

Est-ce vraiment nécessaire ? Aucune de mes amies ne travaille. Pourquoi est-ce que je travaillerais ?

Lors d’un dialogue, interroger de façon adéquate un jugement permet de mieux comprendre une affirmation. Cela permet aussi de mieux saisir les raisons d’un jugement et de vérifier sa validité.

Ces interrogations sont essentielles à l’exercice d’un jugement critique et au déveRessemblance établie entre des choses ou des personnes pour en tirer une loppement d’une pensée autonome. conclusion. Il existe plusieurs types de jugements ; en voici Est-ce que quatre. L’analogie consiste tu àtecomparer fies toujoursune réalité avec une réalité différente afin de Le jugement de valeur à tes amies pour mieux faire comprendre une idée. prendre des décisions ? Sais-tu pour quelles raisons elles ne travaillent

3 Le raisonnement par pas ? hypothèse

Le jugement de réalité Énoncé qui consiste en une observation sur un fait, un évènement ou un témoignage. Exemples :

Raisonnement qui consiste à construire une hypothèse d’explication à partir de • Le forfait pour ce téléphone cellulaire est de 35 $ données ou de connaissances limitées. par mois. L’hypothèse est une supposition ou une proposition qu’on se contente d’énoncer • Dans la Bible, il est écrit que Dieu a créé l’homme BOÎTE À OUTILS sans pouvoir affirmer si elle est vraie ou B93 fausse. Par définition, une hypothèse et la femme. Attention ! Le jugement de réalité n’est pas nécesest une proposition destinée à être étudiée, examinée, vérifiée. sairement vrai. Il peut donc être important de poser les questions suivantes. • D’où tiens-tu ces informations ?

4 Le raisonnement par déduction Raisonnement qui consiste à tirer d’un ensemble de jugements un autre jugement qui en est la conséquence nécessaire.

• Quelles sont tes sources ? Sont-elles fiables ? • Peux-tu donner des exemples concrets pour illustrer ton point de vue ?

La déduction permet de tirer une conclusion logique d’un ensemble de prémisses.

Le jugement de préférence Énoncé par lequel une personne exprime ses goûts ou ses préférences personnelles.

B86

VIVRE ENSEMBLE 5

Énoncé dans lequel une personne affirme ses valeurs ou attribue une valeur aux choses.

Comment élaborer un point de vue?

Exemples : • L’argent fait le bonheur.

Une méthode pour décrire • Les religions chrétienne, juive et musulmane sont aussi importantes l’une que l’autre. 1. Ciblez précisément le sujet de la description.

Attention ! Les valeurs importantes pour une per2. Établissez l’ordre de présentation des sonne ne le sont pas nécessairement pour une autre. éléments de la description. De plus, le sens donné aux valeurs peut varier d’une personne à l’autre. PourPar cesexemple raisons,: il peut être important de poser les questions suivantes. • commencez par des points d’ordre général

et allez vers des points plus précis ; • Sur quoi te bases-tu pour affirmer cela ? • suivez l’ordre dans lequel les éléments • As-tu un exemple qui permet de démontrer ce que apparaissent dans la réalité ; tu dis ? • Dans cette affirmation, peux-tu préciser quel sens • commencez par ce qui est évident et allez tu accordes à la valeur mentionnée ? vers ce qui l’est moins. • À quelles valeurs cette affirmation fait-elle réfé3. Posez-vous des questions en utilisant les rence ?

marqueurs suivants et assurez-vous que votre description y répond. • Qui… ? Qui est-ce qui… ? De qui… ? À qui… ? Le jugement de prescription • Qu’est-ce que… ? Qu’est-ce qui… ? Énoncé qui exprime une obligation ou? une recomDe quoi… mandation. • Quand est-ce que… ?

Exemples :

Exemples :

• Je préfère acheter des vêtements usagés plutôt que neufs.

• Je vous suggère fortement de faire votre devoir ce soir.

• J’aime l’église de mon quartier.

• Tu ne voleras point.Une méthode pour comparer

Attention ! Il y a une multitude de raisons qui peuvent expliquer une préférence. Il peut donc être important de poser les questions suivantes.

Attention ! Certaines exigences peuvent être pres1. Déterminez précisément les éléments crites pour des raisons différentes de celles qu’on à comparer. imagine. Pour cette raison, il peut être important de poser les questions suivantes. 2. Trouvez des aspects comparables.

• Pour quelles raisons préfères-tu ceci à cela ? • Quelles sont les raisons implicites de ce jugement de préférence ? • Est-il justifié de tirer une conclusion à partir de ce jugement de préférence ?

Par exemple : • D’où vient cette recommandation ? mise en été concernées • Pourquoi cette obligation ; • les a-t-elle personnes place ?

• le déroulement.

• Le respect de cette règle est-il souhaitable en tout 3. Notez les ressemblances. temps ?

Pour exprimer des ressemblances, utilisez des expressions comme : aussi… que... ; À OUTILS; semblable B85 le même… que... ; BOÎTE comme… à... ; ressembler à… 4. Notez les différences. Pour exprimer des différences, utilisez des expressions comme : plus… que… ; moins… que... ; tandis que... ; différent de… ; se distinguer de… 5. Décidez de ce qui est le plus important. 6. Placez vos idées en ordre. Par exemple : • commencez par des points d’ordre général et allez vers des points plus précis ;

La description Énumération de caractéristiques propres à une situation d’ordre éthique ou à une expression du religieux. La description doit permettre une représentation la plus complète possible de la situation d’ordre éthique ou de l’expression du religieux. La description sert à présenter ou à faire voir aux lecteurs les lieux, les personnages, les expressions du religieux, les situations, etc.

Les formes du dialogue

Où est-ce que… ? Comment est-ce que… ? La délibération Pourquoi est-ce que… ? Combien est-ceExamen que… ? avec d’autres personnes des différents aspects d’une question (des faits, des intérêts 4. Faites une conclusion qui reprend les en jeu, normes et des valeurs, des conséprincipaux éléments de lades description. quences probables d’une décision, etc.) pour en arriver à une décision commune. • • • •

La narration Récit détaillé, écrit ou oral, d’une suite de faits et d’événements. Par exemple : Une grand-mère raconte ses voyages à ses petits-enfants.

Par exemple : Une directrice, des élèves et des parents délibèrent afin de parvenir à un consensus sur un nouvel uniforme scolaire. La comparaison Établissement de différences ou de ressemblances entre deux ou plusieurs éléments. La comparaison permet de faire ressortir les différences et les ressemblances entre des éléments.

• suivez l’ordre dans lequel les éléments arrivent dans la réalité ; • commencez par ce qui est évident et allez vers ce qui l’est moins. 7. Tirez vos conclusions. Par exemple : • quels sont les avantages et les inconvéLaéléments discussion ? nients des divers • qu’avez-vous découvert nouveau ? Échangede suivi et structuré d’opinions, d’idées ? • que choisissez-vous ou d’arguments dans le but d’en faire l’examen.

La conversation

Par exemple : Des élèves échangent leurs idées sur le code de vie de l’école afin de l’analyser.

BOÎTE À OUTILS

B83

Échange entre deux ou plusieurs personnes dans le but de partager des idées ou des expériences. Par exemple : Deux amis parlent de leurs groupes de musique préférés.

BOÎTE À OUTILS

X

ViVre ensemble 5

B81

dossier 1

Les maîtres spirituels Scénariste en quête d’inspiration . . . . . . . . . . . . .2 Regard sur la situation . . . . . . . . . . . . . . . . . . .3 Arrêt sur images . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .4 Des liens entre le visible et l’invisible . . . . . . . . . .5 Les prêtres catholiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .6 Les pasteurs pentecôtistes . . . . . . . . . . . . . . . . . .7 Les rabbins juifs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .8 Les chamans autochtones . . . . . . . . . . . . . . . . . .9 Les prêtres en Égypte ancienne . . . . . . . . . . . . .10 À propos des maîtres spirituels . . . . . . . . . . .11 Des ponts entre deux mondes . . . . . . . . . . . .13 Maîtres spirituels et traditions religieuses . . .14 L’interprète de l’invisible . . . . . . . . . . . . . . . . .15 Test bilan du dossier 1 . . . . . . . . . . . . . . . . . .17

Scénariste en quête d’inspiration Une scénariste songe au succès en librairie des nombreux romans inspirés des récits et des personnages issus de diverses traditions religieuses. Elle veut écrire une télésérie qui mettrait en scène un maître spirituel capable d’entrer en contact avec le divin. Le titre provisoire est L’interprète de l’invisible. La scénariste vous invite à une réunion de travail en tant que spécialiste des religions. Afin de vous familiariser avec le projet, elle vous fait parvenir le synopsis suivant.

Pour créer son personnage principal, la scénariste veut connaître les caractéristiques des maîtres spirituels de diverses traditions religieuses.

L’interprète de l’invisible Un guide spirituel qui prétend communiquer avec le divin s’installe dans une petite ville. Il offre gratuitement ses services à la population. Certaines personnes s’intéressent à lui, d’autres, plus sceptiques, ne veulent pas de lui dans la ville. Le guide spirituel devra les convaincre qu’il peut jouer un rôle bénéfique dans la communauté, car il veut y faire sa place.

2

ViVRe enSeMbLe 5

Nom :

Groupe :

Date :

RegaRd suR la situation 1. Connaissez-vous des émissions de télévision ou des films qui mettent en scène des personnages aux pouvoirs surnaturels ? Expliquez votre réponse.

2. Dans le tableau ci-dessous, a) nommez trois exemples de maîtres spirituels ; b) précisez la tradition religieuse à laquelle chacun de ces maîtres spirituels appartient ; c) associez à chacun des maîtres spirituels la conception du divin (polythéisme, monothéisme, animisme, etc.) de sa tradition religieuse. Maîtres spirituels

Traditions religieuses

Conception du divin

3. Selon vous, de quelle façon les maîtres spirituels peuvent-ils jouer un rôle bénéfique pour les croyants d’une communauté ?

4. À votre avis, comment les maîtres spirituels peuvent-ils offrir aux croyants des réponses sur le sens de la vie et sur l’existence du divin ?

5. Les maîtres spirituels des traditions religieuses pourraient-ils être comparés avec d’autres types de guides non religieux ? Expliquez votre réponse.

6. Notez une question que soulève chez vous la lecture de la page 2.

DoSSieR 1 Les maîtres spirituels

3

Arrêt Sur imAgeS

entre le visible et l’invisible Pour les croyants, il existe un autre monde que celui perçu par les sens. Cette autre réalité serait accessible par l’entremise de personnes capables de faire le pont entre la réalité invisible et le monde visible.

au Québec Le vodou constitue une partie importante de l’héritage culturel haïtien. Il est pratiqué, entre autres, par une partie des personnes d’origine haïtienne établies au Québec. Le vodou est formé de croyances et de pratiques africaines et chrétiennes. Le mot vodou provient du terme africain vodu qui désigne les esprits invisibles que les humains honorent ou implorent. Monothéiste, le vodou compte un grand nombre d’esprits ou lwa subordonnés au « Gran Mèt » (Grand Maître). Pour les adeptes du vodou, il n’est pas inhabituel d’être possédé par un lwa. Le lwa peut prendre possession du corps d’une personne et, à travers elle, s’adresser aux autres pour les conseiller, les soigner ou les punir.

Les séances de spiritisme sont associées à des rituels particuliers.

ailleurs dans le monde L’Union Spirite Belge existe depuis 1882. Ses membres croient en un monde invisible peuplé d’esprits de défunts avec lesquels ils peuvent entrer en contact. Par l’entremise de médiums, les morts ou les esprits transmettent des messages aux vivants. La transmission des messages peut se faire par écrit, par téléphone ou par des coups sur une table.

Qu’est-ce qu’un maître spirituel ? Quel est le rôle du maître spirituel auprès des croyants ? À quels besoins les maîtres spirituels répondent-ils ? Un temple vodou, en Haïti.

Par quel moyen des humains entrent-ils en contact avec leur divin ? Que représente le maître spirituel pour les croyants ?

4

ViVRe enSeMbLe 5

des liens entre le visible et l’invisible Par ses rites, ses récits et ses règles, la religion constitue pour les croyants un lien entre le monde visible et le monde invisible. Ce monde invisible est une forme de réalité non humaine, souvent mystérieuse. La religion donne un sens à la vie des croyants et leur permet de se sentir unis aux membres de leur tradition religieuse par le partage de valeurs et de règles morales. La religion relie aussi l’être humain à son histoire en lui rappelant des événements et des personnages importants du passé. Finalement, la religion permet aux fidèles de mieux comprendre les réalités de la vie qui les entoure en leur proposant, à travers divers textes sacrés, des réponses aux questions existentielles comme celles-ci : D’où venons-nous ? Où allons-nous ? D’où vient le mal ? Que se passe-t-il après la mort ?

Le dolmen de Poulnabrone, en Irlande. Ce monument de pierres brutes en forme de table fait partie d’un site funéraire érigé 2500 ans avant notre ère. On trouve des traces de l’existence de maîtres spirituels et de monuments sacrés depuis le néolithique, c’est-à-dire entre 10 000 ans et 3000 ans avant notre ère.

Les maîtres spirituels À la base de toute tradition religieuse se trouve la croyance en une autre réalité, invisible, infinie et spirituelle, différente du monde matériel visible terrestre. Des hommes ou des femmes de diverses traditions religieuses établissent une relation, un lien, entre cette réalité invisible et le monde visible. Qu’on les appelle prêtres, pasteurs, rabbins, chamans, gourous ou moines, le divin se manifeste à travers eux par les rites, les signes de la nature, les rêves, etc. À travers eux, le divin soigne et rassure. Par leur connaissance du divin, les maîtres spirituels éclairent les adeptes de leur foi en répondant aux questions existentielles. Les croyants les perçoivent comme des modèles à suivre, des guides qui agissent conformément à la volonté divine.

«

»

Toute analyse de la notion de tradition religieuse révèle l’importance du maître spirituel, non seulement comme régulateur de rites [...], mais comme le détenteur d’une sagesse puisée dans sa propre expérience des voies de l’esprit et d’une connaissance particulière du divin.

Source : Michel MESLIN, Maîtres et disciples dans les traditions religieuses, Paris, Éditions du Cerf, 1990. (résumé de l’éditeur)

DoSSieR 1 Les maîtres spirituels

5

les prêtres catholiques Dans l’Église catholique, les prêtres sont considérés comme des représentants de Jésus-Christ sur Terre. Ils ont, entre autres fonctions, celles de célébrer la messe et d’enseigner la foi au sein de leur communauté. De plus, ils administrent les sacrements, comme le baptême, le mariage, le sacrement du pardon ou de la pénitence et celui de l’onction des malades. Les croyants qui désirent devenir prêtres au sein de l’Église catholique doivent d’abord suivre une formation dans un séminaire. Par la suite, un évêque procède à leur ordination lors d’un rite, le sacrement de l’ordre. Dès lors, les nouveaux prêtres deviennent des interprètes du sacré et des intermédiaires entre les fidèles et Dieu. Dans l’Église catholique, seul un homme peut devenir prêtre ; il doit être et demeurer célibataire.

L’origine de l’eucharistie Aujourd’hui encore, les prêtres célèbrent l’eucharistie en mémoire de Jésus en répétant les paroles qu’il a dites lors de son dernier repas avec les apôtres. Après avoir prononcé une bénédiction, il leur donna du pain en disant : « Prenez, mangez, ceci est mon corps. » Puis, il rendit grâce à Dieu à nouveau et partagea une coupe de vin en disant : « Buvez-en tous, car ceci est mon sang […] ». (Matthieu 26, 26-28)

Le divin dans le catholicisme Pour les catholiques, il n’y a qu’un seul Dieu. Le catholicisme est donc une religion monothéiste. Cependant, ce Dieu unique est divisé en trois personnes : le Père, le Fils et le Saint-Esprit. Le père Robert Le Gall a écrit, alors qu’il était à l’abbaye bénédictine Sainte-Anne de Kergonan, en Bretagne, qu’il est possible de comprendre le divin dans le catholicisme par ce passage de la première épître de Jean, « Dieu est amour » (1 Jean 4, 8).

«

BAO Le catholicisme, p. B23

»

Tout ce que nous faisons dans l’amour vient, d’une façon ou d’une autre, de Dieu et nous rapproche de lui. Source : Marc-Alain OUAKNIN, Claude B. LEVENSON, Robert LE GALL et Malek CHEBEL, Grandes religions, Paris, Éditions Assouline, 1998, p. 19.

Les prêtres, le divin et les croyants Les prêtres ont le devoir de guider les croyants dans le droit chemin, celui de l’amour de Dieu et de son prochain. Pour les catholiques, Dieu est présent dans toute action faite avec amour. Il se manifeste également dans les offices religieux au cours desquels le prêtre transmet la parole de Dieu et permet d’entrer en contact avec le divin par le sacrement de l’eucharistie. De plus, par le sacrement de la confession, le prêtre peut pardonner les fautes au nom de Dieu.

Dans le catholicisme, seuls les prêtres peuvent célébrer l’eucharistie. Par ce sacrement, le pain et le vin deviennent le corps et le sang de Jésus-Christ. La communion renforce la présence de Dieu dans la vie des communiants.

6

ViVRe enSeMbLe 5

les pasteurs pentecôtistes Dans les communautés pentecôtistes, les pasteurs sont responsables du culte et de l’enseignement des Évangiles. Ils ont pour fonctions de prêcher la parole de Dieu lors des offices religieux et d’indiquer le chemin à suivre pour vivre selon la volonté divine. Leur rôle consiste aussi à guider les croyants vers la manifestation de la présence de Dieu par l’entremise de l’Esprit saint. Pour devenir pasteur d’une communauté pentecôtiste, une personne doit suivre une formation en théologie d’une durée variable. Elle doit surtout posséder suffisamment de charisme pour toucher le cœur des fidèles. Hommes et femmes, mariés ou non, peuvent devenir pasteurs d’une communauté pentecôtiste.

Le divin dans le pentecôtisme Le pentecôtisme est un mouvement religieux protestant qui se caractérise par l’importance accordée au Saint-Esprit. Il se fonde sur un événement clé de la vie des apôtres de Jésus : le moment où l’Esprit saint est descendu sur eux, le jour de la Pentecôte. Le pentecôtisme se reconnaît par ses pratiques souvent exubérantes, parfois ponctuées de musiques rythmées, qui Le mot pasteur vient du latin pastor, qui signifie « berger ». Dans un passage de l’Évangile, Jésus dit : « Je suis le bon berger. » (Jean 10, 11). Tout comme les mettent l’accent sur l’expérience directe de bergers rassemblent les brebis et guident le troupeau vers les pâturages, la présence de Dieu dans le cœur des fidèles. les pasteurs réunissent les fidèles et les guident vers l’amour de Dieu et Selon les pentecôtistes, l’expérience de la de leur prochain. présence de Dieu se révèle par divers dons attribués au Saint-Esprit, celui de parler des langues inconnues, celui de prophétie BAO et celui de guérison. Pour les pentecôtistes, la venue du Saint-Esprit dans le cœur des Le protestantisme, apôtres ne se limite pas au temps de Jésus, elle se produit encore de nos jours. p. B31

Les pasteurs, le divin et les croyants Pour les pentecôtistes, l’autorité des pasteurs repose principalement sur leur charisme et sur leur capacité d’être en lien avec le divin. Leur autorité est d’autant plus reconnue s’ils font vivre une expérience religieuse intense aux croyants par leur pouvoir d’évocation du divin. Les pentecôtistes ont la conviction profonde que les dons des pasteurs proviennent du Saint-Esprit.

La Pentecôte et l’Esprit saint Pour les chrétiens, la Pentecôte est la célébration de la venue du Saint-esprit sur les apôtres survenue 50 jours après Pâques. Avant sa mort, le Christ avait annoncé aux apôtres : « [Vous] allez recevoir une puissance, celle du Saint-esprit qui viendra sur vous […]. » (Ac 1, 8). grâce à cette puissance, les apôtres ont reçu des dons, notamment celui de parler plusieurs langues pour répandre la parole du Christ sur toute la terre.

DoSSieR 1 Les maîtres spirituels

7

les rabbins juifs Dans le judaïsme, les rabbins sont des maîtres spirituels qui interprètent et enseignent la Torah aux membres de leur communauté. En tant qu’interprètes de la Torah, une révélation faite par Dieu à Moïse, les rabbins sont les gardiens de la tradition. De plus, ils agissent à titre de guides des croyants dans leur relation avec le divin. Pour devenir rabbin, les adeptes du judaïsme doivent suivre une formation dans un centre d’études du Talmud et dans une école rabbinique. Les rabbins sont généralement des hommes mariés. On trouve cependant des femmes rabbins dans quelques communautés juives.

Lecture de la Torah par Jacqueline Tabick, première femme rabbin britannique. Le mot rabbin vient de l’araméen rabbi, qui signifie « mon maître » ou « mon enseignant ».

Le divin dans le judaïsme Pour les juifs, Dieu est unique. Il s’est révélé à divers prophètes, dont Abraham, Isaac, Jacob et Moïse. De toutes ces révélations, celle faite à Moïse sur le mont Sinaï est la plus importante. À partir de ce moment, la parole de Dieu a été écrite pour devenir la Loi, ou Torah, le livre sacré dans le judaïsme. Selon le philosophe et rabbin Marc-Alain Ouaknin, c’est surtout par la Torah que les juifs apprennent à connaître Dieu.

«

Source : Marc-Alain OUAKNIN, Claude B. LEVENSON, Robert LE GALL et Malek CHEBEL, Grandes religions, Paris, Éditions Assouline, 1998, p. 10.

Dans toutes les synagogues se trouvent des rouleaux de parchemin sur lesquels la Torah est transcrite à la main. Ces rouleaux sont manipulés avec un grand respect. La lecture de la Torah est une partie importante des offices religieux.

Les rabbins, le divin et les croyants En tant qu’interprètes de la Torah, les rabbins sont avant tout des maîtres et des enseignants auprès des croyants. En se guidant sur la Torah, ils donnent des conseils sur tous les aspects de la vie : vie conjugale, éducation des enfants, règles alimentaires, lois du shabbat, éthique des affaires, vie en société, etc. Par leur comportement exemplaire, ils incitent les membres de leur communauté à devenir de meilleures personnes et ils les invitent à se conformer davantage aux enseignements de la Torah.

ViVRe enSeMbLe 5

Le judaïsme, p. B41

»

La révélation, c’est d’abord la révélation d’un texte, voilà la grande Révolution que nous rapporte le récit biblique. Et le premier et essentiel rapport à Dieu est un rapport à ce texte de la Loi.

8

BAO

les chamans autochtones Dans les spiritualités amérindiennes et inuites, les chamans sont des personnes qui détiennent des pouvoirs surnaturels. Ils sont à la fois magiciens, guérisseurs, devins et conseillers spirituels. Les Amérindiens et les Inuits peuvent devenir chamans de façon spontanée, si des esprits les interpellent lors d’une maladie, d’un accident, d’un rêve ou d’une vision. Ils peuvent aussi le devenir lors d’une quête de vision pendant laquelle ils s’isolent dans la nature pour entrer en contact avec le monde des esprits. Ils doivent aussi traverser une série d’épreuves avant d’être acceptés en tant que chamans par leur communauté. Dans certaines nations autochtones, hommes et femmes peuvent devenir chamans.

Le divin dans les spiritualités autochtones

Le mot chaman signifie « celui qui sait ».

Les spiritualités amérindienne et inuite sont animistes. Cela signifie que, dans leurs systèmes de croyances, des esprits résident dans tous les éléments de la nature. Les croyants sont en relation étroite avec les esprits qui animent ces éléments. Par divers rituels, ils peuvent communiquer avec les esprits afin d’obtenir leur protection et d’éloigner ceux qui leur sont hostiles. Dans la plupart des spiritualités amérindiennes, il existe un Être suprême puissant et mystérieux, nommé, par exemple, Grand-Esprit ou Grand-Manitou, qui gouverne l’Univers. Ce Grand-Esprit peut se manifester, entre autres, dans le vent qui fait frissonner les eaux d’un lac ou dans les coups de tonnerre entendus en montagne.

BAO Les spiritualités des peuples autochtones, p. B47

Les chamans, le divin et les croyants Dans les spiritualités des peuples autochtones, les chamans sont dotés de pouvoirs surnaturels qui leur permettent d’entrer en contact avec le monde des esprits afin de protéger leur communauté et d’obtenir certaines faveurs. Grâce à ce contact avec le monde invisible, les chamans peuvent guérir les maladies provoquées par les mauvais esprits, contrôler la météo, prédire le futur, jouer un rôle important dans plusieurs rites religieux et conseiller les membres de la collectivité sur diverses questions liées à la spiritualité. Les chamans jouissent ainsi d’un prestige et d’une autorité considérables au sein de leur communauté.

DoSSieR 1 Les maîtres spirituels

9

les prêtres en Égypte ancienne En Égypte ancienne, le règne des pharaons, rois des Égyptiens, se situerait entre 3200 ans et 320 ans avant notre ère. Le pharaon était le prêtre suprême, considéré comme une personne à la fois humaine et divine. Il était le seul être à pouvoir agir à titre d’intermédiaire entre le monde des dieux et le monde des humains. Il devait maintenir l’harmonie entre les croyants et le divin en combattant le mal sous toutes ses formes, tout en présidant diverses cérémonies importantes. Cependant, pour des raisons pratiques et pour rendre les divinités plus accessibles, le phaPrêtres portant des offrandes, détail d’une peinture du temple égyptien raon déléguait quelques-uns de ses pouvoirs de Médinet Habou. Les prêtres de l’Égypte ancienne étaient les principaux et privilèges à des prêtresses et à des prêtres. responsables du culte aux divinités dans les temples et les tombes. Ces femmes ou ces hommes devenaient prêtres parce que le pharaon en décidait ainsi ou parce qu’ils étaient issus d’une famille de prêtres. Leurs fonctions incluaient les prières et les offrandes aux diverses divi nités et le culte des défunts.

Le divin en Égypte ancienne La religion égyptienne était polythéiste. Elle comprenait plusieurs dieux et déesses, dont Rê, le dieu soleil, Isis, la déesse de la fécondité et Anubis, le dieu qui accompagne les morts dans l’autre monde. Partout en Égypte, d’immenses temples servaient de résidences aux principaux dieux.

Les prêtres égyptiens, le divin et les croyants En Égypte ancienne, on croyait que les dieux habitaient dans des temples, sous la forme de statues, et que seuls les prêtres y avaient accès. Les prêtres avaient pour tâches de laver les statues, de les habiller, de leur offrir boisson et nourriture, et de les transporter. Parfois, ils sortaient les statues hors des temples et les gens pouvaient les interroger. Ces séances publiques étaient appelées des « oracles ». Lors des oracles médicaux, des malades demandaient un remède à un des dieux du panthéon. La croyance voulait que le dieu dicte la recette du médicament.

PoRtRait

Aménémopé (vers 1300 et 1075 ans avant notre ère).

10

ViVRe enSeMbLe 5

Aménémopé Aménémopé était un fonctionnaire égyptien qui vécut durant l’Antiquité. Il a écrit des maximes regroupées sous le titre Sagesse d’Aménémopé. Ses écrits consistent en des règles de vie dont la morale repose essentiellement sur les valeurs de la charité, de la bonté, de la soumission à Dieu et du détachement des biens matériels. Plusieurs historiens attribuent à Aménémopé l’écriture d’une partie du Livre des Proverbes de la Bible en raison des ressemblances étonnantes entre celui-ci et son traité de sagesse.

Nom :

Groupe :

Date :

À PRoPos des maîtRes sPiRituels 1. Quelle est la principale fonction des maîtres spirituels auprès des fidèles de toutes les traditions religieuses ?

2. Remplissez les tableaux suivants. Consultez la Boîte à outils au besoin. a)

Il est unique (

Il se divise en trois personnes :

théisme).

,

et .

Le divin dans le .

Il est

Il entre en contact avec les croyants par les sept

selon l’Évangile de Jean.

célébrés par les .

b)

Il est unique (

Il a créé sa toute première alliance avec

théisme).

.

Le divin dans le .

Il s’est révélé à

et

sur le mont

Il prend la forme d’esprits (

interprétée par les

commandements.

lui a donné les

c)

Il révèle sa loi par la

.

Il est parfois appelé Grand-

isme).

, ou encore

Grand-

,

Il se révéle dans les éléments de la

.

Le divin dans les spiritualités

chez les Inuits.

.

Il peut se révéler auprès des qui peuvent ensuite devenir des

.

DoSSieR 1 Les maîtres spirituels

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Nom :

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3. Consultez le premier paragraphe de la page 5, puis indiquez trois différentes fonctions de la religion. • • •

4. Associez les éléments présentés ci-dessous aux éléments a) à m). Attention, plusieurs associations sont possibles ! Eucharistie. 1

Récit sacré. 2

Peut être un homme ou une femme. 4

Signifie « celui qui sait ». 3 Polythéiste. 5

Signifie « mon maître » ou « mon enseignant ». 7 Saint-Esprit. 9

Animiste. 10

a) « Prenez et mangez, ceci est mon corps. […] Buvez-en tous, car ceci est mon sang […]. »

b) Tradition religieuse comportant plusieurs dieux. c) Puissance reçue par les apôtres 50 jours

Signifie « berger ». 6

Religion égyptienne. 8

Abraham, Isaac, Jacob et Moïse. 11 f) Torah. g) Oracles médicaux. h) Rabbin. i)

Évangiles.

j)

Troisième personne du Dieu chrétien.

après Pâques. d) Est associé au fait de parler des langues inconnues. e) Pasteur.

Place PubliQue

k) Chaman. l)

Communion au pain et au vin.

m) Prophètes.

BAO, p. B86

1 Formulez un raisonnement par hypothèse qui expliquerait pourquoi les chamans jouissent d’un grand prestige au sein de leur communauté. Votre hypothèse doit se baser sur deux fonctions du chaman. Jugement 1 : Jugement 2 : Hypothèse :

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ViVRe enSeMbLe 5

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des Ponts entRe deux mondes 1. En quoi les maîtres spirituels peuvent-ils être des modèles pour les croyants ?

2. Les tableaux ci-dessous permettent de comparer des maîtres spirituels. Cochez les cases si l’énoncé correspond aux maîtres spirituels indiqués. Si non, précisez de quels maîtres spirituels il s’agit. Au besoin, consultez la Boîte à outils. Rabbins

Pasteurs pentecôtistes

À préciser

Chamans

Prêtres catholiques

À préciser

Sont monothéistes.

Croient en la sola Scriptura.

Croient en la Torah.

Reçoivent le sacrement de l’ordre.

Enseignent à la synagogue.

S’occupent de sortir les statues des temples. Les rêves constituent des messages du monde invisible. Dirigent des rites de communion avec le Grand-Esprit. Permettent de mieux comprendre les réalités de la vie.

Doivent suivre une formation.

Ont le don de prophétie et de guérison.

DoSSieR 1 Les maîtres spirituels

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maîtRes sPiRituels et tRaditions Religieuses 1. Complétez les phrases suivantes. Au besoin, consultez la Boîte à outils. a) Une femme fait d’étranges cauchemars et demande l’aide du

afin

qu’il apaise les mauvais esprits qui hantent ses nuits. b) Une femme se pose une question au sujet d’une règle de la kashrut. Elle décide de consulter son pour plus d’éclaircissements. c) Pendant qu’il priait, un jeune homme a eu le sentiment intérieur de la présence du Saint-Esprit. Il se rend chez son

pour obtenir des explications.

Place PubliQue

BAO, p. B86 et B93

1 Lisez les énoncés A et B, et répondez aux questions. A. Je cherche un maître spirituel pour m’aider à entrer en contact avec le divin. Je ne l’ai pas encore trouvé. J’en conclus que les maîtres spirituels n’existent pas. a) À quel type de raisonnement cet énoncé correspond-il ?

b) Le raisonnement vous semble-t-il rigoureux ? Expliquez votre réponse.

B. Beaucoup d’élèves éprouvent des difficultés orthographiques parce qu’ils n’ont pas de maître spirituel. c) Expliquez comment cette affirmation peut constituer une entrave au dialogue.

d) Quelle question pourriez-vous formuler pour interroger ce jugement ?

e) À votre avis, pourquoi certaines personnes communiquent-elles parfois d’une façon qui risque d’entraver le dialogue ?

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l’inteRPRÈte de l’inVisible Lors de votre réunion de travail avec la scénariste de L’interprète de l’invisible, celle-ci désire savoir quel guide spirituel vous choisiriez pour sa télésérie. Elle vous propose de lui remettre le synopsis d’un épisode ainsi qu’une courte présentation du maître spirituel et de sa tradition religieuse. Afin de préparer ce document, vous réalisez les étapes suivantes.

1. Rédigez le résumé d’un épisode de la télésérie mettant en scène le maître spirituel et des personnes de la ville. Assurez-vous de faire allusion à une fonction de la religion dans votre réponse.

2. Tracez le portrait du personnage du maître spirituel en remplissant le tableau de la page suivante.

3. Formulez, sous la forme d’un jugement de prescription, ce que ce maître spirituel pourrait dire aux gens de la ville au sujet de sa conception du divin.

4. Nommez un élément commun au maître spirituel de la télésérie et à un autre guide présenté dans le dossier. Nommez aussi un élément qui les distingue. Pour ce faire, remplissez le tableau de la page suivante.

DoSSieR 1 Les maîtres spirituels

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Nom :

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1. Résumé de l’épisode.

2. Portrait du maître spirituel. Son titre Sa tradition religieuse Sa conception du divin Le nom de son divin Son lieu de culte Son récit sacré Sens attribué à ce maître spirituel Deux fonctions de ce maître spirituel auprès des croyants

3. Jugement de prescription.

4. Comparaison Le titre du second maître spirituel Sa tradition religieuse Sa conception du divin Le nom de son divin Une ressemblance avec le premier maître spirituel

Une différence avec le premier maître spirituel

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Date :

Nom :

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test bilan du dossieR 1

total /25

1. Les photos de cette page présentent des maîtres spirituels. Complétez chaque photo en indiquant : a) le titre du maître spirituel ;

b) sa tradition religieuse ;

c) sa conception du divin ;

d) une de ses fonctions.

A.

Titre : Tradition religieuse : Conception du divin : Fonction :

B.

Titre : Tradition religieuse : Conception du divin : Fonction :

C.

Titre : Tradition religieuse : Conception du divin : Fonction :

D.

Titre : Tradition religieuse : Conception du divin : Fonction :

E.

Titre : Tradition religieuse : Conception du divin : Une de ses fonctions :

/10

DoSSieR 1 Les maîtres spirituels

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2. Complétez les énoncés à l’aide des mots de la liste. Certains mots peuvent être utilisés plus d’une fois. Pentecôte communion

synagogue Jean Saint-Esprit offices Dieu amour unique chaman Torah communauté

a) Pour les chrétiens, la

Pâques épreuves

est la célébration de la venue

du

sur les apôtres survenue 50 jours après .

b) Pour les Juifs,

est

c) Pour l’évangéliste est

. ,

.

d) Avant d’être accepté comme

par sa , il faut traverser une série d’

.

e) Pour les juifs, la lecture de la à la

est une partie importante

des

religieux.

f) Dans le catholicisme, la du

renforce la présence dans la vie des croyants.

/7

3. Lisez les jugements A et B, puis répondez aux questions. a) Nommez le type de jugement dont il s’agit. b) Formulez une question qui permet d’interroger ce jugement. A. Dans toutes les synagogues se trouvent des rouleaux de parchemin sur lesquels la Torah est transcrite à la main. Jugement de Interrogation du jugement :

B. « Dieu est amour ». Jugement de Interrogation du jugement :

/8 18

ViVRe enSeMbLe 5

dossier 2

La liberté d’expression Débat à la radio étudiante : L’opinion de Maxime . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .20 Regard sur la situation . . . . . . . . . . . . . . . . . .21 Arrêt sur images . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .22 Un droit fondamental . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .23 Des limites à la liberté d’expression . . . . . . . . . .25 Lumière sur la liberté d’expression . . . . . . . .27 Liberté d’expression et liberté de presse . . . . . .29 Limiter la liberté d’expression dans les médias ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .30 D’autres limites à la liberté d’expression dans les médias . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .32 Des libertés sans limites ? . . . . . . . . . . . . . . . .33 Censuré ! . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .34 Les limites de la liberté . . . . . . . . . . . . . . . . . .35 Tolérer ou ne pas tolérer ? . . . . . . . . . . . . . . . .36 Émission spéciale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .37 Test bilan du dossier 2 . . . . . . . . . . . . . . . . . .39

Débat à la radio étudiante: L’opinion de Maxime Une émission intitulée L’opinion de Maxime est diffusée à la radio étudiante de votre école. À l’animation, Maxime, un élève de 5e secondaire qui ne mâche pas ses mots. Ses propos choquent et dérangent. Parmi les élèves, plusieurs apprécient ses critiques mordantes à propos du système scolaire et, particulièrement, ses remises en question des décisions de la direction de l’école. D’autres élèves lui reprochent ses commentaires parfois désobligeants au sujet des enseignants et de leur vie privée, et son humour cinglant. La direction juge que l’émission a des répercussions négatives sur le climat général de l’école et qu’elle attise les querelles en faisant appel à de nombreux préjugés. Elle décide donc de retirer l’émission des ondes. Elle estime qu’il en va de sa responsabilité d’empêcher la diffusion d’opinions qui nuisent aux relations entre les élèves et le personnel de l’école. Cependant, des auditeurs s’opposent à cette décision et mettent sur pied un comité de soutien. Dans une lettre adressée à la direction, les membres du comité réclament le retour de l’émission de Maxime.

Place Publique

des l’émission la direction, à retirer des on À l’attention de ez er la nc no re inte au droit à que vous sion porte atte nous espérons ci e, dé ttr le tte . ce ée tte e ifi ce Par injust nsons qu e de censure axime. Nous pe lle est une form ’e qu L’opinion de M et e im même s’ils sion de Max nt s’exprimer, se is liberté d’expres pu es èv tour d’eux. e les él t véhiculées au t important qu en es m ’il le qu ra s né on gé meilleur celles Nous croy différentes de et d’exercer un ns s io rié in va op e s vu de me celle ints de ont parfois émission com tendre des po ne en ’u d’ qu s et on rm oy pe os de la nous cr Cela leur éclairées à prop séquemment, s on on C si e. ci qu dé iti s cr de jugement es de prendre rmet aux élèv de Maxime pe ur sponibles po vie étudiante. us sommes di no e qu er rm us info également vo ion. Nous désirons mité de direct co le estion avec qu la e ttr ba dé À votre avis, la direction de l’école a-t-elle raison de soutien ité m co de retirer l’émission de du Les membres axime M de n io in Maxime des ondes op à l’émission L’ de la radio étudiante ?

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La radio étudiante La radio étudiante est un outil de communication qui permet aux élèves de diffuser des émissions variées à l’intérieur de l’école. Les émissions mises en ondes offrent aux élèves la possibilité de s’exprimer sur différents sujets qui les intéressent. La radio étudiante peut être un lieu de conversations, de reportages, de chroniques, d’entrevues, de débats ou encore de diffusion d’émissions musicales.

ViVRe enseMbLe 5

Nom :

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Date :

RegaRd suR la situation 1. Nommez deux valeurs qui sont en conflit dans la situation présentée à la page précédente.

Valeur :

Valeur :

2. Donnez votre propre définition de la liberté d’expression.

3. Selon vous, existe-t-il des limites à la liberté d’expression ? Expliquez votre réponse.

4. Relevez deux arguments dans la lettre qui dénotent une position favorable au retour en ondes de l’émission.

5. Nommez un événement ou un comportement tiré de l’histoire, de l’actualité ou de votre vécu, a) qui montre que, dans une démocratie, tout être humain a droit à la liberté d’expression. Expliquez votre réponse.

b) qui constitue, selon vous, une limite du droit à la liberté d’expression. Expliquez votre réponse.

6. Formulez une question éthique en lien avec la situation présentée à la page 20.

DossieR 2 La liberté d’expression

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Arrêt sur iMAges

s’exprimer librement Le droit à la liberté d’expression permet à tous de s’exprimer librement. Toutefois, la tolérance peut parfois être mise à l’épreuve.

ailleurs dans le monde En 2012, le groupe rock Pussy Riot a chanté une « prière punk » dans une église chrétienne orthodoxe de Moscou, en Russie. Dans cette chanson, le collectif demandait à la Vierge Marie de « chasser » le président russe Vladimir Poutine du pouvoir. Un tribunal de Moscou a condamné des membres du groupe à deux ans de camp de travail, notamment pour « incitation à la haine religieuse ».

En 2005, le carré rouge est devenu le symbole des étudiants québécois opposés à la hausse des frais de scolarité universitaires. Ce symbole, associé au slogan « Carrément dans le rouge », a été repris lors de la grève étudiante en 2012.

au québec Au printemps 2012, lors des manifestations contre la hausse des droits de scolarité, plusieurs personnes ont décidé d’épingler un carré rouge sur leurs vêtements en signe d’appui aux étudiants en grève. Certains partisans le portaient en tout temps, pendant les manifestations ou lors d’apparitions publiques. La Commission des droits de la personne a reçu des plaintes : des personnes portant un carré rouge se seraient vu refuser l’accès à des établissements privés ou interdire par leur employeur de porter ce symbole. Plusieurs organismes de défense des droits de la personne ont vu dans ces incidents une forme de discrimination fondée sur l’expression de convictions politiques.

Dans plusieurs pays, notamment en Russie, de nombreux manifestants ont soutenu le collectif des Pussy Riot au nom de la liberté d’expression. D’autres ont plutôt défendu l’idée qu’une église n’est pas un lieu pour scander ses opinions politiques.

Quelles sont les limites à la liberté d’expression ? Qu’est-ce que la diffamation ? Est-il souhaitable de limiter la liberté d’expression ? Qu’est-ce que la censure ? Quelles sont les lois relatives à la liberté d’expression ?

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ViVRe enseMbLe 5

un droit fondamental Dans une société démocratique, la liberté d’expression est une liberté fondamentale, c’est-à-dire un droit reconnu à tous les individus qui la composent. Dans une telle société, la circulation des idées et des opinions joue un rôle essentiel et inestimable. Cela permet à tous les citoyens d’être tenus au courant des événements et de s’exprimer publiquement sur différents sujets : la vie en société, la politique, la religion, l’éducation, l’art, les habitudes de vie, etc. Ce droit est essentiel, car la plupart des autres droits protégés dépendent de la possibilité de s’exprimer librement. Par exemple, le droit à la justice suppose que les juges soient libres de prononcer leurs sentences ; le droit à l’éducation suppose que les enseignants soient libres de transmettre leurs idées ; le droit à la santé suppose que les scientifiques soient libres de publier leurs découvertes médicales, etc.

une liberté reconnue chez nous La liberté d’expression est si importante dans notre société qu’elle est considérée comme un droit et qu’elle est protégée par des lois. De ce droit à la liberté d’expression découlent d’autres droits, comme le droit à la liberté de presse et le droit de communiquer et de recevoir des informations, des idées et des opinions. Au Québec, ces libertés fondamentales sont garanties par la Charte des droits et libertés de la personne du Québec, adoptée en 1975, et par la Charte canadienne des droits et libertés, entrée en vigueur en 1982.

La liberté d’expression est un droit fondamental dans notre société.

BAO Article 3, Charte des droits et libertés de la personne du Québec toute personne est titulaire des libertés fondamentales telles la liberté de conscience, la liberté de religion, la liberté d’opinion, la liberté d’expression, la liberté de réunion pacifique et la liberté d’association.

Extraits de la Charte des droits et libertés de la personne du Québec, p. B7

Article 2, Charte canadienne des droits et libertés Chacun a les libertés fondamentales suivantes : liberté de pensée, de croyance, d’opinion et d’expression, y compris la liberté de la presse et des autres moyens de communication. DossieR 2 La liberté d’expression

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La liberté d’expression ailleurs dans le monde En France, dès 1789, la liberté d’expression est reconnue dans la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen.

Déclaration des droits de l’homme et du citoyen

Article 10 Nul ne doit être inquiété pour ses opinions, même religieuses, pourvu que leur manifes­ tation ne trouble pas l’ordre public établi par la Loi.

Article 11 La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l’Homme : tout Citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre de l’abus de cette liberté, dans les cas déterminés par la Loi.

Une personne prend la parole au Speakers’ Corner, à Londres, en Grande-Bretagne. À Hyde Park, un espace est réservé à tous les orateurs qui désirent prendre la parole publiquement.

Aux États-Unis, la liberté d’expression est garantie depuis 1791 par le Premier amendement de la Constitution américaine.

Premier amendement de la Constitution américaine Le Congrès ne fera aucune loi accordant une préférence à une religion ou en interdisant le libre exercice, restreignant la liberté d’expression, la liberté de la presse ou le droit des citoyens de se réunir pacifiquement et d’adresser à l’État des pétitions pour obtenir réparation de torts subis.

À l’échelle internationale, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, les textes de la France et ceux des États-Unis ont inspiré la rédaction de la Déclaration universelle des droits de l’homme de l’ONU. Ce document a été adopté en 1948 par les 58 pays membres. Dans ce document, les articles 18 et 19 sont consacrés à la liberté d’expression.

Déclaration universelle des droits de l’homme de l’ONU

Article 18 toute personne a droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion ; ce droit implique la liberté de changer de religion ou de conviction ainsi que la liberté de manifester sa religion ou sa conviction seule ou en commun, tant en public qu’en privé, par l’enseignement, les pratiques, le culte et l’accomplissement des rites.

Article 19 tout individu a droit à la liberté d’opinion et d’expression, ce qui implique le droit de ne pas être inquiété pour ses opinions et celui de chercher, de recevoir et de répandre, sans considérations de frontières, les informations et les idées par quelque moyen d’expression que ce soit.

24

ViVRe enseMbLe 5

des limites à la liberté d’expression Dans les sociétés démocratiques, la liberté d’expression permet aux citoyens d’exprimer leurs points de vue par divers moyens : manifestations, journaux, radio, télévision, internet, etc. La liberté d’expression leur permet également d’avoir accès à différentes positions sur divers sujets, ce qui favorise le développement de la pensée et des idées, et une meilleure compréhension du monde. Toutefois, le droit à la liberté d’expression n’est pas absolu. Il peut être limité par le droit de toute personne à sa dignité, au respect et à la protection de son honneur et de sa réputation. Des personnes peuvent diffuser des propos qui dérangent ou qui ne plaisent pas L’exercice de la liberté d’expression ne doit pas porter atteinte à l’honneur à tous, mais elles ne peuvent tenir des propos et à la réputation d’une personne. qui nuisent à la réputation, qui portent atteinte à la vie privée ou qui incitent à la haine ou à la violence. Par exemple, le fait de diffuser sur un blogue privé des propos, des photographies ou des images dans le but de nuire à une personne est interdit par la loi.

L’atteinte à l’honneur et à la réputation La liberté d’expression peut être limitée par le droit de chaque personne à la protection de son honneur et de sa réputation. Ce droit est garanti par l’article 4 de la Charte des droits et libertés de la personne du Québec. Cet article protège le droit à la sauvegarde de la dignité, de l’honneur et de la réputation. L’article 181 du Code criminel canadien fait écho à la charte.

BAO Extraits de la Charte des droits et libertés de la personne du Québec, p. B7 Extraits du Code criminel du Canada, p. B12

Code criminel, article 181 est coupable d’un acte criminel et passible d’un emprisonnement n’excédant pas deux ans quiconque, volontairement, publie une déclaration, une histoire ou une nouvelle qu’il sait fausse et qui cause, ou est de nature à causer, une atteinte ou du tort à quelque intérêt public.

La protection de l’honneur et de la réputation est liée au délit de diffamation. Un individu ou les médias ne peuvent exposer une personne à la haine, au mépris ou au ridicule, d’une manière qui porterait atteinte à sa réputation ou lui ferait perdre l’estime ou la confiance du public. Ainsi, une personne qui diffuse une rumeur qu’elle sait fausse dans l’intention de salir la réputation de quelqu’un pourrait être reconnue coupable de diffamation en vertu du Code criminel. La victime pourrait avoir recours aux tribunaux et la personne pourrait être condamnée pour avoir propagé de fausses allégations.

DossieR 2 La liberté d’expression

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Les animateurs d’émissions de variété et les humoristes, dont le rôle n’est pas d’informer, mais de divertir, doivent éviter les commentaires méprisants, sous prétexte d’amuser le public. Même « pour rire », ils ont des limites à respecter et ne peuvent tenir des propos diffamatoires.

La propagande haineuse Une autre limite à la liberté d’expression est l’interdiction de tenir des propos haineux, c’est-à-dire des propos qui incitent à la haine et au conflit, visant un groupe facilement identifiable.

Code criminel, article 319 est reconnu coupable quiconque qui « par la communication de déclarations en un endroit public, incite à la haine contre un groupe identifiable, lorsqu’une telle incitation est susceptible d’entraîner une violation de la paix ».

Par exemple, un ou une journaliste ne pourrait pas émettre une opinion au sujet d’un groupe de personnes en des termes racistes. Le message du journaliste porterait atteinte à l’intérêt public.

Des chartes et des limites Bien qu’elles reconnaissent le droit à la liberté d’expression, la Charte des droits et libertés de la personne du Québec ainsi que la Charte canadienne des droits et libertés prévoient également des restrictions à ce même droit. En effet, les deux chartes précisent que les droits qu’elles reconnaissent peuvent être limités lorsque, par exemple, leur exercice va à l’encontre de l’ordre public et du bien-être général des citoyens. Ainsi, on peut lire dans la Charte canadienne des droits et libertés que les droits de la personne ne peuvent être restreints que par une règle de droit, dans des limites raisonnables et dont la justification puisse être démontrée dans le cadre d’une société libre et démocratique. Quant à la Charte des droits et libertés de la personne du Québec, il y est précisé que les libertés et droits fondamentaux doivent s’exercer dans le respect des valeurs démocratiques, de l’ordre public et du bien-être général des citoyens du Québec.

Graffiti sur un édifice public. Pour plusieurs artistes, le graffiti est un moyen d’expression. Malgré leur droit à la liberté d’expression, ces créateurs ne peuvent pas pratiquer leur art sur la propriété d’autrui, puisque cela contrevient à un autre droit reconnu par les chartes : le droit à la propriété privée.

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ViVRe enseMbLe 5

Nom :

Groupe :

Date :

lumièRe suR la libeRté d’exPRession 1. Qu’est-ce que la liberté d’expression ?

2. Quel rôle joue la liberté d’expression dans une société démocratique ?

3. Associez à chaque lieu le repère légal correspondant. Indiquez également la date du repère légal. Lieu

Repère légal

Date

Québec

Canada

France

États-Unis

ONU

4. Indiquez à quelle limite à la liberté d’expression les énoncés correspondent. L’atteinte à la réputation. A

La propagande haineuse. B

a) Diffuser des rumeurs sur une personne. b) Tenir des propos racistes. c) Encourager des actions violentes contre un groupe d’individus. d) Propager de fausses allégations sur une personne.

DossieR 2 La liberté d’expression

27

Nom :

Groupe :

Date :

5. Quel droit les auteurs de graffiti ne respectent-ils pas la plupart du temps ?

6. Formulez une question éthique en lien avec la liberté d’expression et la démocratie.

Place Publique

BAO, p. B86 et B93

1 Lisez l’affirmation, puis répondez aux questions. A. Toutes les personnes que je connais qui écoutent cette émission de radio sont d’accord avec les idées de l’animateur, et c’est aussi mon cas. Donc, les 400 000 auditeurs de cette émission sont d’accord avec les propos de l’animateur. a) Quel type de raisonnement est mis de l’avant dans cette affirmation ?

b) Ce raisonnement est-il acceptable ? Expliquez votre réponse.

2 Lisez les affirmations B et C, puis indiquez quel procédé susceptible d’entraver le dialogue est utilisé et expliquez en quoi cela fait obstacle à l’élaboration d’un point de vue rigoureux. B. La récente décision du CRTC de fermer une station de radio parce qu’un animateur a tenu des propos controversés est inacceptable. À l’avenir, on empêchera toutes les personnes qui dérangent de s’exprimer et nous serons aux prises avec un État totalitaire. Procédé susceptible d’entraver le dialogue : Obstacle à l’élaboration d’un point de vue rigoureux :

C. Les organismes qui briment la liberté d’expression sont comparables aux inquisiteurs du Moyen Âge qui brûlaient les gens qui n’étaient pas du même avis qu’eux. Procédé susceptible d’entraver le dialogue : Obstacle à l’élaboration d’un point de vue rigoureux :

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ViVRe enseMbLe 5

liberté d’expression et liberté de presse Dans les sociétés démocratiques, les moyens de communication comme la télévision, la radio, les journaux ou internet, jouent un rôle important. Les journalistes exercent une grande influence sur l’opinion publique. Leur travail consiste à présenter l’information, à transmettre des idées et des opinions, à commenter ou à critiquer des décisions politiques. La libre diffusion et le libre accès à ces informations permettent, entre autres, aux citoyens de faire un usage plus éclairé de leur droit de vote. Par les tribunes téléphoniques ou les lettres d’opinion, les médias permettent aussi aux citoyens de s’exprimer publiquement et de faire connaître leur opinion. Grâce aux moyens de communication, les citoyens sont en mesure de connaître des points de vue différents des leurs. Cette information favorise la compréhension des enjeux de société et permet d’exercer son esprit critique et de se forger sa propre opinion. Par tous ces aspects, la liberté d’expression est au cœur de la liberté de la presse.

Reporters sans frontières Fondée en 1985, l’organisation reporters sans frontières a pour principale mission de défendre la liberté de la presse dans le monde. elle soutient les travailleurs des médias dans leur activité professionnelle en dénonçant les pressions et les mauvais traitements dont ils sont parfois victimes, et en combattant les lois qui tentent de limiter la liberté de la presse.

En 2007, en France, Reporters sans frontière a rendu hommage aux 18 journalistes russes tués en raison de leur activité professionnelle depuis l’arrivée au pouvoir de Vladimir Poutine, en 2000. Dix-huit cercueils déposés sur le parvis des droits de l’homme, à Paris, rappelaient les disparus.

La liberté d’expression dans l’histoire de la presse au Québec Au Québec, le journalisme d’opinion apparaît au 19e siècle. il s’agit d’une forme de journalisme où transparaissent les points de vue et les opinions. Dans ce contexte, en 1844, l’institut canadien est fondé. il s’agit d’un lieu de débats et de conférences sur divers sujets d’intérêt public. L’évêque de l’époque, Mgr ignace Bourget s’oppose à l’expression de diverses opinions. Dans une lettre de 1858, il affirme « qu’il n’est permis à personne d’être libre dans ses opinions religieuses et politiques, mais que c’est à l’Église à enseigner à ses enfants à être de bons citoyens, comme de bons chrétiens, en leur apprenant les vrais principes de la foi et de la morale, dont elle est la seule dépositaire ».

La journée mondiale de la liberté de la presse À l’initiative de l’Assemblée générale des Nations unies, le 3 mai a été désigné Journée mondiale de la liberté de la presse. Cette journée est l’occasion d’informer le public des violations du droit à la liberté d’expression et de rappeler que, dans certaines régions du monde, des journalistes risquent la persécution ou la prison en informant le public. De fait, la libre circulation de l’information est parfois menacée dans les pays non démocratiques lorsque les autorités gouvernementales s’ingèrent dans le fonctionnement des médias pour mieux les contrôler. DossieR 2 La liberté d’expression

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limiter la liberté d’expression dans les médias? La responsabilité sociale des médias Dès 1942, pendant la Seconde Guerre mondiale, aux États-Unis, la commission Hutchins se penchait sur la responsabilité des médias pour améliorer la qualité de l’information. Dans son rapport intitulé A Free and Responsible Press [Des médias libres et responsables], publié en 1947, la commission mettait l’accent sur le rôle éducatif des médias : « Les organismes de communication de masse sont un instrument d’éducation, peut-être le plus puissant qui soit, et ils doivent assumer une responsabilité semblable à celle des enseignants en énonçant et en clarifiant les idéaux auxquels les communautés devraient tendre. » L’exercice de la liberté d’expression dans les médias comporte aussi des responsabilités. Dans une démocratie, les médias sont soumis à des politiques de réglementation dans le but d’empêcher les abus de la liberté d’expression. Au Canada, le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC) a été créé pour s’assurer que les médias agissent dans l’intérêt du public et du bien commun plutôt que dans le seul but de veiller à leurs intérêts commerciaux.

Le CRtC Créé en 1968 par le gouvernement du Canada, le CrtC est un organisme public et indépendant qui réglemente les domaines de la radiodiffusion et de la télécommunication. Dans le cadre de son mandat, il reçoit les plaintes des citoyens et tient des audiences publiques. il accorde et renouvelle les permis de diffusion ou de télécommunication en veillant à ce que les médias respectent les lois qui les régissent et répondent aux besoins du public. il doit aussi marquer une limite à la liberté d’expression en protégeant les citoyens contre la diffusion de propos à caractère haineux ou diffamatoire.

les tRucs du métieR Journaliste Le ou la journaliste est une personne dont le métier est de collaborer à la rédaction d’un journal écrit, télévisé, radiodiffusé ou en ligne. Cette personne a pour rôle d’analyser, de rapporter et, parfois, de commenter des faits et des événements, permettant ainsi aux citoyens de mieux comprendre le monde dans lequel ils vivent. Au Québec, le cégep de Jonquière offre un programme d’études de trois ans en technique de communication dans les médias, volet journalisme. Les universités offrent, quant à elles, un programme de baccalauréat en communication, option journalisme, de trois ans. Les membres de la Fédération professionnelle des journalistes du Québec (FPJQ) s’engagent à suivre les règles de leur Guide de déontologie. Il s’agit d’un document qui établit les responsabilités des journalistes à l’égard du public et les valeurs qui devraient guider chaque journaliste dans son travail : l’esprit critique, l’impartialité, l’équité, l’indépendance à l’égard des groupes de pression, l’absence de préjugés, etc.

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ViVRe enseMbLe 5

Le libre marché des idées Certaines personnes se méfient des organismes chargés de superviser et de réglementer le contenu des médias. Elles redoutent que des décisions portent atteinte à la liberté d’expression. Ces personnes s’inspirent des théories du libéralisme du milieu du 19e siècle défendues, entre autres, par le philosophe anglais John Stuart Mill. Selon Mill, toutes les idées doivent être sur le « marché des idées ». À son avis, « il devrait y avoir la pleine liberté de professer et de discuter, en tant que conviction éthique, n’importe quelle doctrine, aussi immorale puisse-t-elle sembler ». L’être humain doit ainsi être libre de pouvoir échanger ses idées sans limites. Il revient ensuite aux individus de réfléchir et de choisir, parmi ces idées, celles qu’ils jugent acceptables. Pour Mill, la liberté d’expression est indispensable au progrès, car elle permet la critique des traditions et la constante remise en question des opinions majoritaires.

BAO Les grands courants philosophiques, p. B15

selon Normand Baillargeon, professeur à l’université du Québec à Montréal, militant anarchiste, essayiste et ardent défenseur de la liberté d’expression : « si le fait de heurter le bon goût d’une personne ou d’un groupe de personnes suffisait pour autoriser le retrait de la liberté d’expression, il n’y aurait bientôt plus guère d’idées qui seraient exprimées. » Normand BAILLARGEON, « Pensez-y deux fois avant d’applaudir », Chroniques de Normand Baillargeon, [en ligne]. (Consulté le 28 janvier 2014.)

Pour une liberté d’expression absolue Pour les libertariens, défenseurs de la liberté la plus large possible, la liberté d’expression devrait être absolue. selon eux, aucun organisme, contrôlé par l’État ou non, ne devrait décider de ce qui peut être exprimé ou non. ils s’opposent, pour cette raison, à toute censure et tout contrôle exercés par l’État sur l’activité des médias. Les libertariens aboliraient tout organisme doté d’un mandat semblable à celui du CrtC.

PoRtRait

Nomand Baillargeon (1958- ).

Normand Baillargeon Normand Baillargeon est professeur à l’Université du Québec à Montréal où il enseigne la philosophie de l’éducation. Chroniqueur et essayiste, il est connu pour ses chroniques sur l’éducation et la politique publiées dans le quotidien Le Devoir. Plus récemment, il participe à une émission de la radio de Radio-canada. Au cours de cette émission, il partage ses réflexions sur différents sujets d’actualité avec les auditeurs et les invite aussi à repérer les procédés susceptibles d’entraver le dialogue présents dans l’actualité. Marqué par des intellectuels rationnels à la vision très libérale, comme Bertrand Russell et Noam Chomsky, Normand Baillargeon défend l’importance de la rationalité et de la pensée critique dans le dialogue démocratique.

DossieR 2 La liberté d’expression

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d’autres limites à la liberté d’expression dans les médias La censure, un mal nécessaire? La censure est une limite à la liberté d’expression imposée par des personnes en position d’autorité. Par exemple, dans une dictature, le gouvernement exerce des pressions pour sélectionner l’information en circulation et interdire toute critique envers le pouvoir. Toutefois, même dans une démocratie, l’information peut être censurée pour des raisons politiques, morales ou de sécurité nationale. À ces formes de censure s’ajoute l’autocensure des médias, qui décident de traiter ou non une information. Par exemple, les journalistes se voient parfois imposer ou refuser des sujets ou une façon de les aborder par la direction. De plus, les médias sont souvent rattachés à un courant politique. Ils peuvent orienter l’information en fonction d’idées partisanes ou privilégier certains événements ou certaines personnalités. Quelquefois, des propriétaires de journaux peuvent se servir de l’influence de leur média pour mettre de l’avant leurs convictions politiques ou leurs intérêts commerciaux.

Les systèmes de filtrage imposés En 2006, la Chine accepte le moteur de recherche le plus utilisé au monde à condition de censurer l’accès à certains sites qui critiquent le pays. La Chine n’accepte pas les contenus « subversifs », c’est-à-dire de nature à déstabiliser l’État ou l’ordre public. L’État chinois justifie cette mesure par des « particularités » de sa culture. Reporters sans frontières a critiqué cette version censurée du moteur de recherche, qui interdit notamment l’accès à de l’information sur le Tibet, la démocratie ou les droits de la personne en Chine.

La censure au Québec en 1937, le premier ministre québécois Maurice Duplessis fait adopter la Loi protégeant la province contre la propagande communiste aussi appelée « loi du cadenas ». Cette loi, en vigueur de 1937 à 1957, stipule « qu’il est illégal d’imprimer, de publier […] ou de distribuer dans la province un journal, une revue, un pamphlet, une circulaire, un document ou un écrit quelconque propageant ou tendant à propager le communisme […] ». Des intellectuels, dont les journalistes de la revue Cité libre, fondée en 1950 par gérard Pelletier et Pierre elliott trudeau, condamnent cette loi. ils considèrent qu’elle constitue une atteinte à la liberté d’expression.

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ViVRe enseMbLe 5

La Régie du cinéma du Québec La régie du cinéma, un organisme gouverne­ mental créé en 1983, exerce, en vertu de la Loi sur le cinéma, un mandat de surveillance et de contrôle sur la diffusion des œuvres cinémato­ graphiques au Québec. un élément important de sa mission est le classement des films par groupes d’âge pour protéger la jeunesse et aider les parents dans les choix qu’ils font pour leurs enfants.

Nom :

Groupe :

Date :

des libeRtés sans limites ? 1. Quel est le rôle des médias dans une société démocratique ?

2. Nommez des moyens que les citoyens peuvent utiliser pour exprimer leur opinion dans les médias.

3. À l’aide d’un exemple, montrez que le droit à la liberté d’expression est fondamental dans les domaines suivants. a) La justice : b) L’éducation : c) La santé :

4. Complétez la ligne du temps. a) Écrivez le nom de l’organisme qui correspond à chacune des dates. b) Écrivez ensuite la lettre qui correspond à la description de cet organisme.

1844

1942

1968

1983

1985

A. Organisme public et indépendant qui réglemente les domaines de la radiodiffusion et des télécommunications au Canada. B. Lieu de débat et de conférences sur divers sujets critiqué par l’Église de l’époque. C. Organisation qui a pour principale mission de défendre la liberté de presse dans le monde. D. Créée aux États-Unis, elle a comme mandat de réfléchir à la responsabilité des médias pour améliorer la qualité de l’information. E. Organisme gouvernemental qui a un mandat de surveillance et de contrôle sur les œuvres cinématographiques au Québec. DossieR 2 La liberté d’expression

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Nom :

Groupe :

Date :

censuRé ! 1. a) Qu’est-ce que la censure ?

b) Selon vous, la censure est-elle un mal nécessaire ?

2. Au Québec, les films sont classés par groupes d’âge par la Régie du cinéma pour protéger le jeune public des scènes de violence ou d’indécence. Selon vous, cette forme de censure est-elle acceptable ? Expliquez votre réponse.

3. Décrivez trois cas de censure présentés dans le dossier en remplissant les tableaux. L’Institut canadien Année Responsable

Informations ciblées

La loi du cadenas au Québec Année Responsable

Informations ciblées

Un moteur de recherche en Chine Année Responsable

Informations ciblées

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ViVRe enseMbLe 5

Nom :

Groupe :

Date :

les limites de la libeRté 1. Sur quelles valeurs repose le Guide de déontologie des journalistes du Québec ?

2. À l’aide d’un argument tiré du dossier, expliquez en quoi les idées concernant la liberté d’expression des organismes, des individus ou des États suivants favorisent ou non le vivre-ensemble. a) Le CRTC :

b) John Stuart Mill :

c) La Régie du cinéma du Québec :

d) La Chine et la limitation d’accès à un moteur de recherche :

e) Mgr Ignace Bourget et l’Église catholique du 19e siècle :

3. En 1996, en Australie, le conseil municipal de la ville de Melbourne refuse d’exposer une œuvre d’un artiste aborigène sous prétexte qu’elle est trop provocante. L’œuvre illustre de façon symbolique la violence faite aux aborigènes par les colons européens. a) Quelle serait la position libertarienne sur cette interdiction ? Expliquez votre réponse.

b) Selon vous, quelle est la conséquence pour le bien commun et le vivre-ensemble d’une telle limite à la liberté d’expression dans une société démocratique ?

DossieR 2 La liberté d’expression

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Nom :

Groupe :

Date :

toléReR ou ne Pas toléReR ? 1. Lisez les énoncés, puis répondez aux questions. A. Une animatrice de radio encourage ses auditeurs à aller manifester pour protester contre des coupures budgétaires faites par le gouvernement dans le secteur culturel. a) Selon vous, ce comportement contrevient-il à une norme canadienne ? Expliquez votre réponse.

b) Selon vous, est-ce qu’un libertarien trouverait acceptable un tel comportement ? Expliquez votre réponse.

B. Un animateur d’une émission télévisée d’affaires publiques tient des propos sexistes et offensants à l’endroit d’une téléspectatrice qui participe à une tribune téléphonique. a) Selon vous, ce comportement contrevient-il à une norme canadienne ? Expliquez votre réponse.

b) Selon vous, est-ce que le CRTC trouverait acceptable un tel comportement ? Expliquez votre réponse.

C. Devant des centaines de manifestants contre la violence envers les animaux, une personne affirme que le président de la compagnie Bonos est un assassin et un criminel, et qu’il mérite la prison à vie pour sa participation à des courses de chiens tenues en Floride, là où ces courses sont permises. a) Selon vous, ce comportement contrevient-il à une norme canadienne ? Expliquez votre réponse.

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Nom :

Groupe :

Date :

émission sPéciale En tant qu’élève, vous décidez de participer au débat de la radio étudiante au sujet du retrait des ondes de l’émission L’opinion de Maxime. Pour vous préparer à ce débat, vous organiserez vos idées à l’aide de fiches. La première présentera une mise en contexte de la situation. La deuxième fiche réunira votre position et vos arguments. La troisième fiche contiendra une réponse à une possible intervention. Réfléchissez aux questions suivantes, puis préparez vos fiches.

mise en contexte 1. Nommez trois enjeux éthiques soulevés par la question éthique suivante : « La direction de l’école a-t-elle raison de retirer l’émission de Maxime des ondes de la radio étudiante ? » Vos enjeux éthiques devront comprendre au moins une norme.

2. Nommez deux documents légaux canadiens qui pourraient agir comme repères pour guider la réflexion éthique au sujet du retrait de l’émission de radio.

Prise de position et arguments 3. Présentez votre position et vos arguments au sujet du conflit qui oppose Maxime à la direction de l’école en complétant le texte de la 2e fiche.

4. Proposez un compromis qui pourrait satisfaire les deux parties. Expliquez en quoi cette solution fait preuve de tolérance.

Réponse à un intervenant 5. Lisez l’affirmation à la page suivante. a) Indiquez le procédé susceptible d’entraver le dialogue mis de l’avant dans cette affirmation. b) Formulez une question qui permettrait de remettre en cause le procédé susceptible d’entraver le dialogue utilisé.

DossieR 2 La liberté d’expression

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Nom :

Groupe :

Date :

Fiche no 1 : Mise en contexte 1. Trois enjeux éthiques :











2. Deux repères légaux :







Fiche no 2 : Prise de position et arguments 3. Je trouve

qu’il serait souhaitable

qu’il ne serait pas souhaitable (cochez la position qui

correspond à celle que vous défendez) que la direction retire des ondes l’émission de Maxime. Mon premier argument est le suivant :

Il s’appuie sur le repère suivant : Mon deuxième argument est le suivant :

Il s’appuie sur le repère suivant : 4. Compromis reflétant la tolérance :

Fiche no 3 : Réponse à un intervenant 5. Affirmation : Je pense qu’il est nécessaire de mettre fin à cette émission. On ne peut pas laisser un jeune s’exprimer aussi librement. Les jeunes, c’est dans leur nature, veulent défier l’autorité et créer le désordre. a) Procédé susceptible d’entraver le dialogue utilisé : b) Question :

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ViVRe enseMbLe 5

Nom :

Groupe :

Date :

test bilan du dossieR 2

total /25

1. Expliquez en quoi les médias jouent un rôle important dans une société démocratique. Justifiez votre réponse.

/2

2. Associez les énoncés à la personne ou au groupe correspondant. John Stuart Mill. A La commission Hutchins. C

Ignace Bourget. B Maurice Duplessis. D

a) « il n’est permis à personne d’être libre dans ses opinions religieuses et politiques […] c’est à l’Église à enseigner à ses enfants à être de bons citoyens […] ». b) « il devrait y avoir la pleine liberté de professer […] n’importe quelle doctrine, aussi immorale puisse-t-elle sembler ». c) « Les organismes de communication […] doivent assumer une responsabilité semblable à celle des enseignants […] ».

/4

d) Le « marché des idées ».

3. Parmi les affirmations suivantes au sujet de la liberté d’expression, laquelle correspond le plus à la conception que s’en font les libertariens. Encerclez la lettre qui correspond à la bonne réponse. a) Seul l’État a le droit d’intervenir pour limiter la liberté d’expression. Il sait favoriser le vivre-ensemble. b) Toute censure est mauvaise. La liberté d’expression doit être absolue. c) Les journalistes doivent être libres de communiquer les informations, à condition de faire preuve de responsabilité.

/2

d) Seuls les propos qui nuisent aux libertés fondamentales doivent être interdits.

4. Nommez trois types de procédés susceptibles d’entraver le dialogue qui pourraient faire l’objet d’une plainte auprès du CRTC. • • •

/3

DossieR 2 La liberté d’expression

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Nom :

Groupe :

Date :

5. À l’aide des informations contenues dans le dossier, indiquez le principal avantage et le principal désavantage à la liberté d’expression dans les médias. Avantage

Désavantage

/4

6. Donnez deux exemples qui permettent d’expliquer comment les médias sont capables d’autocensure. • •

/2

7. Placez les énoncés suivants en ordre chronologique en les numérotant de 1 à 6. L’Église catholique considère qu’elle est la seule dépositaire des vrais principes de la foi et de la morale et s’oppose à l’Institut canadien. Le gouvernement du Québec fait adopter la Loi du cadenas contre la propagande communiste. Aux États-Unis, la liberté d’expression est garantie par le Premier amendement de la Constitution américaine. La France reconnaît la liberté d’expression dans la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen. La liberté d’expression est inscrite dans la Déclaration universelle des droits de l’homme de l’ONU. L’organisme Reporters sans frontières est fondé.

/6

8. Selon vous, qu’aurait pu écrire John Stuart Mill au sujet de la Loi protégeant la province de la propagande communiste ?

/2 40

ViVRe enseMbLe 5

Voyage au cœur des religions

dossier 3

Un voyage culturel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .42 Regard sur la situation . . . . . . . . . . . . . . . . . .43 Arrêt sur images . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .44 La vie monastique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .45 Le désert d’Égypte . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .46 Le mont Cassin, en Italie . . . . . . . . . . . . . . . . . . .47 Le mont Athos, en Grèce . . . . . . . . . . . . . . . . . .48 La région de Qumran, en Palestine . . . . . . . . . .49 Le mont Girnar, en Inde . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .50 Ermite, ascète ou moine ? . . . . . . . . . . . . . . . .51 Des effets de l’expérience religieuse . . . . . . .52 Des lieux et des expériences . . . . . . . . . . . . .53 Mes choix de destinations . . . . . . . . . . . . . . .55 Test bilan du dossier 3 . . . . . . . . . . . . . . . . . .57

Un voyage culturel Chaque année, votre école offre aux élèves la possibilité de faire un voyage culturel. Cette année, les enseignants d’histoire et ceux d’éthique et culture religieuse proposent un voyage fascinant : la découverte d’une forme de vie monastique et son influence sur une tradition religieuse. Les organisateurs envisagent cinq destinations. Désireux de connaître l’avis des élèves intéressés, ils organisent une réunion d’information.

Option 3 Le mont Athos, en Grèce. Croisière autour du mont Athos.

Option 2 Le mont Cassin, en Italie. Visite du premier monastère bénédictin.

Option 4 La région de Qumran, en Palestine. Visite du lieu de la découverte des manuscrits de la mer Morte.

Option 1 Le désert d’Égypte. Sur les pas des Pères du désert.

Option 5

Place Publique

Le mont Girnar, en Inde. Visite du sanctuaire du grand guide Neminatha.

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La lettre de motivation La lettre de motivation est un document qui permet à une personne de susciter l’intérêt de recruteurs pour un projet particulier. Ce type de lettre accompagne généralement le curriculum vitæ d’une personne qui postule un emploi. Elle peut aussi appuyer une demande de financement pour un projet, une demande d’admission dans certaines écoles ou une candidature pour un stage d’étude à l’étranger. Généralement, la lettre de motivation vise la tenue d’une entrevue entre les recruteurs et les candidats.

VIVRE EnsEMbLE 5

Nom :

Groupe :

Date :

RegaRd suR la situation 1. Selon vous, quelles sont les caractéristiques du mode de vie d’un moine ou d’une moniale ?

2. Selon vous, quelle tradition religieuse pourrait être associée à chacun des lieux présentés à la page précédente ? • Le désert d’Égypte : •

Le mont Cassin, en Italie :



Le mont Athos, en Grèce :



La région de Qumran, en Palestine :



Le mont Girnar, en Inde :

3. Connaissez-vous d’autres lieux dans le monde où des personnes se retirent pour vivre une expérience religieuse ? Expliquez votre réponse.

4. Selon vous, existe-t-il au Québec un lieu ou des lieux où des personnes se retirent pour vivre une expérience religieuse ? Expliquez votre réponse.

5. Les moines et les moniales obéissent à certaines règles, comme prier à heures fixes ou garder le silence. Connaissez-vous une autre règle en vigueur dans les monastères chrétiens ? Expliquez votre réponse.

6. Nommez une activité que pourrait pratiquer une personne qui souhaite prendre du recul et réfléchir à son existence. Expliquez votre réponse.

7. Notez une question que soulève chez vous la lecture de la page 42.

DossIER 3 Voyage au cœur des religions

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Arrêt sUr imAges

se retirer du monde Les formes de vie monastique varient selon les traditions religieuses. Toutefois, la réclusion n’est pas le propre des traditions religieuses. De nombreuses personnes s’isolent de temps à autre pour réfléchir à leur existence.

au québec La communauté juive hassidique du Québec est principalement établie à Montréal. Courant mystique originaire de l’Europe de l’Est, le hassidisme fait partie du judaïsme orthodoxe. Les communautés juives hassidiques peuvent être considérées comme des sociétés fermées. Leurs membres rejettent la plupart des valeurs et mœurs associées à la consommation et au divertissement des sociétés occidentales modernes. Ils s’habillent également de manière très pudique et se voient souvent interdire de regarder la télévision.

Plusieurs chercheurs comparent les voyages sac au dos à de véritables rituels de passages. Les randonneurs quittent leur environnement familier pour vivre une expérience intense et ainsi revenir transformés.

ailleurs dans le monde Les randonneurs, souvent appelés « backpackers », se déplacent souvent seuls, avec un sac à dos comme unique bagage. Leurs voyages sont souvent à petit budget et peu planifiés. Les randonneurs cherchent souvent à quitter le quotidien pour vivre des expériences intenses qui pourraient avoir pour effet de transformer leur vision du monde.

Chez les juifs orthodoxes, certains vêtements, tissus et coiffures doivent respecter diverses prescriptions bibliques.

Qu’est-ce que la vie monastique ? Quelles sont les règles de la vie monastique ? Quels sont les aspects de la vie monastique dans les traditions religieuses ? Qu’est-ce qu’un ermite ? Qu’est-ce que l’ascétisme ?

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VIVRE EnsEMbLE 5

la vie monastique Certains croyants adoptent la vie monastique, c’est-à-dire qu’ils se retirent du monde pour se consacrer totalement à leur quête spirituelle. La plupart d’entre eux considèrent que la vie en société ne permet pas de mener une existence pleinement inspirée par les fondateurs de leur tradition religieuse. La vie monastique les amène à suivre certains principes et règles propres à leur religion et à leur communauté religieuse. Elle leur offre ainsi la possibilité de consacrer une grande partie de leur temps à diverses expériences et pratiques religieuses, comme la prière, la méditation et la contemplation.

Quelques caractéristiques de la vie monastique La vie monastique est généralement caractérisée par le célibat et l’ascétisme. Le célibat permet en effet aux moines et aux moniales de se consacrer entièrement et exclusivement à leur quête spirituelle. Quant à l’ascétisme, qui nie divers besoins physiques et psychologiques, il favorise l’atteinte d’un idéal spirituel. Les pratiques ascétiques peuvent comprendre le jeûne, le silence, la solitude, la privation de sommeil, etc.

L’abbaye de Saint-Benoit-du-Lac, près de Magog. Fondée en 1912, l’abbaye compte une quarantaine de moines. Elle fait partie de la Confédération bénédictine.

Un peu de vocabulaire ascète errant : Personne qui s’impose un grand nombre de privations et qui renonce aux biens matériels pour mener une existence d’itinérant et de mendiant, et qui consacre son existence à sa quête de perfection morale et spirituelle. ermite : Personne qui se retire de la vie en société pour mener, dans la solitude, une existence généralement axée sur la prière et la contemplation. Moine ou moniale : Personne qui s’engage, le plus souvent en communauté, à consacrer sa vie à la prière ou à la méditation et à suivre les règles d’une institution monastique. Monastique : Qui concerne les moines.

La retraite spirituelle généralement, les moines et les moniales s’engagent à temps plein et de façon permanente dans la vie monastique. Les croyants qui ne font pas partie d’une communauté religieuse peuvent faire une retraite spirituelle, c’est-à-dire qu’ils se retirent temporairement du monde pour se livrer à la méditation et à la contemplation. ils peuvent ainsi combler leurs besoins de silence, de ressourcement et de solitude, ce qui leur permet de prendre du recul par rapport à leur existence et de réfléchir à divers de ses aspects.

Chaque année, un nombre grandissant de jeunes du secondaire participent à des retraites spirituelles.

DossIER 3 Voyage au cœur des religions

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le désert d’Égypte Les Pères du désert sont des chrétiens qui, à partir du 4e siècle, se retirent individuellement dans le désert d’Égypte pour y vivre leur quête spirituelle. Fréquemment, de jeunes disciples, désireux d’orienter leur existence, les y rejoignent afin de leur demander conseil. On compte quelques femmes parmi les ermites.

Un peu d’histoire Vers 250, une poignée d’ermites décident de partir dans le désert pour prendre leurs distances avec les communautés chrétiennes des villes. Rapidement, de nombreux disciples se joignent à eux pour s’inspirer de leur vie exemplaire. En 320, voulant organiser la vie des ermites, Pacôme, un Père du désert, fonde le premier monastère chrétien. Les Pères du désert sont considérés comme les fondateurs de la vie monastique communautaire chrétienne.

Le monastère Saint-Macaire, en Égypte. Encore aujourd’hui, des centaines de moines vivent dans les grottes et les monastères d’Égypte, comme le faisaient, à une autre époque, les Pères du désert. Fondé en 360, le monastère Saint-Macaire, un des plus vieux monastères au monde, compte environ 130 moines chrétiens orthodoxes et une dizaine d’ermites vivant à proximité.

L’expérience religieuse des Pères du désert En se retirant dans le désert, les Pères du désert désirent mener une existence de pauvreté et de sacrifice, au service de Dieu. Ils veulent se rapprocher le plus possible des valeurs mises de l’avant par Jésus-Christ. C’est dans le silence du désert qu’ils souhaitent, par la prière et la contemplation, vivre une intimité profonde avec Dieu. Pour les Pères du désert, comme le père Arsène, qui vécut de 354 à 455 de notre ère, la fuite dans le désert est le meilleur moyen d’être sauvé, d’accéder ici-bas à la perfection morale et spirituelle.

«

»

L’abbé Arsène, quand il était encore au Palais, pria le Seigneur en ces termes : “Seigneur, conduis-moi vers le salut.” Survint une voix qui lui dit : “Arsène, fuis les hommes, et tu seras sauvé.” Source : Les sentences des Pères du désert, Solesmes, Abbaye Saint-Pierre-de-Solesmes, 1966, p. 31.

Plusieurs disciples ont recueilli les paroles des maîtres spirituels. Les enseignements qui témoignent de l’expérience religieuse des ermites du désert sont appelés les « sentences des Pères du désert ». Elles sont, encore aujourd’hui, lues dans les communautés religieuses chrétiennes.

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VIVRE EnsEMbLE 5

le mont cassin, en italie Un ordre religieux est une organisation dont les membres, des moines ou des moniales, ont prononcé des vœux de pauvreté, de chasteté et d’obéissance. Les membres des ordres religieux sont soumis à des règles particulières. Dans le christianisme, il existe plusieurs ordres religieux. Les bénédictins et les bénédictines, par exemple, sont des moines et des moniales qui respectent la règle de saint Benoît de Nursie.

BAO Le catholicisme, p. B23

Un peu d’histoire C’est à Subiaco, en Italie, que Benoît de Nursie établit ses premiers monastères, vers 500. Autour de 529, il fonde le monastère du mont Cassin, où il rédige sa règle. Depuis, la règle de saint Benoît a inspiré la plupart des ordres religieux chrétiens en Occident.

L’expérience religieuse de Benoît de Nursie C’est d’abord en ermite, dans la solitude du désert, près de Subiaco, que Benoît de Nursie cherche à vivre une relation intime et personnelle avec Dieu. C’est, semble-t-il, pendant cette période qu’il reçoit un appel de Dieu, le priant de renoncer à sa solitude et de partager sa vie avec des disciples, dans une communauté. Pour organiser la vie monastique, Benoît de Nursie écrit une règle à l’usage des moines, vers 530. La règle de saint Benoît comporte un grand nombre de conseils qui visent à permettre aux moines de se rapprocher de Dieu dans la paix de leur monastère, en menant une vie d’humilité, d’obéissance et de silence.

«

Le monastère du mont Cassin, en Italie. C’est dans ce monastère, plusieurs fois détruit et reconstruit, que Benoît de Nursie a rédigé la règle qui s’applique maintenant à la communauté religieuse des Bénédictins.

Qui que tu sois donc, qui te hâtes vers la patrie céleste, accomplis, avec l’aide du Christ, cette petite Règle élémentaire écrite par nous. Et alors, sous la garde de Dieu, jusqu’aux plus hautes cimes de la doctrine et des vertus que nous avons mentionnées ci-dessus, tu arriveras. Amen.

»

Source : La Règle de saint Benoît, présentée par Antoine Dumas, Paris, Éditions du Cerf, coll. Foi vivante, 1998, p. 138.

De nos jours, la Confédération bénédictine regroupe plus de 24 000 moines et moniales, dans 82 congrégations situées sur tous les continents.

Benoît de Nursie, saint (v. 480 - v. 547).

DossIER 3 Voyage au cœur des religions

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le mont athos, en grèce Appelé aussi « sainte montagne » ou « jardin de la Vierge », le mont Athos est situé à l’extrémité d’une péninsule, au nord de la Grèce. Ce lieu compte aujourd’hui une vingtaine de monastères chrétiens orthodoxes où vivent plus de 1500 moines.

BAO L’orthodoxie, p. B37

Un peu d’histoire Au début du 4e siècle, le mont Athos devient une terre chrétienne à la suite de la conversion de l’empereur romain Constantin Ier, qui répand graduellement le christianisme partout dans l’Empire romain. Vers le 8e siècle, Pierre l’Athonite s’installe sur le mont Athos pour y mener une vie d’ermite inspirée de celle des Pères du désert.

L’expérience religieuse de Pierre l’Athonite Pierre l’Athonite a vécu une cinquantaine d’années en ermite sur le mont Athos sans jamais rencontrer un autre être humain. Retiré dans une caverne, il cherche à atteindre la perfection spirituelle, à vaincre le mal et la mort comme l’a expérimenté Jésus-Christ lors de sa résurrection. La quête de Pierre l’Athonite est devenue le but ultime des moines du mont Athos. En 963, inspiré par cette quête de perfection, Athanase l’Athonite fonde le premier monastère du mont Athos et organise la vie monastique. L’existence des moines de la sainte montagne est principalement vouée à la méditation et à la contemplation.

Le mont Athos, en Grèce. Depuis 1060, seuls les hommes ont accès au mont Athos, puisqu’il est interdit aux femmes. Les touristes n’y sont pas admis et les visiteurs doivent être munis d’un laissez-passer obtenu auprès du ministère des Affaires étrangères de la Grèce. Cependant, des croisières permettent aux touristes de contempler les monastères situés à proximité de la mer. Depuis 1988, le mont Athos est inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO.

Le développement de l’architecture des monastères du mont Athos a eu des répercussions jusqu’en Russie et son école de peinture, au fil des siècles, a grandement influencé l’histoire de l’art orthodoxe. Le mont Athos est le plus important centre religieux de l’Église chrétienne orthodoxe.

Fresque du monastère de Hilandar, un des vingt monastères orthodoxes du mont Athos, fondé en 1198.

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VIVRE EnsEMbLE 5

la région de qumran, en Palestine Les esséniens sont les membres d’un regroupement religieux juif installé en Palestine à partir du 2e siècle avant notre ère. Ils sont organisés en diverses communautés monastiques, installées dans la région de Qumran, sur les rives inhospitalières de la mer Morte.

BAO Le judaïsme, p. B41

Un peu d’histoire Vers 150 avant notre ère, un prêtre juif décide de quitter Jérusalem avec un petit nombre de disciples pour fonder une communauté dans le désert, sur les rives de la mer Morte. Pour les esséniens, le désert représente un idéal spirituel de pureté, éloigné de la vie religieuse de Jérusalem qu’ils estiment corrompue. Vers 68 de notre ère, l’armée romaine, qui se prépare à attaquer Jérusalem, détruit Qumran. Cet événement marque la fin de la communauté des esséniens qui doivent fuir pour éviter les persécutions. Le judaïsme n’a pas connu d’autre forme de vie monastique par la suite.

L’expérience religieuse des esséniens Pour les membres de la communauté de Qumran, la fin des temps est imminente. Ils croient que leur monde sera bientôt remplacé par un monde meilleur, un monde tel que Dieu l’a souhaité. Pour se préparer à cet événement, les esséniens de Qumran cherchent à vivre une relation intime avec Dieu par l’entremise de pratiques ascétiques rigoureuses et par divers rituels de purification. Ils croient que ces pratiques favoriseront l’arrivée d’une ère de perfection à laquelle ils seront appelés à participer.

Le site où ont été découverts les manuscrits de la mer Morte. De 1947 à 1956, à Qumran, des fouilles archéologiques ont permis de découvrir, scellés dans des vases de terre cuite, près de 900 manuscrits. Des esséniens, qui fuyaient les persécutions romaines, avaient caché, les documents dans des grottes. Parmi ces manuscrits se trouvent divers textes sur la vie religieuse de la communauté de Qumran, des commentaires bibliques et des fragments de presque tous les livres de l’Ancien Testament.

Aujourd’hui, les manuscrits de la mer Morte constituent le principal héritage des esséniens de Qumran. Ces documents fournissent aux chercheurs des informations précieuses sur les textes bibliques. De plus, ils ont permis de mieux saisir le contexte religieux et culturel dans lequel évoluait Jésus de Nazareth et ses premiers disciples. Une des urnes qui contenaient des manuscrits de la mer Morte. DossIER 3 Voyage au cœur des religions

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le mont girnar, en inde Le jaïnisme est une religion de l’Inde très ancienne. Son nom vient du terme jina qui signifie « vainqueur ». Ce terme fait allusion au combat que les ascètes jaïns doivent mener contre leurs passions, comme la haine, la colère, l’avidité ou l’orgueil, dans le but de les vaincre et d’atteindre la perfection spirituelle, le nirvana. Il existe des caractéristiques communes au jaïnisme, à l’hindouisme et au bouddhisme, comme la voie de la libération et de l’éveil, ainsi que le fait de prôner la non-violence.

Un peu d’histoire Selon la tradition jaïn, la doctrine du jaïnisme aurait été révélée à diverses époques par de grands guides ou tirthankara qui orientent les humains vers la voie de la libération. Les historiens situent l’origine du jaïnisme au 6e siècle avant notre ère. Ils reconnaissent généralement que Mahavira en est le fondateur. Mahavira, un ascète errant, est reconnu par la tradition comme le 24e d’une lignée de grands guides. Avec le bouddhisme, le jaïnisme est la seule religion encore pratiquée aujourd’hui qui a commencé sous une forme essentiellement monastique. Le mont Girnar, en Inde, un lieu de pèlerinage jaïn important. Selon la tradition jaïn, c’est sur le mont Girnar, en Inde, que Neminatha, le 22e grand guide du jaïnisme, aurait atteint le nirvana. Un temple, construit au 12e siècle de notre ère, lui est dédié. Au sommet de la montagne se trouvent une statue représentant le guide et des empreintes de pieds que certains jaïns croient être les siens. Pour les adeptes du jaïnisme, un pèlerinage à Girnar permet d’accumuler du bon karma, ce qui leur assure une vie future plus heureuse.

L’expérience religieuse de mahavira Selon la tradition, Mahavira s’engage dans une quête spirituelle à l’âge de 30 ans. Après 12 ans de pratiques ascétiques extrêmes, il atteint le nirvana, la libération du cycle éternel des naissances et des renaissances. À la suite de cette expérience, Mahavira organise la vie monastique jaïn en élaborant une règle très stricte qui exige, entre autres, que les ascètes se déplacent constamment. Le jaïnisme compte aujourd’hui un certain nombre d’ascètes errants qui, suivant la règle de Mahavira, renoncent à tous les biens matériels pour parvenir à la perfection spirituelle, au nirvana. Certains spécialistes croient que la règle monastique jaïn a servi de modèle à toutes les règles monastiques des religions de l’Inde. 50

VIVRE EnsEMbLE 5

Nom :

Groupe :

Date :

eRMite, ascète ou Moine ? 1. Expliquez en quoi la vie monastique est une expérience religieuse.

2. Quelle est la principale différence entre un ermite et un moine ?

3. Nommez trois exemples concrets de pratiques ascétiques.

Place Publique

BAO, p. B85 et B86

1 Lisez les citations, puis répondez aux questions. A. De même que les poissons crèvent s’ils demeurent trop longtemps hors de l’eau, de même les moines qui s’attardent hors de leur cellule ou passent leur temps avec les gens du monde se relâchent-ils de l’intensité de leur paix intérieure. Sentence du père Antoine (Paroles des anciens. Apophtegmes des Pères du désert, trad. Jean-Claude Guy, Paris, Éditions du Seuil, coll. Points, Sagesses, 1976, p. 16.)

a) À quel type de raisonnement correspond cette affirmation ?

b) Nommez les deux réalités qui y sont comparées.

c) Quel est le but visé par le raisonnement du père Antoine ?

B. Ne tue aucun être vivant. N’essaie pas de les dominer.

Mahavira, grand guide jaïn.

a) À quel type de jugement correspond cette affirmation ?

b) Formulez une question qui permet d’interroger ce jugement.

DossIER 3 Voyage au cœur des religions

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Nom :

Groupe :

Date :

des eFFets de l’eXPÉRience Religieuse 1. Pour chacune des expressions du religieux nommées dans le tableau, indiquez la tradition religieuse correspondante. Indiquez ensuite un effet de chacune des expressions sur la tradition religieuse. Expression du religieux

Tradition religieuse

Effet sur la tradition religieuse

Les Pères du désert

La règle de saint Benoît

Les moines du mont Athos

Les esséniens de Qumran

L’expérience religieuse de Mahavira

2. Quels rapprochements pouvez-vous faire entre la vie monastique des Pères du désert et celle des esséniens de Qumran ?

3. Nommez une ressemblance et une différence entre l’expérience religieuse de Pierre l’Athonite et celle de Mahavira.

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VIVRE EnsEMbLE 5

Nom :

Groupe :

Date :

des lieuX et des eXPÉRiences 1. Pour faire le point sur les lieux dont il a été question dans le dossier, remplissez les fiches suivantes. OPTION 1 Le désert d’Égypte. Sur les pas des Pères du désert. Tradition religieuse liée à cet endroit : Présentation du lieu à visiter :

Présentation d’un personnage marquant :

OPTION 2 Le mont Cassin, en Italie. Visite du premier monastère bénédictin. Tradition religieuse liée à cet endroit : Présentation du lieu à visiter :

Présentation d’un personnage marquant :

OPTION 3 Le mont Athos, en Grèce. Croisière autour du mont Athos. Tradition religieuse liée à cet endroit : Présentation du lieu à visiter :

Présentation d’un personnage marquant :

DossIER 3 Voyage au cœur des religions

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Nom :

Groupe :

Date :

OPTION 4 La région de Qumran, en Palestine. Visite du lieu de la découverte des manuscrits de la mer Morte. Tradition religieuse liée à cet endroit : Présentation du lieu à visiter :

Présentation d’un personnage marquant :

OPTION 5 Le mont Girnar, en Inde. Visite du sanctuaire du grand guide Neminatha. Tradition religieuse liée à cet endroit : Présentation du lieu à visiter :

Présentation d’un personnage marquant :

2. Selon vous, est-ce que les monastères du mont Athos sont un effet de l’expérience religieuse de Pierre l’Athonite ? Expliquez votre réponse.

3. Nommez une expression du religieux qui pourrait être considérée comme un effet de l’expérience religieuse des Pères du désert. Expliquez votre réponse.

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VIVRE EnsEMbLE 5

Nom :

Groupe :

Date :

Mes choiX de destinations Afin de sélectionner les participants au voyage culturel, les enseignants responsables du projet demandent aux élèves d’écrire une lettre. Dans ce document, les élèves exprimeront leurs préférences quant aux destinations proposées et feront valoir leurs connaissances à ce sujet. Afin de manifester votre intérêt pour le voyage culturel, vous décidez d’écrire une telle lettre en respectant les consignes qui suivent.

Présentation de votre premier choix de destination 1. Associez la destination à la tradition religieuse à laquelle elle est rattachée.

2. Nommez un personnage qui y a vécu une expérience religieuse importante.

3. Expliquez une expérience religieuse en lien avec ce personnage et la destination.

4. Décrivez brièvement un effet de cette expérience religieuse sur sa tradition religieuse.

Présentation de votre deuxième choix de destination 5. Suivez les consignes 1 à 4 du premier choix.

comparaison de vos deux choix 6. Nommez une ressemblance entre les formes de vie monastique de vos premier et deuxième choix de destination.

7. Nommez une différence entre les formes de vie monastique de vos premier et deuxième choix de destination.

DossIER 3 Voyage au cœur des religions

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Nom :

Groupe :

Date :

Le À L’ATTENTION DES MEMBRES DU COMITÉ DE SÉLECTION POUR LE VOYAGE CULTUREL Madame, Monsieur, Par cette lettre, je souhaite montrer que, en raison de mon intérêt et de mes connaissances, je suis la personne tout indiquée pour participer au voyage culturel. Mon premier choix de destination est

, un lieu d’une

grande importance pour la tradition religieuse suivante : endroit que

. C’est à cet a/ont vécu .

Cette expérience religieuse est à l’origine de . Mon deuxième choix de destination est

, un lieu d’une

grande importance pour la tradition religieuse suivante : endroit que

. C’est à cet a/ont vécu .

Cette expérience religieuse est à l’origine de . Si j’ai choisi cette deuxième destination, c’est en raison de ses ressemblances avec mon premier choix. En effet, . Cependant, à la différence de mon premier choix de destination, . Dans l’attente d’une décision de votre part, je vous remercie de l’attention que vous prêterez à ma candidature. Veuillez agréer, Madame, Monsieur, mes salutations les plus distinguées.

Signature

56

VIVRE EnsEMbLE 5

Nom :

Groupe :

Date :

test bilan du dossieR 3

total /25

1. Reliez les formes de vie monastique aux personnes correspondantes. Certains mots ont laissé échapper des lettres. Complétez-les. Personnes qui se retirent de la vie en société pour mener, dans la solitude, une existence généralement axée sur la prière et la contemplation. Les Personnes qui s’imposent un grand nombre de privations et qui renoncent aux biens matériels pour mener une existence d’itinérants et de mendiants, et qui consacrent leur existence à leur quête de perfection morale et spirituelle.

s

te

e

nts.

Les

mi

es.

Les moines et Personnes qui s’engagent, le plus souvent en communauté, à consacrer leur vie à la prière ou à la méditation et à suivre les règles d’une institution monastique.

s.

/3

2. Nommez une caractéristique commune aux différentes formes de vie monastique décrites à la question 1. Expliquez votre réponse.

/2

3. Complétez la ligne du temps suivante. Pour chacune des dates indiquées, a) écrivez le nom de la communauté ou du personnage approprié : Benoît de Nursie. Pacôme. Pierre l’Athonite. Esséniens. Mahavira. b) nommez la tradition religieuse associée au personnage ou à la communauté.

6e siècle avant notre ère

2e siècle avant notre ère

4e siècle

6e siècle

8e siècle

/5

DossIER 3 Voyage au cœur des religions

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Nom :

Groupe :

Date :

4. De quel exemple de vie monastique chrétienne se rapproche le plus l’ascétisme jaïn ? Expliquez votre réponse à l’aide d’un argument.

/3

5. Parmi les comportements suivants, cochez ceux que doivent adopter les moines qui suivent la règle de saint Benoît. Être brave.

Être agile.

Être humble.

Être spontané.

Être obéissant.

Être silencieux.

6. Vrai ou faux ?

/3 vrai

faux

a) Les écrits des esséniens de Qumran ont permis de mieux comprendre le contexte religieux dans lequel évoluait Jésus de Nazareth. b) Pierre l’Athonite, un ermite du mont Athos, a organisé la vie monastique sur cette sainte montagne. c) Les Pères du désert sont considérés comme les fondateurs de la vie monastique chrétienne.

/3

7. Lisez chacune des affirmations, puis répondez aux questions suivantes. a) Nommez le type de jugement auquel l’affirmation correspond. b) Formulez une question qui permet d’interroger ce jugement. A. « Arsène, fuis les hommes et tu seras sauvé. » Type de jugement : Interrogation du jugement :

B. Depuis 1060, seuls les hommes ont accès au mont Athos. Type de jugement : Interrogation du jugement :

C. Les manuscrits de la mer Morte sont des documents précieux. Type de jugement : Interrogation du jugement :

/6 58

VIVRE EnsEMbLE 5

dossier 4

Virage équitable ? De nouvelles tenues de sport . . . . . . . . . . . . . . .60 Regard sur la situation . . . . . . . . . . . . . . . . . .61 Arrêt sur images . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .62 La mondialisation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .63 Pour ou contre la mondialisation . . . . . . . . . . . .64 L’industrie du textile et du vêtement . . . . . . . . .65 La culture et le marché du coton . . . . . . . . . . . .66 Des normes et des conditions de travail . . . . . .67 Des solutions possibles . . . . . . . . . . . . . . . . . . .69 L’économie mondiale . . . . . . . . . . . . . . . . . . .71 100 % coton . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .72 Derrière l’étiquette . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .73 La réunion du comité . . . . . . . . . . . . . . . . . . .75 Test bilan du dossier 4 . . . . . . . . . . . . . . . . . .77

De nouvelles tenues de sport Les enseignants en éducation physique de votre école ont obtenu l’accord du conseil d’établissement pour acheter de nouvelles tenues de sport. Un comité a été formé pour discuter du projet et formuler des recommandations. À la première réunion, on s’entend facilement sur le style et les couleurs des t-shirts, des chandails de coton ouaté et des pantalons de sport. Cependant, les discussions sont plus animées au moment de choisir le fournisseur qui confectionnera les vêtements.

Place Publique

ÈS-VERBAL E XTRAIT DU PROC ERVENTIONS QUI RÉSUME LES INT MITÉ CO DU S DES MEMBRE fournisseur re affaire Point 4 – Le choix du ait de continuer de fai que le plus simple ser ne ulig so t, join x. ad r pri urs M. Lagacé, directeu celui-ci offre les meille bituel de l’école, car avec le fournisseur ha tuel, il n’est pas ntexte économique ac pense que, dans le co s que celles-ci plu nt uta me Gaulin, mère d’une élève, M tenues de sport, d’a s elle uv no les er ch trop de M. Lagacé. souhaitable de payer ie donc la proposition pu ap e Ell ts. ren pa s plus bas sont à la charge de pense que le prix le ces et technologie, en sci e et resen te iqu an éth gn e ch sei faut avoir une appro Mme D’Acremont, en il s, avi n so de À . rer e à considé ommande au comité n’est pas le seul critèr ns une école. Elle rec da ut er. rto ch s su t, plu ha u ac pe fait un s’il faut payer un ponsable lorsqu’on vironnement, même l’en cte pe res i qu ur choisir un fournisse me mont. Il ajoute qu’il sition de M D’Acre e secondaire, soutient la po vêtement. Dans 5 du sur l’industrie M. Sabbagh, élève de de la mondialisation ets eff yés et, parfois, les -pa r us su so e ts, ag a vu un report scents, ou des enfan ole ad s lement de nt so rs no vailleu qui respecte n seu certains pays, les tra choisir un fournisseur de ciale. nt so e rta tic po jus im de est ’il pe rs, et qui se préoccu maltraités. Il croit qu lleu vai tra s de its dro is aussi les l’environnement. ma e Mme Gaulin et oue qu’il est comm av e, qu ysi ph ie on ati ant en éduc nnemental de l’industr M. Paradis, enseign né sur l’impact enviro ion s est ce qu t e en qu im e ns vra pe jamais ialisation, mais il M. Lagacé. Il ne s’est les effets de la mond n bie s pa aît nn co du vêtement. Il ne rtantes. questions sont impo nion afin que les ère d’ajourner la réu de M. Paradis. Il sugg ue À la prochaine arq s. rem jet la su ie ts pu en M. Lagacé ap rche sur ces différ he rec e un re fai t la délibération en re puiss ettront de poursuiv membres du comité rmations qui lui perm nfo d’i s nouvelles a de ser ur po sse dis rni té rencontre, le comi ant le choix du fou ern nc co ée lair éc e décision en vue de prendre un . ort sp de s ue ten

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Le comité Un comité est un groupe de personnes qui a la responsabilité de délibérer sur certaines questions, de donner des avis, d’orienter ou de prendre des décisions. Un comité « consultatif » a le mandat de donner des conseils ou de faire des recommandations qui permettent à d’autres personnes, par exemple les dirigeants d’un centre hospitalier, de prendre une décision éclairée. Un comité « décisionnel » rend la décision qui devra être suivie. Les personnes qui siègent à un comité doivent respecter des règles précises. Généralement, il y a un président ou une présidente qui dirige les discussions au sein du comité, ainsi qu’une personne qui agit à titre de secrétaire. Le rôle de secrétaire consiste à préparer l’ordre du jour des réunions et à dresser les procès-verbaux qui résument les discussions et les décisions des membres du comité.

ViVRe ensembLe 5

Nom :

Groupe :

Date :

RegaRd suR la situation 1. D’après vous, quelle est la principale valeur défendue par chacun des membres suivants du comité ? •

M. Paradis :



Mme D’Acremont :



M. Sabbagh :

2. Observez la photo de la page 59 et répondez aux questions suivantes. a) Pourquoi les travailleurs sont-ils aussi nombreux ?

b) Comment qualifieriez-vous leur attitude au travail et que pourrait-elle signifier ?

c) Selon vous, pourquoi la production de vêtements se fait-elle surtout dans les pays émergents ou en développement ?

3. a) La provenance d’un produit, les conditions dans lesquelles il a été fabriqué et son impact sur l’environnement sont-ils des critères importants lorsque vous faites un achat ? Expliquez votre réponse.

b) D’après vous, où sont fabriqués les vêtements et les chaussures que vous portez habituellement ? Suggestion : consultez l’étiquette des vêtements que vous portez aujourd’hui.

4. M. Paradis vous demande de lui expliquer, en quelques mots, ce que signifie exactement la « mondialisation ». Que lui répondez-vous ?

5. Formulez une question éthique en lien avec la situation présentée à la page 60.

DossieR 4 Virage équitable ?

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Arrêt sur imAges

travailler dur Avec le phénomène de la mondialisation, les entreprises doivent minimiser leurs dépenses afin d’augmenter leurs profits. Certains employés doivent travailler de nombreuses heures dans des conditions difficiles à des salaires réduits.

au québec En 2013, des employeurs québécois du secteur agricole ont engagé plus de 8500 étrangers, notamment des Mexicains et des Guatémaltèques, au moment de la récolte. Ces travailleurs comblent le manque de main-d’œuvre dans les usines de transformation alimentaire, les fermes et les champs. En effet, depuis plusieurs années, les travailleurs québécois ont délaissé les travaux agricoles pour d’autres secteurs d’activités. Les travailleurs étrangers sont payés le salaire minimum ou moins. Ils sont à l’œuvre 10 heures par jour, 7 jours sur 7. Néanmoins, ils peuvent gagner ici, en une journée, jusqu’à cinq fois ce qu’ils gagneraient dans leur pays.

Des enfants au travail, en Inde.

ailleurs dans le monde En 2012, l’Organisation des Nations Unies estimait que 215 millions d’enfants travaillaient dans le monde, notamment en Afrique et en Inde. Parmi ces enfants âgés de 5 à 14 ans, 115 millions étaient soumis à des conditions de travail extrêmes dans les mines, l’industrie du vêtement ou dans les champs. Certains étaient même impliqués dans le trafic de stupéfiants ou servaient d’esclaves sexuels.

Dans quelles conditions les vêtements que nous portons sont-ils fabriqués ? Des travailleurs agricoles mexicains et guatémaltèques, au Québec.

Qu’est-ce que la mondialisation ? Quels sont les principaux enjeux de la mondialisation ? Qu’est-ce que le commerce équitable ? Les normes du travail varient-elles d’un pays à l’autre ?

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ViVRe ensembLe 5

la mondialisation La mondialisation est le développement de la production et de l’échange de marchandises, d’information et d’argent à l’échelle de la planète. Les pays harmonisent leurs lois économiques et mettent en place des mesures favorisant le commerce. Cependant, l’industrialisation ne se fait pas au même rythme dans toutes les régions du monde. Des écarts importants existent entre les pays industrialisés et les pays en voie de développement. Mais à l’heure de la mondialisation, tous les pays sont devenus dépendants les uns des autres. On parle des « effets » de la mondialisation, car les systèmes économiques de tous les pays forment une seule grande économie mondiale. Ainsi, lorsqu’un pays connaît des difficultés, par exemple la faillite des grandes banques aux États-Unis en 2008, les pays du monde entier vivent, presque en même temps, une crise.

Le 4 janvier 2008, l’effondrement des valeurs à la bourse de New York a touché les Bourses du monde entier.

Le libre-échange Le libre-échange est un régime économique dans lequel les échanges commerciaux entre plusieurs pays sont exempts des frais de douane et des taxes. Il s’agit d’une entente entre des pays. Le libre-échange encourage généralement les pays à se spécialiser dans ce qu’ils produisent le mieux, au meilleur coût de production possible. L’un des buts du libre-échange est de permettre aux consommateurs de bénéficier d’un plus grand choix de produits de consommation, le plus souvent à bas prix, en provenance du monde entier.

Un peu de vocabulaire Pays du Nord : ensemble des « pays développés », car la majorité des pays les plus riches se trouvent au Nord et la majorité des pays en développement et des pays pauvres se trouvent au sud. Loi de l’offre et de la demande : en économie, loi selon laquelle le prix d’un produit fluctue selon la quantité de ce produit offerte sur le marché (l’offre) et le nombre de personnes qui souhaitent l’acquérir (la demande).

La délocalisation, une conséquence de la mondialisation Avec la mondialisation, les pays émergents et les pays en développement se sont spécialisés dans la production de biens et de services tels que les vêtements, les produits électroniques, les produits agroalimentaires et même les services de téléphonie. Cette situation a entraîné un phénomène de délocalisation, c’est-à-dire le déplacement de certains emplois des pays du Nord vers le Sud, où les coûts de production sont moins élevés.

PoRtRait

Milton Friedman (1912-2006).

Milton Friedman Milton Friedman est considéré comme l’un des économistes les plus influents du 20e siècle. Lauréat du prix Nobel d’économie en 1976, il fut un défenseur du libéralisme économique. Il estimait que la réduction du rôle de l’État dans l’économie mondiale est le meilleur moyen pour les pays d’atteindre une plus grande liberté politique et économique. Il a exercé une influence importante sur la politique économique des États-Unis. DossieR 4 Virage équitable ?

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Pour ou contre la mondialisation Les partisans de la mondialisation Les partisans de la mondialisation considèrent que le commerce international doit se développer le plus librement possible, sans l’intervention des gouvernements. On appelle cette théorie le « néolibéralisme ». Pour les partisans de la mondialisation, il faut laisser la loi de l’offre et de la demande dicter le prix des produits. Les partisans de la mondialisation souhaitent que les entreprises augmentent leur compétitivité et accroissent leurs profits en produisant des biens ou en offrant des services, là où les conditions sont les Les altermondialistes prônent l’égalité entre pays riches plus avantageuses, c’est-à-dire dans des pays où la et pays pauvres. main-d’œuvre coûte peu cher. Selon eux, les inégalités entre les pays industrialisés et les pays en développement ont toujours existé, mais la mondialisation pourrait permettre d’atténuer ces inégalités à long terme.

Le point de vue des altermondialistes Les altermondialistes s’opposent à la mondialisation néolibérale parce qu’ils considèrent qu’elle accentue les inégalités entre les pays industrialisés et les pays en développement, autrement dit, qu’elle aggrave le déséquilibre des rapports Nord-Sud. Ils réclament une mondialisation plus humaine, contrôlée par des lois qui permettent de diminuer les inégalités économiques, les injustices sociales et les impacts environnementaux des industries. Les altermondialistes militent pour un partage équitable des ressources et de la richesse. Selon eux, il est possible de combattre les inégalités et les injustices mondiales en améliorant la coopération entre les pays, de manière à ce que les pays riches deviennent moins riches et les pays pauvres, moins pauvres.

les tRucs du métieR Économiste Un ou une économiste est une personne spécialisée en sciences économiques. Son rôle est de conseiller les entreprises, les institutions financières ou les gouvernements dans la prise de décisions financières ou dans l’établissement de prévisions budgétaires. Les sciences économiques rejoignent plusieurs domaines, par exemple la mathématique, la statistique, la sociologie, l’histoire, les sciences politiques et les lois commerciales. Au Québec, des programmes de baccalauréat en sciences économiques sont offerts dans plusieurs universités.

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ViVRe ensembLe 5

l’industrie du textile et du vêtement Selon l’Organisation internationale du travail (OIT), l’industrie du textile et du vêtement représente 7 % du commerce mondial. Cette industrie regroupe une main-d’œuvre d’environ 26 millions de personnes réparties dans le monde entier. Toutefois, la majorité de ces travailleurs sont aujourd’hui dans les pays du Sud.

Chaîne d’approvisionnement en vêtements Industrie textile

Industrie du vêtement

Industrie de la vente au détail

Fonctions traditionnelles : Élaboration de la matière première, production et approvisionnement

Conception de vêtements en vue de la distribution aux grossistes

Distribution aux consommateurs

Source : Industrie Canada, 2008.

une industrie en changement Jusque dans les années 1990, c’est dans les pays industrialisés, notamment en Amérique du Nord et en Europe, qu’on produit le plus de vêtements. Entre 1995 et 2005, des accords internationaux viennent modifier les échanges commerciaux entre les pays industrialisés et les pays émergents ou en développement. Cette mondialisation du commerce entraîne rapidement la délocalisation des industries et des emplois du Nord vers le Sud. La plupart des vêtements, des chaussures et des textiles sont désormais produits en Chine, en Inde, au Bangladesh, au Mexique et au Nicaragua, car la maind’œuvre y est nombreuse et beaucoup moins chère.

Travailleurs mexicains dans une manufacture de chaussures. Le coût de fabrication des chaussures est moins élevé au Mexique que dans les pays du Nord.

La transformation du coton Le coton est la matière première la plus utilisée dans l’industrie textile et l’industrie du vêtement (environ 70 % du marché). La cueillette du coton est une étape qui exige beaucoup de main-d’œuvre.

une question de compétitivité Le travail manuel représente plus de la moitié des coûts de production d’un vêtement. Dans les pays industrialisés, les lois du travail et les normes industrielles font que ces coûts sont de 2 à 10 fois plus élevés que dans les pays en développement. Les pays du Nord ne sont donc plus assez compétitifs. Pour être concurrentielles, tout en augmentant leur marge de profit, la plupart des grandes entreprises et des multinationales des pays du Nord déplacent leurs usines et leurs manufactures en Asie, en Amérique centrale, en Amérique du Sud et en Afrique.

Champ de coton en Afghanistan. La récolte manuelle du coton est souvent faite par des enfants.

DossieR 4 Virage équitable ?

65

la culture et le marché du coton La culture du coton occupe à peine 3 % de l’ensemble des terres cultivées dans le monde, mais elle emploie plus de 100 millions de personnes. C’est l’une des activités agricoles et commerciales les plus importantes de la planète. Seulement cinq pays produisent 70 % de la production mondiale du coton : la Chine, l’Inde, les États-Unis, le Pakistan et le Brésil. La Chine est le plus grand producteur de coton, et le plus grand importateur également, car sa production ne suffit pas aux besoins des industries qui sont sur son territoire. Quant aux États-Unis, 75 % de leur production est exportée vers les marchés internationaux.

une bataille commerciale entre les États-unis, le Brésil et les pays africains

Moissonneuse dans un champ de coton.

L’industrie du coton a joué un rôle important dans l’histoire des États-Unis. Jusqu’au milieu du 19e siècle, les producteurs de coton avaient recours à des esclaves d’origine africaine pour cultiver leurs champs. De nos jours, l’économie du sud des États-Unis repose encore sur la culture du coton. Près de 20 millions de personnes en vivent. Le gouvernement américain verse des subventions annuelles d’environ 4 milliards de dollars aux producteurs de coton. Cela permet à ces derniers d’inonder les marchés internationaux avec du coton à très bas prix. Cette pratique, qui masque le prix réel du coton, désavantage d’autres pays producteurs, comme le Brésil et les pays africains. Les gouvernements de ces pays n’ont généralement pas les moyens de subventionner leurs agriculteurs. Ceux-ci se retrouvent donc dans une situation où ils doivent vendre leur coton à perte, ce qui accentue la pauvreté des populations de ces pays.

Les impacts environnementaux de la culture du coton La culture du coton exige d’énormes ressources en eau. Il faut en moyenne 20 000 litres d’eau pour produire un seul kilogramme de coton. Près de 25 % de tous les pesticides utilisés dans le monde sont destinés à la culture du coton. Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), près de 10 millions de personnes sont intoxiquées, chaque année, par les pesticides utilisés dans les champs de coton. L’utilisation intensive des engrais chimiques et des pesticides font de la culture du coton l’une des plus grandes sources de contamination des sols et de l’eau dans le monde. 66

ViVRe ensembLe 5

Rigoles permettant l’irrigation d’un champ de coton avant la floraison.

des normes et des conditions de travail Les conditions de travail varient énormément d’un pays à l’autre. À cet égard, chaque pays est considéré comme souverain. Autrement dit, chaque pays vote les lois et les normes qui lui conviennent et qui s’appliquent uniquement sur son territoire.

Les normes et les conditions de travail dans les pays développés La plupart des pays développés ont des normes assez semblables. Au Québec, c’est la Commission des normes du travail qui vérifie l’application de la loi sur les normes et les conditions auxquelles les travailleurs ont droit. Au Québec, il existe aussi un Code du travail qui permet de créer des syndicats pour faire valoir les droits des travailleurs et pour négocier leurs conditions de travail auprès de leurs employeurs.

La commission des normes du travail Les normes précisent, entre autres : l’âge minimum pour travailler ; le montant du salaire minimum ; le nombre d’heures de travail par semaine ; la rémunération des heures supplémentaires ; les jours fériés et la durée des vacances.

Dans les pays développés, les entreprises respectent généralement les normes et les conditions de travail, car elles s’exposent à des poursuites et sont passibles d’amendes si elles contreviennent aux lois en vigueur.

Les normes et les conditions de travail dans les pays émergents ou en développement Dans les pays émergents ou en développement, les normes et les lois du travail sont généralement semblables à celles des pays développés, mais, souvent, elles ne sont pas respectées. Cette situation engendre des conditions de travail difficiles, qui nuisent à la sécurité et à la santé des travailleurs. L’absence de mise en application des lois conduit également à des injustices sociales graves telles que le travail forcé ou le travail des enfants. Avec la mondialisation, plusieurs pays émergents ou en voie de développement ont adopté le principe des « zones franches », c’est-à-dire des régions où les normes et les lois sont à peu près inexistantes. Depuis 1995, plusieurs grandes entreprises de l’industrie du textile se sont établies dans les zones franches. Si ces zones favorisent le développement du commerce, des industries et la création d’emplois, elles sont également à l’origine de nombreux abus, tant au point de vue humain qu’au point de vue environnemental, puisqu’il n’existe aucune réglementation visant à empêcher les excès.

Ouvrières de la soie, au Vietnam. DossieR 4 Virage équitable ?

67

Les conditions de travail dans les zones franches Dans les zones franches, les ouvriers n’ont presque pas de jours de repos ; en général, ils travaillent sept jours sur sept. La plupart d’entre eux sont payés en fonction du nombre de vêtements qu’ils doivent fabriquer par jour. Ainsi, pour recevoir un salaire qui correspond au salaire minimum, soit environ 4 $ pour une journée de 8 heures, ils doivent souvent travailler de 12 à 15 heures par jour. En exigeant que les travailleurs fabriquent un nombre très élevé de vêtements en une seule journée, les entreprises économisent sur les salaires.

Des normes internationales Il existe des normes internationales qui visent à guider les États dans la rédaction et l’application des lois du travail. Ces normes sont définies par l’Organisation internationale du travail (OIT). Les interventions et les recommandations de l’OIT sont basées sur l’article 23 de la Déclaration universelle des droits de l’homme. Cependant, plusieurs pays ne suivent pas les normes et les recommandations de l’OIT.

Deux hommes travaillant sur un métier à tisser, en Chine. Dans les zones franches, travailler sept jours sur sept est chose fréquente. Le salaire moyen des employés dans l’industrie du vêtement se situe entre 0,20 $ l’heure au Pakistan et 0,78 $ en Chine.

Article 23 de la Déclaration universelle des droits de l’homme 1. toute personne a droit au travail, au libre choix de son travail, à des conditions équitables et satisfaisantes de travail et à la protection contre le chômage. 2. tous ont droit, sans aucune discrimination, à un salaire égal pour un travail égal. 3. Quiconque travaille a droit à une rémunération équitable et satisfaisante lui assurant ainsi qu’à sa famille une existence conforme à la dignité humaine et complétée, s’il y a lieu, par tous autres moyens de protection sociale. 4. toute personne a le droit de fonder avec d’autres des syndicats et de s’affilier à des syndicats pour la défense de ses intérêts.

PoRtRait

Naomi Klein Née à Montréal, Naomi Klein est à la fois auteure et journaliste. Traduits dans plus de 28 langues, ses livres sont publiés partout dans le monde. Dans ces ouvrages, Naomi Klein dénonce les abus de la mondialisation économique et le pouvoir des multinationales. Dans son célèbre essai No Logo : la tyrannie des marques, elle dénonce les pratiques commerciales non éthiques des grands fabricants de chaussures de sport et leurs responsabilités envers les ateliers de confection des pays en développement.

Naomi Klein (1970- ).

68

ViVRe ensembLe 5

des solutions possibles Dans de nombreux pays, des groupes de personnes tentent de trouver des solutions concrètes pour diminuer certains des effets négatifs de la mondialisation. Dans l’industrie du textile et du vêtement, certaines initiatives ont déjà conduit à l’amélioration des conditions de travail, à un plus grand respect des besoins fondamentaux des individus, ainsi qu’à la réduction de l’impact environnemental de la culture du coton.

Le coton biologique La culture biologique n’utilise ni engrais chimiques, ni pesticides, ni OGM (organisme génétiquement modifié). Ce type de culture s’avère une solution de rechange intéressante, car l’impact environnemental des cultures biologiques est beaucoup moins important, notamment en ce qui concerne la contamination des sols et de l’eau. De plus, il n’y a plus de risques d’intoxication aux pesticides pour les personnes qui travaillent dans les champs. En 2008, le coton biologique représentait moins de 1 % de tout le coton vendu dans le monde, mais sa production augmente chaque année.

Travailleuse indonésienne extrayant les fèves de cacao des cabosses pour l’industrie du chocolat équitable.

Le commerce éthique Le commerce éthique encourage la responsabilité sociale des entreprises du Nord qui ont des relations commerciales avec les pays du Sud. Le commerce éthique, ou « socialement responsable », permet d’éviter des abus tels que le non-respect des besoins fondamentaux des individus, l’exploitation des travailleurs, le travail forcé ou encore le travail des enfants. Les entreprises qui s’engagent à respecter les normes du commerce éthique doivent le faire tout au long de la chaîne de production d’un produit (un vêtement, par exemple).

Le commerce équitable Logo certifiant que les travailleurs Le commerce équitable favorise un développement local et ont reçu une juste rémunération. durable. Il veut garantir aux producteurs, aux agriculteurs et aux artisans une juste rémunération pour leur travail. Il contribue à l’amélioration des conditions de vie des travailleurs, à la création de coopératives et à un développement durable qui respecte l’environnement. Différentes certifications permettent de reconnaître les produits issus du commerce équitable. En achetant ces produits, les consommateurs encouragent le développement du commerce équitable. DossieR 4 Virage équitable ?

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L’achat local L’achat local permet non seulement de limiter les distances parcourues par les produits de façon à réduire leur impact environnemental, mais aussi de soutenir les entreprises locales et les travailleurs du même pays ou de la même région que les consommateurs.

Le boycottage Pour améliorer les conditions de vie des travailleurs des pays en développement, certains groupes suggèrent de boycotter les entreprises qui ne respectent pas les Quai de chargement des marchandises. L’achat local permet d’éviter droits fondamentaux des travailleurs, le transport de marchandises sur de longues distances. c’est-à-dire de refuser collectivement d’acheter leurs produits dans le but d’exercer sur elles des pressions et de paralyser leur activité économique. En fait, le boycottage vise à obliger de telles entreprises à offrir de meilleures conditions de travail. Toutefois, d’après l’organisme de défense des droits de la personne Amnistie internationale, le boycottage n’est pas la meilleure solution et il devrait être utilisé en dernier recours seulement. En effet, au lieu de contribuer à l’amélioration des conditions de travail, il arrive que le boycottage désavantage les employés en leur faisant perdre leur emploi.

réduire les subventions Pour favoriser leur industrie nationale au détriment des compétiteurs internationaux, les pays industrialisés ont tendance à recourir à différentes mesures économiques. Par exemple, certains d’entre eux offrent des subventions aux entrepreneurs nationaux et imposent des frais de douane afin de limiter les importations de divers produits. Selon Pranab Bardhan, professeur d’économie à l’Université de Californie, aux ÉtatsUnis, dans le seul secteur du textile et de l’habillement, les frais de douane et les subventions accordées par les pays industrialisés à leur industrie font perdre environ 32 milliards de dollars chaque année aux pays en développement. Selon lui, la réduction des mesures économiques qui avantagent l’industrie des pays riches au détriment de celle des pays pauvres constitue une autre action possible pour lutter contre la pauvreté et améliorer la coopération entre les pays du Nord et les pays du Sud.

70

Le libre marché

Boycottage au Bangladesh

selon l’institut Fraser, un organisme de recherche, la mondialisation et la délocalisation des usines ont permis de créer des emplois dans les pays en développement qui n’ont souvent comme seule ressource que leur main-d’œuvre nombreuse. Les travailleurs ont des salaires très bas, si on les compare à ceux des pays industrialisés, mais cela leur permet quand même d’améliorer leurs conditions de vie.

en 1993, lorsque plusieurs entreprises américaines ont décidé de ne pas faire affaire avec des usines qui employaient des enfants, l’industrie du vêtement du Bangladesh a dû congédier près de 50 000 enfants. selon l’unicef, environ 10 000 d’entre eux sont retournés à l’école. La plupart ont cependant trouvé du travail dans des conditions encore plus pénibles et certains ont été recrutés par des réseaux de prostitution.

ViVRe ensembLe 5

Nom :

Groupe :

Date :

l’économie mondiale 1. Qui suis-je ? Délocalisation. Néolibéralisme. Libre-échange. Mondialisation. Rapports Nord-Sud. a) Phénomène lié à l’interdépendance des économies de nombreux pays du monde.

b) Déplacement de certains emplois des pays du Nord vers les pays du Sud.

c) Entente qui favorise le commerce international.

d) Doctrine qui prône la réduction du rôle et des interventions des gouvernements dans l’économie.

e) Relations entre les pays industrialisés et les pays en développement.

2. Indiquez si les opinions suivantes correspondent au point de vue des altermondialistes (A) ou à celui des partisans de la mondialisation (M). a) Il faudrait que les gouvernements interviennent davantage pour que les travailleurs aient des conditions de travail semblables partout dans le monde. b) Il faut favoriser le libre-échange des produits et des services pour permettre au commerce et aux entreprises de se développer, même si cela entraîne des injustices sociales à court terme. c) Il faut laisser la loi de l’offre et de la demande dicter le prix des produits.

3. Les partisans de la mondialisation et les altermondialistes défendent des valeurs. Associez les valeurs suivantes au groupe ou à la personne qui les défend. Compétitivité. Coopération. Environnement. Justice. Liberté. Profit. Responsabilité. Égalité. a) Partisans de la mondialisation : b) Altermondialistes : c) Naomi Klein : d) Milton Friedman :

DossieR 4 Virage équitable ?

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Nom :

Groupe :

Date :

100 % coton 1. Remplissez les tableaux suivants. A. a) Elle occupe

des

terres cultivées dans le monde et emploie de personnes.

b) Seulement

pays

contribuent à sa production mondiale, .

soit

La culture du coton c) Les principaux producteurs sont la Chine, l’Inde, les États-Unis, le

et

le

.

de personnes en vivent. Les subventions annuelles de font baisser les prix sur les marchés

est

La

d) Aux États-Unis,

mondiaux.

le plus grand.

B. Coton et environnement

a) En produire

b) En raison des

kg exige

,

litres .

d’

de personnes sont intoxiquées annuellement.

c) Beaucoup des produits nécessaires

d)

de tous les

à sa production font de sa culture une immense source de

utilisés dans le monde sont nécessaires à sa production.

et de

des l’ 72

ViVRe ensembLe 5

.

Nom :

Groupe :

Date :

deRRièRe l’étiquette 1. Encerclez la lettre qui correspond au chandail produit d’une manière, qui selon vous, favorise le plus le vivre-ensemble. Expliquez votre réponse. A. Fait de coton chinois et confectionné dans la zone franche d’un pays asiatique. Prix : 14,50 $. B. Fait de coton américain subventionné et confectionné au Québec. Prix : 18,50 $. C. Fait de coton mexicain biologique et confectionné au Mexique par une fabrique de vêtements équitables. Prix : 19 $. D. Fait de coton biologique équitable africain et confectionné au Québec. Prix : 20 $.

2. Posez un regard éthique sur le boycottage des vêtements produits au Bangladesh, en 1993, en répondant aux questions qui suivent. a) Formulez une question éthique dont vous ne connaissez pas la réponse.

b) Indiquez deux enjeux éthiques soulevés par votre question. • • c) Nommez deux repères présents dans les textes du dossier qui pourraient guider la réflexion sur votre question. • • d) Expliquez en quoi un de vos repères serait pertinent dans le contexte de cette réflexion éthique.

3. Les normes du travail des pays en voie de développement sont-elles généralement différentes de celles des pays industrialisés ? Expliquez votre réponse.

DossieR 4 Virage équitable ?

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Nom :

Groupe :

Date :

Place Publique

BAO, p. B86 et B93

1 Lisez attentivement les raisonnements suivants, puis répondez aux questions. A. Tous les pays développés sont conscients qu’il existe des zones franches où les conditions de travail ne sont pas conformes aux droits des travailleurs. Les pays développés importent de nombreux produits fabriqués dans les zones franches et les vendent dans leurs commerces. Donc, les habitants des pays développés encouragent le non-respect des droits des travailleurs. a) Quel type de raisonnement est employé dans cette affirmation ?

b) Le raisonnement de cette affirmation est-il acceptable ? Expliquez votre réponse.

B. Comme la majorité des consommateurs achètent des vêtements fabriqués dans des manufactures où les travailleurs sont exploités, ce n’est pas si grave que ça et je peux en faire autant. a) Quel procédé susceptible d’entraver le dialogue est utilisé dans cette affirmation ?

b) Pourquoi ce procédé fait-il obstacle à la formulation d’un point de vue rigoureux ?

C. Si chaque pays, développé ou en voie de développement, produisait son coton et fabriquait ses vêtements sur son territoire, il n’y aurait plus de problèmes environnementaux liés à la production du coton. a) Quel procédé susceptible d’entraver le dialogue est utilisé dans cette affirmation ?

b) Pourquoi ce procédé fait-il obstacle à la formulation d’un point de vue rigoureux ?

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ViVRe ensembLe 5

Nom :

Groupe :

Date :

la Réunion du comité Tout au long de ce dossier, vous avez examiné certains enjeux éthiques, des faits et plusieurs points de vue sur la mondialisation, l’industrie du vêtement, la culture du coton et les conditions de travail dans divers pays du monde. Vous êtes maintenant en mesure de formuler vos recommandations, à la prochaine réunion du comité, lors de la délibération sur la question de l’achat des tenues de sport. Au besoin, relisez l’extrait du procès-verbal à la page 60. Pour présenter votre point de vue et rédiger vos recommandations, lisez attentivement les consignes suivantes.

mise en contexte 1. Formulez une question éthique à propos de l’industrie du vêtement, que pourraient exprimer les membres du comité. Commencez la question par « Est-il souhaitable… ».

2. Nommez deux enjeux éthiques présents dans la réflexion des membres du comité.

3. Formulez deux jugements de prescription que pourraient émettre Mme Gaulin et M. Sabbagh. Ces jugements doivent correspondre à leurs points de vue au sujet de l’achat des tenues de sport.

4. Nommez trois organismes ou personnes présentés dans le dossier, qui pourraient servir de repères lors d’une réflexion sur le choix des tenues de sport. Indiquez une valeur priorisée dans les trois cas.

Prise de position 5. a) Formulez une position quant aux valeurs à prioriser dans l’achat des nouvelles tenues de sport. La position doit favoriser le vivre-ensemble. b) Justifiez cette position à l’aide de deux arguments en lien avec des repères présents dans les textes du dossier.

compromis 6. Prévoyez un compromis permettant de satisfaire les membres du comité qui pourraient s’opposer à l’option proposée.

DossieR 4 Virage équitable ?

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Nom :

Groupe :

Date :

Mise en contexte 1. Une question éthique. 2. Deux enjeux éthiques présents dans la réflexion des membres du comité. • • 3. Deux jugements de prescription que pourraient formuler Mme Gaulin et M. Sabbagh. Mme Gaulin : M. Sabbagh : 4. Trois repères et valeurs • 1er repère :

Valeur :

• 2e repère :

Valeur :

• 3 repère :

Valeur :

e

Prise de position 5. a) Position relative aux valeurs à prioriser et favorable au vivre-ensemble.

b) Deux arguments. •



Compromis 6. Le compromis.

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ViVRe ensembLe 5

Nom :

Groupe :

Date :

test bilan du dossieR 4

total /25

1. a) Formulez un raisonnement par analogie sur les conditions du travail dans les pays en développement.

/3 b) Quelle question pourriez-vous formuler pour remettre en question ce raisonnement ?

/2

2. a) Formulez un jugement de valeur que pourrait émettre un altermondialiste à propos de la mondialisation.

/2 b) Quelle question pourriez-vous formuler pour remettre en question ce jugement ?

/2

3. Entourez l’énoncé qui correspond le mieux au concept de libre-échange. a) Faire des choix économiques responsables et équitables. b) Éliminer les frais de douanes entre les pays. c) Conclure des accords internationaux, si la main-d’œuvre est subventionnée. d) Favoriser l’égalité entre pays riches et pays pauvres.

/1

e) Délocaliser la main-d’œuvre afin de réduire les coûts de production.

4. Associez le type d’industrie de la chaîne d’approvisionnement en vêtements à l’action correspondante. Industrie de la vente au détail. Distribution aux consommateurs. Industrie textile. Industrie du vêtement.

Conception de vêtements. Élaboration de la matière première.

/3

DossieR 4 Virage équitable ?

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Nom :

Groupe :

Date :

5. Vrai ou faux? Si les énoncés sont faux, corrigez-les. a) Au Québec, la Commission des normes du travail interdit la rémunération des heures supplémentaires, mais elle précise l’âge minimum pour travailler.

b) Dans les pays en développement, les normes et les lois du travail sont semblables à celles des pays développés, et elles sont appliquées rigoureusement.

c) Dans les zones franches, les employés travaillent huit heures par jour, cinq jours sur sept.

d) Les zones franches sont à l’origine de nombreux abus humains et environnementaux.

/8

6. Associez les énoncés à l’élément correspondant. Une solution aux problèmes environnementaux liés à la culture traditionnelle du coton.

Une solution au travail forcé ou au travail des enfants.

L’achat local. La culture biologique du coton. Le commerce équitable.

Une solution à l’exploitation économique des travailleurs.

Une solution à la pollution causée par le transport des marchandises sur de longues distances.

78

ViVRe ensembLe 5

Le commerce éthique.

/4

Dialogue entre religions

dossier 5

Une invitation du Parlement des religions du monde . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .80 Regard sur la situation . . . . . . . . . . . . . . . . . .81 Arrêt sur images . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .82 Des religions, des points de vue . . . . . . . . . . . . .83 De l’affrontement au rapprochement . . . . . . . . .84 L’aventure du dialogue interreligieux . . . . . . . . .85 Des repères . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .87 L’historique des pourparlers . . . . . . . . . . . . . .88 Des enjeux du dialogue interreligieux . . . . . . . .89 Les conditions favorables au dialogue . . . . . . . .91 Dialoguer ou ne pas dialoguer ? . . . . . . . . . . . . .92 Regard éthique sur le dialogue interreligieux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .93 Les cinq aveugles et l’éléphant . . . . . . . . . . .94 Un dépliant sur le dialogue interreligieux . . . .95 Test bilan du dossier 5 . . . . . . . . . . . . . . . . . .97

Une invitation du Parlement des religions du monde Le Parlement des religions du monde est un événe­ ment international où se rencontrent des repré­ sentants de diverses traditions religieuses. Cet événement a lieu dans une ville différente tous les cinq ans. Chaque année, il offre la possibilité à plusieurs villages ou villes de tenir des rencontres préparatoires au prochain Parlement. Votre ville est retenue pour la prochaine rencontre. Un groupe de citoyens intéressés par la question organisent un colloque où se tiendront des tables rondes au sujet du dialogue entre les tra­ ditions religieuses. Logo du Parlement des religions du monde.

Le Parlement des religions du monde a lieu tous les cinq ans. La première rencontre se déroule à Chicago en 1893.

« [...] on ne peut vivre des liens véritables avec Dieu en ignorant les autres. Pour cela, il est important d’intensifier le dialogue entre les différentes religions [...]. » Vatican, Discours du pape François, salle Royale, vendredi 22 mars 2013 [en ligne]. (Consulté le 17 février 2014.)

Vous décidez d’assister à une des tables rondes où l’on tentera de répondre à la question suivante :

Place Publique

Quelles sont les actions à promouvoir pour favoriser le dialogue entre les religions ?

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Le colloque Le colloque est un événement qui réunit des spé­ cialistes de divers domaines dans le but de confronter et de diffuser des idées sur un thème donné. Un colloque porte sur un sujet de société précis relevant du domaine scientifique, politique, économique ou culturel. Il dure généralement plus d’une journée et permet aux spécialistes d’exposer leurs idées et d’en discuter dans le cadre de confé­ rences, de débats et de tables rondes qui se tiennent devant un public.

ViVRe ensembLe 5

Le Parlement des religions du monde Des représentants des religions du monde s’y rencontrent pour discuter des enjeux de la société. Ce Parlement marque les débuts du dialogue interreligieux.

Nom :

Groupe :

Date :

RegaRd suR la situation 1. Décrivez un événement récent où des personnes de religions différentes étaient en conflit.

2. Décrivez une tentative récente de rapprochement entre les religions.

3. Selon vous, qu’est-ce qui rend difficile le dialogue entre les croyants de religions différentes ?

4. a) Quel est le type de jugement formulé par le pape François dans la deuxième phrase de sa citation présentée à la page précédente ?

b) Quelle question pourriez-vous formuler pour remettre en question ce type de jugement ?

5. Nommez un avantage possible d’un dialogue entre des croyants de différentes religions.

6. Nommez une conséquence possible d’un comportement intolérant entre des personnes de convictions opposées vivant dans une même ville.

7. Formulez une question éthique en lien avec la situation présentée à la page 80.

DossieR 5 Dialogue entre religions

81

Arrêt sUr imAges

coexister Certaines sociétés démocratiques se caractérisent par la diversité des valeurs et des croyances de ses membres. Cette multitude de points de vue peut parfois devenir une source de conflits.

au québec Le festival Présence autochtone est célébré à Montréal depuis 1990. Il vise à célébrer les cultures autochtones de l’Amérique centrale, du Nord et du Sud. Il veut également favoriser un rapprochement interculturel avec les dif­ férentes communautés non autochtones. Selon un des fondateurs, la population qué­ bécoise doit considérer l’héritage amérindien comme faisant partie de son propre héritage. Pendant une semaine, des soirées gastrono­ miques, des projections de films, des récitals de poésie, des expositions et des concerts font découvrir les visions du monde, ancestrales et contemporaines, des Premières Nations.

Un campement illégal de Roms.

ailleurs dans le monde Les Roms, aussi appelés « Romanichels », « manouches », « tsi­ ganes » ou « gitans » forment un peuple diversifié originaire de l’Inde, maintenant dispersé dans plusieurs pays d’Europe. Parmi la dizaine de millions de Roms qui vivent en Europe, certains sont victimes de préjugés. Leur présence dérange, ce qui rend la coexistence difficile. En 2013, par exemple, le gouvernement français a expulsé des milliers de Roms à cause de leurs cam­ pements illégaux.

Le festival Présence autochtone propose des activités variées, traditionnelles et contemporaines.

Comment favoriser la tolérance entre les personnes de cultures différentes ? Quelles valeurs devraient guider les croyants dans leurs relations avec les croyants des autres traditions religieuses ? Le dialogue entre les religions est-il possible ? Comment expliquer que la haine et l’amour peuvent coexister dans une même religion ? Quels sont les événements importants du dialogue entre les religions ?

82

ViVRe ensembLe 5

des religions, des points de vue il était des fois… Il existe des centaines de religions aux croyances variées. Il y a parfois des ressem­ blances, comme la croyance des trois grandes religions monothéistes (le judaïsme, le christianisme et l’islam) en un Dieu unique, créateur du monde, dont la parole se trouve dans un livre (le TaNaK, la Bible et le Coran). Il y a aussi parfois des différences. Par exemple, les juifs croient à la venue d’un messie qui sauvera le monde. Pour les chrétiens, Jésus de Nazareth est ce Messie tant attendu par les juifs. Pour les musul­ mans, Jésus est un prophète et Muhammad est le dernier prophète à avoir reçu des révélations divines.

BAO Les traditions religieuses, p. B21 Le catholicisme, p. B23 Le protestantisme et l’anglicanisme, p. B31 L’orthodoxie, p. B37 Le judaïsme, p. B41 L’islam, p. B53

… et des divisions L’histoire de chaque religion est marquée de rivalités, de confrontations et de divi­ sions. Par exemple, à mesure que le chris­ tianisme se répand, des divisions naissent dans l’Église. En 1054, l’Église orthodoxe d’Orient se sépare de l’Église catholique en Occident. Au 16e siècle, des chrétiens s’opposent au sujet de l’inter­ prétation des textes bibliques, du rôle de l’Église et de l’autorité du pape. Une autre séparation survient alors à l’intérieur de l’Église catholique, ce qui donne lieu à la Réforme protestante. L’Europe est alors déchirée par les guerres de religion entre catholiques et protestants. Le protestan­ tisme se divise à son tour en plusieurs courants : le luthéranisme, le calvinisme et l’anglicanisme.

Lors de la bataille d’Ascalon, au 12e siècle, à l’époque des Croisades, Godefroy de Bouillon l’emporta sur le vizir Afdal.

Dans l’islam, après la mort du prophète Muhammad, en 632, le choix du successeur cause des mésententes importantes. Dès 657, la communauté musulmane se scinde en deux groupes : les chiites et les sunnites. Au cours de l’histoire, plusieurs religions se sont combattues pour imposer leur foi par la force. Des missionnaires ont tenté de convertir des peuples à ce qu’ils considé­ raient comme la « vraie foi ». Plusieurs personnes ont été persécutées pour leurs croyances. De tout temps, les conflits religieux ont caché d’autres tensions liées à des conflits identitaires ou à des motifs politiques ou économiques.

Quels rapprochements ? Comment rapprocher des religions qui ne partagent pas les mêmes croyances ? Grâce au dialogue interculturel ou interreligieux, il est possible de préparer des personnes à discuter efficacement et harmonieusement dans un monde où l’on trouve un grand nombre d’opinions et de croyances.

DossieR 5 Dialogue entre religions

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de l’affrontement au rapprochement Un récit, des interprétations Les conflits religieux sont parfois le résultat de querelles théologiques qui proviennent de divergences d’interprétation des récits reli­ gieux. Par exemple, dans un récit de la Bible, Dieu met à l’épreuve la foi d’Abraham en lui demandant de sacrifier son fils Isaac. Au moment où Abraham s’apprête à exécuter l’ordre, Dieu retient son bras et remplace son fils par un bélier. Les trois grandes religions monothéistes ont chacune leur interprétation de cette scène. Pour les chrétiens, ce récit annonce le sacri­ fice de Jésus sur la croix. Pour les juifs, cette épreuve représente la soumission absolue à la volonté de Dieu. Pour les musulmans, ce n’est pas Isaac, mais Ismaël, que Dieu demande à Abraham de sacrifier. C’est en récompense de ce sacrifice que naîtra Isaac. Ces différentes interprétations ont été à l’ori­ gine de violents débats sur l’interprétation du sacrifice. Une même religion peut présen­ ter des interprétations différentes des textes fondateurs.

Le sacrifice d’Isaac.

L’évolution du christianisme : une longue histoire Dans un ouvrage intitulé entre violence et paix. La voix des religions, Agnès Kim, professeure de théologie, divise l’histoire des relations du christianisme avec les autres religions en cinq différentes périodes. • Le temps de croisade, marqué par la lutte du christianisme contre les autres religions avec la conviction d’être la seule religion vraie. • Le temps de l’accommodation, une période d’évangélisation par des missionnaires partis prêcher la parole de Dieu afin de convertir les peuples. Cette période s’accompagne du contact avec d’autres pratiques religieuses, mais en leur retirant leur signification religieuse. • Le temps de l’ouverture, caractérisé par l’effondre­ ment du colonialisme. Les peuples colonisés rejettent la domination religieuse et culturelle des pays colonisateurs. Une meilleure connaissance des autres cultures ouvre l’Occident à la découverte d’autres façons de croire et de vivre.

• Le temps de dialogue et d’apprivoisement, cette période prend forme à travers plusieurs tentatives de dialogue et diverses initiatives : échanges entre théologiens, partage d’expériences spirituelles et de prières, actions communes pour le bien de la collectivité. • Le temps de l’épreuve et de l’approfondissement se traduit par une quête de compréhension plus réaliste des véritables divergences de croyances. Le dialogue interreligieux suscite des résistances chez certaines personnes. Les conflits religieux dans le monde relativisent les espoirs fondés sur le dialogue interreligieux.

Source : Agnès Kim, « Les religions pour la paix, l’esprit d’Assise », dans Jean­Yves Calvez (dir.), Entre violence et paix. La voix des religions, Paris, Éditions Facultés jésuites de Paris, 2005, p. 141­156.

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l’aventure du dialogue interreligieux L’œcuménisme, un premier pas vers le dialogue En 1948, à Amsterdam, aux Pays­Bas, le Conseil œcuménique des Églises (COE) est fondé. Cette communauté d’Églises rassemble aujourd’hui des membres de presque toutes les religions chrétiennes. L’objectif de ce mouvement est d’établir un dialogue harmonieux entre les diverses religions chrétiennes au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, dans une Europe en construction. Cette attitude conciliante, loin de la foi conquérante, ouvre la voie au dialogue avec des religions non chrétiennes.

Le Conseil œcuménique des Églises (COE) Le Conseil œcuménique des Églises rassemble 349 Églises, dénominations et communautés d’Églises d’une bonne centaine de pays. Ce regroupement représente plus de 560 millions de chrétiens de tous les continents. Pour les Églises membres, le COe est un lieu unique où il est possible de « réfléchir, parler, agir, prier et travailler ensemble, s’interpeller et se soutenir mutuellement, partager et discuter ».

En 1893, à l’occasion de l’Exposition universelle de Chicago, le Parlement des religions du monde est créé. Les débats auxquels participent les représentants de diverses religions sont une initiative marquante au dialogue entre religions. En 1965, le texte intitulé Nostra Ætate du concile Vatican II présente l’importante Déclaration sur l’Église et les religions non chrétiennes. L’Église y lance un appel à la tolérance, proclame le droit à la liberté religieuse et affirme qu’il existe des éléments de vérité en dehors de la foi catholique. Elle condamne toute discrimination basée sur la race, la couleur, la condition ou la religion. Selon elle, « Qui n’aime pas ne connaît pas Dieu » (1 Jn 4, 8). Pour l’Église, le Christ demeure toutefois « la voie, la vérité et la vie » (Jn 14, 6).

Concile Vatican II Le 11 octobre 1962, le pape Jean XXiii ouvre à rome le 21e concile œcuménique de l’Église catholique romaine. Vatican ii est considéré comme l’événement le plus notable du 20e siècle pour l’Église catholique. il marque son ouverture au monde moderne, à la culture contemporaine et aux autres religions. Le 11 avril 1963, l’encyclique Pacem in terris (Paix sur la terre) traduit le souci de l’Église pour les problèmes sociaux et la paix.

Convocation au concile Vatican II.

DossieR 5 Dialogue entre religions

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Une rencontre historique et symbolique. En 1986, Année internationale de la paix, Jean-Paul II veut susciter un mouvement mondial de prière pour la paix. Lors d’une rencontre à Assise, en Italie, qui réunit les principaux représentants de diverses religions, Jean-Paul II affirme que la paix est un don de Dieu.

Le 13 octobre 2007, 138 théologiens musulmans ont adressé une lettre au pape Benoît XVI et aux chefs religieux chrétiens pour établir des rapprochements entre les religions. Dans leur lettre, les théologiens font des liens entre des versets de la Bible et du Coran, en insistant sur les passages qui prônent la tolérance. En décembre 2008, le 3e Congrès mondial des imams et rabbins pour la paix a eu lieu à Paris, à l’UNESCO. Le but de ce regroupement interreligieux est de dépasser les déclarations formelles. Cette volonté d’ancrer le dialogue plus profondément se carac­ térise par une coopération renforcée, matérialisée par des actions de terrain. En 1991, l’Interreligious Coordinating Council in Israel [le Conseil de coordination interreligion d’Israël] est fondé afin de faire progresser la paix au Moyen­Orient. Cette organisation a comme mission d’utiliser les enseignements des trois grandes religions monothéistes pour faire de la religion un outil de réconciliation, de coexistence et de compréhension plutôt qu’une source de division et d’extrémisme. En 2009, le Conseil a mis sur pied un programme d’enseignement du judaïsme aux musulmans et de l’islam aux juifs. Cette initiative a pour objectif de contrer l’ignorance, les stéréotypes et l’hostilité des uns envers les autres. Dans le but d’établir un véritable dialogue interreligieux, trois spécialistes de trois religions se sont rencontrés pour écrire, en 2007, le livre intitulé Les versets douloureux. Bible, Évangile et Coran entre conflit et dialogue. Le rabbin David Meyer, le chrétien Yves Simoens et le musulman Soheib Bencheikh s’intéressent aux passages de la Torah, du Nouveau Testament et du Coran qui encouragent le rejet, la violence et la haine. Les auteurs font la démonstration que d’autres interprétations de ces pas­ sages sont possibles. Selon eux, le regard critique de sa propre tradition religieuse est le préalable à tout échange authentique avec l’autre.

PoRtRait

Jean-Paul II Jean­Paul II, ou Karol Jozef Wojtyla, est né le 18 mai 1920 en Pologne. Il est ordonné prêtre en 1946. À 38 ans, il est le plus jeune évêque de Pologne. Il devient archevêque de Cracovie en 1964, puis cardinal en 1967 et finalement, le 16 octobre 1978, il est élu pape par les cardinaux du Vatican. Globe­trotter et polyglotte, il a effectué 104 voyages aux quatre coins du monde. Chef spirituel de l’Église catho­ lique, médiateur politique et diplomate, il œuvre pour le dialogue interreligieux et le rapprochement entre les religions. Après 26 années passées au Vatican, Jean­Paul II meurt le 2 avril 2005.

Jean-Paul II (1920-2005).

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des RePèRes 1. Remplissez les tableaux à l’aide des informations contenues dans le dossier et dans la chronologie des traditions religieuses concernées, dans la Boîte à outils. A. Une première division dans l’Église Tradition religieuse et date Raison du conflit Conséquence du conflit

B. La Réforme Tradition religieuse et date Raison du conflit Conséquence du conflit

C. La succession de Muhammad Tradition religieuse et date Raison du conflit Conséquence du conflit

2. Quel récit de la Bible a donné lieu à des interprétations divergentes dans trois traditions religieuses ?

3. Qu’est-ce que l’œcuménisme ?

DossieR 5 Dialogue entre religions

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l’histoRique des PouRPaRleRs 1. a) Situez dans le temps chaque événement ou groupe marquant du dialogue interreligieux à l’aide des dates suivantes. 2008

1948

2007

1893

1986

1962

1991

b) Présentez ces événements ou ces groupes. A. Le Parlement des religions du monde :

.

B. Le Conseil œcuménique des Églises :

C. Le concile Vatican II :

.

.

D. L’Interreligious Coordinating Council in Israel (le Conseil de coordination interreligion d’Israël) : .

E. La rencontre, à Assise, des principaux représentants des diverses religions à l’invitation du pape Jean-Paul II :

F. La Lettre des 138 :

.

.

G. Le 3e Congrès mondial des imams et rabbins pour la paix, à Paris :

.

2. Selon vous, quelle attitude ou quel comportement peut contribuer à l’échange harmonieux de points de vue entre des personnes de croyances différentes ? Expliquez votre réponse.

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ViVRe ensembLe 5

des enjeux du dialogue interreligieux Devant les défis de justice et de paix du 21e siècle, les initiatives de dialogue interre­ ligieux se multiplient. Les principaux représentants religieux le proclament haut et fort : nous devons apprendre à mieux vivre ensemble et à construire des ponts entre les cultures et les religions. Parmi les priorités du dialogue interreligieux au 21e siècle, mentionnons la lutte contre la pauvreté et contre toutes les formes de violence.

La coopération pour la justice Les représentants religieux se donnent comme vocation commune d’affronter les maux des pays les plus pauvres. Dans un esprit de solidarité, des conseils interre­ ligieux mettent en place des stratégies pour vaincre les injustices économiques ou réagir face aux problèmes de santé comme le sida ou la malaria. Ces conseils interreligieux constituent de véritables réseaux mondiaux. En réunissant les principaux responsables religieux et les communautés de croyants, ils renforcent les possibilités d’action sur le terrain et distribuent le matériel nécessaire (médi­ caments, nourriture, vêtements, etc.). Par exemple, les Pères Blancs (Société des missionnaires d’Afrique, fondée en Des enfants dans un orphelinat africain. La Société des missionnaires d’Afrique œuvre auprès des enfants orphelins. Pour cet organisme, le partage et le dialogue 1868 par Mgr Charles Lavigerie, arche­ entre les personnes de religions diverses sont nécessaires à la sauvegarde de vêque catholique d’Alger) travaillent la justice et de la paix. auprès des populations arabes d’Afrique du Nord et des groupes ethniques du sud du Sahara. Cet organisme est aujourd’hui constitué de plus de 1600 missionnaires, de 36 nationalités, qui œuvrent dans 23 pays d’Afrique avec des religieux d’autres confessions, notamment auprès des enfants de la rue et des personnes affectées par le sida. On peut lire sur leur site internet la description suivante en ce qui a trait à leur mission : « Être au service des plus démunis, aller à la rencontre de l’autre différent par ses idées, sa culture ou sa religion, en acceptant cette différence comme source d’enri­ chissement réciproque, tel est l’idéal qui sous­tend notre engagement. »

Construire la paix et lutter contre la violence Il arrive que la religion soit utilisée dans les conflits pour attiser les divisions. De nombreux croyants attendent du dialogue interreligieux qu’il calme les tensions entre groupes de croyants, qu’il atténue les extrémismes religieux, mais aussi que des repré­ sentants religieux agissent comme médiateurs pour la paix dans des conflits non religieux. Le dialogue interreligieux pourrait ainsi contribuer à faire des représentants religieux les artisans de la paix.

DossieR 5 Dialogue entre religions

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Dans cet esprit, de nombreux organismes se sont formés, comme la Conférence mondiale des reli­ gions pour la paix, fondée en 1970, dont le slogan est « Diversité dans la foi, unité dans l’action ». Son rôle consiste à mobiliser les communautés de croyants du monde entier pour promouvoir la paix à travers des conseils interreligieux situés dans 70 pays de tous les continents.

Quel avenir ?

La Conférence mondiale des religions pour la paix, en Italie, en 2002. Une réunion des imams, des patriarches, des rabbins et autres chefs religieux du monde entier.

Les plus pessimistes imaginent que le 21e siècle sera marqué par une « guerre des Dieux » entre extrémismes religieux. Ce à quoi les plus optimistes répondent qu’il est possible, par la fraternité des croyants, de développer une attitude de bienveillance.

« «

Il n’y a pas de guerre sainte, seule la paix est sainte.

» »

Source : Paroles du rabbin et professeur Samuel­René Sirat, né en Algérie, prononcées à Rome le 10 octobre 1996.

Pas de paix mondiale sans paix religieuse. Pas de paix religieuse sans dialogue entre les religions. Source : Hans Küng, Projet d’éthique planétaire. La paix mondiale par la paix entre les religions, Paris, Édi­ tions du Seuil, 1991, p. 9.

Cultiver la tolérance et combattre les ignorances Un enjeu important du dialogue interreligieux est de favoriser la tolérance dans la société et l’amitié entre les religions. Par le dialogue et le respect, de nombreuses personnes considèrent qu’elles peuvent apprendre à vivre ensemble, dans un esprit d’ouverture et de tolérance à l’égard d’autres croyances. Il leur semble possible de vivre leur foi et de chercher à comprendre celle des autres. Dans cet objectif, un autre enjeu du dialogue interreligieux est d’approfondir les rela­ tions entre les religions en faisant tomber les préjugés et en dissipant les malentendus. Par la connaissance des autres croyances et l’échange d’expériences spirituelles, les partisans du dialogue interreligieux croient que la tolérance réciproque rapprochera tous les croyants de bonne volonté.

«

»

Le développement de la miséricorde, de la sympathie et de l’amour dans son propre cœur est le seul but qui nous concerne tous de la même façon. Si nous avons découvert cette vision de l’amour authentique en mettant en pratique notre religion, nous pouvons tranquillement, en tant que personne singulière, poursuivre le but commun selon notre voie personnelle. Peu importe le nom donné à ce but : libération, paradis ou ciel. En revanche, il serait absurde de vouloir délaisser cette base commune de l’amour et de vouloir atteindre le paradis, le ciel ou la libération avec un esprit de haine et de colère. Source : Dalaï­lama et Eugen Drewermann, Les voies du cœur, Paris, Éditions du Cerf, 1993, p. 31.

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les conditions favorables au dialogue En plus de viser un meilleur vivre­ensemble, le dialogue interreligieux offre la possi­ bilité d’une ouverture entre les personnes, croyantes ou non. En effet, cette ouverture peut inciter à découvrir d’autres façons de comprendre la réalité. En ce sens, l’appren­ tissage du dialogue interreligieux, c’est l’apprentissage des conditions favorables au dialogue sur n’importe quel autre sujet.

BAO Les conditions favorables au dialogue, p. B80

Le dialogue interreligieux: conditions et obstacles L’apprentissage du dialogue interreligieux repose sur un ensemble de savoirs, d’atti­ tudes et de pratiques. Ainsi, le dialogue interreligieux repose sur un effort sincère de compréhension mutuelle des valeurs, de la culture, des traditions et des pratiques religieuses d’une autre personne. Pour parvenir à cette compréhension, ou pour l’ap­ profondir, il faut éviter d’interpréter les éléments d’une tradition religieuse à partir de sa propre tradition. Les erreurs de compréhension sont fréquentes si les différences culturelles ne sont pas perçues et assimilées. Un véritable dialogue interreligieux nécessite de considérer l’autre comme un égal. Il demande une ouverture aux autres, une attitude de respect mutuel et d’acceptation des différences. Il exige donc de dépasser la peur de la différence et les préjugés réciproques. Les croyants expriment leur tolérance lorsqu’ils s’ouvrent à d’autres façons de voir, de penser et de vivre la foi sans chercher à convaincre quiconque de la vérité de leur propre religion. Le dialogue interreligieux peut s’appuyer sur certaines pratiques qui visent à favoriser les relations harmonieuses entre les personnes : pratiques de collaboration intercul­ turelle, de stratégies de communication interculturelle, d’adaptation des éléments du dialogue aux caractéristiques culturelles des participants, etc.

En 2010, à Haridwar, en Inde, le dalaï-lama assiste à la présentation d’une encyclopédie sur l’hindouisme en 11 volumes, en compagnie de personnalités religieuses et politiques. Des spécialistes du monde entier ont participé à la réalisation de cet ouvrage où il est aussi question du sikhisme, du jaïnisme et du bouddhisme. DossieR 5 Dialogue entre religions

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dialoguer ou ne pas dialoguer ? Le dialogue et l’absence de dialogue entre les personnes, croyantes ou non, peuvent comporter certains risques. Face au dialogue interreligieux, certains craignent que, en s’ouvrant aux autres, ils perdent leur identité religieuse. D’autres encore redoutent que le fait de dialoguer les oblige à dire que toutes les visions du monde se valent. Par ailleurs, s’ignorer mutuellement comporte le risque de l’intolérance. L’intolérance renferme le refus de toute critique et de toute discussion, avec la certitude de détenir la vérité et la certitude que tous les autres ont tort. Dans toutes les religions, des minorités de croyants vont jusqu’à des gestes de violence envers ceux qui ne partagent pas leurs croyances. Les textes religieux comme la Bible, le TaNaK et le Coran comportent certains passages qui semblent exclure les adeptes des autres religions ou les non­croyants. Avec les progrès du dialogue, des croyants interprètent ces textes autrement, notamment à partir de la valeur du respect des différences. Leur interprétation contient des messages d’ouverture pour adapter la vérité de la foi à la diversité des visions du monde.

les tRucs du métieR Médiateur ou médiatrice Plutôt que de résoudre leurs différends devant les tribunaux, de plus en plus de personnes et de groupes choisissent un médiateur ou une médiatrice pour les aider à trouver une entente, dans le dialogue et le respect des intérêts de chacun. L’exper­ tise des médiateurs peut varier. Mais ils ont tous des compétences en communication, en négociation et en résolution de conflits. L’Université de Sherbrooke propose un programme de maîtrise en médiation interculturelle. Des associations comme la Médiation professionnelle du Québec et l’Institut de médiation et d’arbitrage du Québec offrent des formations. Cinq ordres professionnels sont habilités à accréditer leurs membres : le Barreau du Québec, la Chambre des notaires du Québec, l’Ordre des conseillers et conseillères d’orientation et des psychoéducateurs et psychoédu­ catrices du Québec, l’Ordre des psychologues du Québec et l’Ordre professionnel des travailleurs sociaux du Québec.

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RegaRd éthique suR le dialogue inteRReligieux 1. Remplissez le tableau suivant. a) Proposez deux actions qui pourraient favoriser le vivre-ensemble entre des personnes de convictions religieuses différentes vivant dans un même quartier.

1re action

2e action

b) Expliquez les conséquences possibles d’une des actions que vous avez proposées sur les personnes concernées en présentant un avantage et un inconvénient de cette action. Action choisie : 1re

2e

Un avantage

Un inconvénient

Place Publique

BAO, p. B93

1 Quel est le procédé susceptible d’entraver le dialogue présent dans le raisonnement suivant ? Je ne suis pas certain que les élèves des écoles secondaires liront un dépliant sur le dialogue interreligieux. Les jeunes ne s’intéressent pas aux choses sérieuses, seulement aux jeux vidéo.

2 Quelle question pourriez-vous formuler pour interroger le raisonnement précédent ?

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les cinq aveugles et l’éléPhant Lisez cette adaptation du conte Les cinq aveugles et l’éléphant et répondez aux questions. Les cinq aveugles et l’éléphant Il était une fois cinq aveugles de naissance qui, par le plus grand des hasards, se retrouvèrent autour d’un éléphant. Les aveugles, qui n’avaient aucune idée de ce que c’était, se mirent à le palper. Le premier, touchant une patte, dit : « La bête est comme une colonne. » Le second, qui palpait le côté de l’animal, affirma : « C’est comme un mur rugueux. » Le troisième, touchant la trompe, dit : « La chose est comme un tuyau d’arrosage. » Le quatrième, touchant une défense, déclara : « L’éléphant est comme une lance. » Le cinquième, qui avait touché une oreille, affirma : « L’éléphant, c’est comme une feuille de palmier. » Témoin de la scène, le chef du village, amusé, leur demanda : « Mais dites-moi : qu’est-ce qu’un éléphant ? » Les aveugles ne s’entendirent pas. Ils s’accusèrent mutuellement d’avoir tort. L’un disait : « C’est ainsi. » Un autre, tout aussi convaincu, répliquait : « Non, ce n’est pas ainsi. » S’ensuivit une interminable dispute pour savoir qui avait raison. Quand le chef entendit cela, il ne put s’empêcher de rire et de dire : …

1. Terminez le conte en imaginant une morale que le chef du village pourrait enseigner aux aveugles.

2. Quels liens pouvez-vous faire entre ce conte et le dialogue entre les religions ?

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un déPliant suR le dialogue inteRReligieux En vue du prochain Parlement des religions du monde, vous devez produire le dépliant sur le dialogue interreligieux. Ce dépliant sera destiné aux élèves des écoles secondaires. Il devra contenir les éléments suivants.

Première section 1. En vous inspirant des données du dossier, formulez deux questions éthiques, dont vous ne connaissez pas les réponses, au sujet du dialogue interreligieux.

2. Relevez trois enjeux éthiques (une norme, deux valeurs) soulevés par vos questions éthiques.

3. Formulez un jugement de prescription et un jugement de valeur en lien le dialogue interreligieux.

deuxième section 4. Donnez un exemple, tiré de l’histoire des traditions religieuses, d’un comportement empreint d’intolérance et expliquez en quoi ce comportement fait preuve d’intolérance.

5. Donnez un exemple, tiré de l’histoire des traditions religieuses, d’un comportement empreint de tolérance et expliquez en quoi ce comportement fait preuve de tolérance.

troisième section 6. Proposez une action originale qui, selon vous, favoriserait le vivreensemble entre les croyants de traditions religieuses différentes.

7. Expliquez une conséquence possible de cette action sur les groupes concernés.

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Première section 1. Deux questions éthiques :

2. Trois enjeux éthiques (une norme, deux valeurs). Norme : Valeurs : 3. Un jugement de prescription et un jugement de valeur. Jugement de prescription :

Jugement de valeur :

Deuxième section 4. Exemple d’un comportement empreint de tolérance.

5. Exemple d’un comportement empreint d’intolérance.

Troisième section 6. Une action favorisant le vivre-ensemble.

7. Une conséquence possible de l’action favorisant le vivre-ensemble.

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Nom :

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test bilan du dossieR 5

total /25

1. Associez les éléments de la colonne de gauche à ceux de la colonne de droite correspondants. Publication du texte Nostra Ætate.

657

Création du Parlement des religions du monde.

1054 Division importante au sein de l’Église chrétienne.

1893 1948

Division importante au sein de l’islam.

1965

Création du Conseil œcuménique des Églises.

/5

2. Nommez trois livres issus des religions monothéistes sujets aux interprétations. Indiquez la tradition religieuse associée à chacun de ces livres. Livre

Tradition religieuse



















/3

3. Remplissez le tableau suivant. Dans le judaïsme, cette épreuve représente absolue à la

la

.

volonté de

Dans le christianisme, ce récit annonce le sur

sacrifice de .

la

Dieu met à l’épreuve la foi d’ .

et lui demande de sacrifier son Dans l’

, c’est

Ce récit illustre bien qu’un texte peut

plutôt

qui est

s’

de différentes

sacrifié. C’est en récompense à ce sacri-

façons, selon la vision du monde de

fice que naîtra Isaac.

chacun.

/9

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4. Formulez un jugement de valeur que pourrait dire le chef du village aux aveugles, à la fin du conte Les cinq aveugles et l’éléphant.

/2

5. Qu’est-ce que l’œcuménisme ? Entourez l’énoncé approprié. a) Mouvement favorable à la réunion de toutes les Églises chrétiennes. b) Ensemble des religions favorables au vivre-ensemble. c) Texte publié lors du concile Vatican II. d) Ensemble de croyances tenues pour vraies qui fournissent une interprétation globale du monde. e) Règle de conduite formulée par une autorité dans le domaine religieux.

/1

6. Déterminez le type de jugement formulé ici par le rabbin Samuel-René Sirat : Il n’y a pas de guerre sainte, seule la paix est sainte.

/1

7. Lisez les affirmations suivantes, inspirées de commentaires affichés dans un blogue de discussion sur les religions. Repérez le procédé susceptible d’entraver le dialogue contenu dans chaque affirmation et formulez une question pour le remettre en cause. A. Ne soyons pas naïfs ! Qui sont les instigateurs de ces guerres de religion ? Qui veut en tirer profit ? L’islam, le christianisme, le judaïsme, la population ? Non. Je suis convaincue que des gouvernements laïques corrompus sont derrière tout cela. Ils organisent ces guerres pour que les croyants cessent de croire en la paix et en la tolérance religieuse ! Par Mariannou ­ 28/05/2014 ­ 17 :45

Procédé susceptible d’entraver le dialogue : Question :

B. Je ne suis pas d’accord avec toi, Mariannou. Et je ne suis pas le seul. Regarde le nombre de personnes en désaccord avec ton commentaire. Ça prouve que tu as tort ! Par BA ­ 23/10/2014 ­ 16 :47

Procédé susceptible d’entraver le dialogue : Question :

/4 98

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Surpopulation ?

dossier 6

Une simulation d’une assemblée de l’ONU . . .100 Regard sur la situation . . . . . . . . . . . . . . . . .101 Arrêt sur images . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .102 La population terrestre . . . . . . . . . . . . . . . . . . .103 Des problèmes en vue ? . . . . . . . . . . . . . . . . . .104 La limitation des naissances . . . . . . . . . . . . . . .105 Des préoccupations d’ordre éthique . . . . . . . .106 Des politiques responsables . . . . . . . . . . . . . . .107 Des chiffres et des mots pour le dire . . . . . .109 Limiter les naissances ? . . . . . . . . . . . . . . . .110 Des solutions complexes . . . . . . . . . . . . . . .111 Questions de méthodologie . . . . . . . . . . . . .112 Le discours à la simONU . . . . . . . . . . . . . . . .113 Test bilan du dossier 6 . . . . . . . . . . . . . . . . .115

Une simulation d’une assemblée de l’ONU Avec un ami ou une amie, vous décidez de participer à la prochaine simONU (simulation d’une assemblée de l’Organisation des Nations unies [ONU]) qui aura lieu dans un cégep de votre région. Votre rôle consistera à représenter un pays membre de l’ONU et à proposer des pistes de solutions en lien avec les sujets déjà fixés. Cette année, les organisateurs de la simONU ont choisi les sujets suivants : la croissance des populations humaines et la limitation des naissances. Un document composé de divers articles vous est envoyé pour vous aider dans votre recherche. Voici l’un de ces articles.

Le siège de l’Organisation des Nations unies, à New York.

La planète Terre est-elle surpeuplée ? Plusieurs personnes considèrent que la Terre est surpeuplée. À leur avis, il y a effectivement trop d’êtres humains sur la Terre pour les ressources dont dispose la planète. Cette surpopulation entraînerait la détérioration de l’environnement et des conditions de vie, particulièrement dans les pays en développement.

Place Publique

Pour soutenir cette affirmation, certaines personnes mentionnent les études qui font état des problèmes de malnutrition, d’accès à l’eau et de logements insalubres d’une partie importante de la population mondiale. De plus, d’autres études soutiennent que, si les populations dans les pays en développement adoptaient le même mode de vie que les pays développés, quatre ou cinq planètes comme la Terre ne pourraient suffire

100

à fournir les ressources pour permettre un tel mode de vie. En 2013, il y avait plus de 7 milliards d’êtres humains sur la planète. Selon les prévisions de l’Organisation des Nations unies, en 2050, la population terrestre pourrait atteindre 9,6 milliards d’individus. Certaines personnes ont déjà sonné l’alarme et réclament des mesures pour freiner l’accroissement des populations dans les pays en développement : limitation du nombre des naissances, campagnes de sensibilisation à l’utilisation des contraceptifs, campagnes de stérilisation. Ces mesures sont-elles nécessaires ? D’autres moyens sont-ils envisageables pour préserver l’environnement et améliorer la qualité de vie des populations humaines ?

SimONU La simulation d’assemblée de l’Organisation des Nations unies est un exercice pédagogique pour les élèves de 4e et 5e secondaire et pour les étudiants au cégep ou à l’université. Cet exercice est une initiation au rôle de représentant onusien. Au cours de ces rencontres, les participants sont invités à représenter un pays et à en défendre les intérêts devant d’autres participants. Les échanges suivent les règles diplomatiques et protocolaires des assemblées de l’ONU au niveau international. Les participants répartis en délégations doivent discuter, négocier, délibérer et parvenir à un consensus en rédigeant des résolutions avec l’aide des autres pays représentés.

ViVRe eNsembLe 5

Nom :

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Date :

RegaRd suR la situation 1. À combien s’élevait la population mondiale en 2013 ?

2. D’après les prévisions de l’Organisation des Nations unies (ONU), à combien s’élèvera la population mondiale en 2050 ?

3. Nommez trois conséquences que pourrait entraîner une population trop importante sur un territoire. • • •

4. Selon vous, quelle conséquence y aurait-il si les pays en développement adoptaient le même mode de vie que les pays développés ?

5. Selon vous, quels comportements ou habitudes des populations des pays développés pourraient poser problème s’ils étaient adoptés par les pays en développement ?

6. Nommez trois moyens qui pourraient permettre de freiner l’augmentation de la population. • • •

7. Nommez deux valeurs qui pourraient entrer en conflit dans un pays qui veut limiter les naissances.

Valeur :

Valeur :

8. Formulez une question éthique soulevée par la lecture de la page 100.

DOssieR 6 surpopulation ?

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Arrêt SUr imAgeS

Habiter la planète L’augmentation continuelle de la population terrestre soulève de nombreuses questions à propos de l’avenir de l’humanité. Plusieurs se demandent entre autres où habiteront les êtres humains et dans quelles conditions.

au québec L’étalement urbain désigne le développement des espaces autour des grandes villes. Ce développement à faible densité de population est souvent peu planifié et implique l’utilisation massive de l’automobile. Plusieurs grandes villes nord-américaines, comme Montréal, ont vu leur territoire s’agrandir de façon considérable depuis les 20 dernières années afin de satisfaire aux demandes en logement d’une population sans cesse croissante. Selon divers organismes environnementaux, l’étalement urbain oblige les banlieusards à se déplacer en voiture, détruit de nombreux milieux naturels et multiplie les îlots de chaleur. D’autres groupes estiment que l’étalement urbain autour de Montréal prive les agriculteurs des meilleures terres agricoles au Québec.

Selon la NASA, le temps viendra où des êtres humains habiteront la Lune, des lunes de Jupiter ou des astéroïdes.

ailleurs dans le monde En 2005, Michael Griffin, qui était alors l’administrateur de la NASA, a affirmé que la colonisation de l’espace était l’objectif ultime de l’agence spatiale. Selon lui, la survie de l’espèce humaine à long terme en dépendrait. Bien que la technologie actuelle ne soit pas assez avancée, Michael Griffin croit que, dans un futur lointain, il y aura davantage d’êtres humains à l’extérieur de la planète que sur elle.

Les êtres humains sont-ils trop nombreux sur la Terre ? L’étalement urbain en Amérique du Nord s’est surtout produit après la Seconde Guerre mondiale, à la suite de la baisse du prix du pétrole et de l’amélioration des technologies de fabrication des voitures.

Quelles sont les conséquences de l’augmentation constante de la population terrestre ? Qu’est-ce que la surpopulation ? Qu’est-ce que la limitation des naissances ? Que pense l’ONU de l’évolution de la population terrestre ?

102

ViVRe eNsembLe 5

la population terrestre Il y a plus de 3 500 000 ans, les ancêtres des êtres humains étaient probablement quelques centaines ou quelques milliers sur la Terre. Il a fallu des millions d’années avant que la population terrestre atteigne un milliard de personnes, ce qui s’est produit vers 1800. Puis, entre les années 1900 et 2000, la population mondiale s’est multipliée par quatre, passant de 1,5 milliard à 6 milliards d’êtres humains. Entre 1987 et 1999, ce nombre est passé de 5 à 6 milliards. La population terrestre s’élève maintenant à plus de 7 milliards.

Sommes-nous trop nombreux ?

les tRucs du métieR

Démographe

Depuis le 19e siècle, les progrès de la médecine et l’amélioration de l’hygiène publique ont permis aux êtres humains de vivre plus longtemps et d’augmenter considérablement en nombre. Les chercheurs s’entendent pour dire que, en 2050, la population mondiale oscillera entre 8,4 et 9,8 milliards, et qu’elle se stabilisera à 10,5 milliards en 2100. Cette croissance se produira presque entièrement dans les pays en développement. Les populations des pays développés, quant à elles, vieilliront et se stabiliseront. La croissance rapide de la population soulève de nombreuses questions. La planète at-elle suffisamment de ressources pour nourrir tout le monde ? Quels sont les impacts de cette augmentation de la population sur l’environnement ? Est-il nécessaire de réduire le nombre des naissances ? Si oui, comment y arriver ?

Les démographes recueillent, analysent et compilent des données au sujet des populations humaines à l’aide d’enquêtes, d’analyses statistiques et de recensements. Ces données sont transmises à des spécialistes de divers domaines (santé, économie, sociologie, éducation) dans le but de résoudre des problèmes sociaux et économiques et de planifier l’avenir des sociétés. Cette profession exige de l’intérêt pour la mathématique, les statistiques, l’informatique, un esprit d’analyse et de synthèse de même qu’une aptitude à travailler en équipe. La profession de démographe requiert un diplôme universitaire dans un programme qui peut combiner la démographie à l’anthropologie, à la géographie ou à la statistique. Elle peut s’exercer dans des lieux aussi différents que les organismes gouvernementaux, les municipalités, les organismes internationaux de recherche et les firmes de sondage.

Projection de la population mondiale Régions du monde Afrique

Population en millions en 2008

Population en millions en 2050

987,0

1 997,9

4 075,4

5 265,9

Pays arabes

337,3

586,3

Europe

731,1

664,2

Amérique latine et Caraïbes

579,4

769,2

Amérique du Nord

342,1

445,3

34,7

48,7

Asie

Océanie

Source : Fonds des Nations unies pour la population, L’état de la population mondiale en 2008 [en ligne]. (Consulté le 4 février 2014.) DOssieR 6 surpopulation ?

103

des problèmes en vue ? La planète Terre pourra-t-elle supporter une population de 9 ou 10 milliards d’habitants ? Sur cette question, les avis sont partagés. Pour certains, la situation est alarmante, car les ressources nécessaires pour assurer le bien-être des populations sont menacées. D’autres considèrent que les ressources sont suffisantes, mais qu’elles sont mal distribuées. Plusieurs s’inquiètent des impacts de cette augmentation de la population sur l’environnement et sur la qualité de vie des habitants des pays en forte croissance démographique.

La planète Terre est-elle aux prises avec des problèmes de surpopulation ?

Problèmes de ressources alimentaires ? D’après les experts, les conséquences de la croissance des populations sur les ressources alimentaires varient d’un pays à l’autre, en raison de la fertilité des sols, de la disponibilité de l’eau et de la qualité des terres. Une augmentation de la population dans certaines régions aggravera-t-elle cette situation ?

Selon l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture, en 2008, 850 millions de personnes souffraient de malnutrition dans le monde, principalement dans les pays en développement.

Problèmes d’eau ? D’après le Fonds des Nations unies pour la population, en 2008, près de 40 % de la population mondiale, soit 2,8 milliards de personnes, était confrontée à un manque d’eau. Il semble que ce problème s’aggrave, entre autres, à mesure que les villes s’agrandissent et que la population augmente sur un territoire.

La rareté de l’eau oblige certaines personnes à consommer de l’eau insalubre, ce qui représente un danger pour la santé.

Problèmes de logement ? Un grand nombre de personnes sur la planète n’ont pas accès à un logement convenable. Elles vivent dans la rue, à plusieurs dans un logement trop petit ou dans des bidonvilles. Selon plusieurs agences de l’ONU, si la croissance de la population ne ralentit pas, le nombre de sans-abri pourrait avoir des conséquences dramatiques.

en 2005, plus d’un tiers de la population des villes des pays en développement vivait dans des bidonvilles.

Problèmes environnementaux ? La forte croissance démographique au 20e siècle a été accompagnée d’une considérable augmentation des émissions de gaz à effet de serre, en raison de l’industrialisation. Entre les années 1900 et 2000, on estime que les émissions de CO2, un gaz à effet de serre, se sont multipliées par 12. Ces émissions de gaz contribuent aux changements climatiques : un phénomène qui menace la vie de millions d’êtres humains et qui contribue à l’extinction rapide de plusieurs espèces végétales et animales. 104

ViVRe eNsembLe 5

la limitation des naissances Pour de nombreux chercheurs, gouvernements, organisations internationales et groupes de pression, il est urgent que certains pays en développement, aux prises avec des problèmes liés à une population trop nombreuse, adoptent des mesures de limitation des naissances. Ces mesures auront pour effet de stabiliser et même de réduire la population sur leur territoire. Selon ces chercheurs, seule l’adoption de telles mesures permettra de régler en partie des problèmes de santé, de malnutrition, de pénurie d’eau et de logement. Ces mesures peuvent prendre la forme de lois qui incitent les couples à avoir moins d’enfants. Elles peuvent aussi prendre la forme d’une aide internationale qui n’est plus principalement axée sur le développement général, l’éducation ou la santé, mais davantage sur la planification familiale.

La pLanification famiLiaLe Le cas de la chine en 1979, la population chinoise approche le milliard d’habitants. Les dirigeants chinois s’inquiètent des conséquences négatives de la croissance démographique sur le développement du pays. C’est à ce moment qu’ils instaurent la « politique de l’enfant unique » qui incite les couples à limiter leur famille à un seul enfant. Cette politique s’accompagne de diverses mesures sociales et économiques favorisant les parents qui la respectent et pénalisant ceux qui ne la respectent pas. toutefois, depuis 2014, les couples dont au moins un des membres a été enfant unique peuvent avoir deux enfants.

Murale chinoise encourageant les familles à n’avoir qu’un seul enfant.

PoRtRait

Jane Goodall Primatologue, éthologue et anthropologue britannique, Jane Goodall s’est fait connaître par ses 45 années de recherche sur les comportements des chimpanzés, en Tanzanie. En 1977, elle crée l’Institut Jane Goodall pour la recherche, l’éducation et la conservation de la faune, un organisme à but non lucratif qui a pour mission d’agir pour améliorer l’environnement de tous les êtres vivants. Elle soutient également l’Optimum Population Trust. Cet organisme du Royaume-Uni, fondé en 1991, s’intéresse à l’impact de l’augmentation de la population sur l’environnement et milite pour la stabilisation et la diminution de la population mondiale. En 2002, Jane Goodall est nommée Messagère de la paix par l’ONU, pour sa défense de l’environnement.

Jane Goodall (1934- ). DOssieR 6 surpopulation ?

105

des préoccupations d’ordre éthique La limitation des naissances soulève des problèmes d’ordre éthique. Par exemple, un État qui adopte une telle mesure intervient dans la vie privée des gens et leur impose un comportement parfois contraire à leurs valeurs.

Les libertés individuelles Les mesures pour limiter les naissances peuvent entrer en conflit avec le respect des libertés individuelles. C’est le cas, par exemple, lorsqu’un État limite la liberté des couples de faire des enfants. Ce droit est pourtant reconnu comme un droit fondamental par la Déclaration universelle des droits de l’homme de l’ONU. Les libertés individuelles peuvent aussi ne pas être respectées si divers groupes de pression imposent aux pays en développement une aide uniquement axée sur la planification familiale plutôt qu’un soutien dans des secteurs comme la santé et l’éducation.

Les croyances religieuses: l’Église catholique Pour l’Église catholique, la contraception artificielle et l’avortement sont interdits. La lettre encyclique Humanæ Vitæ du pape Paul VI, publiée en 1968, est devenue le document de référence quant à la position de l’Église. Ce document stipule Affiche sénégalaise encourageant la planification familiale. que « l’Église, rappelant les hommes à l’observation de la loi naturelle, interprétée par sa constante doctrine, enseigne que tout acte matrimonial doit rester ouvert à la transmission de la vie ». De ce principe moral est née la règle morale d’exclure toute action qui rend impossible la procréation. Pour l’Église, la contraception artificielle peut constituer une menace à la famille, au respect de la femme et à la moralité. Cette position est contestée autant à l’intérieur qu’à l’extérieur de l’Église catholique. Pour certains, en interdisant le recours à la contraception artificielle, l’Église contrevient aux libertés individuelles.

Des particularités culturelles D’après le Fonds des Nations unies pour la population, dans certaines sociétés, la valeur d’une femme repose sur sa capacité d’avoir des enfants. Dans ces sociétés, les femmes ne sont donc pas portées à utiliser des méthodes contraceptives, de peur de paraître infertiles et d’être jugées négativement par leur communauté. 106

ViVRe eNsembLe 5

des politiques responsables Selon plusieurs spécialistes, dont l’économiste indien Amartya Sen, il n’est pas nécessaire, ni souhaitable, d’avoir recours à la contrainte pour limiter l’augmentation des populations. Ces personnes considèrent que des politiques de développement social et économique seraient plus utiles pour régler les problèmes souvent attribués à la surpopulation.

L’amélioration des conditions de vie De nombreuses études démontrent que le nombre des naissances diminue à mesure que les conditions économiques d’une population s’améliorent. En effet, le nombre d’enfants par famille a tendance à diminuer lorsque les hommes et les femmes ont accès à un emploi ou lorsqu’ils ont la possibilité de posséder une terre et d’autres biens. Il semble que les gens qui n’ont pas de soucis financiers ne ressentent pas le besoin d’avoir beaucoup d’enfants pour les soutenir pendant leur vieillesse. L’amélioration des conditions de vie d’une population comprend aussi un meilleur accès au logement, l’amélioration de la nutrition, l’accès à l’eau potable et de meilleurs soins de santé. Ces améliorations font diminuer le taux de mortalité des enfants en bas âge, un autre facteur qui peut pousser des couples à mettre au monde plusieurs enfants.

PoRtRait

Bidonville, à Dhaka, au Bangladesh. Les bidonvilles présentent de grands risques pour la santé de ceux qui y habitent : ils sont généralement surpeuplés, aucune collecte des déchets n’y est effectuée et ils n’ont ni eau courante ni système d’évacuation des eaux usées.

Amartya Sen Économiste indien, Amartya Sen a reçu le prix Nobel d’économie en 1998. Il enseigne l’économie et la philosophie à l’Université Harvard, aux États-Unis. Il s’intéresse particulièrement aux causes de la famine chez certaines populations touchées par la pauvreté. Selon Amartya Sen, la pauvreté et la famine ne sont pas causées par la surpopulation, mais par l’absence de démocratie et de mesures sociales dans certains pays. À partir de ses travaux, l’ONU a créé l’indice de développement humain qui permet d’évaluer l’état de développement des nations. Cet indice est devenu un repère qui fait autorité au niveau international pour comparer le bien-être des populations de divers pays.

Amartya Sen (1933- ).

DOssieR 6 surpopulation ?

107

La scolarisation des filles Les études démontrent que plus les femmes sont scolarisées, moins elles ont d’enfants. Une étude citée par le directeur général de l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) dans un journal montréalais montre que, dans certaines régions où les filles n’ont pas accès à l’enseignement secondaire, une femme a en moyenne sept enfants. Lorsque 40 % des filles s’inscrivent à l’école, cette moyenne descend à trois enfants. La scolarisation des filles a pour conséquence de reporter le mariage et la maternité à la fin des études.

Élèves haïtiennes. L’accès à l’éducation pour les filles retarde le moment du mariage et celui d’avoir des enfants.

La sécurité alimentaire La sécurité alimentaire signifie une quantité et une qualité d’aliments nécessaires pour assurer la santé. Plusieurs spécialistes s’accordent à dire qu’il est impératif d’assurer la sécurité alimentaire des populations en veillant à ce que les pays s’engagent, avant tout, à utiliser les ressources de leur territoire agricole pour nourrir leur population. Pour un grand nombre de ces spécialistes, ce n’est pas le manque de nourriture qui pose problème, mais la façon dont elle est produite et distribuée. En effet, dans plusieurs pays en développement, il est plus rentable pour un producteur agricole de semer du maïs destiné à nourrir du bétail ou du coton pour fabriquer des vêtements que de cultiver des plantes alimentaires qui permettraient de nourrir la population locale. De plus, dans plusieurs pays en développement, les terres les plus fertiles sont souvent utilisées pour cultiver des produits qui sont ensuite vendus aux pays développés.

Déforestation de la forêt amazonienne, au Brésil. Pour être considéré comme durable, un développement ne doit pas mener à l’épuisement de ressources naturelles importantes comme les forêts tropicales.

Le développement durable Pour plusieurs environnementalistes, la plupart des problèmes environnementaux pourraient être évités si les pays adoptaient un mode de développement économique et social à long terme. Le développement durable est une forme de développement qui a pour objectif de répondre aux besoins actuels des populations sans toutefois mettre en péril les générations futures. Il comprend un meilleur partage des ressources entre les diverses régions du monde, une diminution de la production de déchets et de polluants ainsi que des mesures pour contrôler la consommation d’énergie et empêcher l’épuisement des ressources. 108

ViVRe eNsembLe 5

Nom :

Groupe :

Date :

des cHiffRes et des mots PouR le diRe 1. Remplissez le tableau ci-dessous avec les données suivantes. 10,5 milliards

plus de 7 milliards

850 millions

2,8 milliards

environ 9 milliards

Population mondiale en 2008 Population mondiale en 2050 Population mondiale en 2100 Population souffrant de malnutrition en 2008 Population confrontée à un manque d’eau en 2008

a) Formulez une question éthique sur la croissance de la population mondiale pour laquelle vous ne trouvez pas la réponse dans le dossier.

b) Nommez une valeur et une norme soulevées par votre question éthique. • •

2. Complétez le document qui suit. Problèmes

Problèmes d’

Entre les années 1900 et 2000, les

En 2008, près de 40 % de la population est se

.

confrontée à

seraient multipliées par 12. Ceci contribue aux

La rareté de cette ressource oblige

changements climatiques, un phénomène qui

des personnes à consommer de l’eau , ce qui représente

concourt à de plusieurs espèces végétales et animales.

.

un danger pour

Impacts possibles d’une forte augmentation de la population Problèmes de

Problèmes de

En 2005, plus de 33 % de la population des

En 2008, 850 000 000 de personnes souffraient

villes des pays

de

vivait dans

.

dans le monde.

Principalement dans les pays .

DOssieR 6 surpopulation ?

109

Nom :

Groupe :

Date :

limiteR les naissances ? 1. Pourquoi certaines personnes réclament-elles des mesures urgentes de limitation des naissances pour freiner la croissance de la population mondiale ?

2. Le schéma suivant présente le point de vue de l’Église catholique à propos de la limitation des naissances. Complétez-le. Le document de référence sur lequel Elle s’appuie :

L’année où ce document a été écrit : Le point de vue de l’Église catholique à propos de la limitation des naissances

Le principe moral sur lequel ce point de vue repose :

La règle morale qui découle de ce principe moral :

Deux valeurs importantes pour l’Église catholique en ce domaine :

3. Donnez un exemple de particularités culturelles à considérer à propos de la limitation des naissances dans certaines cultures.

Place Publique

Bao, p. B85

1 Le point de vue sur la limitation des naissances présenté ci-dessous est-il rigoureux ? Expliquez votre réponse.

Je crois que les États n’ont pas le choix : ils doivent mettre en place un système de limitation des naissances, ou bien tous les êtres humains vont disparaître de la planète.

110

ViVRe eNsembLe 5

Nom :

Groupe :

Date :

des solutions comPlexes 1. Résumez en une phrase comment chacune des politiques responsables présentées dans le dossier peut régler les problèmes souvent attribués à la surpopulation. L’amélioration des conditions de vie

La scolarisation des filles

Des politiques responsables La sécurité alimentaire

Le développement durable

2. a) Qu’est-ce que le développement durable ?

b) Quelles valeurs peuvent être rattachées au développement durable ?

3. Selon vous, qui pourrait s’opposer à des politiques de sécurité alimentaire et de développement durable ? Expliquez votre réponse.

4. Selon vous, est-il nécessaire d’adopter des mesures pour diminuer la population mondiale ?

DOssieR 6 surpopulation ?

111

Nom :

Groupe :

Date :

questions de métHodologie 1. Selon vous, quels repères présents dans le dossier sont les plus importants à considérer dans une réflexion éthique sur les populations ? Expliquez votre réponse.

2. Imaginez que votre tâche consiste à effectuer un travail de recherche dans le but de déterminer les cinq principaux problèmes auxquels les pays les plus densément peuplés auront à faire face d’ici à 2100. a) Indiquez le titre que vous donneriez à votre travail de recherche.

b) Indiquez deux sources d’information pertinentes qui vous permettraient d’en savoir plus sur le sujet.

c) Expliquez comment la pensée du philosophe Hans Jonas, présentée à la page B18 de la Boîte à outils, pourrait être un repère pertinent au sujet de l’augmentation de la population.

d) À votre avis, quelle serait la meilleure façon de présenter les données que vous auriez recueillies ?

e) Le diagramme présente la répartition de la population mondiale en 2050. Quelle conclusion pouvez-vous tirer de ce diagramme ?

Répartition de la population mondiale en 2050 4,5 %

8% 7%

0,5 %

20 %

6% Afrique

Amérique latine et Caraïbes

Asie

Amérique du Nord

Pays arabes

Océanie

54 %

Europe Source : Fonds des Nations unies pour la population, L’état de la population mondiale en 2008 [en ligne]. (Consulté le 4 février 2014.)

112

ViVRe eNsembLe 5

Nom :

Groupe :

Date :

le discouRs à la simonu Maintenant que vous avez fait votre recherche sur les populations, vous pouvez préparer votre discours à la simONU au sujet de la croissance des populations humaines et de la limitation des naissances. Votre discours devra contenir les éléments suivants.

1. Le nom du pays que vous représentez. 2. La présentation de deux problèmes d’ordre éthique qui pourraient être liés à l’augmentation de la population mondiale.

3. Une proposition comprenant deux façons de régler ces deux problèmes. 4. Deux repères sur lesquels vous appuyez votre proposition. 5. Un exemple de mesure de limitation des naissances qui peut soulever des questions éthiques.

6. Trois enjeux éthiques qui pourraient être soulevés dans une réflexion à propos de cette mesure.

7. La mesure qui favorise le vivre-ensemble que vous soutenez, en tant que représentant du pays choisi, pour faire face aux deux problèmes d’ordre éthique que vous avez mentionnés.

8. La justification de votre choix à l’aide d’un argument qui explique en quoi cette mesure favorise le vivre-ensemble.

DOssieR 6 surpopulation ?

113

Nom :

Groupe :

Date :

1. Pays représenté.

2. Deux problèmes d’ordre éthique à propos de l’augmentation de la population mondiale. • •

3. Deux façons de régler ces deux problèmes. • •

4. Deux repères. • •

5. Un exemple de mesure de limitation des naissances.

6. Trois enjeux éthiques soulevés par cette mesure. • • •

7. La mesure que vous encouragez.

8. Une justification de votre choix à l’aide d’un argument.

114

ViVRe eNsembLe 5

Nom :

Groupe :

Date :

test bilan du dossieR 6

total /25

1. Selon vous, l’augmentation de la population humaine peut-elle menacer l’avenir de l’humanité ? Expliquez votre réponse à l’aide d’un argument.

/2

2. Observez les photos A et B, puis répondez aux questions suivantes. a) Quel problème lié à l’augmentation de la population cette image illustre-t-elle ? b) Quelle politique sociale ou économique pourrait aider à régler ce problème ? c) Quel est l’enjeu éthique principal soulevé par ce problème ? A.

Problème :

Politique sociale ou économique :

Enjeu éthique : B.

Problème :

Politique sociale ou économique :

Enjeu éthique :

/12 DOssieR 6 surpopulation ?

115

Nom :

Groupe :

3.

Date :

a) Quelle mesure cette murale illustre-t-elle ?

b) Pour quelle raison une personne pourraitelle s’opposer à cette mesure ? Expliquez votre réponse à partir d’un repère vu dans le dossier.

/4

4. Selon vous, qu’est-ce qui explique que les femmes des pays développés ont moins d’enfants que les femmes des pays en développement ?

/2

5. Selon vous, quel repère au sujet des problèmes de population est le plus important dans ce dossier ? Expliquez votre réponse.

/2

6. Lisez l’affirmation suivante et répondez aux questions. En 2008, près de 850 millions de personnes souffraient de malnutrition. La population était alors de plus de 7 milliards d’habitants. En 2100, la population pourrait s’élever à 10,5 milliards. Nous devons donc immédiatement mettre en place des mesures pour réduire le nombre de personnes affamées. a) Quel type de raisonnement est employé dans cette affirmation ?

b) Le raisonnement énoncé vous semble-t-il rigoureux ? Expliquez votre réponse.

c) À quel type de jugement correspond la dernière phrase du raisonnement ?

/3 116

ViVRe eNsembLe 5

dossier 7

Rites d’aujourd’hui Un rite nouveau genre pour les finissants . . . .118 Regard sur la situation . . . . . . . . . . . . . . . . .119 Arrêt sur images . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .120 La religion en trois temps . . . . . . . . . . . . . . . . .121 Les sociétés contemporaines et la religion . . .123 Des rites personnalisés . . . . . . . . . . . . . . . . . . .124 Des rites qui mettent l’accent sur l’émotion . .125 Religion à la carte . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .126 Questions de sociétés . . . . . . . . . . . . . . . . . .127 Religion et sociétés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .128 Des rites nouveaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .129 Analyse d’un rite d’aujourd’hui . . . . . . . . . . .130 Mon entrevue à la télévision communautaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .131 Test bilan du dossier 7 . . . . . . . . . . . . . . . . .133

Un rite nouveau genre pour les finissants Cette année, dans une école secondaire, on désire souligner le départ des finissants par un rite original. En prévision de l’événement, les élèves de 5e secondaire reçoivent ce dépliant.

un peu d’histoire…

Déroulement de la célébration

Depuis la fondation de notre école en 1930, et

• Accueil des élèves, des parents et des ensei-

jusqu’en 1976, nous avons célébré la fin des

gnants à l’église du Sacré-Cœur-de-Jésus

études secondaires par une messe des finis-

par un chant chrétien médiéval.

sants à l’église du Sacré-Cœur-de-Jésus. Depuis peu, certains élèves et certains parents ont demandé le retour d’une célébration préparée par l’école, mais qui a lieu à l’église, comme avant. À leur avis, la fin des études secondaires, un moment important et unique dans une vie,

• Retrait symbolique du chandail des finissants, qui sera hissé au plafond. • Lecture d’un extrait du texte La marche à l’amour du poète québécois Gaston Miron. • Méditation en silence.

Un comité d’élèves a été mis sur pied pour

• Présentation d’un diaporama souvenir

répondre à cette demande. Plusieurs personnes

accompagné de musique pour souligner

se sont engagées à créer une cérémonie ancrée

les moments marquants des cinq dernières

dans la réalité d’aujourd’hui.

années à l’école.

cialement pour vous. L’équipe de la télévision

Place Publique

• Lecture d’un passage de l’Évangile de Jean.

mérite d’être soulignée.

Venez célébrer ce rite de passage créé tout spé-

118

• Mot de bienvenue de la directrice de l’école.

• Lecture de mots d’adieu des enseignants aux élèves.

communautaire filmera la célébration.

• Dévoilement de la mosaïque des finissants.

Attendez-vous à vivre de grandes émotions !

• Chant de la chorale.

Bravo à tous nos finissants !

• Séance d’accolades et de poignées de main.

La télévision communautaire La télévision communautaire est une station de télévision qui a pour mandat de diffuser un contenu établi par et pour une communauté précise. Elle permet à des personnes de participer activement à la programmation et à la production des émissions. À l’aide de reportages, d’entrevues, d’émissions de variétés, de transmissions d’événements politiques, sociaux et culturels locaux, elle contribue à l’animation, à l’information et au développement d’une communauté. Il existe plus de 700 canaux de télévision communautaire au Canada.

ViVRe enseMbLe 5

Nom :

Groupe :

Date :

RegaRD suR la situation 1. Repérez cinq expressions du religieux dans le texte de la page précédente.

2. a) Donnez un exemple de rite soulignant une étape importante dans la vie d’un être humain.

b) À votre avis, quelle est la fonction d’un tel rite ?

3. Selon vous, les rapports qu’entretiennent les Québécois d’aujourd’hui avec la religion sont-ils les mêmes qu’il y a 100 ans ? Expliquez votre réponse.

4. À votre avis, célèbre-t-on aujourd’hui les mariages comme on le faisait traditionnellement dans le Québec du siècle dernier ? Expliquez votre réponse.

5. À votre avis, quels événements de l’histoire occidentale ont contribué à modifier la perception des gens au sujet de la religion ? Expliquez votre réponse.

6. Selon vous, qu’est-ce que les croyants d’aujourd’hui recherchent dans la religion ? Expliquez votre réponse.

7. Notez une question que soulève chez vous la lecture de la page 118.

DossieR 7 Rites d’aujourd’hui

119

ARRêt sUR imAges

Hors du temple Au fil des époques, les valeurs et les rites propres aux différentes sociétés se sont modifiés. Aujourd’hui, par exemple, au Québec, les églises sont souvent délaissées au profit d’autres lieux de rassemblement.

au québec Depuis 1978, tous les dimanches, de mai à septembre, des dizaines de personnes se rassemblent aux Tams-tams du Mont-Royal, à Montréal. Avec le temps, cet événement est devenu un véritable rituel pour certains participants. On s’y rend pour jouer du tam-tam, danser, chanter, pique-niquer ou tout simplement pour écouter et regarder. Des spécialistes du phénomène religieux considèrent ces rassemblements festifs comme des pratiques symboliques qui s’apparentent à des pratiques religieuses. Elles permettraient aux participants de vivre des expériences fortes dans un lieu où plusieurs partagent des émotions et une même vision du monde.

Vue aérienne de la ville éphémère qui se forme lors du festival Burning Man, dans l’État du Nevada, aux États-Unis.

ailleurs dans le monde Chaque année, depuis 1990, une ville de plus de 50 000 habitants surgit dans le désert américain de Black Rock, au Nevada, le temps du festival Burning Man. Cet événement artistique rassemble des personnes des quatre coins du monde venues vivre les valeurs de liberté d’expression, de partage et de communauté.

Comment le rapport à la religion a-t-il évolué à travers le temps ? Comment sont vécus les rites dans les sociétés contemporaines ? Quelles sont les valeurs importantes des sociétés modernes ? Aux Tam-tams du Mont-Royal, à Montréal, on peut voir des percussionnistes, des vendeurs d’artisanat et des acrobates, mais aussi des guerriers costumés simulant des combats.

120

ViVRe enseMbLe 5

Qu’est-ce qu’une société traditionnelle ? Qu’est-ce que la religion « à la carte » ?

la religion en trois temps Les comportements des êtres humains varient considérablement d’une culture à l’autre, d’une époque à l’autre. Afin de mieux comprendre la vision du monde, les comportements sociaux, politiques et religieux des habitants de sociétés diverses, des chercheurs en sciences humaines ont recours à une division des sociétés selon trois types : les sociétés traditionnelles, les sociétés modernes et les sociétés contemporaines. Cette division permet de mieux comprendre l’influence de certains éléments, comme le rapport qu’entretiennent les membres d’une société avec la religion.

Les sociétés traditionnelles Les sociétés traditionnelles existent depuis la préhistoire et sont encore présentes aujourd’hui dans de nombreuses régions du globe. Les sociétés de l’Antiquité, en Grèce, en Égypte et en Asie, les sociétés chrétiennes européennes du Moyen Âge ainsi que plusieurs communautés africaines, autochtones et orientales actuelles sont des exemples de sociétés traditionnelles. C’était également le cas pour la société québécoise avant la Révolution tranquille. Au point de vue culturel, les sociétés traditionnelles se caractérisent notamment par l’importance qu’elles accordent aux traditions et aux coutumes ainsi que par des règles de conduite et une vision du monde principalement inspirées de la religion.

Quelques caractéristiques des sociétés traditionnelles importance accordée à la famille élargie et à la communauté. Respect des valeurs et des règles de conduite partagées par l’ensemble de la communauté. Valeurs dominantes : famille, tradition, religion, conformité, charité, entraide.

La religion dans les sociétés traditionnelles Dans les sociétés traditionnelles, les gens pratiquent une seule et même religion et accordent un grande importance aux récits religieux. Dans les sociétés chrétiennes, par exemple, la Bible a pour fonction de répondre aux questions exisMgr Paul-Émile Léger pendant la diffusion de l’émission radiophonique tentielles et d’expliquer les divers phénoLe chapelet en famille sur les ondes de CKAC. En 1950, plus de la moitié mènes naturels. La religion fait partie des de la population du diocèse de Montréal écoute à la radio Le chapelet en famille, différentes institutions publiques, telles animé par l’archevêque Paul-Émile Léger. L’émission prend fin en 1970. que le gouvernement, le système de justice et l’éducation. Elle est à la source des valeurs, des normes, des principes moraux et des règles morales qui orientent les comportements de l’ensemble des individus de la société.

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Les sociétés modernes En Occident, les sociétés modernes apparaissent dès le 16e siècle. C’est toutefois avec la révolution industrielle du 19e siècle, en Europe, qu’elles marquent davantage une coupure avec les sociétés traditionnelles. La plupart des sociétés occidentales et des sociétés industrialisées actuelles sont considérées comme des sociétés modernes. Au Québec, c’est surtout avec la Révolution tranquille que s’opère la transition entre la société traditionnelle et la société moderne. Ce type de société se caractérise notamment par l’importance accordée à la science et aux grandes idéologies politiques pour expliquer le monde environnant et pour donner un sens à la vie. Ces nouvelles notions remettent ainsi en cause plusieurs explications religieuses du monde.

Travailleurs dans une usine de textile, en Grande-Bretagne, au 19e siècle.

La religion dans les sociétés modernes Dans les sociétés modernes, la religion perd de son influence au profit des idéologies politiques et scientifiques. Une grande importance est accordée aux textes scientifiques pour trouver des explications aux divers phénomènes naturels et des réponses aux questions existentielles. Ces textes remplacent les récits religieux. La véracité du récit biblique, autrefois incontestable, est remise en question. La religion ne fait plus partie du gouvernement, du système de justice ni de l’éducation. Les individus sont plus libres d’appartenir ou non à une tradition religieuse. La religion devient une affaire individuelle.

Quelques caractéristiques des sociétés modernes importance accordée à l’individu en tant qu’être libre et autonome. importance accordée à la science et aux grands courants politiques pour donner un sens à l’existence. Comportements guidés par la raison plutôt que par la famille, la communauté, la tradition et les croyances religieuses. Valeurs dominantes : raison, progrès, innovation, tolérance, travail, liberté, démocratie.

Les sociétés contemporaines Dans les sociétés contemporaines occidentales, depuis les années 1980, des sociologues ont observé de nouveaux modes de vie et de nouveaux comportements. Il semble qu’un nombre grandissant de personnes ne croient plus que le développement technique et scientifique permettra le plein épanouissement des êtres humains. Leur raisonnement s’appuie sur le fait que la science n’a pas empêché plusieurs événements tragiques survenus au cours du 20e siècle : la Seconde Guerre mondiale, les famines, les changements climatiques, etc. Plusieurs sociologues remarquent également, dans les sociétés contemporaines occidentales, de nouvelles façons de croire et de pratiquer la religion. 122

ViVRe enseMbLe 5

Quelques caractéristiques des sociétés contemporaines Choix de mode de vie autonome et individualisé, selon un modèle proposé par un groupe d’appartenance, souvent provisoire. traditions religieuses et communautés scientifiques se côtoient et proposent des pistes de réponses aux problèmes contemporains et au sens de la vie. Valeurs dominantes : indépendance, plaisir immédiat, émotion, intensité, humour, tolérance.

les sociétés contemporaines et la religion Dans les sociétés occidentales contemporaines, plusieurs spécialistes des religions observent un renouveau religieux. Ce renouveau se manifeste par le développement, à l’intérieur comme à l’extérieur des grandes traditions religieuses, de nouvelles façons de croire et de pratiquer la religion.

Le retour du sacré

Le retour des rites Pour Denis Jeffrey, professeur à la Faculté des sciences de l’éducation de l’Université Laval et auteur du livre Éloge des rituels, publié en 2003, le renouveau religieux est caractérisé par un regain d’intérêt pour divers rites. selon lui, l’action de ritualiser les moments importants de la vie humaine (naissance, mariage, première journée d’école, décès, passage à la vie adulte, retraite, etc.) peut prévenir et résoudre les problèmes personnels lors de situations de crise, de transition, de conflit. Les rites permettraient aux gens de faire une pause favorable à la découverte d’un sens à la situation vécue.

Ce renouveau religieux se caractérise, entre autres, par une remise en question de plusieurs valeurs chères aux sociétés modernes, comme la raison, le progrès et le travail. Ainsi, de plus en plus de gens s’intéressent de nouveau à la religion ou à la spiritualité pour donner un sens à leur vie. Ces personnes sont plus ouvertes aux croyances religieuses. Elles croient en une force, une énergie ou un être invisible qui agit sur le monde visible. Cette force invisible, souvent qualifiée de « sacrée », peut être à la source d’expériences religieuses qui provoquent d’intenses émotions.

L’importance de l’individu En Occident, les individus qui composent les sociétés contemporaines accordent toujours autant d’importance à l’individu en tant qu’être libre et autonome que dans les sociétés modernes. Pour cette raison, plusieurs d’entre eux choisissent de ne pas s’engager dans une tradition religieuse qu’ils jugent trop stricte et autoritaire. Ils préfèrent choisir et adapter les pratiques et les croyances religieuses selon leurs intérêts personnels.

PoRtRait

Arnold Van Gennep (1873-1957).

Arnold Van Gennep Arnold Van Gennep est un ethnologue français né à Ludwigsburg, en Allemagne. Très jeune, il manifeste un don pour les langues, et en parle six dès l’adolescence. Tour à tour traducteur, professeur d’ethnographie et d’histoire en Suisse et en France, il publie Les Rites de passage, en 1909. Dans son livre, l’ethnologue montre que tous les rites de passage, qui ont la caractéristique de marquer les passages importants de la vie, ont une forme universelle. Cette forme universelle comporte trois parties : la séparation, où la personne est séparée de son ancien groupe d’appartenance ; la marge, où la personne vit un temps d’épreuves ; la réintégration, où la personne revient au sein du groupe, mais avec un nouveau statut. Cet ouvrage a constitué une avancée marquante dans la compréhension des rites de passage présents dans toutes les sociétés, au sein de la communauté scientifique.

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Des rites personnalisés Le renouveau religieux dans les sociétés occidentales contemporaines se manifeste, entre autres, par la pratique de rites nouveaux. Par exemple, plusieurs rituels, traditionnellement organisés par les institutions religieuses, sont désormais modifiés en réponse à la demande d’une clientèle qui désire créer ou personnaliser ces rites. La sociologue Diane Pacom de l’Université d’Ottawa le confirme dans une entrevue accordée au journaliste Luc Chartrand.

«

»

Nous traversons une période inédite. Aucune société avant la nôtre n’avait eu le choix de ses rites. Aujourd’hui, on change la couleur de la robe de mariée, on magasine avant de décider si on se fera enterrer ou incinérer, on choisit son culte… Source : Luc CHARTRAND, « Ceci est mon rite », L’Actualité, 1 juin 1998, p. 35. er

Quand ils créent de nouveaux rites, les gens veulent qu’ils soient à leur image. En participant activement à leur élaboration et en se rendant responsables de leur déroulement, ils tentent de donner aux rites une dimension intime. Ils accompagnent les nouveaux rites de symboles, de musiques et de textes, d’objets et de gestes empruntés à diverses cultures et traditions religieuses.

Des mariages personnalisés De nos jours, certains couples engagent des célébrants spécialisés dans l’organisation de mariages personnalisés. Ces célébrants guident le couple dans le choix du lieu, des textes et des symboles utilisés lors du mariage. Ainsi, des célébrants peuvent proposer des cérémonies pratiquement identiques aux cérémonies religieuses traditionnelles, des mariages dans la nature, des mariages inspirés de l’époque médiévale, etc.

Des funérailles personnalisées Depuis quelques années, plusieurs entreprises funéraires proposent des cérémonies plus personnalisées du rite funéraire afin de répondre aux demandes de leur clientèle. De plus en plus, les rites funéraires sont organisés selon la volonté du défunt et celle de ses proches. Certaines entreprises offrent également des produits adaptés au goût de la clientèle. Par exemple, un cercueil sur lequel on aurait peint un terrain de golf soulignerait la passion de la personne défunte pour ce sport. 124

ViVRe enseMbLe 5

Mariage d’inspiration médiévale. Pour l’occasion, les mariés et les invités se costument en chevalier, en fou du roi, en moine, en troubadour ou en seigneur.

Des rites qui mettent l’accent sur l’émotion Une caractéristique du renouveau religieux dans les sociétés occidentales contemporaines réside dans l’importance accordée par divers croyants à l’émotion que peuvent procurer certaines expériences religieuses. Pour beaucoup, il ne suffit plus de croire au divin, il faut l’expérimenter de façon directe. Cette importance accordée à l’émotion se manifeste dans les rites contemporains chrétiens, tant catholiques que protestants.

BAO Les Journées mondiales de la jeunesse, p. B29

Les Journées mondiales de la jeunesse dans le catholicisme Dans le catholicisme, les Journées mondiales de la jeunesse (JMJ), célébrées environ tous les deux ans depuis 1986, sont un exemple de nouveau rite qui permet à ceux qui y participent de vivre des émotions intenses. Au terme d’une longue préparation dans leur communauté respective, des milliers de jeunes se retrouvent dans la même ville pour quelques jours. Pour eux, ces grands rassemblements, en plus de les soutenir dans leur foi, leur permettent, notamment, de vivre des émotions fortes et des expériences inédites, comme en fait foi ce témoignage d’un participant.

«

Des jeunes saluent le pape François à l’occasion de la Journée mondiale de la jeunesse, à Rio de Janeiro, au Brésil, en 2013.

»

[…] il se dégage dans un rassemblement JMJ quelque chose de beaucoup plus fort que dans un stade au cours d’un match de foot, par exemple, ou lors d’un concert. Ce n’est ni la même émotion ni la même joie, car Dieu nous porte. Un non-croyant peut très bien y vivre une expérience qu’il n’aura jamais vécue ailleurs. Source : Diocèse de Paris, JMJ 2008 [en ligne]. (Consulté le 6 février 2014.)

Les cérémonies religieuses protestantes évangéliques L’émotion occupe une place centrale dans les cérémonies religieuses de certaines communautés chrétiennes protestantes évangéliques. Dans ces communautés, la foi se définit moins comme une adhésion à une doctrine que comme un sentiment, celui de l’amour de Dieu et de sa présence. Dans cette perspective, la foi véritable doit bouleverser d’une manière émotive la vie des croyants. Ainsi, des pasteurs s’efforcent, par divers moyens, de toucher le cœur des croyants et non leur raison.

Des croyants protestants évangéliques. L’intensité émotionnelle est très attirante pour de nombreux croyants. DossieR 7 Rites d’aujourd’hui

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Religion à la carte Dans les sociétés contemporaines occidentales, de plus en plus de gens disent ne pas appartenir à une tradition religieuse précise. Cependant, ils n’hésitent pas à emprunter à diverses traditions religieuses, comme l’hindouisme, le bouddhisme et le chamanisme, des croyances et des pratiques qui leur permettent de cheminer dans leur quête de sens. Ainsi, ces personnes empruntent des symboles, des récits, des rites, des règles et des objets pour se constituer un système de croyances bien personnel. Cette façon de faire est parfois qualifiée de « religion à la carte ». Il arrive toutefois que le sens donné aux éléments empruntés s’éloigne de celui qu’ils avaient à l’origine.

BAO L’hindouisme, p. B65

Des emprunts à l’hindouisme En Occident, certaines pratiques religieuses issues de l’hindouisme ont gagné en popularité depuis les années 1960. Les gens s’intéressent notamment à l’enseignement de certains gourous, au yoga et à certaines techniques de méditation et de guérison à partir des centres énergétiques appelés « chakras ». La popularité du yoga s’explique, entre autres, par le fait que cette pratique religieuse touche autant le corps que l’esprit, ce qui correspond aux attentes de bien des gens. De plus, des croyances propres à l’hindouisme, comme la réincarnation et la croyance en une forme de divin présent en toutes choses, se rencontrent de plus en plus dans les systèmes de croyances des Occidentaux d’aujourd’hui.

Soin dans un centre de santé s’inspirant de l’hindouisme. À l’aide d’un pendule et de pierres, le soignant agit sur les chakras. Dans l’hindouisme, les chakras sont des centres d’énergies présents à divers endroits du corps.

Des emprunts aux spiritualités des peuples autochtones Dans les sociétés contemporaines occidentales, certaines pratiques religieuses viennent des spiritualités des peuples autochtones. C’est le cas des pratiques et des croyances regroupées sous le terme néochamanisme. Ces pratiques religieuses s’inspirent plus ou moins directement des traditions chamaniques ancestrales. Pour les peuples qui pratiquent le chamanisme traditionnel, il existe un monde visible et un monde invisible, composé d’esprits avec lesquels tous peuvent entrer en contact. Le chaman est une personne qui, par divers moyens, tente d’établir l’harmonie entre les humains, la nature, les animaux et les esprits. Le néochamanisme comprend des pratiques diverses comme la quête de vision, les prières dans une hutte de sudation, ainsi que diverses techniques favorisant le développement perCapteur de rêves : un objet emprunté aux sonnel. Les rites néochamaniques sont spiritualités des peuples autochtones. Selon souvent réalisés en pleine nature. Ils sont certaines croyances autochtones, le capteur de rêves assure un sommeil réparateur en emprisonsurtout orientés vers le mieux-être et nant les mauvais rêves dans sa toile. l’épanouissement des personnes. 126

ViVRe enseMbLe 5

BAO Les spiritualités des peuples autochtones, p. B47

Nom :

Groupe :

Date :

questions De sociétés 1. Associez les valeurs dominantes suivantes au type de société auquel elles correspondent. famille émotion démocratie travail raison science indépendance tradition liberté charité plaisir immédiat entraide progrès tolérance conformité Valeurs dominantes Société traditionnelle

Société moderne

Société contemporaine

2. Nommez deux éléments qui distinguent les sociétés traditionnelles des sociétés modernes quant à leur rapport avec la religion.

3. À l’aide d’une caractéristique, expliquez en quoi les sociétés contemporaines se distinguent des sociétés modernes.

4. Complétez les phrases suivantes en indiquant si le type de société qui y est abordé correspond aux sociétés traditionnelles, modernes ou contemporaines. a) Les sociétés de l’Antiquité et les sociétés chrétiennes du Moyen Âge sont des exemples de sociétés

.

b) Le Québec est devenu une société

après la Révolution tranquille.

c) Depuis les années 1980, on observe de nouveaux modes de vie et de nouveaux comportements propres aux sociétés

.

DossieR 7 Rites d’aujourd’hui

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Nom :

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Date :

Religion et sociétés 1. Indiquez le type de société auquel correspond chacun des comportements suivants et expliquez votre réponse. a) Dans le Québec des années 1920, tous les soirs, les enfants récitaient une prière avant d’aller au lit. Société traditionnelle.

Société moderne.

Société contemporaine.

b) Cette année, Sébastien est allé en Inde pour apprendre diverses techniques de yoga. Il a également effectué un pèlerinage à Saint-Jacques-de-Compostelle. Il est constamment à la recherche de nouvelles expériences religieuses qui lui feront vivre des émotions intenses. Société traditionnelle.

Société moderne.

Société contemporaine.

c) Sanae ne croit pas que les religions apporteront des solutions aux problèmes sociaux. Pour elle, seules les idéologies politiques fondées sur la raison peuvent faire progresser l’humanité. Société traditionnelle.

Société moderne.

Société contemporaine.

2. Nommez trois moments dans la vie d’un être humain qui peuvent être marqués par un rite.

Place Publique

BAO, p. B93

1 Lisez l’affirmation, puis répondez aux questions. Je crois que nous ne devrions pas créer des rituels pour marquer la fin de nos études secondaires. Après tout, je ne fête pas la fin de chacune de mes journées de travail ! a) Quel procédé susceptible d’entraver le dialogue est présent dans ce point de vue ?

b) Expliquez en quoi l’utilisation d’un tel procédé fait obstacle à l’élaboration d’un point de vue rigoureux.

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Des Rites nouveaux 1. Donnez un exemple qui démontre que certains rites funéraires contemporains sont personnalisés.

2. Indiquez un élément commun aux Journées mondiales de la jeunesse et à certaines cérémonies religieuses protestantes évangéliques. L’individualisme.

La Bible.

L’émotion.

La nature.

3. Nommez deux pratiques hindoues actuellement populaires en Occident.

4. Expliquez brièvement en quoi consiste le néochamanisme.

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BAO, p. B93

1 Lisez les affirmations A et B, puis répondez aux questions qui suivent. a) Quel procédé susceptible d’entraver le dialogue est présent dans ce point de vue ? b) Expliquez en quoi l’utilisation d’un tel procédé fait obstacle à l’élaboration d’un point de vue rigoureux. A. J’ai appris que les membres du comité organisateur de la cérémonie des finissants étaient en majorité des garçons. J’ai peur que la cérémonie soit mal organisée et qu’elle manque beaucoup de sensibilité. Procédé susceptible d’entraver le dialogue : Obstacle à l’élaboration d’un point de vue rigoureux :

B. Je crois que notre cérémonie des finissants ne devrait pas contenir d’éléments religieux. Tous mes amis le disent : la religion n’est pas vraiment importante dans la vie des élèves de l’école. Procédé susceptible d’entraver le dialogue : Obstacle à l’élaboration d’un point de vue rigoureux :

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analyse D’un Rite D’aujouRD’Hui Lisez la description suivante, puis répondez aux questions. Le 12 juillet dernier, Ben et Cathy se sont mariés au cours d’une cérémonie bien particulière. Le mariage s’est déroulé dans la nature, au chalet des parents de la mariée, dans le Bas-Saint-Laurent. Pour diriger la cérémonie, ils ont fait appel à un célébrant laïque vêtu des habits d’un prêtre catholique. Les mariés ont tout préparé eux-mêmes : ils ont décidé du déroulement de la cérémonie, écrit les textes et décoré les lieux. Marqués par un récent voyage en Inde, ils ont choisi d’intégrer certaines pratiques hindoues à leur mariage. Ainsi, un hymne nuptial védique a été lu et le couple a tourné sept fois autour d’un feu en prononçant sept vœux. Au cours de la cérémonie, les invités ont été interpellés à quelques reprises : ils ont chanté, dansé et tapé des mains. À la fin de la cérémonie, une courte séance montrant des photos des mariés alors qu’ils étaient enfants a beaucoup touché les invités. Tout au long de la cérémonie, un ballon gonflé à l’hélium symbolisait la présence de la mère de Cathy, décédée en janvier dernier.

1. Citez un passage du texte qui montre que ce mariage peut être considéré comme un rite personnalisé.

2. Citez un passage du texte qui montre que ce mariage peut être considéré comme un rite qui donne beaucoup d’importance aux émotions.

3. Nommez trois expressions du religieux mentionnées dans ce texte et associez chacune de ces expressions à sa tradition religieuse. Expression du religieux

Tradition religieuse

4. Expliquez en quoi l’expression religion à la carte s’applique à cette cérémonie.

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Mon entRevue à la télévision coMMunautaiRe Pour planifier l’entrevue qu’il fera avec vous au cours de son émission, l’animateur vous demande un plan des sujets que vous voudriez aborder. Afin de bien vous préparer, lisez les consignes présentées ci-dessous et ajoutez-y quelques mots clés.

1. a) Nommez un événement qui a contribué à la perte de confiance dans la science des sociétés contemporaines. b) Expliquez pourquoi cet événement a contribué à la perte de confiance dans la science de ces sociétés. c) Expliquez pourquoi cet événement a pu avoir une influence sur ce que certains qualifient de « retour du religieux » dans les sociétés occidentales contemporaines.

2. a) Dans le dépliant de la cérémonie des finissants, à la page 118, repérez deux expressions du religieux qui pourraient se rattacher à deux religions présentées dans le dossier. b) Reliez ces deux expressions du religieux à la religion concernée. c) Expliquez si, à votre avis, ce rite de la cérémonie des finissants aurait pu avoir lieu au Québec il y a 100 ans.

3. Expliquez, à l’aide de deux exemples, en quoi le rite de la cérémonie des finissants, décrit dans le dépliant de la page 118, correspond à la façon dont la religion est perçue dans les sociétés contemporaines.

4. Nommez une valeur dominante des sociétés traditionnelles et une autre des sociétés modernes qui ne sont pas présentes dans cette cérémonie des finissants. Expliquez vos choix.

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1. a) Événement lié à la perte de confiance dans la science. b) Manière dont cet événement a contribué à la perte de confiance dans la science.

c) Effet de la perte de confiance sur le « retour du religieux » dans les sociétés actuelles.

2. a) Deux expressions du religieux. •



b) Religion à laquelle appartiennent les deux expressions du religieux.

c) Possibilité d’un tel rite au Québec il y a 100 ans.

3. Caractéristiques contemporaines de la cérémonie des finissants. • •

4. Valeurs absentes de la cérémonie des finissants et explication. Type de société

Société traditionnelle

Société moderne

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Valeur

Explication

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test bilan Du DossieR 7

total /25

1. Associez chaque type de société à une valeur dominante. Indiquez ensuite comment cette valeur explique le rapport que cette société entretient avec la religion. Type de société

Valeur dominante

Rapport à la religion

Société traditionnelle

Société moderne

Société contemporaine

/6

2. Selon Denis Jeffrey, le fait de ritualiser un événement important peut contribuer au bien-être d’une personne. Expliquez pourquoi.

/2

3. Décrivez deux pratiques religieuses qui peuvent être associées aux caractéristiques du renouveau religieux. Des rites personnalisés

Des rites axés sur l’émotion

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Une religion à la carte

/6

4. Nommez une ressemblance et une différence entre les caractéristiques du renouveau religieux dans les sociétés contemporaines et les caractéristiques des sociétés modernes. Ressemblance :

Différence :

/4

5. Nommez un événement qui a contribué à la perte de confiance dans le progrès promis par la science.

/1

6. a) À quel type de raisonnement correspond cette affirmation ? Les Journées mondiales de la jeunesse me font penser aux festivals musicaux qui ont lieu dans de nombreuses grandes villes. Je trouve que plusieurs nouvelles pratiques religieuses s’inspirent de l’industrie du spectacle. Raisonnement par induction.

Raisonnement par déduction.

Raisonnement par analogie.

Raisonnement par hypothèse.

b) Selon vous, ce raisonnement est-il acceptable ? Expliquez votre réponse.

/3

7. Vrai ou faux ?

vrai

faux

a) Dans les sociétés contemporaines, les groupes d’appartenance sont souvent provisoires. b) Avant la Révolution tranquille, la société québécoise avait plusieurs caractéristiques d’une société moderne. c) L’expression religion à la carte fait allusion à des personnes qui changent de religion fréquemment au cours de leur vie. 134

ViVRe enseMbLe 5

/3

dossier 8

Dans votre assiette Le Défi VG . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .136 Regard sur la situation . . . . . . . . . . . . . . . . .137 Arrêt sur images . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .138 Petit historique de l’élevage . . . . . . . . . . . . . . .139 La santé humaine . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .142 L’environnement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .143 Le bien-être animal . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .144 Des solutions de rechange à l’élevage intensif . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .145 Des solutions de rechange à la viande . . . . . .146 L’élevage en question . . . . . . . . . . . . . . . . . .147 Traitement éthique d’une situation . . . . . . . .148 Faits sur l’élevage animal . . . . . . . . . . . . . . .149 Des points de vue sur la viande . . . . . . . . . .150 Des avantages et des inconvénients . . . . . .151 Réflexion éthique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .152 Réponse à la lettre du conseil des élèves . .153 Test bilan du dossier 8 . . . . . . . . . . . . . . . . .155

Le Défi VG Tout le monde parle de la lettre du conseil des élèves que le journal étudiant vient de mettre en ligne. De retour à la maison, vous consultez le site internet de l’école pour prendre connaissance de cette lettre afin de participer au débat qui entoure le Défi VG.

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MESSAGE IMPORTANT DU CONSEIL DES ÉLÈVES À tous les élèves de notre école, Grâce à vous, le projet « École au vert » va de l’avant ! La récente mise en ligne du journal étudiant est un bel exemple de nos efforts pour réduire notre impact environnemental. Mais, si nous voulons assurer un meilleur avenir à notre planète, nous devons faire encore plus. Aujourd’hui, nous attirerons votre attention sur un sujet qui nous touche tous au quotidien : l’alimentation. Certains d’entre vous le savent peut-être : une grande partie de la viande que nous consommons, par exemple, à la cafétéria de l’école, est issue de l’élevage intensif. Nous vous entendons vous exclamer : « Et alors ? Quel est le problème avec l’élevage intensif ? » Voici un rappel de quelques faits. Selon l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), les NordAméricains sont les plus grands consommateurs de viande au monde. Au Québec, comme ailleurs sur la planète, l’élevage intensif est l’une des plus importantes sources d’émission de gaz à effet de serre (GES). Chaque année, dans le monde, on abat plus de 50 milliards d’animaux pour fournir de la viande aux êtres humains. De son côté, la Société canadienne du cancer signale qu’une trop grande consommation de viande rouge, comme du bœuf, pourrait être à l’origine du cancer du côlon, le cancer le plus meurtrier au Canada après le cancer du poumon. De plus en plus d’études scientifiques le prouvent : l’élevage intensif a des répercussions négatives sur la santé humaine, l’environnement et le bien-être des animaux. De plus, l’élevage intensif ne répond pas aux besoins alimentaires de toute l’humanité, mais seulement aux habitants des pays riches. Parce que consommer, c’est voter, nous vous proposons le Défi VG ! Aujourd’hui, nous avons le pouvoir de changer les choses. Il suffit de modifier nos habitudes alimentaires et d’opter pour… un régime végétarien ! Si vous adhérez à notre proposition, le conseil des élèves recommandera à la direction de l’école de modifier le menu de la cafétéria pour ne servir, à l’avenir, que des plats végétariens.

Pour en savoir plus : DéfiVG

Êtes-vous prêts à relever le Défi VG et à changer le contenu de votre assiette ? À faire un geste concret qui, multiplié par des millions de consommateurs, pourrait avoir un effet considérable ? Nous voulons connaître votre opinion et les raisons qui motivent votre soutien ou votre désaccord. Écrivez-nous à notre adresse courriel.

Place Publique

Pour notre avenir et celui de la planète, Le conseil des élèves

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Le journal étudiant Le journal étudiant est une publication destinée aux élèves d’une école. Généralement, les élèves assument eux-mêmes toutes les étapes de sa réalisation (rédaction des articles, illustrations, révision des textes, mise en pages, etc.). Le contenu des articles d’un journal étudiant porte sur des sujets qui intéressent les élèves. On y trouve, entre autres, des reportages sur des activités et des événements propres à l’école, des textes d’opinion, des entrevues, des avis ou des messages importants et, bien sûr, des réponses ou des réactions d’élèves. Pour protéger l’environnement, de nombreux journaux étudiants sont publiés en format électronique dans le site internet des écoles, plutôt qu’en format papier.

ViVRe ensembLe 5

Nom :

Groupe :

Date :

RegaRd suR la situation 1. Selon vous, quelles ressources sont nécessaires à l’élevage des animaux destinés à la consommation humaine ?

2. Selon vous, qu’est-ce que l’élevage intensif ?

3. D’après le conseil des élèves, « l’élevage intensif a des répercussions négatives sur la santé humaine, l’environnement et le bien-être des animaux ». À votre avis, les arguments présentés dans la lettre suffisent-ils à justifier une telle affirmation ? Expliquez votre réponse.

4. Que signifie l’expression Consommer, c’est voter ?

5. À votre avis, un défi tel que le Défi VG aurait-il des chances d’être accepté par les élèves de votre école ? Expliquez votre réponse.

6. À quel type de jugement les affirmations correspondent-elles ? Jugement de prescription. A

Jugement de réalité. B

Jugement de valeur. C

Réagissez en nous écrivant à notre adresse courriel. Les Nord-Américains sont les plus grands consommateurs de viande au monde. Aujourd’hui, nous avons le pouvoir de changer les choses.

7. Formulez une question éthique en lien avec la situation présentée à la page 136.

DossieR 8 Dans votre assiette

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Arrêt sur imAGes

Peut contenir de l’animal D’une culture à l’autre, les animaux destinés à la consommation humaine varient pour toutes sortes de raisons. Des consommateurs sont parfois surpris de retrouver dans des aliments certains sous-produits animaux.

au québec Des entreprises québécoises récupèrent les différents sous-produits animaux et les transforment en divers produits. Par exemple, des os, des sabots, des viscères, des têtes et des cous issus de l’élevage intensif des poules, des porcs et des bovins servent à préparer de la nourriture pour chien, chat ou oiseau. Les carcasses d’animaux, une fois bouillies, peuvent également servir à produire des graisses animales. Ces graisses peuvent être de nouveau utilisées dans l’industrie de l’alimentation humaine, dans la fabrication de divers produits chimiques ou dans la confection de savon.

En 2011, la police thaïlandaise est intervenue afin d’empêcher qu’un millier de chiens soient envoyés à l’abattoir.

ailleurs dans le monde La viande consommée par les humains provient généralement d’animaux d’élevage, comme le poulet, le bœuf ou le porc. Cependant, dans certains pays, la consommation de viande d’animaux domestiques, comme le chien et le chat, est permise et plus ou moins répandue, selon les régions. C’est le cas notamment en Chine, en Corée, au Vietnam et en Suisse. Certaines associations pour la défense des animaux s’élèvent contre cette pratique.

Comment est produite la viande que nous mangeons ? Plusieurs nourritures pour animaux domestiques contiennent des sous-produits animaux.

L’élevage intensif animal peut-il mettre en danger l’avenir de l’humanité ? Quels sont les avantages et les inconvénients de l’élevage animal intensif ? Les êtres humains peuvent-ils se passer de viande ? Quelles sont les conséquences environnementales de l’élevage animal intensif ?

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Petit historique de l’élevage Pendant des dizaines de milliers d’années, les êtres humains ont été des chasseurs et des cueilleurs. Puis, il y a environ 12 000 ans, ils ont commencé à cultiver la terre et à domestiquer certains animaux, comme le bœuf, la chèvre et les volailles.

De l’Antiquité jusqu’au 19e siècle Dès le début de l’Antiquité, l’élevage est bien implanté autour de la Méditerranée, au Moyen-Orient et en Asie. Le bœuf, la volaille, le porc, le mouton et la chèvre sont parfaitement domestiqués. Toutefois, la viande est considérée comme un produit de luxe, car l’élevage des animaux exige beaucoup de temps et d’énergie. De plus, la conservation de la viande, qui est très périssable, s’avère difficile. À cette époque, les populations des villes et des campagnes se nourrissent principalement de céréales, de fruits, de légumes et de riz. Du Moyen Âge jusqu’au début du 19e  siècle, les méthodes d’élevage évoluent assez lentement. On sélectionne et on croise difféDétail d’une fresque du tombeau de Menna (18e dynastie égyptienne). rentes races pour obtenir des animaux plus productifs et plus résistants aux maladies, mais la conservation et le transport de la viande demeurent un problème. De tous les aliments produits par les êtres humains, la viande est l’aliment le plus rare et le plus cher.

Dessin des animaux de la ferme, Lambert, L’illustration. Journal universel, Paris, 1860. DossieR 8 Dans votre assiette

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Les effets de la révolution industrielle du 19e siècle Avec la découverte des énergies fossiles, comme le charbon et le pétrole, l’évolution des moyens de transport, comme le train, et le début de l’industrialisation, de grands élevages d’animaux commencent à se développer un peu partout en Amérique et en Europe. Lorsqu’il n’y a plus assez de plaines naturelles, on défriche les forêts pour faire de la place aux pâturages et au bétail. L’élevage occupe des territoires de plus en plus vastes et les fermes se spécialisent graduellement dans la production d’une seule espèce. Les Nord- Américains deviennent rapidement les plus gros consommateurs de viande au monde.

Les années 1950 et le développement de l’élevage intensif Entre 1850 et 1950, le nombre d’êtres humains sur la Terre a presque doublé, et leurs besoins alimentaires également. Pour répondre à une demande de nourriture croissante, de nouvelles méthodes d’élevage voient le jour. On crée de grands parcs à bestiaux où les bœufs sont nourris de farines, de moulées et de fourrage. Les bassescours deviennent des « usines à poulets » et les poulaillers, des « usines à œufs ». Les porcheries sont transformées en d’immenses bâtiments. On produit de la viande 365 jours par année. Les objectifs de l’élevage intensif sont presque les mêmes que ceux des autres types d’industries : produire le plus possible, le plus vite possible, au plus bas coût possible.

Élevage intensif de porcs. Les porcs ne sortent des porcheries que pour aller à l’abattoir.

les tRucs du métieR Agronome L’agronome est un ou une spécialiste des sciences et des technologies agricoles. Cette profession touche à de nombreux domaines en lien avec l’agriculture et l’élevage, comme la gestion des terres agricoles, le développement des techniques d’élevage et le code déontologique qui régit les pratiques agricoles. Au Québec, le baccalauréat en agronomie est offert à l’Université McGill, à Montréal, et à l’Université Laval, à Québec.

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Élevage de poulets. Les basses-cours deviennent des « usines à poulets ».

Grâce au perfectionnement des moyens de transport et à la réfrigération, les animaux et les produits animaliers peuvent être transportés rapidement partout dans le monde. Les progrès de la science et de la médecine permettent la sélection des espèces et la création de lignées d’animaux de plus en plus productives. Dans certains pays, on utilise également des médicaments, par exemple des hormones de croissance, pour accélérer la production de viande ou de lait. Dans les grands élevages, qui regroupent plusieurs milliers de bêtes, les éleveurs administrent des vaccins et des antibiotiques aux animaux afin d’éviter les maladies ou les épidémies.

Injection d’un vaccin par un vétérinaire. Les animaux doivent être vaccinés pour prévenir les maladies qui pourraient décimer tout un élevage.

Parallèlement, l’agriculture se développe elle aussi de façon intensive. Pour améliorer les rendements des cultures, on utilise des engrais chimiques et des pesticides. À la fin des années 1990, près du tiers (33 %) des terres cultivées mondialement sont réservées à la culture des céréales et au fourrage pour l’élevage. Au début du 21e siècle, l’élevage intensif représente à lui seul plus de 50 % de toute la viande qui est consommée dans le monde.

les années 1980, l’émergence de l’élevage biologique À la fin des années 1970, des éleveurs et une partie de l’opinion publique remettent en question l’élevage intensif. Des éleveurs choisissent d’adopter des méthodes qui privilégient davantage la qualité des produits, le respect de l’environnement et le bien-être des animaux. Ils optent pour des élevages plus petits et rejettent l’utilisation abusive de vaccins, d’antibiotiques et d’hormones de croissance. De nouvelles normes apparaissent pour encadrer ce type de production alimentaire, qu’on appelle agriculture « biologique ».

L’élevage intensif et la croissance démographique On estime que, en 2050, la population mondiale atteindra 10 milliards d’individus. selon l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (la FAO), la production mondiale de viande devra doubler d’ici là, afin de pouvoir suivre la croissance de la population. il faudra alors abattre plus de 100 milliards d’animaux par année pour combler la demande en viande des habitants de la planète.

Dans les pays pauvres, la consommation de viande est d’environ 6 kg par personne, annuellement. Au Canada, la consommation moyenne de viande par personne, par année, est d’environ 80 kg.

DossieR 8 Dans votre assiette

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la santé humaine L’élevage intensif permet de fournir de grandes quantités de protéines, un nutriment essentiel au corps humain. C’est donc une ressource alimentaire importante pour l’humanité. Par contre, plusieurs études montrent que l’élevage intensif peut avoir des conséquences négatives sur la santé humaine.

Qui mange de la viande?

LE POINT DE VUE... de Santé Canada selon santé Canada, la consommation de viande est généralement sans danger, mais il est impor­ tant de consommer plus souvent des substituts de viande, comme des légumineuses ou du tofu, et au moins deux portions de poisson par semaine. de l’OMS

En 2008, 20 % de la population mondiale, principalement Pour l’Organisation mondiale de la santé (Oms), les pays riches, ont consommé près de 50 % de toutes les l’usage des médicaments dans l’élevage intensif viandes produites dans le monde. Au Canada, la consomprésente des dangers potentiels pour la santé mation moyenne de viande par personne est d’environ humaine et pourrait contribuer au développement de bactéries résistantes aux antibiotiques, tant 80 kg par année. Dans les pays émergents fortement peuchez l’animal que chez l’humain. plés, comme la Chine et l’Inde, cette consommation est d’environ 40 kg, mais on estime qu’elle va s’accroître d’environ 10 % par année. Dans les pays pauvres, qui représentent environ 40 % de la population mondiale, la consommation est d’environ 6 kg par personne par année.

Les technologies médicales et l’élevage intensif Dans les élevages intensifs, des antibiotiques et des vaccins sont utilisés pour accélérer la croissance des animaux, augmenter leur productivité et limiter les risques de maladies. Plusieurs études montrent que, lorsqu’on mange de la viande, des œufs ou qu’on boit du lait, on absorbe également des résidus de ces médicaments, ce qui pourrait représenter un danger pour la santé.

La consommation de viande et la santé humaine Le Guide alimentaire canadien recommande l’équivalent de deux à trois portions de viande, ou de substituts de viande comme les légumineuses, le tofu et les noix, par jour (soit l’équivalent de 200 g de viande). Cela correspond à ce que consomment les Canadiens, mais ces derniers remplacent rarement la viande par des substituts de source végétale. Des études récentes montrent qu’une trop grande consommation de viande rouge peut nuire à la santé humaine. Elle serait en partie responsable de maladies cardiovasculaires, du diabète et de certains types de cancer, comme celui du côlon, le plus meurtrier au Canada après le cancer du poumon. 142

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Le Guide alimentaire canadien recommande l’équivalent de deux à trois portions de viande ou de substituts de viande par jour.

l’environnement Comme les autres activités industrielles, l’élevage intensif a des conséquences négatives sur l’environnement. Parmi les plus importantes, on note la contamination de l’eau, des sols et de l’air, la dégradation de la biodiversité des espèces animales et la surexploitation des terres cultivables.

La contamination de l’environnement À lui seul, l’élevage intensif produit plus de gaz à effet de serre (GES) que l’ensemble des moyens de transport de la planète. Près de 20 % de toutes les émissions de GES sont générées par les gaz intestinaux et les rots (qui contiennent du méthane) des ruminants et par la décomposition des fumiers de bovin, des lisiers de porc et des fientes de volaille. Certains scientifiques pensent que près de 80 % du réchauffement climatique pourrait être relié à l’élevage des animaux.

LE POINT DE VUE... du CRDI selon le Centre de recherches pour le développe­ ment international du Canada (CrDi), un changement dans les habitudes alimentaires de la société permettrait d’atténuer les problèmes environne­ mentaux, simplement par la réduction des populations de bétail. de la FAO selon l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (la FAO), sans d’importantes mesures correctives, les consé­ quences de l’élevage intensif sur l’environnement pourraient prendre des proportions catastrophiques. Par exemple, au cours des 15 dernières années, 300 des 6000 espèces d’élevage recensées par la FAO ont déjà disparu et 1300 espèces sont en danger d’extinction.

Les fumiers et les lisiers sont aussi responsables de la contamination des cours d’eau et de la nappe phréatique. L’agriculture intensive, qui fournit les aliments destinés aux animaux d’élevage, accélère la dégradation des sols et contribue à la déforestation.

La biodiversité menacée La sélection des espèces, les techniques de reproduction par insémination artificielle et le clonage nuisent à la biodiversité des animaux d’élevage. De nos jours, seulement 15 espèces constituent près de 90 % des animaux d’élevage dans le monde. Plusieurs espèces qui avaient été domestiquées par les êtres humains sont aujourd’hui menacées d’extinction. Le manque de diversité génétique, le type de nourriture utilisée et la surpopulation des animaux dans les élevages intensifs pourraient être des facteurs importants dans la propagation de certaines maladies telles que la « tremblante du mouton », la « grippe aviaire » et la « maladie de la vache folle ».

Bien qu’il soit encore peu répandu, le clonage pourrait nuire à la diversité des espèces. DossieR 8 Dans votre assiette

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le bien-être animal Depuis les années 1960, plusieurs organismes s’intéressent à la façon dont les animaux d’élevage sont traités. Selon ces groupes, pour assurer le « bien-être animal », il faut respecter les besoins fondamentaux des animaux et les caractéristiques du comportement de leur espèce.

Le bien-être animal préoccupe plusieurs groupes et associations.

Des conséquences sur le comportement animal Dans les élevages intensifs, les besoins fondamentaux des animaux ne sont généralement pas comblés. Par exemple, les poules pondeuses, qui ont l’habitude de se promener dans les basses-cours et d’utiliser des perchoirs dans les poulaillers, sont entassées dans des cages empilées les unes sur les autres. Dans de nombreux élevages intensifs, les animaux sont confinés dans des espaces trop petits. En raison de la tension due au manque d’espace, il arrive que les animaux s’automutilent. La queue des porcs, une partie du bec des poules et les cornes des bovins sont souvent coupées pour éviter que les animaux se blessent. Parfois, on coupe également la queue des vaches pour faciliter la traite et éviter qu’elle soit en contact avec le lait.

Des conséquences sur la santé animale

LE POINT DE VUE… des éleveurs Les éleveurs affirment qu’ils se préoccupent de la santé et du bien­être de leurs bêtes. Au Québec et au Canada, les éleveurs doivent respecter, depuis 2009, les codes de pratiques du Conseil national pour les soins aux animaux d’élevage (CNsAe). Au Québec, les éleveurs ne sont généralement pas responsables de l’abattage des animaux, celui­ci étant confié à des entreprises spécialisées. des défenseurs du bien-être animal il existe deux principales positions à l’égard de l’élevage. Certaines associations exigent de mettre fin à l’exploitation des animaux et sont pour l’abandon total de l’élevage. D’autres font plutôt pression sur les gouvernements et sur les éleveurs pour qu’on élimine l’élevage industriel et qu’on encadre de façon plus rigoureuse le transport et les méthodes d’abattage des animaux afin de limiter leurs souffrances.

Pour éviter les épidémies, des antibiotiques ont longtemps été utilisés à titre préventif, c’est-à-dire avant que les animaux soient malades. Plusieurs scientifiques craignent maintenant l’apparition de nouvelles souches de bactéries, ou de nouvelles maladies, qui pourraient non seulement contaminer des élevages entiers, mais aussi l’être humain. Lorsque des élevages sont infectés, des milliers d’animaux sont détruits.

L’abattage Tous les animaux d’élevage sont destinés à la consommation et doivent donc être abattus. Les conditions d’abattage sont très différentes d’un pays à l’autre. En Amérique du Nord et en Europe, on utilise surtout l’électrocution et l’asphyxie par dioxyde de carbone pour abattre les animaux d’élevage. Pour se rendre à l’abattoir, les animaux sont parfois transportés sur de longues distances, ce qui provoque des stress importants et éventuellement des blessures. Le plus souvent, aucun soin ni aucune nourriture ne sont donnés aux animaux avant l’abattage, même si l’attente dure plusieurs jours. 144

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Abattoir de volailles. Une fois abattus, les animaux sont vidés et nettoyés.

des solutions de rechange à l’élevage intensif Élever les animaux différemment Une des options pour réduire l’élevage intensif animal serait de retourner à un élevage plus traditionnel qui comporte, entre autres, moins d’animaux par ferme. Les méthodes seraient moins stressantes pour les bêtes, car elles profiteraient de l’air extérieur, de plus d’espace, d’une nourriture de qualité, de contacts avec des animaux de même espèce, etc.

LE POINT DE VUE…

Nourrir la planète selon plusieurs études scientifiques, si l’ensemble de la population mondiale adoptait un régime alimentaire riche en viande, comme celui des pays industrialisés, seulement 2,5 milliards de personnes pourraient être nourries. Par contre, si toutes les terres cultivées servaient uniquement à l’alimentation humaine, on pourrait nourrir tous les habitants de la planète et subvenir aux besoins futurs de la population mondiale. Dans le monde, près de 84 millions de personnes ne mangent pas à leur faim. Les continents les plus touchés par les problèmes alimentaires sont l’Asie et l’Afrique.

d’un chercheur selon Jean­Pierre Vaillancourt, professeur et chercheur à la Faculté de médecine vétérinaire de l’université de montréal, l’élevage intensif est nécessaire à cause de son efficacité. sans lui, il serait impossible de satisfaire à la demande présente et future de la population en protéines. De plus, selon ce chercheur, l’élevage traditionnel coûterait plus cher, car il nécessiterait plus d’espace dans les fermes, plus de temps de production et plus de nourriture à acheter. d’un laboratoire londonien en 2013, à Londres, en Grande­Bretagne, des chercheurs ont créé le premier burger en laboratoire à partir de cellules musculaires de vache. Certains voient la production de ce type de viande comme une solution aux pénuries alimentaires mondiales et à la production animale intensive. elle utiliserait moins d’énergie, dégagerait moins de gaz à effet de serre et prendrait moins d’espace que la production traditionnelle de viande.

Environ 60 % de la consommation mondiale de maïs, de sorgho, d’orge, de seigle et d’avoine est destinée à la consommation animale.

les tRucs du métieR Diététiste Un ou une diététiste est une personne spécialisée dans les sciences de l’alimentation et de la nutrition. Son rôle est de conseiller les personnes, les entreprises et les gouvernements pour les aider à faire des choix alimentaires éclairés. Cette profession touche à de nombreux domaines, par exemple la chimie, la biologie humaine, la microbiologie, les statistiques, les communications et la gestion. Au Québec, le baccalauréat en nutrition est offert à l’Université McGill et à l’Université de Montréal, ainsi qu’à l’Université Laval, à Québec.

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des solutions de rechange à la viande manger des protéines végétales Plusieurs personnes font maintenant le choix de cesser totalement ou partiellement de consommer de la viande pour des raisons de santé, par respect de l’environnement ou au nom du bien-être animal. Elles sont végétariennes, végétaliennes ou flexitariennes. Les végétariens ne mangent jamais de viande. Les végétaliens ne consomment ni viande ni autre produit d’origine animale, comme le lait, le beurre, le poisson et les œufs. Ils consomment exclusivement des végétaux. Les flexitariens sont des végétariens « flexibles ». Ils peuvent parfois manger de la viande ou du poisson. La protéine animale possède certains avantages nutritionnels par rapport à la protéine végétale. Cependant, un régime végétarien équilibré comble les besoins quotidiens en protéines et autres nutriments grâce aux substituts de la viande, comme les légumineuses, les noix et le tofu.

Le végétarisme strict n’est pas la seule forme de végétarisme. Les pescovégétariens mangent du poisson. Les ovo-lacto-végétariens ne mangent pas de poisson, mais ils consomment des œufs et du lait.

manger des insectes Selon l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (la FAO), il faudrait commencer à élever massivement des insectes comme solution de rechange à la production animale pour nourrir les populations humaines. Déjà consommés par deux milliards de personnes, les insectes sont une source importante de protéines, de minéraux et de matière grasse. Leur élevage est facile, peu coûteux et écologique. Il nécessite moins d’eau et moins d’espace, et génère moins de gaz à effet de serre que l’élevage animal. En décembre 2013, la Belgique a autorisé la mise en marché de 10 insectes, une première dans l’Union européenne. La consommation d’insectes est répandue dans plusieurs pays d’Asie.

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Nom :

Groupe :

Date :

l’élevage en question 1. Complétez le schéma suivant. Pendant des dizaines de milliers d’années, les êtres humains ont été des

Dans l’

, la viande

est considérée comme un produit et

, car l’élevage des animaux

de .

des

et

exige du .

de l’ Petit historique de l’élevage Du 19e siècle à aujourd’hui, les éleveurs

À la fin des années 1970, des éleveurs

qui font de l’élevage intensif produisent

adoptent des méthodes qui privilégient

jours par année.

de la viande Ils veulent produire le

possible, possible, au plus bas

le plus

davantage la des produits, le respect de et le

l’ bien-être des

possible.

.

2. Complétez les définitions suivantes, puis indiquez de quoi il s’agit. Déjà consommés par

milliards de personnes,

ils sont une source importante de

,

de minéraux et de matière grasse.

Les

Cellules musculaires.

, les noix et le

peuvent

la remplacer et combler les besoins quotidiens de l’humain en et autres nutriments.

Insectes. Canada.

Ce type d’élevage privilégie la des produits, le respect de l’

Animaux.

et

Viande.

le bien-être des animaux. Biologique. La FAO estime que, en 2050, il faudra alors en abattre plus de milliards par année pour combler la demande en de la planète.

DossieR 8 Dans votre assiette

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Nom :

Groupe :

Date :

tRaitement éthique d’une situation 1. Remplissez le tableau qui suit. Formulez deux questions éthiques, dont vous ne connaissez pas la réponse, à propos de la consommation de la viande.

Nommez deux enjeux éthiques soulevés par vos questions éthiques (une norme et une valeur). Valeur :

Norme :

Nommez deux repères d’ordre scientifique qui pourraient servir à une réflexion éthique fondée sur vos questions éthiques précédentes.

Expliquez en quoi chacun de vos repères pourrait soutenir un point de vue dans une réflexion éthique sur la consommation de viande.

2. a) Expliquez comment la pensée du philosophe John Stuart Mill, présentée à la page B17 de la Boîte à outils, peut être un repère au sujet du traitement des animaux dans l’élevage intensif.

b) Quel principe moral ce philosophe utilise-t-il lui-même comme repère pour fonder son point de vue utilitariste ?

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Nom :

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Date :

Faits suR l’élevage animal 1. Complétez les tableaux. a) Il y a moins d’

Les caractéristiques de l’élevage traditionnel

Les animaux ont plus d’

par ferme.

.

Les animaux profitent de l’

extérieur.

Les méthodes seraient moins

.

b) Création de

Les caractéristiques de l’élevage intensif

parcs à bestiaux.

Les animaux n’ont pas beaucoup d’

Les animaux vont peu à l’

Le manque d’espace crée du

.

.

chez les animaux.

2. Associez les innovations technologiques à leurs effets respectifs.

Perfectionnement des moyens de transport.

Perfectionnement de la réfrigération.

Progrès de la science et de la médecine.

Les animaux et les produits animaliers peuvent être transportés partout dans le monde. Les animaux et les produits animaliers peuvent être transportés sur de longues distances sans danger.

Création de vaccins et d’antibiotiques.

Permet la sélection des espèces et la création de lignées d’animaux de plus en plus productives.

Développement des hormones de croissance.

Accélère la production de viande ou de lait. Permet d’éviter les maladies ou les épidémies. DossieR 8 Dans votre assiette

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Nom :

Groupe :

Date :

des Points de vue suR la viande 1. Complétez les schémas. Pour chaque valeur, complétez l’information donnée par les repères mentionnés. Selon Santé Canada, La santé

Les éleveurs se préoccupent du bien-être de Pour la consommation de viande

leurs bêtes et ils doivent respecter Le bien-être animal

Selon le CRDI, L’environnement

Selon l’OMS, La santé

Selon des défenseurs du bien-être animal, Contre la consommation de viande

Le bien-être animal

Selon la FAO, L’environnement

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Nom :

Groupe :

Date :

des avantages et des inconvénients 1. Le tableau qui suit présente les avantages et les inconvénients des options à l’élevage intensif. Complétez-le. Options

Avantages

Manger des insectes.

Inconvénients Des milliards de personnes ne considèrent pas les insectes comme de la nourriture.

Devenir végétarien.

Selon Jean-Pierre Vaillancourt, ce type d’élevage ne peut pas suffire à la demande.

Ce n’est pas pour tout de suite.

Place Publique

BAO, p. B86

1 Lisez les affirmations, puis répondez aux questions. A. Des médecins pensent qu’une trop grande consommation de viande rouge augmente le risque de cancer du côlon. Les végétariens ne mangent pas de viande rouge. Donc, les végétariens ne peuvent pas avoir le cancer du côlon. a) Quel type de raisonnement est employé dans cette affirmation ? b) Ce raisonnement est-il acceptable ? Expliquez votre réponse.

B. Pour vendre leurs produits, des groupes d’éleveurs ont recours à des messages publicitaires télévisés. Les annonces publicitaires coûtent cher, surtout à la télévision. Les éleveurs sont probablement très riches pour se permettre d’acheter de la publicité à la télévision. a) Quel type de raisonnement est employé dans cette affirmation ?

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Nom :

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Date :

RéFlexion éthique 1. Selon le philosophe australien Peter Singer, les êtres humains se doivent d’accorder autant d’importance à la souffrance animale qu’à la souffrance humaine. C’est ce qu’il qualifie de « principe d’égale considération des intérêts ». a) Formulez une règle qui pourrait découler du principe moral de Peter Singer.

b) Selon vous, quelle option proposée dans le dossier correspond le plus à la vision de Peter Singer ? Expliquez votre réponse.

Place Publique

BAO, p. B86

1 Lisez les affirmations A et B. Pour chacune, répondez aux questions qui leur font suite. A. Le conseil des élèves souhaite que le menu de la cafétéria de l’école soit végétarien. Les parents de plusieurs élèves qui siègent au conseil travaillent pour des entreprises de fruits et légumes qui fournissent les cafétérias d’écoles. C’est sûrement pour cela que le conseil des élèves veut nous imposer un menu végétarien. a) Quel procédé susceptible d’entraver le dialogue est utilisé dans cette affirmation ?

b) Pourquoi ce procédé fait-il obstacle à la formulation d’un point de vue rigoureux ?

B. Les élèves de l’école n’ont pas le choix : soit ils consomment de la viande, et ils tomberont forcément malades, soit ils arrêtent de manger de la viande, et ils resteront en bonne santé. a) Quel procédé susceptible d’entraver le dialogue est utilisé dans cette affirmation ?

b) Selon vous, serait-il pertinent qu’un communiqué utilise ce type de jugement ? Expliquez votre réponse.

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Groupe :

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RéPonse à la lettRe du conseil des élèves Tout au long de ce dossier, vous avez lu différents textes, vous avez examiné certains enjeux éthiques, des faits et plusieurs points de vue qui vous ont permis d’approfondir votre réflexion sur la consommation de viande. Vous êtes maintenant en mesure de formuler votre réponse à la lettre du conseil des élèves. Au besoin, relisez la lettre à la page 136. Afin de préparer votre réponse, lisez attentivement les consignes ci-dessous, puis répondez au conseil des élèves à la page suivante.

introduction – deux paragraphes 1. Formulez une question éthique qui permettrait d’améliorer la compréhension d’un aspect de la problématique présenté dans la mise en situation du Défi VG.

2. Formulez une question éthique qui permettrait de mieux comprendre un point de vue au sujet du végétarisme.

3. Formulez une question éthique qui permettrait d’évaluer les options possibles face au Défi VG.

4. Nommez trois enjeux éthiques soulevés par cette question.

développement – trois paragraphes 5. Résumez deux arguments différents utilisés par le conseil des élèves pour justifier le Défi VG.

6. a) Nommez un organisme qui pourrait servir de repère pour soutenir un point de vue en faveur du Défi VG. Expliquez votre réponse. b) Nommez un organisme qui pourrait servir de repère pour soutenir un point de vue opposé au Défi VG. Expliquez votre réponse.

conclusion – un paragraphe 7. Selon vous, le Défi VG proposé par le conseil des élèves est-il souhaitable ? Justifiez votre réponse à l’aide de deux arguments qui favorisent le vivre-ensemble.

8. Quel compromis serait-il possible d’avoir entre une personne en faveur et une personne opposée au Défi VG ?

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___________________________________________ Lieu et date Au conseil des élèves, Votre lettre publiée dans la dernière édition du journal étudiant m’a beaucoup fait réfléchir. 1. Question éthique : 2. Question éthique : 3. Question éthique : 4. Trois enjeux éthiques : 5. Premier argument : Deuxième argument : 6. a) Organisme repère en faveur du Défi VG :

b) Organisme repère opposé au Défi VG :

7. Premier argument :

Deuxième argument :

8. Un compromis :

___________________________________________ Signature

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test bilan du dossieR 8

total /25

1. Associez les éléments de la colonne de gauche aux éléments de la colonne de droite.

Ne mangent pas de poisson, mais des œufs et du lait.

Ne mangent jamais de viande.

Les flexitariens. Les ovo-lacto-végétariens.

Consomment exclusivement des végétaux.

Les pesco-végétariens. Les végétariens.

Mangent parfois de la viande et du poisson.

Les végétaliens.

Mangent du poisson.

/10

2. a) Dans ce dossier, vous avez eu l’occasion de découvrir trois grands enjeux éthiques concernant l’élevage intensif. Nommez-les. Les maladies.

Le bien-être animal.

L’environnement.

La pollution.

La santé humaine.

La surpopulation.

b) Parmi ces trois enjeux éthiques, lequel vous semble le plus important pour l’avenir de l’humanité ? Expliquez votre réponse.

/5

3. Que répondriez-vous à une personne qui vous dirait que l’élevage intensif est essentiel pour nourrir l’ensemble de l’humanité ?

/2 DossieR 8 Dans votre assiette

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Nom :

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4. a) Quel type de jugement le physicien allemand Albert Einstein formule-t-il ici ? Rien ne sera plus bénéfique à la santé humaine et à l’augmentation des chances de préserver la vie sur Terre que l’évolution vers un régime végétarien. Jugement de réalité.

Jugement de valeur.

Jugement de prescription.

Jugement de préférence.

b) Formulez une question pour questionner ce jugement.

/2

5. Vrai ou faux ? Si l’énoncé est faux, rayez la partie erronée et corrigez-la. a) Selon plusieurs études scientifiques, si l’ensemble de la population mondiale adoptait un régime alimentaire riche en viande, comme celui des pays industrialisés, seulement 2,5 milliards de personnes pourraient être nourries. Correction : b) Si toutes les terres cultivées servaient uniquement à l’alimentation humaine, on pourrait nourrir tous les habitants de la planète et subvenir aux besoins futurs de la population mondiale. Correction : c) En Amérique du Nord et en Europe, on utilise surtout le couteau pour abattre les animaux d’élevage. Correction : d) Même s’il est équilibré, le régime végétarien ne peut pas combler les besoins quotidiens de l’humain en protéines et en autres nutriments. Correction : e) Certains scientifiques pensent que près de 10 % du réchauffement climatique pourrait être relié à l’élevage des animaux. Correction : f) En 2008, 20 % de la population mondiale, principalement dans les pays riches, ont consommé près de 50 % de toutes les vaches produites dans le monde. Correction :

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dossier 9

L’art sacré Le Mois de la culture à l’école . . . . . . . . . . . . .158 Regard sur la situation . . . . . . . . . . . . . . . . .159 Arrêt sur images . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .160 L’art et la religion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .161 Le vitrail dans le catholicisme . . . . . . . . . . . . . .162 L’icône dans le christianisme orthodoxe . . . . .164 Le masque sacré dans la spiritualité iroquoise . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .165 La calligraphie dans l’islam . . . . . . . . . . . . . . . .166 Le mandala dans le bouddhisme tibétain . . . .167 La représentation des divinités dans l’hindouisme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .168 L’art et le sacré . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .169 Sacré ou profane ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .170 Des œuvres et des rites . . . . . . . . . . . . . . . .171 Exprimer le divin . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .172 Mon œuvre d’art . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .173 Test bilan du dossier 9 . . . . . . . . . . . . . . . . .175

Le Mois de la culture à l’école Tous les ans, le ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport invite les élèves du Québec à participer au « Mois de la culture à l’école ». À cette occasion, le personnel enseignant et les élèves du primaire et du secondaire organisent plusieurs activités culturelles sur un thème choisi. Cette année, le Mois de la culture a pour thème « L’art, du visible à l’invisible ». Séduits par ce thème qui permet de se documenter sur l’art à caractère religieux, les enseignants d’arts plastiques et ceux d’éthique et culture religieuse de votre école décident d’aménager une salle d’exposition pour présenter des reproductions d’œuvres issues de différentes traditions religieuses.

Mandala tibétain.

Icône grecque antique.

Statue de la divinité Vishnou.

Masque faux-visage iroquois.

Vitrail de Guido Nincheri, église Saint-Clément, à Montréal.

Place Publique

Calligraphie du Coran.

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L’exposition Une exposition artistique présente au public plusieurs œuvres ou objets d’art dans un lieu donné. Il existe, par exemple, des expositions de peintures, de sculptures, de dessins, de photographies ou d’installations multimédias. Une exposition peut avoir lieu dans un endroit prévu à cette fin, comme un musée ou une galerie d’art, mais aussi dans un restaurant, un édifice public ou une école. Dans une exposition, les œuvres sont souvent accompagnées d’une fiche qui en indique le titre, l’année de création, le nom de l’artiste et la technique utilisée. Cette fiche décrit parfois la démarche de l’artiste ou des éléments symboliques présents dans l’œuvre.

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Nom :

Groupe :

Date :

RegaRd suR la situation 1. Selon vous, quelle fonction pourrait avoir la peinture de la page 157 dans la vie d’un croyant ?

2. Selon vous, pourquoi certaines œuvres d’art sont-elles qualifiées d’« art sacré » ?

3. Quelle est la tradition religieuse qui correspond à chacune des œuvres de la page précédente ? a) Le mandala tibétain : b) Le vitrail : c) L’icône : d) La représentation de Vishnou : e) Le masque : f) La calligraphie :

4. a) Décrivez une autre œuvre d’art (tableau, sculpture, peinture ou élément architectural) à caractère religieux que vous connaissez. Au besoin, consultez la Boîte à outils, aux pages B23 à B72.

b) À quelle tradition religieuse cette œuvre appartient-elle ?

5. Selon vous, quel est le rôle des œuvres d’art dans une tradition religieuse ?

6. Nommez un film, une chanson, une publicité, une émission de télévision ou un livre qui fait référence à un symbole, à un récit ou à un personnage religieux. Décrivez brièvement la référence religieuse en lien avec cette œuvre.

7. Notez une question que soulève chez vous la lecture de la page 158.

DoSSiER 9 L’art sacré

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Arrêt sur iMAges

Marqué par la religion En plus d’avoir comme rôle de renforcer la foi des croyants, l’art religieux et ses symboles nourrissent l’imaginaire d’artistes dans toutes sortes de domaines.

au québec Plusieurs artistes de la scène musicale ont recours à des expressions du religieux, tant dans la mise en scène de leurs spectacles que dans les sujets de leurs chansons, le nom de leur groupe ou la pochette d’un album. C’est le cas dans la musique traditionnelle québécoise où les références à un passé fortement marqué par la religion sont nombreuses. Des groupes tels Le rêve du diable, Les Charbonniers de l’enfer et Belzébuth en sont des exemples. Les représentations du diable sont aussi très présentes dans le milieu du rock métal. Le black métal, un sous-genre de heavy métal, est d’ailleurs aussi qualifié de « musique de Satan » par certains de ses adeptes, notamment pour ses propos antichrétiens.

Les Maoris croient que le mana, la force spirituelle d’une personne, est présente dans leurs tatouages, appelés mokos.

ailleurs dans le monde Plusieurs personnes se font tatouer des motifs inspirés des tatouages maoris de Nouvelle-Zélande. Chez les Maoris, les mokos peuvent indiquer le statut social ou l’appartenance à une tribu, ou rappeler certains exploits passés. Au 19e siècle, les missionnaires européens qualifiaient ces tatouages d’« art du diable ».

Les références au diable sont très présentes dans les concerts de rock métal. La plus courante est la tête cornue, représentée ici par les deux mains levées.

Quel est le rôle des œuvres d’art à caractère religieux dans la vie des croyants ? Quelle est l’influence des traditions religieuses dans l’histoire de l’art ? Comment l’art profane s’inspire-t-il de l’art religieux ? L’art peut-il mener à une expérience religieuse ? L’art sacré existe-t-il dans toutes les traditions religieuses ?

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l’art et la religion Dans plusieurs régions du monde et au cours des siècles, l’art et la religion ont été étroitement liés. En Europe, par exemple, la religion était l’une des principales sources d’inspiration des artistes jusqu’à la fin du Moyen Âge. À cette époque, la plupart des peintres, des architectes, des musiciens et des sculpteurs étaient employés par des organisations religieuses. Les œuvres issues des traditions religieuses occupent une place déterminante dans l’histoire de l’art de nombreux pays. Elles représentent une part importante du patrimoine culturel de l’humanité. L’art à caractère religieux désigne l’ensemble des œuvres d’art qui appartiennent à une tradition religieuse. Lorsque ces œuvres jouent un rôle essentiel dans le culte ou dans les célébrations religieuses, on parle alors d’art sacré.

Étude pour La Sainte Famille, vers 1942, Ozias Leduc (1864-1955).

L’art et l’expérience religieuse Tout comme les mythes, les récits et les symboles, l’art est une forme d’expression qui permet aux traditions religieuses de « montrer » ou de laisser entrevoir aux croyants des représentations du divin. L’art permet de rendre visible une « réalité divine » ou un « absolu » qu’il est souvent difficile de décrire avec des mots. L’art à caractère religieux joue un rôle important dans l’expérience religieuse des croyants. La grande qualité des œuvres et leur pouvoir de suggestion dégagent souvent une impression de grandeur, de beauté et de puissance. Dans les lieux de culte, l’art religieux crée une ambiance propice au recueillement, à la prière, à la méditation et à l’émerveillement. En tentant d’illustrer l’invisible, les œuvres d’art offrent aux croyants la possibilité d’entrer en contact avec le mystère du divin.

«

»

L’art, quand il est authentique, a une profonde affinité avec le monde de la foi, à tel point que, même lorsque la culture s’éloigne de l’Église, il continue à constituer une sorte de pont jeté vers l’expérience religieuse. Parce qu’il est recherche de la beauté, fruit d’une imagination qui va au-delà du quotidien, l’art est, par nature, une sorte d’appel au Mystère. Lettre du pape Jean-Paul II aux artistes, 1999.

L’art profane L’art profane, du latin profanus, qui signifie « hors du temple », désigne toutes les œuvres qui ne sont pas des œuvres sacrées ou religieuses. Certaines vont toutefois parfois s’en inspirer. En Europe, aux 15e et 16e siècles, pendant la Renaissance, l’art échappe de plus en plus au contexte religieux. Des œuvres d’art profane décorent désormais les demeures royales et les édifices publics, mais aussi les maisons des notables. À la fin du 18e siècle, l’art profane n’est plus seulement réservé à l’élite, notamment grâce à la création des premiers musées, puis à la multiplication des salles de concert et des théâtres. Au Québec et au Canada, les galeries d’art font leur apparition dans la première moitié du 19e siècle. De nos jours, l’art profane fait partie intégrante de la culture populaire de la plupart des sociétés.

Portrait de Mme Ethel Loretta Leveque, 1938-1939, Ozias Leduc (1864-1955). DoSSiER 9 L’art sacré

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le vitrail dans le catholicisme Le mot vitrail désigne à la fois la technique de fabrication des vitraux et l’objet lui-même, c’est-à-dire l’œuvre qui résulte de cette technique. Un vitrail est composé de morceaux de verre le plus souvent teintés ou peints. Dans la tradition catholique, le vitrail figure parmi les éléments décoratifs de nombreuses églises. Ses deux principales fonctions sont d’illustrer diverses scènes de l’Ancien Testament, des Évangiles et de l’histoire sainte, et de faire « ressentir » la présence du divin aux croyants. Pour les chrétiens, la lumière est l’un des attributs du divin. Le vitrail permet de symboliser cette lumière. À l’intérieur d’une église, lorsque la lumière du jour traverse le vitrail, celui-ci prend sa pleine dimension en s’illuminant. Il se révèle alors aux croyants comme s’il était traversé par la lumière divine. Il est intéressant de noter que les scènes de l’Ancien Testament sont placées au nord-est (Orient), tandis que celles du Nouveau Testament sont illuminées par le soleil couchant (Occident).

Vitrail représentant le Christ et ses disciples, vers 1899. À une époque où la population était illettrée, le vitrail permettait de raconter l’histoire sainte en images, comme pourrait le faire aujourd’hui une bande dessinée.

BAO Le catholicisme, p. B23

Le vitrail dans d’autres traditions religieuses Le vitrail est présent dans de nombreux lieux de culte chrétiens, qu’ils soient anglicans, protestants ou orthodoxes. il est également utilisé dans certaines synagogues et dans plusieurs mosquées. Dans ces dernières, le vitrail n’illustre ni person­ nages ni images du divin, car l’islam interdit leur représentation. Ce sont plutôt des formes, des symboles ou des compositions géométriques multicolores d’une grande beauté qui rappellent l’existence de la divinité.

Vitrail représentant l’étoile de David, dans la tradition juive.

les tRucs du MétieR Vitrailliste On appelle « vitrailliste » une personne spécialisée dans l’art du vitrail. Le ou la vitrailliste conçoit, fabrique et restaure des vitraux destinés non seulement aux lieux de culte, mais aussi aux fenêtres et aux portes des résidences et des commerces. Le ou la vitrailliste dessine les modèles de vitraux, taille les feuilles de verre, les peint et s’occupe de la cuisson et de l’assemblage des différentes pièces qui constituent le vitrail. Le ou la vitrailliste peut également restaurer d’anciens vitraux abîmés. Au Québec, le cégep du Vieux-Montréal offre un programme d’études de trois ans en techniques des métiers d’art, option verre, pour former de futurs vitraillistes. 162

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Le vitrail et l’expérience religieuse Au 12e siècle, en Europe, de nouvelles techniques architecturales, les voûtes d’ogive, permettent la construction de grandes et larges fenêtres qui laissent entrer la lumière comme jamais auparavant. C’est à cette époque que l’abbé Suger (v. 1081-1151) entreprend, à Saint- Denis, à la périphérie de Paris, l’agrandissement de l’église où sont traditionnellement enterrés les rois de France : la basilique Saint-Denis (aujourd’hui classée monument historique). Pour la première fois dans une église, une grande place est donnée aux vitraux et à la lumière. L’illumination des immenses vitraux, mais aussi le feu des cierges et les parfums d’encens qui flottent dans la basilique sont des éléments qui participent à la création d’une ambiance et d’un état d’esprit qui permettent aux croyants de se rapprocher de Dieu.

Une vue des vitraux de la basilique Saint-Denis, en France.

Le vitrail dans l’art profane La technique du verre coloré remonte à des époques très anciennes. Les Égyptiens et les Romains excellaient déjà dans la fabrication d’une grande variété d’objets en verre coloré. En Occident, l’art du vitrail se développe de façon importante au Moyen Âge, mais, jusqu’au 16e siècle, on ne trouve de vitraux que dans des édifices religieux. Au 17e siècle, le vitrail fait son entrée dans les résidences privées et les édifices publics. Au Québec, le vitrail, qui représente des scènes à personnages tirées de l’Écriture sainte, orne les églises dans les années 1850. L’art profane s’en emparera au tournant du siècle, en 1900. On trouve encore aujourd’hui, dans les maisons construites vers les années 1910 à 1940, des fenêtres ou des portes ornées de vitraux. À Montréal, plusieurs stations de métro présentent de magnifiques vitraux issus de l’art profane, en particulier la station Champ-de-Mars qui met en valeur l’œuvre de l’artiste verrière Marcelle Ferron.

PoRtRait

Vitrail [détail] (1966), de Marcelle Ferron (1924-2001), station de métro Champ-de-Mars, Montréal.

Guido Nincheri En 1914, l’artiste d’origine italienne Guido Nincheri s’installe au Québec où il réalisera, dans son atelier montréalais, plus de 2000 vitraux à caractère religieux. Deux événements marquent la carrière de Guido Nincheri. Tout d’abord, son travail de vitrailliste lui vaut, en 1933, la reconnaissance du pape Pie XI qui le désigne comme l’un des plus grands artistes de l’Église catholique. Puis, en 1940, il est emprisonné durant une courte période parce qu’une représentation de Benito Mussolini, dictateur italien, figure dans une fresque qu’on lui avait commandée pour orner le plafond de l’église Notre-Dame-de-la-Défense, à Montréal. Guido Nincheri est aujourd’hui considéré comme l’un des maîtres verriers canadiens les plus importants.

Guido Nincheri (1885-1973). DoSSiER 9 L’art sacré

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l’icône dans le christianisme orthodoxe Icône est un mot d’origine grecque qui signifie « image ». Pour les chrétiens orthodoxes, une icône est un objet de prière ou de dévotion, le plus souvent une peinture sur un panneau de bois, qui représente un personnage sacré, comme Jésus-Christ ou la Vierge Marie, des personnages saints ou des scènes bibliques. Dans la tradition chrétienne orthodoxe, l’icône n’est pas seulement une œuvre à caractère religieux, c’est avant tout un objet sacré, dédié à la gloire de Dieu.

L’icône et l’expérience religieuse Pour être considérée comme sacrée, une icône doit être bénie par un prêtre ou un évêque de l’Église orthodoxe. Les icônes sont vues comme des images saintes. Objets de vénération, elles permettent aux croyants d’entrer en contact « direct » avec Dieu par la prière et la contemplation des personnages saints. L’icône fait partie de l’expérience religieuse des croyants orthodoxes qui la prient et la vénèrent tous les jours. Ils attribuent aux icônes certains pouvoirs, dont celui de la bénédiction, c’est-à-dire le fait de recevoir la bienveillance du divin, d’être béni par Dieu.

«

Icône antique peinte en Grèce. Les peintres d’icônes respectent des règles traditionnelles très strictes sur les plans technique et artistique, ainsi que dans la façon de représenter les personnages. Les deux principales caractéristiques de l’icône orthodoxe sont l’utilisation des couleurs ocre et dorée, qui représentent la lumière divine et l’au-delà, et la présence d’une auréole entourant la tête des personnages saints, comme dans l’art médiéval en général.

»

Et, à l’instant où j’embrassais sa sainte icône, je sentis dans ma poitrine une chaleur, telle une flamme qui venait de l’icône et qui ne me brûlait pas, mais me couvrait comme de rosée, me comblait de douceur et mettait dans mon âme une immense tendresse. Citation de Maxime le Capsocalyvite, moine orthodoxe du mont Athos, 14e siècle.

L’icône et l’art profane L’icône orthodoxe étant une œuvre sacrée, il n’existe pas à proprement parler d’icône profane. Cependant, certaines caractéristiques des icônes, comme la position des personnages ou le choix des couleurs, ont très certainement influencé l’art du portrait de la peinture profane. Des historiens de l’art pensent notamment que Andy Warhol, le célèbre artiste américain du pop art, s’est inspiré, sur le plan artistique, de l’art religieux des petites églises orthodoxes qu’il fréquentait pour réaliser ses portraits de personnalités célèbres. À la manière des icônes orthodoxes, la plupart de ses portraits sont présentés sur un fond monochrome, sans aucune mise en scène. 164

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Gold Marylin Monroe, Andy Warhol (1928-1987). Ce portrait de l’actrice américaine Marylin Monroe rappelle les icônes orthodoxes.

BAO L’orthodoxie, p. B37

le masque sacré dans la spiritualité iroquoise Dans la plupart des villages iroquois, il existait une confrérie de guérisseurs appelée « Société des faux-visages », ou « Société des masques », qui était chargée de guérir et de protéger les membres de la communauté. Personne ne connaissait l’identité des guérisseurs, sauf une ou deux femmes âgées du village qui avaient la garde des masques sacrés. Le port du masque, pour les membres de cette société secrète, ne servait pas seulement à dissimuler le visage, il s’inscrivait dans un important rituel de transformation physique, une métamorphose de l’être humain en un être surnaturel, doté d’immenses pouvoirs.

Les masques et l’expérience religieuse Pour les Iroquois, le masque provoque un changement de l’état physique et mental qui transforme la personne qui le porte en un puissant sorcier (chaman). Le masque agit comme un révélateur. Le plus souvent, cet objet sacré a la bouche tordue et le nez cassé. Il permet d’accéder aux pouvoirs surnaturels du monde invisible et à l’univers des esprits. Le masque lui-même doit être considéré comme un « esprit » et son propriétaire doit le traiter avec respect, sinon l’esprit du masque pourrait se retourner contre lui et lui transmettre toutes les maladies qu’il était censé guérir.

Masque en bois de la Société des faux-visages, réserve des Six-Nations (Ontario), milieu du 19e siècle. Les faux-visages sont sculptés à même un arbre vivant. Pendant la fabrication du masque, qui peut durer plusieurs années, le sculpteur adresse à l’arbre des prières et des offrandes. Lorsqu’il est presque terminé, le masque est détaché de l’arbre, ses yeux sont décorés, son visage est peint et on lui ajoute des cheveux faits de crins de cheval.

Les faux­visages et l’art profane Aujourd’hui encore, des masques traditionnels sont sculptés, mais, dans bien des cas, c’est dans un but commercial. Il existe d’ailleurs une certaine controverse concernant la vente, l’exposition ou la reproduction des faux-visages. Pour le Grand Conseil des Six-Nations iroquoises, les faux-visages ne doivent être ni exposés, ni photographiés, ni vendus, et aucune information les concernant ne doit être transmise à un public profane, afin de préserver leur caractère sacré. D’autres spécialistes des rituels iroquois, comme le chef Jacob E. Thomas, font la distinction entre les masques « vivants » ou sacrés et de simples reproductions qui n’ont, elles, aucun caractère religieux. À leur avis, les musées ne devraient pas exposer de masques « vivants », mais seulement des répliques ou des photographies de ces objets sacrés.

PoRtRait

BAO Les spiritualités des peuples autochtones, p. B47

Jacob E. Thomas (1922-1998)

Jacob E. Thomas, aussi appelé Hadajigrenta, qui signifie « il fait descendre les nuages », était le chef de la nation cayuga de la réserve des Six-Nations iroquoises, en Ontario. Professeur d’université, il a consacré sa vie à faire connaître et à préserver la tradition et les langues iroquoises. Membre d’une famille de sculpteurs de faux-visages, il considérait que la reproduction ou les copies de masques qui n’avaient pas été consacrés par les rites traditionnels constituaient une façon honnête de gagner sa vie, en plus de perpétuer les techniques ancestrales associées à cette tradition. DoSSiER 9 L’art sacré

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la calligraphie dans l’islam L’islam interdit toute représentation imagée du divin, des prophètes, ou de tout autre élément religieux. Il n’existe donc pas d’iconographie musulmane. Pour illustrer les textes sacrés et représenter le divin, les musulmans ont recours à une autre forme d’art religieux, l’art décoratif, et plus particulièrement la calligraphie. Le mot calligraphie vient du grec kallos, qui signifie « beauté », et de graphein, qui signifie « écrire ». Dans la tradition musulmane, la calligraphie est considérée comme un art admirable, car elle permet de rendre « visible » la parole de Dieu.

BAO L’islam, p. B53

La calligraphie et l’expérience religieuse Le Coran est le livre sacré des musulmans. Il renferme la parole d’Allah, qui a été révélée au prophète Muhammad. En ce sens, chaque mot du Coran est considéré comme une manifestation du divin. L’art calligraphique qui orne le Coran participe de façon importante à l’expérience religieuse musulmane. Cet art permet d’exprimer, au-delà de l’interprétation du sens des mots, l’infinie beauté, l’harmonie, la grandeur ou encore la jusPremières pages du Coran. L’art calligraphique qui orne le Coran fait de ce livre tesse contenues dans la parole divine. En sacré musulman une véritable œuvre d’art. rendant visible la parole sacrée, la calligraphie permet non seulement aux croyants de connaître les enseignements d’Allah, mais aussi de se rapprocher de son « essence » divine. Pour les musulmans, la calligraphie est l’un des principaux moyens de transmettre le message religieux.

La calligraphie dans l’art profane Dans le monde arabe, l’écriture calligraphique est à la fois utilitaire, religieuse et ornementale. On la retrouve sur les monuments, les mosquées, les vêtements, la vaisselle, les meubles et, bien sûr, dans de nombreuses œuvres d’art profane. Le célèbre artiste contemporain d’origine irakienne, Hassan Massoudy, utilise par exemple l’art calligraphique et l’art moderne pour illustrer des poèmes, des proverbes et des pensées philosophiques.

Participant au concours de calligraphie arabe, en Malaisie, en 2010.

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le mandala dans le bouddhisme tibétain En sanskrit, une ancienne langue indo-européenne, le mot mandala signifie « cercle magique ». Dans la tradition bouddhique, les mandalas sont des dessins sacrés, généralement en forme de cercle, dont les motifs convergent, de façon symétrique, vers un point central. Cet art religieux est particulièrement important chez les bouddhistes tibétains. Depuis des siècles, les moines du Tibet – les lamas – créent de magnifiques mandalas faits entièrement de grains de sable. Ceux-ci sont réalisés lors d’une cérémonie religieuse qui s’accompagne généralement de méditation et de la récitation de formules sacrées appelées mantras. Pour les moines tibétains, les mandalas de sable montrent, entre autres, l’état éphémère de toute chose dans l’univers.

Les mandalas tibétains et l’expérience religieuse

Mandala tibétain. Pour réaliser les motifs d’un mandala, les moines tibétains utilisent de petits entonnoirs de métal qui permettent d’écouler des grains de sable colorés. Une fois terminé, le mandala est souvent détruit au cours d’une cérémonie rituelle. Les sables sacrés sont alors recueillis dans une urne, puis versés dans une rivière, un lac, ou dans l’océan.

La fonction des mandalas tibétains est de permettre aux moines d’accéder à la « sagesse universelle ». Pour les bouddhistes, l’être humain et l’univers sont étroitement liés. Un autre principe de base du bouddhisme est la « force » ou la « puissance » de l’esprit. Le fait de créer un mandala permet aux moines d’entrer dans un état de concentration très profond. Les mandalas sont pour eux des « outils » de méditation qui leur permettent d’accéder à un état de conscience supérieur. Lorsque leur esprit réussit à atteindre ce nouvel état de conscience, ils peuvent percevoir tout ce qui fait partie de l’univers. On appelle « éveil » ou « illumination » l’atteinte de ce niveau de conscience.

«

BAO Le bouddhisme, p. B59

»

À la fin de la séance, nous imaginons que tous les êtres saints fondent en lumière et se dissolvent en nous, entrant par le sommet de notre tête. Nous sentons que notre corps, notre parole et notre esprit ne font plus qu’un avec le corps, la parole et l’esprit de Bouddha. Guéshé Kelsang GYATSO, Le manuel de méditation, Éditions Tharpa, 1999, p. 28.

Le mandala dans l’art profane La création d’un mandala s’inscrit dans un rituel strictement religieux. Cependant, certains principes du mandala ont été repris, ou récupérés, par la culture populaire occidentale. De nos jours, on trouve de nombreux mandalas à colorier. Des mandalas sont également utilisés en psychologie, particulièrement depuis les travaux du psychanalyste suisse Carl Gustav Jung (1875-1961). Pour plusieurs psychologues, la réalisation ou même le simple coloriage d’un mandala peut aider certaines personnes à améliorer leur concentration et à retrouver une forme de paix intérieure.

Mandala profane utilisé en psychologie. DoSSiER 9 L’art sacré

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la représentation des divinités dans l’hindouisme Brahma, Krishna, Shiva, Vishnou, Kali, Ganesha, Hanuman… Les divinités hindoues sont très nombreuses. Les sculptures, les peintures et les dessins qui les représentent sont aussi très nombreux et sont appelés murtis. Dans l’hindouisme, des représentations imagées du divin sont présentes dans les temples, sur des autels domestiques, ou encore dans les cérémonies ou les processions religieuses. Pour les croyants hindous, la représentation imagée d’un dieu, d’une déesse ou les représentations sous forme animale de certaines divinités permettent d’accéder au divin.

La représentation des divinités hindoues et l’expérience religieuse

Ganesha, le dieu hindou à tête d’éléphant. La représentation d’une divinité doit respecter des règles très strictes qui tiennent compte des attitudes, des attributs et des couleurs propres à chaque divinité.

Dans l’hindouisme, l’un des principaux rites qui entourent le culte d’une divinité s’appelle puja. Par ce rituel religieux, les croyants peuvent manifester leur amour pour une divinité. Pour ce faire, plusieurs gestes sont accomplis. L’image ou la représentation de la divinité qui fait l’objet du culte de la puja peut être baignée dans l’eau, habillée ou parfumée. On lui offre en hommage de la nourriture, des fleurs ou des présents. Selon la croyance hindoue, le rituel de la puja permet d’entrer en contact avec le divin et d’accéder à la paix de l’esprit.

BAO L’hindouisme, p. B65

La représentation des divinités hindoues dans l’art profane La tradition hindoue et l’art profane sont intimement liés. On trouve par exemple de nombreuses références religieuses dans le cinéma indien et dans les films de « Bollywood ». Ce mot est formé à partir des mots Bombay (ancien nom de la ville de Mumbay, la capitale économique de l’Inde) et Hollywood. Les films bollywoodiens, peu importe l’époque qu’ils représentent, sont des comédies musicales très populaires qui n’hésitent pas à mettre en scène des divinités, comme Vishnou et Shiva, ou à s’inspirer des récits et des textes sacrés de l’hindouisme. Dans cette production, un jeune acteur joue le rôle d’Hanuman, le dieu-singe du Ramayana, l’un des récits importants de l’hindouisme.

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ViVRE EnSEMbLE 5

Nom :

Groupe :

Date :

l’aRt et le sacRé 1. Décrivez le lien qu’il y avait entre la religion et les artistes en Europe jusqu’à la fin du Moyen Âge.

2. Complétez les définitions. a) L’art appartiennent à une tradition religieuse.

désigne l’ensemble des œuvres d’art qui

b) L’art désigne l’ensemble des œuvres qui jouent un rôle essentiel dans le culte ou dans les célébrations religieuses. c) L’art ou religieuses.

désigne toutes les œuvres qui ne sont pas des œuvres sacrées

3. Expliquez, à l’aide de deux exemples, comment l’art à caractère religieux peut contribuer à faire vivre une expérience religieuse à une personne croyante. •



4. Placez les énoncés en ordre chronologique en les numérotant de 1 à 5. En Europe, l’art échappe de plus en plus au contexte religieux. Création des premiers musées qui rendent l’art profane plus accessible. Apparition des premières galeries d’art au Québec. La religion est l’une des principales sources d’inspiration pour les artistes. L’art profane fait partie intégrante de la culture populaire dans la plupart des sociétés.

5. Résumez, dans vos mots, la position du pape Jean-Paul II au sujet de l’art.

DoSSiER 9 L’art sacré

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Nom :

Groupe :

Date :

sacRé ou PRofane ? 1. Associez l’œuvre au type d’art correspondant. Art profane. A

Art sacré. B

Place Publique

Art à caractère religieux. C

BAO, p. B85

1 Lisez les extraits de textes, puis répondez aux questions. A. Il ne faut pas manquer l’exposition sur l’art à caractère religieux qui se tiendra cette semaine à l’agora de l’école. Extrait d’un message publicitaire diffusé à la radio étudiante. a) Quel type de jugement est formulé dans cet extrait ?

b) Selon vous, est-il pertinent qu’un message publicitaire utilise ce type de jugement ? Expliquez votre réponse.

B. Les œuvres d’art exposées à l’agora de l’école sont parmi les plus remarquables qu’il m’ait été donné d’admirer de ma vie. Que de beauté ! Extrait d’une critique de l’exposition dans le journal étudiant. a) Quel type de jugement est formulé dans cet extrait ?

b) Selon vous, quel autre type de jugement est souvent utilisé par les critiques d’art ? Expliquez votre réponse.

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ViVRE EnSEMbLE 5

Nom :

Groupe :

Date :

des œuvRes et des Rites 1. Remplissez la grille de mots entrecroisés. 1. Fait de morceaux de verre coloré.

1 . 3 .

2 . 6 .

2. Composé de sable coloré.

7 .

3. Rituel entourant le culte d’une divinité et permettant d’accéder à la paix de l’esprit.

4 .

5 .

8 .

4. Divine et symbolisée grâce au vitrail. 5. Peinture sur un panneau de bois. 6. Représentations inspirées d’une divinité (sculpture, peinture ou dessin).

9 .

7. Sculpté à même un arbre. 8. Illustration artistique de textes sacrés. 9. On qualifie ainsi un masque faux-visage qui, selon certains, ne devrait pas se retrouver dans les musées.

Place Publique

BAO, p. B85

1 Lisez les extraits, puis répondez aux questions. A. L’exposition se tiendra cette semaine à l’agora de l’école. On pourra y apprécier des œuvres d’art appartenant à différentes traditions religieuses. Extrait d’un communiqué destiné aux élèves et au personnel de l’école.

a) Quel type de jugement est formulé dans cet extrait ?

b) Selon vous, est-il pertinent qu’un communiqué utilise ce type de jugement ? Expliquez votre réponse.

B. J’ai particulièrement apprécié la complexité et la beauté des mandalas bouddhistes. C’est devant ces œuvres que j’ai passé le plus de temps. Témoignage d’une élève qui a visité l’exposition.

a) Quel type de jugement est formulé dans la première phrase de cet extrait ?

b) Selon vous, est-il pertinent qu’un communiqué utilise ce type de jugement ? Expliquez votre réponse.

DoSSiER 9 L’art sacré

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Nom :

Groupe :

exPRiMeR le divin 1. Observez les œuvres A, B et C, puis répondez aux questions suivantes. a) Nommez la tradition religieuse à laquelle l’œuvre est associée. b) Nommez l’expression du religieux illustrée par l’œuvre. c) Décrivez une pratique religieuse liée à l’œuvre. d) Donnez un exemple d’art profane qui s’inspire de ce type d’œuvre. A.

Tradition religieuse : Expression du religieux : Pratique religieuse :

Exemple d’art profane :

B.

Tradition religieuse : Expression du religieux : Pratique religieuse :

Exemple d’art profane :

C.

Tradition religieuse : Expression du religieux : Pratique religieuse :

Exemple d’art profane :

172

ViVRE EnSEMbLE 5

Date :

Nom :

Groupe :

Date :

Mon œuvRe d’aRt À l’occasion du Mois de la culture à l’école, vos enseignants d’arts plastiques et ceux d’éthique et culture religieuse vous proposent de participer à un concours où vous aurez à créer une œuvre d’art. Vous devez vous inspirer d’une des œuvres d’art à caractère religieux qui sont présentées dans ce dossier. Pour participer au concours et avoir la chance de voir votre œuvre exposée, vous devez remplir le formulaire de participation qui suit.

Pour remplir votre demande de participation, réalisez les étapes suivantes.

1. Donnez à votre œuvre un titre qui contient une référence au religieux. Voici un exemple de titre : Autoportrait de style orthodoxe.

2. Réalisez un croquis de votre œuvre. 3. Décrivez les références au religieux présentes dans votre œuvre.

4. Selon vous, votre œuvre est-elle à caractère sacré, religieux ou profane ? Expliquez votre réponse.

5. a) Nommez l’œuvre d’art ou le type d’œuvre d’art à caractère religieux qui est votre source d’inspiration principale. b) Nommez la tradition religieuse concernée. c) Expliquez le rôle de cette œuvre ou de ce type d’œuvre d’art dans la vie des croyants.

6. a) Nommez une ressemblance entre votre œuvre et une autre œuvre d’art présentée dans le dossier. b) Nommez une différence entre votre œuvre et une autre œuvre d’art présentée dans le dossier.

DoSSiER 9 L’art sacré

173

Nom :

Groupe :

formulaire de participation 1. Titre de l’œuvre : 2. Croquis de l’œuvre :

3. Description de l’œuvre :

4. Art sacré

Art à caractère religieux

Art profane

Explication :

5. a) Œuvre d’art à caractère religieux qui est ma source d’inspiration : b) Tradition religieuse concernée : c) Rôle dans la vie des croyants :

6. a) Ressemblance : b) Différence :

174

ViVRE EnSEMbLE 5

Date :

Nom :

Groupe :

test bilan du dossieR 9

Date :

total /25

1. Observez les œuvres A, B et C, puis répondez aux questions suivantes. a) Nommez la tradition religieuse à laquelle l’œuvre est associée. b) Nommez l’expression du religieux principale illustrée par l’œuvre. c) Décrivez une pratique religieuse liée à l’œuvre. d) Donnez un exemple d’art profane qui s’inspire de ce type d’œuvre. A.

Tradition religieuse : Expression du religieux : Pratique religieuse :

Exemple d’art profane :

B.

Tradition religieuse : Expression du religieux : Pratique religieuse :

Exemple d’art profane :

C.

Tradition religieuse : Expression du religieux : Pratique religieuse :

Exemple d’art profane :

/12

DoSSiER 9 L’art sacré

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Nom :

Groupe :

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2. À l’aide de deux types d’œuvres, illustrez une différence entre l’art à caractère religieux et l’art sacré.

/4

3. Selon vous, une œuvre d’art profane peut-elle permettre à une personne de vivre une expérience religieuse ? Expliquez votre réponse.

/3

4. Vrai ou faux ?

vrai

faux

a) L’art profane était très présent pendant le Moyen Âge, dans la plupart des pays d’Europe. b) Le mandala est utilisé en psychologie pour améliorer la concentration de certaines personnes. c) Les représentations des divinités Vishnou et Shiva sont interdites dans les films de Bollywood. d) Dans les églises catholiques, les vitraux qui montrent des scènes du Nouveau Testament sont éclairés par le soleil couchant.

/2

5. a) Formulez un jugement de prescription que pourrait dire un musulman à propos d’une règle à respecter dans l’art de sa tradition religieuse.

b) Formulez une question qui permet d’interroger ce jugement de prescription.

/2

6. a) Formulez un jugement de prescription que pourrait dire un membre du Grand Conseil des Six-Nations sur l’art iroquois.

b) Formulez une question différente de celle formulée au numéro 5 b), qui permet d’interroger ce jugement de prescription.

/2

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ViVRE EnSEMbLE 5

Êtres de besoins et de désirs

dossier 10

Esclaves de nos désirs ? . . . . . . . . . . . . . . . . . .178 Regard sur la situation . . . . . . . . . . . . . . . . .179 Arrêt sur images . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .180 Les besoins et les désirs humains . . . . . . . . . .181 Les désirs : une expression de l’ambivalence .182 Désirs et consommation . . . . . . . . . . . . . . . . . .183 Distinguer le besoin du désir . . . . . . . . . . . .185 Face à face avec le désir . . . . . . . . . . . . . . .186 Le christianisme et le désir . . . . . . . . . . . . . . . .187 La communauté amish et le désir . . . . . . . . . .188 L’épicurisme et le désir . . . . . . . . . . . . . . . . . . .189 Le bouddhisme et le désir . . . . . . . . . . . . . . . .190 Place au désir . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .191 Traitement éthique d’une situation . . . . . . . .192 Histoire de pêche . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .193 Forum de discussion . . . . . . . . . . . . . . . . . . .195 Test bilan du dossier 10 . . . . . . . . . . . . . . . .197

Esclaves de nos désirs? Une journaliste de la presse écrite, spécialiste des questions de consommation, s’interroge sur la place qu’occupe le désir dans notre société de consommation. Elle invite ses lecteurs à une discussion sur son blogue.

Consommation et désirs

Mon profil

Hier après-midi, dans un centre commercial, j’observais la foule qui se précipitait dans les commerces. Je me suis mis à réfléchir à cette recherche du plaisir, cette envie qui nous pousse à acheter un objet plutôt qu’un autre. Cet achat servira-t-il à combler un besoin essentiel ou un désir superficiel ? Voici ma question, chers internautes : Dans une société de consommation comme la nôtre, où la publicité prétend que le bonheur réside dans la satisfaction de toutes les envies, devons-nous apprendre à maîtriser nos mille et un désirs ? 19 mai, 14 h 04

Vous souhaitez répondre à cette question ? Ouvrez une session. 2 commentaires

lyz48

La question que vous posez m’interpelle tout particulièrement. Je suis la mère d’un jeune homme de 17 ans. Depuis quelques années, je constate à quel point la consommation de biens occupe une place importante dans la vie de mon fils. Toujours insatisfait, il convoite constamment un produit qu’il n’a pas. Je le sens esclave de ses désirs, à la recherche de la satisfaction de ses moindres envies. Je considère qu’il est essentiel pour mon fils d’apprendre à contrôler ses désirs, car le bonheur ne se trouve pas dans les possessions. [Répondre à ce commentaire]

20 mai, 19 h 30

Attention, il ne faudrait pas exagérer ! Le désir d’acheter des biens n’a rien de mauvais en soi. Au contraire, cela stimule l’économie. Et puis, quel problème y a-t-il à se faire plaisir ? Pourquoi aller à l’encontre de nos désirs ? Le bonheur réside justement dans leur satisfaction. Je ne suis pas esclave de mes désirs. J’assume simplement ce que je suis, et tout le monde devrait en faire autant.

Place Publique

DD79

178

[Répondre à ce commentaire]

Le forum de discussion Le forum de discussion est un service offert dans internet. Il permet à un groupe de personnes d’échanger leurs points de vue par écrit sur un sujet précis. Des forums portant sur des thèmes variés et préétablis rassemblent des internautes, dans des contextes de loisir ou de travail.

ViVRE EnsEmbLE 5

20 mai, 20 h 13

Nom :

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Date :

RegaRd suR la situation 1. Selon vous, quelle est la différence entre un désir et un besoin ?

2. Définissez dans vos mots l’expression société de consommation.

3. Selon vous, comment se manifeste le désir dans une société de consommation ?

4. D’après vous, quel est le rôle de la publicité dans une société de consommation ?

5. À votre avis, que signifie l’expression être esclave de ses désirs ?

6. Est-il possible et souhaitable de maîtriser certains de nos désirs de consommation ? Expliquez votre réponse à l’aide d’un exemple.

7. Selon vous, est-ce que le fait de satisfaire un désir en achetant un bien de consommation peut rendre une personne plus heureuse ? Expliquez votre réponse.

8. Formulez une question éthique soulevée par la mise en situation de la page précédente.

DossiER 10 Êtres de besoins et de désirs

179

ArrÊt sur imAgEs

consommation illimitée? L’importance accordée à la croissance économique dans les sociétés occidentales donne lieu à toutes sortes de phénomènes relatifs à la consommation.

au québec Plusieurs personnes succombent régulière­ ment à leurs désirs dans le domaine de la consommation de biens. Pour ces consomma­ teurs, qualifiés d’« acheteurs compulsifs », le magasinage et les achats sont perçus comme des besoins dont la satisfaction procure un formidable sentiment d’euphorie. Ce compor­ tement peut toutefois mener au surendette­ ment ou à la perte d’emploi, et conduire à la détresse psychologique. Des organismes, comme l’Association coopérative d’économie familiale (ACEF), proposent des groupes de soutien à ces consommateurs.

Dans les pays riches, les articles électroniques obsolètes sont mis au rebut ou recyclés. Ils se retrouvent parfois dans les dépotoirs de pays en voie de développement, où des travailleurs en retirent différents éléments, notamment le cuivre.

ailleurs dans le monde L’obsolescence programmée fait référence à toutes les tech­ niques qu’un manufacturier peut utiliser afin de réduire la durée de vie d’un produit. Par exemple, certains manufacturiers font des produits irréparables. En Europe, plusieurs organismes et politiciens militent pour l’adoption de lois qui mettraient un frein à ce phénomène, notamment pour des raisons écologiques.

Quelle place le désir occupe-t-il dans la vie des êtres humains ? Qu’est-ce qui distingue le besoin du désir ? Comment concilier désirs et besoins dans une société de consommation ? Des chercheurs expliquent que, pour certaines personnes qui vivent dans une société de consommation, le bonheur réside dans la possession matérielle.

180

ViVRE EnsEmbLE 5

Que proposent la philosophie et la religion en ce qui concerne la gestion du désir ? Est-il possible de vivre sans désirs ?

les besoins et les désirs humains L’être humain est à la fois un être de besoins et de désirs. Besoins et désirs peuvent être associés à une sensation de manque qui demande à être comblé. Il est parfois difficile de distinguer ce qui relève du besoin de ce qui relève du désir. En effet, les besoins et les désirs sont étroitement liés, puisque ce sont les besoins qui inspirent les désirs.

Distinguer le besoin du désir Il existe de nombreuses perceptions des mots besoin et désir. Généralement, le besoin est considéré comme vital et ne pas le satisfaire peut mettre la vie en dan­ ger ou causer divers déséquilibres psy­ chologiques. Les besoins ont aussi comme caractéristique d’être en nombre limité. Le besoin peut être défini comme : • une nécessité physiologique (survie, faim, soif, sommeil, évitement de la douleur, etc.) ; • une nécessité psychosociale (sécurité affective, communication, apparte­ nance, amour, estime de soi et des autres, réalisation de soi, etc.). Le désir est lié au processus mental de satisfaction. Quand les êtres humains poursuivent un but, ils se le représentent mentalement, lui donnent une forme précise en l’imaginant. Par exemple, le besoin de nourriture peut inspirer le désir de manger des spaghettis. Parce qu’ils se développent dans la sphère de la pensée ou de l’imagination, les désirs sont potentiellement illimités et diffi­ ciles à satisfaire pleinement. La recherche du bonheur dépend en grande partie de la gestion de nos nom­ breux désirs. À la base, il importe que nos désirs comblent nos besoins. Cepen­ dant, nous désirons souvent que la vie nous offre davantage ou autre chose que L’épanouissement personnel est essentiel à l’être humain. Ce besoin pourrait ce que nous avons. Des obstacles peu­ inspirer le désir de faire de la musique. vent freiner la réalisation de nos désirs. Notre manière de réagir peut différer selon la situation. Nous pouvons adapter ou abandonner un désir qui serait potentiellement difficile ou impossible à satisfaire. Mais nous pouvons aussi nous y accrocher en acceptant les risques d’insatisfaction ou d’échec. DossiER 10 Êtres de besoins et de désirs

181

les désirs : une expression de l’ambivalence Les désirs humains sont multiples et chan­ geants. Ils entrent souvent en conflit les uns avec les autres. Par exemple, une personne peut hésiter entre le désir de manger une deuxième part de dessert et celui de respec­ ter un régime alimentaire équilibré. Selon le philosophe américain William B. Irvine, si les désirs entrent en conflit, c’est qu’il existe chez l’être humain deux sources du désir : la raison et l’émotion. Il développe son hypothèse selon la théorie de la forma­ tion des désirs du philosophe écossais David Est-il souhaitable de satisfaire tous nos désirs en matière d’alimentation ? Hume, théorie selon laquelle la raison est un moyen de satisfaire nos désirs et d’atteindre nos buts. Cependant, selon David Hume, ce n’est pas la raison qui définit nos buts, mais nos impressions : émotions, sensations, passions.

PoRtRait

David Hume Philosophe écossais né à Édimbourg, dont le premier ouvrage en trois volumes, Traité de la nature humaine, est consacré au raisonnement et à la connaissance, aux sen­ timents et aux émotions, ainsi qu’aux fondements de la morale. Il y présente l’idée de la primauté des passions sur la raison. Selon Hume, les passions sont plus vives, plus fortes que les idées, ces dernières découlant des premières.

David Hume (1711-1776).

Entre les émotions… William B. Irvine explique que certains désirs provenant de la raison vont à l’encontre de désirs provenant des émotions, et inversement. Par exemple, imaginez le cas de Caroline. Elle veut s’acheter une paire de chaussures très coûteuses pour susciter l’admiration de ses amis. Or, elle désire aussi économiser pour payer ses études col­ légiales. Dans cette situation, le désir émotionnel de Caroline d’être admirée entre en conflit avec son désir raisonnable d’épargner de l’argent pour le collège.

… et la raison Selon William B. Irvine, dans les conflits opposant la raison aux émotions, ce sont souvent les désirs émotionnels qui gagnent. Toutefois, il soutient que les désirs ration­ nels peuvent aussi vaincre en faisant miroiter des plaisirs plus grands. Reprenons l’exemple de Caroline. Imaginons un dialogue intérieur entre sa raison et ses émotions. Sa raison lui dicte d’économiser en prévision de ses études collégiales, mais ses émotions l’encouragent à acheter la paire de chaussures très coûteuses. Sa raison répond que ce plaisir serait de courte durée, et que, en obtenant un emploi bien rému­ néré grâce à ses études, Caroline pourra satisfaire plus de désirs matériels. 182

ViVRE EnsEmbLE 5

désirs et consommation En Occident, au cours de la seconde moitié du 20e siècle, la consommation prend une place de plus en plus impor­ tante. Les entreprises productrices de biens et de services se multiplient, et leur développement repose sur la création et la stimulation soutenues de nouveaux désirs. C’est dans ce contexte que la consommation est devenue, pour cer­ taines personnes, un véritable mode de vie. La publicité y contribue grandement, car elle propose un idéal de vie caracté­ risé par l’abondance de biens matériels, la recherche du plaisir immédiat et la satisfaction effrénée des désirs.

Publicité et société de consommation La publicité, telle qu’on la connaît aujourd’hui, est une composante essen­ tielle de la société de consommation. Sa principale fonction est d’inciter les per­ sonnes à consommer, dans le but de sti­ Dans une société de consommation, il est parfois difficile de faire la différence entre muler l’économie. Selon Claude Cossette, désirs et besoins. ancien publicitaire et spécialiste québé­ cois des communications, la publicité moderne serait apparue en Amérique du Nord dans un contexte où il y avait une surproduction de biens de consommation, qu’il fallait absolument écouler.

«

L’Amérique du Nord dépense deux fois plus en publicité par habitant que l’Europe : aux États-Unis, on investit près de 400 $ par habitant par année ; en France, 160 $ par habitant. Et ça marche ! Selon des recherches rapportées par Juliet Schor en 1998 dans The Overspent American, le Nord-Américain moyen possède quatre fois plus d’objets que l’Européen moyen.

[...]

»

Un responsable de la recherche en communication d’une compagnie de boissons gazeuses explique ce qu’il attend de la publicité : “Pavlov1 a pris un objet neutre [la cloche] et l’a associé à un objet significatif [pour le chien, la viande], transformant le premier objet en symbole du deuxième ; c’est grâce à la visualisation qu’il a réussi à ajouter une valeur au deuxième objet. C’est ce que nous essayons de faire avec la publicité moderne.” Source : Cité par Claude COSSETTE, La publicité, déchet culturel, PUL, 2001, p. 120 et 153.

1. Ivan Petrovitch Pavlov (1849­1936) est un scientifique russe qui a développé une théorie du réflexe conditionné. DossiER 10 Êtres de besoins et de désirs

183

Désirs, besoins et publicité Les spécialistes de la publicité disposent de nombreuses méthodes pour vendre des produits et services. Afin d’influencer les consommateurs, ils cherchent à cerner leurs besoins et leurs désirs et, bien souvent, ils vendent un mode de vie en plus du produit. Un produit associé à un désir humain (être à la mode, être beau, être différent, bien paraître) est davantage consommé pour assouvir ce désir artificiellement stimulé par la publicité que pour répondre à un réel besoin. Les désirs ayant comme caractéristique d’être potentiellement illimités, les publicitaires visent ceux­ci plutôt que les besoins qui, eux, sont limités.

satisfactions et frustrations en matière de consommation Si un bien est consommé principalement pour combler un besoin, donc un élément essentiel à la vie, à la survie ou à l’épanouissement de l’être, il apportera de la satis­ faction. Cependant, si un bien est principalement consommé pour combler des désirs irréalistes stimulés par la publicité, ou pour satisfaire un désir non essentiel, le résul­ tat risque d’être l’insatisfaction. Prenons un exemple : Siméon s’achète une crème hydratante avec protection UV. Comme il a besoin d’hydrater et de protéger sa peau, son achat sera probablement satisfaisant, et son besoin sera comblé. Cependant, si Siméon s’achète une crème hydratante dans le but de paraître plus jeune, il risque de ressentir plus de frustration que de satisfaction.

Afin d’attirer l’attention des consommateurs, les publicitaires rivalisent d’imagination. Ils disposent des publicités sur des autobus, des immeubles, des bancs de parcs, etc.

184

ViVRE EnsEmbLE 5

Nom :

Groupe :

Date :

distingueR le besoin du désiR 1. Classez les mots ou les expressions qui suivent en les inscrivant dans le schéma approprié. Vital Estime de soi Potentiellement en nombre illimité Non vital Nécessité physiologique ou psychosociale Difficile à satisfaire pleinement Sécurité En nombre limité Recherche effrénée de plaisirs Appartenance Se développe dans la sphère de la pensée ou de l’imagination Aller au cinéma a)

Besoin

b)

Désir

2. Indiquez si les affirmations suivantes expriment un besoin ou un désir. Expliquez votre réponse. a) J’ai tellement soif ! Je boirais bien du jus d’orange.

b) J’aimerais faire carrière en Asie pour y découvrir une culture qui me fascine.

DossiER 10 Êtres de besoins et de désirs

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Nom :

Groupe :

Date :

Face à Face avec le désiR 1. Expliquez comment le désir peut être la source de conflits entre la raison et l’émotion.

2. Quel est le moyen utilisé dans une société de consommation pour stimuler le désir ? Quel est le but recherché ?

3. Expliquez comment un bien de consommation peut permettre à une personne de satisfaire un besoin.

Place Publique

BAO, p. B86 et B93

1 Pour chacun des slogans suivants, repérez le procédé susceptible d’entraver le dialogue utilisé et expliquez en quoi ce procédé peut nuire au dialogue. A. Faites comme ce médecin et exigez les produits de marque Nourrimed.

B. Cet été, choisissez les piscines Bonheur ou succombez à la vague de chaleur.

2 Lisez le raisonnement suivant et répondez aux questions. J’ai aperçu un couple portant des paquets provenant de trois grands magasins, qui se disputait. Peut-être que la consommation nuit à l’harmonie en stimulant trop les désirs. a) Quel est le type de raisonnement présent ? b) Ce raisonnement est-il rigoureux ? Justifiez votre réponse.

186

ViVRE EnsEmbLE 5

le christianisme et le désir L’évêque catholique africain Augustin d’Hippone (354­430) est considéré comme l’un des penseurs les plus influents du christianisme. Il a grandement contribué au développement de la pensée chrétienne. Augustin d’Hippone soutient que, pour bien com­ prendre la nature humaine, il faut tenir compte du récit biblique d’Adam et Ève. Selon lui, c’est à partir du moment où Adam a désobéi à Dieu en consom­ mant le fruit de l’arbre du bien et du mal que le péché ou le mal est apparu dans le monde. Ce geste de désobéissance envers Dieu marque, pour Augustin d’Hippone, le moment où les désirs prennent la place de Dieu en tant que maîtres de la vie humaine.

Le désir de Dieu

Augustin d’Hippone, évêque.

Dans ses préceptes, Augustin d’Hippone énonce que le désir de Dieu est le seul qui, une fois satisfait, comble le sentiment de manque présent dans le cœur des êtres humains. Dieu serait donc l’aboutissement de tous les désirs humains. Dans son ouvrage La Cité de Dieu, il dit de Dieu :

«

»

Je serai l’objet qui remplira tous leurs souhaits ; je serai tout ce que les hommes peuvent honnêtement désirer, vie, santé, nourriture, richesses, gloire, honneur, paix, en un mot tous les biens […]. Celui-là [Dieu] sera la fin de nos désirs […]. Source : Saint Augustin, La Cité de Dieu, livre 22, chapitre 30.

Par conséquent, pour Augustin d’Hippone, les désirs sont souhaitables s’ils sont orien­ tés vers Dieu, et non souhaitables s’ils sont orientés vers les seuls biens terrestres. Ces derniers détournent les fidèles de l’unique quête qui comble tous les besoins et désirs, c’est­à­dire la quête de Dieu.

un point de vue chrétien sur la consommation Inspiré par la pensée augustinienne, le pape François met en garde contre ce qu’il considère être les dangers de la société de consommation.

«

BAO Le catholicisme, p. B23

»

Certes, l’avoir, l’argent, le pouvoir peuvent donner un moment d’ébriété, l’illusion d’être heureux ; mais, à la fin, ce sont eux qui nous possèdent et nous poussent à avoir toujours plus, à ne jamais être rassasiés. À la fin, nous sommes “remplis”, mais pas nourris, et c’est très triste de voir une jeunesse “remplie”, mais faible. La jeunesse doit être forte, elle doit se nourrir de sa foi et ne pas se remplir d’autres choses.

Source : VATICAN, Voyage apostolique à Rio de Janeiro (Brésil) à l’occasion de la XXVIIIe Journée mondiale de la jeunesse, fête d’accueil des jeunes, salut et homélie du pape François, 25 juillet 2013 [en ligne]. (Consulté le 10 février 2014.)

DossiER 10 Êtres de besoins et de désirs

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la communauté amish et le désir Les amish font partie d’une communauté Mennonite : mouvement protestant pacifiste chrétienne protestante mennonite d’Amé­ et indépendant, apparu en suisse vers 1520, rique du Nord. Les membres de cette commu­ dans lequel on pratique le baptême à l’âge nauté vivent dans la frugalité, c’est­à­dire adulte. Les mennonites ont été les premiers à dans la simplicité et la sobriété. Les amish s’opposer à l’esclavage et à refuser la fusion vivent essentiellement des produits de leurs de l’Église et de l’État. cultures. Ils refusent toute influence de la vie moderne. Les amish sont principalement guidés par deux valeurs qu’ils jugent primordiales : la famille et la vie en communauté. Pour les amish, les désirs sociaux sont la popularité, la gloire, l’admiration et l’envie. Une des principales préoccupations des membres de la communauté amish est de maîtriser ces désirs, car ils encouragent la compétition entre les individus et nuisent à la vie harmonieuse de la communauté. Selon la pensée amish, ce sont les désirs fondés sur l’égoïsme, l’orgueil et l’amour­propre qui sont la source du mal dans le monde. Pour cette raison, les amish ne cherchent pas à acquérir des biens qui attirent l’attention sur la personne ou l’apparence physique, et ils évitent toute forme d’origi­ nalité qui les différencierait des autres membres de la communauté.

BAO Le protestantisme et l’anglicanisme, p. B31

Le rumspringa, un rite de passage Les jeunes amish font l’expérience du rumspringa, un rite de passage qui signi­ fie littéralement « courir dans tous les sens ». À l’âge de 16 ans, ces jeunes sont invités à laisser libre cours à leurs désirs en goûtant aux plaisirs de la vie moderne. Pendant 3 à 6 ans, la discipline de la com­ munauté, habituellement rigoureuse, est relâchée. Les jeunes peuvent s’acheter une automobile, regarder la télévision, s’habiller à la mode et faire la fête. À la fin de ce rite, ils ont un choix à faire : se faire baptiser et se joindre à la commu­ nauté amish pour de bon en renonçant à la modernité ou quitter la communauté. Près de 90 % des jeunes adultes amish choisissent de demeurer dans leur com­ munauté.

PoRtRait

Agriculteur amish labourant son champ, en Pennsylvanie, aux États-Unis. Les amish vivent sobrement, sans électricité et sans moyens de transport modernes.

Les amish

Une communauté amish est fondée en Alsace, en 1693, par Jakob Amman, un évêque suisse. Victimes de persécution en Europe, les amish émigrent aux États­Unis au 18e siècle, puis au Canada au début du 19e siècle. En 2008, la communauté amish comptait environ 231 000 membres répartis dans 28 États aux États­Unis, et en Ontario, au Canada.

188

ViVRE EnsEmbLE 5

l’épicurisme et le désir L’épicurisme favorise le plaisir tempéré, l’absence de douleur et, comme l’excès apporte la souffrance, la joie de connaître ses propres limites. Cette théorie prend racine dans la nature de l’être humain qui, comme toute espèce animale, tend à rechercher le plaisir et à fuir la douleur. C’est sur cette observation qu’Épicure établit que le plaisir est le bien suprême et le but ultime de la vie, et que la douleur est le mal.

La classification des désirs selon Épicure

Double buste d’Épicure et de Métrodore. Né en Grèce, au 4e siècle avant notre ère, Épicure est le fondateur de l’épicurisme, l’une des plus influentes écoles philosophiques de l’Antiquité. Métrodore a été le principal disciple et ami d’Épicure.

En résumé, selon la théorie d’Épicure, l’être humain doit distinguer les désirs qui, une fois satisfaits, procurent du bonheur (joie, plaisir) des désirs qui procurent du malheur (souffrance, peine). La sagesse consiste donc à savoir tempérer ses désirs. L’hédonisme épicurien tend à rechercher la paix de l’âme : « Se suffire à soi­même et se contenter de peu. »

BAO Les grands courants philosophiques, p. B15

Les désirs naturels et nécessaires à la vie ils apportent du bonheur : se nourrir et se vêtir, la philosophie et l’amitié. Les désirs naturels mais non nécessaires ils peuvent être comblés tant que leur satisfaction ne nuit pas à l’autonomie et à la liberté de l’individu : la consommation de mets raffinés, agréables mais non essentiels à la vie. Les désirs vains ils sont souvent sources de souffrance parce qu’ils entraînent le trouble et la crainte et ne peuvent jamais être pleinement satisfaits : l’immortalité, la gloire et la richesse.

un point de vue épicurien sur la société de consommation On dit de la simplicité volontaire qu’elle est un courant de pensée se rapprochant de l’épicurisme. En effet, le mode de vie simple et le rejet de la consommation excessive s’apparentent aux préceptes de la doctrine philosophique d’Épicure.

«

Tous les humains ont des besoins essentiels : se nourrir, se protéger des éléments (par des vêtements, par une habitation) et avoir une vie intellectuelle et affective satisfaisante. La plupart des autres “besoins” sont en fait des désirs qui servent à tenter de combler nos besoins essentiels. Une vie simple implique souvent de limiter nos désirs à ceux qui importent vraiment ; lorsque cette simplicité est volontaire, la maîtrise de nos désirs contribue à notre bien-être. Source : Lucie LAFORTE, « Économie et simplicité volontaire », Simpli-Cité, vol. 4, n° 2, 2003, p. 9.

»

DossiER 10 Êtres de besoins et de désirs

189

le bouddhisme et le désir Le bouddhisme enseigne que tout est impermanence, c’est­à­dire que tout est soumis au changement. À l’image du temps qui passe, l’être humain change constamment, meurt et, selon la croyance bouddhiste, se réincarne. Puisque l’être humain tend à ignorer cette vérité de l’impermanence, il souffre, car il est sou­ mis à son désir d’atteindre un bonheur terrestre inaccessible, qui serait continu et stable.

La voie du milieu ou la voie de la tempérance Sculpture du Bouddha couché, au Laos. Lors de son passage de la vie à la mort, D’après la première noble vérité du le Bouddha atteint le parinirvana (le nirvana complet ou l’éveil final), la fin de la bouddhisme, l’être humain, de la nais­ souffrance et de l’impermanence de la vie sur Terre. sance à la mort, est confronté à la souf­ france. Il souffre de ne pas obtenir ce qu’il désire, d’être séparé de ce qu’il aime, ou d’être uni à ce qu’il n’aime pas. Qu’on le veuille ou non, chaque personne connaîtra la maladie, la vieillesse, et perdra des êtres chers.

Dans sa deuxième noble vérité, le Bouddha enseigne que la cause de la souffrance humaine est l’attachement aux désirs, aux personnes et aux objets matériels. Pour être délivré de cette souffrance, le Bouddha propose de se détacher du désir en suivant le noble sentier octuple, aussi nommé la « voie du milieu », c’est­à­dire la voie qui se situe entre la satisfaction de tous les désirs et la privation complète.

un point de vue bouddhiste sur la consommation Selon le bouddhisme, le fait de succomber aux désirs issus de la consommation détourne l’être humain de la plénitude et de la paix intérieure.

«

Comme l’exprime le moine bouddhiste français Matthieu Ricard, le bonheur ne réside pas dans la satisfaction des désirs, mais dans leur maîtrise.

190

ViVRE EnsEmbLE 5

Le bouddhisme, p. B59

»

Incapables de trouver le bonheur en nous-mêmes, nous le cherchons désespérément à l’extérieur, dans des objets, des expériences, des manières de penser ou de se comporter […]. En bref, on s’éloigne du bonheur en le cherchant là où il n’est pas […]. On multiplie ses besoins au lieu d’apprendre à ne pas en avoir. Source : Jean­François REVEL et Matthieu RICARD, Le moine et le philosophe, NIL éditions, 1999, p. 365.

BAO

Nom :

Groupe :

Date :

Place au désiR 1. a) Complétez les jugements relatifs au désir, regroupés par tradition religieuse ou pensée philosophique. b) Indiquez à quelle tradition religieuse ou pensée philosophique ils correspondent. A. Rappelez-vous qu’il n’existe rien de constant à part le

.

B. Détachez-vous du désir en suivant la « voie du

», qui se situe entre

la satisfaction de tous les

et la

C. Incapables de trouver le

complète.

en nous-mêmes, nous le cherchons

désespérément à

de nous-mêmes.

Tradition religieuse ou pensée philosophique :

.

D. Les désirs sont souhaitables s’ils sont orientés vers

.

E. La jeunesse doit être forte, elle doit se nourrir de sa remplir d’autres choses.

et ne pas se

F.

d’Hippone a écrit un livre intitulé Les confessions.

Tradition religieuse ou pensée philosophique :

G. Se suffire à

.

et se contenter de

.

H. Les désirs vains sont souvent sources de le

parce qu’ils entraînent

.

Tradition religieuse ou pensée philosophique :

I. L’égoïsme, l’orgueil et dans le monde. J. Les

.

sont la cause du encouragent la

nuisent à la vie harmonieuse dans une Tradition religieuse ou pensée philosophique :

entre individus et . .

Place Publique

BAO, p. B85

1 Associez les affirmations de la question précédente au type de jugement correspondant. a) Jugement de prescription : b) Jugement de valeur : c) Jugement de réalité : d) Jugement de préférence : DossiER 10 Êtres de besoins et de désirs

191

Nom :

Groupe :

Date :

tRaiteMent éthique d’une situation 1. Remplissez le tableau qui suit. Formulez deux questions éthiques qui permettraient d’évaluer les conduites ou les idées en lien avec la gestion des besoins et des désirs dans une société de consommation.

Nommez deux enjeux éthiques soulevés par vos questions éthiques.

Nommez deux repères, autres que des valeurs, qui pourraient servir à une réflexion éthique soulevée par vos questions éthiques précédentes.

Expliquez en quoi chacun de vos repères pourrait soutenir un point de vue dans une réflexion éthique sur la gestion des désirs dans une société de consommation.

2. Décrivez une situation, réelle ou fictive, où une personne a démontré de l’ambivalence entre un besoin et un désir.

3. Expliquez ce qu’Augustin d’Hippone affirme au sujet de la nature humaine.

192

ViVRE EnsEmbLE 5

Nom :

Groupe :

Date :

histoiRe de Pêche Lisez le conte suivant et répondez aux questions. Dans un petit village, un pêcheur décide de travailler uniquement le nombre d’heures nécessaires pour répondre aux besoins de sa famille en logement, en vêtements et en nourriture. Ce choix d’une vie simple lui permet de faire la grasse matinée, de passer du temps en famille, de voir souvent ses amis, et de jouer de la guitare le soir venu. Un jour, il rencontre un touriste impressionné par la qualité des poissons qu’il pêche. Le touriste, un riche entrepreneur, invite le pêcheur à travailler davantage pour pouvoir s’acheter plus de bateaux, créer sa propre compagnie de pêche et, ainsi, gagner beaucoup plus d’argent. Le pêcheur lui demande alors : – Et après ? – Après ? ! s’exclama l’homme, interloqué. Après, vous pourrez travailler moins, habiter dans un petit village, faire la grasse matinée, passer du temps en famille, voir vos amis plus souvent et jouer de la guitare !

1. Selon vous, quel est le message de ce conte ?

2. Nommez deux valeurs communes au pêcheur et au riche touriste, et une valeur qui les distingue.

3. Nommez deux besoins et deux désirs tirés du conte.

4. En vous servant du conte, décrivez une différence importante entre un besoin et un désir.

DossiER 10 Êtres de besoins et de désirs

193

Nom :

Groupe :

Date :

5. Peut-on affirmer que le pêcheur a, en quelque sorte, adopté la simplicité volontaire comme mode de vie ? Expliquez votre réponse.

6. a) Que penseraient les personnes suivantes du mode de vie du pêcheur ? Épicure :

Un amish :

b) Que penseraient les personnes suivantes du mode de vie proposé par le riche touriste ? Augustin d’Hippone :

Matthieu Ricard :

7. À la suite de la proposition du riche touriste, imaginez un dialogue intérieur conflictuel entre la raison et les émotions du pêcheur.

8. Quel effet pourrait avoir le style de vie proposé par le touriste sur la vie du pêcheur et de ses proches ?

194

ViVRE EnsEmbLE 5

Nom :

Groupe :

Date :

FoRuM de discussion Vous décidez de participer au forum de discussion « Consommation et désirs », proposé par une journaliste dans son blogue. Déjà deux internautes ont répondu à cette invitation. Afin de préparer votre intervention, lisez attentivement les consignes qui suivent.

introduction 1. Nommez un repère moral, un repère philosophique et un repère religieux sur lesquels peut s’appuyer une réflexion sur le sujet « Consommation et désirs ». Expliquez brièvement chacune de vos réponses.

2. Pour le repère religieux mentionné à la question précédente, a) nommez la tradition religieuse à laquelle il correspond ; b) nommez une autre expression du religieux de cette même tradition religieuse qui pourrait servir de repère dans une réflexion sur le sujet « Consommation et désirs » ; c) décrivez une fonction que peut avoir cette expression du religieux dans la vie des croyants.

analyse 3. a) Formulez deux questions éthiques qui permettraient d’évaluer, de justifier ou de recommander des conduites ou des idées en lien avec l’intervention de lyz48, présentée à la page 178. b) Nommez deux valeurs qui pourraient entrer en conflit dans la situation présentée dans l’intervention de lyz48.

conclusion 4. Selon vous, à quelle situation, autre que la consommation de biens, les réflexions sur le désir présentées dans ce dossier pourraient-elles s’appliquer ? Expliquez votre réponse à l’aide d’un repère précis présenté dans le dossier.

DossiER 10 Êtres de besoins et de désirs

195

Nom :

Groupe :

Date :

introduction 1. Vos repères expliqués. Type de repère

Repère

Explication

Repère moral

Repère philosophique

Repère religieux

2. Repère religieux. Repère religieux

Tradition religieuse

analyse 3. a) Deux questions éthiques.

b) Deux valeurs en conflit :

conclusion 4. Autre situation en lien avec le désir.

196

ViVRE EnsEmbLE 5

Expression du religieux

Fonction

Nom :

Groupe :

Date :

test bilan du dossieR 10

total /25

1. Remplissez la grille de mots entrecroisés. 1. A développé le noble sentier octuple. 2. Définis comme une nécessité psychosociale ou physiologique.

1 . 5 .

2 .

3. Épicure qualifie ainsi les désirs comme l’immortalité, la gloire et la richesse. 4. Pour Augustin d’Hippone, ce type de biens détourne les fidèles de l’unique quête qui comble tous les besoins et les désirs. 5. Rite qui attend les jeunes amish qui restent dans la communauté après leur rumspringa.

3 .

4 .

6 .

7 .

6. Nirvana complet ou éveil final dans le bouddhisme. 7. Potentiellement en nombre illimité et difficiles à satisfaire pleinement.

8 .

9 .

8. Courant de pensée qui se rapproche de l’épicurisme : la simplicité _________________ .

/9

9. Rite dont le nom signifie « courir dans tous les sens ».

2. Quelle conception du désir présentée dans le dossier a le plus de points communs avec l’attitude des amish face au désir ? Expliquez votre réponse en vous référant à une expression du religieux que vous encerclerez.

/2

3. Quelles conceptions du désir présentées dans le dossier sont les plus différentes quant à leur repère ? Expliquez votre réponse.

/2 DossiER 10 Êtres de besoins et de désirs

197

Nom :

Groupe :

Date :

4. Complétez les affirmations suivantes. a) Selon le philosophe américain William B. Irvine, si les désirs entrent en conflit, c’est que le désir a deux sources : la

et l’émotion.

b) Dans les sociétés de consommation, la

propose un idéal

de vie caractérisé par l’abondance de biens matériels, la recherche du plaisir immédiat et la satisfaction effrénée des c) Pour le philosophe

. , les

l’emportent généralement sur la raison dans les décisions que prennent les personnes.

/5

5. Complétez le tableau en donnant trois caractéristiques qui correspondent à chacun des concepts. Besoin

Désir

/3

6. Lisez l’affirmation suivante, à propos de la société de consommation, et répondez aux questions. Si tu te mets à pratiquer la simplicité volontaire, le dépanneur de ton quartier va faire faillite ! Ne le fais donc pas ! a) Quel procédé susceptible d’entraver le dialogue est utilisé ici ?

b) Formulez une question pour remettre en cause ce procédé.

c) Encerclez le jugement prescription.

/2

7. Selon vous, quelle est la différence principale entre le point de vue chrétien et le point de vue bouddhiste à propos de la consommation ?

/2

198

ViVRE EnsEmbLE 5

Boîte à outils

sommaire

Notions et concepts de base en ÉCR . . . . . . . . . .

B2

L’éthique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

B3

Mieux comprendre la réflexion éthique

B4

. . . . . .

Comment formuler une question éthique ?

. .

B5

Les valeurs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

B6

Extraits de la Charte des droits et libertés de la personne du Québec . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

L’orthodoxie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

B37

Le judaïsme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

B41

Les spiritualités des peuples autochtones du Québec . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

B47

L’islam

B53

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

B59

L’hindouisme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

B65

B7

Le sikhisme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

B70

Extraits du Code civil du Québec . . . . . . . . . . . . . .

B10

L’athéisme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

B73

Extraits du Code criminel du Canada . . . . . . . . . .

B12

Les grands courants philosophiques . . . . . . . . . .

B15

Le dialogue . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . B79

L’hédonisme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

B15

Les conditions favorables au dialogue

. . . . . . .

B80

L’éthique déontologique

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

B16

Les formes du dialogue . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

B81

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

B16

Comment élaborer un point de vue ? . . . . . . . . . .

B83

L’utilitarisme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

B17

Une méthode pour décrire

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

B83

Le libertarisme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

B17

Une méthode pour comparer . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

B83

L’éthique de la responsabilité

B18

Une méthode pour faire une synthèse

. . . . . . . . . . . . . . .

B84

Une méthode pour expliquer . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

B84

Une méthode pour faire une justification . . . . . . . . . . . . .

B84

L’existentialisme

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

La culture religieuse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . B19

Le bouddhisme

Mieux comprendre la culture religieuse . . . . . .

B20

Comment interroger un point de vue ? . . . . . . . .

B85

Les traditions religieuses . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

B21

Les types de jugements

B85

Un Dieu, trois religions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

B22

Les types de raisonnements

. . . . . . . . . . . . . . . . . .

B86

Le catholicisme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

B23

Le protestantisme et l’anglicanisme . . . . . . . . . . . . . . . . .

B31

Les procédés susceptibles d’entraver le dialogue . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

B93

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Boîte à outils

B1

Notions et concepts de base en ÉCR Reconnaissance de l’autre

Poursuite du bien commun

Action d’accepter une personne pour ce qu’elle est, dans le respect de ses convictions, de ses valeurs et de sa vision du monde. La reconnaissance de l’autre, inséparable de la connaissance de soi, se fonde sur le principe que toutes les personnes sont égales en valeur et en dignité.

Action personnelle ou collective qui vise le mieuxêtre général de la société et celui de chaque individu de cette société. La poursuite du bien commun incite chaque personne à rechercher des valeurs communes avec les autres, à favoriser le vivre-ensemble par des projets concrets et à promouvoir les idéaux et les principes démocratiques de la société québécoise.

Expression du religieux Élément observable qui a un lien avec une religion et dont on perçoit la présence dans la société.

Vision du monde Regard qu’on pose sur soi et sur son entourage. Ce regard donne un sens aux pensées, aux sentiments et aux comportements de chaque individu. Il fournit également une explication sur la vie ou le vécu. La vision du monde diffère d’un individu à l’autre, selon les expériences de vie, les relations humaines, les valeurs, les normes, les croyances ou les convictions. Elle est appelée à se transformer au fil du temps.

Principe moral Norme qui définit ce qu’il est nécessaire de faire ou de ne pas faire pour atteindre ce qui est tenu pour le bien. Cette norme est souvent exprimée dans un énoncé très général dont découle un ensemble de règles morales.

Règle morale Norme qui spécifie comment appliquer un principe moral dans des situations précises. La règle apparaît généralement plus contraignante et elle s’exprime souvent par des interdictions.

B2

Question éthique Question qui porte sur des valeurs, des normes ou des comportements.

Norme Exigence morale qui guide un comportement. Les principes moraux, les droits de la personne, les lois et les règlements sont des exemples de normes.

Valeur Caractère attribué à des choses, à des attitudes ou à des comportements qui sont plus ou moins estimés ou désirés par des individus ou par des groupes de personnes. Une valeur peut parfois servir de critère pour évaluer si un comportement est acceptable et guider des choix.

Point de vue Manière particulière de considérer une question ou une réalité. Elle diffère d’une personne à l’autre selon la vision du monde de chacune.

Vivre-ensemble Cohabitation harmonieuse dans une société pluraliste.

Enjeu éthique

Éthique

Valeur ou norme abordée dans une question éthique.

Réflexion sur les conduites, les valeurs et les normes.

ViVre ensemBle 5

L’éthique

sommaire Mieux comprendre la réflexion éthique . . . . . . . .

B4

Comment formuler une question éthique ? . . . .

B5

Les valeurs

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

B6

Extraits de la Charte des droits et libertés de la personne du Québec . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

B7

Extraits du Code civil du Québec . . . . . . . . . . . . . . . . B10 Extraits du Code civil du Canada . . . . . . . . . . . . . . . . B12 Les grands courants philosophiques . . . . . . . . . . . B15 L’hédonisme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . B15 L’éthique déontologique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . B16 L’existentialisme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . B16 L’utilitarisme

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Le libertarisme

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

L’éthique de la responsabilité

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

B17 B17 B18

Boîte à outils

B3

Mieux comprendre la réflexion éthique L’éthique comporte des…

questions éthiques qui soulèvent des…

enjeux éthiques qui sont des…

valeurs (Voir la page B6.)

Principe moral Un principe moral est une norme qui définit ce qu’il est nécessaire de faire ou de ne pas faire pour atteindre ce qui est tenu pour le bien. Cette norme est souvent exprimée dans un énoncé très général dont découle un ensemble de règles morales.

B4

normes Se divisent en…

Règle morale Une règle morale est une norme qui spécifie comment appliquer un principe moral dans des situations précises. La règle apparaît généralement plus contraignante et elle s’exprime souvent sous forme d’interdictions.

« Ne fais pas aux autres ce que tu ne voudrais pas que l’on te fasse. »

« Ne tue pas. » « Ne vole pas. » « Il est interdit de s’adresser à autrui de manière volontairement offensante, que ce soit en paroles ou en gestes. »

« Aimez-vous les uns les autres. »

« Il est interdit de tenir ou d’encourager des propos haineux ou discriminatoires. » « Il est défendu d’utiliser la force physique contre qui que ce soit. »

« Agis en vue du plus grand bonheur collectif. »

« Il est interdit de détériorer volontairement le local de classe. »

« Sois honnête. »

« Afin de respecter les droits d’auteurs, l’élève doit indiquer clairement les sources des informations qui sont utilisées dans un travail. »

« Respecte les droits et libertés d’autrui. » « Tout être humain est titulaire de libertés fondamentales telles la liberté d’expression, de conscience et de réunion pacifique. » « Tout être humain a droit au respect professionnel. »

« Il est interdit de faire circuler des informations sur la vie privée des personnes sans leur consentement. »

ViVre ensemBle 5

Comment formuler une question éthique? La question éthique est l’outil principal pour poser un regard éthique sur une situation. Les questions éthiques ont trois fonctions.

Comprendre Certaines questions permettent de mieux comprendre les normes, les valeurs et les comportements associés à une situation, car elles font ressortir des précisions importantes. Exemples de questions : Qu’est-ce que le droit à la liberté d’association ? Qu’est-ce que la vie privée ? Qu’est-ce que le plagiat ? Quelle est la différence entre l’égalité et l’équité ? Quelles sont les différentes façons de concevoir la justice sociale ?

Définir Certaines questions permettent de définir et de mieux connaître les normes, les points de vue et les motivations de différentes personnes dans telle situation, car elles permettent de distinguer divers repères et conduites. Exemples de questions : Quelles sont les normes relatives à l’élevage des animaux ? Quel est le point de vue de tel spécialiste sur tel sujet ? Pour quelles raisons les internautes fréquentent-ils tel réseau social ? Pourquoi est-il interdit de mâcher de la gomme en classe ?

Évaluer Certaines questions permettent d’évaluer, de justifier ou de recommander des conduites ou des idées en lien avec la situation, car elles mènent à des suggestions de conduites à adopter ou à des propositions de solutions à divers problèmes éthiques. Les options proposées visent à favoriser le vivre-ensemble. Exemples de questions : Pour quelles raisons est-il souhaitable d’acheter des livres de littérature dans des magasins à grande surface ? Quels seraient les comportements à promouvoir ou à éviter dans telle situation ? Que conseillerais-tu à telle personne dans telle situation ? Quels sont les avantages et les inconvénients de certaines actions ? Quelles sont les conséquences de telles actions ? Questions à éviter Lors d’une réflexion éthique, il est recommandé d’éviter les questions du type « Doit-on… ? » ou « Faut-il… ? », qui laissent croire à une bonne réponse. De telles questions relèvent plus de la morale. L’éthique cherche davantage à déterminer si les actions sont souhaitables et sur quoi elles sont fondées.

Boîte à outils

B5

Les valeurs La valeur désigne l’importance qu’on attribue à des choses, à des attitudes ou à des comportements. Les valeurs servent de critères pour déterminer si un comportement est acceptable ou non. Les valeurs d’une personne orientent ses choix, ses décisions et sa manière d’être et de se comporter. C’est ce qui compte à ses yeux. Les mots qui suivent sont des exemples de valeurs.

B6

Altruisme

Emploi

Paix intérieure

Ambition

Environnement

Pardon

Amitié

Épanouissement

Partage

Amour

Étude

Pensée

Argent

Excellence

Plaisir

Authenticité

Famille

Politesse

Autonomie

Fidélité

Pouvoir

Autorité

Fraternité

Prestige

Aventure

Gaieté

Propreté

Beauté

Générosité

Racines culturelles

Bonheur

Honnêteté

Raison

Carrière

Honneur

Religion

Communauté

Humilité

Respect de la parole donnée

Confiance en soi

Humour

Respect de la propriété privée

Confort

Identité

Respect de l’autre

Connaissance

Individualisme

Respect de la vie

Coopération

Intégration

Responsabilité

Corps

Intégrité

Réussite

Courage

Intelligence

Revenu

Créativité

Justice

Santé

Démocratie

Liberté de religion

Savoir

Devoir

Liberté d’expression

Sécurité

Dialogue

Liberté d’opinion

Sérénité

Discipline

Loisir

Serviabilité

Don de soi

Loyauté

Solidarité

Effort

Ordre

Sollicitude

Égalité

Ouverture d’esprit

Tolérance

Émotion

Paix dans le monde

Travail

ViVre ensemBle 5

Extraits de la Charte des droits et libertés de la personne du Québec

Préambule Considérant que tout être humain possède des droits et libertés intrinsèques, destinés à assurer sa protection et son épanouissement ; Considérant que tous les êtres humains sont égaux en valeur et en dignité et ont droit à une égale protection de la loi ; Considérant que le respect de la dignité de l’être humain, l’égalité entre les femmes et les hommes et la reconnaissance des droits et libertés dont ils sont titulaires constituent le fondement de la justice, de la liberté et de la paix ; Considérant que les droits et libertés de la personne humaine sont inséparables des droits et libertés d’autrui et du bien-être général ; Considérant qu’il y a lieu d’affirmer solennellement dans une Charte les libertés et droits fondamentaux de la personne afin que ceux-ci soient garantis par la volonté collective et mieux protégés contre toute violation ; À ces causes, Sa Majesté, de l’avis et du consentement de l’Assemblée nationale du Québec, décrète ce qui suit : LES DROITS ET LIBERTÉS DE LA PERSONNE LIBERTÉS ET DROITS FONDAMENTAUX 1.

Tout être humain a droit à la vie, ainsi qu’à la sûreté, à l’intégrité et à la liberté de sa personne. Il possède également la personnalité juridique.

2.

Tout être humain dont la vie est en péril a droit au secours. […]

3.

Toute personne est titulaire des libertés fondamentales telles la liberté de conscience, la liberté de religion, la liberté d’opinion, la liberté d’expression, la liberté de réunion pacifique et la liberté d’association.

4.

Toute personne a droit à la sauvegarde de sa dignité, de son honneur et de sa réputation.

5.

Toute personne a droit au respect de sa vie privée.

6.

Toute personne a droit à la jouissance paisible et à la libre disposition de ses biens, sauf dans la mesure prévue par la loi.

Boîte à outils

B7

7.

La demeure est inviolable.

8.

Nul ne peut pénétrer chez autrui ni y prendre quoi que ce soit sans son consentement exprès ou tacite.

9.

Chacun a droit au respect du secret professionnel. […]

9.1. Les libertés et droits fondamentaux s’exercent dans le respect des valeurs démocratiques, de l’ordre public et du bien-être général des citoyens du Québec. La loi peut, à cet égard, en fixer la portée et en aménager l’exercice. DROIT À L’ÉGALITÉ DANS LA RECONNAISSANCE ET L’EXERCICE DES DROITS ET LIBERTÉS 10.

Toute personne a droit à la reconnaissance et à l’exercice, en pleine égalité, des droits et libertés de la personne, sans distinction, exclusion ou préférence fondée sur la race, la couleur, le sexe, la grossesse, l’orientation sexuelle, l’état civil, l’âge sauf dans la mesure prévue par la loi, la religion, les convictions politiques, la langue, l’origine ethnique ou nationale, la condition sociale, le handicap ou l’utilisation d’un moyen pour pallier ce handicap. Il y a discrimination lorsqu’une telle distinction, exclusion ou préférence a pour effet de détruire ou de compromettre ce droit. [...]

DROITS POLITIQUES 21.

Toute personne a droit d’adresser des pétitions à l’Assemblée nationale pour le redressement de griefs.

22.

Toute personne légalement habilitée et qualifiée a droit de se porter candidat lors d’une élection et a droit d’y voter.

DROITS JUDICIAIRES 23.

Toute personne a droit, en pleine égalité, à une audition publique et impartiale de sa cause par un tribunal indépendant et qui ne soit pas préjugé, qu’il s’agisse de la détermination de ses droits et obligations ou du bien-fondé de toute accusation portée contre elle. […]

24.

Nul ne peut être privé de sa liberté ou de ses droits, sauf pour les motifs prévus par la loi et suivant la procédure prescrite.

24.1. Nul ne peut faire l’objet de saisies, perquisitions ou fouilles abusives. 25.

Toute personne arrêtée ou détenue doit être traitée avec humanité et avec le respect dû à la personne humaine. [...]

33.

B8

ViVre ensemBle 5

Tout accusé est présumé innocent jusqu’à ce que la preuve de sa culpabilité ait été établie suivant la loi.

DROITS ÉCONOMIQUES ET SOCIAUX 39.

Tout enfant a droit à la protection, à la sécurité et à l’attention que ses parents ou les personnes qui en tiennent lieu peuvent lui donner.

40. Toute personne a droit, dans la mesure et suivant les normes prévues par la loi, à l’instruction publique gratuite. 41.

Les parents ou les personnes qui en tiennent lieu ont le droit d’assurer l’éducation religieuse et morale de leurs enfants conformément à leurs convictions, dans le respect des droits de leurs enfants et de l’intérêt de ceux-ci. [...]

43.

Les personnes appartenant à des minorités ethniques ont le droit de maintenir et de faire progresser leur propre vie culturelle avec les autres membres de leur groupe.

44.

Toute personne a droit à l’information, dans la mesure prévue par la loi.

45.

Toute personne dans le besoin a droit, pour elle et sa famille, à des mesures d’assistance financière et à des mesures sociales, prévues par la loi, susceptibles de lui assurer un niveau de vie décent.

46.

Toute personne qui travaille a droit, conformément à la loi, à des conditions de travail justes et raisonnables et qui respectent sa santé, sa sécurité et son intégrité physique.

46.1. Toute personne a droit, dans la mesure et suivant les normes prévues par la loi, de vivre dans un environnement sain et respectueux de la biodiversité. [...] DISPOSITIONS SPÉCIALES ET INTERPRÉTATIVES 49.

Une atteinte illicite à un droit ou à une liberté reconnu par la présente Charte confère à la victime le droit d’obtenir la cessation de cette atteinte et la réparation du préjudice moral ou matériel qui en résulte. En cas d’atteinte illicite et intentionnelle, le tribunal peut en outre condamner son auteur à des dommages-intérêts punitifs.

Boîte à outils

B9

Extraits du Code civil du Québec Le droit civil traite notamment des personnes, des relations familiales, de la propriété, des relations entre voisins et des contrats. Au Québec, la majorité des lois en cette matière sont conçues par l’Assemblée nationale. Ces lois sont principalement regroupées dans le Code civil du Québec. En voici quelques extraits.

DisPosition Préliminaire Le Code civil du Québec régit, en harmonie avec la Charte des droits et libertés de la personne […] et les principes généraux du droit, les personnes, les rapports entre les personnes, ainsi que les biens. Le code est constitué d’un ensemble de règles qui […] constitue le fondement des autres lois […]. DES PERSONNES 1.

Tout être humain possède la personnalité juridique ; il a la pleine jouissance des droits civils.

10. Toute personne est inviolable et a droit à son intégrité. Sauf dans les cas prévus par la loi, nul ne peut lui porter atteinte sans son consentement libre et éclairé. 11. Nul ne peut être soumis sans son consentement à des soins, quelle qu’en soit la nature, qu’il s’agisse d’examens, de prélèvements, de traitements ou de toute autre intervention. 14. Le consentement aux soins requis par l’état de santé du mineur est donné par le titulaire de l’autorité parentale ou par le tuteur. 17. Le mineur de 14 ans et plus peut consentir seul aux soins non requis par l’état de santé […]. 32. Tout enfant a droit à la protection, à la sécurité et à l’attention que ses parents ou les personnes qui en tiennent lieu peuvent lui donner. 35. Toute personne a droit au respect de sa réputation et de sa vie privée. Nulle atteinte ne peut être portée à la vie privée d’une personne sans que celle-ci y consente ou sans que la loi l’autorise. 36. Peuvent être notamment considérés comme des atteintes à la vie privée d’une personne les actes suivants : 1° Pénétrer chez elle ou y prendre quoi que ce soit ; 2° Intercepter ou utiliser volontairement une communication privée ; 3° Capter ou utiliser son image ou sa voix lorsqu’elle se trouve dans des lieux privés ; 4° Surveiller sa vie privée par quelque moyen que ce soit ;

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5° Utiliser son nom, son image, sa ressemblance ou sa voix à toute autre fin que l’information légitime du public ; 6° Utiliser sa correspondance, ses manuscrits ou ses autres documents personnels. DE LA FAMILLE 597.

L’enfant, à tout âge, doit respect à ses père et mère.

598.

L’enfant reste sous l’autorité de ses père et mère jusqu’à sa majorité ou son émancipation.

599.

Les père et mère ont, à l’égard de leur enfant, le droit et le devoir de garde, de surveillance et d’éducation. Ils doivent nourrir et entretenir leur enfant.

DES BIENS 934.

Sont sans maître les biens qui n’ont pas de propriétaire, tels les animaux sauvages en liberté, ceux qui, capturés, ont recouvré leur liberté, la faune aquatique, ainsi que les biens qui ont été abandonnés par leur propriétaire.

940.

Celui qui trouve un bien doit tenter d’en retrouver le propriétaire ; le cas échéant, il doit lui remettre le bien.

947.

La propriété est le droit d’user, de jouir et de disposer librement et complètement d’un bien, sous réserve des limites et des conditions d’exercice fixées par la loi. […]

976.

Les voisins doivent accepter les inconvénients normaux du voisinage qui n’excèdent pas les limites de la tolérance qu’ils se doivent, suivant la nature ou la situation de leurs fonds, ou suivant les usages locaux.

DES OBLIGATIONS 1457. Toute personne a le devoir de respecter les règles de conduite qui, suivant les circonstances, les usages ou la loi, s’imposent à elle, de manière à ne pas causer de préjudice à autrui. Elle est, lorsqu’elle est douée de raison et qu’elle manque à ce devoir, responsable du préjudice qu’elle cause par cette faute à autrui et tenue de réparer ce préjudice, qu’il soit corporel, moral ou matériel. Elle est aussi tenue, en certains cas, de réparer le préjudice causé à autrui par le fait ou la faute d’une autre personne ou par le fait des biens qu’elle a sous sa garde. DU CONTRAT DE TRAVAIL 2088. Le salarié, outre qu’il est tenu d’exécuter son travail avec prudence et diligence, doit agir avec loyauté et ne pas faire usage de l’information à caractère confidentiel qu’il obtient dans l’exécution ou à l’occasion de son travail. Ces obligations survivent pendant un délai raisonnable après cessation du contrat, et survivent en tout temps lorsque l’information réfère à la réputation et à la vie privée d’autrui. 2318. L’emprunteur ne peut se servir du bien prêté que pour l’usage auquel ce bien est destiné ; il ne peut, non plus, permettre qu’un tiers l’utilise, à moins que le prêteur ne l’autorise.

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Extraits du Code criminel du Canada En matière de droit criminel, les lois permettent de protéger les individus, ainsi que d’assurer la paix et l’ordre entre les personnes. Ces lois énumèrent et définissent les comportements criminels tout en prévoyant les sanctions qui y sont reliées. Au Canada, les lois relevant du droit criminel sont élaborées par le Parlement canadien. Elles s’appliquent à tous les individus de 12 ans et plus dans toutes les provinces et dans tous les territoires canadiens. Elles sont majoritairement regroupées dans le Code criminel du Canada. En voici quelques extraits.

DÉFENSE DE LA PERSONNE 34.

(1) N’est pas coupable d’une infraction la personne qui, à la fois : a) croit, pour des motifs raisonnables, que la force est employée contre elle ou une autre personne ou qu’on menace de l’employer contre elle ou une autre personne ; b) commet l’acte constituant l’infraction dans le but de se défendre ou de se protéger — ou de défendre ou de protéger une autre personne — contre l’emploi ou la menace d’emploi de la force ; c) agit de façon raisonnable dans les circonstances.

ATTROUPEMENT ILLÉGAL 63.

(1) Un attroupement illégal est la réunion de trois individus ou plus qui, dans l’intention d’atteindre un but commun, s’assemblent, ou une fois réunis se conduisent, de manière à faire craindre, pour des motifs raisonnables, à des personnes se trouvant dans le voisinage de l’attroupement : a) soit qu’ils ne troublent la paix tumultueusement ; b) soit que, par cet attroupement, ils ne provoquent inutilement et sans cause raisonnable d’autres personnes à troubler tumultueusement la paix.

INTERCEPTION DES COMMUNICATIONS 184.

(1) Est coupable d’un acte criminel et passible d’un emprisonnement maximal de cinq ans quiconque, au moyen d’un dispositif électromagnétique, acoustique, mécanique ou autre, intercepte volontairement une communication privée.

HOMICIDE 222.

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(1) Commet un homicide quiconque, directement ou indirectement, par quelque moyen, cause la mort d’un être humain.

(2) L’homicide est coupable ou non coupable. (3) L’homicide non coupable ne constitue pas une infraction. (4) L’homicide coupable est le meurtre, l’homicide involontaire coupable ou l’infanticide. (5) Une personne commet un homicide coupable lorsqu’elle cause la mort d’un être humain : a) soit au moyen d’un acte illégal ; b) soit par négligence criminelle ; c) soit en portant cet être humain, par des menaces ou la crainte de quelque violence, ou par la supercherie, à faire quelque chose qui cause sa mort ; d) soit en effrayant volontairement cet être humain, dans le cas d’un enfant ou d’une personne malade. 223.

(1) Un enfant devient un être humain au sens de la présente loi lorsqu’il est complètement sorti, vivant, du sein de sa mère : a) qu’il ait respiré ou non ; b) qu’il ait ou non une circulation indépendante ; c) que le cordon ombilical soit coupé ou non.

PROFÉRER DES MENACES 264.1 (1) Commet une infraction quiconque sciemment profère, transmet ou fait recevoir par une personne, de quelque façon, une menace : a) de causer la mort ou des lésions corporelles à quelqu’un ; b) de brûler, détruire ou endommager des biens meubles ou immeubles ; c) de tuer, empoisonner ou blesser un animal ou un oiseau qui est la propriété de quelqu’un. VOIES DE FAIT 265.

(1) Commet des voies de fait, ou se livre à une attaque ou une agression, quiconque, selon le cas : a) d’une manière intentionnelle, emploie la force, directement ou indirectement, contre une autre personne sans son consentement ; b) tente ou menace, par un acte ou un geste, d’employer la force contre une autre personne, s’il est en mesure actuelle, ou s’il porte cette personne à croire, pour des motifs raisonnables, qu’il est alors en mesure actuelle d’accomplir son dessein ; c) en portant ostensiblement une arme ou une imitation, aborde ou importune une autre personne ou mendie.

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INCITATION PUBLIQUE À LA HAINE 319.

(1) Quiconque, par la communication de déclarations en un endroit public, incite à la haine contre un groupe identifiable, lorsqu’une telle incitation est susceptible d’entraîner une violation de la paix, est coupable : a) soit d’un acte criminel et passible d’un emprisonnement maximal de deux ans ; b) soit d’une infraction punissable sur déclaration de culpabilité par procédure sommaire.

VOL 322.

(1) Commet un vol quiconque prend frauduleusement et sans apparence de droit, ou détourne à son propre usage ou à l’usage d’une autre personne, frauduleusement et sans apparence de droit, une chose quelconque, animée ou inanimée, avec l’intention : a) soit de priver, temporairement ou absolument, son propriétaire, ou une personne y ayant un droit de propriété spécial ou un intérêt spécial, de cette chose ou de son droit ou intérêt dans cette chose ; b) soit de la mettre en gage ou de la déposer en garantie ; c) soit de s’en dessaisir à une condition, pour son retour, que celui qui s’en dessaisit peut être incapable de remplir ; d) soit d’agir à son égard de telle manière qu’il soit impossible de la remettre dans l’état où elle était au moment où elle a été prise ou détournée.

FRAUDE 380.

(1) Quiconque, par supercherie, mensonge ou autre moyen dolosif, constituant ou non un faux-semblant au sens de la présente loi, frustre le public ou toute personne, déterminée ou non, de quelque bien, service, argent ou valeur : a) est coupable d’un acte criminel et passible d’un emprisonnement maximal de quatorze ans, si l’objet de l’infraction est un titre testamentaire ou si la valeur de l’objet de l’infraction dépasse cinq mille dollars ; b) est coupable : (i) soit d’un acte criminel et passible d’un emprisonnement maximal de deux ans, (ii) soit d’une infraction punissable sur déclaration de culpabilité par procédure sommaire, si la valeur de l’objet de l’infraction ne dépasse pas cinq mille dollars.

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Les grands courants philosophiques Que fait le philosophe ? Il réfléchit aux questions les plus fondamentales que se pose l’être humain. Il s’interroge sur des sujets comme la vérité, la liberté, la démocratie ou le sens de la vie et de la mort. L’éthique est un domaine spécialisé de la philosophie qui s’intéresse aux grands principes de la conduite humaine. Ses deux principaux objets d’étude sont la morale et le bonheur. Le texte qui suit présente une brève description de six courants de pensée éthiques et de six philosophes qui y sont associés.

L’hédonisme

Le penseur, œuvre du sculpteur français Auguste Rodin (1840-1917).

Le terme hédonisme vient du grec hedonê, qui signifie « plaisir ». L’hédonisme est une éthique du plaisir. Il définit le bien par le plaisir et le mal, par la douleur.

Épicure Épicure (341-270 avant notre ère) fut probablement le philosophe le plus célèbre de l’Antiquité. Il fonda à Athènes sa fameuse école du Jardin, vers 306 avant notre ère. Ouverte aux femmes et à toutes les classes sociales, cette école fonctionnait sur le modèle d’une communauté d’amis. Épicure y mena une vie simple et frugale, et resta célibataire et sans enfants jusqu’à sa mort.

Un hédonisme modéré Épicure professait un hédonisme modéré. Il conseillait de satisfaire avec modération les plaisirs simples et naturels, et il condamnait le luxe, les excès et ce qu’il appelait les désirs vides, comme la soif de célébrité, de pouvoir ou de richesse, qui est impossible à combler. Selon Épicure, il n’y a aucune raison de craindre les dieux, car ils vivent dans un monde à part et ils ne s’intéressent aucunement au sort des humains. Il conseillait aussi de ne pas avoir peur de la mort. Partant de l’idée que toute souffrance suppose des sensations de douleur, il concluait qu’on n’a rien à craindre de la mort, puisqu’on n’a ni sensations ni douleur lorsqu’on est mort.

L’actualité d’Épicure La pensée d’Épicure trouve un écho dans la culture d’aujourd’hui, car il est un des inspirateurs du mouvement de la simplicité volontaire, qui condamne la surconsommation et le gaspillage, et appelle un retour à une vie simple et naturelle.

Une idée controversée

Épicure (341-270 avant notre ère).

Épicure préconisait le célibat et l’amitié, car il considérait que le mariage et la vie de famille empêchent l’individu d’atteindre la tranquillité intérieure essentielle au bonheur.

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L’éthique déontologique L’éthique déontologique est une morale du devoir (déontos en grec). Elle fonde la morale sur des principes que nous ne devons jamais transgresser, peu importe les conséquences.

Kant Emmanuel Kant (17241804) est un des plus grands noms de l’histoire de la philosophie. Il mena à Königsberg, en Allemagne, une vie paisible et rationnellement ordonnée, à l’image de sa philosophie. Il faisait chaque jour une promeEmmanuel Kant (1724-1804). nade d’une heure avec un tel souci d’exactitude que les gens, en le voyant, savaient exactement l’heure qu’il était !

Deux grands principes Kant a donné deux versions du principe fondamental de la morale. La première est le principe d’universalisation, qu’il énonce sous forme de questions : « Puis-je vouloir que tout le monde agisse toujours comme moi ? Puis-je vouloir que tout le monde mente ? Puis-je vouloir que personne ne vienne jamais en aide aux autres ? » La deuxième version est le principe du respect : « Ne traite jamais une personne humaine comme un simple moyen pour arriver à tes fins. » La personne humaine a une dignité qui lui vient de sa liberté et de son autonomie. Toute forme de violence, de chantage ou de manipulation envers une personne viole le principe du respect.

qu’il veut tuer. Vous savez où elle se trouve. Devezvous le lui dire ? » Kant a estimé que oui, car notre devoir est de toujours dire la vérité.

L’existentialisme L’existentialisme nie que l’être humain ait une nature prédéterminée. Il conçoit l’être humain comme un être libre qui se définit et s’invente luimême à travers ses choix.

Sartre À la fois philosophe et écrivain, Jean-Paul Sartre (1905-1980) fut un personnage fortement médiatisé en raison de ses positions politiques radicales, comme son appui à la révolte étudiante de mai 1968, en France. Il fut le seul écrivain à refuser le prix Nobel de littérature. Ses funérailles ont attiré plus de 50 000 personnes.

Une éthique de la liberté Sartre voit dans la liberté la caractéristique essentielle de l’être humain. Sur le plan moral, cette liberté signifie qu’il n’y a pas de règles du bien ou du mal immuables et prédéterminées. Il revient à chaque individu de définir par ses choix ce qui est bien et ce qui est mal, et il doit assumer une totale responsabilité à cet égard. Cette responsabilité est une source d’angoisse qui porte souvent l’individu à se dérober et à attribuer ses actions à des causes extérieures, comme les autres ou les circonstances. Cette fuite de la responsabilité est ce que Sartre appelle la mauvaise foi. Son contraire est l’authenticité. Dans son roman la nausée, paru en 1938, Sartre décrit notamment l’angoisse existentielle qui accompagne souvent la réflexion sur l’existence.

L’actualité de Kant Kant a souhaité l’avènement d’un organisme international voué à la cause de la paix qui réunirait tous les pays du monde. Il préfigurait ainsi ce qui est devenu, au 20e siècle, l’Organisation des Nations unies.

Une idée controversée On a demandé à Kant son avis sur le dilemme moral suivant : « Un homme armé se présente chez vous et vous demande de lui dire où se trouve la personne B16

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« J’étais apparu par hasard, j’existais comme une pierre, une plante, un microbe. Ma vie poussait au petit bonheur et dans tous les sens. Elle m’envoyait parfois des signaux vagues ; d’autres fois, je ne sentais rien qu’un bourdonnement sans conséquence. » « Donc j’étais tout à l’heure au Jardin public. La racine du marronnier s’enfonçait dans la terre,

juste au-dessous de mon banc. Je ne me rappelais plus que c’était une racine. Les mots s’étaient évanouis et, avec eux, la signification des choses, leurs modes d’emploi, les faibles repères que les hommes ont tracés à leur surface. J’étais assis, un peu voûté, la tête basse, seul en face de cette masse noire et noueuse, entièrement brute et qui me faisait peur. Et puis j’ai eu cette illumination. Ça m’a coupé le souffle. Jamais, avant ces derniers jours, je n’avais pressenti ce que voulait dire “exister”. […] » Source : Jean-Paul SARTRE, la nausée, Paris, Gallimard, coll. Folio, 1992, p. 125 et 181.

L’actualité de Sartre Sartre s’est engagé dans de multiples combats politiques contre le colonialisme, l’antisémitisme, la guerre d’Algérie, la guerre du Vietnam, etc. Il est un modèle pour ceux et celles qui mènent aujourd’hui des luttes contre l’oppression et l’injustice partout dans le monde.

Une idée controversée Sartre a proposé une image pessimiste de nos rapports avec autrui dans sa pièce Huis clos, que résume sa fameuse phrase : « L’enfer, c’est les autres. » Il voulait ainsi montrer que les autres ont le pouvoir de nier notre liberté en nous accolant des étiquettes, telles que : « Tu n’es qu’un lâche ! », « Tu n’es qu’un bon à rien ! »

Maximiser le bien-être L’éthique utilitariste transforme l’hédonisme en altruisme. En effet, si le plaisir est une bonne chose, il doit l’être pour tous, pas seulement pour soi. L’utilitarisme nous commande donc d’opter, dans nos décisions, pour l’action qui John Stuart Mill (1806-1873). sera la plus utile, soit celle qui procurera le maximum de satisfaction à l’ensemble des êtres concernés. L’utilitarisme défend aussi un principe d’égalité qui veut que chacun compte pour un dans le calcul de l’utilité. Pour Mill, cependant, tous les plaisirs n’étaient pas égaux ; les plaisirs de l’esprit étaient supérieurs en qualité aux plaisirs du corps.

L’actualité de l’utilitarisme Les penseurs utilitaristes sont aujourd’hui à l’avantgarde des mouvements de protection des animaux. Les animaux peuvent ressentir du plaisir et de la souffrance autant que les humains. Il nous faut donc tenir compte de leur bien-être dans notre conduite.

Une idée controversée Un des problèmes de l’utilitarisme est qu’il semble autoriser la violation des droits individuels lorsqu’elle sert le plus grand bonheur du plus grand nombre, comme dans le cas où torturer un individu permettrait de sauver plusieurs vies.

L’utilitarisme

Le libertarisme

L’utilitarisme est une éthique dont le principe moral fondamental est la recherche du plus grand bonheur pour le plus grand nombre.

Le libertarisme repose sur un principe de base qui conjugue deux droits : la liberté et la propriété. Ce principe implique que chacun a le droit de faire ce qu’il veut avec ce qui lui appartient.

Mill John Stuart Mill (1806-1873) fut un enfant prodige et un des grands humanistes de son époque. Son père décida de s’occuper lui-même de son éducation. Il en résulta que John Stuart était considéré, dès l’âge de 14 ans, comme un expert en histoire et en mathématiques. Il se fit élire député au Parlement britannique, où il lutta pour qu’on accorde le droit de vote aux femmes... sans succès.

Nozick Robert Nozick (1938-2002) est le représentant le plus prestigieux du libertarisme contemporain. Il aimait donner ses cours en réfléchissant à haute voix devant ses élèves. Il est un des rares philosophes qui aient radicalement changé d’opinion au cours de leur carrière. En effet, il a d’abord été un socialiste de gauche avant de devenir un libertarien de droite. Boîte à outils

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L’individu contre l’État Nozick part de l’idée qu’il y a une seule chose dont l’être humain a l’entière propriété au départ : son corps. Il s’ensuit que tout ce qui est le fruit de l’activité de son corps, comme le salaire qu’un individu retire d’un travail, est Robert Nozick (1938-2002). également sa propriété. C’est pourquoi l’État commet un vol s’il prélève de l’impôt sur le salaire des personnes contre leur volonté. Une autre implication de ce principe est que l’État n’a pas non plus le droit de forcer un être humain à aider les autres (toujours au moyen des impôts) ou de le protéger contre lui-même, en l’obligeant, par exemple, à porter une ceinture de sécurité ou encore à faire vacciner ses enfants.

L’actualité du libertarisme

Les dangers du développement technologique Hans Jonas a élaboré son éthique de la responsabilité pour répondre au plus grave problème de notre temps : l’impact du développement technologique sur notre mode de vie et sur l’avenir de l’humanité. Il était particulièrement inquiet de phénomènes comme la destruction de l’environnement, la surpopulation et la croissance économique effrénée. Selon Jonas, nous n’avons pas le droit de mettre en péril la survie même de l’humanité et nous n’avons pas le droit de défigurer ce qu’il appelle l’image de l’homme. Le clonage, les croisements génétiques entre humains et animaux ou la multiplication des drogues du cerveau sont des exemples de menaces de cette sorte. « […] jamais l’existence ou l’essence de l’homme dans son intégralité ne doivent être mises en jeu dans les paris de l’agir […]. »

Le libertarisme inspire actuellement tous ceux qui critiquent les interventions de l’État dans l’économie et qui veulent que des services comme la santé, l’éducation ou l’entretien des routes soient pris en charge par l’entreprise privée.

« Agis de façon que les effets de ton action soient compatibles avec la Permanence d’une vie authentiquement humaine sur terre. »

Une idée controversée

[…] « Inclus dans ton choix actuel l’intégrité future de l’homme comme objet secondaire de ton vouloir. »

Pour le libertarisme, tout ce qui relève de l’entraide ne saurait faire l’objet d’une obligation. Aider les autres est peut-être une bonne chose, mais chacun doit rester entièrement libre à cet égard. Le libertarisme rejette, pour cette raison, la loi qui nous oblige à porter secours à une personne en danger.

L’éthique de la responsabilité L’éthique de la responsabilité défend l’idée que les générations actuelles ont des responsabilités fondamentales envers les générations futures.

Jonas Juif de naissance, Hans Jonas (1903-1993) a fui l’Allemagne nazie pour se rendre en Palestine et ensuite s’engager dans l’armée britannique, alors en guerre contre les nazis. Il enseigna plus tard au Canada et aux États-Unis. Son grand ouvrage, le principe B18

responsabilité : Une éthique pour la civilisation technologique, fut le plus grand succès de librairie que connut un ouvrage de philosophie en Europe.

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[…]

Source : Hans JONAS, le principe responsabilité : Une éthique pour la civilisation technologique, Paris, Éditions du cerf, 2008, p. 84 et 40.

L’actualité de Jonas Jonas est le père de ce que l’on appelle aujourd’hui le principe de précaution. Suivant ce principe, il est justifié de limiter ou d’empêcher une action potentiellement dangereuse même lorsque le danger n’est pas établi de façon certaine. Ce serait le cas, par exemple, avec le phénomène du réchauffement climatique.

Une idée controversée Jonas a laissé entendre qu’il faudrait peut-être imposer à des populations certaines mesures draconiennes impopulaires telles que limiter le nombre d’enfants par famille.

La culture religieuse

sommaire Mieux comprendre la culture religieuse . . . . . . . B20 Les traditions religieuses . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . B21 Un dieu, trois religions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . B22 Le catholicisme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . B23 Le protestantisme et l’anglicanisme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . B31 L’orthodoxie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . B37 Le judaïsme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . B41 Les spiritualités des peuples autochtones du Québec . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . B47 L’islam . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . B53 Le bouddhisme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . B59 L’hindouisme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . B65 Le sikhisme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . B70 L’athéisme

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

B73

Boîte à outils

B19

Mieux comprendre la culture religieuse La culture religieuse permet de mieux comprendre les traditions religieuses, qui se manifestent dans l’environnement social et culturel par des expressions du religieux. Ces expressions observables peuvent être des récits, des rites, des règles, des symboles, des éléments du patrimoine religieux, des vêtements, des paroles, des lieux, des objets, etc. Ces expressions du religieux peuvent aussi se retrouver dans la culture profane, c’est-à-dire en dehors de la religion.

Les traditions religieuses, c’est-à-dire les grandes religions, se manifestent par les...

expressions du religieux, des éléments observables qui ont des liens avec une religion et qui peuvent se retrouver...

dans la pratique religieuse : le calice, la kippa, l’icône, l’alléluia, le col romain, la communion, les ablutions, le voile, le turban, l’autel, la Bible, le Coran, « Tu ne tueras point », la hutte de sudation.

dans le patrimoine religieux : le nom Sainte-Anne-deBeaupré, la croix de chemin, le cimetière, l’oratoire Saint-Joseph, la synagogue Shaar Hashomayim, les vitraux de Guido Nincheri, la légende de la Chassegalerie, La Mecque.

dans la culture profane : la bible du barbecue, une religieuse dans une publicité, un nom de commerce ou de produit de consommation en lien avec la religion, le titre gourou de la finance, des expressions comme « Œil pour œil, dent pour dent », qui sont tirées de la Bible, mais utilisées dans un contexte profane.

Afin de mieux comprendre une expression du religieux, il faut connaître...

ses caractéristiques : ce que c’est.

ses fonctions : un rôle, une utilité.

ses significations : ce qu’elle veux dire, ce qu’elle représente.

Exemples de caractéristiques, de significations et de fonctions : Une caractéristique

B20

Une fonction

Une signification

La Bible (pour un chrétien)

Recueil de textes.

Guider les croyants dans leurs choix de vie.

La parole de Dieu.

Le rabbin (pour un juif)

Spécialiste de la Torah.

Inspirer moralement les membres de sa communauté.

Il est la Torah vivante.

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Les traditions religieuses Cette partie de la Boîte à outils propose une vue d’ensemble de quelques-unes des religions du monde qui sont pratiquées au Québec. Cette synthèse permet de les situer dans le temps, d’apprendre le nom de leurs fondateurs, leur répartition dans le monde, leurs croyances, leur conception de l’être humain, du mal et de la vie après la mort, leur organisation, leur façon de transmettre la foi, la place qu’elles accordent aux femmes, leurs rites, leurs fêtes, leurs règles de conduite, leur implantation et leur importance relative en fonction de la population de chaque région administrative du Québec.

Un monde, des religions Résumer une religion en quelques lignes comporte sa part de dangers. Avant de lire les dossiers qui suivent, il importe de prendre en considération quelques nuances afin d’éviter de tomber dans la généralisation abusive, ou pire, dans la caricature.

La fête de Timkat, qui correspond à l’Épiphanie, a lieu en janvier. Pour les chrétiens orthodoxes éthiopiens, il s’agit du principal événement de l’année. Chaque culture religieuse a sa façon particulière de célébrer les moments importants de son calendrier.

Pour chaque tradition religieuse, il serait possible d’affirmer qu’il existe autant de façons de croire qu’il y a de croyants. En effet, certains croyants s’engagent à respecter de façon stricte et dans les moindres détails l’ensemble des récits, des règles et des rites

propres à leur religion. D’autres cherchent plutôt à dégager l’esprit d’un récit ou d’une règle, son sens général, et l’ajustent aux réalités du monde d’aujourd’hui.

Chronologie générale des grandes traditions religieuses – 30 000 à – 15 000 v. – 1500 – 1000 – 6e siècle v. – 500 – 523 30-120 610

Arrivée des premières populations de chasseurs avec leurs pratiques animistes en Amérique. Naissance des spiritualités amérindiennes. Début de l’écriture des Veda. Naissance de l’hindouisme. Arrivée des premiers ancêtres des Inuits avec leurs pratiques animistes. Naissance de la spiritualité inuite. Naissance du judaïsme à partir de traditions anciennes. Début de l’ère brahmanique de l’hindouisme. Par son éveil, Siddhartha Gautama devient le Bouddha. Naissance du bouddhisme. Vie publique de Jésus de Nazareth, naissance du christianisme et rédaction du Nouveau Testament. Le prophète Muhammad reçoit de Dieu les premières révélations du Coran. Naissance de l’islam.

1517

Critique du christianisme catholique par le moine allemand Martin Luther. Naissance du christianisme protestant.

1529

Rupture d’Henri VIII avec l’Église de Rome.

1534

Le Parlement anglais entérine la suprématie du roi sur l’Église d’Angleterre. Naissance de l’anglicanisme.

1536

Publication en latin de l’Institution de la religion chrétienne, par le prêtre français Jean Calvin. Naissance du calvinisme.

Boîte à outils

B21

Un Dieu, trois religions Il y a dans le monde trois grandes religions monothéistes : le judaïsme, le christianisme et l’islam. Ces trois religions se réfèrent en effet au même Dieu unique et universel. Qu’il soit appelé « Yahvé » en hébreu, « Dieu » en français ou « Allah » en arabe, il s’agit du même Tout-Puissant, créateur du monde. C’est pour cette raison que le premier être humain à le reconnaître, Abram ou Abraham ou Ibrahim, est qualifié de « père des croyants ». On trouve ainsi la parole de Dieu dans les textes sacrés de ces religions, entre autres dans le TaNaK (judaïsme), la Bible (christianisme) et le Coran (islam).

Jérusalem, en Israël. Les religions juive, chrétienne et musulmane considèrent Jérusalem comme un lieu saint.

Le christianisme au Québec À son arrivée à Gaspé, en 1534, Jacques Cartier plante une croix. Il manifeste ainsi la double intention de son commanditaire, le roi de France : prendre possession du territoire et l’évangéliser. Des missionnaires accompagnent les premiers groupes de Français en Amérique du Nord pour convertir les populations autochtones. Dès le début, la foi catholique est un des moteurs de la colonisation. La Nouvelle-France est fortement marquée par l’empreinte du catholicisme. Le territoire est divisé en paroisses, où sont construites les premières églises. Des communautés religieuses, principalement des femmes, fondent et dirigent des écoles, des hôpitaux et de nombreux lieux d’entraide. Surtout catholique au début, la colonie a, par la suite, accueilli des chrétiens protestants et des chrétiens orthodoxes. Ensemble, ils ont contribué à développer le territoire. Ces trois visages du christianisme ont d’importants points en commun : ils croient en un même Dieu et en un même Jésus, Fils de Dieu, sauveur du monde. Les trois enseignent l’amour de Dieu et du prochain. Enfin, le baptême et l’eucharistie sont au cœur de leur foi.

La pluralité religieuse De nos jours, au Québec, la foi se conjugue au pluriel. En effet, sur les 7 millions d’habitants que comptait la province en 2001, 6 712 400 déclaraient appartenir à une religion, de près ou de loin. Le tableau qui B22

ViVre ensemBle 5

suit fournit les données sur la présence de certaines traditions religieuses au Québec. Dans les pages suivantes, pour chaque tradition religieuse présentée, un tableau fournit les données par région administrative du Québec. Présence de certaines traditions religieuses au Québec Traditions religieuses

Population

en %

Catholique

5 939 705

83,36

Protestante

335 595

4,71

Orthodoxe chrétienne

100 370

1,41

Musulmane

108 605

1,52

Juive

89 945

1,26

Bouddhiste

41 430

0,58

Hindoue

24 515

0,34

8 225

0,12

64 000

0,90

413 190

5,80

7 125 580

100,0

Sikhe Autres religions Aucune croyance religieuse Total

Source : D’après les données de l’Institut de la statistique du Québec, recensement 2001.

Le catholicisme PoiNTS DE REPèRE Fondateur

Nom du divin

Jésus-Christ en est le fondateur ; les douze apôtres et Paul de Tarse en sont les pierres angulaires.

Dieu (en trois personnes : le Père, le Fils et le Saint-Esprit).

Texte sacré

Les catholiques.

La Bible (l’Ancien Testament et le Nouveau Testament).

Lieux sacrés Tous les lieux significatifs dans la vie de Jésus sont devenus des lieux importants pour de nombreux croyants (Bethléem, Jérusalem, etc.).

Lieux de culte Église (où Dieu réside), chapelle, basilique, cathédrale, oratoire.

Symbole principal

Noms des croyants Principales divisions : • catholiques romains ; • catholiques de rite byzantin (Ukrainiens, Roumains, melkites) ; • catholiques de rite arménien (Arméniens) ; • catholiques de rite alexandrin (coptes et Éthiopiens) ; • catholiques de rite syrien occidental (maronites, malankares) ; • catholiques de rite syrien oriental (malabars, Chaldéens).

La croix (l’instrument de supplice sur lequel Jésus est mort).

Le catholicisme dans le monde

Source : l’atlas des religions : pays par pays, les clés de la géopolitique, numéro hors-série, co-édition La vie – Le Monde, Paris, 2007, p. 48-49.

Boîte à outils

B23

Chronologie du catholicisme v. – 6

Naissance de Jésus.

v. 30

Crucifixion et résurrection de Jésus-Christ.

45 v. 50-120

Paul de Tarse annonce l’Évangile en Asie Mineure. Rédaction des lettres de Paul, des Évangiles (Matthieu, Marc, Luc, Jean) et des autres écrits du Nouveau Testament.

v. 150

Apparition des premières représentations iconographiques du Christ.

v. 320

Fondation du premier monastère.

325

Concile de Nicée, où les bases de la foi chrétienne sont établies. On confirme la divinité de Jésus.

381

Concile de Constantinople.

385-406

Traduction de la Bible en latin par Jérôme.

451

Concile de Chalcédoine. On discute de la Trinité (Dieu Père, Fils et Saint-Esprit). Quelques Églises de rite alexandrin en désaccord se séparent.

529

Création de l’ordre des Bénédictins par Benoît de Nursie.

910

Fondation de l’abbaye de Cluny. Mille deux cents autres abbayes seront ensuite construites en deux cents ans.

1054

Séparation entre l’Église catholique et l’Église orthodoxe parce que les Églises de l’Est ne reconnaissent pas l’autorité du pape.

1209

Fondation, par saint François d’Assise, de l’ordre des Frères mineurs.

1455

Première impression de la Bible par Gutenberg.

1541-1627

Arrivée des premiers chrétiens en Amérique.

1545-1563

Concile de Trente.

1869-1870

Concile du Vatican I, qui proclame le dogme de l’infaillibilité du pape.

1962-1965

Concile du Vatican II, qui vise à adapter l’Église à la société moderne.

1986

Rencontre à Assise entre les responsables des grandes religions du monde.

2013

Élection du pape François.

PoRTRaiT

Paul de Tarse (v. 5-65).

B24

ViVre ensemBle 5

Paul de Tarse Paul est né à Tarse, au Proche-Orient, vers l’an 5. Ses écrits, qui font partie du Nouveau Testament sous le nom d’épîtres, l’ont rendu célèbre. L’Église catholique l’a canonisé. Pourtant, rien, au début de sa vie, ne laissait présager une telle destinée. Citoyen de l’Empire romain, il est éduqué à Jérusalem. Juif pharisien, il observe strictement les lois de la Torah. Il se joint aux persécuteurs des premiers chrétiens jusqu’au jour où une apparition du Christ l’incite à se convertir. Dès lors, il se consacre à l’évangélisation des juifs et des païens. Ses lettres – épîtres – aux communautés chrétiennes qu’il a fondées reflètent le message du Christ. Bien que, contrairement aux autres apôtres, il n’ait pas connu le Christ pendant sa vie sur Terre, il fait partie des apôtres du christianisme, les premiers à prêcher les paroles du Christ.

Les croyances Il existe un seul Dieu, présent partout de toute éternité, créateur de toutes choses. Ce Dieu est en fait formé de trois personnes : le Père, le Fils et le Saint-Esprit. Dieu aime ses créatures. Jésus est le Fils de Dieu, envoyé pour sauver les êtres humains du péché originel d’Adam et Ève au début du monde. La mère de Jésus, Marie, n’a pas connu le péché (dogme de l’Immaculée Conception).

La vie après la mort Ceux qui vivent en s’inspirant de ce que Jésus-Christ a dit et fait, et meurent en croyant en lui, vivront avec lui dans une paix et un repos éternels sous de nouveaux cieux et sur une terre nouvelle. Selon l’Église catholique, ceux qui meurent en état de péché grave seront éternellement séparés de Dieu et iront en enfer.

La constitution de l’être humain L’être humain est une âme animée par un esprit de vie, ouverte à Dieu, créée à l’image de Dieu. Cette âme n’habite pas un corps, mais s’exprime par lui.

Marie portant l’enfant Jésus (vitrail).

L’origine du mal Seul Dieu est bon. L’être humain, libre et responsable, a été séduit par Satan et a choisi le mal dès sa création, dans le jardin d’Éden. Ce mauvais choix l’a rendu esclave du mal dont, seul, il ne peut se défaire.

Comment se libérer du mal Seul Jésus-Christ peut sauver l’être humain du mal. Satan n’a sur lui aucun pouvoir. Pour se libérer du mal, les catholiques doivent suivre les enseignements du Christ et renoncer à eux-mêmes.

PoRTRaiT

Le pape François (1936- ).

François En mars 2013, l’Argentin Jorge Mario Bergoglio devient, à 77 ans, le chef de l’Église catholique romaine. Premier Américain à être élu à cette fonction, il était auparavant archevêque de Buenos Aires, en Argentine, et ce, depuis 1988. Il prend le nom de François en mémoire de saint François d’Assise, un religieux italien, ami des démunis et des marginalisés, dont il veut suivre l’exemple. En effet, le nouveau pape est reconnu pour son mode de vie humble et sa volonté de lutter contre la pauvreté. Le pape François est aussi le premier membre de la Compagnie de Jésus à devenir pape. Les compagnons de Jésus, ou jésuites, sont réputés pour leur soutien aux démunis et leur intérêt pour le travail intellectuel. Tout en demeurant fidèle aux valeurs traditionnelles de l’Église, le pape François favorise la convivialité entre l’Église et ses fidèles.

Boîte à outils

B25

L’organisation L’Église catholique est fortement hiérarchisée. À sa tête se trouve le pape, chef de l’État de la Cité du Vatican, à Rome. Suivent les cardinaux, les archevêques, les évêques, les prêtres, les moines et les religieuses. Aucun religieux ne peut être marié.

La transmission de la foi L’Église soutient des missionnaires dans différentes parties du monde. Ceux-ci sont chargés de répandre le message contenu dans les Évangiles. Des agents de pastorale laïques œuvrent aussi auprès des jeunes, des familles et des aînés.

La place de la femme Marie, vierge, mère, servante du Seigneur, éducatrice et reine, est le modèle de la parfaite féminité. Le rôle de la femme dans l’histoire de l’Église a varié. Les femmes ont une place importante, mais ne peuvent devenir prêtres. Par conséquent, elles n’ont formellement aucun pouvoir décisionnel au sein de l’Église. Les autorités du Vatican affirment que c’est en se donnant aux autres dans la vie de tous les jours que la femme s’accomplit. Néanmoins, plusieurs femmes ont socialement œuvré dans les domaines de l’éducation, de la santé ou de l’entraide sous une forme ou une autre.

PoRTRaiT

Kateri Tekakouitha (1656-1680).

PoRTRaiT

Marie de l’Incarnation (1599-1672).

B26

ViVre ensemBle 5

Kateri Tekakouitha En 1980, le pape Jean-Paul II béatifie pour la première fois une Amérindienne : Kateri Tekakouitha. Née en 1656 en terre iroquoise, elle voit, à l’âge de quatre ans, sa famille mourir de la petite vérole. Infectée elle aussi, elle garde des cicatrices et devient presque aveugle. On la nomme tekakouitha, « celle qui marche à tâtons ». Adolescente, elle refuse de se marier. Baptisée à l’âge de 20 ans, elle prend le nom de Kateri. Sa conversion au catholicisme lui attire des menaces de son village, qu’elle quitte pour habiter la mission chrétienne Saint-François-Xavier. Là, elle se consacre à la prière. Certains affirment que quelques minutes avant sa mort, à l’âge de 24 ans, ses cicatrices ont complètement disparu. Un tombeau contenant ses reliques se trouve dans l’église de Kahnawake, près de Montréal, où des pèlerins vont la prier. Le pape Benoît XVI canonise Kateri Tekakouitha en 2012.

Marie de l’Incarnation Marie de l’Incarnation est un personnage important de l’histoire de la NouvelleFrance. À l’âge de 20 ans, veuve et mère d’un jeune garçon, la jeune Française, qui s’appelait alors Marie Guyart, vit une expérience religieuse intense. Douze ans plus tard, elle confie son fils à une de ses sœurs et entre chez les Ursulines. Elle y reçoit le nom de Marie de l’Incarnation. Après avoir lu des récits de jésuites en NouvelleFrance, elle affirme avoir des visions l’invitant à s’établir dans la colonie. Arrivée à Québec en 1639 avec d’autres religieuses, elle fonde l’ordre des Ursulines de la Nouvelle-France. Elle enseigne aux jeunes filles françaises et autochtones le reste de sa vie. Elle est reconnue pour son courage et ses écrits, dont un catéchisme en iroquois et des dictionnaires bilingues algonquin/français et iroquois/français, ainsi qu’une abondante correspondance, notamment avec son fils. Le pape JeanPaul II la béatifie en 1980.

Les rites et les sacrements Qu’est-ce qu’un sacrement? Pour l’Église catholique, un sacrement est un geste physique concret qu’un de ses représentants (prêtre, évêque, etc.) pratique sur les croyants au nom du Christ. Un sacrement est un rituel empreint de sacré où le Christ lui-même agit sur la personne. Les sacrements ont pour objectif d’unir les croyants à leur Dieu à différents moments importants de la vie. L’Église catholique compte sept sacrements : le baptême, la confirmation, l’eucharistie, la pénitence, le mariage, l’ordre et l’onction des malades.

Le baptême

grec) sur le front par l’évêque. Ce rite rappelle la Pentecôte vécue par les apôtres au début de l’Église.

L’eucharistie L’eucharistie, du grec eukharistia (« action de grâce »), est le sacrement qui unit les croyants à leur sauveur, JésusChrist. Au cours de ce rituel ponctué de chants, de lectures de la Bible et de prières, les croyants Une jeune croyante reçoit consomment l’hostie, l’hostie. corps du Christ. À la suite de leur première participation à l’eucharistie, les fidèles sont tenus de prendre part régulièrement à la messe du dimanche afin de recevoir ce sacrement.

La pénitence

Un bébé reçoit le sacrement du baptême.

Le baptême est un rite de passage qui marque l’entrée d’une personne dans la communauté chrétienne. Il peut être reçu à tout âge. Pour l’Église, l’eau versée sur la personne au nom du Père, du Fils et du SaintEsprit représente la mort qu’elle doit franchir avec le Christ. Grâce au baptême, l’être humain profite de la nouvelle vie donnée par Jésus-Christ.

Le sacrement de la pénitence vise à purifier les croyants de leurs fautes personnelles. Pour ce faire, ils se rendent dans une église et s’isolent dans un confessionnal pour rencontrer un représentant de l’Église (prêtre, évêque, etc.). Le confessionnal est parfois un meuble, parfois une cabine fermée divisée en deux parties (l’une pour le prêtre, l’autre pour la personne qui se confesse). On le retrouve souvent sur les côtés de l’église. Les croyants expriment d’abord leur regret d’avoir commis les fautes, puis ils les confessent. Le prêtre leur accorde alors le pardon (l’absolution). Cependant, pour obtenir pleinement le pardon, les croyants doivent réciter quelques prières après leur confession. L’Église recommande de se confesser au moins une fois par année, à Pâques.

La confirmation Le sacrement de la confirmation complète le baptême. Ce sacrement est généralement donné aux croyants âgés de 7 à 16 ans, selon les pays. Le croyant reçoit alors l’Esprit-Saint par l’imposition des mains et l’onction du saint chrême (« huile » en

Un évêque confirme un jeune garçon.

Un prêtre écoute la confession d’un croyant. Boîte à outils

B27

Le mariage Ce sacrement exige que les mariés acceptent de se jurer fidélité, de vouloir des enfants et de ne jamais divorcer. Le mariage est à l’image de l’union du Christ et de son Église. Les époux, en se mariant, participent à cette unité. Le divorce est donc impossible.

ment malades ou qui ont subi une opération chirurgicale importante peuvent demander ce sacrement.

Le rite de la mort Une messe est célébrée à l’église, puis le corps de la personne défunte est enterré dans un cimetière catholique. L’incinération est acceptée depuis 1963.

Les principales fêtes Les futurs mariés assistent à la messe avant d’échanger leur consentement.

Le sacrement de l’ordre Le sacrement de l’ordre est réservé aux hommes qui veulent occuper des fonctions précises dans l’Église (évêques, prêtres, diacres) dans le but de servir la communauté catholique. Ce sacrement est donné par l’évêque par une imposition des mains sur la tête de l’ordinand (celui qui va recevoir le sacrement de l’ordre, ou l’ordination). L’imposition des mains est suivie de la prière d’ordination. Le mot ordre signifie que l’Église est organisée en hiérarchie ; elle est ordonnée. Ordonnés, ces hommes deviennent les représentants du Christ et les successeurs des apôtres.

Elles rappellent souvent les moments importants de la vie du Christ. Néanmoins, il en existe d’autres, comme la Toussaint et l’Assomption.

Pâques Cette fête précédée du carême (période de pénitence qui comprend la Semaine sainte, entre le 22 mars et le 25 avril) commémore la crucifixion et la résurrection de Jésus-Christ.

La Pentecôte Célébrée 50 jours après Pâques, cette fête rappelle la descente du Saint-Esprit sur les apôtres. Elle marque la naissance de l’Église.

Noël Cette fête, célébrée le 25 décembre, commémore la naissance de Jésus.

L’Épiphanie Le jour des Rois, le 6 janvier, rappelle que Jésus s’est manifesté aux Rois mages, donc au monde.

Lors du sacrement de l’ordre, les futurs prêtres s’étendent au sol pour montrer leur parfaite disponibilité à l’appel de Dieu.

L’onction des malades Le sacrement des malades est un signe de guérison physique et spirituelle. Le prêtre impose les mains en silence sur la tête du malade, et lui fait une onction d’huile sur le front et sur les mains. Ce sacrement est appelé extrême-onction lorsqu’il est donné à un malade sur le point de mourir. Ceux qui sont graveB28

ViVre ensemBle 5

Reproduction en noir en blanc de La croix de chemin à l’automne (1916), du peintre québécois Clarence Gagnon (1881-1942). Autrefois, on érigeait des croix de chemin pour marquer un territoire ou un cimetière, en guise d’action de grâce pour une faveur obtenue ou pour conjurer le mauvais sort.

JoURNÉE MoNDiaLE DE La JEUNESSE (JMJ) Chaque année, depuis 1986, dans tous les diocèses catholiques du monde, de jeunes croyants se réunissent afin de célébrer la Journée mondiale de la jeunesse (JMJ). Environ tous les deux ans, cette fête se transforme en un rassemblement international auquel le pape convie des jeunes du monde entier pour trois jours d’activités, chaque fois dans une ville différente. Au cours de ces rencontres, le pape s’adresse spécifiquement aux jeunes et leur transmet son message. Une messe de clôture présidée par le souverain pontife souligne la fin des célébrations. Une jeune Montréalaise, qui a participé à la Journée mondiale de la jeunesse, à Rome, en 2000, comme bénévole, témoigne de son expérience : « On a l’impression de faire partie d’un événement de l’Église qui transcende le temps et l’espace, d’une grande fête, et que cette fête, on peut la réaliser tous ensemble. »

Timbre soulignant la Journée mondiale de la jeunesse, tenue à Rio de Janeiro, au Brésil, en 2013.

Source : Propos cités dans Conférence des évêques catholiques du Canada, août 2000 [en ligne]. (Consulté le 10 septembre 2013.)

« N’ayez aucune dette envers qui que ce soit, sinon celle de vous aimer les uns les autres ; car celui qui aime son prochain a pleinement accompli la loi. » (Romains 13, 8)

Les règles morales Les 10 commandements.

Les règles alimentaires Le retour de la messe de minuit (1919), de l’illustrateur québécois Edmond-Joseph Massicotte (1875-1929). La messe de minuit, à Noël, est une tradition catholique importante de la société québécoise.

Les normes et les règles Les principes moraux « Ainsi, tout ce que vous voulez que les hommes fassent pour vous, faites-le vous-mêmes pour eux : c’est la Loi et les Prophètes. » (Matthieu 7, 12)

Aucune, mais, pendant le carême, les croyants sont invités à se priver, à ne pas manger de viande et à jeûner le mercredi des Cendres et le Vendredi saint.

Les règles vestimentaires Aucune.

Les règles médicales L’euthanasie, les moyens de contraception dits artificiels et l’avortement sont interdits, mais les moyens de contrôle des naissances dits naturels, les transfusions sanguines et le don d’organes sont permis.

CoNCiLE VaTiCaN ii Environ tous les 100 ans, le pape convoque une assemblée (nommée « concile ») des évêques de l’Église catholique afin de réviser des rites et des dogmes. Le concile Vatican II s’est déroulé en quatre séances, de 1962 à 1965. Son but était d’adapter les pratiques de l’Église à la société moderne en transformation. Une des principales modifications sanctionnées lors de cet événement concerne la liturgie. Les messes, qui jusque-là n’étaient célébrées qu’en latin, pouvaient dorénavant être dites, en grande partie, dans la langue du pays. L’Église souhaite ainsi que les fidèles comprennent mieux le message du prêtre. Autre changement notable : l’Église proclame le droit à la liberté religieuse. Elle lance aussi aux catholiques un appel à la tolérance envers les personnes d’autres religions. Elle affirme en effet que des éléments de vérité existent en dehors de la foi catholique. Boîte à outils

B29

Le catholicisme au Québec Les catholiques sont les premiers à avoir colonisé la partie de la Nouvelle-France qui devait devenir le Québec. Leur nombre s’est accru grâce aux multiples naissances et à l’immigration, en particulier celle des Irlandais au 19e siècle.

Répartition des catholiques au Québec par régions en 2001 Régions administratives

Population totale

Population catholique

en %

01 Bas-Saint-Laurent

195 545

188 150

96,22

02 Saguenay–Lac-Saint-Jean

274 315

263 805

96,17

03 Capitale-Nationale

628 515

578 030

91,97

04 Mauricie

249 705

235 925

94,48

05 Estrie

279 705

242 975

86,87

1 782 830

1 141 170

64,01

07 Outaouais

312 820

262 200

83,82

08 Abitibi-Témiscamingue

144 355

135 645

93,97

06 Montréal

Basilique de Sainte-Anne-de-Beaupré. Ce lieu de pèlerinage international est également un des plus anciens au Québec. Dès 1658, des fidèles viennent y prier. C’est aussi un lieu de pèlerinage important pour de nombreux Autochtones christianisés.

09 Côte-Nord

96 895

90 295

93,19

10 Nord-du-Québec

38 495

16 945

44,02

11 Gaspésie–Îles-de-la-Madeleine

95 465

88 595

92,80

12 Chaudière-Appalaches

376 575

358 715

95,26

13 Laval

339 000

274 925

81,10

14 Lanaudière

383 340

358 205

93,44

15 Laurentides

454 525

406 615

89,46

16 Montérégie

1 260 150

1 096 070

86,98

213 345

201 440

94,42

7 125 580

5 939 705

83,36

17 Centre-du-Québec Le Québec

Source : D’après les données fournies par l’Institut de la statistique du Québec, recensement 2001.

Chronologie du catholicisme au Québec

B30

1534

Jacques Cartier prend possession du territoire en plantant une croix au nom du Christ et du roi de France.

1615

Première messe catholique célébrée sur l’île de Montréal.

1637

Premier baptême d’un Amérindien adulte en Huronie.

1674

Nomination du premier évêque de Québec, François-Xavier de Montmorency-Laval.

1847

Inauguration de l’église catholique irlandaise Saint-Patrick.

1886

Mgr Elzéar-Alexandre Taschereau devient le premier cardinal canadien.

1910

Congrès eucharistique à Montréal, le premier en Amérique.

1918

Début de la construction de l’église catholique italienne Notre-Dame-de-la-Défense.

1924

Pose de la croix illuminée sur le mont Royal, à Montréal.

1933

Fondation de l’église catholique polonaise Notre-Dame-de-Czestochowa.

1982

Naissance de la paroisse catholique haïtienne Notre-Dame-d’Haïti.

1983

Au primaire et au secondaire, les élèves ont maintenant le choix entre le cours d’enseignement moral et religieux (catholique ou protestant) et un enseignement moral.

1986

Inauguration de l’église catholique portugaise Santa Cruz.

2008

Programme d’éthique et de culture religieuse obligatoire pour tous, qui remplace le choix entre un enseignement moral et religieux (catholique ou protestant) et un enseignement moral.

ViVre ensemBle 5

Le protestantisme et l’anglicanisme PoiNTS de rePère Fondateurs

Symbole principal

Martin Luther est à l’origine du luthérianisme, Henri VIII, de l’anglicanisme et Jean Calvin, du calvinisme.

La Bible.

Texte sacré La Bible protestante (qui exclut les livres suivants de la Bible catholique : Tobit, Judith, 1 et 2 Maccabées, Sagesse, Ecclésiastique ou Siracide, Baruch et des passages d’Esther et de Daniel).

Lieu sacré Aucun.

Lieu de culte

Nom du divin Dieu (en trois personnes : le Père, le Fils et le Saint-Esprit).

Noms des croyants Les protestants. Principales divisions : • luthérienne, calviniste, anglicane ; • sous-divisions : adventiste, anabaptiste, baptiste, mennonite, puritaine ou congrégationaliste, presbytérienne, quaker, méthodiste, pentecôtiste.

Le temple, qui est un simple lieu de rassemblement. Il sert d’endroit où prier et se réunir. Son style est variable, allant de la simple salle communautaire à la megachurch (immense cathédrale américaine à la fine pointe de la technologie).

Le protestantisme et l’anglicanisme dans le monde

Source : L’atlas des religions : pays par pays, les clés de la géopolitique, numéro hors-série, co-édition La vie – Le Monde, Paris, 2007, p. 48-49.

Boîte à outils

B31

Les croyances

Chronologie Proclamation de la critique du moine allemand Martin Luther en 95 points (les 95 thèses) contre l’Église catholique. Début du protestantisme.

On reconnaît généralement cinq croyances communes à toutes les Églises protestantes.

1522

Séparation du prêtre suisse Ulrich Zwingli de l’Église catholique. Zurich devient protestante l’année suivante.

1525

Naissance du mouvement anabaptiste en Suisse.

• L’Écriture seule (sola Scriptura) : seule la Bible a la plus haute autorité. Ainsi, chaque croyant est invité, avec l’aide du Saint-Esprit, à lire la Bible pour y chercher la volonté de Dieu.

1517

1534

Fondation de l’Église d’Angleterre (anglicanisme).

1536

Publication en latin de l’Institution de la religion chrétienne, doctrine du calvinisme, par le prêtre français Jean Calvin.

1559

Fondation de l’Église presbytérienne en Écosse par John Knox.

1581

Naissance du puritanisme ou congrégationalisme.

v. 1652 1730

Naissance du mouvement méthodiste des frères Wesley. L’organisation de l’Église et l’inauguration du premier lieu de culte ne se firent qu’en 1739.

1865

Fondation de l’Armée du Salut.

1875

Naissance de l’Alliance réformée mondiale, qui réunit divers courants protestants.

Début du 20e siècle

B32

Fondation des quakers (Société des Amis) en Angleterre.

• La grâce seule (sola gratia) : seul Dieu choisit de donner la foi aux croyants par un acte d’amour mystérieux. • Dieu seul est sacré (soli Dei gloria) : rien ni personne d’autre ne mérite les louanges des croyants. • Seul Jésus-Christ peut amener à Dieu (solo Christo). D’après la Bible, tous les croyants sont prophètes, prêtres et rois.

La vie après la mort Comme dans le catholicisme, il y aura une sorte de sommeil après la mort, avant la résurrection finale avec le Christ. Son retour marquera alors le repos des justes et la fin du monde ici-bas. « Beaucoup de ceux qui dorment dans le sol poussiéreux se réveilleront, ceux-ci pour la vie éternelle, ceux-là pour l’opprobre, pour l’horreur éternelle. » (Daniel 12, 2)

Naissance du pentecôtisme aux États-Unis.

1910

Création du mouvement œcuménique, qui invite à la réunion de tous les chrétiens du monde.

1925

Fondation de l’Église unie du Canada.

1947

Naissance de la Fédération luthérienne mondiale.

2001

Signature de la Déclaration de Waterloo, entente signée entre l’Église évangélique luthérienne et l’Église anglicane du Canada, qui vise à réaliser l’unité de « toute l’Église de Dieu ».

ViVre ensemBle 5

• La foi seule (sola fides) : seule la croyance en Jésus-Christ est nécessaire au salut.

La cathédrale anglicane Christ Church, au centre-ville de Montréal, est un monument classé historique.

La constitution de l’être humain Pour Luther, « l’homme tout entier est esprit et chair ». Pour lui, l’être humain, esprit et chair, peut décider d’être « chair », c’est-à-dire soumis au mal, ou d’être « esprit », c’est-à-dire tourné vers Dieu.

L’origine du mal Pour Luther, le mal est Statue de Martin Luther (1483-1546), réformateur entré dans le monde par religieux allemand, située Adam, lorsqu’il a désoà Dresde, en Allemagne. béi à Dieu. Depuis, tous les êtres humains sont soumis à la « structure du mal », ou à Satan, qui veut posséder l’homme malgré sa bonne volonté.

d’autres pays. La vie quotidienne des croyants doit témoigner du Christ.

La place de la femme Les femmes protestantes ont été encouragées à jouer différents rôles dans la société selon les époques. Pour Luther, au 16e siècle, elles devaient savoir lire afin de pouvoir apprendre dans la Bible ce que Dieu attend d’elles. Traditionnellement, les femmes protestantes jouent le rôle d’éducatrices. Avec le temps, elles s’impliquent dans des œuvres à caractère social. Elles président des associations dans lesquelles, peu à peu, elles défendront ellesmêmes leur place et leur rôle au sein de l’Église et de la société. Dans certaines Églises protestantes, depuis les années 1960, les femmes, mariées ou non, peuvent devenir pasteures et évêques.

Comment se libérer du mal C’est seulement par la foi, reçue de Dieu, que le croyant se sauve du mal. Seule cette foi en JésusChrist est nécessaire au salut.

L’organisation Jésus-Christ demeure le seul chef de l’Église et la Bible a la plus haute autorité. Il n’y a ni pape ni aucun autre chef unique à la tête des protestants. Une grande variété d’organisations caractérise les divisions et les sous-divisions.

La transmission de la foi En général, elle se fait dans la famille. Toutefois, certaines Églises envoient des missionnaires dans

Dans certaines Églises protestantes, les femmes peuvent devenir pasteures ou évêques.

La SociéTé deS amiS Né en Angleterre en 1624, George Fox fonde la Société des Amis vers 1652, car il déplore les abus de l’Église anglicane. À l’époque, sa vision du monde fait de nombreux adeptes en Angleterre. Les amis sont avant tout des pacifistes, sans liturgie ni structure, qui prônent l’égalité et l’entraide. Néanmoins, le gouvernement craint que ce mouvement veuille le renverser et emprisonne Fox à plusieurs reprises. Surnommés les quakers (« trembleurs »), plusieurs amis, persécutés dans leur pays, trouvent refuge en Amérique, où ils créent, avec William Penn à leur tête, la colonie de Pennsylvanie. Les comités anglais et américains de secours international des quakers reçoivent, en 1947, le prix Nobel de la paix. De leurs rangs proviennent également des fondateurs du mouvement écologiste Greenpeace et de l’organisme humanitaire OXFAM.

Boîte à outils

B33

Les rites

Le mariage

La Cène

Le mariage n’est pas un sacrement. En général, le divorce est permis.

Le dimanche, jour de repos et de prière, la majorité des protestants se regroupe pour célébrer le sacrement de la Cène en communiant au pain et au vin.

La mort Il n’y a pas de délai précis pour célébrer les funérailles. On peut disposer du corps de deux manières : soit par l’incinération, soit par l’inhumation. Il n’y a pas de toilette rituelle du corps. Les funérailles ont lieu à l’église.

Les principales fêtes Elles rappellent les moments importants de la vie du Christ.

Pâques Cette fête, précédée du carême, période de pénitence qui comprend la Semaine sainte (entre le 22 mars et le 25 avril), rappelle la crucifixion et la résurrection de Jésus-Christ. La Cène. Le dernier repas de Jésus avec ses disciples est un des fondements des Églises chrétiennes.

La Pentecôte Célébrée le septième dimanche après Pâques, cette fête commémore le don de l’Esprit-Saint aux apôtres.

Le baptême

Noël

Le baptême est l’autre sacrement. Il peut être administré à la naissance ou à l’âge adulte.

Cette fête, célébrée le 25 décembre, commémore la naissance de Jésus.

La confession

L’Épiphanie

Les protestants pratiquent le rite de la confession, qu’ils ne considèrent pas comme un sacrement.

Le jour des Rois, le 6 janvier, rappelle que Jésus s’est manifesté aux Rois mages, donc au monde.

La décLaraTioN de WaTerLoo En 2001, l’Église évangélique luthérienne du Canada et l’Église anglicane du Canada ont mis fin à leurs anciennes divisions. Elles ont signé un accord à Waterloo, en Ontario, afin d’établir ce qu’elles appellent une pleine communion. Les deux Églises en sont venues à cette entente car elles considèrent qu’elles partagent le même héritage catholique, la même foi et la même spiritualité. Elles disent toutes deux prêcher la vraie Parole de Dieu et administrer les sacrements en suivant les ordres du Christ. Selon la Déclaration de Waterloo, chaque Église reconnaît l’autorité des évêques de l’autre Église. Chaque prêtre peut célébrer l’office dans l’une ou l’autre des Églises. Les deux Églises restent cependant distinctes et gardent leur propre autonomie. B34

ViVre ensemBle 5

Le Prix NoBeL de La Paix 2011 En 2011, le prix Nobel de la paix a été décerné à trois femmes : la journaliste yéménite Tawakkol Karman, la présidente libérienne Ellen Johnson Sirleaf et la militante libérienne Leymah Gbowee. Le prix leur a été remis afin de récompenser leur lutte non violente pour la sécurité des femmes et leur droit de participer à l’élaboration d’initiatives pour la paix. Pour sa part, la travailleuse sociale Leymah Gbowee est à la source d’un vaste mouvement interreligieux pour la paix réunissant des femmes chrétiennes et musulmanes. Ce mouvement a contribué à mettre un terme à la guerre civile au Libéria. Chez Leymah Gbowee, la foi a joué un rôle important. De confession protestante luthérienne, cette militante pacifiste affirme : « La foi est au centre de tout ce que je fais. Je me revendique comme chrétienne, c’est le cœur de mon identité. Ce que je fais, chaque jour, est un travail pour Dieu. »

Leymah Gbowee (1972- ).

Les normes et les règles

Les règles alimentaires

Les principes moraux

En général, aucune.

« Ainsi, tout ce que vous voulez que les hommes fassent pour vous, faites-le vous-mêmes pour eux : c’est la Loi et les Prophètes. » (Matthieu 7, 12)

Les règles vestimentaires

« N’ayez aucune dette envers qui que ce soit, sinon celle de vous aimer les uns les autres ; car celui qui aime son prochain a pleinement accompli la loi. » (Romains 13, 8)

Les règles médicales

Les règles morales Les 10 commandements.

PorTraiT

Elizabeth Cady Stanton (1815-1902).

Dans la majorité des Églises, aucune.

Aucune contre-indication aux dons de sang, d’organes ou du corps. En général, l’utilisation de méthodes contraceptives est acceptée, surtout pour les couples mariés, et l’avortement est permis, même si on le considère comme grave. On suggère d’avoir préalablement l’avis de son pasteur. Les protestants s’opposent généralement à l’euthanasie.

Elizabeth Cady Stanton Née aux États-Unis en 1815, Elizabeth Cady Stanton est une pionnière de la lutte pour les droits des femmes. Anglicane, elle est une des rares femmes à avoir contesté l’image de la femme dans la Bible. Selon elle, les interprétations de la Bible faites par les Églises limitent le progrès des femmes et encouragent leur soumission. En 1895, Elizabeth Cady Stanton a publié, avec d’autres femmes, la Bible de la femme (The Woman’s Bible) dans le but de souligner le peu de place accordé aux femmes dans la Bible et de corriger des interprétations qu’elles jugaient injustes à l’égard des femmes. Ce livre est une des premières remises en question féministes de l’héritage chrétien au sujet des femmes. Les autorités religieuses ne l’ont jamais considéré comme une étude biblique sérieuse, mais ce livre connut néanmoins du succès.

Boîte à outils

B35

Le protestantisme et l’anglicanisme au Québec Dès le début de la colonie, la NouvelleFrance comptait quelques protestants français dans le commerce des fourrures. Cependant, en 1627, le roi de France ordonna l’expulsion de tous les non-catholiques de la colonie. Avec l’avènement du Régime britannique, les anglicans et d’autres protestants arrivèrent en nombre significatif et on vit l’apparition des premières églises.

Répartition des protestants au Québec par régions en 2001 Régions administratives

Population totale

Population protestante

en %

01 Bas-Saint-Laurent

195 545

1 730

0,88

02 Saguenay–Lac-Saint-Jean

274 315

2 485

0,91

03 Capitale-Nationale

628 515

8 015

1,28

04 Mauricie

249 705

3 595

1,44

05 Estrie

279 705

17 300

6,19

1 782 830

143 785

8,06

07 Outaouais

312 820

20 610

6,59

08 Abitibi-Témiscamingue

144 355

2 635

1,83

09 Côte-Nord

96 895

3 630

3,75

10 Nord-du-Québec

38 495

19 370

50,32

11 Gaspésie–Îles-de-la-Madeleine

95 465

4 945

5,18

12 Chaudière-Appalaches

376 575

4 555

1,21

13 Laval

339 000

11 210

3,31

14 Lanaudière

383 340

6 980

1,82

15 Laurentides

454 525

16 260

3,58

16 Montérégie

1 260 150

64 460

5,12

213 345

4 030

1,89

7 125 580

335 595

4,71

06 Montréal

17 Centre-du-Québec Le Québec La cathédrale anglicane Holy Trinity, à Québec.

Source : D’après les données fournies par l’Institut de la statistique du Québec, recensement 2001.

Chronologie du protestantisme et de l’anglicanisme au Québec 1541

Participation des protestants français (huguenots) au commerce de la fourrure en Nouvelle-France.

1627

Exclusion des non-catholiques de la colonie par ordre du roi de France.

1684

Conversion obligatoire au catholicisme pour les protestants qui veulent s’établir dans la colonie.

1759

Premiers groupes de presbytériens à Québec.

1760

Premier service anglican, célébré à Montréal.

1786

Premières populations méthodistes et presbytériennes à Montréal.

19e siècle

B36

Arrivée des missionnaires méthodistes et baptistes venus évangéliser les immigrants anglais. Des missionnaires français et suisses feront aussi le voyage pour convertir les habitants francophones.

1804

Inauguration de la première cathédrale anglicane hors des îles Britanniques : la cathédrale anglicane Holy Trinity, à Québec.

1835

Fondation de la première église protestante francophone au Québec.

1881

On compte 530 églises protestantes au Québec.

20e siècle

Nombreux au début du 20e siècle, les franco-protestants ont depuis connu un déclin démographique.

21e siècle

Croissance rapide du nombre de protestants évangéliques.

ViVre ensemBle 5

L’orthodoxie PoiNTS de rePère Fondateur

Nom du divin

Jésus est le fondateur de l’Église orthodoxe. Les apôtres et Paul de Tarse en sont les pierres angulaires.

Dieu.

Nom des croyants

La Bible.

Les chrétiens orthodoxes (l’orthodoxie se vit différemment selon les cultures des pays où elle se pratique).

Lieux sacrés

Lieux de culte

Tous les lieux marquants de la vie de Jésus sont devenus des lieux importants pour de nombreux croyants (Bethléem et Jérusalem, en Israël). Le mont Athos, en Grèce, où se trouvent des monastères orthodoxes importants, est aussi considéré comme un lieu saint.

L’église ou la chapelle.

Texte sacré

Il y a souvent un mur formé d’icônes appelé iconostase à l’avant des églises ou des chapelles.

Symbole principal La croix orthodoxe à huit pointes.

L’orthodoxie dans le monde

Source : L’atlas des religions : pays par pays, les clés de la géopolitique, numéro hors-série, coédition La vie – Le Monde, Paris, 2007, 194 p.

Boîte à outils

B37

Les croyances

Chronologie 285

Segmentation en deux de l’Empire romain : l’Empire d’Orient et l’Empire d’Occident. Accentuation des différences entre ces deux territoires aux langues et aux cultures distinctes.

476

Chute de l’Empire romain sous l’invasion barbare. Rome (Occident) et Constantinople (Orient) deviennent alors les deux pôles de la chrétienté.

Entre le 3e et le 11e s. 1054

Excommunion du patriarche Michel Cérulaire par les représentants du pape Léon IX, chef de l’Église catholique. L’Église orthodoxe de Constantinople se sépare de l’Église catholique de Rome. Naissance du christianisme orthodoxe.

1204

Quatrième croisade : Constantinople est renversée ; les chrétiens orthodoxes sont attaqués et leurs icônes détruites.

1453

Constantinople tombe aux mains des Turcs musulmans. La Russie devient le nouveau centre de l’orthodoxie.

1666

Décision du Grand Concile de Moscou : les textes liturgiques russes doivent être révisés à partir des livres grecs. Les vieux croyants, des croyants russes, refusent tout changement.

1833

Prise de distance accrue entre l’Église de Grèce et l’Église de Constantinople.

1917

Les meneurs de la révolution russe proclament la Russie athée. Dans les années qui suivent, le régime soviétique élimine les personnes jugées anticommunistes, dont quelque 10 000 moines et prêtres.

Début du 20e s. 1991

2000

B38

Augmentation des mésententes entre Rome et Constantinople à propos des rites et des règles du christianisme.

ViVre ensemBle 5

Indépendance de l’Église de Roumanie. L’Église de Serbie devient indépendante dans les années 1950. Chute du régime soviétique. Les nouveaux États qui se forment alors réduisent leur contrôle sur les Églises, et la pratique religieuse se fait ouvertement. Moscou proclame l’autonomie de l’Église par rapport à l’État russe.

Dieu est au cœur de la foi. Il entre dans l’histoire humaine (Incarnation) par son fils Jésus-Christ, né de Marie. Il partage le destin de l’être humain jusque dans la mort (crucifixion). Ressuscité, le Christ libère l’être humain du péché. Revenu auprès de son Père, Il envoie sur Terre le Saint-Esprit afin de poursuivre l’œuvre du salut auprès de l’humanité. Pour les orthodoxes, le Saint-Esprit provient de Dieu le Père seul, et non pas du Père et du Fils. Ils rejettent l’autorité du pape catholique. La dévotion envers Marie, la mère de Jésus, est très présente, mais les orthodoxes refusent de croire, comme les catholiques, qu’elle ait été protégée du péché originel. Pour eux, seul Jésus l’a été.

L’organisation L’Église orthodoxe peut se comprendre comme un ensemble d’Églises indépendantes qui partagent la même foi et les mêmes rites. Ces Églises sont dites autocéphales, c’est-à-dire qu’elles ne sont liées à aucune organisation supérieure. Toutes ces Églises sont égales entre elles. Les évêques, aussi appelés Symbole de l’architecture traditionnelle russe, la patriarches, sont à la tête cathédrale Saint-Basile est de ces Églises. Les plus située sur la place Rouge, à importantes Églises autoMoscou, en Russie. céphales se trouvent en Russie, en Roumanie, en Serbie, en Bulgarie et en Grèce. On trouve aussi des grands centres de l’orthodoxie, appelés patriarcats, à Istanbul (Constantinople) et à Antioche, en Turquie, à Alexandrie, en Égypte, et à Jérusalem, en Israël. Le prêtre peut se marier, mais pas l’évêque. Le clergé célèbre les rites et administre les sacrements.

La transmission de la foi Plusieurs Églises soutiennent des missions dans différents pays. Les icônes ne sont pas de simples œuvres d’art, mais des fenêtres donnant accès à un monde spirituel, un monde de lumière.

La place de la femme

La Prière du cœur

La place de la femme dans l’Église orthodoxe varie selon la culture du pays où est établie l’Église. Les femmes ne peuvent pas devenir prêtres.

Certains orthodoxes font la prière de Jésus, appelée Prière du cœur, qui consiste à répéter de façon continue : « Seigneur Jésus-Christ, Fils de Dieu, ayez pitié de moi, pécheur. »

Les rites et les sacrements La tradition orthodoxe compte plusieurs sacrements : le baptême, la confirmation, la divine liturgie, le mariage, l’ordination, le sacrement du pardon et l’onction aux malades.

La mort Les funérailles orthodoxes se déroulent en trois étapes : la vigile, ou le Trisagion, qui est un service célébré par un prêtre tout de suite après le décès ; ensuite, le service funèbre a lieu à l’église. C’est à ce moment qu’on fait ses adieux au défunt. Et, finalement, on répète le Trisagion. La famille peut offrir des messes commémoratives le 3e, le 9e et le 40e jour suivant le décès.

Les principales fêtes Elles rappellent les moments importants de la vie du Christ.

Pâques Mariage orthodoxe traditionnel dans un village de Macédoine.

Pâques commémore la résurrection du Christ.

La Pentecôte La divine liturgie

La Pentecôte commémore la venue de l’Esprit-Saint.

La divine liturgie, où on communie avec le pain et le vin, est le fondement de l’orthodoxie et se célèbre le dimanche.

Noël La fête de Noël rappelle la nativité du Christ.

L’Épiphanie L’Épiphanie (ou la Théophanie) rappelle le baptême de Jésus.

La Transfiguration du Christ Le prêtre donne la communion aux fidèles.

Le baptême Lors du baptême, le baptisé est plongé trois fois dans l’eau.

La confirmation La confirmation a lieu immédiatement après le baptême.

La Transfiguration du Christ célèbre le moment où les apôtres ont vu le Christ en pleine gloire sur une montagne, entouré de Moïse et du prophète Élie.

L’Ascension du Christ L’Ascension du Christ commémore l’Ascension de Jésus au paradis après sa résurrection. Certaines Églises orthodoxes ont conservé le calendrier julien, remplacé en Occident par le calendrier grégorien en 1582. Certaines dates de fêtes varient. Boîte à outils

B39

Les règles et les normes

Répartition des orthodoxes au Québec par régions en 2001 Population totale

Population orthodoxe

en %

01 Bas-Saint-Laurent

195 545

15

0,0

02 Saguenay–Lac-Saint-Jean

274 315

45

0,0

03 Capitale-Nationale

628 515

945

0,2

04 Mauricie

249 705

315

0,1

05 Estrie

279 705

845

0,3

1 782 830

65 210

3,7

07 Outaouais

312 820

1 930

0,6

08 Abitibi-Témiscamingue

144 355

65

0,0

09 Côte-Nord

96 895

0

0,0

Les règles vestimentaires

10 Nord-du-Québec

38 495

20

0,1

Aucune pour les croyants. Les prêtres portent la barbe.

11 Gaspésie–Îles-de-la-Madeleine

95 465

15

0,0

12 Chaudière-Appalaches

376 575

130

0,0

Les règles médicales

13 Laval

339 000

21 400

6,3

14 Lanaudière

383 340

720

0,2

15 Laurentides

454 525

1 065

0,2

16 Montérégie

1 260 150

7 440

0,6

213 345

170

0,1

7 125 580

100 375

1,4

Les règles morales L’enseignement de Jésus et les 10 commandements. L’adultère et l’avortement sont considérés comme immoraux parce qu’ils viennent à l’encontre du mariage et de la famille.

Les règles alimentaires Certaines périodes de jeûne sont exigées.

La contraception est acceptée. L’euthanasie est condamnée. Les transfusions sanguines et les greffes d’organes sont permises.

L’orthodoxie au Québec Les premiers chrétiens orthodoxes sont arrivés au Québec vers 1850. Au début des années 2000, ils étaient un peu plus de 100 000.

Régions administratives

06 Montréal

17 Centre-du-Québec Le Québec

Source : D’après les données fournies par l’Institut de la statistique du Québec, recensement 2001.

Chronologie de l’orthodoxie au Québec Moitié du 19e s.

Arrivée des premiers Grecs, majoritairement orthodoxes.

Fin du 19e s.

Arrivée des premiers immigrants orthodoxes (Ukrainiens, Roumains, Russes et Syriens). On trouve une communauté arabe orthodoxe à Montréal en 1899.

Début du 20e s.

La cathédrale Sainte-Sophie, un lieu de culte orthodoxe de Montréal.

B40

ViVre ensemBle 5

Arrivée des premiers Arméniens et Libanais, dont certains sont orthodoxes.

1907

Création de la paroisse des Saints-Pierre-et-Paul par les Russes. Fondation de la paroisse de la Sainte-Trinité par les Grecs. Ils forment aujourd’hui le groupe orthodoxe le plus nombreux au Québec (12 paroisses dans le Grand Montréal et une à Québec).

1926

Fondation de la paroisse Sainte-Sophie par les Ukrainiens, puis des paroisses de Sainte-Marie et de Saint-Georges.

1960

Arrivée d’Égyptiens, dont certains sont orthodoxes.

2001

Plus de 40 institutions orthodoxes, toutes ethnies confondues, sont dénombrées au Québec.

Le judaïsme PoiNTS de rePère Fondateurs

Symboles principaux

Abraham, Isaac et Jacob, en tant que pères, puis Moïse, qui a renouvelé l’alliance avec Yahvé et à qui la totalité de la Torah a été révélée, sont les principales figures fondatrices.

L’étoile de David et la menorah (chandelier à sept branches).

Textes sacrés • Le TaNaK (ou l’Ancien Testament), qui est divisé en trois parties : la Torah (la Loi ou le Pentateuque), les Neviim (les écrits historiques et prophétiques) et les Ketouvim (les hagiographes). Ces textes sont conservés sur des rouleaux. • Le Talmud (la Loi orale) : recueil de droit civil et religieux qui contient des commentaires de la Torah.

Lieux sacrés • Jérusalem, ville sainte du peuple juif. • Le mur des Lamentations, le plus important lieu saint du judaïsme.

Noms du divin Adonaï, Élohim, Hashem (Yahvé, le tétragramme sacré ou YHWH, ne peut être prononcé). Plusieurs autres noms existent.

Noms des croyants Les juifs. Principales divisions : • orthodoxes (se considèrent comme les garants du judaïsme traditionnel, interprétation intégrale de la Loi) ; • réformés (courant qui adapte la Loi à l’esprit de l’époque et aux découvertes scientifiques) ; • conservateurs (courant intermédiaire qui adapte les principes fondamentaux du judaïsme et l’observance de la Loi aux nouveaux contextes socio-historiques).

Lieu de culte La synagogue.

Le judaïsme dans le monde

Source : L’atlas des religions : pays par pays, les clés de la géopolitique, numéro hors-série, co-édition La vie – Le Monde, Paris, 2007, p. 38-39. Boîte à outils

B41

Les croyances

Chronologie – 3760

Début du calendrier juif : Dieu crée l’Univers et l’humanité.

– 1812

Patriarches (Abraham, Isaac, Jacob). Alliance de Dieu avec Abraham.

– 1313

Sortie d’Égypte des Hébreux avec Moïse. Alliance au mont Sinaï. Moïse reçoit les 10 commandements.

– 10e siècle

Construction du premier Temple sous Salomon.

– 931

Séparation d’Israël en deux royaumes : celui d’Israël et celui de Juda.

– 722

Destruction du royaume d’Israël par les Assyriens et expulsion des Israélites.

– 6e siècle

Début du judaïsme.

– 586

Nabuchodonosor II, roi de Babylone, met le feu au Temple et déporte les juifs.

– 536

Retour des juifs et reconstruction du Temple.

70

Prise de Jérusalem par Rome. Destruction du deuxième Temple.

135

Expulsion et dispersion des juifs dans le monde. Mise à l’écrit de la Loi orale : le Talmud de Jérusalem et le Talmud de Babylone.

1135-1204

Maïmonide, grand penseur mystique juif.

La vie après la mort

Holocauste (Shoah). Plus de six millions de juifs seront systématiquement tués. Exil massif vers la Palestine et les États-Unis. Création de l’État d’Israël. Plusieurs conflits armés suivront entre Israël et les pays arabes voisins.

La constitution de l’être humain

Zohar, texte fondateur du courant mystique de la kabbale.

18e siècle

Naissance du mouvement mystique hassidique.

mai 1948

Les rouleaux de la mer Morte ont été découverts entre 1947 et 1956 dans la région de Qumran, en Jordanie. Ils seraient les plus anciens manuscrits de la Bible.

Les juifs ont d’abord vécu sans croire à une vie meilleure après la mort. C’est vers le deuxième siècle avant notre ère qu’apparaît avec certitude, chez certains groupes, l’idée d’une résurrection et d’un audelà bienheureux au moment du retour du messie. Cette venue du messie introduira un temps de paix pour toute l’humanité et tous reconnaîtront Yahvé comme Dieu unique.

13e siècle

1939-1945

Dieu est unique et il est le créateur de l’Univers. Le judaïsme est dans l’attente d’une ère messianique pacifique et juste.

Dans le judaïsme, l’être humain est un être unifié, fait de chair et de sang, auquel Dieu a insufflé sa vie. Le corps représente tout ce qu’une personne peut être, enrichi au fil du temps par l’ensemble de ses expériences. Enfin, les juifs croient que la vie de l’être humain, donnée par Dieu, circule à travers le sang.

L’origine du mal Le mur des Lamentations, à Jérusalem, est le plus important lieu saint du judaïsme.

B42

ViVre ensemBle 5

D’après le TaNaK, le diable est à l’origine du mal. Toutefois, l’être humain, créé libre, doit lutter contre la tendance à faire le mal (appelée yetser hara) qui coexiste en lui avec la tendance à faire le bien.

Comment se libérer du mal Dans le judaïsme, l’être humain peut renoncer au mal et choisir le bien par ses propres forces. Certains juifs croient que chaque croyant peut hâter la venue du messie par l’étude régulière de la Torah et l’observation des Lois.

L’organisation Les congrégations et les institutions juives sont dirigées par un rabbin, qui enseigne les textes sacrés et la halakha (code religieux juif).

La transmission de la foi Des écoles confessionnelles enseignent la religion, la langue et la culture aux enfants. Selon la halakha, est juive toute personne née de mère juive, ou toute personne convertie au judaïsme. Les juifs ne tentent habituellement pas de convertir d’autres personnes au judaïsme.

La place de la femme Le rôle de la femme varie selon les différents courants. En général, la tradition juive attend de la femme qu’elle fonde une famille afin d’assurer la nouvelle génération et qu’elle éduque ses enfants dans la foi. Elle est conforme à la femme de valeur louée dans le Livre des Proverbes : « La femme qui craint le SEIGNEUR, voilà celle qu’on doit louer » (Proverbes 31, 30b). Sarah, épouse d’Abraham, appelée la mère des croyants, et Esther, deux héroïnes

PorTraiT

Naamah Kelman, la première femme ordonnée rabbin en Israël, en 1992.

de la Bible, sont deux autres modèles de la femme juive. Esther est célébrée lors de la fête des Pourim. Les femmes peuvent être rabbins dans les courants réformés et chez certains conservateurs. Le judaïsme orthodoxe donne un rôle traditionnel à la femme.

Esther En raison de sa grande beauté, Esther (personnage biblique), la cousine et la fille adoptive du marchand Mardochée, a été choisie par le roi de Perse (Iran), Assuérus, pour devenir son épouse. Le conseiller du roi, Haman, désire se venger de Mardochée, qui a refusé de se prosterner devant lui. Il obtient un décret de la cour qui l’autorise à exterminer le peuple juif.

Esther, personnage biblique.

Lorsqu’elle apprend les intentions de Haman, Esther demande à Mardochée de réunir tous les juifs de la ville et de jeûner pendant trois jours et trois nuits. Au troisième jour, au péril de sa vie, Esther révèle au roi son appartenance au peuple juif et dénonce le complot de Haman. Elle demande, pour elle et son peuple, la vie sauve. Le roi la lui accorde. De nos jours, les juifs du monde entier se souviennent du récit d’Esther en célébrant la fête des Pourim.

Boîte à outils

B43

Les rites Le shabbat Journée consacrée au repos (obligatoire), à la prière et à l’étude, qui s’étend du vendredi soir au samedi soir.

La brit milah Circoncision des garçons huit jours après leur naissance. Les filles se voient attribuer un nom au cours d’une cérémonie spéciale à la synagogue.

La bar-mitsvah Le jour du treizième anniversaire d’un garçon, on célèbre à la synagogue son admission officielle dans la communauté juive. Il accepte ainsi la responsabilité de ses obligations religieuses. Les filles célèbrent la bat-mitsvah à l’âge de 12 ans.

construisent une cabane (souccah) où ils dorment et mangent, comme l’a fait le peuple hébreu dans le désert.

Rosh ha-Shanah Le nouvel an, à la fin de l’été, est la célébration de la création renouvelée et de la réintégration de Yahvé comme roi et juge de l’Univers. Cette fête est suivie, 10 jours plus tard, du Yom Kippour, le jour du Pardon. C’est un jour de jeûne et de prières, de purification personnelle et d’expiation, où l’on implore le pardon divin.

Hanoukkah La fête de l’Inauguration est célébrée pendant huit jours en décembre. Elle commémore la victoire des Maccabées sur les Syriens et la deuxième consécration du Temple.

Le mariage À l’image de l’union de Dieu et de son peuple, le mariage juif est vécu comme une union sacrée, comme un commandement divin. Néanmoins, le divorce est permis.

La mort Le corps du défunt, lavé et enveloppé dans un linceul, « retournera à la poussière » en étant enterré. La famille immédiate observe sept jours de deuil.

Les principales fêtes Pessah La Pâque a lieu au début du printemps. On y commémore la fuite d’Égypte du peuple hébreu , qui était guidé par Moïse.

Shavouot La Pentecôte, à la fin du printemps, célèbre la révélation de la Torah de Yahvé à Moïse sur le mont Sinaï.

Soukkot La fête des Tabernacles, au début de l’automne, commémore la fuite d’Égypte du peuple hébreu. Les juifs B44

ViVre ensemBle 5

Pour Hanoukkah, on allume les bougies d’un chandelier à neuf branches, le chamach.

Les normes et les règles Les principes moraux « Ne te venge ni ne garde rancune aux enfants de ton peuple, mais aime ton prochain comme toi-même : je suis l’Éternel. » (Lévitique 19, 18) « En faisant ce que je te recommande en ce jour : aimer l’Éternel, ton Dieu, marcher dans ses voies, garder ses préceptes, ses lois et ses décrets […]. » (Deutéronome 30, 16)

PorTraiT

Le Congrès juif canadien

Fondé en 1919, le Congrès juif canadien (CJC) est un organisme qui agit à titre de porte-parole de la communauté juive canadienne dans les débats sociaux. Cet organisme vise à protéger les droits et le bien-être des juifs du Canada. Le CJC se prononce sur les politiques gouvernementales ainsi que sur les enjeux socioéconomiques et culturels qui touchent à l’ensemble de la société québécoise et canadienne. Il présente les préoccupations des membres de la communauté juive du Canada en maintenant un contact avec les instances gouvernementales, les partis politiques et les représentants des différentes communautés culturelles, ainsi qu’avec les médias.

Les règles morales

Les règles vestimentaires

Les 10 commandements, tels qu’ils sont écrits dans la Torah et décrits dans le Talmud et la halakha (une extension de la jurisprudence rabbinique qui englobe tous les aspects de la vie), constituent les fondements de la moralité juive.

Les juifs pratiquants doivent porter la kippa (petite calotte qui couvre le dessus de la tête, séparant ainsi symboliquement l’humain de Dieu, par respect), sauf pour dormir, et le talit (châle fait d’une pièce de tissu à quatre coins garni de franges) lors de certaines prières.

Les règles alimentaires La kashrut, un recueil de règles alimentaires, concerne essentiellement la consommation des produits d’origine animale (interdiction de consommer des animaux impurs tels que le porc, certains oiseaux, les crustacés et les fruits de mer). L’animal pur peut être consommé uniquement s’il a été soumis aux règles de l’abattage rituel par un spécialiste. En outre, les viandes ne doivent pas être mélangées aux produits laitiers. De plus, comme le sang est tenu pour sacré, il est interdit de consommer du sang animal. Les aliments qui respectent ces règles sont dits kasher.

Les règles médicales En général, les juifs s’opposent à l’euthanasie et à l’avortement, sauf si la vie de la mère est menacée. Le fœtus et les membres amputés doivent être enterrés. Néanmoins, aucune restriction ne vise les dons de sang ou d’organes destinés à sauver des vies. La contraception est permise uniquement lorsqu’une grossesse peut mettre la mère en danger, pour espacer deux accouchements ou dans le cas d’une famille trop nombreuse.

La FormaTioN du mouvemeNT haSSidiQue Au 18e siècle, en Europe de l’Est, plusieurs juifs trouvent que leur vie manque de joie et de spiritualité. Baal Shem Tov (1698-1760) canalise leurs aspirations dans un mouvement ultra-orthodoxe basé sur des chants, des danses et l’étude des textes sacrés. Les hassidim, comme on les nomme, sont empreints d’un fort mysticisme et visent une communion avec le divin dans une joie profonde. Ils refusent les influences culturelles extérieures. La naissance de ce mouvement ne s’est pas faite sans l’opposition des rabbins en place. Néanmoins, le mouvement s’est propagé, et la plupart des immigrants juifs qui se sont établis au Canada au 19e siècle étaient des hassidim. De nos jours, on trouve des communautés hassidiques dans le monde entier. La religion est au cœur de leur vie quotidienne. On reconnaît les hommes hassidiques à leurs grands manteaux noirs, à leurs chapeaux de fourrure et à leurs longs favoris frisés (papillotes ou peot, en hébreu). Un juif hassidique prie à l’occasion d’une fête. Boîte à outils

B45

Le judaïsme au Québec L’arrivée des juifs au Québec correspond au début du Régime britannique, en 1760. Tout comme les chrétiens (catholiques, protestants et anglicans) qui les ont précédés, ils contribuent au développement de la colonie.

Répartition des juifs au Québec par régions en 2001 Régions administratives

Population totale

Population juive

en %

01 Bas-Saint-Laurent

195 545



0,00

02 Saguenay–Lac-Saint-Jean

274 315

10

0,00

03 Capitale-Nationale

628 515

90

0,01

04 Mauricie

249 705

45

0,02

05 Estrie

279 705

105

0,04

1 782 830

81 855

4,64

07 Outaouais

312 820

160

0,05

08 Abitibi-Témiscamingue

144 355



0,00

09 Côte-Nord

96 895

10

0,01

10 Nord-du-Québec

38 495

10

0,03

11 Gaspésie–Îles-de-la-Madeleine

95 465

10

0,01

12 Chaudière-Appalaches

376 575

25

0,01

13 Laval

339 000

4 140

1,22

14 Lanaudière

383 340

125

0,03

15 Laurentides

454 525

2 125

0,47

16 Montérégie

1 260 150

1 215

0,10

213 345

20

0,01

7 125 580

89 945

1,26

06 Montréal

17 Centre-du-Québec Le Québec La synagogue Young Israel de Montréal, construite en 1950.

Source : D’après les données fournies par l’Institut de la statistique du Québec, recensement 2001.

Chronologie du judaïsme au Québec 1627

Exclusion des non-catholiques de la colonie par ordre du roi de France.

1760

Arrivée des premières familles juives avec le début du Régime britannique.

1768

Première congrégation juive au Canada, à Montréal.

1775

Premier cimetière juif en Amérique du Nord, à Montréal.

1777

Première synagogue au Québec. Elle est dotée d’un nom séfarade (Shearith Israel) pour s’inscrire dans le réseau des synagogues américaines, mais elle est fréquentée par la communauté juive ashkénaze.

1831

Obtention par les juifs de tous les droits et privilèges dont jouissent les citoyens du Bas-Canada.

1846

Première synagogue officiellement de tradition ashkénaze.

1905

Première bibliothèque juive au Canada, à Montréal.

1913

Nombre de juifs au Canada : 60 000.

1919

Fondation du Congrès juif canadien à Montréal par 209 délégués venus de partout au Canada.

1934

Ouverture de l’Hôpital général juif de Montréal.

1939-1945 B46

ViVre ensemBle 5

Service de 16 680 juifs canadiens dans les Forces armées canadiennes.

Les spiritualités des peuples autochtones du Québec PoiNTS de rePère Fondateur Aucun reconnu.

récits sacrés • • • • •

La Grande Tortue (Mohawks). Aataentsic (Hurons-Wendats). Nanabojo (Algonquins). Glouskap (Abénaquis, Micmacs). Sedna (Inuits).

Lieux de sépulture Ces lieux demeurent sacrés en tout temps.

Lieux sacrés • La nature. • La hutte de sudation. • Le territoire traditionnel.

Noms du divin

• Les points cardinaux, ou les quatre grandes forces naturelles. • Le totem, qui est l’expression d’une tribu ou d’une famille à travers un animal qui la représente. • Le tambour, symbole du pouls de l’Univers, de la Terre mère.

Noms des croyants Principales divisions : • les spiritualités amérindiennes (ensemble de croyances dont plusieurs sont communes à d’autres nations) ; • les Inuits (groupe ethnique distinct, traditionaliste) ; • les chrétiens (à la suite de l’évangélisation, acculturation chrétienne de plusieurs communautés amérindiennes).

Être suprême (grand esprit, grand manitou) ; les esprits, qui varient selon les nations : Sedna (esprit inuit de la mer), Papakassik (Innus), Manitous (Algonquiens), Okki (Iroquoiens) et de nombreux autres.

Symboles principaux • Le cercle, ou la roue de médecine, symbole de l’harmonie, des cycles de la vie et de la communion entre les êtres.

Tambour iroquois (fin du 19e siècle ou début du 20e siècle).

Des inukshuks sur fond d’aurore boréale. Ces structures de pierre, qui servent entre autres à se repérer dans le Grand Nord, sont un des symboles de la culture inuite.

Boîte à outils

B47

Les croyances

Chronologie – 30 000 à – 15 000

Arrivée en Amérique des premières populations de chasseurs avec leur bagage culturel.

– 1000

Arrivée des premiers ancêtres des Inuits. Sédentarisation des populations amérindiennes.

1492

Population de cinq millions d’Amérindiens en Amérique du Nord.

1500-1600

Introduction du christianisme par les colonisateurs.

1537

Reconnaissance de l’humanité des Amérindiens par le pape Paul III. Il les désigne aptes à recevoir la foi chrétienne.

1608

Évangélisation des Algonquins par les récollets.

1632

Première mission jésuite chez les Innus.

1634

Grandes épidémies qui déciment les populations amérindiennes (variole).

1700

Essor des mouvements prophétiques dans les spiritualités amérindiennes.

1876

Loi sur les Sauvages qui, entre autres, crée les réserves.

1880

Population de 300 000 Amérindiens en Amérique du Nord.

v. 1960

2012

Création de l’American Indian Movement aux États-Unis. Retour aux spiritualités et aux pratiques traditionnelles. Première canonisation d’une Amérindienne, Kateri Tekakouitha (1656-1680).

Le monde visible des humains et le monde invisible des esprits se côtoient dans l’harmonie cosmique et l’équilibre. Tous les éléments de la nature sont sacrés et animés par l’Esprit. Tous les êtres sont interdépendants. Les rêves constituent des messages du monde invisible.

La vie après la mort Les croyances au sujet de la vie après la mort chez les Autochtones sont variées. Certains croient que l’être humain se réincarne en un autre être humain ou en animal après sa mort. D’autres croient que, après sa mort, l’être humain revient sous la forme d’un esprit ou encore qu’il part pour un autre monde. Certains combinent plusieurs croyances et d’autres, enfin, préfèrent ne pas se prononcer sur ce qu’ils ne peuvent savoir.

La constitution de l’être humain Il existe généralement, dans les spiritualités amérindiennes et inuites, la croyance en une âme qui réside en tout être humain et en tout animal. L’humain se distingue cependant de l’animal par sa capacité de penser. Il est aussi le grand responsable de la gestion des autres éléments du cercle sacré. Par ailleurs, la symbolique du cercle sacré représente les quatre composantes de l’être humain : l’état physique, l’état émotionnel, l’état mental et l’état spirituel.

L’origine du mal Le mal est généralement l’œuvre d’esprits malfaisants. Il s’explique aussi par la crainte d’une destruction prochaine de l’Univers.

Comment se libérer du mal La quête de vision permet la rencontre avec l’esprit protecteur, qui éloigne les mauvais esprits. D’autres rituels permettent aux croyants ou aux chamans d’entrer en contact avec le monde des esprits dans le but de garder l’Univers en équilibre. La maladie est parfois perçue comme une rupture d’harmonie entre la personne malade et son environnement.

L’organisation Un capteur de rêves.

B48

ViVre ensemBle 5

Chaque membre a une responsabilité pour garder l’harmonie et l’équilibre. Au besoin, il fera appel aux

anciens (sages pouvant interpréter les rêves, accomplir différents rites de guérison et transmettre leurs connaissances aux prochaines générations) et au chaman (personnage qui fait le pont entre le monde des esprits et celui des humains ; sa fonction est d’éviter les désordres qui pourraient survenir avec des mauvais esprits : chasse infructueuse, mauvais temps, épidémie, etc.).

La transmission de la foi Chacun acquiert sa foi par l’observation et en vivant différents rituels. Le chaman hérite de son rôle de sa famille, reçoit l’appel d’un esprit ou l’obtient à la suite d’une quête personnelle volontaire.

La place de la femme La femme représente la Terre mère et incarne la fécondité. Dans la vision cosmique des spiritualités autochtones, ce rôle est valorisant et la femme est au cœur de la spiritualité. Toutes les activités des femmes font d’elles des gardiennes de la vie. Elles veillent à la croissance et à la socialisation des enfants. Dans certaines tribus, des femmes ont pu devenir des chamanes dotées de pouvoirs qui dépassaient parfois ceux des hommes. Les femmes en période menstruelle ne peuvent toutefois participer à certains rituels, comme la suerie.

fois ». À la naissance, par exemple, chez les Inuits et chez plusieurs groupes d’Iroquois et d’Algonquins, le nouveau-né ne devient vraiment un être humain que lorsqu’il reçoit son nom. À la puberté, le jeune adulte s’isole et jeûne afin de pouvoir entrer en contact avec les esprits, qui lui communiqueront sa vocation, son rôle dans la communauté (quête de vision). La capture du premier gibier est aussi soulignée par un rite de passage.

La guérison On cherche à rencontrer l’âme du malade. On utilise parfois un hochet, qui sert à ramener les esprits à la vie afin que ces derniers puissent aider le malade à recouvrer la santé. Le malade peut aussi brûler des herbes sacrées (foin d’odeur ou tabac, entre autres) pour favoriser sa guérison.

La chasse et la pêche Les rites des chasseurs seraient les rites autochtones les plus anciens. Le culte de l’ours et de la baleine, chez les Inuits, en fait partie. Certains Amérindiens invitaient, par exemple, les anciens à participer à une suerie afin qu’ils puissent entrer en communication avec le maître des animaux, qui leur indiquait où chasser.

Les rites Les jeûnes Privations pratiquées sous l’autorité d’un ancien.

Le rite de la suerie Le rite de la suerie, dirigé par un ancien, peut durer de un à quatre jours et est destiné à guérir et à purifier les participants, ainsi qu’à remercier l’Être suprême. Ce rite a lieu dans une suerie, appelée aussi « hutte de sudation », parce qu’on installe au centre des pierres brûlantes (préalablement chauffées dans un feu à l’extérieur) sur lesquelles on verse de l’eau pour créer un bain de vapeur.

Les rites de passage Les différents rites de passage ont pour but d’intégrer chaque personne à l’ensemble de la collectivité. Ces rites sont parfois appelés « rites de la première

Bonnet de danse inuit porté à l’occasion de grands rassemblements, notamment pour célébrer une chasse abondante ou communiquer avec les esprits.

L’action de grâce Après la chasse ou la pêche, en plus des remerciements traditionnels, certains Amérindiens accomplissaient aussi des rites par respect pour la dignité de l’animal tué et afin de permettre à l’esprit de l’animal de renaître. Après une pêche aux saumons fructueuse, par exemple, les pêcheurs remettaient à l’eau Boîte à outils

B49

PorTraiT

Shirley Cheechoo Artiste, écrivaine, directrice de théâtre et cinéaste, Shirley Cheechoo est née à Eastmain, au Québec, au sein de la nation crie. Ses tableaux représentent souvent des scènes du mode de vie traditionnel cri. En tant que cinéaste, elle a obtenu plusieurs prix et ses films ont été sélectionnés pour d’importants festivals, tels le Festival du film Sundance, dirigé par le comédien Robert Redford, aux États-Unis, et le Festival international du film de Vancouver.

Shirley Cheechoo (1952- ).

Son film Mother Earth (La Terre mère), réalisé en 2003, évoque la responsabilité de tous d’honorer la Terre, qui, dans la spiritualité crie, est reconnue comme étant la mère de l’humanité. Ce film donne la parole aux aînés cris, qui témoignent de leur mode de vie et de l’hommage qu’ils rendent à la Terre mère dans leur vision du monde.

les arêtes des saumons capturés afin de permettre la reproduction d’autres saumons.

Les semailles Lors des semailles, certains Amérindiens pratiquent la danse du maïs. Elle a lieu au printemps, le matin, avant la plantation des semences. Le chaman y joue un rôle important par ses prières, qui peuvent permettre au maïs de pousser rapidement.

La quête de vision Ce rite permet à l’initié d’entrer en contact avec le monde des esprits, sous la forme d’une vision animale ou d’un rêve.

La cérémonie du maïs vert

Les pèlerinages et les dévotions

Certaines nations iroquoiennes célèbrent la cérémonie du maïs vert. Ce rite dure généralement trois jours et a pour but de remercier le grand esprit du soleil, de la pluie, du maïs et des moissons à venir. C’est un rite de renouveau pendant lequel tous se rassemblent, se recueillent et dansent.

Chez les communautés christianisées, le pèlerinage à Sainte-Anne-de-Beaupré et les dévotions à Marie et à sainte Anne (Innus et Micmacs) montrent bien la place de la femme au cœur des spiritualités des peuples autochtones.

La pipe sacrée On fume la pipe sacrée lors de rencontres importantes. Le tabac est perçu comme une herbe sacrée capable de permettre la communication avec les esprits et d’obtenir ainsi leur bienveillance, la guérison des malades et leur soutien pour la chasse et la pêche. On le fumait dans des pipes sacrées, appelées « calumets », qui étaient très utilisées pour conclure les accords entre diverses nations. Ce rite d’offrande de tabac, sous forme de fumée ou de feuilles séchées, est une pratique très ancienne et caractéristique de la spiritualité des peuples autochtones.

La tente tremblante Traditionnellement, chez les Algonquiens, cette cérémonie entretenait les bonnes relations entre les humains et les esprits. Le chaman, en transe, entrait B50

en contact avec les esprits et avec d’autres chamans pour s’informer de ce qui se passait sur d’autres territoires. Ces rites trouvaient aussi leur expression dans la danse et dans les chants sacrés.

ViVre ensemBle 5

Le mariage Chez certaines nations autochtones, le mariage n’est pas forcément permanent, surtout si aucun enfant n’est né de l’union. Chez les Iroquoiens, la femme est aussi libre que l’homme dans ce domaine. En général, la polygamie fait partie du système social autochtone. Le choix des partenaires est généralement libre. Le mariage est, entre autres, marqué par le partage du calumet. Le divorce est accepté et pratiqué.

La mort Les rites comprennent des cérémonies de prières, de remerciements et de communion avec le grand esprit. Il y a attribution d’un nom (d’un animal ou d’un ancêtre) pour l’entrée dans la vie après la mort. Plusieurs autres rites peuvent suivre un décès (jeûne, abstinence, offrandes, repas, enterrement).

PorTraiT

Membertou Membertou est un personnage trop souvent oublié de l’histoire de la NouvelleFrance. En 1605, ce Micmac, chef de bande et chaman, permet aux Français de s’installer sur son territoire et d’y fonder Port-Royal (aujourd’hui Annapolis Royal, en Nouvelle-Écosse). Pendant l’hiver 1606-1607, il enseigne aux Français comment se soigner et survivre. Après leur départ, en 1607, il veille sur leur « habitation » pendant trois ans. À leur retour, les Français sont accompagnés d’un prêtre. Membertou est le premier, avec sa famille, à être solennellement baptisé dans la foi catholique sur le sol de l’Amérique du Nord. Il est également à l’origine de l’alliance entre les Micmacs et les Français. Certains écrits des premiers explorateurs montrent bien la loyauté de Membertou envers les Français.

Membertou (mort en 1611).

Les principales fêtes

Les règles alimentaires

Les pow-wow

Prières et bénédictions précèdent la chasse, la pêche et la cueillette. On pratique aussi les jeûnes rituels.

Ces fêtes avec danses et musique renforcent le sentiment d’appartenance à la tribu et entretiennent les solidarités intertribales ; on y pratique parfois le potlatch, ou partage de biens.

Les règles vestimentaires Les cheveux peuvent être considérés comme sacrés et gardés longs ; le sac de médecine contient des plantes prescrites par un ancien et des objets reliés aux esprits protecteurs ; certains costumes sont traditionnels selon les communautés (inscriptions marquant des événements importants, coiffures particulières).

La danse du soleil Pratiquée après le solstice d’été, cette fête célèbre le renouveau et rapproche les membres du groupe.

Le mouvemeNT iNdieN américaiN (americaN iNdiaN movemeNT) Un danseur en costume traditionnel.

Les normes et les règles Les principes moraux « Fais ce que tu dis » est la libre traduction de Walk your talk, proverbe amérindien qui signifie « transforme tes convictions en actions ». « Soyez bons avec la Terre. Nous ne recevons pas la Terre en héritage de nos parents, nous l’empruntons à nos enfants. » (proverbe inuit)

Les règles morales

Ce mouvement politique à l’origine de nombreux réseaux de solidarité autochtone a été fondé aux États-Unis en 1968, à Minneapolis, dans l’État du Minnesota. C’est le plus important mouvement politique amérindien ; il a eu un impact sur la mobilisation de toutes les nations autochtones d’Amérique du Nord, y compris au Québec. Le Mouvement indien américain appuie ses revendications politiques d’autodétermination sur la culture et la spiritualité des Premières Nations. Il incite toutes les nations autochtones à renouer avec leur culture, leurs langues ancestrales et leurs cérémonies traditionnelles, dont la danse du soleil. Le renouvellement et l’approfondissement de la spiritualité s’inscrivent aussi dans la lutte contre l’alcoolisme et la toxicomanie qui sévissent dans les communautés autochtones.

Peu de contraintes, mais un acte nuisible aura des conséquences sur son auteur.

Boîte à outils

B51

Les règles médicales Une grande importance est donnée à l’herboristerie, aux produits de la nature et aux techniques de guérison naturelles. Traditionnellement, pour plusieurs peuples autochtones, le don d’organes et l’autopsie étaient inacceptables. Les peuples autochtones euthanasiaient les malades dont le cas était désespéré. En général, les Amérindiennes et les Inuites parlent peu de la limitation des naissances. Pour elles, la capacité de reproduction est sacrée. Toutefois, depuis des siècles, elles connaissent des façons d’empêcher les naissances. Elles n’utilisent des moyens contraceptifs que lorsqu’elles sont avancées en âge et qu’elles ont déjà eu quatre ou cinq enfants. Certains dérivés de plantes sont aussi utilisés pour provoquer des avortements. Les 11 nations

Population amérindienne et inuite au Québec en 2012 Nations

Total

Abénaquis

2 577

Algonquins

11 026

Attikameks

7 032

Cris Hurons-Wendats Innus

17 483 3 845 18 820

Malécites

1 102

Micmacs

5 727

Mohawks

18 185

Naskapis

1 170

Inuits Aucune

11 640 124

Source : Secrétariat aux affaires autochtones, Statistiques des populations autochtones du Québec 2012 [en ligne]. (Consulté le 23 octobre 2013.)

Source : D’après Les nations, ministère des Affaires indiennes et du Nord Canada.

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ViVre ensemBle 5

L’islam PoiNTS de rePère Fondateur

Lieu de culte

Muhammad ibn ‘Abd Allah (Muhammad), dit le Prophète (570-632).

La mosquée (masdjid : « lieu où l’on se prosterne »).

Texte sacré

Symboles principaux

Le Coran (Qur’an).

Le croissant de lune (hilal) et l’étoile.

Lieux sacrés

Nom du divin

• La ville de La Mecque, en Arabie saoudite, où se trouvent notamment :

Allah (Allah signifie « Dieu » en arabe).

– l’édifice cubique, appelé « Kaaba », qui renferme la pierre noire, symbole de l’alliance d’Allah avec Ibrahim ; – le puits de Zamzam ; – le mont Arafat.

Noms des croyants Les musulmans. Principales divisions : • sunnites (environ 88 %) ; • chiites (environ 12 %).

• Médine, ville où se trouve le tombeau de Muhammad. • Jérusalem, ville où se trouve la mosquée al-Aqsa. • Karbala, ville où se trouve le tombeau de l’imam Husayn, pour les chiites.

L’islam dans le monde

Source : L’atlas des religions : pays par pays, les clés de la géopolitique, numéro hors-série, co-édition La vie – Le Monde, Paris, 2007, p. 62-63. Boîte à outils

B53

Les croyances

Chronologie 570

Naissance de Muhammad à La Mecque, en Arabie saoudite.

595

Mariage de Muhammad avec la riche veuve Khadija.

610

Début des révélations du Coran.

622

Muhammad quitte La Mecque pour Médine. Début du calendrier lunaire musulman. C’est l’an I de l’hégire (migration).

632

Mort du prophète Muhammad, atteint de paludisme. L’Arabie est alors presque unifiée sous la direction du Prophète.

657 661-750 750-1258

1206-1526 19e-20e siècles

Division de l’islam en deux grands courants : sunnites et chiites. Dynastie des Omeyades fondée par le beau-frère de Muhammad. Remplacement de la dynastie des Omeyades par celle des Abbassides au Proche-Orient. L’islam se répand en Asie centrale, en Inde et en Espagne.

Les musulmans croient en un seul Dieu, Allah, toutpuissant et créateur de l’Univers. Il a transmis un message aux êtres humains par l’entremise d’Abraham, de Moïse et de Jésus. Son dernier prophète est Muhammad. Les croyants acceptent de se soumettre à la parole d’Allah afin de lui rester fidèles jusqu’au jour du Jugement. Les justes mériteront le paradis et les méchants seront jetés en enfer.

La vie après la mort À la fin de leur vie terrestre, les êtres humains se présentent devant Allah en préparation du jour du Jugement. Ce jour-là, les morts ressusciteront et les anges les réuniront pour qu’ils soient jugés. Les êtres humains qui auront vécu une vie soumise à la volonté d’Allah se verront récompensés par les plaisirs du paradis. Ceux qui auront failli à leur devoir seront jetés dans les feux de l’enfer.

Sultanat de Delhi. L’islam se répand en Indonésie et en Malaisie. Propagation de l’islam en Somalie et en Tanzanie.

1979

Révolution islamique en Iran avec l’ayatollah Khomeiny (chiite).

1988

Rétablissement partiel de la charia, ou loi islamique, au Pakistan. La charia constitue un régime juridique complet qui aborde les questions religieuses, morales et sociales.

1989

Établissement du Régime islamique au Soudan.

PorTraiT

Une page décorée du Coran, 13e siècle.

Abu ibn Sina (Avicenne) Au Moyen Âge, le monde musulman est très ouvert et en avance sur l’Occident dans tous les domaines de la science. Avicenne compte parmi ses plus illustres savants. Ses nombreux ouvrages (sur des sujets aussi divers que la médecine, la philosophie, l’économie, les mathématiques, la musique, l’astronomie, la psychologie, la chimie et la physique) ont marqué autant l’Orient que l’Occident. Sa contribution à la médecine est considérable : son célèbre traité, le Canon de la médecine, fut enseigné en Europe jusqu’au 17e  siècle. Avicenne est aussi connu pour avoir concilié la foi musulmane et la pensée du philosophe grec Aristote, qui a vécu trois siècles avant notre ère. La « redécouverte » des penseurs grecs en Occident, souvent par l’entremise des musulmans, a mené à une période importante de l’histoire : la Renaissance.

Avicenne (980-1037).

B54

ViVre ensemBle 5

La constitution de l’être humain

La transmission de la foi

L’être humain, selon le Coran, a été créé faible, impatient et téméraire. Il a donc besoin de suivre les directives divines et de se soumettre à la volonté d’Allah s’il désire compter parmi les justes le jour du Jugement.

Tous peuvent devenir musulmans. Le Coran invite les croyants à faire connaître l’islam par l’exemple et la persuasion.

L’origine du mal

La seconde épouse du prophète Muhammad, Aïcha, est reconnue comme un modèle pour certaines femmes musulmanes. Son rôle fut central dans le développement de la foi musulmane. Elle a produit d’importants hadiths qui rapportent de nombreuses décisions du Prophète. Aujourd’hui, dans les pays musulmans, plusieurs barrières culturelles empêchent les femmes d’avoir un rôle important au sein du clergé musulman. Il n’en a pas toujours été ainsi. De récentes recherches ont montré que, au Moyen Âge, plusieurs femmes ont enseigné le Coran, transmis des hadiths et participé à l’élaboration de lois islamiques en tant que juristes.

Dans l’islam, c’est l’être humain qui est à l’origine du mal. Parce qu’il est ignorant et dominé par ses passions, il n’arrive pas à discerner le bien du mal de façon adéquate.

Comment se libérer du mal Tout musulman qui veut se libérer du mal doit se soumettre à Allah et à ses règles, inscrites dans le Coran.

L’organisation Il n’y a pas d’autorité suprême dans l’islam, ni d’organisation centrale qui encadre l’ensemble de la communauté. La vie musulmane tourne autour de la mosquée, dirigée par un imam, et de l’école coranique (madrasa).

La place de la femme

Les rites La shahada La shahada, ou profession de foi, est le premier des cinq piliers de l’islam. « Il n’y a de Dieu qu’Allah, et Muhammad est son prophète. »

Les salats Les prières sont le deuxième principe fondamental de l’islam. Elles se récitent cinq fois par jour : à l’aube, à midi, en après-midi, au coucher du soleil et à la nuit tombée.

La zakat L’aumône obligatoire est le troisième principe fondamental de l’islam. Elle consiste en un don d’argent ou de biens à la communauté ou aux pauvres.

Le sawm

La mosquée Hassan II, à Casablanca, au Maroc. C’est la plus grande mosquée au monde après celle de La Mecque, en Arabie saoudite. Elle peut accueillir 120 000 fidèles.

Le jeûne du mois du ramadan est le quatrième pilier de l’islam. Le croyant doit se priver de manger, de boire, de fumer et d’avoir des relations sexuelles entre le lever et le coucher du soleil. Ce jeûne est obligatoire pour tout croyant en bonne santé et âgé d’au moins 13 à 14 ans. Boîte à outils

B55

Le hajj

Les fêtes

Le pèlerinage à La Mecque une fois dans une vie est le dernier pilier de l’islam. Il est obligatoire pour tous ceux qui en sont capables physiquement et financièrement. Ce rite efface tous les péchés du croyant et il est constitué d’une série de gestes précis : marche autour de la Kaaba, prières au mont Arafat, lapidation d’une stèle nommée le « grand démon », et sacrifice d’un agneau, d’un chameau ou d’une vache.

Id al-Fitr La petite fête souligne la fin du jeûne du ramadan et est l’occasion de grandes réjouissances.

Id al-Adha La grande fête vient 70 jours plus tard. On s’associe alors aux sacrifices des pèlerins de La Mecque en sacrifiant un agneau, une chèvre ou une vache.

Mawlid Cette fête souligne la naissance du Prophète. Pour les chiites s’ajoute Achoura, la commémoration du martyre de l’imam Husayn.

Awal Muharam Célébration du nouvel an.

Laylat al-Qadr Pèlerins qui touchent la Kaaba, à La Mecque, en Arabie saoudite.

Le mariage Le mariage se fait en deux étapes. L’établissement du contrat de mariage confirme l’accord des époux. Après quelques jours, c’est le rite principal : la future mariée est menée chez son époux où de grandes et parfois longues festivités les attendent. Le Coran rejette la polygamie illimitée en restreignant à quatre le nombre de femmes qu’un musulman peut épouser, et ce, à condition qu’il puisse les traiter de façon égale. Le divorce n’est permis qu’en dernier recours.

La « nuit du Destin » célèbre la révélation du Coran à Muhammad.

L’«Ascension» Le « voyage nocturne » commémore la nuit où l’ange Gabriel a conduit le Prophète au ciel.

La mort On récite la shahada (profession de foi) à l’oreille du mourant. Après le décès, on lave le corps sans l’embaumer. Des extraits du Coran sur la résurrection des morts sont récités. Tous se rendent alors sans tarder à la mosquée pour une prière, puis au cimetière. Le défunt est finalement mis en terre, la tête orientée vers La Mecque. B56

ViVre ensemBle 5

Des fidèles musulmans à la fin du jeûne du ramadan, à Kuching, en Malaisie.

Les normes et les règles Les principes moraux « Aucun d’entre vous n’est véritable croyant tant qu’il n’aimera pas pour son frère ce qu’il aime pour luimême. » (Mahomet, vers 570-632, 13e des 40 hadiths de Nawawi, rapporté par al-Bukhari et Muslim) « […] mais la bonté pieuse est de croire en Allah, au Jour dernier, aux Anges, au Livre et aux prophètes, de donner de son bien, quelque amour qu’on en ait, aux proches, aux orphelins, aux nécessiteux, aux voyageurs indigents et à ceux qui demandent l’aide […]. » (Coran, sourate 2, 177)

Les règles morales La charia (loi islamique), inspirée du Coran et des hadiths.

Les règles alimentaires Le Coran interdit la consommation d’alcool et de porc. Est appelé halal ce qui est permis par Dieu, et haram ce qui est interdit.

Les règles vestimentaires Les hommes et les femmes doivent se vêtir de façon décente. Les vêtements plus spécifiquement féminins, comme ceux en soie, sont interdits aux hommes. Le port du voile existait bien avant Muhammad. Il servait surtout de protection contre les rigueurs du climat désertique et le voile n’était pas porté partout. Dans le Coran, on peut lire que les épouses du Prophète devaient « se couvrir de leurs voiles ». Elles devaient en effet se protéger des regards indiscrets des nombreux visiteurs qui venaient chercher conseil

auprès de Muhammad. Le Coran étend cette recommandation à toutes les musulmanes, en lien avec le devoir de modestie qui leur revient. Par la suite, cette pratique s’est répandue, mais sans devenir une obligation ; tout dépend de l’interprétation que l’on fait des passages coraniques où l’on en parle.

Les règles médicales En général, l’islam permet la contraception pour les couples mariés. L’avortement est toléré seulement si la vie de la mère est menacée. On autorise généralement les transfusions sanguines et les dons d’organes lorsqu’ils ne mettent pas la vie du donneur en danger. L’islam s’oppose à l’euthanasie. C’est Allah qui décide de la durée de vie d’une personne.

Irshad Manji

PorTraiT

La journaliste et auteure canadienne Irshad Manji est née en Ouganda en 1968 et vit au Canada depuis 1972. Féministe engagée et musulmane pratiquante, elle milite en faveur d’une réforme Irshad Manji (1968- ). de l’islam. Elle est critique par rapport aux enseignements du Coran et aux interprétations qui en sont faites. Elle n’accepte pas le statut qui est attribué à la femme et dénonce la violence contre les femmes. Elle voudrait qu’hommes et femmes soient égaux. Cependant, les questions qu’elle pose vont au-delà de la critique de certains aspects de sa religion ; elles soulèvent une réflexion fondamentale au sujet de la liberté des personnes et de leurs droits. Ses propos dénoncent l’intolérance, l’intolérance religieuse comme l’intolérance raciale.

au maroc, Le Nouveau code de La FamiLLe En 2003, le roi du Maroc, Mohammed VI, annonce une grande ouverture de la culture islamique de son pays à la modernité. En effet, à la suite de luttes menées par des féministes et des défenseurs des droits de la personne, il réforme le Code de la famille afin de donner à la femme un statut presque égal à celui de l’homme dans certains domaines. Une dizaine de règles ont été modifiées. Par exemple, la famille est désormais sous la responsabilité légale des deux parents, plutôt que du père seulement. L’âge légal pour le mariage de la femme n’est plus 15 ans, mais 18 ans, comme pour l’homme. Les femmes obtiennent plus facilement le divorce et la division des biens en cas de divorce est plus équitable. La femme majeure n’a plus besoin de l’autorisation de son père pour se marier.

Boîte à outils

B57

L’islam au Québec Bien que les musulmans soient arrivés tardivement au Québec, soit au début du siècle dernier, ils y représentent la troisième religion pour ce qui est de leur nombre.

Répartition des musulmans au Québec par régions en 2001 Régions administratives

Population totale

Population musulmane

en %

01 Bas-Saint-Laurent

195 545

90

0,05

02 Saguenay–Lac-Saint-Jean

274 315

120

0,00

03 Capitale-Nationale

628 515

2 945

0,47

04 Mauricie

249 705

265

0,11

05 Estrie

279 705

1 205

0,43

1 782 830

85 485

4,79

07 Outaouais

312 820

2 365

0,76

08 Abitibi-Témiscamingue

144 355

110

0,08

09 Côte-Nord

96 895



0,00

10 Nord-du-Québec

38 495

30

0,08

11 Gaspésie–Îles-de-la-Madeleine

95 465

45

0,05

12 Chaudière-Appalaches

376 575

145

0,04

13 Laval

339 000

5 160

1,52

14 Lanaudière

383 340

210

0,05

15 Laurentides

454 525

645

0,14

16 Montérégie

1 260 150

9 615

0,76

213 345

170

0,08

7 125 580

108 605

1,52

06 Montréal

17 Centre-du-Québec Le Québec Mosquée al Islam, située dans l’arrondissement de Saint-Laurent, à Montréal.

Source : D’après les données fournies par l’Institut de la statistique du Québec, recensement 2001.

Chronologie de l’islam au Québec Début du 20e siècle v. 1960

Premières grandes vagues d’immigration venant d’Égypte et du sous-continent indien.

1965

Première mosquée construite au Québec, à Dorval.

1965

Fondation du Centre islamique du Québec, à Montréal.

v. 1970

La guerre du Liban provoque et favorise une autre vague d’immigration.

v. 1980

Vague d’immigration de musulmans provenant du Maroc, de l’Algérie et de la Tunisie.

2013

B58

Arrivée des premiers musulmans au Québec, majoritairement du Liban et de la Syrie.

ViVre ensemBle 5

Des musulmanes protestent publiquement contre un projet de loi du gouvernement québécois qui vise à interdire le port de signes religieux ostentatoires aux employés de l’État.

Le bouddhisme PoiNTS de rePère Fondateur

Symboles principaux

Le Bouddha, Siddhartha Gautama.

• La roue du dharma, qui représente le noble sentier octuple. • Le stoupa.

Textes sacrés • Le Tripitaka ou « Les trois corbeilles ». • D’autres textes d’enseignements et de commentaires se sont ensuite ajoutés.

Lieux sacrés Les lieux de pèlerinage indiqués par le Bouddha. • Lumbini (lieu de sa naissance). • Bodh Gaya (lieu de son éveil). • Sarnath (lieu de son premier enseignement). • Kushinagara (lieu de sa mort). • Les stoupas (monuments célébrant l’éveil du Bouddha). • Borobudur (temple indonésien).

Lieux de culte La pagode ou le temple bouddhiste, les monastères.

Nom du divin Dans le bouddhisme, le Bouddha est supérieur aux dieux, car il a atteint l’illumination ; dans le bouddhisme mahayaniste, le Bouddha est transcendant et peut être divinisé.

Noms des croyants Les bouddhistes. Principales divisions : • theravadistes (se considèrent comme les plus proches des enseignements originaux du Bouddha) ; • mahayanistes (croient en plusieurs bouddhas transcendantaux) ; • vajrayanistes (partagent des rituels et des symboles complexes).

Le bouddhisme dans le monde

Source : L’atlas des religions : pays par pays, les clés de la géopolitique, numéro hors-série, co-édition La vie – Le Monde, Paris, 2007, p. 80-81. Boîte à outils

B59

Les croyances

Chronologie – 566

Naissance de Siddhartha Gautama, qui deviendra le Bouddha.

– 537

Siddhartha Gautama sort de son palais et fait quatre rencontres déterminantes : un vieil homme, un malade, un mort et un ascète. Il décide alors de tout quitter pour devenir un ascète afin de trouver un remède à la souffrance.

– 531

Éveil de Siddhartha Gautama. Il devient le Bouddha (« celui qui est illuminé ») à 35 ans.

– 486

Mort du Bouddha.

– 486

Première réunion (concile) de la communauté bouddhiste à Rajagrha. Établissement de la règle des moines et de l’enseignement du Bouddha.

– 386

Deuxième concile à Vaisali pour discuter de la doctrine bouddhiste.

– 3e siècle v. – 250

Expansion du bouddhisme en Inde et autour sous le règne d’Ashoka. Troisième concile selon l’école theravadiste. Ashoka ordonne à tous les moines de réciter ensemble les règles.

1er siècle

Introduction du bouddhisme en Chine.

v. 6 siècle

Bodhidharma fonde le chan (l’ancêtre du zen) en Chine.

538

Introduction officielle du bouddhisme au Japon.

v. 7e siècle

Introduction du bouddhisme au Tibet.

e

Les bouddhistes sont convaincus que leurs actions ont des conséquences sur les autres ainsi que sur leur propre vie et leur vie future. Ils tentent donc de faire de bonnes actions et d’éviter les mauvaises. À cela s’ajoutent les quatre nobles vérités : 1) la vie est remplie de souffrances ; 2) l’origine de la souffrance est le désir ; 3) il est possible de se libérer de la souffrance (l’état de nirvana, but ultime du bouddhisme) ; 4) le chemin qui permet d’atteindre le nirvana est la noble voie composée de huit éléments à pratiquer de manière juste (la vue, la pensée, la parole, l’action, le mode de vie, l’effort, l’attention et la concentration).

1578

Début de la lignée des dalaï-lamas au Tibet.

1959

Exil en Inde du 14e dalaï-lama.

1989

Prix Nobel de la paix au 14e dalaï-lama.

Le lotus sacré indien (qui pousse dans la boue, mais donne une fleur magnifique) symbolise l’éveil.

La vie après la mort L’être humain est enchaîné au samsara, le cycle des naissances et des renaissances. Après la mort de l’être humain, sa conscience prend une nouvelle forme, un nouveau corps (réincarnation). Pour se libérer du samsara, l’être humain doit atteindre le nirvana.

La constitution de l’être humain

Toit décoré au temple du Jokhang, à Lhassa, au Tibet. Les cerfs rappellent la présence de ces animaux lors du premier sermon du Bouddha, et la roue du dharma symbolise le contenu du discours.

B60

ViVre ensemBle 5

L’être humain n’est pas un tout figé et permanent. Il est composé de cinq éléments interreliés. Ces éléments éphémères qui constituent l’être humain se nomment agrégats (la forme, les sensations, la perception, les formations et la conscience). À l’image du temps qui passe, la composition de l’être humain change constamment.

L’origine du mal Selon la deuxième noble vérité, le désir est la cause de la souffrance. L’origine de la souffrance s’explique par l’attachement au désir, aux personnes et aux choses. Cet attachement est caractéristique d’une vie sous l’emprise du samsara.

Comment se libérer du mal En suivant le noble sentier octuple (vue juste, pensée juste, parole juste, action juste, mode de vie juste, effort juste, attention juste, concentration juste), l’être humain prend les moyens de mettre un terme à ses souffrances en atteignant le nirvana (état de sérénité suprême).

L’organisation

au Tibet et en Mongolie. Au Tibet, la croyance veut qu’elle se réincarne sous la forme de femmes pieuses. Dans d’autres cultures, c’est Avalokiteshvara qui prend des apparences féminines. En Chine, Avalokiteshvara était considérée comme « la mère de la race humaine ». Mahapajapati, mère adoptive du Bouddha, fut la première femme à faire partie d’une communauté de moines bouddhistes. Son acceptation parmi les moines permit aux femmes de joindre la communauté monastique sous huit conditions qui font prédominer l’autorité masculine. Ces conditions doivent encore être respectées aujourd’hui par les moniales dans plusieurs pays.

Les rites

Il n’y a pas une personne spécifique à la tête du bouddhisme. Chaque école ou tradition possède sa propre structure. Une pagode, un temple ou un monastère est dirigé par un abbé ou une abbesse. Il y a généralement une hiérarchie entre les plus vieux et les plus jeunes, entre les moines ou moniales et les personnes laïques.

La transmission de la foi C’est souvent la transmission d’un maître à ses disciples sur une base volontaire.

La place de la femme Certains textes présentent des femmes ayant atteint l’illumination, d’autres la présentent comme source de souffrance. La déesse Tara, un Bouddha de sexe féminin, est l’un des idéaux féminins. Elle est aussi connue comme le pendant féminin d’Avalokiteshvara, le bodhisattva de l’infinie compassion. Tara, la déesse de la compassion universelle, accompagne le croyant dans son cheminement vers l’illumination. Elle est Statue de la déesse Tara. très populaire au Népal,

Le dalaï-lama, chef spirituel des Tibétains et chef politique du Tibet.

Le don du nom Cérémonie où un maître bouddhiste attribue un nom religieux à un bébé.

La méditation Les bouddhistes pratiquent diverses techniques de respiration et de visualisation qui ont pour but de développer des qualités positives. La méditation peut s’accompagner d’une récitation de paroles sacrées, ou mantras. Certains gestes symboliques de la main, ou mudras, sont parfois pratiqués.

La prise de refuge Cérémonie où l’aspirant bouddhiste demande de prendre refuge dans les trois joyaux : le Bouddha, son enseignement (dharma) et sa communauté (sangha). Boîte à outils

B61

traditions, notamment les lieux de la naissance du Bouddha, de son éveil, de son premier discours et de sa mort.

Le mariage Le mariage est vu comme un contrat social, et la religion prend peu de place dans la cérémonie, à part la récitation d’une bénédiction bouddhiste. Aucune règle n’empêche le divorce.

Laïcs offrant de la nourriture aux moines, en Thaïlande.

L’aumône Les laïcs sont encouragés à offrir de la nourriture aux moines et aux moniales.

La mort Des rites prémortuaires consistent en des louanges et des prières pour que la prochaine vie du défunt soit heureuse. Le corps du défunt est incinéré ou brûlé sur un bûcher et on témoigne de la compassion aux proches.

Les offrandes

Les principales fêtes

Certains bouddhistes offrent de l’encens, de la nourriture, des parfums et de l’eau aux représentations du Bouddha.

Les dates des fêtes sont déterminées par les phases lunaires et peuvent varier selon l’endroit en fonction des traditions et des cultures des pays où elles ont lieu.

L’ordination Cérémonie où le moine ou la moniale renonce au monde pour entrer dans une communauté spirituelle.

Les pèlerinages Les fidèles bouddhistes peuvent se rendre en pèlerinage dans divers lieux sacrés qui varient selon les

Le Nouvel An Le Nouvel An est célébré au mois de février en Chine, en Corée et au Vietnam. Il est fêté un mois plus tard au Tibet et vers la mi-avril dans d’autres pays de l’Asie du Sud-Est. Cette fête marque le début de l’année selon le calendrier basé sur les cycles de la lune.

La reSTauraTioN du TemPLe de BoroBudur Dans les années 1970, l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) lance deux appels afin d’obtenir des fonds pour restaurer le temple de Borobudur, sur l’île de Java, en Indonésie. Ce monument construit entre 778 et 850 est le plus grand temple bouddhiste au monde. Malheureusement, des séismes l’ont endommagé et la végétation l’a, en partie, recouvert. Le peuple et le gouvernement indonésiens, qui reconnaissent la valeur de ce témoignage unique de la grande tradition vivante de l’Indonésie, conjuguent leurs efforts à ceux de la communauté internationale pour assurer la restauration du temple. De nombreux organismes non gouvernementaux et 27 pays contribuent financièrement et techniquement avec le gouvernement et les personnes sur place à redonner au temple sa splendeur passée. En 1983, le temple est redevenu un des plus beaux monuments du continent asiatique et, en 1991, il est inscrit sur la liste des sites protégés du Patrimoine mondial de l’UNESCO. B62

ViVre ensemBle 5

Le temple restauré de Borobudur, en Indonésie.

Wesak

Les règles morales

Au printemps, célébration de la naissance, de l’illumination et de la mort du Bouddha. Ces événements peuvent être fêtés séparément, selon les traditions.

Les cinq préceptes, tels que définis par le Bouddha dans un de ses discours, constituent les fondements de la moralité bouddhiste. Ces préceptes sont : ne pas tuer ou faire du mal aux autres êtres vivants ; ne pas prendre ce qui n’est pas donné ; ne pas avoir de mauvais comportements sexuels ; ne pas dire de mensonges, de paroles blessantes, de paroles inutiles ; ne pas consommer d’intoxicants (drogues, etc.).

La fête des morts

Les règles alimentaires Jeune femme indonésienne allumant des bougies à l’occasion du Wesak.

Commémoration des ancêtres. Cette fête se célèbre le 13 juillet au Japon, au Cambodge, au Laos et en Thaïlande. En Chine, cette fête s’appelle Qing Ming, ou « Pure Lumière ».

Le principe de la non-violence incite plusieurs bouddhistes à pratiquer le végétarisme. En général, les bouddhistes s’abstiennent aussi de consommer de l’alcool.

Le premier enseignement

Elles obligent les moines à porter un froc dont la couleur varie selon les pays, symbole de renoncement, et à avoir les cheveux rasés.

La célébration du premier discours, le sermon de Bénarès, a généralement lieu au mois de juillet.

Les règles vestimentaires

Les règles médicales

Les normes et les règles Les principes moraux « Ne blesse pas les autres par des moyens que tu trouverais toi-même blessants. » (Udanavarga 5, 18) « Il vous faut vous appliquer à ne pas tuer les êtres vivants. » (Paroles du Bouddha tirées de la tradition primitive, trad. Jean Eracle, Paris, Éditions du Seuil, coll. Points, Sagesses, 1991, p. 69.)

PorTraiT

Thich Nhat Hanh (1926- ).

Il n’existe pas de règle sur la contraception. La règle de ne pas tuer devrait s’appliquer à l’avortement, mais le principe de la compassion nuance cette règle, notamment dans les cas où la vie de la mère est menacée. Aucune prescription religieuse n’empêche les transfusions de sang, le don d’organes ou la transplantation d’organes. Quant à l’euthanasie, la position du bouddhisme est ambivalente. Dans certains cas, on applique le précepte de ne pas tuer et, dans d’autres, le principe de la compassion.

Thich Nhat Hanh Né au Vietnam en 1926, Thich Nhat Hanh est devenu moine bouddhiste à l’âge de 16 ans. En 1966, alors que la guerre sévit au Vietnam, il doit quitter son pays. Il parcourt le monde et rencontre plusieurs leaders politiques et spirituels. Trois ans plus tard, il s’établit en France en tant que réfugié politique. Il fonde un centre bouddhiste dans le sud-ouest de la France, en 1982. Cet établissement est à la fois un monastère, qui regroupe 180 moines et moniales, et un lieu de pratique spirituelle qui accueille 4000 visiteurs annuellement. Auteur de nombreux ouvrages traduits en plusieurs langues, Thich Nhat Hanh axe son enseignement sur la non-violence et la pratique de la sagesse au quotidien. Il est aujourd’hui le plus célèbre maître bouddhiste après le dalaï-lama et donne des conférences dans le monde entier.

Boîte à outils

B63

Le bouddhisme au Québec Bien que les premiers bouddhistes soient arrivés au Québec à la fin du 19e siècle, ils sont moins nombreux que les musulmans, dont l’arrivée est plus tardive.

Répartition des bouddhistes au Québec par régions en 2001 Régions administratives

Population totale

Population bouddhiste

en %

01 Bas-Saint-Laurent

195 545

45

0,02

02 Saguenay–Lac-Saint-Jean

274 315

100

0,04

03 Capitale-Nationale

628 515

1 160

0,18

04 Mauricie

249 705

80

0,03

05 Estrie

279 705

250

0,09

1 782 830

29 840

1,67

07 Outaouais

312 820

785

0,25

08 Abitibi-Témiscamingue

144 355

50

0,03

09 Côte-Nord

96 895

30

0,03

10 Nord-du-Québec

38 495

10

0,03

11 Gaspésie–Îles-de-la-Madeleine

95 465

30

0,03

12 Chaudière-Appalaches

376 575

180

0,05

13 Laval

339 000

3 035

0,90

14 Lanaudière

383 340

340

0,09

15 Laurentides

454 525

1 045

0,23

16 Montérégie

1 260 150

4 325

0,34

213 345

125

0,06

06 Montréal

Vue extérieure du temple Chua Lien-Hoa, construit en 1977, à Brossard.

17 Centre-du-Québec Le Québec

7 125 580

41 430

0,58

Source : D’après les données fournies par l’Institut de la statistique du Québec, recensement 2001.

Chronologie du bouddhisme au Québec Fin du 19e siècle

Vue intérieure du temple Chua Lien-Hoa.

B64

ViVre ensemBle 5

Arrivée des premiers Chinois.

1908-1967

Plusieurs restrictions limitent l’entrée au Canada d’immigrants asiatiques.

1940-1950

Arrivée des Japonais en provenance de l’Ouest canadien.

1970-1995

Arrivée de Vietnamiens, de Laotiens, de Cambodgiens et de Tibétains, principalement en tant que réfugiés.

1979

Fondation de l’Association Zen de Montréal.

1989

Le dalaï-lama reçoit le prix Nobel de la paix.

1991

Nombre de bouddhistes au Québec : 31 640.

2006

Visite du dalaï-lama au Canada et annonce de l’ouverture du premier Centre du dalaï-lama pour la paix et l’éducation au Canada en 2009.

2011

Visite du dalaï-lama à Montréal lors de de la Conférence mondiale sur les religions du monde.

L’hindouisme PoiNTS de rePère Fondateur

Lieux de culte

Aucun reconnu.

Le temple (lieu de culte associé à une divinité) ; l’ashram (demeure d’un gourou et de ses disciples) ; le centre de yoga (lieu de pratique du yoga et de la méditation).

Textes sacrés • Les Veda : Rigveda ou Veda des strophes, Yajurveda ou Veda des formules, Samaveda ou Veda des mélodies, Atharvaveda ou formules pour les rites quotidiens. • Les Upanishad (réflexions sur les Veda). • Les Sutras (aphorismes qui contiennent les lois de Manu). • Les grandes épopées : le Mahabharata, ou « La grande guerre des Bharata », et le Ramayana, « Le parcours de Rama ».

Symbole principal OM (mantra sacré).

Noms du divin Brahman (l’Absolu, l’Un, la Force ou le Soi universel) est présent en toute chose. Il est représenté par trois principaux dieux : Brahma (la création), Vishnou (la préservation) et Shiva (la destruction).

• Les Purana (histoires anciennes).

Noms des croyants

• Les tantras (textes ésotériques).

Les hindous.

Lieux sacrés

Principales divisions : • shivaïtes – croient en l’unité de toute chose, que le monde est illusion (maya) et qu’on peut se délivrer de la maya par le yoga et le culte ; • vishnouïtes – croient que le monde est réel et que l’Absolu se manifeste parfois sous la forme d’avatars ; ils pratiquent des rites de dévotion.

• Le Gange (fleuve sacré de l’Inde). • Bénarès (ville sainte de l’Inde).

L’hindouisme dans le monde

Source : L’atlas des religions : pays par pays, les clés de la géopolitique, numéro hors-série, co-édition La vie – Le Monde, Paris, 2007, p. 80-81. Boîte à outils

B65

Les croyances

Chronologie v. – 1500

Arrivée du peuple aryen dans la vallée de l’Indus.

– 1500 à – 500

Ère védique.

v. – 500

Ère brahmanique.

v. – 500

Rédaction des Upanishad.

v. – 530

Naissance du bouddhisme, du jaïnisme et d’autres ordres d’ascètes.

v. – 200

Instauration du vishnouïsme.

v. 100

Naissance du shivaïsme.

v. 500

Achèvement des grandes épopées (Mahabharata, Ramayana).

v. 500-700

Construction des premiers temples hindous.

v. 600 v. 600-700

Apparition du tantrisme.

1192-1757

Domination de l’Empire musulman dans le nord de l’Inde.

1400-1500

Renaissance de l’hindouisme. Échanges spirituels et culturels importants avec l’islam.

1834-1886

Ramakrishna, grand mystique hindou.

1857-1947

Règne colonial britannique en Inde.

1869-1948

Gandhi, dirigeant politique, guide spirituel et opposant non violent à la colonisation britannique.

1896-1977

A.C. Bhaktivedanta Swami Prabhupada, fondateur de l’Association internationale pour la conscience de Krishna.

1917-2008

Maharishi Mahesh Yogi, fondateur du Mouvement de la méditation transcendantale. Les Beatles, qui comptaient parmi ses disciples, l’ont fait connaître en Occident.

août 1947

Indépendance de l’Inde.

1950

B66

Naissance de la bhakti.

ViVre ensemBle 5

Loi indienne abolissant le système des castes.

Au départ, l’hindouisme repose sur la croyance en un Absolu (Brahman) qui se manifeste et est représenté sous différentes formes, et qui porte divers noms. Selon cette tradition religieuse, les êtres humains sont constitués entre autres d’un corps essentiel appelé atman. L’atman est l’ultime réalité, immortelle, de même nature que Brahman, qui réside à l’intérieur de chaque être humain. Les hindous croient aussi au karma, loi selon laquelle toute action, bonne ou mauvaise, aura une conséquence de même nature sur son auteur, c’est-à-dire qu’on récolte ce qu’on sème. L’être humain est lié au samsara, le cycle des renaissances (vie, mort, réincarnation). Pour les hindous, l’être humain doit passer à travers les quatre étapes ou buts suivants (purushartha) : l’artha (prospérité matérielle), le dharma (s’acquitter de ses devoirs de caste), le kama (les plaisirs physiques et émotionnels) et le moksha (la libération). Le moksha (délivrance, libération du samsara) est le but ultime de l’hindouisme. L’être humain est enchaîné au samsara tant qu’il ne s’en est pas libéré en atteignant le moksha. Après sa mort, l’être humain non libéré se réincarne en un autre être humain, en un animal, en un végétal ou en un minéral.

Le dieu Vishnou.

L’organisation

Le yoga

Traditionnellement, l’hindouisme est divisé en cinq castes (hiérarchie de fonctions et de devoirs) : les brahmanes (enseignement des Veda) ; les kshatriya (politique et armée) et les vaishya (agriculture et commerce) ; les shudra (au service des trois autres) ; les hors-castes (les intouchables tels les expulsés, les étrangers, les impurs, etc.). Il y a également les gourous (maîtres spirituels qui enseignent à des disciples et qui sont reconnus comme étant libérés par leurs disciples).

Exercice physique, psychologique et moral qui vise le plein épanouissement spirituel.

La transmission de la foi

Le darshan

La transmission de la foi se fait par le gourou à ses disciples, sur une base volontaire.

Étreinte, contact visuel, bénédiction donnée par un représentant de la divinité.

La bhakti Pratiques de dévotion adressées à une représentation personnelle du divin.

Les rites tantriques Rites initiatiques, de nature ésotérique, parfois extrêmes.

La place de la femme La déesse, en tant qu’épouse, représente l’idéal de la femme hindoue. Ses caractéristiques sont la douceur, la sécurité, le bonheur et la prospérité.

Les rites La puja Prières, récitation de mantras et offrandes (fruits, fleurs, riz, lait, etc.) faites à une divinité devant un petit autel domestique ou au temple.

Les pèlerinages Les lieux de pèlerinage sont nombreux. Parmi les principaux figurent la ville de Bénarès, l’Himalaya et certains temples.

PorTraiT

Un autel privé en l’honneur de Ganesha.

Mata Amritanandamayi (Amma) Élevée dans la religion hindoue, Amma livre son message spirituel aux personnes de toutes les religions et de toutes les cultures. Elle enseigne que le divin est partout, dans tout ce qui est animé ou inanimé, et que la conscience de l’unité de ce qui compose notre monde est la base de la spiritualité. Elle clame que l’Amour est sa religion. Portée par sa mission de soulager la misère d’autrui, elle soutient plusieurs œuvres à vocation humanitaire et environnementale.

Mata Amritanandamayi (1953- ).

Amma aurait pris dans ses bras près de 25 millions de personnes qui sont venues l’écouter et la rencontrer depuis 30 ans. En effet, le câlin est la façon dont Amma donne le darshan : ce mot, issu de la religion hindoue, désigne un moment intense où un chef spirituel fait ressentir une présence ou une énergie divine par son contact avec le pèlerin. Boîte à outils

B67

Le mariage

Janmashtami

Traditionnellement, ce sont les parents qui décident du mariage de leurs enfants en tenant compte de divers aspects religieux, familiaux et sociaux. Cette pratique tend à diminuer aujourd’hui, particulièrement dans les centres urbains. Le divorce est envisageable, mais les femmes n’ont pas le droit de se remarier.

Fête de la naissance de Krishna, héros de la Bhagavadgita.

Ganesha Chaturthi En septembre, anniversaire du dieu à tête d’éléphant, Ganesha.

Diwali En octobre, célébration de Rama et de son épouse ; on allume des lampes.

Les normes et les règles Les principes moraux

Un mariage hindou.

« Ceci est la somme de toute véritable droiture : traite les autres comme tu voudrais toi-même être traité. Ne fais rien à ton voisin que tu ne voudrais pas le voir faire à ton égard par la suite. » (Épopée du Mahabharata, 5, 1517, vers – 400) « Qu’on ne nuise à aucun être vivant. » (Veda)

La mort Le corps est incinéré ou brûlé sur un bûcher et les cendres sont dispersées dans un cours d’eau. Réservé aux intouchables (hors-castes), le rituel ne peut être accompli que par un homme.

Les principales fêtes Durga-puja En octobre ou en novembre, « Noël du Bengale », procession de chars transportant l’image de la déesse Durga.

Les règles morales Le karma, loi morale qui stipule qu’on récolte ce qu’on sème.

Les règles alimentaires Le principe de la non-violence (ahimsa) encourage le végétarisme. Traditionnellement, on mange la nourriture préparée par un membre de sa caste ou celle d’une caste supérieure. Les hindous qui consomment de la viande s’abstiennent de

Holî En mars, fête du printemps et du dieu amour ; relâchement des normes sociales : on s’insulte et on s’asperge de poudres et d’eau colorée.

Shivaratri En mars, célébration nationale en l’honneur du dieu Shiva. Lors de cette fête, on commémore la nuit pendant laquelle Shiva a exécuté la danse de la création, de la conservation et de la destruction par des jeûnes et des veilles aux temples. B68

ViVre ensemBle 5

Une jeune femme reçoit le tilak.

consommer du bœuf, car la vache est tenue pour sacrée, elle représente la mère, la fertilité, la paix.

Les règles vestimentaires Le port du tilak, point coloré sur le front représentant, en général, le troisième œil qui voit à travers l’illusion.

Les règles médicales L’euthanasie est généralement interdite. Les dons d’organes et de sang sont permis. Dans l’hindouisme, il n’y a pas de contre-indication relative aux méthodes contraceptives. L’avortement est généralement proscrit, sauf lorsque la vie de la mère est menacée.

L’hindouisme au Québec Parmi les traditions religieuses présentées ici, les hindous sont les croyants les plus tardivement arrivés au Québec. Ils représentent également la plus petite population. Cette situation n’a rien d’étonnant et n’est pas particulière au Québec, puisque 95 % des hindous vivent en Inde.

Répartition des hindous au Québec par régions en 2001 Régions administratives

Population hindoue

en %

01 Bas-Saint-Laurent

195 545

10

0,01

02 Saguenay–Lac-Saint-Jean

274 315

0

0,00

03 Capitale-Nationale

628 515

220

0,04

04 Mauricie

249 705

15

0,01

05 Estrie

279 705

55

0,02

1 782 830

22 315

1,25

07 Outaouais

312 820

60

0,02

08 Abitibi-Témiscamingue

144 355

0

0,00

09 Côte-Nord

96 895

10

0,01

10 Nord-du-Québec

38 495

0

0,00

11 Gaspésie–Îles-de-la-Madeleine

95 465

0

0,00

12 Chaudière-Appalaches

376 575

25

0,01

13 Laval

339 000

455

0,13

14 Lanaudière

383 340

0

0,00

15 Laurentides

454 525

40

0,01

16 Montérégie

1 260 150

1 280

0,1

213 345

30

0,01

06 Montréal

17 Centre-du-Québec Le Québec

7 125 580

24 515

0,34

Source : D’après les données fournies par l’Institut de la statistique du Québec, recensement 2001.

Chronologie de l’hindouisme au Québec 1908-1967

Plusieurs restrictions limitent l’entrée au Canada d’immigrants asiatiques.

1950-1960

Entrée des premières familles indiennes.

1960

Le temple Thiru Murugan, à Dollarddes-Ormeaux, dans la région de Montréal.

Population totale

Indépendance des États africains. Immigration vers les pays du Commonwealth des Indiens vivant en Afrique.

v. 1960

Diffusion de l’hindouisme à travers la contre-culture hippie.

v. 1970

Création des premières organisations religieuses hindoues.

1980

Apparition de nombreux centres de yoga aux approches diverses.

1989

Création de la seule chaire d’étude de l’hindouisme en Amérique du Nord, à l’Université Concordia.

Boîte à outils

B69

Le sikhisme PoiNTS de rePère Fondateur Gourou Nanak (1469-1539).

Symbole principal Le Khanda.

Nom du divin Dieu, appelé Akal Purakh, qui signifie « l’Être éternel ».

Nom des croyants Les sikhs.

Texte sacré L’Adi Granth, qui signifie « le Livre premier ».

Lieu saint Harmandir (ou temple d’or), à Amritsar, au Panjab, en Inde.

Lieu de culte Le gurdwara (temple sikh).

Deux femmes contemplent le Harmandir (ou Temple d’or), à Amritsar, en Inde.

Le sikhisme dans le monde

Source : L’Atlas des religions : Pays par pays, les clés de la géopolitique, numéro hors-série, coédition La Vie – Le Monde, Paris, 2007, 194 p.

B70

ViVre ensemBle 5

La place de la femme

Chronologie 1469

Naissance du gourou Nanak, le fondateur du sikhisme.

La femme est l’égale de l’homme. Elle peut présider les cérémonies et lire le livre sacré.

1499

Le gourou Nanak reçoit l’appel de Dieu et parcourt l’Inde en prêchant la supériorité de Dieu sur les différentes religions dans le monde.

Les rites

1539

Mort du gourou Nanak. Neuf gourus lui succèdent jusqu’en 1708 : Angad, Amar Das, Ram Das, Arjan, Hargobind, Har Rai, Har Krishan, Tegh Bahadur et Govind Singh.

Baptême généralement administré à l’âge adulte. Permet aux croyants d’être admis au khalsa. Lors de la cérémonie, les futurs initiés boivent de l’ambroisie, une boisson sucrée, et en sont aspergés.

1601

Le Temple d’or est construit à Amritsar, au Panjab. Ce temple abrite la version originale de l’Adi Granth, le livre sacré des sikhs.

1604

1708

Les écritures sacrées rédigées par les gourous jusqu’à cette date ont été compilées sous le nom de l’« Adi Granth ». Mort du gourou Govind Singh. À partir de ce moment, on donne un deuxième nom à l’Adi Granth : le gourou Granth Sahib, qui signifie « le Livre qui est l’éternel gourou ».

1756

Le Temple d’or tombe aux mains des Afghans.

1762

Le Temple d’or est détruit. La version originale de l’Adi Granth, qui se trouvait dans le temple, est également détruite.

1764

Le Temple d’or est reconstruit.

Les croyances Dieu est unique et le créateur de l’Univers. Les sikhs, hommes et femmes, sont tous égaux, et rejettent le système de castes qui existe en Inde. Ils croient en la réincarnation.

L’organisation La profession de prêtre n’existe pas dans le sikhisme. Les sikhs considèrent leur livre sacré, l’Adi Granth, comme leur gourou.

L’Amrit

Le nâm simaran Répétition du nom de Dieu, méditation.

Le kirtan Hymnes chantés au temple.

Le langar Repas végétarien communautaire offert à tous, sans distinction de religion, de classe sociale ni de sexe.

Le livre sacré Doit être conservé sur un trône, sous un dais, rangé pour la nuit et porté sur la tête lors de déplacements.

La mort Les sikhs pratiquent l’incinération.

Les principales fêtes Les Gurpurbs • En janvier, fête soulignant l’anniversaire de naissance du gourou Govind Singh. • En juin, commémoration du martyre du gourou Arjan. • En novembre, fête soulignant l’anniversaire de naissance du gourou Nanak.

La transmission de la foi

• En novembre, commémoration du martyre du gourou Tegh Bahadur.

Les enseignements religieux, culturels et artistiques sont donnés aux enfants dans les temples.

• En avril, célébration du khalsa qui correspond à la fête des récoltes. Boîte à outils

B71

Les règles Les règles alimentaires Les sikhs devraient être végétariens, mais ils ne respectent pas tous cette règle ; les sikhs ne jeûnent pas au nom de leur religion.

Population totale

Population sikhe

en %

01 Bas-Saint-Laurent

195 545

0

0,00

02 Saguenay–Lac-Saint-Jean

274 315

0

0,00

03 Capitale-Nationale

628 515

40

0,06

04 Mauricie

249 705

0

0,00

05 Estrie

279 705

0

0,00

1 782 830

7 165

0,4

07 Outaouais

312 820

180

0,05

08 Abitibi-Témiscamingue

144 355

0

0,00

09 Côte-Nord

96 895

0

0,00

10 Nord-du-Québec

38 495

0

0,00

11 Gaspésie–Îles-de-la-Madeleine

95 465

0

0,00

12 Chaudière-Appalaches

376 575

10

0,003

13 Laval

339 000

265

0,08

14 Lanaudière

383 340

0

0,00

15 Laurentides

454 525

0

0,00

Les règles médicales

16 Montérégie

1 260 150

540

0,04

La vie est sacrée et la maladie est la volonté de Dieu. Les transfusions sanguines, les greffes d’organes et les autopsies sont autorisées. L’avortement et l’euthanasie sont déconseillés.

17 Centre-du-Québec

213 345

15

0,007

7 125 580

8 225

0,12

Les règles vestimentaires Les cinq signes extérieurs ou les cinq K portés par les hommes membres du khalsa : • kesh : les cheveux longs sous un turban et la barbe longue ; • kangha : un peigne dans les cheveux ; • kirpan : une dague ; • kara : un bracelet de métal ; • kaccha : un sous-vêtement court. Les femmes se couvrent la tête d’un voile léger.

Le sikhisme au Québec Les sikhs représentent moins de 1 % de la population du Québec. On les retrouve surtout dans la région de Montréal.

Des sikhs baptisés célèbrent l’anniversaire de naissance du 10e gourou, Govind Singh.

B72

Répartition des sikhs au Québec par régions en 2001

ViVre ensemBle 5

Régions administratives

06 Montréal

Le Québec

Source : D’après les données fournies par l’Institut de la statistique du Québec, recensement 2001.

Chronologie du sikhisme au Québec 1903

Les premiers immigrants sikhs arrivent au Canada.

1907-1947

L’immigration en provenance de l’Inde est interdite.

1950-1960

Les premiers immigrants sikhs arrivent au Québec.

1970

Le temple sikh de Lachine est construit.

1989

La Gendarmerie royale du Canada autorise ses policiers de religion sikhe à porter le turban.

1991

Le Québec compte 4525 sikhs.

2004

La Cour supérieure du Québec permet à la Commission scolaire Marguerite-Bourgeoys d’interdire le port du kirpan à l’école.

2006

La Cour suprême du Canada annule la décision de la Cour supérieure du Québec et autorise le port du kirpan à l’école, moyennant certaines restrictions.

L’athéisme PoiNTS de rePère Plusieurs personnes dans le monde affirment ne croire en aucun dieu. Ces personnes se qualifient généralement d’athées ou d’agnostiques. L’athéisme est une attitude ou une doctrine qui nie l’existence de Dieu ou de dieux. Le mot « athée » signifie littéralement « sans dieu ». L’agnosticisme est une attitude ou une doctrine qui affirme que les êtres humains sont incapables de savoir si Dieu existe ou non. Pour l’agnostique, même si le divin existait, les humains ne pourraient y avoir accès, ni par les sens, ni par la raison.

Dans plusieurs sociétés, il est très difficile d’établir clairement le nombre d’athées et d’agnostiques. Par exemple, il arrive que les autorités de certains pays, comme la Chine, émettent des directives pour promouvoir l’athéisme. Certaines personnes peuvent

Il n’y a pas de doctrine unique qui oriente l’agir de l’ensemble des athées et des agnostiques. Pour trouver des réponses à leurs questions existentielles et morales, les athées et les agnostiques seront généralement guidés par diverses philosophies ou idéologies qui ne font pas référence à Dieu. Les athées et les agnostiques transmettent leurs idées et leurs convictions au public au moyen de livres, de magazines et, plus récemment, dans internet et par diverses campagnes publicitaires. Certaines associations athées organisent aussi des débats, des conférences et des congrès sur le sujet.

alors hésiter à affirmer leur croyance en Dieu lors d’un sondage ou d’un recensement. Au contraire, dans des pays à population fortement croyante, la pression sociale ou politique pourrait entraîner certaines personnes à ne pas oser affirmer leur athéisme.

L’athéisme dans le monde

Source : The Cambridge Companion to Atheism, éd. Michael Martin, Cambridge University Press, New York, 2007, p. 47-57 et les chiffres de la Library of Congress des États-Unis [en ligne] pour la population de l’Inde. (Consulté le 11 février 2009.) Boîte à outils

B73

De plus, quelques traditions religieuses, comme le jaïnisme, le confucianisme et certaines formes de bouddhisme, peuvent être considérées comme athées. Ces doctrines sont jugées religieuses puisqu’elles fournissent aux humains des réponses à leurs questions existentielles, proposent des méthodes pour vivre de façon idéale et conçoivent une forme de réalité non humaine signifiante pour les êtres humains. Néanmoins, elles sont aussi athées dans le sens où elles nient l’existence d’un dieu créateur de l’Univers.

Les raisons de l’athéisme Différentes raisons peuvent amener certaines personnes à nier l’existence de Dieu.

Le manque de preuves

Le mal dans le monde Pour d’autres athées, le mal et la souffrance qui sévissent dans le monde contredisent l’existence de Dieu. En effet, si Dieu existe, qu’il sait tout, est bienveillant et tout-puissant, il ne devrait pas permettre la présence du mal et de la souffrance.

Quelques regroupements athées Il n’y a pas d’organisation unique qui regroupe l’ensemble des athées. Il existe cependant plusieurs regroupements.

Freethought Association of Canada (Association canadienne pour la libre pensée)

Plusieurs personnes sont athées parce qu’elles considèrent qu’il n’y a pas de preuves de l’existence de Dieu. Elles jugent que les preuves proposées par les croyants ne sont pas suffisamment solides pour affirmer que Dieu existe. Dans cet ordre d’idées, pour la majorité des athées, faute de preuves, il n’y a pas non plus de vie après la mort.

Organisation fondée à Toronto en 2005 qui fait la promotion des idées propres à diverses visions séculières du monde, dont l’humanisme et l’athéisme.

Une vision scientifique du monde

Mouvement fondé aux ÉtatsUnis en 2003 dont le nom s’inspire des philosophes européens du 18e siècle, aussi appelé Siècle des lumières (bright signifie « lumineux »). L’objectif du mouvement des Brights est de regrouper sous une étiquette positive, notamment dans internet, les personnes qui n’ont pas recours au surnaturel dans leur vision du monde. Il existe un site web québécois qui vise à faire connaître ce mouvement au Québec.

Pour les athées, il n’existe pas de phénomènes « surnaturels ». Tout dans l’Univers peut être expliqué par des causes naturelles. Ce sont ces causes que la science cherche à découvrir. Pour cette raison, les athées préfèrent, par exemple, la théorie scientifique de l’évolution du biologiste anglais Charles Darwin aux diverses conceptions religieuses de l’origine de la vie humaine.

Mouvement des Brights

Union internationale humaniste et laïque

De plus en plus, la science peut expliquer l’Univers qui nous entoure.

B74

ViVre ensemBle 5

Organisation internationale fondée à Amsterdam, aux Pays-Bas, en 1952, qui chapeaute une centaine d’organisations humanistes, athées, sceptiques et laïques dans une quarantaine de pays de partout au monde. L’Association humaniste du Québec fait partie de cette union.

Atheist Alliance International (Alliance athée internationale)

Hypatie d’Alexandrie (v. 370-415)

Regroupement d’organisations athées à travers le monde fondé aux États-Unis, en 1991. Ses objectifs principaux sont l’établissement de sociétés démocratiques et athées, et l’avancement de la pensée rationnelle par l’éducation.

Quelques personnalités athées et agnostiques Bouddha (– 566 à – 486) « N’attendez rien des dieux […]. Attendez tout de vous-même. » (Premier sermon du Bouddha) Fondateur du bouddhisme, Bouddha enseigne une discipline spirituelle athée, qui a pour but de libérer l’être humain de la souffrance.

Démocrite (v. – 460 à –370) Philosophe grec, Démocrite élabore une philosophie dans laquelle l’Univers est uniquement composé d’atomes de matière. Sa philosophie, l’atomisme, est souvent considérée comme une doctrine athée.

« Enseigner des superstitions pour des vérités est la chose la plus terrible. » (Hypatie, une des rares citations qui nous sont parvenues) Philosophe et mathématicienne égyptienne, Hypatie enseigne la liberté de pensée dans les rues d’Alexandrie. Ses vues païennes lui Hypatie d’Alexandrie. valent d’être considérée comme une menace par certains chefs religieux chrétiens de l’époque.

Denis Diderot (1713-1784) « Si vous voulez que je croie en Dieu, il faut que vous me le fassiez toucher. » (Lettre sur les aveugles) Écrivain et philosophe français, Diderot croit que seule l’expérience peut amener la connaissance. Sa philosophie, le matérialisme, repose sur le principe que le monde est un tout uniquement matériel.

Emmanuel Kant (1724-1804)

Titus Lucretius Carus, dit Lucrèce (–98 à –55)

« On ne peut démontrer l’existence de Dieu. » (Opus postumum)

Poète et philosophe romain, Lucrèce croit que les dieux ne jouent aucun rôle dans la vie des êtres humains et que ceux-ci peuvent atteindre le bonheur par leurs propres moyens.

Philosophe allemand, Kant affirme qu’il est impossible de connaître Dieu à partir de la raison. Il est reconnu, entre autres, pour sa critique des preuves de l’existence de Dieu.

La FoNdaTioN du mouvemeNT americaN aTheiSTS (mouvemeNT deS aThéeS américaiNS) Le mouvement American Atheists a été fondé en 1963 aux États-Unis, dans l’État du Texas, par la militante américaine athée Madalyn Murray O’Hair, alors qu’elle menait une lutte juridique contre la tradition de la prière dans les écoles publiques. En réponse au fort lien culturel qui existe aux États-Unis entre la foi et le patriotisme, ce mouvement revendique la séparation absolue entre les Églises et l’État, conformément au concept de « mur de séparation » entre l’État et les groupes religieux énoncé par l’un des pères fondateurs des États-Unis, Thomas Jefferson, qui fut le 3e président des États-Unis, de 1801 à 1809. Bien qu’il ne regroupe que 3000 membres, l’American Atheists possède une influence incontestable aux États-Unis, puisqu’il est reconnu comme l’organisation qui représente les 30 millions d’Américains incroyants. Lorsque les médias veulent obtenir le point de vue des athées, c’est d’abord aux porte-parole de ce mouvement qu’ils s’adressent. Boîte à outils

B75

Karl Marx (1818-1883)

à la suite du décès précoce d’une de ses sœurs, puis de sa mère. Sa foi en la science la mène à une brillante carrière scientifique.

« [La religion] est l’opium du peuple. » (Contribution à la critique de la Philosophie du droit de Hegel)

Saraswathi Gora (1912-2006)

Philosophe allemand, Marx défend l’idée que la religion est un moyen utilisé par les puissants pour faire oublier au peuple sa Karl Marx. détresse, sa pauvreté et le fait qu’il est exploité. Le marxisme est une doctrine qui s’inspire de ses théories.

Friedrich Nietzsche (1844-1900) « Dieu est mort ! » (Le gai savoir) Philosophe allemand, Nietzsche considère les valeurs du christianisme co m m e u n e m o r a l e d’esclaves créée par des individus faibles. Sa déclaration « Dieu est mort ! » exprime son souhait de voir la morale traditionnelle chrétienne disparaître.

Friedrich Nietzsche.

« [Les doctrines religieuses] sont toutes des illusions » (L’avenir d’une illusion) Neurologue autrichien, fondateur de la psychanalyse, Freud considère la croyance religieuse comme une création de l’homme qui sert à calmer ses angoisses existentielles. Il mène un combat contre la religion, qu’il perçoit comme un obstacle au développement humain.

ViVre ensemBle 5

Philosophe existentialiste français, Sartre soutient que l’être humain n’a pas été créé par Dieu et qu’en conséquence, il revient à lui seul de choisir sa destinée et de déterminer ce qui est bien et ce qui est mal.

Féministe néerlandaise d’origine somalienne, Ayaan Hirsi Ali milite pour les droits des femmes dans les sociétés islamiques. Elle est aussi reconnue pour ses prises de position très critiques à l’égard de l’islam. En 2002, elle renonce à l’islam et devient athée.

Ayaan Hirsi Ali.

Les rites Plusieurs associations athées organisent des rites pour marquer certains passages importants de la vie humaine. Ces rites, sans contenu religieux, sont généralement célébrés par des personnes formées au sein de ces organismes.

La naissance

Marie Sklodowska Curie (1867-1934)

B76

Jean-Paul Sartre (1905-1980)

Ayaan Hirsi Ali (1969- )

Sigmund Freud (1856-1939)

Physicienne et chimiste d’origine polonaise, Marie Curie devient agnostique

Travailleuse sociale indienne, Saraswathi Gora milite en faveur de l’athéisme, de l’humanisme et de l’égalité. Elle s’oppose au système de castes propre à l’hindouisme. En 1940, en Inde, elle fonde avec son mari l’Atheist Centre pour faire la promotion de valeurs basées sur l’athéisme et l’humanisme.

Marie Sklodowska Curie.

Cérémonie pendant laquelle un nouveau-né est accueilli par sa famille et sa communauté. Cette célébration permet aux proches d’exprimer leur engagement envers l’enfant qu’ils promettent de soutenir et de protéger tout au long de son développement.

PorTraiT

Richard Dawkins (1941- ).

Richard Dawkins Professeur à la prestigieuse université britannique d’Oxford, Richard Dawkins s’est fait connaître par ses ouvrages de vulgarisation scientifique, mais aussi par ses prises de position radicales contre les religions. Dans son livre Pour en finir avec Dieu, il expose clairement son athéisme et appelle ses lecteurs à s’attacher à la nature, au monde réel, plutôt qu’à un dieu, qu’il considère comme illusoire. Sur le plan moral, Richard Dawkins invoque les nombreuses guerres menées au nom de la religion pour prôner un monde sans religions. Il invite également la communauté scientifique à aborder la question de l’existence de Dieu de façon tout à fait scientifique, en la traitant comme n’importe quel autre sujet d’étude. Il croit que, de cette façon et selon toute probabilité scientifique, les chances de prouver que Dieu existe seraient très minces.

Le mariage

Les funérailles

Tout comme le mariage religieux, le mariage athée ou humaniste est une cérémonie qui marque l’engagement de deux personnes à partager leur vie. Les cérémonies de mariage athées ou humanistes se font sans aucune allusion à Dieu ou à toute autre divinité.

Des funérailles sans référence à Dieu peuvent être organisées pour les défunts athées. Une telle cérémonie célèbre la vie de la personne décédée en témoignant de son vécu, sans faire allusion à aucune forme de vie après la mort.

Les fêtes La Journée Darwin Simone de Beauvoir

PorTraiT

Née à Paris, en France, Simone de Beauvoir est issue d’une famille bourgeoise et catholique. À l’âge de 14 ans, elle perd la foi et se déclare dès lors athée. Passionnée de littérature, elle entreprend des études universitaires Simone de Beauvoir et s’intègre au milieu (1908-1986). intellectuel parisien. Elle adhère à l’existentialisme, un courant philosophique qui soutient que l’individu est totalement libre de ses choix et qu’il a, par conséquent, la responsabilité entière de déterminer le sens qu’il veut bien donner à son existence. Anticonformiste, Simone de Beauvoir invite les femmes à se libérer de leur rôle stéréotypé et à prendre la place qui leur revient dans la société. Son ouvrage féministe Le deuxième sexe, paru en 1949, suscite de nombreux commentaires et connaît un succès immédiat. On doit à Simone de Beauvoir cette célèbre maxime : « On ne naît pas femme : on le devient. »

Plusieurs associations athées organisent des célébrations pour commémorer l’anniversaire de naissance du biologiste anglais Charles Darwin, le 12 février. Cette fête internationale vise également à promouvoir les connaissances scientifiques et l’humanisme.

La statue de Charles Darwin, au Musée d’histoire naturelle de Londres, en Grande-Bretagne. Boîte à outils

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Le solstice d’hiver Certains athées se réunissent pour célébrer le solstice d’hiver autour du 20  dé cembre. Cette fête est perçue comme une célébration de la vie qui relie l’humain à la nature. La fête du solstice d’hiver donne lieu à des réunions de famille et d’amis, à des échanges de cadeaux et au partage d’un repas.

Le National Day of Reason (la Journée nationale de la raison) Aux États-Unis, la Journée nationale de la raison a été créée par diverses organisations non croyantes en réponse à la Journée nationale de la prière, qui a lieu, chaque année, le premier jeudi du mois de mai. L’objectif de cette journée est de célébrer la raison et de faire la promotion de la laïcité.

L’athéisme au Québec Il y a toujours eu des athées ou des gens qui mettaient en doute l’existence de Dieu ou des dieux. Néanmoins, de la Nouvelle-France au début du 20e siècle au Québec, peu de gens auraient osé se proclamer athées.

Répartition des personnes qui affirment n’avoir aucune croyance religieuse au Québec par régions en 2001 Régions administratives

Population totale

Aucune croyance

en %

01 Bas-Saint-Laurent

195 545

4 780

2,44

02 Saguenay–Lac-Saint-Jean

274 315

6 465

2,36

03 Capitale-Nationale

628 515

33 955

5,40

04 Mauricie

249 705

7 310

2,92

05 Estrie

279 705

15 265

5,45

1 782 830

177 210

9,93

07 Outaouais

312 820

20 680

6,61

08 Abitibi-Témiscamingue

144 355

5 130

3,55

09 Côte-Nord

96 895

2 455

2,53

10 Nord-du-Québec

38 495

1 765

4,59

11 Gaspésie–Îles-de-la-Madeleine

95 465

1 600

1,68

12 Chaudière-Appalaches

376 575

11 135

2,96

13 Laval

339 000

14 765

4,36

14 Lanaudière

383 340

14 900

3,89

15 Laurentides

454 525

23 145

5,09

16 Montérégie

1 260 150

66 350

5,27

213 345

6 310

2,96

7 125 580

413 185

5,80

06 Montréal

17 Centre-du-Québec Le Québec

Source : D’après les données fournies par l’Institut de la statistique du Québec, recensement 2001.

Chronologie de l’athéisme au Québec

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1844

Fondation de l’Institut canadien de Montréal qui, par ses conférences et sa bibliothèque, ouvre la voie à une remise en question de l’autorité de l’Église.

1925

Création de l’Université ouvrière par le socialiste militant Albert Frédéric Saint-Martin. Elle organise des débats et des conférences sur diverses questions sociales. Elle sera fermée en 1933 par l’État québécois, qui condamne ses idées athées et anti-religieuses.

1948

Publication en 400 exemplaires du manifeste Refus global, écrit par l’artiste peintre Paul-Émile Borduas et approuvé par 15 autres personnes, dont plusieurs se sont déclarées athées. Le manifeste remet en question les valeurs traditionnelles du Québec, notamment l’autorité de l’Église et la foi catholique.

1963

Fondation du magazine politique et culturel Parti pris, qui regroupe plusieurs jeunes intellectuels très actifs lors de la Révolution tranquille. Ce magazine adhère aux courants philosophiques du marxisme de Karl Marx et de l’existentialisme de Jean-Paul Sartre, deux philosophies athées.

1987

Fondation de l’Association les sceptiques du Québec, qui se donne comme objectif de promouvoir la rigueur scientifique et la pensée critique à l’égard, en particulier, des phénomènes dits paranormaux ou surnaturels.

2005

Fondation de l’Association humaniste du Québec, composée d’athées, d’agnostiques, de non-croyants et de gens qui s’identifient au mouvement des Brights. Elle vise à promouvoir la pensée critique et les valeurs humanistes.

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Le dialogue

sommaire Les conditions favorables au dialogue

. . . . . . . .

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Les formes du dialogue . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . B81 comment élaborer un point de vue ? . . . . . . . . . . . B83 Une méthode pour décrire

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

B83

Une méthode pour comparer . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . B83 Une méthode pour faire une synthèse

. . . . . . . . . . . . . . . .

B84

Une méthode pour expliquer . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . B84 Une méthode pour faire une justification . . . . . . . . . . . . . . B84 comment interroger un point de vue ? . . . . . . . . . B85 Les types de jugements . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . B85 Les types de raisonnements . . . . . . . . . . . . . . . . . . . B86 Les procédés susceptibles d’entraver le dialogue . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . B93

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Les conditions favorables au dialogue Pour qu’un dialogue sur une question éthique ou sur un sujet touchant au phénomène religieux soit rigoureux et respectueux, certaines conditions doivent être remplies. Ces conditions favorables au dialogue concernent autant l’attitude à adopter lors de l’écoute d’un point de vue que la façon d’exprimer son propre point de vue.

Une écoute active et attentive Voici quelques exemples d’attitudes à adopter lors de l’écoute d’un point de vue. • Se soucier de l’autre et prendre en considération ses sentiments, ses perceptions ou ses idées. • Écouter attentivement les propos de l’autre. • Manifester de l’ouverture et du respect à l’égard de ce qui est exprimé. • S’assurer de comprendre les idées émises par les autres.

Des arguments clairs et rigoureux Lors d’une discussion sur une question éthique ou sur un sujet touchant au phénomène religieux, on peut se faire demander d’expliquer son point de vue ou de le justifier. L’explication et la justification d’un point de vue se font généralement à l’aide d’un ou de plusieurs arguments. Voici quelques critères indispensables à la formulation d’un argument complet. 1. Il est cohérent, c’est-à-dire fidèle au point de vue général de la personne qui l’émet. 2. Il est clair et tient compte des nuances propres au sujet ou à la situation étudiée. 3. Il ne s’appuie pas sur un procédé susceptible d’entraver le dialogue. 4. Il est expliqué ou développé à l’aide d’un ou de plusieurs repères qui agissent comme des fondements valides et pertinents (faits, statistiques, études, citations, exemples, valeurs, lois, droits de la personne, etc.).

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Une formule gagnante Voici une formule qui permet de s’assurer que tous les éléments nécessaires sont réunis lorsque vient le temps d’expliquer ou de justifier un point de vue à l’aide d’un argument. • De quoi parle-t-on ? Au sujet de … • Mon point de vue Je suis en accord, ou en désaccord, avec le fait que…, avec l’idée selon laquelle… • Mon argument ou argumentation Mon argument principal est le suivant… • Mes repères Mon argument s’appuie sur…

Les formes du dialogue La délibération

La narration

Examen avec d’autres personnes des différents aspects d’une question (des faits, des intérêts en jeu, des normes et des valeurs, des conséquences probables d’une décision, etc.) pour en arriver à une décision commune.

Récit détaillé, écrit ou oral, d’une suite de faits et d’événements. Par exemple : Une grand-mère raconte ses voyages à ses petits-enfants.

Par exemple : Une directrice, des élèves et des parents délibèrent afin de parvenir à un consensus sur un nouvel uniforme scolaire.

La discussion

La conversation

Échange suivi et structuré d’opinions, d’idées ou d’arguments dans le but d’en faire l’examen. Par exemple : Des élèves échangent leurs idées sur le code de vie de l’école afin de l’analyser.

Échange entre deux ou plusieurs personnes dans le but de partager des idées ou des expériences. Par exemple : Deux amis parlent de leurs groupes de musique préférés.

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L’entrevue

Le débat

Rencontre concertée de deux ou de plusieurs personnes au cours de laquelle l’une d’elle en interroge une autre sur ses activités, ses idées, ses expériences, etc. Par exemple : Une journaliste rencontre un musicien pour l’interviewer au sujet de son dernier album.

Échange encadré entre des personnes ayant des avis différents sur un sujet controversé. Par exemple : Des chercheurs et un groupe de cégépiens se rencontrent et confrontent leurs idées au sujet des impacts environnementaux des centrales nucléaires dans le monde.

La table ronde Rencontre entre quelques personnes choisies pour leurs connaissances sur une question donnée afin de leur permettre d’exposer leurs points de vue respectifs, de dégager une vision d’ensemble et d’échanger avec un auditoire. Par exemple : Un producteur de poulets, une biochimiste, une végétarienne et un enseignant en activité physique se rencontrent lors d’une émission de télévision pour se prononcer sur la question de l’importance des protéines dans l’alimentation. Le public est présent et peut poser des questions.

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comment élaborer un point de vue? Une méthode pour décrire 1. Ciblez précisément le sujet de la description. 2. Établissez l’ordre de présentation des éléments de la description. Par exemple : • commencez par des points d’ordre général et allez vers des points plus précis ; • suivez l’ordre dans lequel les éléments apparaissent dans la réalité ; • commencez par ce qui est évident et allez vers ce qui l’est moins. 3. Posez-vous des questions en utilisant les marqueurs suivants et assurez-vous que votre description y répond. • Qui… ? Qui est-ce qui… ? De qui… ? À qui… ? • Qu’est-ce que… ? Qu’est-ce qui… ? De quoi… ? • Quand est-ce que… ?

La description Énumération de caractéristiques propres à une situation d’ordre éthique ou à une expression du religieux. La description doit permettre une représentation la plus complète possible de la situation d’ordre éthique ou de l’expression du religieux. La description sert à présenter ou à faire voir aux lecteurs les lieux, les personnages, les expressions du religieux, les situations, etc.

• • • •

Où est-ce que… ? Comment est-ce que… ? Pourquoi est-ce que… ? Combien est-ce que… ?

4. Faites une conclusion qui reprend les principaux éléments de la description.

Une méthode pour comparer 1. Déterminez précisément les éléments à comparer. 2. Trouvez des aspects comparables. Par exemple : • les personnes concernées ; • le déroulement. 3. Notez les ressemblances. Pour exprimer des ressemblances, utilisez des expressions comme : aussi… que... ; le même… que... ; comme… ; semblable à... ; ressembler à… 4. Notez les différences. Pour exprimer des différences, utilisez des expressions comme : plus… que… ; moins… que... ; tandis que... ; différent de… ; se distinguer de… 5. Décidez de ce qui est le plus important. 6. Placez vos idées en ordre. Par exemple : • commencez par des points d’ordre général et allez vers des points plus précis ;

La comparaison Établissement de différences ou de ressemblances entre deux ou plusieurs éléments. La comparaison permet de faire ressortir les différences et les ressemblances entre des éléments.

• suivez l’ordre dans lequel les éléments arrivent dans la réalité ; • commencez par ce qui est évident et allez vers ce qui l’est moins. 7. Tirez vos conclusions. Par exemple : • quels sont les avantages et les inconvénients des divers éléments ? • qu’avez-vous découvert de nouveau ? • que choisissez-vous ?

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Une méthode pour faire une synthèse 1. Notez ou surlignez toutes les idées et tous les arguments pertinents. 2. Éliminez ce qui n’est pas important. 3. Reformulez dans vos propres mots. 4. Organisez les éléments dans un ordre logique. Par exemple : • suivez le même ordre de présentation que dans le texte ou l’exposé ; • commencez par ce qui est le plus important ; • suivez l’ordre chronologique.

Une méthode pour expliquer 1. Cernez ce que vous voulez expliquer. 2. Décidez de la forme que prendra votre explication : • un article de revue ou de journal ; • un schéma explicatif ; • un texte qui présente un problème et une solution. 3. Pensez à ce que vous savez déjà sur le sujet à l’aide de questions : • Qui ? Quoi ? Où ? Comment ? Pourquoi ? 4. Rassemblez l’information nécessaire pour répondre à la question « Pourquoi ? » et choisissez ce qui est le plus pertinent. 5. Donnez les informations nécessaires. Faites des liens entre les éléments de l’explication avec des expressions comme : • parce que… ; étant donné que… ; par conséquent… ; donc…

Une méthode pour faire une justification 1. Formulez votre point de vue. 2. Prenez conscience de ce que vous ressentez par rapport au sujet et pensez aux réactions que peut susciter votre point de vue. 3. Cherchez des idées ou des arguments pour appuyer votre point de vue. Par exemple : • réfléchissez à partir des faits que vous observez ; • consultez différentes sources ; • pensez aux arguments de quelqu’un qui ne partage pas votre point de vue ; • pensez aux objections possibles. 4. Décidez de ce qui est le plus pertinent pour justifier votre point de vue. 5. Ajoutez un ou plusieurs exemples à vos arguments.

La synthèse Résumé rassemblant les éléments principaux (idées, faits, expériences, arguments, etc.) d’une discussion, d’un récit ou d’un texte. La synthèse permet d’organiser les informations en un tout cohérent.

5. Prévoyez une nouvelle présentation des informations.

L’explication Développement destiné à faire connaître ou comprendre le sens de quelque chose. L’explication permet de répondre aux questions « Pourquoi… ? », « Comment se fait-il que… ? » et donne des causes, des raisons, des motifs et des conséquences. La clé du succès de cette opération ? Les faits !

6. Variez votre vocabulaire et utilisez différents procédés pour faciliter la compréhension. Par exemple : • donnez des exemples ; • reformulez certains passages ; • fournissez des définitions ; • donnez le sens de certains symboles. 7. Si votre explication est longue, terminez en la résumant brièvement.

La justification Présentation d’idées et d’arguments logiquement reliés afin de démontrer ou de faire valoir un point de vue. Une justification a pour but de présenter les motifs d’une opinion ou de convaincre les autres du bien-fondé de son point de vue. Le défi ? Éviter les pièges qui peuvent entraver le dialogue !

6. Établissez l’ordre de présentation de vos idées et de vos arguments. Par exemple : • partez du plus simple pour aller vers le plus compliqué ; • partez de ce qui est plus compliqué pour simplifier ensuite ; • partez de ce qui est le plus évident dans les faits. 7. Si votre justification est longue, terminez en la résumant brièvement.

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comment interroger un point de vue? Les types de jugements Un jugement est une affirmation sur un sujet donné. Il est important de pouvoir établir quel type de jugement est en cause afin de pouvoir l’interroger de façon pertinente. Lors d’un dialogue, interroger de façon adéquate un jugement permet de mieux comprendre une affirmation. Cela permet aussi de mieux saisir les raisons d’un jugement et de vérifier sa validité. Ces interrogations sont essentielles à l’exercice d’un jugement critique et au développement d’une pensée autonome. Il existe plusieurs types de jugements ; en voici quatre.

Le jugement de réalité Énoncé qui consiste en une observation sur un fait, un évènement ou un témoignage. Exemples : • Le forfait pour ce téléphone cellulaire est de 35 $ par mois. • Dans la Bible, il est écrit que Dieu a créé l’homme et la femme. Attention ! Le jugement de réalité n’est pas nécessairement vrai. Il peut donc être important de poser les questions suivantes. • D’où tiens-tu ces informations ?

Le jugement de valeur Énoncé dans lequel une personne affirme ses valeurs ou attribue une valeur aux choses. Exemples : • L’argent fait le bonheur. • Les religions chrétienne, juive et musulmane sont aussi importantes l’une que l’autre. Attention ! Les valeurs importantes pour une personne ne le sont pas nécessairement pour une autre. De plus, le sens donné aux valeurs peut varier d’une personne à l’autre. Pour ces raisons, il peut être important de poser les questions suivantes. • Sur quoi te bases-tu pour affirmer cela ? • As-tu un exemple qui permet de démontrer ce que tu dis ?

• Quelles sont tes sources ? Sont-elles fiables ?

• Dans cette affirmation, peux-tu préciser quel sens tu accordes à la valeur mentionnée ?

• Peux-tu donner des exemples concrets pour illustrer ton point de vue ?

• À quelles valeurs cette affirmation fait-elle référence ?

Le jugement de préférence

Le jugement de prescription

Énoncé par lequel une personne exprime ses goûts ou ses préférences personnelles.

Énoncé qui exprime une obligation ou une recommandation.

Exemples :

Exemples :

• Je préfère acheter des vêtements usagés plutôt que neufs.

• Je vous suggère fortement de faire votre devoir ce soir.

• J’aime l’église de mon quartier.

• Tu ne voleras point.

Attention ! Il y a une multitude de raisons qui peuvent expliquer une préférence. Il peut donc être important de poser les questions suivantes.

Attention ! Certaines exigences peuvent être prescrites pour des raisons différentes de celles qu’on imagine. Pour cette raison, il peut être important de poser les questions suivantes.

• Pour quelles raisons préfères-tu ceci à cela ? • Quelles sont les raisons implicites de ce jugement de préférence ? • Est-il justifié de tirer une conclusion à partir de ce jugement de préférence ?

• D’où vient cette recommandation ? • Pourquoi cette obligation a-t-elle été mise en place ? • Le respect de cette règle est-il souhaitable en tout temps ?

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Les types de raisonnements Le raisonnement est une opération intellectuelle qui consiste à soutenir un jugement à l’aide d’autres jugements. Le jugement qu’on cherche à soutenir par le raisonnement est sa conclusion et les jugements qui l’appuient constituent ses prémisses. Il y a donc deux choses essentielles à évaluer dans un raisonnement : la vérité ou l’acceptabilité des prémisses et la force du lien qui lie les prémisses à la conclusion. Ce faisant, il est plus facile de reconnaître en quoi certains jugements posés gênent le dialogue et empêchent la construction d’un point de vue rigoureux. Les pages qui suivent présentent quatre types de raisonnements et leurs caractéristiques.

1 Le raisonnement par induction Raisonnement qui consiste à tirer de plusieurs cas particuliers ayant des caractéristiques communes une règle générale qui peut s’appliquer à l’ensemble des cas du même type. L’induction est donc une généralisation qui permet de tirer d’une série de cas ou de faits observés une conclusion qui peut convenir à d’autres cas similaires.

2 Le raisonnement par analogie Ressemblance établie entre des choses ou des personnes pour en tirer une conclusion. L’analogie consiste à comparer une réalité avec une réalité différente afin de mieux faire comprendre une idée.

3 Le raisonnement par hypothèse Raisonnement qui consiste à construire une hypothèse d’explication à partir de données ou de connaissances limitées. L’hypothèse est une supposition ou une proposition qu’on se contente d’énoncer sans pouvoir affirmer si elle est vraie ou fausse. Par définition, une hypothèse est une proposition destinée à être étudiée, examinée, vérifiée.

4 Le raisonnement par déduction Raisonnement qui consiste à tirer d’un ensemble de jugements un autre jugement qui en est la conséquence nécessaire. La déduction permet de tirer une conclusion logique d’un ensemble de prémisses.

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1 Le raisonnement par induction Raisonnement qui consiste à tirer de plusieurs cas particuliers ayant des caractéristiques communes une règle générale qui peut s’appliquer à l’ensemble des cas du même type. L’induction est donc une généralisation qui permet de tirer d’une série de cas ou de faits observés une conclusion qui peut convenir à d’autres cas similaires.

exemple d’un raisonnement par induction acceptable Pour être en santé, demain, je me ferai vacciner contre la grippe. Depuis cinq ans, je me fais vacciner contre la grippe et je ne l’attrape pas. Donc, le vaccin contre la grippe est efficace pour moi. Diagnostic 1. Le nombre de cas est suffisant pour parvenir à la conclusion générale. Quelqu’un pourrait juger que cinq années de vaccination sans attraper une seule grippe est une période de temps assez longue pour aboutir à la conclusion que le vaccin contre la grippe est efficace pour une personne. Quelqu’un d’autre pourrait cependant argumenter que l’efficacité du vaccin dans le passé ne garantit pas son efficacité dans le futur. 2. Les prémisses sont acceptables. Il est possible de vérifier si la personne s’est effectivement fait vacciner pendant cinq ans et si elle n’a effectivement pas attrapé la grippe pendant cette période. 3. Les prémisses ont un lien avec la conclusion. Les deux observations conduisent à la conclusion. Elles nous portent à l’accepter.

caractéristiques d’un raisonnement par induction acceptable 1. Le nombre de cas est suffisant pour arriver à la conclusion générale. 2. Les prémisses sont acceptables. 3. Les prémisses ont un lien avec la conclusion.

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exemples de raisonnements par induction inacceptables 1. Le raisonnement par induction n’est pas acceptable lorsque le nombre de cas ne suffit pas à tirer une conclusion générale.

Le caissier du magasin ne m’a pas proposé de sac de plastique pour emporter mon achat. C’est aussi arrivé hier, à l’épicerie. Donc, l’idée de protéger l’environnement en n’offrant pas de sacs de plastique est vraiment entrée dans les mœurs des commerces au Québec. Diagnostic Dans cet exemple, le nombre de cas est insuffisant pour en arriver à la conclusion. En effet, on ne peut généraliser à l’ensemble d’un territoire une pratique qui n’a été observée qu’à deux endroits. Ce raisonnement n’est donc pas acceptable. 2. Le raisonnement par induction n’est pas acceptable lorsque les prémisses ne sont pas acceptables.

Il existe plusieurs témoignages de gens qui affirment avoir vu des extraterrestres. Donc, il y a des extraterrestres partout dans l’Univers. Diagnostic Dans cet exemple, la prémisse peut se vérifier. Cependant, les témoignages de gens qui affirment avoir vu des extraterrestres ne sont jamais appuyés par des preuves claires et l’Univers est trop vaste pour pouvoir être exploré dans son ensemble. Ce raisonnement n’est donc pas acceptable. 3. Le raisonnement par induction n’est pas acceptable lorsque les prémisses n’ont pas de lien avec la conclusion.

Il y a des caméras de surveillance à mon école. Il y a des caméras de surveillance à la banque. Donc, le gouvernement surveille nos moindres faits et gestes dans le but de mieux nous contrôler. Diagnostic Dans cet exemple, les prémisses n’ont pas de lien avec la conclusion. En effet, la présence de caméras de surveillance à l’école et à la banque n’a rien à voir avec le gouvernement. Ce raisonnement n’est donc pas acceptable.

caractéristiques d’un raisonnement par induction inacceptable 1. Le raisonnement par induction n’est pas acceptable lorsque le nombre de cas ne suffit pas à tirer une conclusion générale. 2. Le raisonnement par induction n’est pas acceptable lorsque les prémisses ne sont pas acceptables. 3. Le raisonnement par induction n’est pas acceptable lorsque les prémisses n’ont pas de lien avec la conclusion.

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2 Le raisonnement par analogie Ressemblance établie entre des choses ou des personnes pour en tirer une conclusion. L’analogie consiste à comparer une réalité avec une réalité différente afin de mieux faire comprendre une idée.

exemple d’un raisonnement par analogie acceptable Les ailes sont aux oiseaux ce que les nageoires sont aux poissons. Elles permettent à ces animaux de se déplacer. Diagnostic 1. Les deux réalités peuvent être comparées. Les oiseaux et les poissons, en tant qu’animaux, peuvent être comparés. 2. Les prémisses sont acceptables. Les oiseaux ont effectivement des ailes et les poissons, des nageoires. 3. La relation qui existe entre les éléments de la première réalité est comparable à celle qui existe entre les éléments de la seconde réalité. Dans les deux cas, les parties du corps en question ont la même fonction : elles permettent de se déplacer.

caractéristiques d’un raisonnement par analogie acceptable 1. Les deux réalités peuvent être comparées. 2. Les prémisses sont acceptables. 3. La relation qui existe entre les éléments de la première réalité est comparable à celle qui existe entre les éléments de la seconde réalité.

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exemples de raisonnements par analogie inacceptables 1. Le raisonnement par analogie n’est pas acceptable lorsque les deux réalités ne peuvent pas être comparées.

Un joueur de hockey est puni lorsqu’il retarde délibérément la partie. Un automobiliste qui roule trop lentement pendant les heures de pointe ralentit la circulation. Il devrait donc être puni lui aussi. Diagnostic Dans le domaine du sport, de nombreuses analogies sont pertinentes pour mieux faire comprendre différentes idées. Dans cet exemple, les deux réalités ne peuvent cependant pas être comparées. En effet, on ne peut pas comparer le retard lors d’un match d’une durée limitée à la conduite automobile aux heures de pointe. Ce raisonnement n’est donc pas acceptable. 2. Le raisonnement par analogie n’est pas acceptable lorsque les prémisses ne sont pas acceptables.

L’école, c’est comme une garderie. On y apprend seulement à attacher ses souliers. On donne souvent trop d’importance aux études. Diagnostic Il serait possible de faire une analogie plausible entre l’école et la garderie avec des éléments comparables, par exemple le fait qu’il s’agit d’endroits où les enfants sont surveillés pendant que les parents vont travailler. Dans cet exemple cependant, une des prémisses est inacceptable. En effet, il est trompeur d’affirmer qu’à l’école, on n’apprend qu’à attacher ses souliers. Comme une des prémisses est fausse, on ne peut se servir de cette analogie pour conclure qu’on donne souvent trop d’importance aux études. Ce raisonnement n’est donc pas acceptable. 3. Le raisonnement par analogie n’est pas acceptable lorsque la relation qui existe entre les éléments de la première réalité n’est pas comparable à celle qui existe entre les éléments de la seconde réalité.

Lorsque Galilée a énoncé ses théories sur la position de la Terre dans l’Univers, il a été critiqué et condamné par l’Église catholique. Et pourtant, c’est lui qui avait raison. Actuellement, c’est la même chose qui se passe quand les médecines douces sont condamnées par les médecins.

1. Le raisonnement par analogie n’est pas acceptable lorsque les deux réalités ne peuvent pas être comparées.

Diagnostic

2. Le raisonnement par analogie n’est pas acceptable lorsque les prémisses ne sont pas acceptables.

Dans cet exemple, la relation entre les éléments de la première réalité n’est pas comparable à celle de la seconde réalité. En effet, Galilée n’était pas accusé par ses pairs scientifiques, mais par l’Église, alors que dans la deuxième réalité, ce sont des scientifiques, les médecins, qui condamnent les médecines douces. Ce raisonnement n’est donc pas acceptable.

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caractéristiques d’un raisonnement par analogie inacceptable

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3. Le raisonnement par analogie n’est pas acceptable lorsque la relation qui existe entre les éléments de la première réalité n’est pas comparable à celle qui existe entre les éléments de la seconde réalité.

3 Le raisonnement par hypothèse Raisonnement qui consiste à construire une hypothèse d’explication à partir de données ou de connaissances limitées. L’hypothèse est une supposition ou une proposition qu’on se contente d’énoncer sans pouvoir affirmer si elle est vraie ou fausse. Par définition, une hypothèse est une proposition destinée à être étudiée, examinée, vérifiée.

exemples de raisonnements par hypothèse inacceptables 1. Le raisonnement par hypothèse n’est pas acceptable lorsque les prémisses qui mènent à la conclusion ne sont pas acceptables.

La danse, c’est une activité pour les filles. Ce collège n’offre pas de cours de danse. Il est donc clair que ce collège cherche à recruter des garçons plutôt que des filles.

exemple d’un raisonnement par hypothèse acceptable La classe est en désordre ce matin. Hier soir, le club d’échecs participait à une compétition dans ce local. Raphaël, du club d’échecs, m’a dit qu’ils ont dû déplacer tous les bureaux pour leur compétition. Les membres du club d’échecs sont probablement responsables du désordre de la classe. Diagnostic 1. Les prémisses sont acceptables. Chaque prémisse est acceptable, car chacune repose sur des observations vérifiables. 2. Les prémisses ont un lien avec la conclusion. Les prémisses prises ensemble soutiennent clairement la conclusion.

caractéristiques d’un raisonnement par hypothèse acceptable

Diagnostic Dans cet exemple, la prémisse qui mène à l’hypothèse est inacceptable. En effet, il est trompeur d’affirmer que la danse ne s’adresse qu’aux filles. Il s’agit d’un appel à un stéréotype. Ce raisonnement n’est donc pas acceptable. 2. Le raisonnement par hypothèse n’est pas acceptable lorsque les prémisses n’ont pas de lien avec la conclusion.

La violence est encore trop présente dans nos sociétés. La lecture est souvent considérée comme une activité de détente. Peut-être que si plus de gens lisaient, il y aurait moins de violence dans nos sociétés. Diagnostic Dans cet exemple, les prémisses n’ont pas de lien avec la conclusion. En effet, rien dans les prémisses ne prouve qu’il existe un lien entre la lecture et l’absence de violence. Ce raisonnement n’est donc pas acceptable.

1. Les prémisses sont acceptables. 2. Les prémisses ont un lien avec la conclusion.

caractéristiques d’un raisonnement par hypothèse inacceptable 1. Le raisonnement par hypothèse n’est pas acceptable lorsque les prémisses qui mènent à la conclusion ne sont pas acceptables. 2. Le raisonnement par hypothèse n’est pas acceptable lorsque les prémisses n’ont pas de lien avec la conclusion.

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4 Le raisonnement par déduction Raisonnement qui consiste à tirer d’un ensemble de jugements un autre jugement qui en est la conséquence nécessaire. La déduction permet de tirer une conclusion logique d’un ensemble de propositions.

exemples de raisonnements par déduction inacceptables 1. Le raisonnement par déduction n’est pas acceptable lorsque les prémisses ne sont pas toutes acceptables.

Tous les jeunes sont énergiques.

exemple d’un raisonnement par déduction acceptable Dans tous les pays occidentaux, on reconnaît le droit à la liberté de presse. La France et le Danemark sont des pays occidentaux. La liberté de presse est donc reconnue dans ces deux pays. Diagnostic 1. Les prémisses sont acceptables. En effet, les pays de l’Europe de l’Ouest font partie des pays occidentaux où le droit à la liberté de presse est respecté. La France et le Danemark, pays de l’Europe de l’Ouest, sont effectivement des pays occidentaux qui reconnaissent le droit à la liberté de presse. 2. Il y a un lien logique entre les prémisses et la conclusion. Les prémisses de ce raisonnement conduisent nécessairement à la conclusion.

Éliane est jeune. Donc, Éliane est énergique. Diagnostic Dans cet exemple, la première prémisse n’est pas acceptable. En effet, il est trompeur d’affirmer que tous les jeunes sont énergiques. Ce raisonnement n’est donc pas acceptable, même s’il est valide sur le plan purement logique. 2. Le raisonnement par déduction n’est pas acceptable lorsqu’il n’y a pas de lien logique entre les prémisses et la conclusion.

Margaux a de meilleures notes qu’Isabelle dans son cours de français. Isabelle a de meilleures notes que Jacques dans son cours de français. Donc, Jacques a de meilleures notes que Margaux dans son cours de français. Diagnostic Dans cet exemple, il n’y a pas de lien logique entre les prémisses et la conclusion. C’est Margaux qui a logiquement de meilleures notes que Jacques et non l’inverse. Ce raisonnement n’est donc pas acceptable, parce qu’il n’est pas logique.

caractéristiques d’un raisonnement par déduction acceptable 1. Toutes les prémisses sont acceptables. 2. Il y a un lien logique entre les prémisses et la conclusion.

caractéristiques d’un raisonnement par déduction inacceptable 1. Le raisonnement par déduction n’est pas acceptable lorsque les prémisses ne sont pas toutes acceptables. 2. Le raisonnement par déduction n’est pas acceptable lorsqu’il n’y a pas de lien logique entre les prémisses et la conclusion.

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Les procédés susceptibles d’entraver le dialogue Les procédés susceptibles d’entraver le dialogue sont des raisonnements qui font obstacle à l’élaboration d’un point de vue rigoureux. Ces raisonnements peuvent être faits de bonne foi. Cependant, ces procédés peuvent être utilisés de façon consciente pour tromper un interlocuteur ou une interlocutrice.

1 La généralisation abusive La généralisation abusive consiste à tirer une conclusion générale à partir d’un seul cas ou de quelques cas isolés, sans vérifier si ce ou ces cas suffisent pour en arriver à cette conclusion.

Hier, pour la première fois, je suis allée chez mon ami en autobus. L’autobus est arrivé avec près de 30 minutes de retard. Les transports en commun ne sont vraiment pas efficaces.

Tu penses vraiment que c’est lui le meilleur joueur ? Lui ? Avec sa nouvelle coupe de cheveux affreuse ?

Maude, est-ce seulement parce que ton autobus est arrivé en retard hier que tu conclus que tous les transports en commun ne sont pas efficaces ?

Pourquoi est-ce que tu critiques son physique ? As-tu quelque chose à dire sur ses habiletés au soccer ?

2 L’attaque personnelle L’attaque personnelle consiste à critiquer un aspect d’une personne qui n’a pas de rapport avec les arguments ou avec la situation à évaluer.

Valérie, ne crois-tu pas qu’il serait temps de te trouver un travail pour cet été ?

3 L’appel au clan L’appel au clan consiste à utiliser comme argument l’opinion d’un groupe de personnes qu’on juge estimables.

Est-ce vraiment nécessaire ? Aucune de mes amies ne travaille. Pourquoi est-ce que je travaillerais ?

Est-ce que tu te fies toujours à tes amies pour prendre des décisions ? Sais-tu pour quelles raisons elles ne travaillent pas ?

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4 L’appel à la popularité L’appel à la popularité consiste à affirmer qu’une chose est vraie, bonne ou acceptable uniquement parce qu’un grand nombre de personnes le disent.

La dame qui conduit cette voiture est couverte de tatouages. Je suis convaincue qu’elle ne nous laissera pas traverser la rue.

Je propose qu’on regarde cette émission. C’est sûrement bon. C’est l’émission la plus écoutée cette saison.

Est-ce qu’une émission est nécessairement de qualité lorsqu’elle est populaire ?

Jacqueline, d’où te vient ce préjugé ?

5 L’appel au préjugé L’appel au préjugé consiste à utiliser un argument basé sur une opinion préconçue souvent bien personnelle, une idée toute faite, favorable ou défavorable.

6 L’appel au stéréotype L’appel au stéréotype consiste à faire appel à des croyances partagées qui concernent des comportements ou des traits de personnalité d’un groupe de personnes, sans tenir compte des singularités de chacune de ces personnes. Cette image est généralement négative et basée sur des renseignements faux ou incomplets.

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Laisse, grand-maman ; je vais faire la recherche pour toi. Vous, les personnes âgées, vous ne connaissez rien aux ordinateurs.

Florence, penses-tu vraiment que toutes les personnes âgées se comportent de la même façon ?

7 L’argument d’autorité Utiliser un argument d’autorité consiste à faire appel incorrectement à une personne en position d’autorité pour appuyer un argument. Il peut s’agir d’évoquer le prestige d’une personnalité plutôt que de mentionner ses arguments ou de se référer à un expert qui se prononce sur un sujet extérieur à son domaine d’expertise.

Tu devrais prendre un plat végétarien. C’est meilleur pour la santé. Hier encore, je l’ai entendu dire par un ami de ma mère qui a un doctorat.

Est-ce que le relâchement des autres nageurs justifie le tien, Steve ?

Je ne comprends pas pourquoi vous m’avez fait faire 10 longueurs de plus que les autres. Je n’étais pas le seul à manquer d’ardeur à l’entraînement.

Je ne comprends pas ceux qui aiment faire du camping. Qu’y a-t-il de si plaisant à dormir par terre, au froid, sous la pluie, parmi les ours ?

Il a un doctorat dans quel domaine ? Ce n’est pas parce qu’une personne est reconnue dans son domaine qu’elle est compétente en tout !

8 La double faute La double faute consiste à justifier une faute en affirmant que d’autres personnes l’ont commise.

Maman, le camping se déroule-t-il nécessairement dans ces conditions ?

9 La caricature La caricature déforme la pensée ou la position de quelqu’un en les représentant de manière simplifiée ou exagérée.

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10 Le faux dilemme Le faux dilemme consiste à ne présenter que deux choix comme seules possibilités. L’un des choix étant inacceptable, on tente ainsi de contraindre son interlocuteur à choisir l’autre possibilité.

Au dernier examen de musique, je portais mon beau chandail bleu et je n’ai jamais eu une aussi bonne note. J’ai un autre examen demain. Il faut que je pense à mettre le même.

Pour la fête de Brigitte, je propose qu’on loue une salle et qu’on invite une centaine de personnes ou qu’on ne fasse rien du tout.

Julien, quel est le rapport entre le fait de porter ton chandail bleu et tes bonnes notes ?

11 La fausse causalité La fausse causalité consiste à prétendre qu’un phénomène est la cause d’un autre phénomène, alors qu’il n’y a pas vraiment de lien entre les deux.

Je suis contre le port obligatoire du casque à vélo. C’est comme si on m’obligeait à porter de la lotion solaire en pleine nuit !

12 La fausse analogie La fausse analogie consiste à tenter de justifier une conclusion en soutenant qu’une chose se compare à une autre, alors que les deux réalités sont trop différentes pour être comparées.

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Carlos, est-ce qu’il n’y a pas d’autres options possibles ?

Ton image est-elle bien choisie, Marc-André ? N’y a-t-il pas un risque réel de blessures à vélo ?

Samuel, mange tes légumes, sinon, tu vas voir, tu perdras de la vigueur musculaire, tu auras des problèmes de peau et tu risques d’attraper toutes sortes de maladies.

13 La pente fatale La pente fatale consiste à affirmer qu’une action va nécessairement causer une suite de situations épouvantables qui mèneront certainement à un désastre.

Papa, est-ce que le simple fait de ne pas finir cette assiette fera nécessairement en sorte que tout ce que tu dis arrivera ?

14 Le complot Je suis certaine que ce sont les employés de la patinoire qui ont décidé de la fermer pour l’avoir à eux seuls.

Tu en es certaine, Sabrina ? Sur quelles preuves t’appuies-tu pour affirmer cela ?

Le complot consiste à croire, sans véritables preuves, qu’une situation est nécessairement causée par ceux qui en profitent.

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Glossaire A Allégation Affirmation, déclaration. Ashkénaze (judaïsme) Qui appartient à la branche du peuple juif qui s’est installée en Europe septentrionale, plus particulièrement en Europe de l’Est, après son expulsion de Jérusalem par les Romains. Avatar (hindouisme) Incarnation de Vishnou ou d’une autre divinité.

B Béatifier (catholicisme) Élever une personne décédée au rang des bienheureux, c’est-à-dire des personnes dignes d’un culte. Le pape est responsable de la béatification.

C Camp de travail Souvent appelé « camp de travaux forcés ». Lieu sous surveillance où sont réunis des prisonniers de droits communs, des opposants politiques, des déportés, etc. Canonisation (catholicisme) Acte solennel par lequel le pape déclare une personne décédée sainte. Censure Examen des œuvres littéraires, des spectacles et des publications, exigé par le pouvoir, avant d’en autoriser la diffusion. Charisme Autorité ou influence exercée par une personne sur une autre ou sur un groupe. Chiite (islam) Qui appartient au chiisme, une des deux grandes divisions de l’islam. Communion (christianisme) Participation au sacrement de l’eucharistie pendant le rituel de la messe.

D Diffamation Paroles ou écrits portant atteinte à la réputation et à l’honneur d’une personne ou d’un groupe de personnes. Diocèse (catholicisme) Territoire géré par un évêque et qui compte plusieurs paroisses. G98

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E Encyclique (catholicisme) Lettre du pape adressée aux évêques. Épicurisme Doctrine philosophique créée par Épicure, qui repose sur une éthique hédoniste de simplicité et de plaisirs modérés. Ethnologue Personne spécialisée dans l’étude des faits et des documents recueillis par l’ethnographe.

H Hadith (islam) Texte qui transmet les paroles du prophète Muhammad. Hédonisme Éthique du philosophe Épicure qui repose sur la simplicité et la recherche de plaisirs modérés afin d’éviter la douleur que peuvent causer des désirs vains.

L Lwa (vodou) Chacun des esprits qui peuvent être favorables ou défavorables aux croyants et à qui les prêtres ou les prêtresses peuvent demander conseil.

M Mystique Forme de pratique religieuse qui comprend des rituels de dévotions intenses pendant lesquels les croyants cherchent à entrer en communication avec leur dieu. Se dit aussi des croyants qui observent cette pratique religieuse.

N Noble sentier octuple (bouddhisme) Aussi nommé la « voie du milieu ». Chemin à suivre pour parvenir à la suppression de la douleur et atteindre le nirvana.

O Œcuménisme Mouvement favorable à la réunion de toutes les Églises chrétiennes.

P Précepte Règle de conduite formulée par une autorité dans un domaine tel que la philosophie ou la religion. Prêcher Action d’enseigner les préceptes de la foi dans une tradition religieuse. Prêtre juif Dans le judaïsme antique, prêtre responsable de divers aspects du culte. Prophétie Prédiction d’événements faite par une personne qui dit connaître l’avenir.

Q

S Séfarade (judaïsme) Qui appartient à la branche du peuple juif qui s’est installée autour de la Méditerranée, particulièrement dans la péninsule ibérique, après son expulsion de Jérusalem par les Romains. Séminaire (catholicisme) Établissement d’enseignement religieux où étudient les jeunes hommes qui se destinent à la prêtrise. Sunnite (islam) Qui appartient au sunnisme, une des deux grandes divisions de l’islam. Synopsis Résumé de quelques lignes de l’histoire d’une émission de télévision, d’une bande dessinée ou d’un film.

Quête de vision (spiritualités des peuples autochtones) Rite amérindien où un individu s’isole en pleine nature pour prier et communiquer avec les esprits.

Glossaire

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123 van-gennep 144 (h) B27 (h, d) B43 (h) B58 B60 (h) B69 RICHARD LAVERTUE 158 (b, g) SHUTTERSTOCK III (b) IgorGolovniov 2 (h, g) RnDmS 2 (b, d) et 6 C. Wheeler 2 (b, g) et 17 (C.) bikeriderlondon 2 (b, c) naluwan 5 J. McIlroy 6 et 17 (A.) C. Wheeler 7 BasPhoto 10 (h) et 17 (E.) BasPhoto 15 A. Kaljikovic 22 (d) Pinkcandy 22 (g) elvistudio 24 Kiev.Victor 25 auremar 26 30 moshimochi 32 Voronin76 42 (h, g), 47 (h) P. Robertino 42 (h, d), 48 (h) vlas2000 42 (b, d) et 50 M. Chapman 44 (d) LoloStock 45 (h) meunierd 47 (b) Z. Atletic 48 (b) V. Vasilis 55 Africa Rising 60 J. Feinstein 62 (d) PavelSvoboda 63 (h) JMiks 64 (b) Minerva Studio 65 (b) L. Potgieter 66 (h) Alaettin YILDIRIM 66 (b) Paul B. Moore 67 E. Mirage 68 (h) Hung Chung Chih 80 (b, d) IgorGolovniov 82 (d) Baloncici 84 Z. Atletic 86 (b) g. napolitano 89 H. Conesa 91 D. Sikman 92 bikeriderlondon 100 (h) SeanPavonePhoto 100 (b) et p. 113 S. Deng sources

S101

100 (b) P. Jilek 102 (g) trekandshoot 104 gst 105 A. JANDI 108 (h) Arindambanejee 118 (h) et 131 P. Jilek 122 N. Nikolay 136 (h) S. Coburn 136 (c), (b) S. Coburn 138 (g) A. Turner 138 (d) M. Josef 139 (b) A. Abrignani 140 (g) T. Mukdharakosa 140 (d) K. Oleg 140 (b) Goodluz 141 (h) W. Watcharadachaphong 141 (b) g. yim 143 J. Benz Bennee 144 (b) roibu 145 (b) aceshot1 145 (h) 24Novembers 146 (h) B. Swanson 146 (b) p.studio66157 R. Sedmakova 158 (h) et 164 (h) Roca 158 (c, c) alamo15 158 (b, d) mnoor 158 (c, g) et 172 (b) T. Jesenicnik 160 (g) melis 162 (h) R. Young 162 (h) York777 166 (b) dboystudio 167 (h) et 172 [détail] (b) BESTWEB 168 (h) J_NIAMWHAN 172 (c) Jorisvo 175 (h) A. Efimov 178 (h) et 195-Palto 178 (c) Jirijura 178 (b) S. Burkard 180 (g) Ritu Manoj Jethani 181 Michelle D. Milliman 182 (b) G. Kollidas 183 dogboxstudio 187 Z. Atletic 190 taboga B7 et B10 N. Raymond B12 A. Tiplyashin B15 (h) R. Ramirez Lee B15 (b) Kamira B16 Nicku B21 C. Chilvers B24 (h) Z. Atletic B25 (h) Jurand B25 (b) P. Chidell S102

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B27 (h, g) M. Kucera B27 (b, d) Anneka B28 (b, g) Z. Atletic B28 (c, g) Z. Atletic B29 (h) catwalker B30 Jiawangkun B33 (g) 360b B34 R. Sedmakova B35 A. Abrignani B38 Atlaspix B39 D. Berkut B42 R. Sigaev B43 ChameleonsEye B43 Nicku B44 BrAt82 B45 Ella_K B48 N. Misharev B54 trevor kittelty B54 N. Nikolay B55 P. Niesen B57 F. Zaki B61 D. Walstra B62 (h) Santibhavank P B62 S. Tansrisawat B63 S. Azizan B66 Cbenjasuwan B68 (h) De Visu B70 (h) Atlaspix B74 Wichy B76 Nicku B76 O. Popova B76 A. H. Teich B77 r.nagy B80 savageultralight THE BRIGHTS B74 THINKSTOCK 82 (g) W. Perry 120 (d) OwensImaging 135 S. Wallentine 162 (b) E. Brown 166 (h) K. Miri B22 B60 TRANSFAIR CANADA 69 (b) WORLD RELIGIONS PHOTO LIBRARY B 72 P. Gapper