Images fascinantes et énigmatiques, les enluminures des livres d’heures sont des trésors de notre patrimoine. Peintures
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French Pages 384 [331] Year 2018
Table of contents :
Couverture
Introduction
La société au Moyen Âge
Comment naissent les livres au Moyen Âge?
Les commanditaires et leur bibliothèque
Les principaux manuscrits bretons connus
Quatre trésors enluminés de Bretagne
La Compilation des chroniques et des histoires de Bretagne de Pierre Le Baud
Les Grandes Heures d’Anne de Bretagne
Le Livre d’heures de Montauban
Les Heures de Catherine de Rohan et de Françoise de Dinan
Un exemple de «découverte» d’un manuscrit: L’Histoire ancienne jusqu’à César
La dispersion des manuscrits bretons
L’histoire de la Bretagne au Moyen Âge
La Bretagne au temps des Romains
La bataille navale de Vannes en 56 av. J.-C.
La flotte de maxime (ou Maximien) et Conan débarque en Armorique vers 380
La Bretagne légendaire
On joue au Roi Arthur et on s’appelle Arthur
La forêt de Brocéliande
Barenton, la fontaine magique de Brocéliande
Le Val sans Retour
Uther, père d’Arthur
Arthur, le roi des Bretons
Comment Arthur fut couronné roi de Grande-Bretagne
Parents de Lancelot
La vie de Lancelot
Adoubement de Lancelot par le roi Arthur
Les saints bretons
Le Tro Breiz
Premier des sept saints: Samson
Les sept saints: saint Malo
Les sept saints: saint Tugdual
Saint Armel
Sainte Anne
Saint Yves
Les marches de Bretagne du VIIIe siècle au duché d’Anne de Bretagne
Les premiers rois de Bretagne vers 800
Louis le Pieux et Nominoë le Fidèle, premier roi breton
Charles le Chauve et Nominoë à Ballon
Charles le Chauve et Erispoë le rebelle, fils de Nominoë
Salomon, grand roi breton, cousin d’Erispoë: une suprême extension territoriale
Hommage des Bretons d’Armorique à Charlemagne en 786
Les vikings en Bretagne. Le fléau de Dieu. Début du IXe siècle
Bateau normand allant assiéger Guérande
Saint-Aubin défendant Guérande
La fuite des moines avec les reliques de saint Magloire
Le début du Duché de Bretagne, 936-1341
Le duc qui chasse les Vikings: Alain Barbetorte, petit-fils d’Alain le Grand
Le duché commence à s’affirmer à l’époque de Guillaume le Conquérant
La suprématie des Plantagenêts
Le duc de Bretagne assassiné: Arthur Ier, fils de Geoffroy et de Constance
Le calme après la tempête
Le duc de Bretagne Arthur Ier
Pierre Ier Mauclerc
Pierre Ier Mauclerc prête hommage à saint Louis, en 1234
Guillaume le Conquérant
Guillaume le Conquérant, roi d’Angleterre offre la comté de Richemont à Alain, comte de Bretagne
Bertrand du Guesclin, grand chevalier de l’histoire bretonne
Le fabuleux ancêtre de Bertrand du Guesclin
Le tournoi de Rennes, place des Lices, probablement en 1337, premier des hauts faits d’armes de du Guesclin
Du Guesclin est promu connétable de France
Des armoiries, une place privilégiée et une laideur remarquable
Le pouvoir royal dans toute sa splendeur
Un rouge doublement symbolique, une gestuelle, des éperons et une grande originalité
Le porte-étendard
La gestuelle de la sincérité
La hache de du Guesclin
Mort de Bertrand du Guesclin
La mort au Moyen Âge
Évolution: d’un rituel expressif aux prières modérées
La peste noire en Bretagne
La danse macabre
La guerre de succession de Bretagne, 1341-1364
Mort du duc Jean III
Funérailles de Jean III à Ploërmel en 1341
Jean de Montfort, prétendant au duché
Entrées successives de Jean de Montfort
Hommage à Jean de Montfort
Les villes bretonnes au coeur de la guerre de succession
Une bataille sujette à caution: la bataille de Quimperlé, avril 1342
La bataille de Quimperlé dans le manuscrit de Pierre Le Baud
La bataille de Quimperlé dans le manuscrit de Besançon
Reddition de Rennes en mai 1342
Hennebont en juin 1342: Jeanne de Flandre face à Charles de Blois
La même scène mais, cette fois-ci, sans Jeanne
Chose étonnante, Jeanne est représentée coiffée d’une couronne
Les maisons d’Hennebont
1342, levée du siège d’Hennebont, grâce à l’arrivée des navires anglais, alliés de Jeanne de Flandre
Jeanne la Flamme à cheval devant l’incendie
Les quatre sièges de Vannes
Une scène de massacre
Le troisième siège de Vannes
Bataille de Guernesey, 1342
La bataille de La Roche-Derrien
Bataille nocturne de La Roche-Derrien le 20 juin 1347
Charles de Blois fait prisonnier à La Roche-Derrien
Le combat des Trente, le 26 mars 1351, célèbre haut fait chevaleresque de la guerre de Succession
Prise du Grand Fougeray par Bertrand du Guesclin en 1356
La fin de la guerre de succession, 1364
En 1364, la bataille d’Auray sonne le glas de la guerre de Succession
Fêtes et divertissements
La Bretagne dans la guerre de Cent ans, 1337-1453
Bécherel assiégée par du Guesclin, avril 1371-1374
Le siège de Derval et le château de Châteaugiron
Exécution des otages à Derval
Prise d’Auray en 1377
Les Anglais en renfort du duc de Bretagne
Le siège de Nantes en 1380
Le siège de Brest en 1386-1387
Embarquement à Morlaix? (1403)
Siège de Champtoceaux ou l’attentat contre le duc Jean V en 1420
Le siège de Fougères de 1449
Campagne de Normandie, pendant le siège de Fougères de 1449
Le Bretagne se rebelle contre l’autorité royale
La vie des paysans
La vie des seigneurs
Les ducs de Bretagne à la fin du Moyen Âge, 1365-1532
Un mécénat ducal et seigneurial
Jean IV duc de Bretagne et ses conseillers
Le duc Jean V en armure
Le couronnement du duc François Ier, en 1442
François Ier
Pierre II devient duc
Pierre II et ses conseillers
Une représentation symbolique du duc de Bretagne
Arthur III, connétable de France, duc de Bretagne de 1457 à 1458
Funérailles des ducs Pierre II et de son oncle et successeur Arthur III
François II duc de Bretagne en compagnie de son épouse Marguerite de Foix
28 juillet 1488: la bataille de Saint-Aubin-du-Cormier annonce la fin de l’indépendance bretonne
Les femmes au Moyen Âge
Anne de Bretagne: les derniers feux de l’indépendance
Charles VIII
Louis XII
L’écusson d’Anne de Bretagne
Anne de Bretagne attend un enfant de Charles VIII
Charles VIII et Anne de Bretagne en prière
La Bretagne après la réunification à la France, 1532
Couronnement de François III duc de Bretagne en 1542
Un des premiers livres imprimés sur l’histoire de la Bretagne
La plus ancienne carte de Rennes, 1543
Vallée de la Vilaine et ville de Redon, 1543
Manuel de pilotage à l’usage des Bretons
Conclusion
Glossaire
Chronologie
Généalogie
Bibliographie sélective
Table des matières
ISBN: 978-2-7373-7758-7
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l ~l J~~l~I IJ~~1n~II
STÉPHANIE VINCENT-LANGLOIS ~
TRÉSORS ENLUMINÉS ' DE LA BRETAGNE ,,...
AU MOYEN AGE
ÉDIT IONS ÜUEST-FRANCE
ATristan, celui qui connaît le secret des images numériques.
INTRODUCTION Situé entre deux périodes fastes, l' Antiquité et la Renaissance, loin d'être une époque moyenne comme le pensaient les humanistes de la Renaissance, le Moyen Âge s'avère d'une richesse incomparable. Du roman féerique arthurien au bestiaire encyclopédique, en passant par le récit de croisades, c'est tout un univers fantastique à découvrir, à la croisée de diverses cultures, celtique, chrétienne ou bien encore orientale.!) Le Moyen Âge s'étend du vesiècle, après la chute de l'Empire romain, jusqu'au x_ve siècle, juste avant la Renaissance; traditionnellement de 476 à 1492, même si ces dates sont encore discutées aujourd'hui. ~ Durant cette période, de nombreux manuscrits ont été fabriqués et le nombre d'enluminures retrouvées depuis est estimé entre cinq et dix millions.!)
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LA SOCIÉTÉ AU MOYEN Â G E
LA SOCIÉTÉ AU MOYEN ÂGE La construction des cathédrales Les cathédrales sont bâties par des compagnons : tailleurs de pierre, maçons, charpentiers, forgerons, sculpteurs et peintres. Ces artisans sont payés à prix d'or, car ils exercent des métiers à risques, qui demandent une haute qualification. Ni le peuple ni des esclaves ne participent à leur construction; en revanche, le peuple apporte des dons non négligeables '.!] Les seigneurs et surtout l'évêque, qui puise notamment aux revenus du diocèse, donnent de l'argent pour financer ces majestueux édifices.!]
Des vitraux et des fresques Pour la majorité de la population qui n'a pas accès aux manuscrits, les vitraux des églises fonctionnent comme des livres, car ils transmettent le savoir. Ils se lisent toujours en commençant par le bas, à gauche, et racontent les grands événements de la Bible, mais également la vie des saints ou des personnages glorieux.!] Al' époque médiévale, les églises sont peintes, recouvertes généralement de fresques ou souvent de bois peint. Ainsi, entre les vitraux qui laissent passer la lumière divine et les représentations qui les tapissent du sol au plafond, les lieux de dévotion constituent de véritables livres gravés dans la pierre, témoignant en outre del' opulence de la ville où elles ont été édifiées.!]
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La place de l'homme au Moyen Âge Il y a toute une hiérarchie à respecter et à comprendre pour lire les enluminures. Cette hiérarchie appartient à une symbolique médiévale comprise et acceptée par chacun.!] Dieu est omniprésent, tout ce qui est proche du ciel est donc hiérarchiquement le plus élevé.!] Après Dieu viennent les hommes, puis les animaux, plus importants que les plantes car plus proches de l'humain. Les végétaux sont eux-mêmes classés sur cette échelle de valeurs: du souterrain à l'aérien, des racines aux plus hautes branches.!] Ainsi, les paysans mangent-ils le fruit de leur travail, les plantes qui touchent le sol, tandis que les nobles doivent manger exclusivement des fruits proches du ciel, telles les pommes.!]
La mort au Moyen âge L'homme du Moyen Âge est hanté par la mort. Beaucoup d'enfants meurent jeunes-souvent même avant d'avoir atteint l'âge d'un an-, ou ne survivent pas aux maladies infantiles qui dégénèrent faute de soins. Ceux qui en réchappent et arrivent à l'âge adulte doivent affronter les hivers rigoureux, la famine, les épidémies de peste, de dysenterie, de typhus et de petite vérole.!] Les guerres constantes sont aussi responsables d'une très grande mortalité. Les sièges coupent les ressources des populations, qui meurent de faim ou de froid. Dans les campagnes, les familles isolées sont victimes des soldats à la recherche de provisions2. !]
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LA SOCIÉTÉ AU MOYEN ÂGE
L'office des morts. Livre
d'heures à l'usagede Bayeux. Enlumineur: maître de l'échevinage de Rouen. Vers 1460.~ Bibliothèque de Rennes Métropole, Ms 0032, fo]io 201V.
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C OM MEN T NAISSENT LES LIVRE S AU M O YEN ÂGE?
COMMENT NAISSENT LES LIVRES AU MOYEN ÂGE ? Le commanditaire d'un ouvrage peut être un personnage de la noblesse ou de la haute bourgeoisie, c'est à lui que revient le choix de sa forme: le livre sera grand, afin d'être disposé sur un lutrin, ou petit, pour qu'il puisse l'avoir toujours sur lui. C'est également le commanditaire qui décide du thème ou bien encore du nombre d'illustrations de l'ouvrage.!)
Manuscrits et copistes Avant le xrn• siècle, les manuscrits enluminés sont principalement religieux : notamment bibles, psautiers, évangéliaires, avec des scènes de l'Ancien et du Nouveau Testament, et des vies de saints.!! Puis au xin• siècle, toutes les classes de la société s'enrichissent et une nouvelle catégorie sociale apparaît : la bourgeoisie.!) Les ateliers de copistes ne sont plus le monopole des abbayes: des ateliers laïques professionnels se créent et, avec eux, se développe une littérature profane. Les romans d'Arthur et des chevaliers de la Table ronde sont les best-sellers del' époque, mais on assiste aussi à une floraison de chroniques sur l'histoire de France et sur l'histoire de nombreux duchés.!) La Bretagne n'échappe pas à la règle et les bibliothèques des collectionneurs de l'époque font une large place aux textes historiques, aux romans, ainsi qu'aux livres d'heures.!)
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Copistes et variantes Avant l'invention de l'imprimerie à la fin du Moyen Âge, les livres sont recopiés à la main, par des moines, puis par des copistes laïques qui se regroupent en ateliers professionnels.!] Ces artisans de l'écriture s'autorisent souvent quelques variantes. Comme il n'y a pas de notion de propriété littéraire, le texte n'est pas protégé et presque tout est permis. Il arrive parfois que des paragraphes entiers soient ajoutés par celui ou ceux qui recopient un manuscrit.!]
Enlumineurs L'enlumineur intervient après le copiste ; il existe également, selon le terme médiéval, des enlumineresses. !J Il dispose ses couleurs, c'est-à-dire ses pigments broyés dans des coquillages. Le commanditaire lui aura fourni les teintes les plus onéreuses; par exemple, le lapis-lazuli, « pierre d'azur », qui vient des mines d'Afghanistan et dont le prix est exorbitant. C'est la couleur la plus chère, plus que l'or même. !] Les pigments ont une valeur symbolique marquée, au Moyen Âge, et chaque personnage représenté sera traité avec son propre pigment. Par exemple, le lapis-lazuli est utilisé uniquement pour le Christ, la Vierge Marie ou les rois de France. Pour représenter en bleu d'autres éléments, on utilisera de la guède, qui fournit le pastel. Jamais on n'utilisera celui-ci, ou un pigment moins cher et moins respectable que le lapis-lazuli, pour peindre la Vierge Marie, ce serait scandaleux. Même si notre œil ne voit pas véritablement la différence,
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COM MEN T NA I S S ENT LES LI VRES AU MOYEN ÂGE
?
si nous avons l'impression qu'il s'agit du même bleu, l'enlumineur a bien pris soin d'utiliser des pigments différents. !] En résumé, l'artiste utilisera : le précieux lapis-lazuli pour les sujets à valoriser, par exemple la Vierge; l'azurite pour des représentations architecturales; enfin un bleu végétal telle la guède pour des éléments minoritaires. !] De manière analogue, sur une même enluminure ou une même peinture, trois rouges distincts peuvent se côtoyer, ce que l'œil ne décèle pas mais que pourra révéler une analyse en laboratoire. Par exemple, on utilise : du vermillon pour un rouge important ; du kermès pour un élément moins marquant, comme la robe d'une princesse; enfin, on recourt à un troisième pigment, le sang-dragon, pour les « mauvais » rouges. Dès qu'il s'agit de représenter des personnages ou symboles maléfiques, on emploie ce pigment rien qu'en raison de son nom ; par exemple, pour un dragon, pour une créature diabolique ou pour les flammes de l'Enfer. Le sang-dragon est une résine tirée d'arbres monocotylédones, utilisé depuis l' Antiquité en médecine et comme colorant au Moyen Âge. !]
Principaux lieux de conservation Il semble que des ateliers d'enluminures étaient implantés à Rennes et à Nantes, mais nous n'en avons pas encore la preuve. Nombre des manuscrits commandés en Bretagne revêtaient un sujet religieux, tels les fameux livres d'heures, richement enluminés et recélant des trésors de décorations sublimes et chatoyantes. Contrairement au bréviaire, réservé aux religieux, le
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livre d'heures est à l'usage des fidèles. Il recense, comme son nom l'indique, les prières liées aux heures de la journée, mais aussi, bien souvent: - un calendrier ; - les principaux récits bibliques, telle l'histoire d'Adam et Ève; - les Évangiles ; - les heures de la Vierge; - et toute une série de psaumes et de prières, liés par exemple à l'office des morts, les saints ou la pénitence. ~ Les livres du Moyen Âge sont des objets très précieux, de véritables œuvres d'art. Les manuscrits sont en effet très longs à fabriquer. C'est un long labeur que de copier à la main, ou plus exactement calligraphier, chaque lettre d'un texte; en outre, il faut de nombreuses peaux animales pour confectionner le parchemin qui servira de support au manuscrit. Tout cela est très coûteux.~
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Un copiste, initiale historiée. Histoire ancienne jusqu'à César. Enlumineur : maître de Tanguy du Chastel. Vers 1474.!]
Saint Jean tient dans sa main droite une plume ou un calame.
Saint Marc dans son atelier devant un lutrin avec son modèle et le texte copié. Il a devant lui un encrier et peutêtre un plumier.
Bibliothèque de Rennes Métropole, Ms 2331, folio 300v.
Saint-Jean l'Évangéliste à Patmos. Livre d'heures en
Latin eten Français, à l'usage de Rome. Vers 1440. !] Bibliothèque de Rennes Métropole, Ms 1335, folio 17.
Saint-Marc écrivant.
Livre d'heures à l'usage de Vannes. XV' siècle. !] Bibliothèque de Rennes Métro pole, Ms 1588, folio 119.
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COMM ENT NAISSENT LES LIVR ES AU MOYEN ÂGE
?
La notion de propriété littéraire n'existe pas Au Moyen Âge, la plupart des auteurs restent dans l'anonymat. La notion de propriété littéraire n'existe pas. L'auteur ne signe pas son œuvre, car c'est Dieu qui lui dicte son texte. Néanmoins, les noms de plusieurs auteurs ont franchi les siècles jusqu'à aujourd'hui. C'est le cas de Pierre Le Baud, secrétaire d'Anne de Bretagne et proche parent de Jean de Derval.!]
Des enlumineurs et non un seul Contrairement à l'époque des monastères, les enlumineurs laïques fonctionnent regroupés dans des ateliers. Chaque enlumineur possède sa spécialité. Par exemple, tel enlumineur exécute des mains, tel autre est spécialiste de la feuille d'or.C'est un travail collaboratif. Aussi, contrairement à une idée reçue, le maître enlumineur n'est jamais un artiste qui travaille tout seul. Il délègue à des collaborateurs anonymes le soin de réaliser les miniatures secondaires.!] On pense bien évidemment à l'atelier d'enluminures du Mont-Saint-Michel. En 966, une communauté bénédictine s'y s'installe. Soixante-dix manuscrits seront produits par le scriptorium, dont trente-trois seront réalisés sous le règne de Guillaume le Conquérant à la fin du XIe siècle. Il en reste douze dont le plus renommé est le cartulaire du Mont-Saint-Michel (ms 210). !J
Miniatures, rubriques et enluminures Les enluminures regroupent tout type d'illustration de manuscrit médiéval: - la miniature est une peinture qui sert à expliquer le texte ;!J - la lettrine historiée raconte une histoire en rapport avec le texte; -la lettrine ornée;!] - les bandeaux marginaux ont pour fonction de décorer l'œuvre en question.!]
À l'origine, la miniature n'a rien à voir avec un tableau de petites
dimensions. Elle vient du latin miniatulus, qui signifie« coloré au minium», un pigment toxique, de coùleur rouge orangé. ~ La rubrique, du latin rubrica (« ocre rouge») désigne les titres écrits en lettres rouges qui servent de repères aux lecteurs de l'ouvrage.~ Tous les textes ne sont pas illustrés ; cela dépend des finances du commanditaire, mais quand cela est possible, le plaisir est au rendez-vous, non seulement pour les yeux, mais aussi pour l'esprit.~
Comment décrypter une enluminure? Il suffit de se plonger dans la mentalité médiévale pour laquelle le symbole prime. Par exemple, quand un personnage est représenté plus grand que les autres, ce n'est pas parce qu'il est le plus grand dans la réalité, c'est pour montrer qu'il est le héros de l'histoire. C'est le cas du roi Arthur dans les romans de la Table ronde, mais aussi de bien d'autres rois et personnages mythologiques.~ Derrière les feuilles d'or, les enluminures dissimulent tout un monde à déchiffrer. Cet univers, caché del' autre côté du miroir, ne peut se révéler qu'à travers l'étude approfondie de la relation texte-image. En effet, l'image au Moyen Âge est toujours codifiée, toujours symbolique. Afin de bien la décrypter, il faut prendre garde à ne pas surinterpréter avec nos yeux de lecteurs du XXIe siècle. Pour cela, il faut se plonger dans les mentalités médiévales, remonter le temps jusqu'au Moyen Âge, où la gestuelle notamment est primordiale. ~ Rien n'est laissé au hasard, chaque geste est important et fait sens dans un monde où le symbole occupe une grande part, sinon la grande part.~ Certains éléments permettent de dater une enluminure. Par exemple, si le fond de l'image est constitué d'un décor géométrique, on peut dater la miniature entre le x1e et la fin du XIVe siècle. ~ Tel un jeu de pistes, les enluminures nous entraînent dans une quête du sens, de la signification des indices laissés. En menant l'enquête, en décryptant ces indices, le mystère nous est dévoilé.~ 21
LES COMMANDITAIRES ET LEUR BIBLIOTHÈQUE
LES COMMANDITAIRES ET LEUR BIBLIOTHÈQUE Les commanditaires sont principalement de quatre ordres des ecclésiastiques, comme l'évêque Thomas James ou l'évêque Anselme de Chantemerle ; des membres de familles royales, comme Anne de Bretagne ou Louis XII pour les funérailles de son épouse ; des membres de familles ducales, comme le duc François II; de grands seigneurs, comme Jean de Derval, Tanguy du Chastel, les frères Coëtivy, Prigent, Alain et même Olivier, ainsi que sa fille Catherine.!) Les commanditaires sont souvent représentés dans leurs ouvrages, où ils apparaissent parfois à plusieurs reprises : soit dans les marges, soit au cœur même du livre, aux premières loges. AinsiJ ean de Montauban a commandé l'un des plus beaux livres d'heures du début du xvesiècle. Dans cet ouvrage qui porte son nom, il se fait représenter au début et à la fin, ainsi qu'à deux autres reprises, notamment dans une scène de la Vierge à l'Enfant. !)
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• droite
La famille
Pontbriand oià un très bel exem ple d'armes c parlantes»: la famille Pontbriand a fait peindre, en référence à son patronyme, des • ponts brillants ».
Le massacre des :nnocents. Livre d'heures
klafamillede . ncbriand. Enl umineur: maître es Heures de Pont. riand. 1490-1500.!) Bibliothèque de Rennes .lérropole, Ms 1219, - lio 28v-29r.
Page de gauche
~ aître de Tanguy du Chastel Dans la marge inférieure, les armoiries de Tanguy IV du Chastel se trouvent au centre et celles de Jeanne Raguenel de . ialestroit à droite.!! :fisroire ancienne _·