Une Vie de cité : Paris de sa naissance a nos jours. I, La jeunesse : des origines aux temps modernes [1]

Marcel Poëte (Doubs 1866–Paris 1950) is not an unknown figure. He is often considered one of the major personalities of

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Une Vie de cité : Paris de sa naissance a nos jours. I, La jeunesse : des origines aux temps modernes [1]

Table of contents :
1: Le berceau. La nature a prepare le berceau de Paris
11: La naissance
21: Le nouvel etre collectif
30: Les premiers pas: la ville romaine de haute epoque (du Ier au IIIe siecle)
37: L'initiation a la vie chretienne. La nouvell existence qui decoule du danger des invasions barbares. Les traits qui se forment (de la fin du IIIe au Ve siecle)
52: L'etablissement des Francs. La survie de la cite romaine. L'avenir qui s'ouvre: Paris capitale de la France naissante (fin du Ve siecle et VIe siecle)
60: Aux temps merovingiens et carolingiens. L'education religieuse; ses effets sur la ville. Le regime feodal. L'age agricole de la ville (du VIIe au Xe siecle)
77: L'entree dans un nouvel age: la formation de l'agglomeration marchande de la rive droite (XIe siecle); poussee de croissance
93: Les trais qui se marquent. La naissance a la vie proprement urbaine. L'eveil de l'intelligence (XIIe siecle)
111: L'union de la dynastie capetienne avec Paris: la capitale royale. La ville sur le chemin (XIIe-XIIIe siecles)
124: La ville sur le chemin de pelerinages (XIe-XIIIe siecles)
147: La ville sur le fleuve. La hanse des marchands par eau. Le port et le centre commercial (XIIe siecle et commencement du XIIIe siecle)
155: La ville vers le chemin des foires de Champagne et de Brie. La foire du Lendit (XIIe-XIIIe siecles)
162: La cite des etudes (XIIIe siecle)
172: La Montagne-Sainte-Genevieve (XIIIe siecle)
184: La vie des gens d'etude (XIIIe siecle)
197: Les classes sociales. La montee bourgeoise et la formation du pouvoir municipal. La naissance de la ville capitaliste (XIIe-XIIIe siecles)
235: L'argent dans la ville; son pouvoir naissant (XIIIe siecle)
242: Sur la physionomie de l'adolescent, les traits de l'enfant restent apparents: l'aspect rural de Paris au XIIIe siecle. L'adjuvant d'un rempart celui de Philippe-Auguste. Nouvelle poussee de croissance au XIIIe siecle
256: De la dispersion en domaines seigneuraux a l'unite urbaine (XIIIe-XIVe siecles)
280: Du Petit-Chatelet au Grand-Chatelet, a travers la Cite (XIIIe-XIVe siecles)
299: A travers le Paris de la rive droite (XIIIe-XIVe siecles)
345: A la peripherie du Paris de la rive droite (XIIIe-XIVe siecles)
370: L'organisme urbain, ses fonctions (XIIIe-XIVe siecles)
389: La ville devenue un vaste marche (XIIIe-XIVe siecles)
402: Le monde qui s'ouvre (XIIIe-XIVe siecles)
434: Le pouvoir grandissant de l'argent. La montee bourgeoise (XIVe siecle)
459: Le peuple de Paris. L'initiation des Parisiens a leur role politique (premiere moitie du XIVe siecle)
477: Fievre de croissance (milieu du XIVe siecle)
513: Le roi et la ville (XIVe siecle et debut du XVe siecle)
545: Les effets de la guerre de Cent Ans sur l'organisme urbain: la ville qui change (du milieu du XIVe siecle au milieu du XVe siecle)
565: Vers un nouvel age. Paris dans la premiere moitie du XVe siecle
580: La physionomie de la ville au moyen age. La beaute urbaine

Citation preview

I LA

JEUNESSE

igines aux temps modernes.

I

LA JEUNESSE Des origines aux temps modernes.

PARIS.

AUGUSTE 82,

PICARD, ÉDITEUR. RUE

BONAPARTE,

no

VI°

INTRODUCTION Une Vie de Gité.

chanson de geste des Narbonnaïs, qui date du début du

tro siècle, nous fait assister au départ, de Narbonne, des fils ymeri que leur père envoie auprès de Charlemagne pour y Oréher fortune. Elle nous les montre chevauchant vers Paris

Mrénide le grand empereur et qui, du haut de la rue Saint-

ci os, leur apparaît avec le foisonnement de ses églises, l’asobimposant de ses abbayes, l'animation de son fleuve chargé là de moulins et semé de barques. Cette ville, qui se découvre si aux yeux charmés de ces jeunes hommes, n’est point diftéHo de celle qui s'offre aux regards des voyageurs prenant (jourdèhui un premier contact avec elle par la portière du min de fer. Les maisons innombrables, d’où émergent de édifices, les sillons multiples des voies ferrées, les aligne8 d'entrepôts, les cheminées d'usines s'opposent, il est vrai, Silhouette religieuse, au va-et-vient des barques, aux mouchantant sur la Seine qui caracttrisaient la ville moyenfo: Mais ces contrastes ne proviennent que de la différence

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\

continuité dans la vie de la cité constitue une donnée ielle. Le Paris d'autrefois et celui de nos jours ne sont pas os successifs. C'est un seul et même être en constante ion, Ce qu’on appelle communément le vieux Paris est, traine, un Paris jeune par rapport au nôtre. L'étude de D prend no

à un âge antérieur à celui

sir la collectivité qu'est la ville subit, au

Il

UNE

VIE

DE

CITÉ

Denon CxINtenCe, tout comme l'individu, l’action du temps Wu aumoment où on la considère, un âge donné. Il importe dMinboduire, dans l'étude de l’agglomération urbaine, la notion Woyolo vital; de même qu'en géographie on l’a introduite dans Mütude par exemple des formes du relief du sol. Donbunnétre toujours vivant qu'il convient d'étudier dans ON panat; do façon à pouvoir en discerner le degré d’évolution, WMOULOMUI Vit en société, sur la terre et de la terre, ce qui signifie QU données Historiques il faut joindre les données soctoloWiquas géographiques et économiques. L'ensemble fournira lexpliMb do la cité qui s'étend sous nos yeux, bien plus, permettra WobMphéparen l'avenir. La chaîne des âges rend, en effet, ceux-ci Loliduitos los uns des autres : il importe de chercher dans le DAMOO raisons du présent qui, à son tour, influe sur l'avenir. DOMONLpas à dire qu'il faille s'enfermer dans un déterminisme DpOULOUX, qui est précisément le contraire de la vie. L'intervenWomliunaince ou le fait historique proprement dit est à la base Mônodunevie de cité. Semblablement le facteur moral, l'imDondémable a joué un grand rôle dans cette existence. Loub Vient à tout : les phénomènes urbains sont le produit donultiples actions conjointes. L'infirmité naturelle de notre Dpuibne nous permet pas de saisir l’ensemble du jeu du mécaMBMOAOCIAl Il mous faut procéder analytiquement. GardonsDOM LOULOlOIS, au cours de cette analyse, d'attribuer à une ide Lo C0 mécanisme qui nous à plus particulièrement frappés, Wnoinportance démesurée par rapport à d’autres qui interWionnont également. Ne perdons pas de vue que tel élément qui, DAMON Hoi, nous parait dominant, peut être fonction d’autres Quaunous no devons pas négliger, sous peine d’erreur. On ne Hum onvisager à part l’un de l’autre l’état économique et Dübnibnocial d'une ville, ce dernier dépendant du précédent, ni pat laspout que présente une cité de ses conditions de vie Doonomiqueou sociale, car la fonction crée l’organe et, en l'espèce, Mpiyionomio d'une agglomération est la résultante de ces conditions d'existence, on d'autres termes, sa forme exprime sa haälure propre,

MÉTHODE

POUR

L'ÉTUDE

D'UNE

VIE

DE CITÉ

in

L'application à l'étude de l'organisme urbain de la notion économique du besoin, en outre la considération, dans une telle étude, des effets exercés sur cet organisme par les relations générules établies entre les hommes, en d’autres termes l'examen du rôle du grand chemin conduisant à la ville permettent de dégager, dans l'évolution de cette dernière, des étapes grâce auxquelles lpede la cité se discerne. Ces étapes sont, comme on le verra, Marquées, pour Paris, par le primitif oppidum gaulois, puis par ln ville romaine qui s’étend sur la pente septentrionale de la Montagne-Sainte-Geneviève et correspond aux trois premiers Hidoles de notre ère, ensuite par l’agglomération défensive resserodans l’étroite ile de la Cité. à dater de la fin du mr siècle. Qübto cité romaine survit à la chute de l’empire d'Occident et l'établissement des Francs en Gaule (ve siècle). Mais la grande Voic des relations humaines, la Méditerranée, est conquise par Plslam et se ferme aux chrétiens, la société féodale se constitue, la dernière lueur romaine s’éteint, la ville se fond dans l’uniforiMité du régime de l’économie domaniale qui caractérise les 1x€ ob. x0 siècles. Au xre siècle, la Méditerranée s’entr’ouvre, les relalions À longue distance reprennent du fait des grands pèlerinapes, il se crée une juxtaposition marchande à l’ancienne cité do basse époque romaine, la personnalité urbaine se dégage ; au Bidcle suivant, Paris commence vraiment à accomplir sa destinée do capitale de la France : notre cité est entrée dans une autre dronrqui prendra fin au xv° siècle. Alors une nouvelle grande Voiomaritime, l'océan Atlantique, s'offre aux relations humaines, 168 besoins se multiplient et se diffusent, autour de sa capitale l&nation s'est formée, les idées de l’antiquité remise en honneur Viennent renforcer l’absolutisme monarchique naissant qui a son Contre à Paris: c’est, pour cebte ville, l’ère de l’économie nationale qui fouvre. C'est, après la jeunesse, l’âse mûr de notre cité. étude de la ville ainsi comprise constitue essentiellement uno soience d'observation. Il s’agit d'observer des faits que l’on domparo ensuite entre eux, que l’on classe et dont on tire les gündralisations pormises. Mais tous les faits indistinctement no hont pas mabière à observation, Il faut discerner ou dégager

UNE

VIN DE

CITÉ

00 quon pout appeler le fait urbain, autrement dit le fait indice Ou mévélateur d'un certain état de l'organisme urbain. Ainsi Düaotion d'une chapelle en paroisse, lagrandissement ou ja Donation d'une église paroissiale, au moyen âge, ne doivent Danton notre attention du point de vue de l’histoire reliHiouIO ou artistique, mais simplement comme fait indice de uipmentation de la population sur un point donné de la ville. Danrention des lieux où s’établirent les Lombards à Paris au Munnidolo intéresse l’histoire topographique, mais son intérêt Diupuo à nos yeux est qu'elle sert à marquer les liens de cette Qiavoc lo commerce bancaire international que représentent Wobunaniours d'argent. La création du Collège de France par IamQUiN ON n'a pas à nous retenir en tant que fait relatif à Matoire dos établissements d'instruction à Paris, mais comme Mitquant Pintroduction, dans l’enseignement, des données de lltonnissance appelées à transformer le caractère et la physioHOMO. la ville. C'est là une date-indice dans l’évolution de dübb@nrlornière, comme la date de l'apparition à Paris, au 2vnbyidelc, de la pompe à feu prélude de la machine à vapeur Hppoldo, elle aussi, à transformer le caractère et l’aspect de la Mille, Quiostrce que la statue d'Henri IV se dressant sur le PontNoul, à l'aurore du xvre siècle ? N'est-ce en soi qu'un monuMont à Non, c'est la première statue érigée à Paris sur une voie publique, selon le mode antique; c’est, suivant les idées de l’antiquité tonaissante, la déification du souverain appelée à faire (la capitale royale la ville du monarque absolu. Telle loi, telle lobune réglementaire doit être envisagée comme l'expression um contain état social, produit lui-même par certaines condidons de vie économique. Ainsi l’apparition de la réglementation Bbilos Gtablissements industriels insalubres marque une date dans l'évolution urbaine, en ce qu’elle témoigne de besoins sociaux qu'explique l’état6 térisé par l'introduction de ln prande industrie dans la SA La connaissance de la religion, | delurt ob de la littérature, en permettant de discerner l'idéal dune époque, sert à faire comprendre la cité de cette époque. Il faut d'abord dégager les faits urbains, puis les lier les uns

RESTES

DE

LA

VILLE

D'AUTREFOIS

aux autres. D'un certain état d'âme général procède un certain état de la ville. Pas plus qu'on ne saurait comprendre l'Athènes de Périclès en faisant abstraction du grand drame des guerres médiques, on ne saurait saisir le Paris de Napoléon Ier en néglipoant la gloire des armes françaises. La ville est une expression ociale qu'on ne saurait séparer des autres manifestations de la vivo sociale d’une époque. L'art, la littérature et les idées en Mranco, au temps de Louis XIV, cadrent avec les conceptions urbaines appliquées alors à Paris : les lignes régulières du jardin dla française, l’ordonnance classique d’un édifice, d’une tragédie, d’un tracé de voie, sont en parfait accord. Il importe dé lier tout à tout. Si, depuis la fin du xvrue siècle jusque vers lafin du siècle suivant, les deux points révolutionnaires par excellence de Paris ont été le faubourg Saint-Antoine et le laubourg Saint-Marceau, c’est parce que là s'étaient de préférence établies, depuis le règne de Louis XIV, les manufactures ou fabriques, y suscitant dès lors une localisation ouvrière. La liaison de tout à tout apparaît aussi en ce que les progrès de la science et les applications pratiques de cette dernière, en modifiant le caractère et l’aspect des villes, servent à marquer les étapes de l’évolution urbaine. 11 faut savoir discerner le fait urbain, le discerner en l’observant, pour l'époque présente, directement et, pour les temps écoulés, par le moyen des restes subsistants du passé. Ces restes sont de diverses sortes qu'il convient de ne pas mettre sur le même rang. L'observation devant être, en principe, aussi directe que possible, c'est à ce qui peut subsister mattriellement de la ville d'autrefois qu'il faut se reporter tout d’abord. Or, maints r'ostes du passé sont restés debout ou ont été exhumés à la suite de fouilles. Le résultat de ces dernières, en ce qui concerne Paris, se trouve consigné dans les papiers qu’un archéologue de grande valeur, Théodore Vacquer, a laissés et qui sont conservés à la Bibliothèque de cette ville. La Commission municipale du Vieux Paris, créée en 1897, a poursuivi l’œuvre que Vacquer avait entreprise vers le milieu du xrxe siècle. Les Procès-verbaux de cette Commission, publiés au PBalletin municipal officiel, puis tirés à ,

ÿ1 ; 4

in publiée par les soins de la Commission du Vieux Paris … (20 édition, 1910).

Dans Vordre de l’observation aussi directe que possible du . ait urbain, il ÿ a à utiliser les documents graphiques qui nous Oiconservé l’image de Paris dans le passé. Au xvri° siècle Wohontont les premiers plans de cette cité, sous l'aspect de vues UNValidres. Ces images, pour être dépourvues de toute exactitude Hüométrale, n'en sont pas moins du plus grand intérêt. La ville ous y apparait close dans son rempart, avec le réseau de ses

voies, on peut se rendre compte de l'importance respective de celles-ci, observer leur tracé ici régulier, là sinueux, les diverses localisations, les espaces non bâtis, le traitement de la rive d’eau, les îles qu'ofrait la Seine, les ponts bordés de maisons, l’aspect des faubourgs et celui des agglomérations de Saint-Germaindes-Prés et de Saint-Marcel. Et de tels plans, dans l’ensemble, valent non seulement pour l’époque à laquelle ils remontent, Inais encore pour le moyen âge, la ville ne s'étant point essentiellement modifiée. C’est pourquoi on trouvera joint à ce livre le Portrait de Paris dans sa jeunesse, d’après un plan très expresBi du milieu du xvre siècle. Telle a été, du reste, la persistance dos traits du passé sur la physionomie urbaine, qu’encore sur un plan du xix° siècle antérieur à la transformation de Paris par Napoléon III et Haussmann, on peut étudier la cité imoyenâgeuse. Parmi les plans du xvi® siècle, deux sont particulièrement à retenir : celui dit de Du Cerceau ou de Saint-Victor et celui de Truschet et Hoyau reproduit ici, tous deux du milieu de ce siècle. Avec le plan de Gomboust (1652) se remarquent les premières préoccupations d'ordre géométral dans la représentation de Paris. Ce plan, à grande échelle, n’offre plus une vue cavalière : les rues sont figurées par de simples traits, seuls les édifices importants (églises, établissements religieux, demeures royales et autres) sont représentés en élévation. C’est vraiment le premier grâce auquel on puisse se promener à travers la cité d'antan. Il constitue un admirable moyen de connaître le Paris d'autrefois. Il convient d’y joindre, pour ce qui formait alors les environs de cette ville, le plan de Jouvin de Rochefort (vers 1675). Mais pour trouver des relevés de Paris géométralement rigoureux, ilfaut descendre au xvrrre siècle : les premiers en date sont ceux de labbé Delagrive (1728). Le plan de Roussel (1731) est intéressant pour les environs de cette cité. Celui dit de Turgot (1734), on de nombreuses feuilles, forme, sous l’aspect d’une vue cavalière, uno pb Éyocation du Parisde Louis XV. Enfin, voici, au ci dela Révolution, uni ble inst & de recherches: plan do Verniquet. Le ni de Maire nous permet de en fans lo Paris de Napoléon sur lequel s'est posée la Victoire ailée.

NS.

jar avec accompagnement de plans, relevés ot photographies, Tonment au courant des découvertes effectuées à la suite des Wa de Lotites sortes exécutés à Paris. Les progrès que ne cesse London le science archéologique donnent à cette forme d’obseruen nine sûreté de plus en plus grande. L’inspection des “uouohos du terrain, l'emploi d'éléments de datation tels que Jon Wülenion, qui apparaissent dès une époque très reculée, et, plus lard, les monnaies, fournissent une base solide d’appréation Mais le passé n’est pas tout entier enfoui sous le sol: MVL A6 la donnée même de l’évolution, la plus grande ee DE pharonte, Lelle rue du Paris de nos jours, comme la rue WblOtelde Ville, à gardé son aspect moyenâgeux. L'ancienne placo Royale du temps d'Henri IV est restée intacte; elle n’a Mbquo changer de nom, devenue ainsi la place de Vosges. )ù même, l'ile Saint-Louis nous offre sans changement le tracé m Canin dans la ville, à l’époque de Louis XIII. La place Ven(LOMME ronte avec son encadrement du temps de Louis XIV pour OVOMOn A nos yeux l’une des conceptions de l'art urbain de CO LON ps Les portes Saint-Martin et Saint-Denis, toujours dUbout, sont un autre trait du passé subsistant sur la physionie actuelle de Paris, et le rempart auquel elles appartenaient Mu race représenté par nos Grands Boulevards. Mo contact avec la réalité doit être recherché avant tout. Mobaervation du sol est à la base même de l’étude de la ville. 0 00 point de vue, il convient de citer plus particulièrement la ï One géologique de Paris et de ses environs, de M. Gustave Dollfus —juion a préparé une 3° édition, et la carte du sol naturel de cette

vit

UNE

VIE DE CITÉ

Lllude de cette ville d’après les plans est facilitée par l’ouVriye capital de Bonnardot, Études archéologiques sur les anciens Dlansde Paris (Paris, 1851-1852, in-40) et par le livre de Franklin, DOandiens plans de Paris, notices historiques el topographiques (AMI 1878, 2 Vol. in-40), ainsi que par l'Atlas des plans de Paris PME par la Ville et qui contient la reproduction de ceux-ci qi in du xvrne siècle. L'éditeur Taride a reproduit de AOMMUULE, par dos procédés économiques mais très suffisants, la HTML dos anciens plans de Paris. Un atlas utile aussi à conAILON ONU Celui que la Ville a édité sous le titre de Travaux de DU, 1789-1889, eb qui contient une série de plans de cette : MAC ptibIes d'éclairer son évolution au cours d’un siècle. Do plans il y a lieu de rapprocher les vues de toutes sortes, HMALUrEN (depuis les premières années du xrve siècle), pein[fui ot" dossins (depuis le xve siècle), gravures (depuis le AW Hide), photographies (depuis le milieu du. xrx° siècle), qüisdonnent des aspects de Paris : panoranas ou parties de IViIle, édifices et monuments, scènes de rue et d'intérieur, Won pinisionne sous ses diverses formes. Sans doute, leur Vilott documentaire est fort inégale et c’est à la critique qu’il Apantiont, de la discerner. Seule la photographie est irréproCAO, de ce point de vue. Mais, même très interprétée, la (Iftration constitue une précieuse matière pour l'observation ML urbain dans le passé — au même titre que les plans cavaler précédemment signalés. La vie, grâce à une observation attenLive, s'en dégage. Des précisions en ressortent, qui portent sur Ifipeët d'un coin de Paris, la silhouette urbaine, la place d’un AANiee ans la ville, le genre d'existence de telle ou telle partie (lt Kociété, la physionomie de la rue, lanature de certains lieux. Menchtactère de la ité parait à travers telle ou telle scène de More, telle ou telle représentation de ses habitants ou dans la à Hode d'une époque. Il y a là une documentation considérable,

poine dégrossie, un vaste champ d’explorations très utile à parcourir, si l'on est guidé par une solide culture générale jointe à ce quon poub appeler le sens du passé. Le seul travail critique d’en“emble dont eotte ample matière ait été l'objet est celui de Bon-

VUÉËS

DE

TOUTES

SORTES

IX

nardot, et encore est-il resté manuscrit. Grâce aux bons soins d’un ami de la Bibliothèque de la Ville, cette œuvre, qui fait honneur à son auteur, est conservée dans ce dépôt. Elle se complète par un catalogue de liconographie parisienne, dressé par cet établissement dans les années ayant précédé la guerre de 1914 et qui allait être imprimé lorsque celle-ci survint. Comment résumer tout l'intérêt qui s'attache à de tels documents ? Voici, dans les premiers temps du xrve siècle, le GrandPont en son animation journalière, la vie de la Seine à ses pieds, les arfèvres et les changeurs dans les boutiques qui le bordent, le va-et-vient des passants, le spectacle diversifié de la rue parisienne à cette époque lointaine. Voilà, se profilant sous nos yeux, un siècle après, le Louvre et le Palais et, un peu plus tard, mais toujours au cours du xv® siècle, le gibet de Montfaucon, le donjon du Temple, les lignes sombres de la Bastille ou le rempart de la rive droite avec ses portes. La vignette qui orne la couverture du présent volume peut donner une idée de l'intérêt de ces vues: c’est la reproduction d’une miniature du xve siècle, attribuée à Jean Foucquet et représentant l’entrée solennelle de Charles V à Paris, le 28 mai 1364, après son sacre à Reims; on y voit, outre le cortège royal, le rempart percé des portes Saint-Denis et Saint-Martin «et, au fond, le donjon du Temple et la Bastille: c’est le Paris du xve siècle se révélant à nous. La place de Grève, accompagnée de la rue de la Mortellerie et avec, au fond, la partie Nord-Est de l’île de la Cité, s'offre à nous en une autre miniature, au temps de Charles VIT. Nous la retrouvons sous la Ligue, avec son animation populaire que domine l'Hôtel de Ville de la Renaissance. Que dire des gravures ? Avec Chastillon, Callot, Mérian, Flamen, Zeeman, Sylvestre, Perelle, etc., le Paris d’Henri IV, de Louis XIII et du Grand Roi défile sous nos yeux. L’admirable paysage de Seine avec le Pont-Neuf au premier plan nous est révélé dans l'éclat du Grand Siècle. Ce pont ainsi que le fleuve et ses bords en aval, les voici pleins de vie dans l’estampe de Stefano della Bella (1646). Puis, ondoyante et diverse, passe devant nous, dans.le cadre harmonieux de Paris, la société du xvirre siècle.

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CITÉ

Nul ofont à faire pour ressusciter la cité d'alors, il n'y a qu'à togardor : elle vit, Ces images expriment la ville. Saint-Aubin, donuvat, d'autres encore nous procurent cette exquise sensation de pansé, Rigaud nous promène dans le Paris de Louis XV, et lon pièoos auxquelles s’attachent les noms de Durand et Janinet, dolostard, Sergent et Le Campion nous conduisent plus avant dune siècle, en maintes parties de cette ville, devant de nomIon édifices. Prieur fait, par ses dessins, surgir à nos regards lnioïté révolutionnaire que nous retrouvons ainsi que celle du tomoncoment du siècle suivant, par exemple dans les petites pidcon do Dorgez, les évocations précises d’Opiz ou les séries du Buprème bon ton et du Bon genre. Au xix® siècle, voici, parmi Wantros, au début, Girtin, avec ses paysages urbains d’un sens Mnntintique, Nattes avec de curieux aspects de notre cité, Les lithographies de Marlet (1821), la suite de Chalon (1822) qui domabituent d'intéressants tableaux de mœurs de la RestauraWon, Landis que des vues de divers endroits du Paris d’alors tamplissent le recueil du peintre-graveur Damame-Démartrais (18) ot celui de Bacler d’Albe (1822). Notations plus spéciales, ob nant parler des séries de Cris de Paris depuis le xvit siècle, Voiul los femmes de Paris, de Lanté et Gatine, et la suite danrmillot pour les premiers omnibus. Ce sont, à la date de 1827; los fraiches lithographies coloriées de Delarue qui nous Montrent le boulevard de Gand devant le glacier Tortoni, ou 6 boulevard du Temple garni de théâtres, ou le jardin des Huileries à l'heure mondaine. Ce sont aussi les lithographies en couleurs de Lhomas Shotter Boys (1839), qui forment une série da bableaux de divers coins de Paris; c’est la Promenade dans Parisot ses environs, dessinée d'après nature et lithographiée, pan Jacobtot et Ph. Benoist (1840); ce sont les nombreuses gravures auxquelles est attaché le nom d’Arnout et qui pourHiont prôter à l’examen de l’évolution qui a conduit la figutation de Paris au point où elle apparaît avec Martial Potémont, mubour «de Hrois cents caux-fortes « dont la première, dit-il, matt faite on 1843, la dernière en 1866 ». « Sauf quelques dessins anciens, ajoute-t:il, elles donnent une idée de l’état de Paris un

DOCUMENTS

D'ARCHIVES

XI

peu avant eb pendant cette période». L'état de Paris : voilà, en effet, ce que fournit cette suite précieuse; vous n’y trouverez point dé scènes animées, mais le rendu des rues et des maisons. C'est, en tant que valeur documentaire, ce qui se rapproche le plus de la photographie. La découverte de Daguerre en 1839 n'a pas attendu de pouvoir être utilisée de façon directe pour entrer dans la représentation de Paris. Dès le début, on rencontre des recueils qui en sont dérivés: tel Paris et ses environs reproduits par le daguerréotype. Et je n’ai point mentionné Boilly, Pigal, Monnier, Philipon, Bouchot, Traviès, Adam, Lamy, Gavarni, Daumier, etc., dans l’œuvre desquels revit la société de la première moitié environ du xix® siècle. Je n’ai point fait état de l’ensemble des gravures sur bois reproduisant tant d’aspects de notre cité, dans les journaux illustrés. L'image de Paris à travers les âges, c’est tout un monde qui s’ouvre aux chercheurs. De ce monde passons dans un autre, qui est composé des innombrables pièces d'archives se rapportant à cette ville. Ces pièces forment la base solide de la connaissance d’une vie de cité. Leur apport consiste dans une donnée urbaine, qui nous est fournie indépendamment de toute préoccupation de chroniqueur ou d'écrivain; cette donnée ressort de la pièce elle-même : contrat de vente, donation, concession de droits ou de privilèges, acte judiciaire, règlement, compte, etc. C’est là, pour l'observation du fait urbain dans le passé, un élément impersonnel. Les pièces d'archives éclairent les temps écoulés sur une quantité de points qui autrementresteraient plongés dans une nuit profonde. Que saurions-nous, par exemple, de Paris aux âges mérovingien et carolingien ainsi que sous les premiers Capétiens, sans le secours des diplômes et chartes ? Comment, sans l’aide des pièces d'archives, en reconstituer l'aspect topographique au moyen âge, connaître les institutions le régissant, être renseigné sur la condition des personnes et des terres ? Le parti à tirer de ces pièces diffère selon leur nature et leur date. S'il est des règles de critique communes à toutes, il en est d’autres particulières à tel ou tel groupe. En outre, l'importance de ces pièces en soi n’est plus aussi grande à dater de l'époque moderne, époque où elles

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deviennent extrêmement nombreuses ot où se trouvent, en face dolles, d'autres sources de la connaissance du passé qui se sont développées. ÿ Un grand nombre de documents d'archives ont été publiés. Morocueil le plus copieux à cet égard est celui que forment les Won derniers tomes de l'Æistoire de la ville de Paris de Félibien Oobincau. La collection éditée par la Ville sous le titre d’AHisle réntrale de Paris, celles qu’elle a semblablement publiées Hi Révolution, enfin les publications de la Société de l’histoire de Paris ot de l'Ile-de-France en renferment beaucoup. On dm rouve également dans la Collection de documents inédits œun histoire de France. Des recueils spéciaux existent dans ce Mme ordre d'idées, tels que le Recueil des letires patentes, ordonNanou royales, décrets et arrêtés préfectoraux concernant les voies Hubliques de Paris, publication municipale datant de 1886 et Hütompagnée de deux suppléments parus en 1889 et en 1902, Gi 16 Chartularium Universitatis parisiensis de Denifle et ChatelMn(lanis, 1889-1897, 4 vol. in-49), Je ne saurais citer les ouvrages partiouliors ayant vu le jour aux x1x° et xxe siècles et dans lotquels figurent des pièces d'archives relatives à Paris. De ces pidcon il reste un nombre incalculable qui n’a pas été publié. Won Archives Nationales constituent le dépôt le plus riche, de dd point de vue. On se reportera, pour le signalement de ces pièces, au Répertoire des sources manuscrites de l'histoire de Paris. 1 Dipouillement d’inventaires et de catalogues (Paris, 1915-1916, Bol. in-80), œuvre entreprise par le Service historique dela Ville on 1907. Lie Répertoire général des sources manusrrites de l'his10e de Paris pendant la Révolution française, par A. Tuetey (Mani, 1800-1914, 11 vol. gr. in-80), conçu de façon plus analyliquemais malheureusement inachevé, y fait suite. SemblableIONL, diverses séries des Archives Nationales ont été analysées, du point de vue de Paris, par les soins du Service historique de Im Ville depuis 1907 ; les fiches provenant de ces dépoui lements OL classées par ordre alphabétique de matières remplissent de nombreuses boîtes à la Bibliothèque de la rue de Sévigné. Aux documents écrits appartiennent en second lieu les chro-

DOOUMENTS

NARRATIFS

XII

niques, annales, histoires, mémoires, journaux, en d’autres termes les récits plus ou moins étendus et plus ou moins particuliers que des auteurs nous ont laissés des événements. Ces récits n'offrent naturellement pas le même degré de certitude que les pièces d’archives. Nous sommes ici en présence d'œuvres où se manifeste, avec tous ses risques d'erreurs, la personnalité humaine. La connaissance des faits ne nous arrive plus directement, elle passe par un intermédiaire pour venir jusqu’à mous. Le rôle de la critique, en ce cas, est de dégager les faits des albérations qu'ils ont pu subir. Étant donné un document narratif, il convient de mettre en lumière la personnalité de l’auteur, de discerner les influences d'éducation et de milieu, de saisir la trace des sources utilisées, d'éclairer le texte par le moyen, s’il est possible, des pièces d’archives. Un tel document, ainsi traité, devient fort utile pour l'observation du fait urbain. Il éclaire à son tour les pièces d’archives, renseigne sur des événements dont celles-ci portent seulement la trace, révèle les mobiles d’actes historiques, aide à établir une. liaison entre les choses, fournit des indications sur l’état d’espiit d’une société, en un mot vivifie la connaissance d’une époque. À titre d'exemples, nous devons à Grégoire de Tours les plus précieuses données sur Paris au vie siècle, Abbon a retracé en témoin le siège de cette ville par les Normands, l’œuvre de Suger est riche en renseignements qui contribuent à faire revivre notre cité au xrr° siècle, et que ne doit-on pas, pour lerègne de Philippe Auguste, à Guillaume le Breton et à Rigord ? Une chronique parisienne anonyme, publiée au tome XI des Mémoires de la Société de l'histoire de Paris, contient des faits curieux se rapportant à la première moitié environ du xrv® siècle et qui ne sont pas mentionnés ailleurs. Que dire du Journal d'un bourgeois de Paris, de 1405 à 1449, publié par la même Société en un volume à part (1881, in-80) et qui nous rend vivante cette cité, en la sornbre époque que fut la dernière partie de la guerre de Cent Ans ? Les chroniques générales, comme les Grandes Chroniques de Lrance où comme celle de Froissart ou telles que, pour le règne de Louis XI, la Chronique scandaleuse par Jean de Roye, abondent

UNE

VIE DE CITÉ

où ronsoignements sur Paris. La série des chroniques parisiennes no continue par le Journal parisien de Jean Maupoint, de 1437 à 1409, publié dans les Mémovres de la Société de l’histoire de Paris (877) ob par le Journal d'un bourgeois de Paris sous le règne de Drançois 10, édité dans la Collection de textes pour servir à l'étude tWaonsoignement de histoire, Sans parler du Livre de raison de Mivolas Versoris ni des journaux de deux religieux de SaintMidtor, Pierre Driart et François Grin, se rapportant également UNIS pièce. Le journal de l’Estoile offre, du point de vue panition, un vif intérêt pour la fin de ce siècle et le commenceMon du suivant. Il serait aisé de multiplier ces exemples en oitanb les mémorialistes qui se sont succédé dans les trois derMiomsnidcles, en montrant ce que l’on peut tirer, pour la connaisMano de Paris au milieu du xvire siècle, des divers récits relaWar troubles de la Fronde, en rappelant, pour le xvrre siècle, lümuvres de Barbier, d’Argenson, Bachaumont, etc., en souliWuunt, pour ce même temps, l'intérêt particulier du journal de Hardy, en jalonnant de noms connus d’auteurs de mémoires Guido souvenirs le cours du xrx° siècle. Deux collections sont tonmacréos à des publications de cette sorte : celle de la Société do l'histoire de France et celle de la Société d’histoire contemporaino Afin de s'orienter dans cette vaste étendue documenWine, le secours d’un guide comme celui que constituent Les souwroes de l'histoire de France depuis les origines jusqu’en 1815, on cours d'édition à la Librairie Auguste Picard, est fort utile. Dos auteurs précédents, il convient de rapprocher ceux qui Housont laissé des descriptions du Paris de leur temps, les récits dawoyageurs, les tableaux de mœurs. Jean de Jandun au comMéncoment du xrve siècle, Guillebert de Metz un siècle après Onbdéonit la ville qu'ils ont connue et admirée (édition Leroux A LiNOY, Paris et ses historiens, dans la collection de l'Histoire Wünéralede Paris). Voici, d'autre part, les voyageurs : Arnold Van. Buchol, 1585-1586 (Mémoires de la Société de l'histoire de DANS, LV XXVI); Dallington, vers 1598 (traduction française; Vomanillos, 1802, in-80): Thomas Platter, 1599 (Mémotres de la Boot de L'histoire de Paris, &. XXIID); Thomas Coryate, 1608

DOCUMENTS

NARRATIFS

:

XV

(lbid, 4, VI); Antoine de Rombise, 1634-1635 (Zbid., &. XIII); volyn, 1643-1652 (en supplément à l'édition de Lister ci-desHoub), los frères de Villiers, 1656-1658 (Journal du voyage de deux Tone Hollandais à Paris, édit. Faugère; Paris, 1899, in-80); Doontalli, 1664-1665 (Voyage en France, trad. A. Vautier ; Paris, M0 in280); Lister, 1698 (trad. de la Socicté des bibliophiles (MaMÇOIN; Paris, 1873, in-80), etc. Le Tableau de Paris de MerDOWN évocateur de notre cité à la fin de l’ancien régime, peut Doumobbe, de caractériser le genre tableau, très répandu au Mb widcle ot pour lequel une bibliographie spéciale, dressée paul Lacombe, est fort utile à consulter. Doimouvrages servant d'indicateurs de rues ou de guides, Win voux de De Chuyes et de Colletet pour le xvrre siècle, uMbolH oncore que le Séjour de Paris, par Nemeitz, qui se rapporte BAL PE do la régence du duc d'Orléans, constituent un autre Won do documentation à ne point négliger. Oniorn parcillement état des nouvelles qui circulent impriMO partir du xv1e siècle, sous la forme de plaquettes s’adresMb pan lo récit d'événements du jour, à la curiosité publique. Dninnnn lattention attirée sur les pièces qui sont un appel à Dopiion publique, sur les pamphlets que les agitations de la Ligue DnbMnib clore où sur les Mazarinades — pour ne prendre que doboromples elles ou telles de ces pièces sont vraiment évocaMo dun moment ou d’un aspect de la vie de Paris. En 1631, joua proprement dit se montre dans cette ville avec la Ganuiio hebdomadaire de Théophraste Renaudot, mais il faut NON jusqu'en 1777 pour trouver la première feuille quoti(MN Lo Journal de Paris. Le nouvelliste est un type parisien WooMloquel il faut compter à dater du xvrre siècle. La poconde classe de documents écrits que je viens de passer DOVE, OÙ à laquelle s'applique la dénomination de sources narWWE histoire, confine à une troisième classe formée des “NON littéraires, c'est-à-dire des œuvres de pure imagination ou 0 wollos qui n'ont point pour objet, à proprement parler, le Huit dos événements ou la description des mœurs, ou dans les-

Quüllon lo souci do la présentation littéraire est prédominant,

XVI

UNE

VIE DR

CITÉ

Cotto classe, pour être en général d’un rendement moindre que lü précédente, ne doit pourtant pas être négligée. Elle constitue Uno ainplo matière à l’observation du fait urbain. Certaines des Wuvres qui la composent éclairent, sur tel ou tel point, la vie past do la cité mieux que des pièces d’archives ou des chroDiquos. Des chansons de geste, des fabliaux fournissent maintes données sur Paris. Les sermonnaires des xr° et xrne siècles Honbpour nous une autre source d'informations. Le Tornoiement as dans de Paris évoque la haute bourgeoisie de cette ville à Mipoque de Philippe le Bel. Voici, à travers les poésies d'Eustache Deschamps, des échappées de vues sur notre cité dans la promière partie du règne de Charles VI. Au xv® siècle, des auteurs comme Villon, Martial d'Auvergne, Coquillart, les épitres de Touvenel des Ursins, des mystères, moralités et farces, des serMons Vols que ceux de Maillard et de Menot jettent une singulibre lueur sur Paris. La poésie de la Renaissance délicatement louldve, pour nous, quelque coin du voile qui enveloppe le passé. Co n'osb pas un simple plaisir littéraire que procure l’œuvre oXquise de Ronsard; en la feuilletant, quelque image du Paris d'alors surgit çà et là à nos yeux. Comment, du reste, comprendre dobbo époque de la vie de notre cité sans de semblables œuvres ? Bulhost exact de dire qu'un mouvement littéraire est le reflet de lon tonps, cela est surtout vrai d’une pareille époque où la littéLabure été une part même de la vie et a agi fortement sur celle-ci. Au surplus, en un centre tel que Paris, la littérature et l’art font, de fayon générale, partie de l’existence propre de la ville. Le Uiéâtre notamment est incorporé à cette existence. TouLolois, certains temps sont plus caractéristiques à cet égard, tels ln Ronaissance, le règne de Louis XIV, celui de Louis XV et le Romantisme. Avec la civilisation de nos jours, l’importance de dotte donnée dans la vie de la cité décroît. Que dire, pour ne oibor que quelques exemples, de tout ce que la connaissance de Paris peut tirer des romans de Sorel, des comédies de Molière, des Caractères de La Bruyère, des lettres de Mme de Sévigné, du théâtre de Dancourt ou de celui de Beaumarchais, de romans tels que la Vie de Marianne ob le Paysan parvenu de Marivaux,

DOCUMENTS

LIDMTÉRATNNS

STATISTIQUE

XVII

lo Diable boiteux de Lesage ou Faublas, des ouvrages de Restif dé la Bretonne, de l’œuvre immense de Voltaire, de celle de Diderot, de la prodigieuse Comédie humaine de Balzac ? Loutetois, on ne saurait traiter les œuvres littéraires, pas plus que les œuvres d'art, comme de simples documents. Avant tout, elles doivent être, pour nous, des sources d’impressions. Il faut se Mettre en garde contre certaines exagérations de l’exégèse actuelle qui tend à faire subir, sans profit pour l’histoire, indisinctement le même traitement à une belle œuvre de littérature ëb à de sèches annales rédigées par quelque moine obscur du Moyen âge. Certes, la critique historique ne doit pas perdre ses droits, mais c’est affaire de mesure. Il y a une limite au delà de laquelle on tombe dans une vaine curiosité de loge de concierge OM dans un pur dilettantisme critique, l’œuvre que l’on prétend @idior finissant par perdre sa raison d’être. On consultera avec IMtit pour l’utilisation de cette classe de documents, les HisLüiren do la littérature française. Lobhonvation du fait urbain s'effectue par la statistique. Mais OULIOCrnière, dans ses applications rigoureuses, n'intervient HAL lo x1x° siècle. En ce qui concerne Paris, elle forme la Hide d'une publication indispensable à consulter : Recherches dMMBUqUeS sur la ville de Paris et le département de la Seine, en DATI so rapportant à la période qui va de 1817 à 1856. Il y lb joindre la Statistique de l'industrie à Paris, d’après les enquêtes Ibn par la Chambre de Commerce pour les années 1847 et 1848 Upoumlannée 1860 (Paris, 1851 et 1864, 2 vol. in-fol.), et cette Him publication de la Chambre de Commerce : Enquête sur les nions du travail en France pendant l’année 1872. DéparteMontana Seine (Paris, 1875, in-fol.). Depuis 1880, paraît PAnMare statistique de la ville de Paris, contenant d’abondants renloinoments sur l'organisme urbain, mais qui gagneraient beauCOtip à Alro, de ce point de vue, présentés de façon synthétique Obraduits en graphiques, au lieu d’être simplement mis bout bout. ainsi que les divers Services de la Préfecture de la Seine lon ont fournis. En outre, cet Annuaire ne renferme pas toutes lon données urbaines qu'on devraity trouver. Il pèche par la base, b

Re DATI

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VIN DA

C1

comme le Service même de la stalistique qui 08 conçu sur le Lypo d'un bureau administratif, au lieu d'être un véritable rouaue Acientifique, et qui, de plus, ne sort point des limites laoticos des fortifications, alors qu'il devrait comprendre l'enromble de l'agglomération parisienne. Telest le défaut de méthode, dans l'administration municipale française, que même la Ville de Paris n'a point, à proprement parler, de service d'observation dons urbains. Il convient d’assigner une place à part au Livre loneterque cette Ville a publié, dont le dernier volume paru est MU, et qui renferme d'excellents tableaux de statistique Munôrique et graphique sur maintes données relatives à Paris (Wropriétés, constructions, loyers, contributions, octroi, espaces lbron, voies, mouvement des voyageurs et des marchandises dun ville, approvisionnement en eau, égouts, salubrité, etc.). Comme complément à cette publication, il y a lieu de citer les Mannaignements statistiques. relatifs aux contributions directes, tm lo département de la Seine, présentés annuellement sous one aussi de tableaux numériques et graphiques. A culn s'ajoutent les Cartogrammes et diagrammes relatifs à la Population parisienne et exécutés pour l'Exposition de 1889, Aya de statistique graphique de la Ville de Paris, pour les années 1888 ot 1889, et portant sur la population, son bien-être, son Hpprovisionnement, Poctroi, la circulation, etc. Les publications Hpüvinlos émanées de l'Office des habitations à bon marché du düpartement de la Seine renseignent sur la question du logeMont, Landis que les rapports publiés annuellement par les SerWivos do l'approvisionnement de Paris à la Préfecture de la Wüino, outre qu'ils fixent nos idées sur la capacité d'absorption dt Vontre de cette ville, permettent de connaître la provenance 10 00 que celle-ci consomme. De ce point de vue, la Préfecture do police aussi apporte sa part d'informations, comme elle fournit dos éléments pour la des ét i tue la circulation. En ce qui à trait à l’industrie, on ne manQuora pas d'utiliser les publications de l'Office du travail spéoinlon à Paris ou au département de la Seine et telles que celles hu l'alimentation eb le vêtement dans cette ville, parues en

STATISTIQUE AU 01 en 1896. Les enquêtes s'ajoutent aux statistiques proDromont dites pour permettre l'observation aussi directe que pouble du fait urbain. üttelois cette matière particulière à notre cité a besoin d’être Cuiplôtée par des statistiques où relevés d'ordre général, par départements notamment, œuvre surtout de l'État. Je ne sauNO livrer ici à une énumération totale. Mais comment, parmi UMtIDeuments qui servent à faire connaître l’organisme urbain COMM porain, n’en pas mentionner quelques-uns ? Voici, pour la Nüpulation, sa composition, sa localisation, les Résultats statistiMt recensement général de la population et Album graphique dla statistique générale de la France qui se rapporte au recenseINont de 1901. Voilà, du point de vue industriel et commercial, (MoN iniportants recueils dont les deux premiers émanent du Mitistère du Commerce : le Rapport général sur l'industrie franGuise (1919), l'Évaluation de la production d'après les renseigneMONS fournis par les Chambres de Commerce (1910) et les siatislues administratives (1912), publiée en 1917, en deux volumes, Onin LAnquête sur la production française, œuvre de l’Association fülionale d'expansion économique (1917). On pourra se reporter HUM à la Srauistique de l’industrie minérale :t des appareils à Capour en France, publication annuelle du Ministère des Travaux Publics. Le Bulletin de statistique et de législation comparée, que Ministère des Finances fait paraître depuis 1877, n'est pas un Tüportoire à négliger, sans parler d’une publication portant le HAINE Lilre et due à la Direction générale de l’Enregistrement. LaNollent Album de statistique graphique, publié par le Minis(ro es Travaux publics depuis 1879 et malheureusement arrêté, ConMliLue uné source de précieux renseignements, en ce qui Concerne les moyens de transport. Le Tableau général du comMOrce et de la navigation fournit des données sur le mouvement ton importations et des exportations pour Paris et sur le rôle tue joue cette ville du point de vue du transit commercial, La Siatistique de la navigation intérieure s'ajoute à celle des chemins do for pour aider à dégager les grands courants de ciroulation

Qui no rattachent à li cité immense de nos jours, Lo Pulloiin

. UNE

VIE DE

CITÉ

Monsuel de l'Office de renseignements agricoles ainsi que la Statis:“dique agricole annuelle eb d'autres publications du Ministère de lpriculture, elles que la Novice sur le commerce des produits “uyotes (1906-1908, 2 volumes), peuvent servir à marquer les Montontre la ville et les champs circonvoisins. Ainbivocuoillis aux sources de toutes sortes successivement IMdiquées plus haut, faits, impressions, données diverses doivent daapprochés et classés d’après les époques, de façon à perIMObUHO do, suivre l’évolution urbaine, autrement dit la vie Dibpuo. do la cité depuis sa naissance jusqu’à nos jours. Les dvénoments dont la ville a été le théâtre — et c’est pour Paris … Uhisboiro ième de la France — ne sont susceptibles de retenir … Püttontion qu'autant qu'ils ont agi sur l'organisme urbain ou

Qui rensoignent sur l’état de ce dernier. Mais la documenta-

“ion spétiale à Paris, pour complète qu’elle puisse être, reste “naubisante on soi. Il est indispensable de l’éclairer par la conMMANCE générale des conditions eb des manifestations d’exislon ob do développement des villes. Il faut embrasser un large Momzon, so rendre compte des tenants et des aboutissants, saiWbharmonie universelle. Il importe de dégager, aux diverses les chemins qui conduisent à la ville, d’en reconnaitre be. (ous, lat, ; d'en marquer le caractère, ; d'observer, P par ce moyen. q yen, lnoité dans ses liens multiples avec le vaste monde. Dore point de vue, on ne manquera pas de faire état de la Qunto de Peutinger et de l'Itinéraire d’Antonin pour l’époque Qüllowomaine, des itinéraires de pèlerinages qui existent depuis lo siècle, d'ilinéraires D particuliers q que l’on rencontre depuis 1b Xi biècle, des lieux de foires que l’on peut dégager dès le —nidcle, de la localisation des hospices qui jalonnent les grands üliemins au moyen âge, des cartes routières comme celle d’AlleWagne imprimée à Nuremberg en 1501, de récits de voyages tels tue celui qu'a laissé le marchand Philippe de Vigneulles, contomporain de François Ier. A partir du xvr siècle, se succèdont los ouvrages consacrés aux routes ; ce sont, pour ne citer que los principaux en France: La totale et praie description de

lous les passaiges, lieux et destroict, par lesquels on peut passer

CARTES

ET

GUIDES

ROUTIERS

XXI

Lontron des. Gaules ès Yiales, de Jacques Signot (Paris, 1515, OU in 40); — La guide des chemins de France, de Charles Lationne, ot dont les éditions vont de 1552 à 1623; —— la SomNo description de la France, Allemagne, Tialie et ae avec la Huidondes chemins, de Théodore de Mayerne-Turquet (éditions ALBUM 1653); — la Liste générale des postes de France de 1708, HUM dUN volume annuel jusqu'au milieu du xrxe siècle; — M None description de la France et le Nouveau voyage de Lance de Piganiol de La Force (éditions de 1715 à 1780) ; Dndivateur fidèle ou Guide des voyageurs, de Michel et Das 0quiANO présente sous la forme d’un atlas de cartes routières (üditions de 1764 à 1785). Si l’on y ajoute des documents. graPliiques comme la carte des routes postales dressée en 1632 pur Nicolas Sanson, la carte de Cassini pour le xvrrre siècle, Güllo de MÉtat-Major pour le xixe siècle, sans parler des cartes spéciales visant la région parisienne ou le département de la Wine, on aura l’ensemble de la documentation permettant de dépagor, aux diverses époques, le système général des voies par apport à Paris, d'observer en particulier l'étoile de routes que lonme cette ville depuis le temps de Colbert. À la simple insPodtion d'une carte de France apparaîtra la convergence des Wunaux vers Paris où le rayonnement des chemins de fer, symhalddu rôle de capitale que joue cette cité. Comment serait-il possible d'étudier isolément une telle ville, üutous de laquelle s’est constituée la France? Pas plus qu'on ne taumaib isoler géographiquement, on ne peut faire abstraction, NON Fujet, du pouvoir royal ou gouvernemental auquel elle Honb do siège. Ce sont là d’autres données générales dont l’intervontion impose pour expliquer Paris. Il faut saisir le caractère 10 vo pouvoir, le suivre dans son action et dans ses progrès, «lin do com prendre la capitale française. - Onchorchorait vainement, parmi les biens ouvrages consaann à Paris, la vie de cité dontje viens d’esquisser le programme. débuts, histoire de Paris nous apparaît sous les traits de

ko antique, assomblouse de légendes. Elle a pris naissance dune uns boutique de libraire de la Cité, au térp Jo Fran

UNE VIE DE GÉ Qüin Iu, Lo promier en date des historiens de Paris, Gilles Cor(0201, appartenait à ce milieu littéraire si curieusement vivant

Qui inarque l'aube de la Renaissance française : dans la joie

(Ua VAI, il étudiait et produisait sans relâche ; son œuvre comdes - prond des traductions — car il était polyglotte émérite — fhAnteIh d'édification et d'instruction morale, des ouvrages temps, Entre poésies. des circonstance, de pièces des (ltitoire, de MU iaiL des livres « en la grand’salle du Palais, du costé Ahdhappelle Messieurs ». L'importance de Paris, les grands soureculer faisaient historique rôle son à Von qui s'attachaient (LE un prestigieux lointain les choses de son passé. Des légendes auxTloLbaient éparses, que l’on retrouvait dans divers recueils quols Corrozet les emprunta. Avec ces légendes, quelques faits Hndintéressantes données sur des événements contemporains, » — MOI La Aleur des antiquitez… de Paris, « petit livret au (bio il l'appelle — qu'en 1532, à l’âge de 22 ans, il livra

propos. Public, Certes, ce n’est qu’une fleur, mais qui Pour Gpuseule vint donner satisfaction au désir de connaitre ce qui 1532, ALL relatit à Paris. Il eut du succès : en cette même année des ne nouvelle édition parut, augmentée de la liste des vues,

dplines ob des collèges. D’autres éditions suivirent, témoignant

(lola vogue constante de l’ouvrage. Lo Tin 1550, nous retrouvons ce dernier, mais profondément sa géné(Ni6, La pensée de l’auteur a müri. Comme les hommes 1 moins HAUON, il a été touché par le scepticisme. Ilest plus réfléchi, de puindonné aux fables : confusément, il éprouve le besoin Qi No Aux Sources documentaires. Toutefois, il ne va qu Libre elles qui frappent le plus facilement l'œil et l’imaginasoude peuplent qui inscriptions autres et (un: les épitaphes il les Vonirs les cloitres et les églises attirent son attention; en quelque publie dans son livre, dont elles viennent former de 1550, hore les pièces justificatives. Les Antiquitez... de Paris, ancien ous ob augmentées en 1561, constituent ainsi le plus! Mais ouvrage auquel on puisse donner le titre d’histoire de Paris. de Corrozet à l'histoirereste bien imparfaite. Essayons, liniliation Voyons-le pour on juger, de saisir sur le vif son mode de travail.

HISTORIENS

DE

PARIS

XXIIT

quiblant sa boutique du Palais ou son domicile de la rue de la Viville:Draperie en la Cité et circulant à travers Paris: il s’arrête pour examiner un sarcophage qu’on vient de découvrir en faisant un pavage, ou bien pour se rendre compte des rues qu’on perce, dos travaux qu'on exécute, ou encore pour admirer les beaux hôtels, les édifices de « style moderne » qu’on vient de construire Où qu'on est en train d'élever. Notre auteur pénètre dans les dglises et monastères; les chartes et manuscrits anciens qui #y lrouvent sont lettre morte pour lui, mais il interroge les hrêtres ou les religieux instruits et note ce qu'il apprend; Burtout, il regarde au long des murailles des cloîtres ou dans los nefs et les chapelles, et il transcrit les inscriptions en belle gothique moulée, gardiennes de la mémoire des hommes. Rentré chez lui, il consulte, en des éditions manquant de critique rigoureuse, les auteurs de divers âges que tout homme cultivé connaît. Il accorde aussi, dans son travail, une place aux faits du jour, qu’il enregistre. Et avec tout cela — auteurs, traditions, épitaphes, résultats de son observation, événements contemporains — il bâtit, suivant son expression, sa petite ville ot écrit un livre d’antiquités à la mode du temps, c’est-à-dire touffu, anecdotique, souvent naïf, un livre tirant pour nous son intérêt avant tout du charme du passé qui s’en dégage lorsqu’on le feuillette. Toutefois, l'édition de 1550, dans laquelle Corrozeb s'exprime avec dédain sur son ouvrage La Fleur des antiquitez et dit qu’il l’a « supprimé et mis à néant », ne mit pas complètement finà la vogue du « petit livret » primitif : on le réédita en 1555. La mort de notre auteur, survenue en 1568, n’arrêta pas la dostinée de l’œuvre qu’il avait entreprise. La veine fut exploitée, ‘ après lui, par une famille de riches libraires parisiens, les BonJons, qui s’ paient particuliè tder blications populaires ol avaient repris, à l'enseigne Saint-Nicolas, rue Neuve-NotreDame, la suite de Pierre Sergent, éditeur de La Fleur des antiquitez ün 1594, 1535 et 1543. La veuve de Jean Bonfons, puis son fils Nicolas donnèrent des Antiquités. de Paris de Corrozet une série d'éditions tenues à jour on ce qui concerne le récit des événe-

XXIV

UNE

VIE

DE

HISDORIENS

GIn

e

ior, à utilisées. Un pas de plus va être fait : les chartes vont à leur tour être tion à profit. En 1605, Pierre Bonfons, fils de Nicolas, publie D AUSIS, antiquitez et choses plus remarquables de Paris, ouvrage Mie Rubaiste de Corrozet presque plus que le souvenir et qui, pus la place qu'on y à donnée aux pièces d'archives, prépare UMAtOnCe 165 grandes publications sur l’histoire de Paris qui VonLAtuiVre. Nous sommes arrivés, du reste, à une époque où Ltioire, sous l'action de cette classe de documents, commence AGO niguillée dans le sens moderne. Des publications de pièces reves dans divers recueils sont à signaler dès le xvie siècle. DMOpanti qu'on tire alors de ces pièces est, il est vrai, assez rudiMONTE : on se borne à les déchiffrer et à en extraire ce qui paraît INLérOANL. La critique ne s’exerce pas encore sur elles. Ohio qu'il en fût, la voie était ouverte et il n’y avait plus qu'à Hyonpager. C'est ce que fit Jacques Du Breul, moine a SaintContne des Prés. L’antique abbaye de ce nom — où Du Breul (Laon on 1549, à l’âge de 21 ans, et où il mourut en 1614; A6 4080 ans ne formait pas encore le foyer qui a laissé dans études historiques une trace si lumineuse. Les monuments dt passé pouplaient l'enclos du monastère : tout un monde Gloint reposait à l'abri des vieilles murailles d'enceinte du “Vo iècle que dominaient les trois tours de l'église abbatiale; (OnMructions romanes et gothiques, tombes royales, chartes OL tanuscrits constituaient là pour lhistoire un admirable Unhonible. Mais, malgré l'appel du milieu, l’histoire ne s'était pas éveillée ob Du Breul se trouvait être, en somme, parmi. les religieux de ce monastère, une exception. On peut croire que sa vocation historique se révéla au contact des riches archives dont la garde lui avait 6t6 confiée de bonne heura, Toutefois, il no

DE

PARIS

XXV

les mit vraiment à profit qu’à une époque tardive de sa vie. Dans la sérénité d’une robuste vieillesse, il écrivit en latin l’histoire de l’abbaye de Saint-Germain-des-Prés et, par cebte hisLoire, arriva à celle de Paris à laquelle il consacra ses dernières

Monts du temps. En 1588, un autre genre d'additions est à signaJon : des gravures représentant des monuments funéraires eb ivre d'un artiste réputé de l’époque, Jean Rabel, viennent UMnle texte. Ce sont là les débuts de l'illustration dans FhisTee Paris. Jos sujets choisis soulignent l'influence, dans CUUM iNtoire, dés sources archéologiques que Corrozet, le pre-

années. Cest par une nouvelle édition des Antiquitez, de Pierre BonIons, qu'il débute, en 1608, comme historien de Paris. Il nous prévient qu’il est octogénaire et qu'il laisse à Pierre Bonfons le foin d'améliorer encore l’œuvre, car, pour lui, son grand âge l'avertit qu'il faut plier bagage avant de quitter la vie. Mais, entraîné par le goût des recherches et désireux de donner au public un nouvel ouvrage d'histoire parisienne, il se remet au travail et passe trois années à «rechercher et recueillir les antiquitez de Paris ». En 1612, il publie le Théâtre des antiquitez de Paris, où il s’est placé principalement du point de vue de Vhistoire ecclésiastique et qu’il a divisé en quatre livres : Cité, Université, Ville et diocèse rural. Ce n’est pas, à proprement parler, une œuvre nouvelle : Jacques Du Breul s’est borné à suivre la voie que Gilles Corrozet, puis les Bonfons avaient tracée; il à travaillé à la manière de ses prédécesseurs immédiats. Entre Les Fastes, antiquitez et choses plus remiarquables de Paris, de Pierre Bonfons, et le Théâtre des antiquitez, la différence porte sur le nombre et non sur la nature ou le mode d’emploi des documents consultés. Aussi, bien des parties de ce dernier ouvrage telles — quelqlquefois textuell t — dans Les se r t astes de Pierre Bonfons qui, lui-même, avait emprunté bon nombre de ces parties aux éditions antérieures des Aniiquitez de Paris, depuis celle de 1550 jusqu'à celle de 1588. Mais si Jacques Du Breul n’a pas innové en matière d'histoire parisienne, il a su, par l'étendue de ses recherches et le tour de son esprit, donher à son œuvre un intérêt particulier. Cette œuvre synthctise admirablement les connaissances d'histoire de Paris à l'aurore du xvrre siècle. Elle est en quelque sorte un reflet de ce temps, qu’elle contribue en outre à nous faire connaitre par de nombreux renseignements sur des hommes ou des choses de l'époque. Ce n’est certes pas un ouvrage bien

UNE ordonné:

IIBTORIENS

VIE DE Cr

Du Breul est décousu, bonhomme;

il aime l’anecdote

“0 conte un peu les « antiquitez » de Paris à la manière d’une

intoiro de veillée dite au coin de l’âtre. Son œuvre ne nous en Hpono pas moins par la haute probité intellectuelle dont elle Léon: L'auteur à eu un souci de l'exactitude, un respect du toumaent qui l'honorent grandement. Lo Mnédire des antiquitez de Paris suffit, durant de longues Mindos, à alimenter la curiosité du public en fait d'histoire de Witrine Réimprimé avec adjonction d’un Supplément, en 1639, NL encore Lui que nous retrouvons dans Les Antiquitez de la WU de Paris, éditées en 1640 et œuvre du compilateur Claude \nlinpre, Ce dernier a reproduit le texte de Du Breul; il en a Loto modifié assez souvent l’ordre; il en a retranché aussi Cane parties et il y a entremélé des additions utiles à con“tite pour lo Paris du temps dé Louis XIII. C'est également à Glatiie Malingre qu'est due la compilation publiée la même annte nie titre d'Annales générales de la ville de Paris, où l'histoire du rance et celle de Paris se trouvent rapportées par ordre Citonologique et qui ne saurait offrir quelque intérêt qu’en ce qui voncerne le récit des événements contemporains de l’auteur. Jo ne citorai l'abrégé du Théâtre des antiquitez de Du Breul,

É di

bite on 1664 par le poëte besogneux François Colletet, que

pouswouligner la durée du succès de ce dernier ouvrage. La même Atndo, Colleteb donna un Abrégé des Annales de Malingre qui n'oab à uliliser que pour la période comprise entre 1640 et 1662. Jusque vors la fin du siècle, l'œuvre de Jacques Du Breul resta Date dos ouvrages relatifs au passé de Paris. Le Paris ancien (bionvean de Le Maire, qui parut en 1685, n’est, pour tout ce qui à trait aux temps antérieurs à celui de l’auteur, qu’un résumé Otbainème un simple extrait du Théâtre des antiquütez de Du

L

Broul.

5

È

Cependant, l'histoire de Paris avait besoin d’être renouvelée. lle n'était plus en harmonie avec l’état des connaissances. De grande travaux d'érudition, œuvre de d’Achery, de Mabillon, de Du Cango, de Baluze, avaient eu pour effet de transformer Jhinloive : dans cob immense domaine du passé, des Lerrains

DE

PARIS

XXVIT

défrichés, des voies nourestés vierges jusqu'alors se trouvaient germaient, pleines de Velles avaient été percées, des semences vive de l'horizon agrandi. . promesses d'avenir, à la lumière plus et d’une importance urs révélate sorte quelque en Doux ouvrages des documents d’archives capitale pour l’utilisation et la critique Cange en 1678 et le De re avaient vu le jour : le Glossaire de Du bon Du Breul n’apparaisdiplomatica de Mabillon en 1681. Le de l’histoire, que comme fait plus, dans cette transformation la brume du passé. Dès le line figure naïvement souriante dans qui avait entrepris rencontré s'était inilieu du siècle, un homme à remplacer le Théâtre des un grand travail historique, destiné avocat au Parlement. Sauval, Henri nommé j'ai : antiquitez Nous le renC'était le fils de riches commerçants parisiens. de Rambouillet. Il nous controns d’abord dans la société de l'hôtel fatuité assez commune la chagrin, caractère un avec y apparait amoureuses d'usage. aux gens de lettres du temps eb les intrigues fort bonne heure, il se j1 était néanmoins grand travailleur. De t les archives compulsan ouvrage, son de n mit à la préparatio conservés à la du Palais, le Trésor des chartes, les documents du Châtelet et de Chambre des Comptes ainsi que les archives monaséglises, des chartriers les négliger l'Hôtel de Ville, sans . Très répandu dans tères, collèges, ni les collections d'amateurs fréquentant chez académies, des et salons des assidu monde, le », il consulte ceux qui les « illustres » et les «curieux de Paris les intéressant à son trapeuvent lui fournir des renseignements, iscours, diverses mémoires-d de forme sous adressant, leur vail en mémoires circulent dans parties de son œuvre. Des copies de ces du nouvel historien les milieux lettrés et propagent la réputation dénigrée ailleurs, l’œuvre de Paris. Bien accueillie dans tel cercle, également des modificas’en va ainsi, se complétant, subissant à l'âge de 53 ans, sans avoir tions. Mais l'auteur meurt en 1676, ses manuscrits dont la amis ses de un à pu la publier. 1 laisse En 1724, paraissent trois destince devient assez mystérieuse. et recherches des antiquités de Histoire : intitulés in-folio volumes avocat au Parlement. Ce la ville de Paris, par De Henri Sauval, Sauval telle que ce dernier n'est pas là, toutefois, l'œuvre de

#

ait donnée

IISTORTENS

au public.

C'est un assemblage

grossièrement

domatériaux divers : les éditeurs ont publié sans méthode,

—Hodiidations, ce qu'ils ont pu trouver de l’œuvre de Sauval, uma Lion dos ébauches ou de simples notes que des parties acheion ; il ont en outre apporté des additions au travail de cet “OU Nous nous trouvons donc moins en présence d’une hisLoredo Paris que d’un recueil mal composé de matériaux des“ini sonvir à cette histoire. Néanmoins, l'ouvrage abonde en Tonoipnements précieux sur l’état de notre cité aux diverses “Opaquon Los pièces justificatives, groupées dans le troisième Lomme contiennent des documents de comptabilité aujourd’hui pause Malgré tous ses défauts, cet ouvrage reste Pun des clasquon de l'histoire de Paris.:

…hilolivre auquel est attaché le nom d'Henri Sauval a vu le jour,

D pout dire que c'est à cause de l’entreprise dont le prévôt des Marchands Bignon chargea, en 1711, Michel Félibien, religieux énédietin de l'abbaye de Saint-Denis. Cet érudit, qu’un imporMinavail historique sur ce monastère avait fait connaître, Hogub la mission d'entreprendre, sous les auspices de l’'administraWionmunicipale, une histoire de Paris. Il mourut en 1719, ayant pounat, dans l'ensemble, cette histoire jusqu'en 1661. [Un de toWoonlrères, dom Lobineau, reprit l’œuvre inachevée. Il s’éta-

it

pour la publication, une véritable lutte de vitesse entre ce

lornier ot les éditeurs de Sauval. L’AHistoire de la ville de Paris, “loNlibion et Lobineau, ne parut qu'en 1725. Cet ouvrage, se déroulant dans l’ordre chronologique jusqu’à la date de 1721, mo cinq volumes in-folio dont les trois derniers sont consacrés Mbnpitcos justificatives. Il constitue, par ses deux premiers ones, la seule véritable histoire de Paris que nous ayons et, HE Ro8 trois derniers, le recueil de documents le plus ample et le

plus varié relatif à cette ville. . C'onb principalement

à la donnée

ecclésiastique que se rap-

: porte l'Histoire de la ville et de tout le diocèse de Paris, que l’abbé

Lobouf a publiée de 1754 à 1758, en 15 volumes in-12, Dans ce

livre, pour la première fois, lo passé des localités voisines clo Paris

DE

PARIS

XXIX

so Wouve ébudié eb présenté dans son ensemble, Cette A isloire de O8b une œuvre de haute valeur documentaire. Il importe Wen point séparer les additions dont Cocheris l’a enrichie dans ne nouvelle édition restée malheureusement inachevée (Paris, 1863-1870, 4 vol. in-80), ni les Rectifications et Additions compléentaires de Fernand Bournon (Paris, 18900, in-8°). 4 Si, pour l’histoire religieuse de Paris, Lebeuf est l’auteur par ONCllence à consulter — pour l’histoire topographique de la Iôte cité, les Recherches critiques, historiques et topographiques en “Ua bille de Paris, de Jaillot, publiées de 1772 à 1715, b Volumes in-8, dans l'ordre des quartiers et, par quartier, des uos eb accompagnées de plans, demeurent l'ouvrage capital. Pour l’administration de la cité, son approvisionnement, sa Voirie, les moyens de transport, hygiène, les mours, l’art urbain, on se reportera à la véritable mine de renseignements documentaires que constitue le Traité de la police du commisSaire au Châtelet Nicolas Delamare, qui comprend trois tomes inis au jour de 1705 à 1719 et la continuation de Le Cler Du Brillet formant un quatrième tome (1738). Si ce sont les édifices, hôtels, monuments, couvres d'art diverses, lieux publics qui retiennent votre attention, vous pourrez recourir à l'ouvrage de Sauval mentionné plus haut, pour le moyen âge et la Renaissance, el vous vous reporterez aux livres classiques que sont la Descriphion nouvelle de ce qu il y a de plus remarquable dans la ville de Paris, de Germain Brice, dont il existe une série d'éditions dépuis celle de 1684 en 2 tomes in-12 jusqu’à celle de 1752 en Volumes, — la Description historique de lu ville de Paris, de : Piganiol de La Force (Paris, 1765, 10 vol. in-12), — le Voyage Ditioresque de Paris, de Dezallier d’ Argenville, que lon consulte Nabituellement dans l'édition de 1778, —le Guide des amateurs ûb des étrangers voyageurs à Paris, de Thiéry (Paris, 1787, 2 vol. in-12). L'histoire de Paris, au cours du xixe siècle, reflète les divers modes d'activité historique qui se sont succédé alors. D'abord au service des idées politiques avec Dulaure et Saint-Victor, elle s'est orientée Vers les travaux de pure érudition consacrée

anis,

AA

aux.| ha fait de

Gale dite de PAisioire générale

cuéte par le préfet Haussmann et que sont venus comPor aux approches du centenaire de 1789, des recueils de jouments Sur la Révolution française, émanés également de nitiative municipale. La Commission du Vieux Paris est semUMent une création de la Ville, tandis que la Société de toire dé Paris et de l'Ile-de-France, dont les publications He 1874, et des sociétés historiques d’arrondissements qui Vu lo jour postérieurement marquent, dans le domaine qui intéresse, le rôle de l'initiative privée en matière de groupeübdlofonts. Le Répertoire des travaux publiés par les Sociétés (otre de Paris. jusqu'au 31 décembre 1911, qui remplit les Goules VITI-IX du Bulletin de la Bibliothèque et des Travaux Miques de la Ville, éclaire les chercheurs à cet égard. ant aux histoires générales de Paris, aucune d’elles ne (HUWAIL Gtre mise en regard de celles des époques précédentes, fo valeur ou importance. Celle de Dulaure, Histoire physique,

MUOL morale de Paris (Paris, 1821-1822, 7 vol. in-80: 9 édition, \B07, 10 vol.; l'édition publiée de 1845 à 1847, en 4 vol. gr. 1-80, passe pour la meilleure), a joui du plus vif succès; elle

initié ob intéressé au passé de cette ville une série de généralions; } on cela son rôle a été fécond, mais elle ne repose point sur Ne baño scientifique et, depuis longtemps, ne correspond plus

état dos connaissances. A la différence des ouvrages des siècles bétiours signalés plus haut et qui restent des classiques de

histoire de Paris, le livre de Dulaure ne compte plus que pour lquer un. certain moment de l’historiographie parisienne. is depuis ses origines jusqu'à nos jours, par E. de Ménorval Anis, 1880 et suiv., 3 vol. in-80) — la dernière en date des 1Lüiros de Paris et du reste demeurée inachevée — ne saurait

ün plus passer pour une œuvre de valeur scientifique. Tous énements, #6 succédant par

tant

ordre

chronologique

eb

se

aus i bien à l'histoire de France qu'à l'histoire pro-

Bomenb

point

6 mble. À ces ü

de

nan

bibliographie qui en at

connaître

il est indispensable de joindre

NE VIE DE CITÉ PARIS

SA NAISSANCE A NOS JOURS

CHAPITRE

PREMIER

Le Berceau. La Nature a préparé le berceau de Paris.

doit {inde ville, produit accompli de la civilisation, ne amener à oublier la Nature, dont tout procède. C’est ui à fait naître Paris et, avec le concours de circonshistoriques et de phénomènes économiques, en à assuré de oppement. A Porigine d'une vie de cité, il y a le site On et, commandant les destinées de la cité, la position 15

file dans le milieu terrestre. On ne peut pas plus séparer

de l’hoVille de son sol qu’on ne saurait détacher ce dernier n géographique qu'il comporte. C’est pourquoi, retraçant durant géologiques âges aux remonter ie de Paris, il me faut cette ville. 1s la Nature a disposé, pour l'avenir, la place de de contractions suite la à primaire, dite l'ère de fin la 1s

(6 la terre, un vaste ensemble montagneux surgit, s'étendant

de la France. puis la Bohême jusqu’à Angleterre et au Midi Central eb le Massif Ardenne, les Vosges, le Morvan, le Massif pays, les restes cain constituent aujourd'hui, dans notre cet ensemble et délimiteï 1

à

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nn

püologiques qui apparaissent à la surface font d'autant moins aclennos qu'on so rapproche du centre, où dovaib naître notre ville, 11 y à une espèce de concentration naturelle autour de UüLLO vilé, uno succession de zones s'étagoant, dans l’ordre desContdant des âges, du pourtour au milieu du bassin, depuis le

début de l'ère secondaire jusqu’à la fin de l’ère tertiaire.

Cu Non, en partant de l'Est et tracés en arcs de cercle concenLits, los deux étages des terrains jurassiques : lias et oolithe, M tOrnior avec 808 ressources en pierres à bâtir, bois, fers, vins, Wii au delà de cos plateaux calcaires, la bande de Finfracrétacé lonmant la Champagne humide, avec ses oppositions de parties ugilouses ou forestières et de vallées alluvionnaires et fertiles,

Qt La zone du crétacé ou le sol de craie de la Champagne pouil-

lUnse, qui va rejoindre, au Nord, une autre région crayeuse (AHOIS ot Picardie), celle-ci ayant à sa surface une couche de

Atom. qui lui procure une fécondité agricole exceptionnelle.

Qulte région se prolonge au Sud-Ouest par les plateaux égaleMAL linoneux et crayeux du pays de Caux, du Roumois et du

Littvin, pour atteindre, à travers Pherbu pays d’Auge, les ter-

HN jurassiques composant la Campagne de Caen. De là ceux-ci tHoldvont d'encercler, à l'Ouest eb au Sud, parallèlement au crétacé, le bassin parisien dont la partie centrale ne présente fus guère à la surface que des formations d’un âge postérieur : 1ldve Lorliaire qui vit naître le sol de Paris. A 00 dernier âge, le bassin parisien ressemble à un plage Itinense qu'à la suite de mouvements du sol la mer, venue du Nord, envahit eb abandonne tour à tour; le flot, en s2 retirant, ltiMte des dépôts de matières eb, en attendant sor retour, l'action tllnpunos ou de iass d’eau douce s’exerce. À une première lation de la mer sucsède une phase lagunaire du travail de ln Naturs, durant laquelle se dépose l'argile plastique serVAL à fabriquer la poterie et la brique et que l'on rencontre Hobamment dans les XVE et XVIC orrondissements, sans parler, uns la banlieue, de Vanves et d’Issy, Un mouvement suivant

de la mor engendre le calcaire grossier qui a fourni une excellune pierre à bâtir pour Paris, Sur une grande partie de la rive

© MORMATION DU SOL

3

ho (dopuis lo XITI9 arrondissement à l'Est jusqu'au XVe à ab) ob sur contains points de la rive droite, principalement bd do Chaillot, on exploitait autrefois des carrières de cette …Qulle exploitation à évidé en maints endroits le sol sur Hropose actuellement lo ville. Ce qu’on appelle les Catacom1 n Wilton » entassé des ossements provenant de cimetières ANIME lésaliectés et où l'on pénètre par la place DenfertWOOD, n'est qu'un réseau de carrières abandonnées. Le lo prossier se prolonge au Sud de Paris où son exploitaHbnimarque à Gentilly, à Arcueil, à Bicêtre ; il s’étend aussi unie Nord et l'Ouest, dans l'Ile-de-France proprement dite, le

NIUIR, 1 Soissonnais, le Vexin, où sa présence a fait de toute

“Halo région voisine de la capitale une terre prédestinée à l’épaHouMnont de l'art architectural. «rit do nouveau, la mer s'étend sur le bassin parisien, et elle —UuAnO nos sables, dits de Beauchamp, formant terre à four et Hunt sonvir à confectionner des mortiers, jusque sur Paris où Llouront, sur la rive droite, du Nord-Ouest au Sud-Ouest Lo dernier point au Sud-Est, en un large demi-cercle au-desmon ligne de nos grands boulevards, tandis que, sur la rive Mae, ils s'étalent sur une grande partie du XIVe arrondisseMM aiNSi que sur des portions des arrondissements voisins. Wanivontraire à une période de régime lagunaire que corresDUR formation du travertin ou calcaire marneux de SaintMunqui occupe, sur la rive droite, une zone d’affleurement : “Hralldle à la précédente et, sur la rive gauche, divers points : JMititon, la Butte-aux-Cailles et La partie méridionale de la io Lraversée par la rue de la Tombe-Issoire. À une évapoWon pubséquente de l’eau des lagunes est dû l'étage du gypse, Aaurant à Montmartre, aux Buttes-Chaumont, à Charonne, WILON OK ploité ce produit par le moyen de carrières, à l’eflet _d'on iron lo plâtre (gypse cuit), d'excellente qualité, ayant servi MX onBtructions de Paris. On continue à l’exploiter aux enviuns do ceble Ville. “Du couches marneuses se superposent au gypse : celle des urnes Vurbos correspond à un niveau de sources qui appelle

LE

BUNOLAU

Yhubitatet dont la présonce n’a pas été étrangère à la formation don villages de Montmartre,

de Charonne, surtout de Belleville,

Hans parler de localités de la banlieue acbuelle. D'autre part,

que ht à L'existence de ces mêmes glaises vertes du Nord-Est de source, au Pnih doit sa plus ancienne alimentation en eau celui du Moyen âge. À cet étage, fait chronologiquement suite ensuite HVontin où calcaire, production du lac de Brie. C’est ; Hhovancee de la mer, avec les sables dits de Fontainebleau par lesquels (Ont onfin les dépôts calcaires du lac de Beauce, parisien. bassin du sol du AOorinine, dans l'ensemble, l’'émersion hydroMais il y a oncore loin de là à la constitution du système intéresse. Il traphique et orographique de la région qui nous la terre et le {iL faire intervenir de nouveaux mouvements de rivières. Les long travail des eaux créatrices de nos fleuves ou où nous totehos géologiques n'étaient pas limitées aux points de plus los voyons affleurer aujourd’hui; elles régnaient sur le calcaire VAULoN étendues : ainsi la plus récente de ces couches, dans fois la à interruption, sans littitre de Beouce, s’étendait, plus au Co pays, sur l'emplacement de Paris et même beaucoup dut, Nord. La masse d'eaux dont estissue la Seine d’aujourd’hui de nouvelles ald@e des mouvements terrestres qui lui procurèrent avec pontos où disloquèrent le niveau des couches, façonner, de Paris. In iialériaux déposés aux âges antérieurs, le berceau dénudation, [lb c'est, somme toute, son œuvre progressive de t que représente ce & et d’alluvi d'upprofondi de haupaysage qui nous esb familier : la dépression encadrée (ét dans laquelle la ville a pris place. ns Afin qu'on puisse juger de Fimporbtance des transformatio la fin de A net réalisées, il me suffira d'observer que la Seine de de la dre tertiaire coulait sur le plateau de calcaire lacustre de près de Hilo, à une altitude d’environ 100 mètres, supérieure sa 70 nôtres à celle du cours actuel du fleuve. On retrouve ensuite au-dessus race à la surface du calcaire grossier, sur le plateau sis l'altitude à soit Vincennes, de bois le est où divry ot sur celui qu’elle a de d'une soixantaine de mètres, presque double de celle se trouvent la noÿ jours. Bllecoule, à ve même niveau, à l’endroitoù

SEINE

ANCIENNE

5

placo d'Italie, la place Denfert-Rochereau et le Petit-Montrouge. Te règne de là jusqu'au Père-Lachaise, aux Buttes-Chaumont, A Oulovard de Clichy et s'étend maitresse de tout l'Ouest de Paris, Puis s'abaissant, elle ne s’épand plus que dans le fond de (UL dnpave, avec une pente réduite qui la fait divaguer à travers iño plaine alluvionnaire délimitée par la Montagne-SainteCunoviève et les hauteurs de Charonne, Ménilmontant, BelleVille, Montmartre et Chaillot. Une nouvelle réduction de son tours l'amène à former deux bras principaux, dont l'un, septenIMonal, longe le pied de ces hauteurs de l'Est, du Nord et de lOest, décrivant ainsi une courbe, et l'autre, au Midi, suit la (rootion de la Seine actuelle, la séparation ayant lieu à la hau(tt de la Bastille et la réunion du côté du pont de PAlma. Enfin Non activité ne cessant de décroître, elle perd la force d’entre[oh ce double chenal : alanguie dans la courbe qu’elle s’est (ice au Nord, elle y devient stagnante, s’y amincit en un lit (0 ruisseau encadré de marais eb devant servir d’égout et finit par n’y plus laisser d’autre trace de son existence qu’une dépresNon persistante du sol. Cette dépression peut être représentée Hpproximativement par une zone en arc de cercle suivant les loulevards, de la Bastille à la place de la République, puis la ifoction des rues du Château-d'Eau, des Petites-Ecuries, Iicher, de Provence, pour finir, par le boulevard Haussmann, loi rues de La Boétie et du Colisée et l’avenue Montaigne, vers la place de l'Alma. A chaque grande crue du fleuve, y compris toile de 1940, celui-ci s’est répandu dans cette zone et a tenté Hni de reprendre possession de son ancien lit. De même, c’est (lt ce lit que reste dépendant le sol de la rive droite, qui s'incline NON pas, comme on pourrait le croire, vers la Seine actuelle, 118 dans la direction de la Seine septentrionale des vieux jâges. Le bras Sud, qui a seul subsisté, s’il suit le tracé du fleuve de NOB jours, est toutefois plus large que celui-ci : sur la rive droite, IL touvre à pou près l'espace s'étendant de Bercy à la Bastille, décrit, du quai des Célostins à la rue du Pont-Neuf, un arc de Govele abtoignant la rue de Rivoli eb rejoint de nouveau, à la hauteur du Carrousel, ceble dernière rue dans la direction de



on Xe DENCHAU on. laquelle il se prolonge à l'Ouest jusque v sl ruo de La Boëtie où ln place de l'Alma, d'où il côtoie la hautour du Trocadéro.

Sur Ju vivo gauche, ce même bras dessine un golfe à l'endroit tlù l'anciënne gare d'Orléans et du Jardin des Plantes correspondant à l'embouchure de la Bièvre, couvre la plus grande Puibio do la Halle aux Vins et de là forme un autre golfe Quiabtoint presque l'Odéon, puis il court dans la direction de Mano Saint-Dominique, traverse le Champ de Mars et s’épand damila plaine de Grenelle. Un archipel d’iles de diverses formes 0 dimensions, ensuite, se dégagera de ce large cours. Quelques buttes, dont la cote d'altitude ne dépasse point di mètres, ondulent sur l’étendue du sol bas et marécageux tompris entre le bras Sud et le bras Nord. Au delà de ce dernier, lübhautours de Montmartre et de Belleville, appartenant au plalande ln Brie et respectivement à l'altitude de 125 et 115 mètres, Horouvent séparées l’une de l’autre par une large échancrure,

Ip

do la Chapelle, dont l'altitude n’est point supérieure à

BU mÈtMes et qui ouvre vers le Nord un passage naturel. Cette dahanorure est due au double travail de déblaiement effectué, dutOtÉ de Paris, par la- Seine ancienne et, du côté de SaintDoninspar los eaux formatrices de la plaine de ce nom. A l'Ouest, lwtour de Chaillot, atteignant 65 mètres, du côté du Trocatdéronet formée de calcaire grossier surmonté de sables de Beau-

Cap et de travertin de Saint-Ouen, laisse entre elle et Mont-

Marbre une échancrure propre à faciliter les communications dunt ln direction occidentale. Au Sud, un plateau de même MaLure, compris approximativement entre la rue de Vaugirard Wulhospico de la Solpôtrière, complète le relief d’encadreMont de Paris. Ce dernier plateau, à travers lequel une dépresHonmorque lé passage de la Bièvre, s'élève, de chaque côté de Couto rivière, d'une part de 50 mètres environ vers le Panthéon Brdtres vers l'extrémité occidentale du parc de Montsouris,

daube part à 60 mètres dans les porages de la place d'Italie.

Ghonb uns pou à l'Ouest de la Salpêtrière, dans le voisinage du “jont d'Auslerlitz, que la Bièvre se jette dans la Seine. Co modelage du sol par les eaux, appliqué à l’ensemble du

Vaukin parisien, a ou pour effet d'en diversifier encore la nature,

À ln variété de produits qu'y avait déjà introduite la succession

tonvontrique des couches différentes, secondaires eb tertiaires, lbromposant originellement, vint s’ajouter celle résultant d’une Write do chevauchement irrégulier de ces couches les unes sur Mi autres, causé par le travail d’inégale dénudation dû aux dau dos tomps géologiques qui suivirent. L’érosion a exercé son —Ition oficace, en s’attaquant aux couches meubles : sables

Wiontainebleau s'étendant entre le calcaire de Beauce en haut MMuului de Brie en bas, marnes et gypses étalés au-dessous de

1H lürnicr, sables de Beauchamp encore plus bas, au-dessus du Ubonire grossier. Et elle a ainsi creusé des dépressions, modelé (lui vallées dont les versants sont couronnés par le sol de calcaire WMisLant, au niveau de l'étage soit de Beauce, soit de Brie, soit (l& calcaire grossier. Une sculpture mouvementée a opposé les plans des plateaux calcaires, secs, recouverts en divers endroits dun limon plus ou moins sableux et propres à la culture des oéréales, aux dénivellations où s’offrent les niveaux de sources, OÙ chantent les eaux courantes, où la forêt s’épaissit, où dans 164 bas-fonds dorment les marécages, où la terre est prête à revélit le vert manteau des prairies, à se découper en jardins, à Hémailler d'arbres fruitiers, à se piqueter de ceps de vignes sur \üù versants bien exposés. Des ressources variées autant qu'abon(lintes sont de la sorte mises à la disposition de l’homme : blé, Détail, lait, légumes, fruits, vin, eau s'ajoutent aux matériaux (6 construction : belles pierres d’appareillage du calcaire grosMon, moulière, plâtre, bois. Il en résulte des conditions d'approVifionnement éminemment favorables à la formation d’une grande ville. Labondance et la variété des produits du sol engendrent les Gohangos entre les hommes. Et si l’on observe les eaux des temps Qéologiques dans le réseau fluvial qu'elles ont fini par consLibuer, on les voit favorisant, par leur tracé transversal, ces Gühangos, bien plus, par la convergence de ce tracé, les orienLant, au moins pour le bassin de la Seine, du côté de Paris. Nogloo point comme un vaste cercle de rayonnement vers

8

LE DENCEAU

cble cité que forment, avec leurs affluents, Louton cos rivières Vonues du Nord, de l'Est, du Sud-Est et du Sud, pour 86 jeter ann la Soine : l'Oise, la Marne, l'Verres, l'Aube, sur la rive dtoile de ce fleuve, l'Yonne, le Loing, l'Essonne, l'Orge sur la five pauche ? Entre cette ramification coordonnée de cours Monet de vallées eb la Manche où vient aboutir l'artère prinpale quiost la Seine, Paris joue un rôle naturel de liaison. C’est lAtation par laquelle la région comprise entre l'Yonne et la Marne communique avec la mer. C’est par ce point que pourront Müthanger los produits du sol de cette partie orientale du bassin, HOLtment les vins eb les bois, contre le poisson fumé ou le sel. NL ont 16 mouvement de convergence vers Paris que, d’une part, LOUL 16 cours oriental de la Loire et, d’autre part, le haut cours dei Moselle, avec leurs affluents, s’orientent du côté de cette (LG LC bassin de la Seine s'ouvre aisément sur ceux qui l'avoiAnONL ot lon ne manquera pas d’utiliser ces facilités pour faire Pabior, par le moyen de canaux, les bateaux de ce bassin dans tie la Loire, de la Saône, de la Meuse, du Rhin ét des rivières toplontrionales. Paris deviendra sinsi tout naturellement, par lbaimple exploitation de sa situation géographique, le port de Trance lo plus important comme tonnage de marchandises et le CONTE du réseau des chemins de terre et de fer. ClonL coute exploitation, sous la forme de la voie naturelle de paie, qui esb à l'origine même de la ville. Des deux éléments Qui domposaient la région parisienne : le plateau calcaire et la déprossion, ce fut le premier qui, par la nature de son sol moins propre que l'autre à la végétation forestière, partant plus découVorL ot Woffrant plus aisément aux pas des hommes, attira le pti ancionnement ces derniers, que les épais fourrés et les eaux (OtanLos où dormantes des dénivellations écartaient au con(taire, Le cheminement primitif dans le mystère de la nature Ho fit donc de préférence par ces espaces à niveaux uniformes et Qui éLaiont plus aisés à parcourir. Or Poris se trouve précisément ln carrefour de plateaux calcaires et il est né du besoin de ftanchir la Seine pour passer de l’un à l’autre. Dans la direction du Nord, un chemin, débouchant par le pas de La Chapelle,

VOIES NATURELLES

DE

PASSAGE

9

de for gagne, à travers la plaine Saint-Denis, la plate-forme, à laquelle iation calcaire et limoneuse, par conséquent fertile, eb une part de “atbachont la dénomination spéciale de France était célèbre l'Alimentation parisienne jadis : le pain de Gonesse de ce pladans n08 murs au xvue siècle. Dans le prolongement agricaractéristique à région autre Velois, du celui Loan s'étend de limon. cole avec son terrain de calcaire grossier recouvert retrouve encore, Puis c’est la Picardie où le limon fécondant se Fun des greniers étalé cette fois sur un sol de craie — la Picardie, de croître, s’est d'abondance de la France et où Paris, ne cessant siècle. Plus au approvisionné de blé, surtout depuis le xvnié rive droïte de la de affluents les Nord, une dépression sise entre la mer septenl'Hscaut et la Sambre marque un détroit par lequel tertiaire et qui l'ère durant parisien bassin le envahissait trionale les peuples du devint ensuite un grand chemin d’invasion pour Or c’est en même Nord ou du Nord-Est en marche vers le Midi. le plateau du -temps le chemin de Paris. À FOuest de cette ville, de la route Vexin, de calcaire marin et limoneux, fixe le tracé de calcaire Vers Rouen, tandis qu'au Sud, celui de la Beauce, à traatteint l’on que et limon, de d'eau douce avec couverture de céréales, à vers le Hurepoix boisé, conduit, véritable mer la Loire se rapOrléans, au sommet de la courbe par laquelle plateau, celui de proche de la Seine. Enfin, à l'Est, un dernier quatre points la Brie, forestière et agricole, termine la série des de Paris. croisée la de embrasser peut l’on que cardinaux vallée de la Dans cette direction de l'Orient, l'accès à la les rampes, Saône ct, par elle, au Rhône, est facile à travers voie natugrande une aboutit surcroït, par où, de la Bourgogne, qui coupe l Europe relle Hst-Ouest, lieu de passage de peuples et Au surplus, Paris bentrale dans le sens de la vallée du Danube. Rhône par un communiquaib directement avec la vallée du France, l’un des antique chemin réputé être, dans ancienne avoir traversé plus grands passages du royaume eb qui, après de Roanne pour le Bourhonnais, franchissait la Loire au pont permettait d’atgagner Lyon par Tarare. La vallée de la Saône c’est le seuil du Loindre, d'autre part, le Rhin. Au Sud-Ouest,

ï / variées de son 0 un en z0n08 D ntiques, le parisien semble destiné par la Nature à coordonner la

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CHAPITRE 3

IT

La Naissance.

Imaginons la Seine largement épandue et aux bras multiples, dans un cadre de hauteurs, avec partout à lhorizon la ligne “ombre des forêts. C’est le site de Paris. Au long de ce fleuve orrant, dans les découpures qu’il forme ainsi, est un sol bas, ülluvionnaire, plus ou moins marécageux, composé de lits irré. guliers de cailloux et de sables d’origine fluviale, recouverts, on quelques points, de couches épaisses de limons plus ou moins argileux que l'on exploitera, pour en faire des briques et tuiles, à l'endroit dénommé les Tuileries où s’est élevé au xvrt siècle lo palais de ce nom brülé en 1871, ou encore du côté de la rue du Cherche-Midi, qui tirera d’une semblable exploitation son Ancien nom.de rue des Vicilles-Tuileries. Parmi les cailloux qui Rorvent à caractériser ce sol bas, on à rencontré par exemple au Champ de Mars des blocs détachés des roches du Morvan : ob poussés jusque-là par la violence des eaux de l'ère quaternaire. Nous sommes à cette ère où l'Angleterre’ n’esb pas encore line ile et reste soudée à la France, où les glaciers des Alpes Wétendent jusque vers Lyon. Sous nos yeux est le ‘site de Paris. Des animaux appartenant à une foune de climat chaud 0 tels que l'éléphant, le rhinocéros, Phippopotame hantent les D Vierges. Et l’homme apparaît: dans ce site de Paris, les Erouth nous ont fourni des spécimens de la plus ancienne induselle dite de la pierre taillée. Le fleuve procurait

l'eau dont ce dernier avait besoin pour vivre

hdi

12

LA

NAIBBANCE

pour le ob lo galet de silex qu'il ramassait dans lon alluvions au Lüillor grossièrement à usage d'outil ou d'arme, Cheminant dégagées, ainsi a qu'il passage de naturelles long des voies Telle est, Lomme à découvert le site favorable et s’y est arrêté. que le (0 66 point de vue, l'importance de la région parisienne plus ancien âge de l'humanité a été dénommé époque chelléenne, la Marne, parce que c'est à l'Est de Chelles, sur les alluvions de le plus Que lon à trouvé l’ensemble le plus considérable et s du Lypique d'outils ou d'armes en silex taillé, caractéristique même passé humain le plus reculé. Et ce sont des objets de dans les fois cette découverts différemment, taillés mais filtre caractéhilivions de la Seine à Levallois-Perret, qui ont servi à tuer l'âge suivant de l'humanité. humide et chaud climat au suite fait glaciaire Puis, une période cavernes do premiers temps et oblige l’homme à chercher dans les à cette lib abri contre le froid. Des traces de l’industrie humaine Période ont été semblablement retrouvées à Paris. Lo froid continue à régner. De grands troupeaux de rennes parcourent les solitudes. Suit une période de pluies abondantes Alle chaleur humide qui semble avoir fort réduit la population la Ain notre pays, tant à cause de l’émigration que du fait de \ontalité résultant de ce changement de climat. La civilisation élevé, tultépoque du renne, qui avait atteint un degré vraiment tisparu eb une sorte de régression de l'humanité paraît avoir

lieu. La primitive ère quaternaire, qui a duré des milliers d’années, lit place à l'âge géologique actuel. La Seine, en réduisant progresde faciMVonent son cours, commence à donner à l'habitat plus lité outillage, à la longue, s'améliore : nous entrons dans l’âge dti pierre polie. Il importe de ne pas perdre de vue ce spectacle primidnouvant : l'homme préhistorique en face de la nature progresLive, La civilisation n’est que le résultat de l’utilisation l’homme, par nature la de perfectionnée plus en #ivo ob de plus fait ulilisation qui, au fur et à mesure qu’elle se développe, Et Autre che celui-ci des besoins de plus en plus nombreux. resse liens les plus augmente, plus Lo nombre de ces derniers

ou

PRIMITIVE

HU MANTTÉ

13

ne pourraient sabis= dorrent entre les hommes qui, sans l’entr’aide, données sont à la faire à leurs besoins ainsi mulbipliés. Ces buse de l’évolution urbaine. de s'exercer devant jependant l'ingéniosité humaine ne cesse livre ses secrets; le mystère de la nature. Celle-ci peu à peu Barrias, elle se dévoile. sculpteur du œuvre belle la dans donne à se servir apprennent polie, Les hommes, à l’âge de la pierre à faire produire au de certains animaux en les domestiquant, çà et là sur la ondulent blondes moissons Les “ol des récoltes. n’existe pas encore Lorre défrichée. Certes, la charrue de métal que le couteau de pour les obtenir, et l'on n’a, pour les couper, l'humanité! Les devant s'ouvre néanmoins pierre. Quel avenir uniquement {endances à la vie nomade, nées d’une existence des produits natuassurée par la chasse, la pêche et la cueillette par l’action d’élérels du sol, se trouvent dès lors contrariées par l’agriculture, lents de fixation. Les hommes sont amenés, long nécessaire à la à se fixer, à cause à la fois du temps assez doute, l’agriSans production et du cycle des travaux agricoles. pas, comme la culture primitive à forme rudimentaire ne tire amené, La est on ; Lerre même d’une parti t nôtre, indéfinimen Il n’en résulte récolte faite, à quitter les lieux, à aller ailleurs. Les récoltes, pas moins que le besoin d’errer tend à s’affaiblir. humaine plus les animaux domestiques donnent à la demeure des convoid'importance, plus d’assise et, parce qu’ils éveillent pour mieux défendre Lises, amènent les hommes à se rapprocher un loup est l’homme — léur bien. Si — comme le dit l’adage d’être à Lous. pour l’homme, c’est surtout quand tout cesse la famille, constitue que originelle société la de base la Alors, sur Ce n’est des agglomérations naissent, en des lieux défensifs. peut parler d’étaqu’à partir de l’âge de la pierre polie que l'on e poul'agricultur Seule dits. proprement blissements humains pour permettre Vait procurer des ressources assez abondantes cette fixation et de de vivre en se groupant Sur un point fixe. De tirent un mieuxce groupement sur le sol nourricier les hommes population. Or, être qui se traduit par une augmentation de Sociaux rapports les population, la s’accroit que Lemps eh môme

LA

NAISSANCE

Ho lont plus Glroits, ob la société se concentre. C'est tout cela qui Ovplique la naissance de Paris. Au rôle de l’eau, à celui de la

Edo vois de passage viennent s'ajouter, à cet égard, ceux du nol fertile et du site défensif. Ces quatre éléments sont à la buse do la formation de Paris. Diverses Stations humaines de l’âge de la pierre polie ont été Hopürdos aux environs de Poris : à Champigny-sur-Marne — à Milleneuvo-Saint Georges, quand la Seine entre dans la vaste Wine quelle a servi à déblayer jusqu’à Paris — un peu au Sud, ne los sables alluvionnaires de Draveil —- à Orly, localité qui Mont établie à la limite des sables et graviers déposés par le fleuve UE niveau des marnes blanches et vertes sises au-dessous du vulonire de Brie, niveau qui correspond à celui de sources— sur lutte de sable de Fontainebleau dite des Hautes-Bruyères, dominant la Bièvreà l'Ouest de Villejuif et qui, à l'altitude de Lines, laisse découvrir un ample paysage — à Fresne-lesMungis, au Sud, également en bordure de la Bièvre, à ce même Mivauu cos sables de Fontainebleau et en face d’une étendue Mnonouse qui va jusqu’à Orly et jusqu'aux abords de POrge — WOluinart où les sables de Fontainebleau sont accompagnés de lülago géologique de la Beauce. Uno inmanisation plus variée s’est introduite dans la région. Dopantios déprimées partagent avec les plateaux la faveur des Homme Dos niveaux de sources sont utilisés. Les terrains lanlilon attirent en même temps que les alluvions à silex. Les linidres de sol cultivable forment des taches de vie dans la _ lord inimense. L'humanité commence à se fixer sur la terre —üurrividre, Do grandes voies naturelles s'ouvrent plus volononu passage de l’homme, Comment ne pas être frappé, à cet und, du fait que la partie de la France peut-être La plus riche OL Vontipes de l'âge de la pierre polie est la portion méridionale

“du ln Bourgogne, véritable nœud de rapports entre les bassins

do la Saône, de la Loire et de la Seine ? C’est vers Chagny que louvro le grand passage entre la Saône et la Loire, et lasource de Yonne rivière qui forme la véritable partie supérieure de

üù Soino passionne — n'en es pas éloignée. Comment, d'autre

CROISIÈRE

FORMATIICE

DE

PARIS

, do pas romarquer que les agglomérations de l'âge de la polie sonL particulièrement nombreuses en Picardie, dans Mltiance et la Champagne occidentale, pays qui corresdunt Nobamment au grand chemin tracé par la Nature et iaant du Nord vers Paris? Mnporte de retenir ces deux directions : l’une fluviale, EstANUNNO ot Seine) — l'autre terrestre, Nord-Sud. Cest Ulinimaine à laquelle se rattache la destinée de Paris. Mpiographique s'ajoute au site pour expliquer la ville. At plateau dit de la France sis au Nord de la Seine et Oh inéridional auquel se rattache la Montagne-SainteDUIUVO, lo chomin naturel, empruntant le tracé du pas de à Gltitpullo ot correspondant à la grande voie terrestre Nord{| montionnée précédemment, franchit le bras méridional de MU, onliné à devenir le fleuve actuel, à l’endroit où ce bras Ditpaage le plus facile, c’est-à-dire dans la partie où s’al-.

IMltdio la Cité. Le chemin est, au surplus, orienté vers ce

WMA

dos élévations naturelles situées du côté du Conser-

MMION Arts ot Métiers, de l’église Saint-Merry et de la tour

iniacques eb qui lui facilitent la traversée de l'étendue maréAutI0 cos licux. Et c’est au point de croisement de ce cheUNI et de la voie fluviale, c’est-à-dire dans l’île de la If défense naturelle, qu'est né Paris, sans doute à une HoLdive, car cebte île a dû constituer pendant longtemps UMimpropre à l'habitat. Le grand chemin septentrional MAnine no rapproche le plus du Nord avant de dessiner en méandres. Là succession de ces derniers interpose comme barrière à l'Ouest de Paris, qui, du point de vue fluvial, tire lttivo nos éléments de vie de l’Est. Ainsi c’est l'obstacle

| défensivos qui ont fait choisir un site aussi peu favorable

at que l'ilob où esb née cette cité. be là découverte et l'emploi des métaux (cuivre d'abord

Ï, 2000 aus avant Jésus-Christ; puis allié à l'étain pour

16

nn

AG

IRAN 2

lune recourbée, par exemple, remplace le couteau de pierre. Et

lon pouplades qui s’adonnent à l’agriculture, tirant de ces proprès une vie meilleure, voient croître leur population, partant leurs lions sociaux se resserrer et ce resserrement se manifester par des groupements plus importants, à l'abri de sites défensifs ot dé remparts. Si l’on peut avancer de façon générale que l’âge de lüpiorre polie a vu se former les premiers établissements humains Proprement dits, on peut ajouter que les groupements de Pâge du bronze nous offrent la ville à ses débuts. Toutefois, à l’âge du bronze, la région périsienne ne fait point partie de la portion dUnoure pays la plus civilisée : c’est entre le Rhône et les Alpes, Ct0z Lo Ligures, que l’agriculture existe principalement et, avec ülle, de véritables établissements humains ; la région parisienne Hohible former alors une terre frontière avoisinant, au Nord-Est, don tribus celtiques et, au Midi, des peuplades diverses plus pasorales qu'agricoles. À Quoi qu'il en soit, si déjà, aux âges antérieurs, nous avons DOIOVE Li Lrace de la circulation humaine au long de grandes Voies naturelles, avec Fusage du bronze apparaît une véritable tireulation commerciale. Le bronze est un alliage de cuivre et d'ébain. Or ces deux dernières matières ne se trouvaient pas partout, surtout l’étain dont les seuls gisements connus en Europe élaient au Nord-Ouest de l'Espagne, au Sud-Ouest de l'Angleterre ûL on Bretagne. On saisit dès lors en pleine action, à l’âge où le bronze constituait le principal métal employé et où le fer n’était pas encore utilisé, le pl de la cireulati ainsi défini par le géographe Ratzel: «le mouvement, dans Vospace, de personnes ainsi que d'objets que l’on possède, pour une destination donnée, dans le but d’équilibrer, par l'échange, les rossources naturelles de la terre et des hommos ».

DU BRONZE

Lou promiors gisoments d'étain exploités furent ceux du NordOuost do l'Espagne. Is déterminèrent un courant de ciroulation Maritime côtière le long de l'Atlantique et de la MédiLorranéo, jusqu’à l'extrémité orientale même de cette dernière mor, Nous touchons ici au rôle immense de la mer dans le mouDonbpénéral de la civilisation, rôle que nous sommes obligés OMAidUMEr, en raison de la situation de Paris sur un fleuve l'une part, se jette dans la Manche et, d’autre part, permet Oiquer avec les bassins de la Saône et du Rhône abouli Méditerranée. Le géographe Ratzel a souligné, de Mtrauso, la haute importance de la circulation moritime \ Milton lonveloppement des continents par la mer. La MédiMid nutrofois, l'Atlantique depuis le xvi° siècle avec en Waddnos jours, le Pacifique sont les grands domaines de ol : sur leurs bords ou en relations avec ces Bbont établis de grands ports, et de grands centres éconoWubi clans los continents sont situés à proximité, sur leurs voies ob Aujourd’hui comme dans son plus lointain passé, Paris ÉMIRANor des liens étroits.

former le bronze, 2.000 ans avant Jésus-Christ ; enfin fer, 900 ans avant Jésus-Christ) s'introduisent dans l'humanité de nouvelles causes de progrès. l'usage des métaux, en perfectionnant l’ouVillage, facilite cotte conquête de la nature à laquelle est étroiLotiont liée l'idée de civilisation. La culture progresse du fait de l'emploi des instruments de métal; la faucille de bronze à

:

.

My

là grande voie maritime de la Méditerranée et de

Atluntiquo que la connaissance des métaux est venue d'Orient I OTINIONt. Par l'Atlantique, la connaissance et l'usage de à Pétain “ui Nord-Ouest de l'Espagne ont gagné la France occiLONbMID, Puis ont été découverts et utilisés à leur tour les giseHi d'étain du Sud-Ouest de l’Angleterre. Et il s'établit, à gard, du côté de cette dernière région et à travers la ce WOOUNaNE commercial auquel répondit celui venu de la Médie Wade d'où raÿonnait la civilisation antique. Le système Huroldo viroulation — formé d’unt ronc fluvial : le Rhône et Baône, sur loquel se ramifient, par le moyen de seuils interüiros de passage, les autres fleuves de la Gaule — commence Duobwon grandi rôle civilisateur. Strabon, qui vivait au début dl piamion siècle do notre ère, a excellemment dégagé ce rôle 1 du même coup il nous fait entrevoir les destinées de Paris.

nous montro la coordination des fleuves de la Gaule par rap-

pont à la mor Intérieure (la Méditerranée) et à la mer Extérioure

|

#

cat

… (Allantique), «Ils sont (éerit-il de cos flauvon) hi heureusement

dintribués entre eux qu'on pout faire passer aisément los marChandises d'une mer à l’autre : à la vérité, il faut user de charvois dans une partie du trajet, mais c'est sur un espace peu (londu... Le Rhône, de ce point de vue, l'emporte sur tous les tibres fleuves, car, indépendamment de son grand nombre affluents, il a le double avantage et de se jeter dans notre mer {lt Méditerranée) — laquelle offre de bien autres débouchés quo la mor Extérieure — et de traverser la partie la plus riche (0 la contrée ». Et plus loin, marquant encore la « correspondune, on quelque sorte symétrique, qui existe entre les difiéton fleuves de la Gaule » et les deux mers, il précise : « Cela Condbitue le principal élément de prospérité du pays, en ce que cula facilite, entre les différents peuples qui l'habitent, l'échange Ath denrées et des autres produits nécessaires à la vie, et en ce

Que oëla établit entre eux une communauté d'intérêts. On serait

1h@ine Lenté de croire ici à une action directe de la Providence, on Voyant les lieux disposés, non pas au hasard, mais d’après tin plan on quelque sorte raisonné ». Ainsi du Rhône (mentionne(il tonne exemple) les marchandises gagnent la Saône, puis, Ali fuite d'un transport par terre, la Seine « dont elles descendent Tours » jusqu'au bord même de l'Océan d’où elles peuvent Nr jusqu'en Bretagne (c’est-à-dire en Angleterre) en moins (une journée. Mais (poursuit-il) « comme le Rhône est rapide NL difficile à remonter », on préfère, au lieu de le remonter, expé(er centaines marchandises par terre: ce sont celles à destination (lo là Loire. Or Paris n’est-il pas en communication directe avec 00 dernier fleuve par le grand chemin naturel du pas de La Chapelle, qui se prolonge sur le plateau de la Beauce vers Orléans, Que lo même Strabon nous représente comme étant un important point de commerce. À vrai dire — et c’est encore cet auteur Ancien qui nous le signale — « le trajet, qu'ont à faire par la Bone les bateaux qui ont reçu les marchandises venues de la Saône, est un pou plus long que le trajet par la Loire ou la Garonne », La Seine a, dans son cours, des sinuosités qui allongent los voyages. Mais, nous apprend-il toujours, son embouchure

AGE DU FER 19 lun dos quatre points d'où l'on part habituellement pour

nor do Gaule on Bretagne. Notons cette constatation d’une sorte de prédestination géograHo pour notre pays, cette mention d’une communauté Wibürèts due à un système fluvial coordonné entre deux mers dnu loquel le site de Paris occupe une place très importante. \ avons là l'explication de cette ville, capitale du pays L Duontralisé qui soit. | 1 dlain d'Angleterre a indubitablement servi à dégager l’osJoubière commerciale de notre pays dans ses relations DAtnile de Paris. Diodore de Sicile, qui vivait au premier ant notre ère, signale, sans doute d’après un auteur Muoion, qu'on pouvait transporter cet étain à travers la dy dopuis le Nord-Ouest de ce dernier pays jusqu’à l’embouti Rhône, en 30 jours. Plus tard, à l’époque romaine, ce \ jar vobte même voie commerciale empruntant la Vallée de M Müino que se transporteront les lingots de plomb, du Nord" hu Sud-Est de la Gaule. Cependant notre pays est sorti Ayo du bronze, qui a laissé des traces à Paris, où l’on a trouvé Lunos où objets de cet âge, notamment à la Villette, du côté Band chemin naturel Nord-Sud. Nous entrors, ne 900 « nb DU Christ, dans l’âge du fer qui dure encore, peut-on bn usage d'un tel métal arme mieux l’homme pour la conil lo tio la nature. On entrevoit sans peine tout ce que la métalir lo à cet égard comporte d’avenir et de progrès. La phase Mbomporaine de l’évolution des villes est caractérisée par la inde industrie, dont les plus lointaines origines remontent à Mu promniors temps du fer. À l'ûgo du fer, les Celtes qui, à l’âge du bronze, n’occupaient lo Nord-Est de notre pays, se “égandent dans le reste de la ulo; qui dès lors tire d’eux ses destinées. Les ve et rve siècles L notre ère marquent leur plus grande expansion. Ils se nb dtondus on Espagne, dans l'Italie du Nord, poussant même jutquo vors l'Orient. Avec les Celtes, un ferment nouveau de

Viliation s’introduit en Gaule. Les forgerons gaulois ont donné lübrication du fer un développement particulien Dans la

LA

NAISSANCE

| période comprise entré l'an 900 et l'an 500 avant Jésus-Christ, los te pincipaux centres de cette fabrication se trouvaient en Bour-

Wügno, on Lorraine, en Franche-Comté, De là les produits s'exporLont ot il y avait les voies du fer, comme on a observé plus haut CulIen del'étain. Cette période a vuse développerlacireulationcom-,

ON LO à Lravers la Gaule. Les Phocéens de l’Ionie s'étaient étaWIN, vers L'an 600 avant notre ère, au débouché de la voie du Home où ils avaient fondé Marseille. Mais ce n’est qu’à partir té Loccupation de la Gaule par les Celtes que le système de treulation commerciale formé du Rhône et de la Saône d’une

=panb, do la Loiro ü puis Louto son Vrogrès réalisés. Avant notre dre.

ainsi que de l Yonne et de la Seine d’autre part, importance. Il est aisé d'observer alors tous les La monnaie apparaît en Gaule au mr siècle La notion de ville aussi se dégage.

Paris osb né à cet âge.

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! 1

:

CHAPITRE

TT

Le nouvel être collectif.

É

tomimencement de Paris est le chemin, la voie naturelle iiago, Nous avons relevé l’admirable coordination du

Muvinl de notre pays par rapport aux deux mers qui

Utd dornior : la Méditerranée et l'Océan. Déméler les 1 Paris, c’est déterminer les liens du site de cette ville Yale ensemble coordonné. Pour cela, il faut porter les di loin, embrasser un horizon étendu, observer notam“jdn do l'embouchure du Rhône, ce port naturel qui dit piod d’un amphithéâtre de hauteurs et où des PhoWin do l'Asie Grecque, ont fondé, 600 ans environ avant QltHial, lour colonie de Marseille. Voilà, dans notre pays, tt fixation de la civilisation la plus élevée existant iteVilisation grecque. Or celle-ci se trouve à la base de ibulion romaine qui, à son tour, se fixera, vers la fin du do Hvant notre ère, dans cette même région méditerra-

(notre pays. Les Romains de la Gaule Narbonnaise

Loront aux Grecs de Marseille pour exploiter commerciaCulte grande voie naturelle de pénétration en Gaule

Libue lo Rhône prolongé par la Saône. Et voici, au long W Voie fluviale, le marchand méditerranéen. Le voici, tel {au 10 siècle avant notre ère, en ses Commentaires, Lo marchand, qui est par essence un étranger, apporte

barque des denrées ou objets que, sans lui, on ne con:

pa

: il crée, de la sorte, des besoins auxquels il satisfait

du point la multiplivation des bosoins qui constibuo 00 io Lo progrès ?

DR I

22

LE NOUVEL ÊTRE COLLECGNE

Lo marchand ost soul à pénétrer au soin des pouplades qui Vivont onforméos dans le cadre sauvage des forêts ou des maréougos, La distance, les difficultés et les dangers du voyage ne luirôtont pas. Poussé par le désir du gain, il va jusque chez les Mudvon on Gormanie. Que César veuille passer de Gaule en OandosBrotagno, il n’a pas d’autre moyen, pour se renseigner dun 0e donnion pays dont on ignore presque tout en Gaule, que dappolor à lui, de toutes parts, les marchands et de les interLOpar, Car personne, sauf eux, n'avait osé aller dans cette île. Voyonselos dans les bourgades fortifiées qui s’égrènent sur le sol Wüulois : Jos habitants se pressent autour d’eux avec curiosité, lon forçant à diro de quelles régions ils viennent et ce qui s’y passos Voioi à Novers, à Orléans — sur la Loire — les marchands domain Hour point d'appui en Gaule est au Sud-Est, dans ce quon appolle la Province romaine. De là se répandent en Guulo, par los marchands, de nouveaux besoins et par conséQquont lo progrès ou la civilisation. Plus on est rapproché de do oyor, moins on est sauvage. Les Celtes, dont le pays s'étend üubro la Garonne ot la Seine, sont plus civilisés que les Belges, dompris ontro la Seine, la Marne et le Rhin et qui eux-mêmes 10 wont plus que les Germains vivant au delà du Rhin. Le Munchand passe et repasse, marquant ou créant les grandes Voios do vommunication et, selon le beau mot latin, il rend les hommes plus humains. C’est César qui nous montre Fancienne humour guerrière des Celtes adoucie par le voisinage de la ProVino romaine ainsi que (dit-il) par la connaissance et l'usage dos chosos d'outre mer. Au premier rang de tous, à cet égard, Bomouvont les Eduens, établis au point de jonction de la ligne Iluvialo Rhône et Saône ot des bassins de la Loire et de la Seine. Oo wont los amis par excellence des Romains; ils sont remarquables (nous apprend César) « pour leur ancienne et perpétuelle lidélité à l'égard du peuple romain ». On en saisit la raison, d'ordre essentiellement à la fois géographique et économique : 0080 qu'ils sont à un point commercial stratégique, c’est-à-dire à un cuvrofour do grandes voies fluviales, à un point où la Loire ob lu Soino qui vont à l'Océan s’embranchent sur la ligne Rhône

LES

M

I

PARISIENS

ABnône qui s'étend dans la direction de la Méditerranée. C'était

dajh, anbériourement à l'action romaine, le point de diffusion

dos produits grecs (amphores, vases d'argile, de AMG uno, oc.) venus de Marseille par la vallée du Rhône. Wihirchand passe et repasse, et il noue les liens politiques, qui vend MBMIU pouple qui achète dans : la dépendance: de celui ne î qui tient les chemins commerciaux. C'est pourquoi lou non PttOns « jouissaient en Gaule, depuis une époque leur était grande et César) dit ain plus haute autorité (comme

"AMrLEIO de peuplades ». De tout temps, nous apprend ceb auteur,

qu ils I ON Lenu le principat de toute la Gaule, même avant Ce HMUNL recherché l’amitié romaine. Et César énumère CLAL leurs alliés ou dépendant plus ou moins d’eux les Bituriges (lümy) dont la Loire les séparait — les Bellovaques DER) . par [MoN 10 long du grand chemin Nord-Sud conduisant Iylnine Saint-Denis et le pas de La Chapelle et qui lempor— DONL Chez les Belges par le courage, le renom et le nombre de I Bnons (pays de Sens), qui étaient maîtres de la one Yonne ot, par l'Armançon, des communications avec Ja Saône. Li Binons étaient, au dire de César, l’une des LEE jo ohoz les Gaulois, parmi lesquels ils jouissaient o une autorité. Or cette peuplade confinait, à FOuest, à Gene avait AMbiripions avec laquelle elle avait même formé, il n'y pan longtemps, un seul peuple. Les Parisiens, qui aus su Sénons, des détachés s'étaient IMuury moyen de la Seine, ii HUE parce qu'ils avaient acquis assez d'importance pour Mabuno peuplade à part, grâce aux avantages de leur situation Voice fluviale que constituait la Seine. Et c’est dE la pu ALI

Hladon Mind

tinont parlaquelle s'établit la liaison avec lebassin du Rhône

(Mt

ln Saône — que vient la vie sur le fleuve qui Ho

payn dos Parisiens. Cette vie on la saisit dans le

: D

le

td Céar, qui nous apprend qu'en lan 52 avant Jésus-Christ ton outenant Labienus put se procurer séance tenante)à Melun, bourgade fortifiée des Sénons, 50 bateaux dont il avait bosoin, Allluurs, César parle de 40 bateaux construits, pour 808 besoins, de oo lon Moldos, c'est-à-dire du côté de Moaux, sur los bords

LE NOUVEL

ÊTRE

LES PARISIENS

COLLECTE

Marne, Au surplus ce qui, de fagon générale, marque bien oxploitation commerciale des cours d’eau c'est ce que nous A Sirabon de l'inimitié existant entre les Eduens et les Séquanes …ouuno

de la possession de la Saône,

possession

… jréluvés sur cette rivière rendaient enviable. Aû commencement

que les droits

de Paris est le chemin, la voie naturelle

U painigo. Lubèce, que César nous présente dans une ile de la

Moine où comme

étant une bourgade fortifiée des Parisiens, est

“ITU IE à Voie fluviale. Des ponts de bois accompagnent, la Vtt déhacune des rives de son fleuve. Des barques ou pirogues

ay roncontrent. Lutèce nous apparaît en flammes avec ses ponts coupés, Cost que, comme il arrive d'ordinaire et fatalement, th Aodats ont suivi los marchands. Et César, avec les légions tons, lait la conquête de la Gaule (52 avant Jésus-Christ). “Cho de marchands, chemin de soldats, c’est la voie de _Soino, Mombranchant sur la ligne Rhône-Saône, qui nous a

(tits

à Paris. Et maintenant, au milieu de l'incendie pro-

Voqué par l'invasion ennemie, essayons de discerner l’humble pRroupomont humain d'où est sortie la ville géante de nos jours.

fit d'imaginer, sur Je sol à fleur d’eau de l’île de la Cité sen-

… miblomont moins large et moins longue qu'aujourd'hui, un assemWpo de hubtes ou cabanes, qu'entoure un rempart et dont les Hitninon devaient avoir facilement raison. Selon Strabon, les donoures des Gaulois étaient faites de bois, de claies de roseau OU0 Chaume. Par comparaison avec ce qui à été trouvé dans Je ouilles de Bibracte, principale ville des Eduens sise sur

ont Bouvray à 27 kilomètres d’Autun, on peut se repréünLor los plus modestes de ces demeures comme ne comportant

t,

“utuno soule pièce. Le sol de la maison devait être en simple T0bre battue. La demeure était peut-être édifiée sur un plan juadrangulaire: c’est du moins cette forme que on a relevée à

Hibracte ot en d’autres lieux. Avant

toub, c'était

pour la peuplade

des Parisiens

un lieu

(léfonsil, On pout assez exactement se représenter cette peuplade comme occupant lo territoire limité par l'Oise à l'Ouest, les forêts sigos entre co cours d’eau, Luzarches au Nord et la Bou-

onne

à L'Est, Lagny

25

sur la Marne, les marais de Corbeil sur

ABoino, le bas cours de l'Essonne, Arpajon, la forêt de Ram-

Houilet au Sud. Lutèce était située à peu près au centre de ce Lonnitoire où ce très grand fleuve (comme dit César) qu'était la Baoine découpait paresseusement son. cours onduleux, parmi des tendues marécageuses, avec, à l'horizon, des hauteurs dont le lolyabioux était occupé par des forêts profondes pleines de Myutèro, avec aussi des essarts de culture se détachant sur le Qnlunire limoneux des plateaux. « De nombreux vestiges d’anMons éLablissements, d'enceintes murées (observe Vidal de La …lithe) montrent l'importance spéciale qu'ont eue jadis les “latonux calcaires ». Sans doute, çà et là, y pouvait-on remarWon quelques groupements humains, comme ‘aussi, à flancs de Wülonux ou au pourtour des forêts, il devait s’en rencontrer “juulques autres au niveau de source des marnes. …(ilie harmonieuse diversité, cette facilité relative de circuAMbion humaine ont dû, dans ce cadre de cours d’eau et de forêts, “ünlribuer à créer entre les habitants du sol les liens qui ont Mnoné l'unité de la tribu ou de la peuplade des Parisiens. C’est luivorsité des terrains qui, dans une région, détermine les couMnbé locaux, générateurs de la solidarité régionale. Quant aux DüUMNLS généraux, nous les avons observés venant de l'Est, le: ligue la grande artère fluviale qui traversé la région parisienne. Ia dit avec raison : la Seine centralise, au profit de Paris, DUO los ressources de son bassin; entre Romilly et cette cité, Qoit successivement presque tous ses affluents ; bien qu’elle Mraquive l'Oise qu’en aval de Paris, son régime peut être consiomme fixé, dans cette ville, où elle est dès lors en possession Litulo sa force. AMtomimencement de Paris est le chemin, la grande voie natublu to passage. Observons qu'au lieu de constituer — comme DL do règle pour les grands cours d’eau — une ligne de sépaMON entre les hommes, le fleuve ici a été au contraire pour eux tlüment de liaison. Regardons la bourgade de Lutèce dans mon lo, dos ponts de bois la réunissent aux deux rives, elle est

liou do passage sur la Seine. Au Sud, le plateau calcaire et

DR PO

26

LE NOUVEL ÊTRE COLLECTE

au Nord entre la Imonoux qui vient aboutir au bord du fleuve, el de Carnelle, le plaford do Bondy ot celles de Montmorency du Valois ont attiré les onu moc ob fertile qui va rejoindre celui la double direction pan puis fixé les destins des hommes dans marché des Car(lu li Lrouée de La Chapelle et du principal nütos, Orléans, la ville du pont sur la Loire. de conjecpermet Montmartre de origines des sait jo quo l'on le pas de La Luror qu'on ceb endroit, qui commande, à l'Ouest, la principale diviQhapolle, la peuplade des Parisiens honorait nom de Mercure et HU den Gaulois que César désigne sous le l'inventeur de tous OL Al dit que les habitants de la Gaule font enfin le dieu du lon avbs, le guide des voyageurs sur les chemins, un grand marverrons nous siècle, AOMHOnCo, Plus tard, au viré du pas de La ChaHénlernational se tenir dans les parages foire du Lendit, célèbre la ensuite observerons y nous polle; nt. Aujourmans parler des foires Saint-Lazare et Saint-Laure qui donnent au hui encore, c’est de là que partent les canaux de fer chemins de lignes grandes les ampleur, port do Paris son l'Angleterre. qui vont vors l'Allemagne, les Pays-Bas et de la voie Moubelois, en cet âge lointain, le rôle civilisateur terrestre du pas fliViale venant de l'Est domine, et si le chemin à la Loire qui à (0 La Chapelle conduit, au Midi, directement au Nord, dans perd, se il Seine, la que e d'importanc plus alors Il est bordé, en log pays, moins civilisés, habités par les Belges. , tels les Bel(otie dernière direction, de peuplades belliqueuses sauvages, tels les lovaques (région de Beauvais), voire même pas les marNorvions (région de Cambrai) qui ne reçoivent de leurs “hands ob sont contraints, faute d'outils, de se servir nt et un retrancheme un établir pour mains tlnives ot do leurs fouaé, pour la peuDe cette direction septentrionale vient le danger celtiques : au plade dos Parisiens qui sert de limite aux pays les Belges qui dolh, entre la Soine, la Marne et le Rhin, sont langue, les instidiffèrent des Celtes (nous apprend César) par la moitié du promier butions ob los lois ob qui, dans la seconde eb rofoulé los millénaire avant notre ro, ont envahi la Gaule

TT

LUTÈCE

27

CüiLon nu Sud jusque du côté de la Soine e6 de la basse Marne. Bidon un point de frontière, la peuplade des Parisiens avait dnutant plus besoin d’un lieu fortifié où elle pût trouver un Topo on cas de danger. Ce fut là le rôle de Lutèce : lieu de refuge Le délonse on un carrefour de grandes voies de passage. Certes, lt ponition ost forte naturellement puisqu'il s’agit d’une île qu'onvironnent, au delà du fleuve, des marais et qui a, au dos, Comme point d'appui devant le danger venu du Nord, la MonLagne-Sainte-Geneviève, le «mont de Paris » (comme on lit dans lon Loxtos du moyen âge). ht à la lois de la vie sur le fleuve et du besoin d’un site détenait qu'est née cette bourgade. Elle à été le refuge central dl Lémporaire d’une tribu menacée; elle lui servait, en temps übdinaire, de lieu de ralliement, de rendez-vous de marché. La Ville, at-on dit, n’est, à son origine, que le resserrement tempofaire d'une société formée d’une multiplicité de groupes disLnols. Cette définition s'applique à Lutèce. C’est César qui a Gorit : « En cas d’invasion et d’attaque d’un ennemi, la multiLido se réunit dans les bourgades fortifiées ». Mais l'usage même dun tel centre en assure la continuité, en accroît à la longue lirportance. Et la ville permanente découle tout naturellement tlü la ville temporaire. On à noté que, vers le début du premier siècle avant notre (0, il y eut en Gaule un réel développement de la vie urbaine. Hibracte, le centre le plus important des Eduens, nous apparait, Hi Lomps de César, avec une population dont une partie se livre A Lovorcice des métiers. On y a retrouvé le quartier des forge1Onb, fondeurs, etc. On y a repéré un lieu de marché, pourvu, tlù chaque côté, d’une rangée de boutiques avec des colonnettes (ji devaient sans doute supporter des auvents. La bourgade lonifiéo de Bourges, chez les Bituriges, était, au dire de César,

Conaidérée comme la plus belle ville presque de toute la Gaule ; allo ébait, pour ce peuple, à la fois un asile et un ornement, écrit du autour qui y mentionne une place publique. Nous avons un ani ln sensation de la ville permanente qui a atteint déjà corbuin degré de civilisation,

LE

NOUVEL

ÊTRE

LUMÈ ON

COLLE

Lubèco Lait sans doute plus humble, car c'était une peuplade

lativoment peu importante que celle des Parisiens. On n’a Didique pas trouvé de monnaies de cebte peuplade en dehors (0 Non Lerritoire, tandis qu'au contraire on a trouvé dans ce derin do nombreuses monnoies provenant d’autres peuplades

Hauloinon, C'est que c'est avant tout et essentiellement un lieu

0 panrage, qui toutefois n'acquerra toute son importance que plus tard, Qu'est-ce en effet, à cette époque, que le carrefour do Parinions on regard de celui des Eduens ou même en regard

detului des Carnutes à Orléans ? Alors qu’à l'embouchure de

TAoire ob un port, Corbilo, si important qu’au second siècle HVHNL notre dre il passe pour être, avec Narbonne, la principale nue do commerce de la Gaule, il n’y a rien à l'embouchure de

i

h

10 B0ino. 1 semble que les méendres qui To ouve on aval de Lutèce ont, pour HMipRtiON dans cobte direction. Strabon, don Gaule à laquelle appartiennent les

ï

caractérisent le cours ainsi dire, atrophié la parlant de la portion Parisiens, signale que

CONUNL Ion Rèmes (pays de Reims) qui forment le peuple le plus donnidumable de cette partie de notre pays et que leur ville printipale vst lo contre urbain le plus peuplé de toute cette région, Qui que co peuple se trouve sur la voie de passage la plus directe du Rhône à la Manche. Aussi César nous le présente-t-il domino le pouplo le plus civilisé parmi les Belges et comme venant,

Aprôs los Ecluens, dans la faveur romaine. Les Rémes sont consi-

ln

(ajouto-t-il) comme les frères et parents des Suessions (pays

—\N0iHONE) ob comme usant du même droit, des mêmes lois et du Wôme

gouvernement

que les Suessions. Or ceux-ci se trouvent

Id lung do cote même voie directe de passage du Rhône à la Manoho, Co n'est donc pas à Paris, mais plus au Nord que passe Toohomin par loquel on a l’habitude d'atteindre la Manche. La Boine d'aval no remplit

pas encore

Hutboo forcément s'en ressent.

son office à cet égard,

et

À l'origine de Paris est le chemin, la grande voie de passage on gone, on puissance. L'histoire primitive de cette ville n’est

u

d lord qu'une histoire de routes. C'est le chemin naturel qui à all Davis, malgré Lous les inconvénients du site. La rive droite

ntibre n'était guère qu'un marais que dominait lo demiBelleville, ttrolo dos hauteurs de Charonne, Ménilmontant, pas Montnartre ot Chaillot. Le nom même de Marais n’a-t-il rive ? AU ONE à uno partie de la portion orientale de cette

“Hi

out l'influence des bas niveaux de la rive droite qu'au

id midole de notre ère, lors d’une crue du fleuve, on fait naufrage entre la tome on pleine mer (d'après un auteur de ce temps)

Mt

li basilique de Saint-Laurent située du côté de la gare

au AeluolIe de l'Est. Sur la rive gauche, c’est encore le marais, e-GenePiodi ainsi qu'à gauche et à droite de la Montagne-Saint du PréVidve, avec les boues de la Bièvre et la plaine fangeuse tout ce qui At Clores qui fuit à l'horizon de Grenelle. On sait souvenir des lOraltache, de façon générale, dans notre ville, au Il faut conquérir Ahondations à travers les âges et jusqu'en 1910. qui s'étend 1 erre Bu l'oau, la conquérir également sur la forêt environValinsante elle aussi, notamment sur les hauteurs nantos, puisqu'on “Lulle de longs siècles, qui n’est pas encore finie préserver de judo toujours de travaux à effectuer pour nous de la Seine Mhondution, de ce rappel de l'antique domination changements de Que Paris. aujourd’hui couvre Neo sol que ville ! Terrains dlüpuis, dans la physionomie du site de cette artificielNEO vés de plusieurs mètres, buttes aplanies, autres cours d’eau : lement Créées, hauteurs décapitées, côtes adoucies, le pprimés, canaux construits, corset dé pierre maintenant aux environs Wu, lorèts réduites à des lambeaux s’égrenant : dernière cette de l'intérieur à Ville, plantations effectuées humaine Ativre des hommes au long des temps, l'empreinte de | ile, Cette œuvre commence vraiment au lendemain

Hünquête romaine.

L

naturelle boommencement de Paris est le chemin, la voie habihugo par laquelle sont venus — comme il advient dont on va Hlletiont — après les marchands, les conquérants,

l'œuvre.

© LA VILLE NOMAINE DE HAUTE ÉPOQUE

al

Lo plateau limoneux à sous-sol calcaire de Villejuif ü, parmi la succession des forêts de la Brie à HS &l de

CHAPITRE

IV

Los premiers pas : la ville romaine de haute époque. (Du I" au III siècle.) Dans un encadrement de hauteurs boisées, parmi l'étendue d'ulluvions 6 de graviers que découpent les bras multiples de lü Soino, un ensemble de huttes où de cabanes ponctue le sol bus d'une petite île allongée dans le fleuve : c’est Lutèce, ville loto do la peuplade des Parisiens, au lendemain de la conquête dû la Gaule par César. Au Nord, un vaste espace marécageux Qt compris entre le lit du fleuve où est couchée Lutèce et un uno bras de la Seine qui s'étend paresseusement au pied même do Charonne, Ménilmontant, Belleville, Montmartre et Chaillot, Au Midi, lo Seine n’est séparée du plateau de Villejuif et de le Montagne-Sainte-Geneviève entre lesquels s’intercale la Bièvre, Quo, par une étroite bande de sol alluvionnaire. Sur le MontagneSüinto-Gonoviève, à l’em placement de notre rue Saint-Jacques, monte lo vieux chemin gaulois qui prolonge, sur la rive gauche du flouve, la grande voie naturelle débouchant du pas de La Clüpolle et gagnant Lutèce par le tracé de notre rue SaintMartin. Le chemin, continuant à gravir la hauteur, atteint, par no ruos du Faubourg-Saint-Jacques et de la Tombe-Issoire, Montrouge, pour, de là, à travers le Hurepoix, gagner le plateau do la Boauce et Orléans, ville forte et principal marché de la pouplade des Carnutes. La partie méridionale des abords de Hutèco domine le fleuve, bien loin d’être soumise à son action directe, comme l'est la partie seplentrionale ; en outre, alors quo ootto dernière ne constitue qu'un vaste marécage, done un

liou à La lois inutilisable et inhospitalier, elle offre des ressources

M du Hurepoix au Sud, une tache de sol fertile prêt à se 1 to moissons et fournit de l’excellente pierre à bâtir. dun Montagne-Sainte-Geneviève, le chemin, que marquent Mui, dans Paris, les rues Saint-Jacques, du FaubourgLfncques ob de la Tombe-lssoire, traverse, sur la plus Dpürtio de son parcours, les bois auxquels les sables et MMonuchamp, caractérisant une portion de ce sol, ont Haimmance, il ne tarde pas à atteindre, plus au Sud, les ftondos se rattachant au plateau de Villejuif et gagne, Wii dos lambeaux du fertile calcaire lacustre de Beauce, Mihionizon de sombres forêts et de fraîches vallées, l’'imdlondue nourricière qui s'étale à perte de vue dans la Hl'Orléans. Lo Montagne-Sainte-Geneviève et son proab méridional sont riches aussi en pierre à bâtir. bn conquis la Gaule, et voici que se marque sur ce pays WfHainio romaine. Cette dernière nous apparaît nettement

Dliyintio do la Montagne-Sainte-Geneviève regardant Pile

Mimait tout à l'heure à nos yeux la Lutèce gauloise. Sur la Hbnplontrionale de cette Montagne, sur l’un de ces plateaux MitWiro marin, aux lignes nettes et où l’on a relevé tant de Lil primitifs établissements humains, une ville se montre un, llo ost formée d’un réseau de voies tracées en ligne

Dao W'oriontant sur notre rue Saint-Jacques ou sur la Seine

u, long dos principales d’entre elles, des édifices D Mado hiermes (sans doute à l'endroit de Cluny), un a anplacement du lycée Saint-Louis, du côté de la rue Raëme

MDOMOVNA Saint-Michel), des Arènes (rue Monge). Les habiOdOMpOrANL

cette ville se trouvent

approximativement

Mau otre lo boulevard Saint-Michel et la place Maubert

Mt la hauteur — et entre le Luxembourg, où s’égrènent Müronco, semble-t-il, los demeures riches, et la rue Descartes winmal, L'approvisionnement en eau potable se fait, selon

b romain, par lo moyen d'un aqueduc : celui d’Arcueil.

| rompart

no W'obsorve autour

de cette agglomération.

92

LES P

La ville qui vient do nous apparalbno uno marque de prise Son de possession du vieux sol gaulois par la püaiande romaine. le tracé roctiligne et coordonné nous montra qu'elle n’est pas produit du hasard des siècles, mais qu'elle est lo résultat d’une des fondition intentionnelle. La ligne droite, la coordination Ulnonts constitutifs : voilà les caractéristiques de la ville fondée un Mulon les données romaines qui remontent elles-mêmes à passé plus reculé que celui de Rome. C’était Rome présente au Iiliou des peuples qu'elle avait subjugués. On pout penser que ce fut sur l’ordre de Fun des premiers diporeurs romains, Tibère peut-être (qui régna de l'an 14 après Thu Christ à l’année 37), que la peuplade des Parisiens éleva des fanouvelle ville, qui se développa ensuite. Ce ne sont pas qui Hoinains — comme on pourrait être tenté de le croire — Ont Venus établir cette ville : cen’est point là une colonie romaine. out ce que l'on sait à la fois de sa population et de sa situation juridique dans JÉtat romain permet au contraire de penser qu’elle toit son établissement avant tout aux indigènes qui obéirent

on cola aux conquérants. IL y eut, comme cela se passa à la même époque pour d’autres agglomérations urbaines de la Gaule, un déplacement de la ville, qui cossa d’être la Lutèce gauloise défensive enfermée dans son ile de la Seine et s'étagea, sans rempart autour d'elle, sur la ponte librement ouverte de la Montagne-Sainte-Geneviève. Cu fut là sans doute l'effet d’une mesure politique visant un pouple vainou auquel il s'agissait de faire oublier son passé et do né point donner des moyens de résistance, le cas échéant. De là cette nouvelle ville, placée sur la rive méridionale du fleuve ob orientée par conséquent dans le sens des influences de Rome. Cost du Midi en effet que vient sa raison d’être. C’est là, pour cobte ville, la zone attractive, par opposition à la zone répulsive que constitue — par delà le double obstacle formé par la Seine ob par le large marécage de la rive droite — le Nord, d’où peut venir le danger Barbare. Bref, elle s'appuie sur le Midi contre Je Nord. Sa grande artère, sa voie formatrice sb l’ancien chemin gaulois Sud-Nord devenu voie romaine et représenté, dans le

do nos jours, par los vues de la Tombe-Issoire, du FaubourgJütquos ob Saint-Jacques, C’est au long de cette voie

Hi non entrée dans la ville qu'ainsi que cela a lieu dans les omaines, so succèdent les tombeaux : à l'extrémité mériMeteo la rue Pisrre-Nicole actuelle, dans la partie corresdite de la rue Denfert-Rochereau et à l’extrémité occidenü A boulovard de Port-Royal, on a retrouvé un cimetière Manodompris entre le 1er et le re siècle. WaMIIO sur le chemin| Qui pourrait dire comme il convient Ou lo chemin a été pour Paris ? Dans l’état d'isolement Dont alors entre les hommes obstacle indéfiniment répété Llignonde forêts ou des étendues marécageuses, le chemin a bitgnand élément de rapprochement, le chemin romain soliMon GLabli après la piste primitive des Gaulois. Regardons, à: Hu lo bois que César nous représente comme pleins d’obsMal dont il dit qu'ils s’interposent entre les peuplades de MIO comme des murs naturels, le long ruban de la route dinuino,

Voyons-le

Wulunux

vaux

Nh«ù le devons cel Milivulion Mtque los

traversant

profondes

non

moins

ou largement

audacieusement

épandus,

les

les vastes

commencement de notre grand Paris. axe Sud-Nord formateur de la nouvelle ville; romaine primordiale apparaîtra dans ce fait fouilles exécutées dans son prolongement ‘sur

füune soule voie de haute époque romaine surmontée Miro de basse époque, les fouilles, qui ont eu lieu rue

Diomuo Buint-Jacques, la circulation s’est élargie, n’a cessé Hu Holio au long des anciens âges, tandis que la voie de la Motte qui emprunte le tracé de nos rues du Faubourg-SaintSuint-Martin à une importance très sensiblement ot quo cable dernière voie est la voie du Nord, qui dou obatuclos do la zone répulsive, n’atteignant Lutèce \

#

on

LES PREMIENS PAS

de la Seine un pou qu'après avoir franchi le bras septontrional marais s'étendant au Sud de notro gare de l'Est, puis le large joue alors un rôle dû co point jusqu'au fleuve actuel. Cette voie directement de hi oflacé, comparé à celui de la voie menant documents carles dans point figure ne qu’elle Lubdco à Orléans, pas sans Lographiques romains eb que nous ne la connaîtrions la rive droite de Tuk fouilles effectuées sur son parcours. Sur

du ln Suine, la Carte dite de Peutinger (que l’on date du mi° où

date du ru siècle) 10 Hidcle) ob l'Itinéraire d'Antonin (que l’on allant de Troyes marquent lo passage devant Lutèce d’une route plateau du Vexin, le et à Rouen par Montereau, Melun, Pontoise dans la direction avou prolongement, à son extrémité orientale, se raccorde à celle Auxerre ; à l'Ouest de Pontoise, cette route par Senlis et Beauqui, de Troyes également, conduit à Amiens en rapport avec VIA, Lubèce est miso ainsi, de façon indirecte, signalent aucune tohdernières villes. Mais ces deux documents ne la région septenToute ve dirigeant de Lutèce directement vers archéologiques que Wionule, Co n'est que grâce aux recherches Lutèce à Saintous connaissons le tracé d’une voie reliant est sans doute Denis et gagnant de là Pontoise : cette voie, qu’il Troyes à Rouen de route la de partie une avec parmis d'identifier , puis la rue du indiquée plus haut, suivait la rue Saint-Martin la rue du GhâteauThubourg-Saint-Martin jusque du côté de Philippe-de-Girard el Landon d'où, dans la direction de la rue (lt ln vue de La Chapelle, elle atteignait Saint-Denis. de basse époque, Dos Lraces de voies romaines, généralement rues Saint-Antoine ONL 616, d'autre part, repérées dans le sens des elles utilisaient, pour ol Hrancois-Miron et de l’avenue Victoria : bourrelet formé par fanchir ces bords de la Seine, une sorte de à l'emplacement Uno Succession de monceaux naburels existant de la tour Saintdos églises Saint-Paul et Saint-Gervais eb soubassement solide d’un restes les retrouvé Jacques. On a de la dépression mural soutenant la chaussée dans la traversée septentrional de la aquouse qui marquait le lit de l'ancien bras de Charonne. Le Soino, entre le monceau Saint-Paul et le pied l'époque romaine, ayatème routier de Paris sur la vivo droite, à

SYATÈME

ROUTIER

ROMAIN

35

MMplète par une voie que dos observations archéologiques Bb aomblablement fait connaître et qui, par Bondy, Claye, MOureq, gagnait Reims, nœud de communications très nb où la Carte de Peutinger montre un rayonnement de doubon, Min rive gauche, Lutèce est reliée directement à Orléans LB-mûme carte nous montre également un nœud de routes um ho dirigent vers Chalon-sur-Saône, avec un embranWan la route de Lyon à Clermont-Ferrand et une troiManlionge dans la direction de Tours, Angers, Rennes et la Watonne, avec des embranchements sur Le Mans, Poitiers, Wigan, Nantes et sur la pointe du Cotentin. Sur cette Laulio do la Seine, Itinéraire d’Antonin indique une voie Wide vers Rouen par Dreux et Evreux et qui atteignaié Honblublement Lutèce par Sèvres, la rue de Sèvres, Saint-

Minedon Prés o6 la rue Saint-André-des-Arts. Ajoutons, tou-

(te COLE-Jà du fleuve, une voie romaine que des recherches Mologiques ont permis de retrouver et qui, venant de Melun AMaMaiL, pour entrer dans notre ville, la Bièvre, au ss Pur qué Bis au Sud de l'église Saint-Médard actuelle. Mambo du système routier du Paris d’alors témoigne à Mr importance des communications établies directement liroiro 6 du rôle que commence à jouer la Seine d’aval Mntgligéo à l'époque gauloise, nous apparaît, au temps des Hub pourvue, sur chacune de ses rives, d’üne voie dans la

OMOM do Rouen. C'est en ce temps que naissent ou com-

Don croître les agglomérations urbaines de la basse Seine : Wonna, Rouen. Au surplus, un document épigraphique vient Montron la persistance de l'influence de la Seine dans les Abo o Paris. [1 s’agit d’un petit monument lapidaire en n altol ot avec inscription, actuellement conservé au musée Cluny ot qui ost un hommage rendu, sous le règne de Tibère, Jomo conquérante, par la corporation des nautes du pays

Davinions, corporation dont le siège était à Lubèce. Du lo chomin : voie d'eau, voie de terre, la civilisation romaine L iplantéo dur cos bords de la Seine; ob l'image de Rome

LES

PHEMIERS

PAS

la ville romaine de la pare la Montagno-Sainto-Genoviève. C’est n’a pas obtenu la faveur pouplade des Parisiens. Cette peuplade (Autun), les Lingons (0 devenir, comme, par exemple, les Eduens fédérée, ce qui consti(Langres) ou les Rèmes (Reims), une cité Parisiens sont dits Les favorable. plus la Luait la condition s’administrent euxsimplement libres, ce qui signifie qu'ils ont reçue de Rome, Mmes, mais dans les limites d’une loi qu’ils

romain. Leur Nh échappent de la sorte à l'action du gouverneur la justice bite consiste notamment dans le pouvoir de rendre

dans l’exemption des ûL do gérer los finances locales ainsi que du droit de propriété sur gunnisons romaines et le complet usage

fois politique et lb ol, Cotte ville de Lutèce est leur centre à la

sa position sur de grandes toligioux. I elle doit sa fondation à à faire la ville. Certes, Vous de passage. Le chemin continue d’un modeste groupement hllosci ne dépasse pas les proportions

du côté de l'Italie : 10cul, Lo capitale de la Gaule romaine est de notre ère,

du re siècle out Lyon, dont Strabon, au début Gaule, à l'exception toutefois dit qu'il ny à pas, dans toute la car les Romains (ajoute-t-il) 0 Narbonne, de ville plus peuplée, Là (continue-t-il) est le où ont fait le centre de leur commerce. de la Gaule à César Auguste. tomple, hommage de tous les peuples auteur), par sa situation au Comme Lyon (signale encore cet à proximité des différentes honlluent de deux grands fleuves et dire l'acropole de la Gaule, ainsi pour est parties de la contrée, de départ des grandes Agrippa l’a chôisi pour en faire le point nombre de quatre et abouloutes de tout ce pays qui sont au de Saintes) et en (pays Santons les Lissent, la première, chez troisième à l'Océan et la Aquitaine, la deuxième au Rhin, la à la côte massaliote (Maret Narbonnaise la dans quatrième le rayonnement de la soille). C'est l'étoile des voies marquant instruments de domination capitale. Par le moyen de ces voies, à la Gaule sa volonté. impose romain l'Etat ion, et de centralisat encore sonnée. L'heure de Paris capitale n’esb pas mnt

CHAPITRE

V

L'initiation à la vie chrétienne. La nouvelle existence ([ui découle du danger des invasions barbares. Les traits qui se forment. (De la fin du IlI° au V° siècle.)

de “A nur le chemin, on vient de la voir, en son réseau Nb iLon ot avec les édifices publics caractéristiques de toute e(UHTINE, Sur la pente septentrionale de la Montagne-Saint Cost parce que Lutèce est située à un carrefour dé ML, A Voutos que la civilisation romaine s’y est, dès le re' siècle üre, éLablie, sous la forme de cette cité ordonnée, image üino, “MUliOiNin, le voici de nouveau qui se déroule sous n0$ yeux ibn sos conséquences. Regardons — entre les deux élévaMAN NOL qui abteignent leur point culminant Pune à la place (italie, l'autre un peu à l'Est du parc de Montsouris —

Héiiuoux dé la Bièvre. Celle-ci, du côté où la rue Monge HiVenue

des Gobelins,

c’est-à-dire un

peu

au Sud

de

tBuinL-Médard, offre aux passants un gué pour franchir

X, vors l'endroit même où le flanc montueux de la MonAiTilo Croncviève l'oblige à se détourner dans la direction hi pour achever son cours en se jetant dans la Séine à “uiont de notre ancienne gare d'Orléans. Là, elle forme doNLuaire sépandant sur un sol alluvionnaire de sables Hlloux, tandis qu'à l'amont elle coule assez resserrée

M pontos Ouleires des deux élévotions qui la flanquent. Au gué is un pou au Sud de l'église Saint-Médard joue romaine vonanb de la direction de Lyon franchit

L'NTIARION À LA VIE GHRÉTIENNE li Bièvre pour gagner Lulèce, Or, aux bords même de cette roule, avant qu'elle ait franchi la Bièvre, on o découvert tout un cimotièro chrétien dont les plus anciennes tombes peuvent tomonter à la fin du re siècle et qui s'oppose au cimetière paien du grand chemin d'Orléans. La mort accompagne fidèlement la Vio, Lémoigne en quelque sorte de la vie au long des voies de

oiroulation humaine.

lo cimetière ainsi mis au jour indique que là dut exister le Dromier groupement chrétien de Paris, en d’autres termes que 1 maquib sans doute le christianisme dans cette ville. Nous savons on effet que, dans les cités romaines de la Gaule, les promiors chrétiens se réunissaient à l'écart dans une sorte de Quartier ou de village voisin de la ville et qui était dit pour 0ola = signale Grégoire de Tours, auteur du vre siècle, très averti » quartier ou village des chrétiens. Le même auteur nous les montre célébrant leur culte en secret en des lieux souterrains. Do vols licux pouvaient s’offrir à eux parmi les carrières de calOWino à bâtir exploitées à l’époque romaine dans le voisinage d00bo partie de la Bièvre. Grégoire de Tours nous apprend, d'autre part, qu'il y avait là un village, qui avait dû se former Loubnuturolloment à ce gué de la Bièvre, le long de la route

Lomaino, COR

Hans doute Ià qu’il faut chercher la première « église »

40 Puril, Co sont les temps héroïques de l'établissement du üibiatianisme en Gaule, temps qu'évoque cet auteur quand il

Houtmontre le premier évêque de Tours — qui, nous apprend-il, Ya apporté le christianisme au milieu du me siècle — ne réusBidsant à convertir que quelques personnes parmi la multitude do païens habitant cette ville, aussi doit-il se dissimuler afin d'échapper aux outrages des puissants et le voyons-nous célébron lo culte en cachette avec le petit nombre de gens qu’il a vonvortis; mort, il trouve sa sépulture dans le cimetière du quartier ou village dit des chrétiens. Son successeur (ajoute Grégoire de Tours) édifia la première église dans la ville de Tours, ülors que los chrétiens étaient devenus déjà nombreux, et de la maison d'un sénateur il fit, en cette ville, la première basi-

jù, où il du, sa sépulture, Dans l'ensemble, ce qui se passa à

(lb so passer égaloment on d’outres cités de la Gaule et Miniont à Paris, où, d'après le même auteur, on remarquer vit Nbcle, dans un village voisin de la ville et, qu'il faut sans MM lontifier avec notre cimetière chrétien de l'avenue des MIA, Léglise qui passait pour la plus ancienne de Paris. À Aootmime à Tours, ce ne fut que plus tard, lorsque les chréAUVinrent plus nombreux et apparbinrent à un rang social noyé, que l'église s'établit dans la ville proprement dite. Daille Sur le chemin, on la voit avec les conséquences qui "tUitILont pour elle. Par le chemin venant de la direction de yon ül de la basse vallée du Rhône, point de naissance et de Mon du christianisme en Gaule, la nouvelle religion arrive nn, Colle-cien effet a été apportée de loin par des «envoyés ! HDonis sans doute pour Paris au ru siècle. Au siècle prés OL, au re siècle, l'église de Lyon, capitale de la Gaule romaine, Mnto, Les églises de Toulouse et de Vienne (qui comptaient paruni los villes principales de l’ancienne Gaule Narbonnaise), Mlle Trèves et de Reims (villes métropoles des deux Bel(UN) romontent au milieu du mr siècle. L'église de Paris MILMLre datée de la fin de ce siècle, en même temps que celles Bittion (ville métropole de la deuxième Lyonnaise), Bordeaux D Hourges (villes métropoles de l’Aquitaine), Cologne (ville Pilule de la Germanie inférieure), Sens (importante cité Hino). Nous savons en tout cas, par le récit de la vie de saint ln œuvre de Sulpice Sévère et sans tenir compte des fouilles {hetière chrétien de l’avenue des Gobelins, qu'il y avait une

INOMA Paris au ve siècle.

Qrolle que soit l’origine Mrattacho étroitement au Ainint Denis s'égrène au (lib,-on 1482, de l’église

.

du christianisme dans notre cité, elle grand chemin de passage. La légende long d’une grande voie de Paris. Il Saint-Etienne-des- Grez (qui se ou

bte Saint-Jacques du côté de la Faculté de droit et du lycée (lab Grand), par sos chanoines, qu’elle a été là première

du dylino fondéo à Paris por saint Denis. Or c’est précisément

… aôté do Sant Hilienne-des-Grez que vient aboutir à la rue Saint-

BAPE uequos, grande voie Nord-Sud de la ville de

ù Époque, une

Voio romaine partant de la Bièvre, à l'Ouogt de l'église Saint-

Müdard. D'autre part, des documents du début du x siècle nous révèlent, dans l’île de la Cité, vers l'extrémité septentrioHalo do la voie tracée dans le prolongement de notre tue SaintJacques, l'oxistence d’un lieu jouissant d’une antique vénération bo lon disait que saint Denis avait été tenu en prison : là, Apport on, le Christ vint visiter le saint et lui donna luiMme la communion; la dévotion des fidèles y avait autrefois dové uno chapelle qu'on laissa ensuite tomber en ruine. Ce lieu, AUnOUL IE par: la légende du saint, est situé près de l’église dite de

Bainirbonis-de-la-Chartre (ou de la Prison). A la date de 1206,

Mathieu comte de Beaumont, qui le possède, l’abandonne à lüvüque de Paris pour que ce dernier y élève, en mémoire dnuint Donis, une chapelle plus solennelle (est-il dit dans l’acte) uen volle qui y avait été érigée antérieurement. C’est toujours llgende des origines du christianisme au long du grand chemin BudeNord de Paris — ici, vers le débouché, dans l'ile de la Cité, dipont du grand bras de la Seine (emplacement du pont NotreDume aotuel). Enfin, par le tracé de notre rue Saint-Martin — Prolongement, sur la rive droite, de la voie précédente ct de la MO Saint-Jacques— nous gagnons le lieu dit autrefois Catulliacus, Hujourdihui la localité de Saint-Denis où, selon la tradition la plubancienne, le saint subit le martyre. Son tombeau se trouvait on vo même endroit, en bordure de la voie romaine conduisant de Paris à Rouen par la rive droite de la Seine: la position de 1 Lombeau au bord de la voie est en quelque sorte sou-

Vino par l'appellation du prieuré qui fut construit là et désigné

Woub lo nom de Saint-Denis-de- l'Estrée (Sirata, Estrée, Voie). QtONL au culte de ce saint que se rattache la fondation de lnbbaye de Saint-Denis, abbaye vers laquelle s’est orientée Loubo une par de l’histoire de Paris et qui a constitué l'élément lommalour de la ville actuelle de Saint-Denis. Rue et faubourg . Sulnt-Donis ont doublé la voie primitive rue et faubourg SaintMuvbin ot formé, sur la rive droite, la branche Nord-Sud de la croisée do (Paris,

VRDAINS DE LA NOUVELLE RELIGION

Lu ville sur le chemin uno lois de plus nous apparait, cebbe Mn liée à ce grand fait: l'introduction du christianisme à Davis, Que si l'on veut, d'un coup d’œil, saisir toute l'importance TL LU fait, il faut so placer devant l’église Notre-Dame et Warder Adam o6 Eve qui, de chaque côté de la Vierge, se dressent A1 confusion de la faute originelle et semblent fournir lexpliAün do la magnifique page historiée qu'est la façade de la (rule. On a là figurée aux yeux l’idée religieuse qui est à LU de la ville du moyen âge et sert à en expliquer le caracti physionomie. L'évolution urbaine ne découle pas excluMON de faits d'ordre économique ou géographique ; les HUM morales ou religieuses exercent aussi leur action à cet HI, Do même que la ville, dans les anciennes civilisations de HVpLo, de la Mésopotamie, de la Grèce et de Rome, est ininolligiblo si, pour la comprendre, on ne fait pas intervenir les Maligions antiques, de même la cité du moyen âge tire sa signi“IDAtION des croyances chrétiennes. Ces dernières s’expriment Who églises et monastères qui $ ’élèvent de toutes parts, forHN cù où là des noyaux de peuplement; elles engendrent les üloninages, source de richesse et de développement pour les Jomités possédant des reliques célèbres, car le chemin qui conHI los pèlerins amène avec eux ou à leur suite les marchands, grâce tüuxquels se dépose le germe de croissance urbaine attaché Mtominonce; sur ce même chemin, la littérature, sous la forme don tlansons de geste, se crée; le culte du saint patron suscite, lune pieuse émulation, la reconstruction des églises, et Notogt Part encore — l’art dont se pare la ville — qui naît ldoroyance, Celle-ci est comme le ciment qui relie les uns MIITTOS 168 éléments sociaux; elle crée la communauté de (tors, De même qu'à Athènes la vie civiqué, rattachée au Oo li déosse protectrice, a fait naïtre cette merveille : le Milton, do même, au moyen âge, Punion des esprits et des Mie Je culte du saint patron a inspiré l’admirable archido poligiouso dont Notre-Dame de Paris est un spécimen. ML Loub cola qu'il faut concevoir en entrevoyant là-bas,

di guë da la Bibvre, l'humble groupe des premiers chrétiens

HARAS

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LA

PU

NOUVELLE

EXISTENOE

dû Paris, vost tout cola ot bien autre chose encore, C’est toute lü conception, sur laquelle reposait le monde antique, s’écroulant. Cost l'homme cessant d’être, corps et âme, asservi à l'Etat, ayant Wa vio propre dans l’organisme social, tirant la notion du droit ob du devoir d’une autre source que du prince, ne voyant plus dans l'étranger l'ennemi que lui présentait la religion Wibique. Aux simples rites que constituait cette dernière furent AubatiLuCS des dogmes et, comme on l’a dit, « la crainte des dioux fut romplacée par l'amour de Dieu ». Copondant, la Lutèce que nous avons vue au long de la MonlugnobaintesGonoviève n’est plus qu'un amas de ruines. Vers laine du vie siècle, les invasions barbares en Gaule l’ont détruite, Mabbant fin à ce qu'on peut appeler la première existence urbaine do Paris: ion on offet dans l’avenir ne se rattache à la Lutèce do auto époque romaine. C’est la mort d’une ville dont l’exisLünoe Loub entière tient dans moins de trois siècles. Dos invasions barbares ont déterminé le phénomène de la doniraotion urbaine : ces invasions une fois repoussées, les villes déluuitos so sont roformées, mais en se resserrant dans une posilion défonsive, à l'effet de se prémunir à l’avenir contre un semblublo danger. I en fut, tel Paris, qui tendirent plus ou moins drovôbir, à cobte fin, la forme appropriée du camp romain. Le Pouplo conquérant, qui à déjà marqué de son empreinte civilitübnioo lo vioux sol gaulois par la ville régulière que nous avons Vu #épanouissant sur la pente de la Montagne-Sainte-GeneWidVO aux rayons bienfaisants de la paix romaine, une seconde lois imprime sur ce sol la trace vigoureuse de son clair génie. 1hû ump romain est du reste conçu comme le tracé qui a donné Hüidfanco au réseau de voies ordonnées caractérisant la ville dübnuite do la rive gauche. Il affecte la forme d’un rectangle pündralomont, entouré d’un retranchement à l’intérieur duquel doux voies principales, orientées l’une dans le sens Nord-Sud ob autre dans lo sens Est-Ouest et se coupant, au centre, à angle droit, aboulissent aux portes répondant chacune à l’un des qualro côtés du camp. D’autres voies étaient disposées paralldlomont aux doux précédentes, Le prætorium où demeure du

LA VILLE

CONTRACTÉE

DE BASSE

ÉPOQUE

ROMAINE

48

Oob do lavmée avait dans cet ensemble une place déterminée : wülovait au point de croisement des deux voies principales üb dtnil précédé d’une place, le forum. On obaonvons Paris qui s'est reformé après la ruine de la ville do mivo gauche : ila repris possession du site défensif qu’avait Donabibué pour lui, antérieurement à la conquête romaine, l'ile dan Gites Cortes lo lieu est exigu : cette île, accompagnée d’ilots Lou souloment plus tard à son sol et presque moitié moins urando qu'aujourd'hui, ne dépasse pas, à l'Ouest, la rue de DMunly ot, à l'Est, Notre-Dame. Alors que la ville de la MontagneMiinboGonoviève mesurait de 400 à 1.000 mètres de largeur, DWOvasant de bas en haut de cette Montagne, sur 1.150 mètres DiMiron. de longueur et avait des rues larges de 7 à 9 mètres, la Houvolle agglomération insulaire ne compte que 180 mètres dlnrgour sur 490 de longueur, et ses rues ne sont généralement lnigon que de 3 mètres. Autour de l'ile, un rempart vient doubler protootion naturelle des bras du fleuve et ne s'ouvre que dans Lo do nos ruos Saint-Jacques et Saint-Martin, à l'endroit où, dauhaique côté, un pont enjambe la Seine (à l'emplacement du DobitPont ct du pont Notre-Dame de nos jours). Là sont les toux portes de la nouvelle ville, les points par lesquels s’établiitont sos communications avec l'extérieur. Entre ces portes, Mullonge du Nord au Sud la voie la plus importante, elle-même DoWpÜd vors son milieu par une voie dirigée de l'Est à l'Ouest. Dnnoutro, des rues courent parallèlement à l’une ou à l’autre Uooë doux dernières. C'est le système du camp romain adapté Wliiorme insulaire de la nouvelle ville. Le prætorium, siège du Pouvoir romain, au lieu de s'élever au point de croisement des dou wvoios principales Nord-Sud et Est-Ouest, se trouvait sans doute à l'omplacement actuel du Palais de Justice et un temple Mrquaib probablement l'endroit que devait occuper plus tard Nono Dano, En tout cas, des restes d'importants édifices ont dé ox hum à cos doux extrémités de l’île. Et, au surplus, on a lamarqué que, dans un bon nombre de villes nées comme la nôtre, La cathédrale ou uno église très ancienne et l'édifice qui lomnuit lo cœur de la fortification urbaine au moyen Age (chà-

PARIS AU IV! SIÈCLE Loau,

hé de frttlos, ele.) avaient une gl

romaine

eb ge

dabbuchaiont au rempart do la cité de basse époque romaine dont

ln ovoupaiont quelquefois les coins opposés. Coblo villo qui vient de nous apparaître dans l'ile de la Seine Won plus « Lutèce des Parisiens » —— comme on disois — ont Paris : elle à pris le nom de la peuplade ou civitas dont elle dit lo chof-liou, et l'ile en a tiré sa dénomination propre de Cid Dos changements de noms analogues eurent lieu, dans le. Mêmo Lomps (1 siècle), pour d’autres villes de la Gaule, comme Muito sans doute à la mesure que l'on attribue à Caracalla et qui domiénaibt à Pensemble de l'Empire le droit de cité romaine. Quoi qu'il on soit, c’est encore la ville dans ses liens avec le Qhomin qui so montre à nous. [l n’est, pour se rendre compte dükollots constants de celui-ci sur elle, que d'observer Paris Wobqual nous est apparu au rv° siècle, enfermé dans l'ile de la

Cid, a babri d'un double rempart : celui du fleuve et celui formé

puuno volido muraille. Cest, avant tout, le lieu fort, la cité Tonbilito, dovant la constante menace du danger des invasions Ditbaros, C'est la cité fortifiée, au long du grand chemin qui iüne du Rhin, d’où viennent les Barbares, au Midi où ils tendent no diriger. Comment laisser sans défense ce point de carrefour, Toumé par lo croisement d’un fleuve qui coule de FEst à l'Ouest Wdune vois terrestre qui constitue un grand passage naturel die Nord au Midi ? Ce sont ces conditions faites à Paris par son Oüdio géographique qui ont déterminé son caractère de lieu délonnit ot ce caractère, à son tour, a donné à la ville sa phy_hionomio. _

Cette ville repliée sur elle-même, contractée en vue de la délonso = suivant cette sorte de règle générale énoncée plus dat ob qui explique qu’au rve siècle, Autun et Nimes par exemple Hovoupont plus respectivement que la vingtième et la. septième puntios do l'espace sur lequel ils ’étendaient précédemment — düib votonir notre attention, C’est de cette nécessité du resserJamont pour parer au danger d’attaques ennemies que la ville

ü bind cos conditions de vie malsaine contre lesquelles aujour-

d'hui il nous faut lutter avec Lant de difficultés, L'entassement

45

donridro lo rempart et dont je viens de marquer l'origine a fait _Hüilro los conditions d'habitation du taudis et développé ces Maladies qui, velles que la tuberculose, causent tant de ravages ob mont comme une lèpre étendue sur l'énorme agglomération pünisionne de nos jours. La lointaine origine historique du mal o8l là. Ja motion défensive est, au rve siècle, si essentiellement attaüho à notre ville qu'un auteur d'alors, Ammien Marcellin, au lou de désigner Paris sous la dénomination de cité (civitas), l'appelle un castellum, c’est-à-dire un lieu fort — un castellum quo la Seine grossie de la Marne enferme dans une ile, ajouteWil, soulignant ainsi la prédestination géographique de ce lieu Tout: Si on lit, au surplus, le récit, par le même auteur, des luttes Que la Gaule romaine a dû soutenir, en ce siècle, contre les Würmains qui ne cessaient d’y semer des ruines, on saisira le und rôle assigné à la ville fortifiée. C’est Pimportance de Paris dns la défense de la Gaule romaine contre ces Barbares qui fait 1 voble ville le siège, par exemple, des quartiers d’hiver du 1üsar Julien que l'empereur Constance a envoyé en Gaule pour Wopposer aux envahisseurs. Nous devons à ce séjour de Julien à Paris, au début de 358, puis dans l’hiver de 359 à 360, de pouvoir Onlrovoir cette cité au rve siècle, grâce aux œuvres qui nous lonb panvenues de ce personnage et aux récits qu'Ammien Mardollin, officier de Julien, a composés, vers 380, de faits qui rie ho ont passés que 20 ans auparavant. Julien nous la représente sous des traits avenants : « J'étais Wong on quartier d'hiver auprès de ma chère Lutèce (écrit-il); lb Clos appellent ainsi la perte ville des Parisiens. C’est un #lot Hüequol dos ponts de bois donnent accès de deux côtés. Le fleuve diminue où grossit rarement : il est presque toujours au même HiVonu, LS comme hiver; l'eau qu'il fournit est très agréable

WMbrÈs limpide à voir et à boire. Comme c’est une île, les habi-

Late sont forcés de puiser leur eau dans le fleuve. L'hiver y est oux, à cause de la chaleur, dit-on, de l'Océan, dont on n’est pus à plus do 900 stades ot qui, peut-être, répand jusque-là duolque douce vapour, car il paraît que l'eau de mer est plus

LEA URAUTS QUI HR MORNENT

HVRIL DE VIN SUR LA RIVE

olinude que l'eau douce, Que ce soit cette cause ou quelque autre qui most inconnu, lo fait n’en est pas moins réel : les habitants

do co pays ont do plus tièdes hivers. [l'y pousse de bonnes vignes, ütquolques-uns se sont ingéniés à avoir des figuiers en les entouWant, pondant l'hiver, comme d’un manteau de paille ou de Loub autre objet qui sert à préserver les arbres des injures de air, Cotte année-là toutefois (358), l'hiver fut bien plus rude Que do coutume : le fleuve charriait comme des plaques de Wnrbre, Vous connaissez la pierre de Phrygie. Cest à ces carunix blancs que ressemblaient les grands glaçons qui roulaient Lo unis sur les autres; ils étaient sur le point de former un pashago Holide eb comme un pont sur le courant ». Quant à la ville elle-même, elle nous apparaît avec le palais (palabium) où réside Julien, avec un Champ de Mars (campus) Hcoté aux exercices ou aux rassemblements militaires ainsi Œuaux assemblées populaires, avec des camps fixes (siaiiva) quo l'on à précisément lhabitude d'établir en des points straLüpiques vols que Paris, ou sur des lignes de communication Wilitaire ou encore aux frontières, avec enfin des faubourgs (uburbana). Cette ville n’est donc point limitée à étroit espace (le Hilo de la Cité; elle comporte, sur lune ou Pautre rive du (louve où sur les deux à la fois, des dépendances ou annexes, We Champ de Mars qui, organiquement, dans toute cité omaine, doit être établi en dehors du rempart, en lespèce sur

lune dos deux rives de la Seine.

:

Lo môle militaire de Paris favorise son développement. Les Cp du genre de ceux qui viennent d’être mentionnés exerConLà vob égard une action efficace : ils ne sont point simplement @bablis pour les besoins passagers d’une troupe en campagne; Cd Hont des stations fixes et cette fixité a pour résultat d’inGiVor dos gons à venir habiter dans leur voisinage, pour se liVror au commerce avec les soldats ou dans le but d’être Protégés, 16 velle est l'importance de l’agglomération qui peut

mins fo constituer qu'un certain nombre de villes n’ont pas d'autre origine que celle-là. Notre

cité à dos faubourgs, ot là est le germe de son avenir.

DROITE

DL, dos traces d'établissement humain de basse époque Mind ont été rotrouvées dans les deux monceaux naturels du Hrivo droite sur lesquels devaient s'élever plus tard la Miinblacques et l'église Saint-Gervais, soit de chaque pont sis à l'emplacement actuel du pont Notre-Dame

HOnnL de la ville de l'ile de la Cité à la rive droite. Il

Haburol, au surplus, de rencontrer ces premiers vestiges bitat humain sur les deux monceaux qui, à l’orée du pont, Mont l'étendue marécageuse de la rive droite. Un tel: AND rattache à la fois au pont et au grand chemin qui y LOL on est comme le prolongement vers le Nord : la future MnbMartin. Ce chemin, qui prolonge sur la rive droite la Nord-Sud de la croisée de la cité romaine insulaire, MA «ii faubourg septentrional de cette dernière. Qui ne Importance que ce chemin tire du rôle stratégique caracL Paris à la basse époque romaine ? La ville n'est-elle Mvunue comme une sentinelle regardant vers le Nord d’où 16 danger de l'invasion barbare ? Il ne s’agit plus de la Multi la ponte de la Montagne-Sainte-Geneviève, sous la Mine ville ouverte. Nous avons maintenant sous les yeux Hésinilitaire tournée vers le Nord d’où vient la menace Ba Ainsi le chemin et la ville associent leurs destins. “Aliumnin illumine parfois, en ces jours sombres, d’un éclair OMjho, Peu d'années après Julien, l’empereur Valentinien, Linoursions germaniques ont semblablement appelé en HmtLabIiL à son tour, temporairement, sa résidence à Paris. Ji que revient, après avoir défait les Germains près de NiurMarne, le maître de la cavalerie Jovin, au-devant Hmoub vondu Valentinien, tout joyeux de cette victoire Lpprond le chroniqueur contemporain Ammien Marcellin). Ho dotroupes, allées et venues de chefs militaires romains, \n Victoire, inquiétude devant le danger, c’est tout cela Mineho au grand chemin qui, par le tracé ou la direction ton Saint-Martin, du Faubourg-Saint-Martin, du Châ-

idon et Philippo-de-Girard s’en va, à travers Je pas de

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1

\

Ab long du chemin créateur, la tache animée du marché. Athènes

; F

AU BAINT-MANTIN

QUI HT

La Chapelle quo dominent, de chaque côté, lon butlos Chaumont ot Montmartre, vers Saint-Denis, Ce chemin, le voici qui forme, à l'orée du pont du grand bras dlù la Soine, le faubourg, fait d’une importance capitale pour Paris. Qui dira ce que la ville doit à Pétranger, ce qu'elle doit A passant qui, au long du chemin, se fixe. Ce dernier l'a conduit AOUb les murs de la ville et il s’installe à la porte. Ainsi se forme litimblement, sous l'égide du rempart, le faubourg. Il se forme do toutes sortes d'éléments que le chemin a amenés en ce lieu. [out à côté de la ville et vit d’elle. Et il grandit, il grandit au point do devenir la ville elle-même et de s’entourer à son tour dun rempart, alors que la vieille enceinte dont il était exclu Host plus qu'un vestige archéologique. Dans Loute cité que Fon étudie, il faut envisager ce double Glénent : la ville proprement dite et le groupement formé à côté de cobte dernière, la ville haute et la ville basse, ou la cité et le Hiuboure, l'agglomération originelle qui exerce les fonctions eb A l0h organes de la vie religieuse et politique, qui dresse vers le QOL In masse imposante de ses édifices, et l’agglomération née à l'ombre de la précédente, qui offre aux regards ses humbles démeures, qui se livre à l'exercice de métiers divers et présente,

|

Ë

LEH MRAITS

Gil d'abord essentiellement sur le rocher de l'Acropole, mais agglomération du bas, industrieuse eb marchande, est devenue ln Wille par excellence. Paris était d’abord essentiellement, à la basse époque romaine, dans l'île de la Cité, mais nous le verrons plus Lard être par excellence sur la rive droite autour du marché né d'un faubourg. Llavenir nous apparait sous une autre forme, en ce même temps, au long du chemin Nord-Sud de Paris. Regardons s'avanCor éur ce chemin saint Martin, évêque de Tours. Sulpice Sévère, contemporain ét lun des disciples de ce saint du rv°siècle, en à raconté la vie. Il nousle montre parcourant les routes de la Gaule, détruisant, dans les campagnes où le paganisme règne toujours, temples et idoles et les remplaçant par des églises ou dés monastères, Voyons-le qui passe, couvert d’un vêtement de

chameau ob d'un long manteau noir et monté sur un âne.

prose vors lui, car sa réputation s’est étendue au loin : lur sa route les miracles, et la foi chrétienne, comme un Duo promosses, lève de toutes parts. C’est une puissance tue craignent les puissants de la terre. Donc, revenant Hlouto de Trèves à Tours, il passe par Paris et comme, accom\ Hértlluno grande foule (raconte Sulpice Sévère), il entrait

MAutuLtO ville par la porte du rempart, un lépreux horrible

bo présenta à lui, le saint lembrassa et le bénit, et le CU RussiLÔt fut guéri et le lendemain, se rendant à l’église, Mi nolte de toute tache de lèpre, ilrendit grâces à Dieu pour MANN qu'il avait recouvrée. En souvenir de ce miracle, un LS do Paris éleva, à la porte septentrionale de cette ville, I courant du vi siècle, avec des branchages entrelacés, MUriioire de Saint-Martin, et probablement dès ce même à lü/un Lout cas au moins au début du vrrre siècle, on trouve

Wi, lo long du chemin Nord-Sud aboutissant à cette porte,

bunilique de Saint-Martin dont le Conservatoire actuel des Au Métiers occupe sans doute l'emplacement. Voilà notre Minlb-Martin baptisée et devenant une voie de pèlerinage UIID époque mérovingienne durant laquelle les pèlerins dant particulièrement nombreux au tombeau du saint quo Hours. Comme il a été exposé plus haut, une route Haine conduisait de Paris à Tours par Orléans. Notre grand In Nord-Sud, rue Saint-Martin et rue Saint-Jacques, débute

Htluns son rôle de grande voie de pèlerinage.

nn

rolatant le miracle du lépreux, Sulpice Sévère signale once, à Paris, d’une église où va prier ce malade guéri.

Mbabloment l'église est déjà dans la ville proprement dite, COLE do la cathédrale actuelle et le christianisme, que nous du vu naître aux abords du carrefour actuel des Gobelins,

Ltvonu assez fort pour s'établir dans la cité même, Ce qui le (ponton, vost une soûne légendaire qui paraît bien s'être déroutu oôté du cimetière chrétien du carrefour en question et Portunat, auteur du vi siècle, raconte dans sa biographie taint Marcol, évêque de Paris, originaire de cette ville et dont h

moon LUS TRAITS QUI Jù vio semble chovaucher sur les 1v0 et V Widolos. Uno damo

été noble, dont l'existence n'avait pas été oxemplaire, avait Mais Londuite au tombeau avec la pompe habituelle à son rang. vue la dont sorpent horrible d’un 1h kon cadavre devint la proie de leurs QNraya los habitants du voisinage, qui s'onfuirent accompagné donoures, Ce qu'apprenant, l’évêque saint Marcel, le lieu où. tu pouplo, sortit de cette cité et se dirigea vers les gens qui CUlNO passait. Parvenu en cet endroit, il laissa en priant, DaVaent suivi et, en leur présence, savança seul, de Atedovant du serpent qui revenait de la forêt pour pénétrer Pair HouVent dans la sépulture : à la vue du saint, Vanimal, après l’évêque, Alors pardon. hüppliant, semblait demander sur la tête HAVOir frappé trois fois d’un bâton et lui avoir passé tn linge, le tira derrière lui — dans l’escorte du peuple accouru —. | no distance de près de trois milles. Ensuite, il enjoignit on tt porpont d'aller dans les déserts ou dans la mer, et depuis rendre Wen ontondit plus parler. Remarquons que, pour se présenté Atrprès du serpent, l'évêque sort de la cité où il nous est de doiMe ayant sa demeure eb comme remplissant son office l'église paslour, Dans la cité donc, doit sans doute se trouver la direcOù Loivie, Une voie romaine de basse époque — dans Aion de nos rues Galande, de la Montagne-Sainte-Geneviève, chréDescartes et Moufletard — conduit de la ville au cimetière reprit une (lon, Lo chemin de ce cimetière, le saint prélat le repose Marcel Saint tombeau. son gagner pour fois (trnidre siècle Gré(ann un village de cette cité, nous apprend au vif village, poire de Tours qui signale un miracle à son tombeau. Ce le bourg appellera qu’on ce deviendra indiqué, qui nous est ainsi établisseOR ville Saint-Marcel, tirant son origine du primitif d’un ‘ont des chrétiens, près d’un gué de la Bièvre, au bord Oonin venant de la direction de Lyon et menant à Paris. Lo christianisme dans la ville et qui va transformer celle-ci, la voie Voilà co que nous venons d'observer, Et le grand rôle de Lorrestre à ceb égard nous est apparu. La branche Nord-Sud rue Sainbdo la croisée formatrice de Paris (rue Saint-Marbin eb chemin de Jaëques) #'ost présontéo,à nous comme un grand Ü

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AUTRES VOIR



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ülorinage. Quant dla branche Hst-Ouest marquée par la Seine,

= 0 no cosso pas de s'offrir au va-et-vient des barques. he flobtille sans doute militaire réside à Paris vers dafirme le rôle de ville de confluence que notre A tin position sur la Seine, tout près du confluent de tLron loin du confluent de l'Oise. Mot Loujours la ville sur le chemin

Le préfet

l'an 400. cité tire la Marne

qui se montreà nous.

CONDITIONS

DE

L'ÉTABLISSEMENT

DES

FRANCS

53

ont marqué. Alors que Lutèco, à la haute époque romaine, Momonte dans le sens de la branche Nord-Sud de la croisée, mais

CHAPITRE

VI

L'établissement des Francs. La survie de la cité romaine. L'avenir qui s'ouvre : Paris capitale de la France naissante. ' (Fin du V° siècle et VI‘ siècle.)

|

Dans l'étude de l’évolution d’une ville, Paris en l'espèce, il importe de bien dégager les phénomènes qui se présentent. C’est Hinbi quo lon a observé plus haut le phénomène de la contraclion urbaine et ses effets sur l’agglomération. Celle-ci bouge, #0 déplace : dans l'ile de la Cité au temps de l'indépendance Wüuloiso, elle nous apparaît sur la Montagne-Sainte-Geneviève Aux Lrois premiers siècles de notre ère, pour se confiner de nouYoan dans l'ile natale à la basse époque romaine. Le développeont urbain, d'autre part, se produit dans un certain sens, dütenminé par les principales voies d’accès à la ville. Paris est Hé au point de passage, sur la Seine, d’un grand chemin naturel Nord-Sud, en un carrefour de plateaux calcaires favorisant lo cheminement humain primitif. Sa croissance a été commandée par co grand chemin formant, sur la rive droite, vers ce point to passage, une croisée de voies avec une route Est-Ouest se Palbachant aux plateaux calcaires de la Brie et du Vexin. Mais des doux branches de cette croisée, la dernière, parallèle à la Voie fluviale et faisant en quelque sorte double emploi avec celle-ci, a eu un rôle moins essentiel à remplir que l’autre branche qui, perpendiculaire au fleuve, complétait le mouvement général do cireulation des êtres et des choses. Le point de croisée est

voué à la fonction commerciale dans la ville. C'est doncfde ce

.oûté do la Soine que le développement

urbain est particulière»

AIR rive gauche du fleuve, Paris, à la basse époque romaine, CuMauné dans l'ile de la Cité, commence à s’orienter dans la Meotion septentrionale de cette même branche. On en a vu plun haut la raison. Les faubourgs, qui se sont formés à cette (utnidre époque sur les monceaux Saint-Gervais et de la tour Mini lacques, sont accompagnés de voies qui les relient à la fanbio orientale de la rive droite, du côté de la Bastille. Ce tracé Vi marque la naissance de la branche Est-Ouest de la

Urolito des routes de Paris.

Qant par la branche Nord-Sud que les Francs, venus du Nord, HHNVont À Paris vers la fin du ve siècle. Il est nécessaire de bien Arantire compte des conditions de leur arrivée et de leur instalAHMon dans cette ville romaine. Depuis la seconde moitié du (10 Hibclo on avait vu des bandes de barbares d’origine germaHMtquo, baptisés du nom de Francs, se livrer à des incursions en Watie, Des Francs servaient, d’autre part, dans les troupes Mines. Il y en avait qui cultivaient, avec l'agrément de l'au|NILÉ romaine, des parties du sol gaulois. De nombreux Francs ont parvenus à occuper d'importants emplois romains. NMiion Marcellin en signale notamment un, du nom de MalMiiuide, qui était à la fois comte des domestiques et roi des ACY, Entre l’Escaut et le Rhin, nous trouvons les Francs

UIVINL sous la domination romaine. Leurs rois, au ve siècle,

Mippuiont sur l'Empire romain. L'union de ces peuplades ou ation franques à l'Empire nous est attestée par ce que GréWtode Tours rapporte de Childéric qui régnait sur des Francs LHlN, omble-t-il, dans la région de Tournai. Nous voyons ces ranon ronvorser Childéric et le remplacer unanimement, comme

par lo Romain Egidius qui exerçait le commandement

Hüprdme sur los troupes romaines en Gaule. Quelques années -aprûn, ils roprirent comme roi Childéric. Celui-ci étant mort (apporte Grégoire do Tours), Clovis son fils régna à sa place.

Burn d'autres bandes franques régnaient d’autres rois. Clovis commando à 408 Erancs ob en même temps règne sur dos popu-

b4

LA SURVIE DE LA CITÉ

ROMAINE

lation romaines, Co n’est pas, à vrai dire, un conquérant venu pour détruire la puissance romaine. I1 cherche à se faire une placo dans l'Empire. Mais l'empereur est loin, à Constantinople üt lo chof franc indépendant. Ce dernier ne se en pas due do l'autorité romaine. Rome survit à elle-même dans ce mondi dooidontal qu'elle a façonné à son image. Copendant Clovis étend son royaume jusqu’à la Seine ; le voici à Paris Qui poursuit sans doute, sous lui, le cours de ses de Foraines, Le voici qui se fait chrétien avec ses Francs et devient üinai, pout-on dire, doublement romain, car l'Eglise, depuis “Au'avec Constantin l'Etat romain l’a reconnue, a Li ddelé . Oganisation sur celle de cet Etat, si bien que, « Ru l'autorité ipériale disparut (a écrit Fustel de Coulanges), l'Eglise chréLionno portait en elle une image des institutions de lEmpire et uno partie do son esprit, Par l'Eglise, les traditions. de PEmpire on passèrent aux générations suivantes ». Golh; joint Ace que l’on sait des conditions de Fébablissement dos Francs on Gaule ainsi que du caractère du pouvoir de Clovis explique 00 phénomène urbain capital que l’on peut appeler Lu dnvio do la cité romaine, après la prise de possession des villes Hüllosromaines en général et de Paris en particulier par les Tranos, Co qui caractérise essentiellement la ville à dater de ce IMOMONL, d'est précisément cette survie romaine. La cité romaine do ban époque survit, caractérisée à la fois par son vieux mur u l'abri duquel so fera l'avenir et par l'église d’où rayonnera l'action pastorale de l’évêque. C’est cette cité enfermée dans le

tompant do l'ile, qui tire d’elle son nom d’ile de la Cité qui va détonminér la formation du Paris de nos jours. C’est dMétonent

à olle que so rattache l'étude de l’évolution subséquente de Paris.

Mais voici un autre grand fait qui intervient, en ce qui conanne notro ville. Pour bien s’en rendre compte, suivons de près l'histoire de Clovis, telle que Grégoire de Tours, au vi siècle la rapporte, Clovis a étendu son pouvoir de la Seine à la Loire

après lo rôlo de notre rue Saint-Martin, c’est celui de notre ts Saint-Jacques, l'antique chemin d'Orléans. Par delà la Loire jusqu'aux Pyrénées, est lo pays qu'occupent los Vinigotha,

CLOVIS

CONSUL



AUGUSTE

Clovis dit aux sions (raconte Grégoire de Tours) : je supporte aluimément que ces Ariens tiennent une partie des Gaules; Mona avec L'aide de Dieu et, après les avoir vaincus, réduisons lo pays on notre pouvoir ». « Ces paroles plurent à tous » : une MLILLO, livrée près de Poitiers, porta le coup mortel à la domiHMOM Wisigothique en Gaule. La conquête de la Gaule est dès JModtuce par Clovis, sur qui? Sur d’autres Barbares où ain qui se parbageaient la domination ou l'autorité dans ce ya mais point sur PEmpire romain. Ce qui le prouve notamHAL, d'os ce qui se passa après la défaite des Wisigoths. « Après AVIUloire sur les Goths (nous apprend toujours Grégoire de DUR), Clovis revint à Tours. Il reçut alors de empereur AnasHu U0R lettres de consulat et, dans la basilique de SaintATMNLIN, apparut revêtu de la tunique de pourpre et de la “ATNNYy de, mettant le diadème sut sa tête. Puis, sorti de l'église, monta à cheval et, parcourant le chemin qui s’étend entre la Dito de l’atrium de la basilique et l’église de la cité, il jeta de Mjropro main libéralement l'or et Pargent à la foule accourue MMNON passage et, depuis ce jour, il fut proclamé consul ou HUE. Etant sorti de Tours, il vint à Paris et là établit Le Hu royaume ». Cela se passa en l'année 508. C'est si peu Himpire romain qu'il a conquis la Gaule qu’à la suite de Mtloïre sur les Wisigoths, il est élevé par l'empereur, sinon Ti au moins honorifiquement, à la dignité consulaire. Il en MVQL los insign®s que sans doute Anastase lui à adressés : übo do pourpre que les consuls avaient l’habitude de porter Mlniimont dans la cérémonie d’inauguration de leur charge, Mnlinnyde aussi; même il se présente avec le diadème des Momphatours romains et qui était de circonstance après la 1ULUrO qu'il venait de remporter. Il a reçu de l'empereur les

Mpnouà la fois du consulat et du triomphe romain. La céréMono qu'il accomplit à Tours correspond à ce qu’on appelait Diocussus consularis, c’est-à-dire à la marche solennelle du Dunul partant de sa demeure pour se rendre, le jour de son entrée

" lonotions, au Capitole où il offrait un sacrifice à Jupiter. Dans à villa on fête, la procession consulaire s’avançait ob Pon so

56

PARIS CAPITALE

précipitait sur les monnaies d’or ou d’argent que le consul jetait lui-même ou faisait jeter à la foule amassée. Et c’est après avoir reçu ces honneurs romains que Clovis, quittant Tours, se dirige vers Paris dont il fait la capitale du royaume franc. Dès lors, aux facteurs géographique et écono mique qui interviennent dans la formation et le développement . de toute ville, il faut en joindre un autre dont l'intervention sera décisive pour Paris : le facteur politique. Et c’est encore à sa situation que cette cité doit cette nouvelle fortune. Le chemin ne cesse de faire la ville. C’est parce que celle-ci se trouve sur une route menant du Nord, base d'opérations des Francs en Gaule, à la Loire au delà de laquelle ils viennent d'étendre leur puissance, que, dans le but de se rapprocher de ce dernier fleuve, ils élèvent Paris au rang de capitale de la France qui naît. En même temps, notre rue Saint-Martin, par où s’établissent leurs com- munications avec le Nord, gagne en importance. Sur ses bords, on se fixera, malgré les conditions peu favorables d'habitat qu'offre le sol généralement marécageux de la rive droite de la Seine. N'est-ce pas au surplus du côté de cette rive que coulent la Marne et l’Oise qui font de Paris une sorte de ville de con-. fluence ? Le caractère de zone attractive passe de la rive gauche à la rive droite. Ce fut sur la première de ces rives, le long de la voie romaine de basse époque conduisant de la ville insulaire au cimetière chrétien du carrefour actuel des Gobelins, que Clovis éleva, d'accord avec la reine Clotilde sa femme, une basilique en l’honneur des Saints-Apôtres et où les deux souverains furent ensevelis. Au cours du vie siècle, les restes de sainte Geneviève Me furent transférés et y suscitèrent des miracles. Cette basilique . devint dès lors l’église Sainte-Geneviève (derrière le Panthéon, du côté du lycée Henri IV). En un autre point de cette même rive, à l'Ouest, à l'endroit d’une petite élévation surmontant, vers le bord de la Seine, une étendue à bas niveau où plus tard il y eut des prés, l’un des fils de Clovis, Childebert Ier, construisit la basilique de Saint-Vincent où il reçut la sépulture en 558. De son côté, Chilpérie, petit-fils de Clovis, ayant été

PARIS

AU

VI° SIÈCLE

OT

onduit en bateau pour y être en 584, y fut © se assassiné à Chelles Germain, évêque de oe enseveli. Entree temps, saint au Les miracles dont ce saint fut enterré. é ét avait en 576, ÿ cette basivedette en mirent mort sa teur de son vivant et après no peut où lique deven! ue Saint-Germain-des-Prés. Gré de Saint-Julien rare que ment identi fier une basilique Saint-Julien-le-Pauvre, au goire de Tours cite à Paris, avec (route d Orléans) point de rencont re de notre rue Saint-Jacques rues G alande, de la Montagne-Sainteet de la voie qui, par les menait au cimetière chréGeneviève, Descartes et Mouffet ard, 15 A tien du carrefo ur actuel des Gobelins. su aujourd’huil s’élève où l'endroit à C’est sans doute l’emplacemen ë chercher faut E qui>il ï droite, 1 rvais, sur la rive dont Fortunat des Saints-Gervais-et-Protais . la doélince avait là, negie 5 . us, signale l'existence à Paris. Il y st. a monte cageux de ces bords du fleuve, un . la basse époque 51 Vhabitat et.déjà habité du reste à sur 4 F0 ns ment, prohable et peut-être, ce même vie siècle aujourd ui À analogue dont l'emplacement est marqué . Saint-Martin, se Conservatoire des Arts et Métiers rue Don le 1a8 de . He . une basilique de Saint-Martin. Plus au passé le % : ; grand chemin, voici, toujours au Vi° siècle, onal de la pr la rive droite et ce qui subsiste du bras septentri un monas . la basilique de Saint-Laurent à laquelle se rattache ce nom, un peu (vers l'emplacement de l’église actuelle de Fe Sud de la gare de l'Est). fondations religieuses peuvent servir à ns ae Ces à AArvier sur les deux rives, l’ossature routière de Den: e qui relie l'abbaye signalées il faut en ajouter une nouvelle Seine ou Saint-Germain-des-Prés au pont du petit bras de la gauche dans la ville Petit-Pont par lequel on pénètre de la rive ne coptuent en que renferme l'ile de la Cité. Les deux rives effet que des faubourgs : c’est dans l’île qu'est toujours prop d’oriment la ville. Celle-ci nous apparaît ceinte de son TERME qu gine romaine, avec deux édifices essentiels : l'église, siège pouvoir épiscopal caractérisant toute cité romaine (ecclesia),

58 PARIS CAPITALE l'église « avec ses maisons » eb peut-être déjà debout au même

endroit dès le temps de l'évêque Marcel, et lo palais (palatium), ancien siège du pouvoir romain à Paris et devenu la demeure du roi mérovingion, lorsqu'il lui arrive de séjourner dans cette ville. Oo souvorain mène en effet une vie nomade et réside surtout à la campagne dans ses domaines; le gouvernement, comme son ontourage, le suit où il va habiter. L'église et le palais sont sans toute respectivement aux extrémités orientale et occidentale do l'ile, du côté de la cathédrale actuelle et à l'emplacement du Palais de Justice. Ce qui permet de l’avancer, c’est, pour 16 palais, cette dénomination même attachée de tout temps à do liou et, pour l’église, le fait que, postérieurement, nous trouVOns à côté de Notre-Dame, la petite église Saint-Jean-le-Rond Wollrant à nous comme les baptistères où se donnaït le baptême ir immersion dans une piscine eb qui, dans les anciens temps, hüvompagnaient les églises épiscopales. Le baptistère consistait on un édifice distinct mais habituellement rapproché de l'église Gpiscopale; il était tout naturellement placé sous l’invocation do saint Jean-Baptiste et avait souvent la forme ronde. Souverain ot évêque constituent la double autorité qui s’exerce dans la ville. Cette dernière a ses portes, livrant, comme précédommont, passage l’une du côté du Petit-Pont, l’autre du côté to notre pont Notre-Dame; l’un de ces ponts nous appareit, au Vi0 siècle, formé de deux poutres mal jointes. Une place où sont poupées les maisons des marchands s’étend dans la direction de ln voio reliant les deux ponts et qui est l'axe de cette cité. Une bolle localisation répond à celle du Forum, dans l'antiquité Tomaine. Il y a, à Paris, une certaine vie commerciale se rabtathunt même au grand commerce : on y rencontre en effet des Syriens dont l’un, riche marchand du nom d’Eusèbe, trouva moyen, vers la fin du vif siècle, de devenir évêque de cette ville, puis do remplacer, par des gens de son pays, tous les clercs de la maison épiscopale de son prédécesseur. Or les villes de Syrie étaient, à cebte époque, au premier plan et les Syriens imporLaient en Occident, en même temps que leurs produits indusLiols, los denrées de l'Inde et de la Chine. Cevte liaison de Paris

PARUS AU VI! SIÈCLE 0ù l'ancienne Syrie du monde romain n’est point négligeable

Anh Lébude de l'évolution urbaine. N’a-t-on pas remarqué, au

sur Hplus, que, dès l'époque mérovingienne, l'Orient a exercé décoDiilont des influences qui se sont traduites dans Part

nil roman ?

Lvilé romaine de basse époque survit, avec sa donnée essenAllumont défensive. Le rôle de la ville à cet égard nous est AVE par les textes du vi siècle qui montrent en elle un lieu Mroluge par excellence. C'est à l'abri des murailles urbaines famille tjuo, dovant là menace de l'ennemi, on se retire avec sa Lun ions. C’est derrière le rempart de Paris que Frédégonde, reste, du juger, peut On trésors. ses avec s'abrite lune veuve, Abtinngors qu'on courait en plat pays, quand on voit l’armée

WIN

Ithin de Sigebort en lutte contre Chilpéric incendier les

Atos autour de Paris, saccager tout et emmener les habitants

comNMUNpLivité. Puis, également comme précédemment, le (MO to rattache aux villes. Les fils et petits-fils de Clovis sont, _domimo ce dernier, en déférentes relations avec l’empereur romain (NII à Constantinople. L'ombre gigantesque de Rome s’allonge MN Nrance naissante, Il ne faut pas perdre de vue ce fait qui devient NL à ln base de notre Paris : c'est une cité romaine qui du roi \oipitule du royaume franc, à la suite de l'élévation

Wu,

par l'empereur, à la dignité consulaire.

de HM OBS où 586, un incendie, relaté en détail par Grégoire les deux Mu, détruit la partie centrale de cette cité, entre pont,

CHAPITRE

VII

"4

Aux temps Mérovingiens et Garolingiens. L'éducation religieuse ; ses effets sur la ville. Le régime féodal. L'âge agricole de la ville. (Du VII‘ au X° siècle.)

Sur la Seine largement épandue s’allonge, dans une escorte d’ilots, l’île de la Cité qui renferme ce qu’un auteur du vi® siècle Fortunet, appelle la citadelle élevée de Paris. Il faut s’imaginer la muraille de la vieille enceinte romaine émergeant du sol bass des bords de File, avec, dans l’espace peu étendu ainsi clos, un humble moutonnement de toitures que rayent les lignes d’étroites rues n'ayant plus la rigueur du tracé antique, et s’étendant dans le sens de la longueur ou de la largeur de la Cité, parmi maints terrains non bâtis; aux extrémités occidentale et orientale du + rempart, se trouvent, d’une part, la résidence royale qu'auréole M le souvenir du palatium romain et, d’autre part, la principale 4 église, celle à laquelle est attaché le siège épiscopal et que pré- À cède à l'Ouest une petite place propice au commerce par sa à situation entre les deux ponts de bois enjambant la Seïne. Cette église mérovingienne a été exhumée lors de fouilles effectuées 4 vers le milieu du xrxe siècle : elle était composée de murs épais, : grossièrement construits, qui s’allongeaient, en forme de rectangle, M sur une longueur d’environ 35 mètres, à l’endroït du Parvis NotreDame actuel, immédiatement en avant de la façade de la cathédrale de nos jours; elle était orientée comme celle d’à présent, : c’est-à-dire qu’elle avait son porche à l'Ouest et son chevet à VEst ; elle comportait une nef accompagnée de bas côtés et était | sans doute, comme les autres églises de ce temps, recouverte

CARACTÈRE

ET

EFFETS

DE

LA FOI RELIGIEUSE

61

d’un plafond à poutres. Des vignes qui s’étagent sur la pente de la Montagne-Sainte-Geneviève parmi les ruines de la ville romaine de haute époque, quelques taches de vie marquées çà et là, sur les deux rives du fleuve, par une église au milieu de cultures ou de pâturages, des étendues marécageuses en divers points, tout autour la masse sombre des forêts où le souverain se livre au plaisir de la chasse : voilà, autant qu’il semble, Fhorizon de la « citadelle » que forme, sur le large fleuve, Paris mérovingien. Cette agglomération vit dans une atmosphère de naïve foi religieuse et de miracles. La religion chrétienne, par l'explication qu’elle a donnée du mystère de la vie, régit souverainement les âmes de tous. Tous croyaient. Mais cette croyance n’était point d’un ordre élevé; elle était enfantine et terre à terre ; elle n’exerçait que plus d’action sur l’homme. Etre sauvé dans l'autre monde constituait la grande affaire de ce ‘monde-ci. Or c'était PEglise qui assurait la destinée éternelle. De là sa toute-puissance. Elle fut le centre de vie : ses offices, ses fètes constituèrent toute la parure de l’existence. On croyait aux saints comme à Dieu et de la façon la plus matérielle. Le temps renaissait « où le ciel sur la terre marchaït et respirait dans un peuple de dieux ». Les saints avaient pris la place des divinités ou des héros antiques. …— Hérodote raconte comment les Lacédémoniens, ayant retrouvé … les ossements d’Oreste, y attachèrent l’idée de sauvegarde et de protection pour leur cité. Une semblable idée était associée par les Athéniens au morceau de bois d’olivier grossièrement taillé, qui figurait, parmi eux, la présence d’Athéna. Or telle ville, au moyen âge, était placée sous Pégide de Notre Dame ou protégée par tel saint dont les reliques ÿ étaient conservées. C’est, à de longs siècles d'intervalle, la même idée produisant des effets analogues. La puissance du saint était au service de ceux - qui y avaient recours. L'idéal du christianisme se muaït en un : appel tout matériel à cette puissance. D'où l'importance des reliques et, grâce à celles-ci, les pèlerinages, les allées et venues Sur les grands chemins, les relations à longue distañce maintenues malgré la dureté des temps, l'échange immatériel et maté-

62

AUX

TEMPS

MÉROVINGIENS

ET

CAROLINGIENS

riel, les marchands qui passent à la suite ou à côté des pèlerins, le marché qui s'établit et apparait lié à l'exercice du culte; par là enfin la civilisation continuant dans le soir qui tombe sur la terre occidentale où s'éteint la lumière romaine. Il est aisé de concevoir ce qu’une telle croyance a procuré à PEglise. Pour la rémission de ses péchés, pour obtenir les bienfaits d’un saint sur cette terre ou son intercession dans l’autre vie, on fait à l’établissement religieux des dons de toutes sortes qui l’enrichissent démesurément: souverains, dignitaires, simples fidèles, tous contribuent ainsi à former les grands domaines et à développer la puissance temporelle des sièges épiscopaux, des églises ou monastères divers. Le pouvoir de l’évêque dans la cité, celui des principaux centres monastiques avoisinant cette dernière ne cessent de grandir. Sur la ville de plus en plus se marque l'empreinte ou s’exerce l'influence religieuse. Voici, par exemple, l’action de l’abbaye de Saint-Denis sur Paris. Ce saint, auquel se rattache l’évangélisation de Paris et qui figure en tête du catalogue des évêques de cette cité, avait, selon la plus ancienne tradition, subi le martyre au village de - Catulliacus, aujourd’hui la ville de Saint-Denis. Sur son tombeau, qui se trouvait, en ce même lieu, au bord de la voie romaine menant à Pontoise et à Rouen, on édifia, au ve siècle, une basilique. Plus tard, une nouvelle église, accompagnée d’un monastère et qui reçut les reliques du saint, fut construite à peu de distance de la précédente, à l'emplacement où s’élève la basilique actuelle. Ce fut la célèbre abbaye de Saint-Denis. Or, au vire siècle, le roi Dagobert Ie, qui avait un culte particulier pour ce martyr, institua, en l'honneur de ce dernier, un marché dont il attribua les revenus à l’église du saint. Ce marché, après s’être tenu dans le village de Saint-Denis, fut transféré, vers la fin du vus siècle où au début du vine, à Paris, entre les basiliques | de Saint-Martin et de Saint-Laurent. Il s’ouvrait chaque année le 9 octobre, jour de la fête du saint et devait durer quatre semaines, afin de permettre aux marchands de Lombardie, de Provence, d'Espagne et d’autres régions éloignées d'y venir. Il se présentait en effet comme un centre de commerce inter-

MARCHÉ

DE

SAINT-DENIS

63

national. Les textes font mention, à ce sujet, de négociants de la Saxe, de la Frise et d'outre-mer. Le port de Rouen notamment joue un rôle à cet égard. La circulation marchande fluviale est signalée. À Paris, sur la Seine, on charge ou décharge les marchandises, et les ponts de la ville livrent passage aux charrois à destination du marché ou en revenant. Le principal objet de commerce cité est le vin ; il est aussi question du miel et de la garance. Serfs aussi bien qu'hommes libres viennent à ce marché. Les revenus que l’abbaye de Saint-Denis en tire sont — d’après un diplôme de Pépin le Bref de 753 — destinés à servir au luminaire de l’église ou aux moïnes ou encore aux pauvres et pèlerins reçus en ce saint lieu. Aïnsi, aux portes de Paris, le pèlerinage voisine avec le marché. « Depuis un long temps, dans la basilique de Saint-Denis, des miracles se produisent », nous apprend un acte de l’année 654. Le culte du saint sert à expliquer à tous égards le marché. Le chemin du marché est en même temps un chemin de pèlerinage à divers sanctuaires réputés : on a relevé, en particulier, les liens étroits existant, à l’époque mérovingienne, entre la congrégation de Saint-Denis et celle de Saint-Martin de Tours, le lieu de pèlerinage le plus célèbre alors. Et ce chemin se confond avec la grande voie constituant la branche Nord-Sud de la croisée formatrice de Paris. C’est sur ses bords mêmes, au débouché de la trouée naturelle du pas de La Chapelle par laquelle il atteint Paris, que se tient le marché international dont il vient d’être question et qui servait à établir des relations commerciales entre le Midi et le Nord. « Ce fut de tout temps, a écrit Vidal de La Blache, un point commercial. Là aboutissait la route des Flandres par Crépy, Roye, Péronne et Bapaume. Les marchands venus de Crépy-en-Valois atteignaient à Saint-Denis la boucle septentrionale de la Seine sans avoir à traverser ni rivières ni forêts. Les foires. s’établirent.… dans la trouée entre les Buttes-Chaumont et Montmartre ». Et il conclut : « Avec la persistance remarquable qui tient à la netteté des lignes de la topographie parisienne, c’est encore de cette trouée, aujourd’hui enfumée d’usines, que partent les principaux courants de vie commerciale, canaux et chemins

64

de fer,

AUX

ceux

TEMPS

qui

MÉROVINGIENS

vont

vers

les

ET

CAROLINGIENS

Pays-Bas, Londres

et l’Alle-

magne ». Saint-Denis — devenu de nos jours un grand centre industriel — prélude, en cet âge lointain, à sa destinée de lieu saint de la royauté française. Dans la basilique qu’il a enrichie de biens de toutes sortes, Dagobert Ier a été enseveli. Après lui, nos rois y trouveront leur sépulture, comme aussi, dans les heures graves de leur règne, leur point d’appui religieux. C’est de l'abbaye de Saint-Denis que nous les verrons, à dater du xrv® siècle, partir. pour faire, après leur sacre à Reims, leur entrée solennelle Notreà Paris. L'autre point extrême de cette cérémonie sera notre Dame de Paris, également sur cette branche Nord-Sud de croisée dont se dégage ainsi, une fois de plus, la haute signification historique. Paris capitale se complète par ce sanctuaire

sis au delà du pas de la Chapelle-Saint-Denis, sur la grande route du Nord, dans la direction de laquelle nous venons de voir s'orienter la vie marchande attachée à notre ville. Cette vie en général, dont témoigne-le marché de Saint-Denis, se révèle, d'autre part, à nous, à travers les documents des vitr® et 1x° siècles, qui nous montrent le champ d'activité de ceux qui se livrent au négoce pour le compte de l'abbaye de SaintGermain-des-Prés s'étendant à tout le royaume ou évoquent à nos yeux les bateaux de commerce de ce monastère circulant notammert sur la Seine, la Marne, l’Yonne, l’Oise et l’Aïsne. Semblablemert, l’évêque de Paris a ses envoyés commerciaux que lon peut rencontrer dans l'étendue de l'empire franc. L'exploitation de grands domaines tels que ceux de l’évêque et de Saint-Germain-des-Prés tend forcément à amerer une surproduction favorable au commerce et dont benéficie la ville où se trouvent juxtaposés les centres de ces domaines. Un acte de 829 nous signale les mesures placées depuis un long temps (est-il dit) « dans la principale église de Sairt-Germain et au pont de Paris ». Il est fait mention du marché à Paris, dans un document du 1x° ou du x siè-le, qui n’en indique pas l’emplacement ni le caractère, mais est néanmoins précieux parce qu’il établit la persistance du commerce dans cette ville. Comment,

ÉGLISES

AU LONG DE

LA GRANDE VOIE

NORD-SUD

65

du reste, une telle cité ne serait-elle pas commerçante, alors que, dans le second quart du 1x° siècle, on vante la gloire que la Seine tire des bateaux de commerce, allant et venant sur ses eaux ? Ce fleuve apparaît en ces temps comme une grande voie de communication. Lo route crée l’échange. Elle est entre les hommes l’élément essentiel de liaison. Elle les amène à se connaître, à se rapprocher; finalement, elle les fixe sur ses bords. Route de terre, route d’eau, de nos jours chemin de fer, c’est l’agent civilisateur par excellence. En cet âge lointain, au long de la route, s’élève l’église, qui nous révèle l'existence de points d'agglomération humaine. Qu'ils aient été la cause de l’agglomération ou qu'ils n’en soient que la conséquence, les établissements religieux jalonnent la route. C’est grâce à eux que peuvent se discerner les traits de la physionomie de Paris à cette époque reculée. Au lang de la grande voie Nord-Sud, après Saint-Laurent et Saint-Martin déjà cités, apparaissent l’église Saint-Merry au 1xe ou xe siècle, l’église Saint-Jacques (à l’endroit de la tour actuelle de ce nom) dont il semble que la plus ancienne mention dans les textes date du commencement du xxr° siècle, mais dont des substructions semblant remonter à l’époque carolingienne ont été retrouvées — ces deux dernières églises ayant pris place, comme Saint-Martin, sur les élévations naturelles du sol qui avaient précisément permis au chemin de franchir l'étendue marécageuse de la rive droite. Sur la rive gauche, le long de cette même voie, voici l’église Saint-Julien, précédemment mentionnée et sise également au bord de la route de basse époque romaine dont le lacet se déroule dans la direction de la rue Galande, de la place Maubert et de la rue de la Montagne-Sainte-Geneviève et atteint Saint-Marcel après avoir passé par l’abbaye de Sainte-Geneviève-du-Mont. L'église SaïntJulien fut construite notamment en l’honneur d’un saint de ce nom, martyr de Brioude, où il était l’objet d’un pèlerinage en vogue au vie siècle. C’est le lien religieux de Paris avec le Midi par la route d'Orléans (notre rue Saint-Jacques). Une fois de plus, nous entrevoyons notre grande voie Nord-Sud sous Paspect 5

66

AUX

TEMPS

MÉROVINGIENS

ET

CAROLINGIENS

d’un chemin au long duquel passent ou s’arrêtent les pèlerins. Cette donnée ne fera que se préciser au cours des âges suivants. Le chemin de pèlerinage se révélera en même temps comme un chemin de jongleurs et de chansons de geste. Le souvenir de l’un des héros de ces chansons, Guillaume d'Orange, qui est lié au sanctuaire de Brioude, s’attachera aussi à notre grande voie. C’est en effet par le chemin d'Orléans que, dans la légende épique, : Guillaume arrive à Paris pour défendre cette ville contre les Sarrasins et tuer leur roi, le géant Isoré, qui a laissé son nom à la rue de la Tombe-Issoire, formant, avec la rue du FaubourgSaint-Jacques, le prolongement méridional de la rue SaintJacques. Brioude est une étape sur le chemin de Saint-Jacquesde-Compostelle, et ce dernier sanctuaire, une fois devenu un lieu célèbre de pèlerinage, servira à baptiser notre rue SaintJacques. Au long de cette même voie, voilà l’église Saint-Séverin, citée pour la première fois dans une pièce d’archives vers le milieu du xr° siècle, mais qui sans doute existait à l’époque carolingienne — l’église Saint-Etienne-des-Grez (du côté de la Faculté de droit) qu’une charte de la fin du x siècle nous fait connaître, mais qui remontait peut-être au siècle précédent et à laquelle, en tout cas, de très vieux souvenirs se rattachaient — l’église Notre-Dame-des-Champs (au faubourg Saint-Jacques) que des documents du xr° siècle signalent et qui, toutefois, paraît avoir existé déjà aux temps carolingiens. Sur la rive droite, à SaintGervais fait pendant, dans le sens Est-Ouest de la croisée de Paris, l’église Saint-Germain-le-Rond ou l’Auxerrois, établie à un endroit légèrement suréleyé du bord de la Seine et mentionnée au 1x° siècle. : Un abbé de Saint-Denis, de la première moitié de ce siècle-là, nous laisse entrevoir Paris dont il vante l'air salubre, le fleuve poissonneux, les terres fécondes, les bois épais, les vignobles étendus et prospères, l'aspect populeux et — conséquence de la position de cette ville sur la Seine — l’importance commerciale ainsi que l'abondance et la variété des approvisionnements. C’est la richesse des rois et l’entrepôt (emporium) des peuples

CARACTÈRE

DE

LA VILLE —

L'ÉVÊQUE

ET LE COMTE

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(écrit, au sujet de cette cité, un moine de ce temps). C’est une ville qui brille comme une reine au-dessus de toutes les autres, signale un religieux de Saint-Germain-des-Prés du même siècle et qui ajoute : en elle on admire les ressources des Francs: une île se réjouit de la posséder; le fleuve, de ses bras arrondis, embrasse ses murs ; ses ponts lui servent de limite à droite et à _ gauche et sont munis à leurs extrémités, en deçà et au delà du fleuve, de tours tutélaires. Nous savons que l’un de ces ponts, celui du grand bras de la Seine, a cessé d’être à l'emplacement du pont Notre-Dame actuel; il se trouve plus à l'Ouest, du côté de notre Pont-au-Change. La tour dont il est flanqué sur la rive droite sert à former une porte fortifiée que l’on appelle «la Porte de Paris ». C’est la principale porte de la ville. Au débouché du pont sur cette rive un chemin naît qui deviendra notre rue SaintDenis. Ce serait se faire une idée fausse de Paris, élevé en 508 par Clovis au rang de capitale du royaume frane, que de se représenter, à partir de cette époque, cette ville comme le siège permanent de la royauté franque et du gouvernement royal. En effet, d’une part, le roi était un nomade partageant sa vie entre les divers domaines qu’il possédait et le gouvernement faisait partie de son entourage, qui l’accompagnait dans tous ses déplacements; d’autre part, le royaume de Clovis fut divisé, après lui, en autant de parties distinctes que ce souverain avait laissé de fils, avec une capitale pour chacune d’elles. Cette double restriction au rôle initial de Paris capitale doit être formulée. C’est une capitale à la fois temporaire et partielle. Ajoutons qu'avec l’avènement des Carolingiens au milieu du vu siècle, le lien devient encore plus lâche entre Paris et le monarque. Dans cette ville, comme dans les autres cités, le pouvoir de l’évêque n’a fait que grandir. La cause en est d’abord dans l’empire souverain qu’exercent, sur les âmes de tous, les croyances religieuses. Aux yeux de la population, l’évêque était un être sacré, paré de l’auréole des apôtres et qui, par le baptême qu’il était seul à donner primitivement, introduisait les hommes dans la société chrétienne ou, par lexcommunication, les en chassait.

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AUX

TEMPS

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ET

CAROLINGIENS

C'était de lui que les prêtres du diocèse tenaient tous leurs pouvoirs. La considération dont il jouissait en faisait souvent, dans les temps primitifs, un saint — tels saint Marcel et saint Germain, évêques de Paris. Quoique dominant de si haut le siècle, il ne vit pas en dehors. Il à le sentiment de son pouvoir et il sait exercer ce dernier. Il a fortement dans la main ses prêtres et tout ce monde de laïques qui gravite vers l’église ou vit plus ou moins de la vie de celle-ci. Il a dans sa dépendance la multitude des pauvres ou infirmes ne pouvant travailler et auxquels il doit la nourriture et le vêtement — troupeau humain de la misère, fous, indigents, estropiés, qui se pressent aux portes de l'église ou sur la petite place qui l'accompagne. De cet exercice de la bienfaisance naît l'Hôtel-Dieu, près de l’église épiscopale et de la demeure de l’évêque. Tournons les yeux du côté de cette dernière qui s’étend à l'ombre de la cathédrale : c’est le siège d’un grand pouvoir spirituel et aussi d’un grand pouvoir temporel. L’évêque est riche de toutes les donations suscitées par la foi du temps et faites à son église, qui se trouve de la sorte posséder un domaine étendu. L’immunité qui lui est accordée par le souverain le rend lui-même souverain dans la partie de la ville où s’étend son domaine favorisé de ce privilège :' ainsi à Paris. Il est, dans la cité, celui vers lequel se tournent les regards et dont on attend la direction ou les interventions bienfaisantes. C’est ainsi que l’évêque de Paris Gozlin relève, au 1xe siècle, les fortifications de cette ville. En regard du pouvoir de l’évêque, il y a, dans la cité, celui du comte. Ce dernier est le représentant de l'autorité royale dans le territoire d’une cité et, par cité de Paris par exemple, il faut entendre non seulement cette ville mais encore le pays dont Paris était le chef-lieu immédiat, c’est-à-dire le Parisis, Vancienne division territoriale romaine, la région qu'occupait autrefois la peuplade gauloise des Parisiens. La cité de Paris forme, du point de vue ecclésiastique, un diocèse administré par un évêque et, du point de vue civil, une circonscription administrée par un comte. La cité est, comme on le voit, un vaste territoire rattaché à une ville chef-lieu. Qu'il y ait eu sou-

- BESOIN

DE PROTECTION



INVASIONS

NORMANDES

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vent conflit entre le comte et l’évêque est chose naturelle. Et que l’évêque lait généralement emporté dans ces conflits, ce qui vient d’être exposé de sa double autorité, spirituelle et temporelle, l'explique. . Semblablement la foi religieuse d’alors permet de se rendre compte de la puissance des monastères, de la formation de leurs vastes domaines, tel celui de l’abbaye de Saint-Germain-des- : Prés et qui, sans parler d’autres territoires, comprenait toute la partie de la rive gauche de la Seine s’étendant entre Sèvres à POuest et le Petit-Pont à l'Est. Cependant, au milieu des troubles de ces temps, l'autorité publique ne cesse de s’affaiblir, tandis que, sous l'effet de nécessités économiques se faisant sentir dès le Bas Empire, la propriété de la terre, qui constitue la richesse essentielle, se démembre et que, par suite de la pratique d’une coutume remontant aux sociétés romaine et barbare : celle du dévouement personnel, les liens de dépendance d’homme à homme se multiplient, finissant par détruire la souveraineté de l'Etat. On l’a dit fort justement : « Le désordre était partout. Moins il y eut de sécurité, plus on rechercha le patronage ». Le pouvoir royal ne fut plus qu’une ombre. La hiérarchie administrative, en se détachant du tronc royal, devint la hiérarchie féodale. Les incursions normandes au 1x° siècle hâtèrent la désagrégation de l'Etat franc. Paris eut grandement à soufirir de ces pirates. A plusieurs reprises, sous le règne de Charles le Chauve, la ville fut dévastée par eux. Devant le danger constant de telles attaques et à la suite des mesures générales de défense prises dans le royaume, Paris fut mis en état de résister à ces nouveaux barbares. Et comme ceux-ci arrivaient habituellement en remontant, sur des barques, le cours des fleuves, on dressa, contre eux, particulièrement l'obstacle fortifié du Grand-

Pont (sis alors du côté du Pont-au-Change actuel).À l'abri de

cette fortification et de leur rempart restauré, les Parisiens purent soutenir victorieusement, contre les Normands, le long siège des années 885 et 886. Uné fois de plus, Paris joue son rôle de ville forte et en tire de multiples avantages. Il faut lire les

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péripéties de cette dernière lutte dans le récit que nous en a laissé un témoin, le moine Abbon, observer la population grossie des habitants des faubourgs qui sont venus se réfugier derrière les fortifications urbaines, assister aux travaux de défense prescrits par l’évêque Gozlin qui constitue la principale autorité de la ville, admirer les exploits de ce vieux combattant, de son neveu l’abbé Ebles, du comte de Paris Eudes, entendre les invocations aux reliques de saint Germain et de sainte Geneviève que l’on a transportées dans la cité comme étant le bien le plus précieux des deux monastères ainsi dénommés; il faut voir les pirates qui s’aventurent dans le pré de Saint-Germain situé entre cette abbaye et le Petit-Pont, tomber sous les flèches des défenseurs de Paris ; il faut, du haut du rempart, contempler la résistance héroïque des douze guerriers préposés à la garde de la tour de bois du Petit-Pont sur la rive gauche et que la rupture de ce pont, également en bois, a isolés de la ville ; il faut imaginer tout cela pour évoquer Paris à ce moment de son existence où il semble que l’on entrevoie tout un avenir en gestation. Afin de résister aux Normands, il a bien fallu s’unir dans la ville à abri du rempart relevé : l’esprit d’association, germe de progrès, ne pouvait manquer d’en bénéficier. L'action dissolvante des invasions normandes, jointe à la décomposition progressive de l'empire de Charlemagne, précipite l’avènement du régime féodal. Graduellement s’est amincie la grande ombre de Rome. L'autorité royale, très affaiblie, a été impuissante à protéger les peuples. Elle l’a montré notamment lors du siège de 885 et 886 : Paris a été défendu par l'évêque, par le comte, mais non par le souverain. Un tel état de choses augmenta le pouvoir des seigneurs locaux, ecclésiastiques et laïques. «On était sûr de les trouver au moment du danger (a écrit Fustel de Coulanges). On n’avait pas à attendre qu’ils vinssent de loin ni à craindre qu'ils fussent occupés ailleurs ». Le seigneur « veillait pour tous; fort ou faible, il était le seul défenseur, le seul espoir des hommes. La moisson, la vigne, la cabane, tout périssait avec lui ou était sauvé par lui ». Et alors s’élevèrent les châteaux forts. Charles le Chauve, par l’édit de Pitres de 864,

LA SOCIÉTÉ

FÉODALE

à

A

avait prescrit que les châteaux et fertés, qui avaient été construits en ces temps sans son autorisation, fussent détruits. Mais com! ment s'opposer à l’inévitable ? Plus tard, écrit encore Fustel de Coulanges, les hommes n’ont eu « que haïne pour ces forteresses seigneuriales. Au moment où elles s’élevèrent, ils ne sentirent qu’amour et reconnaissance. Elles n’étaient pas faites contre eux, mais pour eux. Elles étaient le poste élevé où leur défenseur veillait et guettait l'ennemi. Elles étaient le sûr dépôt de leurs récoltes et de leurs biens; en cas d’incursions, elles donnaient un abri à leurs femmes, à leurs enfants, à eux-mêmes. Les générations modernes ne savent plus ce que c’est que le danger. Elles ne savent plus ce que c’est que de trembler chaque jour pour sa moisson, pour son pain de l’année, pour sa chaumière, pour sa vie, pour sa femme et ses enfants. Elles ne savent plus ce que, devient l’âme sous le poids d’une telle terreur. Elles ne savent plus ce que c’est que le besoin d’être sauvé... On obéit à ceux par qui l’on était défendu. On donna la sujétion en échange de la sécurité... ». Il est dès lors aisé d'imaginer le rôle qu'était appelée à jouer la ville solidement garnie de murailles. C’est sous ce jour qu’il faut voir le Paris fortifié contre lequel se brisèrent les efforts des Normands, en 885 et 886, ce Paris où, devant le danger, sont venus se réfugier les habitants des faubourgs, ce Paris où, sous l'égide des reliques locales de saint Germain et de sainte Geneviève, tend ainsi à se créer un esprit collectif. Et le chemin continue à exercer son action sur l’évolution de la ville : cette fois c’est la branche fluviale Ouest-Est de la croisée formatrice de Paris qui intervient. Cependant, graduellement s’est amincie la grande ombre de Rome. L’antique mer des échanges, la Méditerranée, est tombée au pouvoir des Sarrasins. Au long de ces artères de vie que sont les voies de commerce, la circulation s’est ralentie. Le chemin s’obscurcit et la civilisation baisse. Celle-ci en effet n’est-elle pas le produit des relations générales entre les hommes et n’a-t-elle pas en conséquence ses destinées liées au chemin ? Or, le récit du chroniqueur Richer, du x£ siècle, nous révèle ce qu'était devenu

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AUX

TEMPS

MÉROVINGIENS

ET

CAROLINGIENS

‘le chemin à cette époque. Dans la relation d’un voyage de Reims à Chartres, cet auteur nous montre le pont de Meaux, sur la Marne, dans un tel état de délabrement que le traverser à cheval c’est réaliser un véritable tour de force. Voici Richer devant ce pont, avec un compagnon, tous deux à cheval : n’ayant pu trouver de barque, ils se risquent à le franchir. C'était la nuit. On jette, sous les pieds des chevaux, sur les trous béants, un bouclier ou des planches, et, tantôt courbé, tantôt dressé, tantôt . s’avançant, tantôt reculant, on passe. À l’éclipse du chemin correspond léclipse de la ville, et si lon voulait tracer la courbe de cette dernière à travers les âges, on atteindrait ici le point le plus bas. Sur la terre, à laquelle il faut demander tout ce qui est nécessaire à la vie, se concentre, dans l’étroit horizon de la demeure natale, l’activité humaine. Le sol se divise en domaines que les gens du seigneur exploitent pour son compte et dont ils font partie intégrante, comme la vigne qui pousse, le blé qui lève ou l’herbe dont se nourrit l'animal domestique, compagnon de leur labeur. Pour ces gens, le monde est limité à la parcelle de terre à laquelle ils appartiennent et où s’écoule toute leur existence, entre la demeure seigneuriale et l’église dont la cloche berce leur misère. Chaque domaine se suffit économiquement à lui-même, c’est-à-dire qu’on y produit avant tout pour la consommation du seigneur et de ceux qui vivent sous sa dépendance. Nous sommes à l’âge agricole de la ville. Seul, le rempart maintient cette dernière, l'empêche de disparaître, de se fondre dans les champs. N’étaïent les restes de son vieux mur et le resserrement de ses maisons à l’abri de la fortification, l'antique cité romaine ne se distinguerait point du village. Elle n’est rien d'autre qu’une juxtaposition de centres de grands domaines tels que celui du siège épiscopal dans l’île de la Cité où trône l’évêque, ou ceux des abbayes de Saint-Germain-des-Prés et de SainteGeneviève sur la rive gauche de la Seine. Sa population ne diffère point de celle de la campagne. Ici et là, elle est formée de gens se livrant à l’exploitation agricole ou à l'exercice des métiers de : première nécessité, en vue de satisfaire aux besoins de l’économie

ASPECT

DE PARIS

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domaniale. La proportion des gens de métiers est seulement plus forte dans la ville où — du fait que celle-ciest une juxtapo-sition de centres de grands domaines, le siège d’un évêché, le chef-lieu d’une ancienne circonscription administrative, un endroit où séjournent des seigneurs, des hommes de guerre et d'église — l’activité industrielle trouve plus aisément à s’exercer. La ville n’est toutefois qu’une tache animée plus accentuée ou plus étendue que le village, dans l’uniformité d’une même vie, en ces temps où règne souverainement la terre nourricière. Une telle agglomération ne constitue pas un tout économique ni un tout politique; regardons l’enceinte défensive de l’île de la Cité avec ses têtes de ponts fortifiées : là est la raison d’être d’un tel groupement. L’homme n’est-il pas un loup pour l’homme? De quelque côté que nous regardions sur les deux rives de la Seine, c’est, sous nos yeux, la campagne, ici cultivée, là déserte, plus loin boisée, ailleurs marécageuse. Ce sont les mille aspects changeants de la nature agreste dans les lieux où la ville géante découpe aujourd’hui, sur un sol factice, ses rues innombrables bordées de hautes maisons et d’édifices imposants. Le sol soit vierge, soit fécondé par l’homme, soit transformé à la suite d’une lente évolution naturelle : terres défrichées pour faire place à des champs ou à des vignes, marais mués en lieux de pâturages (comme dans les prés de Saint-Germain)— se succède au long du large fleuve poissonneux sur lequel çà et là se meuvent des barques. En divers endroits, des groupements ruraux établis autour de monastères ou d’églises, quelques hameaux ou villages apparaissent. Tout d’abord, voici l'encadrement de la vaste dépression que forme la rive droite : l’humble village de Charonne où, au début du xr° siècle, le roi de France entretient des chiens et des faucons pour la chasse dans les forêts voisines — le lieu dit Savies, à Belleville, près duquel un clos de vignes est signalé vers la fin du x£ siècle — Montmartre où, dans ce même siècle, se dresse un édifice antique voisinant avec une église et où s’étagent vignes et bl's — enfin le village de Chaillot qui est près de la forêt de Rouvray ou bois de Boulogne. Au pied de ces hauteurs, c’est, en demi-cercle, une ligne d’eau,

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AUX TEMPS MÉROVINGIENS

ET CAROLINGIENS

occupant l’ancien lit de la Seine et qu’accompagnent des terrains ou prés marécageux avec, dans le voisinage de la Porte de Paris (sise vers le débouché de notre Pont-au-Change), la tache de quelques champs : ce sont des lieux inhospitaliers, d’un accès difficile; la légende rapporte que, sur la pente de Montmartre, on peut se trouver en présence d’un serpent dont la seule vue est mortelle. Dans cette étendue, l’antique route romaine marquée par le tracé de notre rue Saint-Martin — après avoir laissé sur ses bords les vestiges de l’abbaye élevée autrefois en l'honneur de ce saint et détruite sans doute par les Normands — gagne, en franchissant en chaussée ou sur un pont ce qui subsiste de l’ancienne Seine, le pas de La Chapelle. Plus à l'Ouest, le tracé de la future rue Saint-Denis se précise par l’établissement, vers la fin du xe siècle, « au faubourg de Paris, non loin des murs de cette ville » (selon les termes d’une pièce d’archives de ce temps), d’une chapelle dédiée à saint Magloire, du côté de l’église Saint-Leu actuelle (près de nos Halles Centrales). De Saint-Germain-l’Auxerrois un chemin conduit au GrandPont sur lequel des maisons ont été construites. Des moulins à farine marquent, dans la Seine, les lointains débuts de l’usage des machines et caractérisent la vie agricole de ces lieux : le fleuve bienfaisant prête au travail des hommes, en même temps que les commodités d’un chemin tout tracé, la force de ses eaux. Sur la rive gauche, à l’orée du Petit-Pont, la route d'Orléans gravit — dans l’escorte de quelques ruines romaines, d’humbles églises, de vignes et de champs — le versant septentrional de la Montagne-Sainte-Geneviève, tandis qu’à l'Est, la route de Melun, laissant sur sa gauche une solitude dans laquelle gisent les restes des Arènes, se déroule, en un ruban montueux, vers la Bièvre au bord de laquelle « les frères de Saint-Marcel » forment, avec leur monastère, un centre de groupement rural, et qu’à FOuest, un chemin, qui traverse des prés et dont le tracé semble représenté par les rues de la Huchette, de Saint-André-desArts et de Buci, relie Paris à l’abbaye de Saint-Germain. Ce sont les églises et monastères qui possèdent le plus de terrains. l’évêque, grand seigneur territorial, maître de la plus

CHAMP

D'EXTENSION

75

grande partie de l’île de la Cité et d’une notable portion de la rive droïte du côté de Saint-Germain-l'Auxerrois, occupe une place éminente à Paris. Le pouvoir civil, représenté par le comte de Paris ou du Parisis, est au second plan. Paris, du reste, ne joue plus en fait le rôle de capitale que lui avait assigné Clovis ; notre histoire nationale pivote plus au Nord. Laon est devenu la capitale du royaume. L'espace largement ouvert en éventail sur la rive droite, devant l’île de la Cité, s'offre aux développements futurs plus aisément que la Montagne-Sainte-Geneviève. Les coteaux qui encadrent cette rive présentent les ressources variées de leur sol étagé, avec des expositions favorables aux cultures, des pentes raides sans doute mais qui ne les rendent point inaccessibles. Sur ces pentes, le travail de l’érosion, en diversifiant la nature du sol, a déterminé la variété des produits et permis ainsi à l’homme de composer ici le damier des champs, là, les étendues piquetées d'innombrables ceps de vigne particulièrement sur les versants bien exposés, ailleurs, au pied des hauteurs, le vert tapis des prairies. Au niveau des marnes, sur les pentes de Belleville, la source bienfaisante est un autre présent de la Nature. L’eau est une caractéristique de ces lieux. Elle sort de terre légèrement au-dessous de la rue Pixérécourt, dans la région des marnes à huîtres, vers la cote d’altitude de 105 mètres; elle descend par la rue des Rigoles à travers le calcaire de Brie et atteint, vers la cote 85, le niveau de l'argile verte à l'endroit de la rue des Cascades, point où ont été effectués les anciens captages de sources. La direction de ces eaux est ensuite marquée par la rue de la Mare, qui descend de la cote 85 pour atteindre, vers la cote 70, la station de Ménilmontant, à l'étage du gypse. Cette direction suit celle de la rue d’Eupatoria, à l'altitude de 65 mètres, puis celle de la rue des Maronites qui conduit ces eaux au boulevard de Belleville à la cote 50 et d’où, par les rues d'Angoulême et des Trois-Bornes, elles gagnent, du côté de la place de la République, l’ancien lit septentrional de la Seine. Lambeau détaché du plateau de la Brie à la suite du travail des eaux primitives dont sont issues la Marne et la Seine,

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AUX

TEMPS

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ET

CAROLINGIENS

Belleville offre un sol propre, comme celui de ce plateau, à la culture des céréales. Celle-ci s’y étendra donc peu à peu, tandis que la vigne prendra possession des pentes abritées et ensoleillées. Le village semble être né auprès de la source, au contact du calcaire de Brie et des marnes vertes sous-jacentes, en un lieu-dit dont la rue actuelle de Savies, entre la rue de la Mare et la rue des Cascades, a gardé le nom. Aux pieds des hauteurs de Belleville, Montmartre et Chaillot, le sol, formé de sables infra-gypseux, de marnes de Saint-Ouen et de sables de Beauchamp, avec, à l'Ouest, une bordure de calcaire grossier, atteint la zone d’alluvions et de tourbes marquant l’ancien lit septentrional de la Seine. Tout ce terrain, une fois drainé, se prêtera excellemment à la culture maraichère que nécessiteront les besoins de nourriture de Paris grandissant. Les élévations qui lui servent de cadre, correspondant à d'anciennes rives de la Seine, sont destinées à recevoir des villages, suivant ce que l’on observe assez généralement dans les plaines fluviales.

CHAPITRE la

VII

L'entrée dans un nouvel âge : tion de l'agglomérati de

Ra

la rive droite (XI° siècle). Poussée de croissance.

Cheminons ensemble sur les routes de France au xx siècle : voici que se découvre à nos yeux le paysage féodal. Sur le rocher dominant la vallée se dresse le château fort, soit seul, soit accompagné d’un groupe plus ou moins important d'habitations. Des terres cultivées, des prairies forment des taches variées au milieu de grands espaces incultes ou dans le cadre de forêts épaisses. Le château fort impose sa domination au territoire environnant et en même temps le protège. Sous le règne de Louis VI, le comte Mathieu de Beaumont, se trouvant en lutte contre son beaupère Hugues de Clermont, s’efforça — raconte l'abbé de SaintDenis Suger — d'occuper la totalité du lieu fort de Luzarches dont une moitié seulement lui appartenait par suite de son mariage, et de garnir, à son intention, la tour d’hommes et d’approvisionnements, afin, ajoute notre auteur, de mettre sous sa sujétion le pays circonvoisin. Regardons ces chevaliers : ils revêtent le haubert, lacent le heaume, ceignent l’épée, suspendent à leur cou l’écu résistant et, l’épieu au poing, montent “ à cheval. Alors sonnent les cors et les tambours avec une telle . force qu’on en entend le bruit à une lieue et demie de distance, assure un poëte contemporain de Philippe-Auguste. Pennons ou enseignes « ventelent », et les chevaliers chevauchent par la plaine ravagée. « Jusk’à 50 liues poés aler errant » — continue le même poëte — vous n’y trouverez homme, bourgeois ou

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L'ENTRÉE

DANS

UN

NOUVEL

AGE

paysan, fors ceux qui dans les châteaux se vont mettre à l’abri. Dans le paysage, la forteresse surgit à la fois menaçante et bienfaisante. Au bas et sous l’égide de la tour qui se dresse «en la roche de vieille entikité », une agglomération s’est constituée : comme à Aigremont, dans la chanson’ de Renaud de Montauban datant des environs de 1200, un bourg s'étend, que clôt un rempart et dont la rue pavée monte vers la demeure du seigneur du lieu : il est au long d’un cours d’eau où passent des barques. Le site défensif s’est imposé au choix des hommes. Dans cetre même chanson, Renaud et ses frères, fuyant la colère de Charlemagne, s’enfoncent dans l’Ardenne, parmi le profond bois «ramé » que hantent les fées et arrivent sur les bords de le Meuse où ils remarquent une hauteur sur laquelle ils élèvent « un chastel » : au pied de ce château, un bourg s’est formé qui renferme un marché. Plus tard, les hasards de leur vie errante les conduisent en Gascogne où, entre deux eaux, ils aperçoivent « Une montaigne

haute

et un tertre quaré

».

Ils y construisent un château dont la tour se dresse « droite contre le vent » sur la roche la plus élevée, incitent par des privilèges la population voisine à s’établir là et de la sorte un centre se crée: parmi les bourgeois qui le composent, les uns sont taverniers, les autres boulangers, ceux-ci sont bouchers, ceux-là pêcheurs, il en est qui sont marchands et vont, pour leur commerce, jusqu'aux Grandes Indes — sans parler de ceux exerçant d’autres métiers. Vignes et jardins commencent à se montrer aux alentours. Chevaliers, sergents, valets, de leur côté, viennent auprès de Renaud qui les retient « par amour ». Ainsi la forteresse bien située, notamment près d’un cours d’eau, invite ceux dont le sort n’est pas fixé ou qui passent à s'établir sous sa protection ; le commerce trouve à ses pieds un asile : une agglomération naît du chemin protégé par le lieu fort. Or celui-ci agit de même quand il est non plus un simple château féodal, mais, comme Paris, une vieille cité d’origine romaine; son action est seulement amplifiée. La ville, dans son développement, est le produit de la grande voie de passage conduisant

LA VILLE

FORTE

SUR

LE

CHEMIN

9)

au rempart urbain. Etrange destinée que celle que ce dernier … fait à la ville qu’il contribue à développer par les excroissances périphériques de peuplement-dues au chemin et que, par contre, en la séparant du territoire extérieur, il fait vivre sur elle-même par suite d’un phénomène de rotacisme dont les effets se manifestent à Paris encore de nos jours. Une miniature du xxrre siècle, dans un itinéraire de pèlerinage de Londres à Jérusalem, figure Paris sous l’aspect d’une fortification accompagnée de deux ponts la reliant aux rives du … fleuve au milieu duquel elle est située : c’est un lieu fort au point …—. de croisement de deux grandes voies, l’une fluviale et l'autre — terrestre. Une telle miniature dégage excellemment la double - donnée d'évolution urbaine : le rempart qui protège, attire, « rapproche et unit et le chemin par lequel s’établit le courant de … [a circulation générale et s’effectuent les échanges. Le lieu fort, «nous n’avons cessé de l’apercevoir depuis la basse époque romaine: …_ le voici au 1v° siècle, à travers les récits d’Ammien Marcellin ct de Sulpice Sévère, contemporains de l’empereur Julien et de saint Martin ; le voilà au vr® siècle, à travers les œuvres de Grégoire de Tours et de Fortunat, auteurs de ce temps, de nouveau au vrie et au vue siècle auxquels appartiennent des diplômes «de Clotaire II et de Childebert III mentionnant « les murs de la cité de Paris » ou la « place forte de Paris », encore au 1x° siècle “où il est semblablement question, en d’autres diplômes datés de 878 et de 894, des « murs de la cité de Paris » ou de «la porte de cette cité », sans parler du témoignage qu “apporte un foit «comme celui de la résistance de Paris aux Normands lors du émorable siège ayant marqué les années 885 et 886. Le lieu jort, le voici toujours sous nos yeux; au x° siècle, où un autre envahisseur, l’empereur Otton, tente vainement, à la date de 978, de forcer cette place pour se diriger plus au Sud; le voilà au x1e siècle où, une fois de plus, « les murs de la cité de Paris » se profilent devant nous, grâce à une pièce d'archives de l’année 1097. Quant au grand chemin, n'est-ce pas lui qui est à l'origine ême de cette cité ? N'est-ce point aussi parce que celle-ci est

80

L'ENTRÉE

DANS

UN

NOUVEL

AGE

sur une voie susceptible de livrer passage à des ennemis qu'il a fallu la fortifier ? Sur le chemin sont rassemblées les constructions composant l’agglomération urbaine ou s’égrènent au delà les églises et monastères embryons de développements ultérieurs. Au long du chemin, aux abords des portes du rempart, naît le faubourg, qui n’est que le résultat de la fixation de ceux qui passent et qu’a attirés la force d’attraction exercée par le centre urbain. Au chemin, par les échanges de toute nature qu’il suscite entre les hommes, est attaché le progrès sous ses diverses formes : de lui découle l'avenir de la ville. Lieu fort sur de grandes voies de passage, en outre capitale royale, Paris est doublement favorisé. Toute sa destinée dérive de ces conditions de vie. La ville est à l’âge agricole. De vastes domaines seigneuriaux où s’enferme l'existence humaine, pas d’autres véritables éléments d'activité que ceux que procure, sur la terre nourricière, le retour périodique des saisons : voilà les caractéristiques de cet âge durant lequel le commerce consiste surtout dans la fourniture de ce qu’il est impossible d’obtenir sur place, tels le sel et les épices. C’est là un commerce essentiellement nomade, qui à comme horizon le long ruban de la route. Le marchand est un habitué des grands chemins où il voisine avec cet autre errant : le pèlerin. Où celui-ci s'arrête le marchand aussi s’arrête. Ils ont des étapes communes. Ainsi nous les avons rencontrés ensemble, à l’occasion du marché qui se tenait lors de la fête de saint Denis et dépendait de l’abbaye de ce nom. Si, dans le morcellement domanial et la stagnation sociale qui en résulte, toute relation générale ne disparaît pas, si le chemin, tout en s’obscurcissant, ne se noie pas dans la nuit, c’est au marchand et ou pèlerin qu’on le doit avant tout. Comment relever toutes les traces émouvantes de la misère humaine sur le lacet fuyant de la route ? Ames inquiètes, corps dolents allant à la guérison, dans un jour tombant, si plein d’angoisses qu’il semble, au dire de certains documents, qu’on entrevoie la fin du monde. « Dans le Parisis et divers territoires aux alentours — raconte, à la date de 946, un annaliste d’alors — les membres des hommes sont envahis par une plaie de feu (c’est le mal dit des ardents) :

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ESSOR GÉNÉRAL AU XI° SIÈCLE

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certains, en gagnant quelques lieux saints, ont échappé aux iourments; plusieurs ont été guéris à Paris, dans l’église de Notre-Dame, de telle sorte qu’on affirme que tous ceux qui peuvent s’y rendre sont sauvés de cette peste ». En ce même x® siècle, le pèlerinage de Saint-Jacques-deCompostelle, au Nord-Ouest de l'Espagne, est déjà connu. Il faut sans doute y rattacher, sur l’un des chemins qui y conduit, Péglise Saint- Jacques dont la tour actuelle de ce nom garde le souvenir et marque l'emplacement, sur le bord et vers P. extrémité méridionale de la rue Saint-Martin. Une bulle papale du début du xrr° siècle nous apprend que cette église fait partie des biens du monastère de Saint-Martin-des-Champs sis en bordure de la même rue, à l'endroit présentement occupé par le Conservatoire des Arts et Métiers. Or une autre pièce d’archives, un diplôme du roi de France Philippe Ie* de l’année 1070, signale, dans ce monastère, « les pèlerins de Saint-Martin » et,à la date de 1079, le même souverain fait de Saint-Martin-des-Champs un prieuré de la puissante abbaye de Cluny qui, au xr° siècle, a tant contribué à la vogue du pèlerinage de Saint-Jacques-deCompostelle. À tous égards, notre rue Saint-Martin se révèle donc à nous comme une voie de pèlerinage. Avec le x1° siècle, dont on a pu dire qu’il fut, dans les domaines de l’action et de la pensée, si fécond, si créateur, de grandes choses se dévoilent à nous. Vers 1002, raconte un moine bourguignon de la première moitié de ce siècle, Raoul Glaber, « il arriva, presque dans tout l’univers, mais particulièrement en Ttalie et dans les Gaules, que les églises furent renouvelées; quoique la plupart, en bon état, ne manquassent de rien, il régnait une émulation générale pour avoir une église plus belle. C'était comme si le monde lui-même, après avoir rejeté sa vétusté en se secouant, revêtait çà eb là un blanc vêtement d’églises. Les fidèles transformèrent de la sorte presque toutes les églises des sièges épiscopaux ainsi que des monastères de divers saints, même de simples oratoires de villages ». « Le monde ayant été ainsi blanchi par les églises renouvelées, au temps suivant, c’est-à-dire en 1008, des gages du pouvoir de plusieurs saints 6

82

L'ENTRÉE

DANS

UN

NOUVEL

AGE

longtemps cachés furent révélés. Cette révélation se fit d’abord à Sens, à l’église de Saint-Etienne : l’archevêque Léoterie y trouva d’antiques choses sacrées parmi lesquelles, dit-on, une partie de la verge de Moïse. A cette nouvelle, les fidèles se dirigèrent vers Sens, non seulement des provinces de Gaule, mais encore de presque toute l'Italie et des régions d’outre-mer : de nombreux malades en revinrent guéris. Un tel concours de peuple fit de Sens une ville très riche et les habitants s’en enorgueillirent ». En même temps, le pèlerinage de Jérusalèm prend un grand développement. Vers 1033, relate encore Raoul Glaber, « du monde entier, une multitude innombrable commença à afiluer au sépülcre du Sauveur à Jérusalem et telle qu'on n’aurait pu en espérer auparavant une plus grande. Ce fut d’abord le bas peuple, ensuite des gens moyens et, après eux, les plus grands rois et comtes, marquis et prélats ; enfin — ce qui n’était jamais arrivé — beaucoup de femmes nobles, avec d’autres moins fortunées, se mirent en route pour gagner ce saint lieu. Plusieurs avaient le désir de mourir avant que de rentrer dans leurs demeures. Beaucoup toutefois parbaient par vanité, pour s’enorgueillir d’avoir fait le voyage de Jérusalem ». Un autre mouvement, non moins important à relever, a pour objet de mettre un terme à l'insécurité générale qui caractérise une pareille époque, aux violences commises à l'égard des faibles, - du pèlerin qui passe, du marchand qui cireule. Ce mouvement, qui a pris naissance vers la fin du x£ siècle, se développe au siècle suivant. Vers 1033 (nous apprend toujours le même chroniqueur contemporain) « en Aquitaine, à l’instigation d’évêques, d’abbés et d’autres hommes pieux, des assemblées de tout le peuple se formèrent, où l’on apporta de nombreuses reliques. Ensuite, dans les provinces d’Arles et de Lyon et de même dans toute la Bourgogne, jusqu'aux dernières parties de la France, à travers tous les évêchés, il fut indiqué de quelle manière, en certains lieux, des assemblées seraient tenues par les prélats et les grands, pour l’établissement de la paix et l'institution de la foi sacrée. Ce qu’apprenant, toute la multitude du peuple vint joyeusement àces , réunions, chacun étant prêt à suivre les prescriptions des évêques.

EFFETS DE L’ESSOR GÉNÉRAL SUR LA VILLE 83 Ces prescriptions portaient surtout sur une paix inviolableà £arder ». Un peu plus tard, vers 1041 — toujours d’après Raoul Glaber — « d’abord en Aquitaine, puis peu à peu dans tout le territoire des Gaules», c’est la trêve de Dieu que lon proclame. Il y a là des données conjointes à observer et qui expliquent évolution urbaine. La blanche robe d’églises, l'invention de reliques, le mouvement des pèlerinages étendu jusqu’à Jérusalem, la paix de Dieu témoignent d’une recrudescence de vie, d’un développement de la circulation générale, d’un besoin de sécurité dont les effets ne sauraient manquer de se faire sentir sur la ville. Joignons à cela que, dans le même temps, la population en général croît et qu’à la suite de défrichements entrepris de toutes parts la production agricole s’étend, enfin que les liens attachant étroitement le serf à la terre domaniale commencent à se desserrer. De la mobilité, un surcroit de bras pour le travail se remarquent ainsi, eb la ville bien située en bénéficie. Le chemin sur elle agit conjointement au lieu fort qu’elle constitue. En un temps où il est nécessaire d’être protégé pour pouvoir vivre, l'action de la fortification urbaine sur les hommes qu’elle protège est puissante. Cette dernière procure du mieux-être et sert d’abri à la civilisation. Elle est un élément de liaison humaine. Le danger oblige, de temps à autre, la population rurale environnante à se réfugier derrière lantique muraille de la Cité. D'autre part, du fait qu’un certain nombre de grands domaines scigneuriaux ont leur centre dans la ville, résidence des seigneurs auxquels ils appartiennent, il résulte, entre gens de ces domaines habitant cette ville, des relations qui les font sortir du cercle de Féconomie domaniale et les amènent — grâce à lassociation, grâce aussi aux meilleures conditions de vie résultant de la constante protection du rempart — à exercer les métiers industriels non plus pour le compte du seigneur du domaine, mais en vue d’une clientèle qui se recrute dans la ville et aux environs. C'est au x1° siècle que cette transformation nous apparaît ; c’est à ce siècle que remontent, à Paris, les plus anciennes corporations de métiers : celle des bouchers, celle des crieurs de vins, celle aussi sans doute des marchands par eau.

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LA FORMATION

DE L'AGGLOMÉRATION

MARCHANDE

Dans le même temps, le commerce, que l’économie sans base généralisée d'échange, qui caractérisait organisation domaniale, avait restreint et réduit à l'état nomade, devient à la fois plus important et plus stable et tend, à s'établir, notamment aux abords des murs défensifs des anciennes cités romaines, que favorise leur position au long de grandes voies de circulation. Or Paris est situé au point de croisement de deux de ces voies, dont l'action commerciale nous est apparue précédemment. conduit N'est-ce point «en cette estrée (strada) ou ce chemin qui », « entre les à Paris dans le lieu dit Petit Pas de Saint-Martin soit vers l'enbasiliques de Saint-Martin et de Saint-Laurent », Châteaudroit où nos rues du Faubourg-Saint-Martin et du Boud'Eau se rencontrent, entre la gare de l'Est et les Grands levards, que s’est montré à nous l'important marché institué au vrre siècle au profit de l’abbaye de Saint-Denis et qu’on peut

suivre dans les textes jusque sous le règne de Charlemagne ? Un diplôme royal de l’année 829 ne nous a-t-il pas appris que, «depuis un long temps, les mesures sont disposées sur le pont de Paris » sans doute le Grand-Pont qui, à cette date, devait se trouver encore à l'emplacement du pont Notre-Dame actuel, donc au droit de la rue Saint-Martin, sur le chemin même de ce grand marché ? Quant à l’autre branche de la croisée de Paris, la Seine, un chroniqueur de la première moitié du 1x° siècle dit d’elle qu’elle est glorieuse par le commerce auquel elle sert de chemin. Effectivement, un annaliste de ce temps signale, à la date de 861, des marchands sur ce fleuve à Paris : ils se hâtent d’en remonter le cours sur leurs bateaux, afin d'échapper aux Normands qui les poursuivent et s'emparent d'eux. Il faut, pour se rendre compte de cette vie commerciale, faire état de la renommée dont jouissait Paris, considéré, au 1x° siècle, comme une cité très célèbre, « resplendissante de gloire», « la tête et l'entrée des royaumes de Neustrie et de Bourgogne », ajoute, à son sujet, l’archevêque de Reims Foulques. 1 Le grand mouvement qui se produit au xr° siècle doit donc profiter particulièrement à cette ville et la rive droite du fleuve, où se marque la croisée des routes de terre et où nous avons saisi

LA

RIVE

DROITE

INDUSTRIELLE

ET

COMMERCIALE

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le commerce en pleine action, a un rôle prédestiné à jouer à cet égard. Observons, au surplus, que l’île de la Cité, qui renferme Paris, partage la Seine en deux bras inégaux dont le plus large et, par conséquent, le plus propice à la circulation des bateaux est du côté de la rive droite. De fait, c’est de ce côté et non point entre l’île de la Cité et la rive gauche que nous apparaît le lieu de passage des barques, lors du siège effectué par les Normands en 885 et 886. Qu'on rapproche ce lieu du débouché du grand chemin Nord-Sud (rue Saint-Martin) ainsi que du Grand-Pont situé vers le Pont-au-Change actuel et l’on s’expliquera aisément la formation d’une agglomération marchande en ces parages. Celle-ci se révèle à nous au xre siècle, à l’orée de ce pont, entre ce dernier à l'Ouest, l’église Saint-Merry au Nord et l’église Saint-Gervaisà l'Est. Avec elle apparaît le marché sis à la Grève, du côté de l'Hôtel de Ville de nos jours. Une telle agglomération - n’est point le produit ou l'annexe d’un établissement religieux : aucun établissement de cette espèce n’exerce vraiment d’action en cet endroit. Ce ne saurait être non plus une sorte de débordement pur et simple, à l’extérieur, de la vie propre de la ville alors limitée à l’île de la Cité. C’est une excroissance que la circulation des hommes et des choses au long des chemins sur lesquels la ville est située a fait naître : ce qui le prouve, c’est le caractère même de cette agglomération dont les occupations ne se rattachent point à l’économie domaniale caractéristique de Pâge agricole de la ville. 11 n’y a pas trace de l'emprise souveraine de la terre sur la population ainsi groupée, qui se livre au commerce, qu’elle exerce non pour le compte du seigneur dans le domaine duquel elle vit, mais pour elle-même. Un rempart, dont elle nous apparaît protégée au xn siècle, achève de lui donner son unité. En ce groupement est le germe du développement de Paris sur la rive droite. Dès lors, la ville, qui, auparavant, dans l’uniformité du régime domanial, ne se différenciait point organiquement de la campagne, se caractérise par la double fonction industrielle et commerciale, se distinguant par là de la campagne, siège de la production agricole et cette diversité de produits engendre, entre

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LA FORMATION

DE

L'AGGLOMÉRATION

MARCHANDE

Fune et l’autre, des échanges réguliers. A lunité économique constituée par le domaine s’en ajoute une autre, composée de la ville et de sa banlieue rurale. Ce n’est pas à dire qu’il faille ainsi limiter l’horizon de Paris, que la situation géographique de cette cité, jointe à son rang de capitale royale, faisait déborder bien au delà. Il faut seulement considérer qu’à côté des anciennes fonctions de protection militaire, de centre épiscopal et religieux et de capitale que remplit Paris, une nouvelle fonction se dégage à cet âge pour cette ville comme pour les autres, fonction qui a proprement son siège sur la rive droite dont elle va assurer le développement et qu’en outre des liens particulièrement étroits, sous la forme spéciale de la banlieue urbaine, se nouent alors entre la ville et le territoire circonvoisin. De plus la nouvelle fonction va faire subir à l'organisme urbain de graves changements. Le sol, découpé en domaines dont le seigneur est le maître, cesse de nous apparaître comme le principe de toutes choses. Il n’est plus le seul véritable capital existant. L'homme se crée, par son industrieus® activité, de nouvelles ressources. Avec le développement du commerce, l'argent deviendra moins rare et diminuera de valeur; les échanges en nature feront de plus en plus place aux paiements en espèces. Des cens en numéraire se substitueront aux vieilles prestations foncières; le baïl libre se rencontrera à côté des tenures héréditaires. L'homme peu à peu se dégagera des liens l’attachant à la terre ; le serf deviendra un homme libre. En même temps, la ville croîtra, sera le centre de la richesse mobilière. Le commerce, en diffusant les besoins et en en augmentant le nombre, en développant le luxe, fera d’elle l'élément civilisateur par excellence. Tel est le sens qu’il faut attacher à l’agglomération marchande qui vient de se dévoiler à nos yeux à l’orée du GrandPont sur la rive droite. Le marché, sis en « cette plaine près de la Seine, qui est dite Grève » (ainsi qu’on lit dans un diplôme royal du milieu du xx siècle), a été transféré par le roi Louis VI dans les champeaux ou petits champs situés du côté du Grand-Pont, en bordure du chemin s'étendant au débouché de ce pont (rue Saint-Denis),

COMMERCE

DU

CÔTÉ

DU GRAND-PONT

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à l’emplacement actuel des Halles Centrales : les vendeurs de marchandises et une partie des changeurs y sont installés, signale un acte de Louis VIT de l’année 1138. « Nous décidons — dit ce roi dans un autre acte, de 1141 ou 1142 — que notre change se tiendra dorénavant toujours sur le Grand-Pont. Nous défendons de faire le change à Paris ailleurs que dans les boutiques destinées à cela sur ce pont; pour chacune d’elles, il devra nous être payé, chaque année, 20 sous. Si quelqu'un établit, avec notre assentiment, une nouvelle boutique sur ce pont pour se livrer au métier de changeur, il devra semblablement nous payer annuellement cette somme». Et voici que s’offrent à nous, sur le Grand-Pont, les boutiq tables des chang ou y ! telle celle que possède Gautier Pinçon ou celle dont Ferrenelle, la récluse de Saint-Lazare, a acheté les revenus. Sur le chemin sis au débouché du Grand-Pont, près du château du roi ou Châtelet, les marchands de poissons de cette cité se livrent à leur commerce. À la Porte de Paris située en cet endroit, des étaux servent à la vente du pain. Jusque vers le milieu du xrre sièele, les bouchers ne pouvaient exercer leur négoce à Paris qu’à cette même porte, mais Louis VII, prenant en considération l'intérêt commun de toute la ville (ainsi qu'il s'exprime dans un acte émané de lui), autorisa la vente de la viande encore ailleurs. Le siège principal du commerce de la boucherie à Paris resta toutefois attaché à ce lieu jusqu’à la fin du xvrmre siècle. Le commerce essentiel de l'alimentation (poisson, pain et viande) se trouve groupé en ces abords du Grand-Pont qui se révèlent à nous comme un point vital de Paris. « Le Grand-Pont — écrit un clerc champenois qui étudiait à Paris vers la fin du xrr° siècle — important, riche, centre de commerce, bouillonne de vie, est . comme haletant ; à ses pieds se pressent les bateaux : il abonde en richesses, en marchandises innombrables ». Ainsi se dégage le caractère de l’agglomération qui s’est constituée en cette partie de la rive droïte du fleuve, par juxtaposition à l’ancienne cité de basse époque romaine qu'enfermait File natole de Paris. Ce caractère ressortira encore mieux si l’on rapproche de cette formation d’origine commerciale telle autre

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POUSSÉE

DE CROISSANCE

d’origine domanisle. Voici, par exemple, sur cette même rive de la Seine, Saint-Martin-des-Champs. Le roi Henri Ie, dans le courant du xr° siècle, a relevé cet établissement religieux qui avait été détruit par une « rage tyrannique », sans doute par les Normands. Il lui a donné des terres sises alentour et qui formeront la Couture ou Culture Saint-Martin. Une enceinte défensive enferme le monastère. On remarque le four servant à cuire le pain dans tout l’enclos, où se rencontrent des gens de métiers : forgerons, charpentiers, tailleurs, cordonniers, maréchaux, etc., voisinant avec des gardiens de chevaux, des porchers, des jardiniers, des bouviers. C’est l'exploitation d’un domaine seigneurial, rien de plus. Même remarque, si l’on passe sur la rive gauche, pour Saint-Germain-des-Prés ou pour Sainte-Geneviève. L’agglomération marchande de la rive droite est, comme on Pa vu, sous la dépendance directe du roi, qui déplace le marché, régit le commerce de la viande, fixe l'emplacement du change ainsi que la redevance que lui payent les changeurs et doit donner son assentiment à l’ouverture de nouvelles boutiques de ce métier. C’est auprès de l’ancienne tête de pont fortifiée, au pied du Châtelet du roi, que le commerce de l’alimentation est établi. L’avènement du duc de France ou de la dynastie capétienne en 987 amènera un resserrement des liens de la royauté avec Paris. Alors qu'aux temps mérovingiens, cette ville n’était, en raison du partage de la succession de Clovis, qu’une capitale partielle, alors que les souverains carolingiens avaient eu leur centre d’action plus au Nord, la dynastie fondée par Hugues Capet contractera avec Paris une union dont la France sera le produit. Dans l’émiettement féodal caractéristique de ces temps, Paris aura pour seigneur le roi. Et plus le pouvoir de celui-ci, faible et local à ses débuts, s’étendra sur la France, plus grandira la capitale. En somme, l'histoire de France, à partir du xn siècle, n’est que l’histoire de la centralisation progressive d’un grand pays autour d’une ville : Paris. Avec le xre siècle, la courbe de la ville remonte. Une poussée de croissance urbaïne /s’observe. Saint-Jacques-de-la-Boucherie nous apparaît, au début du xnie siècle, comme une église parois-

SUR LA RIVE DROITE

o

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siale. À côté du « prêtre de Saint-Jacques » est cité, vers 1150, celui de Saint-Leufroy, petite église sise au débouché du GrandPont sur la rive droïte. Une paroisse est signalée vers 1080, autour de Saint-Martin-des-Champs, au bord du chemin représenté par la rue Saint-Martin actuelle et témoigne d’un peuplement dérivé de ce monastère. L’hospice qu’un diplôme royal de 1070 montre établi en ce dernier lieu pour recevoir les pauvres passants et les pèlerins marque que ce chemin est la grande voie Nord-Sud aboutissant à Paris. L'entretien de cette voie de passage doit néanmoins laisser à désirer, car le même diplôme nous apprend qu’il a été demandé au roi que « le chemin qui est devant le monastère de Saint-Martin » soit entretenu aux frais publics. Toutefois un demi-siècle après, à la date de 1122, le tracé des rues actuelles du Faubourg-Saint-Denis et Saint-Denis, dans la même direction que la rue Saint-Martin, mais plus à l'Ouest, dans l’axe du Grand-Pont, se dégage. A cette date, le roi Louis VI, qui avait eu l'intention d'établir des habitations et des tenanciers de la classe sociale des hôtes entre le lieu où se tenait la foire du Lendit, sur le chemin de Saint-Denis à Paris, et cette dernière ville, y renonce, à la prière de Suger, abbé de SaintDenis, et interdit de le faire, en raison du grave préjudice qui pourrait en résulter pour cette abbaye. Il défend d’établir quelque demeure que ce soit ne dépendant point de l’abbaye en question, entre le bourg de Saint-Denis et l’église Saint-Laurent située près du pont de Saint-Martin-des-Champs, ainsi que de l’autre côté de la voie royale, depuis ce même bourg jusqu’à l’autre pont sis près de Paris à côté de la maison des lépreux, de même que dans la direction de la Seine depuis Saint-Denis jusqu’à Montmartre, exception faite de Clichy qui appartient au domaine royal; semblable interdiction s'applique également .à ce qui s'étend entre Saint-Denis et la voie royale conduisant à Louvres. Un tel document dégage avec netteté le parallélisme de nos rues du Faubourg-Saint-Martin, où était située, un peu au Sud de la gare actuelle de l'Est, l’église Saint-Laurent, et du FaubourgSaint-Denis, où se trouvait, en face de la précédente église et à lemplacement actuel de Saint-Lazare, la léproserie. 11 nous fait

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POUSSÉE DE CROISSANCE

apercevoir les ponts par lesquels ces deux voies traversaient, du côté présentement de la rue du Château-d’Eau, l’ancien lit septentrional de la Seïne. L'existence de la léproserie au bord de notre rue du Faubourg-Saint-Denis témoigne, en même temps, de Fimportance qu'avait prise cette dernière voie et que vient souligner, d'autre part, l'établissement du marché par Louis VI du côté des Halles Centrales actuelles. Le peuplement, en ce dernier lieu, se manifeste dès la première moitié du xme siècle : un four à cuire le pain y est mentionné et voici également à cet endroit léglise paroïssiale des Saints-Innocents, qui dépend de l'église Sainte-Opportune sa voisine en bordure de notre rue Saint-Denis. En outre, la chapelle des Saints-Georges-et-Magloire, vers l’église Saint-Leu de nos jours, est remise en état au commencement de ce même siècle et, vers le milieu du siècle, abbaye des Saints-Barthél et-Magloire, p ï l établie dans Vile de la Cité, y sera transférée. À ce mouvement de vie qui se marque ainsi le long du chemin de Saint-Denis à Paris il faut rattacher la foire du Lendit, qui se tenait au bord de ce chemin et date proprement des premières années du xrr® siècle. Que ce soit là un grand chemin marchand, il n’y a qu’à considérer, pour en avoir une nouvelle preuve, la foire créée par Louis VI au profit de la léproserie de Saint-Lazare et qui se tenait chaque année au chevet de l'église de cet établissement. Tel est le développement que prend le domaine de la léproserie qu'il amène la création, au Nord-Est de ce lieu, dans la seconde moitié du xure siècle, d’un petit village, d’une villeite, comme on disait : la Villette-Saint-Ladre, origine de la partie de Paris dénommée aujourd’hui la Villette. Le sol se transforme pour s'adapter aux besoins de la ville. Au pied du demi-cercle des hauteurs d'encadrement de la rive droite du fleuve, des terrains marécageux, marquant la dépression formée par l’ancien lit septentrional de la Seine, appartenaient aux chanoïnes de Sainte-Opportune et servaient de pâturages communs ou publics. Or, vers le milieu du xrre siècle, ces chanoïnes, « dans l'intérêt de la ville et dans leur propre intérêt » (est-il énoncé en une pièce d’archives), les mettent en eulture.

.

SUR LA RIVE GAUCHE

Qu

Ils en accensent une moitié à cet usage et c’est la classe sociale des hôtes qui se livre à ce défrichement du sol. L'opération eut un tel succès que l’église Sainte-Opportune, considérée comme dénuée de ressources auparavant, passait pour riche très peu d'années après. Un autre signe du développement de Paris est Fapparition, au début du xu siècle, d’un bourg autour de l’église Saint-Germain-l’Auxerrois. La rive gauche ne reste pas à l’écart de ce développement. Voici le faubourg du Petit-Pont que domine le Châtelet de ce dernier et qui dépend de l’abbaye de Saint-Germain-des-Prés. Une telle formation territoriale dérive du chemin dont l’importance nous est révélée par les droits de péage qu’à la date de 1163 nous y voyons prélever. Tout ce qui s’étend sur cette rive du fleuve, à l'Ouest du Petit-Pont, est semblablement sous la dépendance de l'abbaye de Saint-Germain-des-Prés, autour de laquelle apparaît, au xu° siècle, un bourg qui, vers 1180, compte environ 125 maisons. Vers 1170, l’abbé et son chapitre ont donné « la liberté au bourg de Saint-Germain et à ceux qui y vivent », comme dit l’acte. Au cours du même siècle, il a été institué une foire annuelle qui se tient à peu de distance de l’enclos de Fabbaye, au Midi. Vers 1180, l’abbé accense à des hôtes, pour sy établir et y construire des demeures, une vigne sise en Laas, c’est-à-dire entre Saint-Germain-des-Prés et le Petit-Pont. Voilà également, au cours du xn siècle, le bourg de SainteGeneviève, né de cette dernière abbaye qui règne, avec SaintGermain-des-Prés, sur la rive gauche. Ce bourg, d’après un document du temps, s'étend notamment jusqu’au pont de SaintMédard sur la Bièvre et jusqu’à la partie de la voie royale (rue Saint-Jacques) qui est près de l’église Saïnt-Etienne-des-Grez. Au delà de la Bièvre, le village de Saint-Médard constitue une autre possession seigneuriale de Sainte-Geneviève, tandis que plus au Sud est le bourg où est située l’église de Saint-Marcel — lit-on dans un acte de l’année 1158. Parmi les vignes dites du Chardonnet, un nouveau germe de peuplement, dû au roi Louis VI, s'offre à nos yeux : c’est l’abbaye de Saint-Victor, que nous voyons, vers le milieu du xrre siècle, dériver de son côté, avec

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POUSSÉE

DE

CROISSANCE

autorisation des Génovéfains, une partie du cours pour lutiliser à son profit. La circulation dans la ville est devenue plus En 1153 ou 1154, Louis VII doit acquérir la maison Guerry sise à la Porte du Grand-Pont et une partie maison située « en la rue du Petit-Pont, dans l’île », _la voie.

de la Bièvre importante. du changeur d’une autre pour élargir

CHAPITRE

IX

Les traits qui se marquent. La naissance à la vie proprement urbaine. L'éveil de l'intelligence. (XIT° siècle.)

Une chanson de geste, Le Charroi de Nîmes, que l’on date du premier tiers du xrr° siècle, nous montre, dans le cadre de Paris, la société féodale : c’est en mai (conte le poëte), au nouveau temps d'été, les bois feuillissent, les prés reverdissent, les oiseaux chantent « bèlement », le comte Guillaume revient de chasser dans une forêt où il a été un long temps, il a tué deux cerfs dont il a chargé trois mules d’Espagne. Le baron a quatre flèches au côté; il rapporte de la chasse son arc d’aubier. En sa compagnie, il y a quarante bacheliers, fils de comtes et de princes pourvus de fiefs; ce sont des chevaliers nouvellement adoubés; ils tiennent des oiseaux pour se récréer, « Muetes de chiens font avec els mener. Par Petit-Pont sont en Paris entré ».

C’est le seigneur de retour de la chasse dans l’une des forêts qui encadrent Paris. Et le voici qui, après avoir chevauché avec sa suite sur la rive gauche, a atteint, à l'extrémité du chemin d'Orléans (notre rue Saint-Jacques), du côté du Petit-Pont, la ville proprement dite, qui tient tout entière dans l’île de la Cité. Ce qui marque l’entrée de la ville de ce côté, c’est une fortification, un châtelet dominant le Petit-Pont à l’extrémité de ce dernier sur la rive gauche et servant à Paris, vers le Midi, de porte défensive. Passé cette porte, s’allonge le Petit-Pont, que

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LES TRAITS

QUI SE MARQUENT

des documents du xrre siècle nous montrent en pierre et supportant, en bordure, des maisons entre lesquelles des espaces vides permettent de regarder le fleuve. Sous le pont, des moulins transforment en farine, pour l’alimentation de la ville, le grain produit par les champs tout proches : moulins du chapitre de Notre-Dame, de l’abbaye de Saint-Germain-des-Prés, de l’abbaye de Sainte-Geneviève. Maintenant, nous sommes dans l'ile de la Cité autour de laquelle se remarquent, çà et là, des restes de l’antique rempart dont il faut chercher l’origine à la basse époque romaine. Devant nous s'étend un lacis de rues étroïtes et malpropres que bordent des maisons et des terrains divers, avec des églis:s ou établissements religieux. À l'Est, se dresse la cathédrale qu’escortent, au Nord, le cloître des chanoines et, au Midi, la demeure de l’évêque, au delà de laquelle l'Hôtel-Dieu borde le petit bras de la Seine dans la direction du Petit-Pont. À l'Est de la cathédrale, vers lextrémité de l’île, c’est la petite église Saint-Denis-du-Pas ; au Nord, s’égrènent, du côté du grand bras du fleuve, d’autres églises :,Saint-Pierre-aux-Boœufs, Sainte-Marine, Saint-Aignan, Saint-Landry ; à l'Ouest, voilà encore les églises Saint-Christophe, Sainte-Geneviève-la-Petite, Saint-G in-le-Vieux, ces deux dernières sises respectivement à droite et à gauche de la voie traversant l’île du Sud au Nord à partir du Petit-Pont et qu’accompagnent également, dans la direction septentrionale, SaintMartial, Sainte-Croix, Saint-Symphorien, enfin Saint-Denis-dela-Chartre du côté du pont Notre-Dame actuel; encore plus à POuest, ce sont Saint-Eloi, Saint-Pierre-des-Arcis, SaintsBarthélemy-et-Magloire. Nous atteignons ici les abords du Grand-Pont et, comme l'écrit un auteur vers 1180, la masse imposante du palois royal qui domine la ville. Au Grand-Pont, qui est en pierre, «se pressent les bateaux » chargés de marchandises — nous apprend le ce pont s'élèvent des maisons, s'offrent aux commerciale les boutiques des changeurs. enjambe chantent les moulins. Que si nous le atteindrons, vers son débouché sur la rive

même auteur. Sur besoins de la vie Dans l’eau qu'il franchissons, nous droite, le Châtelet

:

PARIS

AU

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qui forme, au Nord, l'entrée fortifiée de la ville localisée dans Pile de la Cité. A cette porte de Paris, plus importante que celle du Sud, règne une animation marchande qui se manifeste par les étalages des marchands de poissons qu’approvisionne le fleuve poissonneux, des bouchers aussi, sans parler des gens qui, à cet endroit, vendent du pain. Cette animation, qui se rattache au Grand-Pont au Midi, se rattache, au Nord, au marché se tenant parmi des terrains en culture, à l’endroit des Halles Centrales actuelles, le long d’un chemin (rue Saint-Denis) qui s’allonge, depuis le pont, dans là direction de labbaye et du bourg de Saint-Denis. Des abords du Châtelet de la rive droite, une enceinte défensive gagne Saint-Merry au Nord-Est et, de là, au Sud-Est, les abords de l’église Saint-Gervais du côté de la place Baudoyer actuelle. Parallèle au chemin se dirigeant du Grand-Pont vers Saint-Denis est un autre chemin représenté par le tracé de notre rue Saint-Martin, tandis que, dans le sens Est-Ouest, une voie se dirige vers Saint-Germain-l’Auxerrois. La petite église Saint-Jean-en-Grève, sise un peu à lOuest de Saint-Gervais et qui est citée pour la première fois en 1141 ou 1142, en outre l’hospice qui nous apparaît en 1171 ou 1172 du côté de laître de Saint-Gervais-en-Grève, le long d’un chemin important Est-Ouest, témoignent d’un peuplement dû sans doute, avant tout, à l'élément commercial caractéristique de cette partie de Paris. Cest vers cette dernière église que, dans le courant du xu£ siècle, s’établissent à Paris les Templiers : ils ont là leur grange, leur port et leurs moulins en Seine. Dans ces mêmes parages de la rive droite, se montreront à nous, au début du xrne siècle, les Juifs qui, au xrr° siècle, étaient localisés dans l'ile de la Cité où ils avaient leur synagogue, le long de la voie traversant l’ile entre le Petit-Pont et le pont Notre: Dame actuel, en une partie dé cetté voie qui en tirait la dénomination de rue des Juifs ou de Juiverie. Cette synagogue, à la suite de mesures prises contre les gens de cette religion, fit place, en 1183, à l’église Sainte-Marie-Madeleine. L'établissement des Juifs et de ces manieurs d’argent qu’étaient les Templiers, sur la rive droïte de la Seine, contribue encore à donner à cette

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partie de Paris son caractère de lieu de négoce. Au delà de l’enceinte de l’agglomération commerciale de cette rive, ce sont des champs, des vignes, des terres incultes qu’encadre le demi-cerele des marais. à Pareïllement, sur la rive gauche, c’est — au long du chemin montueux d'Orléans et de la voie sinueuse qui, par la rue Galande de nos jours, notre place Maubert, les rues actuelles de la Montagne-Sainte-Geneviève, Descartes eb Mouffetard, atteint successivement l’abbaye de Sainte-Geneviève, le village de SaintMédard et le bourg de Saint-Marcel — une succession de clos de vignes, de terres cultivées ou non encore défrichées, interrompue par quelques groupes de maisons d’où émerge çà et là le clocher d’une église, tandis qu’un chemin suivant le tracé des rues actuelles de la Huchette, Saint-André-des-Arts et de Buci serpente parmi des vignes ou traverse des prés ayant servi à dénommer l’abbaye de Saint-Germain-des-Prés et mène du Petit-Pont à ce monastère. à Que si l’on veut caractériser un tel ensemble, on le considérera comme constituant un mélange de la ville et des champs : la ville, c’est essentiellement l'ile et l’agglomération marchande de la rive droite, avec en outre le faubourg du Petit-Pont, le reste ne constituant que des bourgs ruraux, des villages nés de exploitation de grands domaines fonciers seigneuriaux. Même la ville ne se distingue du bourg rural que par amas des églises et la concentration marchande; elle reste toute pénétrée de la vie des champs : on y rentre les récoltes, les maisons y ont les dépendances nécessaires à cet effet. L’odeur de la vendange sort des celliers; les charrois de foin ou de blé creusent lourdement la fange des rues dans laquelle des porcs cherchent leur nourriture; les sacs de grains sont échangés contre des sacs de farine aux moulins du grand bras & du petit bras de la Seine. C’est la ville champêtre, dont on ne sépare point la terre nourricière. « Elle est assise (dit de Paris un auteur qui écrit vers 1180) au sein d’une vallée délicieuse couronnée d’un cercle de hauteurs que Gérès (les champs) et Bacchus (les vignes) parent à l’envi de leurs dons ». Mais en même temps, c’est un centre proprement

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urbain. Un étranger — un Anglais — qui y habite vers le milieu du xu° siècle, y remarque l’abondance des choses nécessaires à lexistence, la joie de vivre, la grande place qu’y occupent les gens d'étude et l’admire comme cette échelle de Jacob (écrit-il) dont le sommet touchait le ciel et qui était la voie des anges montant et descendant. Les joies vaines y surabondent (nous apprend un autre écrivain de cette époque) ; les relations y sont faciles et nombreuses, les mœurs n’y sont point rigides. Si l’âme s’y perd, le corps s’y récrée. Et l'esprit s’y affine. Ce caractère proprement urbain est celui que la ville tire de son entrée dans un âge nouveau. Sur la physionomie de Paris, à ce moment, des traits se marquent qui lui donnent une expression nouvelle. Et ces traits consistent dans l’agglomération marchande formée sur la rive droïte, le pouvoir naissant de Vargent, la réapparition par exemple de cette classe de gens de négoce que forment les Juifs. Ne sont-ils pas vraiment puissants ces Juifs parisiens que Suger, abbé de Saint-Denis, nous montre, en 1131, allant en corps au-devant du pape Innocent Il qui fait une entrée solennelle à Saint-Denis? Ils se joignent aux chevaliers et gens du peuple se pressant pour honorer le pontife qui se rend de l’église Saint-Denis-de-l'Estrée à l’abbaye et étalent en quelque sorte leur religion, puisque, offrant le rouleau couvert d’un voile et sur lequel leur loi est écrite, ils s’attirent d’Innocent II ce souhait: « Que le Dieu tout puissant enlève le voile qui couvre vos cœurs » ! Ces traits que marque sur la physionomie urbaine le nouvel âge de la ville, c’est l'augmentation de la population, ce sont les défrichements nécessités par les besoins de nourriture qui en résultent, ce sont les cultures maraichères, essentiellement . urbaines, peut-on dire et qui naissent, vers le milieu du xrr° siècle, à l'emplacement des marais de la rive droite d’où elles tirent leur nom, ce sont des vignes ou des champs qui, çà et là, commencent à faire place à des maisons. Ces traits, c’est la poussée intellectuelle et artistique qui se remarque aux x1° et xrr° siècles. Dès le temps du roi Robert, qui régna de 996 à 1031, voici le palais reconstruit, voici, dans ce palais, l'érection d’une église di

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en l'honneur de saint Nicolas, voici la reconstruction des monastères de Saint-Germain-l’Auxerrois et de Saint-Germain-desPrés. En ce qui concerne ce dernier lieu, l'église que les Normands avaient incendiée fut démolie et remplacée par une autre, pourvue notamment d’une tour d’où l’on pouvait se défendre en cas d’attaque. Au début du xxr° siècle, nous apparaît une nouvelle église cathédrale, remplacée peu après par celle dont la construction est due à Maurice de Sully, évêque de Paris de 1160 à 1196. Après le style roman du xr° siècle et du commencement du xne, c’est le style dit gothique. Et l’éclosion de ce style, eomme l'essor du précédent, est à rattacher à l’évolution urbaine caractéristique des xr°.et xn siècles. A la population qui augmente il faut des sanctuaires plus vastes; le luxe qui se manifeste ne s’accommode point de la simplicité d’antan. On abat donc pour reconstruire et, pour satisfaire à ces besoins nouveaux, de nouvelles formes d’art naïssent. Comme on peut le constater une fois de plus, tout tient à tout dans une vie de cité. Cependant Notre-Dame s'élève. Sa masse blanche met de la beauté dans la ville. Le chœur, par lequel on a commencé les travaux, peu à peu monte vers le ciel : en 1177, il est signalé comme étant presque entièrement construit. Si l’œuvre est terminée, remarque un contemporain, il n’y aura pas, en deçà des monts, d'église pouvant être mise en parallèle. La consécration du maître autel n'eut lieu qu’en 1182. La construction de la nef suivit celle du chœur. Elle ne fut toutefois achevée, avec en outre celle du portail, des tours et du transept, qu’au xrrre siècle. Dès le commencement de son épiscopat, vers 1163, Maurice de Sully, de concert avec le chapitre de Notre-Dame, avait procédé à l’acquisition d'immeubles devant le Parvis en vue de «faire un chemin devant l’église de Notre-Dame » (ainsi qu’il est énoncé dans une pièce d’archives) : ce fut la rue Neuve-Notre-Dame, se dirigeant de FEst à l'Ouest dans le prolongement du parvis de la nouvelle cathédrale. L’évêque compléta son œuvre en réédifiant, au Sud de la cathédrale, la demeure épiscopale comprenant une nouvelle grande salle (la salle synodale) et une nouvelle chapelle ; une galerie s’étendait entre la demeure épis-

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copale et la cathédrale. Un donjon, signe du pouvoir seigneurial de l’évêque, devait sans doute s'élever à côté de la chapelle, qui occupait l'extrémité orientale de l'évêché. Ainsi escortée au Sud, la cathédrale voisinait, au Nord, avec les maisons canoniales accompagnées de jardins. Un mur, avec porte d’entrée, enfermait le cloître des chanoïnes. ‘Devant la façade de l'église, à l'Ouest, s’étendait le Parvis que l’Hôtel-Dieu séparait du petit bras de la Seine. C’est tout cela et aussi Famas des maisons et des petites églises voisines, c’est cet ensemble que dominent la majestueuse stature et les tours élevées de Notre-Dame qu’il faut embrasser d’un regard pour pouvoir saisir, dans la cité féodale, la beauté. Joignez le va-et-vient pittoresque, la foule des fidèles, le défilé des processions, les usages qui parent ces lieux d’une animation variée. « Il est de coutume à Paris, dans la cathédrale (nous apprend par exemple un personnage de ce temps), que le samedi, à vêpres, la multitude des femmes offre des cierges sur l’autel; parmi elles sont admises les filles publiques ». Celles-ci avaient même voulu faire don d’un vitrail à l'église, mais l’évêque Maurice de Sully le refusa. Voici, d’autre part, en ces lieux, le duel judiciaire, comme l’indique un document de cette époque. « Certaines églises, y lit-on, ont les duels: 5 elles décident, quand il y a lieu, le duel entre leurs paysans ou serfs et les font combattre dans la cour de l’église, dans l’aître (atrium) de l’évêque ou de l'archidiacre, comme cela se fait à Paris

».

En ce xre siècle, encore plus qu’au xr°, on reconstruit les églises dans cette ville ou aux abords : c’est Saint-Martin-desChamps auquel on travaillait déjà dans la dernière partie du x1° siècle, Saint-Germain-des-Prés «réparé sur un nouveau plan» (signale une pièce d’archives du milieu environ du xnre siècle), * Saint-Julien-le-Pauvre vers 1170, Saint-Pièrre de Montmartre vers le milieu du même siècle, sans parler de Saint-Jacquesde-la-Boucherie auquel il est fait, vers 1145, abandon d’une terre pour permettre d’édifier une partie du chevet de l’église. C'est aussi Fabbaye de Saint-Victor que lon pare de constructions diverses.

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Si l’on veut avoir la sensation du grand mouvement artistique de ce temps, il faut aller près de-Paris, à Saint-Denis, dont Suger, devenu abbé en 1122, nous montre l’étroitesse de l’église, qui est telle — écrit-il — qu'aux jours de fêtes, notamment à la fête de saint Denis et au Lendit, les femmes sont obligées de monter sur les épaules des hommes pour se rendre à l’autel, non sans douleur et tumulte. Le nombre des fidèles s’est accru à tel point que souvent, ces jours-là, la foule déborde aux portes. À ceux qui veulent pénétrer dans l’église pour vénérer et baiser les reliques, une telle résistance est opposée par la multitude entassée que tout mouvement est impossible. Les femmes, pressées entre les hommes, sont exsangues, poussent des cris, se trouvent mal. Aussi Suger reconstruit-il l’église. Et c’est, à l'aurore de l’architecture gothique, l'enthousiasme religieux qui vient à bout de toutes les difficultés et dresse lé magnifique monument. Une carrière, comme jamais il n’en avait été trouvé dans le pays, est découverte et mise en exploitation. Sans relâche, tailleurs de pierres, maçons, sculpteurs et autres ouvriers habiles travaillent. Il faut mouvoir de gros blocs; qu’à cela ne tienne, les gens du lieu aussi bien que ceux de l’abbaye, nobles comme non nobles, s’attellent aux cordes, tirent de toutes leurs forces. La foi commune fait l’œuvre de beauté. Puis, quand le nouvel édifice se détache sous le ciel fin de l’Ile-de-France, c’est la consécration religieuse. Suger a envoyé des lettres d'invitation dans presque toutes les régions des Gaules (nous apprend-il lui-même). Il a convié archevêques et évêques. À cette cérémonie viennent assister également le roi Louis, sa femme la reine Eléonore, sa mère et les grands du royaume. La foule est innombrable de ceux qui, de toutes parts, sont arrivés à cheval ou à pied. Le peuple, à cause du flot envahisseur qu’il formait, avait été maintenu hors de léglise. Cette foi, ces foules doivent être évoquées à l'aube de NotreDame de Paris, dans le cadre urbain tracé plus haut, près du Petit-Pont où les moulins égrènent leur chanson monotone et qu’un contemporain des dernières années de Louis VII nous montre livrant passage aux gens d'étude. En effet, dans le même

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temps où s'élèvent les nouvelles églises, la jeunesse studieuse se presse dans les écoles. Dans le même temps où l’agglomération marchande nous apparaît formée sur la rive droïte et où la ville grandit, l'intelligence s'ouvre, les connaissances se développent. Tout tient à tout. C'était l’église seule qui donnait instruction, par les soins des évêques et des chapitres ainsi que des monastères. À Paris, il y avait les écoles du cloître NotreDame, d’autres existaient aussi principalement à Saint-Victor et à Sainte-Geneviève. Dans l’île — nous apprend un clerc champenois étudiant à Paris vers la fin du règne de Louis VII — « la philosophie, depuis une époque ancienne, a placé son trône, les sept sœurs (c’est-à-dire les sept arts libéraux : grammaire, rhétorique, dialectique, arithmétique, musique, géométrie, astronomie) ont élu une perpétuelle demeure et le droit civil et canonique est expliqué ; là aussi on étudie la théologie ». Et cet étudiant zélé conclut qu’en ce lieu célèbre on peut acquérir la science des choses divines et humaines. Jusque vers 1127, les écoliers des écoles du cloître Notre-Dame logeaient dans les maisons mêmes des chanoines sises dans le cloître. À ce moment, ces écoles émigrèrent en un local situé près de la cour de la demeure épiscopale, et les étudiants durent se loger hors de l’enclos capi_ fulaire, dans des maisons de particuliers où ils s’installaient en location. Dans les écoles du cloître Notre-Dame, le célèbre Guillaume de Champeaux enseignait la dialectique à la fin du - xre siècle. En 1108, il se retira dans un ermitage où allait se fonder l’abbaye de Saint-Victor ; il y ouvrit une école qui à joui d’une grande réputation au xr° siècle. Il était en effet loïsible

à des clercs devenus des maïîtres, c’est-à-dire ayant obtenu du chancelier de l’église de Paris la licence d’enseigner, d’ouvrir une école, mais toujours sous le contrôle de lautorité ecclésiastique. Et le chancelier exigeait quelquefois pour cela — signale un maître qui enseignait à Paris vers le milieu du xrre siècle, — une somme d’argent, quoiqu’elle ne lui fût pas due. En tout cas, un certain nombre de ces écoles, tenues par divers maîtres, existaient dans l’île de la Cité et, comme pour Guillaume de Champeaux, sur la rive gauche. Nous savons par

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un étudiant étranger, contemporain de Louis VII, que certains maîtres de Paris n’avaient pas la bourse vide et faisaient de bonnes affaires. Cependant, l’enseignement ne cesse de se développer. Le troisième concile de Latran, en 1179, ordonne que, dans chaque cathédrale, un maître soit chargé de l’instruction des clercs de l'église et des étudiants indigents et reçoive, à cet effet, quelque bénéfice susceptible de pourvoir à ses besoins. Le même concile défend d’accorder la licence d’enseigner moyennant rétribution et prescrit que toute personne capable soit admise, sur sa simple demande, à donner des leçons. De son côté, le pape Alexandre III interdit aux maîtres de rien recevoir de leurs élèves ; ces simples mots viens ei écoute doivent suffire. Idées élevées, mesures civilisatrices qui ne pouvaient manquér — tout en étant souvent en désaccord avec la réalité = d'exercer une grande influence sur le développement de l'instruction. L’éclat des écoles de Paris y attirait de nombreux étrangers. L’internationalisme des étudiants comme des maîtres était la règle, puisque c’était l'Eglise qui donnait l’enseignement. Des Romaïns, des Anglais, des Allemands se rencontraient ainsi à Paris, au xrre siècle. « Là, nous apprend un contemporain de Louis VII, il y a une telle abondance de clercs (maïtres et écoliers sont gens d’Eglise) que le nombre tend à en surpasser celui des laïques. Heureuse ville où les saints livres sont étudiés avec une application si grande et leurs mystères si bien résolus, où, parmi les lecteurs (on disait ire pour enseigner), règne une telle diligence et où se rencontre une telle science des écritures saintes qu’on peut l’appeler la cité des lettres »! Paris était le grand centre des études théologiques. Et l'esprit de l’enseignement variait d'école à école. Les Victorins voyaient d’un œil peu favorable les autres maîtres : ceux du cloître Notre-Dame et surtout ceux de Sainte-Geneviève. Richard de Saint-Victor, dans la seconde moitié du xr1® siècle, nous dévoile un mal du temps : l'indifférence religieuse engendrée, chez certains, par une instruction très développée. « Je vois beaucoup de gens studieux (dit-il); j’en trouve peu

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qui soient religieux. Beaucoup aiment linstruction ; peu aiment la religion ; bien plus, à cause de l'amour de l’instruction, ils tombent souvent dans la haine de la religion ». C’est là, sans doute, une exagération, mais qui trahit les lointains prodromes de Findépendance du savoir humain. On a d’autres témoignages de la liberté d’esprit et de l’intensité de vie intellectuelle qui se manifestent alors. L’école du Petit-Pont, que maître Adam a rendue célèbre, s’affirme notamment, au xrr siècle, comme une novatrice. Un Anglais, qui étudiait à Paris au temps du roi Louis VIT, fournit à ce sujet de curieux renseignements : « Si tu es éclairé sur les auteurs, si tu passes en revue les écrits des anciens, afin d’y chercher des arguments, de toutes parts tu entendras crier : Où tend ce vieil âne ? Pourquoi nous rapporte-t-il les dits ou les faits des anciens ? Nous sommes éclairés par nous-mêmes; notre jeunesse s’est instruite elle-même ; nous ne recevons pas les dogmes des anciens... ». Et il fait parler le maître de l’école du Petit-Pont : « Je suis habitant du PetitPont, nouvel auteur dans l’art d’enseigner… Une foule empressée de jeunes gens m’entoure et reçoit la vérité de ma bouche ». « Cet: homme loquace et railleur, dit notre Anglais, fait peu de cas de Robert de Melun, est jugé plus docte qu'Aubry de Reims et corrige les erreurs d’Abélard. La monnaie usée est mise hors de notre marché. Les bons dits des anciens ont plu à leur époque ; de nos jours, les nouveaux seuls plaisent ». Il y à une véritable soif d’apprendre. Un abbé de Saint-Victor s'élève contre ceux qui s'occupent d’autre chose que de connaître l’homme et Dieu ; les étudiants (signale-t-il) sont heureux quand, à force de subtilités, ils ont abouti à quelques découvertes. « Ne veulent-ils pas connaître (ajoute-t-il) la conformation du globe, la vertu des éléments, le commencement et la fin des saisons, la place des étoiles, la nature des animaux, la violence du vent, les buissons, les racines ? Voilà le but de leurs études : c’est là qu’ils croient trouver la raison des choses ». « À quoi sert de disputer sur les idées de Platon, de lire et de relire le Songe de Scipion » ? Le latin classique était alors en grande faveur. « L'étude des lettres sacrées est tombée dans la

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confusion (mande Etienne de Tournay au pape, à la fin du xure siècle ou au début du xrrrt), car les élèves applaudissent aux seules nouveautés, les maîtres se préoccupent plus de la gloire que de la doctrine et écrivent de nouvelles Sommes ou de nouveaux commentaires théologiques par lesquels ils puissent caresser, retenir et séduire leurs auditeurs, comme si les ouvrages des saints pères, qui ont exposé la sainte écriture dans l'esprit même dans lequel elle a été composée, ne suffisaient pas à l'enseignement.… On discute publiquement et de façon irrévérendu cieuse sur lincompréhensible Divinité, sur Vincarnation est Verbe. L’indivisible Trinité, dans les carrefours de la ville, coupée et donne matièreà controverses, de telle sorte qu’il y à autant d'erreurs que de docteurs, de scandales que d’auditoires, de blasphèmes que de places publiques où Von enseigne. ». Et ce critique demande au pape de réformer un tel état de choses, « pour que la parole divine ne soit plus avilie par le frottement vulgaire, pour qu’on n’entende plus crier, aux coins de rues : Voici le Christ, ou le voilà! » Cette allusion à la concurrence à laquelle se livrent les maîtres, nn checun au monopole du bon ig t, ce dék t& de vie intellectuelle dans la rue nous révèlent qu’au caractère qu’elle tire de son rôle commercial et industriel, la ville en joint un autre : celui d’être un foyer intellectuel. Ce double caractère, avec la localisation spéciale qui sy attache, se dégage on ne peut plus nettement d’un texte des dernières années du xx siècle et qui, au Grand-Pont plein d'animation commerciale, environné de bateaux, abondant en richesses, en marchandises innombrables, au Grand-Pont « qui n’a pas son égal» oppose le Petit-Pont, qui «est affecté aux dialecticiens passant, se promenant ou discutant ». Voyez-les qui vont et viennent sur la voie étroite et boueuse, toute bourdonnante du bruit des moulins groupés en ce lieu sur la Seine et que barre, à son débouché sur la rive gauche, la vieille forteresse du Petit-Châtelet. Ils vont et viennent ou bien s’arrêtent dans les espaces ménagés çà et là entre les maisons bordant le pont pour regarder le fleuve qu’animent, durant la belle saison, les bai-

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gneurs. [ls vont et viennent, et les propos agiles s’envolent dans Pair vicié par les étaux des bouchers réunis aux abords de ce pont. Dans le fond, la masse blanche de Notre-Dame, par-dessus Fhumble entassement des maisons, élève très haut vers le ciel l'inquiète pensée des hommes. Il n’est pas jusqu’à la façon dont l'orientation des deux ponts est désignée, dans le texte cité plus haut, qui ne constitue un indice révélateur du rôle que chacun d’eux est appelé à jouer dans la ville : l’un, le Grand-Pont, « a la face tournée vers le Noïd et vers la mer anglaise » ; l’autre, le Petit-Pont, « s'étend vers la Loire ». Le premier tire en effet son caractère de centre marchand de Paris des liens de cette cité avec le grand axe de négoce mondial existant alors et se rattachant aux foires de Champagne et de Brie dans la direction septentrionale, et avec la mer anglaise par la Seine française et anglo-normande. Le second, sur le petit bras de ce fleuve, à l'écart, par conséquent, du commerce du grand bras et séparé, par l'obstacle même que forme ce dernier, de la rive droite qu’anime la yie marchande, est orienté, par la rue Saint-Jacques et le prolongement de cette voie, vers Vimportante cité scolaire d'Orléans et dans la direction des grands lieux de pèlerinages. C’est de ce côté que soufle particulièrement lesprit, c’est sur la rive gauche qu’est la célèbre école de SaintVictor ét qu’on trouve aussi l’école de Sainte-Geneviève, c’est, d'autre part, des vicilles écoles du cloître Notre-Dame qu'est issue la vie intellectuelle du Petit-Pont qui, par-dessous la masse fortifiée du Petit-Châtelet, s’épand au pied et sur la pente du « Mont ». A travers les textes de la fin du xrre siècle, nombreux nous apparaissent les étudiants de Paris (scolares Parisienses). Cependant, dans le cours de ce siècle, les besoins ont augmenté — le luxe relevé à cette époque en témoigne notamment — et, pour satisfaire à ces besoins, les liens se sont resserrés entre les hommes. L'association étend, dès lors, son action et se manifeste en particulier parmi les gens d’étude. Elle engendre, vers le début du xrme siècle, l'Université (Universitas magistrorum et scolarium, Université des maïtres et écoliers), qui est proprement un grou-

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pement corporatif des maîtres et étudiants, une confrérie — corporation ou confrérie de nature ecclésiastique, maîtres et étudiants étant considérés comme gens d’Eglise. L'Université n'est-elle pas en effet le foyer où s’entretient, comme un feu ardent, la foi ? Détruire le centre d’études de Paris (signale un texte de la première moitié du xxr1e siècle) serait tuer la foi, car personne, dès lors, ne résisterait aux hérétiques. L'Université de Paris a la même patronne que l’église qui lui a servi de berceau : Notre-Dame. Cest en 1221 que nous apparaît le sceau de cette corporation. Dès 1200, il y avait un chef à la tête de l’ensemble des maîtres et étudiants. En 1222, se rencontre la première mention de la division de ces gens d’étude en nations, selon leurs pays d’origine. L’admirable foyer intellectuel qu'est Paris au commencement du xrre siècle nous est révélé par ce passage d’un chroniqueur contemporain de Philippe-Auguste, Guillaume le Breton, qui, sous la date de 1212, écrit : « En ces jours, l’étude des lettres florissait à Paris. On n'avait jamais vu, dans aucun temps et dans aucune partie du monde, à Athènes ou en Egypte, une telle affluence d'étudiants. Cela ne s’expliquait pas seulement par l’admirable aménité de ce lieu et la profusion de tous biens qu’on y rencontre, mais encore par la liberté et la prérogative spéciale de protection que le roi Philippe (Philippe-Auguste) et son père avant lui (Louis VII) avaient conférées aux étudiants. Dans cette très noble cité, on trouvait une pleine et parfaite doctrine touchant non seulement le rivium (grammaire, rhétorique et dialectique) et le quadrivium (arithmétique, musique, géométrie et astronomie), mais encore les questions de droit canon et de droit civil et ce qui regardait la guérison du corps et la conservation de la santé; on étudiait toutefois avec un désir plus fervent lécriture sainte et les questions théologiques ». De toutes parts, on venait dans cette ville pour s’instruire. Sa renommée, comme celle de Bologne en Italie, s’étendait au loin, outre que l’enseignement, étant donné par l’Église, revêtait un caractère international qu'accentuait encore le fait de la mainmise papale sur les Universités. C’était en effet du pouvoir papal

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que ces dernières relevaient plus que de l’autorité ecclésiastique locale. Dès le début, nous voyons l’Université de Paris desserrant, avec l’aide du pape, les liens étroits qui l’unissent au siège épiscopal. Elle s’achemine, par l’obtention de droits et privilèges spéciaux, vers une certaine autonomie, tant à l’égard du pouvoir de l’évêque qu’à l'égard de celui du roi, et sous l’autorité du souverain pontife. Dès l’an 1200, voici nos gens d’étude garantis contre le pouvoir royal. Cette année-là, une grave dissension (rapporte le chroniqueur contemporain Roger de Hoveden) éclata entre les étudiants et les bourgeois de Paris, pour la raison suivante. Il y avait, dans cette ville, un noble étudiant allemand qui avait été proposé pour l'évêché de Liége. Or, un jour, son serviteur, achetant du vin à la taverne, fut frappé et le pot qu’il portait fut brisé. Ce qu'ayant appris, les étudiants allemands s’assemblèrent et, après avoir pénétré dans la taverne, en frappèrent à leur tour le propriétaire qu’ils laissèrent à demi mort. Il y eut une clameur populaire et la ville fut soulevée: le prévôt de Paris, Thomas, armé, avec le peuple de la cité également en armes, fit irruption au logis des étudiants allemands; dans la lutte qui s’ensuivit, étudiant à l’occasion duquel l'incident était né fut tué avec certains des siens. Alors, les maîtres des écoles de Paris se rendirent auprès du roi Philippe pour se plaindre du prévôt Thomas et de ceux qui avaient tué les étudiants. Le prévôt fut, par ordre du souverain, mis en prison avec ceux de ses complices qui n avaient pas pris la fuite. Le roi, irrité contre les coupables, fit démolir leurs maisons et arracher leurs vignes et leurs arbres fruitiers. Le prévôt fut condamné à rester en prison jusqu'à ce qu'il se fût justifié par le jugement de l'eau ou du fer. Les étudiants intercédèrent toutefois pour lui et pour ses complices et demandèrent qu'ils fussent fouettés dans les écoles comme il était d'usage chez les écoliers, puis remis en liberté. Mais Philippe-Auguste ne voulut pas y consentir, disant qu’il porterait atteinte aux droits royaux s’il laissait un autre que lui tirer vengeance des coupables. Et ayant craint que les maitres des écoles et les étudiants ne s’éloignassent de la ville, il leur accorda des privilèges qu'au

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LES TRAITS QUI SE MARQUENT

surplus un acte émané de lui et daté de cette même année 1200 nous fait connaître. Gens d’étude échappent dorénavant à la justice royale qui ne pourra plus se saisir d’eux que s’il s’agit d’un crime ou délit tel que cette arrestation soit nécessaire et, dans ce cas, il ne sera point porté de coups à l'étudiant, à moins qu’il ne se laisse pas arrêter sans lutte; en tout cas, ce dernier sera remis à la juridiction ecclésiastique qui le jugera et fera justice au roi et à la partie lésée. Sous aucun prétexte, la justice royale ne doit s'emparer des biens des gens d'étude; cela regarde exclusivement la justice ecclésiastique. Si l’arrestation de l’étudiant par le prévôt du roi a lieu à une heure telle qu’il n’est pas possible de remettre aussitôt l’inculpé à la justice ecclésiastique, c’est dans une maison d'étudiants que ce dernier doit être gardé jusqu’à ce que la remise en question puisse être effectuée. Même les serviteurs laïques de nos gens d’étude, à condition qu’ils ne soient pas bourgeois du roi et ne se livrent pas au commerce, ne sont justiciables du souverain qu’en cas de flagrant délit. Et pour bien marquer qu’il s’agit dans tout cela d’un privilège exclusivement propre aux gens d’étude, Philippe-Auguste prend soin d’ajouter qu’il n’entend pas que les chanoines de Paris et leurs serviteurs en bénéficient. Voilà des garanties du côté du roi, en voici du côté du pouvoir épiscopal. Je les emprunte à la réglementation de l'Université de Paris faite en 1215 par l'autorité papale. Qu’aucun étudiant (ÿ lit-on), ayant obtenu du chancelier de Notre-Dame ou de quelque autre licence d’enseigner après lui avoir donné de l'argent ou prêté serment de fidélité ou après avoir conclu avec lui une autre convention, n’enseigne. Le même acte autorise les maîtres et étudiants de Paris à se grouper entre eux ou avec d’autres sous la foi du serment, en cas de mort ou de blessure d’un universitaire ou d’injure grave subie par lui ou de déni de justice Vatteignant, ou encore pourlataxe desloyers des membres de PUniversité, pour l’habillement, pour l'enterrement, pour les lectures et discussions. Dans la vaste corporation universitaire, ce sont là des associations spéciales d’entr’aide à but défini et qui ne peuvent qu’augmenter la force et développer l’autonomie d’un tel corps.

L’UNIVERSITÉ

S'ÉTABLIT SUR LA RIVE GAUCHE

109

Il faut avoir tout cela présent à l’esprit pour bien se rendre compte du nouvel élément qui apparaît ainsi dans la ville. L’étranger est encore ici à la base des progrès urbains. De même que nous l’avons observé, sous l’aspect du marchand, à la base de la formation de la rive droite, nous allons le voir, sous Faspect du maître ou de l'étudiant, à la base de la formation de la rive gauche. Un prédicateur du xrrre siècle signale que les étudiants venus à Paris de régions éloignées profitent beaucoup plus que les Parisiens des ressources intellectuelles qu'offre cette ville. Parmi les maîtres réputés de cette cité, aux x11° et xime siècles, on ne trouve pas un Parisien et on ne rencontre même que peu de Français. Afin de connaître de façon complète cette population d'étudiants, il faut imaginer des curés ayant quitté leurs paroisses et des moines leurs couvents pour aller étudier aux écoles de Paris. Les premiers doivent toutefois en avoir obtenu l’autorisation de leur évêque et il leur est interdit, en 1213, de s’y livrer à l'étude des sciences profanes, ils ne doivent apprendre que la théologie en vue de l'instruction de leurs paroïssiens. Quant aux seconds, qui n’ont pas craint de sortir de leurs couvents (est-il dit à cette même date) pour s’instruire à Paris de ce qui touche au droit civil et à la médecine sous prétexte de vaquer avec plus de soin aux affaires temporelles de leurs monastères ou de soigner leurs frères malades, ils sont menacés d’excommunication, s’ils n’ont pas réintégré le cloître dans le délai de deux mois. Que personne, une fois entré en religion, ne sorte du couvent pour aller étudier aux écoles, mais que les religieux, s’ils le veulent, s’instruisent dans leur monastère | k Or cette vie intellectuelle débordante s’épand sur larive gauche. Un acte de 1222, émané du pape, fournit comme une lueur de renseignement à cet égard : il porte notamment défense à l’évêque de Paris et à ses officiers d’empêcher les maîtres, admis à enseigner par l’abbé de Sainte-Geneviève, de se livrer à leur enseignement. C’est que, sur la partie orientale de la rive gauche, passé le Petit-Pont, on se trouvait dans le domaine de l’abbé de SainteGeneviève qui,- dès lors, était, comme seigneur ecclésiastique, amené à intervenir dans les admissions à la maïtrise. C’est à

os

FORT CI ON ER EU

110

LES TRAITS QUI

SE

MARQUENT

VEst du Petit-Pont que, sur cette rive, nous voyons les écoles s'établir : rue du Fouarre, où lon enseigne les sept arts libéraux, rue des Plâtriers ou du Plâtre sise «en Garlande », rue des Noyers le long du verger des Hospitaliers de Saïnt-Jean-de-Jérusalem. Immédiatement au Midi est le clos Bruneau où se localisera plus proprement l’enseignement du droit. La rue des Écrivains (ou de la Parcheminerie), qu’on rencontre à dater de 1209, doit sans

nul doute sa spécialisation au voisinage des écoles. Celles-ci nous

apparaissent, sur cette rive, au x1r1° siècle, nombreuses, serrées, pour ainsi dire, les unes contre les autres. Un texte de sermon de ce même siècle évoque devant nous un cours «en Garlande » : voici, sous nos yeux, les étudiants assis à terre, c’est à savoir dans la poussière (est-il précisé) et acquérant la science sur laquelle porte ensuite l'examen qu’ils doivent subir, quand ils veulent être promus à une chaire magistrale ou à une dignité ecclésiastique. Un souffle venu des larges espaces a passé sur la ville, sur la ville sise au long du chemin. Le chemin par lequel les Romains, les Anglais, les Allemands viennent étudier dans « la cité des lettres » est aussi celui qui livre passage aux barques chargées de marchandises, au va-et-vient de la foire du Lendit, aux héros légendaires dont la prestigieuse histoire accompagne la marche des pèlerins. Un vieux texte nous montre le jongleur s’arrêtant sur le Petit-Pont et contant comment ces braves chevaliers, Roland, Olivier et d’autres encore, sont tombés à la guerre — et le peuple qui entoure le conteur l’écoute, ému et, à certains moments, pleure. C’est la ville sur le chemin. Sur ce même PetitPont où nous avons rencontré Guillaume d'Orange revenant de la chasse, ce personnage légendaire repasse — d’après la chanson du Charroi de Nimes — pour aller combattre les Sarrasins dans le Midi.

CHAPITRE

X

L'union de la dynastie capétienne avec Paris : la capitale royale. — La ville sur le chemin. (XIIe-XTIIe siècles.)

L’auteur d’une chanson de geste, Le Moniage Guillaume, datant des environs de 1180, nous révèle la prospérité d’alors, quand, s'adressant aux chevaliers qui l’écoutent, il leur di : « La chanson que voici se rapporte à des faits anciens. En ce temps que vous m’entendez conter ici, la terre n’était pas aussi remplie de gens que maintenant ni aussi bien cultivée, il ny avait pas autant de riches habitations ni de châteaux ni de cités garnies. On errait bien durant dix ou quinze grandes lieues avant de trouver bourg, castel ou ville où l’on püt être hébergé. Paris estoit, à cel jour, mout

petite ».

Ce que cette ville est devenue, elle le doit à sa position géographique et à son rôle de capitale de la France qui se forme. La France, dans la chanson de geste des Narbonnais composée vers 1210, on la sent qui commence à se rassembler autour de Paris, la cité où réside le roi. Elle s'étend au Nord de la Loire, dans la direction de cette ville. L’auteur des Narbonnais nous montre les fils d’Aymeri se rendant de Narbonne à Paris; les voici qui, après avoir traversé l'Auvergne, le Berry, atteignent Orléans dont ils passent le pont sur la Loire : : « Lors entrèrent an France

poursuit le poëte. Dans la chanson

»,

d’Aliscans, « votre fief, dit

PR TPE

PE SU

;

112

L'UNION DE LA DYNASTIE

Guibourc France :

à Guillaume, N'avés

n’est

pas terre entre

CAPÉTIENNE pas

dans

AVEC

les terres

PARIS paisibles

de

Orliens et Paris ».

La France est déjà une unité politique, et ce qui le marque bien c’est l'attachement qu'ont pour elle ses fils. En une autre chanson de geste, Le Charroi de Nîmes (premier tiers du xrrsiècle), ce même Guillaume, le marquis au court nez, s’en va conquérir son fief sur les Sarrasins du Midi. Il quitte Paris et le roi Louis, accompagné de nombreux chevaliers. Il à passé la Loire, traversé le Berry et l'Auvergne et, avant de pénétrer dans les régions sarrasines, il «entre en un val », monte sur une hauteur d’où il regarde « vers douce France » : le vent qui vient de ce pays lui frappe le visage ; il découvre sa poitrine et le laisse pleinement entrer ; doucement il lui parle, évoquant Orléans, Chartres, Beauvais, où sont ses parents et ses amis. Cette France a son roi, le «roi de Paris », comme il est dit dans le Moniage Guillaume. Ce que cette ville doit à son rôle de capitale, les textes littéraires du temps permettent de Pentrevoir. Voyons, dans Renaud de Montauban (qui date des environs de l’année 1200) ou dans les Narbonnaïs, le roi, suzerain féodal, qui tient sa cour à Paris : « Ce fu à Pentecoste, à un jor honoré, Ke Charles tint sa cort à Paris, sa cité. Tuit (tous) i furent venu, si (ses) prince et si chassé Maint chevalieri ot (eut) que li rois ot mandé, XX archeveske furent et bien CG abé ».

(ses vassaux).

Il est dans son palais, en la salle jonchée de feuillage; il est monté sur un siège élevé, a la couronne sur la tête. Aïnsi est l'usage aux grandes fêtes : à Noël, à Pâques, à la Pentecôte. Et c’est alors dans la ville une grande affluence.« Paris est si rempli des barons que le roi y a mandés qu’il n’y a grande salle ni grand palais, maison, porche ou grenier qui ne soient encombrés de ducs, de comtes ou de princes pourvus de fiefs ou d’archevêques ou d’évêques ou d’abbés ou de prêtres ou de clercs ». Telle est cette affluence qu’on n’y peut être hébergé. « Des rues tous les auvents sont occupés »; « par mi les voies », des centaines de

LE SUZERAIN

TIENT

SA COUR

113

gens campent. Si, malgré un tel encombrement, vous ne craignez pas de pénétrer dans la ville avec les fils d’Aymeri, le spectacle que vous aurez sous les yeux ne manquera pas de vous intéresser. Cest la capitale féodale dans l’animation d’un grand jour. Nous voici «en la Grant-Rue » (rue Saint-Jacques) avec, devant nous, un palais à créneaux et à piliers ; entrons-y : nous ÿ voyons astiquer des hauberts, fourbir des épées, donner des soins aux chevaux; autour d’un tapis déployé par terre sont assis des bacheliers, c’est-à-dire de jeunes seigneurs, qui ont fait apporter échecs et tables et jouent ensemble. Poursuivons notre chemin. Nous arrivons « à Petit-Pont » : là, en un autre palais, sont logés deux archevêques et un légat du pape. Les brochets ou saumons, qui s’offrent aux acheteurs sur les étaux du marché aux poissons du Petit-Pont, sont accaparés par les serviteurs du légat pour la table de ce dernier. Regardez les fils d’Aymeri qui continuent à chevaucher « par mi les rues ». « Jusqu'à Grant-Pont » ils ne s'arrêtent. Sur ce pont ils ont passé la Seine. Or, voyez-les sur leurs chevaux. Les écuyers se sont mis devant; par la main . ils mènent les destriers. « Mout les regardent -chevalier et sergent. Dist l’un à l’autre : Mout sont cist avenent ». Nos héros finissent par trouver « Frais jonc

et mente

un endroit où ils s’installent. i ont fet aporter

»,

et, en attendant l'heure du souper, ils demandent un jongleur pour se récréer. Et chanteurs et jongleurs d'arriver, attirés par les hauts barons qui ont fait appelà leurs services, car, remarque auteur, ils n’ont cure de servir les « mauvais » et les avares : vers de tels gens, ils ne sauraient tourner les pas. « Mais là où est la richesse, là vont tous ceux qui savent amuser ». Ecoutezles jouant de la gigue ou du violon et de la harpe, faisant sonner les vielles. « L'’ostel en font bondir et retinter ».

« Or faites pais », barons, écoutez-les chantant la bataille rude et fière.

114

L'UNION

DE LA DYNASTIE

CAPÉTIENNE

AVEC

PARIS

Et toute cette vie débordante trouve son explication dans «la cort Charle» (comme on lit en la chanson de geste), c’est-à-dire dans la Curia regis, en cette cour du roi, qui se rattache à Paris capitale. Cest l’action du roi sur la ville où est le siège de son pouvoir. Cependant le souverain veut adouber chevaliers nos Narbonnais, avant que « sa grant cort » ne se disperse. La cérémonie est fixée au lendemain. Et la nouvelle de se propager à travers la ville. Que de jongleurs se rassemblent ! Il n’y a qui, harpeur ou jongleur ou homme sachant amuser ou chanter pendant la nuit, n’aille distraire les barons. Chez les fils d’Ay-

meri, la porte est ouverte à tout venant : on fait bombance. Toutefois ceux qui vont être faits chevaliers sont allés prier à Notre-Dame où ils passent la nuit. Au matin, le souverain « A sa chapele a fet messe

chanter

».

Nos Narbonnais y assistent. Après la messe, ils se rendent au palais. Là vous verriez une nombreuse noblesse assemblée. Aux fils d’Aymeri le roi fit donner des draps si riches qu’on n’en aurait su trouver de semblables, des chevaux, des armes. Il leur mit les éperons selon l’usage, prit une épée que ceignit laîné des fils. Puis ce fut au tour des suivants d’être adoubés. Pour l'amour d'eux, le roi donna à cent autres seigneurs l'équipement, des armes, des robes et des destriers. « Ce jor, fu bien Paris encortinez» et jonché de verdure. Aux fenêtres on avait mis des tapis, des draps de soie. Le souverain tint une cour très riche. Il y eut à manger à discrétion. Après le repas, le roi et ses barons firent dresser une quintaine dans les prés « por esprover ces noviax (nouveaux) adobez ». Maints forts épieux furent brisés ce jour, maints tronçons de lances tombèrent à terre. Maints instruments sonnèrent durant cette journée. De riches cadeaux, chevaux, robes, deniers monnayés, furent distribués par les barons. « Trois jorz antiers ont grant joie menée » Maints bons hanaps et maintes coupes artistement travaillées, qui avaient été apportés pour le repas, furent donnés par nos

ATTRACTION

EXERCÉE

PAR LA CAPITALE

FÉODALE

115

Narbonnaïs. Et la fête valut aux jongleurs, comme récompense, « plus de 100 mars ». Tout ce luxe dans la ville est à rattacher au siège du pouvoir royal. Là est l’origine de la cité de luxe qu’est Paris et du caractère qu'en a tiré l’industrie parisienne. Semblablement, si les jongleurs se rencontrent en grand nombre à Paris, si, dans les chansons de geste, il est maintes fois question de cette ville, c’est non seulement parce que celle-ci est sur les chemins de pèlerinages, mais encore parce que nombreux sy trouvent les seigneurs et chevaliers autour du roi, chef féodal. L’attraction exercée par une telle cité, de ce point de vue, est apparente à travers d’autres passages de nos vieilles chansons de geste. C'est, dans Renaud de Montauban, le duc Aymes de Dordone, « un gentis chevaliers », qui conduit ses fils (les quatre fils Aymon) à la cour royale. La mère de ces derniers veille à ce qu’ils fassent honneur à leur nom ; elle les fait vêtir « d’eskarlate » et de bons manteaux ornés. d’or. Contemplons-les sur leurs chevaux, qui quittent Dordone en compagnie de 400 chevaliers. Ils se hâtent vers Paris où le père présente ses enfants au souverain, en ajoutant qu'ils sont prêts à le servir. Et celui-ci répond qu’il les retient bien volontiers. Il les fait chevaliers, le lendemain. Dans la salle du palais, en présence de la noblesse ainsi que des évêques et abbés : « Vassal (dit-il en s'adressant à Renaud, fils d’'Aymon), il vous faut adouber », et il lui fait revêtir le haubert « à menues mailles », lui lace le heaume, tandis qu’à d’autres revient le soin de lui cendre l’épée, de lui mettre les éperons dorés et de lui donner l’accolade. Et voilà Renaud qui monte sur le cheval Bayard qu’on lui amène et « qui tos estoit faés ». Il a l’écu au cou, la lance à la main. Ses frères sont pareillement adoubés. Puis, c’est la quintaine destinée à faire « joster nos noviaus adobés » : Ù

« De Paris sont parti; sor Saine

vont ès prés ».

Le jeu terminé, on revint au palais où grandes furent la fête et les libéralités en étoffes de prix, en palefrois, en riches équipements. Le jour suivant, le souverain « tint sa cort » : de vin le

116

L'UNION

DE

LA DYNASTIE

CAPÉTIENNE

AVEC PARIS

servirent Renaud et l’un de ses frères, tandis que les deux autres portèrent le pain. « Molt furent bien servi li chevalier de pris, Chars ont et venoisons et cers de a me Et piment et claré ont assés

Et quant orent mengié li chevalier Proisié, Des tables [se] sunt levé Et vont parmi

la sale

Ils s'amusent, jouent aux échecs. A son tour, plus tard, Renaud de Montauban, après de longues années de vie accidentée, enverra à la cour royale ses deux enfants accompagnés de 200 chevaliers, pour y recevoir leurs premières armes et y servir le roi. , « Etils’en

vont ensamble

haut et lié... ».

Le poëte nous trace ce tableau charmant : arrivés à Paris, les enfants de Renaud se rendent au palais, en se tenant par la main et en devisant, et les barons, les voyant passer, se disent l’un à Pautre : « Quels beaux enfants ! Ce sont, à n’en pas douter, deux frères qui viennent quérir équipement auprès du souverain ». « Lor s’en vont vers lo roi », se tenant ainsi tout près l’un de l’autre, et l’on s’empresse pour savoir qui ils sont. Le souverain les accueille, promet de leur donner des terres et les fait un peu plus tard chevaliers. Certes, en sa personne, c’est le suzerain féodal qui nous apparaît. Mois ce suzerain est en même temps le roi de France. Au long des siècles qui vont suivre, son pouvoir royal se dégagera de plus en plus. Avec saint Louis au xrrr siècle, avec Philippe le Bel à la fin de ce même siècle et au début du xrve, avec Charles V au cours de ce dernier siècle — pour ne marquer que des étapes — les institutions monarchiques prendront corps et la royauté tendra à la reconstitution de l’ancien pouvoir de FPEtat. Au xv® siècle, sous Charles VIT et surtout avec Louis XI, la France s’'acheminera vers la monarchie absolue, caractéristique des siècles suivants: les droits de propriété que le seigneur du moyen âge avait sur son domaine propre se trouveront jusqu’à un

CE QUE PARIS

DOIT A SON

ROLE

DE

CAPITALE

117

certain point étendus au royaume confondu en quelque sorte avec le domaine royal; les idées de la Renaissance ne feront qu’accélérer ce mouvement. De capitale d’un caractère féodal et telle que les chansons de geste par exemple indiquent, Paris deviendra capitale de la France monarchique moderne. Vers cette ville, après les seigneurs venant remplir leurs devoirs féodaux, se hâteront les nobles du temps du Roi-Soleil et, depuis la Révolution, tous les gens attirés par le centre de la vie politique française. | Tel est le rôle fondamental du facteur politique dans l’évolution de Paris. Pour observer les débuts de ce rôle, c’est vers le Palais, situé dans la partie occidentale de l’île de la Cité et qu'un auteur des dernières années du xrr° siècle nous représente ‘dominant la ville de sa masse imposante, qu’il faut tourner nos regards. Là est le point d’attache du roi à Paris. C’est là qu’un chroniqueur du temps de Philippe-Auguste nous montre ce souverain — contemporain des chansons de geste dont il vient d’être question — se promenant de long en large, dans le souci des affaires du royaume, puis s’arrêtant aux fenêtres, afin de se distraire au spectacle de la Seine. Regardons ce roi qui va et vient dans sa « cambre à vaute painturée à ormier » (comme on lit dans un texte de cette époque). C’est le seigneur féodal de Paris, qui partage son temps entre cette ville et les autres ‘parties de son domaine, consommant ses récoltes sur place. Toutes les fois qu’il s'éloigne de cette cité pour aller demeurer ailleurs (est-il énoncé dans un acte de 1208), il abandonne à l'Hôtel-Dieu l'herbe ou la paille étendue, suivant l'usage de l’époque, en manière de tapis dans sa maison de Paris. Si, au x1° siècle, le roi de France préfère au séjour de Paris celui d’une ville telle qu’Orléans qu’un chroniqueur d’alors appelle « la ville royale des Gaules », son choix, au xrre siècle, se porte sur Paris, qui devient la résidence royale préférée. Et ce centre du pouvoir royal agit à la manière d’un aimant : il attire à Paris seigneurs laïques et dignitaires ecclésiastiques qui y font choix de demeures ou en construisent. Dès le xrr® siècle, Suger, abbé de Saint-Denis, « qui a fréquemment à s’occuper des affaires

118

L'UNION

DE

LA DYNASTIE

CAPÉTIENNE

AVEC PARIS

du royaume », a acheté une maison « à la porte de Paris, vers Saint-Merry », à son usage et à celui de ses successeurs, pour être hébergés, lors de leur venue dans cette ville. Le comte de Flandre a, au xrrre siècle, sa maison sise dans la paroisse SaintEustache et qui avait appartenu auparavant à Pierre dit le Coquillier, bourgeois de Paris. A la date de 1283, il s'agrandit de trois arpents et demi de terre arable s'étendant à côté de cette maison. Dix ans après, l’évêque de Paris, dans le domaine duquel se trouvaient « la méson de Flandres » et ce terrain, accense à Robert, fils aîné du comte de Flandre, un manoir ou pourpris qu’il avait hors des murs de Paris, au delà de la porte Montmartre, ainsi que toute la terre arable adjacente, comprise entre le mur du comte de Flandre et le grand chemin conduisant à Montmartre (rue Montmartre actuelle). Et voici que, peu après, en 1296, Robert, toujours qualifié de fils aîné du comte de Flandre, considérant que son propre fils aîné Louis, comte de Nevers et de Rethel, n’a point de maison à Paris où il puisse descendre quand il est appelé dans cette ville par ses affaires, lui concède à son tour celle qu’il y possède. Portons nos pas, à la fin du même siècle, vers une autre partie de Paris : voici, du côté de Fabbaye de Saint-Germain-des-Prés, la maison du feu roi de Navarre Henri et, non loin, celle où demeure l’évêque d'Orléans, tandis que l’évêque de Tournai a la sienne au Sud de Fabbaye de Sainte-Geneviève. Un abbé de F écamp, de la fin du xrn° siècle, acquiert, pour cette abbaye, un hôtel à Paris et, à la date de 1267, l'archevêque de Rouen Eudes Rigaud parle de son manoir de Paris. Citerai-je encore, et sans avoir la prétention de donner autre chose que des exemples, l'hôtel de l’un des frères de saint.Louis, Charles d’Anjou, roi de Sicile, qui à servi à baptiser la rue du Roi-de-Sicile ? Cette sorte d’agglutination autour du siège du pouvoir royal, devenue très apparente au xrrre siècle, ne fera que s’accentuer. Et, effet du rôle de Paris capitale, les industries de luxe ou celles qui visent plus spécialement la noblesse et le haut clergé prennent un développement particulier. Pour s’en rendre compte,iln’yaqu’à ouvrir le Livre des Métiers d’Etienne Boileau qui date du courant

INDUSTRIES

DE LUXE

10)

du xrrre siècle. Les tailleurs de robes de laine ne suffisent pas à la besogne et sont débordés; ils travaillent pour les «gentiuz homes» ou les chaus houmes», nuit et jour; il leur faut satisfaire aux besoins urgents de ceux-ci et des étrangers, livrer une robe, commencée le soir, le lendemain matin. Bien que le recrutement des gens de métiers soit alors essentiellement local, nos tailleurs parisiens, ne trouvant pas à Paris une main-d'œuvre suffisante, sont obligés de-faire appel à de très nombreux étrangers. Ils ne connaissent dès lors pas assez ce personnel pour le laisser seul la nuit au travail, alors qu’ils doivent — ainsi qu’il appartient aux corporations de métiers — faire le guet dans la ville. Aussi sollicitentils d’être exemptés de cette dernière obligation. Telle est l’abondance du travail dans ce métier que des ouvriers étrangers venus à Paris taillent et cousent des robes chez des particuliers ou en chambre, en cachette, cherchant ainsi à échapper aux règlements de la corporation. C’est là une curieuse échappée sur la vogue d’une industrie demeurée l’une des plus caractéristiques de Paris. Considérant un autre métier de luxe, Porfévrerie, relevons ce témoignage de l’orgueil de la corporation parisienne : nul orfèvre ne peut ouvrer d’or à Paris — lit-on dans les statuts — si ce n’est au moins à la touche de cette ville, laquelle touche dépasse tous les ors travaillés en quelque pays que ce soit. C’est pareillement à « Sainte Eglise » et aux « haus homes » que s'adressent la corporation des cristalliers et des pierriers en pierres naturelles précieuses, et celle des batteurs d’or et d’argent en feuilles. Les prud'hommes du métier d’imagiers, c’est-à-dire sculpteurs de crucifix, de manches de couteaux et autres objets en os, ivoire, bois ou autre matière, sont quittes du guet ainsi que de toute imposition pour ce qu’ils vendent ou achètent touchant leur métier, parce que ce métier « n’apartient à nule âme fors que à Sainte Yglise et aus princes et aus barons et aus autres riches homes et nobles ». Prêtons Poreille à ce qu’avancent, à côté, les peintres et sculpteurs proprement dits qui forment une autre corporation : Part de ce temps étant essentiellement religieux, ces gens de métiers déclarent être «au service de NostreSeingneur et de ses sains » et travailler à l'honneur de l'Eglise.

Sn

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DE LA DYNASTIE

Me

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CAPÉTIENNE

:

STE

AVEC

*

PARIS

Les barilliers, faiseurs de barils pour vins fins et eaux de senteur, ceux qui font des « tapiz sarrazinois », ceux encore qui font des chapeaux de paon ont soin de mettre en avant que leurs métiers s'adressent aux « riches homes » et aux « haus homes », au roi, aux comtes, aux chevaliers ou aux églises. N'est-ce point également « pour servir les gentiuz houmes » que les chapeliers de fleurs ont été établis ? Voyez-les travailler de jour et de nuit, maniant fleurs et « herbes ». Le dimanche même, il leur est permis de tresser de charmants chapeaux de roses aussi longtemps que dure la saison de ces fleurs, mais qu’ils se gardent bien de cueillir ou faire cueillir, ce jour-là, en leurs jardins, des herbes, des fleurs destinées à des chapeaux ou à être mangées. D'autre part, ce groupement de princes et seigneurs dans la ville y développe l’industrie des armes. Il faut, à cet égard, servir chevaliers, écuyers et sergents, garnir les châteaux. Les haubergiers qui font des hauberts, les gens qui font des arcs, flèches et arbalètes travaillent de nuit et même les jours de fêtes, s’il le faut. Les premiers peuvent mettre en œuvre quelque matière que ce soit et de quelque pays qu’elle vienne ; il leur est loisible de travailler isolément ou tous ensemble. Le caractère de luxe de l’industrie parisienne n’a pas d’autre cause que le séjour, dans cette ville, de la cour royale : c’est un effet de Paris capitale. C’est à ce rôle de capitale ainsi qu’au chemin où passent hommes, choses et idées qu’il faut rattacher les destinées de cette ville. ; Certes, celle-ci est admirablement située. Le chemin l’a en quelque sorte engendrée : la large voie fluviale Est-Ouest que croise, à l’endroit de l’île de la Cité, une grande voie terrestre Nord-Sud. Cette dernière, la voici au Sud de Paris. Cest celle que Renaud de Montauban, dans la chanson de geste de ce nom, suit, afin de se rendre de cette ville à Paris pour prendre part à une course qui, sur l’ordre du roi de France, doit avoir lieu audessous de Montmartre, du côté de la Seine, dans les prés. « Les barons de France y seront rassemblés. Dieu ! tant de riches destriers y seront amenés ! Le roi, comme enjeu, met un trésor, vous n’en verrez jamais un si grand : 400 marcs d’or fin, 100

CHEMIN VERS PARIS

421

étoffes de prix et sa propre couronne. Le vainqueur à la course aura tout cela ». Quelle tentation ! Aussi Renaud, bien qu’ennemi du roi, s’est-il décidé à partir, avec les trois autres fils Aymon, leur cousin Maugis le magicien et 100 chevaliers. On sonne le cor sur la tour, et les barons s'apprêtent. Les voyez-vous tous à cheval ? Ils se mettent en route. « Et trespassent les terres et le païs plenier ».

À Orléans, ils franchisssent la Loire, puis ils «entrent en la voie» qui conduit à Paris. Les voici au pied de Montlhéry. « C’est uns chastiax qui mout est bien asis ». Au-dessous de ce château, en un bois, ils entrent pour se reposer. « C’était en mai, à l’entrée de l’été, quand le feuillage naît et que les prés verdissent. Les fils Aymon étaient dans le bois ramé ». É

« Or est li jors venus que tant ont desirré. Li soleus est levés qui giete grant clarté ».

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Et Renaud dit à Maugis : « Demain sera la course, ce so j'irai coucher à Paris». Mais il s’agit de ne pas être reconnu dans cette ville. A l’aide d’une herbe trempée dans de l’eau et dans du vin, Maugis teint Bayard, le cheval de Renaud, et le rend « plus blans que n’est flors en esté ». Il teint semblablement Renaud. Et tous deux, le baron et le magicien, ayant pris congé de leurs compagnons, se dirigent vers Paris où ils arrivent le soir. « Par la maîtresse porte, ils sont entrés en la ville. Les hôtels sont tous pris. Au Vieux-Marché, ils se sont pauvrement logés chez un cordonnier ». Mais ce dernier reconnaît Renaud et veut le livrer au roi. Renaud le tue, puis s’empresse de gagner avec Maugis, par la rue Saint-Martin, le porche du moutier SaintMartin où ces deux personnages passent la nuit. Notre même chemin, le voici, au xue siècle, à travers le plateau étendu de la Beauce féconde en blé, comme dit Suger qui nous montre, en cette région, pèlerins, marchands ou autres voyageurs trouvant, dans une possession de l’abbaye de SaintDenis, de la nourriture et, pour leurs membres fatigués, un lieu de repos. Les temps sont durs pour ceux qui voyagent. Dans les

122

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CAPÉTIENNE

AVEC PARIS

premières années du xu° siècle, nous voyons Hugues de Pomponne, chevalier valeureux, châtelain de Gournay — château sis sur la Marne — s'emparer à l’improviste, sur le chemin royal, des chevaux des marchands qu’il emmène à Gournay, ce qui entraîne le siège de ce château par le futur roi Louis VI. Le souverain est le protecteur naturel des marchands. Ce même Louis VI, vers 1130, à la suite d’une expédition militaire dirigée contre Thomas de Marle, se saisit de ce dernier à Coucy-le-Château et fit relâcher des marchands que ce seigneur avait, par trahison, spoliés de tout leur avoir et mis en prison. En 1137, il détruisit le château de Saint-Brisson (Loiret), en punition notamment de déprédations commises à l’égard de marchands par le seigneur du lieu. Tenir une voie de passage est chose importante. Aussi écoutons Philippe Ie qui, heureux de ce que le château de Montlhéry a été mis en sa garde en raison du mariage de la fille unique du seigneur de ce lieu avec un fils naturel du roi, dit, en présence de Suger, à son fils légitime, le futur Louis VI : « Conserve, en y veillant, la tour de Montlhéry qui m’a causé tant d’ennuis et qui est cause que je n’ai jamais pu avoir une bonne paix et le repos». « Avec ces lieux hostiles : Corbeil sur la Seine, Montlhéry au milieu du chemin, et Châteaufort (près de Palaiseau) à droïte, commandant tous trois le Parisis, les communications entre Paris et Orléans ne pouvaient se faire que de vive force ou au gré des ennemis ». Un tel texte dégage l'importance primordiale qu'avait, pour la jeune royauté capétienne, le chemin d'Orléans à Paris et de Paris à Senlis qui, par le Petit-Châtelet et le Petit-Pont d’une part, le Grand-Pont et le Grand-Châtelet d’autre part, reliait lune à l’autre la partie méridionale et la partie septentrionale du domaine royal. Ce chemin servit d’axe de formation non seulement à Paris mais encore à la France naissante. C’est par là que l’autorité capétienne, qui eut d’abord son siège dans l’Orléanais, gagna notre cité. Le comté de Paris avait été concédé par Hugues Capet, avant son avènement au trône, à Bouchard de Vendôme qui le transmit à son fils Renaud, évêque de Paris. Peut-être les évêques de cette ville en bénéfi-

CHEMIN

VERS PARIS

123

cièrent-ils ensuite, puisqu'on les voit, dès le xr° siècle, suzerains de la plupart des seigneurs de leur diocèse. La ville dans la dépendance du chemin où circulent, en la dureté des temps, marchands et pèlerins, la ville d’où rayonne Vaction protectrice du roi, c’est Paris au xrie siècle.

CHAPITRE

XI

La ville sur le chemin de pèlerinages. (XIe-XIIIe siècles.)

Dans la chanson de geste de Renaud de Montauban (composée vers l’année 1200), les quatre fils Aymon, après avoir longtemps souffert dans la forêt d’Ardenne où ils ont fui la vengeance de Charlemagne, se décident, malgré les dangers auxquels ils s’exposent, à prendre le chemin de la demeure paternelle, Dordone, dans le Midi. Is n’ont plus ni armes ni draps, sont noirs et velus comme ces ours que l’on montre enchaïinés; ils sont «taint des vens et des orés ». Ainsi, se disent-ils, nous « verrons nostre mère qui, por nos, à ploré ». C’est en mai. Et les voilà qui sortent de l’immensité mystérieuse de la forêt d’Ardenne. Afin de ne pas risquer d’être reconnus, ils voyagent durant la nuit et se cachent pendant le jour. Enfin ils approchent du lieu où ils sont nés : « De Dordone ont veu le palais honoré, Les murs d’araine bis (ciment) et le bos et le pré »,

et «la belle richesse » à laquelle ils n’ont plus part. Il leur souvient de leur misère et ils sont pleins de tristesse. Puis ils redoutent que leur père, vassal fidèle de Charlemagne, ne les livre à mort. Toutefois, rassurés pes lens du or su les ie leur semble-t-il, mé , ils à et, par la maîtresse porte, « | en la vile entrés ». En effet, on ne. les reconnait pas. Ceux qui les voient passer les regardent avec étonnement ét se demandent d’oùils viennent, car, pour sûr, ils ne sont pas du pays. Chevaliers et bourgeois les interrogent :

PÉNITENTS

125

Qui êtes-vous, belles gens? D’où venez-vous? Etes-vous | « peneant » (pénitents) ? En quel lieu allez-vous ? — Renaud a éperonné son cheval Bayard et s’est ainsi séparé de ces importuns. Jusqu'au palais, lui et ses frères ne s’arrêtent. \ L

:

«A pié sunt descendu desos le pin ramés»,

où ils ont attaché leurs quatre chevaux. En la salle ils montent « par les amples degrés ». Le palais était vide de sergents, car le duc Aÿmes leur père était parti à la chasse. A des tables qui se trouvaient là, « belement », côte à côte ils s’assoient. Leur mère sort de la chambre. Et ses fils la regardent et ils ont incliné la tête. Or ils sont là, si nus et pauvres, «n’ont fil de drap entier »: ils sont hideux. Quand la dame les voit, elle s’étonne. Elle en a d’abord peur, puis elle leur parle : « Barons, d’où êtes-vous ?

:

Bien me samblés hermite ou

É '

_

gent peneancier.

Si vous voulez de ce que nous avons, des vêtements et des vivres dont vous avez besoin, je vous en ferai donner avec joie, pour Famour de Dieu, afin qu’il protège mes fils que je n’ai pas vus depuis dix ans ». — Sur une question de l’un d’eux, elle raconte la destinée de ses fils. Et Renaud s’émeut. La duchesse se dresse toute droite au palais. Et elle voit Renaud, sa chair et sa ressemblance, dont la figure change. Il avait une plaie sur le visage. _«

Au beourt li fu faite, quant il

estoit enfant ».

Sa mère le regarde, fixe ses traits, les reconnait : Renaud, s’écrie-t-elle, si c’est toi, pourquoi te cacher ? Beau fils, je te conjure par Dieu : si tu es Renaud, dis-le-moi tout de suite. — Quand Renaud lentendit, il se cacha la tête en pleurant. Sa mère le vit, ne douta plus dès lors. En pleurant, les bras levés, elle « va baïsier son enfant », puis tous les autres cent fois. Elle les fait manger et voici Aymes de Dordone revenu de la chasse, « Et a trové ses fils à sa table seant ».

Il ne les reconnaît pas et dit à la duchesse : « Dame,

qui sunt cist home?

Bien semblent

peneant

».

\

126

LA VILLE

SUR LE CHEMIN

DE PÈLERINAGES

Les pénitents sur les grands chemins, les pèlerins au long des routes : voilà une donnée essentielle à dégager, quand on étudie l’évolution d’une ville telle que Paris, du x1° au xt siècle. La voie de passage, avec tout ce qui s’y rattache, sert en effet à expliquer la ville. Si on n’observe pas cette dernière dans ses liens avec le chemin, on ne peut comprendre ce grand moment de l’évolution urbaïne auquel correspondent ces siècles. Ceux-ci ont été par excellence des siècles de pèlerinages : pèlerinages pacifiques, pèlerinages militaires contre les Sarrasins d’Espagne ou les infidèles d'outre-mer ; ils ont été des siècles de foi ardente s'adressant aux reliques. Posséder des reliques célèbres, faire partie de l’itinéraire des pèlerinages, c’est là, pour un centre urbain, un germe particulier de vie. Et Paris est sur de grands chemins de pèlerinages. Observons, dans le panorama de cette ville, le pèlerin. Comme nous le montrent les chansons de geste de la fin du xrre et du commencement du xre siècle, il est vêtu d’une cotte de bureau, d’une sorte de chape, d’un vêtement long trainant jusqu'aux pieds. « Les housiaus a liez desi au col du pié, L’escherpe cordowane a à son col lacié ».

Il a, sur la tête, un large chapeau de feutre et, à la main, un bon bourdon ferré, « grant et gros et antier ». Regardons celui-là avec «les paumes (palmes) au col », l'air fatigué : « Bien

samble

pelerin k'ait geu en prison ».

Interrogeons-le : « Je vieng (nous répond-il) de Iherusalem, del temple SaleSi m'en ving droit par Rome, à saint BU au baron, [mon, Puis alai à Saint-Jasque..

Il désigne ainsi les trois grands pèlerinages de l’époque: celui de Terre Sainte, celui de Rome et celui de Saint-Jacques-deCompostelle. Voyez ces autres « paumiers », ces « truans et pautonnier (vagabonds) ». « Noz penitences fesom com pelerin » (nous disent-ils).

PÈLERINS


d’autres gens, et ces ma Iheu-d Doux no cossaiont de maudire la vie. Mais comment y pi f Cliadun avait assez à faire pour soi et Von ne Dont au unir on aide à autrui. Tout était si cher et, pan RSS l’hiver 00 1420 à 1421 fut si rigoureux qu’on sonne die ne qu de Mode Sur les fumiers à travers la ville, il y avait ici dix, là vingt Mi bronte enfants, dans le dénuement, se lamentant, et des maiWon voisines on pouvait entendre leurs plaintes, la nuit. Ilwy a, à Paris, de nombreuses demeures vides, relate, sous la Hnto do 1429, ce même contemporain, qui AH en sue que Womme cette cité n’était pas gouvernée et que rien n’y Yen tuino fût rançonné deux ou trois fois et n’eût dès lors un Le lu vonte très élevé, un grand nombre de pauvres gens la quitWiont ot, se trouvant dans l’impossibilité de gagner leur vie, forMaiont des bandes qui se livraient à tous les excès os lestuolles il fallait s’armer. On prit 97 de ces gens a première . “ jou do jours après, le 2 janvier 1430, on en pendit 12 au gibet de Paris. Le 10 du même mois, on en mena 11 aux Halles pour leur doupor la tête ; l’un d'eux, toutefois, un beau jeune one Buuvé par une jeune fille des Halles qui, au moment où les yeux {lu dondamné allaient être bandés, se présenta bersinentpour réclamer et fit tant qu’il fut ramené au Châtelet : depuis; ils lo marièrent ensemble. Le monde était comme au Fi — übaorve notre bourgeois parisien en son journal — et c es pour Quoi beaucoup d'habitants de Paris s’en allaient, ce qui cs blissait fort cette cité. En un seul jour, le 14 avril . par suite dl la grande cherté des subsistances et de la difficulté de vie d Paris, il partit de cette ville, tant par eau que par HAS, 1e 1200 personnes, sans compter les enfants. Dans cette cité, 1488, nuit eb jour, des poils enfants, des femmes et des hommes oriaient : « Je moeur, hélas Las! Doux Dieu ! Je meur de fain et do froid ». Aussi Loubes log lois qu'il venait alors à Paris des gens d'armes pour convoyor des bions qu'on y amenait, ils rame naient avec eux deux où brain cents habitants de cette ville qui

566 LUN BENBUA DH LA GUERRE DE CNT ANS y mouralont do faim, Los documents d'archives confirment, lt toits dos chroniqueurs, Il o8t signalé au pape, à la date do 1494 qu'une importante paroisse de Paris, celle de Saint-Sauvour du la rive droite, no compte plus, du fait de la succession des guorr

. @Ù des maladies, qu'un petit nombre d'habitants , de telle son que,

tant à cause de la réduction de la pontslon qu’en raison ds la pauvreté des paroissiens subsistants, il n’y à presque pl liou d'y continuer le service divin. M D'effrayantes épidémies sévissent, faisant suite à la post noire des années 1348 et 1349, qui, comme on l'a vu précis ment, a amené uno profonde perturbation économique, un manqt | de main-d'œuvre, une insuffisance de production un re sement de la vie, enfin un déclasseme nt de la DORE En septembre 1418, un mal redoutable cause une grande mot à HAN eb aux environs : nul de.ceux qui sont atteints n’échap 1 ob c’est surtout parmi les jeunes gens et les enfants que le 1 MES go ravages. Tel a été, vers la fin du mois, le nombre dé décès qu’il a fallu creuser, dans les cimetières de la ville, de grande 1OsRe en chacune desquelles on entassait 30 où 40 ne. quo. l’on saupoudrait ensuite d’un peu de terre, comme on met dutl sur du lard — écrit notre même annaliste parisien. On né cessai de rencontrer. dans les rues le Saint Sacrement que l’on portail aux malades. En 1433, il s’agit, au dire de cet auteur, « de bocôl qu de verolle plate » atteignant spécialeme nt les entanlé ot n'avail pas vu depuis 1348, assure-t-il, une telle mortalité FE. 1 malgré les signées, les « cristoires » et une bonne garde al di 1 Ceux que le mal avait touchés ne pouvait y échapper don ar law RUE L'épidémie commença au mois de mars et dura. ne. jus qu à la fin de l’année. Peu d’années après, on 1438, une ol épidémie nous est signalée, qui aurait fait environ 50.000 victimes à Paris, suivant le témoignage de Contempora ins : quand la mor so boutait en une maison, raconte un de ces derniers, elle er omportait la plus grande partie des habitants, et spécisl C Jen plus forts et les plus jeunes. Une réapparition de la petito Vürole, en 1445, décima la population enfantine de Paris : Uno bulle papale de 1446 signale que les maladies éidtntel

ÉPIDÉMERS — PAIN DÉPRUPHÉ

807

-dauhaiont, on ce temps, dos ravages presque Lous les ans où qu'en

“no soule année il mourut à l'Hôtel-Diou 30.000 porsonnos. Uubte même bulle nous montre l'état de la population parisienne \ ln suite des guerres ot troubles qui, durant plus de 30 ans, n’ont Pau cessé de régner en France : les nobles, les bourgeoïs, les martiands et autres gens puissants (lit-on dans cette bulle) ont été Hpoliés de la plus grande partie de leurs biens ainsi que de leurs Ollices et mis bors de leurs maisons et possessions; parmi eux, 10 uns ont été jetés en prison, d’autres ont reçu des blessures, Onb été tués, ou bien encore ont été opprimés de mille manières : l06 artisans ont été obligés d'abandonner leurs métiers et les dultivateurs leurs terres et sont tombés dans une profonde misère. Voici, d'autre part, le roi Charles VII qui, en des lettres du 16 janvier 1443, nous apprend que, tant à cause des guerres qu’en laison des maladies épidémiques et des famines dont « diverses parties de nostre royaulme (dit-il), mesmement nostre dite Ville de Paris et le pays d’environ ont esté flagellez », cette cité et ses alentours sont tellement dépeuplés qu’ils sont tombés t presque en toute désertion et ruine ». Afin de contribuer à ce que Paris soit «réhabité et réédifié » et pour y attirer les Normands voulant se soustraire au joug de l’occupation anglaise, ce souverain décide que ceux de ses sujets qui se sont fixés dans cette ville depuis un an ou qui y viendront seront, pendant trois années, oxempts de toutes impositions, à l’exception de celle relative à la vente du vin, ainsi que du guet et de la garde des portes du rempart. Un peu plus tard, le même roi, dans le but de repeupler Paris, que les guerres et dissensions et les charges qui en sont résultées ont beaucoup réduit comme, population, exempte les bourgeois et habitants de cette cité ainsi que les gens qui viendront y demeurer de toute taille durant les années 1448 et 1449, E6 sur la remarque qu'on lui fit que les marchands et autres personnes qui avaient abandonné Paris ne consentiraient pas à y retourner pour une exemption d’une aussi courte durée, il étendib, par un acte du 26 mai 1449, le bénéfice de cette mesure aux années à venir, sous certaine réserve. Son fils et successeur Louis XI, à son tour, valve, on 1467, l'état d'appauvrissement

554

VEN NIVTA DE LA GUERRE DE CENT ANS

RÉNUUTAT DES MOUVEMENTA DE POPULATION

ot do dépopulation

de Paris, résultant des &uorros, farminos üpidémios ot du fait que des princes ol soigneurs, des étran go ol des gons du pouple, qui habitaient cotte ville, ont établi Ja ut démoure ailleurs, 11 mande que tous ceux, de quelque nation qu’ils soient, qui voudront venir s’y fixer, y seront à l'abri de Loube poursuite pour meurtres, vols eb autres méfaits commis par aux, le crime de lèse- majesté excepté. Il ouvre, pour repeuplet

sa capitale, la porte aux bannis. 4 Ainsi so développent devant nous les conséquences, pour! NO UNION cité, de cette longue période d’un siècle, toute semée de guertoin ot do troubles. Tant il est vrai que, dans l'étude de l'évolutio

urbaine, il ne faut point seulement observer la ville en soi, mai

qu'ilimporte encore de la considérer par rapport aux événement d'ordre politique ou purement historique. Ceux-ci ont agi Sul l'organisme urbain en exerçant des effets sur les données écont

Miques eb par conséquent sociales qui expliquent la ville, Cette

:

.

l è

ponte de considérer pour en déduire, du point de vue urbain, Douton los conséquences. Un tel va-et-vient, une semblable mobi…(dhranient les vieilles assises de la société. À la population noie do temps immémorial au sol urbain succède un assemMage disparate, formé à la fois des anciens habitants demeurés NE Où qui y sont rentrés et de divers éléments étrangers. Mobooussos de cette époque agitée, le mal de ce siècle ont déra-

lants de toute catégorie, des marchands ont quitté cette ville,

Bidon hommes, disloqué les cadres consacrés par un long usage

Drluns lesquels la vie sociale avait pris place, engendré véritable

dont la population s’est trouvée en Outre décimée par les révos ñ lubions, la famine et la maladie. Et en définitive, c’est une cité 1 à ropoupler, même à réédifier qui nous est apparue. L'émigration Parisienne s’est produite dans tous les milieux. Des artistes pau oxomple ont quitté Paris et suivi, dans les provinces, le roi d@ Franco qui n’était plus que le roi de Bourges ou les grands soi Büeurs pour lesquels ils travaillaient. Des centres artistiques, formés autour de Gorporations locales et que la capitale royale tléments D de vitalité oui qui ne SR Qt GROSLOS tarderontOR pasETRPUNRÉ à en faireÀ d'mpOrtAN

Donont 08 divers phénomènes qu'il faut observer d'ensemble

Doumugonde cotte époque de la vie de notre cité. C’est oo: IMinésontre los gens qui se réfugient dans la ville ou a M IINON oÙ doux qui en sortent, poussés dehors pes la De

M iiicultés de l'existence ou les agitations politiques, qu’il

dernière, en tant que lieu fort, à attiré derrière ses murs les gen du plat pays environnant. Elle s’est trouvée de la sorte où dun fait du mouvement général de la populati à cette on époque grossion d'éléments de toute nature, désirables autant qu’indésirable s Ù alle à reçu des gens de métiers divers, des personnes jouissant: de rossources, et en même temps une foule d’indigents, dem malades, des êtres sans aveu. Mais s’il Y à eu ainsi l’exode véris Paris, il y à eu semblablement l'exode hors de Paris : des habis

doolos, On n’a pas assez remarqué la part qui revient ainsi à

550

Lo oil dans la formation d'écolos belles que celle de la Loire. | ho faudrait pas Loutofois s'imaginer que la vie artistique fût Ho. à Paris, qui continue à jouer son rôle de capitale. N'est-ce nb ypour le duc de Bedford, régent après la mort de son frère DHL, roi do France et d'Angleterre, que fut exécuté, dans le Mn quart du xv° siècle, un magnifique manuscrit, le bréno dit do Salisbury, décoré de miniatures d’un art réaliste MMRVOuroux qui décèle une origine parisienne ? Et à ce bréon pot rattacher tout un groupe de manuscrits à pates Don onto pas moins vrai que Paris à agi, et quelquefois forteMON au dehors, par l’'émigration de ses habitants.

…Hüinuin

|

bn

déclassement. Or la société qui bouge ainsi, Won lavoir qui se prépare par le relâchement des liens attadinb homme au sol urbain ou rural, comme il se prépare, d'autre part, par le développement de la Cru non ose WulMmportance grandissante de la richesse HoDUÈS au détriMont do Pantique souveraineté de la terre nourricière. Qüllosoi toutefois ne cesse pas de jouer dans l’organisme urbain iprandrôle. Le bourgeois de Paris reste un homme des cts Liioz, par exemple, le journal d’un bourgeois de cette ville qui Nous à été conservé pour la fin du règne de Charles VI et lapre-

Wire partie du règne do Charles VII, vous y trouverez noté

b60

LEA HURATS DE

LA QUENNE

DH CENT

ANS

avoo soin bout 0 qui se rapporte aux fruits de la Lerre ot & Hôme Lomps vous y conslaberez combien les Parisions soufirant do no pouvoir, quand des bandes ennemies tiennent les environ vaquer, comme il convient, à leurs occupations agricoles off vibicolos. En 1410, les Armagnacs les serrent de si près, du col des portes Saint-Marcel, Saint-Jacques et Saint-Michel, quil no pouvent aller vendanger ou faire leurs semailles au delà dot pontos : il fallut attendre et l’on vendangeait encore en plein mot do novembre; heureusement que le beau temps avait empéclié 168 raisins de pourrir. L'année suivante, ces mêmes ennelin vinrent près de Paris, en pleines vendanges, le 3 octobre : lil luront à Pantin, Saint-Ouen, la Chapelle-Saint-Denis, Mont artre, Clignancourt et dans tous les villages voisins, et assién gèrent Saint-Denis, qui était une ville fortifiée. En 1417, ce soit au contraire les Bourguignons qui tiennent le pays autour d® notre cité : nul n’ose sortir de Paris pour aller vendanger hoM do la porte Saint-Jacques, à Châtillon, Bagneux, Fontenay Vanves, Issy, Clamart et Montrouge; ces adversaires des Paris sions viennent fourrager jusque dans les faubourgs et emmènenl avoc eux les personnes qu’ils trouvent. En 1418, ce sont les bléh ol les avoines qu’il faut s'abstenir de récolter autour de la ville, ar los Armagnacs tuent tous les Parisiens qu’ils peuvent prendre, En juillet de cette année-là, ne mettent-ils pas le feu à La Mils lotte, à La Chapelle et ailleurs, dans les granges pleines de DIM nouveau ? L’alarme ayant été donnée à Paris, ces pillards s'ens fuirent, mais non sans s'être emparés de beaucoup de bétail avoir fait prisonniers, en leurs lits, de pauvres laboureurs. Les années se suivent et se ressemblent à cet égard. Les von* danges, en 1419, coûtèrent quatre fois plus qu’elles n’avaienb jamais coûté de mémoire d'homme, et cela à cause des Anglais ol des Armagnacs contre lesquels il fallait se prémunir en faisant accompagner, par des gens armés, la récolte, afin de pouvoir lt ramener à Paris; or des Parisiens avaient des vignes éloignéoin de 5 ou 6 lieues de cette ville. Anglais et Armagnacs s'entonn daiont à merveille pour rançonner nos Parisiens : ainsi, on 4494, annéo d'excellente récolte en vin, ils perçurent une taxe do 8 sou

DAIUR

AGIICOLE

WE

VPMICOLÉ

Win par quoud de vondange, los premiers du côté de la porte In noquos ob los seconds du côté de la porte Saint-Marcel. In vivo droite qui n'était pas on butte aux mêmes incursions, MOULE À payor que la moitié de cette somme. Quand ce n’est ju du dehors que vicnnont les vexations, c'est du dedans, comme MAUC, année où, malgré le bon marché des vendangeurs où HTANTOUS où des hobteurs où porteurs de hottes, la récolte NL TOR cher, car, à chacune des portes de Paris, ceux qui bvonnniont cotto cité avaient établi deux ou trois sergents Mprovaient sur chaque hottour2 doubles et sur chaque charHu Chargée de cuves de vendange 8 blancs par cuve. Voici, ON du Bourget, des blés appartenant aux bourgeois de Paris. Maven maitres de Saint-Denis le 1er juin 1435, les Armagnacs MONont ous Los jours jusqu'aux portes de Paris et font la mois= on à lour profit auprès de cette ville. Au commencement du No rot 1438, la présence des Anglais autour de Paris et de Bu Denis ompéche d'aller aux champs récolter le grain. Unouire culture est la culture maraîchère, propre à la partie Aline droite encerclant Paris au pied des hauteurs de cette MD Charonne à Chaillot. Les « potaigés » où « potagés » et brand » s'opposent aux champs. La culture de jardin est AM divoloppée. En 1423, lit-on dans le journal du bourgeois ADMIN, LouS les figuiers ét romarins ainsi que les treilles des Mari lurent golés. Le 25 août 1429, la ville de Saint-Denis fut _prino Par los Armagnacs, qui, le lendemain, couraient jusqu'aux Ponten de Paris, si bien qu'on n’osait pas aller aux marais chercher jardinage, d'où un renchérissement de la vie. Voilà, en 1432, Llniemarais pleins d’eau depuis la porte Saint-Martin jusque DMNOL 0 La porte Saint-Antoine ; aussi, pendant un certain F PR no Mangea-t-0n point de «verdure », car les bonnes fèves Hiniont 12 blancs le boisseau et les pois 14 ou 15. Observez, Late part, los méfaits du froid en 1435 : tous les marais furent DultiNEt que tous les © bourdelays » qui étaient aux treilles des Jardins, los figuiers, Lous les lauriers grands et petits, la plus Wando partie des corisions ob mêmo le beau pin de Saint-Victor.

Honrain de bas nivouu où coulaib autrefois un bras de la Seine,

à

562

LUN

WPMETS

DE

LA

QUENNE

DIE CENT

ANS

los marais contiennent des saules notamment, On allait y joua, nous apprend un texte de l'année 1419. Ainsi les Parisiens cultivent leurs terres : champs, vigne marais, Regardez, dans la ville, ces fumiers qui s’'étalent, coin élables peuplées de bestiaux, ces celliers où fermente la vendange, dos moulins à eau et à vent qui réduisent en farine le grain dû la nécolte, cos porcs que lon nourrit malgré les défenses maintoë lois ronouvelées au cours des siècles. Celui qui nourrira des porok à l'intérieur de la ville paiera 10 sous d'amende, lit-on dans l'ons donnance du 80 janvier 1351 ; les pourceaux seront Lués par lof Borgents ou autres qui les trouveront, et l’exécuteur de ces hautes tuvres aura, pour sa peine, la tête de l'animal ; quant au corps; il sora porté aux hôpitaux de Paris qui auront soin de payer los porteurs. Il y avait une tolérance pour les pores de Saint-Antoino appelés partout de la sorte à cause des établissements religieux de co nom auxquels ils appartenaient : ces animaux étaient admis à vivre de la charité publique dans la rue où ils trouvaient, parmi los ordures ménagères, une abondante nourriture que, dans les tomps de disebte, les pauvres gens leur disputaient. Ainsi, nl 1421, au printemps, quand les Parisiens, qui avaient fait, duranb Lhiver, de la boisson avec des pommes ou des prunelles, eurenl jobé cos fruits décomposés, au milieu de la rue, pour servir den nourriture aux porcs de Saint-Antoine, ces derniers n’eurenl pas le temps de les manger : des malheureux, affamés, s’en empas tèront avant eux. Quoi de plus significatif, du point de vue dl l'aspect champêtre de notre cité, que cette ordonnance du prévôl royal, du 9 août 1895, qui, dans l’étendue de la ville et des marai où jardins, défend de brûler des herbes ou de la paille, afin de m0 pas incommoder, par l’odeur de la fumée, la reine et ses enfantin qui habitent l'hôtel Saint-Paul ? Et n’y a-t-il pas une autre co: litmation de ceb aspect dans ce passage d’un compte municipal de 1442 ot 1448, par lequel nous apprenons que le receveur de Ville n'a trouvé personne pour amodier les herbages des fossü du rempart depuis la porte Saint-Honoré jusqu'à la tour di uhâtoau de bois — extrémité du rempart de la rive droite à I hauteur du pont actuel du Carrousel —— parce que los oion

ABPECT

HUNAL

DE

PARIS

»

LOUPS

À

PARIS

563

y Wäbont toute l'herbe ? C'était, du reste, du côté de Saint-Honoré ut du ouvre ob dans les champs jusque vers Chaillot qu’au uno siècle les oyers ou rôtisseurs de Paris devaient, d’après le Livre des Métiers d'Etienne Boileau, acheter les oies qu'ils faiüiont rôbir, Mels sont les liens intimes qui continuent à unir la Mille aux champs que c’est de la vente du blé, du vin et des autres donréos de lour patrimoine ou de leurs bénéfices que vivent, durant lours études, les écoliers de l'Université de Paris. Charles V, un 1372, les exempte d’impositions à cet égard. Mômo une sorte de rétrogradation de la ville vers les champs, Un onvahissement de la première par la campagne sauvage des Vioux âges s'obsorve en ces temps. C’est en 1421. Les loups sorLomb des forêts, errent çà et là menaçants, rôdent autour des vil“lyon, détorrant les corps dans les cimetières. Ils pénètrent de Huit dans les bonnes villes, passent la Seine à la nage, dévorent 1lob lommes et des enfants. En 1423, les voici à Paris : ils y vienlon la nuit ob on en prend souvent trois ou quatre à la fois; ons on les porte à travers les rues, suspendus par les pieds de lünnièro, ot le public donne beaucoup d’argent à ceux qui les Dub vapturés. Vers la fin de l’année 1438, ils viennent à Paris ju lu rivière e6 enlèvent les chiens; certaine nuit, en la place Wu Chats derrière les Innocents, ils ont mangé un enfant. L'année Muivanto, ils commirent encore plusieurs méfaits. Dans la dermire somaine de septembre, ils dévorèrent 14 personnes entre Monbnantre etla porte Saint-Antoine, tant dans les vignes que tlnn los marais. Et s'ils trouvaient un troupeau de bétail, ils miaiont ce dernier et s'attaquaient au berger. La veille de la BiinteMartin, on fit la chasse à un loup terrible dont on disait Qu lui soul il avait fait plus de mal que tous les autres ensemble, D MOuNSIL à le prendre ; il n’avait point de queue et, à cause de oüln, 1 fut appelé Courtaut. On parlait de lui comme s’il s’agisBit d'un larron redoutable où d’un cruel capitaine et aux gens do ln ville qui s'en allaient aux champs on disait : « Gardez-vous du Courtaut ». Le jour où on le prit, il fut mis en une brouette, la guaulo ouverte et ainsi moné à travers Paris ; les gens laissaient out pour voir passer Courbaut, La quête, à cette occasion, rap-



504

LUS DUPUIS

DE LA GUERNÉ

DH

CENT ANS

porta plus de 10 francs, Lo 16 décombre suivant, los loups rent soudainement eb étranglèrent 4 formes du peuple ; après ils on mordirent autour de Paris 17 dont 141 succombèron Cortes il semble que ce soit à un recul urbain que nous agh tions ol que, dans la courbe de la ville, nous soyons à un po bas, No nous arrétons pas toutefois à lPapparence des choses, guorre do Cent Ans, qui à obligé la ville à une particulière Vif lanco pour sa défense, l'amenant ainsi à se roplior en quelqu Sorto sur elle-même, à eu cet effet contraire d'élargir lo cad do l'existence humaine. Cette période pleine de calamités, Sümble avoir ramené l’agglomération urbaine à ses origin alors qu’elle n’était qu’un humble groupement défensif dans CANpagne sauvage, qui chassait des champs déserts vers Pari los loups affamés, a pourtant agi profondément dans le sens l'avonir. Elle à desserré les liens attachant lhomme à la term 06 Gontribué, par là, à hâter le moment où celle-ci cessera d'évre à la base des relations sociales et politiques. La mobilité dt hommes, lour affranchissement par rapport à la terre à la famillte à la corporation, à la cité, la faculté qu’ils ont de se déclassor 80 précisément des traits caractéristiques du régime moderne.

CHAPITRE

XXXII

Vers un nouvel âge. Paris dans la première moitié du XV° Siècle.

Promenons-nous dans notre cité. Voici le marché pi excellbñce de Paris, les Halles. Celles-ci ont été UE nous tipprend un acte royal de l'année 1368, ne qu'on y ship et Vonde, aux jours de marché, toutes denrées ét marchandises. Ces jours-là, il est interdit de se livrer ailleurs au Ce “ Commerçants ferment les boutiques qu'ils ont en ville eb vont Oxorcer leur négoce, « chacun en sa halle distincte », si que les acheteurs puissent effectuer leurs achits dans de rÉIIeUTES Conditions de prix et de choix et que les marchandises SDS plus aisément visitées par les gardes des métiers. Une pete des Ilalles est du propre domaine du roi, l’autre ci tenue à Le du Souverain par un certain nombre de SOAOAMORE Or, parmi ces dernières, les merciers, pelletiers, fripiers, Lapissiers, this niers et autres ont cédé les étaux de vente ou les ont surchargés dé crois de cens ou de rentes annuelles superposés aux ses cu au roi et plusieurs d’entre eux se sont abstenus de venir aux Halles, laissant, aux jours de marché, leurs boutiques ouvertes, malgré les défenses. La plus grande partie des Je apparait à cette date de 1868, inhabitée et déchue, alors it autrefois dû lieu était, sans cofhparaison, assure Pacte royal, l’une des ce

de Paris les plus balles à voir, remode à cobte siluation, Lolle que mème los pauvran Hipiork de Paris qui oxüraont lour 4

Et le souverain BIAUREe de portür v8b la rigueur de la réglementation ot colporteurs de fripeñe en la ville oommoroo sûr lo carreau, depuis

560

VERS

UN

NOUVEL

AGE (XVO BIÈCLE)

l'hôpital Sainte-Catherine en.la rue Saint-Denis jusqu’à la porte do l'église dos Innoconts, donc presque aux Halles, so voi obligés, on 1382, d'aller en ces dernières le vendredi : lo samedi de chaque semaine, jours de marché. Guillebert de Metz, at commencement du xve siècle, nous montre les Halles « con l'ospaco d’une ville de grandeur ».

Mais à côté do ce marché général, d’autres, spécialisés, existent Nul forain, lit-on dans une ordonnance de février. 1416 ne doit noble à Lorre des marchandises, si ce n’est dans les sIété ol marchés établis pour leur vente. L'un de ces lieux est la Grove dont l'animation commerciale nous est sionalée dès le roont do Philippe LIT le Hardi, puisqu’alors ce trouve ment dans lo Æoman de la Rose, comme type parisien, le « ribauz ‘4 Gridve » ou le «ribaut » « portant sas de charbon en Griève” La une pièce administrative de 1351 distingue le grand et 18 polib port, à l’usage du commerce du vin. L’ordonnance de 1410 ÿ iontionne, d'une part, le port de Bourgogne affecté à tous les vins récoltés en amont du pont de Sens et venus à Paris par l'Yonne ot, d'autre part, le port Français qui s'applique aux vins récoltés en aval du pont de Sens, ainsi qu’à ceux de Soino d'Oise ou des environs de Paris, que l’on dénomme vins to par opposition aux vins de Bourgogne du port précédent. Quant aux bateaux chargés de vins de la Loire, on les attache aux palées ou rangées de pieux des moulins du Temple, si c’est possible Minon au premier rang de pieux du port de Bourgogne du côté dû la terre. La Grève également est un centre commercial pour los blés ob autres grains, qui y arrivent. Vous y trouverez le Poil au-Foin. En la rue de Saint-Jean-en-Grève, nous apprend Guils lobort do Motz, on vend le foin et, en l'Avènnerie, qui débouche sur la place de Grève à l'Ouest, l’avoine, tandis qu’en la Mortel: lonio demeurent les marchands de bois. Charbon et bois partis üulièroment le bois venant d’amont, s’entassent en effet sorti bloment en Grève. Imaginez un amas de barques dans le fleuve ut un débordement de vie marchande sur la place où une sue emoion de piliors en bordure des maisons forme une galerie cou vorto à l'usage du pouplo. L'une de ces maisons, l'Hôtel de Ville,

MANCGITÉS KT PONTS



b67

. où Lo pointre Joan de Blois exécute des travaux sous le règne de Charles V, achèvo de caractériser les lieux. Athominons-nous de là vers Saint-Gervais. Le rédacteur d’un tunnior de 1891 nous conduit « devant les lices de Saint-Gervais où LonVend les poissons et où l'on cuit les oies» ou à la porte Bau(loyer, «devant les lices où sont vendus les poissons » et, nous [usant faire quelques pas plus au Nord, nous engage à passer AMI IA des huchiers, qui occupent une partie du Vieux Cimetière

Uilit-Jean. En ce Cimetière, il nous est loisible d'acheter œufs üL fromages. A la porte Baudoyer, on vend beaucoup de il Vivres, so borne à nous dire Guillebert de Metz. À la vérité, 1Ly trouvait particulièrement un marché au poisson de mer. Mais particuen celui douce, d’eau poisson le Püutrètre préférez-vous cas, Ilér que l’on pêche abondamment dans la Seine. Dans ce

(litigoons nos pas à l'Ouest. Voici, autour du Châtelet, les Pierresloi où s'étale un choix varié de poissons frais, ou, au bord 1ôte du fleuve, immédiatement à Ouest du Grand-Pont, les boutiques ou réservoirs à poisson groupés en la Saunerie. ObserVons Loutes ces barques attachées aux degrés de la Saunerie : tiles sont chargées de sel, car c’est vers le port de la Saunerie (quo doivent être dirigés tous les bateaux amenant cette marchandans Aie à Paris ; là on la vend, ou on la décharge pour la mettre la \0f gronicrs des sauniers revendeurs ou des marchands en sel, de porteurs ou hénouars les spéciaux, Saunerie. Des agents leur Vont ct viennent des nefs à ces greniers. Voyez-les avec la chargement de sel ! ils sont particulièrement nombreux dans Saunerie proprement dite qui s’étend, à l'Ouest, jusqu’à l’abreuVoir Popin et, au Nord, jusqu'à la rue Saint-Germain-lAuxer1018. Mais barques et greniers de sel se succèdent encore plus loin, jusque du côté du Louvre. Allons donc jusque-là, puis, après

a Voir jeté un coup d'œil sur le port au bois et au charbon de lcole Saint-Cormain, revenons sur nos pas et gagnons, à l’extréinité de la rue Saint-Germain, le débouché de la rue Saint-Denis du côté du Châtelet; tout de suite, nous sommes arrêtés par la Poulaillerie : volailles de Loutos sortes, avec ce qui dépend du métier de poulailler, #'y débitenti

BOB

VERS

UN NOUVEL

AUX

(XVO BIDUL)

SE nous répranons pour guide le rédacteur du censior de Saint Wloi do 1801, il nous conduira, sans hésiter, «devant la boucherie, à la maison qui fait le coin où sont vendus la volaille et los lapins, domino on Va à Saint-Jacques » ; on distingue alors la Petites

Poulaillorie de la Grande. Le lieu est appétissant, achalandé ils fort énéomibré. Le débouché de la Grande-Ruc-Saint-Deri Ub Gbranglé entré la Boucherie, lé Châtelet ét le marché à I volaille, L'arcade du Châteles est engorgée par le va-et-vient el 1 ÿ à un remous Vénant de la citeulation du Grañd-Pont. C'est, 4 loc les Halles et la Grève, un point vital de Paris; c’est ul nœud de circulation urbaine et par conséquent un centre dt Vio commerciale. Autour du Châtelet, on vend, au commencement du XV0 siècle, d'après Guüillebert de Metz, du sel, des fruits, des lürbes ot l'on y l'ait, durant toute l’année, des chapeaux de divorson Îleurs ol verdures. Couleurs, odeurs, animation se mélent an ti pilloresque achevé. Voici, d'autre part, près de la Heaumerit Où Jon fait les armures et de la rue de Marivaux où derneuretil lon vloutiers ot vetideurs de fil, la Pierre-au-Lait où lon vend dit lui, aux abords de l'église Saint-Jacques le long de laquelle habitent los écrivains. Sürail-co que vous voudriez bâtir ? Vous trouverez sans peine Lou où qu'il vous faudra. Il vient notamment, chaque jour, à Dani, uno grande quantité de pierre et de plâtre tant par eau que Dub Lorre, constate l’ordonnance de 1416 qui prescrit qu'à cause

do vola il y ait deux ports principaux où l'on amène et vende 00

Iabétiaux : le port dit des Barrés (vers le débouché occidental tu pont Sully actuel sur la rive droite), et un autre situé au-desaus dé la tour de l’écluse dite tour de Billy, au delà des fossés du donpart: La pierre ët le plâtre sont vraiment chez eux À Paris Li première provient en particulier des carrières que lon exploite Hünbout sur la rive gauche et qui jouent un rôle ténébreux, peuts où diro, dans l'histoire du temps. Lors d’une conjuration qui Îüb Lratnée à la fin de septembre 1433, n'imagina-t-on pas, ait did d'u contemportin, de fairé cacher 3 ou 4.000 Armagnacs ” dans dos carrières 66 « destours » qui ne manquaient pas autour dola ville ? Pou après, en 1437, on sè saisit d’un procureur au

MANGIHR

EN PORT

569

Parlement qui était devenu le plus fort larron et le plus énragé

boute-fou qu'on pût Wrouver :n'avait-il pas indiqué plusieurs grandon caves anciennes, inconnues, correspondant à des carrières eb Parle moyen desquelles on devait introduire les Anglais à Paris ? Mais, conclut notre auteur, Dieu qui sait tout ne voulut 5 le pormoutre. Quant au plâtre, les carrières du Nord et de l'Est dt la rive droite le procurent. Les «batteurs de plastre » forment lues éléments industriels de la population parisienne. Les anchands de carreaux de grès doivent, d’après l'ordonnance d@ 41416, inebtre ces pierres en chantier au-dessus du Port-auNoin, si elles viennent d’amont par bateaux, le long des rue de In Ville s'étendant au bord du fleuve devant le Louvre si elles Vidhnent d’aval, enfin à la porte Saint-Jacques si elles sont ameliées par la voie de terre. _ Bi de la rive droite nous passons dans l’île de la Cité, voici, en 1 Juiverie, c’est-à-dire entre le pont Notre-Dame et le PetitPont, un marché aux blés et autres grains et, à l'Est, à la rue Néuve Notre-Dame, un marché à la volaille, tandis que devant l'église Saint-Christophe, aux abords du Parvis, s’étalent œufs Hfromages. Guillebert de Metz nous montre, d'autre je, devant lMIôtel-Dieu qui borde la Seine depuis la cathédrale jusqu'au Polit-Pont, «en rue Neufve, 37 manoirs avec une PoupheRE ». Mais lo Petit-Pont nous attire avec Son animation @b Son ancienne porte fortifiée qui en enjambe pésaminent le débouché sur la Hive gauche. Cette forteresse, le Petit-Châtelet, le és auteur Nous la représente aVec des murs si épais qu'on pourrait y faire passer au sommet une charrette; aussi sur ces M de beaux \adins ont-ils pris place. À ses pieds, la boucherie de CJoÈe Oro, dans l'odeur des déchets et de la boue grasse, sa so dune clientèle nombreuse, Au Petit-Pont est un marché aux Poissons de mer ct d'eau douce, également fort achalandé. « Le port des bouticles (ou réservoirs à poissons d’eau douce) at dessus de Petit-Pont » ot «la rue des bouticles au bout de PetitPont » sont mentionnés dans un compile de 1366 à 1368. Tout lo poisson d'eau douce apporté à Paris ne peut être vendu que

là où près du GrandeOhätelot Nul ne doit aller au-devant des

570

VENS

UN NOUVEL AGE

(XVO

AIÈCLR)

PONT

à

marchands dans le but de leur acheter ce poisson pour le rovondre, à moins que ce no soit à plus de 2 lieues de la ville. Le bois vent d'amont débarque aussi bion à la Bûcherie du Petit-Pont qu'a port de Grève, En cette Bücherie se trouve également du charbonis Près du Potit-Pont, on vend, écrit Guillebert de Metz, de IA volaille, des œufs, de la venaison et d’autres vivres. Ce lieu de dommerce bénéficie du voisinage de l’Université. Divigeons-nous de là vers la place Maubert dont le rôle, comm carofour populeux et marchand, se dégage au xrve siècle. Uni dompte municipal des années 1366 à 1368 signale un port récents mont établi pour amener des denrées sur cette place, dont I daractère populaire apparaît, d'autre part, nettement au con moncoment du siècle suivant. « Lors s’esmut le peuple vers lt placo Maubert et environ... », lit-on, à la date du 12 juin 1418, dans lo Journal d'un bourgeois de Paris contemporain. dt Charles VI. C'est l'équivalent de ce que sera plus tard, dans li géographie révolutionnaire de cette ville, le faubourg Saints Marceau qui aboutit à ce lieu par la rue de la Montagne-Saintes Gonoviève, comme la place de Grève est alors, du même point do vue, l'équivalent de ce que sera, sur la rive droite, le fat bourg Saint-Antoine qui, de son côté, se rattache à la Grove par la rue Saint-Antoine. Sur la place Maubert, il se fait un coms inerce de charbon et de pain. lo marché aux bestiaux est sur la rive droite, du côté de lé porte Saint-Honoré. Un dos ports spécialement désignés : ceux du Louvre, dt Baint-Gorvais et des Barrés sur la rive droite, de Saint-Landr ut do Notre-Dame dans la Cité, de Saint-Bernard sur la rive auche, se tiennent les bateliers qui font passer l'eau, marquant, üinsi des points fréquentés de passage d’une rive à l’autre, An l'aval et à l’amont des ponts existants. Ceux-ci sont au nombre do quatre, dont deux reliant la rive droite à la Cité et les deux autros cette dernière à la rive gauche, dans le prolongement dos précédents : le Grand-Pont, que Guillebert de Metz nout _montro ayant, d'un côté, 68 « louages » et, de l'autre, 72, ave, mün l'un de cos côtés, les changours et, en l'autre, les orfèvrogy

EN

DATELIERS



LOCALISATIONS

DE

MÉTIERS

571

lo pont Notro-Damo, où sont, nous dit-il, de « beaux manoirs » dont 64 appartiennent à la Ville ot 18 à diverses personnes, Môme ajoute-t-il, la construction de 5 maisons y fut encore Ohtiiencée en 1422; enfin le Pont-Neuf ou pont Saint-Michel Ole Dotit-Pont. Mais aux deux grandes voies de passage for: éos par la correspondance respective de ces ponts à travers Lflo(e la Cité s'en est ajoutée, au temps de Charles V, une troiMbme qui n'a eu qu'une durée provisoire. Il s’agit d'un pont tn bois reliant la partie de la rive gauche où se trouvait SaintHoriard aux Barrés en face sur la rive droite, en s'appuyant hr L'ile Notre-Dame (aujourd'hui île Saint-Louis). Ce pont est léntionné dans un compte du payeur des œuvres de la Ville : la portion comprise entre l'ile et les abords de Saint-Bernard fut Planchéiée en septembre 1370 ; à la date de 1369, il est question du plâtre, des chevrons, de la pierre et de l’ardoise ayant servi ln construction de la tour carrée et de la porte du pont de bois (le l'ile Notre-Dame, cette tour étant située dans l'ile. Les batellers aux ports Saint-Bernard et des Barrés marquent la persislinée des besoins de passage d’une rive à l’autre dans cette direclion. Un compte semblable signale, également à l'époque de Charles V, le port des Augustins, en aval du pont Saint-Michel, Olqui constitue, avec, sur la rive opposée, le port du Louvre où NO tiennent des passeurs, le point extrême d'animation à l'Ouest. [0 travail des métiers n’a pas cessé d’avoir ses localisations. À ravers la description de Paris de Guillebert de Metz, se relèvont, pour le commencement du xv° siècle, la Tabletterie, du ûLé de Sainte-Opportune, où l’on fait des objets d'ivoire tels Que poignes, tables, etc., la rue du Feurre, près des Halles et Où demeurent les merciers, la rue Saint-Denis où sont les épiüiors, apothicaires et selliers, la porte Saint-Honoré où sont étaDlis Jos drapiers par opposition à la Vieille-Draperie de la Cité, la vue Saint-Martin où 80 trouvent les ouvriers qui travaillent Vairain, la rue des Ménostrels, ancienne rue des Jongleurs et où l'on « tient cacolos dos ménoatrels », la rue Quincampoix où rdgnont les orfèvres, « la Courarie où demeurent les ouvriers de

mme 572

VERS

UN NOUVEL AGE

(XV® SIÈCLE)

PALAIS

dyamans ob autres pierriors », la rue des Lombards où, sut lo dovant, on fait des pourpoints et dont le derrière est “oct par los marchands, la rue de la Verrerie où l’on fait les verrière la rue des Commanderesses, à l'Ouest de la Grève et où habiten los femmes qui louent des valets et chambrières, la rue de l’'Eco chorie où demeurent les bouchers, la Cordonnerie où l’on tél los souliers. Voici dontinant, sur la rive gauche, la cité des études qu'ellel à grandement contribué à former, labbaye des chanoines régit liers de Sainte-Geneviève, une puissance certes dans la Ville puisque c'est devant l’abbé de cette abbaye que setiennentAl0h plaids des causes dont le pape se démet, que la chancellerie d | l'Univensie y est attachée, que l'abbé a haute, moyenne et bas Justice et qu’au dire de Guillebert de Metz nul patriarche, archi vêque où évêque ne peut pénétrer dans l’église du lieu qu® Habit de chanoine. Le Palais, avec Notre-Dame, caractérisoul Cité. Voici le Palais dont l'étendue comprend toute la largotm 1 de l'ile depuis le Grand-Pont jusqu’au pont Saint-Michel Qi qu'on appelle la Salle a 8 colonnes : là est la table de marbre Ront les images des rois qui ont régné en France, là sont les di œurours du Parlement et les avocats. Dans la salle des merciot l'on vend « divers joyaux d’or, d'argent, de pierres précieus® ob aubres ». Au Palais, nous apprend toujours le même autou il y a des salles et chambres pour loger le roi et les douze pains ) +086 un bel édifice qu’accompagnent des tours et qui a des sculpi Lures au dedans et au dehors. Un beau jardin le prolonge jusquh l'extrémité occidentale de l'ile. Au Palais sont les seigneurs d® Parlement, assemblée où les rois de France ont coutume d® siégor, ob les soignours des requêtes qui connaissent des caustii visant los officiers du souverain. On y trouve aussi la chambro dos soignours des comptes, celles des trésoriers, des recovours du donciorge ot d’autres officiers. Une miniature du même teritil ; faisant partie du calendrièr des Très Riches Heures du duc 4 «dl = do Berry, évoque de façon charmante ce lieu plein d'histoire

où point d'attache à Paris de la concentration française au

du monarque,

Un mur crénelé l'onsorre, qui onvoloppo d'impo-

:

. DÉMAURES

DU

ROÔI

ET

DES

GRANDS

des tours, des pignons eb “unten constructions d’où émergent de la Sainte-Chapelle ; pinacles e t, par-dessus tout, la splendeur e, finit à une poterne méridional rive la de bordure le jardin, e 1 devant Pilot sis barque qui ouvre sur l'eau où stationne une hiro la Cité ot les Augustins. représentent les que marchande vie la cest Sur la rive droite, la Grève et les autres ports Italles, les abords du Grand-Châtelet, que les localisations imdusWéprenant de ce côté du fleuve ainsi sont aussi ces deux pôles lriolles précédemment signalées, ce et VPhôtel Saint-Paul à Lattraction royale : le Louvre à l'Ouest du Louvre où il y a logis chastel le et tour la « Regardez list. miniature du calenautre Une pour le roy et les douze pers »: donne une représentation drier du même livre d'heures nous en de Charles V, Louvre ce que d’art merveille une flèle. C’était tourelles accouplées aux Avec des tours aux quatre angles, des du donjon, avec aussi des portes et, au milieu, la haute toiture Au long de la Seine, une Moulpbures d'artistes de grand talent. de rempart entre la tour ihuraille crénelée et avec tours lui sert enceinte de Philippe(érninant. au bord du fleuve Pancienne Dans cette muraille, siècle. xrve du Auguste et la nouvelle enceinte du château, Nine poterne, correspondant à la porte principale seigneurs ont été eb princes des hôtels les Et quai. lé Ouvre sur Saint-Paul qui servait llirés de ce côté ou du côté de l'hôtel de Bourbon, « de Mirtoub de résidence royale : ce sont Vhôtel le Louvre eb Sainthoult riche cb plaisant ouvrage », entre du côté des rues CoquilComnain-l'Auxerrois, l'hôtel de Flandre des ducs de Bourlière et Coq-Héron, celui d'Artois, habitation sans Peur, celui du ogne, à l’endroit de la tour dite de Jean les premières années du Petit-Muse où le dauphin demeurait dans alors au duc d’Orxve siècle, l'hôtel des Tournelles appartenant des rues du Chaume léans, l'hôtel du roi de Navarre, à l'angle les mêmes parages, celui eb des Bouchers, l'hôtel de Clisson dans

du Temple, ete. Du Gueselin rue de ln Vorrorie du côté de la rue de charité, Une ingéniouse combinalnon, inspirée par Vesprit : la maison donne naissance à un nouvoau typo d'habitation place grande une aotuolle l'heure À pour pauvres gons, qui tient

do

ne , ; 7 b74 17 VEN UN NOUVHL AG (xve #ikoLt) dans 108 prévcoupations sociales, Guillobert de Motz signale 160 MABONS construites par les F

“AE

gi

soins do Nicolas Elamel, qui vivait à la fin du xive siècle ob au commencement du XV siècle ot, Oxorçait la profession d'écrivai n, autrement dit de coté ou. Culligraphe, à l'ombre de l'église Saint-Jacques-de-la-Bouc herte { 1e bourgeois, € qui faisoit tant d’aumosnes et hospitali tez 1 Hnagina de faire bâtir des maisons dont le rez-de-chaussée était au Paiement de ce loyer, à de Pauvres laboureurs. L'une de ces maisons existe encore, restaur ée, dans la rue de Montmo rency ; UnOMNSCrIptION, qui y figure, porte : « Nous hommes et tnt laboureurs, demourans Où porche de ceste maison qui fu faicte on l'an de grâce 1407, somes tenus, chascun en do soy, dire Lous les jours une Patreno stre et un Ave Maria, € en priènt D co IU0 sa grâce face pardon aux poures pescheurs (TCSpass07, Amen ».

Au delà des portes s’allon gent des faubourgs, de caractères ob d'aspocts divers. Passé la porte Saint-Antoine, voici, à OU : de distance, l’abbaye de religieuses de ce nom, tandis de el | loin s’égrènent la Grange -aux-Merciers, l'hôtel de Conflans déméure royale dite Séjour du 10i, proche du pont de Charent0 AU aGcompagnent deux grosses tours, enfin l’église NotreDame du Mosche et l’abbaye de Saint-Maur-des-Fossés, lieux réputés do pèlerinages. Cette partie orientale des environs d e Paris,; où la Marne rencontre la Seine et où toutes deux mêlent à atiré le roi et son entoura ge. Mais, parmi les résiden ces royales d'est, plus à l'Est, celle dite le Bois de Vincennes qui un. 1 Drome» rang. Il y à là, raconte Guillebert de Metz, un château a00ompagné d’onze grosses tours hautes comme des clochers: Le bois, plus vaste que Paris, est clos de murs élevés et rénton AQUtes sortes de bêtes sauvage s ; il y trouve un établis sement, d'ormités dénommés les Bons Hommes. Joignez -y « un bel hostel appellé Beauté ». C'est, peut-on dire, le côté royal de Paris do l'hôtel Saint-Paul au Bois de Vincennes. Faisant le tour de la ville, le même auteur nous montre ensuite la porte du Temple où sont de grands jardins, c’est-à-dire où

MAUROUNGN

:

1

ANONDS

DE PARIS

575

à ndgno la culture maraiohère, puis ln porte Saint-Martin avec son . laubourg où est l'église paroissiale de Saint-Laurent, la porte Buint-Donis à laquelle so rattache parcillement un faubourg où | out l'église Saint-Ladre eb qui conduit, à une lieue, à « l'église hppolléo la Chappelle » et, à deux lieues, à l’abbaye de SaintDonis, Entre cette dernière et Paris est la place du Lendit, et 1ù hautos croix de pierre ayant de grandes sculptures se .succèdont sur le chemin, où elles se dressent en manière de montjoies Dour indiquer la voie. Puis notre auteur nous conduit à la porte Montmartre dans le voisinage de laquelle est le mont où Don prond le plâtre dont on fait les maisons de Paris; sur ce Mont, ajoute-t-il, est une abbaye de religieuses et, au pied, lüglise dite des Martyrs. Voilà enfin la porte Saint-Honoré, avec ton laubourg où est l’église du Roule; à deux lieues, se trouve Dügliso Notre-Dame-de-Boulogne-la-Petite, où l’on fait beaucoup pèlerinages; près de là est le pont de Saint-Cloud, flanqué, comme dolui de Charenton et selon l'habitude au moyen âge, de deux lontos Lours qui le protègent. Des bacs complètent le système 06 circulation aux environs de Paris. A la date de 1374 ya, par exemple, deux bacs à Neuilly dont un appartenant à abbaye do Saint-Denis et qui joue un rôle particulièrement efficace dans la saison des vendanges et à l’époque où se tient la foire du Lendit. Sur la rive gauche, du côté de Saint-Marcel, il ÿ à un faubourg lès vaste, comme si c'était une ville à part, assure Guillebert dü Metz. Là demeurent des gens de divers métiers, notamment dos bouchers, teinturiers et tombiers. A la porte Saint-Jacques, by a semblablement un faubourg, où se trouvent Phôpital Baint-Jacques-du-Haut-Pas et l’église Notre-Dame-des-Champs. Au dehors de la porte d’Enfer ou Saint-Michel sont les Chartreux ül; entre eux etla porte, « lostel appellé le Pressoir de FOstelDiou ». À la porte Saint-Germain est un faubourg où habitent boaucoup de bouchers: Enfin la porte d'Orléans ou de Buci voisine avec « l'issue » où la poterne de Nesle au delà de laquelle

s'élond le Pré-aux-Cloros,

Ce qu'est Paris, les considérants d'un acte d'Henri NI, roi de Prance et d'Angleterre, daté du 26 décembre 1431, nous le font

LIENS

savoir, C'osl uno cité sanctifiée par les reliques dé la Pa qu'offre à ladoration des hommes le magnifique rolic qu'est la Sainto-Chapello, ainsi que par d’autres reliques vi sant on diverses églises. C’est une cité où brille d’un vil 60 li lumière de la foi qu’entretient principalement l'Univers uno cité loute parée du renom de justice qui s'attache AM Parloment qui est la « cour capitale » du royaume. C’est uno vil qu'onvichissait avant le malheur des temps, la grande afiluët dos marchands et gens de tous états et de toutes nations qu Vonaiont ou sy établissaient, attirés par les causes précédée ob aussi par lo fait que Paris sert de demeure principale au ro un Lol fait ontrainant la résidence, en ce même lieu, des princi prélats, barons, conseillers eb officiers assistant le souven Li ost la caractéristique essentielle de notre cité, celle qui assu son avenir. Los temps contemporains de cet acte sont durs certes el on à lo témoignage dans maints documents. Parmi ceux-ci on ob qui révèlent les ruines qu’offrait la ville, du fait de l'abtui don, par leurs propriétaires, de maisons chargées, à des époqui do prospérité, de cens ou de rentes dont le paiement était devenu d impossible. On sait le mécanisme de la rente immobilière d 1 la ville du moyen âge. Voilà un terrain qui à été primitiven oëdé à cons à un bourgeois; ce dernier y batit, puis, ayant besoi d'argent, grève, pour s’en procurer, la maison d’un croit de con au bénéfice du bailleur de fonds. Notre homme meurt, légua par exemple à un établissement religieux un certain cens à pren ur cotte maison. Ses héritiers cèdent eux-mêmes à cens où * ronto celle-ci à un autre bourgeois qui, à son tour, en tire part ün 80 procurant, grâce à elle et en Ja chargeant d’un nouvo onoit de cens, de l'argent. Or il faut savoir que ces cens où ren sont, on règle générale, perpétuels: si ceux auxquels le pro pi laire de l'immeuble grevé doit les payer peuvent les vendre, homme par contre ne peut en libérer son immeuble en rembo La sant le capital que ces cens ou rentes représentent; il jouib | tous los droits attachés à la propriété, sauf qu'ilne saurait détour ro

Lo gago quo représente l'immeuble grevé, mais il lui est loisil

DU

CITADIN

AVEC

LE

SOL

677

URDATN

te vendre, louer ou donner cet immeuble ou de le charger de NOuVOauX cons ou rontes. Ceux-ci augmentent ainsi en nombre, Mb Cours dos générations, proportionnellement à la hausse de valeur immobilière urbaine qui incite les propriétaires à monHayor cobto valeur en chargeant leurs immeubles de nouveaux ns où de nouvelles rentes. Mais qu’une crise survienne dans la Qtoissance urbaine, c’est la baisse de la valeur en question, l'impossibilité dès lors d’avoir recours à de nouveaux accensements où arrentements, bien plus de payer les anciens cens ou les Anciennes rentes. Ceux-ci dépassant comme valeur la valeur même de la maison, le propriétaire n’a plus d'intérêt à entretehr cotte dernière ; il la laisse vide et vague et elle finit par tomDer on ruines. Un pareil état de choses, signalé par les documents, Iarque une période de dépression, tandis que la situation oppoho, c’est-à-dire la multiplication des cens ou rentes sur un même immeuble, indique une époque de développement économique. Uno courbe de ville peut être tracée à cet égard. C’est l’équivalont du mouvement des crises commerciales et industrielles to l'époque contemporaine. À Paris, c’est sous le règne de Philippe le Bel, à la fin du ire siècle, qu'apparaît la première crise. Il y a alors, dans cette ville e6 dans ses faubourgs, des maisons et autres immeubles thargés de cens ou de rentes au profit de divers établissements où particuliers et qui sont vides et vagues ou dont les propriétaires sont dans l'impossibilité de payer ces cens ou rentes. [l en résulte que cos immeubles restent plus ou moins à l’abandon, s’écroulent ième, engendrant des ruines, formant çà et là des trous de dévasLalion. Le roi, pour y remédier et à la prière des bourgeois de Paris, ordonne, à la date de mars 1288, que ceux auxquels sont tlus cos cens ou rentes pourront, dans un certain délai, assigner dovant le prévôt de Paris leurs débiteurs et les inviter à s’acquitLor où à mobtre les maisons que ceux-ci possèdent en état de servir do gage à la créance, faute de quoi les propriétaires des immeubles ainsi grovés pordront tous droits sur ces derniers. De nouvelles inosures, analoguos, furent prises dans la première moitié du XIV aidolo, 47

VERS

UN

NOUVEL

AGE

(KVO

Li

SIÈCLE)

Un #iècle après, un passage du journal d’un bourgeois de Pak, à la date de 1425, nous dévoile les effets, à cet égard, des troubles où des misères de la guerre de Cent Ans. En ce temps, y lit-on, tous los gons ayant des maisons chargées de rentes auxquelles ils no pouvaient faire face renonçaient à ces maisons, les censions no voulant rien abandonner de ce qui leur était dû et préférant bout perdre plutôt que de « faire humanité à ceulx qui leur dovoiont », «bant estoit la foy petite », si bien qu’on aurait trouvé à Paris plus de 24.000 maisons où personne n’habitait. Ce chifire 080 évidemment exagéré; il témoigneren tout cas de l’étendut du mal, que reconnaissent à leur tour des lettres royales du 27 mai 1424. Elles signalent les rentes et hypothèques excessives dont sont chargés des maisons, lieux et héritages sis à Paris ainsi que dans les faubourgs et dépendances de cette ville. Ces üharges so sont encore accrues, du fait qu'à la suite du malheut dos temps, des propriétaires, faute de travail ou de ressources sullisantes, ont été obligés d'emprunter sur leurs immeubles. Parmi los propriétaires, il en est d’autres qui sont dans limpossibilité de payer les rentes grevant leurs maisons ou d'entretenir 008 dernières, parce qu’on ne trouve même pas à les louer pour lo Liors de la valeur de ces rentes. Aussi des ruines sont-elles répanduos de boutes parts sur le sol de Paris qui court le risque de tomber «en très grant difformité et désolation ». Et le pouvoir 10yal prend des mesures pour remédier à cette situation. Doré havant, on n'aura le droit de charger de rentes perpétuelles les maisons ot héritages de Paris et des faubourgs que jusqu’à conourrence du tiers de leur valeur en rentes. Si les rentes constiUuées sur un immeuble sont mises en vente, le propriétaire de l'immeuble pourra les racheter. On rappelle les dispositions du { Privilège aux Bourgeois », octroyé en 1288 et par lequel tout bourgeois de Paris, qui a, sur une maison, une vente dont les ünrérages sont dus, est autorisé à faire mettre en criées cobte iaison, On complète ce privilège en prescrivant notamment quo log consiers ou rentiers qui laisseront une maison tomber on Lüinos sans user de leur droit de criée ne seront plus admis à rovondiquor ce qui lour est dû sur cet immeuble, le procureur du

LIUNS



b78

DU

CITADIN

AVEC

LE

SOL

URBAIN

679

roi au Châtelet pouvant sesubstituer àeux pour céder aux enchères, &ronbe, la maison en question. À la date de 1438, nous apprenons, par un acte royal, qu'à Paris plusieurs passants ont été les uns Lués eb les autres blessés par des pierres et autres débris qui s'étaient détachés de maisons en ruines. Que tous propriétaires de liaisons de cette sorte ou que tous censiers ou rentiers ayant des droits sur elles remédient sans retard à un tel danger, prescrit le souverain, faute de quoi ces maisons seront démolies d’office. Le principe du rachat desrentes, admis au xvesiècle a contribué, en libérant les immeubles, à desserrer l’étreinte terrienne. A l’ancienne rente foncière qui fixait les choses au sol, obligeant les hommes à fuir pour s’en évader, succède un régime où, sous la forme de lhypothèque, la propriété bâtie n’a avec le citadin que des liens que celui-ci peut légalement rompre en remboursant le capital représentatif de la rente. Une mobilité s'établit ainsi qui marque un progrès urbain. Les croix servant à rendre apparentes aux yeux des passants les maisons à mettre en criées, la bannière sur le pignon principal, que l’ordonnance du 27 mai 1424 prescrit d'ajouter à ce signe et «où il y aura escript que la maison est criée » en vertu du Privilège aux Bourgeois, ont pour nous un sens plus profond : elles indiquent une étape dans l’acheminement du citadin vers la libération de la propriété urbaine, c’est-à-dire vers une forme de ville différente de celle du moyen âge étroitement liée à la terre. Ce lien originel des hommes avec le sol, nous le retrouvons par exemple dans l'obligation, dont témoigne tel acte de l’autorité royale de l’année 1431, d’avoir à Paris « maisons manables » ou d’y avoir habité pendant un an et un jour en prenant en outre des lettres de bourgeoisie, pour jouir de certains privilèges.

PANORAMA

CHAPITRE

XXXIII

La physionomie de la ville au moyen âge. La beauté urbaine. à

Une chanson de geste, Les Narbonnais, datant du début di He siècle, nous introduit à la cour du comte Aymeri de Nar” onne, On sst à Pâques, dit le poëte, une grande fête. Le temps 086 boau, le jour resplendit. Les douces eaux coulent plus vivo” mont, Les bois fouillissent et se parent de verdure. Les oiseaux chantent avec une grande douceur. Les chevaliers se mettent on quête d’exploits. * : Dame qui aime a plus fresche color

Et mielz se vest et de plus bel ator ».

La chronique le dit et plusieurs le savent. Dans la grande salle. de sa demeure, le comte Aymeri tient sa cour. Il est assis; St barbe est blanche, son teint frais. I1 tourne les yeux “ la fenêtre ot voit le pays de Narbonne, les prés, les vignes, le port la mor salée dont les flots battent le rivage et qui a 1 nofs, source de richesse pour ceux qui travaillent. Il voit st lommoe Hermanjart « à la fraiche couleur » et ses sept fils pleins do valeur. Il appelle ces derniers « belement par amor » ü leur dit de no pas attendre sa succession : il ne partager Dal entre oux son ficf. « Pourchassez-en un autre, ajoute-t-il. Soyez bi quérants. Allez en France, auprès de Charlemagne 1 0 OMpereur, comme j'y allai moi-même pour le servir . en être récompensé par le don du comté de Narbonne. comté, " je IG ‘ Ce donnerai tout entier à Guibert, car il. est le plus jeune de vous» Lo jour était beau, comme en été. Aymori siégoait en son

DE PARIS

pal

palais. Sa barbe était blancho comme fleur de pré ot descendait jusqu'à son baudrier. En sa main, il tenait un petit bâton poli, à bandes d'argent; il en frappa la haute table, devant laquelle il était assis, avec tant de force que le palais tout entier en retentit. Cela signifiait qu’il voulait être écouté. Et il réitère à ses fils l'ordre d'aller servir en France, ce pays où rien ne manque. Ils diront à Charles à la barbe fleurie qu'Aymeri lui mande qu’il nomme Bernard, l’aîné des sept frères, «pair de sa baronnie et conseiller de sa chambre voûtée, qu'à Guillaume il donne en garde l’oriflamme à porter en la rude bataille, enfin que d’Ernaut il fasse son sénéchal. « Honorez, leur recommande-t-il, la riche baronnie, les fils des comtes et la chevalerie, afin qu'ils vous aident à obtenir de l’empereur de bonnes terres et des épouses de choix ». À ses trois autres enfants Aymeri semblablement assigne leurs destinées. « Quand je vous saurai ainsi pourvus, conclut-il, je pourrai dormir en ma salle haute, entre les bras d'Hermanjart, ma compagne et, à cause de votre renom, fils, je n'aurai pas peur que les Sarrasins viennent m'attaquer et me prendre. Guibert en ce palais orné d'images restera; il me servira tant que je vivrai et conduira par la main droite sa mère à l’église ». : Et les fils d'Aymeri, n'ayant rien que leurs vêtements, leurs armes et leurs chevaux, sortent de Narbonne; dans la foi de leur jeunesse, ils se dirigent vers «douce France », peuplant du vol hardi de leurs pensées l’espace bleu du matin. Chemin faisant, deux d’entre eux, Beuve et Garin, se séparent de la troupe pour gagner, le premier la Gascogne, le second l'Italie où ils doivent chercher fortune. Les autres vont « an France, à Paris la cité », où réside Charlemagne. Ils chevauchent à travers l'Auvergne, le Berry, sur le Cgrant chemin ferré », atteignent Orléans dont ils passent le ponb sur la Loire : « lors entrèrent an France », « Par mi la Biause

se sont acheminé,

Jusqu'à Hslanpes ne se sont aresté ». De ce lieu is repartent ob ont Lant chevauché et erré qu'ils voient Paris, admirable cité, ot maintes églises ot maints clochers

LA PHYSIONOMIE

DE

LA VILLE

AU

MOYEN

BIGNITICAMION DU PANORAMA

AUX

5

582

dlovés, los abbayes do grande noblesse et la Seine dont les gués sont profonds et les moulins dont il y a abondance: ils voient los nofs qui amènent le blé, le vin, le sel et la grande richesse. Cotto cité, qui apparaît ainsi aux yeux charmés des fils d’Aymoni la découvrant du haut de notre rue Saint-Jacques révèle sa nature par l'aspect qu’elle présente. Les Données, églises qui émergent d’un amas inégal d'habitations, les clochers qui de toutes parts, dressent vers le ciel leur haute silhouette Le übbayos dont la masse puissante accidente çà et là le DES urbain témoignent d'un centre ecclésiastique considérable, d’un siège important d’évêché. C’est par conséquent aussi un centre d'exploitations domaniales, ce qu'indiquent, au surplus, les mois lins rassemblés sur le fleuve. Cette ville, sise au long de grandes Voios de passage, comporte un mouvement exceptionnel de cirQulation, puisque cette dernière s'établit non seulement par les ponts mais encore par des gués qui, à la façon dont les cavaliers anfoncent dans l’eau, apparaissent profonds. Enfin les barques changées de blé, de vin, de sel et qui amènent la richesse dans la ville montrent la nature de l'économie de gain caractérisant Paris et qui en fait, du point de vue commercial, un centre distributeur par la voie d’eau. Ainsi se dégagent plusieurs des fonclions urbaines de cette ville : sa fonction de cité épiscopale à. par conséquent, de cité d'études, celle de lieu de passage, ci sa fonction marchande. Seule, sa fonction de capitale royale ne Lossorb point de la vue panoramique qui s'offre à nos regards on même temps qu'à ceux des fils d’Aymeri, et cela tient à ce qu'alors l’art monumental s'adresse essentiellement aux édifices religieux. Un palais tel que celui du roi et bien que, dans la chanson de geste, sy attache le grand renom de Ga n'osl qu'une masse fortifiée, demeure de suzerain féodal. Bit de plus typique à cet égard que opposition existant, dans le palais do saint Louis, entre la Sainte-Chapelle, ce pur a dont la flèche s'élance dans le ciel, et son cadre d'épaisses cons= Wuotions, Co no sora que lors de sa réédification par Philippe le Bal quo le palais acquerra son véritable caractèro de demeure du Houverain ob formora, avec ses tours trapues, 808 Loituron ï

DI PARIS

583

on oscaladé L'une sur l'autre ot lo majestueux ensemble de ses üdificos, une Lacho de beauté dans lo panorama urbain. Et ce louve aspect coïncide précisément avec l'apparition de la donnée Iodebne du roi chef d'Etat. C’est par la reconstruction du palais dans L'ile de la Cité que se marque, sur la physionomie de la ville dapitale, la première empreinte de ce pouvoir monarchique qui, en se développant, a;outera de nouveaux traits à cette physionomie, par la transformation du Louvre commencée sous François Ier, la grandiose conception des Tuileries rattachées au précédent édifice, la création du Cours-la-Reïine sous la régence de Marie de Médicis, le percement de l’avenue des Champs-Elysées imaginée sous Louis XIV en prolongement à la demeure du souverain Vers Ouest, aussi par l'érection de statues royales et l’établissement de places telles que la place Royale (actuellement des Vosges), la place Dauphine, les places des Victoires et Vendôme au xvus siècle, notre place de la Concorde sous Louis XV, sans parler, au temps de Louis XIV, de la ligne de nos Grands Boulevards ni de portes triomphales comme les portes Saint-Denis et Saint-Martin toujours debout. De tels édifices ou tracés sont caractéristiques de 6e qu’on peut appeler la ville du souverain : celui-ci, maître absolu de l'Etat francais, fait de la capitale de cet Etat une sorte de personnification de la majesté royale. D'où une forme de beauté urbaine inconnue du moyen âge. À cette dernière époque, la beauté dans la ville est l’expression d’un autre état social : c’est le produit naturel d’une véritable éommunauté de vie, le fruit d’idées, d'aspirations et de sentiments communs à tous, leffet d’une création continue sous l’action de communes croyances. L'église est tout et est l’œuvre de tous. Notre-Dame est comprise de tous, éveille dans les âmes le même écho, émeut semblablement ceux qui lisent de livre de piewre de ses façades ou prient sous ses voûtes dans la lumière de Paradis qui tombe de ses vitraux.

C'est cela qu'il faut avoir présent à l'esprit, en contemplant,

avec les fils d'Aymori, du haut du chemin de Saint-Jacques, Paris, l'admirable oité, uvao sos Gglisos nombreuses ot ses clochers

élevés, L'impression d'ensemble do l'aupoot d’une ville se ramène

b84 LA PHYSIONOMIN DE LA VILLE AU MOYEN AGE à uno série d'effets do relations, telles que celle de grandour que. Marque, dans la chanson de geste, la mention dos nombroux clos hors qui se délachent sur la masse des constructions urbaines, b. lost dans la deuxième moitié du xre siècle que s’introduil, dark 16 panorama de la ville, la donnée du clocher d'église surgissant ainsi aux yeux. Les tours et donjons, signes de puissance tempos rollo ou mesures de protection, sont à en rapprocher par l'effet qu'ils produisent. Les textes signalent à Paris diverses demeuret Avec bours. L’archidiacre Etienne de Garlande en à une, vers 1123; près de la chapelle Saint-Aignan édifiée par lui, en la Cité, au Nord de Notre-Dame: à côté de cette maison, il en possède une autre plus petite où est le cellier et avec un verger ; le tout OL accompagné d’une cour que clôt un mur en bordure de la tuo: Voici, d'autre part, au commencement du x111e siècle, une Liaison à Lour » en haut de la rue Saint-Jacques . Le donjon de l'évêché, celui du Louvre, celui du Temple, les tours du Palais, une tour comme celle dite de Jean sans Peur et se rattachant à l'ancienne demeure des ducs de Bourgogne en la rue Etienne Marcel actuelle sont d’autres exemples à citer. Ramassée sur elles même dans l'enceinte de son rempart, la ville du moyen âge étage aux yeux ses lignes accidentées. Gà ob Ià dans son voisinage et à partir de la seconde moitié du xre siècle, sur une élévation, un moulin à vent déploie sos grandes ailes, cependant qu’en un lieu apparent, aux abords de l'agglomération, le Gibet, juché sur la hauteur de Montfaucon ob mentionné dès le règne de Philippe-Aug uste, laisse voir les vadavres des suppliciés se balançant au vent, sous un vol dois soaux voraces. Dans la-ville, la division organique en Ville où rive droite, Cité ou ile et Université ou rive gauche, accentuée encore par l'obstacle du fleuve, se reflète sur la physionomie urbaine. La Cilé Lire son aspect du fait qu’elle est le siège à la fois du pouvoir üpiscopal ot du pouvoir royal. De là, les constructions qui là oaraotérisent ob ses éléments particulier s de beauté : à l'oxtré” inilé orientale, la cathédrale, flanquée de l'évêché au Sud et du üloïtre canonial au Nord et accompagnée, lo long du petit bras

LA

VONME

ŒXPIIME

LE

FOND

585 585

do la Soine, de l'Hôtel-Diou ; à l'extrémité M A dans l'ospaco intermédiaire, un da ég nu nn Laposition marchande à la Cité, pe de la formatio dus Nr la rive droite, a un autre caractère, paant une autre p À Monomie. Elle s'ordonne par rapport aux joe de ee lui ont donné naissance et s'étend dans la direction qu ne à Inarché, eux-mêmes produits du chemin Les de a . Non primitif rempart : les portes de Penson du Chà Morry et Baudoyer correspondent aux nos ee . a. au marché originellement établi à la se L L ôtel de ui et les Halles sont ses édifices propres. De même, c’est . . . qu'il convient de chercher la place publique par . Se . Place de Grève, avec sa bordure de pote mettan : à a population. C’est au contraire la vie des Aude qu . physionomie de la rive gauche, avec les a da nn nombreux durant la seconde moitié Co siècl c et la . imoitié du xrve. Edifices d’origine religieuse fondés pie . bien d'étudiants pauvres ou afectés à des membres du 2 régulier soucieux de s’instruire à ue, leur aspect . . de celui des couvents. Ils conférerontà leur tour Fe d écoles, quand celles-ci . ds . no ets . PRINT

vortiront en pay : no. de la rive gauche s’est trouvée encore oi. jait que les quatre Ordres mendiants et les e s io fixés. À sa population de gens d'étude . : nn bourgeoise de la rive droite et vous aurez, dans a . dans le fond, deux villes distinctes. Sur. la rive Go sise se . quent de préférence les demeures de la HORsEE o jointes aux hôtels des seigneurs que le GROUS fait de :: . . par Charles V ét ses successeurs pour y habiter a atbirés ie les dehors des choses on expriment j one a nie est parfaite entre la nature de la à et 1 DA qu’e L ee aux yeux. Une formation urbaine d’origine te ou Lo d'hôtises os renduo apparente par lo tracé de Pr je agreste transformé on ruo où par un ayatème de voies droites

bac LA PHYSIONOMIE DE LA VILLE AU MOYEN AG 4 latour d'un aoconsement ou d'un lotissement, Un alignomo nt. régulier comme celui qui accompag ne le Louvre au Nord jusqu la rue Saint-Honoré n’a pas d'autre cause qu’une appropriation d'ensemble des lieux à la vie urbaine, en rattachement & un double élément de formation : le château fort et le grand cho» min qui lui est parallèle au Nord. D'autre part, à observer lot aues de Buci, Saint-André-des-Arts et de la Huchotte, on alt sonsation de l’ancien chemin par lequel l’abbaye de Saint-Goi« mMain-des-Prés et l’agglomération rurale formée autour d'elle Communiquaient avec Paris, De même telle direction de rues trs hit une adaptation de voies au tracé d’un rempart urbain-ott j d'un mur d'enceinte d'établissement religieux : ainsi POUT. IO tempart de Philippe-Auguste, la rue de la Plâtrière (aujourdhui lo Jean-Jacques-Rousseau) ou, pour enceinte de Saint-Martin des Champs, les rues au Maire et Frépillon. Ces points de cristallisation que sont, dans la ville, l'église AVoc ses dépendances, l’abbaye, le prieuré ou la collégiale avt Lout ce qui s'y rattache, voire même tel établissement hospitalioin tomme Saint-Lazare, se dégagent aisément de l’ensemble urbain, Si, on certains cas, la fusion dans la ville s'est déjà produite on d'autres, l'individualité du groupement originel subsiste Uno telle individualité peut même demeurer, alors que la destis nation primitive du lieu a été modifiée : c’est le cas de cloitres Comme ceux de Saint-Merry et de Saint-Benoît où, dès X11® siècle, nous voyons établis des gens divers étrangers at personnel de ces églises. Le cloitre Saint-Merry, par exemple, quoique ainsi pénétré par la ville, ne garde pas moins son unité nobtement définie, avec sa juridictio n ecclésiastique partieus lière, Le voici, tel que nous le décrit une pièce d'archives de janvier 1274. C’est un espace clos avoisinan t l’église ot qui s'étend Jusqu'au coin du cimetière de cette église et jusqu’à la rue Saints Matin. Trois portes y donnent accès : l’une dans le lieu dit la Barre, une autre au débouché de la rue Baillehoue et la tro #idmoe au bout de la maison de Robert Morel, bourgeois de Paris, Oo olottre comprend 17 maisons : une maison près de la Barro ob üppartonant à un chanoine de Saint-Mer ry, la maison dite des

INDIVIDUALITÉS

TELLES

QUE

LE

CLOITRE

;

V-MEL SAINT-MERRY

F 587

PChanoinos ot où l'on tiont les plaids, une autre appartenant à ln dhanoine el qui a 9 Loises depuis l'entrée jusqu’à l'extrémité du potit pré ou verger situé derrière, la maison de Thiébaud le È 5 » 2 Ag A4. # ?à hlambollan contenant, depuis l’entrée du côté du cloître jusqu ln clôture de ce dernier par derrière et avec jardin, 20 toises, lo potite maison contiguë à la pédédente, de 4 ie de poire dour et qui fait le coin de la rue Baïllehoue, la Us dite de ln Communauté, de même profondeur et qui forme l’autre coin (0 vole vue, celle d’un bénéficier de l’église, celle d’une dame laabolle qu'accompagne une petite impasse, case Re lAvougle qui a, depuis l'entrée vers le cloître jusqu’à la clôture 10 de dernier par derrière, avec un petit pré ou verger, 45 toises, maison ayant appartenu à Jean de Milly et que possède Geoflioy lo tapissier, mesurant 20 toises débuts l'entrée sui le déyant Jusqu'à la clôture du cloître sur le derrière, y RON un pete pré ou verger, la maison de Jean Marcel, celle d’un Chase do Saint-Merry, celle de Robert Morel qui forme l’angle ‘ cloitre, Uno petite maison faisant le coin de la rue, en face de la né QÙ qui appartient à Jean Bardon, d’une profondeur de 3 (RES Houlement, comme la suivante : celle de Pierre Marcel, la HO do Simon Maupas qui fait le coin en face de celle de la dame IBabelle, avec environ 3 toises de profondeur, enfin la maison dontiguë qui appartient à la famille d’Alerin Meupas et mesure 4 Loises de profondeur. À ces diverses dimensions en profondeur walculée à la toise royale, joignons ces chiffres qui se rapportent. aux maisons dont la contenance n’a pas été indiquée : 5, 9, 18, 20 ob 2% toises. La plus petite des maisons du cloître TiSeuté donc 3 Loises et la plus grande 24. Voilà semblablement le pen üwloitre de Sainte-Opportune, autour de l’église de ce nom, et où lo rôle de la taille de 1313 mentionne notamment, comme habiLants, deux épiciers et un marchand d’oublies. ” Lindi idualité persistante de l’église dans la jils apparat sous. la forme de Motte franchise que l'établissement religioux ne cesse point do congliluer, Voici, d’après va corais de la prévôté de Paris de l'année 1404, un enfapf âgé de 15 à 46 ans ob soupçonné da vol} accompagné d'un sergent au “

h 588

LA

PHYSIONOMIE

DE

LA

VILLE

AU

MOYEN

pour

n

l’e l’année

£ 1394,

VOIES DE

AG

Châtelot, il so dirigeait vers l'éplise Saint-Paul devant laquell il avait, d'après-son dire qu’il s'agissait de vérifier ae ot ohoval, mais chemin faisant, en passant devant T'hô tail Saint-Antoino-le-Petit, qui était situé au coin des rues Ne. de Rivoli et Fordinand-Duval, il faussa cOMpAGUIE: au songe ob « se mit en franchise icelui enfant en Léa dudit sad Antoine ». Voici encore, d’après un compte de même sonb

« un nommé le Camus, de Chastres ; quo. l'on anenoit prisonnier au Chastelet » monté sur un chév ot que l’on soupçonnait d’être un larron, mais prestehe L notre homme « descendit de dessus ledit ho eb : b 4 lranchise ». ° 0 Ces points de cristallisation sont ou soudés ou sim pleme reliés lun à l’autre par le réseau des rues. Les voies de circulation RE la ville sont d'origine variée que trahissent souvent leur dénominations. Rien de plus caractéristique de l’évolutie urbaine que ce système de voirie qui s’est constitué progress vement au long des âges, suivant les nécessités ou les besoins do l'agglomération. Rien qui porte mieux lempreinte de la vi et exprime de façon plus saisissante l'existence ondoyante cl" diverse de ce point d’humanité. Rien de plus souple dans sa for mation, de mieux assujetti aux conditions imposées au groupes ment humain pour vivre et croître sur ce coin de terre Ar essentielles, les Grandes-Rues, telles que les rues Sainte 0 Saint-Denis, Saint-Antoine, Saint-Jacques ainsi qualifiées al Xu1® siècle, sont les courants terrestres s’adaptant au courai d’oau de la Seine, ce sont de grands chemins traversant Par Doux d’entre elles, les rues Saint-Martin eb Saint-Denis M. ütroitement accouplées dans la même direction témoieo de la sorte d’une particulière importance de la So dans lt sons auquel elles correspondent. Les rues doubles ou conjointe sont précisément issues d’un même mouvement de circulation l'une toutefois, en l'espèce la rue Saint-Martin, ayant pré00ll l'autre. C'est semblablement le cas des rues Viville-du-T em ple ot du Temple, constituant toutes deux des voies de a rattachées au Temple, mais dont la première, comme vd

CIRCULATION

580

De telles expresAh dénomination, est antérieure à la seconde. en Mons : Vicille-Rue, Vieux-Marché doivent retenir l'attention, une donnée partis où qu'elles permettent de déterminer, pour la Gulière, la plus ancienne localisation. La Vieille-Draperie, la Vieillefie de la Vicille-Monnaie, celle des Vicilles-Poulies, affectés, dans IMisoranderie marquent les lieux primitivement ainsi qu'à la Paris, à diverses parties de Vindustrie du drap sert fübrication de la monnaie, de même que le Vieux-Marché où fut établi à désigner, en regard des Halles, la place de Grève marjuxtaposition la de d’être raison marché, le originellement (lande à l’ancienne Cité de basse époque romaine. de signiAinsi naissent les rues et leurs dénominations pleines le prieuré (lcation. La rue Saint-Martin est celle qui passe devant à cette (lunisien de ce nom, la rue Saint-Denis celle qui conduit chez ces puissante abbaye, la rue Saint-Antoine celle qui mène actuel), Saint-Antoine Fhôpital de religieuses (à l'emplacement avoir [à rue Saint-Jacques celle par laquelle les pèlerins, après au loin vers passé le Grand-Pont et le Petit-Pont, se dirigent célèbre lieu Shint-Jacques-de-Compostelle ou reviennent de ce ne do pèlerinage à Paris. De grandes voies telles que celles-là : portent pas d’abord de nom uniforme sur tout leur parcours Ainsi le chemin de Saint-Denis est dit, du côté du Châtelet t grande rue de la Hanterie » (1258), du côté des Filles-Dieu Chaussée

des Filles-Dieu » (1259) et, du côté de la léproserie Saintde Paris, « chaussée de Saint-Lazare » (1238); le chemin de Martin est appelé Grande-Rue-de-Saint-Merry (1274) à l'endroit cette tle cette collégiale et rue Saint-Laurent dans les parages de rue église, eb une remarque analogue peut être faite pour la que n’est Ce Nicille-Rue-du-Temple. la pour ou Saint-Jacques postérieurement, lorsque l'unification se fait dans la ville formée d'abord d'éléments dislinols, qu'un seul et même nom s'établit pour pour tout le parcours do la voie, Ge nom peut être précieux l'étude psychologique de la voio : nous avons relevé précédem-

mont le sons profond do l'oxpragsion «rue Saint-Jacques ».

Aingi naissent Los vuion où laura dénominations évocatrices de

leur ouractère, Elles apparaissent nous forme de lioux-dita : «en

590

LA

PHYSIONOMIE

DE

LA

VILLE

AU

MOYEN

RUES

AGT

Quiquempoist », «on Troussovache », © en Beaurepaire », «tt L'appellation de Rue Neuve, que l’on rencontre pour la ren Nouvo.Notre-Dame ou la rue Neuve-Saint-Merry, celle, austt do Ruo Porto, qui est indiquée pour plusieurs endroits de Parin üu XIn0 siècle, marquent une création voulue qui affecte Adi lors souvent la forme rectiligne. Des acconsements , suivis détit donsbuction de maisons et granges, sont susceptibles d’engendrer Un, Wracé droit. Mais il y à, par contre, les formations naturelles dos chemins où sentiers d'exploitation agricole ou viticole sont dévonus à la longue, des rues ; des lieux de passage pour là pierre. 0 Jo plâtre tirés des carrières ou encore pour desservir les tuiles Lio8 80 sont trouvés, avec le temps, accompagnés , sur leurs bords, do bâtissos diverses; des tracés urbains sont nés d’un besoit do circulation d'un point à un autre, de la nécessité pour un propriétaire d’avoir une issue et de gagner, de l'endroit où est s@ bonne où sa maison, la plus proche voie de passage. Que de ruos baptiséos de noms de propriétaires| Voici — exemple typique üité plus haut — la maison, puis la rue de Gilbert dit le Graveliot (1256), «la rue qui est dite au Gravelier » (1275), la «rue aus Gras Volions » (1282). Voilà « la rue de Simon dit le Franc » (1248), « la ruo de Geoffroy dit VAngovin » (1247), « la ruelle de Geoffroy do Bagneux » (1241), «la rue de Thibaud dit aux Dés » signalées On 1203, «la rue d'Henri de Grenelle » (1282), « la rue Jaques de Vornueil » (fin du xrrre siècle), ete. Une rue non baptisée est dite, ün 1215, près de la masure de Gui le Queux, c’est-à-dire le Cuisis nor, ob deviendra, par déformation, notre rue Git-le-Cœur. Lolo autre rue, « derrière la Boucherie », n'es6 pas autrement indiquée, en 4282, que comme étant celle où demeure Etienne Picard. Ou bien la rue porte le nom d’une industrie où d’un commence qui y ost localisé et Sa physionomie traduit cette localisation. Cable sorte de ruës se rencontre surtout sur la rive droite. Los J'uivories ou rues des Juifs, qui ont existé dans los trois parties do Paris, la rue des Lombards, propre à Ja rive droite, expriment, par lour dénomination, leur nature et, par suite, leur aspect: Juilh ot Lombards, qui se livrent, sous des formes diverses, au

AFFECTÉES

À

LA

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négoce de l'argent, en sont les habitants particuliers. Il y ajoute, pour les Juifs, le caractère de ghetto que comporte le lion assigné à leur demeure. Semblablement, les femmes de mauVaio vie sont parquées en des endroits déterminés. Un document de 1367 nous révèle qu’en la rue Coquatrix (dans la Cité), «qui ot foraine », «il y a eu bordel de si long temps qu’il n’est mémoire du contraire ». Et le Livre des Métiers d’Etienne Boileau définit los vues dites foraines, quand il indique qu’en de tels lieux les Tous et les folles vont faire leurs péchés. En 1367 également, le prévôt de Paris Hugues Aubriot fait crier, à travers cette ville, que toutes les femmes de vie dissolue « tenans bordel » aillent #'ébablir aux endroits accoutumés, désignés à cet effet, c’est-àdire, sur la rive gauche, à l’Abreuvoir Mâcon et en la Bouclerie (du côté du pont Saint-Michel) ainsi qu’en la rue Fromentel près du clos Bruneau (toujours existante), dans la Cité en Glaligny (à PEst du pont Notre-Dame et près de la rue Coquatrix), enfin, sur la rive droite, en la cour Robert-de-Paris et en Baillehoue (du côté de Saint-Merry), en Tiron (à l’endroit de la rue actuelle do ce nom, entre la rue de Rivoli et la rue François-Miron), en la tue Chapon (qui existe encore au Sud du Conservatoire des Arts ob Métiers) et en Champfleuri (entre le Louvre et la rue SaintHonoré). Toutefois des lettres de Charles V, du à février 1369, délendent de louer à ces femmes ou de leur céder à cens annuel dos maisons dans la rue Chapon, qui est un lieu convenable, Bilué près du cimetière de Saint-Nicolas-des-Champs et du Hanoi de l’évêque de Châlons, conseiller du roi, ce que n’avaient pas craint de faire des propriétaires de cette rue, au péril de leurs ûmes ob de celles de plusieurs bourgeois parisiens et autres honnôtes personnes ayant là des habitations et des jardins. Il y a, mande d'autre part Charles VI au prévôt de Paris le 3 août 1381, des gens dans los rues Beaubourg, Geoffroy-l'Angevin, des Jonglours eb Simon-lo. Franc ainsi qu'aux abords de la fontaine

Maubuée et aux alentours do SainteDenido:la-Chartre qui pos-

sèdont

ou

tiennent

à cons où

aubrement

den

maisons

qu'ils

n'hésitent pas à louer où à abandonnor à con annual à dou form men do inauvaise vie, 6 lo souverain Interdit coù pratique,

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DE LA VILLE

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Le profit qu'en tiraient les propriétaires était tentant, Ausnis voit-on, en 1388, ceux de la rue Baillehoue s'élever contre uma décision du prévôt de Paris interdisant à ces femmes d'habit@ dans cette rue. Le chevecier et les chanoines de Saint-Monrÿy favorables à cette mesure, font valoir que saint Louis ayant inter dit à de telles femmes de demeurer en des crues honnestes il prévôt d'alors leur fit vider la rue Baïllehoue et que ce roi édiela une pénalité contre les propriétaires qui leur loueraient lou iuisons. Cette rue, poursuivent-ils, est voisine « de belles ob grandes rues notables » où demeurent des bourgeois et bourgeoise dinai que les chanoines et chapelains de Saint-Merry; ellesogl elle-même «belle et honneste » pour aller à Saint-Merry ainsi qu'@tM la Verrerie, et en des rues de cette sorte « femmes folieuses ) no doivent point habiter. Joignez que la rue est près du moutior ed ogt le chemin par lequel les chanoines et chapelains sy rendent; autant de motifs pour qu’elle n’ait point de tels habitants. Bion plus, qu'un «houllier ou ribault », en cette rue, vienne à tuer um homme, il pourra, son crime commis, se réfugier dans l'église toute voisine, afin de se mettre à l’abri de la justice. Les propriôs Laires de la rue Baillehoue ne manquent point deraisons à 0pposon à leurs adversaires. De tout temps, remarquent-ils, il y a eu de femmes de mauvaise vie en ce lieu ; même autrefois, larue était formée par une porte qu’à la suite d’un inconvénient qui survinb on ababtit. Il convient que ces femmes soient dans le voisinag@ dorues publiques plutôt qu’en des faubourgs ; les inconvénients sont moindres que lorsqu'elles habitent « en rues foraines ». At surplus, la rue est étroite, ne renferme que de petites boutiques ob n'est bonne qu'à l'exercice de ce métier. Hugues Aubriolm lorsqu'il était prévôt, visita «les bordiaux », il en supprima cons bains, mais maintint celui de Baillehoue. Les «gens honteux » x vont plus facilement qu'en plusieurs autres. En outre, l'églist Saint-Merry a intérêt à ce que «le bordiau demeure, pou

les rentes qui en vallent mieux ». Saint Louis a ordonné «quil

y oub bourdel » en Glatigny, en la cour Robert-de-Paris ob on la vue Baillohoue; il a voulu, par le choix de ces deux denniork endroits, qu'il y eût de telles femmes près de la Verrerie, On mains

AFFECTÉES

À LA

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Chant 1 ny en à plus aucune dans la cour Robert-de-Paris; il NL donc éxpédient qu’elles restent en Baillehoue. Il n'est point Hécessaire de porter le corps de Notre Seigneur à travers ce lieu ; On pout, on cette circonstance, passer ailleurs eb faire «comme on lait par iron ». Quant au voisinage de Saint-Merry, il est au Cünlraire désirable, car, bien que ces femmes pèchent, elles ne NONE point du tout damnées et il importe qu’elles puissent aller Hüelquetois à l’église. D'ailleurs, Glatigny est proche de SaintDônis-de-la-Chartre, « l’une des plus dévotes églises de cette Ville», et de Saint-Landry. À cela les chanoines de Saint-Merry répliquent que, par l’ordonnance de saint Louis eb par le droit Uorit, les femmes de mauvaise vie ne doivent point demeurer près de l'église. Il n’est si humble habitant de cette ville, objeclnt-ils, qui ne puisse, par droit naturel, obtenir que ces femmes hé soient point installées près de sa maison, à plus forte raison 16 chevecier, qui est curé, qui doit aller à matines et aux autres liôures liturgiques et circuler à tout moment pour baptiser les tnlants eb administrer les sacrements aux malades, est-il fondé À réclamer Féloignement du «bourdel» de Baïllehoue, d’autant Que ce lieu est le plus court chemin pour aller de Saint-Merry i la rue Simon-le-Franc et pour gagner cette église, quand les bourgeoises se rendent aux offices religieux. Baillehoue n’en resta pas moins, avecl’Abreuvoir Mâcon, Glaligny, iron, la cour Robert-de-Paris et les rues Chapon et Davée, affecté à la prostitution par une décision royale du 14 seplémibre 1420. Les marguilliers et paroissiens de Saint-Merry, Qui continuaient à souffrir d’un tel voisinage, firent, pour en Are débarrassés, des démarches que rapportent des lettres dMHenri VI, roi de France et d'Angleterre, datées d'avril 1424. Gotte église, exposent-ils, est dans l’une des rues les plus imporLüntes de Paris; en sa paroisse demeurent des gens notables de divers états eb conditions qui, à cause de sa grande étendue, viennent aux oflicos voligieux, de plusieurs rues telles que lès

rues Neuve-Saint-Merty, Sainto-Croix, Simon-le-Franc, bourg

ou de la fontaine

Maubudo

ob d'autres

lieux,

en

Beau-

pas-

sant par Baillehoue qui joint pour ainai dire l'église ob où ce Un

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lionnent continuellement femmes de vie dissolue ob communes. que on dit bordolières ». Aussi les paroissions sont-ils, pour cottos raison, souvent empêchés de se rendre aux oflices. Le roi, cons sidérant qu'à Paris il y a beaucoup d’autres endroits réservés à de telles femmes et qui ne sont pour ainsi dire pas habités, mûme assez près de Saint-Merry, comme la cour Robert, décide que la rue Baillehoue n'aura plus cet usage. Guillebert de Metz nous montre, au début du xve siècle, cette rue habitée par « plus Bourg galloises », proche de «la court Robert où estoient femmes do joie » ; en Glatigny, sont toujours « les fillettes » et voici aussi le Bourg-lAbbé avec ses « femmes de legière vie » et la rue Beau bourg où il y a «des fillettes, en cul de sac ». liipasses comme les rues dites «sans chef », telles la «rue dé Jocelin sans chef», citée en 1200, ou «une certaine ruelle sans cheb qui ost appelée Bœuf » vers le carrefour du Temple, ou une autré semblable « qui est appellée Culdpet » à côté de la rue Geofroy: l'Angovin (1274), ou encore comme les rues dites de Cul-de-Sac, telle, du côté de Beaubourg, « une certaine rue qui est près des nurs du roi, qui esb appelée Cul-de-Sac, sans chef... avec une dorlaine rue qui est appelée Cul-de-Sac-le-Petit, sans chef DM (127%) ob est bordée d’un mur, cours dans le genre de la cour Robort-de-Paris, de la cour Ferri-de-Paris (du côté de la rue Coquatrix), de la cour Harchier (près de l'Hôtel de Ville actuel} ob de la cour Pierre-La-Pie (du côté de notre tour Saint-Jacques), oloitres désaffectés, voies fermées par des portes et auxquelles s'ablache la dénomination de rue des Deux-Portes : c’est de tout cola, on même temps que des rues à proprement parler. qu'est À lait le système d'habitation et de circulation de Paris. Des voies no sont pas dessinées nettement ou ne sont pas dénommécsin desmaisons ne peuvent êtreindiquées que parrapport à des églises: on ne se prive point de supprimer une ruelle en y bâtissant Plusieurs noms peuvent servir à désigner, dans lemôme temps, une même partie de voie; les appellations se font et so défont avec une grande facilité. C’est la vie dans toute sa souplesse ot avec los multiples changements qu’elle comporte, Imaginez des voies étroites eb malpropres, que surplombent

DIVERSES

SONTES

DE

VOIES



VIE COMMUNE

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los constructions, où passent des charrettes, des cavaliers, des gens dont le dos se courbe sous le poids d’une charge, des bêtes de somme, ânes ou chevaux, où cheminent des gens peu pressés. De petits marchands y circulent, criant d’une voix forte leur marchandise. Les boutiques y découpent leur baie sombre. Des deux côtés de la rue on se parle. Les habitants vivent autant devant leurs portes que chez eux. Sans bruit assourdissant de charrois et toute imprégnée de la simple vie humaine: telle s’offre à nous la rue parisienne. C’est une rue pleine d'humanité, où l'on se connaît, où l’on vit en contact étroit les uns avec les autres, où le passage des crieurs de vin et l’appel sonore des cloches du haut des églises accidentent les heures du jour. Et cette physionomie de la rue révèle la communauté d’existence d’alors, qui s'exprime, d'autre part, dans les communes pratiques religieuses, dans la vie corporative, dans l’ardeur d’une journée révolutionnaire ou l’unité d'âme d’une manifestation publique. On se plait à vivre en dehors, à se sentir les coudes et, comme on pense de même, on agit de même. Les processions religieuses, si fréquentes à cette époque, associent les esprits et les cœurs et mettent de la beauté sur la ville. Il en sort un art du plein air et de la fête publique, qui est une véritable création populaire. Comme aux temps de la Grèce antique, une communion de vie civique dans le culte de la divinité engendre l’harmonieuse parure de la cité. On fête le souverain de la même façon qu'on fête Dieu, c'est-à-dire sous la forme d’une procession : les défilés de bourgeois ou de corporations en de telles circonstances et Les rites de l'entrée solennelle du roi à Paris en témoignent. De la procession, la ville tire, au moyen âge comme dans l'antiquité, ses voies processionnelles. Et ces voies s'offrent souvent à nos yeux comme l’étroit lacet par lequel les Athéniens, lors des Panathénées, montaient à l’Acropole sainte. D’après un acte de 1248, il n’y a pas d'autre lieu de passage, pour une procession se rendant de Notre-Dame à Saint-Paul, que la rue de la Mortellerie qui existe encore sous le nom de rue de lHôtel-deVille et dont on peut obronvor l'élroitesse et la ligne sinueuse.

Une miniature du second quant environ du xve siècle nous mon-

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bre, à son tour, la procession de la Fête-Dieu débouchant de cette même rue sur la place de Grève. A plus de deux siècles d’intervalle, la voie, quoique étroite et serpentante, continue à servir aux processions. Au surplus, les rues étroites, courtes, enchevêtrées sont la marque générale de l’époque. Dans un censier de Saint-Eloi, daté de 1391, nous voici « à l’entrée de la petite ruelle du vieux odimotière Saint-Jean », voilà, du côté de Saint-Jacques-de-laBoucherie, « la ruelle étroite par laquelle on va à la maison de baurent dit Chat Blanc », « la ruelle étroite qui est appelée rue do Jean le Comte » ; franchissons cette ruelle « jusqu’à une autre ruelle étroite, à main droite, qu’il faut semblablement franchir Jusqu'au coin de la rue qui est dite la Heaumerie » : dans le Voisinage, une ruelle est en face de la rue de la Savonnerie : aillours, au delà de la porte de Saint-Martin-des-Champs, une & toute petite ruelle » nous est indiquée, tandis qu’en la Cité, nous nous retrouvons « en une certaine étroite ruelle qui est presque en face d’une maison faisant le coin de la Pelleterie, comme on va à la Seine », ou nous gagnons «une petite ruelle par laquelle on va de la rue de la Calende à l'Orberie» ou «une immonde ruelle contiguë à l’église Saint-Pierre-des-Arcis ». La ville garde des aspects de village, un air simple, avec une note d'intimité. Le barbier, le maréchal ou le forgeron du coin sonbhbien connus et servent à désigner les lieux. Danslerôlede taille de 1292, les contribuables sont mentionnés par exemple « depuis lo coin du Fossé-Saint-Germain-l’Auxerrois jusqu'à la forge, devant la croix », ou, du côté de Saint-Merry, «en la ruelle près du maréchal» qui fait le coin de l'Attacherie et est taxé, avec son tompagnon ou ouvrier, à 5 sous. Voici, semblablement, vers le Vieux Cimetière Saint-Jean, les contribuables du «coin de Richard lo maréchal, depuis la rue Renaut-le-Fèvre (le forgeron), en venant tout autour jusqu’à lui », avec, en tête, Richard le maréchal imposé à 8 sous. Le rôle de.taille de 1313 contient, de son oût6, l'indication des gens taxés depuis l'endroit où est «le maréchal de Guillorille jusqu'au Marteau-Baint-Jean à droite », ce maréchal, du nom de Raoul, figurant le premier, avec une impo-

LA HUE

MAMILIÈRE

=

LA

VIE CHAMPÊTRE

597

#ilion de 5 sous. Ce même rôle donne comme point de repère laslorge de la rue Renaut-le-Fèvre ou le barbier de la VieilleRue-du-Temple et, dans cette dernière rue, nous conduit depuis los Blancs-Manteaux à droite, « au coin où le serrurier demeure», Jusqu'à la rue Anquetin-le-Faucheur qu’un texte du xrrre siècle qualifie de petite ruelle. Un censier de Saint-Eloi, du xure siècle, nous mène de la porte Saint-Antoine, à l’intérieur du rempart à main gauche, « jusques au quarrefour du coingnon où li barbiers est », ou mentionne comme indication topographique le lorgeron du coin de la ruelle qui va vers la maison du roi de Sicile, origine de la dénomination de la rue du Roi-de-Sicile. Voici, dans le censier de Saint-Merry, de 1308, « Raoul le serrurier, du bout de Marivaux ». Il en est de même sur la rive gauche où lois maisons sont dites, en 1318, situées en face de la forge près de Saint-Séverin, au coin de la rue. On ne désigne telle rue qu’en disant que c’est celle «où Dieu fut bouilli » (rue des Billettes), par allusion à un miracle dont une hostie profanée fut l’objet, On se sent chez soi, l’un près de l’autre. Rien du vide immense de la monstrueuse agglomération actuelle. La nature est dans la ville, non sous la forme toute factice des jardins, parcs ou Squares qui s'offrent de nos jours aux citadins ou des alignements d'arbres dont se parent nos voies, mais elle est présente par des vergers comme celui de Saint-Eloi signalé en plein cœur de la Cité à la date de 1391, par de petits prés plantés d’arbres analogues à ceux que nous avons vus dans le cloître de Saint-Merry, par des cultures potagères ou autres, le pointillé de ceps de vigne ou les entrelacements d’une treille. Les travaux des saisons sculpLés à la façade de Notre-Dame représentent, pour beaucoup, les réalités de la vie quotidienne : l'herbe que l’on fauche, la moisson que l’on récolte, la vendange que l’on fait sur la terre féconde environnant la ville. Des miniatures du commencement du x1ve siècle nous montrent, sur le Grand-Pont, un berger, la houlebte à la main et quipousseses moutons, et un bouvier frappant sur ses bœufs, cependant qu'un garçon meunier apporte à une ménagère un sac do lanino, lon Voitures chargées de foin, de blé, de paille, de vin nouvoau sont l’une des animations de la

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ru parisienne, Los maisons ont des celliers pour recevoir la ven» dange ob sont, en maints endroits, accompagnées de granges. En Soine, la chanson des moulins où l’on porte le grain pour le faire moudre est l’un des bruits familiers de Paris, au centré même de la ville, Au long de la Seine se succèdent des abreuvoirs auxquels des rues donnent accès. Dans une telle cité, il n’est point besoin de promenade publique. N'ost-olle pas empreinte de vie champêtre et la campagne ne #étend-elle pas à perte de vue, immédiatement au delà du rempart tout proche ? On y chercherait donc vainement les espaces libres caractéristiques de notre époque : les jardins publics, les places plantées d'arbres. La place, dans la ville du moyen âge, no connait pas la verdure. C’est sur un quai que les plantations urbaines font leur apparition à Paris, et cela sous le règne de Charles V. En 1369, a été établi le quai de la Mortellerie ; l’année huivante, on le pave ainsi que les ruelles qui y aboutissent et on. y plante des ormes. Ce lieu en tire le nom sous lequel on le trouve désigné dans les premières années du xve siècle : « aux Ormetaux, qui sont … devers l’église de Saint-Paul», ou encore «devant lisle, aux Ormetiaux » — lit-on dans le journal d’un bourpoois de Paris à la date de 1427. Ce sera le quai des Ormes, devenu onsuite quai des Célestins. Des espaces libres sont toutefois affectés à des exercices ou jeux. C’est ainsi que nous voyons, en 1971, les arbalétriers et les archers s’exerçant dans l’île Notre-Dame (ile Saint-Louis aujourd’hui). En cette ile — rapporte, d'autre part, Guillebert de Metz, au commencement du xve siècle — « sont palis pour luitier et berseaux pour traire de l’arbaleste ob de l'arc à main », tandis qu'au Pré-aux-Cleres, nous assistons, depuis le xrrr siècle, aux ébats des étudiants. Lies plantations «aux Ormetiaux » et les terrains de jeux sont des traits urbains venant corriger, sur la physionomie de Paris, lea traits champêtres qui s’y observent. Quant aux maisons, elles portent également la double empreinte de la campagne et de la ville, Leur construction est généralement assez sommaire ! le plâtre ob le bois y jouent le principal rôle. Plusieurs rues sont citons du Plâtre, de la Plâtrière ou des Plâtriers, à cause qu'on y

MAISONS

prépare ce produit du sol parisien. Les habitations, au Loit très incliné, découpent, au long delarue, des zigzags accentués, offrent Mixregards des pignons aigus et laissent apparaître en couleur vive 16 dessin géométrique que forme un assemblage de bois sur leurs iurailles. C'est du moins ainsi que, sur la miniature qui représente la procession de la Fête-Dieu sortant de la rue de la Mortellerie, sont figurées les maisons de cette rue et d’autres logis en face, (ans la Cité. Mais des demeures plus modestes se rencontraient à Paris. On ne construit qu'exceptionnellement des maisons en pierre, au xue siècle, bien que le calcaire à bâtir abonde dans le sol : cette sorte de matériaux estréservée en général aux édifices religieux, aux constructions publiques, aux fortifications, aux habilätions des princes et seigneurs. Une maison de pierre est assez rare, ôn ce siècle, pour qu’on précise, dans les documents, qu’elle est bâtie ainsi. Le chapitre de Notre-Dame a consacré une cerLaine somme à la construction de la nouvelle maison de pierre Qui est au coin de la rue, près de l’église Sainte-Marine, lit-on dans un acte de 1284, tandis qu’une autre pièce, de 1260, mentionne, au Chardonnet, une grande maison en pierre. La grande maison n’est point non plus habituelle. Dans le censier de SaintHloi, de 1391, celle qui est contiguë aux murs du petit verger de ce prieuré, en la Cité, constitue un point de repère Lopographique. De même primitivement, c'était le chaume ou le bois Qui servait surtout à couvrir les habitations. La tuile est d’un usage encore si peu courant à la date de 12149 qu’on signale Alors à Saint-Marcel une maison couverte en tuiles. Mais on peut croire que les tuileries, que l’on voit établies, au cours de Ce même siècle, à l'Ouest du Louvre ainsi que dans les parages de Saint-Germain-des-Prés, répandirent l’emploi de la tuile. Dans les documents du xive siècle, il est question de maisons, ianoirs, hôtels, grandes maisons, hautes maisons, petites maisons, maisons à 2 pignons, à 4 pignons. Voici, à la date de 1308, en la rue Lambert-de-Chelles, la petite maison de dame Marguerite, veuve de Pierre Gentien, eb qui est indiquée comme attenante à la haute maison de ce dernier. À cette même date, voilà une maison à doux étages, celui du bas se

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LA

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LA

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louant chaque annéo 15 sous parisis ob celui du haut 12 sous parisis. Los enseignes apparaissent au xru siècle et, dès ceble époque, dos rues on tirent leur nom. Voici, par exemple, entre Saint: Joan-en-Grève et Saint-Merry, une maison désignée par une piôco d'archives de l’année 1274 comme ayant une tête d'âne pravéo sur sa façade. Une maison de la Grande-Rue, outre Petite Ponb, est dite au Mouton, en 1318, et voilà, dans le même temps, près de la porte Saint-Honoré, la demeure de Roger dit la Rosée, à J'onsoigno de la Rose. Quant au numérotage des maisons, la plus ancienne trace qu’on en trouve se rapporte à celles du pont Notre-Dame, au commencement du xve siècle. Les habitations sont rapprochées. Le rempart qui entoure lugglomération urbaine oblige à se serrer, au propre comme au liguré. On ne fera jamais trop ressortir l'influence exercée sur la villo par l'enceinte protectrice. C'est grâce à cette dernière quo l'habitant de Paris se sent, à l’intérieur du rempart, vraiment ühez soi, c'est elle qui engendre la communauté d'existence, usure l'exercice des métiers ou du commerce, donne la sécurité qui permet au travail fécond de la pensée de produire tous ses luuits, amène enfin une diffusion ou une éclosion de besoins qui lait progresser la civilisation. La ville, dans son développement, ü8b lo produit de son rempart et du grand chemin qui y conduit ; à ces deux éléments s'ajoute, pour Paris, l'extension de l’autodité monarchique. La cité actuelle se répand dans l'espace, dgrèno au loin ses constructions, se diffuse sous l'aspect d'une banlieue bâtie ; celle d’antan au contraire a sa ceinture de pierre soude autour d'elle ; elle préfère les pleins aux vides, adopte la Lie étroite, à une seule issue ou que des portes viennent fermer, ou encore la forme de l’enclos, cloître ou cour. Ses édifices de Marque : églises, couvents, palais, châteaux ou hôtels, ne sont point conçus isolément du reste, mais se fondent dans la maso dvironnante ; leurs lignes ne se détachent pas à l'écart, mais so dessinent dans un cadre resserré d'habitations. Ses places même no donnont point l'impression du vide; accompagnant l’église. où l'hôtol de ville, elles forment un tout avec eux et ont une aftec-

LA

VILLE

RESSERRÉE

; SON

HARMONIE

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tation dérivant de ces édifices; elles répondent à des besoins particuliers qu'exprime le commerce qui y est installé où l’aniImation qui y règne à certains moments; leur irrégularité s’harmonise avec celle de la ville ; elles sont restreintes comme dimensions, offrant juste lerecul qu’il faut pour admirer les lignes de la Construction monumentale qui en occupe le fond; elles ne sont point éventrées par des rues; elles procurent la sensation d’un espace clos, comme le cloître voisin, la rue «sans chef» ou fermée par des portes, ou la cité tout entière. Elles mettent sur la physionomie de cette dernière les mêmes traits de beauté que les rues étroites et sinueuses, où l’œil ne se perd point dans le vide, où les courbures lui offrent d’incessants changements de tableaux, où les deux côtés rapprochés forment un véritable encadrement, où les voies latérales ne pénètrent point en éventrement, où la lumière se marie délicatement à l'ombre, où les hauteurs se gravissent en lacet, dans l’imprévu des rencontres et l'espoir sans cesse entretenu d’une prompte arrivée. Point de ces percées brutales, de ces longues voies larges et roctilignes qui, comme de nos jours, ouvrent des horizons d’une infinie désolation et font sentir à l’âme l’étreinte de la solitude au milieu du va-et-vient le plus animé. Point de grands travaux transformant le sol, rasant une élévation, changeant un niveau, point de ville souterraine. Familièrement la cité à pris la terre telle qu’elle était et s’est docilement pliée, dans son développement. aux conditions que celle-ci lui offrait. C’est une œuvre d'harmonie entière. C’est la ville de son sol. C’est aussi la ville de ses habitants comme ceux-ci sont les habitants de leur ville. La cité à pris la terre telle qu’elle était eb en a mis à profit Les ressources. La forêt qui régnait sur les alluvions quaternaires lui à procuré le bois dont elle avait besoin, le sous-sol lui a fourni là pierre et le gypse, elle a semblablement utilisé l'argile qui sort à faire la poterie, le limon propre à la fabrication des tuiles, le sable à mortier, le niveau des marnes où sourd l’eau bienfaisante, Ses premiers pas hors du bercoau que formait l'ile de la Jité ont été attirés par Los bublos du talus bordant la rive droite.

Les modes d'exploitation ruralo ne sont do même adaptés aux

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LA

PHYSIONOMIE

DE

LA

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MOYEN

AGE

conditions du sol : sur les coteaux correspondant aux rives de la Soine primitive, la vigne règne souverainement, tandis que dos prés occupent les bas niveaux ou s'étendent à l'emplacement do l’ancien lit séptentrional du fleuve et que des champs s'intervalent çà ot là dans l'espace intermédiaire. Le marais encerclant là nive droite ne voit les pÂturages communs dont il est formé so transformer en cultures maraïchères que lorsque le tempsa modifié assez le sol pour le rendre propre à ce nouvel usage, bo floue, resté à l’état naturel, déborde dès que son cours grossit, inondant des parties de la ville établies dans son lit originel. Los textes relatifs aux inondations permettent précisément, pa la mention des mêmes lieux ayant souffert des eaux aux diverses époques, de dégager les lignes du relief terrestre, et cellesüi montrent que la ville s’est installée sur le sol tel qu'il se pré. sontait à elle. Si Grégoire de Tours signale qu’en 583, lors d’un: débordement de la Seine et de la Marne, des naufrages ont eu lieu Ontre la Cité et la basilique de Saint-Laurent, un autre chroniQueur relate qu’en 1237 l'eau aurait fait du Paris de la rive droite uno ile sans l'existence d’ «une terre plus élevée » qui se rencontre & lorsqu'on va à Saint-Laurent », autrement dit sans le monceau nuburel sur lequel Saint-Martin-des-Champs a pris place. Dé inôme, la Seine, en 1280, grossit tellement qu’on ne pouvait entrer sans barque à Paris du côté de Saint-Denis. En 1373, on allai pareillement en bateau sur le chemin de Saint-Denis, au delà de la porte de ce nom, ainsi que de la porte Saint-Antoine à SaintAnloine-des-Champs et depuis la porte Saint-Honoré jusqu’au Roule et à Neuilly. En 1415, on ne pouvait se rendre dans les Marais entre Saint-Antoine et le Temple. Autant de témoignages do la dépendance étroite dans laquelle était restée la ville parrap* port à l’ancien bras septentrional de la Seine, qui s’étendait en démi-corcle au pied des coteaux de la rive droite, depuis la place aoluelle de la Bastille jusqu’à celle de l'Alma. Aux bords du fleuve, l'habitat avait sans doute à la longué velové lo sol, mais pas assez pour préserver leshommes des atteintes, do louu, Rogardez celle-ci qui, à la date de 1407, s'avance jus-

qu'à la maison du duc d'Anjou

en Grôve,

soil au Nord de

INONDATIONË

608

oobte place. Voyez-la, d'autre part «si desrivée » et si grande, on 1421, qu'en Grève elle s'étend «jusques par deçà le mouslion du Sainct-Esperit » (partie septentrionale de l'Hôtel de Ville actuel), sur une longueur de plus de deux lances. De nouveau, en 1426, la voici qui vient éteindre, en Grève, le feu de la SaintJean, Cérémonie populaire qui avait lieu lors dela fête de ce saint, 16 24 juin; on transporta hâtivement vers la croix qui se dressait sur cette place ce qu’on put recueillir du feu, mais, quelques Jours après, la Seine « fut si desmesurée qu’elle passa la croix ». L'année suivante, nous la retrouvons à la croix de Grève, elle onfle même tellement qu’elle s'élève jusqu’à la sixième marche du soubassement à degrés de cette croix et qu’elle serépand jusque devant l Hôtel de Ville ; elle a plus d’un pied de haut «en l’ostel du mareschal » qui demeure en face, du côté de l'Avènnerie et colle s’étend dans la Mortellerie. En 1432, 1433, 1438 et 1442, de semblables invasions de la Seine en Grève sont signalées. Elles s'ajoutent aux précédentes pour rendre apparentes aux yeux l'ancienne anse avec point d’atterrissement, l’ancienne grève que formait à cet endroit le fleuve et qui a attiré les barques et tontribué par là à susciter de ce côté une juxtaposition marthande à la cité de basse époque romaine. Une autre réviviscence de l'antique occupation du sol par le Neuve, que la ville, en s’établissant, n’a point dompté, seremarque. ln 1373, les caves et celliers, du côté du Grand-Pont, sont pleins d’eau et, en 1497, «Seine fut icy à son aise, battant le siège du pilliens», lisait-onenuneinscription commémorative gravée aux abords du Grand-Châtelet, dans la Vallée-de-Misère. Une observation de inême nature s'impose, si l’on considère l'extrémité orientale de vobte rive. Un acte de 1309 nous apprend que les Carmes, demeurant hors de la porte des Béguines, sur le bord de la Seine, sont à ce point à la merci du fleuve débordé qu'ils ne peuvent sortir de chez eux sans barque eb que fréquemment une partie de leurs constructions s'écroule. En 1427; l'ile Notre-Dame (aujourd’hui ile

Saint-Louis) nous apparait couverte d'oau; «aux Ormetiaux »,

sis en face sur la rive droite, bateaux où nacellos peuvent voguer,

ot le cellier et le premier étage den mañronn d'alentour ont été Î

004 LA PIHYSIONOMIE DE LA VILLE AU MOYEN Auk 1 envahis par la Seine; celle-ci, en certains celliers, esb aussi haute Qué deux hommes et c’est pitié, dit un témoin, de voir les ton* neaux de vin surnager; en des étables où l’on descendait par Lois où quatre marches d'escalier, tous les chevaux ne purent Ôtre sauvés. C’est que le fleuve, en cette partie de son cours, ef 1 côté de l'endroit d'où se détachait vers le Nord son ancien. DAS. Voici un autre point bas, cette fois sur la rive gauche, « Par Galande », l'inondation, en 1237, oblige à se servir de barques! ob celles-ci, en 1280, en 1373 et en 1421, viennent jusqu’au rio de la Croix Hémon, dans la partie méridionale de la place Mau» bort. Semblablement, c'est la Seine toujours maitresse de re prendre son ancien lit que nous Voyons, au commencemen t du. X1V® siècle, détruire la partie de la rive gauche comprise entré l'hôtel royal de Nesle et la maison de l’évêque de Chartres, soit à lemplacement du quai Conti actuel. Tels sont les bas nie de l'île de la Cité, aujourd’hui si surélevée, qu’en 1196, devant une inondation, le roi Philippe-Auguste est obligé de quitter ; lô Palais pour se réfugier à Sainte-Geneviève et que l’évêquen Maurice de Sully doit évacuer l'évêché, situé le long du mut méridional de Notre-Dame, pour aller habiter à Saint-Victor. Bn 1973, la Seine à pénétré dans la partie inférieure de la Sainte Chapelle et « toutes les maisons basses du Palais » sont pleines d'oau. En 1421, la voici encore dans la grande cour du Palais, l'extrémité de l'ile au chevet de la Cathédrale, des parties du cloître canonial et le port Saint-Landry n’échappent pas davans age aux débordements du fleuve. \ : La déclivité de la rive droite en général, par rapport à l’ancien 1 bras septentrionel de la Seine, est rendue apparente dans les was d'inondation. C’est cette déclivité qui sert à expliquer le bnacé des égouts de la ville. Avant 1419, les eaux usées venaient dépuis la porte Baudoyer jusqu'aux égouts sis au lieu dit le Ponte Pornin et qui passaient devant l’hôtel Saint-Paul, de là elles se diri

&ouiont près de la porte Saint-Antoine du rempart du xrve sièclon pour gagner de ce point la Maison dite d'Ardoise au Nord 1 oûté do la rue actuelle des Filles-du-Calvaire, Ce égouts se

‘ 4 :

MRACÉS

D'ÉGOUTS

-— ADDUCTIONS

D'EAU

605

couverts en maçonnerie. En 1412, on décida de faire une rue pour leur livrer passage depuis la rue Saint-Antoine jusque près dé la Maison d’Ardoiïse, suivant le tracé de notrerue de Turenne dont cette décision marque ainsi l’origine. À partir du ponceau enjambant, à l’endroit de ‘cette Maison, l’égout, celui-ci, au xve siècle, s’étend, toujours à l’intérieur du rempart, jusqu’au coin des murs de la Couture du Temple, puis le long des murailles du Temple jusqu'au ponceau de la rue de ce nom ; il sort, en ce dernier lieu, de la ville, gagne, depuis la porte du Temple, la chaussée Saint-Laurent et, de là, le ponceau de la chaussée SaintLadre, celui de Montmartre ou du Val Larronneux et celui des Porcherons, pour atteindre enfin le pont Hersant et le ponceau de Chaillot. Ce grand égout épouse, Comme on le voit, le tracé de l’ancien bras septentrional de la Seine qui se confond luimême avec la zone des marais et des cultures maraichères encerélant Paris sur la rive droite. Ainsi la ville s'adapte, à tous égards, aux lignes naturelles du sol. Ce sont ces mêmes lignes qui font cheminer vers Paris l’eau issue abondamment de la région du Nord-Est de cette ville. Dès 1178 ou 1179, la léproserie de Saint-Lazare établit, à son propre usage, une conduite d’eau. Un acte de 1364 nous montre les religieux de cet établissement en possession d’une fontaine dont l’eau, « d'ancienneté », vient de leurs terres appelées les Rigoues, entre le Maisnil-Mautemps (Ménilmontant) et Poitronville (Belleville), et se trouve amenée en leur maison de SaintLadre par des tuyaux de plomb et autres conduits. Cette fontaine est aussi alimentée par une autre source, dite la Ruberge et située au-dessous de Poitronville. Sur les conduits d’adduction de l’eau, ils ont « plusieurs petites maisons appellées regars », fermées de fortes portes et de bonnes serrures, et permettant de visiter les tuyaux, chaque fois qu’il est nécessaire. Parmi ces regards, lun, quiesb dénommé « le regart du greilg » et est établi sur la chaussée dévant Saint-Ladre, donne jour sur le principal tuyau de plomb, par lequel toutes les eaux sont amenées et auquel est soudé un petit tuyau aboutissant à l’intérieur de la léproserio

pour approvisionnor ootlo dornièro, lo reste de l'eau R

ji Ÿ

L

006

LA PHYSIONOMIE

DE LA VILLE

AU

MOYEN

AG

sur la chaussée en un grand bassin de plomb appelé « le greilgns } à L'usage des passants eb pour l'utilité commune. Or, à l'instigas tion du prévôt des marchands et des échevins, on a pénétré dans le regard «du greilg », coupé le tuyau alimentant Saints Lazare, clos l'orifice de ce côté eb établi un réservoir central avec deux nouveaux conduits : l’un, le plus important, à destinas {ion de la bastide et du ponceau Saint-Denis, l'autre pour I0fM bosoins de la léproserie, tout en maintenant, pour les passants lapprovisionnement du récipient appelé cle greil », mais de façon très insuffisante surtout en été. Les religieux de Saint-Lazano 1 #'élbvent donc, à cette date de 1364, contre les procédés de la municipalité. Celle-ci toutefois eut gain de cause: sa mainmise Aur cette adduction d’eau fut consacrée: par contre, elle dut entres Lenir Lous les regards ainsi que les conduits, à l'exception de celui alimentant la léproserie : elle s’engagea, en même temps que cet dernière, à ne point disposer d’eau autrement, depuis les sources jusqu'au régard « du greilg ». Antérieurement déjà, à la date de 1265, saint Louis aval pornis aux Filles-Dieu d'établir une conduite d’eau depuis | fontaine de Saint-Lazare jusqu’à leur maison, en empruntant as col effet la chaussée qui menait de chez eux à la léproserie, la condition toutefois de ne s’en servir que sur un côté pour nô

Où la réparation de cette conduite. Lors de la démolition, em 1958, du souvent des Filles-Dieu, leur fontaine fut transténto

ya celle dite is Saints-Innocents, située du côté du cimetière do ce nom, dans la rue Saint-Denis, et mentionnée par exempla dans un nas de us la fontaine des Halles, la fontaine

FONTAINES

607

rensoignés notamment en 1308. Un acte de Charles VI, du 9 octobre 1802, signale des conduits ou tuyaux établis par Les Soins des souverains antérieurs, « de tel et si long temps qu’il nest mémoire du contraire », pour faire descendre les eaux de centaines sources en des lieux publics de la ville, spécialement aux trois précédentes fontaines. Il nous a été conservé le texte de conventions passées, en 1293, entre lamunicipalité et le fontainier. Celui-ci doit entretenir les tuyaux de plomb et se procurer le plomb et l’étain nécessaires à cet effet, sans faire de Maçonnerie ni restaurer les chaussées, et cela depuis la grande cuve située au-dessus du pressoir du Ruiau jusqu'aux Innocents. Ce pressoir à vin accompagne le clos de vignes du Ruau, sis entre Belleville et le Pressoir Saint-Martin et dont la dénomination a précisément le sens de ruisseau. En ce qui concerne la fontaine des Innocents, les conventions de 1293 obligent la municipalité à fournir ce qu'il faut pour la maçonnerie au fontainier qui prendra, s’il y a lieu, des maçons. Les obligations respectives des deux parties sont les mêmes pour amener l’eau de cette fontaine à celle des Halles. Plus haut que le pressoir du Ruiau, le fontainier doit nettoyer les cuves ainsi que les grands conduits et est aussi tenu de veiller sur les regards. S'il est besoin de maçonnerie, il le fait savoir à la municipalité que cela regarde de même que la fourniture de tuyaux de terre. Le roi doit pourvoir, à ses frais, à la canalisation entre le Ruiau et la fontaine des Halles. Aux fontaines, comme sur le bord de la Seine, les porteurs d’eau infatigablèment exercent leur humble métier. Dans les fontaines des Innocents, Maubuée et dés Halles, les vaux, est-il signalé dans un acte royal de l’année 1392, venaient habituellement en telle abondance que la population de ces lieux, « qui sont loing de la rivière de Seine et d’autres eaues onvenables à boire et à user pour vivre », en était aisément üpprovisionnée. Mais, poursuit ceb acte, certains, qui ont fait édifier à Paris de « grans ot notables hostelz », ont obtenu des rois l'autorisation de dérivor à lour usage propre, par lemoyen de oanalisations spéciales, uno pantio do cos eaux, et il en est résulté,

dans le débit dos fontainon publiques, une forte réduction qui a

008

LA PHYSIONOMIE

DE LA

VILLE

AU

MOYEN

AG

oblivé plusieurs P personnes, 3 que le bosoin d'eau avail amentes À 1 à W'installer en ces lieux, à aller habiter ailleurs ob les autres an s'approvisionner à la Seine. Le système des canalisations s’étendh ainsi pou à peu. Les adductions d’eau de source deviennent plus nombreuses. D'un pré sis au-dessous de Belleville, est-il indiqué on 1451, arrive, par des tuyaux, au Temple, de l’eau dont une inoibié est ensuite dirigée, de ce dernier lieu, vers Saint-Martindes-Champs. Ce n’est que de la région de Belleville que vient l'éau de source qui approvisionne Paris. Là est le point d'eau utilisé par cette ville. Aussi les fontaines n’existent-elles que sur la rive droite. Au temps de Guillebert de Metz, qui écrit au commencement du xve siècle, il y en a une aux Halles près du pilori, deux en la rue Saint-Denis (celle des Innocents et celle du Ponceau) et deux autres en la rue Saint-Martin. C'est naturellement le long d’une grande voie que s'offre au public la fonLaine, où en un lieu tel que les Halles où le besoin d’eau se fait D sentir. ün dehors des fontaines, la Seine et des puits servent à approVisionner la population. Ces derniers sont établis soit dans une cour ou autre dépendance de maison, soit dans la rue : d’où la dénomination de rue du Puits. Des rues de ce nom existent sur les deux rives du fleuve. Le vieux puits est l’un des traits de physionomie de la rue parisienne d'antan, comme la descente à la rivière où le porteur d’eau vient remplir ses seaux sert, avec les abreuvoirs où les, chevaux s’ébrouent en buvant, à caractéviser les bords pittoresques du fleuve nourricier de sa ville. Près du puits l'on cause dans la paix de la rue familière, comme en cette « place vide rue Michel-le-Comte, devanble puits » et qu'un document de 1261 signale. Le puits sert de point de repère : tel, dans le censier de Saint-Merry de 1308, est dit demeurant en la rue Saint-Martin, du côté du puits. En 1925, il ÿ eut une si grande sécheresse qu’il fallut faire beaucoup de puits à Paris. Les habitants pourvoient à leurs besoins dans les limites que le sol sur lequel ils vivent leur assigne. [ls ne violentent pas ce (ornier. Is ne se livrent point à de grands travaux de transfor: mation, Ils n'imaginont point tout d'abord ce système de roms

QUAIS,

PONTS

ET

PONTS

part qui, sous la forme de quais monumentaux, protège, comme dé nos jours, la ville de son fleuve. Loin de s’isoler ainsi de celui-ci, ils vivent en communion avec lui, établissent leurs maisons au contact de l’eau, demeurent, ainsi que disent les textes, «sus la rivière », en tirent même leur nom, comme ce Garnier sur l'Eau que nous avons FHÇORRE, au xrre siècle, à l'endroit de la rue actuell t dé par déf tion, Grenier-su: l'Eau. Que si, pour les besoins de la navigation ou du commerce fluvial, il faut qu’un chemin existe au bord du fleuve, de simples pieux ou une palissade maintiennent çà et là, du côté de l’eau, les terres, de crainte d’éboulis. Tels furent les plus anciens quais et ce n’est point autrement que se présentent à nous ce qu'on appelle, sous Philippe-Auguste, le port de Paris et, plus tard, les ports qui s’égrènent en Grève. Le premier quai proprement dit ne date que du commencement du xrv® siècle. « La rive se trouvant entre notre maison de Nesle et celle de l’évêque de Chartres — mande Philippe le Bel au prévôt des marchands, le 23 mai 1313 — a été entièrement détruite par l'inondation de la Seine. Plusieurs fois, nous t’avons prescrit de faire, à cet endroit, sans retard, un quai, d’une maison à l’autre. Maïs tu n’as pas exécuté ces ordres. Cependant les demeures situées sur cette rive sont grandement menacées. C’est pourquoi nous te prescrivons de nouveau d'établir, à tes frais, ce quai ». C’est la première fois que des préoccupations autres que celles relatives à la navigation sur le fleuve se font jour à ce sujet, le quai jusqu'alors n’ayant été envisagé que sous la forme d’un chemin propre à l’usage de la voie d’eau. Le quai qui vient de nous apparaître à l'emplacement du quai Conti actuel est une nouveauté. Des documents postérieurs signalent le quai de la Mortellerie, ‘établi en 1369, pavé et pourvu de sept ormes l’année suivante, le quai de la Saunerie datant du même temps et qui est indiqué du côté du Châtelet, entre le port de la Saunerie et l’arche enjambant la descente en Seine que formait l’abreuvoir Popin, le quai des Augustins mentionné à la fin du xrve siècle. Semblablement, le pont n’est point, comme de nos jours, une voie de passage bien dégagée au-dessus du fleuve, c’est à la fois 30

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LA PHYSIONOMIE

DE LA VILLE

AU MOYEN

AG

Je chemin et la ville se prolongeant sur l'eau, Des maisons y sont agrippées ot le bordent de chaque côté ; des moulins l’enserrent. Un texte hagiographique du x° ou du xx siècle signale les «mais sons suspendues » du Grand-Pont. Une fortification, le « Châte= lot du Petit-Pont » et le Grand-Châtelet sur la rive droite, protège l'extrémité de nos deux ponts et forme, rattachée à ceux-ci, une véritable porte de ville. N’est-il point question, au xrre siècle, de « la porte du Grand-Pont» à laquelle les bouchers ont coutume «de se tenir, ne l’appelle-t-on pas «la porte de Paris » et ne voyons-nous point, dans une miniature des premières années du xrve siècle, les gens du guet dans les échauguettes de cette porte ? La donnée du pont fortifié, avec tours, ou flanqué de portes défensives, est, du reste, constante au moyen âge. Si l’on creuse un canal comme celui de la Bièvre au xare siècle, ‘C'est qu'il est déjà inscrit en grande partie sur le sol. Si ce dernier so modifie, ce n’est qu’à la longue, par suite du lent apport des âges successifs. C’est cet apport et non la main brutale des hommes qui l’exhausse. L’habitat, avec toutes ses conséquences, engendre une surélévation progressive. Une voirie ou décharge publique que l’on établit finit par créer une hauteur factice qui, le lieu étant ensuite désaffecté, n’en subsiste pas moins et marque d’un nouveau trait la physionomie de Paris : un moulin à vent en prend possession et y déploie ses ailes vagabondes, même on y bâtit et tel coin de la ville actuelle naît ainsi. Les voiries sont disposées à l’extérieur des portes du rempart. Ainsi, au commencement du xv° siècle, le prévôt de Paris et le procuréur du roi au Châtelet ont pris des terres « outre la porte Saint-Antoine », en la seigneurie du prieuré de Saint-Eloi, « pour faire voirie » et, en 1424, il est question « de la voirie de Paris nouvellement ordonnée à la porte Saint-Michel», sur la rive gauche. A la date de 1486, il en est établi une nouvelle hors de l’enceinte, près de la porte du Temple, le long du chemin conduisant à la porte Saint-Antoine, et cela afin de remplacer la voirie de cette dernière porte dont le voisinage es désagréable au roi en sa résidence de l’hôtel des Tournelles. La surélévation générale à la suite d’un long habitat est dégagée par un auteur

ENFETS DE L'HABITAT

— HARMONIE

DES CHOSES

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contemporain de Charles V, Raoul de Presles, qui, après avoir écrit que Paris était, d’après César, tellement entouré d’eau qu'on ne pouvait l’atteindre, ajoute: «Or est tout atterri par gravoys, fiens et autres ordures que l’on y a depuis geté ». Les transformations du site urbain ne s'effectuent donc qu’à la longue, et la ville respecte les lignes originelles de son sol. Tel nom de rue s'explique par celles-ci : ainsi la rue d’Enfer, qui double, sur la rive gauche, dans la direction de notre boulevard Saint-Michel, la rué Saint-Jacques, est ainsi dénommée parce qu’elle est à un niveau vnférieur à celui de cette dernière. Rien de systématique dans la disposition des rues ou dans l'agencement des places qui sont tout naturellement où les besoins les requièrent et de la dimension qu'il faut. À côté de la place publique par excellence qu’est la place de Grève, les espaces libres accompagnant les églises forment de petites places locales où les habitants de la paroisse s’assemblent avant d'assister aux offices et s’attardent à causer en en sortant, où les jongleurs et histrions viennent, au xzu siècle par exemple, faire concurrence aux prédicateurs. Les organes s'adaptent de façon instinctive aux fonctions. Il n’y a pas, entre la forme et le fond, cette scission qui apparaîtra à dater de la Renaissance, et amènera à créer des places pour l’art et sans qu’elles répondent aux besoins ou à réaliser le concept abstrait du forum antique sans la vie de l'antiquité. La ville du moyen âge est un produit naturel; elle est une œuvre de parfaite logique, comme la cathédrale gothique qui fait monter jusqu’au ciel l’humble prière des hommes. Il y a harmonie entre les édifices et leur cadre. La rue étroite et tortueuse, pleine d'intimité pour ceux qui l’habitent, apparait sinistre et pleine de dangers à ceux qui y pénètrent en ennemis: Elle s’accorde à la demeure fortifiée d'antan. Les hôtels def princes eb seigneurs ont l'aspect de châteaux forts Dosrenton actuols de l'hôtel de Clisson (rue des Archives) et do lait du duc de Bourgogne (tour dite de Jean sans Pour Etienne-Marcel) évoquent la résidence seigneunial nomie défensive, en plein x1v° siècle, L'hôtel de

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LA PHYSIONOMIE

DE

LA VILLE

AU

MOYEN

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même bémps que, par la façon dont sa silhouette se dessine sur los doux rues de l'Hôtel-de-Ville et du Figuier qui le bordent, il offre un exemple typique de l'accord parfait existant entre l'édifice ot son cadre. La beauté dans la ville, c'est cette harmonie des lignos, l'ordonnance des masses par rapport à la voie, le profil d’une tourelle dans la courbure de la rue, l'unité d'effet dans l'unité de conception. Les plus anciennes opérations de voirie apparaissent au xn0 siècle, Au milieu de ce siècle, Louis VII achète aux religiouses de Montmartre la maison du changeur Guerry, à la Porto du Grand-Pont, et une partie d’un immeuble dans la rue du Potit-Pont, en la Cité, « pour élargir la voie », précise le diplôme royal. Il est naturel que la première voie dont l’élargistomeont nous soit signalé se trouve être précisément le grand axé uibain des deux ponts. Et voici qu’en même temps que l’évêque Maurice de Sully reconstruit la cathédrale, il achète, vers 1163, d'accord avec le chapitre métropolitain, des maisons devant le Panvis, « pour faire un chemin devant l’église de Notre-Dame », ü la ruo neuve », signale un acte de 1173, autrement dit la rue Nouve-Notre-Dame, de 7 mètres environ de largeur et qui à tubaisté jusque dans le courant du xrxe siècle. Cette rue se combino avec le Parvis resserré d’autrefois pour former en droite ligne, dans l'axe de la façade de Notre-Dame, la maîtresse voie d'accès à cette église. Son percement montre que, dans la consluetion d'un édifice de cette sorte, on ne se bornait point à ce dornier en soi, mais qu’on en envisageait conjointement les ontours et qu'on adaptait ceux-ci à la nouvelle bâtisse, soit en. ouvrant une rue, soit en modifiant le débouché de voies ou le tacé d'une place. Il y a un art urbain conscient, à côté des Mille manifestations de la vie naturelle, Quant à la rue elle-même, elle est soumise à une réglementation dont les plus anciennes traces remontent au règne de PhilippoAuguste. Ce roi, raconte le chroniqueur contemporain Rigord, ayant convoqué les bourgeois avec le prévôt de Paris, prosorivit que toutes les voies do cette cité fussent pavées de duos ot fortos pierres, À en croire Guillaume le Breton qui vivait

ANT URBAIN



PAVAGE

ET ENTRETIEN

DES RURS

613

dans le même temps, les autres villes auraient, à cet égard et à linstigation de Philippe-Auguste, suivi l'exemple de Paris. Ainsi, dès l’abord, le pavage se révèle à nous comme une œuvre d'ordre municipal ; d’autre part, en cela se marque le commencement de limitation de Paris par les diverses villes françaises. Cet esprit d'imitation, dû au prestige de la capitale, se développera particulièrement à dater de la Renaissance. Comme il a été exposé précédemment, seul le pavage de la croisée incombaït à la municipalité. La mise en état des autres voies était le fait des propriétaires riverains. C’est en vertu d’un « usaige très ancien », est-il énoncé en 1399, que tout habitant de Paris y possédant une maison, de quelque état qu’il soit, est obligé de tenir propre et en bon état le pavage devant sa demeure ainsi que d'établir et réparer à ses frais les chaussées et le pavage devant chez lui, sauf en « l’ancienne croisée de Paris ». Un acte de 1348 signale, d'autre part, que, « d'ancienneté », il est crié, chaque année, au nom du roi, de débarrasser, sous peine d'amende, les rues des boues, gravois, terreaux et immondices qui s’y trouvent. Nul ne doit jeter, le jour ou la nuit, des eaux sur la voie sans avoir, au préalable, crié trois fois: « Gare l’eau » ! Mais ces usages ou prescriptions sont loin d’être rigoureusement observés et la rue parisienne est ordinairement un véritable cloaque : la boue et les ordures s’y amoncellent, les eaux sales y forment des flaques nauséabondes, l’égout consiste en un ruisseau qui serpente à ciel ouvert au milieu du chemin et qui croupit, à moins que la pluie ne le fasse d‘horder. La malpropreté est encore plus grande quand s'exerce dans la rue une industrie telle que celle de la boucherie. Les étables, nombreuses dans la ville, le fumier que l’on transporte, la vie agricole persistante, les porcs qu’on nourrit malgré les défenses, ceux de Saint-Antoine autorisés à circuler ajoutent encore à cette malpropreté. La dénomination de rue Pavée, donnée à certaines voies, indique que le pavage est loin d’être généralisé. Il ne faut rien moins que l’existence en plein air, le grand courant d'aération de la Seine, les cours, jardins ou vergers répandus de toutes parts pour contrebalancer ces influënces pernicieuses et permettre à la popu-

ül4

LA

PHYSIONOMIE

DE

LA

VILLE

AU

MOYEN

AG

lation entassée derrière le rempart urbain de vivre et de crottro. Le roi a la voirie à Paris et celui à qui il la donne est le voyer do cotte ville, nous apprend un document de l’année 1270, qui NOUS renseigne sur cette charge et sur les droits dont jouit le titu. lire. Nul ne peut faire une saillie sur la voie publique ou y dbablir un étalage, des marches d'escalier, des sièges et des auvents; sans l'autorisation du voyer. Celui-ci ne doit laisser encom bio par personne le passage « (trop desconvenablement à l'égard dos prud'hommes ». Aucun changement ne peut être apporté à Li coin de rue sans une intervention du délégué du voyer. Ce …loinier a l'exercice de la justice dans les moulins situés à Mibray LP dans cinq autres sis au Petit-Pont, c’est-à-dire qu'il connait:

F Jüdioiairement des cas visant « ceux qui sont couchans et levans

DU port de Mibray » et dans les cinq moulins du Petit-Pont ainsi | quo de toutes affaires « pour meffait du port et des cinq moulins», Lioë gens du voyer sont tenus d’être avec ceux du prévôt, quand ünsonie lo ban du roi pour débarrasser les rues des boues et autres | dmbarras, et tous de concert ont à faire exécuter ce ban. Une

10 close ne peut être ouverte qu'à la suite de l'intervention du

.\Oÿ0r,

ob celui-ci ne doit clore ni ouvrir une voie que pour le

Droit de la ville et l'avantage des bonnes gens.

Un texte postérieur et qui parait contemporain de Charles VI Womplète ces données. Il faut avoir obtenu l’autorisation du 0ÿOn pour « mettre pressouer à verjus sur le chemin le TOY », chunger les vieilles saillies, établir, afin de monter à sa maïson lo degrés rétrécissant la voie d’un ou de deux ou trois phil Nul Ha le droit de dresser un étal, de s'installer dans la rue où lo Vendre quelque denrée sans le congé du voyer. À ce dernier Ïl üppartient de défendre de mettre des boues et ordures ou du Lorroau devant la maison du voisin, de jeter des eaux ou immonUi0o8 par les fenêtres, d'établir des « préaux aux fenestres » en ut dos maisons, à cause qu'ils peuvent tomber sur les passants, quand ils sont envieillis ». Ses sergents ont l'obligation d'aller, hüque quinzaine, « par les maistresses rues », afin de prescrire

débarrasser la voie publique pour le londemain, s'il y a lieu. dans pu permission, no pout faire uno canalisation sousla rue

RÉGLEMENTATION

DE VOIRIE

615

ou une cave ni se livrer à un travail de maçonnerie. Il veille à ce: que les charrons mènent leurs charrettes, une fois terminées, dans leurs granges, afin de ne pas en embarrasser le chemin. Il exerce son autorité aux Halles et dans les autres lieux marchands, et en tire des redevances diverses : deux charges de paille, la veille de Noël, de chacun de ceux qui en vendent au delà des Innocents; deux livres de chandelles, au même moment, de chaque marchand de chandelles en la rue au Feurre, en la place aux Ghandeliers ; un fromage, la veille des étrennes, de chaque fromager exerçant son commerce aux Halles, devant la maison Rappée ; un gâteau, la veille des étrennes ou de l’Epiphanie, de chaque marchand vendant des gâteaux à la fève aux Halles; deux ou trois chapeaux ou une couronne, la veille de PEpiphanie, de chaque chapelier vendant chapeaux et couronnes sur la voie publique; 12 deniers, la veille de Noël, de chaque basanier vendant des petits souliers (sans doute de circonstance pour-la nuit de Noël) vers les degrés de la Mercerie; deux charges d’herbe, chaque année, de chaque herbier débitant sa marchandise en Grève, à Saint-Séverin, à la Croix du Tiroir et à Saint-Innocent ; un Chapeau de roses, aux environs de l’Ascension, de chaque marchand de chapeaux de cette sorte, outre que tout chapelier ayant des rosiers est tenu de lui apporter un plein panier de tpanpas de roses à faire eau rose» ; deux aiguilles, chaque semaine, des merciers de Ia rue au Feurre ; une paire de chausses de chacun des chaussiers établis devant le Palais et dont les places doivent être tirées au sort chaque année. Semblablement, les places destinées aux ferrons sont tirées au sort annuellement. Nul, sans l’autorisation du voyer, ne peut mettre étal à crapois, à ligues et à raisins, depuis la boîte des Halles jusqu’à la Mercorie, ni avoir étal à lard du côté de Saint-Christophe en la Cité. C'est lui qui assigne les places où l’on vend les aiguillettes en la nue au Feurre et celles qui sont affectées, aux Halles, à la vente du beurre, des œufs, du fromage, des aulx, oignons, choux,

poireaux et autres verdures. Cos détails, outre qu'ils fournissent maints aperçus sur

616

L

LA PHYSIONOMIE

DE LA VILLE

AU

MOYEN AGE

do voirie, on était parvenu. Un document du milieu du xmre siècle nous on apporte encore une preuve. À cette date, les religieux wonnus sous le nom de Blancs-Manteaux ont obtenu des gens dos comptes du roi à Paris la permission d’ériger un auvent en bois, de 3 ou 4 pieds de saillie sur rue, au-dessus de la première ponte de leur couvent, afin de protéger de la pluie des « ymages » 0 brouvant en cet endroit. Cette permission n’a été accordée Quaprès visite du lieu et enquête faites par les maïtres des Wuvros de maçonnerie et de charpenterie du roi et par un conseil loot maitre des comptes, tous délégués par les gens des comptes du souverain. Ordre a été dès lors donné au voyer et receveur oidinaire de Paris et à tous autres qualifiés de laisser construire luvent en question. Est-ce à dire que rien ne se faisait que con[ommément aux mesures réglementaires ? Certes non. Encore 10i, il y a loin des règlements à leur observation, On sait les lourner ou bien se faire accorder ce que l’on désire. Un document do 1320 nous révèle qu’il n’y a si petite marchande de viande de porc, si petit mercier ou autre commerçant qui n’ait son .étalage ou son auvent sur la voie publique, ce qui gêne la circulation au point qu'hommes et chevaux ne peuvent aller et venir parmi les principales rues. Mais le prévôt des marchands, ajoute 0 document, en tire un grand profit. Ce sont donc, dans l’étroibosse du chemin, les embarras de Paris qu’il faut déjà imaginer, Quoique nous soyons éloignés de l’époque où Boileau les décrira. Atravers les textes relatifs aux attributions du voyer, il est aisé, du reste, de se figurer la rue parisienne où déborde le commerce, Où à Mirrégularité du tracé s'ajoute celle provenant des diffé1üncos de toutes sortes que présentent entre elles les maisons db autres constructions ; il n’est pas jusqu'aux bossellements du No parsemé d'amas de boue ou de tas d’ordures et au zigzag du luissoau d'égout qui ne concourent à un même effet général, Des granges, des murs de jardins ou de vergers s’intercalent entre les maisons dont la hauteur est variable et laspect dis#omblable, Des marches d'escalier donnent çà et là accès à cellesdi: Aux fenêtres comme aux portes la vie intérieure s’extériorise aoun mille formes qui rapprochent encore davantage lun de

CROIX DE CARREFOURS

ET DE PLACES

617

l’autre les deux côtés de la rue et rétrécissent d'autant létroite voie de passage. Dans cette rue parisienne, à certains carrefours, une croix se dresse : ce sont la Croix de la Reine, mentionnée dès la fin du xuesiècle et qui était vers le coin des rues Saint-Denis et Greneta, la Croix Hémon à l'extrémité méridionale de la place Maubert, au point de rencontre des rues de Bièvre, Saint-Victor, de la Montagne-Sainte-Geneviève et des Noyers, la Croix du Tiroir au Coin des rues Saint-Honoré et de l’Arbre-Sec, ces deux dernières croix signalées dans la première moitié du xine siècle, la Croix Neuve datant de ce même siècle et qui se trouvait en un autre croisement de voies, devant Saint-Eustache. Nulle statue ne s'élève isolée dans la rue moyenâgeuse. Cette forme de décoration de la voie publique sera introduite seulement par la Renaissance. Les statues que l’on voit dans la rue font partie de la façade des édifices qu’elles servent à décorer, telles les admirables Sculptures qui représentaient Charles V et Jeanne de Bourbon sa femme au portail de l’église des Célestins et qui sont conservées aujourd’hui au musée du Louvre. Que l’on veuille rappeler dans un lieu public, par quelque signe apparent, un fait, c’est une croix que l’on dresse vers le ciel. Ainsi, en 1318, le roi ayant, à la demande des marchands de poissons de mer et d’habitants de Paris, décidé qu'aux Halles il ne serait plus exécuté de sentence judiciaire de mort, ces marchands, afin d’en marquer leur contentement, firent ériger à leurs frais, par l'entremise de lun d'eux du nom de Guillaume, une belle croix, au milieu de la place, à l’endroït où une femme de Beauvais avait été brûlée. Et voilà la Croix des Halles s'ajoutant à celles précédemment citées. La Croix de Grève est également à mentionner. Sur les places comme aux carrefours, la croix est le seul monument qui apparaisse, et elle est disposée non pas au centre même de l’espace libre ou dans l’axe d’un édifice, mais à l'écart de la circulation, de façon à ne pas gêner celle-ci. Les accessoires de la voie que, depuis l’époque moderne, nous concevons distribués avec symétrie s’'offraient, au contraire, autrefois sans aucune préoceupas tion do cette sorte,

LA

PHYSIONOMIE

DE

LA

VILLE

AU

MOYEN

AGE

Lo piloni se dresse dans un lieu de particulière animation. « Au oirefor Guillori — rapporte un auteur du xrve siècle — estoit

… Lo pillori où l'en couppoit les oreilles ». De ce lieu avoisinant la Grève, où s'établit le marché à Paris, il fut transféré aux Halles. Ba place est dans la ville, en un endroit animé, à l'inverse du

pibob qui est hors de l’agglomération urbaine et sur une hauteur.

abbaye de Saint-Germain-des-Prés, qui jouit des droits complotsde justice, a son pilori, que des documents du xmre siècle

nous montrent situé à l'extrémité de la rue de la Boucherie, du:

uûté du monastère, et accompagné, d’autre part, d’une rue dite du Pilori, donc à un point de carrefour. Ou bien, c’est un orme

inol6 qui nous apparaît dans la rue, « en enseigne de haute jous-

Vino», lisons-nous dans un document de 1274 qui se rapporte à

anis, L'horloge publique ne se montre à nous qu’au xrve siècles

…_Guillebert de Metz, au commencement du siècle suivant, décrit

lo Palais, qui s'étend depuis le Grand-Pont, « où est l’orologe »,

Jusqu'au pont Saint-Michel. L'horloge du Palais est précisément.

placée au débouché d’un pont où, au dire du même auteur, il

passe Lant de gens qu'on est toujours sûr d'y rencontrer un …Hoine blanc ou un cheval blanc. … … io souci officiel de la beauté urbaine et de ns publique fait jour dans le même temps. Dans un acte de l’année 1416, …\0 roi déclare qu'il n’a cessé de veiller à ce que sa bonne ville “td Paris fat « belle, spacieuse, plaisante et nette de toutes dures » nuisibles au corps humain. Or, continue-t-il, « devant: one Chastellet de Paris — qui est une des plus notables eb « Wümmunes places de nostre dite bonne ville et en laquelle est «0 Wiègo ordinaire de nostre justice — est assise la boucherie»

ui ompôche grandement la « décoration » de la ville, outre tutelle ost une cause d'infections et d’immondices portant

Néjudico à la santé des habitants et intolérables en un lieu Aussi publie, où aflue le peuple et où circulent maintes pers Onnes notables ayant affaire au Châtelet. Le souverain veut

«onc mottre fin à un pareil état de choses. Il désire que, devant Châtolot, il y ait une place « belle.…., notable... ob spacieu

prosorit que la boucherie soit démolie et que l’écorcherie

DÉCORATION ET HYGIÈNE

URBAINES

619

Située derrière le Grand-Pont disparaisse. Que les étaux des bouchers soient répartis en divers endroits de la ville, ordonneLil, que l’écorcherie soit placée en un lieu moins fréquenté et que l'infection dont elle est la source nuise ainsi moins « à la chose publique ». Une ordonnance royale de la même année complète les disposi écédentes. En pl & de la boucherie condamnée, on en bee une aux Halles, une autre au Sud du Châtelet, sur le bord de la Seine, avec chacune 16 étaux, une troisième au débouché du Petit-Pont sur la rive gauche, une quatrième enfin Le long des murs du cimetière de Saint-Gervais, avec chacune 4 étaux, pour permettre à la population de faire plus aisément et plus promptement ses achats. En outre, afin que l'air de Paris ne soit plus infecté et que l’eau de la Seine dans la ville cesse d’être corrompue par les détritus des bêtes tuées, les tueries et écorcheries seront établies hors de cette cité, près des tuileries Saint-Honoré qui sont sur le bord du fleuve, au delà des fossés du château du Louvre. Les préoccupations de décoration et d'hygiène urbaines mises en avant ne servaient toutefois que de prétexte à des mesures de circonstance dirigées contre la puissante corporation des bouchers et qui ne tardèrent pas à être rapportées. L'idée première de notre place du Châtelet mettra quatre siècles à se réaliser. Quant au souci d'hygiène publique rattaché à l’exercice du métier de boucher, Raoul de Presles, sous le règne de Charles V, l’exprime déjà, quand il déclare que la boucherie doit être hors de la cité, comme elle l'était autrefois lorsque le Châtelet formait une porte de Paris, et quand il énonce que la -place des boucheries, comme celle des cimetières, est à l’extérieur des villes, afin d’écars ter « les punaisies », autrement dit les odeurs nauséabondes, et

«les corrupcions ». D'autre part, une pièce judiciaire de l’annéo

1866 et concernant Paris dégage avec précision la double nécess sité de ne pas tuer les bêtes « dans les citez » et d'établir les bous cheries sur le bord des rivières. Antérieurement encore, soit à la date de 1349, Philippe VI relève que, du fait de l’élevage des poros à Troyes, « ladite ville et lieux d’icelle sont moult (beau-

coup) corrompus 06 que ladite corruption est moult perilleuse, :

: /

620

LA PHYSIONOMIE DE LA VILLE AU MOYEN

AGE

Mmomnement pour cause de la mortalité qui à présent queurt (court où règne) ». Si l'on voit le mal, on peut y parer. Mais il #'agit de répandre la connaissance de ce mal, et les hygiénistes aotuels savent tout ce qu'il reste encore à faire à cet égard dans notre pays. Alors que, de nos jours, l'hygiène laisse tant à désirer, on ne s’étonnera pas de la voir si peu régner à Paris, au moyen âge. ! Les Parisiens de ce temps avaient du moins une supériorité dun ceux de maintenant : ils usaient beaucoup plus des bains. Un usage aussi général s’est perdu à dater de la Renaissance. Nombreuses étaient les étuves répandues dans notre cité au mu siècle. L'éditeur de la taille de 1292 a relevé, d’après ce document, 26 établissements de bains à Paris. Les pièces- d’arühivos qui mentionnent des étuves dans cette ville ne font pas défaut, A titre d'exemples, voici, en 1255, près du couvent des Cordeliers, la rue dite aux Etuves et où se trouvent effectivement, düns une maison ayant jadis appartenu à Pierre Sarrazin, des ütuves, voilà, en 1265, sur la rive droite, dans la rue de Geoffroy do Bagneux, une maison où sont des étuves, voisine de Saint Martin-des-Champs et contiguë à la maison de Ponce « l’estuVonosse > ; une maison dans la même rue est dite, en 1269, atte“anto à l'étuve d’'Etienne de Douai et, l’année suivante, un autre hole nous présente, toujours en cette rue, les étuves appelées, ans doute à cause de l'enseigne, Etuves au Maillet; en 4276, Richier des Etuves, anglais, vend à Saint-Martin-des-Champs loi Gtuves de la rue de Geoffroy de Bagneux voisines de ce prieuré ob contiguës à la maison de la mairesse de Saint-Martin; un ondroit est précisément dénommé, dans la première moitié du x1v0 siècle, les Etuves Richier, et la rue s'appelle, au moins dépuis 1274, rue des Etuves; on y voit, en 1332, des maisons qui ont servi autrefois d’étuves et sont attenantes aux « estuves aux fames »; un cens sur une maison de la rue des Etuves et Qui est contiguë aux étuves de Saint-Martin a été donné en 1308 à ce prieuré. i Los statuts du métier d’étuviste figurent dansle Livre d’Etienne Boileau, Que nul, y est-il énoncé, ne crie ni ne fasse crier ges

|

ÉTABLISSEMENTS

DE

BAINS

621

ébuves avant qu'il soit jour, à cause des dangers que peuvent Courir ceux qui, à ce cri, sortent du lit pour aller aux bains. Ecoutez ce qu'on crie au point du jour, signale un autre texte du xrre siècle : « Seignor, quar vous alez baingnier Et estuver sanz delaier:

Li baing sont chaut, c’est sanz mentir ».

es personnes exerçant le métier d’étuviste ne doivent point faire de leurs maisons ou étuves des « bordiaus », de jour ou de nuit, ni y recevoir des lépreux ou lépreuses ni y admettre de nuit des « gens diffamez ». Il ne faut point qu’elles chauftent leurs étuves le dimanche ni les jours de fête. Chacun paiera, «pour soy estuver», 2 deniers et, pour se baigner, le double. Et comme le bois et le charbon sont plus chers à certains moments qu’à d’autres, le prévôt de Paris élèvera, le cas échéant, les prix en conséquence. L'un des manuscrits de ces statuts, qui a été écrit au commencement du xv° siècle, fournit des indications complémentaires. Les gardes du métier, y lit-on, pourront visiter et décharger les conduits des étuves, s'assurer s’ils sont propres, suffisants et en bon état, à cause des dangers et des maladies qui en peuvent résulter. Les étuves doivent servir exclusivement aux hommes ou aux femmes, car quand les hommes «s’estuvent » vers le soir, ils couchent quelquefois dans la maison et n’en sortent qu'à une heure déjà avancée du jour suivant; or les dames viennent le matin au bain et sont exposées à se rendre, par ignorance, dans les chambres des hommes ; du reste, « assés d'autres choses qui ne sont pas belles à dire » peuvent se passer. De tels détails montrent la place qu’occupent les bains dans la vie de Paris.

TABLE

DES CHAPITRES

INTRODUCTION Une vie de cité.

CHAPITRE

Le Pen

La naturea

PREMIER

préparé le berceau de Paris CHAPITRE

.

.

.

nn

1

II

11

RAGE

CHAPITRE

colecHp ee

ee

III

RS

ne

CHAPITRE IV

24

'

Les premiers pas: la ville romaine de hauteé époque (du 1° au imfsiècle) CHAPITRE

fin

qui découle du

traits qui se forment ee ns

CHAPITRE

(de

la 37

VI

tablissement des Francs. La survie de la cité romaine, L'avenir qui s'ouvre : Paris capitale de la France naïssante Fe du ve siècle et RE CHAPITRE

30

V

L'initiation à la vie chrétienne. La nouvelle existence danger des invasions barbares. Les du HU Scie) er rte

.

52

VII

ux temps mérovingiens et carolingiens. L'éducation religieuse; ses … effets surla ville. Le de féodal. es agricole de la ville (du vne 60

Po pis. 5

TABLE

DES

CHAPITRES

CHAPITRE

VIII

L'entrée dans un nouvel âge: la formation de l’agglomération marchande de la rive droite Qu siècle); poussée de croissance. . .

à

CHAPITRE IX

Les traits qui se marquent. La naissance à la vieHe L'éveil de l’intelligence (xue siècle) . . . . . . . . CHAPITRE

.

. .

urbaine. . - .

X

L'union de la dynastie capétienne avec Paris : la capitale royale. ville sur le chemin (xne-xiue siècles) . . . : : . . . . . >: CHAPITRE La ville sur le chemin de

pèlerinages D

La

XI

(xr®-xrrr° siècles).de

CHAPITRE

XIE

La ville sur le fleuve. La hanse des marchands par eau. Le port et le centre commercial (xne siècle et commencement du xru° siécle) . . CHAPITRE L

4.

XIII

La ville vers le chemin des foires de a Lendit ouxImsiecies) A CR

Parcitédes ébudes:

et de Brie. La foire du

CHAPITRE

XIV

CHAPITRE

XV

(rime siècle).

La Montagne-Sainte-Geneviève

CHAPITRE La vie des gens d’étude

.

(RIT SiéCle)

(xrrr° siècle) .

.

CHAPITRE

se

XVI .

ô

. XVI

Les classes sociales. La montée bourgeoise et la formation du pouvoir municipal. La naissance de la ville capitaliste (kn-xiu® siècles) » > CHAPITRE XVIII L'argent dans la ville; son pouvoir naissant (xrn° siècle). -

k

À

.

TABLE

DES CHAPITRES

CHAPITRE

625

XIX

ir la D ume de l'adolescent, les traits de l'enfant restent So xents: l'aSpect rural de Paris au xue siècle. L' adjuvant d’un rem past» cel de. one Auguste. Nouvelle ue de croissance au ax CHAPITRE De,

a

dispersion 7 SiÉCIeS)

en

domaines RUES

à

l'unité

urbaine 256

CHAPITRE

XXI

DnPetit-Châtelet au Grand- Châtelet, à travers la Cité (xun-xrve siècles). CHAPITRE

lravers le Paris de la rive

e

CHAPITRE

.

.

.

side

ee

e

370

ESiecles)

|

HU

bourgeoise (xiv° siècle).

(pre-

XXIX

Caienduécve siecle Ne Fe

434

XXVIIL

euple de Paris. L'initiation des Parisiens à leur rôlepu Re

OX

AUX

XXVIL

Pouvoir grandissant de l'argent. La montée

CHAPITRE

389

XXVI

qui s'ouvre (eme-xive SCI)

CHAPITRE

345

XXV

CHAPITRE Wille devenue un vaste marché (x

CHAPITRE

.

XXIV

lorganisme urbain, ses fonctions (ne

L

299

XXII

CHAPITRE

CHAPITRE

280

XXII

droite (xine-xrve SÉc

la périphérie du Paris de la rive droite (ie-x1ve siècles) .

monde

242

XX

seigneuriaux

40

417

:

626

TABLE

DES

CHAPITRES

CHAPITRE XXX Le roi et la ville (xiv® siècle et début du xv° siècle).

. . : + : : - -

543

Les effets de la guerre de Cent Ans sur l'organisme urbain : la ville qui change (du milieu du xiv° siècle au milieu du xv° siècle). . . .

54

CHAPITRE

CHAPITRE

XXXI

XXXII

Vers un nouvel âge. Paris dans la première moitié du xv° siècle CHAPITRE La physionomie

de la ville au moyen

. .

:

565

XXXIIT

àge. La beauté urbaine

.

-

-

-

580