2,504 199 63MB
French Pages 950 [980] Year 2013
SOINS INFIRMIERS SANTÉ MENTALE ET PSYCHIATRIE Katherine M. Fortinash Patricia A. Holoday Worret ÉDITION FRANÇAISE DIRECTION SCIENTIFIQUE
Claire Page Jean-Pierre Bonin Dominique Houle DIRECTION PÉDAGOGIQUE
Yvon Brassard
SOINS INFIRMIERS SANTÉ MENTALE ET PSYCHIATRIE Katherine M. Fortinash, MSN, APRN, PMHCNS Patricia A. Holoday Worret, MSN, APRN, PMHCNS ÉDITION FRANÇAISE DIRECTION SCIENTIFIQUE
Claire Page Jean-Pierre Bonin Dominique Houle DIRECTION PÉDAGOGIQUE
Yvon Brassard
Soins infirmiers Santé mentale et psychiatrie Traduction et adaptation de : Psychiatric Mental Health Nursing de Katherine M. Fortinash, MSN, APRN, PMHCNS, et Patricia A. Holoday Worret, MSN, APRN, PMHCNS © 2012 Mosby, Inc., an affiliate of Elsevier Inc. (ISBN 978-0-323-07572-5) This edition of Psychiatric Mental Health Nursing, 5th edition, by Katherine M. Fortinash, MSN, APRN, PMHCNS and Patricia A. Holoday Worret, MSN, APRN, PMHCNS is published by arrangement with Elsevier Inc. © 2013 Chenelière Éducation inc. Coordination éditoriale : André Vandal Édition : Sabina Badilescu, Sarah Bigourdan, Audrey Boursaud et Karine Nadeau Coordination : Sabina Badilescu, Caroline Côté, Johanne Lessard et Mélanie Nadeau Recherche iconographique : Rachel Irwin et Patrick St-Hilaire Traduction : Christiane Foley, Anne-Marie Mesa, Lucie Morin, Laurence Perron et Geneviève Ross Révision linguistique : Marie-Claude Rochon et Anne-Marie Trudel Correction d’épreuves : Natacha Auclair, Marie-Claude Rochon, Martine Senécal et Zérofôte Conception graphique : Dessine-moi un mouton Adaptation de la conception graphique originale : Nicolas Leclair (Protocole communications d’affaires) Illustrations : Late Night Studio et Serge Rousseau Conception de la couverture : Micheline Roy Adaptation de la couverture originale : Josée Brunelle Impression : TC Imprimeries Transcontinental Édition du matériel complémentaire Web : Sarah Bigourdan Coordination du matériel complémentaire : David Bouchet
Dans cet ouvrage, le féminin est utilisé comme représentant des deux sexes, sans discrimination à l’égard des hommes et des femmes, et dans le seul but d’alléger le texte. Des marques de commerce sont mentionnées ou illustrées dans cet ouvrage. L’Éditeur tient à préciser qu’il n’a reçu aucun revenu ni avantage conséquemment à la présence de ces marques. Celles-ci sont reproduites à la demande de l’auteur ou de l’adaptateur en vue d’appuyer le propos pédagogique ou scientifique de l’ouvrage. Tous les sites Internet présentés sont étroitement liés au contenu abordé. Après la parution de l’ouvrage, il pourrait cependant arriver que l’adresse ou le contenu de certains de ces sites soient modifiés par leur propriétaire, ou encore par d’autres personnes. Pour cette raison, nous vous recommandons de vous assurer de la pertinence de ces sites avant de les suggérer aux élèves. Les encadrés « Critères diagnostiques » présentés dans ce manuel sont extraits de l’American Psychiatric Association (2004). Mini DSM-IV-TR. Critères diagnostiques (Washington, D.C., 2000). Traduction française par J.-D. Guelfi et al. Paris : Elsevier Masson SAS, 384 pages. Tous droits réservés. First published in the United States by American Psychiatric Publishing, a Division of American Psychiatric Association, Washington, D.C. Copyright © 2000. All rights reserved. Used with permission. Translation of text into French has not been verified for accuracy by the American Psychiatric Association.
Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada Vedette principale au titre : Soins infirmiers : Santé mentale et psychiatrie Traduction de la 5e éd. de : Psychiatric Mental Health Nursing. Comprend des réf. bibliogr. et un index. ISBN 978-2-7650-3691-3 1. Soins infirmiers en psychiatrie. 2. Soins de santé mentale. Katherine M. ii. Holoday Worret, Patricia A. RC440.P78514 2013
616.89’0231
i.
Fortinash,
C2012-941695-9
5800, rue Saint-Denis, bureau 900 Montréal (Québec) H2S 3L5 Canada Téléphone : 514 273-1066 Télécopieur : 514 276-0324 ou 1 800 814-0324 [email protected]
TOUS DROITS RÉSERVÉS. Toute reproduction du présent ouvrage, en totalité ou en partie, par tous les moyens présentement connus ou à être découverts, est interdite sans l’autorisation préalable de Chenelière Éducation inc. Toute utilisation non expressément autorisée constitue une contrefaçon pouvant donner lieu à une poursuite en justice contre l’individu ou l’établissement qui effectue la reproduction non autorisée. ISBN 978-2-7650-3691-3 Dépôt légal : 1er trimestre 2013 Bibliothèque et Archives nationales du Québec Bibliothèque et Archives Canada Imprimé au Canada 1
2
3
4
5 ITIB 17
16
15 14
13
Nous reconnaissons l’aide financière du gouvernement du Canada par l’entremise du Fonds du livre du Canada (FLC) pour nos activités d’édition. Gouvernement du Québec – Programme de crédit d’impôt pour l’édition de livres – Gestion SODEC.
La pharmacologie évolue continuellement. La recherche et le développement produisent des traitements et des pharmacothérapies qui perfectionnent constamment la médecine et ses applications. Nous présentons au lecteur le contenu du présent ouvrage à titre informatif uniquement. Il ne saurait constituer un avis médical. Certaines marques de commerce présentées dans le manuel ne sont plus commercialisées, mais couramment utilisées pour nommer les médicaments dans la pratique. Nous recommandons de consulter Santé Canada et Vigilance Santé pour trouver les marques de commerce des médicaments génériques. Il incombe au médecin traitant et non à cet ouvrage d’établir la posologie et le traitement appropriés de chaque client en particulier. Nous recommandons également de lire attentivement la notice du fabricant de chaque médicament pour vérifier la posologie recommandée, la méthode et la durée d’administration, ainsi que les contre-indications. Les cas présentés dans les mises en situation de cet ouvrage sont fictifs. Toute ressemblance avec des personnes existantes ou ayant déjà existé n’est que pure coïncidence. Chenelière Éducation, Elsevier, les auteurs, les adaptateurs et leurs collaborateurs se dégagent de toute responsabilité concernant toute réclamation ou condamnation passée, présente ou future, de quelque nature que ce soit, relative à tout dommage, à tout incident – spécial, punitif ou exemplaire – y compris de façon non limitative, à toute perte économique ou à tout préjudice corporel ou matériel découlant d’une négligence, et à toute violation ou usurpation de tout droit, titre, intérêt de propriété intellectuelle résultant ou pouvant résulter de tout contenu, texte, photographie ou des produits ou services mentionnés dans cet ouvrage. Le matériel complémentaire mis en ligne dans notre site Web et qui requiert un code d’accès est réservé aux résidants du Canada, et ce, à des fins d’enseignement uniquement. L’achat en ligne est réservé aux résidants du Canada.
AVANT-PROPOS L’ouvrage que vous avez entre les mains constitue la traduction et l’adaptation rançaise de la 5e édition de Psychiatric Mental Health Nursing de Fortinash et Holoday Worret, un livre jouissant d’une grande réputation internationale et dont l’édition américaine vient de paraître chez Elsevier. Cette nouvelle édition rançaise arrive avec une traduction entièrement reaite. De plus, l’entreprise d’adaptation a requis la collaboration d’une importante équipe d’experts du domaine de la santé mentale. Ensemble, quelque 60 universitaires, chercheurs et cliniciennes ont travaillé à produire un contenu à jour et adapté à l’exercice inrmier québécois. An de reféter adéquatement les pratiques québécoises, le chapitre de l’édition américaine portant sur l’évaluation de la condition mentale a été entièrement revu. Les chapitres consacrés à la situation de crise, au suicide ou aux personnes âgées ont été enrichis d’un contenu exclusi correspondant aux situations cliniques rencontrées en milieu hospitalier. De plus, une attention particulière a été portée à l’introduction du plan thérapeutique inrmier (PTI) ainsi qu’aux rôles et aux responsabilités de l’inrmière à la suite de l’adoption de la Loi modiant le Code des proessions et d’autres dispositions législatives dans le domaine de la santé mentale et des relations humaines. Les nombreux cas cliniques et les analyses de situation de santé qui jalonnent cette édition permettent, en plus de développer la pensée critique et le jugement clinique, de multiplier les exemples concrets et réalistes. Comme les autres ouvrages de la collection, Soins infrmiers – Santé mentale et psychiatrie est accompagné d’un Guide d’études qui amène les étudiantes à mettre leurs connaissances à l’épreuve en ayant à résoudre des cas cliniques réalistes et à ajuster des PTI. Cet ensemble didactique est complété par un Guide de stage et par une série de huit vidéos qui mettent en scène des situations auxquelles une inrmière en santé mentale peut être conrontée. Cette réalisation unique et d’envergure complète d’éloquente açon la collection Soins infrmiers dont Chenelière Éducation a commencé la publication en 2010. En orant un ouvrage de qualité, nous souhaitons participer à la ormation, en santé mentale, d’une relève compétente et capable de répondre aux exigences d’une pratique proessionnelle de haut niveau. Claire Page Jean-Pierre Bonin Dominique Houle Yvon Brassard
REMERCIEMENTS L’Éditeur remercie tous ceux et celles qui ont contribué à la réalisation de cet ensemble scientique et pédagogique. Plus de 60 experts ont participé à l’adaptation de l’ouvrage original américain en nous aisant proter de leurs connaissances et de leurs compétences. Nous tenons à souligner plus particulièrement la collaboration de la Faculté des sciences inrmières de l’Université Laval pour la réalisation de la série de vidéos qui accompagne cet ouvrage. Enn, la production d’un ensemble de cette importance ne serait pas possible sans la compétence et le souci du détail d’une équipe d’éditrices et de chargées de projet déterminée et entièrement dévouée à la réalisation d’un ouvrage rigoureux. À tous et toutes : merci !
Avant-propos | Remerciements
III
ÉQUIPE DE RÉDACTION ÉQUIPE DE L’ÉDITION FRANÇAISE
Direction scientifque JEAN-PIERRE BONIN, inf., Ph. D. (santé publique) Proesseur agrégé à la Faculté des sciences infrmières de l’Université de Montréal (santé mentale) et chercheur régulier au Centre de recherche Fernand-Seguin, aflié à l’Hôpital Louis-H. Laontaine – Institut universitaire en santé mentale, Jean-Pierre Bonin est coordonnateur de l’axe soins infrmiers du Réseau québécois de recherche sur le suicide. Ses domaines d’intérêt sont centrés sur l’évaluation des services destinés aux personnes atteintes de troubles mentaux, aux personnes itinérantes ayant des troubles concomitants de santé mentale et de toxicomanie et à leur amille. Il travaille aussi à des projets impliquant les amilles de personnes atteintes de troubles mentaux. DOMINIQUE HOULE, inf., psychologue, Ph. D. (éducation) Proesseure au Département des sciences infrmières de l’Université du Québec en Outaouais, Dominique Houle a consacré plus de 20 années à la ormation infrmière en santé mentale aux niveaux collégial et universitaire. Ses champs de recherche portent sur la transition, l’adaptation, l’identité proessionnelle et le développement de pratiques pédagogiques en ormation infrmière intégrée, sur le soutien à l’intégration proessionnelle d’infrmières novices (volet préceptorat) ainsi que sur la prévention du suicide chez les hommes. CLAIRE PAGE, inf., Ph. D. (sciences biomédicales – psychiatrie sociale) Après avoir travaillé plusieurs années comme infrmière en psychiatrie, Claire Page est, depuis 1992, proesseure à l’Université du Québec à Rimouski. Ses projets de recherche visent à mieux connaître les attitudes du personnel infrmier auprès des clients ayant des problèmes de santé mentale en première ligne. À titre de membre du Comité d’experts sur la pratique infrmière en santé mentale et en soins psychiatriques créé par l’OIIQ en 2009, elle en a cosigné le rapport. De plus, elle est activement engagée dans les projets de création et d’implantation de programmes de ormation de deuxième cycle en sciences infrmières au Québec.
Direction pédagogique YVON BRASSARD, inf., M. Éd., D.E. Pendant près de 30 ans, Yvon Brassard a travaillé dans le milieu de l’enseignement des soins infrmiers au niveau collégial. Il a également donné de nombreuses conérences et réalisé des activités de ormation sur la rédaction des notes d’évolution au dossier, sujet sur lequel il a écrit deux volumes. Coauteur d’un ouvrage sur les méthodes de soins, adaptateur de Soins infrmiers – Fondements généraux, il assume depuis plusieurs années la direction pédagogique de la collection Soins infrmiers, des guides d’études et des activités interactives qui l’accompagnent.
Conseillère scientifque LOUISE-ANDRÉE BRIEN, inf., M. Sc. Chargée de cours à la Faculté des sciences infrmières de l’Université de Montréal, Louise-Andrée Brien est responsable des cours liés aux soins critiques pour le programme de baccalauréat en sciences infrmières. Détentrice d’une certifcation en neurosciences du Centre universitaire de santé McGill et d’une maîtrise en sciences infrmières (option ormation) de l’Université de Montréal, elle s’intéresse aussi à la ormation infrmière et interproessionnelle en soins de fn de vie auprès de clientèles non oncologiques.
Rédaction JEAN-PHILIPPE ARGUIN, inf., B. Sc. Détenteur d’un baccalauréat en sciences infrmières de l’Université Laval, Jean-Philippe Arguin est proesseur en soins infrmiers au Cégep de
IV
Équipe de rédaction
Sainte-Foy depuis 2003. À ses débuts infrmier polyvalent aux multiples champs d’intérêt, il est attiré par les défs de la santé mentale et oriente peu à peu sa carrière dans ce domaine. Son enseignement porte entre autres sur les troubles de l’humeur et sur l’évaluation de l’état mental. FRÉDÉRIC BANVILLE, M. A., Ph. D. (neuropsychologie) Neuropsychologue et proesseur au Département des sciences infrmières de l’Université du Québec à Rimouski, Frédéric Banville pratique l’évaluation des troubles cognitis depuis 1998 en centre de réadaptation comme en clinique privée. Il enseigne au deuxième cycle l’évaluation de la condition mentale et les interventions psychothérapeutiques concernant les troubles légers et modérés. GUY BEAUCHAMP, Ph. D. (pharmacologie) Proesseur régulier au Département de psychoéducation et de psychologie de l’Université du Québec en Outaouais (UQO), Guy Beauchamp a donné le cours de pharmacothérapie aux infrmières praticiennes spécialisées et le cours de psychopharmacologie aux études supérieures en sciences infrmières à l’UQO. Il donne présentement le cours de psychopharmacologie aux doctorants en neuropsychologie et en psychologie clinique. PATRICIA BEAULAC, inf., B. Sc. Infrmière clinicienne au programme Urgence-Dépendance du Centre Dollard-Cormier – Institut universitaire sur les dépendances (CDC-IUD), Patricia Beaulac a aussi travaillé à des programmes de désintoxication, jeunesse externe ainsi que liaison en centre hospitalier du CDC-IUD. HUGUETTE BÉGIN, inf. Infrmière diplômée depuis 28 ans, Huguette Bégin travaille dans le domaine de la toxicomanie depuis 15 ans. Elle est coordonnatrice clinicoadministrative (volet abus-dépendance à l’urgence et au triage) du Centre Dollard-Cormier – Institut universitaire sur les dépendances (CDC-IUD). De concert avec la directrice du service à la clientèle du CDC-IUD, elle a contribué à l’élaboration du projet des sites d’injection supervisés pour le Centre. DALILA BENHABEROU-BRUN, inf., M. Sc. Après avoir travaillé comme infrmière puis comme coordonnatrice en recherche clinique au Centre universitaire de santé McGill, Dalila Benhaberou-Brun est, depuis 2005, rédactrice indépendante, spécialisée en santé. Elle est infrmière diplômée d’État (IDE) de France (1988), et détient un baccalauréat en sciences, ainsi qu’une maîtrise en sciences biomédicales de l’Université de Montréal. EMMANUELLE BERNHEIM, LL.D., Ph. D. (sciences sociales) Proesseure au Département des sciences juridiques de l’Université du Québec à Montréal, Emmanuelle Bernheim détient un double doctorat en droit et en sciences sociales. Sa thèse, soutenue en 2011, portait sur les décisions judiciaires et cliniques d’autorisation de soins ou de garde en établissement. FRANÇOIS BLANCHETTE, sexologue clinicien et psychothérapeute, M.A. Superviseur clinique en approche cognitivo-comportementale pour le Département de sexologie de l’Université du Québec à Montréal depuis 1999, François Blanchette est aussi membre de l’Unité des dysonctions sexuelles de l’Hôpital Saint-Luc du CHUM depuis 1989. Il ut président de l’Association des sexologues du Québec de 2001 à 2003 et de 2004 à 2006. LYNE BOUCHARD, inf., M. Sc. Titulaire d’une maîtrise en soins infrmiers option santé mentale de l’Université de Montréal, Lyne Bouchard occupe les onctions de conseillère clinicienne en soins infrmiers depuis 13 ans, dont 9 ans à l’Institut Philippe-Pinel. Elle exerce actuellement le même rôle à l’Hôpital Louis-H. Laontaine – Institut universitaire en santé mentale.
CHRISTIANE BOURGIE, inf., M. Sc. Gestionnaire du programme de santé mentale au Centre hospitalier de St. Mary, à Montréal, Christiane Bourgie a travaillé comme conseillère clinicienne spécialisée pour ce même établissement ainsi qu’à l’Institut universitaire en santé mentale Douglas. Chargée de cours à l’Université de Montréal de 1993 à 2007, elle a conçu le cours portant sur les troubles de l’alimentation dans le cadre du certifcat en santé mentale. HÉLÈNE BROCHU, inf., B. Sc. Détentrice d’un baccalauréat en sciences de l’Université de Montréal, Hélène Brochu a occupé le poste d’adjointe à la direction des soins infrmiers de l’Institut Philippe-Pinel, centre aflié à l’Université de Montréal. Son expertise réside principalement en santé mentale et en psychiatrie légale. JACINTHE DION, Ph. D. (psychologie) Proesseure agrégée au module de psychologie du Département des sciences de la santé de l’Université du Québec à Chicoutimi (UQAC), Jacinthe Dion est aussi psychologue clinicienne, chercheuse régulière au Centre de recherche interdisciplinaire sur les problèmes conjugaux et les agressions sexuelles et chercheuse associée à la Chaire UQAC-Cégep de Jonquière sur les conditions de vie, la santé et les aspirations des jeunes. SARAH FILLION-BILODEAU, M. Ps., Ph. D. (c) Doctorante en psychologie, Sarah Fillion-Bilodeau rédige une thèse sur le profl des récidivistes de la conduite avec capacités aaiblies au sein du Programme de recherche sur les addictions de l’Institut universitaire en santé mentale Douglas. Elle a collaboré à plusieurs projets dans le domaine de la toxicomanie, dont l’élaboration du volet sur les troubles concomitants du programme de ormation en dépendances pour les CSSS. KARINE FORTIN, inf., M. Sc. Infrmière clinicienne spécialisée en santé mentale au Centre Augustinien à Dolbeau-Mistassini, notamment au Centre de rétablissement et d’intégration en santé mentale, Karine Fortin détient une maîtrise en sciences infrmières de l’Université du Québec à Chicoutimi. SUZANNE GAGNON, inf., B. Sc., M.A. Suzanne Gagnon possède plus de 40 ans d’expérience clinique. Au cours de sa carrière, elle a notamment été aide-infrmière-che en psychiatrie et proesseure en soins infrmiers au Cégep Limoilou de 1997 à 2011. La communication, la relation d’aide et la santé mentale ont constitué ses principaux champs d’enseignement. MATHIEU GOYETTE, Ph. D. (psychologie) Détenteur d’un doctorat en psychologie de l’Université de Montréal, Mathieu Goyette est psychologue au Service de ormation, consultation et enseignement au Centre Dollard-Cormier – Institut universitaire sur les dépendances, où il conçoit des ormations sur les dépendances, soutient l’implantation de projets cliniques et collabore à la rédaction d’ouvrages scientifques. MARIE-CLAUDE JACQUES, inf., Ph. D. (c) Proesseure à l’École des sciences infrmières de l’Université de Sherbrooke, Marie-Claude Jacques enseigne les soins en santé mentale et la réadaptation psychiatrique au programme de baccalauréat en ormation infrmière intégrée. Sa thèse de doctorat porte sur l’adaptation des personnes atteintes de schizophrénie dont le soutien social est limité ou inexistant. LISE LABERGE, inf., M. Sc. Détentrice d’une maîtrise en sciences infrmières de l’Université Laval, Lise Laberge est conseillère clinicienne en soins infrmiers à l’Institut universitaire en santé mentale de Québec. Elle travaille dans le domaine
de la psychiatrie depuis près de 30 ans et s’est impliquée de diverses manières au sein de l’Association québécoise des infrmières et infrmiers en santé mentale. ÉRIC LAVERTU, inf., B. Sc., M. Éd. Éric Lavertu a commencé sa carrière comme infrmier au Centre hospitalier aflié universitaire de Québec – Hôpital Saint-Sacrement et à l’Institut universitaire de cardiologie et de pneumologie de Québec. Son intérêt pour la ormation et la relève infrmière l’a ensuite conduit vers l’enseignement. Depuis 2001, il poursuit sa carrière comme proesseur au Cégep de Sainte-Foy où il enseigne en santé mentale et en perte d’autonomie. GÉRARD LEBEL, inf., M. Ps., M.B.A. Détenteur d’un baccalauréat en sciences de l’Université de Montréal, d’une maîtrise en psychologie clinique, Gérard Lebel détient aussi une maîtrise en science de l’administration et gestion des organisations. Il cumule plus de 14 ans comme infrmier en soins physiques, a travaillé comme psychologue clinicien en pratique privée, comme infrmier clinicien en santé mentale et a de plus occupé des postes de gestion. NANCY LÉGARÉ, B. Pharm., M. Sc., Pharm. D., BCPP, BCPS Pharmacienne depuis 1995 et détentrice d’un doctorat clinique en pharmacie depuis 2010, proesseure adjointe au Département de psychiatrie de la Faculté de médecine de l’Université de Montréal, Nancy Légaré est spécialisée dans le domaine de la psychiatrie et des toxicomanies. Elle a pratiqué à l’Hôpital Louis-H. Laontaine – Institut universitaire en santé mentale de 1998 à 2005 et poursuit sa carrière à l’Institut Philippe-Pinel. DAVID LUCKOW, MDCM, B. Sc, MRO, DABAM Che médical au Centre Dollard-Cormier – Institut universitaire sur les dépendances depuis 2003, David Luckow est certifé par l’American Society o Addiction Medicine depuis 2006. Il est également médecin omnipraticien au CLSC Lac-Saint-Louis et médecin examinateur en dépistage de drogues. NATHALIE MALTAIS, inf., M. Sc. Conseillère clinicienne spécialisée en pédopsychiatrie à l’Hôpital Rivièredes-Prairies, Nathalie Maltais a démarré le premier blogue qui traite des soins inirmiers en lien avec les troubles mentaux des enants et des adolescents. Elle est chargée de cours à la Faculté des sciences infrmières de l’Université de Sherbrooke. MARIA-GRAZIA MARTINOLI, Ph. D. (physiologie-endocrinologie) Proesseure titulaire au Département de biologie médicale de l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR), Maria-Grazia Martinoli possède deux ormations postdoctorales en neurosciences de l’Université McGill et de la Harvard Medical School (É.-U.). Elle dirige le laboratoire de recherche en neurobiologie cellulaire de l’UQTR. MARJORIE MONTREUIL, inf., M. Sc. (A) Conseillère clinicienne en soins spécialisés à l’Institut universitaire en santé mentale Douglas, Marjorie Montreuil est aussi chargée d’enseignement à l’École Ingram de sciences infrmières de l’Université McGill et détentrice de deux subventions du Réseau québécois de recherche sur le suicide – Axe sciences infrmières. ROBERT MORIN, inf., M. Éd. Retraité de l’enseignement en soins infrmiers, Robert Morin a travaillé pendant près de 40 ans dans divers champs d’exercices des soins infrmiers, dont la cardiologie, les soins en régions éloignées et la santé mentale. Il a enseigné durant 20 ans la réanimation cardiorespiratoire, tant auprès des étudiants en soins infrmiers de niveau collégial que du grand public. Équipe de rédaction
V
JÉRÔME PELLETIER, in., B. Sc. Détenteur d’un baccalauréat en sciences infrmières de l’Université Laval, Jérôme Pelletier travaille depuis quatre ans en dépistage et suivi des inections transmises sexuellement et par le sang auprès des clientèles marginalisées. Il est aussi ormateur et consultant pour les programmes de ormation portant sur la santé sexuelle à l’Institut national de santé publique du Québec. ÉLISE PHANEUF, B. Sc. (OT) Détentrice d’un baccalauréat en ergothérapie de l’Université McGill, Élise Phaneu travaille en santé mentale au CSSS Drummond depuis 1983. Depuis deux ans, elle travaille à la Clinique spécialisée des jeunes adultes où son expertise est mise à proft auprès de la jeune clientèle psychotique. Elle participe à l’enseignement de tutorats et d’habiletés cliniques en santé mentale. MARGOT PHANEUF, in., M. Éd., Ph. D. (didactique) Après une ormation universitaire en sciences infrmières, Margot Phaneu obtient une maîtrise en éducation et un doctorat en didactique de la Faculté de l’éducation de l’Université de Montréal. Une des premières auteures québécoises en soins infrmiers, elle a publié des ouvrages et des logiciels pour la planifcation des soins, la ormation à la pharmacologie, l’enseignement au client, la relation d’aide, la maladie d’Alzheimer, la psychiatrie et l’évaluation de la perormance de l’étudiante infrmière. KARINE PHILIBERT, in., B. Sc. Inirmière bachelière, diplômée de l’Université de ColombieBritannique, Karine Philibert termine une maîtrise en sciences cliniques à l’Université de Sherbrooke afn de mieux accompagner les infrmières immigrantes dans leur intégration au système de soins de santé québécois. FRANCINE PILOTE, in., B. Sc., DESS Détentrice d’un baccalauréat en sciences infrmières de l’Université Laval et d’un DESS de l’Université de Montréal, Francine Pilote est, depuis cinq ans, directrice des soins infrmiers et des programmes de l’Institut Philippe-Pinel. Elle a travaillé dans les spécialités de gérontologie et de psychiatrie légale. NATHALIE POMBERT, in. Détentrice d’une certifcation en administration des aaires, Nathalie Pombert est infrmière-che d’équipe au programme de désintoxication du Centre Dollard-Cormier – Institut universitaire sur les dépendances depuis octobre 2011. Elle y est aussi présidente du comité exécuti des infrmières et infrmiers depuis 2010. HÉLÈNE PROVENCHER, in., Ph. D. (sciences infrmières) Proesseure titulaire à la Faculté des sciences infrmières de l’Université Laval, Hélène Provencher est aussi membre du Groupe de recherche sur l’inclusion sociale, l’organisation des services et l’évaluation en santé mentale du CSSS de la Vieille-Capitale. CATHERINE PUGNAIRE GROS, in., M. Sc. (A) Proesseure adjointe à l’École de sciences infrmières Ingram de l’Université McGill, Catherine Pugnaire Gros enseigne à cette université depuis plus de 25 ans. Elle est aussi conseillère clinicienne en soins spécialisés à l’Institut universitaire en santé mentale Douglas et membre du comité administrati du Réseau québécois de recherche sur le suicide. MARC-ANDRÉ SIROIS, in., B. Sc. Diplômé de l’Université de Montréal en sciences infrmières, MarcAndré Sirois occupe depuis 2003 un poste d’infrmier clinicien de liaison à la Clinique Cormier-Laontaine, clinique surspécialisée
VI
Équipe de rédaction
de troisième ligne en comorbidité. Dans le cadre de ses onctions de soutien au réseau, il a notamment donné des ormations sur les troubles concomitants comme conérencier au Centre Dollard-Cormier – Institut universitaire sur les dépendances. ISABELLE THIBAULT, in., B. Sc. Responsable des soins infrmiers depuis 2008 au Centre Dollard-Cormier – Institut universitaire sur les dépendances, Isabelle Thibault assume aussi les onctions de responsable de la prévention et du contrôle des inections. Détentrice d’un baccalauréat en science, son expérience de travail s’est bâtie dans le domaine de la dépendance depuis 2000. En 2008, elle a remporté, avec ses collègues, le concours Innovation clinique 3 M de l’OIIQ pour la région de Montréal et Laval. LINDA THIBEAULT, in., M. Sc. Détentrice d’une maîtrise en soins infrmiers de l’Université de Montréal ainsi que d’un diplôme de deuxième cycle en études interdisciplinaires sur la mort (Université du Québec à Montréal), Linda Thibeault a travaillé pendant 19 ans auprès des personnes âgées, dont 2 ans comme infrmière-che aux Résidences Mance-Decary, 8 ans comme conseillère clinique spécialisée en gériatrie à la Cité de la santé de Laval, puis 5 ans à titre de conseillère spécialisée en gérontopsychiatrie à l’Institut universitaire de gériatrie de Montréal. LUCIE TREMBLAY, in., M. Sc., CHE, Adm. A. Diplômée en soins infrmiers, détentrice d’un baccalauréat en sciences et d’une maîtrise en administration des services de santé de l’Université de Montréal, Lucie Tremblay a été récipiendaire, en 2003, du titre proessionnel Certifed Health Executive du Collège canadien des leaders en santé ; en 2008, du prix Florence en excellence des soins, décerné par l’OIIQ. En 2011, elle a été nommée infrmière de l’année par le Collège canadien des leaders en santé. Lucie Tremblay a récemment été élue présidente de l’Ordre des infrmières et des infrmiers du Québec.
ÉQUIPE DE CONSULTATION Janique Beauchamp, in., M. Sc., Ph. D. (scolarité), Hôpital Louis-H. Laontaine – Institut universitaire en santé mentale Danielle Beaudoin, in., B. Sc., Institut universitaire en santé mentale de Québec René Bellemare, in., Cégep de l’Abitibi-Témiscamingue Steeven Bernier, in., M. Sc., CHU de Québec – CHUL/Université Laval Diane Bertin, in., B. Sc., DESS, M. Éd., Collège de Bois-de-Boulogne Dominique Boudreau, in., M. Sc., CHUM Mélanie Bourgoin, in., DESS., Hôpital Louis-H. Laontaine – Institut universitaire en santé mentale Monique Bourque, in., M.A. (gérontologie), CSSS-Institut universitaire de gériatrie de Sherbrooke Émilie Bourret, LL.B., avocate, Curateur public du Québec Marie-Claude Bourret, in., B. Sc., Cégep de Limoilou Colette Buteau, in., B. Sc., Collège de Maisonneuve Gaétan Desrosiers, in., Collège François-Xavier-Garneau Vayolette Dorlette, in., B. Sc., M. Éd., Collège de Bois-de-Boulogne Céline Duour, in., M. Sc., Cégep de Saint-Laurent Stéphanie Duval, in., M. Sc., CHU Sainte-Justine Isabelle Gaboury, Ph. D., Université de Sherbrooke Nicole Godin, in., M.A. (éducation), Cégep de Drummondville François Grimard, Ph. D., Institut universitaire en santé mentale de Québec Serge Hébert, in., B. Sc., Cégep de Saint-Hyacinthe Simon Larivière, in., B. Sc., Institut universitaire en santé mentale Douglas Douglas Katherine Leèbvre, in., Cégep de Trois-Rivières
Amélie Mailhot, B. Sc., Cégep de Saint-Laurent Murielle Ménard, inf., B. Sc., D.F.E.A., Cégep de Saint-Jérôme Éliane Montpetit, inf., B. Éd., Cégep de l’Outaouais Dany Morissette, inf., Cégep de l’Abitibi-Témiscamingue Josée M. Pilon, inf., B. Éd., Cégep de l’Outaouais Lorraine Plante, inf., B. Sc., CSSS Haut-Richelieu-Rouville Marie-Josée Potvin, inf., bioéthicienne, M. Sc., Ph. D. (c), Université de Montréal Josée Robitaille, inf., B. Sc., Cégep André-Laurendeau Manon Savard, inf., B. Sc., Cégep de Rimouski Élisabeth Toussaint, inf., M. Sc., CSSS Richelieu-Yamaska
CHANTAL M. FLANAGAN, RN, MS, CNS Associate Professor Palomar College
ÉQUIPE DE L’ÉDITION AMÉRICAINE
BONNIE M. HAGERTY, PhD, RN Assistant Dean, Undergraduate Programs Associate Professor School of Nursing, University of Michigan
Direction KATHERINE M. FORTINASH, MSN, APRN, PMHCNS Advanced Practice Clinical Specialist Psychiatric Mental Health Nursing Formerly : Clinical Specialist Sharp Hospital Behavioral Health Services Professor, Psychiatric Nursing Department of Nursing Education Grossmont College San Diego, California
CANDICE A. FRANCIS, EdD Professor Emerita Palomar College RUTH N. GRENDELL, DNSc, RN Nursing Professor Emerita Point Loma Nazarene University
LINDA HOLLINGER-SMITH, PhD, RN, FAAN Vice President Mather LifeWays Institute on Aging RUSSELL A. KELLEY, MN, ARNP, BC Instructor Intercollegiate College of Nursing Washington State University College of Nursing
PATRICIA A. HOLODAY WORRET, MSN, APRN, PMHCNS Advanced Practice Clinical Specialist Psychiatric Mental Health Nursing Professor Emerita Department of Nursing Education Palomar College San Marcos, California
DEBORAH EIMER KING, RN, MS, PhD Columbia, Maryland
Collaboration
PAMELA E. MARCUS, RN, APRN/PMH-BC Associate Professor of Nursing Prince George’s Community College
MERRY A. ARMSTRONG, DNSc, ARNP, BC Associate Professor Washington State University College of Nursing ANN WOLBERT BURGESS, DNSc, APRN, BC, FAAN Professor of Psychiatric Nursing William F. Connell School of Nursing Boston College PAULINE CHAN, RPh, MBA, BCPP, FCSHP, FASHP Senior Pharmaceutical Consultant Medi-Cal Pharmacy Policy Unit California Department of Health Services ANNA CLARKIN, MSW, LCSW Private Practice NANCY A. COFFIN-ROMIG, DNSc, PMHCNS-BC Assistant Professor California State University San Marcos School of Nursing
SHELLY F. LURIE-AKMAN, MS, APRN/ PMH-BC, CTHY Associate Faculty Johns Hopkins School of Nursing
SUSAN FERTIG F. McDONALD, DNP, PMHCNS-BC Clinical Nurse Specialist Inpatient Psychiatry & Alcohol Drug Treatment VA San Diego Healthcare System NANCY STARK NAPOLITANO, EdD, MSN, RN Professor of Psychiatric Nursing and Health Science Mt. San Jacinto College KATHLEEN L. PATUSKY, PhD, APRN-BC Assistant Professor School of Nursing University of Medicine and Dentistry of New Jersey Newark, New Jersey DONA PETROZZI, RN, MSN PhD Candidate William F. Connell School of Nursing
JUDY A. MALONE COLE, RN, PhD Clinical Director Richmond State Hospital
ALWILDA SCHOLLER-JAQUISH, RN, PhD Associate Professor Nursing Program Stevenson University
ROBERT L. ERB, Jr., PhD, RN, CS, CLNC Advanced Clinician Sharp HealthCare
KATE THOMAS, PhD Faculty Johns Hopkins University School of Medicine Équipe de rédaction
VII
CARACTÉRISTIQUES DE L’OUVRAGE Traduction de la 5e édition américaine Cette édition de Soins infrmiers – Santé mentale et psychiatrie de Katherine M. Fortinash et Patricia A. Holoday Worret est l’adaptation de la toute dernière édition américaine parue en 2012. Elle refète les plus récentes avancées dans le domaine des sciences inrmières. À l’instar de la version américaine, cette édition en langue rançaise a été réalisée en portant une attention particulière aux pratiques proessionnelles du milieu des soins inrmiers ainsi qu’à la lisibilité du texte an d’en aciliter la compréhension et la mise en pratique.
Liste des tableaux et des encadrés spécifques Regroupée par sujet, la liste intégrale des tableaux et des encadrés spéciques permet un repérage rapide. Elle comprend les éléments suivants.
TABLEAUX ET ENCADRÉS SPÉCIFIQUES
Collecte des données
Questions systémiques sur le système amilial – Tableau 20.5 . . . . . . . . . . 579 Risque de dépression chez la personne âgée – Tableau 26.5 . . . . . . . . . . . . 748
Aide-mémoire pour réaliser l’examen de l’état mental – Tableau 4.3 . . . . . . 83
Risque suicidaire chez la personne âgée – Encadré 26.8 . . . . . . . . . . . . . . . 761
Analyse de la situation – Encadré A.3 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . A858
Schizophrénie et autres troubles psychotiques – Encadré 14.5 . . . . . . . . . .364
Analyse de la situation – Encadré 28.5 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 801
Signes d’une condition stable – Encadré 17.15 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .504
Défcits neurologiques – Tableau 17.6 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 493
Signes avorables pour la réadaptation – Encadré 16.16 . . . . . . . . . . . . . . .469
Échelle d’appréciation des symptômes positis et négatis – Tableau 14.4. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .356
Signes de rétablissement – Encadré 11.8. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 275
Échelle de manie de Young – Tableau 11.6. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 263 Éléments à considérer pour déterminer le risque de violence – Encadré 29.17 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .845 Éléments à évaluer au cours de l’entrevue – Encadré 19.5 . . . . . . . . . . . . . .545 Éléments à évaluer auprès d’un client inecté par le VIH et atteint d’un trouble anxieux, de l’adaptation ou dépressi majeur – Tableau 24.5 . . . . .694
Signes de rétablissement – Encadré 13.9 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 334 Signes de rétablissement – Encadré 14.10. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 376 Signes de rétablissement – Encadré 18.5 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 528 Signes de rétablissement – Encadré 19.9 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 552 Signes de rétablissement – Encadré 29.18 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .848
Évaluation de la condition mentale de la personne âgée – Tableau 26.3 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 745
Suggestions de questions pour évaluer la dimension psychosociale – Encadré 4.5. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 85
Évaluation de la condition mentale d’un jeune enant – Encadré 25.14 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 727
Suggestions de questions pour évaluer les habitudes de vie et l’autonomie onctionnelle – Encadré 4.3 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 80
Évaluation de la situation particulière de la cliente atteinte d’un trouble de l’alimentation – Tableau 18.5 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 521
Suggestions de questions pour aire le dépistage des risques – Encadré 4.6 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 86
Évaluation des maniestations du trouble de la personnalité – Encadré 15.16. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .403
Suggestions de questions pour reconstituer l’histoire de santé – Encadré 4.2 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 79
Évaluation des relations et des processus mentaux du client atteint d’un trouble de la personnalité – Encadré 15.17 . . . . . . . . . . . . . . . .405
Test de dépistage de l’alcoolisme CAGE – Encadré 16.14 . . . . . . . . . . . . . . .455
Évaluation des relations sociales – Tableau 8.10. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .200
Troubles de l’adaptation – Tableau 10.2. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .236
Évaluation des résultats du programme d’activités thérapeutiques – Encadré 17.13 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .503
Troubles de l’humeur – Tableau 11.5 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 262
Évaluation globale – Encadré 13.4 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 328 Évaluation infrmière ciblée en situation de crise – Encadré 27.4 . . . . . . . . . 775
• Enseignement au client et à ses proches
Troubles cognitis – Encadré 17.10 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 491
• Psychopharmacothérapie
Variables liées au traitement – Encadré 21.5. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 601
• Plan de soins et de traitements inrmiers
Critères diagnostiques du DSM-IV-TR
Évaluation spécifque selon le trouble – Encadré 13.5 . . . . . . . . . . . . . . . . . 328
Abus, dépendance, intoxication et sevrage – Encadré 16.4 . . . . . . . . . . . . .430
Exemples de questions à poser – Encadré 29.8. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 833
Attaque de panique – Encadré 12.2 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 295
Exemples de questions associées à l’évaluation du client – Encadré 17.14. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .503
Critères diagnostiques généraux des troubles de la personnalité – Encadré 15.1. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .388
Exemples de questions pour l’évaluation selon le modèle transactionnel du stress – Encadré 10.1 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 231
Délirium dû à des étiologies multiples – Encadré 17.7. . . . . . . . . . . . . . . . . .488
Forces, intérêts et buts évalués par le client – Encadré 23.2 . . . . . . . . . . . .664 Index de sévérité de l’insomnie – Tableau 19.1 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 547
Démence due à d’autres aectations médicales générales – Encadré 17.4 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 484
Inventaire d’anxiété de Beck – Tableau 12.5 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .303
Démence due à des étiologies multiples – Encadré 17.5. . . . . . . . . . . . . . . . 487
Observations au cours des visites à domicile – Encadré 23.1. . . . . . . . . . . .664
Démence vasculaire – Encadré 17.3 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 483
XIV
• Critères diagnostiques du DSM-IV-TR
Signes de rétablissement – Encadré 15.21 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 412
Estimation de la dangerosité du passage à l’acte – Tableau 28.5 . . . . . . . . 798
Évaluation du client à l’aide de la démarche de restructuration cognitive – Encadré 20.1 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 571
• Collecte des données
Signes de rétablissement – Encadré 12.9 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 310
• Relation d’aide • Situation clinique et schéma intégrateur • Symptômes cliniques
• Pratiques inrmières suggérées
Démence de type Alzheimer – Encadré 17.1 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .480
Tableaux et encadrés spécifques
Psychiatrie_FM.indd 14
13/03/13 2:57 PM
PARTIE
Troubles mentaux Chapitre 10
Stress et troubles de l’adaptation 226 Chapitre 11
Troubles de l’humeur 244 Chapitre 12
Troubles anxieux 286 Chapitre 13
Troubles somatoformes, factices et dissociatifs 316 Chapitre 14
Schizophrénie et autres troubles psychotiques 342 Chapitre 15
Troubles de la personnalité 386 Chapitre 16
Troubles liés à une substance 422 Chapitre 17
Troubles cognitifs : délirium, démence et troubles amnésiques 476 Chapitre 18
Troubles de l’alimentation 510 Chapitre 19
Troubles du sommeil 534
VIII
• Recherche pour une pratique ondée sur des résultats probants
Caractéristiques de l’ouvrage
OUVERTURE DE PARTIE Les chapitres du manuel sont regroupés en six parties thématiques regroupant les particularités des soins en santé mentale et en psychiatrie, des troubles propres à la psychiatrie et des contextes de pratiques inrmières.
Écrit par : Pamela E. Marcus, RN, APRN/PMH-BC Bonnie M. Hagerty, PhD, RN Kathleen L. Patusky, PhD, APRN-BC
OUVERTURE DE CHAPITRE
Adapté par : Christianne Bourgie, inf., M. Sc.
1 Nom des auteures et des adaptatrices
chapitre
3
Stress et troubles de l’adaptation
OBJECTIFS
Le nom des auteures de l’édition américaine et des adaptatrices du chapitre de l’édition en langue rançaise fgure sur la page d’ouverture du chapitre. Les adaptatrices sont toutes issues du milieu des soins infrmiers québécois et canadien.
Guide d’études – RE11 Écrit par : Pamela E. Marcus, RN, APRN/PMH-BC Bonnie M. Hagerty, PhD, RN Kathleen L. Patusky, PhD, APRN-BC
1
Après avoir étudié ce chapitre, vous devriez être en mesure :
■
■
■
■
Adapté par : Christianne Bourgie, inf., M. Sc.
2
de décrire les fonctions du système Objectifs nerveux et du système endocrinien lorsqu’une personne est exposée à un stresseur ;
■
Après avoir étudié ce chapitre, vous devriez être en mesure : ■
de décrire les fonctions du système nerveux et du système endocrinien lorsqu’une personne est exposée à un stresseur ;
de définir le syndrome général d’adaptation ; ■
de définir le syndrome général d’adaptation ;
■
d’expliquer le rôle du locus de contrôle dans l’adaptation au stress ;
■
de déterminer des interventions qui favorisent une adaptation positive au stress ;
■
■
■
de décrire le rôle de l’approche cognitivo-comportementale dans la gestion de la source de stress et de ses réactions ;
■
■
■
Troubles mentaux
■
■
de décrire les caractéristiques des troubles de l’adaptation ;
d’appliquer la démarche de soins aux clients souffrant de troubles de l’adaptation.
d’expliquer l’utilité de la réduction du stress basée sur la relaxation et la méditation ;
de déterminer des interventions qui 226 favorisent une adaptation positive au stress ;
226
■
d’utiliser une méthode de résolution 4 de problèmes afin de favoriser le clés Concepts sentiment de maîtrise du client sur les situations stressantes ;
d’utiliser une méthode de résolution de problèmes afin de favoriser le sentiment de maîtrise du client sur les situations stressantes ;
d’expliquer le rôle du locus de contrôle dans l’adaptation au stress ; Partie 3
de décrire le rôle de l’approche cognitivo-comportementale dans la gestion de la source de stress et de ses réactions ;
Guide d’études – RE11
d’expliquer l’utilité de la réduction du stress basée sur la relaxation et la méditation ; soit
2984-M_02I_224_243.indd 226
13-03-16 10:25 AM
de décrire les caractéristiques des troubles de l’adaptation ; d’appliquer la démarche de soins aux clients souffrant de troubles de l’adaptation.
Cette carte conceptuelle illustre schématiquement les principaux concepts décrits dans le présent chapitre. Sa lecture vous permettra d’avoir une vue d’ensemble des notions qui y sont présentées.
3 Renvoi au Guide d’études
fait intervenir
varie selon
entraîne
Des activités sont proposées dans le Guide d’études, sous la orme de situations d’apprentissage ou de révisions éclair. Ces exercices avorisent l’appropriation des connaissances et le développement du jugement clinique.
comprend
10 provoquent
si
5
se manifestent par
patterns voit l’être humain comme un être unitaire pour qui l’inrmière doit tenter de déterminer les patterns uniques. Quant à l’école derequièrent l’interaction, le soin est un processus d’interaction entre la personne qui a besoin d’aide et la personne capable de lui ournir cette aide (Pepin, Kérouac & Ducharme, 2010). Qu’elles soient issues de l’une ou l’autre de dont ces écoles, plusieurs inrmières ches de le de la pratique ont contribué à l’instauration de soins humanitaires dans les divers milieux orant des services en santé mentale. La vision novatrice, la détermination et les actions de ces pionnières ont permis le progrès des soins dans ce domaine .
Cindy Laporte
Partie 3
alors
causés par
PORTRAIT Cindy Laporte, âgée de 20 ans, une jeune emme enceinte et émaciée, a été admise à l’unité des naissances depuis l’urgence. Les employés d’un restaurant l’ont trouvée étendue par terre dans les toilettes de l’établissement en train de crier. Ils ont appris qu’elle était sans abri et qu’elle vivait dans la rue. Les ambulanciers ont rapporté qu’elle était en travail acti et qu’elle n’arrêtait pas de crier. Elle semblait très erayée, luttait contre le personnel qui essayait de l’aider et injuriait tout le monde autour d’elle pendant chaque contraction. En plus de jurer, elle donnait des ordres aux démons et aux sorcières qui, disait-elle, entouraient son lit et armaient qu’ils allaient prendre son bébé et le donner au Diable.
Troubles mentaux
_Ch10.indd 226
Les résultats d’examens paracliniques ont conrmé l’absence de drogue dans le corps de madame Laporte. Marlène, l’inrmière en poste à l’admission, s’est rendu compte que la cliente était psychotique et a tenté d’établir un lien de conance avec elle. Madame Laporte a bien réagi, ses crises ont diminué, et elle n’a pas tardé à mentionner qu’elle était moins erayée quand Marlène était dans la pièce et lui parlait. Madame Laporte a avoué qu’elle s’était enuie de la maison après être devenue enceinte et n’avait plus communiqué avec sa mère depuis. Celle-ci a par la suite mentionné au personnel que madame Laporte avait reçu un diagnostic de léger retard mental, mais qu’elle avait aussi eu des périodes de délire et d’hallucination depuis son enance. Elle avait pu vivre à la maison sous les soins de sa amille jusqu’à sa ugue.
3.1
Pensée infrmière en santé mentale
3.2
L’annexe 3.1W, présentée au http://ortinash.cheneliere.ca, décrit les apports de l’école de l’interaction et de l’école des patterns ainsi que ceux des nombreuses infrmières pion nières en santé mentale.
1 À retenir
La pratique inrmière en santé mentale est une spécialité dynamique de la proession, aisant appel à la collaboration interdisciplinaire et exigeant de relever de nombreux dés. Bien que la pratique clinique dans le domaine de la santé mentale ait connu une évolution remarquable au cours du dernier siècle, la personne dans sa globalité (amille, groupe, communauté) demeure la principale préoccupation de cette discipline, peu importe le milieu d’intervention et les soins prodigués par l’inrmière.
3.2.1
La pratique d’aujourd’hui est issue de modèles conceptuels et de théories orant une perspective unique au développement de connaissances orientant la proession inrmière (Pepin, Kérouac & Ducharme, 2010). L’école de l’interaction et l’école des patterns ont marqué l’évolution de la pratique inrmière en santé mentale, et leurs infuences demeurent encore très présentes. L’école des
La carte conceptuelle présentée au début de chaque chapitre permet à l’étudiante d’avoir une vue d’en13/03/13 3:03 PM liens et des nombreux concepts clés qu’elle semble des découvrira au cours de sa lecture. Cette carte peut être utile pour réviser les notions apprises dans le chapitre.
Habiletés et compétences de l’infrmière Chapitre 10
Stress et troubles de l’adaptation
227
13/03/13 3:03 PM
5 Amorce
Chaque chapitre commence par la présentation d’un cas clinique concret. Ce dernier vise à conronter l’étudiante à la réalité qui sera analysée dans la suite du chapitre. Le questionnement suscité par cet exemple prépare l’étudiante à comprendre la réalité de la pratique infrmière en santé mentale et en psychiatrie et à aire des liens avec le contenu théorique présenté.
Principes directeurs
Soutien à l’expérience du rétablissement Le PASM 2005-2010 invite au soutien de la personne dans son expérience de rétablissement. L’inrmière qui collabore avec le client ayant un trouble mental devrait posséder les habiletés nécessaires an d’orienter ses interventions à l’égard de la restauration de la santé (être le moins malade possible), d’une part, et de l’optimisation du bien-être subjecti de la personne (être le plus en santé mentale positive possible), d’autre part. En d’autres termes, guidée par les normes de la pratique ainsi que par les politiques et procédures de son milieu de travail, l’inrmière est invitée à soutenir le client dans la gestion de sa maladie et de ses conséquences de même que dans les transormations positives qui l’accompagnent (Provencher & Keyes, 2010, 2011). Étant donné que le rétablissement est une expérience singulière, chaque intervention nécessite d’être adaptée en onction de la personne, en prenant appui sur
En lien direct avec les objectis d’apprentissage énoncés en début de chapitre, cette rubrique présente, sous orme de liste à puces, les notions importantes abordées dans celui-ci. Une version reproductible est oerte au http://ortinash. 54 cheneliere.ca. Il s’agit d’un outil efcace que l’étudiante appréciera pour réviser sa matière en préparation aux examens. Partie 1
4 Carte conceptuelle
La pratique inrmière en santé mentale ore une multitude de possibilités et présente de nombreux dés permettant à l’inrmière de s’actualiser sur le Psychiatrie_Ch10.indd 227 plan proessionnel. Les rôles et les interventions inrmières en santé mentale renvoient à certaines habiletés et compétences devant être acquises par l’inrmière dans le but d’obtenir une expertise clinique et de s’épanouir dans ce domaine. An de avoriser une meilleure compréhension des diverses habiletés et compétences de l’inrmière qui désire prodiguer des soins aux personnes présentant un problème de santé mentale ou vivant avec un trouble mental, celles-ci sont articulées à la lumière des principaux éléments recoupant les orientations du Plan d’action en santé mentale (PASM) 2005-2010 (Ministère de la Santé et des Services sociaux [MSSS], 2005) FIGURE 3.1.
FERMETURE DE CHAPITRE
Fondements de la pratique infrmière en santé mentale et en soins psychiatriques
Psychiatrie_Ch03.indd 54
2 Ressources
Cette rubrique ore à la lectrice désirant approondir ses connaissances un éventail de réérences complémentaires pertinentes liées aux thèmes abordés dans le chapitre : sites Internet, ouvrages de réérence, articles scientifques, vidéos, etc. Une version plus détaillée peut être consultée au http://ortinash.cheneliere.ca, où d’un seul clic l’étudiante a accès aux sites mentionnés.
2 Objectifs d’apprentissage
Les objectis d’apprentissages mettent en évidence les aspects essentiels abordés dans le chapitre. La lectrice survole ainsi les principales connaissances et compétences qu’elle acquerra en étudiant le chapitre.
1 À retenir VERSION REPRODUCTIBLE
http://fortinash.cheneliere.ca
• Le syndrome général d’adaptation (SGA) est un ensemble de réac tions physiologiques au stress qui comporte trois phases : la phase d’alarme, la phase de résistance et la phase d’épuisement.
• La réaction de lutte ou de fuite fait intervenir les systèmes nerveux, endocrinien et cardiovasculaire. L’axe hypothalamohypophyso 13/03/13 3:05 PM surrénalien utilise les hormones pour aider l’organisme à se mobi liser rapidement en réaction aux stresseurs. • L’inrmière doit utiliser l’échelle d’évaluation de la réadaptation sociale (Holmes et Rahes) avec prudence pour évaluer le client, car celleci ne tient pas compte
2
d’indicateurs tels que les change ments permanents de la vie, la monotonie et le stress anticipé. • Les personnes ayant un locus de contrôle interne considèrent qu’elles ont de l’emprise sur leur vie et qu’elles sont en mesure d’en inuencer le cours, tandis que celles ayant un locus de contrôle externe s’estiment plutôt à la merci des événements qu’elles attribuent à des facteurs externes tels que la chance ou le destin. • L’inrmière s’efforcera de tenir compte du caractère unique que revêt l’expérience du stress chez chaque personne à qui elle prodigue des soins, ainsi que des variables qui inuenceront la réponse aux stresseurs pour chacun de ses clients. • L’inrmière encouragera les clients à avoir de saines habitudes de vie, comme une bonne alimentation, de
l’exercice et une bonne hygiène de sommeil an d’éviter des per turbations supplémentaires de l’organisme qui affecteront les capacités de régénération. • L’arbre décisionnel est une méthode utilisée pour gérer les effets négatifs du stress, car il permet de fractionner un problème, de prendre une saine distance et de schématiser un pro cessus de résolution du problème. • L’inrmière peut utiliser les techni ques de base et les outils de l’ap proche cognitivocomportementale pour aider le client à reconnaître ses pensées automatiques et perceptions erronées, notamment le processus de restructuration cognitive.
• Le trouble de l’adaptation est dia gnostiqué lorsqu’il est possible de dégager un stresseur et que les symptômes du client ne sont pas sufsamment sévères pour corres pondre aux critères diagnostiques d’un autre trouble mental. Cela est controversé, entre autres parce que ses critères chevauchent ceux des troubles dépressifs ou anxieux. • Les clés du traitement des troubles de l’adaptation sont le soutien et la relativisation des symptômes mal gré le malêtre qu’ils suscitent. Les modèles d’intervention s’inspirent souvent de l’intervention en situa tion de crise.
• L’inrmière peut planier des inter ventions diversiées pour aider une personne exposée au stress, notamment la pratique d’activités de détente et de loisir ainsi que la méditation et la relaxation.
PasseportSanté.net www.passeportsante.net > Actualités > Dossiers > Le stress et l’anxiété PsychoMedia www.psychomedia.qc.ca > Lexique de psychologie > Psychothérapie cognitivo-comportementale > En savoir plus > Défnition : Psychothérapie cognitivo-comportementale > Lexique de psychologie > Méditation de pleine conscience (mindulness) > En savoir plus > Défnition : Méditation de pleine conscience (mindulness) > Pleine conscience (mindulness) > Lexique de psychologie > Trouble de l’adaptation > En savoir plus > Défnition : Trouble de l’adaptation > Trouble de l’adaptation > Qu’estce que le trouble de l’adaptation ? (Défnition, symptômes, diagnostic)
Monographies Choque, S., & Choque, J. (2007). Soignants : stress, apprendre à le gérer (2e éd.). Paris : Lamarre.
Fradin, J. (2008). L’intelligence du stress. Paris : Éditions d’Organisation.
Multimédia
Lazarus, R.S., & Folkman, S. (1984). Stress appraisal and coping. New-York : Springer. Servan-Schreiber, D. (2011). Guérir le stress, l’anxiété et la dépression : sans médicaments ni psychanalyse. Paris : Pocket.
Articles, rapports et autres
Godbout, J. (1990). Pour l’amour du stress (flm, 58 min 55 s). Montréal : Ofce national du flm. Institut Douglas (2007, en anglais). Stress, mémoire et vieillissement, conérence présentée par Sonia Lupien, Ph. D., dans le cadre du Mois de l’Alzheimer. www.douglas.qc.ca/videos/24
Botti, G., Daures, R., Clicha, C., et al. (2009). Prévention du stress, une expérience en ormation infrmière. Soins, 736, 24-27.
Radio-Canada (1980, 4 janvier). Le stress selon Hans Selye (télévision, 19 min 31 s), série Les Ateliers.
Fondation des maladies du cœur & Association canadienne de la santé mentale (ACSM) (2009). Le stress apprivoisé. Ottawa, Ont. : ACSM.
Radio-Canada (2012, 18 évrier). « Les maladies du stress », Par 4 chemins (radio), animateur : Jacques Languirand. www.radio-canada.ca/emissions/ par_4_chemins/2011-2012/chronique. asp?idChronique=202368
Lebel, G. (2011). Guide d’autosoins pour la gestion du stress. Montréal : Publications Douglas. Shields, M. (2004). Stress, santé et bienaits du soutien social. Statistique Canada, Rapports sur la santé, 15(1), 82-0030.
10
Resnais, A. (1980). Mon oncle d’Amérique (flm, 2 h 05 min). Paris : Andrea flms/TF1 Film production.
Ressources VERSION COMPLÈTE ET DÉTAILLÉE
http://ortinash.cheneliere.ca
Références Internet
Association canadienne pour la santé mentale (ACSM) – Chaudières-Appalaches www.acsm-ca.qc.ca > Dossier stress Association pour le développement de la Mindulness www.association-mindulness.org
ORGANISMES ET ASSOCIATIONS
Canadian Institute o Stress www.stresscanada.org
American Institute o Stress www.stress.org
Centre d’études sur le stress humain www.stresshumain.ca
American Psychological Association www.apa.org > Psychology Topics > Stress
ORGANISMES GOUVERNEMENTAUX
Association canadienne pour la santé mentale (ACSM) www.cmha.ca/r > Santé mentale > Votre santé mentale > Le stress
242
Partie 3
Psychiatrie_Ch10.indd 242
Agence de la santé publique du Canada www.phac-aspc.gc.ca > Mesures et interventions d’urgence > Services d’interventions d’urgence > Faire ace aux événements stressants > Maladies chroniques > Maladie mentale > Comment bien gérer son stress ?
Centre canadien d’hygiène et de sécurité au travail www.cchst.ca > Réponses SST > Promotion - Santé / Bienêtre / Questions psychosociales > Stress en milieu de travail - Généralités Santé Canada www.hc-sc.gc.ca > Vie saine > Votre santé et vous > Mode de vie > Liste alphabétique complète > Santé mentale – Gestion du stress RÉFÉRENCES GÉNÉRALES Cohérence cardiaque (Canada) www.coherencecardiaque.ca Everyday Health www.everydayhealth.com > Search > Stress Infressources www.infressources.ca > Banques et recherche > Santé > Santé mentale > Stress Chapitre 10
Troubles mentaux
13/03/13 3:06 PM
Stress et troubles de l’adaptation
Psychiatrie_Ch10.indd 243
Caractéristiques de l’ouvrage
243
13/03/13 3:06 PM
IX
11.4
DÉVELOPPEMENT DU JUGEMENT CLINIQUE 1
1 Capsules de jugement clinique
Ces capsules proposent de courtes mises en situation amenant l’étudiante à mettre en lien ses connaissances, la théorie ainsi que la pratique clinique. L’exercice que requiert la ormulation des réponses à ces questions avorise l’acquisition des compétences en matière de pensée critique. Le solutionnaire se trouve au http://ortinash.cheneliere.ca. 2 Jugement clinique
Germaine Grandmaison est âgée de 60 ans. Elle a perdu son mari il y a six mois et elle présente maintenant des signes de dépression majeure. C’est la raison pour laquelle elle est hospitalisée. Elle parle peu, sau pour dire qu’elle ne voit pas comment elle va s’en sortir : « C’est trop difcile pour moi, tout ça. Qu’est-ce que je vais devenir ? »
Elle néglige son apparence et reporte constamment le moment d’eectuer sa toilette, qu’elle ne ait pas quotidiennement. Elle ne mange pas beaucoup et demande à prendre ses repas dans sa chambre plutôt que dans la salle à manger. Elle cherche à s’isoler et préère qu’on lui parle le moins possible. {
3
Dans l’application de la démarche de soins auprès de madame Grandmaison, l’infrmière a recours à un ensemble d’éléments (connaissances, expériences antérieures, normes institutionnelles ou protocoles, attitudes proessionnelles) pour analyser la situation de santé de la cliente et en
Collecte des données – Évaluation initiale – Analyse et interprétation 2. En sachant que la cliente mange peu, que devriez-vous évaluer plus spéciiquement sur le plan de son alimentation ?
CONNAISSANCES
3. D’après les données initiales, quel semble être le problème prioritaire de madame Grandmaison ?
• Fonctionnement d’une unité de soins psychiatriques • Dynamique de la personne souffrant de dépression • Rôle et fonctions de l’inrmière en santé mentale • Particularités d’une approche inrmière efciente en santé mentale
Planifcation des interventions – Décisions infrmières
http://fortinash.cheneliere.ca
4. Devriez-vous obliger madame Grandmaison à prendre une douche ou un bain quotidiennement ? Justifez votre réponse.
Lorsque la flle de madame Grandmaison vient la visiter, vous en proftez pour recueillir d’autres données sur la cliente. Vous apprenez ainsi que c’était une personne ière qui soignait son {
Le DSM-IV-TR. Critères diagn les troubles de l’humeur en tr et plan thérapeutique infrmiertroubles (PTI) dépressis (unipolaires À la fn de chaque chapitre, un caslaires clinique réaliste et les autresest troubles de l’ présenté abordant une des pathologies étudiées. À Psychiatric Association [APA] l’aide de questions, les étudiantesDSM-IV-TR, sont amenées déleàdiagnostic de tro velopper leur jugement clinique en les seexpérimentant onde sur les symptômes clin étapes de la démarche de soins. Elles sont ainsi invitées à préparer ou à modifer, s’il y a lieu, un extrait du Partie 3 Troubles mentaux plan252 thérapeutique infrmier (PTI). Le solutionnaire est présenté au http://ortinash.cheneliere.ca. 2 Analyse d’une situation de santé
comprendre les enjeux. La FIGURE 3.11 illustre le processus de pensée critique suivi par l’infrmière afn de ormuler son jugement clinique. Elle résume les principaux éléments sur lesquels l’infrmière s’appuie en onction des données de cette cliente, mais elle n’est pas exhaustive.
VERS UN JUGEMENT CLINIQUE
1. Devriez-vous évaluer le risque suicidaire chez cette cliente ? Justifez votre réponse.
SOLUTIONNAIRE
3
APPLICATION DE LA PENSÉE CRITIQUE
MISE EN ŒUVRE DE LA DÉMARCHE DE SOINS
apparence. Plus tard, vous proposez à la cliente qu’elle change de vêtements et qu’elle se coie tous les jours, objecti qu’elle accepte d’essayer d’atteindre. ”
EXPÉRIENCES
NORMES
• Expérience auprès d’une clien tèle éprouvant un problème de santé mentale • Habileté en relation d’aide
• Responsabilités, rôle et fonctions de l’inrmière en psychiatrie • Respect des règles de fonction nement d’une unité de soins psychiatriques
ATTITUDES • Respecter les limites de la cliente • Miser sur le potentiel de la cliente • Permettre des choix • Éviter d’être directif et d’imposer son point de vue
PENSÉE CRITIQUE
ÉVALUATION • • • • • • •
MISE EN ŒUVRE DE LA DÉMARCHE DE SOINS
5. Est-ce un objecti réaliste ? Justifez votre réponse. 6. Même si la cliente s’isole et parle peu, devriez-vous attendre qu’elle amorce les interactions avec vous ? Justifez votre réponse. Voici un extrait du PTI de madame Grandmaison. Extrait des notes d’évolution
2013-06-22 12:00 D à d s r a chb pltô q a l à mg. S’s mê n ho r e éfè u’on li m .
Partie 1
Extrait
Risque suicidaire Hygiène personnelle et apparence de la cliente Raisons pour ne pas prendre ses repas à la salle à manger Impacts de l’isolement de la cliente Réceptivité et participation de madame Grandmaison aux interactions Motivation et intérêt à atteindre l’objectif convenu concernant les soins d’hygiène Atteinte des résultats escomptés pour les soins d’hygiène
CONSTATS DE L’ÉVALUATION Date
Heure
N°
2013-06-22
12:00
2
Date
Heure
N°
2013-06-22
12:00
2
Problème ou besoin prioritaire
Initiales
Tendance à l’isolement
RÉSOLU / SATISFAIT Proessionnels / Date Heure Initiales Services concernés
L.B.
JUGEMENT CLINIQUE
SUIVI CLINIQUE Directive infrmière
Signature de l’infrmière
Lucienne Bokondo
Initiales
FIGURE 3.11
CESSÉE / RÉALISÉE Date Heure Initiales
Demander à d’autres clients de la visiter. Initiales
Programme / Service
L.B.
Unité 2B – Santé mentale
Signature de l’infrmière
Initiales
Programme / Service
3 Application de la pensée critique
7. La directive infrmière est-elle pertinente pour assurer le suivi clinique du problème prioritaire de la cliente ? Justifez votre réponse.
Psychiatrie_Ch11.indd 252 Chapitre 3
Fondements de la pratique infrmière en santé mentale et en soins psychiatriques
Psychiatrie_Ch03.indd 68
13/03/13 3:07 PM
Principes de la pratique infrmière en santé mentale
Psychiatrie_Ch03.indd 69
La fgure Application de la pensée critique met en évidence le processus de pensée critique appliquée au cas présenté dans l’Analyse d’une situation de santé. Elle démontre l’interrelation entre les connaissances, les expériences, les normes et les attitudes permettant à l’infrmière de procéder à l’évaluation et d’exercer son jugement clinique.
69
13/03/13 3:07 PM
AUTRES ÉLÉMENTS DISTINCTIFS 1 Tableaux, encadrés et fgures
Que ce soit pour illustrer un concept, ournir un complément d’inormation ou résumer des notions, des centaines de tableaux, d’encadrés et de fgures acilitent l’apprentissage.
1
TABLEAU 14.2
2 Renvois aux vidéos
Ces renvois invitent l’étudiante à consulter des vidéos présentant des situations cliniques auxquelles elle pourrait être conrontée dans l’exercice de sa proession. Tout au long du manuel, la lectrice est redirigée vers d’autres chapitres qui décrivent plus spécifquement des notions abordées sommairement dans le texte courant. 4 Pictos i
Ces pictogrammes invitent l’étudiante à approondir ses connaissances. Il peut s’agir de réérences supplémentaires, d’associations, d’organismes ou de sites Internet. 5 Rubriques Soins et traitement infrmiers
Caractéristiques de l’ouvrage
DESCRIPTION ET EXEMPLES
Idées de grandeur ou mégalomanie
La personne a des idées de richesse et de surestimation de ses capacités personnelles. Exemple : « Je suis conseillère du premier ministre, et il ne peut se passer de moi. »
Idées de persécution
La personne a la conviction que l’on essaie de lui nuire physiquement (idées d’empoisonnement, d’agression) et moralement (« on » l’insulte, « on » veut l’expulser de son appartement). Ce sont les plus réquentes. Exemple : « La Gendarmerie royale du Canada me poursuit constamment. » • de gérer avec succès les moments de plus grand stress La personne est convaincue que les autres parlent d’elleen ouintégrant lui ont signela notion que les pensées, les impulsions et les images sont involontaires, dans la rue, à la télévision ou ailleurs. de façon à réduire son sentiment de culpabilité Exemple : « À la télévision, les gens parlent de moi. » et l’anxiété qui l’accompagne ; La personne entretient des idées en lien avec• led’utiliser onctionnement de son corps, activement des stratégies apprises pour qui comprennent plusieurs thèmes variant selongérer les périodes. La personne l’anxiété et pourpense réduire les comporteêtre atteinte d’une imperection physique ou d’une maladie médicale générale. ments obsessionnels-compulsifs, par exemple, Exemple : « Je suis diabétique car, lorsque j’ai aim, je tremble etde j’aipleine de la diculté la méditation conscience ; à marcher. Mon médecin m’a dit que mes examens sanguins sont normaux mais je • de recourir à des techniques d’extinction des demeure convaincu que j’ai cette maladie. » pensées conscientes enseignées par la thérapie cognitivo-comportementale (TCC) pouvant La personne croit qu’une personne ou une puissance extérieure gouverne l’aider à réduire l’attention qu’il porte à des ses pensées ou activités. schèmes de pensée répétitifs qui amplient Exemple : « J’ai un l dans la tête par lequel ma amille guide tous mes gestes. » l’anxiété 20 ; La personne a de ausses croyances liées à des thèmes religieux spirituels. • de discuter duourégime pharmacologique et de Ces idées sont réquentes. prendre les médicaments comme prescrit ; Exemple : « Tant que je porte ces 10 médailles •bénites, il ne peut m’arriver aucun mal. » de savoir quand appeler le thérapeute pour des visites supplémentaires lorsque survient une crise.
Idées corporelles ou somatiques
Idées de contrôle ou d’infuence
Idées mystiques
Jugement clinique Monsieur Roméo a également des idées délirantes. Lorsqu’il lit une bande dessinée, il est convaincu que les personnages lui envoient des messages subliminaux, que lui seul peut détecter.
Désorganisation de la pensée et du comportement
La désorganisation de la pensée et du comportement est typique dans la schizophrénie. La désorganisation de la Quel type d’idées délirantes présente-t-il ? pensée survient lorsque la personne ne peut plus établir de liens entre ses idées, qui lui permettent en temps normal de communiquer clairement et logiquement avec les autres. Tantôt ses idées sont incohérentes, tantôt elles disparaissent temporairement. Lorsqu’elle parle, la personne saute d’un sujet à l’autre ou son discours ne comporte pas de liens Visionnez la vidéo Crise logiques entre les mots (salade de mots) ; de même, psychotique et famille au http://fortinash.cheneliere.ca. les mots peuvent être purement imaginés par le client (néologismes).
2
La désorganisation du comportement survient lorsque la personne éprouve de la difculté à terminer une tâche apparemment routinière, comme prendre un bain, s’habiller convenablement et préparer des repas simples. Au cours de la phase aiguë de la maladie, les personnes sont habituellement incapables de planifer leurs journées et d’accomplir des tâches qu’elles exécutaient auparavant sans difculté. La désorganisation peut se maniester également par des gestes répétitis non maîtrisés
354
Partie 3 Troubles mentaux
État de stress post-traumatique (persévération), sans but précis, ou par une agresen ESPT sera en mesure : sion en l’absenceLe declient provocation. manifestercomportementale une préoccupation quant à sa La violence est•lade perturbation sécurité en commençant à verbaliser la plus préoccupante causéepersonnelle par la schizophrénie. ses inquiétudes Le risque de violence augmente si; le client a un trouble coexistant• d’abus d’alcool ou de substance, de participer activement à un groupe de soutien, une personnalité antisociale ou desindividuelle défciences ou ner-aux deux ; à une thérapie veuses (APA, 2004, guidelines for the treat• Practice de reconnaître et d’utiliser un système de soument of patients with schizophrenia). Touteois, ces tien efcace et sufsant ; acteurs ne permettent pas de déterminer quelles • d’accepter de prendre des décisions quant à ses personnes deviendront violentes . propres besoins en santé ; • d’acquérir et de mettre en pratique des stratégies Symptômes négatifs d’adaptation pour faire face aux symptômes Les symptômes négatifs (ou défcitaires) succèdent d’anxiété, par exemple, des techniques de respihabituellement aux symptômes positis. Il est à ration, des exercices d’autorelaxation progresnoter que la plupart des clients atteints de schisive, la substitution de pensées, d’images et de zophrénie présentent les deux types de symptômes. souvenirs, et l’adoption de comportements plus Les symptômes négatis s’observent par un manque assurés ; ou une absence de comportements attendus et sont de discuter du régime pharmacologique et de présents pendant•toutes les phases de la maladie. prendre les médicaments comme prescrit ; Ils peuvent être défnis comme un déclin des aptide décider quand utiliser les médicaments à tudes habituelles•d’une personne. prendre au besoin an de réduire la réaction Les clients qui maniestent principalement des anxieuse à un signal de l’environnement ; symptômes négatis répondent plus difcilement contacter le thérapeute à la médication,•cedequi n’est pas le cas avecpour les une assistance lorsqu’une crisenégasurvient ; symptômes positis.immédiate Touteois, les symptômes de invalidants reconnaître àlalong nécessité le thératis peuvent être •plus termed’appeler en peute pour des visites supplémentaires quand les symptômes s’amplient.
5
Trouble d’anxiété généralisée Le client aux prises avec un TAG sera en mesure :
Psychiatrie_Ch14.indd 354
Ces rubriques mettent en évidence les interventions infrmières requises en lien avec une pathologie.
Description des types les plus courants d’idées délirantes
TYPE D’IDÉES DÉLIRANTES
Idées de réérence
3 Renvois aux autres chapitres
X
Jugement clinique
Évaluation des résultats – Évaluation en cours d’évolution 8. Qu’est-ce qui vous permettrait de conclure que l’objecti concernant les autosoins d’hygiène de madame Grandmaison est vraiment réaliste ?
68
Les troubles de l’humeur sont récurrence d’épisodes symptom dans le temps. Il s’agit de l’ majeur, de l’épisode maniaque, et de l’épisode hypomaniaque. sodes est apparition quence et la perturb Laurent Côté est un homme d’aaires âgé de 48 ans. soit le s Au cours d’une promenade en auto, un chauard a minant de brûlé un eu rouge et a percuté sa voiture. Sa emme changeme et ses deux fllettes sont décédées sur le coup. Il est gnition, a hospitalisé pour un épisode dépressi majeur. Lorsque physiolog vous lui annoncez qu’il pourra avoir un congé de fn tement o de semaine, il dit sur un ton monocorde avec un sou tableau cl rire timide : « J’imagine que ça va me aire du bien. » crits dans Quel type d’aect monsieur Côté présentetil ? suivantes.
MISE EN ŒUVRE DE LA DÉMARCHE DE SOINS
Analyse d’une situation de santé
Description cli
• de montrer une réduction importante des symp13/03/13 3:21 PM tômes physiologiques, cognitifs, comportementaux et émotionnels de l’anxiété ; • de montrer une capacité d’adaptation efcace ;
• de manifester une capacité accrue de prendre des décisions et de résoudre des problèmes ; • de montrer sa capacité de fonctionner de manière adaptée en état d’anxiété légère ; • de discuter du régime pharmacologique et de prendre les médicaments comme prescrit ; • de savoir quand appeler le professionnel de la santé pour des visites supplémentaires lorsque survient une crise ; • d’utiliser la méditation de pleine conscience quand il ressent des symptômes d’anxiété plus élevée.
3
Décider des soins Dans l’environnement actuel des soins de santé, la planifcation du traitement pour le client ayant des troubles anxieux est variée. Depuis le virage ambulatoire et la désinstitutionnalisation eectués au Québec au milieu des années 1990, la plupart des clients atteints de troubles anxieux sont traités en consultation externe. L’hospitalisation dans des unités de courte durée est surtout envisagée pour des clients qui représentent un danger pour eux-mêmes ou pour les autres. Les données soutiennent que les troubles anxieux sont associés à d’autres problèmes de santé, et ce sont habituellement ces problèmes (p. ex., le trouble dépressi, le risque suicidaire) plutôt que les troubles anxieux qui conduisent à l’hospitalisation (Santé Canada, 2002). Au lieu de seulement assumer leurs rôles traditionnels en orant des soins directs aux clients dans des établissements hospitaliers, les infrmières deviennent des intervenantes pivots. En tant que telles, elles ournissent des renseignements sur les options de traitement et sur les résultats escomptés à l’intention des clients et de leur amille.
4
12.6.4
20 La thérapie cognitivocomportementale est présentée dans le chapitre 20, Modèles et stratégies thérapeutiques.
12
L’infrmière peut orienter le client vers des groupes d’entraide tels que La clé des champs ou Phobies-Zéro, répertoriés sur le site Web de l’Association / Troubles de l’humeur et d’anxiété au Québec : www.ataq.org.
Exécution des interventions Soins et traitements infrmiers
Une ois l’évaluation réalisée et un diagnostic de la amille des troubles anxieux confrmé, l’infrmière peut intervenir auprès du client de diverses açons. Son rôle dépend touteois du milieu de soins. L’infrmière enseigne au client en quoi consiste sa maladie et lui explique les options thérapeutiques retenues par l’équipe interdisciplinaire. Elle peut également lui présenter des moyens permettant de maîtriser l’anxiété, notamment les techniques de relaxation et de respiration FIGURE 12.5. Il lui est aussi possible d’orienter le client vers des groupes de soutien ou des organismes communautaires qui viennent en aide aux personnes aux prises avec des troubles anxieux. Elle peut également soutenir le client de açon plus directe, au cours d’entretiens de relation d’aide durant lesquels elle lui ait prendre conscience des liens qui existent entre ses symptômes physiques ou l’exacerbation des compulsions et l’anxiété. Chapitre 12 Troubles anxieux
Psychiatrie_Ch12.indd 305
305
13/03/13 3:18 PM
6
6 Schémas des quatre dimensions
SCHÉMA DES QUATRE DIMENSIONS Hypocondrie
DIMENSION PHYSIQUE • Symptômes physiques compatibles avec une maladie
• Anxiété • Capacité de concentration perturbée par la peur d’être malade
DIMENSION SPIRITUELLE
• Inquiétude excessive à propos de la maladie
• Difculté à faire conance • Peur qui domine la pensée aux professionnels de la santé
Lorsqu’elle croit être malade, madame Dupuis a de la difculté à participer aux activités familiales. Elle s’isole parfois dans la salle de bain pour s’examiner ou consulter des livres à propos de la maladie dont elle croit être atteinte.
FIGURE
• Irritabilité
Madame Dupuis a très peur d’être gravement malade. Elle envisage toujours le pire lorsqu’il s’agit de santé. Son som meil est fréquemment perturbé ; la cliente a de la difculté à demeurer concentrée lorsqu’elle présente un signe ou un symptôme physique et croit être malade.
DIMENSION SOCIALE • Tensions dans sa vie familiale et de couple
Ces schémas illustrent les conséquences et maniestations d’un problème de santé mentale dans la vie quotidienne en regard des dimensions physique, psychologique, spirituelle et sociale.
DIMENSION PSYCHOLOGIQUE
• Attention au moindre signe ou symptôme physique
Geneviève Dupuis est âgée de 42 ans. Elle est à l’écoute de son corps et devient anxieuse dès qu’elle y détecte le moindre changement. Lorsqu’elle repère un signe ou un symptôme, elle croit toujours être atteinte d’une maladie grave (p. ex., une douleur abdominale indique la maladie de Crohn, une tache sur la peau révèle un cancer).
Madame Dupuis n’est que temporairement rassurée à la suite d’une consultation médicale. Elle a de la difculté à faire conance aux professionnels de la santé, remet en doute le diagnostic et refuse de croire que son trouble puisse être de nature psychologique. Elle a consulté plusieurs médecins pour le même problème. Elle vit avec la peur d’être gravement malade chaque fois qu’un nouveau symptôme se manifeste.
7 Alertes cliniques
13
Ces alertes attirent l’attention de l’étudiante sur une inormation particulièrement importante pour sa propre sécurité ou celle du client.
13.1
débute parois au cours de l’enance. Son apparition peut être graduelle ou soudaine, mais son diagnostic peut être retardé pendant plusieurs années parce que le client cache souvent ses symptômes (APA, 2003). Ce trouble se produit quand un client est préoccupé par un déaut qu’il perçoit dans son apparence. Ce déaut peut être imaginaire. Si la personne a une légère anomalie physique, sa préoccupation est maniestement axée sur ce déaut, et elle s’avère démesurée par rapport à l’ampleur de celui-ci. Cette préoccupation cause une sourance ou un dysonctionnement social ou proessionnel qui est cliniquement signifcati et qui n’est pas dû à un autre trouble mental (APA, 2004). Selon la gravité des symptômes ressentis ou l’importance accordée au déaut perçu, le client peut avoir des comportements qui entraînent des problèmes à l’école ou au travail, comme de la difculté à se concentrer en raison de ses préoccupations, une baisse de son rendement ou un absentéisme accru. Certaines personnes atteintes du trouble de la peur d’une dysmorphie corporelle vont jusqu’à subir des chirurgies esthétiques importantes et douloureuses. Touteois, la plupart demeurent insatisaites des résultats, et,
dans certains cas, il y a exacerbation des symptômes après la chirurgie (Crerand, Menard & Phillips, 2010).
Jugement clinique
Yolande Maltéus, âgée de 39 ans, a perdu tous ses cheveux à la suite d’une chimiothérapie pour un can cer du sein gauche. Elle a également été traitée en Les imperections réelles radiothérapie, ce qui lui a occasionné des brûlures au ou perçues de la tête ou du thorax. Depuis ce temps, elle porte toujours un fou visage sont généralement lard ou un turban sur la tête, refuse de mettre des préoccupantes pour le vêtements décolletés et s’isole de plus en plus souvent, client atteint de ce trouble, de crainte qu’on ne remarque son apparence. Elle évite comme celles associées aux même de se déshabiller devant son conjoint. cheveux, à l’acné, au nez, Madame Maltéus montretelle des signes de peur aux rides, aux oreilles, à la d’une dysmorphie corporelle ? Justiez votre réponse. bouche, aux dents, aux lèvres. L’infrmière est attentive à cette possible préoccupation ; elle demande directement au client s’il s’inquiète à ce sujet et comment il perçoit son déaut (Haas, Champion & Secor, 2008 ; Knoesen, Thai Vo & Castle, 2009).
8 Termes en gras et mots défnis en marge
Le client adopte souvent des comportements d’allure compulsive, comme consacrer un temps excessi à sa toilette, vérifer ou attaquer le déaut en grattant ou pinçant la peau jusqu’au sang, et il peut parois subir de multiples chirurgies esthétiques pour corriger le déaut ENCADRÉ 13.3. Par Chapitre 13 Troubles somatoformes, factices et dissociatifs
Psychiatrie_Ch13.indd 323
Les termes en caractères gras indiquent qu’ils sont dénis dans le glossaire, à la n du manuel. Les mots surlignés en jaune sont dénis en marge an de aciliter la compréhension immédiate du texte. Ils se retrouvent également dans le glossaire.
323
13/03/13 3:20 PM
qu’il vieillit. Il ait progressivement la distinction entre la réalité et l’imaginaire. À l’âge adulte (audelà de 19 ans), l’être humain possède toutes les compétences nécessaires à la compréhension du monde qui l’entoure.
social. Le soutien social est étroitement lié à la santé mentale (Caron & Guay, 2005).
8.1.3
7
Stades de développement
Dans nos sociétés occidentales, trois périodes du cycle de vie sont reconnues.
9 Rappelez-vous interlocuteurs sont source d’émotions qui pren nent parois une grande importance dans les Ces rubriques présentées en marge ournissent un rappel des échanges de l’infrmière avec le client. Paracquises exemple, connaissances déjà par l’étudiante, lui permettant ainsi de La communication est soumise à l’inuence de une maniestation de désintérêt momentané de les associer au sujet abordé dans le chapitre. Se terminant par une 8 nombreux acteurs, comme : l’infrmière ou une pointe d’agressivité du l’étudiante client question, elles invitent à réactiver ses connaissances. • l’environnement ; peuvent complètement biaiser l’intervention et nuire à l’atteinte des objectis. Le client psychia • la nature de la relation entre les personnes ; 9 trique est ragile et sensible, aussi l’infrmière doit 10 Mots clés • le contenu du message et le contexte dans lequel elle observer attentivement les émotions qu’il interlocuteurs sont source d’émotions qui pren infuencent il s’insère ; Des mots clés sont surlignés en rose dans chaque section du 5 manieste, mais nent parois une grande importance dans lesaussi ses attitudes et son compor ation• les attitudes, leséchanges chapitre an de aciliter le repérage et l’apprentissage de émotions, valeurs avec et les tement ou non verbal dans le but d’en com de les l’infrmière le client. Parverbal exemple, l’étudiante. croyances ; de une maniestation de désintérêtprendre umise à l’inuence la signifcation. momentané de e: • l’origine ethnique, la culture et religion ; d’agressivité l’infrmière oulaune pointe du client L’attitude des personnes en présence inue éga peuvent complètement biaiser l’intervention et lement sur l’interaction. Elle détermine la manière • le statut socioéconomique ; 11 Conseils cliniques nuire à l’atteinte des objectis. Le client psychia dont une personne réagit envers une autre. Elle entre les personnes ; • l’âge et le sexe ; Cespréjugés, astuces visent à améliorer le conort du client et à aider l’inrtrique est ragile et sensible, aussiest l’infrmière doit par les conditionnée les expériences t le contexte dans lequel • le niveau de connaissance et l’éducation reçue ; les émotions qu’il mière dans travail. elle observer attentivement passées, l’ouverture d’esprit et son l’acceptation de • la capacité des liensmais avecaussi autrui. manieste, ses attitudes et sonLes compor 10 à établir l’autre. personnes issues de classes socioéco 5 ions, les valeurs et les tement verbal ou non verbal dans le but d’en com Les acteurs contextuels qui inuencent positi nomiques déavorisées, ayant une origine cultu prendre la signifcation. 12 Renvois au Web antécédents amiliaux vement ou négativement l’efcacité de la commu relle diérente ou des lture etnication la religion ; particuliers la difculté commu sont le temps, l’intensité du bruit, L’attitude des personnes en présence inueont égaparois Cesderenvois dirigentà la lectrice vers des tableaux, des gures, des niquer,laenmanière raison de possibles de langage conortsur et l’interaction. la température. Les Elle détermine ue ; l’intimité, le degré delement encadrés barrières ou des annexes présentés au http://ortinash.cheneliere.ca. de leur niveau clients peuvent être dont ragiles, sorte queréagit le choix unede personne enversetune autre. Ellede connaissances (Gratton, 2009). plus, les diérences en matière de tradition, de du lieu même de l’interaction s’avère par crucial pour Deles est conditionnée les préjugés, expériences nce et l’éducation reçue ; et de conception de la santé et de la mala transmettre l’importance oul’ouverture l’authenticité de la et religion passées, d’esprit l’acceptation de 13 Exergues liens avec autrui. die constituent des défs importants à relever pour communication. Par exemple, pour un11 clientde classes l’autre. Les personnes issues socioéco Certaines phrases du texte sont mises en exergue an d’insister sur l’infrmière. anxieux qui apprend dans le corridor qu’il devra nomiques déavorisées, ayant une origine cultu s qui inuencent positi leur importance et d’inviter l’étudiante à réféchir sur sa pratique. subir analyses supplémentaires, ce des lieuantécédents im relle diérente ou amiliaux efcacité de des la commu Le niveau d’éducation d’une personne inuence CONSEIL CLINIQUE personnel le dispose pas à ce dérangement dans particuliers ont parois de la difculté à commu l’intensité du ne bruit, la communication et peut même être source routine. Les niquer, en raison de possibles barrières de langage ort et lasa température. de difcultés de compréhension, car il marque Compter jusqu’à 10 avant et de leur niveau de connaissances (Gratton, 2009).l’agir14deRéérences 14 es, de sorte que le choix 12 proondément la personne. Le type Le choix du moment de l’interaction est égale de répondre ore une De plus, les diérences en matière de tradition, de ion s’avère pouret attendre Lespersonne sources utilisées pourins appuyer période les notions ontouété actualisées. encourage, mentcrucial important, 13le moment propice peut d’éducation de chaque d’attente d’ac et de de la santé dedécourage la mala diérents ou l’authenticité dediérence la religion Ces réérences assoient la rigueurcalmie scientique des contenus et pireetou aspects de la com aire toute la entre unconception apprentissage que nécessitent die constituent à relever pour emple,réussi pour et un permettent d’approondir Elles sont répertoriées par munication. Par exemple, un adolescent à qui la onmatière. unclient échec pour le client. des défs importants certaines personnes pour chapitre et accessibles sur le site http://ortinash.cheneliere.ca. s le corridor qu’il devra l’infrmière. s’assurer qu’elles sont capa Pour ce qui est du contenu du message, l’infr demande continuellement de se taire parce qu’il émentaires, ce lieu im parle trop adoptera un style de communication Le niveau d’éducation d’une personne inuence bles de discuter rationnelle mière est consciente des richesses et des pièges CONSEIL CLINIQUE s à ce dérangement dans la communication et peut même eacé et éprou vera de la difculté à s’afrmer à être source ment d’un sujetdedicile ou Caractéristiques l’ouvrage XI que recèlent ses perceptions ainsi que celles du à cause de son éducation. Les dié de comprendre un concept dea difcultés deinnée compréhension, caradulte il marque client. L’être humain cette aculté de per l’âge Compter jusqu’à 10 avant rences deLe niveau aussi essentiel. proondément l’agircelle de la type de connaissances e l’interaction est égale cevoir son environnement, c’estàdire depersonne. de répondre ore peuvent une
5.1.1
Développement psychosocial
Facteurs qui infuencent la communication
Dès le début de sa vie, l’enant entretient une relation étroite et tisse un lien d’attachement avec ses parents (Centres d’excellence pour le bien-être des enants, 2009). Au ur et à mesure qu’il grandit, il apprend à interagir avec son environnement, à respecter les règles de la vie en communauté – amille, école –, et est infuencé par ses échanges avec les autres. Les valeurs transmises par l’éducation et la culture continuent de açonner l’adulte ou la personne âgée dans leurs interactions avec l’environnement.
8.1.2
Facteurs de développement
Le développement de la personne est infuencé par des acteurs internes et des acteurs externes. Les premiers, innés, ont partie intégrante de la personne et ne peuvent être modiés. Les seconds sont surtout liés à l’environnement et il est possible de les infuencer.
Facteurs internes
Les acteurs héréditaires comme le sexe, les caractéristiques physiques ou encore le tempérament orientent dès la naissance l’évolution de la personne au cours de sa vie. Ainsi, le tempérament, tel que déni par Chess et Thomas (1999), conditionne la açon de penser et de se comporter avec les autres. La sensibilité et les émotions propres varient, de même que les habiletés pour appréhender les événements de la vie.
Facteurs externes
Les expériences de vie et la açon de réagir à certains événements sont non seulement liées aux acteurs internes, mais également aux apprentis sages sociaux plus ou moins réussis, qui avorisent le sentiment d’appartenance et l’estime de soi (Agence de la santé publique du Canada [ASPC], 2009 ; Duclos, 2010). La amille immédiate et élargie, les pairs et les relations sociales ont une infuence notable sur le développement, particulièrement à l’adolescence, où l’acceptation par les autres constitue une valeur importante.
ALERTE CLINIQUE
Durant l’enance, période s’étalant de la naissance à 19 ans environ, le bébé dépendant de ses parents se transorme en une jeune personne en quête d’autonomie. L’enance est elle-même subdivisée en phases durant lesquelles l’enant se développe sur les plans physique, mental, cogniti et social, et acquiert les habiletés qui le préparent à devenir adulte. Cette période est cruciale en termes d’apprentissages. Après celle du milieu de l’enance (de 6 à 12 ans), celle de l’adolescence (de 12 à 19 ans), assez tumultueuse du ait de grandes transormations, peut représenter une transition assez dicile pour certains enants qui doivent aire ace à des questionnements majeurs sur leur identité et leur orientation sexuelle notamment (Société canadienne de pédiatrie, 2009).
L’isolement et un réseau social inadéquat doivent être considérés comme des acteurs de risque d’être atteint d’un trouble mental, particulièrement pour les personnes âgées (ASPC, 2009). L’infrmière évalue ces deux aspects avec attention à toutes les étapes du développe ment de la personne.
La période de l’âge adulte, allant de 19 à 64 ans environ, est ponctuée de divers événements importants de la vie tels que la n du statut d’étudiant, l’intégration à la vie citoyenne, la recherche d’identité sociale, le début de la vie en couple, l’activité proessionnelle ou encore la ondation d’une amille. Plusieurs crises peuvent survenir, notamment la perte ou le changement d’emploi, le deuil ou encore le départ des enants du oyer amilial. L’adulte réagira selon le contexte dans lequel il se trouve et selon ses capacités propres à vivre les transitions et les changements.
Tempérament : Manière de penser, de se comporter et de réagir caractéristique de chaque personne (innée). Ce concept renvoie aux tendances de comportement et non aux actes de comportement précis.
L’âge avancé, à partir de 65 ans, constitue la dernière période de la vie. Avec une espérance de vie qui a considérablement augmenté au cours des dernières décennies, cette période se trouve rallongée d’un peu plus de 10 ans depuis les années 1980 environ FIGURES 8.2 et 8.3 (ministère de la Santé et des Services sociaux [MSSS], 2010b). Ainsi, au l du troisième âge (de 65 à 74 ans), du quatrième âge (de 75 à 84 ans) et plus récemment du cinquième âge (85 ans et plus), les aînés ont ace à l’arrêt de leur activité proessionnelle, au deuil de leurs proches, à la maladie, à la perte progressive ou soudaine de leur autonomie, autant d’événements majeurs qui peuvent ragiliser la santé mentale de la personne dans la dernière partie de sa vie (Statistique Canada, 2006b).
8.1.4
8
RAPPELEZ-VOUS…
Le vieillissement ne conduit pas nécessairement à la ma ladie et à l’incapacité. La plupart des gens âgés de meurent indépendants dans l’accomplissement des activités de la vie quo tidienne et domestique, et ce, malgré une perte progressive de leur auto nomie onctionnelle. Des acteurs sont associés à la perte d’autonomie. Quels sontils ?
Développement
Par la suite, le réseau et le soutien sociaux garet santé mentale dent une grande importance au l des étapes principales de la vie. Ce sont deux concepts diérents ; La dimension mentale, au même titre que la le réseau social est le tissu ou la structure du dimension physique, détermine l’état de santé glogroupe, alors que le soubale de la personne. tien social est l’assistance Plusieurs acteurs infuenLe soutien social est étroitement lié à la émotionnelle ou tangible cent la santé des populasanté mentale. procurée par le réseau tions : les caractéristiques Chapitre 8
Psychiatrie_Ch08.indd 185
5.1.1
Facteurs qui infuencent la communication
La communication est soumise à l’inuence de nombreux acteurs, comme : • l’environnement ;
• la nature de la relation entre les personnes ;
• le contenu du message et le contexte dans lequel il s’insère ; • les attitudes, les émotions, les valeurs et les croyances ; • l’origine ethnique, la culture et la religion ; • le statut socioéconomique ; • l’âge et le sexe ;
• le niveau de connaissance et l’éducation reçue ; • la capacité à établir des liens avec autrui.
Les acteurs contextuels qui inuencent positi vement ou négativement l’efcacité de la commu nication sont le temps, l’intensité du bruit, l’intimité, le degré de conort et la température. Les clients peuvent être ragiles, de sorte que le choix du lieu même de l’interaction s’avère crucial pour transmettre l’importance ou l’authenticité de la communication. Par exemple, pour un client anxieux qui apprend dans le corridor qu’il devra subir des analyses supplémentaires, ce lieu im personnel ne le dispose pas à ce dérangement dans sa routine. Le choix du moment de l’interaction est égale ment important, et attendre le moment propice peut aire toute la diérence entre un apprentissage réussi et un échec pour le client.
185
13/03/13 3:16 PM
interlocuteurs sont source d’émotions qui pren nent parois une grande importance dans les échanges de l’infrmière avec le client. Par exemple, une maniestation de désintérêt momentané de l’infrmière ou une pointe d’agressivité du client peuvent complètement biaiser l’intervention et nuire à l’atteinte des objectis. Le client psychia trique est ragile et sensible, aussi l’infrmière doit elle observer attentivement les émotions qu’il manieste, mais aussi ses attitudes et son compor tement verbal ou non verbal dans le but d’en com prendre la signifcation.
5
L’attitude des personnes en présence inue éga lement sur l’interaction. Elle détermine la manière dont une personne réagit envers une autre. Elle est conditionnée par les préjugés, les expériences passées, l’ouverture d’esprit et l’acceptation de l’autre. Les personnes issues de classes socioéco nomiques déavorisées, ayant une origine cultu relle diérente ou des antécédents amiliaux particuliers ont parois de la difculté à commu niquer, en raison de possibles barrières de langage et de leur niveau de connaissances (Gratton, 2009). De plus, les diérences en matière de tradition, de religion et de conception de la santé et de la mala die constituent des défs importants à relever pour l’infrmière. Le niveau d’éducation d’une personne inuence la communication et peut même être source de difcultés de compréhension, car il marque proondément l’agir de la personne. Le type d’éducation de chaque personne encourage, ins pire ou décourage diérents aspects de la com munication. Par exemple, un adolescent à qui on demande continuellement de se taire parce qu’il parle trop adoptera un style de communication eacé et éprou vera de la difculté à s’afrmer à l’âge adulte à cause de son éducation. Les dié rences de niveau de connaissances peuvent aussi créer des problèmes dans une communication infrmièreclient. Si le niveau d’éducation de l’infrmière est plus élevé que celui du client, il incombe à celleci d’adapter son enseignement aux besoins du client.
Pour ce qui est du contenu du message, l’infr mière est consciente des richesses et des pièges que recèlent ses perceptions ainsi que celles du client. L’être humain a cette aculté innée de per cevoir son environnement, c’estàdire celle de recevoir rapidement des impressions livrées par ses sens (vue, ouïe, odorat et toucher) et ondées sur ses réactions émotionnelles. Il interprète ensuite ces impressions à partir de ses fltres per sonnels (sa culture, ses valeurs et ses expériences La perception du message est déterminée par passées), ce qui risque de conérer un caractère de subjectivité aux observations et aux jugements l’expérience de vie du client. Pour éviter qu’une dans la relation infrmièreclient. Pour éviter les mauvaise interprétation ne perturbe la com mésinterprétations, il importe donc que l’infr munication, l’infrmière doit demeurer à l’aût de mière soit consciente de ses propres impressions, toute possibilité de méprise. La communication qu’elle les évalue et qu’elle vérife aussi celles du dépend ainsi de la compréhension de ce qui a été client (Phaneu, 2007c). Les premières impres communiqué, de l’interprétation juste du message sions peuvent parois induire en erreur, et il est et de la rétroaction émise par le client permettant primordial de toujours vérifer les impressions de confrmer l’exactitude de son interprétation. La communication infrmière reçues ain de s’assurer client suppose une cer d’une bonne compréhen L’infrmière est consciente des richesses sion de la situation taine complicité qui trouve et des pièges que recèlent ses perceptions (Orlando, 1979). En eet, sa réalisation dans la rela ainsi que celles du client. les réactions des deux tion soignantsoigné .
Chapitre 5
Psychiatrie_Ch05.indd 103
Développement et vieillissement de la personne
CONSEIL CL INIQUE
Compter jusqu’à 10 avant de répondre ore une période d’attente ou d’ac calmie que nécessitent certaines personnes pour s’assurer qu’elles sont capa bles de discuter rationnelle ment d’un sujet dicile ou de comprendre un concept essentiel.
Une liste de acteurs contex tuels qui peuvent infuencer la communication est pré sentée dans l’encadré 5.1W, qui peut être consulté au http://ortinash.cheneliere.ca.
Communication et relation thérapeutique
103
13/03/13 3:13 PM
blir des limites saines qui proches. Il s’agit d’une relation davantage suivie, entretien motivationnel. permettent de défnirles claire parune des expérience interactionssimilaire chaleureuses propos. Par exemple, à un client qui exprime sa qu’elles ontenrichie déjà vécu et et atten ment le rôle de l’infrmière. L’entretien ormel dans le comprennent plan de tionnées, volonté de se rétablir alors qu’il ne est ait prévu aucun eort bien ceessentiellement qu’il éprouve. tournées vers le mieux Elles sont importantes dans être du client. Cette alliance se réalise par un traitement du client. Le moment, la réquence et pour suivre le traitement, l’inrmière peut dire sur Parce qu’une relation thérapeutique proessiontoute relation, mais un particu mobilise le dynamisme de la :durée de ces sont déterminés à travail bilatéral ton aable Vous dites querencontres vous voulez guérir, nelle inrmière-client vise àqui aider le client, l’inrlièrement dans la relation l’avance, et les que objectis de suivez progression client l’inrmière et celui du client, et même celui de ALERTE CLINIQUE mais vous dites également vous ne pas du mière doit réléchir soigneusement à tout ce avec le client psychiatrique. vers un mieuxêtre sont dénis avec lui au début ses proches. Par ses interventions, l’inrmière le traitement. qu’elle lui révèle. La révélation de soi par l’inrL’infrmière L’entretien inormel n’est pas ouvre tout un champ de compréhension réci La valorisation du client qui tente d’être Il le ne autdes pas rencontres. conondre rétroaction et conron- mière doit toujours viser à proter au client et l’amie prévu, il n’a pas de cadre précis et peut être réalisé proque et élargit les possibilités de prise de et la considération de d’un son client brouille tation. La rétroaction est issue de la simple alter- jamais à elle-même, pour se mettre en évidence. sur demande ou selon les besoins maniestés par conscience et de transormation de soi pour le côté humain ne processus signient thérapeutique et nance des échanges entre le client et l’inrmière. Il est par conséquent important de bien choisir le potentiel le client. Ses objectis sont de nature plus limitée. client, ce qui est susceptible de lui redonner pas que l’inrmière doive de rétablisse C’est la réponse intentionnelle de l’inrmière aux l’endroit et le moment de cette révélation de soi ment du client. tolérer des comportements L’entretien motivationnel ore une orme particu l’espoir d’un changement bénéque. propos du client où elle manieste qu’elle a prêté et de réféchir à ses motis an d’en déterminer la inappropriés ou se conten lière d’intervention empreinte de compréhension Bleu Tableaux et encadrés Cependant, pour être ecace, cette relation riche généraux attention à ce qui a été dit, alors que la conronta- nalité (Balzer, 2007). La révélation de soi doit ter de renseignements et dénuée de jugement, qui vise à stimuler le désir et vivante doit être authentique et adaptée aux tion se onde sur des objectis sous-jacents visant viser certains objectis précis an d’être protable Bleu acieret à Composante Plan de soins et de traitements Un texte aéré, une hiérarchie titres logique, uneet utilisation inadéquats. de de changement chez le client à réduire son besoins du client son évolution. Elle doit s’ac l’évolution du client. TABLEAU 5.4 . L’entretien motivationnel porte sur compagner d’une compréhension proessionnelle/ infrmiers (PSTI) proonde, com pédagogique de la couleur ambivalence. sont autant de moyens employés Pour recourir la révélation soi, l’inrmière les comportements à risque et a pour but d’aider porterà des objectisde précis pour l’évolution du Interventions cliniques 5.6.3 Habiletés de communication pour aciliter la lecture et lalenavigation dans lebonne texteestime et le chadoit avoir une relation thérapeutique avec le Situation clinique client à retrouver une de soi établi client, dénoter des habiletés relationnelles bien ultime être de laanimée révélation soi est des (Association rancophone de diusion declient. l’entreLe but particulières maîtrisées, par lade motivation et s’arti Planifcations soins pitre. Les couleurs des tableaux et des encadrés thématiques clientd’une s’extériorise ensoigneusement retour. tien motivationnel, 2012 ; Phaneu, 2006).d’obtenir que culerleautour orientation pla Révélation de soi permettent de aire le lien avec les composantes et les champs L’inrmièreniée. doitRouge s’assurer derelationnels la pertinence de l’inComposante onctionPratiques infrmières suggérées Les enjeux d’une relation d’aide La révélation de soi a pour but de avoriser la rela5.5. ormation qu’elle livre TABLEAU sont complexes et dynamiques. 5.2.1la Mosaïque Alliance thérapeutique de compétences décrits: dans des compétences nelle/Opérationnelle Alliance thérapeutique tion de conance entre le soignant et le soigné. Cela Il est tout à Bien ait possible d’établir unetenter communiorce de la relation – Compétences que le client puisse d’entrer en rela Un objectisur important de l’inrmière cliniquesQualité de etl’infrmière initiales de l’OIIQ. peut devenir ecace le plan thérapeutique siqui travaille Vert Composante Collecte des données cation authentique et ranche débouchant sur une de collaboration entre le client auprès clients vivant des et problèmes les révélations sont des aites avec précaution basées de santé tion de açon amicale avec l’inrmière, elle n’est alliance thérapeutique sans orcément aire appel et le soignant dans la poursuite amie, mais plutôt pour se mentale est d’établirdeavec euxse une alliance théra- pas là pour être son proessionnelle/ sur une bonne compréhension ce qui passe. Démarche de soins à la révélation de soi. sur La révélation de buts thérapeutiques. les besoinsdedesoi cen’est dernier en lui peutique. Cet engagement mutuel et réciproque vise concentrer Les inrmières expérimentées conent certaines de Interventions que l’inirmière est (Tournebise, à l’aise cliniques le partage des eorts de deux personnes.thérapeutique Dans ce orant unesiaide thérapeutique 2010). Soins et traitement infrmiers leurs pensées, de leurs sentiments et racontent cerlorsqu’elle a recours etl’inrmière uniquement Cependant, nelorsque doit pascette conondre les cadre, le client a besoin de cette alliance pour aire y Processus thérapeutique tains épisodes de leur vie pour montrer au client révélation & Miller, 1994 ; Analyse d’une situation de santé ace aux dés qu’imposent sa situation et les inter prote limitesauà client établir(Collins avec une attitude roide et dis Schwartz Flowers, 2007). envers le client. La cordialité et l’authenti L’encadré 5.2W, présenté au ventions de l’inrmière pour le soutenir. Cette asso &tante Recherche pour pratique Orangé Composante toxicomanie et de santé mentalede [CAMH], Dalla Competence, 2010 ; Phaneu, 2010a, b). Les mo une http://ortinash.cheneliere.ca, ciation est nécessaire au travail inrmier et infuence cité sont des qualités importantes l’inrmière. 25 Lana School o Public Health, Université de dèles culturels s’établissent tôt dans l’existence et TABLEAU 5.4 la révélation de soi par l’infrmière Les açons de communiquer ournit desObjectis exemples dede limites considérablement l’évolution du client Toucher vers un Celleci doit aider leetclient la sur la açon onctionnelle/ ondée sur des ses résultats probants Toronto al., 2010).à mieux reconnaître inuent dont chacun communique avec les jeunes selon leur idées Il arrive que l’infrmière ait à s’occuper d’enants et malsaines que l’infrmière peut présence ou l’absence de ses propres à et ses sentiments ainsi que sur la prise de niveau de développement mieuxêtre. L’alliance thérapeutique est auLe cœur de revêt toucher un sens diérent pour chaque per-limites décision. La relation infrmièreclient dépend de Scientifque et d’adolescents. Elle doit donc adapter sa commu sont présentées dans le OBJECTIF donner au client pour EXEMPLE Critère diagnostics du DSM-IV-TR l’aider à la capacité de l’infrmière de com prendre le point la relation inrmièreclient et constitue la pierre comprendre pourquoi il en est deainsi. Elle doit sonne. Plusieurs variables infuent sur la signicanication à leur stade particulier développement. chapitre 25, Enfants et adolescents. L’infrmière inorme les enants et les adolescents de vue de l’autre et son cadre de réérence. reconnaître la violation de aussi l’aider à s’exercer à xer des limites avec les angulaire sur laquelle se ondent les interventions tion de ce contact physique : la durée du contact, sur les soins qui leur sont prodigués et les ait par Les établissements de soins reçoivent de plus Faciliter la relation La révélation contribueratelle à consolider la relation Symptômes cliniques limites. ticiper plus possible à leurs propres-décisions en plus de clients d’origines culturelles variées, 9 . dans la partie duautres corps touchée, laleaçon dont s’eec 5 thérapeutique. et aideratelle leinrmières client à s’ouvrir ? le milieu psychiatrique (Phaneu, concernant ces soins. Il est essentiel d’inclure la et la diversité des habitudes de vie et des valeurs Le chapitre 9, Culture et 2011) ENCADRÉ 5.1. amille dans les discussions etdoit d’observer tue le contact et sa réquence. L’inrmière se l’interac de la clientèle Psychopharmacothérapie peut devenir source d’incompré santé mentale, traite plus tion entre l’enant et les parents . 25 hension pour l’infrmière. Par conséquent, il est Autonomie du client en proondeur des ques L’écoute active de l’inrmière contribue à aider Fournir au client un refet Cela aideratil le client à mieux cerner ses sentiments montrer prudente lorsqu’elle touche les clients, individuelles ou de groupe existantes, selon constante de l’évolution des symptômes. Les infrmières peuvent être appelées à acquérir important qu’elle soit sensible aux aspects cultu tions de communication rels de la communication. Il peut être difcile de la personne an qu’elle prenne les mesures nécesavec les personnes concret de la réalité. en réactionla à un événement En raison de établissement l’évolution un savoiraire afn des de s’adapter soins aux inrmiers clients Violet Composante Enseignement au client etissuesà ses particulièrement en psychia - de di vers actuel du leurs habiletés proessionnelles, nature des? L’inrmière compare le onctionnement d’un groupe culturel dié verses cultures et origines. La compétence inter communiquer de açon efcace avec les clients saires pour diminuer son sentiment d’impuissance l’autoresponsabilisation ou empowerment, l’enga rent de celui de l’infrmière. trique FIGURE 5.11 . L’âge et le sexe du client, son psychiatriques qui non seulement ont des difcul culturelle implique une série de valeurs, de problèmes du client le client typeapprendratil de résultats client aux résultats escomptés et pose des quesL’Institut universitaire en santéet Le onctionnelle/ proches Enseigner certains quelque chose sur luimême et tés à s’exprimer clairement, logiquement et de ENCADRÉ 5.1 Objectifs de l’alliance thérapeutique principes, de comportements et d’attitudes qui pour gement de l’inrmière est aussi comme nécessaire en jouant undu rôle d’acteur. Par ailleurs, geste, son origine culturelle et mentale de Québec aexemple, produit escomptés. Par une thérapie amiliale tionstroubles an déterminer les interprétation raisons susceptibles permettent à l’infrmière de travailler efcacement manière raisonnée à cause de leur trouble mental, éléments de la réalité. pourratil aire ace plus adéquatement à sesde problèmes et des de l’alimentation. Il est possible (p. ex., laauthentiques vue serpent dans le cas d’une phobie à une autre culture, relationnelle mais, en plus, appartiennent amener client uned’un plus grande autonomie avecvers cette clientèle. La compétence l’établissement delerelations etinterculturelle réciRelation d’aide Les éléments à respecter pour l’à-propos du toucher sont autant d’éléments un guide d’information de peut être indiquéeetlorsque le acteur? précipitantqu’une d’expliquer pourquoi lesTOC résultats escomptés n’ont et pour qui le (c.-à-d. rançais est une langue seconde commence par la conscience de soi, être ce qui néces existentiels personne qui a un manieste une présimple) ou elles peuvent imprévisibles L’alliance thérapeutique permet au client : • d’acquérir et d’utiliser de nouvelles et l’aider à répondre à ses besoins et à résoudre ses proques avec d’autres permet non seulement de . Les infrmières doivent donc redoubler 9 infuençant leurs réactions au contact physique. un entretien culturellement site chez l’infrmière une réexion quant à ses soutien destiné aux proches se rapporte à l’organisation amiliale et que le pas été atteints (Fortinash & Holoday Worret, occupation hypocondriaque pour les sensations et non signalées, alors que rien dans l’environnement d’eorts pour ournir à ce type de clients toutes cohérent sont présentés dans propres valeurs, croyances et attitudes (Leininger, habiletés et des stratégiespourra d’adaptation problèmes 2011). recevoirdécider du soutien, mais donne aussi la possibi• de mieux sa situation, d’une atteinte clientpersonne et la amille ont comprendre besoin d’aide pourd’ex gérer 2007). L’inrmière ensuite de (Phaneu, le chapitre 14 de Potter, P.A., 2000). Pour acquérir cette compétence, l’infrmière les ressources accessibles afn de avoriser leur le onctionnement de son corps. Une personne ne les déclenche) (APA, 2004). plus appropriées pour luimême, ses lité d’en orir & Perry, A.G. (2010). Soins doit accorder de des la valeur aux autres cultures et compréhension de la situation. Il peut être néces à son tour, le client doit être encouprimer ses besoins et ses difcultés et Un objecti important soins psychiatriques de maladie mentale : une situation confictuelle. modier les résultats escomptés ou proposer de infrmiers – Fondements les respecter, s’inormer de leurs particularités, saire pour eux de trouver un interprète qui soit en atteinte deetcelatrouble présenter le syn- à partager proches société ; peut aussiragé Il est important de souligénéraux (3e éd.). être Montréal :prescrits de prendre conscience de l’existence par l’inrmière son expérience avec mesure non seulement de parler leur langue, mais intégrer ces connais sances à son travail clinique, est d’aider le client à se percevoir comme un être Des anticonvulsivants peuvent d’obtenir la www.institutsmq.qc.ca/ nouvelles interventions PSTI 10.1. Chenelière Éducation. également de traduire leurs pensées, leurs senti s’adapter, s’autoévaluer et gérer les diérences drome de Gilles de la Tourette, qui serait plus réTABLEAU 5.5 de réseaux Exemple de révélation de soi • de partager ce qu’il vit et de guérir ses gner que, selon la classifcade soutien ; d’autres, en s’engageant au sein de groupes de pairs responsable et à maintenir son autonomie dans la pour stabiliser l’humeur. Ces médicaments com- aux proches actualites-nouveautes/detail/ (Héron, 2010 ; National Center o Cultural ments et leurs émotions. 10.5.5 Évaluation des résultats – quent chez les enants maniestant des symptômes blessures mentales et émotionnellesaidants, ; du DSM-IV-TR, les l’atteinte mesure de tion ses(Adame capacités en visant par exemple & tout Leitner, 2008 ; Maurice Bruneau, âgé de 71 ans, est hospitalisé pour prennent le divalproex, la carbamazépine et la afn de leur article/le-guide-dinformation• de parler librement dans le respect COMMUNICATION THÉRAPEUTIQUE Évaluation en cours d’évolution de•TOC. Une incidence plus élevée de troubles attaques de qui panique ne avecune des objectis d’évolution ont été xés lui.pneumonie récurrente. Il est légèrement dys Anthony, 2008 ; Provencher, 2007). et-de-soutien-destine-auxet l’ouverture ; de avoriser son évolution. lamotrigine en monothérapie oupen association, rapeutiques Analyse d’une situation de santé Jugement clinique d’apprentissage perturbateurs est également obserReconnaître les Tout plan de constituent pasavec unvous. troubleles autres, son enthousiaste d’aider néique et n’arrive pas à expectorer ses sécrétions. membres-de-lentourageainsi que l’oxcarbazépine et le topiramate trai- client riser avec l’adhés L’inrmière aitsoins appel et à latraitements révélation de inrmiers soi à la phase(PSTI) d’achèvement Client : Je suis vraiment Inrmière :Dans Cela m’a aitbesoin plaisir de travailler L’infrmière évalueen chaque la Les relations la amille ont une grande vée chez ces enants (APA, 2000). L’état de stressavec manifestations d’un de(CANMAT, FIGURE 3.2 et leur alliance, et de tout PTI doivent comprendre une surveillance mental en soi.être Lestristes. attaques Il voustement dit qu’il adjuvant s’inquiète son état,même car il2009). neattention voit pas dune-personne-atteinte-de/ Des études ont la relation. Elle valide les sentiments du client contrarié de devoir quit importance Je sais combien certains départs peuvent sans considérer la possipour les personnes qui vivent avec un Les dyso aigu et l’ESPT entraînent un risque plus élevé de de panique se produisent trouble somatoforme, Le àsoutien fourni parsa lesvie proches atteint de trouble d’amélioration malgré le traitement antibiotique. C’est index.html. Adama Boussou est une emme âgée de 40 ans démontré l’efcacité du divalproex en monothéencourageant du même coup celuici transérer dans per du clientter le centre hospitalier trouble Lorsque mental vous serez(Provencher, à la maison, il est2007). important que entrant dans la chambre, vous la trouvez assise à bilité qu’il eigne ses symptômes. Les acteurs sont des mo majeure, d’autres troubles anxieux, dans le cas de divers ; sa langue est la enêtre. Lorsque vous vous présentez et lui factice oumaternelle dissociatif trou-sénégalaise mental indispensable àdépression son rétablissement. d’une voix chevrotante qu’il exprime sa de mourir.intention sonnelle, après son départ, a apprisestdurant traitement. aujourd’hui. vous vous serviez des outils que vous acquis ici.d’origine rapie le traitement depeur première de (Fournier et 104 Partiece 1 qu’il Fondements de lalepratique infrmière en santé mentale et en soins psychiatriques le wolo. Elle a été admise à l’unitédans de santé expliquez les raisons de votre visite, elle fxe le amiliaux infuent sur le avez processus de rétade trouble de somatisation, et d’abus d’alcool ou donc mentale en début d’aprèsmidi pour un épi chaque sol d’un regard inexpressi en soutenant sa tête bles anxieux, dont le trouble L’infrmière évalue la manie aiguë et dans le traitement d’entretien Diriezvous queVous monsieur montre signes blissement ou négativement,sode selon bles bipolai Plan de soins etNON de traitements infrmiers dépressi d’un trouble bipolaire. la avecBruneau sa main gauche. Ses des vêtements sont souillés proessionnels de d’autres drogues. En raison de la nature de cespositivement trou- panique, COMMUNICATION THÉRAPEUTIQUE la phobie sociale, rencontrez pour lad’une première oistroubles à 14 h 15. En bipolaires d’aliments et ses cheveux sontconsidérer décoiés. { avec lade même attention sans des (CANMAT, 2009). La sonnel car- accru attaque panique ? Justifez votre réponse. lesaprès cas (Liberman 2005). Il est cer- client d’obd soignant bles et du ait qu’ils se maniestent un événe- & Kopelowicz, planication et à l’organisaal., 2011). Ces mêmes recherches ont aussi permis survient raremen la phobie simple et l’ESPT. la possibilité qu’il eigne ses symptômes bamazépine en monothérapie est généralement L’inrmière à la révélation de soi au moment l’entretien Cliente :ilMon de tain Inrmière : Jeprésence comprends ce que vous ressentez, mon que la d’une amille attentive, disles PSTI 10.1 a recours Trouble de l’adaptation avecdehumeur dépressive client. lithium, L’inirmièr ment signifcati, estsalaud difcile déterminer si la tion des services (Provencher, Psychiatrie_Ch05.indd 104 13/03/13 en 3:14évidence PM de mettre divers acteurs de risquele de2009). associés sont la d chez lealors client, peut reuser êtrem’a incapable de de parois traumatisante le qui a apprécié ENCADRÉ 13.4 .aussi Elle observe attentivement utilisée en deuxième intention (CANMAT, d’admissionLaplante, et dès leâgé début relation, qu’aucun n’est ou mari laissée avec mari a ait même chose.pour Il ne pensait 2011). Ces mêmes recherches ont permis survient rarement seul ; les diagnostics souvent 10DÉMARCHE Dominique dede 40 laans, est célibataire. Ilqui rapport ponible respectueuse declient l’évolution etENal., des atypiques et E qu’à lui. MISE sur divers aspects condition comorbide apparue avant leetla trouble ŒUVRE DEen LA évidence DE SOINS 2008a) ; de ce ait,est elle a cette de mettre divers acteurs de risque de subir un ESPT, dont le sexe éminin, un jeune âge, associés sont la dépression, l’abus de substance reconnaître les limites de la relation. relation ainsi que l’attention et l’aide de et d’autres trou La lamotrigine, elle, est employée en première 12.4.2 Trouble encore établi. De plus, elle desdeinormations personnelles, alors trois enants à aire Ilayant existe d’autres outils,panique sous n’arrive pas à maintenir unerévèle relation couple en rai limites de la personne un trouble mental gain de d p évalueun l’impact subir un ESPT, dont le sexe éminin, un jeune âge, et d’autres troubles anxieux (Flint, 2005). de stressde ousentir si elleque en est une conséquence. Il existe d’autres outils, sous besoin l’inrla durée d’exposition à l’événement ainsi que le L’annexe E défnit le syn l’inrmière. L’inrmière demeure donc attentive Seulement deux la durée d’exposition à l’événement ainsi que le pour– Analyse le traitement de la dépression aiguë Seulement deux personnes sur cinq atteintes du Collecte des données –intention Évaluation initiale et interprétation qu’elle ne agressivité devrait aller aussi loin. Ilrelation semble cette de révélation vivre etou je déprimé trouve çaà cause acilite orme de questionnaires orme de questionnaires La inrmière-client se termine naturelson d’une Il présente un trouble grandement son rétablissement (Corin, client, so Hubert Capes,jamais unimpulsive. client âgé de 57 ans deque l’unité médecine, est de la retraite, il le nie d’unIlton est agressi. avant Sa tout emme, essentiel avec de d’avoir diérencier trouble sur sondu onctionne été témoin dele gestes désespérés. mière lui donne l’occasion TAG consulteraient un proessionnel de la santé autoadministrés, pour évaluer drome métabolique, ses 1. révéEn ait plus des données ded’avoir la causée mise en contexte, quels sont les renseignements que vous devriez avoir obtenus ait été témoin de gestes désespérés. au client pour qui la n de la relation peut se TAG consulteraie par les troubles bipolaires et dans le traisoitbien plusconnu utile àdulimite. l’inrmière la lement cliente. dicile. autoadministrés, évaluer le client vaois mieux et obtient de personnalité obtenir de l’aide. De ce nombre, de 38 à 41 % le l’ESPT le TAG. Ils Le pronostic trouble d’anxiété généralisée personnelqu’à infrmier. Il a étéquand hospitalisé plusieurs durant il était son marié 10 ans, est morte il ypanique a environ 8TOC, mois. Ilet pour dit 2002). Comme le soutien de la amille etavoir des (avec ou sans agoraphobie) d’une attaque nées serviro enproconsultant le dossierdu de madame Boussou avant de la rencontrerpour ? aecti. Elle véri d’utiliser et de qui paraire ses depuis maniestations et Collecte des données peuvent être consultés s’avère sombre. L’évolutiond’entretien estverbal habituelle obtiennent unaect rétablissement partiel ou SC 11.1 annéesTrouble dépressi majeur récurrent tement des troubles bipolaires, bien pour obtenir de (Y l’ le TOC, l’ESPT et le TAG. Ilsles Ledumarquée pronostic du d’anxiété généralisée 2. D’après vos plutôt observations comportement non detrouble madame environ Boussou, comment est son ? congé, elle aussi àprendre en cas deparceler ait sonde deuil, qu’ildicile. reconnaît qu’il se plus sent triste qu’au début et les dernières pour stabiliser diabète, qui peut reste difcile maîtri- enn ches est précieux, les membres de amille demoins panique. Dans lelainfrmières cas du du client symptômes anxie au interventions www.anxietycanada.ca/ ment trouble chronique et panique, par desles uctuations complet après 5 ans de traitement (Tyrer & Comment pourriez-vous l’impliquer dansson unemais approche compétences vue réa3. Formulez une question ermée à poser à la cliente pour obtenir de l’inormation sur chacun des sujets suivants : rench/youth/seltests.htm. efcace pour les épisodes peuvent être consultés dessi symptômes auqu’elle cours de soit la sombre. vie.peu Le TAG s’avère plutôt L’évolution est habituelle environ obtienne Baldwin, 2006). prévenir transert de l’inrmière oudedu client. Quand elle Le processus se déroule mieux vivre cette situation plus sereinement à mesure lepanique temps passe. ser. À sade toute récente et admission, sonson engagement dans leliser plan soins a déclare SOLUTIONNAIRE comprennent lethérapeutique trouble, les que symptômes, les comattaques de surviennent de açon inattenveille étroite troubles anxieux permettant le protéger de de protéger entourage aérentes. a) Dernière hospitalisation ; d) Alimentation ; ses propres objectis ENCADRÉ 13.4 118 Partie 1 Fondements la pratique infrmière en santé mentale et en soins psychiatriques Évaluation globale maniaques (CANMAT, 2009). au ment et marquée par des uctuations présents complet prévoit laintérêt n deminime. la relation, l’inrmière doit utiliIl est capable de parler des bons moments qu’ils ont partagés ensemble. été atypique, car n’y accordait Il a également reconnaît les diverses lab)de relaPrise ; chronique Autosoin en matière d’hygiène ; portements, la médication et les phases traitements lades médicaments deaprès açon due etwww.anxietycanada.ca/ récurrente, et de laEnpersonne demeure avec e)une niques du s5 http://fortinash.cheneliere.ca lorsqu’il manifeste de ill’agressivité ? qu’un ( Provencher, 2007). Par l’inrmière Isabelle une ser emme âgée 28stratégies ans, mariée et mère dede 2 jeunes troisième année. Elle se plaint aussi deseul atigue extrême qui l’empêche de socialdes c) Réseau ; ) Risqueau suicidaire. rench/youth/seltests.htm. symptômes cours de sont la vie. Le TAG certaines préparer cet de événeconsommé desGagnon alimentsestriches en sucre quideappartenaient à pour son voisin même temps, il se dit déçuutilise de vivre sa retraite et admet seetsentir rusBaldwin, 2006). tion, des stratégies ecaces manieste des D’autres médicaments prescrits pourbles les somatoorm crainte sufsamment importante d’avoir d’autres personne aidée, et acceptent la situation, plus leune question circonérenc conséquent, le client devient 4.de Formulez ouverte à poser à lasoins cliente pour connaître ses sentiments actuels. 12.6 Démarche de enants de 3 et 5 ans. Elle vient d’être admise à l’urgence psychiatrique. Elle répondre à certains besoins de ses propres enants. Elle se sent coupable cela 12 12.4.1 de chambre. Il nie ce comportement, s’intéresse à l’enseignement quiAttaques lui tré que cettepanique retraitemilieu ne corresponde ceattaques qu’il avait espéré. Il nie toute Ilmodife ment ain peu d’éviter une conclusion abrupte à chaque L’inrmière pendant les épisodes de dépression ou(Barsky, de Orav & B auétape. point qu’elle ses clients habitudes et deappropriées viepas deà cette dernière sera sain. est l’agentmajeurs de changement le plus important lui- réactions a connu dépressis par le passé, dont le plus récent il idéation y a pour et suicidaire. a l’impression d’être une mauvaise mère. Elleconient mentionne une perte Autres théra est ourni tant trois bien épisodes que mal et se replie sur lui-même. afrme réaliser son traitement Les amis quiimportant viennent leses voir auxégalement inirmières ENCADRÉ 5.2. EnIl eet, la npanique du est n’est des premiers contacts, il consiste essentiellement alors pas prise au dépourvu ou déstabilisée les benzodiazépines durantdes uneeets 12.6.1 Collecte des données – anxiogè L’anxiété distingue l’apparition soucomportements. Selon le DSM-IV-TR, lenotamment diadonc très pour l’inrmière qui œuvre Psychiatrie_Ch05.indd 118 13/03/13 3:14 PM manie, même (Mueser, Corrigan, Hilton et al., se 2002). Sou-etpar deux ans. Quelques semaines avant l’épisode actuel de dépression, madame d’appétit une incapacité à préparer les repas. Elle a perdu 5 kg au cours des à évaluer l’état de santé physique et mentale du Chapitre 5 Communication et relation thérapeutique 129 Évaluation initiale test de glycémie capillaire à domicile et s’administrer l’insuline convenablequ’il rechigne à participer aux réactions activités sociales et qu’il ou leur a amille dit maniestations qu’ilpanique préé| Électroconv par des négatives des période limitée pour soulager les symptômes assotions somatiques, daine de symptômes physiques pénibles accompagnostic de trouble est en eet posé lorsque client, à documenter tous les signes et les symp en santé mentale de prendre la en consitenu par l’inrmière, acquiert une motivation 6 dernières Cela ait 10 joursavec qu’elle pas4 pris de douche,quises cheGagnon et son mariaont à avoir desdeconits parilrapport aux diérentes Les premiers contacts avec les clients ayant des tômes qu’il présente à son arrivée et à le rassurer. ment. Monsieur Capes étécommencé récemment orcé prendre sa d’un retraite de rait rester seul etsemaines. n’avait pas envie d’être desn’agens. L’inirmière rapie consis de rejet inattendues. Quand elle connaît pastroubles les ciés d’anxiété, le client à détourn gnés sentiment de terreur, l’appréhension la personne éprouve une crainte persistante dedansles de la proession anxieux s’eectuent souvent un hypnotiques-sédatis ou la trazodération dans les interventions qu’elle eectue intérieure luietdésespérée, permettant une maîtrise veux grasde etCapes ne semblent pas avoir été brossés. ElleL’exercice ane beaucoup depar difculté d’élever leurs enants. se sentir bonne à rien et déclare infrmière, tel que défni CSSS, dans un groupe de médecine amiliale ou Reconnaître les manifestations de l’anxiété l’usine açons où infrmières il travaillait, ensuggérées raison deElle sonditdiabète, sa pension estd’exercer sufsante s’occupe desont monsieur au attendues centre hospitalier sait qu’il aura prochainePratiques trique au ce doneau pour réguler le sommeil et les antipsychotiques, réactions d’un client, elle peut à tort se tions physiques. d’une catastrophe ou d’une mort imminente, et de subir une autre attaque, des inquiétudes sujet avec la personne aidée ENCADRÉ 3.1 . l’Ordre des infrmières et ause service des urgences d’un centre hospitalier. sur ses conditions de vie, il reconnaît ses capacités à s’endormir et ne dort que trois heures par nuit. Elle pense constamment à que sa amille serait « bien mieux » si elle ne « aisait plus partie du décor ». La Il est important que l’infrmière puisse recon pour maintenir son niveau de vie. Quand il lui est demandélas’ilpeur se sent triste piégé. ment son congé aetd’abord amorce leresponsable suivi à la maison. infrmiers du Québec, est Dans de ce contexte, lespour infrmières souvent les hallucinations, les délires et les afn de trait les depeur. l’échec apparent d’une relad’être Freud décrit des implications éventuelles ousoulager desontses naître les maniestations dysonctionnelles de l’objetait du chapitre 4, cliente présente les signespersonnelles et les symptômesetsuivants réquents, tristesse, jeter d’un pontsentir en voiture, et cela les lui ait Elle a déjà deux tentatives de l’attaque arrive: pleurs à relever des dés (Provencher, premières, parmi les proessionnels de la santé, à l’anxiété afn que le traitement soit entrepris rapide Évaluation de la condition des premiers con Compléter l’évalu ENCADRÉ 5.2 Préparer la fn Lorsque decelaqui relation avec lepermet client avec résistan Lutte contre stigmatisation entrer en avec comportements ces clients. rôle de l’infr extrêmement agités tion. Ces sont souvent aux 12.6.1 Collecte des données –les clients(CANMAT, symptômes des àattaques qui se comportements produiconséquences (p. ex.,dus la perte decontact la maîtrise deLesoi, mentale. ment. Le plus souvent, présentant des irritabilité, incapacité de se2007). concentrer, perturbe son travail d’enseignante suide cide,panique, dont l’une au cours de sonla dernier épisode de dépression. l’inrmière la personne mière évolue au fl du traitement, mais au moment à évaluer l’état d symptômes d’anxiété ne pas ce trouble pie ou, moin etavecles préjugés 2009). L’ENCADRÉ 11.7 résume lamentionnent psychopharmacraintes du client à descrise problèmes nonle résolus. sent lorsque connexion entre l’anxiété et le dan- ou une cardiaque, ait de « devenir ou ») ; ou Pour certains troub Évaluation initiale vue quant à• la planication DIAGNOSTICS SELON LES AXESade donner son point de Axe I la Trouble de l’adaptation humeur dépressive comme étant la principale raison qui les amène à client, à documen pa cothérapie des troubles bipolaires. 4 pas Si ne bien les besoins ou ger menaçant est entièrement de vue :qui cescomprend encore lorsque desde modifcations comportemenconsulter. Par défnition, l’anxiété est un sentiment tage surmaîtrisée des élémen Lal’inrmière personne reçoit un diagnostic trouble Axe II et • Aucun des services qui la concernent qu’elle l’incite à perdue Symptômes cliniques Les premiers contacts avec les clients ayant des de malaise dius et dont la cause n’est pas nécessai a tômes(Agence qu’il prése d’ DIAGNOSTICS SELON LES AXES Axe Trouble dépressif récurrent attaques se par desmajeur symptômes les dicultés intenses du client, tales elle importantes peut même liées renoncer aux attaques àondéese maniestent données, alors que rement trouvée. L’infrmière qui se préoccupe de Les soins infrmiers relatis à l’administration mental entre très souvent dans un intéAxe IIIImaniestent ••Diabète le aire, elle montre alors son souci de la considéRecherche pour une pratique L’exercice deprocessus la proession troubles anxieux s’eectuent souvent dans un sesla TABLEAU 12.4 Caractéristiques de l’anxiété : symptômes santé mentale autant que de la santé physique dements modes moin d’int Axe II tremblements, Différéson des des vertiges ouextérieur des pal- trouve chez la décès personne (APA, 2004). Par exemple, une seront la relation qu’elle peu ou non satisaisante. manifestations Axe IVdroit ••Modéré ; lié àtrail’environnement social (retraite prématurée, de conjointe) sont d’une complexes. rieur et de stigmatisation etetd’autorer comme un acteurtels de que plein dans clients peut découvrir auprès personne infrmière, tellaque défni par sur des résultats probants CSSS,d’agents dans unpsychopharmacologiques groupe de médecine amiliale ou Reconnaître modeles d AxeV(Freud, III ••Évaluation Antécédents de migraines atteintele d’anxiété des signes qui indiquent la présente pitations 1917/1963). Les adolescente a DEeu troisbien attaques panique au courscomprend Si, au recherches contraire, l’inrmière comprend les Axe globale du fonctionnement (EGF) =(Langlois, 60 (actuel) L’infrmière mécanisme d’action, les Lequelques stigmatisation 2009 ;SYMPTÔMES Semaine de deau TYPES tement (Corin, 2002). l’Ordre des infrmières et MANIFESTATIONS service des urgencesnécessité d’undecentre hospitalier. procéder à une évaluation plus poussée •EGF Difcultés conjugales, familiales etdu professionnelles Il est thérapie important troubles, lorsquedem ce menéesAxe au IV cours des guerres mondiales, dont réactions client, elle infrmiers restementales, concentrée sur ses = 80deux (année antérieure) 12.4 présenteindésirables les maniestations 4 . Le TABLEAU posologies (thérapeutiques), les eets du Québec, est Symptômes physiques sensi bilisation aux ENCADRÉ maladies 2010). Le Dans ce contexte, les infrmières sont souvent les 14.9 ; Efcacité des antipsychotiques cliniques physiques et psychologiques de l’anxiété. Axedu V cardiologue • Évaluation Paul globaleDudley dusoins fonctionnement (EGF) = à30toutes (actuellement) d naîtrepeutique les manie le travail White (1886et traitements les phases de 4, la l’objet du chapitre et les éléments à surveiller pour chaque médicaCardiovasculaires Palpitations, ↑ pression artérielle, ↑ rythme cardiaque diagnostic désigne le mal dont soure unrelation client, Ce tableau constitue un bon de départ premières, parmi les proessionnels de la outil santé, à pour PROBLÈME DÉCOULANT DE LA SITUATION DE SANTÉ ace aux autosoins liée à des stratégies d’adaptation inefficaces (retraite, EGF = 70 (année précédente) structures l’anxiété afn quecé l aider l’infrmière à comprendre comment l’anxiété 1973),Négligence ont permis d’en afner la cliÉvaluation la condition et elle continuellement desdestratégies avoRespiratoires Respiration rapide et supercielle, sensation d’oppression ment. Elle peut ainsi inormer les clients et observer etdescription nonutilise le client lui-même. La personne n’est pas entrer en contact avec ces clients. Le rôle de l’infr se manieste sur les systèmes de l’organisme, sur les Critères diagnostiques dulaDSM-IV-TR deuil de la conjointe), manifestée par unses manque d’engagement dans le 21 suivi de son état, ladans poitrine, dyspnée, suocation, boule dans la gorge Collecte des mentale. ment. LeDes plus sou 1999).lié Ce dernier collègues risant les résultats positis FIGURE 5.3 .données modes de pensée et sur le comportement du client. étude eets escomptés et indésirables du traitement. Enseignement client etDEà LA ses prochesDE SANTÉnique (Favaloro, la et maladie, et tous doivent continuer de la traiter mièreles PROBLÈME au DÉCOULANT SITUATION Risque de suicide à des antécédents de tentatives de suicide, aux idées suicidaires actuelles, évolue au fl du traitement, mais au moment négation de comportements à risque,ont lesrecueilli hospitalisations réquentes et la mise à la retraiteModication de l’appétit, malaise abdominal ou sensation Digestis L’infrmière procède notamment à une évaluation symptômes d’anxi du Massachusetts General Hospital des procédure demère l’électro 80 à 90 % En inormant davantage clients leurs avec respect, indépendamment son état ou d’êtrede brûlures d’estomac, diarrhée complèteles de l’état mental. Cesur aisant, elle doitmédiporter à l’humeur au désespoir, au conit conjugal, à l’impression d’êtreLa « de une mauvaise »plein, ENCADRÉ 12.2 précipitée pardéprimée, l’étatde de nombreux santé précaire Attaque denausées, une attention particulière à l’humeur, à l’aect,comme à étant la p données provenant clients qui préconvulsivothérapie est pré panique
REPÉRAGE FACILE
Bleu
Jugement clinique
Vert
Bleu acier
Jugement clinique
Situation clinique
12.4
Description clinique
Rouge
12.6
Démarche de soins
Psychiatrie_Ch05.indd 129
13/03/13 3:15 PM
Orangé
Violet
ENCADRÉ 3.1 Implication des proches RÉSULTAT ESCOMPTÉ RÉSULTATS ESCOMPTÉS ayant un trouble mental
orir des soins e sente paraitees besoins seront et sans discrimiRÉ 9.4.
caments, l’infrmière avorise et encourage l’adhé- est utilisée e la situation. Neuromusculaires Hyperréfexie, insomnie, tremblements, ait d’arpenter la pièce l’estime de soi, au jugement, à l’autocritique ainsi (c.-à-d. aire de long en large), gaucherie, INTERVENTIONS INFIRMIÈRES sentée dans le chapitre 21,les 100 pas, marcher sentaient des symptômes tels que des palpitations, consulter. Par défc qu’aux suicidaires ou hétéroagressives. employée sion au traitement. Les idées clients sont alors capables INTERVENTIONS INFIRMIÈRES ET JUSTIFICATIONS agitation, bouées vasomotrices, transpiration, tension La mise à prot des connaissances de l’inrSymptômes cliniques Psychopharmacothérapie des tremblements ou des vertiges,5.4 mais qui ne soumusculaire et de malaise dius e ment pharm de discuter de leurs inquiétudes et de aire des Déterminer le degré d’urgence de communication • Diminution des idées suicidaires et absence • Évaluer le risque suicidaire. mière par Modes qu’elle donne à la perautres thérapies biologiques. Reconnaissance de l’impact du changement de rôle social raient•pas Explorer l’impact ducardiaque changement de rôle social l’enseignement etIls duont deuil récent de sa conjointe sur la santé En cas d’attaque de panique ou de trouble panique, Génito-urinaires Réduction de la libido, mictions réquentes ou impérieusesau sujet de maladie organique. rement L’ Relation d’aide 60trouvée. %. Plusi choix éclairés de leur traitement. Il est utile de tentative de suicide l’apparition soudaine de symptômes physiques et sonne pour l’amener àlecibler diminuer sesévalué. propres • Assurer une surveillance discrète, étroite ou constante selon niveau d’urgence TABLEAU 12.4 Caractéristiques de l’anxiété : symptômes et du deuil d’un conjoint sur la santé de monsieur Capes pour avoriser chez lui la prise de conscience et les priorités Symptômes psychologiques donné à ce syndrome clinique le nom d’asthénie santé mentale auta le sentiment envahissant d’une menace imminente l’électrocon préjugés etCommunication lui procurer le soutien qu’elle désire et↓ attention, manifestations sont erayants. Ce sont ces symptômes physiques 5.4.1 verbale d’intervention. •sécurisante Déterminer Dans les facteurs de risque et de protection. Cognitis incapacité de se concentrer, perte de mémoire, neurocirculatoire. le même établissement, des Utilisation de stratégies d’adaptation permettant clients peut déc antidépress ENCADRÉ 9.4 Collecte Offrir une aide culturellement qui amènent le client au service d’urgence parce jugement aussé, blocage de la pensée, peur des blessures recevoir à l’égard de sa démarche de rétablissement qu’il craint d’être victime d’une crise cardiaque ou neuropsychiatres ont décrit un complexe de sympune meilleure prise en charge de la santé ••Explorer d’adaptation utilisées parmajorité le passé etde au besoin trouver d’autres options Lal’environnement grande la communication en soins ou de la mort atteinte d’anxiét Retirerles lesstratégies objets dangereux de immédiat. de données (AETMIS, 2 d’être sur le point de mourir. Le client atteint d’ago TYPES Psychopharmacothérapie DE SYMPTÔMES eststratégies une source d’aide l’incitant àactuelle. sortir de ce pro- MANIFESTATIONS açon à avoriser leont recours mieux adaptées à sa situation tômes similaire qu’ils baptisé névrose d’aninrmiers écrite etnégatis est rassemblée dans le dossier Élocution rapide, tension musculaire, léger tremblement nécessitéIlde procéd raphobie attire parois l’attention de l’infrmière •deEncourager à verbaliser avecà des l’infrmière lesest sentiments et lesComportementaux idées suicidaires dès existe cessus (Rice, 2007). Cela implique que le client doit, des mains, agitation, ait d’arpenter la pièce (c.-à-d. aire lorsqu’elle le prépare pour des examens paraclini goisse•(Favaloro, 1999). Ces cardiologues et ce ces client, que dans Symptômes les d’évolution oupas, marcher de long en large), hyperventilation . Le TABLEA 4 garantir Explorer le réseau de soutien de du M. Capes et vérifer sa soit connaissance desnotes ressources 100 physiques leur apparition. ques comprenant une tomodensitométrie ou une que ENCADRÉ Troubles bipolaires au les départ, apprendre à se connaître en11.7 tantlesque imagerie par résonance magnétique. Lorsque l’infr neuropsychiatres ont alors dépeint symptômes lerecours plan thérapeutique inirmier (Chapados & impatience, nervosité, peur, inquiétude cliniques physiqu avoriser à l’aide disponible. Irritabilité, les clients mière décrit la procédure et l’équipement, le client •communautaires Accompagner lapour cliente danslela reconnaissance d’autres solutions quePerceptuels le suicide. personne, à connaître sa maladie et les outils qui Cardiovasculaires Palpitations, ↑ pression artérielle, ↑ rythme cardiaque qui caractérisent aujourd’hui les attaques de Giguère-Kolment, 2012). Ce tableau consti ••Faire des démarches pour assurer un suivi en externe de façon à consolider les apprentissages qui préoccu peuventl’amélioration l’aider dans quotidien (Langlois, 2009). Suggérer des activités qui avoriseront deson l’estime de302 soi etPartie l’afrmation de soi. 3 Troubles mentaux panique.aits aider l’infrmière durant l’hospitalisation. Une Laattitude communication verbale le contenu Respiration rapide et supercielle, sensation d’oppression cogniti et in Respiratoires deconjugales. conance de laconcerne part de l’inrmière Mise en application • Encourager la discussionsont au sujet des difcultés se manieste le Les attaques de panique des épisodes soud’un message exprimé par des mots et comprend grade àsur cou • Évaluer la motivation de monsieur Capesla à chercher de l’aide de aussi façon ààajuster envers personne l’aide vaincre son auto- dans la poitrine, dyspnée, suocation, boule dans la gorge des soins Caractéristiques de l’ouvrage dains et modes de pensée spontanés qui s’accompagnent de maniesl’oral ainsi que l’écrit. Sa précision est importante PROBLÈME DÉCOULANT DE LA SITUATION DE SANTÉ 2009). L’util Fatigue à l’humeur dépressive, à la privation deetsommeil et qui se manieste par l’incapacité sa priseliée en charge. stigmatisation à se réapproprier le pouvoir d’agir à Digestis L’infrmière procè tations se physiologiques laparce des peuvent que& mots prendre deset signicaconcentrer, par unecomme incapacité àtachycardie, travailler oules à prendre soin de soi, de la maison de la amille Modication de l’appétit, malaise abdominal ou sensation convulsivan (Cormier Quintal, 2009). complète l’état palpitations, des étourdissements, la dyspnée et leselon le contexte, la culture des d’être plein, nausées, brûlures d’estomac, diarrhée tions diérentes des de convuls RÉSULTATS ESCOMPTÉS INTERVENTIONS une attention par sentiment que la mort INFIRMIÈRES est imminente ENCADRÉ 12.2.
XII
ses diérences un diagnostic de e discrimination , le milieu hospi-
ion lat e Re ’aid d
nstitution contre• mple, à Saintpital Louis-H. • n santé mentale
dans les soins à la personne
Psychiatrie_Ch12.indd 302
13/03/13 3:18 PM
FIN DU MANUEL
1
1 Glossaire
GLOSSAIRE
Répertoriant pas moins de 300 défnitions, le glossaire permet une recherche rapide de mots clés, acilitant ainsi la compréhension et l’intégration des connaissances.
Acétylcholine : Neurotransmetteur excitateur du système nerveux autonome parasympa thique, elle déclenche la contraction musculaire, stimule l’excrétion de certaines hormones et est impliquée entre autres dans l’éveil, l’atten tion et la mémoire. Acide gamma-aminobutyrique (GABA) : Neurotransmetteur inhibiteur qui régule entres autres la motricité et les maniestions de l’an xiété en bloquant la libération d’autres neuro transmetteurs comme la dopamine, la noradrénaline et le glutamate. Activité électrique cérébrale : Mouvement d’ions chargés électriquement à travers la mem brane du neurone.
2 Références
Adaptation : Modication des onctions psy chiques de la personne qui, sans altérer sa nature, la rend apte à vivre en harmonie avec les nouvelles données de son milieu ou dans un nouveau milieu.
Les réérences bibliographiques utilisées pour appuyer les notions abordées dans le manuel sont répertoriées par chapitre. Elles permettent d’approondir les notions présentées et témoignent de la rigueur scientifque des contenus.
Affect : Expression ou maniestation externe d’un état émotionnel. Agente de liaison : Intervenante établissant le pont entre diérents services pour assurer une continuité dans le traitement d’un épisode de soins, notamment en situation de crise. Agent procognitif : Groupe de médicaments utilisés principalement pour le traitement des démences, an de stabiliser, voire d’améliorer sensiblement de açon transitoire les onctions cognitives des clients atteints. Âgisme : Opinions stéréotypées et discrimina tion envers les personnes âgées. Agoniste : Substance qui se xe sur les mêmes récepteurs cellulaires qu’une substance de réé rence et qui produit, au moins en partie, les mêmes eets. Agoraphobie : Anxiété liée au ait de se retrou ver dans des endroits ou des situations d’où une personne perçoit qu’il serait dicile (ou gênant) de s’échapper ou dans lesquelles elle ne pourrait pas trouver de secours en cas d’at taque de panique.
3 Index
Un index de plus de 5 000 termes permet de repérer rapidement l’inormation recherchée.
Agranulocytose : Eet indésirable grave de cer taines pathologies et de certains médicaments consistant en la diminution ou l’absence de leucocytes agranulocytes, ce qui augmente le risque d’inection pour le client. Aire de Broca : Aire motrice du langage habituel lement localisée dans le lobe rontal gauche.
G880
Glossaire
Psychiatrie_Glossary.indd 880
Aire de Wernicke : Aire de compréhension du langage et zone spécialisée du lobe temporal responsable de l’organisation des mots de açon qu’ils soient reconnus et qu’ils expriment convenablement un contenu émotionnel. Aire pariétale postérieure : Aire située immé diatement à l’arrière de l’aire somesthésique primaire. Sa principale onction consiste à inté grer les diérentes inormations somesthési ques et à les traduire en perception de taille, de texture et d’organisation.
Anorexie mentale : Peur maladive des consé quences de s’alimenter, comme prendre du poids, qui entraîne une restriction alimentaire obstinée et dangereuse. Antagoniste : Substance se xant sur les mêmes récepteurs cellulaires qu’une substance de réé rence, en empêchant celleci de produire tous ses eets habituels ou une partie de ceuxci.
Alexie : Incapacité de lire. Alexithymie : Diculté à décrire et à exprimer ses émotions. Note : Les encadrés « Critères diagnostiques » présentés dansormes ce manuel extraits de Allèle : Une des quesont peut prendre un Psychiatric Association (2004). Mini gène l’American occupant un locus particulier sur un chro DSM-IV-TR. Critères diagnostiques (Washington, mosome. D.C., 2000). Traduction rançaise par J.-D. Guelf et al.thérapeutique Paris : Elsevier :Masson 384 pages. Tous Alliance QualitéSAS, et orce de la re réservés. lationdroits de collaboration entre le client et le soi published in thede United by American gnantFirst dans la poursuite butsStates thérapeutiques. Psychiatric Publishing, a Division o American
Allostasie : Manière dontWashington, certains systèmes, Psychiatric Association, D.C. chez Copyright, l’humain,©maintiennent stabilité géné 2000, All rights la reserved. Used with permission. Translation o text intoeuxmêmes rench has not rale de l’organisme tout en étant been verifed or accuracy by the American très variables. Psychiatric Association.
Altruisme : Disposition à avoir et à maniester de la compassion, de la générosité, de la bien Chapitre 1 veillance, de la gentillesse, de l’amabilité et de la disponibilité envers autrui. Adams, L. (2008). Mental health nurses can play a
Aphasie : Diculté ou incapacité à s’exprimer (aphasie motrice) ou à comprendre le langage (aphasie sensorielle). Approche promotion cognitivo-comportementale and the Chronic Care Model. Hospital : Approche pour Quarterly, 7(1),laquelle 73-82. les interventions thé rapeutiques sont axées sur la modication et le Barry, M.M. (2009). Addressing the determinants o recadrage pensées comportements pro positivedes mental health :et Concepts, evidence and blématiques. practice. International Journal o Mental Health
Situation de santé
Jugement
clinique
Démence de type Alzheimer Chapitres à consulter 4
Évaluation de la condition mentale
17
Troubles cognitifs : délirium, démence et troubles amnésiques
RE RE01 #
Situation de santé
Jugement
www.cheneliere.ca/fortinash http://fortinash.cheneliere.ca
Client : xxxxx Cliente : madame Geneviève Malenfant Madame Régine Portelance, âgée de 78 ans, est en hébergement depuis 8 mois pour démence de type Alzheimer. Avant d’y être admise, elle habitait avec sa fille aînée. Celle-ci avait remarqué que sa mère rangeait parfois la bouilloire électrique dans le réfrigérateur ou plaçait ses vêtements propres dans la baignoire. Elle utilisait sa brosse à dents pour se peigner et, fervente des jeux de cartes, elle demandait à sa fi lle : « Qu’est-ce que c’est, ces p’tits bouts de carton ? À quoi ça sert ? » { 1. Quel type de perte de mémoire madame Portelance présentait-elle avant d’être admise au centre d’hébergement ?
clinique
xxxxxx Une CEPI anxieuse
Bilsker, D. (2010). Le soutien à l’autogestion :
Demyttenaere, K., Bruaerts, R., Posada-Villa, J., et al. (2004). Prevalence, severity, and unmet need or treatment o mental disorders in the World Health Organization World Mental Health Surveys. JAMA, 291(21), 2581-2590. doi : 10.1001/jama.291.21.2581
réadaptation, tome 2 : Termes d’intervention et d’aide
Dixon, L.B., Dickerson, F., Bellack, A.S., et al. (2010). The 2009 schizophrenia PORT psychosocial treatment recommendations and summary statements. Schizophrenia Bulletin, 36(1), 48-70. doi : 10.1093/
axones.
INDEX
Arbre décisionnel : Outil d’aide à la résolution Maximiser les eets des soins de première ligne de problèmes procédant par questions succes en santé mentale. Quintessence, 2(1), janvier. sives, dont les branches matérialisent les Blouin, M., & Bergeron, C. (1997). Dictionnaire de la options selon les choix possibles.
www.dsm5.org/Pages/Deault.aspx (page consultée Amygdale (ou corps amygdaloïde) : Partie du le 4 août 2012). système limbique qui joue un rôle clé dans le onctionnement émotionnel et la régulation Anthony, W.A. (2002). Pour un système de santé axé le rétablissement : Douzeaux points de repère pour dessur réactions aectives événements. l’organisation d’ensemble desémotionnels services. Santécou mentale L’amygdale module les états au Québec, 27(1), 102-113. rants, tels les sentiments de colère, d’agressi W.A., M.J., Farkas, M.,leetmilieu al. (2004a). vité,Anthony, d’amour et Cohen, de bienêtre dans La philosophie. Traduit par F. Elbouz & B. Heyden. social. nd
Bouchard, L., Montreuil, M., & Gros, C. (2010). Peer de médicaments en vente libre, 721 de pouvoir, 723, 838 sexuel, 716
2
Problème ou besoin prioritaire
Initiales
Programme / Service
36
Vos initiales
l’_, 268
guide to psychiatric rehabilitation practice. Boston : Boston University Center or Psychiatric Rehabilitation.
Australian Health Ministers (2009). National Mental Health Policy 2008. Canberra, Austr. : Australian Government Department o Health and Ageing.
Toxicomanie soins et traitements infrmiers corporelle, (2001). Trouble mental et criminalité : revue critique réorme 527 en santé mentale : Des services plus chez les adolescents, 449–450 des _, 728–731 incestueuse, A856 et continus pour une clientèle auprès des recherches Annales vulnérable. chez lesépidémiologiques. personnes âgées, 450, 754–médico- motriceaccessibles chez l’_, 537, 540–541 290administration de la santé,sommeil psychologiques, Leaccrue, point en 6(1), 34-39. 755 159(7), 487-495. suicide chez l’_, 720–721, 724, motrice excessive, 359 suicide et _, 792 792–793 stéréotypée, 707 Comeau, L., Denoncourt, J., & Desjardins, N. (2011). motriceFondation canadienne de la recherche sur les services troubles anxieux et _, 294–295 thérapie par conditionnement pédophilique, Pourquoi et comment investir en promotion de la de santéA856 (FCRSSS) (2012). Module d’enseignement. À l’_, 373 Abus de substance(s), voir aussi opérant chez voir aussi Exercice santé mentale et en prévention des troubles mentaux.physique, bas 651, les mythes de la FCRSS. [En ligne]. www.crss.ca/
Toxicomanie et Trouble(s) lié(s) trouble de défcit de l’attention/ physique Le Partenaire, 19(4), 4-12. publicationsandresources/Mythbusters/Mythbusters à une substance hyperactivité chez l’_, 704–705, récréatives, 13/03/13 3:25TeachingResources/SearchingForEvidence.aspx PM 730 chez les adolescents, 446, 449–450, 707, 712–715, 719–720, 732 Commission de la santé mentale du Canada (CSMC) réservées de la pratique infrmière, 705 (page consultée le 16 août 2012). trouble de la peur d’une 63–65, 75–77 (2009). Vers rétablissement chezleles enants, 705 et le bien-être : Cadre dysmorphie corporelle chez l’_, 818 What is the evidence on evidencepour unechez stratégie en matière de santé mentale au sérotoninergique, French, P. (2002). les emmes enceintes, 444– 322 sexuelle inappropriée, 720epistemological concern. J Adv Canada. Ottawa, Ont. : CSMC. based nursing ? An 445, 447–449 trouble des conduites chez l’_, 704 théorieNurs, de l’_,37(3), 200–201 250-257. doi : 2065 [pii] trouble envahissant du chez les personnes âgées, 450–451, Commission de la santé mentale du Canada (CSMC) thérapeutiques, 502–503 752–755 développement chez l’_, 705– des compétences, 61(2009). La mortalité (2012). Changer orientations,de changer des viesActualisation : Barr, V.J., Robinson, S., Marin-Link, B., et al. (2003). Gagné, M., & Légaré, G. par721–722 chez les les proessionnels la santé, 709, Acupuncture, 647,au 697 The expanded Chronic Care Model : An integration Stratégie en452 matière de santé mentale pour le Canada. suicide Québec : Tendances et données récentes – trouble obsessionnel-compulsi Adaptation1981-2007. [En ligne]. www.inspq.qc.ca/pd/ o concepts and strategies rom population health [En ligne]. http://strategie.commissionsantementale. critères cliniques d’un _, 430 chez l’_, 294, 705 capacité d’_, 186, 218, 228, 231, délirium et _, 478 troubles anxieux chez l’_, 704, 578, 689, 697–698 risque d’_, 86, 758 718–719 a Les réérences complètes (édition originale et édition rançaise) peuvent être consultées au http://ortinash.cheneliere.ca. déensive de l’infrmière liée à la schizophrénie et _, 349 troubles bipolaires chez l’_, 705, 720 culture du client, 211 suicide et _, 724, 794 troubles de l’alimentation chez l’_, défnition de l’_, 772 troubles amnésiques et _, 479 513–514, 516, 518, 527, 705, dysonctionnelle, 572 troubles de l’humeur et _, 260 722 habiletés d’_, 195, 350, 373, 375, troubles liés à l’_, 451, 713 troubles de l’humeur chez l’_, 20, 409 Références troubles psychotiques et _, 361– 251–252, 258, 719 inefcace, 194 362, 368 troubles de la personnalité chez l’_, mécanisme d’_, 772 violence et _, 844 388, 401 selon la théorie des transitions de Acamprosate, 468 troubles dépressis chez l’_, 705, vie, 194–195 Acceptation, attitude d’_, 650 719–720 stratégies d’_, voir Stratégie(s) Accès troubles dissociatis chez l’_, Psychiatrie_References.indd 890 14/03/13 8:13 PM331 d’adaptation aux services de santé mentale, 42– troubles du sommeil chez l’_, 719, syndrome général d’_, 228–230 43 721–722 troubles de l’_, voir Trouble(s) de guichet d’_, 23, 42–43 troubles liés à l’utilisation d’une l’adaptation Accident de travail, 780 substance chez l’_, 721 Adénosine, 539 Accident vasculaire cérébral (AVC), troubles mentaux chez l’_, 704–731 Adhésion au traitement, 599 483–484, 490 troubles psychotiques chez l’_, Adjuvant de l’anesthésie générale, 430 Accompagnateur, aspect légal de l’_, 363–364, 720–721 Adler, Alred, 566 139–140 violence chez l’_, 722–723 Adolescence Accompagnement de la Adrénaline, 171–172, 228, 230, 248, développement durant l’_, 187–193 pharmacothérapie, 664–665 292 développement interpersonnel Acétaldéhyde, 468 Adulte durant l’_ selon Sullivan, Acétate de zuclopenthixol, 604 âge _ comme stade de 190–191 Acétylcholine, 171–174, 498, 500, 539, développement, 185 troubles de l’_, 705–718 598–599 développement de l’_, 193–197 Barnes, M. (1973). Un voyage à travers la olie. Paris : Éditions du Seuil.
Index
Depuis qu’elle vit en hébergement, madame Portelance Madame répète souvent que c’est bon pour la santé de manger de la Geneviève Malenfant, âgée de 21sans ans, vient de terminer ses études en neige et de boire du pain. Elle peut rire et se fâcher soins infirmiers. Elle travaille comme raison apparente et elle marche dans le corridor pendant candidate à l’exercice de la profession environ 45 minutes en entrant dans les chambres des rmière (CEPI). Elle a terminé son autres clients. Il lui arrive même de se coucher dans d’infi leur lit d’études non sans effort parce qu’elle est fatiguée. Ces comportements sontprogramme maniet elle est très fière d’avoir enfin obtenu son diplôme. festes après le souper. { Elle se présentera à l’examen de l’OIIQ dans quelques jours. « Je suis terrorisée à l’idée de passer cet examen, 4. À la suite de l’analyse de ces les données, surtout ECOS. Jequel pourrai toujours me faire engager problème prioritaire devrait inscrit dans commeêtre clown ou éboueuse si j’échoue », dit-elle en le PTI de la cliente ? riant nerveusement. {
14/03/13 8:11 PM
{
2. D’après ces données, quel est le degré d’anxiété de madame Malenfant ?
GUIDE D’ÉTUDES Le Guide d’études accompagne le manuel et propose une série de situations d’apprentissage et de révisions éclair présentant des cas cliniques réalistes qui amènent l’étudiante à revoir et à appliquer les connaissances présentées dans les chapitres concernés. Le solutionnaire se retrouve au http://ortinash.cheneliere.ca.
3. Quel type d’anxiété la cliente montre-t-elle ? Justifiez votre réponse.
1. Quel mécanisme de défense madame Malenfant utilise-t-elle pour diminuer son degré d’anxiété devant cet important examen ?
Initiales
RÉSOLU / SATISFAIT Professionnels / Date Heure Initiales Services concernés
Signature de l’infirmière
Initiales
Programme / Service
Unité prothétique
Votre signature
démarche de soins auprès des _,
prévention théorie et les de l’_, 218 identité culturelle d’intervention, 75 des maladies chroniques : La
Autorisation de soins : Procédure judiciaire qui de la vie expériences étrangères. Québec, Qc : Ministère de 218 la Abus H., d’alcool, 431–432 immigrant, domestique (AVD), 374, Brouillet, Roberge, P., Fournier, L., et al. (2009). chez les adolescents, 446, 450 phobie sociale chez l’_, 297 Santé des Services sociaux, Direction des politiques permet d’imposer desune soins requis par l’état de 494, 742, et 744–746 Les soins en étapes, approche prometteuse pour les emmes enceintes, 445 inapte à de la vie prévention des troubles mentaux et quotidienne des orientations stratégiques. Psychiatric rehabilitation (2 ed). Charleroi, (AVQ), 253, santé d’unchez mineur ou d’un majeur le traitement des troubles anxieux et dépressis. chez les personnes âgées, 450–451, chez l’_, 18 Analyse d’interaction : Compte rendu détaillé Belgique : Socrate Éditions Promarex. 358, 374–375, 481, 490, 494, Quintessence, 1(1), octobre. consentir aux752–754 soins dans deux types de situa Fleury, M.J. (2009). Santé mentale en première ligne psychopharmacothérapie auprès de 713, 726–727, 730, 742, 744, et analyse critique d’une partie ou de la tota [éditorial]. Santé mentale au Québec, 34(1), Anthony, W.A., Cohen, M.J., Farkas, M., et al. (2004b). tions : 1) enschizophrénie cas de reus représen etinjustié _, la 354 l’_,19. 729–730 746–747 Coalition canadienne pour santé du mentale des aînés lité La d’un entretien avec un client, rapportant suicide et _, 792 schizophrénie chez l’_, 345, 348, réhabilitation psychiatrique. Traduit par F. Elbouz tant(CCSMA) légal (ou encore d’une absence prolongée cérébrale, (2006). Lignes directrices nationales de la électrique Fleury, M.J., &536–537 Grenier, G. (2004). Historique et720–721 enjeux troubles amnésiques et _, 489 705, & B. Heyden. Charleroi, Belgique : Socrate Éditions les paroles, les sentiments, les émotions et les électroencéphalographique, 546 ayant pour conséquence l’impossibilité de CCSMA sur la santé mentale des aînés : Évaluation et du système de santé mentale québécois. Ruptures, troubles anxieux et _, 294–295, 304 signes de la phase prémorbide de la 546 aitsPromarex. discutés. prise le en troubles charge de la àdépression. Toronto CCSMA. électromyographique, revue transdisciplinaire en santé, 10(1), 21-38. donner consentement) ; 2) pour le :majeur liés l’_, 683 schizophrénie chez l’_, 351 électrooculographique, 546 Anthony,: W.A., & Farkas, M.D. (2011).du The essential Abus deN., drogue, voirA.M., aussi situation de crise chez l’_, 772 Anhédonie Incapacité d’éprouver plaisir. inapte seulement en cas de reus catégorique. avorisant l’acceptation de l’image Combalbert, Favard, & Bouchard, M.A. Fleury, M.J., Latimer, E., & Vallée, C. (2010). La
Madame Malenfant a une élimination intestinale régulière. Le matin de l’examen, elle est plutôt constipée et se sent plus nerveuse et tendue. Juste avant l’examen écrit, elle craint d’avoir oublié tout ce qu’elle sait : « J’ai peur d’échouer », dit-elle. Lorsqu’elle réalise qu’elle est moins concentrée, elle se ressaisit et arrive à retrouver son attention. Elle sent des bouffées de chaleur l’envahir, mais n’y accorde pas d’importance. ”
{
Vos initiales
Madame Malenfant se décrit comme une personne dynamique. Même si cet examen génère un grand stress, elle croit qu’elle réussira si elle est bien préparée. Elle ajoute avec conviction que cela représente un beau défi 28/02/13 8:47 PM à relever. {
{
Guide d’études
PSY_Guide_2984GT_SA10.indd 36
50
Guide d’études
PSY_Guide_2984GT_RE01.indd 50
01/03/13 4:57 PM
1. ÉVALUATION DE LA CONDITION MENTALE L’évaluation de la condition mentale peut être réalisée au cours d’un entretien formel ou par observation du fonctionnement quotidien du client. Pour chacun de ces éléments, l’infi rmière note ses observations en utilisant des qualificatifs permettant d’en faire une description la plus obj ective possible TABLEAU 1.1.
Tableau 1.1 | Aide-mémoire pour réaliser l’examen de l’évaluation de la condition mentalea
GUIDE DE STAGE
Apparence Apparence physique
Poids proportionnel, maigreur, obésité, malformations physiques, signes distinctifs, tatouages, cicatrices
Présentation générale (habillement, tenue, hygiène, maquillage, état des cheveux et des ongles)
Propre, méticulosité excessive, extravagante, négligée, maniérée, inappropriée, désordonnée
Expression faciale
Calme, souriante, confuse, perplexe, en alerte, figée, tendue
Contact visuel
Bon, fuyant, absent, fi xe
Attitude
Coopérative, hostile, perplexe, dramatique, méfiante, familière, séductrice, irritable, tonique, mutisme, puérile, fermée, évasive, arrogante, théâtrale, ambivalente, désinhibée
De consultation acile, ce petit guide reprend les contenus essentiels, pratiques et synthétisés du manuel afn de répondre aux questions que l’étudiante peut se poser en cours de stage.
Comportement moteur Activité motrice
2
_Ch01.indd 2
Normale, agitation, ralentissement, rigidité, catatonie
▲
N°
19:00
10.1177/1078390309333544 Action neuroleptique, 347
Boudreau, F. (1984). De l’asile à la santé mentale. Autoactualisation : Réalisation de stéroïdes anabolisants,de 443soi, de son difculté de socialisation chez l’_, Les soinsphysique, psychiatriques : histoire et institutions. Activité(s) Dubé, F. (2006). Les modèles intégrés de gestion 444, 515, 709, 716 652 et de potentiel. d’évaluation, 75 Montréal : Éditions coopératives Albert Saint-Martin.
I926
CONSTATS DE L’ÉVALUATION Heure
Signature de l’infirmière
aspects légaux liés à l’_, 155
setting. Issues in Mental Health Nursing, 31(9), 589Development, process, and fnding. J Am Psychiatr Authenticité Capacité à demeurer sincèrement de :médicaments sur ordonnance, 724–731 du client, 155 598. doi : 10.3109/01612841003793049 Nurses Assoc, 15(2), 101-110. doi : 450–451 dépression d’un parent et eet sur voir Violence soimême au cours de la relation avec l’aidé. Acte violent,
soins et traitements infrmiers dans l’évaluation d’un _, 196 Aect, 81, 83, 345 abrasé, 358 défnition de l’_, 246 émoussé, 81, 252, 355, 358, 486, 758 inapproprié, 358–359, 394 labile, 81 mobilisable, 81 plat, 252, 355, 394 positi, 747 Aection médicale, voir aussi Maladie démence due à une _, 484–487 dysonction sexuelle due à une _, A855 interaction entre trouble mental et _, 688–690 trouble dû à une _, 680 trouble psychotique dû à une _, 361 troubles de l’humeur induits par une _, 260 troubles du sommeil liés à une _, 544 Afrmation de soi, 116–117, 374–375 techniques d’_, 408 Âge(s) adulte comme stade de développement, 185 avancé comme stade de développement, 185 de la vie, théorie des _, 194 Agence de la santé publique du Canada, 707, 722 Agent adrénergique, 730 antiparkinsonien, 485 d’intervention physique, 847 de liaison, 580, 661, 806 de substitution, 463 inectieux, 348 procogniti, 632–635 stressant, 367, 513, 771 Âgisme, 214, 742, 829 Agitation, 258, 271–272, 300, 410, 435–436, 438–443, 482, 487, 501, 622, 843, 847 psychomotrice, 253 vespérale, 175 Agnosie, 482 Agoniste, 172 de la dopamine, 174, 349, 607 Agoraphobie, 294, 296, 302–303, 751 sans antécédent de trouble panique, 296 trouble panique avec _, 296, 683, 686 Agranulocytose, 602, 607 Agression, voir aussi Violence aspects légaux liés à l’_, 155 physique, 780 risque d’_, 86 sexuelle, 780, 820, 825, 837–843 Agressivité, 357, 361, 367, 486, 501, 615, 707, 717, 720, 779, 818– 819, 843 crise d’_, A867 évaluation et _, 89 expression de l’_, 780 gestion de l’_, A867 physique, 843 verbale, 843 Ail, supplément d’_, 697 Aire motrice
Troubles anxieux
Extrait
Date
Drew, B.L., & Delaney, K.R. (2009). National survey o
d’opiacés, 435 349, 449–450 Acte criminel tâche. support among inpatients in an adult mental health psychiatric mental health advanced practice nursing :
3
Psychiatrie_Index.indd 926
2. Madame Portelance montrait-elle des signes d’apraxie ? Justifiez votre réponse.
2013-06-18
D’Amour, D., Goulet, L., Labadie, J.F., et al. (2008). A model and typology o collaboration between proessionals in healthcare organizations. BMC Health Services Research, 8, 188. doi : 10.1186/1472-6963-8-188
role in antérograde physical health. Ment Healthde Today, oct., Amnésie : Incapacité se rappe technique. Québec, Qc : Publications du Québec. Asthénie : Aaiblissement pathologique de schbul/sbp115 Acétylcholinestérase, 498, 500 Adolescent(s) 27-29. ler ou de reconnaître une nouvelle inormation l’état général.M., Dumitru, V., & Plante, N. (2010). Santé Acide d’alcool chez l’_, 446, 450 Bordeleau, Dorvil, H., & Guttman, H.A. (1997). 35abus ans de ou de nouveaux événements survenus American Psychiatric Association (APA) après (2004). le Mini Ataxie abus de substance chez l’_, 446, 392 mentale et bien-être desdes adultes québécois : due Un aperçu : Incoordination mouvements à 5-HIA, désinstitutionnalisation au Québec 1961-1996. Dans705 Aboiement, 712 indicateurs-clés. Enquête sur la acétylsalicylique, 449–450, 451 DSM-IV-TR : Critères diagnostiques, (Washington, début de l’amnésie. partir de du quelques H. Dorvil, H.A. Guttman, (dir.). Défs chez l’_, 723–724 uneàatteinte système sans Absentéisme, 36, 232,nerveux 235, 323,central 325 automutilation (GABA),N. Ricard et al. D.C., 2000). Traduction rançaise par J.-D. Guelf et al. santé dans les collectivités canadiennes (cycle 1.2). gamma-aminobutyrique de la reconfguration des services de santé Amnésie rétrograde : Incapacité de se rappeler Abstinence, ayantmentale. un ami qui s’est suicidé, 806 atteinte de la orce426 musculaire. 171–174, 598–599 Paris : Masson. Portrait de chiré. Québec, Qc : Institut de la statistique Québec, : Ministère de la Santé et des Services tabagisme, 439 communication avec l’_, 129, 725– glutamique, voirQc Glutamate ou de reconnaître une inormation ou des évé Attention : Capacité d’une personne à se du Québec. sociaux.271 American Psychiatric Association (APA) (2012). DSMAbstraction sélective, 571 726 gras oméga-3, nements avant le début de l’amnésie. concentrer Abus pendant toute l’exécution d’une homovanillique, 392 consommation de drogues par les _, 5 : Thesurvenus uture o psychiatric Diagnosis. [En ligne].
3. Quel terme désigne l’incapacité de la cliente à Chapitre à consulter reconnaître les cartes à jouer ? 12
Corrigan, P.W., Mueser, K.T., Bond, G.R., et al. (2008). Principles and practice o psychiatric rehabilitation : An empirical approach. New York : Guilord Press.
Benbow, A. (2007). Mental illness, stigma, and the Arborisation synaptique : Ramication des media. J Clin Psychiatry, 68(suppl. 2), 31-35.
R890
http://fortinash.cheneliere.ca
Cliente : madame Régine Portelance
ca/pd/strategie-text-r.pd (page consultée le 3 août 2012).
Promotion, 11(3), 4-17. Approche globale (ou approche holistique) : Bédard, D., Lazure, D., &sur Roberts, C.A. (1962). Rapport Soins et services basés une vision entière la Commission hôpitaux plus que de ladepersonne dontd’étude le toutdes représente psychiatriques. Québec, Qc : Ministère de la Santé la somme de ses composantes biologiques, psy du Québec. chologiques, socioculturelles et spirituelles.
Baronet, A.M. (1999). Factors associated with caregiver burden in mental illness : A critical review o the research literature. Clin Psychol Rev, 19(7), 819841. doi : 10.1016/S0272-7358(98)00076-2
SA SA A10 #
2
Anxiété : État de tension, d’appréhension ou sentiment de atalité imminente qui résulte de la perception que des infuences extérieures
de submerger la personne et son RÉFÉRENCES DEmenacent L’ÉDITION FRANÇAISEa intégrité.
Akathisie : Symptôme qui se manieste par l’impossibilité de rester en place, un besoin irrésistible de bouger, l’irritabilité, l’agitation.
Guide de stage
01/03/13 2:49 P
Caractéristiques de l’ouvrage
XIII
TABLEAUX ET ENCADRÉS SPÉCIFIQUES
Collecte des données
Questions systémiques sur le système amilial – Tableau 20.5 . . . . . . . . . . 579 Risque de dépression chez la personne âgée – Tableau 26.5 . . . . . . . . . . . . 748
Aide-mémoire pour réaliser l’examen de l’état mental – Tableau 4.3 . . . . . . 83
Risque suicidaire chez la personne âgée – Encadré 26.8 . . . . . . . . . . . . . . . 761
Analyse de la situation – Encadré A.3 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . A858
Schizophrénie et autres troubles psychotiques – Encadré 14.5 . . . . . . . . . .364
Analyse de la situation – Encadré 28.5 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 801
Signes d’une condition stable – Encadré 17.15 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .504
Défcits neurologiques – Tableau 17.6 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .493
Signes avorables pour la réadaptation – Encadré 16.16 . . . . . . . . . . . . . . .469
Échelle d’appréciation des symptômes positis et négatis – Tableau 14.4. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .356
Signes de rétablissement – Encadré 11.8. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 275
Échelle de manie de Young – Tableau 11.6. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 263 Éléments à considérer pour déterminer le risque de violence – Encadré 29.17 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .845 Éléments à évaluer au cours de l’entrevue – Encadré 19.5 . . . . . . . . . . . . . .545 Éléments à évaluer auprès d’un client inecté par le VIH et atteint d’un trouble anxieux, de l’adaptation ou dépressi majeur – Tableau 24.5 . . . . .694
Signes de rétablissement – Encadré 12.9 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 310 Signes de rétablissement – Encadré 13.9 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .334 Signes de rétablissement – Encadré 14.10. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 376 Signes de rétablissement – Encadré 15.21 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 412 Signes de rétablissement – Encadré 18.5 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 528 Signes de rétablissement – Encadré 19.9 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 552
Estimation de la dangerosité du passage à l’acte – Tableau 28.5 . . . . . . . . 798
Signes de rétablissement – Encadré 29.18 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .848
Évaluation de la condition mentale de la personne âgée – Tableau 26.3 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 745
Suggestions de questions pour évaluer la dimension psychosociale – Encadré 4.5. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 85
Évaluation de la condition mentale d’un jeune enant – Encadré 25.14 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 727
Suggestions de questions pour évaluer les habitudes de vie et l’autonomie onctionnelle – Encadré 4.3 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .80
Évaluation de la situation particulière de la cliente atteinte d’un trouble de l’alimentation – Tableau 18.5 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 521
Suggestions de questions pour aire le dépistage des risques – Encadré 4.6 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .86
Évaluation des maniestations du trouble de la personnalité – Encadré 15.16. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .403
Suggestions de questions pour reconstituer l’histoire de santé – Encadré 4.2 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 79
Évaluation des relations et des processus mentaux du client atteint d’un trouble de la personnalité – Encadré 15.17 . . . . . . . . . . . . . . . .405
Test de dépistage de l’alcoolisme CAGE – Encadré 16.14 . . . . . . . . . . . . . . . 455
Évaluation des relations sociales – Tableau 8.10. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .200
Troubles de l’adaptation – Tableau 10.2. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .236
Évaluation des résultats du programme d’activités thérapeutiques – Encadré 17.13 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .503
Troubles de l’humeur – Tableau 11.5 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 262
Évaluation du client à l’aide de la démarche de restructuration cognitive – Encadré 20.1 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 571 Évaluation globale – Encadré 13.4 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 328 Évaluation infrmière ciblée en situation de crise – Encadré 27.4 . . . . . . . . . 775
Troubles cognitis – Encadré 17.10 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 491
Variables liées au traitement – Encadré 21.5. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 601
Critères diagnostiques du DSM-IV-TR
Évaluation spécifque selon le trouble – Encadré 13.5 . . . . . . . . . . . . . . . . . 328
Abus, dépendance, intoxication et sevrage – Encadré 16.4 . . . . . . . . . . . . .430
Exemples de questions à poser – Encadré 29.8. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .833
Attaque de panique – Encadré 12.2 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 295
Exemples de questions associées à l’évaluation du client – Encadré 17.14. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .503
Critères diagnostiques généraux des troubles de la personnalité – Encadré 15.1. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .388
Exemples de questions pour l’évaluation selon le modèle transactionnel du stress – Encadré 10.1 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 231
Démence de type Alzheimer – Encadré 17.1 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .480
Forces, intérêts et buts évalués par le client – Encadré 23.2 . . . . . . . . . . . .664
Délirium dû à des étiologies multiples – Encadré 17.7. . . . . . . . . . . . . . . . . .488
Index de sévérité de l’insomnie – Tableau 19.1 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 547
Démence due à d’autres aectations médicales générales – Encadré 17.4 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .484
Inventaire d’anxiété de Beck – Tableau 12.5 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .303
Démence due à des étiologies multiples – Encadré 17.5. . . . . . . . . . . . . . . . 487
Observations au cours des visites à domicile – Encadré 23.1. . . . . . . . . . . .664
Démence vasculaire – Encadré 17.3 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .483
XIV
Tableaux et encadrés spécifques
Épisode dépressi majeur – Encadré 11.1 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 253 Épisode hypomaniaque – Encadré 11.4 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 258 Épisodes maniaque et mixte – Encadré 11.3 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 256 État de stress aigu – Encadré 12.5 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .300 État de stress post-traumatique – Encadré 12.4 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .299 Hypersomnie primaire – Encadré 19.4 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 542 Insomnie primaire – Encadré 19.3 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 542
Prévention de la consommation de substances psychoactives chez l’adolescent – Encadré 25.12 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 722 Prévention des rechutes et maîtrise des phases aiguës – Encadré 14.8 . . . 370 Principaux eets indésirables d’un traitement par antidépresseurs – Encadré 21.8 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 614 Scénario de protection en cas de violence conjugale – Encadré 29.11. . . . .836 Traitement au lithium – Encadré 21.10 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 618
Personnalité antisociale – Encadré 15.6 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .396
Traitement du trouble de défcit de l’attention/ hyperactivité – Encadré 21.13. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 631
Personnalité dépendante – Encadré 15.12 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .399
Traitement par benzodiazépines – Encadré 21.12 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 624
Personnalité évitante – Encadré 15.11 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .399
Traitement par inhibiteurs de cholinestérases – Encadré 21.14 . . . . . . . . . . 633
Personnalité histrionique – Encadré 15.8. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 397
Traitement par médicaments psychotropes – Encadré 21.4 . . . . . . . . . . . . .600
Personnalité limite (borderline) – Encadré 15.7 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .396
Troubles de l’adaptation – Encadré 10.5 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 238
Personnalité narcissique – Encadré 15.9 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .398
Troubles de l’alimentation – Tableau 18.7 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 524
Personnalité obsessionnelle-compulsive – Encadré 15.13 . . . . . . . . . . . . . .400
Utilisation de techniques non pharmacologiques – Encadré 26.7 . . . . . . . . 752
Personnalité paranoïaque – Encadré 15.2 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .393 Personnalité schizoïde – Encadré 15.3 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .394 Personnalité schizotypique – Encadré 15.4 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .395
Plan de soins et traitements infrmiers
Retard mental – Encadré 25.1. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 705
Anorexie mentale – PSTI 18.1. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 523
Schizophrénie – Encadré 14.3. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 352
Démence de type Alzheimer – PSTI 17.1 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .504
Syndrome de Gilles de la Tourette – Encadré 25.5 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 712
Insomnie liée à un trouble dépressi majeur – PSTI 19.1. . . . . . . . . . . . . . . . 552
Trouble amnésique – Encadré 17.8 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .489
Trouble de défcit de l’attention/hyperactivité – PSTI 25.1 . . . . . . . . . . . . . . 732
Trouble autistique – Encadré 25.2 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 707 Trouble d’anxiété de séparation – Encadré 25.4 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 711 Trouble de défcit de l’attention/hyperactivité – Encadré 25.6 . . . . . . . . . . . 714 Troubles de l’adaptation – Encadré 10.2 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 235 Troubles de l’alimentation – Encadré 18.2 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 518
Trouble dépressi majeur et trouble d’anxiété généralisée – PSTI 23.1 . . . .668 Trouble dépressi majeur récurrent et dépendance à l’alcool et aux opiacés – PSTI 16.1 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .469 Troubles de l’adaptation avec humeur dépressive – PSTI 10.1 . . . . . . . . . . . 239 Trouble panique avec agoraphobie et dépendance à une substance – PSTI 24.1 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .686
Trouble des conduites – Encadré 25.8 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 717 Trouble dysthymique – Encadré 11.2 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 254 Trouble oppositionnel avec provocation – Encadré 25.7 . . . . . . . . . . . . . . . . 716 Trouble réactionnel de l’attachement de la première ou de la deuxième enance – Encadré 25.3 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 710 Trouble somatisation – Encadré 13.2 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 321
Pratiques infrmières suggérées Aborder la sexualité au moment de l’entrevue – Encadré A.2 . . . . . . . . . A857 Accompagner et encadrer le client à risque de violence – Tableau 29.14 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .846 Accompagner la personne présentant un trouble mental dans son cheminement – Tableau 3.1. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 60
Enseignement au client et à ses proches Description de l’électroconvulsivothérapie – Encadré 21.15. . . . . . . . . . . . . 637 Données pouvant aire l’objet d’un dialogue – Encadré 28.7 . . . . . . . . . . . .802 Eets indésirables majeurs d’un traitement par antipsychotiques – Encadré 21.7 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .609 Gestion des hallucinations, des idées délirantes et du stress – Encadré 14.7. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .368 Implication des proches dans les soins à la personne ayant un trouble mental – Encadré 3.1. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 56 Pratiques d’hygiène du sommeil – Encadré 19.7 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .548
Accompagner le client ayant un trouble anxieux – Tableau 12.6 . . . . . . . . .306 Accompagner le client ayant un trouble de l’adaptation – Tableau 10.3 . . . 238 Accompagner le client ayant un trouble de la personnalité – Encadré 15.18. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 407 Accompagner le client ayant un trouble du sommeil – Tableau 19.2 . . . . . .548 Accompagner le client dans la gestion autonome de sa médication – Encadré 23.3 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .665 Accompagner le client en psychopharmacothérapie – Encadré 21.3 . . . . . .599 Accompagner le client traité par benzodiazépines – Encadré 21.11 . . . . . . . 624 Accompagner un client atteint d’un trouble de la personnalité et d’un autre trouble mental – Tableau 24.1. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .684 Tableaux et encadrés spécifques
XV
Ajuster les objectis du traitement en collaboration avec le client et ses proches – Encadré 25.16 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 731 Appliquer les principes sous-jacents à toute intervention infrmière en prévention du suicide – Encadré 28.8 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .804
Préparer la fn de la relation avec le client – Encadré 5.2 . . . . . . . . . . . . . . . 108 Proposer au client de tenir un rapport quotidien des pensées dysonctionnelles – Tableau 11.11 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 274
Appliquer des mesures pour réduire les craintes – Encadré 3.5. . . . . . . . . . . 62
Proposer des approches non pharmacologiques pour réduire la détresse psychologique – Tableau 26.4 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 746
Communiquer avec les clients ayant des besoins particuliers – Encadré 5.6 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 128
Proposer des stratégies pour satisaire les besoins du client – Tableau 8.1. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 188
Conserver son équilibre en situation de crise – Tableau 27.2 . . . . . . . . . . . . 782
Reconnaître et désamorcer les signes avant-coureurs de la violence – Encadré 29.16 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .844
Dépister la violence amiliale – Encadré 29.5 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 831 Eectuer le suivi de l’électroconvulsivothérapie – Encadré 21.16 . . . . . . . . 637 Eectuer le suivi de la psychopharmacothérapie – Encadré 21.2 . . . . . . . .599 Encourager la gestion personnelle – Tableau 19.3 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .549 Être empathique – Encadré 5.4. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 115 Évaluer et encourager la santé mentale positive – Encadré 8.1 . . . . . . . . . . 187 Évaluer et expliquer les soins à prodiguer selon l’âge de l’enant – Tableau 8.6. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 192 Évaluer et prévenir les problèmes de santé mentale chez l’adulte – Tableau 8.8 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 196 Évaluer et prévenir les problèmes de santé mentale chez la personne âgée – Tableau 8.11 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 203 Évaluer et surveiller le traitement des troubles anxieux – Encadré 12.8 . . .308 Évaluer la difculté de la cliente à ne pas recourir à un comportement compensatoire après l’ingestion d’aliments – Encadré 18.3. . . . . . . . . . . . . 527 Évaluer sa propre perception des troubles mentaux – Encadré 9.2 . . . . . . . 213
S’évaluer et se connaître – Encadré 5.3 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 114 Signaler un enant au Directeur de la protection de la jeunesse – Encadré 29.12. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 837 Soutenir l’enant en situation de crise – Tableau 27.1. . . . . . . . . . . . . . . . . . 774 Soutenir la personne âgée atteinte de schizophrénie – Tableau 26.10 . . . . 759 Soutenir la personne âgée ayant un trouble de l’humeur – Encadré 26.4. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 750 Soutenir la personne âgée ayant un trouble somatoorme – Tableau 26.8 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 757 Soutenir la personne âgée en sevrage de benzodiazépines – Tableau 26.6 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 755 Soutenir le client qui songe à dévoiler son trouble – Encadré 2.2 . . . . . . . . . 39 Soutenir un client ayant une réaction catastrophique – Tableau 17.2 . . . . .482 Soutenir une personne atteinte d’un trouble cogniti – Tableau 17.8 . . . . . .499 Utiliser l’entretien motivationnel pour avoriser un changement de comportement – Tableau 20.7 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .582
Évaluer si le client et ses proches sont prêts à déterminer leurs orces – Encadré 3.4 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 60 Favoriser l’autonomie du client atteint de schizophrénie ou d’un trouble psychotique – Tableau 14.8. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .369
Psychopharmacothérapie
Gérer l’environnement et avoriser les relations interpersonnelles – Tableau 14.9 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 370
Antidépresseurs recommandés pour le trouble dépressi majeur – Tableau 11.9 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 269
Intervenir auprès d’adolescents dépressis – Encadré 25.11 . . . . . . . . . . . . 720
Comparaison pharmacocinétique d’antipsychotiques de première génération à action prolongée – Tableau 21.2. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .605
Intervenir auprès d’enants et d’adolescents ayant des problèmes de santé mentale – Tableau 25.3 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 728
Dépendances – Encadré 16.15 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 467
Intervenir auprès d’un client atteint d’un trouble anxieux et d’un trouble lié à une substance – Tableau 24.2 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .685
Dysonctions sexuelles – Encadré A.5 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . A860
Intervenir auprès d’un client atteint de troubles comorbides – Tableau 24.4 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .692
Indications des anticonvulsivants approuvées au Canada (chez l’adulte) : traitement des troubles bipolaires – Tableau 21.10 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 618
Intervenir auprès d’un client ayant un trouble de l’humeur – Tableau 11.8 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 267
Indications des antidépresseurs approuvées au Canada (chez l’adulte) – Tableau 21.6 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 611
Intervenir auprès d’une cliente atteinte d’un trouble de l’alimentation – Tableau 18.8. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 525
Indications des antipsychotiques de deuxième et de troisième générations approuvées au Canada (chez l’adulte) – Encadré 21.6 . . . . . . .602
Intervenir auprès des proches d’une personne suicidaire – Encadré 28.9 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .804
Indications des benzodiazépines approuvées au Canada (chez l’adulte) – Tableau 21.14. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 623
Intervenir auprès du client ayant un trouble somatoorme, actice ou dissociati – Tableau 13.3 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 332
Particularité du traitement des troubles anxieux chez la personne âgée – Encadré 26.6. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 751
Interagir avec l’équipe interdisciplinaire – Tableau 28.8. . . . . . . . . . . . . . . .807
Principales caractéristiques des anticonvulsivants – Tableau 21.11. . . . . . . 619
Intervenir en cours de sevrage – Tableau 16.8 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .463
Principales caractéristiques des antidépresseurs – Tableau 21.7 . . . . . . . . 612
Orienter adéquatement le client – Encadré A.4. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . A858
Principales caractéristiques des antipsychotiques – Tableau 21.1 . . . . . . . .604
XVI
Tableaux et encadrés spécifques
Dyssomnies – Tableau 19.4. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .550
Principales caractéristiques des anxiolytiques et hypnotiques – Tableau 21.15 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 627
Situation clinique
Principales caractéristiques des inhibiteurs de cholinestérases – Tableau 21.17 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 632
Schizophrénie indiérenciée – SC 14.1 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 376
Principales caractéristiques des psychostimulants et de l’atomoxétine – Tableau 21.16 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .630
Trouble d’anxiété généralisée avec attaques de panique – SC 12.1 . . . . . . . 310
Trouble bipolaire I – SC 11.2 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 278
Principales caractéristiques du lithium – Tableau 21.9 . . . . . . . . . . . . . . . . . 615
Trouble de la personnalité antisociale – SC 15.1 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 413
Traitement des eets extrapyramidaux – Tableau 21.5 . . . . . . . . . . . . . . . . 607
Trouble de la personnalité limite – SC 15.2 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 415
Troubles anxieux – Encadré 12.7 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 307
Trouble dépressi majeur récurrent – SC 11.1 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 276
Troubles bipolaires – Encadré 11.7 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 272
Trouble dépressi majeur récurrent et urgence suicidaire – SC 28.1 . . . . . .808
Trouble de défcit de l’attention/hyperactivité – Encadré 25.15 . . . . . . . . . . 730
Trouble schizoaecti – SC 14.2 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 379
Troubles de la personnalité – Encadré 15.20 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 410
Trouble somatisation – SC 13.1 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 335
Troubles somatoormes, actices et dissociatis – Encadré 13.7 . . . . . . . . . 333
Symptômes cliniques Recherche pour une pratique fondée sur des résultats probants Efcacité des antipsychotiques – Encadré 14.9. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 372 Expérience de la douleur chez les proches aidants de personnes atteintes d’une démence de type Alzheimer ou de maladies apparentées – Encadré 17.12 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .499 Potentiel de rémission pour le trouble de la personnalité limite – Encadré 15.15 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 401 Relaxation par la musique – Encadré 19.8 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 551 Thérapie amiliale pour les clientes atteintes de troubles de l’alimentation – Encadré 18.4 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 528 Utilité du milieu thérapeutique – Encadré 20.2 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .587
Relation d’aide Accompagner la personne victime de violence sexuelle – Encadré 29.15. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 842
Anorexie mentale – Tableau 18.3 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 519 Boulimie mentale – Tableau 18.4 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 520 Caractéristiques de l’anxiété : symptômes et maniestations – Tableau 12.4 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .302 Caractéristiques des troubles de l’adaptation : symptômes et maniestations courantes – Encadré 10.3 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 237 Critères cliniques pour le diagnostic du syndrome métabolique – Tableau E.1 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .A872 Dépression chez les adolescents – Encadré 25.10 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 719 Indices de violence – Encadré 29.7. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 833 Maniestations cliniques des atteintes précoce et tardive de la schizophrénie – Tableau 26.9. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 758 Signes et symptômes associés à la consommation d’alcool et d’autres substances psychoactives – Tableau 16.5 . . . . . . . . . . . . . . . . .454 Signes laissant présager la présence d’un trouble concomitant – Encadré 24.2 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .685
Adapter la relation thérapeutique au client anxieux – Encadré 12.1 . . . . . . 291
Symptômes cliniques caractéristiques de la schizophrénie et des troubles psychotiques par catégorie – Encadré 14.4 . . . . . . . . . . . . .363
Adapter la relation thérapeutique au client atteint de schizophrénie – Encadré 14.6 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .367
Symptômes comportementaux et cognitis de la démence associée au sida – Encadré 24.3 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .690
Adopter une attitude empathique et respectueuse – Encadré 29.6. . . . . . . 832
Symptômes de sevrage de l’alcool – Encadré 16.7 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .434
Encourager un client atteint d’un trouble de l’humeur – Encadré 11.6 . . . . . 267
Symptômes de sevrage des benzodiazépines – Encadré 16.8 . . . . . . . . . . .435
Établir une distance proessionnelle – Encadré 23.4. . . . . . . . . . . . . . . . . . .665
Symptômes de sevrage des dépresseurs du système nerveux central – Encadré 16.5 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 431
Être empathique avec le client atteint d’un trouble actice – Encadré 13.8. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 333 Être empathique et encourageante avec la personne suicidaire et ses proches – Encadré 28.4 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .800 Favoriser une relation efcace avec un client ayant un trouble de la personnalité – Encadré 15.19. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .409 Orir une aide culturellement sécurisante – Encadré 9.4. . . . . . . . . . . . . . . 217
Symptômes de sevrage des opiacés – Encadré 16.9. . . . . . . . . . . . . . . . . . .436 Symptômes de stress en situation de crise – Encadré 27.3 . . . . . . . . . . . . . 773 Syndrome d’alcoolisation œtale – Tableau 16.3. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .446 Troubles anxieux chez les enants et les adolescents – Encadré 25.9 . . . . . 719 Troubles dépressis – Tableau 11.3. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 255
Tableaux et encadrés spécifques
XVII
TABLE DES MATIÈRES PARTIE
Fondements de la pratique infrmière en santé mentale et en soins psychiatriques 3
234 Services non institutionnels 44 24 Clientèles particulières 45 241 Personnes sans abri 45 242 Personnes en prison 47
CHAPITRE 1 Perspectives en santé mentale : notions ondamentales et défs
CHAPITRE 3 Principes de la pratique infrmière en santé mentale
11 Survol historique des soins en psychiatrie et en santé mentale au Québec 6 111 Du début de la colonie à 1961 6 112 De 1962 à 1988 7 113 De 1989 à 2004 7 114 De 2005 à aujourd’hui 8 12 Concepts de base 10 121 Problème de santé mentale 10 122 Trouble mental 10 123 Santé mentale positive 14 124 Déterminants de la santé mentale 14 13 Champs d’intervention 17 131 Promotion de la santé mentale 17 132 Prévention des troubles mentaux 18 133 Implications pour la pratique infrmière 20 14 Réorme des services en santé mentale 22 141 Responsabilité populationnelle 22 142 Niveaux de services 22 143 Piliers de la transormation des services 24 144 Défs de la pratique infrmière en santé mentale 26
31 Pensée infrmière en santé mentale 54 32 Habiletés et compétences de l’infrmière 54 321 Principes directeurs 54 322 Considérations cliniques importantes 57 33 Enjeux infrmiers en santé mentale 60 331 Gérer les craintes 60 332 Privilégier le « plus ou moins » plutôt que le « tout ou rien » 61 333 Éviter les réactions évaluatives 62 334 Proposer des solutions plutôt que résoudre des problèmes 63 335 Distinguer les observations des interprétations 63 34 Activités réservées de l’infrmière en santé mentale 63 341 Relation thérapeutique 64 342 Évaluation de la condition physique et mentale et évaluation des troubles mentaux 64 343 Surveillance clinique et utilisation des mesures de contention et d’isolement 64 344 Suivi infrmier 64 345 Continuité et qualité des soins 65 346 Soutien et développement de la pratique 65 35 Démarche de soins 65 351 Collecte des données – Évaluation initiale 65 352 Analyse et interprétation des données 66 353 Planifcation des soins 66 354 Exécution des interventions 66 355 Évaluation des résultats – Évaluation en cours d’évolution 66
CHAPITRE 2 Santé mentale et services dans la communauté 21 Concept de communauté 34 211 Santé publique 34 212 Santé communautaire 35 22 Objectis des soins communautaires 36 221 Promotion et prévention 36 222 Continuité et partage des soins 36 223 Intégration sociale 37 224 Accompagnement de la amille 39 23 Milieux d’intervention et services 39 231 Milieux de vie dans la communauté 40 232 Accès aux services de santé mentale 42 233 Services institutionnels de traitement et de réadaptation 43
XVIII
Table des matières
CHAPITRE 4 Évaluation de la condition mentale 41 Exercice infrmier et évaluation de la condition physique et mentale 74 411 Activité réservée de l’infrmière 74 412 Défnition et objectis de l’évaluation 75 413 Types d’évaluation 75
42 Sources d’inormation et moyens d’évaluation 76 421 Données subjectives et objectives 76 422 Autres sources d’inormation 76 423 Moyens d’évaluation 77 43 Contenu de l’évaluation 78 431 Histoire de santé 78 432 État de santé physique 78 433 Examen de l’état mental 80 434 Dimension psychosociale 85 435 Dépistage des risques 86 436 Données provenant de grilles et d’échelles d’évaluation 87 44 Contextes de pratique et situations particulières 88 441 Contextes de pratique 88 442 Évaluation dans des situations particulières 88 45 Constats d’évaluation 89 451 Jugement clinique et expertise 90 452 Pensée critique 90 453 Problèmes prioritaires en soins inrmiers et diagnostics médicaux 90 454 Modèles conceptuels et recueil de diagnostics inrmiers 91 455 Plan thérapeutique inrmier 91 46 Documentation au dossier 91 461 Formulaires d’évaluation initiale 91 462 Utilisation de grilles et d’échelles d’évaluation 92 463 Évaluation en cours d’évolution 92 47 Collaboration interproessionnelle 92 48 Pratique avancée 93 CHAPITRE 5 Communication et relation thérapeutique 51 Communication 100 511 Facteurs qui infuencent la communication 103 52 Communication et entretien avec le client 104 521 Alliance thérapeutique 104 53 Relation inrmière-client 106 531 Phases de la relation inrmière-client 106 54 Modes de communication 108 541 Communication verbale 108 542 Communication non verbale 108 55 Types de communication 109 551 Communication intrapersonnelle 109 552 Communication interpersonnelle 110 56 Principes de la communication thérapeutique 114 561 Rôle de l’inrmière dans la communication thérapeutique 114 562 Attitudes et habiletés 114 563 Habiletés de communication particulières 118
564 Techniques qui améliorent la communication 119 57 Enjeux de la communication thérapeutique 123 571 Résistance 123 572 Transert 123 573 Contre-transert 123 574 Dépassement des limites 124 575 Durée du séjour 124 576 Attitudes et comportements nuisibles 124 577 Clientèles particulières 127 CHAPITRE 6 Aspects éthiques et légaux de la pratique infrmière en santé mentale et en soins psychiatriques 61 Principes éthiques ondamentaux 136 611 Autonomie 136 612 Bienaisance et non-malaisance 136 613 Justice distributive 136 62 Instances liées à l’éthique dans la pratique inrmière 137 63 Aspects légaux de la pratique inrmière en santé mentale 138 631 Grands mouvements de désinstitutionalisation 138 64 Droits des clients 139 641 Droit de choisir le proessionnel ou l’établissement 139 642 Droit d’être accompagné et assisté 139 643 Droit d’accès au dossier 140 644 Droit à la condentialité du dossier 140 645 Droits au consentement et au reus de soins 141 65 Autorisation de soins 143 66 Gardes préventive, provisoire et en établissement 144 661 Garde préventive 144 662 Garde provisoire 145 663 Garde en établissement 146 664 Droits des clients sous garde 146 67 Mesures de contrôle 147 671 Isolement, contentions et substances chimiques 147 672 Règles d’application 147 673 Intervention planiée et intervention non planiée 148 68 Protection des personnes inaptes 148 681 Mesures de protection 149 682 Régimes en matière criminelle 150 69 Responsabilité proessionnelle 151 691 Connaître la réglementation de son champ de compétence et les normes de soins 151 692 Documenter les dossiers 151 693 Respecter la condentialité et le secret proessionnel 152 694 Prévenir les autes proessionnelles 153 695 Détenir une assurance responsabilité proessionnelle 154 610 Responsabilité des clients 155
Table des matières
XIX
PARTIE
842 Théories 199 SOINS ET TRAITEMENTS INFIRMIERS 202
Dimensions biopsychoso ciales de la santé mentale et des troubles mentaux 161 CHAPITRE 7 Neurobiologie et santé mentale
71 Neurosciences et désordres mentaux 164 72 Anatomie onctionnelle 164 721 Encéphale 165 73 Neurophysiologie 169 731 Cellules nerveuses 169 732 Fonctionnement électro chimique du neurone 170 733 Description des principaux neurotransmetteurs 171 734 Rôle clinique des neurotransmetteurs 173 74 Système nerveux et autres systèmes 174 741 Psychoneuro-immunologie 175 742 Neuroendocrinologie 175 743 Chronobiologie 175 744 Neurogénétique 176 745 Technologie des cellules souches 176 746 Neuroplasticité 177 75 Neuro-imagerie 177 751 Échographie 177 752 Tomodensitométrie 177 753 Tomographie par émission de positrons et tomographie d’émission monophotonique 178 754 Imagerie par résonance magnétique 178 76 Soins inrmiers psychiatriques et neurobiologie 178
CHAPITRE 9 Culture et santé mentale 91 Dénition et objectis des soins ethnoculturels 210 SOINS ET TRAITEMENTS INFIRMIERS 210 92 Infuences de la culture sur la santé mentale 210 SOINS ET TRAITEMENTS INFIRMIERS 211 921 Santé mentale et modèles étiologiques 211 SOINS ET TRAITEMENTS INFIRMIERS 213 922 Signications des troubles mentaux 213 SOINS ET TRAITEMENTS INFIRMIERS 215 93
94
95 96
923 Maniestations des troubles mentaux selon les cultures 215 Compétence culturelle et sécurité culturelle en santé mentale 216 931 Sécurité culturelle et minorités 216 Communautés ethniques du Québec et psychiatrie 217 941 Communautés immigrantes 218 942 Réugiés 219 943 Premières Nations et Inuits 219 Genre et santé mentale 219 Culture et psychotropes 220
PARTIE CHAPITRE 8 Développement et vieillissement de la personne 81 Concepts et dénitions 184 811 Dimensions du développement 184 812 Facteurs de développement 185 813 Stades de développement 185 814 Développement et santé mentale 185 SOINS ET TRAITEMENTS INFIRMIERS 187 82 Développement de l’enant et de l’adolescent 187 821 Théories 187 SOINS ET TRAITEMENTS INFIRMIERS 192 83 Développement de l’adulte 193 831 Théories 193 SOINS ET TRAITEMENTS INFIRMIERS 196 84 Vieillissement et développement de la personne âgée 198 841 Processus de vieillissement 198
XX
Table des matières
Troubles mentaux 225 CHAPITRE 10 Stress et troubles de l’adaptation
101 Dénition du stress 228 1011 Syndrome général d’adaptation (Hans Selye) 228 1012 Modèle transactionnel d’adaptation au stress 230 1013 Stress, réadaptation sociale et problèmes de santé 231 102 Locus de contrôle 232 103 Promotion de la santé et gestion du stress 232 1031 Stress et soutien aecti 232 1032 Résolution de problèmes 232 1033 Approche cognitivo-comportementale 233 1034 Relaxation 234 1035 Méditation 234 1036 Vie équilibrée 234 104 Troubles de l’adaptation 234 1041 Étiologie 234 1042 Épidémiologie 235
1043 Description clinique 235 105 Démarche de soins 236 1051 Collecte des données – Évaluation initiale 236 1052 Analyse et interprétation des données 236 1053 Planifcation des soins 236 1054 Exécution des interventions 238 SOINS ET TRAITEMENTS INFIRMIERS 238 1055 Évaluation des résultats – Évaluation en cours d’évolution 239 CHAPITRE 11 Troubles de l’humeur 111 Caractéristiques générales 246 112 Étiologie 246 1121 Théories biologiques 247 1122 Théories psychosociales 248 113 Épidémiologie 251 114 Description clinique 252 1141 Troubles dépressis 252 1142 Troubles bipolaires 255 1143 Autres spécifcations diagnostiques 258 1144 Troubles de l’humeur induits par une aection médicale générale ou une substance 260 115 Pronostic 260 1151 Troubles dépressis 260 1152 Troubles bipolaires 260 116 Démarche de soins 261 1161 Collecte des données – Évaluation initiale 261 1162 Analyse et interprétation des données 265 1163 Planifcation des soins 265 1164 Exécution des interventions 266 SOINS ET TRAITEMENTS INFIRMIERS 266 1165 Évaluation des résultats – Évaluation en cours d’évolution 275 CHAPITRE 12 Troubles anxieux 121 Caractéristiques de l’anxiété 288 1211 Mécanismes de déense 288 1212 Stades de l’anxiété 290 1213 Typologie des réactions anxieuses 290 122 Étiologie 292 1221 Théorie biologique 292 1222 Théorie psychodynamique 293 1223 Théorie comportementale 293
1224 Théorie cognitivo-comportementale 293 123 Épidémiologie 293 1231 Prévalence 293 1232 Variations culturelles 294 1233 Comorbidité 294 124 Description clinique 295 1241 Attaques de panique 295 1242 Trouble panique 295 1243 Phobies 296 1244 Trouble obsessionnel-compulsi 297 1245 État de stress post-traumatique 298 1246 État de stress aigu 300 1247 Trouble d’anxiété généralisée 300 125 Pronostic 300 126 Démarche de soins 302 1261 Collecte des données – Évaluation initiale 302 1262 Analyse et interprétation des données 304 1263 Planifcation des soins 304 1264 Exécution des interventions 305 SOINS ET TRAITEMENTS INFIRMIERS 305 1265 Évaluation des résultats – Évaluation en cours d’évolution 310 CHAPITRE 13 Troubles somatoformes, factices et dissociatifs 131 Caractéristiques générales 318 132 Étiologie 318 1321 Théorie biologique 318 1322 Théorie psychanalytique 318 1323 Théorie comportementale 319 1324 Théorie cognitive 319 133 Épidémiologie 319 134 Description clinique 320 1341 Troubles somatoormes 320 1342 Troubles actices 324 1343 Troubles dissociatis 325 135 Pronostic 327 136 Démarche de soins 327 1361 Collecte des données – Évaluation initiale 327 1362 Analyse et interprétation des données 329 1363 Planifcation des soins 329 1364 Exécution des interventions 331 SOINS ET TRAITEMENTS INFIRMIERS 331 1365 Évaluation des résultats – Évaluation en cours d’évolution 334
Table des matières
XXI
CHAPITRE 14 Schizophrénie et autres troubles psychotiques 141 Caractéristiques générales 344 1411 Évolution du concept 344 1412 Théories contemporaines 344 142 Étiologie 346 1421 Facteurs biologiques 346 1422 Facteurs environnementaux 348 143 Épidémiologie 350 144 Description clinique 350 1441 Apparition et évolution de la schizophrénie 350 1442 Symptômes 352 1443 Pronostic 357 145 Sous-types de la schizophrénie et autres troubles psychotiques 357 1451 Schizophrénie de type paranoïde 357 1452 Schizophrénie de type désorganisé 358 1453 Schizophrénie de type catatonique 358 1454 Schizophrénie de type indiérencié 359 1455 Schizophrénie de type résiduel 359 1456 Trouble schizophréniorme 360 1457 Trouble schizoaecti 360 1458 Trouble délirant 360 1459 Trouble psychotique bre 360 14510 Trouble psychotique partagé (olie à deux) 361 14511 Trouble psychotique dû à une aection médicale générale 361 14512 Trouble psychotique induit par une substance 361 14513 Trouble psychotique non spécifé 362 146 Démarche de soins 362 1461 Collecte des données – Évaluation initiale 362 1462 Analyse et interprétation des données 365 1463 Planifcation des soins 365 1464 Exécution des interventions 366 SOINS ET TRAITEMENTS INFIRMIERS 366 1465 Évaluation des résultats – Évaluation en cours d’évolution 375 CHAPITRE 15 Troubles de la personnalité 151 Caractéristiques générales 388 1511 Critères diagnostiques généraux 389 152 Étiologie 390 1521 Théories reudiennes 390 1522 Théories de la relation d’objet 391 1523 Théories biologiques 392 153 Épidémiologie et description clinique 393 1531 Troubles de la personnalité du groupe A 393
XXII
Table des matières
1532 Troubles de la personnalité du groupe B 395 1533 Troubles de la personnalité du groupe C 397 1534 Troubles de la personnalité non spécifés 399 154 Pronostic 401 155 Démarche de soins 402 1551 Collecte des données – Évaluation initiale 402 1552 Analyse et interprétation des données 404 1553 Planifcation des soins 404 1554 Exécution des interventions 406 SOINS ET TRAITEMENTS INFIRMIERS 406 1555 Évaluation des résultats – Évaluation en cours d’évolution 411 CHAPITRE 16 Troubles liés à une substance 161 Caractéristiques générales 424 1611 Défnitions des termes clés 424 1612 Fondements neurobiologiques de la dépendance 425 162 Étiologie 427 1621 Facteurs individuels 427 1622 Facteurs situationnels 429 1623 Facteurs environnementaux 429 163 Description clinique 430 1631 Dépresseurs du système nerveux central 430 1632 Stimulants du système nerveux central 437 1633 Perturbateurs du système nerveux central 440 1634 Principaux médicaments psychotropes 442 1635 Stéroïdes (androgènes et anabolisants) 442 164 Épidémiologie 443 1641 Conséquences de l’abus de substances psychoactives chez certains groupes 444 165 Pronostic 452 166 Démarche de soins 453 1661 Collecte des données – Évaluation initiale 453 1662 Analyse et interprétation des données 455 1663 Planifcation des soins 457 1664 Exécution des interventions 458 SOINS ET TRAITEMENTS INFIRMIERS 458 1665 Évaluation des résultats – Évaluation en cours d’évolution 468 CHAPITRE 17 Troubles cognitifs : délirium, démence et troubles amnésiques 171 Caractéristiques générales 478 1711 Démence 478 1712 Délirium 478 1713 Troubles amnésiques 479
172 Démences 479 1721 Démences irréversibles 479 1722 Démences réversibles 487 173 Autres troubles cognitis 487 1731 Trouble cogniti léger 487 1732 Délirium 488 1733 Troubles amnésiques 489 174 Démarche de soins 490 1741 Collecte des données – Évaluation initiale 490 1742 Analyse et interprétation des données 496 1743 Planifcation des soins 497 1744 Exécution des interventions 497 SOINS ET TRAITEMENTS INFIRMIERS 497 1745 Évaluation des résultats – Évaluation en cours d’évolution 502 CHAPITRE 18 Troubles de l’alimentation 181 Caractéristiques des troubles de l’alimentation 512 182 Étiologie 513 1821 Facteurs biologiques 513 1822 Facteurs socioculturels 514 1823 Facteurs psychologiques 514 1824 Facteurs amiliaux 515 1825 Cercle vicieux des troubles de l’alimentation 515 183 Épidémiologie 516 184 Description clinique 517 185 Pronostic 518 186 Démarche de soins 519 1861 Collecte des données – Évaluation initiale 519 1862 Analyse et interprétation des données 520 1863 Planifcation des soins 520 1864 Exécution des interventions 522 SOINS ET TRAITEMENTS INFIRMIERS 522 1865 Évaluation des résultats – Évaluation en cours d’évolution 527 CHAPITRE 19 Troubles du sommeil 191 Caractéristiques générales 536 1911 Structure du sommeil 536 1912 Rythmes circadiens 538 192 Étiologie 538 1921 Facteurs biologiques et physiques 539 1922 Facteurs psychologiques et psychiatriques 540 1923 Facteurs socioculturels 540 1924 Facteurs environnementaux 540
193 Épidémiologie 540 1931 Dyssomnies 540 1932 Parasomnies 541 194 Description clinique 541 1941 Dyssomnies 541 1942 Parasomnies 543 1943 Troubles du sommeil liés à un autre trouble ou à une substance 544 195 Pronostic 545 196 Démarche de soins 545 1961 Collecte des données – Évaluation initiale 545 1962 Analyse et interprétation des données 546 1963 Planifcation des soins 546 1964 Exécution des interventions 547 SOINS ET TRAITEMENTS INFIRMIERS 547 1965 Évaluation des résultats – Évaluation en cours d’évolution 551
PARTIE
Interventions infrmières dans le processus thérapeutique 559 CHAPITRE 20 Modèles et stratégies thérapeutiques
201 Considérations générales 562 2011 Défnition de la psychothérapie 562 2012 Types de psychothérapies 563 2013 Approches éclectique et intégrative 564 2014 Thérapie brève 564 SOINS ET TRAITEMENTS INFIRMIERS 565 202 Perspective psychodynamique 565 2021 Thérapie d’orientation psychodynamique 566 2022 Apport et limites de la perspective psychodynamique 566 SOINS ET TRAITEMENTS INFIRMIERS 567 203 Perspectives comportementale et cognitive 567 2031 Perspective comportementale 567 2032 Évolution des perspectives cognitive et comportementale 569 2033 Apport et limites des perspectives comportementale et cognitive 574 SOINS ET TRAITEMENTS INFIRMIERS 574 204 Perspective humaniste 575 2041 Thérapie d’orientation humaniste 575 2042 Apport et limites de la perspective humaniste 576 SOINS ET TRAITEMENTS INFIRMIERS 576 205 Psychothérapie interpersonnelle 576
Table des matières
XXIII
SOINS ET TRAITEMENTS INFIRMIERS
577
206 Approche amiliale systémique 577 SOINS ET TRAITEMENTS INFIRMIERS 578
215 Stabilisateurs de l’humeur 614 2151 Lithium 615 SOINS ET TRAITEMENTS INFIRMIERS 616
207 Entretien motivationnel 580 SOINS ET TRAITEMENTS INFIRMIERS 581
2152 Anticonvulsivants 617 SOINS ET TRAITEMENTS INFIRMIERS 621
208 Intervention de soutien 581 SOINS ET TRAITEMENTS INFIRMIERS 583
216 Anxiolytiques et hypnotiques 622 2161 Benzodiazépines 622 SOINS ET TRAITEMENTS INFIRMIERS 624
209 Approche de résolution de problèmes 583 SOINS ET TRAITEMENTS INFIRMIERS 585 2010 Milieu thérapeutique 585 SOINS ET TRAITEMENTS INFIRMIERS 586 2011 Thérapie de groupe 587 SOINS ET TRAITEMENTS INFIRMIERS 591
CHAPITRE 21 Psychopharmacothérapie et autres thérapies biologiques 211 Enjeux de la psychopharmacothérapie 598 2111 Rétablissement 598 2112 Mécanismes d’action des médicaments psychotropes 598 212 Responsabilités de l’infrmière liées à la psychopharmacothérapie 599 2121 Partenariat et adhésion au traitement 599 2122 Évaluation et surveillance 600 213 Antipsychotiques 601 2131 Mécanismes d’action 601 2132 Indications 601 2133 Efcacité clinique 602 2134 Autres indications potentielles 603 2135 Pharmacocinétique et posologie 603 2136 Eets indésirables 603 2137 Contre-indications 608 2138 Interactions 608 SOINS ET TRAITEMENTS INFIRMIERS 608 214 Antidépresseurs 609 2141 Mécanismes d’action 609 2142 Indications 611 2143 Efcacité clinique 611 2144 Autres indications potentielles 611 2145 Pharmacocinétique et posologie 611 2146 Eets indésirables 613 2147 Contre-indications 613 2148 Interactions 613 SOINS ET TRAITEMENTS INFIRMIERS 614
XXIV
Table des matières
2162 Buspirone 624 SOINS ET TRAITEMENTS INFIRMIERS 625 2163 Hypnotiques non benzodiazépiniques 625 SOINS ET TRAITEMENTS INFIRMIERS 626 2164 Autres anxiolytiques et hypnotiques 626 SOINS ET TRAITEMENTS INFIRMIERS 629 217 Psychostimulants et atomoxétine 629 2171 Mécanismes d’action 629 2172 Indications 629 2173 Efcacité clinique 629 2174 Autres indications potentielles 629 2175 Pharmacocinétique et posologie 630 2176 Eets indésirables 630 2177 Contre-indications 631 2178 Interactions 631 SOINS ET TRAITEMENTS INFIRMIERS 631 218 Agents procognitis 632 2181 Inhibiteurs de cholinestérases 632 SOINS ET TRAITEMENTS INFIRMIERS 633 2182 Mémantine 634 634
SOINS ET TRAITEMENTS INFIRMIERS
219 Autres thérapies biologiques 635 2191 Électroconvulsivothérapie 635 SOINS ET TRAITEMENTS INFIRMIERS 636 2192 Autres traitements pour les troubles de l’humeur 637 CHAPITRE 22 Approches complémentaires et parallèles en santé mentale 221 Caractéristiques générales 644 2211 Origine des approches complémentaires et parallèles en santé 644 2212 Modèles et approches actuels 645 2213 Enjeux 647
222 Approches complémentaires et parallèles en santé : classication et utilisation en santé mentale 648 2221 Taxonomie et classication du National Center or Complementary and Alternative Medicine 648 2222 Produits naturels 648 2223 Approches corps-esprit 650 2224 Pratique aisant appel à la manipulation et aux mouvements du corps : la massothérapie 652 2225 Autre approche complémentaire et parallèle en santé : le toucher thérapeutique 652 SOINS ET TRAITEMENTS INFIRMIERS 653
CHAPITRE 23 Soins infrmiers et suivis dans la communauté 231 Responsabilités de l’inrmière dans la communauté 660 2311 Éducation à la santé 660 2312 Coordination des soins 661 2313 Interventions en situation de crise 662 232 Suivis à domicile 663 2321 Évaluation de l’environnement 664 2322 Évaluation des besoins 664 2323 Accompagnement de la pharmacothérapie 664 2324 Sécurité et mesures préventives 665 233 Suivis auprès de clientèles particulières 665 2331 Soins aux personnes sans abri 666 2332 Soins aux personnes en prison 667
PARTIE
Interventions infrmières auprès des clientèles spécifques 675
CHAPITRE 24 Comorbidité et clients atteints de troubles concomitants 241 Caractéristiques générales 678 2411 Dénitions des termes et des concepts 678 242 Étiologie et interdépendance des maniestations 680 2421 Étiologie générale 680 2422 Interdépendance des maniestations 681 243 Description clinique et réquence observée des combinaisons de troubles comorbides et concomitants 681 2431 Combinaisons de plusieurs troubles mentaux et exemples 681 2432 Troubles concomitants et exemples 683 2433 Combinaison d’un trouble mental et d’une aection physique 688 244 Démarche de soins 691 2441 Collecte des données – Évaluation initiale 693 2442 Analyse et interprétation des données 695
2443 Planication des soins 695 2444 Exécution des interventions 696 SOINS ET TRAITEMENTS INFIRMIERS 696 2445 Évaluation des résultats – Évaluation en cours d’évolution 697 CHAPITRE 25 Enants et adolescents 251 Caractéristiques générales 704 252 Troubles de la première enance, de la deuxième enance ou de l’adolescence 705 2521 Retard mental 705 2522 Troubles envahissants du développement 706 2523 Troubles liés à l’attachement 709 2524 Tics 712 2525 Décit de l’attention et comportements perturbateurs 713 253 Autres troubles mentaux 718 2531 Troubles anxieux 718 2532 Troubles de l’humeur 719 2533 Schizophrénie et autres troubles psychotiques 720 2534 Troubles liés à l’utilisation d’une substance 721 2535 Troubles du sommeil 721 2536 Troubles de l’alimentation 722 254 Violence 722 2541 Intimidation 722 255 Automutilation 723 256 Suicide 724 257 Démarche de soins 724 2571 Collecte des données – Évaluation initiale 725 2572 Analyse et interprétation des données 727 2573 Planication des soins 727 2574 Exécution des interventions 728 SOINS ET TRAITEMENTS INFIRMIERS 728 2575 Évaluation des résultats – Évaluation en cours d’évolution 731 CHAPITRE 26 Personnes âgées 261 Situation de la population âgée 740 2611 Population âgée immigrante et diérences culturelles 741 2612 Facteurs infuant sur la santé 741 262 Évaluation de l’état de santé de la personne âgée 744 2621 Évaluation de l’état onctionnel 744 2622 Évaluation de la condition mentale 745 263 Particularités des troubles mentaux 745
Table des matières
XXV
2631 Détresse psychologique et stress 745 746
SOINS ET TRAITEMENTS INFIRMIERS
2632 Troubles de l’humeur 747 SOINS ET TRAITEMENTS INFIRMIERS 748 2633 Troubles anxieux 750 751
SOINS ET TRAITEMENTS INFIRMIERS
2634 Troubles liés à l’abus de substances 752 SOINS ET TRAITEMENTS INFIRMIERS 753 SOINS ET TRAITEMENTS INFIRMIERS
754
2635 Troubles somatoormes 755 755
SOINS ET TRAITEMENTS INFIRMIERS
2636 Schizophrénie 757 759
SOINS ET TRAITEMENTS INFIRMIERS
2637 Suicide 760 SOINS ET TRAITEMENTS INFIRMIERS 761
PARTIE
Interventions infrmières en situation de crise 767 CHAPITRE 27 Situation de crise
271 Évolution du concept de crise 770 272 Facteurs infuençant la crise 771 2721 Facteurs de stabilisation ou compensatoires : modèle d’Aguilera 771 2722 Facteurs précipitants, acteurs contribuants et acteurs de protection 772 273 Caractéristiques de la crise 773 2731 Objectis des interventions inrmières 773 2732 Issues possibles de la crise 774 2733 Crise psychosociale 775 SOINS ET TRAITEMENTS INFIRMIERS 776 2734 Crise psychopathologique et urgence psychiatrique 779 779
SOINS ET TRAITEMENTS INFIRMIERS
2735 Crise psychotraumatique 780 SOINS ET TRAITEMENTS INFIRMIERS 781 2736 Catastrophes d’origine naturelle ou humaine 781 SOINS ET TRAITEMENTS INFIRMIERS 782 2737 Stratégies de prévention 783
XXVI
Table des matières
CHAPITRE 28 Suicide 281 Caractéristiques générales 790 282 Étiologie 790 2821 Théories biologiques et environnementales 790 2822 Théories psychologiques 791 2823 Théorie sociologique 791 283 Épidémiologie 792 2831 Hommes 792 2832 Jeunes de 15 à 24 ans 792 2833 Personnes âgées de 65 ans et plus 793 2834 Populations autochtones 793 2835 Personnes homosexuelles, bisexuelles ou transsexuelles 794 2836 Personnes ayant un trouble mental 794 2837 Personnes ayant un problème de dépendance 794 2838 Personnes ayant un problème de santé physique 794 284 Description clinique 795 2841 Processus de la crise suicidaire 795 2842 Facteurs associés au suicide 795 2843 Dangerosité du passage à l’acte 797 2844 Mythes concernant le suicide 798 285 Pronostic 799 286 Démarche de soins 800 2861 Collecte des données − Évaluation initiale 800 2862 Analyse et interprétation des données 802 2863 Planication des soins 802 2864 Exécution des interventions 803 SOINS ET TRAITEMENTS INFIRMIERS 803 2865 Évaluation des résultats – Évaluation en cours d’évolution 807 CHAPITRE 29 Violence 291 Caractéristiques générales 816 292 Étiologie 817 2921 Facteurs individuels 818 2922 Facteurs relationnels, communautaires et sociétaux 820 293 Violence amiliale 821 2931 Violence conjugale 821 2932 Violence amiliale envers les enants 824 2933 Violence amiliale envers les personnes âgées 827 294 Démarche de soins 831 2941 Collecte des données – Évaluation initiale 831 2942 Analyse et interprétation des données 834 2943 Planication des soins 835
2944 Exécution des interventions 836 SOINS ET TRAITEMENTS INFIRMIERS 836 2945 Évaluation des résultats – Évaluation en cours d’évolution 837 295 Violence sexuelle 837 2951 Description 838 2952 Facteurs de risque spécifques 838 2953 Épidémiologie 839 2954 Conséquences chez les victimes 839 SOINS ET TRAITEMENTS INFIRMIERS 840 296 Violence et troubles mentaux 843 2961 Description 843 2962 Facteurs de risque spécifques 843 2963 Épidémiologie 844 2964 Soins et traitements 844 SOINS ET TRAITEMENTS INFIRMIERS
845
ANNEXE A Troubles sexuels A1 Caractéristiques générales A852 A11 Défnitions des concepts clés A852 A2 Dysonctions sexuelles A852 A21 Étiologie A852 A22 Épidémiologie A854 A23 Description clinique A855 A24 Troubles mentaux et sexualité A855 A25 Pronostic A856 SOINS ET TRAITEMENTS INFIRMIERS
A856
A26 Soins et traitements en interdisciplinarité A859 ANNEXE B Évaluation globale du fonctionnement A863
ANNEXE C Examen de Folstein sur l’état mental A864 ANNEXE D Approche Oméga D1 Historique A866 D2 Fondements d’Oméga : valeurs et principes A866 D3 Situation de travail A867 D31 Appréciation du degré d’alerte A867 D4 Grille du potentiel de dangerosité A867 D5 Pyrami de d’interventions A868 D51 Pacifcation A868 D52 Trêve A868 D53 Requête alpha A868 D54 Recadrage A869 D55 Alternative A869 D56 Option fnale A869 D57 Intervention physique A870 D58 Révision postévénement A870 ANNEXE E Syndrome métabolique E1 Évaluation initiale A872 E2 Interventions infrmières A873 ANNEXE F Échelle d’évaluation des symptômes extrapyramidaux (ESRS) F1 Questionnaire : parkinsonisme, akathisie, dystonie et dyskinésie A872 F2 Examen A873 F3 Impression clinique globale A878
Table des matières
XXVII
PARTIE
Fondements de la pratique infrmière en santé mentale et en soins psychiatriques CHAPITRE 1
Perspectives en santé mentale : notions ondamentales et défs 4 CHAPITRE 2
Santé mentale et services dans la communauté 32 CHAPITRE 3
Principes de la pratique infrmière en santé mentale 52 CHAPITRE 4
Évaluation de la condition de santé mentale 72 CHAPITRE 5
Communication et relation thérapeutique 98 CHAPITRE 6
Aspects éthiques et légaux de la pratique infrmière en santé mentale et en soins psychiatriques 134
chAPITRE
Perspectives en santé mentale : notions ondamentales et défs
Écrit par : Hélène Provencher, in, Ph D (sciences infrmières) D’après un texte de : Patricia A Holoday Worret, MSN, APRN, PMHCNS
Guide d’études – RE14
OBJECTIFS
Après avoir étudié ce chapitre, vous devriez être en mesure : ■
d’expliquer les événements marquants des principales périodes historiques de l’évolution des soins en psychiatrie et en santé mentale au Québec ;
■
de déinir ce qu’est un problème de santé mentale et un trouble mental ;
■
d’expliquer les acteurs et les dimensions de la santé mentale positive ;
■
de nommer les axes qui sont à la base de l’évaluation multiaxiale du DSM-IV-TR ;
■
4
de déinir la promotion de la santé mentale en l’illustrant à l’aide d’une intervention inirmière ;
Partie 1
■
■
■
de distinguer les trois niveaux de prévention des troubles mentaux en illustrant chacun à l’aide d’une intervention inirmière ; d’expliquer la stigmatisation à l’égard des personnes ayant des troubles mentaux et les interventions inirmières contribuant à réduire ce phénomène ; de décrire les interventions inirmières destinées aux personnes ayant des troubles mentaux modérés, d’une part, et aux personnes ayant des troubles mentaux graves, d’autre part ;
Fondements de la pratique infrmière en santé mentale et en soins psychiatriques
■
■
■
■
de déinir le principe de responsabilité populationnelle ainsi que les trois lignes de services en santé mentale ; d’expliquer ce qu’est l’expérience de rétablissement ; d’énumérer les services qui ont partie de la gamme essentielle des services orientés vers le rétablissement ; d’expliquer les déis de la pratique inirmière en santé mentale
Concepts clés
Cette carte conceptuelle illustre schématiquement les principaux concepts décrits dans le présent chapitre Sa lecture vous permettra d’avoir une vue d’ensemble des notions qui y sont présentées
explorent les tendances actuelles
1
sont infuencées par
sont
contribue à
vise à
exige
est à la ois
assure
implique
et
pour créer
dont
utilise
Chapitre 1
Perspectives en santé mentale : notions ondamentales et défs
5
PORTRAIT Jade-Maude Gouin Jade-Maude Gouin, âgée de 17 ans, vient d’être admise à l’unité de soins psychiatriques. On l’a trouvée errant dans un parc en pleine nuit. Elle est enceinte de 36 semaines. Elle manieste des symptômes de trouble délirant et elle s’est inigé des blessures superfcielles à l’abdomen à l’aide d’un bâton pointu. L’infrmière qui la reçoit constate que les problèmes de Jade-Maude doivent être priorisés et traités dans le cadre d’une collaboration entre plusieurs services, dont obstétrique, médecine-chirurgie et psychiatrie.
1.1
Survol historique des soins en psychiatrie et en santé mentale au Québec
1.1.1
Du début de la colonie à 1961
En Nouvelle-France, au début de la colonie, un climat de tolérance prévaut à l’égard des personnes ayant des troubles mentaux la plupart d’entre elles vivant dans la communauté et leurs amilles (Fleury & Grenier, 2004). À cette époque, ces personnes sont désignées comme étant olles ou lunatiques. Le traitement comprend des saignées pour rétablir l’équilibre entre les humeurs, lesquelles correspondaient alors au sang, à la bile noire, à la bile jaune et à la lymphe. L’hypothèse du dérèglement des humeurs remonte à l’Antiquité et aux travaux d’Hippocrate environ 400 av. J.-C. Elle coexiste au Moyen-Âge et à la Renaissance avec l’idée que la olie est l’œuvre du Diable et qu’elle requiert l’exorcisme ou divers châtiments corporels (p. ex., la torture). Ces personnes sont alors considérées comme incapables de gérer leurs avoirs ; c’est le roi qui assume la garde de leurs biens et les profts générés servent à entretenir les malades eux-mêmes et leur amille. Lorsque les personnes olles représentent un danger pour la amille ou la communauté, elles sont mises à l’écart de la société dans des prisons ou d’autres lieux où elles côtoient des prostitués, des sans-abri et des criminels. Aucun traitement n’est oert dans ces divers milieux, et les crises de olie sont maîtrisées à l’aide de chaînes ou d’autres mesures coercitives. Avec le xixe siècle, la olie est redéfnie dans un cadre médical. À cette époque, l’idée d’un traitement moralement humain et d’un environnement
6
Partie 1
sain (p. ex., un lieu de soins localisé à la campagne) s’impose de plus en plus. Le médecin rançais Philippe Pinel (1745-1826) a joué un rôle majeur dans cette réorme des soins qui est à l’origine des asiles psychiatriques érigés dans la deuxième moitié du xix e siècle au Québec FIGURE 1.1 . Il s’agit de l’Asile de Beauport en 1845, actuellement l’Institut de santé mentale de Québec, et de l’Asile de Saint-Jean-de-Dieu en 1873, aujourd’hui l’Hôpital Louis-H. Laontaine-Institut universitaire en santé mentale. À partir de la dernière décennie du xixe siècle, les communautés religieuses assurent l’administration de ces deux asiles, et cela jusqu’au début des années 1960. Quant au Protestant Hospital or the Insane, devenu l’Hôpital Douglas, il voit le jour en 1881 et dessert la clientèle anglophone (Fleury & Grenier, 2004). Au fl des années, d’importantes dérives du système asilaire apparaissent, notamment le surpeuplement, l’utilisation de mesures de contrôle (p. ex., les mesures de contention) plutôt que de traitement ainsi que la suppression des droits des personnes internées. Cette période est d’ailleurs désignée comme étant celle du grand renermement, l’internement à l’asile étant de longue durée et même à vie dans plusieurs cas (Boudreau, 1984). Il aut remarquer que l’Institut Albert-Prévost (1955) et le Allan Memorial Institute (1943) se démarquent en orant des soins à une clientèle sourant de troubles mentaux plus légers (p. ex., des névroses) que celle internée dans les asiles (p. ex., des psychoses) ainsi que des approches de traitement issues de la psychanalyse. Touteois, les travaux du Dr Donald Ewen Cameron au Allan Memorial Institute de Montréal, inancés par la Central Intelligence Agency (CIA) et portant sur le lavage de cerveau au cours de la période 1956-1963, ont ait scandale ; quelques-unes des personnes concernées ont d’ailleurs reçu une compensation fnancière à la suite de poursuites judiciaires (Boudreau, 1984). Finalement, le recours aux premiers antipsychotiques et neuroleptiques marque la fn de cette période, la chlorpromazine (Largactilmd) ayant été le
FIGURE 1.1 Philippe Pinel croyait en un traitement des troubles mentaux empreint de compassion et de patience plutôt que de cruauté et de violence.
Fondements de la pratique infrmière en santé mentale et en soins psychiatriques
premier médicament utilisé pour traiter les personnes ayant des psychoses et dont l’usage au Québec remonte à 1953.
1.1.2
De 1962 à 1988
La Révolution tranquille caractérise la décennie 1960 au Québec. L’émergence de l’État-providence et la séparation entre l’Église catholique et l’État sont à la base d’une série de changements dans la société québécoise, dont les services oerts aux personnes ayant des troubles mentaux. En 1961, la publication du livre Les fous crient au secours (Pagé, 1961) décrie l’institutionnalisation massive des personnes ayant des troubles mentaux et l’inadéquation du système asilaire pour orir un véritable traitement. Cet ouvrage est à l’origine de la commission Bédard, dont le rapport (Bédard, Lazure & Roberts, 1962) a conduit à la ermeture de plus du quart des lits psychiatriques au Québec et à la première vague de désinstitutionnalisation. Le retour dans la communauté des personnes atteintes de troubles mentaux s’accompagne de diverses mesures, incluant la création des services de psychiatrie dans les hôpitaux généraux et la mise en place de ressources résidentielles dans la communauté. La sectorisation est l’approche utilisée pour organiser les services psychiatriques, recoupant la notion de psychiatrie de secteur ou de psychiatrie communautaire. À cette fn, des établissements sont désignés pour assumer la responsabilité clinique, et des équipes interdisciplinaires (p. ex., des infrmières, des psychologues, des psychiatres, des travailleurs sociaux, des ergothérapeutes) sont mises en place pour couvrir les services à orir sur un territoire donné, de l’hospitalisation de la personne à son retour dans la communauté (Fleury & Grenier, 2004). Cette première vague de désinstitutionnalisation coïncide également avec l’arrivée sur le marché de plusieurs antipsychotiques et antidépresseurs et avec le mouvement de l’antipsychiatrie. Les psychiatres Ronald Laing et David Cooper sont considérés comme les pères de ce mouvement qui rejette la démarcation entre le normal et le pathologique et la relation de pouvoir du soignant sur le soigné. Dans cette optique, l’asile devrait disparaître pour permettre aux malades de retrouver et d’exercer leurs droits et à la société de les accueillir et de reconnaître leur potentiel. Le livre de Mary Barnes (1973), Un voyage à travers la folie, donne un aperçu des méthodes de traitement utilisées dans ce domaine. La deuxième vague de désinstitutionnalisation au Québec est ortement marquée par les travaux de la commission Castonguay-Nepveu et couvre la période allant de 1971 à 1988. Le centre hospitalier psychiatrique devient un lieu de traitement parmi d’autres, les centres hospitaliers généraux (p. ex., les unités d’hospitalisation, les cliniques externes
de psychiatrie) et les centres locaux de services communautaires (CLSC) étant de plus en plus impliqués dans l’ore de services aux personnes ayant des troubles mentaux. Une autre orte tendance est la démédicalisation de la maladie mentale, dont le recours de plus en plus grand au terme santé mentale qui renvoie à l’importance des conditions sociales (p. ex., la pauvreté) sur l’apparition et l’évolution du trouble mental de même qu’à la présence de orces chez la personne atteinte, en dépit du trouble mental. Par ailleurs, plusieurs organismes communautaires voient le jour dans les années 1980 et orent divers services, dont de l’aide aux amilles et du soutien à la réintégration proessionnelle. Des ressources et des options de traitement dans la communauté qui se distancient des soins oerts dans le système hospitalier apparaissent également au cours de cette période, et le mouvement de déense des droits des personnes ayant des troubles mentaux prend de plus en plus d’ampleur. De plus, la productivité et la rentabilité des services deviennent des préoccupations majeures, et les gestionnaires jouent un rôle de plus en plus grand dans la mise en place de mesures liées à la perormance et à la qualité des services. La désinstitutionnalisation entraîne plusieurs retombées positives dont la démystifcation des troubles mentaux, des approches plus humaines de traitement et la mise en place de nouvelles ressources dans la communauté. Les aspects négatis de la désinstitutionnalisation comprennent le syndrome de la porte tournante, soit la répétition du schéma de retour dans la communauté-hospitalisation, de même que l’accroissement du ardeau amilial, de l’itinérance et des problèmes avec la justice chez les personnes ayant des troubles mentaux (Dorvil & Guttman, 1997). De plus, le manque de services dans la communauté et la ragmentation des services représentent d’importants reins à la désinstitutionnalisation. Finalement, certains auteurs mentionnent deux autres vagues de désinstitutionnalisation, soit de 1989 à 1996 et de 1997 à 2002 6 .
1.1.3
1
La commission CastonguayNepveu est notamment à l’origine de la Loi sur l’assurance maladie. Un résumé des travaux et des répercussions est présenté sur le site du gouvernement du Québec, au www.revolutiontranquille. gouv.qc.ca/index.php?id= 104&tx_ttnews%5Btt_ news%5D=174&cHash= a7ca929dd3520ac6cc addc452dc2f8ac.
6 Le chapitre 6, Aspects éthiques et légaux de la pratique infrmière en santé mentale et en soins psychiatriques, décrit les quatre phases de désinstitutionnalisation
De 1989 à 2004
En 1989, le Québec adopte la Politique de santé mentale (PSM) (ministère de la Santé et des Services sociaux [MSSS], 1989) qui repose sur une approche biopsychosociale de la santé mentale TABLEAU 1.1. La création de l’Association des groupes d’intervention en déense des droits en santé mentale du Québec (AGIDD-SMQ) en 1990 est l’une des importantes retombées de la PSM. En s’appuyant sur le nouveau développement des réseaux intégrés de services en santé mentale, la PSM place la personne et ses proches au centre des services, et privilégie la décentralisation et la diversifcation des services de même que la mise en commun des responsabilités à l’égard des services à orir sur un territoire Chapitre 1
Perspectives en santé mentale : notions ondamentales et défs
7
TABLEAU 1.1
Principales orientations de la Politique de santé mentale
ORIENTATION
EXEMPLES
Assurer la primauté de la personne.
• Individualisation et continuité des soins • Protection des droits
Accroître la qualité des services.
• Formation continue des intervenants • Soutien à la recherche
Atteindre l’équité des services sur le plan régional.
• Augmentation de l’offre de services de pédopsychiatrie en régions éloignées
Chercher des solutions dans le milieu de vie.
• Participation active des membres de la famille dans l’offre de soins à la personne
Consolider le partenariat en misant sur le potentiel des divers acteurs.
• Personnes utilisatrices, proches, intervenants • Collaboration entre les secteurs des services sociaux et de santé
L’AGIDD-SMQ regroupe près de 25 organismes répartis dans toutes les régions du Québec (www.agidd.org).
2 Les grandes orientations du prochain Plan d’action en santé mentale 2012-2017 sont présentées dans le chapitre 2, Santé mentale et services dans la communauté
donné, incluant le réseau communautaire et public — centre hospitalier, CLSC —, ainsi que divers secteurs liés à la santé mentale comme le logement, le travail et l’éducation. Touteois, le centre hospitalier demeure le principal établissement à partir duquel les services sont dispensés au cours des années qui suivent la mise en application de la PSM, et les services oerts dans la communauté s’avèrent insufsants, peu diversifés et ragmentés (Fleury & Grenier, 2004). Pour pallier ces lacunes, de nouvelles orientations ministérielles sont proposées et fgurent dans le premier Plan d’action pour la transformation des services de santé mentale (MSSS, 1998). L’une des mesures ciblées consiste à allouer plus de onds aux services oerts dans la communauté, et cela comparativement aux services d’hospitalisation. Il est ainsi prévu de consacrer 60 % du budget en santé mentale à des services oerts en consultation externe, par les organismes communautaires et les CLSC. Ce premier plan d’action a principalement pour objecti la mise en place d’une gamme essentielle et variée de services destinés aux personnes ayant des troubles mentaux graves. Ces services comprennent le suivi dans la communauté, l’intervention en situation de crise, le soutien pour répondre aux besoins de subsistance, le traitement dans la communauté, l’hospitalisation, l’entraide entre pairs, le soutien aux amilles et aux proches ainsi que le développement des secteurs du loisir, de l’éducation et de l’intégration au travail. Durant la décennie 1990, désignée comme la décennie du cerveau (the decade of the brain aux États-Unis), la recherche sur la biologie du cerveau est en eervescence, l’émergence de nouvelles technologies liées à l’étude des neurosciences
8
Partie 1
contribuant largement à l’avancement des connaissances dans ce domaine. Dans la oulée de ces travaux, le consensus prévaut à l’égard de l’étiologie multiactorielle des troubles mentaux, ceuxci découlant de la combinaison de acteurs d’ordre neurobiologique (p. ex., la génétique, l’activité des neurotransmetteurs), psychologique, social, culturel et environnemental, la combinaison de ces acteurs étant propre à chaque personne. À la fn des années 1990, le MSSS met sur pied un groupe d’appui, ormé d’experts en santé mentale, qui le conseille dans la mise en place des mesures liées à l’implantation du premier plan d’action (MSSS, 2000). En complément à cette initiative, la tenue d’un orum national permet notamment de aire ressortir des cibles prioritaires d’action pour guider l’amélioration des services en santé mentale (MSSS, 2001). Touteois, le rapport du vérifcateur général du Québec, paru en 2003, dresse un portrait peu reluisant de l’organisation des services en santé mentale (Vérifcateur général du Québec, 2003). Outre le sous-fnancement des services, le manque de mesures d’éva luation de la qualité de ceux-ci et de surveillance de l’état de santé de la population, ainsi que la rareté des services oerts aux personnes ayant des troubles mentaux modérés, comme les troubles dépressis et les troubles anxieux, ont partie des principales lacunes relevées. Le second plan d’action en santé mentale (PASM) au Québec, le PASM 2005-2010, cherche à corriger ces lacunes.
1.1.4
De 2005 à aujourd’hui
Reconnaissant la santé mentale comme une priorité nationale, le PASM 2005-2010 (MSSS, 2005) représente un important tournant dans l’organisation des services en santé mentale au Québec : il mise sur les services de première ligne, oerts à l’ensemble de la population, comme voie d’accès à l’ensemble des services en santé mentale et comme le lieu de traitement et d’intégration des soins à orir à la personne 2 . Cet accent sur les services de première ligne en santé mentale s’explique, entre autres, par le ait qu’une personne sur six a un problème de santé mentale au Québec, d’où l’importance d’accroître l’accessibilité aux services (MSSS, 2005). Les ser vices de première ligne s’adressent à des clientèles très variées, incluant les personnes qui sont en situation de détresse sans avoir un trouble mental, les personnes atteintes de troubles modérés (p. ex., des troubles anxieux, des troubles dépressis) et celles qui ont un trouble mental grave (p. ex., un trouble de schizophrénie, un trouble bipolaire). La consolidation des services de première ligne est d’ailleurs une orientation privilégiée tant à l’échelle internationale (World Health Organization & World Organization o Family Doctors [WHO/WONCA], 2008) que canadienne (Commission de la santé
Fondements de la pratique infrmière en santé mentale et en soins psychiatriques
mentale du Canada [CSMC], 2009, 2012) ; elle est au cœur des réormes des services sociosanitaires entreprises dans d’autres pays, dont les États-Unis (New Freedom Commission on Mental Health [NFCMH], 2003), l’Angleterre (Department o Health, 1999) et l’Australie (Australian Health Ministers, 2009). Le PASM 2005-2010 a également pour but d’améliorer les mesures de prévention en matière de suicide auprès de l’ensemble de la population, le Québec ayant le taux le plus élevé de suicide au Canada en 2005 (MSSS, 2005). Le PASM 2005-2010 propose six principes qui guident les décisions et la mise en place de nouvelles açons d’organiser et d’orir les soins et les services. Il s’agit du pouvoir d’agir des personnes utilisatrices de services et de leurs proches, du rétablissement, de l’accessibilité des services de première ligne, de la continuité et de la uidité entre les services, du partenariat entre les dispensateurs de services de même que de l’efcience du système de services. Ces divers principes recoupent l’importance d’inclure les clients et leurs proches dans toutes les décisions relatives à l’ore de soins et de services ; de soutenir le développement optimal des capacités d’autosoins de la personne ; et d’accroître la qualité des services en renorçant la collaboration entre les intervenants et la mise en réseau des ressources de la communauté. Le PASM 2005-2010 coïncide avec la publication du rapport Trudeau (Ofce des proessions du Québec [OPQ], 2005) qui porte sur la modernisation du champ d’exercice de la pratique en santé mentale pour les proessions de travailleur social, de thérapeute conjugal et amilial, de conseiller d’orientation, de psychologue, de médecin, de psychoéducateur, d’ergothérapeute et d’infrmière. Cela a conduit à la Loi modifant le Code des proessions et d’autres dispositions législatives dans le domaine de la santé mentale et des relations humaines, en vigueur depuis septembre 2012. Cette loi vient s’ajouter à la Loi sur les infrmières et les infrmiers et à la Loi modifant le Code des proessions et d’autres dispositions législatives dans le domaine de la santé, cette dernière ayant été adoptée en 2002. Ces lois précisent le champ de l’exercice infrmier en santé mentale et positionnent l’infrmière au centre de la promotion de la santé mentale et de la prévention des troubles mentaux. À titre d’exemple, l’infrmière et le médecin sont les seuls proessionnels autorisés à évaluer la condition de santé physique et mentale d’une personne symptomatique. De plus, la Loi modifant le Code des proessions et d’autres dispositions législatives dans le domaine de la santé mentale et des relations humaines permet à l’infrmière de décider des mesures d’isolement et lui octroie la possibilité d’évaluer les troubles mentaux, à l’exception du retard mental, si elle détient une ormation de deuxième cycle universitaire et sufsamment d’expérience
clinique en soins psychiatriques, dont les critères seront déterminés par l’Ordre des infrmières et infrmiers du Québec (OIIQ, 2009). La réorme des services et les changements d’ordre législati ont été d’importants incitatis pour revoir les rôles et les compétences attendues de l’infrmière en santé mentale ainsi que les programmes de ormation infrmière (OIIQ, 2009) 3 . La consolidation de la pratique infrmière en santé mentale représente d’ailleurs un enjeu crucial pour l’avenir de la proession, comme en témoigne l’engagement de l’OIIQ envers ce domaine de pratique. Outre le rapport du Comité d’experts sur la pratique infrmière en santé mentale et en soins psychiatriques (OIIQ, 2009), la revue Perspective infrmière consacre une rubrique à ce champ de pratique. À cela s’ajoute un guide de pratique clinique qui traite spécifquement de la prévention du suicide auprès de diverses clientèles (OIIQ, 2007). Par ailleurs, accroître le nombre d’infrmières détenant une ormation universitaire de deuxième cycle s’avère nécessaire pour promouvoir la pratique avancée en santé mentale et renorcer l’apport de l’infrmière dans l’équipe de soins interdisciplinaires, aspect examiné plus loin dans ce chapitre.
1 3 Les rôles réservés à l’infrmière en santé mentale sont présentés en détail dans le chapitre 3, Principes de la pratique infrmière en santé mentale
La açon de concevoir le trouble mental et les soins en psychiatrie et en santé mentale a considérablement évolué au fl des siècles, du début de la colonie à aujourd’hui. Le TABLEAU 1.2 propose une vue d’ensemble des principaux événements historiques qui ont marqué cette évolution. TABLEAU 1.2
Principaux événements en santé mentale et en psychiatrie
ANNÉES
ÉVÉNEMENT
1801
Publication du Traité médico-philosophique sur l’aliénation mentale de Philippe Pinel
1845
Création de l’Asile de Beauport
1873
Création de l’Asile de Saint-Jean-de-Dieu
1881
Création du Protestant Hospital for the Insane
1953
Premier usage de médication au Québec pour traiter les psychoses
1961
Publication du livre Les fous crient au secours
1962
Dépôt du rapport de la commission Bédard
1962-1970
Première grande vague de désinstitutionnalisation
1971
Dépôt du rapport de la commission Castonguay-Nepveu
1973
Publication du livre Un voyage à travers la folie qui donne un aperçu des méthodes de traitement utilisées en antipsychiatrie
1971-1988
Deuxième grande vague de désinstitutionnalisation
1989
Mise sur pied de la Politique de santé mentale
Chapitre 1
Perspectives en santé mentale : notions ondamentales et défs
9
ANNÉES
ÉVÉNEMENT
1998
Dépôt du Plan d’action pour la transformation des services de santé mentale
Plante, 2010). Il est à noter que les proches aidants d’une personne ayant des troubles mentaux sont jusqu’à trois ois plus susceptibles de présenter un niveau élevé de détresse psychologique que la population générale québécoise (Provencher, Perreault, St-Onge et al., 2003).
1989-1996
Troisième vague de désinstitutionnalisation
1.2.2
1999
Création du Groupe d’appui à la transormation des services de santé mentale
2000
Tenue du Forum national sur la santé mentale
2002
Fin de la quatrième vague de désinstitutionnalisation ayant débuté en 1996
2003
Mise en application de la Loi modifant le Code des proessions et d’autres dispositions législatives dans le domaine de la santé
2005
Dépôts du PASM 2005-2010 et du rapport Trudeau
2009
Adoption du projet de loi 21
2012
Entrée en vigueur de la Loi modifant le Code des proessions et d’autres dispositions législatives dans le domaine de la santé mentale et des relations humaines
Les troubles mentaux correspondent à des « aections cliniquement signifcatives qui se caractérisent par un changement du modèle de pensée, de l’humeur (aect) ou du comportement associé à une détresse psychique et/ou à une altération des onctions mentales » (Organisation mondiale de la Santé [OMS], 2001a, p. 21). Pour sa part, la défnition du trouble mental dans le Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux, 4e édition révisée (DSM-IV-TR) précise qu’il s’agit d’« un modèle ou un syndrome comportemental ou psychologique cliniquement signifcati, survenant chez un individu et associé à une détresse concomitante (p. ex., des symptômes de sourance) ou à un handicap (p. ex., une altération d’un ou plusieurs domaines du onctionnement) ou à un risque signifcativement élevé de décès, de sourances, de handicap ou de perte importante de liberté » (American Psychological Association [APA], 2004). L’absence d’une altération dans le onctionnement de la personne ainsi que la présence d’un dysonctionnement renvoient aux notions de normalité et d’anormalité. Celles-ci varient selon la culture de la personne, incluant les valeurs, les normes sociales et la conception du trouble mental qui prévalent au sein de son groupe d’appartenance (Horwitz, 2002) 9 .
TABLEAU 1.2
Principaux événements en santé mentale et en psychiatrie (suite)
9 L’infuence de l’appartenance culturelle sur les troubles mentaux est présentée dans le chapitre 9, Culture et santé mentale
1.2
Concepts de base
1.2.1
Problème de santé mentale
Les problèmes de santé mentale peuvent survenir chez des personnes qui subissent des pertes importantes (p. ex., la mort ou la disparition d’un être aimé, un divorce) ou qui vivent des événements traumatisants (p. ex., un viol, une guerre, un ouragan, un tremblement de terre). Ces situations sont susceptibles d’engendrer des perturbations mentales, émotionnelles ou comportementales tout en étant en deçà de celles associées aux troubles mentaux. Ainsi, les problèmes de santé mentale correspondent à des perturbations qui interèrent avec le onctionnement habituel de la personne ainsi qu’à des symptômes qui s’apparentent à ceux liés aux troubles mentaux, tout en étant moins importants et d’une durée plus courte (Institut national de santé publique du Québec [INSPQ, 2008] ; WHO, 2004). Bien que le terme problème de santé mentale soit souvent employé comme synonyme de trouble mental, les écrits scientifques diérencient clairement ces deux termes.
Trouble mental
Les troubles mentaux varient en onction de leur gravité et de leur persistance, deux caractéristiques qui sont prises en compte dans l’établissement du diagnostic psychiatrique. Il importe aussi de préciser que la réorme des services en santé mentale au Québec s’appuie sur une diérenciation entre troubles mentaux modérés et troubles mentaux graves. À ce propos, le PASM 2005-2010 (MSSS, 2005) met l’accent sur l’importance d’accroître l’accessibilité des services aux personnes ayant des troubles mentaux modérés, une clientèle qui a été négligée dans le premier plan d’action en santé mentale (MSSS, 1998). Les troubles modérés comprennent la dépression, les La détresse psychologique est un indice utilisé troubles anxieux et les troubles liés à la consommapour évaluer la présence d’un problème de santé tion d’une substance, alors que la schizophrénie et mentale. Ainsi, les personnes dont le degré de les autres troubles psychotiques, le trouble bipolaire détresse est élevé sont plus susceptibles d’avoir et le trouble autistique ont partie des troubles menun trouble mental. Au taux graves (MSSS, 2005). Québec, près de un adulte Par ailleurs, la personne Les problèmes de santé mentale corressur quatre rapporte vivre peut présenter de la comorpondent à des perturbations qui interfèavec un niveau élevé de bidité, c’est-à-dire avoir rent avec le fonctionnement habituel de détresse psychologique deux ou plusieurs troubles la personne. (Bordeleau, Dumitru & mentaux diagnostiqués.
10
Partie 1
Fondements de la pratique infrmière en santé mentale et en soins psychiatriques
Le premier épisode du neurobiologique, alors que Les troubles mentaux varient en fonction trouble mental peut arriles travaux de recherche ne de leur gravité et de leur persistance. ver brusquement ou de sont pas concluants à cet égard. Comme le DSM-V-TR açon insidieuse, les symptômes apparaissant graduellement et aug- est en cours de validation, d’autres modifcations mentant en intensité au fl du temps. Au cours du peuvent être apportées d’ici sa parution. premier épisode, la personne présente tous les Évaluation multiaxiale du DSM-IV-TR symptômes nécessaires à l’établissement du diaLe DSM-IV-TR propose un système multiaxial gnostic psychiatrique. Le traitement peut conduire d’évaluation qui repose sur cinq axes, chacun corà la disparition totale du trouble mental ou à une respondant à un domaine particulier . Le recours L’annexe BW présente la Clasrémission incomplète. Dans ce cas, la personne aux cinq axes acilite une évaluation systématique sifcation du DSM-IV-TR présente encore des symptômes bien qu’ils soient et globale qui tient compte des divers troubles menElle peut être consultée au de moindre intensité que ceux présents au moment taux (axes I et II), des aections médicales (axe III), http://ortinashcheneliereca de l’épisode aigu. La survenue de plus d’un épides problèmes psychosociaux et environnementaux sode signale la récurrence du trouble mental. La (axe IV) ainsi que du onctionnement de la pertrajectoire du trouble mental varie d’une personne sonne (axe V). Cette évaluation multiaxiale dirige à l’autre, que ce soit à l’égard du nombre de re ainsi l’attention sur le contexte d’apparition du chutes ou de symptômes qui perdurent en prétrouble mental, celui-ci n’étant pas évalué de açon sence de traitement. Comparativement aux isolée. De plus, elle permet de saisir la singularité troubles mentaux graves, les troubles mentaux des acteurs personnels et environnementaux qui modérés ont un meilleur pronostic d’évolution ; sont liés à l’expérience du trouble mental. en outre, les rechutes sont moins réquentes, et les L’axe I comprend l’enaltérations du onctionnement habituel de la persemble des troubles mensonne s’avèrent moins marquées. Sébastien Lamontagne est un adolescent de 16 ans. taux, à l’exception des Étant de nature timide, il est réquemment victime de Systèmes de classifcation troubles de la personnalité taxage et d’intimidation à l’école depuis plus de un an. Pour établir le diagnostic des troubles mentaux, les et du retard mental qui sont Ses résultats scolaires ont diminué, il voit de moins en proessionnels en santé mentale ont recours à des indiqués en axe II. L’axe I moins ses amis, s’isole dans sa chambre, et dès que systèmes d’évaluation et de classifcation. À ce pro- sert aussi à préciser cerses parents le questionnent, il donne toujours des répos, deux manuels couvrent l’ensemble des trou- taines situations qui peuvent ponses vagues et brèves. Il a même avisé ses parents bles mentaux et proposent des critères diagnostiques aire l’objet d’un examen qu’il abandonnerait l’école avant la fn de l’année pour évaluer chaque trouble mental. Il s’agit du clinique, dont les troubles scolaire. Il a également donné sa guitare à son cousin. Diagnostic and Statistical Manual o Mental des mouvements induits par Devriez-vous suspecter un problème de santé mentale Disorders (DSM-IV-TR), d’origine étatsunienne un médicament (p. ex., le chez Sébastien ? Justifez votre réponse. parkinsonisme, la dyskiné(APA, 2004), et de l’International Classifcation sie), les problèmes relationo Diseases (ICD-10), d’origine européenne nels, les problèmes liés à des sévices ou à la (WHO, 1992). négligence dans la non-observance du traitement. La première édition du Diagnostic and Même si le retard mental et les troubles de la Statistical Manual (DSM) remonte à 1948. La trapersonnalité représentent des troubles mentaux, ils duction rançaise de sa quatrième édition révisée, sont codés sur un axe séparé, soit l’axe II, de manière le DSM-IV-TR. Critères diagnostiques, parue en à toujours les prendre en considération, notamment 2004, est présentement utilisée au Québec. La dans le contexte où les troubles mentaux en axe I parution de la cinquième édition du DSM est prévue en 2013. Parmi les modifcations anticipées, représentent souvent la principale raison de consulle nom de certains diagnostics sera changé (p. ex., tation. Ainsi, le codage du retard mental et des retard mental sera remplacé par défcience intel- troubles de la personnalité sur l’axe II est garant de lectuelle ; abus de substances et troubles de dépen- leur prise en compte dans l’évaluation de la perdance seront remplacés par dépendances et sonne de même que dans la planifcation des soins.
Jugement clinique
troubles connexes). Certains diagnostics qui n’apparaissent pas dans le DSM-IV-TR seront ajoutés (p. ex., l’hyperphagie boulimique) alors que d’autres seront combinés (p. ex., les quatre troubles d’autisme deviendront les troubles du spectre autistique). De plus, certains diagnostics seront éliminés et d’autres seront redéfnis ou ajoutés, dont les troubles relationnels (APA, 2012). L’une des modifcations qui suscitent une grande controverse concerne la défnition même du trouble mental. Celle-ci indiquerait que tous les troubles mentaux sous-tendent un dysonctionnement
L’axe III sert à indiquer les aections médicales générales susceptibles d’être présentes, et il apporte des renseignements supplémentaires sur la compréhension de l’état clinique de la personne et des soins à lui orir. Sur le plan physiologique, l’aection médicale générale peut jouer un rôle étiologique dans l’apparition de symptômes liés à un trouble mental en axe I, comme des symptômes dépressis dus à une hypothyroïdie. Par ailleurs, un trouble de l’adaptation (en axe I) peut être une réaction psychologique à un diagnostic d’un carcinome du sein (en axe III) ou une Chapitre 1
Perspectives en santé mentale : notions ondamentales et défs
11
1
RAPPELEZ-VOUS…
L’infrmière praticienne prodigue, selon une approche globale, des soins infrmiers et des soins médicaux répondant aux besoins complexes des clients et de leur amille dans un domaine de spécialité, en tenant compte de leur expérience en matière de santé. L’infrmière praticienne ormée pour les soins de première ligne devrait pouvoir exercer dans les centres de santé et de services sociaux, au sein des groupes de médecine de amille et dans les dispensaires.
4 Le chapitre 4, Évaluation de la condition mentale, explique en détail les étapes de l’évaluation et les divers outils nécessaires à l’infrmière pour accomplir cette tâche réservée B L’annexe B présente l’Évaluation globale du fonctionnement
conséquence de celui-ci, sans étiologie directe. En outre, une personne ayant un trouble de schizophrénie (en axe I) peut aussi avoir un diabète (en axe III), ce dernier n’ayant aucun lien avec le trouble mental, mais devant aussi aire l’objet de mesures thérapeutiques. Bre, ces divers exemples témoignent de l’importance d’évaluer les aections médicales générales chez les personnes ayant des troubles mentaux. L’axe IV correspond à des problèmes psychosociaux et environnementaux qui peuvent être présents au moment de l’évaluation de la personne. Ils concernent le groupe de soutien principal (p. ex., un décès, une naissance, une maladie, des sévices sexuels), l’environnement social (p. ex., l’acculturation), l’éducation (p. ex., l’analphabétisme), l’emploi (p. ex., le chômage), le logement (p. ex., l’itinérance), les conditions socioéconomiques (p. ex., la pauvreté), les services sociaux et de santé (p. ex., le manque d’accès ou de continuité), les mesures judiciaires (p. ex., une arrestation) ainsi que d’autres événements majeurs (p. ex., une catastrophe naturelle, une guerre). Les problèmes psychosociaux et environnementaux peuvent être la conséquence d’une psychopathologie, d’une part, et inuer sur la première apparition ou les rechutes du trouble mental, d’autre part. L’axe V consiste en une évaluation globale du onctionnement de la personne qui tient compte de la gravité des symptômes psychiatriques et de la présence de défcits d’ordre onctionnel ou social B . L’Échelle d’évaluation globale du onctionnement est utilisée à cette fn, et une note est attribuée à la personne, les scores variant de 1 à 100. Par exemple, un score se situant entre 100 et 91 correspond au niveau supérieur de onctionnement et à l’absence de symptômes. Cette évaluation globale du onctionnement concerne habituellement la période actuelle, c’est-à-dire le moment de l’évaluation. La cotation peut aussi se rapporter au niveau de onctionnement le plus élevé au cours de l’année précédant l’évaluation. La comparaison de ces deux cotes permet de mettre en perspective le onctionnement actuel de la personne. Par exemple, une personne obtient une cote de 35 au moment de son admission dans une unité d’hospitalisation, la dépression majeure dont elle soure limitant son onctionnement de açon importante. Touteois, la cote la plus élevée au cours des 12 derniers mois correspond à 75 pour cette personne, ce qui révèle un potentiel de onctionnement relativement élevé.
dans la Loi modifant le Code des proessions et d’autres dispositions législatives dans le domaine de la santé mentale et des relations humaines et dans la Loi modifant le Code des proessions et d’autres dispositions législatives dans le domaine de la santé. De nombreux outils diagnostiques (p. ex., les entrevues structurées, les questionnaires), basés sur les critères diagnostiques du DSM-IV-TR, peuvent d’ailleurs aider l’infrmière dans ses onctions. L’infrmière saura les reconnaître et sera prête à intervenir en cas de besoin FIGURE 1.2. Faisant partie de la démarche de soins, l’évaluation de la condition mentale de la personne symptomatique ou bien l’évaluation des troubles mentaux concerne toutes les infrmières, quel que soit leur milieu de pratique, tout en étant ortement accentuée chez les infrmières travaillant dans les gui chets d’accès en santé mentale. Les niveaux de services sont décrits en détail dans la dernière section de ce chapitre 4 . Le diagnostic psychiatrique est l’un des éléments qui orientent les soins infrmiers à orir à la personne. Le pronostic initial associé au diagnostic est un autre élément qui peut guider la prestation des soins. Par exemple, le pronostic du trouble schizoaecti est habituellement plus avorable que celui de la schizophrénie. Touteois, la trajectoire des divers troubles mentaux tend à varier d’une personne à l’autre, et la prudence est requise en présence d’un pronostic déavorable. De plus, l’espoir demeure un important moteur du rétablissement, et les interventions de l’infrmière doivent soutenir la personne dans l’optimisation de ses orces et de ses capacités ainsi que dans la poursuite de ses objectis personnels, qu’importe le pronostic. L’annonce du diagnostic psychiatrique suscite diverses réactions chez le client et les membres de la amille. Certains sont soulagés d’apprendre que les perturbations émotionnelles et comportementales correspondent à un diagnostic médical et qu’il existe des traitements pour aider la
Diagnostic psychiatrique et pratique infrmière Les connaissances sur la classifcation et les critères diagnostiques des troubles mentaux sont nécessaires à l’accomplissement de certaines activités réservées de l’infrmière, comme l’évaluation de la condition de santé physique et mentale de la personne symptomatique ainsi que l’évaluation des troubles mentaux. Ces connaissances sont stipulées
12
Partie 1
FIGURE 1.2 L’utilisation des critères diagnostiques basés sur un système multiaxial facilite la communication entre les professionnels de la santé.
Fondements de la pratique infrmière en santé mentale et en soins psychiatriques
personne à se rétablir. D’autres réactions initiales se rapportent au choc et au déni, recoupant les premières étapes du processus de deuil. La honte d’avoir un trouble mental n’est pas étrangère à ces réactions et renvoie à la stigmatisation associée aux troubles mentaux. De plus, le premier épisode d’un trouble mental représente un moment charnière dans les soins à orir à la personne et aux membres de la amille incluant l’ore de psychoéducation et de soutien pour les aider à aire ace à leurs préjugés et ausses croyances (van Dusseldorp, Goossens & van Achterberg, 2011). Dans les toutes premières années de la maladie, les périodes d’amélioration peuvent être perçues comme des signes de rétablissement. Cela peut conduire à l’arrêt de la médication ou d’autres traitements et même générer de aux espoirs quant à l’évolution de la maladie. La présence d’un deuil à retardement réitère l’importance d’orir de la psychoéducation et un accompagnement soutenu au client et à ses proches, notamment de l’aide pour aire ace à leurs propres préjugés qui sont souvent le refet de ceux présents dans la population.
Données épidémiologiques À l’échelle mondiale, le nombre de personnes ayant des troubles mentaux est à la hausse, le taux de prévalence annuel se situant entre 13 et 30 % (Demyttenaere, Bruaerts, Posada-Villa et al., 2004). Au Québec, près du quart (23 %) des adultes rapportent une dépression majeure, une manie ou un trouble anxieux, ce dernier comprenant le trouble panique, l’agoraphobie et la phobie sociale (Lesage, Bernèche & Bordeleau, 2010). La dépression est le trouble mental le plus réquent chez les aînés, qu’ils vivent dans la communauté ou qu’ils résident dans des établissements de soins de longue durée (Coalition canadienne pour la santé mentale des aînés [CCSMA], 2006 ; Institut canadien d’inormation sur la santé [ICIS], 2010). À l’échelle canadienne, la prévalence des troubles de schizophrénie sur 12 mois se situe autour de 0,3 %, alors que d’autres enquêtes indiquent plutôt un taux de 1 % (Gouvernement du Canada, 2006). La prévalence des troubles liés au jeu pathologique se situe à 2 % dans la population canadienne (Gouvernement du Canada, 2006).
ois plus grande chez les personnes ayant une dépendance à l’alcool, comparativement à celles qui ne sont pas alcoolodépendantes (Gouvernement du Canada, 2006).
1
Relativement à la présence concomitante de troubles mentaux et physiques, les personnes atteintes de dépression ont un risque plus élevé de maladies chroniques, notamment le diabète (Patten, 2001). En outre, la dépression majeure est souvent présente chez les personnes ayant diverses aections médicales chroniques, comme les accidents vasculaires cérébraux, les cardiopathies, l’obésité, la maladie de Parkinson, l’épilepsie, l’arthrite, le cancer, le sida, la maladie pulmonaire obstructive chronique, la démence et la maladie d’Alzheimer (Gouvernement du Canada, 2006). Les maladies cardiovasculaires représentent la principale cause de décès chez les personnes ayant un trouble de l’humeur ou de schizophrénie. (Parks & Radke, 2008) D’ailleurs, ces dernières vivent 25 ans de moins que la population générale (Newcomer & Hennekens, 2007). Au Québec, le quart des consultations auprès d’un médecin omnipraticien concerne des problèmes de santé mentale (Imboua & Fleury, 2009). Les médecins de amille, suivis des psychologues, sont les proessionnels les plus souvent consultés pour raison de santé mentale. Touteois, les médecins de amille ont tendance à prendre davantage en charge les personnes ayant des troubles mentaux modérés (p. ex., une dépression, un trouble d’anxiété), et cela, comparativement aux personnes ayant des troubles mentaux graves (p. ex., la schizophrénie, le trouble bipolaire) (Imboua & Fleury, 2009). Par ailleurs, plusieurs personnes ayant des troubles mentaux hésitent à consulter un proessionnel de la santé. En 2002, seulement 37 % des Québécois ayant un trouble de l’humeur, un trouble anxieux ou un problème de toxicomanie ont consulté un tel proessionnel (Lesage et al., 2010).
Jugement clinique
En 2003, près du tiers des demandes de prestaEn vous reportant à la capsule précédente, devriez-vous tions d’invalidité au Canada envisager un potentiel suicidaire chez Sébastien ? se rapportaient aux trouJustifez votre réponse. bles mentaux, et ceux-ci représentaient 70 % des coûts, soit une somme variant de 15 à 33 milliards Au Québec, 16 % des adultes consomment de de dollars par an (Sroujian, 2003). Les coûts assol’alcool ou des substances illicites de açon exces- ciés aux troubles mentaux et aux incapacités sive, et près de 2 % ont une dépendance à l’alcool. qu’ils génèrent sont en expansion au Québec et La dépendance aux substances est présente dans ailleurs dans le monde. Alors qu’il représentait une proportion près de quatre ois plus grande 11 % de l’ensemble des maladies en 1990, ce taux chez les personnes ayant des troubles anxieux ou devrait s’élever à 15 % en 2020 (INSPQ, 2008). de l’humeur, comparativeLes années de vie corriment à la population gées de l’incapacité sont À l’échelle mondiale, le nombre de pergénérale. Par ailleurs, la l’un des indicateurs liés sonnes ayant des troubles mentaux est à dépression se retrouve au ardeau des maladies la hausse. et correspondent à la dans une proportion trois Chapitre 1
Perspectives en santé mentale : notions ondamentales et défs
13
somme des années de vie perdues à cause de la maladie (décès prématuré) et des années de vie vécues avec une incapacité. D’ici 2030, la dépression majeure représentera la première cause à l’origine des années de vie corrigées de l’incapacité dans les pays à revenu élevé (Mathers & Loncar, 2006). Outre la sourance vécue par les personnes atteintes de troubles mentaux, les conséquences économiques et sociales associées ainsi que les coûts psychosociaux pour les membres de leurs amilles sont élevés. Touteois, nombre de amilles développent, au fl du temps, des stratégies qui les aident à devenir résilientes et à s’épanouir en dépit du stress lié au soutien à ournir au proche ayant un trouble mental. Sur le plan socioéconomique, les incapacités et la diminution du revenu peuvent conduire à un glissement social marqué par la déavorisation, comme le ait de vivre dans des quartiers plus pauvres ou de devenir itinérant (Markowitz, 2005).
1.2.3 Santé mentale positive : Présence de bien-être émotionnel, de bien-être psychologique et de bien-être social.
8 Le continuum de santé mentale est présenté dans le chapitre 8, Développement et vieillissement de la personne
Santé mentale positive
L’une des défnitions de la santé mentale largement citée est celle proposée par l’OMS qui la conçoit comme « un état de bien-être dans lequel la personne peut se réaliser, surmonter les tensions normales de la vie, accomplir un travail producti et ructueux et contribuer à la vie de sa communauté » (OMS, 2001b, p. 1). Cet accent sur l’aspect positi de la santé mentale recoupe le concept de bien-être subjecti, lequel est aussi désigné par l’appellation bonne santé mentale ou santé mentale positive (Keyes, 2005, 2008, 2009, 2010). Pour sa part, l’Agence de la santé publique du Canada défnit la santé mentale comme « la capacité de rééchir, ressentir les choses et agir de manière à mieux jouir de la vie et relever les défs ». La comparaison de ces deux défnitions révèle une certaine complémentarité. Près des trois quarts des adultes québécois perçoivent leur santé mentale comme étant très bonne ou excellente, les hommes davantage que les emmes (Bordeleau et al., 2010). De plus, environ 9 personnes sur 10 rapportent un sentiment de satisaction à l’égard de leur vie ainsi qu’un état de bien-être psychologique, celui-ci comprenant des indices d’estime de soi, d’engagement social, de bonheur, de maîtrise de soi et de sociabilité. Ces divers indices renvoient aux multiples açons de défnir la santé mentale positive. À ce propos, un cadre intégrateur ait de plus en plus l’objet d’un consensus auprès d’experts scientifques (Barry, 2009) ; il propose de défnir la santé mentale positive à partir de trois acteurs, soit le bien-être émotionnel, le bien-être psychologique et le bien-être social, chacun reposant sur des dimensions qui lui sont propres. Ces acteurs sont utilisés pour évaluer le profl de la
14
Partie 1
santé mentale positive d’une personne qui correspond à l’une des trois catégories suivantes : une santé mentale positive élevée (c.-à-d. orissante), une santé mentale modérée ou une aible santé mentale positive (c.-à-d. languissante) TABLEAU 1.3 . Ces trois catégories défnissent l’axe de santé mentale positive, et celui-ci s’ajoute à l’axe de la maladie mentale, les deux axes représentant la santé mentale complète (Keyes, 2005, 2008, 2009, 2010). L’importance de promouvoir la santé mentale positive s’appuie notamment sur le ait que l’augmentation de la santé mentale positive réduit le risque d’apparition des troubles mentaux et de maladies cardiovasculaires ainsi que la perte de productivité (p. ex., des absences au travail) (Keyes, 2005, 2010). L’optimisation de la santé mentale positive nécessite des interventions qui misent sur le côté sain de la personne et sur le développement de la résilience.
1.2.4
Déterminants de la santé mentale
Depuis plus de 60 ans, il se dégage d’un large consensus que la santé ne se réduit pas à l’absence de maladie ou d’infrmité, mais inclut également un état de bien-être physique, mental et social (OMS, 1948). Le modèle de la santé mentale complète, ou modèle des deux continuums, s’inscrit dans cette perspective en concevant le trouble mental et la santé mentale positive comme deux concepts distincts, mais complémentaires, lesquels sont représentés à l’aide de deux axes qui se recoupent : l’axe horizontal allant de la présence à l’absence du trouble mental ; et l’axe vertical allant de l’absence à un niveau optimal de santé mentale positive (Keyes, 2005, 2010) 8 . L’INSPQ propose une liste des déterminants majeurs de la santé mentale subdivisés en acteurs de protection et en acteurs de risque (INSPQ, 2008). Les acteurs de risque augmentent la probabilité d’avoir un problème de santé mentale ou un trouble mental et nuisent à l’optimisation de la santé mentale positive. Quant aux acteurs de protection, ils atténuent l’impact de l’exposition à des situations liées à l’apparition d’un problème de santé mentale ou d’un trouble mental, ou à un aaiblissement de la santé mentale positive. Ils représentent également des attributs personnels ou des conditions qui contribuent à diminuer les eets négatis du stress sur l’état de santé, réduisant la probabilité d’avoir un problème de santé mentale ou un trouble mental et optimisant la santé mentale positive. Les acteurs de protection et les acteurs de risque sont notamment l’objet d’interventions dans les champs de la promotion de la santé mentale et de la prévention des troubles mentaux, lesquelles sont
Fondements de la pratique infrmière en santé mentale et en soins psychiatriques
TABLEAU 1.3
1
Facteurs et dimensions de la santé mentale forissante
FACTEUR
DIMENSIONS
Bien-être émotionnel 1. Aect positi
Est intéressé par la vie, de bonne humeur, heureux, plein de vie.
2. Qualité de vie déclarée
Est plutôt satisait ou très satisait de sa vie ou de certains aspects de sa vie.
Bien-être psychologique 3. Acceptation de soi
A une image positive de sa personne et accepte la plupart des aspects de sa personnalité.
4. Croissance personnelle
Reconnaît son propre potentiel et la possibilité de s’épanouir ; démontre de l’ouverture à de nouvelles expériences.
5. Sens à la vie
Donne une direction et un sens à sa vie.
6. Maîtrise de l’environnement
Exerce sa capacité à gérer et à organiser son environnement pour satisaire ses besoins personnels.
7. Autonomie
Fait preuve d’autodétermination en ayant ses propres standards ; peut résister aux pressions sociales.
8. Relations positives avec les autres
A des relations chaleureuses, satisaisantes et conantes avec les autres ; démontre de l’empathie ; est capable d’intimité.
Bien-être social 9. Acceptation sociale
Garde une attitude positive envers les autres ; reconnaît et accepte les diérences chez les autres.
10. Actualisation sociale
Croit que les gens, les groupes sociaux et la société ont du potentiel et peuvent évoluer positivement.
11. Contribution sociale
Voit sa vie comme étant utile à la société et ses activités comme étant appréciées par la société.
12. Cohérence sociale
S’intéresse à la société et à la vie sociale ; trouve que le monde dans lequel il vit est intelligible, prévisible et signiant.
13. Intégration sociale
A un sentiment d’appartenance à la communauté et se sent soutenu par ses membres.
Source : Adapté de Provencher & Keyes (2010)
présentées plus loin dans le chapitre TABLEAU 1.4. Bien que les catégories de acteurs soient principalement reliées à l’apparition de troubles dépressis, de troubles anxieux, de toxicomanie et de problèmes de comportements chez les enants, elles ciblent également des acteurs impliqués dans l’apparition des troubles mentaux graves. Les catégories de acteurs de protection et de risque recoupent des caractéristiques liées à la personne et à l’environnement. Les catégories d’ordre personnel associées aux acteurs de protection se rapportent à l’estime soi et à diverses ressources personnelles, comme les capacités cognitives, les habiletés sociales et la résilience. Sur le plan environnemental, les acteurs de
Jugement clinique
protection correspondent au soutien social, à l’incluD’après le tableau 1.3, quelles dimensions d’une santé sion sociale et à un envimentale forissante s’appliquent à votre personne actuelronnement avorable. Cela lement ? Quelle importance accordez-vous à chacune comprend des parents, une des dimensions ? amille et des amis qui sont bienveillants ainsi que des enseignants ou des employeurs qui misent sur les capacités de la personne et encouragent sa participation dans l’organisation des activités d’apprentissage et de travail. Un revenu sufsant et l’accès à des ressources de récréation et de loisirs représentent des caractéristiques liées à un environnement avorable. Quant aux acteurs de risque, la catégorie d’ordre personnel cible les acteurs biologiques Chapitre 1
Perspectives en santé mentale : notions ondamentales et défs
15
Déterminants majeurs de la santé mentale
TABLEAU 1.4
FACTEURS DE PROTECTION
FACTEURS DE RISQUE
Ressources personnelles de base
Facteurs biologiques négatifs
Connaissances, compétences et attitudes permettant à un individu de aire ace aux demandes et aux défs de la vie. Elles s’acquièrent tout au long de la vie et sont généralement amenées à se moduler selon son développement.
Facteurs entravant le développement et le onctionnement normal de cerveau. Ils comportent, entre autres, les toxines ainsi que les privations alimentaires, cognitives et sociales.
Estime de soi
Stress
Perception d’un individu de sa valeur, de son identité distincte et de ses compétences dans les diérents domaines de sa vie.
Situations ou événements contribuant à créer un déséquilibre entre les demandes de l’environnement et les ressources d’un individu pour y répondre. Les stresseurs peuvent être quotidiens (p. ex., la conciliation travail-amille), chroniques (p. ex., les maladies), majeurs (p. ex., un déménagement) ou transitoires (p. ex., un changement d’emploi).
Soutien social
Inégalités socioéconomiques
Réponse de l’environnement à la demande d’aide et de soutien émoti, inormati ou matériel d’un individu. Perception que se ait celui-ci du réconort, de l’appréciation, de l’aide et des soins reçus de son entourage. Enfn, il s’agit de l’étendue des liens établis par un individu avec des personnes signifcatives de son environnement mesurée en termes de liens sociaux, de participation à des organisations, de richesse et de complexité du réseau, de l’accessibilité et de l’adéquation de ce soutien.
Écarts socioéconomiques au sein de la population (écarts de revenu, d’éducation, de connaissances). La pauvreté en particulier a des répercussions majeures.
Inclusion sociale
Exclusion sociale
Processus d’engagement des individus ou des groupes soutenant la contribution active de tous et de chacun à la société, que celle-ci soit de nature économique, sociale, culturelle ou politique.
Situations entraînant la stigmatisation et l’exclusion sociale de certains individus sur la base de la race, du genre, de la classe sociale, de la santé mentale ou d’autres raison discriminatoires. L’exclusion sociale se réère aux acteurs qui réduisent l’accès de certaines personnes aux ressources sociales, économiques et politiques.
Environnement favorable
Environnement défavorable
Environnement socioéconomique, physique, politique et communautaire contribuant de açon positive à la santé mentale de la personne. Il inclut notamment les inrastructures et les services, de même que l’accès à des milieux sains, stimulants et sécuritaires.
Environnement socioéconomique, physique, politique et communautaire ayant un eet négati sur la santé mentale de la personne. L’environnement déavorable comprend notamment les éléments liés aux conditions de vie.
Source : Comeau, Denoncourt & Desjardins (2011)
négatis, alors que les catégories d’ordre environnemental comprennent le stress, les inégalités socioéconomiques, l’exclusion sociale et un environnement déavorable. Plus précisément, les inégalités socioéconomiques comprennent la pauvreté, alors que l’exclusion sociale prend diverses ormes, dont les préjugés, la discrimination et l’intimidation. Le nombre réduit de logements à prix modique ou la précarité des emplois sont deux exemples d’environnement déavorable à la santé mentale. Que ce soit pour les acteurs de protection et de risque, les acteurs individuels interagissent avec les acteurs environnementaux dans l’optimisation de la santé mentale positive ainsi que dans l’apparition des problèmes de santé mentale
16
Partie 1
et des troubles mentaux (INSPQ, 2008). Un vaste courant dans la littérature en santé mentale insiste sur l’importance des déterminants sociaux de la santé. Parmi les nombreux modèles, l’un d’entre eux est ancré dans les réalités canadiennes (Mikkonen & Raphael, 2011 ; Raphael, 2009). Il propose 14 déterminants sociaux de la santé qui ont également une inuence sur la santé mentale ENCADRÉ 1.1. Les divers déterminants de la santé mentale soulignent la nécessité d’agir en amont des troubles mentaux et de contribuer aux eorts de prévention. De plus, optimiser la santé mentale positive auprès de la population et des clientèles vulnérables ou atteintes de troubles mentaux représente un autre rôle important de l’infrmière.
Fondements de la pratique infrmière en santé mentale et en soins psychiatriques
ENCADRÉ 1.1
Déterminants sociaux de la santé
1. Chômage et sécurité de l’emploi 2. Conditions et milieu de travail 3. Filet de sécurité sociale 4. Insécurité alimentaire 5. Expériences de vie liées à la petite enance 6. Revenu et répartition du revenu 7. Sexe 8. Éducation 9. Exclusion sociale 10. Handicap 11. Logement 12. Race 13. Services de santé 14. Statut d’autochtone Source : Adapté de Mikkonen & Raphael (2011)
1.3
Champs d’intervention
Le Programme national de santé publique 20032012 (MSSS, 2008b) propose des orientations pour guider l’intervention en matière de promotion de la santé mentale et de prévention des troubles mentaux. Ces orientations sont d’ailleurs cohérentes avec celles du PASM 2005-2010 (MSSS, 2005), lequel consacre tout un chapitre à la promotion de la santé mentale et à la prévention des troubles mentaux 2 . Conormément à l’article 36 de la Loi sur les infrmières et les infrmiers (L.R.Q., c. I-8), les activités de promotion de la santé mentale et de prévention des troubles mentaux sont au cœur de la pratique infrmière. Bien que ces diverses activités soient partagées avec d’autres proessionnels, cette section précise la contribution de l’infrmière dans ces grands champs d’intervention.
1.3.1
Promotion de la santé mentale
l’égard de la santé et du bien-être des personnes vivant sur un territoire), à créer des milieux avorables à la santé, à renorcer l’action communautaire (p. ex., la mobilisation collective de citoyens pour la mise en place d’initiatives locales visant à réduire les préjugés à l’égard des personnes ayant des troubles mentaux), à optimiser les aptitudes individuelles (p. ex., des interventions visant à promouvoir les orces et les capacités de la personne dans la gestion de la maladie) et à améliorer les services de santé (p. ex., un fnancement équitable entre les services orientés vers la promotion de la santé mentale et la prévention des troubles mentaux). À l’échelle internationale, l’OMS joue un rôle important dans la mise sur pied de politiques sociosanitaires orientées vers la promotion de la santé mentale. Celle-ci concerne tout le monde (WHO, 2004) et consiste à « optimiser la santé mentale positive chez la population générale, les qui sont à risque d’avoir un trouble mental ainsi que celles qui sont atteintes d’un trouble mental » (traduction libre ; Barry, 2009, p. 7). Sur le plan individuel, les interventions en promotion de la santé mentale soutiennent le développement de la résilience ainsi que le recours à des stratégies d’appropriation du pouvoir sur la santé, qui ont pour objectis l’adoption de saines habitudes de vie et l’optimisation des diverses dimensions liées à la santé mentale orissante; celles-ci recoupent le bien-être tant émotionnel que psychologique et social de la personne. Sur le plan environnemental, de nombreuses initiatives consistent à agir sur les déterminants sociaux de la saté. Cela inclut notamment des actions intersectorielles, c’est-à-dire un travail de collaboration entre le secteur de la santé et d’autres secteurs, dont celui du logement, de l’emploi et de la sécurité du revenu (Raphael, 2009). À titre d’exemple, augmenter l’accès à des logements salubres et abordables pour les personnes ayant des troubles mentaux requiert des interventions qui débordent du secteur de la santé et qui ont appel, entre autres, à la contribution du secteur de l’habitation. Une autre avenue en matière de promotion de la santé mentale concerne le développement des communautés. Il ait largement écho à la participation citoyenne et comprend des initiatives entreprises par et pour la communauté locale en vue d’améliorer la qualité de vie dans le quartier (p. ex., la sécurité des résidents) (Keleher & Armstrong, 2005).
Selon l’OMS (1986), la promotion de la santé est le processus qui permet aux personnes et aux collectivités d’optimiser leur santé en maîtrisant mieux les Orir des interventions dans les milieux de vie déterminants de la santé. Cela souligne l’importance pour qu’ils avorisent la santé mentale représente d’actions à multiples acettes pour améliorer la santé. un autre volet en matière de promotion de la santé Les stratégies proposées par la Charte d’Ottawa mentale. La amille est l’un de ces milieux de vie (OMS, 1986) sont largement utilisées comme repères et contribue au bien-être de ses membres de mulpour mettre en œuvre des interventions dans le tiples açons. Elle répond aux besoins ondamenchamp de la promotion de la santé mentale. Ces stra- taux (nourriture, vêtements, abri) et procure de la tégies consistent à implansécurité, du réconort, de ter des politiques publiques l’aection et de l’amour. La promotion de la santé mentale concerne saines (p. ex., la responsaLa amille est aussi un tout le monde. bilité populationnelle à milieu d’apprentissage et Chapitre 1
1
2 Le chapitre 2, Santé mentale et services dans la communauté, se penche sur la promotion de la santé mentale et sur la prévention des troubles mentaux
RAPPELEZ-VOUS…
La Charte d’Ottawa reconnaît l’infuence des conditions sociales sur la santé en énumérant des conditions préalables à celle-ci : la paix, un abri, l’instruction, la nourriture, un revenu, un écosystème stable, des ressources durables, la justice sociale, l’équité. Ces conditions préalables ne touchent pas seulement le mode de vie et les comportements individuels en matière de santé, mais englobent aussi le contexte psychologique, social, environnemental et politique.
Perspectives en santé mentale : notions ondamentales et défs
17
d’épanouissement, orant des modèles de comportement et soutenant l’acquisition de compétences dans de multiples domaines, que ce soit à l’égard de l’autonomie, des relations interpersonnelles ou des règles de conduite en société FIGURE 1.3. Les visites à domicile eectuées par des infrmières dans le cadre de services en périnatalité et de la petite enance sont un exemple d’intervention visant la promotion de la santé. Ces interventions infrmières représentent d’importants leviers pour avoriser l’optimisation de la santé mentale dans le milieu amilial, notamment auprès de amilles vivant dans la pauvreté et d’enants ayant un poids insufsant à la naissance ou nés prématurément. Cette pratique permet un suivi individualisé et procure des activités éducatives qui misent sur l’apport du milieu amilial au développement de l’enant, dont des méthodes parentales et des modes de communication sains (Barry, 2009 ; INSPQ, 2008).
communauté. Cette approche cherche notamment à soutenir la réussite scolaire et à promouvoir un environnement scolaire sain, qui inclut notamment la lutte contre l’intimidation et l’enseignement de stratégies liées à l’optimisation de la santé mentale, lesquels sont intégrés au curriculum scolaire (Barry, 2009 ; INSPQ, 2008). D’autres exemples d’interventions en promotion de la santé mentale mettent à contribution l’expertise de l’infrmière :
Outre la amille, la promotion de la santé mentale concerne d’autres milieux de vie comme l’école, le travail et diverses ressources localisées dans la communauté. Découlant d’une entente conclue en 2003 entre le MSSS et le ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport, l’approche École en santé est un bon exemple d’actions intersectorielles pour la promotion de la santé et du bien-être des jeunes et la prévention de troubles mentaux auprès de cette clientèle. Elle repose sur le partage des responsabilités entre la amille, l’école, le centre de santé et de services sociaux (CSSS) et les autres partenaires de la
1.3.2
• diffuser de l’information pour renseigner le public sur la santé mentale et les troubles mentaux; • optimiser la santé mentale dans le milieu du travail (p. ex., des stratégies de conciliation travail-famille) ; • faciliter l’accès aux soins de santé ; • promouvoir l’activité physique ; • réduire la stigmatisation des troubles mentaux.
Prévention des troubles mentaux
Le champ de la prévention des troubles mentaux est très vaste. Il comprend trois niveaux : la prévention primaire, secondaire et tertiaire.
Prévention primaire La prévention primaire a pour but de réduire l’incidence des troubles mentaux, laquelle correspond au nombre de nouveaux cas dans une population au cours d’une période donnée. Elle cible des mesures universelles qui s’adressent à l’ensemble de la population, indépendamment des acteurs de risque. La prévention primaire comprend aussi des mesures sélectives qui s’adressent à des personnes à risque d’avoir des troubles mentaux ainsi que des mesures indiquées qui ciblent celles ayant certaines maniestations du trouble mental tout en ne présentant pas l’ensemble des signes et symptômes nécessaires pour poser un diagnostic psychiatrique. La prévention primaire se situe donc en amont de l’apparition des troubles mentaux. Ce champ d’intervention recoupe largement les activités de l’infrmière en matière d’éducation à la santé. Les trois exemples suivants concernent l’ore de mesures sélectives. 1. Enseigner des techniques de réduction du stress à des adolescents en situation d’échec scolaire et présentant un risque de toxicomanie.
FIGURE 1.3 La famille est un milieu qui contribue au bien-être de chacun de ses membres.
18
Partie 1
2. Orir un programme d’éducation sur les pratiques parentales positives auprès de amilles monoparentales vivant en contexte de pauvreté, dont de l’inormation sur les stages de développement de l’enant, de l’accompagnement pour optimiser les compétences en matière de discipline, de communication et de résolution de problèmes, de même que l’aide pour l’apprentissage de stratégies avorisant le bien-être et la réussite scolaire de l’enant. 3. Soutenir les personnes âgées et endeuillées à risque de dépression en renorçant l’adoption de
Fondements de la pratique infrmière en santé mentale et en soins psychiatriques
comportements de santé (p. ex., une saine alimentation, de l’exercice physique) et en prévenant l’isolement par des mesures orientées vers le maintien ou la consolidation de leur réseau social. Bien que le taux de suicide ait connu une baisse au Québec au cours de la période allant de 1981 à 2007, la prévention du suicide demeure un axe prioritaire d’interventions en santé mentale (Gagné & Légaré, 2009). L’engagement du MSSS envers la prévention du suicide remonte d’ailleurs à plus de une décennie, comme en témoigne la Stratégie québécoise d’action face au suicide qui date de la fn des années 1990 (MSSS, 1998). Les mesures de prévention du suicide s’adressent à la population générale, aux personnes à risque ainsi qu’à celles ayant des troubles mentaux (MSSS, 2005 ; MSSS, 2008b).
Prévention secondaire La prévention secondaire cherche à réduire la prévalence des troubles mentaux, soit le nombre total de cas de maladie dans une population. Ce type de prévention comprend des mesures de détection et de traitement. La détection repose sur des activités de dépistage et de recherche de cas. Le dépistage sert à reconnaître les personnes qui en sont aux premiers stades de la maladie, mais qui demeurent asymptomatiques, alors que les mesures de recherche de cas ciblent les personnes qui peuvent avoir un trouble mental et présentent plusieurs acteurs de risque (INSPQ, 2008). La recherche de cas et le dépistage de la dépression et de la toxicomanie auprès de clientèles ciblées représentent deux domaines prioritaires d’intervention en santé mentale au Québec, et les infrmières joueront un rôle de plus en plus important à cet égard (MSSS, 2011). Cela accentue l’importance pour l’infrmière de se amiliariser avec des échelles de mesure standardisées afn d’y recourir au besoin dans le cadre de l’évaluation initiale et du suivi de la clientèle 4 . Arrêter le processus pathologique en intervenant le plus tôt possible dans l’évolution du trouble mental est à la base des activités de détection et concerne également l’intervention précoce. Par exemple, les modalités d’interventions précoces dans le traitement de la dépression et de la schizophrénie ont connu d’importantes avancées au cours de la dernière décennie, contribuant à réduire le délai entre l’apparition de la maladie et l’ore de services en santé mentale. Sur le plan clinique, ce délai a d’importantes répercussions négatives sur l’évolution du trouble mental. À titre d’exemple, les personnes atteintes de schizophrénie qui tardent à consulter un proessionnel de la santé ont un risque plus élevé de rechutes et d’hospitalisation ainsi qu’un taux plus aible de rétablissement et sont davantage susceptibles de nécessiter des doses plus élevées de médicaments (Yung, Killackey, Hetrick et al., 2007). Plusieurs acteurs expliquent la présence d’un délai dans la recherche d’aide proessionnelle, dont un manque de
renseignements sur les signes et les symptômes des troubles mentaux ainsi que la gêne ou la honte de consulter en raison d’un trouble mental. Ces acteurs rappellent l’importance des campagnes d’inormation sur les troubles mentaux et de lutte contre la stigmatisation auprès de l’ensemble de la population.
1
Dans le cadre de la prévention secondaire, les mesures de traitement sont orientées vers le soulagement et la maîtrise des symptômes du trouble mental ainsi que sur la prévention des rechutes. Ces mesures visent la rémission totale de la maladie et le retour au onctionnement antérieur de la personne. Touteois, plusieurs d’entre elles ne connaissent qu’une rémission partielle, notamment celles ayant des troubles mentaux graves (p. ex., la schizophrénie), et des mesures de réadaptation leur sont oertes pour les aider à vivre avec des symptômes persistants et des défcits onctionnels. La communauté représente le principal lieu de traitement, incluant les services oerts par les cliniques externes de psychiatrie, les organismes communautaires, les CSSS, les groupes de médecine amiliale (GMF) ou en cabinet privé. Touteois, la phase aiguë du trouble mental peut requérir une hospitalisation, voire une admission dans des unités de soins intensis psychiatriques. Lorsque requise, une hospitalisation de courte durée est privilégiée et elle vise à stabiliser l’état clinique de la personne et à planifer son retour dans la communauté avec la participation des proches.
Prévention tertiaire La prévention tertiaire a pour but de réduire la morbidité et les incapacités associées à la présence d’une maladie (McKenna, Taylor, Marks et al., 1998). Elle concerne les personnes qui présentent des symptômes et des défcits onctionnels persistants en dépit de l’ore d’interventions thérapeutiques. L’évolution du trouble mental chez certaines personnes tend à être de nature chronique, ponctuée par des périodes de rétablissement et d’exacerbation de la maladie, dont la disparition se produit rarement. Les troubles mentaux graves présentent ces caractéristiques, et la prévention tertiaire s’adresse notamment aux personnes qui en sont atteintes.
4 Le chapitre 4, Évaluation de la condition mentale, présente plusieurs outils et échelles pouvant être utilisés pour dépister la présence de troubles mentaux
Les mesures de prévention tertiaire en santé mentale recoupent largement les interventions oertes dans le domaine de la réadaptation psychiatrique, aussi désigné par le terme réadaptation psychosociale FIGURE 1.4. Gérer de açon optimale le trouble mental (p. ex., utiliser la médication, surveiller les signes avant-coureurs de la rechute) est l’un des principaux objectis de même que la reprise de divers rôles dans la société. Ces objectis concernent l’acquisition de certaines habiletés chez la personne, le soutien aux membres de son entourage de même que la mobilisation et la participation de diverses ressources dans la communauté pour augmenter les possibilités de réinsertion de la personne dans la société. Chapitre 1
Perspectives en santé mentale : notions ondamentales et défs
19
• Dans le cadre de la réintégration au travail, aider la personne à préciser ses centres d’intérêt dans ce domaine et l’accompagner dans les mesures qu’elle privilégie pour atteindre ses objectifs personnels, pouvant inclure des activités de préparation à l’emploi (p. ex., l’acquisition de compétences professionnelles) et l’offre de soutien au moment de la reprise d’activités de travail, que ce soit en milieu adapté ou sur le marché régulier de l’emploi.
1.3.3 FIGURE 1.4
Les mesures de prévention tertiaire ont pour but d’outiller la personne pour qu’elle se réalise le plus pleinement possible malgré la présence de limites liées au trouble mental.
Jugement clinique
La réadaptation psychiatrique cible à la ois la perJulius Markov est âgé de 21 ans. Il habite avec un ami sonne et son environnement, inscrit au même programme d’études universitaires. des interventions à ces deux Depuis quelque temps, ce dernier a remarqué que niveaux étant nécessaires et Julius s’isolait souvent avec des écouteurs, refusant complémentaires (Anthony & de faire les travaux en équipe comme demandé. Il Farkas, 2011). L’acquisition devient même agressif pour des riens, lui qui est de d’habiletés personnelles mise nature douce et souriante. Inquiet parce que ces sur la découverte de noucomportements sont de plus en plus fréquents, le velles orces et sur la réacticopain de Julius essaie de le convaincre de consulter vation de celles qui sont un psychologue du service aux étudiants. présentes, mais peu utilisées, Quel niveau de prévention des troubles mentaux cette ainsi que sur la réduction situation illustre-t-elle ? de défcits sur le plan cogniti (p. ex., une difculté de concentration), social (p. ex., peu de contacts avec les autres) et onctionnel (p. ex., un manque d’autonomie dans les activités de la vie quotidienne, des incapacités liées à un retour sur le marché du travail). Quant aux interventions dans la communauté, elles cherchent notamment à réduire les préjugés à l’égard des personnes ayant des troubles mentaux et à soutenir les milieux qui les intègrent. Voici quelques exemples de mesures de prévention tertiaire pouvant être utilisées par l’infrmière :
Au Québec, le site du Centre d’études sur la réadaptation, le rétablissement et l’insertion sociale (CÉRRIS) offre notamment de la documentation, des forums de discussions en ligne et un blogue pour promouvoir la recherche et l’innovation en réadaptation psychiatrique (www.hlhl.qc.ca/ le-cerris.html).
20
Partie 1
• Dans le cadre de services offerts en consultation externe, animer un groupe composé de personnes ayant un même diagnostic psychiatrique pour leur donner de l’information et du soutien relatifs à une gestion optimale du trouble mental et de ses conséquences psychosociales ; • Dans le cadre de soins offerts aux familles dont un proche est atteint d’un trouble mental, organiser des rencontres d’information et de soutien portant notamment sur la surveillance des symptômes, la supervision de la prise de médicaments, la mise en place de limites aux comportements problématiques et l’apprentissage de modes de communication efcaces ;
Implications pour la pratique infrmière
La stigmatisation et les expériences de discrimination que vivent les personnes aux prises avec un trouble mental soulignent l’importance d’interventions infrmières dans ce domaine. Par ailleurs, la promotion de la santé mentale et la prévention des troubles mentaux reposent sur une conception de la pratique infrmière en tant qu’art et science, ce dernier volet recoupant les pratiques basées sur des résultats probants.
Stigmatisation Pour un bon nombre de personnes, il est plus difcile de se rétablir de la stigmatisation liée au trouble mental que du trouble mental lui-même (Anthony, Cohen, Farkas et al., 2004a ; Perese, 2007 ; Thornicrot, 2006). La stigmatisation correspond à des croyances, à des attitudes ou à des comportements qui sous-tendent une vision négative de la personne, contribuant à la marginaliser et à générer un sentiment de honte chez elle (Blouin & Bergeron, 1997). Au Canada, près de trois hommes sur cinq et plus de la moitié des emmes rapportent éprouver de la gêne et avoir ait l’objet de discrimination en raison de leur trouble mental, que ce soit un trouble de l’humeur, un trouble anxieux ou une toxicomanie (Gouvernement du Canada, 2006). La présence d’un trouble mental est souvent associée à un risque accru de violence ; touteois, la littérature scientifque indique que le trouble mental n’est ni une cause nécessaire ni une cause sufsante de violence (Benbow, 2007). Les principaux acteurs liés à la violence relèvent plutôt de caractéristiques sociodémographiques, des jeunes hommes vivant dans des milieux socioéconomiquement déavorisés, à titre d’exemple. Dans le domaine de la santé mentale, les personnes qui sont les plus à risque de commettre des actes violents sont celles qui présentent à la ois des troubles mentaux et de toxicomanie et qui ont arrêté de prendre leur médication, ces caractéristiques cliniques pouvant toutes aire l’objet d’interventions cliniques et ainsi contribuer à réduire le risque de violence (Combalbert, Favard & Bouchard, 2001 ; Stuart, 2003). Par ailleurs, les personnes ayant des troubles mentaux sont nettement plus susceptibles d’être la cible d’actes violents, et cela renvoie à la vaste littérature portant
Fondements de la pratique infrmière en santé mentale et en soins psychiatriques
sur le syndrome post-traumatique chez cette population (Maniglio, 2009 ; Grubaugh, Zinzow, Paul et al., 2011). L’approche globale des soins nécessite la prise en compte de la stigmatisation à laquelle est conrontée la personne ayant un trouble mental. Sur le plan individuel, l’infrmière aide la personne à aire ace aux préjugés qui nuisent à la reprise d’activités qu’elle désire entreprendre (p. ex., un travail, des études, des loisirs), dont de l’accompagnement pour déendre ses droits. Sur le plan environnemental, l’infrmière contribue à réduire les préjugés en orant des activités d’éducation sur les troubles mentaux à la population et à diverses ressources dans la communauté. En dernier lieu, mais de première importance, l’infrmière s’eorce de reconnaître les préjugés qu’elle peut avoir à l’égard des personnes ayant des troubles mentaux et veiller à les corriger (Page & Banville, 2011) 2 .
Science et art La pratique infrmière en santé mentale relève à la ois de l’art, par l’utilisation thérapeutique de soi, et de la science, par le recours à une gamme étendue de connaissances scientifques issues de la recherche en sciences infrmières et dans d’autres domaines. Bien que la maîtrise de la science soit essentielle à la pratique infrmière en santé mentale, l’importance de l’art dans ce do maine est cruciale. Une acette essentielle du travail avec le client dans tout milieu, et particulièrement en milieu psychiatrique, est la création d’une alliance thérapeutique entre l’infrmière et la personne. Ce lien permet au client d’avoir confance en l’infrmière, de discuter librement de ses besoins et de ses problèmes sans crainte d’être critiqué ou jugé, et il acilite aussi son engagement dans le processus thérapeutique 5 .
Promouvoir l’utilisation de ces pratiques chez les infrmières et les autres proessionnels ait partie des politiques sociosanitaires au Québec, comme ailleurs dans le monde, et représente un levier à la bonifcation des services qui sont oerts dans les divers établissements de santé, incluant le secteur de la santé mentale. Le recours à des pratiques ondées sur des résultats probants repose sur une approche centrée sur la personne. Cela souligne l’importance de tenir compte des préérences et des valeurs de la personne de même que d’assurer sa participation active dans le choix d’interventions efcaces. La pratique ondée sur des résultats probants concerne autant les personnes ayant des troubles mentaux modérés que celles atteintes de troubles mentaux graves. L’efcacité des interventions suivantes est de plus en plus démontrée auprès des personnes ayant des troubles mentaux modérés : l’autogestion des soins, l’entretien motivationnel, les groupes de soutien ou d’entraide, l’utilisation de programmes spécialisés sur Internet, l’activité physique et une nutrition équilibrée (Lethinen, Katshchnig, Kovess-Maséty et al., 2007 ; Walters, Tylee & Goldberg, 2008). Les soins par étape s’ajoutent également à cette liste et correspondent à des interventions qui sont oertes en onction de la gravité de l’état clinique du client. Plus la gravité de la maladie augmente, plus la médication est recommandée en association avec la psychothérapie, notamment l’approche cognitivo-comportementale (Brouillet, Roberge, Fournier et al., 2009).
Les pratiques basées sur des résultats probants qui s’adressent aux personnes ayant des troubles mentaux graves recoupent largement le domaine de la réadaptation psychiatrique (Anthony, Cohen, Farkas et al., 2004b ; Corrigan, Mueser, Bond et al., 2008 ; Lecomte & Leclerc, 2004). Les interventions Le savoir scientifque comprend le vaste éventail infrmières au sein des équipes de suivi intensi de pratiques basées sur des résultats probants dans dans la communauté ont partie des pratiques le domaine de la santé mentale. La démarche de basées sur des résultats probants de même les intersoins, alliant la méthode de résolution de pro- ventions amiliales et psychoéducatives (Dixon, blèmes à l’ore de soins individualisés, ait appel Dickerson, Bellack et al., 2010). Le programme à ces pratiques pour orir des soins efcaces et de Illness Management and Recovery (Substance qualité à la personne. Abuse and Mental Health Services Administration [SAMHSA], 2010) est un programme de psychoPratique fondée sur des résultats probants éducation qui propose l’apprentissage d’un en La pratique ondée sur des résultats probants se semble de stratégies permettant à la personne de démarque de celles basées sur l’intuition, qui sont jouer un rôle acti dans l’atteinte de ses objectis choisies simplement parce que cela a toujours été personnels en matière de rétablissement. Faisant ait ainsi ou qui sont approuvées depuis longtemps appel à la participation de la amille, les stratégies par des experts ou des collègues (French, 2002 ; sont très variées et vont de la gestion des sympMelnyk & Fineout-Overholt, 2005). Les pratiques tômes et de la médication à la consolidation des relations avec les autres en basées sur des résultats passant par la déense des probants permettent d’oPour un bon nombre de personnes, il est intérêts et des droits de rir à la clientèle des soins plus difcile de se rétablir de la stigmatila personne. L’ore de ce qui sont reconnus pour sation liée au trouble mental que du programme d’intervenleur rentabilité et leur trouble mental lui-même. eicacité (Rice, 2008). tions par des infrmières Chapitre 1
1 La pratique ondée sur des résultats probants en soins infrmiers est présentée en détail dans le chapitre 6 de Potter, P.A., & Perry, A.G. (2010). Soins infrmiers – Fondements généraux. Montréal : Chenelière Éducation.
RAPPELEZ-VOUS…
La pratique ondée sur des résultats probants est une démarche méthodique de prise de décision éclairée, qui acilite l’utilisation des meilleures approches infrmières.
2 La stigmatisation sociale est expliquée en détail dans le chapitre 2, Santé mentale et services dans la communauté
5 Le chapitre 5, Communication et relation thérapeutique, explique en détail l’alliance thérapeutique
Perspectives en santé mentale : notions ondamentales et défs
21
dispensant des services de suivi intensi est une pratique documentée (Salyers, McGuire, Rollins et al., 2010). D’autres pratiques basées sur des résultats probants concernent le soutien à l’emploi, le traitement intégré des troubles mentaux et de la toxicomanie. L’embauche de pairs aidants dans des ressources en santé mentale est une pratique en émergence qui s’avère prometteuse (Dixon et al., 2010). Les pairs aidants sont des personnes aux prises avec un trouble mental qui se sont rétablies, les connaissances découlant de leur propre expérience de rétablissement étant considérées comme un atout pour aider leurs pairs FIGURE 1.5.
Le site Internet du programme PAR (www.aqrp-sm.org/ projets/pairs-aidants/index. html) contient une mine de renseignements à intention du pair aidant, dont son rôle et ses onctions.
Au Québec, le programme Pairs aidants Réseau (PAR) ore de la ormation et du soutien aux pairs aidants depuis 2008. À ce jour, près d’une quarantaine d’entre eux travaillent dans diverses ressources, dont des équipes orant des services de suivi intensi ou du soutien d’intensité variable de même que dans des centres de réadaptation et des ressources d’hébergement. Les infrmières ont partie des proessionnels qui collaborent avec les pairs aidants pour aider les personnes à se rétablir, notamment celles ayant des troubles mentaux graves. À l’instar du Québec, l’intégration de pairs aidants dans des ressources en santé mentale est une pratique en émergence, notamment aux États-Unis, en Écosse, en Australie, en Angleterre et en France.
FIGURE 1.5
Les pairs aidants contribuent au rétablissement des personnes ayant des troubles mentaux.
populationnelle et la hiérarchisation des services sont à la base de la réorme des services en santé mentale (MSSS, 2005).
1.4.1
La responsabilité populationnelle renvoie à la notion de réseau local de services, c’est-à-dire aux services qui sont oerts dans un territoire donné. Chaque CSSS est responsable de la mise en place de mesures qui permettent d’améliorer et de maintenir la santé et le bien-être de la population vivant sur son territoire. Cela comprend l’ore de services en matière de promotion de la santé mentale et de prévention des troubles mentaux, qui couvrent tous les cycles de la vie. Cette ore ait appel à la collaboration entre les intervenants du réseau de la santé et des services sociaux et des autres secteurs d’activité (p. ex., les secteurs de l’éducation, du travail) pour qu’ils coordonnent leurs actions en vue de répondre le mieux possible aux besoins de la population. Orir des services le plus près possible des milieux de vie des personnes résidant sur le territoire est privilégié et ait ici réérence à la notion de soins de proximité. Le projet clinique représente le moyen qui permet de mettre en place le réseau local de services en santé mentale. Comme les caractéristiques et les besoins de la population varient d’un territoire à l’autre, le projet clinique est un exercice de planifcation, sous la gouverne du CSSS, qui comprend les éléments suivants : 1) l’évaluation des besoins sociosanitaires et les particularités de la population en onction d’une connaissance de l’état de santé et de bien-être de celle-ci ; 2) la détermination d’objectis liés à l’amélioration de la santé et du bienêtre de la population ; 3) l’ore de services requise pour satisaire aux besoins et aux particularités de la population par une gamme de services ; et 4) la précision et la mise en place des modes d’organisation des services et des pratiques en tenant compte de la collaboration attendue des divers partenaires du réseau local de services. Bre, le projet clinique a pour objecti d’assurer une continuité et une intégration des services au moyen d’actions coordonnées et concertées, dont des activités de monitorage et d’évaluation de la qualité des services.
1.4.2
1.4
La fgure 1.1W, présentée au http://ortinash.cheneliere.ca, illustre le cheminement de la personne entre les divers niveaux de services.
22
Partie 1
Réforme des services en santé mentale
En 2003, l’adoption de la Loi sur les agences de développement de réseaux locaux de services de santé et de services sociaux (projet de loi 25) (L.R.Q., c. A-8.1) a conduit à la création des CSSS qui jouent un rôle clé dans la transormation des services en santé. Comme dans d’autres secteurs du système de santé québécois, la responsabilité
Responsabilité populationnelle
Niveaux de services
La hiérarchisation des services se rapporte à l’expertise requise pour aider la personne à se rétablir d’un trouble mental ; elle varie en onction de la complexité de la psychopathologie. Trois niveaux de services sont diérenciés, soit les services de première, de deuxième et de troisième ligne .
Services de première ligne Les services de première ligne, ou soins primaires de santé mentale, sont oerts à toute la population tout en répondant également aux besoins de la plupart
Fondements de la pratique infrmière en santé mentale et en soins psychiatriques
des personnes aux prises avec des troubles mentaux, notamment celles ayant des troubles mentaux modérés ou des troubles mentaux graves dont l’état est stabilisé. Les services oerts en première ligne sont très variés, allant du diagnostic à la réadaptation en passant par le traitement. À titre d’exemples, le suivi intensi dans le milieu, le soutien d’intensité variable ainsi que le soutien aux études et à l’intégration au travail représentent des services de réadaptation psychiatrique oerts en première ligne. Les services de première ligne comprennent des services généraux, comme ceux oerts par des omnipraticiens (p. ex., dans des GMF, des cliniques réseaux), des CSSS (c.-à-d. des services oerts par le programme amille-enance-jeunesse, des services courants) ou des pharmacies communautaires. À cette liste s’ajoutent des services en santé mentale, incluant ceux oerts par des psychologues pratiquant en cabinet privé, des organismes communautaires et des urgences de centres hospitaliers. De plus, les CSSS jouent un rôle de premier plan dans l’ore d’autres services de première ligne en santé mentale, soit ceux oerts par les guichets d’accès et les équipes de première ligne en santé mentale. Le guichet d’accès représente la porte d’entrée pour recevoir des soins et des services en santé mentale (MSSS, 2008a, 2011). Outre son apport dans l’évaluation des demandes de services, le guichet d’accès permet d’assurer l’accès et la continuité des soins et des services. Une équipe de proessionnels (p. ex., une infrmière, un psychologue, un travailleur social) gère la liste d’attente, évalue les demandes de services et oriente la personne et ses proches vers les ressources répondant à leurs besoins. De plus, des soins directs sont oerts à la clientèle qui utilise le guichet d’accès, notamment du soutien à l’égard du traitement autogéré (MSSS, 2011). Celui-ci concerne, entre autres, les personnes aux prises avec une dépression ou un trouble anxieux et comprend des guides d’autosoins, de la bibliothérapie et des programmes de thérapie cognitivo-comportementale assistés par ordinateur (Bilsker, 2010). L’équipe de première ligne en santé mentale dans les CSSS est multidisciplinaire, plusieurs types de proessionnels permettant de répondre aux besoins diversifés de la clientèle FIGURE 1.6. La prévention secondaire et la prévention tertiaire représentent les principaux champs d’intervention de l’équipe de première ligne en santé mentale. Cela comprend le dépistage précoce des troubles mentaux de même que des interventions thérapeutiques basées sur des résultats probants. Ces pratiques en première ligne reposent sur l’interdisciplinarité et les soins de collaboration (MSSS, 2011). À l’intérieur des équipes de première ligne en santé mentale, les infrmières orent des services de suivi intensi dans le milieu ou de soutien d’intensité variable (Thompson, Neveu & Léoure, 2010). Plus
1
FIGURE 1.6
L’infrmière, le psychologue et le travailleur social orment le noyau de base de l’équipe de première ligne en santé mentale dans les CSSS.
spécifquement, le suivi intensi dans le milieu s’adresse aux personnes qui ont d’importantes difcultés à vivre dans la communauté et qui utilisent régulièrement des services de crise ou d’hospitalisation. La personne se voit assigner un intervenant primaire et un intervenant secondaire, les deux orant un suivi très étroit qui comprend de réquentes visites à domicile. Quant aux services de soutien d’intensité variable, ils ciblent les personnes ayant des troubles mentaux graves qui requièrent un suivi plus espacé, lequel est assumé par un intervenant pivot qui eectue la majorité des interventions et qui assure la coordination avec d’autres services dont la personne a besoin pour se rétablir 23 .
23 Le rôle d’intervenant pivot est présenté dans le chapitre 23, Soins infrmiers et suivis dans la communauté
Services de deuxième ligne Les services de deuxième ligne ont appel à une expertise spécialisée pour les personnes ayant des troubles mentaux plus graves, dont celles qui résistent aux modalités habituelles de traitement tout en ayant un potentiel de rétablissement. Ces soins spécialisés sont notamment oerts par des centres hospitaliers ayant un service de psychiatrie. Ils comprennent l’évaluation, le diagnostic et le traitement médical spécialisé et incluent les services d’urgence, d’hospitalisation et de réadaptation de même que les services oerts dans les centres de jour et les cliniques externes de psychiatrie. Par ailleurs, les intervenants orant des services de deuxième ligne apportent également un soutien aux proessionnels dont les pratiques se ont en première ligne.
Le Centre national d’excellence en santé mentale (CNESM) a notamment le mandat de promouvoir et de soutenir l’implantation des programmes de suivi intensif et de soutien d’intensité variable au Québec (www.douglas.qc.ca/pages/ view?section_id=298).
Services de troisième ligne Les services de troisième ligne ont appel à une expertise ultraspécialisée pour les personnes ayant des problèmes très complexes et qui débordent de l’expertise oerte en deuxième ligne. Les hôpitaux psychiatriques, de même que les départements de psychiatrie de centres hospitaliers universitaires et de centres afliés, orent des services de troisième ligne. Trois des six hôpitaux psychiatriques sont Chapitre 1
Perspectives en santé mentale : notions ondamentales et défs
23
des instituts de santé mentale : deux instituts ont une vocation générale, soit l’Institut de santé mentale Douglas à Montréal et l’Institut de santé mentale de Québec à Québec, et le troisième, l’Institut Philippe-Pinel, a un mandat national en psychiatriejustice. Quant aux autres hôpitaux psychiatriques, le centre hospitalier Rivière-des-Prairies est spécialisé en pédopsychiatrie (Montréal) alors que les deux derniers, l’Hôpital Louis-H. Laontaine Institut universitaire en santé mentale à Montréal et le Centre hospitalier Pierre-Janet en Outaouais, ont une vocation générale en psychiatrie. Faisant partie des réseaux universitaires intégrés de santé (RUIS), ces milieux se divisent la couverture de l’ensemble des régions du Québec pour leurs services de troisième ligne. Ceux-ci orent une expertise très spécialisée pour les troubles de la personnalité, les troubles anxieux et dépressis, les troubles alimentaires ainsi que les troubles psychotiques, incluant les premières psychoses et les troubles psychotiques réractaires. En guise de conclusion, il convient de rappeler que les hôpitaux psychiatriques et les départements de psychiatrie des centres hospitaliers de soins généraux et spécialisés ont procédé à Anita Bodic est une mère de amille monoparentale âgée des remaniements du personde 35 ans. Sa flle âgée de 14 ans s’adonnerait à de la nel et de la clientèle en les prostitution pour payer la drogue de son ami de cœur redirigeant vers les services de qui, lui, est âgé de 18 ans. Ce dernier serait membre première ligne. Ce transert a d’un gang de rue. Découragée et se sentant démunie, contribué à l’implantation des madame Bodic consulte un psychologue, car elle ne sait équipes en santé mentale dans pas comment sortir sa flle de ce cercle malsain. les CSSS, dont celles orant À quel niveau de services en santé mentale madame du suivi intensi ou du souBodic s’adresse-t-elle ? tien d’intensité variable.
Jugement clinique
1.4.3
Piliers de la transformation des services
Rétablissement Mener une vie enrichissante et satisaisante, malgré la présence de symptômes et de défcits liés au trouble mental, caractérise l’expérience du rétablissement (Provencher & Keyes, 2010, 2011). Celui-ci implique des changements positis dans le rapport à soi, aux autres et à l’environnement (Noiseux & Ricard, 2005 ; Onken, Craig, Ridgway et al., 2007). L’espoir dans une meilleure qualité de vie, la consolidation du pouvoir d’agir sur la gestion du trouble mental, l’optimisation de la santé mentale positive de même que l’accès à des ressources dans la communauté (p. ex., un logement, un travail, des loisirs, des activités sociales) représentent tous d’importants leviers à la promotion du rétablissement. Comme la signifcation du rétablissement de même que ses objectis varient d’une personne à l’autre, les besoins en matière de services sont extrêmement diversifés et ne peuvent être comblés que par une gamme variée de services (Anthony, 2002). Ceux-ci
24
Partie 1
se rapportent à l’intervention de crise, au traitement, à la réadaptation et à la réinsertion sociale, au suivi communautaire (p. ex., la liaison avec des ressources), à l’enrichissement de la personne (p. ex., le soutien à l’optimisation de la santé mentale positive), au soutien relati à des besoins de base, à l’entraide entre pairs, à la déense des droits ainsi qu’à la prévention et à la promotion du mieuxêtre (p. ex., le dépistage de troubles physiques, le soutien à l’adoption de saines habitudes de vie). La gamme de services met en évidence l’importance d’orir des interventions proessionnelles et non proessionnelles, comme le soutien entre pairs. Elle souligne aussi la pertinence de miser sur des interventions qui ont pour but l’amélioration de la santé mentale et de la santé physique, reposant sur une approche globale des soins. De plus, l’ensemble des services met en relie des actions qui se rapportent à la ois à la personne et à l’environnement. Par exemple, les services de réadaptation orent du soutien à la reprise de rôles (travail, études, loisirs) en aidant la personne à acquérir les habiletés nécessaires et en contribuant à accroître les possibilités de réinsertion dans la société par l’entremise d’actions intersectorielles (p. ex., dans les secteurs de la santé, de l’emploi, de l’éducation, des loisirs). La gamme de services propose donc des stratégies à composantes multiples qui reposent sur une vision globale et intégrée des soins à orir aux personnes ayant des troubles mentaux graves. Les stratégies à composantes multiples sont d’ailleurs à la base du modèle Expanded Chronic Care Model utilisé pour organiser et orir les soins et les services aux personnes ayant des troubles de dépression ou des troubles anxieux (Barr, Robinson, Marin-Link et al. (2003) ; Dubé, 2006). Ces stratégies sont essentielles pour améliorer la perormance du système de santé mentale (Fleury, 2009).
Soins de collaboration « La orce des liens » est le sous-titre du PASM 20052010 (MSSS, 2005). Ce sous-titre ait écho à l’importance des soins de collaboration qui concernent le client et ses proches de même qu’au partenariat entre les ournisseurs de soins et de services (Initiative canadienne de collaboration en santé mentale [ICCSM], 2006 ; MSSS, 2011).
Collaboration avec le client et ses proches Les soins de collaboration reconnaissent le client et ses proches comme des membres à part entière de l’équipe en santé mentale, et ils misent sur l’expertise qu’ils ont acquise au fl de leurs expériences avec la maladie. Le principe d’autodétermination a pour corrolaire la participation active du client et de ses proches à l’ensemble des décisions relevant de l’ore des services, ainsi que la prise en compte de leurs préérences en matière de traitement. À ce propos, l’infrmière leur donnera sufsamment de renseignements sur les options
Fondements de la pratique infrmière en santé mentale et en soins psychiatriques
possibles de traitement, incluant les bienaits et les eets indésirables potentiels. Cette inormation permet ainsi au client et à ses proches de aire un choix éclairé en matière de soins et de services. Leur participation active s’insère aussi dans la perspective de l’ore de mesures de soutien qui ciblent le renorcement de leurs capacités d’autosoins dans la gestion du trouble mental ainsi que l’optimisation de la santé mentale positive.
Collaboration interdisciplinaire La collaboration de l’infrmière avec d’autres proessionnels contribue à l’ore de soins et de services qui répondent à l’ensemble des besoins de la personne. À l’unité d’hospitalisation, l’infrmière travaille avec les membres de l’équipe interdisciplinaire pour stabiliser l’état clinique de la personne et assurer une continuité de soins après le congé du centre hospitalier. Le plan de soins et de TABLEAU 1.5
traitements infrmiers (PSTI) et le suivi systéma tique représentent deux outils cliniques qui ont largement appel au travail d’équipe et qui sont utilisés durant l’hospitalisation ainsi que dans l’ore de services ambulatoires. Le suivi dans la communauté renvoie également à la collaboration interdisciplinaire, incluant l’apport de l’infrmière dans l’élaboration, la mise en place et l’évaluation du plan de services individualisés, de même qu’à ses rôles d’agent de liaison et d’intervenants pivots.
1
Les compétences liées à la collaboration interdisciplinaire permettent à l’infrmière d’exercer un leadership partagé dans la transormation des pratiques et l’ore de services de qualité à la clientèle (D’Amour, Goulet, Labadie et al., 2008). L’une des compétences de base est la connaissance des principaux rôles des membres de l’équipe en santé mentale TABLEAU 1.5.
Rôles de divers intervenants en santé mentale et en psychiatrie
PROFESSION
FORMATION
RÔLES
Psychiatre
Médecin spécialisé
Faire l’admission des clients dans les établissements, prescrire des médicaments et tout autre traitement somatique (p. ex., des électrochocs), orir de la psychothérapie.
Médecin
Proessionnel détenant un doctorat en médecine
Évaluer et diagnostiquer toute défcience de la santé, prévenir et traiter les maladies dans le but de maintenir la santé ou de la rétablir chez l’être humain en interaction avec son environnement.
Psychologue
Proessionnel détenant un doctorat en psychologie
Évaluer le onctionnement psychologique et mental ainsi que déterminer, recommander et eectuer des interventions et des traitements dans le but de avoriser la santé psychologique et de rétablir la santé mentale de l’être humain en interaction avec son environnement.
Infrmière
Proessionnelle détenant un diplôme d’études collégiales en soins infrmiers ou un baccalauréat en sciences infrmières
Évaluer l’état de santé, déterminer et assurer la réalisation du plan de soins et de traitements infrmiers, prodiguer les soins et les traitements infrmiers et médicaux dans le but de maintenir et de rétablir la santé de l’être humain en interaction avec son environnement, prévenir la maladie ainsi que ournir les soins palliatis.
Infrmière clinicienne spécialisée en psychiatrie et santé mentale
Infrmière ayant une ormation de deuxième cycle universitaire
Évaluer les troubles mentaux (ait partie des activités réservées à l’infrmière dans le cadre de la Loi modifant le Code des proessions et d’autres dispositions législatives dans le domaine de la santé mentale et des relations humaines), orir de la psychothérapie à la suite de l’obtention d’un permis délivré par l’Ordre des psychologues du Québec, soutenir l’acquisition de compétences du personnel infrmier par l’ore de ormation en cours d’emploi, de consultation et de supervision.
Travailleur social
Proessionnel ayant une ormation de premier cycle universitaire pour intervenir en santé mentale
Évaluer le onctionnement social, déterminer un plan d’intervention et en assurer la mise en œuvre ainsi que soutenir et rétablir le onctionnement social de la personne en réciprocité avec son milieu dans le but de avoriser le développement optimal de l’être humain en interaction avec son environnement.
Ergothérapeute
Proessionnel ayant une ormation de deuxième cycle universitaire
Évaluer les habiletés onctionnelles, déterminer et mettre en œuvre un plan de traitement et d’intervention, développer, restaurer ou maintenir les aptitudes, compenser les incapacités, diminuer les situations de handicap et adapter l’environnement dans le but de avoriser l’autonomie optimale de l’être humain en interaction avec son environnement.
Technicien en loisirs ou récréologue
Proessionnel ayant une ormation collégiale ou universitaire
Organiser des activités sociales, sportives et artistiques qui ont une visée psychoéducative et qui contribuent à l’acquisition de compétences de base chez la personne, dont l’estime de soi et les habiletés de communication.
Préposé aux bénéfciaires
Aucune ormation de base requise
Orir d’aider la personne pour les soins d’hygiène et d’autres activités quotidiennes.
Source : Adapté de Ofce des proessions du Québec (2012) Chapitre 1
Perspectives en santé mentale : notions ondamentales et défs
25
À cette liste peuvent s’ajouter une nutritionniste pour conseiller les personnes en matière d’alimentation saine et équilibrée de même qu’un pharmacien pour avoriser l’observance du traitement pharmacologique (MSSS, 2011). Les rencontres d’équipe ont lieu sur une base régulière, et l’expertise de chacun est mise à contribution pour évaluer les besoins du client, orir un suivi individualisé et assurer une continuité des soins. Au Québec, il n’existe aucun examen conduisant à la certifcation d’une spécialisation en santé mentale à la suite de l’obtention d’une maîtrise en sciences inirmières, comme c’est le cas aux États-Unis. Touteois, l’une des activités associées à la pratique infrmière avancée a ait l’objet d’un règlement en juin 2012, autorisant les infrmières à exercer la psychothérapie (approches psychodynamique, cognitivo-comportementale, systémique ou humaniste) après l’obtention d’un permis délivré par l’Ordre des psychologues du Québec. Une autre activité est en attente de règlement et concerne l’évaluation des troubles mentaux (à l’exception du retard mental) par les infrmières ayant une ormation de deuxième cycle universitaire et une expérience clinique en soins infrmiers psychiatriques.
1.4.4
Le rapport du Comité d’experts sur la pratique infrmière en santé mentale et en soins psychiatriques est accessible sur le site Internet de l’OIIQ au www.oiiq.org/uploads/ publications/autres_ publications/rapport_ octobre2009_v.pd.
RAPPELEZ-VOUS…
L’évaluation de la condition physique et mentale d’une personne symptomatique constitue une activité réservée à l’infrmière d’après l’article 36 de la Loi sur les infrmières et les infrmiers.
Défs de la pratique infrmière en santé mentale
En 2010-2011, environ 6 % des 67 050 infrmières québécoises exerçaient leur proession dans le domaine de la santé mentale (OIIQ, 2011). Dans ce domaine, 2 infrmières sur 5 sont âgées de 50 ans et plus et prendront leur retraite au cours des prochaines années. Les soins de première ligne en santé mentale ont connu une nette augmentation au cours des dernières années, représentant 35 % de l’eecti infrmier en santé mentale en 2010-2011 (OIIQ, 2011). La majorité des infrmières en santé mentale ore des services de deuxième et de troisième ligne. Plus précisément, près de 3 infrmières sur 5 orent des soins spécialisés et ultraspécialisés en santé mentale, et seulement 5 % d’entre elles travaillent en toxicomanie. Par ailleurs, près de 16 % des infrmières québécoises pratiquent dans divers milieux de la première ligne FIGURE 1.7 ; elles orent des services à des clientèles pouvant présenter des troubles mentaux modérés ou des troubles à la ois physiques et mentaux (OIIQ, 2011). Cet élargissement de la pratique infrmière en santé mentale dans l’ore de services généraux représente une tendance qui devrait s’accentuer dans les années à venir, compte tenu de l’accroissement des troubles mentaux et de l’importance d’orir des services en première ligne, d’une part, et du vieillissement de la population et des problèmes de morbidité qui y sont liés, d’autre part. Ce portrait de l’exercice infrmier en santé mentale souligne la nécessité de renouveler l’eecti
26
Partie 1
infrmier et de pouvoir compter sur une relève compétente dans ce domaine. À cet égard, le Comité d’experts sur la pratique infrmière en santé mentale et en soins psychiatriques recommande d’établir des profls de pratique infrmière en onction du continuum de la ormation (OIIQ, 2009). Ainsi, il est suggéré de voir la ormation collégiale comme préparant les infrmières à exercer leur proession auprès des personnes présentant des problèmes de santé mentale ou des troubles mentaux qui utilisent des services de santé physique. Quant aux programmes de baccalauréat (c.-à-d. DEC-BAC ou baccalauréat initial), ils sont vus comme préparant à la pratique infrmière en santé mentale dans les trois lignes de services, alors que la ormation oerte à la maîtrise en sciences infrmières cible la pratique avancée en santé mentale, dont l’acquisition de compétences associées aux activités de soins complexes dans les trois lignes de services. De plus, le rapport du comité d’experts souligne deux importants enjeux liés à la consolidation de la pratique infrmière en santé mentale au Québec et qui sont aussi d’intérêt pour assurer l’avenir de cette pratique dans d’autres pays, dont les États-Unis (Institute o Medicine [IOM], 2010). Il s’agit de rehausser la ormation (p. ex., augmenter les heures de ormation théorique et pratique au cégep et à l’université) et de soutenir l’actualisation des compétences des infrmières, incluant l’ore accrue de ormation continue et de supervision. Ces deux enjeux s’insèrent dans un contexte où la transormation des services en santé mentale demeure inachevée et comporte plusieurs lacunes (Fleury, Latimer & Vallée, 2010 ; Latimer, 2005 ; Lecomte, 2008 ; Lesage et al., 2010 ; Vallée, Poirier, Aubé et al., 2009 ; Vérifcateur général du Québec, 2003). Tout d’abord, l’intégration des trois niveaux de services est inégalement implantée dans les diverses régions du Québec, d’où l’importance de renorcer les liens de collaboration entre les services de la première et de la deuxième ligne.
FIGURE 1.7 Près de 16% des infrmières québécoises pratiquent dans divers milieux de la première ligne.
Fondements de la pratique infrmière en santé mentale et en soins psychiatriques
Deuxièmement, l’accès aux services de première ligne en santé mentale demeure problématique, les délais d’attente pouvant atteindre plusieurs mois. À cela s’ajoute le nombre insufsant d’équipes orant des services de suivi intensi dans le milieu ou de soutien d’intensité variable. La quatrième lacune concerne le manque de continuité entre les services des secteurs jeunesse et adulte pour les usagers qui atteignent l’âge de 18 ans. Le manque de continuité est aussi une lacune qui caractérise les services oerts à la clientèle adulte. Finalement, la lutte contre la stigmatisation, les pratiques ondées sur les résultats probants ainsi que le dépistage de la dépression, de la toxicomanie et des troubles d’apprentissage (p. ex., la dyslexie) en première ligne représentent des domaines à consolider. Le quatrième rapport d’appréciation du Commissaire à la santé et au bien-être du Québec porte sur le secteur de la santé mentale et paraîtra à l’automne 2012. Ce document proposera des stratégies pour pallier les lacunes liées à l’organisation et à l’ore des services et dont pourra s’inspirer le nouveau plan d’action en santé mentale, lequel est attendu en 2013. En dépit de ces lacunes, la réorme des services en santé mentale est bien amorcée et repose sur de nouvelles structures d’organisation des services (p. ex., les CSSS, des équipes de santé mentale en première ligne, la hiérarchisation des services). Consolider les pratiques proessionnelles à l’intérieur de ces structures représente un important objecti qui recoupe le renorcement des soins de collaboration et d’une culture des services de première ligne (MSSS, 2011). L’avenir de la pratique infrmière en santé mentale implique la relève de plusieurs défs. Ceux-ci représentent d’ailleurs d’importants leviers pour combler les lacunes liées à l’ore des services en santé mentale et pour promouvoir le leadership de l’infrmière à l’égard de l’amélioration de la santé et du bien-être de la population au Québec. Quatre défs ciblent les trois niveaux de services et concernent l’ensemble des infrmières. Le premier déf concerne le plus grand recours à des pratiques ondées sur des résultats probants, celles-ci demeurant sous-utilisées par les infrmières et les autres proessionnels. Le second déf se rapporte au décloisonnement des soins physiques et psychiatriques. La prévalence des troubles physiques chez la clientèle psychiatrique de même que des troubles mentaux chez la clientèle sourant de maladies physiques chroniques renvoient à des interventions infrmières basées sur l’approche globale des soins, que ce soit dans le cadre de services généraux de première ligne, de services spécialisés en santé physique (p. ex., en oncologie, en médecinechirurgie) ou de services en santé mentale (Adams, 2008; MSSS, 2011). Le troisième déf réside dans le renorcement des soins de collaboration, accentuant la participation active de la personne et des
membres de sa amille et les liens de partenariat avec les proessionnels impliqués dans l’ore de services. Le quatrième et dernier déf consiste à poursuivre la lutte contre la stigmatisation, dont l’ore d’inormation sur les troubles mentaux à la population et l’accroissement des possibilités d’inclusion sociale de la clientèle en intervenant auprès de ressources dans la communauté. En ce qui concerne les défs liés à la première ligne, les infrmières qui travaillent en GMF peuvent soutenir les omnipraticiens en étant davantage impliquées dans le suivi conjoint des personnes ayant des troubles mentaux modérés. Le dépistage précoce de troubles mentaux, comme la toxicomanie et la dépression, représente également un rôle à consolider chez l’infrmière de même que les rôles d’intervenant pivot et d’agent de liaison. Quant à la pratique infrmière en deuxième et troisième lignes, elle concerne, entre autres, la thérapie de milieu orientée vers le rétablissement (Oeye, Bjelland, Skorpen, & Anderssen, 2009), incluant la promotion du soutien entre pairs sur les unités d’hospitalisation (Bouchard, Montreuil, & Gros, 2010 ; Repper & Carter, 2011) et l’utilisation thérapeutique des mesures de contrôle (p. ex., l’isolement, les contentions) (Larue, Dumais, Ahern, Bernheim, & Mailhot, 2009). Relativement aux défs liés à l’intégration des trois niveaux de services, les interventions infrmières, comme celles des autres proessionnels, demandent à être consolidées à l’égard du traitement des personnes ayant à la ois des troubles mentaux et de toxicomanie 24 . Cela inclut de la ormation croisée entre les spécialistes en toxicomanie et ceux de la santé mentale (Perreault et al., 2009). Un autre déf se rapporte au suivi systématique de la clientèle en santé mentale. Les infrmières sont très engagées dans ce domaine et l’implantation accrue de modèles de suivi systématique est une voie à privilégier pour gérer l’épisode de soins et améliorer la continuité des services (MSSS, 2011). Finalement, la plus grande promotion du rôle de proessionnel répondant chez les infrmières de deuxième et de troisième ligne représente un autre déf. Leur expertise clinique peut être davantage utilisée pour actualiser les compétences en santé mentale de leurs collègues de première ligne, dont l’ore de soutien et de conseils, du mentorat et de la ormation .
1
Le Réseau Qualaxia (www. qualaxia.org) ournit des renseignements sur la promotion de la santé mentale et sur le traitement en première ligne des personnes ayant des troubles dépressis ou des troubles anxieux. 24 Le traitement des personnes ayant un trouble mental et un problème d’abus de substances est présenté dans le chapitre 24, Comorbidité et clients atteints de troubles concomitants
Le tableau 1.1W montre un résumé des défs de la pratique infrmière en santé mentale au Québec ; il est présenté au http://ortinash.cheneliere.ca
L’infrmière peut apporter une contribution signifcative dans la réponse aux besoins des personnes présentant une problématique de santé mentale et à ceux de leurs proches. Avant tout, il importe que toutes les infrmières, individuellement et collectivement, saisissent leur rôle par rapport à la santé mentale de la population (Page & Banville, 2011). Quel que soit son milieu de pratique, chacune doit se sentir concernée par les moyens à mettre en œuvre pour prévenir et traiter les troubles mentaux. Chapitre 1
Perspectives en santé mentale : notions ondamentales et défs
27
Analyse d’une situation de santé
Jugement clinique
Diane Rochette est infrmière en santé scolaire au niveau collégial. Hier, une étudiante s’est suicidée. Sa meilleure amie croit que c’est parce qu’elle a échoué son stage de fn d’études. Ses camarades
de classe sont atterrés. De concert avec le psychologue du collège, l’infrmière propose une rencontre de groupe afn de discuter du malheureux événement. {
MISE EN ŒUVRE DE LA DÉMARCHE DE SOINS
Collecte des données – Évaluation initiale – Analyse et interprétation 1. Qui devrait assister à cette rencontre ? 2. Quelles données les deux intervenants devraient-ils rechercher chez la clientèle ciblée au cours de cette rencontre ?
N’ayant détecté aucun signe laissant suspecter un risque suicidaire chez leur amie, trois collègues de classe ont exprimé leur grande peine de l’avoir perdue. Elles pleurent et trouvent incompréhensible {
SOLUTIONNAIRE
http://fortinash.cheneliere.ca
qu’elle ait posé un tel geste et ne comprennent pas qu’elle ne leur ait jamais parlé de ses difcultés. « On comprend que c’est difcile d’accepter un échec, mais de là à mettre fn à ses jours… », disent-elles. ”
MISE EN ŒUVRE DE LA DÉMARCHE DE SOINS
3. D’après ces nouvelles données, quel problème l’infrmière peut-elle dépister chez ces trois étudiantes ?
Planifcation des interventions – Directives infrmières 4. À quel niveau de prévention ce genre d’intervention correspond-il ? 5. Les intervenants devraient-ils aborder le sujet des comportements indicateurs d’une personne suicidaire ? Justifez votre réponse
Évaluation des résultats – Évaluation en cours d’évolution 6. Comment les intervenants pourraient-ils vérifer que la rencontre a été bénéfque pour la clientèle visée ?
28
Partie 1
Fondements de la pratique infrmière en santé mentale et en soins psychiatriques
APPLICATION DE LA PENSÉE CRITIQUE Dans l’application de la démarche de soins auprès de cette clientèle étudiante, l’inirmière a recours à un ensemble d’éléments (connaissances, expériences antérieures, normes institutionnelles ou protocoles, attitudes proessionnelles) pour analyser la situation de santé de la clientèle
1
cible et en comprendre les enjeux La FIGURE 1.8 illustre le processus de pensée critique suivi par l’infrmière afn de ormuler son jugement clinique Elle résume les principaux éléments sur lesquels l’infrmière s’appuie en onction des données de cette clientèle, mais elle n’est pas exhaustive
VERS UN JUGEMENT CLINIQUE NORME
EXPÉRIENCES
CONNAISSANCES • Caractéristiques de la dynamique d’un groupe d’étudiants de niveau collégial • Comportements indicateurs du risque suicidaire • Impacts physiques, psychologiques et sociaux du suicide d’une collègue • Ressources locales disponibles • Interventions de prévention en santé mentale, quel que soit le niveau de prévention
• Expérience de travail auprès d’une clientèle étudiante • Collaboration avec d’autres intervenants en santé mentale • Expérience d’avoir eu une personne de son entourage personnel ayant eu des intentions suicidaires ou ayant passé à l’acte • Expérience en relation d’aide et en animation de groupe
• Règles locales de onctionnement pour ce genre d’intervention
ATTITUDES • Faire preuve d’ouverture pour que les participants puissent s’exprimer librement • Se montrer disponible pour apporter une aide plus soutenue aux personnes plus sérieusement aectées
PENSÉE CRITIQUE
ÉVALUATION • • • •
Perception de l’événement par la clientèle étudiante Émotions ressenties à la suite de l’annonce du suicide d’une collègue de classe Moyens dont dispose la clientèle cible pour aire ace à la situation Impacts physiques et psychologiques de l’événement qui s’est produit (p. ex., des troubles du sommeil, une difculté de concentration, de l’anxiété) • Besoins d’aide particulière pour certaines personnes plus aectées et se sentant démunies devant une telle situation
JUGEMENT CLINIQUE FIGURE 1.8
Chapitre 1
Perspectives en santé mentale : notions ondamentales et défs
29
À retenir VERSION REPRODUCTIBLE
Québec ; la première coïncide avec la Révolution tranquille qui a lieu au début des années 1960, alors que la seconde est ortement marquée par les travaux de la commission Castonguay-Nepveu et couvre la période de 1971 à 1988. La troisième vague correspond à la période 1989-1996 et l’année 2002 signale la fn de la quatrième vague.
http://ortinash.cheneliere.ca
• Au début de la colonie, la majorité des personnes ayant des troubles mentaux vivaient dans la communauté, et l’emprisonnement ainsi que des mesures coercitives étaient largement utilisés pour celles qui perturbaient l’ordre public. • L’idée d’un traitement n’apparaît qu’au xixe siècle avec l’émergence d’une conception médicale de la olie. • L’arrivée des premiers neuroleptiques marque un tournant dans les soins psychiatriques en orant un soulagement des crises psychotiques. • Quatre vagues majeures de désinstitutionnalisation ont eu lieu au
• L’année 2005 signale le début d’une importante réorme des soins et des services en santé mentale au Québec. • La promotion de la santé mentale et la prévention des troubles mentaux représentent des champs d’intervention importants de l’infrmière. • Le diagnostic de trouble mental est posé à partir de critères qui sont propres à chaque trouble, et ceux proposés par le manuel DSM-IV-TR sont largement utilisés.
• La prévention primaire se situe en amont des troubles mentaux. Elle comprend des mesures universelles, sélectives et indiquées. • La prévention secondaire s’attarde à la détection des troubles mentaux et à l’ore de mesures de traitement orientées vers le soulagement des symptômes et la prévention des rechutes. • La prévention tertiaire englobe le domaine de la réadaptation psychiatrique, dont l’objecti est de prévenir les séquelles liées au trouble mental, notamment la diminution des incapacités. • La hiérarchisation des services est à la base du PASM 2005-2010, qui propose trois niveaux de services : la première, la deuxième et la troisième ligne. • La première ligne représente la portée d’entrée pour recevoir des
services. Elle assure la continuité des soins et des services et agit en complémentarité avec la deuxième et la troisième ligne qui orent respectivement des soins spécialisés et ultraspécialisés. • La lutte contre la stigmatisation, la promotion de l’expérience du rétablissement et les soins de collaboration caractérisent le soutien oert à la personne et à ses proches. • La pratique en santé mentale chez les infrmières orant des services généraux de première ligne ou des services spécialisés (p. ex., en oncologie, en médecine-chirurgie) représente un domaine à consolider au cours des prochaines années. • La pratique avancée représente l’une des voies d’avenir pour consolider l’apport de l’infrmière à l’amélioration du bien-être et de la santé de la population.
Ressources VERSION COMPLÈTE ET DÉTAILLÉE
http://fortinashcheneliereca
Références Internet ORGANISMES ET ASSOCIATIONS Association canadienne pour la santé mentale (ACSM) – Filiale de Montréal wwwacsm-caqcca > La maladie mentale > Les maladies mentales les plus fréquentes Association des groupes d’intervention en défense des droits en santé mentale du Québec (AGIDD-SMQ) wwwagiddorg
30
Partie 1
Fondation des maladies mentales wwwfondationdesmaladiesmentalesorg > Aider une personne > Les maladies mentales
Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) wwwinspqqcca
Initiative canadienne de collaboration en santé mentale (ICCSM) wwwccmhica > Les professionnels de la santé > Série de documents > Document # 1 : Avancement des objectifs des soins de santé mentale axés sur la collaboration
Ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) wwwmsssgouvqcca > Problèmes de santé > Santé mentale > Comprendre et prévenir Santé Canada wwwsc-hcgcca > Vie saine > Santé mentale
ORGANISMES GOUVERNEMENTAUX Agence de la santé publique du Canada (ASPC) wwwphac-aspcgcca > Promotion de la santé > Santé mentale > Promotion de la santé mentale > Les problèmes de santé mentale et les troubles mentaux
Fondements de la pratique infrmière en santé mentale et en soins psychiatriques
RÉFÉRENCES GÉNÉRALES Centre d’études sur la réadaptation, le rétablissement et l’innovation sociale (CÉRRIS) wwwhlhlqcca/le-cerrishtml > Réadaptation > Rétablissement > Insertion sociale
1 Hôpital Louis-H. Lafontaine - Institut universitaire en santé mentale wwwhlhlqcca > Santé mentale > En chiffres > Santé mentale > État de stress post-traumatique Organisation mondiale de la Santé (OMS) wwwwhoint/fr > Thèmes de santé > Troubles mentaux Pairs aidants Réseau (PAR) wwwaqrp-smorg
Monographies Boudreau, F (1984) De l’asile à la santé mentale. Les soins psychiatriques : histoire et institutions Montréal : Éditions coopératives Albert Saint-Martin De Mailly, L (2011) Sociologie des troubles mentaux Paris : La Découverte Pepin, J, Kérouac, S, & Ducharme, F (2010) La pensée infrmière Montréal : Chenelière Éducation
Articles, rapports et autres Bisaillon, A, Beaudet, N, Sauvé, M-C, et al (2010) L’approche populationnelle au quotidien Perspective infrmière, 7(1), 58-62 Comeau, L, Denoncourt, J, & Desjardins, N (2011) Pourquoi et comment investir en promotion de la santé mentale et en prévention des troubles mentaux Le Partenaire, 19(4), 4-12 Commission de la santé mentale du Canada (CSMC) (2012) Changer les orientations, changer des vies : Stratégie en matière de santé mentale pour le Canada Calgary, Alb : CSMC http://strategiecommissionsantementaleca/ pdf/strategie-text-frpdf Desrosiers, G, & Gaumer, B (2004) Réformes et tentatives de réformes du réseau de la santé au Québec contemporain : une histoire tourmentée Ruptures, 10 (1), 8-20 Fleury, MJ, & Grenier, G (2004) Historique et enjeux du système de santé mentale québécois Ruptures, 10 (1), 21-38 Ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) (2011) Orientations relatives à l’orga-
Chapitre 1
nisation des soins et des services oerts à la clientèle adulte par les équipes en santé mentale de première ligne en CSSS Québec, Qc : Gouvernement du Québec Ruel, S, & Hamel, M (2012) Le Québec se préoccupe de promotion et de prévention en santé mentale Quintessence, 4(3), 1-2
Multimédia Commission de la santé mentale du Canada (2012) Launch o the Mental Health Strategy or Canada, (vidéo, 4 min 29 s) wwwyoutube com/watch?v=a4gmxPZDzAY&feature=youtube Historia (2008, janvier) Maudits ous! (télévision), série de trois épisodes réalisée par Jean Bourbonnais wwwhistoriatvcom/emissions/maudits-fous/ Revue Santé mentale au Québec & TÉLUQ (2002) Histoire de la psychiatrie québécoise (vidéo, 18 émissions & 2 entrevues), série Les artisans d’une psychiatrie nouvelle wwwsantementaleauquebecca/spip php?article255¶m=e
Perspectives en santé mentale : notions ondamentales et défs
31
chapitre
Santé mentale et services dans la communauté
Écrit par : MarieClaude Jacques, inf., Ph. D. (c) D’après un texte de : Alwilda SchollerJaquish, RN, Ph. D.
Guide d’études - RE08
OBJECTIFS
Après avoir étudié ce chapitre, vous devriez être en mesure : ■
de décrire les fondements des soins communautaires en santé mentale ;
■
de reconnaître les signes d’un trouble mental grave ;
■
32
de présenter les ressources d’héberge ment disponibles dans la communauté pour les clients atteints de troubles mentaux ;
Partie 1
■
■
d’expliquer les divers traitements sans hospitalisation offerts dans la communauté ; d’expliquer les éléments qui entrent en jeu dans la problématique des personnes sans abri ;
Fondements de la pratique infrmière en santé mentale et en soins psychiatriques
■
de déterminer les facteurs qui contribuent à l’incarcération d’une personne atteinte d’un trouble mental.
Concepts clés
Cette carte conceptuelle illustre schématiquement les principaux concepts décrits dans le présent chapitre. Sa lecture vous permettra d’avoir une vue d’ensemble des notions qui y sont présentées.
2
constituent
ont pour objectis
oerts dans
rôles de l’infrmière
et clientèles particulières
Chapitre 2 Santé mentale et services dans la communauté
33
PORTRAIT Marc Robitaille Marc Robitaille, âgé de 45 ans, est atteint depuis longtemps de schizophrénie paranoïde chronique. Il vit dans une habitation à loyer modique (HLM) et participe cinq jours par semaine aux activités d’un centre de jour en santé mentale, notamment aux ateliers de menuiserie et aux séances de musicothérapie. Chaque client du centre est invité à s’impliquer, et les principales tâches de monsieur Robitaille sont de laver la vaisselle et de servir la nourriture. Dans l’environnement du centre, monsieur Robitaille a un comportement social adéquat et est aimable. Il ne manieste aucun symptôme positi d’hallucinations ou de délires, mais il présente certains symptômes négatis d’athymie, d’apathie, de mauvaise hygiène personnelle et de perturbation de ses habiletés ondamentales. Monsieur Robitaille a exprimé le désir de prendre l’autobus, et l’infrmière lui ore de se rendre chez lui pour lui montrer le trajet de son appartement au centre de jour. Lorsque l’infrmière arrive chez monsieur Robitaille, elle constate que son appartement pose un risque pour sa santé. Les comptoirs de la cuisine sont couverts de vaisselle sale, de restes d’aliments moisis et de coquerelles. Du linge sale traîne partout dans l’appartement et cela sent mauvais. Monsieur Robitaille a caché un salami sous le soa, car il craint que les voisins viennent le lui voler dans son rérigérateur. Il y a des brûlures de cigarette sur le soa et le lit. Il n’y a aucune serviette dans la salle de bain ; monsieur Robitaille déclare qu’il ne prend pas de bain et ne se lave pas les mains après être allé aux toilettes.
2.1 23 Les responsabilités de l’infrmière au sein de la communauté sont défnies dans le chapitre 23, Soins infrmiers et suivis dans la communauté.
Concept de communauté
En sciences infrmières, la communauté est défnie comme un groupe ou une collectivité de personnes ondé sur une localité, interagissant en unité sociale, et partageant des intérêts, des caractéristiques, des valeurs ou des buts communs (McEwen & Nies, 2011). De nos jours, les personnes atteintes de troubles mentaux ne sont pas systématiquement institutionnalisées. Ces personnes jouissent, en théorie, des mêmes droits et libertés que les autres citoyens et peuvent habiter là où elles le désirent. Ici, la notion de communauté renvoie d’abord au ait de ne pas être enermé contre son gré dans un établissement de santé et donc d’habiter au même endroit que l’ensemble de la population. L’accent est mis sur les soins ambulatoires et communautaires. Ces soins sont oerts dans divers contextes (p. ex., en milieu hospitalier, en centre de réadaptation en santé mentale, au domicile du
34
Partie 1
client et dans plusieurs autres situations de vie autonome ou semi-autonome). En particulier, les soins infrmiers englobent une variété de traitements, de méthodes et d’activités dont l’objecti est de satisaire les besoins des clients, notamment ceux qui sont atteints d’un trouble mental grave et qui tentent de conserver une place stable au sein de la communauté 23 .
2.1.1
Santé publique
La santé publique est une combinaison d’actions concertées (programmes, services, politiques) visant la protection et l’amélioration de la santé d’une population (Association canadienne de santé publique [ACSP], 2010). Au Québec, la Loi sur la santé publique adoptée en 2001 (L.R.Q., c. S-2.2) et le Programme national de santé publique 2003-2012 orment le cadre pour l’organisation et la structuration des services en santé mentale. Les responsabilités et les services en lien avec la santé de la population sont décentralisés, c’est-à-dire que chaque centre de santé et de services sociaux (CSSS) a une responsabilité envers la population de son territoire et établit son ore de services selon les caractéristiques de celle-ci. Plus précisément, l’organisation des services repose sur le Plan d’action en santé mentale (PASM) 2005-2010 (ministère de la Santé et des Services sociaux [MSSS], 2005). Dans un eort cherchant à avoriser la participation des personnes aux décisions qui les concernent, ce plan d’action a été élaboré de concert avec divers acteurs interpellés par la santé mentale de la population (p. ex., les services spécialisés et surspécialisés, les organismes communautaires, les entreprises d’économie sociale, les ressources privées), incluant des personnes utilisatrices de services en santé mentale et leurs proches. Le PASM 2005-2010 met l’accent sur la hiérarchisation des services et prévoit notamment l’organisation de mesures de soutien dans la communauté pour les personnes les plus vulnérables, c’est-à-dire celles atteintes de troubles mentaux graves ENCADRÉ 2.1. La hiérarchisation des services s’appuie sur une première ligne orte (MSSS, 2003b, 2008c). Ainsi, la première ligne a pour but d’orir le bon service, à la bonne personne, par le bon intervenant, au bon moment, pour la bonne durée et au bon endroit. Le PASM 2012-2017 poursuit les mêmes objectis. Ses grandes orientations sont (MSSS, 2011b) : • la poursuite des travaux visant à améliorer les services de première ligne ; • le maintien dans la communauté des services destinés aux personnes atteintes de troubles mentaux modérés ; • le déploiement d’une offre de services destinée aux clientèles marginalisées ;
Fondements de la pratique infrmière en santé mentale et en soins psychiatriques
• l’amélioration du réseautage entre les professionnels de la santé concernés par la clientèle en santé mentale ; • la mise sur pied d’un processus de dépistage rapide pour les troubles d’apprentissage et les troubles mentaux (chez les enfants et les adultes) ; • la mise en place d’outils de prévention et la poursuite de la lutte contre la stigmatisation.
2.1.2
Santé communautaire
Les soins communautaires concilient à la ois la discipline des soins infrmiers et celle de la santé publique (ACSP, 2010). Ce sont les soins prodigués au client dans son milieu de vie. Au Québec, les soins communautaires en santé mentale ont émergé à la suite des premières vagues de désinstitutionnalisation du début des années 1960. Les premières institutions psychiatriques ont vu le jour au Québec au cours du xixe siècle. En l’absence de traitements efcaces, les amilles qui n’arrivaient alors plus à s’occuper de leurs proches atteints de troubles mentaux les envoyaient dans des institutions psychiatriques. Les clients y passaient parois le reste de leurs jours. En 1961, le Québec comptait 9 établissements psychiatriques, hébergeant plus de 20 000 personnes (Dorvil & Guttman, 1997). La découverte des neuroleptiques, introduits dans la province en 1953, a contribué à modifer la conception du trouble mental ; les personnes atteintes pouvaient être traitées et retournaient dans leur milieu (Fleury & Grenier, 2004). À partir des années 1960, des milliers de clients ont ainsi été « libérés » dans la communauté : selon Fleury et Grenier (2004), 5 789 lits de soins psychiatriques ont été ermés entre 1965 et 1975. La désinstitutionnalisation devait s’accompagner d’un déploiement des services dans la communauté destinés aux personnes atteintes de troubles mentaux qui sortiraient des asiles. Ces personnes se sont retrouvées dans leurs amilles, dans des oyers d’hébergement fnancés par le MSSS ou dans des oyers privés, dans des chambres à aible coût, mais aussi dans la rue et dans les prisons. En eet, la communauté n’était pas toujours prête à les recevoir. À partir des années 1980, de nouvelles problématiques ont émergé : le manque d’accès aux services de santé mentale, l’accroissement du ardeau des amilles, la judiciarisation et l’incarcération des personnes atteintes de troubles mentaux, l’itinérance et l’opposition de certaines municipalités à l’implantation de pavillons d’hébergement (Doré, 1987). Au cours des années 1980 et 1990, davantage de lits ont été ermés dans les centres hospitaliers psychiatriques et dans les unités psychiatriques des centres hospitaliers généraux. Une nouvelle
ENCADRÉ 2.1
Défnition du trouble mental grave
Le PASM 2005-2010 associe les troubles mentaux graves à « un niveau d’incapacité qui interère de açon signifcative dans les relations interpersonnelles, les compétences sociales de base et la capacité onctionnelle dans la production d’un travail » (p. 40). Une incapacité (suivie, prolongée ou durable) dans au moins l’un de ces trois domaines caractérise les troubles mentaux graves.
2
Au Québec, de 2 à 3 % de la population adulte (soit de 150 000 à 200 000 per personnes) est atteinte d’un trouble mental grave. Plusieurs services, décrits dans la troisième section de ce chapitre, leur sont destinés : le suivi intensi et le soutien d’intensité variable ainsi que les services d’intégration sociale (notamment les services résidentiels et l’intégration au travail).
Source : Adapté de MSSS (2005)
clientèle était traitée : les jeunes de 18 à 35 ans qui n’avaient pas connu les asiles, mais qui vivaient des hospitalisations brèves et répétitives, en raison de la ermeture de lits et du raccourcissement des séjours hospitaliers (syndrome de la porte tournante). Ce phénomène s’explique principalement par une absence de services d’intégration sociale (Dorvil & Guttman, 1997). La ermeture de lits dans les unités de soins physiques était justifée par l’évolution de la science médicale (aisant que les clients guérissent plus vite), mais elle a nui aux personnes atteintes de troubles mentaux. Si « la médication apaise les symptômes de la maladie mentale, elle ne guérit pas grand-chose » (Dorvill & Guttman, 1997). De plus, les eets secondaires des psychotropes nuisent à un onctionnement normal et, par conséquent, à une vie normale dans la communauté (p. ex., au ait de trouver un emploi, de se rebâtir un réseau social). En 1999, un nouveau plan, le Plan d’action pour la transformation des services en santé mentale, est donc paru afn de maintenir dans la communauté les personnes atteintes de troubles mentaux (MSSS, 1998). Il s’appuyait sur le principe général de l’appropriation du pouvoir et avait pour cibles prioritaires les adultes atteints de troubles mentaux graves et les enants et les jeunes ayant des troubles mentaux. Le MSSS reconnaissait que la mise en place d’un système de services de santé mentale dans la communauté ne s’était pas encore véritablement concrétisée. Il mentionnait que même si les troubles mentaux graves ne touchaient que de 2 à 3 % de la population, ils représentaient 80 % des journées d’hospitalisation. Le rapport recommandait, entre autres, la mise en place d’équipes de suivi dans la communauté, de type intensi et non intensi, selon la gravité des troubles et la vulnérabilité des personnes. Par ailleurs, l’hospitalisation devait être réservée aux clients présentant une dangerosité pour eux-mêmes ou pour autrui, ou ayant une problématique complexe à traiter. Un ratio de 0,4 lit par 1 000 personnes était visé pour 2002. Chapitre 2 Santé mentale et services dans la communauté
35
Le PASM 2005-2010 poursuit l’objecti d’intégration à la communauté et recommande la modifcation des services résidentiels (MSSS, 2005). En 2005, il y avait encore au Québec environ 9 000 places dans des services résidentiels, dont plus de 6 000 dans des ressources d’hébergement à durée illimitée. (Cela concerne uniquement les ressources fnancées par le MSSS et non les nombreuses ressources privées présentées dans la troisième section de ce chapitre.) Le PASM 2005-2010 préconise la ermeture de la plus grande partie de ces lits pour transérer les ressources ainsi libérées, et accroître l’ore de logements autonomes avec soutien ainsi que l’ore de services dans la communauté.
2.2
Objectifs des soins communautaires
La plupart des soins et des services en santé mentale sont maintenant oerts dans la communauté. L’infrmière est appelée à soigner les personnes directement dans leur milieu de vie, ce qui implique des enjeux particuliers : elle se retrouve beaucoup plus près de la vie au quotidien de la personne soignée et doit adapter son intervention en conséquence FIGURE 2.1. De plus, elle doit posséder une fne connaissance des services oerts dans la communauté et des solutions d’hébergement proposées aux clients.
2.2.1 1 Des interventions de promotion et de prévention primaire, secondaire ou tertiaire sont exposées dans le chapitre 1, Perspectives en santé mentale : notions ondamen tales et défs.
Promotion et prévention
La promotion de la santé mentale et la prévention des troubles mentaux ont partie du rôle de l’infrmière qui intervient dans la communauté. Plusieurs activités en ce sens contribuent à diminuer la prévalence des troubles mentaux dans la population, ainsi que l’aggravation de la maladie chez les personnes qui en sont atteintes. Ces mesures améliorent la santé de la population en général, diminuent l’absentéisme au travail, ainsi que la mortalité et la morbidité liées aux troubles mentaux (Cooper, 2011 ; Institut canadien d’inormation sur la santé [ICIS], 2011).
Jugement clinique
Kurt Merkel est âgé de 70 ans. Il habite avec son épouse atteinte de la maladie d’Alzheimer. C’est lui qui en prend soin, car il ne peut envisager l’idée de la placer en centre d’hébergement. Monsieur Merkel est aidé de ses enfants qui viennent à tour de rôle le libérer deux après-midis et deux soirées par semaine. Il peut ainsi participer à un groupe de proches aidants où il échange avec d’autres personnes vivant une situation similaire. Quel niveau de prévention est illustré par cette situation ?
36
Partie 1
La promotion de la santé mentale concerne autant les individus que les collectivités. Elle cherche à maximiser la santé mentale et le bienêtre tant des personnes en bonne santé que des personnes atteintes de troubles mentaux. Les interventions de promotion portent sur les déterminants de la santé mentale afn d’augmenter le
FIGURE 2.1 Dans la communauté, l’infrmière intervient au quotidien et dans le milieu de vie du client.
pouvoir d’agir et les capacités d’adaptation des communautés et de leurs membres (Institut national de santé publique du Québec [INSPQ], 2008). La prévention des troubles mentaux, pour sa part, a pour but de réduire l’incidence de la maladie en agissant sur les acteurs de risque qui menacent la santé mentale des personnes, et ce, avant l’apparition des problèmes. Les mesures de prévention ciblent à la ois les acteurs de risque de trouble mental et les groupes de personnes vulnérables aux problèmes de santé mentale (INSPQ, 2008) 1 . Les interventions de promotion et de prévention en santé mentale peuvent s’adresser à tous les groupes d’âge. Par exemple, les infrmières peuvent eectuer des interventions éducatives dans le but de prévenir l’abus de substances en milieu scolaire, eectuer le dépistage systématique de la dépression en groupe de médecine de amille ou encore promouvoir l’activité physique chez les aînés.
2.2.2
Continuité et partage des soins
Les troubles mentaux sont généralement dépistés et traités dans la communauté plutôt qu’au centre hospitalier, et les hospitalisations associées aux épisodes aigus de troubles mentaux sont de plus en plus courtes (MSSS, 2012). L’infrmière qui travaille dans la communauté a donc un rôle primordial à jouer pour la continuité des soins. Elle peut endosser un rôle d’agente de liaison et ainsi voir à
Fondements de la pratique infrmière en santé mentale et en soins psychiatriques
la continuité des soins en vérifant que le client, notamment celui qui vit une période de crise, ne se retrouve pas sans services à sa sortie du centre hospitalier ou du centre de crise. L’infrmière peut aussi avoir un rôle pivot et assurer la continuité des services à l’intérieur de l’équipe interdisciplinaire en utilisant le plan d’intervention, ou le plan de services individualisé. 23 . L’infrmière intervenante pivot est la personne de l’équipe qui a la relation la plus étroite avec le client et ses proches. Elle assure la continuité des soins et des services à travers l’ensemble du système de santé, incluant les partenaires de la communauté, comme les organismes communautaires, le service de police local ou les résidences d’hébergement privées. La personne qui bénéfcie du suivi ainsi que ses proches ont partie intégrante de l’équipe de soins et contribuent aux décisions les concernant tout au long du continuum de soins (MSSS, 2011b). L’interdisciplinarité est essentielle aux soins communautaires en santé mentale. L’infrmière est appelée à travailler en équipe avec plusieurs autres proessionnels : psychologues, psychiatres, omnipraticiens, travailleurs sociaux, ergothérapeutes, psychoéducateurs, etc. L’interdisciplinarité désigne un travail conjoint des membres de l’équipe eectué dans l’intérêt du client. Les problématiques rencontrées sont souvent complexes et nécessitent le partage de l’expertise de chacun de açon à orir les meilleurs soins. Cela signife donc un seul plan d’intervention auquel collaborent les divers proessionnels, en partenariat avec le client et ses proches. Les soins partagés (ou soins axés sur la collaboration) sont recommandés. En eet, ce modèle d’organisation a pour but d’optimiser la coordination des services entre les omnipraticiens, les psychiatres et les équipes interdisciplinaires de santé mentale (Fleury, 2009). Ainsi, chacun ore des services de açon complémentaire. Ce type de collaboration nécessite « une meilleure communication, des contacts proessionnels plus étroits, le partage des soins cliniques, des programmes d’éducation communs, [et des] programmes communs et la planifcation des systèmes » (Craven & Bland, 2006). Au Québec, l’émergence des soins partagés est associée à une implication accrue des omnipraticiens, qui peuvent diagnostiquer et traiter une variété de troubles mentaux, mais aussi des équipes de santé mentale en première ligne des CSSS (Fleury, 2009). Par exemple, l’équipe de santé mentale de première ligne en CSSS peut se réérer au psychiatre répondant de son territoire pour obtenir son avis sur un cas en particulier. Ce proessionnel n’est pas le psychiatre traitant du client, mais il partage son expertise avec l’équipe de première ligne, ce qui permet à celle-ci de prendre des
décisions plus éclairées sur les orientations à défnir avec le client. Enfn, les soins par étapes constituent une approche privilégiée pour les services en santé mentale au Québec. Il s’agit d’un modèle de soins de collaboration centrés sur le client et qui lui permettent de recevoir des soins adaptés à ses besoins. Les étapes correspondent à la gravité du trouble mental. Ainsi, un trouble léger ne nécessite pas tous les soins et services que peut requérir un trouble mental grave. Il existe plusieurs types de soins par étapes. Par exemple, le modèle NICE (National Institute or Health and Clinical Excellence) pour le trouble dépressi associe à chaque stade du trouble des interventions cliniques démontrées comme étant efcaces ou recommandées par un consensus d’experts (Brouillet, Roberge, Fournier et al., 2009). La FIGURE 2.2 illustre ce modèle et révèle que trois des quatre profls cliniques du trouble dépressi peuvent être traités dans la communauté (MSSS, 2011a). Les soins sont de plus en plus spécialisés du bas vers le sommet de la pyramide. À la base, il s’agit des soins les moins intrusis. Si la personne ne répond pas à ces interventions, ou les reuse, les interventions appropriées de l’étape suivante devraient lui être oertes (NICE, 2009).
2.2.3
Plan d’intervention : Outil qui sert à la coordination des services lorsque plusieurs intervenants d’un même établissement offrent des services au client. Il contient les besoins du client, les objectifs poursuivis, les moyens à utiliser et la durée prévisible pendant laquelle des services devront lui être fournis.
23 Les responsabilités de l’infr mière agente de liaison ou intervenante pivot sont pré cisées dans le chapitre 23, Soins infrmiers et suivis dans la communauté.
Intégration sociale
Les infrmières qui interviennent dans la communauté occupent une place privilégiée pour avoriser l’intégration sociale des personnes atteintes de troubles mentaux. Ces personnes vivent encore beaucoup d’exclusion sociale, ce qui nuit grandement à leur réadaptation. Par exemple, bien que 92 % des répondants d’un vaste sondage réalisé au Canada avaient déjà entendu parler de schizophrénie, plusieurs ne connaissaient pas les véritables maniestations de ce trouble (Société canadienne de la schizophrénie, 2009).
Lutte contre la stigmatisation Il existe deux types de stigmatisation : la stigmatisation publique et l’autostigmatisation. La stigmatisation publique se rapporte aux réactions de la population générale envers les personnes atteintes de troubles mentaux. Elle est alimentée par les maniestations de ces troubles et par les médias (Corrigan, Mueser, Bond et al., 2009). L’affect inapproprié, le manque de contact visuel, le ait de parler seul ou l’hygiène défciente sont autant de stigmates qui contribuent à ormer une opinion négative de la population envers les personnes atteintes de troubles mentaux. Les médias, pour leur part, contribuent à la stigmatisation en véhiculant l’idée que les personnes ayant des troubles mentaux sont dangereuses, qu’il s’agisse des médias de communication (journaux, télévision) ou des œuvres de fctions (téléromans, Chapitre 2 Santé mentale et services dans la communauté
37
2
Situations cliniques
Interventions proposées
Étape 4 : Dépression grave et complexe ; risque pour la vie, négligence majeure
Médication, interventions psychologiques intenses, sismothérapie, services de crise, traitements combinés, soins interdisciplinaires et hospitalisation
Étape 3 : Symptômes dépressifs persistants ou dépression de légère à modérée avec réponse inadéquate aux interventions initiales ; dépression modérée et grave
Médication, interventions psychologiques intenses, traitements combinés, soins en collaboration, et recommandation pour d’autres évaluations et interventions
Étape 2 : Symptômes dépressifs persistants ou dépression de légère à modérée
Interventions psychosociales d’une faible intensité, interventions psychologiques, médication, et recommandation pour d’autres évaluations et interventions
Étape 1 : Toutes les présentations connues ou suspectées de la dépression
Évaluation, soutien, psychoéducation, surveillance active, et recommandation pour d’autres évaluations et interventions
FIGURE 2.2 Les soins par étapes permettent de cibler les interventions en fonction des besoins précis du client.
lms). La stigmatisation d’améliorer sa situation. L’autostigmatisation est une conséquence publique a un eet sur L’autostigma tisation nuit très préoccupante de la stigmatisation toute la société. Les proRAPPELEZ-VOUS… même à la santé mentale publique. ches de la personne des personnes, qui peuLe rôle de proche aidant ne atteinte d’un trouble menvent éviter de demander s’accomplit pas sans heurts tal vivent éventuellement de la honte et de la des services de peur d’être associées au groupe et peut représenter une culpabilité, et le client éprouve de la diculté à stigmatisé. menace à la santé physique accéder à des services de santé en soins physiLe dévoilement de son trouble est notamment un et mentale de la personne ques, de même qu’à un emploi de son choix ou à enjeu important pour le client. Il s’expose à une stigqui l’assume. Mais il y a un logement adéquat (Corrigan et al., 2009). matisation accrue, mais, d’un autre côté, il peut resaussi des impacts bénéL’autostigmatisation est une conséquence très sentir du soulagement et du soutien s’il parvient à fques associés à ce rôle. préoccupante de la stigmatisation publique. parler ouvertement de ses dicultés. La perception Quels sont-ils ? La personne intériorise les attitudes négatives du public envers les troubles mentaux, la culture, le de la société à son égard, ce ait d’admettre ou non son trouble, ainsi que la perqui l’amène à se blâmer ception des conséquences négatives du dévoilement et à entretenir une aible estime d’elle-même. Elle croit infuent sur la décision de la personne de dévoiler Marie-Judes Bélizaire est âgée de 34 ans. Elle est d’orialors qu’elle ne vaut rien ou non son trouble. Aussi, le dévoilement peut gine haïtienne et se cherche un emploi de journaliste. parce qu’elle a un trouble atteindre diérents niveaux, allant du partage de son Elle ne trouve pas de travail, car les employeurs reumental (Corrigan et al., expérience devant des groupes à l’évitement social, sent systématiquement de l’engager dès qu’elle dit 2009). Par exemple, elle en passant par un dévoilement sélecti lorsque la être atteinte d’un trouble bipolaire. Elle a déjà ait peut considérer comme nor- personne choisit avec parcimonie à qui elle révèle une tentative de suicide alors qu’elle vivait un épimal d’être pauvre et sans son trouble (Corrigan et al., 2009). Cela dit, c’est à la sode dépressi. Actuellement, son état est plutôt stable, emploi, juger que toutes les personne de décider si elle parle de son trouble et à mais madame Bélizaire croit qu’elle est stigmatisée en raison de son état de santé mentale. personnes ayant un trouble qui elle le ait. L’ENCADRÉ 2.2 présente des intermental le sont et penser ventions que l’inrmière peut mettre en place pour Que pensez-vous de la situation de madame Bélizaire ? qu’il ne sert à rien d’essayer accompagner le client.
Jugement clinique
38
Partie 1
Fondements de la pratique infrmière en santé mentale et en soins psychiatriques
Rétablissement et réadaptation Malgré les difcultés qu’arontent les personnes atteintes de troubles mentaux en raison de la stigmatisation, d’autres éléments contribuent touteois à avoriser leur intégration sociale. Le rétablissement en santé mentale et même la pleine citoyenneté pour les personnes atteintes sont des objectis orts des politiques publiques. De ait, il existe au Québec et au Canada une volonté politique plusieurs ois maniestée de promouvoir le rétablissement à tous les paliers des services en santé mentale et dans toute la société. Le rétablissement implique que les inconvénients causés par un trouble mental n’empêchent pas la personne de réaliser ses objectis personnels, ses rêves pour accéder à une vie satisaisante et utile (Commission de la santé mentale du Canada, 2012 ; MSSS, 2005) 1 . La pleine citoyenneté, elle, est défnie dans l’ENCADRÉ 2.3. Les regroupements communautaires en santé mentale adoptent souvent un modèle de réadaptation orienté sur le rétablissement et la pleine citoyenneté des personnes. Les services de réadaptation sont individualisés, centrés sur la personne, et ils misent sur une approche de collaboration avec celle-ci (Anthony & Farkas, 2009). Les intervenants en santé mentale aident le client à normaliser ses relations, tant à l’égard de lui-même que d’autrui, afn de lui permettre de s’intégrer en société.
2.2.4
Pratiques infrmières suggérées ENCADRÉ 2.2
Soutenir le client qui songe à dévoiler son trouble
• Évaluer avec la personne le pour et le contre du dévoilement. Considérer les implications à court et à long terme. • Considérer le dévoilement selon les situations (p. ex., le dévoilement à ses proches ou à son employeur).
2
trouble mental (en particulier un proche qui a dévoilé son trouble). • Diriger la personne vers un organisme communautaire en santé mentale pour y être conseillée (p. ex., un organisme de défense des droits).
• Suggérer au client de se faire conseiller par sa famille ou par un proche atteint de Source : Adapté de Corrigan et al. (2009)
ENCADRÉ 2.3
Enjeux de la pleine citoyenneté
• Avoir une place: exister parmi les autres avec les mêmes conditions (travail, logement, éducation) et le même traitement (absence de discrimination, de stigmatisation). • Avoir sa place : avoir un travail, une famille, des amis, des projets, des espoirs, contribuer activement à la société tout en ayant la reconnaissance des autres.
• Être sujet (ou être quelqu’un): avoir la certitude de sa propre valeur, et une image de soi qui ne se limite pas au trouble, au handicap, au chômage, etc. S’impliquer dans les décisions qui nous concernent, se faire entendre, avoir des idées, agir sur le monde.
Source : Clément (2008)
Accompagnement de la amille
Les infrmières en santé communautaire occupent une place privilégiée pour soutenir les amilles dont un membre est atteint de trouble mental. Autreois, la amille était considérée comme un agent causal du trouble mental, et l’institutionnalisation devait permettre notamment de retirer les personnes de milieux jugés pathologiques (Leclerc & Thérien, 2012). Entre autres, la théorie des émotions exprimées a contribué à culpabiliser les amilles dont un membre était atteint de schizophrénie. Selon cette théorie énoncée dans les années 1970, les rechutes seraient plus réquentes chez les amilles à orte expression émotionnelle (en raison d’attitudes intrusives et de commentaires critiques, en particulier de la mère) (Morin, 2012). Cependant, le lien entre les ortes émotions exprimées et les comportements négatis de la personne atteinte de schizophrénie n’a pas été démontré de açon concluante (Barrowclough & Hooley, 2003 ; King, 2000). Par la suite, la clientèle issue de la désinstitutionnalisation a augmenté le fardeau familial, les amilles interpellées pour prendre soin de leur proche atteint n’étant pas outillées ni soutenues adéquatement pour aire ace à ce déf (Dorvil & Guttman, 1997). Le ardeau amilial est dû, entre autres, aux problèmes pratiques, fnanciers et organisationnels, comme la perte de loisirs, aux
problèmes relationnels, ou encore au temps investi à prendre soin de la personne malade et à la surveiller (Chan, 2011). Aujourd’hui, la amille est appelée à prendre de plus en plus sa place dans l’intervention et à occuper trois rôles principaux : 1) être une alliée de l’équipe d’intervention comme source précieuse d’inormation ; 2) être une partenaire dans les interventions, et assumer un rôle de soutien, de participation au plan de traitement de son proche et aux politiques de santé mentale ; et 3) revendiquer ses droits et aire valoir ses besoins (Morin, 2012) .
2.3
1 Le rétablissement, pilier de la transormation des services en santé mentale, est défni en détail dans le chapitre 1, Perspectives en santé mentale : notions ondamentales et défs.
Milieux d’intervention et services
Les personnes atteintes de troubles mentaux sont de moins en moins hospitalisées, comme il a été expliqué dans la première section de ce chapitre. Les hospitalisations sont en général destinées aux personnes dangereuses pour elles-mêmes ou pour autrui, qui sont très désorganisées ou qui ont besoin d’un traitement spécialisé. Le centre hospitalier n’est
Visionnez la vidéo Crise psychotique et famille au http://fortinash.cheneliere.ca.
Chapitre 2 Santé mentale et services dans la communauté
39
CONSEIL CLINIQUE
Les emmes ayant un trouble mental grave présentent des risques élevés de victimisation, et les enants dont un parent ou les deux sont atteints d’un trouble mental risquent ortement de sourir, à leur tour, de problèmes ou de troubles physiques ou mentaux (Scholler-Jaquish, 2000). L’infrmière y porte une attention particulière et les oriente adéquatement.
ENCADRÉ 2.4
schizophrénie et vivant donc pas un milieu de vie, Le manque de soutien social est prédictif et il est plutôt considéré dans la communauté a de l’aggravation des incapacités psychia comme un service disporévélé que 82 % d’entre triques, incluant les rechutes de symp nible parmi d’autres dans eux n’occupaient pas tômes et les réhospitalisations. la communauté (Rodriguez, d’emploi et que 92 % 2006). La majorité des seravaient un revenu annuel vices en santé mentale sont en ait oerts directe- de moins de 12 000 $ (Lecomte & Mercier, 2005). ment dans la communauté et accessibles dans le Une personne vivant de l’aide sociale (ce qui est milieu de vie des personnes qui en ont besoin. souvent le cas des personnes ayant un trouble mental grave) reçoit mensuellement 589 $ si elle n’a pas de contraintes à l’emploi et 896 $ si elle a 2.3.1 Milieux de vie dans une contrainte majeure à l’emploi (ministère de la communauté l’Emploi et de la Solidarité sociale, 2012). Les milieux de vie des personnes atteintes de troubles Touteois, au Québec, le coût moyen d’un logementaux sont multiples et déterminés principalement ment de deux chambres est de 677 $ (Société canapar le degré d’autonomie de celles-ci, la gravité de dienne d’hypothèque et de logement, 2012). leurs symptômes, la présence d’un soutien social ou Les personnes atteintes de troubles mentaux qui du moins d’un intervenant, et leurs ressources vivent de açon autonome sont généralement locafnancières. taires. Elles sont beaucoup plus susceptibles que Hébergements autonomes la moyenne de vivre dans des logements insalubres, Plusieurs personnes atteintes de troubles mentaux dans des quartiers déavorisés, et de consacrer une vivent dans leur amille, en particulier les jeunes proportion plus élevée de leurs revenus au logequi sont malades depuis peu ou qui, à leur âge, ment (Gonzalez, Gonzalez & Fernandez Aguirre, seraient encore chez leurs parents même s’ils 2001). La maison de chambres est le type d’habitan’avaient pas un trouble mental. Le milieu de vie tion le plus accessible ; de nombreuses personnes des clients est alors qualifé de amille naturelle. ayant un trouble mental grave habitent en chambre, Dans ce cas, l’infrmière a un accès acilité à la parce qu’elles sont seules, en raison du aible coût amille, et il lui est plus acile d’établir une relation (Commission populaire sur la sauvegarde des maisons de chambres, 2010), mais aussi parce que ces de partenariat avec elle. Cependant, de nombreuses personnes atteintes maisons sont souvent situées dans des quartiers où de troubles mentaux vivent seules, en logement la marginalité est mieux acceptée (Dorvil & privé, et souvent dans la précarité en raison d’un Guttman, 1997 ; Otero, 2010). Une autre option aible revenu. Leur réseau social est signifcative- accessible est le logement privé (à but lucrati) ou ment restreint, et les intervenants constituent un HLM, seul ou en colocation. Le loyer du HLM souvent la plus grande partie de ce réseau ne peut dépasser 25 % du revenu du locataire. (Bengtsson-Tops & Hanson, 2001 ; Bronowski & Zaluska, 2008). Par exemple, plus de la moitié des personnes atteintes de schizophrénie expriment de la solitude et de l’isolement social (Perese & Wol, 2005). Le manque de soutien social est prédicti de l’aggravation des incapacités psychiatriques, incluant les rechutes de symptômes et les réhospitalisations (Corrigan et al., 2009). Par ailleurs, une étude eectuée au Québec en 2005 auprès de 101 participants atteints de
Exemple de ressource de type familial
Une ressource de type amilial permet au client d’acquérir autonomie et confance. Ainsi, une cliente d’une quarantaine d’années, atteinte d’un trouble d’anxiété généralisée et d’un trouble de personnalité limite, apprécie vivre dans une amille d’accueil avec sept autres pensionnaires et bénéfcier d’un suivi régulier de l’infrmière du CSSS. En raison de nombreuses hospitalisations depuis la fn de
40
Partie 1
l’adolescence et d’un mode de vie désorganisé, elle n’a jamais vécu de açon autonome. Elle aime cet endroit où elle se sent en sécurité. Elle y apprend à interagir de açon adéquate avec les autres, en même temps qu’elle eectue diverses tâches domestiques. Elle espère pouvoir devenir assez habile pour accéder à un appartement supervisé où elle aurait plus d’intimité.
Hébergements semi-autonomes ou structurés Les personnes moins autonomes en raison des symptômes de leur trouble mental peuvent se tourner vers des ressources d’hébergement telles que les ressources intermédiaires ou de type amilial, le logement supervisé (ou soutien au logement) et les résidences d’hébergement privées.
Ressources de type familial et intermédiaires Au Québec, il existe des ressources de type amilial ou intermédiaires, à raison de 40 places par 100 000 ha bitants par territoire administrati (MSSS, 2005). De même, il existe 50 places en logement supervisé par 100 000 habitants (MSSS, 2005). Une ressource de type amilial ENCADRÉ 2.4 ore des services d’assistance et de soutien (p. ex., une aide à l’hygiène, l’entretien de la literie, la préparation des repas, l’administration des médicaments, la surveillance, la gestion des comportements) pour un maximum de neu adultes ou personnes âgées, et ce, dans un milieu orant des conditions de vie se rapprochant le plus possible d’un milieu naturel
Fondements de la pratique infrmière en santé mentale et en soins psychiatriques
(MSSS, 2003a). Ce type de ressource profte au client incapable de tolérer le grand nombre de personnes qui résident dans les établissements de soins en commun, mais il s’avère plus difcile pour celui qui n’accepte pas l’intimité amiliale. Une ressource de type intermédiaire ore aussi des services d’assistance et de soutien, mais dans un milieu diérent. Le nombre de résidents varie selon le type d’organisation résidentielle. Il peut s’agir de maisons de chambres, de résidences de groupes ou autres (MSSS, 2001). Ces milieux orent une surveillance continue de leurs résidents : les intervenants ournissent la nourriture, le logement, ainsi qu’un suivi de l’adhésion au traitement et des habiletés de la vie quotidienne. Les logements supervisés constituent d’autres ressources intermédiaires. La personne habite alors un appartement et bénéfcie d’un service de soutien dont l’ore peut varier de quelques heures par semaines à plusieurs heures par jour (Felx, Piat, Lesage et al., 2012). Les résidents de ces milieux de vie reçoivent souvent un traitement ambulatoire au CSSS. L’avantage de ces ressources, comparativement aux ressources privées, est qu’une surveillance et un contrôle de la qualité des services sont garantis. De plus, ce type d’hébergement comprend un
TABLEAU 2.1
système pour recevoir les plaintes des usagers, le cas échéant. Cependant, leur accès est limité, étant donné le nombre restreint de places oertes, et ces endroits n’ont pas ormellement de mission de réadaptation. Il s’agit d’hébergements simples réservés à des personnes ayant une perte d’autonomie importante, en particulier les personnes âgées atteintes d’un trouble mental grave.
2
Ressources privées Depuis la désinstitutionnalisation, diverses ressources privées qui peuvent garder en pension des personnes atteintes de troubles mentaux ont vu le jour. En ait, toute personne peut s’improviser hébergeur pour cette clientèle pourtant vulnérable. Il n’existe aucune loi ni réglementation qui en cadre la pratique. En eet, ces milieux sont seulement assujettis à des règlements municipaux variables d’un endroit à l’autre, et plusieurs ne seraient pas connus des autorités municipales (Côté, 2001 ; Felx et al., 2012). Certains milieux privés sont tout à ait adéquats, mais, dans d’autres, les résidents peuvent être victimes d’abus ou de sévices (fnanciers, physiques ou psychologiques), ou de négligence. Le TABLEAU 2.1 permet de comparer les conditions d’accès des diverses ressources d’hébergement et les enjeux qu’ils impliquent pour l’infrmière.
ALERTE CLINIQUE
Il est primordial que l’infrmière qui prend soin d’une personne hébergée en ressource privée lui rende visite régulièrement et assure un suivi constant avec la ressource, et ce, afn d’éviter des sévices, des abus ou toute orme de négligence.
Milieux de vie dans la communauté
MILIEU DE VIE
CRITÈRES QUANT AU CLIENT
MODALITÉS D’ACCÈS
ENJEUX POUR L’INFIRMIÈRE
Famille naturelle
• Présente une condition mentale de préérence stable ; sinon, les symptômes ne doivent pas dépasser ce que la amille est en mesure de gérer.
• Non applicable
• Soutien et enseignement au client et à ses proches
Logement privé ou HLM
• Est stable.
• Revenu sufsant
• Démontre qu’il possède la plupart des aptitudes nécessaires pour vivre de manière indépendante.
• Disponibilité des logements
• Partenariat avec le propriétaire ou avec l’intervenant communautaire en HLM
• Réalise les activités de la vie quotidienne (AVQ) et les activités de la vie domestique (AVD) de açon satisaisante.
• Dépistage des risques d’insalubrité • Surveillance accrue de la condition mentale pour dépistage précoce des signes de rechute du trouble (décompensation), surtout en cas d’isolement social
• Prend ses médicaments de açon responsable. • Organise son temps adéquatement. Ressource de type amilial
• Est en mesure de s’entendre avec les autres. • Organise son temps adéquatement avec de l’aide.
• Dépistage des situations de discrimination envers le client
• Comité d’accès
• Partenariat avec les responsables de la ressource
• Se conorme aux règles de la maison et au plan de traitement (s’il y a lieu). • Réalise les AVQ de açon satisaisante, avec de l’aide au besoin. • Prend ses médicaments de açon adéquate avec de l’aide.
Chapitre 2 Santé mentale et services dans la communauté
41
Milieux de vie dans la communauté (suite)
TABLEAU 2.1 MILIEU DE VIE
CRITÈRES QUANT AU CLIENT
MODALITÉS D’ACCÈS
ENJEUX POUR L’INFIRMIÈRE
Ressource intermédiaire (maison de groupe)
• Tolère la vie en groupe.
• Comité d’accès
• Partenariat avec les responsables de la ressource
• Est stable.
• Revenu sufsant
• Démontre qu’il possède le potentiel nécessaire pour vivre de manière indépendante.
• Comité d’accès
• Partenariat avec les intervenants de la ressource qui assurent la supervision
• Est en mesure de s’entendre avec les autres. • Organise son temps adéquatement. • Se conorme aux règles de la maison et au plan de traitement (s’il y a lieu). • Réalise les AVQ de açon satisaisante. • Prend ses médicaments de açon adéquate.
Logement supervisé
• Surveillance accrue de la condition mentale pour dépistage précoce de décompensation, surtout en cas d’isolement social
• Réalise les AVQ et les AVD de açon satisaisante avec de l’aide. • Prend ses médicaments de açon responsable. • Organise son temps adéquatement. Maison d’hébergement privée
• Est capable de communiquer ses difcultés et ses besoins.
• Revenu sufsant
• Tolère la vie en groupe.
• Partenariat avec les responsables de la ressource • Surveillance de la qualité des services oerts (risques de sévices, d’abus et de négligence)
• Est en mesure de s’entendre avec les autres. • Organise son temps adéquatement.
• Surveillance accrue de la condition mentale pour dépistage précoce de décompensation
• Se conorme aux règles de la maison. • Réalise les AVQ de açon satisaisante. • Prend ses médicaments de açon adéquate.
2.3.2
La fgure 1.1W, présentée au http://ortinash.cheneliere.ca, illustre le cheminement de la personne entre les divers niveaux de services.
Accès aux services de santé mentale
Au Québec, la transormation des services en santé mentale vise notamment à en aciliter l’accès (MSSS, 2005) . Ainsi, en première ligne, le rôle des omnipraticiens a été valorisé, les guichets d’accès en santé mentale ont été créés et des centres de crise ont été déployés partout au Québec.
Cliniques Les médecins omnipraticiens peuvent eectuer le diagnostic et le traitement de divers troubles mentaux. Vingt pour cent des personnes qui ont déjà consulté un omnipraticien l’ont ait pour un problème de santé mentale (Ouadahi, Lesage, Rodrigue et al., 2009). Quel que soit le type de clinique, la personne présentant des symptômes de trouble mental peut y être évaluée. Un traitement est ensuite entrepris ou le client est adressé à un psychiatre de deuxième ligne, selon le cas. Les cas de dépression, notamment, sont la plupart du temps traités par des omnipraticiens et leurs équipes (Fournier, Roberge & Brouillet, 2012).
42
Partie 1
Guichets d’accès en santé mentale des centres de santé et de services sociaux Les guichets d’accès en santé mentale des CSSS sont la porte d’entrée des demandes de service provenant de la communauté (MSSS, 2008a, 2011b). Les services de ces guichets sont oerts par une équipe de proessionnels en santé mentale, incluant le plus souvent des infrmières. Les membres de l’équipe ont une excellente connaissance des services, des mécanismes d’accès et des partenaires du réseau en santé mentale de leur territoire. L’équipe du guichet d’accès en santé mentale assume six rôles : 1) évaluer les demandes de services ; 2) amorcer des protocoles d’évaluation, de soins et de traitement ; 3) entreprendre le traitement autogéré (p. ex., proposer un outil d’autotraitement pour trouble anxieux léger) ; 4) gérer la liste d’attente (dont les délais d’accès aux services recommandés) ; 5) repérer et dépister les conditions cliniques morbides et multimorbides ; et 6) orienter la personne et ses proches vers les ressources répondant à leurs besoins. L’accès au guichet se ait par le service de l’accueil-évaluation-orientation-réérence (AEOR) du CSSS, où toute personne qui en ressent le
Fondements de la pratique infrmière en santé mentale et en soins psychiatriques
besoin peut se présenter, ou alors directement par l’entremise des partenaires tels que les salles d’urgence des centres hospitaliers ou les services de santé mentale de deuxième et de troisième lignes (MSSS, 2008a).
Centres de crise Les centres de crise orent des services en tout temps, jour et nuit, aux personnes vivant une crise psychosociale ou psychiatrique 27 . L’objecti de ces services est de réduire l’impact des acteurs qui précipitent la crise, de restaurer l’équilibre antérieur à celle-ci, de aire appel aux ressources personnelles du client et de mobiliser celles du milieu (MSSS, 2005). Le centre de crise ore des services d’évaluation, de réérence, de suivi et d’hébergement à court terme.
2.3.3
Services institutionnels de traitement et de réadaptation
Les établissements (centres hospitaliers et CSSS) orent à la ois des services de traitement et de réadaptation en santé mentale dans la communauté. Les infrmières interviennent pour ces deux volets de soins, idéalement prodigués simultanément. Le traitement a pour but le soulagement des symptômes et de la détresse occasionnés par le trouble mental. Il relève de la prévention secondaire. Il comprend notamment la médication et les psychothérapies. La réadaptation psychosociale se distingue du traitement par une perspective plus large et relève de la prévention tertiaire. Celle-ci est destinée à prévenir la réapparition ou l’aggravation du trouble, et ce, dans le but de limiter son impact sur les onctions, la longévité et la qualité de vie des personnes (Anthony & Farkas, 2009). La réadaptation psychosociale a donc pour objecti d’aider la personne à développer ses habiletés et à accéder aux ressources nécessaires pour y parvenir afn d’avoir une vie réussie et satisaisante dans le milieu de vie, de travail, d’apprentissage et social de son choix. Ce type de réadaptation avorise le rétablissement, la pleine intégration à la communauté et l’amélioration de la qualité de vie, comme il a été expliqué dans la deuxième section de ce chapitre.
Suivi intensif dans la communauté Il existe plus de 40 équipes de suivi intensi au Québec (Institut universitaire en santé mentale Douglas, 2012). Ce type de suivi en équipe interdisciplinaire est approprié en cas de trouble mental grave qui entrave sérieusement le onctionnement de la personne sur une longue période. L’intensité de service signife ici des visites au client plusieurs ois par semaine et même plusieurs ois par jour (pas nécessairement par le même intervenant chaque ois). Le modèle le plus connu et le plus
étudié est le modèle PACT, pour Program of Assertive Community Treatment, aussi appelé au Québec Suivi intensif dans le milieu. L’équipe de suivi intensi ore des traitements psychiatriques et des services de réadaptation, de soutien et d’accompagnement à un petit groupe de clients (moins de 20 clients par intervenant), et ce, directement dans leur milieu de vie. Ce suivi est d’une durée indéterminée, et il peut continuer pendant plusieurs années. Les infrmières ont plusieurs tâches : évaluer l’état de santé mentale et physique des clients ; participer au diagnostic, à l’élaboration du plan d’intervention individualisé interdisciplinaire ; déterminer et assurer la réalisation du plan de soins et de traitements infrmiers (PSTI) ; et collaborer au suivi de la clientèle atteinte de troubles mentaux graves (Centre national d’excellence en santé mentale, 2012).
2
27 Les types de crise sont décrits dans le chapitre 27, Situation de crise.
Les programmes de suivi intensi ont démontré leur efcacité de açon signifcative pour la clientèle atteinte de troubles mentaux graves à plusieurs égards : comparativement aux personnes ayant un suivi non intensi, ces clients ont plus tendance à poursuivre le suivi, ont un onctionnement général amélioré, occupent plus souvent un emploi, ne deviennent pas des personnes sans abri et connaissent des hospitalisations plus courtes. Ce type de suivi diminuerait également le risque de décès et de suicide (Dieterich, Irving, Park et al., 2010).
Soutien d’intensité variable Le soutien d’intensité variable évolue de quelques rencontres par semaine à quelques rencontres par mois, selon les besoins du client. L’infrmière ait partie d’une équipe interdisciplinaire, mais elle intervient individuellement auprès du client. Ce type de suivi, de première ligne, vise essentiellement à accroître l’autonomie du client en l’aidant à acquérir des aptitudes individuelles et à y recourir. De plus, l’infrmière s’assure que l’état de la personne reste stable et peut intervenir rapidement au besoin (Agence de la santé et des services sociaux de Montréal, 2009).
Consultations externes et centres hospitaliers de jour Les centres hospitaliers proposent des services à une clientèle non hospitalisée. En consultation externe, ils orent des services ambulatoires d’évaluation, de consultation et de traitement. Les équipes sont composées de psychiatres, d’infrmières, de travailleurs sociaux ou de psychologues. Il peut s’agir, par exemple, d’une consultation externe de suivi de la clozapine (Clozarilmd), destinée aux clients bénéfciant de ce traitement qui nécessite une surveillance particulière. L’accès à ces services exige une recommandation médicale, car il s’agit de services de deuxième ligne (MSSS, 2005). Chapitre 2 Santé mentale et services dans la communauté
43
Le centre hospitalier de jour, pour sa part, est une solution de rechange intéressante à l’hospitalisation et peut être vu comme un laboratoire sécuritaire où le client peut apprendre et expérimenter des attitudes et des habiletés nécessaires à son intégration sociale (Larivière, Desrosiers, Tousignant et al., 2012). Ce dernier est suivi par une équipe interdisciplinaire et participe à un certain nombre de rencontres de groupes et individuelles sur une période d’environ huit semaines. L’objecti est de réduire les symptômes que présente le client, et d’élever son onctionnement à un niveau qui lui permet de demeurer à l’extérieur du centre hospitalier et de aire partie de la communauté. L’infrmière ait le suivi des symptômes et de la condition mentale du client, anime les séances de groupe, intervient en psychoéducation, planife et réalise les activités, et collabore avec le psychiatre pour suivre les eets thérapeutiques ou secondaires des médicaments.
Centres de réadaptation en dépendance et santé mentale Les centres de réadaptation orent des services d’évaluation et de traitement de première et de deuxième lignes. Ils sont destinés à des personnes ayant un trouble mental, de dépendance (toxicomanie) ou les deux, selon les centres. Ils sont coordonnés par des équipes interdisciplinaires, et la clientèle peut y être hébergée ou suivie en consultation externe. L’intervention se ait individuellement ou en groupe. Globalement, la mission de réadaptation de ces centres est de avoriser l’intégration sociale de personnes (jeunes ou adultes) qui, en raison de leur problématique de santé mentale ou de dépendance, éprouvent des difcultés à ce sujet.
2.3.4
Services non institutionnels
L’infrmière dans la communauté est régulièrement appelée à travailler en partenariat avec des organismes non institutionnels.
ENCADRÉ 2.5
Types d’organismes communautaires en santé mentale
Organismes communautaires Le réseau des organismes communautaires en santé mentale (OCSM) est extrêmement développé au Québec, qui en compte plus de 400. Les organismes communautaires orent une variété de services, principalement aux personnes ayant des troubles mentaux graves : près du quart de ces organismes constituent un milieu de vie grâce aux services oerts directement dans leurs locaux, et environ 15 % d’entre eux proposent des services d’hébergement, de crise et d’écoute, ou d’aide aux amilles et aux proches (Grenier & Fleury, 2009) ENCADRÉ 2.5. La plupart des OCSM reçoivent un soutien fnancier du MSSS. Ils ont un impact positi, car ils sont acilement accessibles, avorisent une utilisation judicieuse du réseau institutionnel par leurs clients, et ceux-ci connaîtraient moins d’hospitalisations et des hospitalisations plus brèves que les clients qui ne les utilisent pas (Grenier & Fleury, 2009). Bien que la pertinence et l’efcacité des services oerts par ces organismes soient de plus en plus reconnues, la collaboration entre les intervenants du réseau communautaire et du réseau public (p. ex., les CSSS, les centres hospitaliers) demande à être resserrée (Grenier & Fleury, 2009). Il est à noter que les services des OCSM ne sont pas nécessairement oerts par des proessionnels en santé mentale, ce qui nécessite une vigilance de l’infrmière qui y dirige des clients.
Ressources alternatives en santé mentale Plusieurs OCSM ont partie du Regroupement des ressources alternatives en santé mentale du Québec (RRASMQ). Ces organismes se distinguent des autres OCSM par : • « une façon “autre” d’accueillir la souffrance psychique et la détresse émotionnelle ; une reconnaissance de la parole des personnes usagères, de leur expérience et de leur vécu ; • une place prépondérante occupée par les personnes usagères dans la société (être vues et entendues) ; • une vision de la communauté en tant qu’actrice de son développement ;
Les OCSM sont répartis en neuf catégories selon leurs objectifs particuliers et en fonction de la population desservie:
• les groupes qui offrent un milieu de vie dont les activités se déroulent dans leurs locaux à certaines heures prédéterminées ;
• un point de vue critique [au] regard de l’ap proche biomédicale de la santé mentale. » (RRASMQ, 2009, p. 3)
• les organismes de promotion de la santé mentale, qui offrent des services à la population générale;
• les groupes d’entraide, dont les services sont offerts principalement par des pairs ;
Selon Corin, Poirel et Rodriguez (2011), sur la centaine de membres du RRASMQ, une douzaine sont des organismes se défnissant comme des milieux de traitement. Ils se présentent sous orme de centres de jour ou d’hébergement, et orent une variété de services tels que la thérapie individuelle ou de groupe, les programmes de réinsertion au travail, l’apprentissage de l’autogestion de la médication, ainsi que des activités diverses (p. ex., la relaxation, la cuisine de groupe, des ateliers de connaissance de soi, l’art-thérapie).
• les centres de crise et d’écoute, qui sont destinés aux personnes atteintes de troubles mentaux en général ; • les groupes d’aide aux familles et aux proches ; Source : Adapté de Grenier & Fleury (2009)
44
Partie 1
• les ressources d’hébergement, qui offrent des services en tout temps, jour et nuit, à leurs résidents ; • les organismes de suivi dans la communauté; • les organismes d’intégration au travail ; • les groupes de défense des droits.
Fondements de la pratique infrmière en santé mentale et en soins psychiatriques
Autres services Il importe de mentionner que les clients qui ont un trouble mental ne devraient pas être exclusivement adressés à des services et à des organismes en santé mentale. Autrement, cela pourrait renorcer leur stigmatisation. Ces personnes aspirent, comme les autres, à une vie gratifante et peuvent donc bénéfcier d’autres services, selon leurs besoins. Par exemple, il peut s’agir de services aux immigrants, d’une soupe populaire, de services à la amille ou aux aînés. Il peut être nécessaire que l’infrmière soutienne le client dans la déense de ses droits afn qu’il ait aussi accès à des services qui ne sont pas étiquetés « santé mentale ». Il s’agit de normaliser l’ore des services, de açon à ce qu’elle corresponde aux intérêts et aux objectis du client, en lui acilitant l’accès aux mêmes services qu’a l’ensemble de la population (Provencher, 2008).
2.4
Clientèles particulières
La pratique infrmière dans la communauté concerne aussi les soins à des clientèles particulières qui ont besoin de soins adaptés. Les personnes sans abri sont une clientèle extrêmement vulnérable et qui peut être difcile à rejoindre. Les personnes en prison atteintes de troubles mentaux, bien que se trouvant dans un milieu sécuritaire et ermé, constituent aussi une clientèle ragile qui demande une attention particulière.
2.4.1
Personnes sans abri
L’itinérance est un problème majeur, dont les causes sont complexes, et qui touche l’ensemble du Québec. Dans une étude approondie et reconnue des personnes sans abri de la ville de Philadelphie, Culhane (1990) a démontré que l’itinérance était produite par une combinaison dynamique de conditions de vie, de caractéristiques sociales et
TABLEAU 2.2
individuelles, ainsi que de choix personnels. En eet, chacun des acteurs comme la pauvreté, le manque de logement social ou encore les problèmes de dépendance à l’alcool ne peut expliquer isolément l’itinérance. Au Québec et au Canada, des acteurs structurels, individuels et institutionnels associés à quatre types de problèmes ont été reconnus comme contribuant à l’itinérance TABLEAU 2.2 (Echenberg & Jensen, 2012 ; MSSS, 2008b).
2
Les acteurs structurels tels que la hausse des prix des logements et, plus généralement, du coût de la vie occasionnent un appauvrissement graduel des personnes qui ont les plus bas revenus, ce qui peut mener à l’itinérance. Des difcultés personnelles, comme la violence amiliale, contribuent également à l’itinérance de plusieurs açons. Des emmes quittant un conjoint violent peuvent se retrouver sans ressources. D’autres personnes sans abri ont parois vécu une violence amiliale dans l’enance (Echenberg & Jensen, 2012). De plus, les placements répétés en centres d’accueil ont aussi partie du passé de nombreuses jeunes personnes sans abri (Robert, Pauzé & Fournier, 2005). Enfn, des personnes sont aujourd’hui sans abri en raison de la désinstitutionnalisation et de la noninstitutionnalisation, principalement à cause des ermetures de lits dans les institutions psychiatriques et à la suite de l’adoption de la Loi sur la protection des personnes dont l’état mental présente un danger pour elles-mêmes ou pour autrui (L.R.Q., c. P-38.001) 6 . Plusieurs personnes atteintes de trouble mental, mais ne présentant pas un danger grave et immédiat, se retrouvent à la rue, incapables de prendre soin d’elles-mêmes et reusant les soins (Dubreucq, 2008).
6 Les droits des clients ayant un trouble mental sont pré sentés dans le chapitre 6, Aspects éthiques et légaux de la pratique infrmière en santé mentale et en soins psychiatriques.
Plus précisément, de 30 à 50 % des personnes sans abri auraient, ou auraient eu, un trouble mental (MSSS, 2008b). Comme Dubreucq (2008) l’a mentionné, le ait d’être atteint d’un trouble mental prédispose à l’itinérance. La schizophrénie, qui
Facteurs explicatifs de l’itinérance et problèmes associés
FACTEURS STRUCTURELS
FACTEURS INDIVIDUELS
FACTEURS INSTITUTIONNELS
PROBLÈMES ASSOCIÉS
• Appauvrissement
• Problèmes relationnels
• Désinstitutionalisation
• Manque de logements à coût accessible
• Confits amiliaux ou divorce
• Non-institutionnalisation
• Problèmes de santé physique liés au mode de vie itinérant
• Violence
• Judiciarisation
• Problèmes de santé mentale
• Faible revenu
• Sévices sexuels
• Criminalisation
• Manque de nancement des services de soutien communautaires
• Placements répétés en centre d’accueil
• Éclatement ou reconguration de la amille
• Dépendance à l’alcool et aux drogues
• Promoteurs de logements sociaux victimes du « pas-dans-ma-cour »
• Problèmes découlant de la judiciarisation
Source : Adapté de Echenberg & Jensen (2012) Chapitre 2 Santé mentale et services dans la communauté
45
contribue à la désorganisation de la personne, est surreprésentée dans cette population, de même que le trouble de la personnalité antisociale ainsi que le syndrome de stress post-traumatique. Les problèmes liés à l’alcool ou aux drogues peuvent concerner plus de 50 % des personnes sans abri. La comorbidité de problèmes de santé mentale et de toxicomanie, également réquente chez ces personnes, est susceptible de prolonger les épisodes d’itinérance (ICIS, 2007). Les personnes sans abri et atteintes d’un trouble mental grave ont tendance à ne pas suivre le traitement qui leur est prescrit, en raison du manque de soutien, de stabilité et de moyens fnanciers, de même que par manque de confance envers les autres. Il aut préciser que cette clientèle a un passé d’exclusion sociale important, notamment de la part des services de santé. En particulier, les personnes sans abri sont souvent réticentes à consulter pour demander de l’aide. En plus d’être aux prises avec un trouble mental non maîtrisé, les membres de cette population éprouvent de la diiculté à maintenir une hygiène adéquate et connaissent une multitude de problèmes de santé physique. Ben Wilson, d’origine jamaïcaine, est âgé de 58 ans. Les conditions de vie dans la Veu depuis cinq ans, il a deux fls avec lesquels il n’a rue prédisposent ces perplus de contact depuis plusieurs années. Il a perdu tous sonnes à des carences nutrises biens dans de mauvaises transactions. Selon tives, à l’hypothermie ou aux monsieur Wilson, ses fls seraient les principaux responcoups de chaleur, aux parasables de ces mauvaises transactions puisqu’ils ont tousites et dermatoses, et aux jours cherché à lui soutirer le plus d’argent possible. Il inections diverses. De plus, les est devenu dépressi, mais n’a jamais consulté. Depuis, personnes sans abri ont tenil est une personne sans abri et mendie pour survivre. dance à demander de l’aide Il y a un an, il a subi un accident vasculaire cérébral uniquement lorsque leurs proqui l’a laissé hémiplégique du côté gauche. blèmes se sont particulièrement Quels sont les deux acteurs et les deux problèmes aggravés (Thibaudeau, 2000 ; associés à l’itinérance de monsieur Wilson ? Thibaudeau & Denoncourt, 1999).
Jugement clinique
Par ailleurs, les personnes sans abri sont davantage victimes de judiciarisation, en particulier en milieu urbain. De moins en moins tolérées, elles reçoivent des contraventions pour des inractions mineures telles que l’ébriété publique, l’entrave à la circulation, se trouver dans un parc en dehors des heures d’ouverture ou s’allonger sur un banc dans le métro. Cependant, les personnes sans abri ne peuvent généralement pas payer ces contraventions et sont alors incarcérées. Cette judiciarisation est coûteuse pour les municipalités, et elle engendre aussi un coût social. En eet, la personne qui est incarcérée peut perdre un ami ou un conjoint, son logement ou son emploi. Par ailleurs, l’incarcération est une situation stressante, et elle nuit à la réputation de la personne. Cette problématique contribue à la désorganiser et à l’enliser dans l’itinérance (Bellot, Raestin, Royer at al., 2005).
46
Partie 1
La condition des emmes sans abri est préoccupante. Bien qu’elles représentent environ 20 % des personnes dans cette situation, elles sont beaucoup moins visibles. En eet, elles prennent plus soin de leur personne que les hommes, malgré leur grande précarité, et utilisent de nombreux stratagèmes pour éviter de dormir dans l’espace public (dont la prostitution), conservant leur logement le plus longtemps possible (sans nourriture et très endettées). Ce sont les emmes les plus vulnérables et les plus désorganisées qui se retrouvent dans la rue FIGURE 2.3 (Réseau d’aide aux personnes seules et itinérantes de Montréal, 2007). D’ailleurs, les emmes sans abri sont davantage aux prises avec des problèmes de santé mentale. Dans les maisons d’hébergement pour emmes sans abri de Montréal, de 42 à 100 % d’entre elles déclaraient avoir reçu au moins un diagnostic de trouble mental (Conseil du statut de la emme, 2012). Ainsi, les personnes sans abri et atteintes de troubles mentaux constituent une clientèle extrêmement vulnérable et dont le suivi s’avère très complexe. Le reus de soins, réquent, est souvent combiné aux problématiques d’exclusion des services. Les infrmières peuvent ressentir de l’impuissance devant cette clientèle. Une intervention efcace passe nécessairement par un travail interdisciplinaire eectué en partenariat avec l’ensemble des ressources concernées : établissement de santé, service de police et services juridiques, milieu municipal, centres locaux d’emploi, organismes communautaires, propriétaires d’immeubles locatis privés, etc. (Hurtubise & Babin, 2011).
FIGURE 2.3 Les femmes sans abri sont particulièrement vulnérables.
Fondements de la pratique infrmière en santé mentale et en soins psychiatriques
2.4.2
Personnes en prison
L’incarcération des personnes atteintes d’un trouble mental constitue un enjeu important à l’échelle nationale. Les personnes sont incarcérées soit en centre de détention, de compétence provinciale, soit en pénitencier, de compétence édérale. La population carcérale des centres de détention est composée de prévenus (personnes incarcérées en attente de leur sentence) et de détenus (personnes condamnées à une peine de deux ans moins un jour). Les sentences de deux ans et plus relèvent pour leur part des pénitenciers. Dans une enquête sur la population carcérale québécoise menée en 2006-2007, 61 % des personnes incarcérées avaient à leur dossier, au cours des 5 années précédentes, au moins un diagnostic de problème de santé mentale ou de consommation problématique d’alcool ou de drogues (Protecteur du citoyen, 2011). De ces personnes, 17,4 % avaient reçu un diagnostic de catégorie « troubles graves et persistants », qui incluent entre autres la schizophrénie. À titre de comparaison, ces troubles touchent de 1 à 3 % de la population (Protecteur du citoyen, 2011). Cependant, les statistiques portant sur les personnes en prison sont proches de celles des personnes sans abri. Dans les pénitenciers édéraux, en 2010, la proportion de personnes ayant reçu un diagnostic de trouble mental était de 13 % à l’admission. Ce taux était de 29 % chez les emmes et de 9 % chez les Autochtones en 2009 (Services correctionnels du Canada, 2010).
médicaments psychotropes. En outre, le taux de suicide chez les détenus ayant un trouble mental est plus élevé que chez tout autre groupe de détenus (Lalande & Giguère, 2009).
2
Il n’y a rien de plus difcile pour une amille que de aire appel à la police pour aire arrêter un proche. Les amilles préèrent généralement la garde en établissement et le traitement plutôt que l’incarcération (Fradet, 2009). Malheureusement, nom breuses sont les personnes atteintes d’un trouble mental grave qui doivent purger une longue peine et qui ne bénéfcient que de peu de traitements psychiatriques. En prison, le traitement des détenus ayant un trouble mental est axé sur le soulagement des symptômes plutôt que sur le traitement de la maladie en soi. D’ailleurs, les détenus atteints d’un trouble mental grave risquent ort de demeurer en prison plus longtemps que les autres détenus qui ont commis un délit semblable. Une ois qu’ils sont fnalement libérés, ils retrouvent une vie sans structure, sans suivi adéquatement planifé et sans soutien social (Protecteur du citoyen, 2011).
Les tribunaux en santé mentale constituent une option prometteuse à la judiciarisation. Ils constituent des programmes multijuridictionnels communautaires qui orent une surveillance et des services judiciaires aux personnes atteintes d’un trouble mental avec la coopération de diverses organisations provinciales, nationales ou locales. Le Programme d’accompagnement justice-santé Les détenus chez qui un diagnostic de schizo- mentale à Montréal (PAJ-SM) a été le premier du phrénie, de trouble dépressi majeur, de trouble genre au Québec (Jaimes, Crocker, Bédard et al., bipolaire ou de trouble non psychotique a été posé 2009). L’objecti est de avoriser le traitement de présenteraient en outre un risque accru de rechute ces personnes, d’améliorer leur qualité de vie, (Baillargeon, Binswanger, Penn et al., 2009). de réduire les risques de récidive ainsi que d’acCertaines personnes sont arrêtées pour des délits croître la sécurité au sein de la communauté, de mineurs, puis incarcérées au centre de détention. même que sa conscience sociale (Breen & Breen, Celles qui ont un trouble mental sont parois arrêtées 2008). Ces programmes orent des services parce qu’aucun établissement de soins ne peut les exhaustis, mais ne peuvent à eux seuls régler recevoir. Il n’est pas rare qu’elles soient arrêtées pour toute la problématique de la judiciarisation des des délits mineurs, notamment pour vagabondage, personnes atteintes de trouble mental. Par conséintrusion, inconduite, ou pour des « délits de pau- quent, les experts en ce domaine recommandent vreté », comme partir du restaurant sans payer après de se pencher sur le traitement judiciaire des peravoir mangé. Les prisons ne sont pas préparées de sonnes ayant un trouble mental, ainsi que sur la prévention de leur crimiaçon adéquate pour nalisation et sur l’accessiaccueillir les personnes Il n’y a rien de plus difcile pour une bilité aux services de atteintes d’un trouble menamille que de aire appel à la police deuxième et troisième tal et qui sont libres de pour aire arrêter un proche. ligne (Jaimes et al., 2009). reuser de prendre leurs
Chapitre 2 Santé mentale et services dans la communauté
47
Analyse d’une situation de santé
Jugement clinique
Rose Parent est veuve depuis un an. Elle est âgée de 62 ans et elle n’a jamais eu d’enants. Elle habite un petit village de la Gaspésie. C’est dans ce même village qu’elle a vécu 30 belles années avec son mari. Elle a un rère qui habite à Montréal et deux sœurs qui vivent à Québec. Ils se voient une ois par année à l’occasion de Noël. Depuis la mort de son mari, elle a été hospitalisée à deux reprises pour des épisodes dépressis. Elle prend de la sertraline (Zolotmd)
50 mg le soir depuis deux mois, mais elle l’oublie parois, s’endormant devant la télévision. Elle a même quitté l’emploi qu’elle occupait comme vendeuse dans une boutique d’artisanat. Madame Parent vit maintenant de l’aide sociale et habite un petit logement. Bien qu’il n’ait que deux pièces, elle n’arrive pas à le maintenir propre. Elle s’alimente mal et cuisine peu. Elle aurait perdu près de 7 kg depuis le décès de son mari. Elle est suivie par une équipe interdisciplinaire en santé mentale. {
MISE EN ŒUVRE DE LA DÉMARCHE DE SOINS
Collecte des données – Évaluation initiale – Analyse et interprétation 1. D’après les données de la mise en contexte, nommez quatre éléments qui nécessitent une évaluation approondie de la situation de madame Parent et justifez la pertinence d’évaluer ces éléments.
SOLUTIONNAIRE
http://fortinash.cheneliere.ca
2. Faudraitil également évaluer la condition de santé mentale et l’autonomie de madame Parent à eectuer ses AVQ ? Justifez votre réponse. 3. En analysant les quelques données connues, quel serait le besoin prioritaire de madame Parent ?
Planifcation des interventions – Décisions infrmières 4. Que pourrait aire la cliente pour ne pas oublier de prendre son médicament ? 5. Outre l’adhésion au traitement pharmacologique, ormulez deux objectis réalistes qui mériteraient d’apparaître dans le plan de soins interdisciplinaire de madame Parent.
{ Devant
la réponse de madame Parent au regard de la sertraline 50 mg, le médecin a augmenté la dose, et elle en reçoit maintenant 100 mg die, qu’elle prend le matin puisque cette dose peut causer de l’insomnie. Au cours d’une visite ultérieure, l’infrmière constate que l’appartement de madame Parent est plus propre : la vaisselle est lavée et rangée, rien ne traîne sur le plancher,
le lit est ait, la poubelle est vidée. Madame Parent dit qu’elle a oublié de prendre sa médication une seule ois. Elle prend un petit déjeuner, une collation vers 14 h et mange peu au souper. De plus, elle a entrepris des démarches pour reprendre son travail à la boutique d’artisanat. L’infrmière avise l’équipe de ces nouvelles données. ”
MISE EN ŒUVRE DE LA DÉMARCHE DE SOINS
Évaluation des résultats – Évaluation en cours d’évolution 6. En tenant compte de l’alimentation actuelle de madame Parent, qu’estce qui devrait être évalué pour s’assurer que la cliente satisait ses besoins nutritionnels ? 7. Quels critères indiquent que la condition de santé mentale de madame Parent est plus stable ?
48
Partie 1
Fondements de la pratique infrmière en santé mentale et en soins psychiatriques
APPLICATION DE LA PENSÉE CRITIQUE Dans l’application de la démarche de soins auprès de madame Parent, l’inirmière a recours à un ensemble d’éléments (connaissances, expériences antérieures, normes institutionnelles ou protocoles, attitudes proes sionnelles) pour analyser la situation de santé de la cliente
et en comprendre les enjeux. La FIGURE 2.4 illustre le processus de pensée critique suivi par l’infrmière afn de ormuler son jugement clinique. Elle résume les principaux éléments sur lesquels l’infrmière s’appuie en onction des données de cette cliente, mais elle n’est pas exhaustive.
2
VERS UN JUGEMENT CLINIQUE NORME
EXPÉRIENCES
CONNAISSANCES • Organisation du réseau de la santé • Services communautaires oerts en santé mentale • Fonctionnement d’une équipe interdisciplinaire • Rôles des divers intervenants • Difcultés qu’éprouvent les personnes ayant un problème de santé mentale lorsqu’elles vivent en société • Eets de la stigmatisation des personnes atteintes de trouble mental
• Expérience de travail en santé mentale et en santé communautaire • Expérience dans une équipe interdisciplinaire
• Champ d’exercice de chacun des proessionnels impliqués dans une équipe interdisciplinaire
ATTITUDES • Éviter de juger madame Parent à cause de la malpropreté de son logement • Ne pas sous-estimer les capacités de prise en charge de la cliente • Ne pas culpabiliser la cliente parce qu’elle oublie parois de prendre sa médication
PENSÉE CRITIQUE
ÉVALUATION • • • • • • •
Adhésion au traitement pharmacologique Alimentation et poids de la cliente Capacité à eectuer les AVD Capacité à eectuer les AVQ Réseau social et de soutien Condition de santé mentale actuelle Capacité à subvenir à ses besoins de base
JUGEMENT CLINIQUE FIGURE 2.4
Chapitre 2 Santé mentale et services dans la communauté
49
À retenir VERSION REPRODUCTIBLE
http://ortinash.cheneliere.ca
• Au Québec, le nombre de services en santé mentale communautaire a augmenté considérablement depuis les années 1960.
• Les soins communautaires en santé mentale et en psychiatrie sont essentiels au traitement des personnes atteintes d’un trouble mental grave. • L’infrmière en psychiatrie communautaire occupe une position privilégiée pour eectuer un travail de
promotion de la santé mentale et de prévention des troubles mentaux. • Les centres hospitaliers de jour en psychiatrie aident le client à s’intégrer à la société. • De 30 à 50 % des personnes sans abri ont, ou ont eu, un trouble mental.
• Pas moins de 17 % des personnes en prison sont atteintes d’un trouble mental grave. • La grande majorité des personnes atteinte de trouble mental qui sont incarcérées le sont pour des délits mineurs.
Ressources VERSION COMPLÈTE ET DÉTAILLÉE
http://ortinash.cheneliere.ca
Réseau d’aide aux personnes seules et itinérantes de Montréal (RAPSIM) www.rapsim.org ORGANISMES GOUVERNEMENTAUX
Références Internet ORGANISMES ET ASSOCIATIONS AGIR ! Alliance des groupes d’intervention pour le rétablissement en santé mentale www.agirensantementale.ca Fédération des amilles et amis de la personne atteinte de maladie mentale (FFAPAMM ) www.apamm.com Infrmières et infrmiers en santé communautaire du Canada (IISCC) www.iiscc.ca > Publications et ressources > Modèle et Normes de pratique des soins infrmiers en santé communautaire au Canada – Révisé en mars 2011 Institut canadien d’inormation sur la santé (ICIS) www.cihi.ca > Types de soins > Soins communautaires
50
Partie 1
Agence de la santé publique du Canada (ASPC) www.phacaspc.gc.ca > Maladies chroniques > Maladie mentale > Maladies chroniques > Maladie mentale > Faits et chires sur les maladies mentales > Maladies chroniques > Maladie mentale > Aspect humain de la santé mentale et de la maladie mentale au Canada 2006 > Promotion de la santé > Santé mentale > Promotion de la santé mentale Ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec www.msss.gouv.qc.ca > Ressources > Atlas de la santé > Services et ressources > Organismes communautaires Portail Santé Montréal www.santemontreal.qc.ca > Aide et services > Services par thème > Santé mentale Santé Canada www.hcsc.gc.ca > Système de soins de santé > Soins à domicile et soins continus
Fondements de la pratique infrmière en santé mentale et en soins psychiatriques
RÉFÉRENCES GÉNÉRALES CSSS de la Vieille-Capitale www.csssvc.qc.ca > Services > Services psychosociaux et santé mentale > Ressources d’hébergement non institutionnelles en santé mentale Hôpital Louis-H. Laontaine - Institut universitaire en santé mentale www.hlhl.qc.ca > Intégration sociale > Ressources résidentielles > Hébergement transitoire Institut universitaire en santé mentale de Québec www.institutsmq.qc.ca > Publications > Guide d’inormation et de soutien destiné aux membres de l’entourage d’une personne atteinte de maladie mentale Institut universitaire en santé mentale / Douglas www.douglas.qc.ca > Soins > Réadaptation et hébergement Projet Suivi communautaire www.projetsuivicommunautaire.com
Monographies Carroll, G. (2006). Pratiques en santé commu nautaire. Montréal : Chenelière Éducation.
Felx, A., Piat., M., Lesage, A., et al. (2012). De l’institution à l’appartement. L’éventail du logement pour les personnes avec trouble mental. Dans T. Lecomte & C. Leclerc (dir.). Manuel de réadaptation psychiatrique (2e éd.). Montréal : Les Presses de l’Université du Québec. Fréchette, L. (2001). La prévention et la promo tion en santé mentale : des incontournables en psychologie communautaire. Dans F. Duort (dir.) avec la coll. de J. Guay. Agir au cœur des communautés. Québec, Qc : Les Presses de l’Université Laval. Thibaudeau, M.F. (2000). L’accès aux services de santé et leur utilisation par les personnes itinérantes. Dans D. Laberge (dir.). L’errance urbaine. SainteFoy, Qc : Éditions Multimondes.
Articles, rapports et autres Grenier, G., & Fleury, M.J. (2009). Les orga nismes communautaires en santé mentale au Québec : rôle et dynamique partenariale. Santé mentale au Québec, 34(1), 101126. Institut national de santé publique du Québec (2006). Portrait de santé du Québec et de ses régions 2006 – Deuxième rapport national sur l’état de santé de la population du Québec. Les analyses. Québec, Qc : Gouvernement du Québec. www.inspq.qc.ca/pd/publications/ 546PortraitSante2006_Analyses.pd
Laperrière, H. (2006). Réfexion sur la pratique inrmière avancée en soins communautaires dans le contexte de vulnérabilité. L’infrmière clinicienne, 3(1). Ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) (2011). Orientations relatives à l’orga nisation des soins et des services oerts à la clientèle adulte par les équipes en santé men tale de première ligne en CSSS – La orce des liens. Québec, Qc : MSSS. http://publications.msss.gouv.qc.ca/acrobat// documentation/2011/1191401F.pd
Chapitre 2 Santé mentale et services dans la communauté
51
2
chapitre
Principes de la pratique infrmière en santé mentale
Écrit par : Karine Fortin, inf., M. Sc. D’après un texte de : Patricia A. Holoday Worret, MSN, APRN, PMHCNS
Guide d’études – RE08
OBJECTIFS
Après avoir étudié ce chapitre, vous devriez être en mesure : ■
d’énoncer les habiletés et les compé tences de l’infirmière en santé mentale ;
■
d’expliquer l’importance d’intégrer la famille dans toutes les étapes de la démarche de soins ;
52
Partie 1
■
de décrire les principaux enjeux de la pratique infirmière dans le domaine de la santé mentale et des façons de les maîtriser ;
■
de décrire les activités réservées de l’infirmière en santé mentale ;
Fondements de la pratique infrmière en santé mentale et en soins psychiatriques
■
de déterminer les particularités de la démarche de soins applicables au domaine de la santé mentale ;
■
d’expliquer des interventions infirmières autonomes dans les services en santé mentale.
Concepts clés
Cette carte conceptuelle illustre schématiquement les principaux concepts décrits dans le présent chapitre. Sa lecture vous permettra d’avoir une vue d’ensemble des notions qui y sont présentées.
3
impliquent
visent
sont
orientée vers
guidée par
infuencée par
dont
sont
Chapitre 3
Principes de la pratique infrmière en santé mentale
53
PORTRAIT Cindy Laporte Cindy Laporte, âgée de 20 ans, une jeune emme enceinte et émaciée, a été admise à l’unité des naissances depuis l’urgence. Les employés d’un restaurant l’ont trouvée étendue par terre dans les toilettes de l’établissement en train de crier. Ils ont appris qu’elle était sans abri et qu’elle vivait dans la rue. Les ambulanciers ont rapporté qu’elle était en travail acti et qu’elle n’arrêtait pas de crier. Elle semblait très erayée, luttait contre le personnel qui essayait de l’aider et injuriait tout le monde autour d’elle pendant chaque contraction. En plus de jurer, elle donnait des ordres aux démons et aux sorcières qui, disait-elle, entouraient son lit et armaient qu’ils allaient prendre son bébé et le donner au Diable. Les résultats d’examens paracliniques ont conrmé l’absence de drogue dans le corps de madame Laporte. Marlène, l’inrmière en poste à l’admission, s’est rendu compte que la cliente était psychotique et a tenté d’établir un lien de conance avec elle. Madame Laporte a bien réagi, ses crises ont diminué, et elle n’a pas tardé à mentionner qu’elle était moins erayée quand Marlène était dans la pièce et lui parlait. Madame Laporte a avoué qu’elle s’était enuie de la maison après être devenue enceinte et n’avait plus communiqué avec sa mère depuis. Celle-ci a par la suite mentionné au personnel que madame Laporte avait reçu un diagnostic de léger retard mental, mais qu’elle avait aussi eu des périodes de délire et d’hallucination depuis son enance. Elle avait pu vivre à la maison sous les soins de sa amille jusqu’à sa ugue.
3.1
L’annexe 3.1W, présentée au http://ortinash.cheneliere.ca, décrit les apports de l’école de l’interaction et de l’école des patterns ainsi que ceux des nombreuses infrmières pion nières en santé mentale.
Pensée infrmière en santé mentale
La pratique inrmière en santé mentale est une spécialité dynamique de la proession, aisant appel à la collaboration interdisciplinaire et exigeant de relever de nombreux dés. Bien que la pratique clinique dans le domaine de la santé mentale ait connu une évolution remarquable au cours du dernier siècle, la personne dans sa globalité (amille, groupe, communauté) demeure la principale préoccupation de cette discipline, peu importe le milieu d’intervention et les soins prodigués par l’inrmière. La pratique d’aujourd’hui est issue de modèles conceptuels et de théories orant une perspective unique au développement de connaissances orientant la proession inrmière (Pepin, Kérouac & Ducharme, 2010). L’école de l’interaction et l’école des patterns ont marqué l’évolution de la pratique inrmière en santé mentale, et leurs infuences demeurent encore très présentes. L’école des
54
Partie 1
patterns voit l’être humain comme un être unitaire pour qui l’inrmière doit tenter de déterminer les patterns uniques. Quant à l’école de l’interaction, le soin est un processus d’interaction entre la personne qui a besoin d’aide et la personne capable de lui ournir cette aide (Pepin, Kérouac & Ducharme, 2010). Qu’elles soient issues de l’une ou l’autre de ces écoles, plusieurs inrmières ches de le de la pratique ont contribué à l’instauration de soins humanitaires dans les divers milieux orant des services en santé mentale. La vision novatrice, la détermination et les actions de ces pionnières ont permis le progrès des soins dans ce domaine .
3.2
Habiletés et compétences de l’infrmière
La pratique inrmière en santé mentale ore une multitude de possibilités et présente de nombreux dés permettant à l’inrmière de s’actualiser sur le plan proessionnel. Les rôles et les interventions inrmières en santé mentale renvoient à certaines habiletés et compétences devant être acquises par l’inrmière dans le but d’obtenir une expertise clinique et de s’épanouir dans ce domaine. An de avoriser une meilleure compréhension des diverses habiletés et compétences de l’inrmière qui désire prodiguer des soins aux personnes présentant un problème de santé mentale ou vivant avec un trouble mental, celles-ci sont articulées à la lumière des principaux éléments recoupant les orientations du Plan d’action en santé mentale (PASM) 2005-2010 (Ministère de la Santé et des Services sociaux [MSSS], 2005) FIGURE 3.1.
3.2.1
Principes directeurs
Soutien à l’expérience du rétablissement Le PASM 2005-2010 invite au soutien de la personne dans son expérience de rétablissement. L’inrmière qui collabore avec le client ayant un trouble mental devrait posséder les habiletés nécessaires an d’orienter ses interventions à l’égard de la restauration de la santé (être le moins malade possible), d’une part, et de l’optimisation du bien-être subjecti de la personne (être le plus en santé mentale positive possible), d’autre part. En d’autres termes, guidée par les normes de la pratique ainsi que par les politiques et procédures de son milieu de travail, l’inrmière est invitée à soutenir le client dans la gestion de sa maladie et de ses conséquences de même que dans les transormations positives qui l’accompagnent (Provencher & Keyes, 2010, 2011). Étant donné que le rétablissement est une expérience singulière, chaque intervention nécessite d’être adaptée en onction de la personne, en prenant appui sur
Fondements de la pratique infrmière en santé mentale et en soins psychiatriques
Approche globale des soins Qu’elle travaille en santé mentale ou dans d’autres domaines, l’inrmière utilisera et mettra en corrélation des principes, des politiques et des traitements divers qui orientent son travail auprès de la personne et inclura cette dernière dans tout le processus de prise de décisions la concernant (MSSS, 2005). Bien que l’inrmière qui prodigue des soins de santé généraux ne soit pas nécessairement spécialisée en santé mentale, elle ore tout de même des soins de santé physique et mentale basés sur une approche globale de la personne. L’action réciproque de la santé physique et mentale est clairement reconnue, et ces deux composantes ne doivent pas être traitées comme des entités distinctes, mais comme aisant partie d’un tout. La santé physique et la santé mentale sont indissociables en vue du rétablissement et du mieux-être de la personne qui vit avec un problème de santé mentale ou un trouble mental (Shriqui, 2011 ; Weiss, Haber, Horowitz et al., 2009). L’approche globale des soins renvoie à une vision holistique de l’être humain qui conçoit la personne comme étant plus que la somme de ses parties et représentant un être biologique, psychologique, social et spirituel proondément enraciné dans sa culture et son environnement et infuencé par ceuxci (Brimblecombe, Tingle, Tunmore et al., 2007).
en
t
tion ven n tio isa
gm at
m
pré
Services aux personnes à potentiel suicidaire élevé
force
des
lien s
ent re
les
ac
Services à la population en général
co ntr e
la
sti
ss e
r
Ré tab li
np
o oti om
n te ne
L ut te
ent ion e
Interv
La satisaction du travail chez l’inrmière est l’une des importantes retombées liées à l’accompagnement du client orienté vers l’optimisation de sa santé et de son bien-être. Comme dans tous les autres domaines de la pratique inrmière, l’exercice inrmier en santé mentale comporte de nombreux dés et représente une source d’épanouissement personnel.
Partenariat, la
s ur te
les orces de cette dernière tout en considérant et en respectant son vécu (Provencher, 2008a). En posant sur la personne aidée un regard égalitaire et compatissant et en la considérant avec respect, l’inrmière lui permet d’arriver à se diérencier du trouble mental et à expérimenter le rétablissement comme un nouveau sens de soi, au sein et au-delà des limites de sa maladie (Deegan, 2008 ; Provencher, 2007 ; Rapp, 2004).
Services aux personnes ayant plusieurs problèmes
Utilisateurs de services et leurs proches Services hiérarchisés Enfants-Jeunes Services hiérarchisés Adultes
Information Formation
Activités de soutien
Évaluation Recherche
Suivi
FIGURE 3.1 Cinq grands axes du Plan d’action en santé mentale 2005-2010 pour la pratique infrmière
importe de centrer les interventions dans le cadre de la démarche de soins personnalisés qui tient compte des besoins physiques du client, ceux-ci pouvant souvent être relégués au second plan puisque l’accent est alors mis davantage sur ses besoins psychologiques.
Jugement clinique Caroline Bergevin, âgée de 32 ans, vient d’accoucher de son premier enfant. Son bonheur est assombri par le fait que son bébé a six orteils au pied gauche. Que diriezvous à la cliente pour lui démontrer de l’empathie ?
Reconnaissance du potentiel et du rôle de la personne et de ses proches
La reconnaissance du potentiel et du rôle des personnes utilisatrices de services, des amilles et des proches doit aire partie des priorités de l’inrmière qui travaille dans le domaine de la santé mentale FIGURE 3.2. Ainsi, par ses interventions auprès du client, l’inrmière a pour objecti de De nombreuses personnes ayant des troubles l’encourager à aire ses propres choix, à prendre mentaux sont hospitalisées ou utilisent des ser- ses propres décisions, tout en les respectant vices ambulatoires en raison de troubles physi- (d’Auteuil & Bizier, 2011), et à mettre au point ses ques liés à divers domaines précis de la pratique propres stratégies (Deegan, 2007). Comme le pouinrmière. voir d’agir représente une dimension centrale du processus de rétablissement (Deegan, 1996), L’inrmière évite d’« obla personne doit avoir en jectiver » la personne ayant tout temps la possibi un trouble mental et de la La santé physique et la santé mentale sont lité de participer activepercevoir plutôt comme indissociables en vue du rétablissement ment aux décisions la « un cas », les comporteet du mieux-être de la personne qui vit concernant, de donner son ments ou les idées bizarres avec un problème de santé mentale ou un point de vue et de prendre de celle-ci retenant princitrouble mental. part, avec ses proches, à la palement son attention. Il Chapitre 3
Principes de la pratique infrmière en santé mentale
55
3
L’Institut universitaire en santé mentale de Québec a produit un guide d’inormation et de soutien destiné aux proches d’une personne atteinte de maladie mentale : www.institutsmq.qc.ca/ actualitesnouveautes/detail/ article/leguidedinormation etdesoutiendestineaux membresdelentourage dunepersonneatteintede/ index.html.
L’écoute active de l’inrmière contribue à aider la personne an qu’elle prenne les mesures nécessaires pour diminuer son sentiment d’impuissance en jouant un rôle d’acteur. Par ailleurs, comme l’établissement de relations authentiques et réciproques avec d’autres permet non seulement de recevoir du soutien, mais donne aussi la possibilité d’en orir à son tour, le client doit être encouragé par l’inrmière à partager son expérience avec d’autres, en s’engageant au sein de groupes de pairs aidants, par exemple (Adame & Leitner, 2008 ; Anthony, 2008 ; Provencher, 2007). FIGURE 3.2
Le soutien fourni par les proches du client atteint de trouble mental est indispensable à son rétablissement.
Jugement clinique
planication et à l’organisation des services (Provencher, Dominique Laplante, âgé de 40 ans, est célibataire. Il 2008a) ; de ce ait, elle a n’arrive pas à maintenir une relation de couple en rai besoin de sentir que l’inrson d’une agressivité impulsive. Il présente un trouble mière lui donne l’occasion de personnalité limite. d’utiliser et de paraire ses Comment pourriezvous l’impliquer dans une approche compétences en vue de réapermettant de le protéger et de protéger son entourage liser ses propres objectis lorsqu’il manieste de l’agressivité ? ( Provencher, 2007). Par conséquent, le client devient l’agent de changement le plus important pour luimême (Mueser, Corrigan, Hilton et al., 2002). Soutenu par l’inrmière, il acquiert une motivation intérieure lui permettant d’exercer une maîtrise sur ses conditions de vie, il reconnaît ses capacités personnelles et arrive à relever des dés (Provencher, 2007). Lorsque l’inrmière permet à la personne de donner son point de vue quant à la planication des services qui la concernent et qu’elle l’incite à le aire, elle montre alors son souci de la considérer comme un acteur de plein droit dans son traitement (Corin, 2002).
Enseignement au client et à ses proches ENCADRÉ 3.1
Implication des proches dans les soins à la personne ayant un trouble mental
• Fournir des renseignements clairs et accessibles sur le trouble mental de la personne afn qu’elle et ses proches soient en mesure de comprendre et de reconnaître le trouble, ses symptômes et ses maniestations. • Donner de l’inormation claire et accessible sur les causes du trouble mental et sur les moyens de le traiter. • Déterminer et expliquer les raisons de demander de l’aide.
56
Partie 1
• Fournir des ressources communautaires et proposer des associations auxquelles la personne et ses proches peuvent s’adresser en cas de besoin. • Reconnaître et mettre en valeur les orces et les aptitudes de la personne et de ses proches. Plutôt que sur les défcits occasionnés par la maladie. • Encourager l’établissement de petits objectis concrets et atteignables à court terme.
Les relations avec la amille ont une grande importance pour les personnes qui vivent avec un trouble mental (Provencher, 2007). Les acteurs amiliaux infuent donc sur le processus de rétablissement positivement ou négativement, selon les cas (Liberman & Kopelowicz, 2005). Il est certain que la présence d’une amille attentive, disponible et respectueuse de l’évolution et des limites de la personne ayant un trouble mental acilite grandement son rétablissement (Corin, 2002). Comme le soutien de la amille et des proches est précieux, plus les membres de la amille comprennent le trouble, les symptômes, les comportements, la médication et les traitements de la personne aidée, et acceptent la situation, plus le milieu de vie de cette dernière sera sain. Il est donc très important pour l’inrmière qui œuvre en santé mentale de prendre la amille en considération dans les interventions qu’elle eectue avec la personne aidée ENCADRÉ 3.1.
Lutte contre la stigmatisation et les préjugés La personne qui reçoit un diagnostic de trouble mental entre très souvent dans un processus intérieur et extérieur de stigmatisation et d’autostigmatisation (Langlois, 2009 ; Semaine de sensibilisation aux maladies mentales, 2010). Le diagnostic désigne le mal dont soure un client, et non le client lui-même. La personne n’est pas la maladie, et tous doivent continuer de la traiter avec respect, indépendamment de son état ou de la situation. La mise à prot des connaissances de l’inrmière par l’enseignement qu’elle donne à la personne pour l’amener à diminuer ses propres préjugés et lui procurer le soutien qu’elle désire recevoir à l’égard de sa démarche de rétablissement est une source d’aide l’incitant à sortir de ce processus (Rice, 2007). Cela implique que le client doit, au départ, apprendre à se connaître en tant que personne, à connaître sa maladie et les outils qui peuvent l’aider dans son quotidien (Langlois, 2009). Une attitude de conance de la part de l’inrmière envers la personne l’aide aussi à vaincre son autostigmatisation et à se réapproprier le pouvoir d’agir (Cormier & Quintal, 2009).
Fondements de la pratique infrmière en santé mentale et en soins psychiatriques
L’ignorance et la crainte sont souvent à l’origine de la stigmatisation et de la perpétuation des préjugés. Ainsi, l’inrmière qui travaille en santé mentale est invitée à participer à la réalisation d’activités d’inormation et de sensibilisation ayant pour but la diminution de la stigmatisation et de la discrimination engendrées par la maladie mentale (MSSS, 2005). Plus le public est inormé sur les troubles mentaux, les possibilités de traitements et les lieux de services, plus les préjugés et les obstacles au traitement devraient diminuer, permettant ainsi aux clients d’avoir recours aux services dont ils ont besoin. L’inrmière peut lutter contre la stigmatisation et la discrimination notamment en pratiquant l’examen de ses propres préjugés, en prodiguant des soins de santé mentale avec le même sérieux que ceux oerts en santé physique et en soutenant des interventions visant la promotion de la déense des droits de la personne aidée. Bre, l’inrmière sera disponible pour la personne an de lui procurer tout le soutien dont elle a besoin pour aire ace aux préjugés et à la discrimination dont elle peut être victime (MSSS, 2005 ; Provencher, 2008a).
Intervention en prévention et en promotion de la santé mentale L’inrmière qui travaille en santé mentale devrait détenir des habiletés relatives à la promotion de la santé mentale et à la prévention du trouble mental 1 . En ayant une vision optimiste du trouble mental et du rétablissement, elle préconise l’optimisation de la santé mentale positive de chaque personne en misant sur ses orces, ses aptitudes et ses possibilités, avorisant ainsi son bien-être subjecti (Keyes, 2007). Dans le but de promouvoir la santé mentale de la personne, l’inrmière eectuera des interventions visant l’augmentation du bien-être de cette dernière, son équilibre aecti, le développement de ses capacités à gérer sa vie, la maximisation de son plein potentiel ainsi que sa participation et sa contribution à la société dans laquelle elle vit (Barry, 2009). L’Association canadienne pour la santé mentale (ACSM) a produit une liste de conseils pour avoriser une bonne santé mentale ENCADRÉ 3.2.
Collaboration interdisciplinaire La collaboration interdisciplinaire est ondamentale, et elle représente la clé du succès des soins oerts en santé mentale (PASM, 2005). L’inrmière qui pratique dans ce domaine maniestera une aptitude à travailler en étroite collaboration avec les acteurs qui agissent à divers niveaux de services. Elle sera capable de concertation et apte à partager ses connaissances pour concourir au rétablissement du client (MSSS, 2005). L’inrmière supervise et coordonne l’équipe de soins
ENCADRÉ 3.2
Conseils pour favoriser une santé mentale positive
• Rêvasser.
• S’amuser.
• « Collectionner » les moments positis.
• Déterminer des objectis personnels.
• Apprendre à conjuguer avec les pensées négatives.
• Écrire un journal.
• Considérer une chose à la ois.
• Faire du bénévolat.
• Faire de l’exercice.
• Prendre soin de soi.
3
• Faire preuve d’humour.
Source : Adapté de Association canadienne pour la santé mentale (ACSM) (2012)
inrmiers et peut participer à l’élaboration du plan d’intervention.
3.2.2
Considérations cliniques importantes
Apporter son aide et protéger la personne L’aide est un élément ondamental des soins inrmiers, et l’inrmière doit comprendre cette notion complexe avant de s’engager dans n’importe quel champ de pratique. Le client et l’inrmière en bénécieront tout autant.
1 Les activités de promotion et de prévention en santé men tale sont présentées dans le chapitre 1, Perspectives en santé mentale : notions ondamentales et défs.
Jugement clinique
Les inrmières mentionnent souvent le désir d’aider Maryse Voyer est une mère de amille monoparentale les autres comme un moti âgée de 43 ans. Elle a trois enants, tous de père important du choix et de la diérent, et elle est sur le point d’accoucher de son continuation de leur proesquatrième enant. Elle est atteinte de trouble bipolaire sion. Il est donc essentiel et néglige de prendre sa médication régulièrement. Au que l’inrmière travaillant moment du rapport de relève, l’infrmière transmet les en santé mentale soit bien renseignements suivants sur la cliente : Elle présente préparée aux interactions un trouble bipolaire, et même si elle ne prend pas sa thérapeutiques. Elle devrait médication régulièrement, son humeur est plutôt notamment être consciente stable d’après le rapport du psychiatre qui la suit. des raisons pour lesquelles Ces renseignements dénotentils un jugement négati elle a choisi une proession par rapport à madame Voyer ? Justifez votre réponse. d’aide. Par conséquent, la pratique réfexive eectuée régulièrement par l’inrmière avorise la connaissance de soi et améliore la qualité de ses interactions avec la personne qu’elle accompagne ENCADRÉ 3.3. Dans le but d’aider la personne, le désir de la protéger et de protéger les autres peut aussi aire surace chez l’inrmière qui œuvre en santé mentale. Dans ce milieu, certaines personnes à risque peuvent nécessiter une protection à divers degrés en raison de leur diculté à juger une situation et d’autres symptômes liés à leur trouble mental ou à leur situation de crise. Par exemple, un client en dépression qui a des pensées et des gestes suicidaires a réellement besoin d’une surveillance étroite et de protection contre les actes autodestructeurs. Lorsqu’elle a pour objecti d’aider un client aux prises avec un tel problème, l’inrmière prend des décisions qui le protègent en onction de ses besoins individuels et de sa situation. Chapitre 3
La description complète de chacun des conseils est présentée sur le site Internet de l’ACSM (www.cmha.ca/r/ mental_health/conseilspour labonneormementale).
Principes de la pratique infrmière en santé mentale
57
ENCADRÉ 3.3
Pistes de réexion pour l’infrmière
Afn d’évaluer ses habiletés et ses aptitudes et de mettre en œuvre les principes directeurs décrits précédemment, l’infrmière peut se poser certaines questions. SOUTIEN AU RÉTABLISSEMENT
• Estce que j’ai le désir d’aider les personnes à se rétablir, de croire en elles au point de susciter chez elles un espoir qui palliera leur sourance? • Estce qu’il est important pour moi d’aider la personne à découvrir son plein potentiel, ses orces et ses habiletés et de la voir prendre du pouvoir sur sa vie? • Estce que je me sens dynamisée par le déf d’aider la personne à se fxer des objectis et des buts qui l’amènent à donner un sens à sa vie ?
d’être heureuse, de goûter le bonheur et d’avoir des rêves et des buts dans la vie ? • Estce que j’ai le désir de m’investir afn que la dignité et les droits des personnes qui vivent avec un trouble mental soient respectés? • Estce que le ait d’être disponible pour soutenir la personne afn qu’elle soit en mesure de aire ace aux préjugés et à la discrimination quotidienne dont elle est victime ait partie de mes valeurs ? • Estce que je suis capable de voir mes propres préjugés et d’y aire ace afn de pouvoir aider la personne qui présente un trouble mental? INTERVENTION EN PRÉVENTION ET EN PROMOTION DE LA SANTÉ MENTALE
RECONNAISSANCE DU POTENTIEL ET DU RÔLE DU CLIENT ET DE SES PROCHES
• Estce que je considère avec dignité et situe les personnes qui utilisent les services en santé mentale sur un pied d’égalité que moi et estce que je me sens motivée par l’idée de ormer un partenariat avec elles ? • Estce que le ait de lire un récit autobiographique ou d’entendre le témoignage d’une personne vivant avec un trouble mental me donne un dynamisme et une motivation pour prodiguer des soins de qualité que ces personnes sont dignes de recevoir? • Estce que j’ai à cœur de reconnaître que les personnes qui utilisent les services en santé mentale et leurs proches sont des êtres remplis de potentiel et qu’ils peuvent apporter beaucoup à leurs pairs, à la société et au système de santé ?
• Estce que j’ai le souci et la volonté d’aider toute personne à défnir et à réaliser ses propres objectis dans le but d’optimiser sa santé mentale positive et ainsi de jouer un rôle important dans la prévention du trouble mental ? • Estce que le ait de procéder à des activités de diusion d’inormation afn de mieux renseigner et de sensibiliser la population sur la santé mentale et les troubles mentaux représente pour moi un déf stimulant? COLLABORATION INTERDISCIPLINAIRE
• Estce que le ait de travailler en collaboration avec divers acteurs est pour moi une source de satisaction et de réalisation proessionnelles ?
LUTTE CONTRE LA STIGMATISATION
• Estce que je suis motivée par le ait d’avoir à déléguer des responsabilités aux membres de l’équipe, afn que l’équipe dans son ensemble contribue au bienêtre et au rétablissement de la personne aidée?
• Estce que j’ai à cœur de réaliser les interventions nécessaires ain de prouver à la personne qui a reçu un diagnostic de trouble mental qu’elle est quelqu’un, un être à part entière, une personne qui a le droit
• Estce que les interactions avec d’autres proessionnels ainsi qu’avec le client et ses proches sont pour moi une source d’apprentissage et d’actualisation continuelle de mes connaissances?
Développer l’altruisme Altruisme : Disposition à avoir et à maniester de la compassion, de la générosité, de la bienveillance, de la gen tillesse, de l’amabilité et de la disponibilité envers autrui.
L’altruisme est une qualité particulièrement souhaitable et utile pour l’inrmière qui travaille en santé mentale FIGURE 3.3. L’inrmière analyse continuellement ses propres actions et motis quand elle interagit avec une personne. Il importe qu’elle ne laisse jamais sa gentillesse envers une personne obscurcir son jugement.
Approondir et synthétiser les connaissances et les habiletés
Jugement clinique MarieJudes Lizaire, d’origine haïtienne, est âgée de 21 ans. Elle est votre meilleure amie. Elle étudie en droit pour devenir avocate. Cependant, elle mani este des signes de dépression, situation que vous ne soupçonniez pas. Elle tient à ce que vous ne par liez de ses difcultés à personne. « Je vais m’en sortir toute seule, je n’ai pas besoin d’aide », ditelle. Que pourriezvous aire pour la soutenir malgré son reus d’être aidée ?
58
Partie 1
Un des dés de l’inrmière est d’être continuellement à l’aût des nouvelles idées et habiletés pour améliorer sa pratique. Cela est particulièrement vrai depuis quelques années, compte tenu de la pratique de plus en plus répandue des soins intégrés. L’inirmière qui travaille en santé mentale ait continuellement appel
FIGURE 3.3 Les personnes qui sont traitées pour des blessures mentales et émotionnelles apprécient l’altruisme sincère de l’infrmière et son attitude positive inconditionnelle.
aux connaissances acquises dans plusieurs spécialités. La fexibilité d’une inrmière et sa capacité de synthétiser la théorie et la pratique sont bénéques
Fondements de la pratique infrmière en santé mentale et en soins psychiatriques
à toute personne requérant son aide. Étant donné que l’exercice inrmier en santé mentale renvoie à des connaissances spécialisées ainsi qu’à des compétences de plus en plus complexes et étendues, l’apprentissage de l’inrmière se poursuit tout au long de sa carrière. Par conséquent, le rapport portant sur la pratique inrmière en santé mentale de l’Ordre des inrmières et inrmiers du Québec (OIIQ) mentionne que le personnel inrmier œuvrant dans ce domaine doit être en mesure de suivre des activités de ormation continue, notamment sur l’évaluation de la condition de l’état physique et mental, sur la planication du congé, sur l’intervention auprès des amilles et sur les approches thérapeutiques novatrices. Le but de ces ormations est de permettre à l’inrmière de paraire et de mettre à jour ses connaissances an d’orir des soins de qualité (OIIQ, 2009).
Établir les priorités L’établissement des priorités de soins inrmiers est l’une des compétences les plus importantes que l’inrmière acquiert. L’inrmière utilise diérentes sources d’inormation (client, environnement, dossier médical, etc.) pour réévaluer constamment les priorités. Il s’agit d’une activité ouverte qui ne prend n que lorsque la personne obtient son congé ou que la prise en charge est transérée à d’autres proessionnels de la santé ou organismes. L’inrmière établit les priorités relatives aux problèmes découlant de la situation de santé, aux résultats escomptés et aux interventions inrmières tout en étant préparée à les modier en onction des réactions de la personne et des évaluations inrmières. Le jugement clinique, la capacité d’organiser et de gérer les interventions ainsi que la fexibilité sont des qualités précieuses pour l’inrmière.
Déterminer et consolider les forces Il importe que l’inrmière s’attarde aux caractéristiques saines et consolide les orces du client et de ses proches puisque celles-ci sont essentielles à leur bien-être et au rétablissement du client.
3
FIGURE 3.4 L’infrmière interagit avec les proches et les aide à déterminer les orces et les autres éléments positis de leur noyau amilial.
diculté à apprendre à vivre avec un trouble mental récurrent ou chronique FIGURE 3.4. Pour diverses raisons, la personne aidée et sa amille peuvent être incapables de déterminer leurs orces au début d’un épisode psychiatrique aigu. Les membres de la amille sont parois sous le choc ou dans le déni, dépassés par le comportement de la personne ou âchés des circonstances qui entourent l’épisode. Si la personne est en psychose, en dépression grave, sous l’infuence de substances ou si elle a une aible estime de soi, elle sera généralement incapable de déterminer ses orces. L’inrmière évalue si la personne aidée et sa amille sont prêtes à se tourner vers des aspects positis de l’événement perturbateur en cours et leur donne le temps de comprendre et d’accepter ce qui s’est produit. Dans une telle situation, l’inrmière peut revoir la hiérarchie des besoins de Maslow 8 . En eet, la personne n’est pas prête à se réaliser ou en est incapable lorsque ses besoins primaires ne sont pas satisaits en raison d’un épisode perturbateur associé à un trouble mental grave. Touteois, au moment opportun, l’inrmière peut aider le client et sa amille à déterminer et à consolider leurs orces ENCADRÉ 3.4. Quand celles-ci sont discutées et que les membres de la amille peuvent voir la situation d’un meilleur œil, ses côtés négatis s’atténuent, et le courage, l’estime de soi et la motivation de la personne s’améliorent.
8 La pyramide de Maslow est présentée dans le chapitre 8, Développement et vieillissement de la personne.
L’inirmière et tous les autres membres de l’équipe de soins sont là pour assister le client et ses proches en vue de déterminer les orces de la personne aidée. Ils travaillent avec celle-ci pour l’aider Autres principes cliniques à consolider ses orces, à acquérir des habiletés et à L’expérience clinique est boniée quand l’inrtrouver ou à retrouver des raisons d’être en bonne mière intègre des principes élémentaires dans sa santé et de retrouver le désir pratique. Les interventions de vivre. Si la amille et la suivantes peuvent être Il importe que l’infrmière s’attarde aux personne aidée ne s’engautiles pour l’inrmière qui caractéristiques saines et aux orces du gent pas dans cette voie, travaille en santé mentale, client et de ses proches puisque celles-ci celle-ci risque d’être incanotamment au cours de ses sont essentielles à leur bien-être et au pable de surmonter cette interactions avec la perrétablissement du client. crise ou peut avoir de la sonne aidée TABLEAU 3.1.
Chapitre 3
Principes de la pratique infrmière en santé mentale
59
Pratiques infrmières suggérées ENCADRÉ 3.4
Évaluer si le client et ses proches sont prêts à déterminer leurs orces
• L’inrmière peut d’abord se poser les questions suivantes au sujet du client et de ses proches : − Sontils sous le choc ? − Présententils du déni ? − Sontils en colère ? Si oui, la personne et ses proches peuvent avoir de la diculté à déterminer leurs orces. • Formuler des commentaires objectis et encourager la personne et ses proches. • Aider la personne à nommer des raisons précises et des avantages de se rétablir et de rester en bonne santé. • Si la personne est incapable de nommer ses orces, modier la stratégie ou utiliser d’autres méthodes : − demander à la personne de réféchir à ses orces après la rencontre et d’en dresser une liste qu’elle rapportera à la prochaine rencontre;
− laisser plus de temps à la personne pour analyser l’inormation ; − demander à la personne de représenter les « raisons » de se rétablir et de rester en bonne santé au cours d’une thérapie par l’art ou d’exprimer ses orces à l’occasion d’une thérapie par le jeu ou d’autres types de thérapies. • Demander à la personne ce qu’un membre apprécié de sa amille, de son entourage ou un ami dirait de ses orces. • Proposer à la personne d’assister à une rencontre de l’équipe interdisciplinaire et d’écouter le médecin et les autres membres du personnel décrire ses orces. • Assigner aux participants d’un groupe de traitement la tâche de discuter de leurs orces mutuelles.
Pratiques infrmières suggérées TABLEAU 3.1
Accompagner la personne présentant un trouble mental dans son cheminement
INTERVENTION
JUSTIFICATION
Aider la personne en établissant des limites aux comportements qui sont autodestructeurs ou qui repré sentent une menace pour elle ou d’autres personnes.
La personne doit apprendre que ses gestes ont des conséquences. En la laissant aire des choses qui sont socialement inacceptables, l’inrmière nuit à ses progrès et à sa compréhension pendant le traitement, mais aussi à son acceptation ultérieure par la société.
Éviter de vouloir être la seule personne à venir en aide à celle qui en a besoin.
Les membres de l’équipe de soins aident collectivement la personne à eectuer des changements qui avorisent son bienêtre. Aucun membre du personnel ne le ait seul.
Demander de l’aide lorsque le comportement de la personne commence à être non maîtrisable ou agressi.
L’omission d’agir rapidement entraîne souvent la perte de maîtrise de la personne, ce qui peut entraîner des blessures à cette dernière ou à d’autres personnes.
Considérer le milieu clinique comme le laboratoire de la personne.
La personne est souvent capable de résoudre beaucoup de ses problèmes quand l’inrmière est disposée à discuter de ses idées et à la laisser essayer de nouveaux comportements sous sa supervision.
Encourager la personne à assumer la responsabilité de ses gestes, de ses décisions, de ses choix et de sa vie quand elle en est capable.
En évitant d’encourager les comportements de dépendance et avec le soutien véritable du personnel, l’inrmière permet à la plupart des personnes d’apprendre à structurer leur propre vie selon leurs aptitudes et dans le cadre de leur réseau de soutien.
3.3 Le tableau 3.1W, présenté au http://ortinash.cheneliere.ca, propose des solutions possi bles à certains obstacles qui peuvent survenir dans les établissements de santé mentale et de psychiatrie.
60
Partie 1
Enjeux infrmiers en santé mentale
La pratique infrmière en santé mentale est une source constante de réalisation, d’accomplissement et de dépassement pour l’infrmière, mais elle s’accompagne inévitablement de défs et d’enjeux qui peuvent s’avérer parois déstabilisants pour elle si elle ne sait pas bien les gérer. L’infrmière qui y est préparée pourra en tirer tout l’enseignement nécessaire pour perectionner sa
pratique auprès de personnes aux prises avec un trouble mental, en plus d’y trouver une grande ferté .
3.3.1
Gérer les craintes
La crainte est une réaction courante de l’infrmière qui intervient auprès de personnes sourant de troubles mentaux graves. Il est normal de ressentir une certaine appréhension. La crainte engendrée par la stigmatisation liée aux troubles mentaux, celle de l’échec ainsi que le
Fondements de la pratique infrmière en santé mentale et en soins psychiatriques
doute de soi en sont des exemples. L’inrmière doit déterminer ses craintes, les surmonter grâce à une meilleure connaissance et à une meilleure compréhension des troubles mentaux et prendre des mesures ain de devenir une ai dante ecace.
Crainte engendrée par la stigmatisation liée aux troubles mentaux Les idées préconçues et ausses qui sont véhiculées dans la société sur les personnes aux prises avec des troubles mentaux peuvent occasionner une certaine crainte chez l’inrmière qui se prépare à travailler auprès de personnes présentant des troubles mentaux. Touteois, ces stéréotypes ne refètent pas la réalité. Lorsque l’inrmière éprouve des craintes, il est préérable qu’elle adopte une attitude honnête et ouverte envers la personne aidée quant à son degré d’expérience. Ainsi, un climat de conance et de coopération entre les deux acteurs peut s’établir FIGURE 3.5. L’inrmière ayant vécu des expériences négatives avec des parents ou des personnes de son entourage sourant de troubles mentaux peut entretenir une image aussée des personnes vivant avec de telles maladies. L’inrmière qui pense à ce genre d’expériences passées avant de rencontrer un client nuit à la relation thérapeutique. Il n’y a pas deux personnes semblables, même si elles ont reçu le même diagnostic. L’inrmière évolue sur le plan personnel quand elle voit que toute personne a ses propres besoins, problèmes et orces et qu’elle interagit avec chacune en conséquence. La crainte de comportements violents imprévisibles ainsi que la perception de manque de volonté attribué à la personne devant la récurrence des épisodes du trouble mental ont partie des réactions possibles de la part des inrmières (Ross & Goldner, 2009). Cela requiert l’actualisation des compétences inirmières liées à l’utilisation
thérapeutique du soi, aspect central de la pratique inrmière, et à la promotion d’interventions basées sur l’approche du rétablissement, incluant le respect du client et de son vécu, la promotion de l’espoir et le soutien au développement optimal des orces et des capacités de la personne (Provencher, 2008a).
Crainte de l’échec
Jugement clinique
Les personnes sourant de troubles mentaux peuvent Vous commencez votre stage en santé mentale, et parois avoir des comportel’enseignante vous demande de choisir le client au ments diérents de ceux près de qui vous interviendrez. Vous êtes dans une attendus ou éprouver de la unité de soins où se trouvent des clients qui mani diculté à exprimer leurs estent de l’agressivité, d’autres qui présentent des émotions et leurs besoins. troubles de la personnalité et d’autres encore Comprendre et accueillir le qui commettent des actes d’automutilation. client dans ce qu’il est et Auprès de quel type de clients croyezvous que vous dans ce qu’il vit représente auriez le plus de difculté à intervenir ? un dé pour l’inrmière qui travaille dans ce domaine. Une crainte de l’inrmière en santé mentale peut être de ne pas savoir quoi dire ou quoi aire. Elle craint d’être gênée ou rejetée par la personne qu’elle essaie d’aider. L’inrmière peut donc se sentir impuissante dans l’aide qu’elle apporte au client Les préoccupations que peut et, parois, être portée à l’éviter. Il est important que avoir l’infrmière qui travaille l’inrmière soit capable d’introspection et d’anaen psychiatrie quant à sa lyse de ses craintes an de trouver des moyens d’y propre santé mentale sont exposées à l’annexe 3.2W aire ace . Elle pourra ainsi devenir à l’aise présentée au http://ortinash. d’interagir avec la personne qu’elle accompagne, cheneliere.ca. lui orir une écoute attentive et acquérir de l’expérience en communication. La crainte engendre l’évitement, mais la connaissance et la préparation réduisent la crainte et donnent de l’assurance ENCADRÉ 3.5. Le travail en santé mentale exige une connaissance des troubles mentaux, mais aussi la compréhension des ondements des interventions particulières à chaque situation. Avec le temps, l’inrmière acquiert des compétences spéciques pour intervenir auprès de cette clientèle.
3.3.2
FIGURE 3.5 Une expression faciale détendue et une posture ouverte non imposante indiquent un intérêt et une préoccupation envers la personne aidée.
3
Privilégier le « plus ou moins » plutôt que le « tout ou rien »
Contrairement à la plupart des sciences physiques qui sont prévisibles et exactes, la psychiatrie et la psychologie peuvent sembler imprécises et ambiguës à l’inrmière. La dénition, la description et le classement des diagnostics psychiatriques dans le Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM-IV-TR) reposent sur des critères assez précis ; touteois, en raison de la complexité de la nature humaine, chaque personne exprime ses symptômes d’une manière unique. L’inrmière évite de penser en termes absolus et de voir les symptômes comme étant présents ou absents (c.-à-d. « tout ou rien »). En réalité, les Chapitre 3
ALERTE CLINIQUE
Afn d’acquérir de l’expé rience et de l’assurance, l’infrmière prendra cer tains risques et cherchera les diverses occasions d’exercer ses habiletés d’interactions avec la personne dans diverses situations ; cependant, la sécurité doit toujours demeurer une priorité de l’infrmière.
Principes de la pratique infrmière en santé mentale
61
Pratiques infrmières suggérées ENCADRÉ 3.5
Appliquer des mesures pour réduire les craintes
• Amorcer les interactions et approcher la personne pour lui parler plutôt qu’attendre qu’elle le asse. La personne a le droit de reuser de parler à l’infrmière, et elle le ait parois pour diverses raisons. L’infrmière ne doit pas se sentir personnellement visée. Le client peut hésiter à révéler des renseignements à quelqu’un qu’il ne connaît pas. Peu importe la raison, il aut persévérer et parler à d’autres personnes. Ultérieurement, l’infrmière tentera à nouveau d’avoir une interaction avec les clients qui ont reusé de lui parler initialement.
• Avoir des attentes réalistes en ce qui a trait à son rendement. L’infrmière acquiert des habiletés et de l’assurance chaque jour de sa pratique, et elle apprend continuellement. L’infrmière qui travaille en santé men tale visera les accomplissements quotidiens, si petits soientils.
• Approcher chaque personne en utilisant les techniques et les habiletés élémentaires de communication thérapeu tique ainsi qu’en ayant recours à des questions et à des afrmations ouvertes, si possible.
• Revoir la théorie et les politiques de l’établissement concernant la sécurité, la confdentialité et les limites des soins afn d’être préparée aux diverses éventualités.
• S’eorcer d’éviter les stéréotypes et les préjugés. Cela est plus acile si l’infrmière en a ait un objecti planifé. • Se donner des défs en prenant l’initiative d’interagir avec les personnes ayant reçu diérents diagnostics. • Apprendre les symptômes de chaque diagnostic psychia trique et les interventions particulières destinées à ces symptômes et aux réactions qu’ils suscitent. Le perec tionnement des habiletés procure un sens de maîtrise de chaque situation et réduit davantage la crainte.
RAPPELEZ-VOUS…
Un objecti de soins et les résultats escomptés doivent être centrés sur le client, observables et mesurables, limités dans le temps et réalistes.
symptômes peuvent changer légèrement ou énormément en quelques heures ou en quelques jours (c.-à-d. « plus ou moins »). Puisque les symptômes psychiatriques ne sont pas toujours mesurés par des résultats d’examens paracliniques, par des tableaux et des graphiques, une observation particulière de l’infrmière est nécessaire pour les détecter. Des modifcations subtiles sont parois un signe de changements plus importants à venir, et l’infrmière note attentivement toute augmentation ou diminution des symptômes. Les symptômes sont dynamiques et se comparent plus souvent à des tons variables de gris qu’à du noir et du blanc. Par exemple, une personne qui a des tendances à la paranoïa montre de la méfance en parlant ort et en étant accusatrice à son admission. Elle se calme ensuite, mais reste sur ses gardes, suspicieuse et renermée au cours des jours suivants. Le symptôme de paranoïa est semblable, mais les maniestations varient selon les stimulus internes de la personne, son type de personnalité, l’environnement de l’unité, la situation ou les événements. Il est important d’observer la personne et d’interagir avec elle au cours de la journée, d’écouter attentivement les rapports des quarts de travail et de discuter avec les autres membres du personnel.
62
Partie 1
• Utiliser l’afrmation de soi positive en se répétant, par exemple : Je me débrouille bien. Et : Je possède exactement les compétences requises à mon niveau proessionnel.
• Écrire ses objectis personnels particuliers avant chaque quart de travail. Ils serviront d’outils de répétition pour l’expérience clinique. Cela permettra d’acquérir de la confance en soi. Les objectis pourraient être d’interagir avec une personne qui a une dépression majeure et d’utiliser certaines interventions précises, de garantir la sécurité d’une personne en suivant les procédures de l’unité de soins (p. ex., l’évaluation et la prévention du suicide) ou encore de créer un environnement sûr et sans préjugé propice aux interactions de la personne.
Il aut aussi établir des objectis optimistes, mais réalistes pour celle-ci. Par exemple, un objecti irréaliste serait d’éliminer les hallucinations de la personne d’ici la fn de la semaine.
3.3.3
Éviter les réactions évaluatives
La personne réagit plus avorablement à une communication interpersonnelle et au traitement quand elle ne se sent pas observée scrupuleusement, constamment évaluée ou obligée de se comporter d’une manière précise pour être acceptée. C’est pourquoi l’infrmière évitera les réactions évaluatives d’approbation ou de désapprobation qui indiquent que la personne est bonne ou mauvaise ou qu’elle a raison ou tort. Ainsi, il est nécessaire de commenter les comportements de la personne, mais pas la personne elle-même. Les interactions neutres montrent une reconnaissance, une acceptation et du respect pour le client sans lien avec des exigences ou des qualifcations. La reconnaissance neutre de l’apparence, du comportement et du progrès du client donne de meilleurs résultats. Par exemple, lorsqu’une cliente dépressive recommence à prendre soin d’elle et de son apparence après plusieurs semaines sans l’avoir ait, une attitude évaluative serait de lui dire : Marie, cette robe jaune vous va vraiment bien !
Fondements de la pratique infrmière en santé mentale et en soins psychiatriques
Mieux que tout ce que vous avez porté depuis votre arrivée dans cette unité. Dans une telle situation, il est plus indiqué d’utiliser une armation neutre comme celle-ci : Bonjour Marie. Vous êtes douchée et habillée. Je vais vous accompagner jusqu’à la salle à manger. Il est important de préciser que des énoncés neutres de reconnaissance ne sont en rien synonymes d’indiérence. Celle-ci aecte rapidement ou décourage complètement une personne, et elle réduit sa motivation et sa volonté de s’engager dans son propre processus de rétablissement ; c’est l’antithèse d’une pratique inrmière ecace.
3.3.4
Proposer des solutions plutôt que résoudre des problèmes
L’inrmière devrait s’abstenir de prendre en main des situations et des événements que la personne aidée est en mesure de gérer. De même, elle évite la recherche de prestige ou de pouvoir dans son travail avec le client. Ainsi, elle préserve la dignité de la personne aidée, peu importe sa situation. Cette dernière peut donc découvrir l’ensemble des possibilités malgré les limites que lui impose la maladie (Deegan, 2007), de même que centrer son attention sur la personne qu’elle désire être plutôt que sur celle qu’elle n’est plus (Pettie & Triolo, 1999). L’inrmière écoute activement la personne et oriente son plan de traitements pendant que celle-ci résout ses propres problèmes et trouve des réponses qui conviennent à sa situation FIGURE 3.6. L’inrmière amorce une communication thérapeutique avec la personne et l’aide à exprimer ses pensées et ses sentiments. Lorsque la personne est capable d’écouter ses propres paroles, le processus de résolution de problèmes débute, et elle commence à trouver ses solutions personnelles. Si l’inrmière dit à la personne quoi aire ou comment le aire, elle ne reconnaît pas l’expérience de celle-ci. De plus, il est possible que les solutions de
l’inrmière ne conviennent pas à la situation ou au mode de vie de la personne aidée. Si, pour une raison quelconque (p. ex., une dépression, une décience cognitive, un choc pendant une crise), la personne est incapable de trouver des réponses, l’inrmière peut lui suggérer des solutions ou des choix. Il s’agit d’orir de l’aide et des encouragements sans donner de réponses ou de conseils. La plupart des personnes connaissent les solutions à leurs problèmes, mais ont parois seulement besoin d’un peu d’aide pour organiser leurs pensées, prendre conscience des solutions et apporter des changements 5 .
3.3.5
Le chapitre 5, Communication et relation thérapeutique, ournit des exemples de or mulation qui permettent à l’infrmière de suggérer des solutions sans décider pour le client.
Distinguer les observations des interprétations
Lorsque l’inrmière interprète le comportement de la personne, elle prend une décision sur la cause de ce comportement, lui donne une raison et tire une conclusion. Ce processus comporte un grand potentiel d’erreur et de partialité. L’inrmière se onde alors sur son propre cadre de réérence, ses perceptions et ses expériences, qui peuvent avoir peu de lien, voire aucun, avec le comportement du client. De plus, elle ne donne pas l’occasion à la personne aidée de résoudre les problèmes et de communiquer ses réfexions et ses idées sur des questions importantes. Une ausse conclusion peut aussi mal orienter les objectis de traitement. An d’éviter d’interpréter le comportement de la personne, l’inrmière peut réagir par l’observation plutôt que par l’inérence, valider les interprétations avec la personne pour arriver à des conclusions mutuelles et analyser les conclusions avec cette dernière. Pour éviter les interprétations, l’inrmière s’eorce de comprendre le point de vue du client sur les situations et les événements qui le concernent plutôt que de se aire une opinion personnelle à leur sujet. L’inrmière ne donne pas de raisons et ne propose aucune conclusion concernant ces situations maniestement révélatrices.
3.4
FIGURE 3.6 Le personnel infrmier écoute la personne et l’aide à trouver elle-même les solutions à ses problèmes.
3
5
CONSEIL CLINIQUE
Pour éviter l’interprétation, l’infrmière observe les comportements. Elle peut dire, par exemple : J’ai vu votre emme partir, Daniel, et maintenant vous pleurez ; ou Manuel, ce que vous ve nez de dire a suscité une orte réaction de la part du groupe.
Activités réservées de l’infrmière en santé mentale
Dans le but de aire la lumière sur l’axe central de la pratique infrmière en santé mentale au Québec, le Comité d’experts sur la pratique infrmière en santé mentale et en soins psychiatriques a élaboré six volets de compétences infrmières appliqués au champ de la santé mentale, soit : 1) la relation thérapeutique ; 2) l’évaluation de la condition physique et mentale et l’évaluation des troubles
Chapitre 3
Le rapport du Comité d’experts sur la pratique infrmière en santé mentale et en soins psychiatriques peut être consulté sur le site Internet de l’OIIQ : www.oiiq.org/sites/ deault/fles/251_rapport_ octobre2009_v.pd.
Principes de la pratique infrmière en santé mentale
63
mentaux ; 3) la surveillance clinique et l’utilisation des mesures de contention et d’isolement ; 4) le suivi infrmier ; 5) la continuité et la qualité des soins ; et 6) le soutien et le développement de la pratique (OIIQ, 2009).
3.4.1
Relation thérapeutique
La relation thérapeutique est une activité transversale de la pratique inrmière en santé mentale. Elle doit être utilisée de manière judicieuse par la mise en application des principes liés à la communication interpersonnelle ecace de même que des attitudes thérapeutiques associées à la relation d’aide tout au long de la démarche de soins. Par ailleurs, l’utilisation d’une approche de pratique réfexive, notamment à l’égard de l’utilisation thérapeutique du soi, contribue à bonier l’exercice inrmier en santé mentale (OIIQ, 2009 ; Provencher, 2008a).
3.4.2
Évaluation de la condition physique et mentale et évaluation des troubles mentaux
Depuis l’entrée en vigueur de la Loi modiant le Code des proessions et d’autres dispositions législatives dans le domaine de la santé, évaluer la santé physique et mentale d’une personne symptomatique et évaluer le trouble mental représentent deux des activités réservées de l’inrmière. Selon cette loi, toute inrmière, peu importe son milieu de travail, doit avoir les compétences nécessaires pour évaluer la santé mentale d’une personne qui présente des symptômes. Pour ce aire, elle crée d’abord un climat de conance avec le client et ses proches, avorisant ainsi l’émergence de liens de collaboration et de partenariat. Comorbidité : Présence de deux maladies/troubles ou plus dans une période de temps précise, dont l’étiologie et le développement peuvent être associés ou indépendants.
En ce qui a trait à l’évaluation du trouble mental, l’inrmière qui détient une ormation universitaire de deuxième cycle ainsi qu’une expérience clinique déterminée par l’OIIQ doit établir de açon détaillée le prol de la situation de santé de la personne ; elle le ait en recoupant ses données relatives à l’évaluation de l’état physique et mental de la personne à l’aide de ses connaissances en matière de psychopathologie et d’évaluation de l’état physique et mental. Cette articulation permet à l’inrmière de ormuler une impression clinique en onction d’une taxonomie des troubles mentaux (p. ex., celle du DSM-IV-TR).
3.4.3
Partie 1
En portant un jugement clinique déterminant la pertinence ou non de l’utilisation des mesures de contention et d’isolement ainsi qu’en utilisant ces mesures en onction de leurs indications thérapeutiques et en tenant compte des contreindications, l’inrmière est en mesure de décider de l’utilisation de telles mesures.
3.4.4
Suivi infrmier
Eectuer le suivi inrmier des personnes présentant des problèmes de santé complexes est une autre activité réservée de l’inrmière. Dans le but d’exercer pleinement ce rôle, l’inrmière en santé mentale procède au suivi de la personne dans le cadre d’une approche thérapeutique appropriée à l’état de santé et aux besoins propres à cette dernière, et cela, en utilisant les valeurs du rétablissement comme cadre d’orientation FIGURE 3.7. Dans son intervention thérapeutique auprès de la personne, l’inrmière eectue notamment un suivi pharmacologique pour surveiller, prévenir, anticiper et évaluer les eets secondaires relatis à la prise de la médication. Dans le cadre du suivi, l’inrmière exerce un rôle central d’enseignement et de guide en matière de prévention des troubles mentaux et de promotion de la santé mentale auprès de la personne, de la amille, des groupes et de la communauté. Par ailleurs, l’inrmière est habilitée à eectuer le suivi des clients qui sont aux prises avec des problèmes de santé complexes et qui présentent de la comorbidité. De même, elle
Surveillance clinique et utilisation des mesures de contention et d’isolement
Lorsque l’inrmière exerce une surveillance clinique de la condition d’un client présentant des risques, elle eectue une évaluation continue des signes d’amélioration ou, dans le cas contraire, de détério-
64
ration de l’état de santé de la personne. Ce processus d’évaluation continue lui permet, entre autres, de prévoir tout risque inhérent à la sécurité de la personne, de ses proches ou encore des membres de l’équipe soignante. Par ailleurs, il relève du rôle de l’inrmière en santé mentale de mettre en place des modalités de gestion de situations à risque ou de situations de crise, que ce soit dans les établissements de santé ou dans la collectivité.
FIGURE 3.7 Le suivi infrmier est eectué régulièrement et permet à l’infrmière et au client d’échanger, entre autres, sur les diverses acettes du traitement.
Fondements de la pratique infrmière en santé mentale et en soins psychiatriques
eectue le suivi des personnes ayant une double problématique et nécessitant des services spécialisés comme un trouble mental associé à une défcience intellectuelle, à un trouble grave du comportement (p. ex., des agressions envers autrui) ou à un trouble envahissant du développement (p. ex., l’autisme).
Continuité et qualité des soins
Dans le but d’assurer la continuité et la qualité des soins, l’infrmière coordonne les soins et services. Ainsi, par l’entremise de ses relations de collaboration avec l’équipe soignante, la personne et ses proches, elle exerce un leadership proessionnel. De plus, l’infrmière intervient en donnant des soins qui sont conormes aux standards de la pratique ou aux pratiques exemplaires en santé mentale, c’est-à-dire aux pratiques qui sont aidantes et qui ont des retombées positives auprès de personnes vivant avec un trouble mental (OIIQ, 2009).
Le ait de contribuer au développement et au soutien de la pratique proessionnelle dans une perspective d’amélioration continue de la qualité des soins en santé mentale et selon la mission de l’établissement de santé représente un des rôles de l’infrmière. Pour y arriver, elle devrait s’engager pleinement dans son développement proessionnel. De la sorte, elle peut prendre part à la recherche et au transert des connaissances (empiriques, théoriques, pratiques), ainsi qu’à la ormation et à la supervision de divers groupes (p. ex., les pairs, les étudiants, les proessionnels et les non-proessionnels). De plus, l’infrmière exerce une onction de consultante, ce qui lui permet d’outiller diverses personnes ou certains groupes. Parallèlement, en proposant des projets de recherche ou en y participant, elle contribue à l’enrichissement du corpus de connaissances de la pratique infrmière en santé mentale (OIIQ, 2009).
3
Démarche de soins
n
An int alys erp e e tio réta t n
ion
luat
tion
lua
Collecte des données
Éva
ve
Éva
on
ati
alu
Év
Analyse et interprétation
te In
Pl
an ifi
ca
tio
n
An te alys rp ré e et ta tio n
tio
ca
te r
n tio en v r
ifi
n
In
Collecte des données – Évaluation initiale
La collecte de données en santé mentale peut s’eectuer dans n’importe quel milieu, que ce soit en centre hospitalier, à l’urgence, dans une clinique ou dans le milieu de vie de la personne. L’infrmière en santé mentale recueille des données portant sur la santé du client dans une perspective globale. À cet eet, elle procède à une évaluation initiale au cours du premier contact avec la personne. Cette collecte de données sert à obtenir des renseignements de base sur
tio
ca
In
3.5.1
an
ter
plusieurs approches éprouvées et en aisant preuve de patience, de compréhension et d’écoute.
Pl
ifi an
Infirmière
Collecte des données
on
ti ven
Pl
nt io n
Afn d’évaluer la santé physique et mentale d’une personne symptomatique et d’assurer une surveillance clinique, l’infrmière utilise la démarche de soins qui vise à prodiguer des soins appropriés et de qualité à chaque personne FIGURE 3.8. Chacune des étapes s’inscrit dans un processus dynamique et continu qui se poursuit aussi longtemps que la personne aidée le désire (Dallaire et al., 2010). La démarche de soins infrmiers en santé mentale revêt un caractère particulier du ait de la complexité des troubles mentaux. Ainsi, la mise en œuvre de la démarche n’assure pas un soulagement immédiat des symptômes. L’infrmière peut cependant aider la personne à onctionner plus adéquatement et à composer avec sa maladie en appliquant
Client
in
3.5
Soutien et développement de la pratique
A in nal te ys r e tio pré et n ta-
3.4.5
3.4.6
Collecte des données
FIGURE 3.8
La démarche de soins est un processus dynamique qui implique une constante réévaluation de l’état de la personne. Chapitre 3
Principes de la pratique infrmière en santé mentale
65
Visionnez la vidéo Crise psychotique et famille au http://fortinash.cheneliere.ca.
l’état physique et mental de celle-ci. Elle permet d’établir le prol du client, de préciser ses besoins prioritaires et de déterminer les directives inrmières requises. Les constats d’évaluation et les directives inrmières sont alors notés dans le plan thérapeutique inrmier (PTI). L’inrmière procède à la collecte des données, non seulement avec la personne aidée, mais elle consulte aussi les proches de celle-ci an de recueillir le plus d’inormation possible .
Cette collecte de données ne porte pas uniquement sur les éléments ournis verbalement par la personne aidée et ses proches, car l’inrmière recueille également de l’inormation importante en portant une attention particulière à l’apparence, au comportement moteur et au langage verbal et non verbal Carol Duranceau est âgé de 52 ans. Il est paraplégique du client, entre autres. Par et se déplace en auteuil roulant. Il a des comporte exemple, lorsque l’inrmière ments impulsis de violence envers les autres. Il soure remarque que la personne a de céphalées intenses et reçoit un analgésique opioïde une apparence négligée (p. au besoin. L’équipe soignante soupçonne qu’il a ex., des vêtements sales, des développé une dépendance à ce médicament. Il a reçu cheveux non coiés, etc.), il une dose il y a une heure et il en a demandé une autre. est important qu’elle le note Parce que l’infrmière a reusé de la lui donner, il s’est mis à crier, à bousculer les meubles, à lancer des puisque cela peut sous-tendre objets. Il a même proéré des menaces de mort et a dit un problème mental chez qu’il erait mettre une bombe dans le centre hospitalier, la personne et, notamment, parce qu’il a des contacts dans le milieu criminel. Une laisser supposer un état dééquipe de sécurité a été demandée. pressi. D’autres sources de données comme le dossier Quelle intervention autonome de l’infrmière pourrait médical ou les suivis aits par être appliquée pour assurer un suivi clinique de la diérents intervenants sont condition de monsieur Duranceau ? aussi consultées.
Jugement clinique
3.5.2 RAPPELEZ-VOUS…
Le dossier de santé, les données obtenues pendant l’examen physique ou les résultats des examens paracliniques constituent d’autres sources de données disponibles. Les expériences antérieures de l’infrmière avec certains clients repré sentent aussi une source additionnelle de données.
Analyse et interprétation des données
L’analyse des données recueillies sert à déterminer les problèmes actuels ou potentiels, ainsi qu’à ormuler des problèmes prioritaires qui seront consignés au PTI. L’inirmière qui pratique dans le domaine de la santé mentale acquiert son expertise clinique grâce aux concepts théoriques, mais aussi à partir de sa créativité et de son intuition. Comme chaque personne qui vit avec un trouble mental a sa propre açon de réagir et présente des symptômes et des maniestations qui lui sont propres, il importe que l’inrmière soit en mesure d’utiliser son intuition pour valider certaines données qu’elle remarque chez la personne aidée, an de déterminer l’état de celle-ci et d’eectuer les interventions appropriées.
3.5.3
Planifcation des soins
La planication des soins permet d’établir les problèmes prioritaires de la personne, de son état de santé, de ses besoins et de ses attentes. La planication des objectis et des résultats escomptés doit être eectuée de concert avec la personne et ses proches. Ainsi, ces résultats ne doivent pas être ceux que
66
Partie 1
l’inrmière voudrait voir se réaliser, mais plutôt ceux que la personne peut et désire atteindre, car c’est elle qui doit eectuer les eorts pour les réaliser dans son cheminement. Il importe donc de déterminer les interventions et les directives à partir des besoins, des désirs et des choix du client et de les documenter dans le PTI. Par ailleurs, pour avoriser le rétablissement de la personne, les objectis et les résultats escomptés doivent être en lien, d’une part, avec la restauration de la maladie et, d’autre part, avec la restauration de la santé mentale positive de la personne (Provencher & Keyes, 2010, 2011). Le recours à une équipe interdisciplinaire est généralement indiqué pour planier et eectuer le suivi des soins.
3.5.4
Exécution des interventions
C’est à cette étape de la démarche de soins que l’inrmière exécute, en collaboration avec la personne et ses proches lorsque cela est possible, les interventions et les directives qui ont été planiées. Dans un contexte de santé mentale, le traitement exige souvent des habiletés de communication et d’enseignement, qui constituent l’essentiel des interventions psychosociales.
Interventions infrmières autonomes La majorité des interventions s’eectue en collaboration avec tous les intervenants qui suivent la personne tout au long de son traitement. Dans ce cadre, l’inrmière collabore aux soins, notamment grâce à des interventions autonomes. Ces interventions particulières sont ondées sur les connaissances de l’inrmière et vont souvent au-delà des interventions prescrites par l’équipe interdisciplinaire et contribuent à la réalisation du plan de soins et de traitement global. L’inrmière qui travaille en santé mentale eectue une intervention autonome lorsqu’elle ait le suivi des traitements médicamenteux en stimulant la participation et la délisation de la personne (OIIQ, 2012) et lorsqu’elle ajuste le PTI an qu’il refète l’évolution de la situation du client.
3.5.5
Évaluation des résultats – Évaluation en cours d’évolution
L’inrmière évalue la réponse de la personne en lien avec les résultats escomptés. Tout en échangeant avec le client et en accord avec lui, l’inrmière adapte les soins dans le but de répondre le plus dèlement possible aux attentes et aux besoins de celui-ci. Pour eectuer l’évaluation des résultats, l’inrmière compare l’état psychiatrique actuel de la personne avec celui souhaité pour l’atteinte des résultats escomptés et détermine si son état s’est amélioré ou détérioré. Si les résultats n’ont pas été atteints, l’inrmière évalue les raisons qui peuvent expliquer la situation.
Plan thérapeutique infrmier An d’être en mesure d’assurer un suivi clinique de qualité, toutes les décisions ou tous les ajustements
Fondements de la pratique infrmière en santé mentale et en soins psychiatriques
inscrits au PTI nécessitent d’être documentés et justifés cliniquement dans les notes d’évolution au sujet de la personne (Chapados & Giguère Kolment, 2012 ; Leprohon & Lessard, 2006) FIGURE 3.9. Par ailleurs, il importe de mentionner que, pour être cohérente avec l’approche axée sur le rétablissement privilégiée dans le PASM 2005-2010, l’inirmière établira les priorités de soins et construira l’ensemble du PTI en étroite collaboration avec le client et ses proches. De même, l’application du PTI demande de la souplesse et un ajustement constant de la part de l’infrmière. Celui-ci ne doit pas être mis en œuvre sans que l’infrmière se questionne de nouveau sur sa pertinence clinique actuelle. Les directives infrmières consignées au PTI donnent des indications importantes, voire primordiales pour le suivi clinique de la personne et contribuent soit à mettre
en place une stratégie d’intervention, soit à déterminer une condition de réalisation FIGURE 3.10.
3
FIGURE 3.9
L’infrmière consigne les directives infrmières dans le PTI et ajuste celui-ci en onction de l’évolution de la situation du client.
PLAN THÉRAPEUTIQUE INFIRMIER (PTI)
Identification de la personne
CONSTATS DE L'ÉVALUATION Date
Heure
2013-03-19 08:32
1
Initiales
Problème ou besoin prioritaire
N°
RÉSOLU / SATISFAIT Heure Initiales Date
Professionnels / Services concernés
Trouble psychotiques : Hallucinations auditives, délire de persécution
2
Risque sucidaire : Niveau d'urgence modéré (5)
3
Troubles de l'humeur : Épisode dépressif
K.F.
SUIVI CLINIQUE Date
Heure
2013-03-19 08:32
N°
Directive infirmière
Initiales
1
Procéder à un examen de l'état mental chaque lundi en soirée par inf.
1
Vérifier la présence d'hallucination en questionnant directement (+ dir. p. trav. PAB).
1
Orienter vers des activités concrètes : AVQ, AVD, activités récréatives, etc
CESSÉE / RÉALISÉE Heure Initiales Date
(+ dir. p. trav. PAB) (+ dir. éduc.). 2
Aviser inf. si modifications de l'affect et du comportement (passage soudain de la tristesse/dépression à la joie/sentiment de paix) (+ dir. p. trav. PAB).
3
Encourager l'utilisation du Journal - Suivi de mon humeur (+ dir. p. trav. PAB).
Signature de l'infirmière Karine Fortin
Initiales
Programme / Service
K.F.
Unité de psychiatrie
Signature de l'infirmière
K.F.
Initiales
Programme / Service
PLAN THÉRAPEUTIQUE INFIRMIER (PTI) FIGURE 3.10 Exemple d’un plan thérapeutique infrmier en santé mentale et psychiatrie
Chapitre 3
Principes de la pratique infrmière en santé mentale
67
Analyse d’une situation de santé
Jugement clinique
Germaine Grandmaison est âgée de 60 ans. Elle a perdu son mari il y a six mois et elle présente maintenant des signes de dépression majeure. C’est la raison pour laquelle elle est hospitalisée. Elle parle peu, sau pour dire qu’elle ne voit pas comment elle va s’en sortir : « C’est trop difcile pour moi, tout ça. Qu’est-ce que je vais devenir ? »
Elle néglige son apparence et reporte constamment le moment d’eectuer sa toilette, qu’elle ne ait pas quotidiennement. Elle ne mange pas beaucoup et demande à prendre ses repas dans sa chambre plutôt que dans la salle à manger. Elle cherche à s’isoler et préère qu’on lui parle le moins possible. {
MISE EN ŒUVRE DE LA DÉMARCHE DE SOINS
Collecte des données – Évaluation initiale – Analyse et interprétation 1. Devriezvous évaluer le risque suicidaire chez cette cliente ? Justifez votre réponse. 2. En sachant que la cliente mange peu, que devriezvous évaluer plus spéciiquement sur le plan de son alimentation ? 3. D’après les données initiales, quel semble être le problème prioritaire de madame Grandmaison ?
SOLUTIONNAIRE
Planifcation des interventions – Décisions infrmières
http://fortinash.cheneliere.ca
4. Devriezvous obliger madame Grandmaison à prendre une douche ou un bain quotidiennement ? Justifez votre réponse.
Lorsque la flle de madame Grandmaison vient la visiter, vous en proftez pour recueillir d’autres données sur la cliente. Vous apprenez ainsi que c’était une personne ière qui soignait son {
apparence. Plus tard, vous proposez à la cliente qu’elle change de vêtements et qu’elle se coie tous les jours, objecti qu’elle accepte d’essayer d’atteindre. ”
MISE EN ŒUVRE DE LA DÉMARCHE DE SOINS
5. Estce un objecti réaliste ? Justifez votre réponse. 6. Même si la cliente s’isole et parle peu, devriezvous attendre qu’elle amorce les interactions avec vous ? Justifez votre réponse. Voici un extrait du PTI de madame Grandmaison. Extrait des notes d’évolution
2013-06-22 12:00 D à d s r a chb pltô q a l à mg. S’s mê n ho r e éfè u’on li m .
68
Partie 1
Extrait CONSTATS DE L’ÉVALUATION Date
Heure
2013-06-22 12:00
N°
2
Problème ou besoin prioritaire
Initiales
Tendance à l’isolement
RÉSOLU / SATISFAIT Proessionnels / Date Heure Initiales Services concernés
L.B.
SUIVI CLINIQUE Date
Heure
N°
2013-06-22
12:00
2
Directive infrmière
CESSÉE / RÉALISÉE Date Heure Initiales
Demander à d’autres clients de la visiter.
Signature de l’infrmière
Lucienne Bokondo
Initiales
Initiales
Programme / Service
L.B.
Unité 2B – Santé mentale
Signature de l’infrmière
Initiales
Programme / Service
7. La directive infrmière estelle pertinente pour assurer le suivi clinique du problème prioritaire de la cliente ? Justifez votre réponse.
Fondements de la pratique infrmière en santé mentale et en soins psychiatriques
MISE EN ŒUVRE DE LA DÉMARCHE DE SOINS
Évaluation des résultats – Évaluation en cours d’évolution 8. Qu’estce qui vous permettrait de conclure que l’objecti concernant les autosoins d’hygiène de madame Grandmaison est vraiment réaliste ?
3
APPLICATION DE LA PENSÉE CRITIQUE Dans l’application de la démarche de soins auprès de madame Grandmaison, l’infrmière a recours à un ensemble d’éléments (connaissances, expériences antérieures, normes institutionnelles ou protocoles, attitudes proession nelles) pour analyser la situation de santé de la cliente et en
comprendre les enjeux. La FIGURE 3.11 illustre le proces sus de pensée critique suivi par l’infrmière afn de ormuler son jugement clinique. Elle résume les principaux éléments sur lesquels l’infrmière s’appuie en onction des données de cette cliente, mais elle n’est pas exhaustive.
VERS UN JUGEMENT CLINIQUE CONNAISSANCES • Fonctionnement d’une unité de soins psychiatriques • Dynamique de la personne sourant de dépression • Rôle et onctions de l’infrmière en santé mentale • Particularités d’une approche infrmière efciente en santé mentale
EXPÉRIENCES
NORMES
• Expérience auprès d’une clien tèle éprouvant un problème de santé mentale • Habileté en relation d’aide
• Responsabilités, rôle et onctions de l’infrmière en psychiatrie • Respect des règles de onction nement d’une unité de soins psychiatriques
ATTITUDES • Respecter les limites de la cliente • Miser sur le potentiel de la cliente • Permettre des choix • Éviter d’être directi et d’imposer son point de vue
PENSÉE CRITIQUE
ÉVALUATION • • • • • • •
Risque suicidaire Hygiène personnelle et apparence de la cliente Raisons pour ne pas prendre ses repas à la salle à manger Impacts de l’isolement de la cliente Réceptivité et participation de madame Grandmaison aux interactions Motivation et intérêt à atteindre l’objecti convenu concernant les soins d’hygiène Atteinte des résultats escomptés pour les soins d’hygiène
JUGEMENT CLINIQUE FIGURE 3.11
Chapitre 3
Principes de la pratique infrmière en santé mentale
69
À retenir VERSION REPRODUCTIBLE
http://ortinash.cheneliere.ca
• La pratique inrmière en santé mentale représente une proes sion dynamique qui a connu des avancées cliniques très importantes et des changements de rôle au cours des dernières décennies. • L’inrmière en santé mentale oriente sa pratique sur les soins de la per sonne dans sa globalité et vise son rétablissement.
soins, la reconnaissance du poten tiel et du rôle de la personne aidée et de ses proches, la lutte contre la stigmatisation, l’intervention en prévention et en promotion de la santé mentale et le partenariat inter disciplinaire sont les principes direc teurs des soins et des services en santé mentale. • Les interventions inrmières doivent impliquer la personne et ses proches pour aider le client à cheminer vers le rétablissement.
• L’école de l’interaction et l’école des patterns ont marqué l’évolution de la pratique inrmière en santé men tale, et leurs infuences demeurent très présentes encore aujourd’hui.
• Aider les autres est un concept et une activité complexes dans le traitement des personnes dans un contexte de santé mentale. Pour être en mesure d’aider adéquate ment les autres, l’inrmière doit se questionner sur ses motivations.
• Le soutien à l’expérience du réta blissement, l’approche globale des
• Les principes cliniques appris en santé mentale ournissent à l’inr
mière l’occasion d’accroître ses connaissances et ses compétences pour interagir avec les personnes dans n’importe quel milieu clinique. • Les craintes de l’inrmière ressen ties à l’égard de l’intervention auprès de clients présentant des troubles mentaux sont légitimes ; touteois, plusieurs mesures et attitudes sont possibles pour les maîtriser et en tirer un enseigne ment an de paraire les connais sances et les pratiques. • Le « tout ou rien », les réactions évaluatives, la résolution des problèmes à la place de la personne et l’interprétation de ses comportements sont à éviter en santé mentale. • La relation thérapeutique, l’évaluation de la condition
physique et mentale et l’évaluation des troubles mentaux, la surveillance clinique et l’utilisation des mesures de contention et d’isolement, le suivi inrmier, la continuité et la qualité de soins ainsi que le soutien et le développement de la pratique correspondent aux principaux volets de compétences requises pour l’inrmière en santé mentale et en soins psychiatriques. • L’établissement des priorités et leur modication sont des compétences inrmières essentielles, peu importe le champ de pratique. Touteois, elles deviennent cruciales en milieu de santé mentale, car l’imprévisibi lité y est réquente, et l’inrmière demeure sans cesse à l’aût de toute modication chez la personne aidée.
Ressources VERSION COMPLÈTE ET DÉTAILLÉE
http://ortinash.cheneliere.ca
Références Internet ORGANISMES ET ASSOCIATIONS Association canadienne pour la santé mentale (ACSM) www.acsmca.qc.ca > ChaudièreAppalaches > Virage > Dossiers spéciaux Association des infrmières et infrmiers du Canada www.canadiannurse.com > Numéros antérieurs > Au travail > Le mental, ça compte
70
Partie 1
Association québécoise des infrmières et infrmiers en santé mentale (AQIISM) www.aqiism.org
> Sujets > Problèmes de santé > Santé mentale > Rétablissement
Association québécoise pour la réadaptation psychosociale (AQRP) www.aqrpsm.org
RÉFÉRENCES GÉNÉRALES
Fondation des maladies mentales www.mmmi.ca > Aider une personne > Nos programmes d’aide ORGANISMES GOUVERNEMENTAUX Agence de la santé publique du Canada www.phacaspc.gc.ca > Promotion de la santé > Promotion de la santé mentale > Publications > Promotion de la santé mentale auprès des personnes atteintes d’une maladie mentale > Modèles existants Ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) www.msss.gouv.qc.ca
Fondements de la pratique infrmière en santé mentale et en soins psychiatriques
Institut universitaire en santé mentale de Québec www.institutsmq.qc.ca > Enseignement > Répertoire des guides cliniques pour l’élaboration des PTI en santé mentale Ordre des infrmières et infrmiers du Québec (OIIQ) www.oiiq.org > Ordres régionaux > 10 ChaudièreAppala ches > Cyberjourn@l > Cyberjourn@l – vol. 1, no 1 Hiver 2010 > Tendances infrmières > Pratique infrmière > Encadrement de la pratique > PTI Plan thérapeutique infrmier > Publications > Répertoire des publications > Perspectives de l’exercice de la proession d’infrmière, édition 2010
> Pratique inrmière > Champ d’exercice et activités réservées > Décider de l’utilisation des mesures de contention Semaine de sensibilisation aux maladies mentales www.miaw.ca > À propos de la santé mentale > La stigmati sation et la discrimination
Monographies Fortin, B. (2006). Intervenir en santé mentale. Anjou, Qc : Fides. Gottlieb, L., & Feely, N. (2007). Collaboration infrmière-patient : un partenariat complexe. Montréal : Chenelière Éducation.
Articles, rapports et autres
Multimédia
Association canadienne de santé publique (ACSP) (2010). La pratique infrmière en santé publique – en santé communautaire au Canada. Rôles et activités (4e éd.). Ottawa, Ont. : ACSP. BélangerLaberge, R., Di Lalla, J., Dumoulin, S. et al. (2011). Comprendre le rôle de l’infrmière clinicienne dans le processus de rétablissement en santé mentale. Colloque AliceGirard. www.oriiml.org/content/download.php?id=235 Lafamme, F. (2010). La contribution des inr mières : Rôles de l’inrmière et de l’inrmière clinicienne spécialisée en santé mentale au sein des équipes multidisciplinaire de pre mière ligne. Perspective infrmière, 7(3), 2932.
Agence de la santé et des services sociaux de la CapitaleNationale (2005). [s. t.], série de vidéos sur la pratique inrmière en santé mentale. www.rrsss03.gouv.qc.ca/videospsychiatrie. html Barrette, B. (2008). Ces voix oubliées – un chœur qui déjoue les préjugés. Québec, Qc : ONF, 43 minutes. Institut universitaire en santé mentale/ Douglas (2009). Portrait d’une infrmière clinicienne de l’Institut Douglas, no 45 (vidéo Web, 4 min 45 s). www.douglas.qc.ca/videos/67
Pepin, J., Kérouac, S., & Ducharme, F. (2010). La pensée infrmière. Montréal : Chenelière Éducation.
Ordre des inrmières et inrmiers du Québec (OIIQ) (2009). La pratique infrmière en santé mentale. Une contribution essentielle à consolider. www.oiiq.org/uploads/publications/autres_ publications/rapport_octobre2009_v.pd
Secrétariat international des inrmières et inrmiers de l’espace rancophone (2011). Pratiques infrmières avancées en santé mentale, où en sommes-nous ? Visioconé rence internationale en santé mentale. www.sidiie.org/Accueil/6_0_Evenements/ 6_8_VisioconerenceSanteMentale.aspx
Provencher, H.L. (2012). Introduction à la pratique infrmière en santé mentale. Québec, Qc : Faculté des sciences inrmières, Université Laval.
Ordre des inrmières et inrmiers du Québec (OIIQ) (2009). Rapport du comité d’experts sur la pratique infrmière en santé mentale et en soins psychiatriques. Montréal : OIIQ.
Vigneault, L. (2008). Chaise berçante à vendre – le pouvoir d’agir entre le discours et la pratique. Québec, Qc : Communication Bastien Décary – APUR, 22 minutes.
Leprohon, J., & Lessard, L.M. (2006). Le Plan thérapeutique infrmier : La trace des décisions cliniques de l’infrmière. Montréal : Ordre des inrmières et inrmiers du Québec.
Chapitre 3
Principes de la pratique infrmière en santé mentale
71
3
chapitre
Évaluation de la condition mentale
Écrit par : Lise Laberge, inf., M. Sc. D’après un texte de : Katherine M. Fortinash, MSN, APRN, PMHCNS
Guide d’études – SA07, SA09, SA10, SA12
OBJECTIFS
Après avoir étudié ce chapitre, vous devriez être en mesure : ■
■
d’énumérer les objectifs de l’évaluation faite par l’infirmière ; de distinguer les objectifs de l’évalua tion initiale de ceux de l’évaluation en cours d’évolution ;
■
de distinguer les données subjectives des données objectives ;
■
de décrire les divers moyens d’évaluation ;
72
Partie 1
■
de détailler les principaux éléments de l’évaluation ;
■
d’interpréter un génogramme et une écocarte ;
■
de décrire les composantes de l’examen de l’état mental ;
de formuler des problèmes infirmiers en santé mentale ;
■
de rédiger une note d’évolution en santé mentale.
■
■
d’expliquer les différents thèmes utilisés pour décrire les observations de l’examen de l’état mental ;
Fondements de la pratique infrmière en santé mentale et en soins psychiatriques
■
de décrire des moyens à utiliser pour évaluer un client en situation particulière ;
Concepts clés
Cette carte conceptuelle illustre schématiquement les principaux concepts décrits dans le présent chapitre. Sa lecture vous permettra d’avoir une vue d’ensemble des notions qui y sont présentées.
4
afn d’établir
pour déterminer
vise à porter
est
comprend
par
inclut
basée sur
Chapitre 4
Évaluation de la condition mentale
73
PORTRAIT Steve Cormier Steve Cormier, âgé de 28 ans, se présente à l’urgence avec des blessures au visage et aux jointures. Les ambulanciers qui l’ont amené rapportent qu’il s’est battu dans un bar sans trop comprendre ce qui l’a motivé. Au cours de l’entretien, l’infrmière observe qu’il est très agité et que ses signes vitaux sont élevés. Après lui avoir donné les premiers soins, elle pousse l’évaluation plus loin. L’inirmière tente de reconstituer l’histoire de santé de monsieur Cormier. Elle apprend ainsi qu’il a consommé de l’alcool et des amphétamines. Il rapporte avoir, du côté de son père, des antécédents de maladie bipolaire avec épisode psychotique. À l’examen de son état mental, elle observe chez le client une hypervigilance, des blocages de la pensée et de la tachypsychie ; de plus, il tient des propos délirants. Elle soupçonne également qu’il a des hallucinations. Sur le plan psychosocial, monsieur Cormier lui dit qu’il a toujours eu des problèmes dans ses études. Il connaît peu de personnes sur qui il peut compter. L’infrmière décide d’instaurer une surveillance constante et demande une évaluation du client par le psychiatre.
4.1
Exercice infrmier et évaluation de la condition physique et mentale
L’investissement de l’infrmière dans une relation de qualité avec le client et ses proches constitue la pierre angulaire des soins infrmiers. Prendre soin de la personne dans un contexte de problèmes de santé mentale exige de l’infrmière une bonne connaissance de soi, de son rôle proessionnel et de contenus théoriques.
RAPPELEZ-VOUS…
L’article 36 de la Loi sur les infrmières et les infrmiers (L.R.Q., c. I-8) précise 17 activités réservées de l’infrmière. Lesquelles pouvez-vous nommer ?
74
Partie 1
(L.Q. 2002, c. 33), des activités proessionnelles ont été réservées à chacune des proessions en onction du risque de préjudices, des compétences requises et des connaissances exigées pour les exercer. Ainsi, l’activité consistant à « évaluer la condition physique et mentale d’une personne symptomatique » (Loi sur les infrmières et les infrmiers, L.R.Q., c. I-8, art. 36, al. 1) est devenue une activité réservée de l’infrmière, au même titre que celle de « diagnostiquer les maladies » (Loi médicale, L.R.Q., c. M-9, art. 31, al. 1) est réservée aux médecins. Cette loi, qui redéfnit le partage des activités cliniques de 11 proessions de la santé, reconnaît ainsi la contribution de l’infrmière et son jugement clinique. L’évaluation de la condition physique et mentale est donc l’assise de l’exercice infrmier qui distingue la pratique des infrmières et des médecins de celle des autres proessionnels (Ordre des infrmières et infrmiers du Québec [OIIQ], 2003b). Les infrmières ont aussi un rôle majeur à jouer dans les activités déterminantes comme le suivi infrmier des personnes ayant des problèmes de santé complexes et la surveillance clinique, incluant le monitorage et les ajustements du plan thérapeutique infrmier (PTI), lesquelles doivent nécessairement s’appuyer sur une évaluation continue de l’état de santé et des orces de la personne FIGURE 4.1. Dans son rapport intitulé La pratique infrmière en santé mentale : Une contribution essentielle à consolider, le Comité d’experts sur la pratique infrmière en santé mentale et en soins psychiatriques met en évidence la contribution ondamentale de l’infrmière dans un système de santé en proonde réorganisation à la suite des progrès scientiiques réalisés au cours des dernières années : « En vertu de ces découvertes dans le domaine de la santé mentale, l’évaluation par l’infrmière de la condition physique et mentale d’une personne symptomatique est devenue une
La pratique infrmière s’inscrit dans une démarche systématique de résolution de problèmes, nommée démarche de soins. L’évaluation de la condition physique et mentale est une activité essentielle à la détermination des problèmes de santé et des besoins de la personne. Elle permet de poser un jugement clinique qui déterminera l’orientation des soins et l’ensemble des interventions infrmières.
4.1.1
Activité réservée de l’infrmière
Au Québec, avec l’entrée en vigueur en 2003 de la Loi modifant le Code des proessions et d’autres dispositions législatives dans le domaine de la santé
FIGURE 4.1 L’infrmier joue un rôle déterminant dans le suivi clinique d’un client.
Fondements de la pratique infrmière en santé mentale et en soins psychiatriques
activité particulièrement importante pour améliorer l’accès aux soins de santé mentale et la qualité des interventions. D’une part, l’évaluation permet de rafner les données nécessaires au médecin pour poser un diagnostic. D’autre part, elle vise à reconnaître les symptômes communs que peuvent présenter les maladies physiques et mentales, à les distinguer et/ou découvrir leur interaction. Les résultats d’une telle évaluation servent à établir le suivi approprié et à orienter les soins et le traitement » (OIIQ, 2009, p. 4).
4.1.2
Défnition et objectis de l’évaluation
L’évaluation consiste à « poser un jugement clinique sur la condition de santé d’une personne et en communiquer les conclusions » (OIIQ, 2010a). Il s’agit pour l’infrmière de rassembler des données sur la situation de santé du client, puis d’analyser cette inormation en vue de ormuler des hypothèses ou d’établir des problèmes, lesquels permettent d’instaurer un plan de soins et de traitements infrmiers (PSTI) personnalisé ou de diriger la personne vers la ressource qui sera en mesure de répondre à ses besoins ENCADRÉ 4.1. De plus, par les données qu’elle recueille auprès du client, de sa amille et de ses proches, l’infrmière contribue au diagnostic médical. L’évaluation s’inscrit donc dans la démarche de soins, partie intégrante d’un processus systématique et dynamique au cours duquel l’infrmière : • recueille des données cliniques sur la situation de santé de la personne (collecte des données) ; • analyse et interprète ces données de manière à déterminer les problèmes prioritaires (analyse et interprétation) ; • planie des interventions de soins susceptibles de répondre aux besoins propres au client selon son champ de pratique (planication) ; • intervient et coordonne les activités de soins dans un contexte de collaboration intraprofessionnelle et interprofessionnelle en assurant la surveillance clinique et le monitorage (intervention) ; • évalue l’atteinte des résultats escomptés en vue d’apporter les ajustements thérapeutiques requis (évaluation).
ENCADRÉ 4.1
Objectis de l’évaluation aite par l’infrmière
Selon l’OIIQ (2010a), l’évaluation de l’infrmière a essentiellement pour objectis : • de distinguer l’anormalité de la normalité; • de détecter des complications ; • de déceler des problèmes de santé ;
interventions. Tout au long de la mise en œuvre des interventions, elle instaure une surveillance clinique de l’évolution des symptômes du client et le monitorage des interventions, puis elle procède à l’évaluation des résultats obtenus.
Évaluation initiale
4
Jugement clinique Jean-Claude Lagarde, âgé de 56 ans, est hospitalisé à l’unité de psychiatrie pour une dépression majeure consécutive à une perte d’emploi et à la saisie de sa maison. Il dit qu’il va mettre fn à ses jours, mais demeure vague sur ses intentions. D’après ces données, quel serait l’objecti de l’évaluation de la condition mentale que vous aites de monsieur Lagarde ?
Activités d’évaluation
Évaluation en cours d’évolution
4.1.3
• Surveillance clinique et monitorage
Il existe une relation étroite et dynamique entre les activités d’évaluation et les activités d’intervention FIGURE 4.2. Au cours de l’évaluation initiale, l’infrmière recueille un ensemble de données qui, une ois analysées et interprétées, la conduisent à l’établissement des priorités et à la planifcation des
• d’établir les priorités et les conditions d’intervention.
L’évaluation initiale s’eectue à l’admission du client en milieu hospitalier ou à l’occasion d’un premier contact à la suite d’une demande de service. Elle vise à obtenir des données de base sur l’état de santé physique et mentale du client afn d’établir son profl actuel de santé globale, incluant les aspects onctionnels et dysonctionnels, de préciser ses besoins et ses attentes, de déterminer les complications potentielles et les acteurs de risque et de protection, ainsi que de cerner les besoins d’enseignement. Sans être exhaustive, cette première évaluation a pour but d’obtenir sufsamment d’inormation pour prodiguer des soins sécuritaires et de qualité au client. L’analyse des données recueillies permet d’établir les priorités de soins en vue d’élaborer le PTI s’il y a lieu, ainsi que le PSTI. Elle permet à l’infrmière de se préparer à la réunion interdisciplinaire au cours de laquelle elle transmettra ses conclusions et ses hypothèses à l’équipe.
La démarche de soins est un processus constant, puisque l’infrmière évalue régulièrement le client en cours d’évolution afn d’adapter ses interventions de açon continue.
Types d’évaluation
• de déterminer le degré de gravité ou d’urgence de la situation de santé du client ;
Activités d’intervention
Évaluation initiale Planification des interventions
Mise en œuvre des interventions
• Évaluation des résultats obtenus auprès du client FIGURE 4.2
Interrelations entre les activités d’évaluation et les activités d’intervention Chapitre 4
Évaluation de la condition mentale
75
Évaluation en cours d’évolution L’évaluation en cours d’évolution consiste à établir des liens entre les données actuelles et les données antérieures. Elle comprend les activités de surveillance clinique dans le but de suivre l’évolution de l’état de santé physique et mentale de la personne, de déceler tout signe de déséquilibre et d’intervenir ecacement au moment opportun. Elle permet de réviser les priorités de soins et d’ajuster le PTI ainsi que le PSTI. L’évaluation en cours d’évolution inclut aussi la collecte de renseignements visant à approondir des situations cliniques particulières. Par exemple, si un client montre des signes d’anxiété, a des comportements inadaptés ou est atteint d’un trouble du sommeil, l’inrmière pourra explorer le problème auprès de la personne et de ses proches à un moment opportun. Elle pourra utiliser un questionnaire plus détaillé pour préciser certains aspects du problème ou encore une grille d’observation systématique permettant de dresser un tableau de la situation. Ces outils peuvent être utilisés sur une base continue ou à des moments précis an d’apprécier l’évolution clinique du client.
4.2
Sources d’information et moyens d’évaluation
4.2.1
Données subjectives et objectives
L’évaluation en soins inrmiers se onde à la ois sur des données subjectives, c’est-à-dire sur ce que le client dit de lui-même, et sur des données objectives, à savoir ce que l’inrmière observe. Les données subjectives se rapportent à tout ce que le client transmet à son sujet, par exemple les symptômes qu’il ressent, les événements de sa vie, ce qui le perturbe, ses valeurs et ainsi de suite. Ces données sont obtenues par l’histoire de santé, présentée en détail plus loin dans ce chapitre, et par le questionnement de la personne sur ses habitudes de vie et son onctionnement psychosocial FIGURE 4.3. Les données objectives proviennent d’une observation structurée sur divers aspects, par exemple la mesure des signes vitaux, l’auscultation des poumons, la description du cours de la pensée ou l’évaluation de la mémoire. Elles sont généralement recueillies pendant l’examen physique et par l’examen de l’état mental (traité plus loin). Ces observations viennent compléter et valider les données subjectives de açon à constituer la base de données à partir de laquelle l’inrmière évaluera l’état de santé de la personne et déterminera les problèmes prioritaires.
76
Partie 1
FIGURE 4.3 Au cours de l’évaluation initiale, l’infrmière recueille auprès du client des données portant sur ce qu’il ressent et sur ce qu’il comprend de sa situation de santé.
4.2.2
Autres sources d’information
Le client est la source privilégiée d’inormation portant sur sa situation de santé. D’autres sources peuvent être consultées telles qu’un membre de la amille ou un ami, pour obtenir cette inormation dans le cas où le client en serait incapable (p. ex., s’il est inconscient), pour obtenir de l’inormation complémentaire ou pour valider, au besoin, les renseignements obtenus. Par ailleurs, les échanges avec des personnes signicatives permettent de poser un regard systémique, c’est-à-dire qui tient compte des divers éléments ayant un impact sur la santé comme les croyances et les valeurs amiliales. Touteois, les renseignements provenant d’autres sources doivent être analysés à la lumière de la relation entretenue avec le client. Par exemple, un proche qui n’est pas au ait de la situation de santé de la personne ou qui est en confit avec cette dernière risque de ournir des renseignements inexacts. Il convient de valider l’inormation obtenue auprès d’autres sources, autant que possible. Le dossier médical constitue une autre source d’inormation. Les antécédents du client peuvent y être consignés. Il importe de prendre connaissance des données les plus récentes sur le client dès qu’elles sont disponibles. Les renseignements antérieurs, malgré leur utilité, ne décrivent pas toujours de açon juste et complète la situation actuelle du client. Dans plusieurs établissements de santé, la tenue de dossiers électroniques permet à l’inrmière d’obtenir rapidement et ecacement les données les plus récentes. Les résultats des tests de laboratoire ournissent aussi une inormation utile sur les composantes biochimiques, les anomalies des enzymes hépatiques et les concentrations de drogues ou de médicaments dans le sang. Ces résultats peuvent expliquer certains
Fondements de la pratique infrmière en santé mentale et en soins psychiatriques
symptômes ou changements de comportements, par exemple :
arriver à couvrir le contenu adéquatement. Cela doit être ait sans brusquer le client.
• le dosage sanguin des hormones thyroïdiennes peut révéler une hypothyroïdie, dont les symptômes s’apparentent à ceux de la dépression ;
De plus, l’inrmière demeure attentive tout au long de l’entretien sur les eets que produisent sur elle les comportements ou les propos du client. Ces inormations peuvent être utiles dans l’évaluation. Par exemple, la peur qu’elle ressent peut être un indice d’un potentiel de violence chez le client. Ressentir de la conusion peut mettre sur la piste d’une pensée illogique ou caractérisée par un relâchement des associations.
• L’hypoglycémie peut entraîner un changement dans l’état de conscience pouvant aller jusqu’au coma ; l’agitation peut être un signe d’hyperglycémie ; • une lithémie (dosage du lithium sanguin) audelà des valeurs thérapeutiques peut révéler une intoxication se manifestant par de l’apathie et de la confusion mentale ; • le dépistage toxicologique peut indiquer la présence de drogue pouvant entraîner des comportements impulsifs ou violents.
4.2.3
Moyens d’évaluation
Pour réaliser son évaluation, l’inrmière utilise diérents moyens en onction de l’objet de l’évaluation, de son contexte et de la clientèle desservie. Les principaux moyens employés sont l’entretien, l’observation et l’utilisation de grilles et d’échelles d’évaluation. L’évaluation porte sur les comportements et les pensées que présente la personne durant l’entretien (Shea, 2005). L’inrmière évite de se laisser infuencer par d’anciennes données ou opinions. Tout au long de l’évaluation, elle utilise une terminologie précise et partagée par les proessionnels de la santé.
Entretien L’entretien est le moyen par excellence pour recueillir des données sur la situation de santé du client. Il permet à l’inrmière d’utiliser ses divers sens (vue, ouïe, toucher et odorat), ses connaissances et son expérience pour explorer les sujets clés et les préoccupations exprimées par le client. L’entretien doit entre autres inclure un portrait des orces du client. L’inrmière acilite la participation active de celui-ci en créant dès le départ une relation de conance 5 .
Une évaluation complète nécessite parois plusieurs entretiens, le client pouvant montrer de la méance, par exemple, ou manquer d’énergie. Il est donc important de aire preuve de patience et de compréhension. Plus les connaissances de l’inrmière dans le domaine du comportement humain, de la psychologie et de la psychopathologie sont étendues, plus elle est en mesure de conduire ecacement un entretien d’évaluation selon une conception holistique de la personne. L’inrmière reconnaît les eets des problèmes de santé mentale sur les relations du client avec sa amille et ses proches ; elle traite chaque client comme une personne unique et évite les stéréotypes ou les préjugés qui compromettent la qualité des soins.
4
ALERTE CLINIQUE
Pour effectuer l’entretien, il est important de disposer d’un espace assurant le respect de la vie privée et de l’intimité du client. De plus, aucune interruption extérieure ne doit être tolérée, sauf en cas d’urgence.
Observation L’observation consiste à porter une attention à la personne, durant laquelle les attitudes, les expressions aciales, les comportements, les paroles et même les silences revêtent une signication particulière. Selon Phaneu (2007), une observation de qualité repose sur deux règles, à savoir la capacité d’attention et de concentration orientée vers la personne et l’objectivité, qui consiste à conserver le plus possible une neutralité aective et une impartialité. En milieu hospitalier, l’inrmière a l’occasion d’observer le client dans les sphères de son quotidien : la açon dont il se comporte dans ses relations avec ses proches et avec ses pairs, son mode de onctionnement, ses habitudes de vie et ses réactions dans diverses situations. L’observation permet, par exemple, de détecter la présence de signes d’intoxication ou les eets de la médication sur son comportement. Si l’inrmière eectue des visites à domicile, elle peut de plus porter une attention à son environnement en observant la propreté des lieux, l’aménagement et les objets qui s’y trouvent (p. ex., des objets inhabituels, une accumulation excessive). Elle accorde de l’attention aux interactions du client avec son entourage, notamment avec les personnes signicatives.
5 L’alliance thérapeutique avec le client est expli quée dans le chapitre 5, Communication et rela tion thérapeutique.
Pour avoriser l’expression des besoins, l’inrmière démontre de l’intérêt et du respect envers la personne. Elle l’invite à s’exprimer, adopte une attitude d’écoute et utilise des techniques telles que la reormulation, les questions ouvertes et la synthèse. Elle demande de clarier les propos vagues et valide certaines perceptions ou impressions. Elle démontre de la compassion et de l’empathie. Sans se laisser envahir par le vécu du client, elle conserve sa capacité de poser un regard objecti et d’orienter ecacement l’entretien d’évaluation. Lorsque le client introduit un thème, L’entretien demeure l’un des moments les plus l’inrmière peut choisir d’approondir celui-ci avant avorables pour observer le client. Que ce soit au de passer à un autre, tout en cours de l’évaluation inigardant le l de l’entretien tiale, d’un entretien inorL’entretien demeure l’un des moments les Il est parois nécessaire de mel ou d’un entretien plus favorables pour observer le client. recentrer le client pour visant un objecti précis, ce Chapitre 4
Évaluation de la condition mentale
77
temps d’échange privilégié avec le client permet de noter divers aspects telles la qualité de son langage, sa capacité d’attention, ses mimiques, ses attitudes d’ouverture ou de méfance, ses mani estations d’anxiété ou la présence de signes d’hallucination. L’infrmière rapporte des données négatives pertinentes (p. ex., ne présente aucun signe d’hallucination auditive et nie en avoir ; ne présente aucune odeur éthylique ; nie avoir des idées suicidaires), ce qui démontre que ces aspects ont été considérés dans le cadre d’une évaluation minutieuse.
Utilisation de grilles et d’échelles d’évaluation
C L’examen de Folstein sur l’état mental est présenté dans l’annexe C.
Les outils mnémotechniques PQRSTU et AMPLE ainsi que des exemples de questions concernant les modes fonctionnels de santé sont présentés dans le chapitre 3 du manuel de Lewis, Dirksen, Heitkemper et al. (2011). Soins infrmiers – Médecine Chirurgie. Montréal : Chenelière Éducation.
La recherche clinique et l’évolution des pratiques ont avorisé la mise au point de nombreux outils permettant d’observer de açon systématique et d’évaluer avec plus de précision divers aspects de la situation de santé des personnes. Qu’il s’agisse d’une échelle normalisée (p. ex., l’Échelle d’anxiété de Hamilton, le Mini-examen de l’état mental de Folstein), de grilles d’observation systématisée (p. ex., une grille d’observation d’un comportement perturbateur) ou d’un questionnaire visant à explorer un sujet particulier (p. ex., l’instrument Dépistage/ Évaluation du besoin d’aide-Alcool [DEBA–Alcool], une échelle d’évaluation des eets indésirables), l’infrmière considère l’intérêt d’utiliser ces outils en vue d’approondir l’évaluation C . Par contre, elle s’assure de posséder les connaissances nécessaires afn de les utiliser à bon escient et, surtout, d’interpréter les résultats adéquatement.
4.3 Somatique : Qui a rapport au corps.
Contenu de l’évaluation
L’évaluation de l’état de santé consiste à dresser le portrait le plus complet de la situation de santé de la personne. À partir du ou des problèmes de santé à l’origine de la demande, l’infrmière recueille des données propres à la situation actuelle (histoire de santé) de même que des renseignements associés aux dimensions physique, mentale et psychosociale avorisant une compréhension globale de l’état de santé. Par ailleurs, l’évaluation vise à repérer les risques potentiels afn d’intervenir efcacement et de açon sécuritaire. Les principaux éléments de l’évaluation de la condition physique et mentale sont décrits de açon détaillée dans les sections suivantes :
78
Partie 1
• la raison de la consultation ou de l’hospitalisation, c’est-à-dire le motif principal à l’origine de la demande (ou du besoin) de soins ou de services ; • l’histoire du problème de santé actuel, à savoir la description du malaise ou des symptômes en donnant des précisions sur le début, la gravité, la durée, la fréquence et les causes de ceux-ci, ainsi que les moyens utilisés pour tenter de les soulager ; • les changements récents sur le plan de l’état de santé générale, des émotions, des relations, des fonctions cognitives, des pensées et du fonctionnement quotidien ; • les antécédents médicaux personnels et familiaux au regard de la santé physique (p. ex., des allergies, des chirurgies, des maladies) et mentale (p. ex., une dépression, une tentative de suicide, un abus de substances), incluant un génogramme au besoin ; • le traitement médicamenteux actuel, son efcacité, les effets indésirables, les connaissances du client et son adhésion au traitement. Le génogramme est la représentation d’une amille, rassemblant sur un même schéma les membres de deux ou trois générations, les liens qui les unissent ainsi que les renseignements biomédicaux et psychosociaux. Utilisé dans le cadre de l’évaluation de l’état de santé, le génogramme est un instrument efcace permettant de montrer la constitution de la amille et les relations qui existent entre les membres FIGURE 4.4.
4.3.2
État de santé physique
• le dépistage des risques ; • les données provenant de grilles et d’échelles d’évaluation.
Sans être exhaustive, l’évaluation de l’état de santé physique doit comprendre : 1) l’examen des
• l’état de santé physique ;
Le délirium se différencie de la démence et de la dépression. Qu’est-ce qui le caractérise par rapport à ces deux autres troubles ?
Histoire de santé
L’histoire de santé correspond à la description détaillée que ait le client de sa situation de santé et des problèmes qui l’amènent à consulter un proessionnel de la santé. Elle s’appuie sur la perception de la personne et de ses proches ENCADRÉ 4.2. Les composantes que l’infrmière doit évaluer concernant l’histoire de santé sont les suivantes :
Plusieurs troubles mentaux (p. ex., le trouble bipolaire, les troubles anxieux) peuvent entraîner des symptômes somatiques tels que des douleurs ou des troubles de la digestion. De même, plusieurs aections physiques (p. ex., l’hypothyroïdie, le cancer) peuvent engendrer des symptômes psychiatriques comme la dépression ou un épisode de délirium. Chez les personnes âgées, des comportements comme l’agitation et l’irritabilité peuvent être liés à des troubles tels que des difcultés à uriner, la déshydratation, un écalome et la pneumonie. L’infrmière demeure alerte quant aux maniestations de ces troubles, car ils peuvent mettre la vie du client en danger.
• l’histoire de santé ; RAPPELEZ-VOUS…
4.3.1
• l’examen de l’état mental ; • la dimension psychosociale ;
Fondements de la pratique infrmière en santé mentale et en soins psychiatriques
Collecte des données ENCADRÉ 4.2
Suggestions de questions pour reconstituer l’histoire de santé
RAISON DE LA CONSULTATION
• Avez-vous déjà consulté un proessionnel de la santé ou suivi une thérapie ?
• Qu’est-ce qui vous a amené à consulter? • Quelle est la raison de votre hospitalisation ?
• Avez-vous déjà pris des médicaments pour un trouble émotionnel ou un problème de santé mentale ?
PROBLÈME DE SANTÉ ACTUEL
• Est-ce votre premier épisode ou est-ce que ces symptômes reviennent régulièrement ? À quelle réquence ?
• Décrivez-moi votre malaise ou vos symptômes. • Depuis quand ? Est-ce toujours présent ?
4
ANTÉCÉDENTS DE SANTÉ PHYSIQUE
• Comment cela a-t-il commencé ? À votre avis, quelle est la cause ?
• Avez-vous des problèmes de santé graves ?
• Avez-vous tenté des choses pour vous soulager ? Est-ce efcace ?
• Êtes-vous en investigation ou en traitement actuellement?
• Y a-t-il d’autres signes ou symptômes qui accompagnent votre malaise?
• Avez-vous subi des chirurgies au cours des dernières années?
CHANGEMENTS RÉCENTS
• Avez-vous des allergies?
Avez-vous observé des changements au cours des dernières semaines au niveau de:
ANTÉCÉDENTS FAMILIAUX
• Des membres de votre amille ont-ils des problèmes de santé physique (diabète, HTA, cardiaque, etc.) ?
• votre état de santé (insomnie, alimentation, malaises, etc.) ? • vos émotions (tristesse, peur, excitation, etc.) ?
• Des membres de votre amille ont-ils des problèmes de santé mentale (dépression, dépendance, suicide, etc.) ?
• vos relations (conjoint, enants, etc.) ? • vos onctions cognitives (attention, concentration, mémoire, etc.) ? • vos pensées (ruminations, sentiment d’être puni, rejeté, coupable, etc.)?
PHARMACOTHÉRAPIE
• votre onctionnement quotidien (travail, hygiène, activités, entretien de la maison, etc.) ?
• Prenez-vous des médicaments ?
ANTÉCÉDENTS DE SANTÉ MENTALE
• Êtes-vous conortable avec votre médication?
• Avez-vous déjà été traité pour un trouble émotionnel ou psychiatrique?
• Prenez-vous vos médicaments régulièrement?
• Avez-vous déjà été hospitalisé en psychiatrie ?
• Connaissez-vous les médicaments que vous prenez ?
• Considérez-vous que vos médicaments sont efcaces ?
Source : Adapté de l’Institut universitaire en santé mentale de Québec (2008)
George-Émile Alcoolisme Angine
Blanche
77
58
Dépression Cancer du sein
55
52
55
50
47
Josiane Dépressive
Rolande
Jacques
Marthe
Bernard Alcoolisme
32
29
20
Martin Drogues
Johanne
Isabelle Tentative de suicide à 17 ans
LÉGENDE Homme
Cas discutés
Décès
Femme
Mariage Union de fait
Avortement
Séparation
Divorce
FIGURE 4.4
Exemple de génogramme Chapitre 4
Évaluation de la condition mentale
79
onctions cardiovasculaire, respiratoire, neurologique, etc. afn de dépister ou d’évaluer des problèmes de santé éventuels ; 2) l’analyse des plaintes somatiques (p. ex., des céphalées, des douleurs, des malaises gastriques) au moyen de la méthode PQRSTU et des techniques d’inspection, de palpation, de percussion et d’auscultation au besoin ; 3) les habitudes de vie et l’autonomie onctionnelle de la personne : alimentation, hydratation, hygiène, habillement, élimination, déplacements, activités, sommeil, repos, consommation de tabac et sexualité (cycle menstruel, libido, partenaires, utilisation de moyens de protection et de contraception) ENCADRÉ 4.3.
4.3.3
Examen de l’état mental
Tout d’abord, il convient de rappeler que les symptômes correspondent aux plaintes subjectives exprimées par le client au cours de l’histoire de santé, alors que les signes sont les maniestations objectives observées à l’occasion de l’examen de l’état mental. Les divers éléments de l’examen de l’état mental constituent une décomposition d’un tout en ses diverses parties dans le but de recueillir
de açon systématique des données objectives portant sur le onctionnement émotionnel et cogniti de la personne (Lalonde, Aubut, Grunberg et al., 2001). Le TABLEAU 4.1 présente une vue d’ensemble des composantes de l’examen de l’état mental. L’apparence générale, et plus particulièrement l’apparence physique, donne une impression globale de l’état de santé du client ENCADRÉ 4.4. Par exemple, celui-ci peut sembler plus vieux ou plus jeune que son âge ; il peut avoir des malormations ou montrer des signes distinctis. La présentation générale, comprenant l’hygiène, l’habillement et l’état des cheveux et des ongles, signale l’intérêt que porte la personne à prendre soin d’elle-même. L’expression aciale et la qualité du contact visuel donnent des indications sur l’état d’esprit de la personne. L’attitude traduit la position aective du client quand il est en relation avec autrui. Le comportement moteur peut être augmenté ou diminué. Par exemple, la personne qui présente une dépression majeure se mobilise avec lenteur. L’infrmière observe non seulement la vitesse de l’activité motrice, mais aussi le type, la quantité, le
Collecte des données ENCADRÉ 4.3
Suggestions de questions pour évaluer les habitudes de vie et l’autonomie fonctionnelle
ALIMENTATION ET HYDRATATION
ACTIVITÉS
• Comment qualifez-vous votre appétit (normal, augmenté, diminué) ?
• Faites-vous des activités physiques ? Si oui, précisez.
• Avez-vous observé une variation de votre poids ? Si oui, précisez.
• Avez-vous des loisirs? Si oui, précisez.
• Comment qualifez-vous votre hydratation (normale, augmentée, diminuée)? • Avez-vous besoin d’aide pour vous alimenter ? vous hydrater ? Si oui, précisez.
SOMMEIL ET REPOS
• À quelle heure avez-vous l’habitude de vous coucher ? de vous lever ?
HYGIÈNE ET HABILLEMENT
• Avez-vous l’habitude de aire des siestes ? Si oui, précisez.
• Avez-vous besoin d’aide pour vous laver ? Si oui, précisez. • Avez-vous besoin d’aide pour vous habiller ? Si oui, précisez.
• Comment qualifez-vous votre sommeil (récupérateur, léger, agité, difculté d’endormissement, réveils réquents, réveil tôt, cauchemars)?
• Avez-vous besoin d’aide pour entretenir votre personne? Si oui, précisez.
• Utilisez-vous des moyens pour aciliter votre sommeil ? Si oui, précisez.
ÉLIMINATION
SEXUALITÉ
• Vos urines présentent-elles des particularités ? Si oui, précisez.
• Comment est votre cycle menstruel (régulier, irrégulier, ménopause)?
• À quelle réquence allez-vous à la selle?
• Avez-vous observé des changements au niveau de votre libido ?
• Quelle est la texture de vos selles (normales, dures, molles, liquides) ?
• Avez-vous des relations avec un seul partenaire ou avec plusieurs partenaires ?
• Utilisez-vous des laxatis ? Si oui, précisez. DÉPLACEMENTS
• Comment qualifez-vous votre démarche (sûre, ralentie, instable, rapide) ? • Avez-vous besoin d’aide pour vous mobiliser ? Si oui, précisez. • Utilisez-vous des aides techniques pour vous déplacer? Si oui, précisez.
• Utilisez-vous un moyen de protection (condom)? • Utilisez-vous un moyen de contraception? Si oui, précisez. TABAC
• Fumez-vous ? Si, oui, précisez la consommation quotidienne.
• Avez-vous ait une ou des chutes au cours des trois derniers mois ? Si oui, précisez. Source: Adapté de l’Institut universitaire en santé mentale de Québec (2008)
80
Partie 1
Fondements de la pratique infrmière en santé mentale et en soins psychiatriques
TABLEAU 4.1
Composantes de l’examen de l’état mental
ENCADRÉ 4.4
Exemples de description de l’apparence générale
EXEMPLE DE DESCRIPTION VAGUE ET IMPRÉCISE
COMPOSANTE
OBSERVATIONS
Apparence
• Apparence physique
Le client s’est présenté dans une tenue négligée et non appropriée. Il semblait fatigué. Il a émis des propos étranges et semblait distrait.
• Présentation générale
EXEMPLE DE DESCRIPTION ADÉQUATE
• Expression faciale • Contact visuel • Attitude Comportement moteur
• Activité motrice
Langage
• Qualité
• Mouvements • Débit • Particularités
État émotionnel
• Humeur • Affect
Opérations de la pensée
• Cours/processus • Contenu • Délire
Perceptions
• Hallucinations • Autres troubles perceptuels
Fonctions cognitives
4
Le client se présente à l’entrevue vêtu d’un jean troué aux genoux et d’un chandail noir avec un dessin représentant une tête de mort à l’avant. Ses vêtements sont défraîchis et tachés de peinture. Il porte les cheveux longs attachés dans son dos. À plusieurs occasions, il se frotte le front et soupire. Il a les yeux rougis, ce qui lui donne l’air fatigué.
• Niveau de conscience • Orientation • Mémoire • Attention/concentration • Jugement • Autocritique
rythme et l’amplitude de celle-ci. Certains mouvements (p. ex., des tremblements, de l’agitation, des sauts, des tics, des grimaces) peuvent aussi être caractéristiques de problématiques particulières .
rique (bonheur exagéré) ou labile (passe rapidement d’un excès à l’autre).
Jugement clinique Rosie Vanier, âgée de 40 ans, rapporte que son père, de qui elle était très proche, est décédé il y a trois semaines. Elle raconte des blagues grivoises à propos de celui-ci et décrit les funérailles comme étant une grande fête où tout le monde riait. « C’était un vrai party », dit-elle en s’esclaffant.
L’aect est un état d’esprit passager qui varie habituellement selon le contenu émotionnel du discours. L’aect peut être concordant Quel type d’affect madame Vanier montre-t-elle ou inapproprié par rapport dans ses comportements ? au contenu du discours. Il peut être émoussé (peu d’expression), plat (absence d’expression) ou labile. Il est qualié de mobilisable lorsque la personne réagit quand elle est interpellée. Les opérations de la pensée se rapportent au cours de la pensée et au contenu exprimé. Le cours – ou processus – de la pensée peut être accéléré (tachypsychie) ou ralenti (bradypsychie). La logique renvoie à la cohérence. Ainsi, le discours peut être cohérent ou décousu et insolite. Le discours peut aussi être pauvre, alogique ou circonstancié (long, dius et contenant des détails inutiles). Le TABLEAU 4.2 dénit une série de termes pouvant être utilisés pour décrire les divers troubles du cours de la pensée.
Le langage est le moyen d’expression de la pensée et des émotions. L’évaluation porte sur la qualité du langage, ce qui comprend l’énonciation, l’articulation, l’intonation, le vocabulaire et la acilité avec laquelle s’exprime le client. Le débit donne des indications sur la fuidité de la pensée. Certaines particularités sont relevées, par exemple l’aphasie (incapacité de parler) ou le soliloque (monologue intérieur ou le ait de se parler seul).
Le contenu de la pensée peut être envahi par des ruminations (penser toujours à la même chose), des obsessions (pensées persistantes et indépendantes de la volonté), des compulsions (besoin d’accomplir des actes que la raison reuse), des phobies (peurs irrationnelles), de la méance ou même par des idées délirantes. La présence de délire doit être documentée quant à sa nature, par exemple : délire de grandeur ; de persécution ; mystique ; de contrôle (les autres exercent un contrôle sur soi) ; ou de réérence (tout ce qui se passe autour se rapporte à soi) 14 .
L’état émotionnel comprend l’humeur et l’affect. L’humeur est le sentiment qui se manieste le plus constamment au cours de l’entretien. Il refète l’état émotionnel global et durable dans lequel se trouve la personne. Une humeur est dite euthymique lorsqu’elle exprime une tranquillité d’esprit. Elle peut aussi être colérique, anxieuse, triste, eupho-
Les perceptions ont réérence à la açon dont la personne décode l’inormation perçue par les cinq sens. Celle-ci peut s’éloigner de la réalité objective selon l’intensité des symptômes. La dépersonnalisation est le sentiment d’être irréel, détaché de soi-même. La déréalisation est une sensation d’étrangeté accompagnée d’une orte Chapitre 4
Visionnez la vidéo Trouble obsessionnel-compulsif au http://fortinash.cheneliere.ca.
Rumination : Pensées répétitives indésirables qui occupent l’esprit d’une personne de façon obsédante. Délire : Conviction erronée, irréductible par la logique et non conforme aux croyances du groupe.
14 Les formes de délire sont expliquées plus en détail dans le chapitre 14, Schizophrénie et autres troubles psychotiques.
Évaluation de la condition mentale
81
TABLEAU 4.2
Terminologie utilisée pour décrire le cours de la pensée
TERME
DÉFINITION/MANIFESTATIONS
Circonstancialité
Pensée qui passe par de nombreux détails superfus et qui met beaucoup de temps à arriver au but.
Tangentialité
Incapacité à produire des associations de pensée orientées vers un but. La personne s’éloigne de plus en plus de la question posée à un tel point qu’elle n’y répond jamais.
Relâchement des associations
Idées qui passent d’un sujet à l’autre sans rapport net avec le précédent et sans lien logique. La personne peut aire des associations sans lien ou des associations sonores.
Blocage
Interruption brusque au milieu d’une phrase ou avant la n d’une idée.
Fuite des idées
Expression rapide et décousue, avec changements brusques de sujet qui ne s’ordonnent pas en une conversation sensée.
Écholalie
Répétition en écho des mots ou de phrases prononcés par autrui.
Logorrhée
Loquacité excessive, surabondance démesurée du discours avec une vitesse accélérée.
Néologismes
Fabrication de nouveaux mots que personne ne comprend.
Persévération
Répétition pathologique d’une phrase, d’un mot.
Salade de mots
Groupement de mots ou de phrases incompréhensibles ou dépourvus de toute logique.
Fabulation
Invention de aits ou d’événements en réponse à des questions, pour combler les trous d’une mémoire altérée.
Pensée illogique
Pensée caractérisée par des conclusions illogiques.
impression que l’intégrité des choses a été modifée. L’illusion est la perception déormée ou une ausse interprétation d’un objet réel, par exemple voir des monstres dans les ombres anodines sur un mur. Les hallucinations sont des perceptions sensorielles pour lesquelles il n’y a pas de stimulus externe. Elles peuvent toucher tous les sens : hallucinations visuelles (voir une personne qui n’est pas là) ; auditives (entendre des voix ou de la musique) ; tactiles (ressentir une brûlure au toucher) ; olactives (sentir des odeurs absentes) ; gustatives (percevoir un goût anormal souvent désagréable des aliments).
reux ou à la douleur); comateux (totalement inconscient et non réacti, même à la douleur).
Les onctions cognitives comprennent le niveau de conscience, l’orientation, l’attention et la concentration, la mémoire, le jugement et l’autocritique. Le niveau de conscience d’un client peut être qualifé en utilisant l’échelle à cinq niveaux inspirée de l’instrument Confusion Marco Gravel, un jeune homme âgé de 21 ans, est Assessment Method (CAM) : en phase maniaque d’un trouble bipolaire. Lorsque alerte (éveillé et complètequelqu’un lui demande « Comment ça va ? », il répond ment récepti) ; vigilant (hyperavec un débit rapide : « Ça va pas pire. Le Pirée est en alerte, sursaute aux moindres Grèce. La graisse animale, c’est du mauvais cholestérol. stimulus) ; léthargique (somLes esters, c’est pas des produits chimiques, ça ? » nolent, mais réacti à la voix) ; Quel terme décrit le cours de la pensée de stuporeux (inconscient, mais monsieur Gravel ? réacti à un stimulus vigou-
Le jugement est la capacité d’évaluer une situation correctement et d’y réagir de açon adéquate. Il est évalué d’après l’histoire rapportée par le client et sa açon de mener sa vie au quotidien. Par exemple, a-t-il une compréhension juste de sa situation ? Prend-il de bonnes décisions ? Enfn, l’autocritique est la capacité de reconnaître ses difcultés, son besoin d’aide et les conséquences de ses actes.
Des exemples d’outils d’évaluation de la mémoire sont présentés dans le chapitre 23 du manuel de Potter, P.A., & Perry, A.G. (2010). Soins infrmiers – Fondements généraux (3e éd.). Montréal : Chenelière Éducation.
Consultez le tableau 4.1W au http://ortinash.cheneliere.ca pour une version de cet aide-mémoire sous orme de questionnaire.
Jugement clinique
82
Partie 1
L’orientation s’évalue par rapport à l’espace (savoir à quel endroit la personne se trouve), au temps (savoir quels sont l’année actuelle, la date et le jour) et aux personnes (reconnaître les gens de l’entourage). L’attention et la concentration se mesurent à l’aide d’une tâche simple, comme nommer les mois de l’année à l’envers. La mémoire s’évalue par la vérifcation de la capacité de se souvenir de choses ou d’événements dans l’immédiat (après quelques minutes), récents (au cours des dernières heures ou journées) et anciens (après plusieurs années).
Pour chacun de ces éléments, l’infrmière note ses observations en utilisant des qualifcatis permettant d’en aire une description la plus objective possible TABLEAU 4.3 . L’examen de l’état mental peut être réalisé au cours d’un entretien ormel ou par observation du onctionnement quotidien. L’infrmière adapte les moyens utilisés selon la
Fondements de la pratique infrmière en santé mentale et en soins psychiatriques
Collecte des données TABLEAU 4.3
Aide-mémoire pour réaliser l’examen de l’état mentala
APPARENCE
Apparence physique
• Poids proportionnel
• Malormations physiques
• Tatouages
• Maigreur
• Signes distinctis
• Cicatrices
4
• Obésité Présentation générale (habillement, tenue, hygiène, maquillage, état des cheveux et des ongles)
• Propre
• Négligée
• Inappropriée
• Méticulosité excessive
• Maniérée
• Désordonnée
Expression aciale
• Calme
• Perplexe
• Figée
• Souriante
• En alerte
• Tendue
• Absent
• Fixe
• Coopérative
• Séductrice
• Évasive
• Hostile
• Irritable
• Arrogante
• Perplexe
• Tonique
• Théâtrale
• Dramatique
• Mutisme
• Ambivalente
• Méfante
• Puérile
• Désinhibée
• Familière
• Fermée
• Normale
• Ralentissement
• Agitation
• Rigidité
• Normaux
• Compulsis
• Tremblements
• Excessis
• Tics
• Brusques
• Rapides
• Maniérisme
• Articulé
• Monotone
• Stéréotypé
• Spontané
• Répétiti
• Pauvre
• Régulier
• Rapide
• Hésitant
• Lent
• Volubile
• Ton aible
• Soliloque
• Peu loquace
• Ton élevé
• Aphasie
• Bégaiement
• Euthymique
• Triste
• Colérique
• Euphorique
• Irritable
• Anxieuse
• Concordant
• Plat
• Mobilisable
• Inapproprié
• Labile
• Non mobilisable
• Extravagante
• Conuse Contact visuel
• Bon • Fuyant
Attitude
COMPORTEMENT MOTEUR
Activité motrice
Mouvements
• Catatonie
LANGAGE
Qualité
Débit
Particularités
ÉTAT ÉMOTIONNEL
Humeur
• Labile Aect
• Émoussé
Chapitre 4
Évaluation de la condition mentale
83
Aide-mémoire pour réaliser l’examen de l’état mental (suite)
TABLEAU 4.3
OPÉRATIONS DE LA PENSÉE
Cours/processus
• Cohérent
• Désorganisé
• Fuite des idées
• Bradypsychie
• Circonstancié
• Écholalie
• Tachypsychie
• Tangentiel
• Néologismes
• Blocage
• Logorrhée
• Salade de mots
• Relâchement des associations
• Persévération
• Préoccupations
• Désespoir
• Compulsions
• Ruminations
• Dévalorisation
• Phobies
• Découragement
• Obsessions
• Méance
• Aucun
• De grandeur
• De contrôle
• De persécution
• De réérence
• Mystique
• Aucune
• Visuelles
• Olactives
• Auditives
• Tactiles
• Gustatives
• Aucun
• Dépersonnalisation
• Déréalisation
• Vigilant
• Léthargique
• Comateux
• Alerte
• Stuporeux
Espace
• Orienté
• Hésitant
• Désorienté
Temps
• Orienté
• Hésitant
• Désorienté
Personnes
• Orienté
• Hésitant
• Désorienté
Contenu
Délire
PERCEPTIONS
Hallucinations
Autres troubles perceptuels
• Illusions FONCTIONS COGNITIVES
Niveau de conscience
Orientation
Immédiate : répéter une série de 3 mots (feur, journée, charité) immédiatement puis 5 minutes plus tard.
• Intacte
• Altérée
Récente : ce qu’il a mangé au repas précédent, activités de la journée et de la veille, etc.
• Intacte
• Altérée
Ancienne : date de naissance, date du mariage, école réquentée dans sa jeunesse, etc.
• Intacte
• Altérée
Attention et concentration
Nommer les mois de l’année à l’envers. Compter en descendant à partir de 20 jusqu’à 1.
• Concentré
• Distractible
Jugement
Capacité d’évaluer une situation correctement et d’y réagir de açon adéquate. Par ex. : l’alarme de eu
• Préservé
• Altéré
Capacité de reconnaître ses dicultés, son besoin d’aide et les conséquences de ses actes.
• Bonne
• Supercielle
• Partielle
• Absente
Mémoire
Autocritique
a
• Absent
Des éléments à observer ou des adjectis qualifcatis sont proposés en exemple pour chaque section de l’examen, mais ils doivent être complétés par une description la plus objective et précise possible. Source : Adapté de l’Institut universitaire en santé mentale de Québec (2008)
84
Partie 1
Fondements de la pratique infrmière en santé mentale et en soins psychiatriques
collaboration et les capacités du client. Elle demeure attentive autant au langage verbal que non verbal, ainsi qu’aux changements de comportement, d’attitude ou d’aect.
4.3.4
Dimension psychosociale
An de dresser un portrait complet de la situation du client, l’inrmière s’intéresse aussi aux dimensions psychologique et sociale qui infuent sur sa condition physique et mentale ENCADRÉ 4.5. Ainsi, elle recueille des données sur les aspects suivants : • L’environnement physique et social, qui comprend la situation conjugale et familiale, le milieu de vie et les principales occupations. L’écocarte peut être utile pour rassembler ces renseignements puisqu’elle représente graphiquement l’intensité et la qualité des relations qu’une personne, ou une famille, entretient avec son entourage FIGURE 4.5. • La qualité et le degré de satisfaction du client concernant ses relations interpersonnelles et
son réseau de soutien. Les relations interpersonnelles sont très révélatrices de l’état émotionnel dans lequel le client se trouve. Des données peuvent ainsi être recueillies sur la socialisation, la communication, l’expression des émotions, la capacité de s’afrmer et les liens affectifs que la personne entretient avec les autres.
4
• Les facteurs de stress et la capacité du client à gérer son anxiété. Leur évaluation se fait par un questionnement de la personne ou l’observation de ses caractéristiques psychologiques (p. ex., des tremblements), comportementales (p. ex., des frottements de mains), affectives (p. ex., des pleurs) et cognitives (p. ex., une difculté d’attention). L’inrmière note les sources de stress rapportées par la personne. • Les facultés adaptatives. Elles concernent les capacités à résoudre des problèmes, à prendre des décisions, à s’exprimer, à demander de l’aide de même que le degré d’estime de soi.
Collecte des données ENCADRÉ 4.5
Suggestions de questions pour évaluer la dimension psychosociale
ENVIRONNEMENT PHYSIQUE ET SOCIAL
FACULTÉS ADAPTATIVES
• Quelle votre situation conjugale/amiliale ?
• Comment qualiez-vous votre capacité à : − résoudre des problèmes? − prendre des décisions? − vous armer? − exprimer vos émotions ? − reconnaître vos limites ? − demander de l’aide ?
• Dans quel type de résidence habitez-vous ? • Habitez-vous seul ou avec d’autres personnes ? • Quelle est votre occupation principale (travail, études, bénévolat, etc.) ? RELATIONS ET RÉSEAU DE SOUTIEN
• Quels sont les personnes ou les groupes sociaux que vous réquentez (amis, proches, collègues de travail, école, loisirs) ? • Quelle est la réquence de vos contacts sociaux (réquents, plus ou moins réquents, rares) ? • Comment qualiez-vous vos relations avec autrui (bonnes, plus ou moins bonnes, confictuelles, malsaines, absentes) ? • Comment qualiez-vous vos relations avec la amille (bonnes, plus ou moins bonnes, confictuelles, malsaines, absentes) ? • Recevez-vous des services d’aide ou de soutien dans la communauté? Si oui, précisez. FACTEURS DE STRESS
• Quelle opinion avez-vous de vous-même (estime de soi)? SITUATION FINANCIÈRE
• Avez-vous des dicultés nancières ? Si oui, précisez. • Avez-vous besoin d’aide pour votre budget ? CULTURE ET SPIRITUALITÉ
• Quelles sont les valeurs importantes pour vous ? • Qu’est-ce qui donne un sens à votre vie ? • La religion a-t-elle une importance dans votre vie ?
• Avez-vous eu des événements stressants récemment ? Si oui, précisez.
PROJET DE VIE ET OBJECTIFS
• Comment réagissez-vous ace aux situations stressantes ?
• Avez-vous un projet de vie? Si oui, précisez. (Note : un projet de vie représente ce que vous rêvez d’accomplir, ce qui vous rendrait heureux dans le utur.)
• Quels moyens utilisez-vous pour aronter les situations stressantes (relaxer, se changer les idées, voir des amis, etc.) ? Est-ce ecace ? • Comment qualiez-vous votre niveau d’anxiété générale (léger, modéré, sévère, panique) ?
• Avez-vous des préoccupations ou des besoins particuliers en lien avec ce projet ? • Sur quoi voulez-vous travailler pendant votre épisode de soins?
Source: Adapté de l’Institut universitaire en santé mentale de Québec (2008) Chapitre 4
Évaluation de la condition mentale
85
Père
• Le projet de vie du client. Celui-ci se rapporte aux rêves qu’il souhaite réaliser dans le futur et à ses objectifs liés à l’épisode de soins.
Fille Johanne
Travail Secrétaire
4.3.5 Fille Isabelle
ROLANDE Ami(e)s Fils Martin Conjoint actuel
Sœur Josiane
LÉGENDE Intensité des liens:
Forts
Qualité des liens:
Modérés
Faibles
Très faibles
Relations conictuelles, tensions, conits
FIGURE 4.5
Exemple d’écocarte
• La situation nancière et les ressources. Celles-ci peuvent avoir un impact important sur la qualité de vie et générer du stress. • La culture et la spiritualité. Ces éléments peuvent inuer sur les perceptions, les choix de santé et le sens donné à la maladie.
Collecte des données ENCADRÉ 4.6
Suggestions de questions pour faire le dépistage des risques
RISQUE SUICIDAIRE
RISQUE D’AGRESSION
• Avez-vous déjà été découragé au point de souhaiter mourir ?
• Avez-vous déjà été violent verbalement ? Si oui, précisez.
• Avez-vous déjà fait des tentatives de suicide ? Si oui, précisez le nombre et les circonstances.
• Avez-vous déjà été violent physiquement ? Si oui, précisez.
• Avez-vous des idées suicidaires actuellement ? Si oui, précisez la nature et la fréquence. • Avez-vous pensé à un moyen? Si oui, précisez le COQ, l’accès aux moyens et les préparatifs.
ABUS DE SUBSTANCES
• Consommez-vous de l’alcool? Si oui, précisez la quantité et la fréquence. • Consommez-vous des drogues? Si oui, précisez les types, la quantité et la fréquence.
Source: Adapté de l’Institut universitaire en santé mentale de Québec (2008)
86
Partie 1
Dépistage des risques
Au cours de l’évaluation, l’infrmière porte une attention particulière aux comportements et aux risques qui menacent la sécurité du client ou celle d’autres personnes. Au regard de la santé physique, elle surveille par exemple les risques de chute, d’obstruction respiratoire, d’inection et de réaction allergique. En psychiatrie, les principaux risques sont le suicide, l’agression et l’abus de substances. En raison de la dangerosité qu’ils représentent, ces risques doivent être dépistés systématiquement et précocement à l’évaluation initiale, puis évalués en proondeur et de açon continue tout au long de l’épisode de soins. Il est possible de dépister le risque suicidaire en étant attenti aux signes de détresse, aux messages verbaux directs et indirects et en questionnant directement le client sur la présence d’idées suicidaires . S’il y a lieu, l’infrmière vérife la réquence des idées suicidaires, la présence d’un plan en utilisant la méthode COQ (comment, où, quand) ainsi que les tentatives antérieures de suicide. Selon les recommandations de bonnes pratiques du ministère de la Santé et des Services sociaux, l’infrmière qui intervient auprès d’une personne suicidaire procède aussi à l’estimation de la dangerosité du passage à l’acte. Pour ce aire, elle estime l’importance des acteurs reconnus comme étant le plus près d’un passage à l’acte, soit : la planifcation du suicide ; les tentatives de suicide antérieures ; la capacité à espérer un changement ; l’usage de substances ; la capacité à se maîtriser ; la présence des proches ; et la capacité à prendre soin de soi (gouvernement du Québec, 2010) 28 . Le risque d’agression doit être évalué de açon approondie dès que le client présente l’un des quatre acteurs suivants au cours de l’évaluation initiale : des antécédents de violence ; le ait d’être intoxiqué au moment de l’admission ; des menaces verbales ou physiques ; et une impulsivité marquée. Par la suite, l’infrmière demeure attentive aux maniestations de violence et de désorganisation afn de prévenir les risques de passage à l’acte 29 . L’abus de substances est évalué non seulement en raison des risques de dépendance, mais aussi à cause des eets possibles sur la pathologie psychiatrique, sur le traitement médicamenteux et sur l’augmentation de l’impulsivité. L’infrmière aborde ranchement le sujet de la consommation d’alcool et de drogues et demeure attentive aux signes d’intoxication et de sevrage ENCADRÉ 4.6. Une analyse sanguine (dépistage des drogues de rue) peut être demandée au besoin. Pour aciliter la collecte et l’analyse des données, tous les renseignements qui ont partie intégrante
Fondements de la pratique infrmière en santé mentale et en soins psychiatriques
de l’évaluation peuvent être consignés dans un ormulaire. Celui-ci peut être rempli par plus d’une infrmière selon le déroulement des entretiens et des observations. Cependant, cet outil ne pourrait être utilisé s’il donne l’impression d’un interrogatoire dépourvu d’écoute et de sensibilité, avec pour seul but une collecte de données .
4.3.6
Données provenant de grilles et d’échelles d’évaluation
Avant d’utiliser une échelle d’évaluation, l’infrmière s’assure de posséder les connaissances et les compétences requises. Certaines échelles normalisées avec cotation requièrent une ormation et une
TABLEAU 4.4
supervision particulières afn d’assurer la fabilité des résultats. Elles sont davantage utilisées par des cliniciens expérimentés telles les infrmières ayant une ormation de deuxième cycle. Par contre, plusieurs outils ne nécessitent pas de ormation ; c’est le cas des questionnaires autoadministrés que le client peut remplir lui-même avec le soutien de l’infrmière. Il en est de même pour plusieurs grilles d’observation de comportements ou de symptômes. La majorité des grilles et des échelles présentées dans le TABLEAU 4.4 correspondent à un niveau de pratique général des infrmières en psychiatrie, et plusieurs d’entre elles sont présentées dans les chapitres de ce manuel.
4 28 Le chapitre 28, Suicide, exa mine particulièrement la question de la prévention du suicide.
29
Exemple de grilles et d’échelles d’évaluation
Les interventions en situation de violence sont présentées dans le chapitre 29, Violence.
BUT DE L’ÉVALUATION
OUTILS
Fonctionnement global
• Évaluation globale du onctionnement (EGF)
Autonomie onctionnelle
• Système de mesure de l’autonomie onctionnelle (SMAF)
Anxiété
• Échelle d’appréciation de l’anxiété de Hamiltona
Estime de soi
• Échelle d’estime de soi de Rosenberg
Sommeil
• Questionnaire sur l’insomnie de Morin
B
Un exemple de ormulaire d’évaluation de la condition mentale en soins infrmiers adapté de l’Institut universitaire en santé mentale de Québec est présenté dans la fgure 4.1W au http://ortinash.cheneliere.ca.
• Grille d’observation des troubles du sommeil Consommation de substances
Visionnez la vidéo Trouble dépressif majeur et abus de substance au http://ortinash. cheneliere.ca.
• Grille d’évaluation du sevrage acti de l’alcool CIWA-Ar • Grille d’évaluation de la consommation d’alcool DEBA-Alcool • Grille d’évaluation de la consommation de drogues DEBA-Drogues
Troubles psychotiques
• Échelle abrégée d’évaluation psychiatrique BPRS (Brief Psychiatric Rating Scale)a B
• Échelle des symptômes positis et négatis PANSSa Troubles cognitis
L’annexe B présente l’Évaluation globale du fonctionnement (EGF).
• Mini-examen de l’état mental de Folstein (MMSE) • Test d’évaluation cognitive de Montréal (MoCA) • Échelle de détérioration globale de Reisberga
Dépression
• Inventaire abrégé de dépression de Beck • Échelle de dépression gériatrique • Échelle de Cornell (dépression dans le syndrome démentiel)a
Désespoir
• Échelle de désespoir de Beck
État maniaque
• Échelle d’évaluation de la manie de Younga
Comportement inadapté
• Grille d’observation clinique du comportement
Risque d’agression
• Grille de détection précoce du comportement agressi DASA • HCR-20 (Historical-Clinical-Risk management)a
Médication
• Échelle d’évaluation UKU des eets indésirables
Délirium
• Confusion Assessment Method (CAM) • Minimum Data Set (MDS-2)
Réseau de soutien social
• Échelle d’évaluation de l’ajustement social de Holmes et Rahe
Chapitre 4
Évaluation de la condition mentale
87
TABLEAU 4.4
a
Exemple de grilles et d’échelles d’évaluation (suite)
BUT DE L’ÉVALUATION
OUTILS
Symptômes psychologiques et comportementaux de la démence
• Inventaire d’agitation de Cohens-Mansfeld
Trouble de défcit de l’attention avec ou sans hyperactivité
• Échelle d’évaluation du TDA/H chez l’enant (SNAP-IV)
• Inventaire neuropsychiatrique de Cummings (NPI)a • Échelle d’autoappréciation des symptômes du TDA/H de l’adulte
Outil s’adressant à des cliniciens expérimentés ou nécessitant une ormation particulière
4.4
Contextes de pratique et situations particulières
4.4.1
Contextes de pratique
Les compétences de l’infrmière à procéder à une évaluation de la condition mentale des clients peuvent être mises à contribution dans de nombreux milieux de pratique. Outre les établissements à vocation psychiatrique, l’infrmière peut œuvrer au sein d’équipes de santé mentale implantées dans la majorité des centres de santé et de services sociaux au Québec. De même, de nombreux centres hospitaliers ont une urgence psychiatrique, ce qui permet de mieux répondre aux besoins propres à cette clientèle en période de crise. Les guichets d’accès en santé mentale ont aussi appel à l’infrmière afn d’évaluer et d’orienter la clientèle dans les divers services en santé mentale. Ainsi, l’infrmière est en mesure de procéder à l’évaluation globale de la condition physique et mentale de la clientèle, peu importe son milieu de pratique. Même si elle œuvre dans des secteurs d’activités non dédiés à la psychiatrie, elle ait ace quotidiennement à des situations cliniques où l’évaluation de la condition mentale prend toute son importance. Voici des exemples de telles situations :
Évaluation dans des situations particulières
Certains clients posent des défs majeurs à l’infrmière en raison de leurs comportements ou de leur incapacité à collaborer pendant l’entretien. L’infrmière adapte alors son approche et ait preuve d’attention, de patience et de tact pour recueillir ses données.
Client qui ne parle pas
• un jeune homme ayant fait une tentative de suicide dans un établissement correctionnel ; • une personne atteinte de dépression chronique suivie à domicile FIGURE 4.6.
Le client ayant une défcience intellectuelle peut aussi éprouver des difcultés majeures à s’exprimer
• un homme gravement blessé et en deuil se trouvant dans une unité de soins intensifs ; • une mère sans abri et son enfant logés dans un centre d’hébergement communautaire ; • un enfant ayant des troubles mentaux et émotionnels se présentant à la clinique de santé de son école ; • une personne s’inquiétant de la mémoire défaillante d’un parent au cours d’une visite dans un groupe de médecine de famille ;
Partie 1
4.4.2
Souvent, les troubles mentaux graves engendrent des problèmes de communication importants tels que l’aphasie (perte de la capacité de parler) et la catatonie (inertie psychomotrice et négativisme envers le monde extérieur). Ces difcultés rendent quasi impossible la réalisation efcace d’un entretien d’évaluation. Dans ces situations, il importe de continuer à démontrer un accueil chaleureux et respectueux et d’éviter de bousculer le client, qui deviendrait encore plus anxieux. L’infrmière s’adapte alors en utilisant d’autres sources d’inormation. Elle ait appel aux membres de la amille ou à d’autres personnes signifcatives ainsi qu’aux autres membres de l’équipe soignante. Elle peut aussi observer minutieusement les comportements et les interactions du client.
• un adolescent couvert de blessures amené à l’urgence ;
88
FIGURE 4.6 L’infrmière en santé mentale s’adapte au contexte dans lequel elle doit intervenir.
Fondements de la pratique infrmière en santé mentale et en soins psychiatriques
verbalement. L’observation du comportement non verbal prend alors une grande importance, car il est réquent que ces personnes expriment leurs malaises par des comportements inadaptés, comme rapper sur les murs ou s’automutiler.
Client qui refuse de collaborer Il peut arriver que le client reuse de rencontrer l’inrmière et de lui transmettre l’inormation portant sur sa situation de santé. Ce reus peut être causé par une peur liée à l’incompréhension de ce qui lui arrive, par une méance associée à des idées paranoïdes ou encore par une réaction de colère et de rustration devant une consultation ou une hospitalisation imposée. La patience et l’empathie deviennent alors des outils indispensables. Le reus de collaborer du client demande d’agir avec beaucoup de doigté. L’inrmière tente de créer une alliance thérapeutique et de diminuer les résistances. Si la situation ne présente pas de danger imminent pour la personne ou pour autrui, elle privilégie un partenariat axé sur l’autodétermination et sur la prise de décision par le client lui-même, autant que possible. Elle peut proter de toutes les occasions pour entrer en contact avec le client, souvent de açon inormelle, an de gagner graduellement sa conance tout en recueillant des données. Par exemple, pendant les soins, elle peut observer des blessures et s’inormer de leur origine. Au cours d’une activité récréative, si la personne est hospitalisée, elle peut évaluer sa capacité d’attention et de concentration. À l’occasion de chaque interaction, même la plus banale, elle se ait rassurante, cherche à démontrer son intérêt et réitère sa disponibilité.
comprendre certains agissements ou certaines réactions irrationnelles.
Client agressif
Jugement clinique Séverine Labonté, une mère monoparentale âgée de 32 ans, est atteinte d’un trouble de la personnalité antisociale. À la moindre contrariété, elle devient agressive. À l’occasion d’un rendez-vous en consultation externe de psychiatrie, elle s’est âchée parce qu’elle a dû attendre 10 minutes avant de rencontrer l’infrmière. Elle a bousculé les chaises de la salle d’attente et s’est mise à crier. Au moment où l’infrmière l’approche, elle dit qu’elle ne restera pas et qu’elle ne répondra pas aux questions. L’infrmière sait que madame Labonté pourrait être impulsive puisqu’il s’agit d’une caractéristique liée au diagnostic de trouble de la personnalité antisociale.
Il peut arriver qu’une personne manieste de la colère et de l’agressivité au cours de l’entretien d’évaluation. Lorsqu’il est possible de poursuivre l’entretien, l’inrmière s’assure que l’environnement est sécuritaire et demande à un autre membre du personnel de l’accomOutre l’agressivité de la cliente, qu’est-ce qui peut pagner. Elle privilégie un rendre l’évaluation difcile pendant l’entretien ? milieu ouvert ou une pièce de laquelle le client ou elle peut sortir rapidement. Pour prévenir l’escalade de l’agressivité, elle ache de l’ouverture et évite la ALERTE CLINIQUE conrontation. Par une attitude calme et compréhensive, elle tente d’établir un lien de conance. L’infrmière doit prioElle invite le client à exprimer son mécontentement ritairement assurer et ses rustrations tout en lui indiquant qu’aucune sa sécurité et celle de maniestation de violence ne peut être tolérée l’entourage et ne pas FIGURE 4.7. hésiter à remettre la rencontre à plus tard si elle a le sentiment que la situation peut dégénérer.
4
Client désorienté et désorganisé Parois, le client est trop désorienté ou désorganisé pour participer à un entretien structuré. Cela peut être le cas au cours d’un épisode psychotique, d’un délirium ou d’une démence, ou lorsque la personne se trouve sous l’infuence d’une drogue hallucinogène. Dans ces situations, l’examen de l’état mental revêt une importance primordiale. L’inrmière peut ainsi observer le cours de la pensée du client, évaluer ses onctions cognitives, vérier ses perceptions et détecter les signes d’hallucination. La présence de délires ou d’hallucinations doit être évaluée de açon rigoureuse. Ainsi, l’inrmière n’hésite pas à demander directement à la personne si elle voit des choses inhabituelles ou si elle entend des voix que les autres n’entendent pas. Certains clients peuvent nier qu’ils sont atteints d’un trouble mental, mais ils reconnaissent généralement qu’ils expérimentent des sensations étranges. En aidant la personne à décrire ces sensations, l’inrmière accède à son monde intérieur et peut mieux
FIGURE 4.7 En présence d’un client agressi, l’infrmière doit avant tout assurer sa propre sécurité.
4.5
Constats d’évaluation
Le constat d’évaluation est un énoncé qui décrit l’état d’une personne et ses réactions à des troubles de santé existants ou potentiels. Il doit être ondé sur une analyse minutieuse des données recueillies et requiert le recours à une pensée critique après une évaluation approondie. Il sera inscrit dans le PTI. Il est essentiel que l’inrmière pose un constat basé sur une évaluation exacte des besoins immédiats du client, car les résultats thérapeutiques escomptés et les interventions qui permettront d’améliorer l’état du client sont ondés sur celui-ci. Chapitre 4
Évaluation de la condition mentale
89
4.5.1
Jugement clinique et expertise
Le jugement clinique est un processus complexe dont l’objecti est d’émettre une opinion claire à la suite d’un processus d’observation, de réfexion et de raisonnement. Phaneu (2008) exprime ainsi cette complexité : « Au-delà de la simple observation, le jugement clinique permet de réunir le aisceau des inormations qui en résulte, de les examiner, de les relier entre elles, d’établir des liens avec ce qui est déjà connu sur le sujet et de les considérer d’un regard rationnel et critique qui conduit l’inrmière à interpréter de manière synthétique ce qu’elle constate. Ainsi, dans ce jugement, elle reconnaît et rassemble certains signes et symptômes reliés par leur appartenance à un problème déni auquel elle donne une interprétation. »
Le concept de pensée critique en lien avec les soins infrmiers est décrit dans le chapitre 1 du manuel de Potter, P.A., & Perry, A.G. (2010). Soins infrmiers – Fondements généraux (3e éd.). Montréal : Chenelière Éducation.
ENCADRÉ 4.7
Le processus intellectuel pour poser ce jugement peut être plus long chez l’inrmière qui a peu d’expérience, alors qu’il peut devenir intuiti et très rapide pour l’inrmière qui pratique depuis plusieurs années. Le raisonnement intuiti désigne l’application des connaissances à une situation sans analyse critique préalable (p. ex., un pressentiment). Selon la plupart des inirmières, le raisonnement intuiti est compatible avec le raisonnement scientique parce qu’ils sont tous deux probablement liés à la pratique et à l’expérience. Une inrmière acquiert un raisonnement intuiti par la pratique clinique plutôt que par sa ormation scolaire. Benner arme que l’inrmière ayant un raisonnement ondé sur l’intuition et sur la science démontre généralement une meilleure compréhension et un meilleur jugement clinique dans la prestation de soins (Benner, 2001). Pour sa part, Fidaleo allègue qu’« une orte intuition ne surgit pas du néant » (traduction libre ; Fidaleo, 2008). Elle vient généralement du client qui transère sa douleur à l’inrmière, alors que cette dernière l’approche dans un « état neutre », c’est-à-dire avec ouverture et réceptivité. Ce type de raisonnement intuiti est particulièrement important au moment de l’évaluation du client suicidaire ENCADRÉ 4.7.
Exemple d’utilisation de l’intuition chez l’infrmière en milieu psychiatrique
Une cliente mentionne à une infrmière qu’un membre du personnel lui a dit qu’elle n’était plus suicidaire et qu’elle n’avait plus besoin d’une surveillance étroite. Elle dit avoir hâte de bénéfcier d’un peu d’intimité et elle entre dans sa chambre. Bien qu’elle semble calme et sûre d’elle, l’infrmière décide de la suivre dans sa chambre. Elle reste debout en silence, et la cliente s’assoit sur le lit et se met à pleurer. L’infrmière s’assoit sur une chaise près de la
90
Partie 1
cliente, et celle-ci lui confe qu’elle pensait prendre une bouteille entière de médicaments qu’elle avait mise de côté. Interrogée par la suite au sujet de ses interventions, l’infrmière mentionne qu’une intuition l’avait incitée à rester auprès de la cliente à ce moment précis, sentant qu’elle ne devait pas la laisser seule. La cliente a admis que l’empathie et la préoccupation de l’infrmière l’avaient incitée à exprimer ses sentiments et ses intentions suicidaires à ce moment.
L’analyse critique et les habiletés acquises par les connaissances et la pratique clinique déterminent le degré de compétence de l’inrmière. L’expertise et le raisonnement intuiti sont nécessaires à la ormulation d’un jugement clinique iable, et ils infuent tous deux sur les soins et traitements inrmiers. L’expertise et l’intuition sont des aptitudes que l’inrmière cherchera à cultiver tout au long de sa vie proessionnelle.
4.5.2
Pensée critique
La pensée critique ait réérence à un ensemble de acultés qui inclut le jugement, l’intuition et l’expertise. Elle s’acquiert avec le temps et contribue à élargir les connaissances de l’inrmière. Tout comme la démarche de soins, il s’agit d’un processus dynamique et interacti plutôt que linéaire. L’inrmière onde généralement ses décisions sur ses connaissances, son expérience ainsi que des principes scientiques. Pour cela, elle ormule diverses hypothèses concernant les raisons possibles d’un trouble ain d’éviter les constats d’évaluation hâtis ou précipités. L’inrmière combine les connaissances, l’expérience et le jugement qu’elle a acquis dans ses études en soins inrmiers et dans d’autres disciplines et applique cet éventail de compétences à tous les aspects de la démarche de soins. Par exemple, l’inrmière expérimente de nouvelles méthodes de résolution de problèmes pour procéder à l’évaluation lorsque les méthodes usuelles échouent. Elle exerce également sa pensée critique lorsqu’elle distingue les données signicatives des données non pertinentes, valide les données déterminantes par des observations et des échanges et complète l’inormation lorsque cela est requis.
4.5.3
Problèmes prioritaires en soins infrmiers et diagnostics médicaux
Les données recueillies par l’inrmière au cours de l’évaluation contribuent à l’établissement du diagnostic médical. Par ailleurs, les problèmes prioritaires en soins inirmiers tiennent compte des diagnostics médicaux, mais ils en dièrent du ait qu’ils renvoient plutôt aux réactions et aux besoins du client que l’inrmière est en mesure de traiter en lien avec ses compétences et son champ d’exercice. En psychiatrie, le diagnostic médical représente un trouble mental, par exemple la schizophrénie. Le psychiatre se concentre principalement sur la maladie décrite par le diagnostic et s’eorce d’en trouver la cause et le traitement, s’il en existe un. Bien que l’inrmière connaisse les troubles mentaux et leurs traitements, elle porte surtout son attention sur les réactions du client liées au trouble mental et aux eets dus aux traitements
Fondements de la pratique infrmière en santé mentale et en soins psychiatriques
médicaux de ce trouble, c’est-à-dire sur les problèmes qui découlent de sa situation de santé. Par conséquent, elle se concentre sur les pensées perturbées et sur les perceptions sensorielles secondaires aux délires et aux hallucinations plutôt que de tenter de traiter la schizophrénie. L’inrmière s’intéresse aussi aux vulnérabilités, aux mécanismes d’adaptation et aux acteurs de risque. Des problèmes prioritaires relevés par l’inrmière, comme un risque suicidaire, une adaptation inecace, une perception sensorielle perturbée ou une perturbation du processus de la pensée, sont déterminés en onction des réactions du client. Puisqu’un client peut avoir de nombreuses réactions à un seul trouble médical, il y a plus de problèmes découlant d’une situation de santé que de diagnostics médicaux. Peu importe leurs objectis particuliers, l’inrmière et le médecin visent l’établissement d’un diagnostic précis et pertinent basé sur des données d’évaluation sensées et des principes scientiques.
4.5.4
Modèles conceptuels et recueil de diagnostics infrmiers
La conception qu’une inrmière a de sa propre discipline exerce orcément une infuence sur ses activités proessionnelles. Si l’inrmière appuie sa vision des soins inrmiers sur un modèle conceptuel, celui-ci donnera une couleur particulière à son analyse des données et à la ormulation des problèmes. Ainsi, en lien avec le modèle de Virginia Henderson, les constats d’évaluation sont ormulés sous l’angle des problèmes de dépendance dans la satisaction de ses besoins ondamentaux. Si l’inrmière se réère au modèle de Callista Roy, elle s’intéressera davantage aux problèmes d’adaptation. Avec le modèle de caring de Watson, l’inrmière considère l’harmonie entre les trois pôles que sont le corps, le mental et l’esprit. Le modèle McGill propose quant à lui de cibler les besoins d’apprentissage pour le client et sa amille. L’inrmière peut aussi se réérer à une nomenclature standardisée telle la taxonomie des diagnostics inrmiers publiée par l’Association nordaméricaine du diagnostic inirmier (ANADI). L’ANADI est une organisation internationale d’origine nord-américaine qui coordonne les eorts en matière de recherche et de reconnaissance des diagnostics inrmiers. Cette organisation dénit le concept de diagnostic inrmier comme « l’énoncé d’un jugement clinique sur les réactions aux problèmes de santé présents ou potentiels d’une personne, d’un groupe ou d’une collectivité sur lesquels se onde une thérapie visant l’atteinte des résultats dont l’inrmière est responsable » (traduction libre ; North American Nursing Diagnosis Association International [NANDA-I], 2009). En 2002, l’ANADI a publié sa seconde taxonomie qui
décrit 205 diagnostics, répartis en 47 catégories et distribués selon 13 modes onctionnels de santé. Bien que l’utilisation des diagnostics inrmiers ait reçu un intérêt mitigé auprès de l’ensemble des inrmières au Québec, il n’en demeure pas moins que la taxonomie de l’ANADI est assez souvent utilisée comme modèle au besoin.
4.5.5
Plan thérapeutique infrmier
Au Québec, l’OIIQ a introduit le PTI comme norme de documentation dont l’application est obligatoire depuis le 1er avril 2009. La norme à cet eet est la suivante : « L’inrmière consigne au dossier de chaque client, dans un outil de documentation distinct, le plan thérapeutique inrmier qu’elle détermine ainsi que les ajustements qu’elle y apporte selon l’évolution clinique du client et l’ecacité des soins et des traitements qu’il reçoit » (OIIQ, 2006). En ait, il s’agit de déterminer les problèmes et les besoins prioritaires du client à partir des données recueillies et analysées (OIIQ, 2006). Il peut s’agir d’un problème actuel, comme un « état maniaque », une « urgence suicidaire », la « non-adhésion au traitement médicamenteux » ou encore d’un problème potentiel tel qu’un « risque suicidaire » ou un « risque de violence » basé sur les antécédents du client et sur les signes de désorganisation qu’il présente. L’inrmière peut aussi établir des constats selon les besoins du client. Par exemple, il pourrait s’agir du besoin de reconnaître les signes de rechute ou du besoin d’apprendre à autogérer la médication. Ces constats orientent les directives inrmières à propos de la surveillance clinique, des soins et des traitements requis. Le tout est consigné au dossier du client.
Plusieurs exemples de diagnostics de l’ANADI sont présentés dans le chapitre 9 du manuel de Potter, P.A., & Perry, A.G. (2010). Soins infrmiers – Fondements généraux (3e éd.). Montréal : Chenelière Éducation.
4
L’inrmière détermine les priorités en tenant compte des besoins dénis en partenariat avec le client et ses proches. Selon l’OIIQ (2008), les critères de pertinence pour déterminer les problèmes et les besoins prioritaires sont : • l’exigence d’un suivi clinique particulier du client ; • l’incidence sur le suivi clinique du client ; • la présence d’un changement clinique signicatif pour le suivi du client.
4.6
Documentation au dossier
4.6.1
Formulaires d’évaluation initiale
Les établissements de santé ont souvent leurs propres ormulaires d’évaluation initiale qui sont reconnus ociellement et conservés au dossier du client. Dans certains cas, ces ormulaires servent aussi de notes au dossier. C’est le cas du ormulaire Notes de l’infrmière à l’admission produit par la Chapitre 4
Évaluation de la condition mentale
91
Communauté de pratique des conseillères cliniciennes en soins infrmiers de l’Association québécoise des infrmières et infrmiers en santé mentale. Ce document permet de consigner les renseignements recueillis à l’arrivée d’un client à l’unité de soins psychiatriques. Lorsque l’infrmière utilise un ormulaire conservé au dossier du client, elle a généralement peu de renseignements supplémentaires à noter dans la section « Observations de l’infrmière ». Selon la situation, elle peut indiquer la réalisation de l’entretien en vue de recueillir les données d’évaluation (p. ex., Entretien d’évaluation initiale de 19 h 00 à 19 h 20) ou spécifer les raisons pour lesquelles l’évaluation n’a pu être réalisée (p. ex., Se dit trop atigué, reuse toute présence). Il est pertinent aussi de préciser le degré de collaboration du client (p. ex., Répond longuement aux questions, se dit exaspéré de répéter les mêmes renseignements) de même que les réactions de celuici au cours de l’entretien (p. ex., Pleure, a de la difculté à se concentrer).
4.6.2
1 Les rôles des divers inter venants de l’équipe de soins sont expliqués dans le chapitre 1, Perspectives en santé mentale : notions ondamentales et défs.
ENCADRÉ 4.8
L’utilisation de grilles et d’échelles d’évaluation requiert des notes beaucoup plus détaillées, car, sau exception, ces outils ne sont pas conservés au dossier du client. Il est donc nécessaire de préciser le contexte de leur utilisation, le cas échéant (p. ex., Projet de recherche, Complément d’inormation sur une situation problématique particulière, Suivi de l’évolution clinique), de résumer les données pertinentes recueillies et de préciser le degré de collaboration et les réactions du client. S’il s’agit d’une échelle standardisée, il aut de plus indiquer le nom exact de l’outil et, s’il y a lieu, le score obtenu. Par exemple :
Exemple de note d’évolution
Voici un exemple d’une note consignée par l’infrmière au retour du client d’un congé de fn de semaine: Entretien pour évaluer le congé d’essai. Dit que ça ne s’est pas très bien passé. A eu une altercation avec sa mère et dit ne pas avoir été capable de respecter son engagement à ne pas consommer. A pris des amphétamines et du cannabis. Examen de l’état mental : coopératif au cours de l’entretien, mais devient rapidement méfiant et tendu. Contact visuel fuyant, parfois fixe et absent. Présente de l’agitation : se frotte les bras et le front avec intensité. Langage articulé parfois hésitant. Humeur anxieuse, affect
92
Partie 1
Utilisation de grilles et d’échelles d’évaluation
concordant. Propos parfois incohérents avec relâchement des associations. Se montre méfiant : croit qu’il y a des micros dans la pièce. Présente hallucinations visuelles : regarde un peu partout, répond à quelqu’un alors qu’il n’y a personne d’autre que lui et moi dans la pièce. Avoue voir des choses inhabituelles qu’il décrit comme des ombres sur les murs. Délire mystique : dit parler avec Dieu. Fonctions cognitives : hyperalerte, orienté, mémoire intacte. Difficulté d’attention et de concentration. Jugement partiellement altéré par ses hallucinations et sa méfiance. Autocritique : reconnaît ses problèmes de consommation et accepte l’aide.
Inventaire abrégé de dépression de Beck rempli en prévision de l’introduction d’un nouvel antidépresseur. Résultat : 26 sur 39. Se dit incapable de reprendre le dessus depuis sa séparation, se sent découragé et ressent beaucoup de culpabilité, n’a aucun intérêt pour ses activités habituelles. Avoue avoir des idées morbides par moments. Accepte de répondre aux questions et de participer à l’entretien, mais éprouve des problèmes de concentration. Se dit très atigué à la fn de l’entretien.
4.6.3
Évaluation en cours d’évolution
Les renseignements recueillis au fl de l’évaluation en cours d’évolution s’intègrent aux notes d’évolution rédigées quotidiennement pendant l’hospitalisation ou encore dans le rapport d’intervention à la suite d’une rencontre de suivi en consultation externe. L’évaluation en cours d’évolution porte essentiellement sur la surveillance clinique, les résultats des interventions mises en œuvre de même que sur des aspects comme l’anxiété, la médication ou les relations interpersonnelles. Les notes de l’infrmière rendent compte des éléments de l’examen de l’état mental recueillis au cours de l’observation des comportements ou de l’entretien ormel ENCADRÉ 4.8.
4.7
Collaboration interprofessionnelle
Les données recueillies par l’infrmière contribuent à l’établissement du diagnostic psychiatrique et inorment le médecin sur l’évolution clinique du client et sur la réponse au traitement instauré. Inversement, l’évaluation psychiatrique, les résultats des examens paracliniques et les rapports de consultations médicales sont des sources que l’infrmière consulte afn de compléter sa propre évaluation. Par ailleurs, l’infrmière est souvent appelée à travailler avec une équipe de soins composée de divers intervenants tels que des infrmières auxiliaires, des préposés aux bénéfciaires, des éducateurs ou des auxiliaires amiliaux 1 . En raison de leur proximité avec les clients, ceux-ci peuvent grandement collaborer à la collecte de données et à la surveillance clinique. Il peut arriver que ces intervenants soient perçus comme étant moins menaçants par certains clients, ce qui acilite parois l’établissement de liens signifcatis. Afn d’optimiser le travail de collaboration, l’infrmière guide les observations des membres de l’équipe de soins en portant leur attention sur les problèmes à surveiller et les traitements en cours. Elle inscrit ces directives dans le PTI, par exemple :
Fondements de la pratique infrmière en santé mentale et en soins psychiatriques
Surveiller les signes d’hallucination. Aviser l’infirmière si soupçons de consommation d’alcool [dir. p. trav. PAB]. Observer ses réactions à l’égard de son voisin de palier [dir. verb. aux. fam.]. La collaboration interprofessionnelle est aussi importante avec l’ensemble des professionnels qui composent les équipes de santé mentale : travailleur social, ergothérapeute, psychologue, pharmacien, éducateur spécialisé, nutritionniste et autres, le cas échéant. Le partage de ces expertises complémentaires permet de dresser un portrait plus juste de la situation à partir de différents points de vue sur plusieurs dimensions relatives à la santé et au
FIGURE 4.8 L’infrmière s’assure que toute l’équipe de soins est en mesure d’assurer un suivi clinique qui répond adéquatement aux besoins prioritaires du client.
rétablissement du client. Dans cet esprit, la réunion clinique est un moment privilégié où les professionnels partagent leurs observations, assurent une compréhension commune et conviennent d’un plan d’intervention FIGURE 4.8.
4.8
Pratique avancée
Au Québec, la Loi modifiant le Code des professions et d’autres dispositions législatives dans le domaine de la santé mentale et des relations humaines fait de l’évaluation des troubles mentaux un acte réservé pour les infirmières qui auront une formation universitaire de deuxième cycle. L’évaluation des troubles mentaux consiste à utiliser des connaissances approfondies et des habiletés avancées en psychopathologie afin de porter un jugement clinique à partir du Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux, 4e édition révisée (DSM-IV-TR). Cette activité englobe aussi l’analyse comparative des données cliniques afin de procéder à un diagnostic différentiel, l’examen des interrelations avec les troubles concomitants (toxicomanie et autres dépendances) et l’évaluation de la capacité du client à consentir à ses soins. Afin d’approfondir et de raffiner l’évaluation, l’infirmière en pratique avancée est aussi appelée à utiliser des outils de mesure standardisés requérant une formation et une supervision particulières afin d’assurer la validité et la fiabilité des résultats.
J Jugement clinique
Analyse d’une situation de santé Louis Lemaire est âgé de 35 ans. Il a été conduit à l’urgence hier soir à la suite d’une tentative de suicide par pendaison. C’est son frère qui l’a découvert. Vous avez lu dans les notes d’admission qu’après une faillite personnelle dont il ne s’est jamais relevé, sa conjointe l’a quitté avec ses deux enfants. Monsieur Lemaire a dû abandonner les procédures pour obtenir un droit de visite, faute de pouvoir payer son avocat.
Le Résea Réseau de collaboration sur les pratiques interprofessionnelles en santé et services sociaux (RCPI) (www.rcpi. ulaval.ca/) de l’Université Laval fournit des renseignements ainsi que des formations sur la collaboration interprofessionnelle.
Vous rencontrez monsieur Lemaire dans sa chambre pour effectuer la collecte des données. Le client est assis dans son lit et regarde ses mains fixement. Il est dépeigné, sa barbe n’est pas rasée, et il porte des vêtements froissés. Lorsque vous le saluez, il répond par un léger signe de tête. Lorsque vous lui demandez comment il se sent, il dit que tout est vide autour de lui, qu’il est désemparé et qu’il n’a pas le goût de vivre. {
MISE EN ŒUVRE DE LA DÉMARCHE DE SOINS
Collecte des données – Évaluation initiale – Analyse et interprétation 1. Relevez toutes les données objectives et subjectives recueillies au cours de votre première rencontre avec monsieur Lemaire. SOLUTIONNAIRE
http://fortinash.cheneliere.ca
2. Quelles sont les deux sources principales qui vous fournissent de l’information sur monsieur Lemaire ? 3. Quelle donnée de la mise en contexte est manquante concernant l’information sur la tentative de suicide du client ?
Chapitre 4
Évaluation de la condition mentale
93
4
MISE EN ŒUVRE DE LA DÉMARCHE DE SOINS
4. Quelles autres données aideraient à évaluer la gravité du geste suicidaire du client ? 5. Quelles questions autil poser à monsieur Lemaire pour évaluer plus précisément le malaise principal qu’il exprime, soit le ait qu’il n’a pas le goût de vivre ? Trouvezen au moins trois.
Monsieur Lemaire avait consulté son médecin parce qu’il n’arrivait pas à dormir dans les semaines qui ont suivi sa faillite personnelle. Ce {
dernier lui avait prescrit du lorazépam 1 mg h.s. et du citalopram 20 mg le matin. {
MISE EN ŒUVRE DE LA DÉMARCHE DE SOINS
6. Citez deux éléments à vérifer auprès du client concernant la médication prescrite. 7. Trouvez au moins six questions à poser à monsieur Lemaire pour évaluer ses habitudes de sommeil.
{
Monsieur Lemaire dit qu’il mange peu depuis sa faillite personnelle et le départ de sa conjointe. {
MISE EN ŒUVRE DE LA DÉMARCHE DE SOINS
8. Trouvez au moins deux questions ermées et au moins deux questions ouvertes pour évaluer l’alimentation de monsieur Lemaire.
{ Les frères de monsieur Lemaire ont téléphoné pour dire qu’ils viendront le visiter en aprèsmidi. Le client dit sur un ton monocorde : « Ah ! Bon. Tant mieux. » Vous remarquez que son faciès
est neutre et que son regard reste distant. Quand vous lui posez des questions, il commence à y répondre, mais s’arrête parfois au milieu de ses phrases. {
MISE EN ŒUVRE DE LA DÉMARCHE DE SOINS
9. Comment l’aect du client doitil être qualifé ? 10. L’aect estil mobilisable ? Justifez votre réponse. 11. Quel terme décrit la pensée de monsieur Lemaire lorsqu’il commence à parler de quelque chose, mais qu’il s’arrête au milieu de ses phrases ?
{
94
Partie 1
Voici le génogramme de monsieur Lemaire. {
57
55
Hospitalisé en psychiatrie en 2005
Été 2005
35
34
5
5
32
Fondements de la pratique infrmière en santé mentale et en soins psychiatriques
28
MISE EN ŒUVRE DE LA DÉMARCHE DE SOINS
12. Quelles sont les deux renseignements manquants dans ce génogramme ? 13. Quelles échelles pourriezvous utiliser pour évaluer la condition mentale de monsieur Lemaire ?
Monsieur Lemaire ne se lave pas tous les jours. Il dit que son apparence n’a plus d’importance et qu’il se sent bien ainsi. Lorsque vous lui demandez s’il a {
4
encore l’intention de mettre fn à ses jours, celui-ci répond : « Je ne sais pas. Je me sens tellement vide que je n’ai même plus la orce de penser à cela. » ”
MISE EN ŒUVRE DE LA DÉMARCHE DE SOINS
14. Quel problème prioritaire devriezvous alors inscrire dans le plan thérapeutique infrmier de monsieur Lemaire ? Extrait CONSTATS DE L’ÉVALUATION Date
Heure
2013-08-14 10:30
N°
Problème ou besoin prioritaire
Initiales
RÉSOLU / SATISFAIT Proessionnels / Date Heure Initiales Services concernés
2
Signature de l’infrmière
Initiales
Programme / Service
Signature de l’infrmière
Initiales
Programme / Service
Unité de psychiatrie
Planifcation des interventions – Décisions infrmières 15. Vérifez la réponse à la question précédente et émettez une directive infrmière pour assurer un suivi clinique de la condition actuelle du client.
MISE EN ŒUVRE DE LA DÉMARCHE DE SOINS
Extrait SUIVI CLINIQUE Date
Heure
N°
2013-08-14
10:30
2
Signature de l’infrmière
Directive infrmière
Initiales
Programme / Service
Initiales
Signature de l’infrmière
CESSÉE / RÉALISÉE Date Heure Initiales
Initiales
Programme / Service
Unité de psychiatrie
16. Devriezvous assurer une présence constante auprès de monsieur Lemaire ? Justifez votre réponse.
Évaluation des résultats – Évaluation en cours d’évolution 17. D’après l’ensemble des données de la situation, nommez les cinq principaux points sur lesquels votre évaluation continue de la condition mentale de monsieur Lemaire devra porter.
Chapitre 4
Évaluation de la condition mentale
95
APPLICATION DE LA PENSÉE CRITIQUE Dans l’application de la démarche de soins auprès de monsieur Lemaire, l’inirmière a recours à un ensemble d’éléments (connaissances, expériences antérieures, normes institutionnelles ou protocoles, attitudes proes sionnelles) pour analyser la situation de santé du client et
en comprendre les enjeux. La FIGURE 4.9 illustre le processus de pensée critique suivi par l’infrmière afn de ormuler son jugement clinique. Elle résume les principaux éléments sur lesquels l’infrmière s’appuie en onction des données de ce client, mais elle n’est pas exhaustive.
VERS UN JUGEMENT CLINIQUE EXPÉRIENCES
CONNAISSANCES • Importance d’une collecte des données détaillée • Points importants à évaluer au cours d’un entretien avec un client qui présente un problème de santé mentale • Types de questions à poser • Instruments d’évaluation (grilles d’observation et échelles d’évaluation, génogramme et écocarte) • Diérentes sources de renseignements à consulter • Processus de la démarche de soins • Dynamique d’une personne suicidaire
NORME
• Expérience auprès de personnes présentant des problèmes de santé mentale, plus particulièrement la dépression et les idées suicidaires • Expérience en relation d’aide • Habileté à mener un entretien • Connaissance de soi
• Utilisation de grilles et d’échelles d’évaluation validées scientifquement
ATTITUDES • Démontrer de l’écoute active tout au long de l’entretien d’évaluation • Être attentive aux maniestations non verbales du client pour reconnaître ses réactions et son aect • Respecter le rythme du client
PENSÉE CRITIQUE
ÉVALUATION • • • • • • •
Posture et attitude du client Aect Intentions suicidaires après une première tentative Sommeil et alimentation Qualité des autosoins Opérations de la pensée Adhésion au traitement médicamenteux prescrit
JUGEMENT CLINIQUE FIGURE 4.9
À retenir VERSION REPRODUCTIBLE
http://ortinash.cheneliere.ca
• L’évaluation de la condition physique et mentale est une activité réservée de l’infrmière. • L’évaluation permet à l’infrmière de rassembler des données sur la situation de santé du client pour
96
Partie 1
ensuite les analyser et déterminer les constats d’évaluation qui serviront de base pour rédiger le PTI. • L’évaluation initiale a pour but d’obtenir des données de base sur l’état de santé physique et mentale du client afn d’établir son profl actuel de santé globale, alors que l’évaluation en cours d’évolution consiste à établir des liens entre les données actuelles et les
données antérieures et permet de réviser les priorités de soins et d’ajuster le PTI ainsi que le PSTI. • Les données subjectives se rapportent à tout ce que le client transmet à son sujet dans son histoire de santé, alors que les données objectives sont celles établies par l’observation de l’infrmière au cours de l’examen de l’état mental.
Fondements de la pratique infrmière en santé mentale et en soins psychiatriques
• La amille, les amis, les autres membres de l’équipe soignante et le dossier médical constituent des sources supplémentaires de données sur la situation du client. • L’entretien, l’observation, l’utilisation de grilles et d’échelles d’évaluation constituent les principaux moyens pour évaluer la situation du client. • L’évaluation porte sur l’histoire de santé, l’état de santé physique,
l’examen de l’état mental, la dimension psychosociale, le dépistage des risques et les données provenant de grilles et d’échelles d’évaluation. • Plusieurs troubles mentaux peuvent entraîner des symptômes somatiques, alors que plusieurs aections physiques peuvent engendrer des symptômes psychiatriques. • L’examen de l’état mental porte sur l’apparence, le comportement moteur, le langage, l’état émotionnel, les opérations de la pensée, les perceptions et les onctions cognitives.
• La dimension psychosociale s’intéresse à l’environnement physique et social, aux relations et au réseau de soutien, aux acteurs de stress, aux acultés adaptatives, à la situation fnancière, à la culture et la spiritualité de même qu’au projet de vie et aux objectis du client. • Les risques de suicide et d’agression ainsi que l’abus de substances représentent les principaux risques à dépister en psychiatrie. • Des grilles et des échelles d’évaluation peuvent être utilisées pour évaluer certains aspects précis de l’état de santé mentale de la personne ; certains de ces outils nécessitent une ormation et une
supervision particulières, alors que d’autres n’exigent pas de ormation. • L’évaluation de la condition de santé mentale ne s’eectue pas uniquement en établissement psychiatrique, mais également dans de nombreux milieux comme l’urgence, les soins intensis, en centre d’hébergement, en milieu scolaire ou à domicile. • Le jugement clinique, la pensée critique, l’intuition, l’expérience et les connaissances de l’infrmière sont des éléments essentiels à l’établissement de problèmes prioritaires. • Les données recueillies par l’infrmière contribuent à
l’établissement du diagnostic médical par le psychiatre ou le médecin sous orme de trouble mental. Pour sa part, l’infrmière se concentre surtout sur les réactions du client au trouble mental et sur les eets de ce trouble et des traitements médicaux sur lui, c’està-dire sur les problèmes qui découlent de sa situation de santé. • L’infrmière est souvent appelée à travailler avec une équipe de soins composée de divers intervenants qui, en raison de leur proximité avec les clients, peuvent grandement collaborer à la collecte des données et à la surveillance clinique.
Ressources VERSION COMPLÈTE ET DÉTAILLÉE
http://ortinash.cheneliere.ca
Références Internet ORGANISMES ET ASSOCIATIONS Réseau de collaboration sur les pratiques interproessionnelles en santé et services sociaux (RCPI) www.rcpi.ulaval.ca RÉFÉRENCES GÉNÉRALES Infressources www.infressources.ca > Banques et recherche > Rechercher dans la banque > Le génogramme, moyen d’enrichissement de l’entretien 1 re partie : les principes Ordre des infrmières et infrmiers du Québec (OIIQ) www.oiiq.org > Pratique infrmière > Champ d’exercice et activités réservées > Évaluer la condition physique et mentale
Monographies Beauzée, N., Cabier, M.C., LelevrierVasseur, A., et al. (2002). L’entretien infrmier en santé mentale : l’apport systémique dans une proes sion en mutation. Toulouse, France : Éditions Érès. Cloutier, L., Delmas, P., & D’All AvaSantucci, J. (2010). La pratique infrmière de l’examen clinique. Paris : De Boeck. Jarvis, C. (2010). Évaluation de l’état mental. Dans C. Chapados (dir.). L’examen clinique et l’évaluation de la santé. Montréal : Beauchemin.
Articles, rapports et autres Ofce des proessions du Québec (2012). Loi modifant le Code des proessions et d’autres dispositions législatives dans le domaine de la santé mentale et des relations humaines. Guide explicati. www.opq.gouv.qc.ca/fleadmin/documents/ Systeme_proessionnel/Guide_explicati.pd Ordre des infrmières et infrmiers du Québec (OIIQ) (2003). Guide d’application de la nouvelle Loi sur les infrmières et les infrmiers et de la Loi modifant le Code des proessions et d’autres dispositions législatives dans le domaine de la santé.
Ordre des infrmières et infrmiers du Québec (OIIQ) (2003). L’évaluation de la condition physique et mentale d’une personne. Dans L’exercice infrmier en santé mentale et en psychiatrie. www.oiiq.org/uploads/publications/autres_ publications/181_exercice_in_sante_ mentale.pd www.oiiq.org/uploads/publications/autres_ publications/Guide_application_loi90.pd Ordre des infrmières et infrmiers du Québec (OIIQ) (2009). La pratique infrmière en santé mentale : une contribution essentielle à consolider – Rapport du Comité d’experts sur la pratique infrmière en santé mentale et en soins psychiatriques. www.oiiq.org/uploads/publications/autres_ publications/rapport_octobre2009_v.pd Ordre des infrmières et infrmiers du Québec (OIIQ) (2011). L’évaluation de la condition mentale. Comment allezvous aujourd’hui ? Perspective infrmière, 8(2). www.oiiq.org/sites/deault/fles/uploads/pd/ publications/perspective_infrmieres/2011_ vol8_no2/11_evaluation.pd
Multimédia La psychiatrie : une proession, une passion www.rrsss03.gouv.qc.ca/videospsychiatrie.html
Chapitre 4
Évaluation de la condition mentale
97
4
chapitre
Communication et relation thérapeutique
Écrit par : Susan Fertig McDonald, DNP, PMHCNS-BC Adapté par : Margot Phaneuf, M. Éd., Ph. D. (didactique)
Guide d’études – RE06, RE07, RE19, SA03, SA12
OBJECTIFS
Après avoir étudié ce chapitre, vous devriez être en mesure : ■
d’effectuer une analyse d’interactions ;
■
de discuter des facteurs qui influent sur la communication ;
■
de décrire les caractéristiques de l’alliance thérapeutique ;
■
d’expliquer les phases de la relation infirmière-client ;
■
d’expliquer les composantes de la communication non verbale ;
98
Partie 1
■
■
■
de distinguer les communications sociale, fonctionnelle, interdisciplinaire, éducative et thérapeutique ; de discuter des divers rôles que joue l’infirmière dans le cadre de l’interaction thérapeutique avec les clients en milieu psychiatrique ; d’appliquer les habiletés nécessaires à une communication thérapeutique efficace ;
Fondements de la pratique infrmière en santé mentale et en soins psychiatriques
■
■
■
d’expliquer les techniques susceptibles d’améliorer la communication ; de distinguer les facteurs qui améliorent la communication thérapeutique de ceux qui l’entravent ; de discuter des difficultés de communication qui peuvent survenir avec certaines clientèles particulières.
Concepts clés
Cette carte conceptuelle illustre schématiquement les principaux concepts décrits dans le présent chapitre. Sa lecture vous permettra d’avoir une vue d’ensemble des notions qui y sont présentées.
5
infuencées par
inclut
types de communication
nécessitent
contexte thérapeutique
Chapitre 5
Communication et relation thérapeutique
99
PORTRAIT
Marie-Ève Savoie Marie-Ève Savoie, âgée de 20 ans, eectue sa cinquième semaine de stage en psychiatrie dans le cadre d’un programme d’études en sciences inrmières. Elle se sent à l’aise dans l’unité psychiatrique. Marie-Ève a établi un contrat avec Karina, une cliente de 15 ans de l’unité ermée des adolescents : se rencontrer chaque jour an de permettre à Karina de parler de son impulsivité. Elle la voit tous les jours depuis déjà trois semaines. Les parents de Karina ont ait admettre leur lle dans cet établissement en raison de son comportement impossible à maîtriser, notamment l’abus de plusieurs substances toxiques, des ugues de la maison pendant plusieurs semaines, l’absence de l’école et la réquentation d’amis beaucoup plus âgés qu’elle et ayant des antécédents de consommation de drogues. Marie-Ève se prépare à quitter l’unité pour aller à un atelier de ormation lorsque Karina l’arrête et lui dit à voix basse qu’elle veut lui parler. Marie-Ève lui explique qu’elle s’en va à une réunion qui doit commencer dans 20 minutes. Karina insiste pour lui parler, mais Marie-Ève doit lui promettre de ne rien dire à personne. Marie-Ève dit à Karina qu’elle ne peut garder aucun secret qui pourrait nuire à son traitement et que le médecin ainsi que le personnel de l’équipe de soins devront aussi être inormés. Elle ajoute que cela doit sûrement être très important, sinon elle n’insisterait pas tant pour lui parler.
5.1
Les composantes de base nécessaires à toute commu nication sont présentées en détail dans le chapitre 11 de Potter, P.A., & Perry, A.G. (2010). Soins infrmiers – Fondements généraux (3e éd.). Montréal : Chenelière Éducation.
Communication
La communication constitue un processus dynamique au cours duquel deux ou plusieurs personnes échangent diérents types d’inormations. Malgré le ait que l’apprentissage de la parole se ait très tôt chez l’enant, ce processus s’avère complexe. L’échange d’inormation repose sur le recours à une combinaison de comportements verbaux et non verbaux utilisés de diérentes açons et conditionnés par le contexte social et émoti. Ainsi, il aut beaucoup d’application pour que la communication soit ecace. Cette communication ecace est essentielle au succès des interventions inrmières en psychiatrie et représente un acteur majeur avorisant la satisaction du client, son adhésion au traitement et sa progression vers un mieux-être. Sans une communication ecace, la relation thérapeutique entre le client et l’inrmière n’est pas envisageable. En conséquence, en psychiatrie, l’inrmière doit comprendre et maîtriser les principes généraux de la communication ainsi que ceux de la relation thérapeutique.
100
Partie 1
La communication, dans le cadre d’une relation de qualité, est l’outil le plus puissant dont dispose l’inrmière, et c’est ce qu’elle utilise pour amorcer la démarche de soins. C’est sur cet outil que repose essentiellement la relation thérapeutique inrmièreclient au cours des soins et traitements inrmiers. Hildegard E. Peplau, pionnière et éducatrice en matière de soins inrmiers en santé mentale, a été la première à dénir ce concept (Peplau, 1951). Selon elle, l’interaction thérapeutique entre l’inrmière et le client se produit dans le cadre de la relation entre ces deux personnes et passe par des phases distinctes qui se chevauchent, allant de l’orientation (admission) à la résolution (congé). En vue de la ormation des inrmières sur les eets de l’interaction thérapeutique, Peplau a mis au point l’analyse d’interactions, une méthode reconnue depuis longtemps qui aide l’inrmière à examiner la relation qu’elle entretient avec le client grâce à un compte rendu écrit qu’elle consigne immédiatement après l’interaction. L’inrmière vérie ensuite si ces interventions ont reiné ou encouragé les eorts du client à communiquer, ou si des sujets de conversation n’ont pas été soulevés à temps. Elle détermine également les habiletés de communication employées et celles qui auraient pu l’être. Selon Peplau (1951), l’inrmière et le client sont des participants égaux au cours du processus thérapeutique, et l’objecti global alors poursuivi est d’améliorer la santé et le bien-être du client. Ces interactions se situent dans une approche existentielle-humaniste ondée sur la conance dans l’être humain, sur sa capacité de diriger sa vie et de réaliser son propre potentiel. Cette orientation se centre sur le présent et sur les capacités de prise de conscience et de réalisation de soi de la personne. Elle tire ses origines dans la philosophie ancienne et les avancées plus récentes de la psychologie, marquées notamment par l’inluence de Carl Rogers, d’Abraham Maslow et de Frankl. Cette approche place le client au cœur des soins, ce qui infuence ortement la nature de la relation inirmière-client et les soins qui en découlent. L’orientation existentielle-humaniste vise l’épanouissement de la personne et respecte le sens que celle-ci entend donner à sa vie, en ce sens qu’elle se veut respectueuse de la liberté du client et de sa capacité de décider pour luimême. Aussi, les buts et objectis de l’intervention inrmière sont ormulés en collaboration avec le client, qui prend conscience du poids de ses propres décisions et progresse de cette manière vers une plus grande autonomie. Cette approche respectueuse de la personne teinte toutes les interventions de l’inrmière et est mise en évidence dans l’analyse d’interactions avec les clients TABLEAU 5.1.
Fondements de la pratique infrmière en santé mentale et en soins psychiatriques
TABLEAU 5.1
Exemple d’une analyse d’interactions
COMMUNICATION DE L’INFIRMIÈRE
COMMUNICATION DU CLIENT
1. Verbale : « Bonjour Jeanne. Je m’appelle Laurence, je suis étudiante inrmière. Je vais être ici deux soirs par semaine pen dant environ huit semaines. J’aimerais passer du temps avec vous et parler de votre séjour à l’hôpital. Qu’en pensezvous ? » Non verbale : posture ouverte, contact visuel, ton de voix modéré et calme, limites spatiales adéquates (environ 1 m).
HABILETÉS DE COMMUNICATION INFIRMIÈRE
CLIENT
1. Verbale : « Je pense que ça me convient tant que nous ne parlons pas quand c’est l’heure de ma pause cigarette ou de mes activités de groupe. Je ais un dessin pour ma lle. Elle me manque beaucoup. » Non verbale : posture ermée, expression aciale soucieuse, voix tremblante, nervosité et agitation en position assise.
1. Ore de son temps et donne de l’inormation ; établit des limites et des rontières ; pose des questions ouvertes et utilise des techni ques thérapeutiques qui avorisent la con ance et la relation.
1. D’accord pour interagir avec l’inrmière à la condition que ses demandes soient satis aites (pause pour umer, activités de groupe) ; est peutêtre anxieuse à l’idée de s’ouvrir à une étrangère.
2. Verbale : « Je comprends que vous avez besoin de participer à des activités et je ne perturberai pas votre emploi du temps. Comment cela se passetil pour vous à l’hôpital jusqu’à présent ? » Non verbale : semblable au no 1.
2. Verbale : « Oh, pas très bien. Je ne pense pas que ce soit ma place ici avec les autres personnes. Leurs problèmes semblent vraiment graves. Tout ce que je veux, c’est nir le dessin pour ma lle et retourner à la maison. » Non verbale : semblable au no 1.
2. Reconnaît et respecte les besoins exprimés par la cliente ; utilise des questions ouvertes et manieste des attitudes d’écoute pour clarier les perceptions et les sentiments de la cliente concernant son séjour hospitalier et ses progrès.
2. Exprime des émotions légère ment négatives (c.àd. « pas très bien »), indiquant qu’elle n’a pas encore vraiment ac cepté son état et son traite ment ; semble utiliser des mécanismes de déense comme le déni et le manque d’introspection (c.àd. « Je ne pense pas que ce soit ma place ici avec les autres patients »).
3. Verbale : « Vous ne pensez pas que vous devriez être à l’hôpital ? Qu’estce qui vous a amenée ici ? » Non verbale : position penchée légère ment vers la cliente pour maniester son intérêt, ton modéré, expression aciale intéressée.
3. Verbale : « Je pense que j’avais simplement trop d’énergie et de pensées en même temps. J’aimais bien avoir beaucoup d’énergie, mais toutes ces pensées, c’était trop pour moi et j’étais désorientée. Je me sens mieux maintenant, tout ce que je veux, c’est rentrer à la maison ! » Non verbale : bras qui remuent dans les airs pour illustrer la quantité d’énergie dont elle parle, expression aciale et ton de voix qui semble indiquer que l’épisode n’était pas grave.
3. Utilise le refet pour répéter la réponse de la cliente an que cette dernière puisse réféchir à ses propres propos ; utilise des questions ouvertes pour éclaircir les rai sons de l’hospitalisation.
3. Continue à nier le problème et semble minimiser les événements liés à son hospitalisation ; réitère son désir de rentrer à la maison ; semble minimiser ce qui s’est passé.
4. Verbale : « Parlezmoi de l’énergie et des pensées que vous aviez. » Non verbale : contact visuel, expression aciale et ton de voix exprimant de l’intérêt.
4. Verbale : « Eh bien, mon médecin m’a dit que j’ai eu un épisode maniaque, j’ai probablement omis de prendre quelques doses de médicament. » Non verbale : pas de contact visuel, gestes de la main comme si elle voulait minimiser la gravité de ces actions.
4. Utilise la question ouverte de clarication pour mieux comprendre ce qui s’est passé durant la période d’excitation que la cliente a vécue.
4. Admet avoir eu un épisode de manie, ce qui ait partie du trouble bipolaire ; admet également ne pas avoir pris ses médicaments ; langage corporel qui indique que le comportement à ce moment n’était pas grave.
5. Verbale : « Je vois. Donc, vous dites que votre épisode maniaque s’est produit parce que vous avez cessé de prendre vos médicaments ? » Non verbale : position penchée vers l’avant pour maniester son intérêt et sourcils légèrement roncés pour indiquer sa préoccupation et son désir de comprendre la raison de l’admission de la cliente.
5. Verbale : « Oui, je suppose que je n’aurais pas dû cesser de prendre mes pilules, mais les eets secondaires me dérangeaient. » Non verbale : léger contact visuel, gigotements sur sa chaise.
5. Refète les paroles de la cliente pour valider ce qu’elle comprend à propos de ce qui est exprimé et établir une compréhension mutuelle.
5. Relie l’arrêt des médicaments à son épisode maniaque ; donne un aperçu de la raison pour laquelle elle a cessé de les prendre et semble com prendre la relation de cause à eet entre l’arrêt de sa mé dication et les symptômes qui se sont maniestés.
Chapitre 5
Communication et relation thérapeutique
101
5
TABLEAU 5.1
Exemple d’une analyse d’interactions (suite)
COMMUNICATION DE L’INFIRMIÈRE
COMMUNICATION DU CLIENT
6. Verbale : « L’arrêt des médicaments à cause des eets secondaires, cela arrive, mais il y a des risques d’en traîner le retour de vos symptômes. Nous pourrions peutêtre parler des eets secondaires que vous ressentiez. » Non verbale : similaire au no 5.
HABILETÉS DE COMMUNICATION INFIRMIÈRE
CLIENT
6. Verbale : « OK. Je sais que j’ai été vraiment stupide de cesser de les prendre. » Non verbale : prend sa tête dans ses mains et la secoue de droite à gauche.
6. Fournit de l’inormation ; reconnaît les raisons données par la cliente pour expliquer l’arrêt de ses médicaments ; recentre la conversa tion sur un seul point important, soit les pro blèmes éprouvés par la cliente avec les médica ments en posant une question ouverte, ce qui devrait amener la cliente à élaborer un peu plus sur ce point.
6. Semble contrariée à cause de son comportement (arrêt des médicaments) ; manieste sa rustration en secouant la tête et en se traitant de stu pide alors qu’en ait, elle se sent inadéquate.
7. Verbale : « On dirait que vous reconnais sez que l’arrêt des médicaments peut avoir causé votre épisode maniaque, que, si je comprends bien, vous avez trouvé très pénible. » Non verbale : contact visuel, ton et langage corporel exprimant l’empathie. (Moment de silence) Verbale : « Jeanne, c’est correct de remettre vos actions en question. C’est comme ça qu’on apprend tous. » Non verbale : contact visuel, position tranquillement assise près de la cliente et maniestation de sa compréhension empathique : ton, regard, expression d’intérêt.
7. Verbale : « J’imagine. C’est juste que je répète tout le temps les mêmes erreurs et je me retrouve dans cet hôpital stupide où je ne devrais pas être. » Non verbale : baisse la tête sur sa poitrine et la secoue de droite à gauche.
7. Reconnaît la prise de conscience de la cliente et manieste de l’empa thie ace à sa détresse ; crée un climat avo rable à l’expression des émotions et des sentiments ; se rend disponible pour la cliente en demeurant près d’elle et en mani estant son intérêt et sa compréhension.
7. Semble comprendre que l’arrêt des médicaments empire les symptômes du trouble mental, bien qu’elle ait du mal à reconnaître le rôle que jouent ses pensées et son comportement dans son hospitalisation.
8. Verbale : « Aujourd’hui, nous avons parlé du lien entre les médicaments que vous prenez, vos symptômes et les problèmes que vous vivez et qui vous empêchent de prendre vos médicaments. On pourrait s’arrêter làdessus pour aujourd’hui. La prochaine ois que nous nous verrons, nous parlerons des açons qui vous permettraient de gérer la même situation à l’avenir. » Non verbale : position assise avec les épaules en arrière dans une posture ouverte et regard dirigé vers la cliente.
8. Verbale : « OK, tant mieux parce que j’ai besoin d’une cigarette maintenant. Merci de m’avoir écoutée. Je vous verrai la prochaine ois que vous serez ici. » Non verbale : se lève pour aller prendre sa pause à l’extérieur et regarde briève ment l’infrmière.
8. Résume les propos de la cliente et termine la conversation en l’en courageant à suggérer des actions pour amé liorer la situation.
8. Est restée tout au long de l’interaction ; éprouve encore le besoin de minimiser ses problèmes ; ume pour s’aider à tenir le coup, accepte de reparler à l’infrmière et la remercie de son écoute, aisant ainsi preuve de maturité et de respect.
9. Verbale : « OK, Jeanne, je comprends. Je vous reparle dans quelques jours. Merci d’avoir discuté avec moi. » Non verbale : se lève doucement.
102
Partie 1
Fondements de la pratique infrmière en santé mentale et en soins psychiatriques
5.1.1
Facteurs qui infuencent la communication
La communication est soumise à l’infuence de nombreux acteurs, comme : • l’environnement ; • la nature de la relation entre les personnes ; • le contenu du message et le contexte dans lequel il s’insère ; • les attitudes, les émotions, les valeurs et les croyances ; • l’origine ethnique, la culture et la religion ; • le statut socioéconomique ; • l’âge et le sexe ; • le niveau de connaissance et l’éducation reçue ; • la capacité à établir des liens avec autrui. Les acteurs contextuels qui infuencent positivement ou négativement l’ecacité de la communication sont le temps, l’intensité du bruit, l’intimité, le degré de conort et la température. Les clients peuvent être ragiles, de sorte que le choix du lieu même de l’interaction s’avère crucial pour transmettre l’importance ou l’authenticité de la communication. Par exemple, pour un client anxieux qui apprend dans le corridor qu’il devra subir des analyses supplémentaires, ce lieu impersonnel ne le dispose pas à ce dérangement dans sa routine. Le choix du moment de l’interaction est également important, et attendre le moment propice peut aire toute la diérence entre un apprentissage réussi et un échec pour le client.
interlocuteurs sont source d’émotions qui prennent parois une grande importance dans les échanges de l’inrmière avec le client. Par exemple, une maniestation de désintérêt momentané de l’inrmière ou une pointe d’agressivité du client peuvent complètement biaiser l’intervention et nuire à l’atteinte des objectis. Le client psychiatrique est ragile et sensible, aussi l’inrmière doitelle observer attentivement les émotions qu’il manieste, mais aussi ses attitudes et son comportement verbal ou non verbal dans le but d’en comprendre la signication.
5
L’attitude des personnes en présence infue également sur l’interaction. Elle détermine la manière dont une personne réagit envers une autre. Elle est conditionnée par les préjugés, les expériences passées, l’ouverture d’esprit et l’acceptation de l’autre. Les personnes issues de classes socioéconomiques déavorisées, ayant une origine culturelle diérente ou des antécédents amiliaux particuliers ont parois de la diculté à communiquer, en raison de possibles barrières de langage et de leur niveau de connaissances (Gratton, 2009). De plus, les diérences en matière de tradition, de religion et de conception de la santé et de la maladie constituent des dés importants à relever pour l’inrmière. Le niveau d’éducation d’une personne infuence la communication et peut même être source de dicultés de compréhension, car il marque proondément l’agir de la personne. Le type d’éducation de chaque personne encourage, inspire ou décourage diérents aspects de la communication. Par exemple, un adolescent à qui on demande continuellement de se taire parce qu’il parle trop adoptera un style de communication eacé et éprouvera de la diculté à s’armer à l’âge adulte à cause de son éducation. Les diérences de niveau de connaissances peuvent aussi créer des problèmes dans une communication inrmière-client. Si le niveau d’éducation de l’inrmière est plus élevé que celui du client, il incombe à celle-ci d’adapter son enseignement aux besoins du client.
Pour ce qui est du contenu du message, l’inrmière est consciente des richesses et des pièges que recèlent ses perceptions ainsi que celles du client. L’être humain a cette aculté innée de percevoir son environnement, c’est-à-dire celle de recevoir rapidement des impressions livrées par ses sens (vue, ouïe, odorat et toucher) et ondées sur ses réactions émotionnelles. Il interprète ensuite ces impressions à partir de ses ltres personnels (sa culture, ses valeurs et ses expériences La perception du message est déterminée par passées), ce qui risque de conérer un caractère de subjectivité aux observations et aux jugements l’expérience de vie du client. Pour éviter qu’une dans la relation inrmière-client. Pour éviter les mauvaise interprétation ne perturbe la commésinterprétations, il importe donc que l’inr- munication, l’inrmière doit demeurer à l’aût de mière soit consciente de ses propres impressions, toute possibilité de méprise. La communication qu’elle les évalue et qu’elle vérie aussi celles du dépend ainsi de la compréhension de ce qui a été client (Phaneu, 2007c). Les premières impres- communiqué, de l’interprétation juste du message sions peuvent parois induire en erreur, et il est et de la rétroaction émise par le client permettant primordial de toujours vérier les impressions de conrmer l’exactitude de son interprétation. La communication inrmièrereçues ain de s’assurer client suppose une cerd’une bonne compréhenL’infrmière est consciente des richesses sion de la situation taine complicité qui trouve et des pièges que recèlent ses perceptions (Orlando, 1979). En eet, sa réalisation dans la relaainsi que celles du client. les réactions des deux tion soignant-soigné .
Chapitre 5
CONSEIL CLINIQUE
Compter jusqu’à 10 avant de répondre ore une période d’attente ou d’ac calmie que nécessitent certaines personnes pour s’assurer qu’elles sont capa bles de discuter rationnelle ment d’un sujet dicile ou de comprendre un concept essentiel.
Une liste de acteurs contex tuels qui peuvent infuencer la communication est pré sentée dans l’encadré 5.1W, qui peut être consulté au http://ortinash.cheneliere.ca.
Communication et relation thérapeutique
103
5.2 ALERTE CLINIQUE
Dans la relation thérapeu tique, il est important d’éta blir des limites saines qui permettent de défnir claire ment le rôle de l’infrmière. Elles sont importantes dans toute relation, mais particu lièrement dans la relation avec le client psychiatrique. L’infrmière qui tente d’être l’amie d’un client brouille le processus thérapeutique et le potentiel de rétablisse ment du client.
Alliance thérapeutique : Qualité et orce de la relation de collaboration entre le client et le soignant dans la poursuite de buts thérapeutiques.
L’encadré 5.2W, présenté au http://ortinash.cheneliere.ca, ournit des exemples de limites malsaines que l’infrmière peut donner au client pour l’aider à reconnaître la violation de limites.
ENCADRÉ 5.1
En psychiatrie, les interventions de l’inrmière se ont souvent au cours d’entretiens, qui revêtent donc une importance majeure. Ces entretiens se présentent sous divers aspects et peuvent être soit ormels soit inormels, ou prendre la orme d’un entretien motivationnel. L’entretien ormel est prévu dans le plan de traitement du client. Le moment, la réquence et la durée de ces rencontres sont déterminés à l’avance, et les objectis de progression du client vers un mieux-être sont dénis avec lui au début des rencontres. L’entretien inormel n’est pas prévu, il n’a pas de cadre précis et peut être réalisé sur demande ou selon les besoins maniestés par le client. Ses objectis sont de nature plus limitée. L’entretien motivationnel ore une orme particulière d’intervention empreinte de compréhension et dénuée de jugement, qui vise à stimuler le désir de changement chez le client et à réduire son ambivalence. L’entretien motivationnel porte sur les comportements à risque et a pour but d’aider le client à retrouver une bonne estime de soi (Association rancophone de diusion de l’entretien motivationnel, 2012 ; Phaneu, 2006).
5.2.1
Objectifs de l’alliance thérapeutique
• de mieux comprendre sa situation, d’ex primer ses besoins et ses difcultés et de prendre conscience de l’existence de réseaux de soutien ; • de parler librement dans le respect et l’ouverture ;
Partie 1
Alliance thérapeutique
Un objecti important de l’inrmière qui travaille auprès des clients vivant des problèmes de santé mentale est d’établir avec eux une alliance thérapeutique. Cet engagement mutuel et réciproque vise le partage des eorts de deux personnes. Dans ce cadre, le client a besoin de cette alliance pour aire ace aux dés qu’imposent sa situation et les interventions de l’inrmière pour le soutenir. Cette association est nécessaire au travail inrmier et infuence considérablement l’évolution du client vers un mieux-être. L’alliance thérapeutique est au cœur de la relation inrmière-client et constitue la pierre angulaire sur laquelle se ondent les interventions inrmières dans le milieu psychiatrique (Phaneu, 2011) ENCADRÉ 5.1.
L’alliance thérapeutique permet au client :
104
Communication et entretien avec le client
• d’acquérir et d’utiliser de nouvelles habiletés et des stratégies d’adaptation plus appropriées pour luimême, ses proches et la société ; • de partager ce qu’il vit et de guérir ses blessures mentales et émotionnelles ; • de avoriser son évolution.
En psychiatrie, l’alliance thérapeutique permet également d’aider le client à aire ace aux problèmes, à prendre des décisions, à améliorer ses comportements indésirables, à améliorer sa conance en soi et à analyser ses relations actuelles. Par le lien établi à travers cette alliance, l’inrmière crée un environnement relationnel sécuritaire qui suscite la conance du client et de ses proches. Il s’agit d’une relation davantage suivie, enrichie par des interactions chaleureuses et attentionnées, essentiellement tournées vers le mieuxêtre du client. Cette alliance se réalise par un travail bilatéral qui mobilise le dynamisme de l’inrmière et celui du client, et même celui de ses proches. Par ses interventions, l’inrmière ouvre tout un champ de compréhension réciproque et élargit les possibilités de prise de conscience et de transormation de soi pour le client, ce qui est susceptible de lui redonner l’espoir d’un changement bénéque. Cependant, pour être ecace, cette relation riche et vivante doit être authentique et adaptée aux besoins du client et à son évolution. Elle doit s’accompagner d’une compréhension proonde, comporter des objectis précis pour l’évolution du client, dénoter des habiletés relationnelles bien maîtrisées, être animée par la motivation et s’articuler autour d’une orientation soigneusement planiée. Les enjeux relationnels d’une relation d’aide sont complexes et dynamiques. Bien que le client puisse tenter d’entrer en relation de açon amicale avec l’inrmière, elle n’est pas là pour être son amie, mais plutôt pour se concentrer sur les besoins de ce dernier en lui orant une aide thérapeutique (Tournebise, 2010). Cependant, l’inrmière ne doit pas conondre les limites à établir avec une attitude roide et distante envers le client. La cordialité et l’authenticité sont des qualités importantes de l’inrmière. Celle-ci doit aider le client à mieux reconnaître la présence ou l’absence de ses propres limites et à comprendre pourquoi il en est ainsi. Elle doit aussi l’aider à s’exercer à xer des limites avec les autres .
Autonomie du client En raison de l’évolution des soins inrmiers vers l’autoresponsabilisation ou empowerment, l’engagement de l’inrmière est aussi nécessaire pour amener le client vers une plus grande autonomie et l’aider à répondre à ses besoins et à résoudre ses problèmes (Phaneu, 2011). Un objecti important des soins psychiatriques est d’aider le client à se percevoir comme un être responsable et à maintenir son autonomie dans la mesure de ses capacités tout en visant l’atteinte des objectis d’évolution qui ont été xés avec lui. Dans son besoin enthousiaste d’aider les autres,
Fondements de la pratique infrmière en santé mentale et en soins psychiatriques
l’inrmière trouve parois plus acile de aire les choses à la place du client plutôt que de les aire avec lui ou d’attendre qu’il réussisse par luimême. Trouver un équilibre entre aire à sa place et permettre de aire est alors essentiel. Le client qui éprouve de la diculté à gérer sa propre situation en raison de la gravité de ses symptômes ou d’une situation de crise peut évoluer et réussir à prendre sa propre vie en main. L’inrmière doit éviter de aire de lui un observateur passi de ses propres soins et garder en tête que l’autonomie s’acquiert progressivement. Il aut d’abord évaluer avec le client ce qu’il peut accomplir dans diverses situations, et peu importe les habiletés de celui-ci, l’alliance thérapeutique doit tenir compte de ses aptitudes et devenir un partenariat où les deux parties se concentrent sur l’atteinte des objectis de soins.
Interactions axées sur le client Pendant une rencontre, il arrive que le client détourne la conversation de lui-même pour éviter de parler de ses dicultés. Celui-ci change de sujet pour diverses raisons : par crainte d’être jugé, pour éviter de nommer ses sources d’anxiété, par ennui, pour éviter des sujets dont il a déjà discuté avec d’autres thérapeutes ou parce qu’il est incapable de rester concentré en raison de dicultés cognitives. La diversion est une manœuvre qui représente un indice de résistance. Il est important de la détecter et d’intervenir selon les capacités du client.
Objectif dirigé vers l’évolution du client Un objecti ondamental de l’alliance thérapeutique est d’aider le client à progresser vers le rétablissement. Dans cette approche infuencée par les principes humanistes-existentiels, le client et l’inrmière cernent ensemble les besoins du client et établissent des objectis réalistes pour ensuite travailler à l’atteinte de ces objectis avec un ajustement des stratégies au besoin. Les activités réalisées varient selon les besoins du client et elles sont planiées sur la base de son plan de traitements individuel FIGURE 5.1.
Neutralité La neutralité est une des conditions de la relation soignant-soigné et est nécessaire au cours d’un entretien. L’action de l’inrmière exerce un eet thérapeutique seulement lorsque celle-ci reste objective, c’est-à-dire qu’elle eectue ses interventions sans juger la conduite ou les valeurs du client. L’inrmière évite ainsi les biais, les préjugés et l’identication personnelle avec le client ou sa situation. La réaction d’un client à une inrmière incapable de demeurer objective risque d’être négative.
5
FIGURE 5.1
L’infrmière établit des objectis avec l’aide du client afn de répondre à ses besoins.
Jugement clinique
Il pourrait hésiter à partager des inormations avec elle, Marion Lepers, âgée de 30 ans, présente un trouble de parce qu’il éprouve un senpersonnalité paranoïaque. Elle est peu loquace avec timent de médiocrité et vous, car elle se mée de toutes les personnes qui peut-être même de rejet. Il veulent lui parler. « Tout le monde veut m’arracher pourrait en être de même si des secrets sur ma vie privée. Pourquoi ? Pour s’en le client sent la ragilité de servir contre moi, c’est sûr », ditelle pour expliquer l’inrmière, parce qu’il veut son attitude. éviter de lui causer d’autres Quel devrait être le but de votre alliance thérapeutique douleurs émotionnelles, ou avec madame Lepers ? encore s’il la croit inadéquate et incapable de gérer ses propres problèmes et donc encore moins de s’occuper des siens. Lorsqu’une diculté majeure surgit, une inrmière responsable peut demander l’aide d’un superviseur ou encore entreprendre une thérapie si ses problèmes personnels interèrent avec la qualité de la relation thérapeutique. Il est aussi important qu’elle puisse se ressourcer en dehors de son milieu de travail et que ses relations personnelles lui procurent de la satisaction.
Interactions d’une durée limitée Le principe des rencontres d’une durée limitée est important pour plusieurs raisons en psychiatrie. Dans leurs expériences des relations humaines, certains clients n’ont souvent pas appris que les limites sont cruciales dans toute relation et que leur absence entraîne des problèmes. Après l’établissement des règles élémentaires au début de la relation, l’inrmière et le client déterminent le temps qu’ils souhaitent et peuvent consacrer aux rencontres. Cela évite les situations incertaines ou anxiogènes. Ils décident alors de l’utilisation appropriée du temps dont ils disposent. De plus, puisque toute relation doit inévitablement se terminer, l’inrmière et le client préviendront l’apparition de dicultés s’ils connaissent bien les limites de leur relation et les respectent tous les deux. De plus, cela permet au client de s’initier aux rudiments de
Chapitre 5
RAPPELEZ-VOUS…
L’article 21 du Code de déon tologie des inrmières et inrmiers porte sur l’indépen dance proessionnelle et les confits d’intérêts. Que dit cet article à propos de la neutra lité dont l’inrmière doit aire preuve ?
Communication et relation thérapeutique
105
Jugement clinique Denise Charron est hospitalisée pour une dépression majeure à la suite de la mort de son mari survenue il y a deux mois. Elle est âgée de 63 ans et n’a jamais travaillé à l’extérieur. Elle vit de l’aide sociale et devra quitter son logement qu’elle ne pourra payer désormais. La cliente reste couchée la plupart du temps et garde sa chemise de nuit depuis trois jours. L’infrmière lui propose de l’aider à changer de vêtements et sort une blouse et un pantalon de la garderobe. Elle dit à la cliente sur un ton aable : « Ça va vous remonter le moral de porter des vêtements propres. Je vais vous maquiller en plus, vous allez être contente. »
l’établissement de relations saines, ce qui l’aidera dans le utur dans ses propres relations, qu’elles soient durables ou passagères.
le rapport à la personne dière toujours selon la situation et les personnalités en présence. Cette relation orme la base relationnelle sur laquelle se construit l’alliance thérapeutique entre l’inrmière et le client (Phaneu, 2011).
Fidélité aux rendez-vous
5.3.1
La délité aux rendez-vous est essentielle ; c’est au cours de ces rencontres que l’inrmière suit et évalue l’état du client, assure la poursuite du traitement et agit pour prévenir certaines rechutes. Cette délité L’attitude de l’infrmière estelle aidante pour madame est aussi nécessaire pour le Charron ? Expliquez votre réponse. client qui a besoin de cette présence qui le comprend, le rassure et l’encadre. Un manquement de la part de l’inrmière risque de briser la conance du client, et de l’autre côté, la non-délité du client illustre la présence d’un malaise ou dénote l’absence de motivation au traitement. En conséquence, l’inrmière doit respecter toutes les rencontres prévues avec le client. Quand les circonstances empêchent la tenue d’une rencontre, elle doit l’en inormer et prévoir un nouveau rendez-vous.
5.3 RAPPELEZ-VOUS…
L’article 38 du Code de déon tologie mentionne que l’infr mière ne peut établir de liens d’amitié avec le client. Quels autres types de liens ne peuvent être établis avec un client pendant la durée de la relation proessionnelle ?
106
Partie 1
Relation infrmière-client
La relation inrmière-client possède des caractéristiques particulières. Ce n’est ni une relation d’amitié, ni une relation sociale ordinaire. Il s’agit plutôt d’une relation circonscrite par des normes proessionnelles. Elle est essentiellement axée sur les besoins du client et sur les objectis de soins à atteindre à court et à long terme. Cette relation est particulière au milieu thérapeutique et orme la base des interactions quotidiennes avec le client. La valeur de cette relation constitue l’une des composantes essentielles de la qualité des soins. Les éléments médicaux, organisationnels, techniques et même technologiques sont importants, mais sans ce contact particulier qu’est la relation soignant-soigné, rien n’est possible. Ces aspects sont comme les deux aces d’une même médaille. La relation soignant-soigné projette une image orte de rencontre humaine, d’accompagnement et d’intérêt particulier pour l’être sourant. Les échanges avec les clients psychiatriques se déroulent dans un contexte caractéristique de réponse à leurs besoins et de gestes techniques. Mais la trame de ond de ces rencontres demeure le lien qui s’établit entre le soignant et le soigné en raison des dicultés que vit celui-ci et de la réponse d’aide et de compréhension que lui apporte l’inrmière. Les soins sont souvent répétitis et guidés par des protocoles dénis et des plans de soins et de traitements précis, mais
Phases de la relation infrmière-client
La relation inrmière-client se déroule selon un certain ordre qui peut varier selon les circonstances. La connaissance de son déroulement aide l’inrmière dans son intervention auprès du client (Peplau, 1951).
Phase de préorientation À ce moment, avant même de rencontrer le client, l’inrmière doit accomplir des tâches précises. La première consiste à recueillir de l’inormation sur le client, son état et sa situation actuelle. Elle puise cette inormation dans toutes les sources disponibles, notamment le dossier du client, les rapports du personnel et les rapports médicaux, et auprès de la amille du client et même parois auprès d’autres sources iables telles que les policiers et les ambulanciers. En deuxième lieu, l’inormation recueillie permettra à l’inrmière de procéder à l’étape d’autoévaluation qui consiste à analyser ses perceptions, ses pensées, ses sentiments et ses attitudes envers ce client et sa situation particulière. Des jugements, des biais et des stéréotypes peuvent l’infuencer et avoir des répercussions négatives sur sa relation thérapeutique avec le client. Par exemple, si, au cours des entretiens l’inrmière apprend des éléments qui lui rappellent une personne qu’elle aime ou qu’elle craint, et si elle ne reconnaît pas et n’analyse pas ces aits, elle risque de réagir de manière subjective, non thérapeutique et inecace auprès du client.
Phase d’orientation Après la phase de préorientation, l’inrmière et le client se rencontrent et procèdent aux présentations. C’est à cette étape que la relation peut commencer à s’établir. Ils ont connaissance, instaurent un rapport de conance et démontrent leur acceptation réciproque du processus qui s’amorce. C’est alors que le client commence avec l’aide de l’inrmière à travailler sur les aspects importants de sa vie. À cette étape, l’inrmière et le client déterminent ensemble les orces, les li mites et les problèmes du client. Ensemble, ils établissent des critères de résultats et élaborent un plan de soins et de traitements. Les réactions des clients varient grandement à cette étape. C’est également à ce moment que l’inrmière et le client dénissent les balises concrètes de leur relation que l’inrmière présente sous orme d’un accord ou d’un contrat.
Fondements de la pratique infrmière en santé mentale et en soins psychiatriques
Contrat thérapeutique Avant d’entreprendre une relation thérapeutique avec un client, l’infrmière en établit clairement le cadre en déterminant de manière explicite les paramètres pertinents dont ils conviendront entre eux. Le contrat peut être ormel ou inormel, écrit ou oral. Il peut concerner les rendez-vous à respecter (date, heure, endroit et durée), les comportements à adopter ou à éviter, ainsi que des objectis à atteindre. Il est important de préciser que le contrat prend une orme diérente selon que le client est hospitalisé dans une unité de soins aigus où les comportements à maîtriser sont généralement beaucoup plus sérieux que dans une unité de soins prolongés. Une autre orme réquente de contrat porte sur des comportements particuliers qu’il serait important de voir apparaître ou disparaître. Ce contrat peut toucher, par exemple, la gestion de la colère ou de la violence, la consommation d’alcool ou de drogue, la difculté à suivre un régime alimentaire, la dépendance au jeu, etc. Dans un tel contrat, le client s’engage à respecter des conditions prédéterminées afn d’atteindre certains résultats. Le contrat valorise l’autonomie du client et le place devant ses responsabilités individuelles. Cela lui permet de prévenir l’apparition de ses difcultés plutôt que de les subir, et de devenir ainsi acteur de sa propre réalité. Par exemple, dans le cas où un client aurait des tendances à l’automutilation, l’infrmière peut d’abord l’écouter avec ouverture d’esprit et empathie en vue d’évaluer le risque de récidive. Par la suite, elle peut proposer une entente ormelle dans laquelle le client s’engage à ne pas aire de gestes autodestructeurs d’ici leur prochaine rencontre. L’inirmière valide ensuite l’acceptation du client. Si celui-ci est d’accord, le contrat est établi. Le client a le droit de reuser cette entente ; dans ce cas, l’infrmière ne doit pas se sentir personnellement visée, car pour diverses raisons, il se peut que le client ne soit pas prêt à la rencontrer et à travailler avec elle. L’infrmière utilise plus réquemment le contrat inormel et oral avec le client qui se trouve dans un centre de soins de courte durée où elle le rencontre régulièrement. L’infrmière devra peut-être rédiger un contrat plus précis et plus ormel pour le client qui se trouve dans un milieu communautaire (p. ex., en soins à domicile, dans un programme de traitement de jour à temps partiel ou dans une maison de transition) FIGURE 5.2. Le contrat précise la date, le jour de la semaine et l’heure des rencontres ainsi que les numéros de téléphone où le client peut joindre l’infrmière s’il a des questions entre les rencontres. Peu importe le type de contrat, l’infrmière doit expliquer le but des rencontres, les objectis visés et les rôles respectis de l’infrmière et du client. Ensemble, ils déterminent les objectis à court et à long terme.
5
FIGURE 5.2
Un contrat formel et écrit est plus fréquent lorsque le client vit dans la communauté.
Phase de travail La phase de travail débute quand le client assume la responsabilité de son plan de soins et de traitements et qu’il y participe activement. L’acceptation de sa responsabilité ainsi que sa participation s’expriment par un engagement à renorcer les aspects positis de sa vie et à travailler sur les éléments perturbateurs de celle-ci. Le client doit également s’engager à modiier certains de ses comportements. Tant que le client ne se mobilise pas pour apporter de tels changements, l’étape du travail ne peut commencer. Avec l’expérience, l’infrmière est plus en mesure de reconnaître à quel moment le client entre réellement dans la phase de travail et ne résiste plus aux changements. Elle l’aide à mieux se comprendre, à acquérir plus d’autonomie et à maîtriser sa vie en l’encourageant à participer à sa propre évolution.
ALERTE CLINIQUE
Dans toutes les phases de la relation infrmièreclient, la sécurité du client et les troubles de santé sont prio ritaires. L’infrmière doit d’abord s’assurer que le client ne représente pas de danger pour luimême ou pour les autres, et elle doit s’occuper de ses besoins physiques pressants avant d’entreprendre toute autre intervention.
L’analyse des besoins du client permet de déterminer ceux qui requièrent une attention immédiate, et elle avorise l’organisation du traitement. Dans la relation établie, elle aide le client à examiner ses troubles cognitis, aectis et comportementaux. Le client, alors en confance, commence à explorer ses pensées et ses sentiments et à modifer ses comportements problématiques dans un environnement sécuritaire où il peut utiliser ses nouvelles habiletés. Pour l’encourager, l’infrmière doit souligner ses progrès et les résultats positis obtenus.
Jugement clinique
Fin de la relation À cette étape, la relation touche à sa fn. En ait, l’étape inale commence pendant l’étape d’orientation, quand l’infrmière fxe le calendrier des rencontres. Cela indique au client que la relation est sur le point de commencer, mais qu’elle a également des limites et aura une fn. Cela évite de créer de la conusion
Franka Joseph est une adolescente âgée de 15 ans. Elle séjourne dans un centre pour jeunes flles en difculté. Elle a ait deux ugues du centre pour se procurer de la drogue. Elle avait l’habitude d’en consommer quotidien nement. C’est une jeune flle difcile à aborder. « Vous êtes toutes des vieilles peaux rustrées et mal baisées », ditelle sur un ton condescendant avec un sourire mo queur et un regard en coin. Quel devrait être l’objet d’un contrat que vous établiriez avec Franka? S’agiraitil d’un contrat ormel ou inormel?
Chapitre 5
Communication et relation thérapeutique
107
chez le client, qui peut reuser ou être incapable de reconnaître les limites de la relation. La relation inrmière-client se termine naturellement quand le client va mieux et obtient son congé, mais elle peut aussi prendre n en cas de transert de l’inrmière ou du client. Quand elle prévoit la n de la relation, l’inrmière doit utiliser certaines stratégies pour préparer cet événement ain d’éviter une conclusion abrupte ENCADRÉ 5.2 . En eet, la n du traitement est
Pratiques infrmières suggérées ENCADRÉ 5.2
Préparer la fn de la relation avec le client
• Réduire la durée des rencontres avec le client et espacer les rencontres à mesure que son état s’améliore. • Préparer le client à sa sortie (c.àd. ses plans uturs) plutôt que de se concentrer sur ses problèmes actuels ou passés. • Favoriser l’autonomie et l’automaîtrise du client. • Déterminer avec le client les personnes qui l’aideront dans une prochaine thérapie.
• Demander au client de nommer les progrès qu’il a accomplis pour avoriser son évolu tion et lui communiquer ses perceptions de son évolution. • Aider le client à exprimer ses sentiments concernant la fn de la relation. • Si l’infrmière n’est plus en mesure de rencontrer le client, inormer celuici à l’avance et lui dire à quel moment leurs rencontres cesseront.
ion lat e Re ’aid d
Collecte de données
Évaluation
Détermination des résultats recherchés
FIGURE 5.3 La relation d’aide et les diverses étapes de la démarche de soins sont constamment en évolution et s’infuencent mutuellement.
108
Partie 1
Le processus thérapeutique se déroule mieux si l’inrmière reconnaît les diverses phases de la relation, utilise des stratégies ecaces et manieste des réactions appropriées à chaque étape. L’inrmière n’est alors pas prise au dépourvu ou déstabilisée par des réactions négatives ou des maniestations de rejet inattendues. Quand elle ne connaît pas les réactions attendues d’un client, elle peut à tort se sentir responsable de l’échec apparent d’une relation. Ces comportements sont souvent dus aux craintes du client ou à des problèmes non résolus. Si l’inrmière ne comprend pas bien les besoins ou les dicultés du client, elle peut même renoncer à la relation qu’elle trouve peu ou non satisaisante. Si, au contraire, l’inrmière comprend bien les réactions du client, elle reste concentrée sur ses soins et traitements à toutes les phases de la relation et elle utilise continuellement des stratégies avorisant les résultats positis FIGURE 5.3.
5.4
Modes de communication
5.4.1
Communication verbale
La grande majorité de la communication en soins inrmiers est écrite et est rassemblée dans le dossier du client, que ce soit dans les notes d’évolution ou le plan thérapeutique inirmier (Chapados & Giguère-Kolment, 2012). La communication verbale concerne le contenu d’un message exprimé par des mots et comprend l’oral ainsi que l’écrit. Sa précision est importante parce que les mots peuvent prendre des signications diérentes selon le contexte, la culture des personnes en présence, leur âge et leur éducation. Certains mots prennent un sens propre à une génération ou à un groupe particuliers. Ainsi, la signication des gures de style, des plaisanteries, des clichés et des expressions amilières peut varier.
Mise en application des soins
Planification des soins
parois traumatisante pour le client qui a apprécié cette relation ainsi que l’attention et l’aide de l’inrmière. L’inrmière demeure donc attentive au client pour qui la n de la relation peut se révéler dicile.
5.4.2
Communication non verbale
Langage corporel Le langage corporel comprend les expressions aciales, les réfexes, la posture, les gestes, les mouvements oculaires, le maniérisme et les autres mouvements du corps. La posture et les expressions aciales, y compris les mouvements oculaires, représentent deux des messages corporels les plus importants qui permettent d’évaluer la réaction d’une personne aux messages transmis par l’émetteur. La démarche indique également
Fondements de la pratique infrmière en santé mentale et en soins psychiatriques
l’opinion que le client a de lui-même. L’observation vigilante de la gestuelle des mains peut renseigner sur l’état dans lequel se trouve le client : la colère, l’agitation, la rustration, le désespoir, la relaxation ou l’apathie.
Paralangage Les comportements paralinguistiques (paralangage) regroupent tous les sons audibles à l’exception des mots prononcés. Ils comprennent le ton de la voix, l’infexion, l’intervalle entre les mots, le débit, l’accentuation, l’intensité, les gémissements, les rires, les pleurs, les lamentations et les autres sons perceptibles. Comme tous les signaux non verbaux, ces signaux audibles sont importants dans l’évaluation du client. Ils peuvent être révélateurs d’un changement dans son humeur et même parois d’une montée de l’agressivité.
Proxémie L’utilisation de l’espace (proxémie) comporte aussi un autre message non verbal. Chaque personne maintient une zone de conort ou une délimitation invisible de l’espace qui l’entoure lorsqu’elle entre en interaction avec les autres FIGURE 5.4. Cette rontière s’élargit ou se reerme selon la nature de la relation. L’aire intime représente la plus petite distance entre deux personnes. L’aire personnelle convient aux relations intimes où le contact physique est possible, alors que l’aire sociale implique une plus grande distance entre les personnes. Enn, l’aire publique correspond à celle existant dans les rassemblements. Les interventions inrmières se situe généralement dans les deux premières aires. L’inirmière et le client devant respecter mutuellement les distances imposées par chacun, il est primordial pour celle-ci de comprendre le concept d’espace en tant que limite de sécurité. Par exemple, si le client a des antécédents récents d’agression, l’inrmière devrait rester à une distance physique raisonnable pour des raisons évidentes de sécurité (Fox et al., 2010). Pour que la communication soit ructueuse, les interlocuteurs doivent se sentir en sécurité. Certains clients ont
Zone Zone intime personnelle 15-46 cm 46 cm-1,2 m
Zone sociale 1,2-2,7 m
FIGURE 5.4
Distance thérapeutique entre les personnes
Zone publique > 2,7 m
de la diculté à respecter les rontières et sont susceptibles d’envahir l’aire intime des autres clients. Le client qui ressent cette invasion comme une menace peut réagir de açon agressive à une telle violation de son espace intime. En de telles circonstances, l’inrmière devrait aider le client à comprendre l’importance de se tenir à une distance appropriée de son entourage en établissant clairement, s’il le aut, les limites à conserver en centimètres ou en mètres. Si le client viole l’aire intime de l’inrmière, celle-ci peut se voir obligée, dès cette première intrusion, d’établir une distance que le client devra respecter. Par exemple, l’inrmière peut tendre le bras pour aider le client à saisir la distance à respecter.
CONSEIL CLINIQUE
Il est souvent nécessaire de prêter attention à ce qu’un client ait, pas seulement à ce qu’il dit. Ce conseil est particulièrement important dans le cas des clients psy chiatriques, dont les actes et les paroles ne concor dent souvent pas.
Toucher Le toucher est un message non verbal qui concerne l’action et l’espace intime. C’est une açon de signier qu’un contact avec la personne est souhaité. Les inrmières utilisent le toucher pour communiquer des messages d’empathie au client et lui démontrer de l’intérêt. L’inrmière doit aire preuve de prudence lorsqu’elle décide de toucher un client sourant d’un trouble mental, puisque tous ne souhaitent pas être touchés. Le toucher en tant qu’outil de communication est détaillé plus loin dans ce chapitre.
Apparence L’apparence projette une image de la personne et indique son état psychologique. Elle se rapporte à la açon dont une personne se vêt (vêtements et accessoires), se maquille et se coie. L’apparence concerne également les habitudes d’hygiène corporelle. Ces messages non verbaux révèlent la plupart du temps la manière dont Philippe est infrmier. En passant devant la chambre la personne souhaite que d’une cliente, il s’aperçoit que celleci pleure et qu’elle les autres la perçoivent. essaie de cacher une photo lorsqu’elle voit l’infrmier L’allure négligée d’un client s’approcher. Ce dernier s’accroupit devant elle et lui (vêtements débraillés et prend les mains en lui demandant ce qui ne va pas. souillés) indique une diLa cliente a un mouvement de retrait et dit que tout culté à assumer ses soins va bien. personnels et peut démonQuelle erreur Philippe atil commise dans son intention trer la présence d’une insd’aider la cliente ? Qu’auraitil dû aire alors ? tabilité mentale.
Jugement clinique
5.5
Types de communication
5.5.1
Communication intrapersonnelle
Chaque être humain, sans s’en rendre compte, entretient un langage intérieur appelé communication intrapersonnelle. Chez le client comme chez l’inrmière, cette conversation interne peut s’avérer positive et infuencer avorablement la relation et Chapitre 5
Communication et relation thérapeutique
109
5
Le site Internet de PasseportSanté.net (www.passeportsante.net) offre des renseignements sur la programmation neurolinguistique.
le traitement. Il arrive touteois que ces messages soient négatis et deviennent plutôt des distorsions cognitives, qui sont des interprétations incorrectes de la réalité. Ces processus mentaux engendrent des pensées déaitistes par rapport à soi ou aux autres, des généralisations, des jugements sans ondements, etc. Par exemple, il peut s’agir d’un client qui, après un entretien où il n’était pas à l’aise, se dit intérieurement : Je vois bien que je ne vaux rien ou d’une infrmière qui pense dans son or intérieur : Ces clients, ils sont tous les mêmes, ils ne cherchent pas à s’aider (Ferey, 2009 ; Stoop, 2003). La programmation neurolinguistique s’intéresse particulièrement à l’impact des distorsions cognitives dans les interventions auprès des personnes présentant des problèmes de santé mentale.
5.5.2
Communication interpersonnelle
La communication interpersonnelle survient entre deux ou plusieurs personnes et comporte des messages à la ois verbaux et non verbaux. Elle constitue un processus complexe dans lequel de nombreux acteurs entrent en jeu. Ce type de communication peut prendre plusieurs ormes. Ainsi, dans son travail, l’infrmière communique à un niveau interpersonnel avec une diversité de personnes et de groupes. Elle recourt à divers types de communication selon le contexte et l’interlocuteur à qui elle s’adresse.
Communication fonctionnelle La communication fonctionnelle recouvre les échanges quotidiens de l’infrmière avec les clients et les amilles à l’occasion de conversations pratiques concernant le client ou le onctionnement du service. Ces échanges concernent les besoins du client, son agir ou son traitement courant. Ce type de communication est simple, efcace et orienté vers l’action. La communication onctionnelle est chaleureuse, marquée par le respect et l’amabilité envers les personnes en présence. Elle doit témoigner d’un climat de réceptivité et de partage qui transparaissent dans les attitudes à la ois verbales et non verbales. Elle sert aux échanges journaliers à l’intérieur d’un service et peut servir de base pour une communication thérapeutique.
FIGURE 5.5 La communication thérapeutique représente l’outil principal dont dispose l’infrmière en santé mentale.
verbale ; son but est de promouvoir la croissance du client vers un mieux-être physique et psychologique. Ce type de communication est centré sur le client et sur sa progression vers un niveau de soins plus élevé, qui s’eectue à travers les interactions thérapeutiques mises en place. Au cours de la relation thérapeutique, le client est amené à révéler des renseignements personnels et parois à se remémorer des souvenirs et des situations pénibles qui peuvent raviver des émotions douloureuses. Le ait de partager de tels sentiments est très bénéfque pour le client, qui peut ainsi objectiver ses expériences et les émotions qui y sont associées, pour ensuite en discuter dans un contexte où il se sent en sécurité. Pour aciliter l’interaction, l’infrmière doit garantir la confdentialité et la tranquillité du lieu, encourager le client à discuter ouvertement de ses pensées et de ses sentiments, l’écouter attentivement et aire preuve d’acceptation, d’empathie et de respect.
La communication thérapeutique peut s’avérer intimidante pour le client comme pour l’infrmière, puisqu’il n’est pas acile de parler de sentiments et d’émotions intenses. Beaucoup de clients n’ont jamais abordé ces sujets auparavant, par crainte d’une réaction non désirée chez les autres, d’un manque de compréhension ou d’une peur de représailles. Ils peuvent aussi se sentir peu dignes d’intérêt ou inadéquats. Par ailleurs, l’intensité des sentiments du client ou de ses Communication thérapeutique réponses verbales peut erayer l’infrmière qui La communication thérapeutique est le onde- commence sa pratique ou la prendre au dépourment des soins infrmiers psychiatriques. Ce type vu, par exemple, lorsqu’un client désespéré de communication est un processus interacti qui manieste ouvertement son désir de mourir. s’opère entre l’infrmière et le client FIGURE 5.5. L’infrmière peut aussi être gênée lorsqu’un client L’art d’interagir sur le exprime des émotions ou plan thérapeutique est des sentiments analogues Le but de la communication thérapeu une compétence acquise aux siens. Elle peut se tique est de promouvoir la croissance du qui implique à la ois la sentir anxieuse si elle n’a client vers un mieuxêtre physique et psy communication verbale pas appris à aire ace à chologique. ses propres problèmes. et la communication non
110
Partie 1
Fondements de la pratique infrmière en santé mentale et en soins psychiatriques
La communication thérapeutique vise trois objectis essentiels : 1. Permettre au client d’exprimer ses pensées et ses sentiments et d’examiner ses comportements et ses expériences d’une manière constructive.
Évaluation initiale : besoins d’apprentissage
Dé
ma rc
Prestation de l’enseignement Évaluation initiale : besoins de soins
Ce rôle d’éducation consiste à enseigner aux clients ce qu’il aut savoir pour prévenir la maladie et ce qu’il aut aire au sujet du problème de santé dont ils sourent. L’inrmière inorme les clients de leurs droits et de leurs obligations, et elle les soutient dans leur processus de prise de décisions. Elle protège également les droits des clients en aisant le lien entre la déontologie et la loi 21 : Loi modiant le Code des proessions et d’autres dispositions législatives dans le domaine de la santé mentale et des relations humaines [c. 28, 2009] ; Loi sur la protection des personnes dont l’état mental présente un danger pour elles-mêmes ou pour autrui [L.R.Q., c. P-38.001, 2012]). La communication éducative comporte diérentes phases FIGURE 5.6. L’inrmière onde son évaluation des besoins d’inormation d’un client sur l’observation de l’agir de celui-ci, les demandes qu’il a lui-même ormulées, de même que les impératis de son plan de traitement dans le but d’en avoriser la compréhension et le suivi. L’exécution de l’enseignement exige certaines habiletés de communication. L’inrmière utilise un langage clair et succinct et en termes simples, ournit des explications courtes, démontre une disponibilité entière pour répondre aux questions et témoigne une acceptation empathique en présence d’obstacles à la compréhension. Par exemple, le client dépressi ou ortement médicamenté peut en eet éprouver des dicultés à suivre l’enseignement. La phase nale d’évaluation consiste à eectuer un retour sur le processus de communication où l’inrmière s’interroge
5 Évaluation de l’enseignement
Analyse : jugement clinique
Communication éducative La pratique inrmière est de plus en plus orientée vers l’inormation et l’éducation du client, et la communication éducative revêt ainsi une importance cruciale (Eymard, 2008). Elle avorise une meilleure compréhension du traitement entrepris en établissement et permet d’en assurer la poursuite à la sortie du client. La courte durée des séjours hospitaliers implique la nécessité de satisaire les besoins éducatis des clients et de leurs proches. Ce type de communication est une conséquence obligée d’une alliance thérapeutique orientée vers l’évolution du client (Phaneu, 2003).
nt
Planification de l’enseignement
2. Favoriser la compréhension de la signication des problèmes du client ainsi que le rôle que celui-ci et ses proches jouent dans la perpétuation de ces problèmes. 3. Contribuer à la mise en évidence et à l’examen des comportements perturbateurs pour la santé physique ou mentale et à l’implantation de moyens de les éviter.
he d au ’ense cli en ignem t e
Analyse des données : diagnostic pédagogique
Planification des soins
Dé
ma rc
he
cli
Interventions infirmières
niq
ue
Démarche de soins et d’enseignement au client
Évaluation des résultats
FIGURE 5.6 L’enseignement à fournir au client et à ses proches s’effectue en parallèle avec la démarche de soins.
ou interroge le client ou ses proches sur la qualité de l’enseignement transmis an de l’améliorer. En psychiatrie, la communication éducative se double d’une infuence socialisatrice par l’organisation d’activités diverses visant à réunir les clients. Ces activités permettent de briser leur isolement social, leur ournissent des occasions d’éprouver leurs nouvelles aptitudes relationnelles et leur servent de tremplin pour s’exercer en groupe une ois rendus à la maison.
Communication interdisciplinaire La communication interdisciplinaire, soit entre divers proessionnels inrmiers et entre collègues de diérentes disciplines, a pour objecti de avoriser une collaboration proessionnelle ecace. L’équipe interdisciplinaire se réunit régulièrement pour élaborer, revoir et modier le plan de traitement du client. Il est ondamental que tous ceux qui contribuent au traitement participent activement à ces rencontres. Tous les membres de cette équipe jouent des rôles essentiels au succès du processus de traitement. L’inrmière peut se charger, par exemple, d’animer les réunions ou de rédiger les comptes rendus. Ces rôles ont appel à de bonnes habiletés de communication Vous vous occupez d’Antonio Barbaro, âgé de 52 ans. Il orale et écrite. Les réunions présente un trouble de personnalité antisociale. C’est la de proessionnels en soins première fois que vous le rencontrez. En entrant dans inrmiers ont pour but presa chambre, il vous dit sur un ton agressif : « T’es une étudiante, toé ? Je veux rien savoir de toé, sort d’icitte. » mier le partage des connaissances et la collaboration à Quelle est votre réaction devant les propos du client ? un projet donné.
Jugement clinique
Chapitre 5
Communication et relation thérapeutique
111
Pendant le processus de collaboration, aucun des membres du groupe ne prévaut sur un autre, ni sur le groupe. La contribution de chaque membre est d’une importance égale pour la réussite du projet et l’atteinte des objectis. L’infrmière doit être capable de prendre sa place dans ce groupe FIGURE 5.7.
Communication sociale La communication sociale intervient dans les situations quotidiennes, généralement à l’extérieur du cadre de travail. Ce type d’interaction comprend notamment les discussions concernant les questions amiliales, les activités sociales, les vacances ou l’école. La plupart de ces interactions sont légères, superfcielles et souvent dépourvues de but précis. Il existe plusieurs niveaux d’intimité dans la communication sociale. Elle prend un caractère diérent, par exemple, avec les parents, les amis et les proesseurs.
TABLEAU 5.2
FIGURE 5.7 Les interactions des infrmières avec les membres de l’équipe de soins relèvent de la communication interdisciplinaire.
Le TABLEAU 5.2 résume et compare les diverses caractéristiques des cinq types de communication.
Comparaison des différents types de communication COMMUNICATION
FONCTIONNELLE
THÉRAPEUTIQUE
ÉDUCATIVE
INTERDISCIPLINAIRE
SOCIALE
• Croissance et soutien vers le mieuxêtre (rétablisse ment du client)
• Apprentissages acilités, infuence socialisatrice
• Dépassement des jeux de pouvoir, d’infuence et de concurrence des compétences en aveur d’un processus de col laboration
• Entretien des relations, plaisir
• Inrmière et client quand celuici éprouve une diculté à saisir son problème, à modi er ses comportements et ses habitudes de vie
• Clients et amille de manière individuelle ou en groupe
• Collègues dans la communauté et toute autre personne de l’environnement de travail : équipe soignante et équipe interdisciplinaire
• Amis, amille, connaissances
• Établissement clinique, environnement privé, tranquille, condentiel, sécuritaire
• Milieu de travail en éta blissement de soins, de transition ou à domicile
• Milieu de travail, communauté de proessionnels
• Domicile, hors du milieu de tra vail, tous types de milieux
• Promotion de la croissance et du changement chez le client
• Prise de conscience des besoins d’apprentissage du client ou de la amille
• Collaboration avec les autres proessionnels, partage d’inormation sur les clients, discussion de questions proessionnelles et partage d’idées
• Maintien des relations, partage d’inormation, des idées, des pensées, des croyances et des sentiments
Enjeux • Ecacité des liens
Qui • Clients et amille
• Alliance thérapeutique axée sur la relation et les connaissances néces saires à l’évolution du client
Milieu • Milieu de travail en établissement de soins ou à domicile But • Recueil des inorma tions nécessaires à la prestation des soins
112
Partie 1
Fondements de la pratique infrmière en santé mentale et en soins psychiatriques
TABLEAU 5.2
Comparaison des différents types de communication (suite) COMMUNICATION
FONCTIONNELLE
THÉRAPEUTIQUE
ÉDUCATIVE
INTERDISCIPLINAIRE
• Attention à apporter aux besoins du client, à sa sourance, à son anxiété et à ses inquiétudes
• Soutien apporté à son acceptation de travailler à son évolution personnelle
• Transmission des inormations nécessaires à la poursuite de la médication et du traitement
• Meilleure coordination du traitement
• Alliance thérapeutique orte : attitude d’écoute, accepta tion du client, nonjugement, considération positive
• Transmission des inormations
• Conversation thérapeu tique : expression par le client de ses pensées, de ses sentiments, de son anxiété, de ses inquiétudes, de ses craintes et de ses problèmes ; détermination de ses besoins
• Démonstration pratique des interventions à poursuivre au client et à ses proches : mesures d’hygiène, médication, surveil lance à exercer, moyens d’inter vention en cas de situations plus tendues
• Partage du plan de trai tement du client, pra tique proessionnelle en milieu de travail, échanges sur les observations, les meilleures pratiques
SOCIALE
• Ajustement du plan de soins et de traitements
5
Contenu • Transmission d’inor mation concernant l’évolution de l’état de santé du client
• Enseignement au client ou à ses proches en vue de la pour suite du plan de traitement
• Recours d’urgence • Réponse aux préoccupations du client et de ses proches
• Conversation sociale concer nant les enants, les vacances, la amille, les loisirs, la spiritualité, etc.
• Communication écrite : notes d’évolution au dossier, plan de soins et de traitements inr miers et plan thérapeu tique inrmier
Particularités • Attentive et chaleu reuse, orientée vers le client et ses besoins • Simple, claire, précise et pragmatique • Axée sur l’action dans le présent • Bonne base pour l’éta blissement d’une re lation de conance et d’une relation thérapeutique
• Compétence acquise, but précis, centrée sur le client détermination des objectis, échange planié, dicile, intense, divulgation par le client d’inormations personnelles
• Ouverte et attentive aux besoins d’apprentissage du client et des proches
• Collaborative, interdiscipli naire, centrée sur le client et son problème
• Établissement d’une relation signicative et personnelle (mais non intime)
• Buts : prévention et traitement de la maladie ; enseignement au client concernant les éléments comportementaux ou émotis qui conditionnent sa vie ; acquisition par le client de son indépendance et de son autonomie
• Utilisation d’habiletés proessionnelles spécialisées
• Recours à des habiletés de communication : questions ouvertes et ermées
• Utilisation de questions ouvertes, ermées, complexes
• Utilisation de réponses refets, de stratégies pour aider le client à comprendre la nécessité de prendre en charge son traitement
• Supercielle, spontanée, agréable • Orientée à la ois vers l’émetteur et le récepteur ; suggestions, conseils • Établissement d’une relation personnelle ou intime
Habiletés • Interactions aimables qui montrent la dispo nibilité de l’inrmière et son intérêt pour le client • Langage simple, questions claires ouvertes et ermées • Communication essentielle à la création d’une alliance théra peutique
• Utilisation de réponses refets • Cohérence des comporte ments de l’inrmière • Maniestation d’empa thie tout en évitant de s’identier au client
• Réponse collaborative, interactions ecaces en groupe, habiletés de communication interpersonnelle et armation de soi
• Recours à une variété de res sources durant la socialisation
• Maniestation d’une accep tation empathique en pré sence de dicultés de compréhension
Chapitre 5
Communication et relation thérapeutique
113
5.6
Principes de la communication thérapeutique
5.6.1
Rôle de l’infrmière dans la communication thérapeutique
Les inrmières assument diérents rôles proessionnels dans leurs communications avec les clients. L’inrmière agit en tant qu’enseignante, socialisatrice, TABLEAU 5.3
Rôles de l’infrmière dans la relation thérapeutique
RÔLE
DESCRIPTION
Enseignante
• Recourt à une communication ouverte, chaleureuse et organisée, susceptible d’orienter et d’inormer les clients. • Aide le personnel soignant à se ressourcer et à évoluer.
Socialisatrice
• Organise des activités diverses visant à réunir les clients an de briser l’isolement social durant le traitement et de les aider à apprendre de nouveaux comportements relationnels.
Protectrice
• Inorme les clients de leurs droits, de leurs obligations et de leurs devoirs et les soutient dans leur processus de prise de décisions. • Protège les droits du client en aisant le lien entre la déontologie et la loi.
Intervenante en santé mentale
• Réalise des entretiens avec les clients. • Anime des séances individuelles ou de groupe avec les clients ou leur amille. • Peut aider les clients à résoudre certains problèmes, en particulier, leurs diérends avec leur amille.
Pratiques infrmières suggérées ENCADRÉ 5.3
S’évaluer et se connaître
• Accroître sa capacité de recourir à l’utilisation thérapeutique de soi. • Améliorer sa connaissance et son estime de soi, sa conance en soi et sa capacité de s’armer. • Déterminer ses propres valeurs et l’in fuence de son vécu personnel sur son acceptation des diverses clientèles. • Accroître sa capacité d’observation et de jugement pour bien saisir la situation ainsi que le comportement verbal et non verbal du client. • Rehausser sa capacité d’écoute et de compréhension sans juger. • Prendre conscience de ses propres émo tions comme radar pour comprendre ce que vit le client.
114
Partie 1
• Apprendre à maîtriser ses émotions et à les exprimer au besoin, dans l’intérêt du client. • Connaître et utiliser les outils de la com munication et de la relation : questions, refets, acceptation, respect, empathie, imposition de limites, utilisation de la conrontation douce au besoin. • Apprendre à mener l’entretien de manière non directive, mais conante et orientée vers les objectis. • Renorcer sa capacité d’orienter le client dans son évolution en lui enseignant les açons les plus adaptées de aire ace à ses dicultés.
protectrice, et intervenante en santé mentale TABLEAU 5.3. Dans toute relation avec un client, l’inrmière est appelée à se glisser dans tous ces rôles. Le nombre de rôles dépend du type et de la durée de la relation inrmière-client et du cadre des interactions.
5.6.2
Attitudes et habiletés
Utilisation thérapeutique de soi L’utilisation thérapeutique de soi a été dénie par Travelbee comme étant la « capacité d’utiliser sa personnalité de açon consciente et réféchie pour tenter d’établir une relation et pour structurer les interventions inrmières » (Travelbee, 1971). Ainsi, par l’utilisation thérapeutique de soi, l’inrmière s’utilise elle-même en quelque sorte comme un instrument pour établir le lien avec le client et mettre en place une relation thérapeutique. L’inrmière possède en elle tous les éléments essentiels pour aider les autres ; c’est ce qui rend ce métier si stimulant. L’utilisation thérapeutique de soi exige une bonne connaissance de soi. L’inrmière ne peut aider les autres qu’à partir du moment où elle peut s’aider elle-même. Se connaître est un processus complexe qui dure toute une vie, mais qui est essentiel. Pour ce aire, l’inrmière doit évaluer sa manière de communiquer avec les autres, de les écouter, de reconnaître leurs dicultés et de comprendre ce qu’ils vivent (Phaneu, 2012) ENCADRÉ 5.3. Plus l’inrmière est consciente de ses propres valeurs et croyances, et plus elle connaît et comprend ses antécédents amiliaux et son environnement culturel, plus elle est en mesure de réaliser comment ceux-ci ont contribué à modeler sa pensée et à orger ses préjugés jusqu’à la non-acceptation de certaines clientèles. La relation thérapeutique se onde essentiellement sur le respect et l’acceptation du client, alors que les préjugés créent un écran nuisible. Par exemple, si un de ses parents était violent, l’inrmière peut éprouver de la diculté à travailler avec un client violent puisqu’il peut soulever en elle des souvenirs diiciles. Touteois, grâce à l’introspection, elle réussira à discerner ses propres dés et à distinguer ses dicultés de celles du client. Un modèle de communication qui peut aider l’inrmière à prendre conscience d’elle-même est la enêtre de Johari qui représente la relation d’une personne avec un groupe (Lut & Ingham, 1955). Cet outil permet de mettre en évidence le degré de connaissance de soi et de l’autre dans les relations interpersonnelles, traduit les diérentes interactions entre la personne et le groupe dans lequel celle-ci évolue et représente la personne dans sa totalité FIGURE 5.8. Pour améliorer sa conscience de soi, l’inrmière doit s’eorcer d’augmenter la zone ouverte et diminuer les zones aveugles, cachées ou inconnues.
Fondements de la pratique infrmière en santé mentale et en soins psychiatriques
l’outil mnémotechnique suivant peut aider l’inrmière à se rappeler ces éléments importants : F : position ace au client Zone connue de soi et des autres
Zone connue uniquement des autres, inconnue de soi
O : attitude ouverte P : tronc légèrement penché vers l’avant Y : regard xé dans les yeux du client D : maintien d’une distance thérapeutique FIGURE 5.9
Zone ouverte
Zone connue uniquement de soi, inconnue des autres
Zone aveugle
Zone cachée
Zone inconnue de soi ou des autres
Zone inconnue
FIGURE 5.8
Fenêtre de Johari
Lorsqu’elle partage avec les autres des renseignements qui la concernent, la zone cachée diminue. Si elle demande aux autres de lui reféter ses paroles, ses attitudes ou ses comportements, la zone aveugle se rétrécit. Lorsque l’inrmière apprend à mieux communiquer et qu’elle augmente sa conscience d’elle-même grâce aux apprentissages interpersonnels, la zone ouverte s’agrandit et les autres zones rapetissent. Comme la relation thérapeutique a pour objecti d’aider les clients, l’inrmière doit comprendre ce qui la motive à aider les autres et reconnaître ses propres besoins émotis an qu’ils n’entravent pas sa capacité d’établir une relation thérapeutique et de garder la maîtrise de la communication, particulièrement lorsqu’un client se montre intimidant, manipulateur ou menaçant. L’inrmière doit aussi être à même d’autoévaluer périodiquement ses réactions ace aux clients grâce à la pratique réfexive 3 .
L’écoute active est un processus dynamique et interacti exempt de jugement. L’inrmière écoute les aits et tente d’en déterminer la signication sous-jacente pour le client an d’interpréter précisément son message et de lui communiquer ce qu’elle en comprend (Faure & Giraudet, 2003). Le résultat nal de l’écoute active est l’entière compréhension de la signication de la communication (Arnold & Underman Boggs, 2007). Une inrmière qui écoute activement manieste de l’intérêt et de l’engagement.
Empathie L’empathie est le ondement de toute relation thérapeutique entre l’inrmière et le client ; c’est une caractéristique essentielle que l’inrmière doit posséder pour répondre aux besoins de ses clients ENCADRÉ 5.4.
CONSEIL CLINIQUE
Les besoins émotis person nels de l’infrmière doivent être satisaits à l’extérieur de son travail. Ainsi, un mode de vie équilibrée et des relations interperson nelles harmonieuses sont une source de satisaction pour elle, ce qui lui permet de préserver sa capacité d’aider le client grâce à la communication thérapeu tique (Arnold & Underman Boggs, 2007). 3 La pratique réexive et des exemples de questions que peut se poser l’infrmière pour mieux se connaître sont présentés dans le chapitre 3, Principes de la pratique infrmière en santé mentale.
FIGURE 5.9 L’infrmière s’assoit ace à la cliente, maintient un contact visuel et adopte une attitude d’ouverture et d’écoute.
Écoute L’écoute est une habileté essentielle à la relation d’aide. Pour comprendre, il aut d’abord écouter le client ; sans écoute, les autres attitudes propres à la relation d’aide sont vaines.
Pratiques infrmières suggérées
L’écoute active, qui est considérée comme un élément central dans la recherche de compréhension (Shattell, Starr & Thomas, 2007), est étroitement liée à l’empathie, parce qu’elle intègre les comportements verbaux et non verbaux nécessaires à la communication thérapeutique. Il s’agit de prêter attention à la ois au langage verbal et non verbal du client pour comprendre l’entièreté du message. Certains comportements non verbaux de l’inrmière peuvent aciliter l’écoute active, et
• Être émotionnellement attentive et ouverte au client en aisant abstraction de ses propres problèmes, de ses intérêts personnels ou proessionnels et en concentrant toute son attention sur lui.
ENCADRÉ 5.4
Être empathique
• Répondre sur un ton approprié aux com munications verbales et non verbales du client.
• Exprimer de la chaleur, de l’intérêt envers le client et se soucier de lui en manies tant des comportements non verbaux appropriés. • Relever les points les plus importants du discours du client. • Se montrer cohérente dans sa propre communication verbale et non verbale.
• Se concentrer sur les orces du client.
Chapitre 5
Communication et relation thérapeutique
115
5
L’empathie ou la compréhension empathique représente la capacité de l’infrmière à percevoir le point de vue du client et à lui communiquer cette compréhension. Certaines recherches montrent que l’empathie est une caractéristique naturelle chez l’être humain, que chacun la possède à divers degrés et qu’elle augmente au ur et à mesure que l’être humain évolue (Rizzolati & Sinigaglia, 2006).
Visionnez la vidéo Trouble dépressif majeur en première ligne au http://fortinash. cheneliere.ca.
On ne doit pas conondre empathie et sympathie. La sympathie consiste à s’engager démesurément dans le problème du client et à se centrer sur ses propres émotions plutôt que sur celles du client. Elle n’a rien d’objecti et vise surtout à réduire son propre désarroi. L’empathie porte l’infrmière vers ce que vit et ressent le client, alors que la sympathie la conduit plutôt à partager sa difculté en se reportant à ses propres émotions et à sourir avec lui (Tournebise, 2000). L’empathie implique une compréhension de la difculté du client sans vivre ses émotions. C’est une réaction aective intérieure, mais qui doit également être extériorisée par une expression aciale et un ton de voix en accord avec la situation .
Jugement clinique
Par exemple, si un client révèle à l’infrmière le décès de sa mère dans un accident Gabrielle Chrétien n’est âgée que de 29 ans, mais elle a de voiture, l’infrmière lui déjà ait quatre ausses couches. Elle a réussi à rendre répond avec sympathie si sa dernière grossesse à terme, mais son bébé est atteint elle lui dit que sa mère est de malormations aux jambes, de microcéphalie et de aussi décédée d’un accident becdelièvre avec fssure palatine complète. La cliente et qu’elle s’est aussi sentie vous dit en pleurant : « Moi qui voulais tant avoir des enants, je ne méritais pas cette épreuve. » triste pendant longtemps. L’attention est alors portée Quelle réponse de votre part montrerait une attitude sur l’infrmière plutôt que sur empathique ? le client, qui ne trouve aucun réconort dans cette réponse. Une réponse empathique serait plutôt : Je comprends que cela a dû être difcile pour vous. Comment vous êtes-vous senti et comment avez-vous réagi à la suite de cette perte ? L’attention est alors centrée sur le client (Tournebise, 2004). ALERTE CLINIQUE
Tous les renseignements que l’infrmière a obtenus du client sont protégés par le droit du client à la conf dentialité. Ils peuvent être communiqués à l’équipe soignante afn d’établir le plan de traitement. Toute ois, l’infrmière a le devoir de respecter et de protéger la vie privée de son client et ne doit pas divulguer ces in ormations à des personnes n’appartenant pas à cette équipe.
116
Partie 1
Loyauté et responsabilité La loyauté est une caractéristique essentielle chez une infrmière efcace. Être loyale signife être responsable et digne de confance. Les infrmières loyales honorent leurs engagements et tiennent leurs promesses. Elles sont cohérentes dans leur approche et leurs réactions avec les clients. Par exemple, si l’infrmière dit au client qu’elle le verra après le déjeuner et qu’elle tient sa promesse, elle démontre sa fabilité et suscite la confance du client à son égard. Les infrmières loyales respectent la vie privée du client, ses droits et son désir de confdentialité. Communiquer de açon responsable implique de se porter garante du résultat de ses interactions proessionnelles. L’infrmière responsable assume son rôle au sein de l’interaction et s’assure que tous
les messages sont reçus et interprétés correctement. Les infrmières qui communiquent de manière responsable avorisent le développement des autres.
Clarté L’infrmière doit communiquer clairement avec les clients qui peuvent avoir des difcultés à traiter l’inormation ou à avoir une pensée claire à cause du trouble mental dont ils sourent. En s’exprimant de açon précise, concise et claire, elle évite les ambiguïtés. Une communication acile à comprendre repose sur le choix de mots simples et la ormulation de questions afn de clarifer le sens des propos. Bien que l’utilisation du vocabulaire médical asse partie de la proession infrmière, il ne aut pas oublier que les clients ne comprennent pas toujours ces termes complexes. Puisque les clients sont souvent trop gênés pour demander des précisions, l’infrmière doit aire un eort conscient pour utiliser un langage que le client peut saisir. Ce principe s’applique également à la communication écrite. Lorsque des documents écrits sont utilisés pour l’enseignement aux clients, il est préérable de ne pas donner d’inormations non essentielles. De plus, l’infrmière doit s’assurer que toutes les instructions sont rédigées dans un langage accessible. Tous les enseignements et les instructions ournis aux clients devraient tenir compte de leur niveau de compréhension ; au besoin, l’infrmière peut demander au client de reormuler ce qu’elle vient de lui enseigner (Phaneu, 2011).
Afrmation de soi L’afrmation de soi est une attitude intérieure qui implique que l’infrmière croit en ses capacités personnelles et en ses connaissances, ce qui lui permet d’exprimer ses sentiments aisément, avec assurance et d’une manière positive, honnête et ranche, dans le respect de soi et des autres (Balzer, 2007). Grâce à cette attitude, l’infrmière décide délibérément de la açon dont elle communique avec les autres. L’afrmation de soi est un choix de style de communication applicable à toute situation quel que soit le moment. Pour se amiliariser avec certaines habiletés de base dans l’afrmation de soi, l’infrmière utilise un langage responsable en recourant au « je » plutôt qu’au « vous », par exemple : Je me sens blessée lorsque vous dites cela, plutôt que Vous me blessez par ces mots. En blâmant l’autre, elle réduit grandement toute possibilité de changement et indique qu’elle ne maîtrise pas les stratégies de communication. Il en est de même pour le client qui déclare : Mon père me met en colère. Il exprime ainsi qu’il n’assume pas la responsabilité de ses propres réactions. S’airmer signiie aussi savoir commencer une conversation, savoir dire non, exprimer ses
Fondements de la pratique infrmière en santé mentale et en soins psychiatriques
opinions, ses sentiments et ses croyances. En langage non verbal, l’armation de soi consiste à maintenir le contact visuel dans la relation avec l’autre. C’est aussi transmettre un message dans lequel les éléments verbaux et non verbaux sont cohérents.
Authenticité et cohérence L’inrmière est authentique lorsqu’elle demeure elle-même dans sa relation avec le client et lorsqu’il y a cohérence entre son comportement verbal et non verbal, ce qui montre son ouverture, son honnêteté et sa sincérité. L’authenticité est nécessaire à l’établissement de la conance du client envers l’inrmière, ce qui peut encourager celui-ci à se montrer plus authentique en retour. Cette interaction authentique ne signie pas que l’inrmière doive révéler des inormations personnelles au client et établir avec lui un rapport social, mais plutôt qu’elle se concentre sur le lien qui les unit et qu’elle réagisse de açon thérapeutique. Une inrmière ne peut s’attendre à ce que le client soit ranc et honnête si elle-même ne l’est pas envers lui (Tournebise, 2010).
Regard positif et respect Le regard positi que Carl Rogers appelait la considération positive est une maniestation du respect et de l’acceptation du client tel qu’il est (Phaneu, 2007a). Le respect est à la ois un sentiment intérieur de considération pour le client par lequel l’inrmière reconnaît la dignité et la valeur de l’aidé et adopte une attitude extérieure attentive et intéressée concernant son vécu dicile. Dans ce cadre, le but recherché n’est pas d’obtenir un changement, si ce n’est à la suite du traitement. Le regard positi et le respect se communiquent de multiples açons et se maniestent par l’écoute attentive du client et de ses préoccupations, les réactions de l’inrmière ace à ce qui aecte celuici, la validation de ses sentiments ou la prise de mesures adéquates devant un comportement inapproprié (Tournebise, 2010). Le regard positi consiste notamment à ne pas porter de jugement sur le comportement et les sentiments du client, car ils sont réels et ne peuvent être ni contestés, ni rejetés, ni critiqués, ce qui risquerait de mettre le client mal à l’aise ou de le blesser FIGURE 5.10. Il aut éviter d’étiqueter les comportements des autres en se basant sur son propre système de valeurs, mais plutôt aider le client à explorer son comportement en parlant ouvertement des pensées et des sentiments qui l’animent. Une ois que le client constate l’absence de jugement, il se sent plus libre d’exprimer ses pensées et ses sentiments les plus intimes. L’inrmière ne peut établir une telle relation de ranchise que dans la mesure où elle prend conscience de ses propres pensées et de ses propres sentiments au sujet du client et de sa situation.
5
FIGURE 5.10 Le regard positif consiste notamment à ne pas porter de juge ment sur le comportement et les sentiments du client, car ils sont réels et ne peuvent être ni contestés, ni rejetés, ni critiqués.
Immédiateté
Jugement clinique
L’immédiateté consiste en une attention soutenue de Le médecin a augmenté à 1 mg per os bid la dose l’inrmière dans le but de derisperidone pour madame Johanne Castro, âgée préserver la qualité de la de 60 ans. La cliente doit prendre le médicament relation instaurée avec le au déjeuner et au souper. client. Elle demeure ainsi à l’aût de ce que le client vit Que devriezvous dire à la cliente pour lui expliquer et de ce qui se passe au ce changement de façon claire et précise ? cours des rencontres qui les unissent. Il s’agit d’une attention portée à l’ici et maintenant, au moment présent. L’immédiateté peut prendre la orme d’une compréhension proonde, une sorte d’empathie instantanée, d’une interrogation de l’inrmière ou d’une réfexion réciproque avec le client sur la valeur de cette relation et des interventions qui s’y déroulent. Par exemple, le client semble-t-il distrait ? Pourquoi ? Qu’est-ce qui motive ses retards ? Les réponses à ce questionnement permettent ensuite à l’inrmière de réorienter les rencontres par une modication de ses attitudes, par exemple, l’adoption d’une approche plus chaleureuse.
Confrontation La confrontation est une habileté propre à la relation d’aide qui consiste à questionner ou à répondre au client de manière à l’aider à prendre conscience de l’illogisme de ses paroles ou de l’incongruité de sa açon d’agir. Elle doit être constructive an de permettre au client d’examiner ses vrais sentiments et de modier ses comportements. Elle doit se aire dans le respect de la personne, être bien enracinée dans l’empathie et être motivée par une volonté d’aide. L’inrmière ne devrait avoir recours à cette technique que lorsqu’elle a établi une bonne relation avec le client puisque celui-ci peut réagir ortement ou négativement (Fortinash & Holoday Worret, 2007). Ce type de conrontation est généralement qualié de doux, puisqu’il s’agit d’éviter tout caractère d’arontement ou de violence dans Chapitre 5
Communication et relation thérapeutique
117
ALERTE CLINIQUE
La valorisation du client et la considération de son côté humain ne signient pas que l’inrmière doive tolérer des comportements inappropriés ou se conten ter de renseignements inadéquats.
les propos. Par exemple, à un client qui exprime sa volonté de se rétablir alors qu’il ne ait aucun eort pour suivre le traitement, l’inrmière peut dire sur un ton aable : Vous dites que vous voulez guérir, mais vous dites également que vous ne suivez pas le traitement. Il ne aut pas conondre rétroaction et conrontation. La rétroaction est issue de la simple alternance des échanges entre le client et l’inrmière. C’est la réponse intentionnelle de l’inrmière aux propos du client où elle manieste qu’elle a prêté attention à ce qui a été dit, alors que la conrontation se onde sur des objectis sous-jacents visant l’évolution du client.
5.6.3
Habiletés de communication particulières
Révélation de soi La révélation de soi a pour but de avoriser la relation de conance entre le soignant et le soigné. Cela peut devenir ecace sur le plan thérapeutique si les révélations sont aites avec précaution et basées sur une bonne compréhension de ce qui se passe. Les inrmières expérimentées conent certaines de leurs pensées, de leurs sentiments et racontent certains épisodes de leur vie pour montrer au client
TABLEAU 5.4
Objectis de la révélation de soi par l’infrmière
OBJECTIF
EXEMPLE
Faciliter la relation thérapeutique.
La révélation contribueratelle à consolider la relation et aideratelle le client à s’ouvrir ?
Fournir au client un refet concret de la réalité.
Cela aideratil le client à mieux cerner ses sentiments en réaction à un événement ?
Enseigner certains éléments de la réalité.
Le client apprendratil quelque chose sur luimême et pourratil aire ace plus adéquatement à ses problèmes existentiels ?
TABLEAU 5.5
qu’elles ont déjà vécu une expérience similaire et comprennent bien ce qu’il éprouve. Parce qu’une relation thérapeutique proessionnelle inrmière-client vise à aider le client, l’inrmière doit réléchir soigneusement à tout ce qu’elle lui révèle. La révélation de soi par l’inrmière doit toujours viser à proter au client et jamais à elle-même, pour se mettre en évidence. Il est par conséquent important de bien choisir l’endroit et le moment de cette révélation de soi et de réféchir à ses motis an d’en déterminer la nalité (Balzer, 2007). La révélation de soi doit viser certains objectis précis an d’être protable TABLEAU 5.4 . Pour recourir à la révélation de soi, l’inrmière doit avoir établi une relation thérapeutique avec le client. Le but ultime de la révélation de soi est d’obtenir que le client s’extériorise en retour. L’inrmière doit s’assurer de la pertinence de l’inormation qu’elle livre TABLEAU 5.5. Il est tout à ait possible d’établir une communication authentique et ranche débouchant sur une alliance thérapeutique sans orcément aire appel à la révélation de soi. La révélation de soi n’est thérapeutique que si l’inirmière est à l’aise lorsqu’elle y a recours et uniquement lorsque cette révélation prote au client (Collins & Miller, 1994 ; Schwartz & Flowers, 2007).
Toucher Le toucher revêt un sens diérent pour chaque personne. Plusieurs variables infuent sur la signication de ce contact physique : la durée du contact, la partie du corps touchée, la açon dont s’eectue le contact et sa réquence. L’inrmière doit se montrer prudente lorsqu’elle touche les clients, particulièrement en établissement psychia trique FIGURE 5.11. L’âge et le sexe du client, son interprétation du geste, son origine culturelle et l’à-propos du toucher sont autant d’éléments infuençant leurs réactions au contact physique.
Exemple de révélation de soi
COMMUNICATION THÉRAPEUTIQUE
L’inrmière ait appel à la révélation de soi à la phase d’achèvement de la relation. Elle valide les sentiments du client et leur alliance, encourageant du même coup celuici à transérer dans sa vie per sonnelle, après son départ, ce qu’il a appris durant le traitement.
Client : Je suis vraiment contrarié de devoir quit ter le centre hospitalier aujourd’hui.
Inrmière : Cela m’a ait plaisir de travailler avec vous. Je sais combien certains départs peuvent être tristes. Lorsque vous serez à la maison, il est important que vous vous serviez des outils que vous avez acquis ici.
Cliente : Mon salaud de mari m’a laissée avec trois enants à aire vivre et je trouve ça dicile.
Inrmière : Je comprends ce que vous ressentez, mon mari a ait la même chose. Il ne pensait qu’à lui.
COMMUNICATION NON THÉRAPEUTIQUE
L’inrmière a recours à la révélation de soi au moment de l’entretien d’admission et dès le début de la relation, alors qu’aucun rapport n’est encore établi. De plus, elle révèle des inormations personnelles, alors qu’elle ne devrait jamais aller aussi loin. Il semble que cette révélation soit plus utile à l’inrmière qu’à la cliente.
118
Partie 1
Fondements de la pratique infrmière en santé mentale et en soins psychiatriques
5
FIGURE 5.11
FIGURE 5.12
La chaleur des contacts dépend de l’aisance de l’infrmière et de la capacité du client à les recevoir.
L’infrmier peut avoir recours à l’humour pour détendre l’atmosphère et avoriser la discussion.
Dans sa décision d’établir un contact physique avec le client et son choix du type de contact approprié, l’inrmière doit tenir compte des réactions potentielles du client. Ainsi, un client déprimé peut réagir positivement au toucher et l’interpréter comme un geste d’intérêt. Par contre, un client paranoïaque et hostile peut, dans ce cas, mésinterpréter ce contact et le percevoir comme une agression.
L’inrmière doit se montrer vigilante dans son évaJim Taylor est un jeune homme âgé de 23 ans atteint de luation du sens de l’humour schizophrénie. Il vous dit qu’il n’a pas d’hallucinations du client. Les clients dépriauditives, mais vous l’entendez parler à quelqu’un alors més rient peu et ne maniesqu’il n’y a que lui et vous dans la chambre. tent pas de plaisir. Les Que diriezvous pour le conronter doucement à la contra clients atteints de délires diction qu’il démontre ? paranoïdes sont quant à eux incapables de rire. Ils peuvent même percevoir le rire des autres comme une CONSEIL CLINIQUE agression. D’autre part, certains clients présentant un épisode maniaque peuvent rire de n’importe Au cours de l’entretien, quoi, qu’il s’agisse ou non de situations drôles. un contact physique de la Cette expression exagérée et articielle d’un mieuxmain peut être proftable être indique un manque de jugement de la part du au client. Les contacts vont client. Elle peut même se transormer en sarcasme d’un simple toucher sur la cinglant et blessant. main, le bras ou l’épaule à une poignée de main 5.6.4 Techniques qui améliorent et jusqu’à une certaine la communication étreinte dans des situa tions critiques. Il existe certaines techniques qui encouragent les clients à interagir d’une açon qui avorise leur croissance, l’atteinte des objectis de traitement ainsi que leur rétablissement. L’inrmière devrait maîtriser ces stratégies an d’établir une relation de conance et de collaboration entre le client et elle (Arnold & Underman Boggs, 2007). Ces techniques visent à créer une atmosphère propice à la communication en vue de la résolution de problèmes .
La décision de recourir au contact physique en dehors des gestes techniques relève de la préérence personnelle de l’inrmière. Les inrmières ne se sentent pas nécessairement toutes à l’aise de toucher leurs clients. Cette décision dépend du niveau de conort de l’inrmière ace au contact physique, de l’aptitude du client à interpréter correctement le geste ainsi que du caractère approprié de l’utilisation du toucher. Le recours au toucher peut être très bénéque pour l’évolution du client parce qu’il peut contribuer à l’amélioration de la relation inrmière-client et de l’état de santé du client (Hentz, Mulliez, Belgacem et al., 2009).
Humour et plaisir L’humour peut se révéler très utile en soins psychiatriques, car il crée un climat de légèreté et de plaisir (Phaneu, 2002). Le sens de l’humour, y compris la capacité de rire avec les autres et à rire de soi, a une infuence positive sur la santé (Simonds & Warren, 2004). Le recours à l’humour peut contribuer à créer un environnement détendu, sécuritaire et intimiste qui acilite les interactions diciles FIGURE 5.12. Un humour sain allège l’ambiance, il incite à rire avec les autres et non des autres. L’humour sain est celui qui convient à la situation ; il inclut et respecte les autres tout en préservant leur dignité. L’humour blessant (ironie ou sarcasme) exclut les autres, les isole et les ridiculise. L’humour est un mécanisme de déense éprouvé, qui permet à l’inrmière d’aronter certaines situations diciles, de prendre un peu de recul vis-à-vis d’un problème et d’alléger l’atmosphère pour quelques instants (Adams, 2000 ; Cousins, 2003 ; Lüthi, 2002).
Jugement clinique
L’inrmière ore un soutien verbal et non verbal au client et le rassure avec authenticité et honnêteté. Celui-ci a besoin d’être dans un environnement sécuritaire où il se sent capable de discuter de sujets sensibles et libre d’exprimer ses pensées et ses sentiments, une étape nécessaire à l’amélioration de sa santé mentale. Il a souvent besoin d’être encouragé ain de préciser ses propos. L’inrmière peut utiliser plusieurs techniques pour amener le client à élaborer davantage sur ses perceptions TABLEAU 5.6. Chapitre 5
Certaines stratégies de com munication sont présentées dans l’encadré 5.3W, qui peut être consulté au http://ortinash.cheneliere.ca.
Communication et relation thérapeutique
119
ALERTE CLINIQUE
TABLEAU 5.6
Habiletés de communication
HABILETÉS
DESCRIPTION
EXEMPLES
Se présenter au client au moment de l’admission.
En se présentant au client, l’inrmière crée d’emblée un climat de conance.
• « Bonjour, je m’appelle Suzanne. Je suis votre inrmière aujourd’hui. »
Démontrer sa disponibilité.
L’inrmière adopte une attitude honnête et ouverte. Elle montre qu’elle est disponible, qu’elle s’intéresse au client et qu’elle se soucie de lui.
• « Je dois vous demander des inormations. Asseyonsnous an de commencer votre admission. »
Écouter activement.
L’inrmière recourt à la ois aux techniques de communication verbales et non verbales, an de démontrer qu’elle accorde toute son attention au client.
• L’inrmière ait ace au client et adopte une attitude ouverte, garde le contact visuel avec lui et utilise des messages verbaux et non verbaux pour maniester toute son attention : « Continuez, je vous écoute. »
Poser des questions.
L’inrmière pose des questions ouvertes. Cette habileté permet d’éviter de poser trop de ques tions personnelles en une seule séance. Ces questions visent à obtenir des réponses per tinentes et plus détaillées. Le recours aux questions ermées permet de recueillir de l’inormation actuelle.
• Exemples de questions ermées : « Combien d’enants avezvous ? » ; « Cela vous estil déjà arrivé ? »
Utiliser le silence.
Le silence permet au client d’avoir un temps de réfexion ou un moment an de démêler ce qui se passe en lui pour pouvoir ensuite exprimer ses pensées et sentiments. Le client, tout comme l’inrmière, doit se sentir à l’aise pendant ce silence.
• L’inrmière reste assise en silence et main tient un contact visuel avec le client, en lui maniestant son intérêt grâce à des signes non verbaux et à des expressions du visage variées.
Fournir de l’inormation ancrée dans la réalité.
L’inrmière peut décrire au client l’unité dans laquelle il se trouve, lui aire aire une courte visite et lui ournir des inormations concernant l’unité de soins et les documents relatis à l’admission.
• « Jean, voici un exemplaire des règles de l’unité. Passons en revue quelques points importants. »
Le silence ne doit être utilisé que pour atteindre un but particulier et non pour erayer ou gêner un client déjà angoissé.
• Exemples de questions ouvertes : « Racontez moi ce qui vous a amené à cesser de prendre vos médicaments. » « Que voulezvous dire ? » « Ditesmoi ce que vous ressentez en ce moment. »
• « Vous vous trouvez actuellement dans l’unité à accès surveillé. » • « Nous sommes vendredi. Vous avez été admis hier aprèsmidi. »
Réitérer.
L’inrmière reprend le discours du client an de lui montrer qu’elle l’a compris et passe en revue ce qui a été dit. Au besoin, elle paraphrase les pensées et les sentiments du client.
• « Vous trouvez que votre séjour ici se prolonge trop longtemps ? » • « Vous avez commencé à être déprimé peu après l’accident ? » • « Vous dites que la mort de votre ami vous a ait beaucoup de peine ? »
Clarier.
L’inrmière pose des questions précises pour aider le client à élucider certains éléments de son discours.
• « Lorsque vous avez essayé l’une des tech niques que vous mentionnez, cela vous atil aidé ? » • « Laquelle de ces techniques vous atelle ait le plus de bien ? » • « Votre mère s’est remariée peu après votre naissance ? »
120
Partie 1
Fondements de la pratique infrmière en santé mentale et en soins psychiatriques
TABLEAU 5.6
Habiletés de communication (suite)
HABILETÉS
DESCRIPTION
EXEMPLES
Reféter la réalité.
L’inrmière ore un point de vue réaliste au client, tout en restant compréhensive.
• « Je sais que vous croyez que des gens vous poursuivent. Je ne crois pas que cela soit le cas. Vous êtes ici en sécurité. Ces médi caments atténueront ces pensées. »
Communiquer ses observations.
L’inrmière ournit un avis sur ce qu’elle a observé ou entendu, an de avoriser la verbalisation.
• « Je sens que vous êtes inquiet. »
Encourager la description des perceptions.
L’inrmière demande au client de décrire sa situation.
• « Aidezmoi à comprendre comment cela vous aecte en ce moment. »
Ordonner les événements dans le temps.
L’inrmière pose des questions an d’établir le lien entre les événements et d’aider le client à prendre un peu de recul.
• « La naissance de votre enant précèdetelle ou suitelle l’arrivée de votre mère chez vous ? »
Formuler des doutes.
L’inrmière exprime toute incertitude concernant les perceptions du client. L’utilisation de cette technique doit se aire avec prudence parce que l’expression d’un doute peut parois entraver la relation entre le client et l’inrmière.
• « J’ai de la diculté à croire que vous n’avez ressenti aucune joie à l’idée qu’elle soit toujours en vie. »
L’inrmière relève les éléments qui reviennent très réquemment au cours de la conversation.
• « Vous avez mentionné cela à plusieurs reprises. Cela semble très important pour vous. »
Souligner les thèmes récurrents.
5
• « J’ai remarqué que vous aviez eu de la diculté à dormir la nuit dernière. »
• À un client qui a des hallucinations : « Que vous dit la voix que vous entendez ? »
• « Votre abus d’alcool atil commencé tout de suite après votre divorce ? »
• « Êtesvous sûr d’être resté alité toute une année après cet événement ? »
• « Lorsque cela se répète, comment vous sentezvous ? » Favoriser les comparaisons.
L’inrmière questionne le client sur les simila rités et les diérences existant sur le plan de ses sentiments, de ses pensées, de ses com portements et de son vécu.
• « Ressentezvous la même chose que la dernière ois que c’est arrivé ou estce diérent ? »
Résumer ou aire une synthèse.
L’inrmière récapitule ce que le client a dit sur un sujet ou un événement donné.
• « Voyons si j’ai bien saisi votre inquiétude concernant... » • « D’après ce que vous me dites, votre amille semble être... »
Bien cerner chaque sujet.
Les éléments importants doivent devenir clairs, à la ois pour le client et pour l’inrmière.
• « Vous parlez de la perte d’un être cher, racontezmoi plus en détail ce que vous avez subi. » • « Vous avez mentionné votre consommation d’alcool. Soyez plus précis. »
Évaluer.
L’inrmière encourage le client à préciser l’importance de chaque événement.
• « Qu’évoque pour vous ce type de compor tement ? » • « Lorsque vous vous rappelez les événements, comment cela vous aectetil ? »
Encourager le client à se xer des objectis.
Les objectis sont importants autant pendant qu’après l’hospitalisation.
• « Je vous propose que nous établissions ensemble quelques buts réalisables pour la durée de votre hospitalisation. Avezvous quelques idées ? »
Chapitre 5
Communication et relation thérapeutique
121
TABLEAU 5.6
Habiletés de communication (suite)
HABILETÉS
DESCRIPTION
EXEMPLES
Fournir de l’inormation.
L’inrmière présente des données qui aideront le client à se xer des buts et à établir un plan d’action.
• « Cette liste descriptive de centres qui peuvent vous aider vous aidera peutêtre à choisir celui qui vous conviendra le mieux après votre congé. »
Suggérer d’autres solutions.
L’inrmière avorise la prise de décision en encourageant le client à soupeser diérentes options pour prendre des décisions saines et porteuses de changement.
• « Avezvous pensé à… ? »
Recourir à la simulation.
L’inrmière joue le rôle de la personne à qui le client a besoin de dire quelque chose, an de l’amener à exprimer ce qu’il ressent.
• « Je vais jouer le rôle de votre père, pendant que vous jouerez le vôtre. Voyons ce que vous avez envie de lui dire. »
Fournir une rétroaction.
L’inrmière encourage le client en ormulant des commentaires encourageants en réponse à ses comportements ou à son discours.
• « Ditesmoi ce que vous avez à dire. Je suis là pour vous écouter et et je vous donnerai ranchement mon opinion. »
• « D’autres clients ont essayé ces solutions : … » • « Les autres solutions pourraient être… » • « Au regard de cette situation, quelle serait la meilleure décision ? »
• « Vous avez ait des progrès encourageants. » • « À ce que je vois, vos rapports avec votre amille se sont améliorés parce que vous vous êtes comporté de cette açon. » Fixer des limites.
L’inrmière pose des limites au client sur le plan des pensées, sentiments ou comportements.
• « Vous vous êtes encore mis très en colère. Si vous voulez rester dans la salle commune, je vous invite à vous calmer. » • « Vous pouvez marcher dans le couloir si vous avez besoin de vous lever. »
Évaluer les actions.
L’inrmière encourage le client à prendre du recul par rapport à son comportement et aux réactions qu’il provoque.
• « Lorsque vous avez essayé cette action, comment cela s’estil passé ? » • « Quand vous lui direz de partir, comment pensezvous qu’elle réagira ? » • « Estce que cela vous a aidé ? »
Encourager les comportements sains.
L’inrmière avorise les réactions positives chez le client qui tente de modier sa conduite et l’aide à prendre des décisions ecaces.
• « Avoir à vous déendre, c’est quelque chose de nouveau pour vous. »
Favoriser la transition entre l’hôpital et le domicile.
L’inrmière aide le client à déterminer les pensées qu’il devra mieux maîtriser ou les actions qu’il aurait intérêt à tenter après sa sortie.
• Que pensezvous de continuer à travailler votre armation de soi ? »
• « Vous y êtes parvenu, il est donc important de vous exercer tous les jours. »
• « Comment un plan de prévention des rechutes pourraitil vous aider après votre sortie de l’hôpital ? » • « À quoi erezvous attention une ois revenu à la maison ? »
122
Partie 1
Utiliser le refet simple.
L’inrmière contribue à augmenter la compré hension de soi du client et lui conrme qu’elle l’écoute attentivement.
• Client : « Je me sens très atigué aujourd’hui. »
Utiliser le refet des sentiments.
L’inrmière démontre au client que ses senti ments sont légitimes et dignes d’intérêt, et lui rappelle qu’en matière de sentiments, il n’existe pas de bonne ou de mauvaise réponse.
• Client : « Mes dicultés en aaires étaient si lourdes que j’ai craqué. »
Fondements de la pratique infrmière en santé mentale et en soins psychiatriques
• Inrmière : « Vous me dites que vous êtes très atigué ? » (ton interrogati)
• Inrmière : « Vos dicultés en aaires vous ont complètement découragé ? »
5.7
Enjeux de la communication thérapeutique
Certains enjeux peuvent surgir dans la relation infrmière-client et altérer la nature de la communication. Ils peuvent résulter du trouble même dont soure le client ou de son manque de connaissances. Ils peuvent aussi découler de l’inefcacité de l’infrmière, à cause de son manque d’expérience ou de connaissances, ou encore relever de ses attitudes relationnelles.
5.7.1
Résistance
La résistance intervient chez les clients qui consciemment ou inconsciemment ont abstraction de leurs problèmes pour éviter l’angoisse. Cette résistance peut prendre la orme d’une réserve naturelle de courte durée concernant l’acceptation d’un problème, ou d’une négation à long terme et ortement ancrée du problème. Cette résistance au changement est dans la nature humaine, mais elle doit être soulignée par l’infrmière et reconnue par le client pour qu’un changement positi puisse se produire. Les infrmières aident les clients à surmonter cette résistance en aisant preuve d’écoute et d’empathie, ce qui avorise chez ceux-ci la découverte de leurs orces, ainsi qu’en soulignant leurs progrès. L’infrmière peut alors rappeler au client les progrès qu’il a accomplis. Par exemple, elle peut lui dire : Vous avez déjà atteint certains de vos buts et vous avez ait des plans concrets concernant la continuation du traitement après votre congé. Toutes ces choses vous paraissaient impossibles à votre admission dans cet établissement. De telles observations renorcent la confance du client et lui redonnent espoir tout en amenuisant sa résistance. Avec un client résistant, l’infrmière doit employer une approche empathique, aidante et acilitante plutôt que sermonner ou conronter. Elle peut aider efcacement le client en se montrant sensible à sa résistance et en lui soulignant son comportement avec délicatesse et empathie. Si elle considère la résistance comme un comportement négati et qu’elle y réagit en obligeant le client à aire ace à cette attitude et en lui indiquant comment se comporter, elle ne ait que renorcer son opposition (Arkowitz, Miller, Westra et al., 2008). En cas de résistance à aire ace, par exemple, à ses responsabilités, il est important d’attirer l’attention du client sur cette attitude, d’éclaircir avec lui les raisons susceptibles de l’expliquer et d’examiner ensemble les moyens d’y remédier.
5.7.2
Transfert
Le transfert est la réaction inconsciente par laquelle les clients associent l’infrmière à un être signifcati de leur vie. Le client transère ainsi sur l’infrmière les sentiments et les attitudes qu’il lui attribuait.
Jugement clinique
Ainsi, une infrmière peut devenir l’image de la mère Vous discutez avec Marline Roger, une cliente âgée de pour un client, uniquement 18 ans qui a fait une tentative de suicide. Elle habite à cause d’une particularité chez ses parents. Elle vous parle de son désaccord avec qui lui évoque sa propre ceuxci concernant les règles à suivre dans la maison, mère. Si ses sentiments du contrôle des sorties, de la façon de s’habiller et des envers sa mère sont positis, amis qu’elle fréquente. Elle dit leur avoir parlé de leurs ce transert pourrait se révéexigences, mais en vain. Elle a demandé à une tante ler bénéfque. Touteois, si d’intervenir en sa faveur pour qu’elle ait plus de liberté, ses sentiments sont teintés mais rien n’a changé. Elle les a même menacés de par d’amertume et de rancœur, tir en appartement, mais ils ont renforcé leur attitude. le client risque d’éprouver Que devriezvous dire à Marline pour synthétiser des sentiments négatis à ce qu’elle vous a raconté ? l’égard de l’inirmière et, même sans provocation, peut devenir urieux ou préoccupé au cours des interactions avec elle. Bien souvent, la réponse intense du client ne correspond en rien à la situation ni au contenu de l’échange, et la relation ne pourra pas progresser tant que l’infrmière n’aura pas mis en évidence les eets de ce transert sur le plan relationnel. L’infrmière peut chercher à tirer proft du transert en se montrant disposée à entendre les réponses irrationnelles du client, dont les propos peuvent comporter une charge aective positive ou négative importante. Elle doit l’écouter attentivement, puis clarifer ses paroles et lui poser des questions pour approondir le problème. L’objecti est de lui aire réaliser la situation si elle n’est pas avorable et de l’amener à reconnaître ses impacts.
5.7.3
CONSEIL CLINIQUE
Le transfert est souvent perçu comme un obstacle à la communication : cepen dant, lorsqu’il est positif, il peut s’avérer un outil inté ressant pour approfondir la relation thérapeutique.
Contre-transfert
Le contre-transfert découle de la réaction émotionnelle positive ou négative de l’infrmière par rapport à un client. Cette réaction irrationnelle inappropriée et très chargée aectivement est provoquée par certaines particularités d’un client jugées plaisantes ou déplaisantes par l’infrmière, ce qui dénote ses préérences pour certains clients. C’est le transert de l’infrmière, qui a naturellement ses propres réactions vis-à-vis d’un client. Le contre-transert est un phénomène normal et incontournable qui se produit lorsque les sentiments ressentis, qu’ils soient positis ou négatis, sont intenses et ne correspondent pas à la réalité thérapeutique immédiate. Si la présence d’un contre-transert est ignorée ou que son importance est minimisée, le contre-transert risque d’entraver l’efcacité thérapeutique. Mais il peut ournir des pistes pour le travail thérapeutique si l’infrmière demeure vigilante afn d’en déceler les signes. L’infrmière peut se retrouver dans une situation de contre-transert lorsque le client a un comportement perturbateur, agressi, irritant ou séducteur ou s’il ore de la résistance, mais également dans un contexte relationnel tout à ait ordinaire. Il y a maniestation de contre-transert Chapitre 5
Communication et relation thérapeutique
123
5
6 Les considérations éthiques entourant la relation entre l’infrmière et le client sont examinées dans le chapitre 6, Aspects éthiques et légaux de la pratique infrmière en santé mentale et en soins psychiatriques.
si l’inrmière réagit en se âchant contre le client ou si elle perd la neutralité nécessaire pour avoriser chez lui un changement sain. Les inrmières peuvent également ressentir une attirance exagérée pour un client. Elles doivent alors en prendre conscience et reprendre leur position proessionnelle à l’intérieur de la relation avec le client. Pour aire ace au contre-transert, il aut se prêter à une autoréfexion honnête tout au long de la relation thérapeutique et bien comprendre les enjeux mutuels de la relation. Si cette autoévaluation révèle des émotions de nature plus intense, l’inrmière devrait se questionner sur ses sentiments. Il aut eectuer ce travail dès que le problème est décelé. Si elle n’est pas à même de surmonter seule ses sentiments, elle aura besoin de l’aide d’un autre clinicien.
5.7.4
Dépassement des limites
Le dépassement des limites se produit lorsque l’inrmière va au-delà des normes établies pour la relation thérapeutique et qu’elle s’engage dans une relation sociale, personnelle avec le client. Un client peut également tenter d’outrepasser les limites de la relation thérapeutique et essayer d’établir, de açon inappropriée, un contact physique avec elle. Certaines de ces transgressions surviennent si l’inrmière s’implique de açon inappropriée avec le client, ce qui indique un surinvestissement, si elle accepte des cadeaux ou des compensations en échange du traitement, si son langage et son habillement ne conviennent pas, ou si la révélation de soi ou les contacts physiques établis manquent de proessionnalisme et n’ont aucune nalité thérapeutique. TABLEAU 5.7
Le dépassement des limites proessionnelles avec les clients est également considéré comme un problème éthique et légal et entraîne des sanctions juridiques et proessionnelles pour l’inrmière 6 .
5.7.5
Le raccourcissement des séjours hospitaliers peut poser une diculté en matière de communication. Pour certains clients, la durée du séjour n’excède pas deux à trois jours, alors que d’autres demeurent plus longtemps en centre hospitalier. Le dé des inrmières est donc d’établir rapidement une relation avec le client en onction du temps disponible et du contexte d’hospitalisation.
5.7.6
Partie 1
Attitudes et comportements nuisibles
De nombreux comportements ont obstacle à l’atteinte des résultats souhaités et se révèlent donc non thérapeutiques. L’inrmière doit les connaître an de les éviter dans ces interventions dans le cadre de la relation d’aide TABLEAU 5.7. Plusieurs raisons expliquent l’échec de certaines interactions avec le client. L’insécurité de l’inrmière inexpérimentée en est une, particulièrement avec les clients psychiatriques. L’inrmière peut être incapable de venir travailler tous les jours reposée et disposée à écouter le client, ou elle peut vivre des situations personnelles qui entravent sa capacité à se concentrer sur le client et ses besoins. Par ailleurs, l’inrmière peut être en colère contre un client parce que ce dernier ne se comporte pas de manière socialement acceptable, parce qu’il reuse de aire ce qu’on lui demande ou bien parce qu’elle se sent personnellement visée par ses paroles.
Obstacles à la communication thérapeutique
TECHNIQUE NUISIBLE
124
Durée du séjour
EXEMPLES D’ÉNONCÉS NON THÉRAPEUTIQUES
THÉRAPEUTIQUES
Prodiguer un semblant de réconfort. L’infrmière communique certains clichés rassurants pour essayer d’aider le client et tenter d’atténuer sa douleur. Cette réponse ne se base pas sur des aits et ignore les sentiments du client. Elle provient souvent de l’incapacité de l’infrmière à écouter les émotions négatives du client et à lui répondre adéquatement.
• « Ne vous inquiétez pas, tout ira bien. »
• « Je sais que vous traversez beaucoup de choses pénibles en ce moment. Faisons une liste et examinonsles une à une. En cherchant des solu tions, vous pourrez les surmonter. »
Ne pas écouter. L’infrmière est préoccupée par une autre tâche qu’elle doit accomplir, elle est distraite par un bruit ou troublée par ses problèmes personnels.
• « Qu’avezvous dit ? »
• « Ce n’est pas grave, ça va bien aller. » • « Les choses vont bientôt s’arranger. »
Fondements de la pratique infrmière en santé mentale et en soins psychiatriques
• « De quelle situation aimeriezvous discuter en priorité ? »
• « C’est intéressant. Pourriezvous m’expliquer davantage ? » • « Je comprends ce que vous dites... Cela doit être difcile. »
TABLEAU 5.7
Obstacles à la communication thérapeutique (suite)
TECHNIQUE NUISIBLE
EXEMPLES D’ÉNONCÉS NON THÉRAPEUTIQUES
THÉRAPEUTIQUES
Donner son approbation ou sa désapprobation. Ce qui compte avant tout, c’est la manière dont se sent un client par rapport à ce qu’il exprime. Ce dernier doit, au bout du compte, être en accord avec ses propres actions.
• « C’est bien. »
• « Que pensezvous de ce que vous lui avez dit ? »
Minimiser le problème. L’infrmière peut commettre cette erreur lorsqu’il est difcile d’accepter l’énormité d’un problème donné. Elle peut croire que le client se sentira mieux. Une telle réponse risque de mettre fn à la relation.
• « Ce n’est rien comparative ment au problème de cet autre client. »
Donner des conseils. Cette réponse brime la capacité du client à résoudre ses propres problèmes et a vorise sa dépendance. Si la solution que l’infrmière lui propose ne onctionne pas, le client pourra blâmer l’infrmière. Dans ce cas, le client ne prend pas la responsabilité de ses actions. L’infr mière garde le contrôle de la situation et dévalorise le client.
• « Je crois que vous devriez... »
Fournir des réponses en prenant les afrmations du client au pied de la lettre. L’infrmière nourrit les illusions ou les hallucinations du client et lui enlève la possibilité de aire ace à la réalité. Cette réponse ne avorise en rien l’évolution du client.
• Le client : « Ce téléviseur est en train de me parler. » L’infrmière : « Que vous ditil ? »
Changer de sujet. L’infrmière change de sujet au moment crucial, lorsque la discussion prend un tournant difcile, ce qui a pour eet de nier les intérêts exprimés par le client. Dans ce cas, la communication demeure superfcielle.
• Le client : « Ma mère me rabaisse toujours. » L’infrmière : « C’est inté ressant, mais parlons plutôt de... »
• « Parlezmoi de votre relation avec votre mère. »
Ne pas accepter les sentiments du client. L’infrmière minimise les sentiments exprimés par le client pour éviter d’avoir à aire ace à ses propres sentiments douloureux. Elle désire se protéger.
• Le client : « Je ne désire plus vivre maintenant que mon enant a disparu. » L’infrmière : « Vous ne devriez pas penser à cela. Ça ira mieux demain. »
• Le client : « Je ne désire plus vivre maintenant que mon enant a dis paru. » L’infrmière : « Cette perte a dû être très difcile à vivre. Aimeriez vous m’en parler un peu ? »
• « Je suis d’accord. Je crois que vous avez bien ait de lui dire. »
• « Tout le monde ressent cela à un moment ou à un autre. Ce n’est pas très grave. »
• « À mon avis, il serait sage de... » • « Pourquoi ne aitesvous pas cela ? » • « La meilleure solution consiste à... »
• Le client : « Il y a de l’énergie nucléaire qui passe par cette bouche d’aération. » L’infrmière : « Je vais éteindre le climatiseur pendant un moment. »
• « Comment vous sentezvous par rapport à tout ça ? »
5
• « Il s’agit d’un problème difcile pour vous. » • « Ça semble très important pour vous d’y aire ace. »
• « À votre avis, qu’estce que vous devriez aire ? » • « Il existe plusieurs options ; examinonsen quelquesunes. La décision fnale vous appartient. Vous pourrez ainsi envisager la situation de açon plus éclairée. Nous pourrions examiner les pour et les contre afn de vous aider à la résoudre. » • Le client : « Ce téléviseur est en train de me parler. » L’infrmière : « Je n’entends pas ces voix dont vous parlez. Cette émission est destinée à tout le monde. » • Le client : « Il y a de l’énergie nucléaire qui passe par cette bouche d’aération. » L’infrmière : « Il y a un vent rais en provenance des bouches d’aération. C’est le système de climatisation. »
• « Racontezmoi ce qui se passe. »
Chapitre 5
Communication et relation thérapeutique
125
TABLEAU 5.7
Obstacles à la communication thérapeutique (suite)
TECHNIQUE NUISIBLE
ALERTE CLINIQUE
Les questions précédées du mot pourquoi peuvent mettre le client sur la déensive et paralyser les échanges ultérieurs.
126
Partie 1
EXEMPLES D’ÉNONCÉS NON THÉRAPEUTIQUES
THÉRAPEUTIQUES
Exprimer un jugement. Les réponses de l’infrmière traduisent ses jugements. Cela démontre un manque d’acceptation des particularités du client, ce qui ait obstacle aux révélations ultérieures.
• « Cela n’est certainement pas la meilleure chose à aire en tant qu’adulte. »
• « Qu’estce que le ait d’avoir ce bébé vous apportera ? »
Poser trop de questions. Cela sert à contrôler la nature des réponses du client, surtout si les questions sont er mées. L’infrmière pose plusieurs questions avant même que le client ne soit prêt à y répondre. Il s’agit d’une technique auto protectrice de l’infrmière pour éviter l’anxiété des silences inconortables. Le client se sent accablé, envahi, et risque de se replier sur luimême.
• « Pourquoi aitesvous cela ? »
Défer le client. Ces réponses reposent sur la conviction qu’un client qui a une croyance irréaliste doive être défé pour le contraindre à aire ace à la réalité. Le client, ainsi défé, risque plutôt de se sentir menacé et d’adopter une attitude déensive.
• « Vous n’êtes pas un super héros. »
• « Pouvezvous m’expliquer un peu plus ? »
• « Ce que vous me dites est aux ! »
• « Je sais que c’est difcile pour vous, mais avec un peu de travail, vous pourrez y arriver. »
Faire des commentaires superfciels. L’infrmière donne des réponses simples et vides de sens au client, qui peuvent passer pour un manque de compréhen sion et de respect. Ces interactions main tiennent la distance entre l’infrmière et le client, de sorte que le lien est plus di fcile à créer.
• « Belle journée, n’estce pas ? »
Avoir une réaction déensive. L’infrmière ne prend pas assez de temps pour écouter les inquiétudes du client. Elle peut croire qu’elle doit se déendre, déendre le personnel ou le centre hos pitalier. Il est préérable qu’elle aide le client à approondir ses pensées et ses sentiments.
• « Votre médecin est l’un des meilleurs. Jamais il ne dirait une chose pareille. »
Demeurer centrée sur soi-même. L’infrmière ne concentre pas son atten tion sur le client lorsqu’elle entretient ses propres pensées, se ocalise sur ses propres sentiments ou sur ses propres problèmes. L’attention n’est pas portée sur le client qui demande de l’aide. L’in frmière est davantage désireuse d’ex poser son point de vue que d’écouter activement le client.
• « Il m’est arrivé la même chose deux ois le mois passé, ce qui m’a beaucoup aectée. »
• « Vous pensez à divorcer alors que vous avez trois enants ? »
• « Quelle était la véritable cause selon vous ? » • « Pourquoi ressentezvous cela ? » • « Pourquoi pensezvous ainsi ? »
• « Qu’estce qui vous pousse à envisager cette option ? »
• « Dans cette situation, qu’estce qui vous contrarie ? » • « Quelle en est la cause, selon vous ? » • « Racontezmoi comment vous vous sentez lorsque cela arrive. » • « Expliquezmoi, si vous le pouvez, ce que vous en pensez. »
• « Vous ne tentez jamais de vous améliorer ! »
• « Vous devriez vous sentir bien ; vous quittez le centre hospitalier aujourd’hui. » • « Soyez positi ; votre docteur ne devrait pas tarder à venir vous voir. »
• « Notre personnel est très expérimenté. Jamais aucun de nous ne erait une telle chose. »
• « Comment vous sentezvous aujourd’hui ? » • « Que ressentezvous par rapport au ait que vous quittiez le centre hospitalier aujourd’hui ? » • « Vous semblez inquiet. Comment pourraisje vous aider par rapport à cette inquiétude ? » • « Qu’estce qui vous contrarie tant à propos de votre médecin ? » • « Parlezmoi de ce qui s’est passé hier soir. » • « Vous vous êtes senti négligé ? »
• « Vous savez, les infrmières ont beaucoup de travail. »
• « Pardonnezmoi, pouvezvous répéter ? Cela me ait penser à une situation dans ma amille. »
Fondements de la pratique infrmière en santé mentale et en soins psychiatriques
• « Racontezmoi cet incident plus en détail et de quelle manière il pourrait être relié à votre tristesse actuelle. » • « Si je vous ai bien compris, vous avez dit... »
TABLEAU 5.7
Obstacles à la communication thérapeutique (suite)
TECHNIQUE NUISIBLE
Critiquer les autres. L’infrmière rabaisse les autres lors qu’elle communique avec le client.
EXEMPLES D’ÉNONCÉS NON THÉRAPEUTIQUES
THÉRAPEUTIQUES
• Le client : « Les membres de l’équipe de jour m’ont laissé umer deux cigarettes. » L’infrmière : « L’équipe de jour contourne toujours le règlement. »
• L’infrmière : « La politique du service est de ne umer qu’une seule cigarette et c’est celle que nous appliquons. »
• Le client : « Ma flle est odieuse avec moi. » L’infrmière : « Elle ne doit pas être acile à vivre. » Interpréter ou analyser prématurément. L’infrmière n’attend pas que le client ait terminé d’exprimer ses pensées et sentiments concernant un problème en particulier. Ceci le bouscule et ses commentaires ne sont pas pris en compte. L’infrmière risque de passer à côté de ce que le client tente d’expliquer.
5.7.7
• « Je crois que c’est ce que vous vouliez dire. »
• « Qu’estce que cela signife selon vous ? »
• « Vous croyez peutêtre cela de açon consciente, mais inconsciemment... »
• « Vous pensez donc que... »
Clientèles particulières
La plupart des infrmières redoutent de communiquer avec des clients agressis, en détresse, impopulaires, manipulateurs ou résistant au changement ENCADRÉ 5.5. Ce genre de comportement provocateur traduit un manque de respect envers lui-même ou pour autrui. La réaction normale est de se protéger par un rejet du client. Bien que l’estime et la sécurité personnelle de l’infrmière soient attaquées, celle-ci peut y aire ace grâce à l’afrmation de soi et l’établissement de limites ermes et réalistes. La plupart des centres psychiatriques orent une ormation pour aider les membres du personnel à gérer ce genre de conduite. Les clients en détresse psychologique expriment souvent leur tristesse verbalement et non verbalement, parois même en permanence. Dans une relation avec un tel client, l’infrmière peut se sentir accablée et vivre de l’impuissance. Dans de telles situations, il est primordial que l’infrmière conserve sa lucidité et qu’elle communique de manière responsable sa compréhension au client sans le juger et sans minimiser ses propres perceptions et les sentiments que cela éveille. Il est tout aussi important de rester vigilante ace aux émotions que ces clients suscitent. Certains clients ont des besoins spéciaux en raison de limitations physiques, visuelles ou auditives ainsi que de défcits cognitis. L’infrmière doit évaluer soigneusement chaque client pour déterminer ses besoins en matière de communication. Par
ENCADRÉ 5.5
5
• L’infrmière : « Il semble que vous viviez une période difcile avec votre flle en ce moment. »
Caractéristiques générales des clients non coopérants
Les clients non coopérants :
• sont très agressis ou violents;
• prétendent être davantage malades que ce que croit l’infrmière ;
• sourent de troubles graves et complexes, associés à un pronostic sérieux;
• expriment souvent leur aversion envers le centre hospitalier;
• sourent des problèmes qu’ils provoquent (p. ex., une maladie due à l’alcoolisme) selon les infrmières;
• monopolisent le temps et l’attention de l’infrmière ; • abusent de l’hospitalisation;
• ont des normes sociales ou morales très basses ;
• ne collaborent pas et revendiquent constamment ;
• suscitent un sentiment d’incompétence chez l’infrmière.
exemple, pour ne pas surprendre le client sourant de troubles de la vue, l’infrmière doit s’approcher lentement en parlant d’une voix douce. Elle manieste ainsi son intérêt et sa compassion. Communiquer avec des personnes ayant des besoins spéciaux peut être aussi valorisant qu’exigeant, mais l’infrmière peut y parvenir en adaptant ses soins à chaque situation ENCADRÉ 5.6.
Jugement clinique Bertin Martineau est en phase terminale du sida. Il est âgé de 44 ans et est acti sexuellement depuis qu’il a 17 ans, s’adonnant à des relations bisexuelles principa lement. De plus, il a consommé des drogues injectables. Il dit se sentir coupable, car il a sûrement contaminé plusieurs autres personnes. L’infrmière lui répond, sur un ton doux et sympathique, qu’il a contribué à sa condition et qu’il a raison de s’en vouloir. En quoi la réponse de l’infrmière au client constitue telle un obstacle à la communication ?
Chapitre 5
Communication et relation thérapeutique
127
Pratiques infrmières suggérées ENCADRÉ 5.6
Communiquer avec les clients ayant des besoins particuliers
CLIENT QUI EST INCAPABLE DE PARLER CLAIREMENT (APHASIE, DYSARTHRIE OU MUTISME)
• Éviter les changements de sujet.
• Écouter attentivement le client, être patiente et ne pas l’interrompre, afn qu’il sente que l’infrmière est disponible pour écouter ce qu’il essaie de dire.
• Laisser au client le temps de répondre, afn de lui permettre d’organiser ses idées pour les exprimer clairement.
• Poser des questions simples qui appellent une réponse par oui ou par non. Les questions ermées permettent au client de donner une réponse claire sans trop d’eort.
• Être à l’écoute de açon attentive.
• Laisser au client le temps de comprendre et de répondre pour s’assurer qu’il a bien assimilé l’inormation et qu’il s’exprime à son aise.
• Poser une question à la ois et attendre la réponse.
• Inclure la amille et les amis dans les conversations, particulièrement lorsque les sujets de discussion sont connus du client. CLIENT QUI NE RÉAGIT PAS
• Faire appel à des signes visuels (p. ex., des mots, des images et des objets) lorsque cela est possible, pour renorcer le message verbal.
• Appeler le client par son nom au cours des interactions afn d’attirer son attention et de personnaliser les soins.
• Ne permettre qu’à une seule personne à la ois de parler pour ne pas créer de conusion.
• Parler au client comme s’il entendait afn de lui démontrer son respect.
• Ne pas crier ni parler trop ort pour ne pas intimider le client. • Encourager le client à converser. • Inormer le client en cas d’incompréhension afn d’éviter les malentendus. • Collaborer avec l’orthophoniste, s’il y a lieu. • Proposer des aides à la communication : − blocnotes et styloeutre ou ardoise d’écolier, si le client s’exprime mieux par écrit ; − tableau de communication comprenant les mots, lettres ou images qui s’appliquent aux besoins ondamentaux (p. ex., le client qui ne peut pas parler peut pointer les mots ou images pour se aire comprendre rapidement) ; − cloches d’appel ou alarmes, pour encourager le client à demander de l’aide au besoin ; − langage gestuel, pour que le client puisse associer les mots aux gestes, ce qui peut l’aider à comprendre; − usage du clin d’œil ou du mouvement des doigts, pour des réponses simples (oui ou non).
• Communiquer à la ois verbalement et par le toucher.
• Expliquer tous les procédés et toutes les sensations possi blement reliés au traitement afn de rassurer le client. • Orienter la personne dans l’espace et dans le temps. • Éviter de parler du client aux autres en sa présence, car cela peut être insultant pour lui d’être l’objet d’une discussion comme s’il était absent. • Éviter de dire des choses que le client ne devrait pas entendre. CLIENT QUI NE PARLE PAS LA LANGUE D’USAGE
• Parler au client sur un ton de voix normal, car parler ort peut être interprété comme de la colère. • Décider, avec le client, d’un moyen afn qu’il puisse signaler son désir de communiquer (lampe ou cloche d’appel). • Faire appel à un interprète (traducteur) au besoin. • Éviter le recours aux membres de la amille, particulière ment les enants, comme interprètes.
CLIENT QUI A UN DÉFICIT COGNITIF
• Créer un tableau, des images ou des cartes de communication.
• Diminuer les distractions ambiantes pendant la conversa tion afn d’aider le client à se concentrer.
• Traduire une liste des mots de la langue d’origine en rançais pour les demandes courantes du client.
• Obtenir l’attention du client avant de parler.
• Mettre un dictionnaire bilingue à la disposition du client si celuici sait lire.
• Utiliser des phrases simples et éviter les longues explications pour ne pas conondre le client. Source : Potter & Perry (2010)
Les infrmières qui travaillent avec les clients âgés doivent utiliser des techniques de communication qui avorisent la santé et le vieillissement sain. Étant donné les défciences physiques, sensorielles et cognitives parois présentes chez cette population, les infrmières peuvent communiquer sans le savoir des messages de dépendance et
128
Partie 1
d’incompétence en utilisant un type de discours inantilisant. Peu importe les limites du client, l’infrmière doit communiquer avec lui à l’aide d’un langage adulte qui manieste du respect et de la bienveillance et qui préserve l’autonomie, l’indépendance ainsi que la dignité du client (Arnold & Underman Boggs, 2007 ; Centre de
Fondements de la pratique infrmière en santé mentale et en soins psychiatriques
toxicomanie et de santé mentale [CAMH], Dalla Lana School of Public Health, Université de Toronto et al., 2010).
Il arrive que l’infirmière ait à s’occuper d’enfants et d’adolescents. Elle doit donc adapter sa communication à leur stade particulier de développement. L’infirmière informe les enfants et les adolescents sur les soins qui leur sont prodigués et les fait participer le plus possible à leurs propres décisions concernant ces soins. Il est essentiel d’inclure la famille dans les discussions et d’observer l’interaction entre l’enfant et les parents 25 . Les infirmières peuvent être appelées à acquérir un savoir-faire afin de s’adapter aux clients de diverses cultures et origines. La compétence interculturelle implique une série de valeurs, de principes, de comportements et d’attitudes qui permettent à l’infirmière de travailler efficacement avec cette clientèle. La compétence interculturelle commence par la conscience de soi, ce qui nécessite chez l’infirmière une réflexion quant à ses propres valeurs, croyances et attitudes (Leininger, 2000). Pour acquérir cette compétence, l’infirmière doit accorder de la valeur aux autres cultures et les respecter, s’informer de leurs particularités, intégrer ces connaissances à son travail clinique, s’adapter, s’autoévaluer et gérer les différences (Héron, 2010 ; National Center of Cultural
Competence, 2010 ; Phaneuf, 2010a, b). Les modèles culturels s’établissent tôt dans l’existence et influent sur la façon dont chacun communique ses idées et ses sentiments ainsi que sur la prise de décision. La relation infirmière-client dépend de la capacité de l’infirmière de comprendre le point de vue de l’autre et son cadre de référence. Les établissements de soins reçoivent de plus en plus de clients d’origines culturelles variées, et la diversité des habitudes de vie et des valeurs de la clientèle peut devenir source d’incompréhension pour l’infirmière. Par conséquent, il est important qu’elle soit sensible aux aspects culturels de la communication. Il peut être difficile de communiquer de façon efficace avec les clients psychiatriques qui non seulement ont des difficultés à s’exprimer clairement, logiquement et de manière raisonnée à cause de leur trouble mental, mais, en plus, appartiennent à une autre culture, et pour qui le français est une langue seconde 9 . Les infirmières doivent donc redoubler d’efforts pour fournir à ce type de clients toutes les ressources accessibles afin de favoriser leur compréhension de la situation. Il peut être nécessaire pour eux de trouver un interprète qui soit en mesure non seulement de parler leur langue, mais également de traduire leurs pensées, leurs sentiments et leurs émotions.
25 Les façons de communiquer avec les jeunes selon leur niveau de développement sont présentées dans le chapitre 25, Enfants et adolescents. 9 Le chapitre 9, Culture et santé mentale, traite plus en profondeur des questions de communication avec les personnes issues d’un groupe culturel différent de celui de l’infirmière.
Les élém éléments à respecter pour un entretien culturellement cohérent sont présentés dans le chapitre 14 de Potter, P.A., & Perry, A.G. (2010). Soins infirmiers – Fondements généraux (3e éd.). Montréal : Chenelière Éducation.
Analyse d’une situation de santé
J Jugement clinique
Adama Boussou est une femme âgée de 40 ans d’origine sénégalaise ; sa langue maternelle est le wolof. Elle a été admise à l’unité de santé mentale en début d’après-midi pour un épisode dépressif d’un trouble bipolaire. Vous la rencontrez pour la première fois à 14 h 15. En
entrant dans la chambre, vous la trouvez assise à la fenêtre. Lorsque vous vous présentez et lui expliquez les raisons de votre visite, elle fixe le sol d’un regard inexpressif en soutenant sa tête avec sa main gauche. Ses vêtements sont souillés d’aliments et ses cheveux sont décoiffés. {
MISE EN ŒUVRE DE LA DÉMARCHE DE SOINS
Collecte des données – Évaluation initiale – Analyse et interprétation 1. En plus des données de la mise en contexte, quels sont les renseignements que vous devriez avoir obtenus en consultant le dossier de madame Boussou avant de la rencontrer ? 2. D’après vos observations du comportement non verbal de madame Boussou, comment est son affect ? SOLUTIONNAIRE
http://fortinash.cheneliere.ca
3. Formulez une question fermée à poser à la cliente pour obtenir de l’information sur chacun des sujets suivants : a) Dernière hospitalisation ;
d) Alimentation ;
b) Prise des médicaments ;
e) Autosoin en matière d’hygiène ;
c) Réseau social ;
f) Risque suicidaire.
4. Formulez une question ouverte à poser à la cliente pour connaître ses sentiments actuels.
Chapitre 5
Communication et relation thérapeutique
129
5
{
Madame Boussou n’a pas donné beaucoup de détails dans ses réponses aux questions ouvertes.
{
MISE EN ŒUVRE DE LA DÉMARCHE DE SOINS
5. Outre son épisode dépressi, quels éléments devriez-vous considérer pour expliquer le ait qu’elle est peu loquace ?
Madame Boussou vous demande de ne pas donner de renseignements sur son état si un membre de sa amille vous pose des questions. Vous lui répondez : Souhaitez-vous que votre amille ne soit pas au cou{
rant de votre condition ? Est-ce parce que vous avez peur de leur réaction ? Êtes-vous gênée de votre situation ? Craignez-vous d’être jugée ? La cliente se tait et regarde à nouveau le sol. {
MISE EN ŒUVRE DE LA DÉMARCHE DE SOINS
6. Qu’est-ce qui explique la réaction de la cliente à votre question ?
Vous respectez le silence qui s’est installé et dites à la cliente en posant votre main sur la sienne : J’ai l’impression que je n’aurais pas dû
{
vous demander cela. Vous devez vous sentir incomprise, n’est-ce pas ? {
MISE EN ŒUVRE DE LA DÉMARCHE DE SOINS
7. En quoi le respect du silence qui s’est installé est-il bénéfque pour vous et la cliente ? 8. Faites-vous preuve d’authenticité dans les propos que vous tenez en brisant le silence ? Justifez votre réponse. 9. Démontrez-vous également de l’empathie dans vos propos ? Justifez votre réponse.
Planifcation des interventions – Décisions infrmières 10. Quels seront les buts de l’alliance thérapeutique que vous établirez avec madame Boussou ?
Vous proposez à madame Boussou de la rencontrer quotidiennement à 14 h pour un échange d’environ 30 minutes. Vous convenez de discuter des sentiments qu’elle éprouve, de l’énergie qu’elle doit déployer pour eectuer ses activités {
de la vie quotidienne et de la açon dont elle entrevoit l’avenir. Vous rassurez la cliente en lui disant que tous ces points ne seront pas discutés en même temps. Voici un extrait du plan thérapeutique infrmier (PTI) de madame Boussou. {
MISE EN ŒUVRE DE LA DÉMARCHE DE SOINS
Extrait CONSTATS DE L’ÉVALUATION Date
Heure
2013-07-18 13:00
N°
1
Problème ou besoin prioritaire
Initiales
Épisode dépressif d’un trouble bipolaire
RÉSOLU / SATISFAIT Proessionnels / Date Heure Initiales Services concernés
M.H.
SUIVI CLINIQUE Date
Heure
N°
Signature de l’infrmière
Magdalena Hortiz
Directive infrmière
Initiales
M.H.
Programme / Service
Initiales
Signature de l’infrmière
Psychiatrie
11. Émettez une directive infrmière pour le problème prioritaire numéro un.
130
Partie 1
Fondements de la pratique infrmière en santé mentale et en soins psychiatriques
CESSÉE / RÉALISÉE Date Heure Initiales
Initiales
Programme / Service
Le lendemain de son admission, l’équipe multidisciplinaire composée du psychiatre, de l’ergothérapeute et de la travailleuse sociale rencontre madame Boussou à 13 h. Vous assistez à cette rencontre. Trois jours plus tard, vous constatez {
qu’il est difcile de respecter le moment prévu pour vos rencontres ormelles avec la cliente, soit parce qu’elle ait une sieste ou qu’elle reçoit des visiteurs. Vous suggérez alors de la rencontrer à 10 h 30. {
MISE EN ŒUVRE DE LA DÉMARCHE DE SOINS
12. Ajustez le PTI de la cliente en onction des nouvelles données de la mise en contexte.
5
Extrait CONSTATS DE L’ÉVALUATION Date
Heure
2013-07-18 13:00
N°
1
Problème ou besoin prioritaire
Initiales
Épisode dépressif d’un trouble bipolaire
RÉSOLU / SATISFAIT Proessionnels / Date Heure Initiales Services concernés
M.H.
SUIVI CLINIQUE Date
Heure
N°
Signature de l’infrmière
Magdalena Hortiz
Directive infrmière
Initiales
M.H.
Programme / Service
Initiales
Signature de l’infrmière
CESSÉE / RÉALISÉE Date Heure Initiales
Initiales
Programme / Service
Psychiatrie
Évaluation des résultats – Évaluation en cours d’évolution 13. Dans le déroulement des rencontres ultérieures, qu’est-ce qui vous erait croire que votre alliance thérapeutique avec madame Boussou se concrétise efcacement ?
Le congé de madame Boussou est prévu dans deux jours. Vous avez commencé à la préparer au retour à la maison et lui expliquez que votre relation thérapeutique prendra fn bientôt. Vous lui dites : Au cours de nos rencontres, nous avons discuté de {
plusieurs sujets comme l’importance de prendre vos médicaments tous les jours et de ne pas les arrêter même quand vous allez bien, les difcultés que vous aviez à prendre soin de vous, l’aide que vous pouviez demander, entre autres. ”
MISE EN ŒUVRE DE LA DÉMARCHE DE SOINS
14. Quelle technique de communication avez-vous utilisée ? 15. Que pourriez-vous dire à la cliente pour mettre fn à votre relation thérapeutique en évitant une conclusion abrupte ?
APPLICATION DE LA PENSÉE CRITIQUE Dans l’application de la démarche de soins auprès de madame Boussou, l’inirmière a recours à un ensemble d’éléments (connaissances, expériences antérieures, normes institutionnelles ou protocoles, attitudes proessionnelles) pour analyser la situation de santé de la cliente
et en comprendre les enjeux. La FIGURE 5.13 illustre le processus de pensée critique suivi par l’infrmière afn de ormuler son jugement clinique. Elle résume les principaux éléments sur lesquels l’infrmière s’appuie en onction des données de cette cliente, mais elle n’est pas exhaustive.
Chapitre 5
Communication et relation thérapeutique
131
VERS UN JUGEMENT CLINIQUE CONNAISSANCES • • • • • • • • •
Facteurs qui infuent sur la communication inrmièreclient Modes de communication Phases de la relation d’aide et buts de chacune de ces phases Buts de l’alliance thérapeutique avec le client Attitudes, habiletés et techniques acilitant la communication thérapeutique Enjeux de la communication Types de communication proessionnelle Stratégies de communication avorables à la relation inrmièreclient Communication avec des clients ayant des besoins particuliers
EXPÉRIENCES
NORMES
ATTITUDES
• Expérience de travail en psychiatrie • Habiletés en relation d’aide
• Champ d’exercice des intervenants impliqués dans une équipe multidisciplinaire • Établissement de contrats proessionnels entre l’inrmière et le client
• Être chaleureuse et démon trer de la compréhension et de l’empathie • Respecter les silences qui s’installent • Être authentique • Respecter les particularités de madame Boussou (elle est d’origine sénégalaise et ne maîtrise peutêtre pas le rançais)
PENSÉE CRITIQUE
ÉVALUATION • • • •
Comportements verbaux et non verbaux Aect Pertinence des réponses et réactions aux questions posées, qu’elles soient ouvertes ou ermées Degré de participation de la cliente au cours des rencontres ormelles et à chacune des phases de la relation thérapeutique • Réactions de la cliente aux comportements de l’inrmière (p. ex., lorsqu’elle est touchée ou au moment de son congé) • Progrès eectués par madame Boussou : amélioration de son bienêtre ou augmentation des résultats positis obtenus depuis la phase de préorientation jusqu’à la n de la relation
JUGEMENT CLINIQUE FIGURE 5.13
À retenir VERSION REPRODUCTIBLE
http://ortinash.cheneliere.ca
• Les acteurs environnementaux, la relation entre l’émetteur et le récepteur, le contexte dans lequel s’insère la communication ainsi que les attitudes, les croyances, les connaissances et la percep tion des personnes infuent sur la communication. • Les signaux de la communication non verbale sont captés par les sens (vue, ouïe, odorat et toucher) et ondés sur les réactions émotionnelles. Pour que
132
Partie 1
la communication soit ecace, les communications verbale et non verbale doivent être cohérentes. • La communication interpersonnelle peut être onctionnelle, thérapeu tique, éducative, interdisciplinaire ou sociale. • Les trois objectis de la communica tion thérapeutique sont les suivants : permettre au client de s’exprimer, comprendre la signication des pro blèmes du client et contribuer à la détermination des problèmes et à leur résolution. • Dans le cadre de sa relation avec le client, l’inrmière peut tenir plu sieurs rôles : enseignante, sociali
satrice, protectrice, et intervenante en santé mentale. • L’empathie est une qualité primordiale de la communication thérapeutique. Elle est essentielle au succès de la relation entre l’inrmière et le client ainsi qu’à la progression du client vers la réalisation des objectis de traitement. • La révélation de soi constitue une technique ecace lorsque l’inrmière l’utilise à bon escient, c’estàdire lorsque le client peut en tirer prot. • Diverses techniques de réponse per mettent d’enrichir la communication thérapeutique : le silence, l’écoute active, le soutien, la rétroaction, la communication d’inormation, la re
Fondements de la pratique infrmière en santé mentale et en soins psychiatriques
ormulation, le refet, la clarication des propos et la simulation. • La résistance, le transert, le contre transert, le dépassement des limites et la durée de séjour représentent des enjeux cruciaux de la communi cation thérapeutique. • Minimiser le problème du client, le conseiller, le juger, le déer, poser trop de questions et ormuler des commentaires superciels sont des exemples de pratiques qui entravent la communication thérapeutique. • Les déciences physiques, l’âge du client et les diérences langagières et culturelles représentent des en jeux de la communication ecace.
Ressources VERSION COMPLÈTE ET DÉTAILLÉE
http://ortinash.cheneliere.ca
Références Internet ORGANISMES ET ASSOCIATIONS Association canadienne de protection médicale (ACPM) www.cmpa-acpm.ca > Éducation > Articles et ressources > Soins plus sécuritaires : éviter les événements indésirables > Communication > Les notes et les communications des infrmières Association rancophone de diusion de l’entretien motivationnel (AFDEM) www.entretienmotivationnel.org > Ressources > Articles > 2012 - Revue Santé Mentale n° 164 Fondation des maladies mentales www.mm-mi.ca > Aider une personne > Nos programmes d’aide > Pour les gestionnaires et employés > La maladie mentale > Tabous et préjugés ORGANISMES GOUVERNEMENTAUX Publications du Québec www2.publicationsduquebec.gouv.qc.ca/ dynamicSearch/telecharge.php? type=3&fle=/I_8/I8R9.HTM RÉFÉRENCES GÉNÉRALES Infressources www.infressources.ca > Banques et recherche > Processus infrmier > Communication > Banques et recherche > Processus infrmier > Communication > L’entretien motivationnel > Banques et recherche > Processus infrmier > Communication > L’observation en psychiatrie : une compétence à développer
> Banques et recherche > Processus infrmier > Communication > Relation d’aide et utilisation thérapeutique de soi, des outils pour les soins infrmiers > Carreour des rubriques > Carreour clinique > Santé mentale et communication > Carreour des rubriques > Carreour clinique > Soins en psychiatrie > L’enrichissement des interventions en soins psychiatriques : les tableaux de Beck Ordre des infrmières et infrmiers du Québec (OIIQ) www.oiiq.org > Pratique infrmière > Déontologie > Chroniques > Les obstacles à la relation thérapeutique > Pratique infrmière > Déontologie > Code de déontologie > Pratique infrmière > Encadrement de la pratique > Plan thérapeutique infrmier > Publications > Répertoire des publications > La tenue vestimentaire des infrmières Passeport Santé www.passeportsante.net > Approches complémentaires > Thérapies > Programmation neurolinguistique (PNL)
Phaneu, M. (2011). La relation soignant soigné. Montréal : Chenelière Éducation.
Articles, rapports et autres
5
Chapados, C., & Giguère-Kolment, L. (2012). Après l’examen clinique, savoir consigner ses notes d’observation au dossier. Perspective infrmière, 9 (1) janvier-évrier. www.oiiq.org/sites/deault/fles/uploads/pd/ publications/perspective_infrmieres/2012_ vol09_no1/15_Notes-observation.pd Durand, S., Brodeur, J., & Thibault, C. (2006). La tenue vestimentaire des infrmières. Prise de position. Westmount : Ordre des infrmières et infrmiers du Québec (OIIQ), Service de l’édition : Direction des services aux clientèles et des communications. www.oiiq.org/sites/deault/fles/218_doc_0.pd Gros-Louis, Y. (2010). Pour installer une orte alliance, rejoindre le monde du client. Wendake : Centre psycho-solutions. www.psycho-solutions.qc.ca/documents/ Pour_installer_orte_aliance_rejoindre_ monde_client.pd Jorland, G. (2006). Empathie et thérapeutique. Recherche en soins infrmiers, 84, 58-65.
Monographies Brassard, Y. (2008). Apprendre à rédiger des notes d’évolution au dossier, vol. 1 (4e éd.). Longueuil, Qc : Loze-Dion. Chaliour, J. (2000). L’intervention thérapeu tique : stratégies d’intervention, vol. 2. Montréal : Gaëtan Morin Éditeur. Hétu, J.L. (2007). La relation d’aide : éléments de base et guide de perectionnement (4e éd.). Montréal : Gaëtan Morin Éditeur. Patenaude, O. (2008). Au cœur des soins infrmiers : guide d’apprentissage de la relation d’aide (2e éd.). Anjou, Qc : Éditions Saint-Martin. Phaneu, M. (2002). Communication, entre tien, relation d’aide et validation. Montréal : Chenelière Éducation.
Chapitre 5
Phaneu, M. (2009). L’enrichissement des interventions en soins psychiatriques : les tableaux de Beck. www.infressources.ca/er/ depotdocuments/L_enrichissement_des_ interventions_en%20psychiatrie-les_tableaux_ de_Beck.pd
Multimédia Hagan, L. (2005). Éduquer à la santé : comment aire ? Illustrations des habiletés de base pour l’exercice de la onction éducative (CD-ROM). Québec : Presses de l’Université de Laval. Trépanier, L. (2006). SECRA : Simulation d’un exercice de communication en relation d’aide, version 3.0. Montréal : Collège de Maisonneuve.
Communication et relation thérapeutique
133
chapitre
Aspects éthiques et légaux de la pratique infrmière en santé mentale et en soins psychiatriques
Écrit par : Emmanuelle Bernheim, LL. D., Ph. D. (sciences sociales) D’après un texte de : Robert L. Erb, Jr., PhD, RN, CS, CLNC
Guide d’études – SA11
OBJECTIFS
Après avoir étudié ce chapitre, vous devriez être en mesure : ■
■
■
■
de retracer les faits historiques de l’évolution du cadre légal dans le domaine de la psychiatrie ; d’expliquer les droits des clients en santé mentale ainsi que leur mise en application ; de décrire les modalités de l’autorisa tion de soins ; de décrire les diverses formes d’admis sion contrainte dans un établissement de santé et de psychiatrie ;
134
Partie 1
■
■
de définir les circonstances qui conduisent au recours à la garde en établissement ; d’énoncer les raisons justifiant l’utilisa tion de mesures de contrôle ainsi que les balises légales et déontologiques entourant leur application ;
■
de distinguer les différents régimes de protection des personnes inaptes ;
■
de différencier l’inaptitude à subir un procès et la nonresponsabilité
Fondements de la pratique infrmière en santé mentale et en soins psychiatriques
criminelle pour cause de troubles mentaux ; ■
■
d’illustrer le concept de faute profes sionnelle dans le cadre de la pratique courante ; d’énoncer les exceptions au respect du secret professionnel.
Concepts clés
Cette carte conceptuelle illustre schématiquement les principaux concepts décrits dans le présent chapitre. Sa lecture vous permettra d’avoir une vue d’ensemble des notions qui y sont présentées.
mais nécessitent
6
mais si inapte
si mesures de contrôle comme
s’appuie sur
basés sur encadrées par
obligation de respecter en cas de non-respect
sauf si si faute causant un dommage
Chapitre 6 Aspects éthiques et légaux de la pratique infrmière en santé mentale et en soins psychiatriques
135
PORTRAIT Antoine-Jean Lafrance AntoineJean Larance, un homme âgé de 28 ans, est infrmier dans un oyer hébergeant des per sonnes sourant de problèmes psychiatriques. Il a, à plusieurs reprises, touché et pincé les seins d’une bénéfciaire sous les yeux des autres bénéfciaires et des préposés. La vic time a spontanément réagi, à chaque ois, par des gestes et des paroles. La Cour d’appel du Québec l’a trouvé cou pable d’agression sexuelle, car il avait « sciemment eectué un toucher à connotation sexuelle, sachant que la victime n’y consentait pas ou n’était pas en mesure de donner un consen tement valide ». Le ait que l’infrmier bénéfcie de la confance des bénéfciaires et qu’il ait sur eux une cer taine autorité contribue à la gravité de l’acte. Sa demande d’appel a été rejetée par la Cour suprême du Canada : R. c. Bernier, [1998] 1 R.C.S. 975. Source : Adapté de R. c. Bernier, [1997] R.J.Q. 2404
6.1
Principes éthiques fondamentaux
L’éthique constitue l’ensemble des connaissances qui touchent aux problèmes moraux soulevés par une question donnée. Les principes éthiques qui ondent les interventions en santé mentale, comme dans tout autre secteur de la santé, sont l’autono mie, la bienaisance, la nonmalaisance et la jus tice. Dans le domaine psychiatrique, diérents dilemmes éthiques sont liés à la nature des inter ventions, à l’incapacité de certains clients à donner leur consentement et aux contradictions entre les obligations légales ou déontologiques des proes sionnels et leurs croyances personnelles.
6.1.1
Partie 1
Les situations où entre en jeu une orme d’inca pacité des clients à assurer leur propre sécurité ou celle des tiers et qui, par le ait même, contraignent les proessionnels à imposer leurs propres déci sions provoquent parois une orte angoisse.
6.1.2
Bienfaisance et non-malfaisance
Les personnes œuvrant dans le domaine de la santé ont la responsabilité et le devoir particulier d’agir dans l’intérêt des clients. Le terme bienaisance renvoie à l’idée d’accomplir un acte en aveur du bien du client (Le Coz, 2007). En santé mentale, l’objecti est d’aider les clients à retrouver un mode de vie sain sur le plan psychologique. Ainsi, le principe moral primum non nocere (« avant tout, ne pas nuire ») est primordial en intervention clinique auprès d’une personne sou rant de troubles mentaux FIGURE 6.1. Le ait d’administrer des électrochocs dans les cas où les antidépresseurs ne se sont pas avérés efcaces et que le client se montre toujours suicidaire en est un exemple. Les pertes de mémoire constituent un eet secondaire connu des électrochocs. À la lu mière de ces renseignements, les avantages du trai tement l’emportentils sur ses eets secondaires possibles ? Ce type de dilemme angoisse le client, sa amille, de même que le proessionnel de la santé à l’étape de la prise de décision.
6.1.3
Justice distributive
Selon Purtilo (1993), l’appellation justice distribu tive ait réérence au « traitement comparati des individus en onction des bénéfces et de la charge associée ». « Le principe de justice est basé sur le
Autonomie
Le terme autonomie renvoie au respect des déci sions d’une personne ou de son autodétermination en ce qui concerne ses soins de santé. Le respect de l’autonomie et de la volonté est la norme, tant sur le plan légal que déontologique, et est particulière ment important lorsqu’il est question du droit de mourir ainsi que du droit au reus et au choix en matière de soins. En santé mentale, lorsque l’hos pitalisation contrainte s’avère nécessaire, il peut être difcile pour les proessionnels de aire ce que le droit prescrit plutôt que ce que le client souhaite. Les soignants voudraient, conormément à ce que prévoient leurs obligations déontologiques, laisser
136
les clients prendre leurs propres décisions. Mais si, par exemple, en raison de son état mental, un client menace de se suicider, il est nécessaire d’agir contre sa volonté pour assurer sa sécurité et ainsi respecter la loi.
FIGURE 6.1 L’administration d’antipsychotiques à un client alors qu’ils posent un risque d’effets indésirables irréversibles est un exemple du principe moral primum non nocere.
Fondements de la pratique infrmière en santé mentale et en soins psychiatriques
ait qu’une personne devrait être traitée selon ce qui est juste et selon ce qui lui est dû » (Chally & Loriz, 1998). Autrement dit, il s’agit de s’assurer de l’accès aux soins pour tous les citoyens, peu im porte qui ils sont et d’où ils viennent. Pourtant, il n’est pas rare que le coût des hospi talisations et des traitements asse l’objet de débats, et à cet égard les soins psychiatriques ne sont pas toujours présentés à égalité avec les soins physiques. Les soins psychiatriques requièrent par ois de longues hospitalisations, des suivis inten sis, des traitements à long terme, alors que les bénéfces ne sont pas toujours évidents. Cette si tuation compromet l’accès aux soins en santé men tale, les besoins des clients n’étant pas toujours considérés.
6.2
Instances liées à l’éthique dans la pratique infrmière
La constitution des ordres proessionnels et la or malisation des obligations éthiques des proession nels dans des codes de déontologie visent à encadrer les activités proessionnelles et à mettre à la disposition du public une instance d’inorma tion et de plainte. Le rôle des ordres proessionnels est d’abord la protection du public, puis la protec tion des intérêts et la représentation de ses mem bres, la reconnaissance de compétences et la prise de décisions disciplinaires liées aux obligations déontologiques. L’admission à la proession d’infrmière, par son inscription au tableau de l’Ordre des infrmières et infrmiers du Québec (OIIQ), permet de bénéfcier de la reconnaissance de sa ormation et de ses com pétences spécifques, accordant notamment la pos sibilité de poser des actes réservés aux membres de l’OIIQ (Loi sur les infrmières et les infrmiers, art. 36). Néanmoins, ces activités proessionnelles sont encadrées par des règles de bonne pratique et des règles éthiques que doivent connaître les infr mières et qui permettent aux clients de s’attendre à une certaine qualité de soins. Le Code de déon tologie des infrmières et infrmiers présente un cadre de principes à l’intérieur duquel se déroulent les activités proessionnelles des infrmières. Dans le cas où un client est insatisait des soins reçus ou de la relation thérapeutique qu’il a avec une infr mière, le conseil de discipline de l’OIIQ s’assurera que toutes les normes édictées dans le Code de déontologie des infrmières et infrmiers et dans le Code des proessions ont bien été respectées (Code des proessions, art. 156). Les établissements de santé sont tous dotés d’instances auxquelles peuvent recourir les proes sionnels pour obtenir un éclairage sur les aspects
éthiques de leur pratique. Il s’agit essentielle ment du directeur des soins infrmiers (DSI), du conseil des infrmières et infrmiers (CII) et des comités d’éthique. Les établissements de santé ont l’obligation de se doter d’un DSI. Le DSI doit être un infrmier ou une infrmière (Loi sur les services de santé et les services sociaux [LSSSS], art. 206). Son rôle est d’élaborer des règles de soins qui tiennent compte des besoins des clients, des obligations éthiques des infrmières et des ressources disponibles, de plani fer, de même que de coordonner, de surveiller et de contrôler la qualité des soins infrmiers dispensés dans l’établissement (LSSSS, art. 207 et 208). Le DSI peut, pour des raisons disciplinaires ou d’in compétence, limiter ou suspendre l’activité proes sionnelle d’une infrmière dans l’établissement (LSSSS, art. 207.1).
6
Les établissements de santé ont également l’obli gation de constituer un CII (LSSSS, art. 219). Son mandat est notamment d’apprécier la qualité des actes infrmiers posés dans l’établissement et de aire des recommandations sur les règles de soins infrmiers et les règles d’utilisation des médica ments (LSSSS, art. 220). Les comités d’éthique peuvent être de deux types : les comités d’éthique clinique (CÉC) et les comités d’éthique de la recherche (CÉR). Les CÉC jouent un rôle de sensibilisation et d’accompagne ment des proessionnels par la diusion d’inorma tions, la mise à disposition d’un lieu d’échange sur les enjeux éthiques au sein de l’établissement, la défnition d’orientations ou de lignes directrices, etc. Pour le moment, le mandat et le onctionne ment des CÉC ne ont pas l’objet d’un encadrement ormel, et chaque établissement défnit selon ses besoins les paramètres de onctionnement de son CÉC (ministère de la Santé et des Services sociaux [MSSS], 2012 ; Parizeau, 1995). Néanmoins, notam ment en santé mentale, les CÉC s’intéressent tout particulièrement aux droits des clients (Zacchia & Tremblay, 2006). L’éthique de la recherche avec des sujets humains est un domaine très encadré. En plus de s’assurer de la validité scientifque des recherches et de l’intégrité des chercheurs, le mandat des CÉR est de s’assurer de la protection des sujets de re cherche, notamment par des procédures strictes d’obtention du consentement et des mesures ef caces de protection de la confdentialité. Toute l’activité des CÉR est encadrée, depuis sa composi tion et son onctionnement à la reddition de comptes (Conseil de recherche en sciences humaines du Canada, Conseil de recherche en sciences natu relles et en génie du Canada & Instituts de re cherche en santé du Canada, 2010). Dans le cas de recherches menées avec le concours de mineurs ou de majeurs inaptes, les activités des CÉR sont encadrées par le Code civil du Québec (art. 21).
Chapitre 6 Aspects éthiques et légaux de la pratique infrmière en santé mentale et en soins psychiatriques
137
6.3
Institutionnalisation : Hospitalisation psychiatrique à long terme.
Syndrome de la porte tournante : Va-et-vient incessant des clients en psychiatrie entre le centre hospitalier et la communauté.
Aspects légaux de la pratique infrmière en santé mentale
À l’époque de la colonisation, le Canada était une société extrêmement tolérante. Tant les handicapés que les personnes sourant de troubles mentaux et les marginaux étaient mis à contribution, recevant en retour le soutien dont ils avaient besoin (Dorvil, 1987 ; Swain, 1994). Jusqu’au début du xixe siècle, on enermait dans les prisons ou les hôpitaux les personnes considérées comme dangereuses (Meloche, 1981 ; Paradis, 1977). Dès le début du xixe siècle, les personnes malades ou infrmes peu vent être prises en charge par les communautés religieuses (Acte pour le soulagement des per sonnes dérangées dans leur esprit, et pour le sou tien des enants abandonnés, 1801), mais ce n’est qu’à partir de 1851 que l’internement psychiatrique bénéfcie d’une existence légale (Acte pour autori ser la réclusion des personnes aliénées dans les cas où leur liberté pourrait orir des dangers pour le public, 1851 ; Acte pour régler l’administration des asiles privés des aliénés, 1851). En 1962, l’interne ment vise principalement à empêcher la commis sion de délits, bien que la présence d’un danger pour soimême ou les autres puisse justifer l’ener mement. Progressivement, le cadre légal s’élargit, et il devient possible d’interner sur dénonciation (Acte concernant les asiles d’aliénés subventionnés par le gouvernement de la province du Québec, 1880), puis à la demande de la amille avec l’appui d’un curé ou d’un vicaire (Loi concernant les asiles d’aliénés, 1925 ; Loi sur les asiles d’aliénés, 1909). Les patients internés perdaient automatiquement leur capacité légale, donc la gestion de leurs biens et de leur personne, puisqu’ils étaient mis sous
TABLEAU 6.1
Nombre de lits psychiatriques par 100 000 habitants au Québec
ANNÉE
1871
1911
1931
1961
NOMBRE DE LITS
68,3
198,3
280,2
383,1
curatelle (Loi instituant une curatelle publique, 1945). Mis à part le recours au bre d’habeas corpus, c’estàdire au droit de ne pas être emprisonné sans jugement, les aliénés ne disposent d’aucun recours. La période asilaire ne débute qu’au milieu du xixe siècle, avec la construction de l’Asile de Beauport, aujourd’hui l’Institut universitaire en santé mentale de Québec (Wallot, 1998). Alors que l’institutionnalisation s’accélère jusqu’en 1960, les conditions de vie des aliénés, le manque criant de psychiatres – en 1948, le Québec ne compte que 15 psychiatres –, la privatisation des asiles et leur contrôle par les communautés religieuses sont, dès 1880, rapidement dénoncés (Fleury & Grenier, 2004 ; Wallot, 1998). Néanmoins, le nombre de patients retenus et la longueur des séjours dans les asiles du Québec ne cessent de progresser TABLEAUX 6.1 et 6.2.
6.3.1
C’est le début d’un vaste programme de désinstitutionalisation qui s’étendra sur quatre décennies TABLEAU 6.3. La désinstitutionalisation est un mode de réorme qui passe à la ois par : 1) la sortie des personnes institutionnalisées ; 2) la non institutionnalisation des personnes susceptibles de l’être ; 3) l’implantation de ressources communau taires ; 4) la ermeture des hôpitaux psychiatriques (Dorvil, 2005 ; Régie régionale de la santé et des services sociaux de MontréalCentre & Direction de la santé publique, 1995). Le début de la réorme est marqué par l’émer gence de phénomènes corollaires à la désinstitutio nalisation : syndrome de la porte tournante, judiciarisation des « expsychiatrisés », puis, sur tout à partir des années 1980, ghettoïsation urbaine, itinérance et responsabilités accrues des amilles, principales ressources depuis la désinstitutionali sation (Comité de la santé mentale du Québec, 1987, 1997 ; Laberge & Morin, 1995 ; Lecomte, 1997 ; Leebvre, 1987 ; Morin, 2001).
TABLEAU 6.3
Source : Adapté de Wallot (1998)
Durée des séjours psychiatriques en 1960 au Québec
TABLEAU 6.2 DURÉE DU SÉJOUR
POURCENTAGE DE CLIENTS
5-20 ans
41,6 %
+ de 20 ans
28,7 %
Séjour moyen : 10 ans Sources : Adapté de Wallot (1998) ; Dorvil, Guttman & Cardinal (1997)
138
Partie 1
Grands mouvements de désinstitutionalisation
Les quatre vagues de désinstitutionalisation au Québec
ANNÉES
NOMBRE DE LITS FERMÉS
1962-1970
3 519
1971-1988
6 485
1989-1996
3 724
1996-2002
2 504
Sources : Adapté de Comité de la santé mentale du Québec (1997) ; Vérifcateur général du Québec (2003)
Fondements de la pratique infrmière en santé mentale et en soins psychiatriques
Dans les années 1960, les premiers débats concernant les droits des usagers des services de santé mentale ont lieu devant les tribunaux (Bergeron, 1981 ; McCubbins & Cohen, 1998). Dans la oulée de la première vague de désinstitution nalisation, une distinction est établie pour la pre mière ois entre curatelle et internement, puis certains droits sont reconnus aux personnes inter nées tels les droits de correspondre en toute conf dentialité avec le « ministre de la Santé, [...] un ofcier du département de la santé, [sa] amille ou [les] personnes qui [avaient] participé à son admission » ou de recevoir les visites permises par son psychiatre (Loi de la curatelle publique, 1963 ; Loi des institutions pour malades mentaux, 1964). L’institution du Protecteur du citoyen est créée à la fn des années 1960, et un de ses man dats est d’enquêter sur les plaintes des personnes internées. En 1969, le gouvernement met en place le Bureau d’étude et d’application de la législation psychiatrique dont le travail débouche sur l’adop tion de la Loi de protection du malade mental (1972), qui impose une nouvelle procédure d’inter nement plus complexe et des modalités de révision obligatoire. Néanmoins, le débat est loin d’être clos puisqu’aucune disposition ne prévoit de modalités de traitements imposés. Plusieurs dénoncent d’ailleurs l’irrégularité des pratiques et les pres sions exercées sur les clients afn qu’ils se soumet tent aux traitements (Bergeron, 1981 ; Commission des droits de la personne du Québec, 1978). Il aut attendre la in des années 1980 pour que des régimes diérenciés d’internement (garde en établissement) et de soins (autorisation de soins) voient le jour. Dorénavant, les procédures sont entièrement judiciarisées.
6.4
Droits des clients
Les clients des services de santé mentale disposent des mêmes droits et des mêmes obligations que tout client du système de santé (Ménard, 1998). La LSSSS consacre le droit de tout client de rece voir des services de santé et des services sociaux adéquats sur les plans scientifque, humain et social, avec continuité et de açon personnalisée et sécuritaire (LSSSS, art. 5). Un établissement ne peut donc autoriser un client à partir que si son état de santé permet son retour à la maison ou dans une autre ressource adaptée (LSSSS, art. 14). En soins psychiatriques, tout comme dans les autres sec teurs de la médecine, un établissement de santé ou de services sociaux est tenu de veiller à assurer des services adéquats à ses clients, ou de aire en sorte qu’un autre établissement ore de tels services dans les délais requis (LSSSS art. 101).
6.4.1
Droit de choisir le professionnel ou l’établissement
Tout client a le droit de choisir le proessionnel et l’établissement desquels il recevra des soins ou des services sociaux (LSSSS, art. 6). Exception : Lorsque la vie ou l’intégrité du client est menacée, les services doivent impérativement être ournis (LSSSS, art. 7). Exception : Le droit d’accès aux services et le droit de choisir son établissement de santé restent tribu taires de l’organisation des services et des ressources humaines, matérielles et fnancières disponibles (Lajoie, 1994 ; LSSSS, art. 13). C’est ce qui explique qu’un établissement ne peut être tenu d’orir des services qui ne ont pas partie de son ore de soins, mais qu’il doit, au besoin, orienter les clients vers d’autres établissements (LSSSS, art. 101).
6
Précision : l’infrmière ne peut « reuser de our nir des services proessionnels à une personne en raison de la race, la couleur, le sexe, la grossesse, l’orientation sexuelle, l’état civil, l’âge, la religion, les convictions politiques, la langue, l’ascendance ethnique ou nationale, l’origine ou la condition sociale, le handicap ou l’utilisation d’un moyen pour pallier ce handicap » (Code de déontologie des infrmières et infrmiers, art. 2 (1)). Elle « peut cependant, dans l’intérêt du client, le réérer à une autre infrmière ou un autre infrmier » (Code de déontologie des infrmières et infrmiers, art. 2 (2)). Lorsqu’un client hospitalisé est un membre de la amille de l’infrmière ou tout autre proche, il est préérable que les soins soient donnés par un autre proessionnel, dans l’intérêt du client. Aussi, il peut arriver qu’une infrmière ne soit pas à l’aise avec certains clients ou certaines situations particulières qui vont à l’encontre de ses valeurs. À titre d’exem ples, un homme qui a commis un acte criminel ou une emme qui demeure avec un conjoint violent et ne souhaite pas le quitter. Dans ces situations, l’infr mière peut demander à son supérieur de voir avec ses collègues s’il y a des possibilités, en tenant compte des ressources disponibles, de aire des échanges de tâches et de s’occuper d’autres clients. Si une infrmière est victime de menace ou d’agres sion de la part d’un client, il va de soi que la prise en charge de ce client doit se aire par une autre collègue et que des mesures administratives, clini ques et judiciaires doivent être prises.
6.4.2
Droit d’être accompagné et assisté
Tout client a le droit d’être accompagné et assisté dans ses démarches en vue d’obtenir de l’inormation ou des soins (LSSSS, art. 11). Il s’agit pour l’accom pagnateur de soutenir le client, de l’aider à com prendre les inormations et à exprimer ses volontés, éventuellement de le conseiller. L’accompagnateur
Chapitre 6 Aspects éthiques et légaux de la pratique infrmière en santé mentale et en soins psychiatriques
139
peut être un membre de la amille, un ami, un voisin. C’est le client qui choisit son accompagnateur.
L’accompagnateur ne peut pas prendre de décisions pour le client, contrairement au représentant légal qui est le principal interlocuteur des professionnels de la santé.
Si elle croit que le client en a besoin, l’infrmière peut lui proposer de se aire accompagner. Elle ne peut en aucun cas reuser que l’accompagnateur assiste aux démarches aites par un client pour obtenir de l’in ormation ou des soins, à moins que le comporte ment de ce dernier contrevienne aux règles de conduite de l’établissement ou que l’accompagna teur n’agisse pas dans l’intérêt de l’usager. Précision : L’accompagnateur n’est pas un repré sentant légal et il est important de aire la distinc tion entre les deux. Alors que la personne inapte doit impérativement être représentée par son repré sentant légal dans l’exercice de ses droits (Code civil, art. 15 et 258), n’importe quel client peut choisir de se aire accompagner.
L’accompagnateur ne peut pas prendre de déci sions pour le client, contrairement au représentant légal qui est le principal interlocuteur des proes sionnels de la santé. Si l’accompagnateur nuit, par exemple s’il se met à parler à la place du client, qu’il lui coupe la parole, qu’il empêche l’équipe traitante de donner les inormations requises par l’état du client ou s’il ne comprend pas ce qu’est son rôle d’accompagnateur (p. ex., il peut penser qu’il a la responsabilité de décider à la place du client, et cela peut engendrer beaucoup d’inconort et d’angoisse), l’infrmière peut prendre un temps d’arrêt et amener l’accompagnateur à l’écart. Après avoir obtenu le consentement du client sur le contenu qu’il autorise à dévoiler, l’infrmière explique à l’accompagnateur quel est son rôle, quelles sont les limites de ses interventions ainsi que les conditions particulières de la situation de l’usager, comment il peut l’aider et par quels moyens. Si le comportement inadéquat se poursuit, des mesures administratives pourraient être appliquées par le gestionnaire en place.
6.4.3
Droit d’accès au dossier
Tout client a droit d’accès à son dossier (LSSSS, art. 17) ainsi qu’à l’assistance d’un proessionnel qualifé pour l’aider à en comprendre le contenu (LSSSS, art. 25). Il peut également exiger la rectif cation de tout renseignement inexact ou incomplet apparaissant dans son dossier (Loi sur l’accès aux documents des organismes publics et sur la protec tion des renseignements personnels, art. 89). Sous réserve d’un avis contraire émanant du médecin traitant, les proessionnels, dont les infrmières, doi vent respecter le droit de leurs clients de prendre connaissance de l’inormation contenue au dossier les concernant et, le cas échéant, de la aire corriger (Code des proessions, art. 60.5 et 60.6 ; Loi sur l’ac cès aux documents des organismes publics et sur la protection des renseignements personnels, art. 87.1 ;
140
Partie 1
LSSSS, art. 17). Les avis médicaux et infrmiers ne sont pas sujets à rectifcation.
Tout client peut éga lement demander que son dossier (extrait, résumé ou copie complète) soit transmis dans les plus bres délais à un autre établis sement ou à un autre proessionnel (LSSSS, art. 24). Exception : Le client a moins de 14 ans. Dans ce cas, le droit d’accès à son dossier ne peut être exercé que par le titulaire de l’autorité parentale ou le tuteur, le cas échéant (Loi sur l’accès aux docu ments des organismes publics et sur la protection des renseignements personnels, art. 83 (3) ; LSSSS, art. 17, 20 et 21). Exception : Selon l’avis d’un médecin, la com munication du dossier ou d’une partie de celuici causerait un préjudice grave à la santé du client (LSSSS, art. 17) ; Exception : Le dossier contient des inormations transmises par un tiers (qui n’est pas un proession nel de la santé ni un employé d’un établissement de santé) et la divulgation de cette inormation en permettrait l’identifcation. Il aut alors obtenir son autorisation pour transmettre au client les inorma tions concernées (Loi sur l’accès aux documents des organismes publics et sur la protection des ren seignements personnels, art. 88 ; LSSSS, art. 18).
6.4.4
Droit à la confdentialité du dossier
Toute personne a droit à la confdentialité de son dossier médical. Nul ne peut y avoir accès, à moins que le client n’y ait d’abord consenti (Loi sur l’accès aux documents des organismes publics et sur la protection des renseignements personnels, art. 53 ; LSSSS, art. 19). Depuis quelques années, ce prin cipe connaît des exceptions de plus en plus nom breuses (Paquet, 2010). Exception : Le client a moins de 14 ans. Le titulaire de l’autorité parentale a le droit d’accès au dossier médical (Loi sur l’accès aux documents des orga nismes publics et sur la protection des renseigne ments personnels, art. 83 (3) ; LSSSS, art. 17, 20 et 21). • Dans le cas du client de plus de 14 ans, l’établissement doit obtenir préalablement son consentement et peut décider de refuser l’accès au titulaire de l’autorité parentale s’il détermine que la communication du dossier pourrait lui causer préjudice. • Dans le cas d’un client de moins de 14 ans faisant l’objet d’une intervention du Directeur de la protection de la jeunesse (DPJ), l’établissement doit d’abord consulter le DPJ pour déterminer si la communication du dossier au titulaire de l’autorité parentale pourrait causer préjudice au mineur (LSSSS, art. 21 (1)).
Fondements de la pratique infrmière en santé mentale et en soins psychiatriques
Exception : Le client est inapte. Le tuteur, le cura teur, le mandataire ou toute personne autorisée à consentir aux soins pour un client a droit d’accès à son dossier dans la mesure où les inormations transmises sont nécessaires à l’exercice de son pou voir (LSSSS, art. 22). Exception : L’accès à une évaluation médicale et psychosociale contenue dans le dossier d’un client est permis à toute personne qui atteste sous serment vouloir ouvrir ou réviser un régime de protection ou valider un mandat en prévision de l’inaptitude pour ce client, à condition que cette évaluation conclut à l’inaptitude du client à prendre soin de luimême et à administrer ses biens (LSSSS, art. 22). Exception : Le client est décédé. Les héritiers, les légataires particuliers et les représentants légaux d’un client décédé peuvent, dans certaines circons tances, avoir accès à des inormations du dossier de cette personne, si ces inormations leur permet tent d’exercer leurs droits (LSSSS, art. 23). Exception : Un acte de violence, y compris un suicide, pourrait être évité par la communication d’un ou de plusieurs renseignements contenus dans le dossier d’un client (Code de déontologie des infrmières et infrmiers, art. 31.1 ; Code des proes sions, art. 60.4 ; Loi sur l’accès aux documents des organismes publics et sur la protection des rensei gnements personnels, art. 59.1 ; LSSSS, art. 19.0.1). Exception : À des fns d’étude, d’enseignement ou de recherche, le directeur des services proes sionnels d’un établissement peut autoriser, pour une durée déterminée, un proessionnel de la santé et des services sociaux à avoir accès au dossier (LSSSS, art. 19.2). Exception : Le client est transéré dans un autre établissement. Dans ce cas, un sommaire des ren seignements nécessaires à la prise en charge doit être communiqué dans les 72 heures (LSSSS, art. 19.0.3).
Pour les proessionnels de la santé, l’obtention du consentement et le respect du reus, peu importe les conséquences, est une obligation tant légale que déontologique FIGURE 6.2. Cette obligation in combe parois aux infrmières. Même si le consen tement doit être consigné par écrit dans certaines situations (p. ex., dans les cas d’expérimentation de nouveaux traitements), le ait qu’un consente ment ait été donné par écrit ne constitue pas en soi une preuve de sa validité : le caractère libre et éclairé du consentement doit toujours être validé. 6
Précision : La notion de soins renvoie à « toute espèce d’examens, de prélèvements, de traitements ou d’interventions, de nature médicale, psychologique ou sociale, requis ou non par l’état de santé, phy sique ou mentale. Il couvre également, comme acte pré alable, l’hébergement en établissement de santé lorsque la situation l’exige » (ministère de la Justice, 1993). Précision : Le client a le droit de participer à « toute décision aectant son état de santé et son bienêtre » (LSSSS, art. 10). Précision : Pour le client de moins de 14 ans, le consentement est donné par le titulaire de l’autorité parentale ou le tuteur (Code civil, art. 14). Le consentement d’un seul des parents est sufsant à moins que le proessionnel ait un doute sur le ait que les deux parents soient en accord. Le tribunal peut intervenir si : • les parents ou le tuteur refusent les soins requis par l’état de santé du mineur de façon injustiée ; • les parents ou le tuteur sont dans l’impossibilité de donner leur consentement ; • les soins ne sont pas requis par l’état de santé du mineur et ces soins représentent un risque sérieux pour sa santé ou peuvent lui causer des effets graves et permanents.
Exception : Sur ordre du tribunal ou d’un coro ner, à la demande du commissaire local aux plaintes ou de diérentes instances gouvernementales, un renseignement fgurant au dossier d’un client peut être communiqué (LSSSS, art. 19).
6.4.5
Droits au consentement et au refus de soins
Le droit à l’intégrité est un droit ondamental reconnu par la Charte des droits et libertés de la personne (art. 1) et le Code civil du Québec (art. 10). Les droits au consentement et au reus de soins y sont intimement liés : « Nul ne peut être soumis sans son consentement à des soins, quelle qu’en soit la nature, qu’il s’agisse d’examens, de prélèvements, de traitements ou de toute autre intervention » (Code civil, art. 11 ; LSSSS, art. 9).
FIGURE 6.2 Une personne ne peut être soumise à des soins sans son consentement.
Chapitre 6 Aspects éthiques et légaux de la pratique infrmière en santé mentale et en soins psychiatriques
141
Jugement clinique Salomé Milos est une adolescente âgée de 16 ans. Elle est hospitalisée à l’unité d’anorexie-boulimie d’un centre universitaire en santé mentale. Elle est de nature renermée et communique très peu avec son entourage de açon générale. Sa mère est psychiatre dans une autre institution, et au cours d’une visite aite à sa flle, elle vous demande de consulter son dossier. Devriez-vous accéder à sa demande ? Justifez votre réponse.
Exception : lorsque la vie du client est en danger ou que son intégrité est menacée et que le consentement ne peut être obtenu à temps (Code civil, art. 13). Exception : lorsqu’il s’agit de soins d’urgence ou de soins d’hygiène pour un client inapte (Code civil, art. 16).
Exception : lorsqu’il s’agit d’une mesure de contrôle appliquée en contexte d’intervention non planié (LSSSS, art. 118.1). La liberté du consentement et du reus réère à une décision prise en dehors de toute infuence ou contrainte indue, tant de la part des proessionnels de la santé que des proches du client. Le consente ment et le reus éclairés renvoient directement à l’obligation d’inormer le client de manière à lui permettre de aire un choix (Code de déontologie des inrmières et inrmiers, art. 41 ; LSSSS, art. 8). La divulgation d’inormation se rapporte à la com munication objective de aits, et non à l’expression d’opinions ou de conseils (Kouri & PhilipsNootens, 2005). Néanmoins, l’inrmière peut parois être amenée à donner son avis ou un conseil : dans ce cas, elle doit s’assurer de connaître tous les aits pertinents et de ne pas se contredire ou d’omettre des éléments importants (Code de déontologie des inrmières et inrmiers, art. 15). Précision : Le Code de déontologie des inr mières et inrmiers (art. 40) prévoit que, même dans les cas où elle n’a pas à obtenir de consentement de la part du client, l’inrmière est tenue de lui ournir toute l’inormation nécessaire pour qu’il puisse comprendre les soins ou les traitements qu’elle lui prodigue. L’inormation doit porter sur le diagnostic, la na ture et l’objecti du traitement proposé, les risques, les eets et les bénéces du traitement, la procédure, la conséquence d’un nontraitement et les options thérapeutiques possibles (Ménard, 1993 ; Philips Nootens, LesageJarjoura & Kouri, 2007). Le client doit être en mesure de comprendre et d’évaluer les inormations et de prendre une décision en onction de ses besoins personnels ; l’impossibilité de le aire constitue l’inaptitude à consentir aux soins.
se ait sur la base des réponses aux cinq questions suivantes : 1. La personne comprendelle la nature de la mala die pour laquelle un traitement lui est proposé ? 2. La personne comprendelle la nature et le but du traitement ? 3. La personne comprendelle les risques associés à ce traitement ? 4. La personne comprendelle les risques si elle ne reçoit pas le traitement ? 5. La maladie de la personne aecteelle sa capacité à consentir ? (Institut Philippe Pinel c. A.G.) Précision : Lorsque l’inaptitude à consentir aux soins est constatée par un médecin, le consente ment est donné par le mandataire, le tuteur ou le curateur ou, si la personne n’est pas ainsi représen tée, par le conjoint ou, à déaut, par un proche parent ou une personne qui démontre un intérêt particulier pour le client (Code civil, art. 15). Dans la mesure du possible cependant, la volonté expri mée par le client doit être au mieux respectée, du moins prise en compte (Code civil, art. 12). Pour l’inrmière, comme pour les autres proes sionnels de la santé, cela veut dire qu’elle s’assure que le client sous sa charge est capable de recevoir et de comprendre l’inormation et qu’il est en mesure d’exprimer sa volonté. Par exemple, un psy chiatre ordonne l’administration d’une injection de médicament neuroleptique à longue action à un client qui est dans une phase psychotique, très ambivalent et dans un état quasi catatonique. Lorsque l’inrmière s’apprête à lui donner l’injec tion, le client, sans exprimer verbalement un reus, la regarde avec des yeux apeurés, comme s’il croyait que celleci allait lui aire du mal. Dans une telle situation, l’inrmière peut déduire que le client ne comprend pas la nature du traitement et soumet ses observations au médecin. Même si l’inrmière n’a pas la responsabilité d’établir l’inaptitude à consen tir aux soins, qui incombe aux médecins, elle pro cède à l’évaluation de l’état de santé et collige ses observations. L’obligation d’évaluer l’aptitude à consentir aux soins revient aux proessionnels de la santé en tout temps, et non seulement lorsque les clients reusent les traitements.
Le concept d’aptitude à consentir aux soins ait l’objet de débats depuis de nombreuses années. L’évaluation de l’aptitude à consentir aux soins Le consentement aux soins étant un processus dépend directement de la compréhension par le continu, la détermination de l’aptitude l’est éga client des inormations que lui donnent les proes lement. L’aptitude à consentir aux soins doit sionnels de la santé, d’une part, et de sa capacité à donc être évaluée chaque ois qu’une personne exprimer un consentement jugé valable, d’autre reçoit un soin, et s’évalue en onction de la capa part. Or, on sait que « les limites de la compréhen cité du client de com sion, l’inattention, la dis traction, la peur, l’anxiété, prendre les inormations L’aptitude à consentir aux soins doit être le selective hearing, les données, de prendre une évaluée chaque fois qu’une personne eets de la maladie et de la décision et de l’exprimer. reçoit un soin. médication » constituent des L’évaluation de l’aptitude
142
Partie 1
Fondements de la pratique infrmière en santé mentale et en soins psychiatriques
obstacles majeurs à la bonne assimilation de l’inor mation (PhilipsNootens et al., 2007). De même, la orme et la nature d’un consentement valable n’ont jamais été clairement établies : Doitil être explicite et ormel ou simplement implicite ? Doitil être écrit ou oral ? Certaines recherches tendent à démontrer que l’aptitude est souvent déduite du consentement ou de la passivité (Corbeil, 1997). L’inaptitude à consentir aux soins ne doit pas être conondue avec l’incapacité à subir son pro cès, ou encore l’inaptitude à gérer ses biens ou à s’occuper de sa personne. Le ait d’être sous garde en établissement ou sous régime de protection ou encore celui d’avoir été déclaré inapte à subir son procès ou irresponsable pour cause de troubles mentaux n’ont aucun eet sur l’aptitude à con sentir aux soins et ne dispensent en aucun cas les proessionnels d’obtenir un consentement libre et éclairé. L’aptitude à consentir aux soins doit être présu mée chez tous les clients, peu importe leurs dia gnostics ou leur situation légale (Code civil, art. 4 ; Institut PhilippePinel de Montréal c. Blais). Par exemple, bien qu’il soit reconnu que l’aptitude à consentir aux soins d’un client en psychose puisse être altérée, la détermination de cette capacité ne peut simplement reposer sur sa situation clinique. Un client qui est hospitalisé en phase maniaque de sa maladie bipolaire peut reuser toute visite de la part de son épouse et ses enants qui l’ont con vaincu de se aire hospitaliser, mais être considéré comme apte à consentir à son traitement. Autre exemple : Une cliente en dépression postpartum est admise à l’unité de soins psychiatriques après avoir révélé des idées homicidaires envers son enant peut être apte à consentir à des traitements de sismothérapie (électrochocs) à la suite d’échecs répétés de traitement avec des antidépresseurs. Même dans le cas où l’évaluation a déjà démontré que le client était inapte, il aut en reaire la véri fcation systématiquement au moment des soins. Dans certains cas, la qualité de l’aptitude à consen tir varie plusieurs ois par jour. Dans d’autres cas, elle se stabilise. Dans le cas où un client est inapte de açon continue (mais pas orcément de açon permanente), son médecin pourra décider de aire une demande d’autorisation de soins pour lui, si les soins sont requis par l’état de santé du client et que l’usager oppose un reus catégorique même si son représentant légal donne son consentement.
6.5
Autorisation de soins
L’autorisation de soins est une procédure judiciaire qui permet d’imposer des soins requis par l’état de santé d’un mineur ou d’un majeur inapte à consentir aux soins dans deux types de situations: 1) en cas de
Jugement clinique
reus injustifé du représentant légal, ou encore d’une Corine De Belleeuille est âgée de 19 ans. Elle vit dans absence prolongée de celui un centre d’accueil pour personnes ayant une défcience ci ayant pour conséquence intellectuelle. Vous la recevez au service d’endoscopie, l’impossibilité de donner car elle doit subir une coloscopie courte. Elle est accomle consentement (p. ex., le pagnée d’une préposée aux bénéfciaires de son centre. client qui est en état de cata Corine est incapable de parler, mais elle sait écrire. Elle tonie depuis plusieurs jours, exécute machinalement tout ce que la préposée lui dit. ne s’alimente et ne s’hydrate Cette dernière vous convainc que Corine comprend pas, dont le représentant l’examen qu’elle va subir, car ce n’est pas la première légal reuse qu’un antipsy ois qu’elle y est soumise. chotique injectable lui soit Devriez-vous aire signer le consentement à l’examen administré pour tenter de le par Corine ou par la préposée ? Justifez votre réponse. ramener à la réalité) ; 2) pour le majeur inapte seulement, en cas de reus catégorique (Code civil, art. 16). Cette autorisation judiciaire est Représentant légal : Personne nommée pour agir au nécessaire avant d’administrer les traitements et elle nom d’une personne inapte, en peut être obtenue urgemment. respectant ses droits, son autoL’infrmière ne peut pas orcer l’administration nomie et sa vie privée. d’un traitement « en attendant » d’obtenir l’autori sation de soins, à moins qu’il ne s’agisse d’un cas d’urgence. Par exemple, elle ne dissimulera pas de médicament dans la nourriture d’un client pas plus qu’elle ne lui présentera un antipsychotique en pré tendant qu’il s’agit de vitamines. De la même açon, lorsqu’elle administre en urgence un traitement à un client, elle ne doit pas profter de l’occasion pour lui administrer en même temps un traitement à longue action. Un exemple de situation typique : un client est complètement désorganisé et, parce qu’il risque de se blesser et menace l’intégrité d’autrui, l’infr mière utilise la orce jugée nécessaire pour le contraindre à recevoir une injection de courte durée d’Haldolmd et d’Ativanmd qu’il reuse. Par ailleurs, le médecin demande qu’une injection de Clopixolmd dépôt, dont la durée d’action est de quelques se maines, lui soit aussi administrée dans le but de réduire les périodes d’agressivité jusqu’à l’obtention de l’autorisation de soins. L’infrmière ne peut que donner l’Haldolmd et l’Ativanmd, car le traitement doit permettre seulement de pallier la situation d’urgence. L’injection orcée du Clopixolmd dépôt outrepasse les pouvoirs des proessionnels de la santé et les expose à des plaintes ou des poursuites. Précision : Le reus du représentant légal d’un mineur de moins de 14 ans ou d’un majeur inapte est injustifé lorsque les soins, requis par l’état de santé, sont reusés sans explications valables. Précision : L’inaptitude à consentir aux soins d’un client ne permet pas de lui administrer un traitement sans consentement : il aut systématique ment obtenir le consentement de son représentant légal ou de la personne autorisée à consentir pour lui, ou encore une autorisation judiciaire de soins le cas échéant. Pour qu’une autorisation de soins soit prononcée par un juge de la Cour supérieure, il aut que des
Chapitre 6 Aspects éthiques et légaux de la pratique infrmière en santé mentale et en soins psychiatriques
143
6
traitements spécifques soient précisés et que le ait de ne pas les administrer ait des conséquences pour le client. Autrement dit, le ait que le client soit mineur ou inapte à consentir aux soins n’est pas sufsant pour passer outre au consentement de son représentant ou au sien.
ressources externes relevant des établissements pour une partie ou la totalité de la durée de l’autorisation de soins. Même dans le cas où le client sous autori sation de soins ait l’objet d’un hébergement contre son gré, il ne s’agit pas d’une mesure visant à inter venir en raison de la présence de dangerosité.
Le tribunal, après avoir constaté l’inaptitude du client le cas échéant, soupèse, dans le contexte particulier de ce client, les eets du traitement à court, moyen et long terme, ainsi que les risques anticipés par rapport aux bénéfces potentiels. Les risques ne doivent en aucun cas surpasser les avantages (Bernheim, 2011).
6.6
Précision : Un client apte peut reuser n’importe quel soin, peu importe les conséquences, y compris la mort. Sa volonté prime toujours. Dans le cas d’un client inapte (Nancy B. c. Hôtel Dieu de Québec, [1992] R.J.Q. 361), bien que sa volonté doit être dans la mesure du possible respectée, le principe de base est celui de la prise de décisions dans son meilleur intérêt (Code civil, art. 12). Si des soins sont nécessaires, ils doivent donc être ournis. L’autorisation de soins n’est pas une mesure d’in ternement, mais elle peut parois permettre d’hospi taliser un client contre son gré si l’hospitalisation acilite l’administration du traitement. L’autorisation est généralement accordée pour quelques années (de deux à cinq ans selon les cas) et pour des traitements précis. C’est la seule procédure qui permet de soigner un client contre son gré. Les clients peuvent deman der l’intervention du tribunal pour aire valoir leurs droits et doivent être encouragés à le aire. Ils ont droit à la représentation par un avocat et peuvent produire des témoins. Dans le cas des clients hospi talisés, le personnel hospitalier doit leur permettre de communiquer avec leur avocat et de recevoir sa visite en toute confdentialité. Les clients peuvent interjeter appel de l’autorisation de soins devant la Cour d’appel du Québec. Aucune procédure de révi sion automatique n’est cependant prévue. Les clients qui ont l’objet d’une autorisation de soins sont obligés de recevoir les traitements prévus par l’autorisation judiciaire. Par exemple, une auto risation de soins pour un client peut consister en l’obligation de recevoir une injection de neurolep tique toutes les quatre semaines. Les traitements peuvent être dispensés à domicile ou en clinique externe. Si le client ne se présente pas à ses rendez vous ou reuse de recevoir ses injections, il pourra être amené au centre hospitalier par les services de police, à la demande de l’équipe soignante. Il rece vra son traitement en établissement de santé et, si l’hébergement apparaît comme une mesure acili tant la prise du traitement, il pourra également aire l’objet d’une hospitalisation contre son gré. Lorsque le milieu de vie des clients n’est pas adé quat pour la mise en place des traitements, les clients peuvent être hospitalisés ou placés dans des
144
Partie 1
Gardes préventive, provisoire et en établissement
Les diérentes mesures de garde permettent de gar der une personne dans un établissement de santé et de services sociaux contre sa volonté. Ces mesures sont exceptionnelles et ne doivent être utili sées qu’en dernier recours. Ainsi, les diérents inter venants – policiers, intervenants d’un centre de crise, ambulanciers – doivent tenter d’obtenir le consen tement du client avant de le conduire dans un éta blissement. C’est uniquement dans la mesure où le danger est grave et immédiat qu’ils peuvent emme ner le client contre son gré sans une ordonnance du tribunal (Loi sur la protection des personnes dont l’état mental présente un danger pour elles mêmes ou pour autrui [LPPEM], art. 8). Les diérentes gardes sont des mesures d’excep tion qui permettent de garder une personne dans un établissement de santé ou de services sociaux contre sa volonté. Il existe trois sortes de garde : la garde préventive, la garde provisoire et la garde en établissement. Les deux premières sortes de garde se rapportent à la procédure d’admission ou d’évaluation, alors que la troisième constitue un internement psychiatrique, pour une période déf nie, ordonné par un juge de la Cour du Québec. Malgré l’atteinte importante aux droits onda mentaux des clients mis sous garde, rien n’est prévu dans la loi en termes d’accompagnement ou de soutien. Pourtant, au cours des consultations sur le projet de loi menant à la réorme de l’internement dans les années 1990, l’OIIQ et le Barreau du Québec avaient recommandé l’instauration de mesures de cet ordre, soulignant entre autres les difcultés liées à l’analphabétisme de plusieurs clients (Bernheim, 2011).
6.6.1
Garde préventive
La garde préventive est une mesure exceptionnelle permettant à un établissement de garder une per sonne contre son gré pour une période maximale de 72 heures, à la condition que cette personne pré sente un danger grave et immédiat pour ellemême ou pour autrui (LPPEM, art. 7). La mise sous garde préventive ne nécessite l’intervention ni du tribunal, ni d’aucune autre instance, ni même celle d’un psy chiatre, puisque l’avis d’un médecin généraliste suft.
Fondements de la pratique infrmière en santé mentale et en soins psychiatriques
Les policiers peuvent (Code civil, art. 27). Cette La garde préventive est uniquement un évaluation consiste en amener un client, contre arrêt d’agir. Autrement dit, il s’agit uni deux examens psychiatri son gré, dans un établisse quement d’empêcher le client de passer ques qui doivent être aits ment de santé à la de à l’acte. par des psychiatres, à mande d’un intervenant de moins qu’il soit impossible centre de crise ou d’une personne comme un titulaire de l’autorité parentale, d’obtenir leurs services. Dans un tel cas, des méde un tuteur, un conjoint, un proche parent ou toute cins généralistes pourront procéder à l’évaluation personne démontrant un intérêt particulier pour le (LPPEM, art. 2). Si un de ces deux examens conclut client (LPPEM, art. 8). Bien souvent, les policiers à l’absence de dangerosité, la personne doit être contactent d’avance l’établissement pour prévenir immédiatement relâchée (Code civil, art. 28). Si la du ait qu’ils emmènent un client potentiellement dangerosité est établie, l’établissement pourra dangereux, ce qui permet à l’équipe de l’urgence de ensuite déposer une requête pour garde en établis se préparer. Lorsqu’un tel client est amené à l’ur sement (Code civil, art. 30). gence, l’établissement de santé doit le prendre en La garde provisoire peut être demandée par un charge dès son arrivée (LPPEM, art. 8). L’infrmière établissement de santé ou par un intéressé et permet reçoit le client et évalue s’il a besoin de soins d’ur aux policiers et aux ambulanciers d’amener un gence et si le risque suicidaire ou hétéroagressi client contre son gré dans un établissement de justife la mise en place d’une surveillance étroite. santé. La durée de la garde provisoire peut varier Le client doit impérativement être vu par un méde selon que l’usager était ou non d’abord sous garde cin urgentologue ou généraliste qui devra constater préventive, mais ne peut durer plus de sept jours la dangerosité grave et immédiate justifant la mise (Code civil, art. 29). en garde préventive du client contre son gré. Dans le cas d’un client aisant déjà l’objet d’une La garde préventive est uniquement un arrêt garde préventive, le client étant déjà maintenu d’agir. Autrement dit, il s’agit uniquement d’empê dans un établissement, le premier examen psy cher le client de passer à l’acte. Elle ne permet en chiatrique doit être ait dans les 24 heures suivant aucun cas de traiter un client contre son gré, ni l’ordonnance de garde provisoire FIGURE 6.3. Si même de lui imposer un examen clinique psychia cet examen conclut à la présence de dangerosité, trique. Dans la mesure où l’établissement de santé le second examen doit être ait par un autre psy voudrait le garder plus longuement et l’évaluer en chiatre dans les 24 heures suivant l’ordonnance vue de déposer une requête pour garde en établis (Code civil, art. 28). sement, il devrait déposer au tribunal une requête Dans le cas d’un client admis sous garde provi pour garde provisoire. soire, le client n’étant pas sous garde préventive, Précision : Le danger grave et immédiat signife les délais commencent à courir lorsqu’il arrive dans que le client semble sur le point de poser des gestes l’établissement de santé FIGURE 6.4. Le premier auto ou hétéroagressis. Il n’est pas orcément passé examen doit être ait dans les 24 heures de la prise à l’acte, mais des aits, comme ses propos ou son en charge par l’établissement. Si cet examen conclut comportement, laissent croire en cette possibilité à la présence de dangerosité, le second examen doit à très court terme. Par exemple, il peut s’agir de avoir lieu dans les 96 heures de la prise en charge menaces de mort, d’agression ou de sévices contre (Code civil, art. 28). autrui, de menaces de se suicider ou encore d’un état de très grande vulnérabilité documentée (dé lires paranoïdes, nudité, etc.). Précision : Le ait d’entendre des voix, l’itiné rance, l’isolement, les altercations avec les pro ches, etc. ne représentent pas une orme de danger grave et imminent. Le danger doit être circonscrit par des aits, et non des impressions ou des déduc tions. L’infrmière peut aussi tenir compte des antécédents de violence du client, dans la mesure où ces antécédents peuvent être prédictibles de violence uture.
6.6.2
Garde provisoire
La garde provisoire est ordonnée par le tribunal dans le but de soumettre une personne à une éva luation psychiatrique afn de déterminer si elle est dangereuse ou non en raison de son état mental
Mise sous garde préventive art. 7 (1) LPPEM
24 h après le premier examen psychiatrique ou 48 h après l’ordonnance : 2e examen psychiatrique art. 28 (2) C.c.Q.
72 h après la mise sous garde préventive : requête pour évaluation psychiatrique art. 27 C.c.Q.
6
24 h après l’ordonnance : 1er examen psychiatrique art. 28 (1) C.c.Q.
48 h après le dernier examen psychiatrique : requête pour garde en établissement art. 30 C.c.Q.
FIGURE 6.3
Séquence d’intervention depuis la garde préventive jusqu’à la garde en établissement
Chapitre 6 Aspects éthiques et légaux de la pratique infrmière en santé mentale et en soins psychiatriques
145
Ordonnance d’examen psychiatrique art. 27 C.c.Q.
Dans les 24 h de la prise en charge par l’établissement : 1er examen psychiatrique art. 28 (1) C.c.Q.
Si le 1er examen conclut à la nécessité de garder la personne : 2e examen psychiatrique dans les 96 h de la prise en charge par l’établissement
Si le 2e examen conclut à la nécessité de la garde : requête pour la garde en établissement au plus 48 h après le 2e examen psychiatrique
art. 28 (2) C.c.Q.
art. 28 (2) C.c.Q.
FIGURE 6.4 Séquence d’intervention depuis la garde provisoire jusqu’à la garde en établissement
6.6.3
Garde en établissement
La garde en établissement ne peut être ordonnée qu’en raison d’une dangerosité en lien avec l’état mental. Cette dangerosité doit être importante ou « clairement envisageable dans le présent ou dans un avenir rapproché » et être établie par les deux rapports psychiatriques préparés durant la garde provisoire. Par exemple, un usager a ait une tenta tive de suicide et demeure, à l’évaluation, à haut risque de suicide, et il reuse la prolongation de l’hospitalisation. Autre exemple : un usager dans un état psychotique aigu, avec délire paranoïde, est convaincu que son voisin lui veut du mal et que la seule solution est de l’éliminer, et il reuse le main tien en centre hospitalier durant la crise. Précision : le danger important ou clairement envisageable dans le présent ou un avenir rappro ché ait réérence au ait que l’état mental de la personne la met ou met autrui en danger de açon évidente à court ou moyen terme. Cette dangerosité doit être documentée par des aits avérés et toucher à la protection de l’intégrité de la personne ou des tiers. Le client n’est donc pas passé à l’acte, mais ses propos et son comportement laissent penser que ce soit possible à court ou moyen terme. Précision : le reus de soins ne constitue en aucun cas un danger à lui seul. Pour ordonner une garde en établissement, un juge doit avoir des motis sérieux de croire que la personne est dangereuse et que sa garde est néces saire (Code civil, art. 30 (2)). La durée de cette garde, fxée par le tribunal (Code civil, art. 30.1 (1)) est généralement de 21 jours à 6 mois. Peu importe la durée fxée par le tribunal, la nécessité de la garde doit automatiquement être réé valuée, au moyen d’un examen clinique psychia trique au 21e jour à compter de la décision prise par le tribunal et par la suite, tous les 3 mois (LPPEM, art. 10). Si l’un ou l’autre de ces examens conclut
146
Partie 1
que la garde n’est plus nécessaire, la garde prend fn automatiquement, peu importe le terme prévu par la décision judiciaire initiale (Code civil, art. 30.1 (2)). Dans la pratique, lorsque l’examen conclut à la présence de dangerosité et à la nécessité de pour suivre la garde en établissement, un second examen psychiatrique doit être ait pour porter une nouvelle requête pour garde en établissement devant un juge de la Cour du Québec (Code civil, art. 30.1 (3)). Les clients peuvent aller au tribunal aire valoir leurs droits. Ils ont droit à la représentation par avocat et ils peuvent produire des témoins. Le per sonnel hospitalier doit permettre aux clients de communiquer et de recevoir seul à seul les per sonnes de leur choix, et notamment leur avocat, en toute confdentialité, sau indication contraire de la part du médecin (LPPEM, art. 17). Les clients peuvent aire appel de l’ordonnance judiciaire de garde en établissement devant la Cour d’appel du Québec sur des points de droit ou de aits. S’ils pensent pouvoir démontrer que leur garde n’est plus nécessaire, ils peuvent également aire une demande de révision au Tribunal administrati du Québec (TAQ). Alors que l’appel porte sur la déci sion rendue par le tribunal, la révision sert à recon sidérer la nécessité de la garde en établissement à la lumière de l’évolution de l’état du client.
6.6.4
Droits des clients sous garde
Les clients placés sous garde conservent tous les droits des clients du système de santé, hormis le droit à la liberté : ils conservent en eet leur droit à consentir et à reuser des soins (excepté pour les examens psychiatriques ordonnés par la Cour), à participer aux décisions les concernant, au choix du proessionnel et de l’établissement desquels ils reçoivent des soins. Concernant le choix du proessionnel et de l’établissement, les clients sous garde en établissement peuvent aire une demande de transert d’établissement, sous certaines conditions comme la disponibilité des ressources (LPPEM, art. 11). Certains droits sont expressément prévus pour protéger les clients placés sous garde. Il s’agit notamment du droit à la communication confden tielle, notamment avec son représentant légal, son avocat, le Curateur public ou le Tribunal adminis trati (LPPEM, art. 17 (3)), et du droit à l’inormation sur le lieu, le moti de la garde et sur le droit de communiquer immédiatement avec ses proches et un avocat (LPPEM, art. 14 et 15). Cette inormation doit être communiquée par les policiers au moment d’amener le client contre son gré à l’établissement ou par le personnel de l’établissement dès la prise en charge (LPPEM, art. 14 et 15). L’inormation sur l’ensemble des droits n’est transmise, par écrit, qu’après l’obtention de l’ordonnance de garde en établissement (LPPEM, art. 16). Le droit internatio nal reconnaît pourtant depuis longtemps
Fondements de la pratique infrmière en santé mentale et en soins psychiatriques
l’importance pour les clients d’être inormés de leurs droits dès leur admission, dans un langage qu’ils peuvent comprendre (Bernheim, 2009 ; Organisation des Nations Unies, 1991). En 2011, deux rapports ont ait état d’une situa tion préoccupante dans les établissements de santé québécois appliquant les mesures de garde en éta blissement (Direction de la santé mentale du ministère de la Santé et des Services sociaux, 2011 ; Protecteur du citoyen, 2011). Les situations sui vantes ont été notamment rapportées : l’absence de dénition claire du critère de dangerosité, des atteintes aux principes de l’inormation, du consen tement et de la condentialité ainsi que le ait que des clients ont été gardés de manière abusive ou illégale. La proportion de personnes présentes à leur audience au tribunal est également aible (Goulet, 2007).
6.7
Mesures de contrôle
L’utilisation de la orce, de l’isolement, de tous moyens mécaniques ou de toutes substances chi miques comme moyen de contrôler physiquement un client constituent des mesures de contrôle ENCADRÉ 6.1. Ces mesures ne peuvent être appli quées que pour empêcher un client de s’infiger ou d’infiger à autrui des lésions. Son utilisation doit être minimale et exceptionnelle, et elle doit tenir compte de l’état physique et mental du client. Les mesures de contrôle doivent être utilisées en der nier recours, l’objecti ultime étant leur réduction, voire leur élimination.
ENCADRÉ 6.1
Principes généraux d’utilisation des mesures de contrôle
Toute mesure de contrôle : 1. doit être envisagée comme une mesure d’exception ne s’appliquant qu’à la personne dont les comportements sont susceptibles de mettre sa santé, sa sécurité ou celles d’autrui en danger immédiat, dans le respect de la personne, de sa liberté de mouvement, de son autonomie et de sa dignité, et uniquement lorsque les autres moyens ont échoué (dernier recours); 2. requiert une évaluation clinique initiale et continue afn de déterminer la nature du problème et son étiologie, les interventions infrmières requises, les mesures de remplacement les plus appropriées, les mesures de contention envisagées (si elles sont justifées) ainsi que les modifcations à apporter au plan de soins et de traitements infrmiers, s’il y a lieu ; 3. est ondée sur une approche individualisée dans un contexte interdisciplinaire ;
4. doit toujours viser un objecti thérapeutique et ne jamais être une mesure punitive; 5. requiert le consentement libre et éclairé de la personne ou de son représentant légal, sau en situation d’intervention non planifée ; 6. constitue une mesure dont la durée d’application est limitée au temps minimal indispensable et dont la pertinence est réévaluée de açon continue; 7. doit toujours être optimale sans être excessive, de manière à ne pas brimer inutilement la liberté ni compromettre la sécurité de la personne ou d’autrui ; 8. exige une surveillance dont les modalités sont déterminées selon la condition du client et le protocole d’application; 9. doit être balisée par des procédures et évaluée aux fns de conormité du protocole d’application.
Source : Adapté de OIIQ (2003)
6.7.1
Isolement, contentions et substances chimiques
En onction des actes réservés aux diérentes pro essions, la décision d’utiliser la contention peut être prise par l’inrmière (Loi sur les inrmières et les inrmiers, art. 36 (14)), alors que celle d’imposer une substance chimique doit être ordonnée par un médecin. Une ois la décision prise par l’inrmière, les mesures de contention peuvent cependant être appliquées « par les membres de l’équipe de soins, en conormité avec le PTI [plan thérapeutique inr mier] établi », conormément aux lignes directrices (OIIQ, 2012) .
Par exemple, un client est amené par les poli ciers à l’urgence d’un centre hospitalier après que ce dernier ait rappé un proche. Il est de toute évidence intoxiqué et demeure agressi à son arri vée, malgré les interventions de l’équipe de soins, et tente même de rapper le personnel. Ce client pourrait aire l’objet de mesures de contrôle pen dant le temps minimal nécessaire pour qu’il se 6.7.2 Règles d’application calme. Au besoin, et selon l’évaluation médicale, La mesure de contrôle appliquée doit être la moins une contention chimique pourrait aussi lui être contraignante pour le client, et doit aire l’objet administrée pour l’aider à reprendre la maîtrise d’une supervision attentive (MSSS, 2002). Il est de luimême. Une surveillance accrue doit être important pour l’inrmière de connaître les prin mise en place à ce moment an d’assurer des soins cipes qui encadrent la pratique exceptionnelle de sécuritaires. Par exemple, la mise sous contention l’utilisation des mesures de contrôle, soit les des clients atteints de problèmes cardiaques peut normes de pratique clinique, les orientations minis être à risque ou la mise en isolement d’une per térielles, le protocole d’application des mesures sonne suicidaire nécessite d’assurer une sur adopté par l’établissement et les règles de soins veillance étroite de la personne. Les établissements applicables. Ces principes touchent l’évaluation ont l’obligation d’adopter de l’état de santé de la per un protocole d’utilisation sonne, le jugement clini Les mesures de contrôle doivent être utili des mesures de contrôle et que à poser, l’analyse des sées en dernier recours, l’objectif ultime d’en surveiller l’applica eets indésirables et des étant leur réduction, voire leur élimination. tion (LSSSS, art. 118.1). avantages, l’obtention du
Visionnez la vidéo Application de mesures de contrôle au http://fortinash.cheneliere.ca.
Chapitre 6 Aspects éthiques et légaux de la pratique infrmière en santé mentale et en soins psychiatriques
147
6
consentement éclairé et sa consignation au dossier, la détermination et la consignation des données pertinentes dans le plan thérapeutique, l’évalua tion des mesures de remplacement, la réévaluation régulière de la situation et la consultation d’autres proessionnels de la santé. L’utilisation des mesures de contrôle doit être docu mentée, et l’infrmière notera dans le dossier tous les événements ayant mené à leur application, et notam ment « la description des moyens utilisés, la période pendant laquelle ils ont été utilisés et une description du comportement qui a motivé la prise ou le maintien de cette mesure » (LSSSS, art. 118.1 (2)).
6.7.3
Intervention planifée et intervention non planifée
Les mesures de contrôle peuvent être appliquées dans deux contextes diérents : celui de l’interven tion planifée et celui de l’intervention non plani fée ENCADRÉ 6.2. Dans le contexte de l’intervention planifée, la situation de risque est prévisible et a ait l’objet de discussions avec le client, et les mesures de contrôle ont été convenues à l’avance dans le PTI. Lorsque les acteurs de risque sont présents et que le client y consent, les mesures pourraient être appliquées pour prévenir des gestes d’autodestruction. Par exemple, une personne âgée reconnue inapte qui a des dif cultés à se mobiliser, qui se lève toutes les nuits sans demander de l’aide malgré le risque de chute évalué comme étant élevé et qui, de surcroît, s’est racturé une hanche il y a quelques mois pourrait aire l’objet ENCADRÉ 6.2
Comparaison des situations d’intervention planifées et non planifées
PRÉVISIBILITÉ DE LA SITUATION
• Intervention planifée: oui • Intervention non planifée : non MESURES DE CONTRÔLE PRÉVUES DANS LE PLAN DE SERVICES
• Intervention planifée: oui • Intervention non planifée : non CONSENTEMENT OBTENU
• Intervention planifée: oui • Intervention non planifée : non EXEMPLES
• Intervention planifée: Un client qui, en période de stress, a des tendances à l’automutilation pourrait aire l’objet de mesures de contrôle planifées dans son plan de soins. Source : Adapté de MSSS (2002)
148
Partie 1
• Intervention non planifée: Un client a été amené à l’urgence durant la fn de semaine. Il a cessé son médicament Clozarilmd depuis plus de 48 heures. Le client a collaboré à cet accompagnement. L’intervenant soupçonne que le client a repris sa consommation de cannabis, car il tient des propos paranoïdes, qui sont des signes précurseurs de désorganisation chez ce client. Durant l’attente pour voir le psychiatre, le client s’impatiente. Il prend au col l’intervenant et ne le lâche pas. L’équipe de soins en place ait un appel d’urgence à l’équipe de code blanc. Le client est maîtrisé et amené dans la salle d’isolement. Le psychiatre doit évaluer le client afn que ce dernier soit l’objet de mesures de contrôle le moins longtemps possible.
de mesures de contrôle avec l’accord de son repré sentant légal. Il pourrait s’agir d’une contention fxée à la taille et au lit pour la durée de la nuit. Dans ce cas, le client, ou son représentant légal, doit avoir expressément consenti à l’application des mesures. Par exemple, le client est connu du milieu de soins et a déjà présenté un état de désorganisation mettant en danger sa santé, sa sécurité ou celles d’autrui. Le personnel lui explique la nature des comportements qui ne seront pas tolérés ainsi que la chaîne des inter ventions applicables jusqu’aux mesures de contrôle. Le client les comprend et accepte à l’avance l’utili sation des mesures de contrôle dans le cas où la situation se présenterait. Précision : L’existence d’un danger prévisible conjuguée au reus du client de consentir à l’appli cation des mesures de contrôle ne correspond pas à un contexte d’intervention planifée. Le contexte d’intervention non planifée survient quand un client a un comportement inhabituel et que l’utilisation des mesures de contrôle n’est pas prévue dans son PTI. Par exemple, un client qui est hospitalisé à l’unité interne de psychiatrie pour une dépression majeure tente de se pendre dans la salle de bain de sa chambre. Il sera installé dans la salle d’isolement pour sa sécurité jusqu’à l’arrivée d’un membre du personnel supplémentaire, qui aura pour tâche de le surveiller constamment jusqu’à son évaluation avec le psychiatre afn que le plan de soins soit ajusté en équipe interdisciplinaire avec le personnel infrmier en place. Dans ce cas, le risque et l’urgence de la situation justifent le ait d’intervenir sans le consentement du client. Précision : Les mesures de contrôle ne peuvent en aucun cas être utilisées pour orcer un client à prendre une médication contre son gré. Les mêmes principes doivent guider la décision dans les deux cas (MSSS, 2002).
6.8
Protection des personnes inaptes
Le terme inaptitude est employé dans diérents contextes légaux. Il peut désigner : 1) l’incapacité de prendre soin de soimême ou d’administrer ses biens (inaptitude générale) ; 2) l’incapacité de com prendre les inormations sur la maladie et les soins et de prendre une décision (inaptitude à consentir aux soins) ; 3) l’incapacité de comprendre la nature et l’objet des poursuites et leurs conséquences ainsi que d’assumer sa déense ou de donner des instructions à son avocat pour un procès (inapti tude à subir un procès) ; 4) la nonresponsabilité criminelle, au moment d’un délit, en raison de troubles mentaux. Ces diérentes ormes d’inap titude requièrent un type d’évaluation distinct.
Fondements de la pratique infrmière en santé mentale et en soins psychiatriques
La maladie mentale n’est l’aide. C’est ainsi que le per La maladie mentale n’est pas la seule pas la seule cause d’inapti sonnel a pris connaissance cause d’inaptitude. tude. Les causes de l’inap de la situation. Par ailleurs, titude sont notamment la la mère reuse de quitter déicience intellectuelle, la maladie mentale, son ls et se sent coupable de la dénonciation. Le ls dégénérative ou organique, un traumatisme cranio est repentant, mais recommencera. Dans cette situa cérébral et une altération des acultés mentales ou de tion, la mère n’est pas inapte dans toutes les sphères l’aptitude physique à exprimer sa volonté due à l’âge de sa vie puisqu’elle possède un certain onctionne (Curateur public du Québec, 2011). ment dont il est touteois possible de prédire la déchéance à cause de la démence qui s’installe, mais elle a un besoin évident de protection. 6.8.1 Mesures de protection L’inaptitude légale d’une personne, donc son inca pacité à prendre soin d’ellemême ou administrer ses biens, et son besoin de protection doivent être démontrés par des évaluations médicales et psy chosociales (Code civil, art. 270). Le tribunal doit également donner au majeur l’occasion d’être entendu, personnellement ou par représentant si son état de santé le requiert (Code civil, art. 276). C’est pourquoi un médecin (généraliste ou spécia liste) ait une évaluation médicale et un proession nel de la santé (souvent un travailleur social) procède à une évaluation psychosociale. L’év aluation médicale (antécédents médicaux, symptômes, diagnostic) apporte des précisions sur l’état de santé de la personne, la cause, le degré et la durée prévisible de son inaptitude, alors que l’évaluation psychosociale permet de déterminer l’autonomie de la personne et son besoin de pro tection (Curateur public du Québec, 2011). Au Québec, il existe des mesures spéciques pour protéger les personnes jugées inaptes. Ce sont les régimes de protection, mis en place par décision judi ciaire uniquement, qui visent à assurer le bienêtre des personnes inaptes, l’administration de leurs biens, de même que l’exercice de leurs droits TABLEAU 6.4. Un tuteur ou un curateur à la personne a comme mandat de prendre soin d’une personne inapte. Ce représentant légal peut être un parent ou un proche, ou, à déaut, le Curateur public. C’est dans ce cadre qu’un représentant de la personne inapte peut être amené à rencontrer l’équipe soignante et à consentir aux soins pour elle. Touteois, ce n’est pas parce qu’une personne est sous un régime de tutelle qu’elle est nécessairement inapte à consentir à ses soins. Dans tous les cas, la personne qui prend une décision pour une personne inapte doit le aire dans son inté rêt, le respect de ses droits et la sauvegarde de son autonomie (Code civil, art. 257). Le besoin de protection n’est pas uniorme d’une personne inapte à une autre, pas plus que son degré d’inaptitude à prendre soin d’ellemême ou à gérer ses biens. Par exemple, une dame de 85 ans vit avec son ls. Elle a un début de démence rontale, mais est encore capable de aire onctionner la maison. Son ls abuse d’elle nancièrement et lui infige aussi de la violence physique. Au cours d’un épisode de vio lence particulièrement dicile, la mère se réugie au centre de santé et de services sociaux pour obtenir de
6
Certaines personnes sont en mesure d’eectuer les transactions nancières de la vie courante, mais pas d’administrer des placements, alors que d’autres peuvent s’occuper d’ellesmêmes (hygiène, alimen tation, etc.), mais pas de leur argent. D’autres encore sont incapables de prendre soin d’ellesmêmes et d’administrer leurs biens, ayant parois même besoin d’une surveillance constante. Le Code civil du Québec prévoit donc trois régimes de protection dont la onction est adaptée au degré d’inaptitude aux besoins de protection : 1) le conseiller au majeur; 2) la tutelle au majeur; et 3) la curatelle au majeur. Un seul régime est prévu pour les mineurs : la tutelle au mineur. À ces régimes de protection s’ajoute le mandat en prévision de l’inaptitude qui est rédigé par la personne ellemême, alors qu’elle était apte, et qui désigne une personne de conance pour voir
TABLEAU 6.4
Les différents régimes de protection CONSEILLER AU MAJEUR
TUTELLE
CURATELLE
Degré d’inaptitude
Généralement apte
Partiellement inapte
Totalement inapte
Temporalité
Possiblement temporaire
Possiblement temporaire
Permanente
Personne ou biens
Biens
Personne ou biens
Personne et biens
Statut de la personne nommée
Conseiller seulement
Représentant légal
Représentant légal
Implication possible du Curateur public
Non
Oui
Oui
Exemples
Capable d’eectuer ses transactions bancaires courantes, une personne a besoin d’assistance pour réaliser des transactions fnancières plus complexes pour gérer son héritage.
Une personne hospitalisée à long terme ne peut s’occuper de ses aaires pour un certain temps.
Une personne victime d’un accident grave devient incapable de prendre soin d’elle-même et d’administrer ses biens.
Source : Adapté du Code civil du Québec
Chapitre 6 Aspects éthiques et légaux de la pratique infrmière en santé mentale et en soins psychiatriques
149
à la protection de sa personne ou à l’administration de ses biens dans l’éventualité où elle deviendrait inapte (Code civil, art. 2131). Le mandat peut prévoir des directives concernant les soins de santé. Des trois régimes de protection, le conseiller au majeur est le régime le moins contraignant : il vise la personne qui est généralement ou habituellement apte à prendre soin d’ellemême et à administrer ses biens, mais qui a besoin, pour certains actes ou tem porairement, d’être assistée ou conseillée dans l’ad ministration de ses biens (Code civil, art. 291). Le conseiller au majeur n’est pas un représentant et cette tâche ne peut être assumée par le Curateur public. La tutelle au majeur est destinée à la personne inapte partiellement ou temporairement à prendre soin d’ellemême ou à gérer ses biens et qui a besoin d’être représentée dans l’exercice de ses droits civils. C’est le régime de protection qui ore le plus de sou plesse, puisqu’il peut s’appliquer selon trois modes : 1) la tutelle aux biens seulement ; 2) la tutelle à la per sonne seulement ; ou 3) la tutelle aux biens et à la personne (Code civil, art. 285). Sous un régime de tutelle, la personne inapte peut aire seule certains actes et sera représentée par son tuteur pour certaines décisions importantes. Par exemple, la personne prend soin d’ellemême, mais a besoin d’être repré sentée pour la gestion de ses biens, auprès de son ins titution bancaire. Ou encore elle s’occupe de ses biens, mais a besoin d’aide pour son propre entretien ou sa garde. Elle peut également, si elle est jugée inapte à consentir aux soins, avoir un représentant légal qui autorise ou reuse les soins médicaux pour elle. La curatelle au majeur est prévue pour la per sonne inapte de açon totale et permanente et qui a besoin d’être représentée dans l’exercice de ses droits civils (Code civil, art. 281). C’est le régime destiné aux « situations les plus graves » (MSSS, 1999). Le curateur au majeur est le représentant d’une personne qui a besoin d’être représentée dans toutes les dimensions de sa vie. TABLEAU 6.5
Inaptitude à subir son procès et irresponsabilité pour cause de troubles mentaux INAPTITUDE À SUBIR SON PROCÈS
NON-RESPONSABILITÉ CRIMINELLE POUR CAUSE DE TROUBLES MENTAUX
Moment de l’inaptitude
Au moment du procès
Au moment des faits
Soulevé par
La défense, la poursuite ou le tribunal
La défense ou la poursuite
Conséquences
Suspension des procédures et reprise éventuelle lorsque l’accusé redevient apte
Pas de verdict de culpabilité et prise en charge par le Tribunal administratif du Québec, section des troubles mentaux
Source : Adapté du Code criminel
150
Partie 1
Les régimes de protection doivent toujours tenir compte du degré d’inaptitude (Code civil, art. 259) et avoriser la sauvegarde de l’autonomie du majeur inapte (Code civil, art. 257). Le tribunal n’est pas lié par la demande d’ouverture de régime de pro tection et peut rejeter les requêtes ou fxer un régime diérent de celui dont l’ouverture est demandée (Code civil, art. 268).
6.8.2
Régimes en matière criminelle
En matière criminelle, deux régimes distincts inhé rents à l’inaptitude concernent les personnes accu sées. Cette inaptitude n’est cependant liée d’aucune açon à l’aptitude légale ou à l’aptitude à consentir aux soins. Comme en matière de soins, l’aptitude est toujours présumée (Code criminel, art. 16 et 672.22). L’inaptitude à subir son procès renvoie à l’état mental de l’accusé au moment du procès, à son incapacité de comprendre la nature et l’objet des poursuites ainsi que leurs conséquences et à l’incapacité de donner des instructions à son avocat ou d’assumer sa déense. La non-responsabilité criminelle pour cause de troubles mentaux con cerne plutôt l’état mental de l’accusé au moment des aits, soit l’incapacité pour l’accusé de « juger de la nature et de la qualité » de son acte (Code criminel, art. 16) TABLEAU 6.5. À toutes les étapes des procédures, la déense, la poursuite ou le tribunal luimême peuvent sou lever la question de l’inaptitude de l’accusé à subir son procès (Code criminel, art. 672.23). Le tribunal, s’il a des motis raisonnables de croire qu’un accusé est inapte à subir son procès, doit, si l’accusé n’est pas représenté par un avocat, lui en désigner un (Code criminel, art. 672.24). À cette étape du pro cessus, le tribunal peut ordonner une évaluation de l’état mental de l’accusé, mais pas le contraindre aux traitements (Code criminel, art. 672.19). Si l’évaluation de l’état mental de l’accusé déter mine qu’il est inapte à subir son procès, les procé dures sont suspendues et reprennent lorsque l’accusé est redevenu apte (Code criminel, art. 672.31 et 672.32). L’accusé peut être gardé au centre hospitalier en attendant la reprise des procédures et traité contre son gré pendant au plus 60 jours (Code criminel, art. 672.49 et 672.58). Si l’inaptitude est permanente, l’accusé pourra, en onction du risque qu’il représente pour la société, être libéré incondi tionnellement, libéré sous condition ou détenu dans un centre hospitalier sous réserve de modalités (Code criminel, art. 672.54 ). Le tribunal doit tenir une audience au plus tard deux ans après le verdict d’inaptitude à subir son procès, et tous les deux ans par la suite, jusqu’à ce que l’accusé soit acquitté ou subisse son procès (Code criminel, art. 672.33). La nonresponsabilité criminelle pour cause de troubles mentaux peut être soulevée par la déense, ou la poursuite, et c’est la même partie qui devra ensuite la prouver (Code criminel, art. 16).
Fondements de la pratique infrmière en santé mentale et en soins psychiatriques
Le tribunal ordonne une évaluation de l’état mental de l’accusé, mais ne peut pas le contraindre aux traitements contre son gré (Code criminel, art. 672.19). Dans la mesure où le juge ou le jury déter mine que l’accusé a commis l’acte qui lui est repro ché, mais qu’au moment de l’inraction, il était atteint de troubles mentaux de nature à le dégager de sa responsabilité criminelle, il doit rendre un verdict de nonresponsabilité criminelle pour cause de troubles mentaux (Code criminel, art. 672.34). L’accusé n’est donc pas déclaré coupable (Code criminel, art. 672.35). Sous réserve du risque qu’il présente pour la société, il peut être libéré incon ditionnellement, libéré sous condition ou détenu dans un centre hospitalier sous réserve de modali tés (Code criminel, art. 672.54 ; Winko c. Colombie Britannique). La décision rendue ne peut touteois pas imposer de traitement ; elle peut comporter une condition relative à un traitement, mais l’accusé doit y consentir (Code criminel, art. 672.55).
6.9
Responsabilité professionnelle
Connaître la réglementation de son champ de compétence et les normes de soins
Une infrmière généraliste doit respecter les normes exigées pour toute infrmière de sa compétence dans l’exécution de son travail, alors qu’une infrmière experte dans un champ spécifque est tenue de
6
La réglementation de la pratique infrmière par des règles légales et déontologiques visent à proté ger les clients ; leur ignorance ne peut pas constituer une déense en cas de poursuite en responsabilité proessionnelle. La Loi sur les infrmières et les infrmiers défnit l’exercice infrmier ENCADRÉ 6.3.
6.9.2
Les infrmières sont tenues de connaître et de respec ter les normes reconnues dans leur proession (Cloutier c. Centre hospitalier de Laval). Il s’agit de leur responsabilité. La aute proessionnelle se défnit précisément comme un manquement à cette obliga tion (PhilipsNootens et al., 2007). C’est l’évaluation des circonstances entourant le préjudice qui permet de déterminer la aute proessionnelle, où le compor tement de l’infrmière poursuivie est comparé avec celui promu par la norme reconnue dans le milieu (Cloutier c. Centre hospitalier de Laval). Autrement dit, le tribunal se demande « ce qu’aurait ait en pareil cas une autre infrmière, de science, de compétence et d’habilité ordinaires et raisonnables, placé dans des circonstances semblables à celles où se trouvait celui ou celle dont on veut juger la conduite » (Hôpital général de la région de l’Amiante Inc. c. Perron). Les infrmières n’ont cependant pas d’obli gation de résultats envers leurs clients, mais plutôt une obligation de moyens : elles n’ont pas à garantir un résultat dans la prestation de soins, mais doivent plutôt mettre en œuvre tous les moyens nécessaires à l’atteinte d’un résultat. Dans ce cadre, elles ont une obligation de prudence et de diligence (Hôpital géné ral de la région de l’Amiante inc. c. Perron).
6.9.1
répondre aux normes spécifques de son champ d’expertise. Les soins infrmiers ont des normes de pratique défnies pour la certifcation des infrmières qui travaillent dans des secteurs précis, comme la salle d’opération, les soins intensis, les soins psy chiatriques, etc. Ces normes, ainsi que la politique et les procédures des établissements, décrivent en détail la açon dont les infrmières doivent eectuer leurs tâches. Par exemple, une procédure ou une politique qui décrit dans ses grandes lignes les étapes à suivre dans l’administration d’une médica tion donne des inormations précises sur la manière dont les tâches doivent être exécutées. Ces directives ournissent une défnition des normes de soins.
Documenter les dossiers
Toute infrmière se doit d’inscrire au dossier du client des notes d’évolution précises, complètes, perti nentes et objectives. Elle démontre ainsi l’étendue des soins qu’elle a administrés. Ces notes montrent aussi l’évaluation clinique aite par l’infrmière et les résultats des soins prodigués. Afn de avoriser une communication efcace avec les membres de l’équipe multidisciplinaire, il est important que les notes d’évolution soient rédigées clairement et dans un ordre chronologique. En eet, lorsque les inorma tions sont mises à jour régulièrement, les autres pro essionnels de la santé peuvent prendre connaissance non seulement des traitements reçus par le client, mais aussi du comportement de ce dernier durant la journée. De ce ait, tous les intervenants peuvent ajus ter leurs interventions afn de maximiser les traite ments administrés au client. Bien documenter les dossiers permet d’améliorer l’efcacité du traitement, avorise une meilleure continuité des soins et aide à prévenir les accidents et les incidents liés aux soins.
Des explications pour inscrire correctement les notes au dossier sont fournies dans le chapitre 10 du manuel de Potter, P.A., & Perry, A.G. (2010). Soins infrmiers Fondements généraux (3e éd.). Montréal : Chenelière Éducation.
Le dossier doit aire état des démarches entreprises pour obtenir le consentement du client (inormations données, interrogations du client, etc.) et doit décrire les séquences d’inter ventions très précisément. Si des inormations sont manquantes ou s’il est impossible de reconstituer l’historique des interventions (on ne sait pas qui a donné l’inormation, on ne sait pas à quel moment les médicaments ont été donnés, etc.), l’infrmière pourra difcilement démontrer que les soins étaient de qualité. Les notes au dossier du client doivent être libellées convenablement. S’il y a une erreur d’inscription, il est important de la corriger en respectant la politique et les procédures de l’établissement. Le ait de mas quer ou d’eacer une erreur peut semer le doute et laisser croire qu’il s’agit d’une raude.
Chapitre 6 Aspects éthiques et légaux de la pratique infrmière en santé mentale et en soins psychiatriques
151
ENCADRÉ 6.3
Extraits de la Loi sur les infrmières et les infrmiers et du Code des proessions
LOI SUR LES INFIRMIÈRES ET LES INFIRMIERS
36. L’exercice infrmier consiste à évaluer l’état de santé d’une personne, à déterminer et à assurer la réalisation du plan de soins et de traitements infrmiers, à prodiguer les soins et les traitements infrmiers et médicaux dans le but de maintenir la santé, de la rétablir et de prévenir la maladie ainsi qu’à ournir les soins palliatis. Dans le cadre de l’exercice infrmier, les activités suivantes sont réservées à l’infrmière et à l’infrmier: 1. Évaluer la condition physique et mentale d’une personne symptomatique; 2. Exercer une surveillance clinique de la condition des personnes dont l’état de santé présente des risques, incluant le monitorage et les ajustements du plan thérapeutique infrmier; 3. Initier des mesures diagnostiques et thérapeutiques, selon une ordonnance; 4. Initier des mesures diagnostiques à des fns de dépistage dans le cadre d’une activité découlant de l’application de la Loi sur la santé publique (c S-2.2); 5. Eectuer des examens et des tests diagnostiques invasis, selon une ordonnance ; 6. Eectuer et ajuster les traitements médicaux, selon une ordonnance ; 7. Déterminer le plan de traitement relié aux plaies et aux altérations de la peau et des téguments et prodiguer les soins et les traitements qui s’y rattachent ; 8. Appliquer des techniques invasives; 9. Contribuer au suivi de la grossesse, à la pratique des accouchements et au suivi postnatal ; 10. Eectuer le suivi infrmier des personnes présentant des problèmes de santé complexes ; 11. Administrer et ajuster des médicaments ou d’autres substances, lorsqu’ils ont l’objet d’une ordonnance; 12. Procéder à la vaccination dans le cadre d’une activité découlant de l’application de la Loi sur la santé publique;
13. Mélanger des substances en vue de compléter la préparation d’un médicament, selon une ordonnance; 14. Décider de l’utilisation des mesures de contention ; 15. Décider de l’utilisation des mesures d’isolement dans le cadre de l’application de la Loi sur les services de santé et les services sociaux et de la Loi sur les services de santé et les services sociaux pour les autochtones cris; 16. Évaluer les troubles mentaux, à l’exception du retard mental, lorsque l’infrmière ou l’infrmier détient une ormation de niveau universitaire et une expérience clinique en soins infrmiers psychiatriques [...] ; 17. Évaluer un enant qui n’est pas encore admissible à l’éducation préscolaire et qui présente des indices de retard de développement dans le but de déterminer des services de réadaptation et d’adaptation répondant à ses besoins. 36.1 L’infrmière et l’infrmier peuvent, lorsqu’ils y sont habilités par règlements pris en application du paragraphe b du premier alinéa de l’article 19 de la Loi médicale (c. M-9) et du paragraphe f de l’article 14 de la présente loi, exercer une ou plusieurs des activités suivantes, visées au deuxième alinéa de l’article 31 de la Loi médicale : 1. Prescrire des examens diagnostiques ; 2. Utiliser des techniques diagnostiques invasives ou présentant des risques de préjudice ; 3. Prescrire des médicaments ou d’autres substances ; 4. Prescrire des traitements médicaux ; 5. Utiliser des techniques ou appliquer des traitements médicaux, invasis ou présentant des risques de préjudice. CODE DES PROFESSIONS
39.4 L’inormation, la promotion de la santé et la prévention de la maladie, des accidents et des problèmes sociaux auprès des individus, des amilles et des collectivités sont comprises dans le champ d’exercice du membre d’un ordre dans la mesure où elles sont reliées à ses activités proessionnelles.
Les établissements de santé régis par la LSSSS et les cliniques privées ont des obligations quant à la conservation et à l’archivage des dossiers de leurs clients (Loi sur les archives, art. 7 ; Règle ment sur la tenue des dossiers, des cabinets ou bureaux des médecins ainsi que des autres eets, art. 12). Les notes conservées aux dossiers sont des élé ments primordiaux aux fns de poursuites en res ponsabilité proessionnelle ou devant un conseil de discipline. Les notes doivent contenir sufsam ment d’inormation pour permettre de juger de la qualité des soins reçus par le client. Un dossier perdu ou incomplet pourrait constituer une preuve de négligence. Le dossier doit établir une descrip tion continue des interventions de soins infrmiers et, quand il est rédigé correctement, il constitue la meilleure preuve contre des allégations de négli gence ou de violation des normes de soins infr miers. Par exemple, un client qui a ugué en aprèsmidi s’est suicidé en se jetant dans la rivière.
152
Partie 1
Son corps est retrouvé par le service de police quel ques semaines plus tard. Il y a enquête et le dossier médical est examiné. Il est rapporté dans les notes d’évolution de l’infrmière de ce jour que le client va bien, qu’il s’est bien alimenté au dîner et que l’aprèsmidi s’est passée sans particularités. Évidemment, dans cette situation, il sera question de l’évaluation du client et de la surveillance à laquelle celuici a été soumis, et les notes à son dossier ne ourniront pas de réponses très précises à ce sujet.
6.9.3
Respecter la confdentialité et le secret proessionnel
Le ait d’être en contact avec des inormations conf dentielles est une des caractéristiques des membres des ordres proessionnels (Code des proessions, art. 25). Les proessionnels, et notamment les infr mières, sont tenus de respecter le secret de tout renseignement de nature confdentielle qui est porté à leur connaissance dans l’exercice de leur
Fondements de la pratique infrmière en santé mentale et en soins psychiatriques
proession ENCADRÉ 6.4. Le secret proessionnel vise à préserver une relation de confance avec les clients. Cette obligation est à la ois légale et déon tologique, puisqu’elle fgure expressément dans la Charte des droits et libertés (art. 9), le Code des proessions (art. 60.4) et le Code de déontologie des infrmières et infrmiers (art. 31). Le droit au secret proessionnel est d’ailleurs un droit ondamental consacré par la Charte des droits et libertés de la personne et les proessionnels tenus au secret proessionnel ne peuvent, même en jus tice, divulguer des inormations confdentielles (Charte des droits et libertés de la personne, art. 9). En vertu de ce droit ondamental, les personnes qui travaillent dans le secteur de la santé et qui ne sont pas membres d’un ordre proessionnel (p. ex., les préposés aux bénéiciaires) sont quand même tenues à la confdentialité.
ENCADRÉ 6.4
Le secret proessionnel dans la pratique infrmière
• L’infrmière respectera les règles prévues dans la Charte des droits et libertés, le Code des proessions et le Code de déontologie des infrmières et infrmiers relativement au secret proessionnel, à la confdentialité des inormations qui sont portées à sa connaissance dans l’exercice de sa proession et sera au ait des cas exceptionnels où elle peut être relevée de ce secret. • L’infrmière ne révélera pas qu’une perper sonne a ait appel à ses services, sau si, dans l’intérêt du client, cette révélation est nécessaire. • L’infrmière prendra les moyens raisonnables afn de s’assurer que les personnes sous son autorité, sa supervision ou à son emploi ne divulguent pas des renseignements de nature confdentielle concernant les clients.
d’un client ou en vue d’obtenir directement ou indirectement un avantage pour elle-même ou pour autrui. • L’inirmière qui demandera à un client de lui révéler des renseignements de nature conidentielle ou qui permettra que de tels renseignements lui soient coniés s’assurera que le client connaît les raisons de cette demande et l’utilisation qui peut être aite des renseignements coniés. • L’infrmière ou l’infrmier évitera d’engager ou d’alimenter des conversations indiscrètes au sujet d’un client et des services qui lui sont rendus. − Précision : L’infrmière sera prudente lorsqu’elle se trouvera dans un autre cadre que celui du travail (soirée entre amis, réseaux sociaux, courriels, etc.) et ne donnera pas d’inormation qui permettrait de reconnaître les clients.
Outre ce qui est consigné dans le dossier du client, le secret proessionnel s’étend à tout ce qui est porté à la connaissance de l’infrmière en onction dans son lien avec les clients, soit par des révélations, soit par des constatations qu’elle erait ellemême. Ainsi, le secret proessionnel ne se limite pas à ce que le client a luimême révélé, mais également à ce que l’infrmière, en raison de ses connaissances, a pu elle même observer (PhilipsNootens et al., 2007). Le dossier luimême, matériellement, doit également être protégé en vertu du secret proessionnel. L’infrmière, au même titre que les autres proession nels de la santé, doit veiller à ce que l’accès au dos sier ne soit permis qu’aux personnes autorisées.
Source : Adapté du Code de déontologie des infrmières et infrmiers, art. 31 à 36
Exception : Le client consent à la divulgation (Charte des droits et libertés de la personne, art. 9). Il peut autoriser la transmission de son dossier ou d’un résumé de son dossier à un autre proessionnel ou à un autre établissement, ou encore la divulga tion d’inormation confdentielle à un tiers comme une compagnie d’assurance ou un proche.
Précision : Le ait de ne pas respecter le secret proessionnel constitue une aute proessionnelle passible de poursuites civiles ou de plaintes déontologiques.
Exception : Le client entreprend une action en responsabilité proessionnelle. Pour se déendre, l’infrmière peut éventuellement, avec l’autorisa tion du tribunal, briser le secret, en produisant s’il y a lieu, le dossier médical du client contenant ses notes (PhilipsNootens et al., 2007). Exception : L’infrmière peut divulguer qu’un client recourt à ses services si cette divulgation est nécessaire dans l’intérêt de celuici (Code de déon tologie des infrmières et infrmiers, art. 32). Exception : Dans le cas où un danger imminent de mort ou de blessures graves, y compris le sui cide, menace une personne ou un groupe de personnes identiiables, le proessionnel peut divulguer aux personnes exposées à ce danger les inormations susceptibles d’assurer leur protection (Code de déontologie des infrmières, art. 31.3 ; Code des proessions, art. 60.4 ; LSSSS, art. 19.0.1 ; Smith c. Jones).
• L’infrmière ne era pas usage de renseignements confdentiels au préjudice
Exception : Dans le cas où l’infrmière a un moti raisonnable de croire que la sécurité ou le dévelop pement d’un enant est ou peut être considéré comme compromis, elle doit signaler sans délai la situation au DPJ (Loi sur la protection de la jeu nesse, art. 39).
Par exemple, une personne publiquement connue est hospitalisée dans une unité de soins psychiatriques en raison d’une crise de manie. Des journalistes téléphonent à l’unité pour lui parler et l’infrmière confrme la présence de cette per sonne. La confdentialité est brisée, et cette situa tion ne ait pas partie des exceptions qui permettent de l’enreindre.
6.9.4
Prévenir les autes proessionnelles
L’infrmière doit toujours exercer son jugement pro essionnel dans l’exécution de son travail même lorsqu’elle exécute les ordonnances prescrites par les médecins ou par d’autres proessionnels. La négligence dont ait preuve une infrmière lors qu’elle donne des soins ou un traitement à un client constitue une aute proessionnelle. Un comportement qui ne respecte pas les normes de soins établies peut être considéré
Chapitre 6 Aspects éthiques et légaux de la pratique infrmière en santé mentale et en soins psychiatriques
153
6
RAPPELEZ-VOUS…
L’infrmière peut commettre un acte de négligence de açon non intentionnelle. Outre ceux mentionnés dans cette section, nommez d’autres exemples de autes proessionnelles par négligence pouvant causer un préjudice au client.
comme une aute proessionnelle, même dans le cas où l’infrmière est convaincue de aire au mieux. La aute peut impliquer une erreur dans l’administration des soins (p. ex., le ait de se tromper dans le dosage d’une médication), mais elle peut également découler d’une erreur de juge ment dans l’intervention auprès d’un client (p. ex., retarder l’administration d’une médication pres crite au besoin) ou d’une erreur dans une inter vention qui ne relève pas du traitement (p. ex., omettre de transmettre au client des inormations importantes). Une infrmière qui exécute un trai tement pour lequel elle n’a pas reçu de ormation, ou qui tente d’inormer un client approximative ment, s’expose à des poursuites judiciaires si un préjudice est causé au client. Pour qu’une infrmière soit condamnée à payer des dommagesintérêts à un client qui la poursuit en responsabilité proessionnelle, le client devra prouver trois choses : 1) que l’infrmière a com mis une aute ; 2) qu’il a luimême subi un pré judice corporel, moral ou matériel ; 3) qu’il existe un lien de causalité entre la aute et le préjudice, soit que la aute de l’infrmière a directement causé le préjudice qu’il a subi (Code civil, art. 14571458). Le préjudice est le tort causé au client. Le pré judice pourra être réparé s’il est causé directement par la aute de l’infrmière. La valeur de l’indem nité dépend généralement de la gravité du pré judice subi et non de la gravité de la aute. Une aute, même légère, peut entraîner la responsa bilité proessionnelle de l’infrmière (Philips Nootens et al., 2007). Précision : Une aute proessionnelle peut égale ment avoir pour conséquence une enquête menée par le bureau du syndic de l’OIIQ, voire une audience devant le Conseil de discipline de l’OIIQ. Contrairement aux recours civils, les recours disci plinaires visent la protection du public, la dissua sion et l’exemplarité (Pigeon c. Daigneault).
Inconduite sexuelle
l’article 59.1 du Code des proessions : « Constitue un acte dérogatoire à la dignité de sa proession le ait pour un proessionnel, pendant la durée de la relation proessionnelle qui s’établit avec la per sonne à qui il ournit des services, d’abuser de cette relation pour avoir avec elle des relations sexuelles, de poser des gestes abusis à carac tère sexuel ou de tenir des propos abusis à caractère sexuel. » La jurisprudence du Tribunal des proessions et du Conseil de discipline de l’OIIQ est abon dante en matière d’inconduite sexuelle, qui est considérée comme une « aute très grave », car le « proessionnel est en position de orce par rap port à sa cliente qui est vulnérable » (Cadrin c. Psychologues [Ordre proessionnel des] ; Sirois c. Psychologues [Ordre proessionnel des]). Pour le Conseil de discipline de l’OIIQ, la bonne oi de l’infrmière ou de l’infrmier n’est pas un ac teur dont il aut tenir compte dans de tels cas, mais plutôt le ait que l’exercice de la proession est un privilège qui comporte des obligations, dont celle de respecter les exigences de l’Ordre (Ordre des infrmières et infrmiers du Québec c. Grenier). La fnalité de la relation thérapeutique étant d’aider le client et non de combler les besoins de l’infrmière ou de l’infrmier, même une relation sincère ou stable ne peut être consi dérée comme acceptable au regard des obligations déontologiques des inirmières et inirmiers (Infrmières et infrmiers c. Cayer). Les études menées auprès d’infrmières et d’in frmiers pratiquant en psychiatrie au Canada dé montrent que la grande majorité désapprouvent ortement l’établissement de liens intimes ou sexuels avec les clients. Néanmoins, une minorité d’entre eux ne connaissent pas leurs obligations déontologiques ou considèrent acceptable le ait de créer de tels liens. Étant donné les sanctions très sévères auxquelles s’exposent les infrmières et les infrmiers, les auteurs préconisent de leur orir une meilleure éducation (Campbell, Yonge & Austin, 2005).
L’article 38 du Code de déontologie des infrmières et infrmiers est très clair au sujet de l’inconduite 6.9.5 Détenir une assurance sexuelle : « Pendant la durée de la relation proes responsabilité professionnelle sionnelle, l’infrmière ou l’infrmier ne peut établir de liens d’amitié, intimes, amoureux ou sexuels Toute infrmière doit souscrire une assurance res avec le client. Pour déterminer la durée de la rela ponsabilité proessionnelle, par l’intermédiaire de tion proessionnelle, l’infrmière ou l’infrmier l’OIIQ ou d’une compagnie d’assurances. Cette doit tenir compte, notamment, de la vulnérabilité assurance est obligatoire en vertu du Règlement du client, de son problème de santé, de la durée sur l’assurance responsabilité proessionnelle des de l’épisode de soin et de la probabilité d’avoir à infrmières et des infrmiers (art. 2.01). En eet, redonner des soins à ce malgré les eorts qu’elle client. » ournit afn de prodiguer Une aute, même légère, peut entraî les meilleurs soins possi La pratique des infr ner la responsabilité proessionnelle de bles, l’infrmière demeure mières et inirmiers est l’infrmière. sujette à des poursuites. également soumise à
154
Partie 1
Fondements de la pratique infrmière en santé mentale et en soins psychiatriques
6.10
Responsabilité des clients
Les infrmières canadiennes de tous les domaines de la santé rapportent des taux élevés de violence psychologique et de menace d’agression, en plus des cas de violence physique réelle (Aiken, Clarke, Sloane et al., 2001). Dans le milieu de la santé men tale, cet enjeu constitue un réel problème clinique et administrati : en plus d’aecter la qualité des soins, la violence de la clientèle représente un risque pour la santé et la sécurité des proessionnels (Atawneh, Zahid, AlSahlawi et al., 2003). Une recherche menée auprès de proessionnels d’une unité de soins intensis dans un hôpital psychia trique démontre qu’une bonne connaissance des causes de l’agression et des outils de gestion des comportements agressis est essentielle pour permettre de mettre en place des mesures de pré vention (Ahern, Larue & Ricard, 2010). Les clients du système de santé québécois sont tenus de se comporter de manière convenable et respectueuse envers les proessionnels et les autres clients (LSSSS, art. 3). Les établissements de santé ont tous des protocoles d’intervention en cas de comportement agressi qui prévoient précisément la chaîne des interventions à eectuer (Agence de la santé et des services sociaux de la Montérégie, 2010), et les infrmières doivent s’assurer de bien connaître le protocole en place dans leur milieu de travail.
Lorsqu’une infrmière est témoin ou victime d’une agression dans son milieu de travail, elle peut recourir à diérentes procédures administra tives ou judiciaires. Les procédures administratives, internes à l’établissement, consistent en premier lieu en la rédaction d’un rapport d’accident incident. Dans le cas où la victime d’agression est un client, l’infrmière peut le diriger vers toute ins tance en mesure de lui orir le soutien approprié, comme le commissaire aux plaintes de l’établisse ment ou le comité des usagers. L’infrmière peut, si elle ressent le besoin d’un soutien psychologique, recourir au programme d’aide aux employés.
6
Si le comportement d’un client s’apparente à un acte criminel, il est possible de recourir aux procé dures judiciaires en portant plainte aux services policiers. La plainte ne peut être portée que par la victime ellemême : dans le cas où il s’agit d’un client, l’infrmière peut lui donner les inormations pertinentes. Évidemment, le ait de porter plainte n’implique pas orcément une judiciarisation : l’en quête déterminera si les preuves sont sufsantes pour que le Directeur des poursuites criminelles et pénales entame des procédures contre le client. L’issue dépendra ensuite de l’état mental du client : nous avons vu en eet que s’il était inapte au moment des aits, ou s’il est inapte à subir son procès, les procédures judiciaires peuvent être sus pendues ou ne pas déboucher sur un verdict de culpabilité.
Analyse d’une situation de santé
Jugement clinique
Ken Appleby présente un trouble de personnalité antisociale. Il est âgé de 37 ans et est présente ment hospitalisé en psychiatrie parce qu’il a attenté à la vie d’une personne à la suite d’une altercation dans un bar. Il consomme réguliè rement des drogues dures (cocaïne et crystal meth) et il a un casier judiciaire.
menaces au personnel disant qu’on l’empêchait d’aller umer dehors. Finalement, il s’était apaisé parce qu’il avait respecté la consigne de rester dans sa chambre.
Vous êtes de service en soirée. Au rapport de relève, l’inirmière vous a avisée que monsieur Appleby était instable pendant la journée, qu’il avait maniesté de l’agressivité verbale envers d’autres clients dans la salle communautaire, et qu’il avait même ait des
Vers 20 h 45, monsieur Appleby s’est âché contre une préposée qui a repoussé ses avances (il lui aurait demandé de coucher avec lui et de le mas turber). Il l’a bousculée en criant : « T’es rien qu’une agace, tu vas en manger toute une. » Aler tée, vous lui avez demandé de se retirer dans sa chambre, mais il a reusé et vous a également menacée en montrant les poings. Vous songez sérieusement à recourir à la contention. {
Chapitre 6 Aspects éthiques et légaux de la pratique infrmière en santé mentale et en soins psychiatriques
155
SOLUTIONNAIRE
MISE EN ŒUVRE DE LA DÉMARCHE DE SOINS
http://fortinash.cheneliere.ca
Collecte des données – Évaluation initiale – Analyse et interprétation 1. Que devezvous évaluer chez le client pour justifer le recours à la contention ? 2. D’après la mise en contexte, le recours à la contention estil envisagé dans un contexte planifé ou non planifé ? Justifez votre réponse.
Vous avez demandé l’aide de deux agents de sécurité pour tenter de calmer le client. Malgré leur intervention, monsieur Appleby est encore plus agressi et proère des menaces encore plus {
Extrait des notes d’évolution
2013-08-19 20:45 A dd à é d couch v li d mstb. S fâch cont el pc qu’el a r c (o rcll è d a PAB). I ’a bocé cn : « T’ qu’ gc, tu mg o . » R d rt dn a c o li dmd, mont g. F , rnv m d a l d jo, c d , boc t cln li n qu’ a c. Ae ux gn d u. Dux gn vn à 20 50 nn d rn. Dvn co l g d mc : « Si o m âchz p, os ’ô t equ’. »
156
Partie 1
maniestes : « Si vous me lâchez pas, je poursuis l’hôpital et je tue quelqu’un. » Vous décidez alors de mettre le client sous contention. {
MISE EN ŒUVRE DE LA DÉMARCHE DE SOINS
Planifcation des interventions – Décisions infrmières 3. La contention constituetelle un moyen de dernier recours dans ce casci ? Justifez votre réponse. 4. Quel serait alors le but de la mise en place d’une contention pour monsieur Appleby ?
{
Voici un extrait du plan thérapeutique infrmier de monsieur Appleby. ”
MISE EN ŒUVRE DE LA DÉMARCHE DE SOINS
Extrait CONSTATS DE L’ÉVALUATION Date
Heure
2013-08-19 20:45
N°
2
Problème ou besoin prioritaire
Initiales
Violence envers les autres
RÉSOLU / SATISFAIT Proessionnels / Date Heure Initiales Services concernés
KD
SUIVI CLINIQUE Date
Heure
N°
2013-08-19
20:45
2
Directive infrmière
Initiales
CESSÉE / RÉALISÉE Date Heure Initiales
Appliquer une contention ad ↓ agressivité Visiter q. 15 min (+ dir. P. trav. PAB) Évaluer comportement agressif par inf.
Signature de l’infrmière
Karine Demoors
Initiales
KD
Programme / Service
Vos initiales
Signature de l’infrmière
Initiales
Programme / Service
Unité de psychiatrie
5. Ain d’assurer un suivi clinique du comportement violent de monsieur Appleby, les directives inirmières devraientelles être aussi détaillées ? Justifez votre réponse. 6. Que devriezvous écrire de açon précise dans les notes d’évolution au dossier de monsieur Appleby à la suite de la mise en place de la contention ?
Évaluation des résultats – Évaluation en cours d’évolution 7. Sur quoi devriezvous vous baser pour décider de retirer la contention à monsieur Appleby ?
Fondements de la pratique infrmière en santé mentale et en soins psychiatriques
APPLICATION DE LA PENSÉE CRITIQUE Dans l’application de la démarche de soins auprès de monsieur Appleby, l’inirmière a recours à un ensemble d’éléments (connaissances, expériences antérieures, normes institutionnelles ou protocoles, attitudes proes sionnelles) pour analyser la situation de santé du client et
en comprendre les enjeux. La FIGURE 6.5 illustre le pro cessus de pensée critique suivi par l’infrmière afn de or muler son jugement clinique. Elle résume les principaux éléments sur lesquels l’infrmière s’appuie en onction des données de ce client, mais elle n’est pas exhaustive.
VERS UN JUGEMENT CLINIQUE 6 EXPÉRIENCES
CONNAISSANCES • Lois et règlements régissant la proession infrmière (Code des proessions, Loi sur les infrmières et les infrmiers, Code de déontologie des infrmières et infrmiers, entre autres) • Charte des droits et libertés de la personne • Loi sur la protection des personnes dont l’état mental présente un danger pour elles-mêmes ou pour autrui • Droits des client sourant de troubles mentaux • Mesures de contention et d’isolement • Caractéristiques d’un trouble de personnalité antisociale • Approche Omega • Symptômes de sevrage des drogues dures
• Expérience de travail en psychiatrie • Expérience auprès d’une clientèle maniestant de la violence envers l’entourage • Expérience dans l’application des mesures de contrôle
NORMES
ATTITUDES
• Activité réservée de l’infrmière d’après l’article 36 de la Loi sur les infrmières et les infrmiers (décider de l’utilisation des mesures de contentions) • Protocole local d’application des mesures de contention • Procédure locale pour assurer la sécurité du client et de son entourage
• Éviter la conrontation • Demeurer calme même si le client est menaçant pour la sécurité d’autrui • Être respectueuse • Ne pas répondre à l’agressivité par l’agressivité
PENSÉE CRITIQUE
ÉVALUATION • Maniestations verbales et non verbales d’agressivité • Moyens pris avant de recourir à la contention (demande de se retirer dans sa chambre, intervention des agents de sécurité) • Comportements justifant l’application de la contention comme dernier recours pour assurer la sécurité du client et d’autrui • Comportements du client alors qu’il est sous contention (durant les visites aites régulièrement selon la réquence déterminée dans le protocole local) et après le retrait de celle-ci • Signes de sevrage des drogues consommées par le client
JUGEMENT CLINIQUE FIGURE 6.5
Chapitre 6 Aspects éthiques et légaux de la pratique infrmière en santé mentale et en soins psychiatriques
157
À retenir VERSION REPRODUCTIBLE
http://ortinash.cheneliere.ca
• L’éthique et le droit servent à encadrer l’exercice des compétences proessionnelles dans un objecti de protection du public et des proessionnels. • L’histoire psychiatrique du Québec est marquée par une longue période de désinstitutionnalisation qui coïncide avec la mise en place d’un cadre juridique de plus en plus structuré. • Selon la loi, tout citoyen québécois a droit aux soins de santé. Des droits particuliers complètent ce droit ondamental, dont le droit au choix du proessionnel et de l’établissement desquels il reçoit des soins, le droit d’accès à son dossier et le droit au consentement et au reus de soins. • Les personnes inaptes à consentir aux soins peuvent être orcées à recevoir un traitement si les soins sont requis par leur état de santé, mais seulement en vertu d’une autorisation du tribunal.
• En dehors des dispositions du Code criminel, seule la Loi sur la protection des personnes dont l’état mental présente un danger pour elles-mêmes ou pour autrui, de concert avec le Code civil du Québec, permet de garder en établissement une personne contre son gré. • Au Québec, il existe trois sortes de garde en établissement : la garde préventive, la garde provisoire et la garde autorisée. Une personne mise sous garde conserve tous les droits des clients du système de santé, hormis ceux à la liberté et au consentement à l’examen psychiatrique (dans le cas de la garde provisoire). • Les mesures de contrôle sont des mesures qui limitent la liberté de mouvement d’une personne, par le moyen des contentions, de l’isolement ou des substances chimiques. Il s’agit de mesures d’exception encadrées par des principes rigoureux. • Au Québec, il existe des mesures pour protéger les personnes jugées inaptes à s’occuper d’elles-mêmes ou à administrer leurs biens, ces
régimes de protection étant de trois ordres : le conseiller au majeur, la tutelle au majeur et la curatelle au majeur. • Les personnes accusées d’un acte criminel peuvent être désignées inaptes à subir leur procès. Dans ce cas, les procédures seront suspendues jusqu’à ce qu’elles redeviennent aptes. Elles peuvent également être déclarées criminellement non responsables pour cause de troubles mentaux. Dans ce cas, elles ne reçoivent pas de verdict de culpabilité et peuvent être relâchées sans conditions ou avec conditions, ou encore être retenues dans un établissement de santé. • L’infrmière se doit de respecter les normes de soins défnies dans la Loi sur les infrmières et les infrmiers, dans les lignes directrices du Code de déontologie des infrmières et infrmiers ainsi que dans la politique et les procédures de l’établissement qui l’emploie. • Une infrmière peut voir sa responsabilité proessionnelle engagée lorsqu’elle commet une aute, c’est-
à-dire dans le cas où elle ne ournit pas une prestation de soins répondant à la norme reconnue dans son milieu, et que cette aute entraîne un préjudice pour le client. Elle s’expose également à des sanctions disciplinaires. • L’infrmière qui ne respecte pas le secret proessionnel s’expose à des sanctions disciplinaires et à des poursuites légales. • L’infrmière peut être relevée du secret proessionnel lorsque le client l’autorise à divulguer certains renseignements ou bien lorsque la loi l’y autorise ou l’y oblige. • Les clients en santé mentale ont les mêmes obligations que tous les clients du système de santé et doivent adopter un comportement adéquat. • Les infrmières victimes de violence verbale ou physique, ou témoins de tels actes à l’encontre d’une collègue ou d’un client, disposent de recours administratis ou judiciaires.
Ressources VERSION COMPLÈTE ET DÉTAILLÉE
http://fortinash.cheneliere.ca
Références Internet ORGANISMES ET ASSOCIATIONS Association des groupes d’intervention en défense de droits en santé mentale au Québec (AGIDD-SMQ) www.agidd.org > Documentation > Guide de survie – La garde en établissement
158
Partie 1
Association des services de réhabilitation sociale du Québec (ASRSQ) www.asrsq.ca Barreau du Québec www.barreau.qc.ca > Activités médias et positions > Positions du Barreau > Positions 2010 > Rapport du Groupe de travail sur la santé mentale et la justice (24 mars 2010) Conseil pour la protection des malades http://cpm.qc.ca Éducaloi www.educaloi.qc.ca > La loi vos droits > Usagers et profession nels du système de santé > Le consentement aux soins
Fondements de la pratique infrmière en santé mentale et en soins psychiatriques
> La loi vos droits > Usagers et professionnels du système de santé > L’inaptitude > La loi vos droits > Usagers et professionnels du système de santé > L’ouverture d’un régime de protection ORGANISMES GOUVERNEMENTAUX Curateur public du Québec www.curateur.gouv.qc.ca > Le Curateur public en bref > Statistiques > Protection des majeurs inaptes > Droits de la personne inapte > Protection des majeurs inaptes > Inaptitude et besoin de protection > Mesures de protec tion juridique
Ministère de la Justice du Québec www.justice.gouv.qc.ca > Publications > Inormations générales > Vivre en société > Justice et troubles mentaux Tribunal administrati du Québec www.taq.gouv.qc.ca > Santé mentale (En savoir plus)
Monographies Bernheim, E. (2011). Garde en établissement et autorisation de soins : quel droit pour quelle société ? Cowansville : Yvon Blais. Kouri, R.P., LesageJarjoura, P., & PhilipsNoo tens, S. (2007). Éléments de responsabilité civile médicale : le droit dans le quotidien de la médecine (3e éd.). Cowansville : Yvon Blais.
RÉFÉRENCES GÉNÉRALES Institut universitaire en santé mentale / Douglas www.douglas.qc.ca > Inos santé mentale > Santé mentale de AZ > Présenter un danger pour soimême ou pour autrui Infressources www.infressources.ca > Banques et recherche > Traitements > Les soins psychiatriques infrmiers au Québec dans un contexte de changement
Articles, rapports et autres
juridique ? Santé mentale au Québec, 35(2), 163184. Direction des communications du ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec (2009). Guide pratique sur les droits en santé mentale : réponse aux questions des membres de l’entourage de la personne ayant des problèmes de santé mentale. http://publications.msss.gouv.qc.ca/acrobat// documentation/2009/0991405F.pd Fleury, M.J., & Grenier, G. (2004). Historique et enjeux du système de santé mentale qué bécois. Ruptures, revue transdisciplinaire en santé, 10 (1), 2138.
Association des groupes d’intervention en déense des droits en santé mentale du Québec (AGIDD) (2007). Guide de survie : la garde en établissement. Montréal : AGIDD. Bernheim, E. (2010). La médication psychia trique comme contention : entre autonomie et protection, quelle place pour un cadre
Chapitre 6 Aspects éthiques et légaux de la pratique infrmière en santé mentale et en soins psychiatriques
159
6
PARTIE
Dimensions biopsychosociales de la santé mentale et des troubles mentaux CHAPITRE 7
Neurobiologie et santé mentale 162 CHAPITRE 8
Développement et vieillissement de la personne 182 CHAPITRE 9
Culture et santé mentale 208
chAPITRE
Neurobiologie et santé mentale
Écrit par : Candice A Francis, EdD Adapté par : MariaGrazia Martinoli, Ph D (physiologieendocrinologie)
Guide d’études – RE15, SA12
OBJECTIFS
Après avoir étudié ce chapitre, vous devriez être en mesure : ■
de reconnaître les principales struc tures anatomiques du système nerveux central ;
■
de décrire les fonctions physiologiques du système nerveux central ;
■
de décrire le fonctionnement normal des neurones ;
162
Partie 2
■
■
d’expliquer le rôle des principaux neurotransmetteurs dans le fonction nement du système nerveux central ; de décrire le mécanisme électro chimique du fonctionnement du système nerveux central ;
Dimensions biopsychosociales de la santé mentale et des troubles mentaux
■
de nommer les technologies émer gentes qui risquent d’avoir un impact important sur l’avenir des soins infirmiers psychiatriques
Concepts clés
Cette carte conceptuelle illustre schématiquement les principaux concepts décrits dans le présent chapitre Sa lecture vous permettra d’avoir une vue d’ensemble des notions qui y sont présentées
7
composé de
responsables de
formé par
comprend
produisent
comprennent
constitué de
composé de
s’intéresse au
utilise
facilite
Chapitre 7 Neurobiologie et santé mentale
163
PORTRAIT Carlos Moreno Carlos Moreno, âgé de 34 ans, est un client de l’unité neurologique du centre hospitalier qui accueille les anciens combattants canadiens. Il est traité par le service psychiatrique depuis plusieurs années et a reçu un dia gnostic de schizophrénie ondé essentiel lement sur des hallucinations visuelles et auditives importantes et constantes portant sur son ancien sergent instructeur. Dans le passé, il a pris de l’halopéridol, un médi cament antipsychotique. Né au Chili, monsieur Moreno est arrivé au Canada à l’âge de cinq ans. Il s’est enrôlé dans l’armée à 18 ans. Il n’a pu terminer son entraîne ment de base en raison d’un épisode psychotique au cours duquel il a agressé son sergent instructeur. Monsieur Moreno a été admis à l’unité de neurologie après avoir dit à sa amille, un matin, qu’il ne pouvait plus marcher. Il n’avait pas ait de chutes et n’avait pas subi de blessures récentes. L’examen physique et la tomodensitométrie n’ont montré aucune anomalie physiologique. Pendant l’examen de l’état mental, le client a mentionné ne plus entendre de voix. De plus, la collecte des données de l’infrmière a montré qu’il n’était nullement préoccupé par son incapacité à marcher.
7.1 Neuroanatomie : Étude de la localisation des structures du système nerveux et de leurs relations spatiales. Neurophysiologie : Étude du fonctionnement des cellules et des circuits du système nerveux.
Neurosciences et désordres mentaux
Partie 2
La connaissance de la structure et du onction nement normal du système nerveux aide les pro essionnels de soins en santé mentale à orir des traitements d’une qualité optimale aux personnes atteintes de maladies liées au onctionnement céré bral. De plus, la compréhension des anomalies structurales ou neurochimiques qui touchent les clients atteints de troubles mentaux permet à l’infr mière d’évaluer efcacement leurs réactions, de planifer ses interventions et de prodiguer les soins et les traitements optimaux.
7.2
Anatomie fonctionnelle
Les perceptions, pensées, sentiments, impulsions et actions humaines, des plus rudimentaires aux plus complexes, naissent dans le SNC, ormé par l’encéphale et la moelle épinière. L’encéphale constitue le principal système intégrateur qui ré gule et détermine les interactions d’une personne avec son environnement. Toutes les réactions humaines résultent d’interactions complexes entre les acteurs génétiques, environnementaux et déve loppementaux, qui açonnent les structures du cerveau (neuroanatomie) et déterminent leur onctionnement (neurophysiologie).
Les connaissances portant sur le système nerveux central (SNC) ont considérablement progressé depuis les années 1990, et plus particulièrement durant la « décade du cerveau », de 1990 à 1999. Les recherches eectuées ont permis de com prendre que l’encéphale humain est l’ordinateur le plus sophistiqué jamais créé et ainsi de mettre au point de nouvelles stratégies de traitement et d’ap proches ainsi que de modifer la perception des troubles mentaux pour la majorité de la population.
Le système nerveux humain se compose de deux divisions anatomiques distinctes, mais interconnec tées entre elles : le SNC et le système nerveux péri phérique (SNP) qui comprend les ners périphériques, soit 12 paires de ners crâniens et 31 paires de ners spinaux émergeant de la moelle épinière FIGURES 7.1 et 7.2. Les ners périphériques transmettent l’inor mation sensorielle (aérente) vers le SNC et l’inormation motrice (eérente) à partir du SNC vers les muscles et les glandes.
Le modèle biologique de la maladie psychia trique s’est perectionné en raison de la création et de la disponibilité de nouveaux outils de travail. Ce modèle a acilité le diagnostic des troubles céré braux et a permis la mise au point de traitements et d’interventions nouveaux et efcaces (Bear, Connors & Paradiso, 2007).
Bien que le SNP et certaines interactions avec le système nerveux autonome soient d’une impor tance cruciale pour le onctionnement physiolo gique de l’organisme humain, la compréhension des troubles mentaux repose principalement sur une connaissance approondie de la structure et du onctionnement du SNC et en particulier de l’encéphale. C’est pour cette raison que le présent chapitre porte sur l’anatomie et la physiologie de l’encéphale et sur la manière dont l’infrmière uti lisera ces connaissances pour orir des soins aux personnes atteintes de troubles mentaux et d’autres troubles neurologiques.
Les maniestations cliniques associées aux troubles mentaux se maniestent généralement par des com portements dysonctionnels. Les clients atteints de troubles mentaux se comportent réquemment d’une manière perçue par la société comme diérente, étrange ou anormale. Leurs troubles s’expriment
164
par des maniestations allant de modérées (p. ex., la personne exprime une proonde tristesse de açon permanente) à graves (p. ex., le client entend des voix que personne d’autre ne perçoit, il croit que tout le monde cherche à lui nuire). Ces perceptions, pensées et comportements anormaux ont généralement un ondement neurobiologique.
Dimensions biopsychosociales de la santé mentale et des troubles mentaux
cerveau
nerfs crâniens plexus brachial
cervelet
nerf circonflexe
+
colonne vertébrale
nerf médian nerf cubital nerf obturateur nerf grand abdomino-génital
nerf radial nerf intercostal plexus lombaire
nerf petit abdomino-génital nerf fémoro-cutané nerf crural nerf grand sciatique
plexus sacré nerf fessier
7
nerf digital
nerf saphène interne nerf petit sciatique +
moelle épinière cul-de-sac dural
dure-mère
nerf sciatique poplité externe nerf musculo-cutané
nerf sciatique poplité interne
nerf tibial antérieur
nerf saphène externe
filum terminal
FIGURE 7.1 Système nerveux central
FIGURE 7.2 Système nerveux périphérique
7.2.1
La coordination efcace des activités humaines exige une interdépendance complexe et une com munication au sein des deux hémisphères et entre eux. Une importante lame de substance blanche appelée corps calleux relie les deux hémisphères. L’inormation sensorimotrice circule continuelle ment entre les hémisphères par les voies nerveuses du corps calleux.
Encéphale
L’encéphale est l’une des structures les plus impor tantes et les plus complexes de l’organisme humain ; il renerme environ 100 milliards de cellules. Il est composé de structures anatomiquement distinctes, mais physiologiquement interdépendantes : les hémisphères cérébraux, le diencéphale, le cervelet et le tronc cérébral.
Hémisphères cérébraux Les deux hémisphères cérébraux orment la por tion la plus volumineuse de l’encéphale ; d’impor tantes régions onctionnelles s’y trouvent telles que le cortex cérébral, les noyaux de la base et le système limbique. Les hémisphères cérébraux renerment plus de 70 % des neurones du SNC et sont responsables de onctions comme l’ouïe, la vue, le langage, les onctions cognitives, la maîtrise des muscles et l’interprétation sensorielle. L’hémisphère gauche est dominant chez une large majorité de la popula tion et gère principalement les onctions motrices et sensorielles de la partie droite de l’organisme (Hamberger & Cole, 2011 ; Hamilton, Chrysikou & Coslett, 2011). L’hémisphère droit gouverne les onctions du côté gauche du corps.
Cortex cérébral Le cortex cérébral orme des replis séparés par des rainures et des échancrures. Les rainures peu pro ondes portent le nom de sillons, et celles qui s’éten dent proondément dans le cerveau sont des scissures. Les portions surélevées des replis sont les gyrus ou circonvolutions. Les sillons et les circonvo lutions augmentent de açon spectaculaire la surace totale de l’encéphale. Anatomiquement, le cortex cérébral est divisé par les scissures majeures en quatre régions onctionnelles distinctes appelées lobes. Il s’agit des lobes rontal, temporal, occipital et parié tal. Bien que ces lobes agissent souvent ensemble, chacun possède ses onctions propres FIGURE 7.3. Les onctions normales de chacun des lobes, ainsi que les symptômes généralement associés aux per turbations de chacune des régions corticales des lobes cérébraux sont décrits dans le TABLEAU 7.1. Chapitre 7 Neurobiologie et santé mentale
165
Lobe frontal
Aire prémotrice
Gyrus précentral (aire motrice primaire)
Sillon central
Lobe Gyrus pariétal postcentral (aire somesthésique primaire) Aire gustative primaire Aire pariétale postérieure
Aire préfrontale
Aire visuelle associative
Aire visuelle primaire
Aire de Broca (aire motrice du langage)
Gyrus transverse
Aire auditive associative Aire de Wernicke (aire de compréhension du langage)
Aire auditive primaire
Lobe temporal FIGURE 7.3
Aires fonctionnelles du cortex cérébral
TABLEAU 7.1
Fonctions normales des lobes cérébraux et symptômes liés à leur dysfonctionnement
LOBE
FONCTIONS NORMALES
SYMPTÔMES DE DYSFONCTIONNEMENT
Frontal
• Programmation et exécution des onctions motrices
• Variabilité de l’humeur et de l’aect (p. ex., être rapidement démoralisé, être colérique)
• Fonctions supérieures de la pensée, comme la plani fcation, la capacité d’abstraction, l’apprentissage par essais et erreurs et la prise de décisions
• Perturbation de l’expression du langage • Altération du onctionnement moteur
• Intuition intellectuelle et jugement
• Comportement impulsi
• Expression des émotions et de la conscience de soi
• Altération du processus décisionnel
• Production de la parole (aire de Broca)
• Altération de la pensée rationnelle • Perte d’inhibition sociale et accroissement de la libido • Diminution de la motivation
Pariétal
• Perception sensorielle : réception de l’inormation provenant de l’environnement, son organisation et sa communication au reste de l’encéphale • Aires associatives permettant des activités telles qu’eectuer des tâches précises (p. ex., suivre les indications d’une carte routière), mais aussi de lire l’heure et de s’habiller
• Altération des perceptions sensorielles (p. ex., une conscience moindre des sensations douloureuses) • Perte de la notion du temps (p. ex., conduisant à l’incapacité de respecter des rendezvous) • Altération de l’hygiène personnelle • Altération de la capacité arithmétique • Incapacité à accomplir correctement les séquences d’activités motrices courantes • Conusion entre la droite et la gauche • Temps de concentration limité
166
Partie 2
Dimensions biopsychosociales de la santé mentale et des troubles mentaux
Lobe occipital
TABLEAU 7.1
Fonctions normales des lobes cérébraux et symptômes liés à leur dysfonctionnement (suite)
LOBE
FONCTIONS NORMALES
SYMPTÔMES DE DYSFONCTIONNEMENT
Temporal
• Surtout responsable de l’interprétation des sons et de la production d’un langage cohérent (aire de Wernicke)
• Hallucinations auditives • Perturbations de la mémoire • Altération des réactions émotionnelles • Aphasie sensorielle
Occipital
• Surtout responsable de l’interprétation des stimulus visuels
Beaucoup de symptômes présentés par les clients atteints de troubles neurologiques et mentaux résul tent de désordres du onctionnement de un ou de plusieurs de ces lobes cérébraux. Le lobe rontal est le plus volumineux de l’encéphale humain. Une grande partie de ce qui rend unique le comportement humain est due au onctionnement du lobe rontal. Celuici contient plusieurs structures importantes : l’aire motrice primaire, l’aire prémotrice, l’aire motrice supplé mentaire, l’aire prérontale, le cortex prérontal, l’aire de Broca. L’aire motrice primaire (ou aire corticale pri maire) est située devant le sillon central, aussi appelé gyrus précentral. Cette aire est responsable de la gestion de l’activité motrice volontaire de chaque muscle. Les neurones qui prennent nais sance dans l’aire motrice primaire sont en conti nuité directe avec les ners périphériques qui innervent les muscles de l’organisme. C’est près du bulbe rachidien que les faisceaux nerveux traver sent du côté opposé de la moelle épinière (décus sation). À cause de ce changement de côté des bres nerveuses, le cortex moteur droit commande l’acti vité motrice volontaire du côté gauche du corps, et le cortex moteur gauche gouverne le côté droit du corps. Quand les aisceaux nerveux quittent l’encéphale, ils orment un renfement apparenté à la orme d’une pyramide qui porte le nom de sys tème pyramidal 21 . Le lobe rontal abrite également l’aire prémo trice ; située devant l’aire motrice primaire, elle est responsable de la coordination des mouvements de nombreux muscles. Elle voisine l’aire motrice sup plémentaire, responsable de la coordination des habiletés motrices apprises. Cette dernière aire est une aire associative. Les aires primaires déclen chent le mouvement, et les aires associatives l’analysent.
• Hallucinations visuelles
du lobe rontal peuvent entraîner des changements de la personnalité. Par ailleurs, le raisonnement, la planication, la xation des priorités, l’organisation du comportement, la connaissance intuitive, la aculté d’adaptation et le jugement sont des onc tions dites exécutives qui relèvent du cortex pré rontal. Les onctions normales du lobe rontal aident aussi à modérer les impulsions et les actions plus primitives. Le lobe rontal permet également à une personne de traiter adéquatement les stimulus sensoriels, de raisonner, de se concentrer sur des tâches et de réagir aux signaux sociaux. La diculté dans l’accomplissement de ces activités représente souvent un symptôme de troubles mentaux. L’aire de Broca, ou aire motrice du langage, est une autre aire importante habituellement localisée seulement dans le lobe rontal gauche. Touteois, le degré de latéralisation varie de açon importante selon les personnes. Les traumas ou les accidents vasculaires cérébraux (AVC) qui endommagent cette aire peuvent entraîner une aphasie motrice, soit l’incapacité de parler.
7
Faisceau nerveux : Ensemble de fbres qui cheminent au sein du sys tème nerveux central.
21 Les effets extrapyrami daux, liés à la prise de certains médicaments psychotropes, sont décrits dans le chapitre 21, Psycho pharmacothérapie et autres thérapies biologiques
Le lobe pariétal agit comme principal centre de traitement sensoriel. Le gyrus postcentral de ce lobe abrite l’aire somesthésique primaire qui interprète l’in ormation sensorielle. L’aire Michaël Fortin est âgé de 24 ans. Il prend de l’aripipra pariétale postérieure, située zole 15 mg die (Abiliymd) depuis un an pour trouble derrière, est une aire associa schizophrénique. Il ait de l’insomnie, soure de cons tive responsable de l’organi tipation et de céphalées, et manieste des épisodes sation, de l’intégration et de d’agitation motrice. l’analyse de l’inormation
Jugement clinique
sensorielle que l’aire somes thésique primaire du gyrus postcentral interprétera plus spécialement.
Parmi ces eets indésirables, lequel représente une réaction extrapyramidale de sa médication ?
Le lobe temporal est responsable des onctions essentielles du langage parlé et écrit, de la mémoire, de la reconnaissance visuelle et des émotions. L’aire prérontale est une autre aire associative L’aire de Wernicke (aire de compréhension du lan importante située dans le lobe rontal. La cognition, gage) est une zone spécialisée du lobe temporal la mémoire et les onctions responsable de l’organisa analytiques constituent tion des mots de açon Une grande partie de ce qui rend unique des onctions qui lui sont qu’ils soient reconnus le comportement humain est due au foncen grande partie dévolues. et qu’ils correspondent au tionnement du lobe frontal. Des lésions de cette région contenu émotionnel à Chapitre 7 Neurobiologie et santé mentale
167
16 Les effets de la consomma tion excessive d’alcool sont décrits dans le chapitre 16, Troubles liés à une substance.
exprimer. À long terme, la consommation excessive d’alcool peut endommager cette région 16 . Cette aire agit de concert avec l’aire de Broca (dans le lobe rontal) pour avoriser une communication cohérente. Les troubles de la communication peu vent ainsi mettre en cause plusieurs régions du lobe rontal et du lobe temporal : par exemple, les aphasies peuvent avoir plusieurs origines, dans l’aire de Broca ou de Wernicke. L’aire auditive associative du lobe temporal est impliquée dans les souvenirs, en particulier ceux qui sont associés à des signaux visuels et auditis. L’aire visuelle primaire du cortex se situe dans le lobe occipital. La reconnaissance des couleurs, la capacité de distinguer visuellement les objets et de les nommer ainsi que de reconnaître des objets en mouvement sont des onctions du lobe occipital. Un trauma qui survient dans cette région de
TABLEAU 7.2
Structures du système limbique
STRUCTURE
FONCTION
Amygdale
• Modulation des états émotionnels • Régulation des réactions affectives aux événements
Thalamus
• Relai de toute l’information sensorielle, sauf l’odorat • Sélection de l’information afférente concernant les émotions, l’humeur et la mémoire
Hypothalamus
• Régulation des fonctions humaines de base, comme les cycles veillesommeil, la température corporelle et les pulsions de survie, telles la faim et la reproduction • Modulation des pulsions sexuelles
Hippocampe
• Organisation de l’apprentissage et de la mémoire
Gyrus cingulaire
Lobe pariétal Corps calleux
Troisième ventricule
CORTEX
SYSTÈME LIMBIQUE Thalamus Amygdale Hippocampe
Lobe occipital
Sillons corticaux
Cervelet
Les instincts, l’excitation sexuelle, la peur, l’agres sivité et d’autres émotions primitives ont partie des mécanismes qui contribuent à la survie de l’espèce. Ces onctions sont coordonnées dans des structures proondes de l’encéphale qui orment le système limbique. Le terme système est utilisé, car ses onctions résultent des actions interreliées et étroitement coordonnées de diverses structures cérébrales TABLEAU 7.2 et FIGURE 7.4.
Gyrus hippocampique
Tronc cérébral
L’hippocampe est situé en proondeur dans le lobe temporal ; des connexions directes le relient
Système limbique Partie 2
Certains médicaments utilisés pour traiter des troubles mentaux altèrent le onctionnement des noyaux gris centraux. Par exemple, la chlorproma zine et l’halopéridol ainsi que l’ensemble des anti psychotiques typiques (de première génération) provoquent parois une hypertonie, ou dystonie, une condition caractérisée par un tonus musculaire excessi.
Système limbique
FIGURE 7.4
168
Les noyaux de la base, également appelés noyaux gris centraux ou ganglions de la base, sont des amas de corps cellulaires qui participent de près aux onctions motrices et associatives. Il s’agit de substance grise enouie dans la substance blanche de l’encéphale. Ils possèdent un nombre incalcu lable de connexions à la ois avec le cortex, situé plus superfciellement, et avec les structures pro ondes du mésencéphale, en dessous. Le striatum (noyau caudé et putamen), le globus pallidus (ou pallidum) et la substance noire ont partie des noyaux de la base les plus connus. Ces noyaux interviennent au moment où sont amorcés les mouvements, et ils contribuent à l’apprentissage et à la programmation du comportement moteur afn qu’il devienne automatique. En eet, les acti vités motrices complexes, comme marcher, man ger, conduire une automobile, deviennent si naturelles qu’une personne n’a pas besoin d’y penser consciemment lorsqu’elle les accomplit. Cela explique pourquoi certaines personnes at teintes de démence retiennent quelquesunes de ces habiletés motrices longtemps après avoir subi une importante perte de la mémoire ou de la aculté de parler. Des aections comme la chorée de Huntington et la maladie de Parkinson sont asso ciées à un dysonctionnement des noyaux gris centraux et à l’incapacité de ces structures de com muniquer efcacement avec le cortex moteur (Seibyl, Russell, Jennings et al., 2012 ; Wol, Grön, Sambataro et al., 2011).
Lobe frontal
Hypophyse
Bulbe rachidien
Noyaux de la base
Septum pellucidum Sillon hypothalamique
Quatrième ventricule
l’encéphale provoque parois la cécité, même si les ners optiques et les yeux restent intacts. Des lésions du lobe occipital peuvent entraîner des hal lucinations visuelles et d’autres anomalies du onc tionnement visuel, telle l’alexie, c’estàdire l’incapacité de lire.
Dimensions biopsychosociales de la santé mentale et des troubles mentaux
au diencéphale. Il joue un rôle majeur dans l’enco dage, la consolidation et le rappel des souvenirs. L’hippocampe des clients atteints de la maladie d’Alzheimer est endommagé, ce qui occasionne des problèmes de mémoire de travail et de capacité d’apprentissage. L’amygdale (ou corps amygdaloïde) module les états émotionnels courants, tels les sentiments de colère, d’agressivité, d’amour et de bienêtre dans le milieu social. La onction de régulation émotion nelle du système limbique est liée aux voies olac tives qui communiquent avec l’amygdale. C’est la raison pour laquelle certaines odeurs suscitent parois de vives réactions émotionnelles et des sou venirs (Hoover, 2010 ; Matsunaga, Isowa, Yamakawa et al., 2011). De plus, le système limbique soulève un intérêt grandissant chez les chercheurs qui ten tent de déterminer l’étiologie biologique du trouble bipolaire. Pour certains, le onctionnement déec tueux des neurones de l’amygdale y tiendrait un rôle important (Karchemskiy, Garrett, Howe et al., 2011). L’amygdale est également étudiée an de mieux comprendre les réactions anormales de peur, comme la panique, et les comportements violents de rage (Carlson, 2009).
Diencéphale Le thalamus, l’hypothalamus et l’épithalamus sont des parties de l’encéphale désignées collectivement sous le terme de diencéphale. D’un point de vue onctionnel, les structures du diencéphale ont éga lement partie du système limbique. Le thalamus est une structure qui agit d’abord comme un relais pour diriger l’inormation senso rielle vers le cortex cérébral. Ainsi, toute l’inor mation sensorielle, sau l’inormation olactive, provenant du SNP passe par le thalamus avant d’atteindre le cortex cérébral. Le thalamus sélec tionne et ltre l’inormation sensorielle aérente et la dirige vers des régions précises du cortex, où elle pourra être interprétée et évaluée plus en détail. Cela comprend aussi l’inormation senso rielle qui agit sur les émotions, l’humeur et la mémoire. L’hypothalamus est une autre partie onction nelle du système limbique située en proondeur dans l’encéphale ; il contribue à la régulation de certaines des onctions humaines les plus onda mentales, dont les cycles veillesommeil, la tempé rature corporelle, la soi et des pulsions de survie, telles la aim et les pulsions sexuelles. Les recher ches actuelles indiquent que certains comporte ments symptomatiques – tels les problèmes d’appétit et de sommeil chez le client déprimé, les modications saisonnières de l’humeur observées dans le trouble aecti saisonnier et les problèmes de thermorégulation chez les clients atteints de schizophrénie (p. ex., porter un manteau d’hiver en été) – pourraient être le résultat d’un dérèglement
hypothalamique (Gallup & Gallup, 2008 ; Vandewalle, Hébert, Beaulieu et al., 2011).
Cervelet Le cervelet, tout comme le cerveau, est bilobé, et son centre de substance blanche est recouvert de substance grise. Fonctionnellement, le cervelet est associé à des activités comme la coordination motrice et l’équilibre. Touteois, en raison de ses communications avec les hémisphères cérébraux, un rôle dans la cognition lui est également re connu, et son dysonctionnement à l’échelle cel lulaire pourrait intervenir dans certains troubles complexes, tels la schizophrénie et l’autisme (Aoki, Kasai & Yamasue, 2012 ; Bullock, Cardon, Bustillo et al., 2008).
7
Tronc cérébral Le tronc cérébral se compose du pont (ou protubé rance) et du bulbe rachidien. Ces deux régions sont souvent considérées comme des centres de relais régulant des onctions aussi essentielles que la res piration et le rythme cardiaque.
7.3
Neurophysiologie
La neurophysiologie est l’étude du onctionnement des cellules et des circuits nerveux. Il est important de connaître les cellules qui composent le système nerveux ainsi que leur onctionnement pour com prendre les interactions complexes qui caractéri sent les comportements humains normaux et pathologiques.
7.3.1
Cellules nerveuses
Les cellules nerveuses appartiennent à deux grandes catégories : les neurones et les cellules gliales. Environ 10 % des cellules qui constituent le SNC sont des neurones, des cellules hautement spécialisées pour générer et conduire les signaux électriques. Les cellules gliales représentent un autre type de cellules nerveuses qui procurent un soutien mécanique et physiologique aux neu rones et qui produisent un important matériel isolant appelé gaine de myéline. La substance blanche de l’encéphale et de la moelle épinière se compose d’axones de neurones qui sont entou rés et isolés par la gaine de myéline et les cellules gliales, les oligodendrocytes, qui la produisent. La substance grise, qui orme par exemple le cortex de l’encéphale, ne contient presque pas de myéline. Les neurones sont directement responsables de la production et de la conduction de l’infux ner veux. Chaque neurone établit des milliers, voire des centaines de milliers de connexions avec Chapitre 7 Neurobiologie et santé mentale
169
d’autres neurones. Ces connexions, qui portent le nom de synapses, permettent à diverses régions du SNC de communiquer entre elles pour interpréter l’inor mation sensorielle et produire la réponse motrice. Le noyau et les autres principaux organites du neurone se trouvent en général dans une région de la cellule appelée corps cellulaire. Deux types de prolongements émergent de la région du corps cellulaire. Les dendrites acheminent les infux élec triques vers le corps cellulaire, alors que les axones transmettent les infux à partir de celuici. Certains axones ont plus de un mètre de long. L’axone se termine par l’arborisation synaptique, où se trou vent de petits boutons synaptiques FIGURE 7.5.
7.3.2
Fonctionnement électro chimique du neurone
Tous les neurones peuvent détecter, traiter, générer et conduire des signaux électrochimiques appelés potentiels d’action. Les neurones ont des pro priétés spéciales qui permettent des changements rapides de la concentration d’ions intracellulaires et extracellulaires, tels les ions sodium, potassium et chlorure. La distribution inégale des ions de part et d’autre de la membrane plasmique du neu rone crée un potentiel électrique et conère la capa cité de conduire un courant électrique. Un potentiel d’action est généré par le mouvement rapide des ions à travers la membrane de la cellule nerveuse qui inverse temporairement la charge électrique de part et d’autre de cette membrane.
La conduction du potentiel d’action est un phé nomène d’un intérêt particulier pour l’inrmière, puisqu’il met en jeu des substances chimiques appelées neurotransmetteurs. Quand un potentiel d’action atteint une terminaison axonale synap tique, il provoque un changement de la perméabilité de la membrane axonale, permettant ainsi aux subs tances neurotransmettrices emmagasinées dans le bouton synaptique d’être libérées dans l’espace (la fente synaptique) qui sépare deux neurones adja cents FIGURE 7.6. Les neurotransmetteurs sont essentiels à l’ecacité de la communication neu ronale, et ils sont en cause dans beaucoup de trou bles neurologiques (p. ex., la maladie de Parkinson) et neuropsychiatriques (p. ex., la schizophrénie) (Stahl, 2008) TABLEAU 7.3.
A
Jonction serrée
Conduction du potentiel d’action
Jonctions communicantes
Charges électriques
Jonction serrée Cellule postsynaptique
Cellule présynaptique
Dentrites B
Cellule présynaptique
Cellule postsynaptique
Récepteur
Collatérale axonale Corps cellulaire
Vésicules synaptiques
Gaine de myéline (oligodendrocyte)
Axone
Molécules de neurotransmetteur Fente synaptique
Arborisation terminale
FIGURE 7.5 Caractéristiques structurales du neurone : dendrites, corps cellulaire et axone
170
Partie 2
Mitochondrie
Dimensions biopsychosociales de la santé mentale et des troubles mentaux
Membrane postsynaptique
FIGURE 7.6 Synapses électriques et chimiques – A Les synapses électriques font intervenir des jonctions communicantes qui, en laissant le courant électrique circuler entre les cel lules, permettent aux potentiels d’action de passer directe ment d’une cellule à l’autre. Elles ne sont pas nombreuses dans le SNC humain. B Les synapses chimiques fonction nent par l’intermédiaire de messagers chimiques, les neuro transmetteurs, qui agissent sur les cellules postsynaptiques, où ils peuvent déclencher un potentiel d’action. Ces synapses sont caractéristiques du SNC humain.
TABLEAU 7.3
Neurotransmetteurs du système nerveux central
NOM DU NEUROTRANSMETTEUR PAR CATÉGORIE MOLÉCULAIRE
ACTIVITÉ
LIEUX PRINCIPAUX DE PRODUCTION
Acétylcholine
Excitateur
Neurones moteurs, pont, noyau basal de Meynert, noyau septomédian
Aspartate
Excitateur
SNC
Glutamate
Excitateur
80% des neurones du SNC
Acide gammaaminobutyrique (GABA)
Inhibiteur
Mésencéphale, cervelet, tronc cérébral
Glycine
Inhibiteur
Moelle épinière
Adrénaline
Excitateur
Pont et bulbe rachidien
Dopamine
Excitateur
Noyaux gris centraux, système limbique, aire tegmentale ventrale
Noradrénaline
Excitateur
Pont et bulbe rachidien
Histamine
Excitateur
Hypothalamus et bulbe rachidien
Sérotonine
Excitateur
Tronc cérébral, pont et bulbe rachidien
Nombreux peptides ; par exemple, peptide vasoacti intestinal, bombésine, cholécys tokinine, endorphines
Excitateurs
SNC et SNP
Oxyde nitrique, monoxyde de carbone
Incertaine
SNC et SNP
7.3.3
Description des principaux neurotransmetteurs
La communication entre deux neurones repose sur le cheminement du potentiel d’action vers le bouton synaptique. Une ois qu’un potentiel d’action a atteint le bouton présynaptique, le neurotransmetteur est libéré et se répand dans la synapse par simple diu sion. Le neurotransmetteur se fxe à la membrane postsynaptique sur des sites récepteurs qui lui sont propres. En règle générale, il sera désactivé par dégra dation enzymatique et sera réabsorbé dans la cellule présynaptique ou dans une cellule gliale avoisinante. Ce mécanisme se répète encore et encore. Les neuro transmetteurs sont déinis par cette succession d’étapes et sont déterminés comme étant excitateurs ou inhibiteurs selon leur eet sur la membrane post synaptique ENCADRÉ 7.1. Les neurotransmetteurs inhibiteurs agissent en ralentissant ou en arrêtant complètement la propagation du potentiel d’action. Beaucoup de toxines synthétiques ou naturelles, des drogues illicites, des anesthésiques et des médi caments utilisés pour traiter des troubles mentaux agissent sur la synapse directement sur les récep teurs propres aux neurotransmetteurs. Par exemple, certaines drogues, comme les opioïdes, agissent directement sur les récepteurs postsynaptiques, et d’autres sur les enzymes de recaptage du neuro transmetteur dans la ente synaptique, par exemple la cocaïne.
ENCADRÉ 7.1
7
Critères défnissant un neurotransmetteur
Le neurotransmetteur : • est synthétisé dans le neurone; • est présent dans la terminaison présynaptique et libéré en quantités sufsantes pour exercer un eet précis sur un neurone postsynaptique ; • se lie à un récepteur spécifque ; • est inactivé par un processus de recaptage ou de dégradation.
De même, un nombre croissant de dysonction nements neurologiques sont attribués à des ano malies associées à une augmentation ou à une diminution de la libération de neurotransmetteurs dans la ente synaptique. Les interactions complexes des cellules ner veuses et la distribution des divers neurotransmet teurs dans les diérentes parties de l’encéphale sont à la base de toutes les activités du SNC. L’acétylcholine (ACh) a été la première subs tance identifée comme étant un neurotransmetteur. Elle se trouve presque partout dans l’encéphale, mais les noyaux gris centraux et le cortex moteur du lobe rontal en contiennent des concentrations Chapitre 7 Neurobiologie et santé mentale
171
Système nigrostrié : Groupe de neurones se situant dans la substance noire et se projetant vers le striatum. Ils sont impli qués dans l'initiation des mouvements volontaires et leur dysfonctionne ment explique les symp tômes de la maladie de Parkinson.
particulièrement élevées. Les neurones qui utilisent l’ACh comme neurotransmetteur sont qualifés de cholinergiques. Il existe deux types de récepteurs pour l’ACh : les récepteurs muscariniques et les récepteurs nicotiniques. De nombreux médica ments, tels les antipsychotiques de première gé nération (aussi appelés neuroleptiques ou antipsychotiques typiques), interagissent avec l’ACh et ses sites récepteurs muscariniques, pro duisant ainsi des eets indésirables anticholiner giques. La sécheresse de la bouche, la vision brouillée, la constipation et la rétention urinaire ont partie de ces eets indésirables. Souvent très incommodants pour les clients, ils s’avèrent la cause réquente de la nonadhésion au traitement thérapeutique prescrit. De plus, le blocage des récepteurs muscariniques peut entraîner des eets plus graves comme la conusion et le délirium, en particulier chez les clients âgés.
Les récepteurs nicotiniques réagissent positive ment à la nicotine. Ils se trouvent surtout dans les jonctions neuromusculaires, de même que dans certaines régions du SNC et du SNP. La nicotine, présente dans le tabac, se lie aux sites récepteurs nicotiniques. Elle peut repro duire les eets de l’Ach libé rée dans certains centres Colette Senez est âgée de 47 ans. Elle est hospitalisée cérébraux associés au plaisir, à l’unité de santé mentale pour une dépression ce qui ait que la nicotine crée majeure. Elle a des épisodes dépressifs récurrents et une orte dépendance. son conjoint vous dit qu’il en a marre de la voir ainsi : L’exposition à des taux exces « Je veux bien comprendre qu’elle n’est pas bien, mais sis de nicotine causera par elle devrait faire plus d’efforts pour s’en sortir. » ois la paralysie musculaire, Que devriezvous répondre au conjoint de la cliente ce qui explique pourquoi il pour lui expliquer que ce n’est pas le manque de s’agit aussi d’un insecticide volonté qui explique la condition de son épouse ? efcace.
Jugement clinique
Neuropeptide : Peptide utilisé par l’organisme comme neurotransmetteur tel que l’endorphine et les enképhalines.
ALERTE CLINIQUE
Les aliments riches en tyro sine et en tyramine sont à éviter pour les clients qui prennent certains médica ments antidépresseurs ou pour traiter la maladie de Parkinson.
172
Partie 2
Le glutamate (acide glutamique), un acide aminé, est un neurotransmetteur excitateur de l’encéphale, tandis que le principal neurotransmetteur inhibi teur de l’encéphale est le GABA, qui dérive chimi quement du glutamate. Le glutamate et le GABA sont à la base des processus de mémorisation dans l’hippocampe ; voilà pourquoi ils ont l’objet de recherches approondies portant sur des troubles comme la maladie d’Alzheimer et la schizophrénie (Schinder & Morgenstern, 2009). La noradrénaline, l’adrénaline, la dopamine, la sérotonine et l’histamine appartiennent à la classe de neurotransmetteurs désignés comme mono amines. La dopamine, la noradrénaline et l’adréna line sont synthétisées à partir de la tyrosine, un acide aminé et sont aussi appelées catécholamines. La dopamine est un neurotransmetteur présent dans plusieurs régions de l’encéphale, dont la subs tance noire du mésencéphale et l’hypothalamus. Les cellules du mésencéphale qui contiennent de la dopamine envoient leurs axones vers le cortex limbique (voie mésolimbique). Les chercheurs Heinz et Schlagenhau (2010) croient que les clients
Dimensions biopsychosociales de la santé mentale et des troubles mentaux
atteints de schizophrénie sont atteints d’un dys onctionnement de ces régions de l’encéphale. Des antagonistes (substances qui inactivent le récep teur) de la dopamine sont en eet prescrits pour le traitement de certaines psychoses. Dans la maladie de Parkinson, ce sont les cellules de la substance noire (système nigrostrié) contenant de la dopa mine qui sont détruites. Dans ce cas, des agonistes (substances qui activent le récepteur) de la dopa mine sont alors prescrits pour le traitement des symptômes. Nombre d’études indiquent que les clients atteints de troubles de l’humeur, en particulier la dépression majeure, ont une carence en noradréna line (Crupi, Marino & Cuzzocrea, 2011). La nora drénaline se concentre surtout dans une petite zone de l’encéphale connue sous le nom de locus coeruleus. Lorsqu’elle est libérée directement dans la circulation sanguine, la noradrénaline agit comme une hormone qui amplife l’eet de l’ACh libérée localement aux jonctions neuromusculaires. Par exemple, les ners sympathiques qui innervent les muscles lisses autour des vaisseaux sanguins ont des concentrations importantes de noradrénaline, ce qui explique le rôle de celleci dans l’élévation de la pression artérielle au cours d’une réaction de lutte ou de uite. La sérotonine est synthétisée à partir du trypto phane, un autre acide aminé. La production de sérotonine se ait principalement dans le tronc céré bral, mais elle est également répandue dans le cor tex cérébral et la moelle épinière. La sérotonine contribue à réguler l’homéostasie, agissant sur la régulation de la température corporelle, sur la prise de nourriture, sur les cycles veillesommeil, ainsi que sur l’humeur. Tous ces aspects sont assujettis à des concentrations sufsantes de sérotonine. Des problèmes signifcatis sur le plan clinique, par exemple les nombreux symptômes comportemen taux liés à la dépression, apparaissent quand le taux de sérotonine d’un client est aible. Les onctions des neuropeptides, telles la cho lécystokinine, les endorphines (opioïdes endo gènes) et la substance P sont présents dans plusieurs sites de l’encéphale. Les chercheurs croient que ces molécules jouent un rôle dans la prise de nourri ture, les dépendances et la modulation endogène de la douleur (HannonEngel, 2012 ; Maldonado, 2010). De plus, des recherches récentes mettent en évi dence que deux gaz – le monoxyde de carbone et l’oxyde nitrique – agissent à la manière de neuro transmetteurs (Benarroch, 2011 ; Fujita, Yamauji, Nakabeppu et al., 2012). Ces deux gaz toxiques et instables sont des sousproduits des émissions de gaz d’échappement et d’autres ormes de combus tion. Dans l’organisme humain, ils sont produits par le métabolisme cellulaire. L’oxyde nitrique n’est pas emmagasiné dans des vésicules synaptiques ; en
réalité, il agit plutôt dans la direction opposée, se déplaçant du neurone postsynaptique vers le neu rone présynaptique, et on ne lui connaît pas de sites récepteurs spéciques. Il agit touteois comme mes sager chimique dans l’encéphale et dans les vais seaux sanguins périphériques. De plus, il intervient dans la relaxation des vaisseaux sanguins du clitoris et du pénis au moment de l’excitation sexuelle (Andersson, 2011). Les chercheurs indiquent aussi que l’oxyde nitrique ainsi que le monoxyde de car bone jouent un rôle dans la onction mnésique de l’hippocampe et qu’ils participent peutêtre à la maladie complexe qu’est la dépression majeure (Borras, Constant, De Timary et al., 2009 ; Cutajar & Edwards, 2007 ; Moroz & Kohn, 2011).
7.3.4
Rôle clinique des neurotransmetteurs
Des recherches approondies sont consacrées à la mise au point de nouveaux médicaments qui agis sent sur les synapses dans l’encéphale pour rendre le traitement des troubles mentaux plus ecace et précis (Manolopoulos, Ragia & Alevizopoulos, 2012). Toute molécule chimique qui imite celle du neuro transmetteur (agoniste), ou qui entre en compétition avec lui, ou qui le détruit (antagoniste), ou qui empêche sa liaison avec des sites récepteurs dans la mem brane postsynaptique peut modier l’ecacité de la communication entre les neurones. Le TABLEAU 7.4 présente les principaux neuro transmetteurs et leur relation avec certains troubles mentaux.
Dépression La sérotonine et les substances qui lui sont chimi quement apparentées, comme la dopamine et la noradrénaline, sont les neurotransmetteurs le plus souvent en cause dans les diverses ormes de dépression. En eet, plusieurs antidé presseurs – les antidépresseurs tricycliques (amitriptyline [Elavil md]) et les inhibiteurs sé lectis du recaptage de la sérotonine (fuoxétine [Prozacmd]) – se distinguent surtout par leurs eets sur les taux de noradrénaline ou de sérotonine. Touteois, certains médicaments qui ciblent spéci quement la sérotonine (p. ex., la fuoxétine, la paroxétine) peuvent être inecaces chez certains clients, mais bien convenir à d’autres. Les antidé presseurs de la classe des inhibiteurs sélectis du recaptage de la sérotonine inhibent le recaptage de la sérotonine par les cellules présynaptiques. Cela augmente la disponibilité de la sérotonine dans la ente synaptique pour se xer sur ses sites récep teurs spéciques. D’autres antidépresseurs agissent en tant qu’inhibiteurs de la monoamineoxydase (p. ex., la phénelzine [Nardilmd]). La monoamine oxydase est l’enzyme qui désactive la sérotonine, la noradrénaline et la dopamine, dans la ente synaptique, et elle les empêche d’agir sur les
TABLEAU 7.4
Relation entre le dysfonctionnement de la sécrétion des neurotransmetteurs et certains troubles mentaux
NEUROTRANSMETTEUR
DYSFONCTIONNEMENTS DE LA SÉCRÉTION
TROUBLES MENTAUX
Dopamine
• Excès (mésolimbique) et défcit (mésocortical)
• Schizophrénie
• Défcit (système nigrostrié)
• Maladie de Parkinson
• Défcit
• Dépression
• Excès
• Anxiété
• Défcit
• Dépression
• Excès
• Anxiété, schizophrénie
GABA
• Défcit
• Troubles anxieux, chorée de Huntingdon
Ach
• Défcit
• Maladie d’Alzheimer
• Excès
• Dépression
Sérotonine Noradrénaline
7
neurones postsynaptiques. Donc, une enzyme ou un médicament qui agit à l’opposé de la monoamine oxydase ou qui est un inhibiteur de cette substance augmente la transmission des signaux entre les neurones. L’usage des inhibiteurs de la monoamine oxydase requiert une surveillance très contrai gnante à cause de leurs nombreuses interactions médicamenteuses et alimentaires, et ces substances ne sont maintenant que très rarement utilisées. Étant donné que la noradrénaline est également importante pour la régulation de paramètres comme le rythme cardiaque et la pression artérielle, les antidépresseurs qui agissent sur le système de la noradrénaline (p. ex., la venlaaxine [Eexormd]) peuvent avoir des eets indésirables qui perturbent ces onctions.
Anxiété Un certain nombre d’aections liées à l’anxiété, tels les troubles paniques et les phobies extrêmes, sont dues à une production excessive de certains neu rotransmetteurs excitateurs qui causent une hyper excitabilité de la membrane postsynaptique. Le GABA, l’un des plus importants neurotransmet teurs inhibiteurs du SNC, s’oppose normalement aux eets de ces neurotransmetteurs excitateurs. Beaucoup de médicaments anxiolytiques (p. ex., le diazépam [Valiummd], l’alprazolam [Xanaxmd]) agis sent en se liant aux récepteurs du GABA, ce qui augmente ses propriétés inhibitrices sur le neurone postsynaptique et ainsi module l’eet des neuro transmetteurs excitateurs. Cela produit un eet calmant chez les clients qui sourent d’anxiété. Le neurone devra ensuite subir une excitation plus orte pour être activé 12 .
12 Le chapitre 12, Troubles anxieux, présente la phar macothérapie et les autres thérapies prodiguées pour ce type de troubles
Chapitre 7 Neurobiologie et santé mentale
173
Schizophrénie
14 Les facteurs biochimiques de la schizophrénie ainsi que les traitements asso ciés sont abordés dans le chapitre 14, Schizophrénie et autres troubles psychotiques.
De nombreux acteurs entrent en jeu dans un trouble complexe comme la schizophrénie, dont une prédisposition génétique, le développement prénatal et l’environnement. La cause principale des symptômes neurologiques maniestés par les clients atteints de schizophrénie est une perturba tion de l’activité normale des neurotransmetteurs, en particulier la dopamine. Selon des études ré centes, les taux de dopamine seraient élevés chez les personnes atteintes de schizophrénie dans la voie mésolimbique, mais diminués dans la voie mésocorticale (Wadenberg, 2010). Certains cher cheurs soutiennent qu’au moins six autres neuro transmetteurs – le glutamate, la sérotonine, la noradrénaline, l’ACh, le GABA et la cholécystoki nine – sont aussi en cause dans la schizophrénie (Bennett, 2009 ; Meltzer & Huang, 2008). Touteois, le traitement actuel reste essentiellement ondé sur l’hypothèse dopaminergique, et les médicaments antipsychotiques les plus réquemment prescrits modulent les eets de la dopamine 14 .
Maladie de Parkinson et maladie d’Alzheimer 26 La maladie d’Alzheimer est traitée en détail dans le chapitre 26, Personnes âgées.
La plupart des chercheurs conviennent que la cause immédiate du parkinsonisme est une carence en dopamine dans la substance noire du mésencéphale qui gouverne les noyaux gris centraux intervenant dans la coordination motrice. Les clients atteints de la maladie de Parkinson présentent de açon caractéristique des tremblements au repos, une démarche traînante, une perte progressive de la gestion motrice qui mène à une rigidité caractéris tique et à une réduction de la maîtrise des mouve ments du visage ; ces clients ont alors un visage sans expression et éprouvent des troubles de l’élocution. Les causes de la carence en dopamine chez les clients atteints de la maladie de Parkinson seraient à la ois génétiques (moins de 5 %), environnemen tales et idiopathiques. Le parkinsonisme est actuel lement traité à l’aide de la lévodopa (LDOPA [Sinemetmd]), un précurseur de la dopamine ca pable de traverser la barrière hématoencéphalique. Les cellules cérébrales contenant les enzymes Partie 2
Maladie d’Alzheimer La maladie d’Alzheimer ait partie des principales causes d’invalidité et de décès chez les aînés au Canada et aux ÉtatsUnis, et le nombre de per sonnes atteintes augmente d’année en année en raison du vieillissement de la population FIGURE 7.7. L’ACh est le neurotransmetteur princi palement mis en cause dans cette aection. Les taux réduits d’ACh entraînent nombre des maniesta tions comportementales de la maladie, comme la perte de mémoire et la désorientation. Le donépézil (Ariceptmd) et d’autres médicaments similaires inhi bent l’enzyme cholinestérase qui dégrade l’ACh dans la ente synaptique. Cela augmente la quantité d’ACh disponible entre les synapses, retardant de ce ait l’apparition des symptômes (Dumas & Newhouse, 2011) 26 .
La maladie de Parkinson et la maladie d’Alzheimer sont toutes deux des exemples de troubles céré braux dont la cause organique est connue aujourd’hui : une perte de neurones contenant la dopamine dans la substance noire du mésencéphale pour la maladie de Parkinson et une perte de neu rones contenant l’acétylcholine dans le cortex céré bral, pour la maladie d’Alzheimer (Dumas & Newhouse, 2011 ; Schwartz & Sabetay, 2012). Les eets dévastateurs de ces aections dégénératives sont liés aux troubles de l’humeur et à la démence qui apparaissent chez les clients et auxquels seront conrontées les inrmières.
Maladie de Parkinson
174
nécessaires convertiront la lévodopa en dopamine. Les agonistes de la dopamine (p. ex., le prami pexole [Mirapexmd], le ropinirole [ReQuipmd]), des molécules très semblables à la dopamine et qui en imitent les eets, sont aussi employés en usage thérapeutique.
Dimensions biopsychosociales de la santé mentale et des troubles mentaux
FIGURE 7.7
La prévalence de la maladie d’Alzheimer est directement liée au vieillissement de la population. La maladie semble toucher davantage les femmes que les hommes.
7.4
Système nerveux et autres systèmes
Même si le siège des troubles mentaux se trouve avant tout dans l’encéphale, il est important de considérer d’autres étiologies biologiques. L’encéphale onctionne avec les autres systèmes de l’organisme dans un équilibre délicat appelé homéostasie; de plus, la relation entre l’esprit et le corps demeure indéniable. La recherche démontre que le SNC infue sur le système immunitaire, le système endocrinien, les rythmes biologiques natu rels ainsi que sur d’autres systèmes, tout comme il
est sous l’infuence de ceuxci (Stasiolek, 2011). Les sections suivantes présentent des exemples d’inte ractions entre des systèmes de l’organisme et la açon dont leur perturbation entraîne parois des dysonctionnements ou des troubles mentaux, aectis et comportementaux.
7.4.1
Psychoneuroimmunologie
La psychoneuroimmunologie est l’étude des rela tions entre le système nerveux, endocrinien et immunitaire et certains comportements associés à ces systèmes. Les cytokines sont des médiateurs chimiques libérés par les cellules du système immunitaire et sont impliquées dans la régulation de la réponse infammatoire. La relation entre les cytokines et la physiopathologie d’aections comme le cancer, les allergies et les maladies neuro immunes, les maladies neurodégénératives, ainsi que les troubles mentaux, comme la dépression majeure, la schizophrénie et la maladie d’Alzhei mer, a été mise en évidence (Czirr & WyssCoray, 2012 ; Stasiolek, 2011). Le stress entraîne la libéra tion de corticolibérine qui inhibe le système immu nitaire, en aisant produire, entre autres, beaucoup de glucocorticoïdes FIGURE 7.8. Des études mon trent que les émotions négatives, l’anxiété et les troubles mentaux, comme la schizophrénie et les troubles de l’humeur, sont parois liés au onc tionnement réduit du système immunitaire (Richard & Brahm, 2012). Par exemple, l’état de stress posttraumatique est associé à une immuno suppression de longue durée (Miura, Ozaki, Sawada et al., 2008).
7.4.2
Neuroendocrinologie
La neuroendocrinologie est l’étude de la relation entre le système nerveux et le système endocrinien. En raison de son association anatomique étroite avec l’hypophyse, l’hypothalamus infue aussi sur la régulation hormonale propre à celleci (p. ex.,
FIGURE 7.8 Le stress entraîne la libération de corticolibérine qui inhibe le système immunitaire, en faisant produire, entre autres, beaucoup de glucocorticoïdes.
l’axe hypothalamohypophysosurrénalien). Un certain nombre de neurotransmetteurs, dont l’adrénaline, peuvent agir comme des hormones. En eet, plusieurs troubles d’origine hormonale, par exemple l’hypothyroïdie et la maladie d’Addi son, entraînent des symptômes psychiatriques comme la dépression et la atigue (Fornaro, Iovieno, Clementi et al., 2010 ; Kosteniuk, Morgan & D’Arcy, 2012). En outre, la schizophrénie et d’autres troubles mentaux apparaissent plus souvent pendant la période de écondité, alors que l’activité des hor mones sexuelles est maximale, ce qui donne à pen ser que le système endocrinien pourrait exercer une infuence importante dans l’apparition des troubles mentaux chez certaines personnes (RiecherRössler & Kulkarni, 2011).
7.4.3
7
Chronobiologie
La chronobiologie est l’étude des rythmes biologi ques de l’organisme, couramment appelés rythmes circadiens. Ces rythmes se maniestent par des variations de la vitesse du métabolisme, des cycles veillesommeil, de la pression artérielle, des taux hormonaux et de la température corporelle. L’encéphale gère ces rythmes grâce à ses interac tions avec divers organes endocriniens et au moyen de l’inormation qu’il reçoit des organes sensoriels, comme les yeux. Certains troubles mentaux et médicaux comme la schizophrénie, la dépression et le trouble bipolaire apparaissent plus réquem ment ou sont ampliés lorsque les phases du som meil et les rythmes biologiques sont perturbés (Lamont, LegaultCoutu, Cermakian et al., 2007 ; Maldonado, PérezSanGregorio & Reiter, 2009). L’agitation vespérale, ou syndrome des états cré pusculaires, est une exacerbation des symptômes psychotiques ou dépressis durant l’aprèsmidi ou la soirée qui se manieste par la désorientation et la conusion. Certaines études associent l’agitation vespérale avec une perturbation des rythmes circa diens (Westrich & Sprouse, 2010). Des aections psychiatriques et médicales, comme la maladie d’Alzheimer, perturbent également les rythmes cir cadiens du client (Cardinali, Furio & Brusco, 2011). Il a également été démontré que la réduction de l’exposition à la lumière durant les mois d’hiver entraînait des symptômes dépressis chez les clients atteints de trouble aecti saisonnier (dépression saisonnière) (Srinivasan, De Berardis, Shillcutt et al., 2012). Le rôle de la mélatonine – une hormone sécrétée pendant la nuit par l’épiphyse, une petite glande située dans le diencéphale – dans les troubles chro nobiologiques est très étudié (Coogan & Thome, 2011 ; Srinivasan, PandiPerumal, Cardinali et al., 2006). En eet, les travailleurs de nuit sont plus à risque d’être atteints de troubles mentaux tels que la dépression ou les troubles anxieux Chapitre 7 Neurobiologie et santé mentale
175
(Simon, 2012). Il aut aussi savoir que les recher ches en chronopharmacologie, une branche de la pharmacologie qui étudie le moment précis d’admi nistration d’un médicament par rapport aux ry thmes biologiques pour en assurer la meilleure ecacité possible, sont en pleine évolution.
19 La régulation physiologique et homéostatique du som meil est détaillée dans le chapitre 19, Troubles du sommeil
En plus de gérer les rythmes circadiens, le cer veau possède aussi des rythmes endogènes d’ondes cérébrales qui refètent la réquence d’activation de certains circuits cérébraux FIGURE 7.9. Des anoma lies dans les rythmes des ondes cérébrales, dues à l’activation insusante de certains circuits céré braux, pourraient entrer en jeu dans des troubles neurologiques (p. ex., l’épilepsie) et mentaux (p. ex., la dépression). Les médicaments psychoactis modi ent le rythme des ondes cérébrales chez les clients présentant un épisode psychotique, ce qui rétablit temporairement la normalité des circuits cérébraux. Les antidépresseurs amplient les ondes cérébrales et suppriment ou réduisent le sommeil paradoxal, la phase du sommeil où, très probablement, se situent les rêves. La thérapie électroconvulsive sup prime les ondes cérébrales anormales, restaurant de ce ait des tracés plus typiques 19 .
7.4.4
Neurogénétique
Les gènes sont les unités héréditaires des chromo somes qui déterminent les caractéristiques propres à un organisme. Une inormation considérable a été rassemblée au cours des années 1990, durant la « décennie du cerveau », dont la plus importante ut probablement le Projet génome humain. Ce projet a abouti à l’identication de tous les gènes contenus dans les 23 paires de chromosomes humains. Les recherches actuelles mettent en évidence que de nombreux gènes exercent une infuence sur l’appa rition de troubles mentaux et de comportements dysonctionnels symptomatiques sousjacents (Miyake, Hirasawa, Koide et al., 2012 ; Petronis, Qottesman, Kan et al., 2003). Des tendances ami liales se maniestent pour certains troubles mentaux comme la schizophrénie. Selon la littérature la plus
Ondes alpha
Ondes bêta
Ondes thêta
Ondes delta 1 seconde FIGURE 7.9 Il existe quatre types principaux d’ondes cérébrales chez une personne dont les rythmes circadiens et les ondes cérébrales sont normaux.
176
Partie 2
Dimensions biopsychosociales de la santé mentale et des troubles mentaux
récente, jusqu’à 150 gènes portés par près d’une dou zaine de chromosomes diérents pourraient contri buer aux causes de la schizophrénie (Moore, Kelleher & Corvin, 2011). Les origines génétiques de plusieurs autres troubles mentaux sont aussi à l’étude, par exemple, le trouble décitaire de l’attention avec hyperactivité, le trouble de la personnalité anti sociale et les comportements violents (Craddock, O’Donovan & Owen, 2005 ; Siebner, Callicot, Sommer et al., 2009). Des gènes liés au trouble bipo laire et à la dépendance aux drogues ont aussi été identiiés (Agrawal, Verweij & Gillespie, 2012 ; Seiuddin, Mahon, Judy et al., 2012). Touteois, les gènes ne déterminent que la possi bilité de développer une condition normale ou anor male. En eet, il existe de plus en plus d’indices montrant que l’environnement et les conditions de développement in utero contribuent à l’expression de ces gènes, qui se maniesteront plus tard par des comportements anormaux (Dauncey, 2012).
7.4.5
Technologie des cellules souches
La technologie des cellules souches est peutêtre la technique la plus controversée et la plus promet teuse qui pourrait mener au traitement et à la gué rison des maladies et des lésions neurologiques. Les cellules souches sont des cellules dont le gé nome est intact et qui ne se sont pas encore dié renciées ou développées en un type cellulaire précis. La recherche se poursuit à la ois sur les cellules souches embryonnaires et sur les cellules souches adultes. Un ovule écondé est totipotent, ce qui signie qu’il a le plein potentiel de se développer en un être humain complet. À mesure que des gènes sont acti vés et que d’autres sont désactivés, les cellules embryonnaires se spécialisent. Touteois, dans cer tains tissus (dont la moelle osseuse, certains tissus conjonctis et même le tissu cérébral), des cellules non spécialisées persistent : ce sont les cellules sou ches adultes. Cependant, la possibilité de les cultiver avec succès et de les utiliser à des ns thérapeutiques demeure limitée (Zou, Jiang, Zhang et al., 2010). En revanche, les chercheurs sont capables d’in duire l’expression de gènes spéciques dans des cellules souches embryonnaires. Ainsi spécialisées, elles pourraient être amenées à se développer en organes destinés à des transplantations dont les complications attribuables au rejet tissulaire seront moindres. Cette technologie pourrait aussi se révé ler utile pour traiter des lésions de l’encéphale et de la moelle épinière, ainsi que des aections dé génératives comme la sclérose latérale amyotro phique, la maladie de Parkinson et la maladie d’Alzheimer. Touteois, l’utilisation du tissu embryonnaire humain soulève de nombreuses questions éthiques.
7.4.6
Neuroplasticité
L’encéphale constitue un environnement dyna mique en continuel changement. La neuroplasticité, soit la capacité de l’encéphale d’adapter sa structure et son onctionnement tout au long de la vie, a conduit à de nouvelles approches pour le traitement des lésions neurologiques. Nombreux étaient ceux qui croyaient jusqu’à maintenant que la capacité de l’encéphale adulte de se réparer lui même après une lésion ou de remplacer des cellules dégénérées était minimale. La recherche a touteois révélé que la plasticité des cellules nerveuses du SNC est possible dans plusieurs situations. Par exemple, les études portant sur l’impact des lésions périphériques (p. ex., l’amputation d’un doigt) sur la réorganisation onctionnelle du cortex sensiti ont permis de conclure que les neurones corticaux qui ont perdu leurs aérences principales (p. ex., l’amputation du troisième doigt) étendent leur ter ritoire sensiti aux aires voisines (aux deuxième et quatrième doigts). Depuis, d’autres régions du cer veau ont été étudiées pour leur potentiel plastique, par exemple, le cortex visuel et le cortex auditi (le succès actuel des implants cochléaires se onde sur les capacités plastiques du cortex auditi). Les études sur la plasticité de la moelle épinière ont mené à un succès grandissant dans la gestion de lésions spinales touchant la motricité des mains, par exemple. De plus, des clients ayant subi des dommages à l’encéphale consécutis à un accident ou à un AVC et auxquels on n’aurait prédit autreois que de aibles chances de rétablissement sont aujourd’hui traités avec plus d’espoir (Kerr, Cheng & Jones, 2011 ; Sterr & Conorto, 2012). La recherche et les découvertes concernant la neuroplasticité ont aussi entraîné des changements importants dans les plans de traitement (Villamar, Santos Portilla, Fregni et al., 2012). Le délai d’intervention, l’impor tance de la lésion ainsi que l’attitude du client sont des enjeux important pour la réussite de la régéné ration après lésions.
7.5
Neuroimagerie
La mise au point de techniques d’imagerie médicale depuis le début des années 1980 a modifé de açon spectaculaire la compréhension de la structure de l’encéphale et de son onctionnement. Une grande variété de techniques a permis de cartographier minutieusement l’anatomie et la physiologie de l’encéphale et de récolter ainsi nombre d’éléments d’inormation précieux. Les techniques de neuro imagerie utilisées actuellement sont l’échographie, la tomodensitométrie (TDM), la tomographie par émission de positrons (TEP), la tomographie d’émission monophotonique (TEMP), l’imagerie par résonance magnétique (IRM) et l’imagerie par
résonance magnétique onctionnelle (IRM) FIGURE 7.10. À la diérence de la technologie radiologique plus ancienne, qui exigeait l’emploi de pellicules radiographiques, ces techniques utilisent maintenant des ordinateurs pour générer les images.
7.5.1
Échographie
L’échographie de l’encéphale, ou échoencéphalogra phie, utilise des ondes sonores de haute réquence pour ormer des images des cavités et des masses de l’encéphale. Étant donné que cette technique n’utilise pas de radiations nocives, nombreux sont ceux qui la préèrent pour détecter des anoma lies de l’encéphale en développement comme l’hydrocéphalie.
7.5.2
7
Tomodensitométrie
Cet examen radiologique utilisant le tomodensito mètre (ou scanneur à rayon X) permet d’obtenir des vues tridimensionnelles de l’encéphale en générant des images de minces coupes sériées de la subs tance cérébrale. Ces multiples sections permettent de mettre en évidence des malormations de l’encéphale, certaines aections cérébrales (malor mations des vaisseaux cérébraux, hémorragies et ischémies cérébrales) et les tumeurs de l’encéphale. De plus, cette technique est très utilisée pour éva luer les conséquences d’un trauma crânien. La TDM a montré des anomalies cérébrales non spécifques chez des clients ayant reçu un diagnostic de schi zophrénie, de trouble bipolaire, de certains troubles de l’humeur, d’alcoolisme, de démence vasculaire et de maladie d’Alzheimer. La TDM est souvent utilisée en raison de son accessibilité et de son coût raisonnable. Ses incon vénients sont le manque de sensibilité technique et l’impossibilité de ournir des images dans les plans sagittal et rontal. Comme l’examen nécessite l’injection d’un produit de contraste iodé, il aut s’assurer que le client n’y est pas allergique. Les clients sourant d’insufsance rénale doivent boire beaucoup avant et après l’examen. Il existe des contreindications évidentes chez la emme enceinte en raison des dangers des rayons X pour le œtus.
A
B
C
FIGURE 7.10 Techniques de neuroimagerie – A Tomodensitométrie B Imagerie par résonance magnétique C Tomographie par émission de positrons
Chapitre 7 Neurobiologie et santé mentale
177
7.5.3 Positron : Particule élé mentaire de même masse que l’électron, mais de charge positive.
14 Le chapitre 14, Schizophrénie et autres troubles psychoti ques, présente entre autres une IRM de jumeaux atteints de schizophrénie et la perte de volume cérébral liée à cette pathologie
Tomographie par émission de positrons et tomographie d’émission monophotonique
Fondées sur une technologie similaire à celle de la TDM, ces deux techniques sont à la fne pointe de la neuroimagerie. La TEP et la TEM (ou tomoscinti graphie) sont aussi désignées par le terme d’imagerie isotopique : elles demandent toutes deux l’introduc tion de substances radioactives dans la circulation sanguine. Le radionucléide émet des positrons; ceux ci interagissent avec les molécules de l’encéphale, ce qui produit des photons, qui sont détectés par l’appa reil et qui produisent des variations de couleur or mant une image tridimensionnelle des structures de l’encéphale sur un moniteur FIGURE 7.10C. Ces deux types de tomographie permettent de mettre en évidence l’activité métabolique de l’encéphale, surtout le débit et le volume sanguin ainsi que le métabolisme du glucose. L’avantage de la TEP sur les autres techniques d’imagerie nucléaire est lié à la nature du traceur radioacti utilisé. En eet, les traceurs sont des iso topes des atomes constituant la plupart des molé cules de l’organisme, et ils disparaissent rapidement de l’organisme. Enfn, la TEP permet d’obtenir des images de plus haute résolution que les autres tech niques. Les inconvénients de la TEP résident sur tout dans son coût et dans la production des radioisotopes produits par un cyclotron médical. Étant donné l’importance de l’irrigation sanguine de l’encéphale, la TEMP est particulièrement utile pour visualiser ses structures vasculaires et pour diagnostiquer des aections comme les AVC ou les anomalies des vaisseaux cérébraux. La TEMP est un outil d’investigation de plus en plus utilisé en neu rologie, par exemple pour déceler des anomalies du cortex cérébral chez des clients atteints d’épilepsie, et en neuropsychiatrie pour détecter les anomalies structurales dans la maladie d’Alzheimer et dans d’autres types de démences. Cette technique a été récemment utilisée avec succès pour déceler des anomalies dans le débit sanguin de clients atteints d’hyperactivité ou de troubles bipolaires (Di Tommaso, 2012). Les principales contreindications de la TEMP sont la grossesse et l’allaitement.
7.5.4
Imagerie par résonance magnétique
L’IRM utilise les propriétés de résonance magné tique des composantes du corps humain, sans la nécessité d’introduire des substances radioactives. Cette technique représente aujourd’hui, dans les pays occidentaux, 70 % de l’imagerie neurologique, soit en complément de la TDM, soit en première indication. Elle est devenue un excellent outil dia gnostique des maladies du SNC. Par rapport à la TDM, elle ournit des images tridimensionnelles plus pré cises, surtout dans certaines zones comme la moelle
178
Partie 2
Dimensions biopsychosociales de la santé mentale et des troubles mentaux
épinière. De plus, elle permet d’obtenir des vues des structures cérébrales proches du crâne. La présence de matière osseuse n’altère pas les images de l’IRM, qui permettent également de distinguer la substance blanche de la substance grise. Elle ore un avantage considérable pour l’établissement des diagnostics psychiatriques en montrant les modifcations neu roanatomiques chez les clients atteints de schizo phrénie, dont l’augmentation de la taille des ventricules, la réduction du lobe temporal et de l’hippocampe ainsi que l’atrophie corticale 14 . Touteois, l’IRM ne convient pas à tous les clients, comme ceux qui portent un stimulateur cardiaque, des implants, des plaques ou des vis métalliques et des pompes à perusion. En outre, les clients atteints de claustrophobie sont souvent incapables de subir ce type d’examen, car l’espace est restreint dans l’appareil d’IRM, et le client doit y demeurer immobile. En raison du milieu confné et du bruit excessi de l’équipement, l’infr mière met l’accent sur l’enseignement au client avant l’examen et surveille étroitement son degré d’anxiété durant son déroulement. Aujourd’hui, de nouveaux appareils d’IRM ouverts peuvent rendre cet examen plus acile pour les clients.
Imagerie par résonance magnétique onctionnelle L’IRM est une variante de l’IRM qui décèle l’activité cérébrale en mesurant la consommation d’oxygène et les diérences métaboliques dans des parties dis tinctes de l’encéphale. L’IRM révèle, par exemple, que le métabolisme du glucose dans les régions corticales de l’encéphale est réduit chez les clients atteints de la maladie d’Alzheimer (Schee, Spottke, Daerr et al., 2012). Il s’agit en outre d’un outil efcace pour déter miner les régions onctionnelles précises de l’encéphale qui sont atteintes en cas de tumeurs, d’AVC et de certaines aections chroniques comme la sclérose en plaques. De plus, l’IRM constitue un excellent moyen de documenter certaines anomalies du cerveau en lien avec la démence et les crises d’épilepsie.
7.6
Soins infrmiers psychiatriques et neurobiologie
La neurobiologie a connu des avancées prodigieuses au cours des dernières décennies. Mieux comprendre les interactions entre le corps et l’esprit permet à l’infrmière de concevoir et de prodiguer des soins complets, selon une approche holistique. Une connaissance sufsante des ondements neurobio logiques des troubles mentaux lui permet d’être à l’aût de maniestations en lien avec les processus physiologiques au moment de l’évaluation initiale de la santé mentale et physique et de contribuer
plus ecacement à l’établissement du diagnostic médical. De plus, cette connaissance est essentielle à la compréhension des mécanismes d’action des psychotropes, ce qui permet d’assurer une sur veillance clinique adéquate. Ces notions, enseignées au client et à ses proches, peuvent avoriser l’adhé sion au traitement pharmacologique prescrit. L’inrmière intervient en gardant à l’esprit que si les acteurs biologiques jouent un rôle dans l’apparition des troubles mentaux, l’inverse est aussi vrai, à savoir que l’expérience vécue et l’en vironnement de la personne infuent également sur le comportement. Ainsi, des soins inrmiers peuvent avoir un impact positi sur le rétablisse ment de la personne. La possibilité d’améliorer la condition de santé du client génère de l’espoir chez lui et ses proches, de même que chez les soignants euxmêmes. Reconnaître les ondements neurobiologiques et génétiques des troubles mentaux peut contribuer
à diminuer la stigmatisation dont les personnes qui en sourent sont encore aujourd’hui trop sou vent victimes. Par conséquent, dispenser un ensei gnement sur les troubles mentaux, les acteurs liés à leur apparition et les traitements possibles repré sente un aspect important du rôle de l’inrmière. Cet enseignement vise non seulement la personne atteinte, mais aussi les membres de sa amille, des groupes particuliers et la population en général. Une solide ormation en neurobiologie ait de plus en plus partie des normes de la pratique inr mière en santé mentale et en psychiatrie (American Nurse Association, 2006; Ordre des inrmières et inrmiers du Québec [OIIQ], 2009). Les neuro sciences ne cessent de progresser et de nouvelles connaissances sont de plus en plus accessibles. Rester au ait des nouvelles découvertes permet à l’inrmière d’améliorer continuellement sa pra tique auprès des personnes atteintes de troubles mentaux et des proches de cellesci.
7
Analyse d’une situation de santé
Jugement clinique
JeanOlivier Caron est âgé de 23 ans. Il est suivi à la clinique de consultation externe de psychiatrie pour des maniestations de schizophrénie. Ses parents disent qu’il dort beaucoup durant la journée et qu’il s’aaire à toutes sortes d’activi tés la nuit. D’après eux, leur ls vit beaucoup d’anxiété, mais ils ne peuvent en déterminer les causes. Ils ont également observé qu’il semble
parois adopter une attitude d’écoute comme s’il devait répondre à quelqu’un, bien qu’il n’y ait per sonne auprès de lui. Dans son dossier, le rapport d’IRM indique qu’il y a une modication neuroana tomique, plus spéciquement une réduction du lobe temporal, et une augmentation du taux de dopa mine sérique. Une TDM a également été demandée. Cependant, le client a peur de subir cet examen. {
MISE EN ŒUVRE DE LA DÉMARCHE DE SOINS
Collecte des données – Évaluation initiale – Analyse et interprétation 1. Quelle réaction physiologique pourrait expliquer l’inversion des cycles veillesommeil chez monsieur Caron ? 2. Pourquoi estil important de vérifer le taux de dopamine chez le client ?
Planifcation des interventions – Décisions infrmières 3. D’après le rapport d’IRM, quelle maniestation devriezvous surveiller chez monsieur Caron ? Justifez votre réponse
SOLUTIONNAIRE
http://fortinash.cheneliere.ca
4. Que audratil évaluer avant que le client passe sa TDM ? Justifez votre réponse
{
Le psychiatre a prescrit de l’olanzapine (Zyprexamd) 5 mg die à monsieur Caron. ”
MISE EN ŒUVRE DE LA DÉMARCHE DE SOINS
Évaluation des résultats – Évaluation en cours d’évolution 5. En raison de la prise de ce médicament, que audratil vérifer chez monsieur Caron à l’occasion des consultations ultérieures ?
Chapitre 7 Neurobiologie et santé mentale
179
APPLICATION DE LA PENSÉE CRITIQUE Dans l’application de la démarche de soins auprès de monsieur Caron, l’inirmière a recours à un ensemble d’éléments (connaissances, expériences antérieures, normes institutionnelles ou protocoles, attitudes proes sionnelles) pour analyser la situation de santé du client et
en comprendre les enjeux La FIGURE 7.11 illustre le pro cessus de pensée critique suivi par l’infrmière afn de or muler son jugement clinique Elle résume les principaux éléments sur lesquels l’infrmière s’appuie en onction des données de ce client, mais elle n’est pas exhaustive
VERS UN JUGEMENT CLINIQUE NORME
ATTITUDE
• Protocole de préparation du client à une tomodensitométrie
• Respect des craintes du client à subir une tomodensitométrie
EXPÉRIENCE
CONNAISSANCES • Fonctions des lobes du cerveau et conséquences selon la zone touchée • Fonctionnement des neurotransmetteurs et eets indésirables associés au blocage des récepteurs de ces neurotransmetteurs par les médicaments antipsychotiques • Examens paracliniques en neurobiologie • Médicaments antipsychotiques et eets indésirables • Notions de base en chronobiologie
• Expérience de travail auprès d’une clientèle atteinte de schizophrénie
PENSÉE CRITIQUE
ÉVALUATION • Sommeil du client (il dort beaucoup durant la journée et il s’aaire à toutes sortes d’activités la nuit) • Degré d’anxiété général • Degré d’anxiété avant de subir la tomodensitométrie • Sensation de claustrophobie (avant de subir la tomodensitométrie) • Résultats des examens paracliniques (IRM et taux de dopamine sérique) • Présence ou absence d’eets extrapyramidaux en raison de la prise de l’antipsychotique olanzapine
JUGEMENT CLINIQUE FIGURE 7.11
À retenir VERSION REPRODUCTIBLE
http://ortinash.cheneliere.ca
• Les résultats de la recherche portant sur le cerveau et sur son onctionne ment sont en constante évolution. • Le système nerveux est le système le plus complexe du corps humain et l’un des plus importants du ait de ses multiples onctions.
180
Partie 2
• Les troubles mentaux sont des maladies caractéristiques d’un dérèglement physiologique de l’encéphale. • Il est impérati que les infrmières maîtrisent les connaissances liées à l’anatomie et à la physiologie de l’encéphale et des autres systèmes en interaction avec le système nerveux. • L’un des éléments clés de la compré hension des stratégies de traitement
des troubles mentaux est de reconnaître le rôle que jouent les neurotransmetteurs dans la com munication neuronale. • Par sa compréhension de la neuro plasticité de l’encéphale, l’infrmière intègre les approches psychobiolo giques des traitements des troubles mentaux. • Les techniques modernes d’imagerie cérébrale contribuent à expliquer la structure et le onctionnement de
Dimensions biopsychosociales de la santé mentale et des troubles mentaux
l’encéphale et permettent de poser un meilleur diagnostic des maladies psychiatriques. • Des domaines émergents en neuro science (p. ex., la neurogénétique et la recherche sur les cellules sou ches) poursuivent leurs avancées technologiques vers l’amélioration des soins médicaux et infrmiers pour les clients atteints de troubles neurobiologiques.
Ressources VERSION COMPLÈTE ET DÉTAILLÉE
http://ortinashcheneliereca
Le cerveau à tous les niveaux http://lecerveaumcgillca
Inserm (2010, 19 mai) Dossier de presse : Le nouveau visage des maladies psychiatriques wwwinsermr/content/download/11124/83085/ le/dp_maladies_psy19mai10pd
Médecine et Santé wwwmedecineetsantecom > Anatomie > Anatomie du système nerveux
Références Internet ORGANISMES ET ASSOCIATIONS American Academy o Neurology (AAN) wwwaancom Association canadienne des infrmières et infrmiers en neurosciences (ACIIN) wwwcannca Association des neurologues du Québec (ANQ) wwwanqqcca Association canadienne des radiologistes (CAR) wwwradiologyinoca > Partie du corps / Système > Cerveau > IRM Fédération des sciences neurologiques du Canada (FSNC) wwwcnsederationorg Fondation FondaMental wwwondationondamentalorg > Recherche > Les chaires > Pr Thomas Bourgeron (Chaire FondaMental de biologie intégrée de l’autisme)
Institut canadien d’inormation sur la santé (2007) Le fardeau des maladies, troubles et traumatismes neurologiques au Canada. https://securecihica/ree_products/BND_pd
Neuroplasticité wwwneuroplasticitecom Neuroscience Inormation Framework http://neuinoorg
La Presseca (21 mai 2010) Maladies men tales : quand la génétique vient bousculer les frontières wwwlapresseca/vivre/sante/201005/21/ 014282763maladiesmentalesquandla genetiquevientbousculerlesrontieresphp
PasseportSanté.net wwwpasseportsantenet > Le corps humain > Le système nerveux SoinsInfrmiers.com wwwsoinsinrmierscom > Modules Cours > Neurologie > Anatomie – Physiologie > Le système nerveux > Examens médicaux > Imagerie par résonance magnétique : IRM
Monographies Kahle, W, & Frotscher, M (2007) Atlas de poche d’anatomie. Tome 3 : système nerveux et organes des sens (4e éd) Paris : Flammarion Mader, SS (2011) Biologie humaine Montréal : Chenelière Éducation
Groupe de recherche sur le système nerveux central (GRSNC) wwwgrsncumontrealca
MichaelTitus, A, Revest, P, & Shortland, P (2010) The nervous system : Basic science and clinical conditions (2nd ed) New York : Churchill Livingstone
ORGANISMES GOUVERNEMENTAUX
Nieuwenhuys, R, Voogd, J, & van Huijzen, C (2008) The human central nervous system (4th ed) New York : Springer
Conseil national de recherches Canada (CNRC) wwwnrccnrcgcca Institut des neurosciences, de la santé mentale et des toxicomanies (INSMT) wwwcihrirscgcca Instituts > Neurosciences, de la santé et des toxicomanies RÉFÉRENCES GÉNÉRALES Institut universitaire en santé mentale Douglas wwwdouglasqcca
Vander, AJ, Widmaier, EP, Ra, H, et al. (2009) Physiologie humaine : les mécanismes du fonctionnement de l’organisme (5e éd) Montréal : Chenelière Éducation
Articles, rapports et autres
Multimédia Baylaucq, P (2008) La dynamique du cerveau (vidéo, 52 min) Québec/Canada – France wwwinormactionlmscom/r/productions/ ladynamiqueducerveauphp Beaudoin, AJ (2011) Introduction à la neuroanatomie : le neurone et la libération des neurotransmetteurs (vidéo) > Anatomie3dunivlyon1r > Vidéos 3D > Neuroanatomie : le neurone et libération des neurotransmetteursfv wwwyoutubecom/watch?v=rQIzI8W3gwA Beaudoin, AJ (2011) Introduction à la neuroanatomie : système nerveux central et le système nerveux périphérique (vidéo) > Anatomie3dunivlyon1r > Vidéos 3D > Neuroanatomie : SN central et SN périphériquefv wwwyoutubecom/watch ?v=6M2X1mhNDE Talbot, JN (2000) La tomographie par émission de positons (vidéo) > Canalutv > Les producteurs > CanalU/ Médecine > Radiologie > Film > La tomographie par émission de positons wwwcanalutv/video/canal_u_medecine/la_ tomographie_par_emission_de_positons3913
Constante, E, Meert, V, & Cole, P (2009) Neuroplasticité : implications en psychiatrie Acta psychiatrica Belgica, 109 (3), 313
> Actualités > Nouvelles > Techniques de stimulation cérébrale (04102010) Chapitre 7 Neurobiologie et santé mentale
181
7
chapitre
Développement et vieillissement de la personne
Écrit par : Linda HollingerSmith, PhD, RN, FAAN Adapté par : Dalila BenhaberouBrun, inf., M. Sc.
Guide d’études – RE09
OBJECTIFS
Après avoir étudié ce chapitre, vous devriez être en mesure : ■
de décrire l’importance du dévelop pement de la personne selon une perspective biopsychosociale ;
■
de discuter de la façon dont les facteurs biologiques, psychologiques et sociaux influencent les transitions de la vie ;
■
d’expliquer les principaux éléments des théories du développement ;
■
d’expliquer les processus physiques et psychosociaux normaux ;
182
Partie 2
Dimensions biopsychosociales de la santé mentale et des troubles mentaux
■
de définir les concepts d’adaptation et de résilience ;
■
d’analyser certains éléments du dévelop pement de la personne dans l’évaluation de sa condition mentale.
Concepts clés
Cette carte conceptuelle illustre schématiquement les principaux concepts décrits dans le présent chapitre. Sa lecture vous permettra d’avoir une vue d’ensemble des notions qui y sont présentées.
exigeant
8 marqués par
contribuent à
caractérisés par
marqués par
caractérisées par
entraînant
marquées par
selon trois stades
sur les plans
infuencé par
comme
Chapitre 8
comme
Développement et vieillissement de la personne
183
Andrée Lavoie Andrée Lavoie est âgée de 48 ans. Divorcée, elle vit maintenant seule depuis que son fls est parti vivre dans l’Ouest canadien. Madame Lavoie travaille comme aide-pâtissière dans un grand hôtel du centre-ville. Depuis quelques semaines, elle rend visite à sa mère – Germaine Bélanger – âgée de 80 ans et en convalescence dans un centre de réadaptation à la suite d’un remplacement total de la hanche. Chaque soir, après le travail, madame Lavoie se rend auprès de sa mère pour lui tenir compagnie pour le souper. Après l’évaluation des conditions de vie au domicile de Germaine Bélanger, l’équipe soignante a inormé madame Lavoie des démarches pour aménager le domicile de sa mère en prévision d’un retour à la maison. Madame Lavoie ait part de son désarroi devant la situation à l’infrmière intervenante pivot. Elle craint que les services à domicile ne soient pas sufsants pour permettre à sa mère âgée de retourner vivre chez elle. Madame Lavoie se sent coupable de ne pas pouvoir héberger sa mère parce qu’elle vit dans un appartement au troisième étage d’un immeuble sans ascenseur. Elle pleure, se dit démunie sans la présence de son fls, et craint de ne pas être à la hauteur de la situation.
8.1
Concepts et défnitions
Les changements physiolo giques qui surviennent chez la personne âgée sont présentés dans le chapitre 12 du manuel de Potter, P.A., & Perry, A.G. (2010). Soins infrmiers – Fondements généraux (3e éd.). Montréal : Chenelière Éducation.
Le développement de la personne est un processus dynamique et continu qui n’est pas le ruit du hasard et qui se poursuit tout au long de la vie. Le développement désigne tous les changements (biologiques, cognitis, psychosociaux et aectis) survenant chez une personne, de la naissance à la mort (Santrock, MacKenzie-Rivers, Malcomson et al., 2011). Certains acteurs de développement sont héréditaires, d’autres sont attribuables à l’environnement.
Personnalité : Ensemble des caractéristiques affectives, émotionnelles, dynamiques générales de la manière d’être d’une personne, selon sa façon de réagir aux situations dans lesquelles elle se trouve.
Les théoriciens du développement défnissent des âges, des stades ou des périodes de la vie pour expliquer ces changements. Les premiers théoriciens ayant étudié le développement de la personne – Freud et Piaget – se sont d’abord intéressés aux enants et aux adolescents, et ont ondé leur travail sur l’idée que la cognition, l’intellect, la personnalité et les habiletés sociales se développent à un jeune âge (Santrock et al., 2011). Les chercheurs considèrent aujourd’hui que le développement de la personne s’étend au-delà de l’enance, pendant l’âge adulte et jusqu’à l’âge avancé (Ebersole & Hess, 2011). Une compréhension claire du développement de la personne est essentielle à l’infrmière en santé
184
Partie 2
Dimensions biopsychosociales de la santé mentale et des troubles mentaux
mentale et en psychiatrie, pour être en mesure d’évaluer la santé mentale, défnie par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) comme « un état de bien-être dans lequel une personne peut se réaliser, surmonter les tensions normales de la vie, accomplir un travail producti et contribuer à la vie de sa communauté » (OMS, 2010).
8.1.1
Dimensions du développement
Développement physique Le développement physique concerne les modifcations du corps humain, tant des organes que des tissus. Les deux périodes où le développement physique est le plus considérable sont le début de l’enance, entre 0 et 1 an, et la fn de l’enance, entre 13 et 16 ans environ, avec des variations importantes et des diérences marquées entre les flles et les garçons FIGURE 8.1. À la fn de l’adolescence, ces derniers ont presque atteint leur taille adulte. La vieillesse est une autre période notable du développement physique. Le processus de vieillissement altère de açon irréversible la peau, les os, la masse musculaire et les principaux systèmes physiologiques (cardiovasculaire et respiratoire notamment), modifant autant l’apparence que les capacités physiques de la personne.
Développement cogniti Parallèlement au développement physique, des changements s’opèrent progressivement sur le plan cogniti. Après l’acquisition du langage et d’un vocabulaire de plus en plus riche au début de l’enance (entre 1 et 6 ans), le jeune enant acquiert des connaissances diverses – lecture, écriture, calcul, concepts de temps et d’espace – au milieu de l’enance (entre 6 et 11 ans). Sa pensée se précise et son raisonnement s’afne à mesure
Croissance (cm)
PORTRAIT
24 22 20 18 16 14 12 10 8 6 4 2 0
Filles
2
4
6
8 10 12 Âge (années)
Garçons
14
16
18
FIGURE 8.1
Le développement physique s’illustre notamment par des variations importantes de la croissance au cours de l’enfance et de l’adolescence.
qu’il vieillit. Il ait progressivement la distinction entre la réalité et l’imaginaire. À l’âge adulte (audelà de 19 ans), l’être humain possède toutes les compétences nécessaires à la compréhension du monde qui l’entoure.
Développement psychosocial Dès le début de sa vie, l’enant entretient une relation étroite et tisse un lien d’attachement avec ses parents (Centres d’excellence pour le bien-être des enants, 2009). Au ur et à mesure qu’il grandit, il apprend à interagir avec son environnement, à respecter les règles de la vie en communauté – amille, école –, et est infuencé par ses échanges avec les autres. Les valeurs transmises par l’éducation et la culture continuent de açonner l’adulte ou la personne âgée dans leurs interactions avec l’environnement.
8.1.2
Facteurs de développement
Le développement de la personne est infuencé par des acteurs internes et des acteurs externes. Les premiers, innés, ont partie intégrante de la personne et ne peuvent être modiés. Les seconds sont surtout liés à l’environnement et il est possible de les infuencer.
Facteurs internes Les acteurs héréditaires comme le sexe, les caractéristiques physiques ou encore le tempérament orientent dès la naissance l’évolution de la personne au cours de sa vie. Ainsi, le tempérament, tel que déni par Chess et Thomas (1999), conditionne la açon de penser et de se comporter avec les autres. La sensibilité et les émotions propres varient, de même que les habiletés pour appréhender les événements de la vie.
Facteurs externes Les expériences de vie et la açon de réagir à certains événements sont non seulement liées aux acteurs internes, mais également aux ap prentis sages sociaux plus ou moins réussis, qui avorisent le sentiment d’appartenance et l’estime de soi (Agence de la santé publique du Canada [ASPC], 2009 ; Duclos, 2010). La amille immédiate et élargie, les pairs et les relations sociales ont une infuence notable sur le développement, particulièrement à l’adolescence, où l’acceptation par les autres constitue une valeur importante.
social. Le soutien social est étroitement lié à la santé mentale (Caron & Guay, 2005).
8.1.3
Stades de développement
Dans nos sociétés occidentales, trois périodes du cycle de vie sont reconnues.
ALERTE CLINIQUE
Durant l’enance, période s’étalant de la naissance à 19 ans environ, le bébé dépendant de ses parents se transorme en une jeune personne en quête d’autonomie. L’enance est elle-même subdivisée en phases durant lesquelles l’enant se développe sur les plans physique, mental, cogniti et social, et acquiert les habiletés qui le préparent à devenir adulte. Cette période est cruciale en termes d’apprentissages. Après celle du milieu de l’enance (de 6 à 12 ans), celle de l’adolescence (de 12 à 19 ans), assez tumultueuse du ait de grandes transormations, peut représenter une transition assez dicile pour certains enants qui doivent aire ace à des questionnements majeurs sur leur identité et leur orientation sexuelle notamment (Société canadienne de pédiatrie, 2009).
L’isolement et un réseau social inadéquat doivent être considérés comme des acteurs de risque d’être atteint d’un trouble mental, particulièrement pour les personnes âgées (ASPC, 2009). L’infrmière évalue ces deux aspects avec attention à toutes les étapes du développe ment de la personne.
La période de l’âge adulte, allant de 19 à 64 ans environ, est ponctuée de divers événements importants de la vie tels que la n du statut d’étudiant, l’intégration à la vie citoyenne, la recherche d’identité sociale, le début de la vie en couple, l’activité proessionnelle ou encore la ondation d’une amille. Plusieurs crises peuvent survenir, notamment la perte ou le changement d’emploi, le deuil ou encore le départ des enants du oyer amilial. L’adulte réagira selon le contexte dans lequel il se trouve et selon ses capacités propres à vivre les transitions et les changements.
Tempérament : Manière de penser, de se comporter et de réagir caractéristique de chaque personne (innée). Ce concept renvoie aux tendances de comportement et non aux actes de comportement précis.
L’âge avancé, à partir de 65 ans, constitue la dernière période de la vie. Avec une espérance de vie qui a considérablement augmenté au cours des dernières décennies, cette période se trouve rallongée d’un peu plus de 10 ans depuis les années 1980 environ FIGURES 8.2 et 8.3 (ministère de la Santé et des Services sociaux [MSSS], 2010b). Ainsi, au l du troisième âge (de 65 à 74 ans), du quatrième âge (de 75 à 84 ans) et plus récemment du cinquième âge (85 ans et plus), les aînés ont ace à l’arrêt de leur activité proessionnelle, au deuil de leurs proches, à la maladie, à la perte progressive ou soudaine de leur autonomie, autant d’événements majeurs qui peuvent ragiliser la santé mentale de la personne dans la dernière partie de sa vie (Statistique Canada, 2006b).
8.1.4
RAPPELEZ-VOUS…
Le vieillissement ne conduit pas nécessairement à la ma ladie et à l’incapacité. La plupart des gens âgés de meurent indépendants dans l’accomplissement des activités de la vie quo tidienne et domestique, et ce, malgré une perte progressive de leur auto nomie onctionnelle. Des acteurs sont associés à la perte d’autonomie. Quels sontils ?
Développement
Par la suite, le réseau et le soutien sociaux garet santé mentale dent une grande importance au l des étapes principales de la vie. Ce sont deux concepts diérents ; La dimension mentale, au même titre que la le réseau social est le tissu ou la structure du dimension physique, détermine l’état de santé glogroupe, alors que le soubale de la personne. tien social est l’assistance Plusieurs acteurs infuenLe soutien social est étroitement lié à la émotionnelle ou tangible cent la santé des populasanté mentale. procurée par le réseau tions : les caractéristiques Chapitre 8
Développement et vieillissement de la personne
185
8
14
90 Hommes
Total
65 à 74 ans
12
85
75 à 84 ans 85 ans et plus
10 Pourcentage
Nombre d’années
Femmes
80
75
8 6 4 2 0
70 1983
1988
1993
1998
2003
2008
FIGURE 8.2
1981-2008 : l’augmentation de l’espérance de vie est un enjeu majeur pour les services de santé.
Jugement clinique Alexandra Leblanc est une adolescente âgée de 14 ans. C’est une première de classe dans toutes les matières. Comme elle est très perectionniste, elle préère travailler seule. Bien qu’elle n’aime pas le travail en équipe, elle a accepté de travailler avec une collègue pour monter un kiosque pour l’expo sciences de son école, mais elle re ait constamment ce que sa compagne a ait. « Je veux absolument gagner le concours », ditelle. Sa collègue a remarqué qu’Alexandra mangeait de moins en moins depuis le début de ce travail et qu’elle a maigri. Inquiète, elle en a avisé l’infrmière scolaire qui désire rencontrer l’adolescente. Quel but l’infrmière peutelle viser à l’occasion d’une rencontre avec Alexandra ?
individuelles, les milieux de vie, les systèmes et les programmes, ainsi que le contexte global FIGURE 8.4 (MSSS, 2010a). Chaque personne appréhende diéremment son existence, selon ses capacités propres et son réseau psychosocial. Tous les événements heureux ou malheureux de l’existence constituent des défs à relever. Certaines personnes
1981
2001
2016
2026
2036
sauront appréhender le stress, la maladie ou les crises sans trop de difcultés parce qu’elles utilisent des stratégies d’adaptation, apprises au cours de leur vie. À l’inverse, d’autres ne pourront pas gérer adéquatement les crises qui pourront survenir, parce qu’elles ne connaissent pas les stratégies d’adaptation à utiliser ou parce qu’elles sont incapables de les déployer, selon les circonstances. Directement en lien avec la capacité d’adaptation, la résilience représente « la capacité d’un sujet conronté à des stress importants au cours de son existence de mettre en jeu des stratégies adaptatives lui permettant non seulement de “tenir le coup”, mais de rebondir en tirant un certain proft
Systèmes
Caractéristiques biologiques et génétiques Compétences personnelles et sociales
Contextes social et culturel
Contextes technologique et scientifique
Aménagement du territoire
Environnement naturel et écosystèmes
Communauté locale et voisinage
Autres systèmes et programmes
FIGURE 8.4
Facteurs interagissant avec la santé mentale
186
Partie 2
Santé physique
Habitudes de vie et comportements
Milieux d’hébergement
Soutien à l’emploi et solidarité sociale
Santé globale
Dimensions biopsychosociales de la santé mentale et des troubles mentaux
Caractéristiques socioéconomiques
Santé mentale et psychosociale
ac e
Milieu de travail
État de santé de la population
Esp
Milieux scolaire et de garde
Systèmes des services sociaux et de santé
Caractéristiques individuelles
Milieu familial
ps
Contexte démographique
Milieux de vie
m Te
Contexte économique
Systèmes d’éducation et de services de garde à l’enfance
2056
FIGURE 8.3 1981-2056 : la proportion de personnes âgées augmente continuellement depuis le début des années 2000.
Contexte global Contextes politique et législatif
2046
d’un tel arontement » (Association canadienne pour la santé mentale, 2000).
Soins et traitements infrmiers An d’accompagner le client dans son développement, il est essentiel pour l’inrmière : • de reconnaître que chaque personne a des habiletés qui lui sont propres pour appréhender les événements de la vie et de respecter l’unicité de la personne (Ordre des inrmières et inrmiers du Québec, 2009) ; • d’évaluer et de promouvoir la santé mentale positive ENCADRÉ 8.1 1 ; • d’évaluer et de promouvoir le développement du client selon ses besoins TABLEAU 8.1 ; • de mesurer et de prévenir les risques que le client souffre d’un trouble de santé mentale ; • de tenir compte d’un éventuel trouble mental dans l’évaluation du développement ; • de considérer et d’évaluer l’inuence du milieu environnant en relation avec la santé mentale du client.
socialement acceptable les tensions créées par ces situations confictuelles. Par exemple, ils doivent accepter qu’on leur dise non. Les adolescents, eux, cherchent à déer l’autorité de leurs parents et à s’éloigner de ces derniers pour se rapprocher de leurs amis et s’intégrer dans des groupes. La conrontation de deux orces – le ça (représentant les pulsions primitives axées sur le plaisir) et le surmoi (correspondant à la morale et aux principes) – caractérise chaque stade. Durant les premières années de la vie, le sens de la réalité de la personne, auquel Freud donne le nom de moi (ou ego), commence à se orger et agit comme médiateur entre le ça et le surmoi. La personne apprend à partir des confits antérieurs et commence à recourir à des mécanismes de déense (mécanismes de déense du moi) pour maintenir l’équilibre dans sa vie 12 . Dans la conception de Freud, ce que l’on est et devient est déterminé durant les quelques premières années de la vie. À chaque stade de développement, la personne accroît sa capacité de tolérer les arontements entre le ça et le surmoi grâce aux expériences passées de son enance. Selon Freud, la libido, soit l’énergie sexuelle, infuence la capacité d’une personne à gérer avec succès les confits et les dés de la vie.
1 La santé mentale positive est défnie dans le chapitre 1, Perspectives en santé men tale : notions ondamentales et défs.
La fgure 8.1W présente la hiérarchie des besoins selon Maslow. Elle peut être consultée au http://ortinash. cheneliere.ca.
8
12 Les mécanismes de déense du moi sont défnis dans le chapitre 12, Troubles anxieux.
Freud a déterminé cinq stades de développement : le stade oral, le stade anal, le stade phallique, la période de latence et le stade génital 15 .
8.2
Développement de l’enant et de l’adolescent
L’enance constitue une période déterminante dans le développement de la personne. Par-delà les acteurs héréditaires, tous les changements majeurs qui surviennent entre la naissance et l’âge de 19 ans environ conditionnent l’adulte en devenir, et ce, pour le reste de sa vie.
8.2.1
Théories
Plusieurs théories tentent d’expliquer le développement de l’enant et de l’adolescent. Psychiatres et psychologues ont énoncé des hypothèses expliquant les grands apprentissages de cette période de la vie.
Perspective psychodynamique Développement psychosexuel Sigmund Freud (1856-1939) considère le développement de l’enant comme une série de confits biologiquement déterminés. Selon cette théorie, les nourrissons et les jeunes enants sont d’abord centrés sur la satisaction de leurs propres besoins internes. À travers les interactions parentales, ils ont l’expérience du confit entre leurs désirs internes égoïstes et les contrôles parentaux qui exigent d’eux qu’ils apprennent à réduire de manière
Développement psychosocial Erik Erikson (1902-1994), élargissant la théorie reudienne, voit les interactions sociales comme étant le moteur qui infuence le développement de la personne. Contrairement à Freud, il pense d’ailleurs que ce développement se poursuit durant toute la vie. En associant les eets du milieu social à la maturation biologique, Erikson (1963) ormule la théorie psychosociale du développement de la personne, qui se onde sur huit stades principaux. S’appuyant sur les stades précédents et infuencé par les expériences passées, chacun des huit stades représente une crise psychosociale particulière que le moi doit résoudre, avec ou sans succès, avant de passer à l’autre stade. La source de la crise peut être interne ou externe. Chaque
15 Les stades du développe ment selon Freud sont détaillés dans le chapitre 15, Troubles de la personnalité.
Pratiques infrmières suggérées ENCADRÉ 8.1
Évaluer et encourager la santé mentale positive
Le concept de santé mentale positive recoupe celui de bienêtre. L’infrmière reconnaît le caractère positi de la santé mentale du client sur la base des attitudes suivantes présentes chez lui:
• le ait d’avoir une opinion positive de soi pour pouvoir se reconnaître des qualités et des orces ;
• le ait de se sentir cohérent dans les situations de la vie et d’y trouver un sens ;
• le ait de se sentir heureux.
Chapitre 8
• le ait d’avoir l’impression de maîtriser sa vie ;
Développement et vieillissement de la personne
187
Pratiques infrmières suggérées
Proposer des stratégies pour satisaire les besoins du client
TABLEAU 8.1
HIÉRARCHIE DES BESOINSa
BESOINS
STRATÉGIES ET INTERVENTIONS INFIRMIÈRES
Intégrité biophysiologique
• Survie
• Évaluer et assurer le bienêtre physique du client.
• Conort
• Évaluer les conditions sanitaires. • Évaluer si les apports nutritionnels de base sont comblés.
Sécurité
• Perception du danger
• Favoriser l’indépendance domestique (logement adapté, équipement d’appoint, etc.).
• Environnement immédiat sûr
• Faire de la prévention pour éviter les chutes (personnes âgées), les intoxications (jeunes enants), etc.
• Accès aux recours juridiques et économiques
• Dépister la violence (amiliale, scolaire, etc.). • Aider à obtenir de l’aide juridique ou fnancière.
Amour et sentiment d’appartenance
• Relations sociales signifcatives
• Déterminer l’impact d’une perte sur la personne.
• Intimité et liens aectis
• Faciliter la socialisation.
• Afliations et amitiés
• Orir un soutien relativement aux besoins d’intimité et de sexualité. • Faciliter les transitions.
Estime de soi
• Rôles sociaux
• Favoriser le maintien des rôles importants selon la personne.
• Réseau de soutien
• Encourager le souci de l’apparence physique.
• Reconnaissance par les pairs
• Encourager la participation à des processus de prise de décisions et l’autonomie.
• Perception de la maîtrise de sa vie
• Souligner les orces de la personne.
• Conscience de soi Réalisation de soi
• Recherche d’un sens à la vie et à la mort
• Favoriser l’introspection sur les valeurs et les réalisations de la personne.
• Créativité
• Encourager la verbalisation sur les expériences passées et les perspectives d’avenir.
• Ouverture
• Faciliter la prise de décisions.
a
Maslow (1908-1970) a défni la hiérarchie des besoins de la personne pouvant guider l’infrmière dans la promotion d’un milieu développemental sain. Source : Adapté de Ebersole & Hess (1999)
Les stades de développement de l’enant et de l’adolescent sont traités dans le chapitre 4 du manuel Hockenberry, M.J., & Wilson, D. (2012). Soins infr miers – Pédiatrie. Montréal : Chenelière Éducation.
stade de développement repose sur le maintien d’un équilibre entre deux pôles : la syntonie (état de stabilité) et la dystonie (état de désordre) (Erikson, Erikson & Kivnick, 1986). En général, la résolution de ces crises n’est pas une situation du tout ou rien. Dans certains cas, les expériences utures amènent la personne à se méer de l’environnement social, mais globalement, son développement psychosocial peut se aire avec succès si elle ait conance à son environnement social dans la plupart des situations et que, par conséquent, un pôle domine l’autre. Progressivement, la conance avorise un développement harmonieux, signe d’une santé mentale positive. Les cinq premiers stades d’Erikson concernent le développement de l’enant et de l’adolescent. Les trois derniers stades touchent le développement de l’adulte et de la personne âgée.
Application en santé mentale Selon Freud, les traumatismes passés peuvent entraîner des problèmes mentaux et physiques plus
188
Partie 2
Dimensions biopsychosociales de la santé mentale et des troubles mentaux
tard dans la vie, car tout se joue durant l’enance. C’est pourquoi son modèle théorique s’arrête avant l’âge adulte TABLEAU 8.2. La théorie d’Erikson, qui conçoit le développement de la personnalité de açon plus large, englobe l’impact des acteurs sociaux, culturels et environnementaux plutôt que les seuls eets de la sexualité.
Perspective cognitive Développement cogniti Jean Piaget (1896-1980) a étudié la structure et le développement des processus mentaux ainsi que leur infuence sur le comportement. Selon lui, la structuration de ces processus passe par le développement de schèmes (c’est-à-dire d’images mentales ou de structures cognitives). L’enant développe son imagination et commence à saisir le monde qui l’entoure. Quand l’enant entre en contact avec une nouvelle inormation qu’il reconnaît et comprend à l’intérieur d’un schème existant, il assimile cette nouvelle inormation. S’il est incapable de lier la nouvelle
inormation à un schème existant, il doit se ormer de nouvelles images mentales ou de nouveaux motis de pensée, ce qu’il era grâce au mécanisme d’accommodation. Tant que l’enant peut assimiler de nouvelles connaissances de manière adéquate, il demeure capable de maintenir un équilibre mental. Il se produit un déséquilibre lorsque les schèmes sont insusants pour aciliter l’apprentissage. Piaget décrit quatre stades de développement (Piaget, 1970). Durant chaque stade, le développement de nouvelles structures cognitives infuence les actions et les comportements de l’enant, qui doit atteindre les objectis de chaque stade avant d’accéder au suivant.
Développement moral Le développement moral est soutenu par les processus mentaux puisqu’il met en jeu la prise de décisions concernant les bonnes ou les mauvaises actions à accomplir dans une situation donnée. Les travaux de Piaget ont aussi porté sur le concept de développement moral, qu’il a déni selon deux stades. Avant l’âge de 10 ou 11 ans, les enants ne considèrent pas les dilemmes moraux de la même manière que les enants plus âgés, en raison de leur perception du système de règles : pour les enants plus jeunes, les règles sont absolues et proviennent d’une igure d’autorité. Les enants plus âgés apprennent que les règles peuvent changer dans certaines circonstances. Selon Piaget, les enants plus jeunes ondent leur jugement moral sur un seul aspect − l’importance de la aute ou son résultat −, alors que les enants plus âgés tiennent compte de l’ensemble de la situation et des motivations. Pour reprendre l’exemple de Piaget, un enant peut aire une grande tache d’encre avec un encrier en voulant rendre service, ou encore aire une petite tache en jouant avec le contenant. L’enant plus jeune se onde sur l’importance du dommage pour armer que la première action est plus grave. Par opposition, l’enant plus âgé désigne la seconde comme étant plus dommageable, car pour lui, l’immoralité du geste repose sur les motivations en cause dans la situation (Papalia, Olds & Feldman, 2010). À partir des travaux de Piaget, Lawrence Kohlberg a concentré ses recherches sur les dilemmes moraux que les enants et les adolescents doivent résoudre (Kohlberg, 1973). S’appuyant sur le modèle de Piaget, Kohlberg distingue plutôt trois niveaux dans le développement moral, chacun caractérisé par deux stades TABLEAU 8.3. Les trois niveaux décrivent comment l’enant apprend à discerner le bien du mal dans le processus d’élaboration de son appréciation morale.
TABLEAU 8.2
Correspondance des théories psychodynamiques
ÂGE
STADES SELON LA THÉORIE PSYCHOSEXUELLE (FREUD)
STADES SELON LA THÉORIE PSYCHOSOCIALE (ERIKSON)
< 1 an
Stade oral
Confance vs méfance
13 ans
Stade anal
Autonomie vs honte et doute
36 ans
Stade phallique
Initiative vs culpabilité
612 ans
Période de latence
Travail vs inériorité
1218 ans
Stade génital
Identité vs conusion
1940 ans
Intimité vs isolement
4065 ans
Générativité vs stagnation
> 65 ans
Intégrité personnelle vs désespoir
8
TABLEAU 8.3
Correspondance des théories cognitives
ÂGE
STADES DE DÉVELOPPEMENT COGNITIF
• < 1 an
• Période sensorimotrice (entre 0 et 2 ans)
• 13 ans
• Période préopératoire « de 2 à 7 ans »
• Période préconventionnelle « de 4 à 10 ans »
• 612 ans
• Période des opérations concrètes « de 7 à 11 ans »
• 1218 ans
• Période des opérations ormelles « de 11 à 16 ans »
• Période conventionnelle « à partir de 10 ans et pendant l’adolescence »
• 36 ans
NIVEAUX DE DÉVELOPPEMENT MORAL
• 1940 ans
• Période postconventionnelle
• 4065 ans
• Contrat social et principes éthiques universels
• > 65 ans
L’inrmière peut observer l’enant ou l’adolescent pour évaluer comment il se comporte ace à de nouveaux événements, s’il ressent de la peur ou s’il évite systématiquement certaines situations. Ces éléments lui permettent de comprendre certains schémas de pensée et de dépister, par exemple, d’éventuels troubles anxieux ou obsessionnelscompulsis. Un développement cogniti et moral décient peut conduire à un retard mental, à des troubles d’apprentissage et même à certains troubles de comportement comme les troubles envahissants du développement (Maki, Jeste & Spence, 2011).
Application en santé mentale
Perspective comportementale
Le développement cogniti représente les tentatives constantes de l’être humain de s’adapter à son environnement et d’y trouver un sens.
Les précurseurs des théories behavioristes sont les scientiques John B. Watson (1878-1958) et
Théories behavioristes
Chapitre 8
Développement et vieillissement de la personne
189
B.F. Skinner (1904-1990). Rotter croit aussi que la Fondamentalement, les personnes sont À l’aide de techniques de personnalité continue de poussées à chercher des stimulus positifs recherche élaborées par se développer à travers les ou renforçateurs, et à éviter les stimulus Ivan Pavlov, Watson a nouvelles expériences de négatifs ou aversifs. démontré que les êtres la vie ou les nouvelles humains apprennent de occasions d’apprentissage, nouveaux comportements grâce à un conditionne- bien qu’avec l’âge, les stimulus doivent être plus ment classique (ou répondant ou pavlovien) intenses pour produire un même degré de changeENCADRÉ 8.2. Quand le chercheur retire le stimulus ment dans la personnalité. inconditionnel, le stimulus conditionnel continue Rotter, Lah et Raerty (1992) ont déni le locus à produire la même réaction. Skinner a poursuivi de contrôle comme étant un aspect de la personnales travaux de Watson, présumant que l’apprentislité. Il est déterminé par la perception que chaque sage se produit par l’association d’un comportement personne a de ce qui infuence ou non la maîtrise avec une conséquence particulière, mécanisme d’une situation – le soi ou une quelconque orce auquel il a donné le nom de conditionnement opéexterne. Deux catégories sont dénies : le locus de rant. Ainsi, le conditionnement opérant se distingue contrôle interne (p. ex., les eorts, le talent) et du conditionnement classique par le ait qu’il agit le locus de contrôle externe (p. ex., le hasard, la sur des comportements volontaires et non sur des chance, la atalité) (Burns, 1984). réfexes. Skinner détermine trois conséquences ou La contribution d’Albert Bandura (1986) à la réponses ondamentales à des situations d’apprentissage : le renorcement, l’extinction et la punition. théorie de l’apprentissage social de Rotter met en Le renforcement est une réponse positive qui conso- relie le rôle de l’observation des actions, des émolide un comportement particulier ; l’extinction est tions et des attitudes des autres dans le modelage une réaction négative qui abolit le comportement du comportement. Bandura introduit le concept ou l’élimine. La punition est une réponse déplaisante d’autorégulation en tant que moyen pour une personne de considérer ses expériences, de réféchir qui vise à réduire la réquence du comportement. à ses propres processus mentaux et d’ajuster sa penThéorie de l’apprentissage social sée en conséquence. La perception de l’ecacité Julian Rotter (1916-) s’est écarté de l’idée que des personnelle, une orme d’autorégulation qui motis biologiques déterminent le comportement infuence les comportements d’une personne, est humain. Il a ondé sa théorie sur la loi empirique de un point central des recherches de Bandura. Les l’eet en tant que acteur de motivation animant le personnes acquièrent des perceptions de leur comportement humain. Fondamentalement, les perpropre ecacité, ce qui guide leur comportement. sonnes sont poussées à chercher des stimulus posiLa perception de l’ecacité personnelle détermine tis ou renorçateurs, et à éviter les stimulus négatis ce que la personne tentera et la somme d’eorts ou aversis. Ainsi, un enant qui reçoit une bonne qu’elle consentira pour atteindre ses objectis. note pour un devoir doit comprendre que c’est le résultat de son travail et non du hasard. Il réalisera Application en santé mentale qu’il peut exercer une maîtrise sur la situation : un La théorie de l’apprentissage social a apporté une eort récompensé par une bonne note. Rotter va contribution importante à plusieurs domaines, plus loin en disant que la personnalité est essentiel- notamment l’éducation, les soins de santé et la thélement liée à l’environnement d’une personne. Son rapie comportementale. En particulier, la thérapie approche de la psychologie clinique englobe l’étude d’autocontrôle basée sur les concepts d’autorégu20 non seulement de l’histoire de la personne, de sa lation vise à changer des comportements habituels Les thérapies sont différen personnalité et de ses expériences, mais aussi de la qui sont des sources de déséquilibres tels que l’hyciées dans le chapitre 20, conscience que celle-ci a de son environnement et perphagie ou la consommation de drogues 20 . Modèles et stratégies théra de sa réaction ace à celui-ci. Contrairement à Par ailleurs, les théories comportementales ont peutiques. d’autres théoriciens du développement de l’enant, permis d’établir des liens entre l’autisme et des troubles comportementaux durant la première année de vie chez des enants qui babillent peu, n’établissent pas de contact visuel ou n’imitent pas ENCADRÉ 8.2 Réfexe de Pavlov les autres (Drash & Tudor, 2004). Pavlov (18491936) a été le premier à distin guer le stimulus inconditionnel, inné, et le stimulus conditionnel, acquis par l’appren tissage ou l’habitude. Au cours d’une expé rience, il sert de la nourriture à un chien et lui ait entendre une cloche au même mo ment. Après plusieurs essais, le chien salive
190
Partie 2
dès qu’il entend la cloche, par réfexe, sans qu’aucune nourriture n’ait été présentée. Pavlov conrme ainsi qu’un stimulus condi tionnel, associé à un stimulus inconditionnel, déclenche une réponse conditionnée ou une modication du comportement.
Dimensions biopsychosociales de la santé mentale et des troubles mentaux
Perspective écologique Théorie interpersonnelle Harry Stack Sullivan (1892-1949) considère les comportements interpersonnels et les relations comme les acteurs centraux qui infuencent le développement de l’enant et de l’adolescent à travers six périodes, du début de l’enance à l’adolescence.
Il existe deux dimensions aux comportements interpersonnels : le besoin de satisaire des attachements sociaux, et le désir de combler ses besoins biologiques et psychologiques FIGURE 8.5. Les comportements interpersonnels engendrent des réactions sociales qui les renorcent, ou les discréditent (Sullivan, 1953). Par exemple, l’enant apprend que les comportements qui suscitent la erté de ses parents sont préérables aux comportements entraînant une punition qui accroît son anxiété. Plusieurs périodes sont dénies dans le TABLEAU 8.4.
Théorie de l’attachement John Bowlby (1908-1990) reconnaît l’importance de la ormation de liens aectis avec la mère dans le développement de l’enant, phénomène constant
dans toutes les cultures. Il voit l’attachement au cœur de tout développement de la personne et à la base de l’édication des relations. À partir d’études initiales sur des animaux, puis par la suite chez l’humain, Bowlby constate que l’établissement de liens aectis orts résulte des actions posées par une personne qui prend soin de l’enant dans le but de le protéger (Bowlby, 1988). Les réactions de l’adulte ace à la sécurité et les soins donnés au nourrisson infuencent ainsi le développement des interactions sociales de l’enant. Selon la théorie de l’attachement, les enants qui ont connu des attachements sécurisants ont plus de chances de devenir des personnes résilientes, heureuses et capables, alors que celles qui ont connu des attachements peu sécurisants pourraient être passives, se sentir impuissantes, avoir besoin de plus d’attention ou, plus rarement, sourir d’un trouble de la personnalité (Levy, 2005) 15 . Ainsi, un enant très aecté par la perte d’un parent risque d’emprunter une voie de développement plus négative. Bowlby voit ces expériences comme un processus d’adaptation. D’autres gures de réérence, comme un enseignant ou un proessionnel de la santé, peuvent infuencer positivement le développement de l’enant et devenir des tuteurs de résilience.
8
15 La relation entre l’attache ment et la personnalité est davantage expliquée dans le chapitre 15, Troubles de la personnalité.
Théorie de séparation-individuation FIGURE 8.5
Une participation intergénérationnelle saine profte à la amille entière.
Margaret Mahler (1897-1985) a ondé sa théorie sur l’observation de mères et de jeunes enants, pendant les trois premières années de vie de ceux-ci. La chercheuse (Mahler, 1963, 1972) a décrit quatre stades
TABLEAU 8.4
Périodes du développement selon Sullivan
PÉRIODE
CARACTÉRISTIQUES
Période infantile
Les deux premières années de la vie représentent une phase de dépendance par rapport aux parents pour la satisfaction de tous les besoins biophysiologiques et de survie. Les parents communiquent leur humeur de façon empathique, de sorte que l’enfant se sent réconforté quand ses parents lui communiquent de la tendresse et qu’il ressent de l’anxiété lorsqu’ils lui transmettent de la frustration.
Enfance
La période de l’enfance (de 2 à 6 ans) s’étend du début du développement du langage jusqu’au début des relations sociales avec les pairs. L’enfant continue de développer des stratégies d’adaptation à partir des interactions apprises avec ses parents, ses enseignants et les autres personnes qui en prennent soin.
Période juvénile
De 6 à 10 ans, l’enfant commence à former des amitiés avec des pairs, ce qui correspond à un élargissement de son cercle social. À ce stade, il développe des éléments de sa conscience et de sa personnalité qui l’aideront à fonctionner en société.
Préadolescence
De 10 à 13 ans, les amitiés avec des enfants du même sexe s’approfondissent en raison de la nécessité de créer des alliances visant à satisfaire les besoins mutuels. Les groupes sociaux se forment, acquièrent leur propre identité et tendent vers un but. Les préadolescents apprennent l’importance de la réciprocité (l’échange de faveurs ou de privilèges) et de l’égalité dans les relations interpersonnelles.
Adolescence
La période de l’adolescence (de 13 à 17 ans) commence à la puberté, alors que la personne éprouve des attirances et des désirs sexuels pour la première fois. Les adolescents constamment critiqués ou punis par leurs parents en raison de leurs pensées ou de leurs comporte ments sexuels pourront avoir une faible estime de soi, et éprouver des sentiments d’insécurité, d’anxiété et d’isolement.
Fin de l’adolescence
Pendant cette période (de 17 à 19 ans), l’adolescent apprend à être à l’aise dans des relations intimes, tout en satisfaisant les attentes d’acceptabilité sociale de son entourage. Les adolescents qui n’ont pas appris à créer des relations intimes retournent parfois à la période juvénile et gardent une personnalité égocentrique tout au long de leur vie, incapables d’établir des relations interpersonnelles satisfaisantes.
Chapitre 8
Développement et vieillissement de la personne
191
du processus de séparation et d’individuation, au cours duquel l’enant développe graduellement un moi distinct (séparation) et acquiert des caractéristiques propres (individuation) TABLEAU 8.5. TABLEAU 8.5
Stades de séparation et d’individuation de Mahler
STADE
CARACTÉRISTIQUES
Différenciation
De 3 à 8 mois, l’enfant différencie peu à peu sa propre image de celle de sa mère ou de la personne qui prend soin de lui.
Essais
De 8 à 15 mois, l’enfant explore activement son environnement, parce qu’il est capable de se mouvoir à quatre pattes, puis de marcher.
Rapprochement
De 15 à 22 mois, après avoir terminé l’exploration de son environne ment, il revient vers sa mère pour satisfaire ses besoins émotionnels. D’humeur changeante, l’enfant veut tout contrôler. Il doit gérer ses désirs d’indépendance et d’individuation ainsi que son besoin d’amour et de réconfort auprès de sa mère ou de la personne qui prend soin de lui.
Début de la permanence de l’objet émotionnel
À partir de 25 mois, l’enfant acquiert la capacité de maintenir une relation, peu importe les changements et les frustrations qui survien nent dans celleci. L’enfant est capable de penser à sa mère, même si elle est absente, et il peut se réconforter avec une représentation de sa mère, par exemple un objet (« doudou ») qui lui rappelle cette dernière.
Source : Adapté de Mahler (1972)
Application en santé mentale Selon la perspective écologique, l’enant, dès les premières minutes de vie, établit des liens aectis proonds avec sa mère et son père. Même s’il ne parle pas, le nourrisson exprime des besoins de sécurité et d’amour par des pleurs et des mouvements du corps. Par la suite, l’enant s’exprime et se manieste plus explicitement par des paroles et des actes. En répondant à ses besoins selon l’âge, le parent consolide les liens qui l’unissent à l’enant, et açonne ses émotions et ses comportements présents et à venir.
Soins et traitements infrmiers L’infrmière explique aux nouveaux parents l’importance de répondre aux besoins du nourrisson. Dès la naissance, elle avorise le contact peau à peau de l’enant contre le parent, une intimité dont les conséquences ont des eets durables (ASPC, 2010) . Au fl du développement de l’enant, l’infrmière évalue diverses habiletés comportementales, cognitives, sociales et relationnelles avant de prodiguer aux parents un enseignement adapté à l’âge et aux capacités de l’enant ou de l’adolescent TABLEAU 8.6.
Pratiques infrmières suggérées TABLEAU 8.6
Évaluer et expliquer les soins à prodiguer selon l’âge de l’enant
QUESTIONS D’ÉVALUATION
EXEMPLES DE SUJETS ET DE THÈMES À DISCUTER AVEC LES PARENTS
Nourrisson (0-12 mois) • Quel est le tempérament de l’enfant (p. ex., nerveux, stressé, rieur) ?
• Importance de répondre aux besoins de l’enfant
• Quel est le comportement de l’enfant en présence des parents ?
• Création d’un environnement sécurisant avec des objets que l’enfant reconnaît
• Comment le nourrisson réagitil en présence d’un étranger ? • Le nourrisson atil de la facilité à sourire (après 3 mois) ? • De quelle façon le parent répondil aux besoins du nourrisson ? • Comment peuton rassurer ou consoler le nourrisson ? • Quelles sont ses habitudes de vie : sommeil, éveil, repas, sieste, bain, jeux, etc. ?
• Maintien de routines stables dans les activités de la vie quotidienne (bain, sommeil, alimentation, etc.) • Importance de jouer avec le nourrisson • Nécessité de lui parler souvent, d’établir un contact visuel et d’interagir avec lui en utilisant différentes expressions faciales • Quelle est votre préoccupation la plus importante en ce moment en lien avec votre enfant ?
Début de l’enance (1-6 ans) • Quelles sont les limites de comportement imposées ?
• Importance de donner des consignes et limites claires à l’enfant
• Quelles sont les stratégies employées pour renforcer un bon comportement ? • Comment l’enfant exprimetil ce qu’il aime et ce qu’il n’aime pas ?
• Discipline (p. ex., suggérer d’éviter les punitions trop longues et expli quer brièvement les divers moyens que les parents peuvent utiliser)
• Dans un nouveau contexte, comment l’enfant exploretil son environnement (déplacements dans l’espace, regards) ?
• Importance de passer du temps avec l’enfant pour jouer, lui enseigner des choses et partager des activités chaque jour
• Quel genre de questions posetil quand il ne connaît pas le nouveau contexte ?
• Importance d’exprimer du renforcement positif en présence de bons comportements
• Comment l’enfant réagitil à la séparation du parent (garderie, gardienne) ? • Comment socialisetil en présence d’autres enfants ? • Comment communiquetil avec les autres enfants et les autres adultes ?
192
Partie 2
• Importance de donner l’exemple • Quelle est votre préoccupation la plus importante en ce moment en lien avec votre enfant ?
Dimensions biopsychosociales de la santé mentale et des troubles mentaux
TABLEAU 8.6
Évaluer et expliquer les soins à prodiguer selon l’âge de l’enfant (suite)
QUESTIONS D’ÉVALUATION
EXEMPLES DE SUJETS ET DE THÈMES À DISCUTER AVEC LES PARENTS
Milieu de l’enfance (6-11 ans) • Comment l’enant s’adaptetil à l’absence du parent ?
• Lien parentenant
• Quels signes démontrent le plaisir qu’éprouve l’enant à jouer ou à travailler avec les autres enants ou adultes ?
• Jeux pour enseigner de bons comportements ou enseignement sur les conséquences d’un mauvais comportement
• Peutil créer des jeux et imaginer des histoires ? • Comment s’armetil dans diérentes situations ?
• Jeux créatis et imaginatis (p. ex., dessiner un soleil et écrire ses qualités sur chacun des rayons)
• Qu’estce qui acilite ou entrave le respect des règles établies ?
• Accompagnement de l’enant dans la verbalisation de ce qu’il ressent
• Quelle est sa compréhension de ce qui est bien et de ce qui est mal ?
• Résolution de confits
• Comment l’enant s’identietil aux pairs du même sexe ?
• Dés à relever
• Peutil énumérer quelquesuns de ses déauts ou de ses qualités ?
• Adoption d’une routine quotidienne (p. ex., les périodes de jeux, le brossage de dents, l’heure du coucher, etc.)
• Comment participetil aux tâches ménagères ?
8
• Quelle est votre préoccupation la plus importante en ce moment en lien avec votre enant ?
Fin de l’enfance (11-19 ans) • Quels éléments démontrent l’indépendance du jeune dans ses activités quotidiennes ? • Quels sont les acteurs acilitant ou entravant la participation à des travaux de groupe ou individuels et le respect des règlements ? • À quoi voiton que l’enant s’intéresse aux autres personnes de son âge et qu’il cherche à s’en rapprocher ?
• Activités bénévoles et communautaires qui avorisent le don de soi et les contacts sociaux • Accompagnement de l’enant dans la description de ses besoins et de ses responsabilités • Programmes et activités qui peuvent présenter un dé pour le jeune
• Combien atil d’amis ? Quel rôle jouetil au sein d’un groupe (avec infuence positive) et comment s’identietil à celuici ?
• Relations amiliales harmonieuses
• Comment ses relations amiliales peuventelle être qualiées ? Quels moments heureux rapportetil ?
• Pratique régulière d’activités sportives
• Quel rôle joue la amille immédiate dans les périodes plus diciles ? • De quelle açon le jeune exprimetil ses émotions ?
• Communication au sein de la amille • Estime de soi et concept de soi positi • Activités sur l’image de soi • Quelle est votre préoccupation la plus importante en ce moment en lien avec votre enant ?
• Comment l’enant démontretil qu’il aime aider les autres ? • Quel concept de soi et quelle estime de soi le jeune maniestetil ? • Quel est son niveau de conance à relever des dés ? • Comment trouvetil des solutions à ses problèmes ? • Quelles sont ses acilités ou dicultés ace au règlement de confits ?
8.3
Développement de l’adulte
L’âge adulte est une période où les événements extérieurs (p. ex., le mariage, le travail, la amille) infuencent autant le développement de la personne que les processus internes (p. ex., le stress, l’introversion, l’énergie émotionnelle, etc.). La recherche sur le développement de l’adulte s’est accrue au milieu des années 1970 pour englober une vision plus complexe de l’âge adulte en tant que processus continu et acti de croissance et de développement. Il est vite devenu apparent que les valeurs, les habiletés cognitives, la santé mentale et physique, et de nombreux autres acteurs continuent de se modier chez l’adulte (Ratey & Loehr,
2011). Parvenue à l’âge adulte, la personne quitte le oyer amilial, s’intègre dans la vie proessionnelle et onde une amille à son tour. L’adulte utilise ses connaissances et en acquiert de nouvelles pour aire des choix de vie dans les sphères personnelle et proessionnelle ; il se questionne sur son rôle et ses capacités au sein de sa amille et de sa communauté en général. Échecs et succès jalonnent cette longue période de vie de plus de 40 ans. Les expériences infuencent signicativement la croissance et le développement au cours de ces années.
8.3.1
Le tableau 8.1W présente des techniques pour encourager l’attachement sécurisant et le développement positi du nourrisson. Il peut être consulté au http://ortinash. cheneliere.ca.
Théories
Plusieurs théories tentent d’expliquer le développement de la personne à l’âge adulte. Elles ont en Chapitre 8
Développement et vieillissement de la personne
193
commun de voir le développement en onction des nombreuses transitions vécues. Elles mettent en exergue les grands dés dans cette période de la vie ainsi que les stratégies d’adaptation.
Théorie psychosociale Erikson distingue huit stades dans le développement psychologique. Les deux stades de l’âge adulte sont l’intimité ou l’isolement, et la générativité ou la stagnation TABLEAU 8.2. Comme pour les autres stades, le passage au stade suivant repose sur la résolution du stade précédent ENCADRÉ 8.3.
Théorie des âges de la vie La théorie des âges de la vie divise la durée de la vie en une série de transitions séquentielles accompagnées de tâches développementales adaptées à l’âge, qu’il aut accomplir à chaque étape. Ces tâches peuvent concerner les habiletés cognitives, l’apprentissage ou le développement du concept de soi durant la vie adulte. La théorie des âges de la vie de Carl Jung (1971) se onde sur la théorie psychanalytique qui soutient qu’à mesure qu’une personne vieillit, elle acquiert des habiletés d’exploration intérieures qui ajoutent du sens à sa vie. Le degré auquel une personne est capable de s’ouvrir à des expériences nouvelles ou inconnues infuence les transitions vers les uturs stades de sa vie. Jung considère le développement de l’adulte comme un continuum traversant le cycle de la vie. Avec une vision « dynamique », ce médecin suisse, disciple et ami de Freud, conçoit l’humain comme un être en devenir qui ne cesse de se transormer. Il établit que les adultes âgés de 20 à 35 ans continuent à développer leur individualité et d’autres schèmes de personnalité en même temps qu’ils établissent leur amille. Jung a été l’un des premiers à décrire la transition du milieu de la vie, entre 35 et 40 ans, comme une
ENCADRÉ 8.3
Stades du développement de l’adulte selon Erikson
INTIMITÉ OU ISOLEMENT
Au début de l’âge adulte, les personnes acquièrent la capacité d’avoir des relations amoureuses et amicales, et elles commencent à contracter des engagements à long terme dans leurs relations. Certaines demeurent repliées sur ellesmêmes et trouvent difcile d’établir et de maintenir des relations ; elles tendent par conséquent à s’isoler. GÉNÉRATIVITÉ OU STAGNATION
Au milieu de l’âge adulte, les personnes cherchent des occasions de guider le développement de la génération suivante. À mesure que leurs enants deviennent plus
194
Partie 2
indépendants, les parents vieillissants deviennent plus dépendants. Les parents arrivant au milieu de l’âge adulte ont alors ace à des rôles, à des responsabilités et à des défs nouveaux. La générativité comprend aussi la capacité d’évaluer et d’apprécier les expériences passées de la vie, d’envisager l’avenir, d’assumer des relations et des responsabilités nouvelles, et d’accroître sa créativité. Les adultes qui ne peuvent parvenir à de tels résultats et qui considèrent alors leur vie comme étant ennuyeuse et peu satisaisante ont le sen timent que leur existence est stagnante ou vide.
Dimensions biopsychosociales de la santé mentale et des troubles mentaux
période de conscience croissante des aspects masculins et éminins de la personnalité présents dans chaque personne. La dernière étape de l’âge adulte (entre 40 et 50 ans) ait place à des préoccupations spirituelles (sur le sens de la vie).
Théorie des transitions de la vie Pendant l’âge adulte, le développement se centre sur la capacité d’interagir avec les aspects transitoires des expériences de la vie et de l’environnement. La reconnaissance et l’acceptation du caractère ni du temps et de l’inévitabilité de la mort sont essentielles pour le développement de l’adulte. Daniel Levinson, un théoricien psychosocial, a étudié les stades de la vie du début à la n de l’âge adulte en adoptant une perspective large ondée sur les travaux d’Erikson (Levinson, Darrow, Klein et al., 1986). Par opposition à ce dernier, Levinson porte moins son attention sur les changements survenant à l’intérieur de la personne que sur les connexions entre le soi et le monde interpersonnel. Sa théorie psychosociale du développement de l’adulte touche l’évaluation du soi de la personne dans le monde et son onctionnement, ainsi que la relation de celui-ci avec l’environnement (Newton & Levinson, 1979). Elle met l’accent sur la connexion de la personne au soi et à l’environnement, sur les expériences de la vie et sur la créativité de la personne. Levinson a introduit le concept de cycle de vie universel subdivisé en ères. Chaque ère se rapporte à une unité ondamentale du cycle de la vie et dure environ 20 ans. Une personne traverse des périodes stables de six ou sept ans, suivies par des périodes de transition de quatre à cinq ans. Chaque période comprend des tâches précises que la personne doit accomplir. D’un point de vue clinique, les thérapeutes ont trouvé ce cadre utile pour déterminer les périodes de transition, qui sont souvent des moments de confit intérieur et qui constituent de ce ait un moti pour rechercher un traitement (Myers, 1998). Les événements clés survenant durant les stades et les transitions de Levinson sont résumés dans le TABLEAU 8.7.
Transitions du milieu de la vie Entre chaque période de vie, il se produit une transition, quelqueois synonyme de lutte ou de crise (Bee & Boyd, 2012 ; Bridges, 2006). Selon Levinson, jusqu’à 80 % des personnes vivent une telle période de crise. George Vaillant s’est intéressé à l’adaptation de l’adulte en lien avec les mécanismes de déense du moi. Il a déterminé les comportements qui contribuent à l’adaptation ainsi que ceux qui avorisent une adaptation inecace (Vaillant, 2002). En raison du dynamisme des mécanismes de déense du moi et de leur maturation tout au long de la vie, les
TABLEAU 8.7
Cycle de vie selon Levinson
PÉRIODE
ÂGE
CARACTÉRISTIQUES
Ère préadulte
< 17 ans
C’est vers 17 ans que commence la transition vers l’âge adulte. Celleci dure de 17 à 22 ans, moment où la personne commence à modifer ses relations avec sa amille et ses amis.
Début de l’âge adulte
1740 ans
Cette période se caractérise par des stades de vitalité, de contradictions et de stress. La personne est mise en ace de tâches majeures dans la vie : atteindre ses objectis, élever sa amille et établir sa position dans la société.
Transition du milieu de la vie
4045 ans
Devant le constat de l’impossibilité d’accomplir tous les objectis de la vie, la personne vit d’abord de la déception, puis procède à une reormulation des objectis précédents.
Milieu de l’âge adulte
4560 ans
Pendant ces années, le potentiel qu’a la personne d’avoir un impact positi sur la société est à son maximum.
Transition de la fn de l’âge adulte
6065 ans
La personne ressent une certaine anxiété ace à son déclin physique.
Fin de l’âge adulte
> 65 ans
La personne apprend à accepter les réalités du passé, du présent et de l’avenir.
personnes qui s’adaptent avec succès sont capables de choisir parmi un éventail de mécanismes de déense pour aire ace à leurs problèmes. Chez les adultes sains, ces mécanismes ructueux comprennent, entre autres, l’altruisme, la suppression, l’anticipation et l’humour.
relations conjugales ou le travail, l’incapacité de profter des moments de loisir et le stress découlant de la nécessité de s’occuper de parents vieillissants. L’accent n’est plus mis sur le nombre d’années vécues, mais sur le nombre d’années qu’il reste à vivre.
Les nouvelles responsabilités (s’occuper d’adolescents ou de parents âgés) caractérisent en général l’âge adulte moyen (entre 40 et 65 ans). En présence d’une détérioration physique ou mentale de son parent, l’adulte d’âge moyen se retrouve dans une situation de renversement des rôles. Alors qu’il vient juste de fnir d’élever ses propres enants et qu’il planife sa propre retraite pour les prochaines années, l’adulte joue le rôle de proche aidant. Le plus souvent, c’est la flle, plutôt que le fls, qui prend soin du parent âgé rappé d’incapacité (Pope, Kolomer & Glass, 2012). Quelque quatre millions de personnes assument ces responsabilités au Canada, avec le stress et les émotions que cela comporte (Ducharme, 2006, 2011). Dans ces circonstances, il est aussi important de soutenir le proche aidant que la personne qui reçoit les soins (Ducharme, Dubé, Lévesque et al., 2012).
Application en santé mentale
En outre, la personne assume parois de nouvelles responsabilités proessionnelles, et sent par la suite le besoin de réévaluer sa vie et de procéder à des changements pendant qu’il en est encore temps. L’expression crise du milieu de la vie décrit le moment où les personnes vivent une crise précipitée par la prise de conscience de leur propre mortalité (Bee & Boyd, 2012). Ces constatations entraînent souvent des conséquences négatives comme la perception d’une détérioration de la santé, des sentiments négatis concernant les
8
Il est possible que le stress ait en ait un eet positi sur le développement de l’adulte. Dans de nombreux cas, des personnes qui vivent un événement stressant découvrent avec le temps qu’elles retirent quelque chose de l’expérience, qui leur a permis d’acquérir de nouvelles habiletés d’adaptation, d’améliorer leur connaissance de soi ou de renorcer leur réseau social. Certaines croient que ces expériences stressantes leur ont permis d’être de meilleures personnes. Valérie Rossellini est âgée de 34 ans. Elle est célibataire Il est très important de et vit avec sa mère. Celleci est veuve depuis 30 ans et comprendre comment soure d’insufsance cardiaque. Madame Rossellini l’adulte ait ace aux événegagne sufsamment sa vie pour être indépendante, ments stressants de sa vie mais elle prend soin de sa mère malade. Elle passe ses (perte d’emploi, divorce, soirées et ses fns de semaine à la maison et n’a pas de rôle de proche aidant, etc.). relations amicales ou amoureuse connues. Madame Les stratégies d’adaptation Rossellini a toujours rêvé de voyager et de travailler à et le soutien amilial et l’étranger mais étant flle unique, elle ne s’est jamais social aident la personne à résignée à trouver une place dans un centre d’héberge gérer la situation difcile ment pour sa mère. Elle ait toujours passer le bienêtre FIGURE 8.6. Sans ces capade sa mère avant le sien. Sa mère, s’inquiétant de la cités et ce soutien, l’adulte voir triste et sans entrain, l’invite à consulter au centre peut éprouver de l’anxiété, de santé et de services sociaux (CSSS). et présenter des signes Devriezvous soupçonner un trouble dépressi chez dépressis ou d’isolement madame Rossellini ? social.
Jugement clinique
Chapitre 8
Développement et vieillissement de la personne
195
FIGURE 8.6 L’adulte passe au travers d’importantes transitions grâce aux stratégies d’adaptation.
10 Des exemples de stratégies d’adaptation sont donnés dans le chapitre 10, Stress et troubles de l’adaptation.
Tout le monde n’a pas la même perception des dés qui jalonnent la vie, et l’inrmière en santé mentale veille à détecter les aiblesses et les orces de l’adulte aux prises avec des dicultés dans sa vie personnelle, sociale ou proessionnelle. Certaines personnes ont tendance à sous-estimer ou à surestimer les situations auxquelles elles ont ace. La psychologie positive, soit l’étude scientique des traits et des qualités qui permettent aux personnes de bien se développer, s’est érigée
sur la base des travaux d’Erikson et d’autres théoriciens, notamment Maslow, Vaillant et Seligman. Les traits principaux sont la créativité, la persévérance, la bonté, l’impartialité, l’indulgence et la gratitude. Les psychologues avorisant cette approche croient que les acteurs qui infuencent les émotions ou les traits de caractère positis ne sont pas simplement l’opposé (ou l’absence) de ceux qui infuent sur les émotions ou les traits négatis. En d’autres termes, les acteurs qui rendent les personnes plus heureuses ne sont pas nécessairement le contraire de ceux qui provoquent du stress chez elles (Wood & Tarrier, 2010).
Soins et traitements infrmiers L’inrmière évalue les dicultés que rencontre la personne dans son parcours de vie TABLEAU 8.8. Elle évalue les ressources personnelles, de même que les ressources externes dont dispose la personne. Cette évaluation, aite en collaboration avec le client, comprend également les stratégies d’adaptation qu’utilise la personne ace à diérents événements pour déterminer leur degré d’eicacité 10 . L’évaluation permet aussi d’orienter la personne vers une ressource complémentaire appropriée au besoin (psychologue, travailleur social, psychoéducateur, etc.).
Pratiques infrmières suggérées TABLEAU 8.8
Évaluer et prévenir les problèmes de santé mentale chez l’adulte
PÉRIODES POSSIBLES DE TRANSITIONa
EXEMPLES DE QUESTIONS OU DE THÈMES À DISCUTER
Entrée sur le marché du travail
• Quelle appréciation la personne donnetelle de son travail : ardeau ou plaisir ? • Son travail satisaitil ses attentes ? • Quel est le lien établi avec ses collègues de travail ? • Comment la personne se sentelle dans son travail (p. ex., valorisée et utile) ? • Quelle est sa capacité à satisaire aux diérentes demandes qui lui sont aites (capacité à improviser) ? • Quelles sont ses stratégies d’adaptation au stress ? • Quelles sont ses habitudes de vie (alimentation, sommeil, exercice, poids santé, etc.) ? • Comment la personne répartitelle ses revenus pour aire ace à ses obligations fnancières (budget) ? • Comment la personne se sentelle si elle n’arrive pas à respecter un budget ?
Relations amicales ou amoureuses
• La personne estelle engagée dans une relation amicale ou amoureuse stable ? • Comment la communication entre les amis ou les conjoints se passetelle ? • Comment la relation répondelle aux besoins des deux amis ou des conjoints ? • Quelles sont les activités que les amis ou les conjoints ont ensemble ? • Quels moments d’intimité les personnes s’accordentelles pour discuter et échanger ? • Quelles difcultés les amis ou les conjoints ontils surmontées et comment ontelles été résolues (stratégies d’adaptation) ? • Quels ajustements ou concessions chacun atil dû aire dans sa vie ?
196
Partie 2
Dimensions biopsychosociales de la santé mentale et des troubles mentaux
TABLEAU 8.8
Évaluer et prévenir les problèmes de santé mentale chez l’adulte (suite)
PÉRIODES POSSIBLES DE TRANSITIONa
EXEMPLES DE QUESTIONS OU DE THÈMES À DISCUTER
Fondement d’une amille
• Comment la personne gèretelle ses diérents rôles (père, mère, conjoint, employé, etc.) ? • Quels sentiments génèrent ces rôles (anxiété, etc.) ? • Comment la personne perçoitelle ses nouvelles responsabilités ? • Comment la personne gèretelle ses soucis nanciers ? • Quelles solutions aux diérents dés et aux nouvelles obligations qu’impose le rôle de parent la personne atelle trouvées ? • Quel type d’interaction caractérise la situation conjugale (entraide, confit, etc.) ? • De qui la personne reçoitelle du soutien dans son entourage (amis, amille) ? • En période de atigue, comment la personne gèretelle ses responsabilités amiliales ?
Vie en couple
8
• La situation génèretelle un bon stress (des dés positis et constructis) ? • Comment la personne perçoitelle l’autre : estil soutenant, compréhensi et aidant ? • Comment la personne vitelle son attachement à l’autre ? • Que représente son conjoint pour la personne ? • Comment les situations de confit se règlentelles ? • Quel impact le conjoint représentetil en termes de bonheur et de sécurité ? • Comment sont les relations avec la belleamille (aidantes ou confictuelles) ? • Quels sont les projets d’avenir ? • Quels sont les projets communs ? • Quelles sont les valeurs (santé positive) véhiculées ? • En quoi une personne répondelle aux besoins de l’autre ?
Départ des enants de la maison
• Quelles sont les activités sociales de la personne ? • Que représente le départ des enants pour la personne ? • Quel était le lien avec les enants ? • Faitelle ace à une situation de solitude ? • Comment maintientelle un lien avec les enants ? • Quels changements y atil eu au niveau nancier ? • Qui sont les amis ou parents sur lesquels la personne peut compter ? • Quel est l’état de santé physique et psychologique de la personne au moment du départ des enants ? • Quelle est l’hygiène de vie de la personne ? • Comment les dicultés rencontrées se règlentelles ? • Quelles sont les stratégies d’adaptation utilisées pour aire ace aux périodes de solitude, le cas échéant ?
Planication de la retraite
• Comment la personne s’estelle préparée à prendre sa retraite ? • Quelles activités de remplacement atelle planiées ? • Qui compose le réseau d’amis en dehors du travail ? • Quels sont les projets d’avenir de la personne ? • Quelle sera sa situation nancière ? • Quel est son état de santé physique ? • Quelle hygiène de vie est envisagée ? • Quelle sera la situation du conjoint ? • Quelles seront les relations amiliales ? • Quelles sont les inquiétudes de la personne (réalistes et non ondées) ?
a
Ce tableau s’inspire du cycle de la vie familiale et est adapté de Carter & McGoldrick (1999).
Chapitre 8
Développement et vieillissement de la personne
197
8.4
Vieillissement et développement de la personne âgée
Les progrès des sciences de la santé garantissent à une proportion plus importante de la population une plus grande longévité associée à une meilleure qualité de vie. Plus que jamais, en ce début de xxie siècle, le vieillissement est devenu un processus évoluti complexe qui met en cause des acteurs biologiques, psychologiques, sociaux et environnementaux. La açon unique dont chaque personne s’adapte au vieillissement ait qu’une seule théorie ne peut expliquer adéquatement les eets du vieillissement sur son développement personnel. Avant d’aborder la question de la santé mentale, il est important de comprendre en quoi consiste le vieillissement biologique. Les dés de la personne âgée sont surtout liés à l’adaptation à ces changements irréversibles.
8.4.1
Processus de vieillissement
Vieillissement physique Plusieurs théories sur le vieillissement ont été élaborées au cours des 60 dernières années. Le vieillissement est tout d’abord un processus
TABLEAU 8.9
198
Partie 2
physiologique et biologique au même titre que la croissance. Plusieurs théories biologiques dénissent le processus de vieillissement soit comme une usure normale et graduelle de tous les systèmes, soit comme une suite anormale de dommages cellulaires ou de mutations qui nissent par compromettre la capacité de l’organisme de se réparer (Masoro & Austad, 2011) TABLEAU 8.9. Cependant, aucune n’est unanimement acceptée.
Vieillissement cognitif Les comportements cognitis se divisent en plusieurs processus étroitement liés qui comprennent l’intelligence, la mémoire, l’attention, le temps de réaction et la résolution de problèmes. Plusieurs acteurs infuent sur le onctionnement cogniti des personnes âgées. Ces acteurs comprennent l’état de santé, le prol génétique, le statut socioéconomique, l’éducation et les comportements liés au mode de vie (Wolinsky, Bentler, Hockenberry et al., 2011). Les pertes cognitives peuvent provoquer une décience onctionnelle et des incapacités physiques, ce qui cause une accentuation du déclin de la santé mentale des personnes âgées. Il apparaît que le onctionnement cogniti présente autant de variabilité durant le vieillissement que les indicateurs physiologiques (MacDonald, DeCarlo & Dixon, 2011).
Théories biologiques du vieillissement
THÉORIE
EXPLICATIONS
Théorie génétique
Le code génétique interne régit le processus de vieillissement et la durée de vie. Ainsi, la théorie génétique d’Hayfick, ormulée à la n des années 1960, considère que la division des cellules est limitée génétiquement (Pinel, 2007). Ce constat permet d’établir la longévité humaine à près de 120 ans. La théorie génétique sert aussi à expliquer l’apparition de gènes nuisibles, qui perturbent les processus biologiques (p. ex., l’altération de l’apparence du corps et, par conséquent, de la perception de soi).
Théorie immunologique
La onction immunitaire se modie de açon signicative avec le vieillissement, soit à cause d’un déclin soit à cause d’une suractivité (Pae, Meydani & Wu, 2012). Le vieillissement est associé à une augmentation de la corticostérone et d’autres substances infammatoires, toutes impliquées dans la neurodégénérescence (Jacque & Thurin, 2002).
Théorie des liaisons transversales
Le collagène, un composant important du tissu conjoncti qui maintient la structure des cellules, des tissus et des organes, se modie au cours du vieillissement. Le collagène procure l’élasticité nécessaire à plusieurs types de tissus. Avec l’âge, la combinaison des modications chimiques et des stimulus externes entraîne la ormation de liaisons moléculaires dans le collagène – appelées liaisons transversales – qui tendent à stabiliser les bres de collagène, rendant ainsi ce tissu rigide et ragile (Zimmerman, Schaible, Bale et al., 2011).
Théorie des radicaux libres
Les biologistes émettent l’hypothèse que certains stimulus de l’environnement (p. ex., les radiations, l’ozone, certains produits chimiques) entravent l’activité cellulaire et entraînent ainsi la production de radicaux libres. Ces derniers interagissent parois avec diverses structures cellulaires et perturbent le onctionnement normal de la cellule (Poljšak & Dahmane, 2012). Les dommages créés aux neurones par les radicaux libres expliquent certaines maladies neurodégé nératives, comme la maladie de Parkinson ou l’Alzheimer (PasseportSanté.net, 2011).
Dimensions biopsychosociales de la santé mentale et des troubles mentaux
Intelligence Il aut distinguer deux types d’intelligence , que des chercheurs de Yale ont comparés chez des personnes de 22 et 90 ans (Kauman, Liu & Johnson, 2009). L’intelligence cristallisée provient des connaissances acquises par l’expérience et l’éducation. L’intelligence fuide se développe, quant à elle, par la pensée et les réactions dans des situations nouvelles ; elle correspond à l’habileté de raisonnement. Le déclin du système nerveux qui accompagne le vieillissement et aecte le champ de l’attention ou le temps de réaction entraîne une perte d’intelligence fuide. Cette perte ne se traduit pas toujours par une diminution des capacités cognitives, malgré les conclusions de certaines études associant directement le déclin de l’intelligence avec le vieillissement (Birren & Schaie, 1985). En rétrospective, il semble que le délai de réponse plus long des personnes âgées s’explique davantage par la circonspection dont elles ont preuve dans l’évaluation des options, plutôt que par une perte de acultés cognitives. Il est important d’éviter de conondre vieillissement et perte d’intelligence.
Mémoire et traitement de l’information Les chercheurs croient que le traitement automatique de l’inormation ne se modie pas avec l’âge (Friedman, Nessler & Johnson, 2007). Ainsi, des indices ournis à une personne âgée l’aident à se rappeler de l’inormation stockée dans des régions plus proondes de sa mémoire. Par exemple, l’inormation que le cerveau traite d’une manière plus complexe (p. ex., les équations algébriques) est stockée dans une zone plus proonde de la mémoire et y demeurera plus longtemps. L’inormation que le cerveau reconnaît acilement demande moins d’attention. Ainsi, des tâches comme le démarrage d’une voiture sont presque automatiques. La mémoire déclarative, soit la capacité de se rappeler un nom ou un endroit précis, tend à diminuer avec l’âge tout comme la mémoire de travail, qui est nécessaire pour accomplir les activités quotidiennes (McGill, 2012). Avec l’âge, la perception de sa propre mémoire se modie, de même que la perception de l’ecacité personnelle, qui infuence la perormance mnémonique (McDougall, 2009). Le terme métamémoire se rapporte aux croyances et connaissances d’une personne concernant sa mémoire, son contenu, son onctionnement et ses capacités (BDSP, 2012). Ainsi, les personnes âgées qui prennent plus de temps pour traiter l’inormation (ce qui est aussi normal en vieillissant) et qui ont certains problèmes de mémoire craignent souvent d’y voir un signe de la maladie d’Alzheimer. Il est important de leur décrire le vieillissement biologique normal et de les encourager à chercher des moyens pour améliorer leur onctionnement cogniti par l’entraînement et la pratique.
Vieillissement psychosocial Personnalité Des traits de personnalité s’intensient avec l’âge, comme la circonspection, qui est souvent un mécanisme de déense ecace pour les personnes âgées. D’autres, comme le locus de contrôle, constituent des aspects de la personnalité qui demeurent stables dans le temps (Denoux & Macaluso, 2006). Les personnes dont le locus de contrôle est interne ont le sentiment qu’elles maîtrisent activement leur propre destinée. Elles ont en général une meilleure capacité d’adaptation. À l’inverse, les personnes dont le locus de contrôle est externe croient qu’elles n’ont aucune prise sur leur destinée et que leurs comportements n’ont aucun eet sur ce qui leur arrive. Elles peuvent devenir dépendantes et préèrent que les autres prennent des décisions pour elles. Ce phénomène est appelé détresse acquise.
CONSEIL CLINIQUE
L’infrmière mène une éva luation plus approondie de l’état mental pour dépister d’éventuels troubles cogni tis chez les personnes à risque, et cette évaluation peut aussi se révéler rassu rante pour les personnes âgées préoccupées par les changements souvent nor maux qu’elles observent au plan de leurs capacités cognitives.
Selon Denoux et Macaluso (2006), avec l’âge, la croyance que les événements de la vie sont organisés par des déterminants externes s’accroît, et de ce ait les stratégies d’ajustement se centrent davantage sur l’émotion ace à un stress récent, en particulier la stratégie d’évitement.
Réseau social Le réseau social est considéré comme un des acteurs clés du vieillissement réussi chez les Canadiens (Statistique Canada, 2009). Le TABLEAU 8.10 ore des exemples de certaines questions pertinentes pour l’évaluation des relations sociales (Oxman & Berkman, 1990).
Sexualité Le vieillissement apporte des transormations physiques au système reproducteur chez les hommes et chez les emmes. Plusieurs acteurs infuencent les aspects psychologiques de la sexualité et les rapports intimes des personnes âgées, notamment les expériences antérieures, les attitudes ace aux rapports intimes, les opinions de la société sur la sexualité chez les personnes âgées et l’état onctionnel. Plusieurs tabous sur la sexualité des personnes âgées perdurent. Maintenir une activité sexuelle permet d’atténuer les eets physiologiques et psychologiques du vieillissement (Santé Canada, 2010).
8.4.2
Théories
Les théories présentées dans cette section concernent les sphères psychologique, sociale et sociologique du vieillissement. Même si la recherche concernant les personnes âgées évolue, aucune des théories n’est encore unanimement acceptée. Chapitre 8
RAPPELEZ-VOUS…
Un mythe persistant au sujet des personnes âgées consiste à croire que la sexualité ne présente aucun intérêt pour elles. D’autres mythes et stéréo types persistent au sujet des personnes âgées. Pouvezvous en donner des exemples ?
Jugement clinique Thomas Simoneau est âgé de 78 ans. Il dit perdre réquemment ses clés et passer un long moment à essayer de les retrouver. Il oublie certains articles lorsqu’il va à l’épicerie. Il lit beaucoup moins qu’avant, car il éprouve de la difculté à se concentrer. Il consulte parce qu’il se demande s’il n’est pas en train de devenir sénile. Devriezvous soupçonner un défcit cogniti chez monsieur Simoneau ? Justifez votre réponse.
Développement et vieillissement de la personne
199
8
Collecte des données
Évaluation des relations sociales
TABLEAU 8.10 COMPOSANTE
CARACTÉRISTIQUES
EXEMPLES DE QUESTIONS
Réseau social
• Partenaire conjugal ou condent
• Êtesvous marié ?
• Nombre de proches et lien de proximité
• Combien avezvous d’enants ou de personnes signicatives proches ?
• Fréquence et type de contacts
• Combien de personnes voyezvous par semaine ? Qui sontelles ?
• Soutien aecti
• À combien de reprises au cours du dernier mois quelqu’un atil tenté de vous aire sentir mieux au sujet de votre maladie ?
Structure et composition
Type et importance du soutien social, et onctionnement
• Aide tangible
• De quelle personne vous sentezvous très proche et avec qui êtesvous intime ? • Combien d’entre eux vivent à moins de une heure de chez vous ? • Avec combien de personnes avezvous des contacts téléphoniques ou épistolaires au moins une ois par semaine ?
• À quelle réquence quelqu’un vous atil aidé à prendre vos médicaments au cours du dernier mois ?
• Conseils
• Combien de ois quelqu’un vous atil suggéré d’appeler le médecin au cours du dernier mois ? Perception du caractère approprié du soutien social
• Soutien général • Soutien spécique
• Au cours des trois derniers mois, combien de ois avezvous eu recours à de l’aide pour les tâches journalières ? • Qui sont les personnes qui vous soutiennent ?
Source : Oxman & Berkman (1990)
Elles permettent de comprendre les autres défs qui attendent la personne âgée dans la dernière partie de sa vie.
Théorie psychosociale Erikson décrit les éléments nécessaires pour préserver les capacités d’une personne de croître et d’acquérir de la maturité, et ce, tout au long de sa vie TABLEAU 8.2. Selon lui, les huit stades de la vie entraînent le développement des orces vitales individuelles. Ces orces comprennent la confance, la volonté, la détermination, la compétence, la fdélité, l’amour, l’attention et la sagesse. Le stade qui correspond à la fn de la vie est l’intégrité du moi ou le désespoir ENCADRÉ 8.4.
ENCADRÉ 8.4
Stade du développement de la personne âgée selon Erikson
INTÉGRITÉ DU MOI OU DÉSESPOIR
Vers la n de la vie, les personnes commen cent à accepter la açon dont elles ont vécu leur vie et l’importance des relations qu’elles ont nouées tout au long de celleci. Erikson décrit le stade nal de la vie comme le processus d’équilibration des sentiments d’intégrité et de désespoir, qui nécessite de dresser un bilan de la vie menée jusquelà et
de l’accepter. La personne dont le moi est intègre est prête à déendre la dignité de son mode de vie et de ses choix de vie. Celle qui n’a pas assumé avec succès les tâches développementales des stades précédents manque d’intégrité personnelle et se sent afigée en raison de son épanouissement inachevé dans sa vie et de la perspective de la mort.
Source : Erikson et al. (1986)
200
Partie 2
Dimensions biopsychosociales de la santé mentale et des troubles mentaux
Théories sociologiques Les théories sociologiques du vieillissement envisagent les aspects sociaux du processus de vieillissement. Elles analysent les rôles, les relations et les expériences d’une personne, qui se modifent à mesure qu’elle vieillit. Les théories du désengagement, de la continuité et de l’activité adoptent chacune une approche diérente des aspects sociaux du vieillissement.
Théorie du désengagement En 1961, Cumming et Henry publient les résultats d’une étude exploratoire menée auprès de 275 personnes âgées de 50 à 95 ans : ils émettent l’hypothèse d’un processus de retrait mutuel entre la société et la personne âgée. Cette dernière prend du recul par rapport à la société, qui, elle, reprend certaines responsabilités. Le passage à la retraite ore un exemple de ce désengagement. Selon Cumming et Henry, le désengagement serait inévitable et universel. Cependant, le degré auquel les personnes âgées sont prêtes à eectuer un changement de rôles et à l’accepter détermine leur capacité de s’adapter et, par conséquent, leur satisaction de vivre ENCADRÉ 8.5. C’est une combinaison des préérences personnelles et des besoins de la société, plutôt que ces éléments séparés, qui détermine le degré de désengagement et la açon dont il se réalise (Cornwell, Laumann & Schumm, 2008).
Théorie de l’activité Le maintien d’un mode de vie acti et de ses rôles sociaux compense les eets négatis du vieillissement
ENCADRÉ 8.5
Transitions de rôles
Dans une perspective développementale, les rôles compren nent les responsabilités variées qu’une personne doit accomplir dans sa vie et chacun d’eux met en jeu des tâches diérentes. Certaines sont nouvelles pour la personne si le rôle en est un complètement nouveau, alors que d’autres tâches sont semblables à celles qu’elle réalisait plus tôt dans sa vie (p. ex., le renversement de rôles). L’importance qu’a le rôle pour la personne infuence la réussite de son adaptation à la transition. La retraite représente une transition de rôle majeure pour de nombreuses personnes. Étant donné que les personnes vivent plus longtemps, la période de la retraite peut durer jusqu’à 15 ou 20 ans. Les événements de la vie qui entourent la retraite infuent sur l’adaptation plus que sur le processus de la retraite luimême (Reitzes & Mutran, 2004). Des événements particuliers de la vie orcent parois le départ à la retraite. Par exemple, les emmes réduisent leur temps de travail ou quittent plus tôt leur emploi pour occuper le rôle d’aidant auprès d’un proche plus âgé ; cela peut occasionner de l’isolement et du stress (Alliance des emmes de la rancophonie canadienne, 2009).
FIGURE 8.7. Les théoriciens de l’activité estiment
qu’en gardant un niveau élevé de participation à son environnement social, la personne âgée aura globalement un niveau plus élevé de satisaction de vivre et une conception d’elle-même plus positive (Santrock, 2011). L’accessibilité et le goût pour une activité particulière sont des acteurs essentiels qui infuencent l’estime de soi et la satisaction de vivre. Il est possible néanmoins que la théorie de l’activité ne s’applique qu’aux personnes âgées qui sont capables de s’engager dans des activités et des interactions sociales signicatives.
Théorie de la continuité Découlant de la théorie du désengagement et de la théorie de l’activité, la théorie de la continuité se onde sur la notion qu’une personne s’adapte au mieux quand il lui est permis d’être elle-même. Avec l’âge, les personnes deviennent davantage
Une autre transition de rôle majeure se produit après la perte d’un conjoint, quand l’adaptation exige du survivant d’accomplir les tâches réalisées auparavant par son partenaire. Les couples qui ont partagé les responsabilités durant leur vie ont moins de diculté avec ces changements de rôles. En 2006, au Québec, le pourcentage de veuves est plus important que le pourcentage de veus (Statistique Canada, 2006a). Le rôle de grandparent grand parent représente une autre transition. Le grandparent du xxie siècle joue un rôle privilégié dans la société canadienne puisque 4 personnes sur 5 âgées de plus de 75 ans ont des petitsenants (Statistique Canada, 2003). Le grandparent qui entretient une relation aective avec ses enants et ses petitsenants évite l’isolement, notamment celui lié au veuvage. Le grandparent peut par exemple s’occuper régulièrement de ses petitsenants – durant l’année scolaire par exemple – pendant que les parents travaillent ; cela aurait même une infuence sur le développement des jeunes enants (Millan & Hamm, 2003; Wellard, 2010).
elles-mêmes en ceci qu’elles tentent de maintenir la continuité de leurs habitudes, de leurs croyances, de leurs normes, de leurs valeurs et d’autres aspects de leur personnalité. Si une personne a de la diculté à s’adapter à des changements comme la retraite ou un déménagement, la théorie de la continuité soutient que ce n’est pas le processus de vieillissement qui nuit à son adaptation, mais plutôt des acteurs de sa personnalité ou son environnement social qui infuencent son adaptation. La théorie de la continuité reconnaît les diérences individuelles dans le processus de vieillissement et pose l’hypothèse que la personnalité de chacun renerme une composante d’autoentretien. Cela signie que les modes de comportement adoptés de longue date infuent sur la capacité de la personne d’aronter de nouvelles situations et de s’y adapter tout au long de sa vie (Atchley, 1989 ; Onega & Tripp-Reimer, 1997).
8
RAPPELEZ-VOUS…
Dans le processus de matu ration, la personne s’adapte à son environnement et dé montre des compétences dans de nouvelles situations. An d’acquérir de la maturité, la personne doit parois re noncer à des comportements qu’elle avait adoptés et à des connaissances qu’elle avait emmagasinées, ou intégrer de nouvelles habitudes concernant des comportements existants. Qu’estce qui distingue le pro cessus de maturation du processus de diérenciation ?
Théories émergentes
FIGURE 8.7 L’intérêt soutenu pour un loisir apprécié ainsi que sa pratique contribuent à préserver le fonctionnement cognitif et physique.
Les théories du vieillissement plus récentes sont celles de la gérodynamique, de la génétique comportementale et de la gérontotranscendance. La théorie gérodynamique se onde sur plusieurs théories physiques, notamment la théorie du système général et la théorie du chaos. La gérodynamique a comme postulat que les personnes traversent une série de changements ou d’événements au l de la vie et qu’elles en sont par conséquent transormées (Schroots, 1996). La génétique comportementale étudie l’impact signicati de acteurs génétiques et environnementaux (p. ex., le stress) sur les réactions Chapitre 8
Développement et vieillissement de la personne
201
biologiques et comportementales des personnes au cours de leur vie (Garrido, 2011). La théorie de la gérontotranscendance considère le vieillissement selon trois niveaux : le niveau cosmique, le soi et les relations sociales. Elle suggère que le vieillissement entraîne des changements tels qu’une modication de la perception du temps, l’acceptation des mystères de la vie et de la mort, le comportement altruiste, et un besoin accru de solitude et de réfexion (Wadensten, 2010).
s’occupant d’un petit jardin (optimisation) qu’il cultive dans des pots surélevés pour qu’il soit plus acile de les atteindre (compensation). Certaines personnes ont du mal à accepter l’arrêt de leur activité proessionnelle, et elles peuvent se sentir diminuées, rejetées, voire déprimées. Pour prévenir ces sentiments négatis, il aut planier des activités de remplacement qui respectent les goûts et les capacités de la personne.
Application en santé mentale
26 Le chapitre 26, Personnes âgées, examine en détail l’évaluation de la condi tion mentale de cette population.
Soins et traitements infrmiers
Les personnes réagissent diéremment aux événements de la vie, qui soit les aaiblissent, soit les ortient. Celles qui parviennent à s’adapter aux événements stressants ou traumatiques et à maintenir un mode de vie sain vieillissent plus acilement. Des modèles de vieillissement sain ou de vieillissement réussi émergent et intègrent non seulement la santé en tant que telle (physique, onctionnelle, psychologique et sociale), mais aussi la perception qu’ont les personnes âgées de leur santé et de leur bien-être. Certains théoriciens mettant l’accent sur le vieillissement réussi ont élaboré un modèle psychologique qui englobe le développement psychosocial ; il s’agit du modèle d’optimisation sélective avec compensation (Baltes & Baltes, 1990) FIGURE 8.8.
L’inrmière sait distinguer les transormations normales et anormales du vieillissement ainsi que leur impact sur les processus mentaux, les activités de la vie quotidienne, le soutien social et les changements de rôles TABLEAU 8.11. L’évaluation de l’état mental des personnes âgées comprend les aspects suivants : apparence, humeur, communication, processus mentaux, habiletés perceptuelles et motrices, attention, mémoire, conscience et orientation. Les comportements et les réactions du client âgé sont d’autres aspects importants de la collecte de données. L’inrmière dispose de plusieurs outils de dépistage pour une évaluation rapide de l’état mental de la personne âgée 26 .
Les personnes qui vieillissent bien sont celles qui choisissent des activités qui enrichissent leur vie malgré le déclin de leur énergie. Les ressources physiques et psychologiques peuvent en conséquence être mobilisées pour aire ace aux pertes subies plus tard dans la vie. Posons l’exemple d’un homme âgé qui a exercé le métier de paysagiste pendant la plus grande partie de sa vie. Maintenant qu’il est moins mobile, il devient sélecti en
L’inrmière considère que la santé physique et mentale refète l’ensemble des croyances et des pratiques de soins de santé du client. Dans sa collecte des données et sa planication des soins, l’inrmière évalue les perceptions que la personne âgée a de la santé et du bien-être. La théorie de Maslow (1962) sur la hiérarchie des besoins, dont il a été question précédemment, constitue un modèle précieux pour comprendre les besoins du client.
Conditions antérieures • Développement au cours de la vie selon un processus d’adaptation spécifique et selon l’âge • Diminution de la réserve, des capacités
Processus • Sélection
Résultats
• Optimisation
• Fonctions diminuées et transformées
• Compensation
• Vie active
• Perte de certaines fonctions spécifiques
FIGURE 8.8
Le modèle d’optimisation sélective avec compensation : le développement est un processus d’adaptation continu.
202
Partie 2
Dimensions biopsychosociales de la santé mentale et des troubles mentaux
Pratiques infrmières suggérées TABLEAU 8.11
Évaluer et prévenir les problèmes de santé mentale chez la personne âgée
PÉRIODES POSSIBLES DE TRANSITIONa
EXEMPLES DE SUJETS ET DE THÈMES À EXPLORER OU À ÉVALUER
Retraite
L’infrmière peut évaluer les éléments suivants : • Perception de la retraite • Situation fnancière • Santé physique • Hygiène de vie • Situation du conjoint • Relations amiliales
8
• Pertes d’autonomie vécues ces dernières années (à court terme, sur deux ans) • Inquiétudes (réalistes et non ondées) Deuil du conjoint
L’infrmière peut : • encourager le client à verbaliser les émotions ressenties ; • être attentive aux étapes du deuil ; • explorer les relations avec les autres membres de la amille (ratrie, enants, petitsenants, etc.) ; • explorer les croyances religieuses ; • explorer le réseau de relations sociales ; • évaluer le niveau d’autonomie.
Déménagement dans une résidence pour personnes âgées
L’infrmière veille à : • aire ressortir les avantages de ce déménagement ; • évaluer les réactions à ce déménagement ; • évaluer qui sont les personnes signifcatives dans ce nouveau milieu ; • évaluer l’état de santé physique et mentale ; • évaluer l’estime de soi (p. ex., se sent vulnérable, etc.).
a
Trois étapes importantes du vieillissement ont été prises en exemple, mais ce ne sont pas les seules ; elles peuvent varier selon les personnes.
Chapitre 8
Développement et vieillissement de la personne
203
Analyse d’une situation de santé
Jugement clinique
Laureen MacDowell est âgée de 74 ans. Elle soure d’insusance cardiaque sévère entraînant de l’essoufement marqué et de la atigue qui limitent son autonomie dans les activités de la vie quotidienne. Sa condition physique nécessite des hospitalisations tous les six mois environ. Elle est suivie par une inrmière du CSSS qui la visite à domicile deux ois par semaine.
cuisinière. Si le couple doit sortir pour aire des courses, il montre des signes d’anxiété dès qu’il se retrouve dans des endroits moins amiliers.
Madame MacDowell habite avec son mari âgé de 78 ans, qui est atteint de la maladie d’Alzheimer. Ce dernier oublie de plus en plus de choses, comme ermer le robinet du bain ou éteindre la
Chaque ois que la cliente doit être hospitalisée, son conjoint reste seul dans leur petit appartement au dernier étage d’un duplex. Le couple a cinq enants. À sa dernière hospitalisation, madame MacDowell a demandé au médecin de retourner chez elle le plus vite possible même si sa condition n’était pas tout à ait stabilisée. « Je vais aire attention à moi surtout si mon cœur va mieux. Je veux juste retourner avec mon mari le plus rapidement possible », dit-elle. {
MISE EN ŒUVRE DE LA DÉMARCHE DE SOINS
Collecte des données – Évaluation initiale – Analyse et interprétation 1. Trouvez au moins trois questions à poser à madame MacDowell pour évaluer son réseau social, ainsi que la structure et la composition de celuici.
SOLUTIONNAIRE
2. Quels sont les deux acteurs qui infuent sur le onctionnement cogniti de madame MacDowell ?
http://fortinash.cheneliere.ca
Madame MacDowell trouve parois dicile de s’occuper de son mari. « Il est tellement dépendant de moi. Mais je ne peux pas lui en vouloir, il m’arrive aussi d’oublier des choses. Je ne me souviens jamais {
de votre nom, j’ai trop de choses en tête. Je téléphone parois à ma sœur, mais j’ai toujours peur de la déranger avec mes problèmes. Je ne veux surtout pas l’inquiéter », dit-elle à l’inrmière qui la visite. ”
MISE EN ŒUVRE DE LA DÉMARCHE DE SOINS
3. D’après ces nouvelles données, quelle stratégie d’adaptation madame MacDowell utilisetelle pour aire ace à sa situation globale ? 4. Estce normal que la cliente oublie le nom de l’inrmière ? Justiez votre réponse. 5. Quel semble être la plus grande préoccupation de la cliente en ce moment ?
Planifcation des interventions – Décisions infrmières 6. Quel type d’aide ou de soutien social l’inrmière peutelle orir à la cliente et à son mari ?
Évaluation des résultats – Évaluation en cours d’évolution 7. Compte tenu de la situation globale de madame MacDowell, qu’estce qui indiquerait à l’inrmière que l’état psychologique de la cliente est satisaisant ?
204
Partie 2
Dimensions biopsychosociales de la santé mentale et des troubles mentaux
APPLICATION DE LA PENSÉE CRITIQUE Dans l’application de la démarche de soins auprès de madame MacDowell, l’infrmière a recours à un ensemble d’éléments (connaissances, expériences antérieures, normes institutionnelles ou protocoles, attitudes proes sionnelles) pour analyser la situation de santé de la cliente
et en comprendre les enjeux. La FIGURE 8.9 illustre le processus de pensée critique suivi par l’infrmière afn de ormuler son jugement clinique. Elle résume les principaux éléments sur lesquels l’infrmière s’appuie en onction des données de cette cliente, mais elle n’est pas exhaustive.
VERS UN JUGEMENT CLINIQUE NORME
EXPÉRIENCES
CONNAISSANCES • Processus de vieillissement physique • Théories sociologiques du vieillissement • Changements cognitis normaux dans le processus de vieillissement • Impacts globaux d’un problème de santé sur la personne atteinte et son entourage • Tâches développementales en lien avec le processus de vieillissement • Génogramme et écocarte
• Expérience de travail auprès d’une clientèle âgée • Expérience en santé communautaire • Expérience auprès de personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer
• Services oerts par un CSSS selon le domaine concerné (santé communautaire dans ce cas)
ATTITUDES • Être empathique ace aux inquiétudes de la cliente • Être compréhensive ace à sa réticence à demander de l’aide • Être authentique, respectueuse et capable d’eectuer une conrontation douce afn que la cliente comble son besoin d’aide • Être à l’écoute pour tenter de comprendre les enjeux développementaux de la cliente et du couple
PENSÉE CRITIQUE
ÉVALUATION • • • • • •
État physique État cogniti de la cliente Préoccupation de la cliente ace à la condition de son conjoint lorsqu’elle doit être hospitalisée Réseau social (écocarte) et réseau amilial (génogramme) Stratégie d’adaptation de la cliente pour aire ace à sa situation globale Besoin d’aide de la cliente et de son conjoint
JUGEMENT CLINIQUE FIGURE 8.9
Chapitre 8
Développement et vieillissement de la personne
205
8
À retenir VERSION REPRODUCTIBLE
http://fortinash.cheneliere.ca
déroule rapidement, avec de grandes variations individuelles. • Le développement mental dépend de facteurs internes et externes. Plu sieurs théories en rendent compte.
• L’enfant passe de l’état de dépen dance (attachement) à l’autonomie (séparationindividuation).
• Dès l’enfance et jusqu’à un âge avancé, la personne acquiert des stratégies d’adaptation.
• Pendant l’enfance, le développement physique, cognitif et psychosocial se
• À l’âge adulte (entre 19 et 64 ans), le développement est moins
spectaculaire que pendant l’enfance. • La vie adulte est ponctuée d’événements majeurs (profes sionnels et familiaux) et de phases de transition qui peuvent entraîner des périodes de stress important. • La personne âgée voit certaines fonctions cognitives amoindries à mesure qu’elle vieillit.
• La personne âgée doit s’adapter à des changements de rôles familiaux et sociaux importants. • À tout âge, les événements de la vie peuvent avoir un impact négatif sur la santé mentale. • Le réseau familial et social peut jouer un rôle déterminant pour prévenir les troubles de santé mentale.
Ressources VERSION COMPLÈTE ET DÉTAILLÉE
http://ortinash.cheneliere.ca
> Le stress > Déjouer le stress > Stratégies d’adaptation Fondation Jean Piaget www.ondationjeanpiaget.ch
Références Internet
Le cerveau à tous les niveaux ! http://lecerveau.mcgill.ca > Le développement de nos acultés > Niveau d’organisation psychologique
ORGANISMES ET ASSOCIATIONS Association canadienne pour la santé mentale (ACSM) – Filiale de Chaudières-Appalaches www.acsmca.qc.ca > Bulletin associati > Virage > Volume 6 (20002001) > Qu’estce que la résilience ? B.F. Skinner Foundation www.bskinner.org Cairn.ino www.cairn.ino > E > Enance (revue) Centre d’études sur le stress humain (CESH) www.stresshumain.ca
206
Partie 2
ORGANISMES GOUVERNEMENTAUX Agence de la santé publique du Canada www.phacaspc.gc.ca > Promotion de la santé > Santé mentale > Promotion de la santé mentale > Foire aux questions Institut de la statistique du Québec www.stat.gouv.qc.ca www.jesuisjeserai.stat.gouv.qc.ca Statistique Canada www.statcan.gc.ca > Outils de recherche spécialisés > Publica tions > Un portrait des aînés au Canada
Dimensions biopsychosociales de la santé mentale et des troubles mentaux
RÉFÉRENCES GÉNÉRALES Centre collégial de développement de matériel didactique (CCDMD) www.ccdmd.qc.ca > Catalogue > Le développement de l’enant (010 ans) Encyclopédie sur le développement des jeunes enants www.enantencyclopedie.com > Liste des thèmes > Résilience Infrmiers.com www.infrmiers.com > Ressources > Cours > Semestre 1 > Le développement de la structure psycho aective de l’enant > Ressources > Cours > Le développement psychosocial de l’enant www.infrmiers.com/etudiantsenisi/cours/ coursledeveloppementpsychosocialde lenant.html Psychiatriinfrmiere.ree.r http://psychiatriinfrmiere.ree.r > Formation
Répertoire de ressources UQAM http://www.er.uqam.ca/nobel/k31610/DIVERS/ sitesressourcesdev.htm
Monographies Bouteyre, E. (2008). La résilience scolaire : de la maternelle à l’université. Paris : Belin. Bridges, W. (2006). Les transitions de vie. Comment s’adapter aux tournants de notre existence. Paris : InterEditions. Brissiaud, P.Y. (2008). La face cachée de la résilience : guérir vraiment ses blessures intérieures. SaintJulienenGenevois, Fr. : Jouvence. Bowlby, J. (2002). Attachement et perte (vol. 1 : L’attachement). Paris : Presses universitaires de France. Cloutier, R., & Drapeau, S. (2008). Psychologie de l’adolescence (3e é.). Montréal : Gaétan Morin Éditeur.
Cloutier, R., Gosselin, P., Tap, P. (2004). Psycho logie de l’enfant (2e éd.). Montréal : Gaétan Morin Éditeur. Collecti Larousse (2002). Grand dictionnaire de la psychologie (2e éd.). Paris : Larousse. Houde, R. (2005). Les temps de la vie : le développement psychosocial de l’adulte (3e éd.). Montréal : Gaëtan Morin Éditeur.
Multimédia BBC France & Learning Channel (1999). La puberté [4e émission d’une série de 8]. Les mystères du corps humain (DVD, 60 min, coul.). France.
Papalia, D.E., Olds, S.W., & Feldman, R. (adaptation dirigée par Bève, A.) (2010). Psychologie du développement humain (7e éd.). Montréal : Chenelière Éducation.
Docherty, N. (1995). Quand la coupe déborde (43 min, coul.). Toronto : CBC.
Articles, rapports et autres Denoux, P., & Macaluso, G. (2006, décembre). Stress et vieillissement : un développement contreculturel du lieu de contrôle et des stratégies d’adaptation chez les sujets âgés. Psychologie & neuropsychiatrie du vieillisse ment, 4(4), 287297.
Chapitre 8
Théodule, M.J. (2005, juilletaoût). Grandir, l’enant et son développement. La Recherche, 388, 4251.
Gervais, J., & Tremblay, R.E. (2005). Aux origines de l’agression : la violence de l’agneau (flm, 50 min 24 s, coul.). Montréal : Ofce national du flm du Canada. Lumbroso, V. (2003). L’enfance pas à pas (télévision, 26 min, coul.). France : Guilgamesh et ARTE France.
Développement et vieillissement de la personne
207
chapitre
Culture et santé mentale
Écrit par : Karine Philibert, inf., B. Sc. D’après un texte de : Ruth N. Grendell, DNSc, RN
Guide d’études – RE09
OBJECTIFS
Après avoir étudié ce chapitre, vous devriez être en mesure : ■
■
■
■
d’expliquer les liens entre la culture et la santé mentale ; de décrire l’influence négative des préjugés sur la qualité de vie des personnes atteintes d’un trouble mental, de leurs familles et de leurs communautés ; d’expliquer l’influence de ses propres cultures sur sa conception du trouble mental et les soins prodigués ; de discuter du concept de sécurité culturelle ;
208
Partie 2
■
■
■
■
de déterminer des moyens concrets d’offrir des soins culturellement adaptés aux clients et à leur famille ; d’expliquer les défis que pose l’im migration à la santé mentale des personnes et de leurs familles ; de décrire les principales causes des problèmes de santé mentale chez les communautés autochtones ; d’énumérer des moyens d’accompa gner de manière respectueuse les
Dimensions biopsychosociales de la santé mentale et des troubles mentaux
personnes autochtones dans leur processus de guérison ; ■
■
de cerner les principaux défis que posent le trouble mental et l’offre de soins culturellement sécuritaires chez les personnes de cultures minoritaires ; d’expliquer l’importance du lien thérapeutique et de la culture dans l’efficacité du traitement psychopharmacologique.
Concepts clés
Cette carte conceptuelle illustre schématiquement les principaux concepts décrits dans le présent chapitre. Sa lecture vous permettra d’avoir une vue d’ensemble des notions qui y sont présentées.
dont
9
varient selon
infuence
la culture est
présentent
culture diérenciée
assure
si
exige
au Québec peut infuencer
Chapitre 9
Culture et santé mentale
209
PORTRAIT Maria Martinez Maria Martinez, âgée de 50 ans et d’origine espagnole, a perdu son mari il y a 14 mois en raison d’un inarctus du myocarde. Elle se rend à la clinique médicale de son quartier après avoir commencé à ressentir de la douleur dans la poitrine. Étant donné ce qui est arrivé à son mari, elle craint qu’il s’agisse d’un signe avant-coureur de problèmes cardiaques.
FPO
Elle est aussitôt reçue par un médecin. Au cours de l’entrevue d’évaluation, celui-ci remarque que madame Martinez est vêtue de noir. Intrigué, il lui demande si elle a perdu quelqu’un de sa amille récemment. Après que madame Martinez lui a parlé de la mort de son mari qui a eu lieu 14 mois plus tôt, il ajoute un diagnostic de deuil non résolu au dossier, sans tenir compte des origines culturelles de la cliente. Cette dernière est de culture hispanique, et dans cette culture, la coutume veut que l’on porte le noir pendant un an ou plus. Il serait socialement inacceptable pour madame Martinez de ne pas respecter cette coutume.
9.1
210
Partie 2
Soins et traitements infrmiers Il apparaît donc clairement que l’infrmière ne peut pas adopter une vision stéréotypée des personnes qu’elle soigne, en se basant uniquement, par exemple, sur leur origine ethnique pour adapter ses soins ENCADRÉ 9.1. Chaque personne possède sa propre histoire, traversée par plusieurs cultures. L’infrmière ne peut pas présumer qu’elle connaît la personne devant elle à partir de ses propres connaissances d’une seule de ces cultures. Au contraire, il lui aut, dans la perspective de MarieFrançoise Collière (2001), aire du client sa première source de connaissances en cherchant, tout au long de sa collecte des données, à s’inormer sur la personne elle-même afn de connaître les priorités de celle-ci, ses besoins et ses préoccupations proondes, sans jamais se onder sur des présomptions. Le présent chapitre traite des interactions possibles entre les diérentes appartenances culturelles et la santé mentale, ainsi que des meilleurs soins psychiatriques à prodiguer en tenant compte de ces nombreuses interactions.
Défnition et objectis des soins ethnoculturels
Le terme culture, autreois limité aux groupes ethniques et minoritaires, se défnit de nos jours de manière beaucoup plus large. Selon Helman (2007), la culture est un ensemble de normes implicites et explicites dont héritent les membres d’une société particulière. Ces règles dictent comment voir le monde, l’expérimenter émotionnellement et se comporter.
Marie-Françoise Collière est une infrmière rançaise qui s’est inspirée de l’anthropologie pour élaborer une approche qui consiste à construire une compréhension de la situation de soins à partir des éléments signifcatis pour la personne, que l’infrmière relie ensuite entre eux afn de mieux cerner le contexte avec lequel le client doit composer et les enjeux que le problème de santé soulève dans ce contexte particulier.
interdépendantes (Catalano, 2009 ; Giger & Davidhizar, 2007) TABLEAU 9.1.
Selon cette défnition, il est impossible de ne pas avoir de culture. Au contraire, tout le monde possède même plusieurs cultures. Les premières appartenances culturelles d’une personne sont transmises par le milieu amilial et les institutions qu’elle réquente durant son enance. Ces premières cultures sont, par exemple, celles d’un groupe ethnique, d’un quartier ou d’un village, et d’un statut économique particulier. Chaque personne possède aussi une culture propre à son âge, selon qu’elle soit de la génération tranquille, des baby-boomers, des X ou des Y, ainsi qu’une culture liée à son genre, masculin, éminin ou autre. Les cultures auxquelles la personne décide de s’associer peuvent ensuite varier au cours de sa vie. Elles dépendront, par exemple, de son orientation sexuelle, de ses allégeances politiques, de ses milieux de travail et statuts d’emplois, de son niveau de scolarité, des loisirs qu’elle pratique, etc. Ces diérentes cultures chez une même personne sont interreliées et
Dimensions biopsychosociales de la santé mentale et des troubles mentaux
9.2
Inuences de la culture sur la santé mentale
Que signife posséder une bonne santé mentale ? Ne pas sourir d’un trouble psychique ? Être bien dans sa peau ? Posséder la résilience nécessaire pour surmonter les obstacles et atteindre ses buts ? Vivre en harmonie avec sa communauté ? La réponse peut varier selon les valeurs, la conception du
TABLEAU 9.1
Sous-cultures liées aux générations actuelles au Canada
GÉNÉRATION
ANNÉES DE NAISSANCE
Première Guerre mondiale (la plus grande génération)
1900-1924
Génération silencieuse
1925-1945
Baby-boomers
1945-1960
Génération X
1961-1981
Génération Y
1982-2004
Génération Z
2005-2025
monde, les croyances et les connaissances de chaque personne, bre en onction des cultures auxquelles celle-ci appartient. Selon l’Agence de la santé publique du Canada (2012), la santé mentale se dénit comme la capacité de réféchir, de ressentir les choses, d’agir de manière à mieux jouir de la vie et de relever les dés qui se posent. Or, le ait que le rôle de la culture soit justement d’enseigner comment concevoir le monde, l’expérimenter émotionnellement et se comporter démontre l’existence de liens très étroits entre la culture et la santé mentale. En réalité, la culture infuence la santé mentale aux plans : • des modèles étiologiques, c’est-à-dire les explications des troubles mentaux qui varient selon les cultures ; • des signications des troubles mentaux et des attitudes qui en résultent ; • des manifestations (signes et symptômes) des troubles mentaux, que les personnes d’une culture particulière peuvent considérer comme pathologiques ; • de la distribution des troubles mentaux, qui varie selon les communautés (Canino & Alegria, 2008 ; Tandon, Keshavan & Nasrallah, 2008) ; • de l’accessibilité des soins et traitements (Helman, 2007).
Soins et traitements infrmiers L’inrmière qui cherche à orir des soins psychiatriques adaptés à la culture s’assure de bien comprendre ces liens étroits entre le trouble mental et les cultures des personnes et des populations qu’elle soigne. Mais avant tout, elle prend soin d’explorer comment son propre bagage culturel infuence sa compréhension de la santé et du trouble mental. Cet examen lui permet de constater que plusieurs acteurs infuent sur cette compréhension, notamment son genre et son âge, ses expériences antérieures, ses valeurs et ses croyances religieuses. Mais elle est aussi infuencée en grande partie par les cultures médicales et inrmières de tradition occidentale, héritées de sa ormation et de sa pratique inrmières.
9.2.1
Santé mentale et modèles étiologiques
ENCADRÉ 9.1
Exemples de problèmes prioritaires erronés
• Adaptation déensive et non-observance. Les clients de cultures minoritaires qui ont été l’objet de discrimination, de préjugés et de stéréotypes sont souvent réticents ace aux interventions inrmières appropriées, par exemple dans le domaine de l’enseignement et de la planication du congé de l’hôpital. La suspicion et la méance ont en sorte que l’inrmière peut mal comprendre les comportements du client, ce qui donne lieu à des interprétations erronées. • Rôle inecace et parentage décient. Le recours à de telles conclusions nécessite une bonne compréhension des rôles particuliers à la culture du client et aux activités relatives au parentage. Une divergence opposera la vision de l’inrmière à celle de la culture dominante. • Interaction sociale et communication verbale décientes. L’incompréhension a lieu lorsque
l’inrmière ne réussit pas à tenir compte des modèles d’interaction particuliers à la culture. Le silence, un contact visuel peu soutenu, la honte, la peur et les barrières linguistiques perturbent l’habileté du client à interagir. Le sexe de l’inrmière et celui du client infuencent également la communication parce que de nombreuses cultures ont des codes comportementaux particuliers au genre et au rôle. • Processus de pensée perturbés. Les modèles et les processus de pensée qui semblent être perturbés sont parois liés à des expressions d’anxiété et de peur propres à la culture. Une évaluation rigoureuse permettra à l’inrmière de déceler correctement l’anxiété ou la peur chez de nombreux clients plutôt que de supposer que les processus de pensée sous-jacents sont perturbés.
d’un problème de santé mentale. Les troubles mentaux sont en eet des phénomènes complexes aux causes multiples que la communauté scientique elle-même ne parvient pas encore à bien expliquer. Par exemple, parmi ces causes hypothétiques, il existerait un ensemble de gènes qui pourraient augmenter les risques d’être atteint de certaines pathologies d’ordre psychiatrique au cours de sa vie. Mais ces gènes ne sont pas encore bien identiés, et les chercheurs s’entendent pour dire qu’ils ne susent pas à expliquer à eux seuls l’apparition de troubles mentaux chez une personne (Tandon et al., 2008). D’autres hypothèses sont aussi avancées, comme celle postulant l’existence d’une dérégulation de diérents mécanismes de neurotransmission dans le cerveau des personnes atteintes de troubles psychiques 7 .
9
RAPPELEZ-VOUS…
Il est important pour l’inrmière de se rappeler que sa propre culture peut avoir une infuence sur la açon dont elle perçoit les clients. Mais que signie prodiguer des soins inrmiers transculturels ? 7 Le mécanisme d’action des neurotransmetteurs est dé crit dans le chapitre 7, Neuro biologie et santé mentale.
La communauté scientique internationale propose plusieurs autres causes aux troubles mentaux en-dehors des causes physiques. Ces modèles étiologiques demeurent en constante évolution et peuvent encore se transormer au gré des nouvelles découvertes scientiques. Ils sont reconnus et acceptés dans plusieurs cultures, particulièrement chez les personnes ayant réquenté la culture scientique occidentale dans le cadre de leurs études ou de leur travail.
Un modèle étiologique est un modèle permettant d’expliquer les causes à l’origine d’une ou des maladies. Il existe plusieurs modèles étiologiL’inrmière prend soin d’explorer comques diérents tentant ment son propre bagage culturel infuence d’expliquer comment et sa compréhension de la santé et du trouble pourquoi certaines permental. sonnes souriront un jour
D’autres modèles ne sont pas reconnus par la communauté scientique. Ces modèles ont servi à expliquer les troubles de la pensée et du comportement Chapitre 9
Culture et santé mentale
211
Émique : Qualie une approche qui respecte les principes et les valeurs propres à une culture donnée ; elle refète par exemple les conceptions populaires de la maladie et de la santé dans un contexte culturel donné. Étique : Qualie une approche qui respecte les conditions de la recherche scientique caractérisée par une connaissance rationnelle, objective et indépendante de l’observateur ; elle renvoie à la dimension universelle du savoir médical.
bien avant les percées de la science en psychiatrie. Ces modèles s’inscrivent dans la perspective émique, c’est-à-dire à l’intérieur d’une vision du monde particulière, partagée par un groupe culturel particulier, en opposition aux modèles étiques qui aspirent à une portée universelle parce qu’ils s’appuient sur des données probantes FIGURE 9.1. L’inrmière aurait tort de considérer ces modèles explicatis comme un simple manque de connaissances de la part du client et de sa amille. En eet, il aut comprendre que ces modèles ont partie d’un ensemble de liens de signication plus large regroupant toute la vision du monde d’une communauté, ses valeurs, ses croyances, sa manière de vivre ensemble, de ressentir et d’agir (Massé, 1995). Ces modèles émiques peuvent d’ailleurs souvent coexister chez une personne avec sa compréhension des modèles étiologiques scientiques. Ainsi, une inrmière peut comprendre que la schizophrénie résulte, entre autres, d’un excès de dopamine dans le cerveau, mais considérer en même temps qu’il s’agit d’un manque de volonté de la part de la personne malade. Avant que la méthode scientique ne permette de mieux expliquer le monde qui les entoure et les règles qui le régissent, les êtres humains ont longtemps cherché une explication aux phénomènes naturels dans la magie et la religion. Ainsi, plusieurs communautés culturelles croient encore que la maladie peut être le résultat d’un mauvais sort (Ally & Laher, 2008). Il s’agit souvent du « mauvais œil », c’est-à-dire une malédiction jetée par une personne envieuse. Ce modèle explicati est présent dans plusieurs cultures, autant en Asie qu’autour de la Méditerranée, en Haïti et en Amérique latine (Ally & Laher, 2008 ; Caplan, Escobar, Paris et al., 2012 ; Khalia, Hardie, Lati et al., 2011 ; Organisation mondiale de la Santé [OMS], 2010).
10 Les troubles liés au stress sont expliqués dans le chapitre 10, Stress et troubles de l’adaptation.
Plusieurs communautés religieuses expliquent aussi le trouble mental comme une punition de nature divine. La maladie résulterait alors d’un péché commis soit par la personne elle-même, un
FIGURE 9.1 Les gesticulations du chaman ont souvent été prises pour de la folie par les Européens.
212
Partie 2
Dimensions biopsychosociales de la santé mentale et des troubles mentaux
de ses proches ou un de ses ancêtres, dans cette vie ou dans une vie précédente (Abdullah & Brown, 2011 ; Caplan et al., 2012 ; Dassa, Mbassa Menick, Tabo et al., 2009). D’autres communautés reli gieuses, ace à une personne maniestant des comportements perturbateurs, envisageront la possibilité d’une possession. Cette conception du trouble mental se retrouve, entre autres mais pas exclusivement, dans certaines communautés asiatiques, musulmanes et chrétiennes (Abdullah & Brown, 2011 ; Bartocci & Eligi, 2008). Dans la tradition philosophique et médicale occidentale, l’être humain possède deux dimensions : le corps et l’esprit. Il existe donc une distinction très claire entre les maladies physiques et mentales. Mais pour plusieurs autres traditions à travers le monde, les choses ne sont pas aussi tranchées. Au contraire, une approche plus répandue préconise une vision « holistique » de la personne, où l’être humain est compris comme un tout en lien étroit avec le reste de l’univers. Lorsque l’ordre naturel de cet ensemble est perturbé, la personne peut être atteinte d’un trouble physique ou mental (Lefey, 2010). Cette conception de la santé se retrouve sous diverses ormes à travers le monde, parmi des cultures très diérentes et éloignées les unes des autres. Par exemple, elle est à la base de la médecine traditionnelle chinoise (Hwang, Myers, AbeKim et al., 2008), et est présente en Haïti (OMS, 2010) ainsi que chez les Premières Nations des Amériques (Grandbois, 2005). Si plusieurs communautés très éloignées les unes des autres peuvent parois partager un même modèle étiologique, à l’opposé, les membres d’une même communauté peuvent s’expliquer la maladie de manières très variées. Par exemple, Dassa et ses collaborateurs (2009) ont répertorié dans une vingtaine de villages du Togo plusieurs modèles étiologiques diérents servant à expliquer les handicaps mentaux inantiles, parmi lesquels la malnutrition, l’hérédité et la sorcellerie. Dans plusieurs cultures populaires en Amérique du Nord, le stress est considéré comme une cause importante de plusieurs maladies, physiques ou mentales (Collin & Hugues, 2010 ; Groleau, Whitley, Lespérance et al., 2010) 10 . Le stress est parois perçu comme la cause de la maladie, parois comme un acteur précipitant ou aggravant celle-ci. Bien qu’il existe eectivement un lien entre le stress et la sourance psychique, il peut être important pour l’inrmière de rappeler à ses clients qu’une réduction du stress ne sura probablement pas à procurer la guérison et que d’autres traitements, par exemple, certains médicaments, pourraient s’avérer nécessaires à leur rétablissement. Dans plusieurs cultures, la dépression, l’angoisse et l’anxiété ne sont pas considérées comme des problèmes de santé mentale FIGURE 9.2 .
• des valeurs et des normes de la communauté, et de leur possible transgression par la personne malade par ses attitudes, paroles et comportements ;
FIGURE 9.2
Dans certaines sociétés, la dépression n’est pas considérée comme une maladie.
Il s’agirait plutôt des réactions normales d’une personne ace aux difcultés rencontrées au courant de la vie (Grover, Kumar, Chakrabarti et al., 2012 ; Kirmayer, 2001 ; Kleinman, 2004 ; Martinez Tyson, Castañeda, Porter et al., 2011 ; Pereira, Andrew, Pednekar et al., 2007). Les personnes adhérant à cette conception de la sourance psychique seront moins enclines à demander de l’aide lorsqu’elles traversent une période d’angoisse ou de désespoir (Buus, Johannessen & Stage, 2012 ; Kirmayer, 2001). Les troubles de la personnalité sont vus dans certaines cultures comme de simples autes de caractère ne nécessitant aucun traitement en-dehors de la communauté (Lee, 2001) 15 .
• du rôle de la personne malade au sein de sa communauté, et de sa capacité à remplir ce rôle ainsi que les obligations qui y sont rattachées malgré la maladie.
Jugement clinique Matt-Bishop Dorcéus est âgé de 32 ans et présente un trouble de la personnalité antisociale. Il est d’apparence imposante, très musclé, et arbore de nombreux tatouages à caractère violent (couteaux, têtes de morts, corps éventrés). C’est un che de gang de rue hospitalisé à la suite d’une tentative de meurtre sur sa personne alors qu’il était en prison. Un gardien demeure en permanence dans sa chambre. Au moment où vous entrez pour lui apporter son repas, monsieur Dorcéus vous fxe avec un regard hargneux, les yeux grands ouverts, serre les dents et les poings, et suit vos gestes comme s’il analysait votre réaction. Il vous dit sur un ton menaçant : « Je te ais peur, hein ? »
L’attitude signiie la Comment croyez-vous que vous réagiriez dans une telle manière dont une personne situation ? Que répondriez-vous à monsieur Dorcéus à la se comporte dans une suite de ses propos ? situation particulière. Par exemple, devant une personne atteinte d’un problème de santé mentale, certains agiront avec respect, alors que d’autres adopteront une attitude trahissant de la peur, de l’incompréhension ou du mépris. L’ attitude de l’infrmière en relation avec ses clients dépendra en grande partie de sa propre conception du trouble mental, açonnée notamment par ses expériences personnelles, 15 ses cultures et ses connaissances scientifques Les divers troubles de la per ENCADRÉ 9.2. L’attitude se traduit, entre autres, sonnalité et la démarche de par le comportement non verbal et le ton de la soins appropriée sont pré voix. Il peut s’agir d’une attitude ouverte ou sentés dans le chapitre 15, méfante, chaleureuse ou contrôlante, respecTroubles de la personnalité. tueuse ou méprisante, empathique ou empreinte de pitié.
Soins et traitements infrmiers Au cours de son évaluation, l’infrmière questionne le client sur sa conception du trouble mental, et ce, sans préjugés ni présuppositions. Elle ne présume pas, par exemple, qu’un immigrant récent n’est pas amilier avec la médecine occidentale, ou encore qu’une personne née au Québec privilégiera d’emblée une explication scientifque à son problème de santé mentale. En ait, l’infrmière comprend qu’une même personne peut se reporter à des modèles étiologiques diérents, parois même opposés, selon les diérentes communautés culturelles auxquelles elle appartient.
9.2.2
Signifcations des troubles mentaux
Les signifcations qui sont attribuées à l’apparition de symptômes psychiatriques chez une personne dépendent de plusieurs acteurs, entre autres : • des causes de la maladie selon la culture, et de l’effet potentiellement stigmatisant de la maladie pour la personne et ses proches ;
Pratiques infrmières suggérées ENCADRÉ 9.2
Évaluer sa propre perception des troubles mentaux
Les énoncés suivants, avec lesquels l’infrmière peut être d’accord ou non, lui permettent d’explorer sa propre attitude envers les personnes atteintes de troubles mentaux.
• Je ne voudrais pas travailler avec une personne ayant des problèmes de santé mentale. • Je n’ai pas d’objections à ce qu’un de mes proches épouse une personne atteinte d’un trouble mental.
• Les problèmes de santé mentale sont très communs. • Le public devrait être mieux protégé des personnes atteintes d’un trouble mental.
• Les personnes atteintes d’un trouble mental ne peuvent pas contribuer à la société.
• Je trouverais difcile de parler avec une personne atteinte d’un trouble mental.
• La majorité des personnes sourant d’un problème de santé mentale vont guérir.
• Les personnes qui ont des problèmes de santé mentale devraient avoir les mêmes droits que tout le monde.
• N’importe qui peut être atteint d’un problème de santé mentale.
• Les personnes sourant de troubles mentaux sont responsable de leur état.
• Si j’étais atteinte d’un problème de santé mentale, je ne le dirais à personne.
Source : Adapté de Knifton, Gervais, Newbigging et al. (2010) Chapitre 9
Culture et santé mentale
213
9
Il existe peu de cultures où le trouble mental n’est pas incompris et tabou à divers degrés, et nos cultures nord-américaines ne ont pas exception ENCADRÉ 9.3. La culture populaire nord-américaine profte parois de ce manque de connaissances pour pimenter ses flms et ses romans. Par exemple, les flms populaires Repulsion, Fatal Attraction et The Butterfy Eect dépeignent les personnes atteintes d’un trouble mental comme dangereuses et imprévisibles, alors que ces personnes sont dans les aits plus à risque d’être victimes de violence que violentes elles-mêmes (Association canadienne pour la santé mentale, 2012 ; Lovell, Cook & Velpry, 2008). Ces représentations déormées du trouble mental dans les médias de masse perpétuent l’ignorance et attisent la peur du public envers les personnes malades, et elles causent beaucoup de tort en encourageant une attitude de peur et de honte (Anderson, 2003 ; Camp, Webster, Coverdale et al., 2010 ; Castillo, Lannoy, Seznec et al., 2007).
Jugement clinique
Et pourtant, les préjugés entourant le diagnostic de trouble mental seraient le Magda Vasarevic est d’origine croate et elle est âgée principal obstacle au biende 34 ans. Elle se cherche du travail comme biochiêtre des personnes atteintes miste, mais au cours des entrevues, elle se bute au (Abdullah & Brown, 2011). refus de sa candidature lorsqu’elle mentionne qu’elle Par exemple, bien que un est atteinte de trouble bipolaire. Son état n’est toujours tiers de la population admet pas stabilisé même si elle prend sa médication. avoir souert d’un problème Que pensez-vous de cette situation ? de santé mentale ou connaître un proche atteint d’un trouble mental, 68 % des Américains n’aimeraient pas 16 qu’une personne ayant reçu un diagnostic de trouble mental se marie avec l’un de leurs proches (Abdullah L’approche thérapeutique préconisée avec les per & Brown, 2011). Les employeurs hésitent aussi à sonnes aux prises avec engager une personne ayant reçu un diagnostic de un problème de dépen trouble mental. Les personnes atteintes d’un trouble dance est traitée dans le mental intériorisent ces préjugés, ce qui aecte leur chapitre 16, Troubles liés estime de soi (Abdullah & Brown, 2011 ; Corrigan & à une substance. Rao, 2012) et nuit à leur rétablissement (Corrigan,
ENCADRÉ 9.3
Préjugés ou partis pris courants
• Racisme : croyance selon laquelle les membres d’une race sont supérieurs à ceux des autres races. • Sexisme : croyance selon laquelle les membres appartenant à un sexe sont supérieurs à ceux de l’autre sexe. • Hétérosexisme : croyance selon laquelle tout le monde est ou devrait être hétérosexuel, et selon laquelle l’hétérosexualité est préférable, normale et supérieure. • Âgisme : croyance selon laquelle les membres d’un groupe d’âge
sont supérieurs à ceux des autres groupes d’âge. • Ethnocentrisme : croyance selon laquelle son propre groupe culturel, ethnique ou professionnel est supérieur aux autres. La personne juge ainsi les autres en fonction de son propre critère d’appréciation et s’avère incapable ou refuse de saisir en quoi consiste véritablement l’autre groupe. • Xénophobie : peur maladive des étrangers et de tous ceux qui ne font pas partie de son propre groupe ethnique.
Source : Adapté de American Nurses Association (2006)
214
Partie 2
Dimensions biopsychosociales de la santé mentale et des troubles mentaux
2004 ; Link, 2001 ; Tew, Ramon, Slade et al. 2011; Yanos, Lysaker & Roe, 2010). Les préjugés entourant le trouble mental et les attitudes qui en découlent varient selon les cultures. Les membres de communautés qui conçoivent le trouble mental comme une punition divine, une malédiction ou une possession peuvent chercher à dissimuler le diagnostic de trouble mental à leur entourage, entre autres pour ne pas nuire aux chances de la personne malade de se marier dans sa communauté (WonPat-Borja, Yang, Link et al., 2012). Bien que la taille et le degré d’organisation des communautés ethniques au Québec varient beaucoup, plusieurs amilles peuvent hésiter à consulter de peur que la nouvelle ne se propage dans la communauté ou que les règles de confdentialité ne soient pas respectées par le milieu clinique. Par exemple, il peut être difcile pour l’infrmière de trouver un interprète parlant le dialecte du client et de sa amille tout en préservant la confdentialité, surtout si la communauté ethnique est très petite et ses membres étroitement liés. Les cultures qui considèrent la dépression et l’anxiété comme des réactions normales devant les difcultés de la vie peuvent juger durement les personnes déprimées ou anxieuses, surtout si celles-ci ne parviennent plus à remplir leurs obligations à cause de la maladie, ou qu’elles décident de consulter (Abdullah & Brown, 2011). Dans les cultures où les troubles de la personnalité et les dépendances à l’alcool et aux drogues ne sont pas vus comme des troubles mentaux, mais plutôt comme des autes morales, les personnes ayant un diagnostic de trouble de la personnalité ou aux prises avec un problème de dépendance 16 pourraient se heurter à des attitudes de mépris et d’intolérance de la part des membres de leur communauté. En Amérique du Nord, par exemple, deux conceptions diérentes des troubles de dépendance aux drogues illicites s’opposent et s’arontent dans les domaines politique, juridique et médical. Dans certaines communautés, les dépendances aux drogues sont des autes morales devant être sévèrement criminalisées, alors que chez d’autres, il s’agit de problèmes relevant du domaine médical. Adopter une explication scientifque des troubles mentaux n’élimine malheureusement pas les attitudes discriminatoires envers les personnes ayant reçu un diagnostic de trouble mental. Au contraire, plusieurs études récentes (Angermeyer, Holzinger, Carta et al., 2011 ; Rüsch, Todd, Bodenhausen et al., 2010) révèlent que le ait de croire que les troubles mentaux sont causées par certains gènes génère de nouveaux préjugés. La personne soignante peut être moins encline à juger la personne ou sa amille responsables de la maladie, mais davantage portée à croire que la personne malade ne pourra jamais guérir. Ces nouveaux
préjugés peuvent aussi éclabousser la amille du client, ses membres risquant d’être soupçonnées de posséder de « mauvais gènes ».
Soins et traitements infrmiers L’inrmière s’eorce d’être consciente des peurs et des préjugés importants qui circulent dans toutes les cultures à propos du trouble mental. Elle s’assure que tout diagnostic psychiatrique est annoncé au client et à sa amille avec délicatesse. Elle ait preuve d’empathie et se sert de ses habiletés en communication avancée pour soutenir ces derniers dans ces moments qui peuvent s’avérer diciles. Elle acilite le recadrage ace à certaines croyances stigmatisantes et ore tout l’enseignement dont le client et sa amille ont besoin pour dissiper leurs craintes et leurs idées ausses concernant les troubles mentaux.
9.2.3
Le Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux, 4e édition révisée (DSM-IV-TR) (American Psychiatric Association, 2000) est le manuel de classication des troubles mentaux employé en Amérique du Nord. Chaque trouble mental y est décrit selon une liste de comportements jugés « pathologiques » que le psychiatre se doit d’observer chez la personne malade avant de poser son diagnostic. En Europe, un autre manuel, la Classifcation statistique internationale des maladies et des problèmes de santé connexes (CIM-10), est employé pour diagnostiquer les troubles mentaux. En Chine, on utilise le Chinese Classifcation o Mental Disorders (CCMD-III). Dans ces trois manuels de classication, les troubles de la pensée, de l’humeur et du comportement sont classiés selon des ensembles de symptômes diérents.
L’infrmière s’eorce d’être consciente des peurs et des préjugés importants qui circulent dans toutes les cultures à propos du trouble mental.
Maniestations des troubles mentaux selon les cultures
Pour diagnostiquer un trouble mental, le psychiatre doit observer l’attitude, les croyances, le discours et le comportement de la personne. Si ceux-ci dérogent susamment de ce qui est considéré comme « normal » dans la culture dominante, le psychiatre peut soupçonner un problème mental sous-jacent. L’inrmière agit de la même açon pour évaluer ses clients. En eet, là où l’inrmière en soins physiques dépistera chez son client les valeurs anormales pouvant indiquer un problème de santé physique (p. ex., une pression artérielle ou une température en-dehors de valeurs normales), l’inrmière se base sur des normes culturelles pour déterminer si son client y déroge susamment pour qu’un trouble mental puisse être soupçonné. Sans considération pour la culture, la psychiatrie peut en eet dicilement déterminer la normalité ou l’anormalité d’une croyance ou d’un comportement (Perucca, 2010). Par exemple, jouer à des jeux de hasard avec de l’argent est un passe-temps répandu dans plusieurs régions de la Chine FIGURE 9.3. La dépendance au jeu n’y est donc pas considérée comme un diagnostic de trouble mental, en raison du trop grand nombre de personnes s’y adonnant sur une base régulière. En Chine, les personnes qui jouent au point de se ruiner ne reçoivent pas un diagnostic de dépendance nécessitant un traitement médical, mais sont perçues comme des personnes ayant ait preuve d’un comportement irresponsable et abusi (Lee, 2001).
9
Les maladies seront donc diagnostiquées diéremment d’une culture à l’autre, mais les symptômes aussi se maniesteront diéremment selon les pensées, les émotions et les comportements jugés acceptables dans la culture du client. Par exemple, dans les communautés ayant une conception plus holistique de la santé et dans celles où les troubles dépressis et anxieux ne sont pas considérés comme des problèmes psychiatriques, les personnes dépressives ou anxieuses viendront plus aisément consulter pour des problèmes d’insomnie, de manque d’énergie et de douleurs diuses. En soignant ses clients en psychiatrie, l’inrmière veille donc à ne pas laisser ses propres conceptions culturelles de ce qui est socialement acceptable infuencer son jugement clinique. Par exemple, une inrmière catholique ne risque pas de juger psychotique une cliente qui croit que le corps du Christ se trouve dans l’hostie à la messe, parce qu’elle sait qu’il s’agit d’une croyance répandue et socialement acceptée dans la culture
FIGURE 9.3 En Chine, la dépendance au jeu n’est pas considérée comme une maladie.
Chapitre 9
Culture et santé mentale
215
Le tableau 9.1W répertorie plusieurs problèmes de santé mentale dont le diagnostic et les manifestations sont étroitement liés à une culture particulière. Il peut être consulté au http://fortinash. cheneliere.ca.
religieuse catholique. Par contre, elle pourrait considérer comme « psychotique » une cliente d’origine haïtienne qui pratique le vaudou et croit aux zombies si elle ne possède elle-même aucune connaissance sur les croyances religieuses et les pratiques médicales traditionnelles haïtiennes. Un bon moyen d’éviter les jugements hâtis consiste à se demander si le comportement ou la croyance du client peut devenir un danger ou une sourance réelle pour lui-même ou pour d’autres. Si ce n’est pas le cas, l’inrmière s’abstient d’imposer ses propres normes culturelles au client. En cas de doute, elle n’hésite pas à s’inormer sur les cultures de son client et à consulter ses collègues .
9.3
Compétence culturelle et sécurité culturelle en santé mentale
La compétence culturelle est un ensemble d’attitudes, de connaissances et de pratiques qui s’acquièrent graduellement, à partir de rencontres, de réfexions, de lectures et d’études de la part de l’inrmière, et qui lui permettent d’adapter ses soins de manière à ce qu’ils se révèlent culturellement cohérents pour le client (Bhui, Wara, Edonya et al., 2007 ; Coutu-Wakulcik, 2003) FIGURE 9.4.
Compétence initiale
Prise de conscience culturelle
Connaissances interculturelles
Compétence culturelle
Sécurité culturelle
FIGURE 9.4 Continuum de développement de la compétence culturelle
Sécurité culturelle Conditions de santé déficientes
Traumatismes historiques
Colonisation, assimilation
FIGURE 9.5
Déterminants culturels sous-jacents
216
Partie 2
Dimensions biopsychosociales de la santé mentale et des troubles mentaux
La notion de sécurité culturelle permet de pousser plus loin la réfexion nécessaire à une bonne compétence culturelle chez l’inrmière. Dans une perspective de sécurité culturelle, ce n’est pas l’écart entre les cultures qui est susceptible d’augmenter le risque de problèmes sociaux et de troubles mentaux, mais les diicultés concrètes d’existence (emploi, logement, etc.), ainsi que les inégalités et les injustices qui résultent souvent du statut de culture minoritaire. Irihapeti Ramsden (1946-2003), une inrmière néo-zélandaise, a élaboré avec d’autres inrmières maories le concept de sécurité culturelle. Ramsden dénit la sécurité culturelle comme étant une relation respectueuse entre un client ou sa amille et une inrmière d’une culture diérente, mais qui a entrepris une réfexion sur ses propres appartenances culturelles et leur infuence sur sa pratique, et qui s’assure d’orir des soins respectueux et égalitaires en tout temps. La sécurité culturelle encourage donc une réfexion approondie sur la culture, resituant celle-ci dans ses contextes historique, géographique, politique et socioéconomique, an de mieux comprendre la situation réelle dans laquelle se déroulent les relations de soins FIGURE 9.5.
9.3.1
Sécurité culturelle et minorités
Bien que ce concept ait d’abord été introduit dans les communautés maories de Nouvelle-Zélande, la sécurité culturelle a depuis été adaptée de manière à s’appliquer à toute communauté minoritaire en relation avec des membres et des institutions de la culture dominante. Par exemple, au Québec, est-ce qu’un Cri, une emme lesbienne, un enant marocain, une personne malentendante peuvent se sentir en sécurité à l’hôpital, c’està-dire être assurés de recevoir des soins optimaux et respectueux de leurs propres valeurs et coutumes, et ce, malgré les diérences existant entre eux et la culture dominante ? Le concept de sécurité culturelle est particulièrement pertinent en psychiatrie. En eet, comme nous l’avons vu plus haut, le rôle des proessionnels en santé mentale est de déterminer qui déroge susamment des normes sociales pour être jugé atteint d’un trouble mental. Comme les personnes de cultures minoritaires sont déjà hors normes par rapport à la culture dominante, les risques sont plus élevés qu’elles soient considérées comme étant atteintes d’un trouble mental sans raison. Pour mieux comprendre l’ampleur de ce risque, il aut se rappeler que, jusqu’en 1973, l’homosexualité était un diagnostic de trouble mental répertorié dans le DSM-II. Historiquement et à travers le monde, les institutions psychiatriques ont longtemps servi à exclure de la société quiconque déviait trop des normes de la communauté dominante (Weisstub & ArboledaFlórez, 2006). Même au Québec, de nombreuses
personnes ont ainsi été placées en institution contre leur gré dans le passé, par exemple, à SaintJean-de-Dieu, maintenant l’Hôpital Louis-H. Laontaine - Institut universitaire en santé mentale (Cellard & Thiault, 2007). La sécurité culturelle consiste à orir des soins de manière à ce que la personne se sente paraitement en sécurité et confante que ses besoins seront satisaits de manière respectueuse et sans discrimination ni abus de pouvoir ENCADRÉ 9.4. À la crainte d’être jugée pour ses diérences s’ajoute, pour la personne qui a reçu un diagnostic de trouble mental, celle d’être victime de discrimination à cause de son trouble mental. Enfn, le milieu hospitalier peut s’avérer intimidant pour une personne qui ne travaille pas dans le domaine de la santé. Il y existe une sous-culture proessionnelle qui donne au client l’impression d’entrer dans un pays dont il ne connaît ni les règles, ni le langage, ni le onctionnement.
9.4
Relation d’aide ENCADRÉ 9.4
Offrir une aide culturellement sécurisante
Pour se sentir en sécurité culturellement, la personne doit:
en compte, et ce, même s’ils dièrent des priorités du personnel soignant;
• se sentir respectée par les soignants ;
• connaître ses droits, et ses recours si ces droits ne sont pas respectés;
• pouvoir s’exprimer librement sans crainte d’être jugée ou que ses propos soient mal interprétés ;
• comprendre les soins qui lui sont prodigués; • être assurée de la confdentialité de son dossier.
• être assurée que les besoins qu’elle considère comme prioritaires seront pris
9
Communautés ethniques du Québec et psychiatrie
Les communautés ethnoculturelles canadiennerançaise et canadienne-anglaise sont considérées comme dominantes au Québec et au Canada. Les personnes de ces deux communautés ont davantage l’assurance de recevoir des soins qui respecteront leurs valeurs et leurs coutumes, de se aire comprendre aisément dans leur langue, et de ne pas être victimes de discrimination. Il existe plusieurs autres communautés culturelles au Québec , certaines installées depuis si longtemps qu’elles ont partie intégrante de l’histoire de la province, qu’elles ont aidé à défnir et à construire. Parmi celles-ci se trouvent les communautés haïtienne, irlandaise, italienne, chinoise et portugaise FIGURE 9.6. Le Québec reçoit près de 50 000 immigrants par année (ministère de l’Immigration et des Communautés culturelles [MICC], 2012), et avec la mondialisation, ce chire ne risque pas de diminuer FIGURE 9.7. Environ 70 % de ces nouveaux arrivants s’installent dans la région montréalaise. Si les vagues d’immigration étaient autreois surtout originaires d’Europe, un tiers des nouveaux arrivants sont maintenant d’origine aricaine, surtout du Petit Maghreb (Algérie, Maroc et Tunisie), et un quart sont originaires d’Asie (MICC, 2012) FIGURE 9.8. La majorité des immigrants récents parlent rançais à leur arrivée et possèdent un niveau d’éducation très élevé (Clarkson, 2005). À leur arrivée, les immigrants possèdent généralement une bonne santé physique et mentale, ceci en grande partie parce qu’ils sont méticuleusement sélectionnés (Clarkson, 2005). Cependant,
Italie
Maroc
France
Algérie
Haïti
Roumanie
Chine
États-Unis
Liban
Viêt Nam
FIGURE 9.6 Population immigrée du Québec, selon les 10 principaux pays de naissance, en 2011.
4e trimestre 2011 Haïti Chine Algérie France Maroc Colombie Cameroun Tunisie Égypte Moldavie
2011 1 457
1 106 952 829 642 410 372 362 339 286 0
300 600 900 1 200 1 500 1 800
Haïti Chine Algérie France Maroc Colombie Iran Liban Égypte Tunisie
5 091 4 916 4 067 3 943 3 235 2 080 1 741 1 654 1 505 1 260 0
1 000 2 000 3 000 4 000 5 000 6 000
FIGURE 9.7
Immigration au Québec selon les principaux pays de naissance, en 2011
ces données représentent une moyenne de l’ensemble des immigrants et peuvent donc masquer des inégalités sévères. Dans les aits, il est permis de supposer que certains immigrants arrivent avec une excellente santé mentale, surtout les immigrants de classes économiquement aisées, tandis que d’autres immigrants, par exemple les réugiés, peuvent accuser des problèmes de santé mentale Chapitre 9
Culture et santé mentale
217
conditions de l’immigration et les ressources dont dispose la amille à son arrivée. Le statut, les rôles et les responsabilités que chacun des membres de la amille risque de se voir conérer dans sa nouvelle terre d’accueil, ainsi que les possibilités et les limitations que chacun risque de rencontrer, varieront aussi selon le genre et l’âge de chacun (Ward, Fox, Wilson et al., 2010).
Asie 28,1 %
Europe 15,3 %
Amériques 23,4 %
Océanie 0,1 % Afrique 33,0 %
FIGURE 9.8 Continent de naissance des nouveaux arrivants en 2011
sévères, leur immigration n’ayant pas été choisie mais imposée par des conditions de vie insoutenables dans leur pays d’origine. Peu importe l’état de la santé mentale à l’arrivée et les conditions d’immigration, immigrer demeure toujours une période d’adaptation importante pour une personne et sa amille, période pendant laquelle la santé mentale peut s’avérer plus précaire (Hwang et al., 2008 ; Wa Tshisekedi, 2008).
9.4.1
Communautés immigrantes
L’immigration nécessite de grandes capacités d’adaptation pour la personne et sa amille, peu importe le type d’immigration (indépendante, regroupement amilial ou demande d’asile). Le choc culturel s’atténue à mesure que la personne s’adapte à son nouveau pays et qu’elle apprend à composer avec les cultures dominantes et à communiquer dans une nouvelle langue, et lorsqu’elle se trouve un nouvel emploi satisaisant. La personne et sa amille immigrante doivent aussi traverser plusieurs deuils, soit ceux du pays d’origine, des personnes laissées derrière, d’un travail, d’une culture, etc. À ces dés pour la santé mentale s’ajoutent les risques de discrimination. Les personnes identiées comme arabes ou musulmanes, par exemple, sont particulièrement à risque de racisme depuis le 11 septembre 2001, mais les personnes de minorités visibles ou audibles sont toutes à risque de vivre des épisodes de racisme (Abu-Rass & Abu-Bader, 2008 ; Brondolo, Beatty, Cubbin et al., 2009). Toutes ces dicultés doivent se résoudre dans un certain isolement, loin du réseau de soutien habituel et des ressources connues. Les amilles récemment immigrées au Québec traversent une période de transormation plus ou moins importante, selon le degré de diérence culturelle entre elles et les cultures hôtes dominantes, les
218
Partie 2
Dimensions biopsychosociales de la santé mentale et des troubles mentaux
Par exemple, les personnes âgées observent souvent une perte de leur statut social dans la culture nord-américaine, qui valorise surtout la jeunesse (Kirmayer, Narasiah, Munoz et al., 2011). Elles peuvent se sentir davantage déracinées, la majeure partie de leur vie s’étant déroulée dans un pays qu’elles ont maintenant quitté. L’intégration peut aussi s’avérer plus ardue si elles ne comptent pas étudier ou travailler après l’immigration, les milieux scolaires et proessionnels étant les principales portes d’entrée des immigrants dans la culture hôte. Les hommes verront parois leur statut diminué au sein de la amille et de la communauté s’ils ne parviennent pas à trouver un emploi satisaisant rapidement, ce qui provoque de l’anxiété et de la honte chez l’homme ainsi que des tensions dans la amille. À l’inverse, il arrive que l’épouse se trouve un emploi pour la première ois. Certaines emmes de cultures aux rôles sexuels plus traditionnels eront ainsi leurs premiers pas dans la sphère publique, traditionnellement réservée aux hommes de la communauté. À l’inverse, il arrive que les hommes doivent s’investir davantage dans la sphère privée. Ces réajustements peuvent causer des tensions au sein de la amille, même si des études démontrent que les hommes et les emmes sont en majorité ouverts à ces changements et s’y adaptent bien (Kuster, Goulet & Pépin, 2002). Les adolescents sont de leur côté amenés à se construire une identité entre la culture d’origine et la nouvelle culture. Des tensions et des confits dans la amille peuvent en résulter si les appartenances culturelles que choisit l’adolescent vont à l’encontre de celles que les parents cherchent à transmettre (Batista Wiese, Van Dijk, Seddik, 2009 ; Lamb & Bougher, 2009). Plusieurs études démontrent que les personnes de communautés ethniques minoritaires utilisent moins les services de santé et les services psychiatriques que le reste de la population québécoise, et ce, même en cas de problèmes de santé importants (Clarkson, 2005 ; Nanhou & Audet, 2008). Il existe en eet plusieurs barrières à leur accessibilité au système de santé, parmi lesquelles : la diérence de langue ; la crainte d’être victimes de discrimination de la part du personnel ou de la communauté ethnique ; le ait que certains troubles mentaux ne sont pas considérés comme relevant du domaine médical ; et le manque de connaissances sur les services disponibles.
9.4.2
Réfugiés
Les réugiés ont dû uir leur pays d’origine à cause de conditions de vie précaires, voire de menaces importantes pour leur santé physique et mentale. Il s’agit d’une immigration qui n’a pas été choisie. Parmi les réugiés, plusieurs ont été victimes ou témoins d’actes de violence majeurs. Chez ces personnes, les symptômes d’anxiété sont plus sévères que chez les autres immigrants, leur satisaction ace à la vie actuelle est moins grande (Clarkson, 2005) et le risque de syndromes post-traumatiques est plus élevé.
9.4.3
Premières Nations et Inuits
Il existe au Québec les Premières Nations autochtones (au nombre de 10) et la nation des Inuits. Ensemble, ces 11 peuples autochtones représentent près de 80 000 habitants, soit environ 1 % de la population québécoise (Brousseau, Jobidon, Paillé et al., 2005). Le Québec compte aussi la population des Métis, c’est-à-dire un groupe constitué de personnes d’origine à la ois autochtone et européenne, mais cette population est peu connue et n’est pas répertoriée dans les statistiques oicielles. La nation des Inuits et les Premières Nations amérindiennes possèdent leur propre histoire, leur propre culture et leur propre langue. Malgré tout, il existe certains éléments communs aux Premières Nations du Canada et aux Inuits. Par exemple, il s’agit de communautés traditionnellement collectivistes, par opposition aux communautés d’origine européenne qui sont plus individualistes. Les communautés autochtones et inuites partagent aussi une même vision holistique du monde. Pour plusieurs d’entre elles, être en santé signife avant tout vivre en harmonie avec sa amille, sa communauté et la nature (Roy, 2002). Les communautés inuites et amérindiennes ont toutes été victimes de la colonisation européenne, une colonisation violente durant laquelle leurs membres ont perdu tous leurs droits et ont été relégués au statut de mineurs à vie. Elles ont en eet été chassées de leurs territoires et villages pour être relocalisées dans de petites propriétés canadiennes, nommées réserves, de plus en plus étroites à mesure que le gouvernement cherchait à exploiter les ressources naturelles qui s’y trouvent. Les enants ont été envoyés de orce dans des pensionnats loin des amilles, où il leur était interdit de pratiquer leurs coutumes et de parler leurs langues, et où les actes de violence psychologique, physique et sexuelle étaient courants. L’infrmière qui cherche à orir des soins culturellement sécuritaires aux personnes autochtones comprend que les problèmes sociaux et de santé que connaissent encore ces communautés sont les conséquences directes de la perte de leur culture, de leur non-reconnaissance sur le plan
politique, de l’impuissance apprise (ou résignation acquise) et des rustrations qui en découlent, des mauvais traitements subis et des traumatismes intergénérationnels associés aux pensionnats et aux placements en établissements éloignés après qu’un diagnostic de tuberculose avait été posé (Cameron, 2011). Selon Mitchell et Maracle (2005), ces violences auraient provoqué chez les communautés autochtones un syndrome posttraumatique chronique, qui, ajouté à la pauvreté, aux logements insalubres et trop petits ainsi qu’aux injustices institutionnelles encore présentes, se manieste par des problèmes de santé mentale sévères, auxquels se greent d’autres problèmes comme la violence conjugale et les mauvais traitements, la toxicomanie et des taux de suicide élevés. 9
Étant donné les causes historiques à l’origine de ces problèmes sociaux et de santé mentale ainsi que des injustices encore commises à l’égard des communautés autochtones, il n’est pas étonnant que les membres des communautés les plus touchées demeurent parois réticents à collaborer avec le personnel de soins (Roy, 2002 ; Sabbagh, 2008). L’infrmière interagissant avec les clients autochtones est consciente du contexte sociopolitique dans lequel se déroulent les soins qu’elle prodigue et s’assure d’orir à sa clientèle un environnement culturellement sécuritaire en tout temps. Pour ce aire, elle accepte que le lien de confance puisse être plus long à établir, elle ne pose pas de jugements hâtis, elle s’enquiert de la culture du client et reconnaît le pouvoir de résilience de celui-ci au sein de sa communauté. En eet, malgré les violences et les injustices qu’elles ont subies, les communautés autochtones du Québec reprennent lentement leur destin en main, à travers un long processus de guérison. Selon plusieurs études, les programmes en santé mentale les plus efcaces auprès des communautés autochtones s’inspirent à la ois des approches autochtones et européennes de la santé, et laissent une grande place à la communauté, par exemple en consultant les anciens et en les impliquant dans le processus de décisions (Fondation autochtone de guérison, 2008 ; Macaulay, 2009).
9.5
Genre et santé mentale
Dans toutes les cultures, il existe des prescriptions culturelles indiquant la manière dont une personne doit se comporter selon son sexe. Dans certaines cultures, enreindre ces normes peut conduire à des sentences sévères, voire à des condamnations à mort. Par exemple, un homme qui s’habille ou se comporte de manière « éminine » peut être victime de discrimination dans plusieurs cultures, Chapitre 9
Culture et santé mentale
219
et l’homosexualité est passible de mort encore aujourd’hui dans plusieurs pays. On appelle sexisme la discrimination basée sur le sexe d’une personne et homophobie la discrimination basée sur l’orientation sexuelle. En Occident, les dérivations aux normes culturelles basées sur le sexe, le genre et l’orientation sexuelle ont longtemps été considérées comme des problèmes de santé mentale nécessitant des traitements médicaux. Ces hypothèses sont maintenant abandonnées, jugées non scientiques et basées uniquement sur l’ignorance et la peur de la diérence. Par contre, la discrimination dont les personnes transgenres ou homosexuelles sont encore souvent victimes peut conduire à de véritables problèmes de santé mentale. Les hommes et les emmes sont socialisés de manière diérente dès leur plus jeune âge (Roseneld, Lennon & White, 2005). Ces diérences conduisent à des cultures de genre diérenciées, et donc à des problèmes de santé mentale particuliers, avec des maniestations distinctes ainsi que des stratégies d’adaptation et des ressources qui varient aussi. À l’âge adulte, les emmes accusent ainsi plus souvent des problèmes de dépression et d’anxiété, tandis que les hommes ont davantage de problèmes de consommation de drogues illicites et de troubles de comportements antisociaux (Roseneld & Smith, 2010 ; Stewart, Rondon, Damiani et al., 2001). Les emmes étant plus socialement encouragées à s’accomplir à travers les relations sociales, le couple et la amille, elles ont tendance à se constituer un meilleur réseau de soutien, ce qui peut s’avérer un acteur de protection important contre les troubles mentaux. D’un autre côté, elles sont plus souvent sollicitées lorsqu’un membre du réseau devient malade, ce qui peut causer un stress supplémentaire. Les préjugés entourant le trouble mental aectent aussi les hommes et les emmes diéremment (Roseneld & Smith, 2010). Les emmes reçoivent plus acilement un diagnostic de trouble mental, et que ce soit pour leur propre compte ou pour celui des personnes qu’elles soignent, elles hésiteront moins à rechercher l’aide de proessionnels de la santé en cas de besoin. Le trouble mental est moins souvent reconnu chez les hommes, mais ceux-ci hésiteront beaucoup plus à demander de l’aide, cette demande d’aide pouvant être considérée comme un signe de dépendance et de aiblesse allant à l’encontre des
220
Partie 2
Dimensions biopsychosociales de la santé mentale et des troubles mentaux
modèles culturels de virilité masculine (Conrad, 2010).
9.6
Culture et psychotropes
Plusieurs études récentes (Lin, 2012) démontrent que les médicaments, et d’autant plus les médicaments psychotropes , agissent diéremment sur le cerveau selon les cultures de la personne. Ces diérences dépendraient entre autres des croyances de la personne concernant l’ecacité du médicament. En eet, la simple croyance en l’ecacité de la médication peut grandement augmenter son ecacité. Il s’agit de l’eet placebo. À l’inverse, une méance envers la médication peut créer un eet nocebo, dans lequel la personne expérimente des eets indésirables et peu ou pas d’eet thérapeutique. L’un des principaux acteurs infuençant l’attitude du client ace à son traitement réside dans le lien de conance entre lui et la personne lui administrant la médication. L’inrmière s’assure donc de conserver en tout temps un lien de conance thérapeutique avec son client. Toujours grâce à l’eet placebo, les traitements dont l’ecacité n’est pas reconnue par la communauté scientique, mais auxquels les membres d’une culture attachent une grande importance symbolique, peuvent parois s’avérer thérapeutiques dans certaines circonstances. L’inrmière, par contre, s’assure toujours que ces traitements n’ont pas d’eets indésirables qui peuvent nuire à la santé du client, et que leur suivi par le client n’interère en rien avec l’observance du traitement médical prescrit. Il existe aussi des diérences en matière de vitesse de métabolisation des substances psychotropes selon l’origine ethnique. Par exemple, les personnes originaires d’Arique noire peuvent métaboliser plus rapidement certains médicaments si elles possèdent certains gènes particuliers. Les personnes d’origine asiatique, quant à elles, possèdent parois des gènes qui ralentissent le métabolisme de certains médicaments psychotropes. L’inrmière s’assure donc, surtout au moment des premières administrations et au cours des mois qui suivent, que la dose est appropriée selon le poids et l’origine ethnique du client, et elle surveille avec celui-ci les signes possibles d’intoxication.
Analyse d’une situation de santé
Jugement clinique
Zineb Abadou est une jeune emme âgée de 17 ans et d’origine marocaine. Elle est la cadette d’une amille de conession musulmane, et ses parents sont très religieux. L’adolescente est au service des urgences à la suite d’une tentative de suicide ; elle aurait avalé 30 comprimés d’acétaminophène 325 mg. Les raisons de son geste sont inconnues, mais son état n’est pas inquiétant.
sont mal à l’aise par rapport au geste que leur flle a posé. Comme cette dernière est plutôt somnolente et ne peut répondre à vos questions, c’est à eux que vous vous adressez pour obtenir plus de renseignements. C’est avec hésitation qu’ils disent que leur flle était diérente depuis quelque temps, mais ils nient qu’elle ait pu être dépressive. Ils ont d’ailleurs reusé qu’elle consulte le psychologue du collège où elle étudie. {
Vous rencontrez les parents de Zineb. Ceux-ci vous accueillent poliment. Vous sentez qu’ils
9 MISE EN ŒUVRE DE LA DÉMARCHE DE SOINS
Collecte des données – Évaluation initiale – Analyse et interprétation 1. Pourquoi seraitil pertinent de demander aux parents de Zineb ce qui les amène à croire que leur flle n’était pas dépressive ?
SOLUTIONNAIRE
2. Pourquoi seraitil pertinent de demander aux parents de Zineb de préciser ce qu’ils veulent dire par « leur flle était diérente depuis quelque temps » ?
http://fortinash.cheneliere.ca
3. Qu’estce qui pourrait expliquer le reus des parents que leur flle consulte le psychologue ?
Zineb a toujours été perçue comme une flle docile et soumise aux pratiques amiliales et religieuses. Ses parents vous disent que le geste {
qu’elle a posé est inacceptable dans leur religion et leur culture, et que la malédiction rappe désormais toute la amille. {
MISE EN ŒUVRE DE LA DÉMARCHE DE SOINS
4. Nommez deux réactions pouvant expliquer l’attitude des parents de Zineb.
Planifcation des interventions – Décisions infrmières 5. Quelles attitudes de votre part vous permettraient d’intervenir de açon culturellement cohérente avec les parents de Zineb ?
Zineb est moins somnolente. Elle pleure en voyant ses parents, mais elle ne semble pas vouloir leur parler même si ceux-ci lui demandent pour{
quoi elle a tenté de mettre fn à ses jours. Ils lui promettent de l’aider à se rétablir et lui disent qu’ils ont craint pour sa vie. ”
MISE EN ŒUVRE DE LA DÉMARCHE DE SOINS
Évaluation des résultats – Évaluation en cours d’évolution 6. Dans ce contexte, comment l’attitude des parents de Zineb peutelle être interprétée ?
Chapitre 9
Culture et santé mentale
221
APPLICATION DE LA PENSÉE CRITIQUE Dans l’application de la démarche de soins auprès de Zineb, l’infrmière a recours à un ensemble d’éléments (connais sances, expériences antérieures, normes institutionnelles ou protocoles, attitudes proessionnelles) pour analyser la situation de santé de la cliente et en comprendre les
enjeux. La FIGURE 9.9 illustre le processus de pensée cri tique suivi par l’infrmière afn de ormuler son jugement cli nique. Elle résume les principaux éléments sur lesquels l’inirmière s’appuie en onction des données de cette cliente, mais elle n’est pas exhaustive.
VERS UN JUGEMENT CLINIQUE EXPÉRIENCES
CONNAISSANCES • Conceptions du trouble mental selon les groupes culturels et religieux • Répercussions du trouble mental sur l’entourage culturel
ATTITUDES
NORME
• Expérience de travail auprès des clientèles ethniques • Expérience en relation d’aide
• Politique locale de respect des demandes spéciales reliées à la culture et à la pratique religieuse
• Respecter les valeurs et les croyances des parents ace à un problème de santé mentale • Éviter de leur imposer ses propres valeurs • Démontrer de la compréhension ace à leur perception d’un trouble mental et à leur attitude actuelle • Reconnaître que la culture infue grandement sur la nature et la signication des symptômes maniestés
PENSÉE CRITIQUE
ÉVALUATION • • • •
Perception des parents ace à un problème de santé mentale Interprétation du geste suicidaire de leur lle Infuence de leur appartenance ethnique et religieuse sur la santé mentale de leur lle Moyens qu’ils comptent prendre pour aider leur lle
JUGEMENT CLINIQUE FIGURE 9.9
À retenir VERSION REPRODUCTIBLE
http://ortinash.cheneliere.ca
• Chaque personne possède plusieurs cultures, selon son origine ethnique, mais aussi selon son âge, sa religion, sa proession, et les autres communautés parmi lesquelles elle a grandi, puis celles auxquelles elle décide plus tard de s’associer. • Chacune de ces cultures transmet à la personne une vision du monde, une manière de se comporter, de
222
Partie 2
communiquer, ainsi que des pratiques, des valeurs et des croyances particulières. • Pour orir des soins culturellement adéquats, l’inrmière cherche à comprendre comment son propre bagage culturel infuence sa compréhension de la santé, du trouble mental, et des autres cultures. • Les signications données au trouble mental varient d’une culture à l’autre, selon les causes attribuées à la maladie et la capacité de la personne à respecter les normes et valeurs de sa communauté, malgré sa maladie.
• Dans la plupart des cultures, les personnes atteintes d’un trouble mental sont victimes de préjugés qui peuvent conduire à de la discrimination et diminuer l’estime de soi des personnes atteintes. • Pour mieux combattre les préjugés et idées ausses sur le trouble mental, l’inrmière ore du soutien et ait de l’enseignement, en plus de démontrer en tout temps une attitude respectueuse envers ses clients. • Pour se sentir en sécurité d’un point de vue culturel, le client doit être convaincu qu’il obtiendra des soins
Dimensions biopsychosociales de la santé mentale et des troubles mentaux
optimaux même s’il n’appartient pas à la culture dominante. • L’immigration s’avère une période d’adaptation intense dans la vie des amilles, ce qui peut conduire à des problèmes de santé mentale, particulièrement chez les personnes âgées, les enants et les réugiés. • En raison des violences subies depuis l’arrivée des colons européens, certaines Premières Nations accusent d’importants problèmes sociaux et de santé mentale dans leurs communautés.
Ressources VERSION COMPLÈTE ET DÉTAILLÉE
http://ortinash.cheneliere.ca
Références Internet ORGANISMES ET ASSOCIATIONS Alliance des communautés culturelles pour l’égalité dans la santé et les services sociaux (ACCÉSSS) www.accesss.net > Dossiers > Adhésion aux traitements Association des infrmières et des infrmiers autochtones du Canada www.anac.on.ca Centre de ressources multiculturelles en santé mentale www.mmhrc.ca/r > Services > Formation et éducation > Lutter contre la stigmatisation et la discrimination Institut interculturel de Montréal (IIM) www.iim.qc.ca Service de consultation culturelle (SCC) www.mcgill.ca/culturalconsultation
ORGANISMES GOUVERNEMENTAUX Institut national de santé publique du Québec www.inspq.qc.ca > Santé des autochtones Secrétariat aux aaires autochtones www.autochtones.gouv.qc.ca RÉFÉRENCES GÉNÉRALES Clinique de psychiatrie transculturelle www.cssscoeurdelile.ca > Soins et services > Services en santé mentale > Clinique de psychiatrie transculturelle EthnoMed http://ethnomed.org Infressources www.infressources.ca > Carreour des rubriques > Carreour clinique > Soins interculturels > Banques et recherche > Santé > Multiculturalisme
Monographies Legault, G., & Rachédi, L. (dir.) (2008). L’inter vention interculturelle (2e éd.). Montréal : Gaëtan Morin.
Lévy, I. (2006). Mémento pratique des rites et des religions à l’usage des soignants (3e éd.). IssylesMoulineaux, Fr. : Estem.
Articles, rapports et autres Association des infrmières et des infrmiers autochtones du Canada (ANAC) (2009). Compétence culturelle et sécurité culturelle en enseignement infrmier des Premières nations, des Inuit et des Métis. Ottawa, Ont. : ANAC. Institut de la statistique du Québec (19981999, édition révisée en 2002). Santé et bienêtre, immigrants récents au Québec : une adaptation réciproque ? Étude auprès des communautés culturelles 19981999. Québec, Qc : Les publications du Québec.
Multimédia Beauregard, D. (2009). Les défs interculturels dans la pratique infrmière (DVD, env. 60 min). Sherbrooke, Qc : Cégep de Sherbrooke. RadioCanada, L’aprèsmidi porte conseil (2012, 29 mai). L’ethnopsychiatrie : au croisement de la psychiatrie et de l’ethnologie (radio, 10 min 24 s). www.radiocanada.ca/emissions/lapres midi_porte_conseil/20112012/chronique. asp?idChronique=223762
Chapitre 9
Culture et santé mentale
223
9
PARTIE
Troubles mentaux CHAPITRE 10
Stress et troubles de l’adaptation 226 CHAPITRE 11
Troubles de l’humeur 244 CHAPITRE 12
Troubles anxieux 286 CHAPITRE 13
Troubles somatoformes, factices et dissociatifs 316 CHAPITRE 14
Schizophrénie et autres troubles psychotiques 342 CHAPITRE 15
Troubles de la personnalité 386 CHAPITRE 16
Troubles liés à une substance 422 CHAPITRE 17
Troubles cognitifs : délirium, démence et troubles amnésiques 476 CHAPITRE 18
Troubles de l’alimentation 510 CHAPITRE 19
Troubles du sommeil 534
chAPITRE
Stress et troubles de l’adaptation
Écrit par : Pamela E Marcus, RN, APRN/PMH-BC Bonnie M Hagerty, PhD, RN Kathleen L Patusky, PhD, APRN-BC Adapté par : Christianne Bourgie, inf, M Sc
Guide d’études – RE11
OBJECTIFS
Après avoir étudié ce chapitre, vous devriez être en mesure : ■
de décrire les fonctions du système nerveux et du système endocrinien lorsqu’une personne est exposée à un stresseur ;
■
de définir le syndrome général d’adaptation ;
■
d’expliquer le rôle du locus de contrôle dans l’adaptation au stress ;
■
de déterminer des interventions qui favorisent une adaptation positive au stress ;
226
Partie 3
Troubles mentaux
■
■
■
de décrire le rôle de l’approche cognitivo-comportementale dans la gestion de la source de stress et de ses réactions ; d’utiliser une méthode de résolution de problèmes afin de favoriser le sentiment de maîtrise du client sur les situations stressantes ; d’expliquer l’utilité de la réduction du stress basée sur la relaxation et la méditation ;
■
■
de décrire les caractéristiques des troubles de l’adaptation ; d’appliquer la démarche de soins aux clients souffrant de troubles de l’adaptation
Concepts clés
Cette carte conceptuelle illustre schématiquement les principaux concepts décrits dans le présent chapitre Sa lecture vous permettra d’avoir une vue d’ensemble des notions qui y sont présentées
fait intervenir
soit
varie selon
entraîne
comprend
10 provoquent
si
alors
se manifestent par
causés par
requièrent
dont
Chapitre 10
Stress et troubles de l’adaptation
227
PORTRAIT Sacha Olivier Sacha Olivier, âgée de 35 ans, a appris de son médecin, il y a quelques jours, qu’elle est atteinte d’un cancer du sein. La nouvelle du diagnostic l’a sérieusement ébranlée, elle d’ordinaire si confante et si sereine. Depuis qu’elle a appris cette nouvelle, elle a commencé à aire de l’insomnie. Elle ne parvient plus à se concentrer à son travail, elle se montre impatiente avec ses enants et elle n’a plus d’appétit. Elle décide de consulter au Centre de santé et de services sociaux (CSSS) afn d’obtenir de l’aide. Elle souhaite recourir à une médication pour retrouver le sommeil. L’entrevue permet à l’infrmière de dégager plusieurs acteurs à l’origine de cette crise. Elle apprend ainsi que la mère de Sacha est elle-même décédée d’un cancer du sein il y a quelques années. Sacha est aussi en instance de divorce et est à la recherche d’un logement plus adapté à ses besoins. Le ait pour Sacha d’avoir reçu le même diagnostic que sa mère ainsi que son divorce et son déménagement ne sont pas les éléments causals prépondérants ayant précipité sa crise, mais ces acteurs aggravants risquent de compliquer la situation. Heureusement, Sacha possède un bon réseau d’amies à qui elle peut se confer et qui peuvent l’aider au besoin. Elle dispose aussi de certains renseignements sur le cancer du sein, accumulés à l’époque de la maladie de sa mère.
10.1
RAPPELEZ-VOUS…
La perspective physiologique parle de stressréaction, la perspective sociologique, de source de pression et la perspective psychologique parle d’interaction entre l’environnement et les caractéristiques de la personne. À quoi sont attribuées ces différences ?
Défnition du stress
Tous les êtres vivants sont exposés au stress. L’expérience humaine du stress est cependant soumise à de nombreux déterminants individuels et environnementaux qui en moduleront les eets chez les personnes exposées. Trois principales perspectives permettent de mieux défnir le stress : il s’agit des perspectives physiologique, sociologique et psychologique. La prise en compte de l’ensemble de ces modèles permet maintenant d’apporter d’importantes nuances à la compréhension des mécanismes du stress. Ainsi, selon les données scientifques maintenant disponibles, le stress n’est pas uniquement associé à des événements malheureux, pas plus qu’il n’est automatiquement source de détresse. L’infrmière s’eorcera donc de tenir compte du caractère unique que revêt l’expérience du stress chez chaque personne à qui elle prodigue des soins. Selon Chandler (2010), le stress résulte de l’interaction entre la personne et les exigences
228
Partie 3
Troubles mentaux
de l’environnement qui mettent à l’épreuve ses capacités d’adaptation. Les stimulus qui causent le stress sont appelés stresseurs ou acteurs de stress. Les stresseurs peuvent émaner de la personne (stresseur interne) ou de l’environnement extérieur (stresseur externe). Une situation pour laquelle une personne doit accomplir une tâche qui exige un haut niveau de perormance physique alors qu’elle ne s’est pas alimentée adéquatement et qu’elle a souert d’insomnie pendant plusieurs nuits représente un exemple de stresseur interne. Dans ce cas, le corps peut difcilement supporter le stress causé par une alimentation inadéquate et par le manque de sommeil. La personne peut présenter de la dyspnée, de la tachycardie, des céphalées ainsi que des douleurs musculaires, et elle peut éprouver également une sensation envahissante de atigue et d’irritation. En plus de ces réactions physiologiques, elle peut se sentir vulnérable et incompétente. L’eet d’un stresseur externe peut s’observer, par exemple, dans le cas d’une personne qui doit se présenter à une entrevue de sélection pour un emploi. Certaines variables telles que la vulnérabilité personnelle, le degré de préparation, la peur de l’échec et les expériences antérieures peuvent provoquer un ensemble de symptômes incommodants susceptibles de se répercuter dans les sphères biopsychosociales.
10.1.1
Syndrome général d’adaptation (Hans Selye)
Le chercheur et endocrinologue Hans Selye (1974) a permis de mieux comprendre les mécanismes d’action et les eets du stress. Une de ses principales contributions réside dans sa description du syndrome général d’adaptation. Le syndrome général d’adaptation (SGA) s’explique selon trois phases de réactions physiologiques au stress. La première est appelée phase d’alarme. Cette phase implique un enchaînement de réactions devant ce qui peut être perçu, à tort ou à raison, comme un danger ou une menace. Pendant cette phase, le cerveau et les systèmes cardiovasculaire et hormonal s’activent afn que la personne soit en mesure de réagir au stresseur. Le signal d’alarme est reçu par le système nerveux autonome qui envoie un message au bulbe rachidien afn d’augmenter le débit sanguin de certains organes (p. ex., les muscles) pour permettre à la personne de se protéger du stresseur (réaction de uite) ou de le combattre (réaction de lutte). Le cerveau reçoit alors un surcroît de sang oxygéné afn d’accroître la vigilance. Il y a également augmentation des taux sanguins de glucose, d’adrénaline et de noradrénaline, toujours en vue de préparer la réponse au signal initial FIGURE 10.1. La ormation réticulaire soutient la coordination des voies sensorielles et motrices du cerveau, ce qui avorise les réactions de lutte ou de uite (Baier, 2009). L’axe
Phase d’alarme Rétablissement 1. Hypothalamus
¬
¬
¬
ADH
réabsorption de l’eau
¬
2. Neurohypophyse
production d’urine
Résistance
3. Adénohypophyse 1. Stabilisation
cortex surrénal
2. Retour à la normale des niveaux hormonaux
¬
3. Activité du système nerveux parasympathique
¬
4. Adaptation aux stresseurs
production d’urine
2.
¬
excrétion du potassium
3.
rythme cardiaque
¬
débit sanguin dans les muscles squelettiques
¬
¬ ¬
¬
¬ ¬ ¬ ¬
¬
noradrénaline
réponse physiologique telle que notée dans la phase d’alarme
10
niveau d’énergie
adaptation physiologique
4. Décès
4. Système nerveux sympathique et médullosurrénal adrénaline
1.
¬
¬
réabsorption du sodium réabsorption de l’eau
Épuisement
¬
catabolisme des protéines catabolisme des graisses
¬
¬
¬
aldostérone
gluconéogenèse
¬
¬ ¬
¬
Cortisol
¬
¬
¬
ACTH
résistance vasculaire systémique ( pression artérielle)
apport de O2 (relié à la dilatation des bronches) glycémie acuité mentale
¬
5. Réponse de lutte ou de fuite FIGURE 10.1 Schéma des principaux changements du système nerveux dans le syndrome général d’adaptation
hypothalamo-hypophysaire-surrénalien est activé, et la zone limbique du cerveau informe l’hypothalamus de la présence du stresseur alors que l’hypothalamus sécrète la corticolibérine (CRF, substance libératrice de la corticotropine), qui prévient l’hypophyse de la nécessité d’agir contre le stresseur. L’hypophyse sécrète alors la corticotrophine (ACTH), qui stimule la libération du cortisol par le cortex surrénal. Le cortisol aide tout le corps à réagir au stress en activant le catabolisme et en induisant la mobilisation des réserves d’énergie pour favoriser une réponse rapide (Alters & Schiff, 2006 ; Fontaine, 2009). Les manifestations physiques de la phase d’alarme peuvent durer entre une minute et plusieurs heures. Cette chaîne de réactions a constitué un
moyen de survie pour l’espèce humaine depuis ses origines, mais n’est pas toujours adaptée à la nature de la menace réelle dans notre monde contemporain FIGURE 10.2. Doris Gagnon est âgée de 19 ans et étudie en soins La seconde phase est infrmiers. Elle commence un stage en psychiatrie et appelée phase de résistance. invite son client à s’asseoir pour commencer une L’organisme tente ici de entrevue. Ce dernier reuse en criant agressivement : s’adapter au stresseur et « Fous-moi la paix. » Doris ne s’attendait pas à une telle mobilise ses forces pour y réaction et sent une orte bouée de chaleur l’envahir résister (Lewis, Dirksen, et des palpitations. Elle reste fgée devant le client, Heitkemper et al., 2011). Les totalement incapable de réagir. effets physiques se stabilisent À quelle phase du SGA correspondent les maniestaet le corps retourne progrestions que ressent Doris ? sivement à l’homéostasie,
Jugement clinique
Chapitre 10
Stress et troubles de l’adaptation
229
↑ activité mentale
Dilatation des pupilles
Dilatation des bronches
↑ rythme cardiaque
↑ fréquence respiratoire
↑ débit cardiaque
↑ glucose
↑ pression artérielle
↑ acides gras
↑ débit sanguin dans les muscles squelettiques
FIGURE 10.2 Phase d’alarme : réaction de lutte ou de fuite
c’est-à-dire à son équilibre naturel. Les neurotransmetteurs, les systèmes cardiovasculaire et endocrinien recouvrent graduellement leur niveau normal de onctionnement pendant cette phase. Un ensemble de ressources internes et externes entrent en jeu pour avoriser le retour à cet équilibre. En plus d’être infuencée par la nature et l’intensité des stresseurs, une adaptation adéquate sera tributaire de acteurs liés à la personnalité et à la vulnérabilité physiologique ou psychologique de la personne ainsi qu’au soutien social dont elle peut bénécier. Touteois, si le corps ne parvient pas à s’adapter et que le stresseur continue de produire ses eets, une troisième phase, appelée phase d’épuisement, risque d’apparaître. La réponse au stresseur demeure sensiblement la même que dans la phase d’alarme, sau qu’elle perdure dans le temps. Le corps nit par s’épuiser puisqu’il est incapable de soutenir à long terme l’intensité des changements suscités par la phase d’alarme. La phase d’épuisement peut rendre la personne plus vulnérable aux maladies puisque le corps ne récupère pas et ne retrouve pas l’énergie nécessaire à l’homéostasie des systèmes. Les personnes atteintes d’anxiété chronique ou de dépression majeure décrivent souvent cette sensation d’épuisement et cette incapacité à retrouver l’équilibre. De plus, la phase d’épuisement peut être associée à des problèmes de santé tels
230
Partie 3
Troubles mentaux
qu’une vulnérabilité accrue aux inections, des céphalées, de l’hypertension, des crises d’asthme, un syndrome de atigue chronique, etc. Si la phase d’épuisement se poursuit pendant une longue période de temps, elle peut même entraîner la mort (Baier, 2009 ; Zuck & Frey, 2006). Si le stress disparaît ou que le corps est en mesure de s’y adapter, la phase d’épuisement régresse habituellement et n’a que des eets limités. Par ailleurs, Harold Wol, proesseur à l’Université Cornell, a étudié les réactions humaines aux acteurs de stress chronique de 1930 à 1962. Ses travaux montrent que, même lorsque les stratégies d’adaptation sont appropriées, l’utilisation répétée d’une même stratégie provoque parois des changements pathologiques et des lésions tissulaires dans un système, un appareil, un organe ou une muqueuse de l’organisme. Les recherches de Stewart Wol, réalisées en 1979, ont également mis en évidence que des concentrations constamment élevées d’adrénaline, de glucose sérique, de cortisol et d’autres hormones sont nocives pour les tissus corporels (Hellman, 2004). De plus, l’exposition chronique au stress aurait des eets inhibiteurs sur le système immunitaire (Lewis et al., 2011). Pour Neurnberger (1981), il peut aussi arriver que la personne reste plutôt « paralysée » et qu’elle soit incapable de réagir de quelque manière que ce soit au stresseur. Cet auteur a qualié cette réaction de syndrome d’inhibition. Cette réaction est le résultat d’une surstimulation du système nerveux parasympathique et se déclenche automatiquement comme moyen de survie, entraînant un eet « de paralysie ou d’engourdissement » (Phillips, 2010). Finalement, bien que Selye ait mis l’accent sur le ait que toute réponse au stress revêt un caractère identique d’une personne à l’autre, ce caractère non spécique est de nos jours beaucoup plus nuancé. Il apparaît que les réponses individuelles varient en onction de la nature des stresseurs et de certaines caractéristiques personnelles telles que la hardiesse, une nature optimiste et une bonne estime de soi (Lewis et al., 2011). Par exemple, les personnes hardies sont caractérisées par leur sens de l’engagement et leur maîtrise de soi, et elles auront tendance à voir les stresseurs comme des dés et des occasions de croissance plutôt que des obstacles.
10.1.2
Modèle transactionnel d’adaptation au stress
Lazarus et Folkman (1984), pour leur part, ont décrit le stress comme un processus ou une transaction entre la personne et son environnement plutôt qu’un événement. Ce processus entre en action lorsque la personne eectue une évaluation cognitive primaire
de açon à jauger la nature et les enjeux liés au stress rencontré ENCADRÉ 10.1. En ait, la personne en évalue la connotation positive (plaisir, absence de danger) ou négative (perte, menace). L’évaluation cognitive secondaire servira à déterminer la stratégie d’adaptation qui permettra de réduire l’eet du stress ou encore de composer avec sa présence (coping). La capacité adaptative de la personne dépend de ses expériences antérieures, de son contexte de vie ainsi que de l’efcacité du soutien social disponible et des stratégies d’adaptation déployées.
10.1.3
Stress, réadaptation sociale et problèmes de santé
En 1967, les chercheurs Holmes et Rahe ont mis au point l’échelle d’évaluation de la réadaptation sociale . Cette échelle décrit 43 stresseurs auxquels des points sont accordés en onction de leur intensité. La personne additionne le nombre de points en se basant sur les événements qu’elle a vécus au cours de l’année précédente. Selon ces auteurs, plus le total des points est élevé, plus
cette personne est susceptible de sourir d’un problème de santé. Bien que cette échelle ait été mise au point en 1967, elle est encore largement utilisée en recherche et en milieu clinique (Scully et al., 2000).
L’échelle complète est reproduite Les recherches menées par Holmes & Rahe (1967) dans le tableau 10.1W que vous ont porté principalement sur les réactions au stress pouvez consulter au http:// lié aux étapes du développement et de la maturation. ortinash.cheneliere.ca. Ils ont constaté que de nombreux changements importants, notamment le décès du conjoint ou d’un enant, un mariage, un diBruno St-Cyr est âgé de 52 ans et il est veu. Il est vorce, une perte d’emploi, présentement hospitalisé à l’unité des soins intensis des blessures, une maladie et coronariens à la suite d’un inarctus du myocarde. la retraite, peuvent rapideSon état est stable, mais il avoue avoir eu très peur de ment ragiliser les capacités mourir. Cependant, il aimerait beaucoup avoir son congé adaptatives d’une personne. de l’hôpital le plus rapidement possible pour s’occuper S’inspirant du modèle de de sa flle lourdement handicapée. Pour l’instant, c’est base, Miller & Rahe (1997) une voisine qui en prend soin. ont apporté des modiicaQuel événement semble le plus stressant dans l’immétions à cette échelle en y diat pour monsieur St-Cyr ? ajustant le pointage et
Jugement clinique
Collecte des données ENCADRÉ 10.1
Exemples de questions pour l’évaluation selon le modèle transactionnel du stress
Afn d’évaluer le client, l’infrmière pourra utiliser les questions suggérées ci-dessous.
• Qu’avez-vous essayé cette ois-ci ?
STRESSEURS
RÉACTION DE STRESS
• Pouvez-vous me décrire ce qui vous arrive maintenant ?
• Comment vous sentez-vous maintenant ?
• Quelles sont les sources de stress dans votre vie en ce moment ?
• Comment cet événement touche-t-il votre vie actuellement ?
• Qu’est-ce qui vous préoccupe le plus ?
• Qu’est-ce qui vous dérange le plus dans cet événement ?
• Depuis quand vivez-vous cette situation ? ÉVALUATION COGNITIVE
• Comment voyez-vous cette situation précise? • Qu’est-ce qui est le plus difcile pour vous ?
• Que pourriez-vous aire maintenant ?
IMPACT SUR LA SANTÉ
• Quelles sont les conséquences de ce problème sur votre santé physique ?
• Que signife cet événement pour vous ?
• Quelles en sont les conséquences sur votre santé psychologique ?
• Quel sens donnez-vous à cette épreuve ?
SOUTIEN SOCIAL
• Cette situation représente-t-elle un danger, une menace ?
• Avec qui vivez-vous?
• Qu’est-ce que cet événement vient perturber dans votre vie?
• Avez-vous quelqu’un à qui parler ?
• Vous sentez-vous capable d’aronter la situation ?
• Avec qui parlez-vous quand vous ne vous sentez pas bien?
• Qu’est-ce qui vous donne de l’espoir ?
• Comment vos proches réagissent-ils ?
STRATÉGIES D’ADAPTATION
• Comment peuvent-ils vous aider ?
• Que aites-vous habituellement pour vous sentir mieux ?
• Connaissez-vous quelqu’un qui a vécu une situation semblable ?
• Dans le passé, avez-vous ait ace à une situation difcile? • Qu’est-ce qui était aidant pour vous dans cette açon de aire ?
• Avez-vous accès à des ressources communautaires ? • Avez-vous quelqu’un qui vous soutient dans cette épreuve?
Source : Adapté de Winterhalter (2001) Chapitre 10
Stress et troubles de l’adaptation
231
10
en ajoutant 44 nouveaux événements constituant des stresseurs. Touteois, l’utilisation de ce genre d’outil appelle à la prudence, car il ne tient pas compte d’indicateurs tels que les changements permanents de la vie, la monotonie et le stress anticipé. De plus, bien qu’une telle échelle puisse ournir d’importants repères pour la collecte de données, il est essentiel que l’inrmière tienne compte de la signication que le client donne à chaque événement. Par exemple, même si les scores attribués aux changements relatis au monde de l’emploi ne sont pas toujours très élevés, ce domaine représente un dé perpétuel pour les personnes présentant des troubles mentaux (Corbière & Durand, 2011). En eet, ces personnes connaissent des taux élevés d’absentéisme (plus de 30 %), des périodes d’instabilité liées à la fuctuation des symptômes et des problèmes liés à l’intégration ou à la réintégration au travail (Corbière & Durand, 2011). Le stress lié au travail est d’ailleurs souvent désigné par les clients comme une cause majeure de rustration et de prédisposition à la maladie.
10.2
Locus de contrôle
Bien que le stress asse partie de la vie quotidienne, certaines personnes s’y adaptent plus acilement que d’autres, et cela indépendamment de la nature et de l’intensité du stresseur. Chacun possède ses propres stratégies adaptatives sur les plans cogniti, émotionnel et comportemental (Lewis et al., 2011). Face au stress, certaines personnes ont appris à le considérer comme un dé, tandis que d’autres se sentent dépassées, voire submergées. Selon Rotter (1975), ces diérences seraient attribuables aux croyances personnelles que chacun entretient quant aux causes des dicultés de la vie. Ces croyances sont modulées en onction des traits de personnalité, des comportements appris, des aptitudes, des particularités culturelles et des valeurs. Deux systèmes de croyances personnelles sont décrits par Rotter (1975), soit les locus de contrôle (ou lieux de contrôle) interne et externe. Les personnes ayant un locus de contrôle interne considèrent qu’elles ont de l’emprise sur leur vie et qu’elles sont en mesure d’en infuencer le cours ; elles croient que leurs eorts entrent en compte dans le dénouement de situations diiciles. Une personne ayant un locus de contrôle externe s’estime plutôt à la merci des événements qu’elle attribue à des acteurs externes tels que la chance ou le destin. Étant donné la diversité des açons dont les personnes s’adaptent à des stresseurs de même nature, l’évaluation de l’infuence du locus de contrôle présente un intérêt. Cette inormation est une autre piste permettant d’orienter plus adéquatement l’approche de l’inrmière.
232
Partie 3
Troubles mentaux
10.3
Promotion de la santé et gestion du stress
La compréhension des acteurs de causalité du stress ainsi que des réponses physiologiques, émotionnelles et psychologiques individuelles permet à l’inrmière d’aider son client à déterminer s’il possède les ressources pour appliquer des stratégies d’adaptation appropriées. Dans la planication de ses interventions, l’inrmière mettra l’accent sur l’élaboration ou la consolidation de ces stratégies en orant au client des outils individualisés et le soutien nécessaire à leur application. De saines habitudes de vie contribuent au maintien d’une santé optimale. Paradoxalement, c’est souvent l’alimentation, l’exercice et le sommeil qui sont perturbés lorsque les personnes sont exposées au stress. L’organisme étant déjà sollicité en raison même des stratégies d’adaptation au stress, ces perturbations auront à leur tour une incidence négative sur les capacités de régénération physiologiques. La littérature traitant de la gestion du stress insiste sur la nécessité de prendre le temps de aire de l’exercice, de manger sainement et de se reposer an d’en réduire les eets négatis sur la santé. Il aut donc encourager les clients à viser cet équilibre comme acteur avorisant le rétablissement.
10.3.1
Stress et soutien affectif
Floyd et ses collaborateurs (2007) ont étudié l’eet du stress chez des sujets recevant des démonstrations verbales d’aection et d’appréciation de la part d’un proche avec qui ils entretenaient une relation aective. Ces chercheurs ont démontré que les personnes bénéciant de démonstrations d’aection étaient mieux protégées contre le stress et avaient de meilleures capacités de rétablissement. Ces conclusions ont été tirées à partir d’observations eectuées auprès d’un groupe de 30 sujets exposés à diérents stresseurs, chez qui le rythme cardiaque et le cortisol salivaire avaient été mesurés. Les résultats de ce type de recherches corroborent ceux de la littérature traitant du lien entre la qualité des relations aectives et le bienêtre général, en plus de servir d’assises à la promotion et au renorcement de méthodes de communication personnelles et sociales qui ont des eets bénéques sur la santé physique et mentale (Floyd et al., 2007).
10.3.2
Résolution de problèmes
Une des méthodes préconisées pour gérer les eets négatis du stress consiste en l’utilisation d’un arbre décisionnel an d’aider les clients à acquérir une certaine objectivité au regard des problèmes décelés. L’arbre décisionnel permet à la personne
d’améliorer sa capacité à réféchir et à prendre du recul an d’éviter de se sentir envahie par les eets physiologiques, émotionnels et psychologiques du stress FIGURE 10.3.
Problème ou stresseur
L’arbre décisionnel est utilisé pour ractionner le problème, permettant ainsi de prendre une saine distance an de dégager diérentes pistes de solution. L’évaluation des conséquences éventuelles de chaque solution augmente la capacité à aire des choix éclairés.
10.3.3
Option pour la résolution du problème
Option pour la résolution du problème
Option pour la résolution du problème
Conséquence
Conséquence
Conséquence
Approche cognitivocomportementale
Cette approche thérapeutique ayant ait l’objet de nombreuses recherches et applications pratiques est appliquée dans divers milieux orant des services en santé mentale 20 . L’inrmière en utilise les principes de base et les outils cliniques en tenant compte des besoins du client et du contexte dans lequel il évolue (Ordre des inrmières et inrmiers du Québec [OIIQ], 2009). Cette approche consiste à aider les personnes à reconnaître comment des pensées automatiques irréalistes à caractère contraignant peuvent générer des émotions dysonctionnelles (ou inappropriées) et des réactions inadaptées, ampliant ainsi leur niveau d’inconort (Chalout, 2008). Ces croyances erronées ou distorsions cognitives (ou déformations cognitives) peuvent aller jusqu’à aecter la personne dans l’estimation de sa propre valeur (Beck, 1976). « Tout ce que je touche est voué à l’échec » et « Les autres ne sont pas dignes de conance » sont des exemples de pensées automatiques. L’inirmière peut centrer son intervention sur les principes de l’approche cognitivo-comportementale visant à réduire le stress en recourant au processus de restructuration cognitive. La restructuration
TABLEAU 10.1
Décision d’agir
Évaluation
10 FIGURE 10.3 L’arbre décisionnel schématise un processus de résolution de problèmes.
cognitive comporte cinq étapes : 1) la détermination de la source de stress ; 2) la prise de conscience des émotions engendrées ; 3) la reconnaissance des pensées automatiques qui surgissent ; 4) le remplacement de ces pensées par d’autres plus adaptées ; 5) l’évaluation de l’eet de ces nouvelles pensées sur les émotions (Chalout, 2008) TABLEAU 10.1 . La personne peut ainsi apprendre à changer de perspective pour aborder une situation et même à l’accepter. La capacité de réguler les émotions, le comportement et l’environnement est également une composante essentielle de cette approche qui vise une gestion ecace du stress.
20 Le chapitre 20, Modèles et stratégies thérapeutiques, présente les techniques à mettre en pratique dans le cadre de l’approche cognitivo-comportementale
Distorsion cognitive (ou déformation cognitive) : Altération de la pensée sur soi, sur les autres, sur les événements provenant d’un jugement déplacé, préconçu, erroné de la situation.
Exemple illustrant le processus de restructuration cognitive
ÉTAPE
SITUATION DU CLIENT
1. Détermination du stresseur
Un client apprend qu’il soure de dépression majeure.
2. Prise de conscience des émotions
Il se sent paralysé par l’annonce du diagnostic.
3. Reconnaissance des pensées automatiques
Comme sa mère a déjà reçu ce diagnostic il y a 40 ans, les images qui lui viennent à l’esprit sont terrifantes. Il se voit hospitalisé à long terme et stigmatisé par ses pairs, incluant sa amille et son employeur. Il craint également de prendre des médicaments dont les nombreux eets secondaires sont invalidants. L’annonce du diagnostic ajoute à la détresse liée à son état, plutôt que de lui donner espoir qu’un rétablissement est possible grâce au traitement.
4. Remplacement des pensées automatiques par des pensées plus adaptées
Ces images le hantent jusqu’à ce qu’il intègre les propos rassurants de son infrmière et conronte ainsi ses croyances erronées. Il se dit alors que les traitements ont beaucoup évolué depuis 40 ans, que la médication est mieux adaptée et comporte moins d’eets secondaires, que la maladie mentale est beaucoup moins taboue et qu’il a de loin un meilleur soutien social que sa mère, cela étant un acteur prédicti d’un état de mieux-être.
5. Évaluation des émotions suscitées par les nouvelles pensées
Malgré les symptômes de la dépression, le client est maintenant confant qu’il pourra se rétablir en suivant les recommandations de son équipe traitante.
Chapitre 10
Stress et troubles de l’adaptation
233
10.3.4
Relaxation
Il est démontré que la pratique régulière de la relaxation diminue la production des hormones du stress, ce qui a des eets bénéfques sur la santé (Bei-Hung, Dussek & Herbert, 2011). De plus, cette pratique aurait des propriétés préventives à long terme sur les capacités d’adaptation au stress (Bei-Hung et al., 2011).
La cohérence cardiaque est une autre méthode mettant l’accent sur le lien corps-esprit et est présentée sommairement dans l’encadré 10.1W. On peut le consulter au http://fortinash. cheneliere.ca.
Les techniques de relaxation reposent sur la gestion de la réaction au stress plutôt que sur sa source. Elles visent à réduire les symptômes d’inconort afn de avoriser un état de détente physiologique et psychologique proond (Lewis et al., 2011). Habituellement accompagnées de respirations abdominales contrôlées, elles permettent de réguler les symptômes physiques associés au stress tels que la tachycardie, l’hypertension artérielle, l’hyperventilation, les tensions musculaires, etc. . Plusieurs techniques existent, visant toutes la réconciliation corps-esprit, qu’il s’agisse de gestion de la douleur et de certains symptômes de la dépression, de la réduction de l’anxiété, ou encore de l’accroissement de la spiritualité (Bei-Hung et al., 2011). Une variété d’outils sont disponibles afn de guider la pratique de techniques qui seront adaptées aux besoins du client (relaxation musculaire de Jacobson, training autogène, yoga, imagerie dirigée, visualisation, musique, etc.).
10.3.5
Méditation
Une des techniques de gestion du stress largement répandue est la méditation de pleine conscience. Cette orme de méditation, inspirée des pratiques bouddhistes, a pour but d’apprivoiser le stress en portant une attention bienveillante et ouverte à ce qui se passe dans le moment présent (Maex, 2011). En prenant un temps d’arrêt spécialement consacré à la prise de conscience de ses sensations corporelles, de ses pensées et de ses émotions, la personne évite de se laisser submerger par un malaise dius et incontrôlable. Un des grands avantages de cette méditation est qu’elle permet de reconnaître et d’accueillir ce qui se passe en soi afn d’agir en toute conscience plutôt que de réagir.
22 Le chapitre 22, Approches complémentaires et paral lèles en santé mentale, fournit des renseignements quant aux stratégies d’application et d’évaluation des différentes approches
234
Partie 3
Les bénéfces d’autres techniques de méditation ont également été étudiés en recherche. Lane et ses collaborateurs (2007), par exemple, ont enseigné à des adultes en santé comment recourir à la méditation sur un mantra afn de réduire le stress. Les auteurs ont découvert que les sujets amélioraient ainsi leur humeur et leur perception des sources de stress. Plus la personne méditait souvent, plus les résultats positis étaient durables. Dans une autre étude eectuée auprès d’étudiants de premier cycle, Oman et ses collègues (2008) ont constaté que le recours à deux techniques de méditation, incluant celle de la pleine conscience, permettait de réduire le stress et les ruminations mentales 22 .
Troubles mentaux
10.3.6
Vie équilibrée
De açon générale, l’équilibre entre le travail, les obligations du quotidien et les activités générant du plaisir est nécessaire pour une qualité de vie optimale. L’intégration des loisirs tels que les arts, la musique, la lecture, etc., et de la spiritualité ne doit pas être négligée. Une évaluation des diérents aspects de la vie du client est nécessaire pour déterminer si l’infrmière doit encourager ou remettre en question les stratégies d’adaptation qu’il aura utilisées à ce jour. Son jugement clinique la guidera également dans le choix de mesures à avoriser pour aider le client à retrouver un état de mieux-être. Elle pourra donc privilégier l’intervention sur la source de stress ellemême ou proposer des moyens pour renorcer la résistance du client par l’utilisation d’outils qui visent la réduction des conséquences biopsychosociales des stresseurs.
10.4
Troubles de l’adaptation
Les troubles de l’adaptation peuvent se maniester lorsqu’un ou des stresseurs constituent une surcharge et entraînent une réaction mésadaptée et pathologique (American Psychiatric Association [APA], 2004 ; Lalonde, Aubut & Grunberg, 1999). Les troubles de l’adaptation sont parois conondus avec la dépression majeure en raison de symptômes apparentés tels que la tristesse, l’anxiété, l’irritabilité, les malaises physiques, etc. La principale distinction entre les deux réside dans le ait qu’un ou des stresseurs psychosociaux décelables peuvent être mis en évidence dans les troubles de l’adaptation (Carta, Balestrieri, Murru et al., 2009). Ces stresseurs peuvent être de diérente nature, incluant notamment une perte, une tragédie personnelle, une modifcation du mode de vie, une crise existentielle ou même un succès ou un gain. En raison de l’intensité des symptômes, les principales répercussions du trouble de l’adaptation engendrent des difcultés dans l’exercice des rôles sociaux et amiliaux. Elles peuvent parois même conduire à un niveau de détresse rendant la personne vulnérable à un passage à l’acte suicidaire (APA, 2004 ; Carta et al., 2009). Par ailleurs, les symptômes ne durent habituellement pas plus de six mois après la disparition du stresseur ou de ses conséquences (APA, 2004).
10.4.1
Étiologie
Il n’y a pas toujours de trouble mental préexistant chez une personne sourant d’un trouble de l’adaptation. Comme il a été vu précédemment, la réactivité aux stresseurs est modulée par un ensemble de acteurs individuels se rapportant, entre autres, à la personnalité, au locus de contrôle, à
l’environnement, aux expériences antérieures, aux valeurs et à la culture. L’interaction de ces acteurs est susceptible d’aecter la vulnérabilité individuelle et ainsi d’infuer sur les prédispositions à sourir d’un trouble de l’adaptation.
cependant une prévalence estimée entre 5 et 21 % dans les services de consultation en psychiatrie adulte (Carta et al., 2009). Chez les enants et les adolescents, la prévalence des troubles de l’adaptation est évaluée entre 2 et 8 % (APA, 2004).
10.4.2
10.4.3
Épidémiologie
Toute personne peut être atteinte d’un trouble de l’adaptation, peu importe l’âge, le sexe ou le statut socioéconomique (Casey, 2009). Bien que les troubles de l’adaptation soient considérés comme réquents, les données épidémiologiques portant sur ce trouble mental varient signicativement selon les méthodes de collecte de données utilisées (APA, 2004 ; Carta et al., 2009). Certains auteurs avancent
Description clinique
Les critères diagnostiques des troubles de l’adaptation sont énumérés dans l’encadré sur les critères du DSM-IV-TR ENCADRÉ 10.2. Ces troubles se maniestent quand le niveau de détresse est supérieur à la normale et que le onctionnement social, proessionnel ou scolaire est perturbé. Par exemple, un confit avec un employeur peut entraîner une perturbation du sommeil et une humeur dépressive,
Critères diagnostiques du DSM-IV-TR ENCADRÉ 10.2
Troubles de l’adaptation
A. Développement de symptômes dans les registres émotionnels et comportementaux, en réaction à un ou plusieurs acteur(s) de stress identifable(s), au cours des trois mois suivant la survenue de celui-ci (ceux-ci). B. Ces symptômes ou comportements sont cliniquement signifcatis, comme en témoignent : (1) soit une sourance marquée, plus importante qu’il n’était attendu en réaction à ce acteur de stress ; (2) soit une altération signifcative du onctionnement social ou proessionnel (scolaire). C. La perturbation liée au stress ne répond pas aux critères d’un autre trouble spécifque de l’axe I et n’est pas simplement l’exacerbation d’un trouble préexistant de l’axe I ou de l’axe II. D. Les symptômes ne sont pas l’expression d’un deuil. E. Une ois que le acteur de stress (ou ses conséquences) a disparu, les symptômes ne persistent pas au-delà de six mois. Spécifer si : Aigu : si la perturbation persiste moins de six mois. Chronique : si la perturbation persiste six mois ou plus. Par défnition, les symptômes ne peuvent pas persister plus de six mois une ois que le acteur de stress ou ses conséquences ont disparu. Cette spécifcation s’applique donc lorsque la durée de la perturbation est plus importante que six mois, en réaction à un acteur de stress lui-même prolongé ou bien dont les conséquences sont durables. Les troubles de l’adaptation sont codés par sous-types, qui sont sélectionnés en onction des symptômes prédominants. Le acteur de stress (stresseur) spécifque peut être caractérisé sur l’axe IV. F43.20 [309.0] F 43.21
Avec humeur dépressive Ce sous-type doit être utilisé lorsque les maniestations prédominantes sont des symptômes tels qu’une humeur dépressive, des pleurs ou des sentiments de désespoir. La CIM-10 distingue la réaction dépressive brève F43.20 et la réaction dépressive prolongée F43.21 (N.d.T.).
10 F43.28 [309.24]
Avec anxiété Ce sous-type doit être utilisé lorsque les maniestations prédominantes sont des symptômes tels que la nervosité, l’inquiétude ou l’agitation ou bien, chez l’enant, la peur de se séparer des personnes auxquelles il est le plus attaché. F43.22 [309.28]
Avec à la ois anxiété et humeur dépressive Ce sous-type doit être utilisé lorsque la maniestation prédominante est une combinaison de dépression et d’anxiété. F43.24 [309.3]
Avec perturbation des conduites Ce sous-type doit être utilisé lorsque la maniestation prédominante est une perturbation des conduites qui comporte une violation des droits d’autrui ou des normes et des règles essentielles de la vie sociale, compte tenu de l’âge du sujet (p. ex., l’école buissonnière, le vandalisme, une conduite automobile imprudente, des bagarres, un manquement à ses responsabilités légales). F43.25 [309.4]
Avec perturbation à la ois des émotions et des conduites Ce sous-type doit être utilisé lorsque les maniestations prédominantes sont à la ois des symptômes du registre émotionnel (comme la dépression, l’anxiété) et une perturbation des conduites (voir le sous-type précédent). F42.29 [309.9]
Non spécifé Ce sous-type doit être utilisé pour coder des réactions inadaptées (p. ex., des plaintes somatiques, un retrait social ou une inhibition au travail ou à l’école) à des acteurs de stress (stresseurs) qui ne peuvent pas être classés parmi les sous-types spécifques de trouble de l’adaptation. Note de codage. Lors d’une évaluation multiaxiale, la nature du acteur de stress (stresseur) peut être précisée sur l’axe IV (p. ex., un divorce).
Source : American Psychiatric Association (APA) (2004). Mini DSM-IV-TR. Critères diagnostiques (Washington, D.C., 2000). Traduction rançaise par J.-D. Guelf et al. Paris : Elsevier Masson SAS, 384 pages, p. 281-283. Chapitre 10
Stress et troubles de l’adaptation
235
en plus de générer de l’absentéisme au travail. Le trouble de l’adaptation est diagnostiqué lorsqu’il est possible de dégager un stresseur et que les symptômes du client ne sont pas sufsamment sévères pour correspondre aux critères diagnostiques d’un autre trouble mental (APA, 2004 ; Casey, 2009 ; Lalonde et al., 1999). La catégorie diagnostique des troubles de l’adaptation est controversée pour de nombreuses raisons, entre autres parce qu’il est estimé que ses critères chevauchent ceux des troubles dépressis ou anxieux (Carta et al., 2009). Les réactions au stress
10.5 10.5.1 27 Le chapitre 27, Situation de crise, présente la mise en œuvre de la démarche de soins appliquée en fonction des différents stresseurs
Démarche de soins Collecte des données – Évaluation initiale
Les clients n’étant généralement pas hospitalisés pour un trouble de l’adaptation, les infrmières eectuent plus réquemment la collecte des données dans un contexte ambulatoire ou à domicile. Dans son évaluation de la condition physique et mentale du client, l’infrmière cherche à déceler les stresseurs qui ont précédé l’apparition des symptômes. Elle évalue également comment les sources de stress aectent les dimensions physique, sociale, psychologique et spirituelle de la personne TABLEAU 10.2 – FIGURE 10.4 . Les symptômes varient selon le sous-type de trouble de l’adaptation ENCADRÉ 10.3.
10.5.2
sont très individualisées, tant en ce qui a trait à la perception qu’à l’expression ; les symptômes particuliers sont donc difciles à déterminer. L’absence de marqueurs biologiques, les liens étroits avec les acteurs environnementaux et l’absence de critères mesurables clairs sont problématiques. Par ailleurs, dans certains cas, l’existence d’une diérence entre les troubles de l’adaptation et les réactions d’adaptation normales a été mise en doute, ce qui alimente les craintes que les diagnostics actuels et les pratiques relatives au traitement surmédicalisent un processus qui n’est pas réellement pathologique.
Analyse et interprétation des données
L’infrmière détermine les problèmes prioritaires à partir de l’évaluation approondie de l’état de santé du client eectuée à l’aide de la collecte des données.
L’ordre de priorité des problèmes est établi en onction des questions de sécurité et des besoins du client ENCADRÉ 10.4.
10.5.3
Planifcation des soins
Les clés du traitement des troubles de l’adaptation résident dans le soutien et la relativisation des symptômes malgré le mal-être qu’ils suscitent. Les modèles d’intervention s’inspirent souvent de l’intervention en situation de crise 27 . Les clients doivent savoir qu’il peut être normal d’éprouver de la difculté à gérer des situations stressantes et qu’ils ont la capacité d’apprendre de nouvelles açons de s’adapter plus efcacement. L’infrmière orira soutien et accompagnement afn que le client puisse choisir les options et les ressources appropriées. Les renseignements obtenus au moment de la collecte de données permettent d’amorcer le plan de soins et de traitements infrmiers.
Collecte des données TABLEAU 10.2
Troubles de l’adaptation
EXEMPLE DE QUESTION
JUSTIFICATION
Quels événements ont récemment marqué votre vie ?
Établir si le client peut dégager un ou plusieurs stresseurs précédant le trouble de l’adaptation.
Comment ces événements vous affectent-ils ?
Évaluer l’impact des événements sur les dimensions physique, sociale, psychologique et spirituelle.
Comment avez-vous réagi lorsque ces événements se sont produits ?
Déterminer si le client dispose de stratégies d’adaptation adéquates.
Parlez-moi de votre famille, de vos amis et de leur rôle au cours de ces événements.
Évaluer la qualité du réseau de soutien actuel et obtenir de l’information sur la famille et les proches.
Source : Adapté de Fortinash & Holoday-Worret (2003)
236
Partie 3
Troubles mentaux
SCHÉMA DES QUATRE DIMENSIONS Trouble de l’adaptation DIMENSION PSYCHOLOGIQUE
DIMENSION PHYSIQUE
• Tristesse, culpabilité, anxiété ou révolte
• Perturbations possibles du sommeil, de l’alimentation ou d’autres onctions, liées à des changements dans les habitudes de vie
Madame Lavoie n’a rien vu venir et ne comprend pas ce qui lui arrive. Atteinte dans son estime de soi, elle est certaine qu’elle ne pourra plus reaire sa vie. De plus, elle se sent incapable de prendre en charge tous les aspects de sa vie au quotidien puisqu’elle arrive à peine à prendre soin de sa personne.
Michelle Lavoie est âgée de 55 ans. Son conjoint vient de la quitter en lui annonçant qu’il a une autre emme dans sa vie. Elle se retrouve seule dans une grande maison du jour au lendemain. Elle dort peu et arrive à peine à s’alimenter en raison d’un ort sentiment d’angoisse.
DIMENSION SOCIALE
DIMENSION SPIRITUELLE
• Perturbation ou réorganisation du réseau social
• Sentiment d’être dépassée par les événements • Perte du sens de la vie
Madame Lavoie cherche à savoir comment elle est responsable du départ de son conjoint et passe de longues heures à penser, isolée dans sa chambre. Elle reuse toute invitation à sortir.
10
• Désorientation, perte des balises
Madame Lavoie ne peut s’imaginer sans son conjoint avec qui elle était depuis 20 ans. Elle n’accepte pas son sort et éprouve un ort sentiment d’injustice.
FIGURE 10.4
Symptômes cliniques ENCADRÉ 10.3
Caractéristiques des troubles de l’adaptation : symptômes et manifestations courantes
COGNITIFS
Troubles de concentration, baisse d’attention portée à l’environnement extérieur, perte d’intérêt pour les détails, sentiment d’ambivalence et difculté à prendre des décisions, velléités suicidaires COMPORTEMENTAUX
Manque d’intérêt pour les événements extérieurs, altération des relations interpersonnelles, retrait social, désintéressement
Établir les résultats escomptés Les résultats escomptés peuvent varier en fonction des symptômes. En voici quelques exemples. Le client sera en mesure : • d’établir des objectifs réalistes ; • de déterminer les ressources internes et ex ternes favorisant son adaptation et les moyens de les utiliser ;
vis-à-vis des projets proessionnels ou des études, augmentation ou baisse de l’activité psychomotrice, difculté à accomplir les tâches, insomnie ÉMOTIONNELS
Sentiment de tristesse, impression de vide et dévalorisation, baisse de l’estime de soi, détresse spirituelle, inhabilité à articuler ses émotions, inquiétude excessive concernant les événements de la vie
ENCADRÉ 10.4
Problèmes découlant d’un trouble de l’adaptation
• Inadaptation à un changement dans les liens aectis et le statut social
• Diminution de l’estime de soi
• Anxiété
• Détresse spirituelle
• Stratégies d’adaptation individuelles inefcaces
• Culpabilité
• Tristesse altérant le onctionnement quotidien
• Interactions sociales perturbées
• Risque de violence envers soi
Chapitre 10
Stress et troubles de l’adaptation
237
• de décrire les stresseurs auxquels il a été exposé et les moyens qu’il aurait pu prendre pour les gérer efcacement ;
21 Le chapitre 21, Psychophar macothérapie et autres théra pies biologiques, présente les interventions infrmières liées à l’administration d’anxiolytiques ou d’antidépresseurs
• d’examiner les changements à effectuer an de mieux dépister les sources de stress potentielles.
10.5.4
Exécution des interventions
Des interventions adaptées au client jumelées à des interventions en collaboration avec les autres
Pratiques infrmières suggérées TABLEAU 10.3
Accompagner le client ayant un trouble de l’adaptation
INTERVENTION
JUSTIFICATION
Évaluer tout risque d’idéation, de geste ou de projet suicidaires.
Assurer la sécurité du client.
Aider le client à élaborer des stratégies d’adaptation.
Faciliter le recours à ses ressources internes.
Encourager les activités avorisant la socialisation.
Réduire l’isolement.
Soutenir le client dans la verbalisation de ses pensées et de ses émotions.
Favoriser la reconnaissance de ses schémas de pensée et la mise en œuvre du processus de résolution de problèmes.
Inormer le client, sa amille et ses proches sur les symptômes et le traitement du trouble de l’adaptation et identifer avec le client les personnes signifcatives qui pourraient le soutenir.
Favoriser la participation du réseau et diminuer la détresse attribuable au manque de connaissances.
Soutenir les eorts du client dans la poursuite de ses objectis et encourager les gestes constructis.
Contribuer au rehaussement de son estime de soi.
Encourager le client à se rappeler ses réussites antérieures.
Renorcer l’estime de soi, valider les solutions créatives aux problèmes et rehausser la confance en l’avenir.
Troubles de l’adaptation
• Enseigner au client, à sa amille et aux proches : − que les symptômes disparaissent habituellement après quelques mois; − que plusieurs techniques peuvent avoriser un état de mieux-être (p. ex., la pratique régulière d’exercices de relaxation pour réduire l’anxiété); − que l’aggravation des symptômes doit immédiatement être signalée au soignant ;
238
Partie 3
Troubles mentaux
Soins et traitements infrmiers L’infrmière individualise le plan de soins selon les symptômes prédominants du trouble de l’adaptation afn que le client rassemble les ressources nécessaires pour atteindre un niveau de onctionnement adéquat dans la vie quotidienne TABLEAU 10.3 et ENCADRÉ 10.5.
Soins et traitements en interdisciplinarité L’infrmière ait partie intégrante de l’équipe interdisciplinaire et collabore à l’élaboration du plan d’intervention visant le rétablissement du client. Avec ses collègues, elle assure le suivi et évalue la réponse aux traitements instaurés. Comme chaque discipline dispose d’une perspective unique sur le traitement du client, le plan d’intervention élaboré en équipe interdisciplinaire est plus efcace que ne le serait la contribution individuelle de chacun de ses membres. À titre d’exemple, un client peu volubile a des chances de réagir aux interventions proposées par l’ergothérapeute, alors qu’il serait relativement passi pendant des interventions de traitement axées directement sur la verbalisation.
Autres interventions Psychopharmacothérapie
Enseignement au client et à ses proches ENCADRÉ 10.5
proessionnels de la santé permettent de réduire l’acuité des épisodes du trouble de l’adaptation et de promouvoir un onctionnement optimal.
− que la réaction à un événement peut être normale parce que les personnes ont des açons de réagir qui leur sont propres. • Renseigner sur la posologie, l’horaire et les eets des médicaments. Inclure des renseignements sur les eets indésirables courants et inormer quand appeler un proessionnel de la santé en cas de questions ou de problèmes concernant la prise des médicaments.
Le recours aux médicaments pour le traitement des troubles de l’adaptation est controversé puisque les symptômes se résorbent souvent d’eux-mêmes avec le temps (Carta et al., 2009). L’approche préconisée est souvent la psychothérapie (Carta et al., 2009). La pharmacothérapie cible surtout le traitement des symptômes qui peuvent causer des difcultés de onctionnement importantes. Les médicaments prescrits peuvent inclure les anxiolytiques comme les benzodiazépines durant de courtes périodes pour soulager l’anxiété et l’insomnie, ainsi que les antidépresseurs si les symptômes entravent la capacité du client à mobiliser ses ressources, bien que l’efcacité de ces derniers dans le traitement des troubles de l’adaptation ne soit pas bien démontrée (Casey, 2009) 21 .
Thérapies de soutien Les infrmières cliniciennes spécialisées en santé mentale, les médecins, les travailleurs sociaux, les ergothérapeutes et les psychologues sont ormés pour apporter un soutien thérapeutique aux clients chez qui un trouble de l’adaptation a été diagnostiqué. Les thérapeutes peuvent choisir parmi les diérentes approches thérapeutiques
individuelles ou de groupe existantes, selon leurs habiletés proessionnelles, la nature des problèmes du client et le type de résultats escomptés. Par exemple, une thérapie amiliale peut être indiquée lorsque le acteur précipitant se rapporte à l’organisation amiliale et que le client et la amille ont besoin d’aide pour gérer une situation confictuelle.
10.5.5
Évaluation des résultats – Évaluation en cours d’évolution
constante de l’évolution des symptômes. L’inrmière compare le onctionnement actuel du client aux résultats escomptés et pose des questions an de déterminer les raisons susceptibles d’expliquer pourquoi les résultats escomptés n’ont pas été atteints (Fortinash & Holoday Worret, 2007). L’inrmière pourra ensuite décider de modier les résultats escomptés ou proposer de nouvelles interventions PSTI 10.1.
Tout plan de soins et traitements inrmiers (PSTI) et tout PTI doivent comprendre une surveillance
Plan de soins et de traitements infrmiers PSTI 10.1
Trouble de l’adaptation avec humeur dépressive
Hubert Capes, un client âgé de 57 ans de l’unité de médecine, est bien connu du personnel infrmier. Il a été hospitalisé plusieurs ois durant les dernières années pour stabiliser son diabète, qui reste difcile à maîtriser. À sa toute récente admission, son engagement dans le plan de soins a été atypique, car il n’y accordait qu’un intérêt minime. Il a également consommé des aliments riches en sucre qui appartenaient à son voisin de chambre. Il nie ce comportement, s’intéresse peu à l’enseignement qui lui est ourni tant bien que mal et se replie sur lui-même. Il afrme réaliser son test de glycémie capillaire à domicile et s’administrer l’insuline convenablement. Monsieur Capes a été récemment orcé de prendre sa retraite de l’usine où il travaillait, en raison de son diabète, et sa pension est sufsante pour maintenir son niveau de vie. Quand il lui est demandé s’il se sent triste
10 ou déprimé à cause de la retraite, il le nie d’un ton agressi. Sa emme, avec qui il était marié depuis 10 ans, est morte il y a environ 8 mois. Il dit avoir ait son deuil, parce qu’il reconnaît qu’il se sent moins triste qu’au début et déclare vivre cette situation plus sereinement à mesure que le temps passe. Il est capable de parler des bons moments qu’ils ont partagés ensemble. En même temps, il se dit déçu de vivre sa retraite seul et admet se sentir rustré que cette retraite ne corresponde pas à ce qu’il avait espéré. Il nie toute idéation suicidaire. Les amis qui viennent le voir conient aux inirmières qu’il rechigne à participer aux activités sociales et qu’il leur a dit qu’il préérait rester seul et n’avait pas envie d’être avec des gens. L’inirmière qui s’occupe de monsieur Capes au centre hospitalier sait qu’il aura prochainement son congé et amorce le suivi à la maison.
DIAGNOSTICS SELON LES AXESa
Axe I Axe II Axe III Axe IV Axe V
PROBLÈME DÉCOULANT DE LA SITUATION DE SANTÉ
Négligence ace aux autosoins liée à des stratégies d’adaptation ineicaces (retraite, deuil de la conjointe), maniestée par un manque d’engagement dans le suivi de son état, la négation de comportements à risque, les hospitalisations réquentes et la mise à la retraite précipitée par l’état de santé précaire
RÉSULTATS ESCOMPTÉS
INTERVENTIONS INFIRMIÈRES ET JUSTIFICATIONS
• Reconnaissance de l’impact du changement de rôle social et du deuil d’un conjoint sur la santé
• Explorer l’impact du changement de rôle social et du deuil récent de sa conjointe sur la santé de monsieur Capes pour avoriser chez lui la prise de conscience et cibler les priorités d’intervention.
• Utilisation de stratégies d’adaptation permettant une meilleure prise en charge de la santé
• Trouble de l’adaptation avec humeur dépressive • Aucun • Diabète • Modéré ; lié à l’environnement social (retraite prématurée, décès de la conjointe) • Évaluation globale du fonctionnement (EGF) = 60 (actuel) EGF = 80 (année antérieure)
• Explorer les stratégies d’adaptation utilisées par le passé et au besoin trouver d’autres options de açon à avoriser le recours à des stratégies mieux adaptées à sa situation actuelle. • Explorer le réseau de soutien de M. Capes et vérifer sa connaissance des ressources communautaires pour avoriser le recours à l’aide disponible. • Faire des démarches pour assurer un suivi en externe de açon à consolider les apprentissages aits durant l’hospitalisation. • Évaluer la motivation de monsieur Capes à chercher de l’aide de açon à ajuster sa prise en charge.
Chapitre 10
Stress et troubles de l’adaptation
239
PSTI 10.1
Troubles de l’adaptation avec humeur dépressive (suite)
RÉSULTATS ESCOMPTÉS
INTERVENTIONS INFIRMIÈRES
• Utilisation de mots pour exprimer la colère
• Aider monsieur Capes à explorer ses sentiments négatis pour lui permettre d’exprimer sa colère de açon plus constructive.
• Compréhension du processus de deuil
• Faire de l’enseignement sur le processus de deuil et normaliser les émotions ainsi que comportements liés aux pertes pour diminuer le sentiment d’incompétence ou d’impuissance que vit monsieur Capes.
PROBLÈME DÉCOULANT DE LA SITUATION DE SANTÉ
Interactions sociales perturbées liées à une retraite précipitée et au deuil récent de sa conjointe, maniestées par l’interruption de ses activités sociales habituelles et l’isolement
RÉSULTATS ESCOMPTÉS
INTERVENTIONS INFIRMIÈRES ET JUSTIFICATIONS
• Participation accrue à des activités sociales
• Déterminer les activités qui plaisent à monsieur Capes et qu’il peut reprendre afn de l’encourager à se centrer sur les aspects positis de sa situation de retraité. • Explorer avec lui les changements de rôle maintenant qu’il vit seul de açon à l’aider à cerner les impacts négatis de ces changements et trouver des options satisaisantes.
a
Les diagnostics sont posés selon les axes du DSM-IV-TR de l’APA (2004).
Analyse d’une situation de santé
Jugement clinique
Rina Berti est âgée de 47 ans. Elle vient tout juste d’apprendre qu’elle a un cancer du sein droit. Une infrmière de la clinique médicale rencontre la cliente avant le départ de celle-ci,
constatant qu’elle est dévastée. « C’est terrible ce que je viens d’apprendre. Qu’est-ce qui va m’arriver ? Ma mère est décédée d’un cancer du sein », dit-elle en pleurant. {
MISE EN ŒUVRE DE LA DÉMARCHE DE SOINS
Collecte des données – Évaluation initiale – Analyse et interprétation 1. L’inirmière demande à la cliente ce qui la préoccupe le plus actuellement A-t-elle raison de poser cette question ? Justifez votre réponse
Au ur et à mesure que la discussion progresse, la cliente dit être totalement déroutée par le diagnostic, évite de prononcer le mot cancer, tremble des mains
{
SOLUTIONNAIRE
http://ortinash.cheneliere.ca
et parle d’une voix chevrotante. Elle ne répond pas directement aux questions de l’infrmière et répète: « Je ne sais pas quoi aire, je ne sais pas quoi aire. » {
MISE EN ŒUVRE DE LA DÉMARCHE DE SOINS
2. À l’analyse de ces données, quel est le problème prioritaire de madame Berti ?
Planifcation des interventions – Décisions infrmières 3. Quel devrait être le but premier de l’approche de l’infrmière à ce stade-ci de la situation de madame Berti ?
240
Partie 3
Troubles mentaux
L’infirmière essaie de faire préciser à la cliente le sens qu’elle donne à son diagnostic
{
de cancer et le lien qu’elle fait avec le cancer de sa mère. ”
MISE EN ŒUVRE DE LA DÉMARCHE DE SOINS
4. Expliquez en quoi l’approche de l’infrmière peut aider madame Berti à ce stade-ci
Évaluation des résultats – Évaluation en cours d’évolution 5. Sur quoi devrait porter principalement l’évaluation de la condition de la cliente avant que celle-ci quitte la clinique médicale ?
APPLICATION DE LA PENSÉE CRITIQUE Dans l’application de la démarche de soins auprès de madame Berti, l’infrmière a recours à un ensemble d’éléments (connaissances, expériences antérieures, normes institutionnelles ou protocoles, attitudes proessionnelles) pour analyser la situation de santé de la cliente et
en comprendre les enjeux La FIGURE 10.5 illustre le processus de pensée critique suivi par l’infrmière afn de ormuler son jugement clinique Elle résume les principaux éléments sur lesquels l’infrmière s’appuie en onction des données de cette cliente, mais elle n’est pas exhaustive
10
VERS UN JUGEMENT CLINIQUE NORME
ATTITUDES
• Utilisation d’un modèle d’évaluation de réaction au stress
• Respect des valeurs et des croyances de la cliente • Empathie ace aux réactions immédiates de madame Berti à la suite de l’annonce de son diagnostic de cancer • Reconnaissance de ses limites dans sa capacité d’intervenir auprès de madame Berti
EXPÉRIENCES
CONNAISSANCES • Maniestations physiques, psychologiques et sociales du stress • Réactions possibles d’une personne à l’annonce d’un diagnostic de cancer • Techniques et attitudes acilitantes en relation d’aide
• Expérience en soins infrmiers oncologiques • Aptitudes à la relation d’aide • Expérience personnelle de cancer ou du cancer d’une personne de son entourage
PENSÉE CRITIQUE
ÉVALUATION • • • • •
Stresseurs que madame Berti associe au cancer Maniestation de détresse Impacts du diagnostic Niveau de détresse émotionnelle Stratégies d’adaptation de la cliente ace à sa situation de santé
JUGEMENT CLINIQUE FIGURE 10.5
Chapitre 10
Stress et troubles de l’adaptation
241
À retenir VERSION REPRODUCTIBLE
http://ortinash.cheneliere.ca
• Le syndrome général d’adaptation (SGA) est un ensemble de réactions physiologiques au stress qui comporte trois phases : la phase d’alarme, la phase de résistance et la phase d’épuisement. • La réaction de lutte ou de uite ait intervenir les systèmes nerveux, endocrinien et cardiovasculaire. L’axe hypothalamo-hypophysosurrénalien utilise les hormones pour aider l’organisme à se mobiliser rapidement en réaction aux stresseurs. • L’inrmière doit utiliser l’échelle d’évaluation de la réadaptation sociale (Holmes et Rahes) avec prudence pour évaluer le client, car celle-ci ne tient pas compte
l’exercice et une bonne hygiène de sommeil an d’éviter des perturbations supplémentaires de l’organisme qui aecteront les capacités de régénération.
d’indicateurs tels que les changements permanents de la vie, la monotonie et le stress anticipé. • Les personnes ayant un locus de contrôle interne considèrent qu’elles ont de l’emprise sur leur vie et qu’elles sont en mesure d’en infuencer le cours, tandis que celles ayant un locus de contrôle externe s’estiment plutôt à la merci des événements qu’elles attribuent à des acteurs externes tels que la chance ou le destin. • L’inrmière s’eorcera de tenir compte du caractère unique que revêt l’expérience du stress chez chaque personne à qui elle prodigue des soins, ainsi que des variables qui infuenceront la réponse aux stresseurs pour chacun de ses clients. • L’inrmière encouragera les clients à avoir de saines habitudes de vie, comme une bonne alimentation, de
• L’arbre décisionnel est une méthode utilisée pour gérer les eets négatis du stress, car il permet de ractionner un problème, de prendre une saine distance et de schématiser un processus de résolution du problème. • L’inrmière peut utiliser les techniques de base et les outils de l’approche cognitivo-comportementale pour aider le client à reconnaître ses pensées automatiques et perceptions erronées, notamment le processus de restructuration cognitive.
• Le trouble de l’adaptation est diagnostiqué lorsqu’il est possible de dégager un stresseur et que les symptômes du client ne sont pas susamment sévères pour correspondre aux critères diagnostiques d’un autre trouble mental. Cela est controversé, entre autres parce que ses critères chevauchent ceux des troubles dépressis ou anxieux. • Les clés du traitement des troubles de l’adaptation sont le soutien et la relativisation des symptômes malgré le mal-être qu’ils suscitent. Les modèles d’intervention s’inspirent souvent de l’intervention en situation de crise.
• L’inrmière peut planier des interventions diversiées pour aider une personne exposée au stress, notamment la pratique d’activités de détente et de loisir ainsi que la méditation et la relaxation.
Ressources VERSION COMPLÈTE ET DÉTAILLÉE
http://ortinashcheneliereca
Références Internet
Association canadienne pour la santé mentale (ACSM) – Chaudières-Appalaches wwwacsm-caqcca > Dossier stress Association pour le développement de la Mindulness wwwassociation-mindulnessorg
ORGANISMES ET ASSOCIATIONS
Canadian Institute o Stress wwwstresscanadaorg
American Institute o Stress wwwstressorg
Centre d’études sur le stress humain wwwstresshumainca
American Psychological Association wwwapaorg > Psychology Topics > Stress
ORGANISMES GOUVERNEMENTAUX
Association canadienne pour la santé mentale (ACSM) wwwcmhaca/r > Santé mentale > Votre santé mentale > Le stress
242
Partie 3
Troubles mentaux
Agence de la santé publique du Canada wwwphac-aspcgcca > Mesures et interventions d’urgence > Services d’interventions d’urgence > Faire ace aux événements stressants > Maladies chroniques > Maladie mentale > Comment bien gérer son stress ?
Centre canadien d’hygiène et de sécurité au travail wwwcchstca > Réponses SST > Promotion - Santé / Bienêtre / Questions psychosociales > Stress en milieu de travail - Généralités Santé Canada wwwhc-scgcca > Vie saine > Votre santé et vous > Mode de vie > Liste alphabétique complète > Santé mentale – Gestion du stress RÉFÉRENCES GÉNÉRALES Cohérence cardiaque (Canada) wwwcoherencecardiaqueca Everyday Health wwweverydayhealthcom > Search > Stress Infressources wwwinfressourcesca > Banques et recherche > Santé > Santé mentale > Stress
PasseportSanté.net wwwpasseportsantenet > Actualités > Dossiers > Le stress et l’anxiété PsychoMedia wwwpsychomediaqcca > Lexique de psychologie > Psychothérapie cognitivo-comportementale > En savoir plus > Défnition : Psychothérapie cognitivo-comportementale > Lexique de psychologie > Méditation de pleine conscience (mindulness) > En savoir plus > Défnition : Méditation de pleine conscience (mindulness) > Pleine conscience (mindulness) > Lexique de psychologie > Trouble de l’adaptation > En savoir plus > Défnition : Trouble de l’adaptation > Trouble de l’adaptation > Qu’estce que le trouble de l’adaptation ? (Défnition, symptômes, diagnostic)
Monographies Choque, S, & Choque, J (2007) Soignants : stress, apprendre à le gérer (2e éd) Paris : Lamarre
Fradin, J (2008) L’intelligence du stress. Paris : Éditions d’Organisation
Multimédia
Lazarus, RS, & Folkman, S (1984) Stress appraisal and coping. New-York : Springer Servan-Schreiber, D (2011) Guérir le stress, l’anxiété et la dépression : sans médicaments ni psychanalyse. Paris : Pocket
Articles, rapports et autres
Godbout, J (1990) Pour l’amour du stress (flm, 58 min 55 s) Montréal : Ofce national du flm Institut Douglas (2007, en anglais) Stress, mémoire et vieillissement, conérence présentée par Sonia Lupien, Ph D, dans le cadre du Mois de l’Alzheimer wwwdouglasqcca/videos/24
Botti, G, Daures, R, Clicha, C, et al. (2009) Prévention du stress, une expérience en ormation infrmière Soins, 736, 24-27
Radio-Canada (1980, 4 janvier) Le stress selon Hans Selye (télévision, 19 min 31 s), série Les Ateliers
Fondation des maladies du cœur & Association canadienne de la santé mentale (ACSM) (2009) Le stress apprivoisé. Ottawa, Ont : ACSM
Radio-Canada (2012, 18 évrier) « Les maladies du stress », Par 4 chemins (radio), animateur : Jacques Languirand wwwradio-canadaca/emissions/ par_4_chemins/2011-2012/chronique asp?idChronique=202368
Lebel, G (2011) Guide d’autosoins pour la gestion du stress. Montréal : Publications Douglas Shields, M (2004) Stress, santé et bienaits du soutien social Statistique Canada, Rapports sur la santé, 15(1), 82-0030
Resnais, A (1980) Mon oncle d’Amérique (flm, 2 h 05 min) Paris : Andrea flms/TF1 Film production
Chapitre 10
Stress et troubles de l’adaptation
243
10
chapitre
Troubles de l’humeur
Écrit par : Bonnie M. Hagerty, PhD, RN Kathleen L. Patusky, PhD, APRN-BC Adapté par : Jean-Philippe Arguin, inf., B. Sc.
Guide d’études – SA08, SA09, SA11
OBJECTIFS
Après avoir étudié ce chapitre, vous devriez être en mesure : ■
■
d’expliquer les théories biologiques et psychosociales relatives à l’étiologie des troubles de l’humeur ; de comparer les catégories de troubles dépressifs et bipolaires du DSM-IV-TR.
244
Partie 3
Troubles mentaux
■
■
de discuter de l’épidémiologie et de l’évolution des troubles dépressifs et bipolaires ; d’appliquer la démarche de soins auprès des clients atteints de troubles de l’humeur ;
■
de décrire les interventions autonomes et les interventions en interdisciplinarité pratiquées par les infirmières auprès des clients atteints de troubles de l’humeur.
Concepts clés
Cette carte conceptuelle illustre schématiquement les principaux concepts décrits dans le présent chapitre. Sa lecture vous permettra d’avoir une vue d’ensemble des notions qui y sont présentées.
11
incluent
comprennent
incluent
durent
sont expliqués par
présentent
avec
Chapitre 11
Troubles de l’humeur
245
PORTRAIT Stéphanie Fortin Stéphanie Fortin, âgée de 30 ans, se rend au groupe de médecine de amille pour une consul tation annuelle. Elle se plaint de réquentes céphalées, de douleurs musculaires, d’une atigue extrême et de dicultés à s’endormir. L’inrmière qui l’accueille la questionne davantage. La cliente ajoute avoir l’impres sion de ne jamais être reposée. Elle a perdu 10 kg au cours du mois précédent sans suivre de régime. Elle a cessé de participer aux groupes de lecture et au cours de danse qu’elle avait l’habitude d’apprécier parce qu’elle n’a pas susamment d’énergie. Lorsque l’inrmière lui demande de décrire com ment elle se sent et de parler de ses émotions, madame Fortin répond que sa mère est atteinte d’accès de dépression et que cette dernière pense qu’il s’agit peutêtre aussi du problème de sa lle. Pourtant, la cliente ne se sent pas particulièrement déprimée. Son aect est émoussé, et elle admet se sentir parois triste sans raison.
11.1
Caractéristiques générales
Les troubles de l’humeur constituent un ensemble de troubles mentaux dont le symptôme principal est l’instabilité de l’humeur ou des émotions. L’humeur est la description par le client luimême de son état émotionnel. L’émotion est une réaction subjective automatique en réponse à un stimulus, à une situation, à une expérience. Elle peut se maniester par des changements physiologiques et comportementaux (p. ex., des palpitations, des tremblements, des cris). À ne pas conondre avec l’humeur, l’affect est l’état émotionnel du client observé par les autres. La dépression et l’exaltation sont des réactions normales aux événements de la vie. Une personne
Manifestations possibles de l’humeura
TABLEAU 11.1
a
ayant subi une perte peut, par exemple, avoir du chagrin, ressentir des symptômes physiques comme une diminution de l’appétit et éprouver des di cultés à se concentrer. Par ailleurs, le succès ou les moments heureux peuvent entraîner une élévation de l’humeur, une exaltation et de l’euphorie. Ces sentiments ne sont généralement pas excessis et demeurent limités dans le temps. Leur intensité dépend de la réactivité émotionnelle de la per sonne, c’estàdire sa tendance à réagir avec émotion aux événements, et de la régulation des émotions, soit sa capacité à maîtriser ses émotions. En cas de troubles de l’humeur, les changements d’humeur deviennent plus prononcés et sont récur rents au l du temps TABLEAU 11.1. Ils se caracté risent par la réquence de l’occurrence, la durée et l’intensité des symptômes. Plusieurs symptômes prédominent, notamment sur les plans physique, cogniti et comportemental ; ils sont décrits dans la quatrième section de ce chapitre. Les troubles de l’humeur peuvent être unipo laires ou bipolaires. L’expression trouble de l’hu meur unipolaire concerne les personnes atteintes uniquement d’épisodes dépressis ou, plus rare ment, exclusivement d’épisodes maniaques. Le trouble bipolaire est caractérisé par des périodes de dépression alternant avec des périodes d’exaltation, d’impulsivité et d’hyperactivité (manie). Les troubles de l’humeur peuvent apparaître tout au long de la vie ; ils entraînent une sourance per sonnelle et causent des dicultés relationnelles. Les idées suicidaires et le suicide peuvent aire partie du tableau clinique de ces troubles. Le trouble dépressi majeur, souvent appelé dépres sion, est la première cause d’incapacité dans le monde, et les troubles bipolaires, anciennement appelés maniacodépression, en sont la sixième cause (World Health Organization [WHO], 2008). La dépression est également associée à plusieurs pathologies, dont les maladies cardiovasculaires, les accidents vasculaires cérébraux, les cancers et le syndrome d’immunodécience acquise, dont elle peut infuencer la morbidité et la mortalité (Carota, Berney, Aybek et al., 2005 ; Evans, Charney, Lewis et al., 2005 ; Regenold, Thapar, Marano et al., 2002 ; Shin, Hagerty & Williams, 2010). Les proessionnels de la santé sont conscients de l’importance d’éva luer les clients atteints de ces maladies, et ce, an d’intervenir adéquatement.
TYPE D’HUMEUR
DÉFINITION
Euthymie
Humeur normale, sans variation excessive
Humeur dépressive
Humeur triste, mélancolique
Humeur élevée, exaltée ou euphorique
Humeur intense ; sentiment exagéré de bien-être et d’euphorie pouvant aller jusqu’à la surexcitation
11.2
Humeur expansive
Humeur débordante, exubérante, sans retenue
Humeur irritable
Humeur qui se manifeste lorsque le client est facilement colérique
Les principales théories sur l’étiologie des troubles de l’humeur analysent les acteurs biologiques et psychosociaux qui contribuent à l’apparition de la dépression et de la manie. Chaque perspective
Ces maniestations possibles de l’humeur permettent à l’infrmière de détailler ses notes d’évolution.
246
Partie 3
Troubles mentaux
Étiologie
théorique explique certains aspects des troubles de l’humeur, mais aucune ne rend entièrement compte de leur maniestation.
11.2.1
Théories biologiques
La recherche biologique constitue la principale approche pour comprendre les causes du trouble dépressi et du trouble bipolaire. Elle révèle des associations possibles entre la physiologie, la géné tique et les troubles de l’humeur, mais n’établit pas de lien direct de cause à eet. Les théories biologi ques importantes sont celles de la neurotransmis sion, des dérèglements neuroendocriniens et de la transmission génétique.
Neurotransmission Les premières recherches sur les neurotransmet teurs portaient sur la noradrénaline et la séroto nine. Selon les théories de la disponibilité des neurotransmetteurs et de la modiication des récepteurs (Institut de recherche en santé du Canada & Institut des neurosciences, de la santé mentale et des toxicomanies, 2012), l’activité de neurotransmission serait inérieure à la normale pendant la dépression et serait supérieure à la nor male pendant la manie 7 . La neurotransmission est une activité complexe qui comprend de multiples processus comme la synthèse et la libération de neurotransmetteurs par les neurones, la onction et la modifcation du site récepteur, les interactions entre les divers neuro transmetteurs et diverses hormones ainsi que l’ac tion de ces neurotransmetteurs et hormones sur le matériel génétique. Post (1992) a décrit un important phénomène appelé embrasement au cours duquel la neuro transmission est d’abord modifée par le stress, ce qui provoquerait un premier épisode de dépres sion ou de manie. Cet épisode initial crée une sen sibilité électrophysiologique de telle sorte que l’épisode dépressi ou maniaque suivant exige un stress moindre pour se déclencher. Ce processus est ondé sur la neuroplasticité, soit la capacité des neurones à se régénérer ou à se restructurer (Pittenger & Duman, 2008). Le modèle de l’embra sement rend compte de la nature cyclique et pro gressive des troubles de l’humeur et suggère aux proessionnels de la santé de traiter les clients dès l’apparition des premiers épisodes, puis de main tenir le traitement pharmacologique pendant de longues périodes afn d’éviter une détérioration physiologique du cerveau au fl du temps. Des études plus récentes se sont concentrées sur la modifcation des récepteurs, sur les processus relatis aux canaux ioniques et sur les acteurs de croissance neurotropes (p. ex., le acteur neurotrope dérivé du cerveau) qui nourrissent les neurones. Ainsi, des défciences ou des modifcations des
neurotrophines peuvent entraîner l’atrophie des cellules du cerveau ou les empêcher de se régénérer en cas de stress (Duman, 2009). Les nouvelles techniques d’imagerie médicale démontrent des perturbations du onctionnement cérébral pendant la dépression et la manie. La tomographie par émission de positrons confrme que le cortex rontal et le système limbique du cer veau de personnes ayant un trouble dépressi présentent des perturbations physiologiques et ana tomiques (Duman, 2009) FIGURE 11.1.
Dérèglements neuroendocriniens Des études indiquent que le dérèglement de l’axe limbique hypothalamohypophysosurrénalien est associé à la dépression (Holsboer & Barden, 1996 ; Wikgren, 2012). Cet axe comprend l’hypothalamus, les glandes hypophysaires et surrénales ainsi que l’hippocampe, et il régule les réponses physiologi ques au stress.
Neurotrophine : Catégorie de molécules qui a pour fonction de maintenir le neurone en vie et de faciliter la croissance de ses prolongements.
Hypothalamus : Région du diencéphale, centre principal du système neurovégétatif jouant un rôle important dans la régulation de certaines des fonctions humaines les plus fondamentales, dont les cycles veille-sommeil, la température corporelle, la soif et des pulsions de survie telles la faim et les pulsions sexuelles.
En réponse au stress, l’hypothalamus libère l’hor mone qui stimule la sécrétion de corticotrophine
11
A
7 Les fonctions de la noradrénaline et de la sérotonine sont approfondies dans le chapitre 7, Neuro biologie et santé mentale.
B
FIGURE 11.1
A Tomographies par émission de positrons du même cerveau pendant un épisode dépressif (à gauche), puis après une pharmacothérapie (à droite). Plusieurs régions du cerveau, en particulier le cortex préfrontal (partie supérieure), montrent une activité réduite (couleurs plus sombres) pendant l’épisode dépressif. B Tomographies d’un sujet dépressif (à gauche) et d’un sujet non atteint (à droite). Ces tomographies révèlent une activité réduite du cerveau (couleurs plus sombres) pendant l’épisode dépressif, en particulier dans le cortex préfrontal. Du glucose radioactif a servi de traceur pour visualiser les niveaux d’activité du cerveau.
Chapitre 11
Troubles de l’humeur
247
par les glandes hypophysaires antérieures. À son tour, la corticotrophine agit sur la corticosurrénale, qui sécrète du cortisol déversé dans le sang. Le cortisol sérique est élevé en cas de stress et stimule le système nerveux végétati en augmentant les niveaux d’adrénaline et de noradrénaline. L’hy persécrétion chronique du acteur de libération de la corticotrophine et de cortisol ainsi que l’acti vation du système nerveux autonome augmentent la réactivité physiologique au stress et provo quent même des modications sur le plan cérébral (Gillespie & Nemero, 2005). L’axe hypothalamo hypophysosurrénalien est souvent hyperacti chez les clients atteints de trouble dépressi. Les clients ayant une dépression modérée à majeure peuvent présenter des taux sériques de cortisol élevés. Au l du temps, des niveaux élevés de cortisone peuvent endommager l’hippocampe. Des données probantes associent la diminution du volume de l’hippocampe au stress et à la dépression récurrente et chronique (Frodl, Möller, Meisenzahl et al., 2008). Les consé quences graves comprennent un décit cogniti et particulièrement des dicultés mnésiques.
19 Un plan de soins et de traitements infrmiers pour insomnie en cas de trouble dépressi majeur est proposé dans le chapitre 19, Troubles du sommeil.
Le onctionnement de l’axe hypothalamohypo physosurrénalien est lié au cycle de 24 heures des rythmes circadiens qui régulent les processus phy siologiques. Normalement, la concentration de cortisol dans le sang est aible en début de matinée et atteint son maximum durant la journée, bien que des taux constamment élevés soient réquem ment observés en cas de dépression. Plusieurs clients atteints de dépression sourent alors d’hy persomnie (sommeil excessi), tandis que les clients atteints de manie ont moins besoin de som meil. La perturbation du sommeil est souvent associée aux troubles de l’humeur 19 .
Transmission génétique Les troubles de l’humeur apparaissent parois au sein d’une même amille, et plusieurs chercheurs pensent que la génétique est responsable de leur maniestation (Kendler, Gatz, Gardner et al., 2006). Les résultats des études portant sur les amilles montrent invariablement que les enants de parents sourant d’un trouble bipolaire ou d’une dépression unipolaire courent de plus grands risques d’être atteints de troubles de l’humeur. Ce risque est par ticulièrement élevé chez les personnes dont les parents ont un trouble bipolaire, ce Amélie Lapointe, âgée de 21 ans, a terminé sa ormation qui indique probablement d’infrmière. Elle s’est inscrite à la prochaine session une plus grande composante d’examen d’admission à l’exercice de la proession. Elle génétique pour ce trouble que se sent très anxieuse parce qu’elle est convaincue qu’elle pour la dépression unipolaire ne réussira pas cet examen puisque sa meilleure amie l’a (Nomura, Wickramaratne, échoué l’an passé. « Comme ses notes étaient bien Warner et al., 2002). meilleures que les miennes, c’est certain que je vais
Jugement clinique
échouer », pense-t-elle. Qu’est-ce qui empêche madame Lapointe d’avoir une vision objective de sa situation?
248
Partie 3
Troubles mentaux
Si un jumeau monozygote est atteint d’un trouble de l’hu meur, il y a de ortes chances que l’autre jumeau en soure
également. Cette possibilité atteint 100 % dans cer taines études (généralement pour le trouble bipo laire). Bien que les taux de concordance chez les jumeaux dizygotes soient élevés, ils sont inérieurs à ceux des jumeaux monozygotes (Kendler, 2001). Les études portant sur l’adoption appuient éga lement le rôle des acteurs génétiques dans les trou bles de l’humeur. La plupart des études ont particulièrement examiné le trouble bipolaire et montré que sa prévalence est beaucoup plus élevée chez les parents biologiques d’adultes atteints de troubles bipolaires que chez les parents adoptis d’adultes ayant un trouble bipolaire (Leboyer, 2005). Bien que ces données montrent que la transmission génétique joue un rôle dans la maniestation des trou bles de l’humeur, bon nombre de questions demeurent sans réponse, et la recherche de l’origine génétique propre à ces troubles continue. De nombreux cher cheurs s’entendent pour dire que l’expression et la transmission génétique des troubles de l’humeur ainsi que leur interaction avec l’environnement sont des éléments clés pour comprendre, diagnostiquer et trai ter ces troubles (KeltikangasJarvinen & Salo, 2009).
11.2.2
Théories psychosociales
Théorie cognitive Selon cette théorie, des perturbations d’ordre cogniti seraient à l’origine de la dépression. Beck (1967) a distingué plusieurs niveaux de cognition qui infuent sur la dépression : les pensées automatiques, les sché mas (ou suppositions) et les distorsions cognitives (ou déformations cognitives).
Pensées automatiques Les pensées automatiques sont celles auxquelles la personne réagit, mais qu’elle ne reconnaît pas comme étant le ondement de ses comportements et de ses émotions. Les pensées automatiques appa raissent habituellement à la suite d’expériences répétitives. Elles exercent une infuence sur la per ception d’une situation par la personne, et c’est cette perception, plutôt que les aits objectis relatis à la situation, qui entraîne certaines réponses émo tionnelles et comportementales. Ainsi, deux per sonnes pourraient vivre la même situation et ressentir des sentiments diérents. Par exemple, deux étudiantes en soins inrmiers reçoivent le résultat de leur évaluation sommative de stage : elles ont toutes deux obtenu 80 %. Selon leur proesseur, elles doivent améliorer la gestion de leur temps. Parce qu’elle n’a pas obtenu 90 %, l’une d’elles se sent incompétente et met en doute son choix de carrière. Cela la rend triste, et elle devient très anxieuse à la pensée de son prochain stage. Quant à la seconde, elle est très heureuse de son résultat et consciente des éléments qu’elle doit travailler. Elle est persuadée de pouvoir améliorer cet aspect de son travail au cours du stage suivant. Si les per ceptions à propos d’une situation sont erronées, les réponses et les déductions ne seront pas adaptées.
Schémas Les schémas (ou suppositions) sont des représenta tions internes de soi et du monde. Ils sont utilisés pour comprendre l’information, la coder et s’en souvenir. Beck (1967) a proposé une triade de pensées (schémas) qui déclenchent l’apparition de la dépression : • une perception négative et autodévalorisante de soi ; • une vision négative des expériences de la vie ; • une vision pessimiste de l’avenir.
TABLEAU 11.2
Un traitement erroné de l’information conduit la personne à formuler des hypothèses et à com mettre des erreurs de logique, qui entraînent à leur tour des symptômes dépressifs et une vision per pétuellement négative de la vie.
Distorsions cognitives Les distorsions cognitives lient les schémas et les pensées automatiques. Il s’agit d’une altération de la pensée sur soi, sur les autres et sur les événe ments TABLEAU 11.2.
Exemples de distorsions cognitives
DÉFINITION/DESCRIPTION
EXEMPLE
Pensée « tout ou rien » Tendance à classer les choses en deux seules catégories : les bonnes et les mauvaises. Toute erreur ou imperection incitera la personne à se déprécier.
Un proesseur se dit : « Je dois tout connaître et avoir réponse à toutes les questions de mes étudiants. Si je n’y arrive pas, c’est que je suis un mauvais proesseur. »
11
Surgénéralisation Tendance à conclure arbitrairement que lorsqu’une chose arrive une ois, elle se reproduira toute la vie.
Un candidat à l’embauche reçoit une réponse négative après une entrevue pour un premier emploi. Il se dit : « Je suis mauvais, jamais je ne trouverai de travail. »
Filtre Tendance à s’attarder à un détail négati d’une situation, ce qui amène la personne à percevoir l’ensemble de cette situation de açon négative. Ce processus de ltrage de la pensée ausse la vision de la réalité.
Un employé se rend compte qu’un collègue écrit un texto alors qu’il termine une présentation. Il pense : « Si ce collègue ne m’écoute pas, cela signie que personne ne m’écoute, car je suis incompétent. »
Rejet du positif Tendance persistante à transormer des expériences neutres ou même positives en expériences négatives.
Un comédien est ovationné à la n de son spectacle. Il pense : « Si je suis applaudi, ce n’est pas pour ma perormance, le texte était génial, et le metteur en scène, hors pair. Je ne suis pas assez bon pour qu’on m’applaudisse. »
Conclusions hâtives Erreur de prévision Tendance à tirer trop rapidement une conclusion négative que les aits ne justient pas.
Une personne aimerait participer à des ateliers de dessin, mais se ravise : « Je n’ai jamais été créative, je ne serai pas capable. À quoi bon essayer, ça ne onctionnera jamais. »
Interprétation indue ou lecture de la pensée d’autrui Tendance à décider arbitrairement que quelqu’un a une attitude négative envers soi sans prendre la peine de vérier les aits.
Au cours d’un exposé, un étudiant voit deux camarades prises d’un ou rire parce qu’elles ont remarqué que leur proesseur dormait. Il conclut à tort : « Elles rient de moi, car j’ai dit quelque chose de ridicule. »
Exagération et minimisation Tendance à amplier l’importance accordée à ses propres erreurs, à ses craintes et à ses imperections, et à minimiser ses points orts. Un événement désagréable, mais banal, devient quelque chose d’extraordinaire, de cauchemardesque.
Une personne participe à une activité sportive, mais elle est la seule débutante. Ses mouvements sont hésitants, et elle manque de soufe : « C’est ma aute, je ne saurai jamais le aire, même avec de l’entraînement. Les autres sont tellement meilleurs. »
Raisonnements émotifs Tendance à présumer que ses sentiments les plus sombres refètent nécessairement la réalité des choses.
Une personne se répète : « Je me sens coupable, j’ai donc dû aire quelque chose de mal. »
Chapitre 11
Troubles de l’humeur
249
TABLEAU 11.2
Exemples de distorsions cognitives (suite)
DÉFINITION/DESCRIPTION
EXEMPLE
Obligation « Je dois » et « Je devrais » Tendance à se motiver par des « je dois aire ceci » ou des « je devrais aire cela », ce qui entraîne un sentiment de culpabilité si les choses ne sont pas aites. Le ait d’attribuer ces obligations aux autres peut provoquer des sentiments de rustration et de colère, causant bien des déceptions inutiles dans le quotidien.
Un rère reuse gentiment de rendre service à sa sœur, car il a d’autres obligations urgentes. Cette dernière est en colère : « Je lui ai rendu service le mois dernier, il devrait accepter de m’aider. »
Étiquetage et erreurs d’étiquetage Tendance à s’apposer une étiquette négative, au lieu de qualifer son erreur. La personne ait de même avec les gens dont le comportement lui déplaît. Il s’agit d’une orme extrême de généralisation à outrance.
Un inormaticien ne comprend pas l’origine d’une panne. Son supérieur lui vient en aide. Il se dit « Je suis mauvais » plutôt que de se dire « Avec l’expérience, je progresserai ».
Personnalisation Tendance à assumer la responsabilité d’un événement âcheux sans en être la cause. C’est l’origine du sentiment de culpabilité.
Un sporti de haut niveau n’est pas sélectionné pour les Jeux olympiques. Son entraîneur conclut aussitôt : « Tout est de ma aute, je ne l’ai pas bien préparé. »
Source : Adapté de Burns (2011)
Jugement clinique Jean Lévesque est âgé de 42 ans. Sa conjointe l’a quitté pour un autre homme sans lui donner de raisons précises. Ce n’est pas la première ois qu’il vit ce genre de situation, mais cette ois-ci, il croyait vraiment pouvoir envisager une relation durable. Il confe à un ami qu’il trouve difcile de revivre le même deuil, qu’il ne se doutait aucunement de cette issue et ajoute : « Je sais que je vais m’en sortir encore une ois, que je dois me donner du temps pour m’en remettre, mais je ne comprends pas ce qui m’arrive. » Puis, il se met à pleurer.
Les types de stresseurs sont distingués dans le chapitre 10, Stress et troubles de l’adaptation.
250
Partie 3
La théorie cognitive présume que la dépression résulte d’erreurs cognitives. Cette cognition altérée implique l’incapacité apprise, qui peut se maniester par de la détresse, de l’apathie, un sentiment d’impuissance et la dépression.
D’après la théorie originale de Seligman (1975), le ait de vivre des événements stres sants sans pouvoir les maîtri ser entraîne une absence de motivation à réagir à l’environnement. La théorie de l’incapacité apprise a été enrichie pour souligner que, devant des évé nements actuels et à l’égard des expériences pas sées, les personnes ont l’idée (cognition) que les événements extérieurs sont non maîtrisables (Abramson, Seligman & Teasdale, 1978).
Diriez-vous que monsieur Lévesque est à risque de dépression actuellement ? Justifez votre réponse.
10
Théorie de l’incapacité apprise
pense qu’elle est incapable de se relever de son divorce (instabilité), que sa vie entière est gâchée (généralisation) et que son précédent mariage est l’unique centre de sa vie (importance). L’absence de soutien social au moment où ces événements négatis se produisent peut mener à une augmen tation de la détresse, du désespoir et de la dépres sion (Caron & Guay, 2005).
Théorie du stress Holmes et Rahe (1967) indiquent que tous les évé nements, même les plus agréables, sont suscepti bles de provoquer du stress à divers degrés. Ainsi, même des vacances ou une promotion peuvent générer un stress élevé 10 . La perception ou l’évaluation que ait la personne d’un événement est aussi importante que le changement consécuti dans le quotidien. Les acteurs comme le soutien social et la perception que la personne a de ce sou tien infuent également sur l’eet d’un événement stressant (Caron & Guay, 2005).
Plusieurs acteurs sociaux stressants contribue raient de açon importante à rendre une personne La théorie du désespoir est un prolongement vulnérable à la dépression (Brown & Harris, 1978). de la théorie de l’incapacité apprise. Selon cette Ravindran et ses collaborateurs (2002) ont associé théorie, l’incapacité est l’une des composantes du l’état dépressi à une perception accrue du stress, désespoir, qui serait, lui, un acteur de dépression. à une perception diminuée des événements posi Les conclusions négatives auxquelles arrive le tis, au recours à des stratégies d’adaptation on client, jumelées à la négation du soi, sont des élé dées sur les émotions plutôt que sur la pensée ments clés du trouble dépressi. Lorsque survient un événement malheureux, les personnes qui rationnelle et sur la qualité de vie. Le stress vécu pendant la petite enance, sont à risque de dépres y compris la maltraitance sion attribuent une insta La perception ou l’évaluation que fait la envers les enants ainsi bilité, une généralisation personne d’un événement est aussi imporque la perte, inlue sur et une importance exces tante que le changement consécutif dans l’apparition de la dépres sive à ces événements. le quotidien. Par exemple, une cliente sion, probablement en
Troubles mentaux
raison de la perturbation du onctionnement de l’axe hypothalamohypophysosurrénalien, comme expliqué en début de section. Les événe ments de la vie sont susceptibles d’avoir un impact sur l’apparition et la récurrence de la dépression, déterminé par l’expérience psychologique et, en dénitive, biologique du stress (Heim, Newport, Mletzko et al., 2008). Par ailleurs, la plus grande prévalence de la dépression chez les emmes par rapport aux hommes n’est pas attribuable au nombre d’événe ments stressants rapportés ni à une sensibilité di érente aux événements stressants (Kendler, Thornton & Prescott, 2001). La situation conjugale, des exigences supérieures quant au rôle, un stress amilial plus grand ainsi que le niveau de scolarité élevé et la présence des enants dans le ménage peuvent expliquer cette diérence entre les sexes (Barnow, Linden, Lucht et al., 2002). Il y a moins de données concernant le lien entre les événements stressants de la vie et le trouble bipolaire, bien que certaines études suggèrent que la perturbation des habitudes sociales ou des rythmes circadiens pourrait jouer un rôle. Malko Schwartz et ses collaborateurs (2000) ont étudié l’infuence de la perturbation du rythme social en tant qu’événement stressant de la vie. Ils ont décou vert que les événements stressants, particulière ment la perturbation du rythme social, infuaient sur l’apparition des épisodes maniaques. Ces cher cheurs suggèrent que les interventions visant à réduire le stress et la perturbation du rythme social chez les clients ayant des antécédents de manie contribueraient à prévenir la survenue des épisodes maniaques.
Théorie psychodynamique Le principe ondamental de la théorie psychanaly tique est que les processus inconscients entraînent l’expression de symptômes, parmi lesquels gu rent la dépression et la manie. Freud (1957) a distingué la dépression du deuil normal, les deux étant une réponse à une perte réelle ou symbolique. D’après Freud, la perte engendre, envers l’objet perdu, des sentiments intenses et hostiles. La per sonne dirige ensuite ces sentiments contre elle même, ce qui entraîne de la culpabilité et une perte d’estime de soi. La dépression est donc associée à la perte et à l’agressivité. Cependant, un grand nombre de personnes ayant vécu une perte et de la colère dans la petite enance ne eront jamais de dépres sion, tandis que d’autres qui n’ont jamais vécu de perte visible ou reconnue en sont atteintes. D’un point de vue psychodynamique, la manie est une déense contre la dépression. Le client nie ses sentiments de colère, de pauvre estime de soi et de aible valeur, et il inverse l’aect de telle sorte qu’il éprouve une conance triomphante en luimême.
Peu de données appuient les théories psychody namiques de la dépression et de la manie, bien que certaines preuves indiquent que les clients atteints de dépression ont vécu plus de pertes et de priva tions tôt dans l’enance que les personnes non déprimées (Brown & Harris, 1978). Les cliniciens remarquent également que la colère est souvent associée à la dépression, bien que la relation entre cellesci demeure obscure. La théorie psychanaly tique constitue une explication parmi d’autres pour tenter de rendre compte des dynamiques intrapsy chiques de la dépression et de la manie. La perti nence de cette perspective théorique repose sur ses réérences à l’environnement pendant la petite enance où une perte, une perturbation ou un chaos peuvent causer un stress, qui, à son tour, provoque les mécanismes physiologiques décrits dans la soussection précédente.
11.3
Épidémiologie
11
Au Québec, 6,3 % des personnes âgées de 12 ans et plus ont reçu un diagnostic de trouble de l’humeur en 2009 (Statistique Canada, 2011). Le pourcentage de emmes québécoises atteintes de trouble de l’humeur est plus élevé (8 %) que celui des hommes (4,5 %) (Statistique Canada, 2011). Les troubles bipolaires I et II touchent 2,1 % de la population canadienne, soit près de 700 000 per sonnes (Association canadienne pour le traitement des troubles anxieux et de l’humeur [CANMAT], 2009). L’âge moyen d’apparition d’un trouble bipo laire est de 17 à 21 ans (CANMAT, 2009). Touteois, de récentes études démontrent que ces troubles pourraient débuter plus tôt (Merikangas, Cui, Kattan et al., 2012). Les troubles bipolaires (comme le trouble dépressi) peuvent avoir un début précoce. Jusqu’à 66 % des personnes atteintes de troubles bipolaires présentent leur premier épisode pendant l’enance ou l’adolescence avec des répercussions importantes sur les plans individuel, amilial, psy chosocial et scolaire (CANMAT, 2009) 25 .
25 Les symptômes du trouble bipolaire d’apparition précoce et du trouble dépressif chez l’enfant sont décrits dans le chapitre 25, Enfants et adolescents.
Selon plusieurs estimations, environ 1 Canadien sur 10 (de 10 à 12 %) a vécu un épisode dépressi majeur à un moment donné de sa vie (Patten & Juby, 2008). Au Québec, la prévalence du trouble dépres si majeur serait de 17,2 % chez les emmes et de 10,5 % chez les hommes (ministère de la Santé et des Services sociaux [MSSS], 2002). Les emmes seraient de deux à quatre ois plus à risque de dépression pendant la ménopause et dans les deux années suivant celleci (Bromberger, Kravitz, Chang et al., 2011). Le risque d’être atteint d’une dépression et d’une manie augmente en cas d’antécédents a miliaux positis de troubles de l’humeur (Perlis, Chapitre 11
Troubles de l’humeur
251
26 Les manifestations et les facteurs de risque associés à la dépression chez les aînés sont présentés dans le chapitre 26, Personnes âgées.
Brown, Baker et al., 2006). Des données indiquent qu’un début de dépression à un jeune âge (adoles cence ou début de la vingtaine) ou, au contraire, après l’âge de 55 ans, annonce un trouble généra lement plus long et chronique (Greden, 2001). Les taux de diagnostic de la dépression chez les per sonnes âgées varient en onction de leur milieu de vie : de 1 à 5 % chez les personnes vivant dans la communauté et de 14 à 42 % chez les personnes hébergées dans des établissements de soins de longue durée (Institut canadien d’inormation sur la santé [ICIS], 2010) 26 . Des acteurs socioculturels sont parois liés à la dépression et à la manie (Ali, 2002). Il semble que la dépression soit plus réquente dans les groupes socioéconomiques déavorisés. Les personnes issues des quartiers les plus déavorisés du Canada seraient 85 % plus susceptibles d’être hospitalisées en raison d’une dépression que les personnes vivant dans les quartiers avorisés (ICIS, 2009). Les immigrants arrivés au Canada depuis quelques années seulement achent des taux de dépression inérieurs à ceux de la population canadienne (Ali, 2002). La dépression et la manie sont présentes dans le monde entier, mais l’appartenance ethnique et la culture ont une infuence sur l’expression des symptômes.
11.4
Description clinique
Les troubles de l’humeur sont caractérisés par la récurrence d’épisodes symptomatiques similaires dans le temps. Il s’agit de l’épisode dépressi majeur, de l’épisode maniaque, de l’épisode mixte et de l’épisode hypomaniaque. Chacun de ces épi sodes est déini selon son apparition, sa gravité, sa ré quence et sa durée. Bien que la perturbation de l’humeur Laurent Côté est un homme d’aaires âgé de 48 ans. soit le symptôme prédo Au cours d’une promenade en auto, un chauard a minant de ces troubles, des brûlé un eu rouge et a percuté sa voiture. Sa emme changements relatis à la co et ses deux fllettes sont décédées sur le coup. Il est gnition, au onctionnement hospitalisé pour un épisode dépressi majeur. Lorsque physiologique et au compor vous lui annoncez qu’il pourra avoir un congé de fn tement ont aussi partie du de semaine, il dit sur un ton monocorde avec un soutableau clinique. Ils sont dé rire timide : « J’imagine que ça va me aire du bien. » crits dans les soussections Quel type d’aect monsieur Côté présente-t-il ? suivantes.
Jugement clinique
Le DSM-IV-TR. Critères diagnostiques subdivise les troubles de l’humeur en trois catégories : les troubles dépressis (unipolaires), les troubles bipo laires et les autres troubles de l’humeur (American Psychiatric Association [APA], 2004). Suivant le DSMIVTR, le diagnostic de troubles de l’humeur se onde sur les symptômes cliniques (APA, 2004).
252
Partie 3
Troubles mentaux
11.4.1
Troubles dépressifs
Les personnes qui ont un trouble dépressi (dépres sion unipolaire) ne connaissent que des épisodes de dépression, sans épisode de trouble maniaque ou hypomaniaque. Un trouble dépressi peut être majeur, dysthymique ou non spécié.
Trouble dépressif majeur Le trouble dépressi majeur est caractérisé par la présence d’un épisode dépressi majeur. Si un seul épisode apparaît, le diagnostic sera celui d’un trouble dépressi majeur, épisode isolé. Si deux épisodes au moins se succèdent à intervalle de deux mois ou plus, il s’agira d’un trouble dépressi majeur récurrent (APA, 2004). Les maniestations de l’épisode dépressi majeur sont présentées dans l’ENCADRÉ 11.1. Selon le nombre et la gravité des symptômes, le trouble dépressi majeur est qualié de léger, modéré ou sévère (APA, 2004).
Symptômes émotionnels L’humeur dépressive ainsi que la perte d’intérêt et de la capacité d’éprouver du plaisir (anhédonie) sont les deux principaux symptômes d’un épisode dépres si majeur. Pour qu’un diagnostic de trouble dépressi majeur soit posé, le client doit donc éprouver au moins l’un de ces deux symptômes (APA, 2004). Le client peut dire qu’il se sent déprimé, triste, vide ou insensible. Il peut signaler des dicultés à retirer du plaisir ou de la satisaction de ses acti vités habituelles, comme la sexualité, les loisirs ou les sorties avec des amis. Bien que les clients décrivent généralement des sentiments de tristesse ou des pleurs réquents, certaines personnes atteintes de dépression sont incapables de décrire leurs sentiments et signalent plutôt une perte d’intérêt, une déconnexion ou une incapacité à ressentir des émotions. Le client peut parois aussi éprouver de l’anxiété, de l’irritabilité ou de la colère. Il peut aire état d’un sentiment de solitude, d’impuissance ou de déses poir. L’aect d’une personne dépressive est habi tuellement plat ou émoussé, mais celleci peut sembler plutôt normale à première vue.
Symptômes cognitifs Une diminution de l’aptitude à penser, à se concen trer ou à prendre des décisions, des pensées de mort et une diminution excessive de l’estime de soi peu vent être les symptômes cognitis d’un trouble dépressi majeur (APA, 2004). Des actions comme se concentrer sur une tâche, lire le journal ou suivre une conversation peuvent s’avérer impossibles pour les clients dépressis. Ceuxci sont parois incapables de prendre des décisions concernant des questions simples, comme l’habillement le matin ou les achats à l’épi cerie. Ils éprouvent des problèmes au travail, notamment en ce qui a trait à la mémoire et aux
Critères diagnostiques du DSM-IV-TR ENCADRÉ 11.1
Épisode dépressif majeura
A. Au moins cinq des symptômes suivants doivent avoir été présents pendant une même période d’une durée de deux semaines et avoir représenté un changement par rapport au onctionnement antérieur; au moins un des symptômes est soit (1) une humeur dépressive, soit (2) une perte d’intérêt ou de plaisir. N.B. Ne pas inclure des symptômes qui sont maniestement imputables à une aection médicale générale, à des idées délirantes ou à des hallucinations non congruentes à l’humeur. (1) Humeur dépressive présente pratiquement toute la journée, presque tous les jours, signalée par le sujet (p. ex., se sent triste ou vide) ou observée par les autres (p. ex., il pleure). N.B. Éventuellement irritabilité chez l’enant et l’adolescent. (2) Diminution marquée de l’intérêt ou du plaisir pour toutes ou presque toutes les activités pratiquement toute la journée, presque tous les jours (signalée par le sujet ou observée par les autres). (3) Perte ou gain de poids signifcati en l’absence de régime (p. ex., une modifcation du poids corporel en un mois excédant 5%), ou diminution ou augmentation de l’appétit presque tous les jours. N.B. Chez l’enant, prendre en compte l’absence de l’augmentation de poids attendue. (4) Insomnie ou hypersomnie presque tous les jours. (5) Agitation ou ralentissement psychomoteur presque tous les jours (constaté par les autres, non limité à un sentiment subjecti de ébrilité ou de ralentissement intérieur).
(6) Fatigue ou perte d’énergie presque tous les jours. (7) Sentiment de dévalorisation ou de culpabilité excessive ou inappropriée (qui peut être délirante) presque tous les jours (pas seulement se aire grie ou se sentir coupable d’être malade). (8) Diminution de l’aptitude à penser ou à se concentrer, ou indécision presque tous les jours (signalée par le sujet ou observée par les autres). (9) Pensées de mort récurrentes (pas seulement une peur de mourir), idées suicidaires récurrentes sans plan précis ou tentative de suicide ou plan précis pour se suicider. B. Les symptômes ne correspondent pas aux critères d’épisode mixte. C. Les symptômes induisent une sourance cliniquement signifcative ou une altération du onctionnement social, proessionnel ou dans d’autres domaines importants. D. Les symptômes ne sont pas imputables aux eets physiologiques directs d’une substance (p. ex., substance donnant lieu à abus, médicament) ou d’une aection médicale générale (p. ex., hypothyroïdie).
11
E. Les symptômes ne sont pas mieux expliqués par un deuil, c’est-à-dire après la mort d’un être cher, les symptômes persistent pendant plus de deux mois ou s’accompagnent d’une altération marquée du onctionnement, de préoccupations morbides de dévalorisation, d’idées suicidaires, de symptômes psychotiques ou d’un ralentissement psychomoteur.
a
Il n’existe pas de code diagnostique propre à l’épisode dépressif majeur, qui ne peut pas être diagnostiqué comme une entité autonome. Cependant, il est utilisé pour établir les diagnostics des troubles dépressifs. Source : APA (2004), p. 163-165
onctions exécutives, ce qui se traduit par une incapacité à s’organiser, à commencer ou à termi ner une tâche. Les idées de suicide, de mort par cause naturelle ou les pensées existentielles sur la mort sont ré quentes. Il en va de même pour la culpabilité exces sive, la dévalorisation et les pensées négatives. Le client rumine ses actions passées ainsi que sa vision négative de luimême et du monde. Le client présente possiblement des idées déli rantes et des hallucinations. Le trouble dépressi sévère peut en eet avoir des caractéristiques psychotiques (APA, 2004).
Symptômes comportementaux Les symptômes comportementaux d’un trouble dépressi majeur sont une perte ou un gain de poids, un changement d’appétit important, de l’in somnie ou de l’hypersomnie, une agitation ou un ralentissement psychomoteurs et de la atigue (APA, 2004). Parois, le changement de poids n’est pas apparent, mais le client signale une modifca tion importante de son appétit. Les troubles du sommeil sont courants ; le client se plaint de ne pas pouvoir dormir (insomnie) ou de trop dormir (hypersomnie) presque tous les jours 19 . La personne peut exprimer des sensations de atigue,
de perte d’énergie et mentionner une incapacité à accomplir les activités de la vie quotidienne (AVQ). Elle peut négliger sa tenue vestimentaire, son appa rence ou son hygiène. Il arrive que le client ait une posture voûtée et qu’il évite le contact visuel. Un trouble dépressi a parois des caractéristiques catatoniques (APA, 2004). En cas de ralentis sement psychomoteur, ce sont particulièrement les mouvements et le débit de parole qui sont touchés. Tout le corps est ralenti, ce qui se traduit par des symptômes comme la constipation et la dyspepsie. Certains clients maniestent de l’hyperactivité plu tôt qu’un ralentissement psychomoteur. L’agitation psychomotrice est apparente lorsque le client semble agité, ne tient pas en place ou est irritable.
Dyspepsie : Digestion douloureuse et difcile, survenant sans lésion organique, après les repas.
Changements sociaux Un trouble dépressi majeur cause une détresse personnelle et un dysonctionnement social et pro essionnel importants (Agence de la santé publique du Canada [ASPC], 2006). Les changements émo tionnels, cognitis et comportementaux vécus par le client au cours d’un épisode dépressi majeur peuvent être difciles à comprendre pour les mem bres de la amille et les amis. Ceuxci peuvent alors ressentir diverses émotions comme la tristesse, la colère, la culpabilité et le sentiment d’abandon. La Chapitre 11
19 Les manifestations de l’insomnie et de l’hypersomnie sont étudiées dans le chapitre 19, Troubles du sommeil.
Troubles de l’humeur
253
détresse conjugale peut survenir pendant l’épisode dépressi et même se poursuivre après le rétablis sement. Lorsque la personne est incapable de tra vailler, les problèmes nanciers perturbent parois l’équilibre amilial. Le client peut se retirer de sa amille et éviter les interactions sociales (ASPC, 2006 ; Patten & Juby, 2008).
Trouble dysthymique La dysthymie se distingue du trouble dépressi majeur par son caractère dépressi plus léger et chronique plutôt qu’épisodique ENCADRÉ 11.2.
Symptômes émotionnels L’humeur dépressive est le symptôme prédominant du trouble dysthymique (APA, 2004). Le client peut signaler qu’il se sent chroniquement abattu, morose ou triste. L’anhédonie caractérise également le trouble dysthymique, bien qu’elle n’en soit pas l’un des symp tômes principaux (au contraire du trouble dépressi majeur). L’irritabilité ou la colère sont d’autres
symptômes. Le client peut se sentir coupable de son irritabilité, mais il est incapable de la maîtriser.
Symptômes cognitifs Les symptômes cognitis de la dysthymie sont essentiellement une aible estime de soi, une perte d’espoir et des dicultés de concentration (APA, 2004). Le client manque de conance en lui et en la vie, il réféchit aux événements du passé et se sent coupable de leurs circonstances. S’il se plaint d’une baisse de mémoire ou de concentration et d’une diculté à prendre des décisions, le dys onctionnement cogniti n’est généralement pas aussi important qu’en cas de trouble dépressi majeur.
Symptômes comportementaux Le client atteint de dysthymie se plaint couram ment de atigue ou d’une baisse d’énergie (APA, 2004). Les activités habituelles peuvent l’épuiser, et une perturbation du sommeil est possible. Le client connaît parois des variations de l’appétit (APA, 2004).
Critères diagnostiques du DSM-IV-TR ENCADRÉ 11.2
Trouble dysthymique
A. Humeur dépressive présente pratiquement toute la journée, plus de un jour sur deux pendant au moins deux ans, signalée par le sujet ou observée par les autres. N.B. Chez les enants et les adolescents, l’humeur peut être irritable, et la durée doit être d’au moins un an. B. Quand le sujet est déprimé, il présente au moins deux des symptômes suivants : (1) perte d’appétit ou hyperphagie ; (2) insomnie ou hypersomnie ; (3) baisse d’énergie ou atigue; (4) aible estime de soi ; (5) difcultés de concentration ou difcultés à prendre des décisions; (6) sentiments de perte d’espoir. C. Au cours de la période de deux ans (un an pour les enants et les adolescents) de perturbation thymique, le sujet n’a jamais eu de périodes de plus de deux mois consécutis sans présenter les symptômes des critères A et B. D. Au cours des deux premières années (de la première année pour les enants et les adolescents) de la perturbation thymique, aucun épisode dépressi majeur n’a été présent ; c’est-à-dire que la perturbation thymique n’est pas mieux expliquée par un trouble dépressi majeur chronique ou par un trouble dépressi majeur en rémission partielle. N.B. En cas d’épisode dépressi majeur antérieur, celui-ci doit avoir été en rémission complète (absence de signes Source : APA (2004), p. 172-174
254
Partie 3
Troubles mentaux
ou de symptômes signifcatis pendant deux mois) avant le développement du trouble dysthymique. Par ailleurs, après les deux premières années (la première année pour les enants et les adolescents) du trouble dysthymique, des épisodes de trouble dépressi majeur peuvent se surajouter : dans ce cas, les deux diagnostics doivent être portés si les critères d’un épisode dépressi majeur sont remplis. E. Il n’y a jamais eu d’épisode maniaque, mixte ou hypomaniaque, et les critères du trouble cyclothymique n’ont jamais été réunis. F. La perturbation thymique ne survient pas uniquement au cours de l’évolution d’un trouble psychotique chronique, tel une schizophrénie ou un trouble délirant. G. Les symptômes ne sont pas dus aux eets physiologiques directs d’une substance (p. ex., drogue donnant lieu à abus, médicament) ou d’une aection médicale générale (p. ex., hypothyroïdie). H. Les symptômes entraînent une sourance cliniquement signifcative ou une altération du onctionnement social, proessionnel ou dans d’autres domaines importants. Spécifer si : Début précoce : si survenue du trouble avant l’âge de 21 ans; Début tardi : si survenue du trouble à l’âge de 21 ans ou après. Spécifer (pour les deux années les plus récentes du trouble dysthymique) : Avec caractéristiques atypiques.
Changements sociaux Le client, déprimé, fatigué et irritable, ne tire plus la même satisfaction de ses activités, ce qui aug mente son isolement social, professionnel ou dans d’autres domaines importants (Statistique Canada, 2012). Le TABLEAU 11.3 permet de comparer les symptômes cliniques du trouble dépressif majeur et du trouble dysthymique.
Troubles dépressis non spécifés Certains troubles dépressifs ne correspondent pas aux critères du trouble dépressif majeur ou à ceux du trouble dysthymique, ou sont des troubles en soi. Il s’agit du trouble dysphorique prémenstruel, du trouble dépressif mineur, du trouble dépressif bref récurrent et du trouble dépressif postpsycho tique de la schizophrénie (APA, 2004).
11.4.2
Symptômes cliniques TABLEAU 11.3
Troubles dépressis
TROUBLE DÉPRESSIF MAJEUR
TROUBLE DYSTHYMIQUE
Critères diagnostiques • Au moins cinq des symptômes listés ci-après, dont l’humeur dépressive ou l’anhédonie, doivent être présents pratiquement toute la journée, presque tous les jours, pendant deux semaines ou plus.
• En plus de l’humeur dépressive présente pratiquement toute la journée plus de un jour sur deux pendant deux ans ou plus, au moins deux symptômes suivants doivent être présents.
Principaux symptômes émotionnels • Humeur dépressive
• Humeur dépressive
• Anhédonie Principaux symptômes cognitis
Troubles bipolaires
Les troubles bipolaires se caractérisent par des épisodes thymiques cycliques de manie ou d’hypomanie et de dépression (APA, 2004) FIGURE 11.2. Le trouble bipolaire peut être à cycles rapides, compter au moins quatre épisodes par année et combiner manie, hypomanie ou dépression (Société pour les troubles de l’humeur du Canada [STHC], 2009). Bien que la présence de manie ou d’hypomanie soit à la base du diagnostic des trou bles bipolaires, les clients qui en sont atteints pas sent plus de temps en phase dépressive qu’en phase maniaque ou hypomaniaque (Kjernisted, 2012) FIGURE 11.3. Un client peut être atteint du trouble bipolaire I ou du trouble bipolaire II. La principale caracté ristique du trouble bipolaire I est la présence d’au moins un épisode complet maniaque ou mixte. La principale caractéristique du trouble bipolaire II est un cycle récurrent d’épisodes dépressifs majeurs qui s’accompagne d’au moins un épisode hypomaniaque. Le client recevant un diagnostic de trouble bipolaire II n’a jamais vécu un épisode maniaque ou mixte complet (APA, 2004).
• Sentiment de dévalorisation ou culpabilité excessive ou inappropriée (voire délirante)
• Faible estime de soi
• Diminution de la capacité à penser, à se concentrer ou à prendre des décisions
• Difculté à se concentrer, à mémoriser ou à prendre des décisions
• Pensées récurrentes de mort (pas nécessairement toute la journée ni tous les jours)
• Sentiments de perte d’espoir
11
Principaux symptômes comportementaux • Perte ou gain de poids important ou changement important dans l’appétit
• Perte d’appétit ou hyperphagie
• Insomnie ou hypersomnie
• Insomnie ou hypersomnie
• Fatigue ou perte d’énergie
• Baisse d’énergie ou atigue
• Agitation ou ralentissement psychomoteurs Changements sociaux • Retrait des interactions amiliales et sociales
• Retrait social
• Problèmes au travail résultant de l’incapacité à s’organiser, à commencer ou à terminer les tâches • Problèmes fnanciers Sources : Adapté de APA (2004) ; Statistique Canada (2012)
Polarité des symptômes
Euthymie
Manie
Hypomanie
9%
6%
1% 2% Asymptomatique Dépressif Maniaque/ hypomaniaque
Temps 32 % Dépression subsyndromale Dépression
Dépression
FIGURE 11.2 Le trouble bipolaire est défni par des changements cycliques d’humeur.
146 clients bipolaires (type I) suivis sur une base hebdomadaire pendant 12,8 années
53 %
46 %
50 %
86 clients bipolaires (type II) interrogés tous les 6 à 12 mois pendant 13,4 années
Symptômes affectifs mixtes/cycliques
FIGURE 11.3 Quel que soit le trouble bipolaire, le temps passé en épisode dépressi ou en période asymptomatique (euthymique) est toujours le plus long.
Chapitre 11
Troubles de l’humeur
255
Trouble bipolaire I Le trouble bipolaire I est caractérisé par la présence d’au moins un épisode complet maniaque ou mixte (APA, 2004). Des épisodes dépressis ou hypoma niaques peuvent s’être produits dans le passé, et des symptômes psychotiques (délires, hallucina tions) ont parois partie du tableau clinique.
Épisode maniaque ou mixte L’épisode maniaque est déni par une humeur anormalement élevée et exaltée pendant au moins une semaine, tandis que l’épisode mixte réunit les critères de l’épisode maniaque et de l’épisode dépressi majeur presque tous les jours pendant au moins une semaine (APA, 2004). L’ENCADRÉ 11.3 résume leurs maniestations cliniques.
Spécifcités de l’épisode maniaque | Symptômes émotionnels | Le client semble eupho rique, avec des périodes ponctuées par l’irritabilité et la colère. Certains clients signalent une euphorie minime, mais décrivent une irritabilité constante.
La labilité émotionnelle, notamment les fuctua tions entre l’euphorie et la colère, est courante. | Symptômes cognitis | Une augmentation exagérée de l’estime de soi et le délire de grandeur sont des symptômes courants de la manie (APA, 2004). Le client indique qu’il est capable de faire des choses mieux que les autres. Au fur et à mesure que la manie s’intensie, le client se décrit dans des termes glorieux et peut s’imaginer qu’il est capable d’exploits et d’accomplissements extraordinaires. Les idées de grandeur peuvent être évidentes durant les épisodes de manie graves, lorsque le client pense qu’il possède des dons extraordi naires, qu’il est célèbre ou qu’il connaît personnelle ment une personne de renom. Le client atteint de manie a une faible autocritique et un jugement altéré. La manie est également caractérisée par des pen sées qui délent et par la uite des idées. Cette der nière se traduit par un enchaînement rapide d’idées peu élaborées ayant un certain rapport entre elles et par un changement rapide de sujets. Le relâchement
Critères diagnostiques du DSM-IV-TR
Épisodes maniaque et mixtea
ENCADRÉ 11.3 ÉPISODE MANIAQUE
A. Une période nettement délimitée durant laquelle l’humeur est élevée de açon anormale et persistante, pendant au moins une semaine (ou toute autre durée si l’hospitalisation est nécessaire). B. Au cours de cette période de perturbation de l’humeur, au moins trois des symptômes suivants (quatre si l’humeur est seulement irritable) ont persisté avec une intensité sufsante : (1) augmentation de l’estime de soi ou idées de grandeur; (2) réduction du besoin de sommeil (p. ex., le sujet se sent reposé après seulement trois heures de sommeil); (3) plus grande communicabilité que d’habitude ou désir de parler constamment ; (4) uite des idées ou sensations subjectives que les pensées déflent; (5) distractibilité (p. ex., l’attention est trop acilement attirée par des stimulus extérieurs sans importance ou insignifants); (6) augmentation de l’activité orientée vers un but (social, proessionnel, scolaire ou sexuel) ou agitation psychomotrice ; (7) engagement excessi dans des activités agréables, mais à potentiel élevé de conséquences dommageables (p. ex., la personne se lance sans retenue dans des achats inconsidérés, des conduites sexuelles inconséquentes ou des investissements commerciaux déraisonnables). C. Les symptômes ne répondent pas aux critères d’un épisode mixte. D. La perturbation de l’humeur est sufsamment sévère pour entraîner une altération marquée du onctionnement proessionnel, des activités sociales ou des relations interpersonnelles, ou pour nécessiter l’hospitalisation afn a
de prévenir des conséquences dommageables pour le sujet ou pour autrui, ou bien il existe des caractéristiques psychotiques. E. Les symptômes ne sont pas dus aux eets physiologiques directs d’une substance (p. ex., substance donnant lieu à abus, médicament ou autre traitement) ou d’une aection médicale générale (p. ex., hyperthyroïdie). N.B. Des épisodes d’allure maniaque clairement secondaires à un traitement antidépresseur somatique (p. ex., médicament, sismothérapie, photothérapie) ne doivent pas être pris en compte pour le diagnostic de trouble bipolaire I. ÉPISODE MIXTE
A. Les critères sont réunis à la ois pour un épisode maniaque et pour un épisode dépressi majeur (à l’exception du critère de durée), et cela, presque tous les jours pendant au moins une semaine. B. La perturbation de l’humeur est sufsamment sévère pour entraîner une altération marquée du onctionnement proessionnel, des activités sociales habituelles ou des relations interpersonnelles, ou pour nécessiter l’hospitalisation afn de prévenir des conséquences dommageables pour le sujet ou pour autrui, ou il existe des caractéristiques psychotiques. C. Les symptômes ne sont pas dus aux eets physiologiques directs d’une substance (p. ex., substance donnant lieu à abus, médicament ou autre traitement) ou d’une aection médicale générale (p. ex., hyperthyroïdie). N.B. Des épisodes d’allure mixte clairement secondaires à un traitement antidépresseur somatique (p. ex., médicament, sismothérapie, photothérapie) ne doivent pas être pris en compte pour le diagnostic de trouble bipolaire I.
Il n’existe pas de code diagnostique propre aux épisodes maniaque et mixte, qui ne peuvent pas être diagnostiqués comme des entités autonomes. Cependant, ils sont utilisés pour établir les diagnostics des troubles bipolaires. Source : APA (2004), p. 165-167
256
Partie 3
Troubles mentaux
des associations s’exprime des épisodes de rage au Le client atteint de manie a une faible volant et des transactions par le ait que les idées par autocritique et un jugement altéré. d’aaires imprudentes tent parois dans tous les (Statistique Canada, 2012). sens, sans qu’il y ait de rap port entre elles. Lorsque le relâchement des asso | Changements sociaux | Au début, la manie semble ciations est marqué, le discours peut devenir promouvoir la sociabilité, et le client devient plus incohérent. sociable et acti. Très vite, | Symptômes perceptuels | Un des symptômes per cependant, avec l’intuition ceptuels de la manie est la distractibilité, c’està et le jugement qui ont Osvaldo Perez est âgé de 28 ans. Il dit être le meilleur dire un état où l’attention est acilement et déaut, ce même client cycliste de la ville et, pour le prouver, il a parcouru devient dérangeant. Il inter réquemment attirée par des stimulus non perti 100 km de vélo en pleine nuit. C’est avec un large rompt les conversations et nents (APA, 2004). Le client semble incapable de sourire adressé à sa copine qu’il ajoute : « Je l’avais dit fltrer les stimulus périphériques (p. ex., les bruits, les activités des autres, que j’étais le meilleur. Je ne suis même pas fatigué et les autres voix et les attractions visuelles) qui ne passe de l’euphorie à la co je n’ai pas sommeil. » Il repart aussitôt pour acheter sont pas nécessaires ou pertinents pour la tâche en lère et perturbe les interac deux paires supplémentaires de souliers de course. cours. La distractibilité gêne l’attention, la concen tions sociales. Le client Il en avait déjà acheté une la veille. atteint de manie a de la dif tration et la mémoire. Nommez au moins deux symptômes d’un épisode culté à respecter les limites à Les perturbations perceptuelles peuvent égale maniaque que présente monsieur Perez. la ois physiques et émo ment se maniester sous orme d’hallucinations. Les tionnelles ; il empiète sur hallucinations maniaques peuvent survenir sous l’espace physique des autres et se mêle des pro n’importe quel mode sensoriel, mais elles sont blèmes personnels de ceuxci. D’abord drôle et généralement auditives, avec des thèmes qui appar plein d’esprit, il peut devenir colérique et isolé au tiennent au délire de grandeur, au pouvoir et, occa ur et à mesure que l’humeur s’intensife. sionnellement, à la paranoïa. Environ la moitié des épisodes maniaques sont caractérisés par la pré Trouble bipolaire II sence d’éléments psychotiques (Yathman, Kennedy, Le diagnostic de trouble bipolaire II est posé en O’Donovan et al., 2005). présence de un ou de plusieurs épisodes dépres | Symptômes comportementaux | L’augmentation de sis majeurs et d’au moins un épisode hypoma l’activité psychomotrice est un symptôme notable niaque. Le client recevant un diagnostic de trouble de la manie (APA, 2004). Au ur et à mesure que la bipolaire II n’a jamais vécu un épisode maniaque manie progresse, le client devient plus loquace, le ou mixte (APA, 2004). Il peut s’avérer difcile de débit de son discours s’accélère et peut être difcile poser ce diagnostic chez les personnes habituel à suivre ou à interrompre (logorrhée ou pression de lement très énergiques et perormantes ou si les la parole). Le besoin de sommeil diminue égale eets sur la vie sociale ou proessionnelle sont ment, et le client ne se sent pas atigué (APA, 2004). limités (STHC, 2009). L’apparence de certains clients peut devenir Les épisodes maniaques et hypomaniaques révè négligée, leurs vêtements sont dépareillés, leur lent les mêmes symptômes et se distinguent prin maquillage est excessi. Le client peut changer sou cipalement par leur gravité et leur durée. Les dainement d’apparence et porter des vêtements épisodes hypomaniaques ne sont pas sufsamment inhabituels, colorés, alors qu’il préère générale graves pour causer un dysonctionnement social et proessionnel notable ni pour exiger une hospita ment les couleurs sombres. La personne commence à participer à plus d’acti lisation (APA, 2004).
Jugement clinique
vités, en se chargeant de tâches additionnelles et en entreprenant de nouveaux projets. La productivité peut sembler augmenter étant donné que le client eectue des tâches supplémentaires, mais au ur et à mesure que la manie s’intensife, la productivité réelle diminue, car le client devient plus distrait, désorganisé et agité. Il ait les cent pas, il remue et reste rarement immobile. Il devient de plus en plus difcile pour lui de manger ou de boire en raison de ses activités et mouvements excessis. Étant donné que son intuition et son jugement diminuent, le client entreprend des activités qu’il perçoit comme plaisantes, mais qui comportent un risque important de danger ou de conséquences négatives. Le client signale possiblement des liaisons extraconjugales, des dépenses extravagantes, des problèmes de jeu,
Pendant une phase hypomaniaque, le client peut sembler extrêmement heureux et sympa thique, à l’aise dans les conversations sociales et plein d’humour. Bien que les moments d’exal tation de l’humeur semblent être désirables, ils représentent des états aectis dysonctionnels pendant lesquels le client ne maîtrise pas complè tement les états émotionnels et les comportements qui les accompagnent. Le client peut signaler qu’il aime l’expérience de l’hypomanie. Il se sent alors plus producti, plus créati et constate un niveau de onctionnement élevé. Bien que ce soit vrai dans certains cas, il s’agit d’une période dangereuse, parce que l’hypomanie peut se transormer en manie. Lorsque le jugement diminue, le client ne parvient pas toujours à Chapitre 11
Troubles de l’humeur
257
11
reconnaître les conséquences de ses actes. Parfois, il peut cesser de prendre ses médicaments pour vivre des épisodes hypomaniaques (Corruble & Hardy, 2003). Les manifestations de l’épisode hypo maniaque sont présentées dans l’ENCADRÉ 11.4.
Trouble cyclothymique
2004). Le début de l’épisode dépressif en période postpartum est une autre caractéristique possible des troubles de l’humeur (APA, 2004).
Dépression mélancolique Les caractéristiques de la dépression mélancolique sont les suivantes :
Le trouble cyclothymique est un trouble bipolaire chronique d’une durée d’au moins deux ans (un an pour les enfants et les adolescents), au cours des quels des symptômes hypomaniaques et dépressifs sont présents sans que soient réunis les critères d’un épisode dépressif majeur. Sur une période d’au moins deux années, il ne s’écoule pas deux mois sans que les symptômes se manifestent (APA, 2004). Cependant, ces symptômes sont moins graves ou intenses que ceux qui apparaissent dans les épisodes de dépression majeure ou de manie.
• anhédonie et manque de réactivité aux stimulus habituellement agréables ;
11.4.3
• sentiment de culpabilité excessif (APA, 2004).
Autres spécifcations diagnostiques
Les symptômes d’un épisode dépressif majeur, qu’il fasse partie d’un trouble dépressif ou d’un trouble bipolaire, peuvent présenter des caractéristiques mélancoliques, atypiques ou saisonnières (APA,
• humeur dépressive perçue comme différente du sentiment ressenti après la mort d’un être cher ; • humeur dépressive plus intense le matin ; • réveil matinal précoce au moins deux heures avant l’heure habituelle ; • ralentissement psychomoteur ou agitation importante ; • perte de poids ou manque d’appétit notable ;
Dépression atypique Les symptômes de la dépression atypique incluent une réactivité de l’humeur, c’estàdire que les évé nements positifs réels ou potentiels l’améliorent (APA, 2004). Un gain de poids ou une augmentation
Critères diagnostiques du DSM-IV-TR ENCADRÉ 11.4
Épisode hypomaniaquea
A. Une période nettement délimitée durant laquelle l’humeur est élevée de açon persistante, expansive ou irritable, clairement diérente de l’humeur non dépressive habituelle, et ce, tous les jours pendant au moins quatre jours. B. Au cours de cette période de perturbation de l’humeur, au moins trois des symptômes suivants (quatre si l’humeur est seulement irritable) ont persisté avec une intensité sufsante: (1) augmentation de l’estime de soi ou idées de grandeur; (2) réduction du besoin de sommeil (p. ex., le sujet se sent reposé après seulement trois heures de sommeil); (3) plus grande communicabilité que d’habitude ou insistance pour parler constamment ; (4) uite des idées ou sensations subjectives que les pensées déflent; (5) distractibilité (p. ex., l’attention est trop acilement attirée par des stimulus extérieurs sans importance ou insignifants) ; (6) augmentation de l’activité orientée vers un but (social, proessionnel, scolaire ou sexuel) ou agitation psychomotrice ; (7) engagement excessi dans des activités agréables, mais à potentiel élevé de conséquences dommageables a
(p. ex., la personne se lance sans retenue dans des achats inconsidérés, des conduites sexuelles inconséquentes ou des investissements commerciaux déraisonnables). C. L’épisode s’accompagne de modifcations indiscutables du onctionnement, qui dière de celui du sujet hors période symptomatique. D. La perturbation de l’humeur et la modifcation du onctionnement sont maniestes pour les autres. E. La sévérité de l’épisode n’est pas sufsante pour entraîner une altération marquée du onctionnement proessionnel ou social ou pour nécessiter l’hospitalisation, et il n’existe pas de caractéristiques psychotiques. F. Les symptômes ne sont pas dus aux eets physiologiques directs d’une substance (p. ex., substance donnant lieu à abus, médicament ou autre traitement) ou d’une aection médicale générale (p. ex., hyperthyroïdie). N.B. Des épisodes d’allure hypomaniaque clairement secondaires à un traitement antidépresseur somatique (p. ex., médicament, sismothérapie, photothérapie) ne doivent pas être pris en compte pour le diagnostic de trouble bipolaire II.
Il n’existe pas de code diagnostique propre à l’épisode hypomaniaque, qui ne peut pas être diagnostiqué comme une entité autonome. Cependant, il est utilisé pour établir le diagnostic du trouble bipolaire II. Source : APA (2004), p. 167-168
258
Partie 3
Troubles mentaux
de l’appétit importante, une hypersomnie, une forte impression de lourdeur dans les bras et les jambes, ainsi qu’une sensibilité présente de longue date au rejet interpersonnel sont d’autres symptômes pos sibles (APA, 2004). La dépression atypique peut être associée plus souvent à des tentatives de sui cide que dans les autres types de dépression (SanchezGistau, Colom, Mané et al., 2009).
Trouble de l’humeur saisonnier Il y a cycle saisonnier lorsque le début et la rémis sion d’un épisode dépressif majeur (unipolaire ou bipolaire) reviennent régulièrement à la même époque chaque année (APA, 2004). Ce cycle doit être présent pendant deux années consécutives sans qu’il y ait d’épisodes apériodiques. Au cours de la vie entière de la personne, les épisodes saisonniers des troubles de l’humeur sont nettement plus nom breux que les épisodes non saisonniers. Ce cycle est couramment désigné trouble de l’humeur saisonnier. Les clients ayant un trouble de l’humeur saison nier sont habituellement atteints d’une dépression à partir d’octobre ou de novembre, et leurs symp tômes diminuent en mars ou en avril, bien que
certains manifestent un modèle inhabituel dans lequel leur dépression se produit en été FIGURE 11.4. Les caractéristiques atypiques peuvent égale ment être associées au trouble de l’humeur saison nier. Un cycle saisonnier peut également être observé dans les troubles bipolaires, en particulier dans le trouble bipolaire II, dans lesquels une aug mentation de la lumière déclenche des épisodes maniaques ou hypomaniaques.
Trouble de l’humeur postpartum Certaines femmes peuvent vivre un trouble de l’humeur postpartum, dépressif ou bipolaire, à la suite de la naissance d’un enfant FIGURE 11.5. Il s’agit de la complication la plus courante liée à cet événement. En effet, entre 15 et 20 % des nouvelles mères sont atteintes de ce trouble (Beck, 2008). Il apparaît généralement au cours des quatre semaines suivant la naissance et se caractérise par les symp tômes de dépression ou de manie décrits plus tôt dans ce chapitre (APA, 2004). Les nouvelles mères atteintes de la forme grave de ce trouble deviennent psychotiques, entendent des voix et peuvent som brer dans le délire. Certaines nouvelles mères éprouvent alors énormément de difficulté à
11
SCHÉMA DES QUATRE DIMENSIONS Trouble bipolaire II avec caractère saisonnier DIMENSION PHYSIQUE • Durant les épisodes dépressifs : diminution de l’appétit, fatigue et hypersomnie
• Durant les épisodes hypomaniaques : hyposomnie et activité intense
DIMENSION PSYCHOLOGIQUE • Alternance d’épisodes de dépression et d’hypomanie • Estime de soi changeante (selon les épisodes)
• Pensées de mort occasionnelles
Matthieu Bergeron, âgé de 34 ans, est travailleur autonome. Il est affecté par les saisons. L’hiver, il passe la plupart du temps chez lui et il manque d’énergie. Souvent, il arrête de travailler. L’été, au contraire, il déborde de vitalité, sort tous les soirs et vit dans l’euphorie.
Dépressif, monsieur Bergeron a déjà pensé à se suicider. Il n’est jamais passé à l’acte.
DIMENSION SOCIALE
DIMENSION SPIRITUELLE
• Durant les épisodes dépressifs : retrait social
• Durant les épisodes hypomaniaques : capacité de travail accrue, intense activité sexuelle
Monsieur Bergeron n’arrive pas à s’investir dans une relation quand il est triste. L’été, par contre, il s’engage dans d’innombrables projets et accumule les relations.
• Désespoir durant les épisodes dépressifs
• Idées de grandeur durant les épisodes hypomaniaques
Depuis quelques mois, monsieur Bergeron est régulièrement suivi par un psychiatre. Il prend conscience de son trouble et concentre son énergie à le gérer. Il prend scrupuleusement ses médicaments et il surveille son hygiène de vie.
FIGURE 11.4
Chapitre 11
Troubles de l’humeur
259
présente les types d’aections médicales générales et de substances communément associés à l’appa rition des troubles de l’humeur.
11.5
FIGURE 11.5 Une femme peut ressentir un changement important de son humeur dans les quatre semaines qui suivent l’accouchement.
s’occuper de leur enant. De nombreuses emmes décrivent des modifcations de l’humeur après l’accouchement qui sont moins graves et qui dis paraissent en quelques semaines. CONSEIL CLINIQUE
Lorsque l’infrmière détecte des changements de l’humeur chez le client, elle eectue une révision de la pharmacothérapie de ce dernier et vérife s’il prend des médicaments qui pourraient avoir un impact sur l’humeur.
TABLEAU 11.4
11.4.4
Troubles de l’humeur induits par une affection médicale générale ou une substance
Le DSMIVTR présente également les critères dia gnostiques des troubles de l’humeur dus à une aection médicale générale ou à la consommation d’alcool ou de drogue (APA, 2004). L’humeur dépri mée ou exaltée et les symptômes qui les accompa gnent découlent alors d’une aection médicale générale ou de l’abus de substance (p. ex., un médi cament, l’alcool, la drogue). Le TABLEAU 11.4
Affections médicales et substances fréquemment associées aux troubles de l’humeur
AFFECTIONS MÉDICALES
SUBSTANCES
• Maladie d’Alzheimer
• Alcool ou autres substances entraînant une dépendance
• Arthrite • Accident vasculaire cérébral • Anémie pernicieuse • Cardiopathies
• Antiarythmiques (p. ex., Digoxinemd) • Antibiotiques sulamides • Bêtabloquants (p. ex., Propranololmd)
• Diabète • Hépatite • Hypothyroïdie/hyperthyroïdie
• Contraceptis oraux
• Maladie de Cushing
• Diurétiques thiazidiques (p. ex., l’hydrochlorothiazide)
• Maladie de Parkinson
• Marijuana
• Maladie pulmonaire obstructive chronique
• Stéroïdes anabolisants
Pronostic
Lorsque le traitement est adéquat, le pronostic de rétablissement des personnes atteintes de troubles de l’humeur est bon (Langlois, Samskhvalov, Rehm et al., 2012). La nondemande d’aide, le manque d’inormation sur le trouble, l’absence de diagnos tic et de traitement adéquats, la nonadhésion au traitement ou la résistance des symptômes aux traitements classiques peuvent perturber le onc tionnement quotidien de ces personnes pendant de longues périodes.
11.5.1
Troubles dépressifs
Le trouble dépressi majeur est un trouble sérieux et récidivant pour la majorité des personnes atteintes (Greden, 2001). Chez les clients ayant eu un épisode de dépression majeure, 50 % vivront un épisode subséquent (ASPC, 2006). De plus, les épi sodes récurrents ont tendance à être de plus en plus intenses avec des intervalles plus courts. Ces épi sodes comportent des conséquences négatives à long terme et entravent la productivité, le onction nement social et proessionnel ainsi que la santé physique (Greden, 2001). Chaque épisode prépare le cerveau à d’autres changements négatis (Yiend, Paykel, Merritt et al., 2009). L’éducation, la sur veillance tout au long de la vie, l’adhésion au trai tement et la continuité de celuici peuvent avoriser la santé et réduire le risque de récidive. Les clients doivent être inormés de la nature récurrente de leur trouble et de l’importance de reconnaître les symptômes et de chercher de l’aide dès qu’ils se maniestent, comme expliqué dans la sixième sec tion de ce chapitre. La dysthymie continue souvent pendant des années avant que les personnes ne demandent de l’aide pour soulager leurs symptômes. De nombreuses personnes ne sont pas conscientes du ait que la dépression chronique légère qui réduit leur énergie est, en ait, une orme de trouble dépressi et peut être traitée. Malheureusement, plus de 75 % des personnes atteintes de dysthy mie inissent par sourir d’une dépression majeure (Klein, Shankman & Rose, 2006 ; Sansone & Correll, 2005).
• Mononucléose
11.5.2
• Pancréatite
Les troubles bipolaires présentent un ort taux de récidive et de rechute. Plus de 90 % des clients ayant eu un épisode maniaque vivront un épisode subséquent (Langlois et al., 2012). Les acteurs qui
• Sclérose en plaques • Virus de l’immunodéfcience humaine
260
Partie 3
Troubles mentaux
Troubles bipolaires
contribuent à la rechute sont, entre autres, l’abus de substances, la nonadhésion au traitement et les changements de routine du sommeil (Société cana dienne de psychologie, 2009). Une surveillance et un traitement adéquats permettent de maîtriser les nombreuses récidives. Des données probantes indiquent qu’il existe des diérences entre l’épisode dépressi du trouble bipolaire et celui du trouble dépressi majeur. Il s’agit des antécédents amiliaux de trouble bipo laire, de l’apparition de ce trouble à un jeune âge, du nombre accru d’épisodes dépressis en cas de trouble bipolaire et de symptômes individuels qui
11.6 11.6.1
peuvent varier. L’épisode dépressi du trouble bipo laire peut être diicile à traiter. Il se manieste par de l’hypersomnie, de l’hy perphagie et un gain de poids (Kjernisted, 2012).
Jugement clinique Goldie Dvorkin est âgée de 44 ans. Elle est hospitalisée pour tentative de suicide. Elle est atteinte de sclérose en plaques traitée par des injections S.C. d’interéron 1a (Rebimd). Elle prend également de la lévothyroxine (Synthroïdmd) pour traiter son hypothyroïdie.
Nommez deux éléments qui auraient pu avoir un eet Il est par ailleurs plus di sur son humeur et précipiter la tentative suicidaire. fcile de traiter les personnes atteintes de troubles bipo laires à cycles rapides avec épisodes mixtes. Des don nées suggèrent qu’il est alors plus difcile et plus long d’atteindre le rétablissement (Yathman et al., 2005).
Démarche de soins Collecte des données – Évaluation initiale
La plupart des clients atteints de troubles de l’hu meur ne sont pas hospitalisés et reçoivent des traitements en consultation externe. Ils sont éven tuellement traités pour un problème médical comme un épisode cardiaque aigu, un cancer ou un accident vasculaire cérébral, tout en ayant un trouble de l’humeur sousjacent qui augmente le risque de morbidité et de mortalité (Ramasubbu, Taylor, Samaan et al., 2012). Les clients dépressis consultent principalement leur omnipraticien (Patten & Juby, 2008). Ils se pré sentent tout d’abord avec des symptômes de atigue, d’insomnie ou de changement signifcati de poids. Nombre d’entre eux ne réalisent pas qu’ils sont atteints d’un trouble de l’humeur. Cela rend dif ciles le diagnostic et, par le ait même, le traitement (Solberg, Trangle & Wineman, 2005). Les clients atteints de manie peuvent se sentir si bien qu’ils ne consultent pas spontanément un médecin. C’est souvent un membre de la amille ou un proche qui les encourage à consulter (Centre de toxicomanie et de santé mentale, 2012).
Reconnaître un dérèglement de l’humeur Un client atteint d’un trouble de l’humeur exprime généralement des plaintes vagues concernant son état physique. Il peut arriver qu’un diagnostic ina déquat soit posé et des interventions inappropriées pourraient avoir lieu. L’infrmière reste vigilante et attentive aux symptômes de dépression et de manie. Son rôle est d’évaluer l’état de santé physique et mentale du client, de documenter tous les symp tômes présentés et d’intervenir adéquatement.
Évaluation de la condition mentale Il est important que l’infrmière sache reconnaître les maniestations d’un dérèglement de l’humeur .
Le TABLEAU 11.5 liste plusieurs questions visant à évaluer la condition men tale et les maniestations émotionnelles, cognitives, perceptuelles, comporte mentales et sociales d’une éventuelle perturbation de l’humeur.
Évaluation de la condition physique
Jugement clinique Jimmy Baldwin est un étudiant en linguistique âgé de 22 ans. Il a commencé à écrire un roman de sciencefction, sujet pour lequel il a toujours montré beaucoup d’intérêt. Il est suivi pour un trouble bipolaire présentement maîtrisé par la médication. Monsieur Baldwin rencontre une infrmière clinicienne en santé mentale une ois par semaine depuis sa sortie du centre hospitalier il y a deux mois. Au cours d’un échange, l’infrmière lui demande si l’écriture de son roman progresse et s’il est capable d’écrire pendant de longues heures.
Les symptômes physiques des divers troubles de l’hu Pourquoi cette question est-elle pertinente ? meur sont décrits dans la quatrième section de ce cha pitre. L’infrmière peut s’y reporter afn d’adapter les questions à poser au client. Celuici peut égale ment décrire de vagues symptômes comme des céphalées, des dorsalgies, des douleurs gastro intestinales ou des nausées. En cas de manie, le comportement hyperacti et l’incapacité à se concentrer sur des tâches empê chent souvent le client de se nourrir adéquatement, ce qui a pour résultat la déshydratation et une ali mentation défciente. À mesure que les symptômes du client en phase maniaque se détériorent, son activité métabolique augmente, et les valeurs des signes vitaux peuvent s’élever.
ALERTE CLINIQUE
Sans évaluation ni intervention appropriées, le client atteint de manie peut courir un risque de déshydratation, de malnutrition ou d’hypertension.
Déterminer le degré d’urgence L’infrmière peut demander au client d’évaluer son propre niveau de dépression ou de manie en l’invi tant à utiliser une échelle de 10 points. Elle peut lui poser la question : Si 0 correspond à un état de bienêtre et 10 à la pire dépression jamais ressentie, quelle note attribuezvous à votre humeur actuelle ? Cela lui permet d’eectuer des comparaisons quo tidiennes de l’humeur en utilisant les données empiriques propres au client. Chapitre 11
Visionnez la vidéo Trouble dépressif majeur en première ligne au http://fortinash. cheneliere.ca.
Troubles de l’humeur
261
11
Collecte des données TABLEAU 11.5
Troubles de l’humeur
QUESTIONS
OBJECTIF
Comment décririez-vous votre humeur ?
Évaluer le degré de connaissance du client par rapport à son état.
Avez-vous remarqué un changement dans votre comportement au cours des derniers mois ?
Déterminer à quel point le client est conscient de ses changements comportementaux.
Des personnes vous ont-elles dit avoir remarqué des changements de comportement chez vous comme l’irritabilité ou l’hyperactivité ?
Déterminer à quel point le client est sensible aux observations des autres par rapport à ses changements comportementaux.
Quelles activités avez-vous trouvées agréables au cours du dernier mois ? Les avez-vous appréciées autant qu’avant ? Pouvez-vous imaginer un événement ou une situation qui vous procurerait du plaisir ? Avez-vous pris plaisir à manger ou à pratiquer vos loisirs au cours du dernier mois ?
Déterminer la qualité de vie actuelle du client.
Quand avez-vous commencé à vous sentir déprimé (ou exalté) ? D’autres personnes vous ont-elles dit que votre humeur semblait plus déprimée (ou plus élevée) que d’habitude ? Vous êtes-vous déjà senti comme cela avant ? Quand ? Comment était-ce ?
Repérer les modèles comportementaux du client.
Dormez-vous bien ? Êtes-vous capable de vous endormir le soir ? Êtes-vous capable de rester endormi toute la nuit ? Vous arrive-t-il de vous réveiller tôt et d’être incapable de vous rendormir ? Dormez-vous plus que d’habitude au cours d’une période de 24 heures ? Combien d’heures ? Dormez-vous moins que d’habitude ? Combien d’heures ?
Déterminer les habitudes de sommeil du client.
Avez-vous eu de l’appétit au cours du dernier mois ? Combien de poids avez-vous pris ou perdu au cours du dernier mois ?
Déterminer l’état nutritionnel et métabolique du client.
Quel est votre niveau d’énergie ? Vous sentez-vous atigué tous les jours ? Vous arrive-t-il de sentir que vos membres sont lourds ? Avez-vous plus d’énergie que d’habitude ?
Évaluer l’état de atigue du client.
Parvenez-vous à vous concentrer sur une conversation ou sur une tâche (p. ex., sufsamment longtemps pour lire le journal) ? Êtes-vous capable de vous concentrer sur des projets ou des activités assez longtemps pour les terminer ? Qu’en est-il de votre prise de décision ? Avez-vous eu des pensées qui déflaient ?
Évaluer les habiletés cognitives du client.
Comment vous êtes-vous senti dernièrement ? Vous sentez-vous plus coupable (ou plus fer) que d’habitude à propos de choses que vous avez aites ?
Déterminer le degré de confance et d’estime de soi du client.
Vous êtes-vous senti particulièrement au ralenti dernièrement (ou vi) ? Les autres vous ont-ils dit que vous sembliez bouger ou parler plus lentement (ou rapidement) que d’habitude ?
Déterminer la présence d’un changement psychomoteur chez le client.
Vous êtes-vous senti particulièrement « surexcité » au point de l’avoir remarqué ou au point que quelqu’un vous l’a ait remarquer ?
Déterminer la présence de manie ou d’hypomanie chez le client.
Avez-vous déjà pensé à la mort ou au suicide ? Avez-vous envisagé de vous aire du mal ? Combien de ois ? Qu’avez-vous pensé précisément aire pour vous aire du mal ? Qu’est-ce qui vous a empêché de passer à l’action jusqu’à maintenant ?
Déterminer la présence d’intentions suicidaires chez le client.
Avez-vous pensé à aire du mal à une personne ou à tuer quelqu’un ? Combien de ois ? Qu’avez-vous pensé aire précisément pour aire du mal à autrui ?
Déterminer la présence d’intentions hétéroagressives chez le client.
Qu’avez-vous ait dernièrement pour gérer vos émotions et sentiments ? Cela vous a-t-il aidé ?
Évaluer l’efcacité des mécanismes et des stratégies d’adaptation du client.
À quel point votre humeur a-t-elle perturbé votre travail ? Votre amille ? Votre vie sociale ? Vos relations interpersonnelles ?
Évaluer l’omniprésence de l’humeur actuelle du client.
Avez-vous été traité par un proessionnel de la santé mentale par le passé ? Quel type de traitement avez-vous reçu ? Cela vous a-t-il aidé ?
Déterminer l’existence et l’efcacité d’un traitement antérieur.
262
Partie 3
Troubles mentaux
L’infrmière qui a reçu la ormation adéquate peut recourir à l’inventaire de dépression de Beck (1961), à l’échelle de dépression de Rush (Rush, Trivedi, Ibrahim et al., 2003) ou à l’échelle de manie de Young (Young, Biggs, Ziegler et al., 1978) TABLEAU 11.6. Ces échelles permettent d’évaluer l’exacerbation ou l’amélioration des symptômes de dépression ou de
manie et de déterminer le degré d’urgence. Les clients atteints de troubles de l’humeur vivent une sou rance émotionnelle et psychologique qui peut être associée à des risques plus élevés de suicide en cas d’épisode dépressi majeur (Olié, Guillaume, Jaussent et al., 2010). L’infrmière évalue également le risque et l’urgence suicidaires 28 .
28 Les recommandations de l’Ordre des infrmières et infrmiers du Québec (OIIQ) pour évaluer et prévenir le suicide sont présentées dans le chapitre 28, Suicide.
Collecte des données TABLEAU 11.6
Échelle de manie de Younga
SCORE
OBSERVATION
L’échelle de dépression de Beck est présentée au www.echelles-psychiatrie. com/pdf/echelle-beck.pdf.
1. Élévation de l’humeur 0
Absente
1
Légèrement ou possiblement élevée lorsqu’on l’interroge
2
Élévation subjective nette ; optimiste, plein d’assurance ; gai ; contenu approprié
3
Élevée, au contenu inapproprié ; plaisantin
4
Euphorique ; rires inappropriés ; chante
11
2. Activité motrice et énergie augmentées 0
Absentes
1
Subjectivement élevées
2
Animé ; expression gestuelle plus élevée
3
Énergie excessive ; parfois hyperactif ; agité (peut être calmé)
4
Excitation motrice ; hyperactivité continuelle (ne peut être calmé)
3. Intérêt sexuel 0
Normal ; non augmenté
1
Augmentation légère ou possible
2
Clairement augmenté lorsqu’on l’interroge
3
Parle spontanément de la sexualité ; élabore sur des thèmes sexuels ; se décrit comme étant hypersexuel
4
Agissements sexuels manifestes (envers les patients, les membres de l’équipe ou l’évaluateur)
4. Sommeil 0
Ne rapporte pas de diminution de sommeil
1
Dort jusqu’à une heure de moins que d’habitude
2
Sommeil réduit de plus de une heure par rapport à l’habitude
3
Rapporte un moins grand besoin de sommeil
4
Nie le besoin de sommeil
5. Irritabilité 0
Absente
1
Subjectivement augmentée
Chapitre 11
Troubles de l’humeur
263
TABLEAU 11.6
Échelle de manie de Younga (suite)
SCORE
OBSERVATION
2
Irritable par moment durant l’entretien ; épisodes récents d’énervement ou de colère dans le service
3
Fréquemment irritable durant l’entretien ; brusque ; abrupt
4
Hostile, non coopérati ; évaluation impossible
6. Discours (débit et quantité) 0
Pas augmenté
1
Se sent bavard
2
Augmentation du débit ou de la quantité par moments ; prolixe par moments
3
Soutenu ; augmentation consistante du débit ou de la quantité ; difcile à interrompre
4
Sous pression ; impossible à interrompre ; discours continu
7. Langage – troubles de la pensée 0
Absent
1
Circonstanciel ; légère distractivité ; pensées rapides
2
Distractivité ; perd le fl de ses idées ; change réquemment de sujet ; pensées accélérées
3
Fuite des idées ; réponses hors sujet ; difcile à suivre ; ait des rimes, écholalie
4
Incohérent ; communication impossible
8. Contenu 0
Normal
1
Projets discutables ; intérêts nouveaux
2
Projet(s) particulier(s) ; hyper religieux
3
Idées de grandeur ou de persécution ; idées de réérence
4
Délires ; hallucinations
9. Comportement agressif et perturbateur 0
Absent, coopérati
1
Sarcastique ; parle ort par moments, sur la déensive
2
Exigeant ; ait des menaces dans le service
3
Menace l’évaluateur ; crie ; évaluation difcile
4
Agressi physiquement ; destructeur ; évaluation impossible
10. Apparence
264
Partie 3
Troubles mentaux
0
Soigné et habillement adéquat
1
Légèrement négligé
2
Peu soigné ; modérément débraillé ; trop habillé
3
Débraillé ; à moitié nu ; maquillage criard
4
Complètement négligé ; orné ; accoutrement bizarre
TABLEAU 11.6
Échelle de manie de Younga (suite)
SCORE
OBSERVATION
11. Introspection 0
Présente ; admet être malade ; reconnaît le besoin de traitement
1
Éventuellement malade
2
Admet des changements de comportement, mais nie la maladie
3
Admet de possibles changements de comportement, mais nie la maladie
4
Nie tout changement de comportement
a
L’échelle de manie de Young résume les symptômes possibles de la manie. Elle est utilisée par un clinicien professionnel. Un score de gravité est accordé à chaque élément. Source : Favre, Aubry, McQuillan et al. (2003)
Documenter les habitudes de vie L’infrmière interroge le client sur les modifca tions de ses habitudes de vie et lui demande par exemple de décrire une journée type, à la re cherche de symptômes de troubles de l’humeur. Ainsi, elle le questionne sur son alimentation, la stabilité de son poids, ses habitudes de sommeil et sa capacité de concentration. Si un client se présente en consultation pour des symptômes dépressis, l’infrmière oriente son questionne ment à la recherche de périodes antérieures d’élé vation de l’humeur, de besoin moindre de sommeil, de comportements impulsis ou d’autres symptômes qui pourraient mener à l’établissement d’un diagnostic de trouble bipolaire. L’infrmière recherche également de l’inorma tion sur la dynamique amiliale, la réquence et la qualité des contacts sociaux ainsi que la pro ductivité au travail. En plus d’évaluer les antécé dents amiliaux et médicaux qui pourraient avoir un impact sur l’humeur du client, l’infrmière vérife les habitudes de consommation d’alcool, de drogue et de médicaments avec ou sans ordonnance .
11.6.2
Analyse et interprétation des données
L’infrmière utilise les données objectives et sub jectives obtenues pendant l’évaluation et se onde sur le diagnostic médical pour déterminer les pro blèmes prioritaires du client atteint d’un trouble de l’humeur. Les données provenant de toutes les sources (client, proches et autres proessionnels) sont organisées et mises en relation afn d’établir un plan d’interventions individualisé (PII). Le TABLEAU 11.7 énumère des problèmes qui décou lent souvent de troubles de l’humeur. L’infrmière établit les besoins prioritaires du client en collabo ration avec celuici.
TABLEAU 11.7
Problèmes pouvant être associés aux troubles de l’humeur
DÉPRESSION
MANIE
• Anxiété
• Accélération psychomotrice
• AVQ défcientes : bain/hygiène ; habillement/toilette ; alimentation
• AVQ défcientes : bain/hygiène ; habillement/ toilette ; alimentation
• Désespoir
• Comportements à risque
• Fatigue
• Désorganisation
• Isolement
• Isolement
• Non-adhésion au traitement
• Non-adhésion au traitement
• Perte ou gain de poids
• Perte ou gain de poids
• Risque de suicide
• Risque de violence envers soi ou autrui
• Troubles du sommeil
• Troubles du sommeil
11
Source : Adapté de North American Nursing Diagnosis Association International (NANDA-I) (2007)
11.6.3
Planifcation des soins
Établir les résultats escomptés Les résultats escomptés pour les clients atteints de troubles de l’humeur sont les comportements et les réponses (à court terme et à long terme) qui indiquent une amélioration du onctionnement. La sécurité et la santé du client sont extrêmement importantes. Les résultats escomptés sont défnis en onction des problèmes prioritaires et exigent l’exécution de soins infrmiers planifés. Ils sont établis pour les diverses phases de traitement, y compris la phase aiguë du trouble et la poursuite du traitement, et ce, afn de prévenir les rechutes et de avoriser le rétablissement à long terme. Ils donnent une orien tation à l’infrmière pour évaluer la réaction du client aux soins et son rétablissement ENCADRÉ 11.5.
Visionnez la vidéo Trouble bipolaire en épisode maniaque et diabète au http://fortinash. cheneliere.ca.
Décider des soins L’infrmière ore des soins aux clients atteints de troubles de l’humeur dans tous les milieux (p. ex., Chapitre 11
Troubles de l’humeur
265
ENCADRÉ 11.5
Exemples de résultats escomptés en cas de troubles de l’humeur
Le client sera en mesure: • de rester en sécurité et hors de danger ; • de verbaliser ses idées de suicide et de s’engager à ne pas nuire aux autres ni à lui-même ; • de verbaliser l’absence d’intentions suicidaires ou hétéroagressives ; • d’exprimer le désir de vivre et de ne pas nuire aux autres ; • de aire des plans d’avenir réalistes, en verbalisant des sentiments d’espoir ; • de signaler l’absence d’hallucinations ou de délires ; • de signaler une amélioration de son estime personnelle et de sa confance en soi ou des idées de grandeur; • de décrire des stratégies d’adaptation pour répondre aux stresseurs en tenant compte de ses orces et de ses limites ; • de mettre au point des stratégies pour pallier un sommeil inadéquat ; • de se nourrir adéquatement et de continuer à le aire; • de décrire l’évolution de son trouble, ses maniestations, ainsi que les ressources accessibles en cas de besoin ;
les centres de santé et de services sociaux, les unités de médecine et de chirurgie, les unités d’hospitali sation en psychiatrie, les cliniques pédiatriques). Les soins se concentrent non seulement sur les épisodes aigus du trouble, mais aussi sur les risques d’épisodes récurrents. L’infrmière rappelle au client le caractère chronique de son trouble et l’im portance d’une gestion à long terme efcace de celuici. L’infrmière planife les soins du client en collaboration avec ce dernier, afn qu’il puisse s’impliquer activement dans son rétablissement.
2 La stigmatisation des clients atteints de troubles mentaux et les interventions infrmières associées sont présentées dans le chapitre 2, Santé mentale et services dans la communauté.
Quel que soit le milieu, le premier objecti du plan de soins et de traitements infrmiers (PSTI) est d’établir une relation d’aide avec le client ENCADRÉ 11.6. Les clients atteints de troubles de l’humeur peuvent éprouver de la difculté à nouer une alliance thérapeutique et éviter les relations interpersonnelles. Même si les troubles de l’humeur sont considérés comme des troubles à part entière, les clients sont parois gênés de le reconnaître par peur d’être stigmatisés 2 . Une approche res pectueuse empreinte d’empathie et d’authenticité est réconortante pour les clients et avorise leur confance en l’infrmière.
11.6.4
Exécution des interventions
Les soins et traitements infrmiers pour les clients atteints de troubles de l’humeur varient selon que le client est déprimé ou maniaque. Des interven tions infrmières adaptées au client jumelées à des
266
Partie 3
Troubles mentaux
• d’établir un programme de repos et d’activités qui lui permet de remplir son rôle et d’eectuer les autosoins nécessaires ; • de connaître les médicaments, y compris leur action, leur posologie, leurs eets indésirables et thérapeutiques ; • de reconnaître les symptômes avant-coureurs (précoces) des récidives et d’utiliser des stratégies pour gérer les symptômes récurrents ; • de suivre les stratégies de traitement proessionnel et d’autosoins prescrites; • de prendre des décisions à l’aide de ses capacités de résolution de problèmes ; • de prendre l’initiative d’avoir des interactions sociales satisaisantes avec des proches ou des pairs, et ce, avec leur aide; • de participer à des activités du milieu, du groupe et de la communauté; • de signaler l’augmentation de la communication et de la résolution de problèmes avec les proches en ce qui a trait à son trouble.
interventions en collaboration avec les autres pro essionnels de la santé permettent de réduire l’acuité des épisodes du trouble et de promouvoir un onc tionnement optimal.
Soins et traitements infrmiers Les troubles de l’humeur aectent la personne dans sa globalité, comme expliqué dans la quatrième section de ce chapitre, et l’infrmière prodigue des soins directs au client.
Orir des soins directs Les premières interventions au centre hospitalier ou dans la communauté ont pour buts d’éviter les actes autodestructeurs, de promouvoir la santé physique (p. ex., s’alimenter adéquatement, se laver, soigner son apparence, dormir), de surveiller les eets des médicaments et de rétablir les processus de pensée et la communication altérés TABLEAU 11.8. Les situations cliniques SC 11.1 et 11.2 détaillent respectivement les interventions infrmières pour un client ayant un trouble dépressi majeur ou un trouble bipolaire I. L’infrmière promeut également l’estime de soi, les interactions sociales, ainsi que la compréhen sion du trouble et de son traitement en plus de souligner la nécessité d’adhérer à ce dernier. Elle renseigne aussi le client sur la planifcation de la sortie du centre hospitalier et sur la continuité des
Relation d’aide ENCADRÉ 11.6
Encourager un client atteint d’un trouble de l’humeur
RECOMMANDATIONS GÉNÉRALES
RECOMMANDATIONS EN CAS DE DÉPRESSION
La négativité de la dépression ou l’euphorie expansive, l’hyperactivité et les idées de grandeur présentes en cas de manie pourraient entraîner de la atigue, de l’irritabilité et des sentiments négatis chez l’inrmière. Celle-ci reste consciente de sa propre réaction, de son attitude et de leurs conséquences sur la relation qu’elle entretient avec le client et sur les soins subséquents. Elle garde en tête qu’un client atteint d’un trouble de l’humeur est émotionnellement sourant et qu’il a besoin d’aide. Elle évite les commentaires comme : Ressaisissez-vous ou Prenez-vous en mains. Le client a besoin d’entendre qu’il n’est pas toujours responsable de son état émotionnel et qu’il est atteint d’un trouble mental. En d’autres termes, il a besoin de ressentir l’acceptation et le respect. Il est important que l’inrmière soit ranche, conante et inspire l’espoir. Certains commentaires rassurants n’aident pas le client, parce qu’ils communiquent un aux sentiment de sécurité, par exemple : Je sais que vous allez bientôt aller mieux. Il est par contre approprié d’exprimer de l’espoir en aisant des commentaires comme: On va travailler ensemble pour que vous vous en sortiez. L’inormation ournie par le client atteint d’un trouble de l’humeur est parois minime ou inexacte à cause de ses décits cognitis, des variations de son humeur ou des perturbations de son comportement. Un membre de la amille ou un proche constitue une importante source d’inormation lorsque le client n’est pas able. Les entrevues doivent être courtes et plus directes si le client manieste des dicultés comportementales ou cognitives.
La gravité de la dépression détermine la açon de communiquer avec la personne. Un client atteint de dépression majeure est réquemment ralenti physiquement et cognitivement et éprouve des problèmes d’attention, de concentration et de prise de décision. Une communication simple et claire s’avère très utile dans cette situation. L’inrmière est plus directive si la personne a des dicultés à prendre des décisions et à onctionner. Elle peut lui dire: C’est l’heure de dîner, je vais vous accompagner plutôt que : Aimeriez-vous aller manger ? Au ur et à mesure que l’état du client s’améliore, il traite une inormation plus complexe sur le plan cogniti, se concentre mieux et prend plus acilement des décisions. RECOMMANDATIONS EN CAS DE MANIE
La communication avec un client atteint de manie mérite également une attention particulière. L’hyperactivité, l’humeur expansive ou irritable et l’incapacité à ltrer les stimulus sont des obstacles à une communication ecace. L’inrmière utilise des propos simples, clairs, directs et un ton erme. Le client doit savoir que l’inrmière se soucie de lui et qu’elle se préoccupe de son comportement. Il n’est pas approprié de demander au client d’examiner en proondeur ses sentiments lorsqu’il traverse un épisode aigu de manie. Les interactions doivent être brèves et directes pour limiter les stimulus inutiles. Il est également important de ne pas menacer ou de mettre au dé un client pendant un épisode maniaque ; dans certaines situations, l’état du client s’aggravera, et ce dernier réagira avec colère ou rage.
11
Pratiques infrmières suggérées TABLEAU 11.8
Intervenir auprès d’un client ayant un trouble de l’humeur
INTERVENTION
JUSTIFICATIONS
• Établir une alliance thérapeutique avec le client et lui maniester du respect.
• Favoriser le désir du client de communiquer ses pensées et ses sentiments.
• Évaluer le risque suicidaire au besoin, que le client soit en phase dépressive ou maniaque. Pour ce aire, tenir compte du ait que le risque suicidaire augmente lorsque le client passe de la manie à la dépression (Simpson & Jamison, 1999).
• Assurer la sécurité du client et éviter qu’il devienne un danger pour lui-même ou pour les autres.
• Maintenir un environnement sûr et sans danger au moyen d’une surveillance étroite et réquente. Entre autres, vérier qu’aucun objet ne aciliterait l’automutilation.
• Réduire le risque d’automutilation et de violence.
• Aider le client à verbaliser ses sentiments.
• Promouvoir une orme de communication saine et expressive : au cours d’un épisode aigu (particulièrement de manie), l’inrmière se concentre sur les symptômes aigus tels que les décits cognitis et l’hyperactivité, mais il est approprié d’encourager le client à discuter en proondeur de ses sentiments lorsqu’il est capable de se concentrer et de réféchir.
Chapitre 11
Troubles de l’humeur
267
TABLEAU 11.8
Intervenir auprès d’un client ayant un trouble de l’humeur (suite)
INTERVENTION
JUSTIFICATIONS
• Reuser gentiment d’établir des ententes secrètes avec le client, l’encourager plutôt à partager l’inormation importante et pertinente avec le personnel.
• Promouvoir la participation du client aux soins et sa responsabilité par rapport aux actes qu’il pose.
• Évaluer le processus cogniti et perceptuel du client.
• Établir avec précision l’existence de délires ou d’hallucinations pouvant être troublants ou nuisibles pour le client.
• Aider le client à reconnaître les pensées négatives et autodestructrices ou les idées de grandeur et à les remplacer par des pensées réalistes.
• Promouvoir des pensées plus exactes, plus positives sur soi et les autres.
• Aider le client à se fxer des attentes et des objectis quotidiens simples, réalistes et adaptés à son état, qui se complexiferont avec l’amélioration de sa condition (p. ex., marcher 15 minutes 1 ois par jour, puis augmenter progressivement la durée et la réquence).
• Faciliter le onctionnement du client désorienté grâce à un encadrement structuré.
• Fournir des directives et de l’inormation claires et simples dans un environnement orant peu de stimulus.
• Aider les clients ayant des difcultés cognitives par une communication claire et un environnement calme. Un environnement comprenant de nombreux stimulus (p. ex., du bruit, de la musique, beaucoup de monde) peut notamment entraîner une aggravation des symptômes maniaques.
• Établir des limites ermes, cohérentes et bienveillantes, notamment avec les clients atteints de manie.
• Éviter les conséquences nuisibles associées au non-respect de certaines limites. En cas de manie, le client a de la difculté à établir des limites ou à créer une structure.
• Orienter l’énergie du client vers des activités constructives.
• Favoriser le onctionnement de açon positive en aidant le client à canaliser son énergie.
• Suivre et mettre en œuvre des stratégies comme un bilan hydrique ou alimentaire ainsi qu’un suivi du poids plus réquent.
• Assurer une nutrition et une hydratation adéquates.
• Promouvoir les AVQ (bain, habillement, alimentation et toilette personnelle).
• Évaluer le onctionnement du client et augmenter son estime de soi. À noter qu’en phase de dépression aiguë, le client peut ne pas avoir l’énergie ou la motivation de prendre soin de lui. Inversement, le client maniaque peut être tellement hyperacti qu’il devient incapable de gérer ses AVQ.
• Inormer le client et ses proches sur le trouble et le traitement lorsque le client est capable d’apprendre.
• Améliorer les connaissances peut avoriser l’adhésion au traitement et réduire au minimum les sentiments de culpabilité par rapport au trouble.
• Connaître le système de soutien social du client et encourager ce dernier à l’utiliser.
• Réduire l’isolement et la solitude tout en aidant le client à surveiller le trouble et son traitement, et ce, avec du soutien.
• Encourager le client à participer à des groupes thérapeutiques qui donnent de la rétroaction.
• Recadrer la pensée du client grâce au soutien des autres ; il peut se sentir mieux compris et moins seul lorsqu’il est en contact avec des personnes vivant un problème semblable au sien.
• Féliciter le client pour ses tentatives d’alterner activités et interactions avec les autres.
• Renorcer un comportement, encourager la socialisation et promouvoir l’estime de soi par la rétroaction positive.
• Renorcer l’estime de soi du client qui atteint ses objectis. • Diminuer les symptômes dépressis et augmenter le niveau d’énergie par l’exercice.
soins. Étant donné que les épisodes de dépression et de manie touchent la amille tout entière, il est important que les proches du client comprennent le trouble et participent aux interventions an d’être en mesure d’aider le client à récupérer.
Intervenir auprès de la famille Les troubles de l’humeur ont une infuence non seulement sur le client atteint, mais aussi sur la amille. La dépression d’un parent peut par
268
Partie 3
Troubles mentaux
exemple avoir des eets négatis sur les enants et les adolescents (Marshall & HarperJaques, 2008). Le plus souvent, l’inrmière rencontre la amille ou les proches durant l’épisode aigu de dépression ou de manie du client. Les confits et les problèmes de communication qui existaient dans le milieu amilial avant le début de l’épisode s’intensiient et, généralement, le mode de onctionnement habituel est perturbé. Le client
apprécie souvent cette occasion pour exprimer sa conusion, sa colère, son inquiétude ou sa rustra tion. L’inirmière inorme les membres de la amille de la nature biologique du trouble, ce qui leur permet de comprendre la situation et de moins blâmer le client. Beaucoup sont soulagés d’entendre que l’attitude de leur proche peut s’expliquer et qu’elle est gérable. Ils sont également rassurés de savoir que l’attitude éventuellement insultante du client envers les autres membres de la amille n’est pas intentionnellement oensante, mais qu’elle ait partie des maniestations de la dépression ou de la manie. Les infrmières observent les interactions client amille, sont à l’écoute de leurs inquiétudes et recensent les domaines où des problèmes peuvent se produire. Elles collaborent avec les autres pro essionnels de santé mentale, y compris avec les travailleurs sociaux, pour mesurer le besoin d’une thérapie amiliale. Les interventions, comme celle de préparer la amille au congé du centre hospitalier, acilitent le retour du client et sa réinsertion dans la commu nauté. Même après la disparition des symptômes, le client qui a vécu des épisodes de trouble de l’hu meur peut continuer d’éprouver des difcultés dans ses relations interpersonnelles et proessionnelles.
Encourager la socialisation L’intervention de groupe peut apporter de nom breux bienaits et bénéfces au client atteint d’un trouble de l’humeur, dont la socialisation, l’accès à de l’inormation sur le trouble, des discussions portant sur de nouvelles stratégies d’adaptation, l’occasion d’exprimer ses sentiments, l’établisse ent d’objectis personnels et la prise de conscience que les autres ont des problèmes similaires, ce qui contribue à réduire l’isolement et le désespoir. L’infrmière, en collaboration avec les autres pro essionnels de santé mentale, évalue la capacité du client à participer à des groupes en se basant sur son attitude, sa condition mentale, sa prépa ration psychologique et son état physiologique.
Soins et traitements en interdisciplinarité Psychopharmacothérapie Bien qu’aucun médicament ne guérisse déi nitivement les troubles de l’humeur, des avancées majeures ont eu lieu, depuis les années 1950, dans l’élaboration des médicaments qui traitent les symptômes associés. Les recherches portant sur la neurobiologie de la dépression et de la manie ont ourni des orientations permettant de mettre au point de nouveaux médicaments. Les recherches suggèrent notamment que les antidépresseurs modifent l’expression des gènes et la neuroplasti cité (Yamada, Yamada & Higuchi, 2005). Étant donné qu’il existe plusieurs types de médi caments pour traiter diérents types de dépression et de manie chez divers clients, le choix du médi cament et de la posologie efcace pour une personne est souvent un processus complexe. Par exemple, jusqu’à deux tiers des clients ne se rétablissent pas de leur état dépressi avec le premier antidépresseur prescrit (Hadjipavlou & Lam, 2009).
L’infrmière explique aux clients que certaines personnes ne répondent pas au premier, voire au deuxième médicament prescrit, mais que la plupart trouvent un médicament qui onctionne bien pour elles. L’utilisation d’échelles d’évaluation validées aide à surveiller efcacement l’évolution des symptômes du client et l’efcacité des médicaments.
11
| Troubles dépressifs | Plusieurs types de médica ments antidépresseurs sont utilisés pour traiter les personnes ayant un trouble dépressi majeur et certaines personnes atteintes de dysthymie TABLEAU 11.9. Le choix d’un antidépresseur repo se sur plusieurs acteurs cliniques, dont le profl des symptômes, la réponse antérieure aux trai tements, les interactions médicamenteuses, la com orbidité et la sensibilité aux eets indésirables
Psychopharmacothérapie TABLEAU 11.9
Antidépresseurs recommandés pour le trouble dépressif majeur
INTENTION
MÉDICAMENTS
Première intention
• Bupropion • Citalopram • Desvenlaaxine
À titre d’exemple, les clients atteints de manie qui sont hyperactis et extrêmement agités sont incapables d’assister à une discussion de groupe, ils deviennent surstimulés et perturbent le groupe. Un client atteint d’une dépression majeure accompagnée d’un ralentissement psychomoteur et de perturbations cognitives pourrait avoir des difcultés à suivre la discussion et se sentir dépassé au sein d’un groupe ormel. Certains types de groupes (p. ex., une rencontre communautaire dans l’unité ou des groupes d’acti vités) peuvent être moins structurés et moins impressionnants qu’une thérapie de groupe or melle. L’infrmière oriente adéquatement le client et l’encourage à participer à des activités.
CONSEIL CLINIQUE
• Duloxétine • Escitalopram • Fluoxétine • Fluvoxamine • Mirtazapine • Paroxétine • Sertraline • Venlaaxine Deuxième intention
• Antidépresseurs tricycliques
Troisième intention
• Inhibiteurs de la monoamine oxydase
Source : Adapté de Ravindran, Lam, Filteau et al. (2009)
Chapitre 11
Troubles de l’humeur
269
21 Les interventions infrmières liées à l’administration des antidépresseurs sont détaillées dans le chapitre 21, Psychopharmacothérapie et autres thérapies biologiques.
TABLEAU 11.10
(Fournier, Roberge & Brouillet, 2012). Les inhibi teurs sélectis du recaptage de la sérotonine (ISRS), les inhibiteurs du recaptage de la séroto nine et de la noradrénaline (IRSN), le bupropion et la mirtazapine sont habituellement utilisés en première intention en raison de leur caractère tolérable et de leur innocuité. Les antidépresseurs tricycliques sont recommandés comme médica ments de deuxième intention, alors que les inhi biteurs de la monoamine oxydase sont des options de troisième intention (Hadjipavlou & Lam, 2009).
La période où le risque suicidaire est le plus élevé se situe dans les quelques semaines après que le client a commencé à prendre un antidépresseur (Delavenne, Garcia & Thibaut, 2012). Durant cette période, un phénomène d’activation et une levée des inhibitions peuvent se maniester et avoriser un passage à l’acte. Il est cependant important de garder à l’idée que les antidépresseurs ont en géné ral un eet protecteur du risque suicidaire chez les clients adultes atteints de dépression majeure (Delavenne et al., 2012).
Étant donnée la nature récurrente des troubles dépressis, de nombreux clients prennent ces médi caments pendant des années, voire toute leur vie (Fournier et al., 2012). Les débats portant sur la sécurité, notamment sur les avantages et les pro blèmes liés aux antidépresseurs pendant la gros sesse, continuent (Réseau canadien pour la santé des emmes [RCSF], 2010). Les antidépresseurs ont des eets puissants non seulement sur l’humeur, mais également sur tous les symptômes de la dépression, y compris les symptômes neurovégétatifs. Comme tout médicament, ils peuvent entraî ner des eets indésirables qui provoquent un malaise et ils sont parois dangereux.
Les dysonctions sexuelles, dont la diminution de la libido, l’impuissance et l’anorgasmie, seraient présentes chez environ 50 % des clients traités aux ISRS et constitueraient un moti courant d’abandon du traitement (Hadjipavlou & Lam, 2009). En éva luant l’apparition de ces symptômes, l’infrmière peut aviser le médecin qui ajustera ensuite le do sage ou prescrira un antidépresseur ayant moins tendance à provoquer une dysonction sexuelle (p. ex., le bupropion, un inhibiteur du recaptage de la noradrénaline et de la dopamine). D’autres eets indésirables causés par les antidépresseurs ont également l’objet d’une surveillance étroite de la part de l’infrmière TABLEAU 11.10 21 .
DYSFONCTIONS SEXUELLES
ANXIÉTÉ
FATIGUE
CONSTIPATION
DIARRHÉE
NAUSÉES
SUDATION
SÉCHERESSE BUCCALE
Citalopam
TREMBLEMENTS
ISRS
CÉPHALÉE
MÉDICAMENT
SOMNOLENCE
CLASSE
INSOMNIE
Effets indésirables des antidépresseurs
Escitalopram Fluoxétine Fluvoxamine Paroxétine Sertraline IRSN
Duloxétine Venlafaxine Desvenlafaxine
Autres
ND
Buproprion Mirtazapine Moclobémide
≥ 50 % ND
ND
ND 0-9 %
Source : Fournier et al. (2012)
270
Partie 3
Troubles mentaux
ND
ND 10-29 %
ND
ND
ND
ND
ND
ND
≥ 30 % selon les taux non corrigés tirés des monographies
Les premiers signes d’un eet thérapeutique peu vent être détectables de une à deux semaines après le début du traitement. Touteois, il peut s’écouler de 4 à 8 semaines avant qu’une réponse clinique (soit la réduction de 50 % des symptômes sur une échelle d’évaluation) ne soit évidente (Hadjipavlou & Lam, 2009). Lorsque le médicament commence à exercer son eet thérapeutique, un bon nombre des eets indésirables diminue généralement. L’emploi prudent de benzodiazépines peut atté nuer la nervosité ou l’agitation pouvant survenir au début du traitement par antidépresseurs. Les benzodiazépines et les hypnotiques non benzodia zépiniques peuvent aussi être prescrits an d’amé liorer le sommeil du client. Certaines données probantes indiquent que les substances à base de plantes comme le millepertuis peuvent avoir un eet sur les symptômes dépressis de légers à modérés (Clement, Covertson, Johnson et al., 2006). Les acides gras oméga3 de type AEP (qui se trouvent dans les produits de la mer comme le saumon) se sont avérés eicaces pour les clients atteints de dépression sans trouble anxieux (Lespérance, FrasureSmith, StAndré et al., 2011). Il est important que les inrmières connaissent tous les médicaments que leurs clients prennent, y com pris les produits naturels, et les autres traitements complémentaires et parallèles parce qu’ils peuvent infuer sur les eets et l’innocuité des médicaments antidépresseurs. | Troubles bipolaires | Dépression bipolaire Le traitement de l’épisode dépressi en cas de trouble bipolaire dière de celui du trouble dépressi majeur ou dysthymique. L’objecti premier est l’optimisation du stabilisateur de l’humeur. La monothérapie par le lithium, la lamotrigine ou la quétiapine et le traitement combiné lithiumdivalproex, lithium (ou divalproex)ISRS, lithium (ou divalproex)bupropion et olanzapine ISRS sont les traitements de première intention pour le traitement de la dépression bipolaire (CANMAT, 2009) 1 . Manie La première étape du traitement de la manie est le recours à un stabilisateur de l’humeur tel que le lithium et le divalproex, ou à un antipsy chotique de deuxième génération. Les médica ments de la amille des benzodiazépines peuvent être utiles pour calmer l’agitation des clients en manie, car ils agissent plus rapidement que les anticonvulsivants et le lithium 2 . Cependant, ils ne devraient pas être utilisés en monothérapie chez les clients bipolaires (Yathman et al., 2005). Dans les cas de manie aiguë où le client est agité, représente un danger pour luimême ou pour les autres et reuse la médication orale, une médi cation en injection intramusculaire pourra être administrée. Touteois, il est recommandé d’orir la médication par voie orale en premier, les études
ayant démontré que leur ecacité était la même que celle des ormules en injection (Yathman et al., 2005). Il est à noter que le lithium et les anti convulsivants ne peuvent être administrés que par voie orale. Le lithium agit comme un sel dans l’organisme, et ses concentrations sanguines sont étroitement liées à l’hydratation et aux prises de sodium du client. Il provoque les eets indésirables sui vants : eets sur le système nerveux central (tremblements, troubles de mémoire, cognition ralentie), eets gastrointestinaux (nausées, diar rhée), eets rénaux (polyurie), gain de poids et hypothyroïdie. Les concentrations sanguines en lithium doivent donc aire l’objet d’un suivi étroit pour assurer une concentration thérapeutique non toxique. Le lithium étant éliminé par les reins, l’inrmière reste prudente avec les clients atteints d’un trouble rénal, et elle leur recom mande d’utiliser les diurétiques sous surveillance étroite, car ces médicaments peuvent provoquer une augmentation rapide des concentrations san guines de lithium. Les changements en matière d’hydratation dus à la transpiration, aux vomis sements et à une diminution de la consommation de liquides peuvent également entraîner un taux de lithium élevé et une toxicité. L’inrmière en inorme le client. Par ailleurs, la thérapie au lithium augmente les risques d’hypothyroïdie. L’inrmière surveille donc régulièrement les épreuves de la onction thyroïdienne du client et est à l’aût de l’apparition des signes cliniques de l’hypothyroïdie comme la atigue, le gain de poids, un aible appétit, la sensibilité accrue au roid et un rythme cardiaque ralenti. Le traite ment consiste en une hormonothérapie de sup pléance thyroïdienne.
11
Les antipsychotiques de deuxième et troisième génération, incluant la rispéridone, l’olanzapine, la quétiapine, la ziprasidone et l’aripiprazole, sont ecaces pour le traitement de première intention de la manie aiguë (CANMAT, 2009). Certaines études suggèrent que l’utilisation combinée d’un stabilisateur de l’humeur et d’un antipsychotique de deuxième ou troisième ALERTE CLINIQUE génération pour le traite ment de la manie aiguë est 1 L’utilisation des antidépresseurs chez les clients plus rapidement ecace et dépressis atteints de troubles bipolaires doit aire augmente le taux de réponse l’objet d’une surveillance étroite en raison du risque de 20 % comparativement à de passage en phase maniaque (Bhagwagar, 2007). une monothérapie par un L’échelle de manie de Young peut aider l’infrmière stabilisateur de l’humeur à détecter de açon précoce l’exacerbation des (CANMAT, 2009). Des anti symptômes de manie. psychotiques de deuxième génération peuvent aussi 2 Les clients en phase maniaque devraient être être utilisés dans le traite encouragés à réduire au minimum leur consommation ment d’entretien de trou de stimulants comme la caéine. bles bipolaires. Chapitre 11
Troubles de l’humeur
271
E L’annexe E défnit le syndrome métabolique, ses maniestations et les interventions infrmières aérentes.
Des anticonvulsivants peuvent être prescrits pour stabiliser l’humeur. Ces médicaments com prennent le divalproex, la carbamazépine et la lamotrigine en monothérapie ou en association, ainsi que l’oxcarbazépine et le topiramate en trai tement adjuvant (CANMAT, 2009). Des études ont démontré l’efcacité du divalproex en monothé rapie dans le traitement de première intention de la manie aiguë et dans le traitement d’entretien des troubles bipolaires (CANMAT, 2009). La car bamazépine en monothérapie est généralement utilisée en deuxième intention (CANMAT, 2009). La lamotrigine, elle, est employée en première intention pour le traitement de la dépression aiguë causée par les troubles bipolaires et dans le trai tement d’entretien des troubles bipolaires, bien qu’elle soit peu efcace pour prévenir les épisodes maniaques (CANMAT, 2009). D’autres médicaments sont prescrits pour les clients pendant les épisodes de dépression ou de manie, notamment les benzodiazépines durant une période limitée pour soulager les symptômes asso ciés d’anxiété, les hypnotiquessédatis ou la trazo done pour réguler le sommeil et les antipsychotiques, pour soulager les hallucinations, les délires et les comportements extrêmement agités (CANMAT, 2009). L’ENCADRÉ 11.7 résume la psychopharma cothérapie des troubles bipolaires.
21 La procédure de l’électroconvulsivothérapie est présentée dans le chapitre 21, Psychopharmacothérapie et autres thérapies biologiques.
Les soins infrmiers relatis à l’administration d’agents psychopharmacologiques sont complexes. L’infrmière comprend le mécanisme d’action, les posologies (thérapeutiques), les eets indésirables et les éléments à surveiller pour chaque médica ment. Elle peut ainsi inormer les clients et observer les eets escomptés et indésirables du traitement. En inormant davantage les clients sur leurs médi caments, l’infrmière avorise et encourage l’adhé sion au traitement. Les clients sont alors capables de discuter de leurs inquiétudes et de aire des choix éclairés au sujet de leur traitement. Il est utile
Psychopharmacothérapie ENCADRÉ 11.7
Troubles bipolaires
• Le traitement pharmacologique de la manie aiguë dans le trouble bipolaire comprend le lithium, le divalproex, la carbamazépine et l’oxcarbazépine. • Les antipsychotiques de deuxième génération (atypiques) sont approuvés pour le traitement de la manie bipolaire aiguë. L’olanzapine en combinaison avec un ISRS et la quétiapine en monothérapie sont indiquées pour traiter la dépression bipolaire aiguë. Source : Adapté de CANMAT (2009)
272
Partie 3
Troubles mentaux
• Les antidépresseurs (p. ex., le citalopram, la fuoxétine, la paroxétine, le bupropion) sont généralement utilisés avec précaution et uniquement en combinaison avec un stabilisateur de l’humeur en raison du risque d’entraîner de la manie chez le client ou d’accélérer le rythme du cycle de l’humeur. • Les benzodiazépines, dont le clonazépam, sont souvent utilisées comme traitement adjuvant pour la manie aiguë.
d’obtenir la permission du client pour expliquer aux proches les médicaments que prend celuici afn de leur permettre d’en surveiller les eets thé rapeutiques et les eets indésirables. Cela peut avo riser l’adhésion au traitement. Les dysonctions sexuelles et le gain de poids sont des motis courants d’abandon du traitement (Fournier et al., 2012). Les clients atteints de trou bles bipolaires présentent notamment un risque accru d’obésité (CANMAT, 2009). Puisque le lithium, les anticonvulsivants, les antipsychotiques atypiques et les antidépresseurs ont été associés à un gain de poids, l’infrmière mesure, à l’admission du client, son poids et son tour de taille. Ces don nées serviront de valeurs de réérence pour le suivi du client (Yathman et al., 2005). L’infrmière sur veille étroitement l’apparition des symptômes cli niques du syndrome métabolique, notamment la circonérence de la taille du client E .
Autres thérapies de nature biologique | Électroconvulsivothérapie | L’électroconvulsivothé rapie consiste à appliquer un bre stimulus élec trique au cerveau pour provoquer des convulsions afn de traiter le trouble dépressi majeur sévère avec résistance ou intolérance à la pharmacothéra pie ou, moins réquemment, la manie intense non maîtrisée par le lithium ou par un antipsychotique (Agence d’évaluation des technologies et des modes d’intervention en santé [AETMIS], 2003). Le mode d’action précis de l’électroconvulsivo thérapie demeure à ce jour inconnu. L’eet théra peutique découlerait de la dépolarisation de structures cérébrales proondes (AETMIS, 2003). Des études ont démontré un taux d’efcacité de 80 à 90 % lorsque l’électroconvulsivothérapie est utilisée en première intention. Lorsqu’elle est employée chez les clients réractaires au traite ment pharmacologique, le taux estimé est de 50 à 60 %. Plusieurs métaanalyses ont prouvé que l’électroconvulsivothérapie a un meilleur eet antidépresseur aigu que la pharmacothérapie (AETMIS, 2003). Il existe des protocoles d’administration afn de garantir que ce traitement est sûr et efcace pour les clients 21 . Les principaux eets indésirables qui préoccupent davantage les clients sont d’ordre cogniti et incluent l’amnésie rétrograde et antéro grade à court terme (Kennedy, Lam, Parikh et al., 2009). L’utilisation des benzodiazépines et des anti convulsivants peut diminuer la durée et l’efcacité des convulsions ; ils sont habituellement omis la veille et le jour du traitement. Le lithium peut aug menter la conusion et le délirium consécuti à l’électroconvulsivothérapie. | Stimulation magnétique transcrânienne | La stimulation magnétique transcrânienne est une intervention non eractive qui consiste à placer un électroaimant sur le cuir chevelu. Le courant électrique est généré au
moyen d’oscillations rapides dans le champ magné tique, ce qui provoque la dépolarisation des neuro nes corticaux. Bien que le mode d’action précis de ses eets antidépresseurs demeure inconnu, cette intervention peut augmenter les concentrations de monoamine dans le cerveau lorsqu’elle est eectuée à plusieurs reprises. Les premières recherches ont donné des résultats encourageants en ce qui concerne la dépression unipolaire (Fitzgerald, Benitez, de Castella et al., 2006). La stimulation magnétique transcrânienne est recommandée comme traitement de deuxième intention pour le trouble dépressi majeur résistant au traitement (Fournier et al., 2012). | Stimulation du nerf vague | La stimulation du ner vague est provoquée par un stimulateur de ce ner implanté dans la paroi gauche de la cage thora cique sous la clavicule. Ce traitement s’est révélé utile, particulièrement pour les clients dont le trouble dépressi majeur résiste au traitement pharmacologique ou psychologique (George & AstonJones, 2010). | Stimulation des tissus profonds du cerveau | Ce traite ment consiste à insérer une électrode proondément dans le cerveau et à envoyer un courant électrique qui stimule celuici. L’application de ce traitement aux clients atteints de troubles de l’humeur est récente ; la recherche actuelle examine son utilisa tion chez les clients dont le trouble dépressi majeur est réractaire au traitement (George, Sackeim, Rush et al., 2006). | Luminothérapie | La luminothérapie réduit efcace ment les symptômes des troubles de l’humeur sai sonniers. Son mécanisme d’action demeure touteois inconnu. Les chercheurs pensent que l’exposition à la lumière du matin régule les rela tions normales entre le sommeil et les rythmes cir cadiens (Golden, Gaynes, Ekstrom et al., 2005). La luminothérapie est prescrite après un examen complet des antécédents psychiatriques qui con frme l’occurrence des troubles de l’humeur saison niers. La luminothérapie est habituellement administrée à un client à son réveil, idéalement entre 5 h et 8 h. Le client est assis ou allongé en ace d’un caisson lumineux pendant une durée pouvant aller de 30 minutes (à une intensité de 10 000 lux) à plusieurs heures, selon la puissance de la source lumineuse. L’eet antidépresseur est habituellement constaté à l’intérieur de une à trois semaines (Kennedy et al., 2009). Le traitement d’entretien consiste pour le client à s’asseoir en ace de la source lumineuse pendant environ 30 minutes chaque jour. Les eets indésirables sont rares, bien que cer tains clients signalent de l’irritabilité, des cépha lées, une atigue oculaire ou de l’insomnie. La luminothérapie n’est pas efcace pour toutes les personnes atteintes d’un trouble de l’humeur
saisonnier ; certaines ne répondent pas au traite ment, et d’autres n’y réagissent que partiellement.
Psychothérapies En dépit de l’efcacité indiscutable des antidépres seurs et des stabilisateurs de l’humeur, les psycho thérapies sont également importantes pour le traitement des troubles de l’humeur. La pharmaco thérapie peut provoquer des eets indésirables importants qui interèrent avec le onctionnement habituel du client, ce qui peut mener à la nonadhé sion au traitement. De plus, une psychothérapie peut être justifée, car de nombreux problèmes psy chologiques, sociaux et interpersonnels accompa gnent les épisodes de dépression et de manie.
L’Institut universitaire en santé mentale Douglas donne de l’information sur la stimulation magnétique transcrânienne, qui peut être consultée au www. douglas.qc.ca/news/1031.
Les psychothérapies utilisées pour traiter les troubles de l’humeur et les problèmes psychoso ciaux connexes sont la thérapie cognitive, la thé rapie comportementale, la thérapie cognitivo comportementale, la thérapie interpersonnelle et la thérapie psychodynamique. Le succès de la thé rapie est lié à plusieurs acteurs : la nature de la relation entre le thérapeute et le client ; la compré hension, le soutien, l’aide et l’espoir apportés ; l’éta blissement d’un cadre de travail pour comprendre et interpréter les problèmes du client ; la possibilité d’explorer et d’essayer de nouvelles stratégies d’adaptation ; l’engagement et la motivation du client (PasseportSanté.net, 2010).
11
| Thérapie cognitive | La thérapie cognitive décrite par Beck (1967) s’intéresse aux erreurs systématiques de la pensée du client qui maintient un processus cogniti négati. Son objecti est de déceler les sché mas cognitis et les distorsions cognitives sousjacents, défnis dans la deuxième section de ce chapitre. La thérapie cognitive s’est révélée efcace pour trai ter en consultation externe les clients atteints d’un trouble dépressi de léger à modéré. Elle peut aug menter le taux d’amélioration des symptômes de la dépression (Fondation des maladies mentales, 2012). Parallèlement, l’infrmière peut aider le client à reconnaître ses pensées automatiques, afn qu’il soit capable d’examiner logiquement ses idées et ses hypothèses négatives. Cela aide le client à comparer ses pensées à la réalité et, fnalement, à les valider ou à les réuter TABLEAU 11.11. | Thérapie comportementale | La thérapie comportemen tale, souvent utilisée en conjonction avec la thérapie cognitive, peut aider les clients légèrement ou modé rément déprimés (Fondation des maladies mentales, 2012). Elle s’appuie sur la théorie de l’apprentissage. Les comportements anormaux, comme les symp tômes de dépression et de manie, apparaissent en réponse à des événements environnementaux aver sis (négatis). Le thérapeute cherche à déterminer avec les clients les comportements à modifer et les acteurs qui suscitent et renorcent ces comporte ments. L’imitation de rôles, les jeux de rôle et l’ana lyse de situations aident les clients à apprendre et à Chapitre 11
Troubles de l’humeur
273
Pratiques infrmières suggérées TABLEAU 11.11
Proposer au client de tenir un rapport quotidien des pensées dysonctionnelles
SITUATION
SENTIMENTS
PENSÉES AUTOMATIQUES
PENSÉES RATIONNELLES
RÉSULTAT
Recommandations pour le client Décrire objectivement et brièvement l’événement qui est à l’origine de l’émotion négative.
Préciser le ou les sentiments (p. ex., l’anxiété, la colère, la tristesse, etc.).
Pondérer le sentiment de 1 à 100 %.
Noter les pensées automatiques qui accompagnent les émotions.
Prendre du recul devant la situation et les pensées automatiques et noter les pensées plus rationnelles.
Réévaluer le ou les sentiments.
Pondérer le sentiment de 1 à 100 %.
Anxiété
100 %
Elle a toujours été meilleure que moi, c’est certain que je vais échouer à cet examen.
Rien ne peut confrmer que je vais subir un échec parce qu’elle a échoué. Le taux de réussite à cet examen est bon, il y a donc de ortes chances que je le réussisse si je m’y prépare bien.
Anxiété
50 %
Exemple Mon amie a échoué à son examen de conduite, que je dois aussi subir.
Source : Adapté de Burns (2011)
RAPPELEZ-VOUS…
L’apprentissage qu’une personne ait dépend de acteurs intrinsèques et extrinsèques. Nommezen trois.
pratiquer divers comportements adaptés. La thérapie ne vise pas à comprendre les problèmes sousjacents ni la psychopathologie : elle cible seulement les com portements précis pouvant être modiés. La thérapie comportementale présente plusieurs avantages (p. ex., une durée de traitement plus courte que les autres types de thérapie, une concentration sur des compor tements particuliers qui peuvent être corrigés), et elle peut s’appliquer à plusieurs clients. | Thérapie cognitivo-comportementale | Il existe plusieurs types de thérapies cognitivocomportementales (TCC) qui, comme leur nom l’indique, réunissent la thérapie cognitive et la thérapie comportemen tale (béhaviorale). L’infuence de la thérapie cognitive se perçoit dans l’utilisation de straté gies permettant de aciliter le lien entre un évé nement et la réponse à celuici, alors que l’infuence de la thérapie comportementale se manieste par la modication des comportements. La TCC aide le client à aire le lien entre les schémas de pensées, les émotions et les comportements. En reconnaissant ses distorsions cognitives et en apprenant à modier ses perceptions en lien avec les événements vécus, le client peut arriver à modier ses sentiments de açon plus positive et ainsi à changer ses comporte ments (Centre or Applied Research in Mental Health and Addictions [CARMHA], 2007). En cas de dépression, la TCC vise à aider la per sonne à planier des activités quotidiennes et à retrouver une structure de vie. En cas de trouble bipolaire, la TCC est généralement employée en plus de la pharmacothérapie, an de stabiliser l’humeur (CARMHA, 2007). Elle vise à expliquer au client la nature de son trouble et à lui enseigner comment
274
Partie 3
Troubles mentaux
déterminer et gérer les stresseurs qui peuvent déclencher un épisode de dépression. | Thérapie interpersonnelle | Le proessionnel qui utilise la thérapie interpersonnelle considère la dépression comme le résultat de modes de relations interper sonnelles pathologiques précoces et qui continuent de se répéter à l’âge adulte (Kennedy et al., 2009). L’accent est mis sur le onctionnement social et les relations interpersonnelles ; une attention particu lière est également accordée au milieu ou à l’envi ronnement. Les événements de la vie, y compris les changements, les pertes et les confits relationnels, peuvent déclencher des modes relationnels anté rieurs, et le client ressent alors un échec, une déva lorisation et une perte. Le but de la thérapie est d’éclairer le contexte social des problèmes actuels sur la base des relations précédentes et de permettre ainsi une résolution ou une gestion des problèmes interpersonnels actuels susceptible d’apporter un soulagement des symptômes. Le client et le théra peute sélectionnent un ou deux problèmes interper sonnels actuels et examinent de nouvelles stratégies communicationnelles et interpersonnelles, an de gérer les relations de açon plus ecace. La thérapie interpersonnelle donne de bons résultats chez les clients atteints d’un trouble dépressi de léger à modéré, mais rien n’indique qu’elle est plus ecace que les autres types de thé rapie (Kennedy et al., 2009). | Thérapie psychodynamique | La thérapie psychody namique s’inspire du modèle psychanalytique de Freud. Le trouble dépressi est considéré comme le résultat de la perte d’un objet aimé dans
l’enance et d’une ambivalence visàvis de cet objet ; il est également dû à l’introjection de la colère contre le moi. L’estime de soi est mise à mal, et ce cycle de perte peut se répéter tout au long de la vie. Grâce à sa relation avec le théra peute, le client parvient à découvrir des expé riences reoulées, à libérer ses sentiments, à conron ter ses mécanismes de déense, à interpréter son comportement actuel et à comprendre sa perte initiale et son besoin d’amour. La psychothérapie psychodynamique aide certains clients à acquérir une connaissance approondie de soi qui avorise un changement de comportement. Beaucoup de clients, cependant, dont ceux atteints d’un trouble dépressi majeur sévère, peuvent être incapables de participer à ce genre de thérapie ou ne pas être motivés. Pour ces clients, traiter les problèmes comme les soins personnels défcients, le ralentis sement psychomoteur et la atigue devient une priorité (Kennedy et al., 2009).
11.6.5
Évaluation des résultats – Évaluation en cours d’évolution
L’infrmière évalue les progrès du client en mesu rant l’atteinte des résultats escomptés. Elle con signe les données qui conirment ou réutent
l’atteinte de ces objectis, comme ses propres obser vations ou celles d’autres proessionnels de la santé, ainsi que les déclarations du client, de sa amille et de ses amis. L’évaluation se ait au fl des soins prodigués au centre hospitalier ou dans la communauté. Au centre hospitalier, l’infrmière prépare le congé et oriente le client vers des intervenants communau taires, en même temps qu’elle évalue les objectis prioritaires à court terme. Dans la communauté, l’infrmière peut évaluer les résultats à plus long terme, que ce soit pour des clients qui n’ont jamais été admis en centre hospitalier ou pour des clients qui en sortent. L’ENCADRÉ 11.8 établit la distinction entre les signes de rétablissement à court ou à long terme pour un client atteint de trouble dépressi ou bipolaire. Il aut noter que les clients atteints de manie présentent une situation unique, car les épisodes de manie sont souvent suivis d’une dépression. En conséquence, bien que le client ait retrouvé un état hypomaniaque ou euthymique au moment de sa sortie du centre hospitalier, l’infrmière reste atten tive à tout signe de dépression. Il sera impérati d’eectuer un suivi étroit après la sortie de l’éta blissement et le retour dans la communauté.
11
Collecte des données ENCADRÉ 11.8
Signes de rétablissement
SIGNES DE RÉTABLISSEMENT À COURT TERME
SIGNES DE RÉTABLISSEMENT À LONG TERME
Le client est en mesure:
Le client est en mesure:
• d’exprimer l’absence d’intention suicidaire imminente;
• de poursuivre les objectis atteints à court terme;
• de proposer et d’adopter des stratégies d’adaptation pour éviter le retour possible des idées suicidaires;
• d’adhérer aux soins, notamment au traitement pharmacologique ;
• de demander de l’aide si les idées suicidaires deviennent intenses;
• de montrer une amélioration continue des processus cognitis et de l’énergie ;
• de présenter un soulagement partiel des symptômes neurovégétatis de la dépression (p. ex., des perturbations du sommeil, une modication de l’appétit, de la atigue, un ralentissement psychomoteur);
• de décrire son humeur et d’en reconnaître les changements éventuels;
• de maniester une atténuation du comportement hyperacti symptomatique de la manie ;
• d’énoncer des stratégies positives et aidantes pour aire ace aux menaces, aux préoccupations et aux stresseurs;
• de montrer une amélioration du onctionnement cogniti et de la capacité à communiquer ;
• d’utiliser les techniques et les stratégies apprises pour prévenir ou diminuer les symptômes ;
• de démontrer sa capacité à eectuer les activités de la vie quotidienne et domestique ;
• de verbaliser des attentes réalistes pour soi et pour les autres ;
• de reconnaître les signes et les symptômes du trouble de l’humeur, y compris les signes avant-coureurs (précoces) qui indiquent la nécessité de demander de l’aide ; • de verbaliser sa connaissance du traitement médical et des stratégies d’autosoins nécessaires; • de décrire comment entrer en contact avec les personnes appropriées pour validation ou intervention, si nécessaire.
• de déterminer les stresseurs psychosociaux ou physiques qui infuent sur l’humeur et la pensée ;
• de aire appel à la amille ou à des proches comme source de soutien ; • d’améliorer son implication et son intégration sociales; • de reprendre ses rôles amilial et proessionnel ; • de structurer sa vie pour y inclure les activités appropriées qui avorisent le soutien social, qui réduisent le stress et qui acilitent l’adoption d’un mode de vie sain.
Chapitre 11
Troubles de l’humeur
275
Situation clinique SC 11.1
Trouble dépressi majeur récurrent
Isabelle Gagnon est une emme âgée de 28 ans, mariée et mère de 2 jeunes enants de 3 et 5 ans. Elle vient d’être admise à l’urgence psychiatrique. Elle a connu trois épisodes dépressis majeurs par le passé, dont le plus récent il y a deux ans. Quelques semaines avant l’épisode actuel de dépression, madame Gagnon et son mari ont commencé à avoir des confits par rapport aux diérentes açons d’élever leurs enants. Elle dit se sentir désespérée, bonne à rien et déclare que sa amille serait « bien mieux » si elle ne « aisait plus partie du décor ». La cliente présente les signes et les symptômes suivants : pleurs réquents, tristesse, irritabilité, incapacité de se concentrer, ce qui perturbe son travail d’enseignante
de troisième année. Elle se plaint aussi de atigue extrême qui l’empêche de répondre à certains besoins de ses propres enants. Elle se sent coupable de cela et a l’impression d’être une mauvaise mère. Elle mentionne également une perte d’appétit et une incapacité à préparer les repas. Elle a perdu 5 kg au cours des 6 dernières semaines. Cela ait 10 jours qu’elle n’a pas pris de douche, ses cheveux sont gras et ne semblent pas avoir été brossés. Elle a beaucoup de diculté à s’endormir et ne dort que trois heures par nuit. Elle pense constamment à se jeter d’un pont en voiture, et cela lui ait peur. Elle a déjà ait deux tentatives de suicide, dont l’une au cours de son dernier épisode de dépression.
DIAGNOSTICS SELON LES AXESa
Axe I Axe II Axe III Axe IV Axe V
PROBLÈME DÉCOULANT DE LA SITUATION DE SANTÉ
Risque de suicide lié à des antécédents de tentatives de suicide, aux idées suicidaires actuelles, à l’humeur déprimée, au désespoir, au confit conjugal, à l’impression d’être « une mauvaise mère »
RÉSULTAT ESCOMPTÉ
INTERVENTIONS INFIRMIÈRES
• Diminution des idées suicidaires et absence de tentative de suicide
• Évaluer le risque suicidaire.
• Trouble dépressif majeur récurrent • Différé • Antécédents de migraines • Difcultés conjugales, familiales et professionnelles • Évaluation globale du fonctionnement (EGF) = 30 (actuellement) ; EGF = 70 (année précédente)
• Assurer une surveillance discrète, étroite ou constante selon le niveau d’urgence évalué. • Déterminer les acteurs de risque et de protection. • Retirer les objets dangereux de l’environnement immédiat. • Encourager à verbaliser avec l’inrmière les sentiments négatis et les idées suicidaires dès leur apparition. • Accompagner la cliente dans la reconnaissance d’autres solutions que le suicide. • Suggérer des activités qui avoriseront l’amélioration de l’estime de soi et l’armation de soi. • Encourager la discussion au sujet des dicultés conjugales.
PROBLÈME DÉCOULANT DE LA SITUATION DE SANTÉ
Fatigue liée à l’humeur dépressive, à la privation de sommeil et qui se manieste par l’incapacité à se concentrer, par une incapacité à travailler ou à prendre soin de soi, de la maison et de la amille
RÉSULTATS ESCOMPTÉS
INTERVENTIONS INFIRMIÈRES
• Meilleur sommeil et capacité accrue de concentration
• Établir une routine de sommeil.
• Réalisation de certaines AVQ de açon autonome
• Enseigner des techniques de relaxation. • Stimuler l’exécution d’AVQ simples (p. ex., aire son lit) pour débuter, puis la participation à certaines tâches de l’unité comme arroser les plantes, nettoyer les tables de la salle à manger. • Accompagner la cliente dans la résolution de problèmes.
PROBLÈME DÉCOULANT DE LA SITUATION DE SANTÉ
Soins personnels défcients (bain/hygiène, habillement, alimentation) liés à l’humeur dépressive et à la atigue et qui se maniestent par une apparence négligée, un manque de préoccupation envers son apparence et une perte d’appétit et de poids
RÉSULTATS ESCOMPTÉS
INTERVENTIONS INFIRMIÈRES
• Intérêt accru pour les soins d’hygiène et l’apparence
• Établir avec la cliente une routine d’hygiène quotidienne progressive adaptée à son état.
• Maintien ou augmentation du poids
• Encourager le maintien de cette routine par des aide-mémoire et du renorcement positi. • Proposer de prendre cinq petits repas par jour, avec des aliments nutritis choisis par la cliente.
a
Les diagnostics sont posés selon les axes du DSM-IV-TR de l’APA (2004).
276
Partie 3
Troubles mentaux
SCHÉMA INTÉGRATEUR À partir des données consignées au dossier de la cliente, la FIGURE 11.6 illustre un exemple de plan de soins mis en œuvre par l’infrmière.
Problème de santé : Trouble dépressif majeur récurrent
11
Constat médical
Facteurs de risque
Problèmes découlant de la situation de santé
Résultats escomptés
Physiopathologie
Maniestations cliniques
Interventions interdisciplinaires
Interventions infrmières
FIGURE 11.6 Plan de soins et de traitements infrmiers d’Isabelle Gagnon
Chapitre 11
Troubles de l’humeur
277
Situation clinique SC 11.2
Trouble bipolaire I
Vincent Girard est un courtier d’assurances âgé de 40 ans. Il s’est récemment séparé de sa emme et a 2 enants de 10 et 12 ans. Le médecin a posé un diagnostic de trouble bipolaire lorsque monsieur Girard avait 21 ans, juste après l’obtention de son diplôme collégial. Il onctionne bien entre les épisodes de son trouble, particulièrement lorsque son état est stabilisé grâce aux médicaments (lithium), mais il a cessé de prendre son lithium il y a deux mois. Au cours du dernier mois, monsieur Girard est devenu de plus en plus hyperacti. Il s’est lancé dans de nouveaux projets chaque jour sans en terminer aucun et a acheté plusieurs objets dont il n’avait pas besoin. Il a appelé ses amis en insistant pour qu’ils achètent de nouvelles polices d’assurance et s’est mis en colère lorsqu’ils lui disaient non. Il prévoit investir toutes ses économies dans une entreprise commerciale risquée et
veut embaucher de 10 à 15 employés, bien qu’il ait déjà dépensé une grande partie de ses économies. Monsieur Girard ne dort que trois heures par nuit et est tellement accaparé par ses projets qu’il ne pense pas à manger ni à boire. Il s’est plaint d’avoir la bouche sèche et d’éprouver des vertiges et des nausées. Le rythme de son discours est rapide, et il se montre contrarié lorsque les gens disent qu’ils ne parviennent pas à le comprendre. Il a l’impression d’avoir des choses importantes à dire, mais ses pensées sont si rapides que ses verbalisations deviennent difciles à suivre. Lorsque sa emme l’a quitté, elle a parlé de son irritabilité, de son habitude de aire les cent pas à n’importe quelle heure de la nuit, de ses idées de grandeur et de son incapacité à gérer son argent. Finalement, ses parents et un ami proche l’ont conduit à l’urgence d’un centre hospitalier.
DIAGNOSTICS SELON LES AXESa
Axe I Axe II Axe III Axe IV Axe V
PROBLÈME DÉCOULANT DE LA SITUATION DE SANTÉ
Hyperactivité liée à l’humeur élevée et se maniestant par une uite des idées, des idées de grandeur, une désorganisation et par un jugement défcient
RÉSULTATS ESCOMPTÉS
INTERVENTIONS INFIRMIÈRES
• Diminution des symptômes maniaques selon l’échelle d’évaluation de manie de Young
• Évaluer l’humeur avec l’échelle d’évaluation de manie de Young une ois par semaine et selon l’évolution de l’état de manie.
• Capacité à terminer les tâches entreprises
• Encourager l’utilisation d’un journal de suivi de l’humeur.
• Capacité à structurer et à organiser les journées adéquatement
• Retirer l’accès aux objets susceptibles d’augmenter l’agitation psychomotrice.
• Trouble bipolaire I : épisode maniaque • Différé • Déséquilibre hydroélectrolytique • Stress conjugal, difcultés nancières • EGF = 25 (actuellement) ; EGF = 75 (année précédente)
• Diminuer les stimulus environnementaux (p. ex., la lumière, le bruit, la télévision). • Encadrer les comportements du client en établissant avec lui un horaire quotidien structuré incluant des périodes de repos et d’activité physique (p. ex., du vélo stationnaire) qui permettront de canaliser son surplus d’énergie. • Renorcer positivement les comportements ne dépassant pas les limites de l’horaire quotidien structuré. PROBLÈME DÉCOULANT DE LA SITUATION DE SANTÉ
Non-adhésion au traitement liée aux eets indésirables et se maniestant par une rechute du trouble en phase maniaque
RÉSULTATS ESCOMPTÉS
INTERVENTIONS INFIRMIÈRES
• Capacité à expliquer les conséquences de la non-adhésion au traitement
• Enseigner les eets escomptés et indésirables des médicaments.
• Adhésion au traitement
• Déterminer avec le client les signes précurseurs de rechute.
• Consultation auprès du médecin ou de l’infrmière avant de prendre la décision de cesser ou de diminuer les doses de médicament
• Renseigner le client sur le trouble bipolaire.
278
Partie 3
Troubles mentaux
• Explorer avec le client les causes de la non-adhésion au traitement.
SC 11.2
Trouble bipolaire I (suite)
PROBLÈME DÉCOULANT DE LA SITUATION DE SANTÉ
Défcit du volume liquidien lié à l’état hypermétabolique, à la prise de lithium et à une désorganisation de la pensée et maniesté par un apport hydrique insufsant, la sécheresse de la bouche, des vertiges et des nausées
RÉSULTAT ESCOMPTÉ
INTERVENTIONS INFIRMIÈRES
• Absence de signes et symptômes de déshydratation
• Établir un horaire pour l’hydratation quotidienne. • Surveiller les signes vitaux et les signes de déshydratation (p. ex., la diurèse, les nausées, les vertiges, la sécheresse de la peau et des muqueuses). • Proposer des liquides variés, mais nutritis (p. ex., des suppléments à boire). • Proposer des gels ou des liquides roids pour pallier la sécheresse de la bouche tout en avorisant l’hydratation.
PROBLÈME DÉCOULANT DE LA SITUATION DE SANTÉ
Perturbation du rôle social liée aux réactions au trouble mental et à l’arrêt de la médication et maniesté par l’altération des perceptions, l’isolement et une modifcation des comportements sociaux et de l’expression verbale
RÉSULTATS ESCOMPTÉS
INTERVENTIONS INFIRMIÈRES
• Conscience de l’impact des comportements
• Déterminer avec le client les stresseurs.
• Retour à des relations sociales satisaisantes
• Favoriser l’adhésion au traitement.
11
• Faire de la restructuration cognitive. • Enseigner des mesures de gestion du comportement (encadrement). • Favoriser la participation des proches. • Proposer l’intégration à un groupe de soutien. PROBLÈME DÉCOULANT DE LA SITUATION DE SANTÉ
Patron de sommeil perturbé lié à la manie et à l’hyperactivité et qui se manieste par une réduction des heures de sommeil, de l’agitation et de l’irritabilité
RÉSULTATS ESCOMPTÉS
INTERVENTIONS INFIRMIÈRES
• Allongement des périodes de sommeil
• Établir avec le client un horaire de sommeil progressi.
• Meilleur équilibre de l’humeur
• Reconnaître avec le client les agents perturbateurs du sommeil et proposer des stratégies pour mieux les gérer. • Prévoir des moments de calme entre les périodes d’activité. • Favoriser un environnement calme en diminuant les stimulus. • Intégrer dans la routine quotidienne des activités relaxantes (p. ex., la relaxation, la musique).
a
Les diagnostics sont posés selon les axes du DSM-IV-TR de l’APA (2004).
Chapitre 11
Troubles de l’humeur
279
SCHÉMA INTÉGRATEUR
FIGURE 11.7 Plan de soins et de traitements infrmiers de Vincent Girard
280
Partie 3
Troubles mentaux
Interventions infrmières Interventions interdisciplinaires Maniestations cliniques Physiopathologie
Résultats escomptés Problèmes découlant de la situation de santé Facteurs de risque Constat médical
Problème de santé : Trouble bipolaire I
À partir des données consignées au dossier du client, la FIGURE 11.7 illustre un plan de soins mis en œuvre par l’infrmière.
Analyse d’une situation de santé
Jugement clinique
Jorge Da Sylva est vendeur de voitures. Il est âgé de 31 ans et prend du carbonate de lithium 300 mg b.i.d. pour traiter un trouble bipolaire. Il se sent reposé et onctionnel après trois ou quatre heures de sommeil. Il a brusquement cessé de prendre son médicament il y a une semaine, car il se sent en maîtrise de luimême. Il ait des heures sup plémentaires tous les soirs puisqu’il vient tout juste d’acheter une voiture de luxe et une puis sante moto sans en aviser sa conjointe au préalable.
Celleci, ne sachant pas qu’il ne prenait plus sa médication, lui a ait remarquer que ces dépenses étaient olles, qu’il n’avait pas les moyens de s’orir ces véhicules et que c’était beaucoup plus important de payer tous les comptes à la fn du mois. Monsieur Da Sylva s’est âché, renversant quelques meubles dans la maison. Apeurée, sa conjointe a appelé le 911, et le client a été conduit à l’urgence psychia trique. Il est présentement hospitalisé jusqu’à ce que sa condition soit stabilisée. {
MISE EN ŒUVRE DE LA DÉMARCHE DE SOINS
Collecte des données – Évaluation initiale – Analyse et interprétation 1. Quel symptôme émotionnel du trouble bipolaire monsieur Da Sylva a-t-il présenté à la suite des remarques de sa conjointe ?
SOLUTIONNAIRE
2. Devriez-vous vérifer la présence d’hallucinations chez ce client ? Justifez votre réponse.
http://fortinash.cheneliere.ca
Extrait des notes d’évolution
2013-06-04 10:00 P x u cl cu d cé d u. Ct rf : jt x c dmd a pisn, d d cl x u ue d vu, u gè d mo u u can ’c. P ê, dt vb d. S u mft p t ’ê u , âch e u t q’l t d p ’u, c t mlu vdu d u a c.
Monsieur Da Sylva participe aux activités de l’unité. Il parle aisément aux autres clients, n’hé sitant pas à se joindre aux conversations sans demander la permission. Il se permet alors de leur donner des conseils au sujet des voitures et leur suggère des moyens pour diminuer leur consom mation d’essence. Son débit verbal est rapide, et {
il parle sans arrêt. Si les autres ne maniestent pas vraiment d’intérêt pour ses propos, il se âche et ne se gêne pas pour leur dire qu’ils sont imbéciles de ne pas l’écouter, car il est le meilleur vendeur dans toute la province. Il a même menacé de rap per un autre client et lui a lancé un verre d’eau en pleine fgure. {
MISE EN ŒUVRE DE LA DÉMARCHE DE SOINS
3. Comment devriez-vous qualifer le comportement social de monsieur Da Sylva ? 4. Quelle donnée de cet épisode prouve que le client est irritable ? 5. Quel autre symptôme comportemental d’un épisode maniaque reconnaissez-vous dans cet épisode ? 6. Monsieur Da Sylva manieste-t-il des idées de grandeur ? Justifez votre réponse. 7. D’après les données de cet épisode, quel problème prioritaire nécessitant un suivi clinique particulier mérite d’être inscrit dans l’extrait du plan thérapeutique infrmier du client ? Inscrivez votre réponse vis-à-vis du constat numéro 3. Extrait CONSTATS DE L’ÉVALUATION Date
Heure
N°
2013-06-04 10:00
2
2013-06-04 11:00
3
Problème ou besoin prioritaire
Épisode maniaque
Signature de l’infrmière
Yannick Beaudin Votre signature
Initiales
Y.B.
Initiales
RÉSOLU / SATISFAIT Proessionnels/ Date Heure Initiales Services concernés
Y.B.
Programme / Service
Signature de l’infrmière
Initiales
Programme / Service
Psychiatrie
Vos initiales Psychiatrie
Chapitre 11
Troubles de l’humeur
281
11
Au cours d’une rencontre formelle avec le client, vous lui soulignez qu’il a tendance à s’immiscer dans les conversations des autres sans leur en demander la permission. Il reconnaît cela, mais s’explique en disant ceci : « Les voitures, je connais {
ça. Depuis le début des temps, l’homme a toujours voulu aller plus vite. Il est même allé sur la Lune. Les soirs de pleine lune, c’est romantique. On devrait tous être romantiques. Il n’y a pas que Rome qui est antique. » {
MISE EN ŒUVRE DE LA DÉMARCHE DE SOINS
8. Sur le plan cogniti, comment doivent être qualifés les propos du client ?
Planifcation des interventions – Décisions infrmières 9. Écrivez deux directives infrmières dans l’extrait du plan thérapeutique infrmier du client pour assurer le suivi clinique du problème prioritaire numéro 2. Une de ces directives doit s’adresser également au PAB et au client. Extrait CONSTATS DE L’ÉVALUATION Date
Heure
2013-06-04 10:00
N°
2
Problème ou besoin prioritaire
Initiales
Épisode maniaque
RÉSOLU / SATISFAIT Proessionnels/ Date Heure Initiales Services concernés
Y.B.
SUIVI CLINIQUE Date
Heure
N°
2013-06-04
10:00
2
Signature de l’infrmière
Yannick Beaudin
Directive infrmière
Initiales
Y.B.
Programme / Service
Initiales
Signature de l’infrmière
CESSÉE / RÉALISÉE Date Heure Initiales
Initiales
Programme / Service
Psychiatrie Psychiatrie
10. Dans la relation thérapeutique avec monsieur Da Sylva, pourquoi est-il important de l’amener à reconnaître les pensées négatives qu’il peut entretenir au sujet des autres clients ? 11. Devriez-vous évaluer le risque suicidaire chez ce client ? Justifez votre réponse. 12. Que pourriez-vous aire pour vous assurer que monsieur Da Sylva ne montre pas de signes de violence envers les autres clients ?
Monsieur Da Sylva prend sa médication régu lièrement. Il choisit de participer à certaines acti vités de groupe, mais il manifeste parfois des accès d’irritabilité. Lorsqu’il reconnaît cela, il se retire. Quand il revient vers le groupe, il tente de changer {
les règles de l’activité et cherche à convaincre les autres que sa façon est la meilleure. S’il se heurte à un désaccord, il ne se fâche plus, mais se retire à nouveau en maugréant. ”
MISE EN ŒUVRE DE LA DÉMARCHE DE SOINS
Évaluation des résultats – Évaluation en cours d’évolution 13. D’après ces données, monsieur Da Sylva serait-il en mesure d’obtenir son congé du centre hospitalier ? Justifez votre réponse.
282
Partie 3
Troubles mentaux
APPLICATION DE LA PENSÉE CRITIQUE Dans l’application de la démarche de soins auprès de monsieur Da Sylva, l’infrmière a recours à un ensemble d’éléments (connaissances, expériences antérieures, normes institutionnelles ou protocoles, attitudes proessionnelles) pour analyser la situation de santé du client et
en comprendre les enjeux. La FIGURE 11.8 illustre le processus de pensée critique suivi par l’infrmière afn de ormuler son jugement clinique. Elle résume les principaux éléments sur lesquels l’infrmière s’appuie en onction des données de ce client, mais elle n’est pas exhaustive.
VERS UN JUGEMENT CLINIQUE NORMES
ATTITUDES
• Critères de congé du centre hospitalier pour un client ayant un trouble bipolaire • Procédure pour appliquer des mesures de contrôle
• Être ferme et authentique pour imposer des limites au client • Rester vigilante pour assurer la sécurité du client et des autres • Démontrer de l’écoute active pour ramener le client dans le sujet au cours des rencontres formelles • Demeurer calme pour ne pas le stimuler davantage
EXPÉRIENCES
CONNAISSANCES • Différences et caractéristiques des troubles dépressifs et bipolaires • Traitement pharmacologique d’un trouble bipolaire • Risques pour le client selon qu’il présente un épisode maniaque ou un épisode dépressif • Signes avant-coureurs d’un épisode de manie et d’un épisode dépressif
• Expérience de travail en santé mentale • Expérience en relation d’aide • Expérience auprès de clients atteints de trouble bipolaire
PENSÉE CRITIQUE
ÉVALUATION • • • • • •
Condition mentale de monsieur Da Sylva Risque de violence envers les autres Comportements du client lorsqu’il participe à des activités de groupe Réactions lorsqu’il se heurte à un désaccord Prise de la médication Évolution des symptômes initiaux pour autoriser le congé du centre hospitalier
JUGEMENT CLINIQUE FIGURE 11.8
Chapitre 11
Troubles de l’humeur
283
11
À retenir VERSION REPRODUCTIBLE
http://ortinash.cheneliere.ca
• Les troubles de l’humeur sont un problème de santé publique, et le trouble dépressi majeur est considéré comme la principale cause d’incapacité au monde. • Les troubles dépressis et les troubles bipolaires constituent les deux grandes catégories de troubles de l’humeur.
• De nombreuses théories, notamment biologiques et psychosociales, tentent d’expliquer les troubles de l’humeur. • La dépression et la manie s’accompagnent de symptômes émotionnels, cognitis, perceptuels, comportementaux et de changements sociaux. • Les troubles de l’humeur sont habituellement récidivants et requièrent un traitement à long terme.
• Les clients atteints de dépression et de manie sont traités dans tous les milieux de soins. • Les troubles comorbides sont réquents chez les clients atteints de troubles de l’humeur. • Les soins infrmiers consistent en une collecte des données détaillée, suivie d’une planifcation et d’interventions adaptées aux divers problèmes prioritaires qui tiennent compte des besoins physiques et
psychosociaux du client atteint d’un trouble de l’humeur. • Les infrmières collaborent avec d’autres intervenants en santé mentale pour eectuer les interventions amiliales et de groupe. • Le ait de s’eorcer de considérer l’expérience du client selon son point de vue avorise le processus thérapeutique.
Ressources VERSION COMPLÈTE ET DÉTAILLÉE
http://ortinash.cheneliere.ca
Références Internet ORGANISMES ET ASSOCIATIONS Association canadienne pour la santé mentale (ACSM) www.cmha.ca > Santé mentale > Comprendre la maladie mentale > Les troubles de l’humeur Association des médecins psychiatres du Québec (AMPQ) www.ampq.org > Listes et inormations > Ino-maladies > Psychiatrie adulte > Dépression majeure > Listes et inormations > Ino-maladies > Psychiatrie adulte > Trouble bipolaire Association québécoise des parents et amis de la personne atteinte de maladie mentale (AQPAMM) www.aqpamm.ca > Ressources > Fiches maladies > La dépression > Ressources > Fiches maladies > Les troubles bipolaires Fondation des maladies mentales www.mm-mi.ca > Maladies mentales > Le trouble bipolaire
284
Partie 3
Troubles mentaux
Revivre www.revivre.org > Troubles dépressis > Troubles bipolaires ORGANISMES GOUVERNEMENTAUX Agence de la santé publique du Canada (ASPC) www.phac-aspc.gc.ca > Maladies chroniques > Maladie mentale Ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) www.msss.gouv.qc.ca > Statistiques > Statistiques de santé et de bien-être selon le sexe > État de santé et de bien-être > (Santé mentale) Dépression majeure, manie et trouble de l’humeur > Problème de santé > Santé mentale > Campagne d’inormation > Campagne d’inormation 2011-2012 Statistique Canada www.statcan.gc.ca > Rechercher dans le site « Troubles de l’humeur » > Troubles de l’humeur, 2009 RÉFÉRENCES GÉNÉRALES Infrmiers.com www.infrmiers.com > Étudiants IFSI > Cours > Semestre 5 > Les troubles de l’humeur
Institut universitaire en santé mentale/ Douglas www.douglas.qc.ca > Inos santé mentale > Santé mentale de A-Z > (D) Dépression : types et causes > Inos santé mentale > Santé mentale de A-Z > (T) Troubles bipolaires : causes, symptômes et traitements > Soins > Troubles de l’humeur > Troubles bipolaires (programme) Le cerveau à tous les niveaux http://lecerveau.mcgill.ca > Les troubles de l’esprit > Dépression et maniaco-dépression > Les troubles de l’esprit > Dépression et maniaco-dépression > Moléculaire intermédiaire > Sérotonine et autres molécules impliquées dans la dépression > Les troubles de l’esprit > Dépression et maniaco-dépression > Moléculaire intermédiaire > Sérotonine et autres molécules impliquées dans la dépression > Activation de l’axe du stress sur la dépression
Monographies Cottereau, M.-J. (2003). Soins infrmiers aux personnes atteintes de troubles psychiatri ques – Tome 2 : Prise en charge et diagnostics infrmiers. Paris : Masson.
Filteau, M.-J. (2008). Le trouble bipolaire pour ceux qui en sourent. Montréal : Éditions la semaine. Leblanc, J., et al. (1996). Démystifer les maladies mentales : les dépressions et les troubles aectis cycliques. Boucherville (Québec) : Gaëtan Morin Éditeur. Mirabel-Sarron, C. (2005). Soigner les dépressions avec les thérapies cognitives : démarche pratique et prévention des rechutes. Paris : Dunod. Ramirez Basco, M. (2008). Le trouble bipolaire – Manuel d’exercices pour une meilleure qualité de vie. Charleroi, Belgique : Socrate Editions Promarex.
Articles, rapports et autres Association canadienne pour le traitement des troubles anxieux et de l’humeur (2009). Les troubles de l’humeur et de l’anxiété. Conérences scientifquesmd, 1(1). Couturier, L. (2005, mars/avril). Dépression : quel lien avec la neuroplasticité cérébrale ? Proessions Santé Infrmier Infrmière, 62, 33.
Institut canadien d’inormation sur la santé (ICIS) (2009). Le lien entre le statut socioécono mique et l’hospitalisation pour une dépression. Ottawa, Ont. : ICIS. Ouellette, V., & Marcotte, D. (2009). Distorsions cognitives et symptômes précurseurs de la concomitance dépression/troubles de comportement chez les adolescents. Revue québécoise de psychologie, 30(1), 81-102. Réseau canadien pour la santé des emmes (2010). Grossesse et antidépresseurs ISRS : considérations et risques. Winnipeg, Man. : Réseau canadien pour la santé des emmes. Société pour les troubles de l’humeur du Canada (STHC) (2009). Qu’estce que le trouble bipolaire ? Guelph, Ont. : STHC.
Institut Douglas (2009, en anglais). Les hauts et les bas des troubles bipolaires, Partie 2, cours donné par Serge Beaulieu, M.D., Ph. D., FRCPC, (32 min 04 s) dans le cadre de l’École Mini Psy 2009. www.douglas.qc.ca/videos/138 Institut Douglas (2011). Le ond du baril – Dé prime ou épuisement ?, cours donné par Mimi Israël, M.D., FRCPC, (57 min 04 s) dans le cadre de l’École Mini Psy 2011. www.douglas.qc.ca/videos/221 Radio-Canada. « La dépression, maladie incomprise », EstrieExpress, animateur : Réjean Blais (radio, 6 min, 18 s). www.radio-canada.ca/emissions/estrie_ express/2011-2012/chronique. asp?idChronique=231966
Multimédia
11
Institut Douglas (2009, en anglais). Les hauts et les bas des troubles bipolaires, Partie 1, cours donné par Serge Beaulieu, M.D., Ph. D., FRCPC, (25 min 44 s) dans le cadre de l’École Mini Psy 2009. www.douglas.qc.ca/videos/137
Chapitre 11
Troubles de l’humeur
285
chapitre
Troubles anxieux
Écrit par : Pamela E. Marcus, RN, APRN/PMH-BC Adapté par : Éric Lavertu, inf., B. Sc., M. Éd.
Guide d’études – RE01, RE02, RE03
OBJECTIFS
Après avoir étudié ce chapitre, vous devriez être en mesure : ■
■
■
■
d’expliquer les quatre stades de l’anxiété et leurs manifestations ; de décrire les divers mécanismes de défense qu’une personne utilise lorsqu’elle se sent anxieuse ; de reconnaître les signes et symptômes de l’anxiété et des divers troubles anxieux ; de décrire les mécanismes d’adaptation des victimes de
286
Partie 3
Troubles mentaux
traumatisme qui aident l’infirmière à évaluer le risque d’état de stress post-traumatique ; ■
■
d’appliquer la démarche de soins infirmiers afin d’offrir des soins complets aux clients atteints de troubles anxieux ; de déterminer les problèmes prioritaires des clients ayant des troubles anxieux ainsi que
les interventions infirmières en lien avec ces problèmes ; ■
■
d’analyser le rôle de l’infirmière auprès des clients anxieux ; d’établir les liens entre le modèle biologique, certains symptômes ciblés et les agents thérapeutiques utilisés dans les interventions psychopharmacologiques auprès des clients atteints d’anxiété et de troubles connexes.
Concepts clés
Cette carte conceptuelle illustre schématiquement les principaux concepts décrits dans le présent chapitre. Sa lecture vous permettra d’avoir une vue d’ensemble des notions qui y sont présentées.
est
gérée par
présente
caractérisés par
12
comprennent
dont
pouvant engendrer
Chapitre 12 Troubles anxieux
287
PORTRAIT Jacob Abensur Jacob Abensur, âgé de 19 ans, en est à sa première année au cégep. Un samedi, au cours d’une soi rée organisée par l’association étudiante, ses amis le conduisent au service des urgences pour une intoxication alcoolique aiguë. À la suite de cet événement, Jacob a accepté un suivi en consultation externe au Centre de santé et de services sociaux (CSSS) de son quartier. Au cours de la première éva luation, l’inrmière lui pose des questions sur ses habitudes de consommation d’alcool. Il répond qu’il a commencé à consommer de l’alcool à 14 ans lorsqu’un de ses amis lui a pro posé de boire une bière avant de se rendre à la ête de l’école. À sa grande surprise, il a constaté qu’en arrivant à la ête, il était particulièrement détendu et capable de discuter avec les autres. Il est même parvenu à demander à deux lles de danser avec lui. L’inrmière poursuit l’entrevue au cours de laquelle le jeune homme men tionne que, depuis qu’il va à l’école, il est incapable de participer aux conver sations banales et aux bavardages habituels avec les autres élèves. Il a peur de n’avoir rien à apporter à la conversation, s’inquiète de son apparence et de sa maladresse. Au secondaire, il a constaté que ce malaise l’isolait des autres élèves de son âge, même s’il ne vit pas ces dicultés avec les membres de sa amille. Depuis cette première ête à l’école, Jacob continue de boire avant les êtes, les soirées, les parties de ootball, et toute autre activité sociale ou tout cours qui demande une participation active de sa part.
12.1
RAPPELEZ-VOUS…
La personne met en œuvre des stratégies d’adaptation dans le but de réduire les tensions et de maintenir l’équilibre pour s’adapter à la situation stressante.
288
Partie 3
Caractéristiques de l’anxiété
personne, ou inappropriées si l’anxiété perdure alors que la menace a disparu. À ne pas conondre avec l’anxiété, le stress dé signe l’ensemble des perturbations biologiques et psychologiques provoquées par une agression quel conque sur l’organisme. Il s’agit de la réponse phy siologique de la personne à un stimulus qui nécessite une adaptation. L’anxiété est plutôt la réaction émotionnelle au même stimulus, et elle se traduit par un sentiment vague ou indénissable d’insécurité. La peur est également une réaction émotionnelle, mais elle se rapporte à une menace dénie, le plus souvent connue.
12.1.1
Mécanismes de défense
Les mécanismes de défense, présentés par Anna Freud (1937) et repris ensuite par plusieurs auteurs, sont les principales stratégies auxquelles l’ego (le moi) ait appel pour maîtriser ou gérer l’anxiété. Ils protè gent la personne contre toute menace à son intégrité physique, mentale et sociale. La théorie psychanaly tique précise qu’au niveau inconscient, le ait d’igno rer les signaux d’anxiété provoque la menace « d’être détruit » ou de ne plus exister (Freud, 1923/2010). Ainsi, l’identication est un mécanisme de déense couramment utilisé, par exemple par une adolescente qui voudrait ressembler aux lles les plus populaires de son école. La jeune lle recourt inconsciemment à ce mécanisme de déense pour s’identier aux com pagnes qu’elle admire, elle dilue sa propre identité dans celle des autres an d’être admise au sein du groupe. Pour ce aire, elle peut également adopter certaines valeurs des autres ou imiter quelquesuns de leurs comportements. Le ait d’être diérent com prend la menace de rejet, ce qui crée une proonde anxiété chez la plupart des adolescents. Nombre de jeunes gens nissent touteois par devenir des adultes sûrs d’eux qui découvrent leur propre identité. Chaque personne utilise des mécanismes de déense à diverses étapes de sa vie TABLEAU 12.1.
L’anxiété ait partie intégrante de l’expérience Tous les mécanismes de déense réduisent humaine. Il s’agit d’un sentiment dius et subjecti l’anxiété, et la plupart des personnes en emploient de malaise, sans objet identiable. Sa onction est certains occasionnellement pour traverser un d’avertir la personne d’un confit ou d’un danger, moment dicile ou pour aronter les dés d’une que la menace soit réelle ou non. L’anxiété est en étape déterminante de leur développement. D’un eet un état de tension, d’appréhension ou un sen point de vue émotionnel, les personnes qui utili timent de atalité imminente qui résulte d’infuences sent des mécanismes de déense immatures, de extérieures menaçant de submerger la personne et açon rigide ou constante, ont une probabilité plus son intégrité. Lorsqu’une personne reçoit le signal aible de s’épanouir et de devenir des êtres sains et d’un danger imminent, elle devient motivée à agir, responsables (Vaillant, 2000). Cela est réquemment soit en uyant, soit en arontant la situation mena observé chez les personnes ayant reçu un diagnos çante. Il arrive aussi que certaines personnes restent tic de trouble de la personnalité (Chabrol, 2005 ; plutôt gées et soient incapables de réagir devant un Vaillant, 2011). Une personne ayant un trouble de danger. L’anxiété en soi n’est pas pathologique, mais la personnalité antisociale, par exemple, recourt souvent au mécanisme de elle peut le devenir lorsque projection pour maîtriser la réponse anxieuse prend L’anxiété en soi n’est pas pathologique, son anxiété, et elle projette des proportions exagérées, mais elle peut le devenir lorsque la réponse ses propres insusances au point d’altérer le onc anxieuse prend des proportions exagérées. sur une autre personne ou tionnement normal de la
Troubles mentaux
TABLEAU 12.1
Principaux mécanismes de défense selon le DSM-IV-TRa
MÉCANISME DE DÉFENSE
DÉFINITION
EXEMPLE
Niveau d’adaptation élevé Perception consciente des sentiments, des idées et de leurs conséquences Humour
Recourir à l’humour pour gérer les agents stressants de tous les jours.
La personne utilise des histoires amusantes, dans lesquelles l’interlocuteur peut s’identifer, pour parler de sa dépendance à l’alcool ou aux drogues et de sa guérison en cours.
Sublimation
Canaliser les pensées et les sentiments non adaptés, telle l’agressivité, vers des comportements socialement acceptables.
Un jeune homme, victime d’intimidation quand il était enant, devient policier ; il a canalisé ses sentiments de colère et d’impuissance devant l’intimidation vers l’observation et l’application de la loi.
Répression
Éviter délibérément de penser à des problèmes, désirs, sentiments ou expériences pénibles. (Contrairement au reoulement, qui est habituellement inconscient.)
Une étudiante consacre toute son énergie à ses travaux scolaires pour échapper à plusieurs problèmes qu’elle éprouve à la maison.
Niveau des inhibitions mentales et de la formation de compromis Maintien hors de la conscience des idées, sentiments, souvenirs, désirs ou craintes potentiellement menaçants Déplacement
Transérer un sentiment ou une réaction envers quelqu’un vers une autre personne moins menaçante ou vers un objet.
Une mère, âchée que sa flle adolescente réussisse moyennement à l’école et lui désobéisse, va au gymnase et se dépense dans une vigoureuse partie de tennis.
Dissociation
Modifer involontairement les onctions d’intégration de la conscience, de la mémoire, de la perception de soi, de l’environnement ou du comportement sensorimoteur.
Le client dit se sentir détaché de son corps et le regarder d’en haut, à partir du coin de la pièce.
Reoulement
Repousser involontairement hors de sa conscience les pensées, les expériences ou les désirs perturbants. (Plus intense que la répression, qui est intentionnelle.)
En décrivant son enance marquée par une agression sexuelle, le client est incapable de se rappeler plusieurs de ses premières expériences et semble détaché de celles-ci.
Niveau de distorsion mineure de l’image Altération de l’image de soi, du corps ou des autres dans le but de réguler l’estime de soi Dépréciation
S’attribuer ou attribuer aux autres des déauts exagérés.
Le client est incapable de se trouver des orces ou des qualités et reconnaît seulement des déauts qui le dévalorisent.
Niveau du désaveu Maintien hors de la conscience des acteurs de stress, des impulsions, des idées, des aects ou des sentiments de responsabilité, et ce, qu’ils assent ou non réérence à des causes externes Déni
Reuser inconsciemment d’admettre une réalité douloureuse ou une expérience subjective que les autres constatent.
Le client consomme plusieurs bières sur une base quotidienne, mais ne reconnaît pas avoir un problème d’alcool.
Projection
Attribuer à une autre personne ses propres autes, sentiments, impulsions ou pensées inacceptables.
Le client s’emporte contre l’infrmière qui établit des limites et il l’accuse d’être âchée contre lui.
Niveau de distorsion majeure de l’image Altération complète de l’image de soi ou des autres dans le but de protéger l’estime de soi Clivage de l’image de soi ou des autresb
Compartimenter des états aectis opposés tout en échouant à intégrer ses propres qualités et déauts et ceux des autres dans des images cohérentes.
Le client est incapable de nuance, il ne voit les choses qu’en noir ou blanc.
a
Ce tableau présente quelques-uns des principaux mécanismes d’adaptation en lien avec les troubles anxieux et contenus dans le DSM-IV-TR. Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux, 4e édition révisée (American Psychiatric Association [APA], 2000). Le DSM-IV-TR défnit un total de 7 niveaux et de 31 mécanismes d’adaptation qui ne se limitent pas exclusivement aux troubles anxieux. b Le clivage est un mécanisme de déense réquemment observé en cas de trouble de la personnalité, notamment le trouble de la personnalité limite (borderline). Sources : Adapté de APA (2000) ; Chabrol (2005) Chapitre 12 Troubles anxieux
289
12
Jugement clinique Maxime Lajeunesse est âgé de 34 ans. En raison de sa timidité et de sa petite taille, il a fréquemment été victime de taxage et de violence physique et verbale alors qu’il était en sixième année du primaire. Lorsque son entourage discute de l’intimidation à l’école, il dit, en adoptant un air détaché, qu’il en a sans doute subi, comme plusieurs enfants, mais qu’il ne s’en souvient pas. Quel mécanisme de défense monsieur Lajeunesse utilise-t-il ?
sur la situation. Dans un sens, la projection réduit eective ment l’anxiété. Touteois, en ayant constamment recours à ce mécanisme de déense, la personne ne réussit pas à aire ace à ses vulnérabili tés et à les combattre ; elle cesse alors de croître.
Les personnes ayant moins de succès avec les divers mécanismes de déense ou qui dépendent surtout de mécanismes de déense moins adaptatis présentent parois des symp tômes de troubles anxieux parce qu’elles n’ont pas réussi à gérer efcacement leur anxiété. Par exemple, une personne atteinte du trouble d’an xiété généralisée (TAG) qui éprouve une anxiété élevée a tendance à utiliser des mécanismes de déense moins adaptatis comme la dépréciation et mentionne ne pas être en mesure de maîtriser son anxiété. Le traitement des troubles anxieux comprend alors l’enseignement et l’utilisation de diverses techniques visant à réduire et à gérer l’anxiété.
12.1.2
Stades de l’anxiété
Dans Interpersonal Relations in Nursing (1952), Hildegard E. Peplau, une pionnière des soins infr miers en santé mentale et en psychiatrie, situe les stades de l’anxiété sur un axe ormant Laurence Béliveau est âgée de 49 ans. Elle se trouve un continuum. Son travail présentement à l’aéroport, car elle part en voyage avec illustre le concept d’anxiété et une nouvelle collègue de travail qu’elle connaît très peu. de tension élaboré par Harry Au moment de s’enregistrer au comptoir des départs, elle Stack Sullivan (18921949), se met à pleurer, montre des signes d’hyperventilation, elle psychiatre américain et théo gesticule sans arrêt et ne comprend pas les explications de ricien du développement. La la préposée à l’enregistrement. Elle ressent l’urgence de FIGURE 12.1 décrit le conti téléphoner à une amie pour que celle-ci lui dise quoi faire, nuum anxieux selon quatre car elle ne sait plus si elle veut partir ou non. stades : anxiété légère, modé Quel est le stade d’anxiété de madame Béliveau ? rée, grave ou panique.
Jugement clinique
Anxiété légère
Anxiété modérée
Anxiété grave
Anxiété panique
Anxiété chronique À mesure que I’anxiété augmente : 1. Les champs de perception rétrécissent. 2. L’énergie devient disponible pour la résolution de problèmes. 3. La désorganisation s’amplifie. Rôle de l’infirmière : Faciliter le transfert de l’énergie rendue disponible par l’anxiété vers des comportements adaptatifs sains. FIGURE 12.1
Continuum anxieux d’après Hildegard E. Peplau
290
Partie 3
Troubles mentaux
Les personnes qui onctionnent de açon opti male se situent généralement à un stade léger d’anxiété, qui acilite l’apprentissage, la créativité et le développement personnel. Ainsi, les étudiants connaissent réquemment une légère anxiété alors qu’ils s’eorcent d’exceller dans leur travail. Le déplacement occasionnel vers le stade modéré est un mécanisme d’adaptation permettant de aire ace à des situations plaisantes ou déplaisantes. Par exemple, une étudiante qui ait une importante présentation orale ou qui s’attend à une interroga tion difcile connaît une anxiété modérée. Lorsque l’étudiante maîtrise l’agent stressant, elle revient ensuite le long du continuum vers une anxiété légère. L’anxiété modérée et l’anxiété grave peuvent être aiguës ou chroniques. En cas d’anxiété grave, la personne consacre surtout son énergie à la réduc tion de la sourance et du malaise occasionnés par l’anxiété plutôt qu’à l’adaptation à son environne ment. Le onctionnement de cette personne s’en trouve atteint, et, souvent, elle a besoin d’aide pour inverser la situation. Quand l’anxiété atteint le stade de la panique, la personne est désorganisée et présente un accroissement de son activité mo trice, une distorsion de son champ visuel et per cepti, une perte de sa pensée rationnelle et une réduction de sa capacité d’entrer en relation avec les autres. Le TABLEAU 12.2 expose en détail les réactions qui caractérisent les quatre stades de l’anxiété et qui orment un continuum. L’infrmière tient compte de l’anxiété présentée par le client et module la relation thérapeutique en conséquence ENCADRÉ 12.1.
12.1.3
Typologie des réactions anxieuses
En plus des stades évolutis de l’anxiété, il est pos sible d’en distinguer divers types, selon leur cause. L’anxiété situationnelle (ou induite), ou état d’alerte, est provoquée par un acteur déclenchant (Spielberger, 1988). Il est important de souligner que bien que l’anxiété de ce type soit apprise, par exemple par imitation ou par conditionnement, elle résulte de situations qui ont été réprimées avec suc cès ou gérées à l’aide d’un autre mécanisme de déense. Par conséquent, l’agent déclencheur est efcacement exclu de la conscience de la personne. L’anxiété situationnelle est le acteur étiologique prédominant des troubles phobiques. Un signal de l’environnement entraîne de l’anxiété, dont la nature peut devenir grave et qui aboutit à une attaque de panique. Initialement, la personne est inconsciente du signal, car l’expérience d’origine le mettant en cause a été réprimée. Par exemple, une personne peut avoir une anxiété grave ou même une attaque de panique dès qu’elle se trouve en présence d’un chien, mais ne décèle pas de cause précise (p. ex., une morsure ou une attaque) pour expliquer sa pho bie des chiens.
TABLEAU 12.2 STADE D’ANXIÉTÉ
Réactions à l’anxiété RÉACTIONS PHYSIOLOGIQUES
COGNITIVES / PERCEPTIVES
ÉMOTIONNELLES / COMPORTEMENTALES
Léger
Signes vitaux normaux, tension musculaire minimale, pupilles normales
Champ visuel étendu ; conscience de multiples stimulus environnementaux et internes ; pensées souvent dispersées, mais maîtrisées
Sentiment de conort et de sécurité ; apparence détendue, voix calme ; état normal de productivité ; comportements habituels
Modéré
Signes vitaux normaux ou légèrement élevés ; tension ; sensation de malaise ou de plaisir (tendu ou excité)
Alerte ; champ visuel rétréci et concentré ; état optimal pour la résolution de problèmes et l’apprentissage ; attention élevée
Sentiment d’être prêt et apte à aronter des défs ; plein d’énergie ; engagement dans une activité compétitive et apprentissage de nouvelles habiletés ; voix et expression aciale intéressées ou attentives
Grave
Réaction de lutte ou de uite ; système nerveux autonome stimulé (signes vitaux élevés, diaphorèse, mictions plus réquentes, diarrhée, bouche sèche, ↓ appétit, dilatation des pupilles) ; muscles tendus ; ↓ audition ; ↓ douleur
Champ visuel très rétréci ; attention sélective ; distorsion du temps (les choses semblent se passer plus vite ou plus lentement) ; tendances de dissociation ; détachement ; hypervigilance
Sentiment de menace et hypersensibilité ; sentiment de « surcharge » ; agitation psychomotrice (arpente la pièce, se sauve, se tord les mains, gémit, tremble, bégaye, a un comportement désorganisé ou se retire, se fge ou est incapable de bouger) ; signes de dépression (semble déprimé et se sent déprimé) ; maniestation de déni ; plaintes de maux et de douleurs ; agitation ou irritabilité ; besoin d’espace ; mouvements constants des yeux ou regard fxe
Panique
Amplifcation des symptômes décrits ci-dessus jusqu’au relâchement du système sympathique ; pâleur ; ↓ pression artérielle et hypotension ; mauvaise coordination musculaire ; sensations auditives et douloureuses à leur minimum
Perception totalement dispersée ou bloquée ; résolution de problèmes et pensée logique très improbables ; perception d’irréalité par rapport à soi-même, à l’environnement ou à l’événement ; dissociation réquente
Sentiment d’impuissance, avec perte totale de maîtrise de soi ou de la situation ; sentiment d’être âché ou terrifé ; attitude combative ou retrait complet, pleurs ou uite ; désorganisation totale ; comportement extrêmement acti ou inacti
Source : Adapté de Green et al. (1995)
L’anxiété dépend parois de la structure de la personnalité. Au cours de leur processus dévelop pemental ou au l des événements, certaines per sonnes vivent des expériences plus traumatisantes ou réussissent moins bien à s’adapter aux événe ments, ce qui entraîne des confits non résolus ou de la conusion. Ces personnes sont atteintes d’une diathèse anxieuse, soit une prédisposition à l’anxiété lorsqu’elles sont stressées. Elles risquent davantage de s’inquiéter qu’une autre qui ne possède pas ce trait de personnalité. Les situations qui recréent ou qui représentent le confit ou l’expé rience d’origine provoquent une réaction anxieuse plus intense chez les personnes dont le degré d’anxiété réactionnelle est plus élevé. Par exemple, une emme craint de açon excessive que ses enants se blessent ou contractent le rhume parce que, pen dant la plus grande partie de son enance, sa propre mère sourait d’une maladie chronique. Elle limite alors leurs activités et devient anxieuse et surpro tectrice. Lorsque la personne présente ainsi des symptômes émotionnels ou manieste des compor tements en raison d’un acteur de stress important,
Relation d’aide ENCADRÉ 12.1
Adapter la relation thérapeutique au client anxieux
• L’objecti premier de la relation infrmièreclient est de se rendre disponible pour le client ; la relation thérapeutique est centrée sur celui-ci. • Avant tout, l’infrmière connaît et maîtrise son anxiété ou ses propres doutes, pour éviter de les transmettre au client. Elle se montre rassurante et confante, et évite de juger les comportements, les réactions, les mécanismes de déense du client, surtout si son anxiété est importante.
• Lorsque le client est plus calme, l’infrmière discute avec lui et l’aide à mieux comprendre son problème et à déterminer les personnes-ressources qui peuvent l’aider dans la résolution de celui-ci. Elle lui permet d’exprimer ses émotions alors qu’elle le questionne dans le but d’établir ses besoins avec précision. • Plus tard, l’infrmière observe le client et soutient les démarches qu’il entreprend pour résoudre son problème.
son anxiété est dite réactionnelle. Si la personne répond aux critères, un diagnostic de trouble de l’adaptation avec anxiété peut être posé (APA, 2004). L’anxiété chronique apparaît dans des situa tions reconnues comme étant confictuelles ou Chapitre 12 Troubles anxieux
291
12
stressantes et sur lesquelles la personne exerce une maîtrise limitée. Elle est souvent perçue comme une anxiété déjà ressentie. La sensation d’avoir des « papillons dans le ventre » que certains étudiants éprouvent avant un examen important est un exemple de légère anxiété chronique. Une personne qui a déjà été mordue par un chien et dont le ryth me cardiaque s’accélère lorsqu’elle en croise un dans la rue manieste un état d’anxiété chronique plutôt modéré. Une emme ayant d’importants antécédents amiliaux de cancer qui tarde à prendre rendezvous avec son médecin après que celui ci a décelé une masse dans son sein ait montre d’une anxiété chronique élevée et non adaptée. Ce qui caractérise l’anxiété chronique, c’est qu’elle perdure dans le temps, c’estàdire que la personne ressent l’anxiété de açon presque permanente. L’anxiété diuse est un sentiment envahissant de menace ou de atalité non lié à une quelconque idée ou à un événement. Ce type d’anxiété conduit souvent à un état de panique si les agents stressants dépassent la capacité d’adaptation de la personne.
12.2
Étiologie
12.2.1
Théorie biologique
L’origine du modèle biologique des troubles anxieux remonte au xixe siècle. Charles Darwin (18091882) estime, alors que les expressions émotionnelles changent au cours de l’évolution an que l’espèce s’adapte davantage à son environnement, comme cela se produit pour les structures anatomiques. Médullosurrénale : Partie centrale de la glande surrénale qui sécrète les hormones du groupe des catécholamines (adrénaline et noradrénaline). 10 Le syndrome général d’adaptation, découvert par Hans Selye et présenté dans le chapitre 10, Stress et troubles de l’adaptation, permet de comprendre les manifestations physiologiques et comportementales qui accompagnent le stress.
RAPPELEZ-VOUS…
Toutes les personnes ne réagissent pas exactement de la même façon au stress sur le plan biologique.
292
Partie 3
Dès la première moitié du xxe siècle, le lien entre le système endocrinien et les émotions telles que l’anxiété est conrmé, alors que la relation entre la médullosurrénale et la production d’adrénaline, notamment responsable de la réaction de lutte ou de fuite, est démontrée (Wrobel, 2007). Après la Seconde Guerre mondiale, Selye (1956) s’appuie sur ce postulat pour étudier le stress et l’anxiété maniestés par les soldats qui ont combattu 10 .
recherche porte sur ces deux parties du cerveau an de déceler des changements éventuels dans leur taille et leur onctionnement lorsqu’une per sonne ressent des symptômes caractéristiques des troubles anxieux tels que l’état de stress post traumatique (ESPT), la phobie sociale et le TAG. L’amygdale intervient dans la réaction de lutte ou de uite, et, selon une première hypothèse, les divers troubles anxieux en perturberaient dié rentes régions. Une deuxième hypothèse à l’étude est la possibilité qu’il puisse y avoir une réduction de la taille de l’amygdale et de l’hippocampe chez les adultes ayant une phobie sociale généralisée, et que le stress chronique puisse causer des modica tions à l’amygdale, à l’hippocampe et même au cor tex prérontal (Irle, Rushleder, Lange et al., 2010). D’autres recherches ont démontré que certains circuits cérébraux également situés dans l’amyg dale contribuent à l’extinction de la peur. Les per sonnes atteintes de troubles anxieux ont des déciences qui rendent ces circuits inecaces (Amano, Unal & Paré, 2010 ; Likhtik, Popa, ApergisSchoute et al., 2008). L’extinction de la peur est la capacité de prendre en compte un signal de l’environnement qui pourrait accroître l’anxiété, puis d’utiliser une réaction cognitive pour réduire la peur. Les personnes dont les cir cuits cérébraux responsables de l’extinction de la peur sont normaux tendent à réagir au stimulus en utilisant une approche de résolution de pro blèmes plutôt qu’en adoptant une réaction de lutte ou de uite ou en restant gées. Il s’agit là d’une notion importante à considérer dans la planica tion des soins pour une personne atteinte de trou bles anxieux (p. ex., des phobies).
Parallèlement, des chercheurs étudient les eets de la neuropharmacologie sur le système nerveux autonome (SNA) pour la régulation des réactions motrices, cardiovasculaires et gastrointestinales (Rubin, 2007). Il est établi que le SNA, et particulière ment le système sympathique, réagit aux stimulus envi ronnementaux, y compris aux états émotionnels.
La génétique infuencerait aussi les émotions et l’anxiété. L’imagerie par résonance magnétique onc tionnelle a permis de découvrir que certaines per sonnes possèdent une ou deux copies d’une variante courte du gène du transporteur de la sérotonine plutôt que la variante longue de ce gène (Lachiewicz, Dawson, Spiridigliozzi et al., 2010 ; Lightbody & Reiss, 2009) et que ce gène infue sur une protéine qui recycle la sérotonine dans la synapse. Lau et ses collègues (2009) ont comparé les variantes de ce gène chez des adultes et des adolescents en santé et chez d’autres atteints de troubles anxieux. Ils ont découvert que les adultes et les adolescents dotés d’un gène long et d’un gène court avaient tendance à être plus anxieux que ceux qui possédaient deux gènes longs.
À mesure que s’élargit la compréhension de la physiologie du cerveau grâce à l’imagerie par réso nance magnétique onctionnelle, le lien entre le stress et le onctionnement cérébral est conrmé. La compréhension du rôle de l’amygdale et de l’hippocampe s’est avérée particulièrement impor tante pour l’évaluation de l’anxiété, car ces struc tures sont associées à la peur. De nos jours, la
En étudiant et en comprenant le onctionnement cérébral et la génétique, les chercheurs réalisent des progrès dans l’utilisation des agents pharma ceutiques et des approches psychothérapeutiques pour aider les clients ayant des troubles anxieux. L’inrmière rassure donc ces clients quant à l’ori gine de leur trouble et leur présente les modalités thérapeutiques qui s’orent à eux.
Troubles mentaux
12.2.2
Théorie psychodynamique
Sur le plan psychodynamique, l’anxiété est un aver tissement destiné à l’ego, lui signalant qu’il est en danger en raison d’une menace intérieure ou exté rieure. L’anxiété intervient dans le développement et le onctionnement de la personnalité, ainsi que dans l’apparition et le traitement des névroses et des psychoses. Les travaux de Freud sont à la base du classement de la névrose d’angoisse, c’estàdire des troubles anxieux, dans une catégorie distincte. Freud reconnaît trois types d’anxiété : l’angoisse réelle, l’angoisse morale et l’angoisse névrotique. L’angoisse réelle est une expérience aective douloureuse résultant de la perception d’un dan ger venant du monde extérieur, comme la peur d’une agression, voire d’une éventuelle attaque terroriste. La peur constitue une réaction à un dan ger extérieur et entraîne, en conséquence, de l’anxiété. L’angoisse morale est l’expérience de culpabilité ou de honte ressentie par l’ego. Par exemple, une personne peut la ressentir lorsqu’elle se sent coupable d’exprimer de la colère envers un membre de sa amille. L’angoisse névrotique est la perception instinctive d’une menace. Selon la théorie reudienne d’état d’alerte, l’anxiété représente un avertissement de l’émergence immi nente d’un contenu mental inconscient menaçant. Les symptômes névrotiques, soit les symptômes somatiques, les obsessions, les compulsions et les phobies, apparaissent comme une tentative de se déendre contre l’anxiété. Peu de données appuient les théories psychody namiques de l’anxiété, mais elles expliquent néan moins qu’une perte ou un traumatisme subi pendant l’enance peut générer du stress et déclen cher un trouble anxieux.
12.2.3
Théorie comportementale
Des cliniciens qui jugeaient incomplets le modèle et les méthodes psychanalytiques, notamment Joseph Wolpe (19151997), ont conçu des modèles comportementaux en psychiatrie et en psychologie. Ils ont ait de la psychologie expérimentale un point de départ pour orir de nouveaux traitements. Selon les modèles comportementaux, ondés sur la théorie de l’apprentissage, l’étiologie des symp tômes anxieux est la généralisation d’une expé rience passée traumatisante par conditionnement. Par exemple, un enant maladroit est tourné en ridicule par ses parents alors qu’il joue aux quilles. Il associe en conséquence la gêne et la honte aux activités sportives intérieures et aura des attaques de panique en jouant au basketball. Le même type d’opérations cognitives associant l’embarras aux activités sportives relie l’anticipation de l’embarras à l’évocation d’un événement sporti, et la personne commence à avoir des attaques de panique en lisant la page sportive du journal. Par conséquent, selon
ce modèle, l’anxiété apparaît quand une personne se heurte à un signal qui lui rappelle un événement douloureux ou redouté 20 .
12.2.4
Théorie cognitivocomportementale
Le modèle cognitivocomportemental (Beck, 1976 ; Cottraux, 2001) reprend à la ois les ondements du modèle comportemental et ceux du modèle cogni ti. La principale caractéristique de ce modèle est qu’il s’intéresse autant aux comportements qu’aux pensées problématiques qui y sont associées.
20 Les théories comportementales du conditionnement et les rôles de l’infrmière sont détaillés dans le chapitre 20, Modèles et stratégies thérapeutiques.
Le modèle cogniti repose sur trois ondements principaux intégrés dans l’approche cognitivo comportementale : • les pensées inuent sur les émotions et les comportements ; • les pensées peuvent être évaluées et remises en question ; • les changements comportementaux désirés peuvent découler d’une modification cognitive (Giroux & Provencher, 2010).
12
Par exemple, dans le cas du TAG, le client pré sente des anomalies dans le traitement de l’inor mation, dues à une attention sélective portée aux signaux de danger plutôt qu’aux signaux de sécurité (Rapee & Barlow, 1991). Plusieurs états sont décrits : la vulnérabilité biologique et psychologique ; la ocalisation systématique et chronique de l’atten tion sur des dangers potentiels ; le sentiment d’im puissance à maîtriser les événements, qui se traduit par le pessimisme, le besoin d’être rassuré, les véri fcations systématiques et l’évitement d’un grand nombre de situations. Le modèle cognitivocomportemental reconnaît donc deux acteurs principaux qui contribuent à l’apparition et au maintien des difcultés : les pensées que le client entretient (qui sont parois irréalistes) et les comportements qu’il adopte tels que l’évitement systématique de certaines situa tions. Contrairement à l’approche comportemen tale, qui ne vise qu’à cibler des comportements problématiques et à les modiier, l’approche cognitivocomportementale vise aussi à cerner les pensées et à les remplacer.
12.3
Épidémiologie
12.3.1
Prévalence
Au Québec, le taux de prévalence à vie des troubles anxieux est de l’ordre de 21 %, soit plus de 1 per sonne sur 5 (ministère de la Santé et des Services sociaux [MSSS], 2005). Au cours d’une année, envi ron 11 % de la population adulte est atteinte de l’un ou l’autre des troubles mentaux suivants : les troubles Chapitre 12 Troubles anxieux
293
anxieux (le type le plus réquent), les troubles de l’humeur, ou un trouble lié à l’usage d’alcool ou de drogues (MSSS, 2004). Les troubles anxieux sont également parmi les plus courants chez les jeunes ; ils s’observent chez 6,5 % d’entre eux (MSSS, 2005). Le plus réquent des troubles anxieux est la phobie sociale, dont les études estiment la prévalence à vie entre 11 et 13 % de la population (Savard, Bugeaud, Van DaO et al., 2009). Au Canada, les données varient selon les études, mais de 1 personne sur 5 à 1 personne sur 12 envi ron qui consultent les proessionnels en première ligne présente des symptômes de troubles anxieux (Association des psychiatres du Canada [APC], 2006). Sur une période de 1 an, les troubles anxieux touchent environ 9 % des hommes et 16 % des emmes ; les taux d’admission en centre hospitalier général sont plus élevés chez les personnes âgées de 65 ans et plus (Santé Canada, 2002). À titre de comparaison, aux ÉtatsUnis, 40 millions d’adultes âgés de 18 ans ou plus, soit environ 13 % de la population, sont atteints de troubles anxieux (National Institute o Mental Health [NIMH], 2010). Les symptômes de phobie sociale apparaissent durant l’enance et l’adolescence, commençant en général vers l’âge de 13 ans (NIMH, 2010). En moyenne, chaque année, les phobies sociales repré sentent 6,7 % de l’ensemble des troubles anxieux (Santé Canada, 2002). Presque tous les clients des échantillons cliniques atteints d’agoraphobie ont un diagnostic ou des antécédents de trouble pa nique. L’agoraphobie se manieste quand une per sonne ressent une peur envahissante des endroits d’où elle ne pourrait pas s’échapper au besoin. Par exemple, une personne peut être incapable de voya ger en avion parce qu’elle a peur que si celuici s’écrase, elle ne puisse s’en échapper et y trouvera la mort. L’agoraphobie est plus réquente chez les emmes que chez les hommes. Les phobies spéci ques commencent à s’installer durant l’enance, vers l’âge de sept ans (NIMH, 2010). Elles représen tent de 6 à 8 % des troubles anxieux selon les années et sont donc le trouble anxieux le plus ré quent (Santé Canada, 2002). La prévalence de la phobie simple est plus élevée chez les emmes que chez les hommes (NIMH, 2010). Le trouble obsessionnelcompulsi (TOC) se manieste durant l’enance et l’adolescence, avec un âge médian d’apparition de 19 ans (NIMH, 2010). Par année, il représente moins de 2 % de l’ensemble des troubles anxieux (Santé Canada, 2002). L’ESPT survient après un incident violent ou perçu par la personne comme menaçant pour sa vie, par exemple, une guerre, une agression phy sique violente, un accident ou une catastrophe naturelle. La prévalence à vie de l’ESPT varie entre 9,2 et 37 % en onction des régions. Elle est plus élevée dans les régions où sont survenus des confits (APC, 2006).
294
Partie 3
Troubles mentaux
L’âge médian d’apparition d’un TAG est de 31 ans, bien que les symptômes puissent se mani ester n’importe quand au cours de la vie de la per sonne (NIMH, 2010).
12.3.2
Variations culturelles
La plupart des études qui ont permis d’établir la classication du DSMIVTR ont été conduites aux ÉtatsUnis ; par conséquent, les symptômes dénis sant les troubles sont représentatis de la culture nordaméricaine. Touteois, l’inirmière tient compte des normes culturelles lorsqu’elle évalue un client sourant d’anxiété et de troubles connexes. Par exemple, certaines cultures restreignent la participation des emmes aux activités publiques ; l’agoraphobie y est donc moins souvent diagnostiquée. La peur de la magie et des esprits est présente dans de nombreuses cultures, et elle ne devient pathologique que lorsqu’elle est jugée excessive dans le contexte de cette culture. Beaucoup de cultures marquent les événements importants de la vie des personnes par des rites. L’observation de ces rites n’est pas indicative d’un TOC à moins de dépasser les normes de cette culture, de se maniester à des moments et à des endroits inappropriés pour cette culture ou de perturber le onctionnement social. Il semble qu’à l’exception du TOC et de la phobie sociale, l’anxiété et les troubles connexes montrent une prévalence plus élevée chez les emmes que chez les hommes. Il est possible qu’il s’agisse là aussi d’une variation culturelle. En eet, les emmes sont généralement plus susceptibles que les hom mes de chercher un traitement ou d’entrer en contact avec un proessionnel de la santé (APA, 2000).
12.3.3
Comorbidité
Il est important que l’inrmière comprenne la cooccurrence des troubles anxieux avec d’autres troubles de l’axe I du DSM-IV-TR. Critères diagnostiques (APA, 2004) an d’orir un traitement com plet. Le taux élevé de comorbidité entre l’anxiété et la dépression est notamment connu. Les clients atteints de troubles anxieux présentent souvent un risque 10 ois plus élevé d’idées ou de comporte ments suicidaires que ceux qui n’ont ni l’un ni l’autre de ces troubles (APC, 2006). Au Québec, plus de 1 300 décès par suicide sont dénombrés en moyenne chaque année, ce qui représente près de 4 personnes par jour (Institut national de santé publique du Québec, 2006). Il y a une concomitance substantielle entre l’abus d’alcool ou d’autres dro gues et les troubles anxieux, car la personne peut tenter de « soigner » ses symptômes d’anxiété à l’aide de médicaments ou d’alcool (APA, 2004). En particulier, le TOC s’observe avec la présence d’autres troubles anxieux aussi bien qu’avec l’abus d’alcool ou d’autres drogues, la dépression majeure
et des troubles de l’alimentation. Il est possible qu’une personne qui a un TOC manieste une pré occupation hypocondriaque pour les sensations et le onctionnement de son corps. Une personne atteinte de ce trouble peut aussi présenter le syn drome de Gilles de la Tourette, qui serait plus ré quent chez les enants maniestant des symptômes de TOC. Une incidence plus élevée de troubles d’apprentissage perturbateurs est également obser vée chez ces enants (APA, 2000). L’état de stress aigu et l’ESPT entraînent un risque plus élevé de dépression majeure, d’autres troubles anxieux, de trouble de somatisation, et d’abus d’alcool ou d’autres drogues. En raison de la nature de ces trou bles et du ait qu’ils se maniestent après un événe ment signifcati, il est difcile de déterminer si la condition comorbide est apparue avant le trouble de stress ou si elle en est une conséquence.
12.4
Description clinique
12.4.1
Attaques de panique
L’anxiété panique se distingue par l’apparition sou daine de symptômes physiques pénibles accompa gnés d’un sentiment de terreur, de l’appréhension d’une catastrophe ou d’une mort imminente, et de la peur d’être piégé. Freud a d’abord décrit les symptômes des attaques de panique, qui se produi sent lorsque la connexion entre l’anxiété et le dan ger menaçant est entièrement perdue de vue : ces attaques se maniestent par des symptômes intenses tels que des tremblements, des vertiges ou des pal pitations (Freud, 1917/1963). Les recherches menées au cours des deux guerres mondiales, dont le travail du cardiologue Paul Dudley White (1886 1973), ont permis d’en afner la description cli nique (Favaloro, 1999). Ce dernier et ses collègues du Massachusetts General Hospital ont recueilli des données provenant de nombreux clients qui pré sentaient des symptômes tels que des palpitations, des tremblements ou des vertiges, mais qui ne sou raient pas de maladie cardiaque organique. Ils ont donné à ce syndrome clinique le nom d’asthénie neurocirculatoire. Dans le même établissement, des neuropsychiatres ont décrit un complexe de symp tômes similaire qu’ils ont baptisé névrose d’an goisse (Favaloro, 1999). Ces cardiologues et ces neuropsychiatres ont alors dépeint les symptômes qui caractérisent aujourd’hui les attaques de panique. Les attaques de panique sont des épisodes sou dains et spontanés qui s’accompagnent de manies tations physiologiques comme la tachycardie, des palpitations, des étourdissements, la dyspnée et le sentiment que la mort est imminente ENCADRÉ 12.2. Ces attaques surviennent dans des situations pré cises, elles peuvent être déclenchées par un signal
(p. ex., la vue d’un serpent dans le cas d’une phobie simple) ou elles peuvent être imprévisibles (c.àd. non signalées, alors que rien dans l’environnement ne les déclenche) (APA, 2004). Il est important de souli gner que, selon la classifca tion du DSMIVTR, les attaques de panique ne constituent pas un trouble mental en soi. Les attaques de panique se produisent dans le cas de divers trou bles anxieux, dont le trouble panique, la phobie sociale, la phobie simple et l’ESPT.
12.4.2
Jugement clinique Maurice Bruneau, âgé de 71 ans, est hospitalisé pour une pneumonie récurrente. Il est légèrement dyspnéique et n’arrive pas à expectorer ses sécrétions. Il vous dit qu’il s’inquiète de son état, car il ne voit pas d’amélioration malgré le traitement antibiotique. C’est d’une voix chevrotante qu’il exprime sa peur de mourir. Diriez-vous que monsieur Bruneau montre des signes d’une attaque de panique ? Justiez votre réponse.
Trouble panique
Il est avant tout essentiel de diérencier le trouble panique (avec ou sans agoraphobie) d’une attaque de panique. Dans le cas du trouble panique, les attaques de panique surviennent de açon inatten due et récurrente, et la personne demeure avec une crainte sufsamment importante d’avoir d’autres attaques au point qu’elle modife ses habitudes et ses comportements. Selon le DSMIVTR, le dia gnostic de trouble panique est en eet posé lorsque la personne éprouve une crainte persistante de subir une autre attaque, des inquiétudes au sujet des implications éventuelles de l’attaque ou de ses conséquences (p. ex., la perte de la maîtrise de soi, une crise cardiaque, le ait de « devenir ou ») ; ou encore lorsque des modifcations comportemen tales importantes liées aux attaques se maniestent chez la personne (APA, 2004). Par exemple, une adolescente a eu trois attaques de panique au cours
12
Critères diagnostiques du DSM-IV-TR ENCADRÉ 12.2
Attaque de panique
Une période bien délimitée de crainte ou de malaise intense, dans laquelle au minimum 4 des symptômes suivants sont survenus de açon brutale et ont atteint leur acmé en moins de 10 minutes : (1) palpitations, battements de cœur ou accélération du rythme cardiaque ; (2) transpiration ; (3) tremblements ou secousses musculaires; (4) sensation de « soufe coupé» ou impression d’étouement; (5) sensation d’étranglement; (6) douleur ou gêne thoracique ; (7) nausées ou gêne abdominale ;
(8) sensation de vertige, d’instabilité, tête vide ou impression d’évanouissement ; (9) déréalisation (sentiments d’irréalité) ou dépersonnalisation (être détaché de soi) ; (10) peur de perdre le contrôle de soi ou de devenir ou; (11) peur de mourir ; (12) paresthésies (sensations d’engourdissement ou de picotements) ; (13) rissons ou bouées de chaleur. Une attaque de panique ne peut pas être codée comme un trouble anxieux spécique en tant que tel.
Source : APA (2004), p. 205-206 Chapitre 12 Troubles anxieux
295
des deux derniers mois. La première s’est produite au moment où elle était dans l’autobus avec une amie, la deuxième a eu lieu à la maison alors qu’elle était seule et la troisième, lorsqu’elle courait avec sa sœur. Depuis la deuxième attaque, la jeune flle se dit nerveuse et constamment inquiète d’en subir d’autres. Une peur constante d’avoir de nouvelles attaques, qui perdure depuis plus de un mois, s’est développée chez elle ; cette jeune flle est atteinte d’un trouble panique.
Trouble panique sans agoraphobie Dans le cas des clients atteints de trouble panique sans agoraphobie, la personne ne présente pas les symptômes d’agoraphobie, les attaques de panique ne sont pas liées aux eets directs d’une substance (drogues, médicaments), et elles ne sont pas attri buables à une condition physiologique (p. ex., l’hyperthyroïdie) (APA, 2004).
Trouble panique avec agoraphobie Les critères diagnostiques du trouble panique avec agoraphobie sont les mêmes que ceux du trouble panique sans agoraphobie, auxquels s’ajoutent ceux de l’agoraphobie (APA, 2004). L’agoraphobie se manieste par la crainte d’être incapable de s’échapper d’une situation contraignante (p. ex., d’une automobile en mouvement) ou d’une situa tion embarrassante si des secours ne sont pas dis ponibles en cas d’attaque de panique. Sortir seul, se trouver dans une oule ou une fle d’attente, traverser un pont, voyager en autobus, en train ou en voiture sont des situations qui suscitent ré quemment des peurs agoraphobes. Ces situations sont soit évitées, soit vécues avec la crainte d’avoir une attaque de panique ; ou alors, elles nécessitent la présence d’un accompagnant (APA, 2004). La personne agoraphobe peut adopter des comporte ments d’évitement. Elle uit les situations agora phobes et ressent de l’anxiété à l’idée d’avoir une attaque de panique. Cette personne ne se rend pas à des endroits ou à des événements où elle a déjà connu une réaction agoraphobe sans être accom pagnée par un ami de confance ou par son com pagnon FIGURE 12.2 . Par exemple, une jeune emme qui a eu plusieurs attaques de panique au cours des derniers mois et qui s’inquiète des conséquences d’une éventuelle attaque alors qu’elle est au travail ou en voiture s’absente parois de son travail. Elle évite les situations dans lesquelles elle a déjà vécu une attaque de panique. Elle eec tue un détour de cinq kilomètres afn d’éviter de traverser un pont sur lequel elle a déjà eu une attaque et s’isole de plus en plus. Dans de rares cas, il arrive cependant que l’ago raphobie survienne sans déclencher d’attaques de panique ; il s’agit du diagnostic d’agoraphobie sans antécédent de trouble panique.
296
Partie 3
Troubles mentaux
FIGURE 12.2 L’agoraphobie peut se manifester par la peur de quitter un lieu sûr et confortable tel que le domicile.
12.4.3
Phobies
La caractéristique principale des troubles phobi ques (ou phobies) est que le client connaît des attaques de panique en réaction à des situations particulières ou qu’il a appris à éviter ces situa tions qui provoquent des attaques de panique.
Phobies spécifques Les critères du DSMIVTR défnissent une phobie spécifque comme étant une peur marquée et per sistante par rapport à un objet ou à une situation précise, comme un animal, un insecte, les hauteurs, un voyage en avion ou la vue du sang FIGURE 12.3 (APA, 2004). L’exposition au stimulus phobogène ou son anticipation déclenche une réponse anxieuse immédiate chez la personne. Cette réponse anxieuse peut prendre la orme d’une attaque de panique liée à la situation. Les enants expriment leurs phobies en pleurant, en piquant une colère, en se fgeant, ou en se cramponnant à quelque chose ou à quelqu’un. Les adultes qui ont une phobie spé cifque reconnaissent que leurs peurs sont exces sives ou irrationnelles (APA, 2004). Ils évitent les situations phobiques ou ils les endurent avec une grande sourance (APA, 2004). L’intensité de la réaction varie habituellement avec le degré de proxi mité du stimulus phobogène et la possibilité d’y
subissent avec une anxiété et une détresse intenses (APA, 2004). Ces personnes ont parois de la dif culté à travailler en groupe. Si un tel client se trouve au centre hospitalier pour un trouble concomitant comme l’abus d’alcool ou d’autres drogues, le recours à une thérapie de groupe pourrait susciter en lui beaucoup d’anxiété et, de ce ait, ne pas lui convenir. Touteois, lorsqu’une personne est traitée pour phobie sociale, la thérapie de groupe permet tra une exposition aux peurs et diminuera, de ce ait, l’évitement. Également, les soins de cette per sonne devraient comprendre un travail individuel portant sur ses problèmes et le recours à un médi cament antidépresseur, comme un inhibiteur sélec ti du recaptage de la sérotonine (ISRS) ou encore la venlaaxine (APA, 2009 ; APC, 2006).
12.4.4
FIGURE 12.3 Les phobies spécifques se maniestent de diverses manières selon les clients.
échapper (p. ex., la proximité d’un chien et la capa cité ou non de uir le lieu si ce chien s’approche).
Phobie sociale La phobie sociale s’observe quand une personne ressent une peur envahissante à l’idée de se trouver en société ou de devoir interagir avec plusieurs personnes à la ois. Une personne atteinte de phobie sociale se préoccupe énormément de l’opinion des autres, et elle craint de se comporter d’une açon qui serait humiliante ou embarrassante. Les enants touchés par cette aection ont preuve d’une anxiété extrême quand ils interagis sent avec leurs pairs ou avec des personnes qu’ils ne connaissent pas bien. Par exemple, un enant peut déclarer à sa mère qu’il ne participera pas à une activité en groupe, car les autres enants croi ront qu’il est stupide. Les enants expriment leur peur en pleurant ou en adoptant un comportement colérique. Les adultes atteints de phobie sociale reconnaissent que leur peur est excessive ou dérai sonnable (APA, 2004). Les personnes atteintes de phobie sociale évitent les situations où elles devraient se trouver en société ou intervenir devant un public, ou alors elles les
Trouble obsessionnelcompulsif
Le TOC se manieste par des symptômes qui se transorment en obsessions ou en compulsions chez la personne. Le DSMIVTR défnit une obsession comme une idée, une pensée ou une impulsion récurrente et persistante importune qui entraîne un accroissement marqué de l’anxiété (APA, 2004). La personne tente de supprimer ou d’ignorer ces pen sées et ces impulsions, ou de les neutraliser par d’autres pensées ou d’autres actions. Les personnes atteintes de TOC reconnaissent que les idées obses sionnelles ont partie de leurs propres pensées et ne proviennent pas d’ailleurs, comme c’est le cas avec l’insertion de pensée qui peut apparaître dans la schizophrénie 14 .
12 14 Les symptômes et les critères diagnostiques de la schizophrénie sont présentés dans le chapitre 14, Schi zophrénie et autres troubles psychotiques.
Les compulsions sont des comportements phy siques ou des actes mentaux répétitis qu’une per sonne se sent obligée d’accomplir en réaction à une obsession TABLEAU 12.3. Se laver les mains TABLEAU 12.3
Exemples d’obsessions et de compulsions
OBSESSIONS
COMPULSIONS
Peur de la contamination
Soins d’hygiène ou hygiène des mains excessis
Peur d’avoir oublié quelque chose ou de aire quelque chose
Vérifcations incessantes (p. ex., une porte barrée, le our éteint)
Besoin de symétrie et d’ordre
Rangement ou classement des objets en ligne ou dans un certain ordre, rangement continuel
Peur de se débarrasser de choses
Accumulation et conservation d’objets même s’ils sont inutiles
Superstitions ou croyances particulières
Prière continuelle, calculs mentaux à répétition, évitement des craques du trottoir pour ne pas subir un malheur
Autres obsessions
Divers rituels visant à réduire l’anxiété tels que toucher des objets de açon répétitive, allumer et ermer la lumière à répétition, etc.
Chapitre 12 Troubles anxieux
297
Jugement clinique
à répétition, vériier plu sieurs ois que les électromé Anna-Maria Godilo est une emme d’aaires âgée de nagers sont débranchés avant 37 ans. Son travail l’oblige à prendre souvent l’avion de quitter la maison, compter pour assister à des réunions ou à des rencontres à des objets à répétition en sont l’étranger. Madame Godilo craint parois qu’un accident des exemples. Ces comporte d’avion se produise ; c’est pourquoi elle repère la sortie ments ou ces pensées repré la plus proche de son siège dès qu’elle monte dans sentent une tentative pour l’appareil. De plus, elle compte régulièrement le prévenir ou réduire la détresse nombre de rangées la séparant de la sortie, vérife suscitée par l’obsession ou la présence d’un gilet de sauvetage, consulte les pour empêcher une menace consignes de sécurité à plusieurs reprises durant redoutée de se concrétiser (p. le vol tout en aisant des signes de croix. ex., le eu, en vérifant les Madame Godilo afche-t-elle des comportements appareils électroménagers). compulsis ? Justifez votre réponse. Touteois, ils ne constituent pas une açon réaliste de pré venir une situation redoutée et ils sont souvent excessis, en plus d’être anxiogènes.
La Fondation québécoise pour le trouble obsessionnelcompulsi ore de l’inormation et du soutien aux personnes atteintes de TOC, et ce, en vue de renorcer leur intégration sociale : http://qtoc.mtl.rtss. qc.ca.
Les personnes ayant des obsessions ou des com pulsions vivent une détresse marquée parce que ces pensées dévorent du temps et qu’elles pertur bent leur routine normale ou leur onctionnement proessionnel de açon importante. Les infrmières scolaires sont conscientes de l’existence de ce trouble chez les enants. Il arrive souvent qu’un TOC ne soit pas décelé chez un élève en raison de sa timidité qui masque souvent les symptômes. Parois, ce n’est que lorsque l’enant est incapable
ENCADRÉ 12.3
• Le client atteint du TOC connaît des pensées récurrentes qui perturbent son onctionnement quotidien. Afn de réduire l’anxiété envahissante ressentie à cause de ces pensées, le client adopte des compulsions ou certains schèmes de comportement (rituels). Certaines compulsions consistent à compter, à classer, à vérifer (p. ex., que la cuisinière est éteinte ou que la porte est verrouillée) ou à se préoccuper des microbes. • Les pensées, les impulsions et les images sont involontaires, et elles sont aggravées par le stress. SOINS PROPOSÉS
• Le TOC est un trouble anxieux chronique qui répond à diverses stratégies thérapeutiques. • Au moment de l’admission d’un client atteint du TOC, l’infrmière crée tout d’abord une alliance thérapeutique avec celui-ci afn de diminuer l’anxiété du client. • Au début de l’hospitalisation, l’infrmière ne cherche pas à limiter le temps que le client accorde à ses rituels puisque cela pourrait nuire à la relation thérapeutique à ce stade-ci. Elle observe plutôt le client et note la durée ainsi que la nature des rituels afn d’en discuter plus tard avec lui.
Partie 3
Troubles mentaux
12.4.5
État de stress post-traumatique
C’est dans le DSMIII (1980) que l’ESPT a été défni en tant que catégorie diagnostique pour la première ois. Avant cela, ce mode de réaction suivant un évé nement traumatique était surtout reconnu chez les soldats et pouvait prendre le nom de choc de l’obus ou d’épuisement au combat. L’ESPT désigne la réac tion d’une personne à des événements traumatisants comme la guerre, la violence sexuelle ou physique, une catastrophe naturelle, un accident ou un deuil. Il est probable que des cas d’ESPT se maniestent après des catastrophes telles que les événements du 11 septembre 2001, les tremblements de terre comme celui qui s’est produit à Haïti, le tsunami au Japon, la guerre en Aghanistan ou la usillade du Collège Dawson. En raison du nombre élevé de personnes atteintes d’ESPT ou de troubles comorbides après ces événements, ces désastres ont habituellement un impact sur le système de soins de santé pour les années qui suivent dans les régions touchées (Cukor, Wyka, Mello et al., 2011 ; Neria, DiGrande & Adams, 2011). Plusieurs travailleurs des services d’urgence qui sont intervenus après les attaques terroristes du
Trouble obsessionnel-compulsif
CARACTÉRISTIQUES DU TROUBLE OBSESSIONNELCOMPULSIF
298
de jouer, de se aire des amis ou de se concentrer à l’école que le TOC peut être décelé et traité ENCADRÉ 12.3 (Helbing & Ficca, 2009).
• Il est important d’appliquer des stratégies comportementales et cognitives pour gérer l’anxiété et réduire les symptômes du trouble lorsque les pensées sont envahissantes et que les compulsions deviennent perturbantes. Au ur et à mesure que la relation infrmière-client s’installe, l’infrmière convient avec le client des objectis de traitement et détermine la açon de les atteindre. • Le recours à une approche cognitivo-comportementale aide à réduire les symptômes du TOC (APC, 2006). Avec le client, l’infrmière cible des rituels que celui-ci souhaite éliminer et établit un plan de traitement pour y arriver graduellement. • La pharmacothérapie est une modalité efcace qui ait habituellement appel à un médicament de la catégorie des antidépresseurs, principalement la classe des ISRS comme médication de premier recours (APC, 2006). • Le profl d’eets indésirables varie selon la classe de médicaments ; il est important de reconnaître et de rapporter les eets indésirables pour la gestion de la pharmacothérapie du client. • Six semaines peuvent être nécessaires pour parvenir à maîtriser les symptômes grâce à la pharmacothérapie.
11 septembre 2001 ont maniesté un ESPT dès les jours qui ont suivi les attaques, et d’autres ont eu un ESPT retardé, qui est apparu jusqu’à deux ans après les événements pour certains (Cukor et al., 2011). Cependant, une controverse demeure toujours quant à l’intensité qu’un événement ou une expé rience doit atteindre pour correspondre à la défni tion de traumatisme et quant à la distinction entre les symptômes d’ESPT et ceux d’autres troubles comorbides, dont l’abus d’alcool ou d’autres dro gues, la dépression et l’anxiété. Pour que les symp tômes soient reconnus comme des symptômes d’ESPT, la personne doit avoir vécu ou avoir été témoin d’un événement qui présentait un risque pour sa vie ou son intégrité physique (APA, 2004). Une ois l’événement terminé, la personne conserve
une certaine excitation psy chologique et maintient un état d’hypervigilance. Elle revit l’événement traumati sant sous orme de flashback ou de rêves, et agit ou se sent comme si l’événe ment se produisait dans le présent ENCADRÉ 12.4. Les personnes en ESPT évitent les stimulus associés au trau matisme et connaissent un engourdissement de leur réactivité générale si l’événe ment leur est rappelé par certains signaux (APA, 2004).
Jugement clinique Roland Melançon, âgé de 56 ans, est très fer de la maison qu’il a construite il y a une trentaine d’années sur le bord d’un cours d’eau. Il se croyait à l’abri des problèmes liés à la montée des eaux même s’il habite une zone inondable. Malheureusement, il a dû investir une très grosse somme d’argent pour nettoyer sa résidence et la reconstruire en partie à la suite de graves inondations qui sont survenues alors qu’il était en voyage. Depuis, il craint que cela se reproduise dès qu’il y a de ortes pluies ou que la onte des neiges est trop précoce et marquée. « Je ne veux plus revivre ce cauchemar et je vais prendre les moyens qu’il aut pour éviter les problèmes que j’ai eus », dit-il. Monsieur Melançon est-il atteint d’un ESPT ? Justifez votre réponse.
Critères diagnostiques du DSM-IV-TR ENCADRÉ 12.4
État de stress post-traumatique
A. Le sujet a été exposé à un événement traumatique dans lequel les deux éléments suivants étaient présents : (1) le sujet a vécu, a été témoin, ou a été conronté à un événement ou à des événements durant lesquels des individus ont pu mourir ou être très gravement blessés ou bien ont été menacés de mort ou de grave blessure ou bien durant lesquels son intégrité physique ou celle d’autrui a pu être menacée ; (2) la réaction du sujet à l’événement s’est traduite par une peur intense, un sentiment d’impuissance ou d’horreur. N.B. Chez les enants, un comportement désorganisé ou agité peut se substituer à ces maniestations. B. L’événement traumatique est constamment revécu, de l’une (ou de plusieurs) des açons suivantes : (1) souvenirs répétitis et envahissants de l’événement provoquant un sentiment de détresse et comprenant des images, des pensées ou des perceptions. N.B. Chez les jeunes enants peut survenir un jeu répétiti exprimant des thèmes ou des aspects du traumatisme ; (2) rêves répétitis de l’événement provoquant un sentiment de détresse. N.B. Chez les enants, il peut y avoir des rêves erayants sans contenu reconnaissable ; (3) impression ou agissements soudains « comme si » l’événement traumatique allait se reproduire (incluant le sentiment de revivre l’événement, des illusions, des hallucinations et des épisodes dissociatis (fash-back), fash-back y compris ceux qui surviennent au réveil ou au cours d’une intoxication). N.B. Chez les jeunes enants, des reconstitutions spécifques du traumatisme peuvent survenir ; (4) sentiment intense de détresse psychique lors de l’exposition à des indices internes ou externes évoquant ou ressemblant à un aspect de l’événement traumatique en cause; (5) réactivité physiologique lors de l’exposition à des indices internes ou externes pouvant évoquer ou ressembler à un aspect de l’événement traumatique en cause. C. Évitement persistant des stimulus associés au traumatisme et émoussement de la réactivité générale (ne préexistant pas au traumatisme)
comme en témoigne la présence d’au moins trois des maniestations suivantes : (1) eorts pour éviter les pensées, les sentiments ou les conversations associés au traumatisme ; (2) eorts pour éviter les activités, les endroits ou les gens qui éveillent des souvenirs du traumatisme ; (3) incapacité de se rappeler un aspect important du traumatisme; (4) réduction nette de l’intérêt pour des activités importantes ou bien réduction de la participation à ces mêmes activités; (5) sentiment de détachement d’autrui ou bien de devenir étranger par rapport aux autres ; (6) restriction des aects (p. ex., l’incapacité à éprouver des sentiments tendres) ; (7) sentiment d’avenir « bouché » (p. ex., pense ne pas pouvoir aire carrière, se marier, avoir des enants ou avoir un cours normal de la vie). D. Présence de symptômes persistants traduisant une activation neurovégétative (ne préexistant pas au traumatisme) comme en témoignent deux des maniestations suivantes: (1) difculté d’endormissement ou sommeil interrompu ; (2) irritabilité ou accès de colère; (3) difculté de concentration; (4) hypervigilance ; (5) réaction de sursaut exagérée. E. La perturbation (symptômes des critères B, C et D) dure plus d’un mois. F. La perturbation entraîne une sourance cliniquement signifcative ou une altération du onctionnement social, proessionnel ou dans d’autres domaines importants. Spécifer si: Aigu : si la durée des symptômes est de moins de trois mois. Chronique : si la durée des symptômes est de trois mois ou plus. Spécifer si: Survenue diérée: si le début des symptômes survient au moins six mois après le acteur de stress.
Source : APA (2004), p. 215-218 Chapitre 12 Troubles anxieux
299
12
12.4.6
Le tableau 12.1W, présenté au http://ortinash.cheneliere.ca, propose une évaluation du TAG ; il résume ses caractéristiques et ses maniestations cliniques.
État de stress aigu
L’état de stress aigu partage plusieurs ressemblances avec l’ESPT, mais il s’en distingue en ce sens que la personne ressent une anxiété accompagnée de divers symptômes dont ceux de dissociation et que sa durée est inérieure ou égale à un mois. Si les symptômes persistent plus de un mois, il aut alors envisager le diagnostic d’ESPT ENCADRÉ 12.5 (APA, 2004). Les symptômes dissociatis de la per sonne en état de stress aigu apparaissent durant l’expérience traumatisante ou immédiatement après celleci. Pour que le diagnostic soit posé, la
Critères diagnostiques du DSM-IV-TR ENCADRÉ 12.5
État de stress aigu
A. Le sujet a été exposé à un événement traumatique dans lequel les deux éléments suivants étaient présents: (1) le sujet a vécu, a été témoin ou a été conronté à un événement ou à des événements durant lesquels des individus ont pu mourir ou être très gravement blessés ou bien ont été menacés de mort ou de grave blessure ou bien durant lesquels son intégrité physique ou celle d’autrui a pu être menacée ; (2) la réaction du sujet à l’événement s’est traduite par une peur intense, un sentiment d’impuissance ou d’horreur. N.B. Chez les enants, un comportement désorganisé ou agité peut se substituer à ces maniestations. B. Durant l’événement ou après avoir vécu l’événement perturbant, l’individu a présenté trois (ou plus) des symptômes dissociatis suivants : (1) un sentiment subjecti de torpeur, de détachement ou une absence de réactivité émotionnelle; (2) une réduction de la conscience de son environnement (p. ex., « être dans le brouillard ») ; (3) une impression de déréalisation ; (4) de dépersonnalisation ; (5) une amnésie dissociative (p. ex., une incapacité à se souvenir d’un aspect important du traumatisme). C. L’événement traumatique est constamment revécu, de l’une (ou de plusieurs) des manières suivantes : images, pensées, rêves, illusions, épisodes de fash-back Source : APA (2004), p. 218-219
300
Partie 3
Troubles mentaux
récurrents, ou sentiment de revivre l’expérience, ou sourance lors de l’exposition à ce qui peut rappeler l’événement traumatique. D. Évitement persistant des stimulus qui éveillent la mémoire du traumatisme (p. ex., des pensées, des sentiments, des conversations, des activités, des endroits, des gens). E. Présence de symptômes anxieux perper sistants ou bien maniestations d’une activation neurovégétative (p. ex., des difcultés lors du sommeil, de l’irritabilité, des difcultés de concentration, une hypervigilance, une réaction de sursaut exagérée, de l’agitation motrice). F. La perturbation entraîne une détresse cliniquement signifcative ou une altération du onctionnement social, proessionnel ou dans d’autres domaines importants, ou altère la capacité du sujet à mener à bien certaines obligations comme obtenir une assistance nécessaire ou mobiliser des ressources personnelles en parlant aux membres de sa amille de l’expérience traumatique. G. La perturbation dure un minimum de deux jours et un maximum de quatre semaines et survient dans les quatre semaines suivant l’événement traumatique. H. La perturbation n’est pas due aux eets physiologiques directs d’une substance (p. ex., une substance donnant lieu à abus, un médicament) ou d’une aection médicale générale, n’est pas mieux expliquée par un trouble psychotique bre et n’est pas uniquement une exacerbation d’un trouble préexistant de l’axe I ou de l’axe II.
personne doit être incapable d’assumer son rôle social ou proessionnel habituel. Ainsi, un état de stress aigu s’est développé chez une caissière qui travaillait dans une banque où elle a été victime d’un vol à main armée. À la suite de cet événement, elle a été incapable de retourner au travail pendant deux semaines. Elle présentait une amnésie partielle des événements, entre autres de tout ce qui s’était produit après que le voleur a tiré au plaond et après l’arrivée des policiers, un émoussement émotionnel et une hypervigilance accompagnée d’une anxiété grave. Elle a également ait des cauchemars durant les quels le voleur la menaçait avec son arme et déchargeait celleci. Les symptômes ont disparu graduellement durant les trois semaines suivantes, et elle a été en mesure de reprendre peu à peu ses activités sociales et proessionnelles dans le mois qui a suivi le vol. Si les symptômes avaient per sisté plus longtemps, le diagnostic d’ESPT aurait été posé.
12.4.7
Trouble d’anxiété généralisée
Le TAG se manieste quand une personne ressent une anxiété et une inquiétude excessives qui gênent sa capacité de onctionner à la maison, au travail, à l’école ou dans la communauté (APA, 2004) . Cette anxiété ait intervenir des préoccupations au sujet de nombreux aspects de la vie de la personne. Celleci a de la difculté à maîtriser ses inquié tudes. Elle dit se sentir agitée ou énervée, se atiguer acilement et avoir de la difculté à se concentrer, être irritable, avoir les muscles tendus et le sommeil perturbé. Une personne atteinte du TAG a tendance à toujours envisager les pires scénarios et tolère mal l’incertitude. Par exemple, lorsque ses enants sont en retard pour le souper, une mère devient très inquiète et croit qu’ils ont été kidnappés ou rappés par une voiture, même si cette éventualité est peu probable puisqu’ils jouaient chez des amis qui demeurent tout près FIGURE 12.4.
12.5
Pronostic
Le pronostic des troubles anxieux est lié à des acteurs propres au trouble luimême, au client, à son acceptation de la maladie, aux eorts qu’il est prêt à ournir pour s’en sortir et à la relation qu’il entretient avec son thérapeute. De açon générale, les troubles anxieux sont habituellement chroni ques et causent une dégradation importante simi laire à celle associée à de nombreuses maladies chroniques (Antony, 2011 ; Antony, Roth, Swinson et al., 1998). Des études ont touteois démontré que la gravité des symptômes tend à diminuer à mesure que l’âge augmente (Ramsawh, Raa, Orlando et al., 2009).
SCHÉMA DES QUATRE DIMENSIONS Trouble d’anxiété généralisée DIMENSION PHYSIQUE • Tension musculaire
• Perturbation du sommeil
Caroline Beauchamp est une mère de amille âgée de 54 ans. Elle est si inquiète qu’elle a de la difculté à s’endormir et à rester endormie. Elle éprouve aussi régulièrement des douleurs au cou et aux trapèzes. Lorsqu’elle est anxieuse, il lui arrive d’avoir la diarrhée.
DIMENSION SOCIALE • Inquiétude excessive à propos des proches Madame Beauchamp a l’impression que ses fls adolescents sont particulièrement menacés. Elle les met en garde contre les dangers de la vie. Si l’un d’entre eux est en retard, elle vit une soirée éprouvante croyant qu’elle recevra un appel de la police ou du centre hospitalier.
DIMENSION PSYCHOLOGIQUE • Anxiété et soucis excessis • Difculté à se concentrer
• Irritabilité • Oublis réquents
Madame Beauchamp a tendance à appréhender les pires catastrophes. Lorsqu’elle regarde la télévision, elle est acilement distraite et déconcentrée par ses pensées. Elle est de nature irritable et sursaute acilement au moindre bruit. Si ses habitudes sont perturbées, son insomnie s’exacerbe, et elle peut passer des heures à échaauder des scénarios dramatiques durant la nuit.
DIMENSION SPIRITUELLE • Capacité limitée à prendre des risques et à s’engager dans des projets Madame Beauchamp aimerait aller voir son rère qui vit en Caliornie et rencontrer ses neveux pour la première ois depuis leur naissance, mais sa peur de l’avion est telle qu’elle renonce à cet important voyage. Si elle sort de chez elle, elle tente de planifer tout dans les moindres détails et devient anxieuse devant les imprévus. Elle modife rarement ses habitudes, elle achète les mêmes produits à l’épicerie depuis plusieurs années et est réticente à en essayer de nouveaux.
FIGURE 12.4
Les clients traités pour le trouble panique avec ou sans agoraphobie maniestent généralement cer tains symptômes au cours de leur vie après les épi sodes initiaux. Les études de suivi eectuées de 6 à 10 ans après le traitement d’un trouble panique indiquent que 30 % des clients se portent bien, que de 40 à 50 % vont mieux, mais présentent toujours des symptômes, et que la condition de 29 ou 30 % d’entre eux est restée la même ou s’est légèrement détériorée (APA, 2000). Les phobies spécifques qui persistent à l’âge adulte sont généralement chroni ques. L’évolution de la phobie sociale est souvent continue, apparaissant ou réapparaissant après des expériences stressantes ou humiliantes. Le pronostic du TOC est semblable à celui des autres troubles anxieux ; les symptômes s’ampli fent ou s’atténuent selon les agents stressants. Touteois, l’évolution de 15 % des clients va vers une détérioration chronique, à mesure que le onc tionnement social et proessionnel devient compro mis (APA, 2000). Les conclusions de la recherche de Brook et ses collaborateurs (2011) laissent entre voir une lueur d’espoir pour les clients atteints du TOC puisqu’elle a démontré que le taux de rétablis sement pour ce trouble a tendance à augmenter
avec le temps, passant de 16 % après une année jusqu’à 42 % après 15 ans. Le pronostic de l’état de stress aigu et de l’ESPT est lié à l’exposition de la personne à l’événement stressant, au onctionnement prémorbide du client (c.àd. juste avant l’apparition de la maladie), et à sa capacité de découvrir des systèmes de soutien et de les exploiter. Si la personne atteinte du trouble de l’état de stress aigu n’est pas rétablie après quatre semaines, c’est alors le diagnostic d’ESPT qui s’applique. Environ la moitié des per sonnes qui ont reçu ce diagnostic se rétablit en trois mois, alors que l’autre moitié continue d’éprouver des symptômes qui persistent pendant plus de une année après le traumatisme. Il est probable que le rétablissement se asse mieux s’il y a peu d’agents stressants concurrents au moment où les symp tômes apparaissent, si le client cherche un traite ment précoce et s’y soumet. De récentes recherches menées auprès de personnes qui ont survécu aux attaques terroristes du 11 septembre 2001 (mem bres des services d’urgence et population générale) ont démontré que le taux de prévalence de l’ESPT a diminué considérablement durant les six années suivant les attaques (Cukor et al., 2011 ; Neria et Chapitre 12 Troubles anxieux
301
12
Il existe d’autres outils, sous orme de questionnaires autoadministrés, pour évaluer le TOC, l’ESPT et le TAG. Ils peuvent être consultés au www.anxietycanada.ca/ rench/youth/seltests.htm.
al., 2011). Ces mêmes recherches ont aussi permis de mettre en évidence divers acteurs de risque de subir un ESPT, dont le sexe éminin, un jeune âge, la durée d’exposition à l’événement ainsi que le ait d’avoir été témoin de gestes désespérés. Le pronostic du trouble d’anxiété généralisée s’avère plutôt sombre. L’évolution est habituelle ment chronique et marquée par des fuctuations des symptômes au cours de la vie. Le TAG
12.6 12.6.1 4 L’exercice de la proession infrmière, tel que défni par l’Ordre des infrmières et infrmiers du Québec, est l’objet du chapitre 4, Évaluation de la condition mentale.
Démarche de soins Collecte des données – Évaluation initiale
Les premiers contacts avec les clients ayant des troubles anxieux s’eectuent souvent dans un CSSS, dans un groupe de médecine amiliale ou au service des urgences d’un centre hospitalier. Dans ce contexte, les inrmières sont souvent les premières, parmi les proessionnels de la santé, à entrer en contact avec ces clients. Le rôle de l’inr mière évolue au l du traitement, mais au moment
Symptômes cliniques TABLEAU 12.4
Caractéristiques de l’anxiété : symptômes et manifestations
TYPES DE SYMPTÔMES
MANIFESTATIONS
Symptômes physiques Cardiovasculaires
Palpitations, ↑ pression artérielle, ↑ rythme cardiaque
Respiratoires
Respiration rapide et supercielle, sensation d’oppression dans la poitrine, dyspnée, suocation, boule dans la gorge
Digestis
Modication de l’appétit, malaise abdominal ou sensation d’être plein, nausées, brûlures d’estomac, diarrhée
Neuromusculaires
Hyperréfexie, insomnie, tremblements, ait d’arpenter la pièce (c.-à-d. aire les 100 pas, marcher de long en large), gaucherie, agitation, bouées vasomotrices, transpiration, tension musculaire
Génito-urinaires
Réduction de la libido, mictions réquentes ou impérieuses
Symptômes psychologiques Cognitis
↓ attention, incapacité de se concentrer, perte de mémoire, jugement aussé, blocage de la pensée, peur des blessures ou de la mort
Comportementaux
Élocution rapide, tension musculaire, léger tremblement des mains, agitation, ait d’arpenter la pièce (c.-à-d. aire les 100 pas, marcher de long en large), hyperventilation
Perceptuels
Irritabilité, impatience, nervosité, peur, inquiétude
302
Partie 3
Troubles mentaux
survient rarement seul ; les diagnostics souvent associés sont la dépression, l’abus de substance et d’autres troubles anxieux (Flint, 2005). Seulement deux personnes sur cinq atteintes du TAG consulteraient un proessionnel de la santé pour obtenir de l’aide. De ce nombre, de 38 à 41 % environ obtiennent un rétablissement partiel ou complet après 5 ans de traitement (Tyrer & Baldwin, 2006).
des premiers contacts, il consiste essentiellement à évaluer l’état de santé physique et mentale du client, à documenter tous les signes et les symp tômes qu’il présente à son arrivée et à le rassurer.
Reconnaître les manifestations de l’anxiété Il est important que l’inrmière puisse recon naître les maniestations dysonctionnelles de l’anxiété an que le traitement soit entrepris rapide ment. Le plus souvent, les clients présentant des symptômes d’anxiété ne mentionnent pas ce trouble comme étant la principale raison qui les amène à consulter. Par dénition, l’anxiété est un sentiment de malaise dius et dont la cause n’est pas nécessai rement trouvée. L’inrmière qui se préoccupe de la santé mentale autant que de la santé physique de ses clients peut découvrir auprès d’une personne atteinte d’anxiété des signes qui indiquent la nécessité de procéder à une évaluation plus poussée 4 . Le TABLEAU 12.4 présente les maniestations cliniques physiques et psychologiques de l’anxiété. Ce tableau constitue un bon outil de départ pour aider l’inrmière à comprendre comment l’anxiété se manieste sur les systèmes de l’organisme, sur les modes de pensée et sur le comportement du client. L’inrmière procède notamment à une évaluation complète de l’état mental. Ce aisant, elle doit porter une attention particulière à l’humeur, à l’aect, à l’estime de soi, au jugement, à l’autocritique ainsi qu’aux idées suicidaires ou hétéroagressives.
Déterminer le degré d’urgence En cas d’attaque de panique ou de trouble panique, l’apparition soudaine de symptômes physiques et le sentiment envahissant d’une menace imminente sont erayants. Ce sont ces symptômes physiques qui amènent le client au service d’urgence parce qu’il craint d’être victime d’une crise cardiaque ou d’être sur le point de mourir. Le client atteint d’ago raphobie attire parois l’attention de l’inrmière lorsqu’elle le prépare pour des examens paraclini ques comprenant une tomodensitométrie ou une imagerie par résonance magnétique. Lorsque l’inr mière décrit la procédure et l’équipement, le client
agoraphobe peut devenir maniestement anxieux à la perspective de se retrouver dans un espace confné. Afn d’évaluer l’anxiété des clients de manière plus approondie et de déterminer le degré d’ur gence, l’infrmière qui a reçu la ormation adéquate
peut avoir recours à divers outils tels que l’échelle d’appréciation de l’anxiété de Hamilton (1959), l’Inventaire d’anxiété de Beck (Beck, Epstein, Brown et al., 1988) ou la Yale-Brown ObsessiveCompulsive Scale (Goodman, Price, Rasmussen et al.,1989) TABLEAU 12.5 .
Visionnez la vidéo Trouble obsessionnelcompulsif au http://fortinash.cheneliere.ca.
Collecte des données TABLEAU 12.5
Inventaire d’anxiété de Becka
SYMPTÔME RESSENTI
PAS DU TOUT
UN PEU (Cela ne m’a pas beaucoup dérangé.)
MODÉRÉMENT (C’était très déplaisant, mais supportable.)
BEAUCOUP (Je pouvais à peine le supporter.)
1. Sensations d’engourdissement ou de picotement 2. Bouées de chaleur 3. « Jambes molles », tremblements dans les jambes
12
4. Incapacité de se détendre 5. Crainte que le pire ne survienne 6. Étourdissements ou vertiges, désorientation 7. Battements cardiaques marqués 8. Mal assuré, manque d’assurance dans mes mouvements 9. Sentiment d’être terrifé 10. Nervosité 11. Sensation d’étouement 12. Tremblements de mains 13. Tremblements, chancelant 14. Crainte de perdre le contrôle 15. Respiration difcile 16. Peur de mourir 17. Sensation de peur, « avoir la rousse » 18. Indigestion ou malaise abdominal 19. Sensation de déaillance ou d’étouement 20. Rougissement du visage 21. Transpiration (non associée à la chaleur) a
Voici une liste de symptômes courants dus à l’anxiété. Le client lit chaque symptôme attentivement et indique à quel degré il a été aecté par chacun de ces symptômes au cours de la dernière semaine, incluant aujourd’hui. Chaque élément est noté entre 0 et 3 ; un résultat total entre 0 et 7 correspond à une absence d’anxiété, entre 8 et 15, à une anxiété légère, entre 16 et 25, à une anxiété modérée et entre 26 et 63, à une anxiété grave. Les résultats doivent être interprétés avec prudence. Certains clients ont tendance à exagérer leurs symptômes, et une entrevue d’évaluation approondie avec le client est souhaitable afn de déterminer avec précision son stade d’anxiété avant de poser un diagnostic. Source : Tiré de Freeston, Ladouceur, Thibodeau et al. (1992) Chapitre 12 Troubles anxieux
303
Documenter les habitudes de vie
Chaque client peut ressentir de l’anxiété ou être atteint d’un trouble anxieux pour des raisons qui lui sont propres.
L’inrmière discute avec le client de ses habitudes au quotidien et lui demande par exemple de décrire une journée type. Elle peut alors voir apparaître les obsessions/compulsions, l’isolement social ou mesurer la perception que le client a de son anxiété. Il est parois dicile de poser un diagnostic si plus d’une aection est présente à la ois. La dépression et l’abus d’alcool ou d’autres dro gues ont partie des conditions qui compliquent par ois les troubles anxieux. L’inrmière ne néglige pas de questionner le client sur ses habitudes de consom mation d’alcool, de drogues ou d’autres produits tels que les boissons énergisantes, le thé et le caé, car ils peuvent exercer une grande infuence Magalie Lampron est une adolescente âgée de 15 ans sur l’intensité de l’anxiété. La qui termine sa quatrième secondaire. Son entourage consignation précise de ces la dénit comme étant très exigeante envers les autres renseignements au dossier du et très perectionniste. D’ailleurs, aucune autre élève client aide le médecin à éva ne veut être en équipe avec elle pour participer luer un éventuel TAG. à l’exposition scientique de son école. Elle se âche L’inrmière évalue également acilement et trouve que ses compagnes ne sont pas la médication du client, aussi bonnes qu’elle en sciences. « Si je ne gagne pas puisque certains traitements le prix du meilleur kiosque, j’aurai tellement honte ou leur abandon peuvent de moi. Je préère tout aire moi-même, car j’ai peur induire de l’anxiété. que ce ne soit pas prêt à temps. Je ne sais pas ce que
Jugement clinique
12.6.2
adapte le plan de soins et de traitements inrmiers (PSTI) et coordonne les soins des divers proes sionnels de la santé.
Analyse et interprétation des données
À partir du diagnostic médical et des renseigne ments recueillis pendant la collecte des données, l’inrmière détermine les problèmes prioritaires qui orienteront le plus ecacement le plan de soins du client. Elle cible avec lui les acteurs étiologi ques et les acteurs de risque. Les acteurs étiologiques infuent sur le choix de l’intervention. Chaque client peut ressentir de l’anxiété ou être atteint d’un trouble anxieux pour des raisons qui lui sont propres. De ce ait, il ne s’agit pas d’anticiper tous les problèmes possibles liés à chacun des troubles décrits dans le présent chapitre ENCADRÉ 12.6. L’ordre de priorité accordé aux problèmes dépend des besoins précis du client. L’inrmière y porte une attention particulière.
12.6.3
Planifcation des soins
Établir les résultats escomptés
• Anxiété
• Insomnie
• Automutilation
• Isolement social
• Capacité d’adaptation réduite
• Mécanismes d’adaptation déensis
• Comportement à risque pour la santé • Confit décisionnel
• Méconnaissance de sa maladie (spécier la maladie)
• Déni inecace
• Non-adhésion au traitement
La détermination des résultats escomptés avant la mise en œuvre du plan de soins guide à la ois les interventions inrmières et l’évaluation. Les résul tats escomptés varient selon le diagnostic médical et les problèmes prioritaires établis pour chaque client. En pratique, l’inrmière détermine les résul tats escomptés à partir des problèmes prioritaires, des maniestations cliniques du client et de ses besoins. Ce chapitre présente des exemples de résultats escomptés possibles pour trois troubles anxieux. Puisque l’anxiété reste l’élément central commun à chacun des troubles anxieux, les résul tats escomptés avancés ici pour un trouble en par ticulier pourraient aussi s’appliquer à un autre trouble. Ce qui détermine la pertinence d’un résul tat escompté pour un client est le lien qui existe avec le ou les problèmes prioritaires déterminés pour ce client. Les résultats escomptés sont donc établis en collaboration avec ce dernier.
• Désespoir
• Pensées envahissantes
Trouble obsessionnel-compulsi
• Détérioration de la mémoire
• Perturbation de la perception sensorielle
Le client atteint d’un TOC sera en mesure :
• Détérioration des interactions sociales
• Perturbation de l’image corporelle
• Détresse spirituelle
• Perturbation des processus amiliaux
• de manifester une maîtrise accrue des pensées intrusives et des comportements ritualisés ;
• Diculté à assumer ses rôles
• Perturbation du processus cogniti
• Faible estime de soi chronique
• Peur
• Fatigue
• Peur de mourir
• Hypervigilance
• Risque de suicide
• Impuissance
• Surcharge de stress
je erais si je n’avais pas la meilleure note », dit-elle. Plus personne ne veut la côtoyer ou même lui parler. D’après ces données, quel problème lié à l’anxiété de ne pas être la meilleure Magalie éprouve-t-elle ?
ENCADRÉ 12.6
304
Partie 3
Une ois l’évaluation pré cisément documentée, l’inr mière soutient le diagnostic du médecin et oriente adé quatement le client : elle
Problèmes pouvant être associés aux troubles anxieux
Troubles mentaux
• de montrer une capacité d’adaptation efcace lorsque les pensées ou les rituels sont interrompus ; • de diminuer le temps consacré à des activités liées à l’anxiété et d’utiliser plutôt le temps gagné à accomplir des activités de la vie quotidienne et à participer à des activités sociales ou récréatives ;
• de gérer avec succès les moments de plus grand stress en intégrant la notion que les pensées, les impulsions et les images sont involontaires, de façon à réduire son sentiment de culpabilité et l’anxiété qui l’accompagne ; • d’utiliser activement des stratégies apprises pour gérer l’anxiété et pour réduire les comportements obsessionnels-compulsifs, par exemple, la méditation de pleine conscience ; • de recourir à des techniques d’extinction des pensées conscientes enseignées par la thérapie cognitivo-comportementale (TCC) pouvant l’aider à réduire l’attention qu’il porte à des schèmes de pensée répétitifs qui amplient l’anxiété 20 ; • de discuter du régime pharmacologique et de prendre les médicaments comme prescrit ; • de savoir quand appeler le thérapeute pour des visites supplémentaires lorsque survient une crise.
État de stress post-traumatique Le client en ESPT sera en mesure : • de manifester une préoccupation quant à sa sécurité personnelle en commençant à verbaliser ses inquiétudes ; • de participer activement à un groupe de soutien, à une thérapie individuelle ou aux deux ; • de reconnaître et d’utiliser un système de soutien efcace et sufsant ; • d’accepter de prendre des décisions quant à ses propres besoins en santé ; • d’acquérir et de mettre en pratique des stratégies d’adaptation pour faire face aux symptômes d’anxiété, par exemple, des techniques de respiration, des exercices d’autorelaxation progressive, la substitution de pensées, d’images et de souvenirs, et l’adoption de comportements plus assurés ; • de discuter du régime pharmacologique et de prendre les médicaments comme prescrit ; • de décider quand utiliser les médicaments à prendre au besoin an de réduire la réaction anxieuse à un signal de l’environnement ; • de contacter le thérapeute pour une assistance immédiate lorsqu’une crise survient ; • de reconnaître la nécessité d’appeler le thérapeute pour des visites supplémentaires quand les symptômes s’amplient.
Trouble d’anxiété généralisée Le client aux prises avec un TAG sera en mesure : • de montrer une réduction importante des symptômes physiologiques, cognitifs, comportementaux et émotionnels de l’anxiété ; • de montrer une capacité d’adaptation efcace ;
• de manifester une capacité accrue de prendre des décisions et de résoudre des problèmes ; • de montrer sa capacité de fonctionner de manière adaptée en état d’anxiété légère ; • de discuter du régime pharmacologique et de prendre les médicaments comme prescrit ; • de savoir quand appeler le professionnel de la santé pour des visites supplémentaires lorsque survient une crise ; • d’utiliser la méditation de pleine conscience quand il ressent des symptômes d’anxiété plus élevée.
Décider des soins Dans l’environnement actuel des soins de santé, la planifcation du traitement pour le client ayant des troubles anxieux est variée. Depuis le virage ambu latoire et la désinstitutionnalisation eectués au Québec au milieu des années 1990, la plupart des clients atteints de troubles anxieux sont traités en consultation externe. L’hospitalisation dans des unités de courte durée est surtout envisagée pour des clients qui représentent un danger pour euxmêmes ou pour les autres. Les données sou tiennent que les troubles anxieux sont associés à d’autres problèmes de santé, et ce sont habituelle ment ces problèmes (p. ex., le trouble dépressi, le risque suicidaire) plutôt que les troubles anxieux qui conduisent à l’hospitalisation (Santé Canada, 2002). Au lieu de seulement assumer leurs rôles traditionnels en orant des soins directs aux clients dans des établissements hospitaliers, les infrmières deviennent des intervenantes pivots. En tant que telles, elles ournissent des renseignements sur les options de traitement et sur les résultats escomptés à l’intention des clients et de leur amille.
12.6.4
20 La thérapie cognitivocomportementale est présentée dans le chapitre 20, Modèles et stratégies thérapeutiques.
12
L’infrmière peut orienter le client vers des groupes d’entraide tels que La clé des champs ou Phobies-Zéro, répertoriés sur le site Web de l’Association / Troubles de l’humeur et d’anxiété au Québec : www.ataq.org.
Exécution des interventions Soins et traitements infrmiers
Une ois l’évaluation réalisée et un diagnostic de la amille des troubles anxieux confrmé, l’infrmière peut intervenir auprès du client de diverses açons. Son rôle dépend touteois du milieu de soins. L’infrmière enseigne au client en quoi consiste sa maladie et lui explique les options thérapeutiques retenues par l’équipe interdisciplinaire. Elle peut également lui présenter des moyens permettant de maîtriser l’anxiété, notamment les techniques de relaxation et de respiration FIGURE 12.5. Il lui est aussi possible d’orienter le client vers des groupes de soutien ou des organismes communautaires qui vien nent en aide aux personnes aux prises avec des trou bles anxieux. Elle peut également soutenir le client de açon plus directe, au cours d’entretiens de relation d’aide durant lesquels elle lui ait prendre conscience des liens qui existent entre ses symptômes physiques ou l’exacerbation des compulsions et l’anxiété. Chapitre 12 Troubles anxieux
305
Certaines interventions sont utiles pour tous les clients présentant des symptômes d’anxiété, et ce, quels que soient le diagnostic et le milieu de trai tement TABLEAU 12.6. La situation clinique SC 12.1 détaille les interventions infrmières pour une cliente ayant un TAG avec attaques de panique.
Soins et traitements en interdisciplinarité Psychopharmacothérapie Les interventions pharmacologiques, seules ou en combinaison avec des interventions cogni tivocomportementales, ont partie des méthodes ef caces pour le traitement de l’anxiété et des troubles connexes (RathgebFuetsch, Kempter, Feil et al., 2011). Deux classes de médicaments sont principa lement utilisées pour le traitement des troubles anxieux : les antidépresseurs et les benzodiazépines ENCADRÉ 12.7. Le rôle de l’infrmière varie selon la classe de médicament utilisée ENCADRÉ 12.8 21 .
21 La posologie, les eets indésirables des médicaments psychotropes et les interventions infrmières subséquentes sont présentés dans le chapitre 21, Psycho pharmacothérapie et autres thérapies biologiques.
Psychothérapie
FIGURE 12.5 L’infrmière peut inviter le client à adopter une posture de relaxation et à respirer proondément afn de soulager l’anxiété.
L’intervention psychothérapeutique se ait en groupe ou de açon individuelle. L’un des avantages de la thérapie de groupe est l’occasion pour le client d’ap prendre des succès et des échecs d’autres personnes qui présentent des symptômes semblables aux siens. Les thérapies comportementale et cognitivocompor tementale se révèlent d’une grande efcacité dans le traitement des divers troubles anxieux (Benedek, Friedman, Zatzick et al., 2009).
Pratiques infrmières suggérées TABLEAU 12.6
Accompagner le client ayant un trouble anxieux
INTERVENTION
JUSTIFICATION
Assurer la sécurité du client et de son environnement, ce qui constitue une priorité de l’infrmière.
L’anxiété d’un client peut augmenter jusqu’à devenir une attaque de panique, qui pourrait être erayante et dangereuse pour lui et pour les autres. De plus, la dépression et les idées suicidaires sont souvent présentes chez les clients atteints de troubles anxieux.
Évaluer son propre stade d’anxiété et aire un eort conscient pour rester calme.
L’anxiété se communique acilement d’une personne à une autre, et l’infrmière doit maîtriser la sienne.
Reconnaître les comportements de soulagement auxquels le client a recours (p. ex., arpenter la pièce, se tordre les mains) comme des indicateurs d’anxiété.
Une intervention précoce aide à gérer l’anxiété avant que les symptômes deviennent plus sérieux.
Aviser le client de l’importance de limiter sa consommation de caéine, de nicotine ou d’autres stimulants du système nerveux central (SNC).
La limitation de ces substances prévient ou réduit au minimum les symptômes physiques de l’anxiété (p. ex., la tachycardie).
Enseigner au client comment distinguer l’anxiété liée à des objets ou à des sources identifables (p. ex., une maladie, un pronostic, une hospitalisation, un deuil) et l’anxiété qui n’a ni objet ni source immédiatement identifable.
La connaissance de l’anxiété et des composantes qui y sont associées améliore la maîtrise que le client a sur le trouble.
Enseigner au client les stratégies suivantes de réduction de l’anxiété :
Ces techniques aident à réduire l’anxiété en distrayant le client ou en orientant ses pensées vers des éléments moins anxiogènes pour lui.
• techniques d’autorelaxation progressive ; • méditation de pleine conscience ; • exercices de respiration lente et proonde ;
306
Partie 3
Troubles mentaux
TABLEAU 12.6
Accompagner le client ayant un trouble anxieux (suite)
INTERVENTION
JUSTIFICATION
• concentration sur un unique objet dans la pièce ; • écoute d’une musique apaisante ou d’enregistrements de relaxation ; • visionnement de lms ou de photographies représentant la nature ; • exercice physique. Aider le client à s’appuyer sur les stratégies d’adaptation qu’il a déjà utilisées par le passé.
Les stratégies qui étaient ecaces auparavant le seront généralement encore dans les situations subséquentes.
Aider le client à choisir des personnes de conance qui pourront le soutenir dans la réalisation des tâches et des activités personnelles rendues diciles par les circonstances (p. ex., un programme d’hospitalisation partielle, une courte hospitalisation).
Un solide système de soutien aide le client à éviter les situations et les activités anxiogènes.
Aider le client à acquérir une maîtrise sur les sentiments et les impulsions envahissants par des interactions verbales brèves et directes.
Les interactions individuelles réalisées à des intervalles appropriés réduisent les impulsions et les sentiments anxieux du client ou l’aident à les gérer.
Aider le client à structurer l’environnement pour le rendre moins bruyant.
Un environnement moins stimulant crée une atmosphère apaisante et non stressante qui réduit l’anxiété.
Évaluer la présence et l’importance de la dépression ou de l’idéation suicidaire chez le client atteint d’anxiété et de troubles connexes.
Une évaluation en proondeur permet d’intervenir plus précocement an de prévenir un acte autodestructeur.
Administrer un médicament anxiolytique (contre l’anxiété) en tant que mesure moins restrictive.
La médication est souvent la méthode la plus appropriée pour réduire une anxiété invalidante.
Aider le client à comprendre l’importance de son régime pharmacologique et de son adhésion.
Lorsqu’elle est nécessaire, la médication constitue un ajout ecace à d’autres interventions thérapeutiques psychosociales.
12
Psychopharmacothérapie ENCADRÉ 12.7
Troubles anxieux
TRAITEMENT INITIAL
Benzodiazépines Les benzodiazépines sont utiles dans le traitement initial des troubles anxieux: elles sont relativement sûres et ecaces à court terme pour maîtriser les symptômes invalidants de l’anxiété. Touteois, les traitements à long terme par ces médicaments peuvent entraîner des problèmes de tolérance, de consommation abusive et de dépendance. En raison de ces eets, les médicaments de ce groupe sont plus indiqués pour des traitements à court terme, et leur emploi à long terme demeure un choix controversé (Ravindran & Ravindran, 2009). Antidépresseurs Les ISRS et certains inhibiteurs du recaptage de la sérotonine et de la noradrénaline, dont la venlaaxine, sont les médicaments à utiliser en premier lieu pour le traitement des troubles anxieux (Antony, 2011; Savard et al. 2009). La durée habituelle du traitement est de 6 à 12 mois après le rétablissement et parois davantage si le client n’a pas participé à une thérapie ou s’il avait aussi une dépression (Savard et al., 2009). Il est important d’inormer le client que l’eet des antidépresseurs utilisés pour le traitement des troubles anxieux ne commence que de 2 à 4 semaines après le début du traitement et qu’il aut parois jusqu’à 10 semaines pour atteindre le plateau thérapeutique. Le traitement pharmacologique de l’ESPT, en particulier, est principalement symptomatique. Le guide de pratique clinique de l’APC (2006) pour le traitement de clients atteints d’état de stress aigu et d’ESPT recommande
la sertraline, la paroxétine, la fuoxétine ou la venlaaxine comme traitement de première intention pour les symptômes d’ESPT. De plus, des personnes atteintes de ce trouble ont montré une amélioration de leur onctionnement global et une réduction de leurs symptômes (p. ex., le ait de revivre le traumatisme [ou réminiscence]) avec l’usage de certains antidépresseurs tricycliques tels que l’imipramine (APA, 2004, Clinical practice guidelines: Acute stress disorder and posttraumatic stress disorder ; Benedek et al., 2009). TRAITEMENT D’ENTRETIEN
Antidépresseurs Plusieurs ISRS sont proposés pour le traitement des troubles anxieux. Ils s’avèrent particulièrement ecaces pour traiter le TOC et le trouble panique. Anxiolytique non benzodiazépinique La buspirone permet de traiter l’anxiété. Son délai d’action se situe entre une et quatre semaines. Ce médicament a un potentiel moins élevé de consommation abusive, d’accoutumance ou de tolérance. Antipsychotiques de deuxième génération Certains antipsychotiques de deuxième génération peuvent être utilisés an de réduire les symptômes d’anxiété chez les clients n’ayant pas répondu aux traitements de première intention ou ne les ayant pas tolérés.
Chapitre 12 Troubles anxieux
307
Pratiques infrmières suggérées ENCADRÉ 12.8
Évaluer et surveiller le traitement des troubles anxieux
Pour chaque médicament, l’infrmière demeure à l’aût des eets indésirables possibles, et certains médicaments nécessitent une surveillance plus étroite encore. Les antidépresseurs comme les ISRS sont généralement administrés dans le but de diminuer l’anxiété et de stabiliser l’humeur; l’infrmière observe ces paramètres pour évaluer l’eet de la médication. Elle peut le aire au cours de l’entrevue avec le client en le questionnant directement ou encore à l’aide d’outils spécifques comme une échelle d’évaluation de l’anxiété ou des symptômes dépressis. Parois, le médecin opte pour un antipsychotique de deuxième génération; l’infrmière
20 Des techniques de thérapie comportementale sont présentées dans le chapitre 20, Modèles et stratégies thérapeutiques.
| Thérapie comportementale | Parmi les premiers théra peutes comportementalistes ayant dirigé leurs eorts sur les troubles anxieux, Joseph Wolpe (19151997) a travaillé dès 1958 avec des soldats présentant des symptômes de choc posttraumatique. Il a rapporté avoir obtenu un certain succès en recourant à la désensibilisation systématique appli quée aux phobies simples (Wolpe, 1973). Il s’agit d’une méthode issue de la théorie de l’apprentissage et dans laquelle le thérapeute expose un client en état de relaxation proonde à une hiérarchie gra duée de stimulus phobiques. Cette méthode est ensuite poussée plus loin ; la désensibilisation en situation réelle, ou in vivo, consiste pour le théra peute à exposer progressivement la personne à des situations plus anxiogènes. Ces traitements par exposition directe prennent une variété de ormes, dont l’exposition graduelle, l’apprentissage par modelage, et des expositions brèves ou prolongées. Le thérapeute et le client commencent par établir la liste hiérarchique de toutes les situations et stimulus
FIGURE 12.6
Établir la liste des manifestations et des circonstances de l’anxiété permet au client d’en acquérir progressivement la maîtrise.
308
Partie 3
Troubles mentaux
surveille alors les symptômes du syndrome métabolique et l’apparition de symptômes extrapyramidaux. Enfn, les benzodiazépines qui agissent sur le SNC et qui permettent de réduire l’anxiété sont associées à un risque d’accoutumance élevé ainsi qu’à des eets indésirables importants. L’infrmière reste vigilante pour les détecter et inorme le client des risques liés à cette classe de médicament. Également, elle rappelle au client que pour obtenir une maîtrise à long terme efcace de l’anxiété, il est préérable qu’il ait recours à des techniques de gestion de celle-ci et utilise la psychoéducation plutôt que de s’en remettre aux benzodiazépines.
qui déclenchent des attaques de panique chez le client FIGURE 12.6. Celuici est alors exposé aux situations et stimulus de la liste, l’exposition débu tant par celui qui génère la plus aible anxiété. À mesure que le thérapeute et luimême avancent dans le traitement, le client est exposé aux situations et aux stimulus qui généraient de plus en plus d’anxiété, et ce, jusqu’à ce qu’il soit en mesure d’aronter toutes les situations de la liste. Le client apprend à maîtriser progressivement des stades plus élevés d’anxiété. Il est également possible de recourir à la réalité virtuelle. Le thérapeute procède de la même açon que pour la thérapie in vivo à la seule diérence qu’il emploie les techniques de réalité virtuelle pour recréer les situations anxiogènes et y exposer le client. La réalité virtuelle s’est avérée eicace pour le traitement de l’acrophobie (peur des hauteurs) et de la peur de l’avion (APC, 2006) 20 . Les traitements comportementaux sont efcaces pour les troubles anxieux (Albert & Brunato, 2009 ; Hunt & Andrews, 1998 ; RathgebFuetsch et al., 2011). Il est aujourd’hui reconnu que les thérapies d’expo sition sont généralement plus efcaces que les tech niques cognitives utilisées par le client seul, et ce, pour le traitement de l’agoraphobie ou des attaques de panique (Gloster, Wittchen, Einsle et al., 2011). | Thérapie cognitivo-comportementale | La TCC est largement utilisée dans le traitement des troubles anxieux. Elle est le traitement de premier choix pour le trouble panique avec ou sans agoraphobie (FoldesBusque, Marchand & Landry, 2007). Le suc cès de cette approche réside dans la compréhension par le client que ses symptômes constituent une réaction apprise à des pensées ou à des sentiments concernant des comportements de la vie quoti dienne. La TCC vise la modifcation de ces pensées et comportements problématiques. De açon générale, elle conronte le client à son anxiété en l’exposant aux situations, objets ou images mentales qui génè rent de l’anxiété chez lui jusqu’à ce que celleci diminue. La personne s’habitue graduellement aux
réactions anxieuses et, ce aisant, elle apprend à les tolérer. Parallèlement, le client apprend à utiliser divers moyens pour réduire l’anxiété. Le client et le thérapeute déterminent d’abord des symptômes ciblés, puis examinent les circonstances associées à ceuxci. Ensemble, ils planifent des stra tégies pour changer les perceptions de la situation par le client ou les comportements. L’exposition est habituellement graduelle et répétée à plusieurs re prises. Il en existe divers types tels que l’exposition cognitive, l’exposition in vivo, l’exposition intéroceptive et l’exposition aux sensations. La TCC est de courte durée et exige la participation active à la ois du client et du thérapeute (RoyByrne, Craske, Sullivan et al., 2010). Selon le diagnostic, il est possible d’utiliser d’autres stratégies d’intervention cognitivo comportementales de concert avec la TCC. Dans le cas d’un client ayant un TAG, la résolution de pro blème et la psychoéducation sont utilisées. Pour un client atteint d’ESPT, l’exposition graduée en imagi nation et in vivo peut être ajoutée (Hôpital LouisH. Laontaine – Institut universitaire en santé mentale, 2012). Pour sa part, la méditation de pleine conscience permet au client de concentrer son attention sur les sensations du moment présent, comme elles appa raissent puis disparaissent.
Psychothérapie combinée à la pharmacothérapie Orir la pharmacothérapie et la psychothérapie com portementale ou cognitivocomportementale de açon concomitante a pendant longtemps semblé plus efcace que d’employer une seule approche à la ois pour le traitement des troubles anxieux. Les recherches récentes tendent à démontrer qu’en phase aiguë, l’efcacité du traitement combiné ne serait pas supérieure à l’utilisation de la pharmacothérapie ou de la psychothérapie seules (Pull, 2007), sau dans le cas de clients atteints de maladies associées comme la dépression majeure, qui ont mieux répondu au traitement combiné plutôt qu’à la psychothérapie seule (Albert & Brunatto, 2009). Une ois la phase aiguë terminée, il semble que le traitement combiné soit plus efcace que la pharmacothérapie seule, mais il serait aussi efcace que la psychothérapie utilisée seule (Furukawa, Watanabe & Churchill, 2006). Cependant, il existe des diérences pour chaque diagnostic de la amille des troubles anxieux. Dans le cas du TOC, l’utilisation séquentielle de la psy chothérapie après la pharmacothérapie contribuerait au rétablissement des clients qui ont bien répondu à la médication et avoriserait une réponse à la phar macothérapie chez ceux qui n’y ont pas répondu initialement (Albert & Brunatto, 2009). Inversement, pour le trouble panique, il semble que la combinai son d’antidépresseurs de la amille des ISRS et de la TCC ne procure pas de bénéfces à plus long terme que l’utilisation individuelle de chacune de ces options (Centre belge d’inormation pharmacothéra peutique, 2011). Touteois, dans le cas du trouble
panique, les eets d’une psychothérapie persistent plus longtemps que ceux de la pharmacothérapie (Centre belge d’inormation pharmacothérapeutique, 2008). Il existe peu de recherches consacrées à la açon optimale d’organiser la pharmacothérapie et la psychothérapie dans le temps lorsque ces deux approches sont combinées (Antony, 2011). Le choix fnal de jumeler ou non le traitement psychologique au traitement pharmacologique doit tenir compte de plusieurs acteurs situationnels, dont la disponibilité de la psychothérapie, l’état du client et ses besoins.
Exposition intéroceptive : Type de thérapie comportementale qui consiste à amener le sujet à accomplir des exercices spécialement conçus pour provoquer des effets redoutés jusqu’à ce qu’il apprivoise ces sensations.
Premiers soins psychologiques en cas de traumatisme ou de stress aigu Des premiers soins psychologiques sont actuelle ment recommandés en tant qu’intervention initiale si une personne ou un groupe de personnes ont ace à un événement traumatique ou à une perte (Organisation mondiale de la Santé [OMS], 2010 ; War Trauma Foundation & World Vision International, 2011). Il s’agit de réduire l’état d’excitation psycho logique des personnes qui ont vécu un traumatisme ou qui en ont été témoins afn d’éviter qu’elles subis sent des lésions ou des torts supplémentaires. Les premiers soins psychologiques consistent à ournir un soutien psychologique adapté, non intrusi et ondé sur l’écoute, c’estàdire à évaluer les besoins de base et à s’assurer qu’ils sont satisaits. Ce soutien inclut le ait d’encourager les gens à demeurer en compagnie de proches et de les protéger d’une aggra vation de leur situation. L’aide psychologique d’ur gence n’est donc pas une aide clinique, mais une aide humaine apportée à une personne qui soure et qui nécessite un soutien à la suite d’un événement extrêmement stressant (OMS, 2010).
Méditation de pleine conscience : Pratique qui consiste à porter intentionnellement attention aux expériences internes (sensations, émotions, pensées, états d’esprit) ou externes du moment présent, sans porter de jugement de valeur.
12
Le soutien aux personnes qui montrent des signes de détresse passe par le regroupement des membres de la amille, de açon qu’ils se soutiennent entre eux. Il aut donner aux personnes qui ont été victimes du traumatisme des renseignements sur la réduction du stress et sur les eets secondaires courants d’un évé nement traumatisant afn de les aider à revenir à l’état psychologique dans lequel elles étaient avant l’évé nement. Il est important de les renseigner sur les endroits où elles pourraient trouver une assistance supplémentaire pour leurs besoins psychologiques. Les recherches suggèrent qu’une brève TCC pourrait être l’intervention de choix pour prévenir d’autres réactions non adaptées liées au traumatisme (Bisson & Lewis, 2009 ; World Health Organization [WHO], 2011). Les études portant sur l’efcacité d’un coun seling en matière de stress causé par un événement grave pour prévenir l’apparition d’un état de stress aigu ou d’un ESPT après l’événement n’ont pas été concluantes (Benedek et al., 2009). Selon les besoins particuliers de traitement du client, les soins et trai tements en interdisciplinarité et les interventions en collaboration comprennent la consultation d’ergo thérapeutes, de conseillers en réadaptation proes sionnelle et de psychologues. Chapitre 12 Troubles anxieux
309
12.6.5
Évaluation des résultats – Évaluation en cours d’évolution
L’infrmière évalue les progrès du client vers l’at teinte des résultats escomptés à chacune de ses inter actions avec lui (évaluation en cours d’évolution) ENCADRÉ 12.9. Si les progrès ne sont pas satisai sants, l’infrmière révise les résultats escomptés ou modife ses interventions. Elle examine tous les acteurs liés aux résultats escomptés, incluant le déroulement des étapes précédentes de la démarche de soins, son rôle au regard des attentes du client
et du médecin, la clarté de la communication des objectis au client, ainsi que tout événement survenu depuis l’établissement des résultats escomptés. Bien que ces outils ne soient pas précisément destinés aux infrmières, les échelles d’évaluation clinique orent une méthode pour suivre l’évolu tion des symptômes dans le temps TABLEAU 12.5. Cette évolution est en corrélation avec les inter ventions individuelles prévues pour chaque client (p. ex., mettre en place un programme de thérapie comportementale ou changer de médication).
Collecte des données ENCADRÉ 12.9
Signes de rétablissement
La liste présentée ci-dessous permet à l’infrmière de vérifer si l’évolution vers les résultats escomptés est positive. Cependant, elle n’est ni exhaustive ni spécifque et doit être adaptée au client et au trouble anxieux dont il est atteint. L’infrmière s’assure que le client est en mesure : • de reconnaître les situations et les événements anxiogènes et de choisir des moyens pour les prévenir ou les gérer ; • de décrire les symptômes et les stades d’anxiété ; • de discuter des liens entre les situations ou les événements anxiogènes et les symptômes d’anxiété ; • d’expliquer ouvertement les comportements qui soulagent l’anxiété ;
• d’appliquer les stratégies apprises pour réduire l’anxiété; • de démontrer la capacité de résoudre des problèmes, de se concentrer et de prendre des décisions; • d’exprimer calmement ses sentiments ; • d’avoir recours au soutien oert par les proessionnels de la santé, la amille et les amis; • de reconnaître le caractère inévitable de l’anxiété ; • de discuter de sa capacité de tolérer des degrés raisonnables d’anxiété; • de chercher de l’aide auprès des ressources appropriées lorsqu’il lui est impossible de gérer son anxiété ;
• de déterminer les techniques et les stratégies positives d’adaptation qui soulagent l’anxiété;
• d’énumérer les médicaments utilisés pour maîtriser les symptômes, ainsi que la posologie et l’horaire d’administration ;
• de maniester des comportements qui démontrent une réduction des symptômes anxieux ;
• de poursuivre la gestion de l’anxiété après son congé, par la médication et la thérapie.
Situation clinique SC 12.1
Trouble d’anxiété généralisée avec attaques de panique
Après avoir quitté son bureau, Martine Beauchemin, âgée de 47 ans, se présente à la clinique sans rendez-vous de son CSSS. Elle se plaint de douleurs thoraciques diuses et de difcultés respiratoires épisodiques, mais de plus en plus réquentes. Les seuls antécédents médicaux de madame Beauchemin sont le psoriasis et des céphalées récurrentes. Puisque les examens cardiaques et pulmonaires de la cliente sont normaux, elle est dirigée vers une équipe de recherche menant une étude sur le trouble panique et rencontre l’infrmière de recherche. Madame Beauchemin avoue avoir l’impression de ne plus être assez perormante ; elle a peur d’être congédiée si elle continue à présenter ces symptômes au travail. Elle a du mal à se concentrer et dort très peu. Elle dit aussi sortir de moins en moins par crainte d’avoir une attaque en public.
310
Partie 3
Troubles mentaux
L’examen initial montre qu’elle a des attaques de panique aux symptômes modérés dont la réquence augmente. L’infrmière et la cliente examinent les symptômes d’anxiété de celle-ci. Son psoriasis et ses céphalées chroniques se sont aggravés depuis le départ de son fls, parti étudier à Vancouver il y a huit mois. Au cours de l’entretien, la cliente révèle qu’elle imagine sans cesse que quelque chose de grave arrive à son fls, même si elle sait qu’il est très responsable. Pour se rassurer, elle lui a demandé de téléphoner toutes les semaines, mais s’il n’en tenait qu’à elle, elle l’appellerait tous les jours. Elle s’inquiète aussi pour son mariage, parce que son mari a déjà eu une relation extraconjugale par le passé et que cela pourrait se reproduire. Elle n’a remarqué aucun signe d’infdélité, mais son appréhension constante exaspère son mari.
SC 12.1
Trouble d’anxiété généralisée avec attaques de panique (suite)
DIAGNOSTICS SELON LES AXESa
Axe I Axe II Axe III Axe IV Axe V
PROBLÈME DÉCOULANT DE LA SITUATION DE SANTÉ
Anxiété liée à une anticipation démesurée de conséquences négatives (anticipation de problèmes avec son fls, de difcultés conjugales, de perte d’emploi) et maniestée par des symptômes physiques
RÉSULTATS ESCOMPTÉS
INTERVENTIONS INFIRMIÈRES
• Diminution des symptômes physiques (douleur thoracique, oppression, psoriasis, céphalées)
• Proposer la rédaction d’un journal de suivi des symptômes.
• Tolérance à un degré d’anxiété modéré
• Établir avec la cliente et lui enseigner des stratégies de gestion de l’anxiété et des stratégies d’adaptation.
• Utilisation de stratégies d’adaptation efcaces
• TAG avec attaques de panique • Différé • Psoriasis ; céphalées • Surprotection parentale ; difcultés conjugales • Évaluation globale du fonctionnement (EGF) = 60 (actuellement) ; EGF = 75 (année précédente)
• Déterminer avec la cliente les acteurs déclencheurs de son anxiété.
PROBLÈME DÉCOULANT DE LA SITUATION DE SANTÉ
Peurs disproportionnées liées à la diminution de perormance au travail, au départ récent de son fls ainsi qu’à des difcultés conjugales antérieures et maniestées par des attaques de panique
RÉSULTAT ESCOMPTÉ
INTERVENTIONS INFIRMIÈRES
• Diminution des attaques de panique
• Encourager la cliente à verbaliser ses émotions.
12
• Accompagner la cliente dans l’expression de ses émotions. • Faire de la restructuration cognitive. • Normaliser les réactions. PROBLÈME DÉCOULANT DE LA SITUATION DE SANTÉ
Risque d’isolement social lié aux peurs excessives et maniesté par l’évitement des activités sociales et les difcultés conjugales
RÉSULTAT ESCOMPTÉ
INTERVENTIONS INFIRMIÈRES
• Participation à des activités sociales satisaisantes, selon les capacités
• Discuter avec la cliente de ses attentes quant à son couple. • Proposer des stratégies de prise de décision (p. ex., la clarifcation des valeurs, la ormulation d’objectis). • Proposer une thérapie conjugale au besoin. • Évaluer le réseau de soutien et proposer des ressources au besoin.
a
Les diagnostics sont posés selon les axes du DSM-IV-TR de l’APA (2004).
Chapitre 12 Troubles anxieux
311
SCHÉMA INTÉGRATEUR À partir des données consignées au dossier de la cliente, la FIGURE 12.7 illustre un exemple de plan de soins mis en œuvre par l’infrmière.
Problème de santé : Trouble d’anxiété généralisée avec attaques de panique
Constat médical
Facteurs de risque
Problèmes découlant de la situation de santé
Résultats escomptés
Physiopathologie
Maniestations cliniques
Interventions interdisciplinaires
Interventions infrmières
FIGURE 12.7
Plan de soins et de traitements infrmiers de Martine Beauchemin
312
Partie 3
Troubles mentaux
SOLUTIONNAIRE
http://fortinash.cheneliere.ca
Analyse d’une situation de santé
Jugement clinique
Virginie Letendre est âgée de 41 ans. Elle est hos pitalisée à l’unité de soins psychiatriques depuis trois semaines pour un TAG. Le psychiatre a autorisé un congé de fn de semaine. Elle ap préhende cette permission puisque ce sera sa première sortie depuis son admission. Il est 10 h, et son conjoint viendra la chercher en fn d’aprèsmidi. Madame Letendre n’a presque rien mangé au petit – déjeuner. Elle a reait sa valise à quatre reprises depuis ce matin, dépliant et repliant chaque ois ses vêtements de la même açon. Elle a uriné au moins cinq ois et marche de long en large dans sa chambre en se rongeant les ongles.
Lorsque l’infrmière la rencontre pour préparer sa sortie, elle remarque que ses mains tremblent, qu’elle ronge ses ongles et qu’elle a même une légère diaphorèse. Lorsque l’infrmière lui demande si elle a des appré hensions quant à son congé de fn de semaine, la cliente lui répond sèchement que tout va bien et qu’elle n’a aucune inquiétude à ce sujet. Elle demande cependant que l’on appelle son conjoint pour qu’il retarde son arrivée : « Je ne serai pas prête, j’ai encore trop de choses à aire avant de partir. S’il arrive trop tôt, ce sera de votre aute », ditelle à l’infrmière en donnant des coups de pied aux meubles. ”
12
MISE EN ŒUVRE DE LA DÉMARCHE DE SOINS
Collecte des données – Évaluation initiale – Analyse et interprétation 1. Outre celles mentionnées dans la mise en contexte, nommez trois maniestations comportementales d’anxiété que vous pourriez observer chez madame Letendre. 2. Nommez au moins trois maniestations respiratoires que vous pourriez également observer chez la cliente en lien avec son trouble anxieux. 3. Quel mécanisme de déense madame Letendre utilise-t-elle pour diminuer son anxiété ? 4. Quel problème prioritaire nécessitant un suivi clinique particulier devrait être inscrit au plan thérapeutique infrmier (PTI) de madame Letendre ? Extrait CONSTATS DE L’ÉVALUATION Date
Heure
2013-05-17 10:00
N°
Problème ou besoin prioritaire
Initiales
RÉSOLU / SATISFAIT Proessionnels / Date Heure Initiales Services concernés
2
Signature de l’infrmière
Initiales
Programme / Service
Signature de l’infrmière
Initiales
Programme / Service
Planifcation des interventions – Décisions infrmières 5. Pour madame Letendre, quel devrait être l’objecti de soins poursuivi par les interventions et les décisions infrmières ? 6. La directive infrmière suivante serait-elle acceptable pour assurer le suivi clinique de la condition actuelle de madame Letendre : Établir une relation d’aide avec la cliente? Justifez votre réponse. 7. Outre les directives infrmières suggérées en réponse à la question précédente, quelle intervention pourrait vraisemblablement contribuer à redonner à madame Letendre une certaine maîtrise de sa situation actuelle ?
Évaluation des résultats – Évaluation en cours d’évolution 8. Quelles observations indiqueraient que le stade d’anxiété de madame Letendre diminue ?
Chapitre 12 Troubles anxieux
313
APPLICATION DE LA PENSÉE CRITIQUE Dans l’application de la démarche de soins auprès de madame Letendre, l’inirmière a recours à un ensemble d’éléments (connaissances, expériences antérieures, normes institutionnelles ou protocoles, attitudes proessionnelles) pour analyser la situation de santé de la cliente
et en comprendre les enjeux. La FIGURE 12.8 illustre le processus de pensée critique suivi par l’infrmière afn de ormuler son jugement clinique. Elle résume les principaux éléments sur lesquels l’infrmière s’appuie en onction des données de cette cliente, mais elle n’est pas exhaustive.
VERS UN JUGEMENT CLINIQUE CONNAISSANCES
EXPÉRIENCES
NORME
• Troubles anxieux • Facteurs anxiogènes • Stades d’anxiété et maniestations physiques et psychologiques • Mécanismes de déense • Caractéristiques des comportements anxieux • Techniques contribuant à diminuer l’anxiété • Pharmacologie et psychothérapie des troubles anxieux
• Expérience de travail auprès de personnes ayant des troubles anxieux • Expérience en soins psychiatriques • Expérience personnelle de situations anxiogènes
• Critères justifant un congé temporaire et règles locales à respecter (évaluation de l’état de la cliente avant la sortie)
ATTITUDES • Ne pas tenter de « raisonner » madame Letendre ou de minimiser son anxiété • Ne pas considérer ses reproches comme étant dirigés vers soi • Demeurer calme devant l’attitude de la cliente
PENSÉE CRITIQUE
ÉVALUATION • • • • • •
Maniestations et comportements actuels d’anxiété Facteurs anxiogènes précis devant la perspective du congé temporaire Stade d’anxiété Mécanisme de déense utilisé Efcacité des techniques visant à réduire l’anxiété Stratégies établies par la cliente
JUGEMENT CLINIQUE FIGURE 12.8
À retenir VERSION REPRODUCTIBLE
http://ortinash.cheneliere.ca
• Les théories biologique, psychodynamique, comportementale et cognitivo-comportementale constituent des modèles étiologiques de l’anxiété.
• Les troubles anxieux englobent un large éventail de maladies qui ont en commun les symptômes courants de l’anxiété.
• Les troubles anxieux ont une comorbidité élevée avec la dépression et l’abus d’alcool ou d’autres drogues.
314
Partie 3
Troubles mentaux
• Les clients atteints d’un trouble anxieux ont un risque 10 ois plus élevé d’idées ou de comportement suicidaires.
• Le traitement des troubles anxieux est interdisciplinaire et comporte généralement plus d’un mode de traitement.
• Les troubles anxieux sont plus réquents chez la emme, mais les TOC sont aussi réquents chez l’homme que chez la emme.
• L’hospitalisation pour des troubles anxieux est de plus en plus rare et se limite généralement au traitement des exacerbations aiguës si la personne atteinte présente
un risque pour elle-même ou pour les autres ou si les symptômes sont graves au point qu’ils réduisent grandement son autonomie. • Les traitements le plus souvent utilisés pour les troubles anxieux sont la psychothérapie et la pharmacothérapie, de açon concomitante ou séquentielle.
• Les médicaments les plus utilisés pour le traitement des troubles anxieux sont les antidépresseurs et les anxiolytiques, principalement les ISRS et les benzodiazépines. • Le rôle de l’infrmière dans le traitement des personnes présentant des symptômes d’anxiété varie. Quel que soit
le milieu de traitement, l’infrmière évalue l’état de santé physique et mentale du client, documente tous les signes et symptômes présentés à son arrivée, et le rassure. • Le PSTI des clients présentant des symptômes d’anxiété traduit l’idée qu’une gestion efcace de l’anxiété ait partie de la vie au quotidien.
• L’infrmière participe activement aux interventions comportementales, structurées pour diminuer les réactions phobiques. • Les échelles d’évaluation constituent un moyen efcace pour l’infrmière de mesurer le succès des stratégies mises en place pour réduire l’anxiété.
Ressources VERSION COMPLÈTE ET DÉTAILLÉE
http://fortinash.cheneliere.ca
Références Internet ORGANISMES ET ASSOCIATIONS Anxiété.fr www.anxiete.fr > Le trouble anxieux généralisé > Diagnostics différentiels > État de « stress aigu » Association canadienne des troubles anxieux (ACTA) www.anxietycanada.ca > Zone étudiants > Test auto administré > Troubles anxieux > Traitement
Santé Canada www.sc-hc.gc.ca > Vie saine > Votre santé et vous > Maladies > Liste alphabétique complète > T > Troubles anxieux (Santé mentale) RÉFÉRENCES GÉNÉRALES Hôpital Louis-H. Lafontaine – Institut universitaire en santé mentale www.hlhl.qc.ca > Hôpital > Santé mentale > Troubles anxieux > État de stress post-traumatique (ESPT) Thérapie d’approche cognitivocomportementale
Association / Troubles de l’humeur et d’anxiété au Québec (ATHAQ) www.ataq.org
Institut universitaire en santé mentale / Douglas www.douglas.qc.ca > Infos santé mentale > Santé mentale de A-Z > Anxiété > Infos santé mentale > Santé mentale de A-Z > Trauma > Trouble de stress post-traumatique (TSPT) : causes, symptômes et traitements
Centre de traitement de l’anxiété www.centretraitementanxiete.com > L’approche cognitive-comportementale
Le cerveau à tous les niveaux ! http://lecerveau.mcgill.ca > Les troubles anxieux
Fondation québécoise pour le trouble obsessionnel-compulsif http://fqtoc.mtl.rtss.qc.ca ORGANISMES GOUVERNEMENTAUX Ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) www.msss.gouv.qc.ca > Problèmes de santé > Santé mentale > Maladies les plus fréquentes > Troubles anxieux > Phobies et la phobie sociale
Monographies Chaloult, L. (2008). La thérapie cognitivo comportementale : théorie et pratique. Montréal : Gaëtan Morin. Landsman, K.J., Rupertus, K.M., & Pedrick, C. (2005). Loving Someone With OCD : Help For You and Your Family. Oakland, Calif. : New Harbinger Publications, Inc.
Letarte, A., & Marchand, A. (2004). La peur d’avoir peur. Guide de traitement du trouble panique avec agoraphobie. Montréal : Stanké. Rector, N.A., Bourdeau, D., & Kitchen, K. (2009). Les troubles anxieux : guide d’Inormation. Toronto : Centre de toxicomanie et de santé mentale. Williams, M.-B., & Poijula, S. (2007). Le trouble de stress posttraumatique : un guide pratique d’intervention. Montréal : Décarie Éditeur.
Articles, rapports et autres Chabrol, H. (2005). Les mécanismes de défense. Recherche en soins infrmiers, 82, 31-42. Santé Canada (2002). Rapport sur les maladies mentales au Canada – Chapitre 4 : Troubles anxieux. Ottawa, Ont. : Gouvernement du Canada.
Multimédia Canal Vie Émission sur le trouble d’anxiété généralisée www.canalvie.com/emissions/phobies/ Douglas 2.0 www.douglas.qc.ca/douglas2/videos > Douglas 2.0 > Vidéos L’anxiété chez les jeunes adultes http://pilule.telequebec.tv/occurrence. aspx?id=425
Chapitre 12 Troubles anxieux
315
12
chapitre
Troubles somatoformes, factices et dissociatifs
Écrit par : Pamela E. Marcus, RN, ARN/PMHBC Adapté par : Éric Lavertu, inf., B. Sc., M. Éd.
Guide d’études – RE04, RE05, RE06, RE07
OBJECTIFS
Après avoir étudié ce chapitre, vous devriez être en mesure : ■
■
■
d’expliquer les divers troubles somatoformes, factices et dissociatifs ; de reconnaître les signes et les symptômes propres aux troubles somatoformes, factices et dissociatifs ; de procéder à l’évaluation de la condition physique et mentale
316
Partie 3
Troubles mentaux
■
des personnes atteintes de troubles somatoformes, factices et dissociatifs ;
■
de déterminer les problèmes priori taires de personnes atteintes de troubles somatoformes, factices et dissociatifs ;
■
d’expliquer les interventions infirmières en cas de troubles somatoformes, factices et dissociatifs ; d’expliquer les principales stratégies thérapeutiques pour le traitement de ces troubles.
Concepts clés
Cette carte conceptuelle illustre schématiquement les principaux concepts décrits dans le présent chapitre. Sa lecture vous permettra d’avoir une vue d’ensemble des notions qui y sont présentées.
se manifestent par affectent
se manifestent par
se manifestent par
si
13
tous liés à
expliqués par
comprennent
Chapitre 13 Troubles somatoformes, factices et dissociatifs
317
13.2
PORTRAIT
Étiologie
Justine Tremblay Justine Tremblay, une jeune emme âgée de 26 ans, a été dirigée vers un groupe de proessionnels en santé mentale par le quatrième chirurgien plastique qu’elle a consulté pour une dermabrasion. Elle souhaitait enlever une cicatrice plane, mesurant 0,5 cm, sur son ront. Été comme hiver, madame Tremblay porte des chapeaux, des bandeaux ou essaie de se coier de açon à camouer cette légère imperection. Elle a l’impression que lorsque les gens la regardent, ils ne peuvent s’empêcher de remarquer sa cicatrice et pense qu’ils émettent réquemment des commentaires à ce sujet. L’infrmière constate qu’elle se donne beaucoup de mal pour éviter cette gêne et que cela lui occasionne bien des soucis. Sans conjoint depuis plus d’une année, elle préère rencontrer ses amis dans des endroits où l’éclairage est tamisé. Elle observe sa cicatrice chaque ois qu’elle passe devant un miroir et retouche très souvent le maquillage sur son ront dans une journée. Il lui arrive de pleurer en s’observant dans le miroir lorsqu’elle est seule.
13.1
Les résultats de l’étude de Briquet (1859) sont présentés en détail dans l’annexe 13.1W, Première défnition du trouble somatisation, qui peut être consultée au http://fortinash. cheneliere.ca.
Caractéristiques générales
Les troubles somatoormes, actices et dissociatis constituent trois groupes de troubles décrits dans le DSM-IV-TR. Critères diagnostiques (American Psychiatric Association [APA], 2004). La caractéristique commune à ces troubles est qu’ils sont liés à de l’anxiété, de stade modéré à grave la plupart du temps. Les troubles somatoormes convertissent l’anxiété en symptômes physiques pour lesquels il n’y a pas de diagnostic physique connu. Les symptômes physiques sont associés à des acteurs psychobiologiques non intentionnels ou indépendants de la volonté du client. Le mot grec soma désigne le corps, et le terme somatisation renvoie à l’expression de l’anxiété par la maniestation de symptômes physiques. Les troubles actices se caractérisent eux aussi par des symptômes physiques et psychologiques, à la diérence que ceux-ci sont eints ou produits de açon intentionnelle par la personne dans le but de jouer le rôle de malade. Enfn, les troubles dissociatis se caractérisent par des perturbations qui touchent des onctions normalement intégrées. Ces perturbations inuent habituellement sur la mémoire, l’identité, la conscience ou encore sur la perception de l’environnement.
318
Partie 3
Troubles mentaux
Les troubles somatoormes, actices et dissociatis reètent des interactions complexes entre le corps et l’esprit ainsi qu’une défcience grave du onctionnement social et proessionnel (APA, 2003). Les causes et les origines des troubles somatoormes, actices et dissociatis ont ait l’objet de nombreux débats dans la communauté scientifque (Campo, 2012 ; Piper & Merskey, 2004a et b). L’étiologie des troubles somatoormes et celle d’autres troubles d’expression de l’anxiété par des symptômes physiques remonte aux travaux de Paul Briquet (1796-1881). En 1859, ce médecin rançais a défni la somatisation dans son Traité clinique et thérapeutique de l’hystérie. Pendant plus de 10 ans, il a suivi 430 clients qui avaient reçu un diagnostic d’hystérie ondée sur des inquiétudes et des sensations corporelles. L’hystérie semblait due à une perturbation du système nerveux causée par des acteurs de stress tels qu’un conit conjugal, la violence envers les enants ou la perte d’un membre de la amille. Le syndrome de Briquet correspond aujourd’hui au trouble somatisation .
13.2.1
Théorie biologique
Des changements structuraux et onctionnels du cerveau causés par un stress ou un traumatisme prolongé peuvent provoquer un trouble somatoorme, actice ou dissociati en modifant les perceptions et l’interprétation des onctions corporelles (Browning, Fletcher & Sharpe, 2011). Touteois, la raison pour laquelle certaines personnes sont atteintes d’un trouble anxieux, et d’autres, d’un trouble somatoorme, actice ou dissociati, n’est pas encore expliquée avec certitude. Les scientifques ont tenté d’identifer un ou plusieurs gènes qui pourraient prédisposer une personne à avoir l’un de ces troubles. Touteois, il semble plus prudent de considérer à la ois le bagage génétique de la personne et son environnement plutôt que la génétique uniquement (Frazetto, 2009). L’hypothèse d’une perturbation possible des signaux de sensation physique porte à croire que les troubles somatoormes pourraient être en partie causés par une perception erronée de l’angoisse dans le cortex cérébral. Sur le plan cérébral, des neurotransmetteurs tels que la sérotonine et la noradrénaline jouent un rôle important dans la dépression et l’anxiété, mais ils modulent également la douleur. Les personnes qui ressentent une douleur grave ont généralement des concentrations anormalement élevées de neurotransmetteurs, particulièrement de sérotonine (Marcangelo & Wise, 2007).
13.2.2
Théorie psychanalytique
Selon la théorie psychanalytique, les plaintes psychogéniques de douleur, de maladie ou de perte de
onctionnement seraient généralement liées à une agression ou à une sexualité réprimée. Ainsi, dans le cas du trouble de conversion, le symptôme somatique aurait une valeur symbolique. La personne exprime une pensée ou une envie interdite en la convertissant en symptômes physiques qui sont plus appropriés et acceptables et qui attirent la sympathie et l’attention des autres (APA, 2003). Dans le cas du trouble douloureux, la douleur serait une açon pour la personne d’obtenir l’amour et l’attention des autres ou de se punir pour des actes autis réels ou perçus comme tels. Certains théoriciens, dont Freud (1916), ont considéré l’hypocondrie comme une açon d’exprimer un désordre de la vie sexuelle. D’autres la voient comme une déense contre la culpabilité ou la mauvaise estime de soi, et les symptômes physiques sont alors perçus par le client comme une punition méritée (Lamotte & Goëb, 2006). En ce qui concerne le trouble de la peur d’une dysmorphie corporelle, certains théoriciens psychanalytiques croient que la personne utilise le mécanisme de déense du déplacement 12 . Les conits psychiques inconscients provoqueraient une anxiété trop grande s’ils étaient portés à la conscience, et la personne les convertit en symptômes physiques qui touchent une partie de son corps (Durand & Barlow, 2002).
13.2.3
Théorie comportementale
La théorie comportementale soutient que certaines personnes utiliseraient des symptômes somatiques tels que la douleur pour communiquer leurs sentiments d’impuissance ou manipuler leur entourage. Il s’agit alors d’une orme de communication mésadaptée (Stuart, Noyes, Starcevic et al., 2008). Généralement, l’attention des autres exacerbe alors leurs symptômes somatiques.
ENCADRÉ 13.1
Plus précisément, l’alexithymie se déinit comme une difculté (voire une incapacité) à décrire ses émotions. La personne a alors une propension à exprimer ses sentiments par des préoccupations somatiques. Par exemple, une emme est en colère contre son patron et se montre incapable de discuter de ses sentiments avec une amie, mais elle se plaint de maux d’estomac et prend souvent des congés de maladie. Dans une étude sur la corrélation entre l’alexithymie et la somatisation, qui utilisait l’Échelle d’alexithymie de Toronto, les personnes qui éprouvaient une plus grande difculté à décrire leurs sentiments présentaient également des symptômes somatiques (Mattila, Kronholm, Jula et al., 2008).
13.2.4
RAPPELEZ-VOUS…
L’estime de soi est l’une des composantes du concept de soi. Quelles sont les trois autres ?
Théorie cognitive
La théorie cognitive soutient que les clients ayant des symptômes somatiques ont une interprétation erronée de la signifcation des onctions et des sensations corporelles et sont exagérément alarmés par celles-ci. Selon ce modèle, la thérapie cognitive aide les clients à réinterpréter la signifcation des sensations corporelles et à réduire l’expression de l’anxiété par des symptômes physiques, comme expliqué dans la sixième section de ce chapitre.
13.3
Conversion : Mécanisme psychologique inconscient par lequel un confit psychique s’exprime par un symptôme somatique.
12 Les mécanismes de déense sont défnis dans le cha pitre 12, Troubles anxieux.
Épidémiologie
Les données épidémiologiques portant sur les troubles somatoormes, actices et dissociatis dièrent grandement selon les sources consultées, et la plupart des recherches eectuées sur ces troubles sont menées aux États-Unis et en Europe ENCADRÉ 13.1. Une discussion porte sur la clarifcation des défnitions de ces troubles à des fns
Épidémiologie
TROUBLES SOMATOFORMES
Trouble douloureux
Trouble somatisation
• La prévalence est inconnue.
• La prévalence vie entière est très variable: de 0,2 à 2% chez les emmes et moins de 0,2% chez les hommes.
• Le lien avec des acteurs psychologiques et une aection médicale générale semble assez courant.
• Touche toutes les cultures.
• Le lien avec des acteurs psychologiques seulement semble beaucoup moins courant.
Trouble de conversion • La prévalence est très variée: de 11 à 500 cas rapportés sur 100 000 dans la population générale.
Hypocondrie
• Peut toucher 3 % des clients qui ont consulté en soins de première ligne et qui ont été dirigés vers les cliniques de santé mentale.
• Touche de 2 à 7 % des clients qui consultent pour des soins de première ligne.
• Des symptômes de conversion sont décelés chez 1 à 14 % des clients médicochirurgicaux généraux.
• Touche de 1 à 5 % de la population générale.
Trouble de la peur d’une dysmorphie corporellea • La prévalence est inconnue.
Chapitre 13 Troubles somatoformes, factices et dissociatifs
319
13
ENCADRÉ 13.1
Épidémiologie (suite)
• Touche de 5 à 40 % des clients en santé mentale atteints aussi de troubles anxieux ou dépressis.
Fugue dissociative
• Touche de 6 à 15 % des clients en chirurgie esthétique et en dermatologie.
• La prévalence peut augmenter à l’occasion d’événements extrêmement stressants.
TROUBLES FACTICES
Trouble dissociatif de l’identité
• L’inormation sur la prévalence est limitée parce que ces troubles incluent généralement de la simulation, ce qui est difcile à reconnaître.
• Une augmentation des cas est rapportée.
• Touche 0,2% de la population générale.
• Sont plus courants parmi les emmes que les hommes.
• De 3 à 9 ois plus réquent chez les emmes; celles-ci ont en moyenne 15 identités ou plus alors que les hommes en ont 8 en moyenne.
• La prévalence est plus élevée dans les établissements de troisième ligne.
Trouble de dépersonnalisation
TROUBLES DISSOCIATIFS
Amnésie dissociative • Une augmentation des cas est rapportée, incluant des souvenirs de la petite enance auparavant oubliés.
• La prévalence vie entière est inconnue dans les établissements communautaires et cliniques. • La moitié de tous les adultes peuvent subir un épisode bre au cours de leur vie, généralement en raison du stress.
a
Phillips & Menard (2006) Source : Feusner, Winograd & Saxena (2005)
cliniques et médicolégales, pour tenir compte des réactions culturelles au stress (APA, 2012a et b ; Marcangelo & Wise, 2007). Les troubles actices, notamment, semblent peu réquents ; des études estiment qu’entre 0,05 et 0,4 % de la population en souriraient selon les pays. Touteois, les personnes qui en sont atteintes représentent environ 2 % de celles qui consultent un proessionnel de la santé ou qui sont dirigées en dermatologie (Harth, Taube & Gieler, 2010). La plupart des personnes sourant de troubles actices sont des emmes âgées entre 20 et 40 ans qui exercent une proession liée au domaine de la santé, notamment les infrmières (Pasic, Combs & Romm, 2009).
TABLEAU 13.1
13.4
Le TABLEAU 13.1 présente les troubles somatoormes, actices et dissociatis, ainsi que le regroupement de chacune des ormes dans la amille où elle se situe.
13.4.1
Troubles somatoformes
Trouble somatisation Briquet (1859) a dressé une liste de maniestations d’allure somatique dont se plaignaient couramment les clients qu’il a rencontrés. Si un client mentionnait 13 des 35 éléments de la liste, il était considéré
Classement des troubles somatoformes, factices et dissociatifs
TROUBLES SOMATOFORMES
TROUBLES FACTICES
• Trouble somatisation
• Trouble actice
• Trouble
Description clinique
somatoorme indiérenciéa
• Trouble actice non
TROUBLES DISSOCIATIFS
• Amnésie dissociative spéciféa
• Fugue dissociative
• Trouble de conversion
• Trouble dissociati de l’identité
• Trouble douloureux
• Trouble de dépersonnalisation
• Hypocondrie
• Trouble dissociati non spéciféa
• Trouble de la peur d’une dysmorphie corporelle • Trouble somatoorme non spéciféa a
Le trouble somatoorme indiérencié présente certains symptômes du trouble somatisation. Les troubles somatoormes, actices et dissociatis non spécifés ne répondent pas aux critères diagnostiques des troubles spécifques. Ils ne sont pas détaillés dans le présent chapitre, mais les soins et traitements infrmiers décrits dans la sixième section peuvent s’appliquer. Source : APA (2004)
320
Partie 3
Troubles mentaux
comme sourant du syndrome de Briquet. Cette liste a été abrégée dans le DSM-IV-TR (APA, 2004). Le trouble somatisation se caractérise par des consultations et des traitements médicaux réquents pour des symptômes somatiques multiples et cliniquement signifcatis. Les symptômes sont cliniquement signifcatis lorsqu’ils entraînent un traitement médical ou qu’ils sont à l’origine d’une altération du onctionnement social, proessionnel ou dans d’autres domaines importants (APA, 2004). Pour répondre aux critères du DSM-IV-TR, les symptômes doivent apparaître avant l’âge de 30 ans et ne peuvent être adéquatement expliqués par une aection médicale générale ou par les eets directs d’une substance (APA, 2004). Par exemple, le client sourant de sclérose en plaques, de lupus érythémateux disséminé ou d’une autre maladie chronique invalidante qui apparaît au début de l’âge adulte se plaint souvent de symptômes multisystémiques (c.-à-d. qui touchent plusieurs systèmes de l’organisme à la ois). Touteois, il ne manieste pas de trouble somatisation puisqu’il est atteint d’une aection médicale générale qui explique mieux ses symptômes complexes. Les symptômes du trouble somatisation se distinguent de ceux des
troubles médicaux généraux, car après avoir procédé à un examen médical complet, le proessionnel de la santé constate une ab sence de signes cliniques ou d’anomalies structurales, aucun résultat anormal d’examens paracliniques habituellement associé à des troubles médicaux généraux n’est révélé, et les symptômes décrits par la personne sont multisystémiques et parois contradictoires ENCADRÉ 13.2.
Jugement clinique Paul Robert est âgé de 29 ans. Il consulte son médecin parce qu’il éprouve de plus en plus de migraines, de pyrosis et de douleur aux omoplates. Son travail de contrôleur aérien lui cause tellement de tension qu’il ait même de l’insomnie et afche un certain désintérêt sexuel. Il mange peu : « Ça passe difcilement ; on dirait que j’ai une boule dans la gorge qui bloque tout. » Son épouse croit qu’il somatise parce qu’il n’éprouvait aucun de ces symptômes avant de changer d’emploi il y a deux ans. D’après ces données, devriez-vous soupçonner que monsieur Robert est atteint d’un trouble somatisation ? Justifez votre réponse.
Trouble de conversion Le client qui a un trouble de conversion présente un ou plusieurs symptômes touchant la onction motrice volontaire ou sensorielle (APA, 2004). Les symptômes courants de ce trouble sont : une cécité, une paralysie, une surdité, des convulsions, une anesthésie ou des mouvements moteurs anormaux (APA, 2004). Ces symptômes semblent être liés à
RAPPELEZ-VOUS…
Certains médicaments peuvent provoquer des problèmes érectiles et une diminution du désir sexuel. Quelles classes de médicaments inuent sur la vie sexuelle de l’homme ou de la emme ?
Critères diagnostiques du DSM-IV-TR ENCADRÉ 13.2
Trouble somatisation
A. Antécédents de plaintes somatiques multiples, débutant avant l’âge de 30 ans, se maniestant pendant une période de plusieurs années et aboutissant à une demande de traitement ou bien à une altération signifcative du onctionnement social, proessionnel ou dans d’autres domaines importants. B. Chacun des critères suivants doit avoir été rempli, les symptômes eux-mêmes survenant à n’importe quel moment de l’évolution de la perturbation: (1) quatre symptômes douloureux : antécédents de douleur touchant au moins quatre localisations ou onctions du corps (p. ex., la tête, le dos, les articulations, les extrémités, la poitrine, le rectum, la menstruation, les rapports sexuels, la miction) ; (2) deux symptômes gastro-intestinaux : antécédents d’au moins deux symptômes gastro-intestinaux autres que des douleurs (p. ex., des nausées, des ballonnements, des vomissements en dehors de la grossesse, de la diarrhée ou une intolérance à plusieurs aliments diérents) ; (3) un symptôme sexuel : antécédents d’au moins un symptôme sexuel ou de l’appareil génital autre qu’une douleur (p. ex., un désintérêt sexuel, des anomalies de l’érection ou de l’éjaculation, des règles irrégulières, des règles excessives, des vomissements tout au long de la grossesse) ;
(4) un symptôme pseudoneurologique : antécédents d’au moins un symptôme ou d’un défcit évoquant une aection neurologique, autre qu’une douleur (symptômes de conversion comme un trouble de la coordination ou de l’équilibre, une paralysie ou une aiblesse musculaire localisée, des difcultés de déglutition ou une « boule dans la gorge », une aphonie, une rétention urinaire, des hallucinations, une perte de la sensibilité tactile ou douloureuse, une diplopie, une cécité, une surdité, des crises convulsives; des symptômes dissociatis comme une amnésie; une perte de conscience autre qu’un évanouissement). C. Soit (1) soit (2) : (1) après des examens médicaux appropriés, aucun des symptômes du critère B ne peut s’expliquer complètement ni par une aection médicale générale connue, ni par les eets directs d’une substance (p. ex., une substance donnant lieu à un abus, un médicament) ; (2) quand il existe une relation avec une aection médicale générale, les symptômes physiques ou l’altération du onctionnement social ou proessionnel qui en résultent sont nettement disproportionnés par rapport à ce que laisseraient prévoir l’histoire de la maladie, l’examen physique ou les examens complémentaires. D. Les symptômes ne sont pas produits intentionnellement ou eints (comme dans le trouble actice ou la simulation).
Source : APA (2004), p. 225-226 Chapitre 13 Troubles somatoformes, factices et dissociatifs
321
13
un trouble nerveux ou à une aection médicale générale, mais ils ne sont pas dus à une 1 Près d’un tiers des personnes qui présentent des telle aection, aux eets disymptômes de conversion sont atteintes ou ont des rects d’une substance ou à un antécédents de maladie neurologique, ce qui requiert comportement sanctionné la vigilance des proessionnels de la santé (APA, 2003). par la culture 1 . Le symptôme n’est pas produit inten2 Une dépendance aux analgésiques ou à d’autres tionnellement et ne se limite substances peut s’installer chez le client atteint pas à de la douleur ou à un d’un trouble douloureux ; l’infrmière l’évalue donc dysonctionnement sexuel. avec attention. Les symptômes de conversion causent une sourance ou une défcience sociale, proessionnelle ou autre qui est cliniquement signifcative. ALERTE CLINIQUE
Les caractéristiques déterminantes du trouble de conversion sont les suivantes : il existe un lien entre le début ou l’aggravation du symptôme et des acteurs psychologiques ; l’apparition des symptômes de conversion est précédée de conits ou de acteurs de stress précis et reconnaissables (APA, 2004). Il existe souvent une relation symbolique entre le symptôme et l’événement stressant qui l’a déclenché. Par exemple, le ait de perdre la vue pour ne pas voir une situation stressante ou de perdre l’audition pour ne pas entendre des paroles blessantes. De plus, les personnes qui ont un trouble de conversion présentent souvent des symptômes qui ne respectent pas les voies anatomiques et les mécanismes physiologiques habituels ; les signes objectis de la maladie sont rarement présents (APA, 2004). Histrionique : Qui joue un rôle, se donne en spectacle.
Certaines personnes atteintes du trouble de conversion adoptent une attitude théâtrale ou histrionique par rapport aux symptômes, alors que d’autres ont preuve d’un manque évident et inapproprié de préoccupation envers la gravité de leurs symptômes. Cette absence de préoccupation est appelée belle indifférence.
Trouble douloureux Le trouble douloureux se caractérise par la présence d’une douleur dans une ou plusieurs régions anatomiques (APA, 2004). La douleur est l’« expérience sensorielle et émotionnelle désagréable d’une atteinte tissulaire réelle ou potentielle ou décrite comme telle » (traduction libre ; International Association or the Study o Pain [IASP], 2012). Dans le cas du trouble douloureux, l’intensité de la douleur requiert une intervention clinique et cause une déicience clinique importante dans un domaine de onctionnement ou plus 2 . Des acteurs psychologiques jouent un rôle important dans l’apparition, l’intensité, l’aggravation ou la persistance de la douleur. Cette expérience de la douleur n’est pas attribuable à un trouble de l’humeur, à un trouble anxieux ou à un trouble psychotique, et elle ne répond pas aux critères de la dyspareunie (c.-à-d. un coït ou un rapport sexuel douloureux).
322
Partie 3
Troubles mentaux
Si une aection médicale générale joue un rôle majeur dans la persistance du syndrome, il s’agit d’un trouble douloureux lié à des acteurs psychologiques et à une aection médicale générale. Le trouble douloureux peut être aigu (s’il dure moins de six mois) ou chronique (si la douleur continue après six mois) (APA, 2004). La orme aiguë est parois accompagnée de troubles anxieux alors que des troubles dépressis se maniestent quelqueois dans la orme chronique (APA, 2004).
Hypocondrie Six critères importants sont associés au diagnostic d’hypocondrie (APA, 2004) FIGURE 13.1. Premièrement, la personne se concentre sur ses peurs ou sur l’idée d’avoir une aection médicale grave en se ondant sur son interprétation erronée de symptômes physiques. Deuxièmement, l’interprétation erronée des symptômes persiste même si la personne a subi une évaluation médicale appropriée et a été rassurée. Troisièmement, la préoccupation de la personne envers ses symptômes n’est pas aussi intense ou déormée que dans le cas d’un trouble délirant, c’est-à-dire qu’elle peut reconnaître la possibilité que sa préoccupation soit exagérée ou qu’il n’y ait pas de maladie, ce qui n’est pas le cas dans le contexte d’un trouble délirant. Par ailleurs, même si la personne peut reconnaître sa préoccupation exagérée ou irrationnelle, elle n’arrive pas pour autant à la maîtriser. La personne peut adopter des comportements d’allure compulsive, comme mesurer réquemment une tache sur la peau en croyant qu’il s’agit d’un cancer. Cependant, la préoccupation de la personne n’est pas aussi dirigée que dans le cas du trouble de la peur d’une dysmorphie corporelle et ne se limite pas uniquement à l’apparence de la personne. Le quatrième critère diagnostique mentionne que la préoccupation cause une sourance ou un dysonctionnement social, proessionnel ou autre qui est cliniquement signifcati (APA, 2004). Le cinquième critère établit que la perturbation doit durer au moins six mois (APA, 2004). Enfn, selon le dernier critère, l’hypocondrie n’est pas causée par un autre trouble somatoorme, un trouble anxieux ou un épisode dépressi majeur (APA, 2004 ; Brier & Halverson, 2009). Les personnes hypocondriaques ont souvent elles-mêmes souert ou ont connu un proche qui a souert d’une maladie grave au cours de leur enance. Une ois adulte, l’hypocondrie se déclare parois après un événement tel que la mort d’un être proche (APA, 2003).
Trouble de la peur d’une dysmorphie corporelle Le trouble de la peur d’une dysmorphie corporelle était autreois appelé dysmorphophobie. Il commence généralement à l’adolescence, mais
SCHÉMA DES QUATRE DIMENSIONS Hypocondrie DIMENSION PHYSIQUE • Symptômes physiques compatibles avec une maladie
DIMENSION PSYCHOLOGIQUE
• Attention au moindre signe ou symptôme physique
• Anxiété • Capacité de concentration perturbée par la peur d’être malade
Geneviève Dupuis est âgée de 42 ans. Elle est à l’écoute de son corps et devient anxieuse dès qu’elle y détecte le moindre changement. Lorsqu’elle repère un signe ou un symptôme, elle croit toujours être atteinte d’une maladie grave (p. ex., une douleur abdominale indique la maladie de Crohn, une tache sur la peau révèle un cancer).
Madame Dupuis a très peur d’être gravement malade. Elle envisage toujours le pire lorsqu’il s’agit de santé. Son sommeil est réquemment perturbé ; la cliente a de la difculté à demeurer concentrée lorsqu’elle présente un signe ou un symptôme physique et croit être malade.
DIMENSION SOCIALE • Tensions dans sa vie amiliale et de couple
• Irritabilité
DIMENSION SPIRITUELLE
• Inquiétude excessive à propos de la maladie
• Difculté à aire confance • Peur qui domine la pensée aux proessionnels de la santé
Lorsqu’elle croit être malade, madame Dupuis a de la difculté à participer aux activités amiliales. Elle s’isole parois dans la salle de bain pour s’examiner ou consulter des livres à propos de la maladie dont elle croit être atteinte.
Madame Dupuis n’est que temporairement rassurée à la suite d’une consultation médicale. Elle a de la difculté à aire confance aux proessionnels de la santé, remet en doute le diagnostic et reuse de croire que son trouble puisse être de nature psychologique. Elle a consulté plusieurs médecins pour le même problème. Elle vit avec la peur d’être gravement malade chaque ois qu’un nouveau symptôme se manieste.
FIGURE 13.1
débute parois au cours de l’enance. Son apparition peut être graduelle ou soudaine, mais son diagnostic peut être retardé pendant plusieurs années parce que le client cache souvent ses symptômes (APA, 2003). Ce trouble se produit quand un client est préoccupé par un déaut qu’il perçoit dans son apparence. Ce déaut peut être imaginaire. Si la personne a une légère anomalie physique, sa préoccupation est maniestement axée sur ce déaut, et elle s’avère démesurée par rapport à l’ampleur de celui-ci. Cette préoccupation cause une sourance ou un dysonctionnement social ou proessionnel qui est cliniquement signifcati et qui n’est pas dû à un autre trouble mental (APA, 2004). Selon la gravité des symptômes ressentis ou l’importance accordée au déaut perçu, le client peut avoir des comportements qui entraînent des problèmes à l’école ou au travail, comme de la difculté à se concentrer en raison de ses préoccupations, une baisse de son rendement ou un absentéisme accru. Certaines personnes atteintes du trouble de la peur d’une dysmorphie corporelle vont jusqu’à subir des chirurgies esthétiques importantes et douloureuses. Touteois, la plupart demeurent insatisaites des résultats, et,
dans certains cas, il y a exacerbation des symptômes après la chirurgie (Crerand, Menard & Phillips, 2010).
Jugement clinique Yolande Maltéus, âgée de 39 ans, a perdu tous ses cheveux à la suite d’une chimiothérapie pour un cancer du sein gauche. Elle a également été traitée en radiothérapie, ce qui lui a occasionné des brûlures au thorax. Depuis ce temps, elle porte toujours un oulard ou un turban sur la tête, reuse de mettre des vêtements décolletés et s’isole de plus en plus souvent, de crainte qu’on ne remarque son apparence. Elle évite même de se déshabiller devant son conjoint.
Les imperections réelles ou perçues de la tête ou du visage sont généralement préoccupantes pour le client atteint de ce trouble, comme celles associées aux cheveux, à l’acné, au nez, Madame Maltéus montre-t-elle des signes de peur aux rides, aux oreilles, à la d’une dysmorphie corporelle ? Justifez votre réponse. bouche, aux dents, aux lèvres. L’infrmière est attentive à cette possible préoccupation ; elle demande directement au client s’il s’inquiète à ce sujet et comment il perçoit son déaut (Haas, Champion & Secor, 2008 ; Knoesen, Thai Vo & Castle, 2009). Le client adopte souvent des comportements d’allure compulsive, comme consacrer un temps excessi à sa toilette, vérifer ou attaquer le déaut en grattant ou pinçant la peau jusqu’au sang, et il peut parois subir de multiples chirurgies esthétiques pour corriger le déaut ENCADRÉ 13.3. Par Chapitre 13 Troubles somatoformes, factices et dissociatifs
323
13
ENCADRÉ 13.3
Comportements d’allure compulsive souvent présents en cas de peur d’une dysmorphie corporelle
Le client peut par exemple: • examiner le déaut dans des suraces rééchissantes (p. ex., un miroir, des vitrines de magasin) pendant des heures ; • utiliser une loupe ou un éclairage spécial pour observer le déaut réel ou imaginaire ; • recourir à des soins corporels excessis (p. ex., se peigner sans arrêt, arracher des poils, se maquiller parois excessivement dans le but de cacher le déaut, gratter la peau jusqu’à créer des plaies) ;
• se comparer à autrui ou comparer la partie du corps qu’il trouve areuse; • avoir des idées de réérence par rapport à son déaut imaginaire (et croire que les autres observent son déaut ou s’en moquent) ; • demander réquemment aux autres de le rassurer sur son apparence ; • éviter les activités proessionnelles ou sociales en raison du déaut imaginaire.
Source : APA (2003)
28 L’évaluation du risque suicidaire est l’objet du chapitre 28, Suicide.
exemple, une personne préoccupée par ses cheveux ne soure pas nécessairement de la peur d’une dysmorphie corporelle. Afn de poser le diagnostic, il aut que la préoccupation soit intense et qu’elle entraîne une sourance et une perturbation dans une ou plusieurs sphères du onctionnement. Le client atteint de ce trouble peut passer chaque jour plusieurs minutes et même des heures à s’observer dans un miroir et aller jusqu’à hésiter à sortir de la maison ou à ne sortir que le soir.
La rustration causée par un déaut perçu rend certaines personnes violentes et colériques (Lucas, L’encadré 13.1W présente les 2002 ; Phillips, Didie, Feusner et al., 2008). Ainsi, résultats d’une étude portant pendant une crise de colère, une personne préocsur les liens entre le trouble cupée par un déaut qu’elle perçoit dans ses chede la peur d’une dysmorphie veux peut casser le miroir de la salle de bain en corporelle et le suicide. lançant sa brosse sur le miroir. De plus, le client Il peut être consulté au sourant du trouble de la peur d’une dysmorphie http://ortinash.cheneliere.ca. corporelle est à risque élevé de suicide 28 . En eet, des études récentes ont démontré que jusqu’à 80% des personnes atteintes de la peur de la dysmorphie corporelle ont des idées suiKimberly Knowlton est une jeune emme célibataire cidaires (Phillips et al., 2008). âgée de 25 ans. Elle a déjà souert de dépression Par exemple, au cours de à 20 ans à la suite de brûlures aux bras et au cou l’étude d’une population survenues accidentellement alors qu’elle participait à un de 185 sujets atteints de ce barbecue amilial. Bien que ces brûlures n’aient laissé trouble et suivis pendant que de légères cicatrices, elle a tenté de mettre fn à 4 ans, le taux de tentative de ses jours. Son emploi est précaire, et la cliente travaille suicide était entre 3 et 12 ois au salaire minimum. Madame Knowlton s’est endettée plus élevé que dans la popupour payer les chirurgies plastiques visant à corriger lation générale (Phillips & ses cicatrices. Elle essaie de les cacher, car elle est Menard, 2006) . persuadée que les gens les remarquent. Elle anticipe constamment des propos désagréables à ce sujet, ayant 13.4.2 Troubles même rompu les liens avec ses amis. Elle ne sort plus factices le soir, car elle se trouve inintéressante. Elle est suivie Une personne qui soure par une équipe de proessionnels en santé mentale. d’un trouble actice produit Devriez-vous craindre un risque suicidaire chez cette intentionnellement des jeune emme ? Justifez votre réponse. signes et des symptômes
Jugement clinique
324
Partie 3
Troubles mentaux
physiques ou psychologiques pour endosser le rôle de malade (APA, 2004). Le trouble actice se subdivise en trois catégories selon la prédominance des symptômes : symptômes psychologiques prédominants, symptômes physiques prédominants ou association de signes et de symptômes psychologiques et physiques (APA, 2004). Le diagnostic du trouble actice est posé à la suite de résultats d’examens paracliniques inexplicables (Krahn, Li & O’Connor, 2003). Les médecins hésitent généralement à prononcer ce diagnostic. Le caractère intentionnel est central puisqu’il permet de diérencier les troubles actices des troubles somatoormes, lesquels ne sont pas intentionnels (APA, 2004). Le client peut aller jusqu’à consommer des médicaments pour présenter les symptômes physiques d’une maladie tels que des bêtabloquants pour sourir de bradycardie et obtenir des soins (Steinwender, Homann, Kypta et al., 2005). Les clients subissent souvent des interventions coûteuses qui peuvent mettre leur vie en danger et ont eu recours à de multiples consultations médicales dans plusieurs établissements, souvent dans des villes diérentes. Les clients adultes atteints d’un trouble actice connaissent généralement bien la terminologie médicale et les habitudes hospitalières (APA, 2003). La personne adopte ce comportement sans moti extérieur apparent (qu’il s’agisse d’obtenir de l’argent, de uir des responsabilités ou d’améliorer sa situation) (APA, 2004). Contrairement à ce qui se passe dans la simulation, la personne ne produit pas les symptômes de la maladie pour échapper à des obligations désagréables, mais plutôt pour répondre à un besoin psychologique de jouer le rôle de malade (APA, 2004). Bien que la personne crée elle-même les signes et symptômes du trouble physique, il y a souvent une composante inconsciente dans son comportement et sa pensée : la personne ne peut déterminer de causes précises à son comportement. Il s’agit d’une acette importante des troubles actices. Ce type de trouble apparaît parois en prison ou lorsque la personne se trouve dans l’armée ; certains clients en sont atteints après avoir souert d’une maladie physique. Une personne sourant d’un trouble actice peut aussi avoir un trouble de la personnalité (p. ex., limite ou antisociale) (Harth et al., 2010). Elle entretient souvent des relations perturbées, n’a parois pas beaucoup de liens avec les autres et peut maniester des délires de grandeur ainsi que des déormations de la pensée. Ce trouble a été décrit entre autres chez 6 jeunes flles âgées de 9 à 15 ans (Peebles, Sabella, Franco et al., 2005). Deux de ces adolescentes évitaient l’école, et les quatre autres avaient des conits psychologiques non résolus. D’autres clients présentent aussi des symptômes de dépression, d’hypocondrie, d’anxiété ou de trouble des conduites 25 .
13.4.3
Troubles dissociatifs
Les troubles dissociatis sont apparus pour la première ois dans le DSM-III-TR en 1987. Le médecin rançais Pierre Janet a été un pionnier de la recherche portant sur ces troubles (Debecker, Lesnicki & VermorelRondeux, 2007). Leur dénomination et leur classifcation ont été revues dans le DSM-IV-TR. Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux, 4e édition révisée (APA, 2003) après que le trouble dissociati de l’identité (auparavant personnalité multiple) a suscité des controverses aux États-Unis.
Amnésie dissociative L’amnésie dissociative était autreois appelée amnésie psychogène. Elle se caractérise par un ou plusieurs épisodes d’incapacité à se rappeler une inormation personnelle importante, elle suit généralement une situation traumatique ou stressante, et cette perte de mémoire est trop importante pour s’expliquer par un simple oubli (il y a dissociation) (APA, 2004). La perturbation ne se produit pas exclusivement pendant une ugue dissociative, un trouble dissociati de l’identité ou un trouble anxieux, et elle n’est pas due aux eets d’une substance (p. ex., une perte de conscience ou de mémoire due à l’alcool) ou à une aection médicale générale (p. ex., une amnésie après un trauma crânien) (APA, 2004). L’amnésie peut durer quelques minutes ou persister quelques années. Les personnes qui ont une amnésie dissociative ont un degré d’hypnotisabilité plus élevé que la moyenne (APA, 2003). Le TABLEAU 13.2 présente les cinq ormes d’amnésie dissociative décrites dans le DSM-IV-TR.
Fugue dissociative La ugue dissociative était auparavant appelée ugue psychogène. Elle se présente sous la orme d’un
TABLEAU 13.2
départ soudain et inattendu hors de la maison ou du lieu de travail accompagné d’une incapacité du sujet à se rappeler son passé ou l’endroit où il est allé, d’une conusion par rapport à son identité personnelle ou de l’adoption d’une nouvelle identité, qui est parois partielle (c.-à-d. caractérisée par un remplissage des trous de mémoire) (APA, 2004). Comme dans le cas de l’amnésie dissociative, la perturbation ne se produit pas dans le contexte d’un trouble dissociati de l’identité, et elle n’est pas due aux eets d’une substance ou à une aection médicale générale (APA, 2004).
Les personnes en fugue dissociative ne présentent pas de signes de troubles mentaux et agissent normalement.
25 Le trouble des conduites est défni dans le chapitre 25, Enfants et adolescents.
La ugue survient habituellement après un événement traumatisant qui a généré beaucoup d’anxiété chez la personne. La durée de la ugue dissociative peut varier de quelques heures à quelques mois dans les cas les plus spectaculaires. Les personnes en ugue dissociative ne présentent pas de signes de troubles mentaux et agissent normalement. Ces personnes consultent habituellement un proessionnel de la santé lorsqu’elles émergent de la ugue puisqu’il leur semble anormal qu’elles n’aient aucun souvenir des événements survenus durant celle-ci. Dans le cas des ugues de plus longue durée, il est arrivé que des personnes aient adopté de nouvelles identités, élu un nouveau domicile et exercé de nouvelles activités sociales. Dans de pareils cas, les conséquences de la ugue sont plus importantes (p. ex., la perte d’un emploi pour absentéisme, la perturbation des relations amiliales et sociales en raison de la durée de la ugue).
13
Trouble dissociatif de l’identité Aucun autre trouble de la classifcation actuelle des troubles mentaux n’a soulevé autant de controverses que le trouble dissociati de l’identité bien que les critères du DSM-IV-TR pour ce trouble soient clairs (APA, 2004). Le premier critère
Cinq formes d’amnésie dissociative
Amnésie lacunaire
La personne est incapable de se souvenir d’événements survenus au cours d’une période de temps déterminée, généralement les premières heures après un événement traumatisant.
Amnésie sélective
La personne se souvient de certains événements survenus pendant une période de temps déterminée, mais pas de tous.
Amnésie généraliséea
La personne n’a plus aucun souvenir concernant la totalité de son existence.
Amnésie continuea
La personne est incapable de se souvenir d’aucun événement survenu entre un moment donné et le présent.
Amnésie systématiséea
La personne a une perte de mémoire qui touche seulement une ou des catégories d’information bien précise, par exemple sa famille ou une personne en particulier. Le reste de la mémoire est intact.
a
Ces trois formes d’amnésie sont beaucoup plus rares que les deux premières. Source : APA (2003) Chapitre 13 Troubles somatoformes, factices et dissociatifs
325
Jugement clinique
mentionne que la personne doit présenter deux ou pluRaphaël Mercier, âgé de 37 ans, a eu un grave accident sieurs identités ou personnade voiture dans lequel sa conjointe a perdu la vie. Il lités distinctes, chacune ayant s’en est tiré avec des contusions cutanées, mais il est sa propre açon assez consencore sous le choc de l’événement. Il se souvient du tante de percevoir l’environclimat festif de la soirée entre amis à laquelle il nement et le soi, d’établir des participait. Toutefois, il est incapable de se remémorer liens avec ceux-ci et d’y rééles circonstances de l’accident. chir. Le deuxième critère étaD’après les données présentées dans cette situation, blit qu’au moins deux de ces de quel type d’amnésie souffre monsieur Mercier ? personnalités prennent la maîtrise du comportement de la personne de açon récurrente. Troisièmement, la personne est incapable de se souvenir des renseignements personnels importants, à un degré tel que cela ne peut s’expliquer par un simple oubli. Enfn, ces comportements et ces pensées ne sont pas dus aux eets d’une substance ou à une aection médicale générale. Les symptômes chez les enants ne sont pas dus à des camarades de jeux imaginaires ou à d’autres jeux de fction (APA, 2004).
Dépersonnalisation : Perte, par une personne, du sentiment de sa propre réalité physique et mentale.
Le trouble dissociati de l’identité portait autreois le nom de personnalité multiple. Contrairement à ce qui a été aussement décrit dans la fction et au cinéma américain, les clients atteints de ce trouble ne sont pas des meurtriers en série. Les personnes ayant un trouble dissociati de l’identité ont réquemment plusieurs personnalités distinctes avec des caractéristiques souvent bien diérentes (APA, 2004). La personnalité principale est habituellement celle que connaît l’entourage du client et est associée au nom que celui-ci utilise tous les jours depuis sa naissance. Les personnalités secondaires peuvent avoir un âge et un sexe diérents de la personnalité principale. Certaines personnalités secondaires peuvent porter des lunettes, alors que la personnalité principale n’en porte pas, ou être gauchères, alors que la personnalité principale est droitière. Dans certains cas, il arrive que la personnalité principale parle inconsciemment d’ellemême au pluriel (nous, ils, elles) ou encore qu’elle utilise le « on » lorsqu’elle raconte des événements qu’elle a vécus.
Les personnalités secondaires peuvent avoir conscience de l’existence des autres personnalités secondaires ou seulement de quelques-unes de celles-ci. Pour sa part, la personnalité principale n’a pas conscience de l’existence des personnalités secondaires avant le début du traitement. Lorsqu’elle change pour une personnalité secondaire, la personnalité principale, est en quelque sorte placée en pause. Ce n’est que lorsque la personnalité secondaire cède la place à la personnalité principale que celle-ci reprend la maîtrise du corps. C’est ce qui explique les trous noirs dans la vie de la personne puisqu’elle n’a pas de souvenir de ce que les personnalités secondaires ont ait lorsqu’elles gouvernaient le corps. Lorsque le changement de personnalité a perduré sufsamment longtemps, il arrive que la personne ne comprenne pas comment elle s’est retrouvée dans un lieu ou pour quelle raison elle est vêtue ainsi. Les personnes sourant d’un trouble dissociati de l’identité mentionnent souvent avoir subi des traumas physiques ou des sévices sexuels durant l’enance (APA, 2003). Ces personnes ont une plus grande acilité à être hypnotisées que la normale. Il s’écoule en moyenne six ou sept années avant que la personne aille consulter après l’apparition des premiers symptômes (APA, 2003).
Trouble de dépersonnalisation Le trouble de dépersonnalisation se caractérise par des épisodes continuels ou récurrents de sentiments de détachement ou d’éloignement de soi-même (APA, 2004). La sensation d’être à l’extérieur de son corps ou de son esprit ou de devenir un observateur de son propre corps s’avère réquente FIGURE 13.3. Divers types d’anesthésie sensorielle, d’absence de réaction aective et une impression de manque de maîtrise de ses gestes ou de ses paroles sont souvent présents. Touteois, contrairement aux troubles psychotiques, au cours d’épisodes de dépersonnalisation, le sens de la réalité et la conscience de la situation demeurent intacts.
Le changement d’une personnalité à une autre survient en quelques secondes et est généralement précédé par un stress psychosocial FIGURE 13.2.
FIGURE 13.2 Deux ou plusieurs personnalités coexistent, et le changement survient rapidement en cas de stress, sans que la personnalité principale en ait conscience.
326
Partie 3
Troubles mentaux
FIGURE 13.3 En cas de dépersonnalisation, la personne se sent détachée d’elle-même, comme si elle se trouvait à l’extérieur de son corps.
La dépersonnalisation est une expérience courante. En eet, un adulte sur deux vivrait un court épisode de dépersonnalisation pendant sa vie (APA, 2003). Le diagnostic du trouble de dépersonnalisation n’est posé qu’en présence de symptômes sufsamment graves pour causer une sourance marquée ou un dysonctionnement important (APA, 2004). Le diagnostic n’est pas établi si une telle expérience se produit exclusivement au cours d’un autre trouble mental (p. ex., la schizophrénie, le trouble panique, l’état de stress aigu, un autre trouble dissociati) ou si elle est due aux eets physiologiques d’une substance ou à une aection médicale générale (APA, 2004). La déréalisation est un autre symptôme dissociati. Elle consiste en une sensation subjective ou un sentiment selon lequel le monde qui entoure la personne est anormal ou irréel. La déréalisation accompagne très souvent la dépersonnalisation. Lorsque cela se produit, la personne a l’impression que les gens qui l’entourent sont étranges, agissent de açon robotisée ou que les objets sont de tailles ou de ormes diérentes. La déréalisation et la dépersonnalisation accompagnent souvent d’autres troubles mentaux, dont le trouble dépressi majeur, les troubles anxieux et divers troubles de la personnalité (APA, 2003).
13.5
Pronostic
À l’exception du trouble de conversion, les troubles somatoormes sont des troubles chroniques et variables dans le temps dont la guérison complète est rare. Le pronostic d’un trouble somatisation dépend des acteurs particuliers du trouble, du client et de sa relation avec le thérapeute. Une étude de suivi sur le trouble de la peur d’une dysmorphie corporelle a indiqué un taux de rémission complète de 0,09 % et de rémission partielle de 0,21 % après 1 an (Phillips, Pagano, Menard et al., 2006). Au cours de cette étude, 84,2 % des sujets ont reçu un traitement en santé mentale. Les auteurs ont conclu
13.6
que la probabilité de rechute était de 0,15 % pour les clients dont les symptômes étaient partiellement ou complètement disparus (Phillips et al., 2006). Le trouble de conversion disparaît généralement après 2 semaines, mais le taux de récurrence est de 20 à 25 % dans la première année (APA, 2003). Une seule récurrence des symptômes est un prédicteur d’épisodes uturs. Les acteurs qui ont été associés à un bon pronostic du trouble de conversion sont des agents stressants reconnaissables au moment où les symptômes apparaissent, un traitement précoce et une intelligence supérieure à la moyenne. Les troubles actices sont habituellement constitués d’épisodes intermittents avec des périodes de vie normale entre ceux-ci. Ils deviennent parois chroniques. Dans ce cas, les périodes d’hospitalisation se succèdent et peuvent se transormer en mode de vie permanent (APA, 2003). Le pronostic des troubles dissociatis varie d’un rétablissement rapide et complet (pour l’amnésie ou la ugue) à une évolution épisodique ou chronique et continue (pour le trouble dissociati de l’identité). Des cas d’amnésie dissociative présentent un épisode unique se résorbant spontanément, alors que d’autres se caractérisent par de multiples épisodes ou une orme chronique d’amnésie. La ugue dissociative est habituellement un événement unique dont le rétablissement est rapide ; il peut touteois persister une amnésie dissociative réractaire dans certains cas. Le trouble dissociati de l’identité est généralement chronique, et son traitement perdure sur plusieurs années. Il reait souvent surace pendant des épisodes de stress ou à l’occasion d’une rechute d’abus de substance (APA, 2003). Le trouble de dépersonnalisation est rarement la cause qui a mené à la consultation (APA, 2003) ; les clients se présentent habituellement pour des symptômes anxieux ou dépressis. L’évolution du trouble de dépersonnalisation peut être épisodique si la personne ait ace à des événements qui mettent sa vie en danger sur une base régulière ou se révéler chronique.
13
Démarche de soins
L’infrmière qui travaille dans un centre hospitalier général ou dans la communauté est plus susceptible de rencontrer des clients atteints d’un trouble somatoorme, actice ou dissociati que celle qui travaille dans un établissement ou une unité psychiatrique. Les comorbidités associées à ces troubles sont très réquentes : les troubles de l’humeur, les troubles anxieux, les dépendances et les troubles de la personnalité, notamment limite (borderline), sont souvent plus dérangeants pour le client. Dans de
nombreux cas, ils constituent le moti de la consultation (Damsa, Pirrottaa, Adamd et al., 2005).
13.6.1
Collecte des données – Évaluation initiale
Le rôle de l’infrmière est d’abord d’évaluer l’état de santé physique et mentale du client, ainsi que les signes et symptômes qu’il présente à son arrivée, et de le rassurer 4 .
4 Les composantes d’une évaluation initiale exhaus tive sont présentées dans le chapitre 4, Évaluation de la condition mentale.
Chapitre 13 Troubles somatoformes, factices et dissociatifs
327
Reconnaître les maniestations d’un trouble somatoorme, actice ou dissociati
L’infrmière évalue chaque client avec la même attention sans considérer la possibilité qu’il eigne ses symptômes ENCADRÉ 13.4. Elle observe attentivement le
Collecte des données ENCADRÉ 13.4
Évaluation globale
• Eectuer un examen physique des systèmes pertinents en onction des plaintes et des symptômes du client.
• Dresser la liste de la durée, de la nature et de la localisation de tous les symptômes et de toutes les plaintes du client.
• Vérifer les résultats des examens paracliniques que le client a subis et obtenir ceux eectués antérieurement ou dans un autre centre lorsque c’est possible.
• Documenter les habitudes de vie du client.
• Constituer la liste et écrire l’histoire de tous les antécédents médicaux, chirurgicaux et psychiatriques du client. • Déterminer le moment où sont apparus les symptômes pour la première ois.
client alors qu’il répond aux questions. Des antécédents détaillés, obtenus auprès du client, de sa amille et d’autres proessionnels de la santé, permettent au personnel soignant d’orir des soins adaptés au client. L’inirmière questionne donc le client sur divers aspects de sa vie au quotidien. Elle évalue l’impact des symptômes de ce dernier sur son onctionnement social, proessionnel et aecti. Elle vériie si le client présente des symptômes anxieux ou dépressis puisque les troubles anxieux ou de l’humeur sont souvent présents de açon concomitante avec les trou bles somatoormes, actices ou dissociatis (Barsky, Orav & Bates, 2005). L’enseignement des eets anxiogènes possibles des préoccupations somatiques, actices ou dissociatives aide le client à détourner son attention de ses sensations physiques.
L’infrmière évalue chaque client avec la même attention sans considérer la possibilité qu’il eigne ses symptômes.
• Évaluer l’impact des symptômes sur le onctionnement du client. • Évaluer le réseau social et le onctionnement dans les diverses sphères (p. ex., sociale, proessionnelle) du client. • Évaluer le réseau de soutien du client.
Compléter l’évaluation selon le trouble Pour certains troubles, il convient d’insister davantage sur des éléments particuliers de la collecte des données, alors que pour d’autres, ces mêmes éléments seront moins appropriés. L’ENCADRÉ 13.5 présente quelques éléments propres à chacun des troubles, lorsque cela est pertinent.
Collecte des données ENCADRÉ 13.5
Évaluation spécifque selon le trouble
TROUBLES SOMATOFORMES
• Évaluer la onction symbolique des symptômes.
Trouble somatisation
• Évaluer le lien entre les situations stressantes que vit le client et l’apparition ou l’exacerbation des symptômes.
• Déterminer la présence de situations stressantes dans le quotidien du client. • Évaluer le lien entre les situations stressantes et l’apparition ou l’exacerbation des symptômes. • Évaluer les stratégies utilisées par le client pour gérer le stress. • Dresser la liste de tous les médicaments et de tous les autres traitements (médicaux ou parallèles) auxquels le client a recours afn de déceler les dangers potentiels (p. ex., des interactions, des eets indésirables). • Évaluer le risque de dépendance physique ou psychologique à la médication. • Évaluer la présence des symptômes et troubles mentaux souvent associés tels que les troubles anxieux, l’humeur dépressive, les comportements compulsis, une personnalité histrionique, limite (borderline) ou antisociale. Trouble de conversion • Procéder à l’examen physique du client en portant une attention particulière au système neurologique, à la motricité et aux cinq sens. • Noter tous les symptômes physiques qui ne correspondent pas aux maniestations normalement associées à une maladie physique. • Évaluer la présence d’antécédents de somatisation ou de maladie neurologique, puisque près du tiers des personnes atteintes d’un trouble de conversion ont ces antécédents (APA, 2003).
328
Partie 3
Troubles mentaux
• Évaluer la présence d’un bénéfce primaire ou secondaire de la maladie. • Évaluer s’il y a présence d’une belle indiérence. • Évaluer la présence des troubles mentaux souvent associés tels que les troubles dissociatis, le trouble dépressi majeur, un trouble de la personnalité histrionique, antisociale, limite (borderline) ou dépendante. Trouble douloureux • Dresser la liste de toutes les douleurs présentes chez le client, leur moment d’apparition, leurs caractéristiques et leur intensité. • Utiliser au besoin une échelle d’évaluation de la douleur (p. ex., pour suivre son évolution dans le temps). • Évaluer le risque de dépendance physique ou psychologique du client à la médication. • Évaluer la présence des symptômes et troubles mentaux souvent associés tels que les troubles anxieux, les troubles de l’humeur, l’insomnie et un risque suicidaire élevé. Hypocondrie • Dresser la liste des signes et symptômes que le client présente en lien avec la ou les maladies dont il croit être atteint.
ENCADRÉ 13.5
Évaluation spécifque selon le trouble (suite)
• Dresser la liste de toutes les consultations médicales et des examens paracliniques que le client a subis depuis le début des symptômes (parois sur quelques années).
• Évaluer la mémoire de travail ainsi que la mémoire à moyen et à long terme du client en le questionnant sur son passé. • Évaluer la présence d’événements traumatisants antérieurs à l’amnésie ou dans l’enance.
• Évaluer la présence des troubles mentaux souvent associés tels que les troubles somatoormes, les troubles anxieux ou les troubles dépressis.
• Pour l’amnésie dissociative: évaluer la présence des symptômes ou troubles mentaux souvent associés tels que le trouble de conversion, les troubles de l’humeur, les troubles liés à une substance ou les troubles de la personnalité.
Trouble de la peur d’une dysmorphie corporellea • Évaluer les préoccupations du client concernant son apparence. • Demander directement au client s’il s’inquiète à ce sujet et comment il perçoit son déaut. • Évaluer une inuence éventuelle, par exemple si le client se compare à des mannequins, à des acteurs, à des athlètes (Haas et al., 2008; Knoesen et al., 2009). • Déterminer le temps consacré par le client à penser au déaut, à se regarder dans le miroir ou à aire sa toilette.
• Pour la ugue dissociative : évaluer la présence des troubles mentaux souvent associés tels que les troubles de l’humeur, les troubles liés à une substance ou un état de stress post-traumatique. • Au besoin, lorsque l’amnésie est importante, contacter les autorités locales afn de déterminer l’identité du client. Trouble dissociati de l’identité
• Déterminer les moyens utilisés par le client pour cacher le déaut (p. ex., un ond de teint, une chirurgie, des vêtements amples).
• Évaluer la mémoire de travail ainsi que la mémoire à moyen et à long terme du client en le questionnant sur son passé.
• Évaluer la présence de comportements d’allure compulsive et d’évitement ainsi que leur impact sur le onctionnement du client.
• Rechercher la présence de «trous noirs» dans son récit.
• Évaluer l’estime de soi du client. • Évaluer la présence d’idées de réérence chez le client.
• Observer les changements soudains de comportement ou d’attitude du client. • Évaluer si les changements de comportement et d’attitude correspondent à des situations stressantes ou menaçantes pour le client.
• Évaluer le réseau social du client et le risque d’isolement. • Évaluer la présence des symptômes et troubles mentaux souvent associés tels qu’un risque suicidaire accru, le trouble dépressi majeur, le trouble délirant, la phobie sociale et le trouble obsessionnel-compulsi. TROUBLES FACTICES
• Évaluer la présence d’éléments contradictoires dans l’histoire du client. • Évaluer la présence de nouveaux symptômes à la suite de l’annonce des résultats négatis en lien avec les symptômes décrits précédemment. • Dresser la liste de toutes les consultations antérieures du client et obtenir un résumé des soins et traitements reçus. • Évaluer la présence des troubles mentaux souvent associés tels que le trouble de personnalité limite (borderline).
13
• Évaluer la présence de sévices sexuels ou physiques durant l’enance. • Évaluer la présence des symptômes ou troubles mentaux souvent associés tels que l’automutilation, les comportements suicidaires, les troubles de l’humeur, les troubles liés à une substance, les troubles sexuels, les troubles de l’alimentation ou les troubles du sommeil. Trouble de dépersonnalisation • Eectuer un examen physique du client en portant une attention particulière au système neurologique et aux cinq sens. • Évaluer l’appréciation de la réalité chez le client afn d’exclure un trouble psychotique. • Évaluer la durée et la réquence des épisodes de déréalisation. • Évaluer la présence de symptômes de dépersonnalisation.
TROUBLES DISSOCIATIFS
Amnésie et ugue dissociatives • Évaluer la présence de troubles cognitis en questionnant le client ou en ayant recours à divers outils spécialisés (p. ex., le mini-examen de l’état mental, le test de l’horloge, le test de l’empan).
• Évaluer la présence de symptômes ou d’autres troubles mentaux, car la dépersonnalisation peut aire partie du tableau clinique de plusieurs autres troubles mentaux. Le diagnostic de dépersonnalisation est d’ailleurs posé uniquement une ois que les autres troubles mentaux ont été écartés comme hypothèse clinique.
a
Phillips & Menard (2006) Source : Feusner et al. (2005)
13.6.2
Analyse et interprétation des données
À partir des renseignements obtenus pendant la collecte des données et du diagnostic médical, l’infrmière détermine les problèmes prioritaires qui guideront le plus efcacement le plan de soins et de traitements infrmiers (PSTI) du client. Elle établit les caractéristiques déterminantes des problèmes prioritaires du client et cerne avec celui-ci leurs acteurs étiologiques. Ces derniers inuent sur le choix
CONSEIL CLINIQUE
des interventions appropriées. L’ordre de priorité est en eet établi en onction des besoins particuliers du client FIGURE 13.4 et ENCADRÉ 13.6.
13.6.3
Planifcation des soins
Établir les résultats escomptés Les résultats escomptés sont ondés sur les problèmes prioritaires du client et sur les diagnostics correspondants du DSM-IV-TR. Les résultats escomptés élaborés avant la mise en œuvre du PSTI
Au Québec, certains hôpitaux recommandent d’intégrer l’évaluation de la douleur à la routine des signes vitaux afn d’exercer un meilleur suivi et une évaluation plus rigoureuse de celle-ci (Cyr, 2000). L’infrmière y porte une attention particulière en cas de trouble douloureux.
Chapitre 13 Troubles somatoformes, factices et dissociatifs
329
Puisque chaque client est unique, les résultats escomptés possibles sont grandement inuencés par ses caractéristiques individuelles et son environnement immédiat. L’anxiété étant une composante sous-jacente majeure pour chacun des troubles somatoormes, actices ou dissociatis, les résultats escomptés généraux pourraient s’appliquer à plusieurs d’entre eux. Ce chapitre présente, à titre d’exemple, des objectis plus précis pour le trouble somatisation et le trouble dissociati de l’identité.
CONSEIL CLINIQUE
La connaissance de l’expérience subjective du client aide l’infrmière à élaborer un plan de soins et de traitements infrmiers qui tient compte de ses besoins (Feusner et al., 2005 ; Phillips & Menard, 2006).
Résultats escomptés généraux (possibles pour tous les troubles) Le client sera en mesure :
FIGURE 13.4
10 Les origines de la médita tion de pleine conscience sont expliquées dans le chapitre 10, Stress et troubles de l’adaptation.
Les problèmes prioritaires sont établis en collaboration avec le client.
• de déterminer des situations et des événements qui déclenchent des préoccupations somatiques ou des épisodes dissociatifs et de choisir des façons de les prévenir ou de les maîtriser ;
guident les interventions et l’évaluation des résultats. En pratique, l’infrmière détermine généralement les résultats escomptés en se ondant sur les symptômes cliniques présentés par le client et l’évolution probable du trouble selon son type.
• de discuter du lien entre des situations ou des événements anxiogènes et des symptômes d’allure somatique, factice ou dissociative ;
Ainsi, la plupart des troubles somatoormes sont de nature chronique et évoluent dans le temps, comme précisé dans la cinquième section de ce chapitre. La guérison complète est plutôt rare. Touteois, avec un suivi approprié, il est possible de maîtriser la gravité des symptômes. Les troubles actices, eux, sont souvent constitués d’épisodes intermittents. Les cas chroniques dans lesquels les hospitalisations successives deviennent un mode de vie permanent sont plus rarement observés (APA, 2003). L’évolution des troubles dissociatis est propre à chacun d’eux, comme précisé dans la cinquième section de ce chapitre.
ENCADRÉ 13.6
• altération de la mémoire; • anxiété (spécifer le degré : léger, modéré, grave); • comportements autodestructeurs (spécifer le type : automutilation, risque d’automutilation, autres comportements à risque, etc.) ;
Troubles mentaux
• d’avoir des comportements qui montrent des symptômes somatiques réduits ou qui procurent un moyen de réassociation en cas d’état dissociatif ; • de nommer des techniques et des stratégies adaptatives et positives qui soulagent l’anxiété ; • d’utiliser les stratégies de réduction de l’anxiété telles que la méditation de pleine conscience 10 ;
• aible estime de soi ; • méconnaissance (spécifer s’il s’agit de la maladie, du traitement, etc.) ; • non-respect ou non-adhésion (spécifer s’il s’agit du traitement, de la médication, etc.) ; • perturbation de la perception sensorielle ; • perturbation de l’image corporelle;
• comportements d’allure compulsive;
• recherche de soins médicaux ;
• déni (spécifer s’il s’agit des symptômes, du diagnostic, de l’absence de maladie, d’un comportement, etc.);
• risque de violence (préciser si envers lui-même ou les autres) ;
• difculté d’adaptation (spécifer la cause);
• risque d’isolement social ou isolement social;
• douleur (spécifer le site et la nature : aiguë ou chronique) ;
• risque suicidaire (spécifer le degré : léger, modéré, élevé) ;
• dynamique amiliale perturbée ;
• trouble du sommeil (spécifer selon le symptôme : insomnie, difculté à demeurer endormi, réveils réquents, etc.).
• dysonctionnement sexuel;
Partie 3
• d’expliquer ouvertement ses comportements et ses pensées ainsi que ses comportements d’al lure obsessive ;
Problèmes pouvant être associés aux troubles somatoformes, factices et dissociatifs
Les problèmes prioritaires des clients atteints de troubles somatoormes, actices et dissociatis peuvent être les suivants:
330
• de décrire des symptômes somatiques qui se produisent dans des situations anxiogènes ;
• d’apprendre à maîtriser son anxiété à des degrés tolérables ; • de montrer sa capacité de résoudre des pro blèmes, de se concentrer et de prendre des décisions ;
• de déterminer à quel moment il doit prendre un médicament au besoin pour réduire une anxiété accrue par un facteur environnemental ; • de communiquer avec le thérapeute si les symptômes augmentent ;
• de verbaliser un sentiment de détente et de préoccupation réduite envers ses sensations ;
• d’informer le thérapeute ou d’utiliser un service d’écoute téléphonique s’il se sent suicidaire.
• de dormir de six à huit heures par nuit ;
Décider des soins
• d’utiliser des ressources de soutien appropriées parmi les professionnels de la santé, sa famille et ses amis ; • de demander l’aide de ressources appropriées en cas d’apparition de nouveaux symptômes ; • de communiquer avec un professionnel de la santé s’il a des pensées ou des désirs suicidaires ou dangereux (envers luimême ou d’autres personnes) ; • d’énumérer les médicaments qu’il prend pour maîtriser ses symptômes ainsi que les indications et la posologie appropriée de chacun ; • de continuer à maîtriser ses symptômes après son congé, notamment en prenant ses médicaments et en suivant d’autres thérapies.
Trouble somatisation Le client sera en mesure : • d’élaborer un programme d’exercices qui comprend des techniques de réduction de l’anxiété ; • de reconnaître les liens qui existent entre son degré d’anxiété et les symptômes physiques qu’il ressent ; • de tenir un journal où il note ses préoccu pations somatiques et les facteurs de stress, y compris ses pensées et ses préoccupations importunes ; • d’aider le thérapeute à transmettre les renseignements nécessaires à tout autre intervenant ;
La planifcation des soins des clients sourant de troubles somatoormes, actices et dissociatis est variée. Les cliniciens et les administrateurs des établissements hospitaliers s’eorcent de trouver un équilibre entre un traitement efcace et les coûts élevés des unités spécialisées. Il coûterait 50 % plus cher de traiter les personnes atteintes de maladies mentales en milieu hospitalier que dans la communauté (Comité de la santé mentale du Québec [CSMQ], 1997). De ce ait, la plupart des soins en santé mentale au Canada sont ournis à l’extérieur des centres hospitaliers (Agence de la santé publique du Canada [ASPC], 2006) 2 . De plus en plus, les clients qui représentent un risque pour eux-mêmes ou pour d’autres personnes sont hospitalisés pendant de courtes périodes seulement. Par exemple, le client atteint du trouble de la peur d’une dysmorphie corporelle grave peut être hospitalisé afn de prévenir un risque de suicide. Cependant, une personne atteinte de ce trouble est généralement traitée en consultation externe à l’aide de diverses méthodes telles que la psychothérapie individuelle, la thérapie de groupe, la thérapie amiliale et la thérapie par l’art. Les enants et les adolescents qui ont des troubles dissociatis dus à un trauma voient leurs symptômes diminuer grâce à la thérapie par le jeu et aux techniques de la orme (gestalt) (Weber, 2009).
Le client sera en mesure :
Plutôt que de seulement prodiguer des soins directs aux clients hospitalisés, l’infrmière assume de plus en plus le rôle d’agente de liaison, où elle donne aux clients et à leur amille de l’inormation sur les divers traitements possibles, les résultats escomptés et où elle eectue la planiication détaillée des congés.
• de répondre à son nom quand un membre de l’équipe de soins s’adresse à lui ;
13.6.4
• de prendre les médicaments prescrits et de connaître leurs indications ; • de rencontrer plus fréquemment le thérapeute si les symptômes de somatisation augmentent.
Trouble dissociati de l’identité
2 Les milieux de soins communautaires sont décrits dans le chapitre 2, Santé mentale et services dans la communauté.
13
i
L’Institut québécois de Gestalt-thérapie offre de l’information sur cette thérapie au www.iqgt.ca.
Exécution des interventions
• de parler de luimême à la première personne ; • de reconnaître les épisodes d’anxiété accrue ; • de tenir un journal où il note les agents stressants et les périodes de dissociation ; • de parler de ses mécontentements d’une manière non menaçante ; • d’adopter des comportements d’afrmation de soi pour répondre à ses besoins ; • de prendre les médicaments prescrits ;
Soins et traitements infrmiers Le rôle de l’infrmière dans la mise en œuvre du PSTI varie d’un milieu de soins à l’autre. L’infrmière est donc bien au ait des actes proessionnels qui lui sont permis par la loi et par les directives de son établissement. Les interventions expliquées ici sont utiles aux clients ayant des symptômes d’allure somatique, actice Chapitre 13 Troubles somatoformes, factices et dissociatifs
331
ALERTE CLINIQUE
L’infrmière surveille ses propres réactions à l’égard du client. Si un membre du personnel soignant ne comprend pas l’intensité des sensations d’allure somatoorme, actice ou dissociative du client, il ne peut évaluer le degré d’anxiété subi par celui-ci.
ou dissociative, quel que soit le diagnostic ou le lieu de traitement TABLEAU 13.3. La situation clinique SC 13.1 présente les interventions in frmières pour une cliente atteinte du trouble somatisation.
Des techniques d’imagerie mentale dirigée sont décrites sur le site de la Société canadienne du cancer, au www.cancer.ca/canada-wide/ about%20cancer/treatment/ managing%20stress/imagery. aspx?sc_lang=r-CA.
Soins et traitements en interdisciplinarité Psychopharmacothérapie Les interventions pharmacologiques, seules ou combinées à des interventions cognitivo-comportementales, sont parmi les traitements les plus
Pratiques infrmières suggérées TABLEAU 13.3
Intervenir auprès du client ayant un trouble somatoorme, actice ou dissociati
INTERVENTIONS
JUSTIFICATIONS
Déterminer le degré d’urgence suicidaire et la présence de symptômes dépressis chez le client.
Une évaluation approondie du client aide à prévenir le suicide et les autres comportements destructeurs durant le processus d’intervention.
Reconnaître que les multiples symptômes du client, tels que des sensations somatiques, sont des indicateurs d’anxiété.
Des interventions précoces aident à maîtriser l’anxiété avant que les symptômes s’aggravent. De plus, lorsque le client comprend le lien entre ses symptômes et l’anxiété, il devient plus acile pour lui de la gérer et ainsi de réduire ses symptômes.
Enseigner au client à distinguer les sensations corporelles qui ont une cause ou une source décelable (p. ex., les symptômes d’un rhume, la douleur d’une chute) et les préoccupations somatiques qui n’ont pas de cause ou de source décelable, mais qui sont une réaction à une anxiété accrue.
La connaissance de l’anxiété et de ses composantes permet au client de mieux maîtriser son trouble.
Être consciente de son propre degré d’anxiété et s’eorcer de rester calme.
L’anxiété se transère acilement d’une personne à une autre. La personne atteinte de troubles somatoormes, actices ou dissociatis est à risque d’augmentation des symptômes pendant les périodes d’anxiété accrue.
Enseigner au client l’importance d’une consommation réduite de caéine, de nicotine et d’autres stimulants du système nerveux central.
Le ait de réduire la consommation de stimulants prévient ou atténue les symptômes physiques d’anxiété (p. ex., une réquence cardiaque élevée, l’agitation) qui peuvent déclencher d’autres préoccupations et maniestations somatiques.
Enseigner au client à utiliser des stratégies pour réduire son anxiété telles que :
Ces techniques permettent au client de centrer son attention sur autre chose que l’anxiété ou les situations qui génèrent de l’anxiété chez lui. De plus, il détourne son attention des symptômes qui peuvent être source d’anxiété en eux-mêmes. Il apprend ainsi à maîtriser son anxiété par lui-même et à tolérer un certain degré d’anxiété résiduelle.
• des techniques de relaxation progressive ; • la méditation de pleine conscience ; • des exercices de respiration proonde et lente ; • la concentration sur un seul objet dans la pièce ; • l’écoute d’une musique apaisante ; • l’imagerie mentale dirigée.
332
Partie 3
Troubles mentaux
Aider le client à utiliser des méthodes d’adaptation qui l’ont aidé à maîtriser son anxiété dans le passé.
Les méthodes d’adaptation qui ont déjà eu du succès seront généralement efcaces dans des situations subséquentes.
Aider le client à comprendre l’importance du régime médicamenteux et du respect de la posologie.
Les médicaments constituent un traitement d’appoint efcace à d’autres interventions thérapeutiques psychosociales.
Encourager le client à communiquer avec un réseau de soutien.
Un bon réseau de soutien aide le client à surmonter les situations ou les activités anxiogènes ; il avorise la socialisation et apporte une aide émotionnelle.
efcaces des troubles somatoormes, actices ou dissociatis ENCADRÉ 13.7. Certains antidépresseurs sont reconnus comme étant efcaces pour le traitement des troubles somatoormes, dont un inhibiteur sélecti du recaptage de la sérotonine (ISRS), la uoxétine, un inhibiteur du recaptage de la sérotonine et de la noradrénaline (ISRN), la venlaaxine, et un antidépresseur tétracyclique, la mirtazapine (Guglielmo, Martinotti & Janiri, 2012 ; Schweitzer, Zaar, Pavlicova et al., 2011). Ils sont utiles pour diminuer les symptômes d’allure somatique ainsi que les symptômes dépressis souvent associés à ces troubles. Les ISRS, maintenant largement utilisés pour traiter les troubles somatoormes, sont particulièrement efcaces dans le traitement du trouble de la peur d’une dysmorphie corporelle. Des clients atteints de troubles somatoormes chroniques ont connu une diminution de leurs symptômes grâce à un traitement combinant une thérapie cognitivocomportementale axée sur la somatisation et la prise d’antidépresseurs, plus particulièrement la venlaaxine, un ISRN (Marcangelo & Wise, 2007). D’autres médicaments peuvent aussi être utilisés, tels que la gabapentine et la prégabaline, qui sont des dérivés de l’acide gamma-aminobutyrique (GABA) et qui peuvent aider à diminuer la douleur ressentie par les clients atteints de troubles somatoormes, notamment le trouble douloureux (Guglielmo et al., 2012). Cependant, leur usage n’est pas ofciellement approuvé à cet eet au Canada. Dans le cas des troubles dissociatis, l’approche thérapeutique varie selon le trouble précis et principalement en onction des comorbidités psychiatriques (p. ex., des troubles anxieux ou dépressis) (Damsa et al. 2005). Des antidépresseurs ou encore des anxiolytiques peuvent être administrés selon la comorbidité présente chez le client 21 . Le traitement pharmacologique du trouble dissociati de l’identité est largement symptomatique. Diverses combinaisons d’antidépresseurs permettent de traiter les symptômes dépressis et anxieux sousjacents ; des antipsychotiques de deuxième génération à aible dose ont pour but de diminuer des symptômes comme la désorganisation de la pensée, la suractivation et l’irritabilité ; des hypnotiques sont administrés pour avoriser le sommeil et, à un degré moindre, des benzodiazépines sont prescrites pour diminuer l’anxiété (International Society or the Study o Trauma and Dissociation [ISSTD], 2011).
Psychothérapie L’intervention psychothérapeutique constitue le traitement de premier recours pour les troubles somatoormes (Looper & Kirmayer, 2002). Elle est souvent utilisée pour le traitement des troubles actices et dissociatis. La psychothérapie peut être pratiquée individuellement avec le thérapeute ou en groupe. Le
Psychopharmacothérapie ENCADRÉ 13.7
Troubles somatoformes, factices et dissociatifs
Les interventions pharmacologiques sont axées sur les symptômes (Damsa et al., 2005). Les médicaments utilisés sont entre autres:
• des antidépresseurs pour traiter la dépression et l’anxiété connexes et pour les préoccupations somatiques intenses ;
• des anxiolytiques pour aider à diminuer l’anxiété connexe;
• des antipsychotiques pour traiter tout symptôme psychotique sous-jacent.
principal avantage de la thérapie de groupe est qu’elle permet au client d’apprendre des succès et des échecs d’autres personnes ayant des symptômes similaires aux siens, en plus de briser l’isolement qui accompagne souvent ces troubles. | Thérapie cognitivo-comportementale | De nombreux thérapeutes utilisent la thérapie cognitivo-comportementale pour traiter les clients atteints de troubles somatoormes ou de troubles dissociatis. Le succès de cette approche dépend de la capacité du client à comprendre que les symptômes physiques sont une réaction à des pensées ou à des sentiments portant sur des comportements de la vie quotidienne. Le client et le thérapeute déterminent les symptômes clés, puis ils examinent les circonstances associées aux symptômes. Ensemble, ils planifent des stratégies de modifcation des pensées (la cognition) ou des comportements. La thérapie cognitivo-comportementale est un traitement à court terme qui exige une participation active du client et du thérapeute.
21
13
Les indications des antidépresseurs et des anxiolytiques sont présen tées dans le chapitre 21, Psychopharmacothérapie et autres thérapies biologiques.
Approche thérapeutique propre au trouble factice En cas de trouble actice, la première étape consiste à aire accepter le diagnostic au client, puis de l’orienter vers un traitement psychothérapeutique. La conrontation du client ou une approche plus indirecte sont toutes deux recommandées, selon les chercheurs (McCullumsmith & Ford, 2011). L’infrmière veille notamment à établir une relation de confance avec le client ENCADRÉ 13.8.
ALERTE CLINIQUE
Les benzodiazépines doivent être utilisées avec prudence en raison du risque de dépendance et d’abus qui les accompagne.
Relation d’aide ENCADRÉ 13.8
Être empathique avec le client atteint d’un trouble factice
Le client peut inquiéter les proessionnels de la santé, surtout lorsque le diagnostic de trouble actice est ortement soupçonné. L’infrmière évite d’être brusque avec le client ou de le conronter de manière inappropriée ; cela nuit à la relation thérapeutique et empêche le client de recevoir des soins adéquats. La conrontation est généralement inefcace, sau si elle est eectuée de manière empathique et non menaçante
(McCullumsmith & Ford, 2011). Une relation teintée d’empathie et qui vise à amener le client à modifer ses comportements mésadaptés est au centre du traitement. Il est donc préérable d’aider le client à prendre lui-même conscience de la nature inadéquate de ses comportements tout en aisant preuve avec lui d’une attitude d’accueil et d’écoute afn de avoriser une relation de confance et l’alliance thérapeutique.
Chapitre 13 Troubles somatoformes, factices et dissociatifs
333
Jugement clinique
Des études laissent croire qu’il existerait peu de diéNoémie Bérubé est une adolescente âgée de 14 ans. rence en ce qui concerne Elle devait aire une présentation orale en sciences l’eicacité des diverses avec sa meilleure amie. Cependant, Noémie n’a pas approches thérapeutiques : participé à la présentation, prétextant qu’elle avait des conrontation versus ap menstruations douloureuses l’obligeant à rester proche indirecte, psychothécouchée. Elle n’osait pas avouer qu’elle n’avait pas rapie versus non-utilisation terminé sa part de travail. Sa camarade, très âchée, lui de la psychothérapie, médireproche d’avoir trouvé une excuse pour se soustraire cation psychotrope versus sa à la présentation. non-utilisation (Eastwood & Comment la camarade de Noémie aurait-elle pu éviter Bisson, 2008). Touteois, en la conrontation avec cette dernière ? raison de la aible adhésion au traitement des clients atteints de troubles actices, il existe peu de données portant sur l’eica cité des divers traitements pour ces troubles (McCullumsmith & Ford, 2011). Une approche en équipe interdisciplinaire permet d’orir des soins intégrés et d’obtenir les meilleurs résultats dans la
réduction des symptômes du trouble actice. L’équipe est habituellement ormée du psychiatre, de l’infrmière et de divers intervenants tels qu’un psychologue, un ergothérapeute, un éducateur spécialisé et un intervenant en service social selon les établissements de santé.
13.6.5
Évaluation des résultats – Évaluation en cours d’évolution
À chaque interaction, l’infrmière et le client évaluent ensemble les progrès de celui-ci vers l’atteinte des résultats escomptés ENCADRÉ 13.9. Si les progrès ne sont pas satisaisants, l’infrmière modife les résultats escomptés ou les interventions. Elle garde à l’esprit que la plupart des troubles somatoormes, actices et dissociatis sont chroniques et que le client a besoin de patience et de soutien pour déterminer son type de comportement et pour intégrer les méthodes permettant d’amorcer des changements.
Collecte des données ENCADRÉ 13.9
Signes de rétablissement
L’infrmière s’assure que le client est en mesure : • de aire la diérence entre les préoccupations somatiques et les maladies ; • de déterminer les situations et les événements qui déclenchent des préoccupations somatiques, actices ou des états dissociatis et de choisir des açons adaptatives de prévenir ou de gérer ces situations ; • de décrire des symptômes et des pensées somatiques ou des agents stressants qui ont pu accroître son degré d’anxiété;
Partie 3
Troubles mentaux
• d’utiliser les stratégies de réduction du stress apprises telles que la méditation de pleine conscience; • de montrer sa capacité à résoudre des problèmes, à se concentrer et à prendre des décisions ; • de démontrer la capacité de tolérer des degrés raisonnables de stress et d’émotion; • d’avoir un sommeil réparateur et non perturbé la nuit ;
• de discuter du lien entre les situations ou les événements anxiogènes et les symptômes somatiques, actices ou dissociatis ;
• d’énumérer les médicaments utilisés pour maîtriser ses symptômes ainsi que la posologie et les indications de chacun;
• d’expliquer ouvertement ses comportements d’allure compulsive ;
• d’utiliser les ressources communautaires appropriées ainsi que la amille et les amis.
• de nommer des techniques et des stratégies positives d’adaptation qui soulagent l’anxiété et les préoccupations somatiques ;
334
• d’avoir des comportements qui montrent une diminution des préoccupations somatiques ou des états dissociatis ;
Situation clinique SC 13.1
Trouble somatisation
L’infrmière ait l’évaluation du suivi d’Emma Tourigny, une emme âgée de 40 ans, pour une constipation chronique, une douleur gastrique et une intolérance à divers aliments. Elle apprend que madame Tourigny a consulté quatre médecins de première ligne depuis deux semaines. Au cours de son examen gynécologique la semaine dernière, elle s’est plainte de crampes abdominales et de saignements menstruels excessis ainsi que d’une diminution de la lubrifcation qui engendre de la douleur au cours des relations sexuelles. Au début de la semaine, madame Tourigny a consulté un chiropraticien pour une douleur vague au dos. Elle a mentionné avoir des difcultés à marcher ; elle ressent parois une aiblesse aux genoux et se sent généralement atiguée et aible. Elle s’est disputée avec son conjoint et elle craint qu’il la DIAGNOSTICS SELON LES AXESa
quitte en raison de ses douleurs corporelles constantes. Elle a aussi de moins en moins de contacts avec ses amies. Madame Tourigny subit du stress au travail. Elle prend souvent des congés de maladie, et son superviseur lui demande une note de son médecin pour justifer chaque absence. Elle craint qu’il la réprimande pour son absentéisme. L’infrmière a eectué un examen physique détaillé, qui n’a révélé aucun trouble physique. Les récents résultats des examens paracliniques étaient normaux. L’infrmière a obtenu le dossier médical de madame Tourigny avec l’autorisation de celle-ci et a remarqué qu’elle avait consulté plusieurs ois des médecins pour des troubles semblables depuis deux semaines. Après l’évaluation et la révision du dossier, le psychiatre a posé le diagnostic de trouble somatisation.
Axe I • Trouble somatisation Axe II • Différé Axe III • Maux de tête, crampes abdominales, douleur gastrique et douleur dorsale, antécédents de reux gastro-œsophagien, constipation chronique et intolérance à divers aliments, dysonctionnement sexuel (lubrifcation impossible), crampes et saignements menstruels excessis, aiblesse dans les genoux qui cause des difcultés de marche, atigue et aiblesse Axe IV • Problèmes avec le réseau de soutien primaire, préoccupations proessionnelles Axe V • Évaluation globale de fonctionnement (EGF) = 60 (actuellement) ; EGF = 75 (année précédente)
13
PROBLÈME DÉCOULANT DE LA SITUATION DE SANTÉ
Malaise généralisé d’allure somatique lié à la douleur dorsale et à des symptômes gastro-intestinaux, sexuels et pseudoneurologiques, et maniesté par une consultation compulsive des services de santé
RÉSULTATS ESCOMPTÉS
INTERVENTIONS INFIRMIÈRES
• Diminution des symptômes
• Proposer la rédaction d’un journal de suivi des symptômes.
• Diminution de la peur et des ausses croyances
• Enseigner des techniques de réduction de l’anxiété.
• Diminution du stress
• Enseigner et aire pratiquer des exercices de restructuration cognitive. • Proposer de limiter le temps accordé aux plaintes physiques. • Expliquer à la cliente que les symptômes et leur intensité sont liés à l’anxiété. • Surveiller et noter tout nouveau symptôme de la cliente. • Établir des objectis de traitement en collaboration avec la cliente.
PROBLÈME DÉCOULANT DE LA SITUATION DE SANTÉ
Réseau social perturbé lié aux préoccupations somatiques et se maniestant par la rustration du conjoint et la perte de contact avec les amies
RÉSULTATS ESCOMPTÉS
INTERVENTIONS INFIRMIÈRES
• Retour à un onctionnement normal dans les rôles • Augmentation des aptitudes dans ses interactions sociales
• Proposer à la cliente de consigner ses attentes envers son couple dans un journal et prévoir des moments pour en discuter avec le conjoint.
• Amélioration de l’estime de soi
• Prévoir des rencontres thérapeutiques axées sur l’amélioration de l’estime de soi.
• Connaissance des ressources disponibles pour aider à gérer les symptômes après la sortie du centre hospitalier
• Suggérer à la cliente de réintégrer graduellement des activités sociales. • Enseigner à la cliente quelles sont les ressources communautaires disponibles dans sa région. • Eectuer un premier contact avec ces ressources.
a
Les diagnostics sont posés selon les axes du DSM-IV-TR de l’APA (2004).
Chapitre 13 Troubles somatoformes, factices et dissociatifs
335
SCHÉMA INTÉGRATEUR À partir des données consignées au dossier de la cliente, la FIGURE 13.5 illustre un exemple de plan de soins mis en œuvre par l’infrmière.
Problème de santé : Trouble somatisation
Constat médical
Facteurs de risque
Problèmes découlant de la situation de santé
Résultats escomptés
Physiopathologie
Maniestations cliniques
Interventions interdisciplinaires
Interventions infrmières
FIGURE 13.5
Plan de soins et de traitements infrmiers d’Emma Tourigny
336
Partie 3
Troubles mentaux
Analyse d’une situation de santé
Jugement clinique
Baptiste Leroux est âgé de 42 ans. Il travaille comme réparateur d’appareils électroménagers. Il est à son compte et doit se déplacer dans la région, ses clients étant répartis sur un grand territoire. Il se plaint de dyspepsie et de constipation chronique depuis qu’il a 25 ans. Un repas baryté et une coloscopie longue n’ayant révélé aucun problème de santé, monsieur Leroux a décidé de consulter un autre médecin pour obtenir un nouvel avis. Il dit aussi éprouver de la douleur aux mains et aux genoux, une baisse de la vue (confrmée par son optométriste), ainsi qu’une sensibilité gingivale. Il mange moins à cause de cela, ce qui diminue sa glycémie et
déséquilibre son diabète. Des radiographies des articulations et une imagerie par résonance magnétique (IRM) des genoux n’ont montré aucun signe de pathologie. Monsieur Leroux s’est présenté au groupe de médecine amiliale (GMF) de son quartier en invoquant des douleurs de plus en plus réquentes et intenses. Il ajoute que personne ne veut croire qu’il a une maladie et qu’il vit de plus en plus de stress à cause des symptômes ressentis : « Tout le monde me prend pour un ou, même ma emme croit que c’est dans la tête que ça ne va pas. » Une infrmière le rencontre avant de le présenter au médecin. {
MISE EN ŒUVRE DE LA DÉMARCHE DE SOINS SOLUTIONNAIRE
Collecte des données – Évaluation initiale – Analyse et interprétation
http://fortinash.cheneliere.ca
1. Dans l’évaluation de l’état de santé de monsieur Leroux, quelle donnée précise l’infrmière devraitelle vérifer concernant le onctionnement du client au travail ? 2. L’infrmière s’inorme de la localisation exacte des plaintes du client. Entre autres, elle lui demande de préciser les endroits où il a mal. Que devraitelle aire préciser pour tous les symptômes exprimés par monsieur Leroux ? 3. Pourquoi estil important de connaître tous les médicaments pris par le client, y compris ceux oerts en vente libre ?
Monsieur Leroux a ourni une copie des résultats des examens paracliniques qu’il a subis. Il dit à l’infrmière : « J’ai un problème, c’est certain, même si les tests sont négatis. Sinon, je n’aurais pas tous {
ces symptômes. Personne ne veut me croire. » Sans porter de jugement et même si elle ne peut poser un diagnostic médical, l’infrmière soupçonne malgré tout que le client a un trouble somatisation. {
MISE EN ŒUVRE DE LA DÉMARCHE DE SOINS
4. Quelle question l’inirmière pourraitelle poser à monsieur Leroux ain de connaître la perception qu’il a de sa condition ? 5. D’après les données de cet épisode, quel problème prioritaire estil possible de soupçonner chez monsieur Leroux ?
{ L’infrmière procède à l’épreuve de Romberg, à la marche talon-orteils et à l’évaluation de la
coordination et de la orce musculaire des mains du client. {
MISE EN ŒUVRE DE LA DÉMARCHE DE SOINS
6. Ces vérifcations sontelles pertinentes dans le cas de monsieur Leroux ? Justifez votre réponse. 7. Les plaintes de douleur exprimées par monsieur Leroux sontelles suisantes pour conirmer le soupçon de l’infrmière ? Justifez votre réponse.
Chapitre 13 Troubles somatoformes, factices et dissociatifs
337
13
L’infrmière pose des questions au client sur ses activités sociales et sur sa sexualité. Monsieur {
Leroux est surpris de ces questions et ajoute qu’il ne voit aucun lien avec les symptômes ressentis. {
MISE EN ŒUVRE DE LA DÉMARCHE DE SOINS
8. Trouvez deux questions à poser pour déceler un symptôme sexuel en lien avec un trouble somatisation. 9. Pourquoi estil important d’évaluer si monsieur Leroux est atteint d’un dysonctionnement social ?
{
L’infrmière vérife la glycémie capillaire de monsieur Leroux. {
MISE EN ŒUVRE DE LA DÉMARCHE DE SOINS
10. Estil pertinent de procéder à cette vérifcation ? Justifez votre réponse.
{ L’infrmière suggère à monsieur Leroux de tenir un journal où il notera les situations qui lui causent
de la tension ou du stress, de même que les symptômes qu’il ressent dans les situations observées. {
MISE EN ŒUVRE DE LA DÉMARCHE DE SOINS
Planifcation des interventions – Décisions infrmières 11. Pourquoi estce une bonne suggestion ?
Le médecin a rencontré monsieur Leroux et lui a prescrit du lorazépam (Ativan md) 0,5 mg b.i.d. p.r.n. Il lui a également suggéré de rencontrer un psychologue qui pratique la thérapie cognitivo{
comportementale. En quittant la clinique, le client dit à l’infrmière qu’il doit revoir le médecin dans deux mois. ”
MISE EN ŒUVRE DE LA DÉMARCHE DE SOINS
Évaluation des résultats – Évaluation en cours d’évolution 12. En plus des symptômes déjà relevés, nommez au moins trois points que l’infrmière devrait évaluer au moment de la prochaine visite du client à la clinique.
338
Partie 3
Troubles mentaux
APPLICATION DE LA PENSÉE CRITIQUE Dans l’application de la démarche de soins auprès de monsieur Leroux, l’inirmière a recours à un ensemble d’éléments (connaissances, expériences antérieures, normes institutionnelles ou protocoles, attitudes proes sionnelles) pour analyser la situation de santé du client et
en comprendre les enjeux. La FIGURE 13.6 illustre le processus de pensée critique suivi par l’infrmière afn de ormuler son jugement clinique. Elle résume les principaux éléments sur lesquels l’infrmière s’appuie en onction des données de ce client, mais elle n’est pas exhaustive.
VERS UN JUGEMENT CLINIQUE CONNAISSANCES
EXPÉRIENCES
NORME
ATTITUDES
• Troubles somatoormes et leurs caractéristiques • Éléments précis à évaluer pour chacun des troubles somatoormes • Moyens thérapeutiques appropriés à chacun (pharmacothérapie et psychothérapie) • Troubles anxieux
• Expérience de travail auprès d’une clientèle en psychiatrie • Expérience en relation d’aide • Habileté à procéder à l’examen physique et à l’évaluation de la condition mentale
• Activité réservée de l’infrmière d’après l’alinéa 1 de l’article 36 de la Loi sur les infrmières et les infrmiers (L.R.Q., c. I-8) (« évaluer la condition physique et mentale d’une personne symptomatique »)
• Démontrer de la compréhension quant aux symptômes décrits par le client • Éviter de l’étiqueter comme étant hypocondriaque • Éviter de porter un jugement hâti et négati par rapport à sa condition • Adopter une attitude authentique et le conronter doucement
13
PENSÉE CRITIQUE
ÉVALUATION • Symptômes indicateurs d’un trouble somatisation (symptômes douloureux, gastro-intestinaux, sexuels, pseudoneurologiques ; comportements sociaux et proessionnels) • Symptômes en lien avec le diabète • Médication prise avant de consulter et ses eets secondaires • Détails du tableau clinique (p. ex., le début des symptômes, leur durée, leur nature, leur localisation exacte, les acteurs précipitants, les moyens de les soulager) • Résultats des examens paracliniques antérieurs à la consultation actuelle • Perception que monsieur Leroux a de sa condition actuelle • Réseau social du client • Situations stressantes pour le client inuant sur l’importance des symptômes maniestés (par la tenue d’un journal) • Connaissance et prise de la médication prescrite • Motivation du client à suivre une psychothérapie
JUGEMENT CLINIQUE FIGURE 13.6
Chapitre 13 Troubles somatoformes, factices et dissociatifs
339
À retenir VERSION REPRODUCTIBLE
http://ortinash.cheneliere.ca
• Les troubles somatoormes, actices et dissociatis sont liés à de l’anxiété, de stade modéré à grave la plupart du temps. • Les troubles somatoormes, actices et dissociatis ont une comorbidité élevée avec les troubles anxieux, les troubles de l’humeur ou les troubles de la personnalité.
• Le risque de suicide peut être important en cas de trouble de la peur d’une dysmorphie corporelle. • Le traitement du client hospitalisé atteint de troubles somatoormes, actices ou dissociatis est généralement lié à des symptômes dépressis ou à un risque accru de suicide et consécuti à l’échec du traitement en consultation externe. • Le traitement des troubles somatoormes, actices et dissociatis se ait en interdisciplinarité et comprend
généralement plus d’une méthode de traitement. • L’infrmière joue divers rôles dans le traitement des clients atteints de troubles somatoormes, actices ou dissociatis. Dans tous les milieux de soins, elle enseigne au client et à sa amille les maniestations du trouble ainsi que les moyens thérapeutiques et dirige le client vers des ressources communautaires adaptées à ses besoins. • Les PSTI des clients ayant des symptômes d’allure somatoorme,
actice ou dissociative reètent le ait que la maîtrise efcace de l’anxiété est une tâche quotidienne et essentielle afn de maîtriser le trouble. • L’infrmière participe activement aux interventions comportementales conçues pour réduire les réactions somatiques, actices ou dissociatives. Elle peut participer à leur élaboration en interdisciplinarité et soutenir le client pour leur mise en place au quotidien.
Ressources VERSION COMPLÈTE ET DÉTAILLÉE
http://ortinash.cheneliere.ca
Références Internet ORGANISMES ET ASSOCIATIONS Centre international de psychosomatique (CIPS) www.cipspsychosoma.org International Society or the Study o Trauma and Dissociation (ISSTD) www.isstd.org > FAQs > Dissociation FAQs (en anglais) La peur d’une dysmorphie corporelle www.pdcbdd.com > Ino > Traitements > Ino > Vidéos
340
Partie 3
Troubles mentaux
MG-PSY www.mgpsy.org > Troubles courants > Symptômes courants > Symptômes physiques > Troubles dissociatis > Troubles courants > Traiter > Troubles dissociatis RÉFÉRENCES GÉNÉRALES Dossier amilial.com www.dossieramilial.com > Actu Santé > Maladies > Comprendre un hypocondriaque (page 5) eSantéMentale.ca www.esantementale.ca > Fiches d’inormation > (Section Anxiété) Peur d’une dysmorphie corporelle Hôpital Louis-H. Laontaine – Institut universitaire en santé mentale www.hlhl.qc.ca > Centres d’études Trouble obsessionnel compulsi et TICS > TOC > La peur d’une dysmorphie corporelle
Infressources www.infressources.ca > Banques et recherches > Pathologie > Psychiatrie > L’hypocondrie Institut universitaire en santé mentale/Douglas www.douglas.qc.ca > Inos santé mentale > Blogues > Psycho speak with Dr.Z > The new hypochondriac (en anglais et en rançais) PsychoMédia www.psychomedia.qc.ca > Lexique de psychologie > Défnitions (T) Trouble somatoorme Société canadienne du cancer www.cancer.ca > À propos du cancer > Traitement > Gestion du stess > Imagerie mentale Téluq www.teluq.uqam.ca > Espace étudiant > L’art de vivre ses études > (Section « Trucs de relaxation ») Fiches d’inormation > Relaxation progressive de Jacobson
Monographies Cathébras, P. (2006). Troubles onctionnels et somatisation : comment aborder les symp tômes médicalement inexpliqués. Issy lesMoulineaux, France : Masson. Cymes, M., & Cudennec, T. (2001). Malade d’inquiétude, guide de l’hypocondriaque. Paris : Balland/JacobDuvernet. Dell, P.F., & O’Neil, J.A. (2009). Dissociation and the dissociative disorders : DSMV and beyond. Abigdon, U.K. : Routledge. Japp, A.H. (2003). Le syndrome de Munchausen. Paris : Emmanuel Proust. Simeon, D., & Abugel, J. (2006). Feeling unreal : Depersonalization disorder and the loss o the sel. New York : Oxord University Press.
Articles, rapports et autres Centre hospitalier de l’Université de Montréal (CHUM) (2000). La douleur. L’AvantGarde, Le journal des soins infrmiers du CHUM, 1(1). Debray, R. (2004). Hystérie et somatisation : ré fexions à propos d’un cas de spasmes du sanglot. Revue rançaise de psychosomatique, 25(1). Harrison, A., (2001). Somatisation. Mental Health Practice, 4(6), 3138.
Multimédia Daily Motion (2012). Dépersonnalisation, déréalisation (vidéo). www.dailymotion.com/video/x8ek8_ depersonnalisationderealisation_news Dreamsworks Television (20092011). The United States o Tara (télévision). Trevor Sands (2002). Inside (courtmétrage). www.insideshort.com
Martin, M., Gagné, A., & O’Neil, J.A. (2011). Le trouble dissociati de l’identité : plonger dans la multiplicité pour mieux comprendre l’unicité de son patient. Psychologie Québec, 28(4). ThomasAntérion, C. (2012). L’amnésie dissociative : une rare situation de voyage dans le temps perdu. Annales médico psychologiques, 170(3), 181184.
13
Chapitre 13 Troubles somatoformes, factices et dissociatifs
341
chapitre
Schizophrénie et autres troubles psychotiques
Écrit par : Judy A. Malone Cole, RN, PhD Adapté par : Suzanne Gagnon, inf., B. Sc., M.A.
Guide d’études – RE19, SA04/1, SA05/2, SA06/3, SA07
OBJECTIFS
Après avoir étudié ce chapitre, vous devriez être en mesure : ■
■
■
■
de reconnaître les signes et les symptômes de la schizophrénie, des différents types de schizophrénie et d’autres troubles psychotiques ; de décrire les divers modèles et les théories qui ont été proposés pour expliquer la schizophrénie ; d’expliquer l’importance de la théorie biologique et le rôle des facteurs biologiques dans l’apparition de la schizophrénie ; de discuter des progrès de la recherche qui permettent d’établir un lien entre des facteurs génétiques et la schizophrénie ;
342
Partie 3
Troubles mentaux
■
■
■
■
de comparer l’évolution et les symp tômes des soustypes de schizophrénie et des troubles connexes ; d’appliquer la démarche de soins au client qui présente les symptômes positifs, négatifs, cognitifs et dépressifs de la schizophrénie ; d’établir une relation d’aide adéquate en lien avec les clients atteints de schizophrénie ou d’autres troubles psychotiques ; d’évaluer la situation de la personne atteinte de schizophrénie et de ses proches ;
■
■
d’élaborer un plan de soins pour la pré vention de la schizophrénie et d’autres troubles psychotiques, pour le suivi du client atteint de schizophrénie ainsi que pour l’enseignement au client et à ses proches ; d’expliquer les diverses méthodes de traitement de la schizophrénie en milieu clinique.
Concepts clés
Cette carte conceptuelle illustre schématiquement les principaux concepts décrits dans le présent chapitre. Sa lecture vous permettra d’avoir une vue d’ensemble des notions qui y sont présentées.
durée
caractérisés par
critères diagnostiques
sont
14 aussi
autres troubles psychotiques
principaux sous-types
expliqués par
Chapitre 14 Schizophrénie et autres troubles psychotiques
343
PORTRAIT Lance Moffat Lance Moat, un homme âgé de 35 ans atteint de schizophrénie de type paranoïde, vit dans une maison de chambres du centre-ville où logent d’autres personnes ayant un problème de santé mentale. Il n’est jamais capable d’établir un budget permettant de répartir son revenu minimal sur un mois. Il présente des idées délirantes selon lesquelles il est propriétaire de la maison de chambres où il vit, mais où le gérant et le gouvernement lui volent ses revenus de location. Lorsque monsieur Moat manque d’argent à la fn du mois, il devient violent et agressi. Le gérant doit alors appeler la police, et monsieur Moat est de nouveau admis dans un centre hospitalier psychiatrique contre sa volonté, car il représente un danger pour les autres. Après 10 jours d’hospitalisation, il poursuit son traitement et obtient son congé. Il retourne dans la même maison de chambres, où il est calme ; il aide le gérant à eectuer certaines tâches, mais lorsqu’il cesse sa médication, il présente de nouveau les mêmes comportements. Ce cycle se répète régulièrement pour monsieur Moat, qui ne bénéfcie d’aucun soutien de la part de ses proches.
14.1
Caractéristiques générales
La schizophrénie est un trouble mental chronique, débilitant et souvent dévastateur. Il ne s’agit pas d’un trouble isolé, mais plutôt d’un groupe de troubles apparentés dont la gravité et les symptômes varient énormément d’une personne à l’autre. C’est aussi une maladie cérébrale complexe et donc un trouble neuropsychiatrique, car ses symptômes découlent de divers acteurs qui touchent les neurotransmetteurs du cerveau et causent des perturbations de la pensée, des perceptions, des onctions cognitives, de l’humeur et de la motivation (Sadock, Sadock & Ruiz, 2009). La schizophrénie est un trouble universel qui touche tous les groupes culturels et socioéconomiques (National Institute o Mental Health [NIMH], 2006). Elle est souvent considérée comme un trouble psychotique, car les personnes qui en sont atteintes ont des périodes de perte de contact avec la réalité et présentent divers types de symptômes psychotiques.
14.1.1
Évolution du concept
Historiquement, la schizophrénie a été décrite par les sciences et dans la littérature comme étant un trouble complexe à multiples acettes dépassant les
344
Partie 3
Troubles mentaux
hallucinations, les idées délirantes et le manque de motivation et de dynamisme qui lui sont communément associés (Sadock et al., 2009). Malgré leur prévalence, leur chronicité et leurs symptômes envahissants, la schizophrénie et les autres troubles psychotiques n’ont pas ait l’objet d’une attention scientiique ou biologique avant le milieu du xixe siècle. Le terme schizophrénie a ait son apparition dans les années 1800 et a été défni et décrit par deux pionniers de la psychiatrie. Emil Kraepelin (1856-1926), un psychiatre allemand, a utilisé le terme dementia praecox pour désigner une grave détérioration intellectuelle, cognitive et mémorielle (démence) et une apparition prématurée (précoce) caractérisée par des hallucinations et des idées délirantes. Eugen Bleuler (1857-1939), un psychiatre suisse, a proposé le terme schizophrénie, qui signife séparation de l’esprit et qui est ormé par la combinaison des deux mots grecs schizein (séparer) et phren (esprit). Il assimilait ce terme aux caractéristiques de l’« esprit ragmenté » de ce trouble. La séparation désigne l’incohérence des émotions, des pensées et des comportements du client, bien que l’essence de la personnalité reste intacte. Par ailleurs, Bleuler a jeté les bases conceptuelles des troubles de la pensée, qui décrivent plus précisément la schizophrénie. Il a également décrit les quatre A de la schizophrénie, soit l’autisme, l’ambivalence, les perturbations de l’aect et les perturbations des associations (Sadock et al., 2009) ENCADRÉ 14.1.
14.1.2
Théories contemporaines
Les recherches portant sur la schizophrénie ont mis au jour de nombreux acteurs contribuant à l’apparition et à l’évolution de la maladie. Même si ces acteurs jouent un rôle indéniable, une prédisposition semble nécessaire : il s’agit là du modèle vulnérabilité-stress, qui est, à ce jour, utilisé pour comprendre cette pathologie. Aujourd’hui, les recherches s’eorcent de comprendre, à partir de ce modèle, comment se combinent à la ois les acteurs et la vulnérabilité et quelle est leur im portance relative. Les théories contemporaines présentées ici sont les plus courantes : les théories neurodéveloppementales, psychosociales, culturelles et environnementales.
Théories neurodéveloppementales La théorie neurodéveloppementale indique que des acteurs étiologiques et pathogéniques apparaissent longtemps avant le début de la maladie (probablement au cours de la gestation). Ces acteurs ou agents stressants perturbent le développement neural normal du œtus et entraînent des modifcations de circuits neuraux particuliers qui causent une vulnérabilité et, ultimement, des dysonctionnements biologiques et psychosociaux. Selon cette
théorie, quand la diathèse neurodéveloppementale de la schizophrénie est établie (ce qui signie que le cerveau est prédisposé à la schizophrénie), la maladie suit inévitablement son cours (Lieberman, Drake, Sederer et al., 2008).
ENCADRÉ 14.1
Quatre «A » de Bleuler : symptômes fondamentaux des troubles de la pensée
AFFECT
PENSÉE AUTISTE
La plupart des personnes atteintes de schizophrénie ne montrent aucun symptôme avant la n de l’adolescence. Des études eectuées sur des adolescents atteints donnent des indices sur le processus neurodéveloppemental. Normalement, les adolescents perdent certaines connexions neurales non utilisées à mesure que leur cerveau se développe. Touteois, l’imagerie par résonance magnétique (IRM) révèle que les adolescents atteints de schizophrénie perdent ces connexions à un rythme accéléré (NIMH, 2006).
Expression corporelle observable d’émotions telles que la joie, le chagrin et la colère
Perturbations de la pensée causées par l’in trusion d’un monde fantasmatique intérieur qui entraîne des réactions anormales envers des gens et des événements réels. Un état appelé déréisme est lié à l’autisme. Il s’agit d’une perte de lien avec la réalité et la logique, où les pensées deviennent intimes et idiosyn crasiques (bizarres ou étranges).
Un « câblage » déectueux amène possiblement les gènes à abriquer une quantité excessive ou insusante des protéines qui sont nécessaires aux neurones pour croître et migrer vers le cerveau en développement. Ces processus sont possiblement aussi perturbés par des virus ou des parasites contractés par la mère enceinte ainsi que par l’exposition à des toxines contenues dans l’air (polluants), les aliments, les boissons et le tabac. Des complications à la naissance et la consommation de drogues ou de médicaments psychoactis peuvent aussi nuire au développement neural au cours de l’embryogenèse (Lieberman et al., 2008).
AMBIVALENCE
• Affect émoussé: expression restreinte des émotions • Affect plat: aucune expression des émotions • Affect inapproprié : affect qui ne corres pond pas aux émotions ressenties (p. ex., la personne rit même si elle est triste) • Affect labile : changements rapides de l’expression des émotions
RELÂCHEMENT DES ASSOCIATIONS
Perturbation de la pensée où la personne qui parle passe rapidement d’un sujet à l’autre d’une manière incohérente ou fragmentée
Fait d’avoir simultanément deux attitudes, émotions, pensées ou sentiments diffé rents au sujet d’une personne, d’un objet ou d’une situation Source : Adapté de Sadock et al. (2009)
Théories culturelles et environnementales
Bien que la schizophrénie touche tous les groupes socioéconomiques, il semble que certaines tranches de population y soient plus vulnérables que d’autres. Ainsi, avoir un aible quotient intellectuel (QI), être éduqué en milieu urbain, migrer ou Théories psychosociales De nombreux acteurs biologiques prédisposent consommer des drogues illicites sont autant de acune personne à la schizophrénie, mais les acteurs teurs importants pour voir apparaître la schizopsychosociaux jouent aussi un rôle important. La phrénie. Ce qui réunit ces acteurs est appelé plupart des modèles indiquent que les symptômes expérience de la déaite sociale, c’est-à-dire que les de la schizophrénie dépendent de l’interaction personnes sont exposées à long terme et de açon entre la vulnérabilité d’une personne et des ac- répétée à des expériences d’adversité psychosoteurs environnementaux stressants (Sadock et al., ciale, de compétition accrue, de désavantage social 2009). Les acteurs psychosociaux stressants sont ou à des positions d’outsiders, d’isolement social. notamment les événements stressants de la vie tels Ce stress de déaite sociale, allié à une vulnérabilité que des pertes interpersonnelles, des dicultés génétique, conduirait à une hyperactivité dopamisocioculturelles, comme la pauvreté ou l’itiné- nergique et à des altérations cérébrales qui infuerance, ou une situation émotionnelle dicile raient ortement sur le développement de la (American Psychiatric Association [APA], 2004, schizophrénie. Il est important de noter que toutes Practice guidelines for the treatment of patients les personnes de aible statut économique ou vivant with schizophrenia). Avant l’essor des théories dans des conditions précaires ne sont pas à risque. biologiques, beaucoup de personnes croyaient que En eet, l’expérience de déaite sociale dépend la schizophrénie était en partie due à des anoma- essentiellement de l’interprétation du sujet, à savoir lies individuelles ou amiliales, notamment aux qu’elle doit être vécue comme telle par la personne caractéristiques de la personnalité de la mère ou (Selten, 2005). Finalement, les travaux de recherche du père, aux confits conjugaux, à la nature de la des dernières décennies montrant la relation entre relation et du lien maternel ou avec d’autres ces troubles complexes et la structure ainsi que le personnes responsables, à de aibles liens aec - onctionnement du cerveau ont permis la mise au tis entre le nourrisson et la mère et à des pro- point de traitements plus ecaces et l’obtention de blèmes de communication meilleurs résultats. De interpersonnelle. plus, les progrès de la La plupart des personnes atteintes de recherche en génétique et Avec les progrès de la schizophrénie ne montrent aucun sympen biologie aident les biologie, ces théories ont tôme avant la fn de l’adolescence. perdu de la crédibilité. scientiques à comprendre
Diathèse : Prédisposition d’une personne à l’anxiété au moment d’un stress.
Chapitre 14 Schizophrénie et autres troubles psychotiques
345
14
le lien entre, d’une part, des gènes précis et des agents stressants neurodéveloppementaux et environnementaux et, d’autre part, la cause, la physiopathologie et le traitement de la schizophrénie, ce qui est encore plus prometteur pour les décennies à venir (Lieberman et al., 2008). Touteois, malgré l’éclosion actuelle des connaissances sur la neurophysiologie du cerveau et le onctionnement cogniti, ce syndrome cache encore bien des mystères que les scientiques commencent à peine à mesurer.
14.2
Étiologie
Quelles que soient les théories retenues, la schizophrénie ne peut s’expliquer par une cause unique, mais par une multitude de acteurs infuant aussi bien sur la vulnérabilité que sur le stress (acteur prédisposant ou participant au déclenchement ou à la rechute). Le modèle vulnérabilité-stress montre que certaines personnes ont une prédisposition, une vulnérabilité neurophysiologique à sourir de ce trouble quand les acteurs stressants en cause surviennent dans leur vie.
14.2.1
Facteurs biologiques
Facteurs héréditaires De nombreuses études portant sur des amilles, des jumeaux et des enants adoptés montrent que la schizophrénie est héréditaire à au moins 60 %. Une personne a une probabilité de 6 à 17 % d’être atteinte si un parent, un rère ou une sœur a ce problème de santé mentale, alors que pour la population générale, cette probabilité est de seulement 1 %. Si un vrai jumeau (monozygote) est atteint de schizophrénie, la probabilité s’élève à 50 % pour l’autre jumeau (Sadock & Sadock, 2007) La FIGURE 14.1 montre des images du cerveau de jumeaux monozygotes. La perte de volume cérébral liée à la schizophrénie est clairement visible sur ces images obtenues par
A
B
FIGURE 14.1 Schizophrénie chez des jumeaux monozygotes : hommes de 44 ans – A Cerveau sain B Cerveau atteint
346
Partie 3
Troubles mentaux
résonance magnétique ; celles-ci comparent la taille des ventricules (les espaces en orme de papillon remplis de liquide dans le mésencéphale) de vrais jumeaux, dont l’un est atteint de schizophrénie. Les ventricules de la personne atteinte sont plus grands, ce qui indique un lien entre des changements structuraux du cerveau et ce trouble mental. De telles images ne peuvent être utilisées pour diagnostiquer la schizophrénie dans la population générale en raison des variations génétiques normales de la taille des ventricules. Puisque les jumeaux monozygotes ont 100 % de leurs gènes en commun, cette probabilité de seulement 50 % indique que d’autres acteurs peuvent déterminer l’apparition de cette maladie. Dans le cas de aux jumeaux (dizygotes), l’incidence est de 17 %. Des études ont montré que des enants adoptés élevés loin de leurs parents naturels atteints de schizophrénie ont une probabilité très élevée d’être eux-mêmes atteints de ce trouble (Schultz, North & Shields, 2007).
Facteurs génétiques Les avancées en génétique ont permis de nuancer le atalisme héréditaire du début du siècle en mettant l’accent sur l’interaction gènes-milieu. Le génome évolue au l de la vie, et les expériences négatives ou stressantes vécues pendant l’enance modieraient l’expression des gènes par l’intermédiaire de groupements chimiques. Ainsi, la chimie cérébrale et l’expression du génome se modieraient (Turecki, Ernst, Jollant et al., 2012). Un bon nombre d’études d’association du génome entier ont clairement associé quelques régions génomiques avec chaque trouble et ont provoqué de nombreux débats à ce sujet. L’observation de nombreuses variations du nombre de copies dans le génome entier provenant d’échantillons indépendants a mis en évidence des points communs entre la schizophrénie et les troubles de développement et d’apprentissage. Actuellement, le séquençage à grande échelle et les recherches sur le développement génétique, sur les interactions entre les gènes et entre ceux-ci et l’environnement ainsi que sur d’autres sources de complexité en demeurent à des stades très précoces, mais ils sont susceptibles d’apporter une contribution substantielle dans le utur (Fanous, 2010). Des mutations génétiques pourraient prédisposer certaines personnes à la schizophrénie. Les résultats d’une étude montrent que de nouvelles mutations du gène SHANK3 sont présentes chez de nombreux cas de clients atteints de schizophrénie (Gauthier, Champagne, Rouleau et al., 2010). Ce gène, qui pourrait être le marqueur de la schizophrénie, code une protéine qui intervient dans le maintien de la structure physique des cellules nerveuses. Les mutations dans ce gène provoquent des anomalies précises dans la orme des cellules.
Ces malormations ont été observées chez certains clients atteints de schizophrénie, ce qui conrme l’importance du gène SHANK3 dans ce trouble. La recherche indique un lien possible entre la schizophrénie et un agent inectieux dans le génome humain (Lencz, Morgan, Athanasiou et al., 2007 ; Mortensen, Nørgaard-Pederson, Waltot et al., 2010). Certains gènes liés à la schizophrénie codent des enzymes et des protéines qui avorisent la communication entre les cellules du cerveau. Ces enzymes et protéines jouent un rôle dans les systèmes de neurotransmetteurs tels que la dopamine, le glutamate et l’acide gamma-aminobutyrique (GABA). D’autres gènes codent des protéines qui jouent un rôle dans le développement du cerveau (NIMH, 2006).
Facteurs biochimiques : l’hypothèse de la dopamine Plusieurs neurotransmetteurs semblent jouer un rôle dans l’apparition de la schizophrénie. Touteois, c’est la dopamine qui a davantage ait l’objet d’études. L’hypothèse de la dopamine est importante dans le domaine de l’étiologie de la schizophrénie 7 .
(responsable des hallucinations, des idées délirantes) et un décit de dopamine dans la voie mésocorticale (responsable entre autres des troubles cognitis). La voie nigrostriée, une des voies principales de la dopamine, est responsable de l’exécution normale des onctions motrices et cognitives. Une certaine quantité de dopamine est donc nécessaire pour permettre l’exécution de mouvements moteurs réguliers et de processus mentaux clairs. Une quantité excessive de dopamine cause des symptômes de psychose (p. ex., des hallucinations, des idées délirantes), elle perturbe la cognition et la pensée. Certaines études indiquent que des anomalies de la mise en réserve, du transport vésiculaire et de la libération ou du recaptage de la dopamine par les neurones présynaptiques peuvent être la cause immédiate des symptômes psychotiques, et que cela peut contribuer au risque de schizophrénie (Gaur, Gautam, Gaur et al., 2008) FIGURE 14.3.
Voie mésocorticale Diencéphale Tronc cérébral
Selon cette hypothèse, il y aurait à la ois un excès de dopamine dans la voie mésolimbique qui perturberait la cognition et la pensée
FIGURE 14.2 Dysonctionnements liés à la schizophrénie des voies principales de la dopamine
Transporteur de recaptage
Vésicules d’entreposage des neurotransmetteurs
14
Cervelet Hyperactivité : Hypoactivité :
Postsynaptique
Présynaptique
Stimulation nerveuse réduite
Synapse
Canal ionique (K, Ca, Cl)
Le rôle des neurostrans metteurs dans la schizo phrénie est présenté dans le chapitre 7, Neurobiologie et santé mentale.
Voie nigrostriée
Monoamine oxydase
Entreposage des neurotransmetteurs
7
Hémisphère cérébral
Voie mésolimbique
La dopamine agirait à l’intérieur de certaines cellules et de voies nerveuses an de réguler le mouvement et les émotions. La dopamine module le onctionnement des neurones et infue sur l’humeur, l’aect, les pensées et le comportement moteur. Les personnes atteintes de schizophrénie auraient une concentration accrue de dopamine dans certaines régions du cerveau FIGURE 14.2. Des données d’autopsie ont montré que ces clients possèdent plus de récepteurs de dopamine que les personnes normales.
Présynaptique
De nouveaux examens para cliniques pourraient servir pour détecter la schizophré nie, comme l’indique l’enca dré 14.1W avec l’examen de la rétine.
Neuroleptique
FIGURE 14.3 Action neuroleptique (antipsychotique) – L’action d’un neurotransmetteur sur une synapse est modifée par les neuroleptiques, qui bloquent les sites du récepteur postsynaptique pour réduire la stimulation nerveuse, réduisant ainsi les symptômes de schizophrénie.
Chapitre 14 Schizophrénie et autres troubles psychotiques
347
Facteurs neuroendocriniens
i
Une équipe de chercheurs de l’Hôpital Maisonneuve Rosemont et de l’Hôpital LouisH. Laontaine – Institut universitaire en santé mentale a confrmé le lien entre la schizo phrénie et des dérèglements du système immunitaire. Un article sur le sujet peut être consulté au www.nouvelles.umontreal.ca/ archives/20072008/content/ view/674/227/index.html.
Des recherches approondies portant sur les mécanismes neuroendocriniens qui sous-tendent la réaction de stress ont incité des psychiatres à étudier le rôle possible de ces mécanismes dans plusieurs ormes d’états psychotiques et de troubles mentaux. La recherche portant sur l’ocytocine, une hormone hypophysaire qui stimule la contraction de l’utérus, en est un exemple. L’ocytocine réduit également la réaction de stress de l’axe hypothalamohypophyso-surrénalien. Des chercheurs ont étudié le rôle de cette hormone dans les liens maternels et ont ormulé l’hypothèse que l’activité réduite de l’ocytocine plasmatique puisse être due à des symptômes schizophréniques particuliers tels que des défciences émotionnelles, des dysonctionnements cognitis et comportementaux, de aibles interactions sociales, de l’agitation et des problèmes de confance (Goldman, Marlow-O’Connor, Torres et al., 2008). Les chercheurs conviennent de la nécessité d’acquérir plus de connaissances sur le rôle du système neuroendocrinien dans les symptômes complexes de la schizophrénie. Puisque les connaissances sur la neurobiologie, la physiopathologie et l’hétérogénéité de la schizophrénie sont incomplètes, il aut également poursuivre les recherches dans ces domaines afn d’orir des interventions efcaces ondées sur des résultats probants à la majorité des clients atteints de schizophrénie et de troubles connexes (Lieberman et al., 2008).
Facteurs structuraux
7 Les différentes techniques d’imagerie cérébrale fré quemment utilisées sont présentées dans le cha pitre 7, Neurobiologie et santé mentale.
La structure du système nerveux de clients atteints de schizophrénie montre des déauts macroanatomiques et microanatomiques. La recherche en neuro-imagerie, et notamment l’utilisation de l’IRM, a montré un volume réduit de matière grise dans le cortex cérébral, de l’hippocampe et du thalamus. Une revue de 193 études d’IRM aites entre 1988 et 2000 a montré certaines anomalies structurales constantes des clients atteints de schizophrénie, entre autres un élargissement du troisième ventricule, du ventricule latéral du cerveau et de l’espace sous-arachnoïdien, ainsi que des anomalies des lobes temporaux médians et supérieurs, des lobes rontaux et pariétaux ainsi que du cervelet (Lieberman et al., 2008) 7 .
14.2.2
Facteurs environnementaux
Comme il a été expliqué précédemment, les personnes atteintes de schizophrénie héritent de gènes qui causent des anomalies structurales du cerveau, lesquelles peuvent être aggravées par des agressions environnementales précoces ; la schizophrénie est donc probablement due à des interactions entre des acteurs environnementaux et l’état du cerveau qui nuisent à l’esprit en développement (Lieberman et al., 2008).
348
Partie 3
Troubles mentaux
Parmi les acteurs environnementaux liés à la schizophrénie fgurent notamment les toxines, la pollution, les inections, l’exposition à des virus, la malnutrition, la naissance en hiver (à cause de carences nutritionnelles ou d’inections grippales chez la mère enceinte) ou dans une ville et des lésions cérébrales subies dans l’enance. L’environnement inclut les diverses composantes de l’alimentation, l’exposition du œtus aux virus, la consommation de drogues (acteurs proximaux) à l’adolescence ou le stress.
Exposition aux virus L’exposition à des virus pendant la grossesse est un acteur de risque d’apparition de la schizophrénie ultérieurement dans la vie, ce qui est le cas pour l’exposition au virus de la grippe. Des scientifques croient que le virus de la grippe crée des anticorps maternels qui deviennent des autoanticorps dans le œtus et constituent une source externe de changements développementaux (Brown, Begg, Gravenstein et al., 2004 ; Wenner 2008). De plus, un lien a été établi entre l’apparition de la schizophrénie et l’exposition précoce à d’autres virus, notamment de la poliomyélite, de la rougeole, de la varicelle-zona, de la rubéole et de l’herpes simplex de type 2 ainsi qu’à des virus non précisés du système nerveux central (SNC) pendant l’enance. Deux études ont évalué l’exposition intra-utérine ou néonatale à l’agent inectieux Toxoplasma gondii. Ces études indiquent des eets directs possibles des anticorps maternels sur le SNC du œtus ; touteois, la cause exacte de ces mécanismes est hypothétique, ce qui stimule d’autres recherches dans ce domaine (Mortensen et al., 2007). Les inections génitales maternelles périconceptionnelles représentent aussi un acteur de risque possible. L’exposition de la mère à un virus pendant la grossesse pourrait expliquer pourquoi certains enants sont atteints de schizophrénie, mais pas leurs rères et sœurs. Il y a eu peu d’études immunologiques de la schizophrénie, et les hypothèses de cellesci dépendent des données épidémiologiques.
Maladie et traumatisme Certaines études appuient l’idée selon laquelle la schizophrénie est liée à une maladie ou à un traumatisme qui a lieu avant la naissance ou au cours de la petite enance. Une incompatibilité rhésus, la prééclampsie, l’anémie et le diabète maternels sont des complications qui augmentent possiblement le risque de schizophrénie. La malnutrition, des inections, des complications à la naissance sont d’autres agents stressants (Lieberman, Stroup & Perkins, 2006). En outre, de plus en plus de données montrent un lien entre certaines drogues prises pendant la grossesse et l’apparition de troubles schizotypiques au cours de l’enance et de l’adolescence.
Abus de substances La cocaïne et les amphétamines sont des composés dopaminergiques, c’est-à-dire que leur structure chimique est semblable à celle de la dopamine ; ce sont donc des agonistes de la dopamine. Ils provoquent la psychose chez des personnes saines et, à très aibles doses, peuvent entraîner des symptômes psychotiques chez des personnes atteintes de schizophrénie. Cela appuie l’hypothèse de la dopamine selon laquelle une quantité excessive de celle-ci provoque la psychose. La cocaïne déclenche des changements neurochimiques dans le cerveau en se substituant aux endorphines naturelles, créant ainsi un besoin intense de cette drogue. L’utilisateur à long terme en vient à sourir d’apathie, de dépression et d’anhédonie, des troubles aussi souvent observés parmi les clients atteints de schizophrénie chronique. Selon une autre hypothèse, le diéthylamide de l’acide lysergique (LSD) cause ou augmente les hallucinations en agissant sur la sérotonine. La personne atteinte de schizophrénie qui prend des drogues illicites présente un risque en raison des eets imprévisibles de ces substances. Les drogues qui modient l’état de conscience (p. ex., la marijuana) contrebalancent généralement les eets des antipsychotiques en provoquant à nouveau les maniestations de la maladie (Gaur et al., 2008). Les drogues hallucinogènes augmentent le taux de dopamine dans le cerveau, ce qui peut provoquer des symptômes psychotiques et donc aggraver la maladie chez les personnes vulnérables. Avant l’âge de 15 ans, un usage modéré de cannabis ait au moins tripler le risque de psychose (Simard, 2007). Thirthalli et Benegal (2006) ont cité des études qui ont montré un lien entre la consommation de cannabis à l’adolescence et l’apparition ultérieure de la schizophrénie ou d’un trouble schizophréniorme. Selon ses gènes, une personne peut être plus vulnérable à la psychose après avoir consommé du cannabis. De nombreuses publications mentionnent que les personnes atteintes de schizophrénie consomment souvent des substances telles que la nicotine, la caéine et la cocaïne comme automédication et peut-être pour améliorer leur champ de l’attention dans une tentative de lutter contre des stimulus confictuels qui perturbent constamment leur vie (Schultz et al., 2007). Plus de 75 % d’entre eux ont une dépendance envers la nicotine, de 30 à 50 % envers l’alcool, de 15 à 25 % envers le cannabis, et de 5 à 10 % sont dépendants de la cocaïne et des amphétamines FIGURE 14.4. La recherche indique que, parmi les personnes atteintes de schizophrénie, les problèmes associés à la consommation de substances touchent particulièrement les hommes ayant eu un trouble des conduites pendant l’enance (Swartz, Wagner, Swanson et al., 2006) 25 .
FIGURE 14.4 L’abus de substances est courant parmi les clients atteints de schizophrénie.
Stress Les acteurs de stress comprennent entre autres les émotions ortes : hostilité, critiques, relations humaines intenses et intimes. Les tensions sociales, les pressions au travail ou aux études, les changements de routine (p. ex., un déménagement, un changement d’école) sont également des situations de stress qui peuvent provoquer des rechutes de la maladie. Le stress à lui seul ne peut causer la schizophrénie ; cependant, il est probable qu’il contribue à la gravité et à l’évolution du problème de santé mentale. Ainsi, un stress intense peut déclencher un épisode psychotique. Le stress pourrait donc déclencher des symptômes schizophréniques chez une personne ayant une prédisposition génétique. Par contre, un certain nombre de acteurs de protection, dont les capacités d’adaptation, le soutien du milieu et la médication, peuvent modérer l’impact des acteurs de stress et atténuer la vulnérabilité d’une personne. L’apparition et la gravité du trouble dépendront des niveaux de vulnérabilité et de stress, ainsi que de l’étendue des acteurs de protection.
14
Culture Les maniestations et le pronostic de la schizophrénie varient en onction des cultures. Dans les pays en développement, le pronostic de schizophrénie est plus avorable que dans les pays développés. L’apparition de ce problème de santé mentale est généralement plus aiguë dans les pays en développement, les épisodes y sont moins réquents, et il y a moins de troubles de l’aect. De plus, les cultures de ces pays acceptent mieux cette maladie, et les personnes atteintes sont plus volontiers
25 Le trouble des conduites est expliqué dans le chapitre 25, Enfants et adolescents.
Chapitre 14 Schizophrénie et autres troubles psychotiques
349
9 Les signifcations culturelles des troubles mentaux sont expliquées dans le chapitre 9, Culture et santé mentale.
accueillies dans leur amille et dans la communauté après un épisode aigu (Sadock et al., 2009) 9 . La culture, le onctionnement, les croyances et les valeurs de chaque communauté, voire de chaque amille, ont un impact sur la açon dont le trouble mental, notamment la schizophrénie, est perçu, compris et pris en charge.
14.3
Épidémiologie
La schizophrénie est un trouble universel qui touche tous les groupes culturels et socioéconomiques (NIMH, 2006). Dans le monde, 1 personne sur 100 est atteinte de schizophrénie. Ce trouble a une prévalence égale parmi les hommes et les emmes, et il touche davantage les populations urbaines ENCADRÉ 14.2.
L’apparition de la schizophrénie dans l’enfance est détaillée dans l’annexe 14.1W.
ENCADRÉ 14.2
Les hommes consultent souvent pour cette maladie à la fn de l’adolescence ou au début de la vingtaine, tandis que les emmes le ont davantage à la fn de la vingtaine ou au début de la trentaine (Schultz et al., 2007). Bien que des nombres égaux d’hommes et de emmes soient touchés, les hommes peuvent avoir des maniestations plus graves de la maladie : notamment une apparition à un âge plus précoce (de deux à quatre ans plus tôt), des anomalies neuropathologiques plus marquées, une moins bonne réaction au traitement et des résultats moins avorables. La recherche en santé mentale montre que les clients atteints de schizophrénie rapportent avoir une moins bonne qualité de vie que la population générale et que les personnes ayant des maladies physiques ; que les clients jeunes, mariés, peu
Épidémiologie de la schizophrénie
• La schizophrénie touche 1 % de la population canadienne. • Toutes les couches de la société cana dienne sont également touchées. • Dans environ 80 % des cas de schizo phrénie, la maladie apparaît précocement, habituellement au début de la vie adulte, et dans environ 20 % des cas, elle se manifeste tardivement (après l’âge de 40 ans) ou très tardivement (après l’âge de 60 ans). • L’âge d’apparition de ce trouble est plus tardif chez la femme que chez l’homme. Si la maladie se manifeste après l’âge de 45 ans, elle a tendance à apparaître
davantage chez les femmes que chez les hommes. • Lorsqu’elles sont sous médication, de 10 à 15 % des personnes atteintes réussissent à fonctionner assez bien en société, tandis qu’un pourcentage égal est trop touché par la maladie pour pouvoir continuer à travailler ou à étudier. • Les taux d’hospitalisation pour schizophré nie dans les centres hospitaliers généraux augmentent chez les hommes jeunes et d’âge moyen. Les adultes âgés de 25 à 44 ans représentent 52 % des hospitalisa tions pour schizophrénie dans les centres hospitaliers généraux.
Source : Adapté de Agence de la santé publique du Canada (ASPC) (2002)
350
Partie 3
Troubles mentaux
éduqués et de sexe éminin mentionnent avoir une meilleure qualité de vie ; qu’il y a une corrélation entre la durée de la maladie et une qualité de vie réduite ainsi qu’entre le nombre de symptômes, particulièrement négatis et cognitis, et une qualité de vie réduite. La personne qui vit un premier épisode de schizophrénie à un âge assez avancé obtient de meilleurs résultats dans tous les domaines (scolaires et proessionnels). Cela est possiblement dû au ait qu’elle a réussi à être productive et à acquérir des habiletés d’adaptation avant l’apparition du trouble ; les résultats obtenus dépendent en partie du onctionnement prémorbide (c.-à-d. avant la maladie).
14.4
Description clinique
Le terme psychose s’applique à un état d’esprit dans lequel la pensée, le raisonnement et l’humeur sont considérablement perturbés. Un grand nombre de acteurs peuvent contribuer à l’apparition de la psychose, entre autres une réaction à des drogues ou une maladie neurologique par exemple. La psychose est le symptôme majeur partagé entre les troubles bipolaires (présentant des idées délirantes ou des hallucinations) et la schizophrénie. La schizophrénie est un terme plus spécifque qui sert à décrire une orme particulière de psychose. Ce trouble mental est caractérisé par des périodes de perte de contact avec la réalité accompagnées de symptômes psychotiques. Dans les cas de schizophrénie, les signes et les symptômes persistent durant plus de six mois, alors que dans les cas de psychose, le comportement disparaît en six mois. La schizophrénie est un trouble mental chronique et invalidant. La schizophrénie est hétérogène, c’est-à-dire qu’elle est constituée d’éléments diérents ayant des eets variables sur les clients. C’est une maladie complexe du cerveau et un trouble neuropsychiatrique. Selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), les troubles neuropsychiatriques (schizophrénie, dépression et troubles de l’anxiété) sont la première cause de sourance humaine (OMS, 2004).
14.4.1
Apparition et évolution de la schizophrénie
Une partie des clients atteints de schizophrénie manieste une personnalité schizoïde avant que le trouble ne se déclare . La personne préère le travail solitaire. Ses réactions émotives sont passives ou indiérentes. Ces personnes sont en général incapables de ressentir du plaisir (anhédonie), d’entamer
une conversation et d’établir des relations avec les autres. Elles sont timides, roides et distantes. Dans la plupart des cas, la schizophrénie ait son apparition de açon insidieuse et graduelle, et les personnes qui en sont atteintes, ainsi que leur amille, prennent parois beaucoup de temps à s’en rendre compte. Cependant, dans certains cas, la maladie peut se déclarer soudainement.
préérant passer la majeure partie de leur journée isolées. Une négligence de l’hygiène, un manque d’initiative, d’intérêt ou d’énergie peuvent être remarqués. Les symptômes psychotiques qui apparaissent vers la fn de cette phase marquent le début de la phase psychotique. Le client présente notamment les symptômes suivants :
Plusieurs régions cérébrales sont touchées par la schizophrénie :
• des symptômes thymiques (p. ex., de l’anxiété, une irritabilité, une dysphorie, de l’angoisse) ;
• l’hippocampe, qui permet de moduler les émotions et la mémoire de travail ;
• des symptômes cognitifs (p. ex., une distractibilité, des difcultés de concentration, une pensée désorganisée) ;
• les lobes frontaux, qui constituent le centre des habiletés sociales et de planication ;
• des comportements obsessifs ;
• les lobes temporaux, qui sont activés par l’audition, mais aussi par les hallucinations auditives.
• un repli social et une détérioration du fonctionnement dans ses rôles ;
La schizophrénie présente trois phases : prémorbide, prodromique et psychotique (APA, 2004, Practice guidelines for the treatment of patients with schizophrenia). Le cours de la maladie comprend généralement des exacerbations récurrentes et aiguës des symptômes psychotiques (hallucinations et idées délirantes). La prévention des rechutes est essentielle parce que chacune accroît les risques de détérioration onctionnelle de la personne.
• des perturbations du sommeil ;
Phase 1 : prémorbide Les caractéristiques qui vont contribuer à la survenue ultérieure de la maladie se mettent en place pendant la phase prémorbide. Ainsi, de légères défciences sociales, motrices et cognitives peuvent se maniester au cours de l’enance et de l’adolescence, par exemple de subtiles anomalies motrices pendant la petite enance et des déiciences du onctionnement social, des capacités organisationnelles et du onctionnement intellectuel vers l’âge de 16 ou 17 ans. Certaines personnes ont un onctionnement prémorbide normal, tandis que d’autres subissent une longue période de troubles ou de détérioration grave du onctionnement avant l’apparition manieste de la maladie. Ces diérences ont servi de ondement à la théorie d’un bon et d’un mauvais pronostic et, plus récemment, aux concepts de schizophrénie accompagnée ou non de défcits (Lieberman et al.., 2008).
Phase 2 : prodromique La phase prodromique est la période où apparaissent les premiers signes avant-coureurs (symp tômes et comportements) de la maladie. Elle peut durer de 2 à 5 ans et survient durant l’adolescence ou au cours de la période jeune adulte, entre l’âge de 15 et 25 ans. Les personnes commencent à se désintéresser de leurs activités habituelles et à se détacher de leurs amis et de leur amille. Elles ont de la difculté à se concentrer et se sentent indiérentes et apathiques,
• des symptômes positifs atténués (plus faibles) tels que des illusions (interprétation erronée de stimulus réels), des idées de référence (ou perceptions délirantes), la pensée magique (la croyance que la pensée produit des résultats) (p. ex., « mes mauvaises pensées sont responsables de ma maladie »).
Idée de référence (ou perception délirante) : Croyance qu’une parole, une image, un signe ont une signi fcation majeure qui vise per sonnellement le client.
Phase 3 : psychotique
14
La phase psychotique comprend une phase aiguë, une phase de rétablissement ou d’entretien et une phase stable (APA, 2004, Practice guidelines for the treatment of patients with schizophrenia). • Phase aiguë. La personne présente des symp tômes positifs tels que des idées délirantes et des hallucinations ainsi que des symptômes négatifs tels que l’apathie et l’avolition ENCADRÉ 14.3. • Phase de rétablissement ou d’entretien. Elle se produit de 6 à 18 mois après le traitement aigu. Les symptômes sont présents, mais ils deviennent moins intenses que pendant la phase aiguë. De 5 à 10 ans après l’apparition de la maladie, l’état et le fonctionnement de la plupart des clients se stabilisent. • Phase stable. C’est la période de rétablissement, bien que certains symptômes puissent persister ou rester présents sous des formes plus bénignes (symptômes résiduels). Dans la plupart des pays occidentaux, il y a un intervalle de une à deux années entre l’apparition des symptômes psychotiques et le premier traitement. Les résultats à long terme varient grandement, de l’incapacité totale au rétablissement. De 10 à 15 % des clients ne subissent pas d’autres épisodes, tandis que de 10 à 15 % restent gravement et chroniquement psychotiques. Les autres clients ont des rechutes et sont hospitalisés de açon intermittente. Les meilleurs résultats sont liés aux caractéristiques suivantes (APA, 2004, Chapitre 14 Schizophrénie et autres troubles psychotiques
351
Critères diagnostiques du DSM-IV-TR ENCADRÉ 14.3
Schizophrénie
A. Symptômes caractéristiques : deux (ou plus) des manies tations suivantes sont présentes, chacun pendant une partie signifcative du temps pendant une période de un mois (ou moins quand elles répondent avorablement au traitement) : (1) Idées délirantes; (2) Hallucinations ; (3) Discours désorganisé (c.àd. coqàl’âne réquents ou incohérence) ; (4) Comportement grossièrement désorganisé ou catatonique ; (5) Symptômes négatis (p. ex., un émoussement aecti, l’alogie ou une perte de volonté). N.B. Un seul symptôme du critère A est requis si les idées délirantes sont bizarres ou si les hallucinations consistent en une voix commentant en permanence le comportement ou les pensées du sujet, ou si, dans les hallucinations, plusieurs voix conversent entre elles. B. Dysonctionnement social/des activités : pendant une partie signifcative du temps depuis la survenue de la perturbation, un ou plusieurs domaines majeurs du onctionnement tels que le travail, les relations inter personnelles ou les soins personnels sont nettement inérieurs au niveau atteint avant la survenue de la perturbation (ou, en cas de survenue dans l’enance ou l’adolescence, incapacité à atteindre le niveau de réalisation interpersonnelle, scolaire ou dans d’autres activités auquel on aurait pu s’attendre). C. Durée : des signes permanents de la perturbation per sistent pendant au moins six mois. Cette période de six mois doit comprendre au moins un mois de symptômes
(ou moins quand ils répondent avorablement au trai tement) qui répondent au critère A (c.àd. symptômes en phase active) et peut comprendre des périodes de symptômes prodromiques ou résiduels. Pendant ces périodes prodromiques ou résiduelles, les signes de la perturbation peuvent se maniester uniquement par des symptômes négatis ou par deux ou plus des symptômes fgurant dans le critère A présents sous une orme atténuée (p. ex., des croyances bizarres, des perceptions inhabituelles). D. Exclusion des troubles schizoaectis et d’un trouble de l’humeur: un trouble schizoaecti et un trouble de l’humeur avec caractéristiques psychotiques ont été éliminés soit (1) parce qu’aucun épisode dépressi majeur, maniaque ou mixte n’a été présent simultanément aux symptômes de la phase active ; soit (2) parce que si des épisodes thymiques ont été présents pendant les symp tômes de la phase active, leur durée totale a été brève par rapport à la durée des périodes actives et résiduelles. E. Exclusion d’une aection médicale générale/due à une substance : la perturbation n’est pas due aux eets physiologiques directs d’une substance (c.àd. une drogue donnant lieu à un abus, un médicament) ou à une aection médicale générale. F. Relation avec un trouble envahissant du développement : en cas d’antécédents de trouble autistique ou d’un autre trouble envahissant du développement, le diagnostic additionnel de schizophrénie n’est ait que si des idées délirantes ou des hallucinations prononcées sont éga lement présentes pendant au moins un mois ou moins quand elles répondent avorablement au traitement.
Source : APA (2004). DSM-IV-TR. Critères diagnostiques, p. 149-151
Jugement clinique Benjamin Garneau, âgé de 16 ans, est en cinquième secondaire. Il a quitté sa petite amie tout récemment, sans lui donner de raison. Ses parents ont remarqué qu’il sor tait de moins en moins et qu’il ne voyait presque plus ses amis, sau un copain à qui il achète de la marijuana régulièrement. D’ailleurs, il ume cette drogue de plus en plus souvent, prétextant que cela le calme. Il dort peu la nuit. Il a cessé de réquenter la bibliothèque, alors qu’il a toujours aimé lire. Ses parents sont très inquiets de voir qu’il a tendance à s’isoler et aimeraient qu’il consulte un proessionnel en santé mentale. D’après ces données, à quelle phase de la schizophré nie Benjamin se situetil ?
Practice guidelines for the treatment of patients with schizophrenia) : • le sexe féminin ; • l’absence d’antécédents familiaux de schizo phrénie ; • un bon fonctionnement social et scolaire avant la maladie ; • un QI supérieur à la moyenne ; • le statut de personne mariée ;
• l’apparition tardive de la maladie ; • peu de facteurs de comorbidité ; • la prédominance des symptômes positifs.
352
Partie 3
Troubles mentaux
14.4.2
Symptômes
Les symptômes de la schizophrénie se divisent en deux groupes : les symptômes positifs et les symptômes négatifs.
Symptômes positifs Certains symptômes sont dits positifs parce qu’il s’agit de manifestations qui s’ajoutent aux fonctions mentales normales. En raison de leur apparition soudaine et du détachement de la réalité qu’ils occasionnent chez la personne atteinte, les symptômes positis sont ceux qui retiennent le plus l’attention. Des études et des traitements à long terme indiquent que ces symptômes forides réagissent favorablement à l’hospitalisation, à la médication, aux stimulus réduits et à une thérapie interactive et qu’ils ne sont peut-être pas aussi invalidants que les symptômes négatifs décrits plus loin. Toutefois, d’un épisode de psychose à
l’autre, les symptômes positis peuvent persister, et les symptômes négatis peuvent devenir plus importants et souvent plus durables. Les symptômes positis se maniestent habituellement au début de l’âge adulte, entre 17 et 23 ans chez les hommes et entre 21 et 27 ans chez les emmes, mais leur intensité diminue généralement dans la cinquantaine ou la soixantaine. Ces symptômes sont souvent transitoires et n’existent jamais tous ensemble chez le même client. Les hallucinations, les idées délirantes et la désorganisation de la pensée et du comportement sont les symptômes positis.
Hallucinations Les hallucinations sont des perceptions anormales sans sources externes connues qui peuvent aire intervenir un ou plusieurs sens FIGURE 14.5 – TABLEAU 14.1. Plus de 50 % des clients atteints de schizophrénie mentionnent avoir des hallucinations auditives (c.-à-d. qu’ils entendent des voix troublantes) (Lieberman et al., 2006). Des chercheurs croient que ces hallucinations sont dues à une anomalie de l’hémisphère gauche du cerveau, qui contient l’aire de Broca, soit le centre de traitement du langage. Grâce à des méthodes d’évaluation (p. ex., l’IRM), des chercheurs ont déterminé que l’hémisphère gauche réagit aux hallucinations comme s’il s’agissait de vraies voix, ce qui peut indiquer que les hallucinations sont un refet de la pensée délirante de la personne atteinte de schizophrénie (Hugdahl, Løberg, Specht et al., 2008).
ordinaires ont une signication spéciale pour elle, Symptôme foride : En psychiatrie, terme utilisé afn de qu’elle a des pouvoirs inhabituels ou que son corps qualifer un épisode psychotique a changé de açon mystérieuse. Un type d’idée aigu qui est riche en symptômes délirante réquent chez les clients atteints de positis de la psychose. schizophrénie consiste à croire que les gens leur veulent du mal. Ces clients sont souvent « pris en otage » par leurs idées délirantes. Chez les personnes non atteintes, il peut être gratiant de s’échapper occasionnellement de la réalité et de s’imaginer plus puissant ou prospère que dans la réalité, particulièrement pendant des périodes de stress ou de atigue. Ces épisodes de antasmes sont généralement de courte durée et bien maîtrisés. Ce n’est pas le cas du client atteint de schizophrénie en phase aiguë, qui est convaincu de ses idées délirantes et qui rejette alors toute tentative de personnes bien intentionnées Dany Roméo est un jeune homme âgé de 21 ans atteint de lui expliquer la réalité. de schizophrénie. Il a l’impression que le plancher est mou, Divers types d’idées délique les murs bougent et que le plaond s’abaisse sur lui. rantes peuvent se maniesDe quel type d’hallucinations s’agitil ? ter TABLEAU 14.2.
Jugement clinique
TABLEAU 14.1
Description des types d’hallucinations DESCRIPTION
Auditives
Elles impliquent la perception d’un son, le plus souvent d’une voix qui émet des commentaires ou proère des insultes, des menaces ou qui donne des ordres (hallucinations mandatoires). Le contenu peut coïncider avec les idées délirantes.
Visuelles
Elles consistent en la perception d’un stimulus en son absence. Ce type d’hallucinations est très diversifé : visions, apparitions de personnages ou de scènes plus ou moins animées, parois plaisantes ou désagréables. Les images peuvent être de tailles normales, géantes ou réduites.
Olactives et gustatives
Elles sont plus rares et moins précises que les autres types d’hallucinations. Le plus souvent, les hallucinations gustatives correspondent à des saveurs désagréables, tandis que les hallucinations olactives correspondent à des odeurs de putréaction et ou de décomposition. Le client peut reuser de manger parce que les aliments semblent avoir une mauvaise odeur ou un mauvais goût.
Cénesthésiques
Elles concernent les sensations corporelles internes : sensations de brûlures, de ourmillement, impression d’insectes grouillant sous la peau. La consommation de cocaïne peut provoquer ce type d’hallucinations.
Kinesthésiques
Elles se maniestent par une simple sensation de tremble ment ou par l’impression de s’enoncer dans le sol ou de s’élever dans les airs.
Tactiles
Elles concernent les sensations corporelles externes : impressions de brûlures, de piqûres, sensations de roid ou de chaud sur la peau.
Idées délirantes Les idées délirantes ont réérence à une perte du sens de la réalité qui se traduit par un ensemble de convictions ausses et irrationnelles auxquelles le client adhère de manière inébranlable. Par exemple, la personne qui a de telles idées peut croire que son corps et ses pensées sont gouvernés par des orces extérieures, que des événements
FIGURE 14.5
Les hallucinations font intervenir plusieurs sens et sont réelles pour le client qui les perçoit.
14
TYPE D’HALLUCINATIONS
Chapitre 14 Schizophrénie et autres troubles psychotiques
353
TABLEAU 14.2
Description des types les plus courants d’idées délirantes
TYPE D’IDÉES DÉLIRANTES
DESCRIPTION ET EXEMPLES
Idées de grandeur ou mégalomanie
La personne a des idées de richesse et de surestimation de ses capacités personnelles. Exemple : « Je suis conseillère du premier ministre, et il ne peut se passer de moi. »
Idées de persécution
La personne a la conviction que l’on essaie de lui nuire physiquement (idées d’empoisonnement, d’agression) et moralement (« on » l’insulte, « on » veut l’expulser de son appartement). Ce sont les plus réquentes. Exemple : « La Gendarmerie royale du Canada me poursuit constamment. »
Idées de réérence
La personne est convaincue que les autres parlent d’elle ou lui ont signe dans la rue, à la télévision ou ailleurs. Exemple : « À la télévision, les gens parlent de moi. »
Idées corporelles ou somatiques
La personne entretient des idées en lien avec le onctionnement de son corps, qui comprennent plusieurs thèmes variant selon les périodes. La personne pense être atteinte d’une imperection physique ou d’une maladie médicale générale. Exemple : « Je suis diabétique car, lorsque j’ai aim, je tremble et j’ai de la diculté à marcher. Mon médecin m’a dit que mes examens sanguins sont normaux mais je demeure convaincu que j’ai cette maladie. »
Idées de contrôle ou d’infuence
La personne croit qu’une personne ou une puissance extérieure gouverne ses pensées ou activités. Exemple : « J’ai un l dans la tête par lequel ma amille guide tous mes gestes. »
Idées mystiques
La personne a de ausses croyances liées à des thèmes religieux ou spirituels. Ces idées sont réquentes. Exemple : « Tant que je porte ces 10 médailles bénites, il ne peut m’arriver aucun mal. »
Jugement clinique Monsieur Roméo a également des idées délirantes. Lorsqu’il lit une bande dessinée, il est convaincu que les personnages lui envoient des messages sublimi naux, que lui seul peut détecter.
Désorganisation de la pensée et du comportement
La désorganisation de la pensée et du comportement est typique dans la schizophrénie. La désorganisation de la Quel type d’idées délirantes présentetil ? pensée survient lorsque la personne ne peut plus établir de liens entre ses idées, qui lui permettent en temps normal de communiquer clairement et logiquement avec les autres. Tantôt ses idées sont incohérentes, tantôt elles disparaissent temporairement. Lorsqu’elle parle, la personne saute d’un sujet à l’autre ou son discours ne comporte pas de liens Visionnez la vidéo Crise logiques entre les mots (salade de mots) ; de même, psychotique et famille au http://fortinash.cheneliere.ca. les mots peuvent être purement imaginés par le client (néologismes). La désorganisation du comportement survient lorsque la personne éprouve de la difculté à terminer une tâche apparemment routinière, comme prendre un bain, s’habiller convenablement et préparer des repas simples. Au cours de la phase aiguë de la maladie, les personnes sont habituellement incapables de planifer leurs journées et d’accomplir des tâches qu’elles exécutaient auparavant sans difculté. La désorganisation peut se maniester également par des gestes répétitis non maîtrisés
354
Partie 3
Troubles mentaux
(persévération), sans but précis, ou par une agression en l’absence de provocation. La violence est la perturbation comportementale la plus préoccupante causée par la schizophrénie. Le risque de violence augmente si le client a un trouble coexistant d’abus d’alcool ou de substance, une personnalité antisociale ou des défciences nerveuses (APA, 2004, Practice guidelines for the treatment of patients with schizophrenia). Touteois, ces acteurs ne permettent pas de déterminer quelles personnes deviendront violentes .
Symptômes négatifs Les symptômes négatifs (ou défcitaires) succèdent habituellement aux symptômes positis. Il est à noter que la plupart des clients atteints de schizophrénie présentent les deux types de symptômes. Les symptômes négatis s’observent par un manque ou une absence de comportements attendus et sont présents pendant toutes les phases de la maladie. Ils peuvent être défnis comme un déclin des aptitudes habituelles d’une personne. Les clients qui maniestent principalement des symptômes négatis répondent plus difcilement à la médication, ce qui n’est pas le cas avec les symptômes positis. Touteois, les symptômes négatis peuvent être plus invalidants à long terme en
raison de leur eet paralysant sur les pensées, les émotions et la motivation de la personne (BengChoon, Black & Andreasen, 2004). Les symptômes négatis persistants peuvent isoler la personne en rendant ses relations avec les autres diciles dans des situations sociales normales TABLEAU 14.3. L’inrmière évalue les symptômes positis et négatis TABLEAU 14.4.
Troubles cognitifs Il est important de noter que les troubles cognitis ne ont pas partie des critères diagnostiques de la schizophrénie. Pourtant, l’existence de dicultés cognitives chez les clients atteints de schizophrénie est reconnue depuis longtemps. Les troubles cognitis, aussi appelés déciences neuropsychologiques ou neurocognitives, sont au centre des comportements désorganisés et bizarres qui causent des invalidités onctionnelles. Les troubles cognitis constituent souvent les premiers symptômes qui apparaissent et sont précurseurs de la schizophrénie. Ces symptômes annonciateurs subsistent longtemps après la résorption des symptômes positis (Fondation des maladies mentales, 2007 ; Lalonde, 2012). Ce sont des troubles qui entraînent des dicultés de onctionnement dans la vie quotidienne et de socialisation chez les personnes atteintes. Celles-ci ont une mémoire de travail déciente. La mémoire de travail est la capacité d’emmagasiner de l’inormation : le cerveau de la personne atteinte de schizophrénie perd sa capacité d’accéder à des stimulations sensorielles, de traiter ces stimulations et de les intégrer dans ses mémoires de travail et à long terme. Les principaux symptômes invalidants chez ces clients sont la réduction de l’attention, de la vitesse du traitement de l’inormation ainsi que le décit des onctions exécutives (c.-à-d. la planication, l’organisation, le raisonnement, la pensée abstraite et la résolution de problèmes). En raison de ces déciences, la personne a de la diculté à prendre soin d’elle-même, à être autonome, à garder un emploi ou à entretenir des relations sociales. Une personne ayant une bonne mémoire verbale apprend et retient plus acilement les habiletés cognitives et sociales nécessaires à une vie productive dans les limites de cette maladie. Au premier épisode psychotique, la plupart des clients semblent encore subir une diminution du onctionnement cogniti, et il est peu probable que les symptômes cognitis diminuent naturellement au cours du temps (Lieberman et al., 2008). La vigilance chez le client atteint de schizophrénie est altérée. La personne qui est incapable de rester attentive éprouve
TABLEAU 14.3
Description des symptômes négatifs
SYMPTÔMES
DESCRIPTION
Apathie et avolition
La personne passe ses journées devant la télévision sans vraiment l’écouter. Elle néglige son hygiène ou son apparence personnelle et manque de persistance ou d’intérêt pour commencer ou achever des tâches routinières (p. ex., ses études, son travail).
Alogie ou pauvreté du discours
La personne ne trouve plus ses mots, donne des réponses brèves, évasives, superfcielles et ne réussit plus à communiquer ses émotions.
Anhédonie et retrait social
La personne a une perte de plaisir et d’intérêt social. Elle ne participe plus aux activités de loisir, ne côtoie plus ses amis, est incapable d’entretenir des relations intimes avec les membres de sa amille et a une diminution de ses activités sexuelles.
Aect plat ou émoussé
La personne a un visage inexpressi, ne bouge que rarement ses membres, ne sourit pas, et sa voix est monotone (aect plat). Elle exprime ses émotions de açon restreinte (aect émoussé).
de la diculté à suivre des directives essentielles à ses soins. Cette incapacité, combinée aux diicultés d’expression verbale, a aussi un impact négati sur ses interactions sociales et proessionnelles. Des problèmes dans ces domaines réduisent la capacité de la personne de s’adapter au monde qui l’entoure (Lieberman et al., 2008).
Jugement clinique Lorsqu’on demande à monsieur Roméo comment il se sent, il répond toujours : « Comme ça. » Si on lui ait remarquer qu’il devrait téléphoner à des amis, il dit : « Ouais. » Il a reçu le dernier CD de son groupe rock prééré en cadeau et s’est contenté de remerciements timides. Quels sont les deux symptômes négatis de la schizophrénie illustrés dans cette capsule ?
Symptômes de dépression À ces troubles cognitis s’ajoutent les symptômes de dépression. Ces derniers sont souvent concomitants à la schizophrénie. Ils comprennent l’anxiété et la dysphorie (angoisse). Ces symptômes sont étroitement liés aux risques de suicide et donc au pronostic de la maladie.
La schizophrénie se caractérise par des fux et des refux, c’est-à-dire des périodes de rechute où les symptômes sont plus évidents et des périodes de rétablissement où les symptômes sont réduits. Ainsi, la personne qui est traitée peut ne pas montrer les signes positis évidents de ce trouble tels que des hallucinations et des idées délirantes. Si des symptômes négatis sont présents, son entourage peut voir l’apathie comme de la timidité, le manque de motivation comme de la paresse, le Les troubles cognitifs constituent souvent repli sur soi comme les premiers symptômes qui apparaissent de l’impolitesse, la pauet sont précurseurs de la schizophrénie. vreté de la pensée comme
RAPPELEZ-VOUS…
La capacité d’attention peut être perturbée par le malaise physique, l’inquiétude et les distractions du milieu. D’autres états physiques peuvent nuire à la capacité de concentration. Quels sontils ?
Chapitre 14 Schizophrénie et autres troubles psychotiques
355
14
Collecte des données TABLEAU 14.4
Échelle d’appréciation des symptômes positis et négatis
SYMPTÔMES POSITIFS
SYMPTÔMES NÉGATIFS
Hallucinations
Retrait ou pauvreté aective
• Type d’hallucinations
• Expression fgée du visage
• Commentaires des actes de la pensée
• Diminution des mouvements spontanés
• Évaluation globale de l’importance des hallucinations
• Pauvreté de l’expression gestuelle • Pauvreté du contact visuel • Absence de réponses aectives • Aect inapproprié • Monotonie de la voix • Évaluation globale du retrait ou de la pauvreté aective
Idées délirantes
Alogie
• Type d’idées délirantes
• Pauvreté du discours
• Divulgation de la pensée
• Pauvreté du contenu du discours
• Évaluation globale de l’importance des idées délirantes
• Blocages • Augmentation de la latence des réponses • Évaluation globale de l’alogie
Comportement bizarre
Avolition, apathie
• Habillement et présentation
• Apparence et hygiène négligées
• Conduite sociale et sexuelle
• Manque d’assiduité au travail ou à l’école
• Comportement agressi ou agité
• Anergie physique
• Comportement répétiti ou stéréotypé
• Évaluation globale de l’avolition et de l’apathie
• Évaluation globale de la gravité du comportement bizarre Trouble de la pensée ormelle non défcitaire
Anhédonie, retrait social
• Relâchement des associations
• Manque d’intérêts et d’activités de loisir
• Tangentialité
• Manque d’intérêts et d’activités sexuels
• Incohérence
• Incapacité à vivre des relations étroites ou intimes
• Pensée illogique
• Manque de relations avec les amis et les collègues
• Discours (pensée) circonlocutoire (digressive)
• Évaluation globale de l’anhédonie et du retrait social
• Logorrhée • Distractabilité du discours • Associations par assonances • Évaluation globale du trouble de la pensée ormelle Source : Adapté de Fondation pour la recherche médicale (2012)
de l’ignorance et la mauvaise apparence comme de la négligence, des états qui contribuent tous à la stigmatisation de la schizophrénie et des personnes atteintes. La méconnaissance qui règne au sein de la société quant à la nature même de la schizophrénie est à l’origine d’une stigmatisation qui empêche les clients atteints de consulter par crainte d’être jugés.
356
Partie 3
Troubles mentaux
Au fl du temps, cette stigmatisation peut mener à leur isolement social et compliquer leur prise en charge. Ces comportements sont souvent dus à l’ignorance, à l’incompréhension et à des connaissances erronées. L’étiquetage qui résulte de ces préjugés peut devenir prédominant au point qu’il conduit à ne plus considérer les gens qui vivent avec des problèmes de santé mentale comme des
personnes à part entière, et à les réduire à leur maladie. La stigmatisation représente en ait l’un des plus grands handicaps et défs propres à ce trouble. Les conséquences néastes de cette stigmatisation ne peuvent être totalement mesurées, mais elles ont un impact majeur sur les possibilités de vie normale, de bonne estime de soi et de bon moral (Lieberman et al., 2008).
14.4.3
Pronostic
Que ce soit de cause naturelle ou non naturelle, les personnes atteintes de schizophrénie meurent environ 25 ans plus tôt que la population générale (Lieberman et al., 2008). La schizophrénie accroît le risque de suicide. Ainsi, de 40 à 60 % des personnes atteintes tentent de se suicider, et ces tentatives sont de 15 à 20 ois plus susceptibles de réussir que celles de la population générale. Ainsi, environ 10 % meurent d’un suicide (ASPC, 2002). Un diagnostic de schizophrénie réduit l’espérance de vie moyenne des clients de 10 ans (Ames, Camm, Cook et al., 2002). Nombre de ces suicides ont lieu pendant les périodes de rétablissement (quand les symptômes sont réduits) et de 5 à 10 ans après le début de cette maladie (APA, 2004, Practice guidelines for the treatment of patients with schizophrenia) 1 . Les acteurs de risque de suicide d’une personne atteinte de schizophrénie sont entre autres le jeune âge et des antécédents de statut socioéconomique élevé. De plus, cette personne peut envisager le suicide si elle a un degré élevé d’intelligence et de rendement et si elle s’est fxé des objectis élevés avant l’apparition des symptômes et est consciente des pertes utures possibles. Une apparition précoce du trouble et de multiples rechutes augmentent le risque de suicide. La personne qui est en dépression grave et qui se sent désespérée ainsi que celle qui a exprimé des idées suicidaires sont aussi à risque. Malgré la détermination de ces acteurs de risque, il est souvent difcile de prédire si une personne atteinte tentera ou non de se suicider. Les proessionnels de la santé doivent évaluer le risque de suicide d’un tel client pendant toutes les étapes de sa maladie (APA, 2004, Practice guidelines for the treatment of patients with schizophrenia) 28 . La prise d’une dose excessive de médicaments prescrits n’est pas une méthode courante de suicide, car les antipsychotiques ont un index thérapeutique élevé, et les doses létales de ces médicaments sont de beaucoup supérieures aux doses thérapeutiques (Schultz et al., 2007). La principale cause de mortalité naturelle des personnes atteintes de schizophrénie est la maladie cardiaque qui est possiblement liée à une consommation importante de tabac et de drogue (Schultz et al., 2007).
14.5
Sous-types de la schizophrénie et autres troubles psychotiques
Il existe cinq principaux sous-types de schizophrénie et huit troubles étroitement apparentés TABLEAU 14.5.
14.5.1
Schizophrénie de type paranoïde
La schizophrénie de type paranoïde se caractérise par des symptômes positis (idées délirantes, hallucinations, désorganisation de la pensée et du comportement) et par divers symptômes négatis (avolition, apathie, anhédonie, retrait social). La personne atteinte est souvent tendue et demeure sur ses gardes. Elle peut se montrer agressive et colérique. Les symptômes se déclarent généralement au début de l’âge adulte, dans la vingtaine ou la trentaine 2 . Les idées délirantes sont généralement des idées de persécution ou de grandeur avec un thème récurrent ; ces idées génèrent de l’anxiété, de la suspicion, de la colère, de l’hostilité et un comportement violent. Les hallucinations auditives sont courantes et liées au thème délirant. Les interactions avec les autres s’avèrent rigides, intenses et maîtrisées (Fortinash & Holoday-Worret, 2008 ; Sadock et al., 2009).
TABLEAU 14.5
Résumé des sous-types de schizophrénie et des troubles apparentés
Soustypes de schizophrénie
• Paranoïde
ALERTE CLINIQUE
1 Le suicide est la princi pale cause de mort pré maturée des personnes ayant reçu un diagnostic de schizophrénie. 2 Pendant la phase active
de la schizophrénie de type paranoïde, les symp tômes peuvent rendre la personne atteinte dange reuse pour ellemême et pour les autres.
28 Les interventions infr mières pour prévenir le suicide sont détaillées dans le chapitre 28, Suicide.
14
• Désorganisée • Catatonique • Indifférenciée • Résiduelle
Troubles étroitement apparentés
• Trouble schizophréniforme • Trouble schizoaffectif • Trouble délirant • Trouble psychotique bref • Trouble psychotique partagé (folie à deux) • Trouble psychotique dû à une affection médicale générale • Trouble psychotique induit par une substance • Trouble psychotique non précisé
Chapitre 14 Schizophrénie et autres troubles psychotiques
357
Selon le DSM-IV-TR (APA, 2004, DSM-IV-TR. Critères diagnostiques), un diagnostic de schizophrénie paranoïde répond aux critères suivants : • une préoccupation par une ou plusieurs idées délirantes ou par des hallucinations auditives fréquentes ; • aucune des manifestations suivantes n’est au premier plan : discours désorganisé, comportement désorganisé ou catatonique ou affect émoussé ou inapproprié. Les idées délirantes et les hallucinations doivent être présentes pendant une portion importante d’une période de un mois. Cette période raccourcit si la personne est traitée avec succès. De plus, si les idées délirantes sont inhabituellement bizarres ou si les hallucinations comprennent des voix qui commandent ou commentent, seulement un des critères doit être respecté (APA, 2004, Practice guidelines for the treatment of patients with schizophrenia; Fortinash & Holoday-Worret, 2008).
Pronostic L’évolution de la schizophrénie paranoïde est variable, mais elle demeure généralement plus encourageante que celle des autres sous-types de cette maladie. De toutes les schizophrénies, elle a souvent le meilleur pronostic, particulièrement dans les domaines du onctionnement proessionnel et de l’autonomie (APA, 2004, Practice guidelines for the treatment of patients with schizophrenia).
14.5.2
Schizophrénie de type désorganisé
La schizophrénie de type désorganisé était autreois appelée schizophrénie hébéphrénique ou hébéphrénie en raison de la déesse Hébé personnifant la jeunesse, étant donné l’apparition du trouble durant la puberté. Ainsi, ce type se déclare généralement avant l’âge de 25 ans. La schizophrénie de type désorganisé est une maladie chronique qui se caractérise par une désintégration importante de la personnalité FIGURE 14.6. Le discours est désorganisé (salade de mots), incohérent et présente des associations Yasmina Helal, âgée de 23 ans, montre des symptômes par assonances (calembours, de schizophrénie de type paranoïde. Elle répète sans rimes). Le comportement est cesse que ses parents ne l’aiment pas, qu’ils préèrent également désorganisé et sa cadette, qu’ils sont plus sévères avec elle qu’envers bizarre ; il comprend des grisa sœur, qu’elle doit donner l’exemple à celleci. Elle maces, des maniérismes, des ajoute que même ses amies l’exploitent en lui deman grognements, des reniledant de l’argent. « Tout le monde m’en veut autour ments, des gesticulations, des de moi parce que je suis la plus intelligente et la plus balancements, des comportedouée de la amille. C’est vrai que je suis la meilleure. ments stéréotypés et mal Pourquoi s’acharneton sur moi tout le temps ? », adaptés et des comporteditelle. ments sexuels désinhibés (p. Madame Helal risquetelle de maniester de la vio ex., la masturbation en lence envers son entourage ? Justifez votre réponse. public). Le client atteint de
Jugement clinique
358
Partie 3
Troubles mentaux
FIGURE 14.6
La schizophrénie de type désorganisé entraîne une désintégration marquée de la personnalité.
schizophrénie de type désorganisé est replié sur lui-même, inadapté socialement. Il montre de nombreuses anomalies cognitives et psychomotrices telles qu’une pensée concrète, l’interprétation et l’utilisation littérales du langage, l’incapacité d’abstraction et une mauvaise coordination. Le client atteint de schizophrénie désorganisée néglige son apparence et son hygiène ; il est généralement incapable d’accomplir les activités de la vie quotidienne (AVQ) si quelqu’un ne les lui rappelle pas constamment, parce que son comportement demeure sans but (Sadock et al., 2009). Les symptômes négatis sont aussi présents : aect émoussé, avolition, apathie, anhédonie. Le client présente un aect abrasé ou inapproprié.
Pronostic Le pronostic de la schizophrénie de type désorganisé est moins avorable en raison des antécédents prémorbides précoces d’adaptation défciente qui continue après la phase active de ce trouble. De tous les sous-types de cette maladie, les schizophrénies paranoïde et désorganisée ont les critères cliniques les plus clairement défnis et ont été les plus étudiées. Les symptômes négatis résiduels et la défcience cognitive empêchent les personnes atteintes de ce type de schizophrénie de garder un emploi et de bâtir des relations durables et satisaisantes. La poursuite des travaux de recherche, les nouveaux médicaments et les traitements novateurs orent tous un espoir d’amélioration du pronostic.
14.5.3
Schizophrénie de type catatonique
La schizophrénie de type catatonique se caractérise principalement par une perturbation psychomotrice intense. Celle-ci prend souvent la orme de stupeur (retard psychomoteur) ou d’une surexcitation (psychomotrice). Les maniestations de perturbation psychomotrice sont entre autres le maniérisme, l’immobilité, le mutisme et le négativisme démesuré.
Une obéissance automatique suivie de mouvements excessis et sans but est parois observée. Il y a souvent un changement rapide entre ces extrêmes (Fortinash & Holoday Worret 2008 ; Sadock et al., 2009). Une rigidité musculaire peut être notée ; appelée fexibilité cireuse, elle est illustrée par le « symptôme de l’oreiller » : on retire l’oreiller, et la tête de la personne demeure dans la même position. L’apparition de la schizophrénie catatonique est souvent soudaine. Il n’y a pas de corrélation signicative entre l’incidence de cette maladie et l’âge, le sexe ou l’éducation des personnes atteintes. Pour répondre aux critères de la schizophrénie catatonique du DSM-IV-TR, le client doit maniester deux des comportements suivants : l’immobilité motrice ou une activité motrice excessive ; un négativisme extrême (résistance sans motivation apparente à tout ordre ou maintien d’une position rigide s’opposant aux tentatives destinées à la modier) ; des mouvements volontaires particuliers se maniestant par des positions catatoniques, des mouvements stéréotypés, des maniérismes ou des grimaces maniestes ainsi que de l’écholalie (répétition des paroles des autres) ou de l’échopraxie (imitation des mouvements des autres) (APA, 2003). Bien que la catatonie soit rattachée à la schizophrénie, elle peut être un syndrome qui relève de causes variées, inectieuses, toxiques ou mentales (p. ex., dans le cas de certaines encéphalites et tumeurs cérébrales). Le client atteint de schizophrénie catatonique représente un dé pour l’inrmière. Une surveillance étroite est nécessaire pour l’empêcher de se blesser ou de blesser d’autres personnes. Quand le client devient dans un état de stupeur, sa vie est en danger parce qu’il se rapproche d’un état végétati, ne mange pas et risque de sourir de malnutrition ou même d’inanition. Les autres complications possibles sont les lésions de pression dues à l’immobilité ou aux postures bizarres, la constipation ou même la pneumonie de stase chez les personnes plus âgées. Les idées délirantes persistent souvent pendant toute la période de repli sur soi. Par exemple, un client peut croire qu’il doit tenir sa main à plat devant lui parce que les orces du bien et du mal s’arontent dans la paume de sa main et qu’il perturbera cet équilibre s’il la déplace.
Pronostic Le pronostic de la schizophrénie catatonique varie en onction de l’âge d’apparition, qui se situe généralement au début de la vingtaine ou de la trentaine. Cette maladie commence souvent par un épisode aigu dont le acteur déclenchant est connu. La présence d’un bon réseau de soutien peut aider au rétablissement du client. La schizophrénie de type catatonique est moins courante depuis 10 ans, parce que les traitements se sont améliorés.
14.5.4
Schizophrénie de type indifférencié
La schizophrénie indiérenciée satisait au critère A de la schizophrénie, mais ne répond pas aux critères du type paranoïde, désorganisé ou catatonique. Elle ne satisait pas clairement aux critères de diagnostic de l’une ou l’autre de ces aections, mais elle présente certaines caractéristiques de chacune. Les maniestations psychotiques sont extrêmes, y compris des idées délirantes ragmentées, des hallucinations vagues, un comportement bizarre et désorganisé, la désorientation et l’incohérence (Fortinash & Holoday Worret, 2008 ; Sadock et al., 2009). L’aect est généralement inapproprié plutôt que plat, et le client atteint ne présente pas de symptômes catatoniques.
ALERTE CLINIQUE
Bien que la personne en état de stupeur ne semble pas être consciente de son environnement, quand elle revient ultérieurement à un état normal de conscience, elle se rappelle en détail ce qui s’est passé ; ainsi, l’infr mière ne dit ou ne ait rien qu’elle ne dirait ou ne erait si ce client était dans un état normal de conscience.
L’apparition est généralement aiguë et se caractérise par des comportements excités tels que des morsures ou des coups. Certains clients ont une schizophrénie chronique avec un comportement qui ne correspond pas à un type particulier de cette aection, mais qui est plutôt un mélange de symptômes positis et négatis. En général, les symptômes prodromiques ont mis des années à apparaître, et les étapes de développement et de croissance de la personne ont souvent été retardées. 14
Pronostic Le pronostic est généralement déavorable pour la schizophrénie indiérenciée en raison de sa chronicité. Ce type de schizophrénie comprend des épisodes d’exacerbation et de rétablissement, mais la présence de nombreux symptômes négatis empêche le client d’avoir un emploi, d’entretenir des relations normales et de proter de la vie (Sadock et al., 2009).
14.5.5
Schizophrénie de type résiduel
Le diagnostic de type résiduel est posé si une personne a au moins un épisode aigu de schizophrénie et qu’elle ne présente plus de symptômes positis évidents, mais manieste certains symptômes négatis. Les critères diagnostiques pour le client atteint de schizophrénie résiduelle sont les suivants : 1) l’absence d’idées délirantes maniestes, d’hallucinations, de discours désorganisé et de comportements grossièrement désorganisés ou catatoniques ; 2) la persistance d’éléments de la maladie comme en témoigne la présence de symptômes négatis ou de deux ou plusieurs symptômes gurant dans le critère A de la schizophrénie, présents sous une orme atténuée (p. ex., des croyances bizarres, des perceptions inhabituelles) (APA, 2004, DSM-IV-TR. Critères diagnostiques). Chez certains clients, cette situation persiste pendant des années, avec ou sans exacerbation ; chez d’autres, les symptômes semblent diminuer jusqu’à un rétablissement complet. Les signes Chapitre 14 Schizophrénie et autres troubles psychotiques
359
communs qui persistent dans le cas d’une orme chronique ou subchronique de cette maladie sont un léger relâchement des associations, une pensée illogique, un émoussement émotionnel, un retrait social et un comportement excentrique.
Pronostic Le pronostic est varié et imprévisible. Il dépend grandement des antécédents prémorbides du client et de la qualité de son réseau de soutien (Sadock et al., 2009).
14.5.6 11 Les symptômes d’épisodes maniaque, dépressif et mixte sont détaillés dans le chapitre 11, Troubles de l’humeur.
Trouble schizophréniforme
Les caractéristiques déterminantes du trouble schizophréniorme sont celles des critères A, D et E de la schizophrénie. Le trouble schizophréniorme ne se distingue de la schizophrénie que par sa durée, celle-ci étant le seul critère discriminati : l’épisode pathologique dure au moins un mois, mais moins de six mois (APA, 2004, DSM-IV-TR. Critères diagnostiques). Ce trouble n’entraîne pas de dysonctionnement social ou proessionnel, contrairement à la schizophrénie, qui cause une perturbation onctionnelle (p. ex., dans les relations, à l’école, au travail, dans les soins personnels).
Pronostic Puisque le diagnostic du trouble schizophréniorme comprend une plus courte période de symptômes que la schizophrénie, bien que beaucoup le considèrent comme un diagnostic provisoire de schizophrénie, la personne a généralement une meilleure capacité onctionnelle que le client atteint de schizophrénie. Autrement dit, la personne est susceptible de s’occuper d’elle-même, d’avoir des relations sociales et de travailler ou d’étudier.
14.5.7
Trouble schizoaffectif
Le trouble schizoaecti inclut à la ois un désordre aecti et un désordre de la pensée ; ainsi, ce trouble combine trouble de l’humeur et trouble psychotique. Il se caractérise par de graves changements d’humeur de type maniaque ou dépressi majeur ou mixte et comprend également des symptômes psychotiques. Chez certaines personnes, il peut être difcile de distinguer, surtout au début Alonzo Como, âgé de 32 ans, est atteint d’un trouble de la maladie, un trouble schizoaffectif. Depuis quelques jours, il sort tous les aecti d’un trouble schizosoirs avec ses amis, les invite au restaurant et paie phrénique. Ce qui diérencie l’addition pour tous. « Je suis irrésistible auprès des ce trouble d’un trouble de l’hufemmes. Elles succombent à mon grand charme », meur est le ait que des symprépètetil à qui veut bien l’entendre. Il se couche au tômes de nature psychotique petit matin et va travailler sans être fatigué. Son patron persistent pendant au moins lui a d’ailleurs fait remarquer qu’il était impulsif et que sa pensée était parfois désorganisée. deux semaines en l’absence d’un désordre aecti, de la Quel épisode du trouble schizoaffectif le comportement même açon que le désordre de monsieur Como montretil actuellement ? aecti peut être présent un
Jugement clinique
360
Partie 3
Troubles mentaux
certain temps en l’absence de symptômes psychotiques. Le trouble schizoaecti apparaît généralement plus tard au cours de la vie, et la cause n’a pas encore été déterminée, mais il serait dû à une combinaison de acteurs biologiques, génétiques et environnementaux (Centre de santé et des services sociaux de l’Ouest-de-l’Île, 2010). Les symptômes de ce trouble sont caractérisés par la présence ininterrompue de la maladie avec, à un moment donné, la présence simultanée d’un épisode dépressi majeur, d’un épisode maniaque ou d’un épisode mixte et de symptômes répondant au critère A de la schizophrénie 11 .
Pronostic Les deux extrémités du spectre émotionnel augmentent le risque de suicide ou d’autres comportements impulsis. La difculté du rétablissement et de la gestion de la maladie réside dans l’apprentissage des vulnérabilités de rechute et la reconnaissance des exacerbations dès leur début. Le pronostic du diagnostic de trouble schizoaecti est plus avorable que celui des autres troubles schizophréniques.
14.5.8
Trouble délirant
La caractéristique la plus déterminante de ce trouble est la présence d’idées délirantes non bizarres (c’està-dire relatives à des situations susceptibles d’arriver dans la vie réelle), qui peut sembler plausible et qui persiste au moins un mois sans causer de défcience évidente du onctionnement. La personne peut prendre des décisions qui ne semblent pas clairement irrationnelles. Des idées délirantes qui persistent entraînent souvent de la tristesse, du chagrin, de l’irritabilité et des problèmes juridiques. Il est important de connaître les croyances culturelles et religieuses de la personne afn d’avoir des points de réérence pour déterminer la nature de sa conviction. L’évolution de ce trouble est variable ; il peut s’agir d’un épisode isolé sans rechute ou d’un trouble chronique TABLEAU 14.6.
14.5.9
Trouble psychotique bref
La principale caractéristique du trouble psychotique bre est que la perturbation persiste au moins un jour, mais moins de un mois, avec retour complet au degré de onctionnement prémorbide. Pendant cette période, la personne peut avoir des idées délirantes, des hallucinations, un discours désorganisé ou des comportements grossièrement désorganisés ou catatoniques. Les symptômes ne sont pas associés à un abus de substance, mais ils peuvent être liés à des agents stressants connus, par exemple, si les symptômes surviennent dans les quatre semaines de la période postpartum.
TABLEAU 14.6
Types de trouble déliranta
TYPE
CRITÈRES DU DSM-IV-TR
DESCRIPTION
Type érotomaniaque
Idées délirantes dont le thème est qu’une personne, habituel lement d’un niveau plus élevé, est amoureuse du sujet.
Des eorts pour communiquer avec la personne qui est l’objet du délire sont courants et peuvent s’intensier jusqu’à devenir du harcèlement.
Type mégalomaniaque
Idées délirantes dont le thème est une idée exagérée de sa propre valeur, de son pouvoir, de ses connaissances, de son identité ou d’une relation exceptionnelle avec une divinité ou une personne célèbre.
Il peut s’agir d’un thème plus grandiose où la personne atteinte croit qu’elle a un grand destin.
Type de jalousie
Idées délirantes dont le thème est que le partenaire sexuel du sujet lui est indèle.
Ce type du trouble délirant est axé sur la jalousie sans preuve qui dée toute logique et entraîne souvent un grave confit dans les relations. La personne atteinte peut s’en prendre à son partenaire ou réduire son autonomie an de mettre un terme à l’indélité présumée.
Type de persécution
Idées délirantes dont le thème est que les autres se conduisent d’une açon malveillante envers le sujet (ou envers une personne qui lui est proche).
Ce type de délire est le plus courant. La personne atteinte peut croire qu’elle a été droguée, qu’on l’espionne ou la harcèle et peut demander réparation en aisant appel aux orces policières, ou recourir à des actions judicaires, ou encore agir violemment.
Type somatique
Idées délirantes dont le thème est que la personne est atteinte d’une imperection physique ou d’une aection médicale générale.
La personne atteinte ne peut admettre la possibilité que la maladie redoutée ne soit pas présente ou qu’elle a une vision aussée de son aspect physique. Elle peut croire, par exemple, que ses membres sont déormés ou que son corps est inesté de parasites.
Type mixte
Idées délirantes caractéristiques de plus d’un des types précédents, mais sans prédominance d’aucun thème.
C’est le cas lorsqu’aucun thème délirant ne prédomine et lorsque le thème ne peut être clairement établi ou qu’il ne correspond à aucun des types spéciés.
Type non spécié
14
Aucun critère précisé par le DSMIVTR.
a
La désignation des types est fondée sur le thème délirant prédominant. Source : Adapté de APA (2004). DSM-IV-TR. Critères diagnostiques
Les personnes atteintes de ce trouble sont généralement de jeunes adultes qui ont un risque élevé de suicide en raison d’un jugement grandement défcient, de perturbations perceptuelles et d’une désorganisation cognitive.
14.5.10 Trouble psychotique partagé (folie à deux) Dans le contexte d’une relation proche, une personne peut « partager » une idée délirante avec une autre personne déjà atteinte d’un trouble psychotique délirant (APA, 2004, DSM-IV-TR. Critères diagnostiques). Touteois, à l’exception de cette idée délirante, le degré de onctionnement de cette personne est intact. Il s’agit d’un trouble chronique qui rappe plus les emmes que les hommes. Si un parent transmet une telle idée délirante à ses enants, ceux-ci peuvent grandir avec cette idée. Dans une telle situation, le trouble peut demeurer non détecté jusqu’à ce qu’un problème soit porté à l’attention d’un proessionnel de la santé ou d’un service social.
14.5.11 Trouble psychotique dû à une affection médicale générale Diverses aections peuvent provoquer des symptômes psychotiques. Dans certains cas, la psychose qui se manieste par des hallucinations et des idées délirantes peut en être le premier symptôme clinique. Par exemple, une orte fèvre causée par une inection rénale peut provoquer des hallucinations, de la conusion, de la désorganisation ou un comportement agressi ou bizarre. L’accident vasculaire cérébral, les déséquilibres liquidiens et électrolytiques, le lupus érythémateux disséminé, l’hypoxie, l’encéphalite et l’hypoglycémie sont d’autres aections médicales qui peuvent prendre la orme d’une psychose.
CONSEIL CLINIQUE
De manière générale, la meilleure approche est de supposer que la psychose est la maniestation d’une aection médicale sous jacente non diagnostiquée jusqu’à preuve du contraire.
14.5.12 Trouble psychotique induit par une substance L’abus de substances est d’usage courant parmi les clients atteints de schizophrénie. Jusqu’à 80 % d’entre eux seront toxicomanes dans leur vie (ASPC, 2002). Pour de nombreuses personnes, il est question de toxicomanie multiple comprenant Chapitre 14 Schizophrénie et autres troubles psychotiques
361
l’alcool, le tabac, la marijuana, les amphétamines et d’autres drogues. Les médicaments oerts en vente libre tels que les analgésiques et les antihistaminiques peuvent également être consommés (Schizophrenia Society o Canada, 2007).
ALERTE CLINIQUE
Bien que les drogues, les médicaments et l’alcool soient les agents couram ment responsables du trouble psychotique in duit par une substance, l’exposition à des toxines, comme le monoxyde de carbone, le dioxyde de car bone, des gaz neurotoxi ques, des vapeurs de com bustibles ou de peinture et d’autres substances de l’environnement doit aussi être considérée.
Plus de 75 % des personnes atteintes de schizophrénie sont dépendantes à la nicotine. Selon plusieurs études, 90 % de ces clients hospitalisés ont usage de la cigarette, et ils ument de 2 à 4 % plus que la population générale et que d’autres types de clients (Schultz et al., 2007) FIGURE 14.7. Chez les clients atteints de ce trouble, la nicotine corrige certaines anomalies neurophysiologiques comme les décits de ltrage sensoriel. La nicotine peut également atténuer certains eets indésirables liés aux antipsychotiques. Les autres dépendances sont à l’alcool (de 30 à 50 %), au cannabis (de 15 à 25 %) ainsi qu’à la cocaïne et aux amphétamines (de 5 à 10 %) (Swartz et al., 2006). La cocaïne déclenche des changements neurochimiques dans le cerveau en se substituant aux endorphines naturelles, créant ainsi un besoin intense de cette drogue. L’utilisation à long terme amène la personne à présenter des signes de dépression, de l’anhédonie, de l’apathie et des troubles aussi souvent observés parmi les clients atteints de schizophrénie chronique. Pour les troubles induits par une substance, les maniestations s’estompent généralement quand le sujet n’est plus exposé à la substance, mais
la résolution des symptômes peut prendre des semaines ou des mois et nécessiter un traitement. Les psychoses toxiques se produisent plus régulièrement avec les drogues. Certains médicaments peuvent déclencher un épisode psychotique, par exemple les corticostéroïdes, les antiparkinsoniens, les anesthésiques et les analgésiques. (APA, 2003). Les caractéristiques dominantes pour poser un diagnostic de psychose induite par une substance sont les idées délirantes et les hallucinations. D’un point de vue clinique, la nature des hallucinations et des idées délirantes est importante. Les hallucinations cénesthésiques (p. ex., des insectes qui rampent sous la peau) sont particulièrement caractéristiques de l’abus d’alcool, de drogues ou de médicaments. De nombreuses publications mentionnent que les personnes atteintes de schizophrénie consomment ces substances comme automédication dans le but d’améliorer leur champ d’attention pour lutter contre des stimulus confictuels qui perturbent constamment leur vie (Boulanger, 2007 ; Légaré, 2007). La recherche indique également que, parmi les personnes ayant ce trouble, les problèmes de consommation de substances touchent particulièrement les hommes ayant eu un trouble des conduites pendant l’enance (Swartz et al., 2006). Pour les troubles psychotiques induits par une substance, les maniestations s’estompent généralement après un mois, quand le sujet n’est plus exposé à celle-ci.
14.5.13 Trouble psychotique non spécifé Il est important de mentionner que si le proessionnel de la santé ne dispose pas de données susantes pour déterminer si les symptômes psychotiques sont attribuables à une substance (y compris un médicament) ou à une aection généralisée, ou s’ils sont primaires (c.-à-d. qu’ils ne sont dus ni à une substance ni à une aection médicale générale), le trouble non spécié sera indiqué.
FIGURE 14.7 La plupart des clients atteints de schizophrénie fument.
14.6 14.6.1
Démarche de soins Collecte des données – Évaluation initiale
L’évaluation de la personne atteinte de schizophrénie peut être complexe en raison des nombreux prols de symptômes des divers sous-types de cette maladie. Au moment de sa collecte, l’inrmière recueille des données à la ois objectives et subjectives. Les données objectives proviennent
362
Partie 3
Troubles mentaux
Les comportements psychotiques (c.-à-d. les hallucinations, les idées délirantes, la conusion et la désorganisation) dont les acteurs connexes sont peu connus peuvent être qualiés de non spéciés.
de l’observation, de l’examen physique ou de l’examen de l’état mental. Ces données regroupent les signes et les symptômes observés, les réactions du client et les traitements instaurés. Elle eectue une évaluation objective en utilisant des échelles d’évaluation et en vériant les indicateurs biologiques TABLEAU 14.4. L’inrmière peut évaluer divers types de symptômes selon la pathologie du client ENCADRÉ 14.4.
Symptômes cliniques ENCADRÉ 14.4
Symptômes cliniques caractéristiques de la schizophrénie et des troubles psychotiques par catégorie
PERCEPTUELS
COMPORTEMENTAUX
• Hallucinations TABLEAU 14.1
• Faible maîtrise des impulsions : repli sur soimême ; réponse à des hallucinations mandatoires ; régression
• Idées délirantes TABLEAU 14.2 • Déormation de l’image corporelle : concernant la taille, l’expression aciale, l’activité, la quantité et la nature des détails, ou encore l’exagération ou la diminution des parties du corps • Perception négative de soi: quant aux habiletés et aux compétences
• Difcultés à utiliser ses stratégies d’adaptation ace à ses symptômes de dépression : présence d’un risque de suicide de 50% ; exacerbations et rétablissements réquents chez un client perspicace; manque de soutien social ; anergie
COGNITIFS
• Incapacité de maîtriser ses impulsions et sa colère par rapport à lui ou aux autres : agressions verbales ou physiques, homicide, destruction des biens
• Erreurs de rappel et de rétention de la mémoire, particu lièrement de la mémoire de travail
• Abus de substances comme moyen d’adaptation : symptômes psychologiques douloureux
• Difculté à comprendre, à traiter et à classer l’inormation
• Nonadhésion au traitement médicamenteux: sentiment possible qu’il n’est pas nécessaire ou qu’il cause trop d’eets secondaires
• Difculté à rester attenti : incapacité d’eectuer des tâches et sujet aux omissions • Manque de jugement: incapacité d’évaluer les situations ou de aire des choix rationnels • Manque de perspicacité: incapacité de percevoir ou de comprendre la cause et la nature de sa propre situation et de la situation des autres (p. ex., sa propre maladie) • Défcit des onctions exécutives (p. ex., la planifcation, la prise de décisions, la résolution de problèmes) ÉMOTIONNELS
• Aect labile et gamme des émotions : aect neutre ou plat, émoussé, abrasé ou labile, inapproprié ou inadéquat ; ambivalence émotionnelle; apathie; réactivité réduite ; euphorie ; rage • Perturbation du onctionnement limbique: incapacité de fltrer les stimulus perturbateurs ; perte de la maîtrise volontaire de ses réactions
L’infrmière collige aussi les données subjectives. Recueillies durant l’entrevue, elles se rapportent à la perception du client et à ce qu’il dit au sujet de ses malaises, de sa douleur, de ses inquiétudes et de ses besoins ENCADRÉ 14.5. Les personnes atteintes de troubles psychotiques montrent des défciences dans le traitement de l’inormation perceptuelle. Il peut ainsi être difcile pour l’infrmière de distinguer un trouble réel d’une idée délirante (Reeves & Torres, 2003). Pour ce aire, elle procède à une évaluation initiale adéquate du client en l’écoutant attentivement et elle eectue son examen physique. En outre, il lui aut prêter attention aux signes vitaux ainsi qu’à l’alimentation, à l’exercice et au sommeil du client.
SOCIAUX
• Mauvaises relations avec les autres: peu d’amis au cours de l’enance ou de l’adolescence ; solitaire • Peu d’intérêt pour des passetemps et des activités: rêveries ; onctionnement inadapté dans des milieux sociaux ou proessionnels; attitude préoccupée et détachée ; défcience marquée du onctionnement social et comportemental
14
• Perte d’intérêt dans l’apparence : hygiène et apparence négligées ; introversion • Non compétiti dans les sports ou non motivé à l’école : difcultés d’adaptation à l’école ; retrait des activités • Symptômes somatiques (c.àd. problèmes physiques multiples) ; traits de personnalité schizoïdes ou schizo typiques : solitaire, détaché, replié sur soi et anxieux en société
C’est à partir de ces deux types de données que l’inirmière identiiera des problèmes prioritaires de la situation de santé de la personne, ormulera ses constats d’évaluation et planifera les soins. Les données recueillies portent sur : • l’histoire de santé ; • la condition physique ; • la condition mentale ;
4
• la dimension psychosociale ; • le dépistage des risques
4 .
L’infrmière portera une attention particulière à l’âge du client au cours de son évaluation. Si ce dernier est un enant ou un adolescent, elle tient compte
Le chapitre 4, Évaluation de la condition mentale, présente les divers aspects à prendre en compte et les outils utilisés à cette étape.
Chapitre 14 Schizophrénie et autres troubles psychotiques
363
Collecte des données ENCADRÉ 14.5
Schizophrénie et autres troubles psychotiques
QUESTIONS D’ORDRE GÉNÉRAL
• Quelles dicultés avezvous éprouvées récemment ? Vous sentezvous diérent que par le passé? Comment ? (An de déterminer la perception du problème par le client.) • Prenezvous actuellement ou avezvous déjà pris de l’alcool, des drogues ou des médicaments ? Dans l’armative, quand, à quelle réquence et en quelle quantité? (An de déterminer la consommation de substances par le client.) • Alors que les autres personnes présentes ne sentaient ni ne voyaient rien, avezvous entendu des sons, des voix ou des messages? Avezvous vu des lumières ou des visages ? Avezvous senti des odeurs étranges, agréables ou nauséabondes ? Avezvous goûté des saveurs étranges, mauvaises ou bonnes ? Ou avezvous ressenti des sensations de roid ou de chaud? (An de déterminer si le client a des hallucinations.) • À quoi ressemblent les voix que vous entendez? Que disentelles ? Vous troublentelles ? (An de déterminer si ces voix disent aux clients de se blesser ou de blesser d’autres personnes.) • Les voix que vous entendez sontelles connues ou inconnues ? Ontelles une haute ou une basse intensité ? À quel moment se maniestentelles ? Quels seraient l’événement déclencheur ou les pensées qui auraient provoqué les voix ? (An de détecter des acteurs de risque ou des messages possibles.) • Quelle stratégie utilisezvous pour les atténuer ou les chasser? Cette stratégie onctionnetelle ? (An d’aider le client à maîtriser ou à atténuer les hallucinations quand elles se produisent.)
• Quelles sont les activités que vous préérez ? Celles que vous aimez le moins ? • Quelles sont vos activités quotidiennes habituelles ? • Comment se répartissent vos activités proessionnelles ou domestiques et vos loisirs ? • Quelles sont vos habitudes alimentaires (nombre de repas, de collations)? • Mangezvous seul ou avec d’autres personnes ? • Avezvous remarqué récemment une augmentation ou une diminution de votre appétit ? Si oui, décrivez le changement survenu. • Votre poids atil changé dernièrement? • Prenezvous souvent un bain ou une douche ? Si non, en connaissezvous la raison ? • Jusqu’à quel point votre humeur ou votre situation infuetelle sur votre vie? • Jusqu’à quel point estil important pour vous de vous sentir mieux ? • Jusqu’à quel point estce une priorité pour vous que les choses aillent mieux dans votre vie ? QUESTIONS POUR ÉVALUER LA VIE SEXUELLE
• Comment aitesvous pour satisaire vos besoins sexuels ? • Quelle est la réquence de vos rapports sexuels? QUESTIONS POUR ÉVALUER LES COMPORTEMENTS À RISQUE
QUESTIONS POUR DÉTERMINER SI LE CLIENT PRÉSENTE DES IDÉES DÉLIRANTES
• Avezvous subi ou êtesvous en train de vivre des situations diciles (p. ex., un décès, une perte d’emploi, une déception amoureuse)?
• Croyezvous que quelqu’un ou quelque chose à l’extérieur de vousmême vous maîtrise d’une açon ou d’une autre ? Êtesvous capable de maîtriser d’autres personnes ?
• À qui parlezvous régulièrement?
• Croyezvous que quelqu’un vous surveille ou vous suit ? • Les gens parlentils de vous ? Si oui, expliquez comment vous le savez. • Ressentezvous de la culpabilité? Croyezvous que vous avez des raisons de vous sentir coupable? Pensezvous que vous êtes une mauvaise personne? Si oui, qu’estce qui vous le ait croire ? QUESTIONS POUR ÉVALUER LES ACTIVITÉS ET LES AUTOSOINS
• Que aitesvous dans une situation stressante ? • Avezvous parois l’impression que quelqu’un essaie de vous aire du mal ? Si oui, pourquoi? • Avezvous déjà posé des gestes dangereux dans votre vie ? Comment cela s’estil passé (circonstances, moyen utilisé, pensées, conséquences)? • Y atil des personnes que vous croyez responsables de ce qui vous arrive ? • Y atil des personnes à qui vous pensez aire du mal?
• Quelles sont vos habitudes de sommeil ?
• Avezvous des idées suicidaires actuellement ? (Si oui, aire l’évaluation de l’urgence suicidaire.)
• Vous sentezvous reposé après une nuit de sommeil ? Si non, connaissez vous des moyens an d’améliorer la qualité de votre sommeil ?
• Y atil quelque chose que vous pouvez aire pour diminuer ces idées ou y atil une personne avec qui vous vous sentez plus en sécurité?
Visionnez la vidéo Schizophrénie et syndrome métabolique au http://fortinash.cheneliere.ca.
364
Partie 3
de son stade de développement et garde à l’esprit que les enants ont un schème de pensée concret plutôt qu’abstrait et que la maîtrise des impulsions ne se met en place qu’à l’adolescence.
La FIGURE 14.8 résume les diverses maniestations que peut noter l’infrmière au cours de la collecte des données subjectives et objectives auprès d’un client atteint d’une schizophrénie de type paranoïde.
Au cours de l’examen physique d’un client traité par antipsychotique, l’infrmière vérife la glycémie, les triglycérides et les lipoprotéines de haute densité (HDL), la pression artérielle (P.A.), et elle mesure le tour de taille de la personne. Ce type de client a un risque accru de syndrome métabolique, et l’infrmière en tient compte dans son évaluation .
Examens paracliniques
Troubles mentaux
Plusieurs examens utilisant la technique de neuroimagerie sont pertinents pour les clients atteints de schizophrénie TABLEAU 14.7. En général, ces examens confrment les résultats. Des preuves de défcience généralisée sont trouvées chez les personnes
SCHÉMA DES QUATRE DIMENSIONS Schizophrénie de type paranoïde DIMENSION PHYSIQUE
DIMENSION PSYCHOLOGIQUE
• Perturbations possibles du sommeil, de l’alimentation ou d’autres onctions, liées à des changements dans les habitudes de vie
• Tristesse, culpabilité, anxiété ou révolte
Mathieu Vandal est âgé de 19 ans. Depuis six mois, il a des problèmes de sommeil, une diminution de concentration, une perte d’appétit qui a entraîné une chute de poids de 20 kg. Sa tenue vestimentaire et ses soins d’hygiène sont négligés, car il n’a ni la volonté ni l’énergie pour procéder à ses autosoins.
Ses hallucinations consistent en la présence d’une flle qui respire dans ses oreilles et qui lui parle à l’occasion pour l’insulter. De plus, il se sent menacé et a l’impression que ses parents complotent contre lui.
Mathieu est continuellement anxieux, car ses hallucinations auditives se maniestent tous les jours et de açon régulière.
DIMENSION SOCIALE
DIMENSION SPIRITUELLE
• Perturbation ou réorganisation du réseau social
• Sentiment d’être dépassé par les événements • Perte du sens de la vie
Mathieu s’isole de plus en plus, car il évite tout ce qui peut le stresser. Il a abandonné ses études et son travail à temps partiel. Il habite chez ses parents, ce qui lui permet de subvenir à ses besoins. Il ne manieste aucun intérêt pour se divertir.
• Désorientation, perte des balises
Mathieu ne croit plus à la possibilité de s’en sortir ; c’est pour cette raison qu’il a décidé de mettre fn à ses jours par pendaison il y a un mois, mais la corde s’est cassée. Depuis cet incident, il se questionne sur le sens de sa vie.
14
FIGURE 14.8
subissant un premier épisode ainsi que chez celles atteintes de schizophrénie chronique, bien que le degré de défcience varie généralement d’un soustype à l’autre.
14.6.2
Analyse et interprétation des données
TABLEAU 14.7
Examens paracliniques pour la schizophrénie
EXAMEN
OBJECTIF
Imagerie par résonance magnétique
Déterminer les changements structuraux et onctionnels du cerveau, ce qui confrme des anomalies précises du cerveau d’une personne qui a reçu un diagnostic de schizophrénie. Elle est utilisée pour éliminer les causes structurales de psychose.
Tomographie par émission de positrons
Déterminer les eets des antipsychotiques sur certains sites récepteurs des neurotransmetteurs et leurs divers taux d’occupation en étudiant des images en coupe du cerveau.
Les problèmes prioritaires sont ormulés à partir des renseignements obtenus pendant la collecte des données et l’évaluation initiale de la démarche de soins. L’exactitude de chaque problème dépend d’une évaluation initiale attentive et détaillée. Chaque problème est classé en ordre de priorité selon les besoins du client. Ces problèmes s’appliquent à la schizophrénie et aux autres troubles psychotiques :
• une capacité d’autosoins déciente (bain et hygiène, habillement et apparence, alimentation, toilette);
• le risque de suicide ;
• un isolement social ;
• le risque de violence envers soimême ;
• des comportements mettant la santé en danger ;
• le risque de violence envers les autres ;
• une diminution de l’estime de soi.
• des perceptions sensorielles perturbées ; • des processus mentaux perturbés ;
14.6.3
• une communication verbale altérée ;
Établir les résultats escomptés
• une adaptation inefcace ;
Les résultats escomptés sont une estimation des changements comportementaux prévus à la suite
• une dynamique familiale perturbée ;
Planifcation des soins
Chapitre 14 Schizophrénie et autres troubles psychotiques
365
Jugement clinique Vous rencontrez Robin Maltais, âgé de 24 ans, hospitalisé pour schizophrénie paranoïde. Au cours de l’entrevue, vous constatez qu’il touche constamment ses bras, ses cuisses et son thorax. Il rotte alors ses membres en ronçant les sourcils, ne vous regarde pas, tourne lentement la tête à droite et à gauche, l’air inquiet. Qu’estce que ces comportements peuvent laisser suspecter ?
des interventions de soins. Les résultats escomptés pour les clients atteints de schizophrénie découlent d’interactions complexes. Ces résultats sont classés en ordre de priorité en onction des besoins du client. Le client sera capable : • de démontrer une absence de comportements suicidaires ou violents envers soi et en vers les autres ;
• d’utiliser une communication verbale appropriée ; • d’utiliser des stratégies d’adaptation an d’atténuer son anxiété ; • d’engager des relations satisfaisantes avec les autres ; • de démontrer une réduction importante des hallucinations et des idées délirantes ; • de reconnaître une pensée et un comportement fondés sur la réalité ; • de s’occuper de ses autosoins et d’effectuer les AVQ de façon autonome ; 5 La mise en place de la relation thérapeutique est détaillée dans le chapitre 5, Communication et relation thérapeutique.
• d’adhérer au traitement médicamenteux et d’en comprendre l’importance dans la réduction des symptômes psychotiques ; • d’utiliser des méthodes plus fonctionnelles d’adaptation et de résolution de problèmes ; • de participer à la planication de son congé avec ses proches.
Décider des soins L’infrmière qui planife les soins considère les interventions infrmières en onction des besoins propres au client et à ses proches dans le but d’établir les priorités.
2 Le contexte de vie dans la communauté des personnes atteintes de schizophrénie est expliqué dans le cha pitre 2, Santé mentale et ser vices dans la communauté.
ALERTE CLINIQUE
Un échange d’arguments avec une personne qui a des idées délirantes peut accentuer sa méfance ou sa colère. Il aut éviter les réactions émotion nelles, les sarcasmes et les menaces.
366
Partie 3
La planifcation des interventions et des traitements infrmiers axés sur la personne entière et son environnement social, y compris ses proches, est difcile. Puisque les problèmes comportementaux ont de nombreuses sources et qu’ils varient de bénins à extrêmement graves, l’infrmière considère les interventions à divers degrés et établit les priorités en onction des besoins du client, du plus urgent au moins urgent. Si le client est en situation d’urgence (p. ex., s’il est suicidaire, halluciné, délirant, désorganisé), le service d’urgence du centre hospitalier le plus proche, d’un établissement de soins psychiatriques ou d’un centre de crise est le plus indiqué. Dans une situation moins urgente, les services d’aide en ligne, Ino-Santé, le centre de santé et de services sociaux (CSSS) ou le service de traitement intensi bre à domicile, qui constitue une solution de rechange à l’hospitalisation, sont plus
Troubles mentaux
appropriés. Il est important de mentionner que le client atteint de schizophrénie ou ses proches doivent être inormés des ressources disponibles dans leur milieu au moment du congé temporaire ou défniti du centre hospitalier.
14.6.4
Exécution des interventions
Il est important de aire participer le client et ses proches au traitement et de leur expliquer toutes les interventions et les raisons des soins. Des interventions bien planifées seront tout de même diiciles à réaliser pour l’inirmière s’il y a un malentendu concernant les attentes ou s’il y a une résistance de la part du client, de ses proches ou d’autres personnes. Dans la mesure du possible, le client doit établir ses propres objectis et son propre rythme de traitement et de progrès. Quand le client se trouve dans la phase la plus aiguë de sa maladie, les choix sont plus limités, et les interventions structurées se révèlent les plus utiles. Touteois, quand l’état du client s’améliore, plus de choix s’orent à lui, et l’infrmière est en mesure de proposer un plan encourageant de rétablissement et de soins.
Soins et traitements infrmiers Au début, en raison de leur apathie et de leur avolition, certains clients ne peuvent comprendre ou accepter les eorts aits pour les aider. Dans ce cas, l’infrmière établit d’abord une relation thérapeutique ondée sur la confance avec le client pour qu’il puisse comprendre et accepter les interventions 5 ENCADRÉ 14.6. La relation thérapeutique établie entre le client et l’infrmière sera ultérieurement élargie pour inclure les proches afn de avoriser l’efcacité durable des interventions. Dans certains cas, l’infrmière devra intervenir dans le milieu. Toutes les personnes touchées doivent connaître les détails du plan thérapeutique infrmier afn de pouvoir travailler en équipe. La participation de l’équipe de soins et de la amille est essentielle pour la réintégration du client dans la communauté 2 .
Gérer les hallucinations, les idées délirantes et le stress La plupart des clients, particulièrement ceux qui sont atteints depuis longtemps, ont mis au point des stratégies pour maîtriser leurs hallucinations et leurs idées délirantes. En demandant au client ce qui l’aide à bloquer ou à réduire ses hallucinations, l’infrmière peut apprendre des stratégies qu’il a déjà utilisées et ensuite l’encourager à y recourir au besoin. Le client, sa amille et ses proches doivent reconnaître que les hallucinations représentent des symptômes de la maladie et qu’elles sont
Relation d’aide ENCADRÉ 14.6
Adapter la relation thérapeutique au client atteint de schizophrénie
L’infrmière adopte une attitude empathique parce que cette approche est exempte de tout jugement de valeur, encou rage le client à s’ouvrir, non seulement à son infrmière, mais surtout à luimême, ce qui lui permet d’explorer et de découvrir ses difcultés. En ce sens, l’empathie acilite le processus de croissance. L’infrmière utilise cette attitude empathique, peu importe la nature des idées délirantes du client. Pour maniester de la compréhension empathique, il ne suft pas que l’infrmière reconnaisse ce que vit le client, mais elle lui ait aussi part de sa compréhension. Pour ce aire, elle peut utiliser quelques techniques de communication non verbale et verbale. L’infrmière adopte une attitude de respect chaleureux, car elle reconnaît que la personne est unique, elle la considère comme étant autonome, capable de mobiliser ses ressources pour surmonter ses difcultés et atteindre un mode de vie plus satisaisant. Pour maniester du respect chaleureux,
réelles pour le client. C’est pourquoi les tentatives des proches d’imposer la vérité au client ne sont pas thérapeutiques et deviennent parois même humiliantes. Les hallucinations réagissent à une réduction du stress et à une augmentation de la dose de médicaments antipsychotiques. Elles deviennent souvent moins troublantes quand le client est distrait par d’autres activités ou stratégies (Fortinash & Holoday-Worret, 2007). À cette n, le personnel en santé mentale a recours à certaines méthodes testées, par exemple, garder le client occupé, utiliser des stimulus concurrents pour noyer les voix (p. ex., des sifements, des claquements, le ait de crier le mot arrêtez) et enseigner au client à ne pas attendre que les voix se maniestent, mais à plutôt entreprendre d’autres tâches ou activités pour occuper ses temps libres. Ces méthodes aident le client à se concentrer sur d’autres activités ou stratégies et réduisent généralement l’agitation (Fortinash & Holoday-Worret, 2007). La amille et les amis doivent se rendre compte que les idées délirantes sont dues à une maladie et non à l’entêtement ou à la stupidité de leur proche atteint. Une attitude empathique est toujours possible, peu importe la nature de l’idée délirante ou de la conviction. De açon générale, l’inrmière détermine les acteurs qui aggravent les expériences hallucinatoires du client (p. ex., les agents stressants qui déclenchent les perturbations sensorielles et perceptuelles). Bien que les hallucinations aient une cause biochimique, des agents stressants externes peuvent intensier celles du client vulnérable. La connaissance de ces agents aidera à prévenir la
l’infrmière s’intéressera aux besoins, aux pensées, aux valeurs, aux émotions et aux goûts du client. Par exemple, avec un client qui présente des hallucinations auditives, l’infrmière cherchera à comprendre : • ce qu’il vit relativement à ces hallucinations; • le type d’émotions qu’il ressent quand elles se maniestent ; • quels eets les hallucinations ont sur lui quand elles se maniestent ; • comment elles l’empêchent d’établir des interactions satisaisantes avec son environnement. L’infrmière suscite « l’espoir » en mentionnant au client que les choses iront mieux s’il adopte une attitude positive. Pour alimenter cet espoir, diverses ressources sont à sa disposi tion : luimême et la conviction qu’il possède des ressources insoupçonnées, le soutien qu’il reçoit de ses proches et sa açon de voir la vie.
gravité de l’expérience hallucinatoire. Pour les idées délirantes, l’inrmière se concentre sur la signication et les thèmes des idées délirantes du client plutôt que sur leur contenu même. Cela aide à répondre aux besoins du client, renorce son sens de la réalité et décourage ses idées ausses sans le conronter ou le menacer. Elle peut aussi distraire le client. La participation des proches dans la gestion des hallucinations, des idées délirantes et du stress est importante an d’aider le client à éliminer ces pensées perturbantes ENCADRÉ 14.7.
ALERTE CLINIQUE
En tout temps, il aut observer et surveiller le potentiel suici daire ou le risque de violence envers la personne ou envers les autres afn de avoriser la sécurité de tous.
Offrir une protection au client, à ses proches et aux autres Le client atteint d’une schizophrénie grave a un potentiel de comportements violents, mais il n’existe aucune açon de prédire précisément qui deviendra violent. Les hallucinations et les stimulations sensorielles peuvent épuiser une personne qui lutte pour garder la maîtrise de soi. L’inrmière connaît les situations qui provoquent la colère, l’agressivité et la violence et prend les mesures nécessaires pour prévenir les agressions. La surveillance du contenu du Vanessa Cantin est âgée de 38 ans. Elle travaille pour discours aide généralement le ministère du Revenu provincial. Elle est actuellement à assurer la sécurité des hospitalisée pour schizophrénie paranoïde et tient des gens, et elle peut indiquer au propos délirants de persécution. Elle croit qu’elle est personnel soignant les victime d’un complot gouvernemental et que des agents agents déclencheurs ou le enquêtent sur elle. Elle dit être incapable de dormir potentiel croissant de la la nuit, car elle a peur d’être attaquée pendant son sommeil. violence du client envers luimême ou d’autres personnes. Que pourriezvous lui dire pour démontrer de l’empathie Le retrait des stimulus ou à l’égard de madame Cantin concernant sa peur? l’éloignement de la personne
Jugement clinique
Chapitre 14 Schizophrénie et autres troubles psychotiques
367
14
Enseignement au client et à ses proches ENCADRÉ 14.7
Gestion des hallucinations, des idées délirantes et du stress
HALLUCINATIONS ET IDÉES DÉLIRANTES
• S’occuper : le ait de s’investir dans une activité plaisante peut diminuer l’intensité des voix. • Adopter une attitude positive aide à se bâtir une estime personnelle et ainsi à avoriser la diminution des voix déran geantes. • Dire aux voix d’arrêter et penser ensuite à quelque chose de plaisant. • Éviter de consommer de l’alcool ou des drogues : certaines substances peuvent déclencher l’apparition des voix ou augmenter leur intensité. • Faire de l’exercice physique : les sports peuvent réduire l’intensité des voix. • Noter les moments où les voix se maniestent an de guider le choix des stratégies ecaces. • Distraire le client lorsqu’il manieste des idées délirantes; les activités plus onctionnelles et moins anxiogènes augmentent le sens de la réalité du
29 Les moyens d’évaluer le dan ger potentiel, les mesures de prévention et les méthodes de gestion du client violent sont détaillés dans le cha pitre 29, Violence.
368
Partie 3
client et diminuent les risques d’épi sodes violents provoqués par ses idées délirantes. • Encourager le client à écouter de la musique avec des écouteurs, à redonner, à sifer ou à parler à d’autres personnes pour gérer les hallucinations auditives. Le mouvement des cordes vocales structure la stimulation dans le cerveau et atténue ou interrompt les hallucinations auditives. Les écouteurs dirigent l’attention sur une source de sti mulation plus puissante et plus attrayante que des idées délirantes accusatrices ou paranoïdes (Institut universitaire en santé mentale de Québec, 2008). • Utiliser des bouchons pour les oreilles. STRESS
• Déterminer les agents stressants externes susceptibles de déclencher une crise. • Concevoir un plan d’action pour maîtriser les agents stressants externes et internes. • Pratiquer des méthodes de relaxation : technique de respiration, yoga, etc.
ou de l’objet qui en est la source soulage souvent l’anxiété et avorise la maîtrise de soi. En raison de la nature de sa maladie, un client peut mal interpréter l’intention d’une personne, ce qui peut parois provoquer une réaction violente. Un client en phase aiguë de schizophrénie peut exagérer l’irritation d’une autre personne et l’interpréter erronément comme de la colère, ou il peut aussement interpréter un rire comme une ridiculisation et devenir agressi pour se déendre. L’abus de substances peut aussi déclencher de la violence.
sera très vigilante et utilisera ses habiletés interpersonnelles pour canaliser l’énergie du client et le distraire de ses hallucinations. Si le client est désorienté, paranoïde ou s’il agit bizarrement, l’infrmière cherchera toutes les armes potentielles dans son environnement et les retirera afn d’assurer la sécurité de tous 29 . Si le client a peur ou est erayé, l’infrmière s’assurera de lui laisser de l’espace et de l’approcher calmement, sans le surprendre. Sa difculté à interpréter la stimulation ralentit son analyse cognitive de l’environnement ; s’il ne se sent pas encerclé ou piégé, il aura une impression de sécurité et sera moins impulsi.
Aider le client à acquérir de l’autonomie Le client atteint de schizophrénie est encouragé à devenir de plus en plus acti dans ses propres soins afn de réduire sa dépendance envers les proessionnels de la santé, d’atténuer la stigmatisation sociale associée à son trouble mental et d’accroître son réseau de soutien. Les modèles de rétablissement encouragent la participation du client à ses soins et sont axés sur ses orces plutôt que seulement sur ses symptômes. Le client tente d’intégrer ses divers rôles plutôt que de s’identifer seulement par rapport à la maladie. Cela nourrit l’espoir d’un changement possible. Le client est capable de aire des choix et se sent ainsi respecté et autonome. L’autonomisation et le soutien des pairs sont des éléments essentiels au succès du rétablissement (APA, 2004, Practice guidelines for the treatment of patients with schizophrenia). Les soins du client atteint de schizophrénie constituent un travail à long terme étant donné l’impact souvent important de la maladie sur son onctionnement. L’infrmière détermine les diverses stratégies éducatives les plus pertinentes dans le but de avoriser son autonomie TABLEAU 14.8. La psychoéducation du client atteint de schizophrénie comprend entre autres les éléments suivants : • effectuer l’enseignement pendant des périodes de stabilité relative des symptômes ; • simplier les instructions et réduire les distractions (ou fournir des distractions pour atténuer les symptômes, si nécessaire) ;
Pour prévenir la violence, il est important d’éviter le blâme, la ridiculisation, la conrontation, les taquineries et les insultes. Il aut laisser une certaine intimité à la personne et respecter ses limites émotionnelles. Il importe aussi de connaître ses propres sentiments et émotions et s’eorcer de rester neutre, car les clients sont généralement sensibles aux émotions des autres. Dans plusieurs situations, l’infrmière détermine le comportement à adopter afn d’assurer la sécurité du client et des personnes qui l’entourent.
Gérer l’environnement et favoriser les comportements sociaux appropriés
Si la personne est impulsive ou hyperactive et a un mauvais jugement, il aut assurer la sécurité de tous, la distraire et la rediriger. Si le client a des troubles de raisonnement et de perception, l’infrmière
Le personnel soignant eectue un suivi attenti de l’environnement du client, notamment du bruit et de la lumière de l’endroit, et avorise le calme ainsi que l’ordre. La stimulation externe est importante,
Troubles mentaux
• donner de l’information visuelle et verbale ; • utiliser des termes directs et clairs plutôt que des idées abstraites ou conceptuelles ; • enseigner par courts segments et utiliser des renforcements fréquents.
Pratiques infrmières suggérées TABLEAU 14.8
Favoriser l’autonomie du client atteint de schizophrénie ou d’un trouble psychotique
INTERVENTIONS
JUSTIFICATIONS
Encourager le client à procéder à son hygiène personnelle, à s’habiller convenablement et à réaliser ses AVQ et ses activités de la vie domestique (AVD) jusqu’à ce qu’il soit capable de le aire de açon autonome.
Aide le client à acquérir les aptitudes appropriées, à devenir plus acceptable sur le plan social et à préserver son estime de soi.
Établir un horaire et des objectis clairs et réalistes pour les soins autonomes et ajouter des tâches plus complexes à mesure que l’état du client s’améliore.
Aide le client à s’organiser et à s’ancrer dans la réalité, au moyen d’une routine et d’une structure.
Mener une entrevue avec le client chaque jour afn d’avoir avec lui des interactions non exigeantes.
Aide le client à être plus à l’aise dans la communauté en lui permettant d’établir des rapports de confance et de respect avec autrui.
Utiliser un langage précis et concret plutôt que général et abstrait.
Aide le client atteint de schizophrénie à généralement mieux réagir aux messages concrets pendant la phase aiguë. Le client n’est pas toujours capable de comprendre les messages complexes, et il peut avoir des perceptions erronées ou des hallucinations.
Féliciter le client pour ses perceptions ondées sur la réalité, la réduction ou l’arrêt de ses comportements agressis ou de ses passages à l’acte, ses interactions sociales appropriées et sa participation aux activités de groupe.
Encourage la répétition des comportements onctionnels chez le client quand les renorcements positis sont eectués à des moments appropriés du plan de soins.
Suggérer la participation dans des activités de groupe régulières, constantes et prévisibles.
Favorise les habiletés de socialisation chez le client.
Encourager le degré de participation du client à ses soins quand son état s’améliore et dans la mesure de ses capacités.
Aide le client à se responsabiliser et à améliorer son estime de soi.
Déterminer les orces et les limites du client et les inclure dans son plan de soins.
Stimule l’espoir, les orces et l’autonomie du client qui lutte pour sa santé mentale et émotionnelle, par le ait de se concentrer sur des activités et des tâches qu’il peut eectuer plutôt que sur ses limites.
Évaluer le concept de soi du client.
Contribue à éviter l’isolement social, qui entraîne une perturbation de l’estime de soi, et permet de déterminer les raisons pour lesquelles le client a une aible estime de soi.
Soutenir et maintenir les interventions médicales et psycho sociales prescrites.
Encourage le client et ses proches à participer au plan de soins et prévient les comporte ments violents du client.
Inviter le client à aire appel à son réseau de soutien au besoin.
Sécurise le client et diminue ainsi son anxiété.
Reconnaître les acteurs internes susceptibles de déclencher sa maladie.
Favorise l’utilisation des stratégies apprises dès l’apparition des premiers symptômes.
voire essentielle, pour le traitement approprié de l’inormation et des stimulus. L’infrmière incite le client à acquérir des habiletés sociales afn d’avoir des interactions ructueuses avec les autres. Pour cela, plusieurs stratégies sont possibles. L’infrmière agit comme modèle dans ses interactions avec le client et les autres personnes de l’environnement (personnel soignant, autres clients et proches). Elle peut aussi inviter et accompagner le client à suivre des activités de groupe. Elle lui propose des activités plus ou moins structurées selon les capacités du client au moment choisi TABLEAU 14.9.
Prévenir et gérer les rechutes Dans la majorité des cas de premier épisode de psychose, les antipsychotiques et les traitements psychosociaux ondés sur des résultats probants permettent une résorption complète ou considérable des symptômes positis. L’élimination des symptômes négatis est beaucoup moins certaine. Les uturs épisodes de psychose peuvent être évités, mais seulement si le client continue à suivre le traitement et s’il suit les directives de l’infrmière pour gérer son environnement et reconnaître les signes avant-coureurs. Environ 90 % des clients auront au moins 1 rechute de psychose dans
14
CONSEIL CLINIQUE
Il est primordial d’écouter activement les proches du client et de les laisser expri mer leurs craintes et leur anxiété en ce qui concerne la personne atteinte par le trouble. Leur orir du soutien et maniester de l’empathie avorise l’espoir et la orma tion de liens entre le client et ses proches.
Chapitre 14 Schizophrénie et autres troubles psychotiques
369
Pratiques infrmières suggérées TABLEAU 14.9
Gérer l’environnement et avoriser les relations interpersonnelles
INTERVENTIONS
JUSTIFICATIONS
Réduire les stimulus environnementaux.
Favorise un environnement calme et apaisant qui réduira l’impulsivité et l’agitation du client et préviendra les accidents ou les blessures.
Fournir de réquentes périodes de repos ou des interactions brèves et peu exigeantes.
Permet au client de se reposer, de se détendre et d’évacuer les sentiments, ce qui réduit le risque de passage à l’acte.
Suggérer au client des activités de groupe, en commençant par les activités qui ne sont pas stressantes ou menaçantes (p. ex., le dessin, le bricolage).
Favorise les habiletés de socialisation du client et étend son sens de la réalité d’une manière non menaçante.
Agir comme un modèle de comportement social (mentor) dans les interactions en maintenant un bon contact visuel, une distance sociale appropriée et une attitude calme.
Permet au client de voir des comportements sociaux appropriés.
les 5 années suivant le premier épisode, en partie en raison du ort taux d’abandon du traitement, de l’incapacité à mettre en œuvre des interventions ondées sur des résultats probants et des limites des méthodes thérapeutiques disponibles (Lieberman et al., 2008). Lorsque des symptômes indiquent la survenue d’une rechute, des interventions précoces aident à prévenir les hospitalisations répétées. L’infrmière enseigne au client et à ses proches à reconnaître les signes précoces de rechute avant l’arrivée d’une crise (APA, 2004, Practice guidelines for the treatment of patients with schizophrenia). Les interventions pendant la phase précoce de la psychose visent à éliminer complètement les symptômes (rétablissement complet) et à prévenir de uturs épisodes ENCADRÉ 14.8. L’infrmière, en inormant et en éduquant le client et ses proches, acilite leur apprentissage, améliore leur compréhension de la maladie et leur capacité à la gérer, garantit un soutien thérapeutique continu au client, prévient possiblement les rechutes après le congé du centre hospitalier et aide à la gestion de situations aiguës.
Enseignement au client et à ses proches ENCADRÉ 14.8
Prévention des rechutes et maîtrise des phases aiguës
PRÉVENTION DES RECHUTES
L’infrmière propose au client et à ses proches de suivre les recommandations suivantes: • Encourager le client à participer à des groupes de soutien pour personnes atteintes de trouble mental. La plupart des groupes d’entraide sont organisés et animés par d’autres clients, qui orent un modèle d’espoir et de rétablisse ment et qui transmettent de l’inormation pratique sur les moyens efcaces de maîtriser les symptômes.
• Inormer le client et les proches des conduites à tenir dès l’apparition d’une rechute.
• Demander de l’aide à un intervenant de l’équipe traitante (en consultation externe, au CSSS), au médecin, à un centre d’aide (centre de crise, TelAide).
• Utiliser des stratégies de communication diérentes (p. ex., non verbale). Pendant les phases aiguës, il est difcile de communiquer avec le client, ce qui peut être rustrant pour les proches. Ainsi, l’entourage de la personne peut utiliser l’écriture, par exemple. Ce moyen de communica tion s’avère parois efcace pour ces clients, puisque les pensées sont généralement plus organisées à l’écrit.
• Connaître les symptômes de la maladie, l’importance de l’adhé sion au traitement médicamenteux et l’utilisation continue des services de soutien thérapeutique après le congé. • Déterminer les acteurs les plus susceptibles de déclen cher une rechute (prise inadéquate de la médication, acteurs et situations de stress, consommation d’alcool et de drogues). • Connaître et apprendre à utiliser les outils pour prévenir les rechutes : bonne connaissance de sa maladie, maintien d’un équilibre de vie (p. ex., l’alimentation, les activités, le sommeil), gestion des situations stressantes, mise en place d’un bon réseau de soutien, adhésion au traitement. • Reconnaître les signaux d’alarme: perte d’appétit, insomnie, repli sur soi, perte d’intérêt, agitation,
370
Partie 3
Troubles mentaux
méfance, préoccupations particulières, difculté à maintenir une conversation, cessation des activités généralement appréciées, etc.
MAÎTRISE DES PHASES AIGUËS
L’infrmière adresse les recommandations suivantes aux proches :
• Déterminer les champs d’intérêt et les orces du client et utiliser la musique, l’art, l’exercice et le mouvement pour communiquer pendant cette période. • Ne pas s’obliger à écouter le client, car cela peut être une source de rustration autant pour lui que pour la personne qui l’écoute. • Éviter de parler du client comme s’il n’était pas là. • Faire preuve de patience, de compréhension empathique particulièrement en phase aiguë, car ce sont des acteurs critiques des soins du client.
Soins et traitements en interdisciplinarité L’infrmière ore aux clients des services de santé complets et coordonnés et assure la continuité des soins même lorsque le client a obtenu son congé du centre hospitalier. La désorganisation des soins du client est un problème courant du traitement en consultation externe. Le client a plusieurs besoins (fnanciers, proessionnels, sociaux) liés à son trouble mental, et la coordination des divers types de soutien et de soins est primordiale pour assurer son progrès vers le rétablissement.
Psychopharmacothérapie Les antipsychotiques peuvent soulager les symptômes positis de la psychose comme les idées délirantes et les hallucinations. Ces médicaments, autreois appelés tranquillisants majeurs ou neuroleptiques, sont la principale catégorie de médicaments utilisés pour traiter les clients atteints de schizophrénie ou d’autres troubles psychotiques. Dans les heures ou les jours qui suivent leur administration, les antipsychotiques peuvent aider à soulager les symptômes, mais parois, il peut s’écouler de quatre à six semaines avant que leurs eets ne se assent sentir. Ces médicaments peuvent aider à maîtriser les symptômes, mais ils ne guérissent pas le trouble sous-jacent. Les antipsychotiques administrés comme traitement d’entretien peuvent prévenir de nouveaux épisodes psychotiques. Les antipsychotiques peuvent atténuer la libido et causer des dysonctions sexuelles. Certains hommes ont de la difculté à avoir ou à maintenir une érection ou à éjaculer. Les emmes peuvent être incapables d’avoir un orgasme. Par ailleurs, les antipsychotiques peuvent perturber le cycle menstruel et produire des résultats aussement positis à un test de grossesse. | Classement et effets indésirables des antipsychotiques | Les antipsychotiques sont classés en trois catégories. Les antipsychotiques typiques, ou de première génération, sont des antagonistes de haute afnité des récepteurs D 2 de la dopamine, et ils réduisent efcacement les symptômes psychotiques positis (p. ex., les hallucinations, les idées délirantes). Touteois, ces médicaments causent beaucoup d’eets indésirables sur le SNC parce qu’ils bloquent la dopamine, qui est un neurotransmetteur impliqué dans le mouvement des muscles lisses des voies nerveuses extrapyramidales. Les principaux eets indésirables sont les symptômes extrapyramidaux F . Les antipsychotiques atypiques sont des médicaments plus récents (de deuxième génération). En plus de bloquer les récepteurs dopaminergiques, ils bloquent certains récepteurs de la
sérotonine. Reconnus pour leur efcacité dans le traitement des symptômes positis, les antipsychotiques atypiques ont généralement moins d’afnité pour les récepteurs D 2 de la dopamine, donc ils sont moins susceptibles d’induire des symptômes extrapyramidaux (Leiberman et al., 2008 ; Schultz et al., 2007). La troisième catégorie d’antipsychotiques est celle de troisième génération. Elle compte un seul médicament, l’aripiprazole (Abiliymd). Il était initialement estimé que les antipsychotiques atypiques plus récents avoriseraient l’adhésion au traitement grâce à leurs eets indésirables réduits sur le SNC et à la promesse de meilleurs résultats sur les symptômes négatis. Touteois, les métaanalyses ont montré que les taux d’abandon des antipsychotiques atypiques ne sont pas inérieurs à ceux des antipsychotiques typiques. Des données indiquent qu’un retard dans le début d’une thérapie antipsychotique peut avoir un eet noci à vie sur les épisodes psychotiques (Schultz et al., 2007). La prise des antipsychotiques atypiques comporte des conséquences à court terme et à long terme. Les conséquences à court terme sont une augmentation de poids de 2 à 10 kg en moins de 1 an, une hausse de la glycémie, des triglycérides, du cholestérol et de la P.A. Les conséquences à long terme sont quant à elles plus importantes. Le client peut être atteint d’un syndrome métabolique, d’un diabète de type 2 ou sourir d’une maladie cardiovasculaire et voir ainsi diminuer son espérance de vie 21 . Afn d’améliorer la qualité du suivi infrmier relativement à la condition métabolique du client en traitement aux antipsychotiques et afn de dépister précocement le syndrome métabolique, l’infrmière veille : • au respect des prescriptions établies au cours du protocole de surveillance du traitement aux antipsychotiques de seconde génération (incluant les bilans préantipsychotiques et perantipsychotiques) ; • à la transmission de l’enseignement au client ; • à l’ajustement du plan de soins et de traitements infrmiers (PSTI). Bien que les antipsychotiques atypiques plus récents donnent l’espoir de soulager les symptômes positis et les symptômes négatis, il est encore très difcile de traiter un client atteint de schizophrénie et d’aider ses proches à comprendre son trouble mental et à s’y adapter ENCADRÉ 14.9. Ces difcultés sont notamment l’adhésion au traitement médicamenteux, l’éducation relative à celui-ci et l’acquisition d’habiletés permanentes qui avorisent la réintégration de la personne dans la communauté.
21 Les antipsychotiques et leurs effets indésirables sont détaillés dans le cha pitre 21, Psychopharma cothérapie et autres thérapies biologiques.
14 F L’évaluation des symptômes extrapyramidaux est pré sentée dans l’annexe F.
ALERTE CLINIQUE
• La umée générée par la combustion du tabac induit le métabolisme de plusieurs antipsychoti ques, dont la clozapine et l’olanzapine. Le personnel infrmier doit s’enquérir régulièrement de toute modifcation du statut tabagique d’un client. • Le pamplemousse peut réduire l’élimination de la quétiapine et de la clozapine. • La caéine hausse la concentration de l’olanzapine et de la clozapine en réduisant leur élimination, ce qui augmente l’eet et la toxicité de la clozapine.
Chapitre 14 Schizophrénie et autres troubles psychotiques
371
Recherche pour une pratique ondée sur des résultats probants ENCADRÉ 14.9
Efcacité des antipsychotiques
Dans le cadre d’un programme d’essais cliniques portant sur l’efcacité des antipsychotiques (Clinical Antipsychotic Trials of Intervention Effectiveness [CATIE]), la quétiapine (Sero quelmd), l’olanzapine (Zyprexamd), la rispéridone (Risperdalmd) et la ziprasidone (Zeldoxmd), des médicaments atypiques récents, ont été comparées à la perphénazine (Trilaonmd), un antipsychotique de première génération. Des résultats précédents avaient montré que la perphénazine était aussi efcace dans le traitement des symptômes de la schizophré nie que les médicaments atypiques plus récents. Cette nou velle étude visait à déterminer si l’un ou l’autre de ces médi caments réduit la réquence de la violence, un symptôme rare de ce trouble. Les chercheurs de l’Université Duke ont analysé les données de 1 445 participants au programme CATIE pour qui de l’inormation de base sur les comporte ments violents était rassemblée. Ils ont découvert que parmi les 653 participants traités pendant 6 mois avec les médica ments qui leur avaient été initialement prescrits, la réquence des actes de violence a diminué de 16 à 9% au total. Aucun des médicaments atypiques n’a donné de meilleurs résultats que la perphénazine. La quétiapine a semblé
particulièrement moins efcace que la perphénazine. Les personnes qui ont pris les médicaments selon les indica tions étaient moins susceptibles d’être violentes, sau celles qui avaient des antécédents de trouble des conduites dans l’enance. Les participants qui vivaient avec d’autres per sonnes, éprouvaient des problèmes de consommation de substances, avaient été victimes de violence dans le passé ou appartenaient à une classe socioéconomique inérieure étaient plus susceptibles d’avoir des problèmes de compor tement violent, peu importe les médicaments utilisés. Les chercheurs ont conclu que, contrairement à ce qu’indi quaient des études précédentes, les antipsychotiques atypiques n’orent pas d’avantages par rapport aux mé dicaments moins récents dans la réduction de la violence. De plus, la violence dans des situations qui n’ont pas de lien avec ce trouble, par exemple des antécédents de trouble des conduites, n’est pas susceptible d’être traitée efcacement avec des antipsychotiques seuls. Pour réduire le comportement violent des participants ayant ces acteurs de risque, des traitements psychosociaux ou amiliaux plus intensis s’avèrent nécessaires.
Source : Swanson, Swartz, Van Dorn, et al. (2008)
RAPPELEZ-VOUS…
Les eets secondaires sont les eets autres que ceux pour lesquels un médica ment est prescrit et qui peuvent être néastes, dangereux ou bénéfques. Quelle diérence aites vous entre un eet secon daire et un eet indésirable ?
Les antiparkinsoniens (anticholinergiques) sont prescrits pour lutter contre les symptômes ou les réactions extrapyramidaux. Les médicaments utilisés sont la benztropine (Cogentinmd) ou la procyclidine (Kemadrinmd). Le propranolol (Inderalmd), un bêtabloquant antihypertenseur, est également utilisé pour diminuer les tremblements et l’akathisie. Son efcacité est liée au ait que la liposolubilité de ce médicament lui conère la propriété de se rendre au cerveau. Le syndrome malin des neuroleptiques est un trouble neurologique potentiellement mortel causé par une complication rare aux antipsychotiques. Tous ces médicaments peuvent la provoquer. Ce syndrome se caractérise par une orte fèvre (de 40 à 41 °C), de la transpiration, une P.A. instable, de la stupeur, de la rigidité musculaire et une dysautonomie (Schultz et al., 2007.) Ce trouble peut être expliqué par une déplétion excessive en dopamine.
• l’évaluation des symptômes ou des effets indésirables possibles (Ordre des inrmières et inrmiers du Québec [OIIQ], 2010). En collaboration avec le médecin et le pharmacien, l’infrmière inorme le client sur les indications, le mécanisme d’action et les eets indésirables des antipsychotiques. Il est primordial de souligner l’importance de l’adhésion au traitement médicamenteux. La nonadhésion au traitement entraîne souvent la réapparition des symptômes et possiblement l’hospitalisation.
Qualité de vie
La qualité de vie est aussi une question importante associée au traitement médicamenteux à long terme des clients atteints de schizophrénie. L’infrmière, l’équipe de soins et les proches doivent tenir compte et s’occuper des eets indésirables potentiels tels que le gain de poids, le diabète de type 2, les dysonctions sexuelles, les eets Il est important de souligner que le rôle de l’infrcardiaques, les défcits cognitis et, surtout, le mière ne s’arrête pas à la distribution d’un médirisque de suicide. Avec les progrès de la recherche cament ; il englobe le suivi du client en ce qui sur les médicaments, la plupart des infrmières, concerne : des cliniciens et des • l’évaluation initiale chercheurs conviennent La non-adhésion au traitement entraîne avant l’administration ; que le meilleur traitement souvent la réapparition des symptômes et • l’évaluation de l’efcaconsiste à combiner possiblement l’hospitalisation. les médicaments à une cité du médicament ;
372
Partie 3
Troubles mentaux
autre méthode de traite ment et à des activités communautaires.
ses habiletés d’adaptation et à le soutenir quand il ait un eort rationnel pour traiter ses symptômes (APA, 2004, Practice guidelines for the treatment of patients with schizophrenia). Cette approche peut être utilisée de diérentes açons, en thérapie individuelle, amiliale, par le groupe ou encore par le milieu.
La TCC individuelle chez les personnes atteintes de schizophrénie réduit les symptômes positifs et négatifs, mais rien n’indique actuellement qu’elle diminue les taux de rechute.
Les personnes âgées ont généralement besoin d’une attention particulière en ce qui a trait à leurs médicaments, surtout celles qui ont des problèmes de santé physique FIGURE 14.9. Il aut leur prescrire la plus aible dose qui procure l’eet thérapeutique souhaité et qui cause le moins d’eets indésirables possible. La clarté du diagnostic est essentielle relativement à ces médicaments : l’atténuation des symptômes de manie a lieu après quelques jours, et celle des symptômes de schizophrénie, en une semaine. Il y a aussi un risque additionnel de syndrome métabolique (gain de poids, hyperlipidémie, diabète de type 2, acidocétose diabétique) et d’accident vasculaire cérébral E . Les interactions entre les médicaments doivent aussi être attentivement surveillées chez cette clientèle. Les études indiquent également qu’il aut posséder davantage d’expérience clinique pour garantir la sécurité et l’efcacité de l’administration des médicaments, particulièrement pour la population âgée et les clients atteints d’insufsance rénale ou hépatique (Schultz et al., 2007).
Adhésion au traitement Quand un client obtient son congé et retourne avec ses proches dans la communauté, il est important qu’il accepte la responsabilité de ses soins, particulièrement de sa prise de médicaments. L’enseignement de l’infrmière doit en tenir compte . L’administration d’antipsychotiques combinée à un autre traitement et à des services de soutien peut aider le client à composer avec ses symptômes et à améliorer sa qualité de vie. Ainsi, la plupart des thérapies oertes sont une solution de rechange à l’hospitalisation. Elles visent le rétablissement en avorisant la réalisation du projet de vie des clients et leur permettent une plus grande autonomie. Elles représentent également un soutien à la amille et aux proches.
Une personne non psychotique ait appel à des processus attentionnels, c’est-à-dire qu’elle est capable de traiter l’inormation qu’elle reçoit en tenant compte de ce qui lui semble pertinent et en ignorant le reste. Le client atteint de schizophrénie accuse un défcit relativement à ce processus ; pour lui, tout est important. De plus, il traite chaque inormation de chaque stimulus extérieur (p. ex., un regard) et il devient envahi par celui-ci. En outre, chaque crise altère encore plus ses onctions cognitives. Pour les clients stabilisés suivis en consultation externe ou à l’interne et traités par des antipsychotiques, la TCC est basée sur la rééducation des apprentissages (p. ex., se laver, préparer ses repas) et sur la gestion des émotions et du stress.
ALERTE CLINIQUE
Parmi les personnes âgées qui prennent des antipsy chotiques typiques ou atypiques, une augmen tation des complications cardiaques et infectieuses mortelles est observée.
E L’annexe E présente en détail le syndrome métabolique.
Des études ont montré que la TCC individuelle chez les personnes atteintes de schizophrénie réduit les symptômes positis et négatis, mais rien n’indique actuellement qu’elle diminue les taux de rechute (Schultz et al., 2007). | Conditionnement opérant | Le conditionnement opérant est largement utilisé auprès des enants et des adolescents, et il s’avère utile avec toute personne dont il aut maîtriser le comportement. Il se onde sur le principe du renorcement des comportements désirables pour avoriser la répétition de ceux-ci et ne tient pas compte des comportements négatis. Les techniques comprennent des méthodes de relaxation et de maîtrise de soi. Les résultats de cette orme de thérapie indiquent qu’elle réduit les comportements intolérables tels
14
L’enseignement au client et à ses proches relatif au traitement pharmaco thérapeutique est présenté dans le tableau 14.1W au http://fortinash.cheneliere.ca.
En plus des traitements ondés sur des résultats probants, certaines stratégies basées sur des résultats limités s’avèrent aussi efcaces. Ces stratégies comprennent la thérapie cognitivo-comportementale, le conditionnement opérant, les thérapies individuelle, de groupe, par le milieu, amiliale, ainsi que les interventions particulières de réadaptation psychosociale.
Psychothérapies | Thérapie cognitivo-comportementale | La théorie cognitivo-comportementale (TCC) est ondée sur le principe que la pensée déormée ou dysonctionnelle cause des perturbations psychologiques de l’humeur et du comportement. La TCC est une méthode de travail qui consiste à aider le client à utiliser
FIGURE 14.9 La dose, comme la prise de médicament, doit être surveillée chez la personne âgée atteinte de schizophrénie.
Chapitre 14 Schizophrénie et autres troubles psychotiques
373
i
La Société québécoise de la schizophrénie offre plu sieurs activités de soutien au client comme à ses proches (www.schizophrenie.qc.ca/ services.html).
20 Les différents types de thé rapie présentés dans cette section sont décrits dans le chapitre 20, Modèles et stratégies thérapeutiques.
que le repli sur soi, les cris et l’incohérence (Lieberman et al., 2006). La principale limite de ce type de thérapie réside dans l’incapacité des clients atteints de schizophrénie à transérer les apprentissages acquis au centre hospitalier aux situations de la vie quotidienne. | Thérapie individuelle | La thérapie personnelle est généralement hebdomadaire et s’inscrit dans un programme de traitement qui comprend la prise de médicaments, la participation des proches et un soutien psychologique. Son principal objecti est d’aider le client à atteindre et à maintenir une stabilité clinique. Les rencontres entre le client atteint de schizophrénie et le thérapeute sont axées sur le degré actuel de onctionnement du client. Le thérapeute adapte la thérapie de açon à répondre aux besoins de celui-ci (APA, 2004, Practice guidelines for the treatment of patients with schizophrenia). | Thérapie de groupe | Les objectis généraux de la thérapie de groupe sont notamment d’aider le client à acquérir des habiletés en résolution de problèmes, à établir des objectis et à gérer ses interactions sociales ainsi qu’à l’éduquer en matière de médication et de traitement. La thérapie de groupe destinée aux clients atteints de schizophrénie est utile pour la gestion à long terme de la maladie. Ces groupes sont généralement ormés de six à huit clients qui ont un sens de la réalité leur permettant de participer de açon active à la thérapie (APA, 2004, Practice guidelines for the treatment of patients with schizophrenia). Des activités de groupe peuvent être proposées à l’intention des clients hospitalisés et de ceux suivis en consultation externe dans un environnement de soutien par les pairs en vue de aciliter leur rétablissement. Les thérapies de groupe sont souvent des occasions propices pour l’entraînement aux habiletés sociales. L’expérimentation en groupe permet d’enseigner au client les comportements particuliers nécessaires à des interactions sociales ructueuses. Le thérapeute enseigne ces habiletés par des démonstrations ou des jeux de rôle. Les interactions que peut avoir le client dans un groupe sont en quelque sorte protégées puisque le groupe constitue un environnement encadré et structuré. La re cherche a montré que le client atteint de schizophrénie est capable d’apprendre des habiletés sociales et de vie autonome et de les utiliser même si ses symptômes psychiatriques restent inchangés (APA, 2004, Practice guidelines for the treatment of patients with schizophrenia). Dans ce cadre, le client peut aussi acquérir des habiletés à s’afrmer. L’afrmation de soi améliore l’opinion que la personne a d’elle-même et d’autrui ainsi que sa capacité à entretenir des relations satisaisantes. Elle permet aussi de réduire l’anxiété
374
Partie 3
Troubles mentaux
provoquée par les relations interpersonnelles, un problème courant du client atteint de schizophrénie. Cet entraînement avorise les comportements expressis, spontanés, orientés vers un but et valorisants (p. ex., dire non quand il le aut, rejeter les comportements non souhaitables et amorcer des conversations). Ces habiletés sociales sont autant d’interactions qui peuvent s’avérer utiles aux clients atteints de schizophrénie. Les groupes d’entraide ou de soutien ont aussi partie de la thérapie de groupe. L’infrmière peut intervenir dans ce type de groupes. Il arrive que des membres du groupe les dirigent en assurant l’animation à tour de rôle. De plus en plus nombreux, ces groupes ont gagné en crédibilité au cours des dernières années. Les groupes d’entraide et de soutien servent souvent aux amilles et aux proches des clients 20 FIGURE 14.10. | Thérapie par le milieu | La thérapie par le milieu est une thérapie environnementale continue qui ore un abri, une protection et un soutien au client atteint d’un trouble mental et qui permet d’améliorer son état à l’intérieur de l’établissement psychiatrique. La thérapie a pour mission de aciliter l’insertion de ces personnes dans la communauté (pour briser l’isolement associé à leur trouble), de avoriser la collaboration ou l’adhésion à leur traitement (la non-adhésion étant la première cause de rechute), de renorcer leurs ressources internes (pour augmenter leur estime de soi), de leur orir des soins psychiatriques en collaboration avec les proches et les intervenants et, bien entendu, de réduire le nombre et la durée des hospitalisations. Chaque programme de suivi intensi dans le milieu est adapté aux orces et aux défciences du client. Ce suivi peut s’eectuer aussi en consultation externe, si l’établissement propose ce service. Les équipes de traitement orent des soins en consultation externe jour et nuit en tout temps. Le personnel aide le client à eectuer ses AVD et ses AVQ, par exemple, aire ses courses
FIGURE 14.10 Les proches peuvent trouver dans les groupes de soutien des lieux où partager leurs expériences.
et sa toilette, établir son budget et prendre ses médicaments. Les équipes aident aussi le client à acquérir des habiletés en recherche d’emploi et en placement et lui orent leur soutien. Ce traitement s’avère particulièrement utile à la personne atteinte de schizophrénie qui a un aible de degré de onctionnement ou qui éprouve de la difculté à adhérer à son traitement (APA, 2004, Practice guidelines for the treatment of patients with schizophrenia). | Thérapie familiale | Le principal objecti des interventions auprès de la amille est de réduire le risque de rechute du client par l’éducation, le soutien ou la ormation de toutes les personnes que le client considère comme sa amille. Des interactions efcaces avec les membres de la amille comprennent notamment l’éducation sur le trouble mental et le cours attendu de la maladie, l’enseignement d’habiletés d’adaptation efcaces, de réduction du stress et de résolution de problèmes ainsi que l’aide pour améliorer leur communication afn qu’ils puissent participer efcacement au processus de planifcation du traitement. De multiples études ont montré que les interventions auprès de la amille réduisent les taux de rechute du client, améliorent son adhésion au traitement et son onctionnement, avorisent le soulagement des symptômes et la diminution des hospitalisations. La recherche indique également que de nombreuses études portant sur les interventions auprès de la amille comportent des aiblesses, ce qui justife des travaux de recherche additionnels dans ce domaine (Schultz et al., 2007) 20 .
Autres traitements | Interventions particulières de réadaptation psychosociale | Les eorts de réadaptation sont devenus de plus en plus importants dans le traitement à long terme de la schizophrénie. La personne dont le trouble est bien maîtrisé par les médicaments, mais qui a de la difculté à eectuer ses AVQ est une excellente candidate pour les interventions de réadaptation. Quand celles-ci sont eectuées à des moments opportuns de la maladie, elles ont souvent la diérence entre de bons et de mauvais résultats. Plusieurs interventions de réadaptation psychosociale améliorent la qualité de vie des personnes atteintes de schizophrénie. De nombreux établissements orent des programmes dont le but est d’améliorer les habiletés de la vie quotidienne telles que l’hygiène, l’établissement d’un budget, l’achat de nourriture, la recherche d’emploi, la préparation des repas et d’autres activités semblables. Les programmes d’aide à l’emploi ont permis d’augmenter les heures de travail et le salaire de ces personnes ; les interventions d’urgence à domicile comme le traitement intensi bre à domicile sont prometteuses, car elles réduisent le taux
FIGURE 14.11
L’ergothérapeute utilise l’artisanat, par exemple, pour vérifer la coordination oculomanuelle, la perception et le tonus musculaire fn.
d’abandon du traitement. Ces interventions peuvent revêtir diverses ormes, comme des activités de groupe ou un suivi individuel. Elles peuvent aussi avoir comme objectis l’entraînement aux habiletés sociales, qui permet d’améliorer l’autonomie et l’estime de soi du client, ainsi que l’afrmation de soi. | Ergothérapie | L’ergothérapie est un outil diagnostique qui permet d’évaluer le degré de onctionnement et le progrès du client atteint de schizophrénie. L’ergothérapeute utilise l’artisanat, par exemple, pour vérifer la coordination oculomanuelle, la perception et le tonus musculaire fn FIGURE 14.11. Certains ergothérapeutes eectuent des visites à domicile pour orir du matériel particulier ou la thérapie nécessaire. En ait, les programmes actuels de réadaptation psychosociale dépendent des principes d’apprentissage actis et dirigés visant à aider le client à retrouver ou à améliorer ses habiletés, ou encore à acquérir des habiletés compensatoires utiles à la vie dans la communauté.
14.6.5
20 Le système familial est détaillé et les divers modes d’interactions sont expli qués dans le chapitre 20, Modèles et stratégies thérapeutiques.
i
14
L’Institut universitaire en santé mentale de Québec offre le service Traitement intensif bref à domicile. Le site Web www.institutsmq.qc.ca/ soinsetservices/soins psychiatriques/troubles psychotiques/traitement intensifbrefadomicile/ index.html en donne tous les détails.
Évaluation des résultats – Évaluation en cours d’évolution
L’infrmière évalue régulièrement si le client progresse vers les résultats escomptés ou s’il lui aut réviser le PSTI ENCADRÉ 14.10. L’évaluation se onde sur des énoncés d’interventions et des résultats escomptés comportementaux précis. Elle comprend des notions de qualité, de quantité et de temps. Ces critères sont mesurables. Si tous ces critères sont respectés, le degré acceptable minimal de onctionnement progresse. La démarche de soins est un processus dynamique et continu. Cette évolution rend nécessaires une nouvelle collecte des données (évaluation en cours d’évolution) et la ormulation de nouveaux problèmes prioritaires. Par exemple, si l’infrmière
Chapitre 14 Schizophrénie et autres troubles psychotiques
375
évalue un résultat escompté et trouve qu’il n’est pas atteint, par exemple, le deuxième jour, elle reconsidère les résultats escomptés du client et les interventions infrmières connexes et les réécrit de açon qu’ils correspondent mieux aux capacités du client.
La situation clinique SC 14.1 détaille les interventions infrmières pour un client atteint de schizophrénie indiérenciée chronique. La situation clinique SC 14.2 détaille les interventions infrmières pour un client atteint d’un trouble schizoaecti.
Collecte des données ENCADRÉ 14.10
Signes de rétablissement
L’infrmière s’assure que le client est en mesure : • de prendre les médicaments prescrits; • de démontrer une absence d’idées suicidaires; • d’exprimer verbalement la maîtrise de ses hallucinations ; • de déterminer les événements ou les épisodes d’anxiété accrue qui exacerbent les symptômes; • d’avoir recours à une personne de la amille ou autre qui accepte d’être une ressource de soutien; • d’accepter la responsabilité de ses propres actions ou comportements et de ses soins ; • d’exprimer verbalement des stratégies d’adaptation à l’anxiété, au stress et aux problèmes éprouvés dans la communauté ;
• d’avoir accès à un milieu de vie sûr dans la communauté (p. ex., sa maison, un oyer d’hébergement et de soins, une maison de transition) ; • d’utiliser des ressources communautaires connues telles que des groupes de soutien, des centres de jour et des programmes de ormation proessionnelle ou de réadaptation ; • d’expliquer les caractéristiques suivantes de ses médicaments : leur importance, leurs eets attendus, leurs eets indésirables, leur posologie et leurs interactions avec d’autres substances (p. ex., des aliments, l’alcool).
Situation clinique SC 14.1
Schizophrénie indifférenciée
Marc Poirier, un homme âgé de 30 ans, a été séparé de ses parents à l’âge de 18 ans, époque où il reçoit un diagnostic de schizophrénie indiérenciée. Cette maladie est responsable de son comportement imprévisible et pertur bateur à la maison, qui fnit par devenir intolérable. Monsieur Poirier est envoyé dans un centre d’hébergement et de soins, où il reste tant qu’il prend ses médicaments et qu’il suit le programme du centre de traitement de jour qu’il réquente. Ce programme lui ore une structure prévisible ainsi que le soutien et l’aide dont il a besoin de la part du personnel, et il lui permet d’établir certains liens et de socialiser. En raison de son trouble, Monsieur Poirier est acilement inluencé par les autres. Un jour, des personnes qu’il considère comme ses amis le persuadent d’utiliser le DIAGNOSTICS SELON LES AXESa
Axe I Axe II Axe III Axe IV
Axe V
376
Partie 3
Troubles mentaux
chèque d’aide sociale qu’il vient de recevoir pour aller aire la ête. Monsieur Poirier arrête de prendre ses médicaments, consomme diverses drogues illicites et ne se présente pas au centre d’hébergement et de soins ni au centre de traitement de jour pendant une semaine. Un matin, il arrive au centre débraillé, sale, incohérent et erayé, et il dit : « J’ai vraiment peur. Toutes les personnes que je connais m’ont quitté, car elles pensent que je veux leur aire du mal. J’entends des voix qui me disent que je suis stupide et inutile et que personne ne m’aidera parce que je n’en vaux pas la peine. » Monsieur Poirier est admis à l’unité de soins de courte durée d’un centre hospitalier psychiatrique où une évaluation de sa condition mentale est eectuée dans le but de le traiter adéquatement.
• Schizophrénie indifférenciée • Aucun • Aucun • Modéré à grave – 6 ou 7 ; inuence négative des amis, rejet des pairs, ingestion de drogues illicites, absence d’un réseau de soutien adéquat (amille, amis), problèmes fnanciers (mauvaise utilisation du chèque d’aide sociale) • Évaluation globale du fonctionnement (EGF) = 10 (actuel) ; EGF = 30 (passé)
SC 14.1
Schizophrénie indiérenciée (suite)
PROBLÈME DÉCOULANT DE LA SITUATION DE SANTÉ
Perception sensorielle perturbée liée à l’arrêt de la prise des médicaments et à la consommation de drogues illicites, maniestée par des hallucinations auditives
RÉSULTAT ESCOMPTÉ
INTERVENTIONS INFIRMIÈRES
• Diminution des hallucinations auditives
• Ne pas renorcer ses hallucinations. • Assurer un soutien aecti. • Assurer un environnement sécuritaire. • Diminuer les stimulus.
PROBLÈME DÉCOULANT DE LA SITUATION DE SANTÉ
Désorganisation liée à l’incapacité de traiter l’inormation cognitive, maniestée par la présentation de comportements à risque
RÉSULTATS ESCOMPTÉS
INTERVENTIONS INFIRMIÈRES
• Reprise de la médication • Comportements appropriés aux situations
• Faire de l’enseignement sur la médication. • Faire de la restructuration cognitive. • Proposer un modèle de résolution de problèmes. • Valoriser les comportements appropriés. • Proposer l’intégration à un groupe thérapeutique. • Encadrer les AVQ et les AVD.
PROBLÈME DÉCOULANT DE LA SITUATION DE SANTÉ
Mécanismes d’adaptation inefcaces liés à l’incapacité d’évaluer adéquatement des agents stressants et les situations dangereuses, maniestés par un comportement infuençable, des comportements à risque, de l’impulsivité et des interactions sociales diciles
RÉSULTATS ESCOMPTÉS
INTERVENTIONS INFIRMIÈRES
• Gestion de l’impulsivité • Diminution du stress • Interactions sociales sécuritaires • Recours à des ressources de soutien appropriées
• Assurer une surveillance.
14
• Inormer le client sur les divers moyens permettant de diminuer le stress et proposer des activités associées. • Explorer avec le client des stratégies d’adaptation diérentes. • Favoriser la communication ouverte, basée sur la conance. • Encourager le client à participer à un groupe thérapeutique.
PROBLÈME DÉCOULANT DE LA SITUATION DE SANTÉ
Diminution de l’estime de soi liée au rejet des pairs et aux hallucinations auditives, maniestée par la perception d’être stupide et inutile
RÉSULTATS ESCOMPTÉS
INTERVENTIONS INFIRMIÈRES
• Augmentation de l’estime de soi • Augmentation des habiletés sociales
• Favoriser l’écoute active. • Encourager la participation du client à un groupe de soutien ou de thérapie. • Encourager la participation du client aux activités du service ou de l’unité. • Valoriser les comportements appropriés.
a
Les diagnostics sont posés selon les axes du DSM-IV-TR de l’APA (2004), DSM-IV-TR. Critères diagnostiques.
Chapitre 14 Schizophrénie et autres troubles psychotiques
377
SCHÉMA INTÉGRATEUR
FIGURE 14.12 Plan de soins et de traitements infrmiers de Marc Poirier
378
Partie 3
Troubles mentaux
Interventions infrmières Interventions interdisciplinaires Maniestations cliniques Physiopathologie
Résultats escomptés Problèmes découlant de la situation de santé Facteurs de risque Constat médical
Problème de santé : Schizophrénie indifférenciée
À partir des données consignées au dossier du client, la FIGURE 14.12 illustre un exemple de plan de soins mis en œuvre par l’infrmière.
Situation clinique SC 14.2
Trouble schizoaffectif
Luc Lachapelle, un homme âgé de 45 ans, est courtier en valeurs mobilières dans un bureau du secteur fnancier. Il a toujours été très perormant, éner gique et ambitieux, et il aime relever les défs proessionnels. Il s’entend bien avec ses amis et ses collègues, et il est souvent le sujet de la conversation. Il est marié à une avocate de carrière ; ils ont deux flles âgées de 10 et 13 ans, qui sont aussi très perormantes. Depuis environ deux semaines, la amille et les amis de monsieur Lachapelle trouvent qu’il n’est plus luimême. Il se montre moins optimiste et semble plus abattu, et ses conversations sont morbides et traitent de la mort. Il est convaincu que son patron a l’in tention de le congédier sans aucune raison. Il ne socialise plus que rare ment avec ses amis et collègues, et sa emme a de la difculté à le aire sortir de la maison. Il s’isole dans sa chambre pendant de longues pé riodes. Il admet avoir de la difculté à s’adapter à son rythme de travail accéléré, et il n’arrive pas à se débarrasser de ses sentiments pessimistes DIAGNOSTICS SELON LES AXESa
Axe I Axe II Axe III Axe IV Axe V
et de désespoir. Son patron a insisté pour qu’il rencontre le service d’aide aux employés de l’entreprise ; celuici lui a recommandé de consulter un psychiatre qui pourrait lui prescrire une médication pour traiter ses symp tômes avant que son état ne s’aggrave. Le psychiatre a posé le diagnostic de trouble schizoaecti et a prescrit une combinaison d’un antipsycho tique, la quétiapine (Seroquel md, 183 mg par jour), pour diminuer les possibi lités de passage à l’acte, et d’un antidépresseur, la sertraline (Eexor XRmd, 50 mg par jour le matin), pour son humeur dépressive. Touteois, monsieur Lachapelle a soudainement arrêté de prendre ses médicaments, ce qui a aggravé ses symptômes et a provoqué, pendant deux semaines, des symp tômes psychotiques tels que des idées délirantes de persécution et des hallucinations auditives lui disant que la mort était son seul espoir. Sur l’in sistance de sa emme, il a accepté de se aire traiter dans une unité de soins psychiatriques d’un centre hospitalier.
• Trouble schizoaffectif, type dépressif • Aucun • Aucun • Modéré à grave – 6 ou 7 ; milieu de travail très stressant ; très performant ; famille et collègues très perormants • EGF = 30 (actuel) ; EGF = 90 (année dernière)
PROBLÈME DÉCOULANT DE LA SITUATION DE SANTÉ
Risque de suicide lié à l’humeur dépressive, maniesté par des pensées délirantes de mort, des hallucinations auditives, le reus de prendre les médicaments prescrits
RÉSULTAT ESCOMPTÉ
INTERVENTIONS INFIRMIÈRES
• Diminution des idées suicidaires
• Assurer une surveillance étroite. • Déterminer les acteurs de risque et de protection. • Retirer les objets dangereux de l’environnement immédiat. • Encourager le client à verbaliser avec l’infrmière les sentiments négatis et les idées suicidaires dès leur apparition. • Discuter avec le client de ses orces et de stratégies d’adaptation. • Favoriser l’adhésion au traitement médicamenteux.
PROBLÈME DÉCOULANT DE LA SITUATION DE SANTÉ
Processus mentaux perturbés liés à un déséquilibre biochimique possible découlant du trouble mental comme l’indiquent les idées délirantes de persécution du client au sujet du projet de congédiement de son patron
RÉSULTAT ESCOMPTÉ
INTERVENTIONS INFIRMIÈRES
• Meilleur traitement de l’inormation
• Faire de la restructuration cognitive. • Faciliter le processus de prise de décisions. • Favoriser l’adhésion au traitement médicamenteux.
PROBLÈME DÉCOULANT DE LA SITUATION DE SANTÉ
Isolement social lié à des modiications de l’état mental et à l’incapacité de s’engager dans des relations personnelles satisaisantes
RÉSULTATS ESCOMPTÉS
INTERVENTIONS INFIRMIÈRES
• Interactions sociales satisaisantes
• Favoriser l’adhésion au traitement médicamenteux.
• Équilibre de l’humeur
• Faire de la restructuration cognitive. • Proposer la participation à un groupe de soutien ou de thérapie. • Favoriser la participation de la amille.
a
Les diagnostics sont posés selon les axes du DSM-IV-TR de l’APA (2004), DSM-IV-TR. Critères diagnostiques.
Chapitre 14 Schizophrénie et autres troubles psychotiques
379
14
SCHÉMA INTÉGRATEUR
FIGURE 14.13 Plan de soins et de traitements infrmiers de Luc Lachapelle
380
Partie 3
Troubles mentaux
Interventions infrmières Interventions interdisciplinaires Maniestations cliniques Physiopathologie
Résultats escomptés Problèmes découlant de la situation de santé Facteurs de risque Constat médical
Problème de santé : Trouble schizoaffectif
À partir des données consignées au dossier du client, la FIGURE 14.13 illustre un exemple de plan de soins mis en œuvre par l’infrmière.
Analyse d’une situation de santé
Jugement clinique
Garry Johnstone est âgé de 21 ans. Des ambulanciers l’ont conduit à l’urgence psychiatrique à la suite d’une demande des policiers qui l’ont trouvé par terre dans la rue alors qu’il était en état d’ébriété . Il criait : « Je veux me suicider, j’ai reçu des ordres. » Lorsque vous le rencontrez, il dit en pleurant qu’il ne va pas bien.
qu’il voit un psychiatre chaque jeudi, qu’il prend de la quétiapine (Seroquel md) et qu’il abuse du cannabis depuis quelques semaines.
Ses parents ont été avisés par les policiers. À leur arrivée au centre hospitalier, ils vous confent que leur fls est probablement atteint de schizophrénie, mais le diagnostic n’est pas encore confrmé. Ils vous inorment également
Monsieur Johnstone a toujours été riand de lecture, particulièrement des romans policiers et des aventures antastiques : « Les personnages me parlent et me donnent des ordres », a-t-il déjà dit à ses parents. Ces derniers ont d’ailleurs constaté qu’il ne prenait plus son médicament depuis deux semaines. Il ne veut plus aller à ses rendez-vous hebdomadaires chez le psychiatre, prétextant que c’est inutile et qu’il n’a pas besoin de médication. {
MISE EN ŒUVRE DE LA DÉMARCHE DE SOINS
Collecte des données – Évaluation initiale – Analyse et interprétation
SOLUTIONNAIRE
1. Concernant les hallucinations auditives de monsieur Johnstone, pourquoi devezvous lui aire préciser les ordres qu’il reçoit ?
http://fortinash.cheneliere.ca
14 Pendant l’entretien que vous avez avec lui, monsieur Johnstone regarde sans cesse autour de lui, répond plutôt brièvement aux questions, répète qu’il n’a pas besoin d’aide et qu’il est plus brillant que tout le monde : « Je ne veux pas t’en dire trop, tu vas {
t’en servir contre moi », ajoute-t-il. Chaque ois que vous lui demandez des précisions, il vous dit que vous n’êtes pas aussi intelligente que lui, que personne ne peut imaginer à quel point il est intelligent, et répète qu’il ne sert à rien de le soigner. {
MISE EN ŒUVRE DE LA DÉMARCHE DE SOINS
2. Dans cet épisode, quel symptôme positi de la schizophrénie monsieur Johnstone présentetil ? 3. D’après la réponse à la question 2, à quel type de schizophrénie associezvous le symptôme positi de monsieur Johnstone ?
Le psychiatre a décidé d’hospitaliser monsieur Johnstone. Lorsque vous l’en avisez, il se âche et crie {
qu’il n’a pas besoin d’aide. Tout de suite après, il pleure, mais répète en riant qu’il ne se sent pas bien. {
MISE EN ŒUVRE DE LA DÉMARCHE DE SOINS
4. Comment devezvous qualifer l’aect de monsieur Johnstone ? 5. Le client estil dangereux pour son entourage actuellement ? Justifez votre réponse.
Vous apprenez de ses parents que monsieur Johnstone néglige son apparence depuis plusieurs jours. D’ailleurs, ses vêtements sont sales et souillés d’aliments séchés, il est décoié et non {
rasé, il a de la saleté sous les ongles. Il semble qu’il passe une grande partie de la nuit assis dans un auteuil à regarder par la enêtre avec des écouteurs sur les oreilles. {
Chapitre 14 Schizophrénie et autres troubles psychotiques
381
Extrait des notes d’évolution
MISE EN ŒUVRE DE LA DÉMARCHE DE SOINS
6. Même si le diagnostic de schizophrénie n’est pas encore confrmé d’après les parents, monsieur Johnstone estil dans une phase psychotique ? Justifez votre réponse.
2013-07-15 11:00 P ’t, g ss c o l éo brèm ux qetos. Di : « J n vux as ’ di tp, tu as ’ ri cot . »
7. Pourquoi monsieur Johnstone portetil des écouteurs sur les oreilles ? 8. Ajoutez trois problèmes prioritaires nécessitant un suivi clinique particulier dans l’extrait du plan thérapeutique infrmier de monsieur Johnstone. Extrait CONSTATS DE L’ÉVALUATION Date
Heure
N°
Problème ou besoin prioritaire
Initiales
2013-07-14 21:30
2
Risque suicidaire
M.R.
2013-07-15 11:00
3
Comportements paranoïdes
A.T.
RÉSOLU / SATISFAIT Proessionnels / Date Heure Initiales Services concernés
4 5 6 Signature de l’infrmière
Initiales
Programme / Service
Magalie Richard
M.R.
Urgence psychiatrique
Alain Thériault
A.T.
Unité de soin psychiatrique
Vous décidez d’explorer avec monsieur Johnstone et ses parents les acteurs qui aggravent les hallucinations auditives. Vous apprenez que les hallucina{
Signature de l’infrmière
Initiales
Programme / Service
tions sont plus ortes et que l’anxiété est plus marquée la nuit et que cela peut expliquer le ait qu’il passe une grande partie de la nuit sans dormir. {
MISE EN ŒUVRE DE LA DÉMARCHE DE SOINS
Planifcation des interventions – Décisions infrmières 9. Pourquoi estil important de déterminer les acteurs qui aggravent les expériences hallucinatoires de monsieur Johnstone ? 10. Une disparition complète des hallucinations auditives de monsieur Johnstone avant son congé de l’hôpital est elle un objecti réaliste à atteindre ? Justifez votre réponse. 11. Vérifez la réponse à la question 8 et indiquez quelles directives infrmières seraient pertinentes pour assurer le suivi clinique du problème prioritaire numéro 6. Formulezen deux pouvant être applicables par le préposé aux bénéfciaires et les membres de la amille de monsieur Johnstone. Extrait SUIVI CLINIQUE Date
Heure
N°
2013-07-15
11:00
6
Signature de l’infrmière
Directive infrmière
Initiales
Programme / Service
Initiales
Signature de l’infrmière
CESSÉE / RÉALISÉE Date Heure Initiales
Initiales
Programme / Service
Unité de psychiatrie
{ Monsieur Johnstone est hospitalisé depuis une semaine. L’infrmière du service de nuit vous rapporte qu’il lit jusqu’au lever du jour et qu’il prend
une douche vers 6 h. Au cours des entretiens que vous avez avec le client, celui-ci vous dit qu’il porte moins souvent ses écouteurs. ”
MISE EN ŒUVRE DE LA DÉMARCHE DE SOINS
Évaluation des résultats – Évaluation en cours d’évolution 12. Devriezvous conclure que monsieur Johnstone a moins d’hallucinations auditives ? Justifez votre réponse. 13. Pourraitil y avoir une autre cause pour expliquer l’état psychotique de monsieur Johnstone ?
382
Partie 3
Troubles mentaux
APPLICATION DE LA PENSÉE CRITIQUE Dans l’application de la démarche de soins auprès de monsieur Johnstone, l’infrmière a recours à un ensemble d’éléments (connaissances, expériences antérieures, normes institutionnelles ou protocoles, attitudes proes sionnelles) pour analyser la situation de santé du client et
en comprendre les enjeux. La FIGURE 14.14 illustre le processus de pensée critique suivi par l’infrmière afn de ormuler son jugement clinique. Elle résume les principaux éléments sur lesquels l’infrmière s’appuie en onction des données de ce client, mais elle n’est pas exhaustive.
VERS UN JUGEMENT CLINIQUE CONNAISSANCES
EXPÉRIENCES
• Moments d’apparition des symptômes de la schizophrénie dans le développement de la personne • Types de schizophrénie et phases selon l’évolution du trouble mental • Symptômes propres à chaque type • Symptômes positis et négatis de la schizophrénie • Caractéristiques des hallucinations et des idées délirantes • Risques pour la personne atteinte • Approches thérapeutiques • Importance de la participation de l’entourage dans le bienêtre de la personne atteinte • Garde en établissement • Droits du client selon la législation québécoise • Loi sur la protection des personnes dont l’état mental présente un danger pour ellesmêmes ou pour autrui • Critères d’évolution positive
• Expérience de travail en urgence psychiatrique • Expérience de travail dans une unité de soins psychiatriques • Expérience de travail avec la clientèle ayant des troubles liés à l’abus d’alcool ou de drogues • Expérience en relation d’aide • Personne de l’entourage personnel atteinte de schizophrénie
NORME • Activité réservée de l’infrmière d’après l’article 36 de la Loi sur les infrmières et les infrmiers, alinéa 1 (« évaluer la condition physique et mentale d’une personne symptomatique »)
ATTITUDES • Maniester de l’empathie et de la compassion envers le client et ses parents • Éviter de raisonner le client, mais le re mettre dans la réalité • Être constante de par rapport aux règles comme exiger de prendre un bain ou une douche chaque jour • Être respectueuse, éviter de le sermonner
PENSÉE CRITIQUE
ÉVALUATION • Hallucinations et acteurs aggravants, contenu des ordres que le client reçoit des voix qu’il entend • Contenu des idées délirantes • Comportements paranoïdes • Hygiène personnelle • Adhésion au traitement • Risque de suicide • Aect • Moyens pris par le client pour avoir une certaine maîtrise sur ses hallucinations auditives • Qualité et quantité du sommeil • Consommation de substances • Risque de violence envers les autres
JUGEMENT CLINIQUE FIGURE 14.14
Chapitre 14 Schizophrénie et autres troubles psychotiques
383
14
À retenir VERSION REPRODUCTIBLE
http://ortinash.cheneliere.ca
• La schizophrénie n’est pas un trouble isolé, mais plutôt un syn drome (un groupe de troubles appa rentés) qui comporte plusieurs sous types. • Les soustypes de schizophrénie orment le plus grand groupe de troubles mentaux. • Le modèle vulnérabilitéstress est utilisé pour expliquer les causes de la schizophrénie.
• Les acteurs couramment étudiés pour expliquer la schizophrénie sont, pour les acteurs biologi ques : l’hérédité et la génétique ; la onction des neurotransmetteurs (particulièrement l’hypothèse de la dopamine) ; la neuroanatomie et la neurochimie ; pour les acteurs environnementaux : l’exposition aux virus ; la maladie et les trauma tismes ; l’abus de substances ; le stress ; la culture. • Les cinq principaux soustypes de schizophrénie sont la schizophrénie paranoïde, désorganisée, catato nique, indiérenciée et résiduelle.
• Les critères de diagnostic de la schizophrénie comprennent deux des maniestations suivantes ou plus qui persistent pendant au moins un mois : des hallucina tions, des idées délirantes, un comportement grossièrement désorganisé ou catatonique, un discours désorganisé ou des symptômes négatis. • La participation du client atteint de schizophrénie et de ses proches au PSTI du client, s’il y a lieu, est importante et améliore l’efcacité du traitement.
• De nombreux médecins utilisent la psychopharmacothérapie pour traiter de nombreux symptômes de schizophrénie. De nouveaux médicaments ayant moins d’eets secondaires permettent d’espérer de meilleurs résultats de traitement des symptômes complexes de la schizophrénie. • La thérapie par le milieu, la réadap tation psychosociale, l’éducation du client et de ses proches ainsi que la modifcation du compor tement sont certaines des mé thodes utilisées pour traiter le client atteint de schizophrénie.
Ressources VERSION COMPLÈTE ET DÉTAILLÉE
http://fortinash.cheneliere.ca
Références Internet ORGANISMES ET ASSOCIATIONS Association canadienne pour la santé mentale (ACSM) www.cmha.ca > Santé mentale > Comprendre la maladie mentale > La schizophrénie Association québécoise des programmes pour premiers épisodes psychotiques (AQPPEP) www.aqppep.com > Psychose > Psychose > La schizophrénie par Dr Pierre Lalonde Fédération des familles et amis de la personne atteinte de maladie mentale (FFAPAMM) www.ffapamm.com
384
Partie 3
Troubles mentaux
> Publications > Publications gratuites > Brochure La schizophrénie : description des symptômes et modèle de comporte ment à domicile
> Problèmes de santé > Santé mentale > Maladies les plus fréquentes > Troubles psychotiques > Schizophrénie
Société canadienne de la schizophrénie www.schizophrenia.ca > Learn more about schizophrenia (en anglais)
RÉFÉRENCES GÉNÉRALES
Société québécoise de la schizophrénie (SQS) www.schizophrenie.qc.ca > La schizophrénie ORGANISMES GOUVERNEMENTAUX Agence de la santé publique du Canada (ASPC) www.phacaspc.gc.ca > Rapports et publications > Rapport sur les maladies mentales au Canada > Chapitre 3 Schizophrénie Ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec (MSSS) www.msss.gouv.qc.ca > Problèmes de santé > Santé mentale > Maladies les plus fréquentes > Troubles psychotiques
Centre de toxicomanie et de santé mentale (CAMH) www.camh.ca > Hospital > Health Info > Mental Health & Addiction Information > (S) Schizophrenia > Hospital > Health Info > Mental Health & Addiction Information > (P) Psychosis Hôpital Louis-H. Lafontaine – Institut universitaire en santé mentale www.hlhl.qc.ca > Recherche > Recherche clinique > Schizophrénie Institut universitaire en santé mentale de Québec www.institutsmq.qc.ca > Maladies mentales > Troubles psychotiques > Maladies mentales > Troubles psychoti ques > Schizophrénie
Institut universitaire en santé mentale/ Douglas www.douglas.qc.ca > Inos santé mentale > Santé mentale de AZ > (S) Schizophrénie : causes, symptômes et traitements > Inos santé mentale > Santé mentale de AZ > (P) Psychose : causes, symptômes et traite ments > Soins > Troubles psychotiques > PEPP Montréal (Programme d’évaluation, d’inter vention et de prévention des psychoses) Soins-infrmiers.com www.soinsinfrmiers.com > Modules Cours > Psychiatrie > La schizophrénie
Monographies Gouvernement du Canada (2006). Aspect humain de la santé mentale et de la mala die mentale au Canada 2006. Chapitre 4 : Schizophrénie. Ottawa, Ont. : Gouverne ment du Canada.
Articles, rapports et autres Fédération des amilles et amis de la personne atteinte de maladie mentale (FFAPAMM) et l’Union nationale de amilles et amis de personnes malades et/ou handicapées psychiques (UNAFAM) (2012). L’indispensable. Guide à l’intention des membres de l’entourage d’une personne atteinte de maladie mentale. Coopération FranceQuébec (Paris, Lyon, Montréal) : FFAPAMM et UNAFAM. Société québécoise de la schizophrénie (SQS) (2008). La schizophrénie au Canada. Rapport national. Montréal : SQS.
DVD sur 5 Maladies Mentales de l’organisme Le Contrevent www.contrevent.org/doc/Communique %20web%20DVD.pd Institut universitaire en santé mentale Douglas www.douglas.qc.ca > Inos santé mentale > École Mini Psy > École Mini Psy 2009 > The Delusions about Schi zophrenia and Psychosis Société québécoise de la schizophrénie (SQS) www.schizophrenie.qc.ca > Zone Vidéo > Le pouvoir social des employeurs – Dr Lalonde
Multimédia Association vaudoise pour raconter et dédramatiser la maladie www.inoschizophrenie.ch > Des vidéos pour comprendre la schizophrénie
14
Chapitre 14 Schizophrénie et autres troubles psychotiques
385
chapitre
Troubles de la personnalité
Écrit par : Pamela E. Marcus, RN, APRN/PMHBC Adapté par : Robert Morin, inf., M. Éd.
Guide d’études – RE06, RE16, SA01
OBJECTIFS
Après avoir étudié ce chapitre, vous devriez être en mesure : ■
■
■
de décrire trois éléments du développement de la personnalité exposés par Freud dans les stades du développement psychosexuel ; d’expliquer deux contributions de Margaret Mahler et d’Otto Kernberg à la théorie de la relation d’objet ; d’expliquer deux indices biologiques qui sont souvent anormaux chez le client ayant un trouble de la personnalité ;
386
Partie 3
Troubles mentaux
■
■
■
d’expliquer brièvement les compor tements et les croyances qui distin guent les groupes A, B et C de l’axe II du DSM-IV-TR. Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux, 4e édition révisée ; de reconnaître deux problèmes pou vant être associés à chaque groupe des troubles de la personnalité ; de décrire les comportements de clivage chez le client atteint d’un trouble de la personnalité limite ;
■
■
■
d’appliquer la démarche de soins au traitement du client ayant un trouble de la personnalité ; d’élaborer un plan de soins infirmiers pour un client ayant un trouble de la personnalité antisociale ; de concevoir un schéma intégrateur de soins pour un client ayant un trouble de la personnalité limite et pour un client atteint d’un trouble de la personnalité antisociale.
Concepts clés
Cette carte conceptuelle illustre schématiquement les principaux concepts décrits dans le présent chapitre. Sa lecture vous permettra d’avoir une vue d’ensemble des notions qui y sont présentées.
qui sont
qui ne sont pas
causés par
entraînent
sont
principaux problèmes associés
selon DSM-IV-TR
15
exigent
interventions pharmacologiques
principales interventions infrmières
Chapitre 15
Troubles de la personnalité
387
PORTRAIT Olivia Mendès Olivia Mendès, âgée de 23 ans, a récemment été arrêtée pour le vol de bonbons et de rouge à lèvres dans un magasin, après une dispute avec son amoureux. Ce n’était pas la première ois que cela lui arrivait. Elle a la réputation d’avoir des comportements illégaux qui découlent généralement de ses relations. Après son arrestation et sur les conseils d’une amie, elle a rencontré une inrmière au Centre de santé et de services sociaux (CSSS) pour voir ce qu’elle pouvait aire an de mettre n à ces comportements. Au cours de la rencontre, l’inrmière lui a suggéré de rencontrer un psychothérapeute dans le but d’explorer la dynamique de l’incident et son lien avec la dispute entre elle et son amoureux. Fâchée, madame Mendès a dit craindre de perdre le respect de ses amis si elle devait rencontrer un psychothérapeute. Elle a quitté la pièce en courant et en criant que l’inrmière ne comprenait pas sa situation, puis elle a claqué la porte. Après un moment, madame Mendès est revenue, a présenté ses excuses à l’inrmière et a demandé à celle-ci de lui pardonner son comportement.
15.1
Caractéristiques générales
Selon le DSM-IV-TR. Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux, 4e édition révisée, un trouble de la personnalité est un « mode durable des conduites et de l’expérience vécue qui dévie notablement de ce qui est attendu dans la culture de l’individu, qui est envahissant et rigide,
qui apparaît à l’adolescence ou au début de l’âge adulte, qui est stable dans le temps et qui est source d’une sourance ou d’une altération du onctionnement » (American Psychiatric Association [APA], 2004). Tous les êtres humains ont une personnalité ormée de leur propre dénition du moi, d’habiletés qui leur servent à entrer en relation avec les autres et d’une structure de déense. L’inrmière qui travaille avec des clients atteints de troubles de la personnalité veille à déterminer à quel point une personne compromet ces qualités. Elle le ait en observant comment la personne entre en relation avec les autres, perçoit l’environnement et résout les problèmes. Dans l’étude des critères diagnostiques des divers troubles de la personnalité, il est important de distinguer les traits de personnalité des troubles de la personnalité. Les traits de personnalité sont les comportements et les modes de perception, de relations interpersonnelles et de représentation de l’environnement et de soimême qui se maniestent dans divers contextes sociaux et personnels (APA, 2000). Ces traits peuvent être adaptés ou inadaptés, selon qu’ils sont infexibles ou qu’ils causent une importante décience onctionnelle ou une sourance subjective. Quand une personne utilise des modes infexibles et inadaptés de résolution de problèmes et de relations interpersonnelles qui entraînent des dicultés de onctionnement, elle peut être considérée comme ayant un trouble de la personnalité. Les symptômes d’un trouble de la personnalité sont durables et persistants, et ils ne sont pas soulagés par une psychothérapie à court terme ou par le recours à des médicaments. Ces symptômes peuvent s’intensier pendant une crise, mais le comportement inadapté continu après la résolution de la crise.
Critères diagnostiques du DSM-IV-TR ENCADRÉ 15.1
Critères diagnostiques généraux des troubles de la personnalité
A. Modalité durable de l’expérience vécue et des conduites qui dévie notablement de ce qui est attendu dans la culture de l’individu. Cette déviation est manieste dans au moins deux des domaines suivants : (1) la cognition (c.-à-d. la perception et la vision de soi-même, d’autrui et des événements) ; (2) l’aectivité (c.-à-d. la diversité, l’intensité, la labilité et l’adéquation de la réponse émotionnelle) ; (3) le onctionnement interpersonnel ; (4) le contrôle des impulsions. B. Ces modalités durables sont rigides et envahissent des situations personnelles et sociales très diverses. Source : APA (2004), p. 285-286
388
Partie 3
Troubles mentaux
C. Ce mode durable entraîne une sourance cliniquement signifcative ou une altération du onctionnement social, proessionnel ou dans d’autres domaines importants. D. Ce mode est stable et prolongé et ses premières maniestations sont décelables au plus tard à l’adolescence ou au début de l’âge adulte. E. Ce tableau n’est pas mieux expliqué par la maniestation ou les conséquences d’un autre trouble mental. F. Ce mode durable n’est pas dû aux eets physiologiques directs d’une substance (p. ex., une drogue donnant lieu à un abus ou un médicament) ou d’une aection médicale générale (p. ex., un traumatisme crânien).
15.1.1
Critères diagnostiques généraux
Le DSM-IV-TR défnit six critères diagnostiques généraux des troubles de la personnalité ENCADRÉ 15.1. Les diagnostics des troubles de la personnalité ont partie de l’axe II du DSM-IV-TR et
sont classés selon trois groupes spéciiques TABLEAU 15.1. Dans certains cas, une personne peut sourir de plusieurs troubles de la personnalité appartenant à divers groupes. Il est aussi possible qu’une personne soit atteinte d’un trouble de la personnalité non spéciié lorsque le trouble ne correspond pas aux critères propres à un type en particulier.
TABLEAU 15.1
Groupes de troubles de la personnalité selon certaines caractéristiques
PERSONNALITÉ
CROYANCE CENTRALE
COMPORTEMENT
DYSFONCTIONNEMENTS RELATIONNELS
ILLUSTRATION
Groupe A : la personne ayant un trouble de ce groupe manifeste des comportements bizarres ou excentriques. Concomitancea : ces troubles sont susceptibles d’être concomitants avec des troubles psychotiques. Paranoïaque
Les autres sont des ennemis potentiels.
État de guerre
Demeure hypervigilante ; reste à distance, mais à portée d’observation.
Schizoïde
J’ai besoin d’espace, sinon je deviens désorienté.
Isolement
Se tient le plus loin possible des autres.
Schizotypique
Le monde et les autres sont étranges.
Méfance
Manieste des bizarreries et des champs d’intérêt particuliers conduisant à l’isolement.
Groupe B : la personne ayant un trouble de ce groupe manifeste fréquemment un comportement à caractère théâtral, émotif et capricieux. Concomitance : ces troubles sont souvent concomitants avec des troubles affectifs et certains troubles de l’anxiété tels que l’état de stress post-traumatique (Goldstein, Compton & Grant, 2010). Antisociale
Les autres sont des proies.
Attaque
Se montre agressive, afche des comportements de prédateur.
Limite
Personne n’est assez ort pour m’aider.
Fuite ou attaque
Manieste une colère reoulée, de l’imprévisibilité, une immaturité, utilise la manipulation, ait preuve de clivage, de « vampirisme » aecti.
Histrionique
Je dois impressionner les autres.
Dramatisation
Brille pour attirer l’attention.
Narcissique
Je suis quelqu’un de spécial.
Surestimation de soi
Est nourrie par l’admiration ; va vers l’autre, mais se place au-dessus de lui.
15
Groupe C : la personne ayant un trouble de ce groupe manifeste un comportement anxieux et craintif. Concomitance : ces troubles sont souvent liés aux troubles de l’anxiété.
a
Évitante
Je peux être « blessée ».
Évitement
Approche jusqu’à se sentir mal à l’aise ; à proximité, garde une distance ou recule.
Dépendante
Je suis aible et sans protection.
Attachement
Fusionne avec l’autre.
Obsessionnellecompulsive
Je ne dois jamais aire aucune erreur.
Perectionnisme
Va vers l’autre pour se placer au-dessus de lui, mais pas trop, juste assez pour le dominer.
Les personnes qui ont un trouble de la personnalité de chaque groupe risquent d’avoir des troubles concomitants propres à l’axe I. Chapitre 15
Troubles de la personnalité
389
Plusieurs chercheurs ont étudié les déciences onctionnelles des personnes ayant divers types de troubles de la personnalité. Ils ont découvert que celles atteintes d’un trouble de la personnalité schizotypique et d’un trouble de la personnalité limite montraient constamment un onctionnement moyen ou aible dans plusieurs domaines psychosociaux tels que les relations conjugales, les études et la capacité de garder un emploi. Les personnes ayant un trouble de la personnalité évitante montraient une décience intermédiaire du onctionnement (Choi, Zanarini, Frankenburg et al., 2010 ; Skodol, Gunderson, McGlashan et al., 2002 ; VanLuyn, Akhtar & Livesley, 2007 ; Zanarini, Weingero & Frankenburg, 2009).
15.2 8 Les théories du développe ment de la personnalité d’Erickson et de Sullivan sont décrites dans le chapitre 8, Développement et vieillissement de la personne.
La personne qui présente les symptômes d’un trouble de la personnalité est incapable de dénir un sens du moi et donc de déterminer ce qu’elle aime, ce qu’elle n’aime pas, ses besoins et ses valeurs. Elle a généralement de la diculté à entrer en relation avec les autres, ce qui lui cause des problèmes de onctionnement à l’école ou au travail. Certains concepts théoriques aident à comprendre les réactions et les comportements émotionnels de la personne ayant un trouble de la personnalité. Il est nécessaire de connaître les étapes de développement de la personne an de saisir les dysonctionnements qui peuvent survenir chez une personne atteinte d’un trouble de la personnalité 8 .
15.2.1 RAPPELEZ-VOUS…
Le développement désigne les modèles de changements biologiques, cognitifs et socioémotionnels survenant au cours de la vie de chaque personne et suivant un processus graduel et continu.
12 Les mécanismes de déense selon le DSMIVTR sont défnis dans le chapitre 12, Troubles anxieux.
390
Partie 3
Étiologie
Théories freudiennes
tente de maîtriser ses processus et ses pulsions, et d’acquérir un sens des relations avec les autres dans l’environnement. La personne qui est incapable de résoudre le confit inhérent au stade phallique peut avoir de multiples troubles mentaux, notamment ceux touchant la onction du surmoi qu’est la culpabilité. Le stade suivant du développement psychosexuel est le stade latent. Pendant ce stade, l’enant réprime ses pulsions libidineuses (sexuelles) et porte son attention sur l’apprentissage et le travail. Avec ce stade vient l’exploration de l’environnement et le jeu, où l’enant apprend à aire les choses et à avoir du plaisir tout en continuant d’acquérir la maîtrise de ses pulsions et de ses émotions. La personne qui éprouve de la diculté à ranchir ce stade a trop ou trop peu de maîtrise de soi. Celle qui manque de maîtrise de soi a du mal à entrer en relation avec les autres parce que ses émotions gouvernent ses interactions et ses habiletés en résolution de problèmes. À l’inverse, la personne dont la maîtrise de soi est trop grande a isolé ses émotions, elle est rigide et utilise la répétition des pensées ou du comportement dans ses relations ou la résolution de problèmes. Le dernier stade est le stade génital. Il permet à la personne de retravailler des problèmes qu’elle n’a pas résolus an d’acquérir un sens de l’identité sexuelle et adulte saine et mature. Avec la capacité de travailler et d’apprendre, la personne établit des objectis et des valeurs dans le contexte de sa propre identité. Les dicultés éprouvées pendant le stade génital compromettent le sens du moi et la capacité d’entrer en relation avec les autres ; ainsi, la personne sera incapable de se livrer à une autocritique, d’atteindre les objectis xés ou de se ormer des valeurs.
Sigmund Freud (1856-1939), le célèbre psychanaDe manière générale, si la personne devient lyste, a été l’un des premiers étudiants à publier incapable de réussir un passage harmonieux entre des ouvrages sur le développement humain et le les divers stades du développement psychosexuel, confit psychologique interne. Dans son ouvrage un ou des troubles de la personnalité se déveintitulé Trois essais sur la théorie sexuelle, Freud lopperont chez elle puisque certaines aiblesses (1905) décrit les cinq stades du développement transparaîtront et nuiront à son onctionnement psychosexuel. Le premier stade est le stade oral qui TABLEAU 15.2 . se base entre autres sur la capacité de l’enant à Anna Freud (1936/1937), lle de Sigmund entrer en relation avec les autres adéquatement. La conance s’acquiert et entraîne un sens de l’auto- Freud, a mis au point le concept de mécanismes nomie et de la conance en soi. La personne qui a de déense, des stratégies auxquelles l’ego (le de la diculté à ranchir ce stade manque sou- moi) ait appel pour maîtriser ou gérer les confits vent de conance et est égocentrique, dépendante intérieurs qui surviennent parois au moment de et jalouse. Le stade anal est le deuxième stade. la transition d’un stade du développement à un L’enant devient alors de plus en plus autonome et autre. Chaque personne ayant un trouble de la indépendant. S’il a la diculté à ranchir ce stade, personnalité utilise un ou plusieurs mécanismes de déense. Par exemple, il devient incapable de la projection se déinit prendre des décisions, La personne qui présente les symptômes par l’attribution à d’aureuse l’amitié ou ne peut d’un trouble de la personnalité est incatres personnes de senpartager avec les autres. Le pable de défnir un sens du moi et donc timents que le client ne troisième stade déterminé de déterminer ce qu’elle aime, ce qu’elle considère pas comme les par Freud est le stade n’aime pas, ses besoins et ses valeurs. siens 12 . phallique, où l’enant
Troubles mentaux
15.2.2
Théories de la relation d’objet
La relation d’objet orme un cadre théorique qui étudie la capacité des personnes d’entrer en relation avec les autres. Il a été élaboré au cours de l’étude du comportement humain, particulièrement du développement de la structure de la personnalité et des relations interpersonnelles. Plusieurs auteurs ont contribué à ce cadre théorique, qui est actuellement réévalué et élargi en tant qu’étude des relations humaines et du développement de la personnalité.
Processus de séparation et d’individuation En considérant la relation d’objet d’un point de vue développemental, Margaret Mahler (1897-1985) a distingué et étudié la phase de séparation et d’individuation du développement qui se situe entre les âges de 3 et 25 mois. Sa théorie de la séparation et de l’individuation a découlé d’une étude longitudinale où elle a observé des mères et leur bébé pendant les trois premières années de vie de l’enant. Le terme séparation, dans ce contexte, désigne l’acquisition graduelle par l’enant d’un moi distinct et séparé de celui de sa mère. Le terme individuation désigne la reconnaissance des tentatives de l’enant de ormer une identité distincte et d’acquérir des caractéristiques qui lui sont propres. Mahler a décrit quatre stades dans le processus de séparation et d’individuation : la diérenciation, les essais, le rapprochement et la permanence de l’objet 8 .
Théorie de Kernberg Le psychanalyste Otto Kernberg (1928- ) a déterminé deux tâches essentielles que l’ego précoce doit accomplir afn d’intérioriser la relation d’objet. La première tâche consiste pour l’enant à se distinguer des autres, à ormuler des sentiments sains au sujet du moi et à s’identifer à l’autre. Durant la deuxième tâche, l’enant doit intégrer les images de soi « bonnes » et « mauvaises » ainsi que des images d’objet (c.-à-d. de l’autre) « positives » et « négatives ». Cette tâche aide la personne à déterminer les orces et les aiblesses du moi et des autres. Les personnes qui ont des relations saines avec leur entourage sont capables de tolérer les caractéristiques « positives » et « négatives » de soi et des autres. Kernberg a déterminé le clivage comme étant un mécanisme de déense primaire de la personne ayant un trouble de la personnalité limite. Celle-ci a une perception de sa personnalité et de celle des autres comme étant entièrement bonne ou entièrement mauvaise, ce qui la rend incapable d’atteindre un état de permanence de l’objet; donc elle ne parvient pas à évoquer les images de personnes proches quand elles ne sont pas présentes. Elle ne voit pas les autres comme des entités, mais plutôt comme des parties. Elle n’est pas en mesure de maintenir une relation à travers les rustrations de la vie quotidienne et éprouve généralement de la colère et de la rage lorsqu’elle se sent rejetée ou ignorée. Si une personne importante dans
TABLEAU 15.2
Stades du développement psychosexuel de Freud et troubles de la personnalité associés
STADE
PÉRIODE
TROUBLES DE LA PERSONNALITÉ ASSOCIÉS
Oral
De la naissance jusqu’à 1-1,5 an
Paranoïaque, limite, histrionique
Anal
De 1-1,5 à 3 ans
Antisociale, limite, histrionique, dépendante
Phallique
De 3 à 6-7 ans
Antisociale, limite, histrionique, narcissique
Latent
De 6-7 ans jusqu’à la puberté
Limite, obsessionnelle-compulsive
Génital
Adolescence
Ne s’applique pas
sa vie meurt, ce client ne peut la pleurer, mais il pourra présenter un ou plusieurs des états suivants : 1) la dépression ; 2) la colère et la rage ; 3) la peur ; 4) la culpabilité ; 5) la passivité et le sentiment d’impuissance ; 6) le sentiment de vide. L’identifcation projective est un autre mécanisme de déense contre l’anxiété permettant de comprendre la personne atteinte d’un trouble de la personnalité du groupe B. Cette déense est un type primiti de projection. Kernberg (1984) en décrit les caractéristiques : • la tendance à continuer d’expérimenter l’impulsion qui est simultanément projetée sur l’autre personne ; • la peur de la personne se trouvant sous l’in fuence de cette impulsion projetée ;
8 Une description plus détaillée de la théorie de Mahler ainsi que les quatre stades du processus de séparation et d’individua tion sont présentés dans le chapitre 8, Développement et vieillissement de la personne.
• le besoin de maîtriser l’autre personne se trouvant sous l’infuence de ce mécanisme. Par exemple, Kim est âchée contre sa mère parce que celle-ci désapprouve sa açon de s’habiller. Elle trouve que sa mère est vieux jeu. Kim commence à crier après sa mère et lui dit qu’elle s’habille comme une vieille emme (projection). Sa mère se sent blessée et âchée, elle hausse la voix et dit à sa flle que ses vêtements sont provocateurs et lui attireront une attention non souhaitée (la mère réagit à la projection). Kim lui dit qu’elle ne veut plus parler de ses sentiments à moins que sa mère lui montre qu’elle se préoccupe d’elle (maîtrise de la réaction de la mère).
RAPPELEZ-VOUS…
Au départ, les enants n’ont pas conscience des limites de leur être, mais ils sont capables, au moyen d’expériences répétées avec le milieu, de comprendre où leur être fnit et où le monde extérieur commence.
Dans la oulée des travaux de Kernberg, James Masterson (1926-2010) a déterminé que les troubles de la personnalité apparaissaient davantage chez les enants qui subissaient quotidiennement des difcultés d’attachement avec leurs parents, car ces derniers répondraient de açon insufsante à la croissance du moi de l’enant. De plus, le acteur héréditaire jouerait un rôle dans la ormation du tempérament de l’enant, puisque certains éléments du tempérament peuvent protéger la personne ou lui nuire. Si l’enant présente une pathologie physique ou mentale perturbant son autonomie d’une açon importante, il risquera une Chapitre 15
Troubles de la personnalité
391
15
interruption du développement du moi. Pour Masterson (1926-2010), les acteurs liés à l’environnement culturel et social pourraient produire davantage de stress de séparation ainsi qu’une incapacité des amilles à répondre aux besoins émotionnels de l’enant. Masterson a déterminé quatre mécanismes de déense qui bloquent le développement du client depuis les étapes de l’individuation et de la séparation jusqu’à l’autonomie : 1) la projection ; 2) la dépendance ; 3) le déni ; 4) l’évitement. Selon Masterson, le client ayant un trouble de la personnalité limite reste bloqué dans les sous-phases de l’étape de l’individuation et de la séparation. Cela l’empêche d’atteindre la permanence de l’objet.
15.2.3
Théories biologiques
Quand des chercheurs s’intéressant aux caractéristiques biologiques du comportement ont commencé à étudier certains des marqueurs physiologiques qui correspondent aux diagnostics de l’axe I, quelquesunes de leurs études ont été utilisées avec des résultats probants pour les personnes atteintes d’un trouble de la personnalité. Des études ayant porté sur des amilles, entre autres sur des jumeaux, ont montré une orte infuence génétique, indiquant ainsi certains liens entre les acteurs biologiques et l’organisation de la personnalité (Coryell & Zimmerman, 1989 ; Kavoussi & Siever, 1991 ; Marin, De Meo, Frances et al., 1989 ; Siever, 1992 ; Siever & Davis, 1991). Des travaux de recherche eectués sur des personnes ayant un trouble de la personnalité schizotypique se sont concentrés sur les ressemblances biologiques entre ce trouble et la schizophrénie. Des études ont porté sur des tâches mesurant la capacité de la personne à interpréter correctement l’inormation de l’environnement, tels le suivi visuel et le masquage rétroacti. Les personnes sourant de schizophrénie ont de la diculté à eectuer des mouvements oculaires réguliers. Les études sur le suivi visuel décient sont associées aux symptômes négatis de la schizophrénie, notamment l’isolement social, le détachement et l’incapacité d’entrer en relation avec les autres. Les personnes ayant un trouble de la personnalité schizotypique ont montré des déciences semblables à celles des personnes schizophrènes, mais moins graves (Kavoussi & Siever, 1991 ; Siever, 1985). Modinos et ses collaborateurs (2010) ont comparé les images cérébrales par résonance magnétique de sujets normaux et de personnes ayant obtenu des scores élevés à un test psychométrique pour des expériences schizotypiques. Les images des personnes qui montraient des signes psychotiques inraliminaires, selon les tests psychométriques, étaient similaires à celles des personnes schizophrènes. Certaines mesures neurochimiques sont des indicateurs importants des maniestations biologiques du trouble de la personnalité schizotypique. Siever (1992) a rapporté que des études prélimi naires
392
Partie 3
Troubles mentaux
auprès de clients schizotypiques ont montré des concentrations élevées d’acide homovanillique du liquide céphalorachidien qui étaient corrélées à des critères de type psychotique positis de la personnalité schizotypique, mais sans les symptômes négatis. Il a aussi mentionné que les clients ayant un trouble de la personnalité schizotypique avaient des concentrations plasmatiques élevées d’acide homovanillique en comparaison des personnes témoins (Kavoussi & Siever, 1991). Chez les clients ayant de la diculté à gérer leur humeur, il s’avère important de considérer certains indices ou tests biologiques. Plusieurs études pionnières ont montré des perturbations de la neurotransmission sérotoninergique centrale, ce qui indique une corrélation entre les comportements agressis et suicidaires des personnes ayant un trouble de la personnalité et les concentrations réduites d’acide 5-hydroxy-indol-acétique (5-HIA) du liquide céphalorachidien. Puisque cet acide est un métabolite important de la sérotonine, sa aible concentration indique une réduction de l’activité de la sérotonine (Brown & Linnoila, 1990 ; Kavoussi & Siever, 1991 ; Leyton, Okazawa, Diksic et al., 2001 ; Marin et al., 1989). Une aible capacité de synthèse de 5-HIA a été observée, révélant une possible infuence sur le développement des comportements impulsis chez les personnes ayant un trouble de la personnalité limite. Il se peut aussi que le cerveau ait de la diculté à moduler et à inhiber les réactions agressives à des stimulus environnementaux. Certaines données indiquent qu’un tracé électroencéphalographique lent et un aible seuil de sédation distinguent les personnes atteintes d’un trouble de la personnalité antisociale de celles ayant une dépression à long terme (Dewol, Duron & Loas, 2009 ; Siever & Davis, 1991). Les recherches récentes sont axées sur le rôle des récepteurs opioïdes dans la régulation émotionnelle. Prossin et ses collaborateurs (2010) ainsi que New et Stanley (2010) ont étudié des personnes ayant un trouble de la personnalité limite qui s’infigent des lacérations. Ils ont ormulé l’hypothèse que cette automutilation vise à aciliter l’automédication an de réduire les eets d’un état aecti intense. Ces personnes possèdent une aible quantité de récepteurs opioïdes mu (µ) dans le cerveau, qui sont d’importants récepteurs des neurotransmetteurs. En raison de cette aible quantité de récepteurs, ces personnes deviennent incapables de réguler leurs émotions intenses, et elles utilisent donc l’automutilation an d’en avoriser la stabilisation (New & Stanley, 2010 ; Prossin Love, Koeppe et al., 2010). Cette maniestation de certains marqueurs biologiques chez les personnes ayant un trouble de la personnalité intéresse les chercheurs et les cliniciens, car elle ournit de l’inormation utile au traitement de cette population. En raison des connaissances accrues sur les onctions cérébrales et les neurotransmetteurs, il s’avère nécessaire d’étudier davantage ce domaine
dans le but d’apporter un éclairage qui aidera à mieux comprendre les troubles de la personnalité.
15.3
Épidémiologie et description clinique
Une proportion de 12 à 14 % de la population générale serait atteinte d’un trouble de la personnalité (Soeteman, Verheul & Busschbach, 2008). Au Canada, les données portant sur la prévalence des troubles de la personnalité sont rares puisque la plupart de ces troubles sont traités ailleurs que dans un centre hospitalier. De plus, de nombreuses personnes ne recevront jamais un diagnostic ni aucun traitement. Les personnes atteintes d’un trouble de la personnalité limite ont des taux d’admission en centre hospitalier plus élevés que celles qui sourent d’autres troubles en raison de leur taux élevé de comportement suicidaire. Au Canada, 78 % de toutes les admissions en milieu hospitalier pour troubles de la personnalité concernent des personnes âgées de 15 à 44 ans, et les taux étaient plus élevés chez les emmes que chez les hommes (Agence de la santé publique du Canada [ASPC], 2002). Le rapport annuel 2010-2011 de l’Hôpital Louis-H. Laontaine précise que, sur plus de 1 800 admissions de courte durée, 10,1 % concernaient des personnes qui avaient notamment un diagnostic de trouble de la personnalité, alors que, sur les 78 clients hospitalisés en séjour prolongé, 5,1 % étaient atteints de ce trouble (Hôpital Louis-H. Laontaine – Institut universitaire en santé mentale, 2011). La prévalence des troubles de la personnalité comporte une diérenciation sexuelle ; par exemple, le trouble de la personnalité antisociale est plus
réquent chez les hommes, alors que plus de emmes ont un trouble de la personnalité limite (environ 75 % des cas) ou dépendante (ASPC, 2006). Les données sur les hospitalisations ournissent une image très restreinte des troubles de la personnalité au Canada et doivent être complétées par des données provenant d’autres centres de soins.
15.3.1
Troubles de la personnalité du groupe A
Le groupe A est souvent décrit comme étant le groupe des troubles bizarres ou excentriques. Il inclut les troubles de la personnalité paranoïaque, schizoïde et schizotypique. Les clients appartenant à ce groupe ont tous de la difculté à entrer en relation avec les autres et à socialiser, et ils ont une orte tendance à s’isoler. L’épidémiologie des divers troubles du groupe A est présentée dans l’ENCADRÉ 15.5.
Trouble de la personnalité paranoïaque La personne de type paranoïaque a une attitude générale de méfance, déorme la réalité et demeure constamment sur ses gardes. Elle s’adapte difcilement au changement, a une orte Francine Cadieux, âgée de 52 ans, est célibataire et sensibilité et argumente habite seule dans un édifce à logements. Elle se méfe continuellement. Elle a des étrangers qu’elle rencontre dans les corridors de le sentiment d’être victime l’immeuble, car elle craint que son appartement soit de préjudices irréversibles, vandalisé. Elle a peu d’amies et ne les reçoit jamais. souvent sans preuve, et Quand son rère à qui elle se confe parois lui pose des manque d’aection envers questions plutôt personnelles, elle répond toujours les autres. Elle est colérique vaguement : « Je n’aime pas parler de mes problèmes. et anxieuse, et elle a de la Je les ai toujours réglés moi-même. » difculté à se détendre et à Madame Cadieux présente-t-elle des traits de résoudre des problèmes personnalité paranoïaque ? Justifez votre réponse. ENCADRÉ 15.2.
Jugement clinique
Critères diagnostiques du DSM-IV-TR ENCADRÉ 15.2
Personnalité paranoïaque
A. Méfance soupçonneuse envahissante envers les autres dont les intentions sont interprétées comme malveillantes, qui apparaît au début de l’âge adulte et est présente dans divers contextes, comme en témoignent au moins quatre des maniestations suivantes : (1) le sujet s’attend sans raison sufsante à ce que les autres l’exploitent, lui nuisent ou le trompent ; (2) est préoccupé par des doutes injustifés concernant la loyauté ou la fdélité de ses amis ou associés ; (3) est réticent à se confer à autrui en raison d’une crainte injustifée que l’inormation soit utilisée de manière perfde contre lui ; (4) discerne des signifcations cachées, humiliantes ou menaçantes dans des commentaires ou des événements anodins ;
(5) garde rancune, c’est-à-dire ne pardonne pas d’être blessé, insulté ou dédaigné; (6) perçoit des attaques contre sa personne ou sa réputation, alors que ce n’est pas apparent pour les autres, et est prompt à la contre-attaque ou réagit avec colère; (7) met en doute de manière répétée et sans justifcation la fdélité de son conjoint ou de son partenaire sexuel. B. Ne survient pas exclusivement pendant l’évolution d’une schizophrénie, d’un trouble de l’humeur avec caractéristiques psychotiques ou d’un autre trouble psychotique et n’est pas dû aux eets physiologiques directs d’aection médicale générale. N. B.:Si les critères sont remplis avant l’apparition d’une schizophrénie, indiquer «prémorbide,», par exemple:«paranoïaque (prémorbide)».
Source : APA (2004), p. 286-287 Chapitre 15
Troubles de la personnalité
393
15
Jugement clinique Jonas Poliquin est âgé de 18 ans. Il a toujours excellé en rançais depuis la première année du secondaire. Il s’est donc mis à l’écriture de romans jeunesse au point où il s’enerme dans sa chambre, n’en sortant que pour les repas en amille, qu’il s’empresse de terminer. C’est d’ailleurs une occasion pour lui de subir les reproches de ses parents et de sa sœur cadette, car il ne participe à aucune activité amiliale. Même s’il a gagné des prix d’écriture et qu’il a publié un premier roman, il ne se réjouit pas de ces honneurs et reste de glace devant les nombreuses élicitations.
Trouble de la personnalité schizoïde
La personne atteinte d’un trouble de la personnalité schizoïde manque de con fance envers les autres et montre une incapacité à établir des liens interpersonnels FIGURE 15.1 . Elle ressent rarement des émotions et a donc de la difculté à exprimer sa colère et manieste des réactions pasQuelles caractéristiques d’une personnalité schizoïde sives en cas de crises. Elle reconnaissez-vous chez Jonas ? peut vivre des épisodes psychotiques bres en réaction aux événements stressants ENCADRÉ 15.3.
Trouble de la personnalité schizotypique La personne atteinte d’un trouble de la personnalité schizotypique peut être qualiiée de schizophrène latent. Elle a un comporteGabriel Lecompte est âgé de 19 ans. Au cours d’une ment apathique et distant. discussion sur l’existence des extraterrestres avec Elle interprète de açon erroses parents, son rère et des amis de la amille, il née des événements externes mentionnait qu’il croyait avait été contacté. Depuis ce et croit que ceux-ci se rapportemps, il porte des bouchons d’oreilles lorsqu’il est seul tent à elle. Cette personne a pour que la communication ne soit pas brouillée par des superstitions et des préocles bruits extérieurs. « La lumière de mon esprit éblouit cupations pour des phénole regard des Êtres supérieurs qui n’ont de cesse mènes paranormaux et croit d’entendre les inepties ubuesques de la plèbe aux idées détenir un pouvoir magique glauques et antasques. Je devine ce qu’Ils pensent, et sur les autres FIGURE 15.2. Ils n’ont pas besoin de tout m’expliquer. Mais vous ne Son aect est plat ou inappropouvez pas comprendre. Tout passe par une grande prié (rire lorsque la situation énergie intérieure que peu de gens ressentent », dit-il. est triste), et elle devient Quelles caractéristiques d’une personnalité schizotyanxieuse dans des situations pique reconnaissez-vous chez Gabriel ? sociales. La décompensation
FIGURE 15.1 Le trouble de la personnalité schizoïde se dénit principalement par une incapacité proonde à établir des relations avec les autres.
Jugement clinique
Décompensation : Rupture d’un équilibre précaire caractérisée par l’eondrement des mécanismes de déense habituels.
Partie 3
Les croyances bizarres ou les pensées magiques infuent sur le comportement du client atteint du trouble de la personnalité schizotypique.
et les comportements psychotiques peuvent être déclenchés par des événements stressants. Une minorité de personnes atteintes ont une évolution
Critères diagnostiques du DSM-IV-TR ENCADRÉ 15.3
Personnalité schizoïde
A. Mode général de détachement par rapport aux relations sociales et de restriction de la variété des expressions émotionnelles dans les rapports avec autrui, qui apparaît au début de l’âge adulte et est présent dans des contextes divers, comme en témoignent au moins quatre des maniestations suivantes: (1) le sujet ne recherche, ni n’apprécie, les relations proches y compris les relations intraamiliales ; (2) choisit presque toujours des activités solitaires; (3) n’a que peu ou pas d’intérêt pour les relations sexuelles avec d’autres personnes ; (4) n’éprouve du plaisir que dans de rares activités, sinon dans aucune ; Source : APA (2004), p. 287-288
394
FIGURE 15.2
Troubles mentaux
(5) n’a pas d’amis proches ou de confdents, en dehors de ses parents du premier degré; (6) semble indiérent aux éloges ou à la critique d’autrui; (7) ait preuve de roideur, de détachement, ou d’émoussement de l’aectivité. B. Ne survient pas exclusivement pendant l’évolution d’une schizophrénie, d’un trouble de l’humeur avec caractéristiques psychotiques, d’un autre trouble psychotique ou d’un trouble envahissant du développement et n’est pas dû aux eets physiologiques directs d’aection médicale générale. N.B. : Si les critères sont remplis avant l’apparition d’une schizophrénie, indiquer «prémorbide », par exemple : « personnalité schizoïde (prémorbide) ».
qui mène à la schizophrénie ou à un autre trouble psychotique (APA, 2004) ENCADRÉ 15.4.
15.3.2
Troubles de la personnalité du groupe B
Les troubles de la personnalité du groupe B incluent des comportements dramatiques, un terme largement utilisé pour décrire les personnes ayant ces troubles. Les quatre catégories de diagnostics de ce groupe sont les troubles de la personnalité antiso-
ciale, limite, histrionique et narcissique. Chaque trouble comporte des caractéristiques uniques, mais les personnes touchées ont toutes un mode de vie à caractère théâtral. L’épidémiologie des divers troubles du groupe B est présentée dans l’ENCADRÉ 15.10.
Trouble de la personnalité antisociale La personne atteinte d’un trouble de la personnalité antisociale a de la difculté à respecter la loi et les règles établies. Par sa propension à l’illégalité ainsi qu’à l’exploitation et à la manipulation
Critères diagnostiques du DSM-IV-TR ENCADRÉ 15.4
Personnalité schizotypique
A. Mode général de décit social et interpersonnel marqué par une gêne aiguë et des compétences réduites dans les relations proches, par des distorsions cognitives et perceptuelles, et par des conduites excentriques. Le trouble apparaît au début de l’âge adulte et est présent dans des contextes divers, comme en témoignent au moins cinq des maniestations suivantes : (1) idées de réérence (à l’exception des idées délirantes de réérence); (2) croyances bizarres ou pensée magique qui infuencent le comportement et qui ne sont pas en rapport avec les normes d’un sous-groupe culturel (p. ex., superstition, croyance dans un don de voyance, dans la télépathie ou dans un «sixième» sens; chez les enants et les adolescents, rêveries ou préoccupations bizarres); (3) perceptions inhabituelles, notamment illusions corporelles; (4) pensée et langage bizarres (p. ex., vagues, circonstanciés, métaphoriques, alambiqués ou stéréotypés) ;
(5) idéation méante ou persécutoire ; (6) inadéquation ou pauvreté des aects ; (7) comportement ou aspect bizarre, excentrique ou singulier ; (8) absence d’amis proches ou de condents en dehors des parents du premier degré; (9) anxiété excessive en situation sociale qui ne diminue pas quand le sujet se amiliarise avec la situation et qui est due à des craintes persécutoires plutôt qu’à un jugement négati de soi-même. B. Ne survient pas exclusivement pendant l’évolution d’une schizophrénie, d’un trouble de l’humeur avec caractéristiques psychotiques, d’un autre trouble psychotique ou d’un trouble envahissant du développement.
15
N.B. : Si les critères sont remplis avant l’apparition d’une schizophrénie, indiquer «prémorbide », par exemple : « personnalité schizotypique (prémorbide) ».
Source : APA (2004), p. 288-289
ENCADRÉ 15.5
Épidémiologie des troubles de la personnalité du groupe A
TROUBLE DE LA PERSONNALITÉ PARANOÏAQUE
• La prévalence de ce type de trouble de la personnalité se situe entre 0,5 et 2,5% dans la population générale, de 10 à 30% chez la population psychiatrique hospitalisée et de 2 à 10% dans la population psychiatrique vue en consultation. • Les amilles dont un ou plusieurs membres ont déjà reçu un diagnostic de trouble de la personnalité paranoïaque présentent un risque accru de ce trouble. • Ce diagnostic s’observe plus réquemment chez les hommes que chez les emmes. • L’abus de substances s’avère réquent chez les personnes atteintes.
• Les amilles dont un ou plusieurs membres sourent de schizophrénie ou ont un trouble de la personnalité schizotypique ont une prévalence accrue de ce trouble. TROUBLE DE LA PERSONNALITÉ SCHIZOTYPIQUE
• La prévalence de ce trouble de la personnalité serait d’environ 3% dans la population générale. • Les personnes qui ont un trouble de la personnalité schizotypique consultent un proessionnel de la santé pour de l’anxiété ou une dépression et non, généralement, pour les caractéristiques des troubles de la personnalité.
TROUBLE DE LA PERSONNALITÉ SCHIZOÏDE
• Les parents du premier degré, soit le père, la mère et les enants, des personnes atteintes de schizophrénie ont un risque accru de ce trouble.
• Le diagnostic de ce trouble est rare et s’observe un peu plus réquemment chez les hommes que chez les emmes.
• Le diagnostic de ce trouble est légèrement plus réquent chez les hommes que chez les emmes.
Sources : Adapté de APA (2000) ; National Institute of Mental Health (2010) Chapitre 15
Troubles de la personnalité
395
Visionnez la vidéo Trouble de la personnalité limite au http:// fortinash.cheneliere.ca.
des autres, elle est incapable d’avoir un onctionnement social acceptable et peut notamment éprouver des problèmes à satisaire les besoins essentiels de ses enants. Cette personne s’avère impulsive, manque d’empathie et apprend difcilement de ses erreurs. Malgré qu’elle puisse paraître charmante au premier contact, elle est généralement roide, méprisante et manipulatrice ENCADRÉ 15.6.
des relations intenses et houleuses avec autrui . La personne a de la difculté à être seule ou ressent souvent un sentiment d’abandon qui provoque une colère inappropriée. Elle perçoit les autres comme étant toutes bonnes ou toutes mauvaises et elle a de la difculté à cerner son identité personnelle. Afn d’éviter l’abandon, la personne peut commettre des actes impulsis d’autodestruction comme l’automutilation ou des gestes suicidaires ENCADRÉ 15.7.
Trouble de la personnalité limite
Trouble de la personnalité histrionique
Le trouble de la personnalité limite (borderline) se défnit par une impulsivité marquée ainsi que par
La personne ayant un trouble de la personna lité histrionique est égocentrique et recherche
Critères diagnostiques du DSM-IV-TR ENCADRÉ 15.6
Personnalité antisociale
A. Mode général de mépris et de transgression des droits d’autrui qui survient depuis l’âge de 15 ans, comme en témoignent au moins trois des maniestations suivantes: (1) incapacité de se conormer aux normes sociales qui déterminent les comportements légaux, comme l’indique la répétition de comportements passibles d’arrestation; (2) tendance à tromper par proft ou par plaisir, indiquée par des mensonges répétés, l’utilisation de pseudonymes ou des escroqueries ; (3) impulsivité ou incapacité à planifer à l’avance ; (4) irritabilité ou agressivité, indiquées par la répétition de bagarres ou d’agressions; (5) mépris inconsidéré pour sa sécurité ou celle d’autrui;
(6) irresponsabilité persistante, indiquée par l’incapacité répétée d’assumer un emploi stable ou d’honorer des obligations fnancières; (7) absence de remords, indiquée par le ait d’être indiérent ou de se justifer après avoir blessé, maltraité ou volé autrui. B. Âge au moins égal à 18 ans. C. Maniestations d’un trouble des conduites débutant avant l’âge de 15 ans. D. Les comportements antisociaux ne surviennent pas exclusivement pendant l’évolution d’une schizophrénie ou d’un épisode maniaque.
Source : APA (2004), p. 289-290
Critères diagnostiques du DSM-IV-TR ENCADRÉ 15.7
Personnalité limite (borderline)
Mode général d’instabilité des relations interpersonnelles, de l’image de soi et des aects avec une impulsivité marquée, qui apparaît au début de l’âge adulte et est présent dans des contextes divers, comme en témoignent au moins cinq des maniestations suivantes : (1) eorts erénés pour éviter les abandons réels ou imaginés. N.B. Ne pas inclure les comportements suicidaires ou les automutilations énumérés dans le critère 5; (2) mode de relations interpersonnelles instables et intenses caractérisées par l’alternance entre des positions extrêmes d’idéalisation excessive et de dévalorisation; (3) perturbation de l’identité : instabilité marquée persistante de l’image ou de la notion de soi ; (4) impulsivité dans au moins deux domaines potentiellement dommageables pour le sujet (p. ex., dépenses, sexualité, toxicomanie, conduite automobile Source : APA (2004), p. 290-291
396
Partie 3
Troubles mentaux
(5) (6)
(7) (8)
(9)
dangereuse, crises de boulimie). N.B. Ne pas inclure les comportements suicidaires ou les automutilations énumérés dans le critère 5; répétition de comportements, de gestes ou de menaces suicidaires, ou d’automutilations instabilité aective due à une réactivité marquée de l’humeur (p. ex., dysphorie épisodique intense, irritabilité ou anxiété durant habituellement quelques heures et rarement plus de quelques jours); sentiment chronique de vide ; colères intenses et inappropriées ou difculté à contrôler sa colère (p. ex., réquentes maniestations de mauvaise humeur, colère constante ou bagarres répétées) ; survenue transitoire dans des situations de stress, d’une idéation persécutoire ou de symptômes dissociatis sévères.
l’attention par des comportements animés et théâtraux (p. ex., aire une scène ou inventer des histoires). Flamboyante et superfcielle, elle porte une grande attention à son apparence physique et cherche une satisaction immédiate de ses demandes FIGURE 15.3 . Étant donné sa grande dépendance à l’estime que lui portent les autres, elle peut utiliser des gestes suicidaires et des menaces lorsqu’elle se sent abandonnée. Elle peut se plaindre de maladies physiques et somatiques. Le onctionnement de la pensée de la personne histrionique ait preuve d’une logique vague, d’un manque de convictions dans ses arguments, et elle change réquemment d’opinion ENCADRÉ 15.8 .
Trouble de la personnalité narcissique Les personnes atteintes d’un trouble de la personnalité narcissique manquent d’humilité et croient avoir une valeur démesurée. Elles exploitent les
autres et se sentent au-dessus d’eux. Ces personnes sont optimistes et insouciantes ; touteois, quand elles n’obtiennent pas ce qu’elles veulent, elles se mettent en colère, ont honte ou se découragent. Elles deviennent très préoccupées par des antasmes de succès, d’intelligence, de beauté et d’amour idéal ENCADRÉ 15.9.
15.3.3
Troubles de la personnalité du groupe C
Les troubles de la personnalité du groupe C sont de type anxieux ou crainti. Ce sont notamment les troubles de la personnalité évitante, dépendante et obsessionnelle-compulsive. L’ENCADRÉ 15.14 présente l’épidémiologie des divers troubles du groupe C.
Trouble de la personnalité évitante Ce trouble se caractérise par une timidité excessive, la peur de la critique, de la désapprobation et du rejet. Les personnes atteintes de ce trouble sont donc souvent très solitaires, malgré qu’elles désirent la présence des autres. Elles Laurie-Ann Cloutier est âgée de 20 ans. Son ami ont tendance à cacher leurs de cœur l’a quittée il y a cinq jours, et elle cherche pensées et leurs sentiments, désespérément un autre copain depuis. Pourtant, sa afchent une idée négative meilleure amie tente de lui aire comprendre qu’elle d’elles-mêmes et une aible doit prendre le temps de aire son deuil de cette estime de soi. La difculté relation avant d’en entreprendre une autre. Madame à établir des liens avec les Cloutier travaille comme vendeuse dans la quincaillerie autres peut les mener à la amiliale. Elle aimerait retourner aux études, mais à dépression ou à une colère condition que sa mère soit d’accord. « C’est une trop dirigée vers elles-mêmes grosse décision que je ne peux prendre toute seule. J’ai ENCADRÉ 15.11. trop peur de me tromper. J’aimerais que mes parents m’aident à choisir un métier qui leur plaira également, Trouble de la personnalité en ait, j’aimerais qu’ils choisissent pour moi », dit-elle.
Jugement clinique
dépendante FIGURE 15.3
La recherche d’attention et de séduction exagérée est une caractéristique de la personnalité histrionique.
La personne ayant un trouble de la personnalité dépendante a un désir excessi qu’on
Quel type de personnalité du groupe C caractérise les comportements de madame Cloutier ? Justiez votre réponse.
Critères diagnostiques du DSM-IV-TR ENCADRÉ 15.8
Personnalité histrionique
Mode général de réponses émotionnelles excessives et de quête d’attention, qui apparaît au début de l’âge adulte et est présent dans des contextes divers, comme en témoignent au moins cinq des maniestations suivantes : (1) le sujet est mal à l’aise dans les situations où il n’est pas au centre de l’attention d’autrui ; (2) l’interaction avec autrui est souvent caractérisée par un comportement de séduction sexuelle inadaptée ou une attitude provocante ; (3) expression émotionnelle supercielle et rapidement changeante ;
(4) utilise régulièrement son aspect physique pour attirer l’attention sur soi ; (5) manière de parler trop subjective, mais pauvre en détails ; (6) dramatisation, théâtralisme et exagération de l’expression émotionnelle; (7) suggestibilité, est acilement infuencé par autrui ou par les circonstances ; (8) considère que ses relations sont plus intimes qu’elles ne le sont en réalité.
Source : APA (2004), p. 291 Chapitre 15
Troubles de la personnalité
397
15
Critères diagnostiques du DSM-IV-TR ENCADRÉ 15.9
Personnalité narcissique
Mode général de antaisies ou de comportements grandioses, de besoin d’être admiré et de manque d’empathie qui apparaissent au début de l’âge adulte et sont présents dans des contextes divers, comme en témoignent au moins cinq des maniestations suivantes : (1) le sujet a un sens grandiose de sa propre importance (p. ex., surestime ses réalisations et ses capacités, s’attend à être reconnu comme supérieur sans avoir accompli quelque chose en rapport) ; (2) est absorbé par des antaisies de succès illimité, de pouvoir, de splendeur, de beauté ou d’amour idéal ; (3) pense être « spécial » et unique et ne pouvoir être admis ou compris que par des institutions ou des gens spéciaux et de haut niveau;
(4) besoin excessi d’être admiré ; (5) pense que tout lui est dû: s’attend sans raison à bénécier d’un traitement particulièrement avorable et à ce que ses désirs soient automatiquement satisaits; (6) exploite l’autre dans les relations interpersonnelles : utilise autrui pour parvenir à ses propres ns ; (7) manque d’empathie: n’est pas disposé à reconnaître ou à partager les sentiments et les besoins d’autrui; (8) envie souvent les autres, croit que les autres l’envient ; (9) ait preuve d’attitudes et de comportements arrogants et hautains.
Source : APA (2004), p. 292
ENCADRÉ 15.10
Épidémiologie des troubles de la personnalité du groupe B
TROUBLE DE LA PERSONNALITÉ ANTISOCIALE
• Ce trouble est généralement diagnostiqué vers l’âge de 18 ans. • Les personnes aectées ont des antécédents de troubles des conduites avant l’âge de 15 ans. • La prévalence de ce trouble est de 3 % chez les hommes et de 1 % chez les emmes. • Les caractéristiques de ce trouble sont évidentes au début de l’enance chez les garçons et à la puberté chez les lles. • Un ort pourcentage des personnes ayant reçu ce diagnostic se trouve dans des centres de désintoxication et dans des prisons. • L’abus de drogues ou d’alcool est réquent chez les personnes atteintes. TROUBLE DE LA PERSONNALITÉ LIMITE
• La moitié de ces personnes eront des tentatives de suicide, et jusqu’à 10 % de ce nombre se suicideront. • Les trois quarts des clients ayant reçu ce diagnostic sont des emmes. • Les personnes recevant ce diagnostic ont souvent des antécédents de violence physique ou sexuelle, de négligence, de confit hostile ou de perte ou de séparation parentale précoce. TROUBLE DE LA PERSONNALITÉ HISTRIONIQUE
• Certaines études montrent un diagnostic plus réquent chez les emmes que chez les hommes, alors que d’autres indiquent des prévalences similaires chez les deux sexes. • Une prévalence se situant entre 2 et 3 % serait observable dans la population générale; touteois, des études utilisant des instruments particuliers ournissent plutôt des chires se situant entre 10 et 15 %.
• Ce trouble touche de 1 à 2 % de la population générale, 10 % des personnes vues en consultation psychiatrique et environ 20 % des clients hospitalisés en psychiatrie.
TROUBLE LA PERSONNALITÉ NARCISSIQUE
• La prévalence se situe entre 30 et 60 % dans la population qui consulte en milieu clinique pour un trouble de la personnalité.
• La prévalence de ce trouble est de 1 % dans la population générale et se situe entre 2 et 16 % au sein de la population psychiatrique.
• Le diagnostic de ce trouble est posé dans 50 à 75 % des cas chez les hommes.
Sources : Adapté de APA (2000) ; Association québécoise pour les parents et amis de la personne atteinte de maladie mentale (AQPAMM) (2012) ; National Institute of Mental Health (2010)
s’occupe d’elle, ce qui ait qu’elle se place souvent en position de soumission devant les autres. Elle devient incapable d’exprimer des émotions négatives. Elle manque de confance en elle et montre une
398
Partie 3
Troubles mentaux
très grande générosité, aisant passer les besoins d’autrui avant les siens. Elle a beaucoup de difculté à terminer les tâches qu’elle entreprend et évite d’avoir à prendre des décisions ENCADRÉ 15.12.
Critères diagnostiques du DSM-IV-TR ENCADRÉ 15.11
Personnalité évitante
Mode général d’inhibition sociale, de sentiments de ne pas être à la hauteur et d’hypersensibilité au jugement négati d’autrui qui apparaît au début de l’âge adulte et est présent dans des contextes divers, comme en témoignent au moins quatre des maniestations suivantes : (1) le sujet évite les activités sociales proessionnelles qui impliquent des contacts importants avec autrui par crainte d’être critiqué, désapprouvé ou rejeté ; (2) réticence à s’impliquer avec autrui à moins d’être certain d’être aimé ; (3) est réservé dans les relations intimes par crainte d’être exposé à la honte ou au ridicule ;
(4) craint d’être critiqué ou rejeté dans les situations sociales ; (5) est inhibé dans les situations interpersonnelles nouvelles à cause d’un sentiment de ne pas être à la hauteur ; (6) se perçoit comme socialement incompétent, sans attrait ou inérieur aux autres; (7) est particulièrement réticent à prendre des risques personnels ou à s’engager dans de nouvelles activités par crainte d’éprouver de l’embarras.
Source : APA (2004), p. 292-293
Critères diagnostiques du DSM-IV-TR ENCADRÉ 15.12
Personnalité dépendante
Besoin général et excessi d’être pris en charge qui conduit à un comportement soumis et « collant » et à une peur de la séparation, qui apparaît au début de l’âge adulte et est présent dans des contextes divers, comme en témoignent au moins cinq des maniestations suivantes : (1) le sujet a du mal à prendre des décisions dans la vie courante sans être rassuré ou conseillé de manière excessive par autrui ; (2) a besoin que d’autres assument les responsabilités dans la plupart des domaines importants de sa vie ; (3) a du mal à exprimer un désaccord avec autrui de peur de perdre son soutien ou son approbation. N.B. Ne pas tenir compte d’une crainte réaliste de sanctions ; (4) a du mal à initier des projets ou à aire des choses seul (par manque de confance en son propre jugement
(5)
(6)
(7)
(8)
ou en ses propres capacités plutôt que par manque de motivation ou d’énergie); cherche à outrance à obtenir le soutien et l’appui d’autrui, au point de se porter volontaire pour aire des choses désagréables ; se sent mal à l’aise ou impuissant quand il est seul par crainte exagérée d’être incapable de se débrouiller ; lorsqu’une relation proche se termine, cherche de manière urgente une autre relation qui puisse assurer les soins et le soutien dont il a besoin ; est préoccupé de manière irréaliste par la crainte d’être laissé à se débrouiller seul.
15
Source : APA (2004), p. 293-294
Trouble de la personnalité obsessionnelle-compulsive La personne qui a un trouble de la personnalité obsessionnelle-compulsive se montre très rigide et a de la difculté à se détendre FIGURE 15.4. Elle démontre une autocritique très importante et manieste une incapacité à se pardonner ses propres erreurs. Elle ne peut abandonner des projets en raison de l’insatisaction qu’elle ressent. Elle rejette systématiquement les compliments et insiste pour que les autres se conorment à ses propres méthodes. Elle manieste une grande préoccupation pour la logique et l’intellect et un
comportement conscient des règles. Ses relations avec les autres deviennent rigides et ormelles ENCADRÉ 15.13 .
15.3.4
Troubles de la personnalité non spécifés
La catégorie des troubles de la personnalité non spécifés comprend les personnes dont la personnalité répond aux critères généraux d’un trouble de la personnalité, mais pas à ceux d’un trouble de la personnalité particulier. Elle décrit aussi la personne dont la personnalité répond aux critères généraux d’un trouble de la personnalité, mais qui a un Chapitre 15
Troubles de la personnalité
399
SCHÉMA DES QUATRE DIMENSIONS Personnalité obsessionnelle-compulsive DIMENSION PHYSIQUE • Attitude calme et retenue
DIMENSION PSYCHOLOGIQUE
• Apparence soignée
• Incapacité de jeter des objets usés ou sans utilité alors qu’ils n’ont
Marie Gagnon est une mère de amille âgée de 45 ans. C’est une emme posée et discrète. Elle est pleine de retenue, sau lorsqu’on la pousse à sortir de sa routine. Madame Gagnon est particulièrement attentive à son apparence, ses vêtements sont paraitement repassés, elle est très bien mise.
pas toujours de valeur sentimentale • Rigidité et entêtement
Il est impensable pour madame Gagnon de se déaire des divers objets qu’elle a accumulés au cours de sa vie. Lorsque son conjoint lui propose de se départir de meubles endommagés pour les remplacer, elle oppose un entêtement arouche.
DIMENSION SOCIALE
DIMENSION SPIRITUELLE
• Avarice pour soi-même et • Ferveur excessive pour le travail au détriment des loisirs pour les autres ; l’argent et des amitiés (sans impérati est économisé en vue de économique évident) catastrophes utures • Préoccupation pour les détails, minutie
• Scrupules et rigidité excessis sur des questions de morale, d’éthique ou de valeur Madame Gagnon afrme ne pratiquer aucune religion. Elle a été élevée dans une amille ayant un sens moral très élevé. Elle s’oppose ortement à l’avortement et à l’euthanasie et reuse d’entendre les avis contraires.
Au travail, le respect des règlements ait de madame Gagnon une employée loyale, bien qu’elle soit souvent inefcace en raison de sa minutie maladive pour les détails. Elle reuse régulièrement les sorties entre amis ou en amille, et les invitations se ont plus rares. Elle est grandement préoccupée par l’argent et elle reuse d’aider ses deux enants qui poursuivent leurs études collégiales afn de conserver toutes ses économies pour parer aux imprévus. FIGURE 15.4
Critères diagnostiques du DSM-IV-TR ENCADRÉ 15.13
Personnalité obsessionnelle-compulsive
Mode général de préoccupation pour l’ordre, le perectionnisme et le contrôle mental et interpersonnel, aux dépens d’une souplesse, d’une ouverture et de l’efcacité, qui apparaît au début de l’âge adulte et est présent dans des contextes divers, comme en témoignent au moins quatre des maniestations suivantes: (1) préoccupations pour les détails, les règles, les inventaires, l’organisation ou les plans au point que le but principal de l’activité est perdu de vue ; (2) perectionnisme qui entrave l’achèvement des tâches (p. ex., incapacité d’achever un projet parce que des exigences personnelles trop strictes ne sont pas remplies) ; (3) dévotion excessive pour le travail et la productivité à l’exclusion des loisirs et des amitiés (sans que cela Source : APA (2004), p. 294-295
400
Partie 3
Troubles mentaux
(4)
(5) (6)
(7)
(8)
soit expliqué par des impératis économiques évidents) ; est trop consciencieux, scrupuleux et rigide sur des questions de morale, d’éthique ou de valeurs (sans que cela soit expliqué par une appartenance religieuse ou culturelle) ; incapacité de jeter des objets usés ou sans utilité même si ceux-ci n’ont pas de valeur sentimentale ; réticence à déléguer des tâches ou à travailler avec autrui à moins que les autres se soumettent exactement à sa manière de aire les choses ; se montre avare avec l’argent pour soi-même et les autres ; l’argent est perçu comme quelque chose qui doit être thésaurisé en vue de catastrophes utures ; se montre rigide et têtu.
ENCADRÉ 15.14
Épidémiologie des troubles de la personnalité du groupe C
TROUBLE DE LA PERSONNALITÉ ÉVITANTE
• La réquence du diagnostic de ce trouble est semblable chez les hommes et les emmes. • La prévalence dans la population générale est de 0,5 à 1%. TROUBLE DE LA PERSONNALITÉ DÉPENDANTE
• Le diagnostic de ce trouble est plus réquent chez les emmes que chez les hommes.
TROUBLE DE LA PERSONNALITÉ OBSESSIONNELLECOMPULSIVE
• Le diagnostic de ce trouble est deux ois plus élevé chez les hommes que chez les emmes. • Environ 1 % de la population générale soure de ce trouble de la personnalité, alors que ce pourcentage se situe entre 3 et 10% parmi les clients vus en consultation psychiatrique.
• Les symptômes apparaissent à un jeune âge. • Les enants ou les adolescents qui sourent d’une maladie physique chronique ou d’un trouble de l’anxiété de la séparation peuvent être prédisposés à ce trouble. Sources : Adapté de APA (2000) ; National Institute of Mental Health (2010)
trouble de la personnalité ne aisant pas partie de la classifcation actuelle, par exemple un trouble de la personnalité passive-agressive.
15.4
Pronostic
Au moment de soigner un client qui soure d’un trouble de la personnalité, il est important de tenir compte du pronostic de rétablissement, particulièrement pendant la planifcation des soins et l’évaluation. Par défnition, la personne qui a un
trouble de la personnalité montre des comportements rigides et envahissants ainsi que des conduites qui dévient notablement de ce qui est attendu dans sa culture (APA, 2000). Ces comportements commencent pendant l’adolescence ou au début de l’âge adulte, et ils demeurent stables à long terme. Les symptômes d’un trouble de la personnalité sont une source de sourance et de détresse ainsi que de perturbations onctionnelles et relationnelles. Le pronostic est incertain en raison de la nature inhérente et envahissante d’un tel trouble (Choi et al., 2010 ; Zanarini, Frankenburg, Reich et al., 2010) ENCADRÉ 15.15.
15
Recherche pour une pratique fondée sur des résultats probants ENCADRÉ 15.15
Potentiel de rémission pour le trouble de la personnalité limite
Zanarini et ses collaborateurs (2006, 2010) ont étudié 290 personnes au cours d’une recherche longitudinale d’une durée de 10 ans afn de déterminer si les symptômes du trouble de la personnalité limite (TPL) peuvent indiquer une rémission. Tous les participants de la recherche originale ont été hospitalisés dans une unité d’un hôpital psychiatrique de la Nouvelle-Angleterre pour des symptômes liés au TPL. Les chercheurs ont donné aux participants plusieurs outils permettant de vérifer le diagnostic de ce trouble. Les sujets ayant des antécédents de schizophrénie, de trouble schizoaecti, de trouble bipolaire I ou d’une aection organique ont été exclus de l’étude. Deux évaluateurs ont réalisé les entrevues et posé les diagnostics. Les sujets ont été suivis pendant 10 ans au cours desquels ils ont passé une entrevue tous les 2 ans. Les chercheurs ont défni la rémission comme un état ne répondant plus aux critères de TPL du DSM-IV-TR et du Revised Diagnostic Interview for Borderlines. Des 275 sujets de recherche retenus, 242 ont connu une rémission des symptômes de TPL. Les personnes qui ont eu une rémission étaient plus jeunes au moment du premier diagnostic de TPL et n’avaient jamais été hospitalisées pour un trouble mental avant de l’être pour la recherche initiale. Ces personnes n’avaient pas été victimes de violence sexuelle au cours de l’enance, et elles
avaient subi moins de violence ou de négligence grave pendant cette période. Leurs antécédents amiliaux ne comportaient pas de trouble de l’humeur ni d’abus de substances. Il n’y avait pas d’état de stress post-traumatique ni de symptômes de troubles anxieux de la personnalité du groupe C. Les personnes qui ont eu une rémission montraient un aible névrosisme (c.-à-d. une prédisposition pour des états aectis négatis tels que la détresse, l’anxiété et la colère), étaient très extroverties, agréables et consciencieuses et possédaient un bon dossier proessionnel. La rémission des symptômes a été décrite comme un bon onctionnement social et proessionnel pendant deux ans. Les statistiques ont montré que, pendant les 10 années de l’étude, 50% des personnes ont connu une rémission des symptômes de TPL pendant 2 ans. Touteois, 34% d’entre elles ont été incapables de rester en rémission. Une proportion de 93% des participants ont eu une certaine rémission des symptômes de TPL pendant 2 ans, et 86%, une rémission continue pendant 4 ans. Parmi les personnes qui ont eu une rémission de certains de leurs symptômes pendant 2 ans, 30% ont subi une récurrence des symptômes; 15% de personnes qui ont eu une rémission pendant 4 ans ont subi une récurrence des symptômes. Cette recherche met en évidence les symptômes durables de ce trouble de la personnalité.
Chapitre 15
Troubles de la personnalité
401
ENCADRÉ 15.15
Potentiel de rémission pour le trouble de la personnalité limite (suite)
Il est généralement difcile pour les personnes ayant un TPL de rester en rémission. Si la personne était capable de se rétablir, elle était décrite comme étant apte à maintenir ce rétablissement pendant les 10 années de l’étude. Cette recherche s’avère utile aux thérapeutes qui soignent des personnes atteintes d’un TPL, car il leur est possible d’anticiper qu’un client peut avoir une rémission si les caractéristiques mentionnées ici sont combinées à une psychothérapie.
RÉFÉRENCES
Zanarini, M.C., Frankenburg, F.R., Hennen, J., et al. (2006). Prediction o the 10 year course o borderline personality disorder. Am J Psychiatry, 163(5), 827-834. Zanarini, M.C., Frankenburg, F.R., & Reich, D.B. (2010). Time to attainment o recovery rom borderline personality disorder and stability o recovery : A 10-year prospective ollow-up study. Am J Psychiatry, 167 (6), 663-667.
Des attentes réalistes de rétablissement comprennent un engagement du client à explorer et à évaluer ses pensées et ses comportements, particulièrement dans des situations de stress. L’inirmière joue un rôle important en ournissant un soutien, des outils d’exploration et un enseignement au client. Lorsque celui-ci est capable d’utiliser la connaissance de ses comportements dysonctionnels pour prédire
15.5 15.5.1
comment il réagira à un agent stressant, il peut apprendre de nouvelles réactions et améliorer son onctionnement. Ce processus doit généralement être répété au il du temps avant qu’un changement des comportements et des pensées se produise. Par conséquent, le traitement à long terme visant la résolution de problèmes et la restructuration cognitive est indiqué pour ce type de client.
Démarche de soins Collecte des données – Évaluation initiale
L’évaluation des clients ayant un trouble de la personnalité s’eectue dans divers milieux puisque ces clients sont généralement traités dans les services de consultation externe tels que les centres de jour, les unités d’hospitalisation à temps partiel, les cliniques, les groupes de médecine amiliale (GMF) ou les bureaux privés. Les personnes ayant un trouble de la personnalité limite ont souvent exception et sont hospitalisées en raison de leurs comportements d’automutilation et de leurs idées suicidaires. Les personnes atteintes du trouble de la personnalité antisociale sont aussi
souvent hospitalisées par ordre des tribunaux ; dans ces cas, l’intervention psychiatrique peut remplacer l’emprisonnement. Lorsque l’infrmière eectue l’évaluation initiale d’un client ayant un trouble de la personnalité, elle doit réaliser l’entrevue dans un environnement conortable, tranquille, privé et sécuritaire FIGURE 15.5 . Elle doit prendre les mesures nécessaires pour ne pas être interrompue pendant l’évaluation. Les personnes qui ont un trouble de la personnalité sont souvent renermées, sur la déensive, réservées et impulsives, mais elles peuvent aussi être aimables et amicales. Pendant l’entrevue, il est important d’éviter de juger ou d’aronter le client. S’il se met en colère ou ait des commentaires hostiles ou menaçants en réaction aux questions d’évaluation, une pause peut aider à le calmer. Il aut éviter de le menacer d’une intervention coercitive (isolement, restrictions) puisque cela peut provoquer de l’anxiété d’abandon et lui aire perdre la maîtrise de soi. La collecte des données nécessaires à l’évaluation détaillée d’un client ayant un trouble de la personnalité est présentée dans l’ENCADRÉ 15.16.
FIGURE 15.5 L’entrevue d’évaluation initiale doit s’effectuer dans un environnement confortable et privé.
402
Partie 3
Troubles mentaux
Lorsqu’elle eectue sa collecte de données auprès du client, l’infrmière lui pose plusieurs questions afn de pouvoir eectuer ensuite son analyse et établir les résultats escomptés qui guideront ses interventions. Autant que possible, il est important de privilégier des questions ouvertes pour permettre au client de s’exprimer et à
Collecte des données ENCADRÉ 15.16
Évaluation des manifestations du trouble de la personnalité
Les cinq domaines du comportement humain examinés sont les domaines physique, émotionnel, cogniti, social et spirituel.
10. Parle-t-il de préoccupations envers des conséquences non précisées ?
DOMAINE PHYSIQUE
11. A-t-il des préoccupations persistantes?
1. Le client semble-t-il eectuer adéquatement ses activités de la vie quotidienne?
9. Son mode de pensée comprend-il des sentiments d’incertitude?
12. Fait-il preuve d’un comportement critique envers lui-même et les autres ? 13. A-t-il une aible estime de soi?
2. Ache-t-il une apparence soignée?
14. Se préoccupe-t-il de l’opinion que les gens ont de lui ?
3. A-t-il une tenue vestimentaire appropriée ?
15. Exagère-t-il son importance ?
4. Semble-t-il se nourrir adéquatement?
16. Exprime-t-il des sentiments de culpabilité ou de regret ?
5. Semble-t-il aire régulièrement de l’exercice ?
17. Éprouve-t-il du remords et justie-t-il le ait de blesser autrui ?
6. Montre-t-il des signes d’une maladie physique quelconque ?
18. Manque-t-il d’empathie?
7. Se concentre-t-il sur des préoccupations somatiques ?
19. Est-il vindicati ?
8. Est-il capable de maintenir un contact visuel ?
20. Montre-t-il une aible tolérance à la rustration ?
9. Est-il tendu ?
21. Montre-t-il un manque de motivation?
10. Montre-t-il des signes de stimulation du système nerveux sympathique, d’excitation cardiovasculaire, de vasoconstriction supercielle ou de dilatation des pupilles ? 11. Mentionne-t-il avoir des troubles de sommeil ? 12. Regarde-t-il autour de lui avec méance ? 13. A-t-il des mouvements inappropriés, par exemple une démarche traînante ou des mouvements anormaux des mains et des bras ? 14. A-t-il le visage tendu ? 15. A-t-il une voix tremblante ? 16. A-t-il une transpiration accrue ? 17. A-t-il des antécédents de l’une des aections physiques suivantes ? a) Épilepsie temporale b) Trouble progressi du système nerveux central c) Trauma crânien d) Déséquilibre hormonal e) Retard mental ) Abus d’alcool, de médicaments ou de drogues g) Manies 18. Présente-t-il un nombre élevé de traumatismes physiques (p. ex., des conséquences d’accidents de voiture, des blessures causées par une arme à eu ou une arme blanche, etc.)? 19. Est-il préoccupé de açon excessive par la séduction physique? DOMAINE ÉMOTIONNEL
1. Le client mentionne-t-il avoir des idées de s’infiger des blessures ou d’en infiger à d’autres personnes? 2. Ache-t-il un comportement exigeant ou hostile ?
22. Dépend-il des autres pour répondre à ses besoins? 23. A-t-il un comportement passi ? 24. Mentionne-t-il se sentir inadéquat? 25. Nie-t-il les émotions ortes telles que la colère et la joie ? 26. Décrit-il un sentiment de désespoir ? 27. Ache-t-il un comportement de séduction sexuelle inapproprié? 28. Montre-t-il une restriction de l’aect ?
15
29. Montre-t-il un aect inapproprié ? 30. A-t-il une humeur labile? 31. Se dit-il méant ou tient-il des propos méants envers les autres? 32. A-t-il une préoccupation excessive envers l’attirance physique ? DOMAINE COGNITIF
1. Le client ait-il une interprétation erronée des stimulus internes et externes ? 2. Éprouve-t-il de la diculté à comprendre les idées abstraites ? 3. Est-il capable de déterminer les domaines où il a des problèmes ? 4. Est-il capable de trouver des açons de résoudre ses problèmes? 5. Détermine-t-il les domaines où il a des problèmes en se blâmant ou en blâmant les autres? 6. Est-il vindicati en ce qui concerne la résolution de ses problèmes? 7. Ment-il ? 8. Est-il capable de nommer les traits de caractère bons et mauvais chez les autres ? 9. Est-il capable de distinguer les avantages et les inconvénients de chacune des solutions énumérées durant le processus de résolution de problèmes ?
3. A-t-il des antécédents d’agressivité ou d’agression?
10. Réféchit-il trop aux sujets qui le préoccupent ?
4. Est-il instable?
11. A-t-il un mode de pensée redondant ?
5. A-t-il une aible maîtrise de ses pulsions ou les maîtrise-t-il mal ?
12. Est-il capable de tolérer une satisaction diérée?
6. Est-il crainti ou très anxieux ?
13. Est-il capable de déterminer son propre système de valeurs ?
7. Exprime-t-il un sentiment d’impuissance ?
14. A-t-il de la diculté à apprendre de ses erreurs ?
8. Semble-t-il crainti?
15. Est-il impulsi?
Chapitre 15
Troubles de la personnalité
403
ENCADRÉ 15.16
Évaluation des maniestations du trouble de la personnalité (suite)
16. Manieste-t-il des déciences quelconques de sa mémoire à long terme ou à court terme ?
12. Est-il préoccupé par l’opinion que les autres ont de lui ?
17. Est-il préoccupé? 18. Présente-t-il un manque de validation consensuelle ?
14. Est-il peu enclin à accorder du temps aux autres, à donner des cadeaux et à soutenir ses amis, sau s’il en tire prot ?
19. Décrit-il des idées délirantes quelconques ?
15. Choisit-il des activités solitaires ?
20. A-t-il des hallucinations ? Dans l’armative, sont-elles de nature auditive, visuelle, tactile, gustative ou olactive ? Quel est le contenu de ses hallucinations ?
16. Participe-t-il à des activités sociales ?
13. Est-il extrêmement sensible aux compliments et à la critique?
17. Se sent-il de plus en plus anxieux au cours d’une activité sociale?
21. Vit-il des expériences extrasensorielles?
18. Montre-t-il une absence de désir d’avoir une expérience sexuelle avec une autre personne?
22. Conrme-t-il qu’il a des idées de réérence ?
19. A-t-il de multiples partenaires sexuels?
23. Parle-t-il de croyances bizarres ou de pensées magiques qui infuent sur son comportement ?
20. Est-il indiérent aux compliments et à la critique?
24. Son discours est-il appauvri, digressi, vague ou inadéquatement abstrait ?
22. Exploite-t-il les autres pour satisaire ses besoins?
DOMAINE SOCIAL
1. Le client préère-t-il rester seul ? 2. Exprime-t-il un désir de socialiser, tout en ayant des craintes que les autres ne l’acceptent pas ?
21. S’attend-il à ce que les autres l’exploitent ? 23. Remet-il en question la loyauté ou l’honnêteté de ses amis, de ses associés, de son conjoint ou de son partenaire sexuel ? 24. Voit-il des signications cachées dans les remarques inoensives des autres ? 25. Éprouve-t-il de la rancune envers les autres?
3. Dépend-il des autres an de satisaire ses besoins?
26. Est-il peu enclin à se coner aux autres ?
4. Participe-t-il aux activités amiliales?
27. Est-il préoccupé par lui-même, mais pas par les autres ?
5. A-t-il des amis ?
28. Respecte-t-il ses obligations nancières ?
6. Entretient-il des relations instables comprenant des confits et la peur de l’abandon ?
29. Est-il incapable de planier, par exemple en aisant des voyages sans plan précis ou en quittant un emploi sans en avoir un autre en vue ?
7. Est-il capable de déterminer la dynamique de ses problèmes relationnels ?
30. Répond-il aux besoins élémentaires de ses enants en matière de santé ?
8. Utilise-t-il un comportement manipulateur an de satisaire ses besoins?
31. Participe-t-il à des activités illégales ?
9. Montre-t-il des signes de clivage? Accorde-t-il une grande importance à une relation avec une personne tout en devenant critique et âché envers une autre ? Dévalorise-t-il une personne et se plaint-il d’elle auprès d’une autre personne avec qui il a une bonne relation ?
32. A-t-il un problème d’abus de drogues, de médicaments ou d’alcool?
10. Dénit-il son image de soi par rapport à une relation avec une autre personne?
33. Manieste-t-il le sentiment que tout lui est dû? DOMAINE SPIRITUEL
1. Le client croit-il en une puissance supérieure? 2. Est-il capable d’énoncer le sens et le but de sa vie ?
11. Souhaite-t-il généralement être le centre de l’attention?
RAPPELEZ-VOUS…
Les questions ouvertes permettent au client de diriger la conversation et d’entrer dans les détails. Les questions ermées avorisent l’obtention de réponses concises rapidement.
404
Partie 3
l’inrmière d’être à l’écoute de la moindre parole ou de tout comportement du client. Ces questions refètent les paroles du client pour lui permettre de s’ouvrir ou de continuer dans une direction ou une autre. Les questions adressées au client doivent être précises sans contenir une réponse attendue. Par contre, l’inrmière s’adaptera au client en lui laissant le temps nécessaire pour réféchir à la question (plus de une minute) ; si celui-ci ne répond pas ou éprouve de la diculté à s’exprimer, une question ermée lui permettra de répondre plus acilement. L’inrmière peut poser d’autres questions au client an de l’aider à déterminer si les relations, les processus mentaux et les comportements de celui-ci sont perturbés ENCADRÉ 15.17.
Troubles mentaux
15.5.2
Analyse et interprétation des données
L’inrmière détermine les problèmes prioritaires à partir de l’évaluation approondie de l’état de santé du client eectuée grâce à la collecte des données. L’ordre de priorité des problèmes est établi en onction des questions de sécurité et des besoins du client FIGURE 15.6. Le TABLEAU 15.3 présente les problèmes les plus courants pour les clients ayant un trouble de la personnalité.
15.5.3
Planifcation des soins
Au moment de la planication des interventions avec le client ayant un trouble de la personnalité, l’inrmière se souviendra que les changements du
Collecte des données ENCADRÉ 15.17
Évaluation des relations et des processus mentaux du client atteint d’un trouble de la personnalité
Les questions suivantes aident l’infrmière à évaluer si les relations et les processus mentaux du client sont perturbés.
À quelles personnes parlez-vous de vos préoccupations ? Comment cela vous aide-t-il ?
1. Comment vous décrivez-vous ? Qu’aimezvous de vous ? Qu’aimeriez-vous changer de vous? FIGURE 15.6
L’anxiété est un problème qui découle fréquemment des troubles de la personnalité.
comportement ou de la pensée sont souvent lents. Ces changements résultent de la perception qu’a le client de la nécessité de se transormer. La personne atteinte d’un trouble de la personnalité a des relations interpersonnelles et des valeurs perturbées ne refétant pas les points de vue de la population générale. En raison de ces perturbations, l’inrmière travaille avec le client à l’établissement et à l’atteinte des objectis du traitement.
2. Décrivez vos relations avec votre conjoint, vos enants, vos parents et les autres membres de votre amille. Décrivez vos relations avec vos amis. De quels sujets parlez-vous ensemble ? Quels genres d’activités aites-vous ensemble ? 3. Quels sont vos sentiments à propos de votre travail ? Décrivez-moi vos relations de travail avec votre patron et vos collègues. 4. Si vous avez un problème personnel, à qui aites-vous confance pour vous aider ? 5. Quelles sont vos principales préoccupations ? À quelle réquence y pensez-vous ?
6. Avez-vous parois envie de vous aire du mal ou d’en aire à une autre personne ? Avez-vous déjà eu des idées ou posé des gestes suicidaires? Dans l’afrmative, à quelle réquence? 7. Comment vous sentez-vous en ce moment ? 8. Quel soutien recevez-vous de vos proches ou de vos amis? 9. Consommez-vous de l’alcool ou des drogues ? Avez-vous déjà consulté un médecin pour qu’il vous prescrive des tranquillisants afn de vous calmer ? Que vous a-t-il prescrit ? Que prenez-vous actuellement ? 10. Quelles sont vos croyances et vos pratiques religieuses?
Résultats escomptés Une personne ayant un trouble de la personnalité subit tout au long de sa vie des perturbations en lien avec son image de soi et ses relations interpersonnelles. Les résultats escomptés portent sur la capacité du client de montrer une compréhension de ses émotions et de ses comportements mésadaptés qui sont une source de sourance. L’inrmière et le client travaillent ensemble an de trouver des açons possibles de transormer ces mécanismes inadaptés en des stratégies d’adaptation saines et ecaces. Les résultats escomptés sont ondés sur les problèmes prioritaires et correspondent aux réactions ou aux comportements attendus du client consécutis au plan de soins et de traitements inrmiers. L’inrmière ormule ces résultats en termes clairs et mesurables.
TABLEAU 15.3
15
Problèmes généralement associés aux troubles de la personnalité
GROUPE A
GROUPE B
GROUPE C
• Anxiété
• Risque de suicide
• Anxiété
• Adaptation inefcace
• Risque de violence envers les autres
• Adaptation inefcace
• Isolement social
• Risque d’automutilation
• Faible estime de soi chronique
• Opérations de la pensée perturbées
• Risque de violence envers soi-même
• Interactions sociales défcientes
• Adaptation inefcace • Identité personnelle perturbée • Faible estime de soi chronique
Le client pourra : • montrer l’absence d’idées suicidaires ; • montrer l’absence d’intention de blesser autrui ; • utiliser la méditation ou la présence attentive pour réduire ses comportements impulsifs et ses états émotionnels intenses (Gaines & Barry, 2008) ; • s’abstenir de s’automutiler ; • atteindre et maintenir un fonctionnement aussi optimal que possible comme le démontrent ses interactions appropriées avec les autres à la maison, au travail et dans la communauté FIGURE 15.7 ; • nommer deux comportements impulsifs qu’il manifeste pendant les périodes de stress ;
• reconnaître ses épisodes de distorsions cogni tives (ou déformations cognitives) pendant des périodes de stress ; • déterminer la distorsion cognitive qu’il utilise le plus souvent pendant les périodes de stress ; • nommer une nouvelle méthode de résolution de problèmes ;
Distorsion cognitive (ou déformation cognitive) : Altération de la pensée sur soi, sur les autres, sur les événements provenant d’un jugement déplacé, préconçu, erroné de la situation.
• se récompenser comme moyen d’autoapaisement, à la fois avec un objet ou une sortie (p. ex., s’acheter des eurs, aller au cinéma) et une pensée positive, quand il est capable de reconnaître et de modier une distorsion cognitive ; Chapitre 15
Troubles de la personnalité
405
• S’il y a lieu, placer le client sous surveillance étroite en fonction de son degré de létalité (p. ex., un client qui a mentionné avoir planié se pendre dans l’unité requiert une surveillance continue – à savoir toutes les 30 minutes dans les unités et toutes les 15 minutes au service des urgences et aux soins intensifs selon le niveau de protection requis –, même s’il n’a pas de moyens de mettre son plan à exécution, an de prévenir le suicide.
FIGURE 15.7
Des interactions appropriées avec autrui sont un signe d’amélioration de l’état de la personne ayant un trouble de la personnalité.
• nommer certains types de comportement d’isolement ; • tolérer de courtes périodes d’interaction avec l’inrmière, les membres de sa famille et ses pairs ; • nommer des modèles positifs de comportement ; • formuler un énoncé dans un groupe qui vise à faciliter la socialisation.
15.5.4
Exécution des interventions
La mise en œuvre du plan de soins du client atteint d’un trouble de la personnalité comprend des interventions axées sur la modifcation des pensées et des comportements perturbateurs et dysonctionnels permanents tout en avorisant sa sécurité.
Soins et traitements infrmiers Les interventions infrmières qui s’appliquent à un client ayant un trouble de la personnalité sont nombreuses. Elles doivent être empreintes d’authenticité à l’égard des demandes du client, et l’infrmière établit ses limites tout en se montrant disponible et patiente. Une explication claire des interventions est toujours requise puisqu’elle évite une interprétation de la part du client. Certaines interventions sont à mettre en place avec un client ayant un trouble de la personnalité, quel que soit le groupe ; cependant, chaque groupe nécessite certaines interventions particulières qui s’avèrent plus efcaces ENCADRÉ 15.18. Des interventions infrmières destinées au trouble de la personnalité limite et antisociale sont présentées dans les deux situations cliniques à la fn du chapitre SC 15.1 et 15.2.
406
Partie 3
• Évaluer le client afin de déceler des signes d’automutilation. Les clients autodestructeurs deviennent susceptibles de répéter de tels gestes et peuvent nécessiter une intervention. • Placer le client sous une surveillance étroite jus qu’à ce que son impérieux besoin de s’auto mutiler disparaisse ou jusqu’à ce qu’il soit capable de trouver une autre méthode de soulagement émotionnel (p. ex., s’enrouler dans un drap dans le but de se protéger de l’automutilation [Dresser, 1999] ou participer à un groupe de thérapie par le mouvement) an de le protéger de ses impulsions dangereuses et d’orienter cellesci vers d’autres méthodes plus constructives. • Si le client s’automutile, éviter de donner du renforcement en manifestant de la sympathie ou davantage d’attention. Soigner plutôt les plaies comme n’importe quelle blessure an d’offrir des soins sécuritaires et neutres sans porter de jugement. • Évaluer le client an de déterminer la possibilité d’escalade de la colère en rage et de gestes impulsifs contre d’autres personnes (obtenir ses antécédents de violence, si possible) an de prévenir des préjudices ou des blessures aux autres. • Encourager le client à assister à toutes les séances de groupe an qu’il reçoive le soutien de ses pairs et ait des occasions de résolution de problèmes. Il peut être utile et formateur pour le client de rédiger dans un journal les commentaires reçus durant les séances de groupe. • Enseigner au client d’autres méthodes de gestion de sa colère et de ses sentiments et comportements impulsifs, comme quitter la pièce où a lieu le conit ou se retirer dans un endroit tranquille (p. ex., une chambre d’isolement non verrouillée) jusqu’à ce que l’impulsion de blesser disparaisse. Le retrait du client d’un environnement stimulant et provocateur réduira ses impulsions colériques.
Les interventions inirmières peuvent comprendre les actions suivantes :
• Discuter des sentiments de colère durant une séance de groupe et explorer d’autres méthodes de résolution de problèmes qui distrairont le client de ses sentiments de colère et l’aideront à canaliser son énergie sur des activités constructives.
• Évaluer les idées suicidaires du client et déterminer leur degré de létalité an de prévenir le suicide, les préjudices ou les blessures.
• Encourager le client à rédiger un journal des pensées et des sentiments qu’il a eus avant de sentir le besoin urgent de se mutiler an de
Troubles mentaux
l’aider à reconnaître ses sentiments et ses pensées et à réduire son impulsivité. • Donner au client les anxiolytiques ou les anti psychotiques prescrits an de l’aider à maîtriser son anxiété ou sa rage intense plutôt que de s’automutiler. • Si toutes les tentatives de mesures moins restrictives ont échoué, inviter à prendre une période de pause, utiliser une chambre d’isolement et des mesures de contention physique et rédiger la note d’évolution au sujet de cette intervention selon les exigences du protocole de soins BEPUR
(Behaviorales, Encadrement, Protection, Ur gence, Retrait) (Ordre des inrmières et inrmiers du Québec, 19962011). • Aider le client à reconnaître les modes de pensée qui contribuent à son comportement impulsif, notamment en l’amenant à comprendre le rôle des sentiments intenses (p. ex., l’abandon, la colère, la rage, l’anxiété) dans le comportement impulsif ou la pensée déformée (Gabbard & Horowitz, 2009). L’inrmière enseigne au client à gérer ses comportements impulsifs et ses pensées déformées par diverses méthodes selon le milieu où il se trouve.
Pratiques infrmières suggérées ENCADRÉ 15.18
Accompagner le client ayant un trouble de la personnalité
INTERVENTIONS POUR LES CLIENTS ATTEINTS D’UN TROUBLE DE LA PERSONNALITÉ DU GROUPE A
• Évaluer le degré de paranoïa du client et enrayer tout risque suicidaire. • Assurer un environnement physique et émotionnel sécuritaire afn de réduire les probabilités que le client emploie des stratégies dysonctionnelles d’adaptation pour gérer son anxiété. • Encourager le client à adopter des comportements adéquats afn de résoudre sa crise. • Montrer de l’honnêteté et une attitude de non-intervention afn d’aider le client à aire confance à l’infrmière. • Fournir des explications et ormuler des demandes claires et simples au client afn de réduire son sentiment d’être menacé et contrôlé. INTERVENTIONS POUR LES CLIENTS ATTEINTS D’UN TROUBLE DE LA PERSONNALITÉ DU GROUPE B
• Évaluer l’environnement afn d’éviter les risques de danger pour le client et pour les autres. • Aviser clairement le client que les comportements perturbateurs tels que les blessures envers lui-même ou autrui ainsi que la destruction de biens matériels ne seront pas acceptés.
• Reconnaître toutes les actions du client visant à tester l’infrmière et ne tenir compte que des comportements d’automutilation ; dans ce cas, l’intervention infrmière portera d’abord sur l’aspect physique de ce comportement et, ensuite, sur la verbalisation des émotions. • Renorcer positivement les comportements adéquats. • Inormer le client des techniques d’afrmation positive de soi, comme exprimer ses émotions, ormuler positivement ses demandes et ses opinions, donner des explications claires, poser des questions directes et chercher des solutions et des compromis (Delivré, 2007).
15
• Éviter de longues discussions avec le client, car cela peut être un signe de manipulation de sa part. Donner de l’inormation simple et courte. • Insister sur le moment présent et demander au client d’éviter de généraliser à partir de ses relations antérieures. INTERVENTIONS POUR LES CLIENTS ATTEINTS D’UN TROUBLE DE LA PERSONNALITÉ DU GROUPE C
• Surveiller les signes de dépression chez le client et intervenir de açon appropriée. • Utiliser des mots simples et précis durant les entretiens avec le client.
• Utiliser au besoin les mesures de contention ou l’isolement en avertissant le client au préalable.
• Examiner, avec le client, son comportement accaparant et établir en collaboration avec lui la liste des attentes et des exigences irréalistes.
• Surveiller le client à son retour de sortie temporaire afn de déceler la consommation d’alcool ou de drogue.
• Faire du renorcement positi sur des comportements autonomes.
• Évaluer les comportements autodestructeurs du client (consommation de drogue ou d’alcool) et le diriger vers les organismes spécialisés afn d’assurer un traitement de longue durée.
• Faire preuve de fabilité envers le client en tenant les engagements prévus et en lui montrant une écoute active.
• Axer la relation d’aide sur les raisons et les émotions ressenties qui incitent le client à poser des gestes de passage à l’acte.
• Enseigner des techniques de relaxation telles que la respiration consciente, la respiration du cœur, la méditation et la relaxation.
• Aviser clairement le client de la présence de limites en lui en expliquant les raisons et en lui précisant qu’il ne s’agit pas de gestes punitis.
• Trouver, en collaboration avec le client et tout en respectant ses goûts, des activités physiques ou intellectuelles afn de diminuer le stress.
• Inormer clairement la amille sur l’importance de l’acquisition de comportements indépendants chez le client.
Chapitre 15
Troubles de la personnalité
407
• Suggérer d’autres méthodes an de gérer les sentiments intenses, telles les suivantes : − reconnaître l’état émotionnel intense et penser à une action qui aide à réduire l’intensité de ce sentiment sans avoir recours à des gestes impulsifs ou autodestructeurs, mais plutôt à des comportements acceptables (p. ex., se défouler sur un sac de sable, serrer une balle de caoutchouc, faire de la course à pied, pratiquer l’art thérapie, etc.) ; − utiliser la méditation ou la présence atten tive an de réduire les sentiments intenses et prévenir les réactions impulsives à ces sentiments (Gaines & Barry, 2008) ; − parler de ces sentiments intenses en se regardant dans un miroir et en disant ce que l’on souhaite exprimer à l’objet de sa colère ;
Des techniques efcaces pour s’adresser au client atteint d’un trouble de la personnalité limite sont présentées dans l’encadré 15.1W, qui peut être consulté au http://ortinash/ cheneliere.ca
408
Partie 3
• Engager le client dans des interactions fré quentes et de courte durée plusieurs fois durant son quart de travail an d’illustrer la valeur et l’importance des interactions avec les autres. • Faire appel à des groupes de résolution de pro blèmes et à d’autres groupes qui se concentrent sur l’autonomie et les responsabilités communautaires an d’aider le client à comprendre la valeur des interactions avec les autres. • Enseigner au client les techniques d’afrmation de soi an d’améliorer sa capacité d’entrer en relation avec les autres.
− déterminer de saines méthodes de gestion de la colère, comme discuter de la question avec la personne concernée ;
• Formuler des commentaires au client sur son interaction avec les autres immédiatement et sans jugement an de faciliter son apprentissage de nouvelles habiletés sociales .
− recourir à des jeux de rôle avec le personnel inrmier sur les diverses façons d’aborder le problème qui a précipité l’apparition des sentiments intenses ;
• Respecter le client en croyant en son potentiel de changement et en lui laissant prendre cer taines décisions an de lui permettre d’acquérir une autonomie et un sens de la maîtrise de soi.
− aborder la question dans un groupe de résolution de problèmes afin de recevoir des commentaires de la part des pairs ;
Faire participer la famille et les proches
− se récompenser en utilisant des moyens agréables et sains (p. ex., s’acheter une gâterie, jouer à un jeu vidéo ou lire). De nombreux organismes viennent en aide aux personnes ayant un trouble de la personnalité ainsi qu’à leurs proches, notamment le Carreour TPL (www. carreourtpl.com) et le Centre d’entraide Émotions (www. entraide-emotions.org).
à leur égard. Les interactions et le rôle (p. ex., la victime, le conciliateur) du client au sein de sa famille ou de ses proches informent l’inrmière sur la perception qu’a le client de luimême.
• Accompagner le client dans la résolution de ses problèmes, en utilisant un document papier où celuici rédigera tous les éléments du processus de résolution : détermination du problème, énumération de toutes les solutions qu’il envisage, avantages et inconvénients de cellesci. Le client choisira une solution sous la supervision de l’inrmière et la mettra en application en précisant un horaire, s’il y a lieu, et un échéancier réaliste de réalisation. Puis ils feront ensemble l’évaluation de cette action en expliquant les raisons de la réussite ou de l’échec de la solution appliquée. Tout ce processus se déroule en plusieurs rencontres, et la collaboration du client s’avère primordiale.
Les clients sont très souvent inconscients de la sourance qu’ils causent à leur amille et à leurs proches puisqu’ils ne considèrent pas les gens en général comme des personnes distinctes ayant des besoins personnels. De plus, leurs demandes continues d’attention et de soins créent une pression chez un ou plusieurs des membres de la amille. Les clients atteint d’un trouble de la personnalité proviennent réquemment de amilles dysonctionnelles à cause d’une maltraitance parentale et d’un trouble de l’attachement chez les enants. Ils évoluent donc souvent dans un climat de communication confictuel (Villeneuve, 2006).
Dans ce cadre, la amille a une importance capitale dans la communication thérapeutique avec le client, car celui-ci éprouve régulièrement de la diculté à situer les premières maniestations du problème et à envisager toutes les solutions possibles. Des membres proches de la amille peuvent aider le client à cheminer vers la prise de déci• Aider le client à explorer des comportements sions acceptables pour lui. Le traitement est souqui ont un lien avec la communauté tels qu’une vent plus ecace et plus rapide quand les deux conduite automobile sécuritaire et le sens des parties en cause s’impliquent dans la même interresponsabilités envers l’environnement an de vention (Villeneuve, 2006). Ainsi, pour contrer le l’amener à se concentrer sur des changements manque de motivation de certains clients à s’engaqu’il peut faire pour vivre de façon plus saine et ger dans une démarche thérapeutique, il est souvent nécessaire d’avoir recours aux proches qui plus responsable. sourent et qui désirent • Évaluer la famille et les que la situation change. proches du client en Des membres proches de la famille peuLes rencontres entre observant leur dyna vent aider le client à cheminer vers la le client et la amille mique et en détermiprise de décisions acceptables pour lui. nant le rôle de celuici doivent se baser sur des
Troubles mentaux
consignes explicites de la part de l’inrmière, qui reusera les exigences déraisonnables du client. L’inrmière demandera à tous de travailler dans un respect mutuel. Advenant un non-respect de ces consignes, elle interviendra, si nécessaire d’une açon directe, en résumant objectivement les points de vue en présence an d’éviter les méprises ou les agressions verbales tout en surveillant les comportements du client. L’inrmière est appelée à aire preuve de souplesse an de préserver l’alliance thérapeutique établie avec le client, si précaire soit-elle, car celui-ci pourrait adopter une attitude négative et reuser de participer aux prochaines rencontres en réaction aux contraintes imposées ENCADRÉ 15.19.
Soins et traitements en interdisciplinarité Le travail d’équipe s’avère important an d’assurer une constance dans la planication et les interventions. Sans un travail d’équipe, le client atteint d’un trouble de la personnalité pourrait tenter de manipuler certains membres du personnel et utiliser le clivage comme mécanisme de déense. Une équipe regroupant les proessionnels de nombreuses disciplines ournit les interventions les plus complètes au client ayant un trouble de la personnalité, qu’il soit hospitalisé à temps plein ou à temps partiel, ou soigné dans un centre de jour. Plus le client et ses proches ont de l’inormation, plus ils comprennent les choix concernant l’utilisation des services de traitement et le respect de la médication. L’inrmière est en position de soutenir la recherche et d’y participer. Elle joue un rôle central dans les soins en interdisciplinarité, car elle prend, entre autres, en note les décisions du médecin et des autres thérapeutes,
planie l’exécution des interventions et la prise des rendez-vous, procède aux requêtes de laboratoire et envoie les demandes de consultation dans les services concernés FIGURE 15.8.
Ergothérapie L’ergothérapeute évalue les capacités et les incapacités du client, et l’aide nécessaire pour améliorer son onctionnement et son autonomie dans des domaines tels que les activités de la vie quotidienne et les activités de la vie domestique. L’ergothérapeute enseigne des habiletés adaptatives permettant d’améliorer le onctionnement du client à la maison, à l’école et au travail. Il planie et dirige souvent des rencontres de groupe qui portent sur la gestion du stress, l’amélioration des habiletés parentales, la résolution de confits, la gestion du temps, l’établissement d’un budget, les sentiments et la conscience de soi.
RAPPELEZ-VOUS…
Les membres de l’équipe interdisciplinaire communiquent de l’inormation en discutant entre eux dans le but de déceler des problèmes et de trouver des solutions.
15
FIGURE 15.8 Une équipe interdisciplinaire, coordonnée par l’infrmière, assure des interventions cohérentes.
Relation d’aide ENCADRÉ 15.19
Favoriser une relation efcace avec un client ayant un trouble de la personnalité
Le client qui a un trouble de la personnalité a de la diculté à entrer en relation avec les autres. Par conséquent, l’établissement de limites entre lui et autrui s’avère ardu. L’inrmière dénit les limites de la relation thérapeutique avec le client an de garantir une relation sécuritaire et centrée sur celui-ci. Cela est particulièrement important si l’inrmière se sent vulnérable, peut-être en raison d’autres agents stressants personnels ou proessionnels. Elle évalue ses sentiments à l’égard du client qu’elle a sous sa responsabilité ainsi que ses acteurs de stress personnels. Elle se posera les questions suivantes : Les agents stressants perturbent-ils mon travail ? Comment puis-je gérer ces problèmes sans devenir vulnérable devant le client que je soigne ? Si l’inrmière reconnaît qu’elle a des sentiments
particuliers envers un client, elle doit en discuter avec une collègue ou obtenir une supervision clinique ou de l’aide dans le cadre du programme d’aide aux employés (Bland, Tudor & McNeil Whitehoute, 2007). La relation d’aide pour un client atteint d’un trouble de la personnalité doit se baser sur l’établissement de structures claires, tout en avorisant une certaine souplesse qui se traduit dans les interventions inrmières et la relation thérapeutique. L’inrmière ait preuve de respect, d’empathie et d’immédiateté, et elle utilise les techniques telles que le résumé, la synthèse et la conrontation douce an de générer un processus de réfexion. L’utilisation de questions ouvertes et de la validation lui permettra d’éviter d’interpréter les réponses du client.
Chapitre 15
Troubles de la personnalité
409
Art thérapie et musicothérapie Le thérapeute utilise l’art an d’aider le client à exprimer les pensées et les sentiments qu’il lui est impossible de verbaliser. Ce type de thérapie aide le client à comprendre les problèmes d’un point de vue symbolique et lui ournit un nouveau mode d’expression et d’autoapaisement. Par exemple, un client qui ressent une rage intense et qui veut s’automutiler utilisera plutôt l’art an d’exprimer ses sentiments. De la même manière, la musicothérapie utilise la musique pour aider le client à s’exprimer FIGURE 15.9.
Kinésithérapie La kinésithérapie aide le client à bouger son corps quand il est stressé et lui enseigne des méthodes de relaxation. Cette thérapie est utile au client qui devient léthargique en raison de sentiments intenses tels que l’abandon et la colère. Elle lui enseigne à se masser an de retrouver des sensations plus agréables au lieu de s’automutiler, par exemple.
21 Le chapitre 21, Psychopharmacothérapie et autres thérapies biologiques, décrit les mécanismes d’action et les effets des principaux médicaments psychotropes.
ALERTE CLINIQUE
Il existe une très grande variabilité dans la réponse thérapeutique des clients atteints d’un trouble de la personnalité. Leur collaboration au traitement représente un enjeu important à considérer dans le choix d’un soutien pharmacologique (Duchaine, 2010).
Récréologie La récréologie aide le client qui a un trouble de la personnalité à explorer des açons d’avoir du plaisir sans aire appel à des comportements autodestructeurs tels que l’abus d’alcool, de drogues ou de médicaments. Cette méthode s’avère utile chez un client éprouvant de la diculté à socialiser, car les loisirs améliorent les habiletés sociales. La récréologie peut être directive ou non directive. Dans le premier cas, le client doit observer les règles qui lui sont imposées par le jeu. Cela permet au thérapeute de vérier les réactions du client au gain ou à la perte. Dans le cas d’une récréologie non directive, le client exprime ses sentiments ou ses émotions sans qu’aucune directive ne lui soit imposée en utilisant, par exemple, un jeu de rôle.
Psychopharmacothérapie Les médicaments apportent souvent une aide majeure au client ayant un trouble de la personnalité ENCADRÉ 15.20. Le client violent envers les autres a parois besoin de médicaments an de
Psychopharmacothérapie ENCADRÉ 15.20
Troubles de la personnalité
• Les interventions pharmacologiques sont axées sur les symptômes, peu importe le type de trouble de la personnalité. • Le traitement pharmacologique inclut l’utilisation à court terme de benzodiazépines et d’antipsychotiques pour soulager l’agressivité et l’impulsivité.
410
Partie 3
Troubles mentaux
• Les stabilisateurs de l’humeur sont utilisés afn de soulager la rage, la violence, l’impulsivité et les sentiments de perte de maîtrise. • Les antidépresseurs et les anxiolytiques fgurent parmi les autres médicaments utilisés.
FIGURE 15.9 La musicothérapie peut aider le client à exprimer ses pensées et ses émotions.
maîtriser ses comportements et ses impulsions émotionnelles. Les directives de pratique pour le traitement d’une personne atteinte d’un trouble de la personnalité limite mentionnent que les inhibiteurs sélectis du recaptage de la sérotonine (ISRS) réduisent les symptômes du client qui a un dérèglement aecti (APA, 2005). Si ce dérèglement est accompagné d’anxiété, les benzodiazépines telles que le clonazépam (Rivotrilmd) sont généralement nécessaires à court terme, en plus des ISRS. Les stabilisateurs de l’humeur tels que le carbonate de lithium, la carbamazépine (Tegretolmd) et le divalproex (Epivalmd ) sont des traitements complémentaires ecaces pour le dérèglement aecti. Pour la personne qui montre de la colère et de l’impulsivité, un ISRS est le traitement de choix. Les directives de pratique clinique recommandent l’utilisation de fuoxétine ( Prozac md) comme traitement de première intention de ce symptôme, mais les autres ISRS peuvent aussi être utilisés. Le client très agité ou psychotique réagit parois à un antipsychotique à aible dose. La quétiapine est l’antipsychotique le plus souvent utilisé dans ces situations cliniques. Au client extrêmement violent qui est incapable de maîtriser cette impulsion, des médicaments sont parois administrés par voie intramusculaire tels des benzodiazépines comme le lorazépam (Ativan md) ou des antipsychotiques comme l’halopéridol. La surveillance des eets indésirables est une importante onction de l’inrmière 21 .
Psychothérapies | Thérapie cognitivo-comportementale | La théorie cognivo-comportementale s’avère utile dans le traitement des troubles de la personnalité. Cette thérapie s’échelonne sur une période plus longue que pour la personne anxieuse ou dépressive, puisqu’il est plus dicile de aire reconnaître au client sa personnalité problématique et l’importance de la modier. Selon certains auteurs, une thérapie cognitivo-comportementale durant
une période de six mois à deux ans s’avère nécessaire afn d’obtenir des résultats positis chez ce type de clientèle (Brenner, Hodel, Roder et al., 1992 ; Briand, Lalonde, Lesage et al., 1999). Puisque les résultats positis s’observent sur une longue période, l’infrmière pourra être appelée à redonner les mêmes explications à plusieurs reprises au client afn de avoriser la progression des étapes vers un rétablissement complet 20 . | Thérapie comportementale dialectique | En 1993, Marsha Linehan (1943- ) a déterminé les comportements répétitis des personnes ayant un trouble de la personnalité limite. Elle a étudié les interventions qui réduisent les comportements les plus destructeurs tels que le comportement suicidaire, le clivage et la réactivité émotionnelle intense. Ce travail lui a permis d’élaborer une stratégie de traitement appelée thérapie comportementale dialectique. Sa principale hypothèse consiste en l’utilisation du dialogue pour aider le client à retravailler ses réactions destructrices en situation de crise. La thérapie comportementale dialectique enseigne au client qu’il existe des açons de réduire ses idées suicidaires ou ses réactions émotionnelles en situation de crise. Ce type de thérapie se base sur l’apprentissage de nouveaux modes de pensée et de comportement par le client. La thérapie comportementale dialectique ore un excellent taux de réduction des symptômes de la personne ayant un trouble de la personnalité limite (APA, 2005 ; Osborne & McCornish, 2006). La recherche actuelle indique que la thérapie comportementale dialectique réduit la durée de l’hospitalisation des personnes traitées, car elle diminue les tendances suicidaires et améliore le onctionnement interpersonnel (Osborne & McCornish, 2006). | Thérapie individuelle | La thérapie individuelle aide le client à explorer ses problèmes, à défnir de nouvelles solutions et à discuter de la açon dont un nouveau comportement aidera à résoudre le problème initial. Puisque le système de santé met davantage l’accent sur la thérapie à court terme, la thérapie individuelle est maintenant orientée vers la résolution de problèmes plutôt que vers l’exploration basée sur le traumatisme d’origine. La thérapie individuelle permet notamment l’élimination des envies suicidaires et la gestion des émotions chez le client afn d’éviter les incidents au cours des séances de groupe. | Thérapie de groupe | La thérapie de groupe est elle aussi axée sur la résolution de problèmes. Le travail repose sur la dynamique répétée de la personne dans le groupe FIGURE 15.10. Cela se révèle particulièrement utile au client atteint d’un trouble de la personnalité du groupe B qui a un comportement dramatique et qui nécessite beaucoup d’attention. Les membres du groupe aident le client à comprendre les eets de son comporte-
20 Le chapitre 20, Modèles et stratégies thérapeutiques, présente en détail les principales thérapies.
FIGURE 15.10 Il est important d’encourager le client à assister à toutes les séances de groupe afn qu’il reçoive notamment le soutien de ses pairs.
ment sur chacun d’eux afn qu’il puisse utiliser cette inormation dans ses relations quotidiennes avec ses proches. Les séances de groupe permettent entre autres au client de gérer ses émotions et ses comportements dans un contexte social. La thérapie de groupe est généralement eectuée en complémentarité avec des séances individuelles. | Thérapie familiale | La thérapie amiliale s’avère utile au client ayant un trouble de la personnalité, car la dynamique amiliale est souvent transposée dans d’autres relations, par exemple avec le patron ou le conjoint. Les séances amiliales consistent en une évaluation du système amilial et une exploration de l’impact des problèmes du client sur la dynamique amiliale.
15.5.5
Évaluation des résultats – Évaluation en cours d’évolution
L’étape d’évaluation des résultats est un processus continu qui a pour but d’assurer une pratique infrmière fable, respectueuse, efcace et exempte de jugement. L’évaluation se ait en deux étapes : 1. L’infrmière compare le onctionnement ac tuel du client avec les résultats escomptés ENCADRÉ 15.21. 2. L’infrmière pose des questions afn de déterminer les raisons possibles pour lesquelles les résultats escomptés n’ont pas été atteints (Fortinash & Holoday Worret, 2007). Dans les cas graves où le client est hospitalisé, il importe de considérer les acteurs de risque concernant la sécurité du client et celle des autres, et ce, tout au long de la démarche de soins. Chez certains clients ayant un trouble de la personnalité, les idées suicidaires ont partie du processus mental quotidien. Au moment de leur évaluation, il aut déterminer la présence d’idées suicidaires ou d’un plan de suicide et leur intention de le mettre en œuvre 28 . Chapitre 15
ALERTE CLINIQUE
Le client atteint d’un trouble de la personnalité paranoïaque ne tolère pas les thérapies de groupe qui demandent ou impliquent la confrontation ou un engagement émotionnel.
15
L’Association laurentienne des proches de la personne atteinte de maladie mentale (www. alppamm.org), l’Éclusier du Haut-Richelieu (www.eclusierhr. ca) et OASIS Santé Mentale (www.oasissantementale.org) sont autant de ressources en région qui fournissent de l’entraide aux familles dont un proche est atteint d’un trouble de la personnalité.
28 Les mesures de préven tion et les interventions à effectuer auprès d’un client suicidaire sont présentées dans le chapitre 28, Suicide.
Troubles de la personnalité
411
Collecte des données ENCADRÉ 15.21
Signes de rétablissement
Si le client est dans un service de consultation externe, l’infrmière vérife les points suivants avant qu’il obtienne son congé : • Le client maîtrise ses impulsions autodestructrices telles que l’abus de substances quand il se sent bouleversé ou le désir de commettre un vol à l’étalage quand il éprouve un sentiment de vide, par exemple.
Jugement clinique
Un suivi psychiatrique, qu’il se donne dans le cadre Josette Leblond, âgée de 22 ans, est atteinte d’un d’un programme d’hospitalitrouble de la personnalité limite. Elle est hospitalisée sation partielle, d’un centre parce qu’elle pose des gestes impulsis d’automutilade traitement de jour ou d’une tion. Elle peut cependant bénéfcier d’un congé de fn psychothérapie externe, est de semaine dans sa amille. À votre demande, elle important afn de permettre avait accepté de discuter des modalités de sortie avec au client de travailler sur cerson père, mais elle n’a pas pris le temps de le aire. tains problèmes qui ont Que pourriez-vous dire à madame Leblond pour la contribué à la crise ayant conronter doucement au ait qu’elle n’a pas parlé nécessité une hospitalisation. des modalités de sortie avec son père ? Avant d’obtenir son congé de l’hôpital, il est primordial que le client ait un plan de soins de suivi externe. De plus, la date de son premier rendez-vous posthospitalier doit avoir été fxée. L’enseignement au client est un outil puissant afn de l’aider à comprendre les troubles mentaux
412
Partie 3
Troubles mentaux
• Il comprend les symptômes qui l’ont amené à avoir besoin d’une psychothérapie. • Il comprend les types de symptômes qui indiquent un besoin de traitement. • Il est capable de recourir à un programme communautaire qui convient à ses problèmes, par exemple Alcooliques Anonymes ou Narcotiques Anonymes.
dont il est atteint et pour prévenir une rechute de ses symptômes. Avant son congé de l’hôpital, chaque client doit recevoir un enseignement sur les sujets suivants : • le besoin de soins de suivi dans un service de consultation externe ; • les symptômes psychiatriques qui indiquent un besoin urgent de traitement ; • l’importance de la médication ainsi que le mécanisme d’action et les effets de tous les médicaments qu’il prend. Cet enseignement au client se ait en groupe ou individuellement. Si l’enseignement en groupe porte sur la prévention des rechutes ou la médication, l’infrmière trouvera utile de revoir les données du dossier médical propre à chaque client avant son congé.
Situation clinique SC 15.1
Trouble de la personnalité antisociale
Jean Dupuis, âgé de 38 ans, a été transéré directement de l’unité d’urgence à l’unité psychiatrique après s’être battu dans un bar. Il était alors sous l’infuence de la phencyclidine (PCP) et de l’alcool. Le personnel de l’unité d’urgence a évalué qu’il était médicalement stable, mais a recommandé son admission en raison de son potentiel de violence actuel et d’antécédents d’épisodes de violence similaires dans le passé. À son arrivée à l’unité psychiatrique, monsieur Dupuis était en colère. Il criait qu’il avait été traité injustement et qu’il n’avait pas besoin d’être
hospitalisé à l’unité psychiatrique « avec tous ces ous ! ». Il a demandé qu’on lui apporte une télévision dans sa chambre et une cigarette. Devant le reus du personnel, il a haussé la voix et a proéré des menaces. Il a armé à l’inrmière responsable qu’il obtiendrait ce qu’il voulait, qu’il avait des amis au conseil d’administration de l’hôpital et qu’il y aurait une enquête sur la gestion de son cas si on ne le laissait pas umer ou regarder la télévision en privé. Il a rappelé à l’inirmière qu’il avait été admis à la suite d’une bagarre et qu’il savait comment parvenir à ses ns.
DIAGNOSTICS SELON LES AXESa
Axe I • Abus de substance : alcool et PCP Axe II • Trouble de la personnalité antisociale Axe III • Médicalement stable, surveillance des signes d’intoxication et de sevrage Axe IV • Problèmes liés à l’environnement social Axe V • Évaluation globale du fonctionnement (EGF) = 40 (actuellement) ; EGF = 60 (année précédente)
PROBLÈME DÉCOULANT DE LA SITUATION DE SANTÉ
Risque de violence envers les autres lié à la perception d’un environnement hostile, à des antécédents de violence envers les autres, à l’ingestion récente de PCP et d’alcool, se maniestant par un ton élevé de la voix et un comportement verbal menaçant
RÉSULTATS ESCOMPTÉS
INTERVENTIONS INFIRMIÈRES
• Autorégulation de l’agressivité, des comportements abusis et des impulsions
• Garder en tout temps une attitude calme et un ton de voix bas.
• Meilleure gestion du stress • Diminution des comportements menaçants
15
• Rationaliser la colère du client et reormuler les motis de l’hospitalisation en termes moins négatis. • Établir des limites claires, aviser le client des conséquences du non-respect de ces limites et prendre des mesures de sécurité dès que les limites ne sont pas respectées. • Souligner au client les comportements menaçants observés. • Administrer la médication prescrite
PROBLÈME DÉCOULANT DE LA SITUATION DE SANTÉ
Abus de substances lié à des stratégies d’adaptation inecaces entraînant des comportements perturbateurs, de l’impulsivité et une perte de maîtrise de soi
RÉSULTATS ESCOMPTÉS
INTERVENTIONS INFIRMIÈRES
• Autorégulation de l’anxiété, de l’agressivité et de l’impulsivité
• Évaluer la motivation du client à modier ses comportements.
• Utilisation de ressources appropriées (soutien social, ressources en santé)
• Déterminer le mode de consommation, aider le client à reconnaître les impacts négatis et positis des stratégies d’adaptation qu’il utilise et cibler avec lui les acteurs déclencheurs de l’impulsivité et de la colère.
• Capacité de prise de décision accrue • Diminution de la consommation de substances
a
• Chercher avec le client des stratégies diérentes pour aire ace aux situations anxiogènes, évaluer le réseau social, orienter le client vers des organismes de soutien et l’encourager dans ses démarches.
Les diagnostics sont posés selon les axes du DSM-IV-TR de l’APA (2004).
Chapitre 15
Troubles de la personnalité
413
Plan de soins et de traitements infrmiers de Jean Dupuis
FIGURE 15.11
414
Partie 3
Troubles mentaux
Facteurs de risque Maniestations cliniques
Constat médical
Physiopathologie
Résultats escomptés Interventions infrmières
Problèmes découlant de la situation de santé Interventions interdisciplinaires
Problème de santé : Trouble de la personnalité antisociale
À partir des données consignées au dossier du client, la FIGURE 15.11 illustre un exemple de plan de soins mis en œuvre par l’infrmière.
SCHÉMA INTÉGRATEUR
Situation clinique SC 15.2
Trouble de la personnalité limite
Joanna Carrew, une emme âgée de 29 ans, soure d’un trouble de la personnalité limite. Elle est devenue suicidaire après que son conjoint Alain a mis fn à leur relation, qui a toujours été orageuse. Son conjoint a menacé de la quitter à quelques reprises. L’an dernier, à la suite d’une séparation, madame Carrew a été hospitalisée après avoir avalé des médicaments. Cette ois-ci, elle a commencé à boire et à prendre du lorazépam (Ativanmd) pour se calmer après leur rupture. Puis elle est devenue agressive. Elle s’est DIAGNOSTICS SELON LES AXESa
Axe I Axe II Axe III Axe IV Axe V
PROBLÈME DÉCOULANT DE LA SITUATION DE SANTÉ
Risque de suicide lié à un sentiment intense d’abandon, à un degré d’anxiété élevé, à l’impulsivité et à des antécédents de tentative de suicide
RÉSULTATS ESCOMPTÉS
INTERVENTIONS INFIRMIÈRES
• Diminution des idées suicidaires
• • • •
• Diminution des comportements dépressis • Autorégulation de l’impulsivité
• Abus de substances : alcool et lorazépam (Ativanmd) • Trouble de la personnalité limite • Fracture du bassin • Problèmes éprouvés avec le groupe de soutien principal (rupture avec son conjoint) • EGF = 30 (actuellement) ; EGF = 60 (année précédente)
Instaurer une surveillance étroite. Établir un contrat de sécurité avec la cliente. Déterminer avec la cliente des stratégies de gestion du stress. Aider la cliente à trouver des stratégies diérentes.
PROBLÈME DÉCOULANT DE LA SITUATION DE SANTÉ
Stratégies d’adaptation inefcaces liées à une rupture conjugale, qui se maniestent par des comportements vengeurs envers le conjoint, des comportements impulsis destinés à se aire du mal et l’usage de drogue et d’alcool
RÉSULTATS ESCOMPTÉS
INTERVENTIONS INFIRMIÈRES
• Diminution des idées suicidaires
• • • •
• Autorégulation de l’impulsivité ; meilleure gestion de l’anxiété • Recours au soutien social • Augmentation du sentiment de bien-être personnel
Aider la cliente à reconnaître les sentiments intenses qu’elle ressent. Déterminer avec la cliente des stratégies de gestion du stress plus constructives. Accompagner la cliente dans ses choix personnels. Évaluer le réseau social actuel de la cliente et lui suggérer l’intégration à un groupe thérapeutique ou de soutien lorsque sa condition physique le lui permettra.
PROBLÈME DÉCOULANT DE LA SITUATION DE SANTÉ
Deuil compliqué lié à une rupture conjugale, qui se manieste par l’usage de drogue et d’alcool et des idéations suicidaires
RÉSULTATS ESCOMPTÉS
INTERVENTIONS INFIRMIÈRES
• Amorce du processus de deuil
• • • •
• Autorégulation des symptômes dépressis • Rehaussement de l’estime de soi
a
rendue à la maison des parents d’Alain, où celui-ci habitait, et a lancé une roche à la enêtre du salon en criant qu’elle aimait Alain et ne pouvait vivre sans lui. Elle a crié : « Je ne veux aire de mal à personne. Je veux seulement mourir! » Puis elle a couru dans la rue et s’est jetée devant une automobile. Le conducteur a reiné brusquement, mais la collision a été assez brutale pour la renverser et lui racturer le bassin. Elle a été admise dans un hôpital local, où elle jure de se aire du mal si Alain ne revient pas.
Déterminer avec la cliente de saines stratégies de gestion du stress. Aider la cliente à verbaliser ses sentiments concernant la perte. Encourager la cliente à se fxer des objectis personnels réalistes, à court et à moyen terme. Évaluer le réseau social actuel de la cliente et lui suggérer l’intégration à un groupe thérapeutique ou de soutien lorsque sa condition physique le lui permettra.
Les diagnostics sont posés selon les axes du DSM-IV-TR de l’APA (2004).
Chapitre 15
Troubles de la personnalité
415
15
SCHÉMA INTÉGRATEUR
FIGURE 15.12
Plan de soins et de traitements infrmiers de Joanna Carrew
416
Partie 3
Troubles mentaux
Interventions infrmières Interventions interdisciplinaires Maniestations cliniques Physiopathologie
Résultats escomptés Problèmes découlant de la situation de santé Facteurs de risque Constat médical
Problème de santé : Trouble de la personnalité limite
À partir des données consignées au dossier de la cliente, la FIGURE 15.12 illustre un exemple de plan de soins mis en œuvre par l’infrmière.
Analyse d’une situation de santé
Jugement clinique
Gina Bernier est âgée de 22 ans, et elle ume depuis 8 ans. Elle travaillait comme secrétaire dans un bureau de notaires depuis cinq mois. Elle a été congédiée parce qu’elle réprimandait de açon colérique les clients qui arrivaient en retard à leur rendez-vous, tenait des propos méprisants et dévalorisants envers ses collègues de travail, se permettant même de réprimander vertement ses patrons parce qu’ils reusaient d’augmenter son salaire chaque mois comme elle le demandait. De plus, elle commettait de graves erreurs dans la rédaction des contrats et commandait subitement du matériel de bureau sans en avertir ses patrons.
assaut physique de la part de son patron immédiat, ce qui était évidemment aux. À la suite de son congédiement, elle a décidé impulsivement de mettre le eu dans l’édifce. Les pompiers l’ont attrapée alors qu’elle tentait de uir, et elle a été conduite à l’urgence psychiatrique où un trouble de la personnalité limite (borderline) a été diagnostiqué. Elle était connue de ce milieu puis qu’elle avait déjà été hospitalisée à la suite de comportements autodestructeurs à deux reprises au cours des deux dernières années. Elle vient tout juste d’être admise à l’unité de psychiatrie. Elle crie et exige qu’on la retourne chez elle : « Vous ne m’empêcherez pas de me sauver d’ici. Je suis capable de mettre le eu ici aussi. J’ai bien ait de aire ce que j’ai ait. Je vais me venger, je le jure. Vous ne savez pas ce dont je suis capable! » {
Comme elle se sentait toujours persécutée, elle a menacé de porter plainte à la Commission des normes du travail pour harcèlement sexuel et SOLUTIONNAIRE
http://fortinash/cheneliere.ca MISE EN ŒUVRE DE LA DÉMARCHE DE SOINS
Collecte des données – Évaluation initiale – Analyse et interprétation
15
1. Trouvez cinq caractéristiques d’une personnalité limite dans les données de la situation de madame Bernier. 2. Au cours de votre évaluation, pourquoi devriezvous vérifer la présence de signes de stimulation du système nerveux sympathique tels que tachycardie, hausse de la pression artérielle, pâleur ? 3. Quelles autres maniestations physiques devriezvous vérifer chez la cliente ? Nommezen quatre. 4. Sur le plan émotionnel, que autil évaluer concernant les impulsions de madame Bernier ? 5. Estil important de vérifer si madame Bernier a des hallucinations ? Justifez votre réponse. 6. Lorsque vous procédez à l’évaluation de madame Bernier, devriezvous rechercher des données sur ses interactions sociales ? Justifez votre réponse. Extrait des notes d’évolution
2013-09-12 14:30 Vo ’êhrz p m ar d’c. J caal mer l fu c as. J’a bn fait fair c q j’a fait. J a m vgr, j l jr. Vo az p c ot j caal.
7. Voici un extrait du plan thérapeutique inirmier de la cliente. Ajoutez un problème prioritaire (numéro 3) nécessitant un suivi clinique propre à l’attitude de madame Bernier. Extrait CONSTATS DE L’ÉVALUATION Date
Heure
2013-09-12 14:30
N°
2
Problème ou besoin prioritaire
Menace de mettre le feu
Initiales
RÉSOLU / SATISFAIT Professionnels / Date Heure Initiales Services concernés
A.H.
Planifcation des interventions – Décisions infrmières 8. Écrivez deux directives inirmières visant à assurer le suivi clinique du problème prioritaire numéro 2. Les directives doivent également s’adresser aux préposés aux bénéfciaires et aux visiteurs.
Chapitre 15
Troubles de la personnalité
417
MISE EN ŒUVRE DE LA DÉMARCHE DE SOINS
Extrait SUIVI CLINIQUE Date
Heure
N°
2013-09-12
14:30
2
Directive infrmière
Signature de l’infrmière
Adeline Hassad
Initiales
A.H.
Programme / Service
Initiales
Signature de l’infrmière
CESSÉE / RÉALISÉE Date Heure Initiales
Initiales
Programme / Service
Unité de psychiatrie Unité de psychiatrie
9. Pourquoi devezvous évaluer les caractéristiques de l’environnement physique de madame Bernier ? 10. Comment assurerezvous un environnement sécuritaire pour madame Bernier ? 11. Que pourriezvous faire pour aider madame Bernier à mieux gérer sa colère, ses sentiments et ses com portements impulsifs ?
Il est 15 h. Madame Bernier est hospitalisée depuis huit jours. Malgré les interventions faites, elle est de plus en plus irritable. Elle accepte le fait d’être accompagnée à l’extérieur lorsqu’elle désire fumer, et elle ne menace plus de mettre le feu. Mais elle se met facilement en {
colère contre les autres clients et le personnel, allant même jusqu’à les bousculer parfois. Elle n’a jamais frappé personne, mais elle avise qu’elle va le faire si on ne se retire pas de sa vue. Les autres clients l’évitent même lorsqu’elle est calme. ”
MISE EN ŒUVRE DE LA DÉMARCHE DE SOINS
Évaluation des résultats – Évaluation en cours d’évolution 12. Ajustez le PTI de la cliente en fonction de ces nouvelles données. Extrait CONSTATS DE L’ÉVALUATION Date
Heure
2013-09-12 14:30
N°
2
Problème ou besoin prioritaire
Initiales
Menace de mettre le feu
A.H.
RÉSOLU / SATISFAIT Proessionnels / Date Heure Initiales Services concernés
201309-20
15:00
SUIVI CLINIQUE Date
Heure
N°
2013-09-12
14:30
2
Signature de l’infrmière
Adeline Hassad
Directive infrmière
Initiales
A.H.
Programme / Service
Unité de psychiatrie Unité de psychiatrie
418
Partie 3
Troubles mentaux
Initiales
Signature de l’infrmière
CESSÉE / RÉALISÉE Date Heure Initiales
Initiales
Programme / Service
APPLICATION DE LA PENSÉE CRITIQUE Dans l’application de la démarche de soins auprès de madame Bernier, l’inirmière a recours à un ensemble d’éléments (connaissances, expériences antérieures, normes institutionnelles ou protocoles, attitudes proes sionnelles) pour analyser la situation de santé de la cliente
et en comprendre les enjeux. La FIGURE 15.13 illustre le processus de pensée critique suivi par l’infrmière afn de ormuler son jugement clinique. Elle résume les principaux éléments sur lesquels l’infrmière s’appuie en onction de cette cliente, mais elle n’est pas exhaustive.
VERS UN JUGEMENT CLINIQUE NORMES
CONNAISSANCES
EXPÉRIENCES
• Différents troubles de la personnalité • Caractéristiques physiques, comportementales, affectives, sociales et spirituelles de chaque trouble • Dangerosité pour le client et son entourage • Façon d’intervenir devant une personne violente envers elle-même et envers les autres • Indices d’idéation suicidaire • Échelle d’observation des comportements agressifs • Mesures de protection contre l’automutilation et le suicide • Conditions d’application des mesures de contention et d’isolement • Médication stabilisatrice de l’humeur
• Expérience de travail auprès d’une clientèle ayant un problème de santé mentale • Approche de la personne agressive et violente • Expérience avec une personne de son entourage atteinte d’un trouble de la personnalité
ATTITUDES
• Règles locales d’application des mesures de contention et d’isolement • Règles locales d’application de la gestion d’une crise
• Éviter les interprétations erronées des comportements de la cliente • Rassurer la cliente sur les mesures de protection pour elle-même et son entourage immédiat • Éviter les jeux de pouvoir et les menaces • Ne pas dramatiser ni minimiser les comportements, les menaces, la manipulation ou le clivage de la cliente
15 PENSÉE CRITIQUE
ÉVALUATION • • • • • • • • •
Signes de stimulation du système nerveux sympathique Manifestations d’anxiété et degré d’anxiété Degré de dangerosité pour la cliente et pour les autres (elle crie qu’elle va se venger) Importance des menaces de la cliente (elle menace de mettre le feu) Qualité des interactions sociales (la cliente devient facilement colérique envers les autres clients) Risques de violence envers elle-même (automutilation, suicide) Comportements indicateurs d’une montée d’agressivité, de violence ou de gestes impulsifs Intentions de la cliente de se conformer aux limites imposées en cas de comportements violents Acceptation des mesures de contrôle (contention, isolement) à appliquer s’il y a lieu
JUGEMENT CLINIQUE FIGURE 15.13
Chapitre 15
Troubles de la personnalité
419
À retenir VERSION REPRODUCTIBLE
http://ortinash/cheneliere.ca
• Un trouble de la personnalité est un mode de comportement et de relation interpersonnelle durable, envahissant et mésadapté qui n’est pas dû à un trouble de l’axe I. • Selon certaines hypothèses, une personne qui a un trouble de la personnalité a eu un développement psychosexuel défcient ou n’a pas réussi à atteindre la permanence de l’objet. • Des chercheurs ont ormulé l’hypothèse selon laquelle plusieurs acteurs biologiques sont des causes possibles des troubles de la personnalité.
• L’axe II du DSM-IV-TR présente une classifcation en trois groupes : le groupe A (troubles de la personnalité paranoïaque, schizoïde et schizotypique) ; le groupe B (troubles de la personnalité antisociale, limite, histrionique et narcissique) ; et le groupe C (troubles de la personnalité évitante, dépendante et obsessionnelle-compulsive). • Le client atteint d’un trouble de la personnalité a de la difculté à entrer en relation avec les autres à la maison, au travail et dans la communauté. • Lorsque l’infrmière travaille avec un client ayant un trouble de la personnalité, il est très important d’évaluer son risque de violence envers lui-même et envers autrui.
• L’anxiété, le risque de violence, le risque de suicide, l’adaptation inefcace et les interactions sociales défcientes sont des problèmes réquemment associés aux troubles de la personnalité. • Les interventions pharmacologiques doivent être axées sur les symptômes et non sur le type de trouble de la personnalité dont soure le client. • Des attentes réalistes d’amélioration doivent inclure un engagement de la part du client à explorer et à évaluer ses pensées, ses relations et ses comportements, particulièrement lorsqu’il est soumis à un stress.
est importante puisque ces clients proviennent réquemment de amilles dysonctionnelles. • Les principales interventions infrmières auprès d’un client ayant un trouble de la personnalité doivent inclure les actions suivantes : surveiller l’escalade de la colère ; déterminer l’augmentation de l’agressivité et interrompre le comportement colérique ; aider à reconnaître et à gérer les émotions intenses ; enseigner des habiletés d’adaptation et des méthodes de gestion du stress ; donner de l’espoir et avoriser l’autonomie.
• La participation de la amille et des proches dans le traitement du client ayant un trouble de la personnalité
Ressources VERSION COMPLÈTE ET DÉTAILLÉE
http://ortinash.cheneliere.ca
Références Internet ORGANISMES ET ASSOCIATIONS À la limite www.alalimite.ch/borderline > Le trouble borderline Association canadienne pour la santé mentale (ACSM) www.acsmca.qc.ca > Publications > Dépliants et brochures > Les troubles de la personnalité Association d’aide aux personnes avec un « état limite » (AAPEL) www.aapel.org
420
Partie 3
Troubles mentaux
Association québécoise pour les parents et amis de la personne atteinte de maladie mentale (AQPAMM) www.aqpamm.ca > Ressources > Fiches maladies > Le trouble de la personnalité limite Carrefour TPL – Association québécoise du trouble de personnalité limite www.carreourtpl.com > Ressources eSanté mentale.ca www.esantementale.ca > Fiches d’inormation > Trouble de la person nalité limite (TPL) ORGANISMES GOUVERNEMENTAUX National Institute of Mental Health www.nimh.nih.gov > Health Topics > Statistics > Prevalence > By Disorders > Personality Disorders > Health Topics > Publications > Borderline Personality Disorder
RÉFÉRENCES GÉNÉRALES Hôpital Louis-H. Lafontaine – Institut universitaire en santé mentale www.hlhl.qc.ca > Hôpital > Santé mentale > Art et santé mentale > Hôpital > Soins, services et proessionnels > Organisation par programmes spécifques > Troubles relationnels et de la personnalité Institut universitaire en santé mentale de Québec www.institutsmq.qc.ca > Maladies mentales > Troubles de la personnalité Institut universitaire en santé mentale / Douglas www.douglas.qc.ca > Inos santé mentale > Santé mentale de AZ > Troubles de la personnalité limite (TPL) : causes, symptômes et traitements Maladies mentales.org www.maladiesmentales.org > Troubles de la personnalité
Monographies Collecti (2007). Trouble de personnalité limite et réadaptation. SaintJérôme, Qc : Éditions Ressources. Debigaré, J. (2010). Les troubles de la personnalité : fondements et traitements. Outremont, Qc : Québécor. Kernberg, O. (2006). Les troubles graves de la personnalité : stratégies psychothérapiques. Paris : Presses universitaires de France. Labrèche, M.S. (2000). Borderline. Montréal, Qc : Les Éditions du Boréal. Mason, P.T., & Kreger, K. (2011). Ces gens qui sont borderline : apprenez à composer avec les personnalités limites. Montréal, Qc : Les Éditions de l’Homme.
Articles, rapports et autres Agence de la santé publique du Canada (ASPC) (2002). Rapport sur les maladies mentales au Canada. www.phacaspc.gc.ca/publicat/miicmmac/ indexra.php
Bilodeau, A. (2008). Les troubles de personnalité limite : de l’automutilation au suicide, la personnalité limite inquiète. www.ledevoir.com/societe/sante/184795/ lestroublesdepersonnalitelimitedel automutilationausuicidelapersonnalite limiteinquiete Boucher, F., Drolet, S., & Villeneuve, E. (2005). Au cœur du trouble de personnalité limite : Guide à l’intention des familles. Québec, Qc : Institut universitaire en santé mentale de Québec. Labelle, R., & Janelle, A. (2009). La thérapie comportementale dialectique, une voie d’espoir pour traiter les troubles mentaux complexes. Psychologie Québec, 26(6), 2527. Ordre des ergothérapeutes (2009). L’ergothérapeute au sein des services de santé mentale en première ligne – Adulte. www.oeq.org/userfles/File/Publications/ Doc_proessionnels/SanteMentale_Adulte.pd
www.lookordiagnosis.com/videos.php?title=C arreour+TPL&content=de+Carreour+TPL.+ www.carreourtpl.com+Ce+video+est+une+ gracieuset%C3%A9+de+Anagram+Films+http+ ...+sante+mentale+carreour+tpl+trouble+pers onnalite+...&lang=4 National Institute o Mental Health > NIMH News Room > Video and Audio by Topic > NIMH Video www.nimh.nih.gov/news/media/video/linehan. shtml?WT.mc_id=rss Télé-Québec > Toutes les émissions > 20072008 > Émission 69 : Les troubles de la personnalité limite ou « borderline » http://pilule.telequebec.tv/occurrence. aspx?id=253 > Histoire de cas > J’ai trouvé de l’aide pour mon ado borderline http://pilule.telequebec.tv/occurrence. aspx?id=877
Multimédia Anagram flms en collaboration avec le Carreour TPL Extrait de Les miroirs déformants, un docu mentaire sur le trouble de la personnalité limite
15
Chapitre 15
Troubles de la personnalité
421
chapitre
Troubles liés à une substance
Écrit par : Merry A. Armstrong, DNSc, ARNP, BC Adapté par : David Luckow, MDCM, B. Sc., MRO, DABAM Patricia Beaulac, inf., B. Sc. Isabelle Thibault, inf., B. Sc. Nathalie Pombert, inf. Huguette Bégin, inf.
Guide d’études – RE13, RE18
OBJECTIFS
Après avoir étudié ce chapitre, vous devriez être en mesure : ■
■
■
■
d’expliquer les principaux concepts relatifs aux troubles liés à la consom mation de substances psychoactives ; de décrire les concepts neurobiolo giques liés à la dépendance ;
■
■
de définir une approche systémique permettant d’expliquer l’étiologie de la dépendance ; de définir l’abus, la dépendance, l’intoxication et le sevrage de substances psychoactives ;
422
Partie 3
Troubles mentaux
■
de préciser les caractéristiques épidémiologiques de certaines substances psychoactives ; de détailler les principales caractéristiques des substances psychoactives (signes d’abus ou d’intoxication, symptômes de sevrage) ; de mettre en œuvre la démarche de soins chez les clients atteints
de troubles liés à leur consommation de substances psychoactives ; ■
de décrire les possibilités de traitement qui s’offrent aux clients atteints de troubles liés à la consommation de substances psychoactives.
Concepts clés
Cette carte conceptuelle illustre schématiquement les principaux concepts décrits dans le présent chapitre. Sa lecture vous permettra d’avoir une vue d’ensemble des notions qui y sont présentées.
dont
dont dont
principales substances
dont
dont
16
dépendance infuencée par
troubles concomitants les plus réquents
substances les plus consommées
entraînent
peut causer
Chapitre 16 Troubles liés à une substance
423
PORTRAIT Christine Lamothe Christine Lamothe, une emme âgée de 32 ans, est admise à l’urgence du centre hospitalier de son quartier à 2 h dans la nuit à la suite d’une bagarre qui a eu lieu près d’un bar au terme d’une soirée bien arrosée. Jeune adulte, madame Lamothe ne touchait jamais à l’alcool. Elle a toujours juré qu’elle ne deviendrait jamais alcoolique, contraire ment à bien des membres de sa amille. Tou teois, à 29 ans, elle a commencé à boire de manière excessive. Au cours de l’année précédente, elle a même dû suivre un traitement, car elle a été prise à conduire avec les acultés aaiblies. Madame Lamothe a com mencé à boire après son divorce, alors qu’elle s’est retrou vée mère monoparentale de deux enants âgés de 7 et 10 ans. Elle se présente à l’urgence avec des lacérations au visage et possiblement d’autres traumas contondants à la tête. Elle afrme qu’un homme qu’elle ne connaît pas l’a attaquée lorsqu’elle a reusé de rentrer avec lui. Elle est inco hérente et désorientée. L’infrmière évalue madame Lamothe et remarque que sa température est de 37,3 °C, sa pression artérielle de 160/60 mm Hg et sa réquence respiratoire de 28 respirations par minute. Elle trouve également un sachet de poudre blanche dans les poches de madame Lamothe.
16.1
Caractéristiques générales
La prise de substances psychoactives (SPA), consi dérée comme un problème en soi, engendre d’autres troubles propres à ce type de consommation (p. ex., des troubles liés à la consommation d’alcool, des troubles liés à la consommation de cocaïne). Le terme trouble sera donc utilisé tout au long du pré sent chapitre pour aire réérence à l’ensemble de ces problèmes de santé mentale. Cela ne signife pas pour autant qu’il aille ignorer que la dépen dance peut parois entraîner une pathologie (p. ex., une cirrhose du oie). 18 L’anorexie et la boulimie sont présentées dans le chapitre 18, Troubles de l’alimentation.
La consommation de SPA a une grande inci dence sur les dépenses en santé publique, en plus de réduire la productivité de la personne et de nuire à l’harmonie dans son entourage ENCADRÉ 16.1. Elle touche toutes les ethnies, toutes les classes socioéconomiques et tous les groupes d’âge. Bre, personne n’est à l’abri de la dépendance.
16.1.1
Défnitions des termes clés
Une présentation de quelques termes clés uti lisés dans ce chapitre sera utile ; il s’agit de la
424
Partie 3
Troubles mentaux
ENCADRÉ 16.1
Coût sociétal de la consommation de substances psycho actives au Canada
Calculé en fonction du fardeau imposé à certains services, notamment en matière de soins de santé et d’application de la loi et de la perte de productivité au travail ou à la maison en raison d’un décès prématuré ou d’une incapa cité, le coût global de l’abus de substances au Canada était estimé à 39,8 milliards de dollars en 2002, soit à 1 267 $ pour chaque homme, femme et enfant qui vit au Canada. Le tabac comptait pour quelque 17 milliards de dollars, soit près de 42,7% du total, comparativement à environ 14,6 milliards (36,6 %) pour l’alcool et à environ 8,2 milliards (20,7%) pour les drogues illicites. Les pertes de productivité représentaient 24,3 milliards de dollars, soit 61 % du total, et les soins de santé, 8,8 milliards de dollars (22,1%). Source : Rehm et al. (2006)
dépendance, de la réadaptation et de l’intoxication. La dépendance se défnit comme « une maladie chronique primaire de la récompense du cerveau, de la motivation, de la mémoire et des circuits neu ronaux associés. Une dysonction de ces circuits conduit à des maniestations caractéristiques sur les plans biologique, psychologique, social et spi rituel » (Landry & Brochu, 2012). « On peut obser ver ces maniestations chez une personne qui recherche de açon pathologique une récompense ou un soulagement par la consommation de subs tances et d’autres comportements » (American Society o Addiction Medicine [ASAM], 2011 ; tra duction libre). Le spectre des dépendances est large et com prend les troubles liés à la consommation de SPA, les troubles d’impulsivité comme le jeu patholo gique, la cyberdépendance et la dépendance sexuelle, ainsi que les troubles des conduites alimentaires comme la boulimie et l’anorexie. Le but du présent chapitre est de traiter des troubles de consommation de SPA et non des autres dépendances, car elles sont davantage du ressort des intervenants psycho sociaux, et les troubles des conduites alimentaires sont traités dans un autre chapitre 18 . Par souci de clarté et pour simplifer la lecture du présent chapitre, il est à noter que les termes dépendance et troubles liés à la consommation de SPA, de même que les réérences à toute autre dépendance chimique sont utilisées ici de açon interchangeables. Lorsqu’il est question d’abus, il s’agit de la consommation légale ou non d’une subs tance à d’autres fns que celles prévues ou d’une consommation excessive de ladite substance (p. ex., une consommation d’alcool audelà de la limite
permise). Le mésusage, l’abus et la dépendance correspondent tous au même comportement ; c’est la gravité du problème qui varie. En revanche, il est important de bien distinguer la dépendance de la pseudodépendance ENCADRÉ 16.2. Souvent pré sente dans un contexte de traitement de la douleur, la pseudodépendance renvoie à des comportements de dépendance d’un client, mais chez qui la dépen dance est en réalité absente PSTI 16.1. L’intoxication se présente généralement rapide ment après la consommation de la substance et se poursuit aussi longtemps que la personne con somme. Cet état varie d’une personne à une autre, tout dépendant de la SPA consommée. Le soulagement de la sourance et la réduction du stress sont souvent les raisons pour lesquelles une personne consomme une substance donnée. Si la toxicomanie est une dépendance progressive qui entraîne des détériorations dans les diverses sphères de l’organisation de vie, la réadaptation doit donc être comprise comme le processus in verse. La réadaptation doit alors être conçue comme un processus d’évolution personnel qui permet au toxicomane qui le désire de reprendre progressivement du pouvoir sur sa vie et de se reconstruire ainsi un équilibre physique, psycho logique et social. […] Elle est donc prioritairement une question d’apprentissage et de réapprentissage (Association des centres de réadaptation en dépen dance du Québec [ACRDQ], 2011).
La réadaptation passe généralement par une désintoxication de l’organisme sans touteois néces siter l’aide d’un proessionnel. L’arrêt de la consom mation amène une désintoxication pouvant induire des signes et des symptômes de sevrage suivie d’une récupération physique et psychologique. La désintoxication peut aire partie du processus de réadaptation. La durée du traitement et le type d’encadrement nécessaire varient selon l’histoire d’intoxication, son intensité, les quantités et les types de subs tances psychoactives utilisées. Ils varient aussi en onction des pathologies médicopsychiatriques ou psychologiques associées (Paquette & Doré, 2007).
ENCADRÉ 16.2
Reconnaissance et traitement de la pseudodépendance
Si un client reçoit de trop aibles doses d’analgésiques opioïdes pour soulager sa douleur, il peut chercher à obtenir des doses plus ortes ou consommer d’autres opiacés ; il devient alors pseudodépendant. Les proessionnels de la santé peuvent, par erreur, conclure que ce comportement est dû à un problème de dépendance et ormuler de mauvaises recommandations thérapeutiques. Dans ce scénario, le traitement idéal est de bien évaluer la douleur du client et de discuter avec le médecin pour aire augmenter la dose
d’analgésiques à une posologie qui réussit à soulager la personne. La pseudodépen dance est très difcile à diagnostiquer à la première rencontre, mais elle se manieste plus clairement au cours des visites sub séquentes. En ait, il n’y a pas de signes et de symptômes caractéristiques de la pseudodépendance. Touteois, la mise en place d’une bonne relation thérapeutique et l’établissement de liens dans la chronologie des événements permettent de diérencier la dépendance de la pseudodépendance.
• les dépresseurs du système nerveux central (SNC) ; • les stimulants du SNC ; • les perturbateurs du SNC ; • les médicaments psychotropes ; • les stéroïdes. Presque toutes les drogues induisent une libé ration rapide de substances neurochimiques sui vie d’une chute du taux de neurotransmetteurs sous la valeur de base lorsque les eets de la drogue s’estompent. Ce aisant, le seuil de satis action s’accroît, et le besoin ou le désir intense de consommer apparaît (Koob & Volkow, 2010). La drogue agit comme un agent renorçateur qui augmente le risque d’un comportement répétiti et la consommation de ladite substance. Les trois phases de la consommation abusive sont les sui vantes : 1) la préoccupation et l’anticipation ; 2) la consommation excessive et l’intoxication ; et 3) le sevrage et ses conséquences néastes (Koob, 2006).
16
Depuis peu, le « côté inoensi » et le « côté obs cur » de la dépendance ont été reconnus pour en qualifer les deux aspects, soit, respectivement, le début et la fn de la consommation (Koob, 2006, 2010). Ces deux côtés sont motivés par des straté gies de récompense et d’évitement diérentes. De De nombreux autres termes liés à la consomma plus, les substances neurochimiques en cause ne tion de SPA sont utilisés dans ce chapitre. Pour en sont pas les mêmes. Au début de la consommation, aciliter la lecture, le TABLEAU 16.1 rassemble les lorsqu’elle est encore agréable et inoensive, les défnitions des termes clés. neurotransmetteurs de bienêtre, à savoir la dopa mine et la sérotonine, de même que les opioïdes et d’autres substances neurochimiques prédomi 16.1.2 Fondements neurobiologiques nent. À mesure que la personne s’accoutume à une de la dépendance drogue donnée, les symptômes de tolérance et Les substances qui provo de sevrage apparaissent. quent une dépendance se Ces symptômes consti Le mésusage, l’abus et la dépendance cor classent en cinq catégories tuent le côté obscur de la respondent tous au même comportement ; (Ben Amar & Léonard, dépendance. À cette étape c’est la gravité du problème qui varie. 2009) : de la consommation, la Chapitre 16 Troubles liés à une substance
425
TABLEAU 16.1
Terminologie associée à la consommation de substances psychoactives
TERME
DÉFINITION
Abstinence
Absence de consommation de substances psychoactives (SPA).
Abus
Usage injustié ou excessi de quelque chose. Cette notion varie d’une société à l’autre. Dépend grandement, entre autres, de divers aspects culturels, religieux, éthiques, légaux et médicaux.
Dépendance
Ensemble des phénomènes physiques et psychologiques qui, après un certain temps d’utilisation variable, rendent certaines substances indispensables à l’équilibre physiologique d’une personne.
Dépendance physique
État résultant de l’usage répété et excessi d’une substance au cours duquel l’organisme s’est adapté et est devenu dépendant à la présence de la substance à une certaine concentration.
Dépendance psychologique
État dans lequel l’arrêt ou la diminution de la dose d’une substance produit des symptômes psychologiques caractérisés par une préoccupation émotionnelle et mentale liée aux eets de la substance, ainsi que par un besoin intense et persistant à reprendre de cette substance.
Désintoxication
Processus de traitement utilisé pour éliminer une SPA chez une personne dépendante, soit par le retrait graduel du produit, soit par le traitement pharmacologique de substitution spécique pour minimiser et contrôler les risques de complications associées pouvant apparaître à l’arrêt brusque du produit.
Drogue
Substance chimique psychoactive qui infue de açon importante sur le onctionnement du cerveau et, par conséquent, sur celui de l’état mental. A un impact sur l’humeur, les émotions et les processus cognitis. Synonyme de SPA.
Manque ou craving
Terme habituellement employé pour dénir la sensation qu’entraîne la privation d’une SPA. Le manque est un mot de la langue commune désignant le syndrome de sevrage. Cet état, déclenché par un signal, survient lorsque se présentent des situations antérieurement associées à la consommation de drogues.
Rechute
Retour à la consommation de drogues suivant une période d’abstinence.
Sevrage
Combinaison de réactions physiologiques et psychologiques survenant au cours de l’arrêt ou de la diminution de la consomma tion d’une drogue dont une personne est dépendante.
Surdose
Présence dans l’organisme d’une quantité excessive de médicaments ou de drogues menaçant l’intégrité physique de la personne.
Tolérance
État d’hyposensibilité de l’organisme se traduisant par une diminution de la réponse à une substance et par la capacité de supporter, sans maniester de symptômes d’intoxication, des doses élevées qui, habituellement, seraient toxiques pour le néophyte. Se manieste par une diminution de l’ecacité et de la toxicité d’une substance. Cette tolérance peut être innée ou acquise.
Toxicomanie
Utilisation compulsive et prépondérante d’une substance, y compris le ait de consacrer de plus en plus de temps à l’obtention ou à la prise de celleci, ou au rétablissement de ses eets ; elle peut survenir en l’absence de dépendance physique.
Source : Adapté de Lewis, Dirksen, Heitkemper et al. (2011)
sécrétion de norépinéphrine l’hormone de libéra tion de la corticotrophine ainsi que le système du cortisol sont élevés, ce qui provoque des symp tômes de sevrage chez la personne. Cette der nière consomme ensuite la substance non pas pour la sensation agréable qu’elle procure, mais bien pour éviter le stress physique et psychologique ainsi que les désagréments du sevrage. Si la per sonne consomme cette substance sur une longue période, l’état d’euphorie des débuts est de plus en plus difcile, voire impossible à atteindre. Le réseau neuronal de la dépendance sollicite au moins quatre circuits cérébraux interdépen dants : 1) la récompense, dans laquelle le noyau accumbens et le pallidum ventral jouent un rôle ; 2) la mémoire et l’apprentissage, qui sollicitent le
426
Partie 3
Troubles mentaux
corps amygdalien et l’hippocampe ; 3) le système de contrôle cogniti situé dans le cortex prérontal et le corps calleux dorsal antérieur ; et 4) la motiva tion, le dynamisme et la pertinence, qui naissent au cœur du cortex orbitorontal (Baler & Volkow, 2006). Toutes ces onctions avorisent la consom mation et la poursuite de celleci. Généralement, la récompense est générée par le taux de dopamine. Ce taux augmente au cours des activités agréables (p. ex., manger, avoir des rela tions sexuelles), ce qui entraîne une réaction d’ap pétence à cette stimulation (Navqui & Bechara, 2008). Les drogues provoquent la même réaction, de manière artifcielle, sans que la personne ait besoin de vivre l’expérience physique ou de capter un quelconque signal. Cela l’incite d’ailleurs à
toujours rechercher la même sensation (Robinson & Berridge, 2008). Depuis des millénaires, le cer veau sert à garder l’être humain en vie et a évolué de manière à se « souvenir » spécialement des expé riences agréables. Les comportements qui entraî nent une libération de dopamine dans le système et qui renorcent de ce ait les mécanismes d’appé tence deviennent progressivement des compor tements compulsis. La dépendance s’installe, l’objecti de la consommation change, passant du côté inoensi au côté obscur. La ormation de la mémoire allie sensations et pensée. Le système limbique, une partie du cerveau riche en dopamine, est le centre névralgique des émotions et de la mémoire. Le système limbique à l’origine du plaisir est situé au cœur du cerveau, un endroit protégé des dangers du monde extérieur qui joue un rôle prépondérant dans la survie de la personne. Ce sont la dopamine et les activités agréa bles qui provoquent une libération d’autres neuro transmetteurs qui stimulent cette partie du cerveau. Le système de production de la dopamine mésolim bique comprend le corps amygdalien et s’étend jusque dans la région rontale du cerveau, soit celle responsable de la priorisation, de l’organisation et de la prise de décisions. Étant donné que cette partie du cerveau est stimulée pendant les compor tements de dépendance de la personne, le raison nement ainsi que la capacité de celleci à aire des choix éclairés sont considérablement atteints. L’insula (ou cortex insulaire) est une partie du cerveau qui a été récemment mise en cause dans la dépendance, car elle est stimulée lorsque la per sonne vit des expériences émotionnelles et des sen timents conscients. Si cette partie du cerveau est invalide en raison d’un traumatisme ou de tout autre mécanisme, l’organisme (selon des études sur des animaux de laboratoire) ne ressent plus de moti vation à poursuivre sa consommation d’une drogue donnée (Navqui & Bechara, 2008). Bien qu’il existe un lien entre la consommation de drogues et la volonté de la personne, plus celleci consomme longtemps ou répète un comportement donné, plus ce comportement ou le souvenir d’avoir consommé sera ancré en elle, et moins sa volonté sera grande de corriger la situation (Childress, Ehrman, Wang et al., 2008 ; Goldstein, Craig, Bechara et al., 2009). Ces voies neurales seraient en cause pour tous les troubles d’impulsivité, dont le jeu patholo gique, la dépendance sexuelle et les troubles de l’alimentation. De plus, les acteurs situationnels, individuels et environnementaux interagissent en vue de avo riser la poursuite ou l’arrêt d’un comportement. Les chercheurs tentent toujours de ormuler une théorie universelle quant à la dépendance et, même si cer tains éléments clés relativement au cerveau sont en cause, il y aura toujours des diérences dans le onctionnement neurologique des personnes.
16.2
Étiologie
La dépendance est un processus complexe, infuencé par divers acteurs qui peuvent être physiques, psychologiques, génétiques, environnementaux, etc. Les scientiques ne possèdent pas encore les données longitudinales (c.àd. des données re cueillies pendant un grand nombre d’années de la vie d’une personne) qui permettraient de prédire quelles personnes seront atteintes d’un trouble lié à la consommation de SPA. Bon nombre d’études qui décrivent les traits de personnalité de celles ayant un tel trouble ont été menées alors que ces personnes avaient déjà reçu un diagnostic de trouble lié à la consommation de SPA. Leur niveau de onctionnement et leurs traits caractéristiques avant que le problème ne survienne sont inconnus. Les caractéristiques évaluées résultentelles alors de la dépendance ou existaientelles avant son apparition ? Touteois, certains acteurs de risque ont été établis. Les chercheurs ont étudié les multiples causes des troubles liés à la consommation de SPA et à d’autres dépendances. Les données recueillies permettent de mieux comprendre les acteurs de vulnérabilité qui ont en sorte qu’un groupe de per sonnes est sujet ou non aux troubles liés à la consommation de SPA. Les eorts de prévention sont axés sur l’une des trois sphères d’infuence de l’apparition d’une dépendance, soit les acteurs individuels, situationnels ou environnementaux. Aucun de ces trois acteurs ne permet à lui seul d’expliquer le phénomène de la dépendance.
16
Certains chercheurs ont émis l’hypothèse que les tendances qui se dessinent pendant l’enance en vue de s’adapter aux situations de stress déterminent les choix eectués dans la vie, notamment quant aux substances et aux comportements. Selon Milkman et Sunderwirth (2010), les trois principales ten dances sont les suivantes : recherche de satiété (p. ex., par l’alimentation, la consommation d’alcool), recherche d’émotions ortes (p. ex., par des jeux d’argent, la dépendance sexuelle) et recherche de antaisie (p. ex., par la préérence pour les halluci nogènes). Ces auteurs croient que les drogues et les activités choisies se substituent aux stratégies d’apai sement et d’adaptation. Elles constituent en quelque sorte des « antidotes à la douleur morale » (Milkman & Sunderwirth, 2010). En outre, les personnes devien nent dépendantes à l’expérience qu’elles ont vécue par l’entremise de la substance. La substance pré érée d’une personne porte le nom de substance de prédilection, de choix ou de préérence.
16.2.1
Facteurs individuels
L’âge, le sexe, l’origine ethnique de même que d’autres descripteurs démographiques sont des ac teurs individuels. Les antécédents de la personne Chapitre 16 Troubles liés à une substance
427
quant à sa consommation, à sa capacité à prendre des décisions, à ses perceptions positives relatives aux eets des drogues, à sa acilité à s’en procurer et à son aptitude à trouver l’argent nécessaire pour s’en acheter ainsi que la réponse physiologique de la personne sont autant de acteurs qui contribuent à l’apparition d’un trouble lié à la consommation de SPA. De plus, les systèmes d’évaluation et de croyances de la personne sont pris en compte, de même que les risques qu’elle perçoit et la présence, dans son réseau, d’amis qui peuvent acheter de l’alcool ou d’autres drogues FIGURE 16.1. Les recherches soutiennent qu’il existe une pré disposition génétique à l’alcoolisme puisque le risque d’alcoolisme est trois ou quatre ois plus élevé chez les membres de la amille immédiate d’une personne qui a une dépendance à l’alcool. Chez les hommes dont le père est alcoolique, le risque est de 50 %. Les études portant sur des ju melles ont révélé une concordance entre 50 et 60 % (c.àd. que si l’une des jumelles est alcoolique, il y a de ortes chances que la seconde le devienne éga lement) (Kendler, Heath, Neale et al., 1992). Cela renorce l’hypothèse selon laquelle l’alcoolisme comporterait un acteur génétique prédisposant. Aussi, le taux de problèmes liés à la consommation d’alcool augmente en onction du nombre de mem bres de la amille atteint d’alcoolisme, de la gravité de la maladie ainsi que de la proximité du lien géné tique qui unit la personne au proche à risque. Les allèles ALDH2 et ALDH3 auraient une infuence sur la prédisposition d’une personne à l’alcoolisme en jouant sur le métabolisme de l’alcool, laquelle est génétique et varie d’une personne à l’autre (National Institute on Alcohol Abuse and Alcoholism, 2000). Quant à la dopamine et au glutamate, ce sont des neurotransmetteurs présents à diverses concentra tions dans plusieurs parties du cerveau. Le gluta mate joue un rôle dans l’apprentissage spatial et dans la mémoire et semble impliqué dans le pro cessus de la dépendance ENCADRÉ 16.3. Étant donné que la génétique d’une personne infue sur la libération et la régulation de ces neurotransmet teurs et sur celles d’autres neurotransmetteurs, elle joue un rôle prépondérant dans l’apparition de la dépendance. Par ailleurs, des études menées auprès d’enants de parents alcooliques ont permis d’émettre des prédictions quant aux personnes qui sont sujettes à l’alcoolisme sur la base de leur aible réponse à l’alcool (Schuckit, 1984, 2000 ; Schukit, Smith & Kalmijn, 2004). La aible réponse subjective à l’al cool constitue un acteur de risque de l’alcoolisme. Ainsi, les personnes dont la réponse subjective à l’alcool est aible doivent en boire une plus grande quantité que les autres pour en ressentir les mêmes eets. Les chercheurs ont également dévoilé les résultats des premières analyses génomiques rela tives à la toxicomanie (National Institute on Drug
428
Partie 3
Troubles mentaux
FIGURE 16.1
L’accessibilité de la drogue et la perception des risques liés à la consommation sont des facteurs individuels à prendre en compte.
Abuse [NIDA], 2002). Cette étude a démontré que certaines portions du génome humain dièrent entre les personnes toxicomanes et celles qui n’ont aucune dépendance. Elle constitue une étape im portante qui permettra de cerner les personnes qui présentent un risque élevé de dépendance aux SPA. Ces nouvelles données orienteront les eorts de prévention de même que les traitements de manière à les adapter aux personnes à risque élevé. Les problèmes de santé mentale augmentent les risques de dépendance. L’état de stress post traumatique constitue lui aussi un acteur de risque de consommation ou de rechute. Certaines per sonnes commencent d’ailleurs à consommer à la suite d’un traumatisme. En plus des prédispositions à la dépendance, les chercheurs sont également parvenus à démontrer une orte corrélation neurobiologique entre le stress et la consommation de drogues, surtout pour ce qui est des rechutes. Par exemple, un exumeur qui vit un stress pourrait rechuter, et ce, même s’il a aban donné le tabagisme depuis longtemps. En outre, le stress prolongé ou chronique nuit au changement
ENCADRÉ 16.3
Rôle du glutamate dans la dépendance
Des chercheurs sont arrivés à modier la génétique des souris en vue de désactiver certains gènes chez elles. Ils ont conçu des souris dépourvues des récepteurs du glutamate, lesquels ont un rôle à jouer dans l’apprentis sage spatial et la mémoire. Ces souris génétiquement modiées ne deviennent pas dépendantes à la cocaïne. De telles études viennent appuyer l’hypothèse selon laquelle des infuences génétiques ont un impact sur la dépendance. Par exemple, une personne dont l’activation et la production en glutamate et en dopamine sont accrues pourrait être plus sujette que les autres à la dépendance. Source : Adapté de Begley (2007)
des comportements de amilles ont tendance à Le soutien parental sain est un facteur dépendance. Le stress ac restreindre les processus important de la diminution de la consom croît la production de d’individuation et de sépa mation de drogue chez les jeunes. l’hormone de libération de ration chez l’enant. la corticotrophine (CRH), Le soutien parental sain qui, à son tour, induit une réaction biologique de est un acteur important de la diminution de la l’organisme au stresseur. Après cette exposition à consommation de drogue chez les jeunes (NIDA, celuici, une quantité accrue de CRH se retrouve 2008). Les chercheurs ont étudié la dynamique dans certaines régions du cerveau. Presque toutes amiliale en présence de problèmes de comporte les drogues provoquent une augmentation du taux ment (p. ex., l’échec scolaire, un comportement de CRH, ce qui pourrait indiquer qu’il existe un antisocial, un comportement sexuel à risque élevé, lien neurobiologique entre le stress et la toxicoma l’abus de SPA). Ils ont ensuite conçu des mesures nie (Koob, 2006, 2010). Le sevrage provoque aussi d’intervention en vue de resserrer les liens ami une hausse du taux de CRH. liaux, d’améliorer les compétences parentales et Finalement, de nombreuses théories psychologi ques tentent d’expliquer les troubles liés à la consommation de SPA. Bien que les chercheurs aient étudié en proondeur les caractéristiques des personnalités dépendantes, aucun prol n’est plus sujet à la dépendance que les autres. Touteois, les comportements agressis précoces de même que les aibles aptitudes en société constituent des acteurs individuels qui pourraient aire en sorte qu’une per sonne soit sujette à la toxicomanie (NIDA, 2008). L’impulsivité chez l’adolescent serait aussi un ac teur prédisposant à la consommation d’alcool et de drogues (Whelan, Conrod, Poline et al., 2012). En somme, les théories psychologiques ne permet tent pas à elles seules d’expliquer la consommation de SPA.
16.2.2
Facteurs situationnels
Les acteurs situationnels comprennent l’infuence exercée par les pairs et les membres de la amille, la norme sociale et le soutien social (Holder, 2000). Cette ois encore, il est important de mentionner qu’en réalité, ces acteurs se recoupent ou chevau chent d’autres acteurs, qu’ils soient environnemen taux ou individuels. La théorie des systèmes amiliaux est un modèle utile en vue de avoriser la compréhension du onc tionnement émotionnel des amilles. À cet eet, des concepts interreliés et interdépendants peuvent décrire ce qui arrive lorsqu’un membre d’une amille est atteint de toxicomanie (Bowen, 1978 ; Kauman & Brook, 2006 ; Steinglass & Kutch, 2006). Les recherches menées sur l’infuence de la amille sur la consommation de SPA ont conduit à l’élaboration d’interventions axées sur le renorce ment de l’unité amiliale. Les données tirées du modèle d’écologie sociale indiquent que les parents exercent une infuence sur la relation qu’entretien nent leurs enants avec la consommation de drogue, et ce, très tôt dans leur vie (McCrady, 2006). Par ailleurs, Crespi et Sabatelli (1997) ont établi un lien entre les répercussions qu’a eues l’alcoolisme d’un parent sur le développement de l’enant et l’acqui sition de l’indépendance de ce dernier. Certaines
d’augmenter la surveillance par les parents. L’ob jecti était de réduire la consommation de drogue et les comportements sousjacents. La pression exercée par les pairs de même que le besoin d’appartenance constituent autant de renorcements positis chez les jeunes (NIDA, 2008). Parmi les eorts de prévention axés sur les infuences situationnelles gurent le changement de perception au sein du groupe, la promotion de l’infuence positive des pairs, l’amitié avec des pairs qui ne consomment pas et l’amélioration des compétences parentales. La théorie de l’ap prentissage par observation évoque que les adoles cents élevés dans un oyer où les SPA sont aciles d’accès copient souvent le Steven Harbec est un adolescent de 15 ans. Infuencé comportement des adultes par son meilleur ami et plusieurs copains de son ou celui de tout autre mo entourage, il a commencé à umer il y a un mois. dèle qui consomme par plai Cependant, ses compagnons de hockey n’aiment pas sir. Il s’agit là d’un exemple être avec lui lorsqu’il ume. De plus, la jeune lle qu’il de chevauchement, car la aimerait réquenter lui a dit qu’elle ne sortirait jamais théorie de l’apprentissage avec un umeur. Steven est tiraillé et ne sait plus s’il doit cesser de umer ou continuer. par observation et l’aspect environnemental de l’in Qu’estce qui peut expliquer l’ambivalence luence exercée sur les de l’adolescent ? jeunes se recoupent.
Jugement clinique
16.2.3
Facteurs environnementaux
Les chercheurs en santé publique et communau taire évaluent la orce de l’infuence exercée par les acteurs environnementaux sur la dépendance. La pauvreté et l’accès à la substance désirée de même que son coût, les règlements en vigueur et leur application ainsi que la sévérité des sanctions encourues par les contrevenants qui ournissent ou qui vendent des substances aux mineurs sont autant de acteurs environnementaux (Holder, 1999 ; NIDA, 2008). De plus, Santé Canada mène des études épidé miologiques descriptives et analytiques auprès de certaines communautés et dans tout le pays dans le but de suivre les tendances relatives à la consom mation de SPA (Santé Canada, 2011a). Par ailleurs, l’accès aux drogues et la pauvreté sont des acteurs Chapitre 16 Troubles liés à une substance
429
16
Le tableau 16.1W présente de açon synthétique les signes d’intoxication, de surdose et de sevrage selon les subs tances. Il est présenté au http://ortinash.cheneliere.ca.
communautaires bien connus qui ont une inci dence sur la consommation (NIDA, 2008 ; Santé Canada, 2011a). Dans un objecti de prévention, Santé Canada met en œuvre diverses stratégies en vue d’aider tant la personne que la communauté en entier, que ce soit au moyen de publications ou de programmes (Santé Canada, 2010a, 2011c, 2012a).
16.3.1
16.3 ALERTE CLINIQUE
Il est important de se rap peler que l’alcool aussi est une drogue.
Chaque substance induit des signes et des symp tômes d’abus, de dépendance, d’intoxication et de sevrage diérents chez les consommateurs. Dans cette section, chaque substance et ses eets sont présentés selon la classifcation de Ben Amar et Léonard (2009), et les substances les plus consom mées sont indiquées en premier .
Description clinique
Le DSM-IV-TR. Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux, 4 e édition révisée (American Psychological Association [APA], 2004) divise les troubles liés à la consommation de SPA en deux catégories : les troubles liés à l’uti lisation d’une substance (abus et dépendance) et les troubles induits par une substance (intoxica tion et sevrage). Ces deux catégories comprennent des critères diagnostiques ENCADRÉ 16.4.
Dépresseurs du système nerveux central
Les dépresseurs du SNC ralentissent les onctions psychiques d’un individu en diminuant l’activité générale du cortex cérébral. Le consommateur peut alors être conscient de son environnement. Sur le plan thérapeutique, les dépresseurs du SNC sont principalement utilisés comme anxiolyti ques, sédatis, hypnotiques, analgésiques et adju vants de l’anesthésie générale. Dans un contexte récréati, les eets recherchés par les consomma teurs sont généralement l’euphorie, la désinhibi tion et le soulagement de l’anxiété (Ben Amar & Léonard, 2009).
Critères diagnostiques du DSMIVTR ENCADRÉ 16.4
Abus, dépendance, intoxication et sevrage
ABUS D’UNE SUBSTANCE
A. Mode d’utilisation inadéquat d’une substance conduisant à une altération du onctionnement ou à une sourance cliniquement signicative, caracté risé par la présence d’au moins une des maniestations suivantes au cours d’une période de 12 mois : (1) utilisation répétée d’une substance conduisant à l’incapacité de remplir des obligations majeures, au travail, à l’école ou à la maison (p. ex., des absences répétées ou de mauvaises perormances au travail du ait de l’utilisation de la substance, des absences, des exclusions temporaires ou dénitives de l’école, la négligence des enants ou des tâches ménagères); (2) utilisation répétée d’une substance dans des situations où cela peut être physiquement dangereux (p. ex., lors de la conduite d’une voiture ou en aisant onctionner une machine alors qu’on est sous l’infuence d’une substance) ; (3) problèmes judiciaires répétés liés à l’utilisation d’une substance (p. ex., des arrestations pour comportement anormal en rapport avec l’utilisation de la substance) ; (4) utilisation de la substance malgré des problèmes interpersonnels ou sociaux, persistants ou récurrents, causés ou exacerbés par les eets de la substance (p. ex., des disputes avec le conjoint à propos des conséquences de l’intoxication, des bagarres). B. Les symptômes n’ont jamais atteint, pour cette classe de substances, les critères de la dépendance à une substance. DÉPENDANCE À UNE SUBSTANCE
Mode d’utilisation inadapté d’une substance conduisant à une altération du onctionnement ou une sourance, cliniquement signicative, caractérisé par la présence de 3 (ou plus) des maniestations suivantes, à un moment quelconque d’une période continue de 12 mois:
430
Partie 3
Troubles mentaux
(1) tolérance, dénie par l’un des symptômes suivants : (a) besoin de quantités notablement plus ortes de la substance pour obtenir une intoxication ou l’eet désiré; (b) eet notablement diminué en cas d’utilisation continue d’une même quantité de la substance ; (2) sevrage, caractérisé par l’une ou l’autre des maniestations suivantes : (a) syndrome de sevrage caractéristique de la substance (voir les critères A et B des critères de sevrage à une substance spécique) ; (b) la même substance (ou une substance très proche) est prise pour soulager ou éviter les symptômes de sevrage; (3) la substance est souvent prise en quantité plus importante ou pendant une période plus prolongée que prévu ; (4) il y a un désir persistant, ou des eorts inructueux, pour diminuer ou contrôler l’utilisation de la substance ; (5) beaucoup de temps est passé à des activités nécessaires pour obtenir la substance (p. ex., la consultation de nombreux médecins ou des déplace ments sur de longues distances), à utiliser le produit (p. ex., umer sans discontinuer) ou à récupérer de ses eets ; (6) des activités sociales, proessionnelles ou de loisirs importantes sont abandonnées ou réduites à cause de l’utilisation de la substance; (7) l’utilisation de la substance est poursuivie bien que la personne sache avoir un problème psychologique ou physique persistant ou récurrent susceptible d’avoir été causé ou exacerbé par la substance (p. ex., la poursuite de la prise de cocaïne bien que la personne admette une dépression liée à la cocaïne, ou la poursuite de la prise de boissons alcoolisées bien que le sujet reconnaisse l’aggravation d’un ulcère du ait de la consommation d’alcool).
ENCADRÉ 16.4
Abus, dépendance, intoxication et sevrage (suite)
Spécifer si : Avec dépendance physique : présence d’une tolérance ou d’un sevrage (c.àd. des items 1 ou 2 ) Sans dépendance physique : absence de tolérance ou de sevrage (c.àd. tant de l’item 1 que de l’item 2) Spécifcations de l’évolution (voir le texte pour les défnitions) : codifcation de l’évolution de la dépendance au 5e caractère 0 Rémission précoce complète 0 Rémission précoce partielle 0 Rémission prolongée complète 0 Rémission prolongée partielle 2 Traitement par agoniste 1 En environnement protégé 4 Légère/moyenne/grave
N.B. Des substances diérentes peuvent produire des syndromes similaires ou identiques. B. Changements comportementaux ou psychologiques inadaptés, cliniquement signifcatis, dus aux eets de la substance sur le système nerveux central (p. ex., de l’agressivité, une labilité de l’humeur, des altérations cognitives, une altération du jugement, une altération du onctionnement social ou proessionnel) qui se développent pendant ou peu après l’utilisation de la substance. C. Les symptômes ne sont pas dus à une aection médicale générale et ne sont pas mieux expliqués par un autre trouble mental. SEVRAGE À UNE SUBSTANCE
A. Développement d’un syndrome spécifque d’une substance dû à l’arrêt (ou à la réduction) de l’utilisation prolongée et massive de cette substance.
INTOXICATION
B. Le syndrome spécifque de la substance cause une sourance cliniquement signifcative ou une altération du onctionnement social, proessionnel ou dans d’autres domaines importants.
A. Développement d’un syndrome réversible, spécifque d’une substance, dû à l’ingestion récente de (ou à l’exposition à) cette substance.
C. Les symptômes ne sont pas dus à une aection médicale générale et ne sont pas mieux expliqués par un autre trouble mental.
Source : APA (2004), p. 107-110, 113-115
Les dépresseurs entraînent des symptômes de sevrage généralement à l’opposé des eets aigus de la drogue consommée (eet piston) ENCADRÉ 16.5. Bon nombre de variables peuvent également entraîner des répercussions au cours de cette période. La période de sevrage est liée à la demivie de la substance. La durée du sevrage des dépresseurs à action brève peut varier de quelques heures à plusieurs mois si celuici s’insère dans un processus de rétablissement.
Alcool L’alcool est la substance la plus consommée, et celle dont les personnes abusent le plus. Lorsqu’une personne en bonne santé en consomme avec par cimonie, toute modifcation du onctionnement de l’organisme est généralement réversible. L’alcool, consommé modérément, diminuerait les risques de maladie cardiovasculaire en entraînant une aug mentation des lipoprotéines de haute densité et une diminution de l’adhésion des plaquettes (Schuckit, 2000).
Abus
Symptômes cliniques ENCADRE 16.5
Symptômes de sevrage des dépresseurs du système nerveux central
• Les symptômes les plus courants sont : − l’insomnie ; − une orte anxiété ; − l’élévation de la température corporelle ; − une accélération du pouls et une augmentation de la réquence respiratoire ; − des tremblements ; − des troubles gastrointestinaux ; − des douleurs musculaires;
− une diaphorèse ; − une instabilité de la pression artérielle. • Les symptômes associés plus particulière ment aux complications du sevrage de l’alcool, des benzodiazépines ou des barbituriques sont: − la conusion ; − des troubles cognitis comme le délire, les hallucinations, les illusions sensorielles ; − des convulsions.
néaste avec l’alcool ou celles atteintes de certains problèmes médicaux ou de troubles mentaux.
Si touteois l’ingestion d’alcool dépasse la con La génétique détermine en partie le rythme du sommation préconisée ou si une personne en métabolisme de la substance, les réactions physio mauvaise santé physique en consomme, les risques logiques qui surviennent, le seuil de tolérance de d’atteinte aux systèmes de l’organisme augmentent la personne ainsi que la vitesse d’élimination de la ENCADRÉ 16.6. De plus, l’alcool, quelle qu’en soit substance (Keltner & Folks, 2005 ; Schuckit et al., la quantité consommée, est néaste pour le œtus, 2004). C’est le oie qui métabolise en grande partie les enants et les adoles l’alcool. Plusieurs popula cents. Il se révèle également tions asiatiques, aricaines L’alcool est la substance la plus consom noci pour les personnes et autochtones sont plus mée, et celle dont les personnes abusent qui prennent des médica à risque que les Blancs le plus. ments ayant une interaction d’avoir une orme inactive
i
L’alcoolémie et les eets concomitants sont détaillés sous orme de tableau dans le chapitre 12 du manuel de Lewis, S.M., Dirksen, S.R., Heitkemper, M.M., et al. (2011). Soins infrmiers – Médecine Chirurgie. Montréal : Chenelière Éducation.
Chapitre 16 Troubles liés à une substance
431
16
ENCADRÉ 16.6
Teneur en alcool, verre standard et consommation préconisée consommation ou
• Il y a autant d’alcool dans un verre de bière (341 ml à 5% d’alcool) que dans un verre de vin (142 ml à 12% d’alcool), que dans un verre de vin ortifé (85 ml à 20% d’alcool) ou que dans un verre de spiritueux (43 ml à 40% d’alcool). C’est ce qui est appelé une consommation ou un verre standard. • Quant au cidre, aux liqueurs à base de malt et aux boissons prémélangées, qui se boivent généralement, mais pas toujours, dans un verre de 142 ml, il aut tenir compte du pourcentage d’alcool indiqué sur la bouteille, lequel varie de 2,5 à 20 %. • Les emmes qui veulent consommer de l’alcool de açon modérée devraient se limiter à 2 verres par jour et à un maximum de 10 verres par semaine. ALERTE CLINIQUE
1 L’alcool entre en inter action avec la plupart des médicaments. La prise de sédatis, de tranquillisants, d’hypnotiques, de narcoti ques et d’antihistaminiques peut entraîner de la som nolence, un manque de concentration, une perte de coordination des mouve ments, des étourdissements, un risque de blessures et de problèmes respiratoires graves pouvant aller jusqu’à l’arrêt respiratoire et la mort. 2 L’infrmière évalue rapi dement la consommation d’alcool chez les clients désorientés afn d’exclure la démence ou l’aggrava tion d’un trouble mental, comme la schizophrénie, ou la carence en vitamines.
432
Partie 3
• Les hommes qui veulent boire de açon modérée devraient se limiter à 3 verres par jour et à un maximum de 15 verres par semaine. • Afn d’éviter l’intoxication et les complications qui ac compagnent la prise d’alcool, les emmes ne devraient pas prendre plus de trois verres ; les hommes ne de vraient pas prendre plus de quatre consommations en une même occasion. • Afn d’éviter qu’une accoutumance ou qu’une dépendance s’installe, il est recommandé que tous ne prennent aucune consommation d’alcool au moins une ou deux journées par semaine.
Source : Adapté de Éduc’alcool (2013)
d’alcool déshydrogénase, soit l’enzyme qui méta bolise l’alcool dans le oie. Quarante pour cent de ces populations possèdent une orme active de l’en zyme, mais dont l’efcacité est réduite. Résultat : la réaction de l’organisme à l’alcool est exagérée (Li, Zhao & Gelernter, 2011), ce qui provoque des bou ées vasomotrices, des nausées, des étourdissements et une accélération du rythme cardiaque. L’absence de l’alcool déshydrogénase prémunit la personne contre l’alcoolisme.
Intoxication à l’alcool L’intoxication alcoolique, comme défnie par le DSMIVTR, se manieste par des changements psy chologiques ou des comportements mésadaptés signifcatis sur le plan clinique qui surviennent pendant ou peu après la consommation d’alcool. Celleci peut amener une désinhibition entraînant des comportements inapropriés (p. ex. des relations sexuelles non planifées et non protégées, des gestes de violence, etc.). De plus, parmi les signes relatis à ces change ments fgurent un trouble d’élocution, un manque de coordination, une démarche chancelante, un
Troubles mentaux
nystagmus, une haleine éthylique, un défcit d’at tention et de mémoire, ainsi qu’un coma ou un état de stupeur. La présence d’autres problèmes mé dicaux ou de troubles mentaux doit alors être éliminée 1 . | Effets sur le système nerveux central | L’alcoolisme cause des lésions organiques au cerveau et entraîne des dysfonctions cérébrales. Les lésions sont attri buables à l’action directe de l’alcool sur les neuro nes et à une carence en thiamine. Cette défcience vitaminique résulte de l’alimentation inadéquate, de la mauvaise absorption intestinale et de la per turbation des onctions hépatiques 2 . L’ataxie cérébelleuse alcoolique est un syndrome dû à l’atteinte du cervelet par l’alcool et se mani este par des difcultés d’élocution, une démarche chancelante et une coordination défciente. La des truction progressive et irréversible des neurones générée par l’abus chronique de l’alcool peut ame ner à une démence liée à l’alcool ou à un syndrome de Wernicke. Celuici se caractérise par la conu sion, l’anxiété, la somnolence, le nystagmus, l’inca pacité à assimiler de nouvelles connaissances, la
perte de sensibilité et l’ataxie. Une orme rare, mais plus grave d’atteinte cérébrale est la psychose de Korsako. Elle se caractérise par une désorientation marquée dans l’espace et le temps, le délire et une altération prononcée de la mémoire. Les épisodes de voile noir, également appelés amnésie antérograde, se caractérisent par une inca pacité de se souvenir du ait vécu au moment de l’intoxication. Ils surviennent chez une personne qui a consommé une quantité excessive d’alcool sur une courte période. La dose d’alcool est si grande que l’hippocampe est anesthésié et que les pertes temporaires de mémoire apparaissent. En l’absence d’autres symptômes relatis à un pro blème lié à la consommation d’alcool, l’épisode de voile noir n’est pas indicateur d’une dépendance à l’alcool. En outre, les personnes dépendantes à l’alcool depuis plusieurs années peuvent avoir connu des épisodes de voile noir après n’avoir con sommé qu’une petite quantité d’alcool ; ce phéno mène s’apparente à la tolérance inversée. | Neuropathie périphérique | La neuropathie périphé rique frappe environ 10 % des personnes alcoo liques à la suite de nombreuses années de consommation excessive et chronique d’alcool. Elle touche les mains et les pieds et provoque des symptômes comme l’engourdissement, souvent bila téral, qui est dans bien des cas accompagné de four millements et de paresthésie. Les lésions provoquées ne sont pas toujours réversibles, même si la personne cesse de boire. | Effets sur le système gastrointestinal | Fonction hépatique Le métabolisme de l’alcool se produit principalement dans le oie. Conséquemment, une quantité excessive d’alcool métabolisée par celuici peut causer des lésions hépatiques. En eet, une consommation accrue d’alcool crée une accumulation de graisses et de protéines dans les cellules hépatiques, ce qui provoque une stéatose hépatique, laquelle est généralement réversible. L’infammation de ces cellules, des valeurs éle vées aux épreuves de onction hépatique (ALT AST) de même que d’autres signes de l’hépatite alcoolique tels que la èvre, les rissons, la nau sée, la douleur abdominale et l’ictère produisent un dépôt excessi d’hyaline et de collagène près des vaisseaux sanguins, et cela constitue les signes précoces d’une cirrhose du oie. Plus les lésions s’aggravent, plus la circulation san guine dans le oie diminue ; les veines se dilatent et il se orme des varices. Le liquide provenant du oie s’écoule dans l’abdomen et provoque l’ascite. À mesure que l’insusance hépatique progresse, le client est atteint de troubles cognitis résultant d’une encéphalopathie hépatique (Galanter & Kleber, 2006). Tractus gastrointestinal La consommation d’alcool peut entraîner des ulcères ainsi qu’une gastrite, soit une infammation de l’estomac. En eet,
l’alcool stimule la production de sécrétions gastri ques et avorise la colonisation du milieu gastro intestinal par les bactéries responsables de la ormation d’ulcères. L’infammation du pancréas survient à la suite du blocage des conduits pan créatiques et de la stimulation simultanée de la production d’enzymes digestives. Il en résulte une pancréatite aiguë ou chronique (Schuckit, 2000). Finalement, les varices œsophagiennes survien nent dans les cas graves d’alcoolisme. Elles sont attribuables à une mauvaise circulation hépatique. Absorption des nutriments L’alcool a des consé quences déterminantes sur le métabolisme des glucides, car il empêche le oie et le pancréas de réagir normalement à l’insuline. Chez le sujet à jeun, l’alcool produit un eet hypoglycémiant en inhibant la glycogénèse, c’estàdire la ormation de glucose à partir du glycogène. Néanmoins, l’ab sorption d’alcool chez le sujet sain qui n’est pas à jeun n’a généralement pas d’eet hypoglycémiant notable. Chez les diabétiques, la consommation d’alcool provoque des eets négatis sur la maî trise de la glycémie. Une hypoglycémie alcoolique grave non traitée peut causer des dommages irré versibles au cerveau (Ben Amar & Léonard, 2009). De plus, l’alcool nuit à l’absorption, au stockage et à la distribution des vitamines B1, B6, D et E, notamment. Enn, bon nombre de personnes al cooliques ont des carences en vitamines B12, A et K (Schuckit, 2000). | Effets sur le système cardiovasculaire | La forte consommation d’alcool hausse la pression artérielle (P.A.) et élève tant les triglycérides que le choles térol à lipoprotéines de faible densité. Ces modica tions augmentent le risque d’infarctus du myocarde et de thrombose. Pris à forte dose, l’alcool entraîne également une détérioration irréversible du muscle cardiaque, ce qui provoque une arythmie, une in sufsance cardiaque ou une cardiomyopathie al coolique (Galanter & Kleber, 2006).
16
| Effets sur la moelle osseuse | Les chercheurs esti ment que chez certaines personnes, une consom mation chronique ralentit la production de leucocytes et nuit à leur déplacement vers le lieu de l’infection. Elle inue également sur la produc tion d’érythrocytes, en plus d’augmenter de façon non négligeable la taille de ces cellules (c.àd. leur volume globulaire moyen) et de nuire à la production des facteurs de coagulation et des pla quettes, de même qu’à leur efcacité (Galanter & Kleber, 2006). | Troubles du sommeil | L’intoxication alcoolique perturbe souvent la structure du sommeil du buveur. Ce dernier s’endort plus rapidement, mais il connaît un sommeil paradoxal moins profond ainsi qu’un stade 4 du sommeil plus court. Des interruptions entre les stades du sommeil, qui por tent le nom de fragmentation du sommeil, peuvent Chapitre 16 Troubles liés à une substance
433
également survenir (Galanter & Kleber, 2006). Les stades de sommeil léger et de sommeil profond ne se suivent pas comme elles le devraient. En outre, le taux de glutamate, un neurotransmetteur excita teur, augmente à mesure que les effets dépresseurs de l’alcool se dissipent, provoquant ainsi une cer taine irritabilité et une incapacité à dormir. | Changements hormonaux | Des changements hor monaux surviennent à la suite d’une forte consom mation d’alcool. En effet, une intoxication alcoolique aiguë peut avoir des conséquences sur le taux de prolactine, sur celui de l’hormone de croissance, de la corticotrophine et sur le taux de cortisol. L’alcool réduit également la production de para thormone, ce qui diminuerait les taux de calcium et de magnésium sanguins. Certaines de ces per turbations provoquent une diminution de testosté rone, une augmentation des œstrogènes, une perte de libido, une diminution de la production de sperme ainsi que de la mobilité des spermato zoïdes, un volume éjaculatoire réduit, une impuis sance et des irrégularités du cycle menstruel.
Sevrage
21 Les benzodiazépines sont détaillées dans le chapitre 21, Psychopharmacothérapie et autres thérapies biologiques.
Le sevrage aigu de l’alcool commence au cours des 12 heures suivant l’interruption ou la diminution de la consommation ; il atteint son paroxysme au cours des 48 à 72 heures qui suivent et s’estompe pen dant les 4 à 5 jours suivants. Certains symptômes peuvent se prolonger pendant plusieurs semaines, voire plusieurs mois ENCADRÉ 16.7. Ces symp tômes provoquent une détresse ou des troubles considérables sur le plan clinique et nuisent à des aspects de la vie du client qui sont primordiaux quant à son bon onctionnement au quotidien. Le délire alcoolique, ou delirium tremens, survient chez moins de 10 % des cas de syndrome de sevrage d’alcool non traités. L’état hallucinatoire alcoolique est plus réquent et entraîne souvent des halluci nations visuelles erayantes comportant, par exemple, des vers ou d’autres insectes. Bien que la personne en sevrage soit souvent atteinte de
Symptômes cliniques ENCADRÉ 16.7
Symptômes de sevrage de l’alcool
Le sevrage de l’alcool peut comporter les symptômes suivants :
• de l’insomnie ;
• une hyperactivité du système nerveux autonome (c.àd. une fréquence cardiaque supérieure à 100 battements par minute ou de la diaphorèse) ;
• de l’anxiété ;
• des tremblements accrus des mains; • des céphalées ; • un trouble d’orientation dans les trois sphères ;
434
Partie 3
Troubles mentaux
• une agitation psychomotrice; • des nausées ou des vomissements ; • des convulsions précédées ou suivies d’illusions ou d’hallucinations visuelles, auditives ou tactiles transitoires ; • un délire alcoolique.
troubles de la perception, elle est généralement orientée dans le temps et dans l’espace. Elle recon naît également les gens qui l’entourent. La déso rientation indique un délire alcoolique imminent. Une évaluation médicale rapide et adéquate auprès du client en sevrage de l’alcool devrait per mettre de prévenir ces symptômes plus graves. L’infrmière évalue la consommation d’alcool de tous les clients qui présentent une conusion. Cette évaluation est impérative chez les clients qui ont des antécédents connus de troubles mentaux, de manière à ce que les proessionnels de la santé ne conondent pas un délire alcoolique et une dé mence ou une aggravation d’un trouble mental comme la schizophrénie. Les signes de conusion, qu’ils soient temporaires ou permanents, sont également associés aux conséquences directes de la consommation d’alcool ainsi qu’à certaines carences en vitamines bien précises. Les clients qui présentent de graves symptômes de sevrage doivent généralement se voir administrer des sup pléments de vitamines, dont la thiamine (vita mine B1), l’acide olique et la vitamine B12, en vue de pallier un apport alimentaire inadéquat et une malabsorption des nutriments. Dans les cas où un diagnostic de délire al coolique est posé, il est important de savoir que d’autres ennuis de santé peuvent être présents, notamment une insufsance hépatique, une pneu monie ou un trauma crânien récent. Si le client a consommé une grande quantité d’alcool, les symp tômes de sevrage peuvent apparaître dans les quatre heures suivant l’interruption de sa consommation. Également, il est important de savoir si le client en sevrage de l’alcool présente des antécédents de convulsions au moment de son évaluation initiale, afn de les prévenir.
Benzodiazépines Les benzodiazépines sont des substances de choix pour traiter l’anxiété. Celleci peut prendre diverses ormes : le trouble d’anxiété généralisée, les états de stress posttraumatique et aigu, le trouble pa nique, les phobies et les troubles obsessionnels compulsis. Le traitement à long terme est plutôt controversé. Le chlordiazépoxide (Libriummd), le diazépam (Valiummd), le lorazépam (Ativanmd), le clonazépam (Rivotrilmd) et l’alprazolam (Xanaxmd) fgurent parmi les benzodiazépines 21 . Cer taines sont utilisées comme sédatis, hypnotiques, anticonvulsivants et pour le sevrage de l’alcool. Une tolérance aux eets thérapeutiques et toxi ques peut survenir si de ortes doses sont adminis trées ou prises réquemment. Elle résulte d’une diminution de la sensibilité des récepteurs à la suite d’une exposition continue. Il existe une tolérance croisée avec les autres dépresseurs du SNC, y com pris l’alcool.
Les signes et les symptômes d’intoxication sont : la somnolence, la atigue, la léthargie, la aiblesse, une altération du jugement, une humeur instable, la dépression, une diminution de la vigilance, un trouble d’attention/de concentration/de mémoire, l’amnésie antérograde, une désorientation, des trou bles psychomoteurs (augmentation du temps de réaction), un problème d’élocution, un problème d’équilibre ou de coordination des mouvements, des céphalées, des étourdissements, des vertiges, une vision brouillée, la xérostomie, des nausées, des vomissements, de la tachycardie, des palpita tions et des éruptions cutanées. Les benzodiazépines sont relativement sécuri taires quant aux risques de surdose, comparative ment aux barbituriques. Dans le cas de surdose, il peut y avoir un sommeil proond, une stupeur et une dépression respiratoire (Ben Amar & Léonard, 2009). La mort peut survenir si le client a déjà reçu un diagnostic de maladie pulmonaire obstructive chronique ou s’il a recours à d’autres dépresseurs du SNC. Les benzodiazépines comportent un potentiel élevé de pharmacodépendance. Il est préérable d’échelonner le sevrage sur une longue période de açon décroissante, en suivi externe, avec le médecin traitant. Les personnes qui cessent de consommer des benzodiazépines du jour au lendemain peuvent être victimes de convulsions ENCADRÉ 16.8.
Opiacés L’humain a recours aux opiacés depuis plus de 3 500 ans. La classe des opiacés comprend des subs tances naturelles telle la morphine, d’autres subs tances synthétiques, dont le mode d’action est semblable à celui de la morphine, de même que des substances semisynthétiques comme l’héroïne. La codéine et autres médicaments apparentés, par exemple l’oxycodone (OxyNEOmd) et l’hydromor phone (Dilaudidmd), sont des substances synthéti ques dont les eets sont semblables à ceux de la morphine. Le entanyl, quant à lui, est un médi cament synthétique administré par injection (Sublimazemd), par voie transdermique (Duragesicmd) ou sublinguale (Abstralmd, Onsolismd). D’autres opiacés peuvent être soit injectés, soit pris par voie orale. Parmi les opiacés synthétiques fgurent éga lement la mépéridine (Demerolmd), la méthadone et la buprénorphine/naloxone (Suboxonemd). Les opiacés ont des propriétés anesthésiques, antidiar rhéiques, antitussives et analgésiques. L’héroïne est généralement injectée ou umée. Elle peut également être inhalée, à condition qu’elle soit d’une grande pureté. Comme mentionné pré cédemment, l’abus d’opiacés délivrés sur ordon nance est de plus en plus réquent. Les comprimés peuvent être dissous, puis administrés par injection intraveineuse (I.V.). Ils peuvent également être ava lés ou réduits en poudre, puis inhalés. La vie des
Jugement clinique
personnes atteintes de trou bles liés à l’abus d’opiacés Marine Demers, âgée de 50 ans, dirige une entreprise est axée sur la recherche de mode. Elle doit se déplacer au moins huit ois par et la consommation de dro année en Europe. Comme elle éprouve de la difculté gues. Celles qui sont dépen à se remettre du décalage horaire, elle prend un dantes à la morphine ou à comprimé de lorazépam 1 mg avant de monter dans l’héroïne peuvent consom l’avion et le premier soir de son séjour à l’étranger. mer des doses massives Elle ait la même chose à son retour au pays. pouvant atteindre jusqu’à Risquetelle d’acquérir une dépendance physique 5000 mg chaque jour. La au lorazépam ? Justifez votre réponse. surdose atale n’est pas rare et survient le plus souvent à la suite d’un calcul erroné de dose en onction de la puissance de la drogue ou de la quantité nécessaire pour ressentir les eets désirés, ou au moment d’un retour à la consomma tion à la suite d’une période d’abstinence. Voici quelques signes d’intoxication aux opia cés : un comportement désadapté ou des change ments sur les plans physique et psychologique, lesquels apparaissent au moment de la consomma tion ou peu après celleci ; du myosis ; une euphorie suivie d’une apathie, d’une dysphorie, d’un retard psychomoteur ou d’une agitation, de même que d’un jugement aaibli ou d’une difculté à onc tionner ; des changements sur le plan cogniti, dont les troubles d’élocution, la somnolence et le coma. Étant donné les propriétés analgésiques des opiacés, il n’est pas rare que les personnes qui en consomment réquemment ne soient pas cons cientes des problèmes de santé, même parois graves, dont elles sourent. Le sevrage de l’héroïne commence au cours des 4 à 12 heures suivant la consommation de la der nière dose pour l’héroïne (demivie courte). Pour ce qui est de la méthadone (demivie longue), le sevrage commence de un à trois jours après la der nière consommation. Le paroxysme est atteint au cours des 48 à 72 heures qui suivent. Les symp tômes aigus du sevrage de l’héroïne durent en
16
ALERTE CLINIQUE
Quel que soit le contexte de soins, l’infrmière de mande aux clients qui se présentent avec une fèvre d’origine inconnue s’ils consomment des drogues injectables.
Symptômes cliniques ENCADRÉ 16.8
Symptômes de sevrage des benzodiazépines
Les principaux symptômes de sevrage sont :
• des hallucinations transitoires;
• l’anxiété ;
• une transpiration excessive;
• l’irritabilité ;
• des crampes musculaires;
• l’agitation ;
• de l’anorexie ;
• l’insomnie ;
• des nausées, des vomissements ;
• des cauchemars ;
• de la tachycardie;
• des tremblements ;
• une légère hypertension;
• des étourdissements ;
• des convulsions (rare).
• une hypersensibilité à la lumière, aux sons, aux odeurs et aux goûts ;
Chapitre 16 Troubles liés à une substance
435
général cinq jours, et ceux de la méthadone, plu sieurs semaines TABLEAU 16.2. Il arrive que les symptômes se prolongent, parois même pendant des mois ENCADRÉ 16.9.
Gammahydroxybutyrate Le gammahydroxybutyrate (GHB) (aussi appelé 4hydroxybutanoate) est un dépresseur du SNC qui calme celui qui en consomme ou qui lui procure des eets sédatis. Souvent consommé avec de l’alcool, il est considéré comme une drogue de syn thèse ENCADRÉ 16.10. Cette drogue est souvent connue sous le nom de drogue du viol en raison de ses propriétés amnésiques. Les personnes qui consomment cette substance de açon excessive le ont le plus souvent pour ses propriétés enivrantes, sédatives ou euphorisantes, ou encore pour sa capa cité à stimuler la libération de l’hormone de crois sance, ce qui contribue à augmenter la masse musculaire. Les eets du GHB durent jusqu’à quatre heures, selon la dose ingérée. La concentration de GHB dans
TABLEAU 16.2
Étapes du sevrage selon les types d’opiacés
PÉRIODE DU SEVRAGE
HÉROÏNE
MÉTHADONE
Début de l’apparition des symptômes
De 8 à 12 heures
De 24 à 48 heures
Pic d’intensité
De 2 à 3 jours
De 5 à 7 jours
Durée totale
De 7 à 14 jours
21 jours
Symptômes cliniques ENCADRÉ 16.9
Symptômes de sevrage des opiacés
Les symptômes du sevrage de la morphine et de l’héroïne sont, dans un premier temps :
• l’hypertension ;
• l’état de manque et l’irritabilité;
• l’irrégularité de la température corporelle ;
• le larmoiement ;
• la mydriase (dilatation des pupilles) ;
• la rhinorrhée ;
• la perte d’appétit ;
• la diaphorèse ;
• la chair de poule ;
• les malaises gastrointestinaux ;
• les douleurs musculaires ou osseuses du dos ou d’autres parties du corps ;
• les bâillements, qui témoignent de l’atteinte du SNC. À mesure que le sevrage se poursuit, d’autres symptômes apparaissent, dont:
• la tachycardie ;
• les tremblements. Finalement, les symptômes suivants apparaissent :
• le sommeil agité ;
• l’insomnie ;
• les mouvements involontaires des jambes ;
• les bâillements et les symptômes apparentés à ceux de la grippe.
• l’agitation ;
436
Partie 3
Troubles mentaux
ENCADRÉ 16.10
Drogues de synthèse
Les drogues de synthèse sont souvent oertes aux jeunes adultes qui participent à des êtes nocturnes (p. ex., une ête techno ou rave). L’amphétamine (speed), speed l’ecstasy (3,4 méthylènedioxyméthamphétamine ou MDMA), le GHB, la kétamine, la méthamphétamine (crystal) crystal et le diéthylamide de l’acide lysergique (LSD) en sont quelques exemples. Étant donné qu’il est souvent difcile de savoir d’où provient la drogue, de connaître les substances qui ont servi à sa abrication et les contaminants qu’elle risque de contenir, il est ardu, voire impossible d’établir les symptômes, la toxicité et les conséquences de ladite drogue dans une communauté donnée.
les doses vendues est très variable (de 0,5 à 5 mg par dose). L’évaluation de la consommation se ait sur la base de la réquence des prises de cette drogue. À orte dose, le GHB entraîne une dépression respiratoire et une diminution de la réquence car diaque (F.C.) si marquées qu’il peut causer la mort. La surdose survient rapidement et se manieste par des nausées, des vomissements, des maux de tête, une altération de la conscience et des réfexes. L’organisme métabolise rapidement le GHB, c’est pourquoi il est dicile de le détecter lorsqu’un consommateur se présente à l’urgence. Le sevrage du GHB est similaire à celui de l’al cool, mais il garde ses particularités. Lorsqu’il y a interruption brusque de la consommation répétée de ortes doses, le sevrage du GHB entraîne les principaux symptômes suivants : l’anxiété, l’in somnie, les tremblements et les crampes muscu laires. Dans les cas graves, mais plus rares d’arrêt abrupt du GHB, il est possible d’observer une agi tation intense, des délires paranoïaques, des hal lucinations auditives et visuelles, de la tachycardie et de l’hypertension ainsi que des convulsions, et ce, quelques heures après que le consommateur a cessé l’usage prolongé de cette drogue (Ben Amar & Léonard, 2009).
Substances volatiles (inhalants) Cette classe comprend les produits qui dégagent des vapeurs chimiques dont l’inhalation entraîne des eets psychoactis ENCADRÉ 16.11. Ces subs tances ne coûtent pas cher et sont aciles d’accès, particulièrement pour les jeunes. Les substances volatiles produisent des eets semblables à ceux d’une anesthésie. Elles ralentis sent les onctions cérébrales. Selon la dose qu’il a prise, le consommateur ressent une légère stimula tion, une levée des inhibitions ou une perte de conscience.
L’inhalation d’une orte Le sevrage des barbitu Les stimulants du système nerveux central riques doit se aire sous concentration de substances stimulent les fonctions psychiques, le surveillance médicale en volatiles peut entraîner degré d’éveil et l’activité générale sont centre hospitalier, car il une insuisance hépa alors augmentés. peut être mortel s’il n’est tique, une suocation, une pas médicalement traité. dépression respiratoire et la mort. La perte auditive, la neuropathie périphé Le syndrome de sevrage est plus sévère avec les rique ou des spasmes, une atteinte du SNC ou en substances à courte durée d’action, tels le pento core de la moelle épinière constituent d’autres barbital ou le sécobarbital. eets irréversibles. Les inhalants n’entraînent pas tous, en tant que tels, de syndrome de sevrage. Celuici commence généralement un ou deux jours après l’arrêt de la consommation ; il dure de deux à cinq jours. Cer tains symptômes se maniestent à l’occasion : de l’anxiété, de l’irritabilité, des troubles du sommeil, une dépression, des étourdissements, une sensation de fottement, des tremblements, une transpiration exces sive, une perte d’appétit, un malaise abdominal, des nausées. Plus rarement, la personne qui a pris de ortes doses de toluène manieste des symptômes qui s’apparentent à ceux associés au sevrage sé vère de l’alcool, à savoir un délire alcoolique et des hallucinations (Ben Amar & Léonard, 2009). Les cen tres de traitement des consommateurs d’inhalants se ont rares. Les recherches sur le sujet indiquent que les consommateurs chroniques sont les plus diciles à traiter. Ces derniers éprouvent de nom breux problèmes sociaux et psychologiques. De plus, la rechute est réquente chez ces consommateurs (Rosenberg, 2002).
Barbituriques Les barbituriques exercent une action beaucoup moins spécique que les benzodiazépines, car ils diminuent l’activité des neurones dans l’ensemble du SNC. Certains ont des propriétés anticonvulsi vantes ; le phénobarbital en est un de premier choix. Le tableau d’intoxication aigu est semblable à celui de l’état d’ébriété produit par l’alcool. Les cas de surdosage aux barbituriques ont été très ré quents jusque dans les années 1970, et des tenta tives de suicide ou des morts accidentelles ont été rapportées à l’époque où ces médicaments étaient très utilisés. La tolérance apparaît rapidement, et les barbituriques deviennent moins actis après une ou deux semaines d’utilisation. La personne acquiert une dépendance physique après quelques mois de consommation de doses thérapeutiques ou quelques jours d’usage abusi des barbituriques. Ces derniers sont beaucoup plus toxicomanogènes que les benzodiazépines, car ils sont plus eupho risants. Le Fiorinalmd, une association d’acide acé tylsalicylique, de caéine et de butalbital, est utilisé contre les migraines réractaires à tous les autres traitements. Ce médicament est encore associé à des cas de toxicomanie, contrairement aux autres barbituriques, car ces derniers sont beaucoup moins utilisés aujourd’hui.
16.3.2
Stimulants du système nerveux central
Ces substances stimulent les onctions psychiques de la personne qui en consomme. Le degré d’éveil et l’activité générale du cortex cérébral sont alors augmentés. Parce qu’ils accélèrent le processus mental, accroissent la vigilance et stimulent l’hu meur et la motricité, le consommateur devient plus alerte et se sent plus énergique (Ben Amar & Léonard, 2009). Dans cette catégorie se trouvent la caéine, l’éphédrine, la cocaïne, les amphétamines ainsi que ses substances analogues. Cette classe de produits compte également des substances dont les eets sont semblables, mais dont la structure chimique est diérente (p. ex., les comprimés coupeaim). Les stimulants constituent des drogues populaires en raison des eets qu’ils produisent sur le cerveau. En eet, les consommateurs de stimulants devien nent dépendants à l’énergie, à la vivacité intellec tuelle ainsi qu’au bienêtre que ces produits leur procurent. Ces drogues agissent de açon centrale, c’estàdire sur les mécanismes du SNC qui sont responsables des réquences cardiaque et respira toire. Les consommateurs de stimulants s’adminis trent leur dose par voie orale (P.O.), intranasale, intrapulmonaire (umée) ou I.V.
16
Stimulants mineurs Caféine et boissons énergisantes Les troubles liés à la consommation de la caéine apparaissent dans le DSMIVTR. La caéine de meure le stimulant psychotrope le plus consommé ENCADRÉ 16.11
Catégories et exemples d’inhalants
Les inhalants sont classés en trois catégories : • les solvants, dont le toluène, l’essence et leurs dérivés (p. ex., un diluant, un dégraissant, de la colle); • les gaz, dont l’éther, le chloroorme, l’oxyde nitreux (vendu sous orme de nitrite de pentyle et communément appelé poppers), le butane, le propane, l’essence, les cétones, les chlorofuoro carbures, le chlorure d’éthyle (p. ex., le gaz rigorigène et les aérosols des
contenants de crème ouettée, la peinture à pulvériser, la laque et le déodorant en aérosol, les protecteurs à tissus) ; l’un des modes d’ingestion courants est le whippet, qui consiste à remplir un ballon whippet d’inhalant et à en respirer le contenu pour ressentir les eets ; • les nitrites (p. ex., les nitrites aliphatiques, dont le nitrite de cyclohexyle, le nitrite de pentyle et le nitrite de butyle, lequel est maintenant illégal).
Chapitre 16 Troubles liés à une substance
437
RAPPELEZVOUS…
La plupart des études portant sur la grossesse n’ont établi aucun lien entre la consommation de caféine et les anomalies congénitales ou le faible poids à la naissance. Cependant, que risque la femme enceinte qui consomme plus de 200 mg/jour de caféine ?
dans le monde. Il s’agit d’une méthylxanthine, tout comme la théobromine contenue dans le chocolat et la théophylline (Uniphylmd). Les Canadiens boi vent plus de 15 milliards de tasses de caé par année. Le consommateur de caé moyen en boit trois tasses par jour (PasseportSanté.net, 2008). Au Canada, il est estimé que 60 % de la caéine consom mée provient du caé. Le reste provient du thé, du chocolat, des boissons énergisantes, etc. (Santé Canada, 2010b). Cette substance se retrouve égale ment dans certains médicaments. Les symptômes associés à la consommation de cette substance sont nombreux et se maniestent selon la personne et la quantité consommée. Dans certains cas, une tolérance à la caéine peut ap paraître. Les personnes qui consomment de la caéine en grande quantité peuvent être atteintes de délirium. Depuis un certain temps, les boissons de type énergisantes ont la cote auprès des adolescents et des jeunes adultes. Le taux de caéine contenu dans ces boissons dière d’une marque à l’autre. Les boissons qui contiennent de la caéine et dont la teneur en sucre est élevée entraînent une augmen tation de la vigilance de 15 à 20 minutes suivant leur consommation, laquelle résulte du métabo lisme du glucose (Anderson & Horne, 2006).
ALERTE CLINIQUE
Il est capital de demander aux clients suivis en psy chiatrie la quantité de ca féine qu’ils consomment, car à forte dose, cette dernière peut entraîner de l’anxiété ou de l’insomnie.
Les boissons énergisantes qui contiennent de l’alcool (p. ex., Rock Star) s’avèrent dangereuses, car la caéine pourrait masquer les symptômes d’intoxication tout en ayant simultanément un eet stimulant. Le mode de vie d’une personne consommant du caé est rarement centré sur la recherche et la consommation de caéine ; cette substance n’est donc pas vraiment considérée comme une drogue utilisée par les personnes toxicomanes. C’est sans doute pour cela que le sevrage de la caéine ne fgure pas dans le DSMIVTR. Pourtant, celuici est bel et bien présent. Il survient au cours des 12 à 24 heures suivant la fn de la consommation et dure de 2 à 7 jours. Les symptômes ressentis sont les maux de tête, la atigue, les bâillements et les nau sées. La tension musculaire, l’irritabilité, l’anxiété et les changements sur le plan cogniti comptent parmi les eets de ce type de sevrage. Étant donné que les symptômes du sevrage de la caéine che vauchent souvent d’autres ennuis médicaux, trou bles mentaux ou autres symptômes de sevrage, il est important de procéder à une évaluation minu tieuse de la consommation récente de caéine chez le client. Ainsi, si la personne consomme de la caéine et que ses symptômes s’atténuent, le dia gnostic à poser n’en sera que plus clair. Pour ce qui est des bois sons énergisantes, tant l’alcool que la caéine sont des déshydratants, et la
438
Partie 3
Troubles mentaux
déshydratation nuit au métabolisme de l’alcool. En conséquence, des symptômes de sevrage apparentés à ceux de la « gueule de bois » peuvent s’ensuivre. Finalement, les troubles liés au sevrage de la caéine surviennent même si la dose de caéine consom mée est aible, et ce, tant chez l’adulte que chez l’enant.
Nicotine La nicotine est l’agent principal responsable de la dépendance physique aux produits du tabac et cer tainement la plus mortelle et la plus coûteuse. « En tout, plus de 37 000 Canadiens par année meurent en raison du tabagisme » (Santé Canada, 2009a). La dépendance à la nicotine apparaît sur une période relativement courte, soit généralement après le cinquième contact avec la drogue (DiFranza, 2008). L’activité cérébrale devient intense et géné ralisée en réaction à la nicotine. La consommation accrue de nicotine et le désir de continuer à en consommer sont attribuables à une hausse de la dopamine, de la norépinéphrine, de l’épinéphrine et de la sérotonine dans le système cérébral. L’organisme ait rapidement passer la nicotine dans la circulation. Cette substance possède des proprié tés stimulantes et dépressives. En eet, la nicotine entraîne une augmentation de la vigilance, acilite l’attention, la concentration, la mémoire, diminue l’anxiété, le stress, l’irritabilité, est un relaxant mus culaire, augmente les sécrétions bronchiques, la tachycardie, l’hypertension artérielle, diminue l’appétit et peut entraîner une perte de poids ; enfn, la nicotine augmente le métabolisme et l’hyperther mie (Ben Amar & Léonard, 2009). La dépendance psychologique s’explique à la ois par des propriétés intrinsèques de la nicotine et des acteurs psychosociaux. Chaque ois que le umeur porte une cigarette à sa bouche, il renorce ce comportement. Aussi, le umeur acquiert l’habi tude d’allumer une cigarette pour aire ace à des situations telles que le stress, la nervosité et les émotions. De plus, il existe un renorcement social dans des événements particuliers comme les pausescaé, les repas et les sorties. Le milieu social, particulièrement chez les jeunes, peut renorcer le tabagisme.
Le sevrage de la nicotine se caractérise par une humeur dysphorique ou dépressive, de l’irritabilité, de la rustration, de la colère, de l’anxiété, des trou bles de concentration, de l’agitation, de l’impa tience, une diminution de la F.C. ainsi qu’une augmentation de l’appétit ou une prise pondérale. Le symptôme le plus courant est l’état de manque. La plupart des symptômes de sevrage de la nicotine atteignent leur paroxysme au cours des trois pre miers jours suivant l’aban don du tabac, mais ils La caféine demeure le stimulant psycho peuvent durer de quatre à trope le plus consommé dans le monde. six semaines et même
plus. L’état de manque et la prise de poids persis tent touteois encore plus longtemps. Il existe plusieurs traitements de substitution qui comprennent de la nicotine ou non (ils seront détaillés plus loin) ; ils avorisent l’abstinence. Sans aide médicale, 90 % des umeurs qui décident d’arrêter de umer rechutent au cours des 6 pre miers mois. Des études sur le sujet indiquent que le ait de participer à un programme d’abandon du tabac pendant au moins un an augmente de açon considérable les chances de réussir à arrêter de umer (Santé Canada, 2008). Dans ce type de pro gramme, le client reçoit du soutien par téléphone ou est appelé à s’enregistrer sur Internet. Le client peut en tout temps assister à des rencontres de groupe lorsqu’il le juge nécessaire.
Stimulants majeurs Amphétamines En général, le terme amphétamine désigne un groupe de molécules dont les eets pharmacologi ques sont apparentés. La méthamphétamine est deux ois plus puissante que l’amphétamine et comprend l’ecstasy (3,4 méthylènedioxymétham phétamine ou MDMA), qui est un hallucinogène. La méthamphétamine en cristaux est une orme très pure de méthamphétamine que les consomma teurs ument an de ressentir une stimulation puis sante et rapide. La méthamphétamine ne ait pas qu’entraîner une production soudaine de dopamine, elle empêche également le recaptage de cette der nière. Un plus grand nombre de neurotransmetteurs se trouvent alors libérés dans la zone synaptique, ce qui perturbe le onctionnement du cerveau. Bien que cette drogue engendre une telle stimulation avec une ecacité marquée, elle contribue aussi à l’épui sement et à la destruction des neurones. Stimulants majeurs, ces substances agissent en augmentant l’activité psychique et la vigilance. Les amphétamines amplient l’activité des neurones à catécholamines et agissent sur deux neurotransmet teurs, la dopamine et la noradrénaline. Les consom mateurs qui en prennent s’attendent généralement à sentir un surcroît d’énergie et à éprouver une sensation de bienêtre, une euphorie et une aug mentation de la libido. Les eets indésirables qui en découlent sont géné ralement l’anxiété, l’agitation, une perte pondérale, l’infammation de la peau, la destruction de la denti tion et une léthargie. Un usage prolongé et répété peut induire des troubles du comportement et des épi sodes psychotiques avec hallucinations et paranoïa.
l’attention/hyperactivité (TDA/H) et l’obésité. Les eets des stimulants sont semblables à ceux de la cocaïne, à l’exception qu’ils ne produisent aucun eet anesthésique local. En outre, il arrive aux consommateurs d’en prendre une grande quantité pendant une certaine période, laquelle est suivie d’une période d’abstinence. La stimulation exces sive du système nerveux autonome ait grimper dangereusement la P.A. et la température corpo relle. La stimulation excessive provoque également une augmentation des réquences cardiaque et res piratoire. Le consommateur peut se montrer violent ou agressi. Dans les cas de toxicomanie ou de dépendance à ces stimulants, les clients peuvent être atteints d’anxiété, de paranoïa et vivre des épi sodes psychotiques.
Cocaïne La cocaïne est un stimulant alcaloïde semblable aux autres stimulants du SNC (p. ex., les amphéta mines) en raison de son portrait clinique, de l’in toxication qu’elle provoque et des approches thérapeutiques qu’elle nécessite. Dans la rue, la cocaïne est vendue sous orme d’une poudre impure mélangée à du glucose, du mannitol ou du lactose. Le crack (cocaïnebase), une combinaison de cocaïne avec du bicarbonate de soude ayant comme résultat une orme cristal lisée (roche), est umé sur du tabac ou à l’aide d’une pipe conçue à cet eet. Le crack est produit en grande quantité, il renerme davantage d’impuretés (p. ex., du bicarbonate de soude) et est prêt à umer dès son achat, tandis que la free base est mélangée avec du sel et préparée par le consommateur. La pureté du crack varie habituellement entre 50 à 95 %, et celle de la free base se situe entre 90 et 100 % (Ben Amar & Léonard, 2009).
i
Des activités interactives, des outils, des orums sont proposés pour se libérer du tabac sur les sites suivants www.jarrete.qc.ca et www.deftabac.qc.ca/r.
Généralement, les consommateurs de cocaïne se l’injectent par voie I.V. ou l’inhalent. Par voie intra nasale, les eets de la cocaïne se ont sentir en trois à cinq minutes, approximativement. Dans les 10 à 20 minutes suivant la consommation, les eets de la drogue atteignent leur maximum. La concentra tion de cocaïne dans le sang est à son taux le plus élevé au cours des 30 minutes suivant la prise de la drogue. Les eets de celleci se dissipent relati vement rapidement, soit généralement au bout de deux heures. Touteois, certains eets perdurent jusqu’à quatre heures. La cocaïne est décelable dans l’urine pendant au moins trois jours. Enn, comme pour toutes les drogues ortement toxico manogènes, la tolérance à la cocaïne s’acquiert rapidement.
L’intoxication à la cocaïne se manieste par une Les stimulants comme le méthylphénidate (Ritalinmd) et la dextroamphétamine (Dexedrinemd) euphorie, un émoussement aecti, une hypervi gilance, une agitation, de sont utilisés dans le traite la colère, un jugement ment de troubles médi Les métamphétamines agissent en aug aaibli, une altération caux, dont la narcolepsie, mentant l’activité psychique et la vigilance. du onctionnement en le trouble de déicit de Chapitre 16 Troubles liés à une substance
439
16
société ainsi qu’une anxiété. À long terme, les personnes qui ont consommé de ortes doses de cocaïne risquent d’en subir les eets dépresseurs, notamment la tristesse, la diminution de la P.A. ainsi qu’un retard psychomoteur. En outre, l’évo lution de l’intoxication est spontanément résolu tive (se guérit sans traitement) au bout d’environ 24 heures, après quoi les symptômes de sevrage commencent à apparaître. D’ailleurs, ces symp tômes de sevrage sont souvent qualifés d’eon drement lorsque le consommateur devient dépressi. Cet état pousse souvent ce dernier à consommer de nouveau, à tenter un sevrage, puis à retomber dans le même cercle vicieux.
Sevrage des stimulants majeurs Le sevrage des amphétamines et de la cocaïne ne menace pas la vie du consommateur. Les signes physiques du sevrage de la cocaïne, des amphéta mines et des autres stimulants du SNC sont res treints. En raison du phénomène de tolérance, une personne peut voir apparaître des symptômes de sevrage, dont des douleurs ou des malaises dius, et ce, même si elle consomme toujours. Le syndrome clinique de ce type de sevrage se manieste ainsi : un grave état de manque et des comportements de recherche de drogue ; une agitation ; une dépression intense, mais temporaire pouvant aire place à des idées suicidaires susceptibles de conduire à une tentative de suicide soudaine ; et une perte d’appétit qui fnit par entraîner une atigue accompagnée d’insomnie, d’une dépression continue et d’une réduction du manque. La période la plus difcile du sevrage se situe de un à trois jours après l’arrêt de la consommation. Les symptômes caractéristiques de la dernière étape du sevrage sont notamment l’épuisement, le retour de l’appétit et la sensation d’avoir besoin de sommeil. Ces symptômes se maniestent dès les 9 premières heures de sevrage et jusqu’aux 14 premiers jours. La régularisation des habitudes de sommeil, la diminution de la sensation de manque et le retour à une humeur normale Julien Lacasse, âgé de 25 ans, est atteint de trouble surviennent ensuite. Puis, le bipolaire. Lorsqu’il a un épisode de manie, il consomme sevrage se poursuit et en de la cocaïne par voie intranasale. Ces derniers jours, il traîne une recrudescence de en a consommé au moins deux ois par jour. Monsieur la atigue, de l’anhédonie et Lacasse est amené à l’urgence psychiatrique, car les de l’anxiété. policiers l’ont retrouvé dans un parc public pendant la Le traitement du sevrage nuit alors qu’il hurlait comme un loup ; il riait sans arrêt des stimulants majeurs est et montrait de la méfance, pinçant les lèvres et gardant axé sur le soulagement des les yeux grand ouverts. Il s’est même âché contre le symptômes ; les proession policier qui le aisait monter dans la voiture. Visible nels de la santé essaient ment, il était en état d’intoxication. Il est maintenant d’éviter l’administration de redevenu calme, mais lorsqu’il apprend que sa copine médicaments. Il n’y a pas de veut le quitter, il répond sur un ton monocorde avec un traitement pharmacologique petit sourire en coin : « Ouais ! Quel dommage. » reconnu. Les plus récentes Comment devezvous qualifer l’aect de monsieur données sur le sujet indi Lacasse dans cette situation ? quent qu’il est préérable de
Jugement clinique
440
Partie 3
Troubles mentaux
traiter les personnes ayant une dépendance à ces stimulants de manière intensive et complète, sur une période allant de trois mois à un an dans un environnement très structuré. Le plus grand danger est que le client cherche à consommer d’autres substances psychotropes, dont l’alcool et les benzodiazépines, afn de combler le vide qu’il ressent, lequel est attribuable au sevrage des stimulants. Il peut arriver qu’un stimulus, comme celui de voir une substance blanche en poudre, éveille un manque chez la personne toxi comane. Ce type de conditionnement contribue probablement à la rechute et s’avère difcile à corriger.
16.3.3
Perturbateurs du système nerveux central
Couramment, le terme hallucinogènes est utilisé pour parler des dérivés du cannabis et de diérents hallucinogènes. Mais les chercheurs préèrent uti liser l’expression perturbateurs du système nerveux central pour décrire ces substances. En anglais, ainsi que dans plusieurs textes en langue rançaise, le terme hallucinogènes est utilisé de açon générique pour désigner les dérivés du cannabis et les hallucinogènes classiques tels que le LSD, l’ecstasy, la phencyclidine et les anticho linergiques. Le terme perturbateurs est de plus en plus utilisé en rançais pour désigner le groupe de substances dont l’eet principal est la modifcation des perceptions sensorielles. Bien que cette appel lation ne soit pas consignée dans la plupart des ouvrages rancophones, elle correspond de plus près à la réalité, car les eets du LSD, du cannabis et de l’ecstasy dièrent grandement (Ben Amar & Léonard, 2009).
Les perturbateurs entraînent un sevrage dont les signes et les symptômes sont souvent de légers à modérés.
Cannabis La marijuana et le hachisch sont les substances bioactives du chanvre indien. Le cannabis demeure la drogue illicite la plus couramment consommée, se classant au quatrième rang des drogues les plus consommées après la caéine, la nicotine et l’alcool. Le principe acti de la marijuana et du hachisch est le tétrahydrocannabinol (THC), lequel est respon sable de la plupart des eets qui mènent à une consommation soutenue. La plupart du temps, le cannabis est umé à l’aide d’une pipe ou d’une cigarette (« joint »). Cependant, certains l’ajoutent à des aliments. D’autres choisissent plutôt de l’associer à d’autres drogues comme l’opium, la cocaïne ou la phency clidine (PCP), par exemple. Les symptômes de l’intoxication au cannabis varient. En voici quelques exemples : euphorie et
rire exagéré ; mégalomanie ; sédation, léthargie et onctions cognitives aaiblies ; perceptions senso rielles déormées ; onction et efcacité motrices aaiblies ; impression que le temps passe lente ment. Les eets psychoactis du cannabis sont sui vis d’autres signes qui apparaissent au cours des deux heures suivant l’ingestion de la drogue, notamment une injection conjonctivale (c.àd. des yeux injectés de sang), un appétit accru, une tachy cardie et une sécheresse de la bouche. Une per sonne qui ume du cannabis en ressentira les eets en quelques minutes, et ce, pendant trois ou quatre heures. L’intensité des symptômes dépend de divers acteurs, dont la dose, le mode d’ingestion ainsi que le profl du consommateur. Le cannabis est liposoluble, la consommation d’une orte dose peut aire en sorte que ses eets durent de 12 à 24 heures et l’élimination de la substance des tissus de l’organisme peut prendre jusqu’à 40 jours. La consommation réquente de doses élevées de cannabis entraîne une dépendance psycholo gique se traduisant par un besoin de consommer. Si la consommation de cannabis est prolongée, la dépendance et la tolérance qui en résultent conduisent parois à un syndrome amotivationnel, caractérisé par l’apathie, la passivité, l’indiérence, la perte d’intérêt et d’ambition, le manque d’initia tive et le piètre rendement dans les études ainsi qu’au travail. Généralement, ces symptômes dispa raissent graduellement dès l’arrêt de la prise de cannabis et réapparaissent avec la reprise des habi tudes de consommation. L’interruption brusque de doses massives peut se traduire par un syndrome de sevrage. Les prin cipaux symptômes de sevrage du cannabis sont l’irritabilité, l’anxiété, l’agitation, des céphalées, la diaphorèse, les nausées, la perte d’appétit et les troubles du sommeil. Le sevrage ne constitue pas un critère du DSMIVTR. Le traitement oert en est davantage un de soutien. Les études cliniques en cours sont utiles afn d’établir en quoi le cannabis pourrait servir pour traiter certains problèmes médicaux. Le recours au cannabis est touteois approuvé dans le traitement de diverses maladies, dont la douleur chronique, les maladies neurodégénératives, le glaucome.
Hallucinogènes stimulants (ecstasy et ses dérivés) La MDMA est une substance neurotoxique, une drogue de synthèse, et elle est considérée comme une drogue de boîtes de nuit. Les consommateurs prennent généralement la MDMA P.O. ou par voie intranasale. Les eets durent de trois à six heures, bien que la dépression, les troubles du sommeil et la paranoïa qu’elle entraîne puissent perdurer pen dant plusieurs semaines.
Jugement clinique
La MDMA entraîne une libération de sérotonine par Lisbeth Bjurman est âgée de 24 ans. Elle est atteinte les neurones, ce qui génère d’un trouble de la personnalité et se vante d’être la chez son consommateur une emme la plus séduisante de son bureau. Elle ume du euphorie ainsi qu’une anxiété cannabis en cachette pendant ses heures de travail et ou une panique, une hypona consomme de plus en plus lorsqu’elle sort avec ses trémie et une hyperthermie. amies. Après une soirée où elle a umé des « joints » La consommation de MDMA presque sans arrêt, une copine l’a conduite à l’urgence. cause parois la mort attri Madame Bjurman disait, avec un rire exacerbé, qu’elle buable à la neurotoxicité de était la plus grande vedette de la province et qu’elle cette drogue ou au synavait l’impression d’être légère dans sa montée au drome sérotoninergique paradis même si elle titubait en marchant. qu’elle provoque. À l’autop Madame Bjurman estelle intoxiquée au cannabis ? sie, une détérioration muscu Justifez votre réponse. laire rapide accompagnée d’une nécrose hépatique ai guë, une insufsance rénale et un coup de chaleur sont constatés. Chez les per Syndrome sérotoninersonnes qui prennent des antidépresseurs et qui gique : Accumulation exces consomment de la MDMA, le risque de syndrome sive de sérotonine qui ait suite sérotoninergique est accru. à l’interaction de plusieurs Il est à noter que les hallucinogènes peuvent être abriqués dans des laboratoires de ortune. Ce ai sant, leurs acheteurs ne sont jamais certains des substances qu’ils ingèrent. À la suite d’analyses, il est parois constaté que certains comprimés de MDMA contiennent des amphétamines, de la kéta mine et d’autres substances. Les symptômes cliniques induits par la consom mation d’hallucinogènes comprennent une altéra tion des signes vitaux, des attaques de panique, une récurrence non souhaitée des eets de la drogue, une psychose, un délire, une altération de l’humeur et divers stades d’anxiété. La tolérance et la dépen dance aux hallucinogènes surviennent dans cer tains cas. Cependant, ces substances sont diérentes des autres drogues utilisées par les personnes toxi comanes, car le ait de mettre un terme à sa consom mation ne provoque pas un syndrome de sevrage précis. Finalement, la consommation d’hallucino gènes entraîne un risque accru de suicide et peut être à l’origine de désordres mentaux, et ce, dès la consommation de la première dose.
médicaments et qui peut se traduire par des réactions graves telles qu’un choc car diovasculaire, des convulsions, de l’hyperthermie, voire le décès.
16
i
L’utilisation médicale du cannabis est détaillée sur le site du Consortium canadien pour l’investigation des cannaboïdes : www.ccic.net/ index.php?home_r&lng=r.
Anesthésiques dissociatifs Phencyclidine Découverte par des pharmacologues en 1926, la PCP était employée comme agent anesthé sique, mais les réactions graves qu’elle entraînait ont rendu son utilisation interdite (Ben Amar & Léonard, 2009 ; Santé Canada, 2009). Les utilisa teurs de PCP l’inhalent ou la ument, le plus sou vent. Cependant, il existe d’autres açons de la consommer. Il n’est pas rare que les personnes toxi comanes la consomment en concomitance avec d’autres substances, dont le tétrahydrocannabinol, la cocaïne, les méthamphétamines ou le LSD. Les signes cliniques de l’intoxication indiquant une Chapitre 16 Troubles liés à une substance
441
hyperexcitabilité neuronale, une hypertension et une hyperthermie constituent des urgences médicales. Selon la concentration de la PCP, diverses asso ciations de symptômes d’intoxication peuvent apparaître, lesquelles comprennent les suivants : délire, psychose, conusion, paranoïa, hallucina tions, accès de violence (NIDA, 2002).
Kétamine La kétamine est utilisée en toute légalité en anes thésie et en médecine vétérinaire. Elle est égale ment connue sous les noms spécial K ou vitamine K. Souvent, les consommateurs ajoutent de la kéta mine à la marijuana ou au tabac qu’ils ument pour se retrouver dans un état second et avoir des hallu cinations. La kétamine peut également être injectée par voie intramusculaire. À aible dose, elle réduit l’attention, l’apprentissage et la mémoire. À orte dose, elle provoque un délire, une amnésie, une altération de la onction motrice, une élévation de la P.A., une dépression ainsi que des problèmes respiratoires qui peuvent s’avérer atals.
Diéthylamide de l’acide lysergique 21 Les symptômes de sevrage de ce type de médicaments sont détaillés dans le cha pitre 21, Psychopharmaco thérapie et autres thérapies biologiques.
Rhabdomyolyse : Destruction du tissu des muscles striés, entraînant la libération dans le sang d’un pigment musculaire toxique, la myoglobine. Vasospasme central : Diminution soudaine de la lumière des artères cérébrales qui compromet dangereuse ment l’irrigation des structures cérébrales.
Le diéthylamide de l’acide lysergique (LSD) modie la perception, la cognition et l’humeur de la per sonne qui en consomme. Il existe illégalement sous plusieurs ormes. L’intoxication se présente sous la orme de mydriase, de vision brouillée, d’augmentation de la salive, de rougeur au visage, de chair de poule, de transpiration, de rissons, d’engourdissement, de aiblesse musculaire, d’ataxie, de tremblements, de spasmes musculaires, de convulsions, de perte d’appétit, de nausées, de vomissements, de tachy cardie, de palpitations, de tachypnée, de contrac tion utérine, de distorsion des perceptions, d’amplication des sens, d’impression que les objets sont vivants, d’augmentation du fux de la pensée, d’indiérence, d’isolement, d’humeur labile, d’augmentation des réfexes ou de sentiment de peur de la perte de contact avec la réalité. À orte dose, il peut y avoir hyperthermie, rhabdomyolyse, insusance rénale aiguë, hypertension artérielle, arythmie, vasospasme central (qui prive le cerveau d’oxygène), bronchoconstriction, convulsions et coma.
Sevrage des hallucinogènes stimulants, anesthésiques dissociatifs et LSD Qu’il s’agisse des hallucinogènes stimulants (MDMA et ses dérivés), des anticholinergiques, des anesthésiques dissociatis (kétamine et PCP) ou encore du LSD, ces substances entraînent peu de symptômes de sevrage. Souvent de légers à modé rés, ceuxci comprennent de l’anxiété, de l’agita tion, des tremblements, de la nervosité, de l’irritabilité, de l’insomnie, de la dysphorie, des
442
Partie 3
Troubles mentaux
céphalées, de la sudation, une perte d’appétit, des nausées et des crampes intestinales.
16.3.4
Principaux médicaments psychotropes
Les médicaments psychotropes sont principale ment utilisés pour le traitement de la psychose, de la dépression et du trouble bipolaire. Il s’agit des antidépresseurs, des antipsychotiques et des stabi lisateurs de l’humeur. Ils agissent sur les onctions cognitives, sur l’humeur et sur les réactions émo tionnelles de la personne à son environnement (Ben Amar & Léonard, 2009). Ils sont alors prescrits selon le diagnostic du client ; la prise comme le suivi du traitement sont assurés par l’inrmière et le méde cin. Ces médicaments entraînent une dépendance, mais ils sont davantage utilisés à des ns médicales et sont rarement consommés de açon abusive. Ils ne seront pas traités davantage (Reeves & Brister, 2007). Lorsque la décision est prise d’arrêter le traite ment, il est important de réduire graduellement la dose de médicament, an d’éviter le syndrome de sevrage, et d’être suivi par les proessionnels de santé 21 .
16.3.5
Stéroïdes (androgènes et anabolisants)
Les stéroïdes androgènes et les stéroïdes anaboli sants ont une structure de base commune appelée noyau stérol. Ils orment une catégorie particulière de psychotropes. La testostérone et la dihydrotes tostérone sont les principales hormones androgènes (ou hormones mâles). Les stéroïdes anabolisants sont des substances synthétiques analogues à la testostérone (Ben Amar & Léonard, 2009). Les stéroïdes anabolisants androgènes gurent parmi les drogues les plus souvent consommées de açon excessive. L’adjecti anabolisant renvoie à la notion de renorcement musculaire, et androgène ait réérence à l’augmentation de la dénition des attributs masculins (NIDA, 2012). Depuis les années 1950, certains athlètes consomment ces stéroïdes pour améliorer leurs perormances sportives. Les stéroïdes anabolisants peuvent être pris par la bouche ou injectés. Leur consommation suit géné ralement un cycle hebdomadaire ou mensuel et non continuel. Les cycles renvoient au ait de prendre de multiples doses de stéroïdes anabolisants sur une certaine période de temps, d’arrêter, puis d’en reprendre. Les consommateurs de stéroïdes multi plient également les types de substances qu’ils prennent an d’en maximiser les eets et de réduire les conséquences néastes. Cette pratique porte le nom de stacking. Pour ce qui est du principe de doses pyramidales, le consommateur commence avec de aibles doses de plusieurs substances di érentes, puis augmente graduellement les doses
qu’il consomme sur une période de 6 à 12 semaines. Dans la seconde moitié du cycle, le consommateur diminue ses doses jusqu’à l’arrêt complet. La consommation abusive de stéroïdes anaboli sants augmente les risques d’inarctus et d’accident vasculaire cérébral, de même que les risques de troubles hépatiques chez ceux qui prennent les stéroïdes P.O. Les stéroïdes entraînent également de nombreux changements sur le plan physique, notamment l’apparition de seins et le rétrécisse ment des organes génitaux chez l’homme, de même qu’un risque accru du cancer de la prostate, de stérilité et d’un nombre réduit de spermatozoïdes. Chez la emme, la consommation de stéroïdes génère une masculinisation du corps attribuable à l’apparition d’une pilosité au visage, à une alopécie séborrhéique masculine, à des changements du cycle menstruel, à l’augmentation de la taille du clitoris ainsi qu’à une modulation de la voix, laquelle devient plus grave. Chez l’adolescent, les stéroïdes entraînent des changements relatis aux hormones de croissance, ce qui peut interrompre le développement physique. Les consommateurs de stéroïdes peuvent avoir des sautes d’humeur marquées, parois accompagnées d’un comporte ment violent. La dépression, la jalousie paranoïde, le délire et le jugement aaibli sont autant de symptômes que peuvent présenter les consomma teurs excessis de stéroïdes anabolisants (NIDA, 2002). Le syndrome de sevrage est marqué par les signes suivants : irritabilité, agitation, insomnie, anxiété, absence de désir sexuel, anhédonie, dys phorie, idées suicidaires, dépression prolongée. Ils peuvent également être accompagnés de sueurs, de myalgies, de nausées, de vomissements, de chair de poule, de tachycardie, d’hypertension artérielle, de fèvre, d’anorexie (Centre d’évaluation et d’in ormation sur la pharmacodépendance, 2013).
certains sont abstinents (20 %), alors que d’autres dépassent les limites d’une consommation à aible risque (20 %). Dans la portion de consommation à aible risque, 12 % disent ne pas subir de consé quences liées à l’alcool, mais 8 % rapportent avoir au moins un problème qui en découle. Dans ce 8 %, une proportion de 4 % des personnes afrme que le pro blème n’est pas répétiti et que les conséquences de la consommation sont de aibles à modérées ; l’autre 4 % a reçu un diagnostic d’abus ou de dépendance à l’alcool (Tremblay, Allaire, Duresne, et al., 2004). Le cannabis est la SPA la plus largement consom mée au Canada. La prévalence de la consommation du cannabis au cours des 12 derniers mois chez les Canadiens de 15 ans et plus était de 10,7 % en 2010, tandis que le taux de consommation des autres dro gues, les plus réquemment mentionnées après le cannabis, était estimé à moins de 1 % : hallucinogènes (0,9 %) ; MDMA (0,7 %) ; cocaïne ou crack (0,7 %) ; et amphétamines (0,5 %) (Santé Canada, 2011b). Au Canada, en 2010, les hommes afchaient un taux de consommation de SPA de 15 %, soit un taux deux ois plus élevé que celui noté chez les emmes (7,3 %). Par ailleurs, la prévalence de la consom mation chez les jeunes âgés de 15 à 24 ans était trois ois plus élevée (25,9 %) que celle observée chez les adultes âgés de 25 ans et plus (8,1 %) (Santé Canada, 2011b).
i
Les données mondiales de consommation d’alcool globale et par région sont disponibles sur le site de l’OMS au www. who.int/substance_abuse/ publications/global_alcohol_ report/en/index.html.
i
Les données canadiennes sur la consommation d’alcool et des drogues sont disponibles sur le site de Santé Canada à l’adresse suivante : www. hcsc.gc.ca/hcps/drugs drogues/stat/_2010/ tablestableauxfra.php#t6.
Il est à remarquer que si les hommes ont deux ois plus de chance de répondre aux critères du DSMIVTR relativement aux troubles liés à la consommation de drogues, les emmes sont plus à risque quant à la consommation d’alcool (p. ex., le risque de subir une atteinte aux organes et d’autres problèmes liés à leur consommation) (Blume & Zilberman, 2006) et ont moins l’objet d’examens paracliniques associés aux troubles de consommation (Vandermause, 2007). Les emmes ont une consommation d’alcool qui devient pro blématique plus tard que les hommes, soit vers la fn de la vingtaine ou au début de la trentaine. De 16.4 Épidémiologie plus, les problèmes physiques et psychosociaux se maniestent plus rapidement chez elles. Il est La consommation nocive d’alcool entraîne 2,5 mil plus réquent que les emmes mentionnent un lions de décès chaque année. Parmi les jeunes événement déclencheur de leur consommation âgés de 15 à 29 ans, 320 000 meurent de causes abusive d’alcool, par exemple un divorce ou une liées à l’alcool, ce qui représente 9 % de la mor séparation. La consommation abusive d’alcool talité totale dans ce groupe d’âge. Cette substance chez les emmes, même dans une moins grande est le principal acteur de morbidité des mesure que les hommes, rend ces dernières su Amériques. Enfn, une corrélation a été établie jettes aux problèmes dans leur milieu de travail, entre l’alcool et de nombreux problèmes sociaux dans leurs relations avec les autres, de même et développementaux tels que la violence, la mal qu’aux difcultés liées au rôle parental. Au départ, traitance, la négligence des enants et l’absen les programmes de traitement et de soutien en téisme sur le lieu de travail (Organisation mondiale 12 étapes (présentés dans la sixième section de ce de la Santé [OMS], 2011). chapitre) étaient conçus pour les hommes, car la dépendance chez les La majorité des Québé emmes n’était pas recon cois âgés de 15 ans et plus Le cannabis est la SPA la plus largement nue selon la norme sociale. consomme l’alcool de consommée au Canada. manière sécuritaire (60%), Touteois, au fl du temps Chapitre 16 Troubles liés à une substance
16
443
ALERTE CLINIQUE
Il est essentiel que le médecin traitant soit informé de toute consom mation de SPA pendant la grossesse de la cliente.
et selon les besoins, des programmes de traitement adaptés à chaque sexe ont été conçus et évalués (Armstrong, 2008).
16.4.1
Conséquences de l’abus de substances psychoactives chez certains groupes
Tous les consommateurs de SPA sont exposés à subir des conséquences négatives, mais certains groupes semblent plus vulnérables que d’autres. C’est le cas des emmes enceintes, des adoles cents et des personnes âgées. Les con séquences dièrent selon le contexte, par exemple chez les personnes ayant un trouble concomitant, les uti li sateurs de drogues injectables et les pro essionnels de la santé.
Femmes enceintes Selon diérentes enquêtes canadiennes (entre 2003 et 2006), les proportions de emmes qui rapportent avoir consommé de l’alcool au moins une ois pen dant qu’elles étaient enceintes varient entre 10 et 12 % environ. En 2005 1,1 % des répondantes cana diennes déclarent avoir bu plus d’une ois par semaine durant leur grossesse. Près de une Québécoise sur quatre consommerait de l’alcool pendant qu’elle est enceinte. Cette proportion est environ deux ois plus élevée que pour l’ensemble des répondantes canadiennes (ministère de la Santé et des Services sociaux [MSSS], 2009). En ce qui concerne l’utilisation de drogues, « le caractère illicite des drogues rend souvent dicile une recension du nombre exact d’utilisatrices. Par crainte de perdre la garde de leur enant, certaines emmes peuvent hésiter à déclarer qu’elles consom ment des drogues. Actuellement, aucune donnée canadienne n’est disponible à ce sujet » (MSSS, 2009). Au Centre hospitalier de l’Université de Montréal, la proportion est établie à partir du nombre de emmes enceintes rapportant une consommation antérieure ou récente de drogues et à partir du nombre de emmes dont le nouveauné présentait des signes d’une exposition prénatale aux drogues. Il est possible qu’en réalité la proportion d’enants exposés soit plus élevée (MSSS, 2009). En général, les emmes enceintes ont tendance à sousdéclarer leur consommation pour diverses raisons, soit le sentiment de culpabilité, la peur d’être jugées, la crainte de perdre la garde de leur nouveauné, la méconnaissance de la dénition du verre standard ou la stigmatisation sociale liée à une telle révélation (MSSS, 2009). En outre, il ne aut pas négliger le ait que certaines emmes ne connaissent pas les conséquences de la consom mation de SPA pendant la grossesse ou qu’elles
444
Partie 3
Troubles mentaux
ne savent pas où se rensei gner à ce sujet. Il est donc important que l’inrmière évite de catégoriser négati vement la emme relative ment à ses problèmes de consommation de SPA (Armstrong, 1992). Favoriser l’expression, écouter, aborder et évaluer une si tuation, inormer et expliquer, accompagner la réfexion, s’engager puis établir des liens avec les autres ressources sont les interventions à prôner (Institut national de prévention et d’éducation pour la santé [INPES], 2010).
Tous les consommateurs de SPA sont ex posés à subir des conséquences néga tives, mais certains groupes semblent plus vulnérables que d’autres.
Au l des ans, les recherches à ce sujet ont démontré que les eets des SPA sur la mère et l’en ant sont diérents lorsqu’elles sont consommées pendant la grossesse. Bon nombre de substances consommées par les emmes enceintes sont térato gènes pour les enants, c’estàdire qu’elles causent des anomalies congénitales. Lorsque plus d’une drogue est consommée, il est dicile de prédire les conséquences sur l’enant à naître. Les eets des substances sur le œtus dépendent d’un certain nombre de acteurs, dont le type de drogue, la quan tité consommée, les habitudes de consommation de la mère et l’exposition du œtus à la substance. De plus, il est nécessaire de considérer les acteurs de vulnérabilité de la mère audelà de la dépen dance, à savoir : • les antécédents d’abus physiques, sexuels, émo tifs (consommer pour éviter de faire face aux souvenirs d’abus et aux symptômes de trauma tismes vécus) ; • les antécédents de troubles de l’humeur ou d’anxiété, de troubles de l’alimentation ou de trouble panique ; • la relation abusive ; • la grossesse inattendue et non désirée ; • le célibat ; • le jeune âge ; • le faible réseau social ; • la présence d’un autre enfant accusant un retard du développement (Di Tommaso, 2000). Par ailleurs, il aut porter attention aux autres acteurs de risque obstétricaux liés au mode de vie marginal de certaines consommatrices de SPA, dont les inections transmissibles sexuellement et par le sang (ITSS), la pauvreté, la malnutrition et la vio lence conjugale. Les inrmières en tiennent compte dans leur évaluation, et les soins sont adaptés à la réalité de ces emmes.
Risques associés à la consommation de substances psychoactives sur la grossesse, le fœtus et le développement de l’enfant Nombreux sont les risques liés à la consommation de SPA sur la grossesse, le œtus et le développement
de l’enant. L’alcool étant la substance la plus ré quemment consommée, les risques qui y sont asso ciés sont présentés en premier dans cette section. | Impact de l’alcool | La consommation d’alcool en période prénatale demeure une préoccupation majeure, bien que le taux de consommation d’al cool chez les femmes enceintes soit inférieur à celui observé chez les femmes non enceintes, à âge égal. Aucun seuil de consommation d’alcool tota lement sécuritaire n’a été déni durant la gros sesse ni pour la mère ni pour le fœtus. Il est donc recommandé aux femmes enceintes et à celles qui cherchent à le devenir de ne pas consommer d’al cool. Les femmes en âge de procréer ne doivent pas prendre d’alcool à partir du moment où elles décident de devenir enceintes ou si elles croient qu’elles peuvent être enceintes en cas de grossesse non planiée (Éduc’alcool, 2013). Les risques d’avortement spontané, d’accouchement préma turé et de mort néonatale augmentent proportion nellement à la consommation. De plus, la consommation d’alcool est la princi pale cause évitable connue de malormations congénitales et de diicultés d’apprentissage. L’alcool qui circule dans le sang de la mère voyage aussi dans le sang du œtus, et il peut occasionner un eet tératogène. La période de l’organogénèse (les trois premiers mois de la grossesse) correspon dant au stade de développement des organes est le moment où l’embryon est le plus vulnérable aux répercussions négatives de l’alcool. À ces stades, l’alcool interère avec la migration cellulaire requise pour la ormation de certains organes. Par la suite, cette substance cause un ralentissement du déve loppement œtal. Les eets néastes de l’alcool sur le œtus se traduisent par un ensemble de symp tômes caractéristiques chez le nouveauné, appelé syndrome d’alcoolisation œtale (SAF). L’ensemble de troubles causés par l’alcoolisation œtale (ETCAF) touche 1 % de la population ou 10 naissances pour 1 000. Dans certaines commu nautés canadiennes, le taux de prévalence atteint 190 pour 1 000 naissances vivantes (Société des obstétriciens et gynécologues du Canada [SOGC], 2010). L’ETCAF comprend notamment des pro blèmes physiques, mentaux, comportementaux, de même que des troubles d’apprentissage que les enants pourraient devoir subir tout au long de leur vie ENCADRÉ 16.12. La plus grave conséquence de la consommation d’alcool subie par le œtus est le SAF. Le diagnostic du SAF comporte quatre critères : 1) un retard de croissance ; 2) des dommages du SNC (dysonction nement, lésions) ; 3) des caractéristiques aciales dysmorphiques FIGURE 16.2 ; et 4) une consomma tion d’alcool par la mère conrmée pendant la période prénatale (Morissette & Venne, 2009). Les nourrissons qui survivent présentent généralement
ENCADRÉ 16.12
Ensemble de troubles causés par l’alcoolisation œtale : signifcation et troubles associés
SIGNIFICATION DE L’ACRONYME ETCAF
E = Ensemble, présence d’un dommage de léger à grave T = Troubles, difculté/incapacité de onctionner ou de s’adapter (vie/personne) ; C = Causés A = Alcoolisation, tératogénie qui cause des changements et dommages aux cellules/ processus F = Fœtale, changements du développement normal in utero
DIAGNOSTIC ET TROUBLES COMPRIS DANS L’ETCAF
L’appellation ETCAF englobe une série de troubles, mais ne constitue pas un diagnostic clinique. Elle ait réérence aux états diagnostiques suivants: • SAF : syndrome d’alcoolisation œtale; • SAFp : syndrome d’alcoolisation œtale partiel ; • TNDLA : trouble neurologique du développement lié à l’alcool.
Sources : Adapté de Morissette & Venne (2009) ; SOGC (2010)
SIGNES DISCRIMINANTS
SIGNES ASSOCIÉS Épicanthus
Fentes palpébrales étroites Étage moyen de la face plat Nez court Philtrum absent
Racine du nez plate Anomalie mineure de l’oreille Micrognatie
Lèvre supérieure fine
16
FIGURE 16.2 Signes de la dysmorphie faciale caractéristiques d’un enfant atteint d’un syndrome d’alcoolisation fœtale
une combinaison de divers signes visibles et de syndromes TABLEAU 16.3. En plus du SAF, le nouveauné peut subir un syndrome de sevrage néonatal, aussi présent chez les nouveaunés dont la mère consommait des bar bituriques, des benzodiazépines ou des opiacés pendant la grossesse. Les symptômes de sevrage apparaîtront rapidement, soit quelques heures après la naissance. Ils peuvent inclure : des trem blements, des bâillements, le nez bouché, des éter nuements, de l’irritabilité (pleurs excessis), une mauvaise alimentation et succion, des problèmes de sommeil, des vomissements, des pleurs aigus, de la diarrhée, la spasticité, la déshydratation, les réfexes hyperactis, la transpiration et la èvre ou la température instable (Children’s Hospital o Pittsburgh o UPMC, 2008). | Impact des autres substances psychoactives | Les effets des SPA sont variés et atteignent aussi bien la mère, engendrant des risques obstétricaux, que le fœtus et, par conséquent, le développement de l’enfant TABLEAU 16.4.
i
La Directive clinique de consensus sur la consomma tion d’alcool et la grossesse de la SOGC présente de açon détaillée les eets de l’alcool sur le œtus et les critères diagnostiques précis de l’ETCAF. Cette directive est accessible au www.sogc.org/ guidelines/documents/ gui245CPG1008F.pd.
Chapitre 16 Troubles liés à une substance
445
Symptômes cliniques TABLEAU 16.3
Syndrome d’alcoolisation fœtale
RÉGION/SYSTÈME
SIGNES
Faciale
• Faciès plat, écrasement de la racine du nez avec retroussement de l’extrémité, philtrum indistinct et convexe (aucun relie de la peau entre le nez et la lèvre supérieure), lèvre supérieure amincie, mâchoire inérieure réduite et rétrécissement des entes palpébrales (yeux bridés)
Optique
• Strabisme, anomalie de la rétine et globes oculaires réduits • Correction visuelle nécessaire
Squelettique
• Retard de croissance, poids et taille réduits, périmètre crânien réduit, petits doigts courts, ongles hypoplasiques (ormation incomplète), syndrome de KlippelFeil (usion des vertèbres cervicales) et scoliose (incurvation latérale anormale de la colonne vertébrale)
Cérébrale
• Microcéphalie (circonérence crânienne sous la normale), hydrocéphalie, diverses anomalies dans la structure du cerveau ainsi qu’une taille réduite des zones cérébrales, bulbe olacti non développé, retard mental de léger à grave, surdité d’origine neurologique ou physiologique, défcience de l’attention ainsi que des capacités d’apprentissage, désordres de légers à graves de la coordination motrice et de l’équilibre
Cardiaque
• Malormations diverses des compartiments du cœur et des vaisseaux sanguins
Autres
• Certaines malormations congénitales (p. ex., des voies biliaires, des organes génitaux externes) d’origine inconnue, lorsque l’abus d’alcool en période de gestation est documenté • Naissance prématurée • Mortalité de l’enant à la naissance
Sources : Adapté de Ben Amar & Léonard (2009) ; Centre de toxicomanie et de santé mentale (CAMH) (2009) ; Richard, Senon & Valleur (2009)
Adolescents
RAPPELEZVOUS…
Toute drogue ou tout agent présent dans l’environne ment qui entre dans la circu lation sanguine de la emme enceinte peut ranchir la bar rière placentaire et mettre la vie du œtus en danger. Outre la marijuana, donnez deux autres exemples de drogues pouvant être dom mageables pour le œtus.
La période de l’adolescence est marquée par un développement prononcé du cerveau. À cette pé riode, l’expérimentation des SPA est courant, les séquelles qui en découlent peuvent être impor tantes. Leur eet toxique n’est pas limité à un bre instant, mais se répercute sur le développement du cerveau laissant des conséquences à long terme. Touteois, il aut reconnaître que la majorité des adolescents qui expérimentent diverses drogues arrêtent leur consommation, ou dans le cas de l’al cool, la consommation se transorme en boire social. Sur le plan du développement, les enants et les adolescents ne sont pas en mesure de comprendre paraitement ce que signife la dépendance. À cet eet, lorsque l’infrmière intervient auprès d’un jeune client, elle se renseigne sur ce qu’il sait pour pouvoir lui prodiguer des soins ainsi qu’un ensei gnement éclairé.
Prévalence et types de substances psychoactives consommées Malgré que l’alcool soit la SPA la plus consommée chez les élèves du secondaire au Canada, elle semble statistiquement avoir diminué signifcative ment entre 20082009 (53 %) et 20102011 (45 %).
446
Partie 3
Troubles mentaux
Les jeunes boivent de l’alcool pour la première ois en moyenne vers l’âge de 12,8 ans. En 20102011, le tiers des adolescents (33 %) dit consommer par ois une quantité excessive d’alcool, soit plus de 5 consommations en 1 occasion, ce qui est moins élevé qu’en 20082009 (39 %). Concernant les bois sons énergisantes mélangées avec de l’alcool, il s’avère que 1 jeune sur 5 (21 %) dit avoir consommé ce mélange au moins une ois dans les 12 derniers mois (Santé Canada, 2012b). La consommation de cannabis au cours des 12 derniers mois a diminué considérablement chez les élèves du secondaire entre 20082009 (27 %) et 20102011 (21 %). Ces taux étaient plus élevés chez les garçons (23 %) que chez les flles (19 %), un résultat qui correspond à ceux obtenus aux cycles précédents. L’âge moyen de la première consom mation de cannabis est le même que pour les cy cles précédents, soit 13,7 ans. La prévalence de la consommation de MDMA (5 %), d’hallucinogènes (4 %) et de salvia (espèce de sauge, consommée pour ses caractéristiques hallucinogènes) (3 %) au cours des 12 derniers mois a diminué de açon sta tistiquement signifcative par rapport à 20082009 (6, 7 et 5%) (Santé Canada, 2011d, 2012b).
TABLEAU 16.4
SUBSTANCES PSYCHOACTIVES
Risques des substances psychoactives autres que l’alcool pour la grossesse, le fœtus et le développement de l’enfant RISQUES OBSTÉTRICAUX
RISQUES POUR LE FŒTUS
RISQUES POUR LE DÉVELOPPEMENT DE L’ENFANT
• Eets tératogènes
• Becdelièvre, ssures palatines
• Malormations cardiaques
• Convulsion
Dépresseurs du SNC Barbituriques
• Dépression du SNC • Hyperactivité • Hyperréfexie • Instabilité vasomotrice • Syndrome de sevrage Benzodiazépines
• Avant ou pendant l’accouche ment, hypothermie, hypotonie et dépression respiratoire
• Becdelièvre et ssures palatines • Dépression respiratoire • Hypothermie • Hypotonie • Indice d’Apgar aible • Réfexe de succion aible • Syndrome de sevrage
GHB
• Semblables à ceux des autres dépresseurs du SNC
• Semblables à ceux des autres dépresseurs du SNC
• Semblables à ceux des autres dépresseurs du SNC
Opiacés
• Chez la mère : − Anémie − Problèmes cardiovasculaires − Diabète − Pneumonie − Hépatite − Décollement placentaire − Avortement spontané ou accouchement prématuré (peut être causé par l’état de manque causant des contractions de l’utérus)
• Aspiration du méconium
• Prématurité
• Hypoxie
• Convulsion
• Mortalité néonatale
• Hyperbilirubinémie
• Retard de croissance in utero (RCIU)
• Syndrome de sevrage
• Risque accru d’avortement spontané
• Malormations dont : − becdelièvre − doigts en spatule − anomalies du tractus gastrointestinal − atteintes du SNC, telle la microencéphalie
• Syndrome semblable à celui de l’alcool, surtout en cas d’abus de toluène
• Cardiopathies congénitales
• Arthrite généralisée
• Malormations congénitales
• Fissure palatine
• Transposition des gros vaisseaux
• Hyperbilirubinémie
Substances volatiles (inhalants)
• Toxémie
16
• Syndrome de mort subite du nourrisson (SMSN) • Poids inérieur à la normale à la naissance • Inection chez le nouveauné • Problèmes nerveux, dont irritabilité et tremblements
• Retard de croissance • Retard de développement mental • Décit de l’attention • Troubles de comportement (en ce qui concerne l’halothane [Fluotanemd])
Stimulants du SNC Amphétamines
• Mauvaise coordination motrice • Troubles d’apprentissage
Chapitre 16 Troubles liés à une substance
447
TABLEAU 16.4
Risques des substances psychoactives autres que l’alcool pour la grossesse, le fœtus et le développement de l’enfant (suite)
SUBSTANCES PSYCHOACTIVES
RISQUES OBSTÉTRICAUX
RISQUES POUR LE FŒTUS
RISQUES POUR LE DÉVELOPPEMENT DE L’ENFANT
Caéine/boissons énergisantes (plus de 600 mg/jour)
• Avortement spontané
• RCIU
• Faible poids à la naissance • Fissure palatine • Insomnie • Hyperactivité
Cocaïne
• ↑ amplitude des contractions utérines, donc accouchement d’une durée plus courte • ↓ débit sanguin utérin et placentaire et ↑ concentration de noradrénaline entraîne la vasoconstriction des vaisseaux sanguins de l’utérus
• Lésions cérébrales • Malormations congénitales
• Altération du métabolisme des neurotrans metteurs au sein du lobe rontal
• Mort œtale
• Anomalies et arythmies cardiaques
• Privation d’un apport sanguin indispensable
• Anomalies génitourinaires
• RCIU
• Atrésie intestinale (occlusion)
• Anomalie du SNC • Convulsions • Faible poids à la naissance
• Accouchement prématuré
• Humeur labile
• Avortement spontané
• Indice d’Apgar aible
• Décollement prématuré du placenta
• Inarctus cérébral • Inarctus ischémique de l’intestin
• Placenta praevia
• Inhibition des comportements interactis • Irritabilité • Microcéphalie (aible périmètre crânien) • Réfexes de sursaut exagérés • Retard de développement intellectuel et moteur • SMSN • Troubles d’apprentissage • Troubles neurocomportementaux
Tabac (de ½ à 1 paquet/jour)
• Accouchement prématuré
• Mort œtale ou néonatale
• Délai de croissance
• Avortement spontané
• Morbidité œtale
• Diabète
• ↓ ertilité, donc risque d’une grossesse extrautérine
• RCIU
• Faible poids à la naissance
• Hypoxie du œtus
• Hypertonie
• Circulation sanguine maternoœtale altérée • Eet anorexigène (carence alimentaire) • Décollement prématuré du placenta • Placenta praevia
• Hypotrophie • Irritabilité • Maladies respiratoires (↓ croissance pulmonaire, asthme) • Microcéphalie (aible périmètre crânien) • Obésité • Retard de développement physique et mental • ↑ risque de consommer de la drogue • SMSN (risque doublé) • Troubles de comportement (nervosité, trouble du sommeil, agressivité, TDA/H) • Incidence de leucémie, lymphomes et tumeurs de Wilms doublée
448
Partie 3
Troubles mentaux
TABLEAU 16.4
Risques des substances psychoactives autres que l’alcool pour la grossesse, le fœtus et le développement de l’enfant (suite)
SUBSTANCES PSYCHOACTIVES
RISQUES OBSTÉTRICAUX
RISQUES POUR LE FŒTUS
RISQUES POUR LE DÉVELOPPEMENT DE L’ENFANT
• Atteinte à la croissance du œtus (aible circonérence du crâne)
• Défcit d’attention
Perturbateurs du SNC Anesthésiques dissociatis
• Flaccidité • Faible maîtrise de la tête • Modifcation du développement neurologique • Syndrome de sevrage chez le nouveauné • ↑ tonus musculaire
Cannabis
• ↓ durée de gestation avec accouchement prématuré • Travail prolongé et difcile
• RCIU • Malormation d’organes (cardiaques et gastrointestinaux)
• Aaiblissement des mécanismes immunitaires • Faible poids à la naissance
• Hypotrophie
• Retard mental
• Sourance œtale
• Retard de croissance
• Mort œtale précoce
• SMSN • Hyperactivité • Problèmes d’attention • Troubles de comportement (impulsivité, délinquance)
Hallucinogènes stimulants, MDMA
• Similaire à ceux des amphétamines
• Similaire à ceux des amphétamines
LSD
• Avortement spontané
• Malormations congénitales
• Similaire à ceux des amphétamines
16
Sources : Ben Amar & Léonard (2009) ; Ladewig, London, Moberly et al. (2003) ; MSSS (2005) ; Richard et al. (2009)
Habitudes et modes de consommation Les acteurs qui incitent les adolescents à dire non à la drogue sont, entre autres : l’appartenance aux pairs, la camaraderie établie au cours des activités scolaires, les relations avec des adultes attention nés, les occasions de réussir à l’école et d’adopter un comportement responsable ainsi que l’accès à des activités où les drogues n’ont pas leur place. Les adolescents touchent souvent à la drogue pour la première ois, ou en consomment tout simple ment, à l’occasion d’événements bien précis comme des êtes d’amis ou de situations de crise émotion nelle ou existentielle, ou encore en raison d’une infuence ou d’une pression exercée par les pairs. Malheureusement, les critères du DSMIVTR quant aux symptômes de dépendance psychologique ou physique ne s’appliquent pas nécessairement aux adolescents. Ils ne décrivent donc pas avec exacti tude l’abus de SPA dans la population adolescente. Il est donc préérable d’utiliser des termes comme consommation problématique ou consommation excessive.
Il aut garder en tête que la prévention auprès de l’adolescent encourage la nonconsommation, et elle lui permet de aire des choix éclairés an de le rendre responsable de son bienêtre. Le rôle des parents est très important an de diminuer l’am pleur des acteurs de vulnérabilité chez les jeunes. Les principaux acteurs à prendre en compte sont le manque de dialogue sur les drogues, la pression à la perormance dans la société et l’isolement. En conséquence, les parents doivent exercer une pré vention en matière de drogues ainsi qu’une éduca tion à la santé et au bienêtre au quotidien très tôt dans la vie de leur enant. Il est important d’incul quer au jeune des comportements avorables à son équilibre tout entier. Pour cela, il aut savoir s’adap ter au contexte, être diplomate et tolérant. De cette açon, l’adolescent sera en mesure d’être autonome dans son rapport avec les drogues. La prévention doit mettre l’accent sur les relations plutôt que sur le produit. « Nous devons pouvoir exposer, de manière exacte et adaptée, le caractère dangereux de certaines drogues, mais nous devons surtout
RAPPELEZVOUS…
Des méthodes d’éducation inefcaces de la part des parents constituent un des acteurs qui avorisent la consommation d’alcool ou de drogues chez les adolescents. Nommezen un autre.
Chapitre 16 Troubles liés à une substance
449
Jugement clinique Émile Vandal est âgé de 14 ans. Une enseignante l’a déjà surpris en train de umer un « joint » de marijuana avec deux autres adolescents dans la cour d’école. Ce matin, Émile s’est présenté en classe avec des verres umés ; il a les yeux rouges et à demi ermés. Il les rotte parce qu’il éprouve une sensation de brûlure. Devriezvous conclure qu’il a consommé des substances illicites ? Justifez votre réponse.
savoir que ce n’est pas le pro duit qui crée la toxicomanie, mais bien le besoin d’un indi vidu à l’égard d’un produit. La prévention consiste donc à travailler au quotidien à diminuer les conditions pou vant conduire à un besoin négati de drogues, légales ou illégales. » (Beauchesne, 2005)
Les chercheurs croient que l’oubli générationnel avorise la consommation de drogues. Ce phénomène se produit quand une drogue donnée réapparaît dans un milieu où les jeunes ne connaissent pas les dan gers associés à la consommation de la substance en question. Les chercheurs considèrent également que lorsque les eets néastes d’une drogue se ont connaître (p. ex., ceux du LSD ou de la méthamphé tamine), la popularité de cette dernière chute. Avec le temps, cette réputation tombe dans l’oubli, puis les jeunes recommencent à en consommer avant d’en redécouvrir les conséquences regrettables et parois même atales. Le « délai de grâce » est le moment clé pour prévenir la consommation de drogues chez les adolescents. Il se situe entre le moment où une drogue donnée devient populaire et celui où elle est abandonnée en raison de ses conséquences néastes. Les campagnes d’inormation menées en vue d’édu quer la population et de aire connaître les eets néastes d’une drogue s’avèrent grandement utiles et efcaces au cours de cette période.
i
Le site Partenariat pour un Canada sans drogue ore de nombreux conseils et outils destinés aux parents : http://canadasansdrogue. org/home.html.
Les médicaments délivrés sur ordonnance sont particulièrement préoccupants, car la prise exces sive de ceuxci est largement répandue. La consom mation de ces drogues augmente de plus en plus, et ces dernières gagnent en popularité auprès des jeunes adolescents, un phénomène appelé pharming (Partenariat pour un Canada sans drogue, 2013 ; Santé Canada, 2011a). Les adolescents com mencent à s’en procurer par l’entremise d’amis, de proches, de parents ou d’autres personnes qui ont généralement eu accès légalement à ces substances. L’infrmière invite donc ses clients à se débarrasser de açon sécuritaire des médicaments dont ils n’ont plus besoin, en les remettant à la pharmacie.
(p. ex., la conduite avec les acultés aaiblies, des relations sexuelles prématurées ou non protégées, la violence). La personne consommant du canna bis a une perception diminuée des risques asso ciés à sa consommation. Elle minimise la possibilité de dépression liée à la consommation, au jugement aaibli ou le ait de mettre sa vie ou la vie d’autrui en danger. Les chercheurs ont analysé la consommation d’alcool, de cigarettes et de marijuana à titre de drogues d’introduction qui entraînent la prise d’autres drogues illicites, et ce, sans distinction quant à l’âge et à l’origine ethnique des sujets. Ils ont ainsi mis l’accent sur les dangers des drogues d’introduction chez les jeunes. Ils ont aussi décou vert que l’âge auquel une personne consomme pour la première ois, la réquence à laquelle elle consomme ainsi que le nombre de drogues con sommées augmentent les risques que le jeune devienne un consommateur régulier ou dépen dant. Par exemple, l’âge constitue l’un de ces ac teurs, car les jeunes qui commencent à boire avant l’âge de 17 ans risquent plus d’être atteints d’un trouble lié à la consommation d’alcool (24,5 %) que ceux qui commencent à boire à 21 ou 22 ans (10 %) ou à 25 ans (moins de 4 %) (Spoth, Trudeau, Redmond et al., 2009).
Personnes âgées La société étant vieillissante, il aut considérer que les personnes âgées constituent une population à risque quant à la consommation excessive de subs tances. Les estimations relatives à l’alcoolisme, à la toxicomanie et au jeu pathologique chez cette clientèle (c.àd. les personnes âgées de plus de 60 ans) sousestiment probablement l’ampleur des véritables résultats. Les personnes âgées de 60 ans et plus admises en centre hospitalier sont réquemment traitées pour des problèmes de santé ou des accidents attri buables à la consommation d’alcool (Colleran & Jay, 2002). Les hommes de ce groupe d’âge présentent une consommation d’alcool accrue, alors que les emmes de 60 ans et plus ont un risque moindre que leurs habitudes de consommation d’alcool soient problématiques (Blow & Barry, 2002).
Les eets physiologiques de l’âge renorcent Les études menées depuis les années 1970 ont permis d’amasser une grande quantité de preuves ceux de l’alcool et des autres drogues (Goldberg, convaincantes quant au danger particulier que 2008) étant donné la diminution de la quantité posent la cigarette, l’alcool et la marijuana chez d’eau contenue dans l’organisme, la réduction de les enants et les adolescents. En eet, ces drogues la masse corporelle, la sensibilité du système ner nuisent au développement social et intellectuel veux et le ralentissement du métabolisme de l’al de la personne ; elles peuvent être à l’origine de cool dans le oie et dans le tractus gastrointestinal. diverses maladies ou de lésions cérébrales et Il n’est d’ailleurs pas rare qu’une raction de la dose d’alcool prise norma même ruiner ou détruire lement par un adulte soit des vies. Ces substances Les effets physiologiques de l’âge renfor sufsante pour entraîner sont souvent à l’origine cent ceux de l’alcool et des autres drogues. des problèmes chez la de pratiques dangereuses
450
Partie 3
Troubles mentaux
personne âgée. De plus, la consommation d’une quantité relativement aible d’alcool peut aggraver les problèmes chroniques de santé préexistants. La consommation excessive d’alcool peut être provoquée par les multiples deuils qui rappent la personne âgée : la perte d’un emploi, d’un revenu, du conjoint, de la vitalité physique, une douleur chronique ou toute autre diiculté éprouvée. Brennan et ses collaborateurs (2006) se sont pen chés sur la consommation d’alcool chez les per sonnes âgées et ont découvert que bon nombre d’adultes âgés de 55 à 65 ans consomment de l’al cool pour soulager une douleur chronique. L’inrmière évalue ses clients âgés en vue de reconnaître ce type de problème. Elle reste attentive aux eets liés à la consommation de SPA sur les problèmes de santé physique et mentale du client. Par exemple, les changements cognitis attribuables à la consommation d’alcool ressemblent beaucoup aux symptômes de la démence de type Alzheimer, de même que les chutes, les voies de ait et le sui cide ont souvent un lien avec l’alcool 26 . Les interactions des drogues avec les médica ments sont également un enjeu préoccupant, car nombre de personnes appartenant à ce groupe d’âge prennent des médicaments. Par exemple, l’acide acétylsalicylique et les antiinfammatoires non stéroïdiens peuvent augmenter le taux d’alcoolémie et prolonger le temps de saignement ; les benzodia zépines, les narcotiques et les antihistaminiques accentuent la sédation et aaiblissent la onction psychomotrice ; et les antidépresseurs tricycliques sont contreindiqués en raison de leurs consé quences possibles sur la onction cardiaque. Peu importe son milieu de travail, il est important que l’inrmière connaisse ces interactions. L’abus de médicaments délivrés sur ordonnance est une orme courante de toxicomanie chez les personnes âgées. Cette population se révèle parti culièrement vulnérable en raison de la multitude de médicaments prescrits pour traiter divers pro blèmes de santé. Un décit cogniti et une instabi lité sur le plan physique peuvent aire en sorte que les personnes âgées modient leurs habitudes de consommation de leurs médicaments. Cependant, le contraire peut être tout aussi vrai. Dans un cas comme dans l’autre, le risque de chute ou d’acci dent est accru (Santé Canada, 2007).
second. De plus, en tout temps, l’un ou l’autre des troubles peut devenir prioritaire. Il est important de saisir que bon nombre de clients sont atteints d’au moins deux troubles concomitants (p. ex., une psy chose grave, une dépression et une dépendance à la cocaïne). Il existe un lien entre les troubles men taux graves de l’année précédente et les cas d’abus ou de dépendance au cours de cette même année (Substance Abuse and Mental Health Services Administration [SAMHSA], 2009) . Les troubles mentaux concomitants à l’abus de SPA les plus réquents sont les troubles de la per sonnalité, les troubles anxieux, les troubles de l’humeur et la schizophrénie. Les substances les plus réquemment consommées de manière abu sive sont l’alcool, la marijuana et la cocaïne. De nombreux clients atteints d’un trouble mental chro nique ou persistant sont également dépendants à la nicotine. Finalement, les problèmes de santé mentale entraîneraient un risque accru d’alcoo lisme ou de toxicomanie. Comme pour la population en général, la dépen dance à une SPA et l’abus de celleci compliquent presque tous les aspects de la vie des consomma teurs. Il n’est pas rare que ces personnes n’aient plus de réseau de soutien, qu’elles aient subi de nom breuses rechutes et hospitalisations ou qu’elles aient eu à aire ace au système de justice pénale 24 .
Visionnez la vidéo Trouble dépressif majeur et abus de substance au http:// fortinash.cheneliere.ca.
26 Les soins infrmiers destinés aux personnes âgées ayant des troubles liés à une subs tance sont détaillés dans le chapitre 26, Personnes âgées.
24 La description des trou bles concomitants et les interventions infrmières pour ce type de troubles sont présentées dans le chapitre 24, Comorbidité et clients atteints de troubles concomitants.
Utilisateurs de drogues injectables Le ait de partager ou de réutiliser paille, pipe, aiguilles, seringues ou tout autre matériel d’injection expose les personnes toxicomanes à de multiples processus inectieux. Les utilisateurs de drogues injectables sont particulièrement à risque de contrac ter les virus de l’immunodécience humaine (VIH), de l’hépatite B (VHB), ou de l’hépatite C (VHC). Ces consommateurs constituent le groupe à risque élevé chez qui le taux d’hépatite B est parmi les plus importants. D’ailleurs, ce groupe compte au moins la moitié des nouveaux cas d’hépatite C. La préva lence du VHB s’élève jusqu’à 50 %, et celle du VHC jusqu’à 65 % chez les utilisateurs de drogues injec tables depuis moins de un an. L’inection concomi tante du VHB et du VHC survient souvent chez ces consommateurs (Center or Substance Abuse Treatment, Substance Abuse and Mental Health Services Administration, 2012).
16
De plus, les utilisateurs de drogues injectables risquent de sourir d’une endocardite bacté rienne subaiguë ou d’autres troubles de la circulation Les troubles mentaux concomitants à attribuable à la présence l’abus de SPA les plus fréquents sont les d’une substance étran troubles de la personnalité, les troubles gère introduite dans l’or anxieux, les troubles de l’humeur et la ganisme au moment de schizophrénie. l’injection. L’inection au
Personnes ayant un trouble concomitant Dans les cas où une per sonne est atteinte d’un trouble mental et d’une dépendance ou d’un abus de SPA, les symptômes d’un des troubles mas quent souvent ceux du
Chapitre 16 Troubles liés à une substance
451
Staphylococcus aureus résistant à la méthicilline chez ces personnes relève également de l’épidémie. Les proessionnels de la santé sont donc invités à procéder au dépistage, à la vaccination, à l’ensei gnement et à la prévention des ITSS chez leurs clients atteints de troubles liés à l’abus de SPA.
Proessionnels de la santé La prévalence de l’alcoolisme et de la toxicomanie chez les proessionnels de la santé est semblable à celle de la population en général. Il est touteois difcile d’en connaître les valeurs exactes, car les études sur le sujet sont rares. Les médecins, les infr mières ainsi que tous les autres proessionnels de la santé ne sont pas exempts de la consommation des SPA, à un moment ou à un autre de leur carrière (Baldiserri, 2007). Les personnes qui occupent un emploi où le niveau de stress demeure élevé, où le contact avec la maladie et la mort est étroit et où l’accès à des médicaments sur ordonnance est aci lité sont plus à risque de consommation, d’abus ou de dépendance. Les proessionnels de la santé sont dans l’obligation de signaler toute personne dont les acultés sont aaiblies dans l’exercice de ses onc tions ENCADRÉ 16.13.
16.5
Pronostic
Comme indiqué précédemment, l’apparition d’une dépendance est généralement graduelle et insi dieuse. Une gamme de acteurs individuels, envi ronnementaux et situationnels inlue sur ce processus. Il en va de même du processus de réadaptation. L’un des acteurs capitaux de la
ENCADRÉ 16.13
Extrait du Code de déontologie des infrmières et infrmiers
Loi sur les inrmières et les inrmiers (L.R.Q., c. I8, a. 3) Code des proessions (L.R.Q., c. C26, a. 87) Chapitre I : Devoir envers le public, le client et la proession Section I : Devoirs inhérents à l’exercice de la proession Intégrité 13. L’inrmière ou l’inrmier ne peut s’approprier des médicaments ou autres substances, notamment des stupéants, une préparation narcotique ou anesthésique ou tout autre bien appartenant à une personne avec laquelle il est en rapport dans l’exercice de sa proession. Source : Gouvernement du Québec (2012)
452
Partie 3
Troubles mentaux
État compromettant la qualité des soins et des services 16. Outre ce qui est prévu à l’article 54 du Code des proessions (L.R.Q., c. C26), l’inrmière ou l’inrmier doit s’abstenir d’exercer sa proession lorsqu’il est dans un état susceptible de compromettre la qualité des soins et des services. L’inrmière ou l’inrmier est dans un état susceptible de compromettre la qualité des soins et des services notamment s’il est sous l’infuence de boissons alcooliques, de stupéants, d’hallucinogènes, de préparations narcotiques ou anesthésiques, ou de toute autre substance pouvant produire l’ivresse, l’aaiblissement ou la perturbation des acultés ou l’inconscience.
réadaptation d’un client est le ait d’admettre que la consommation est la cause de ses problèmes, ou du moins qu’elle y a contribué, et qu’elle nuit à son bon onctionnement. Le client peut mettre un bon moment à reconnaître ses problèmes, notamment parce que la consommation abusive de SPA a pro voqué des lésions cérébrales. Cet épisode est sou vent comparé au ait de toucher le ond. Cela signife que la personne ne peut plus répondre à ses besoins primaires, par exemple se loger et se nourrir, ou alors qu’elle n’arrive plus à tolérer son mode de vie en raison des conséquences négatives qui y sont associées. C’est souvent à cette période que le pronostic se joue. La réussite du processus de réadaptation dépend de bien des acteurs, notamment de l’accès à un programme de traitement, à un groupe de sou tien, à des soins continus, au soutien des membres de la amille ou des proches, à la réadaptation pro essionnelle et au soutien communautaire. Les étapes de réadaptation par lesquelles passent les personnes ayant un trouble de dépendance di èrent parois, mais l’objecti général demeure le même : changer ses habitudes en vue de rester sobre ou de réduire les eets nocis associés à la consom mation de SPA. L’objecti de sobriété vise l’absence complète de consommation de SPA, de même que l’élimination des comportements de dépendance. Le client doit alors apprendre à prévenir la rechute ou à en limiter les conséquences afn de remettre le cap sur la réalisation de soi FIGURE 16.3. Souvent, la sobriété requiert plusieurs tenta tives. La rechute ne doit pas être perçue comme un échec, mais plutôt comme une étape prévisible du processus d’apprentissage. En somme, la dé pendance est complexe. S’en débarrasser et la vaincre constituent des défs difciles à relever. C’est au cours de la première année de sobriété que le client est le plus vulnérable aux rechutes. De plus, pour les personnes ayant des antécédents de
FIGURE 16.3 Faire face à des invitations à consommer fait partie des situations que devra affronter le client en réadaptation.
consommation précoce, de orte consommation et de nombreux problèmes liés à la consommation, de même que des antécédents de tolérance ou de se vrage, le traitement risque de s’avérer plus ardu. Dans le même ordre d’idées, les personnes atteintes de graves troubles mentaux, comme un trouble des conduites, le trouble de la personnalité antisociale, un trouble dépressi majeur non traité ou un trouble bipolaire, risquent davantage d’éprou ver des problèmes irréversibles et d’obtenir de
16.6
Démarche de soins
En raison de la nature des soins qu’elle prodigue, l’infrmière est souvent la première des proession nels de la santé à détecter que le client éprouve un problème lié à sa consommation, à en inormer les autres membres de l’équipe de soins ainsi qu’à coordonner les soins infrmiers ou les soins intégrés subséquents. De plus, l’infrmière joue souvent un rôle onda mental dans l’accueil, l’évaluation, le dépistage, la prévention/promotion, l’orientation ainsi que la liaison des clients vers un centre hospitalier, un centre de santé et de services sociaux (CSSS), un centre de réadaptation en dépendance, une désintoxication, une thérapie ou une ressource communautaire. Sa participation dans l’évaluation et le traitement des symptômes physiques et psy chologiques provoqués par la dépendance est éga lement non négligeable. L’infrmière connaît les signes et les symp tômes associés aux troubles liés à l’utilisation de SPA, ainsi que ceux liés aux troubles induits par une substance de même que la gravité de ces der niers, dans le but d’évaluer ses clients et d’inter venir auprès d’eux de manière adéquate. Les troubles liés à la consommation de SPA consti tuent des acteurs déterminants de l’état de santé et de bienêtre des clients, et ce, du nouveauné à la personne âgée.
16.6.1
moins bons résultats à l’issue du traitement. Il est difcile de remplacer un réseau de soutien composé de membres de la amille et d’amis ou d’en recréer un, car ces ressources sont souvent perdues de vue au plus ort de la dépendance. C’est d’ailleurs pour cela que les membres des groupes de réadaptation deviennent souvent le réseau social de soutien prin cipal de la personne dépendante, au cours des pre mières étapes du traitement, du moins, mais bien souvent pour de nombreuses années.
Collecte des données – Évaluation initiale
Quel que soit le contexte, l’infrmière établit une re lation avec son client axée sur la compréhension et la compassion à l’égard de la situation dans laquelle se trouve ce dernier. Il arrive à ces clients de cacher, de nier ou de minimiser leur problème de consom mation même lorsque le besoin d’être traité s’avère criant. Étant donné la stigmatisation sociale associée aux troubles liés à l’alcoolisme ou à la toxicomanie, l’infrmière est qualifée dans la collecte de rensei gnements et l’établissement d’un lien de confance en posant au client des questions de manière erme, mais compréhensive sur ses possibles problèmes de
consommation. La réticence des proessionnels de la santé à poser des questions à leurs clients relati vement aux troubles liés à l’abus de SPA constitue un obstacle de taille au dépistage de ces troubles (Armstrong & Holmes, 2005). Les symptômes que présente le client sont sou vent cernés grâce à l’autoévaluation de ce dernier. Cependant, il est important que l’infrmière soit à l’écoute de ce que le client dit, mais aussi de ce qu’il ne dit pas. C’est ainsi qu’elle peut aire des choix quant aux questions à lui poser au moment opportun et approondir le contenu auprès des pro ches du client. Dans bien des situations, et avec le consentement du client, l’infrmière est appelée à confrmer la version des aits de ce dernier avec les membres de sa amille, ses proches et auprès des centres de traitement qu’il a déjà réquentés. L’infrmière évalue également le désir du client à changer son mode de vie, car la motivation de celui ci joue un rôle prépondérant dans la réussite ou l’échec du traitement. Finalement, en n’oubliant jamais que l’évaluation demeure un processus continu, l’infrmière sera en mesure de recueillir de précieuses données d’évaluation, et ce, même si son client ne lui révèle pas tout.
16
Au moment de la collecte des données relatives à la consommation de SPA d’un client, l’infrmière opte pour une approche systémique et pose des questions tant sur les substances légales qu’illicites. Elle est également tenue de déterminer la substance consommée, les particularités de la personne et le contexte dans sa globalité. Également, l’infrmière est appelée à évaluer la consommation du client au cours des dernières heures ou des derniers jours en vue de déterminer le risque qu’il présente des symptômes de sevrage ou de toxicité. Afn d’eectuer une évaluation ini tiale complète, l’infrmière recueille également les antécédents du client : antécédents psychosociaux, amiliaux, tentative de suicide ou de violence (envers luimême ou autrui), évaluation de la condi tion mentale 4 .
4 Le chapitre 4, Évaluation de la condition mentale, détaille les sources d’information, le dépistage des divers risques et les moyens d’effectuer cette évaluation.
Chapitre 16 Troubles liés à une substance
453
23 Le rôle général d’agent de liaison de l’infrmière est expliqué dans le chapitre 23, Soins infrmiers et suivis dans la communauté.
i
Les problèmes de santé asso ciés à l’abus de psychotropes et à la toxicomanie sont pré sentés dans le chapitre 12 du manuel de Lewis S.M., Dirksen, S.R., Heitkemper, M.M., et al. (2011). Soins infrmiers – Médecine Chirurgie. Montréal : Chenelière Éducation.
La fgure 16.1W, présentée au http://ortinash.cheneliere.ca, regroupe les questionnaires du test de dépistage DÉBAA et DÉBAD.
La collaboration des autres infrmières, du person nel soignant, du client et des membres de sa amille est essentielle en vue d’évaluer, de planifer et de mettre en œuvre un plan de soins et de traitements infrmiers (PSTI). L’infrmière garde en tête que pour tous les clients qui consomment des SPA de açon excessive, le traitement qui mène à la réadaptation nécessite de la ténacité, des objectis réalistes ainsi qu’un PSTI exhausti. Il est à noter que, depuis quel ques années, des infrmières de liaison en dépen dance sont présentes dans les centres hospitaliers québécois pour soutenir l’équipe de soins et orienter le client vers des ressources en dépendance 23 .
Effectuer l’examen physique Alors qu’elle recueille les données objectives, l’infrmière peut relever des signes physiques rela tis à une dépendance aux SPA qui indiquent la possibilité que le client éprouve des problèmes liés à la consommation TABLEAU 16.5. De plus, il arrive que le client présente également des signes d’intoxication ou de sevrage propres à la catégorie à laquelle appartient la drogue qu’il a consommée. Au cours de l’examen, l’infrmière est appelée à observer et à questionner le client quant à la
survenue d’accidents ou de blessures en lien avec sa consommation de SPA.
Utiliser les outils de dépistage Il existe toute une gamme d’instruments conçus pour le dépistage des troubles causés par l’alcool ou la drogue ou qui y sont liés. À cet eet, le questionnaire CAGE est un outil de dépistage validé et rapide qui est acile à mémoriser et à utiliser ENCADRÉ 16.14. Dans ce questionnaire, une réponse positive à deux des quatre questions indique un risque possible d’al coolisme. Dans le même ordre d’idées, le test de dépis tage DÉBAA/D (Dépistage/Évaluation du Besoin d’Aide – Alcool/Drogues) permet de diriger les per sonnes vers le niveau de services approprié à la gravité de leur problème de consommation. Il permet une orientation vers les services de première ligne (p. ex., les CSSS) pour les personnes ayant une consom mation à risque et problématique et vers les services spécialisés pour les consommateurs abusis ou dépen dants (p. ex., les centres publics de réadaptation en dépendance). Il se présente en deux versions simples, l’une pour la consommation d’alcool (DÉBAA) et l’autre pour la consommation de drogues (DÉBAD) . Finalement, le test AUDIT (Alcohol Use Disorders Identifcation Test) est utile afn de dépister tant les
Symptômes cliniques TABLEAU 16.5
Signes et symptômes associés à la consommation d’alcool et d’autres substances psychoactives
TYPES DE SPA
SIGNES ET SYMPTÔMES
Alcool
• Ictère • Arc cornéen (anneau opaque d’une couleur allant du gris au blanc en périphérie de la cornée) • Rosacée (rougeur du visage) • Érythème palmaire • Hépatomégalie • Brûlures ou taches aux doigts attribuables à la cigarette • Douleur abdominale supérieure résultant d’une pancréatite • Engourdissements aux mains et aux pieds attribuables à une neuropathie périphérique • Hémorragie gastrointestinale comme le révèle un test au gaïac positi • Hypertension • Tremblements • Tachycardie
Autres SPA
• Arythmie • Marques d’aiguille • Cellulite • Conjonctivite • Dentition en piètre état • Perte de poids rapide • Mydriase ou myosis • Altération de la muqueuse nasale (si la drogue est consommée par la voie intranasale)
454
Partie 3
Troubles mentaux
troubles liés à l’abus de drogues que ceux associés à la consommation abusive d’alcool. Si les résultats obtenus aux tests de dépistage révèlent la présence possible d’un problème de consommation, l’inrmière poursuit son évalua tion en posant au client des questions sur les subs tances consommées, les symptômes de sevrage et la tolérance à la substance consommée, sur les problèmes d’ordre juridique et social éprouvés, ainsi que sur ses antécédents proessionnels. Les critères diagnostiques relatis à l’abus de SPA et à la dépendance apparaissent dans l’ENCADRÉ 16.4.
Effectuer les analyses de laboratoire Les analyses de laboratoire relatives aux abus de SPA ont partie de l’évaluation de base. Ces ana lyses sont également utiles pour aire un suivi des rechutes ou évaluer la réussite des personnes qui suivent un traitement. Cependant, le dépistage des drogues continue de soulever des questions éthi ques, notamment en ce qui a trait à la violation possible des droits de la personne ainsi qu’à l’ob tention du consentement éclairé 6 . Les analyses de laboratoire utilisées pour détecter les SPA dans l’organisme sont de plus en plus com plexes et sophistiquées. Un grand nombre de varia bles infuent sur les résultats de ces analyses, dont le type de substance, la quantité consommée, la ré quence de la consommation, le type de liquide orga nique qui a ait l’objet du test (urine, sang, selles), les diérences quant au métabolisme des drogues, la demivie de la drogue consommée, le moment du prélèvement par rapport à celui où le client a consommé, ainsi que la sensibilité de l’analyse uti lisée TABLEAU 16.6. Ainsi, un test de dépistage néga ti ne signie pas que les métabolites de la drogue ne sont pas présents. En eet, il est possible qu’ils soient présents dans l’organisme du client, mais en quantité insusante pour que le test soit positi.
Collecte des données ENCADRÉ 16.14
Test de dépistage de l’alcoolisme CAGE
C (Cut) Avezvous déjà ressenti le besoin de réduire votre consommation d’alcool? A (Annoyed) Vous êtesvous déjà senti contrarié par les remarques de votre entourage sur votre consommation d’alcool?
G (Guilty) Vous êtesvous déjà senti coupable de boire? E (Eye-opener) Vous arrivetil de prendre un verre le matin pour démarrer la journée?
Source : Allard (2009)
déterminer un PSTI. C’est d’ailleurs la responsabilité de l’inrmière d’établir une priorité de soins en onc tion des besoins du client. Les dicultés les plus courantes chez les personnes atteintes de troubles liés à l’abus de SPA ont trait à leur orientation, à l’anxiété, aux onctions mentales ou physiques res treintes attribuables à la consommation de SPA, à l’intoxication, au sevrage, aux dicultés sociales ainsi qu’aux problèmes amiliaux. Au Québec, divers services de désintoxication sont oerts. Le type de service varie selon l’intensité des besoins du client et dépend de l’évaluation des risques de complications de sevrage et des condi tions médicales et psychologiques associées. Cette classiication, créée par l’American Society o Addiction Medicine (ASAM, 2001), est utilisée au Québec TABLEAU 16.7. Pour déterminer le niveau de soins requis en onction des besoins et des carac téristiques des clients, l’inrmière a mesuré six dimensions au cours de la collecte des données : 1. l’état d’intoxication/le risque de sevrage ; 2. la santé physique ; 4. l’attitude ace au traitement ;
16.6.2
Un centre hospitalier ournit l’ensemble des soins appropriés ou associés à un sevrage sévère. Les services de désintoxication oerts sont assurés par du personnel inrmier et médical. Les soins sont ainsi assurés jour et nuit et vont de l’évaluation à la gestion du sevrage sous supervision médicale (FQCRPAT, 2008).
Les renseignements obtenus au cours de l’étape d’évaluation initiale permettent : • d’établir un PSTI ;
6 Les droits du client et le consentement sont détaillés dans le chapitre 6, Aspects éthiques et légaux de la pratique infrmière en santé mentale et en soins psychiatriques.
3. la santé psychologique ;
Les analyses sanguines sont utiles sur le plan clinique, car elles permettent de préciser si la consommation de SPA est aiguë. La concentration élevée d’enzymes hépatiques et l’anémie macrocy taire sont d’autres résultats d’analyses de laboratoire qui servent de marqueurs. L’un des tests les plus répandus est l’alcootest, qui mesure le taux d’alcool dans le sang par voie respiratoire.
Analyse et interprétation des données
i
Le questionnaire AUDIT est présenté dans le chapitre 12 du manuel de Lewis, S.M., Dirksen, S.R., Heitkemper, M.M., et al. (2011). Soins infrmiers – Médecine Chirurgie. Montréal : Chenelière Éducation.
5. le potentiel de rechute ; 6. les caractéristiques de l’environnement de la per sonne (ASAM, 2001 ; Fédération québécoise des centres de réadaptation pour personnes alcooliques et autres toxicomanes [FQCRPAT], 2008).
Soins en centre hospitalier
• de déterminer le niveau de soins requis par le client et de l’orienter vers le service adapté.
Soins en centre de désintoxication
La participation du client, de sa amille et de ses proches de même que celle des membres de l’équipe de soins est souvent essentielle pour pouvoir
Il existe deux niveaux de service de désintoxication avec hébergement. Un premier niveau (ou type de centre) est géré par du personnel détenant une
RAPPELEZVOUS…
Pour qu’un consentement soit éclairé, la personne doit avoir reçu et compris toute l’inormation néces saire an de prendre une décision réféchie. Quelle autre condition doit égale ment être présente pour qu’un consentement soit valide ?
Chapitre 16 Troubles liés à une substance
455
16
Durées de positivité des substances psychoactivesa
TABLEAU 16.6
SUBSTANCE RECHERCHÉE
DURÉE DE POSITIVITÉ EN NOMBRE DE JOURS URINES
SANG
24
24
Amphétamines (dont ecstasy) damphétamine et dméthamphétamine Cannabis Tétrahydrocannabinol et acide tétrahydrocannabinoïque
Usage occasionnel
Usage régulierb
35
3070
01
Cocaïne Benzoylecgonine
24
01
Benzoylecgonine
24
01
12
01
12
0
37
n.c.
12
12
12
01
Opiacés Codéine Morphine Héroïne Monoacétylmorphine et morphine Méthadone Méthadone Buprénorphine Norbuprénorphine Morphine Morphine LSD NdesméthylLSD
12
0
012 heures
0
GHBc GHB a
Les durées répertoriées dans ce tableau sont des indications moyennes (non exactes) qui dépendent de nombreux acteurs : concentration du produit, quantité consommée, poids de la personne, etc. Le tableau indique les durées minimales et maximales de dépistage pour chaque drogue en jours. Ces durées indicatives s’entendent après un délai d’apparition qui peut varier, selon les substances recherchées et les modalités de consommation, entre quelques minutes et quelques heures. b L’usage régulier de cannabis est défni comme la consommation de plusieurs joints par semaine. c Les difcultés de détection du GHB tiennent à la ois à la rapidité de sa disparition dans l’organisme et à la présence naturelle du GHB dans le corps humain. Au-delà de la période de temps indiquée, le taux retombera orcément à un résultat inérieur à 10 mg/L, qui correspond à la présence normale de GHB dans l’organisme. Source : Adapté de Drogues ino service (2012) Partie 3
Le second niveau est géré par du personnel infr mier constamment présent ; celuici est donc sus ceptible de prendre en charge le sevrage qualifé de modéré ou de sévère, mais sans acteurs aggravants nécessitant l’ensemble des soins hospitaliers. Eectivement, en plus du personnel infrmier pré sent, un médecin est disponible, selon des ententes préétablies, pour évaluer rapidement les clients, au besoin. Touteois, ce type de centre n’ore pas toutes les ressources propres à un centre hospitalier (p. ex., les services de cardiologie, de pneumologie, de radiologie, de chirurgie) (FQCRPAT, 2008).
Soins en suivi externe
Crack
456
ormation psychosociale. Le sevrage assuré y est qualifé de léger à modéré. Dans ce type de centre, le rôle des pairs et le soutien social sont prépondé rants. Des consultations et des supervisions clini ques spécialisées sont oertes pour traiter les problèmes biomédicaux et émotionnels ou compor tementaux (FQCRPAT, 2008).
Troubles mentaux
Des sevrages en suivi externe sont possibles grâce à des soins interdisciplinaires assurés par le méde cin, l’infrmière et l’intervenant psychosocial. « La désintoxication de niveau II [...] est un service ambulatoire structuré qui peut être dispensé dans un cabinet médical, un centre de santé ou un centre de traitement de dépendance, par des cliniciens qualifés qui ournissent des services d’évaluation, de désintoxication et de réérences médicalement supervisées » (ASAM, 2001). Ce service vise à orir un soutien et un suivi psychosocial à la personne au terme d’un traite ment spécialisé. Cette assistance individuelle ou de groupe est oerte aux clients qui ont un besoin d’accompagnement et de soutien ponctuel pour atteindre leurs objectis de réinsertion. Le but est de consolider les acquis du traitement, de réduire les risques de rechute et de aciliter le retour dans la communauté. Il permet aussi d’éviter le recours à des services spécialisés (Paquette & Doré, 2007).
Soins en thérapie avec ou sans réinsertion sociale Les services spécialisés de réinsertion sociale et ceux de réadaptation destinés aux personnes aux prises avec l’alcoolisme sont intimement liés. Ces services ne nécessitent généralement pas l’intervention des infrmières mais davantage celle des travailleurs sociaux. Les programmes de réinsertion ont pour but d’aider les personnes dépendantes à réapprendre à vivre en société. Ce processus s’avère nécessaire pour plusieurs clients. Il a notamment pour objecti l’ac quisition par les clients de connaissances et d’une autonomie par le biais des études, du travail et du renorcement des réseaux d’appartenance. Cellesci peuvent profter de services de réinsertion indivi duellement ou en groupe. Ils se limitent parois à une intervention eectuée auprès du réseau de
la personne ou directement auprès de celleci. L’hébergement accompagne quelqueois les services de réinsertion, selon les besoins de la personne (Paquette & Doré, 2007).
16.6.3
Planifcation des soins
TABLEAU 16.7
Niveau et service adéquats selon les besoins du client
NIVEAU
TYPE DE SOINS
SERVICE OU TYPE DE CENTRE
Niveau 0,5 à I
• Intervention précoce et traitement ambulatoire
CSSS
Niveau II à III
• Traitement ambulatoire intensif/hospitalisation partielle
Centre de réadaptation
Établir les résultats escomptés L’infrmière oriente les résultats escomptés vers des changements à court ou à long terme relativement au comportement et au mode de vie du client. Les résul tats escomptés dépendent de divers acteurs, notam ment de la substance consommée, du degré de dépendance, de l’âge du client et d’autres éléments démographiques propres à celuici. Voici quelques exemples de résultats escomptés. Le client : • restera en sécurité et en bonne santé ; • demeurera sobre ; • maintiendra ses signes vitaux dans les valeurs normales ; • maintiendra une hydratation liquidienne normale ; • ne présentera aucune convulsion ; • déclarera être en mesure de dormir sans prendre de sédatif ; • déclarera ressentir une diminution des symp tômes de sevrage (même si cela fait des se maines ou des mois qu’il n’a pas consommé) ; • déclarera ressentir une diminution des pensées délirantes ainsi qu’une absence d’hallucinations, d’illusions et d’idées suicidaires ou homicidaires ; • exprimera le désir de cesser de boire ou de consommer, ou, dans certains cas, de réduire ou de limiter sa consommation ; • afrmera se sentir en sécurité dans son environ nement ; • aura un régime alimentaire équilibré comportant un nombre sufsant de calories en vue de satis faire aux besoins nutritionnels prescrits ; • participera aux activités thérapeutiques prévues dans le PSTI (c.àd. des activités individuelles, de groupe ou familiales) ; • exprimera le désir de communiquer avec des membres de sa famille ou des proches pour ob tenir du soutien ; • analysera les facteurs qui nuisent au PSTI (p. ex., le manque de soutien social ou familial, des res sources nancières insufsantes, la recherche des anciens compagnons avec lesquels il consommait) ; • reconnaîtra que le traitement est un processus de toute une vie qui s’effectue un jour à la fois ; • exprimera le désir d’établir des relations avec des amis qui ne consomment pas et évitera les situations qui se prêtent bien à la consommation de SPA; • se xera des objectifs de réadaptation réalistes ;
• Traitement résidentiel Niveau IV
• Traitement avec hospitalisa tion sous supervision médicale intensive
Centre hospitalier
• aura recours aux ressources communautaires en vue de favoriser et de maintenir sa réadaptation ; • structurera son mode de vie de manière à éviter les situations qui se prêtent à la consommation de SPA (p. ex., des activités professionnelles, scolaires et familiales) ; • remplacera ses comportements de consom mation par des activités et des stratégies d’adap tation saines.
Décider des soins Bien que les besoins ondamentaux comme le loge ment, l’emploi et l’alimentation soient au cœur du PSTI, l’inirmière aborde de nombreux autres aspects lorsqu’elle planife les soins du client atteint de troubles liés à l’abus de SPA. Si le client est hospitalisé, le plan relati à l’obtention de son congé du centre hospitalier comprend une aide à la sobriété ainsi que des ressources qui lui permet tront d’avoir accès à un revenu et à un logement. Les clients qui en sont aux premières étapes du traitement nécessitent une aide importante. Comme c’est le cas de bien des maladies chroniques, il est possible de croire en une certaine stabilité. La rechute ait partie du processus de réadaptation, et de nombreux clients la vivent. Il est difcile de prédire le moment où le client sera sufsamment motivé pour changer son mode de vie.
16
L’évaluation constitue un processus continu. C’est pourquoi l’infrmière et le client élaborent de concert un PSTI qui saura répondre aux besoins de la personne de manière continue. Comme dans bien des situations de soins infrmiers, le jugement de l’infrmière quant aux soins nécessaires est ondé sur les données recueillies au cours de l’éva luation. L’infrmière est appelée à tenir compte des besoins à court terme du client, lesquels sont sou vent urgents, ainsi que des objectis à long terme du traitement et des soins de suivi. La collaboration entre le client, ses proches et l’équipe de soins est essentielle en vue d’élaborer, de réviser et d’évaluer le PSTI. À mesure que le Chapitre 16 Troubles liés à une substance
457
client se rapproche de la sobriété, il intègre un enga gement à changer de mode de vie, ce qui a souvent des conséquences sur la relation qu’il entretient avec sa amille, ses proches et ses collègues. Pour le client dont la consommation de SPA est excessive, ou qui est atteint de troubles d’impulsivité (p. ex., le jeu pathologique), la voie vers l’abstinence et la réadap tation requiert des résultats escomptés réalistes ainsi qu’un PSTI cohérent.
16.6.4
Exécution des interventions
Au moment de mettre en œuvre un PSTI quel qu’il soit, l’infrmière considère toujours le client et sa santé comme ses principales priorités. Elle en as sure le suivi clinique en indiquant dans le plan thérapeutique infrmier (PTI) les besoins prioritaires et les directives infrmières requises. Ainsi, elle se concentre sur le traitement appliqué au client et sur l’aide à lui apporter tout au long du processus de sevrage, également appelé désintoxication. Le sou tien nutritionnel, qui comprend une alimentation riche en protéines et des suppléments de vitamine B, a lieu au cours de la première phase d’intervention. Si le client se montre violent ou menaçant envers luimême ou à l’égard d’autrui, l’infrmière et le personnel sont appelés à intervenir afn d’assurer la sécurité du client et de son entourage. Au cours des étapes subséquentes du traitement, l’infrmière et les membres de l’équipe de soins se centrent sur l’enseignement à ournir quant aux éléments suivants : le processus qui mène à l’abus de substances et à la dépendance ; les conséquences physiques, psychologiques et psychosociales de la consommation prolongée ; l’acquisition de nou velles compétences relationnelles ; la maîtrise de la colère ; et l’augmentation de l’estime de soi. L’infrmière aide le client à cerner les ressources saines dont il dispose, de même qu’à établir un nouveau réseau de soutien qui exclut les activités et les amis qui risquent de l’inciter à consommer. L’étape fnale de ce processus est axée sur la vie du client après la drogue et prise en charge par le travailleur social. Pour devenir sobre et le rester, le client doit, dans bien des cas, tirer un trait sur la réquentation d’amis et de connaissances qui consomment sur une base régulière. Également, il n’est pas rare qu’il doive changer son mode de vie, apprendre à gérer ses fnances, régler des problèmes de longue date (p. ex., des dettes en sourance ou un mandat d’arrêt) et, particulièrement, aire ace aux réalités émotionnelles de la sobriété.
(AA), des Narcotiques Anonymes (NA) ou des Cocaïnomanes Anonymes (CA) peut apporter au client une structure et un réseau de soutien qui l’ai dera dans sa réadaptation.
Soins et traitements infrmiers Traiter l’urgence En cas de situation d’urgence, la priorité est d’entre prendre les mesures nécessaires au maintien des onctions vitales, soit le maintien des onctions respiratoire et cardiaque ainsi que l’arrêt des hémor ragies digestives ou des convulsions TABLEAU 16.8. La réaction à une drogue varie grandement selon la personne, le contexte et la substance consommée. La quantité consommée entraînant des symptômes de sevrage peut diérer d’un client à l’autre. Cette variation est attribuable à la neurochimie de la per sonne, à sa tolérance et à la durée de consommation. Dans le même ordre d’idées, la quantité exacte qui provoquera une surdose dépend également, dans une certaine mesure, du consommateur. De plus, étant donné que les drogues vendues dans la rue ne sont ni toutes aussi ortes ni toutes aussi pures, il est difcile de connaître avec précision la quantité de drogue que la personne a consommée. L’arrêt de la consommation ou la orte diminution de la quantité de substance prise chez une personne atteinte d’une dépendance physique à cette subs tance peut nécessiter une intervention médicale. Le sevrage des dépresseurs du SNC (alcool, benzodia zépines, GHB et barbituriques) est celui qui risque le plus d’engendrer une situation d’urgence. Le sevrage des opiacés est douloureux, mais il met rare ment la vie en danger. Les clients aaiblis ou dénu tris avant l’apparition des symptômes de sevrage sont plus à risque que les autres de sourir de com plications lorsque ceuxci se maniesteront. Si un client doit recevoir des médicaments pen dant son sevrage, la dose sera prescrite de manière à éviter les symptômes de sevrage dangereux ou pro blématiques. Au cours de cette phase, c’est l’infr mière qui administre au client cette dose tout juste sufsante de médicament pour laquelle le client présente une tolérance croisée, de manière à soulager les symptômes de sevrage.
Une ois le client stabilisé, il est possible de procé der à l’anamnèse, à l’examen physique ainsi qu’aux analyses de laboratoire en vue d’établir les priorités quant aux soins à lui prodiguer. Si une personne est L’infrmière aide également le client à se fxer des en sevrage de plusieurs substances, elle présente un objectis à court terme ainsi qu’à entamer une réadap risque accru de conséquences graves découlant de sa tation proessionnelle. De plus, le suivi est essentiel consommation. L’échelle des indicateurs cliniques du sevrage d’alcool (CIWAAr), en vue d’observer les pro présentée à la FIGURE 16.4, grès du client et lui apporter Le sevrage des dépresseurs du SNC est est utilisée par bon nombre un soutien continu. Le pro celui qui risque le plus d’engendrer une d’établissements afn d’éva gramme des 12 étapes des situation d’urgence. luer les divers symptômes Alcooliques Anonymes
458
Partie 3
Troubles mentaux
CRITÈRES DE RÉFÉRENCE POUR L’ÉVALUATION DU SEVRAGE D’ALCOOL Les résultats doivent être inscrits au dossier de l’usager sur les formulaires « Grille d’évaluation du sevrage d’alcool selon CIWA-Ar (III-13) » et « Grille complémentaire d’évaluation du sevrage d’alcool et/ou dose de charge (III-14) ». N.B. Pour fins d’évaluation, seuls les numéros avec description sont utilisés.
NAUSÉES ET VOMISSEMENTS
TREMBLEMENTS (bras étendus, doigts écartés)
OBSERVATION
OBSERVATION
Demandez : Avez-vous des malaises gastriques ? Avez-vous des vomissements ? 0. Pas de nausée, ni de vomissement
0. Pas de tremblement
1. Légères nausées, pas de vomissement
1. Tremblements non visibles, mais ressentis lors d’une pression sur le bout des doigts
2. 3.
2. Tremblements à peine visibles les bras étendus
4. Nausées intermittentes avec effort pour vomir sans vomissement
4. Tremblements modérés les bras étendus
3. Tremblements légers les bras étendus
5.
5. Tremblements légers sans avoir les bras étendus
6.
6. Tremblements modérés sans avoir les bras étendus
7. Nausées constantes, effort pour vomir, vomissements
7. Tremblements importants sans avoir les bras étendus
16
SUDATION PAROXYSTIQUE OBSERVATION
ANXIÉTÉ OBSERVATION Demandez : Vous sentez-vous nerveux(se) ?
0. Pas de sueur apparente 1. Sueur à peine perceptible, paumes humides 2. 3. 4. Diaphorèse qui perle sur le front 5. 6. 7. Diaphorèse profuse
0. Ne se sent pas anxieux 1. Se sent un peu anxieux 2. 3. 4. Modérément anxieux, méfiant d’où présomption d’anxiété 5. Anxiété importante 6. Anxiété très importante 7. Équivalent d’un état de panique aiguë observé lors d’un délirium sévère ou réaction aiguë de type schizophrénique
FIGURE 16.4 En administrant ce questionnaire l’infrmière peut déterminer si le sevrage est léger, modéré ou sévère.
Chapitre 16 Troubles liés à une substance
459
CRITÈRES DE RÉFÉRENCE POUR L’ÉVALUATION DU SEVRAGE D’ALCOOL (suite)
AGITATION
PERTURBATION DE LA SENSATION TACTILE
OBSERVATION
OBSERVATION Demandez : Avez-vous des démangeaisons, des picotements, des sensations de brûlures, des engourdissements, une sensation d’insectes rampant sur ou sous la peau ?
0. 1. 2. 3. 4. 5. 6. 7.
Activité normale Activité normale quelque peu augmentée
Un peu de difficulté à rester en place, agité, impatient
Se balance d’avant en arrière durant presque toute l’entrevue ou fait sautiller ses jambes constamment
PERTURBATION DU SENS AUDITIF
0. Aucun 1. Très légère sensation de démangeaisons, picotements, brûlures ou engourdissements 2. Légère sensation de démangeaisons, picotements, brûlures ou engourdissements 3. Sensation modérée de démangeaisons, picotements, brûlures ou engourdissements 4. Hallucinations tactiles de modérées à sévères 5. Hallucinations tactiles sévères 6. Hallucinations tactiles très sévères 7. Hallucinations tactiles de façon continue
PERTURBATION DU SENS VISUEL
OBSERVATION
OBSERVATION
Demandez : Avez-vous l’impression de mieux entendre les sons ? Est-ce qu’ils vous dérangent, vous effraient ? Entendez-vous des sons que vous savez irréels ?
Demandez : La lumière est-elle trop éblouissante ? La couleur est-elle différente ? Est-ce que cela vous fatigue les yeux ? Est-ce que vous voyez des choses qui n’existent pas ?
0. 1. 2. 3. 4. 5. 6. 7.
0. 1. 2. 3. 4. 5. 6. 7.
Aucun Très légèrement discordant et pouvant effrayer Légèrement Modérément Hallucinations auditives de modérées à sévères Sévères hallucinations auditives Très sévères hallucinations auditives Hallucinations auditives de façon continue
CÉPHALÉES (sensation d’avoir la tête lourde)
ORIENTATION DANS LES 3 SPHÈRES
OBSERVATION
OBSERVATION
Demandez : Avez-vous une sensation bizarre dans la tête ? Avez-vous des serrements de tête ? Ne pas coter pour étourdissement et vertige. Coter la sévérité des autres sensations.
Demandez : Quel jour sommes-nous ? Où êtes-vous ? Qui suis-je ?
0. 1. 2. 3. 4. 5. 6. 7.
0. 1. 2. 3. 4.
Aucun Très léger Léger Modéré Modéré à sévère Sévère Très sévère Extrêmement sévère
ÉCHELLE D’INTERPRÉTATION DE LA COTE TOTALE :
FIGURE 16.4
460
Aucun Très légère sensibilité à la lumière Légère sensibilité à la lumière Sensibilité modérée à la lumière Hallucinations visuelles de modérées à sévères Sévères hallucinations visuelles Très sévères hallucinations visuelles Hallucinations visuelles de façon continue
Partie 3
(suite)
Troubles mentaux
Orienté et peut faire une série d’additions Ne peut faire une série d’additions et incertain de la date Désorienté dans le temps, se trompe d’au plus 2 jours sur la date Désorienté dans le temps, se trompe de plus de 2 jours sur la date Désorienté dans l’espace et face à autrui
0 à 10 ® Sevrage léger 10 à 20 ® Sevrage modéré 20 et + ® Sevrage sévère
GRILLE D’ÉVALUATION DU SEVRAGE D’ALCOOL SELON CIWA-Ar DOSSIER NO
USAGER Nom
Urgence/triage
Prénom Date d’admission
Désintoxication
VOIE
PRODUITS
Profil médical :
Épilepsie Problèmes cardiaques Problèmes hépatiques Hallucinose
Antécédents de sevrage :
FRÉQUENCE
QUANTITÉ
Sevrage à risque :
Convulsions
Année
Mois
Jour
DERNIÈRE CONSOMMATION
Léger Modéré Sévère Delirium tremens
Date SYMPTÔMES DE SEVRAGE
Hre
16
Nausées/vomissements Tremblements Sudations paroxystiques Anxiété Agitation Sens tactile Sens auditif Sens visuel Céphalée Orientation Cote totale Pression artérielle Pulsation Saturation Température Médication FIGURE 16.4
(suite) Chapitre 16 Troubles liés à une substance
461
Dossier no
CENTRE DOLLARD-CORMIER
Institut universitaire sur les dépendances
Nom et prénom
Date SOMMEIL
Hre
Dort Dort peu Ne dort pas Levers fréquents Sommeil agité Cauchemars ALIMENTATION/ ÉLIMINATION
Hre
S’alimente S’alimente peu Ne s’alimente pas Brûlures d’estomac Diarrhée/constipation ÉTAT PSYCHOLOGIQUE
Hre
Bonne humeur Humeur triste Humeur changeante Dépressif Difficulté concentration Craving Irritabilité Sentiment d’agressivité Idées suicidaires Hre
COMPORTEMENT Sociable Isolé Coopérant Peu coopérant Initiales Signature
FIGURE 16.4
462
Partie 3
(suite) Troubles mentaux
Initiales
Signature
Initiales
Signature
Initiales
de sevrage. Les critères ainsi que le pointage obtenu guident la prise de décision quant à l’administration de la médication. Cette échelle est généralement uti lisée dans le cadre d’un sevrage de l’alcool, mais il existe une version adaptée aux cas de sevrage des opiacés. Pendant son sevrage, le client pourrait néces siter une réhydratation ou la correction d’un déséqui libre électrolytique par voie I.V.
Participer à la réduction des méaits
de réduction des méaits aident les personnes al cooliques ou toxicomanes à changer leurs habitudes de consommation en vue de réduire les risques de complications et ainsi de s’adapter à un mode de vie plus sain. Par exemple, parce que certaines per sonnes dépendantes consomment des drogues injec tables, des programmes d’échange de seringues ont été créés en vue de réduire le nombre de cas de VIH, de VHB et de VHC. De plus, ournir des agents de substitution (p. ex., la méthadone, la buprénorphine) élimine la nécessité de pratiquer des activités illé gales pour avoir les moyens de consommer. Les stratégies de réduction des méaits permettent éga lement aux personnes toxicomanes de travailler, de mener une vie relativement stable et de se créer un réseau de soutien, ce qui augmente leurs chances de vivre un jour sans consommer. Les programmes de conducteurs désignés ou substituts de même que les programmes de dépistage des ITSS à l’intention des utilisateurs de drogues injectables sont d’autres exemples de stratégies de réduction des méaits (Miller & Carroll, 2006) 23 . L’infrmière, connais sant ces stratégies, peut déterminer avec le client les méaits associés à sa consommation et lui proposer les solutions de rechange ou les stratégies qui lui sont les plus appropriées.
Cette démarche a pour but de réduire les consé quences négatives (méaits) de l’usage de PSA plutôt que la consommation en tant que telle. Les stratégies
Le TABLEAU 16.8 résume les interventions que l’infrmière eectue auprès des clients atteints de troubles liés aux substances.
Prévenir la rechute L’infrmière utilise les principes de la prévention de la rechute tout au long du processus de réadap tation afn d’aider les clients à éviter les situations où la rechute est possible ou, au besoin, de prendre les commandes dans de telles situations. Aidé par l’équipe de soins et notamment l’infrmière, le client s’exerce à poser les bons gestes en cas de rechute et met au point une marche à suivre pré cise. Il cerne les situations dans lesquelles le risque de rechute est le plus grand, puis apporte les chan gements qui s’imposent dans son mode de vie. Cela peut vouloir dire déménager, changer sa réquen tation de quartiers et même s’entourer d’amis et de membres de la amille qui le soutiennent dans son choix de vivre dans la sobriété.
23 La réduction des méfaits à l’égard des personnes sans abri est présentée dans le chapitre 23, Soins infrmiers et suivis dans la communauté.
i
La réduction des méaits est détaillée dans le chapitre 12 du manuel de Lewis, S.L., Dirksen, S.R., Heitkemper, M.M., et al. (2011). Soins infrmiers – Médecine Chirurgie. Montréal : Chenelière Éducation.
16
Pratiques infrmières suggérées TABLEAU 16.8
Intervenir en cours de sevrage
INTERVENTIONS
JUSTIFICATIONS
En situation aiguë : • Dégager les voies respiratoires du client, surveiller ses signes vitaux et intervenir en cas d’hémorragie, de convulsion ou d’arrêt cardiaque (intoxication à l’alcool, aux benzodiazépines, aux barbituriques, au GHB, au toluène et en cas de surdose aux opiacés).
• Permet de résoudre les problèmes qui pourraient mettre la vie du client en danger.
En toute situation : • Assurer la sécurité du client et des autres personnes de son entourage (la contention chimique ou mécanique peut s’avérer nécessaire).
• Facilite la gestion de certaines situations où le client manieste un comportement inattendu, non maîtrisé, violent ou agressi.
• Observer les signes et symptômes additionnels qui pourraient indiquer une surdose, un sevrage ou une interaction de drogues.
• Prévient toute complication.
• Évaluer les symptômes physiologiques et psychologiques du sevrage ainsi que les eets des médicaments prescrits au cours de ce processus.
• Assure au client un traitement sécuritaire et efcace pendant le sevrage.
• Entreprendre les interventions thérapeutiques nécessaires pour soulager les symptômes de sevrage, dont l’anxiété et d’autres complications.
• Apporte une aide au client pour le sevrage en toute sécurité d’une substance toxicomanogène.
• Fournir un soutien psychologique au client, à sa amille et à ses proches.
• Permet d’établir un climat de confance et de aire en sorte que les personnes qui comptent le plus aux yeux du client prennent part au processus de traitement. Chapitre 16 Troubles liés à une substance
463
TABLEAU 16.8
Intervenir en cours de sevrage (suite)
INTERVENTIONS
JUSTIFICATIONS
• Aider le client à satisaire ses besoins nutritionnels et métaboliques, que ce soit P.O. ou par voie I.V., selon sa capacité à prendre et à retenir les liquides ; augmenter l’apport en glucides du client.
• Assure une hydratation et une alimentation adéquates.
• Diriger le client vers une nutritionniste au besoin et demander l’aide de la amille pour cerner et respecter les préérences personnelles, culturelles ou spirituelles du client.
• Permet de lui prodiguer des soins holistiques interdisciplinaires.
• Entreprendre un traitement de substitution à base de vitamines et minéraux, comme prescrit.
• Pallie les carences en vitamine B et autres vitamines et minéraux (p. ex., les vitamines A, C, D, E et K, le er, le magnésium et le zinc), qui sont courantes dans les cas de consommation d’alcool chronique.
• Dans le cadre d’une relation thérapeutique, apporter du soutien et maniester de l’empathie au client et à sa amille en se montrant sen sible à la déception et au déni du client, sans touteois encourager son comportement.
• Aide le client et sa amille à travailler sur son déni et à se rendre compte que bon nombre de ses problèmes sont causés par l’abus de SPA. Toute une gamme de techniques psychothérapeutiques peut être utilisée auprès du client et de sa amille.
• Traiter les complications secondaires ou les eets résiduels de la consommation du client.
• Évite l’apparition de diverses complications causées par la consommation prolongée ou l’abus de SPA et l’altération de açon temporaire ou permanente des principaux systèmes de l’organisme.
• Encourager le client dans ses eorts pour établir, rétablir ou renorcer une relation avec sa amille et ses proches axée sur le soutien par diverses stratégies. Pour ce aire, lui ournir un environnement calme et intime où le client pourra appeler sa amille ou la rencontrer.
• Permet de rétablir la relation que le client entretenait auparavant avec sa amille et ses proches, une relation souvent perdue chez les clients qui ont consommé des SPA de açon abusive.
• Aider le client, sa amille et ses proches à comprendre l’abus de SPA quant à ses symptômes, la açon de le maîtriser, son traitement et sa prévention, tant de manière individuelle qu’en tant que membre d’une équipe.
• Permet de servir de personnesressources relativement au traitement de l’alcoolisme ou de la toxicomanie, aux eorts de prévention, ainsi qu’à la nécessité pour le client, sa amille et ses proches de pratiquer un mode de vie sain.
• Évaluer le style d’apprentissage le plus adéquat pour le client an de satisaire ses besoins d’apprentissage (p. ex., des outils verbaux, visuels ou écrits). • S’assurer autant que possible que le vocabulaire utilisé est compris du client. • Fournir des renseignements concrets sur les modes de prévention qui onctionnent vraiment. • Aider le client et sa amille à participer activement à des groupes de soutien (p. ex., les AA, AlAnon, Alateen, les NA) et à demander de l’aide auprès des ressources disponibles (CSSS, centres de réadaptation, etc.).
• Favorise la participation à l’expérience concluante d’un programme de réadaptation, dont les programmes en 12 étapes, qui constitue le meilleur moyen pour bien des clients de rester sobres. La amille du client bénécie elle aussi de ce genre de programme, car celuici l’aide à changer les habitudes relationnelles qu’elle entretient avec le client et avec les autres.
• Inciter la amille du client à aire preuve de fexibilité et de patience quant à la participation du client aux groupes de soutien.
• Permet d’accorder du temps au client, qui doit ournir des eorts considérables et entretenir une grande motivation, ce que nécessite l’adoption d’un nouveau mode de vie, dont la participation à un réseau de soutien.
• Aider le client à établir un nouveau réseau de soutien social en le mettant en contact avec des organismes communautaires grâce auxquels il pourra se trouver un logement, se aire de nouveaux amis et acquérir la orce nécessaire pour trouver des stratégies d’adaptation à sa nouvelle vie sobre.
• Permet au client d’aronter la tâche souvent ardue de se constituer un nouveau réseau social dans lequel la consommation n’a pas sa place. Les connaissances et les conseils quant aux ressources et aux programmes à la disposition du client lui apporteront l’aide dont il a besoin pour aire en sorte que ses eorts portent leurs ruits.
464
Partie 3
Troubles mentaux
Soins et traitements en interdisciplinarité La réadaptation constitue une étape essentielle du traitement des troubles liés à la consommation de SPA. Les programmes de traitement orent une gamme de services et proposent plusieurs objectis au client. Chaque personne a une motivation propre et ses raisons de vouloir suivre un traitement. Il est donc important que l’infrmière reconnaisse qu’il n’existe pas de combinaison clientprogramme par aite. C’est plutôt l’authenticité, l’intérêt et la pré paration du personnel, de même que les approches que ce dernier utilise, qui pourront aider le client dans le traitement de sa dépendance. Les interven tions de l’équipe interdisciplinaire axées sur la collaboration accroissent les chances que le traite ment et la réadaptation s’avèrent un succès. En fn de compte, il en revient touteois au client de par venir à devenir sobre et à le rester. Les principes suivants ont été publiés en 1999 par le NIDA et demeurent jusqu’ici fables : • Le traitement est axé sur la diminution de la prévalence d’un trouble donné. • Il n’existe pas de traitement universel ; aucun n’est efcace chez tous les clients. • Un traitement efcace permet de répondre à de multiples besoins. • Par souci d’efcacité, il est primordial de suivre le traitement pendant une certaine période. • Le plan de traitement d’un client doit être conti nuellement réévalué et modié en conséquence. • Dans la plupart des cas, divers types de traite ments sont nécessaires et comprennent une médication (p. ex., une thérapie individuelle, familiale, de groupe ou d’autres modalités de traitement). • La plupart des personnes qui doivent être trai tées pour une dépendance aux SPA risquent fort d’être atteintes d’un trouble mental concomitant (c.àd. d’avoir un double diagnostic). • Se défaire d’une dépendance constitue un pro cessus à long terme qui nécessite souvent plu sieurs périodes de traitement.
Psychothérapies Une thérapie nécessite d’abord l’analyse des besoins du client de manière approondie. La psychothé rapie à l’intention des personnes atteintes d’une dépendance est généralement couronnée de suc cès ; elle aborde la question de la dépendance du client, mais aussi tout trouble concomitant et tout comportement qui perturbe sa vie. Par exemple, les modèles et les interventions thérapeutiques à l’intention des clients atteints de troubles de la per sonnalité ne seront pas les mêmes que ceux qui s’adressent aux clients dépressis ou anxieux. En général, les clients aux prises avec une dépen dance participent activement au programme de
réadaptation ainsi qu’aux séances de thérapie indi viduelle ou de groupe. Il existe quatre grandes caté gories de thérapie comportementale : la thérapie cognitivocomportementale, la thérapie motivation nelle brève (ou entretien motivationnel), l’organi sation des contingences et la thérapie amiliale ou en réseau (Carroll & Rounsaville, 2006). Ces or mules peuvent être utilisées dans de multiples contextes, lesquels ont l’objet des paragraphes qui suivent. | Thérapie individuelle | La psychothérapie indivi duelle est indiquée pour les clients qui sont très anxieux, dont les stratégies d’adaptation sont ina déquates ou qui présentent une aible tolérance à la rustration. L’accent est mis sur le moment présent, et le client apprend à établir des rapports avec les autres ainsi qu’à s’adapter à une vie de sobriété. Certains clients communiquent mieux dans un contexte individuel qu’au sein d’un groupe. Les thérapeutes doivent, au cours de la thérapie, aborder le sujet des mécanismes de déense, du déni et de la déception. Comme c’est le cas pour de nom breux autres clients, les personnes atteintes d’une dépendance cherchent souvent à évaluer le lien thé rapeutique entre eux et leur thérapeute. Finalement, ces thérapeutes soulèvent souvent les questions de la rechute, de l’apparition de la dépression et de la résistance à la continuation de la thérapie. Généralement, les approches qui visent la modi fcation d’un comportement sont utilisées en com binaison avec d’autres ormes d’éducation ou de consultation psychologique. Thérapie cognitivocomportementale Cette thérapie est une approche ondée sur des résultats probants à l’intention des personnes alcooliques ou toxico manes (Freeman, 2005a). Des études réalisées ont permis de déterminer des techniques d’entretien motivationnel qui s’avèrent efcaces chez les per sonnes aux prises avec une dépendance (Golay, Lagger & Giordan, 2010 ; Miller & Rollnick, 2002). La thérapie chez les enants, devenus adultes, de parents alcooliques sur la base des théories du déve loppement a également été décrite (Brown, 1988). L’entretien motivationnel vise à amener les clients à changer leur comportement. Ce style d’in tervention est semidirecti et humaniste. Le pro cessus relationnel y est majeur, et la compréhension de ce que vit le client reste primordiale. Cette méthode thérapeutique comprend toute interven tion pouvant renorcer la motivation du client à changer, tant qu’elle respecte son autonomie et qu’elle met en place une relation non moraliste, ondée sur la collaboration. Certains programmes ont recours à des appro ches plus comportementales, comme la thérapie de relaxation ou la rétroaction biologique, pour ensei gner aux clients à gérer les stresseurs quotidiens ainsi que l’insomnie 22 .
16
i
La technique d’entretien motivationnel et les inter ventions infrmières qui y sont liées sont détaillées dans le chapitre 12 du ma nuel de Lewis, S.L., Dirksen, SR., Heitkemper, M.M., et al. (2011). Soins infrmiers – Médecine Chirurgie. Montréal : Chenelière Éducation.
22 La rétroaction biologique est détaillée dans le cha pitre 22, Approches com plémentaires et parallèles en santé mentale.
Chapitre 16 Troubles liés à une substance
465
Thérapie par l’aversion La thérapie par l’aversion est entre autres utilisée auprès des clients dépendants à la nicotine en vue de les entraîner à aire une association négative apprise lorsqu’ils voient une cigarette. En outre, la thérapie par l’aversion au disulframe, utilisée auprès des personnes alcooliques, sera détaillée plus loin. Ce traitement n’est touteois pas répandu. Son efcacité sur une longue période demeure incertaine, car les études à long terme sur le sujet sont rares, et ce traitement ne se onde pas sur des résultats probants.
i
Les 12 étapes des AA sont présentées sur le site suivant : www.alanonalateenqc.ca/ fr12etapes.htm.
Organisation des contingences L’organisation des contingences est une orme de thérapie comporte mentale axée sur le conditionnement opérant au cours de laquelle le client est récompensé pour son abstinence (Shoptaw, Rawson, Worley et al., 2009). Il peut s’agir d’un bon lui donnant droit à un prix, de coupons pour réclamer un bien ou un service ou encore de l’argent. L’objecti est de aire en sorte que l’interruption de la consommation pousse le client à abandonner son comportement de dépendance et à en acquérir de nouveaux. Il a été démontré que l’organisation des contingences onctionne relativement rapidement. Cependant, la rechute est probable en l’absence d’un incitati à demeurer sobre. | Thérapie de groupe | Ce type de thérapie présente certains avantages pour les clients atteints de troubles liés à la consommation de SPA, ce que n’ore pas la thérapie individuelle. Dans un groupe, les clients qui ont vécu des expériences ou des problèmes semblables se conrontent ou se soutiennent dans un environnement relative ment sécuritaire. Dans un tel contexte, le rôle du thérapeute ou de l’infrmière est de susciter la participation des membres du groupe et d’aider à clarifer les interactions entre les participants. En plus de discuter, ceuxci échangent des rensei gnements didactiques ou éducatis à propos de la consommation et des traitements. Finalement, les clients en phase de réadaptation qui sont tou jours sobres parlent de leur expérience et devien nent des modèles pour les participants qui se sont récemment ajoutés au groupe. Groupes de soutien en 12 étapes Le groupe AA a été le premier groupe d’entraide à l’intention des personnes alcooliques rétablies. Il a été ondé en 1935 sur le principe de soutien et d’en couragement des pairs atteints d’alcoolisme afn d’aider les personnes sur la voie de la réadapta tion. Pendant des décennies, les AA et les autres groupes d’entraide semblables constituaient les seuls programmes de traitement à la disposition de la population. Ces groupes orent encore aujourd’hui soutien et orce à un grand nombre de personnes en phase de réadaptation.
466
Partie 3
Troubles mentaux
Les AA invitent les nouveaux membres à tra vailler de concert avec un parrain, soit une per sonne alcoolique rétablie, qui ournit une aide pour ranchir les 12 étapes et atteindre d’autres objectis qu’ils se sont fxés ensemble. Ce processus peut prendre plus de une année. Le duo doit être du même sexe, et les relations amoureuses en début de réadaptation sont déconseillées. Les membres qui participent agissent donc aussi à titre de parrain pour ceux qui en sont à une étape de réadaptation moins avancée. Ils ont accès à de l’aide en tout temps, jour et nuit. Au cours de chaque rencontre, un membre du groupe partage son histoire, son vécu, ses expé riences avec les participants. Le ait de s’ouvrir ainsi aux membres du groupe et de partager son vécu renorce l’engagement du participant et amé liore les résultats obtenus. Généralement, ceux qui prennent part à ces programmes perçoivent la réa daptation comme un processus qui dure toute une vie. Dans ces groupes, la réduction des méaits n’est pas avorisée, l’objecti étant plutôt la so briété, à savoir de mener une vie exempte de dé pendance et de redonner à la communauté au moyen de services. Contrairement à la croyance populaire, les AA n’ont jamais été en aveur des conrontations agressives. Leur but est de consti tuer une communauté sécuritaire et accueillante composée de nombreuses ressources vers lesquelles les personnes alcooliques peuvent se tourner. Les Narcotiques Anonymes (NA) et les Cocaïnomanes Anonymes (CA) ont une philoso phie semblable à celle des AA. Il s’agit d’un groupe de soutien pour les consommateurs de narcotiques. Plus récemment, d’autres programmes d’entraide ondés sur des principes et des recherches dié rents ont vu le jour. Pour ceux chez qui la thérapie de groupe est avantageuse, il existe diverses pos sibilités qui répondent à une multitude de besoins. Les groupes d’entraide AlAnon et Alateen tra vaillent indépendamment des AA. AlAnon est un groupe d’entraide pour les conjoints et les amis de personnes alcooliques. Les réunions permettent aux membres de comprendre l’alcoolisme, de par ler de problèmes communs et de proposer des solutions. Dans ces groupes sont également abor dés les comportements et les problèmes communs aux processus du trouble, parmi lesquels la déter mination des limites, l’évitement, la complicité, la culpabilité et la honte. Pour sa part, Alateen est un groupe d’entraide d’envergure nationale à l’in tention des enants âgés de plus de 10 ans qui ont des parents alcooliques. À l’instar d’AlAnon, le groupe aide l’enant à se rendre compte qu’il n’est pas responsable de l’alcoolisme de ses parents. Le ait de parler de ses problèmes et d’exprimer ses émotions ait comprendre à l’enant qu’il n’est pas le seul à vivre une telle situation.
| Thérapie familiale | La thérapie amiliale a gagné en crédibilité à titre de programme thérapeutique à l’intention des adultes comme des adolescents. Cette orme de thérapie est ondée sur la théorie des systèmes amiliaux 20 . Le génogramme (Bowen, 1978) constitue un outil des plus utiles pour retracer la consommation intergénération nelle de SPA. Les chercheurs en la matière ana lysent les génomes afn de savoir quels membres d’une amille donnée risquent plus que les autres de consommer des substances illicites. La reconnaissance et l’acceptation du ait que l’alcoolisme est une maladie qui touche tous les membres de la amille confrment la nécessité d’avoir recours à la thérapie amiliale FIGURE 16.5. Lorsque le membre de la amille qui consomme de l’alcool de açon excessive devient sobre du jour au lendemain, c’est toute la dynamique amiliale qui change. Certains clients rechutent parce que leur amille ne sait pas comment communiquer avec eux lorsqu’ils sont sobres. En outre, les mem bres de la amille d’une personne alcoolique ont tendance à ne pas se aire confance les uns les autres, à ne pas se sentir aimés ni désirés et à porter le lourd ardeau de la culpabilité. Le soutien social extérieur peut modérer les conséquences des antécédents amiliaux de troubles liés à la consommation de SPA. Bon nombre de com munautés ont d’ailleurs élaboré des programmes scolaires, d’activités de mentorat, sportis et éduca tis ainsi que d’autres programmes fnancés ou non en vue d’orir aux jeunes l’occasion de participer à des activités et d’établir de saines relations.
Pharmacothérapie Aucun médicament ne peut garantir la réadaptation du client. Cependant, certains médicaments sont
FIGURE 16.5 La thérapie familiale constitue un facteur important de la réadaptation d’une personne qui abuse d’une substance.
parois utilisés en concomitance avec d’autres ormes de traitements psychothérapeutiques ENCADRÉ 16.15. | Alcool | Une intervention pharmacologique systé matique n’est pas nécessaire. Mais dans certains cas de sevrage alcoolique, des mesures seront prises en vue de rendre le client plus à l’aise. Les proessionnels de la santé ont recours aux benzo diazépines, car elles comportent un risque moins élevé de neurotoxicité et de chute des signes vitaux que les autres dépresseurs. À cet eet, les benzodiazépines à action brève, dont l’oxazépam (Seraxmd) et le lorazépam, sont administrées aux clients atteints d’une grave insufsance hépatique ou d’importants troubles cognitis. Les substances à action prolongée, comme le diazépam, peuvent être administrées à la plupart des autres clients aux prises avec de graves symptômes de se vrage (Schuckit, 2000). Finalement, la naltrexone
20 La théorie des systèmes familiaux est expliquée dans le chapitre 20, Modèles et stratégies thérapeutiques.
i
Une liste de plusieurs orga nismes communautaires spécialisés dans la réduction des méaits est présentée au www.reductiondesmeaits.aitq. com/index.php?option=com_ content&view=article&id=61& Itemid=38.
Psychopharmacothérapie ENCADRÉ 16.15
Dépendances
ALCOOL
L’acamprosate (Campral ) est indiqué pour avoriser l’abstinence. Le disulfram est utilisé pour dissuader le client de consommer ou d’abuser de l’alcool. La naltrexone (ReViamd), en combinaison avec d’autres substances, est employée pour traiter la dépendance à l’alcool. Enfn, le topiramate (Topamaxmd) est encore à l’étude et il pourrait s’avérer utile pour réduire le goût de consommer. md
OPIACÉS
La naloxone contenue dans le Suboxonemd est présente pour dissuader les personnes de s’injecter ce produit. Le Subutexmd est destiné au traitement des cas exceptionnels, soit les emmes enceintes. NICOTINE
Le buproprion (Zybanmd), la varénicline (Champixmd), les timbres transdermiques de nicotine (Nicodermmd), la gomme, les pastilles et l’inhalateur de nicotine (Nicorettemd) sont indiqués pour avoriser l’abandon du tabac.
La buprénorphine/naloxone (Suboxonemd) et la méthadone sont des agents de substitution utilisés dans le cadre du traitement de la dépendance aux analgésiques narcotiques ou pour soulager de ortes douleurs.
Chapitre 16 Troubles liés à une substance
467
16
et l’acamprosate sont des médicaments utilisés pour traiter l’état de manque des premières étapes de la sobriété. D’autres médicaments du même type en sont à la phase de développement. Le disulframe (AntabuseMD) est utilisé dans la thérapie par l’aversion, car il agit sur le métabo lisme de l’alcool. Au moins 90 % de la dose d’alcool éthylique absorbée est métabolisée. Cette dégrada tion de l’alcool se ait par étapes ; ce sont surtout des enzymes hépatiques spécialisés qui se char gent des biotransormations. Le métabolisme de l’al cool génère d’abord l’acétaldéhyde, un produit très toxique et normalement métabolisé très rapide ment dès sa ormation. Le disulframe inhibe l’en zyme responsable de sa dégradation ; en consé quence, l’acétaldéhyde s’accumule et entraîne un eet indésirable chez 50 % des clients. Les princi paux malaises sont : les bouées vasomotrices, une sensation de chaleur au visage, à la poitrine ainsi qu’aux membres supérieurs. Ils présenteront éga lement d’autres symptômes, dont la pâleur, l’hypo tension, les nausées, un malaise général, des étourdissements, une vision trouble, des palpita tions, une dyspnée de Kussmaul, ainsi qu’un engourdissement des membres supérieurs. Les clients qui suivent une thérapie par aversion comme le disulframe doivent être en bonne santé, très motivés et coopératis. Le personnel soignant les avertit des conséquences de boire même une très aible quantité d’alcool après avoir pris du disulframe. | Nicotine | Les traitements de substitution à la nico tine existent sous diverses ormes : gomme, timbre, pulvérisateur ou inhalateur. Ils aident à réduire les symptômes de sevrage et doublent les chances du client d’abandonner la consommation de tabac. D’autres médicaments, qui ne contiennent pas de nicotine, réduisent l’état de manque. C’est le cas du bupropion (p. ex., le Wellbutrinmd), de la cloni dine et de la varénicline.
de vie ; réduire les eets néastes de la consomma tion I.V. (p. ex., le VHC) et son état de manque. La méthadone est depuis longtemps la subs tance de choix pour pallier la dépendance à la morphine ou à l’héroïne. La buprénorphine, ou boop dans le jargon de la rue, est un médicament à action prolongée administré dans le cadre d’un traitement d’entretien. Au Canada, elle n’est dis ponible qu’en combinaison avec de la naloxone, afn d’éviter qu’elle soit injectée dans un contexte d’abus. Ces médicaments doivent être pris jusqu’à ce que la personne soit sevrée. Ces substances peuvent entraîner une dépendance, mais le client peut aire un sevrage graduel, sous suivi médical, en diminuant sa dose quotidienne jusqu’à ce qu’il ne présente plus de symptômes de sevrage. Tou teois, la surdose de méthadone ou de buprénor phine peut entraîner une dépression respiratoire pouvant conduire jusqu’à la mort.
16.6.5
Évaluation des résultats – Évaluation en cours d’évolution
Le but de l’étape d’évaluation de la démarche de soins est de déterminer les changements qui ont résulté du PSTI élaboré avec le client et des autres interventions eectuées en interdisciplinarité. L’infrmière est donc appelée à observer les chan gements de comportement du client ainsi que sa réponse au traitement et aux interventions, et ce, en se basant sur les résultats escomptés PSTI 16.1. Elle évalue régulièrement si le client progresse vers ces résultats. Dans le cas contraire, elle révise le PSTI FIGURE 16.6. L’ENCADRÉ 16.16 présente des exemples de résultats escomptés. Il est important de reconnaître que la résolution de la phase aiguë n’est que la toute première étape du traitement.
| Programme de traitement de substitution des opiacés | La clonidine est le médicament non opiacé le plus utilisé pour traiter les symptômes du sevrage des opiacés. Ses eets indésirables sont la sédation et l’hypotension. L’infrmière surveille donc attentive ment la P.A. du client qui reçoit de la clonidine.
i
La liste des centres de réadaptation du Québec est présentée au www.acrdq.qc. ca/membre.php.
468
Partie 3
La méthadone et la buprénorphine sont des opia cés à action prolongée qui ont des caractéristiques similaires à celles de l’héroïne. Le personnel soi gnant administre ces deux médicaments pour des raisons semblables : servir d’agent de substitution à d’autres opiacés, dont l’héroïne, en vue de réduire l’activité criminelle du client ; améliorer sa qualité
Troubles mentaux
FIGURE 16.6 L’infrmière ajuste le PSTI en tenant compte de l’évolution de l’état de santé du client.
Collecte des données ENCADRÉ 16.16
Signes de réadaptation
L’infrmière évalue si le client est en mesure :
• d’avoir le sentiment de maîtriser sa vie ;
• de rester sobre ou de réduire les eets nocis relatis à sa consommation ;
• d’exprimer un sentiment d’espoir pour l’avenir ;
• de reconnaître sa dépendance à des SPA;
• d’éviter les gens et les situations qui pourraient entraîner des comportements de toxicomanie ou y contribuer ;
• de démontrer sa connaissance du processus continu de réadaptation (un jour à la ois) ;
• d’énoncer les conséquences de la consommation de SPA sur le bienêtre biopsychosocial, culturel et spirituel;
• de se fxer des objectis réalistes ;
• de donner le nom et le numéro de téléphone des res sources avec lesquelles communiquer lorsqu’il devient trop difcile de gérer une situation ou lorsque le désir de reprendre un comportement de consommation devient trop ort;
• de continuer d’assister aux réunions d’un groupe de soutien (p. ex., les AA, les NA) ; • de aire preuve d’une plus grande estime de soi; • de démontrer la mise en place de nouvelles stratégies d’adaptation efcaces et de nouvelles stratégies de gestion de l’anxiété, du stress, de la rustration et de la colère ; • d’avoir recours à des solutions de rechange pour remplacer ses comportements de recherche et de consommation de drogue (p. ex., un passetemps, les études, un emploi, du soutien spirituel, du bénévolat, la socialisation);
• de s’inormer sur les programmes d’aide aux employés relatis aux problèmes de consommation de drogue ou d’alcool ; • de demander aux membres de sa amille ou à des proches de prendre part à des groupes de soutien (p. ex., AlAnon, Alateen) ou, à l’intérieur du centre de réadaptation de sa région, au service d’aide à l’entourage.
Plan de soins et de traitements infrmiers PSTI 16.1
16
Trouble dépressi majeur récurrent et dépendance à l’alcool et aux opiacés
André Kulovic est un immigrant bosniaque récemment séparé et père de deux enants. Il est admis aux soins intensis psychiatriques pour des symp tômes de trouble dépressi majeur récurrent (tristesse et désespoir) et la possibilité d’une consommation abusive d’alcool et d’hydromorphone (Dilaudidmd). À l’urgence, il a demandé des analgésiques. Depuis son admis sion, monsieur Kulovic airme sourir d’insomnie, de nervosité et d’une perte d’appétit. Il se dit désespéré d’avoir des douleurs constantes au dos. Monsieur Kulovic s’est blessé au dos il y a dix ans, lorsque sa amille a été or cée de quitter rapidement la Bosnie. Depuis, il prend de l’hydromorphone, mais il arrive que cela ne sufse pas à le soulager. Il a alors commencé à boire de l’alcool pour réduire ses douleurs et pour mieux dormir. Il s’agit de sa seconde admission à l’urgence depuis la dernière annéea. La première ois, trois mois plus tôt, il est entré à l’urgence pour un épisode dépressi avec idées
suicidaires. À l’époque, il a obtenu son congé du centre hospitalier après avoir reçu une prescription d’antidépresseurs, mais il a cessé de les prendre, car il n’arrivait plus à les payer. Monsieur Kulovic afrme qu’il n’a ni plan ni intention suicidaire en ce moment. Il ajoute qu’il boit environ une demibouteille de vodka par jour, parois plus lorsqu’il en a les moyens. Il craint les consé quences d’une tentative d’arrêter de boire et il admet avoir besoin d’aide pour se sevrer de l’alcool. Monsieur Kulovic croit avoir souert de convulsions la dernière ois qu’il a essayé d’arrêter de boire de son propre che. De plus, il aimerait cesser de prendre l’hydromorphone, mais son emploi d’étalagiste est dur pour son dos. En Bosnie, il était électricien, mais au Canada, il ne possède plus le titre équivalent pour eectuer le même emploi. Son exconjointe tra vaille à temps plein, elle aussi, mais ils ont un revenu amilial très aible et pei nent à subvenir à leurs besoins et à ceux des enants.
Diagnostics selon les axesb
Axe I
PROBLÈME DÉCOULANT DE LA SITUATION DE SANTÉ
Risques de blessures liés à un sevrage de l’alcool et des analgésiques opioïdes comme le démon trent des antécédents de convulsions
• Trouble dépressif majeur récurrent, dépendance à l’alcool et aux analgésiques opioïdes (avec dépendance physiologique) Axe II • Aucun diagnostic Axe III • Maux de dos chroniques Axe IV • Stresseurs psychosociaux graves (extrême = 4) ; ressources nancières insufsantes ; problèmes conjugaux ; stresseurs situationnels attribuables à l’immigration Axe V • Évaluation globale du fonctionnement (EGF) = 15 (en cours) ; EGF = 45 (année dernière)
Chapitre 16 Troubles liés à une substance
469
PSTI 16.1
Trouble dépressi majeur récurrent et dépendance à l’alcool et aux opiacés (suite)
RÉSULTATS ESCOMPTÉS
INTERVENTIONS INFIRMIÈRES ET JUSTIFICATIONS
• Diminution des symptômes de sevrage de l’alcool (F.C. rapide, transpiration, tremblements, insomnie, agitation) et de l’hydromorphone (état de manque, irritabilité, agitation)
• Évaluer les signes et les symptômes de sevrage et administrer les médicaments prescrits en onction de la condition mentale et physique du client afn de soulager les premiers symptômes de sevrage et prévenir, ou réduire, la gravité de ceuxci.
• Absence d’épisodes de symptômes pouvant mettre la vie du client en danger, dont les convulsions, l’aspiration et les chutes • Confance du client dans le personnel médical ainsi que dans le protocole utilisé pour assurer sa sécurité • Verbalisation des connaissances relatives aux thèmes suivants : − Dépendance à l’alcool et aux narcotiques ainsi que symptômes de sevrage − Risques de blessures ou de décès − Prévention des blessures
• Rassurer le client en lui disant qu’il est en sécurité, qu’il ne court aucun danger et qu’il ne risque pas de se blesser afn d’établir un lien de confance et de réduire son anxiété en lui expliquant qu’il est sous surveillance constante et que ses symptômes peuvent être soulagés à l’aide des interventions adéquates. • Inormer le client à propos de la dépendance aux SPA, des risques de blessures ou de décès, des symptômes de sevrage, de l’importance des médicaments dans le sevrage sécuritaire et du suivi nécessaire en vue de prévenir les rechutes, les blessures ou le décès, ainsi que pour avoriser l’autonomie du client par l’enseignement.
PROBLÈME DÉCOULANT DE LA SITUATION DE SANTÉ
Stratégies d’adaptation inefcaces liées à une douleur chronique comme le montre la dépendance à l’alcool et aux analgésiques opioïdes
RÉSULTATS ESCOMPTÉS
INTERVENTIONS INFIRMIÈRES ET JUSTIFICATIONS
• Reconnaissance du besoin d’aide pour le soulagement des douleurs dorsales autrement qu’avec les SPA
• Évaluer la motivation du client à aire un sevrage de l’alcool et des analgésiques opioïdes pour individualiser le processus du sevrage et avoriser la pérennité des interventions.
• Verbalisation de la volonté de aire les eorts nécessaires pour soulager la douleur sans prendre d’analgésiques opioïdes
• Soutenir la prise de conscience et les eorts du client en l’assurant de la possibilité d’un sevrage sécuritaire, avec prise en charge des symptômes, pour avoriser le partena riat, la confance et l’espoir.
• Détermination par le client de ses problèmes attribuables à la consommation d’alcool et de médicament
• Aider le client à reconnaître les acteurs déterminants dans sa consommation d’alcool et d’analgésiques opioïdes pour cibler les objectis d’intervention.
• Utilisation de stratégies d’adaptation efcaces pour gérer les problèmes liés à l’abus de substances
• Évaluer les stratégies d’adaptation habituelles du client en vue de fxer des objectis réalistes et de trouver des méthodes d’adaptation qu’il voudra utiliser. • Aider le client à analyser ses orces et les aspects sur lesquels il doit travailler afn de l’aider à mettre au point de nouvelles stratégies d’adaptation, d’améliorer les stratégies efcaces précédemment utilisées et d’éliminer celles qui se sont avérées inefcaces. • Évaluer le réseau de soutien du client et lui proposer des ressources au besoin pour diminuer son isolement et avoriser le partage de conseils au sujet des difcultés éprouvées. • Coordonner des rencontres entre les intervenants et le client pour discuter des objectis à atteindre avant que celuici puisse recevoir son congé du centre hospitalier, ainsi que pour planifer les ressources nécessaires au retour du client auprès de sa amille et dans sa communauté. • Planifer un suivi posthospitalisation avec les intervenants concernés pour évaluer le traitement antidouleur sans analgésiques opioïdes afn de s’assurer que le client poursuit sa recherche de stratégies d’adaptation efcaces et pour prévenir les rechutes.
a
b
Une évaluation approondie est nécessaire afn de savoir si monsieur Kulovic soure d’une pseudodépendance, bien que l’infrmière le soupçonne déjà au moment de l’admission du client. En raison de ses ressources fnancières restreintes, il se peut que la blessure au dos de monsieur Kulovic n’ait pas été traitée aussi énergiquement que possible, même si des méthodes de soulagement de la douleur sans narcotiques ont été ajoutées à son régime thérapeutique. Une ois sa douleur soulagée, il est probable que le besoin d’alcool du client diminue, car il n’avait aucun antécédent de problèmes de consommation avant de se blesser. Il est important que l’infrmière s’assure qu’une démarche est en cours pour que monsieur Kulovic reçoive les soins de suivi dont il a besoin. Dans le cas présent, le personnel infrmier doit travailler de concert avec le travailleur social. Il serait ainsi possible de prévenir sa réadmission à l’urgence ainsi que l’apparition de nouveaux problèmes liés à la dépression ou à la douleur chronique. La récurrence des épisodes dépressis, le risque suicidaire et le besoin d’un traitement antidépresseur devraient toujours être évalués chez le client en raison de ses antécédents, et ce, même s’il a nié toute intention suicidaire au moment de son admission. Les diagnostics sont posés selon les axes du DSM-IV-TR de l’APA (2004).
470
Partie 3
Troubles mentaux
Analyse d’une situation de santé
Jugement clinique
John Black, âgé de 44 ans, se trouve présentement à l’urgence. Il y a été amené par un collègue de travail parce qu’il présentait des signes de pa nique aiguë. Il est maintenant plus calme, mais il ait les 100 pas impatiemment en se rappant les cuisses : « Mais qu’estce que j’ai donc ? J’me sens tout drôle dans ma tête », ditil d’une voix chevrotante. Il n’est pas nauséeux et ne se plaint pas de céphalées. Il présente touteois de la diaphorèse au ront et dit ressentir de
légers picotements au visage et aux bras. Vous observez de légers tremblements lorsque ses bras sont étendus. Il entend bien, car il exécute les consignes demandées. Monsieur Black est arrivé quelques ois en état d’ébriété au travail ; il lui arrivait de consommer de l’alcool en cachette. Son patron, au courant de ce ait, l’avait rencontré pour lui signifer un ren voi possible s’il continuait à boire au travail. {
MISE EN ŒUVRE DE LA DÉMARCHE DE SOINS
Collecte des données – Évaluation initiale – Analyse et interprétation 1. D’après la grille des critères de réérence pour l’évaluation du sevrage de l’alcool et les données obtenues au cours de l’évaluation initiale, quel problème prioritaire déterminezvous chez monsieur Black pour le moment ? Justifez votre réponse.
SOLUTIONNAIRE
2. Pour compléter votre évaluation, nommez trois autres éléments que vous devez vérifer chez monsieur Black.
http://fortinash.cheneliere.ca
La F.C. de monsieur Black est de 102 batt./min. Vous eectuez un prélèvement sanguin pour alcoolémie. { {
16 MISE EN ŒUVRE DE LA DÉMARCHE DE SOINS
3. Qu’estce qui explique une telle F.C. pour ce client ? 4. Pourquoi estil pertinent de demander au client à quel moment précis remonte sa dernière consommation d’alcool ? 5. Pourquoi autil demander à monsieur Black s’il a déjà ait des convulsions dans le passé ?
Monsieur Black sait qu’il est au service des urgences et peut nommer la date précise du jour. Cepen dant, il a oublié votre nom. { {
MISE EN ŒUVRE DE LA DÉMARCHE DE SOINS
6. Devriezvous craindre un délire alcoolique chez monsieur Black ? Justifez votre réponse.
{ Le médecin a prescrit du naltrexone 50 mg die à monsieur Black. Ce dernier est gardé en obser
vation, et une hospitalisation n’est pas envisagée pour l’instant. {
Chapitre 16 Troubles liés à une substance
471
MISE EN ŒUVRE DE LA DÉMARCHE DE SOINS
Planifcation des interventions – Décisions infrmières 7. Pour quelle raison ce médicament estil prescrit ?
Monsieur Black a toujours reusé de participer aux rencontres d’un groupe de AA. Il vous cone que les confits entre lui, son épouse et ses deux {
adolescents se sont multipliés au point où leurs relations sont de plus en plus tendues à cause de son alcoolisme. {
MISE EN ŒUVRE DE LA DÉMARCHE DE SOINS
8. De quelle approche thérapeutique pourriezvous discuter avec monsieur Black comme autre option à sa participation à un groupe de AA ?
Monsieur Black dit être conscient des conséquences de son alcoolisme sur sa vie amiliale et sur sa santé en général. ”
{
MISE EN ŒUVRE DE LA DÉMARCHE DE SOINS
Évaluation des résultats – Évaluation en cours d’évolution 9. Qu’estce qui laisserait croire que le client est disposé à s’engager sérieusement dans une démarche de résolution de son problème de consommation ?
APPLICATION DE LA PENSÉE CRITIQUE Dans l’application de la démarche de soins auprès de monsieur Black, l’inirmière a recours à un ensemble d’éléments (connaissances, expériences antérieures, normes institutionnelles ou protocoles, attitudes proes sionnelles) pour analyser la situation de santé du client et
472
Partie 3
Troubles mentaux
en comprendre les enjeux. La FIGURE 16.7 illustre le processus de pensée critique suivi par l’infrmière afn de ormuler son jugement clinique. Elle résume les principaux éléments sur lesquels l’infrmière s’appuie en onction des données de ce client, mais elle n’est pas exhaustive.
VERS UN JUGEMENT CLINIQUE NORMES
CONNAISSANCES
EXPÉRIENCES
• Différents types de dépendance aux SPA • Divers troubles de la personnalité et troubles concomitants • Comportements d’une personne dépendante aux SPA, d’une personne intoxiquée et d’une personne en sevrage d’une SPA • Manifestations autres que comportementales à toute dépendance, à l’intoxication et au sevrage des SPA • Signes et symptômes d’intoxication et de sevrage • Approches thérapeutiques pour traiter un problème de dépendance aux SPA (pharmacothérapie, psychothérapie) • Ressources de suivi à l’externe ou à l’interne
• Soins à des personnes aux prises avec un problème de dépendance aux SPA • Expérience de travail en urgence et dans des unités de désintoxication • Personne de son entourage ayant un problème de dépendance aux SPA
ATTITUDES
• Procédure à suivre au moment des prélève ments pour alcoolémie et diverses analyses de laboratoire • Utilisation d’un instrument validé pour évaluer les signes et symptômes de sevrage de l’alcool
• Ne pas brusquer le client, car il pourrait montrer des comportements agressifs et impulsifs en raison du sevrage • Ne pas le culpabiliser ni le juger à cause de son problème de dépendance • Le traiter avec respect • Utiliser la confrontation douce pour lui démontrer les conséquences négatives de l’alcoolisme et les avantages d’une thérapie familiale
PENSÉE CRITIQUE
ÉVALUATION • • • • • • • • • • • • •
Signes et symptômes du sevrage de l’alcool d’après une grille d’évaluation validée Taux d’alcoolémie et diverses analyses de laboratoire pour évaluer, entre autres, l’état du foie Dernier moment de consommation et quantité consommée Signes vitaux (particulièrement le pouls et la pression artérielle) Antécédents de convulsions Répercussion de son problème de dépendance sur la dynamique familiale, son emploi, son environnement Stratégies envisagées pour résoudre son problème d’alcoolisme Motivation à éliminer sa dépendance à l’alcool Présence de soutien (conjointe, amis) Habitudes et horaire de consommation Qualité de son alimentation Autres substances consommées Connaissance des interactions entre l’alcool et un autre dépresseur du système nerveux central
16
JUGEMENT CLINIQUE FIGURE 16.7
Chapitre 16 Troubles liés à une substance
473
À retenir VERSION REPRODUCTIBLE
http://ortinash.cheneliere.ca
• L’étiologie de la dépendance est complexe, et les acteurs situationnels, individuels et environnementaux doivent être pris en compte. • L’alcool, la drogue légale la plus acile d’accès, est la drogue de choix la plus réquemment consommée par les adolescents et les adultes dans la population.
• La consommation de nicotine constitue un grave problème de santé. • Tous les cas de syndrome d’alcoolisation œtale sont évi tables si la emme enceinte s’abstient de boire de l’alcool pendant sa grossesse. • Les critères diagnostiques actuels du DSMIVTR relatis à l’abus de SPA et à la dépendance ne décrivent pas avec exactitude l’abus de SPA chez les adoles cents. Il est préérable d’utiliser des termes comme consommation
problématique ou consommation excessive pour ce groupe. • La concomitance requiert une éva luation approondie et suivie du traitement simultané de l’abus de SPA et des troubles mentaux. • Les complications secondaires de l’alcoolisme constituent souvent des acteurs de causalité de maladies physiques et de problèmes de santé. • L’évaluation du mésusage et de la dépendance doit aire partie intégrante de l’anamnèse et de l’examen physique et de l’état mental de tous les clients.
• L’évaluation initiale de la consom mation de SPA prédomine afn d’assurer une sécurité quant à l’intoxication ou au sevrage pouvant entraîner de graves répercussions sur l’état de santé global du client. • Le traitement des troubles liés à l’abus de SPA nécessite une grande persévérance de la part du client. • Le sevrage de l’alcool, des ben zodiazépines, des barbituriques et du GHB sont les sevrages les plus à risque de complications. Le sevrage des opiacés n’est pas à risque de complication dangereuse, mais il demeure le plus douloureux.
Ressources VERSION COMPLÈTE ET DÉTAILLÉE
http://fortinash.cheneliere.ca
Références Internet ORGANISMES ET ASSOCIATIONS AlAnon/Alateen http://alanonmontreal.org/ Alcooliques Anonymes Québec http://aaquebec.org Association des centres de réadaptation en dépendance du Québec (ACRDQ) www.acrdq.org > Les dépendances > Tableau des psychotropes Association des intervenants en toxicomanie du Québec inc. (AITQ) www.aitq.com > Réduction des méfaits Centre communautaire d’intervention en dépendance L’Étape www.etape.qc.ca > Les drogues
474
Partie 3
Troubles mentaux
Centre canadien de lutte contre l’alcoolisme et les toxicomanies (CCLAT) www.ccsa.ca > Centre de connaissances > Nos publications > La recherche > Troubles concomittants Centre de toxicomanie et de santé mentale (CAMH) www.camh.ca > L’hôpital > Programmes et soins > Programme de traitement de la toxicomanie > L’hôpital > Information sur la santé > L’alcool > L’hôpital > Information sur la santé > La méthadone Centre québécois de lutte aux dépendances www.cqld.ca Cocaïnomanes Anonymes http://ca.org/francais/ Consortium canadien pour l’investigation des cannabinoïdes www.ccic.net Drogue : aide et référence www.drogueaidereference.qc.ca/ Éduc’alcool http://educalcool.qc.ca/ Fédération des centres communautaires d’intervention en indépendance www.fccid.qc.ca
Réseau canadien des professionnels en toxicomanie et de domaines connexes (RCPTDC) www.rcptdc.ca > Trousses d’outils > Points à considérer pendant le traitement > Troubles concomitants Réseaufranco www.reseaufranco.com ToxQuébec www.toxquebec.com ORGANISMES GOUVERNEMENTAUX Dépendances www.dependances.gouv.qc.ca Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) www.inspq.qc.ca > Habitudes de vie, maladies chroniques > Tabac, alcool, drogue et autres produits à risque de dépendance Santé Canada www.hcsc.gc.ca > Santé des Premières nations et des Inuits > Santé familiale > Grossesse et bébés en santé > Programme de lutte contre l’ensemble des troubles causés par l’alcoolisation fœtale > Préoccupations liées à la santé > Prévention et traitement de la toxicomanie
Stratégie nationale antidrogue www.strategienationaleantidrogue.gc.ca
Organisation mondiale de la Santé (OMS) www.who.int > Programmes and projects > Substance abuse
RÉFÉRENCES GÉNÉRALES Centre DollardCormier www.centredollardcormier.qc.ca > Centre DollardCormier > Services et programmes > Centre québécois de documentation en toxicomanie > Bibliographies thématiques > Drogues Centre québécois d’excellence pour la prévention et le traitement du jeu (CQEPTJ) http://gambling.psy.ulaval.ca/ Le cerveau à tous les niveaux ! http://lecerveau.mcgill.ca > La plaisir et la douleur > Les paradis artifciels > Niveaux intermédiaire et moléculaire > Les neurotransmetteurs aectés par les drogues > Benzodiazépines
Monographies
Beaumont, C., Charbonneau, R., Delisle, J., et al. (2005). Toxicomanie, jeu pathologique et troubles mentaux. Pour une intervention efcace. Montréal : Fédération québécoise des centres de réadaptation pour personnes alcooliques et autres toxicomanes. Perreault, M., Wiethaueper, D., Perreault, N., et al. (2009). Meilleures pratiques et ormation dans le contexte du continuum des services en santé mentale et en toxicomanie : le pro gramme de ormation croisée du sudouest de Montréal. Santé mentale au Québec, 34(1), 143160.
Dally, S., & Bismuth, C. (2007). Cas cliniques en addictologie et toxicologie. Paris : Flammarion. Kuhn, C.M., & Koob, G.G. (2010). Advances in the neuroscience o addiction. Hoboken, N.J. : CRC Press.
Articles, rapports et autres Allard, F. (2009). Osez interroger vos patients sur l’alcool ! Le Médecin du Québec, 44(2), 2734. April, N., Leblanc, J., & Dion, N. (2009). Boire moins, c’est mieux. Le Médecin du Québec, 44(2), 1926.
16
Chapitre 16 Troubles liés à une substance
475
chapitre
Troubles cognitifs : délirium, démence et troubles amnésiques
Écrit par : Russell A. Kelley, MN, ARNP, BC Adapté par : Lucie Tremblay, inf., M. Sc., CHE, Adm. A. avec la collaboration de Frédéric Banville, Ph. D. (neuropsychologie)
Guide d’études – SA10
OBJECTIFS
Après avoir étudié ce chapitre, vous devriez être en mesure : ■
■
■
d’analyser les diverses théories portant sur la nature et sur l’apparition de la démence et des autres troubles cognitifs ; d’expliquer les théories couramment acceptées relativement à la démence et aux autres troubles cognitifs ; de décrire les changements physiopathologiques du cerveau
476
Partie 3
Troubles mentaux
attribuables à la démence de type Alzheimer et aux autres formes de démence ; ■
■
de classifier les symptômes évolutifs de la démence de type Alzheimer selon trois phases : légère, modérée et sévère ; de distinguer les démences irréversibles et le délirium ;
■
■
■
d’appliquer la démarche de soins aux clients atteints de troubles cognitifs ; de décrire les tendances psychopharmacologiques actuelles relatives au traitement de la démence; d’expliquer les activités thérapeutiques destinées aux clients atteints de démence.
Concepts clés
Cette carte conceptuelle illustre schématiquement les principaux concepts décrits dans le présent chapitre. Sa lecture vous permettra d’avoir une vue d’ensemble des notions qui y sont présentées.
entraînent
comprennent
trouble cognitif qui
sont
17
se caractérise par
deux formes
dont
Chapitre 17 Troubles cognitifs : délirium, démence et troubles amnésiques
477
PORTRAIT Simon Cohen Simon Cohen, âgé de 70 ans, est conduit à l’ur gence par sa emme Anne, âgée de 66 ans, pour le traitement d’une grave déchirure cutanée au bras droit. La plaie saigne et a été pansée à l’aide d’une large bande de gaze. Au moment de soigner la plaie de monsieur Cohen, l’inrmière pose des questions à sa emme et remarque que son visage est décharné et que son hygiène est négligée. Monsieur Cohen est retraité depuis cinq ans, mais sa emme travaille toujours à temps par tiel comme réceptionniste pour une importante compagnie d’assurances. Madame Cohen aimerait bien prendre sa retraite à son tour, mais elle consi dère que son revenu est nécessaire. Elle arme également que son mari se comporte étrangement, qu’il chute dans la salle de bain, qu’il est incapable de rester en place et qu’il l’a gardée éveillée au cours des quatre dernières nuits. Madame Cohen révèle à l’inrmière qu’elle est épuisée et rustrée. Elle ajoute : « Si je n’arrive pas à dormir, j’ai peur de rapper mon mari ou de poser des gestes que je regretterai par la suite. » L’inrmière découvre que monsieur Cohen a perdu son emploi de comptable en raison d’erreurs de calcul et d’un aible rendement. Son aect est émoussé et il s’exprime lentement d’une voix monotone. Sa démarche est instable et ses mouvements sont lents. Il arme : « Je ne sais pas ce qui s’est passé… je me souviens uniquement d’avoir vu du sang. » Son apparence est peu soignée. Ses vêtements sales et sa orte odeur révèlent un manque d’hygiène. Madame Cohen admet qu’elle et son mari n’ont pas consulté de médecin depuis plusieurs années parce que son mari considère que « tous les médecins sont inutiles ». Elle arme qu’elle est trop occupée pour l’amener chez le médecin.
17.1
Caractéristiques générales
Le terme cognition provient du mot grec gnosis qui signie connaissance. Il ait réérence à la capacité qu’a l’être humain de penser, de perce voir et de raisonner. Un défcit cogniti représente un changement du niveau de onctionnement habituel d’une personne (American Psychiatric Association [APA], 2000). La notion de trouble cogniti, associé au onctionnement du cerveau, renvoie à l’une des problématiques qui pertur bent, de açon temporaire ou permanente, la capa cité de la personne à penser, à percevoir ou à raisonner TABLEAU 17.1. Les troubles cognitis mettent également l’accent sur la détérioration, observée à divers degrés d’intensité, des acultés
478
Partie 3
Troubles mentaux
cognitives telles que la mémoire, l’attention, les onctions exécutives et les habiletés visuocons tructives. Le DSM-IV-TR. Critères diagnostiques (APA, 2004) regroupe les troubles cognitis sous quatre grandes classes : la démence, le délirium, les troubles amnésiques et les troubles cogni tis non spéciés. Cette dernière catégorie dia gnostique est utilisée lorsque la personne présente des troubles cognitis présumément dus à l’eet physio logique d’une aection médicale générale et ne remplissant pas les critères d’un trouble spécique (c.àd. une démence, un délirium ou un trouble amnésique). Les atteintes cognitives peuvent être légères et doivent être mises en évi dence par une évaluation neuropsychologique. Elles peuvent également être liées à des troubles postcommotionnels consécutis à un trauma craniocérébral.
17.1.1
Démence
La démence est un trouble cogniti qui touche l’en semble du cerveau. Elle se développe relativement lentement et provoque une multitude de change ments qui altèrent la mémoire, le jugement, le lan gage et les onctions cognitives supérieures. Il s’agit donc d’un trouble évoluti et dégénérati qui aecte le système nerveux central. Le DSMIVTR propose de catégoriser les dé mences de la manière suivante : 1) démence de type Alzheimer ; 2) démence vasculaire ; 3) démence due à une aection médicale générale ; 4) démence due à des étiologies multiples ; et 5) démence non spé ciée (APA, 2000). La maladie d’Alzheimer est le type de démence le plus courant. Plus précisément, les pertur bations de la mémoire propres à la démence de type Alzheimer sont surtout infuencées par les atteintes rontotemporales et comprennent notamment des diicultés relatives à l’enco dage (ou la mémorisation) ainsi qu’au rappel de l’inormation.
17.1.2
Délirium
Le délirium se caractérise par un état de conscience et un onctionnement cogniti détériorés qui peu vent perdurer de quelques heures à quelques jours (Conn & Lie, 2001). Cette problématique se carac térise donc par un état de conusion aiguë ainsi qu’une orte perturbation de l’attention et des per ceptions. Les changements cognitis propres au délirium apparaissent rapidement et résultent géné ralement d’une aection médicale, d’un abus de substances ou de la combinaison des deux (APA, 2000 ; Voyer, 2006). La cause du délirium demeure souvent dicile à cerner.
TABLEAU 17.1
Distinctions entre les divers troubles cognitifs liés au vieillissement de la personne
PERTES COGNITIVES NORMALES CAUSÉES PAR LE VIEILLISSEMENT NORMAL
PERTES COGNITIVES OBSERVÉES DANS LE TROUBLE COGNITIF LÉGER
PERTES COGNITIVES EN PRÉSENCE DE LA DÉMENCE DE TYPE ALZHEIMER
• Mémoire : − Égare parois ses clés, ses lunettes ou d’autres objets. − Oublie momentanément le nom d’une connaissance. − Oublie parois de aire une course. − Oublie parois un événement qui s’est passé il y a longtemps. − En conduisant, oublie où tourner, mais se reprend rapidement.
• Mémoire : − Égare souvent des objets. − Oublie souvent le nom des gens et prend du temps avant de s’en souvenir. − Commence à oublier des événements et des rendez-vous importants. − Oublie parois des événements récents ou de l’inormation nouvelle.
• Mémoire : − A de graves troubles de la mémoire de travail ; a des difcultés d’apprentissage et de rétention d’inormation nouvelle.
• Langage : − Cherche ses mots à l’occasion.
• Orientation : − Éprouve des difcultés d’orientation transitoires telles que se perdre dans un environnement ou avoir de la difculté à lire une carte et à s’orienter avec celle-ci.
• Praxie : − Oublie la onction des objets ou les range au mauvais endroit.
• Langage : − Éprouve de la difculté à trouver ses mots.
• Orientation : − Oublie parois qu’elle connaît une personne. − Perd la notion du temps ; n’arrive pas à savoir le jour de la semaine. − Devient rapidement désorientée ou perdue dans des endroits amiliers, parois plusieurs heures durant. • Gnosie : − Est peu consciente ou inconsciente de ses problèmes cognitis. • Langage : − Commence à perdre ses aptitudes langagières et évite les interactions sociales.
Source : Adapté de National Institute on Aging (2009)
17.1.3
Troubles amnésiques
Les troubles amnésiques, constituent des troubles de la mémoire qui surviennent sans qu’il y ait pré sence de délirium ou de démence (APA, 2000). Touteois, il aut noter que les pertes mnésiques représentent l’une des caractéristiques principales de la démence ; elles peuvent survenir, dans les premiers stades, en l’absence d’autres atteintes cognitives (Barlow & Durand, 2007), d’où l’impor tance de procéder à un diagnostic diérentiel rigoureux. La personne atteinte de troubles amné siques a de la difculté à mémoriser une nouvelle inormation puis à se rappeler de nouveaux apprentissages. Ce type de trouble peut résulter d’une aection médicale générale, de l’abus d’une substance ou être de cause inconnue.
17.2
Démences
17.2.1
Démences irréversibles
Les démences irréversibles telles que la maladie d’Alzheimer, de Parkinson ou d’Huntington sont aussi appelées démences primaires, car elles sont incurables.
Démence de type Alzheimer La démence de type Alzheimer est la orme de démence la plus courante (APA, 2000 ; Société Alzheimer du Canada, 2011). Elle est générale ment diagnostiquée après avoir éliminé les autres causes possibles ENCADRÉ 17.1. Cette maladie ne ait pas partie du processus normal du vieillisse ment, elle est évolutive et elle conduit à la mort. Marie-Thérèse Chouinard, âgée de 70 ans, est retraitée De 60 à 80 % des cas de l’enseignement depuis 5 ans. Lorsqu’elle conduit sa de démence sont de type voiture pour se rendre à l’épicerie, il lui arrive de se Alzheimer (Alzheimer’s Asso perdre lorsqu’elle ne suit pas son trajet habituel (p. ex., ciation, 2010) et près de un lorsqu’une rue est bloquée). En plus, elle doit se répéter demimillion de Canadiens à haute voix le nom des rues empruntées et la raison de en sont atteints (Société ses déplacements. Il lui arrive souvent de se présenter Alzheimer du (Canada, 2012). à des rendez-vous chez le médecin, la coieuse ou le Les acteurs qui contri dentiste avec une journée de retard, et ce, même si on lui buent à l’apparition des a confrmé au préalable le jour et l’heure du rendez-vous phases avancées de la dé par téléphone. Enfn, lorsqu’elle doit prendre de nouveau mence de type Alzheimer un rendez-vous, il lui arrive de plus en plus de chercher sont notamment : 1) le sta ses mots ; sa calligraphie également s’est transormée de tut socioéconomique ; 2) les telle sorte qu’elle a maintenant de la difculté à se relire choix de mode de vie, dont et à se comprendre. le tabagisme et l’obésité ; Quels sont les troubles cognitis illustrés dans 3) les acteurs environne cette situation ? mentaux ; 4) les aections
Jugement clinique
Chapitre 17 Troubles cognitifs : délirium, démence et troubles amnésiques
479
17
Critères diagnostiques du DSM-IV-TR ENCADRÉ 17.1
Démence de type Alzheimer
A. Apparition de défcits cognitis multiples, comme en témoignent à la ois : (1) une altération de la mémoire (altération de la capacité à apprendre des inormations nouvelles ou à se rappeler les inormations apprises antérieurement) ; (2) une (ou plusieurs) des perturbations cognitives suivantes : (a) aphasie (perturbation du langage) ; (b) apraxie (altération de la capacité à réaliser une activité motrice malgré des onctions motrices intactes); (c) agnosie (impossibilité de reconnaître ou d’identifer des objets malgré des onctions sensorielles intactes); (d) perturbation des onctions exécutives (aire des projets, organiser, ordonner dans le temps, avoir une pensée abstraite). B. Les défcits cognitis des critères A1 et A2 sont tous les deux à l’origine d’une altération signifcative du onctionnement social ou proessionnel et représentent un déclin signifcati par rapport au niveau de onctionnement antérieur.
C. L’évolution est caractérisée par un début progressi et un déclin cogniti continu. D. Les défcits cognitis des critères A1 et A2 ne sont pas dus : (1) à d’autres aections du système nerveux central qui peuvent entraîner des défcits progressis de la mémoire et du onctionnement cogniti (p. ex., une maladie cérébrovasculaire, la maladie de Parkinson, la maladie de Huntington, un hématome sous-dural, l’hydrocéphalie à pression normale, une tumeur cérébrale); (2) à des aections générales pouvant entraîner une démence (p. ex., l’hypothyroïdie, une carence en vitamine B12 ou en olates, la pellagre, une hypercalcémie, la neurosyphilis, une inection par le VIH) ; (3) à des aections induites par une substance. E. Les défcits ne surviennent pas de açon exclusive au cours de l’évolution d’un délirium. F. La perturbation n’est pas mieux expliquée par un trouble de l’axe I (p. ex., un trouble dépressi majeur, la schizophrénie).
Source : APA (2004), p. 87-89
Dyslipidémie : Anomalie quantitative ou qualitative des lipides sanguins.
médicales et les maladies, dont l’hypertension et la dyslipidémie ; et 5) le traitement de ces aec tions, par exemple le pontage aortocoronarien (National Institutes o Health, 2009a). La plus orte prévalence de la démence survient tardivement, soit dans le groupe des personnes âgées de plus de 85 ans. En ait, près de la moitié de cellesci seraient atteintes de ce type de démence (Alzheimer’s Association, 2010b). La orme d’apparition précoce de la démence de type Alzheimer, plus rare, survient avant l’âge de 60 ans. Elle pourrait être attribuable à un gène dont la mutation est héréditaire. Quant à la orme d’ap parition tardive de la maladie, elle survient chez 40 % des porteurs d’une version modifée de l’apo lipoprotéine E (apoE) (National Institute on Aging, 2010). Cependant, les personnes atteintes de la démence de type Alzheimer ne sont pas toutes por teuses de ce gène modifé. Plusieurs acteurs organiques sont en lien avec l’apparition de la démence de type Alzheimer, dont l’accumulation de protéines anormales, les mutations génétiques, les déiciences des neurotransmetteurs et la rupture de la barrière hématoencéphalique. Les symptômes et l’évolution de la démence varient selon les interactions existant entre les per sonnes et les causes de la maladie. Il est très difcile de cerner précisément le moment où celleci appa raît. Cela pose d’ailleurs un grand déf quant au diagnostic diérentiel (c.àd. distinguer la démence de type Alzheimer des autres diagnostics possi bles). Généralement, les proches consultent lorsqu’ils ont observé des comportements inhabi tuels, qu’il s’agisse de difcultés à aire ses courses,
480
Partie 3
Troubles mentaux
à conduire, à gérer ses fnances ou à accomplir des tâches ménagères pourtant habituelles. Les personnes atteintes de la démence de type Alzheimer sont généralement conscientes de l’ap parition des premiers signes des défcits cognitis, principalement mnésiques. Ces prises de cons cience peuvent conduire à des changements émotionnels d’origine psychologique (Robinson, Calre & Evans, 2005 ; Serra, Perrib, Cercignania et al., 2010). Touteois, il peut également arriver que les changements aectis soient d’origine neu rologique (Barlow & Durand, 2007). Certaines per sonnes parviendront à compenser les déicits cognitis, laissant leur amille, leurs amis et leur employeur, du moins pendant un certain temps, dans l’ignorance en regard du processus dégénérati qui est enclenché FIGURE 17.1. Enfn, aire la di érence entre l’origine des réactions psychologi ques, les déicits cognitis et les changements neurocomportementaux (p. ex., l’agitation, l’agres sivité, l’apathie) que manieste la personne com plique évidemment le processus diagnostique. Les répercussions de la maladie d’Alzheimer sur le onctionnement psychiatrique sont réquentes et peuvent prendre la orme de délire ou de dépres sion. Holtzer et ses collègues (2005) ont découvert que 40 % des clients atteints de la démence de type Alzheimer présentaient des symptômes dépressis au début de l’étude. En raison de l’apparition de difcultés d’autoperception, ce nombre diminuait avec l’évolution de la maladie. Les auteurs ont observé qu’au cours de la quatrième année de suivi, 28 % des clients présentaient toujours des symp tômes de dépression. L’année suivante, cette valeur avait diminué à 24 %. Les auteurs ont conclu que
des atteintes sur le plan de l’humeur et des com portements de même qu’une évaluation du degré d’autonomie de la personne ENCADRÉ 17.2. Au cours des phases précoces de la maladie, les enchevêtrements neurofbrillaires s’attaquent à l’hippocampe, ce qui entraîne une perte de la mémoire récente. Il s’ensuit généralement une dété rioration des aires cérébrales temporopariétales, provoquant ainsi des défcits de mémoire et d’ap prentissage, de jugement, d’orientation ainsi que du discours et du langage. D’autres parties du cer veau sont parois touchées, ce qui peut causer toute une gamme de symptômes. L’apparition de la ma ladie crée généralement un état de détresse psy chologique pouvant ainsi amplifer les troubles cognitis observés. Avec l’évolution de la maladie, la personne devient de plus en plus désorientée et de moins en moins consciente de ce qui l’entoure. Elle est rapidement incapable d’eectuer les acti vités de la vie quotidienne (AVQ) liées à son ali mentation, à sa toilette et à son hygiène.
FIGURE 17.1 Un jeune garçon apporte du réconfort à son grand-père qui voit ses facultés s’émousser peu à peu en raison de la démence de type Alzheimer.
le niveau de onctionnement des participants, dans leurs activités quotidiennes, constituait un acteur plus déterminant de la dépression que leur état cogniti. À moins que les recherches mènent à des per cées médicales dans le traitement ou la prévention de la démence de type Alzheimer, les experts en la matière estiment que de 11 à 16 millions de personnes âgées de plus de 65 ans souriront de cette maladie d’ici 2050 (Alzheimer’s Association, 2010a).
Phases de la démence de type Alzheimer Il existe divers systèmes de classifcation pour expliquer l’évolution de la démence de type Alzheimer. Un des plus courants comprend trois phases : légère, modérée et sévère (Institut univer sitaire en santé mentale/Douglas, 2012). Ce système vise à déterminer le degré de détérioration du client selon les variables suivantes : détériorations cogni tives, onctionnelles et comportementales. Cerner la phase d’évolution de la maladie permet de mieux cibler les besoins de la personne et de tracer un pronostic d’évolution de la maladie et de la réponse aux traitements. Plus précisément, chacune des phases comporte une description en regard des pertes cognitives, physiques et psychomotrices,
| Phase 1 : légère | La caractéristique la plus distinc tive de la phase 1 est la perte de mémoire. Au cours de cette phase, les onctions sensorielles ne sont pas encore touchées. Il arrive que la perte de mémoire soit subtile de telle sorte que le client, sa amille et ses soignants l’attribuent au vieillisse ment normal 26 . Mais à mesure que la mala die progresse, le client et ses proches prennent conscience de l’importance du problème. La mé moire épisodique renvoyant à quelques jours est altérée, bien que le client puisse encore se souve nir d’événements anciens liés à son histoire. La personne qui se situe en phase 1 et qui évolue vers la phase 2 présente un profl clinique cogniti en déclin. Ainsi, le manque du mot ou les problèmes
ENCADRÉ 17.2
26 Le chapitre 26, Personnes âgées, explique le concept et les enjeux du vieillissement normal.
17
Phases de la démence de type Alzheimer
PHASE 1 : LÉGÈRE
• Pertes de mémoire/oublis de nouvelles inormations et de nouveaux apprentissages • Pertes cognitives relatives à la communication, au calcul et à la reconnaissance • Anxiété et conusion • Légers problèmes de comportement, dont l’incapacité à entreprendre et à terminer une tâche PHASE 2 : MODÉRÉE
• Amplifcation des symptômes de la phase 1 • Augmentation des problèmes de comportement, dont : − Réactions catastrophiques − Syndrome crépusculaire
− − − − −
Persévération Errances (allées et venues sans but précis) Conusion Incontinence légère Hypertonie
PHASE 3 : SÉVÈRE
• Amplifcation des symptômes de la phase 2 • Incontinence complète • Dysphagie • Émaciation • Prise en charge complète requise de la part des proches • Troubles progressis de la démarche menant à l’immobilisation
Source : Adapté de l’Institut universitaire en santé mentale (2013) Chapitre 17 Troubles cognitifs : délirium, démence et troubles amnésiques
481
gnosiques (p. ex., être incapable de nommer ou de reconnaître des objets courants) ainsi que les pro blèmes mnésiques (p. ex., répéter réquemment les mêmes choses, égarer divers objets) et d’orienta tion (p. ex., se perdre acilement) apparaissent gra duellement et s’intensifent. | Phase 2 : modérée | Pendant la seconde phase de la démence de type Alzheimer, la perte des onctions intellectuelles s’intensife, et le client manieste des signes d’amnésie, de désorientation, d’apraxie, d’agnosie, d’aphasie et de dépression. Les troubles cognitis et mnésiques progressent graduellement jusqu’à ce que le client ait besoin d’assistance dans la réalisation de ses tâches quotidiennes telles que son habillement, son bain et sa toilette. Le client éprouve peu à peu de la difculté à Yves Bastien, âgé de 74 ans, vit dans un centre prendre des décisions, difcul d’hébergement et de soins de longue durée (CHSLD) tés attribuables à un manque depuis 3 ans. Il est atteint d’une démence de type de concentration et d’aptitu Alzheimer, en phase modérée. C’est la première ois que des cognitives à porter un vous vous occupez de ce client et vous ne le connaissez pas. Lorsque vous lui orez ses médicaments, il vous jugement éclairé. Certains repousse de la main, se lève de son auteuil en criant et clients ont des idées déli marche rapidement dans sa chambre en levant les bras rantes de nature paranoïde. À en l’air. mesure que la maladie pro gresse vers la phase sévère, 1. Qu’est-ce qui a pu déclencher un tel comportement les mémoires de travail et à chez monsieur Bastien ? long terme sont altérées. La 2. Quelle devrait être votre intervention prioritaire ? phase 2 dure généralement
Jugement clinique
de 2 à 10 ans. Les personnes atteintes ont besoin d’être surveillées étroitement. Le client présente également les symptômes suivants : • persévération : verbalisation ou mouvements répétitis ou répétition persistante d’une même idée en réponse à diverses questions ; • syndrome crépusculaire : troubles de comporte ment accrus, dont l’irritation et la conusion, sur venant l’aprèsmidi ou le soir ; ce syndrome peut être attribuable à un manque de stimulation et de routine, ainsi qu’à la atigue de s’être orcé toute la journée pour interpréter son environnement ; • troubles du sommeil : se caractérisent par une agitation et une errance pendant la nuit ; peuvent être attribuables au syndrome crépusculaire ; • réactions catastrophiques TABLEAU 17.2. Les réactions catastrophiques sont caractérisées par de l’agitation, en présence de situations stres santes. Elles sont secondaires à la diminution de la conscience de soi et à la détérioration des processus intellectuels et cognitis (Sadock & Sadock, 2007). Il n’est pas rare que les clients atteints de démence soient étiquetés à tort comme incapables de respec ter le traitement, perturbateurs, peu coopératis ou menaçants (Voyer, 2006). Or, les clients ne cher chent pas à déranger, à attirer l’attention ou à bles ser le soignant. En ait, ils ont ce qu’ils peuvent pour comprendre un monde qu’ils ne parviennent
Pratiques infrmières suggérées TABLEAU 17.2
Soutenir un client ayant une réaction catastrophique
ÉVALUATION
INTERVENTIONS INFIRMIÈRES
Vérifer si le client :
• Rassurer le client en lui rappelant qu’il est en sécurité.
• tentait sans succès de comprendre plus de un ou deux messages sensoriels simultanément ;
• Respecter l’espace personnel du client (ne pas le toucher sans d’abord lui demander la permission de le aire).
• se sentait inquiet (p. ex., dans un nouvel environnement ou entouré d’un personnel qu’il ne connaît pas) ;
• Éliminer la source de la réaction catastrophique ou en éloigner le client.
• a vécu un incident mineur (p. ex., renverser son verre de lait ou échapper un objet) ou un échec à une tâche auparavant réalisée avec acilité ;
482
Partie 3
Troubles mentaux
• Éliminer ou réduire toutes les stimulations extérieures. • Rediriger le client vers une activité moins exigeante. • Accorder sufsamment de temps au client pour qu’il se calme (quelques minutes ou quelques heures, selon la personne et la situation). Si l’infrmière n’arrive pas à mettre un terme à la réaction catastrophique ou à la réduire :
• a été appelé à raisonner, à exercer son jugement ou à eectuer une tâche complexe ou comprenant plusieurs étapes ;
• laisser le client seul pendant un moment, dans un endroit silencieux et sécuritaire, à la vue du personnel ou de la amille ;
• a vécu une expérience négative, comme la dispute, la colère, la rustration ou l’irritation ;
• désigner une personne pour s’adresser au client ;
• a des hallucinations, des idées délirantes ou des illusions.
• parler d’une voix douce et non menaçante au moment de rediriger la conversation ou la tâche en cours.
• au retour, agir comme si rien ne s’était passé et diriger la conversation vers des sujets amiliers ; • éviter de trop aire de gestes avec les mains et être attentive aux expressions aciales du client ;
plus à saisir. Le client qui présente une réaction catastrophique manieste de la violence verbale ou physique, des éclats de voix, de l’inquiétude, de la colère, de la tension comme le démontrent son lan gage corporel, une humeur instable, une paranoïa, des pleurs ou des éclats de rire inappropriés.
personnes atteintes du syndrome de Down âgées de plus de 40 ans ont une démence, laquelle se mani este d’abord par une amnésie (Société Alzheimer du Canada, 2011).
| Phase 3 : sévère | La phase sévère de la démence de type Alzheimer dure de un à trois ans. Pendant cette phase, les clients sont aphasiques, c’estàdire que leur capacité d’expression et de compréhension est altérée de manière très importante. Plus précisé ment, l’incapacité à trouver ses mots (manque du mot) ou l’utilisation de mots inadéquats (parapha sies phonémiques et sémantiques, parois néolo gismes et écholalies) sont également réquentes. Pendant cette phase, les troubles de langage évo luent de telle sorte que vers la fn, le client ne peut qu’émettre des sons et des vocalises. La capacité de communiquer oralement est complètement perdue.
La démence vasculaire, autreois appelée démence à inarctus multiples, constitue une altération des onctions cognitives attribuable aux conséquences de un ou de plusieurs accidents vasculaires céré braux (AVC) ENCADRÉ 17.3. Les nutriments ne sont plus en mesure de nourrir le cerveau étant donné l’occlusion ou l’obstruction des petites ar tères, ou artérioles, du cortex cérébral.
Par ailleurs, le client n’est plus en mesure de se reconnaître ni de reconnaître autrui. Il perd peu à peu ses centres d’intérêt et sa spontanéité. Il com mence à présenter des changements de personna lité. Plus la maladie évolue, plus le client a de la difculté à prendre soin de luimême. Une perte de poids, de l’incontinence et l’appa rition de diverses aections et comorbidités sont également caractéristiques de cette phase. En outre, l’immobilisation du client peut être à l’origine de pneumonies, d’inections urinaires et de lésions de pression, lesquelles nécessitent souvent une hos pitalisation. Le décès résulte réquemment d’une pneumonie par aspiration parce que la perte pro gressive de neurones entraîne des troubles impor tants de la déglutition (Ostbye et al., [1999] et Beard et al., [1996], cités par Ergis, GelyNargeot, & Van Der Linden [2005] ; Ueki, Shinjo, Shimode, et al., [2001]). Finalement, l’état de dépendance de la per sonne oblige le proche aidant à prendre luimême toutes les décisions relativement aux besoins légaux, médicaux et sociaux du client 6 .
Démence de type Alzheimer chez les personnes atteintes du syndrome de Down La démence de type Alzheimer est toujours difcile à diagnostiquer, et ce n’est généralement qu’à l’autopsie qu’il peut être confrmé hors de tout doute que la personne en sourait. Évidemment, le déf est encore plus grand chez les personnes atteintes du syndrome de Down puisque certains troubles de langage et visuoconstructis déjà présents doivent être diérenciés de ceux qui accompagnent la mala die de type Alzheimer. Les personnes atteintes du syndrome de Down sont porteuses d’un chromo some 21 surnuméraire ; c’est pourquoi cette maladie est également appelée trisomie 21. Il n’est pas rare que des plaques amyloïdes apparaissent chez ces personnes et qu’elles sourent de la démence de type Alzheimer à un jeune âge. Près de 50 % des
Démence vasculaire
La démence vasculaire est en cause dans 15 à 20 % des cas de démence. Certains clients sont atteints d’une démence mixte, comme la combinai son d’une démence vasculaire et de la démence de type Alzheimer (Alzheimer’s Association, 2010d). D’ailleurs, 45 % des autopsies ont révélé la présence de ces deux pathologies. Un AVC est caractérisé par une perte soudaine de la onction cérébrale causée par une interrup tion de la circulation sanguine dans le cerveau à la suite de la ormation de caillots sanguins ou d’une hémorragie (provoquée par la rupture d’un vaisseau sanguin). Ces dommages cérébraux entraînent toujours une destruction des tissus nerveux. Les conséquences de l’AVC dépendent de la région ana tomique touchée. L’AVC est l’une des plus impor tantes causes de handicaps. Plus de la moitié des survivants d’un AVC seront atteints de troubles
6 Le chapitre 6, Aspects éthiques et légaux de la pratique infrmière en santé mentale et en soins psychia triques, présente les divers régimes de protection pour les personnes inaptes.
17
Critères diagnostiques du DSM-IV-TR ENCADRÉ 17.3
Démence vasculaire
A. Apparition de décits cognitis multiples, comme en témoignent à la ois : (1) une altération de la mémoire (altération de la capacité à apprendre des inormations nouvelles ou à se rappeler les inormations apprises antérieurement); (2) une (ou plusieurs) des perturbations cognitives suivantes: (a) aphasie (perturbation du langage); (b) apraxie (altération de la capacité à réaliser une activité motrice malgré des onctions motrices intactes); (c) agnosie (impossibilité de reconnaître ou d’identier des objets malgré des onctions sensorielles intactes) ; (d) perturbation des onctions exécutives (aire des projets, organiser, ordonner dans le temps, avoir une pensée abstraite).
B. Les décits cognitis des critères A1 et A2 sont tous les deux à l’origine d’une altération signicative du onctionnement social ou proessionnel et représentent un déclin signicati par rapport au niveau de onctionnement antérieur. C. Signes et symptômes neurologiques en oyer (p. ex., exagération des réfexes ostéotendineux, réfexe cutané plantaire en extension, paralysie pseudobulbaire, troubles de la marche, aiblesse d’une extrémité) ou mise en évidence d’après les examens complémentaires d’une maladie cérébrovasculaire (p. ex., des inarctus multiples dans le cortex et la substance blanche sous-corticale) jugée liée étiologiquement à la perturbation. D. Les décits ne surviennent pas exclusivement au cours de l’évolution d’un délirium.
Source : APA (2004), p. 89-90 Chapitre 17 Troubles cognitifs : délirium, démence et troubles amnésiques
483
physiques et cognitis, et ils éprouveront des di cultés d’ordre onctionnel (Williams, Jiang, Matchar et al., 1999). Les troubles consécutis à un AVC nécessitent une réadaptation de la personne dans un centre spécialisé en décience physique. Ces clients devront s’adapter à plusieurs types de pro blématiques pouvant être une paralysie, une hémi plégie, des pertes sensorielles, des troubles langagiers, des problèmes de la vision et d’autres problèmes cognitis tels qu’une désorientation spa tiale, un trouble de mémoire ou un trouble des onctions exécutives. Tous les AVC ne conduisent pas à des troubles cognitis ; certains se limitent à des troubles de la onction motrice seulement. Il se peut aussi que la personne récupère partiellement les onctions tou chées à la suite de l’accident, après avoir bénécié de réadaptation. Touteois, il arrive que la personne présente les symptômes de la démence vasculaire si, à la suite d’un AVC, elle manieste une détério ration progressive (après un microAVC) ou rapide (après un AVC ayant des conséquences impor tantes) de ses onctions cognitives, mnésiques, lan gagières et perceptivosensorielles. Les AVC surviennent chez environ 20 % des clients atteints de la démence de type Alzheimer. Ils sont attribuables à des dépôts amyloïdes vascu laires cérébraux qui obstruent les vaisseaux ou qui
Critères diagnostiques du DSM-IV-TR ENCADRÉ 17.4
Démence due à d’autres affectations médicales générales
A. Apparition de défcits cognitis multiples, comme en témoignent à la ois : (1) une altération de la mémoire (altération de la capacité à apprendre des inormations nouvelles ou à se rappeler les inormations apprises antérieurement) ; (2) une (ou plusieurs) des perturbations cognitives suivantes: (a) aphasie (perturbation du langage); (b) apraxie (altération de la capacité à réaliser une activité motrice malgré des onctions motrices intactes); (c) agnosie (impossibilité de reconnaître ou d’identifer des objets malgré des onctions sensorielles intactes) ; (d) perturbation des onctions exécutives (aire des projets, organiser, ordonner dans le temps, avoir une pensée abstraite). Source : APA (2004), p. 91-92
484
Partie 3
Troubles mentaux
B. Les défcits cognitis des critères A1 et A2 sont tous les deux à l’origine d’une altération signifcative du onctionnement social ou proessionnel et représentent un déclin signifcati par rapport au niveau de onctionnement antérieur. C. Mise en évidence, d’après l’histoire de la maladie, l’examen physique ou les examens complémentaires, que la perturbation est la conséquence physiologique directe d’une aection médicale générale autre que la maladie d’Alzheimer ou une aection cérébrovasculaire (p. ex., une inection par le VIH, un traumatisme crânien, la maladie de Parkinson, la maladie de Huntington, la maladie de Pick, la maladie de CreutzeldtJakob, l’hydrocéphalie à pression normale, l’hypothyroïdie, une tumeur cérébrale ou une carence en vitamine B12). D. Les défcits ne surviennent pas exclusivement au cours de l’évolution d’un délirium.
causent leur rupture, suivie d’une hémorragie céré brale. Ces lésions surviennent le plus souvent dans la matière grise, où elles ne provoquent pas la para lysie. Cependant, si un vaisseau sanguin se rompt dans les leptoméninges à la surace du cerveau, une grave hémorragie peut causer une paralysie ou même entraîner la mort du client. Les troubles cognitis attribuables à la démence vasculaire sont semblables à ceux décrits dans la démence de type Alzheimer. Touteois, les symp tômes cognitis sont d’apparition plus soudaine en raison de l’immédiateté du dommage cérébral. L’évolution de la démence vasculaire est similaire à celle de la démence de type Alzheimer, car, dans la dernière phase, la personne devient complète ment dépendante de son environnement et meurt généralement d’une inection pulmonaire. Dans le cas de la démence vasculaire, il y a présence d’indi cations de maladie vasculaire cérébrale et de signes neurologiques en oyer (p. ex., des problèmes de démarche, l’exagération des réfexes ostéotendi neux, la aiblesse d’une extrémité). Bien que l’état des clients atteints de démence vasculaire puisse s’améliorer pendant une certaine période, il n’est pas rare que par la suite, il atteigne un plateau, avant de se détériorer de nouveau. La stabilisation de la pression artérielle du client per met touteois d’empêcher que la maladie ne pro gresse davantage (National Institute o Neurological Disorders and Stroke, 2010d).
Démence due à d’autres affections médicales générales Divers types de démence peuvent être induits par des aectations médicales générales ENCADRÉ 17.4.
Démence due à la maladie de Parkinson La maladie de Parkinson est un trouble dégénérati du cerveau. Les personnes sourant de la maladie de Parkinson ne sont pas toutes atteintes d’une démence (Anderson, 2004 ; Rana, Yousu, Naz, et al., 2012). Dans le cadre d’une étude portant sur le sujet, il s’est avéré que la maladie de Parkinson était présente chez environ 99 personnes sur 100 000 et que 44 % des sujets ayant cette maladie étaient également atteints d’une démence (Swanberg & Kalapatapu, 2010). Dans le même ordre d’idées, près de la moitié des personnes atteintes de la démence de type Alzheimer maniestent aussi des symptômes typiques de la maladie de Parkinson. Certaines lésions caractéris tiques de la démence de type Alzheimer sont pré sentes chez les porteurs de la maladie de Parkinson. Cependant, les caractéristiques principales de cette dernière sont principalement motrices et physiques : posture courbée, mouvements corporels lents (bradykinésie), voix monocorde menant vers le mutisme, tremblements, aiblesse musculaire, etc.
Le taux de mortalité des clients sourant à la ois de la maladie de Parkinson et d’une démence est plus élevé que chez ceux qui sont uniquement atteints de la maladie de Parkinson. Les personnes chez qui la maladie apparaît à un âge inérieur à 50 ans sont moins sujettes que les autres à avoir une démence associée à la maladie de Parkinson (Swanberg & Kalapatapu, 2010).
Paralysie supranucléaire progressive La paralysie supranucléaire progressive (PSP) est une pathologie dégénérative qui touche le lobe ron totemporal du cerveau et qui perturbe plus parti culièrement le noyau des neurones. Cette maladie se caractérise par la présence d’enchevêtrements neurofbrillaires dans les neurones (Williams & Lees, 2009). Les personnes qui en sont atteintes présentent, sur le plan clinique, une démence, une paralysie oculaire progressive (regard supranu cléaire) – particulièrement en ce qui a trait au regard vertical ou porté vers le bas –, une dysarthrie (difculté à articuler), une démarche ataxique ainsi qu’une bradykinésie avec rigidité musculaire, laquelle touche surtout le cou. La personne atteinte présente des troubles cogni tis d’intensité variée ainsi qu’un changement de comportement, mais ces symptômes sont générale ment moins prononcés que dans les autres ormes de démence (Eggenberger, Clark, GalvezJimenez et al., 2010). La PSP, comme la maladie de Parkinson, corres pond au modèle de la démence souscorticale TABLEAU 17.3. La PSP est causée par la dégénéres cence progressive des cellules de plusieurs struc tures souscorticales, dont le striatum, la ormation réticulée, les noyaux noirs, les noyaux des ners crâniens et le tronc cérébral. D’ailleurs, le premier symptôme de la PSP est la perte d’équilibre, qui évolue en une raideur des membres ainsi qu’en chutes inexpliquées. Parmi les autres symptômes fgurent notamment les changements de la person nalité, l’apathie et l’irritabilité. Par la suite, des troubles de vision, dont la vision embrouillée et la maîtrise difcile du mouvement des yeux, appa raissent. Par exemple, les clients atteints de la PSP parviennent difcilement à orienter leur regard vers le bas et sont incapables de regarder autrui dans les yeux. La PSP ne constitue pas la cause directe du décès de la personne qui en est atteinte, mais elle la rend vulnérable à la pneumonie, à l’étouement (en raison des troubles de la déglutition) ainsi qu’aux blessures à la tête, parois atales (National Institute o Neurological Disorders and Stroke, 2010e). Pour le soulagement des symptômes, l’adminis tration d’agents antiparkinsoniens, d’inhibiteurs de cholinestérases et d’antidépresseurs a montré une certaine eicacité (National Institute o Neurological Disorders and Stroke, 2010e).
TABLEAU 17.3
Différence entre les démences corticale et sous-corticale
CARACTÉRISTIQUES
DÉMENCE DE TYPE ALZHEIMER (CORTICALE)
DÉMENCE SOUS-CORTICALE
Langage
Aphasie
Pas d’aphasie
Mémoire
Difcultés sur les plans de la reconnaissance d’un contenu préalablement mémorisé (mots, images) et du rappel d’objets
Reconnaissance d’un contenu préalablement mémorisé (mots, images) et rappel des objets possiblement préservés
Aspect visuospatial
Détérioré
Détérioré
Humeur
Dépression, anxiété d’intensité légère à modérée, apathie, irritabilité
Dépression et anxiété d’intensité grave
Vélocité
Normale
Ralentie
Coordination
Normale jusqu’à un stade avancé, perte d’équilibre
Détériorée
Source : Adapté de Barlow & Durand (2007)
Démence due à la maladie des corps de Lewy La démence à corps de Lewy partage certaines caractéristiques de la maladie de Parkinson ainsi que de la démence de type Alzheimer. Les corps de Lewy sont des agglomérats anormaux de pro téines se ormant à l’intérieur des neurones. La démence due à la maladie des corps de Lewy demeure rare. Elle constitue une orme primaire de démence qui touche surtout les hommes. La plupart des clients qui en sont atteints sourent également de la démence de type Alzheimer ou de la maladie de Parkinson (Ferman, Smith, Boeve et al., 2004). La démence à corps de Lewy est aussi appelée démence sénile de type Lewy.
Démarche ataxique : Démarche maladroite, manquant de coordination.
17
Cette démence est responsable de 20 à 25 % des démences, comme le révèlent les autopsies des per sonnes qui en décèdent (Lewy Body Demential Association, 2010). L’évolution de la démence due à la maladie des corps de Lewy est semblable à celle de la démence de type Alzheimer, à l’exception du ait que le client éprouve en plus des difcultés du mou vement apparentées à celles de la maladie de Parkinson. La démence due à la maladie des corps de Lewy se caractérise par une orte diminution des onctions cognitives suivie de pertes de mé moire, d’hallucinations visuelles et d’une démarche ataxique (Lewy Body Dementia Association, 2010).
Démence due à la dégénérescence frontotemporale La dégénérescence rontotemporale est éga lement appelée démence rontotemporale ou Chapitre 17 Troubles cognitifs : délirium, démence et troubles amnésiques
485
Encéphalopathie spongiforme bovine : Inection neurodégénérative mortelle qui touche le cerveau des bovins et qui ait partie des encéphalopathies spongiormes transmissibles à l’humain. Aussi appelée « maladie de la vache olle ».
maladie de Pick. Cependant, les corps de Pick (présence de flaments ormant un amas sphé rique dans le neurone) ne sont pas toujours pré sents à l’autopsie (GraRadord & Woodru, 2007). La maladie de Pick renvoie à un sous groupe de désordres dégénératis des cellules nerveuses qui touchent habituellement les lobes rontaux et temporaux. L’apparition de la dégénérescence rontotempo rale survient généralement entre l’âge de 40 et 60 ans, et 10 % des cas de démence seraient attri buables à la dégénérescence rontotemporale (National Institutes o Health, 2009b). Cette patho logie présente une association génétique. Les troubles et les diagnostics associés à la dégé nérescence rontotemporale incluent la démence primaire progressive, la démence sémantique, la dégénérescence corticobasale, la PSP ainsi que le syndrome rontal. Des changements de personna lité (apathie, agressivité) surviennent tôt dans l’évolution de la maladie. Les aptitudes sociales du client se détériorent, son affect s’émousse, il n’arrive plus à contenir ses impulsions (p. ex., une désinhibition comportementale, une agitation, un langage vulgaire, des comportements sexuels inap propriés ou des comportements physiques ou ver baux inhabituels), et il éprouve des troubles de langage relatis à l’élocution et à la compréhension (National Institute o Neurological Disorders and Stroke, 2010b). Le client peut également présenter des compor tements anormaux. Certains clients atteints d’une dégénérescence rontotemporale voient également apparaître une sclérose latérale amyotrophique, aection également connue sous le nom de mala die de Lou Gehrig (University o Caliornia, San Francisco Medical Center, 2009).
Jugement clinique
Ridge Clarkson, âgé de 60 ans, est atteint de dégénérescence rontotemporale. C’était un homme d’aaires important respecté pour sa droiture et son entregent. Il participait à plusieurs soupers-bénéfces, étant très engagé dans des causes sociales. Il habite avec son épouse, mais il réquente un centre de jour deux ois par semaine. À l’heure du lunch, vous constatez que monsieur Clarkson mange avec ses doigts et prend de la nourriture dans l’assiette de son voisin ; il n’utilise pas sa serviette de table et ne replace pas sa chaise lorsqu’il quitte la salle à manger. Parmi les comportements de monsieur Clarkson, lequel est un exemple de déshinibition comportementale ?
Le pronostic de la dégéné rescence rontotemporale est plutôt sombre, car la maladie progresse régulièrement sur une période de 2 à 10 ans (National Institute o Neuro logical Disorders and Stroke, 2010b). Comme pour les autres types de démence, le décès des clients atteints d’une dégénérescence rontotem porale survient généralement à la suite d’une pneumonie ou d’une autre inection.
Démence due à la maladie de Creutzfeld-Jacob La maladie de CreutzeldJacob (MCJ) est une pathologie rare qui mène à la démence où les prions entraînent une encéphalopathie spongiorme. Ces prions sont des protéines qui agissent à titre d’agent inectieux qui cause entre autres des troubles
486
Partie 3
Troubles mentaux
cognitis, des mouvements involontaires ainsi que des anomalies à l’électroencéphalogramme. La maladie se déclare généralement vers l’âge de 60 ans. Certains cas ont démontré que la génétique pourrait aussi avoir un rôle à jouer dans la trans mission de la MCJ. Cependant, celleci n’est habi tuellement pas associée à l’encéphalopathie spongiforme bovine, une aection mieux connue sous le nom de maladie de la vache olle (Smith & Cousens, 1996). Cependant, tout porte à croire qu’une orme diérente de la MCJ, appelée variante de la MCJ, serait causée par le même agent inec tieux que celui qui entraîne l’encéphalopathie spongiorme transmise par la consommation de viande bovine contaminée. La variante de la MCJ est rare et présente un aible risque d’inection, même si une personne consomme de la viande contaminée (Centers or Disease Control and Prevention, 2007). La MCJ entraîne une démence qui apparaît en quelques semaines ou quelques mois. Cette démence se manieste d’abord par des troubles de coordina tion musculaire et de vision, suivis de changements de la personnalité. À mesure que la maladie évolue, une ataxie myoclonique, de graves troubles mentaux et, dans certains cas, la cécité apparais sent (National Institute o Neurological Disorders and Stroke, 2010a). Le pronostic de la MCJ est extrêmement sombre. En eet, près de 90 % des clients qui en sourent décèdent dans l’année suivant le diagnostic (National Institute o Neurological Disorders and Stroke, 2010a).
Démence due à la maladie de Huntington La maladie de Huntington est un trouble dégénéra ti qui perturbe initialement les mouvements moteurs, principalement sous orme de chorée ; elle est causée par un gène autosomique dominant déectueux du chromosome 4 (MedlinePlus, 2010). Au cours de son évolution, la maladie se caractérise par une dégénérescence progressive des onctions cognitives et motrices. Graduellement, elle altère aussi la sphère émotionnelle de la personne atteinte. Elle survient généralement vers la fn de la trentaine ou au début de la quarantaine. La maladie de Huntington est héréditaire et pré sente aux quatre coins du globe. Elle touche 1 per sonne sur 10 000 (National Institute o Neurological Disorders and Stroke, 2010c). Les changements d’ordre cogniti qui surviennent touchent principalement la perte de mémoire, les habiletés de planifcation, de même que le jugement et la prise de décisions. Quant aux changements d’ordre moteur, ils comprennent à la ois des mou vements choréiques (mouvements ou contorsions involontaires des membres et des muscles aciaux) et non choréiques, de même qu’un ralentissement des gestes moteurs volontaires. La maladie peut
ensuite évoluer vers l’ataxie, la dysphagie et l’in continence. Parmi les troubles psychiatriques asso ciés à la maladie de Huntington igurent la dépression, l’irritabilité, la paranoïa, les hallucina tions et l’agitation (MedlinePlus, 2010). Contrairement à la MCJ, la maladie de Huntington progresse relativement lentement, soit sur une période de 10 à 30 ans. Les clients atteints décèdent généralement à la suite d’une inection, soit la pneumonie dans la plupart des cas (National Institute o Neurological Disorders and Stroke, 2010c). Le suicide constitue également une cause réquente du décès des personnes sourant de cette maladie (MedlinePlus, 2010). Enn, comme dans le cas de la maladie de Parkinson, une démence ne se développera pas chez toutes les personnes atteintes, mais plutôt chez 20 à 80 % d’entre elles (Barlow & Durand, 2007).
Démence due à des étiologies multiples La démence due à des étiologies multiples pro voque un portrait dégénérati permanent similaire à celui observé dans la démence de type Alzheimer ENCADRÉ 17.5. En eet, la personne est susceptible d’être atteinte de troubles cognitis pouvant pertur ber la mémoire et l’orientation, de même que de maniester des réactions émotionnelles et des trou bles de comportement. Dans ces casci, l’apparition de la maladie est directement associée à une cause identiable par le clinicien.
17.2.2
Démences réversibles
Les démences réversibles constituent un groupe diagnostique qui représente environ 10 % des cas de démence. Les démences réversibles sont appe lées démences secondaires, car il est possible de combattre le déclin cogniti en déterminant la cause de la problématique et en la traitant. Elles sont éga lement diagnostiquées sous le terme de pseudo démences (Sadock & Sadock, 2007). Elles peuvent donc être traitées, et leurs séquelles seront d’autant plus limitées que les causes seront trouvées rapi dement ENCADRÉ 17.6. Les démences secondaires peuvent s’apparenter au délirium, à l’exception près qu’elles entraînent une moins grande fuctua tion de l’état de conscience. Les troubles responsables des symptômes cognitis dans les démences réversibles sont mul tiples. Les troubles hormonaux (trouble de la thy roïde), la sousalimentation (carence en vitamine B12), certains troubles métaboliques, les intoxica tions, certaines maladies inectieuses peuvent provoquer et expliquer les comportements s’appa rentant à la démence. La dépression peut égale ment mimer des symptômes de démence ; c’est pourquoi la procédure de diagnostic diérentiel est ondamentale.
Critères diagnostiques du DSM-IV-TR ENCADRÉ 17.5
Démence due à des étiologies multiples
A. Apparition de défcits cognitis multiples, comme en témoignent à la ois : (1) une altération de la mémoire (altération de la capacité à apprendre des inormations nouvelles ou à se rappeler les inormations apprises antérieurement) ; (2) une (ou plusieurs) des perturbations cognitives suivantes: (a) aphasie (perturbation du langage) ; (b) apraxie (altération de la capacité à réaliser une activité motrice malgré des onctions motrices intactes) ; (c) agnosie (impossibilité de reconnaître ou d’identifer des objets malgré des onctions sensorielles intactes); (d) perturbation des onctions exécutives (aire des projets,
organiser, ordonner dans le temps, avoir une pensée abstraite). B. Les défcits cognitis des critères A1 et A2 sont tous les deux à l’origine d’une altération signifcative du onctionnement social ou proessionnel et représentent un déclin signifcati par rapport au niveau de onctionnement antérieur. C. Mise en évidence d’après l’histoire de la maladie, l’examen physique ou les examens complémentaires que la perturbation a plusieurs étiologies (p. ex., un traumatisme crânien en plus de l’utilisation chronique d’alcool, une démence de type Alzheimer avec apparition secondaire d’une démence vasculaire). D. Les défcits ne surviennent pas exclusivement au cours de l’évolution d’un délirium.
Source : APA (2004), p. 94-95
ENCADRÉ 17.6
Facteurs étiologiques des démences réversibles (ou secondaires)
INTOXICATION
CAUSES INFECTIEUSES
• Alcoolisme • Intoxication aux barbituriques
• Inection respiratoire chronique avec décompensation cardiaque
• Troubles métaboliques
• Tuberculose pulmonaire
• Polypharmacie
• Endocardite bactérienne
• Déperdition potassique attribuable à une autopurgation
• Maladie endocrinienne
AUTRES DÉSÉQUILIBRES ÉLECTROLYTIQUES
• Maladie hépatique
• Myxœdème • Insufsance de l’hypophyse • Maladie d’Addison
• Porphyrie
CAUSES CÉRÉBRALES
CAUSES ALIMENTAIRES
• Tumeur cérébrale à évolution lente (p. ex., un méningiome rontal)
• Dénutrition attribuable à une négligence prolongée ou à un isolement • Syndrome de malabsorption chronique
17
• Embolies cérébrales multiples • Hydrocéphalie à pression normale
• Carence en vitamine B12 • Encéphalopathie nicotinique
17.3
Autres troubles cognitifs
17.3.1
Trouble cognitif léger
Le trouble cognitif léger (TCL) (mild cognitive impairment) ait réérence à une perte de mémoire qui ne nuit pas nécessairement aux AVQ. Ce Chapitre 17 Troubles cognitifs : délirium, démence et troubles amnésiques
487
trouble peut être décelé démence sont parois Si le délirium et la démence sont parois par autrui et être diagnos conondus, il aut savoir conondus, il aut savoir que les modiftiqué à la suite de tests de que les modifcations qui cations qui surviennent au cours d’un dépistage cogniti et d’une surviennent au cours d’un délirium sont rapides et changeantes. évaluation neuropsy délirium sont rapides et chologique. Il existe trois changeantes (APA, 2000). principaux soustypes de TCL : avec défcit de la Le délirium est un syndrome aux causes multi mémoire, avec défcit d’un domaine cogniti, avec ples qui touche la conscience, la perception, la pen défcit de plusieurs domaines cognitis (mémoire, sée, la mémoire et le comportement. Il s’agit d’un langage, onctions exécutives, etc.). Donc, ce n’est désordre complexe qui requiert une intervention que dans le premier cas que les troubles de mé immédiate afn de prévenir les dommages cérébraux moire prédominent (Yae, Petersen, Lindquist, et la mort (Registered Nurses’ Association o Ontario et al., 2006). Cependant, les troubles de mémoire [RNAO], 2004). Il est associé à la mortalité dans 25 ne correspondent pas aux critères des troubles à 33 % des cas (Inouye, Bogardus, Baker et al., 2000). amnésiques. Shaw et ses collaborateurs (2009) ont La prévalence estimée concernant le délirium est découvert la présence de marqueurs biologiques de 10 à 30 % dans les services de première ligne dans le liquide céphalorachidien qui permettrait (APA, 2000). Cependant, cette proportion tend à de prédire une évolution du TCL vers la démence augmenter, avoisinant les 60 % dans le contexte de de type Alzheimer. Triebel et ses collaborateurs soins infrmiers à domicile (Haase, 2010). (2009) ont, quant à eux, découvert que les habile Le délirium se caractérise par une désorienta tés à s’occuper de ses fnances, chez des personnes tion dans le temps et l’espace, par une incapacité atteintes d’un trouble cogniti léger, diminuaient à maintenir son attention, selon la situation, par près de un an avant que leurs symptômes n’évo de la persévération, par un discours incohérent luent vers la démence de type Alzheimer. ainsi que par une activité physique continue, mais Enfn, les troubles tels le délirium et les troubles sans but (p. ex., de l’errance) (Alagiakrishnan & amnésiques peuvent acilement être pris pour une Blanchette, 2010). Le délirium constitue une démence (réversible ou irréversible) ou pour un TCL, urgence médicale qui présente toujours une cause car les clients présentent, dans bien des cas, des symp organique, une aection sousjacente, que l’infr tômes communs à ces pathologies. Quant au traitement, mière reconnaît et évalue avec soin. il varie grandement, d’où l’importance de reconnaître Les clients atteints de la démence de type l’aection en cause et de poser un diagnostic juste. Alzheimer peuvent avoir un délirium lorsqu’une inection grave ou une autre aection médicale sur 17.3.2 Délirium vient. Quand le délirium masque la démence de Le délirium est une perturbation de la conscience type Alzheimer, il s’avère encore plus difcile, et et des onctions cognitives qui apparaît rapidement, d’autant plus important pour le bien du client, de soit en quelques heures ou en quelques jours, et distinguer les deux aections ENCADRÉ 17.7. Le dont les symptômes peuvent varier au cours d’une délirium constitue également le premier et parois même journée (Conn & Lie, 2001 ; Rahkonen le seul indicateur de certaines aections, de la Makela, Paanila, et al., 2000). Si le délirium et la pneumonie à l’inarctus en passant par l’intoxica tion. Un échec dans la reconnaissance du délirium peut mener à une morbidité importante ainsi qu’à la mortalité. Les critères diagnostiques du délirium Critères diagnostiques du DSM-IV-TR ont des étiologies multiples. ENCADRÉ 17.7
Délirium dû à des étiologies multiples
A. Perturbation de la conscience (c’est-à-dire baisse de la prise de conscience claire de l’environnement) avec diminution de la capacité à diriger, ocaliser, soutenir ou mobiliser l’attention. B. Modication du onctionnement cogniti (telle qu’un décit de la mémoire, une désorientation, une perturbation du langage) ou bien survenue d’une perturbation des perceptions qui n’est pas mieux expliquée par une démence préexistante, stabilisée ou en évolution. Source : APA (2004), p. 83-84
488
Partie 3
Troubles mentaux
C. La perturbation s’installe en un temps court (habituellement quelques heures ou quelques jours) et tend à avoir une évolution fuctuante tout au long de la journée. D. Mise en évidence d’après l’histoire de la maladie, l’examen physique ou les examens complémentaires de plusieurs étiologies (p. ex., plusieurs aections médicales générales, ou une aection médicale générale en plus d’une intoxication par une substance ou d’un eet secondaire d’un médicament).
Bien que le délirium soit réversible, il est respon sable, chez les clients hospitalisés, d’un taux accru de complications et de mortalité (Twedell, 2005). Le taux de mortalité augmente proportionnellement à la gravité des symptômes (McCusker, 2004). L’évolution clinique et le traitement du délirium dépendent notamment de sa cause sousjacente. Une étude a permis de déterminer quatre sous types de délirium : 1) hypoacti léger ; 2) hypoacti sévère ; 3) mixte sévère avec certaines caractéristi ques de la orme hyperactive ; et 4) normal/léger. Les auteurs afrment que le taux de mortalité le plus élevé est celui du groupe hypoacti léger (Yang, Marcantonio, Inouye et al., 2009). Un nou veau concept, le délirium subclinique, est récem ment apparu parmi les soustypes. Cette orme de
délirium serait caractérisée par la présence de un ou de plusieurs symptômes associés au délirium sans avoir la présentation clinique complète du trouble (Joyal, Collin, Mbourou Azizah et al., 2010). La orme hyperactive du délirium, la plus ami lière, est aussi la plus acilement observable, car les clients atteints sont hyperactis, et leurs sens demeu rent en éveil. La orme hypoactive est plus rare et se manieste par une dépression ou de la léthargie. Les clients ayant cette orme de délirium sont inac tis et indiérents. Étant donné leur inactivité, ils risquent plus que les autres de sourir de compli cations comme les lésions de pression, l’aspiration et l’embolie pulmonaire. La orme mixte, quant à elle, se manieste sous orme de changements sou dains de comportements et d’un passage de la orme hypoactive à la orme hyperactive, et viceversa. Il s’agit de la orme de délirium la plus courante. La cause du délirium doit être rapidement cernée et traitée. Les aections qui perturbent l’intégrité structurelle ou métabolique entraîneront générale ment un délirium (Alagiakrishnan & Blanchette, 2010). Les acteurs de risque du délirium compren nent les troubles sensoriels, les aections neurolo giques, les maladies concomitantes, la consommation de drogue, le ait de subir une intervention chirur gicale, ainsi que certains acteurs environnementaux (Tardi, 2009). Pour les personnes dont l’évaluation clinique suggère un délirium, Tropea et ses collabo rateurs (2008) proposent les interventions suivantes : reconnaître les causes et les acteurs de risque ; gérer les symptômes ; réaliser des interventions non phar macologiques, notamment s’assurer d’un environ nement adéquat ; recourir à des interventions pharmacologiques ; prévenir des complications ; ournir de l’enseignement à la amille ou aux pro ches aidants ; planier le départ, et assurer un suivi.
17.3.3
L’une des principales causes des troubles amné siques est la carence en thiamine (vitamine B1), généralement attribuable au régime alimentaire des personnes alcooliques. Le syndrome de Korsako et l’encéphalopathie de Wernicke sont les troubles amnésiques permanents connus qui y sont associés (National Institute o Neurological Disorders and Stroke, 2010). Les personnes atteintes du syn drome de Korsako sont en mesure de réféchir et de raisonner ; leur mémoire de travail est également onctionnelle, ce qui leur permet de se souvenir de certains éléments au moment présent. Touteois, leur mémoire épisodique est altérée, ce qui les empêche de retenir l’inormation à long terme. La mémoire de travail est la capacité de retenir l’inor mation à court terme, quelques secondes ou quel ques minutes, pour réaliser des opérations cognitives (mentales) à partir de cette inormation telles que composer un numéro de téléphone et eectuer un calcul mental.
RAPPELEZ-VOUS…
Le client atteint de délirium reçoit souvent un diagnostic de syndrome crépusculaire. Pourquoi ?
L’encéphalopathie de Wernicke, pour sa part, est un trouble cérébral dégénérati causé par un abus d’alcool, des carences alimentaires, des vomisse ments prolongés, des troubles de l’alimentation ou la chimiothérapie (National Institute o Neurological Di sorders and Stroke, 2010). Alicia Cortez, âgée de 77 ans, est hospitalisée pour une Les personnes qui en sou grave inection urinaire. Elle se trouve en isolement, car rent présentent une conusion, elle est porteuse du Staphylococcus aureus résistant une amnésie des événements à la méthicilline. Elle reçoit de la vancomycine intraveirécents, une conabulation, neuse. Elle est désorientée dans les trois sphères et a une désorien tation, un des hallucinations visuelles. Elle répète qu’elle est en déicit d’attention ainsi prison et qu’elle n’a commis aucun crime. Elle présente qu’un trouble oculaire. visiblement des signes de délirium. L’encéphalopathie de Wer Qu’est-ce qui aurait pu causer cet état chez madame nicke et le syndrome de Cortez ? Qu’est-ce qui peut l’aggraver ? Korsako peuvent être
Jugement clinique
Troubles amnésiques
Les troubles amnésiques se caractérisent par une altération de l’apprentissage et de la mémoire chez une personne alerte et réactive ENCADRÉ 17.8. Les décits de la mémoire résultent soit des consé quences physiologiques directes d’une aection médicale générale, soit des eets persistants d’un abus d’alcool ou de drogue ou de l’exposition à une toxine. L’altération de la mémoire peut durer de quelques heures à quelques jours dans sa orme transitoire. L’amnésie est considérée comme étant chronique si elle persiste après un mois. Le trouble amnésique est dû aux eets physiolo giques d’une condition médicale, comme un trauma craniocérébral, ou aux eets à long terme de la consommation d’un médicament ou d’une drogue (Barlow & Durand, 2007). Ainsi, les personnes qui ont des acteurs prédisposants, qui prennent cer tains médicaments (p. ex., des benzodiazépines) ou qui consomment de l’alcool de açon excessive sont à risque d’être atteintes de troubles amnésiques.
Critères diagnostiques du DSM-IV-TR ENCADRÉ 17.8
Trouble amnésique
A. Apparition d’une altération de la mémoire dont témoigne une altération de la capacité à apprendre des inormations nouvelles ou à se rappeler les inormations apprises antérieurement. B. La perturbation de la mémoire est à l’origine d’une altération signifcative du onctionnement social ou proessionnel et représente un déclin signifcati par rapport au niveau de onctionnement antérieur. C. La perturbation de la mémoire ne survient pas exclusivement au cours de l’évolution d’un délirium ou d’une démence.
D. Mise en évidence d’après l’histoire de la maladie, l’examen physique ou les examens complémentaires que la perturbation est la conséquence physiologique directe d’une aection médicale générale (notamment un traumatisme physique). Spécifer si : Transitoire : si les troubles de mémoire durent un mois, tout au plus. Chronique : si les troubles de mémoire durent plus de un mois.
Source : APA (2004), p. 95-96 Chapitre 17 Troubles cognitifs : délirium, démence et troubles amnésiques
489
17
perçus comme étant deux phases du même trouble, la première représente la phase aiguë, et le second, la phase chronique (National Institute o Neuro logical Disorders and Stroke, 2010). Parmi les autres causes des troubles amnésiques fgurent l’encéphalite herpétique, l’hypoxie et les troubles vasculaires (Kopelman, 2002). La progression des symptômes amnésiques inhé rents au syndrome de Korsako est ralentie chez
17.4 17.4.1
4 Le chapitre 4, Évaluation de la condition mentale, présente divers outils pour aider l’infrmière au moment de la collecte des données.
Outil psychométrique: Instrument de mesure standardisé d’un phénomène ou d’un trait psychologique (p. ex., l’intelligence, la personnalité, l’aptitude, la dépression.
ENCADRÉ 17.9
Démarche de soins Collecte des données – Évaluation initiale
L’évaluation des clients atteints de troubles cogni tis doit être exhaustive et s’appuyer sur des ren seignements provenant de diverses sources (p. ex., le client, les proches, les dossiers médicaux). Ainsi, une évaluation complète devrait comprendre une anamnèse détaillée, un examen physique, un bilan onctionnel ainsi qu’un examen de l’état mental du client 4 . Il n’existe pas de lignes directrices relativement au dépistage de la démence. Comme il n’y a pas non plus de traitement qui permet de modifer l’évolution de la démence de type Alzheimer, le dépistage devrait surtout cibler les clients qui ont des acteurs de risque de la maladie (Moorhouse, 2009) ENCADRÉ 17.9. Notamment, les clients qui ont été victimes d’un AVC, qui sont atteints d’un délire ou qui présentent des signes de dépres sion devraient être évalués prioritairement. Le dépistage devrait également être considéré chez les clients qui ont connu des modifcations en regard de la réalisation des AVQ ou qui ont maniesté des changements sur le plan des comportements ou des onctions cognitives (Mulhausen, 2010).
Symptômes de la maladie de type Alzheimer pouvant être observés à la collecte des données
• Opérations de la pensée perturbées, particulièrement la paranoïa
• Défcit de soins personnels
• Conusion ou désorientation
• Réactions catastrophiques
• Défcit intellectuel et troubles de la mémoire (particulièrement quant à la mémoire de travail pendant les phases précoces de la maladie)
• Aptitudes physiques réduites
• Perturbations sensorielles et perceptuelles (hallucinations)
• Peur, anxiété et dépression
• Isolement social, apathie • Altération de la communication verbale • Labilité émotionnelle
• Obnubilation
• Troubles du sommeil
• Perte des onctions corporelles
• Conabulation
490
Partie 3
Troubles mentaux
les clients qui évitent de consommer de l’alcool et dont le régime alimentaire est équilibré. Près de 25 % des clients atteints de ce syndrome qui sui vent ces conseils verront leur état de santé s’amé liorer de açon importante ; 50 % constateront une certaine amélioration ; et 25 % ne verront aucune amélioration. Finalement, la maladie continue de progresser chez ceux qui continuent de consommer de l’alcool (Alzheimer’s Association, 2010).
Dans sa collecte des données, l’infrmière sera en mesure de diérencier les caractéristiques de la démence de celles du délirium TABLEAU 17.4. Ainsi, si le client est agité et afche de rapides chan gements dans son état mental, il aut procéder à l’évaluation du délirium. Les symptômes d’appari tion sont typiquement signalés par de rapides chan gements comportementaux. Il est très important de consulter les soignants ou les membres de la amille pour obtenir de l’inormation fable en regard de l’évolution du trouble. Comme mentionné précé demment, l’histoire de santé doit inclure une des cription de la maladie actuelle et, plus précisément, décrire l’étendue et l’intensité des symptômes ENCADRÉ 17.10. Les problématiques physiques, la démence, la dépression et d’autres problématiques psychiatriques doivent être considérées dans la pro cédure de diagnostic diérentiel. La collecte des données, dans le cas du trouble amnésique, doit évidemment mettre en évidence les altérations de la mémoire. Ainsi, il est important de savoir si la personne n’est pas atteinte d’une amnésie antérograde caractérisée par l’oubli, au ur et à mesure, de l’inormation ou des apprentissages récents. Des problèmes d’orientation dans les trois sphères (spatiale, temporelle, personnelle) pourront également être notés. De plus, bien que le souvenir des expériences de l’enance soit demeuré intact, le client pourra avoir oublié l’inormation relative à la dernière décennie.
Outils d’évaluation des fonctions cognitives Étant donné la rareté des indicateurs biologiques de la démence de même que l’origine diuse des atteintes cérébrales, les proessionnels de la santé se basent sur une série de critères cliniques et sur des outils psychométriques en vue de poser un diagnostic de la maladie. Plus précisément, de nombreux outils permettent d’évaluer l’état cogniti d’une personne. Si le client est trop atigué, qu’il n’arrive plus à rester attenti ou qu’il présente des signes d’anxiété, il est possible de lui aire passer la batterie de tests en plusieurs étapes afn d’assurer la validité des données recueillies. Également, il
est préérable de aire passer le test uniquement avec le client, sans proche aidant, an de respecter les critères d’utilisation standardisés de l’outil ciblé. Le ait de procéder ainsi permettra d’éviter une remise en question de la validité et de la abi lité des réponses obtenues, car elles n’auront pas été infuencées par des indices ou des réponses provenant d’une autre personne.
TABLEAU 17.4
Principales diérences entre la démence et le délirium
CARACTÉRISTIQUES
DÉMENCE
DÉLIRIUM
Apparition
Lente
Rapide
Durée
Mois/années
Heures/semaines
Attention
Préservée
Fluctuante
Mémoire
Mémoire ancienne altérée
Mémoire récente et mémoire immédiate altérées
Langage
Manque du mot
Incohérent Débit : rapide ou lent
L’inrmière occupe un rôle central à l’étape de la collecte des données. En plus de s’assurer de la validité des renseignements recueillis et de la jus tesse de son analyse, elle :
Cycle de veille/ sommeil
Sommeil ragmenté
Perturbations réquentes (p. ex., le syndrome crépusculaire
Pensée
Appauvrie
Désorganisée
• s’assure d’utiliser les outils psychométriques pour lesquels elle a été ormée ;
Conscience
Inchangée
Réduite
• s’assure de contacter les bons intervenants au moment de la passation des questionnaires (p. ex., un proche, d’autres proessionnels connais sant le client), et ce, afn de valider l’inormation recueillie auprès du client ;
Vigilance
Normale
Hypervigilance ou hypovigilance
Bon nombre de ces outils permettent d’évaluer l’orientation, le onctionnement intellectuel, la mémoire, les onctions exécutives, l’attention, le langage, les praxies et les gnosies, dans les cas de démence, de délirium ou de trouble amnésique TABLEAU 17.5.
• utilise les outils d’évaluation non seulement pendant l’évaluation initiale, mais aussi dans le but d’assurer un meilleur suivi au cours de l’épi sode de soins ; • reait passer le test afn de déterminer les eets du traitement, lorsque cela s’avère pertinent ; • reait passer le test au moment de l’apparition d’un changement sur le plan du comportement ou de l’autonomie onctionnelle du client.
Source : Adapté de Lipowski (1990)
Évaluation des défcits neurologiques L’évaluation de la condition neurologique d’un client atteint de démence est également l’un des rôles de l’inrmière. La détermination des décits neurologiques est réalisée au moyen d’une observa tion clinique de l’état du client. Les éléments à éva luer peuvent être acilement mémorisés à l’aide de l’acronyme mnémonique PALMER (perception et organisation, attention, langage, mémoire, émotion, raisonnement et jugement) TABLEAU 17.6.
17
Collecte des données ENCADRÉ 17.10
Troubles cognitis
Les questions suivantes sont utiles au moment de la construction d’une anamnèse détaillée: 1. La maladie est-elle apparue soudainement ou de manière insidieuse ? 2. La progression du déclin cogniti varie-t-elle (délirium) ou est-elle continue (démence)? 3. Quelle est la durée des symptômes suivants ? a) Difculté à apprendre et à retenir une inormation nouvelle b) Difculté à mener à bien des tâches qui comportent plusieurs étapes (p. ex., conduire, cuisiner, gérer ses fnances) c) Difculté à résoudre des problèmes d) Désorientation e) Difculté à trouver ses mots ) Difculté à prendre part à une conversation g) Changement du comportement de base ou de la personnalité (p. ex., de l’irritabilité, une passivité, de la méfance)
4. Le client a-t-il les antécédents suivants ? a) Troubles mentaux connus (p. ex., une dépression) b) Troubles neurologiques (p. ex., un trauma craniocérébral, un AVC, la maladie de Parkinson) c) Consommation d’alcool ou de drogues d) Troubles endocriniens (p. ex., le diabète, l’hypothyroïdie) e) Troubles rénaux ) Inections (p. ex., une pneumonie, une inection urinaire) 5. Demander au client, aux membres de sa amille ou au soignant d’énumérer tous les médicaments pris par le client (c.-à-d. avec ou sans ordonnance, les remèdes à base de plantes médicinales). 6. Demander si le client a des antécédents amiliaux de démence, de syndrome de Down ou de toute autre maladie amiliale qui pourrait conduire à la démence (p. ex., la maladie de Huntington).
Chapitre 17 Troubles cognitifs : délirium, démence et troubles amnésiques
491
TABLEAU 17.5
Échelles d’évaluation pour un trouble cognitif dû à une démence, à un délirium ou à un trouble amnésique
ÉCHELLE
UTILITÉ
DESCRIPTION
AVANTAGES/ INCONVÉNIENTS
Mini-examen de l’état mental (MMSE)a
Permet de mesurer le rendement cogniti général, de suivre l’évolution d’une maladie et de surveiller la réponse du client au traitement.
• Est l’un des tests les plus utilisés.
• Les critères d’attestation peuvent s’avérer dissuasis aux yeux de certains évaluateurs.
• Comprend une série de 30 questions qui évaluent l’orientation (spatiotemporelle et personnelle), l’attention et le calcul, la mémoire et l’apprentissage, le langage et les praxies. • Durée du test : de 5 à 10 minutes
Échelle d’évaluation de la dépression gériatrique
Permet d’évaluer la condition psychologique de la personne.
• S’adresse aux clients atteints de la démence de type Alzheimer, à condition qu’ils soient en mesure de comprendre les questions qui leur sont poséesb.
• Cette échelle ournit des indications fables concernant la condition psychologique du client.
• Se présente en deux versions : 15 ou 30 questions.
• L’échelle de réponse est relativement simple, car le client répond aux questions par oui ou nonc.
• Le ait d’obtenir un score élevé indique la probabilité d’une dépression.
• L’échelle ne permet pas d’établir un diagnostic de dépression.
• Durée du test : de 5 à 10 minutes Mini-Cog
Permet de dépister la démence.
• Comprend des éléments permettant d’évaluer : − les onctions visuoconstructives et visuospatiales ; − les onctions exécutives ; − les onctions mnésiques.
• Cet outil est plus un test de dépistage qu’un test diagnostiqued.
• Durée du test : de 5 à 10 minutes Test d’évaluation cognitive de Montréal/Montreal Cognitive Assessment (MoCA)
Permet d’évaluer les dysonctions cognitives légères.
• Mesure les onctions suivantes : l’attention, la concentration, les onctions exécutives, la mémoire, le langage, les praxies, les capacités d’abstraction, le calcul et l’orientation. • Durée du test : environ 10 minutes
Confusion Assessment Method (CAM)
Permet de dépister rapidement un délirium en évitant de se baser uniquement sur la désorientation comme le seul indice de ce trouble.
• Se compose de deux parties : la première partie comprend un dépistage des dysonctions cognitives ; la deuxième partie explore les quatre principales caractéristiques qui permettent de distinguer le délirium ou un état conusionnel réversible des autres types de désordres cognitis. • Comporte un entretien organisé : évalue neu catégories de symptômes selon le DSM-IV-TR, soit l’apparition d’un état conusionnel, l’inattention, la désorganisation de la pensée, l’altération du niveau de conscience, la désorientation, les troubles de mémoire, les problèmes perceptuels, l’activité psychomotrice et la perturbation du cycle circadien. • Durée du test : 5 minutes
492
Partie 3
Troubles mentaux
• Ce test est accessible dans Internet en plusieurs langues. • Le test est acile d’utilisation et rapide à aire passer. • Le MoCa ore une évaluation globale et complète des diverses onctions cognitives. • Ce test présente une validation adéquate dans plusieurs langues, dont le rançais. • L’algorithme permettant de dégager les impressions cliniques est convivial pour l’infrmière. • Une ormation est nécessaire pour aire passer le test et pour noter les résultats dans le but d’obtenir une évaluation valable.
TABLEAU 17.5
Échelles d’évaluation pour un trouble cogniti dû à une démence, à un délirium ou à un trouble amnésique (suite) (suite)
ÉCHELLE
UTILITÉ
DESCRIPTION
AVANTAGES/ INCONVÉNIENTS
Dementia Screening Questionnaire for Individuals with Intellectual Disabilities (DSQIID)
Permet d’évaluer la démence chez les clients atteints du syndrome de Down.
• Comporte 41 questions réparties dans 4 catégories : − mémoire/conusion ; − sentiment d’insécurité ; − problèmes de sommeil ; − problèmes comportementaux.
• L’utilisation du questionnaire est conviviale.
• Durée du test : 15 minutes
• L’échelle de cotation réduit les eets plaond en ne cotant que les comportements qui ont l’objet de changements. • Ce questionnaire est validé, et sa fabilité a été testée. • Cet outil ne possède pas de cut-off (seuil sous lequel la maladie existe hors de tout doute) permettant de reconnaître la démence dans les cas de défcience proonde. • La sensibilité de l’outil à mettre en évidence la maladie n’a pas été démontrée.
Sources : Adapté de : a Folstein, Folstein & McHugh (1975) ; b Cotter, Clark & Karlawish (2003) ; c Lacoste & Trivalle (2005) ; d Doerfinger (2007)
Collecte des données TABLEAU 17.6
Défcits neurologiques
FONCTIONS COGNITIVES ET AFFECT
QUESTIONS
Perception et organisation
• Le client peut-il reconnaître les objets de son environnement (gnosie) ? • Comment interprète-t-il la relation entre les objets, lui-même et son environnement ? • Est-il capable de s’asseoir, de se tenir debout et de se déplacer (praxie et psychomotricité) ?
17
• Est-il capable de s’habiller (praxie idéomotrice) ? • Est-il capable de résoudre des problèmes ou des casse-têtes simples ? Attention
• Le client entreprend-il des activités intellectuelles (p. ex., de la lecture, des mots croisés, l’écoute de la télévision) ? • Sur quelle durée poursuit-il une activité : la durée de son attention est-elle réduite ? Manieste-t-il une perte d’intérêt ? • Met-il fn à une activité, soit parce qu’elle est terminée, soit pour respecter une habitude établie, c’est-à-dire le client ait-il preuve de persévération ?
Langage
• Le client exprime-t-il ses pensées verbalement (inaptitude : aphasie expressive ou de Broca) ? • Comprend-il ce qu’on lui dit (inaptitude : aphasie réceptive ou de Wernicke) ? • Lit-il et comprend-il les mots écrits (inaptitude : alexie) ? • Exprime-t-il ses pensées par écrit (inaptitude : agraphie) ?
Mémoire
• Le client se souvient-il des événements récents tout de suite après qu’ils sont survenus (mémoire immédiate) ? • Se souvient-il des événements récents après quelques minutes (mémoire récente) ? • Se souvient-il des événements survenus des mois ou des années auparavant (mémoire à long terme ou diérée) ?
Émotion
• La gestion des émotions du client est-elle cohérente et adéquate en onction de la situation ? • Est-elle diérente de celle qu’il démontrait auparavant ?
Raisonnement et jugement
• Le client prend-il des décisions adéquates basées sur des conseils judicieux ou sur des aits ? • Respecte-t-il les conventions sociales ? • Réagit-il de açon adéquate en situation d’urgence ?
Chapitre 17 Troubles cognitifs : délirium, démence et troubles amnésiques
493
Évaluer l’état émotionnel La dépression ait partie des acteurs de risque d’une dé mence, tout comme elle aecte souvent les personnes qui en sont atteintes. Elle augmente le risque de morbi dité et de mortalité chez les clients atteints de démence (Gellis, McCliveReed & Brown, 2010). Ainsi, l’infrmière évalue régulièrement l’humeur et l’aect du client. Par ailleurs, il est important de noter que l’échelle d’évaluation de la dépression gériatrique, en com binaison avec les critères diagnostiques du DSM IVTR et les observations cliniques, s’avère un outil de dépistage utile aux stades légers de la démence, lorsque la onction linguistique du client est intacte et qu’il est en mesure d’exprimer des symptômes liés à la dépression, dont la tristesse, la culpabilité ou les idées suicidaires.
Évaluer la capacité fonctionnelle L’évaluation des capacités onctionnelles de la per sonne est essentielle dans l’élaboration des impres sions cliniques de l’inirmière. Une incapacité onctionnelle importante pourrait apparaître si l’as sistance verbale ou physique du soignant est exagé rée, car cela réduit les aptitudes du client à parler ou à eectuer certaines activités. Ainsi, il est primordial que le client atteint de démence demeure autonome dans l’exécution de ses AVQ et de ses activités de la vie domestique (AVD). L’autonomie de la personne est directement corrélée avec le maintien de son estime de soi et de son désir de prendre part à des activités intéressantes. Cette évaluation se ait grâce au système de mesure de l’autonomie onctionnelle (SMAF). Le SMAF de Hébert et ses collègues (2003, 1983) est un instrument d’évaluation de l’autonomie mis au point à partir de la Classifcation internatio nale des défciences, incapacités et handicaps de l’Organisation mondiale de la Santé. Il évalue 29 onc tions couvrant les AVQ, la mobilité, la communica tion, les onctions mentales et les AVD.
maladie. Pour savoir comment se sent un client, il aut posséder un sens de l’observation aiguisé, parti culièrement en ce qui a trait au langage corporel.
Évaluer les manifestations physiques Les troubles cognitis peuvent entraîner diverses maniestations physiques dont l’infrmière tient compte dans son évaluation. La détérioration de l’état nutritionnel constitue un problème auquel contribuent de nombreux acteurs. Parmi les raisons qui y sont associées fgurent l’incapacité à se pro curer de la nourriture et à la préparer, le manque de ressources fnancières, la présence d’une aection qui diminue l’appétit du client âgé et la présence d’un trouble cogniti qui empêche ce dernier de se souvenir de manger. L’infrmière note tout change ment de poids se situant entre 0,36 et 2,27 kg ou plus, puis procède à l’évaluation des problèmes qui peuvent être traités et qui n’ont aucun lien avec la démence. En l’absence de tout autre symptôme ou signe clinique, l’infrmière est appelée à examiner l’environnement immédiat du client. Pendant les repas, elle demeure attentive aux éléments suivants et les corrige, s’il y a lieu : éclairage, disposition des chaises, bruit, conort du mobilier. Il est important que les membres de la amille et les soignants tiennent un journal alimentaire et sur veillent l’apport alimentaire du client, de même que les signes de déshydratation. Il n’est pas rare que les personnes âgées réduisent considérablement leur apport en liquide pour prévenir l’incontinence. La déshydratation et la malnutrition peuvent conduire à divers diagnostics, dont ceux d’hypoalbuminurie, d’hypoprotéinémie, d’anémie, d’hypoglycémie et d’autres carences en vitamines et minéraux.
Les personnes atteintes de troubles cognitis éprouvent souvent de la difculté à exprimer leur douleur. L’évaluation du seuil de douleur et la détermination des indicateurs possibles de celleci à l’aide d’outils d’évaluation standardisés permet Évaluer le comportement tent au soignant de reconnaître les comportements Les personnes atteintes de démence éprouvent ré types du client qui ressent de la douleur et d’en quemment de la difculté à comprendre les autres et observer les changements. Selon l’American à se aire comprendre d’eux. Certains comportements Geriatics Society et l’American Medical Directors ont comme onction l’expression de malaises et de Association, un dépistage systématique de la dou besoins ne pouvant pas être exprimés verbalement, leur chez la personne atteinte de démence est alors que d’autres sont des maniestations neurolo nécessaire. Selon Savoie (2008), la présence de giques. Les comportements les plus observés sont troubles cognitis limite l’évaluation de la douleur. l’errance, l’apathie, la désinhibition, la méfance, des L’auteur rapporte qu’elle est touteois possible chez comportements sociaux inadéquats, des difcultés à des personnes qui obtiennent un score de 15 ou prendre soin de soi comme s’habiller et se nourrir, plus au MEEM. Le meilleur outil d’évaluation de une inversion du cycle sommeil/veille, des chutes la douleur, établi par les recherches, serait l’échelle réquentes et des problèmes liés à l’élimination. de douleur McGill de Melzak (1983) (Ferrell, Ferrell Lorsqu’un changement de comportement survient, & Rivera, 1995 ; Pautex, Michon & Guedira, 2006 ; Wynne, Ling & Remsburg, il convient de réévaluer 2000). Cet outil compre l’état du client. Dans bien Pour savoir comment se sent un client, il nant 20 éléments est di des cas, celuici n’est pas en faut posséder un sens de l’observation visé en 4 souséchelles. Un mesure d’exprimer verbale aiguisé, particulièrement en ce qui a trait second outil pouvant être ment des signes de détresse au langage corporel. utilisé dans l’évaluation de ou des symptômes d’une
494
Partie 3
Troubles mentaux
la douleur est l’échelle analogique visuelle telle que l’échelle des visages mis au point par Gélinas (2007). Touteois, elle serait moins acile d’utilisa tion que l’échelle verbale (échelle de douleur McGill) puisqu’elle requiert plus de capacités d’abstraction (Savoie, 2008). Par ailleurs, il serait recommandé, pour les personnes ayant des troubles cognitis chez qui l’inrmière désire évaluer la dou leur, « de répéter les instructions trois ois, à une minute d’intervalle » (Savoie, 2008). Dans les cas où la personne ne peut pas s’exprimer de manière verbale, l’observation des comportements demeure la seule option. L’utilisation d’outils standardisés est de mise. Selon Aubin et ses collaborateurs (2007) de même que Zwakhalin et ses collaborateurs (2006), l’outil privilégié est le Pain Assessment Checklist for Seniors with Limited Ability to Communicate (FuchsLacelle & Hadjistavropoulos, 2004). Cet outil est une échelle multidimensionnelle qui comporte 60 éléments divisés en 4 souséchelles. Le temps requis pour aire passer le test est estimé à cinq minutes. Enn, selon Savoie (2008), l’Ameri can Medical Directors Association recommande de procéder à un historique approondi de la condition physique et de la douleur chez la personne atteinte d’une démence. Pour ce aire, il est recommandé d’utiliser, en guise d’aidemémoire, la méthode PQRSTU (Provoquer/pallier/aggraver ; Qualité/ quantité ; Région/irradiation ; Symptômes et signes associés/sévérité ; Temps/durée ; Understanding [Compréhension et signication pour le client]). L’aspiration constitue un grave acteur de risque au cours de la phase 3 de la démence de type Alzheimer. La pneumonie par aspiration qui en résulte représente souvent la cause immédiate du décès. Le soignant s’assure que le client avale chaque bouchée en vériant que le larynx se sou lève, puis retourne en position initiale. Si possible, le client s’assoit dans un angle de 90° et garde le menton pointé vers la poitrine plutôt qu’en hyper extension. En outre, les liquides épaissis sont géné ralement plus aciles à avaler. À mesure que la dépendance du client augmente, il convient de maintenir ce dernier dans une position assise pendant les 30 minutes qui suivent les repas. L’inrmière peut examiner la cavité buccale du client pour s’assurer qu’il ne s’est pas ait de « réserves ». S’il y a lieu, elle retire les aliments qui s’y trouvent. Ces interventions inrmières permettent de prévenir l’aspiration silencieuse qui survient lorsque le client est en position couchée 1 . Lorsque la démarche du client se modie, l’inr mière se montre attentive aux autres processus mor bides, dont : 1) les troubles de vision, ceux associés à l’oreille interne pouvant perturber l’équilibre, la douleur attribuable à l’arthrose ou toute blessure que le client ne peut cerner ; 2) la neuropathie consécu tive à un problème vasculaire cérébral ou diabétique ; 3) la baisse générale du réfexe de redressement, soit le réfexe qui permet au client d’aligner son corps et
sa tête dans le même axe, de se tenir droit. Le traitement des troubles sousjacents permet généralement au client d’avoir une meilleure démarche. Cependant, la diminution de la perception sensorielle, des décits neu rologiques et l’hypertonie nécessitent chez l’inrmière une attention accrue et des interventions adéquates en vue de prévenir les chutes. Certains clients peuvent se plaindre d’avoir roid, même au plus ort de l’été. Le degré d’activité et l’in dice de masse corporelle sont deux des nombreux acteurs qui jouent sur la sensibilité du client à la chaleur ou au roid. La meilleure açon d’évaluer la réponse du client à la température de son environnement est de toucher sa peau. En présen ce de sueurs, il convient de réduire le nombre d’épais seurs de vêtement. Si, au contraire, la peau du client est roide au toucher, ce der nier doit être mieux cou vert, même si cela peut sembler exagéré considé rant le climat.
ALERTE CLINIQUE
1 Signes indicateurs d’une aspiration silencieuse (étouement) : • larmoiement ; • rougeur du visage ; • râle continu à l’auscultation ; • fréquence respiratoire variable ; • grimaces ; • toux ; • haut-le-cœur ; • raclement de la gorge ; • restes de nourriture dans la cavité buccale. 2 Types d’incontinence urinaire : • à l’effort : perte involontaire de petites quantités d’urine à l’occasion d’une toux, d’un éternuement, d’un rire, etc. ; • par urgence : perte de grandes quantités d’urine par incapacité à retarder l’élimination lorsque la vessie est pleine ; • par débordement : perte de petites quantités d’urine à la suite d’un stress agissant sur une vessie trop pleine ; • fonctionnelle : perte de grandes quantités d’urine attribuable à une apraxie croissante ou à des troubles cognitis qui rendent la personne incapable de reconnaître le signal émis par la vessie ou encore de trouver les toilettes.
L’incontinence survient généralement au cours des dernières phases de la démence. Conséquemment à des changements physiques et cognitis, le client n’est plus en mesure de maîtriser sa vessie ni ses intestins. À cet eet, la perte de la maîtrise de la vessie est directement liée aux onctions physiques et cognitives ou aux contraintes de l’environnement du client. L’incontinence peut également se révéler un signe physique d’une inection urinaire ou, chez les hommes âgés, d’une hypertrophie bénigne de la prostate. Un examen minutieux de la vessie, de la prostate (chez l’homme) et des intestins en vue de repérer tout dysonctionnement s’avère essentiel, tout comme l’est une évaluation continue des médicaments administrés, de l’apport alimen taire et liquidien et des contraintes environne mentales possibles (p. ex., les ridelles, un aible éclairage, une ceinture de auteuil roulant) 2 .
17 RAPPELEZ-VOUS…
Il existe une classifcation des liquides selon leur consistance. Quelle est-elle ? Il en existe une également pour les aliments selon leur texture. Quelle est-elle ?
Examen physique et examens paracliniques Des examens paracliniques sont accessibles an de déterminer la cause de la démence ainsi que les besoins du client qui en est atteint. Les analyses de laboratoire, la neuroimagerie et les évaluations neuropsychologi ques sont quelquesuns des outils utilisés. Chapitre 17 Troubles cognitifs : délirium, démence et troubles amnésiques
495
Jugement clinique
L’équipe de soins pratique un examen physique minu Petri Kaupinen, d’origine fnlandaise, est âgé de 75 ans. tieux et approondi en vue Il est en hébergement dans un CHSLD pour défcits d’exclure la néoplasie cognitis et démence de type Alzheimer. Lorsqu’il est (p. ex., des tumeurs cérébrales), conduit à la toilette, il ne peut descendre sa ermeture les troubles métaboliques, éclair et baisser son pantalon ; c’est la raison qui les maladies systémiques explique son incontinence urinaire. (p. ex., l’hypertension arté rielle, l’inection par le virus De quel type d’incontinence s’agit-il ? de l’immunodéfcience hu maine) et d’éviter la poly pharmacie. L’examen physique, l’examen de l’état mental et l’évaluation onctionnelle sont primor diaux pour dresser une liste des impressions cliniques permettant d’exclure ou d’inclure diverses problématiques en interaction. Il n’existe pas d’analyse de laboratoire pour confrmer le diagnostic de la démence de type Alzheimer. Certains signes indiquant une maladie métabolique semblent pointer vers la démence alors qu’en ait, ils s’avèrent réversibles s’ils sont traités
TABLEAU 17.7
Problèmes pouvant être associés aux troubles cognitifs
Facteurs de sécurité ou de risque pour la santé
• Risque d’aspiration • Risque de dérèglement de la température corporelle • Risque d’inection • Risque de blessure • Mobilité physique réduite • Défcit des soins personnels : habillement, alimentation, élimination et hygiène • Insomnie • Errance
Affects et troubles de la perception et de la cognition
• Anxiété • Communication verbale altérée • Conusion aiguë • Conusion chronique • Tristesse • Désespoir • Perturbation de l’identité personnelle • Troubles de la mémoire • Risque d’impuissance sexuelle • Inefcacité à exercer ses rôles sociaux • Perturbation des interactions sociales • Perturbation des opérations de la pensée
Perturbation des stratégies d’adaptation (individuelles ou familiales)
• Tension ou risque de tension dans l’exercice du rôle de l’aidant (atigue par compassion, irritabilité, impatience, découragement) • Réduction de la communication verbale • Désorganisation de la dynamique amiliale • Gestion inefcace des interventions thérapeutiques
496
Partie 3
Troubles mentaux
adéquatement. Les analyses de laboratoire qui contribuent à déterminer les causes métaboliques possibles de la démence, du délirium ou du trouble amnésique sont celles, notamment, qui évaluent : la onction thyroïdienne (thyréostimuline et thy roxine) ; la onction hépatique ; le taux de vitamine B12 et d’acide olique dans l’organisme ; la numé ration globulaire complète, qui comprend la sédimen tation diérentielle et la vitesse de sédimentation érythrocytaire ; le taux d’électrolytes et de glucose sanguin ; ainsi que le taux d’azote uréique et de créatinine dans le sang (Lab Tests Online, 2010). Les données recueillies suggèrent qu’en l’absence de acteurs de risque, il n’est pas nécessaire de pro céder au dépistage de la syphilis (American Academy o Neurology, 2010). La tomographie axiale cérébrale de même que l’imagerie par résonance magnétique peuvent s’avé rer utiles dans le diagnostic des aections vascu laires, pour confrmer un trauma craniocérébral ou la présence d’une tumeur. Bien que moins réquent, le test de corrélation des protéines Aβ42 et τ dans le liquide céphalorachidien peut être utile en vue de dépister la démence de type Alzheimer. En eet, chez les clients symptomatiques, une diminution de la protéine Aβ42 et une augmentation de la pro téine τ indiquent une plus orte probabilité d’être atteint de la démence de type Alzheimer, compa rativement aux autres démences. Le test du géno type de l’apoE, associé à la démence de type Alzheimer tardive, et le test de la préséniline1, associé à la moitié des cas de démence de type Alzheimer précoce (Lab Tests Online, 2010), seraient les autres tests accessibles bien que moins couramment utilisés. Les évaluations neuropsychologiques aident au diagnostic diérentiel de la démence et du trouble amnésique de même qu’à celui des problèmes d’ordre psychiatrique qui y sont associés ou non (Alzheimer’s Research Forum, 2007). L’évaluation neuropsychologique permet ainsi une meilleure compréhension des troubles cognitis et comporte mentaux mis en relie par les atteintes cérébrales diuses de même que des répercussions psycholo giques de ces troubles chez les clients atteints et leurs proches.
17.4.2
Analyse et interprétation des données
L’infrmière établit les principaux problèmes qui touchent le client en onction des renseignements qu’elle obtient au cours de l’évaluation initiale. Les problèmes sont classés en ordre de priorité en onction des besoins du client, du plus urgent au moins urgent TABLEAU 17.7.
17.4.3
Planifcation des soins
L’inrmière planie des soins personnalisés en vue de satisaire de nombreux besoins que pré sente la personne atteinte de troubles cognitis et ses proches.
Établir les résultats escomptés
onctionnement possible, sur l’éducation aux autres soignants quant aux objectis et aux interventions ecaces et réalistes, ainsi que sur la détermination avec le client et les membres de sa amille des diverses solutions de traitement possibles, que ce soit à domicile ou dans le milieu communautaire.
• demeurera en sécurité avec l’aide du soignant ;
Le PSTI évolue en onction de l’atteinte ou non des objectis ou de l’apparition de nouveaux pro blèmes. Or, l’inrmière en soins de courte durée adapte le plan de soins en onction des besoins du client, et ce, à chaque quart de travail si cela s’avère nécessaire. Quant aux inrmières en soins de longue durée, elles xent des périodes (p. ex., tous les trois mois) où les besoins du client seront minutieusement réexaminés et où les soins se ront modiés en conséquence ENCADRÉ 17.11.
• atteindra et maintiendra le plus haut niveau de onctionnement possible, selon ses capacités ;
17.4.4
• conservera des conditions physique et mentale optimales ;
Les interventions auprès des clients atteints de trou bles cognitis ont vivre à l’inrmière une oule de situations aussi stimulantes que gratiantes. Chaque plan de soins doit reféter les qualités uniques de la personne et porter une attention particulière à la amille ainsi qu’au client. À cet eet, c’est l’inr mière qui s’assure que l’équipe de soins demeure centrée sur les objectis à court et à long terme et qui cherche des solutions aux problèmes du client inhérents à la démence ou au délirium.
Les objectis thérapeutiques sont élaborés à partir des problèmes prioritaires déterminés au moment de l’évaluation de la condition mentale et physique du client. Les objectis ciblés avec les clients atteints de troubles cognitis et leur amille sont énumérés cidessous. Le client :
• prendra part au programme d’activités thérapeu tiques établi en vue de stimuler ses onctions cognitives et sa socialisation et afn de satisaire d’autres besoins psychosociaux ; • participera, dans la mesure de ses capacités, à la planifcation des soins, particulièrement en ce qui a trait aux décisions juridiques et fnancières, et ce, tant que sa capacité à prendre des déci sions demeure intacte. Le proche aidant : • maintiendra son état de santé physique et men tale à un niveau optimal ; • entrera en contact avec les services d’aide rela tive à la planifcation juridique et fnancière, les groupes de soutien ou les services de consulta tion psychologique, la gestion de cas et les services de répit ; • approondira ses connaissances relatives au pro cessus pathogénique de la maladie, aux interac tions positives et aux activités thérapeutiques.
Décider des soins Objectis à court et à long terme Les inrmières, dans les rôles divers qu’elles ont à jouer, entrent en contact avec le client et sa amille pour des périodes dont la durée est variable. L’inrmière en soins de courte durée n’a que quelques heures ou quelques jours pour établir et mettre en œuvre un plan de soins et de traitements inrmiers PSTI 17.1. C’est d’ailleurs pourquoi la démarche de soins est axée sur la résolution des problèmes les plus urgents (p. ex., les crises, les traumatismes ; les soins préopératoires ou postopératoires ; la stabilisation des besoins médicaux, de santé et de sécurité). Les inrmières spécialisées en soins chroniques, en santé mentale ou en gériatrie se concentrent surtout sur le maintien du plus haut niveau de
Exécution des interventions
Soins et traitements infrmiers Il est important de tenir compte du proche aidant et du réseau de soutien en aisant participer la amille du client à l’évaluation, à la planication des soins, de même qu’aux interventions. L’in rmière se montre à l’écoute des besoins du client et de ses proches an de avoriser une meilleure gestion de leurs émotions (Sanders, Ott, Kelber et al., 2008). Également, il est nécessaire d’aborder rapidement les questions qui ont trait aux directives préalables, au testament biologique ainsi qu’aux options de traitement. Le client et ses proches ont besoin d’acquérir des connaissances de base réa listes relativement au diagnostic, au traitement et au pronostic d’évolution de la maladie. Ensuite, à mesure qu’une relation thérapeutique s’établit entre l’inrmière, le client, sa amille et les proches aidants, l’inrmière sera en mesure d’aborder ces sujets délicats et souvent douloureux en sachant que tous ne perdent pas espoir et qu’ils demeurent unis TABLEAU 17.8.
17
RAPPELEZ-VOUS…
En centre de jour, les interventions de l’équipe interdisciplinaire visent à faire acquérir des habiletés compensatrices aux personnes atteintes et à adapter leur environnement. Quel but une telle approche poursuit-elle ?
Soins et traitements en interdisciplinarité La collaboration entre les membres de l’équipe interdisciplinaire est primordiale, et ce, tant en soins de courte durée qu’en soins de longue durée. Évidemment, le membre le plus important de cette Chapitre 17 Troubles cognitifs : délirium, démence et troubles amnésiques
497
ENCADRÉ 17.11
Types et milieux de soins des troubles cognitifs
SOINS DE COURTE DURÉE
SOINS EN ÉTABLISSEMENT
Les infrmières qui travaillent dans une clinique, un groupe de médecine de amille, un service d’urgence ou un centre de soins de courte durée sont attentives aux signes et symptômes indiquant un défcit cogniti. Il est impérati qu’elles soient en mesure de distinguer la démence, le délirium et la dépression et qu’elles interviennent en conséquence. Les étapes d’évaluation et d’intervention holistique doivent être établies en vue de répondre aux besoins du client, mais aussi des soignants.
Il existe plusieurs types de soins en établissement. Les réglementations varient selon la province. Les services oerts comprennent généralement l’entretien ménager et les repas, ce qui apparaît sufsant au cours des premières phases de la démence. Cependant, à mesure que les capacités cognitives et physiques du client se détériorent, une plus grande surveillance devient requise. Le placement dans un établissement de soins s’avère pertinent au cours des phases modérées de la démence. Le personnel de ces établissements est ormé pour soigner les clients atteints de démence et pour interagir positivement avec eux en vue d’obtenir de bons résultats.
SOINS EN CENTRE DE JOUR
Les soins prodigués dans un centre de jour sont axés sur l’éducation, la réadaptation, la ormation et le maintien de la santé physique et mentale. Les centres de jour pour les personnes atteintes de démence orent du répit, de l’éducation et du soutien aux proches aidants ainsi qu’aux clients. Ces centres proposent également des groupes d’activités thérapeutiques ainsi que des approches de gestion adéquate des comportements à l’intention des clients atteints de démence.
SOINS DE LONGUE DURÉE EN CENTRE D’HÉBERGEMENT
Les CHSLD orent des soins infrmiers proessionnels jour et nuit. Les clients qui ont atteint les dernières phases de démence y sont admis en raison de leurs besoins importants en matière de soins. Le fnancement des soins de longue durée pose un problème de plus en plus grand. En eet, les ressources fnancières du client, de sa amille mais aussi celles des gouvernements provincial et édéral sont mises à contribution.
SOINS À DOMICILE
SOINS PALLIATIFS
À mesure que la maladie progresse, un soutien physique et mental de plus en plus grand est requis. Le rôle de l’infrmière responsable de la gestion de cas est alors de coordonner les soins adéquats et de les mettre à la disposition du client et de l’aidant à domicile. Le client peut demeurer chez lui plus longtemps, ce qui accroît sa qualité de vie, réduit ses dépenses, préserve ses ressources émotionnelles et retarde son hospitalisation.
Dans les dernières phases de démence, les clients sont en phase terminale et deviennent admissibles aux soins palliatis. Ces derniers sont axés sur la qualité de vie du client, mais aussi du proche aidant. Dans ce contexte, les interventions ne visent pas à sauver la vie du client, mais à l’accompagner dans la mort en limitant ses sourances. Ainsi, il s’agit plutôt d’assurer le conort de ce dernier et d’apporter du soutien à sa amille au cours de la phase terminale de la maladie.
Jugement clinique
équipe est représenté par le groupe clientamille auquel Joyce Benett, âgée de 78 ans, est atteinte de la s’associent les proessionnels maladie d’Alzheimer ; elle habite avec sa flle aînée suivants : l’infrmière, l’infr qui est célibataire. La cliente a des pertes de mémoire mière clinicienne spécialisée et est incontinente. Elle peut manger seule, mais en santé mentale, le gé ron elle est incapable de pourvoir à ses autres besoins de tologue, le gérontopsy base (habillement, hygiène). Madame Benett réquente chiatre, le travailleur social, un centre de jour tous les jeudis. La dernière ois que sa la nutritionniste, le pharma flle l’y a amenée, elle a dit en pleurant qu’elle dormait cien et les spécialistes de la très peu, car sa mère se lève la nuit ; elle l’a même réadaptation (orthophoniste, surprise nue, au moment où elle ouvrait la porte pour physiothérapeute, ergothéra quitter la maison. « Je suis toute seule pour m’occuper peute, neuropsychologue), de ma mère, je n’en peux plus. J’ai besoin d’aide, je chacun détenant des connais suis à bout. J’ai toujours peur qu’elle asse quelque sances précises en gérontolo chose de dangereux pour elle », dit-elle en s’essuyant gie. Ainsi, les connaissances les yeux. et l’expérience de chacun Quelles sont les deux répercussions de l’état assurent une atteinte plus de madame Benett sur la santé de sa flle ? efcace et réaliste des résul tats chez le client ainsi qu’une plus grande satisaction auprès des membres de sa amille ENCADRÉ 17.12. Le but de l’équipe interdisciplinaire est d’orir au client des soins holistiques complets qui pro duisent des résultats quantifables et mesurables. Les clients âgés, particulièrement ceux atteints de troubles cognitis, ont des problèmes médicaux,
498
Partie 3
Troubles mentaux
sociaux et économiques qui nécessitent une approche globale. Plus précisément, c’est par l’éla boration d’un plan interdisciplinaire d’interven tions, dont les objectis et les besoins sont dé terminés entre les membres de l’équipe et le groupe clientamille, que l’autodétermination du client est valorisée. Cette structure d’intervention permet l’échange, la communication ainsi que le partage d’expertises et de compétences. De cette açon, les interventions réalisées auprès du client sont plus complètes et répondent de manière plus pertinente aux besoins établis au moment de la collecte des données et des évaluations.
Autres interventions Psychopharmacothérapie Le ralentissement de la onction cholinergique entraîne une perturbation de la mémoire (Stahl, 2008). En eet, l’acétylcholine (Ach) est respon sable de la pensée et de la mémoire. Or, chez les clients atteints de démence irréversible, il s’avère que la libération de l’ACh est réduite. Comme l’acé tylcholinestérase (AChE) est responsable de la dégradation de l’ACh dans l’espace synaptique des neurones, les inhibiteurs de cholinestérases, soit les médicaments qui inhibent l’action de l’AChE, ont des conséquences positives sur les symptômes
Recherche pour une pratique ondée sur des résultats probants ENCADRÉ 17.12
Expérience de la douleur chez les proches aidants de personnes atteintes d’une démence de type Alzheimer ou de maladies apparentées
Dans le cadre de cette étude, les auteurs ont cherché à décrire l’expérience vécue par les conjoints et les enants d’âge adulte qui agissent à titre d’aidants auprès des personnes atteintes de démence. La revue des écrits scientiques menée par les auteurs a démontré que la persistance des symptômes dépressis (telle la tristesse) augmente la possibilité de vivre des conséquences néastes sur les plans physique et mental. Lorsque les participants de l’étude ont été interrogés, sept thèmes principaux ont été cernés: 1) le désir de retrouver une vie normale ; 2) le regret et la culpabilité; 3) l’isolement ; 4) la liberté restreinte; 5) les stresseurs; 6) les problèmes systémiques ; et 7) les stratégies d’adaptation. Les chercheurs ont découvert qu’il y avait une nette diérence entre les membres des deux groupes ormés pour la recherche. En eet, les participants du groupe « tristesse intense » se diérenciaient de celui où la tristesse ressentie était aible ou modérée, et ce, pour les sept thèmes abordés. Les participants dont la tristesse était grande souhaitaient ardemment retrouver une vie normale ; ils se sentaient coupables, seuls et considéraient que la personne atteinte de démence était leur principal appui. Ces participants sentaient qu’il leur était impossible d’échapper à la situation. Ils présentaient également un plus grand nombre de stresseurs, notamment le décès d’un membre de la amille ou des dicultés nancières. À leurs yeux, ils se heurtaient à un bien plus grand nombre d’obstacles que les personnes des groupes dont la tristesse ressentie était aible ou modérée. Ces personnes risquaient davantage que les autres de croire que les proessionnels qui ournissent des
services cliniques aux aidants ne comprenaient pas les besoins d’une personne atteinte de démence et que, par leurs actions, ils entraînaient des conséquences néastes sur les soins reçus par la personne sourante en augmentant le degré d’angoisse et de tristesse. De plus, aux yeux des personnes de ce groupe, les inrmières aisaient preuve de négligence, et les intervenants pivots étaient absents et peu réceptis. Quant aux proessionnels, ils sont décrits comme étant incompétents et impolis. Les personnes qui vivaient une tristesse intense ont eu recours à la spiritualité, au soutien du réseau social et à la présence d’animaux de compagnie comme stratégies d’adaptation. Les conjoints ont maniesté une nostalgie de la vie d’avant plus marquée que les enants d’âge adulte qui, eux, parlent davantage de culpabilité, de regrets et d’obstacles structurels. Les auteurs ont conclu que les proessionnels doivent se montrer à l’écoute des besoins du client et de ses proches aidants et qu’ils doivent savoir comment venir en aide à ces derniers dans la gestion de leurs émotions. Les chercheurs ont déterminé que les groupes de soutien, les programmes éducatis et les rencontres avec des membres de la amille étaient de bons moyens pour l’aidant d’apprendre à établir des relations avec les autres. Les auteurs ont armé que bien que la question de la tristesse doive être abordée, il peut s’avérer bénéque de prévoir des séances où les conséquences relatives au rôle de l’aidant ne sont pas au cœur de la discussion. Les auteurs concluent que les proessionnels doivent être mieux inormés quant aux besoins des aidants en vue d’orir les services pouvant répondre à leurs besoins.
Source : Sanders et al. (2008)
17
Pratiques infrmières suggérées TABLEAU 17.8
Soutenir une personne atteinte d’un trouble cogniti
INTERVENTIONS
JUSTIFICATIONS
Principales interventions à inclure dans le plan de soins • Inormer tous les soignants, c’est-à-dire la amille et le personnel, du PSTI.
Aide à maximiser la participation de tous les acteurs concernés en regard des interventions physiques et cognitives requises pour assurer la sécurité et la protection du client.
• Déterminer le niveau de onctionnement du client et l’inciter à aire appel à ses aptitudes.
Encourage l’autonomie aussi longtemps que possible, mais aussi aide à stimuler le cerveau, retardant ainsi le déclin cogniti.
• Établir une routine relativement structurée.
Aide le client à compenser ses pertes de mémoire de travail, à avoriser son autonomie et à réduire son anxiété
• Prévoir un moment où le client peut être seul. • Éviter de atiguer et de stimuler excessivement le client.
Permet de préserver son intimité, de aire preuve de respect et d’économiser son énergie.
• Demeurer fexible quant à l’horaire de la journée.
Aide le client à se sentir en sécurité et réduit sa rustration.
Approche relationnelle avec le client • Veiller à ce que toutes les interactions avec le client soient plaisantes, calmes et rassurantes.
Contribue à réduire son anxiété, car les clients atteints de troubles cognitis reproduisent le climat émotionnel dans lequel ils se trouvent.
Chapitre 17 Troubles cognitifs : délirium, démence et troubles amnésiques
499
TABLEAU 17.8
Soutenir une personne atteinte d’un trouble cognitif (suite)
INTERVENTIONS
JUSTIFICATIONS
• Éviter de demander au client de participer aux AVQ lorsqu’il est agité.
Évite d’accroître la rustration du client.
• Tenter de comprendre ce que ressent le client.
Réduit la rustration du client et contribue à satisaire ses besoins.
• Réagir aux sentiments du client et les valider à l’aide de mots, du langage corporel et d’actions adéquates.
Aide le client à se sentir compris et ainsi à accroître son amour-propre. Stimule également la sphère de la communication en donnant des exemples et en compensant les difcultés d’accès à la mémoire sémantique.
• Aider le client à garder une bonne estime de soi en le traitant comme un adulte.
Évite d’inantiliser le client ou de le traiter avec condescendance. Ne jamais perdre de vue que malgré ses pertes cognitives, le client n’oublie pas qu’il est un adulte.
Communication • Simplifer le message verbal en n’utilisant pas plus de cinq ou six mots par phrase. Accompagner les mots de signes visuels ou tactiles.
Contribue à réduire la conusion du client et à accroître la clarté du message.
• Diviser chaque tâche en diverses étapes.
Évite de susciter de la conusion ou de la rustration, et de créer inutilement une surcharge cognitive.
• Répéter le même message, si cela s’avère nécessaire, et laisser sufsamment de temps au client pour qu’il puisse répondre.
Aide à éviter ou à réduire les troubles de comportement comme la réaction catastrophique et le syndrome crépusculaire, en plus d’empêcher une augmentation des situations de handicap occasionnées par les troubles langagiers.
• Utiliser toujours les mêmes mots. • Éviter de transmettre un autre message avant d’être certain que le client a compris le premier. • Éviter de partir, puis de revenir en expliquant le message d’une nouvelle manière. Soutien à la prise de décisions et aux choix éclairés du client • Donner l’occasion au client de aire des choix simples.
Faire des choix ore au client une certaine emprise sur sa vie et l’aide à garder un sentiment relati d’indépendance.
• Éviter de poser des questions auxquelles la réponse peut être « non », principalement au moment d’orir les soins et les traitements.
Évite que le client ait l’occasion de reuser une intervention bénéfque pour sa condition, car cela erait obstacle à l’administration de soins et à l’organisation d’activités.
• Présenter des choix ou des situations qui avorisent la réussite.
Accroît l’estime de soi du client.
• Féliciter le client pour ses réussites et l’inciter à utiliser les orces dont il dispose encore.
Augmente l’estime de soi du client et réduit son sentiment d’échec.
• Assurer au client que rien de grave n’a eu lieu et éviter de le critiquer en cas d’erreur ou d’échec.
Évite d’amplifer le ait que les clients atteints de démence sont souvent conscients que quelque chose ne va pas relativement à leur rendement et qu’ils ne comprennent pas tout à ait leur environnement. Ils sont sensibles à la critique et ne sont pas toujours en mesure de répondre aux « pourquoi ? », ce qui peut susciter chez eux un sentiment d’échec.
• Éviter les réactions et les directives négatives, de même que les « pourquoi ? ». • Faire participer le client aux activités auxquelles il souhaite prendre part.
Réduit la résistance du client et avorise sa réussite.
• Faire en sorte que les activités se déroulent deux par deux ou en petits groupes et qu’elles soient de courte durée.
de la démence de type Alzheimer en augmentant la disponibilité de l’ACh dans les synapses. L’ob jectif du traitement est de réduire les symptômes et de freiner la progression de la maladie. En ce sens, les interventions entreprises rapidement pourraient entraîner une amélioration notable, sur le plan clinique, quant au fonctionnement, au comportement ainsi qu’à la cognition du client
500
Partie 3
Troubles mentaux
(American Academy of Neurology, 2010). Ce pendant, il a été démontré que, dans bien des cas, les inhibiteurs de l’AChE n’améliorent pas vraiment le niveau de fonctionnement, mais qu’ils prévien nent ou du moins ralentissent plutôt la détériora tion des fonctions chez les clients atteints de la démence de type Alzheimer, et ce, pendant plu sieurs mois (Stahl, 2008).
Trois inhibiteurs de cholinestérases sont actuel lement accessibles pour traiter la démence de type Alzheimer légère ou modérée : le donépézil (Ariceptmd), la rivastigmine (Exelonmd) et la galan tamine (Reminyl ERmd). Un quatrième médicament, la mémantine (Ebixamd), dont le mécanisme d’ac tion est diérent, conviendrait au traitement des ormes modérée et sévère de la démence de type Alzheimer (Stahl, 2008) 21 . Le plan de soins est adapté à chaque client en onction de ses problèmes de comportement. Avant d’entreprendre une gestion pharmacologique de ces troubles, il convient d’abord d’essayer toutes les techniques de gestion du comportement ainsi que les stratégies environnementales et sociales qui sont oertes. Si toutes ces tentatives échouent, l’administra tion de médicaments s’avère l’intervention la plus adéquate pour traiter le client agité atteint de démence, et ce, tant pour assurer sa sécurité que pour lui orir une certaine qualité de vie. Au cours d’une intervention destinée à traiter un problème de comportement, il est important de se rappeler que les clients expriment souvent la douleur qu’ils ressentent par leur comportement plutôt qu’avec des mots. Ainsi, si un client en douleur reçoit des anti psychotiques, il se peut que le comportement pro blématique diminue, sans pourtant que sa douleur soit soulagée (Kovach, Noonan, Schlidt et al., 2006). Les traitements psychopharmacologiques doi vent être adaptés aux clients, mais il existe tout de même plusieurs approches pour traiter l’agi tation. Les antipsychotiques de première généra tion comme l’halopéridol étaient autreois uti lisés, mais étant donné les eets indésirables qu’ils entraînent, il est plus prudent d’avoir recours à d’autres approches. Santé Canada a publié un avis portant sur les dangers d’avoir recours aux antipsychotiques de deuxième géné ration pour traiter l’agitation chez les personnes âgées atteintes de démence (Santé Canada, 2005). Cet avis s’étend à tous les antipsychotiques de deuxième génération oerts sur le marché cana dien, incluant ceux commercialisés après sa publication. Des études portant sur le sujet ont révélé une aug mentation du taux de mortalité chez les clients âgés traités à l’aide d’antipsychotiques des première et deuxième générations, les décès étant le plus souvent causés par des problèmes cardiaques et des pneumo nies (Huybrechts, Gerhard, Crystal et al., 2012 ; Kales, Kim, Zivin et al., 2012). Il est donc préérable de traiter l’agitation et l’agressivité à l’aide d’inhibiteurs sélectis du recaptage de la sérotonine, dont le citalopram (Celexamd) et la sertraline (Zolotmd), ou d’inhibiteurs sélectis du recaptage de la sérotonine et de la nora drénaline, comme la venlaaxine (Eexor XRmd), au lieu d’employer les antipsychotiques (Stahl, 2008). Il existe d’autres approches pharmacologiques dont
l’administration d’anticonvulsivants (p. ex., le dival proex, la carbamazépine), qui pourraient être ecaces et qui ne ont pas l’objet de mises en garde (Bronson, 2007). De plus, les médicaments comme la trazodone (Désyrelmd) – un inhibiteur sélecti du recaptage de la sérotonine apparenté aux substances tricycliques –, la buspirone (BuSparmd) – un anxiolytique qui n’ap partient pas à la amille des benzodiazépines –, les bêtabloquants – dont le propranolol – ainsi que de aibles doses de benzodiazépines peuvent être administrés au client (Alzheimer’s Association, 2010e). Cette dernière approche se révèle particu lièrement ecace lorsque le client éprouve des problèmes concomitants, notamment des symp tômes extrapyramidaux et des troubles du sommeil, mais elle entraîne souvent un risque accru de chutes et d’agitation paradoxale.
21 Tous les médicaments, regroupés sous le nom d’agents procognitifs sont présentés plus en détail dans le chapitre 21, Psychophar macothérapie et autres thérapies biologiques.
Certaines ormes de démence résultent d’une dégradation des neurones cholinergiques (p. ex., dans le noyau basal de Meynert). C’est d’ailleurs le cas des démences qui mettent en cause la protéine tau. Quant aux démences associées à la consomma tion d’alcool, aux troubles vasculaires, aux corps de Lewy et à la maladie de Parkinson, elles sont causées par la dégradation des neurones choliner giques. Dans ces caslà, les inhibiteurs de l’AChE pourraient s’avérer ecaces. À l’opposé, les chan gements des lobes temporaux et rontaux, caracté ristiques de la dégénérescence rontotemporale, laquelle ne présente aucun lien avec les neurones cholinergiques, ne peuvent être traités ou ralentis grâce à l’administration d’inhibiteurs de l’AChE (Stahl, 2008). 17
Les résultats des études portant sur le rôle de la vitamine E dans la prévention de la démence de type Alzheimer sont mitigés, et il n’existe toujours aucune preuve que la vitamine E ralentirait la pro gression de la maladie (Stahl, 2008). L’administration prolongée de ortes doses de vitamine E pourrait avoir des conséquences inquiétantes sur la santé des clients (Stahl, 2008). Les chercheurs étudient d’autres antioxydants et médicaments en vue de trouver une substance qui saura ralentir ou inverser la dégénérescence cognitive qui touche les per sonnes atteintes de la démence de type Alzheimer. Puisque l’infammation joue un rôle dans l’appari tion de cette démence, plusieurs études ont avancé que les antiinfammatoires non stéroïdiens pour raient réduire les risques d’être atteint de la dé mence de type Alzheimer (Stahl, 2008). Parmi les autres substances pharmacologiques qui ont l’objet de recherches pour le rôle qu’elles pourraient jouer dans le traitement des symptômes cognitis de la démence gurent les suivantes : la sélégiline (Eldeprylmd), un inhibiteur de la monoa mine oxydase de type B aux propriétés antioxy dantes qui pourrait ralentir la progression de la démence de type Alzheimer ; certains vaccins, en vue de réduire la production de la protéine Chapitre 17 Troubles cognitifs : délirium, démence et troubles amnésiques
501
bêtaamyloïde ; et les statines, an de réduire le cholestérol et les risques associés aux protéines (Stahl, 2008). Chez les clients ayant des hallucinations et de la paranoïa, l’administration de aibles doses d’anti psychotiques (dans la plupart des cas, la rispéri done [Risperdalmd]) peut s’avérer nécessaire et utile. D’ailleurs, des antipsychotiques sont réquemment prescrits aux clients atteints de la démence de type Alzheimer ou d’une autre orme de démence en lien avec la maladie, qui présentent un délire ou un comportement agressi mettant en danger le client luimême ou autrui.
Environnement multisensoriel Les environnements multisensoriels ont été créés en Hollande au cours des années 1970 sous le nom snoelezen. Ce terme provient d’un mot hollandais qui signie chercher et explorer, mais aussi se détendre. Le concept d’environnement multisen soriel a ensuite gagné en popularité ; depuis, il est utilisé dans de nombreux milieux à l’intention des personnes atteintes de divers troubles, dont la démence. Un environnement multisensoriel est un milieu contrôlé, sécuritaire et conortable conçu en vue d’orir une multitude d’expériences senso rielles procurant des bienaits pour la santé du client. Il s’agit d’une approche non directive dans laquelle les participants choisissent les activités auxquelles ils souhaitent prendre part (Fowler, 2008). L’environnement multisensoriel ait appel à une oule d’objets pour créer une expérience qui sollicite tous les sens : la vue, l’ouïe, le goût, l’odo rat, le toucher et l’équilibre. Staal et ses collabo rateurs (2007) ont d’ailleurs découvert que l’environnement multisensoriel utilisé en combi naison avec la thérapie comportementale chez les clients atteints de démence avancée permet : une réduction plus importante de l’agitation, compara tivement aux membres du groupe témoin ; une diminution de l’apathie, comparativement aux membres du groupe témoin qui n’ont montré aucun changement ; et une augmentation accrue de l’auto nomie en général.
Programme d’activités thérapeutiques Une activité thérapeutique est un projet pratiqué avec plaisir par la personne et qui ait naître chez elle des sentiments positis. Un programme d’acti vités thérapeutiques ait partie d’un plan de soins complet axé sur l’évaluation des besoins du client et sur les activités qu’il pratiquait auparavant. Un programme d’activités à l’attention des personnes atteintes de troubles cognitis doit être conçu de manière à satisaire des besoins précis préalable ment cernés ; il vise également la réduction des comportements problématiques, que ce soit en raison des besoins non satisaits ou des problèmes cognitis rapportés précédemment (p. ex., un trouble du langage, un trouble de la mémoire). Une
502
Partie 3
Troubles mentaux
évaluation approondie aide à déterminer l’en semble des besoins du client. Cette évaluation permet également de comprendre la manière dont les changements de comportement liés à la démence infuent sur la structure des activités. Cela acilite l’adaptation ainsi que la réponse aux besoins du client par son proche aidant (Smith, Kolanowski, Buettner et al., 2009). L’objecti est de maintenir le plus haut niveau de onctionnement possible. Les programmes qui connaissent le plus grand succès relativement aux soins oerts aux personnes atteintes de démence sont ceux qui adoptent une approche structurée, complète et holistique tenant compte des activités quotidiennes du client de même que de ses comportements. La clé du succès consiste à tirer parti des orces de la personne (p. ex., sa mémoire à long terme toujours intacte, l’utilisation d’une aptitude préser vée, les habiletés de motricité ne et globale pré servées, la réponse émotionnelle intacte). Il est excessivement dicile, voire impossible, pour une personne atteinte de la démence de type Alzheimer d’acquérir de nouvelles compétences. Le principe « utiliser sous peine de perdre » s’applique tout à ait aux clients atteints de démence qui ont besoin de stimuler leurs onctions cognitives. Une ois perdue, une aptitude disparaît généralement pour toujours ; le client ne sera plus en mesure de l’ap prendre à nouveau. Les habiletés les plus récem ment acquises seront perdues en premier. Le programme d’activités thérapeutiques consti tue le principal traitement des personnes atteintes de démence, car, dans bien des cas, les premières pertes neurologiques provoquent une incapacité à planier, à entreprendre et à mener à bien une activité dans un ordre préétabli, ou même à se souvenir des acti vités planiées précédemment ENCADRÉ 17.13. Ainsi, le rôle de l’inrmière est de guider ou d’aider le client tout au long de l’activité et d’avoir recours au renorcement positi à chaque étape du processus.
17.4.5
Évaluation des résultats – Évaluation en cours d’évolution
Il est particulièrement dicile d’évaluer les progrès du client atteint de la démence de type Alzheimer ou de troubles apparentés et de déterminer dans quelle mesure il a obtenu des résultats satisaisants. Les acteurs de réussite varient grandement pour chacun des clients. Ainsi, an d’aider l’équipe interdisciplinaire à déterminer l’atteinte des objec tis propres au groupe clientamille, l’inir mière procède à une évaluation de ses progrès ENCADRÉ 17.14. La démence de type Alzheimer et les troubles apparentés sont des pathologies progressives et chroniques qui nécessitent une planication des congés à partir des besoins du client et du stade
Collecte des données ENCADRÉ 17.13
Évaluation des résultats du programme d’activités thérapeutiques
L’infrmière mesure le succès d’un programme d’activités thérapeutiques à l’aide de certains critères pour lesquels elle se pose les questions suivantes : • La réquence (par jour ou par semaine) à laquelle le client prend part activement à son programme a-t-elle augmenté ou diminué ? • La réquence des réactions catastrophiques ou du syndrome crépusculaire a-t-elle augmenté ou diminué ?
• La réquence de l’errance, du va-et-vient sans but et des égarements a-t-elle diminué? • Le niveau de onctionnement du client au cours des AVQ et des AVD demeure-t-il stable ou diminue-t-il à un rythme plus lent qu’avant le début du programme? • Les proches aidants vivent-ils moins de stress (c.-à-d. moins d’épisodes de colère ou de pleurs, un sommeil de plus grande qualité, un sentiment de bien-être physique et mental accru) ?
Collecte des données ENCADRÉ 17.14
Exemples de questions associées à l’évaluation du client
• Le défcit cogniti est-il réversible ou irréversible ? • S’il s’agit d’une orme de démence réversible, le problème de santé ou de consommation sous-jacent a-t-il été déterminé et résolu ? • Le client est-il atteint de délirium, de dépression, de démence, d’un trouble amnésique ou d’une combinaison de ces troubles ?
• Quels problèmes médicaux ou psychiatriques ont été cernés au moment de la collecte des données et de l’anamnèse ? • Quel est le profl pharmaceutique actuel du client? • L’adhésion au traitement pose-t-elle un problème?
• Quel est le contexte de soins (p. ex., des soins de courte ou de longue durée, des soins à domicile)?
• Des médicaments ont-ils été prescrits pour le traitement de la démence de type Alzheimer ? Le cas échéant, le client présente-t-il des eets secondaires qui posent problème ?
• Le milieu de vie du client convient-il à ses besoins?
• La supervision médicale s’avère-t-elle ardue ?
• Les AVQ, les questions de nutrition et de sécurité ainsi que les besoins émotionnels et relatis aux activités du client conviennent-ils à l’état de ce dernier et à la progression de sa maladie ?
• Quels troubles de comportement ont été décelés ?
• Les ressources, les connaissances et la compréhension de l’aidant sont-elles sufsantes? Des ressources supplémentaires ou des séances de ormation sont-elles requises?
de sa maladie. À mesure que le client et ses pro ches aidants passent d’une phase à l’autre de la démence, l’équipe interdisciplinaire de soins travaille avec eux en vue d’adapter les soins ENCADRÉ 17.15.
17
• Quelles interventions comportementales se sont avérées efcaces ? • Quel est l’état onctionnel du client ? • Quel est le plan de soins interdisciplinaire?
l’engagement du proche aidant envers la personne atteinte. De nombreuses années d’inquiétude précèdent habituellement la décision de placer la personne en établissement. À cet effet, le stress émotionnel et les frais encourus deviennent importants.
Les proches aidants doivent faire l’objet d’une attention particulière, car sans soutien, le fait de Les soins de santé et les services à domicile, le prendre soin d’une personne atteinte de démence matériel spécialisé, la nourriture et la perte du salaire peut s’avérer un lourd fardeau à porter. D’ailleurs, du client et du proche aidant ne sont que quelques la dépression et l’épuisement par compassion sont uns des éléments financiers qui entrent en jeu. fréquemment observés chez L’enseignement à la famille les proches aidants. Le pla et l’aide psychologique Le placement dans un établissement de cement dans un établisse peuvent alléger le fardeau soins de longue durée constitue généralement de soins de longue que représente la prise en ment la dernière étape de l’engagement du charge d’une personne durée constitue générale proche aidant envers la personne atteinte. ment la dernière étape de atteinte de démence. Chapitre 17 Troubles cognitifs : délirium, démence et troubles amnésiques
503
Collecte des données ENCADRÉ 17.15
Signes d’une condition stable
Le client : • ne risque pas de s’infiger des blessures ou de aire l’objet de mauvais traitements;
• a recours à des interactions positives et thérapeutiques lorsqu’il prodigue des soins au client ; • a planié ses soins personnels et s’est doté de ressources (p. ex., du répit) en vue d’obtenir de l’aide;
• mène à bien ses AVQ et AVD avec le minimum d’aide ; • ne présente aucune réaction catastrophique ; • participe à un programme d’activités thérapeutiques établi en vue d’évaluer et de satisaire ses besoins. Le proche aidant: • possède une connaissance satisaisante du trouble cogniti dont le client est atteint ;
• prend des mesures juridiques et nancières adéquates à l’égard du client et de lui-même ; • a prévu des solutions en cas d’urgence (p. ex., une maladie ou la mort soudaine du client ou du soignant).
Plan de soins et de traitements infrmiers PSTI 17.1
Démence de type Alzheimer
Anita Richer, une emme mariée de 71 ans, est dirigée vers une inrmière en soins à domicile par son médecin, pour une évaluation. Le diagnostic de madame Richer concerne une démence de type Alzheimer probable et un diabète de type 2 bien contrôlé. La cliente est mariée depuis 49 ans à Carl Simard, un représentant pharmaceutique à temps partiel âgé de 69 ans. Il lui arrive de devoir voyager pour des raisons proessionnelles. Quand il est absent, Alma Richer, la sœur veuve de madame Richer, reste auprès d’elle jour et nuit. Les deux sœurs sont très proches, mais il est de plus en plus dicile pour Alma de s’occuper de sa sœur. Au cours d’entretiens avec madame Richer, son mari et sa sœur, les renseignements suivants ont été recueillis relativement à l’état de santé de la cliente : • Madame Richer souffre deux ans d’amnésie qui empire progressivement. • Elle semble comprendre ce qui lui est dit à condition que les idées soient énoncées lentement, en termes simples.
• Son expression orale révèle une grammaire incorrecte, elle cherche ses mots et répète ceux utilisés par l’inrmière. • De récents épisodes de pleurs, de négativisme et d’accès de colère inquiètent et apeurent la amille et les amis de la cliente. • Madame Richer a toujours été bien mise. Or, elle refuse maintenant de se laver et de changer de vêtements. Elle s’habille de açon inadéquate et met ses vêtements dans le mauvais ordre. • Monsieur Simard voyage de plus en plus souvent pour son travail et conie sa emme aux soins de sa sœur Alma, qui se charge également de vérier la glycémie de la cliente. • Madame Richer ne s’alimente pas bien, elle perd du poids et néglige ses activités personnelles et sociales. Ses amis sont inquiets. • La cliente est frustrée, il lui arrive parfois de prendre conscience que « rien n’est plus comme avant ».
DIAGNOSTICS SELON LES AXESa
Axe I
PROBLÈME DÉCOULANT DE LA SITUATION DE SANTÉ
Opérations de la pensée perturbée liée à une incapacité à traiter et à synthétiser l’inormation, comme le démontrent les pertes de mémoire de la cliente, la détérioration de sa capacité à raisonner et à juger ainsi que l’interruption du cours de sa pensée
RÉSULTATS ESCOMPTÉS
INTERVENTIONS INFIRMIÈRES ET JUSTIFICATIONS
• Recours par la cliente à ses aptitude intellectuelles et à son jugement au mieux de ses capacités, et ce, avec l’aide de sa amille et de ses proches aidants
• Établir un programme d’activités thérapeutiques stimulant sur les plans cogniti et physique pour avoriser l’estime de soi et inciter la cliente à maintenir le plus haut niveau de onctionnement possible.
• Démence de type Alzheimer avec amnésie, trouble de langage, apraxie et troubles du comportement Axe II • Différé Axe III • Diabète de type 2, contrôlé Axe IV • Conjoint absent ; isolement social Axe V • Évaluation globale du fonctionnement (EGF) = 35 (actuel) ; EGF = 45 (l’année dernière)
• Évaluer l’environnement et les activités quotidiennes de la cliente pour diminuer les acteurs de risque de blessures ou d’incidents (p. ex., les ugues). • Solliciter la collaboration de tous les proches aidants dans le but de avoriser une planication collaborative qui assure une approche ecace et cohérente axée sur les tâches et qui permet de réduire le stress vécu par la cliente et ses aidants.
504
Partie 3
Troubles mentaux
PSTI 17.1
Démence de type Alzheimer (suite)
• Conservation d’une certaine maîtrise sur sa vie par l’exercice de son droit de choisir • Orientation dans l’espace et dans le temps, concentration sur les activités prévues à l’horaire et sur les membres de sa amille • Diminution des réactions catastrophiques ou d’anxiété
• Suggérer de simplifer les choix d’aliments, de vêtements et d’activités et diminuer les stimulus inutiles (couleurs, accumulation d’objets ou de mobilier, environnement sonore) pour réduire le stress associé à la prise de décisions par la cliente. • Proposer de recourir à divers signes sensoriels (auditis, visuels et tactiles), pour que la cliente indique ses choix. Le but est de lui redonner une certaine maîtrise sur sa vie et d’augmenter son estime de soi, ce qui la rend plus intéressée à prendre part aux activités quotidiennes. • Établir un calendrier simple qui comporte des activités quotidiennes et s’assurer de la présence d’horloges aciles à lire pour établir une routine stable et aciliter la réorientation temporelle. • Inciter les membres de la amille à répéter souvent leur nom et le lien qui les unit à la cliente au cours de leurs conversations pour pallier la récente perte de mémoire. • Prévoir une période quotidienne de réminiscence pratiquée à l’aide de photos, de livres d’images spécialement conçus à cet eet et de boîtes d’objets porteurs de souvenirs pour stimuler la mémoire à long terme. • Déterminer, avec les proches aidants, les causes des réactions catastrophiques ou d’anxiété pour maximiser la sécurité de la cliente et réduire les stresseurs.
PROBLÈME DÉCOULANT DE LA SITUATION DE SANTÉ
Défcit de soins personnels (se laver, eectuer ses soins d’hygiène, se vêtir, soigner son apparence), lié à une altération des praxies et des gnosies attribuable à des lésions neurologiques, comme le démontre l’incapacité à ressentir le besoin d’eectuer ses soins personnels et à mettre ses vêtements dans le bon ordre, à raisonner et à juger du choix de vêtements adéquats
RÉSULTATS ESCOMPTÉS
INTERVENTIONS INFIRMIÈRES ET JUSTIFICATIONS
• Soins d’hygiène trois ois par semaine, avec l’aide des proches aidants
• Évaluer les besoins et proposer des stratégies d’aide aux soins personnels (toilette, hygiène, habillement, apparence, AVQ) ; orir de l’enseignement et du soutien aux proches aidants ; promouvoir un environnement positi et le bien-être physique de la cliente.
• Soins dentaires et d’hygiène buccale quotidiennement avec aide • Habillement de açon adéquate avec l’aide, s’il y a lieu, de sa amille et de ses proches aidants
• Déterminer le moment et la açon dont la cliente se lave habituellement pour établir une routine à partir de ses habitudes et qui lui permettra de aire appel à sa mémoire à long terme. • Accorder à la cliente l’intimité requise pour préserver sa dignité et son estime de soi.
• Participation active au choix des vêtements (prise de décision)
• Déterminer la température idéale de la pièce et de l’eau selon les goûts de la cliente pour avoriser le conort et la sécurité qui entraîneront chez elle une réponse positive.
• Maintien de son estime de soi et d’une certaine indépendance
• Réduire les stimulations sensorielles (p. ex., le bruit de la télévision, de la radio ou des autres personnes) pour permettre à la cliente de se concentrer sur la tâche en cours et pour limiter le nombre de réactions requises de sa part, ce qui acilitera sa coopération et son indépendance.
• Réduction de son stress et de celui des proches aidants quant à l’habillement • Confance accrue des proches aidants dans leur capacité à prendre soin de la cliente
• Fournir l’aide d’une auxiliaire amiliale trois ois par semaine pendant deux semaines pour aider la sœur de la cliente et son mari à acquérir de nouvelles connaissances et aptitudes (p. ex., un enseignement qà la préservation de l’intégrité de la peau), en plus de gagner en confance soins à prodiguer à la cliente. • Déterminer les points problématiques quant aux soins liés à l’apparence de la cliente. • Encourager les proches aidants à n’aider directement la cliente à eectuer ses tâches que si cela s’avère nécessaire pour renorcer le maintien de son niveau de onctionnement. • Suggérer des méthodes de renorcement positi pour inciter la cliente à prendre soin de son image corporelle. • Conseiller une prophylaxie dentaire et aider la amille de la cliente à planifer les rendez-vous chez le dentiste afn que ces derniers se déroulent bien. • Évaluer la garde-robe de la cliente et suggérer des mesures pour simplifer les choix vestimentaires et ainsi aciliter la prise de décision par la cliente et l’aide ournie par les proches aidants : retirer les vêtements qu’elle ne porte pas ces temps-ci, ormer des tenues coordonnées et les placer chacune sur un cintre, limiter les choix entre six et huit tenues, empiler les vêtements selon l’ordre où ils doivent être mis, trier les vêtements et ne garder que ceux qui sont aciles à mettre (p. ex., éviter les boutons, les boucles, les collants, privilégier les ceintures élastiques, les boutons-pression, les bandes velcro et les bas aux genoux ou aux cuisses), s’assurer que les chaussures sont adaptées à la condition de la cliente pour prévenir les chutes.
a
Les diagnostics sont posés selon les axes du DSM-IV-TR de l’APA (2004).
Chapitre 17 Troubles cognitifs : délirium, démence et troubles amnésiques
505
17
Analyse d’une situation de santé
Jugement clinique
Héléna Bourdon, âgée de 80 ans, en est à la phase modérée de la démence de type Alzheimer. Elle vient d’être admise dans un centre d’hébergement. Elle habitait avec un de ses fls et sa belleflle, mais ceuxci ont décidé de la placer dans un CHSLD,
étant de plus en plus atigués et inquiets quant à sa sécurité. La cliente reconnaît de moins en moins ses enants, est désorientée et dit voir des animaux sous son lit et des personnes cachées dans le placard. Elle ne présente pas de signes de dépression. {
MISE EN ŒUVRE DE LA DÉMARCHE DE SOINS
Collecte des données – Évaluation initiale – Analyse et interprétation 1. Comment pourriez-vous vérifer si la cliente est apraxique ? 2. Lorsque la cliente dit voir des personnes cachées dans le placard, cela peut-il être un indice de délire paranoïde ? Justifez votre réponse. SOLUTIONNAIRE
http://fortinash.cheneliere.ca
Lorsque vous demandez à la cliente de se vêtir, elle tourne les vêtements dans tous les sens, choi sit une blouse et une jupe, les replace et choisit un chandail et un pantalon. Elle reait ce scénario {
quelques ois jusqu’à ce que vous lui proposiez des vêtements précis. Une ois qu’elle est habillée, elle roule et déroule ses manches. Elle répète ce geste même si vous en aites la remarque. {
MISE EN ŒUVRE DE LA DÉMARCHE DE SOINS
3. Comment devez-vous interpréter ce comportement de madame Bourdon ? 4. Madame Bourdon manieste-t-elle de la persévération ? Justifez votre réponse.
Depuis que madame Bourdon a été admise au CHSLD, son fls vient la visiter tous les soirs. « Je me sens coupable de l’avoir placée. Je ne voudrais pas qu’elle me reproche de l’avoir abandonnée », ditil. Il passe au moins une heure avec elle jusqu’au moment où elle se couche. Dès qu’il est parti, la cliente se lève du lit et vous dit que son fls, qu’elle ne reconnaît pas, est ingrat parce qu’il {
ne vient jamais la voir. Même si vous lui rappelez qu’il vient juste de la quitter, elle s’obstine avec vous, est irritable et marche dans le corridor à sa recherche. Ses propos sont alors de plus en plus conus, elle entre dans les autres chambres et demande si son fls est là. Elle se promène ainsi pendant au moins une heure et a de la difculté à retrouver sa chambre. {
MISE EN ŒUVRE DE LA DÉMARCHE DE SOINS
5. D’après ces nouvelles données, à quoi les comportements de la cliente doivent-ils être associés ?
{ Lorsqu’elle cherche son fls, madame Bourdon veut prendre l’escalier ou l’ascenseur. Étant inca pable de le aire, elle rappe les portes avec ses
506
Partie 3
Troubles mentaux
poings et donne des coups de pieds. Elle a même ailli tomber en aisant cela. {
MISE EN ŒUVRE DE LA DÉMARCHE DE SOINS
Extrait des notes d’évolution
Voici un extrait du plan thérapeutique infrmier de madame Bourdon. Extrait CONSTATS DE L’ÉVALUATION Date
Heure
N°
Problème ou besoin prioritaire
2013-06-23
20:00
2
Confusion exacerbée en soirée
3
Errance
Initiales
RÉSOLU / SATISFAIT Proessionnels / Date Heure Initiales Services concernés
M.V.
4
SUIVI CLINIQUE Date
Heure
N°
2013-06-23
20:00
2-3
2013-07-16
21:00
2-3
Directive infrmière
Appliquer suivi habituel pour personne en perte d’autonomie.
Signature de l’infrmière
Monica Vélasquez
Initiales
Initiales
M.V.
Programme / Service
CESSÉE / RÉALISÉE Date Heure Initiales
M.V.
Signature de l’infrmière
Initiales
Programme / Service
2e AB
6. D’après les données de cet épisode, quel problème prioritaire mériterait un suivi plus précis de la part de l’infrmière ? Inscrivez votre réponse vis-à-vis du numéro 4.
MISE EN ŒUVRE DE LA DÉMARCHE DE SOINS
2013-06-23 20:00 N oît p on fl. A ét clu-c, l èv d lit mch coro à a hech. Mê s j lu pl q’i et jus a quie, l ’si dit q’i t igt pc q’i et p a i. Po lu en lu cou. E u cb m s on fl t à. Erc pet mi u heu. Dicul à ouve a cb.
Planifcation des interventions – Décisions infrmières 7. Écrivez une directive infrmière visant à ne pas exacerber davantage la conusion et l’errance de la cliente. 8. Quel moyen aiderait la cliente à retrouver sa chambre plus acilement ?
Lorsque la cliente rappe les portes d’escalier ou d’ascenseur, vous entendez certains membres du personnel l’appeler par son prénom et la {
17
tutoyer en lui disant : « Ne ais pas ça, ma cocotte. Viens avec moi, on va aire quelque chose. » {
MISE EN ŒUVRE DE LA DÉMARCHE DE SOINS
9. Pourquoi est-il important de ne pas adopter une attitude inantilisante envers la cliente ?
Madame Bourdon est incapable de se concentrer sur ce qu’elle ait. Par exemple, au cours de ses soins d’hygiène, elle commence à laver son visage, {
s’arrête pour brosser ses dents, recommence, se peigne et veut mettre ses vêtements. ”
MISE EN ŒUVRE DE LA DÉMARCHE DE SOINS
10. Que devrait aire le personnel pour que la cliente arrive à eectuer ses soins d’hygiène de açon satisaisante ?
Évaluation des résultats – Évaluation en cours d’évolution 11. Au ur et à mesure que la situation de madame Bourdon évolue, que devriez-vous observer concernant les points suivants ? • Errance : • Conusion et désorientation : • Syndrome crépusculaire : • Sécurité : • Capacité d’eectuer ses soins d’hygiène :
Chapitre 17 Troubles cognitis : délirium, démence et troubles amnésiques
507
APPLICATION DE LA PENSÉE CRITIQUE Dans l’application de la démarche de soins auprès de madame Bourdon, l’inirmière a recours à un ensemble d’éléments (connaissances, expériences antérieures, normes institutionnelles ou protocoles, attitudes proessionnelles) pour analyser la situation de santé de la cliente
et en comprendre les enjeux. La FIGURE 17.2 illustre le processus de pensée critique suivi par l’infrmière afn de ormuler son jugement clinique. Elle résume les principaux éléments sur lesquels l’infrmière s’appuie en onction des données de cette cliente, mais elle n’est pas exhaustive.
VERS UN JUGEMENT CLINIQUE NORME
CONNAISSANCES
EXPÉRIENCES
• Caractéristiques du développement normal de la personne âgée • Divers types de démence • Phases de la démence de type Alzheimer • Maniestations cliniques de chacune des phases de la démence de type Alzheimer • Signes de dépression chez une personne atteinte de démence • Problèmes prioritaires réquents chez une personne atteinte de démence • Interventions à aire et à ne pas aire devant une personne atteinte de démence
• Expérience de travail auprès d’une clientèle ayant des défcits cognitis ou atteintes de démence de tous types • Expérience auprès des personnes âgées • Travail en centre d’hébergement et de soins de longue durée • Personne de son entourage ayant un défcit cogniti ou atteinte d’une démence de type Alzheimer
• Utilisation d’instruments validés pour évaluer la condition mentale d’une personne atteinte de démence
ATTITUDES • Être patiente, car il aut s’attendre à répéter souvent les mêmes consignes à la cliente • Ne pas tenter de la « raisonner » • Être vigilante pour assurer la sécurité de la cliente • Démontrer du respect en ne l’inantilisant pas
PENSÉE CRITIQUE
ÉVALUATION • • • • • • •
Orientation dans les trois sphères Cohérence des propos Maniestations de la démence de type Alzheimer à la phase Maniestations du syndrome crépusculaire et acteurs déclenchants Capacité de la cliente à retrouver sa chambre Risques de chutes et de blessures Efcacité des stratégies de diversion pour éviter une exacerbation de l’errance et de la conusion de la cliente • Attitude de la cliente envers les membres de sa amille • Compréhension de la démence de type Alzheimer et de son évolution par les membres de sa amille
JUGEMENT CLINIQUE FIGURE 17.2
À retenir VERSION REPRODUCTIBLE
http://ortinash.cheneliere.ca
• Les troubles cognitis entraînent des défciences neurologiques,
508
Partie 3
Troubles mentaux
dont la capacité réduite à percevoir son environnement, la réduction du champ de l’attention, des troubles du langage, des pertes de mémoire, une modifcation des réactions émotionnelles et une réduction de la capacité
à raisonner et à ormuler un jugement. • La cause de la démence de type Alzheimer suppose une approche multiactorielle incluant la génétique, l’accumulation de protéines anormales et de leurs
produits, les défciences des neurotransmetteurs et des récepteurs, l’angiopathie et la rupture de la barrière hématoencéphalique. • Le principal processus pathologique de la démence est la présence de
protéines amyloïdes anormales au cerveau, ce qui perturbe le métabolisme cérébral et entraîne la destruction des neurones. • La démence de type Alzheimer comporte trois phases : légère, modérée et sévère. • Une gamme d’outils d’évaluation peut être utilisée en vue de poser
des diagnostics médicaux et d’établir les problèmes prioritaires. • L’infrmière planife et supervise les programmes d’activités thérapeutiques afn que le client atteigne le plus haut niveau de onctionnement possible et d’éviter une défcience excessive. Elle s’assure également de coordonner
le plan de soins avec la amille et les proches aidants.
aidants du client et l’équipe interdisciplinaire.
• Prendre soin d’une personne atteinte d’un trouble cogniti représente pour les aidants un lourd ardeau physique et émotionnel. • Tous les soins infrmiers prodigués au client atteint d’un trouble cogniti le sont en collaboration avec les
• L’infrmière établit un PSTI axé sur l’évaluation des besoins tant du client que du proche aidant. • Le secret de la réussite d’un plan de soins réside dans l’atteinte d’un certain état onctionnel du client et non dans la guérison de la maladie.
Ressources VERSION COMPLÈTE ET DÉTAILLÉE
http://fortinash.cheneliere.ca
Références Internet ORGANISMES ET ASSOCIATIONS Alzheimer-bottin www.alzheimer-bottin.com Alzheimer’s Association www.alz.org > Alzheimer’s & Dementia > What is Dementia > Down Syndrome > Down Syndrome and Alzheimer’s Disease Fédération québécoise des Sociétés Alzheimer www.alzheimerquebec.ca Réseau des cliniques gériatriques de la mémoire (RCGM) www.cgm-quebec.ca Société Alzheimer du Canada www.alzheimer.ca > La maladie > Les troubles cognitifs > La maladie à corps de Lewy > La maladie > Les troubles cognitifs > La maladie de Creutzfeldt-Jakob > La maladie > Les troubles cognitifs > La maladie de Huntington ORGANISMES GOUVERNEMENTAUX Ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec (MSSS) www.msss.gouv.qc.ca > Documentation > Publications > Lettre R > Rapport du comité d’experts en vue de l’élaboration d’un plan d’action pour la maladie d’Alzheimer
RÉFÉRENCES GÉNÉRALES Le cerveau à tous les niveaux ! http://lecerveau.mcgill.ca > Les troubles de l’esprit > La démence de type Alzheimer Institut universitaire en santé mentale/Douglas www.douglas.qc.ca > Infos santé mentale > Santé mentale de A-Z > (Alzheimer) Maladie d’Alzheimer : causes, symptômes et évolution PasseportSanté.net www.passeportsante.net > Maladies > Index des maladies de A à Z > Alzheimer (Maladie d’)
Monographies Collaud, T., & Gomez, C. (2010). Alzheimer et démence : rencontrer les malades et communiquer avec eux. Saint-Maurice, Suisse : Saint-Augustin.
d’Alzheimer. Québec, Qc : ministère de la Santé et des Services sociaux. McCracken, P.N. (dir.) (2009). Dossier – La démence vasculaire. La Revue canadienne de la maladie d’Alzheimer et autres démences, 12(3). Société Alzheimer du Canada (2010). Raz demarée : impact de la maladie d’Alzheimer et des aectations connexes au Canada. Toronto : Société Alzheimer du Canada.
Multimédia Hoffman, J. (2009). The Alzheimer’s project (enregistrement vidéo, 3 DVD). Burbank, Calif. : HBO Documentary Films and the National Institute on Aging of the National Institutes of Health. www.hbo.com > Go to HBO.com (USA)
Gorssberg, G.T., & Kamat, S.M. (2009). Alzhei mer’s : The latest assessment and treatment strategies. Sudbury, Mass. : Jones & Bartlett. Meulemans, T., Desgranges, B., Adam, S., et al. (2003). Évaluation et prise en charge des troubles mnésiques. Paris : Solal Éditeurs. Regnault, M. (2009). Alzheimer : le guide de l’accompagnant. Escalquens, France : Dangles.
Articles, rapports et autres Bergman, H. (dir.) (2009). Relever le déf de la maladie d’Alzheimer et des maladies apparentées : une vision centrée sur la personne, l’humanisme et l’excellence – Rapport du comité d’experts en vue de l’élaboration d’un plan d’action pour la maladie
Chapitre 17 Troubles cognitifs : délirium, démence et troubles amnésiques
509
17
chapitre
Troubles de l’alimentation
Écrit par : Anna Clarkin, MSW, LCSW Adapté par : Christianne Bourgie, inf., M. Sc.
Guide d’études – SA02, SA03
OBJECTIFS
Après avoir étudié ce chapitre, vous devriez être en mesure : ■
■
de décrire les signes et les symptômes cliniques de l’anorexie mentale et de la boulimie mentale ; de comparer les complications médicales de l’anorexie mentale, de l’hyperphagie boulimique et de la boulimie mentale ;
510
Partie 3
Troubles mentaux
■
■
d’analyser les facteurs biologiques, socioculturels, familiaux et psycho logiques qui contribuent aux troubles de l’alimentation ; d’expliquer le cercle vicieux d’un comportement alimentaire perturbé ;
■
■
de décrire le type de relation thérapeu tique le plus efficace avec une cliente ayant un trouble de l’alimentation, y compris l’approche et l’attitude que l’infirmière adopte dans cette relation ; d’appliquer la démarche de soins à la cliente atteinte d’un trouble de l’alimentation.
Concepts clés
Cette carte conceptuelle illustre schématiquement les principaux concepts décrits dans le présent chapitre. Sa lecture vous permettra d’avoir une vue d’ensemble des notions qui y sont présentées.
dont
comportent souvent liés à
touchent
dont
sont
causés par
souvent
dont
comprennent
requièrent
18 se manifestant
pour donc
doit assurer
comprenant
pour
Chapitre 18 Troubles de l’alimentation
511
PORTRAIT Sienna Jones Sienna Jones, une étudiante de niveau collégial âgée de 19 ans, vit avec son copain, Maxime, depuis presque 1 an. Celui-ci l’a amenée à l’unité d’urgence après qu’il l’a trouvée évanouie dans la douche. Il croit bien l’avoir entendue vomir avant d’entrer dans la douche. Maxime prend l’inirmière à part et lui confe qu’il craint que Sienna soit atteinte de boulimie. En réponse à une question, il dit avoir constaté qu’elle pouvait avoir des rages alimentaires non maîtrisées et qu’elle abusait alors de laxatis. Il pense même qu’elle se ait vomir. Il craint que son évanouissement soit lié à ce trouble de l’alimentation. Il mentionne également que Sienna est secrète et quelque peu sur la déensive au sujet de la boulimie. L’examen physique initial montre que la jeune emme n’a pas de blessures dues à la chute et que ses signes vitaux sont normaux. Ses glandes parotides sont hypertrophiées, et son poids est normal. Elle est tendue et montre des signes d’anxiété. Sienna évite le contact visuel avec l’infrmière et murmure que ces derniers temps elle a étudié tard et n’a pas dormi sufsamment.
512
Partie 3
La cliente atteinte d’un trouble de l’alimentation a souvent une vision déformée de son apparence physique.
Les troubles de l’alimentation peuvent engendrer des complications médicales dévastatrices et potentiellement mortelles. Dans le cas de l’anorexie mentale, une obsession pathologique pour la minceur et une perturbation de l’image corporelle entraînent une privation volontaire de nourriture FIGURE 18.1. Dans le cas de la boulimie mentale, une obsession semblable pour la minceur est présente, mais les restrictions alimentaires entraînent des cycles de crises de boulimie et de purges, ces dernières consistant généralement en des vomissements provoqués.
vulnérabilité des jeunes emmes aux diktats de la mode et, plus récemment, à celle des jeunes hommes sensibles au culte du corps. Touteois, le jeûne, la crise de boulimie et la purge existent depuis des siècles (Steiger, 2007). Puisque la nourriture a toujours représenté un important symbole culturel au cours de l’histoire, le déni de l’appétit et le rejet de la nourriture sont des comportements qui ont invariablement attiré l’attention . Des « artistes de la aim » se produisaient même dans les oires à la fn du xixe siècle (Fraise, 2000). Par ailleurs, il semble que les cas d’anorexie mentale aient été plutôt rares, ou mal reconnus, ou encore mal compris dans le passé (Wilkins, 2012). Les premières traces d’explications cliniques de ce trouble dans la littérature médicale remontent à 1873 en France et à 1874 en Angleterre (Wilkins, 2012).
Autreois plutôt méconnue, cette problématique est maintenant traitée dans les médias de toutes ormes, ce qui a contribué à la sensibilisation du public aux troubles de l’alimentation dans le monde entier. Depuis les années 1980, les publications portant sur le sujet abondent, autant dans les domaines de la recherche médicale et psychiatrique, dans les ouvrages socioculturels et les autobiographies, que dans l’inormation journalistique.
Le terme compulsive overeating, ou suralimentation compulsive, a été utilisé pour la première ois dans les années 1950 pour décrire les crises de boulimie (binge eating) de personnes ayant un excès de poids (Hamburger, 1951 ; Stunkard, 1959). L’alimentation compulsive a été comparée à l’alcoolisme, avec ses mêmes états de besoin et ses crises de boulimie secrètes suivies de honte et de culpabilité. Ce trouble est maintenant désigné par le terme hyperphagie boulimique.
L’augmentation draconienne de la visibilité des troubles de l’alimentation vers la fn du xxe siècle peut laisser croire qu’ils sont attribuables à la
Au milieu des années 1970, la psychologue Marlene Boskind-Lodahl a décrit un groupe de emmes de poids normal qu’elle a rencontrées à
18.1
L’encadré 18.1W, Troubles de l’alimentation dans l’histoire, présente les principaux cas répertoriés depuis le Moyen Âge.
FIGURE 18.1
Troubles mentaux
Caractéristiques des troubles de l’alimentation
la clinique de santé mentale de l’Université Cornell et qui maniestaient toutes une peur identique de prendre du poids et la même obsession de la minceur que les anorexiques. Ces emmes avaient aussi des épisodes réguliers de crises alimentaires et de purges. En 1983, elle a décrit son expérience clinique et ses nouvelles recherches sur ce groupe (Boskind-Lodahl & White, 1983). C’est cependant en 1979 que Russell a ormulé le terme bulimia nervosa (boulimie mentale), qui établissait un lien entre la boulimie et l’anorexie mentale (Russel, 1979).
18.2
Étiologie
L’étiologie des troubles de l’alimentation a été abordée sur les plans biologique, psychologique, psychanalytique, comportemental et sur celui des dépendances. Les causes des troubles de l’alimentation ne ont touteois pas l’unanimité. Cependant, de nombreuses théories diversiées ont convergé vers un cadre de travail qui explique mieux les troubles de l’alimentation et qui les considère comme des syndromes dont l’étiologie est multiactorielle (Pomerleau, 2001 ; Steiger & Yae, 2012). Des chercheurs croient maintenant que les troubles de l’alimentation peuvent être attribuables à une interaction entre une susceptibilité neurobiologique, combinée à des infuences environnementales telles que les milieux amilial, social et culturel (Kaye, 2007 ; Pomerleau, 2001 ; Steiger & Yae, 2012). Selon cette approche intégrée, une personne prédisposée serait soumise à un ensemble d’agents stressants – souvent, mais non exclusivement liés aux exigences développementales de l’adolescence –, et le ait qu’elle s’astreigne alors à un régime amaigrissant peut devenir le acteur déclenchant TABLEAU 18.1. L’état de bien-être et le sentiment de maîtrise associés aux restrictions alimentaires contribuent à leur tour à
TABLEAU 18.1
l’entretien du cercle vicieux des comportements alimentaires perturbés (Wilkins, 2012).
18.2.1
Facteurs biologiques
L’homogénéité des symptômes est rappante chez les personnes atteintes de troubles de l’alimentation : les clientes anorexiques expriment des pensées et des croyances remarquablement similaires et achent des comportements semblables, ce qui laisse supposer une prédisposition génétique (Pomerleau, 2001). De plus, les comportements extrêmes de jeûne, de crise de boulimie et de purge entraînent à leur tour diverses anomalies neurobiologiques, métaboliques et comportementales qui auront un eet sur la persistance des symptômes. Par exemple, le jeûne réduit l’appétit et retarde la vidange gastrique, ce qui diminue le besoin de s’alimenter (Polivy & Herman, 2002). Plusieurs de ces changements, sont touteois réversibles avec la réalimentation et l’arrêt des purges. Selon des études portant sur l’infuence des acteurs génétiques, les troubles de l’alimentation seraient de 3 à 10 ois plus élevés chez les personnes ayant un lien de parenté, alors que leur occurrence survient chez 50 à 70 % des vraies jumelles (ou jumelles identiques) (Steiger & Yae, 2012). Certains chercheurs croient qu’un gène du chromosome 1 augmente le risque d’anorexie mentale et qu’un gène du chromosome Élisabeth Honorat est une adolescente âgée de 15 ans. 10 accroît le risque de bouElle est très méticuleuse et ne se permet aucune erreur limie mentale (Bulik, dans tout ce qu’elle ait ; tout doit être parait à ses yeux. Devlin, Bacanu et al., 2003 ; Elle n’est jamais satisaite de ses résultats scolaires : Grice, Halmi, Fichter et al., « Je suis nulle. Les autres doivent penser que je suis 2002 ; Klump, Kaye & stupide de ne pas être la meilleure. » Elle trouve qu’elle Strober, 2001 ; Steiger & n’est pas assez mince et voudrait tant ressembler aux Yae, 2012). D’autres donmannequins des magazines qu’elle collectionne. nées indiquent que les perQuels sont les trois acteurs pouvant contribuer au sonnes anorexiques ont des développement d’un trouble de l’alimentation chez concentrations basales de Élisabeth ? sérotonine signicativement
Jugement clinique
Facteurs étiologiques des troubles de l’alimentation
FACTEURS BIOLOGIQUES
FACTEURS SOCIOCULTURELS
FACTEURS PSYCHOLOGIQUES
FACTEURS FAMILIAUX
• Antécédents amiliaux de troubles de l’alimentation
• Changement des rôles sociaux éminins et des exigences amiliales
• Faible estime de soi
• Enchevêtrement des rôles et aibles habiletés en résolution de confits
• Prédisposition génétique • Dérèglement neurobiologique prémorbide (vulnérabilité à l’anxiété et à la dépression)
• Industrie de la mode et idéaux corporels • Stress lié aux exigences dévelop pementales de l’adolescence
• Perectionnisme • Immaturité émotionnelle • Déciences intéroceptives • Sentiment d’inecacité • Besoin de conormité aux règles • Évitement des confits
• Accent mis sur la perormance et la réussite • Comportements alimentaires amiliaux • Questions de séparation et d’individuation confictuelles • Possibilité d’alcoolisme, ou de violence physique ou sexuelle
Chapitre 18 Troubles de l’alimentation
513
18
An d’intervenir sur les ris ques liés au culte de la min ceur, le gouvernement du Québec a publié la Charte québécoise pour une image corporelle saine et diversiée. Elle peut être consultée au www.sc.gouv.qc.ca/leadmin/ publications/Charte/Paraclip_ Charte.pd.
RAPPELEZ-VOUS…
De nombreux acteurs qui ne sont pas associés aux besoins nutritionnels infuent sur l’alimentation des adolescents. Ces acteurs comprennent les préoccupations à propos de l’image corporelle et de l’apparence (même quand le poids est normal ou insusant). Trois autres acteurs non liés aux besoins nutritionnels ont également un impact sur l’alimentation. Lesquels ?
élevées et une sensibilité Bien que les troubles La plupart des adolescentes de taille norexcessive du système sérode l’alimentation ne puismale sont insatisfaites de leur corps. toninergique (Steiger & sent être expliqués par Yae, 2012). Cela pourrait leur unique inluence créer une anxiété constante qui sera soulagée par sociale, certains liens sont à explorer entre le culte la privation de nourriture alors que cette privation de la minceur et des critères élevés de perormance contribuera à la diminution du taux de sérotonine. tels que la réussite scolaire, les succès sportis et De plus, les variations du système sérotoninergique les rôles sociaux plus exigeants, plus complexes peuvent être en cause dans la boulimie mentale, en (Pomerleau, 2001 ; Wilkins, 2012). Ces exigences raison de l’infuence de ce système sur les traits de qui encouragent la compétition et un pressant personnalité et sur les dérèglements de l’appétit besoin d’être à la hauteur peuvent constituer des (Steiger, Bruce & Groleau, 2010). Les dysonctions acteurs de stress importants et être porteuses de du système sérotoninergique sont souvent présentes risque chez des personnes vulnérables. La quête avant l’apparition du trouble, et elles persistent de la minceur peut ainsi devenir en soi un « prochez de nombreuses clientes après leur rétablisse- jet de réalisation personnelle » (Wilkins, 2012, p. 40). ment, ce qui indique une prédisposition biologique Cela s’illustre particulièrement dans la pratique ondamentale que la personne tente de moduler par d’activités sportives qui avorisent la perte de poids son comportement alimentaire perturbé (Bailer, tels que la danse, le patinage artistique, la nage synFrank, Henry et al., 2005 ; Bailer, Price, Meltzer chronisée, l’athlétisme et la course. Les sports très et al., 2004 ; Kaye, Frank, Meltzer et al., 2001). Les compétitis qui encouragent le perectionnisme, un recherches eectuées sur des clientes anorexiques haut niveau de perormance et l’exercice compulsi rétablies montrent également une hyperactivité des sont ainsi porteurs de risque (Taddeo, 2010). récepteurs de dopamine qui serait liée à un tempérament inquiet et à un manque de réaction positive Facteurs psychologiques aux activités habituellement réconortantes telles 18.2.3 que la prise des repas (Kaye, Bulik, Thornton et al., Bien que les adolescents soient tous soumis aux 2005 ; Kaye, Frank & McConaha, 1999). mêmes pressions socioculturelles, certains d’entre eux ont un tempérament et possèdent des habiletés d’adaptation qui semblent les protéger de ces trou18.2.2 Facteurs socioculturels Les adolescents et les jeunes adultes sont très tôt bles, tandis que d’autres y sont vulnérables. Certains exposés à d’innombrables publicités louant les mé- traits de personnalité s’observent dans tous les trourites des produits amaigrissants et aux courants de bles de l’alimentation, alors que d’autres sont prola mode qui les encouragent dans la quête d’un pres à l’anorexie mentale ou à la boulimie mentale corps idéal (Pomerleau, 2001). Pour les illes, TABLEAU 18.2. ce corps « idéal » est extrêmement mince et pour les garçons, incroyablement mince et musclé. La plupart des adolescentes de taille normale sont insatisaites de leur corps, et cette préoccupation se retrouve même chez des llettes âgées d’à peine huit ans (Gagnier, 2006 ; Groesz, Levine & Murnen, 2002).
TABLEAU 18.2
Traits de personnalité typiques aux troubles de l’alimentation
TRAITS COMMUNS
TRAITS RELATIFS À L’ANOREXIE MENTALE
TRAITS RELATIFS À LA BOULIMIE MENTALE
• Faible estime de soi
• Perectionnisme
• Impulsivité
• Conormité aux exigences amiliales et sociales
• Rigidité
• Instabilité aective
• Évitement du risque et prudence craintive
• Dérèglement émotionnel (c.àd. hypersensibilité émotionnelle, et diculté à moduler les émotions et le comportement)
• Évitement du confit • Sentiment d’inecacité • Alexithymie (c.àd. diculté à décrire et à exprimer ses émotions) • Déciences intéroceptives (c.àd. incapacité à reconnaître les signaux corporels et à y réagir adéquatement)
514
Partie 3
Troubles mentaux
La documentation dans le domaine de la thérapie cognitive décrit certaines distorsions des schémas de pensée comme étant caractéristiques des personnes ayant des troubles de l’alimentation (Lock & Le Grange, 2005a, 2005b). Ces schémas sont notamment la pensée dichotomique, c’est-à-dire
que la personne voit les situations comme étant entièrement bonnes ou entièrement mauvaises ; la perception erronée de son pouvoir, à savoir que la personne se sent la seule responsable du bonheur et du malheur des autres ; et la personnalisation, où l’individu se compare sans cesse aux autres et perçoit leur comportement comme une réaction envers sa propre personne.
18.2.4
Facteurs familiaux
En 1978, Minuchin, Rosman et Baker décrivaient la amille dont un ou des membres pouvaient avoir des troubles de l’alimentation comme étant blanche, de classe moyenne supérieure, complète, enchevêtrée, rigide et hostile. Cette description n’est cependant pas immuable puisque des personnes aux prises avec des troubles de l’alimentation se retrouvent dans toutes les classes socioéconomiques, les origines ethniques et les cultures ainsi que dans divers types de modèles amiliaux. Il reste que certains portraits types de amilles sont encore reconnus comme acteurs prédisposant aux troubles de l’alimentation. Les amilles enchevêtrées, par exemple, ont de aibles limites, exigent la conormité, et découragent l’individualité et l’expression directe des émotions (Pomerleau, 2001). On parlera alors d’une identité morcelée (Wilkins, 2012) ; l’enant peut ainsi apprendre à éviter les confits pour plaire aux autres et à craindre les responsabilités d’adulte. L’autonomie et le sentiment de compétence personnelle s’acquièrent dicilement, et la pression de séparation et d’individuation peut devenir terriante autant pour l’enant que pour ses parents. Certaines amilles accordent beaucoup d’importance à l’image corporelle, à la reconnaissance sociale et à la perormance. La recherche montre la grande infuence de l’incitation parentale sur les régimes alimentaires et la préoccupation envers l’image corporelle (Davis, Shuster, Blackmore et al., 2004). Les lles dont l’identication à la mère est perturbée auraient également un risque plus élevé d’être atteintes de troubles de l’alimentation (HahnSmith & Smith, 2001). Finalement, une corrélation a été établie entre des antécédents d’abus physiques, sexuels ou émotionnels et le risque de comportements boulimiques. L’instabilité émotionnelle qui découle de ces traumatismes pourrait engendrer ce type de comportements ; ceux-ci serviraient alors à composer avec les émotions négatives en procurant à la personne un sentiment de contrôle (Groleau, Steiger, Bruce et al., 2011).
18.2.5
Cercle vicieux des troubles de l’alimentation
En raison d’un ensemble de acteurs prédisposants, le culte de la minceur peut devenir attrayant, car il
devient la clé de la conance et du succès. La personne se met au régime, perd du poids, se sent mieux, continue son régime et perd encore du poids ; cela lui procure un sentiment de maîtrise de soi et d’accomplissement. Malheureusement, ces bénéces perçus continuent de renorcer son comportement. Ultérieurement, même quand les gens lui disent qu’elle est trop maigre, la personne a un sentiment de puissance et de contrôle qu’elle n’a jamais ressenti auparavant. L’énergie consacrée à la perte de poids l’a distraite de ses confits réels et lui a donné une impression d’emprise sur sa propre vie. Bien que ce sentiment soit nalement un leurre et présente son lot de risques, la personne peut craindre de l’abandonner et luttera parois de açon éroce pour le maintenir. Plus de 50 % des anorexiques sont incapables de maintenir à long terme leurs restrictions alimentaires en raison de la sourance engendrée par la aim (Steiger & Yae, 2012). Les crises de boulimie commencent donc souvent en réaction à la privation de nourriture. Ces crises soulagent la aim, engourdissent la douleur et détournent à nouveau la personne de ses confits réels. Le comportement boulimique représente parois une rébellion contre la pression d’être mince. Le soulagement que procure une crise de boulimie demeure touteois temporaire, et il est rapidement suivi d’un sentiment de honte et de culpabilité d’avoir mangé, ainsi que d’une panique relative à la perte de maîtrise de soi et au gain de poids possible. La purge qui suit habituellement une crise de boulimie a pour eet de réduire ce sentiment de culpabilité FIGURE 18.2. 18
18.3
Épidémiologie
Les troubles de l’alimentation touchent surtout les emmes, mais de plus en plus d’hommes en sont atteints. La plupart des troubles de l’alimentation commencent à l’adolescence ENCADRÉ 18.1 . Quelques diérences entre les sexes ont entre autres démontré que les hommes ayant des troubles de l’alimentation sont plus susceptibles d’être atteints d’une obésité prémorbide et de aire de l’exercice de açon excessive (Fernandez-Aranda, Aitken, Badia et al., 2004 ; Lewinsohn, Seely, Moerk et al., 2002). L’incidence et la prévalence des troubles de l’alimentation sont semblables dans les pays européens, aux États-Unis, au Canada, en Arique du Sud, au Japon, en Australie et dans d’autres pays occidentalisés où les ressources alimentaires sont abondantes (American Psychiatric Association [APA], 2000). Chapitre 18 Troubles de l’alimentation
515
Prédisposition biologique
Influence environnementale
• Vulnérabilité neurobiologique
• Pression développementale de l’adolescence
• Traits de personnalité • Antécédents familiaux de trouble de l’alimentation
• Dysfonctionnement familial STRESS
• Pressions socioculturelles
• Régime amaigrissant comme moyen d’exercer la maîtrise de soi • Renforcement positif des pairs (au regard de la perte de poids) • Poursuite du régime amaigrissant
• Faim, colère (liée à la privation alimentaire)
• Sentiment de puissance et de contrôle
• Crise de boulimie (engourdissement de la douleur, puis culpabilité, peur du gain de poids)
• Poursuite du régime amaigrissant et perte de poids supplémentaire
• Réapparition du sentiment de perte de contrôle • Purge ou restriction alimentaire pour retrouver un sentiment de maîtrise
• Dysfonctionnement cognitif dû à la privation de nourriture
BOULIMIE MENTALE
ANOREXIE MENTALE
FIGURE 18.2 Cycle des troubles de l’alimentation
ENCADRÉ 18.1
Épidémiologie des troubles de l’alimentation
STATISTIQUES GÉNÉRALES
• Les troubles de l’alimentation touchent 2% de la population générale. • Environ 3 % des emmes seront aectées par un trouble de l’alimentation au cours de leur vie. • Depuis 1995, de 100 à 140 nouveaux cas par année sont rapportés au centre hospitalier SaintJustine, à Montréal. • Au Canada, 80% des emmes ont suivi un régime avant d’avoir 18 ans, et 40 % ont suivi un régime avant d’avoir 9 ans. • Des taux similaires d’incidence et de prévalence des troubles de l’alimenta tion sont observés dans les pays occidentaux, où la nourriture est abondante et où les régimes amaigrissants sont communs. RAPPORT DES SEXES
• Au Canada, 90% des anorexiques sont des emmes, et 10% sont des hommes. ÂGE D’APPARITION
• L’âge moyen d’apparition de l’anorexie mentale est de 11 à 18 ans, mais ce trouble a été observé chez des enants de 8 ans. • L’âge moyen d’apparition de la boulimie mentale est de 17 ans.
• Au Canada, depuis 1987, les hospitalisations pour les troubles de l’alimenta tion dans les centres hospitaliers généraux ont augmenté de 34 % chez les adolescentes âgées de moins de 15 ans et de 29 % chez les jeunes emmes de 15 à 24 ans. • Au Canada, de 1 à 2 % des personnes âgées de 13 à 40 ans sont anorexi ques, et de 2 à 4 % des 13 à 40 ans sont boulimiques. • Au Québec, 8 % des flles âgées de 15 à 25 ans ont des troubles de l’ali mentation. Chaque année, plus de 65 000 Québécoises de 14 à 25 ans sont atteintes de ces troubles. COMORBIDITÉ
• Les troubles concomitants sont les suivants : − axe I: troubles de l’humeur (troubles dysthymiques, trouble dépressi majeur), troubles anxieux (trouble d’anxiété généralisée, phobie sociale, trouble obsessionnelcompulsi, trouble de stress post traumatique), trouble dissociati de l’identité, troubles liés à la consommation de substances; − axe II: troubles de la personnalité (limite, histrionique et obsessionnelle compulsive).
Sources : Adapté de Agence de la santé publique du Canada (2002) ; APA (2000) ; Statistique Canada (2012) ; Wilkins (2012)
516
Partie 3
Troubles mentaux
18.4
Description clinique
L’anorexie mentale et la boulimie mentale sont des troubles distincts, mais elles partagent plusieurs caractéristiques. Des clientes anorexiques dont le poids est insufsant peuvent avoir des crises de boulimie suivies de purges, alors que des clientes boulimiques peuvent utiliser le jeûne ou l’exercice pour compenser ces crises (APA, 2000) FIGURE 18.3. Si une personne répond à la ois aux critères de la boulimie mentale et de l’anorexie mentale, le diagnostic d’anorexie mentale de type crise de boulimie et purge est posé parce que c’est la seule catégorie qui inclut tous les symptômes (c.-à-d. qu’aucun sous-type de boulimie mentale ne comprend la perte de poids). La moitié des personnes atteintes de troubles de l’alimentation « migrent » d’un diagnostic à l’autre au cours du temps. Cette observation indique qu’il aut préciser davantage les diagnostics de troubles de l’alimentation (Milos, Spindler, Schnyder et al., 2005). La catégorie des troubles des conduites alimentaires non spécifés permet de diagnostiquer les
personnes dont le trouble de l’alimentation ne répond pas aux critères de l’anorexie mentale ou de la boulimie mentale ENCADRÉ 18.2. L’hyperphagie boulimique est présentée comme un exemple de trouble des conduites alimentaires non spécifé, et il est inclus dans le Manuel dia gnostique et statistique des troubles mentaux, 4e édition révisée (DSM-IV-TR) comme un diagnostic proposé pour une étude ultérieure. L’hyperphagie boulimique est défnie comme des épisodes récurrents de crises de boulimie avec un sentiment de perte de contrôle semblable à celui associé à la boulimie. Les autres critères sont les sentiments de détresse, de culpabilité et de dégoût relatis à ce comportement ainsi que l’absence de comportement compensatoire (APA, 2000). L’obésité n’est pas considérée comme un trouble de l’alimentation dans la classifcation du DSMTR-IV, parce que tous les cas d’obésité ne sont pas liés à un trouble mental. L’obésité elle-même est classée dans l’International Statistical Classif cation o Diseases and Related Health Problems, 10e édition, comme une aection médicale générale (APA, 2000).
RAPPELEZ-VOUS…
L’IMC est une mesure anthropométrique qui met en relation le poids avec la taille d’une personne. Savezvous comment le calculer ?
SCHÉMA DES QUATRE DIMENSIONS Anorexie mentale DIMENSION PHYSIQUE • Perte de poids marquée • Aménorrhée • Froideur des extrémités
• Port de vêtements amples ou choix de vêtements « soulignant » la maigreur • Possibilité de lanugo (duvet sur la peau)
Stéphanie Provencher, âgée de 15 ans, s’est mise au régime il y a 6 mois, quand un camarade de classe l’a taquinée sur ses rondeurs. Elle calcule minutieusement les calories qu’elle consomme et elle s’astreint à un régime de plus en plus sévère. Elle ait de la course à pied tous les jours et de l’exercice aérobique au lever comme au coucher. Parois, elle perd le contrôle et se gave de douzaines de biscuits qu’elle mange en cachette. Comme elle a honte de son geste, elle se ait vomir et peut ensuite jeûner pendant deux jours. Son indice de masse corporelle (IMC) se situe à 15.
DIMENSION SOCIALE • Isolement • Confits étoués avec les parents • Sentiment d’être incomprise Stéphanie se mée de ceux qui veulent lui venir en aide. Elle tente d’éviter ses parents, dont elle ne comprend pas les préoc cupations. Elle ne veut pas qu’on dirige sa vie alors qu’elle sent qu’elle réussit enn quelque chose.
DIMENSION PSYCHOLOGIQUE • Image de soi déormée • Obsession de la minceur
• Faible estime de soi • Perectionnisme marqué
Le seul moment où Stéphanie se dit satisaite est celui où elle se pèse et où elle réalise qu’elle a perdu du poids. Cela l’encourage à persévérer alors qu’elle se trouve toujours grosse ; elle cible sur son corps ce qu’elle considère comme des « excès de gras ».
DIMENSION SPIRITUELLE • Sentiment de n’avoir pas de valeur intrinsèque Malgré ses succès scolaires et la reconnaissance de ses pairs, Stéphanie ne se sent pas à la hauteur dans plusieurs domaines de sa vie.
FIGURE 18.3
Chapitre 18 Troubles de l’alimentation
517
18
Critères diagnostiques du DSM-IV-TR ENCADRÉ 18.2
Troubles de l’alimentation
ANOREXIE MENTALE (ANOREXIA NERVOSA)
A. Reus de maintenir le poids corporel au niveau ou audessus d’un poids minimum normal pour l’âge et pour la taille (p. ex., une perte de poids conduisant au maintien du poids à moins de 85 % du poids attendu ou une incapacité à prendre du poids pendant la période de croissance conduisant à un poids inérieur à 85% du poids attendu). B. Peur intense de prendre du poids ou de devenir gros, alors que le poids est inérieur à la normale. C. Altération de la perception du poids ou de la orme de son propre corps, infuence excessive du poids ou de la orme corporelle sur l’estime de soi, ou déni de la gravité de la maigreur actuelle. D. Chez les emmes postpubères, aménorrhée, c’estàdire absence d’au moins trois cycles menstruels consécutis. (Une emme est considérée comme aménorrhéique si les règles ne surviennent qu’après l’administration d’hormones, par exemple des œstrogènes.) Spécier le type: – Type restricti (Restricting type) Pendant l’épisode actuel d’anorexie mentale, le sujet n’a pas, de manière régulière, présenté de crises de boulimie ni recouru aux vomissements provoqués ou à la prise de purgatis (c.àd. laxatis, diurétiques, lavements). – Type avec crises de boulimie/vomissements ou prise de purgatis (Bingeeating/purging type) Pendant l’épisode actuel d’anorexie mentale, le sujet a, de manière régulière, présenté des crises de boulimie et/ou recouru aux vomissements provoqués ou à la prise de purgatis (c.àd. laxatis, diurétiques, lavements). BOULIMIE (BULIMIA NERVOSA)
A. Survenue récurrente de crises de boulimie (binge eating). Une crise de boulimie répond aux deux caractéristiques suivantes: (1) absorption, en une période de temps limitée (p. ex., en moins de deux heures), d’une quantité de nourriture largement supérieure à ce que la plupart des gens absorberaient en une période de temps similaire et dans les mêmes circonstances ; (2) sentiment d’une perte de contrôle sur le comportement alimentaire pendant la crise (p. ex., un sentiment de ne pas pouvoir s’arrêter de manger ou de ne pas pouvoir contrôler ce que l’on mange ou la quantité que l’on mange). B. Comportements compensatoires inappropriés et récurrents visant à prévenir la prise de poids tels que : vomissements provoqués ; emploi abusi de laxatis, de diurétiques, de lavements ou d’autres médicaments ; jeûne; exercice physique excessi.
C. Les crises de boulimie et les comportements compensatoires inappropriés surviennent tous deux, en moyenne, au moins deux ois par semaine pendant trois mois. D. L’estime de soi est infuencée de manière excessive par le poids et la orme corporelle. E. Le trouble ne survient pas exclusivement pendant des épisodes d’anorexie mentale (anorexia nervosa). Spécier le type : – Type avec vomissements ou prise de purgatis (Purging type) Pendant l’épisode actuel de boulimie, le sujet a eu régulièrement recours aux vomissements provoqués ou à l’emploi abusi de laxatis, diurétiques, lavements. – Type sans vomissements ni prise de purgatis (Non purging type) Pendant l’épisode actuel de boulimie, le sujet a présenté d’autres comporte ments compensatoires inappropriés, tels que le jeûne ou l’exercice physique excessi, mais n’a pas eu régulièrement recours aux vomissements provoqués ou à l’emploi abusi de laxatis, diurétiques, lavements. TROUBLES DES CONDUITES ALIMENTAIRES NON SPÉCIFIÉS
Les troubles des conduites alimentaires non spéciés sont une catégorie destinée aux troubles qui ne remplissent pas les critères d’un trouble des conduites alimentaires spécique. En voici quelques exemples. (1) F50.1 Chez une emme, tous les critères de l’anorexie mentale sont présents, si ce n’est qu’elle a des règles régulières. (2) F50.1 Tous les critères de l’anorexie mentale sont remplis excepté que, malgré une perte de poids signicative, le poids actuel du sujet reste dans les limites de la normale. (3) F50.3 Tous les critères de la boulimie sont présents, si ce n’est que les crises de boulimie ou les moyens compensatoires inappropriés surviennent à une réquence inérieure à deux ois par semaine, ou pendant une période de moins de trois mois. (4) L’utilisation régulière de méthodes compensatoires inappropriées ait suite à l’absorption de petites quantités de nourriture chez un individu de poids normal (p. ex., un vomissement provoqué après absorption de deux petits gâteaux). (5) Le sujet mâche et recrache, sans les avaler, de grandes quantités de nourriture. (6) F50.4 Hyperphagie boulimique (Binge Binge eating disorder disorder) : il existe des épisodes récurrents de crises de boulimie, en l’absence d’un recours régulier aux comportements compensatoires inappropriés caractéristiques de la boulimie (voir l’Annexe B du DSMIVTR pour les critères proposés pour la recherche).
Source : APA (2004), p. 259-262
18.5
Pronostic
L’évolution d’un trouble de l’alimentation est variable et dépend de la gravité des symptômes (APA, 2000 ; Pomerleau, 2001). De plus, la notion de rétablissement peut renvoyer à plusieurs variables qui en complexifent la défnition. Le pronostic est encourageant lorsqu’il y a stabilisation du poids et retour des menstruations. Mais il y a lieu de aire des nuances au regard du onctionnement global et de l’adaptation sociale. Le retour à un poids normal est nécessaire,
518
Partie 3
Troubles mentaux
mais pas sufsant au rétablissement complet. Les personnes atteintes doivent résoudre les principaux problèmes à l’origine de leur comportement alimentaire ainsi que les questions psychologiques sous-jacentes (Pomerleau, 2001 ; Sysko, Walsh, Schebendach et al., 2005 ; Wilkins, 2012). Certaines clientes conserveront une ragilité ou une « attitude anorexique » (Pomerleau, 2001), alors que de 15 à 25 % vivront un problème chronique (Pomerleau, 2011 ; Wilkins, 2012). Le pronostic est généralement plus prometteur chez les clientes dont l’anorexie a été traitée à l’adolescence ;
plus de 75 % de celles-ci Le taux de mortalité dû Le taux de mortalité dû aux troubles de aux troubles de l’alimendisent bien aller (Wilkins, l’alimentation est plus élevé que celui attri2012). Par ailleurs, près de tation est touteois plus buable à tout autre trouble mental. 66 % des boulimiques se élevé que celui attribuable à tout autre trouble mental ; rétablissent (Pomerleau, 2001). La littérature indique que la thérapie cognitivo- il se situe entre 4 et 20 % (Agras, 2001 ; Crow, comportementale, amiliale ou interpersonnelle à long Peterson, Swanson et al., 2009, Peterson, Swanson terme, souvent combinée à des antidépresseurs, per- et al., 2009 ; Papadopoulos, Ekbom, Brandt et al., met l’amélioration la plus durable (Dare, Eisler, 2009). Les complications médicales, la consomRussell et al., 2001 ; Keel, Mitchell, Davis et al., 2002 ; mation de substances et le suicide sont les princiLöwe, Zipel, Buchholz et al., 2001). pales causes de mortalité dans cette population.
18.6 18.6.1
Démarche de soins Collecte des données – Évaluation initiale
Reconnaître les manifestations des troubles de l’alimentation
concomitants, l’infrmière en tient compte dans son évaluation. Les TABLEAUX 18.3 et 18.4 présentent les maniestations cliniques physiques, comportementales et psychologiques de l’anorexie mentale et de la boulimie mentale.
Puisque de nombreuses clientes atteintes de troubles de l’alimentation ont un ou plusieurs troubles
La cliente atteinte de boulimie mentale doit aussi subir une évaluation des déséquilibres liquidiens et
Symptômes cliniques TABLEAU 18.3 SYMPTÔMES PHYSIQUES
Anorexie mentale • Poids de 15 % inérieur au poids santé • Aménorrhée (c.àd. absence de trois cycles menstruels consécutis ou plus quand ils devraient être présents) ; possibilité que les clientes aient encore leurs menstruations au début des maniestations du trouble de l’alimentation • Bradychardie • Hypothermie
18
• Déséquilibres liquidiens et électrolytiques en raison d’un apport insusant en nutriments et en liquides • Cachexie (c.àd. perte musculaire, yeux creux, os saillants et peau sèche) • Lanugo (croissance de duvet) sur le visage et le corps • Constipation • Hypotension orthostatique • Pendant l’adolescence, retard possible de la puberté et de la croissance SYMPTÔMES COMPORTEMENTAUX
• Privation volontaire de nourriture (c.àd. restrictions alimentaires et reus de manger rapporté par la cliente ou ses proches) • Rituels ou comportements compulsis concernant l’alimentation ou la perte de poids • Recours aux vomissements provoqués, aux laxatis ou aux diurétiques, ou pratique d’exercices excessis an de perdre du poids • Port de vêtements amples ou de couches inappropriées de vêtements, ou achage exagéré de la maigreur
SYMPTÔMES PSYCHOLOGIQUES
• Déni de la gravité de la perte de poids actuelle et de la aim • Perturbation de l’image corporelle (c.àd. la personne se considère comme grosse alors qu’elle a un poids idéal ou inérieur, ou elle trouve que certaines parties de son corps sont disproportionnées) • Peur intense et irrationnelle d’engraisser qui ne diminue pas avec la perte de poids • Eorts constants pour avoir un corps « parait » • Anxiété relative à la prise de repas • Conception de soi excessivement infuencée par la orme du corps et le poids • Préoccupation relative aux aliments, à la cuisine, à l’inormation nutritionnelle et à l’alimentation des autres • Développement psychosexuel retardé ou manque d’un intérêt approprié pour son âge envers la sexualité et les relations interpersonnelles Chapitre 18 Troubles de l’alimentation
519
Symptômes cliniques
Boulimie mentale
TABLEAU 18.4 SYMPTÔMES PHYSIQUES
• Déséquilibres liquidiens et électrolytiques possibles dus aux purgatis − Hypokaliémie − Alcalose − Déshydratation − Œdème idiopathique • Problèmes cardiovasculaires − Hypotension − Arythmies cardiaques − Cardiomyopathie • Troubles endocriniens − Hypoglycémie − Dysonctionnement menstruel possible • Problèmes gastrointestinaux − Constipation ou diarrhée − Gastroparésie (c.àd. vidange gastrique retardée) − Refux œsophagien − Œsophagite − Syndrome de MalloryWeiss (c.àd. déchirures de l’œsophage) − Érosion de l’émail dentaire − Hypertrophie des glandes parotides
SYMPTÔMES COMPORTEMENTAUX
• Épisodes récurrents de crises de boulimie (c.àd. consommation de grandes quantités de nourriture au cours d’une période limitée) • Utilisation de moyens purgatis pour compenser la crise de boulimie tels que des vomissements provoqués, des laxatis, des diurétiques, des comprimés amaigrissants, de l’ipéca ou des lavements ; exercices excessis ; périodes de jeûne
SYMPTÔMES PSYCHOLOGIQUES
• Perturbation de l’image corporelle • Préoccupations excessives persistantes envers le poids, la orme et les proportions du corps
Analyse et interprétation des données
À la suite de son évaluation, l’infrmière analyse et interprète les données obtenues en onction de son jugement clinique, dont les assises reposent sur les connaissances scientifques et les données probantes. Elle détermine alors le plan de soins et de traitements infrmiers (PSTI), dans lequel elle dresse la liste des problèmes et des besoins prioritaires de la cliente ainsi que les interventions prévues afn d’assurer le suivi clinique de cette dernière TABLEAU 18.6. Ces interventions portent notamment sur la surveillance clinique, les soins et les traitements (Ordre des infrmières et des infrmiers du Québec, 2006).
18.6.3
Planifcation des soins
Le PSTI doit prévoir de constants eorts de collaboration entre la cliente atteinte d’un trouble de l’alimentation, ses proches et l’équipe interdisciplinaire.
Établir les résultats escomptés La cliente pourra : • établir une relation de conance avec le personnel soignant et accepter d’être aidée ; • reconnaître le trouble de l’alimentation et les risques qui y sont liés ; • confronter sa phobie de prendre du poids ; • reconnaître les signaux de faim et de satiété ;
• Conception de soi dépendante du poids et de la orme du corps
• redécouvrir la notion de plaisir associée à la prise des repas ;
• Discrétion et honte liées à la crise de boulimie et à la purge
Jugement clinique Gwenda Marceau est une adolescente âgée de 15 ans très active qui ait partie d’une équipe de volleyball et de ringuette. Elle marche pendant deux heures pour se rendre à l’école après avoir mangé trois raisins. Sa mère lui prépare un lunch, mais Gwenda le jette en chemin. Au retour de l’école, elle sort son vélo et roule pendant au moins une heure. Les parents de Gwenda ont remar qué qu’elle passe au moins 30 minutes sous la douche. Qu’estce que cela peut signier ?
Partie 3
18.6.2
• Labilité de l’humeur et irritabilité • Déni ou minimisation de la gravité de la crise de boulimie ou de la purge pour la santé
520
l’alimentation requiert de la sensibilité, de la rigueur et de bonnes habiletés d’observation. Il est important d’accompagner la cliente et de ne pas la conronter (Wilkins, 2012). Les premières minutes de l’entrevue sont importantes, parce qu’elles donnent le ton à l’expérience entière de traitement. Si l’infrmière orme immédiatement une alliance thérapeutique, cela préviendra les luttes de pouvoir réquentes dans une telle situation TABLEAU 18.5.
Troubles mentaux
électrolytiques aigus (particulièrement le potassium sérique), et de tout eet secondaire comportant des risques liés à ses comportements purgatis. Si ces derniers n’ont pas cessé, une surveillance en continu des électrolytes devra être aite.
• augmenter graduellement son apport nutritionnel an de viser une quantité adéquate de calories pour son âge, sa taille et ses besoins énergétiques ; • atteindre un poids sufsant pour diminuer les risques de problèmes de santé ; • cesser la restriction alimentaire an de prévenir les crises boulimiques ; • maintenir des concentrations liquidiennes et électrolytiques sufsantes ; • retrouver un cycle menstruel normal ; • montrer une vision plus réaliste de son image corporelle ;
Former une alliance thérapeutique
• faire usage de stratégies d’adaptation plus efcaces en cas de difcultés ;
L’évaluation initiale de la cliente ayant un trouble de
• démontrer une compréhension des enjeux sousjacents au trouble de l’alimentation.
Collecte des données TABLEAU 18.5
Évaluation de la situation particulière de la cliente atteinte d’un trouble de l’alimentation
EXEMPLES DE QUESTIONS
JUSTIFICATIONS
• Quelle est votre préoccupation la plus importante en lien avec votre présence ici aujourd’hui ?
• Pour déterminer si la cliente est venue volontairement ou si elle y a été contrainte, et pour évaluer sa motivation à participer au traitement.
• Avezvous déjà parlé à quelqu’un de votre trouble de l’alimentation ?
• Pour évaluer la capacité de la cliente de se révéler, et pour prendre con naissance de son anxiété et de son sentiment de honte, le cas échéant.
• Avezvous déjà suivi une thérapie ?
• Pour obtenir de l’inormation sur les traitements antérieurs, y compris le nom du médecin traitant, les dates des traitements, leurs résultats et l’expérience de la cliente relative à ceuxci.
• Décrivez l’évolution de votre poids et les émotions y étant associées au cours de votre vie. Précisez les données suivantes dans votre description : − poids actuel, y compris les fuctuations des six derniers mois ; − poids désiré ; − poids minimal et maximal (excluant les grossesses) ; − perception de votre taille et de votre orme corporelle au cours de l’enance et de l’adolescence ; − perception de votre taille et de votre orme corporelle actuelles ; − antécédents amiliaux de troubles de l’alimentation ou d’obésité ; − antécédents amiliaux de régimes amaigrissants ou de préoccupations envers la minceur ; − expériences liées au poids et à l’alimentation dans l’enance.
• Pour déterminer le poids prémorbide de la cliente et ses perceptions antérieures et actuelles relatives à son corps.
• Quels sont vos sentiments par rapport à l’apparence de votre corps actuelle ment ?
• Pour évaluer le niveau d’insatisaction de la cliente relativement à son corps et l’intensité de la déormation de son image corporelle.
• Évaluez vos antécédents de régimes amaigrissants. − Quand avezvous suivi un régime amaigrissant pour la première ois ? − Qu’estce qui vous a incité à commencer ce régime ? − Que s’estil passé pendant votre régime ? − Avezvous perdu ou pris du poids ? − Quelqu’un vous atil encouragé à perdre du poids ? − Quels moyens avezvous utilisés pour perdre du poids ?
• Pour déterminer tout recours au jeûne, à un régime amaigrissant structuré, à une restriction alimentaire importante ou à des produits ou des programmes amaigrissants.
• Évaluez vos crises de boulimie. − Avezvous des crises de boulimie ? Si oui, pouvezvous décrire comment se passe un épisode ? − Quand avezvous eu votre premier épisode de boulimie ? − Avezvous déterminé ce qui déclenche une crise ? − Ce comportement estil gardé secret ?
• Pour recueillir de l’inormation sur les crises de boulimie habituelles, y compris les moments et les endroits où elles se produisent, leur durée et leur réquence, le type et la quantité de nourriture ingérée, et tout rituel ou comportement connexe.
ÉVALUATION INFIRMIÈRE
JUSTIFICATIONS
• Aider la cliente à déterminer les sentiments liés à la crise de boulimie : avant celleci, pendant sa planication, et pendant et après la crise de boulimie. Demander à la cliente de se concentrer sur les épisodes passés de crise de boulimie et de répondre à la question suivante : Vous sentiezvous envahie par des émotions diciles à gérer ?
• Pour déterminer la charge émotionnelle entourant la crise boulimique.
• Pour évaluer également les acteurs psychologiques prémorbides et cibler des pistes de acteurs déclenchants.
18
• Pour déterminer la nature de la crise de boulimie de la cliente an de planier un traitement ecace ; les habitudes de longue date sont généralement plus problématiques.
• Évaluer le désir et la capacité de la cliente à se laisser accompagner dans ses dicultés. • Évaluer le besoin irrésistible de manger de la cliente (p. ex., l’heure et le jour, l’étape du cycle menstruel, tout événement précipitant, toute émotion préalable, tout lien avec un lieu [p. ex., en automobile, au travail, à la maison ou au magasin]).
• Pour déterminer si la cliente est capable d’établir un lien entre cette compulsion, le type d’émotions vécues et des moments ou des endroits particuliers. Chapitre 18 Troubles de l’alimentation
521
Évaluation de la situation particulière de la cliente atteinte d’un trouble de l’alimentation (suite)
TABLEAU 18.5
ÉVALUATION INFIRMIÈRE
JUSTIFICATIONS
• Évaluer le comportement compensatoire de la cliente, notamment : − type (p. ex., des vomissements ; l’utilisation de diurétiques, de laxatis, de comprimés amaigrissants, d’ipéca, d’amphétamines, de cocaïne ; les exercices ; le jeûne prolongé) ; − réquence (nombre par semaine) ; − âge du premier comportement compensatoire ; − date du dernier comportement compensatoire.
• Pour déterminer les comportements compensatoires habituels et en évaluer les impacts sur la santé de la cliente.
• Évaluer les cycles menstruels de la cliente (c.àd. début des menstruations, régularité, syndrome prémenstruel, dysonctionnement menstruel et hormono thérapie).
• Pour déterminer l’eet des comportements alimentaires dysonction nels sur le cycle menstruel.
• Évaluer les conséquences physiologiques associées au trouble de l’alimentation de la cliente en procédant à l’évaluation de la condition physique.
• Pour déterminer toute condition médicale concomitante.
• Évaluer la condition mentale de la cliente pour déterminer tout acteur concomi tant (p. ex., des troubles de l’humeur, l’anxiété, l’abus de substances).
• Pour déterminer si d’autres acteurs compliquent le trouble de l’alimentation de la cliente.
• Déterminer les stratégies d’adaptation autres que le comportement alimentaire lorsque la cliente est conrontée à un agent stressant en lui demandant : Que aitesvous habituellement quand vous vivez des moments diciles ?
• Pour évaluer la nature des ressources internes et externes que possède la cliente lorsqu’une diculté se présente à elle.
Problèmes pouvant découler d’un trouble de l’alimentation
TABLEAU 18.6
RISQUES CONCERNANT LA SÉCURITÉ OU LA SANTÉ DE LA CLIENTE
PERTURBATIONS PERCEPTUELLES, COGNITIVES ET ÉMOTIONNELLES
PROBLÈMES DE COMMUNICATION ET DE RELATION AVEC LES AUTRES
PERTURBATIONS DES STRATÉGIES D’ADAPTATION
• Idées suicidaires
• Anxiété
• Interactions sociales confictuelles
• Risque d’automutilation
• Troubles de concentration
• Isolement social
• Risque de déséquilibre électrolytique
• Image corporelle perturbée
• Stratégies d’adaptation inecaces à l’égard des agents stressants
• Constipation
• Désespoir
• Céphalées
• Sentiment d’impuissance
• Étourdissements
• Faible estime de soi
• Reus de collaborer au traitement • Déni du problème
• Bradycardie • Hypotension • Apport nutritionnel inérieur aux besoins physiologiques de base
18.6.4
Exécution des interventions
Les PSTI destinés aux clientes atteintes de troubles de l’alimentation présentent plusieurs objectis communs, que la cliente soit anorexique ou boulimique. Des interventions infrmières Marjorie Leclerc est âgée de 18 ans. Elle mesure 1,82 m adaptées à la cliente, jumeet pèse 55 kg. Elle passe de longues minutes à se regar lées à des interventions en der dans le miroir lorsqu’elle se prépare pour l’école, et chaque ois qu’elle passe devant un miroir ou une collaboration avec les autres vitrine, elle se demande si elle est assez mince : « J’ai proessionnels de la santé, tellement peur qu’on me trouve grosse », pensetelle. permettent de gérer les symptômes, de réduire les risques Quel symptôme psychologique de la boulimie Marjorie et de promouvoir le retour à présentetelle ? un onctionnement optimal.
Jugement clinique
522
Partie 3
Troubles mentaux
Soins et traitements infrmiers L’infrmière qui travaille auprès d’une cliente ayant un trouble de l’alimentation doit mettre en œuvre un plan d’action comportant plusieurs volets PSTI 18.1. Celui-ci doit inclure des interventions comportementales visant la réduction ou l’arrêt du comportement alimentaire perturbé ainsi que des interventions psychologiques ayant pour but l’amélioration du bien-être émotionnel et des habiletés relationnelles. Un environnement sécuritaire et structuré est essentiel pour prévenir l’automutilation, avoriser le gain de poids ou le rétablissement de l’équilibre nutritionnel, et aider la cliente
à exprimer verbalement ses émotions. L’environnement clinique doit également permettre l’enseignement de stratégies d’adaptation plus efcaces, la surveillance de la prise de médicaments, le cas échéant, et la coordination des eorts interdisciplinaires de l’équipe de soins TABLEAU 18.7. La cliente atteinte d’anorexie mentale dont l’IMC est de moins de 14 et afchant une perte de plus
de 30 % du poids normal attendu doit aire l’objet d’une étroite surveillance médicale (Steiger & Yae, 2012). Après l’évaluation initiale et le traitement des eets de la privation de nourriture (p. ex., l’hypophosphatémie, les défciences vitaminiques et minérales), l’infrmière surveille la cliente attentivement pendant la réalimentation en prenant soin de respecter un protocole individualisé,
Plan de soins et de traitements infrmiers PSTI 18.1
Anorexie mentale
Mélanie Cournoyer, âgée de 18 ans, est étudiante de deuxième année dans un collège en région ; elle est revenue chez ses parents, qu’elle n’avait pas vus depuis plusieurs mois, se disant incapable de se concentrer sur ses études en raison d’une trop grande atigue. Ses parents ont été rappés par sa perte de poids et l’ont immédiatement conduite chez leur médecin, qui l’a ait hospitaliser pour une cachexie (elle pèse 43 kg et mesure 1,75 m) accompagnée d’hypokaliémie, d’anémie carentielle et d’arythmie cardiaque. Mélanie a mentionné qu’elle est au régime et suit un programme d’exercices
intensis depuis 2 ans, mais qu’elle a toujours maintenu son poids dans une limite de 10 % de son poids idéal. Au cours de sa première année de collège, Mélanie a suivi une psychothérapie individuelle, mais elle avoue l’avoir abandonnée. À mesure qu’elle perdait du poids, Mélanie s’astreignait à un programme d’exercices de plus en plus rigide et consacrait de nom breuses heures à ses études pour réussir. Elle socialise rarement et n’a pas d’amis au collège. Elle minimise son amaigrissement, se plaint d’être grosse, est renrognée et colérique, et elle veut quitter le centre hospitalier.
DIAGNOSTICS SELON LES AXESa
Axe I Axe II Axe III Axe IV Axe V
PROBLÈME DÉCOULANT DE LA SITUATION DE SANTÉ
Apport nutritionnel insufsant lié à un reus de s’alimenter, ayant pour conséquence une perte de poids importante, de l’hypokaliémie et de l’arythmie cardiaque
RÉSULTATS ESCOMPTÉS
INTERVENTIONS INFIRMIÈRES ET JUSTIFICATIONS
• Consommation du nombre adéquat de calories pour l’âge, la taille et les besoins métaboliques (ou 75 % des repas)
• Planifer la réalimentation en collaboration avec l’équipe soignante, pour assurer un apport nutritionnel quotidien adéquat.
• Atteinte d’un poids santé minimal (moins de 15 % sous le poids santé : environ 52 kg pour 1,75 m) à la fn du séjour hospitalier • Prise d’environ 1 kg par semaine
• Anorexie mentale, du type restrictif • Exclure le trouble de la personnalité obsessionnelle-compulsive • Différé • Modéré – 3 (incapacité à poursuivre ses études ; retour au domicile des parents) • Évaluation globale du fonctionnement (EGF) = 50 (actuel) ; EGF = 65 (année antérieure)
18
• Établir un contrat avec des attentes et des conséquences claires, pour pallier le ait que la privation de nourriture n’est plus maîtrisable et que Mélanie ne peut pas recommencer à se nourrir par ses propres moyens. • Orir quelques options de menus correspondant au programme de réalimentation, pour avoriser sa participation à son plan de traitement. • Peser Mélanie le dos tourné à la balance pour évaluer la progression de la prise de poids, pour éviter de contribuer à l’obsession de Mélanie concernant son poids.
PROBLÈME DÉCOULANT DE LA SITUATION DE SANTÉ
Non-observance possible du plan de soins liée au rejet d’une aide thérapeutique, comme en témoigne l’arrêt par la cliente de sa psychothérapie individuelle, qui se manieste par la colère, le reus de se confer au personnel et les demandes pour obtenir son congé du centre hospitalier
RÉSULTATS ESCOMPTÉS
INTERVENTIONS INFIRMIÈRES ET JUSTIFICATIONS
• Reconnaissance de la gravité de la situation et de la nécessité de recevoir de l’aide
• Encourager la participation de Mélanie dans l’élaboration du traitement collaborati, pour avoriser une alliance thérapeutique, renorcer sa maîtrise de la situation et réduire ses résistances.
• Partage des réticences et des peurs à entrer en relation
• Établir un contrat interdisciplinaire, avec des attentes et des conséquences claires, pour renorcer l’observance de Mélanie au traitement et réduire ses résistances.
• Rencontres thérapeutiques avec le personnel et les groupes de soutien • Respect du plan de soins interdisciplinaires
• Ébranler ses perceptions par des données actuelles (p. ex., lui ournir de l’inormation concer nant les analyses de laboratoire, l’état médical), pour contrer les tendances de Mélanie à minimiser la gravité de son état.
Chapitre 18 Troubles de l’alimentation
523
PSTI 18.1
Anorexie mentale (suite)
PROBLÈME DÉCOULANT DE LA SITUATION DE SANTÉ
Image corporelle perturbée liée à l’insatisaction concernant son corps, à la peur de prendre du poids et au ait de minimiser la perte de poids, alors que celuici se situe à plus de 15 % sous le poids santé minimal (43 kg pour 1,75 m)
RÉSULTATS ESCOMPTÉS
INTERVENTIONS INFIRMIÈRES ET JUSTIFICATIONS
• Perception réaliste du corps
• Favoriser l’expression des pensées et des sentiments concernant son corps, pour aider Mélanie à aborder les questions psychologiques liées à son image corporelle.
• Prise de conscience de la perception perturbée concernant l’image corporelle
• Donner de l’inormation actuelle sur le poids et la taille, afn de avoriser une approche réaliste de la diérence entre le poids santé et le poids réel. • Fournir une rétroaction constructive à Mélanie concernant les eorts qu’elle ournit dans le processus de changement en mettant l’accent sur ses orces, pour lui permettre de baser sa perception d’ellemême sur d’autres aspects que ceux d’une image strictement ondée sur l’apparence de son corps.
a
Les diagnostics sont posés selon les axes du DSM-IV-TR de l’APA (2004).
Enseignement à la cliente et à ses proches TABLEAU 18.7
Troubles de l’alimentation
ENSEIGNEMENT À LA CLIENTE
ENSEIGNEMENT AUX PROCHES
• Encourager la cliente à communiquer ce qu’elle a appris au cours des thérapies de groupe et individuelles au sujet des aspects psychologiques du trouble de l’alimentation.
• Renseigner les proches sur les conséquences médicales du trouble de l’alimentation.
• Encourager la cliente à verbaliser directement ses pensées et ses sentiments à propos des interactions amiliales. • Favoriser l’augmentation de sa tolérance envers ses sentiments de détresse. • Encourager la cliente à exprimer ses pensées et ses sentiments au cours des interactions thérapeutiques. • Encourager la cliente à préciser ses pensées et ses sentiments : De quoi avezvous peur exactement ? ou Que voulezvous dire au juste par « Je panique » ? • Favoriser le gain de poids selon le PSTI et décrire les comportements alimentaires perturbés ainsi que les signes précurseurs de rechute. • Prévenir la cliente de s’attendre à ne pas ressentir la aim en raison des eets de la privation de nourriture ou de la purge. Suivre le plan de repas, même si elle se sent rassasiée. • Prévenir la cliente de s’attendre à se sentir inconortable dans son corps en raison de la pensée déormée et des défciences intéroceptives caractéristiques des troubles de l’alimentation.
• Souligner que les comportements alimentaires perturbés sont difciles à modifer et que l’idée de prendre du poids ou d’arrêter les purges est terrifante pour la cliente. • Expliquer que la cliente vit habituellement des problèmes psycho logiques sousjacents que l’équipe interdisciplinaire tentera de déterminer avec leur collaboration. • Expliquer comment l’anxiété de la cliente avorise des comporte ments de maîtrise qui peuvent entraîner une lutte de pouvoir et des comportements oppositionnels. • Expliquer aux proches le plan de repas et le ait qu’un nombre réduit de choix diminue l’anxiété de la cliente. • Mentionner aux proches que leurs tentatives bien intentionnées d’apporter leur aide se retourneront parois contre eux, et les adresser à un organisme de soutien pour leur permettre d’exprimer leur détresse.
car ce dernier pourra varier selon la gravité de la dénutrition. Le syndrome de réalimentation, un risque lié au ralentissement du métabolisme, peut perturber le onctionnement de certains organes vitaux et mettre la vie de la cliente en danger (Crenn & Melchior, 2007 ; Wilkins, 2012). L’infrmière peut contribuer à prévenir l’œdème, l’insufsance cardiaque congestive, l’hypophosphatémie (c.-à-d. une aible concentration de phosphate) et d’autres déséquilibres électrolytiques graves en respectant une réalimentation lente et en assurant une surveillance
524
Partie 3
Troubles mentaux
étroite (American Psychiatric Association Work Group on Eating Disorders, 2000). L’ordre de priorité des interventions infrmières est établi en onction des besoins de la cliente, du plus urgent au moins urgent TABLEAU 18.8.
Soins et traitements en interdisciplinarité Les troubles de l’alimentation étant particulièrement complexes, leur traitement optimal nécessite l’apport d’une équipe interdisciplinaire. Celle-ci est habituellement composée d’intervenants de divers domaines, notamment des soins infrmiers, de la
psychiatrie, de la médecine physique, de la psychologie, de la pharmacologie, de la nutrition clinique, du travail social, de l’ergothérapie et de l’orientation spirituelle, au besoin. Les rencontres d’équipe permettent de partager les données de l’évaluation initiale et des évaluations subséquentes afn d’élaborer et d’adapter le plan d’intervention interdisciplinaire. Une infrmière ou un autre membre de l’équipe peut coordonner ce plan, auquel il est
toujours souhaitable que la cliente participe. Les clientes atteintes de troubles de l’alimentation graves sont souvent admises dans des unités psychiatriques ou de médecine générale, ce qui place l’infrmière dans un rôle de premier plan en matière de coordination de l’équipe de soins et de traitements. Le succès du traitement dépend largement de la collaboration de tous les membres de l’équipe.
Les types de thérapies de soutien nutritionnel sont expliqués en détail dans le chapitre 54 du manuel de Lewis, S.L., Dirksen, S.R., Heitkemper, M.M., et al. (2011). Soins infrmiers – Médecine Chirurgie. Montréal : Chenelière Éducation.
Pratiques infrmières suggérées TABLEAU 18.8
Intervenir auprès d’une cliente atteinte d’un trouble de l’alimentation
INTERVENTION
JUSTIFICATIONS
Orir un environnement sécuritaire et adopter une approche chaleureuse.
• Assure la sécurité de la cliente, et prévient l’escalade de l’anxiété et les comportements oppositionnels.
Évaluer tout risque de suicide de la cliente (p. ex., des idées, des gestes ou des plans suicidaires).
• Prévient l’automutilation et les comportements autodestructeurs.
Favoriser l’alliance thérapeutique en ayant une approche adaptée aux besoins de la cliente.
• Encourage la cliente à partager ses pensées et ses émotions, y compris toute pulsion autodestructrice.
Rétablir le poids santé minimal et l’équilibre nutritionnel de la cliente grâce à un programme personnalisé. Pour l’ano rexie, cela comprend la réalimentation selon un protocole tenant compte de ses besoins précis et visant une prise de poids de 1 kg par semaine. Pour la boulimie, cela comprend également la prise de repas standardisés et la prévention du comportement compensatoire en avorisant la pratique d’une activité relaxante après les repas. Il peut également être souhaitable, dans certains cas, que l’infrmière ore une présence rassurante après la consommation d’un repas.
• Favorise la reprise d’un onctionnement physiologique optimal grâce à un apport nutritionnel adapté.
Créer un environnement structuré et soutenant avec des limites claires, cohérentes et ermes.
• Aide à établir une routine prévisible et avorise la maîtrise interne qui manque à la cliente.
Établir un programme de privilèges en onction des succès à gagner du poids.
• Ore un cadre thérapeutique dont les objectis sont précis et encourage la participation de la cliente à son traitement.
Encourager la cliente à exprimer ses pensées, ses sentiments et ses préoccupations concernant son image corporelle.
• Aide la cliente à exprimer ses difcultés et à reconnaître ses cognitions erronées. Le soutien thérapeutique avorise la prise de conscience des enjeux sousjacents aux comportements alimentaires perturbés et permet la recherche de stratégies d’adaptation appropriées pour avoriser le mieuxêtre.
Aider la cliente à se rappeler les expériences alimentaires passées associées à des émotions positives.
• Démontre que la cliente est capable d’avoir un comporte ment alimentaire approprié et lui donne de l’espoir.
Expliquer à la cliente que le manque d’appétit et la sensation rapide de satiété sont normaux au début du processus de réalimentation.
• Aide la cliente à accepter le plan de soins, puis à comprendre et à accueillir les sensations corporelles liées à la prise des repas.
Intervenir auprès de la cliente anxieuse en l’aidant à amé liorer sa tolérance à la détresse et en l’aidant à mettre en place des stratégies adaptatives.
• Aide la cliente à vivre l’expérience de l’anxiété en tant qu’émotion tolérable et gérable afn de la soulager et de permettre l’amorce d’un processus de résolution de problèmes.
• Diminue l’anxiété ou toute autre émotion désagréable associée à la consommation d’un repas.
Chapitre 18 Troubles de l’alimentation
18
525
TABLEAU 18.8
Intervenir auprès d’une cliente atteinte d’un trouble de l’alimentation (suite)
INTERVENTION
JUSTIFICATIONS
Renorcer positivement le respect du plan de soins et l’atteinte des objectis du programme individualisé. Par exemple : Vous avez mangé trois nouveaux aliments cette semaine ou Vous écoutez attentivement en groupe.
• Contribue à l’amélioration de l’estime de soi, avorise le respect du traitement et encourage l’adoption de comportements appropriés.
Engager la cliente dans des interactions et des groupes thérapeutiques (p. ex., une thérapie individuelle, une thérapie de groupe, une thérapie amiliale).
• Encourage la cliente à tisser des liens de conance, à s’exprimer dans un environnement non menaçant, à reconnaître des sentiments et des confits internes ou externes, et à réduire l’isolement et le repli sur soi.
Travailler en collaboration avec l’équipe interdisciplinaire.
• Favorise une évaluation globale du problème et une mise en œuvre cohérente du PSTI.
Jugement clinique Annabelle Casavant est une adolescente anorexique âgée de 14 ans. Croyant l’aider à s’alimenter correcte ment, ses parents lui demandent toujours ce qu’elle voudrait manger pour les repas. Annabelle répond qu’elle ne le sait pas, car elle n’a jamais aim.
Autres interventions Pharmacothérapie
Diverses données indiquent que les inhibiteurs sélectis du recaptage de la sérotonine (ISRS), particulièrement la luoxétine (Prozac md), sont Concernant le contenu des repas, quelle suggestion ecaces dans le traitement devriezvous aire aux parents pour qu’Annabelle puisse de la boulimie, bien que la aire un choix susceptible de l’inciter à manger plus ? dose quotidienne nécessaire pour obtenir un eet « antiboulimique » soit généralement de 60 mg ou plus. 21 21 . Aucun médicament ne traite directement Le chapitre 21, Psycho l’anorexie mentale, mais la fuoxétine est ecace pharmacothérapie et autres dans la prévention des rechutes de la cliente dont thérapies biologiques, pré le poids est rétabli (Aigner, Treasure, Kaye et al., sente en détail les classes 2011 ; Kaye, Nagata, Weltzin et al., 2001 ; Mitchell, des antidépresseurs et des Peterson, Myers et al., 2001 ; Zhu & Walsh, 2002). antipsychotiques. Les antipsychotiques de deuxième génération ont aidé des clientes anorexiques de aible poids à tolérer l’agitation extrême due au gain de poids, ainsi que les clientes ayant des comportements obsessionnels-compulsis (Mitchell et al., 2001). Le gain de poids considérable constitue un eet indésirable courant de ces médicaments, notamment l’olanzapine (Zyprexamd), la rispéridone (Risperdalmd) et la quétiapine (Seroquelmd). Cela peut apparaître comme un avantage dans le traitement de l’anorexie mentale, mais les clientes reusent souvent ces médicaments ou arrêtent de les prendre quand elles voient leur appétit augmenter soudainement. Une étude récente ayant porté sur l’aripiprazole (Abiliymd) révèle des résultats très prometteurs, car ce médicament réduit l’anxiété extrême associée à la prise de poids sans provoquer les mêmes eets indésirables, ce qui permet aux clientes de mieux tolérer le plan de réalimentation recommandé (Trunko, Schwartz, Duwuri et al., 2010). Les ISRS sont prescrits pour traiter les troubles de l’humeur concomitants au trouble de
526
Partie 3
Troubles mentaux
l’alimentation. Cela peut soulager susamment la dépression et l’anxiété pour que la cliente soit disposée à suivre une psychothérapie. Les antidépresseurs tricycliques peuvent également être utilisés, mais ils provoquent plus d’eets indésirables. Le bupropion (Wellbutrinmd) est contre-indiqué, car il réduit généralement le seuil de convulsions de la cliente ayant un trouble de l’alimentation. Le recours aux benzodiazépines se ait de açon prudente, et ces molécules ne sont généralement pas recommandées pour un traitement à long terme, car elles peuvent entraîner une dépendance. Les problèmes médicaux secondaires des troubles de l’alimentation peuvent également être traités avec des médicaments. L’hypokaliémie est traitée avec des suppléments de potassium oraux ou intraveineux. Des suppléments de er sont prescrits dans le cas d’anémie carentielle. La gastroparésie (c.-à-d. la vidange gastrique retardée) est traitée avec de la métoclopramide (Reglanmd) ou de la dompéridone (Motiliummd). Des antibiotiques servent généralement au traitement de l’inection des glandes parotides. La dépendance aux laxatis est souvent traitée avec une combinaison d’émollients écaux, de son, de bres, de liquides et de laxatis en doses graduellement réduites. Si la cliente en prend de très ortes doses (p. ex., de 50 à 100 comprimés de laxatis en même temps), le sevrage soudain devient dangereux ; le sevrage graduel est donc eectué sous étroite surveillance.
Approches et thérapies Des interventions variées et adaptées provenant d’une équipe interdisciplinaire ont démontré leur ecacité dans le traitement des troubles de l’alimentation (Steiger & Yae, 2012). Le traitement peut être individuel ou en groupe, selon les disponibilités des services et les besoins de la cliente. La thérapie individuelle permet d’établir un lien signicati avec un intervenant et donne à la cliente l’occasion d’expérimenter la conance en l’autre. Les thérapies de groupe sur les troubles de
l’alimentation orent à la cliente un environnement sûr pour se révéler et être comprise tout en évitant les bénéces secondaires liés au sentiment d’être « diérente ». Selon la gravité des symptômes et les réponses aux traitements antérieurs, il peut être nécessaire d’admettre la cliente dans un centre hospitalier, où seront combinés les traitements médicaux, psychologiques et nutritionnels (Institut universitaire en santé mentale Douglas, 2012). Voici quelques approches ayant prouvé leur ecacité 20 . | Approche comportementale | Les contrats comportementaux de gain de poids, de renutrition, de modulation de l’exercice ainsi que d’arrêt des crises de boulimie et des purges sont couramment utilisés dans les milieux cliniques. L’exposition au problème (p. ex., un aliment évité) combinée à la prévention du comportement compensatoire (p. ex., la purge) est une intervention comportementale applicable à la boulimie mentale. Par exemple, si une cliente mange des aliments qu’elle avait l’habitude de s’interdire, l’inrmière prévient la purge en accompagnant la cliente pendant l’heure qui suit et en lui apportant le soutien émotionnel requis ENCADRÉ 18.3. | Approche cognitive | La plupart des clientes ayant des troubles de l’alimentation entretiennent des croyances erronées au sujet de la nourriture, du poids, de l’image corporelle, du concept de soi et des relations interpersonnelles. L’approche cognitive, comme le suivi concernant ces pensées, la reconnaissance des distorsions, la remise en question de leur validité et leur correction par des données plus rationnelles, ait partie du processus de traitement. La tenue d’un journal alimentaire et émotionnel aide également la cliente à prendre conscience de son discours intérieur contraignant. La thérapie cognitive a été adaptée aux jeunes adolescents, et cette approche donne des résultats positis (Wilson & Sysko, 2006). La thérapie cognitivo-comportementale est une combinaison de remise en question des pensées et des croyances erronées et de modication des comportements alimentaires perturbés.
Pratiques infrmières suggérées ENCADRÉ 18.3
Évaluer la difculté de la cliente à ne pas recourir à un comportement compensatoire après l’ingestion d’aliments
• Si la cliente semble respecter le contrat ali mentaire, mais qu’elle n’atteint pas le poids attendu, il se peut que le recours aux compor tements compensatoires soit en cause. • Afn de l’aider à gérer l’anxiété suscitée par la prise d’un repas, l’infrmière peut accompagner la cliente :
− en déterminant les comportements compensatoires en cause et en ajustant le contrat avec la cliente. − en explorant avec la cliente des mesures alternatives pour éviter le recours aux comportements compensatoires (relaxation, verbalisation de l’anxiété, distraction, etc.)
la musique, la danse, l’écriture d’un journal et la poésie. Cet outil thérapeutique avorise l’expression d’émotions ou de confits intérieurs pour les clientes qui ont de la diculté à trouver les mots pour exprimer leur détresse. Cette orme de thérapie permet l’exploration de l’expérience interne, qui est particulièrement complexe chez les personnes atteintes de troubles de l’alimentation. De plus, elle déjoue les résistances et l’attitude oppositionnelle très caractéristiques de cette clientèle en avorisant un mode d’expression moins directi.
20 Les diverses approches que l’infrmière peut utiliser dans le cadre d’un suivi auprès d’une cliente sont présentées dans le chapitre 20, Modèles et stratégies thérapeutiques.
| Ergothérapie | L’ergothérapie aide la cliente atteinte de troubles de l’alimentation à apprendre à planier ses repas, à acheter ses aliments et à cuisiner pour elle-même, particulièrement si son alimentation est inadéquate depuis de nombreuses années. Même si le plan de repas est établi par la nutritionniste, l’ergothérapeute peut aider la cliente à trouver les moyens pour le suivre. Il peut aussi lui enseigner des exercices adéquats permettant de modier le schéma d’exercices compulsis et proposer des activités avorisant l’acceptation de l’image corporelle.
18
| Éducation et orientation nutritionnelles | L’éducation et l’orientation nutritionnelles comprennent les tâches suivantes : le calcul du poids idéal de la cliente à l’aide du métabolisme basal et d’autres méthodes, la planication d’un programme de réalimentation et la planication des repas. Bien que les clientes ayant un trouble de l’alimentation soient obsédées par la nourriture, la plupart ont des connaissances erronées sur l’alimentation. Puisque la réalimentation et le maintien du rétablissement nécessitent un apport calorique de 30 à 50 % plus élevé que normalement, des conseils nutritionnels continus s’avèrent nécessaires (Weltzin, Fernstrom, Hansen et al., 1991).
| Thérapie amiliale | Le principal objecti à court terme de la thérapie amiliale est de réduire l’anxiété des proches et de avoriser leur participation au traitement. L’amélioration des interactions amiliales constitue un objecti à plus long terme. L’éducation portant sur les troubles de l’alimentation est essentielle, car la personne atteinte devient souvent le centre d’attention de la amille, ce qui mène à des luttes de pouvoir entre ses membres ; cela peut même engendrer un renorcement du comportement problématique ENCADRÉ 18.4.
18.6.5
| Thérapie par l’art | La thérapie par l’art (art-thérapie) consiste à recourir à des activités non verbales telles que la abrication d’objets d’art ou d’artisanat,
L’inrmière évalue le progrès de la cliente atteinte d’un trouble de l’alimentation de açon régulière
Évaluation des résultats – Évaluation en cours d’évolution
Chapitre 18 Troubles de l’alimentation
527
Recherche pour une pratique fondée sur des résultats probants ENCADRÉ 18.4
Thérapie familiale pour les clientes atteintes de troubles de l’alimentation
La thérapie amiliale a toujours été une composante essentielle du traitement des troubles de l’alimentation, surtout chez les jeunes. Puisque la plupart de ceuxci en maniestent les premiers symptômes pendant l’adolescence, la norme de soins veut que les parents participent au traitement (Pomerleau, 2001). Une approche amiliale bien documentée a été élaborée à l’hôpital Maudsley de Londres dans les années 1980 et a été utilisée à l’Université Stanord et à l’Université de Chicago. Cette approche (parois appelée la méthode Maudsley) dière beaucoup de la thérapie amiliale traditionnelle de l’anorexie mentale, qui était ondée sur le principe que les troubles de l’alimentation découlent d’un système amilial dysonctionnel et qui préconi sait la séparation de la cliente et de sa amille. Les hypothèses à ce sujet étaient que l’acquisition d’une meilleure maîtrise de l’alimentation avorisait l’acquisition de l’autonomie de la cliente et que l’achèvement des tâches développementales de séparation et d’individuation permettrait à celleci d’abandonner ses comportements alimentaires perturbés. Cette approche amiliale n’est pas ondée sur de telles hypothèses, mais elle part plutôt du principe que les troubles de l’alimentation ont des causes inconnues et que les amilles n’en sont pas nécessairement responsables. Elle se concentre sur les défs de l’anorexie mentale en tant que trouble mettant la
vie de la personne atteinte en danger. Cette approche montre qu’une inter vention précoce et dynamique donne de meilleurs résultats et en prévient les ormes plus graves et chroniques. Les parents sont considérés comme les principaux agents de changement dans le processus de traitement des jeunes atteints de troubles de l’alimentation. Ils jouent un rôle dans la mise en œuvre du contrat comportemental conçu par l’équipe de traitement, particulièrement le plan de repas. Les membres de l’équipe enseignent aux parents comment amener la cliente à s’alimenter. Ils enseignent également aux rères et sœurs de la cliente comment encourager celleci à persévérer. Pour prévenir les luttes de pouvoir stériles, l’équipe de traitement observe attentivement les eorts de la amille afn de la conseiller et de la soutenir. L’équipe ore un soutien constant à la amille pour éviter qu’elle renonce aux objectis du traitement. Des études ayant porté sur les résultats de cette méthode de traitement de l’anorexie ont montré un taux d’amélioration de 90 % en comparaison de 18 % avec la thérapie individuelle. Des études de suivi quinquennales ont révélé que 70 % des clientes atteintes ont maintenu le rétablissement avec ce type de traitement. Cette mé thode ore aussi des résultats prometteurs pour le traitement de la boulimie. Le National Institute o Mental Health eectue actuellement une étude quinquennale portant sur les résultats de cette approche.
Sources : Eisler, Simix, Russel et al. (2007); Lock & Le Grange (2005a, 2005b)
Collecte des données ENCADRÉ 18.5
Signes de rétablissement
L’infrmière s’assure que la cliente pourra : • ne pas s’automutiler;
et de la maîtrise du poids comme tentative de résolution de ces questions;
• consommer la quantité adéquate de calories pour maintenir un poids santé minimal ;
• démontrer l’utilisation de stratégies d’adaptation appropriées en réaction au stress, à l’anxiété et à la dysphorie ;
• montrer une capacité de suivre le traite ment recommandé après le congé, à savoir le respect du traitement pharma cologique, le cas échéant, le plan de nutrition, et la maîtrise des crises de boulimie et des purges;
• retrouver une maturité psychosexuelle congruente avec l’âge et le stade de développement ;
• verbaliser une prise de conscience des questions psychologiques liées à son comportement alimentaire perturbé et à son utilisation mésadaptée des aliments
528
Partie 3
Troubles mentaux
• établir et entretenir des interactions satisai santes dans les milieux amilial et social; • respecter les rendezvous de suivi avec les intervenants impliqués tels que l’infrmière, le psychiatre et la nutritionniste afn de consolider les acquis et prévenir les rechutes.
et structurée en adaptant au besoin les interventions du PSTI et du plan d’intervention interdisciplinaire. L’évaluation de la cliente comprend les dimensions physiologique, comportementale, psychologique, sociale et culturelle en continu. Les résultats d’analyses de laboratoire, les signes vitaux, le poids, et l’ingestion de nourriture et de liquide ournissent les données permettant d’évaluer les réponses physiologiques au traitement. Il est également indiqué de consigner des observations sur l’humeur et l’aect de la cliente, son degré de participation au programme, ses comportements alimentaires spécifques, ainsi que ses interactions avec les pairs et le personnel soignant. Une écoute active pendant les interactions individuelles ou de groupe procure des données supplémentaires permettant d’évaluer l’évolution des symptômes d’ordre psychologique et social. L’évaluation des résultats escomptés révèle également l’efcacité des interventions de l’équipe de soins infrmiers et des autres membres de l’équipe interdisciplinaire ENCADRÉ 18.5.
Analyse d’une situation de santé
Jugement clinique
Fannie Lavoie, âgée de 16 ans, est en 5e secondaire. Elle ait du patinage artistique depuis l’âge de huit ans et a commencé l’athlétisme au début de l’école primaire. Ses parents ont toujours été très exigeants quant à ses perormances athlétiques. Ils ne vantaient que ses succès auprès de l’entourage amilial sans jamais souligner ses eorts. Pour ne pas les décevoir, Fannie évitait les discussions et tentait d’appliquer leurs conseils, même si c’était contraignant
pour elle : « Si la honte est sur ma amille, ce sera uniquement à cause de moi », pensait-elle. Pour réussir, selon elle, il n’y avait qu’une bonne chose à aire afn d’atteindre la perection : elle devait se comporter comme une athlète olympique qui vise haut et s’astreindre à des habitudes spartiates. Tout autre comportement était vain. Elle est actuellement hospitalisée à l’unité des troubles alimentaires pour anorexie mentale. Elle mesure 1,55 m et pèse 38 kg. {
MISE EN ŒUVRE DE LA DÉMARCHE DE SOINS
Collecte des données – Évaluation initiale – Analyse et interprétation 1. D’après les données de la mise en contexte, relevez les six acteurs qui ont pu contribuer au développement d’un trouble alimentaire chez Fannie.
SOLUTIONNAIRE
2. En analysant ces données, quels autres troubles mentaux pourraient être concomitants au problème d’anorexie de Fannie ?
http://fortinash.cheneliere.ca
3. Quel serait le pourcentage de poids que Fannie aurait perdu en onction des normes relatives à l’IMC ?
{ Avant
de recevoir le diagnostic d’anorexie mentale, Fannie pouvait manger un gros gâteau au complet, ou quatre ou cinq sandwiches au beurre
d’arachide d’aflée. Elle se aisait vomir par la suite et pouvait prendre jusqu’à six comprimés de laxati par jour. {
MISE EN ŒUVRE DE LA DÉMARCHE DE SOINS
18
4. À quel type d’anorexie les comportements de Fannie correspondentils ?
{ Voici
quelques résultats des analyses de laboratoire pour Fannie :
Na : 133 mEq/L ; K : 3,3 mEq/L ; Cl : 96 mEq/L ; Fe : 8 μmol/L {
MISE EN ŒUVRE DE LA DÉMARCHE DE SOINS
5. Comment devriezvous interpréter ces résultats ? 6. Quelle autre analyse de laboratoire devriezvous vérifer dans le dossier de Fannie ? Justifez votre réponse. 7. Pourquoi devriezvous vérifer si Fannie a subi une ostéodensitométrie ?
Fannie est suivie par la nutritionniste pour la planifcation des repas. Elle rencontre un psychologue une ois par semaine et elle est suivie par {
l’équipe interdisciplinaire. Fannie n’a pris que 500 g en une semaine. ”
Chapitre 18 Troubles de l’alimentation
529
MISE EN ŒUVRE DE LA DÉMARCHE DE SOINS
Planifcation des interventions – Décisions infrmières Extrait CONSTATS DE L’ÉVALUATION Date
Heure
N°
Problème ou besoin prioritaire
Initiales
2013-07-16 13:45
1
Anorexie mentale avec crise de boulimie
M.H.
2013-07-22 08:15
2
Prise de poids insufsante
M.H.
RÉSOLU / SATISFAIT Proessionnels / Date Heure Initiales Services concernés
SUIVI CLINIQUE Date
Heure
N°
2013-07-16
13:45
1
2013-07-22
08:15
2
Directive infrmière
Appliquer le suivi standard pour anorexie/boulimie.
Signature de l’infrmière
Mylène Houde
Initiales
Initiales
M.H.
Programme / Service
CESSÉE / RÉALISÉE Date Heure Initiales
M.H.
Signature de l’infrmière
Initiales
Programme / Service
Unité des troubles de l’alimentation
8. Ajoutez les éléments manquants au plan thérapeutique infrmier de Fannie. CONSTATS DE L’ÉVALUATION Date
Heure
N°
Problème ou besoin prioritaire
Initiales
2013-07-16 13:45
1
Anorexie mentale avec crise de boulimie
M.H.
2013-07-22 08:15
2
Prise de poids insufsante
M.H.
RÉSOLU / SATISFAIT Proessionnels / Date Heure Initiales Services concernés
9. Écrivez deux directives infrmières pour le problème numéro 2. SUIVI CLINIQUE Date
Heure
N°
2013-07-22
08:15
2
Directive infrmière
Initiales
CESSÉE / RÉALISÉE Date Heure Initiales
Appliquer le suivi standard pour anorexie/boulimie
10. Nommez au moins trois renseignements sur Fannie que vous devriez ournir aux autres membres de l’équipe interdisciplinaire au cours des réunions.
Évaluation des résultats – Évaluation en cours d’évolution 11. En plus du respect de la prise des repas selon le plan nutritionnel, quelle autre donnée ournirait des renseignements sur l’observance de Fannie de son plan de traitement ?
530
Partie 3
Troubles mentaux
APPLICATION DE LA PENSÉE CRITIQUE Dans l’application de la démarche de soins auprès de Fannie, l’inirmière a recours à un ensemble d’éléments (connaissances, expériences antérieures, normes institu tionnelles ou protocoles, attitudes proessionnelles) pour analyser la situation de santé de la cliente et en comprendre
les enjeux. La FIGURE 18.4 illustre le processus de pen sée critique suivi par l’infrmière afn de ormuler son juge ment clinique. Elle résume les principaux éléments sur lesquels l’infrmière s’appuie en onction des données de cette cliente, mais elle n’est pas exhaustive.
VERS UN JUGEMENT CLINIQUE NORMES
EXPÉRIENCES
CONNAISSANCES • Divers types de troubles alimentaires • Facteurs étiologiques des troubles alimentaires • Caractéristiques des personnes ayant un trouble alimentaire (caractéristiques personnelles et amiliales, comportements) • Troubles concomitants • Risques pour la santé • Traitements diététique, médical et psychothérapeutique des troubles alimentaires
• Expérience avec une clientèle ayant un trouble alimentaire • Expérience de travail auprès d’adolescents • Expérience personnelle ou d’une personne de son entourage ayant eu un trouble alimentaire • Expérience de collaboration en équipe interdisciplinaire
ATTITUDES
• Champ d’exercice des divers proessionnels impliqués dans une équipe interdisciplinaire • Respect des protocoles locaux de traitement des troubles alimentaires
• • • •
Être à l’écoute Éviter de juger Fannie Éviter de la « raisonner » Être cohérente au moment de l’élaboration des particularités du plan de traitement • Être erme dans le respect des particularités du plan de traitement • Être compréhensive quant aux sentiments négatis éprouvés par l’adolescente
PENSÉE CRITIQUE
ÉVALUATION • • • • • • • • • • • • • • •
Facteurs étiologiques, psychologiques, sociaux et amiliaux du trouble alimentaire de Fannie Poids Pourcentage de perte ou de gain de poids Détails de l’alimentation Comportements d’amaigrissement (vomissements, exercices excessis, usage de laxatis) Sentiments éprouvés par Fannie concernant son image corporelle Estime de soi de Fannie Croyances et valeurs relativement à la nourriture, au poids et au corps Perception qu’a l’adolescente de son besoin de aire plaisir à ses parents Compréhension de son problème de santé Indices de trouble concomitant au trouble alimentaire Résultats des analyses de laboratoire Observance du plan de traitement Stratégies d’adaptation efcaces pour réagir au stress Implication des parents de Fannie dans le plan de traitement
18
JUGEMENT CLINIQUE FIGURE 18.4
Chapitre 18 Troubles de l’alimentation
531
À retenir VERSION REPRODUCTIBLE
http://ortinash.cheneliere.ca
• Les troubles de l’alimentation sont des syndromes qui présentent des caractéristiques physiologiques, comportementales et psychologiques. • Les troubles de l’alimentation ont de multiples causes, entre autres issues de acteurs biologiques, socioculturels, psychologiques et amiliaux. • Les traits de personnalité communs des personnes ayant des troubles de l’alimentation sont notamment le perectionnisme, la aible estime de soi, les défciences intéroceptives,
la prudence craintive et le conormisme. • Un certain portrait type des amilles de personnes atteintes de troubles de l’alimentation comprend notam ment l’importance accordée au rendement, l’enchevêtrement des rontières, de aibles habiletés en résolution de problèmes, la difculté dans le processus de séparation et d’individuation. • Les troubles de l’alimentation touchent surtout les emmes, mais leur incidence augmente chez les hommes. • Les personnes atteintes de troubles de l’alimentation reçoivent souvent d’autres diagnostics de troubles mentaux. Les diagnostics communs de l’axe I sont les troubles de
l’humeur et les troubles anxieux. Les diagnostics communs de l’axe II sont les troubles de la personna lité limite, de la personnalité his trionique et de la personnalité obsessionnellecompulsive. • L’anorexie mentale et la boulimie mentale sont des diagnostics distincts de la classifcation du DSMIVTR, mais elles ont de nombreuses caractéristiques communes. • Les troubles de l’alimentation peuvent se maniester de açon chronique ou épisodique ; ils nécessitent donc un traitement à long terme ou par épisodes répétés. • La complexité des symptômes des troubles de l’alimentation nécessite des interventions interdisciplinaires.
• Les complications médicales des troubles de l’alimentation peuvent mettre la vie de la personne atteinte en danger. • Le PSTI doit comprendre des inter ventions médicales, psychologiques et nutritionnelles. • Les ISRS sont utilisés pour traiter la cliente ayant une dépression concomitante au trouble de l’ali mentation ; ces médicaments aident souvent à réduire les crises boulimiques. • Les antipsychotiques atypiques sont utilisés pour traiter l’agitation et l’anxiété extrêmes générées par le processus de réalimentation, ce qui permet à la cliente de tolérer l’alimentation dans certains cas.
Ressources VERSION COMPLÈTE ET DÉTAILLÉE
http://fortinash.cheneliere.ca
Références Internet ORGANISMES ET ASSOCIATIONS Academy for Eating Disorders www.aedweb.org Anorexie et boulimie (ANEB) Québec www.anebquebec.com > J’ai besoin d’aide (Troubles alimentaires) Association Autrement www.anorexieetboulimie.fr > Patients & Famille > Anorexie mentale et boulimie > Traitement > Traitement des troubles alimentaires : quelle thérapie choisir ?
532
Partie 3
Troubles mentaux
Association canadienne pour la santé mentale (ACSM) www.cmha.ca/fr > Santé mentale > Comprendre la maladie mentale > Les troubles de l’alimentation Association québécoise des parents et amis de la personne atteinte de maladie mentale (AQPAMM) www.aqpamm.ca > Ressources > Fiches maladies > Les troubles alimentaires Boulimie.com www.boulimie.com Clinique psychoalimentaire www.psychoalimentaire.com > Troubles alimentaires Hyperphagie.org http://hyperphagie.org Maison L’Éclaircie www.maisoneclaircie.qc.ca
National Association of Anorexia Nervosa and Associated Disorders (ANAD) www.anad.org National Eating Disorder Information Centre (NEDIC) www.nedic.ca Outremangeurs Anonymes www.outremangeurs.org Saine alimentation Ontario www.eatrightontario.ca/fr Société canadienne de psychologie (SCP) www.cpa.ca/fr > Public > La psychologie peut vous aider > Les troubles de l’alimentation Troubles alimentaires.org www.troublesalimentaires.org
ORGANISMES GOUVERNEMENTAUX Agence de la santé publique du Canada (ASPC) www.phacaspc.gc.ca > Rapports et publications > Index alphabé tique des rapports et publications (R) > Rap port sur les maladies mentales au Canada > Chapitre 6 Troubles de l’alimentation > Promotion de la santé > Centre national d’inor mation sur la violence dans la amille (CNIFV) RÉFÉRENCES GÉNÉRALES Centre hospitalier universitaire de Québec (CHUQ) www.chuq.qc.ca > Les soins > Psychiatrie > Programme d’intervention des troubles de conduites alimentaires (PITCA) Centre hospitalier universitaire Sainte-Justine www.chusaintejustine.org > Famille > Documentation > Recherche par thème (A) > Anorexie / Boulimie Clinique de troubles alimentaires BACA http://cliniquebaca.com Clinique St-Amour www.cliniquestamour.com EurekaSanté www.eurekasante.r > Maladies > Psychisme > Anorexie et bouli mie > Comment soutenir une personne ano rexique ou boulimique ? Institut universitaire en santé mentale Douglas www.douglas.qc.ca > Inos santé mentale > Santé mentale de AZ (Anorexie) > Troubles de l’alimentation : causes et symptômes > Troubles de l’alimentation : traitements > Soins > Troubles de l’alimentation > Pro gramme des troubles de l’alimentation
Nancy, D. (7 juin 2010). L’anorexie au masculin : plus rare mais aussi dangereuse. Journal Forum. www.nouvelles.umontreal.ca/recherche/ sciencesdelasante/20100607lanorexieau masculinplusraremaisaussidangereuse.html
Monographies Dubo, B., Dubois, L., & De Malezieu, N. (2009). Guérir des troubles des conduites alimentaires. Bruxelles, Belgique : Éditions Satas. Fauconnet, F. (2008). Hyperphagie : l’obsession de manger. Essai (broché). Nardone, G. (2004). Manger beaucoup, à la olie, pas du tout : la thérapie stratégique ace aux troubles alimentaires. Paris : Éditions du Seuil. Vanderlinden, J. (2006). Vaincre l’anorexie mentale. Bruxelles, Belgique : Éditions De Boeck. Villeneuve, É., & Rocheleau, J. (2010). La flle invisible (bande dessinée). Grenoble, France : Glénat.
Articles, rapports et autres Institut universitaire en santé mentale Douglas & Université McGill (2012). La Charte québécoise pour une image corporelle saine et diversifée. Deux ans et demi plus tard : une étude démontre qu’elle contribue à changer la perception du public. Montréal : Institut universitaire en santé mentale Douglas et Université McGill. www.douglas.qc.ca/news/1142
Multimédia Anorexie : des ateliers pour apprendre à se réapproprier son corps www.allodocteurs.r/actualitesanteanorexie untroubleducomportementalimentaire majeur11.asp?1=1&IdBloc=4# Associations et aides aux patients anorexiques www.allodocteurs.r/actualitesanteanorexie untroubleducomportementalimentaire majeur11.asp?1=1&IdBloc=5# Bélanger-Martin, H. (2006). La peau et les os, après... (flm, 89 min 46 s). Montréal : Ofce national du flm. www.on.ca/flm/peau_et_les_os_apres Gènes, environnements et genre – Une ormule pour comprendre les troubles de l’alimentation > Le Douglas > Actualités > Médias sociaux > Vidéos sur You Tube www.douglas.qc.ca/douglas2/videos Le nouveau visage des troubles alimentaires > Telequebec.tv > Une pilule, une petite granule > Toutes les émissions > 20112012 > Émission 192 : Troubles alimentaires http://pilule.telequebec.tv/occurrence. aspx?id=875 Prégent, J. (1988). La peau et les os (flm, 88 min 37 s). Montréal : Ofce national du flm. www.on.ca/flm/peau_et_les_os
Chapitre 18 Troubles de l’alimentation
533
chapitre
Troubles du sommeil
Écrit par : Nancy Stark Napolitano, EdD, MSN, RN Adapté par : Dalila BenhaberouBrun, inf., M. Sc.
Guide d’études – RE12
OBJECTIFS
Après avoir étudié ce chapitre, vous devriez être en mesure : ■
de décrire les caractéristiques du sommeil normal ;
■
de décrire les principaux troubles du sommeil ;
■
d’expliquer les facteurs associés aux troubles du sommeil, leurs signes et symptômes, ainsi que leurs liens avec les troubles mentaux ;
534
Partie 3
Troubles mentaux
■
■
■
de reconnaître le caractère subjectif de l’appréciation du client sur la durée et la qualité de son sommeil ; de nommer des outils qui permettent de détecter et d’évaluer les troubles du sommeil ; de proposer des recommandations pour une bonne hygiène du sommeil ;
■
■
■
d’élaborer des plans de soins et de traitements infirmiers détaillés qui reflètent les meilleures pratiques ; de décrire les principaux traitements pharmacologiques et non pharmacolo giques des troubles du sommeil ; d’évaluer l’efficacité des interventions interdisciplinaires pour promouvoir un sommeil réparateur.
Concepts clés
Cette carte conceptuelle illustre schématiquement les principaux concepts décrits dans le présent chapitre. Sa lecture vous permettra d’avoir une vue d’ensemble des notions qui y sont présentées.
sont
causés par
comprennent
causés par
dont
19 incluent
incluent
Chapitre 19
Troubles du sommeil
535
PORTRAIT Jeanne Massé Jeanne Massé est une emme âgée de 55 ans qui soure d’insomnie. Elle se rend à la clinique de son quartier pour une consultation, inquiète de se sentir très atiguée. Elle déclare se réveiller réquemment durant la nuit, une heure et demie à deux heures après s’être endormie. La cliente dit que ses problèmes de sommeil sont apparus à un moment où elle subissait un stress énorme en raison d’un diabète de type 2. Sa maladie est maintenant bien maîtrisée, mais madame Massé continue à avoir de la diculté à dormir de açon ininterrompue. Elle a remarqué que son trouble du sommeil persistait à son retour au travail après un congé de maladie de deux mois. Quand l’inrmière l’interroge, la cliente dit être épuisée au réveil et ne pas avoir envie d’aller travailler le matin. Madame Massé est réceptionniste dans un bureau d’avocats. Les appels afuent, et elle se dit stressée quand elle répond aux clients, surtout dans les situations de crise. Madame Massé décrit avoir « des papillons » dans le ventre et des palpitations quand le téléphone sonne. Elle a peur de se tromper et se sent maladroite. Quand elle rentre le soir, elle pense à sa journée et est très aectée par les situations diciles qu’elle a vécues. Elle mange peu au souper et va se coucher en espérant pouvoir dormir susamment.
19.1 CONSEIL CLINIQUE
L’infrmière rencontre souvent des clients présentant des maniestations associées aux troubles du sommeil. En reconnaissant ces signes, elle est en mesure de par ticiper aux soins et traite ments prodigués au client pour en atténuer le plus pos sible les eets néastes.
536
Partie 3
Caractéristiques générales
Le sommeil, essentiel à l’équilibre et à la survie, rétablit et répare l’organisme (Saladin, 2010). Il est déni comme un état d’inconscience partielle à laquelle on peut mettre in par une stimulation (McKinley, O’Loughlin & Bidle, 2013; Saladin, 2010). Nous dormons environ le tiers de notre vie, bien que la durée idéale de sommeil varie considérablement d’une personne à l’autre. Certaines personnes ont besoin de neu heures de sommeil pour se sentir reposées, alors que quatre à cinq heures sont pleinement satisaisantes pour d’autres. De plus, la quantité de sommeil dont une personne a besoin diminue au cours des années.
accroît le risque d’être atteint d’aections telles que les maladies coronariennes ou l’hypertension artérielle (National Institutes o Health [NIH], 2006a). Les troubles mentaux et les perturbations du sommeil sont intimement liés (Costa e Silva, 2006). Ils coexistent généralement avec le trouble dépressi majeur, le trouble bipolaire et le trouble d’anxiété généralisée (American Psychiatric Association [APA], 2004). Ils constituent souvent un signe d’un nouvel épisode psychotique chez la personne atteinte d’un trouble mental grave. Le DSM-IV-TR. Critères diagnostiques (APA, 2004) distingue les troubles du sommeil en trois catégories, soit les troubles primaires du sommeil, les troubles du sommeil liés à un trouble mental et les autres troubles du sommeil. Les troubles primaires du sommeil se divisent en deux sousgroupes : les dyssomnies (insomnie et hypersomnie primaires, narcolepsie, trouble du sommeil lié à la respiration, trouble du sommeil lié au rythme circadien et dyssomnies non spéciées) et les parasomnies (cauchemars, terreurs nocturnes, somnanbulisme et parasomnies non spéciées). Les troubles du sommeil liés à un autre trouble mental sont secondaires. C’est aussi le cas des autres troubles du sommeil qui, eux, sont dus à une aection médicale ou à une substance.
19.1.1
Structure du sommeil
L’activité électrique des neurones dans le cortex cérébral produi des ondes pouvant être enregistrées sous orme de tracé au moyen d’un électroencéphalogramme (EEG). L’amplitude et la réquence de ces ondes cérébrales se modient selon les diérents stades du sommeil (Saladin, 2010). Elles peuvent être groupées en quatre classes : les ondes alpha, bêta, thêta et delta.
Un sommeil réparateur comprend normalement deux phases distinctes : le sommeil à ondes lentes ou sommeil lent (et ses quatre stades : 1, 2, 3 et 4) et le sommeil à activité rapide, ou sommeil rapide, ou sommeil paradoxal (Sadock & Sadock, 2008). Les ondes alpha (de 8 à 12 cycles par seconde) et bêta (de 18 à 25 cycles par seconde) s’observent chez les adultes éveillés : les ondes bêta sont associées à un état alerte, tandis que les Tout le monde a ait l’expérience d’un manque de ondes alpha caractérisent l’état de relaxation présommeil plus ou moins important et d’en avoir res- cédant le début du sommeil alors que la personne senti des eets tels que l’irritabilité, la atigue ou la a les yeux ermés. Les ondes thêta (de 4 à 7 cycles somnolence durant la journée. Le stress, l’anxiété, par seconde) et delta (de 0,5 à 2 cycles par se des préoccupations peuvent nuire au sommeil durant conde) sont des ondes de basse réquence. Les un certain temps. Lorsque le problème persiste, la ondes thêta correspondent au sommeil léger, au qualité de vie de la personne est aectée. La capa- cours du stade 1 du sommeil lent ; les ondes delta cité d’attention et l’ecacité au travail diminuent. sont associées au sommeil proond, pendant les stades 3 et 4 du sommeil Les relations amiliales et lent (Morin, 2009). sociales sont aectées. Le Les troubles mentaux et les perturbations Durant le cycle de sommanque de sommeil réduit du sommeil sont intimement liés. la onction immunitaire et meil à ondes lentes, une
Troubles mentaux
personne entre d’abord dans le premier des quatre stades du sommeil, qu’elle répète ensuite de manière cyclique durant tout l’épisode de sommeil, de la façon suivante : complexes K fuseaux du sommeil FIGURE 19.1 Rythme bêta
Éveillé-vigilant
75 mV
1 sec Rythme alpha
Somnolent-relaxé
Stade 1
Rythme thêta
Stade 2
Fuseaux de sommeil
Stade 3
Stade 4
Sommeil paradoxal
Complexe K
Rythme delta
Rythme delta
Ondes en dents de scie
FIGURE 19.1 Tracés de l’activité cérébrale associés à un état d’éveil alerte, à un état de relaxation et à divers stades du sommeil
Par la suite, la personne entre dans la phase active du sommeil, ou sommeil à activité rapide, ou sommeil paradoxal. La première période de sommeil paradoxal se produit environ 90 minutes après que la personne s’est endormie pour la première fois ; les périodes subséquentes se présentent 4 ou 5 fois pendant l’épisode de sommeil, à des intervalles de 90 minutes (Saladin, 2010). Chaque période de sommeil paradoxal dure habituellement de 5 à 30 minutes, selon la personne. Par exemple, si celleci est extrêmement fatiguée, le sommeil paradoxal est plus court ou ne se présente pas du tout durant l’épisode de sommeil. Toutefois, lorsque la personne devient moins fatiguée, la fréquence et la durée des périodes de sommeil paradoxal augmentent généralement au fil de la nuit (Guyton & Hall, 2010).
Le sommeil paradoxal est un état d’activité cérébrale. Pendant cette phase du sommeil, il y a une augmentation du métabolisme cérébral, et les ondes cérébrales ressemblent à celles qui sont observées pendant l’état de veille (Guyton & Hall, 2010). Le nom de ce stade lui vient du paradoxe apparent créé par l’importante activité électrique cérébrale chez une personne difficile à réveiller (Saladin, 2010). Le sommeil paradoxal se caractérise par une paralysie musculaire. Le tonus musculaire est supprimé, tandis que la température corporelle, les fréquences cardiaque et respiratoire ainsi que la pression artérielle augmentent. Ainsi, l’atonie musculaire permet d’empêcher que les mouvements accomplis dans les rêves soient vraiment effectués dans la réalité. Les rêves surviennent généralement durant le sommeil paradoxal. Ceux-ci seraient liés aux mouvements oculaires rapides observés durant ce stade du sommeil, d’où provient sa désignation en anglais, le REM sleep (pour Rapid Eye Movement Sleep). Le sommeil paradoxal est très important pour la consolidation de la mémoire.
L’histoire de la médecine du sommeil est relatée sur le site Sommeil et médecine générale au www.sommeil-mg.net/spip/ Histoire-de-la-medecine-dusommeil.
Complexe K : Sur un tracé d’électroencéphalogramme, onde cérébrale rapide et de grande amplitude générée par le thalamus qui caractérise le sommeil de stade 2 et qui illustre le passage de l’éveil au sommeil lent profond. Fuseau du sommeil : Bouffée d’activité de 8 à 14 Hz et de 50 à 150 microvolts d’amplitude durant le stade 2. Elle dure une ou deux secondes et est produite par des interactions entre neurones thalamiques et neurones corticaux.
19
La structure normale du sommeil et les besoins de sommeil varient au cours de la vie FIGURE 19.2. Le nouveau-né dort en moyenne 16 heures par jour environ, dont la moitié se passe en sommeil paradoxal. L’enfant consolide généralement la structure de son sommeil durant les toutes premières années de sa vie, et, à l’âge de quatre ans, il dort généralement par blocs ininterrompus sans avoir besoin d’une sieste pendant la journée. À mesure que l’enfant vieillit, ses besoins de sommeil nocturne se réduisent habituellement, de sorte qu’à l’adolescence, ils s’apparentent à ceux de l’adulte. La structure du sommeil des jeunes adultes montre qu’ils passent 25 % de leur temps total de sommeil en sommeil paradoxal, alors que les adultes d’âge moyen et les personnes âgées y passent encore moins de temps. La structure du sommeil devient plus fragmentée avec le vieillissement, ce qui peut expliquer le besoin de faire une sieste durant la journée, notamment chez les personnes âgées (NIH, 2006a). Chapitre 19
Troubles du sommeil
537
nécessaire aux photorécepteurs de la rétine. Cette stimulation aurait pour eet d’inhiber la libération de mélatonine (un médiateur chimique qui avorise le sommeil) par la glande pinéale. Lorsque cela se produit, un état de veille s’installe durant les heures de clarté. Par opposition, l’obscurité avorise le sommeil en résultat de la libération de mélatonine. Par conséquent, au cours d’une période de 24 heures, l’horloge biologique inhibe puis stimule la libération de mélatonine pour synchroniser l’état de veille et le sommeil à l’aide des signaux externes de lumière et d’obscurité (Drake, 2010 ; Guyton & Hall, 2010).
Stades du sommeil
Enfants 1 2 3 4
1
2
3
4
5
6
7
heures
1
2
3
4
5
6
7
heures
Jeunes adultes 1 2 3 4
Une personne dont les habitudes de sommeil jour-nuit sont relativement normales traverse généralement un cycle récurrent de sommeil et d’état de veille à l’intérieur d’une période dénie de 24 heures sous l’infuence de l’horloge biologique de son organisme. Touteois, si les signaux de clarté et d’obscurité sont perturbés d’une açon ou d’une autre (p. ex., en raison d’un horaire de nuit ou d’un voyage à travers plusieurs useaux horaires), la personne connaîtra très probablement une perturbation du sommeil en raison de l’interruption des signaux régulateurs du sommeil, soit la clarté et l’obscurité de l’environnement externe (Drake, 2010).
Personnes âgées
19.2
1
Étiologie
2
Le DSM-IV-TR établit une distinction entre les troubles du sommeil primaires, les troubles du sommeil liés à un trouble mental et les autres troubles du sommeil, selon leur cause présumée (APA, 2004).
3 4
1
2
3
4
5
6
7
heures
Sommeil paradoxal Sommeil lent FIGURE 19.2 Cycles du sommeil normal
19.1.2 Noyau suprachiasma tique : Structure cérébrale située à la base de l’hypo thalamus qui est respon sable de la régulation du rythme circadien.
538
Partie 3
Rythmes circadiens
La répétition régulière du cycle veille-sommeil est un exemple de rythme circadien (de circa diem qui signie « presque un jour ») physiologique ortement infuencé par l’horloge biologique interne de l’organisme. Situé sous l’hypothalamus, le noyau suprachiasmatique agit comme une horloge. Ce régulateur biologique permet de régler les intervalles veille-sommeil selon un schéma cy clique de 24 heures en raison de sa sensibilité aux signaux externes de lumière et d’obscurité. La lumière du soleil ou d’autres types de lumière articielle créeraient la stimulation neurosensorielle
Troubles mentaux
Les troubles du sommeil primaires comprennent les dyssomnies et les parasomnies. Ils résultent d’anomalies endogènes des mécanismes physiologiques générateurs ou régulateurs des états de veille et de sommeil ENCADRÉ 19.1. Cependant, ils sont souvent avorisés par des acteurs conditionnants (p. ex., des acteurs génétiques). Les troubles du sommeil secondaires sont liés à un trouble mental (p. ex., un trouble de l’humeur), à une aection médicale générale ou à l’eet de substances (APA, 2004). Plusieurs acteurs peuvent expliquer les troubles du sommeil ENCADRÉ 19.2. Les acteurs biologiques et physiques se déinissent par la perturbation physiologique des mécanismes du sommeil, qui peut être endogène (p. ex., une perturbation génétique) ou exogène (p. ex., une perturbation due à une substance). Les acteurs psychiatriques incluent les émotions ou les comportements (p. ex., l’anxiété ou l’irritabilité) ou même les troubles mentaux (p. ex., les troubles anxieux ou de l’humeur) qui peuvent perturber le sommeil. Les infuences extérieures à la personne (p. ex., le bruit) constituent les acteurs socioculturels ou environnementaux. Il existerait ainsi plusieurs acteurs de risque de l’insomnie : le style
de personnalité (perectionnisme), une tendance à reouler ses émotions, le sexe éminin, des problèmes médicaux et psychologiques et une hyperactivation mentale (Morin, 2009).
19.2.1
Facteurs biologiques et physiques
Biochimie et neurologie Plusieurs processus biochimiques et neurologiques complexes infueraient directement ou indirectement sur le cycle veille-sommeil, synchronisé par la lumière. Des variations journalières du onctionnement neuroendocrinien agiraient sur certaines régions du cerveau pour régir le sommeil et l’état de veille (Drake, 2010). Certains neurotransmetteurs, telles l’adénosine, l’acétylcholine et la mélatonine, ont pour onction de avoriser le sommeil, alors que la sérotonine, l’hypocrétine et la noradrénaline maintiennent plus probablement l’état de veille (Doghramji, Lieberman & Gordon, 2007 ; Sadock & Sadock, 2008). Dès lors, certaines modications biochimiques des neurotransmetteurs tels que la sérotonine, la mélatonine, la noradrénaline et la dopamine pourraient jouer un rôle majeur dans le dérèglement du sommeil et de l’état de veille (Sadock & Sadock, 2008). Un déséquilibre physiologique de ces médiateurs chimiques augmente la probabilité qu’une personne voie la structure de son sommeil perturbée. Par exemple, la narcolepsie serait attribuable à une carence en hypocrétine, un neurotransmetteur produit par l’hypothalamus. Les chercheurs avancent de plus l’hypothèse que cette carence soit due à une réaction autoimmune causée par des acteurs génétiques ou environnementaux (Simon & Zieve, 2009a). Le syndrome des jambes sans repos, aussi appelé impatience musculaire, se manieste à l’éveil et est aggravé au moment du coucher. Il constitue un désordre neurologique et n’est pas lié à de l’anxiété. Contrairement à l’impatience musculaire, les mouvements périodiques des jambes (secousses répétées, brèves et de aible amplitude) se produisent pendant le sommeil (APA, 2004). La prévalence de ces deux dyssomnies non spéciées augmente avec l’âge (Morin, 2009). Les changements hormonaux inhérents au vieillissement infuent également sur la qualité et la continuité du sommeil (PandiPerumal, Zisapel, Strinivasan et al., 2005).
Génétique Certains types de troubles du sommeil seraient liés à une prédisposition génétique ou amiliale. Par exemple, il existe une association assez constante entre une prédisposition amiliale et l’insomnie primaire (Beaulieu-Bonneau, LeBlanc, Mérette et al., 2007).
Problèmes de santé physique Les troubles du sommeil comme l’insomnie, la somnolence diurne et la ragmentation du sommeil
ENCADRÉ 19.1
Troubles du sommeil primaires
DYSSOMNIES
PARASOMNIES
Elles sont caractérisées par des anomalies de la quantité, de la qualité et de la synchroni sation du sommeil :
Elles sont caractérisées par un comportement anormal ou par des maniestations physio logiques qui se produisent en association avec le sommeil, pendant des stades précis du sommeil ou au cours des transitions veillesommeil :
• Insomnie primaire • Hypersomnie primaire • Narcolepsie • Trouble du sommeil lié à la respiration • Trouble du sommeil lié au rythme circadien, dont il existe plusieurs types (p. ex., le type avec retard ou avance de phase, le type changement de useaux horaires, le type lié au travail posté)
• Cauchemars • Terreurs nocturnes • Somnambulisme • Parasomnies non spécifées
• Dyssomnies non spécifées Source : Adapté de APA (2004)
ENCADRÉ 19.2
Facteurs de risque des troubles du sommeil
FACTEURS BIOLOGIQUES ET PHYSIQUES
• Personnalité
• Neurotransmission
• Irritants
• Prédisposition génétique
• Tendance à reouler les émotions
• Eets des médicaments (p. ex., les antihista miniques, les hypnotiques, les anxiolytiques, les antidépresseurs, les benzodiazépines)
• Troubles mentaux
• Usage de substances oertes en vente libre, qui peuvent interérer avec les autres médicaments prescrits
• Dépendance aux nouvelles technologies (p. ex., le téléphone portable, l’ordinateur)
FACTEURS SOCIOCULTURELS
• Négligence des signes du sommeil
• Consommation excessive de caéine, de nicotine ou d’alcool
FACTEURS ENVIRONNEMENTAUX
• Problèmes de santé physique (p. ex., des douleurs)
• Lumière
FACTEURS PSYCHOLOGIQUES ET PSYCHIATRIQUES
• Anxiété
• Bruit
19
• Matelas inconortable • Température excessive • Mouvements du conjoint dans le lit, etc.
• Croyances et attitudes envers le sommeil Source : Adapté de Morin (2009)
peuvent aussi être dus aux eets physiologiques directs qu’un état pathologique physique produit sur le système veille-sommeil. Ainsi, les maladies cardiovasculaires, l’hypertension ou les problèmes gastro-intestinaux peuvent perturber le sommeil (Morin, 2009). Par exemple, il y a souvent une ragmentation du sommeil chez les clients qui sourent de douleur chronique causée par la bromyalgie, certains cancers ou encore par les maux de dos (Morin, 2009 ; Phillips, Collop, Drake et al., 2008). Des perturbations de la structure du sommeil peuvent aussi survenir quand une modiication Chapitre 19
Troubles du sommeil
539
biochimique entraîne chez le client une pathologie comme le diabète ou l’hypothyroïdie (Morin, 2009).
Substances 11 Les symptômes des trou bles de l’humeur, dont l’insomnie, sont l’objet du chapitre 11, Troubles de l’humeur.
Plusieurs médicaments nuisent au sommeil, la plupart des psychotropes notamment, surtout lorsqu’ils sont pris sur de longues périodes (DeMartinis & Winokur, 2007; Godbout, 2004). Par exemple, les benzodiazépines et les somnières prolongent le sommeil, mais en diminuent la durée des stades les plus proonds, soit le sommeil lent ou le sommeil paradoxal. L’arrêt des médicaments entraîne le retour de l’insomnie, d’où le ort potentiel de dépendance, outre celui de tolérance qui les caractérise. Certains antidépresseurs peuvent diminuer la qualité du sommeil. C’est aussi le cas de médicaments tels que les bronchodilatateurs ou les bêtabloquants, entre autres. Des médicaments oerts en vente libre (p. ex., les produits pour couper l’appétit), de même que certains produits naturels aectent également le sommeil. L’alcool ragmente le sommeil (Éduc’alcool, 2011). Bien qu’il puisse avoriser l’endormissement, il aecte les séquences du sommeil proond et du sommeil léger. De plus, il entraîne des périodes d’éveil, surtout pendant la deuxième partie de la nuit. Diérentes drogues, les androgènes et stéroïdes anabolisants (des substances dopantes habituellement consommées par les sportis pour améliorer leurs perormances), les stimulants (amphétamines, cocaïne, caéine, éphédrine), de même que la nicotine, entraînent également, de diérentes açons, des eets nuisibles sur le sommeil.
19.2.2
Bruxisme : Grincement des dents durant la nuit. Peut occa sionner une usure anormale des dents et des dommages au tissu périodontal.
Facteurs psychologiques et psychiatriques
Les troubles du sommeil peuvent être associés à des problèmes de santé mentale, principalement aux névroses, aux troubles phobiques, aux troubles de la personnalité, aux troubles psychotiques ou encore aux troubles dépressis. Les médicaments psychotropes entraînent d’ailleurs des modifcations de la structure du sommeil (p. ex., l’insomnie, les cauchemars) (DeMartinis & Winokur, 2007 ; Godbout, 2004).
Les clients sourant d’insomnie et de bruxisme notamment rapportent d’habitude que l’apparition de leurs problèmes de sommeil a suivi l’arrivée soudaine de stresseurs psychologiques Justin Malenant est âgé de 56 ans. Il ait de l’insomnie (Abekura, Tsuboi, Okura et depuis peu, un phénomène nouveau, et il dit ne pas al., 2011 ; APA, 2000). avoir changé ses habitudes de sommeil. Il prend les Certaines perturbations médicaments suivants depuis une semaine pour un de la structure du sommeil problème cardiaque : chlorhydrate de labetalol coexistent en particulier avec (Labétalolmd), amiodarone (Cordaronemd), gemfbrozil des troubles de l’humeur et des (Lopidmd). Il prend également de la lévothyroxine troubles anxieux (APA, 2004 ; (Synthroidmd) pour de l’hypothyroïdie. Putnins, Grifn, Fitzmaurice et Parmi ces médicaments, lesquels pourraient expliquer al., 2012). Il arrive qu’il soit l’insomnie du client ? diicile de déterminer si le
Jugement clinique
540
Partie 3
Troubles mentaux
trouble du sommeil est le précurseur du trouble mental ou si c’est ce dernier qui a déclenché de quelque manière la perturbation de la structure du sommeil. D’ailleurs, l’insomnie ait partie des critères diagnostiques de plusieurs troubles mentaux, notamment les troubles dépressis majeurs, le trouble dysthymique, les troubles bipolaires et le trouble d’anxiété généralisée (APA, 2004 ; Philips et al., 2008) 11 .
19.2.3
Facteurs socioculturels
La privation volontaire de sommeil cause des problèmes de sommeil à la ois chez les adolescents et chez les adultes. Les couchers tardis des adolescents, les travaux et les horaires scolaires exigeants ainsi que les obligations sociales sont quelques-uns des nombreux acteurs qui représentent des défs pour l’atteinte et le maintien de la quantité nécessaire de sommeil réparateur.
19.2.4
Facteurs environnementaux
La lumière trop intense, le bruit, la température de la chambre trop élevée ou encore un lit inconortable constituent des éléments environnementaux qui peuvent nuire à la qualité du sommeil (Morin, 2009).
19.3
Épidémiologie
En raison de la nature généralement temporaire des troubles du sommeil et de l’absence de diagnostics ormels, certains de ces troubles demeurent sousestimés et ne sont jamais signalés. Au pays, 40 % des Canadiens ont rapporté avoir des problèmes ponctuels d’insomnie, et environ 13 % indiquent être atteints de troubles chroniques (Léger, Ohayon, Beck et al., 2010 ; Morin, LeBlanc, Bélanger et al., 2011). Presque tout le monde se trouve conronté à une perturbation du sommeil au cours de sa vie, réquence qui augmente avec l’âge, et les emmes sont deux ois plus souvent touchées que les hommes (Léger et al., 2010).
19.3.1
Dyssomnies
L’insomnie est l’un des troubles du sommeil les plus réquents au Canada, tout comme dans les autres pays industrialisés (Tjepkema, 2005). Alors que certaines personnes connaissent de brèves périodes d’insomnie tout au long de leur vie, il est estimé que 3,3 millions de Canadiens âgés de plus de 15 ans ont un problème d’insomnie qui peut perturber leur onctionnement quotidien (Tjepkema, 2005). La prévalence de ce trouble augmente avec l’âge, et elle est plus élevée chez les emmes dans tous les groupes d’âge (Passarella & Duong, 2008).
L’hypersomnie primaire les terreurs nocturnes, est Certains troubles du sommeil peuvent être plus réquent chez les garet la narcolepsie sont deux confondus ou sous-estimés et mener à un çons que chez les flles. types de troubles primaires diagnostic erroné. Les terreurs nocturnes et le du sommeil caractérisés somnambulisme ont tenpar une somnolence diurne excessive. La narcolepsie est la plus étudiée (Simon dance à se retrouver chez les membres d’une même & Zieve, 2009a). L’apparition des symptômes de amille (Kaplan & Sadock, 2004). narcolepsie se situe en général durant la puberté Enfn, le trouble du comportement en sommeil ou l’adolescence (Kaplan & Sadock, 2004). La paradoxal, une parasomnie non spécifée, aurait narcolepsie touche environ 1 personne sur 2 000 une prévalence d’environ 0,5 % chez les adultes, au Canada et demeure difcile à diagnostiquer principalement les plus âgés, et serait associé à cer(Société canadienne du sommeil, 2007a). Cette di- taines maladies dégénératives comme la maladie fculté s’explique probablement par le ait que le de Parkinson (Trotti, 2010). trouble est conondu avec d’autres causes communes de somnolence diurne excessive (Simon & Zieve, 2009a). Les personnes ayant un trouble lié au rythme circadien du sommeil cherchent rarement un traitement médical. Il est par conséquent difcile d’estimer la prévalence réelle de ce trouble qui se présente sous plusieurs ormes. Le syndrome de retard de phase (ou endormissement retardé) touche jusqu’à 4 % des adultes et près de 7 % des adolescents (Société canadienne du sommeil, 2006). Le syndrome d’avance de phase touche plutôt les personnes âgées. Enfn, le trouble du sommeil lié au travail posté et celui lié au décalage horaire entraînent souvent des symptômes invalidants. Ainsi, au Canada, environ un tiers des personnes actives travaillent de soir, de nuit ou en rotation (Société canadienne du sommeil, 2006), et, chaque année, des millions de voyageurs traversent plusieurs useaux horaires (Agence de la santé publique du Canada [ASPC], 2006).
19.3.2
Parasomnies
Des cauchemars peuvent survenir à n’importe quel âge chez les personnes des deux sexes. Il s’agit de rêves erayants récurrents qui interrompent le sommeil et provoquent une vive angoisse chez le client ou des perturbations majeures de son onctionnement social ou proessionnel (APA, 2004). Un enant qui ait des cauchemars est habituellement capable de s’en souvenir (ce qui n’est pas le cas ordinairement chez l’enant qui a des terreurs nocturnes), et ce trouble disparaît le plus souvent avec l’âge. Les terreurs nocturnes touchent de 1 à 6 % des enants, et elles sont plus réquentes chez les garçons que chez les flles (Kaplan & Sadock, 2004). Ces perturbations du sommeil se produisent généralement chez des enants âgés de 4 à 12 ans, les épisodes survenant d’habitude durant les cycles de sommeil à ondes lentes (Société canadienne du sommeil, 2006). Le somnambulisme apparaît en général vers l’âge de 4 à 8 ans, et sa prévalence la plus élevée s’observe chez les enants de 12 ans. Ce trouble, comme
19.4
Description clinique
Parce que les troubles du sommeil sont variés et qu’il peut être difcile d’en aire le diagnostic, il est important de connaître leurs principales maniestations. Certains troubles du sommeil peuvent être conondus ou sous-estimés et mener à un diagnostic erroné. L’infrmière est en mesure de décrire et de distinguer les principaux troubles du sommeil, notamment ceux liés à un trouble mental ou à une substance.
19.4.1
Dyssomnies
Insomnie primaire L’insomnie se caractérise par la difculté de s’endormir ou de rester endormi ou par le ait de se réveiller trop tôt, avec la sensation de ne pas avoir un sommeil réparateur pendant au moins un mois (APA, 2004). Ce trouble du sommeil entraîne généralement une somnolence diurne excessive et provoque une détérioration importante du onctionnement quotidien, social ou proessionnel de la personne ENCADRÉ 19.3 (APA, 2004 ; Hurst, 2008).
19
Hypersomnie primaire L’hypersomnie est caractérisée par une prolongation du temps de sommeil durant la nuit ou par une somnolence durant la journée ENCADRÉ 19.4. Elle peut se maniester par un endormissement très rapide et une durée de sommeil nocturne supérieure à 11 heures (Vernet, Leu-Semenescu, Buzare et al., 2010).
Narcolepsie La narcolepsie constitue une attaque de sommeil qui dure de 15 à 20 minutes ;
Jugement clinique Isabelle Cormier est âgée de 63 ans. Elle est atteinte d’un trouble dépressi consécuti au décès de son époux survenu subitement il y a six mois. Elle a été mariée pendant plus de 40 ans. Elle est traitée avec de la sertraline (Zolotmd), 150 mg par jour, depuis 2 mois. De plus, pour se rassurer, madame Cormier a dans sa chambre une lampe qu’elle garde allumée toute la nuit. Peu avant le décès, le couple avait ait repeindre la chambre à coucher et changé le mobilier et était très satisait de ces modifcations. Madame Cormier n’avait jamais éprouvé de difcultés à s’endormir auparavant. Outre l’antidépresseur, qu’estce qui pourrait en partie expliquer le problème de sommeil de la cliente ?
Chapitre 19
Troubles du sommeil
541
Critères diagnostiques du DSM-IV-TR ENCADRÉ 19.3
Insomnie primaire
A. La plainte essentielle est une difculté d’endormissement ou de maintien du sommeil, ou un sommeil non réparateur, ceci pendant au moins un mois. B. La perturbation du sommeil (ou la atigue diurne associée) est à l’origine d’une sourance marquée ou d’une altération du onctionnement social, proessionnel ou dans d’autres domaines importants. C. La perturbation du sommeil ne survient pas exclusivement au cours d’une narco lepsie, d’un trouble du sommeil lié à la
respiration, d’un trouble du sommeil lié au rythme circadien ou d’une parasomnie. D. La perturbation ne survient pas exclusive ment au cours d’un autre trouble mental (p. ex., un trouble dépressi majeur, une anxiété généralisée, un delirium). E. La perturbation n’est pas liée aux eets physiologiques directs d’une substance (p. ex., une substance donnant lieu à abus, un médicament) ou d’une aection médicale générale.
Critères diagnostiques du DSM-IV-TR
Hypersomnie primaire
A. La plainte essentielle est une somnolence excessive, d’une durée d’au moins un mois (ou moins en cas d’hypersomnie primaire récurrente), comme en témoignent des épisodes de sommeil prolongé ou des épi sodes de sommeil diurne survenant presque tous les jours. B. La somnolence excessive est à l’origine d’une sourance marquée ou d’une altération du onctionnement social, proessionnel ou dans d’autres domaines importants. C. La somnolence excessive n’est pas mieux expliquée par une insomnie, ne survient pas exclusivement au cours d’un autre trouble du sommeil (p. ex., une narco lepsie, un trouble du sommeil lié à la
respiration, un trouble du sommeil lié au rythme circadien ou une parasomnie) et ne peut pas non plus être expliquée par une quantité insufsante de sommeil. D. La perturbation ne survient pas exclusive ment au cours d’un autre trouble mental. E. La perturbation n’est pas liée aux eets physiologiques directs d’une substance (p. ex., une substance donnant lieu à abus, un médicament) ou d’une aection médicale générale. Spécifer si : Récurrente s’il existe des périodes de somnolence excessive d’une durée d’au moins trois jours, survenant plusieurs ois par an, pendant au moins deux ans.
Source : APA (2004), p. 264-265
i
Les troubles du sommeil liés à la respiration sont présentés en détail dans le chapitre 9 du manuel de Lewis, S.L., Dirksen, S.R., Heitkemper, M.M., et al. (2011). Soins infrmiers – Médecine Chirurgie. Montréal : Chenelière Éducation.
542
Partie 3
l’épisode est soudain, imprévisible et se répète plusieurs ois par jour (APA, 2004 ; Morin, 2009). Une personne atteinte de narcolepsie peut ainsi tomber endormie alors qu’elle s’adonne à une activité, comme conduire une voiture, manger ou interagir avec d’autres personnes (Doghramji et al., 2007) FIGURE 19.3. En plus d’être aux prises avec une somnolence diurne excessive, environ 70 % des personnes narcoleptiques sont aussi atteintes de cataplexie, un signe courant du trouble (APA, 2004 ; Société canadienne du sommeil, 2007a). La cataplexie est une perte subite du tonus musculaire et des mouvements musculaires volontaires (Simon & Zieve, 2009a). Des expériences émotionnelles vives, comme rire ou
Troubles mentaux
En cas de narcolepsie, l’attaque de sommeil est imprévisible et peut se produire à tout moment de la journée.
pleurer, peuvent provoquer cette réaction. Les personnes atteintes de cataplexie rapportent aussi une paralysie du sommeil : elles sont incapables de parler ou de bouger juste avant ou immédiatement après une brève attaque de sommeil.
Source : APA (2004), p. 263-264
ENCADRÉ 19.4
FIGURE 19.3
La narcolepsie est également associée à des hallucinations souvent terrifantes, qui traumatisent les personnes qui en sont victimes (Société canadienne du sommeil, 2007a). Certaines déclarent avoir eu des hallucinations ou connu des expériences perceptuelles pénétrantes, soit en se réveillant d’un bre épisode de sommeil (hallucinations hypnopompiques), soit en y entrant (hallucinations hypnagogiques) (APA, 2004 ; Doghramji et al., 2007). Le terme tétrade narcoleptique est parois utilisé pour désigner ces quatre symptômes de la narcolepsie : somnolence diurne excessive, cataplexie, paralysie du sommeil et hallucinations (Doghramji et al., 2007).
Trouble du sommeil lié à la respiration Les troubles du sommeil liés à la respiration se caractérisent par un ractionnement du sommeil qui résulte d’une aection respiratoire, comme le syndrome d’apnée obstructive du sommeil (APA, 2004). Un blocage complet ou partiel des voies respiratoires supérieures se produit au cours de ce type d’apnée pendant le sommeil et provoque des pauses respiratoires. La personne qui en est atteinte a de la difculté à onctionner et peut sembler dépressive (Association pulmonaire, 2012).
Trouble du sommeil lié au rythme circadien Les troubles du sommeil liés au rythme circadien sont des perturbations persistantes ou récurrentes de la structure du sommeil, attribuables à un décalage entre un cycle veille-sommeil imposé par l’environnement et les besoins de la personne (dictés par son propre rythme circadien) (APA, 2004). Les troubles du sommeil liés au rythme circadien peuvent être dus à un retard ou à une avance
de phase du sommeil (p. ex., une somnolence très tôt en soirée, entre 18 et 21 h, et un réveil très précoce entre 1 h et 3 h du matin), au décalage horaire ou au travail posté (APA, 2004). La somnolence diurne est alors réquente en raison de l’endormissement retardé et du réveil matinal imposé par les obligations proessionnelles ou sociales. De l’insomnie se présente également. Le type retard de phase se produit lorsque la structure du sommeil de la personne comporte un endormissement et un réveil tardis et qu’elle est incapable de s’endormir ou de se réveiller à une heure plus précoce (APA, 2004). La personne, appelée oiseau de nuit, se couche réquemment entre 3 h et 6 h du matin et a beaucoup de difculté à se rendre au travail ou à l’école. La durée et la qualité du sommeil sont normales, malgré cet horaire très atypique (Société canadienne du sommeil, 2007b). Le type changement de useaux horaires se manieste notamment par des périodes de somnolence et de vigilance survenant à un moment inopportun de la journée (APA, 2004 ; Société canadienne du sommeil, 2003). Ces schèmes veillesommeil peuvent s’aggraver, surtout après un voyage à travers plusieurs useaux horaires. Le type travail posté résulte habituellement d’un travail de nuit ou de la modifcation réquente des horaires de travail (APA, 2004 ; Société canadienne du sommeil, 2003). La personne soure généralement d’insomnie durant sa principale période de sommeil, soit le jour, ou d’une somnolence durant sa principale période d’éveil, soit la nuit (APA, 2004). Ces symptômes sont habituellement plus prononcés immédiatement après le changement d’horaire, mais dans certains cas, ils ne s’améliorent pas avec le passage du temps. Ce manque de sommeil peut augmenter le niveau de stress et causer de l’épuisement physique et mental (Samaha, Lal, Samaha et al., 2007).
Cauchemars Les cauchemars, ou rêves d’angoisse, constituent un type de parasomnie qui survient habituellement durant une phase de sommeil paradoxal, tard au cours du cycle de sommeil. Le sommeil est réquemment ragmenté en raison des réveils nocturnes provoqués par des rêves erayants qui menacent la vie, la sécurité ou l’estime de soi. Les clients sont habituellement capables de se rappeler les détails de leurs cauchemars de açon très nette (APA, 2004 ; Société canadienne du sommeil, 2003).
Terreurs nocturnes La personne qui connaît des terreurs nocturnes se réveille durant la phase de sommeil à ondes lentes, généralement durant la première partie de la nuit, et son réveil est habituellement causé par des maniestations d’anxiété extrême ou de panique (Sadock & Sadock, 2008). Habituellement, la personne pousse un cri terrifant et transpire ; son rythme cardiaque et sa respiration augmentent, et elle semble désorientée. Elle est incapable de se rappeler l’événement en cause (APA, 2004).
Somnambulisme Les personnes atteintes de ce trouble ont en général des comportements complexes comme marcher, s’habiller ou aller aux toilettes, tout en étant dans un stade proond du sommeil à ondes lentes (Sadock & Sadock, 2008) FIGURE 19.4. Le somnambule semble être en transe, et il est difcile de le réveiller. Il arrive parois que la personne se réveille alors qu’elle est en train d’accomplir des tâches complexes, mais le plus souvent, elle retourne au lit et se réveille plus tard sans aucun souvenir des événements qui se sont déroulés durant l’épisode de somnambulisme (APA, 2004 ; Société canadienne du sommeil, 2003). Les personnes somnambules se plaignent souvent de
19
En cas de décalage horaire, la personne qui voyage voit son sommeil perturbé parce qu’elle essaie de s’adapter à son horaire de destination, alors que son horloge interne n’est pas encore synchronisée. Les symptômes sont réversibles. Pour les travailleurs de nuit, les rythmes circadiens sont perturbés plus durablement puisque le sommeil se produit à un moment où le travailleur devrait normalement être éveillé (Société canadienne du sommeil, 2003).
19.4.2
Parasomnies
En général, les parasomnies mettent en jeu des comportements anormaux ou des maniestations physiologiques qui se produisent en lien avec le sommeil, à des stades précis de celui-ci ou au cours des transitions sommeil-éveil (Société canadienne du sommeil, 2003).
FIGURE 19.4 La personne atteinte de somnambulisme est profondément endormie, mais elle agit comme si elle était éveillée.
Chapitre 19
Troubles du sommeil
543
Jugement clinique
somnolence durant la journée (Montplaisir, Petit, Pilon et al., 2011).
Robin Fortier est un jeune garçon âgé de huit ans. Il est atteint de somnambulisme et se lève presque toutes les nuits. Réveillés par son comportement, ses parents ont constaté qu’il sortait de la maison et marchait sur le bord de la piscine. Ils le surveillent de près, car ils craignent toujours que leur fls tombe dans la piscine et qu’il se noie.
Parasomnie non spécifée
Un trouble impressionnant, généralement rapporté par le partenaire, demeure le trouble Pourquoi Robin estil à risque d’accident dû au som de comportement en sommeil nambulisme ? Ses parents devraientils le réveiller paradoxal caractérisé par des lorsqu’ils le trouvent sur le bord de la piscine ? gestes violents (coups de Justifez votre réponse. poing et coups de pied), comme si la personne reproduisait ses rêves, même si leur contenu exact n’est pas connu (APA, 2004 ; D’Agostino, Manni, Limosani et al., 2012 ; Société canadienne du sommeil, 2003).
19.4.3
Troubles du sommeil liés à un autre trouble ou à une substance
Dans le cas d’un trouble du sommeil lié à un trouble mental, le symptôme qui amène le client à consulter est une perturbation du sommeil (p. ex.,
l’insomnie, l’hypersomnie) FIGURE 19.5. Des épisodes passagers d’insomnie peuvent notamment survenir pendant toute la vie d’une personne et être attribuables à des situations anxiogènes qui se règlent d’elles-mêmes. Cette anxiété peut surgir en réaction à une situation ou à cause de l’appréhension d’une telle situation (Sadock & Sadock, 2008). Alors, une ois que l’anxiété a diminué, l’insomnie s’estompe généralement ou disparaît, et aucun traitement n’est nécessaire. Autrement, l’insomnie chronique qui s’installe se caractérise par l’incapacité d’entrer dans un sommeil réparateur ou de s’y maintenir pendant au moins un mois (Passarella & Duong, 2008). L’insomnie est souvent associée à des troubles cognitis et mentaux (p. ex., l’autisme, les troubles anxieux, les troubles de l’humeur) (Jeste, 2011 ; Morin, 2009). Dans le cas d’un trouble du sommeil attribuable à une aection médicale générale, le symptôme qui amène le client à consulter est une perturbation du sommeil (p. ex., le bruxisme) due aux eets physiologiques directs de l’aection (Société canadienne du sommeil, 2003). La perturbation est suisamment prononcée pour justifer à elle seule un examen clinique (APA, 2004).
SCHÉMA DES QUATRE DIMENSIONS Insomnie liée à un état de stress post-traumatique DIMENSION PHYSIQUE • Sueurs roides • Cauchemars et réveils brusques
• Difculté de maintien du sommeil
Valérie Picard est membre de l’armée canadienne. À 32 ans, elle a déjà participé à plusieurs missions réputées dange reuses. Depuis qu’elle est revenue d’Aghanistan, elle ait des cauchemars à répétition – elle se voit en train de mourir – et se réveille en sursaut.
DIMENSION SOCIALE
DIMENSION PSYCHOLOGIQUE • Difculté à se concentrer • Anxiété exacerbée
• Crainte
Madame Picard se souvient de scènes terribles de guerre et a peur qu’il lui arrive quelque chose de grave. La atigue occasionnée nuit à son onctionnement cogniti.
DIMENSION SPIRITUELLE
• Inquiétude dans les endroits publics
• Capacité limitée à prendre des décisions
Madame Picard craint de se retrouver dans des oules. Elle évite de prendre le métro ou de prendre part à des maniestations extérieures avec plusieurs autres personnes.
Madame Picard n’élabore plus de projets à long terme. Elle devait s’acheter un appartement et y a renoncé, pensant qu’elle n’arriverait plus à le payer s’il lui arrivait quelque chose au cours de sa prochaine mission.
FIGURE 19.5
544
Partie 3
Troubles mentaux
Dans le cas d’un trouble récurrents et nuisibles pour Les troubles du sommeil ne sont pas une du sommeil provoqué par la santé. L’insomnie et le fatalité. une substance, le symptrouble du sommeil lié au tôme qui amène le client rythme circadien, même à consulter est une perturbation du sommeil due à s’ils sont curables, présentent un taux élevé de récil’usage ou à l’abandon récent d’une substance dives et de rechutes (Taylor, Walters, Vittengl et al., toxique (y compris les médicaments d’ordonnance). 2010), alors qu’il est possible d’atténuer la narcoL’alcool, les amphétamines et stimulants apparen- lepsie (Ahmed & Thorpy, 2010). tés, la caéine, la cocaïne, les opioïdes, les sédatisLe pronostic de la majorité des troubles du somhypnotiques et les anxiolytiques sont des substances meil est généralement bon, à condition que le proqui peuvent causer cette condition (APA, 2004). blème soit diagnostiqué et déterminé précisément
19.5
Pronostic
Le tableau clinique des perturbations du sommeil est variable, certaines étant spontanément réversibles, alors que d’autres entraînent des problèmes
19.6
Démarche de soins
L’infrmière est susceptible de rencontrer des clients ayant des troubles du sommeil autant en centre hospitalier qu’en centre de santé et de services sociaux (CSSS). Un pourcentage élevé de troubles du sommeil demeure non diagnostiqué, généralement parce que les personnes atteintes attribuent leurs symptômes à des acteurs autres qu’une perturbation du sommeil et parce qu’elles sousestiment leurs difcultés et ne cherchent pas de traitement avant que le processus pathogénique ait ortement progressé. Lorsqu’un trouble est diagnostiqué, la personne atteinte est généralement traitée en consultation externe, et les signes de rétablissement sont régulièrement évalués.
19.6.1
en temps opportun. En établissant et en traitant les causes ou les acteurs associés aux troubles du sommeil, par exemple un autre trouble mental, il est possible d’en réduire les eets nuisibles. Les troubles du sommeil ne sont pas une atalité ; la qualité de vie des personnes atteintes peut s’améliorer notablement lorsque ces troubles sont pris en charge.
Collecte des données – Évaluation initiale
Un trouble du sommeil est une plainte subjective, révélée ou non par le client. L’infrmière évite de chercher à invalider la plainte ou à minimiser la sourance exprimée, même si le client a tendance à exagérer le nombre d’heures éveillées comme cela peut être le cas. Une écoute active et empathique s’avère nécessaire 5 . Le rôle de l’infrmière consiste tout d’abord à évaluer l’état de santé physique et mentale du client et à documenter les maniestations d’un éventuel trouble du sommeil. L’évaluation de la personne atteinte d’une perturbation du sommeil est complexe en raison de la diversité des profls symptomatiques. Par exemple, une personne sourant d’insomnie primaire peut minimiser ou exagérer ses symptômes de atigue diurne, de somnolence excessive ou de lenteur sur le plan cogniti. Il importe que l’infrmière obtienne
à la ois des données subjectives provenant de la personne atteinte ainsi que des données détaillées recueillies de sources objectives et quantifables.
Recueillir les données subjectives L’infrmière discute avec le client de ses habitudes au quotidien. Ainsi, elle peut déceler des horaires irréguliers, des nuits entrecoupées, un environnement bruyant ou mesurer la perception que le client a de son sommeil ENCADRÉ 19.5. Elle
5 Des techniques pour favo riser une écoute active et empathique sont présen tées dans le chapitre 5, Communication et relation thérapeutique.
Collecte des données ENCADRÉ 19.5
19
Éléments à évaluer au cours de l’entrevue
L’inrmière questionne le client sur les points suivants : • Moment du réveil (semaine et n de semaine) • Moment du coucher (semaine et n de semaine) • Nombre d’heures de sommeil par période de 24 heures • Délai pour s’endormir (en minutes) • Qualité du sommeil (satisaction, sensation de atigue) • Réveils nocturnes (incluant leur historique) • Présence de siestes diurnes (incluant leur historique) • Usage de substances qui perturbent le sommeil (p. ex., des somnières, des sti mulants, des antidépresseurs, de l’alcool)
• Antécédents personnels et amiliaux de troubles mentaux (actuels ou passés) : troubles de l’humeur, trouble d’anxiété généralisée, etc. • Perturbations diurnes (p. ex., des pro blèmes de concentration, d’irritabilité, de mémoire, de manque d’énergie) • Témoignage du partenaire de lit (p. ex., des ronfements, des réveils, du som nambulisme, des mouvements brusques ou violents) ou des parents (p. ex., du somnambulisme, des cauchemars, des terreurs nocturnes) • Stratégies d’adaptation (p. ex., des bouchons d’oreilles, un masque sur les yeux, un bruit blanc)
Chapitre 19
Troubles du sommeil
545
complète la collecte des données subjectives en questionnant le client sur ses habitudes de sommeil (lever, coucher et siestes) et en lui demandant de tenir un journal de sommeil durant environ deux semaines FIGURE 19.6. Les données obtenues sur les antécédents et les habitudes de sommeil déterminent si le client a un problème de sommeil important et s’il est éventuellement nécessaire de l’orienter vers un spécialiste du sommeil.
Recueillir les données objectives L’infrmière utilise des outils pour obtenir des données objectives quant aux habitudes de sommeil du client. L’échelle de somnolence d’Epworth, le questionnaire d’évaluation du sommeil de Leeds ou l’index de sévérité de l’insomnie ont partie de ces outils TABLEAU 19.1 (Doghramji et al., 2007 ; Morin, 2009). L’inirmière peut également consulter les conclusions des spécialistes en sommeil concernant la qualité des cycles de sommeil si elle a été mesurée dans un laboratoire. L’examen poly somnographique permet d’observer l’activité électroencéphalographique, l’activité électrooculographique (mouvements des muscles extrinsèques de l’œil), l’activité électromyographique (mouvements musculaires), la réquence et le rythme cardiaques, la réquence respiratoire et la pression artérielle.
19.6.2
Analyse et interprétation des données
L’infrmière détermine les problèmes prioritaires en se ondant sur les renseignements obtenus à partir de l’entrevue, du journal de sommeil, des questionnaires et des données du laboratoire du sommeil, si elles sont disponibles. Un plan de soins et de traitements infrmiers (PSTI) détaillé est élaboré pour atteindre les objectis préétablis. L’ordre de priorité des problèmes prioritaires dépend des besoins propres au client ENCADRÉ 19.6.
19.6.3
Planifcation des soins
Les résultats escomptés guident à la ois les interventions infrmières et l’évaluation. Ils concernent certains des comportements attendus d’un client qui manieste des réactions saines et bien adaptées à une perturbation du sommeil. Par ses interventions, l’infrmière veille à ce que le client soit en mesure : • de déterminer les causes des modifcations de son sommeil ; • de comprendre les interventions appropriées pour un trouble particulier du sommeil et de les appliquer ; • de rendre compte d’une réduction importante des perturbations du sommeil à l’aide d’une auto évaluation et de mesures d’évaluation objectives ;
Quantité du sommeil
Date
Jour 1 Jour 2 Jour 3 Jour 4 Jour 5 Jour 6 Jour 7 Jour 8 Jour 9 Jour 10 Jour 11 Jour 12 Jour 13 Jour 14 Jour 15
24 h
1h
2h
3h
4h
5h
6h
7h
8h
9h
10 h 11 h 12 h 13 h 14 h 15 h 16 h 17 h 18 h 19 h 20 h 21 h 22 h 23 h
0 = pauvre 1 = moyen 2 = très bon
27 mai 28 mai 29 mai 30 mai
samedi
31 mai
dimanche
er
1 juin 2 juin 3 juin 4 juin 5 juin 6 juin
samedi
7 juin
dimanche
8 juin 9 juin 10 juin
... Moment du coucher
... Moment du réveil
… Noircir la case pour indiquer le temps occupé par le sommeil
FIGURE 19.6
Exemple d’un journal de sommeil – La personne remplit le journal de sommeil pendant 15 jours consécutis en indiquant le moment du lever avec une fèche ascendante et le moment du coucher avec une fèche descendante. Les cases coloriées indiquent les périodes de sommeil.
546
Partie 3
Troubles mentaux
Qualité de l’éveil
Collecte des données TABLEAU 19.1
Index de sévérité de l’insomnie
ÉVALUATION
BARÈME
1. Veuillez estimer la sévérité de vos difcultés de sommeil.
Aucune
Légère
Moyenne
Élevée
Extrême
a. Difculté à s’endormir
0
1
2
3
4
b. Difculté à rester endormi
0
1
2
3
4
c. Problèmes de réveil trop tôt le matin
0
1
2
3
4
2. À quel point êtesvous satisait/insatisait de votre sommeil actuel ?
Très satisait
Satisait
Neutre
Insatisait
Très insatisait
0
1
2
3
4
3. À quel point considérezvous que vos difcultés de sommeil perturbent votre onctionnement (p. ex., l’état de atigue, la concentration, la mémoire, l’humeur) ?
Aucunement
Légèrement
Moyennement
Très
Extrêmement
0
1
2
3
4
4. À quel point considérezvous que vos difcultés de sommeil sont apparentes pour les autres en termes de détérioration de la qualité de vie ?
Aucunement
Légèrement
Moyennement
Très
Extrêmement
0
1
2
3
4
5. À quel point êtesvous inquiet/préoccupé à propos de vos difcultés de sommeil actuelles ?
Aucunement
Légèrement
Moyennement
Très
Extrêmement
0
1
2
3
4
L’infrmière peut demander au client de remplir ce questionnaire ou le aire avec lui. Un score se situant entre 0 et 7 suggère qu’il n’y a pas d’insomnie clinique ment importante. Un score de 8 à 14 indique une insomnie légère à modérée qui ne nécessite pas de traitement immédiat, bien que le client puisse continuer de surveiller ses symptômes. Un score variant entre 15 et 21 correspond à une insomnie modérée et requiert un traitement. Un score se situant entre 22 et 28 révèle une insomnie grave avec une importante détérioration du onctionnement diurne, qui nécessite une évaluation plus détaillée et des traitements. Source : Morin (1993)
ENCADRÉ 19.6
Problèmes pouvant être associés aux troubles du sommeila
• Anxiété • Dépression, tristesse • Fatigue • Isolement social • Recours à des substances: médicaments, alcool, drogues • Mauvaise hygiène du sommeil a
Les problèmes prioritaires listés ici sont ceux qui s’appliquent le plus aux clients présentant des perturbations du sommeil. Source : Carpenito-Moyet (2009)
• de participer activement à la planication des moyens à prendre en vue d’améliorer ou de maintenir la qualité de son sommeil de façon autonome.
19.6.4
Exécution des interventions
L’infrmière travaille conjointement avec le client, sa amille ou ses proches, ainsi qu’avec les membres de l’équipe interdisciplinaire de soins de santé.
Soins et traitements infrmiers 19
L’infrmière structure son approche en onction des problèmes particuliers du client. Les interventions suggérées touchent principalement l’hygiène du sommeil et la mise en place de stratégies d’adaptation. L’infrmière aide tout d’abord le client à reconnaître les stresseurs et les irritants TABLEAU 19.2. L’enseignement au client met l’accent sur les pratiques d’hygiène pour un sommeil sain. L’infrmière explique comment adapter l’environnement de sommeil pour tenter de réduire ou d’atténuer les inconvénients qui y sont associés et pour avoriser un sommeil réparateur ENCADRÉ 19.7. En cas de narcolepsie, l’infrmière enseigne au client comment gérer les multiples attaques de sommeil en discutant des acteurs qui les déclenchent (p. ex., un stimulus émotionnel ort, une privation de sommeil) et des stratégies de traitement qui pourraient l’aider à la prévenir (p. ex., une sieste diurne orcée, l’adhésion à un traitement médical). Un horaire veille-sommeil comprenant des siestes régulièrement prévues aide certains clients atteints de narcolepsie (Kaplan & Sadock, 2004). Chapitre 19
Troubles du sommeil
547
Pratiques infrmières suggérées TABLEAU 19.2
Accompagner le client ayant un trouble du sommeil
INTERVENTIONS
JUSTIFICATIONS
Évaluer les routines et les habitudes (ou patron) de sommeil du client et en déter miner les risques (p. ex., le somnambulisme, la narcolepsie, la atigue diurne).
La compréhension des habitudes de sommeil et des risques potentiels permet d’éviter les blessures et de prévenir l’aggravation des symptômes.
Enseigner au client comment tenir un journal de sommeil.
La détermination des principaux schèmes qui perturbent le sommeil est possible grâce au journal de sommeil.
Aider le client à reconnaître les stresseurs qui peuvent nuire au sommeil.
Les stresseurs perturbent le client et réduisent le sommeil réparateur.
Enseigner au client l’importance de limiter la consommation de substances qui perturbent le sommeil (p. ex., l’alcool, les amphétamines et les autres stimulants, la nicotine, la caéine).
Certaines classes de médicaments perturbent la qualité du sommeil. Certaines substances ont un eet négati sur le sommeil.
Expliquer au client les approches possibles pour maîtriser ou atténuer les symptômes.
Un sentiment de maîtrise du problème chez le client l’aide à atténuer les symptômes.
Aider le client à créer un environnement calme et conortable.
Les conditions environnementales optimales (silence, obscurité, température raîche) avorisent le sommeil et le repos.
Favoriser l’adhésion à la pharmacothérapie prescrite pour le traitement du trouble mental concomitant ou pour le traitement à court terme d’un trouble du sommeil primaire.
Les médicaments constituent l’une des interventions efcaces pour le traitement des perturbations primaires ou secondaires du sommeil.
Orienter le client vers un spécialiste des troubles du sommeil (psychiatre, psychologue spécialisé, infrmière clinicienne spécialisée en santé mentale et en soins psychiatriques) si les perturbations du sommeil perdurent.
Des examens supplémentaires, telle la polysomnographie, sont parois nécessaires pour parvenir à un diagnostic diérentiel pour le client. Une thérapie cognitivocomportementale ainsi qu’une pratique de la relaxation et de l’activité physique peuvent aire partie des approches de traitement.
Enseignement au client et à ses proches ENCADRÉ 19.7
Pratiques d’hygiène du sommeil
• Aller au lit seulement quand on a sommeil et se lever à la même heure chaque jour pour promouvoir un rythme veillesommeil constant. (Éviter ou limiter les siestes durant la journée pour «rattraper » le manque de sommeil.) • Réduire ou éliminer l’usage de stimulants (p. ex., la caéine, la nicotine) et d’autres substances (p. ex., l’alcool) qui perturbent le sommeil. • Éviter l’exercice physique intense ou la stimulation mentale juste avant l’heure du coucher (télévision, ordinateur et téléphone dans la chambre).
• Pratiquer des stratégies d’adaptation ef caces pour gérer le stress (p. ex., la relaxation, des respirations proondes, l’écoute de musique relaxante, la méditation). • Créer un environnement prédisposant au sommeil réparateur : température de la chambre plutôt raîche, environnement calme, bouchons d’oreilles, vêtements conortables et aible éclairage – rideaux épais coupant la lumière. La chambre doit être réservée uniquement au sommeil. • Établir une routine du coucher propice au sommeil (p. ex., ne pas trop manger avant le coucher, prendre un bain chaud, lire un livre).
En cas de trouble du sommeil lié au rythme circadien, l’objecti est d’abord d’établir une certaine régularité dans le cycle veille-sommeil en synchronisant sa structure avec les horaires quotidiens habituels. Le client tire avantage à cibler des signaux environnementaux externes (p. ex., la tombée de la nuit, le lever du soleil) qu’il peut associer à une
548
Partie 3
Troubles mentaux
certaine phase du cycle veille-sommeil. La tentative d’agir sur l’horaire de sommeil en encourageant le client à dormir plus tôt qu’à l’habitude est parois utile pour certains troubles du sommeil lié au rythme circadien (p. ex., en cas de retard de phase ou de décalage horaire). Les perturbations de la structure du sommeil dues à un travail par roulement ou à un travail de nuit sont plus délicates à résoudre. Toute mesure pour établir une certaine régularité dans le cycle veille-sommeil sera bénéfque sur la qualité globale du sommeil (Thorpy, 2010). En outre, le respect par le client de pratiques d’hygiène pour un sommeil sain est très important. La planifcation d’un traitement qui requiert la participation d’un spécialiste du sommeil est parois nécessaire, en particulier dans les cas où le client se présente avec plusieurs problèmes connexes (gestion de problèmes de la vie proessionnelle et personnelle). En cas de somnambulisme, la préoccupation principale est d’assurer la sécurité du client qui peut entreprendre des activités aux conséquences potentiellement dangereuses. L’infrmière renseigne le client et ses proches sur les acteurs qui augmentent la probabilité d’apparition d’un épisode de somnambulisme (p. ex., une vessie distendue, les bruits de l’environnement, le stress, la consommation d’alcool et de médicaments sédatis-hypnotiques) et dresse un plan afn de réduire leur occurrence.
Pratiques infrmières suggérées TABLEAU 19.3
Encourager la gestion personnelle
COMPORTEMENT DE GESTION PERSONNELLE
SUGGESTION À FAIRE AU CLIENT
Engagement et eort
Faire preuve de patience, car la résolution prendra quelques semaines.
Recherche de soutien
Demander la collaboration du conjoint et de la amille proche.
Attitude scientifque
Éliminer les croyances erronées, évaluer les résultats après une période d’essai sufsamment longue (plusieurs semaines).
Attentes réalistes
Déterminer des objectis aciles à atteindre en rapport avec les capacités du client (il ne aut pas vouloir dormir neu heures à tout prix).
Autoévaluation du sommeil
Compléter le journal de sommeil chaque jour, peu après le réveil, afn que le client comprenne son patron de sommeil et dédramatise le problème.
Source : Adapté de Morin (2009)
Par ailleurs, les clients atteints d’insomnie chronique sont parois découragés lorsque de précédents traitements n’ont pas réussi à soulager leurs symptômes. L’inrmière apporte par conséquent un soutien psychosocial au client pendant qu’il progresse dans la modication de ses comportements. Ce type de soutien aide aussi les clients qui ont des problèmes temporaires d’insomnie occasionnés par des événements stressants à comprendre que le sommeil s’améliore habituellement lorsque les causes sous-jacentes sont réduites ou éliminées. L’inrmière explique au client que l’insomnie n’est pas une atalité et qu’il existe des approches qui permettent d’atténuer le problème, sans orcément le régler dénitivement. Elle soutient le client en le responsabilisant devant ses diicultés et promeut une approche de gestion personnelle (Morin, 2009) TABLEAU 19.3. Le PSTI 19.1 précise les interventions inrmières en cas d’insomnie liée à un trouble dépressi majeur.
Soins et traitements en interdisciplinarité L’inrmière collabore avec d’autres proessionnels de la santé pour aider le client à gérer ses dicultés de sommeil. Ainsi, le psychiatre, le neuropsychologue ou encore le psychologue sont les principaux intervenants habilités à traiter les troubles du sommeil. La pharmacothérapie, la thérapie cogni tivocomportementale, la luminothérapie, la chronothérapie ou la relaxation ont partie des interventions possibles. L’inrmière assiste au besoin les autres proessionnels dans la mise en place et le suivi de ces traitements.
Psychopharmacothérapie Les médicaments pour traiter les troubles du sommeil primaires sont soit des sédatis-hypnotiques, soit des stimulants. Leur utilisation dépend
de l’objecti de la thérapie : induire le sommeil ou stimuler l’éveil. Le plan de soins et de traitements comprend parois d’autres agents psychopharmacologiques (antidépresseurs, anxiolytiques), lorsque la perturbation du sommeil est présente en même temps qu’un trouble mental. Il peut arriver que le client tente de prendre en charge ses symptômes à l’aide de produits oerts en vente libre, comme la valériane ou le houblon, avant de chercher un traitement auprès du médecin (Salter & Brownie, 2010). L’inrmière note les noms de ces produits et leur réquence d’utilisation. | Dyssomnies | Insomnie Ce trouble peut être traité avec des médicaments sédatis-hypnotiques, benzodiazépiniques et non benzodiazépiniques, associés ou non à d’autres traitements non pharmacologiques. La durée de traitement ne devrait pas excéder deux semaines en raison de la tolérance et du syndrome de sevrage que peut provoquer leur usage à long terme, particulièrement les médicaments benzodiazépiniques (Clayton, Stock & Cooper, 2010). Les hypnotiques benzodiazépiniques, tels que le témazépam (Restorilmd) ou le furazépam (Dalmanemd), représentent le risque le plus élevé de dépendance psychologique et physiologique, et ils constituent rarement le traitement de première intention pour ce trouble. Ils gênent également le sommeil paradoxal. Les hypnotiques non benzodiazépiniques comme le zopiclone (Imovanemd) et le zolpidem (Sublinoxmd) présentent un potentiel d’abus moins grand. En comparaison avec les médicaments benzodiazépiniques, ils créent moins de problèmes d’insomnie de rebond ou d’interérence avec le sommeil paradoxal. Des antidépresseurs sont parois prescrits, en particulier pour des problèmes concomitants de dépression et d’insomnie. La plupart des médicaments de cette catégorie réduisent le sommeil Chapitre 19
19
ALERTE CLINIQUE
L’infrmière vérife si le client a recours à des produits oerts en vente libre et en établit une liste exhaustive. Camomille et valériane : peuvent amplifer la dépression du système nerveux central (SNC). Caéine, prise avec des benzodiazépines : peut neutraliser la sédation et amplifer l’insomnie. Pamplemousse : peut diminuer le métabolisme de certaines benzodiazépines.
Troubles du sommeil
549
paradoxal et sont ecaces pour le traitement de clients dépressis sourant d’une insomnie marquée (Clayton et al., 2010). Les médicaments oerts en vente libre contenant des antihistaminiques doivent être utilisés avec précaution parce qu’ils possèdent à la ois des eets sédatis et des eets anticholinergiques (sécheresse de la bouche, vision foue, constipation, congestion nasale, rétention urinaire) (Clayton et al., 2010). Hypersomnie Le traitement comprend parois le recours à des médicaments stimulants du système nerveux central (SNC) comme les amphétamines et le modanil (Lavault, Dauvilliers, Drouot et al., 2011). Des antidépresseurs non sédatis, tel le bupropion (Wellbutrinmd), sont aussi ecaces pour le soulagement des symptômes (Kaplan & Sadock, 2004). Narcolepsie L’objecti premier du traitement de la narcolepsie est la prise en charge symptomatique du trouble. Des stimulants du SNC comme le modanil (Alertecmd), la dextroamphétamine (Dexedrinemd) et le méthylphénidate (Concertamd, Biphentinmd, Ritalinmd) peuvent être prescrits pour traiter la somnolence diurne excessive.
En outre, des antidépresseurs tels les inhibiteurs sélectis du recaptage de la sérotonine (Prozacmd) et les médicaments tricycliques non sélectis (Toranilmd) peuvent être ecaces pour le traitement de la cataplexie associée (Doghramji et al., 2007 ; Roth, 2007). Cependant, l’oxybate de sodium (Xyremmd) est le seul médicament approuvé par Santé Canada pour traiter la cataplexie observée chez les clients narcoleptiques (Santé Canada, 2006b). Trouble du sommeil lié au rythme circadien Le recours à des hypnotiques à action brève qui induisent le sommeil est utile pour le traitement à court terme du trouble du sommeil lié au rythme circadien (Sack, Auckley, Auger et al., 2007). Le TABLEAU 19.4 résume les principaux médicaments qui peuvent être envisagés en cas de dyssomnies. | Parasomnies | Cauchemars Les antidépresseurs tricycliques et les médicaments hypnotiques benzodiazépiniques suppriment le sommeil paradoxal et traitent les symptômes associés aux cauchemars (Hasler & Germain, 2009). Cependant, ce trouble est spontanément
Psychopharmacothérapie TABLEAU 19.4
Dyssomnies
CLASSES DE MÉDICAMENTS
ÉLÉMENTS À SURVEILLER
Insomnie • Hypnotiques benzodiazépiniques : témazépam (Restorilmd), furazépam (Dalmanemd) • Hypnotiques non benzodiazépiniques : zopiclone (Imovanemd) et zolpidem (Sublinoxmd).
• L’arrêt brusque ou trop rapide des benzodiazépines peut entraîner une nervosité prononcée, de l’irritabilité, de l’insomnie et des convulsions.
• Antidépresseurs : trazodone (Desyrelmd), mirtazapine (Remeronmd), amitriptyline Elavilmd
• L’amitriptyline n’est pas recommandée pour les personnes âgées en raison de ses eets anticholinergiques.
• Antihistaminiques : diphenhydramine (Benadrylmd)
• L’excitation paradoxale du SNC peut se produire si des antihista miniques sont pris en même temps que des benzodiazépines.
Hypersomnie • Stimulants cérébraux (psychostimulants) : méthylphénidate (Ritalinmd, Biphentinmd, Concertamd) et dextroamphétamine (Dexedrinemd)
• Des problèmes cardiovasculaires rares mais graves, voire mortels, peuvent survenir, et les clients doivent être questionnés sur leurs antécédents personnels et amiliaux de maladies cardiovasculaires (Santé Canada, 2006a).
Narcolepsie (dont cataplexie) • Stimulant du SNC : modanil (Alertecmd)
• Le modanil peut provoquer une réaction cutanée grave ou des symptômes psychiatriques (Santé Canada, 2007).
Trouble du sommeil lié au rythme circadien • Produits naturels (mélatonine, valériane) (Certains sont oerts en vente libre.)
• La prise de la mélatonine (dont la structure est apparentée à celle de la sérotonine) avec des antidépresseurs, avec des anticoagu lants et avec des antihypertenseurs n’est pas recommandée. • La valériane est possiblement associée à l’hépatotoxicité.
550
Partie 3
Troubles mentaux
résoluti chez les enants, et il est habituellement possible de le traiter par une psychothérapie de courte durée et par une désensibilisation chez les adultes (Aurora, Zak, Auerbach et al., 2010 ; Krakow & Zadra, 2006). Terreurs nocturnes Dans les rares cas où un traitement médicamenteux est nécessaire, des doses aibles de diazépam (Valiummd) administrées à l’heure du coucher sont efcaces pour traiter la personne aux prises avec des terreurs nocturnes (Heussler, 2005). Somnambulisme Des médicaments qui suppriment les stades 3 et 4 du sommeil, tels des hypnotiques benzodiazépiniques, sont utiles pour le traitement de ce trouble (Guilleminault, Kirisoglu, Bao et al., 2005).
Psychothérapies Le traitement pharmacologique n’est pas orcément celui de première intention (Morin, 2009). L’infrmière participe à la planifcation d’interventions centrées sur l’aspect psychothérapeutique. Ces interventions, notamment la thérapie cognitivocomportementale, visent la modifcation des pensées, des croyances, des comportements, des attitudes et des sentiments et émotions qui y sont liés 20 . Il existerait en eet une association étroite entre la perception du sommeil et l’état émotionnel qui en découle (Morin, 2009). En cas d’insomnie chronique, le client peut s’attendre à avoir des problèmes de sommeil de toute açon, et le recours à des techniques de déconditionnement ou de désapprentissage des comportements antérieurs, à l’aide d’une thérapie cognitivo-comportementale, est alors efcace (Jacobs, Pace-Schott, Stickgold et al., 2004 ; Kaplan & Sadock, 2004).
Autres traitements | Luminothérapie | L’infrmière peut aider le client à ajuster progressivement son cycle veille-sommeil en lui proposant un traitement de luminothérapie ou en l’encourageant à passer un certain temps à la lumière du soleil. La luminothérapie est recommandée dans certains cas d’insomnie et, plus couramment, pour résoudre les troubles du sommeil liés au rythme circadien (Kolla & Auger, 2011). Elle a pour but de resynchroniser l’horloge biologique. L’exposition à la lumière est efcace pour avancer la phase de sommeil retardée et pour rétablir graduellement le cycle veille-sommeil (First & Tasman, 2004). Les cycles veille-sommeil doivent être synchronisés avec l’alternance clarté-obscurité. L’infrmière conseille le client quant au type d’appareil à utiliser (lumière blanche principalement), mais aussi sur l’intensité lumineuse et sur le moment de la thérapie (Gooley, 2008). Le client doit se placer en ace de la source lumineuse (lampe), de préérence en eectuant une activité, comme la lecture, pour que la lumière pénètre directement dans la rétine et produise l’eet désiré (Morin, 2009). Si la lumière vive n’est pas tolérée, il aut éloigner la lampe ou diminuer la durée d’exposition.
| Chronothérapie | Moins connue, cette stratégie consiste à retarder graduellement l’heure du coucher et l’heure du lever pendant quelques semaines, de sorte que le client fnit par retrouver un horaire veille-sommeil régulier plus compatible avec son mode de vie. Le client doit se coucher trois heures plus tard chaque jour, jusqu’à aire le tour complet de l’horloge. Cela ne nécessite pas d’hospitalisation, mais contraint la personne à s’absenter de son travail pendant plusieurs jours d’aflée. Concrètement, si la personne a l’habitude de se coucher à 23 h, elle ira au lit à 2 h du matin la nuit suivante, puis à 5 h et ainsi de suite, jusqu’à ce qu’elle ait ait le tour de l’horloge. Cette thérapie est appliquée chez les personnes insomniaques dont l’horloge in terne « est trop lente ». Ainsi, le client atteint l’heure de coucher souhaitée au bout de quelques semaines (Morin, 2009). | Approches complémentaires et parallèles | La gestion des stimulus ou la relaxation par la musique sont des thérapies parallèles efcaces et peuvent être combinées aux traitements plus classiques (de Niet, Tiemens, van Achterberg et al., 2011). La gestion des stimulus établit le lien entre le sommeil et l’environnement de la chambre. Il cherche à éliminer les comportements incompatibles avec le sommeil. Cela correspond à un « réapprentissage » du sommeil en renorçant le lien entre le lit et le ait de dormir. Les eets de la relaxation par la musique sont évalués dans l’ENCADRÉ 19.8.
19.6.5 Évaluation des résultats – Évaluation en cours d’évolution L’infrmière évalue régulièrement si le client progresse vers les résultats escomptés ou si elle doit réviser le PSTI ENCADRÉ 19.9.
20 La thérapie cognitivo comportementale est décrite dans le chapitre 20, Modèles et stratégies thérapeutiques.
19
Recherche pour une pratique fondée sur des résultats probants ENCADRÉ 19.8
Relaxation par la musique
L’objecti d’une étude menée aux PaysBas était de comparer des interventions auprès de trois groupes de clients hospitalisés (âgés de 18 à 60 ans) pendant environ 3 semaines en psychiatrie, et ce, pour des troubles psychoti ques, des troubles de l’humeur et des troubles anxieux. Ce sont les infrmières de ces trois unités psychiatriques qui ont répondu à des questionnaires sur la qualité du sommeil des clients. Les clients de deux des unités bénéfciaient d’interventions pour améliorer la qualité du sommeil (gestion des stimulus et
relaxation par la musique), alors que pour les clients de la troisième unité, aucune consigne particulière n’était appliquée. Les infrmières des deux premières unités ont observé que les interventions proposées étaient applicables, même s’il était difcile de motiver certains clients. L’une des principales conclusions de l’étude est que la relaxation par la musique est non seulement applicable en contexte psychiatrique, mais qu’elle a même amélioré signifcativement la qualité du sommeil des clients.
Source : Adapté de de Niet et al. (2011) Chapitre 19
Troubles du sommeil
551
Collecte des données ENCADRÉ 19.9
Signes de rétablissement
Le client est en mesure: • de démontrer une compréhension satisaisante de ses problèmes de sommeil et des stratégies courantes pour les résoudre ;
• de traduire en paroles une connaissance sufsante des acteurs prédisposants, déclenchants et couramment associés aux perturbations de la structure du sommeil ;
• de reconnaître les signes et les symptômes d’une perturbation du sommeil et de se concentrer sur les maniestations cliniques initiales qui indiquent la nécessité d’une intervention précoce ;
• de démontrer une compréhension sufsante du plan de soins et de traitements, y compris les médicaments prescrits (usage prévu, action, posologie, eets secon daires, contreindications, interactions avec d’autres substances) ;
• de reconnaître les stresseurs physiques et psychosociaux qui aggravent le trouble du sommeil ;
• de trouver un réseau de soutien social pour l’aider à recouvrer son niveau de onctionnement précédent ou optimal.
Plan de soins et de traitements infrmiers PSTI 19.1
Insomnie liée à un trouble dépressi majeur
Marianne Laond a 35 ans. Elle est préposée à la clientèle dans un CSSS. Depuis un mois environ, elle se réveille presque toutes les nuits (6 nuits sur 7) vers 2 h du matin et ressent des palpitations. Incapable de se rendormir, elle se tourne et se retourne dans son lit, rumine des idées noires et se demande comment elle va assumer ses responsabilités quotidiennes. Dans la journée, elle a de la difculté à se concentrer et s’isole de ses collègues de travail. À quelques reprises, madame Laond a eu des baisses d’énergie et somnolait en aprèsmidi. Le soir, après le travail, elle rentre épuisée, pleure à la moindre contrariété et s’impatiente plus acilement qu’à l’habi tude. Les jours de congé, elle se couche sur le canapé du salon pour « récu pérer de ses mauvaises nuits ». Madame Laond mange peu et a perdu 4 kg depuis un mois (elle ne pèse plus que 49 kg). Elle est en arrêt pour maladie, car elle s’absentait trop souvent de son travail. DIAGNOSTICS SELON LES AXESa
Axe I Axe II Axe III Axe IV Axe V
Depuis quelques semaines, madame Laond se sent triste sans savoir pour quoi. Elle qui aime tant aller aux quilles et au cinéma se rend compte qu’elle a perdu tout intérêt pour ses activités avorites. Elle est mariée depuis 10 ans avec Benjamin. Ils ont deux jeunes enants âgés de deux et quatre ans. Elle se dit dépassée par les tâches quotidiennes. Elle qualife ses rela tions avec son conjoint de « distantes » et se sent coupable de ne pas s’occu per suisamment de ses enants. Au travail, elle se sent incompétente. Madame Laond ne répond pas aux invitations de sa amille et de ses amis et prétexte souvent la atigue et le manque de sommeil pour se justifer. Elle a déjà eu des idées noires où elle s’imaginait que sa vie ne valait pas la peine d’être vécue. Elle a honte et n’ose pas en parler avec son conjoint. Le médecin a diagnostiqué un trouble dépressi majeur. Il commence une psy chopharmacothérapie et lui demande de rencontrer l’infrmière de la clinique.
• Insomnie liée à un trouble dépressif majeur • Différé • Perte d’appétit et perte de poids • Modéré – Difcultés conjugales (communication), professionnelles (absentéisme) et sociales (retrait) • Évaluation globale du fonctionnement (EGF) = 62 (actuellement) ; EGF = 80 (année précédente)
PROBLÈME DÉCOULANT DE LA SITUATION DE SANTÉ
Importante perturbation du sommeil liée à l’anxiété, à une incapacité de se rendormir la nuit et maniestée par de la somnolence diurne, de la atigue, de l’épuisement, de la diiculté à accomplir les tâches quotidiennes et de l’irritabilité
RÉSULTATS ESCOMPTÉS
INTERVENTIONS INFIRMIÈRES ET JUSTIFICATIONS
• Sommeil plus réparateur
• Déterminer avec la cliente les stresseurs qui perturbent son sommeil afn de cibler les éléments anxiogènes.
• Réalisation de certaines activités de la vie quotidienne et de la vie domestique
• Proposer des stratégies d’adaptation comme la méditation ou des techniques de relaxation pour diminuer l’anxiété de la cliente. • Proposer de tenir un journal de sommeil afn de déterminer les habitudes (ou patron) avorisant ou non le sommeil.
552
Partie 3
Troubles mentaux
PSTI 19.1
Insomnie liée à un trouble dépressi majeur (suite)
RÉSULTATS ESCOMPTÉS
INTERVENTIONS INFIRMIÈRES ET JUSTIFICATIONS
• Proposer des astuces (p. ex., éviter de regarder l’heure la nuit, se lever si le sommeil ne revient pas après 15 minutes) et normaliser la situation (p. ex., ne pas essayer de dormir à tout prix) pour diminuer l’anxiété liée à l’obligation de reprise du sommeil. • Encourager la cliente à respecter la prise des médicaments antidépresseurs, s’ils sont prescrits, dans le but de réduire l’anxiété. • Encourager la cliente à aire quotidiennement de l’exercice afn d’améliorer son humeur et son niveau d’énergie. • Planifer d’entrecouper les tâches et les activités par des périodes de repos ou par une courte sieste pour équilibrer les dépenses d’énergie. • Évaluer le réseau de soutien et proposer des ressources au besoin (p. ex., une aide ménagère) afn de pallier le manque d’énergie de la cliente et d’améliorer son moral. PROBLÈME DÉCOULANT DE LA SITUATION DE SANTÉ
Perte d’élan vital liée aux troubles du sommeil et à l’anxiété et maniestée par la rumination d’idées noires
RÉSULTATS ESCOMPTÉS
INTERVENTIONS INFIRMIÈRES ET JUSTIFICATIONS
• Réduction de l’anxiété
• Déterminer avec la cliente les éléments anxiogènes dans sa vie personnelle et proession nelle pour l’aider à se fxer des objectis réalistes à court terme.
• Diminution des idées noires et élimination des idées suicidaires
• Conseiller au conjoint de ne pas laisser madame Laond seule s’il constate qu’elle est plus triste qu’à l’habitude pour prévenir tout passage à l’acte suicidaire. • Proposer une thérapie cognitivocomportementale à la cliente afn de aire le lien entre les situations et les pensées/croyances/attitudes qu’elles suscitent chez elle. • Encourager la cliente à respecter la prise des médicaments antidépresseurs prescrits dans le but de réduire l’anxiété.
PROBLÈME DÉCOULANT DE LA SITUATION DE SANTÉ
Alimentation défciente liée à la perte d’appétit et maniestée par la perte de poids
RÉSULTAT ESCOMPTÉ
INTERVENTIONS INFIRMIÈRES ET JUSTIFICATIONS
• Atteinte et maintien d’un poids santé
• Encourager la cliente à ractionner ses prises de nourriture pour équilibrer l’apport calorique sur toute la journée. • Privilégier plusieurs petits repas dans la journée pour éviter de sauter des repas. • Impliquer le conjoint et la amille pour préparer des plats simples et nutritis afn de pallier la démotivation de la cliente par rapport à la préparation des repas.
PROBLÈME DÉCOULANT DE LA SITUATION DE SANTÉ
Retrait social lié à la atigue et à la perte d’intérêt dans les interactions sociales
RÉSULTAT ESCOMPTÉ
INTERVENTIONS INFIRMIÈRES ET JUSTIFICATIONS
• Reprise des activités sociales
• Impliquer le conjoint et les enants dans la recherche d’activités adaptées à la situation de madame Laond (p. ex., accompagner les enants au parc) pour encourager l’inclusion de la amille dans le processus de rétablissement.
19
• Planifer avec la cliente des activités simples auxquelles elle doit se conormer (date et heure) pour avoriser la constance. • Aider la cliente à planifer ces activités en onction de son état pour éviter le découragement et réhabiliter progressivement la socialisation.
a
Les diagnostics sont posés selon les axes du DSM-IV-TR de l’APA (2004). Chapitre 19
Troubles du sommeil
553
Analyse d’une situation de santé
Jugement clinique
Jasmine Dumas, âgée de 19 ans, est étudiante au programme de baccalauréat international dans un collège de la région métropolitaine. Elle a ait une demande d’admission en médecine dans toutes les universités québécoises orant cette ormation. Elle rencontre l’infrmière du service aux étudiants parce qu’elle éprouve des problèmes de sommeil. Ayant de longs travaux scolaires à terminer, elle passe plusieurs
heures devant l’ordinateur pour eectuer des recherches. Elle se couche rarement avant 2 h et elle doit se lever à 6 h 30 pour assister à ses cours du matin. Jasmine dit qu’elle devient de plus en plus irritable, ce qui n’est pas un de ses traits de caractère habituels. Comme elle a de la difculté à dormir, elle prend un comprimé de Sominexmd avant de se coucher. {
MISE EN ŒUVRE DE LA DÉMARCHE DE SOINS
Collecte des données – Évaluation initiale – Analyse et interprétation 1. Indiquez au moins sept autres données importantes à recueillir auprès de Jasmine pour évaluer adéquatement son problème de sommeil. 2. Outre son irritabilité inhabituelle, nommez trois problèmes diurnes que Jasmine pourrait éprouver en raison de son problème de sommeil.
SOLUTIONNAIRE
3. Seraitil pertinent de demander à Jasmine avec qui elle habite ? Justifez votre réponse.
http://fortinash.cheneliere.ca
4. Trouvez quatre questions à poser à Jasmine pour évaluer les impacts de son environnement sur son sommeil.
{
Jasmine dit éprouver de la somnolence pendant la journée.
{
MISE EN ŒUVRE DE LA DÉMARCHE DE SOINS
5. Outre le temps passé devant l’ordinateur, quelle donnée de la situation peut expliquer la somnolence diurne de Jasmine ?
L’infrmière demande à Jasmine de tenir un journal de sommeil jusqu’à la prochaine rencontre dans lequel elle inscrira, entre autres, les acteurs {
qui ont un impact positi ou négati sur son sommeil, les moyens qu’elle adopte pour mieux dormir et l’efcacité de ceux-ci. {
MISE EN ŒUVRE DE LA DÉMARCHE DE SOINS
6. Quelles sont les utilités d’un tel journal ? Nommezen deux. 7. Seraitil bon de proposer à Jasmine de aire de l’exercice avant le coucher ? Justifez votre réponse.
Au cours de la deuxième rencontre, l’infrmière vérife si Jasmine a rempli son journal de sommeil. La cliente mentionne qu’elle a l’impression que {
son problème de sommeil s’accentue avec la fn de sa session d’études. ”
MISE EN ŒUVRE DE LA DÉMARCHE DE SOINS
Évaluation des résultats – Évaluation en cours d’évolution 8. Outre la connaissance détaillée du patron de sommeil de la jeune emme, en quoi une telle vérifcation peutelle être utile ? 9. Nommez au moins quatre signes physiques à observer chez la cliente en lien avec l’impression qu’elle mentionne.
554
Partie 3
Troubles mentaux
APPLICATION DE LA PENSÉE CRITIQUE Dans l’application de la démarche de soins auprès de Jasmine, l’inirmière a recours à un ensemble d’éléments (connaissances, expériences antérieures, normes institu tionnelles ou protocoles, attitudes proessionnelles) pour analyser la situation de santé de la cliente et en comprendre
les enjeux. La FIGURE 19.7 illustre le processus de pen sée critique suivi par l’infrmière afn de ormuler son juge ment clinique. Elle résume les principaux éléments sur lesquels l’infrmière s’appuie en onction des données de cette cliente, mais elle n’est pas exhaustive.
VERS UN JUGEMENT CLINIQUE NORME
EXPÉRIENCES
CONNAISSANCES • • • •
Rythmes circadiens du sommeil Physiologie du sommeil Facteurs infuant sur le sommeil Problèmes de santé physique et mentale ayant des répercussions sur le sommeil • Troubles du sommeil les plus réquents • Impacts d’une perturbation des habitudes de sommeil sur la santé physique et mentale d’une personne • Moyens pharmacologiques et non pharma cologiques avorisant le sommeil ou permet tant de traiter un trouble du sommeil
• Expérience en santé communautaire • Expérience de travail en santé mentale • Expérience personnelle de problème de sommeil
ATTITUDES
• Utilisation d’une grille validée scientiquement pour évaluer un trouble du sommeil
• Ne pas minimiser les impacts du manque de sommeil sur la qualité de vie de Jasmine • Ne pas imposer des moyens d’induire le sommeil • Ne pas culpabiliser la cliente parce qu’elle a recours à un médicament oert en vente libre
PENSÉE CRITIQUE
ÉVALUATION • • • • • • • • • • • • • • • • •
Habitudes de sommeil de la cliente avant qu’elle éprouve ses dicultés actuelles Besoin de aire des siestes pendant la journée Présence de somnolence diurne Raisons pour lesquelles la cliente se réveille pendant la nuit, si c’est le cas Sensation au réveil Temps requis pour s’endormir (en minutes) Nombre d’heures de sommeil par période de 24 heures Diérence dans les habitudes de sommeil entre la semaine et la n de semaine Stresseurs infuant sur le sommeil Moyens pris pour aider à dormir Routine du coucher propice au sommeil Environnement prédisposant au sommeil Consommation de substances entravant le sommeil Impacts du manque de sommeil sur son rendement scolaire et sur ses relations sociales Contenu du journal de sommeil Signes d’un manque de sommeil Motivation à expérimenter d’autres moyens que le Sominexmd pour aciliter le sommeil
19
JUGEMENT CLINIQUE FIGURE 19.7
Chapitre 19
Troubles du sommeil
555
À retenir VERSION REPRODUCTIBLE
http://ortinash.cheneliere.ca
• Le DSMIVTR établit une distinc tion entre les troubles du sommeil primaires, les troubles du som meil liés à un autre trouble mental et les autres troubles du sommeil. • Les causes associées aux pertur bations du sommeil sont nom breuses ; elles comprennent des acteurs biologiques, psychologiques,
psychiatriques, socioculturels et environnementaux. • La détection et le diagnostic précis des problèmes de sommeil sont essentiels pour tenter d’en atté nuer les conséquences. Les outils diagnostiques comprennent un journal de sommeil, des échelles et des questionnaires d’évaluation du sommeil, ainsi que l’examen polysomnographique, si nécessaire. • L’infrmière explique au client et à sa amille que les troubles du sommeil ne sont pas une atalité et qu’il
existe des moyens de diminuer leurs inconvénients. • L’enseignement au client et à sa amille est essentiel pour réduire les troubles du sommeil. Il touche souvent des sujets tels que l’hygiène du sommeil, la connaissance des croyances du client concernant le sommeil, la reconnaissance et la gestion des symptômes et l’efcacité du traitement.
sommeil comprennent la pharmaco thérapie, la thérapie cognitivo comportementale, la luminothérapie, la chronothérapie, la relaxation, la gestion des stimulus et le traitement des causes médicales sousjacentes.
• Les plans de soins et de traitements courants pour les troubles du
Ressources VERSION COMPLÈTE ET DÉTAILLÉE
http://ortinash.cheneliere.ca
Références Internet ORGANISMES ET ASSOCIATIONS American Academy o Sleep Medicine www.aasmnet.org Association pulmonaire du Canada www.poumon.ca > Maladies pulmonaires > Apnée du sommeil
Fondation Sommeil www.ondationsommeil.com > Les troubles du sommeil Institut national du sommeil et de la vigilance www.institutsommeilvigilance.org > Tout savoir sur le sommeil Le sommeil de A à Zzz www.lesommeil.ca Réseau Morphée www.reseaumorphee.r > Le sommeil et ses troubles Sleep Council www.sleepcouncil.com
British Snoring and Sleep Apnoea Association www.britishsnoring.co.uk
SleepEducation.com www.sleepeducation.com
Centre de thérapies environnementales www.cet.org/r > Évaluations
Sleep Research Society www.sleepresearchsociety.org
Centre d’études avancées en médecine du sommeil (CÉAMS) www.ceamscarsm.ca > La clinique > Les troubles du sommeil
556
Partie 3
Troubles mentaux
Société canadienne du sommeil (SCS) www.canadiansleepsociety.ca Société rançaise de recherche et médecine du sommeil www.srmssommeil.org
RÉFÉRENCES GÉNÉRALES Everyday Health www.everydayhealth.com > Health AZ > Sleep Infressources www.infressources.ca > Banques et recherche > Santé > Habitudes de vie > Sommeil Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) www.inserm.r > Neurosciences, sciences cognitives, neurologie, psychiatrie > Dossiers d’inormation > Le sommeil et ses troubles Institut universitaire en santé mentale/Douglas www.douglas.qc.ca > La recherche > Groupes et laboratoires > Laboratoire de l’attention, du comportement et du sommeil (ACS) > Outils de recherche > Polysomnographie KidsHealth http://kidshealth.org > Parents > General Health > Your Kid’s Sleep > All About Sleep
Le cerveau à tous les niveaux ! http://lecerveau.mcgill.ca > Dormir, rêver… PasseportSanté.net www.passeportsante.net > Maladies > Index des maladies de A à Z > Insomnie > Maladies > Index des maladies de A à Z > Troubles des rythmes circadiens Sommeil www.sommeil.org > Troubles du sommeil
Monographies Billiard, M., & Dauvilliers, Y. (2011). Les troubles du sommeil (2e éd.). IssylesMoulineaux, France : ElsevierMasson. Bixler, E. (2009). Epidemiology o sleep disorders : Clinical implications, an issue o sleep medicine. Philadelphia: Saunders. HausserHauw, C. (2007). Manuel d’EEG de l’adulte : veille et sommeil. Issyles Moulineaux, France : ElsevierMasson. Kryger, M. (2009). Atlas o clinical sleep medicine. Philadelphia: Saunders.
Langevin, B. (2009). Mieux dormir... j’en rêve ! Boucherville, Qc : Éditions de Mortagne. Morin, C. M. (2009). Vaincre les ennemis du sommeil (2e éd.). Montréal : Les Éditions de l’Homme. Martello, E. (2007). Enfn je dors et mes parents aussi. Montréal : Éditions du CHU Sainte Justine. Mindel, O. (2003). A clinical guide to pediatric sleep : Diagnosis and management o sleep problems. New York : Lippincott Williams & Wilkins.
Articles, rapports et autres BenhaberouBrun, D. (2011, novembredécembre). Hibou : évaluer et traiter les troubles du sommeil. Perspective infrmière, 8(6). Guay, B., & Morin, C. (2002) Comment évaluer un problème d’insomnie ? Médecin du Québec, 37(9), 97109. Jan, J.E., Owens, J.A., Weiss, M., et al. (2008). Sleep hygiene or children with neurodevelop mental disabilities. Pediatrics, 122(6), 13431350.
Vallières, A., Guay, B., & Morin, C. (2004). L’ABC du traitement cognitivocomportemental de l’insomnie primaire. Médecin du Québec, 39(10), 8596.
Multimédia Doctissimo www.doctissimo.r > Vidéos > Psychologie > Sommeil Canal U IFSI Limoges (2011). Le malade dépendant – Troubles du sommeil, présenté par Aline Meynard. Conérence enregistrée pendant le cours de l’Institut de ormation en soins infrmiers (IFSI) (53 min). Université de Limoges 1re année. Année universitaire 20102011. www.canalu.tv/video/canal_u_medecine/ isi_limoges_2011_le_malade_dependant_ troubles_du_sommeil.8363 TéléQuébec (2011, 20 octobre). Traiter les troubles du sommeil chez les enants, télévi sion, série Une pilule, une petite granule. http://pilule.telequebec.tv/occurrence. aspx?id=887
Jobin, V., & Mayer, P. (2009, septembre). Comment aborder l’hypersomnolence ? Le clinicien 24(8), 5356.
19
Chapitre 19
Troubles du sommeil
557
PARTIE
Interventions infrmières dans le processus thérapeutique CHAPITRE 20
Modèles et stratégies thérapeutiques 560 CHAPITRE 21
Psychopharmacothérapie et autres thérapies biologiques 596 CHAPITRE 22
Approches complémentaires et parallèles en santé mentale 642 CHAPITRE 23
Soins infrmiers et suivis dans la communauté 658
chAPITRE
Modèles et stratégies thérapeutiques
Écrit par : Claire Page, in, Ph D (sciences biomédicales psychiatrie sociale) avec la collaboration de Gérard Lebel, in cl, M Ps, MBA et de Dalila BenhaberouBrun, in, M Sc D’après un texte de : Nancy A CofnRomig, DNSc, PMHCNSBC
Guide d’études – RE15
OBJECTIFS
Après avoir étudié ce chapitre, vous devriez être en mesure : ■
■
■
de distinguer la psychothérapie des autres interventions d’aide ou psychothérapeutiques ; de discuter des grandes tendances contemporaines en matière de psychothérapie (thérapie brève, approches intégratives et éclectiques) ; d’énoncer les principes à la base des grands courants de pensée
560
Partie 4
en psychologie (psychodynamique, comportemental, cogniti, approche amiliale systémique et humaniste) ; ■
d’expliquer les caractéristiques des approches psychothérapeu tiques couramment utilisées en santé mentale (psychothérapie interpersonnelle, entretien mo tivationnel, intervention de
Interventions infrmières dans le processus thérapeutique
soutien, approche de résolution de problème, milieu thérapeutique et thérapie de groupe) ; ■
de déterminer les interventions psychothérapeutiques pouvant être intégrées aux soins inir miers prodigués aux personnes qui présentent des problèmes de santé mentale
Concepts clés
Cette carte conceptuelle illustre schématiquement les principaux concepts décrits dans le présent chapitre Sa lecture vous permettra d’avoir une vue d’ensemble des notions qui y sont présentées
pour causées par
basée sur
dont capacité de
basée sur
accent sur
selon diverses perspectives
vise autres stratégies
selon spécifcité et complexité
et
20 les humains
importance de
Chapitre 20
Modèles et stratégies thérapeutiques
561
PORTRAIT Fredeline Dauphin Fredeline Dauphin, âgée de 37 ans, est mère de deux ls âgés de 4 et 8 ans, dont le cadet est autiste. Son mari a reçu un diagnostic de can cer et il suit actuellement un traitement de chimiothérapie. Il ne tolère pas très bien le traitement et est souvent malade physique ment. Madame Dauphin est à la clinique en vue d’obtenir des médicaments pour « ses ners et son insomnie ». Elle est une nouvelle cliente qui ne présente aucun antécédent de dépression ni d’anxiété. Elle explique qu’elle a de la diculté à maîtriser ses émotions et qu’elle pleure acilement, ressent de la rustration et se âche contre son mari et ses enants pour des « choses insigniantes ». De plus, madame Dauphin mentionne qu’elle a de la diculté à se concentrer, a perdu 7 kg en 6 semaines et a une distractivité accrue. Elle nie toute consommation d’alcool ou de drogues. Son mari n’est plus en mesure de travailler et les actures s’accumulent. Dernièrement, son ls autiste a ait une crise de colère à l’épicerie et un client lui a demandé de contrôler son enant. Madame Dauphin mentionne être sortie du magasin en courant, s’être assise dans la voiture et avoir attendu d’arrêter de pleurer avant de prendre le volant. Elle se sent coupable de ne pas être en mesure d’orir un environnement harmonieux à ses enants et d’accompagner sereinement son mari dans la dernière étape de sa vie. Même si elle arme ne pas vouloir que son mari meure, madame Dauphin admet qu’elle sera « soulagée lorsque tout sera terminé ». Elle dit avoir eu des idées suicidaires passives, comme celle de aire une sortie de route sur l’autoroute, mais elle ajoute qu’elle ne poserait pas un tel acte à cause de ses enants et de son mari.
Psychothérapie systématisée : Psychothérapie dont le processus et le cadre sont homogènes et dont le contrat est formel.
562
Partie 4
20.1
Considérations générales
20.1.1
Défnition de la psychothérapie
De nombreuses dénitions de la psychothérapie ont été proposées. De açon très large, Delourme et Marc (2004) la dénissent ainsi : […] un processus d’accompagnement psycho relationnel de personnes en sourance à des ns d’élucidation, d’élaboration et d’émancipation. Le terme « psychothérapie » est donc générique puisqu’il concerne diverses méthodes appartenant à un même genre commun. À l’intérieur de cette unité disciplinaire se développent des modalités théoricopratiques diérenciées, allant de la mise à jour des phénomènes inconscients à la recherche de modications comportementales en passant par la mobilisation des orces énergétiques, l’ana lyse des jeux transactionnels, l’exploration d’en jeux contextuels et systémiques, et bien d’autres
Interventions infrmières dans le processus thérapeutique
ocalisations possibles, toutes aussi pertinentes et utiles les unes que les autres.
Le ait que la relation d’aide et la psychothérapie ne soient pas toujours nettement distinguées dans les écrits entraîne souvent une certaine conusion (Chaliour, 1999). Le choix des termes utilisés, à savoir thérapie ou psychothérapie, intervention thérapeutique ou psy chothérapeutique, soulève souvent de l’incertitude par rapport à leur usage. Par prudence, la tendance est d’utiliser des termes généraux tels que appro ches thérapeutiques ou interventions thérapeuti ques. Jacques Chaliour (1999), un acteur important dans la ormation des inrmières québécoises en relation d’aide, propose un modèle basé sur les as sises théoriques de la perspective existentielle humaniste, dans lequel il décrit l’intervention thérapeutique selon trois types d’activités à carac tère psychosocial de niveaux croissants : la commu nication courante ; la relation d’aide proessionnelle caractérisée par des attitudes nécessaires pour créer l’alliance thérapeutique (respect, compréhension empathique, authenticité, compassion et espoir) ; et l’intervention psychothérapeutique qui regroupe diérentes stratégies thérapeutiques (thérapie de soutien, thérapie expressive, thérapie de deuil, thé rapie de solution de problème et thérapie de crise). Selon Chambon et MarieCardine (1999), le terme thérapie tend à englober toute thérapeutique indis tinctement (p. ex., l’acharnement thérapeutique, l’observance thérapeutique, etc.). Dans le monde de la psychologie, ces auteurs soulignent la tendance dans le passé à désigner sous le terme thérapie des thérapies de types comportementales ou cognitives, alors que le terme psychothérapie aisait réérence à la psychothérapie d’orientation psychanalytique. Cette terminologie mettait ainsi en opposition un changement « superciel » à un changement « pro ond », ce qui refète la lutte idéologique de l’époque. En ait, selon la terminologie utilisée dans la litté rature, il ressort que des interventions peuvent être de nature thérapeutique ou psychothérapeutique, sans pour autant s’inscrire dans le cadre ormel d’une psychothérapie systématisée. Deneux et ses collaborateurs (2009), à l’instar de Chambon et MarieCardine (1999), proposent une nouvelle classication de psychothérapies selon un niveau ou un degré croissant de spécicité et de complexité TABLEAU 20.1. Cette classication aide à situer l’intervention psychothérapeutique, à savoir si elle atteint le niveau d’une psychothérapie systé matisée ou éclectique intégrative, réservée aux psy chologues et aux psychothérapeutes. De plus, elle a l’avantage de prendre en compte le soutien social qui joue un rôle important et elle décrit le niveau d’intervention attendu des soignants, lequel s’appuie sur des approches reconnues en psychologie sans pour autant être une psychothérapie systématisée.
Une autre açon de diérencier les niveaux d’intervention est utilisée dans un programme novateur (Improving Access to Psychological Therapies [IAPT]) implanté en Angleterre en 2005, qui vise à améliorer l’accès à des interventions psychothérapeutiques indiquées pour les per sonnes sourant de dépression et de troubles anxieux (Brouillet, Roberge, Fournier et al., 2009). En ait, ce programme mise sur la ormation d’une importante maind’œuvre qualifée dans le but d’augmenter l’accès à des interventions thérapeuti ques en première ligne, basées sur les guides de pra tique clinique du National Institute or Health and Clinical Excellence (NICE). Deux grands types d’interventions sont défnis, soit les interventions de aible intensité et les interventions d’intensité élevée. Dans le cas de la dépression majeure, les interventions de aible intensité correspondent, par exemple, au soutien à l’autogestion des soins, à la thérapie cognitive comportementale assistée par ordinateur ou autres. Les interventions d’in tensité élevée pourraient être la thérapie cognitivo comportementale, la thérapie interpersonnelle, la thérapie comportementale de couple et ainsi de suite. L’évaluation d’une première phase du pro gramme démontre des eets très positis concer nant le nombre de personnes évaluées, traitées et suivies, le rétablissement de ces personnes et leur retour en emploi. La distinction entre les interven tions par leur niveau d’intensité s’inscrit dans le modèle d’intervention par étapes, c’estàdire basé sur le degré de soins qui augmente en lien avec la complexité des soins requis (gravité des symp tômes, caractéristiques personnelles et sociales du client, préérences du client et réponse au traite ment) (Brouillet et al., 2009). Cette tendance s’ac centue rapidement au Québec. Tout récemment, les travaux préalables à la créa tion de la Loi modifant le Code des proessions et d’autres dispositions législatives dans le domaine de la santé mentale et des relations humaines (adoptée en 2009 et en vigueur depuis 2012) devaient aboutir à la ormulation d’un énoncé sufsamment clair pour distinguer ce qu’est la psychothérapie de ce qu’elle n’est pas, afn de pouvoir l’encadrer en tant qu’activité réservée. Le Guide explicatif de la Loi modifant le Code des proessions et d’autres dispo sitions législatives dans le domaine de la santé men tale et des relations humaines (Ofce des proessions du Québec, 2012) défnit la psychothérapie de la açon suivante : Un traitement psychologique pour un trouble mental, pour des perturbations comportementales ou pour tout autre problème entraînant une sou rance ou une détresse psychologique qui a pour but de avoriser chez le client des changements signifcatis dans son onctionnement cogniti, émotionnel ou comportemental, dans son système interpersonnel, dans sa personnalité ou dans son état de santé. Ce traitement va audelà d’une aide
TABLEAU 20.1
Classifcation des psychothérapies selon le processus, le cadre et le contrat
NIVEAU
DESCRIPTION
Type I
Intervention non vraiment défnie ou légèrement ormalisée dont les cadres et processus multiples s’enchevêtrent (p. ex., le soutien psychologique spontané oert dans la vie courante, dispensé par les parents, les amis et d’autres personnes ou apporté par des organismes bénévoles ou des groupes d’entraide)
Type II
Attitude psychothérapeutique qui se situe dans un cadre précis bien défni dont le but est diérent du changement psychologique (p. ex., le processus relationnel entre un médecin ou une infrmière et le client) ; « psychothérapie sans intervention spécifque mais de réérences diverses, psychanalytique, sociothérapique, cognitive, comportemen tale, systémique, associées ou non » (Chambon & MarieCardine, 1999)
Type III
Ensemble des psychothérapies spécifques ou systématisées ; processus et cadre homogènes, contrat ormel
Type IV
Psychothérapies éclectiques et intégratives
Type V
Psychothérapies institutionnelles distinctes en raison de leur complexité, de la combinaison de cadres et de processus multiples (p. ex., le milieu thérapeutique)
Source : Adapté de Deneux, Poudat, Servillat et al. (2009)
visant à aire ace aux difcultés courantes ou d’un rapport de conseils ou de soutien.
À l’exception du médecin et du psychologue, nul ne peut exercer la psychothérapie, ni utiliser le titre de psychothérapeute s’il n’est pas membre d’un ordre proessionnel reconnu, et qu’il n’est pas titulaire du permis de psychothérapeute émis par l’Ordre des psychologues du Québec selon les conditions édictées par un règlement de l’Ofce des proessions du Québec (Ofce des proessions du Québec, 2012). La ormation exigée pour avoir accès au titre de psychothérapeute comprend un diplôme universitaire de maîtrise dans le domaine de la santé mentale et des relations humaines, une ormation théorique de niveau universitaire (765 heures) et un stage supervisé (600 heures). Le Guide explicatif présente un certain nombre d’interventions couramment pratiquées par des pro essionnels de la santé qui, au sens de la loi, ne sont pas de la psychothérapie. Il s’agit des interventions suivantes : les rencontres d’accompagnement ; les interventions de soutien ; l’intervention conjugale et amiliale dans le but de promouvoir et de soutenir le onctionnement optimal du couple ou de la amille ; l’éducation psychologique ; la réadaptation ; le suivi clinique ; le coaching ; et l’intervention de crise.
20.1.2
Le National Institute or Health and Clinical Excellence (NICE) est une organisation britan nique indépendante dont la mission est d’établir les normes cliniques par rapport à la promotion de la santé, à la prévention et au traitement des problèmes de santé. NICE publie des guides de pratique clinique d’une grande qualité. Vous pouvez consulter le site Web de cette organisation au www.nice.org.uk.
Types de psychothérapies
Les types de psychothérapies et les approches psy chothérapeutiques ou psychosociales connaissent un oisonnement considérable depuis les années 1970. Chapitre 20
Modèles et stratégies thérapeutiques
563
20
Plus de 400 étaient dénombrées à la fn des années 1980 (Deneux et al., 2009). Bien que cette proliération de psychothérapies constitue une richesse indéniable, il devient de plus en plus difcile de s’y retrouver. Les açons de les classifer varient en onction de diérents critères. Considérées selon les modèles théoriques, les thérapies peuvent être d’orientations psychodyna mique, comportementale, cognitive, humaniste ou systémique. Selon le nombre de personnes, la durée et le mode de communication, elles peuvent être individuelles ou de groupe, brèves ou prolongées, verbales ou non verbales (Deneux et al., 2009). Les grandes écoles classiques couramment pré sentées sont : la perspective psychodynamique ; les perspectives comportementale et cognitive ; et la perspective humaniste. D’autres perspectives coexistent telles que les thérapies hypnotiques, les thérapies corporelles (bioénergie), l’analyse tran sactionnelle, les approches systémiques, la thérapie interpersonnelle et d’autres. Dans le cadre de la Loi modifant le Code des proessions et d’autres dis positions législatives dans le domaine de la santé mentale et des relations humaines, quatre grands modèles théoriques d’intervention sont retenus pour la reconnaissance de la pratique de la psycho thérapie au Québec. Ce sont les modèles psycho dynamiques, les modèles cognitivocomportementaux, les modèles humanistes ainsi que les modèles sys témiques et les théories de la communication.
20.1.3
Approches éclectique et intégrative
Dans les aits, aucune approche ne s’est clairement montrée supérieure aux autres (Preston, 2003). Une méthode, ou une combinaison de méthodes, peut très bien s’avérer efcace pour une personne et non pour une autre. La bonne thérapie pour tous les clients, tous les problèmes et tous les thérapeutes n’existe pas (Delourme & Marc, 2004), bien que certains psychothérapeutes puissent être convain cus d’appliquer l’unique meilleure méthode. En ait, aucune perspective ne détient « le monopole de la compréhension du comportement humain » (Tavris & Wade, 1999). Au cours des dernières années, les chercheurs se sont particulièrement intéressés aux acteurs communs des diérentes approches. Ces acteurs communs, quel que soit le modèle utilisé, expliqueraient 30 % des eets thé rapeutiques, alors que les acteurs spécifques dis tinctis des diérentes approches ne compteraient que pour 15 % (Deneux et al., 2009). La qualité de la relation et la orce de l’alliance thérapeutique ressortent clairement parmi les acteurs communs les plus importants. La motivation du client et les qualités personnelles du psychothérapeute sont d’autres acteurs déterminants, communs à toutes les psychothérapies.
564
Partie 4
Interventions infrmières dans le processus thérapeutique
La multiplicité des psychothérapies systémati sées et la reconnaissance de acteurs communs à toutes les psychothérapies ont conduit à l’émer gence des mouvements éclectique et intégrati. Nombreux sont les psychothérapeutes ou psycho logues qui, plutôt que de s’engager dans des luttes idéologiques au proft d’une seule approche, uti lisent une approche éclectique, c’estàdire qui emprunte à diérentes perspectives des interven tions en vue de mieux répondre aux besoins parti culiers de chaque client (Tavris & Wade, 1999). L’éclectisme n’est pas un mélange de techniques tirées ici et là, choisies de açon arbitraire. Il signife que le thérapeute ou le psychologue change d’atti tudes et de rôles avec cohérence, souplesse et ri gueur, en onction des besoins du client. Le choix des interventions est basé sur leur efcacité ainsi que sur une connaissance approondie et des com pétences sufsantes pour les accomplir correcte ment. Quant au mouvement intégrati, il se situe plutôt au plan théorique. Il est orienté vers l’élabo ration de théories générales de la psychothérapie, qui intégrent diverses idéologies spécifques de théories existantes. Chambon et MarieCardine (1999) empruntent la comparaison suivante, émise par Norcross, pour illustrer l’éclectisme et l’inté gration : « […] dans une comparaison gastrono mique, l’éclectisme technique compose un menu avec diérents plats, alors que l’intégration théori que compose un nouveau plat en combinant dié rents ingrédients ».
20.1.4
Thérapie brève
Dans un contexte où les coûts sont assumés par des compagnies d’assurance ou par le réseau de la santé qui cherche intensément à réduire ses dépenses, les thérapies brèves, centrées sur les problèmes, les symptômes et les solutions sont hautement privi légiées (Lebourgeois, 1990). L’efcacité est atten due. Par le recours à une large variété de techniques comportementales ou cognitives, il s’agit d’aider la personne à retrouver le plus rapidement possible son onctionnement dans la vie quotidienne (Cabié & Isebaert, 1997). La thérapie brève est habituelle ment de l’ordre de 6 à 20 séances. Tandis que plu sieurs psychothérapeutes et psychologues y adhèrent avorablement, d’autres croient que trop d’attention est accordée à la durée et qu’il est illu soire de croire qu’il est possible de traiter en 10 séances des troubles obsessionnels, par exemple. Selon Moro et Lachal (2006), il n’est plus à démon trer, dans la pratique, que les thérapies brèves peu vent modiier le devenir de la personne, non seulement dans des situations de crise ponctuelles, mais aussi pour des troubles tels qu’un état anxieux chronique ou des troubles de la personnalité. Par contre, les thérapies brèves sont contreindiquées pour les troubles psychosomatiques et les troubles psychotiques chroniques.
Soins et traitements infrmiers L’inrmière, dont l’approche se veut globale et holistique, utilise depuis toujours diverses inter ventions psychothérapeutiques visant à aider les clients à maintenir ou à accroître leur bienêtre psychologique lorsque leur santé physique ou men tale est menacée ou altérée. Les dénitions de la psychothérapie et la diérenciation de niveaux de psychothérapie ou d’intervention ournissent des balises utiles pour déterminer les interventions que l’inrmière peut eectuer. Le niveau II, décrit par Deneux et ses collègues (2009), interpelle l’en semble des soignants, et très certainement les inr mières. À ce sujet, ces auteurs déclarent : […] 50 % à 60 % des malades expriment à tra vers des plaintes rapportées à leur corps des trou bles psychologiques et parois des maladies mentales caractérisées. Ces eets impliquent les attitudes psychologiques des praticiens et leur interaction avec le patient. Paradoxalement, celles ci devraient requérir une connaissance et une pra tique approondie de diérentes techniques dans une sorte d’éclectisme personnel, alors que la majeure partie des praticiens demeurent sans or mation ; ils mettent en œuvre leurs aptitudes psy chothérapiques naturelles et les attitudes spontanées qui en découlent, parois remarqua bles, souvent décientes, ou laissées en riche, telles que dénies au niveau I.
Les attributs tels que l’empathie, l’authenticité, une attitude chaleureuse permettent à l’inir mière d’établir une relation thérapeutique avec le client 5 . Les inrmières cliniciennes occupent une position privilégiée pour déployer des inter ventions de aible intensité, recommandées par les guides de pratique clinique, à un grand nombre de personnes sourant de troubles anxieux ou dépres sis susceptibles de bénécier de ces approches. Par exemple, dans son intervention ondée sur une approche cognitivocomportementale, l’inrmière peut relever dans le discours du client des erreurs cognitives comme des jugements exagérément négatis envers luimême. Par ses questions, elle peut l’amener à remettre en cause la validité de ces pensées sur la base d’autres inormations ou élé ments vériables. Plusieurs interventions psycho thérapeutiques telles que l’entretien motivationnel et la thérapie de résolution de problème sont des méthodes qui peuvent être utilisées pour aider la personne à maintenir ou à recouvrer sa santé physique et mentale. D’ici quelques années, les inrmières intéressées par le domaine de la psy chothérapie seront plus nombreuses à se doter d’une ormation universitaire conduisant au titre réservé de psychothérapeute, ce qui est maintenant possible depuis la mise en vigueur récente de la Loi modiant le Code des proessions et d’autres
dispositions législatives dans le domaine de la santé mentale et des relations humaines. Par ailleurs, le travail en interdisciplinarité exige de l’inrmière une connaissance susante des divers types de psychothérapies an d’être en mesure de renseigner le client sur les options qui s’orent à lui et d’assurer une cohérence entre ses propres interventions et la thérapie dans laquelle le client est engagé le cas échéant. Il est vraisem blable que la proliération rapide des ormes de psychothérapie se soit aite pour certaines sur ond d’un féchissement de la rigueur scientique néces saire (Lebourgeois, 1999). Les connaissances de l’inrmière lui permettent de porter un regard cri tique sur certaines approches parois présentées à tort comme la découverte du siècle ou commercia lisées par des gourous intéressés.
20.2
Perspective psychodynamique
Sigmund Freud (18561939), médecin autrichien, est le ondateur de la perspective psychodynamique et de la psychanalyse, un grand mouvement ondé sur la dynamique inconsciente de la personne. Le principe ondamental est que le comportement pro vient de désirs inconscients (désirs inavouables, envies, ambitions pouvant susciter de la culpabi lité, pulsions). La personne doit apprendre à con trôler ces désirs pour vivre en harmonie dans la société. Pour Freud (1960), le comportement humain résulte essentiellement de l’interaction entre le ça, le moi et le surmoi.
5 Le chapitre 5, Communication et relation thérapeutique, présente les diérents attributs que l’infrmière doit acquérir pour avoriser l’établissement de la relation thérapeutique
• Le ça correspond aux pulsions de vie (ou pulsions sexuelles) et aux pulsions de mort (ou pulsions agressives). Il fonctionne selon le principe du plaisir. Il cherche à diminuer la tension, à éviter la douleur et à procurer du plaisir. L’environnement, la culture et la réalité objective n’ont pas d’inuence sur le ça.
20
• Le moi, capable de pensée rationnelle et de sagesse, fonctionne selon le principe de la réalité. Il joue le rôle de médiateur entre le ça et le surmoi. • Le surmoi représente la morale, les règles transmises par les parents ou les normes sociales. Il correspond à l’idéal du moi (ce qui est bien) et à la conscience morale (ce qui est mal). Un confit entre le ça et le surmoi peut susciter de l’angoisse et de la tension. Le moi entre alors en jeu pour atténuer cette tension en utilisant des mécanismes de déense qui, de açon inconsciente, viennent nier ou déormer la réalité. Par exemple, par reoulement, un souvenir trop menaçant pour Chapitre 20
Modèles et stratégies thérapeutiques
565
10 Les principales stratégies d’adaptation sont présen tées dans le chapitre 10, Stress et troubles de l’adaptation.
la personne peut être repoussé hors du champ de la conscience 10 . Une telle stratégie d’adaptation peut participer au maintien de l’équilibre entre le ça, le moi et le surmoi, ou entraîner des di cultés émotionnelles ou des comportements autodestructeurs.
20.2.1
Thérapie d’orientation psychodynamique
Selon Freud, la disparition des symptômes survient lorsque la personne découvre ses pulsions et ses sentiments reoulés ou ses confits inconscients. À cette n, il onde la psychanalyse. Celleci évoque l’image classique dans laquelle une personne, allongée sur un divan avec l’analyste placé derrière elle, est invitée à dire tout ce qui lui traverse l’esprit en puisant dans ses souvenirs, ses rêves, ses antasmes ou ses pensées. Ceci correspond à la prin cipale méthode utilisée en psychanalyse, soit l’as sociation libre. Les rêves sont considérés comme une source objective de matériel refétant symboli quement le confit intrapsychique responsable des symptômes du client (Freud, 1961 ; Jung, 1969). Ce dernier les note et les interprète avec l’aide du psy chanalyste. Des associations personnelles avec des symboles, des images ou des personnes ont émer ger des sentiments et des souvenirs inconscients. Le psychanalyste aide le client à explorer ses sou venirs, ses pensées et ses sentiments associés, à en prendre conscience pour arriver à une meilleure compréhension des eets de ces souvenirs d’en ance sur les symptômes présents. La thérapie psychanalytique utilise également comme élément d’analyse le transert, c’estàdire le phénomène par lequel la personne déplace de açon inconsciente ses émotions et confits sur l’analyste. L’exploration des souhaits et des besoins projetés devient ainsi possible. Ensemble, le client et le thérapeute décèlent les mécanismes de déense qui entrent en jeu et les remettent soigneusement en question, ce qui permet une libération progres sive des souvenirs réprimés. Le terme psychodyna mique plutôt que psychanalytique est utilisé pour reféter davantage le travail réalisé avec le transert. L’analyste aide le client à intégrer le matériel ré primé, ce qui nit par mener à la réduction ou à la disparition des symptômes. Plusieurs disciples de Freud se sont inspirés de sa théorie pour élaborer leur propre modèle. C’est le cas, entre autres, d’Alred Adler (18701937) (rôle déterminant des acteurs sociaux dans le développe ment de la psyché), de Carl Gustav Jung (18751961) (infuence d’un inconscient collecti sur l’inconscient individuel), de Karen Horney (18851952) (modèle d’inspiration éministe où la névrose est un signe de confits internes ayant à la base le mouvement vers autrui, contre autrui et de uite devant autrui) et de Erik Erikson (19021994) (succession de huit stades
566
Partie 4
Interventions infrmières dans le processus thérapeutique
de développement tout au long de la vie, lesquels remettent chaque ois en question l’identité et se sol dent par la croissance ou la stagnation). Anna Freud (18951982) a poursuivi les travaux de son père en s’intéressant essentiellement à la psychologie des enants. L’école de la relation d’objet créée par Melanie Klein, W. Ronald Fairbairn et D.W. Winnicott est un courant toujours actuel. Cette théorie reconnaît le besoin d’être en relation avec les autres comme étant un élément central du développement psycho logique et met l’accent sur l’importance des deux premières années de la vie. L’équilibre de la personne dépend en grande partie de la capacité d’adapta tion de la personne aux séparations et aux pertes, laquelle dépend essentiellement des expériences vécues au cours des deux premières années de sa vie. Plusieurs psychologues ou psychothérapeutes s’inspirent des ondements de la perspective psycho dynamique, en considérant par exemple les souvenirs de l’enance, les rêves, le transert et les résistances. Les tests projectis qui consistent à découvrir les moti vations et confits inconscients de la personne à partir de la açon dont elle interprète une illustration ou un stimulus ambigu (p. ex., le test de Rorschach dans lequel la personne interprète des taches d’encre abs traites) sont des exemples d’activités actuelles décou lant de la perspective psychodynamique.
20.2.2
Apport et limites de la perspective psychodynamique
La perspective psychodynamique a depuis toujours ortement infuencé la psychologie. Elle a le mérite d’avoir donné un essor incommensurable à la psy chologie en créant « la thérapie par la parole ». Elle a contribué à la reconnaissance de l’importance des confits survenant au cours de l’enance. La plupart des gens ont encore aujourd’hui souvent recours aux processus décrits par la perspective psychody namique pour expliquer les comportements. C’est le cas par exemple lorsqu’une personne cherche la signication de ses rêves ou d’un lapsus. Il arrive à tous d’être surpris par le déni d’une personne qui reuse d’entrevoir le caractère incurable de sa mala die ou celui d’une autre visiblement en colère ou triste qui se déend d’éprouver ce sentiment. Il est réquent de voir quelqu’un déplacer sa colère sur une autre personne que celle qui l’a suscitée, ou la régression d’un enant à la suite d’un événement comme la maladie ou le divorce de ses parents. Depuis sa naissance, la perspective psychodyna mique a toujours été et est encore sujette à la contro verse et aux débats. Elle est surtout critiquée pour son manque de scienticité, c’estàdire la diculté de vérier de açon scientique les hypothèses émises. Une autre critique repose sur le ait que toute cette construction à propos de l’inconscient provient, somme toute, de l’analyse des discours d’un nombre limité de personnes. De plus, la psychothérapie
psychodynamique serait d’une ecacité variable. Elle serait davantage protable aux personnes qui ont une bonne capacité d’introspection, qui sont intéressées à explorer leur passé et qui ont de bonnes habiletés sur le plan verbal. Elle serait moins ecace pour les personnes aux prises avec des troubles mentaux graves, par exemple la schizophrénie.
Soins et traitements infrmiers La perspective psychoanalytique a infuencé les travaux de Hildegard E. Peplau, pionnière des soins inrmiers psychiatriques. L’un des concepts cen traux de sa conception de la discipline inrmière est le processus interpersonnel entre la personne et l’inrmière, qui tient compte de la dimension intrapsychique. Peplau s’est inspirée, entre autres, du modèle d’Harry Stack Sullivan (théorie inter personnelle) et de la théorie de Freud (Pépin, Kérouac & Ducharme, 2010). Par exemple, elle dé nit la phase de l’identication comme une relation d’interdépendance entre le client et l’inrmière, réactivant chez le client des sentiments de l’enance (dépendance, égocentrisme, etc.). L’inrmière se rapporte régulièrement à divers éléments de la perspective psychodynamique pour comprendre les réactions du client et des membres de la amille dans diverses situations de santé. Par exemple, les mécanismes de déense tels que le déni, le reoulement, la rationalisation sont souvent reconnus et considérés dans la planication des soins. L’inrmière tient compte des phénomènes de transert et de contretransert de açon à maintenir une relation thérapeutique saine. Par exemple, par un processus inconscient, un client peut se montrer sévère et sarcastique avec une inrmière qui res semble à sa jeune sœur avec laquelle il a eu d’impor tants confits. Les réactions ou les sentiments du client peuvent susciter de la colère chez l’inrmière et une réaction disproportionnée d’évitement qui perturbe la capacité de cette dernière à prodiguer des soins. Celleci doit prendre conscience de sa réaction et prendre les moyens nécessaires pour assurer au client des soins de qualité.
20.3
Perspectives comportementale et cognitive
20.3.1
Perspective comportementale
La perspective comportementale repose sur le prin cipe que le comportement résulte d’une réponse apprise à des stimulus extérieurs (environnement)
ou internes (organisme). Se distançant d’une théo rie basée sur des concepts non mesurables, tels que l’inconscient ou l’introspection, les tenants se sont appuyés sur l’idée de construire un modèle théo rique scientique, c’estàdire démontré par des données observables et mesurables. John Broadus Watson (18781958), psychologue américain, est considéré comme le che de le de la perspective comportementale. À partir des travaux de Ivan Petrovich Pavlov (18491936), physiologiste sovié tique, et de Burrhus Frederic Skinner (19041990), il a été démontré que le comportement humain pouvait être expliqué en grande partie par deux types de conditionnements : le conditionnement classique (ou conditionnement répondant) et le conditionnement opérant.
Conditionnement classique (ou conditionnement répondant) Pavlov, par ses expériences avec des chiens, a construit la théorie du conditionnement classique. Un stimulus inconditionnel (nourriture) déclenche une réponse inconditionnelle (salivation), de l’ordre d’un réfexe. Ce même stimulus inconditionnel (nourriture), associé de açon répétitive à un stimu lus neutre (son d’une cloche), déclenche la réponse inconditionnelle (salivation). Après le retrait du stimulus inconditionnel (nourriture), le stimulus neutre continue de déclencher la réponse (salivation en l’absence de nourriture). Le stimulus et la réponse sont alors appelés stimulus conditionnel et répon se conditionnelle. Le ait de cesser de délivrer le sti mulus inconditionnel (nourriture) associé au stimulus conditionnel (son d’une cloche) produit graduellement l’extinction de la réponse condition nelle (salivation). Pavlov a aussi observé que des stimulus semblables au stimulus conditionnel (divers sons de cloche) entraînaient aussi la réponse conditionnelle, phénomène appelé généralisation du stimulus. Il peut aussi y avoir une réponse dié rente à des stimulus semblables, lorsque ce stimulus n’est pas associé au stimulus inconditionnel initial, ce qui correspond à la discrimination du stimulus.
20
Watson et Rosalie Rayner ont poussé plus loin l’idée en associant les émotions des êtres humains à des stimulus. Ils ont démontré que la peur pouvait résulter d’un conditionnement opérant. Au cours d’une expérience bien connue, ils ont suscité la pho bie d’un rat blanc chez un petit garçon de 11 mois, nommé Albert. Initialement, l’enant ne maniestait aucune peur du rat (MirabelSarron & Vera, 2011). Chaque ois qu’il s’apprêtait à le prendre, les cher cheurs produisaient un bruit violent, si bien qu’à la seule vue de l’animal, Albert en est venu à pleurer et à trembler. Sa peur s’est généralisée à d’autres objets semblables comme les lapins blancs, la ouate ou les cheveux blancs. Bien que contestable sur le plan éthique, cette expérience célèbre démontre la possibilité de changer un comportement par le Chapitre 20
Modèles et stratégies thérapeutiques
567
Jugement clinique Annick Janvier, âgée de 21 ans, eectue un stage de fn d’études en soins infrmiers au Cameroun. Elle a très peur des lézards au point où elle reuse d’entrer dans une pièce où il y en a un, pleure et présente des signes d’hyperventilation. Même si elle sait que c’est un ani mal inoensi, elle n’arrive pas à surmonter sa peur. Malheureusement pour elle, les lézards sont bien pré sents au dispensaire où se déroule le stage, et elle y est exposée régulièrement. Un mois plus tard, madame Janvier est toujours incapable de les approcher, mais elle ne montre presque plus de signes d’hyperventila tion et rit même de ses comportements. Quel phénomène du conditionnement classique est illustré dans cette situation ?
contrôle du stimulus. Les chercheurs ont ensuite démontré la possibilité d’éli miner la peur des lapins chez un autre enant âgé de trois ans, en associant cette ois la vue du lapin à des événements agréables. Dans cette orien tation, Joseph Wolpe (1915 1997) a introduit la méthode de contreconditionnement (ou inhibition réciproque). Il s’agit d’exposer la personne au sti mulus déclencheur de la réponse non désirable avec d’autres stimulus, une mu sique agréable par exemple.
Conditionnement opérant Le deuxième type de conditionnement est le condi tionnement opérant qui repose sur le principe que ce sont les conséquences associées au comporte ment qui ont que la probabilité de maniestation de celuici est augmentée ou diminuée FIGURE 20.1. Skinner, reconnu pour son apport dans la théorie du conditionnement opérant, entrevoit le compor tement comme étant plus complexe comparative ment au conditionnement classique qui le dénit par sa nature réfexe. Le renorcement est un stimu lus ou un événement qui augmente la probabilité de maniestation d’un comportement. Inversement, la punition correspond à un stimulus ou à un évé nement qui la diminue.
Renforcement et punition Le renorcement peut être positi ou négati, tout comme la punition. Par exemple, une personne atteinte d’une phobie sociale accepte une invitation à une petite ête. Le lendemain, elle reçoit des remerciements chaleureux et sincères de la part de l’amie qui a organisé l’événement. Cette consé quence est un renorcement positi (conséquence ajoutée) qui pourrait augmenter la réquence de la réponse, c’estàdire accepter à nouveau une invi tation semblable. Par ailleurs, participer à la ête un samedi soir lui a permis d’éviter de Tristan Comeau, âgé de 32 ans, est dans un épisode ressasser des idées noires et dépressi d’un trouble bipolaire. Il néglige son hygiène des regrets. Il s’agit d’un ren personnelle au point où il dégage une odeur plutôt orcement négati en ce sens désagréable pour son entourage. L’infrmière et lui que le comportement a per ont convenu comme objecti de soins qu’il prenne mis d’éviter une situation une douche au moins tous les deux jours. Monsieur indésirable. Au contraire, si Comeau n’arrive cependant pas à atteindre ce but, cette personne avait ait l’ob disant que cela lui demande trop d’énergie et qu’il jet d’une grossière plaisan en est incapable pour le moment. Touteois, il a ac terie durant la soirée, sa cepté de changer de vêtements ce matin. présence à la ête aurait Que pourriezvous dire à monsieur Comeau pour lui entraîné une conséquence démontrer du renorcement positi ? négative, soit une punition
Jugement clinique
568
Partie 4
Interventions infrmières dans le processus thérapeutique
Stimulus (S) Événement
Réponse (R) Comportement
Renforcement (R) Conséquence
FIGURE 20.1
Conditionnement opérant
positive (conséquence ajoutée). Si sa présence avait provoqué une diminution de l’attention que son amie lui porte généralement, il s’agirait d’une puni tion négative (retrait d’un stimulus). Ces deux der nières situations auraient comme eet de diminuer la probabilité que se manieste le comportement. En principe, les renorcements et les punitions sont plus ecaces s’ils suivent de près un compor tement. Par exemple, il est plus dicile d’être dèle à une médication prescrite lorsque les eets béné ques tardent à se produire, comme c’est le cas des antidépresseurs par exemple. Il y a extinction du comportement appris lorsqu’il cesse d’être suivi d’un renorcement. Par exemple, l’arrêt taba gique d’une personne atteinte de schizophrénie pourrait échouer après que le programme d’aide à cet eet ait pris n. Il peut y avoir une généralisa tion du stimulus, c’estàdire que le comportement peut être renorcé (ou découragé) par des stimulus semblables. Par exemple, l’arrêt tabagique pourrait être maintenu si la personne obtient de l’encoura gement de ses pairs et de l’équipe soignante. Il peut y avoir discrimination du stimulus, c’estàdire que même si le comportement tend à se produire en la présence d’un stimulus, d’autres stimulus ont en sorte qu’il ne se produit pas.
Théories de l’apprentissage social et cognitif Pour plusieurs chercheurs, le conditionnement ne pouvait expliquer à lui seul le comportement humain, ce qui a conduit à l’élaboration de plu sieurs théories, dont les théories de l’apprentissage social. Cellesci sont particulièrement en vogue à la n des années 1960. Albert Bandura (né en1925), psychologue canadien, et ses collègues mettent en évidence l’importance de l’apprentissage par l’ob servation et par imitation (ou modelage) en tant que déterminants du comportement (MirabelSarron & Vera, 2011). L’interaction permanente et réciproque entre les déterminants cognitis, comportementaux et environnementaux est au cœur de ces théories. Bien que le comportement humain soit déterminé en partie par l’environnement (renorcements et punitions), il l’est également par des caractérisques qui dièrent d’une personne à l’autre : les croyances, les perceptions, les valeurs, les objectis poursuivis, les émotions. L’estimation que ait la personne de la maîtrise qu’elle peut exercer sur une situation et de son ecacité personnelle pour atteindre ses objectis a un impact crucial sur sa motivation à adopter un comportement ou non.
Thérapies comportementales L’élaboration des programmes de renorcement et d’apprentissage est ondée sur la perspective com portementale. Il existe de nombreuses techniques de « modication du comportement », qui se sont avérées eicaces avec des personnes atteintes d’autisme, par exemple, ou ayant une décience intellectuelle. Des programmes aisant appel à l’économie de jetons à échanger contre des privi lèges ont été mis sur pied (Tavris & Wade, 1999). Les comportements souhaités peuvent être suscités par la modication de l’environnement, de même que par l’apport de renorcements positis. Une autre technique appelée açonnement consiste à renorcer par étapes un comportement qui, bien que n’étant pas le comportement nal désiré, s’en rap proche de plus en plus. Il s’agit d’approximations successives ournies tout au long du processus d’apprentissage. Le comportement peut aussi pro venir d’un apprentissage par les règles ou par imi tation (suivre un exemple). Une pratique courante du principe de contrecon ditionnement réside dans la désensibilisation sys tématique. Il s’agit d’une méthode mise au point par Wolpe (Cottraux, 2011), qui aide les personnes à surmonter la peur d’un stimulus particulier (p. ex., un animal ou la prise de parole en public) (Goderoid, 2008). Le thérapeute et le client établis sent une hiérarchie des stimulus anxiogènes. Le client attribue à chacun des stimulus une valeur indiquant le degré d’anxiété que le stimulus pro voque lorsqu’il y est exposé, soit entre 1 (anxiété légère) et 10 (anxiété extrême). La désensibilisation se ait généralement en deux temps, en imagination d’abord puis dans la réalité. Une technique de relaxation progressive est d’abord enseignée au client. Une ois détendu, le client est invité à ima giner un stimulus anxiogène, en commençant par le plus tolérable. L’anxiété doit être neutralisée par la relaxation avant de passer au stimulus suivant. Les mêmes étapes sont ensuite répétées graduellement dans la réalité cette ois. Depuis quelques années, cette approche peut être assistée par la réalité vir tuelle rendue possible avec l’ordinateur (Botella, Osma & GarciaPalacios, 2004 ; Coelho, Waters & Hine, 2009 ; Krijn, Emmelkamp & Olasson, 2004 ; Parsons & Rizzo, 2008 ; Rothbaum, 2009 ; Wolitzky Taylor, Horowitz, Powers et al., 2008).
20.3.2
Évolution des perspectives cognitive et comportementale
Plus tard, la perspective cognitive et comportemen tale a pris son essor dans les années 1960. Albert Ellis (19132007), psychologue américain, et Aaron T. Beck (né en 1921), psychiatre américain, ont construit leurs théories en y intégrant des compo santes cognitives déterminantes relevées par plu sieurs autres chercheurs ou théoriciens. Selon ces
chercheurs, les perceptions et l’interprétation des événements, aites dans un processus appelé appré ciation cognitive, infuencent les émotions et les comportements FIGURE 20.2. Ce que la personne pense d’une situation ou d’un événement a un eet déterminant sur ses émotions, lesquelles ont à leur tour un impact sur son comportement. Ellis (1962) a mis au point la thérapie rationnelle émotive basée sur le principe que des ausses croyances et des règles de vie inadéquates infuen cent le jugement que la personne porte sur un évé nement ou une situation en générant des pensées irrationnelles. Ces pensées entraînent de la sou rance émotionnelle. Par exemple, des règles se présentent réquemment sous orme de « je dois… », « il aut que… ». Une ausse croyance pourrait être : « ma valeur comme être humain dépend de ma capacité de réussir paraitement tout ce que j’entre prends », ou « c’est à cause de mon passé que j’ai tant de problèmes ; il n’y a donc rien que je puisse aire pour changer les choses ». Les pensées et les croyances irrationnelles ou non adaptées peuvent être évaluées et remplacées par des pensées plus réalistes. Ainsi, le comportement devient aussi mieux adapté à la situation (Chaloult, 2008). Beck a observé que les personnes sourant de dépression entretiennent une perception négative d’ellesmêmes, du monde et de l’avenir, phéno mène désigné sous le nom de « triade de Beck » (Beck, Rush, Shaw et al., 1979). Selon lui, les pen sées automatiques, c’estàdire celles qui apparais sent spontanément dans le discours intérieur de la personne, sont dysonctionnelles en raison d’er reurs logiques (ou distorsions cognitives). Ces erreurs logiques proviennent de croyances inter médiaires, ellesmêmes issues de schémas (ou croyances ondamentales). Les schémas correspon dent à des structures cognitives proondes et 20
Schéma ou croyance fondamentale
Croyance intermédiaire
Situation
Pensée automatique
Émotion
Comportement FIGURE 20.2
Modèle cognitivo-comportemental Chapitre 20
Modèles et stratégies thérapeutiques
569
Questionnement socratique (ou maïeutique) : Méthode reposant apparemment sur l’interrogation et se proposant d’amener un interlocuteur à prendre conscience de ce qu’il sait implicitement, à l’exprimer et à le juger.
inconscientes qui se construisent sous l’infuence de la personnalité de la personne, de ses expé riences et des acteurs environnementaux. Ils agis sent comme des iltres dans le traitement de l’inormation. Ainsi, les schémas erronés aussent la réalité et entraînent des comportements non adaptés à la situation réelle. À l’instar des croyances irrationnelles dénies par Ellis, un exemple de schéma pourrait reposer sur la croyance ondamen tale « je dois absolument être aimé par les personnes qui comptent pour moi ; je ne peux tolérer que ces personnes ne m’apprécient pas pour ce que je suis ». Ces schémas créent des croyances intermé diaires qui correspondent à des présomptions plus ou moins conscientes (conséquences en lien avec la croyance ondamentale), à des règles (« je dois… ») ou à des attitudes (açons d’agir). Par exemple : « Si mon conjoint ne m’aimait plus, il ne me resterait plus rien dans la vie » (présomption), « ce serait la catastrophe » (attitude) ; « Je dois donc tout aire pour conserver son amour » (règle). Une situation, l’abandon par le conjoint par exemple, déclenchera plusieurs pensées automatiques erro nées en raison d’erreurs logiques. Ces pensées pro voqueront de ortes émotions de détresse, entraînant des comportements inadaptés, consommer de l’alcool de açon abusive ou tolérer de la violence par exemple. Beck et ses collègues (1979) ont relevé plusieurs erreurs cognitives courantes chez les per sonnes sourant de dépression (Cottraux, 2011 ; Chaloult, 2008) TABLEAU 20.2. Le ait de cerner les schémas cognitis irrationnels et de les corriger se traduit par un soulagement des symptômes de la dépression ou de l’anxiété (NICE, 2006).
la détresse ou des dicultés, le thérapeute pose des questions pour amener le client à déterminer les pen sées automatiques qui lui sont venues, les émotions découlant de ces pensées, les preuves qui appuient ces pensées, la possibilité de voir les choses autrement et les conséquences anticipées. Dans ce processus de restructuration cognitive, le client arrive à aire le lien entre ses pensées et ses émotions, à remettre en ques tion la validité de ses pensées. En psychothérapie, il parvient avec l’aide du thérapeute à découvrir ses croyances intermédiaires et ses schémas. Avec la pra tique, il devient de plus en plus habile à accomplir ce processus luimême, et l’aide du thérapeute devient de moins en moins nécessaire. L’ENCADRÉ 20.1 pré sente des exemples de questions en lien avec les com posantes de la démarche de restructuration cognitive. La FIGURE 20.3 présente un ormulaire pouvant sou tenir cette démarche.
Thérapie cognitivo-comportementale classique
Thérapie centrée sur les schémas
Le but de la thérapie cognitivocomportementale est d’aider le client à cerner ses schémas cognitis irra tionnels et à remplacer ses pensées dysonctionnelles par des pensées plus réalistes (Cottraux, 2011). La thérapie cognitivocomportementale est généralement brève. Elle est directive et les séances se déroulent selon un agenda bien déni. La qualité Amélie Duguay, âgée de 30 ans, a acheté un condomi de la relation entre le psycho nium il y a cinq ans. Pendant les travaux de réection thérapeute et le client est du stationnement, les propriétaires des condominiums essentielle. Le thérapeute dé constatent que le bâtiment est construit sur un sol montre de l’empathie, de la contaminé. La décontamination représente des coûts chaleur, de l’authenticité, du exorbitants pour tous les propriétaires. Madame respect et de l’acceptation. Son Duguay ne parvient plus à se déaire de l’idée que, rôle est principalement celui quoiqu’elle asse, elle prend toujours la mauvaise d’un guide ou d’un éducateur. décision. Elle se blâme d’avoir acheté ce condominium,
Jugement clinique
même si rien ne pouvait indiquer ce revers. Elle se considère stupide et conclue que dans la vie, même si les choses semblent plutôt bien aller, elles vont mal fnir. Quelles distorsions cognitives madame Duguay montre telle dans cette situation ?
570
Partie 4
Le questionnement socratique (ou maïeutique) est utilisé pour aider la personne à explo rer et à corriger ses pensées dysonctionnelles. À partir d’un événement ayant causé de
Interventions infrmières dans le processus thérapeutique
Outre l’approche psychoéducative et le question nement, le thérapeute utilise plusieurs autres stra tégies, telles que les résumés réquents, soit au début de la séance (résumé de la séance précédente), en cours de séance et à la n. Il peut notamment avoir recourt aux jeux de rôles, à l’imagerie mentale. Les tâches à domicile constituent une composante essentielle de la thérapie cognitivocomportementale. Il peut s’agir par exemple de lectures, de la tenue d’un journal, d’exercices d’exploration et de validation des pensées automatiques, d’auto observation, d’un registre des activités quotidiennes, d’activités visées par des objectis, de l’application de techniques apprises durant les séances (p. ex., l’arrêt de la pensée obsédante en prononçant avec orce le mot « ASSEZ ») (Chaloult, 2008).
À la n des années 1990, Jerey Young propose une extension du modèle classique de Beck, soit la théra pie centrée sur les schémas (Chaloult, 2008), en vue de traiter plus ecacement les troubles de la person nalité. Il s’agit d’une thérapie intégrative puisqu’il emprunte des concepts et méthodes provenant d’autres théories (attachement, gestalt, entre autres). Selon lui, ces troubles sont liés à des schémas cogni tis précoces inadaptés, élaborés dans l’enance sous l’infuence d’un milieu non avorable (amilles, amis, proesseurs). La personne a tendance à perpétuer à l’âge adulte la sourance vécue dans l’enance. Les schémas précoces inadaptés s’inscrivent dans une mémoire constituée de sensations corpo relles, d’émotions, de cognitions et de souvenirs (Chaloult, 2008), à partir d’expériences trauma tiques ou nocives (abandon d’un parent). Ils se construisent autour d’un thème ou d’un patron (pattern) important et envahissant (p. ex., la peur de l’abandon). Ces schémas aectent le rapport à soi (« je ne mérite pas d’être aimé ») ainsi que les relations avec les autres (« il va m’abandonner »). Ils tirent leur origine d’enjeux déterminés au cours
TABLEAU 20.2
Erreurs cognitives courantes
ERREURS COGNITIVES
DÉFINITION
PENSÉES AUTOMATIQUES
PENSÉES ADAPTÉES
Inérence arbitraire
Tirer des conclusions sans preuve.
« L’infrmière est partie au moment où je lui ai dit combien cette dépression me ait sourir. Elle doit en avoir assez d’entendre du monde comme moi se plaindre éternellement. »
« L’infrmière est partie au moment où je lui ai dit combien cette dépression me ait sourir. Elle va probablement revenir lorsqu’elle aura sufsamment de temps pour me parler. »
Pensée dichotomique (tout ou rien)
Catégoriser sans nuance dans les extrêmes : blancnoir, bonmauvais.
« Avec cette maladie, je suis complètement fni. »
« Cette maladie m’apporte des inconvé nients importants. Le traitement me permettra d’avoir une certaine qualité de vie, même si je devrai renoncer à retrouver la santé que j’avais avant. »
Généralisation excessive
Extrapoler à toutes les situations des conséquences négatives survenues d’une seule mauvaise expérience.
« Chaque ois que je prends une décision de mon propre che, je ais toujours le mauvais choix. »
« J’ai pris la meilleure décision possible avec l’inormation qui m’était disponible. »
Abstraction sélective
S’attarder négativement sur un détail qui ait percevoir négative ment l’ensemble de cette situation.
« Tel que prévu, j’ai assisté au spectacle. C’est complètement raté. J’ai dû sortir à l’entracte tellement c’était pénible. »
« Je suis parvenue à assister au spectacle dans une salle remplie de monde, en gardant mon calme. J’ai ressenti de la pa nique à l’entracte, mais j’ai tout de même rempli l’objecti : rester 30 minutes. »
Amplifcation des échecs ou événements négatis et minimisation des réussites ou événements heureux
Attribuer une grande importance aux échecs ou événements négatis et peu aux succès ou événements heureux.
« J’ai cessé de boire complètement. Ce n’est pas si extraordinaire. La plupart des gens ne boivent pas ! »
« J’ai réussi à cesser de boire complète ment. Cela veut dire que je suis capable de me motiver quand j’ai un but en tête. C’est encourageant ! »
Personnalisation
Assumer la responsabilité d’un événement âcheux sans en être la cause.
« Je ne peux aller à ma thérapie à cause de la mauvaise condition des routes. J’aurais dû choisir mardi au lieu de mercredi. Que je suis stupide ! »
« C’est vraiment ennuyeux que je ne puisse pas me rendre à ma thérapie. C’est la tempête du siècle, on dirait ! »
20
Collecte des données ENCADRÉ 20.1
Évaluation du client à l’aide de la démarche de restructuration cognitive
• Que s’estil passé au juste ? Où? Qui ? Comment? Etc. • Qu’avezvous ressenti lorsque cet événement est survenu? Entre 0 et 100, comment évaluezvous l’intensité de chacune de ces émotions? • À quoi avezvous pensé dans cette situation? Que se passaitil dans votre esprit juste avant cette émotion ? Quels idées, images ou souvenirs vous ont traversé l’esprit? • Qu’estce que cela signife par rapport aux autres personnes ou aux gens en général ? • Quels sont les preuves ou les aits qui appuient cette pensée ? • Quels sont les éléments qui vont à l’encontre de cette conclusion ? • Vos sources d’inormation sontelle véridiques et fables? • Avezvous déjà eu des expériences qui montrent que cette conclusion pourrait ne pas être vraie ou aussi alarmante ?
• Pourraitil y avoir une autre açon d’interpréter ou de comprendre cette situation ? D’autres explications ? D’autres bonnes hypothèses? • Si votre meilleur ami ou une personne que vous aimez bien avait eu cette pensée, qu’estce que vous lui auriez dit ? • Dans cinq ans, verrezvous la situation diéremment ? • Si vous croyez que vos pensées sont justes, quelles seraient les conséquences ? • En mettant les choses au pire, qu’arriveraitil ? Estce grave ? Quelles sont les probabilités qu’un tel événement se produise? • À la lumière de ces nouveaux indices ou éléments, comment pourriezvous ormuler une pensée plus réaliste ? • Quelle est l’intensité de vos émotions maintenant ?
Chapitre 20
Modèles et stratégies thérapeutiques
571
Situation
Qui ? Quoi ? Quand ? Où ?
Émotions
Pensées (ou images automatiques)
Indices ou preuves appuyant des pensées automatiques
Indices (ou preuves) qui vont à l’encontre des pensées automatiques
Pensées adaptées
Résultats
Réévaluez l’intensité de l’émotion (0100).
A) Quelles émotions avezvous ressenties ? B) Évaluez chacune des émotions sur une échelle allant de 0 à 100 selon leur importance.
FIGURE 20.3 Formulaire d’analyse des pensées dysfonctionnelles
de l’enance et de l’adolescence, mais sont réactivés dans le présent, entraînant un dysonctionnement signifcati (p. ex., l’angoisse, la dépression). Plus un schéma est marqué, plus les réactions sont ri gides et dysonctionnelles. Young répertorie 18 sché mas précoces inadaptés regroupés dans 5 grands domaines (Chaloult, 2008) TABLEAU 20.3. Young décrit trois styles d’adaptation dysonc tionnels, utilisés de açon inconsciente par la per sonne pour composer avec les schémas inadaptés. Il s’agit de la capitulation (« je ne peux exercer un bon jugement lorsqu’il s’agit de prendre une déci sion, cela ne peut changer »), de l’évitement (« mieux vaut laisser les autres décider ») ou de la contre attaque (« je décide et peu importe les conseils qui me seront donnés). Young a créé le concept de mode, qui correspond à l’« état émotionnel qui pré domine dans l’organisation psychologique d’un individu à un moment donné ». L’état aecti per met de déterminer le mode. Par exemple, la colère peut mettre en lumière la réactivation du schéma « méfance/abus ». Young répertorie 10 modes clas sés selon 4 grandes amilles TABLEAU 20.4. La thérapie vise d’abord à comprendre la situa tion du client selon la perspective des schémas, à partir de l’histoire de sa vie et de ses réponses à di érentes questions. Des questionnaires peuvent être
utilisés, comme le Questionnaire des schémas de Young (YSQ – L3). Avec l’aide du thérapeute, la personne arrive à prendre conscience de ses sché mas, à établir une distance avec ceuxci et à recon naître les situations dans lesquelles ils sont réactivés. Il devient alors possible pour la personne de poser un regard plus objecti sur ces situations et de passer à l’action en modifant ses stratégies d’adaptation dysonctionnelles. La thérapie intègre plusieurs techniques comportementales, des inter ventions expérientielles visant à réactiver un sché ma par exemple, incluant la relation thérapeutique utilisée comme outil pour un rematernage partiel par lequel le thérapeute répond en partie au besoin du client (p. ex., l’attachement fable, les compé tences, l’intégration de limites, etc.).
Thérapie comportementale dialectique L’évolution des thérapies cognitivocomportementales a conduit à l’intégration dans la démarche thé rapeutique de diérentes ormes de méditation, ce qui leur vaut l’appellation de « troisième vague », les première et deuxième vagues étant respectivement la thérapie comportementale et la thérapie cognitivo comportementale classique (Chaloult, 2008 ; Cottraux, 2011). La thérapie comportementale dialectique, mise au point par la psychologue américaine Marsha M.
Domaines répertoriés par Young pour l’évaluation des schémas
TABLEAU 20.3 DOMAINE I – SÉPARATION ET REJET
DOMAINE II – ALTÉRATION DE L’AUTONOMIE ET DE LA PERFORMANCE
DOMAINE III – LIMITES DÉFICIENTES
DOMAINE IV – CENTRATION SUR AUTRUI
DOMAINE V – SURVIGILANCE ET INHIBITION
• Abandon/instabilité
• Dépendance/incompétence
• Assujettissement
• Négativité/pessimisme
• Méfance/abus
• Peur du danger ou de la maladie
• Droits personnels exagérés/grandeur
• Abnégation
• Inhibition émotionnelle
• Maîtrise de soi/ autodiscipline insufsantes
• Recherche d’ap probation et de reconnaissance
• Exigences élevées/critiques excessives
• Carence aective : aection, empathie et protection • Imperection/honte
• Fusion/personnalité atrophiée • Échec
• Isolement social Source : Adapté de Chaloult (2008)
572
Partie 4
Interventions infrmières dans le processus thérapeutique
• Punition
Linehan pour traiter les personnes atteintes d’un trouble de la personnalité limite, ait partie de cette troisième vague de thérapies cognitivocomportementales. La clientèle atteinte de ce trouble pose des défs énor mes aux soignants compte tenu des comportements autodommageables (automutilation, tentatives de suicide répétées), des maniestations d’impulsivité et des réactions émotionnelles vives et intenses (anxiété, honte, désespoir, colère) qu’elle présente. Linehan (1993) afrme que les difcultés ou les dérèglements émotionnels sont le résultat d’un tem pérament inné, qui engendre une incapacité de réguler les émotions ou une vulnérabilité émotion nelle se maniestant par une sensibilité élevée aux stimulus émotionnels, une intensité émotionnelle et la difculté à retrouver un niveau émotionnel opérant plus neutre. Un autre acteur central est la présence d’un environnement invalidant carac térisé par le rejet de l’interprétation des sentiments, des pensées ou des comportements de la personne. Cela peut se traduire par le ait de qualifer de « mau vaises » la description et l’analyse que livre le client de sa propre expérience ou de lui dire que ses expé riences sont socialement inacceptables ou qu’elles sont des signes de traits de personnalité indésira bles. Dans un environnement invalidant, les tenta tives de la personne à communiquer ses expériences intérieures (pensées et sentiments) et interperson nelles, de même que sa propre appréciation de son environnement social, sont interdites ou ignorées. Il est réquent que les personnes qui ont été victimes de violence physique, émotionnelle ou sexuelle, ayant un trouble de la personnalité limite ou un trouble alimentaire (boulimie, anorexie, obésité) ou sourant d’une dépression ou d’un problème de dépendances à des substances rapportent avoir vécu dans un environnement invalidant. Les condi tions de cet environnement invalidant jumelées à la vulnérabilité émotionnelle entraînent une inca pacité de nommer ou de décrire de açon juste des expériences intérieures et un état émotionnel, des difcultés à tolérer la détresse, à se fxer des objec tis réalistes ou à avoir des attentes réalistes, ainsi qu’une incapacité à aire confance à ses propres pensées, émotions et interprétations des événe ments extérieurs et des personnes (Linehan, 1993). L’objecti du traitement est d’aider les clients à augmenter leur tolérance, à réguler leurs émotions et à apprendre à adopter des réactions comporte mentales plus efcaces dans un environnement thérapeutique validant. La thérapie comportemen tale dialectique comporte trois modalités de traite ment : la thérapie individuelle ; la thérapie de groupe ; et le soutien téléphonique.
Thérapie individuelle Le thérapeute détermine des cibles de traitement et les classe de la açon suivante : comportements nui sibles ; comportements interérant avec la thérapie ; et comportements interérant avec la qualité de vie.
TABLEAU 20.4
Classement des modes créés par Young
PRINCIPALES FAMILLES DE MODES
Mode (état émotionnel) Modes de l’enfant
Modes des styles d’adaptation fonctionnels
Modes du parent dysfoncdtionnel
Mode de l’adulte sain
• Enfant vulnérable
• Conciliant
• Parent punitif
• Adulte sain
• Enfant en colère
• Parent exigeant
• Enfant impulsif
• Protecteur détaché
• Enfant heureux
• Surcompensateur
Source : Adapté de Chaloult (2008)
Le client ait son propre suivi des comportements en tenant un journal hebdomadaire et le thérapeute souligne les comportements prioritaires. La séance est centrée sur l’analyse des événements à la source des problèmes et sur l’exploration des réactions émo tionnelles qui ont conduit au comportement problé matique ou ciblé. Pendant ce processus, le thérapeute valide les réactions du client et suggère des réactions comportementales de rechange aux émotions ressen ties. Le client a accès à des consultations par télé phone entre les séances afn de l’aider à renorcer les nouvelles réactions comportementales.
Thérapie de groupe La seconde phase du traitement consiste en quatre modules de ormation en groupe axée sur les compétences : • Compétences relatives à la pleine conscience : le thérapeute enseigne des habiletés de méditation an d’aider les clients à élargir leur conscience de l’instant présent, par l’observation, la description de leurs actions et de leurs expériences et la pleine participation, sans jugement.
20
• Compétences relatives aux habiletés interpersonnelles : le thérapeute enseigne des façons efcaces permettant aux clients d’atteindre des objectifs relatifs à l’amélioration des relations avec les autres, par l’apprentissage ainsi que la pratique d’habiletés d’afrmation de soi, de gestion de conits et de préservation des relations et de l’estime de soi. • Compétences relatives à la modulation des émotions : le thérapeute aide les clients à évaluer et à gérer leurs réponses émotionnelles, par l’exposition aux émotions, le blocage de réponses comportementales inefcaces et leur remplacement par des réponses efcaces. • Compétences relatives à la tolérance à la dé tresse : le thérapeute enseigne des techniques aux clients an de les aider à augmenter leur tolérance à la détresse émotionnelle et à la non satisfaction de leurs besoins, par la recherche de sens et l’acceptation. Chapitre 20
Modèles et stratégies thérapeutiques
573
Thérapie d’acceptation et d’engagement et thérapie de pleine conscience La thérapie d’acceptation et d’engagement et la thé rapie de pleine conscience s’ajoutent à la troisième vague de thérapies cognitivocomportementales (Hayes, Stroshal & Wilson,1999 ; Segal, Williams & Teasdale, 2002). La thérapie d’acceptation et d’engagement met en lumière cinq difcultés comme sources de nombreux troubles psycholo giques : « des eorts pathologiques pour contrôler les émotions, les pensées et les expériences subjectives ; une domination des onctions cogni tives et de la pensée sur le vécu émotionnel ; l’ab sence de contrôle sur les valeurs ondamentales ; et l’incapacité de se comporter en accord avec ces valeurs » (Cottraux, 2011). Le but de la thérapie est d’aider le client à renorcer sa capacité d’être en contact direct avec ses émotions et à prendre conscience du onctionnement de ses pensées. Il peut ainsi acquérir de nouvelles attitudes ace à des pensées et émotions négatives et adopter des comportements cohérents avec ses valeurs person nelles. Cela correspond à la phase d’engagement. Quant à la thérapie de pleine conscience, elle s’intègre à la thérapie d’acceptation et d’engage ment, de même qu’à d’autres ormes de thérapies cognitivocomportementales, la thérapie compor tementale dialectique notamment. Cette approche met l’accent sur la méditation. En se centrant sur le présent, la personne évite de se laisser entraîner dans la spirale des pensées négatives, lesquelles sont vues comme des événements passagers.
20.3.3
Apport et limites des perspectives comportementale et cognitive
Les théories découlant de la perspective compor tementale trouvent leur mérite dans le domaine de la modifcation du comportement. Elles sont à l’ori gine de nombreuses thérapies largement utilisées aujourd’hui dans des ormes diverses. Elles s’avè rent particulièrement utiles dans le traitement des phobies et lorsque l’adoption d’un comportement mieux adapté est souhaitable ou nécessaire (p. ex., les habitudes de vie nuisibles, les troubles du com portement). Par contre, elles ont été critiquées du ait qu’elles ont pu laisser croire que l’être humain, en défnitive, était simplement manipulé par son environnement ou qu’il était acile de modifer un comportement appris grâce à des méthodes relati vement simplistes. L’efcacité de la thérapie cognitivocomportementale a été démontrée dans le traitement de nombreux troubles mentaux, notamment la dépression (Beck, 1995), les troubles anxieux (Beck, 1995 ; Homann & Smits, 2008 ; Jonsson et Hougaard, 2009), le trouble bipolaire (Beynon, SoaresWeiser, Woolacot et al., 2009) et l’état de stress posttraumatique (Roberts,
574
Partie 4
Interventions infrmières dans le processus thérapeutique
Kitchiner, Kenardy et al., 2009). La principale contribution de la troisième vague consiste en l’inté gration de la thérapie de pleine conscience aux inter ventions cognitives. Plusieurs études ont révélé que la thérapie comportementale dialectique était efcace non seulement dans le traitement du trouble de la personnalité limite (Bohus, Ha, Simms et al., 2004 ; Linehan, Armstrong, Suarez et al., 1991 ; Linehan, Comtois, Murray et al., 2006 ; Turner, 2000), mais aussi dans celui des troubles alimentaires (Telch, Agras & Linehan, 2001), ainsi que pour les adultes âgés atteints de dépression chronique (Lynch, Morse, Mendelson et al., 2003). La thérapie d’acceptation et d’engagement et la thérapie de pleine conscience gagnent rapidement une grande popularité au Québec.
Soins et traitements infrmiers Virginia Henderson s’est inspirée des approches cognitives et comportementale, surtout des travaux d’Edward Thorndike, psychologue américain pré curseur des théories comportementales, et de Maslow, pour élaborer son modèle s’appliquant à la discipline infrmière, qui est centré sur l’indépen dance dans la satisaction des besoins ondamentaux (Pépin et al., 2010). Outre le manque de orce, elle souligne le manque de connaissances et de volonté comme cibles d’intervention de l’infrmière. Le modèle de McGill, dont l’infrmière canadienne Moyra Allen (19211996) est la précurseure, prend comme assise, de açon implicite ou explicite, la théorie de l’apprentissage social de Bandura (Pépin et al., 2010). Allen s’est également inspirée de la philosophie des soins de santé primaires et de l’ap proche systémique. Ainsi, la santé s’apprend. La collaboration entre la personne, sa amille et l’infr mière, nommée par Gottlieb et Feely (2007) le « par tenariat de collaboration », est au cœur de cet apprentissage. Ce modèle bien connu est adopté par de nombreuses infrmières cliniciennes, chercheures et enseignantes au Québec. En lien avec les perspectives comportementales et cognitives, l’infrmière utilise continuellement diérentes interventions telles que le renorce ment positi en élicitant et en encourageant le client dans ses eorts visant à préserver ou à amé liorer son état de santé physique ou mentale, ou à se rétablir. Elle souligne les succès ainsi que les étapes ranchies. L’enseignement thérapeutique avorisant le changement de comportement ait partie des soins infrmiers. L’infrmière sert de modèle ou d’exemple en aisant ellemême preuve de comportements sains comme exprimer calme ment ses émotions et ses attentes ou adopter de saines habitudes de santé. L’infrmière utilise des techniques découlant de l’approche cognitivocomportementale lorsqu’elle aide le client à repérer ses pensées automatiques, à les relier à ses sentiments et à en reconsidérer la
validité. Elle peut soutenir la démarche par dié rents moyens comme l’assignation de tâches à accomplir à domicile. Il peut s’agir, par exemple, de demander de remplir des fches d’autoobservation des pensées, de recommander des lectures ou de pro poser des exercices à pratiquer. Pendant les rencon tres de suivi, l’infrmière et le client révisent les fches et les exercices pour relever les situations qui posent problème. L’infrmière explore avec le client la situation ou l’événement qui a causé de la détresse ou des difcultés et pose des questions comme : « À quoi pensiezvous à ce momentlà ? », « Qu’avezvous pensé lorsqu’il vous a annoncé la nouvelle ? », « Comment vous êtesvous senti lorsque vous avez entendu votre note ? », « Qu’avez vous ait alors ? ». Les pensées automatiques peu vent alors être remises en question. L’infrmière a recours à diérentes techniques issues des approches comportementales et cognitives en vue d’aider la personne à accroître son bienêtre et à améliorer son état de santé physique et mentale, et non dans le cadre d’une thérapie systématisée (activité réservée au psychologue et au psychothéra peute). Malgré la acilité apparente d’utilisation de certaines techniques, elle demeure vigilante quant à la nécessité de posséder la ormation requise pour les appliquer adéquatement. Chaloult (2008) propose un énoncé de niveaux d’interprétation en thérapie cognitivocomportementale pouvant servir à situer les interventions selon la ormation et les compé tences détenues FIGURE 20.4.
20.4
Perspective humaniste
La perspective humaniste met l’accent sur le poten tiel humain et la valeur inhérente de l’être humain en tant qu’être unique, soucieux de se réaliser et capable d’autodétermination et de conscience de soi. La personne est donc en mesure de aire des choix qui améliorent sa qualité de vie dans toute la gamme des expériences humaines. Abraham Maslow (19081970) et Carl Rogers (19021987) sont considérés comme les deux principaux pionniers de la perspective humaniste. Maslow soutient que les êtres humains sont motivés par des besoins qu’ils classent selon une hiérarchie représentée sous orme de pyramide. Viennent en premier lieu les besoins physiologi ques (p. ex., s’alimenter, dormir, etc.). Suivent les besoins de sécurité (p. ex., vivre dans un environ nement stable et prévisible). Au centre de la pyra mide, se trouvent les besoins d’amour et d’appartenance. Apparaît ensuite le besoin d’es time, puis le besoin d’autoactualisation au sommet. Maslow avance que le passage d’un niveau de besoin à un autre est graduel. La nonsatisaction
1er niveau : conscient Le niveau conscient non systématisé
Le niveau conscient systématisé
2e niveau : intermédiaire
3e niveau : fondamental
Le niveau des croyances intermédiaires
Le niveau des croyances fondamentales Psychothérapie introspective
Psychothérapie de soutien Soutien + Soutien + techniques Travail au niveau techniques cognitives et des croyances cognitives et comportementales intermédiaires avec comportemenutilisées de les techniques tales utilisées façon systématisée : cognitives et de façon non protocoles de comportementales systématisée traitement et utilisées jusque-là, tableau auxquelles d’enregistrement s'ajoutent des des pensées techniques dysfonctionnelles plus élaborées
Travail au niveau des croyances fondamentales avec les techniques cognitives et comportementales utilisées jusque-là, auxquelles s'ajoutent des techniques plus élaborées
Note : Aux 2e et 3e niveaux, on dispose de l’ensemble des techniques et modes d’intervention utilisés aux niveaux précédents, auxquels on ajoute d’autres techniques plus spécifques à ces niveaux introspectis. FIGURE 20.4 Les niveaux d’interprétation en thérapie cognitivo-comportementale
d’un ou de plusieurs besoins peut engendrer de la sourance, voire du désespoir et des troubles phy siques ou psychologiques. Rogers, ondateur de la thérapie centrée sur la personne, est une fgure marquante de la psycholo gie humaniste. Selon lui, la personnalité se divise en trois structures : l’organisme, le soi et le soi idéal. L’organisme est le lieu de l’expérience, de tout ce qui est ressenti. Le soi renerme toutes les percep tions que la personne entretient à propos d’elle même, tandis que le soi idéal correspond à ce que la personne voudrait être. Le malaise survient lorsqu’une incongruence entre ces structures appa raît. Par exemple, la personne qui ressent de la colère peut ne pas la reconnaître si, pour elle, la tolérance et la douceur ont partie des caractéristiques du soi idéal tel qu’elle le perçoit. La considération positive et inconditionnelle obtenue d’une autre personne contribue à résoudre l’incohérence. Pour Rogers, la personne est motivée, tout au long de sa vie, par une tendance naturelle à l’autoactualisation.
20.4.1
L’infrmière peut proposer des ouvrages ou programmes autothérapeutiques tels que le Guide d’autosoins pour la dépression : Développer des stratégies pour surmonter la dépression (Bilsker & Paterson, 2009) ainsi que le livre Être bien dans sa peau (Burns, 2005). Des exercices de thérapies cognitives et com portementales ont même l’objet d’un ouvrage dans la collection populaire Pour les Nuls (Branch, Willson & Millêtre, 2010).
Thérapie d’orientation humaniste
Le but du thérapeute d’orientation humaniste est de avoriser l’autoactualisation de la personne, vue comme une tendance naturelle de l’être humain. La reconnaissance du caractère unique et distinct de chaque personne et de la açon dont chacune perçoit la réalité est ondamentale. Le client est reconnu comme étant l’expert de sa propre expé rience. Le processus thérapeutique, soit la thérapie centrée sur la personne, repose avant tout sur l’ex ploration et la découverte plutôt que sur l’interpré tation ou l’éducation (Lebourgeois, 1999). Par l’élargissement de la conscience qu’il a de sa propre expérience, le client arrive à aire des choix plus cohérents avec ce qu’il désire être, dans le sens de Chapitre 20
Modèles et stratégies thérapeutiques
575
20
RAPPELEZ-VOUS…
Le caring transpersonnel est ancré dans les valeurs humanistes. Dans quel but l’infrmière accompagnetelle la personne dans l’exploration de ses croyances et de ses valeurs importantes ?
sa voie unique d’auto Rogers pour avoriser la La reconnaissance du caractère unique actualisation. En adoptant croissance de la personne, et distinct de chaque personne et de la une approche non direc représentent depuis tou façon dont chacune perçoit la réalité est tive, le thérapeute établit jours des valeurs pro fondamentale. une relation réelle avec le ondes de la discipline client dans laquelle il tente inrmière. Cela vaut pour de saisir l’expérience subjective de celuici. la psychiatrie comme pour tout autre secteur de la santé. Jean Watson s’est inspirée en partie des tra vaux de Rogers pour élaborer sa philosophie du 20.4.2 Apport et limites de la caring, lequel « représente un idéal de soin à la ois perspective humaniste humaniste scientique, et qui exprime des valeurs Alors que la psychologie se divisait en deux de compassion et de respect de l’être humain dans grandes écoles, soit la psychanalyse reudienne et son essence » (Pépin et al., 2010). l’approche comportementale, Maslow et Rogers ont introduit un nouveau courant, la psychologie humaniste (ButlerBowdon, 2010). Plutôt que de voir l’être humain comme une simple machine qui réagit à son environnement (perspective compor Psychothérapie tementale), ou dont le développement est essen 20.5 tiellement déterminé par des orces inconscientes interpersonnelle (perspective psychodynamique), il est considéré comme un être créati ayant un désir d’autoaccom plissement. La nature humaine est ondamentale La psychothérapie interpersonnelle a été mise ment bonne. Dans les années 1960, cette nouvelle au point durant les années 19691984, dans le but perspective venait bouleverser les théories en de traiter la dépression (Streit & Leblanc, 2008a). place. Elle a révolutionné le modèle classique de Inspirée des modèles interpersonnels, biopsycho la relation thérapeuteclient. La perspective huma sociaux, des théories de la communication et de la niste délaisse le principe d’une attitude essentiel théorie de l’attachement, cette approche est consi lement objective et détachée au prot d’une écoute dérée comme étant intégrative. Son ecacité est et d’une relation authentiques. La psychologie et reconnue pour traiter ecacement la dépression la psychothérapie existentielleshumanistes ont et améliorer le onctionnement social de la per eu un impact important au Québec (Lebourgeois, sonne. Son utilisation s’est maintenant élargie à 1999). Elles ont contribué à un essor puissant de d’autres troubles mentaux ou problèmes de santé groupes de croissance personnelle, qui attiraient mentale. Il s’agit d’une psychothérapie limitée des gens de tous les horizons. Ces thérapies, qua dans le temps, oerte sur 12 à 16 séances. liés de « thérapies pour les bienportants », ont Théoriquement, elle s’appuie sur le principe que connu une très grande popularité dans les années la dépression s’explique en partie par diérents 1980. De nombreuses thérapies ont vu le jour acteurs de vulnérabilité amalgamés à des acteurs depuis le début du mouvement humaniste, comme interpersonnels. Cette thérapie est indiquée pour la gestaltthérapie entre autres. Bien que la théra les personnes dont la dépression est d’intensité pie centrée sur la personne soit une contribution légère ou modérée, se présentant dans un contexte majeure à la psychothérapie, la perspective huma interpersonnel dicile. niste a été critiquée comme s’inscrivant dans une La cible du traitement est le domaine problé vision peu objective et plutôt naïve et simpliste de matique principal de la personne qui se présente l’être humain (Tavris & Wade, 1999). le plus étroitement lié aux symptômes dépressis. Quatre domaines se distinguent en raison de leur association courante avec la dépression. Il s’agit des Soins et traitements infrmiers deuils pathologiques, des confits interpersonnels, Prodiguer des soins inrmiers a pour toile de ond des transitions de rôle diciles et des décits inter la relation d’aide. Adam (1991) reconnaît trois personnels (ou sensibilité interpersonnelle). composantes des soins inrmiers : le client ; l’inr mière ayant une conception explicite de sa disci pline et utilisant une démarche systématique ; et la relation entre les deux. Cette relation est la rela tion d’aide ayant pour ondement la psychologie humaniste d’Abraham Maslow et de Carl Rogers. L’authenticité ou la congruence, le regard positi inconditionnel et la compréhension empathique, soit les trois caractéristiques essentielles selon Carl
576
Partie 4
Interventions infrmières dans le processus thérapeutique
La psychothérapie interpersonnelle comprend une combinaison de techniques utilisées dans d’autres approches, notamment les thérapies psy chodynamiques, débutant par des interventions exploratoires et évoluant vers des interventions plus intrusives : utilisation de l’aect, clarication, analyse de la communication, utilisation de la relation thérapeutique, modication des compor tements et analyse décisionnelle.
Soins et traitements infrmiers
résultats diérents. Il n’existe pas de causalité linéaire.
L’inrmière accompagne régulièrement des per sonnes aux prises avec des situations se rapportant à l’un ou plusieurs des quatre domaines probléma tiques ciblés par la psychothérapie interperson nelle : un deuil non résolu, un confit engendrant des tensions, une transition de rôle laborieuse ou des décits interpersonnels. Elle utilise des habi letés et des attitudes propres à une relation d’aide proessionnelle. Quant à la pratique de la psycho thérapie interpersonnelle, elle nécessite une orma tion de psychothérapeute ou de psychologue. Par contre, l’inrmière est en mesure d’inormer le client sur cette option dont l’ecacité est reconnue et qui a pris une expansion considérable au cours des dernières années (Streit & Leblanc, 2008b).
L’approche systémique est infuencée par les théories de la communication. La notion d’inor mation (rétroaction) qui régule les échanges est importante. Pour Bateson (Lalonde et al., 1999) : « L’inormation est une diérence qui ait la dié rence. » L’axiome « On ne peut pas ne pas commu niquer » (Watzlawick, HelmickBeaven & Jackson, 1972) représente l’un des ondements de l’approche systémique. Le mode de communication peut être « digital », qui se rapporte au langage verbal, ou analogique, lequel correspond au langage non verbal.
20.6
Approche amiliale systémique
Les ondements généraux de l’approche systé mique proviennent de la théorie générale des sys tèmes conçue par le biologiste Ludwig von Bertalany (19011972) et de la théorie de la com munication construite à partir des travaux de Bateson (19041980) et de chercheurs de l’école Palo Alto (Moro & Lachal, 2005). Un système est un « ensemble d’éléments en interaction, évoluant dans le temps, organisé en onction de ses nalités et de l’environnement » (Lalonde, Aubut, & Grunberg, 1999). Les éléments constituent un ensemble unié par un certain nombre de règles et de onctions qui participent à l’organisation dynamique du système. Le système se modie continuellement en rétroaction aux événements dans le but de maintenir une stabilité satisaisante (homéostasie). Les systèmes vivants sont des sys tèmes ouverts. Cela signie qu’ils interagissent continuellement avec l’environnement. Ils y pui sent de l’inormation, de l’énergie et de la matière, tout comme ils retournent dans l’environnement de l’inormation, de l’énergie et de la matière. La notion de nalité d’un système renvoie aux buts et aux aspirations du système ainsi qu’à chacun de ses éléments. Elle répond au principe de tota lité, c’estàdire que le tout est plus que la somme de ses parties. Un changement qui aecte un élé ment du système a un impact sur tout le système. Inversement, un changement touchant le système aecte chacun des éléments qui en ont partie. La complexité du système répond également au prin cipe d’équinalité, c’estàdire qu’un même but peut être atteint par des moyens diérents, tandis que des moyens diérents peuvent conduire à des
L’approche systémique a servi de base à l’ap proche amiliale systémique. La amille est un sys tème constitué par un groupe de personnes liées par un attachement proond et un sentiment d’ap partenance en tant que membres de ce groupe (Duhamel, 2006). Les relations et le onctionnement entre les membres de la amille sont interdépen dants. Un changement intervenant dans une partie du système amilial est suivi de changements com pensatoires dans les autres parties de ce système, lequel s’eorce constamment de préserver sa stabi lité et de s’adapter (Carter & McGoldrick, 2005).
RAPPELEZ-VOUS…
La famille typique est dite nucléaire. Il y a d’autres formes de structure fami liale, telles la famille recons tituée et la famille élargie. Quels sont les autres types de structures de plus en plus rencontrés ?
Les interactions et les relations amiliales aident les membres de la amille à accomplir leurs tâches développementales tout en permettant à la amille dans son ensemble de passer à travers des stades du cycle de la vie amiliale. Les membres de la amille élargie interagissent également et orment des soussystèmes qui infuencent le onctionne ment amilial général. Au ur et à mesure que la amille traverse les cycles de sa vie, les rôles de chacun se modient. Les besoins émotionnels et les liens d’attachement se transorment. Le onc tionnement amilial est sain dans la mesure où les modèles de communication sont ouverts entre les membres pour la satisaction des besoins indi viduels et la réussite des tâches. L’attachement et les liens entre les membres sont sécurisants. Les membres expriment leurs émotions et pensées, se répartissent les pouvoirs et privilégient la collabo ration. La amille reconnaît l’individualité de chacun de ses membres ; elle ait preuve de sou plesse et parvient à s’adapter aux changements et à gérer ecacement les stresseurs sociaux et économiques.
20
Les liens entre les membres de la amille varient selon la culture et l’âge. Des règles rigides limitant ou interdisant les contacts interpersonnels entre les membres de la amille et les soussystèmes ami liaux ou extérieurs privent les membres du soutien émotionnel dont ils ont besoin, conduisent à leur isolement et suscitent leur désengagement. Un membre d’une telle amille ou la amille ellemême vivent souvent un degré de stress extrême avant de chercher de l’aide. En revanche, l’enchevêtrement Chapitre 20
Modèles et stratégies thérapeutiques
577
signie que les contacts et diérents membres de la La amille infuence le développement le soutien sont illimités amille. L’inrmière ob et les croyances de la personne, y compris entre les membres de la serve les modes d’interac les croyances relatives à la santé et les amille, ce qui peut inter tion et de communication comportements qui en découlent. érer avec l’acquisition de de la amille. Elle planie la compétence d’indépen des soins dans le but de dance émotionnelle. Il est nécessaire d’établir des soulager la sourance physique ou émotionnelle limites dans les interactions entre les soussystèmes des membres de la amille tout en acilitant le pro an de préserver l’indépendance émotionnelle cessus d’adaptation à la problématique de santé. (Nichols & Schwartz, 2001). Elle encourage les membres de la amille à expri La amille infuence le développement et les mer leurs préoccupations en communiquant entre croyances de la personne, y compris les croyances eux et en ayant des rapports interpersonnels relatives à la santé et les comportements qui en directs. Elle considère la amille comme étant la découlent. Un problème de santé qui touche un mieux placée pour trouver ses propres solutions.
Dyade : Ensemble ormé de deux sujets qui sont unis par un lien spécifque.
membre de la amille aecte tous les membres de même que la dynamique amiliale (principe de tota lité). L’apparition des symptômes dépend du degré d’anxiété et de stress vécu dans la amille et de la perturbation subie par le système amilial. Une amille ayant des liens émotionnels orts et des capa cités d’adaptation saines est généralement plus en mesure de gérer des niveaux élevés de stress, alors qu’une autre dans la même situation manieste des symptômes indiquant un niveau élevé d’anxiété. La capacité d’adaptation de celleci peut être moins ecace en raison de la décience des modèles de communication ou de la présence de confits inter personnels (Carter & McGoldrick, 2005).
L’inrmière utilise un génogramme pour établir le portrait des modèles relationnels, des styles de communication et des habiletés interpersonnelles entre les dyades ormées ainsi que tous les autres liens avec la amille élargie. Le génogramme in dique quels membres de la amille sont les plus proches du client. Un génogramme est un diagramme bigénérationnel ou trigénérationnel conçu pour suivre les processus d’une amille au il du temps FIGURE 20.5. L’inrmière peut y ajouter l’écocarte, qui permet d’obtenir une vue d’ensemble de la amille dans son contexte, soit le réseau à l’exté rieur de la amille incluant la amille étendue ainsi que les suprasystèmes (école, communauté, méde cin, centre de santé et de services sociaux, etc.).
Soins et traitements infrmiers
L’inrmière tient compte des symptômes en lien avec le système amilial dans son ensemble. Au Canada, Wright et Leahey (2005) ont conçu le modèle de Calgary relati à l’évaluation de la amille (MCEF). Ce modèle propose trois catégories prin cipales d’analyse : la structure de la amille ; le déve loppement de la amille ; et le onctionnement de la amille FIGURE 20.6.
Intervenir auprès du système amilial dans un grand nombre de situations de santé, comme le décès d’un enant ou d’un conjoint, une maladie physique chronique d’un membre, un trouble men tal, a toujours ait partie du rôle de l’inrmière. Dispenser des soins à une personne implique l’éva luation de la situation et des dynamiques entre les
1996 73
70
75 60, cancer du poumon, 1995
Légende Femme Homme
42
44
41
46
Nicolas
Emma
James
Lucas
Mariage Divorce Conflit Décès
6
4
Josh
Anna
FIGURE 20.5
Génogramme trigénérationnel
578
Partie 4
Interventions infrmières dans le processus thérapeutique
Il est important de considérer les points de vue de tous les membres de la amille puisque tous sont aectés d’une açon ou d’une autre par le problème de santé de l’un de ses membres et que l’apport de chacun est crucial pour améliorer la situation. Elle établit un dialogue an d’aider la amille à révé ler ses méthodes de gestion des exigences liées aux soins à prodiguer. Elle donne une rétroaction sur les stratégies d’adaptation ecaces et suggère des ressources communautaires et des groupes de soutien supplémentaire disponibles. L’inrmière clinicienne procède à l’évaluation amilial systémique lorsque c’est indiqué et si elle détient les compétences requises. Elle utilise des questions systémiques pour comprendre les di cultés rencontrées TABLEAU 20.5. Pour l’inrmière, l’intervention systémique s’étend généralement à des systèmes plus larges que la amille. La plani cation des soins interpelle les ressources du milieu, comme les organismes communautaires susceptibles de répondre à certains besoins du client selon leurs mandats respectis, de même
Structure
interne
composition de la famille sexe orientation sexuelle rang sous-systèmes frontières
externe
famille élargie suprasystèmes
contextuelle Évaluation de la famille
origine ethnique race classe sociale religion et/ou spiritualité environnement
stades Développement
tâches liens instrumental
Fonctionnement
expressif
activités de la vie quotidienne communication émotionnelle communication verbale communication non verbale communication circulaire résolution de problèmes rôles influence et pouvoir croyances alliances et coalitions
FIGURE 20.6
Évaluation du système familial par le modèle de Calgary
20
Collecte des données TABLEAU 20.5
Questions systémiques sur le système familial
QUESTIONS
BUTS
EXEMPLES
Questions sur les répercus sions de la maladie sur la famille et les différences entre les membres
• Établir des liens entre le problème et la ou les personnes concernées.
• Qui dans la famille est le plus touché par le nouvel épisode de dépression de Margot ?
• Connaître les distinctions entre les membres quant à leurs croyances et leurs sentiments (degré de détresse et d’anxiété, préoccupations, peurs). • Faire ressortir les distinctions entre les différentes périodes.
Questions sur les réactions à des comportements
• Établir des liens avec les comportements et la dynamique familiale.
• Depuis que Margot est malade, comment s’organisent les enfants ?
Chapitre 20
Modèles et stratégies thérapeutiques
579
Questions systémiques sur le système familial (suite)
TABLEAU 20.5 QUESTIONS
BUTS
EXEMPLES
Questions dyadiques ou triadiques
• Demander à un membre de la amille de commenter l’expérience d’un autre membre (dyade) ou les interactions de deux autres membres (triade).
• Que répondrait votre conjoint si je lui demandais ce qu’il considère difcile dans le ait que vous ayez un nouvel épisode de dépression ?
• Établir des liens avec les comportements et la dynamique amiliale.
• Si je demandais à Luc et à Michèle, ce qu’ils pensent de la rechute de leur mère, que croyezvous qu’ils répondraient ?
Questions hypothétiques
• Émettre des hypothèses dans le but de modifer les perceptions de la amille reliées à la situation problématique.
• Estil possible que Luc et Michèle se sentent coupables de la rechute de leur mère, ce qui expliquerait en partie leur éloignement ?
Questions axées sur le utur
• Amener à se projeter dans l’avenir et à le planifer, ce qui permet parois de se rassurer quant à son utur.
• Comment entrevoyezvous les prochaines semaines, le temps que les médicaments aident Margot à retrouver un peu d’énergie ?
Source : Adapté de Duhamel (1995)
que les proessionnels de la santé des équipes interdisciplinaires des services de première ou de deuxième ligne. Cette approche coïncide avec les onctions d’intervenante pivot ou de liaison sou vent attribuées à l’infrmière clinicienne. Quant à la thérapie amiliale proprement dite, elle néces site une ormation de psychothérapeute ou de psychologue. Outre l’approche systémique, la thérapie amiliale peut être défnie selon diérents courants de la psychologie. Par exemple, elle peut être d’orientation psychodynamique comporte mentale ou cognitive, ou encore humaniste (Canceil, Cottraux, Falissard et al., 2004). Il existe également des thérapies de type systémique syn chronique, intergénérationnel, stratégique et struc tural, chacune de ces approches mettant l’accent sur des processus psychologiques particuliers.
20.7
Entretien motivationnel
Au départ, dans les années 1980, William Miller et Stephen Rollnick, psychologues américains, ont mis au point l’entretien motivationnel dans l’intention d’aider les personnes aux prises avec des problèmes d’alcool ou de drogues à s’engager dans le change ment (Miller & Rollnick, 2006). Ils étaient loin de se douter de la popularité qu’allait gagner leur méthode. Dès le début des années 1990, l’entretien motivationnel commençait à être utilisé et testé dans d’autres domaines, surtout celui des maladies chroniques nécessitant un changement de compor tement. Tous les cliniciens savent que, même bien inormés, plusieurs clients vont continuer de umer, de boire avec excès, de ne pas aire d’exercice ou de ne pas être fdèles aux régimes thérapeutiques
580
Partie 4
Interventions infrmières dans le processus thérapeutique
prescrits. L’entretien motivationnel est une méthode de communication visant à avoriser l’engagement dans le changement de comportement. Cette mé thode est directive et centrée sur le client. Elle consiste avant tout à aider le client à explorer son ambivalence et à la résoudre. L’ambivalence est au cœur du problème. Elle est considérée comme normale et utile, puisqu’elle nous empêche de prendre des décisions de açon trop impulsive. Prochaska et DiClemente (1982) défnissent une série de stades du changement (pré contemplation, contemplation, décision, action, maintien et rechute). Pour eectuer le changement, la personne doit se sentir prête, disposée et capable de le aire. L’ambivalence comprend quatre dimen sions, soit, d’un côté, les avantages et inconvénients du statu quo et, de l’autre, les avantages et incon vénients du changement. Le TABLEAU 20.6 pré sente l’outil classique utilisé pour l’exploration de l’ambivalence, qui est illustrée par un exemple. Les colonnes 2 et 3 correspondent aux acteurs de moti vation. Ce sont les arguments en aveur du change ment. Il s’agit du discourschangement. L’un des buts de l’entretien motivationnel est d’augmenter le discourschangement. À l’inverse, les colonnes 1 et 4 regroupent des obstacles au changement. Ils représentent la résistance. L’entretien motivationnel vise la diminution de la résistance. Ainsi, la moti vation au changement émane du client, qui ournit luimême ses propres arguments plutôt que de se ranger à ceux provenant de l’extérieur. Rollnick et ses collègues (2009) insistent sur l’importance de l’esprit de l’entretien motivation nel. Cette méthode n’est pas un moyen d’amener les gens à aire ce qu’ils ne souhaitent pas aire. Il s’agit plutôt d’une açon de guider la personne qui avorise l’émergence de ses motivations person nelles pour apporter un changement. L’esprit
TABLEAU 20.6
Exemple d’exploration de l’ambivalence ace à un changement souhaitable
STATU QUO : CONTINUER À CONSOMMER DE L’ALCOOL DE FAÇON EXCESSIVE (10 CONSOMMATIONS PAR JOUR)
CHANGEMENT : DIMINUER SA CONSOMMATION D’ALCOOL (3 CONSOMMATIONS LE SAMEDI ET LE DIMANCHE)
Avantages
Inconvénients
Avantages
Inconvénients
• Eet apaisant
• Risque de dépendance physique (besoin)
• Meilleure vigilance
• Perte de plaisir
• Économies
• Augmentation de la tolérance (quantités de plus en plus ortes pour avoir le même eet)
• Dépendance physique évitée
• Eort pour ne pas boire en présence d’envies
• Plaisir
• Coûts
• Énergie rehaussée pour aire de l’activité physique
• Jugement social
• Meilleur sommeil
• Honte
• Estime de soi
• Perte d’un moyen de gestion du stress
• Meilleur contrôle du poids Source : Adapté de Miller & Rollnick (2006)
motivationnel est caractérisé par la collaboration, l’évocation et la valorisation de l’autonomie. La collaboration repose sur un partenariat impliquant un échange acti et un processus de prise de déci sion conjoint. L’évocation consiste à aire émerger ce que le client détient déjà à l’intérieur de lui, soit sa motivation et ses ressources en vue de s’engager dans un changement qui répond à ses objectis per sonnels, à ses valeurs et à ses aspirations. Le client est amené à développer ses propres arguments en aveur du changement. La valorisation de l’autono mie du client suppose que le soignant accepte que le client asse ses choix, même si ceuxci ne s’orien tent pas vers le changement souhaitable, même s’il s’agit d’un choix éclairé. La persuasion et la conrontation ne permettent pas de résoudre e cacement l’ambivalence. Imposer le changement entraîne généralement de la résistance, tandis que la liberté de changer ou non augmente les chances que s’opère éventuellement le changement. L’entretien motivationnel est basé sur quatre grands principes généraux (Miller & Rollnick, 2006) : exprimer de l’empathie, développer les divergences, rouler avec la résistance et renorcer le sentiment d’ecacité personnelle. Une approche centrée sur le client traduite par une écoute réfective et l’ex pression d’empathie, telle que décrite par Carl Rogers, est une caractéristique ondamentale de l’entretien motivationnel. Développer les diver gences marque le point où l’intervenant s’éloigne de la relation d’aide centrée sur la personne pour devenir directi. Il s’agit alors de développer la per ception qu’a le client de l’écart entre son comporte ment et ses propres objectis ou valeurs. Rouler avec la résistance signie que le soignant va éviter de orcer les choses, qu’il s’agisse d’imposer ses argu ments ou de livrer un plaidoyer pour le changement. L’argumentation directe amène le client à se
déendre et le pousse dans la direction opposée. Le client est un allié et non un adver saire. Renorcer le sentiment d’ecacité personnelle est aussi un élément important. An d’eectuer des change ments, le client doit être conant et convaincu de sa capacité de changer.
Jugement clinique Georgina Zlateva, âgée de 56 ans, a perdu son mari il y a six mois. Elle se retrouve veuve avec deux enants mineurs et dit se sentir très découragée. N’ayant jamais travaillé, elle a toujours été dépendante de son conjoint fnancièrement. Son entourage la décrit comme une emme orte capable de surmonter cette dure épreuve. Tout en étant très aectée par sa nouvelle situation, elle cherche les points de vue de son entourage et demande des conseils au besoin pour que ses enants ne manquent de rien.
Quatre stratégies sont uti lisées pour réaliser l’entre À quelle étape du changement madame Zlateva tien motivationnel : questions estelle actuellement ? OUvertes, Valorisation, Écoute réfective et Résumé. Ces stratégies sont désignées par l’acronyme mné motechnique OUVER. Le TABLEAU 20.7 ore un exemple pour amener la personne à se voir capable de changer et à décider de le aire.
20
Soins et traitements infrmiers L’entretien motivationnel est de plus en plus utilisé par les proessionnels de la santé, dont l’inrmière, et ce, dans tous les secteurs de la santé. Il s’agit d’une méthode ecace qui demande peu de temps. Bien qu’il semble acile à mettre en pratique, une ormation s’avère très avantageuse.
20.8
Intervention de soutien
La thérapie de soutien, l’approche probablement la plus utilisée par les proessionnels de la santé, émane des diérentes ormes de soutien social dans Chapitre 20
Modèles et stratégies thérapeutiques
581
Pratiques infrmières suggérées TABLEAU 20.7
Utiliser l’entretien motivationnel pour avoriser un changement de comportement
Mise en situation : Un client âgé de 54 ans, atteint de schizophrénie, hésite à prendre ses médicaments psychotropes par peur d’être atteint d’un syndrome métabolique (obésité, diabète, hypertension artérielle et hyperlipidémie). STRATÉGIES
ACTIONS
JUSTIFICATION
Questions ouvertes
Prendre appui sur l’outil d’exploration de l’ambivalence :
• Les questions ouvertes servent à explorer l’ambiva lence et à aire émerger le discourschangement.
• « Si vous acceptiez aujourd’hui de prendre vos médicaments, quelle est la meilleure chose qui pourrait arriver ? » (troisième colonne du tableau 20.6) • « Si vous ne prenez pas les médicaments prescrits, comment cela aecteratil votre vie de tous les jours ? » (deuxième colonne du tableau 20.6) • « Qu’estce qui vous inquiète le plus ? » • « Qu’estce qui vous plaît dans le ait de ne pas prendre ces médicaments ? » • « Qu’estce qu’il audrait qu’il se passe pour que vous soyez bien ? » Valorisation
• « Vous prenez votre santé en main, c’est une bonne chose de considérer les eets positis des médicaments sur votre qualité de vie, mais vous désirez aussi en connaître les eets secondaires. »
• Reconnaître les orces et les eorts du client.
• « Vous vous occupez activement de votre traitement ! » • « Vous pouvez y arriver. Vous avez été dèle à votre traitement pendant deux années déjà. » Écoute réfective
• « Vous êtes inquiet pour votre poids. » • « Vous craignez de trop dormir avec le médicament. Par contre, vous reconnaissez tout de même certains avantages. »
• Susciter et renorcer le discourschangement de açon sélective. Le ait d’entendre à nouveau ses propres arguments en aveur du changement renorce le discourschangement. • Comprendre les résistances et éviter l’argumentation. • Maintenir une relation thérapeutique.
Résumé
• « En somme, vous croyez qu’il serait préérable de prendre dèle ment vos médicaments, car cela vous évite de retourner souvent à l’hôpital. Vous accepteriez de me rencontrer régulièrement pour prévenir le trouble métabolique. »
la vie de tous les jours (Misch, 2000 ; Viederman, 2008 ; Winston, Rosenthal & Pinsker, 2004). Le sou tien peut être inormati, instrumental ou émoti. Tel que ormulé dans le cadre de la Loi modiant le Code des proessions et d’autres dispositions légis latives dans le domaine de la santé mentale et des relations humaines (Oice des proessions du Québec, 2012), l’objecti de l’intervention de soutien est de « soutenir la personne dans le but de maintenir et de consolider les acquis et les stratégies d’adap tation en ciblant les orces et les ressources dans le cadre de rencontres ou d’activités régulières ou ponctuelles. Elle implique notamment de rassurer, prodiguer des conseils et ournir de l’inormation en lien avec l’état de la personne ou encore la situation vécue » (Oce des proessions du Québec, 2012). L’intervention de soutien a d’abord été conçue pour une clientèle psychiatrique présentant des
582
Partie 4
Interventions infrmières dans le processus thérapeutique
• Donner l’occasion au client de réentendre une ois de plus l’essentiel de ses propres arguments.
troubles graves et persistants. Elle est maintenant utilisée pour des problèmes d’ordre psycholo gique ou des maladies chroniques. Elle est consi dérée par certains comme une approche éclectique (Weyeneth, Ambresin, Carballeira et al., 2004). Un des objectis de ce modèle consiste à établir un dia logue authentique et signicati et à « être avec le client » an de l’aider à résoudre un confit ou une crise intérieure (Viederman, 2008). De plus, cette approche peut aider la personne à prendre conscience de ses limites et de celles du traitement, à s’adapter à son environnement malgré les limita tions inhérentes à son problème de santé, à stabili ser sa condition clinique ou à éviter une nouvelle hospitalisation. Elle peut viser le rehaussement de l’estime de soi ou du sentiment d’appartenance. Il peut s’agir d’amener le client à reconnaître ses res sources, à les utiliser et à les accroître. La personne
reçoit de l’aide pour mieux connaître les ressources proessionnelles et communautaires susceptibles de répondre à ses besoins. Enfn, le but peut être d’aider la personne à créer son propre réseau de soutien. Le soignant évite de se substituer au réseau de soutien inormel. La recherche démontre l’ef cacité des interventions de soutien pour une grande variété de troubles mentaux (CritsChristoph, ConnollyGibbons, RingKurtz et al., 2008).
Soins et traitements infrmiers L’infrmière crée une orte alliance thérapeutique par l’écoute active, des activités concrètes et constantes en utilisant ses compétences d’experte et de acili tatrice. Lorsque les capacités de la personne sont réduites, l’infrmière peut servir d’alter ego pour l’aider à répondre à ses besoins. Elle peut l’aider à résoudre certains problèmes comme intervenir auprès d’un employeur ou d’un membre de la amille. L’infrmière s’adapte à la personnalité du client, respecte ses croyances, valeurs et habitudes de vie et évite la conrontation. Elle évite de créer un stress inutile par des attentes trop élevées et, à l’inverse, d’induire une dépendance en sous estimant la capacité du client. Elle répond à ses questions et lui donne son avis, des conseils, de l’inormation ainsi que de l’encouragement (Chaliour, 2000). Elle lui permet d’exprimer ses émotions et ses désirs de açon appropriée et satis aisante pour tous et impose des limites si néces saire. Elle peut servir de modèle auquel le client peut s’identifer positivement. Enfn, elle peut contribuer à rendre l’environnement propice au rétablissement (p. ex., le logement, le milieu amilial).
20.9
Approche de résolution de problèmes
Le modèle d’aide proposé par Gérard Egan (2005) est basé sur le principe d’une démarche de résolution de problème. L’objecti premier de cette approche est « d’aider les clients à gérer plus efcacement les pro blèmes de leur existence et à développer leurs res sources inexploitées et leurs perspectives d’avenir inexplorées » (Egan, 2005). Cette démarche aide la per sonne à mieux s’aider ellemême. Le modèle comprend trois grandes phases : 1) clarifer et préciser le problème nécessitant un changement ; 2) défnir les objectis en onction du changement souhaité; 3) explorer et mettre en œuvre des stratégies en vue d’atteindre les objectis. Chacune des phases se subdivise en trois étapes. La progression d’une phase à l’autre n’est pas linéaire ni aussi simple qu’elle peut le paraître. L’intervenant ait
preuve de souplesse et ajuste ses interventions de a çon à avoriser la résolution du problème. La première phase consiste à clarifer et à préci ser le problème. Dans la première étape, l’interve nant utilise diérentes stratégies (relets des émotions, questions ouvertes sur les pensées et sur les émotions, révélation de soi) pour aider la per sonne à décrire son vécu, la situation qui représente une difculté pour elle, son expérience, ses senti ments, ses réactions. Il explore avec elle ses res sources personnelles, interpersonnelles et environnementales, et cherche à avoriser le rappel de problèmes résolus dans le passé. L’intervenant est attenti aux thèmes qui ressortent du discours. Deuxièmement, l’intervenant amène le client à élargir sa perception du problème, à entrevoir des contradictions possibles, des excuses, des ten dances à uir. Il cherche avec lui à déceler les obs tacles qui l’empêchent de résoudre le problème ou d’exploiter ses ressources. Troisièmement, il s’agit d’aider le client à se concen trer sur les principaux problèmes et à dégager des pers pectives d’avenir. L’intervenant présente au client la situation dans son ensemble (pas une simple énuméra tion des aits), sous un angle nouveau, en remettant en cause les conceptions de réérence inappropriées (p. ex., une bonne mère répond à tous les besoins des membres de la amille). Il aide le client à envisager d’autres conceptions de réérence, transmet de l’inormation ou corrige l’inormation ausse et soulève les contradic tions. Il aide la personne à dégager les éléments priori taires sur lesquels elle est prête à ournir des eorts et qui permettraient de régler plusieurs difcultés. La deuxième phase consiste à ormuler des objec tis. Tout d’abord, la personne est invitée à visualiser un avenir meilleur, ce qui peut être difcile puisque, plus souvent qu’autrement, elle est convaincue que la situation est sans issue et n’arrive plus à s’imaginer à quoi ressemblerait la vie si le problème n’existait pas. L’intervenant demande au client ce qui changera lorsque la difculté sera résolue. De nombreuses ques tions acilitent cette visualisation. Par exemple, ce qui sera diérent avec telle ou telle personne, ce qui s’améliorera un peu, beaucoup, les comportements qui seront ajoutés ou supprimés. Si la personne éprouve de la difculté à entrevoir un meilleur avenir, l’intervenant peut avoir recours à la question miracle : si un miracle survenait pendant que la personne dort et que le problème était résolu, comment le saurait elle ? Que remarqueraitelle ? Que verraitelle ? Qu’entendraitelle ? Que sentiraitelle ? Quoi d’autre serait diérent ? Qui remarquera que ce miracle est arrivé ? Et ainsi de suite.
20
Deuxièmement, l’intervenant aide le client à or muler des objectis réalistes, clairs, précis et mesura bles ou vérifables. Leur concrétisation doit relever de la personne (contrôle) et ils doivent être compatibles avec les ressources disponibles (environnement). Ils doivent permettre de régler le problème (pertinence), Chapitre 20
Modèles et stratégies thérapeutiques
583
présenter un intérêt pour la personne ellemême (attrait) et respecter ses valeurs (cohérence). Les objec tis sont atteignables dans un délai raisonnable. Troisièmement, l’intervenant amène la personne à aire le choix fnal d’un objecti et à s’engager à sa concrétisation. Il l’invite à estimer les eorts à our nir pour l’atteindre, son degré de liberté par rapport à ce choix de même que l’attrait que l’objecti retenu présente pour elle. Il aide le client à bien cerner les raisons concrètes qui motivent son choix. La troisième et dernière phase, axée sur l’action, vise à transposer l’objecti choisi en réalisation concrète. Elle consiste à élaborer un plan d’action et à le mettre en œuvre. En premier lieu, l’interve nant aide le client à dresser un inventaire de stra tégies ou de moyens pour atteindre l’objecti retenu. Il stimule la créativité du client en l’encourageant à entrevoir le plus de moyens possibles, à penser à des moyens inattendus, diérents de ceux auxquels il a habituellement recours. À cette étape, il convient d’éviter de critiquer les idées ou les sug gestions (elles seront évaluées plus tard).
TABLEAU 20.8
Deuxièmement, l’intervenant aide le client à sélectionner les stratégies qui lui permettront d’at teindre son objecti. Cette sélection peut se aire par une évaluation de chacun des moyens envisagés, auxquels une cote entre 1 (aible) et 5 (ort) est attri buée relativement aux critères suivants : le degré de contrôle du client, la pertinence par rapport à l’objecti, l’attrait pour le client, l’accord avec ses valeurs et la compatibilité avec l’environnement. Ensuite, il s’agit d’établir un plan détaillé qui pré voit l’ordre dans lequel les actions seront abordées et le temps qu’il audra pour les réaliser. Troisièmement, le plan d’action est mis en œuvre. L’intervenant aide le client à cerner les obs tacles qui peuvent surgir et à imaginer comment les surmonter. Le client détermine les acteurs acili tants et les acteurs restrictis, cherchant à renorcer les premiers et à réduire l’impact des seconds. Un système de récompenses peut être prévu. L’intervenant apporte son soutien. Le TABLEAU 20.8 propose la mise en application de ces trois phases.
Exemple de situation illustrant les trois phases de l’approche de résolution de problèmes
Marie Dumont, âgée de 33 ans, a deux enants, Chloé, qui a 6 ans, et Simon, qui en a 5. Elle occupe un emploi comme comptable pour un concessionnaire automobile depuis cinq ans. Elle poursuit des études en comptabilité et marketing. Elle se décrit comme une personne déterminée et ambitieuse. Il y a six mois, elle a critiqué son patron concernant sa açon de recruter les vendeurs. Celuici a répondu roidement qu’il ne la payait pas pour lui dire comment aire son travail. Madame Dumont se dit blessée et incapable d’oublier cet incident. Depuis, elle s’emporte pour des riens. Elle a l’impression que tout lui échappe, elle qui ait pourtant son possible pour rendre tout le monde heureux. PHASE 1
Premièrement…
Deuxièmement…
Troisièmement…
• Se sent atiguée, stressée.
• Reconnaît peu à peu qu’elle « se met la barre haute ».
• Ressent des tensions au sein de son couple.
• Réalise l’ampleur des obligations qu’elle s’impose.
• Reconnaît qu’elle ne laisse pas beaucoup de place au plaisir dans sa vie, qu’elle rit rarement, qu’elle soure du poids des obligations qu’elle s’impose.
• A l’impression que son conjoint s’éloigne de plus en plus.
• Réalise qu’elle a de la diculté à accepter des autres ce qu’elle ne se permet pas ellemême.
• Reconnaît sa tendance à attendre que la solution vienne des autres, à se sentir victime.
• Considère que son conjoint et les enants ne collaborent pas susamment aux tâches de la maison.
• Reconnaît ne pas avoir discuté ouvertement avec son conjoint de ses attentes, de ses besoins, et ce, pour éviter des confits susceptibles de causer la rupture du couple.
• A l’impression de ne plus avoir de contrôle sur sa vie.
• Remet tout en question. Important pour elle d’être une bonne épouse.
• Les enants sont importants. A souvent l’impression de ne pas leur accorder susamment de temps.
• Croit que la situation continuera de se détériorer si elle ne ait rien.
• Reconnaît qu’elle a une aible estime de soi.
• Se sent souvent débordée de travail, surmenée. PHASE II
Premièrement…
Deuxièmement…
Troisièmement…
• Se remémore les premières années de son mariage : congés, sorties au théâtre. Il était permis de relaxer, d’avoir des loisirs : « Il aut que je prenne tout ça moins au sérieux, que je retrouve mon sens de l’humour. Si j’étais plus souvent de bonne humeur, mon entourage
• Passer plus de temps avec ma amille (au moins une heure tous les jours).
• Objecti : Protéger un temps dans la semaine qui m’appartient, c’estàdire durant lequel je suis libre de aire ce qui me plaît, plus précisément un soir par semaine et les dimanches.
584
Partie 4
• Être plus présente à la maison en n’étant plus à l’extérieur plus d’un soir par semaine.
Interventions infrmières dans le processus thérapeutique
TABLEAU 20.8
Exemple de situation illustrant les trois phases de l’approche de résolution de problèmes (suite)
serait sans doute mieux disposé à m’écouter quand je communique mes besoins. Probable ment qu’il audrait que je n’attende pas d’être trop rustrée, sinon je deviens ironique. Les autres seraient moins sur la déensive. »
• Ne plus jamais me âcher contre les enants (non pertinent, ne permettra pas de régler le problème). • Ne plus travailler du tout (obstacles environne mentaux, non cohérent avec ses valeurs).
« Cet objecti me plaît. J’aurai le temps de me reposer et de penser à moi. Je pourrais en profter pour reprendre mes idées de projets d’apprendre le tricot et la couture. »
PHASE III
Objecti : Protéger un temps dans la semaine qui m’appartient, c’estàdire durant lequel je suis libre de aire ce qui me plaît, plus précisément un soir par semaine et les dimanches. Premièrement…
Deuxièmement…
Troisièmement…
• Démissionner de mon emploi.
Solution : Laisser mon emploi
• Écarter cette solution.
• Consulter un coatch de vie.
• Contrôle : cote 5. Je peux laisser mon emploi.
• Chaque ois que ma pensée contient un « il aut que je… », remettre en question l’obligation que je m’impose.
• Pertinence : cote 5. J’aurais ainsi beaucoup de temps libre.
• Rencontrer mon patron pour discuter de ma charge de travail. • Laisser le comité de parents. • Abandonner les cours à l’université. • Discuter de mon objecti avec mon conjoint et les enants. • Engager une personne pour de l’aide à domicile. Et ainsi de suite, de açon à entrevoir le plus de moyens possibles.
• Attrait : cote 1. J’aime mon travail; il est important pour moi. • Cohérence : cote 1. J’ai besoin d’autonomie, d’indépendance. Je me réalise dans mon travail. • Environnement : cote 1. Nous avons besoin de mon salaire. • Contrôle : cote 4. Je connais une dame qui pourrait venir.
• Facteurs acilitants : grande motivation; mon conjoint et les enants seront probablement compréhensis si j’exprime clairement mes besoins.
• Pertinence : cote 5. De l’aide pourrait me libérer une journée durant la fn de semaine, sans que je soure de voir les tâches s’accumuler.
• Facteurs restrictis: besoin que tout soit ait à ma açon, accepter qu’une étrangère partage notre intimité, les coûts qui obligeront à couper les dépenses…
• Attrait : cote 5. Je me sentirais soulagée de me libérer de plusieurs tâches domestiques.
• Renorcer les acteurs acilitants : prévoir dès maintenant des activités qui me plaisent, comme aller au cinéma, recevoir des amis, revoir le budget de la amille.
Solution : Engager une personne pour de l’aide à domicile
• Cohérence : cote 5. J’ai le droit d’avoir du temps à moi, même que je me sentirais davantage respectée comme membre de cette amille. • Environnement : cote 3. Les enants et mon conjoint devront contribuer en rangeant leurs eets personnels, les coûts les obligeront à couper dans leurs dépenses. Et ainsi de suite pour toutes les autres solutions entrevues.
Soins et traitements infrmiers L’approche de résolution de problèmes peut être très utile à l’infrmière pour aider les personnes aux prises avec divers problèmes associés à leur condition de santé physique ou mentale. Il s’agit d’un processus qui permet à la personne d’acqué rir de l’autonomie et qui est compatible avec la perspective du rétablissement. L’infrmière s’as sure de la participation du client en évaluant son niveau de motivation. Si le client manque de confance en lui, elle peut lui enseigner la dé marche ou lui donner les outils nécessaires pour la mettre en pratique. L’inirmière demeure
• Neutraliser les acteurs restrictis : m’accrocher au droit de aire des choix pour diminuer mes senti ments de culpabilité, aire en sorte que les membres de ma amille soient également gagnants du ait d’avoir de l’aide à domicile : sorties en amille, envi ronnement propre et accueillant. … ce qui aboutit à l’établissement d’un plan d’action.
attentive à la possibilité qu’une personne puisse chercher en vain une solution paraite ne compor tant aucun inconvénient. Le cas échéant, il convient d’explorer les obstacles qui interérent avec la résolution de problème.
20.10
Milieu thérapeutique
Maxwell Jones (19071990), psychiatre social, a introduit le concept de communauté thérapeutique au cours des années 1950. Selon lui, les milieux chargés des traitements psychiatriques, dans la Chapitre 20
Modèles et stratégies thérapeutiques
585
20
communauté ou dans les centres hospitaliers, devaient se doter d’une structure qui orirait aux clients atteints de troubles mentaux un environ nement thérapeutique (Jones, 1968), un acteur qu’il considérait essentiel à la réussite d’un trai tement. À partir de ses expériences et observations dans des hôpitaux psychiatriques de longue durée, Jones retient trois acteurs déterminant l’ecacité thérapeutique de l’environnement social : • la présence d’une communication bidirectionnelle entre les clients et les membres de l’équipe multidisciplinaire ; • un processus efcace de prise de décision à tous les niveaux de traitement ainsi qu’entre le personnel et les clients ; • des occasions d’apprentissage social visant à régler les problèmes interpersonnels. Jones (1968) utilisait le milieu psychiatrique comme un laboratoire vivant permettant d’expéri menter ou d’apprendre de nouvelles açons de résoudre les problèmes résultant de confits ou de crises. Le milieu psychiatrique devient le micro cosme de la société élargie, une entité sociale en soi, composée de clients à diérentes étapes de leur séjour, chacun avec ses préoccupations, interagissant pour satisaire des besoins uniques sur les plans personnel et social. Le milieu peut être considéré comme un grand groupe de travail ayant pour tâche le rétablissement et comme une collectivité chargée des diérents aspects de la vie en communauté. L’objecti général du milieu thérapeutique est de promouvoir et de maintenir un environnement avorisant un rétablissement optimal. Walker (1994) reprend les cinq onctions du milieu thérapeutique décrites par Gunderson en 1978 : • Structuration : organisation du temps, espace physique, activités, politiques et règlements, administration de médicaments, etc., en vue de rendre l’environnement prévisible • Mobilisation : participation active du client à l’élaboration et à la réalisation du plan thérapeutique ainsi qu’à des activités, prise en compte des rétroactions, interaction avec les autres clients et avec les membres de l’équipe soignante • Contention : environnement physiquement et psychologiquement sécuritaire, mesures d’isolement et contention visant à maintenir l’intégrité physique • Soutien : individualisation des soins, respect, attention et accompagnement offert par le personnel et les pairs en vue de favoriser l’estime de soi et un bienêtre accru ; conseils, éloges, encouragements à essayer de nouvelles activités • Validation : reconnaissance des besoins individuels du client, considération de ses antécédents personnels uniques et acceptation de son expérience et de son potentiel
586
Partie 4
Interventions infrmières dans le processus thérapeutique
Soins et traitements infrmiers Orir un milieu thérapeutique pour le rétablisse ment des clients n’est pas nouveau au sein de la discipline inrmière. Pour Florence Nightingale (18201910), inrmière britannique considérée comme la ondatrice des soins inrmiers modernes, la principale tâche de l’inrmière consistait à « mettre le patient dans les meilleures conditions possibles an que la nature puisse aire son œuvre en lui » (Poletti, 1978) ENCADRÉ 20.2. Un rôle prépondérant incombe à l’inrmière depuis toujours en regard de la création du milieu thérapeutique pour les clients en psychiatrie, dans un rapport de collaboration constante avec les clients et les membres de l’équipe multidiscipli naire pour le créer et le soutenir. Présente à l’unité 24 heures sur 24, elle détermine le plan de soins et de traitements inrmiers, dirige le personnel inr mier et supervise les activités de l’unité. Plus pré cisément, elle contribue à l’atteinte des objectis suivants : • fournir un environnement physiquement et psychologiquement sécuritaire (règles de sécurité : retrait des objets dangereux, gestion préventive des comportements agressifs et perturbateurs, application des mesures de contention et d’isolement, formation du personnel) ; • maximiser le plus haut niveau de fonctionnement psychologique ; • détecter les maladies physiques aiguës ou chroniques qui affectent les symptômes psychiatriques ; • encourager les stratégies d’adaptation et de gestion des symptômes saines ; • encourager l’autonomie des activités de la vie quotidienne ; • éduquer les clients et leur famille concernant les médicaments et les autres modalités thérapeutiques ; • établir une planication collaborative du congé avec le client ou la famille et l’équipe multi disciplinaire. Les inrmières sont généralement chargées de gérer la structure de l’unité de soins psychiatri ques relative aux activités des clients, qui incluent les soins d’hygiène, les repas, la prise de médica ments, la participation à son plan de soins et de traitements, les entretiens avec l’équipe soignante. L’inrmière qui démontre des habiletés interper sonnelles ecaces (p. ex., le respect, l’authenticité, l’empathie, etc.) avorise un environnement de conance et de sécurité émotionnelle pour les clients. Elle xe les limites nécessaires au maintien d’une relation thérapeutique avec le client (ou entre les clients). Elle représente un modèle de rôle de
Recherche pour une pratique fondée sur des résultats probants ENCADRÉ 20.2
Utilité du milieu thérapeutique
Des chercheuses infrmières ont mené une étude phénoménologique auprès de clients hospitalisés dans une unité de soins psychiatriques actis portant sur la signifcation de leur expérience. Quatre thèmes ont émergé : «Un reuge contre l’autodestruction », « M’aimer/ne pas m’aimer », «Possibilité/aucune possibi lité » et « Connexion/déconnexion ». Les clients ont décrit le centre hospitalier comme étant une maison sécuritaire ou un sanctuaire orant du répit et de la protection dans leur lutte quotidienne contre leurs impulsions autodestructrices. Ils se sont sentis acceptés par le milieu et ont eu des afnités avec les autres clients, ce qui a eu pour eet de diminuer leur sentiment d’isolement. Le personnel a répondu à leurs besoins en matière de structure, de nourriture et d’hébergement. Le ait d’être avec les autres a permis aux clients de parler, d’écouter et de comparer leurs histoires, de trouver des similitudes et des diérences, avec comme résultat une atténuation du sentiment d’isolement provoqué par leurs symptômes et leurs expériences. Les participants ont déclaré que l’hospitalisation ouvrait des possibilités de traitement utur et ont également mentionné leurs craintes en
ce qui a trait à leur sortie du centre hospitalier et au ait de devoir aronter leurs anxiétés et leurs peurs. Ils ont trouvé très utile de socialiser et d’être avec les autres clients. Ils ont également exprimé les attentes suivantes : disposer de plus de temps seul et avoir accès à plus de thérapies et d’activités de groupe afn de aciliter le changement. Les membres du personnel qui ont été perçus comme aidants étaient ceux qui étaient disposés à donner de l’attention, du temps, des inormations et des services, et qui ont démontré de la souplesse par rapport aux règlements de l’unité. Les clients ne considéraient pas la surveillance étroite par le personnel comme inopportune ou désagréable ; ils estimaient plutôt que le personnel avait les choses « bien en main » et « veillait étroite ment sur eux ». Les chercheuses ont conclu que les infrmières doivent ournir davantage de counseling individuel et d’occasions d’eectuer des activités en groupe, réviser les activités du programme de l’unité et être plus atten tives aux obstacles à l’interaction (p. ex., une enêtre ou une porte ermée au poste infrmier).
Source : Thomas, Shattell & Martin (2002)
açon à ournir au client des occasions signifcatives d’apprendre comment interagir efcacement et avec maturité avec les autres. Pardessus tout, elle trans met par ses attitudes de l’espoir à la personne et à ses proches en croyant au rétablissement. Le travail dans une unité de soins psychiatriques demande à l’infrmière de l’ingéniosité, de la souplesse, une bonne capacité d’acceptation du client, ainsi que de grandes qualités sur le plan relationnel, puisqu’ellemême est le principal outil de soins. Sa présence constitue en soi un soin.
20.11
Thérapie de groupe
L’humain est un être social par nature. D’ailleurs, pour Maslow (1943), le sentiment d’appartenance ait partie des cinq besoins de base. La satisaction des besoins se ait principalement en groupe, et s’amorce au sein de la amille, qui répond aux besoins physiques et psychologiques, ce qui est essentiel pour une croissance saine et pour le déve loppement des membres de la amille. Le besoin d’appartenance et de développement social progresse tout au long de la vie et s’applique à des groupes sociaux élargis comme l’école, l’église, les loisirs, le travail, la collectivité locale, la société et la collectivité culturelle ou internationale. La com préhension de base du onctionnement des groupes et de leurs rôles aide l’infrmière à participer ef cacement en tant que membre et leader dans les milieux proessionnels et cliniques.
Northouse et Northouse (1998) ont déini le groupe comme étant « un ensemble de trois per sonnes ou plus rendues d’une certaine açon interdé pendantes par les relations qu’elles entretiennent ». Dans les établissements de soins de santé, les grou pes sont parois distingués selon l’accent porté sur le contenu (tâches ou activités nécessaires pour atteindre les buts du groupe) ou sur le processus (relations interpersonnelles entre les membres du groupe et le leader). Un groupe thérapeutique a pour objectis le changement et la croissance sur le plan psychologique. Ce type de groupe se situe générale ment plus près de l’extrémité du continuum axé sur le processus et dépend en grande partie du degré de changement recherché par les membres. L’orientation thérapeutique des groupes varie entre l’axe compor temental et l’axe psychodynamique, qui implique un changement de la personnalité TABLEAU 20.9. TABLEAU 20.9
20
Types de groupes
TYPE
OBJECTIFS
Groupes de travail
Accomplir des tâches pour atteindre un objecti (axés sur le contenu).
Groupes de psychoéducation ou d’apprentissage
Améliorer les connaissances et pratiquer des activités ; les rencontres ont lieu dans les centres hospitaliers ou en milieu communautaire (structure assez ormelle, objectis clairs).
Groupes psychothé rapeutiques
Induire un changement et stimuler la croissance ; établir des relations plus onctionnelles et satisaisantes ; transérer les acquis à l’extérieur du groupe (axés sur le processus).
Groupes de soutien ou d’entraide
Partager des connaissances et des expériences (axés à la ois sur le contenu et le processus).
Chapitre 20
Modèles et stratégies thérapeutiques
587
Selon le psychiatre américain Irvin Yalom (2005), les groupes thérapeutiques permettent aux clients d’obtenir de la rétroaction sur leur açon d’interagir avec les autres, de tester la validité des schémas avec lesquels ils appréhendent la vie, de découvrir des parties d’euxmêmes (p. ex., des orces, des compé tences, des habiletés, des désirs), d’expérimenter progressivement de nouveaux comportements en protant de la sécurité du groupe et d’assumer la responsabilité de leurs comportements et de leur propre vie. Yalom distingue 11 acteurs curatis associés aux groupes thérapeutiques TABLEAU 20.10.
Le leadership est « le processus par lequel une personne tente d’infuencer les autres an d’at teindre un but mutuellement accepté » (Northouse & Northouse, 1998). Les objectis du groupe déter minent le rôle du leader et le style de leadership. Le leader joue un rôle important en orientant le groupe vers l’atteinte de ses objectis, en élaborant les normes du groupe et en acilitant la communi cation entre les membres. La capacité du leader à infuencer le groupe dépend de ses habiletés de communication. Un bon leader a une attitude posi tive, ouverte, réceptive, armative, souple et
Facteurs curatifs de la thérapie de groupe selon Yalom
TABLEAU 20.10 FACTEUR CURATIF
EXPLICATION
Transmission de l’espoir
Les membres du groupe se situant à divers niveaux, ceux qui tirent proft de l’expérience du groupe peuvent donner espoir à ceux qui éprouvent des difcultés.
Universalité
Les membres réalisent qu’ils ne sont pas seuls, que d’autres ont des réactions et des pensées semblables aux leurs, d’où le concept d’universalité.
Enseignement
Le groupe est un lieu d’apprentissage ormel et inormel ; les membres échangent de l’inormation et des conseils ; ils ont l’occasion de découvrir les eets de leurs interactions sur la dynamique du groupe et peuvent généraliser ces apprentissages à leur vie dans la société.
Altruisme
De açon générale, les membres du groupe reconnaissent le soutien et l’apport des autres membres. Ils perçoivent leur progrès comme le résultat du travail de tous les membres du groupe. Le ait de découvrir qu’ils sont utiles renorce leur appréciation de leur propre valeur.
Reprise adaptée du milieu amilial
Les membres agissent selon ce que leur a inculqué leur amille. Ces modèles sont souvent dysonctionnels et les clients tendent à les perpétuer dans toutes leurs interactions. La thérapie de groupe ore l’occasion de mettre en lumière ces modèles, de les évaluer et d’expérimenter d’autres modèles mieux adaptés.
Développement des habiletés sociales
Les interactions avec les autres permettent aux membres d’améliorer leurs aptitudes sociales à l’aide des rétro actions partagées. Cela enrichit la reconnaissance des comportements sociaux inadaptés et leur permet de choisir un comportement qui est plus adapté et davantage en accord avec leurs objectis.
Conduite mimétique
Les membres voient les autres échanger, ce qui leur permet d’être exposés à diverses açons d’interagir. Ils peuvent choisir de prendre exemple sur les autres ou sur le thérapeute. Ils trouvent l’aide nécessaire pour changer des comportements habituels et rigides par un style d’interaction plus souple.
Catharsis
La catharsis est le soulagement des émotions intenses. Les membres hésitent souvent à exprimer ces émotions par crainte des conséquences de leur révélation. Ils apprennent à les exprimer, ressentent le soulagement qui s’ensuit et réalisent qu’ils survivent, eux et le groupe, sans que rien ne s’eondre.
Facteurs existentiels
L’une des grandes réalités existentielles est que toute personne est ondamentalement seule malgré la présence d’autrui. Les membres peuvent avoir des attentes irréalistes envers les autres, par exemple que le conjoint, la amille ou l’ami aient le pouvoir de aire disparaître tout sentiment de solitude. Les interactions en groupe aident à modifer ces attentes de sorte qu’elles soient réalistes dans le contexte des relations humaines, et ce, grâce à la réalisation que la compagnie d’autrui atténue l’impression de solitude, sans touteois l’éliminer complètement.
Cohésion
Plusieurs membres ont ace à l’isolement et se sentent déconnectés d’autrui, même s’ils ne sont pas seuls. Faire partie d’un groupe cohési permet d’acquérir un sentiment d’appartenance, le sentiment de aire partie d’un tout plus grand que chacune des personnes qui le composent.
Apprentissage des relations interpersonnelles
Dans les groupes axés sur les relations interpersonnelles, les membres apprennent à discerner, à clarifer et à modifer leurs comportements inadaptés.
Source : Adapté de Yalom (2005)
588
Partie 4
Interventions infrmières dans le processus thérapeutique
honnête. Il détecte les problèmes rencontrés par les membres au ur et à mesure que le groupe s’approche de ses objectis. Les normes sont les règles de comportement éta blies par le leader et les membres du groupe. Elles représentent les attentes partagées en ce qui a trait aux comportements adéquats (Sampson & Marthas, 1990), et servent à soutenir le onctionnement et le travail du groupe. Elles émergent à partir des interactions entre les membres et le leader et nissent par avoir un eet sur l’évolution de la cohésion et les autres acteurs curatis. Elles peuvent être habilitantes (aider le groupe dans l’accomplissement de son travail) ou restrictives (entraver l’atteinte des objectis du groupe). Les normes sont soit maniestes, soit non décla rées (Northouse & Northouse, 1998). Les normes maniestes sont les règles explicitement connues dont tous les membres ont convenu. Il peut s’agir par exemple de l’horaire des séances en groupe. Les membres se mettent généralement d’accord sur cette norme pendant la phase de ormation du groupe. Si les heures normales changent, le leader et les membres du groupe discutent des eets de ces changements à la ois sur le groupe et sur les objec tis de ce dernier. Les normes non déclarées sont les règles non exprimées ou implicites entre les mem bres. Par exemple, l’écoute active sans interruption du membre qui s’exprime peut être une norme non déclarée. Les regards désapprobateurs ou l’interrup tion du dialogue signalent généralement la violation de cette norme. Les normes ont tendance à s’établir tôt et sont diciles à modier par la suite au cours de l’évolution du groupe. Le leader du groupe ou le thérapeute ainsi que les membres sont tous res ponsables d’assurer le respect des normes et de avoriser leur ecacité dans l’accomplissement des objectis individuels et du groupe. La cohésion est la capacité des membres d’un groupe à travailler de concert pour accomplir des objectis préétablis. C’est aussi la solidarité que res sentent les membres du groupe. La cohésion est le lien entre les membres. Elle est associée à des résul tats positis comme la multiplication des échanges, le respect des normes, les comportements axés sur les objectis et la satisaction des membres (Northouse & Northouse, 1998). Le TABLEAU 20.11 résume les acteurs qui infuencent la cohésion du groupe. Les membres adoptent des rôles qui assurent le onctionnement du groupe et qui inluencent la capacité du groupe à atteindre ses objectis. Ces rôles représentent souvent ceux endossés pen dant les premières années au sein de la amille. Généralement, ils sont liés soit aux tâches, soit à la ormation du groupe et à sa consolidation, soit à des onctions individuelles. Les rôles liés aux tâches visent à soutenir la capacité de onctionnement du groupe dans son processus vers l’atteinte de ses objectis, les problèmes rencontrés étant résolus par l’obtention et le partage d’inormation. Les rôles de
TABLEAU 20.11
Facteurs infuençant la cohésion du groupe
CARACTÉRISTIQUES
CONSIDÉRATIONS
Buts du groupe
Des buts clairs, basés sur les valeurs et les intérêts similaires, motivent les membres à rechercher et à maintenir leur appar tenance au groupe.
Similarité entre les membres
Les membres sont réquemment attirés par d’autres membres qui partagent des valeurs et des croyances similaires. Cependant, dans certains cas, les personnes sont attirées par d’autres qui n’ont pas les mêmes valeurs ou attitudes.
Type d’interdépendance entre membres
La cohésion entre les membres a tendance à être meilleure dans les groupes ayant un onctionnement coopérati plutôt que compétiti.
Comportement du leader
De manière générale, le style de leadership démocratique est associé à une cohésion de groupe plus élevée que les autres styles (p. ex., autocratique).
Structures de communication
Les structures de communication décentralisées, qui se carac térisent par une interaction accrue entre les membres, sont associées à un meilleur moral et à un degré de satisaction élevé des membres.
Activités de groupe
Les membres qui se sentent capables d’eectuer les activités du groupe ressentent plus d’attirance envers le groupe.
Atmosphère du groupe
Les membres sont réquemment attirés par les groupes qui les aident à se sentir utiles et acceptés.
Taille du groupe
La taille du groupe devrait correspondre au nombre de membres nécessaires pour eectuer la tâche. Les grands groupes peuvent compromettre la cohésion si les membres sont trop nombreux pour exécuter la tâche.
Source : Adapté de Carré (2007)
ormation et de consolidation du groupe sont orien tés sur la préservation de la capacité de chacun à travailler ensemble, de manière à avoriser l’évolu tion des relations entre les membres. Les rôles indi viduels sont ceux qu’un membre adopte an de répondre à ses besoins individuels ; parois, ils ont des conséquences négatives sur la cohésion, le onc tionnement et les tâches du groupe. Les membres jouent souvent plus d’un rôle. L’ENCADRÉ 20.3 pré sente un exemple des trois catégories de rôles tenus par les membres. Tous les groupes traver sent des phases d’évolution qui dépendent de la dyna mique du groupe. Northouse et Northouse (1998) décri vent cinq phases : 1) orienta tion ; 2) confit ; 3) cohésion ; 4) travail ; 5) conclusion. Ces phases de l’évolution d’un groupe sont présentées dans le TABLEAU 20.12.
20
Jugement clinique Paule Damien, âgée de 35 ans, présente un trouble obsessionnelcompulsi. Elle participe à un groupe de thérapie et au cours des rencontres, elle coupe la parole aux autres membres en ramenant le sujet de discussion sur ses propres problèmes. « Mon pro blème est très sérieux et mérite que vous m’écoutiez en premier », répètetelle. Son attitude exaspère les autres personnes. Quel rôle madame Damien afchetelle au sein de son groupe de thérapie ?
Chapitre 20
Modèles et stratégies thérapeutiques
589
ENCADRÉ 20.3
Rôles adoptés au sein d’un groupe
RÔLES LIÉS AUX TÂCHES
• L’instigateur : propose de nouvelles idées, orientations, tâches et méthodes. • L’organisateur : élabore les propositions à partir des suggestions ainsi que les projets du groupe. • L’évaluateur : apprécie les idées, propositions et projets, en étudiant la aisabilité des propositions et l’ecacité des processus. • Le coordonnateur : synthétise les idées et les thèmes an de clarier les suggestions et d’aider les diérents sousgroupes à progresser ecacement vers leurs objectis communs. RÔLES LIÉS À LA CONSOLIDATION DU GROUPE
• L’incitateur : élicite et approuve les autres membres lorsque c’est justié, exprime l’acceptation des autres et de leurs idées, adopte une attitude ouverte ace aux diérences existantes.
• Le médiateur : arbitre les confits et les mésententes qui surgissent, en tentant de soulager ou d’abaisser la tension dans le groupe. • Le conciliateur: cherche un terrain d’entente en cas de désaccord, cherche un compromis acceptable pour toutes les parties. RÔLES INDIVIDUELS
• L’agresseur : agit négativement et de açon hostile envers les autres membres, critique la participation des autres, attaque le groupe et ses membres. • La vedette : attire l’attention sur ses propres activités, se vante, canalise tout vers ellemême. • La victime: cherche de l’aide ou se conesse, utilisant le groupe pour s’attirer de la sympathie ou pour avoriser une introspection et trouver un contentement personnel sans égard aux autres ou au groupe dans son ensemble. • Le dominateur : arme son autorité et cherche à manipuler les autres an d’avoir la maîtrise sur tout ce qui se passe.
TABLEAU 20.12
Phases de l’évolution d’un groupe
PHASE
DESCRIPTION
RÔLE DU LEADER
Orientation
• Consiste en l’évaluation du leader et des autres membres (loyauté, compatibilité entre les objectis individuels et de groupe, types d’exigences, niveau requis de révélation de soi et établissement de normes).
• Susciter chez les membres un sentiment d’appartenance au groupe ainsi qu’un sentiment d’intimité, de conance et d’indépendance.
Confit
• Se produit lorsque les membres du groupe sont en compétition les uns avec les autres et avec le leader an de contrôler, d’infuencer et d’exercer une autorité quant aux décisions du groupe.
• Guider les membres à travers le confit en les aidant à résoudre les problèmes d’infuence et de contrôle et en consi dérant le confit comme une phase normale des dynamiques de groupe.
Cohésion
• Se caractérise par l’augmentation de la conscience des diérences individuelles.
• Rôle minimal : consiste à ournir des conseils et une direction au groupe.
• Favoriser l’établissement d’une structure, de lignes directrices et de normes.
• Les membres commencent à éprouver des sentiments positis les uns envers les autres. La conance s’établit, la révélation de soi augmente et l’expression des sentiments, des pensées et des comportements s’intensie. Travail
• Se caractérise par l’augmentation de la proon deur de la révélation de soi et de l’expression des émotions et des pensées positives et négatives du groupe.
• Rôle minimal : peut varier selon les problématiques soulevées.
Conclusion
• Consiste en la dissolution du groupe lorsque ses objectis sont atteints ou lorsque le temps accordé est échu.
• Résumer les projets réalisés et aider les membres à discerner leurs sentiments envers les membres individuels, le leader et la n du groupe dans son ensemble.
Source : Adapté de Northouse, & Northouse (1998)
590
Partie 4
Interventions infrmières dans le processus thérapeutique
Une étude clinique aléatoire a comparé trois groupes : un groupe de thérapie cognitivo comportementale pour la psychose (TCCp), un groupe de gestion des symptômes et un groupe témoin (liste d’attente). Le groupe de gestion des symptômes est un programme d’entraînement aux habiletés sociales visant la gestion des symptômes. Les groupes de TCCp et de gestion des symptômes ont été ormés pour une durée de 24 rencontres, à raison de 2 rencontres hebdomadaires durant 3 mois. Chacune des interventions était coanimée par deux thérapeutes qui n’avaient aucune oration préalable à la TCCp. Ceuxci ont reçu une orma tion intensive d’une durée de 14 heures et bénéf ciaient d’une supervision bimensuelle. Les résultats démontrent une amélioration signifca tive des symptômes psychotiques (positis et négatis), mais seul le groupe de TCCp a permis d’obtenir une amélioration de l’estime de soi posttraitement et une utilisation accrue de straté gies adaptatives actives. La TCCp de groupe est efcace en début de psychose. Une ormation brève de deux à trois jours peut être sufsante pour des intervenants d’expérience. La TCCp de groupe est une intervention prometteuse pour les personnes en début de psychose et pour les proes sionnels de la santé (Lecomte, Leclerc, Corbière et al., 2008).
Soins et traitements infrmiers L’infrmière intervient auprès des personnes, des amilles et de groupes. Elle peut réunir des personnes dans le cadre de programmes visant des objectis communs. Il pourrait s’agir par exemple d’une inter vention de groupe visant l’arrêt tabagique, destinée à des personnes atteintes de troubles mentaux graves, d’une activité d’enseignement visant à prévenir l’épuisement proessionnel, d’interventions de groupe en collaboration avec un organisme commu nautaire, de l’animation d’un groupe d’entraide ayant comme objecti la diminution de la consom mation de psychotropes ou autres. Dans le contexte de réduction des coûts de santé, l’intervention de groupe représente un moyen incontournable d’orir des services à un plus grand nombre de personnes. Il existe plusieurs groupes thérapeutiques animés par des psychologues ou des psychothérapeutes des tinés à traiter la dépression et les troubles anxieux. L’infrmière a souvent l’occasion de coanimer ces groupes. Avoir des habiletés en relation d’aide indi viduelle ne garantit pas automatiquement la pré sence des habiletés nécessaires pour intervenir auprès d’un groupe (MoyseSteinberg, 2008). Animer un groupe nécessite des habiletés particulières et une expérience qui s’acquiert progressivement.
Analyse d’une situation de santé
Jugement clinique
Morgane Brazeau est âgée de 27 ans. Elle a été victime de viol à l’âge de 23 ans sous menace à l’arme blanche. Depuis ce temps, elle vit des épisodes dépressis et a même tenté de mettre fn à ses jours à deux reprises. Elle a développé une phobie des objets contondants au point où dès qu’elle en voit un (p. ex., un couteau), elle a des pensées d’automutilation. C’est
d’ailleurs ce qui l’a poussée à ses tentatives de suicide ; elle a essayé de se couper les veines des poignets. À l’unité de soins psychiatriques où elle est hospitalisée, madame Brazeau a tendance à s’isoler et reuse de manger pour ne pas avoir à utiliser des ustensiles. Par contre, elle accepte de prendre des suppléments alimentaires sous orme liquide. {
MISE EN ŒUVRE DE LA DÉMARCHE DE SOINS
Collecte des données – Évaluation initiale – Analyse et interprétation 1. Dans la situation de madame Brazeau : a) Quel est le stimulus déclencheur de son comportement impulsif ? SOLUTIONNAIRE
b) Quelle est la réponse au stimulus ? c) Que faitelle pour contrôler son comportement ?
http://fortinash.cheneliere.ca
Chapitre 20
Modèles et stratégies thérapeutiques
591
20
MISE EN ŒUVRE DE LA DÉMARCHE DE SOINS
2. Voici un extrait du plan thérapeutique inirmier de la cliente D’après les données connues, quel problème prioritaire nécessiterait un suivi particulier de votre part ? Inscrivez votre réponse visàvis du numéro 3 Extrait CONSTATS DE L’ÉVALUATION Date
Heure
N°
2013-08-22 10:00
2
2013-08-22 12:00
3
Problème ou besoin prioritaire
Initiales
Phobie des objets contondants
Signature de l’infrmière
Catherine Brossard
Initiales
C.B.
RÉSOLU / SATISFAIT Proessionnels / Date Heure Initiales Services concernés
C.B.
Programme / Service
Signature de l’infrmière
Initiales
Programme / Service
Psychiatrie
Planifcation des interventions – Décisions infrmières 3. Écrivez une directive infrmière pour assurer le suivi du problème prioritaire numéro 2 et du problème numéro 3 correspondant à la bonne réponse Extrait CONSTATS DE L’ÉVALUATION Date
Heure
N°
2013-08-22 10:00
2
2013-08-22 12:00
3
Problème ou besoin prioritaire
Initiales
Phobie des objets contondants
RÉSOLU / SATISFAIT Proessionnels / Date Heure Initiales Services concernés
C.B.
SUIVI CLINIQUE Date
Heure
N°
2013-08-22
12:00
2-3
Signature de l’infrmière
Catherine Brossard
Directive infrmière
Initiales
C.B.
Initiales
Programme / Service
Signature de l’infrmière
Initiales
CESSÉE / RÉALISÉE Date Heure Initiales
Programme / Service
Psychiatrie
Vous planifez une rencontre ormelle avec madame Brazeau dans le but de tenter une ap proche susceptible de diminuer son comporte
{
ment phobique. Vous envisagez d’utiliser la technique d’immersion par imagination. {
MISE EN ŒUVRE DE LA DÉMARCHE DE SOINS
4. Quel moyen vous permettrait d’appliquer cette technique ?
Vous proposez à madame Brazeau de prendre votre repas avec elle, ce qu’elle accepte de aire. Vous utilisez des ustensiles et observez son comportement {
592
Partie 4
Interventions infrmières dans le processus thérapeutique
lorsque vous coupez vos aliments. La cliente vous regarde sans dire un mot et boit les liquides qui lui sont présentés. Le repas se déroule calmement. ”
MISE EN ŒUVRE DE LA DÉMARCHE DE SOINS
5. D’après le comportement de madame Brazeau dans cet épisode, comment pourriezvous lui démontrer du renorcement positi ?
Évaluation des résultats – Évaluation en cours d’évolution 6. En vous basant uniquement sur le comportement de madame Brazeau au moment des repas, qu’estce qui vous erait croire que la cliente arrive à contrôler, partiellement du moins, son impulsivité d’automutilation en présence d’objets contondants ?
APPLICATION DE LA PENSÉE CRITIQUE Dans l’application de la démarche de soins auprès de madame Brazeau, l’inirmière a recours à un ensemble d’éléments (connaissances, expériences antérieures, normes institutionnelles ou protocoles, attitudes proes sionnelles) pour analyser la situation de santé de la cliente
et en comprendre les enjeux La FIGURE 20.7 illustre le processus de pensée critique suivi par l’infrmière afn de ormuler son jugement clinique Elle résume les principaux éléments sur lesquels l’infrmière s’appuie en onction des données de cette cliente, mais elle n’est pas exhaustive
VERS UN JUGEMENT CLINIQUE CONNAISSANCES
EXPÉRIENCES
• Théories à la base des stratégies thérapeutiques • Diérents modèles et stratégies thérapeutiques, autant individuelles qu’en groupe • Caractéristiques d’un milieu thérapeutique • Techniques de relaxation • Exercices de relaxation
• Expérience de travail en psychiatrie • Expérience de travail avec une équipe multidisciplinaire • Expérience personnelle de psychothérapie • Expérience en animation de groupe de soutien
NORMES
ATTITUDES
• Normes de pratique en santé mentale et soins psychiatriques • Activités réservées de l’infrmière après l’adoption de la Loi modifant le Code des proessions et d’autres dispositions législatives dans le domaine de la santé mentale et des relations humaines
• Respecter le rythme de la cliente • Ne pas banaliser la phobie de madame Brazeau • Maniester de l’empathie • Faire preuve de respect envers madame Brazeau en lui montrant que vous avez confance en ses possibilités
PENSÉE CRITIQUE
ÉVALUATION Stimulus anxiogènes incitant la cliente à avoir des pensées d’automutilation Maniestations d’anxiété lorsqu’elle est en présence de l’objet de sa phobie Caractéristiques du comportement impulsi Stratégie d’adaptation de madame Brazeau pour contrôler son comportement impulsi Participation à une approche comportementale visant à éliminer ou à contrôler le comportement impulsi • Réactions de la cliente lorsqu’elle accepte d’être dans une situation anxiogène susceptible de déclencher un comportement impulsi • Réaction de la cliente lorsqu’elle reçoit du renorcement positi • • • • •
20
JUGEMENT CLINIQUE FIGURE 20.7
Chapitre 20
Modèles et stratégies thérapeutiques
593
À retenir VERSION REPRODUCTIBLE
http://ortinash.cheneliere.ca
• À l’exception du médecin et du psychologue, nul ne peut exercer la psychothérapie, ni utiliser le titre de psychothérapeute s’il n’est pas membre d’un ordre proessionnel reconnu, et qu’il n’est pas titulaire du permis de psychothérapeute émis par l’Ordre des psychologues du Québec selon les conditions édictées par un règlement de l’Ofce des proessions du Québec. • Le Guide explicatif présente un certain nombre d’interventions couramment pratiquées par des proessionnels de la santé qui, au sens de la loi, ne sont pas de la psychothérapie. Il s’agit des interventions suivantes : les ren contres d’accompagnement ; les interventions de soutien ; l’inter vention conjugale et amiliale dans le but de promouvoir et de soutenir le onctionnement opti mal du couple ou de la amille ; l’éducation psychologique ; la réadaptation ; le suivi clinique ; le coaching ; et l’intervention de crise.
• Les grandes écoles classiques couramment présentées sont : la pers pective psychodynamique ; les perspec tives comportementale et cognitive ; et la perspective humaniste.
croyances intermédiaires et des pensées caractérisées par des erreurs logiques (pensées dysonctionnelles) suscitent des émotions et des com portements dysonctionnels ou non adaptés à la situation.
• La théorie psychanalytique classique, élaborée par Freud, a inspiré plusieurs autres théories psychodynamiques qui existent toujours aujourd’hui, selon lesquelles la compréhension du comportement humain réside dans la vie intérieure inconsciente.
• La thérapie amiliale avorise la santé et le onctionnement de l’en semble du système amilial, car elle contribue à défnir les rôles et les tâches de ses membres pendant les périodes de stress et de transition.
• L’approche humaniste met l’accent sur le potentiel humain et la valeur intrinsèque de l’être humain en tant qu’être unique, soucieux de se réa liser et capable d’autodétermina tion et de conscience de soi.
• La psychothérapie interpersonnelle, considérée comme étant intégrative puisqu’elle est inspirée par de nom breux modèles théoriques, a été mise au point dans le but de traiter la dépression.
• Les thérapies comportementales reposent sur la prémisse que le com portement humain peut être expliqué par le conditionnement répondant et le conditionnement opérant ; ainsi, le comportement peut être modifé par une manipulation des stimulus présents dans l’environnement (renorcement ou punition).
• L’entretien motivationnel, une méthode de communication directive et centrée sur le client, vise à avoriser l’engagement dans le changement de comportement.
• La thérapie cognitive repose sur la théorie selon laquelle des structures cognitives proondes (schémas), des
• L’intervention de soutien consiste à soutenir la personne dans le but de maintenir et de consolider les acquis et les stratégies d’adap tation en ciblant les orces et les ressources ; elle implique de rassurer, de prodiguer des conseils et de ournir de l’inormation.
• La démarche de résolution de pro blèmes aide le client à gérer plus efcacement les problèmes de son existence et à développer ses ressources inexploitées et ses perspectives d’avenir inexplorées. • Le milieu thérapeutique ournit un environnement avorisant un rétablissement optimal, par la structuration (organisation du temps, règlements, etc.), la mobi lisation du client, la contention à des fns de protection, le soutien et la validation (reconnaissance, considération et acceptation). • La thérapie de groupe permet au client de se défnir grâce à l’interaction humaine et à la réalisation de tâches en lien avec les difcultés, et ce, dans le cadre sécurisant ourni par le groupe. • L’infrmière s’assure d’avoir une connaissance sufsante des di vers types de psychothérapies afn d’être en mesure de bien ren seigner le client, d’assurer une cohérence entre ses interventions et la thérapie dans laquelle le client est engagé le cas échéant, et de porter un regard critique sur les nouvelles approches qui ne cessent de se multiplier.
Ressources VERSION COMPLÈTE ET DÉTAILLÉE
http://fortinashcheneliereca
Références Internet ORGANISMES ET ASSOCIATIONS Association des art-thérapeutes du Québec (AATQ) http://aatqorg/fr/
594
Partie 4
Association rancophone de diusion de l’entretien motivationnel (AFDEM) wwwentretienmotivationnelorg > L’entretien motivationnel > Témoignages de praticiens Groupe d’entraide pour un mieux-être (GEME) wwwgemeqcca Les Amis de la santé mentale wwwasmfmhorg Société psychanalytique de Montréal wwwpsychanalysemontrealorg > Présentation > Foire aux questions > Qu’estce que la psychanalyse ?
Interventions infrmières dans le processus thérapeutique
ORGANISMES GOUVERNEMENTAUX Ofce des proessions du Québec wwwopqgouvqcca > Système professionnel > Projet de loi 21 RÉFÉRENCES GÉNÉRALES Hôpital Louis-H. Laontaine – Institut universitaire en santé mentale wwwhlhlqcca > Hôpital > Santé mentale > Troubles anxieux > Thérapie d’approche cognitivo comportementale
Infressources wwwinfressourcesca > Banques et recherche > Mot clé : Entretien motivationnel > L’entretien motivationnel Ordre des psychologues du Québec wwwordrepsyqcca > Psychothérapeute > Public > Psychothérapie > Orientations théoriques PasseportSanté.net wwwpasseportsantenet > Santé au naturel > Thérapies > Artthérapie > Santé au naturel > Thérapies > Psychothérapies Psychomédia wwwpsychomediaqcca > Psychothérapie > Diérentes approches en psychothérapie
Monographies Chaliour, J (2000) L’intervention thérapeu tique : Vol. 2. Stratégies d’intervention. Montréal : Chenelière Éducation
Duhamel, F (2006) La santé et la amille : une approche systémique en soins infrmiers. Boucherville : Gaëtan Morin Éditeur Gabbard, GO (2010) Psychothérapie psychodynamique : les concepts ondamentaux. Paris : Elsevier Masson Miermont, J (2010) Thérapies amiliales et psychiatrie (2e éd) Paris : Dion Éditions Wright, L, & Leahey, M (2003) L’infrmière et la amille : Guide d’évaluation et d’intervention. Paris : De Boeck
Articles, rapports et autres Berghmans, C, Tarquinio, C, & Strub, L (2010) Méditation de pleine conscience et psycho thérapie dans la prise en charge de la santé et de la maladie Santé mentale au Québec, 35(01), 4983 wwweruditorg/revue/smq/2010/v35/ n1/044798arpd
Modernisation de la pratique proessionnelle en santé mentale et en relations humaines. wwwopqgouvqcca/fleadmin/documents/ Systeme_proessionnel/17_sommaire_ Rapport_Trudeaupd Ofce des proessions du Québec (2012) Guide explicati. Loi modifant le Code des proessions et d’autres dispositions légis latives dans le domaine de la santé mentale et des relations humaines. wwwopqgouvqcca/fleadmin/documents/ Systeme_proessionnel/Guide_explicati_ septembre_2012pd Streit, U, & Leblanc, J (2008) La psycho thérapie interpersonnelle : bien audelà de ses premières applications Santé mentale au Québec, 33(02), 729 wwweruditorg/revue/smq/2008/v33/ n2/019666arpd
Ofce des proessions du Québec (2005) Rapport sommaire du Comité d’experts.
20
Chapitre 20
Modèles et stratégies thérapeutiques
595
chapitre
Psychopharmacothérapie et autres thérapies biologiques
Écrit par : Pauline Chan, RPh, MBA, BCPP, FCSHP, FASHP Nancy A. Cofn-Romig, DNSc, PMHCNS-BC Adapté par : Nancy Légaré, B. Pharm., M. Sc., Pharm. D., BCPP, BCPS Guy Beauchamp, Ph. D. (pharmacologie) Robert Morin, in., M. Éd. Louise-Andrée Brien, in., M. Sc.
Guide d’études – RE12, RE15, SA07, SA09, SA11
OBJECTIFS
Après avoir étudié ce chapitre, vous devriez être en mesure : ■
■
d’expliquer les mécanismes d’action des médicaments psychotropes sur les neurotransmetteurs ; d’énumérer les indications, les voies d’administration, les interactions et les eets indésirables des principaux médicaments psychotropes ;
596
Partie 4
■
■
d’appliquer les interventions inirmières liées à l’administration de médicaments psychotropes, notamment la surveillance, le suivi, l’enseignement au client et à ses proches ; d’expliquer les mécanismes d’action et les indications de l’électroconvulsivothérapie ;
Interventions infrmières dans le processus thérapeutique
■
d’appliquer les interventions inirmières liées à l’électroconvulsivothérapie ;
■
de nommer les autres thérapies biologiques.
Concepts clés
Cette carte conceptuelle illustre schématiquement les principaux concepts décrits dans le présent chapitre. Sa lecture vous permettra d’avoir une vue d’ensemble des notions qui y sont présentées.
soit
et de
et
soit dont et
et
dont
21
nécessitent
Chapitre 21 Psychopharmacothérapie et autres thérapies biologiques
597
PORTRAIT Jonathan Ogawa Jonathan Ogawa, âgé de 32 ans, a été conduit à l’urgence par sa mère. Elle l’a trouvé étendu sur le divan dans l’obscurité. Il avait reusé de répondre à ses nombreux appels téléphoniques au cours des trois derniers jours. En plein processus de divorce litigieux, monsieur Ogawa a cessé de travailler et vit en reclus. Il se nourrit mal, et son hygiène laisse à désirer. Il se plaint également de ne pas être capable de s’endormir et de ne pas arriver à sortir du lit le matin. Habituellement d’humeur agréable, il alterne entre l’irritation et la culpabilité, pleure acilement parce qu’il ne se considère pas comme un assez bon père pour ses deux enants, dont la mère a actuellement la garde. Il déclare à l’infrmière être hypersensible aux réactions des autres et dit que ses enants iraient mieux s’il était mort parce qu’ils toucheraient au moins l’argent de son assurance vie. Il a pris 6 kg en 2 mois et il attribue ce gain de poids au ait d’avoir arrêté d’aller s’entraîner tous les jours. En poursuivant l’entrevue, l’infrmière apprend que monsieur Ogawa a cessé depuis trois jours de prendre la venlaaxine que le médecin lui a prescrite : « Ça me donnait juste des maux de tête », déclare-t-il.
21.1 7 Le chapitre 7, Neurobiolo gie et santé mentale, offre une description détaillée des neurotransmetteurs cérébraux.
Enjeux de la psychopharmacothérapie
La découverte des propriétés antipsychotiques de la chlorpromazine (Largactilmd) au début des années 1950 a marqué le début de la psychopharmacothérapie. L’administration de ce médicament aux clients atteints de troubles mentaux a réduit de açon importante l’agitation, les hallucinations et les autres symptômes psychotiques (Lehmann & Ban, 1997). Par la suite, d’autres médicaments antipsychotiques de diverses puissances, mais d’efcacité similaire ont été mis au point. De nombreux médicaments psychotropes, notamment des antidépresseurs, des stabilisateurs de l’humeur et des anxiolytiques, ont également été produits depuis les années 1960 (Wright, 2006).
21.1.1
Rétablissement
Le traitement, notamment la psychopharmacothérapie, vise la stabilisation du trouble avec l’objecti de parvenir à une rémission, c’est-à-dire à la récupération complète d’un onctionnement de base et à l’absence de symptômes. Le client entre ensuite dans une phase dite d’entretien, dont l’objecti est de prévenir la rechute. Cependant, la guérison complète du client atteint d’un trouble mental n’est pas
598
Partie 4
Interventions infrmières dans le processus thérapeutique
toujours réaliste. Dans certains cas, l’objecti des soins sera plutôt le rétablissement. Celui-ci témoigne de la capacité de la personne à réaliser ses objectis personnels et d’accéder à une vie satisaisante, en dépit du trouble mental dont elle est atteinte (Commission de la santé mentale du Canada [CSMC], 2012 ; ministère de la Santé et des Services sociaux [MSSS], 2005). Il met l’accent sur la croissance, la réalisation personnelle et l’amélioration de la qualité de vie du client. Puisque le trouble se manieste et évolue de manière diérente selon les personnes et leurs conditions particulières, le traitement doit être personnalisé afn d’en maximiser l’efcacité et d’en réduire les eets indésirables ENCADRÉ 21.1.
21.1.2
Mécanismes d’action des médicaments psychotropes
Le mécanisme d’action d’un médicament est la açon dont il agit sur les symptômes ou ce qu’il entraîne comme eets indésirables. La connaissance des systèmes de neurotransmetteurs du cerveau sur lesquels agissent les médicaments psychotropes permet de comprendre leurs mécanismes d’action (Green & Aronson, 2012 ; Kramer, 2002) 7 . Les principaux neurotransmetteurs touchés par les médicaments psychotropes sont l’acétylcholine, l’histamine, la sérotonine, la dopamine, la noradrénaline, l’acide gamma-aminobutyrique (GABA) et l’acide glutamique (glutamate). Ainsi, les antipsychotiques de première génération (aussi appelés antipsychotiques typiques) agissent principalement en bloquant les récepteurs dopaminergiques (ou récepteurs de la dopamine), alors que les antipsychotiques de deuxième génération (aussi appelés antipsychotiques atypiques) bloquent certains récepteurs de la sérotonine, en plus de bloquer les récepteurs dopaminergiques. Les antidépresseurs procurent leurs eets thérapeutiques en inhibant le recaptage ou en empêchant la dégradation de la sérotonine, de la noradrénaline
ENCADRÉ 21.1
Effets secondaires et effets indésirables
Les eets indésirables d’un traitement se distinguent des eets dits secondaires, car ils sont considérés comme désagréables, incommodants ou nocis, voire mortels dans certains cas. Les eets secondaires sont des eets provoqués par un médicament, qui dièrent de l’eet thérapeutique recherché. Bien qu’ils puissent être indésirables, certains eets secondaires peuvent également s’avérer bénéfques dans certaines situations. Par exemple, la somnolence provo quée par un antihistaminique (eet secondaire) peut être indésirable chez une personne qui doit conduire un véhicule, mais bénéfque chez une autre qui soure d’insomnie.
ou de la dopamine. Les stabilisateurs de l’humeur, les anxiolytiques, les sédatis hypnotiques et les agents procognitifs agissent sur divers neurotransmetteurs, dont le glutamate, le GABA et l’acétylcholine. Les stimulants du système nerveux central (SNC) inluent principalement sur la neurotransmission noradrénergique.
21.2
Responsabilités de l’infrmière liées à la psychopharmacothérapie
La psychopharmacothérapie exige, au même titre que tout autre traitement pharmacologique, un suivi clinique très étroit de la part de l’inrmière ENCADRÉ 21.2. Celle-ci incite le client à suivre le traitement convenu jusqu’à son terme et ce, avec le soutien de l’équipe de soins. Une prise de décision partagée aidera davantage le client à se rétablir. Aussi, l’inrmière enseigne au client et à ses proches à reconnaître les signes et les symptômes de son trouble tout comme les eets indésirables du traitement. Elle surveille ces derniers, ainsi que les risques de toxicité, les conséquences possibles sur la prise de poids, l’apparition du syndrome métabolique et d’autres eets inattendus (Ordre des inrmières et inrmiers du Québec [OIIQ], 2009).
21.2.1
Partenariat et adhésion au traitement
L’inrmière joue un rôle d’intervenante pivot dans la psychopharmacothérapie 23 . Le partenariat et la collaboration avec le client sont parmi les clés du succès de l’adhésion au traitement. Ils visent à éviter que le client ne ressente une perte de maîtrise de la situation, quant aux décisions relatives à ce qui doit être ait pour sa santé (Dassa, Boyer, Benoît et al., 2010). Le client doit comprendre les indications de ce qui lui est prescrit. Il doit connaître les eets indésirables et la açon dont il pourrait les réduire. Sa participation au plan de traitement n’est possible que s’il est bien inormé et qu’il se sent impliqué dans les prises de décision. La communication, la relation thérapeutique et le climat de conance instauré par l’inirmière sont au cœur de ce partenariat. Plusieurs raisons peuvent amener la personne à ne pas prendre la médication prescrite : celle-ci ne cadre pas avec son style de vie, la posologie est complexe, ses connaissances de la maladie sont insusantes, elle entraîne des eets indésirables, etc. (Mitchell & Selmes, 2007). L’impact social d’une psychopharmacothérapie n’est pas à négliger (Treatment Advocacy Center, 2011). Parois, le manque de soutien des proches et de l’entourage ou l’impact nancier de ces traitements peuvent
Pratiques infrmières suggérées ENCADRÉ 21.2
Eectuer le suivi de la psychopharmacothérapie
L’inrmière eectue le suivi pharmacologique auprès du client, de sa amille et de ses proches. Les éléments de compétences requis sont les suivants. • Utiliser les ressources appropriées pour avoir accès à une inormation à jour sur les médicaments. • Appliquer les principes psychopharma cologiques et les connaissances en neu rosciences pour assurer un suivi et une surveillance ecaces. • Favoriser la collaboration de la personne et de ses proches.
• Utiliser son jugement clinique. • Transmettre au client et à ses proches les données nécessaires sur les médica ments psychotropes pour avoriser l’adhé sion au traitement. • Ajuster le plan thérapeutique inrmier au besoin. • Ajuster les médicaments selon les ordonnances individuelles ou collectives. • Mettre en œuvre les examens paracliniques.
Source : Adapté de OIIQ (2009)
infuer négativement sur l’adhésion du client à ceux-ci. De plus, certaines personnes décident spontanément de cesser la médication lorsqu’elles se sentent mieux. Au contraire, d’autres la cessent parce qu’elles étaient plus heureuses avec les symptômes de la maladie (p. ex., des idées de grandeur, une manie) ou parce qu’elles se sentent dépassées par les responsabilités inhérentes au rétablissement. En particulier, la période où les eets indésirables sont présents et où l’amélioration n’est encore pas ressentie peut être dicile et décourageante pour le client. L’inrmière soutient celui-ci et ses proches, les inorme et tente de trouver avec eux des moyens de surmonter ces obstacles ENCADRÉ 21.3.
23 Les responsabilités de l’infrmière intervenante pivot sont détaillées dans le chapitre 23, Soins infrmiers et suivis dans la communauté.
Pratiques infrmières suggérées ENCADRÉ 21.3
21
Accompagner le client en psychopharmacothérapie
• Établir une relation de conance et de collaboration. • Considérer la médication dans le contexte de la responsabilité individuelle du client, en lien avec l’autogestion de son trouble. • Intervenir au besoin sur l’abus de subs tances, car celuici avorise la rechute et les hospitalisations et altère l’ecacité des médicaments. • Travailler avec le client à la prise de décision partagée en lien avec la médication. • Aider le client à résoudre des problèmes pratiques associés à l’usage des
médicaments (p. ex., une prise adéquate, l’entraînement aux habiletés sociales). • Agir sur les autres acteurs qui infuent sur la capacité du client de gérer le trouble mental, incluant : − l’hygiène de sommeil ; − une alimentation équilibrée ; − l’activité physique régulière; − la gestion du stress ; − les soins de santé de routine ; − le soutien social; − l’espoir.
Source : Adapté de Corrigan, Mueser, Bond et al. (2009) Chapitre 21 Psychopharmacothérapie et autres thérapies biologiques
599
L’enseignement est une composante de l’alliance thérapeutique entre l’infrmière et le client qui avorise l’adhésion au traitement ENCADRÉ 21.4. Le client bien inormé sur son trouble et sur son traitement est en mesure de prendre des décisions éclairées quant à sa santé. L’enseignement prévaut au début du trouble et tout au long de celui-ci. Il constitue d’ailleurs un des acteurs clés de la transition réussie entre l’hospitalisation et le retour dans la communauté (Price, 2007). Pour avoriser la prise en charge, l’inormation donnée doit porter sur les aspects cliniques comme sur l’évolution du trouble, les eets attendus de la médication, la gestion des eets secondaires, la reconnaissance des eets indésirables, les risques inhérents à la médication et l’importance du suivi. Cependant, pour vraiment avoriser l’adhésion au traitement, l’infrmière tient également compte des préoccupations du client et de sa amille relatives à la maladie et à la prise de médication (Vuckovich, 2009). Elle s’intéresse à leurs sentiments, croyances et attitudes devant le traitement. Elle se montre optimiste et rassurante, tout en restant honnête. Elle ournit de l’inormation adaptée à la condition du client au moment de la rencontre FIGURE 21.1. L’inormation écrite doit être claire et soutenue par une inormation verbale. La combinaison de documentation écrite et de discussions est plus efcace que l’inormation écrite seulement (Joanna Briggs Institute, 2007).
FIGURE 21.1 Disponible, l’infrmière répond aux questions de chaque client portant sur son trouble et sur les traitements proposés.
21.2.2
Évaluation et surveillance
Il convient de procéder à une collecte méthodique des données avant et pendant une psychopharmacothérapie, en tenant compte des variables liées au traitement. Le médecin pose le diagnostic et détermine le traitement, en évaluant chacune de ces variables. Par la suite, l’infrmière est également habilitée à évaluer la condition physique et mentale d’une personne symptomatique, ce qui inclut la surveillance clinique, l’ajustement des médicaments selon une ordonnance et le suivi infrmier des personnes ayant des problèmes de santé complexes (OIIQ, 2009). Au fl du traitement, l’infrmière évalue donc les variables présentées dans l’ENCADRÉ 21.5.
Enseignement au client et à ses proches ENCADRÉ 21.4
Traitement par médicaments psychotropes
L’infrmière s’assure de prendre les dispositions suivantes: • Inclure les membres de la amille ou d’autres personnes signifcatives dans l’enseignement.
• Remettre un horaire écrit avec une photographie de la médication et de la documentation écrite qui résume les aspects essentiels de la prise en charge pour chacun des médicaments.
• Faire verbaliser les personnes sur leurs craintes et leurs préoccupations relatives à la prise de médicaments psychotropes et adapter l’enseigne ment en conséquence.
• Évaluer si le client possède les habiletés requises afn de se procurer sa médication et d’intervenir auprès de l’équipe interdisciplinaire, le cas échéant.
• Réévaluer à chaque visite la perception de la prise de médication et ses eets positis et négatis sur divers aspects de la vie du client et de sa amille.
• Selon la médication: − évaluer les habiletés du client à s’autoadministrer la médication; − enseigner au client les techniques qu’il devra eectuer avant de prendre sa médication (p. ex., la vérifcation de la réquence cardiaque [F.C.] ou d’une glycémie capillaire) ; − inormer le client des précautions particulières à observer durant la prise de la médication (p. ex., éviter de conduire ou d’utiliser des objets nécessitant de la vigilance); − inormer le client des interactions alimentsmédicaments et des aliments à éviter; − enseigner au client comment conserver adéquatement ses médicaments.
• Évaluer les connaissances portant sur les médicaments. • Inormer sur le but, les eets attendus et les eets secondaires de chaque médicament, ainsi que sur les moyens de soulager ou de prévenir certains eets indésirables. • Inormer de la conduite à tenir en cas d’omission d’un médicament. • Inormer des signes et symptômes de surdosage ou de sousdosage des médicaments. Source : Adapté de Stuart Gail (2009)
600
Partie 4
Interventions infrmières dans le processus thérapeutique
• Renorcer l’inormation donnée par les autres membres de l’équipe de soins.
21.3
Antipsychotiques
Collecte des données
Les médicaments antipsychotiques, autrefois appelés neuroleptiques ou tranquillisants majeurs, ont été le pivot du traitement de la schizophrénie et d’autres troubles psychotiques depuis la découverte des propriétés thérapeutiques de la chlorpromazine en 1952. Les médicaments antipsychotiques se classent généralement en trois grandes catégories : les antipsychotiques de première génération ou antipsychotiques typiques, les antipsychotiques de deuxième génération, dits atypiques, et les antipsychotiques de troisième génération.
21.3.1
Mécanismes d’action
Tous les antipsychotiques bloquent les récepteurs dopaminergiques D2 du cerveau, mécanisme par lequel ils atténuent les symptômes positifs de la schizophrénie (de Greef, Maloney, Olsson-Gisleskog et al., 2011). Les antipsychotiques de deuxième et de troisième générations bloquent également les récepteurs de la sérotonine 5-HT2, ce qui réduit l’incidence des effets extrapyramidaux par rapport à l’administration d’antipsychotiques de première génération. Ainsi, la tomographie par émission de positrons montre des différences entre l’utilisation de l’halopéridol (Haldolmd), un antipsychotique de première génération, et de la clozapine (Clozarilmd), un antipsychotique de deuxième génération : bien que la personne atteinte de psychose réagisse aux deux médicaments, les effets extrapyramidaux, considérables avec l’halopéridol, restent faibles avec la clozapine FIGURE 21.2.
21.3.2
Indications
Les antipsychotiques sont généralement utilisés pour le traitement de la schizophrénie et des autres troubles psychotiques (American Psychiatric
A
B
ENCADRÉ 21.5
Variables liées au traitement
VARIABLES LIÉES AU MÉDICAMENT
• Mécanisme d’action • Présentations : orale (solide, liquide ou sublinguale) ou parentérale • Délai d’action, pic d’action et durée d’action • Mode d’élimination de l’organisme (hépatique ou rénal) • Eets indésirables et toxicité (prévisibles ou idiosyncrasiques) • Coût (prix du médicament, administration et surveillance requise) VARIABLES LIÉES AU CLIENT
• Diagnostic • Autres états pathologiques (p. ex., une maladie cardiovasculaire, hépatique ou rénale) • Autres traitements concomitants • Âge et poids • Antécédents personnels et amiliaux d’eets indésirables et de réponse antérieure au traitement
• Évaluation ciblée de l’état mental et physique • Impact de la maladie et de la prise de médication sur la vie du client (p. ex., l’impact amilial, social, occupationnel) • Facteurs avorisant ou non l’adhésion au traitement : − Volonté et capacité d’adhérer au traitement − Capacité d’introspection et conscience de son trouble − Connaissances du trouble et de son traitement (besoins d’enseignement) − Perception relative à la prise en charge individuelle de sa médication • Ressources fnancières et assurance médicaments • Perception des ressources disponibles, accessibles et aidantes selon le client (p. ex., les proches aidants, des groupes communautaires, l’environnement de travail)
Association [APA], 2000). Les antipsychotiques de deuxième génération sont plus souvent prescrits que les antipsychotiques de première génération. L’aripiprazole (Abilifymd), l’asénapine (Saphrismd), l’olanzapine (Zyprexamd), la palipéridone (Invegamd), la quétiapine (Seroquelmd), la rispéridone (Risperdalmd) et la ziprasidone (Zeldoxmd), notamment, sont des antipsychotiques de deuxième et de troisième générations de première intention pour le traitement
21
C
FIGURE 21.2 Tomographie par émission de positrons : cerveau d’un homme de 36 ans atteint de schizophrénie – Un marqueur radioactif se lie aux récepteurs dopaminergiques D2 et les met en évidence. A Tomographie avant traitement. Les nombreux récepteurs D2 des noyaux centraux sont mis en évidence par le marqueur. B Tomographie après traitement à l’halopéridol (20 mg/jour), 6 semaines plus tard. Le marqueur n’apparaît plus ; 85 % des récepteurs D2 des noyaux centraux sont alors occupés par l’halopéridol. C Tomographie après traitement à la clozapine (450 mg/jour). Seulement 37 % des récepteurs D2 des noyaux centraux sont occupés par le médicament.
Chapitre 21 Psychopharmacothérapie et autres thérapies biologiques
601
de la schizophrénie en raison de leur innocuité ENCADRÉ 21.6. Ainsi, ils sont administrés en priorité
à un client qui n’a jamais reçu de traitement pour la schizophrénie. La clozapine est le seul antipsychotique qui a démontré une plus grande efcacité que les antipsychotiques de première génération et les autres antipsychotiques de deuxième génération pour le traitement d’une schizophrénie réractaire (résistante au traitement) et pour la diminution des idées suicidaires. Touteois, il ne s’agit pas d’un traitement de première intention en raison du risque d’agranulocytose, un eet indésirable sérieux associé. Les clients atteints d’une psychose attribuable à des causes secondaires (p. ex., un déséquilibre
électrolytique ou hormonal, un abus de drogues, une tumeur cérébrale) proftent également d’un traitement à court terme par des antipsychotiques, alors que la maladie sous-jacente est traitée (Sulaiman, Gill, Said et al., 2012). Les antipsychotiques peuvent également être administrés comme traitement adjuvant ou en monothérapie pour les troubles bipolaires (Singh, Chen & Canuso, 2012).
21.3.3
Efcacité clinique
L’efcacité des antipsychotiques de première, de deuxième et de troisième générations est similaire (Hartling, Abou-Setta, Dursun et al., 2012). Cependant, leur puissance et leurs eets indésirables dièrent. L’eet observé sur les symptômes varie avec le
Psychopharmacothérapie ENCADRÉ 21.6
Indications des antipsychotiques de deuxième et de troisième générations approuvées au Canada (chez l’adultea)
ARIPIPRAZOLE (ABILIFYmd)
• Traitement aigu et de première intention de la schizophrénie (adultes et adolescents de 15 à 17 ans) • Traitement d’entretien de la schizophrénie • Traitement aigu des épisodes maniaques et mixtes associés au trouble bipolaire (adultes et adolescents de 13 à 17 ans) • Traitement aigu des épisodes maniaques et mixtes associés au trouble bipolaire (adultes et adolescents de 13 à 17 ans, avec traitement adjuvant au lithium ou au divalproex) • Traitement d’entretien des épisodes maniaques et mixtes associés au trouble bipolaire (avec traitement adjuvant au lithium ou au divalproex) ASÉNAPINE (SAPHRISmd)
• Traitement aigu et de première intention de la schizophrénie • Traitement d’entretien de la schizophrénie • Traitement aigu des épisodes maniaques et mixtes associés au trouble bipolaire • Traitement aigu des épisodes maniaques et mixtes associés au trouble bipolaire (avec traitement adjuvant au lithium ou au divalproex) CLOZAPINE (CLOZARILmd ET GÉNÉRIQUES)
• Traitement en monothérapie pour la schizophrénie réfractaire au traitement LURASIDONE (LATUDA ) md
• Traitement aigu et de première intention de la schizophrénie OLANZAPINE (ZYPREXAmd ET GÉNÉRIQUES)
• Traitement d’entretien des épisodes maniaques et mixtes associés au trouble bipolaire • Traitement aigu de l’agitation associée à la schizophrénie PALIPÉRIDONE (INVEGAmd)
• Traitement aigu et de première intention de la schizophrénie • Traitement d’entretien de la schizophrénie QUÉTIAPINE (SEROQUELmd ET GÉNÉRIQUES)
• Traitement aigu et de première intention de la schizophrénie • Traitement d’entretien de la schizophrénie • Traitement aigu des épisodes maniaques et mixtes associés au trouble bipolaire • Traitement d’entretien des épisodes maniaques et mixtes associés au trouble bipolaire (avec traitement adjuvant au lithium ou au divalproex) • Traitement aigu des épisodes dépressifs associés au trouble bipolaire • Traitement aigu du trouble dépressif réfractaire au traitement antidépresseur RISPÉRIDONE (RISPERDALmd ET GÉNÉRIQUES)
• Traitement aigu et de première intention de la schizophrénie • Traitement d’entretien de la schizophrénie • Traitement aigu des épisodes maniaques et mixtes associés au trouble bipolaire • Traitement d’entretien des épisodes maniaques et mixtes associés au trouble bipolaire
• Traitement aigu et de première intention de la schizophrénie
• Traitement symptomatique des comportements inappropriés liés à la démence grave
• Traitement d’entretien de la schizophrénie
ZIPRASIDONE (ZELDOXmd)
• Traitement aigu des épisodes maniaques et mixtes associés au trouble bipolaire
• Traitement aigu et de première intention de la schizophrénie
• Traitement aigu des épisodes maniaques et mixtes associés au trouble bipolaire (avec traitement adjuvant au lithium ou au divalproex)
• Traitement aigu des épisodes maniaques et mixtes associés au trouble bipolaire
a
• Traitement d’entretien de la schizophrénie
En l’absence de précision supplémentaire, les indications présentées dans cet encadré concernent les adultes seulement. Source : Adapté de Association des pharmaciens du Canada (APhC) (2012)
602
Partie 4
Interventions infrmières dans le processus thérapeutique
temps. Les antipsychotiques agissent mieux sur les symptômes positis (p. ex., les hallucinations, le délire), et des symptômes comme l’agitation psychomotrice, l’irritabilité, l’agressivité et l’hostilité sont légèrement soulagés en quelques heures ou quelques jours (et disparaissent après quelques semaines de traitement). Les symptômes aectis tels que l’anxiété, la tension, la dépression, l’aect inapproprié (ou discordance idéoaective) prennent souvent de deux à quatre semaines avant de s’améliorer. Les symptômes cognitis se corrigent généralement en deux à huit semaines (Braw, Sitman, Cohen et al., 2012). Les symptômes négatifs – retrait social, onctionnement social médiocre, planiication irréaliste, jugement et intuition aussés – prennent plus de temps avant de s’améliorer, mais les résultats probants n’indiquent pas de distinction entre les antipsychotiques quant à leurs eets sur les symptômes négatis de la schizophrénie (Thomas, Nandhra & Singh, 2012).
21.3.4
Autres indications potentielles
Les antipsychotiques sont également souvent utilisés pour le traitement de divers troubles, bien qu’il s’agisse d’indications non ofciellement reconnues par Santé Canada ou d’autres organismes réglementaires. Par exemple, la quétiapine peut être administrée pour traiter les troubles du sommeil (Frey, Haber, Mendes et al., 2012), le pimozide, pour le syndrome de Gilles de La Tourette (Kurlan, 2010), et l’halopéridol, pour le hoquet rebelle (Woelk, 2011) et le syndrome de Gilles de La Tourette (Scahill Ereberg, Berlin et al., 2006). Plusieurs antipsychotiques peuvent aussi être prescrits pour diminuer l’impulsivité chez les clients avec un trouble de la personnalité grave, pour contrôler des comportements inappropriés liés à la démence ou à l’autisme, ou pour diminuer les symptômes intrusis chez ceux sourant d’un état de stress post-traumatique (Virani, Bezchlibnyk-Butler, Jeries et al., 2012).
21.3.5
Pharmacocinétique et posologie
La demi-vie sérique d’un médicament varie grandement d’une personne à l’autre. Pour les antipsychotiques, elle se situe habituellement entre 6 et 40 heures chez l’adulte, le médicament atteignant un état d’équilibre après 4 à 7 jours (Brunton, Lazo & Parker, 2006).
dosage n’accélère pas la réduction des symptômes, et les doses ne devraient pas être inutilement trop élevées. La réduction de la réquence d’administration augmente la probabilité que le client adhère au régime pharmacologique (Sameer, Saini, Schoeneld et al., 2009). Les présentations liquides et les comprimés oraux à dissolution rapide acilitent l’adhésion au traitement TABLEAU 21.1. Les présentations injectables à courte durée d’action (p. ex., l’olanzapine [Zyprexa Intramusculairemd ] ou l’halopéridol [Haldolmd]) sont utiles pour le traitement des symptômes aigus et de l’agitation. L’halopéridol peut par exemple être administré sous orme injectable à courte durée d’action aux clients en délirium. Les comprimés et les injections à longue durée d’action (p. ex., la palipéridone [Invega Sustennamd]) permettent le traitement à long terme. Les injections intramusculaires (I.M.) d’antipsychotiques à longue durée d’action conviennent également aux clients dont les symptômes ou la situation compromettent la capacité de prendre des doses journalières de médicaments TABLEAU 21.2. La surveillance du taux sérique (qui nécessite de prélever des échantillons sanguins afn de déterminer la concentration du médicament) n’est pas systématiquement pratiquée et n’est pas disponible pour tous les antipsychotiques ; elle peut touteois s’avérer utile dans certaines situations précises, notamment lorsqu’il y a absence de réaction à un dosage normal après six semaines, lorsque des eets indésirables graves ou inhabituels se maniestent, quand les clients sont des personnes atteintes de troubles physiques ou âgées ou encore de jeunes enants (Lin, Chen & Liu, 2011). Le profl d’eets indésirables des médicaments et les besoins précis de chaque client déterminent en grande partie le choix du médicament et son dosage. Bien que les antipsychotiques soient des médicaments importants et efcaces, ils entraînent de nombreux eets Jacques Lambert, âgé de 36 ans, est traité pour indésirables. Le principe schizophrénie paranoïde avec de la rispéridone 2 mg important qui doit guider b.i.d. Il prend cette dose depuis deux jours, mais ses hallucinations auditives et ses idées délirantes n’ont les infrmières et les autres pas diminué. proessionnels de la santé est d’utiliser la plus petite dose Sa dose de médicament devraitelle être augmentée ? efcace possible, le moins Justifez votre réponse. longtemps possible.
Jugement clinique
Le traitement antipsychotique débute par des doses ractionnées administrées trois ou quatre ois Effets indésirables par jour, et ce, pour déterminer la tolérance du client 21.3.6 au médicament et pour réduire au minimum l’im- Les eets indésirables des médicaments antipsychopact initial des eets indésirables. Lorsque la dose tiques peuvent être embarrassants, douloureux ou quotidienne efcace est établie et que le client a eu dangereux. L’infrmière est toujours attentive à leur le temps d’acquérir une tolérance aux eets indési- apparition et intervient immédiatement au besoin. rables, la médication est Les antipsychotiques agisLa réduction de la fréquence d’admi souvent réduite à une ou sent en bloquant les récepnistration augmente la probabilité que le deux administrations par teurs dopaminergiques D2, client adhère au régime pharmacologique. jour. Une augmentation du ce qui peut entraîner, entre
RAPPELEZ-VOUS…
À quoi correspond la demivie sérique d’un médicament ?
Chapitre 21 Psychopharmacothérapie et autres thérapies biologiques
603
21
Psychopharmacothérapie TABLEAU 21.1
Principales caractéristiques des antipsychotiques
NOM GÉNÉRIQUE
NOM COMMERCIAL
DOSE ÉQUIVALENTEa
GAMME POSOLOGIQUEb
PRÉSENTATIONS OFFERTES
Antipsychotiques de première génération Chlorpromazine
Largactilmd, génériques
100
301 000 mg/j
Comprimé, injectable à courte durée d’action
Décanoate de fupenthixol
Fluanxol Dépôtmd, génériques
—
20100 mg/24 sem
Injectable à longue durée d’action
Flupenthixol
Fluanxolmd
5
312 mg/j
Comprimé
Décanoate de fuphénazine
Modecatemd, génériques
—
12,5100 mg/24 sem
Injectable à longue durée d’action
Fluphénazine
Moditenmd, génériques
2
520 mg/j
Comprimé
Décanoate d’halopéridol
Haldol LAmd, génériques
—
50300 mg/4 sem
Injectable à longue durée d’action
Halopéridol
Haldolmd, génériques
2
520 mg/j
Comprimé, liquide oral, injectable à courte durée d’action
Loxapine
Loxapacmd, génériques
10
30100 mg/j
Comprimé, liquide oral, injectable à courte durée d’action
Méthotriméprazine
Nozinanmd, génériques
70
10200 mg/j
Comprimé, injectable à courte durée d’action
Péricyazine
Neuleptilmd
15
530 mg/j
Capsule, liquide oral
Perphénazine
Trilaonmd, génériques
10
864 mg/j
Comprimé, liquide oral
Pimozide
Orapmd, génériques
2
220 mg
Comprimé
Palmitate de pipotiazine
Piportil L4md
—
50250 mg/4 sem
Injectable à longue durée d’action
Thiotixène
Navanemd
5
1550 mg/j
Capsule
Trifuopérazine
Stelazinemd, génériques
5
1560 mg/j
Comprimé, liquide oral
Triopropérazine
Majeptilmd
5
3090 mg/j
Comprimé
Acétate de zuclopenthixol
Clopixol Acuphasemd
—
50150 mg/23 j (max 400 mg/2 sem)
Injectable à durée d’action intermédiaire
Décanoate de zuclopenthixol
Clopixol Dépôtmd
—
150300 mg/24 sem
Injectable à longue durée d’action
Zuclopenthixol
Clopixolmd
12
2060 mg/j
Comprimé
Antipsychotiques de deuxième génération Asénapine
Saphrismd
—
1020 mg/j
Comprimé sublingual
Clozapine
Clozarilmd, génériques
—
150600 mg/j
Comprimé
Lurasidone
Latudamd
—
40160 mg/j
Comprimé
Olanzapine
Zyprexamd, génériques
—
1020 mg/j
Comprimé régulier, comprimé à dissolution rapide (Zyprexa Zydismd), injectable à courte durée d’action
Palipéridone
Invegamd
—
612 mg/j
Capsule
604
Partie 4
Interventions infrmières dans le processus thérapeutique
TABLEAU 21.1
Principales caractéristiques des antipsychotiques (suite)
NOM GÉNÉRIQUE
NOM COMMERCIAL
DOSE ÉQUIVALENTEa
GAMME POSOLOGIQUEb
PRÉSENTATIONS OFFERTES
Palmitate de palipéridone
Invega Sustennamd
—
75150 mg/4 sem
Injectable à longue durée d’action
Quétiapine
Seroquelmd, génériques
—
300800 mg/j
Comprimé régulier, comprimé à libération prolongée
Microsphères de rispéridone
Risperdal Constamd
—
2550 mg/2 sem
Injectable à longue durée d’action
Rispéridone
Risperdalmd, génériques
—
28 mg/j
Comprimé régulier, comprimé à dissolution rapide (MTABmd), liquide oral
Ziprasidone
Zeldoxmd
—
100160 mg/j
Capsule
—
1030 mg/j
Comprimé
Antipsychotique de troisième génération Aripiprazole
a b
Abiliymd
Équivalent de chlorpromazine : dosage nécessaire pour équivaloir à 100 mg de chlorpromazine (puissance relative) ; cela ne s’applique qu’aux antipsychotiques de première génération. Recommandations des gammes posologiques adaptées de APhC (2012) ; Virani et al. (2012)
Psychopharmacothérapie TABLEAU 21.2
Comparaison pharmacocinétique d’antipsychotiques de première génération à action prolongée
NOM GÉNÉRIQUE
NOM COMMERCIAL
VÉHICULE
PIC SÉRIQUEa
DEMI-VIE
Décanoate de fupenthixol
Fluanxol Dépôtmd, génériques
Huile végétale
37 j
17 j
Décanoate de fuphénazine
Modecatemd, génériques
Huile de sésame
14 j
710 j
Décanoate d’halopéridol
Haldol LAmd, génériques
Huile de sésame
39 j
1821 j
Palmitate de pipotiazine
Piportil L4md
Huile de sésame
4j
15 j
Décanoate de zuclopenthixol
Clopixol Dépôtmd
Huile de noix de coco
37 j
19 j
a
Le pic sérique correspond au temps requis pour que le médicament atteigne sa concentration maximale dans le sang ; c’est souvent à ce moment que le risque de présenter des effets indésirables est le plus marqué. Source : Adapté de Virani et al. (2012)
autres, des eets extrapyramidaux (ou troubles de la motricité). L’incidence des eets extrapyramidaux diminue avec les antipsychotiques de deuxième et de troisième générations, puisque leurs mécanismes d’action dièrent de ceux des antipsychotiques de première génération. Les eets indésirables des antipsychotiques de deuxième et de troisième générations sont listés dans le TABLEAU 21.3.
Effets extrapyramidaux L’usage d’antipsychotiques de première génération de puissance élevée augmente le risque d’apparition d’eets extrapyramidaux TABLEAU 21.4. Ce groupe de médicaments comprend la fuphénazine,
21
l’halopéridol, la perphénazine et la trifuopérazine. Le TABLEAU 21.5 présente les médicaments utilisés pour traiter les symptômes extrapyramidaux.
Syndrome malin des neuroleptiques Le syndrome malin des neuroleptiques constitue une urgence médicale (Nielsen, Wallenstein Jensen & Nielsen, 2012). Il peut être atal. Le taux de mortalité se situe autour de 10 %, et ce syndrome survient chez environ 1 % des clients qui prennent des antipsychotiques, quelle que soit leur génération (Brunton et al., 2006). Les symptômes du syndrome malin des neuroleptiques incluent la réduction de l’état de Chapitre 21 Psychopharmacothérapie et autres thérapies biologiques
605
TABLEAU 21.3
Principaux effets indésirables des antipsychotiques de deuxième et de troisième générationsa
NOM GÉNÉRIQUE
EFFETS INDÉSIRABLES GÉNÉRAUX
EFFETS INDÉSIRABLES SYSTÉMIQUES
Aripiprazole
Agitation, céphalées, étourdissements, atigue, insomnies, nausées, tremblements, vomissements
Bradycardie, convulsions, hypertension
Asénapine
Étourdissements, insomnie, somnolence
Hypoestésie et paresthésie buccales
Clozapine
Anorexie, céphalées, eets anticholinergiques (constipation, diaphorèse, sécheresse de la bouche, somnolence), étourdissements, atigue, sialorrhée, tremblements, vomissements
Agranulocytose, convulsions, diabète, gain de poids, hypotension orthostatique, iléus, myocardite et myopathie, rétention urinaire, syndrome métabolique, tachycardie
Lurasidone
Akathisie et parkinsonisme, insomnie, nausées, somnolence
Hypotension orthostatique, syncope
Olanzapine
↑ appétit, étourdissements, atigue, œdème, somnolence
↑ intervalle QTc, ↑ triglycéridémie, bradycardie, diabète, gain de poids, hyperprolactinémie, hypotension, syndrome métabolique
Palipéridone
Céphalées, somnolence
Hypotension orthostatique, tachycardie
Quétiapine
Céphalées, eets anticholinergiques (constipation, sécheresse de la bouche, somnolence, vision foue), étourdissements
↑ intervalle QTc, convulsions, onction hépatique anormale, hypertension, hyperprolactinémie, hypertriglycéridémie, hypotension orthostatique, leucopénie, neutropénie, tachycardie
Rispéridone
Agitation, anxiété, céphalées, eets anticholiner giques (diculté à se concentrer, sécheresse de la bouche), insomnie, tremblements
↑ intervalle QTc, dysonction sexuelle, hyperprolactinémie, troubles hématolo giques
Ziprasidone
Céphalées, étourdissements, somnolence
↑ intervalle QTc
ALERTE CLINIQUE
1 L’akathisie peut être
conondue avec de l’anxiété et de l’agitation. L’observa tion attentive du client per mettra d’éviter la conusion. 2 Le parkinsonisme peut
se maniester par une orme comportementale d’akinésie, qui se caractérise par le manque de motivation, l’a ect émoussé, la réduction du langage et l’apathie, de sorte qu’il peut être dicile de distinguer ce symptôme des symptômes négatis du trouble traité. L’inrmière reste attentive an de dis tinguer les symptômes liés au traitement des symp tômes du trouble traité. 3 La prévention de la
dyskinésie tardive est essentielle, car il n’existe aucun traitement ecace. Le client qui suit un traite ment antipsychotique est donc évalué tous les six mois. Quant à la dyskinésie de sevrage (ou de retrait), elle apparaît au moment de la réduction de la posologie des antipsychotiques. Ces mouvements disparaissent habituellement dans un délai de deux semaines à deux mois. La dyskinésie de sevrage touche prin cipalement les enants de manière plus aiguë (Howland, 2010).
606
Partie 4
a
La liste des effets indésirables présentés ici n’est pas exhaustive ; elle est ordonnée alphabétiquement selon le nom générique du médicament. Le syndrome malin des neuroleptiques est soupçonné ou peut être observé au moment de l’administration de tout antipsychotique. Source : Adapté de Thomas et al. (2012)
TABLEAU 21.4
Effets extrapyramidaux
SYMPTÔME
DÉFINITION
DÉLAI D’APPARITION
Dystonie
Spasme et torsions musculaires aux yeux (crise oculogyre), à la langue (glossospasme), au cou (torticolis) et au dos (rétrocolis), associés à une anxiété aiguë ou à une réaction de panique
Généralement dans les cinq premiers jours de traitement avec un antipsychotique ; rarement après trois mois de traitement
Akathisie
Impossibilité de rester en place, besoin irrésistible de bouger, irritabilité, agitation 1
De quelques heures à quelques jours après l’introduction d’un antipsychotique
Parkinsonisme
Réduction des mouvements moteurs (akinésie, bradykinésie), rigidité musculaire, masque acial, tremblements, instabilité posturale, démarche traînante, sialorrhée 2
Dans le premier mois de traitement avec un antipsychotique
Dyskinésie tardive
Mouvements involontaires du visage, des lèvres, de la mâchoire, de la langue, des yeux, du cou, des membres et du tronc ; mouvements souvent marqués et invalidants 3
Après plusieurs mois à plusieurs années de traitement avec un antipsychotique
Sources : Adapté de Pringsheim, Doja, Belanger et al. (2011) ; Strawn, Keck & Caroff (2007) ; Yassa, Nair & Iskandar (1989)
Interventions infrmières dans le processus thérapeutique
Psychopharmacothérapie TABLEAU 21.5
Traitement des eets extrapyramidaux
NOM GÉNÉRIQUE
NOM COMMERCIAL
SYMPTÔME TRAITÉ
DOSE (mg)
GAMME POSOLOGIQUE (mg/j)
PRÉSENTATIONS OFFERTES
Symmetrelmd, génériques
Parkinsonisme
n/d
100400
Capsule, liquide oral
Benztropine
Cogentinmd, génériques
Dystonie, parkinsonisme
1
16
Comprimé, injectable
Procyclidine
Kemadrinmd, génériques
Parkinsonisme
2,5
520
Comprimé, liquide oral
Trihexyphénidyl
Artanemd, génériques
Parkinsonisme
2
215
Comprimé, liquide oral
Benadrylmd, génériques
Dystonie
50
50300
Comprimé, capsule, liquide oral, injectable
Clonazépam
Rivotrilmd, génériques
Akathisie
0,5
18
Comprimé
Lorazépam
Ativanmd, génériques
Akathisie
1
0,510
Comprimé, comprimé sublingual, injectable
Inderalmd, génériques
Akathisie
n/d
30120
Comprimé
Agoniste de la dopamine Amantadine Anticholinergiques
Antihistaminique Diphenhydramine Benzodiazépines
Bêtabloquant Propranolol
Sources : Adapté de APhC (2012) ; Virani et al. (2012)
conscience, une augmentation importante du tonus musculaire (rigidité) et une dystonie neurovégétative (diaphorèse, hyperpyrexie, hypertension labile, sialorrhée, tachycardie et tachypnée). La nécrose musculaire, ou rhabdomyolyse, est parois si importante qu’elle provoque une insufsance rénale avec myoglobinurie parce que de grandes quantités de myoglobine libérées par le tissu musculaire sont éliminées dans l’urine. La plupart des clients se remettent du syndrome malin des neuroleptiques. Une ois le client rétabli, il est prudent d’attendre une ou deux semaines avant de reprendre la médication antipsychotique. Si le médecin croit que le client doit continuer à prendre une telle médication, il prescrira un antipsychotique de structure chimique diérente dont il augmentera lentement le dosage. Le client ne devrait pas recevoir d’antipsychotiques injectables à action prolongée en raison de la longue demi-vie de ces médicaments.
Agranulocytose L’agranulocytose est un eet indésirable grave consistant en la diminution ou l’absence de
leucocytes agranulocytes, ce qui augmente le risque d’inection pour le client. Cet eet indésirable a été considérablement documenté avec l’usage de la clozapine, qui ne constitue pas, pour cette raison, un antipsychotique de première intention ; elle est administrée en cas de schizophrénie réractaire au traitement. Au Canada, lorsqu’il y a administration de clozapine, les clients doivent se soumettre à des examens hématologiques réguliers, afn de surveiller la numération des globules blancs (Santé Canada, 2004).
ALERTE CLINIQUE
L’infrmière est attentive aux maniestations possi bles du syndrome malin des neuroleptiques. L’abandon immédiat des médicaments antipsychotiques est néces saire et doit être suivi par le traitement des autres symptômes indésirables.
Eets cardiovasculaires Modifcations de l’intervalle QTc La ziprasidone, entre autres, a été associée à un allongement de l’intervalle QTc. La ziprasidone est contre-indiquée chez les clients ayant des antécédents connus d’allongement de l’intervalle QTc associé à la ziprasidone, d’inarctus aigu du myocarde récent ou d’une insufsance cardiaque non compensée (Santé Canada, 2008). De plus, il est recommandé de surveiller régulièrement tous les clients qui prennent cet antipsychotique, en eectuant des électrocardiogrammes, mais également
i
Les recommandations de Santé Canada concernant l’administration de la cloza pine peuvent être consultées au www.hcsc.gc.ca/dhpmps/ mede/advisoriesavis/ pro/_2004/clozapine_nth ahra.php.
Chapitre 21 Psychopharmacothérapie et autres thérapies biologiques
607
21
Jugement clinique Marcellin Rogue, âgé de 38 ans, est traité avec de la clozapine 200 mg die pour une schizophrénie réractaire. Pourquoi doitil noter ce qu’il mange et vérifer son poids régulièrement ? Vous recevez les résultats de l’analyse des leucocytes agranulocytes de monsieur Rogue. La valeur des lym phocytes est de 3 500 cellules/mm3 alors que celle des monocytes est de 700 cellules/mm3. Devriezvous aviser immédiatement le médecin de ces résultats ? Justifez votre réponse.
en restant attenti à leurs symptômes.
Arythmies et palpitations Des arythmies et des palpitations surviennent parois avec des dosages plus élevés d’antipsychotiques ou chez des clients ayant déjà une maladie cardiaque, ainsi qu’en combinaison avec certains médicaments, comme le pimozide et la ziprasidone (Barnes & Hollands, 2010 ; Muench & Hamer, 2010).
Hypotension orthostatique
i
L’administration d’un médica ment par voie I.M. selon la technique en Z est présentée dans la section 5 du manuel de Lemire, C. & Poulin, S. (2010). Soins infrmiers – Méthodes de soins 1. Montréal : Chenelière Éducation.
E L’annexe E présente les acteurs de risque de syndrome métabolique et les interventions infrmières associées.
L’hypotension orthostatique se manieste comme un étourdissement associé à un changement soudain de position (p. ex., en passant de la position couchée à la position debout). Il est donc conseillé au client qui suit un traitement antipsychotique de se lever lentement d’un lit ou d’une chaise pour éviter les chutes. Ce conseil est particulièrement important pour les personnes âgées de plus de 65 ans.
Prise de poids et syndrome métabolique D’une açon générale, le syndrome métabolique est associé aux antipsychotiques de deuxième génération et tout particulièrement à la clozapine et à l’olanzapine, qui risquent davantage d’entraîner une prise de poids (Wysokin´ski, Kowman & Kloszewska, 2012). La prise de poids est particulièrement importante lorsque le client prend d’autres médicaments, comme le lithium, le divalproex (Epivalmd) ou la mirtazapine (Remeronmd), qui entraînent aussi une prise de poids . E
Eets anticholinergiques Visionnez la vidéo Schizophrénie et syndrome métabolique au http://ortinash.cheneliere.ca.
Les effets anticholinergiques sont surtout ennuyeux, mais généralement peu sérieux. Il s’agit de la constipation, de l’inhibition de l’éjaculation, de la rétention urinaire, de la sécheresse de la bouche et de la vision foue.
Photosensibilité et changements cutanés F L’annexe F présente une échelle d’évaluation des symptômes extrapyramidaux.
Des antipsychotiques de première génération tels que la chlorpromazine ou l’halopéridol peuvent entraîner des réactions de photosensibilité (Drucker & Rosen, 2011). Il peut s’agir d’une réaction phototoxique commune (qui ressemble à un coup de soleil) ou d’une réaction photoallergique, plus rare.
Galactorrhée et gynécomastie La galactorrhée et la gynécomastie résultent du blocage de la dopamine, qui entraîne une hyperprolactinémie. Il aut renseigner le client sur ces eets indésirables possibles, et il est parois nécessaire de changer de médicament.
608
Partie 4
Interventions infrmières dans le processus thérapeutique
21.3.7
Contre-indications
Les antipsychotiques sont contre-indiqués en cas d’allergies connues, et ils doivent être administrés avec prudence en cas de troubles cardiaques comorbides (APhC, 2012).
21.3.8
Interactions
L’usage simultané de dépresseurs du SNC (p. ex., l’alcool, un sédati, un somnière) et d’analgésiques narcotiques n’est pas recommandé lorsqu’il y a administration d’antipsychotiques, car leur eet dépresseur sur le SNC peut être amplié.
Soins et traitements infrmiers Au début de la prise d’antipsychotiques, l’inrmière recueille des données de base concernant l’état de conscience, l’état mental et le onctionnement moteur de la personne, puisque ces paramètres peuvent être modiés par le traitement. Elle assure un suivi régulier du poids et de la glycémie du client an de prévenir les complications liées au développement du syndrome métabolique associé à la prise d’antipsychotiques de deuxième génération. Une consultation avec la nutritionniste peut aussi être conseillée. La pression artérielle (P.A.) (en position couchée et assise) est mesurée avant le début de la prise d’antipsychotiques et à toutes les rencontres de suivi subséquentes. Les antipsychotiques injectables à longue durée d’action doivent être administrés selon la technique en Z. L’inrmière est amilière avec cette technique d’injection I.M. qui assure le maintien du médicament dans le site d’injection et évite les uites dans l’espace sous-cutané. La communication et l’établissement d’une relation de conance sont essentiels à l’adhésion au traitement (Lilley, 2011). L’inrmière surveille étroitement les eets indésirables majeurs qui pourraient survenir, et elle enseigne au client comment les prévenir ENCADRÉ 21.7. Cela s’avère particulièrement important chez les clients dont la psychose peut empêcher de rapporter à l’inrmière certains eets indésirables qu’ils éprouvent. Les symptômes extrapyramidaux et pseudoparkinsoniens sont particulièrement désagréables, et l’inrmière les évalue régulièrement F . D’autres eets indésirables des antipsychotiques sont surtout incommodants pour la personne. L’inrmière inorme le client que si certaines maniestations comme la gynécomastie ou la galactorrhée surviennent, des modications à la médication peuvent être apportées par le médecin. Pour contrer les eets anticholinergiques, les interventions suivantes constituent des suggestions utiles pour le client. • Pour limiter la sécheresse de la bouche, il est conseillé de sucer des glaçons, des bâtonnets
Enseignement au client et à ses proches ENCADRÉ 21.7
Effets indésirables majeurs d’un traitement par antipsychotiques
L’infrmière invite le client à prendre plusieurs dispositions pour pallier certains eets indésirables des antipsychotiques. PRÉVENTION DE L’HYPOTENSION ORTHOSTATIQUE
protection FPS 30 avec fltre inorganique, comme le dioxyde de titane (présent dans les produits Ombrellemd) et l’oxyde de zinc (Bertrand, Rouisse & Girard, 2010). • Se tenir au rais durant les chaleurs intenses en raison du risque d’insolation.
• En position assise ou couchée, se lever graduellement. • Rester couché pendant au moins 30 minutes, après l’injection I.M.
ALTÉRATION DES FONCTIONS COGNITIVES ET MOTRICES
• Éviter les douches ou les bains trop chauds.
• Éviter de conduire un véhicule moteur ou de s’adonner à des activités nécessitant de la vigilance jusqu’à ce que la réponse au médicament soit connue, car les acultés mentales ou motrices diminuent normalement durant les deux premières semaines de traitement, mais cet eet s’estompe par la suite.
PRÉVENTION DES MALAISES CARDIAQUES
• Aviser immédiatement un proessionnel de la santé en cas de sensations de palpitation.
• Éviter la consommation simultanée de dépresseurs du SNC (p. ex., l’alcool).
PRÉVENTION DE LA PHOTOSENSIBILITÉ
• À l’occasion d’activités à l’extérieur, porter des vêtements protecteurs, incluant des lunettes et un chapeau, et utiliser un écran solaire de
• Prendre la médication comme prescrit et ne pas la cesser abruptement sans avis médical.
Source : Adapté de Stuart Gail (2009)
au citron et des bonbons ou des gommes à mâcher sans sucre, ainsi que de se rincer fréquemment la bouche. • Pour soulager la congestion nasale, le client peut faire usage d’un décongestionnant nasal à court terme. • Une consultation ophtalmique est suggérée au client si sa vision devient oue, pour éliminer des causes autres que la médication. Il est conseillé de lire pendant de courtes périodes dans des endroits bien éclairés et de varier la distance entre le document et les yeux pour corriger la vision oue. L’emploi de larmes articielles peut être proposé pour diminuer la sensation de sécheresse oculaire. • Pour prévenir la constipation, il est recom mandé de faire de l’exercice régulièrement (p. ex., la marche), de boire beaucoup de liquides (sauf en présence de problèmes cardiaques ou rénaux), de manger beaucoup de fruits et de légumes et de recourir à un laxatif émollient, comme le docusate sodique (Colacemd). • Pour la rétention urinaire, des soins médicaux sont souvent nécessaires, et le béthanéchol (Duvoidmd) est efcace dans certains cas.
21.4
Antidépresseurs
Le premier médicament antidépresseur moderne, l’imipramine, ut commercialisé en 1958. Ce composé tricyclique a été constitué par une modifcation
de la structure de la chlorpromazine, un antipsychotique. L’imipramine et les médicaments similaires sont qualifés de tricycliques en raison de leur structure chimique qui comprend trois cycles carbonés. Au même moment, les progrès de la compréhension du rôle de la sérotonine dans la dépression annonçaient une nouvelle classe d’antidépresseurs, les inhibiteurs sélectis du recaptage de la sérotonine (ISRS).
21.4.1
Mécanismes d’action
L’hypothèse du défcit monoaminergique suppose que la dépression est liée, entre autres, à une diminution de la synthèse et de la libération de la noradrénaline, de la dopamine ou de la sérotonine, trois neurotransmetteurs 11 . Les médicaments antidépresseurs agissent sur diverses étapes de la neurotransmission catécholaminergique et sérotoninergique. Tout d’abord, les neurones présynaptiques synthétisent les neurotransmetteurs et les incorporent dans des vésicules. Ensuite, les neurotransmetteurs sont libérés dans la ente synaptique et agissent sur les récepteurs du neurone postsynaptique. Cependant, la plupart des neurotransmetteurs sont ensuite récupérés par le neurone présynaptique. La majorité des antidépresseurs bloquent partiellement le recaptage de la noradrénaline et de la sérotonine par le neurone présynaptique. Il en résulte une augmentation des quantités de neurotransmetteurs dans la synapse, ce qui aura possiblement pour eet de réduire le nombre de récepteurs sur la membrane postsynaptique. Cette modifcation de la densité des récepteurs postsynaptiques, appelée régulation à la baisse, ne se
11 Les liens entre l’activité de neurotransmission et la dépression sont précisés dans le chapitre 11, Troubles de l’humeur.
Chapitre 21 Psychopharmacothérapie et autres thérapies biologiques
609
21
produit qu’après plusieurs semaines et est associée, dans le temps, à l’eet antidépresseur FIGURE 21.3. L’ensemble des antidépresseurs agit sur divers neurotransmetteurs et par diérents mécanismes, ce qui ore une latitude thérapeutique en cas d’échec à un premier traitement. Ainsi, les ISRS et les inhibiteurs du recaptage de la sérotonine et de la noradrénaline (IRSN) agissent respectivement sur la sérotonine ou sur la sérotonine et la noradrénaline. Parmi les antidépresseurs atypiques, le bupropion a des eets inhibiteurs du recaptage de la noradrénaline et de la dopamine. Il agit moins sur le recaptage de la sérotonine, et il est donc couramment décrit comme un inhibiteur de la
noradrénaline et de la dopamine. La mirtazapine, elle, augmente à la ois la quantité de noradrénaline et de sérotonine dans la synapse. Elle bloque également certains récepteurs de la sérotonine. La trazodone agit comme inhibiteur du recaptage de la sérotonine. Les antidépresseurs tricycliques (ATC), eux, peuvent agir sur la sérotonine, la noradrénaline ou sur d’autres neurotransmetteurs. Enfn, les inhibiteurs de la monoamine oxydase (IMAO) agissent sur cette enzyme responsable de l’élimination des neurotransmetteurs monoaminergiques, ce qui provoque une augmentation de la noradrénaline, de la sérotonine et de la dopamine dans la ente synaptique.
Molécules de neurotransmetteur
AA Monoamine oxydase (MAO)
Pompe de recaptage Neurone postsynaptique
Neurone présynaptique
Synapse
Vésicule Récepteurs postsynaptiques
Antidépresseur BB
Monoamine oxydase (MAO)
Pompe de recaptage
Molécules de neurotransmetteur
Neurone postsynaptique
Neurone présynaptique
Synapse
Vésicule Récepteurs postsynaptiques FIGURE 21.3 Réactions des neurotransmetteurs à un traitement antidépresseur – A Chez une personne atteinte d’un trouble dépressif, le neurotransmetteur est présent en faibles quantités dans la fente synaptique. B Avec le traitement, le recaptage du neurotransmetteur est bloqué par le médicament antidépresseur (en rouge), de sorte que sa concentration augmente dans la synapse. Après plusieurs semaines, le nombre de récepteurs postsynaptiques a diminué (régulation à la baisse). Cette diminution est associée à la réduction de l’état dépressif.
610
Partie 4
Interventions infrmières dans le processus thérapeutique
21.4.2
Indications
Psychopharmacothérapie
Les ISRS, notamment le citalopram (Celexamd), l’escitalopram (Cipralexmd), la fuoxétine (Prozacmd), la fuvoxamine (Luvoxmd), la paroxétine (Paxilmd) et la sertraline (Zolotmd), sont des traitements de première intention pour le trouble dépressi majeur en raison de leur innocuité et de leur prol d’eets indésirables (Hadjipavlou & Lam, 2009).
TABLEAU 21.6
INDICATIONS
Trouble dépressi majeur
En plus du traitement du trouble dépressi majeur, certains antidépresseurs se sont avérés utiles pour diverses pathologies TABLEAU 21.6.
21.4.3
Efcacité clinique
D’une açon générale, tous les antidépresseurs possèdent une ecacité clinique semblable dans le traitement du trouble dépressi majeur. Le choix d’un antidépresseur particulier dépend du prol de symptômes, de la comorbidité, de la réponse antérieure au traitement, de la tolérance du client aux eets indésirables, des interactions médicamenteuses et, dans une moindre mesure, du coût du médicament (Fournier, Roberge & Brouillet, 2012).
21.4.4
Autres indications potentielles
Les ISRS et les IRSN sont utilisés pour diminuer l’impulsivité et les problèmes comportementaux liés au trouble de la personnalité limite et à la démence. Les ATC et les IRSN peuvent aussi être prescrits an de contrôler les douleurs chroniques d’origine neurologique. Les IRSN peuvent également réduire les
Tous les antidépresseurs peuvent être prescrits.
Troubles anxieux
Le bupropion (Wellbutrin SR/XLmd) et la mirtazapine (Remeronmd) sont également des traitements de première intention du trouble dépressi (Hadjipavlou & Lam, 2009). En raison de ses eets sédatis, la trazodone, elle, sert surtout pour contrer l’insomnie et est désormais très peu employée pour le traitement du trouble dépressi majeur.
L’usage des IMAO est limité en raison de leurs eets indésirables potentiellement dangereux et des modications diététiques strictes qu’ils exigent. Ce sont donc des agents de troisième intention (Hadjipavlou & Lam, 2009).
EXEMPLES D’ANTIDÉPRESSEURS APPROUVÉSa
Trouble de l’humeur
La duloxétine (Cymbalta md), la venlaaxine (Eexor XRmd) et la desvenlaaxine (Pristiqmd), des IRSN approuvés pour le traitement du trouble dépressi majeur, sont des agents de première intention au même titre que les ISRS (Hadjipavlou & Lam, 2009).
Les ATC urent les premiers antidépresseurs largement utilisés pour le traitement du trouble dépressi majeur ; ils orent touteois un prol d’eets indésirables importants. Avec l’apparition des ISRS, ils sont devenus un traitement de seconde intention. Il est notamment recommandé d’éviter d’administrer des ATC aux clients âgés (généralement de 65 ans et plus), en raison de leurs eets indésirables (Hadjipavlou & Lam, 2009).
Indications des antidépresseurs approuvées au Canada (chez l’adulte)
Trouble panique
Paroxétine (Paxilmd)
Phobie sociale
Paroxétine (Paxilmd)
Trouble obsessionnel compulsi
Citalopram (Celexamd), clomipramine (Anaranilmd), escitalopram (Cipralexmd)
État de stress post traumatique
Paroxétine (Paxilmd)
Trouble d’anxiété généralisée
Duloxétine (Cymbaltamd), escitalopram (Cipralexmd), venlaaxine (Eexor XRmd)
Autres troubles Boulimie
Fluoxétine (Prozacmd)
Dépendance au tabac
Bupropion (Wellbutrin SR/XLmd)
Douleur neuropathique
Duloxétine (Cymbaltamd)
a
Liste non exhaustive Source : Adapté de APhC (2012)
Jugement clinique
bouées de chaleur associées à la ménopause (Virani et al., 2012). Les antidépresseurs Martha Blackburn est âgée de 48 ans, et elle habite seule. sédatis pourraient être utiliElle a été récemment victime d’une intrusion de domicile sés pour traiter certains trouavec agression physique pendant la nuit et elle présente des symptômes d’état de stress posttraumatique. Elle bles du sommeil (McCall & prend de la paroxétine 20 mg die le soir. McCall, 2012). De plus, certains antidépresseurs (p. ex., Prendelle son médicament au bon moment ? la venlaaxine) seraient consiJustifez votre réponse. dérés pour le trouble de décit de l’attention/hyperactivité (TDA/H) (De Sousa & Kaira, 2012). La prescription ALERTE CLINIQUE initiale de ces médicaments devrait cependant être réservée à un médecin spécialiste du TDAH (Canadian L’administration d’anti ADHD Resource Alliance [CADDRA], 2011). dépresseurs est associée, en début de traitement, à un risque accru de pen 21.4.5 Pharmacocinétique sées ou de comporte et posologie ments suicidaires chez les Le délai d’action des antidépresseurs, d’environ enants et les adolescents atteints de troubles men quatre à huit semaines, est long . En conséquence, taux, notamment le trouble cela demande en début de traitement une grande dépressi majeur (Henry, vigilance de la part de l’équipe soignante an d’enKisicki & Varley, 2012). courager le client à ne pas l’interrompre (Brunton L’infrmière en inorme le et al., 2006 ; Hadjipavlou & Lam, 2009). De plus, client et ses proches et leur les eets indésirables se ont souvent sentir dès le recommande d’aviser immé début du traitement. Dans cette perspective, l’inrdiatement un proessionnel mière sensibilise le client à l’importance d’adhérer de la santé en cas de chan au traitement et tente de trouver avec lui des stragement de comportement. tégies ecaces de gestion de symptômes. Comme Chapitre 21 Psychopharmacothérapie et autres thérapies biologiques
611
21
Psychopharmacothérapie TABLEAU 21.7
Principales caractéristiques des antidépresseurs NOM COMMERCIAL
GAMME POSOLOGIQUE (mg/j)
HORAIRE D’ADMINISTRATIONa
Citalopram
Celexamd, génériques
2060
die
Escitalopram
Cipralexmd
1020
die
Fluoxétine
Prozacmd, génériques
2080
die (le matin)
Fluvoxamine
Luvoxmd, génériques
50300
die (h.s.) ou b.id.b
Paroxétine
Paxilmd, génériques
2050
die
Paroxétine CR
Paxil CRmd
2562,5
die
Sertraline
Zolotmd, génériques
50200
die
Desvenlaaxine
Pristiqmd
50
die
Duloxétine
Cymbaltamd
4060
die ou b.i.d.
Venlaaxine
Eexor XRmd, génériques
75225
die (le matin)
NOM GÉNÉRIQUE
ISRS
IRSN
Antidépresseurs atypiques Bupropion SR/XL
Wellbutrin SR/XLmd, génériques
150300
b.i.d.c/die (le matin)
Mirtazapine/RD
Remeron/RDmd, génériques
1545
die (h.s.)
Trazodone
Desyrelmd, génériques
150600
h.s.
Amitryptiline
Elavilmd, génériques
100300
die (h.s.)
Clomipramine
Anaranilmd, génériques
100250
die (h.s.)
Désipramine
Norpraminmd, génériques
100300
die (h.s.)
Doxépine
Sinequanmd, génériques
100300
die (h.s.)
Imipramine
Toranilmd, génériques
100300
die (h.s.)
Nortriptyline
Aventylmd, génériques
50150
die (h.s.)
Trimipramine
Surmontilmd, génériques
100300
die (h.s.)
Moclobémide
Manerixmd, génériques
200600
b.i.d. ou t.i.d.d
Phénelzine
Nardilmd
1590
b.i.d. ou t.i.d.d
Tranylcypromine
Parnatemd
3060
b.i.d. ou t.i.d.d
ATC
ALERTE CLINIQUE
1 La somnolence, qui est un eet indésirable ré quent de la prise d’anti dépresseurs, augmente le risque de chutes et de blessures, particulièrement chez la personne âgée.
IMAO
2 Lorsque la décision est
prise par l’équipe soignante et le client d’arrêter le traitement par antidépresseur, il est impor tant d’en réduire graduellement la dose sur une période de deux à quatre semaines afn d’éviter le syndrome de retrait.
612
Partie 4
a
Un antidépresseur ayant un eet stimulant peut être administré une ois par jour (die), le matin, ou encore deux ois par jour (b.i.d.), ou trois ois par jour (t.i.d.). Un antidépresseur ayant un eet calmant sera administré à l’heure du coucher (h.s.). Le choix de l’antidépresseur déprendra du ou des symptômes présentés par le client. b Une dose supérieure à 150 mg par jour doit être ractionnée. c Prendre le matin et en fn d’après-midi, afn d’éviter de l’insomnie ; un délai de huit heures devrait séparer les deux prises. d Prendre le matin, le midi et au souper afn d’éviter de l’insomnie. Source : Adapté de Légaré (2008)
Interventions infrmières dans le processus thérapeutique
pour le traitement aux antipsychotiques, le titrage de l’antidépresseur se ait graduellement jusqu’au dosage optimal. Le TABLEAU 21.7 présente les gammes posologiques et les horaires d’administration recommandés au Canada.
21.4.6
Effets indésirables
Les eets indésirables les plus courants des antidépresseurs sont souvent plus importants à l’amorce du traitement, mais ils diminuent ou deviennent plus tolérables avec le temps et l’usage TABLEAU 21.8 1 . Certains clients tolèrent un antidépresseur mieux qu’un autre, de sorte qu’il est important de aire une évaluation approondie avec le client avant d’opter pour un médicament particulier. Pour avoriser l’acceptation de ces médicaments par le client et améliorer l’adhésion au traitement, il est important de surveiller les eets indésirables, et ce, pour toute la durée du traitement. Il est à noter que l’arrêt brusque de certains antidépresseurs peut se traduire par des symptômes de sevrage, ou syndrome de retrait 2 . Le syndrome de retrait survient généralement entre 24 et 72 heures après l’arrêt de la médication, il peut persister 1 ou 2 semaines et est particulièrement susceptible de se produire avec les ISRS à plus courte demi-vie comme la fuvoxamine et la paroxétine (Howland, 2010). Ainsi, l’arrêt brusque d’un ISRS entraîne parois des symptômes gastro-intestinaux (nausées), une détresse générale (symptômes grippaux, léthargie, sueurs), une perturbation du sommeil, des symptômes émotionnels (anxiété, irritabilité, crise de larmes, agitation, conusion), des problèmes d’équilibre (sensations ébrieuses, étourdissements, vertiges, ataxie) ou des anomalies sensorielles (paresthésie, engourdissements, tremblements). Des symptômes similaires ont été observés à la suite de l’arrêt brusque des IRSN, comme la venlaaxine, et des ATC. L’inrmière recommande au client d’éviter de sauter des doses d’antidépresseurs et l’inorme que l’arrêt du traitement doit être ait de manière progressive.
21.4.7
apparaît assez rapidement avec l’accumulation excessive de sérotonine (5-HT). Chez les clients atteints de trouble dépressi majeur, le syndrome sérotoninergique est provoqué par des doses élevées ou par l’utilisation simultanée de médicaments comme les ISRS, les ATC, les précurseurs de la sérotonine (p. ex., le l-tryptophane), les agonistes de la sérotonine (p. ex., la buspirone), les IMAO ou d’autres médicaments ou substances ayant une infuence sur les taux de sérotonine (p. ex., le lithium, la linézolide, qui est un antibiotique, la mépéridine, les sympathomimétiques, les triptans pour la migraine, les médicaments contre le rhume ou les allergies, la cocaïne, l’ecstasy, le millepertuis). Le syndrome sérotoninergique se caractérise par plusieurs des symptômes suivants : activité motrice accrue, agitation, ataxie, augmentation de la P.A., changements d’humeur, conusion, diaphorèse, diarrhée, hyperréfexie, hyperthermie, hypomanie, myoclonies, tachycardie et tachypnée, tremblements, etc. Les réactions graves sont les suivantes : choc cardiovasculaire, convulsions, hyperthermie et décès (Frank, 2008).
• Abandon des médicaments qui provoquent une augmentation de la sérotonine • Mesures de soutien comme une couverture refroidissante pour l’hyperthermie, des benzodiazépines (p. ex., le clonazépam) pour la myoclonie (contraction musculaire brusque, brève, involontaire et se
TABLEAU 21.8
Contre-indications
Interactions
Les antidépresseurs peuvent interagir avec diverses molécules. Ainsi, le syndrome sérotoninergique,
Le dépistage précoce du syndrome sérotoninergique est important. L’inrmière ob tient la liste de tous les médi caments du client (y compris ceux vendus sans ordonnance, les produits naturels et les dro gues), prévient le client et sa amille de signaler immédiate ment tout changement subtil qui se manieste par de la con usion, un comportement inha bituel ou de l’agitation, et elle surveille la P.A. Si l’inirmière soupçonne un syndrome séro toninergique, elle devra cesser les médicaments et prévenir le médecin.
Le syndrome sérotoninergique est traité dans un centre de soins aigus de la manière suivante :
Les antidépresseurs ne doivent pas être prescrits en monothérapie pour le trouble bipolaire en raison du risque de voir se développer la manie ou l’hypomanie (APhC, 2012). Les contre-indications varient d’un antidépresseur à un autre. Par exemple, le bupropion ne doit pas être prescrit chez les clients sourant de troubles de l’alimentation puisqu’une incidence plus élevée de convulsions a été observée chez les clients atteints de ces troubles. Par ailleurs, les ATC ne doivent pas être prescrits durant la période de convalescence suivant un inarctus (APhC, 2012).
21.4.8
ALERTE CLINIQUE
Principaux effets indésirables des antidépresseursa
CLASSE OU MÉDICAMENT
EFFETS INDÉSIRABLES
ISRS
Agitation, céphalées, dysonction sexuelle, eets gastro intestinaux (p. ex., des nausées), insomnie, irritabilité
IRSN
Céphalées, dysonction sexuelle, eets gastrointestinaux
Bupropion SR/XL
Céphalées, convulsions, insomnie, nervosité
Mirtazapine
Agranulocytose (rare), appétit augmenté, gain de poids (voire syndrome métabolique), somnolence
Trazodone
Hypotension, priapisme (ou érection douloureuse et persis tante non accompagnée de stimulation sexuelle), somnolence
ATC
Convulsions, eets anticholinergiques (p. ex., de la consti pation, un délirium anticholinergique, la rétention urinaire, la sécheresse de la bouche, une vision foue), hypotension, somnolence, trouble cardiaque
IMAO
Dysonction sexuelle, gain de poids, hypotension ortho statique, interactions alimentaires et médicamenteuses nombreuses (risque de crise hypertensive), œdème
21
a
La liste des effets indésirables présentés ici n’est pas exhaustive ; elle est ordonnée alphabétiquement selon la classe ou le nom du médicament. Source : Adapté de APhC (2012) Chapitre 21 Psychopharmacothérapie et autres thérapies biologiques
613
répétant à intervalles variables), des anticonvulsivants pour les convulsions et des antihypertenseurs pour l’élévation de la P.A. (Frank, 2008) Mis à part le syndrome sérotoninergique, les ISRS peuvent occasionner d’autres interactions. Par exemple, la paroxétine augmenterait la concentration sanguine du métoprolol, un bêtabloquant, ce qui provoquerait une bradycardie. En cas de consommation concomitante d’alcool ou d’anxiolytiques avec les ATC, un eet dépresseur du SNC se manieste (Frewer & Lader, 1993). Toute combinaison d’un IMAO avec des médicaments tels que les anticongestionnants risque de mener à une crise hypertensive. Il existe une gamme importante d’interactions médicamenteuses avec les IMAO issues soit de l’inhibition, soit de l’induction des enzymes hépatiques. Par exemple, la coadministration de la carbamazépine (inducteur) risque de nécessiter l’augmentation du dosage de l’antidépresseur. Par ailleurs, l’administration concomitante d’autres antidépresseurs et de la linézolide, qui possède des propriétés inhibitrices de la monoamine oxydase, pourrait provoquer un syndrome sérotoninergique. De açon générale, les interactions médicamenteuses sont court-circuitées à la source, c’est-à-dire lorsque l’antidépresseur est remis par le pharmacien, qui vérife les données pertinentes. Cependant, l’infrmière rappelle au client et à ses proches les risques d’interaction et obtient la liste de tous les médicaments ou substances consommés.
Finalement, les interactions avec le jus de pamplemousse, abondamment documentées, ont sensibilisé les proessionnels de la santé à inormer le client de ne pas consommer cette boisson avec leurs médicaments (psychotropes ou autres) (Ueda, Yoshimura, Umene-Nakano et al., 2009).
Soins et traitements infrmiers L’infrmière surveille étroitement les eets indésirables majeurs qui pourraient survenir, et elle enseigne au client comment les prévenir ENCADRÉ 21.8. La surveillance thérapeutique du taux sérique du médicament (disponible pour quelques agents tricycliques seulement) permet de vérifer si la dose administrée maintient la concentration sérique à l’intérieur d’un intervalle efcace, tout en évitant la toxicité et des eets indésirables sérieux.
21.5
Stabilisateurs de l’humeur
Le rôle des stabilisateurs de l’humeur est majeur dans le traitement des troubles bipolaires. Comme leur nom l’indique, ils stabilisent l’humeur et préviennent l’apparition d’épisodes de manie ou de dépression associés aux troubles bipolaires. Ce groupe de médicaments comprend le lithium ainsi que des stabilisateurs de l’humeur anticonvulsivants, comme le divalproex et la carbamazépine (Tegretolmd).
Enseignement au client et à ses proches ENCADRÉ 21.8
Principaux eets indésirables d’un traitement par antidépresseurs
L’inrmière présente les eets indésirables des antidépresseurs au client et lui propose des moyens pour les prévenir. • Les eets thérapeutiques peuvent se maniester de quatre à huit semaines après le début du traitement, et la posologie ne doit pas être modiée sans avis médical ; en outre, le traitement ne doit pas être soudainement interrompu après une administration prolongée, car cela risque de causer des nausées, des céphalées, des malaises, et cet arrêt peut précipiter des rechutes. • Le client devra éviter de conduire un véhicule moteur et de s’adonner à des activités nécessitant de la vigilance, car le traitement risque de provoquer de la somnolence et une vision brouillée. • Il est également recommandé d’éviter de boire de l’alcool et de prendre d’autres dépresseurs du SNC. • Le client est avisé de ne pas utiliser des timbres de nicotine, à moins que ce ne soit prescrit par le médecin, à cause d’une augmentation possible de la P.A. • Il est conseillé de se lever progressivement pour prévenir l’hypotension orthostatique et les risques de chutes, et le port de bas de contention peut s’avérer utile.
614
Partie 4
Interventions infrmières dans le processus thérapeutique
• Il est proposé au client de sucer des glaçons ou des bâtonnets au citron, de mâcher de la gomme sans sucre, de se rincer réquemment la bouche pour soulager la sécheresse buccale. • Une consultation ophtalmique est suggérée au client si sa vision devient foue, pour éliminer des causes autres que la médication, et l’emploi de larmes articielles peut être proposé pour diminuer la sensation de sécheresse oculaire. Il est également conseillé de lire pendant de courtes périodes dans des endroits bien éclairés et de varier la distance entre le document et les yeux pour corriger la vision foue. • Une alimentation riche en bres, une hydratation adéquate ainsi que des exercices physiques réguliers peuvent prévenir la constipation. Il peut être envisagé de recourir à un laxati émollient, comme le docusate sodique (Colacemd). • La cliente est avisée qu’elle doit inormer le médecin si elle est enceinte ou si elle planie une grossesse à court terme. • Le client est avisé qu’il doit consulter immédiatement un proessionnel de la santé à l’apparition d’eets indésirables graves comme le pria pisme, les saignements et les signes de syndrome sérotoninergique comme l’agitation, la psychose et les myoclonies.
21.5.1
Lithium
Efcacité clinique
Le lithium, constitué d’un unique ion, est un médicament utilisé depuis plus de 50 ans pour traiter le trouble bipolaire.
Mécanisme d’action Le lithium possède un mécanisme d’action complexe et encore non complètement élucidé. Globalement, il stabiliserait les récepteursde la noradrénaline et de la dopamine, augmenterait l’activité du GABA et diminuerait la réponse neuronale à divers stimulus (Lilley, 2011).
Indications Le lithium, administré seul ou en combinaison avec un antipsychotique de deuxième ou de troisième génération (p. ex., la quétiapine ou l’aripiprazole), constitue un traitement de première intention des épisodes maniaques et mixtes aigus du trouble bipolaire. Le lithium est également utilisé seul ou en combinaison avec soit le divalproex, soit un antidépresseur de la classe des ISRS, soit le bupropion pour traiter, en première intention, les épisodes dépressis aigus du trouble bipolaire. Il est aussi administré, en première intention, pour le traitement d’entretien du trouble bipolaire (Yatham, Kennedy, Schaer et al., 2009). Le lithium peut être utilisé pour le traitement du trouble schizoaecti, ainsi qu’en association avec les antidépresseurs pour traiter le trouble dépressi majeur réractaire. Il s’agit d’une stratégie dite d’augmentation qui vise à accroître l’eet antidépresseur (Maust, Oslin & Thase, 2012).
De 70 à 80 % environ des clients atteints de troubles bipolaires répondent au lithium, qu’il s’agisse du traitement des épisodes aigus ou d’un traitement d’entretien (Machado-Vieira, Luckenbaugh, Soeirode-Souza et al., 2012).
Autres indications potentielles Le lithium s’est avéré eicace dans le traitement préventi des migraines et des céphalées (Stochino, Deidda, Asuni et al., 2012). Il est également prescrit pour contrôler l’agressivité et l’impulsivité chez certains clients atteints de troubles mentaux. Il pourrait s’avérer efcace pour le traitement des troubles de l’alimentation et du jeu pathologique (Virani et al., 2012).
Pharmacocinétique et posologie Le client commence généralement à prendre du lithium en aibles doses ractionnées afn de réduire les eets indésirables au minimum. L’augmentation de la posologie se ait en onction de la réponse clinique et de l’apparition d’eets indésirables, jusqu’à ce que la concentration sérique de lithium se situe entre 0,6 et 1,0 mmol/L (Dunne, 2010). La dose de départ type est de 300 à 600 mg, 3 ois par jour, selon l’âge et le poids du client. Le TABLEAU 21.9 afche les présentations et les doses oertes au Canada.
Eets indésirables La toxicité du lithium est étroitement liée à sa concentration dans le sang. Son index thérapeutique est aible, c’est-à-dire que l’écart entre sa concentration thérapeutique et sa concentration toxique est
Psychopharmacothérapie TABLEAU 21.9
Principales caractéristiques du lithium
TENEUR
NOMS COMMERCIAUX
PRÉSENTATIONS OFFERTES
DOSAGE (mg)
HORAIRE D’ADMINISTRATION
Lithium carbonate
ApoLithium carbonatemd Carbolithmd Euro Lithiummd Lithanemd PhlLithium carbonatemd PmsLithium carbonatemd
Capsule
150 et 300
t.i.d. (p. ex., aux repas)
Lithium carbonate
Carbolithmd PhlLithium carbonatemd PmsLithium carbonatemd
Capsule
600
b.i.d. (p. ex., aux repas)
Lithium carbonate
ApoLithium carbonatemd SR Lithmaxmd SR
Comprimé à libération prolongée (12 h)
300
b.i.d. (p. ex., aux repas)
Lithium citrate
PmsLithium citratemd
Liquide oral
300 mg/5 mL
b.i.d. ou t.i.d. (p. ex., aux repas)
21
Source : Adapté de AphC (2012) Chapitre 21 Psychopharmacothérapie et autres thérapies biologiques
615
ALERTE CLINIQUE
1 L’infrmière surveille étroitement le client qui prend du lithium à libération prolongée, car les symptômes de surdose peuvent se maniester à retardement. 2 Le lithium entraîne parois de l’hypothyroïdie. L’infrmière s’assure que les taux de thyréostimuline (TSH) dans le sang sont ré gulièrement mesurés. Au besoin, le médecin prescrira de la lévothyroxine (Eltroxinmd, Euthyroxmd ou Synthroidmd). 3 L’infrmière évalue les signes d’intoxication au lithium selon leur gravité et avertit le médecin de tout changement dans l’état du client. Elle modifera en suite le dosage en onction de la nouvelle prescription.
étroit. Jusqu’à 75 % des Si le client ait égaleLa surveillance étroite que l’infrmière clients traités avec du ment usage d’un diuréexerce sur les taux sériques de lithium est lithium éprouvent des tique, il aut généralement capitale. eets indésirables (Dunne, réduire la dose de lithium 2010). L’ENCADRÉ 21.9 (parois jusqu’à 50 %) en présente les eets indésirables potentiels du traite- raison de l’augmentation de la réabsorption rénale ment au lithium selon sa concentration dans le sang. provoquée par le diurétique (Finley, Warner & Peabody, 1995). Il est recommandé de surveiller les Toxicité légère à modérée électrolytes du client, en particulier les taux de Plusieurs stratégies permettent de maîtriser les eets sodium et de potassium, au moment de l’adminisindésirables en cas de toxicité légère à modérée. tration de diurétiques thiazidiques. Une dose de Certains eets indésirables sont mineurs, et la dimidépart de 5 mg d’amiloride (Midamormd), adminisnution du dosage permet de les réduire. Il est égatrée 2 ois par jour, est en ait recommandée ; il s’agit lement possible d’atténuer les eets indésirables liés d’un diurétique épargneur de potassium peu suscepaux pics des taux sériques (p. ex., les tremblements), tible d’infuer sur le taux de lithium (APhC, 2012). en optant pour une présentation à libération prolongée (p. ex., l’Apo-Lithium carbonatemd SR) 1 . Toxicité grave et surdose Dans certains cas touteois, il sera nécessaire d’inter- Le risque d’atteinte neurologique permanente rompre l’administration de lithium 2 . devient signicati lorsque le taux sérique de L’usage de bêtabloquants pour traiter les trem- lithium dépasse 2,5 mmol/L 3 (Dunne, 2010). Il blements, de diurétiques pour la polydipsie, la polyu- est important, dans ce cas, d’en diminuer rapiderie ou l’œdème et d’antibiotiques topiques ou d’autres ment la concentration sérique. L’hémodialyse préparations dermatologiques pour l’acné et le pso- constitue la seule méthode able pour le aire, riasis représente une stratégie permettant de venir spécialement en cas d’intoxication aiguë ou à bout des eets indésirables persistants. Une pré- lorsque l’état du client se détériore rapidement et sentation à libération prolongée ou l’administration qu’il présente des signes cliniques d’intoxication, du médicament au moment du repas permet de des convulsions, un collapsus cardiovasculaire, de l’insusance respiratoire ou un coma. gérer les dérangements gastro-intestinaux.
Contre-indications Principaux eets indésirables du lithiuma
ENCADRÉ 21.9
USAGE PROLONGÉ : EFFETS PERSISTANTS
• Sédation et léthargie
• Acné
• Réapparition de symptômes gastro intestinaux (particulièrement les nausées, les vomissements et la diarrhée)
• Alopécie • Goitre simple et hypothyroïdie • Leucocytose • Polyurie et polydipsie légères • Prise de poids • Psoriasis aggravé • Tremblements légers TOXICITÉ LÉGÈRE : EFFETS TRANSITOIRES
Taux de lithium : 1,2-2,0 mmol/L • Dérangement gastrointestinal • Faiblesse musculaire et léthargie • Polyurie et polydipsie légères • Tremblements légers
• Tremblements amplifés À mesure que le taux augmente: • Ataxie • Détérioration de l’état mental • Dysarthrie TOXICITÉ GRAVE
Taux de lithium : > 2,5 mmol/L • Collapsus cardiovasculaire • Coma
Il n’y a aucune contre-indication absolue à la prise de lithium, mais certaines conditions, comme l’insusance rénale ou cardiaque, la déshydratation ou la carence en sodium peuvent augmenter le risque d’intoxication (Lilley, 2011).
Interactions Les substances suivantes augmentent la concentration sérique du lithium : les diurétiques (p. ex., l’hydrochlorothiazide), les inhibiteurs de l’enzyme de conversion de l’angiotensine (IECA) (p. ex., le captopril), les antagonistes des récepteurs de l’angiotensine (ARA) (p. ex., le valsartan) et les antiinfammatoires non stéroïdiens (AINS) (p. ex., le naproxène). Les signes de toxicité du lithium sont augmentés avec l’halopéridol, le métronidazole et le vérapamil. Le syndrome sérotoninergique, déni dans la quatrième section de ce chapitre, peut apparaître en cas d’administration concomitante de triptans pour la migraine (Ortiz & Alda, 2010).
• Convulsions • Mort
TOXICITÉ MODÉRÉE
Soins et traitements infrmiers
Taux de lithium : 2,0-2,5 mmol/L
Commencer le traitement au lithium
• Conusion
La surveillance étroite que l’inrmière exerce sur les taux sériques de lithium est capitale. L’inrmière ait preuve de vigilance pour prévenir des réactions indésirables possiblement graves à ce médicament chez le client.
a Les concentrations sériques du lithium, qui permettent d’évaluer le degré de toxicité, sont présentées ici à titre indicatif. Il s’agit de valeurs de référence, variables selon les clients. Source : Adapté de Dunne (2010)
616
Partie 4
Interventions infrmières dans le processus thérapeutique
Pour une posologie donnée, les taux sériques de lithium atteignent généralement un niveau stable après cinq jours (Türck, Heinzel & Luik, 2000). Le taux de lithium doit être vérifé régulièrement ou après chaque changement de dosage, et ce, en raison de son aible index thérapeutique. Il est nécessaire de vérifer le taux de lithium plus réquemment lorsque le dosage est augmenté rapidement, comme pour le traitement d’un épisode maniaque aigu ou lorsque l’infrmière suspecte une intoxication. Le taux devrait être vérifé plus réquemment à mesure qu’il s’approche des limites supérieures de l’intervalle thérapeutique afn de réduire au minimum les risques d’intoxication. Les clients âgés sont plus à risque d’une intoxication, et il est possible qu’il aille ajuster le dosage pour eux, la limite supérieure de l’intervalle thérapeutique se situant à environ 0,6 mmol/L pour cette clientèle, plutôt que 1,0 mmol/L (Wijeratne & Draper, 2011). En plus du taux sérique de lithium, l’infrmière observe périodiquement divers paramètres. Elle surveille les maniestations de toxicité légère, modérée et grave listée précédemment dans l’ENCADRÉ 21.9, notamment : • le poids du client chaque matin, avant le déjeuner. • toute présence d’œdème aux poignets ; • la présence de pli cutané démontrant un signe de déshydratation ; • l’état neurologique, l’état de conscience, la démarche, les réexes moteurs, le tremblement des mains ; • les fonctions rénale et thyroïdienne, par une analyse d’urine, un hémogramme avec formule leucocytaire, la mesure des électrolytes sériques et un électrocardiogramme. Les emmes en âge de procréer doivent discuter du recours au lithium et à d’autres médicaments psychotropes si elles devaient devenir enceintes. Un test de grossesse doit toujours être eectué avant d’entreprendre un traitement au lithium.
Poursuivre le traitement au lithium Les clients atteints de trouble bipolaire doivent envisager la nécessité d’un traitement médicamenteux à vie. L’infrmière en discute avec le client pour encourager l’adhésion au traitement et éviter toute rechute. Elle accompagne aussi le client dans son acceptation de certains eets indésirables. Les rencontres de suivi et la surveillance de la lithémie sont importantes pour tous les clients ENCADRÉ 21.10. L’infrmière inorme le client des signes de toxicité de légère à grave et lui remet un document écrit traitant du sujet. Elle aborde les eets indésirables possibles du lithium ainsi que les interactions médicamenteuses potentielles.
21.5.2
Anticonvulsivants
Les premiers essais cliniques pour le traitement du trouble bipolaire par anticonvulsivants ont eu lieu dans les années 1980, puis la mise en marché du divalproex s’est aite dans les années 1990. L’exploration de l’utilité du divalproex pour le trouble bipolaire tient au ait que les symptômes de ce trouble s’apparentent parois aux caractéristiques des épisodes neurologiques associés à l’épilepsie et aux migraines.
Mécanismes d’action Les résultats probants suggèrent que les anticonvulsivants réduiraient l’activité des canaux sodium voltage-dépendants (ou dépendant du potentiel), diminuant de ce ait la transmission neuronale. Ils provoqueraient par ailleurs une activation des neurones GABAergiques (Brunton et al., 2006).
Canal sodium voltagedépendant (ou dépendant du potentiel) : Canal laissant principalement entrer du so dium dans les cellules, qui s’ouvre lorsqu’une diérence de potentiel électrique est présente entre le milieu intracellulaire et le milieu extracellulaire.
Indications Administrés seuls ou comme adjuvants, les anticonvulsivants sont des traitements de première, de deuxième ou de troisième intention des troubles bipolaires TABLEAU 21.10 (Yatham et al., 2009). La phase aiguë de ces troubles se caractérise par un épisode maniaque, par un épisode mixte ou par un épisode dépressi. Par la suite, après stabilisation pharmacologique des symptômes, un traitement d’entretien à long terme est recommandé 11 .
11 Les épisodes des troubles bipolaires sont décrits dans le chapitre 11, Troubles de l’humeur.
Le divalproex constitue un traitement de première intention pour les troubles bipolaires (Yatham et al., 2009). Pris seul ou en combinaison avec un antipsychotique de deuxième ou de troisième génération (p. ex., la quétiapine ou l’aripiprazole), il est administré pour les épisodes maniaques et mixtes aigus des troubles bipolaires et pour le traitement d’entretien. La carbamazépine représente un traitement de seconde intention en cas d’épisode maniaque aigu des troubles bipolaires. En combinaison avec le lithium, elle devient un traitement de troisième intention en cas d’épisode maniaque ou dépressi aigu des troubles bipolaires. L’oxcarbazépine (Trileptalmd) est un traitement de troisième intention en cas d’épisode maniaque aigu. Administrée comme adjuvant, elle constitue également un traitement d’entretien de troisième intention du trouble bipolaire. La lamotrigine (Lamictalmd) est administrée seule, en preJosée Pilote est une mère che de amille âgée de mière intention, ou en com28 ans. Elle prend du carbonate de lithium à action binaison avec le lithium en prolongée (Lithmaxmd SR) pour traiter un trouble deuxième intention, pour bipolaire. Sa dose a été augmentée à 300 mg b.i.d. le traitement des épiil y a 6 jours. La cliente rapporte qu’elle a souvent sodes dépressis aigus des soi et qu’elle urine un peu plus que d’habitude. troubles bipolaires. Elle s’est
21
Jugement clinique
montrée efcace (surtout en combinaison) pour le traitement d’entretien des troubles bipolaires. En cas de troubles bipolaires à cycle
Devriezvous vous inquiéter de ces maniestations ? Justifez votre réponse. Madame Pilote devraitelle suivre un régime pauvre en sel ? Justifez votre réponse.
Chapitre 21 Psychopharmacothérapie et autres thérapies biologiques
617
Enseignement au client et à ses proches ENCADRÉ 21.10
Traitement au lithium
• Indiquer au client qu’il ne doit pas croquer ou écraser les capsules de lithium, car les comprimés à libération lente (12 h) contiennent une matrice à ne pas détruire. • Expliquer au client que les eets bénéques peuvent se maniester de 1 à 3 se maines après le début du traitement, et ce, pour avoriser l’adhésion à celuici. • Aviser le client de ne pas sauter des doses ou de prendre des doses supplé mentaires pour remplacer les doses manquées, an d’éviter le surdosage. • Rappeler au client l’importance des analyses de laboratoire, dont la surveillance de la lithémie, et l’avertir qu’il ne doit pas prendre de lithium le matin de la prise de sang. • Enseigner au client à continuer à prendre sa médication malgré l’atténua tion des symptômes du trouble, pour éviter les rechutes. • Inormer que les eets indésirables courants du lithium (augmentation de la diurèse, soi, légers tremblements, aiblesse musculaire, nausées, gain de poids, anorexie, diarrhée) sont généralement transitoires (Lilley, 2011). • Inormer le client et ses proches d’aviser un proessionnel de la santé dès l’apparition de signes de toxicité : nausées et vomissements, tremblements marqués, aiblesse musculaire soudaine, secousses musculaires, manque de coordination, inertie, somnolence, conusion, convulsions, coma, ou tout autre symptôme suggesti d’une intoxication.
• Conseiller au client d’ajuster son apport hydrique (environ 2 à 3 L/jour) en onction de son activité, des exercices physiques ou d’un état de santé qui entraîne des pertes de liquides (p. ex., la èvre, la diarrhée) et d’éviter la consommation excessive de caé, de thé ou de boissons à base de cola en raison de l’eet diurétique, ainsi que les régimes pauvres en sel, car une diminution de sel (notamment en cas de transpiration abondante) modie la quantité de lithium sérique. • Expliquer au client qu’il doit inclure une portion de yogourt ou de probio tique dans son alimentation en cas de diarrhée, an de restaurer sa fore intestinale pour éviter les déséquilibres électrolytiques. • Inormer en outre le client des interactions médicamenteuses possibles avec les diurétiques thiazidiques, les inhibiteurs de l’enzyme de conversion de l’angioten sine, les AINS et les inhibiteurs de la cyclooxygénase2, an de prévenir les ris ques associés. Lui rappeler de consulter le médecin avant de prendre les médica ments oerts en vente libre en raison des risques d’interactions. • Aviser le client de s’abstenir de conduire un véhicule moteur ou de aire une activité nécessitant de la vigilance jusqu’à stabilisation de la concentration sérique, car il peut y avoir hypotension ou arythmies. • Encourager les emmes en âge de procréer à utiliser une méthode contraceptive et à aviser le médecin si une grossesse est planiée.
Psychopharmacothérapie TABLEAU 21.10
Indications des anticonvulsivants approuvées au Canada (chez l’adulte) : traitement des troubles bipolaires
INDICATIONS
MÉDICAMENTS ADMINISTRÉS EN PREMIÈRE INTENTION
MÉDICAMENTS ADMINISTRÉS EN DEUXIÈME INTENTION
MÉDICAMENTS ADMINISTRÉS EN TROISIÈME INTENTION
Traitement des épisodes maniaques aigus ou mixtes
• Lithium
• Lithium + asénapine
• Lithium + halopéridol
• Divalproex
• Divalproex + asénapine
• Divalproex + halopéridol
• Lithium + antipsychotique (AP) de deuxième ou de troisième génération
• Carbamazépine
• Lithium + carbamazépine • Oxcarbazépine
• Divalproex + AP de deuxième ou de troisième génération Traitement des épisodes dépressis aigus
• Lithium
• Divalproex
• Carbamazépine
• Lamotrigine
• Lithium + lamotrigine
• Lithium + carbamazépine
• Lithium + ISRS
• Divalproex + lamotrigine
• Autres
• Lithium
• Carbamazépine
• Topiramate (adjuvant)
• Divalproex
• Lithium + divalproex
• Oxcarbazépine (adjuvant)
• Lamotrigine
• Lithium + carbamazépine
• Lithium + quétiapine
• Lithium + olanzapine
• Divalproex + quétiapine
• Divalproex + olanzapine
• Divalproex + ISRS • Lithium + divalproex • Lithium + bupropion • Divalproex + bupropion Traitement d’entretien
• Lithium + (rispéridone ou lamotrigine) Source : Adapté de Yatham, et al. (2009)
618
Partie 4
Interventions infrmières dans le processus thérapeutique
rapide, les résultats probants ne la distinguent pas du placébo (Amann, Born, Crespo et al., 2011 ; Bowden & Singh, 2012). Quant au topiramate (Topamaxmd), il est utilisé comme un traitement adjuvant de troisième intention (Yatham et al., 2009).
Efcacité clinique De nombreuses études à double insu ont démontré l’efcacité des anticonvulsivants pour le traitement du trouble bipolaire (tant pour les épisodes maniaques et mixtes aigus qu’en traitement d’entretien) (Gitlin & Frye, 2012 ; Pratoomsri, Yatham, Bond et al., 2006 ; Samalin, Nourry & Llorca, 2011 ; Yatham et al., 2009).
Autres indications potentielles Les anticonvulsivants peuvent être prescrits comme adjuvants pour le traitement du trouble panique et de l’état de stress post-traumatique. Ils peuvent aussi être utiles afn de diminuer l’impulsivité associée au trouble de la personnalité limite ou à la défcience intellectuelle. Ils peuvent également être prescrits pour traiter les douleurs chroniques (Virani et al., 2012).
Pharmacocinétique et posologie L’organisme absorbe rapidement les anticonvulsivants administrés par voie orale, le pic sérique étant atteint en moins de quatre heures (Brunton et al., 2006). Le oie les métabolise en grande partie, et ils sont éliminés par les reins. Le traitement débute habituellement par l’administration de doses ractionnées jusqu’à ce que la concentration sérique visée soit atteinte TABLEAU 21.11. Une ois le dosage thérapeutique
atteint, il est conseillé de le simplifer en passant à une ou deux administrations par jour afn de avoriser l’adhésion au traitement. La carbamazépine afche un profl pharmacocinétique unique. En raison de son action inductrice sur l’enzyme responsable de l’éliminer, sa demi-vie est réduite de 36 heures à 24 heures (Anderson, 2008). Pour cette raison, l’état stationnaire de la concentration sérique du médicament n’est atteint qu’au bout de quatre semaines. En outre, l’augmentation du dosage entraîne un processus d’autoinduction lié à la dose. Des comprimés à libération prolongée (Tegretol md CR), absorbés toutes les 12 heures, permettent d’atteindre des taux sériques stables comparables à ceux obtenus grâce à des comprimés à libération immédiate du même dosage absorbés toutes les 6 heures. Les aliments augmentent la biodisponibilité du médicament, et il est recommandé d’administrer la carbamazépine avec de la nourriture.
Eets indésirables Les eets indésirables des anticonvulsivants varient. Les plus réquents sont présentés dans le TABLEAU 21.12.
Contre-indications La plus grande prudence est de mise avec les anticonvulsivants dans le cas de troubles hépatiques (Ruiz-Giménez, Sánchez-Alvarez, CañadillasHidalgo et al., 2010) et de grossesse (Tomson & Battino, 2012). Des malormations œtales ont été associées à certains d’entre eux.
Psychopharmacothérapie TABLEAU 21.11
Principales caractéristiques des anticonvulsivants
NOM GÉNÉRIQUE
NOM COMMERCIAL
GAMME POSOLOGIQUE
TITRAGE
PRÉSENTATIONS OFFERTES
Carbamazépine
Tegretolmd, génériques
4001 200 mg/j
100200 mg die ou b.i.d. ↑ jusqu’à 200 mg/j à intervalles de 1 sem
Comprimé croquable, comprimé, comprimé CR –12 h, suspension orale
Divalproex
Épivalmd, génériques
2060 mg/kg/j
515 mg/j/kg t.i.d. ↑ de 510 mg/kg/j/sem
Comprimé entérique
Lamotrigine
Lamictalmd, génériques
50100 mg/b.i.d.a
25 mg/j pour 2 sema Ensuite, ↑ à 50 mg/j pour 2 sem Puis, ↑ de 2550 mg/j toutes les 1 ou 2 sem
Comprimé croquable, comprimé
Oxcarbazépine
Trileptalmd, génériques
6001 200 mg/j
150300 mg b.i.d. ↑ de 300 à 600 mg/j à intervalles de 1 sem
Comprimé, liquide oral
Topiramate
Topamaxmd, génériques
200400 mg/j
2550 mg/j pour 1 sem ↑ de 2550 mg/j/sem
Capsule à saupoudrer, comprimé
21
a
Gamme posologique recommandée en monothérapie. Avec d’autres anticonvulsivants, un ajustement sera nécessaire. Source : Adapté de APhC (2012) Chapitre 21 Psychopharmacothérapie et autres thérapies biologiques
619
TABLEAU 21.12
Principaux effets indésirables des anticonvulsivantsa
ANTICONVULSIVANT
EFFETS INDÉSIRABLES
Carbamazépine
• Agranulocytose, anémie aplastique et thrombocytopénie (rares, mais potentiellement atales) • Ataxie • Dermatite exoliatrice, ou syndrome de StevensJohnson (rare, mais potentielle ment atale)
• Intoxication aiguë pouvant conduire à la stupeur ou au coma • Insusance hépatique et pancréatique (rares, mais potentiellement atales) • Perturbations de la conduction cardiaque (sérieux) • Somnolence
• Diplopie (ou vision double) • Étourdissements Divalproex
• Alopécie (persistante) • Augmentation de l’appétit et prise de poids (persistantes) • Dyspepsie et anorexie • Élévation bénigne des transaminases
• Insusance hépatique, hépatotoxicité, pancréatite et thrombocytopénie (graves et rares) • Leucopénie ou thrombopénie (légères et asymptomatiques) • Tremblements et somnolence (transitoires) • Troubles gastrointestinaux (nausées, vomissements, diarrhée)
Lamotrigine
Oxcarbazépine
• Céphalées
• Étourdissements
• Éruption cutanée : 5 % des clients ont une éruption maculopapuleuse, et environ 0,1 % des clients sont atteints du syndrome de StevensJohnson, souvent atal (Seo, Chiesa, Lee et al., 2011)
• Troubles gastrointestinaux
• Anomalies de la démarche, crises oculogyres, tremblements
• Encéphalopathie
• Ataxie
• Hyperlipidémie, altération des hormones reproductrices, prise de poids et eets sur la onction thyroïdienne associés à une réduction de thyroxine, mais non de la triiodothyronine ou de la thyréostimuline
• Céphalées • Dicultés de concentration et troubles de la mémoire • Eets antidiurétiques et hyponatrémie Topiramate
• Vision foue ou double
• Étourdissements, atigue, somnolence
• Anémie
• Étourdissements, atigue, somnolence
• Ataxie
• Hallucinations auditives
• Anxiété • Conusion et problèmes cognitis
• Myopie aiguë et glaucome à angle ermé secondaire
• Convulsions
• Nystagmus
• Eets cardiovasculaires : hypertension, hypotension orthostatique, vasodilata tion, arythmies, palpitations, bloc auri culoventriculaire et bloc de branche
• Ralentissement psychomoteur
a
• Troubles de la parole et problèmes associés
La liste des effets indésirables présentés ici n’est pas exhaustive ; elle est ordonnée alphabétiquement pour chaque anticonvulsivant. Source : Adapté de APhC (2012)
620
Partie 4
Interventions infrmières dans le processus thérapeutique
TABLEAU 21.13
Principales interactions des anticonvulsivantsa
ANTICONVULSIVANT
INTERACTIONS
Carbamazépine
• L’érythromycine, certains inhibiteurs calciques et les ISRS élèvent les taux de carbamazé pine, alors que celleci réduit les taux de nombreux autres médicaments, dont des antipsychotiques, certains stéroïdes, les contraceptis oraux, les hormones thyroïdiennes, les benzodiazépines, les ATC et les anticonvulsivants.
Divalproex
• L’usage concomitant d’acide acétylsalicylique (Aspirinmd) n’est pas recommandé, car la concentration du divalproex augmente. Il est préérable d’utiliser l’acétaminophène (Tylenolmd) ou l’ibuproène (Advilmd). • Le divalproex augmente de açon signifcative les taux de lamotrigine et, par le ait même, la toxicité de cette dernière.
Lamotrigine
• Les interactions observées avec la lamotrigine sont issues d’études associées à l’épilep sie. Dans ce contexte, les barbituriques ont diminué la concentration de la lamotrigine. Les contraceptis oraux diminuent également les taux et l’efcacité de la lamotrigine.
Oxcarbazépine
• Parmi ses interactions les plus importantes, l’oxcarbazépine induit la diminution de l’eet des contraceptis oraux et de la quinidine, un médicament antiarythmique.
Topiramate
• Les interactions à surveiller sont la diminution des œstrogènes et la prise concomitante d’antiacides, qui peut avoriser l’apparition de calculs rénaux
a
Tableau non exhausti. L’infrmière peut se réérer à la monographie ofcielle de chaque produit pour connaître la liste complète des interactions. Elle rappelle au client et à ses proches les risques d’interaction et obtient la liste de tous les médicaments ou de toutes les substances consommés. Source : Adapté de APhC (2012)
Interactions Les interactions les plus réquentes des anticonvulsivants sont présentées dans le TABLEAU 21.13.
Soins et traitements infrmiers Commencer le traitement par anticonvulsivants Au moment de l’administration d’anticonvulsivants, l’infrmière évalue : • les signes vitaux an de vérier les signes d’hypertension, d’hypotension orthostatique, de palpitations, d’arythmies et d’étourdissements ; • l’état mental an de déterminer le degré d’anxiété, la présence de problèmes cognitifs, d’hallucinations, de confusion et de somnolence ; • l’état neurologique an de déterminer la présence de céphalées, de tremblements, d’ataxie et de ralentissement psychomoteur ; • l’état ophtalmique an de déceler une possible vision oue ou double à l’aide de l’examen de Snellen ainsi que d’un fond d’œil ; • la présence de troubles gastrointestinaux ; • les résultats de purpura thrombopénique thrombotique, le rapport international normalisé
des plaquettes chez les clients sous anti coagulothérapie, la formule sanguine complète an de déterminer une leucopénie ou une throm bocytopénie, pendant quatre semaines, puis chaque mois ; • l’état de la fonction rénale et hépatique, en surveillant l’urémie, la créatinémie, l’acide urique sérique, la clairance de la créatinine et les en zymes hépatiques.
Poursuivre le traitement par anticonvulsivants Le traitement du trouble bipolaire nécessite la prise de médication à vie pour prévenir la récurrence des symptômes. Un accompagnement par l’infrmière est essentiel pour éviter les rechutes. L’infrmière est à l’écoute des inquiétudes et des préoccupations du client quant à sa maladie et à son traitement, pour aciliter l’adhésion au traitement.
21
L’enseignement au client couvre la gestion des eets indésirables mineurs aussi bien que la reconnaissance des signes et des symptômes d’eets hépatiques et hématologiques. L’infrmière avise le client qu’il est important : • de se peser chaque jour, car un gain de poids rapide peut signier la présence de problèmes rénaux ;
Chapitre 21 Psychopharmacothérapie et autres thérapies biologiques
621
• de prendre ses médicaments avec de la nourriture an d’éviter les brûlures d’estomac, les nausées et les vomissements ; • d’ingérer le médicament à l’heure du coucher en cas de somnolence diurne ; • de rapporter rapidement à un professionnel de la santé l’apparition d’effets indésirables graves (p. ex., des vomissements, une douleur abdominale, une éruption cutanée, des saignements).
21.6
Anxiolytiques et hypnotiques
Les anxiolytiques et les hypnotiques sont généralement administrés pour le traitement des troubles anxieux et des troubles du sommeil. Ils regroupent plusieurs classes de médicaments : les benzodiazépines, la buspirone, les hypnotiques non benzodiazépiniques, etc. La plupart agissent en provoquant une dépression du SNC. Certains anxiolytiques et hypnotiques peuvent cependant entraîner une dépendance et doivent être administrés avec prudence.
21.6.1
Benzodiazépines
Les benzodiazépines sont utilisées pour le soulagement de l’anxiété et de l’insomnie depuis plus de 50 ans. Elles ont remplacé à ce chapitre les barbituriques, des médicaments anxiolytiques et hypnotiques qui ont des eets dépresseurs sur le SNC beaucoup plus marqués et qui sont potentiellement mortels en surdose (Lader, 2011).
Mécanismes d’action Les benzodiazépines se lient à un site qui leur est propre sur les récepteurs GABAA et acilitent l’entrée d’ions chlorure dans les neurones, provoquant ainsi une diminution de l’activité neuronale dans l’ensemble du SNC. L’intensité de l’action est déterminée par la dose utilisée : de plus aibles doses soulagent l’anxiété, alors que des doses plus ortes ont des eets hypnotiques. Les benzodiazépines possèdent également des propriétés anticonvulsivantes et myorelaxantes (APhC, 2012 ; Lader, 2011).
Indications Les benzodiazépines sont principalement indiquées pour le traitement de l’anxiété et de l’insomnie. Certaines ont d’autres indications spécifques reconnues comme le traitement du trouble panique, du sevrage alcoolique, des convulsions et
622
Partie 4
Interventions infrmières dans le processus thérapeutique
des spasmes musculaires. Quelques benzodiazépines disponibles sous orme injectable sont aussi indiquées pour la sédation périopératoire (APhC, 2012). Le TABLEAU 21.14 présente les indications ofcielles des diverses benzodiazépines disponibles au Canada.
Efcacité clinique Plusieurs études ont confrmé, au cours des 50 dernières années, l’efcacité des benzodiazépines dans le traitement de l’anxiété et de l’insomnie. L’un des principaux avantages de cette classe de médicaments est sa rapidité d’action. Cependant, à cause de leur potentiel d’abus et de dépendance, les benzodiazépines ont été remplacées par les antidépresseurs, principalement les ISRS et les IRSN, comme médicaments de choix pour le traitement de divers troubles anxieux et par d’autres classes pharmacologiques, comme les hypnotiques non benzodiazépiniques, pour le traitement de l’insomnie. Les benzodiazépines demeurent touteois populaires comme traitement d’appoint à court terme (de quelques jours à quelques semaines), en association avec un antidépresseur, afn de pallier le délai d’action de ce dernier (Cloos & Ferreira, 2009).
Autres indications potentielles Les benzodiazépines sont réquemment prescrites pour le traitement de l’agitation, associée à la psychose, ou de la manie. Elles sont également utilisées pour traiter l’akathisie, la dystonie aiguë et la catatonie. Bien que des benzodiazépines spécifques soient indiquées ofciellement pour certaines conditions particulières, il s’agit dans la majorité des cas d’un eet de classe, c’est-à-dire que presque toutes les benzodiazépines, lorsqu’elles sont employées aux doses appropriées, peu vent avoir des eets anxiolytiques, hypnotiques, anticonvulsivants, myorelaxants en plus de soulager les symptômes d’un sevrage alcoolique (Virani et al., 2012).
Pharmacocinétique et posologie Les nombreuses benzodiazépines oertes sur le marché canadien dièrent quant à leurs propriétés pharmacocinétiques, particulièrement en ce qui a trait à leur délai et à leur durée d’action, et quant à leur posologie individuelle. Les diverses caractéristiques et posologies des benzodiazépines sont comparées à celles des autres anxiolytiques et hypnotiques en fn de section, dans le TABLEAU 21.15.
Eets indésirables Les eets indésirables des benzodiazépines sont le plus souvent liés à la dose. Les plus réquents sont les étourdissements et la somnolence diurne. De rares cas de stimulation paradoxale peuvent
Psychopharmacothérapie TABLEAU 21.14
Indications des benzodiazépines approuvées au Canada (chez l’adulte)
INDICATIONS
BENZODIAZÉPINES
Traitement de l’anxiété
Alprazolam (Xanaxmd), bromazépam (Lectopammd), chlordiazépoxide (Libriummd), clorazépate (Tranxenemd), diazépam (Valiummd), lorazépam (Ativanmd), oxazépam (Seraxmd)
Traitement du trouble panique
Alprazolam (Xanaxmd), clorazépate (Tranxenemd)
Traitement de l’insomnie
Flurazépam (Dalmanemd), nitrazépam (Mogadonmd), témazépam (Restorilmd), triazolam (Halcionmd)
Traitement de l’épilepsie
Clonazépam (Rivotrilmd), clorazépate (Tranxenemd), diazépam (Valiummd), lorazépam (Ativanmd), nitrazépam (Mogadonmd)
Traitement des spasmes musculaires
Diazépam (Valiummd)
Traitement du sevrage alcoolique
Clorazépate (Tranxenemd), diazépam (Valiummd), oxazépam (Seraxmd)
Sédation périopératoire
Diazépam (Valiummd), lorazépam (Ativanmd), midazolam (Versedmd)
Source : Adapté de APhC (2012)
également survenir au l’apparition de sympCertains anxiolytiques et hypnotiques cours du traitement. tômes de sevrage (Lader, peuvent entraîner une dépendance et doi D’autres inconvénients 2011 ; Virani et al., 2012). vent être administrés avec prudence. des benzodiazépines comContre-indications prennent les perturbations cognitives comme les troubles de la mémoire, Les benzodiazépines sont contre-indiquées chez la réduction de la coordination avec possibilité de les clients sourant de myasthénie grave et de chutes, le risque de consommation excessive et glaucome à angle ermé. Elles doivent être admiles symptômes de sevrage à l’arrêt brusque du trai- nistrées avec beaucoup de prudence chez les tement. En général, il est plus difcile de diminuer clients sourant d’apnée du sommeil ou d’insugraduellement la dose des benzodiazépines à fsance respiratoire (APhC, 2012). durée d’action plus courte, et celles-ci risquent de causer plus de problèmes de sevrage (Lader 2011 ; Interactions Virani et al., 2012). Les eets dépresseurs des benzodiazépines peuvent Les principaux problèmes entraînés par la être augmentés par la consommation concomitante consommation des benzodiazépines sont la tolé- d’alcool ou d’autres agents rance et la dépendance. Ainsi, près de 30 % des provoquant une dépression clients recevant des benzodiazépines sur une base du SNC. Les benzodiazépines régulière pendant 8 semaines ou plus présentent les moins à risque d’interacRuth SaintGermain, âgée de 52 ans, vit de l’anxiété à des symptômes de sevrage à l’arrêt, ou syndrome tions médicamenteuses sont la suite de la rupture avec son conjoint il y a 6 mois. Sa de retrait (Lader, 2011). Ces symptômes apparais- le bromazépam, le lorazédifculté à se concentrer la rend inefcace au travail. sent 1 ou 2 jours après la cessation d’une benzo- pam, l’oxazépam et le témaTrouvant cette situation difcile, elle consulte un psy chiatre, qui lui prescrit de l’alprazolam 0,25 mg t.i.d., diazépine à courte demi-vie et jusqu’à 5 à 10 jours zépam. D’autres produits p.r.n. Depuis une semaine, madame SaintGermain après l’arrêt d’une benzodiazépine à longue demi- comme l’alprazolam, le diase plaint de brûlures d’estomac et de céphalées. vie. Les symptômes de sevrage incluent l’insom- zépam et le triazolam peunie, l’agitation, l’anxiété, la dysphorie, des vent interagir avec certains Que pourriezvous lui suggérer pour diminuer céphalées, des douleurs musculaires, la tachycar- médicaments et aliments son malaise gastrique ? die et des troubles digestis. Dans de rares cas plus (p. ex., le jus de pampleEstil pertinent d’inormer madame SaintGermain graves, des convulsions, un délirium ou des symp- mousse) qui agissent sur les qu’il est contreindiqué de consommer de l’alcool en tômes psychotiques peuvent apparaître. mêmes enzymes par lesmême temps que la prise d’alprazolam ? Expliquez Idéalement, le sevrage des benzodiazé- quelles elles sont métabolisées votre réponse. pines devrait se aire graduellement, afn d’éviter (Virani et al., 2012).
Jugement clinique
Chapitre 21 Psychopharmacothérapie et autres thérapies biologiques
623
21
Soins et traitements infrmiers
19 Des approches complémentaires et parallèles de gestion des troubles du sommeil sont présentées dans le chapitre 19, Troubles du sommeil.
Les eets indésirables les plus courants des benzodiazépines étant les étourdissements et la somnolence diurne, l’infrmière rappelle au client d’éviter de conduire ou de aire des activités qui demandent de la vigilance. L’infrmière porte une attention particulière aux personnes qui sourent d’apnée du sommeil ou de problèmes respiratoires, ainsi qu’aux personnes âgées, plus vulnérables aux eets indésirables de la médication sur le système respiratoire et sur la cognition ENCADRÉ 21.11. Elle encourage
le respect de la posologie et inorme le client que l’arrêt brusque de la médication peut entraîner des symptômes de sevrage ENCADRÉ 21.12. En raison des risques de surdosage ou de dépendance, lorsque l’indication est le traitement de l’insomnie et de l’anxiété, les benzodiazépines sont à utiliser préérablement à court terme, et en association avec des mesures non pharmacologiques. L’infrmière ait la promotion de saines habitudes de vie pour aciliter le sommeil et peut aider la personne à trouver des stratégies de gestion du stress qui pourront être mises en pratique à long terme 19 .
Pratiques infrmières suggérées ENCADRÉ 21.11
Accompagner le client traité par benzodiazépines
AVANT LE DÉBUT DU TRAITEMENT
PENDANT LE TRAITEMENT
• Faire une évaluation de l’état mental (aect, état de conscience, cognition) pour anticiper l’impact des eets indésirables.
• Suggérer la tenue d’un journal qui consigne les habitudes quotidiennes de sommeil, les heures dormies et les eets des traitements pharmacologiques et non pharmacologiques.
• Évaluer la P.A. et la F.C. qui pourraient diminuer à la suite de la prise de médication.
• Prévenir les risques de chutes et de blessures en assurant un environnement sécuritaire: − au centre hospitalier, lever les ridelles de lit et garder la cloche d’appel à portée de la main ; − à domicile, évaluer les risques de chutes et de bles sures et suggérer des modifcations de l’environne ment au besoin.
• Évaluer la présence de troubles respiratoires, qui pourraient être exacerbés par la médication. • Évaluer les habitudes de sommeil et suggérer la mise en place de mesures non pharmacologiques pour avoriser le sommeil.
Enseignement au client et à ses proches ENCADRÉ 21.12
Traitement par benzodiazépines
• Enseigner les eets possibles de la médication comme la somnolence diurne et la difculté de concentration. • Inormer le client de ne pas conduire ou de aire toute autre activité qui requiert de la vigilance et l’aviser d’éviter de consommer de l’alcool. • Aider le client à assurer un environnement sécuritaire. • Enseigner que la dépression respiratoire et la diminution de l’état de conscience sont des eets indésirables possibles qui demandent une consultation médicale immédiate.
• Encourager le respect de la posologie pour diminuer les symptômes de sevrage, ainsi que les risques d’intoxica tion et de dépendance. • Aviser le client que la consommation de la médication pendant plus de quatre semaines peut entraîner des eets négatis sur le sommeil (p. ex., des rêves éveillés, des cauchemars, de l’agitation). • Proposer des mesures non pharmacologiques pour pallier l’insomnie et gérer l’anxiété à long terme.
Source : Adapté de Lilley (2011)
21.6.2
Buspirone md
La buspirone (BuSpar ) est un médicament anxiolytique aisant partie d’une classe pharmacologique unique, non apparentée à celle des benzodiazépines ou des barbituriques (APhC, 2012).
624
Partie 4
Interventions infrmières dans le processus thérapeutique
Mécanisme d’action La buspirone est un agoniste des récepteurs sérotoninergiques 5-HT1A. Elle procure ses eets anxiolytiques sans entraîner de sédation ni de dépression du SNC. Son principal inconvénient est son délai
d’action, qui se situe entre une et quatre semaines (Virani et al., 2012).
Indications La buspirone est indiquée dans le traitement du trouble d’anxiété généralisée (TAG) (APhC, 2012).
Efcacité clinique Plusieurs études ont démontré l’efcacité de la buspirone dans le traitement du TAG. Elle est considérée comme étant aussi efcace que les benzodiazépines pour soulager l’anxiété, bien que son délai d’action soit plus long. Pour des raisons encore inconnues, la buspirone serait cependant légèrement moins efcace chez les clients ayant déjà reçu des benzodiazépines dans le passé. Son efcacité serait également similaire à celle des ISRS et de l’imipramine, bien que peu d’études comparatives aient été publiées (Chessik, Allen, Thase et al., 2006).
Autres indications potentielles La buspirone peut s’avérer utile comme traitement adjuvant du trouble dépressi majeur, en combinaison avec un antidépresseur. Des études ont prouvé son efcacité dans le traitement d’autres troubles anxieux que le TAG (p. ex., le trouble obsessionnelcompulsi, la phobie sociale), ainsi que dans le traitement du trouble dysphorique prémenstruel et des troubles du comportement associés à la démence ou à un trauma craniocérébral (Loane & Politis, 2012 ; Virani et al., 2012).
Interactions Lorsqu’elle est combinée à un antidépresseur de la amille des ISRS, la buspirone peut précipiter l’apparition d’un syndrome sérotoninergique, défni dans la quatrième section de ce chapitre. Les concentrations sériques et les eets indésirables peuvent également être augmentés par certains médicaments et aliments inhibant son métabolisme, tels la clarithromycine (Biaxinmd), le vérapamil (Isoptinmd) et le jus de pamplemousse (Virani et al., 2012).
Soins et traitements infrmiers L’indication thérapeutique principale de la buspirone est le traitement du TAG. Contrairement aux benzodiazépines, la buspirone n’entraîne pas de sédation ou de dépression du SNC ni de symptômes de sevrage à l’arrêt du traitement. Cependant, son délai d’action plus long oblige le client à une prise de médication régulière et exclut son administration « au besoin ». L’infrmière avise le client des eets indésirables possibles, soit les étourdissements, les céphalées, les nausées et Luc Tougas est âgé de 42 ans. Il est traité avec de la parois l’insomnie. Elle l’inbuspirone 15 mg b.i.d. depuis un peu plus de 1 mois orme de ne pas prendre la pour un TAG. Il dit qu’il ne voit pas beaucoup de buspirone avec du jus de changement dans son état depuis qu’il prend ce médicament. pamplemousse et certains antibiotiques, pour éviter Sa dose devraitelle être augmentée ? Justifez l’apparition d’autres eets votre réponse. indésirables.
Jugement clinique
Pharmacocinétique et posologie Les principales caractéristiques pharmacocinétiques de la buspirone sont présentées en fn de section, dans le TABLEAU 21.15. La dose de départ recommandée pour la buspirone dans le traitement du TAG est de 10 à 15 mg par jour, administrée en 2 ou 3 prises. La dose peut ensuite être augmentée de 5 mg tous les 2 ou 3 jours. La dose maximale recommandée est de 45 mg par jour, en 2 ou 3 prises. À cause de son long délai d’action, la buspirone est inefcace lorsqu’elle est prise « au besoin » (APhC, 2012 ; Virani et al., 2012).
Eets indésirables Les principaux eets indésirables de la buspirone comprennent les étourdissements, les céphalées et les nausées. La sédation ou l’insomnie peuvent survenir chez un nombre restreint de clients recevant de la buspirone. Aucun symptôme de retrait n’a été décrit au moment de l’arrêt brusque de la buspirone (APhC, 2012 ; Virani et al., 2012).
Contre-indications La buspirone est contre-indiquée chez les clients atteints d’insufsance hépatique ou rénale grave (APhC, 2012).
21.6.3
Hypnotiques non benzodiazépiniques
Cette classe de médicaments comprend le zolpidem (Sublinoxmd) et la zopiclone (Imovanemd). Bien que leurs propriétés pharmacologiques soient similaires à celles des benzodiazépines, leur structure ne s’apparente pas à celle de ces dernières. Leur avantage par rapport aux benzodiazépines réside dans un risque diminué d’insomnie de rebond, de dépendance et d’eets indésirables de privation. Le principal inconvénient du zolpidem et de la zopiclone est leur coût élevé par rapport à celui des benzodiazépines (Greenblatt & Roth, 2012 ; Zammit, 2009).
21
Mécanisme d’action Le zolpidem et la zopiclone sont des agonistes non benzodiazépiniques des récepteurs GABAA. Ils se lient à une sous-unité propre à ces récepteurs et potentialisent l’eet du GABA, ce qui leur conère des eets hypnotiques. Contrairement aux benzodiazépines, le risque de consommation excessive est aible. Ils ne possèdent pas de propriétés myorelaxantes, anticonvulsivantes ou anxiolytiques notables (Greenblatt & Roth, 2012). Chapitre 21 Psychopharmacothérapie et autres thérapies biologiques
625
Indications La seule indication reconnue pour le zolpidem et la zopiclone est le traitement de courte durée de l’insomnie (APhC, 2012).
Efcacité clinique Les hypnotiques non benzodiazépiniques ont été démontrés supérieurs à un placebo pour l’induction du sommeil chez des clients sourant d’insomnie. Cependant, cette classe d’hypnotiques ne s’est pas toujours révélée plus efcace qu’un placebo pour le maintien du sommeil. L’efcacité de la zopiclone, du zolpidem et des benzodiazépines est similaire (Greenblatt & Roth, 2012).
Autres indications potentielles Aphasie : Difculté ou inca pacité à s’exprimer (aphasie motrice) ou à comprendre le langage (aphasie sensorielle).
Le zolpidem pourrait améliorer l’aphasie chez certains clients ayant subi un accident vasculaire cérébral, ainsi que la perusion cérébrale chez ceux qui se trouvent dans un état neurovégétati (de Boissezon, Peran, de Boysson et al., 2007 ; Nyakale, Clauss, Nel et al., 2010). Il serait également efcace dans le traitement du syndrome des jambes sans repos (Trenkwalder, Hening, Montagna et al., 2008). Aucune indication autre que l’insomnie ne semble avoir ait l’objet d’études pour la zopiclone.
Pharmacocinétique et posologie
Amnésie antérograde : Incapacité de se rappeler ou de reconnaître une nouvelle inormation ou de nouveaux événements survenus après le début de l’amnésie.
Bien que leur mécanisme d’action soit similaire, les propriétés pharmacocinétiques des hypnotiques non benzodiazépiniques dièrent légèrement et sont comparées en fn de section, dans le TABLEAU 21.15. La posologie de départ recommandée pour la zopiclone chez les adultes est de 5 à 7,5 mg immédiatement avant le coucher. Cette dose peut être réduite à 3,75 mg chez les personnes âgées (APhC, 2012). Pour le zolpidem, la seule dose recommandée au Canada est de 10 mg au coucher, par voie sublinguale, à ne pas répéter en cours de nuit. La dose ne peut être ractionnée, les comprimés de zolpidem n’étant pas sécables (APhC, 2012).
Eets indésirables Les eets indésirables du zolpidem comprennent des étourdissements, des céphalées, des dérangements gastro-intestinaux, des nausées et une légère amnésie antérograde. Il existe un risque d’hallucinations avec un dosage supérieur à 10 mg par jour, qui est supérieur aux recommandations (Greenblatt & Roth, 2012 ; Zammit, 2009).
Jugement clinique
Clémence SaintJean est âgée de 48 ans. Elle prend de la zopiclone 5 mg h.s. depuis 3 jours. Comme elle présente des symptômes d’allergie saisonnière, elle prend depuis 1 mois de la diphenhydramine 25 mg q.6 h. La cliente se plaint de sécheresse buccale. Comment estil possible de déterminer si cet eet indésirable est dû à l’hypnotique non benzodiazépi nique ou à l’antihistaminique ?
626
Partie 4
L’eet indésirable le plus réquent de la zopiclone est une perturbation du goût (goût amer). Elle peut également entraîner une sécheresse de la bouche, des étourdissements, des céphalées et, rarement, des troubles de la mémoire (Zammit, 2009).
Interventions infrmières dans le processus thérapeutique
De rares cas de somnambulisme ont été décrits avec les hypnotiques non benzodiazépiniques, surtout dans des contextes impliquant la consommation concomitante d’un autre dépresseur du SNC (Greenblatt & Roth, 2012 ; Zammit, 2009). Bien que peu susceptibles d’entraîner une dépendance, les hypnotiques non benzodiazépiniques peuvent quelqueois donner lieu à des symptômes de sevrage, ou syndrome de retrait, lorsqu’ils sont cessés abruptement. Ces symptômes comprennent l’insomnie, l’anxiété, les étourdissements et les nausées (Virani et al., 2012 ; Zammit, 2009).
Contre-indications Le zolpidem et la zopiclone sont tous deux contreindiqués chez les clients présentant une insufsance hépatique grave. La zopiclone est de plus contre-indiquée chez les clients atteints de myasthénie grave et d’apnée du sommeil (APhC, 2012).
Interactions Les principales interactions médicamenteuses impliquant les hypnotiques non benzodiazépiniques surviennent avec l’usage concomitant d’autres dépresseurs du SNC, y compris l’alcool. Les eets dépresseurs des divers agents impliqués sont alors potentialisés (Zammit, 2009).
Soins et traitements infrmiers L’infrmière évalue les habitudes de sommeil du client et encourage de saines habitudes de sommeil ainsi que des options de remplacement à la prise de zolpidem ou de zopiclone, puisque ces hypnotiques non benzodiazépiniques sont efcaces pour l’insomnie de courte durée. Elle avise le client de certains eets désagréables comme la perception d’amertume persistante dans la bouche, la sécheresse buccale et des perturbations de la onction digestive. Elle inorme le client de s’abstenir de consommer de l’alcool conjointement avec la prise de zopiclone, pour éviter de potentialiser les eets dépresseurs du SNC, particulièrement chez les personnes aisant de l’apnée du sommeil et chez les personnes âgées.
21.6.4
Autres anxiolytiques et hypnotiques
Divers autres produits appartenant à des classes pharmacologiques diérentes sont utilisés pour le traitement de l’anxiété et de l’insomnie. Parmi eux fgurent les antihistaminiques, comme la diphenhydramine (Benadrylmd, Nytolmd, Unisommd), l’hydroxyzine (Atarax md) et la prométhazine (Histantilmd, Phenerganmd), ainsi que l’hydrate de chloral (Noctecmd).
Mécanismes d’action Les antihistaminiques provoquent leurs effets sédatifs en agissant comme antagonistes des récepteurs H1. Le mécanisme d’action de l’hydrate de chloral, lui, demeure inconnu. Son métabolite actif, le trichloroéthanol, procure l’effet hypnotique et est responsable de la tolérance croisée avec l’alcool (Meolie, Rosen, Kristo et al., 2005 ; Virani et al., 2012).
Indications La diphenhydramine est indiquée pour le traitement de l’insomnie et est offerte en vente libre, alors que l’hydroxyzine est prescrite pour le soulagement de l’anxiété. La prométhazine est à la fois indiquée pour le traitement de l’insomnie et de l’anxiété, ainsi que comme agent facilitateur de l’anesthésie. L’hydrate de chloral est utilisé comme hypnotique, pour soulager l’insomnie et comme sédatif préopératoire (APhC, 2012 ; Virani et al., 2012).
Efcacité clinique Les antihistaminiques et l’hydrate de chloral sont reconnus pour favoriser l’endormissement, pour aider au maintien du sommeil en diminuant le nombre d’éveils nocturnes et pour augmenter la qualité globale du sommeil. Ces effets sont toutefois de courte durée ; une tolérance à l’effet sédatif des antihistaminiques et de l’hydrate de chloral
apparaît souvent après deux semaines d’administration (Meolie et al., 2005 ; Virani et al., 2012).
Pharmacocinétique et posologie Les propriétés pharmacocinétiques des antihistaminiques et de l’hydrate de chloral sont présentées dans le TABLEAU 21.15. La posologie recommandée pour la diphenhydramine et la prométhazine dans le traitement de l’insomnie est de 25 à 50 mg au coucher. Pour le traitement de l’anxiété, la dose de prométhazine suggérée est de 25 à 50 mg toutes les 4 à 6 heures, sans toutefois dépasser 100 mg par jour. Pour l’hydroxyzine, dans le traitement de l’anxiété, une dose de 50 à 100 mg est recommandée, 4 fois par jour. La dose hypnotique d’hydrate de chloral suggérée chez l’adulte est de 500 à 1 000 mg, de 15 à 30 minutes avant le coucher (APhC, 2012 ; Virani et al., 2012).
Tolérance croisée : Tolérance d’un organisme qui s’étend à d’autres produits après exposition durable à un produit particulier et qui nécessite d’augmenter la dose dès la première administration pour retrouver l’effet désiré.
Eets indésirables Les antihistaminiques, à cause de leurs propriétés anticholinergiques, peuvent causer de la sécheresse de la bouche, de la constipation, de la rétention urinaire et une vision trouble. Ils peuvent également provoquer des étourdissements, de la somnolence diurne, des palpitations et des nausées. Dans de rares cas, les antihistaminiques peuvent donner lieu à des réactions paradoxales et entraîner une hyperexcitabilité et de l’insomnie (APhC, 2012 ; Virani et al., 2012).
Psychopharmacothérapie TABLEAU 21.15
Principales caractéristiques des anxiolytiques et hypnotiques
NOM GÉNÉRIQUE
NOMS COMMERCIALUX
DOSE ÉQUIVALENTE (mg)
GAMME POSOLOGIQUEa (mg/jour)
DÉLAI D’ACTION
DEMI-VIE (heures)
PRÉSENTATIONS OFFERTES
Alprazolam
Xanaxmd, génériques
0,5
0,754 (410 pour le trouble panique)
1530 min
1215
Comprimé
Bromazépam
Lectopammd, génériques
3
630
1530 min
830
Comprimé
Chlordiazépoxide
Libriummd, génériques
10
25200
1530 min
530
Capsule
Clonazépam
Rivotrilmd, génériques
0,5
18
1530 min
2050
Comprimé
Clorazépate
Tranxenemd, génériques
7,5
7,590
515 min
2080
Capsule
Diazépam
Valiummd, génériques
5
240
515 min
2080
Comprimé, injectable, liquide oral, gel rectal
Flurazépam
Dalmanemd, génériques
15
1530
515 min
40100
Capsule
Benzodiazépines
Chapitre 21 Psychopharmacothérapie et autres thérapies biologiques
21
627
TABLEAU 21.15
Principales caractéristiques des anxiolytiques et hypnotiques (suite)
NOM GÉNÉRIQUE
NOMS COMMERCIALUX
DOSE ÉQUIVALENTE (mg)
GAMME POSOLOGIQUEa (mg/jour)
DÉLAI D’ACTION
DEMI-VIE (heures)
PRÉSENTATIONS OFFERTES
Lorazépam
Ativanmd, génériques
1
0,510
1530 min
1020
Comprimé, comprimé sublingual, injectable
Midazolam
Versedmd, génériques
—
1,56
15 min
14
Injectable
Nitrazépam
Mogadonmd, génériques
5
510
3060 min
1550
Comprimé
Oxazépam
Seraxmd, génériques
15
10120
3060 min
520
Comprimé
Témazépam
Restorilmd, génériques
15
1530
3060 min
1020
Capsule
Triazolam
Halcionmd, génériques
0,25
0,1250,25
1530 min
1,55
Comprimé
BuSparmd, génériques
—
1045
14 sem
24
Comprimé
Buspirone Buspirone
Hypnotiques non benzodiazépiniques Zolpidem
Sublinoxmd
—
10
30 min
1,54
Comprimé
Zopiclone
Imovanemd, génériques
—
3,757,5
30 min
46
Comprimé
Autres anxiolytiques et hypnotiques Antihistaminiques Diphenhydramine
Benadrylmd, Nytolmd, Unisommd, génériques
—
2550
6090 min
39
Comprimé, capsule, liquide oral, injectable
Hydroxyzine
Ataraxmd, génériques
—
25400
1530 min
37
Capsule, liquide oral, injectable
Prométhazine
Histantilmd, Phenerganmd, génériques
—
25100
3060 min
916
Comprimé, liquide oral, injectable
Noctecmd, génériques
—
5001 000
1530
410
Capsule, liquide oral
Hydrate de chloral Hydrate de chloral
a
Pour le traitement de l’anxiété et de l’insomnie. Sources : Adapté de APhC (2012) ; Virani et al. (2012)
628
Partie 4
Interventions infrmières dans le processus thérapeutique
Les eets indésirables de l’hydrate de chloral comprennent les dérangements gastro-intestinaux, les nausées, les vomissements, l’ataxie, la conusion, les céphalées, les cauchemars et les éruptions cutanées (APhC, 2012 ; Virani et al., 2012).
Contre-indications Les antihistaminiques sont contre-indiqués chez les clients comateux ou ayant reçu de ortes doses d’un autre dépresseur du SNC. Il aut de plus éviter d’administrer ces médicaments aux personnes âgées, à cause de leurs eets anticholinergiques. L’hydrate de chloral est contre-indiqué chez les clients atteints d’une insufsance hépatique ou rénale grave (APhC, 2012 ; Virani et al., 2012).
Interactions La prise conjointe d’antihistaminiques ou d’hydrate de chloral avec d’autres agents dépresseurs du SNC doit être évitée, à cause du risque de dépression respiratoire et de somnolence importante qui peut s’ensuivre. Les antihistaminiques peuvent avoir des eets additis s’ils sont administrés de açon concomitante avec d’autres agents ayant des propriétés anticholinergiques. L’hydrate de chloral peut également augmenter le temps de saignement chez les clients qui reçoivent de la wararine (Coumadinmd) (APhC, 2012 ; Virani et al., 2012).
Soins et traitements infrmiers Plusieurs de ces autres anxiolytiques et hypnotiques étant vendus sans ordonnance, l’infrmière s’assure de la compréhension de la médication par le client et de son utilisation à bon escient. Elle s’intéresse aux comorbidités et à la médication actuelle du client pour éviter les eets ou les interactions indésirables. Les personnes âgées sont particulièrement susceptibles d’en subir des eets négatis (Hilmer, Mager, Simonsick et al., 2009).
21.7
Psychostimulants et atomoxétine
La classe des psychostimulants comprend : • les dérivés d’amphétamine tels que la dextroamphétamine (Dexedrinemd), la lisdexamfétamine (Vyvansemd) et les sels mixtes d’amphétamine (Adderall XRmd) ; • le méthylphénidate (Ritalinmd, Biphentinmd, Concertamd). Les psychostimulants sont des médicaments contrôlés au Canada, c’est-à-dire régis par la Loi sur les drogues et substances contrôlées, à cause des
eets euphorisants qu’ils peuvent produire et, par le ait même, des risques d’abus et de dépendance associés (Justice Canada, 2012). L’atomoxétine (Stratteramd), un inhibiteur du recaptage de la noradrénaline, ne ait pas partie de la classe des psychostimulants, bien qu’elle soit utilisée pour des indications similaires. L’atomoxétine n’est pas un médicament contrôlé.
21.7.1
Mécanismes d’action
Les dérivés d’amphétamine et le méthylphénidate bloquent le recaptage de la dopamine et de la noradrénaline, en plus d’entraîner une libération, dans la ente synaptique, de la noradrénaline et de la dopamine contenues dans les neurones. L’augmentation de la concentration de ces neurotransmetteurs dans la synapse provoque une hausse du niveau d’énergie et de l’activité psychomotrice (Heal, Cheetham & Smith, 2009). L’atomoxétine est un inhibiteur sélecti du recaptage de la noradrénaline, et elle augmente ainsi la concentration de cette dernière dans la ente synaptique. L’atomoxétine n’inhibe pas le recaptage de la dopamine et de la sérotonine de açon notable (Heal et al., 2009).
21.7.2
Indications
Les dérivés d’amphétamine, le méthylphénidate et l’atomoxétine sont tous indiqués pour le traitement du TDA/H. Le méthylphénidate est également utilisé pour le traitement de la narcolepsie (APhC, 2012).
21.7.3
Efcacité clinique
Les symptômes du TDA/H répondent rapidement au traitement avec les psychostimulants (soit les dérivés d’amphétamine et le méthylphénidate) chez plus de 75 % des enants atteints (CADDRA, 2011) 25 . L’atomoxétine est reconnue comme étant moins efcace que les dérivés d’amphétamine et le méthylphénidate. Elle demeure touteois une option thérapeutique valable pour plusieurs clients, en particulier ceux qui éprouvent des eets indésirables importants avec les psychostimulants ou qui ont un trouble lié à une substance comme l’abus ou la dépendance (Garnock-Jones & Keating, 2010).
21.7.4
25 Le TDA/H est décrit dans le chapitre 25, Enfants et adolescents.
21
Autres indications potentielles
Les psychostimulants sont quelqueois prescrits hors indication pour le traitement adjuvant du trouble dépressi majeur réractaire (en combinaison avec un antidépresseur), pour le traitement de l’obésité, chez les clients ayant subi un trauma craniocérébral qui ont des troubles cognitis ou comportementaux, ainsi que pour le soulagement de l’asthénie chez les personnes âgées ou atteintes de maladies graves (Virani et al., 2012). Chapitre 21 Psychopharmacothérapie et autres thérapies biologiques
629
L’atomoxétine a ait l’objet de quelques études pour des indications autres que le traitement du TDA/H, dont le traitement adjuvant du trouble dépressi majeur, de certains troubles anxieux et des troubles cognitis (Beglinger, Adams, Paulson et al., 2009 ; Friedman, Carpenter, Lu et al., 2009 ; Michelson, Adler, Amsterdam et al., 2007 ; Mohs, Shiovitz, Tariot et al., 2009 ; Ravindran, Kim, Letamendi et al., 2009 ; Weintraub, Mavandadi, Mamikonyan et al., 2010). Son efcacité dans le traitement de ces conditions médicales reste cependant à démontrer.
21.7.5
Pharmacocinétique et posologie
Bien que leur mécanisme d’action soit similaire, les propriétés pharmacocinétiques des psychostimulants et de l’atomoxétine dièrent sensiblement TABLEAU 21.16.
21.7.6
Effets indésirables
Les principaux eets indésirables communs des psychostimulants et de l’atomoxétine comprennent les nausées, les vomissements, les douleurs abdominales, la perte d’appétit, l’insomnie ainsi qu’une augmentation transitoire en début de traitement de la P.A. et de la F.C. (CADDRA, 2011). En 2006, Santé Canada a émis un avis concernant les risques d’apparition de problèmes cardiovasculaires rares, mais graves, voire mortels, liés à la prise de ces médicaments (p. ex., l’inarctus du myocarde, la mort subite). Depuis, les médecins doivent questionner les clients ou leurs parents sur les antécédents personnels et amiliaux de maladies cardiovasculaires, sur la prise potentielle d’autres médicaments touchant le système sympathique (sympathomimétiques) et sur les activités physiques intensives avant de prescrire ces médicaments. Au besoin, une consultation en cardiologie peut être demandée
Psychopharmacothérapie TABLEAU 21.16
Principales caractéristiques des psychostimulants et de l’atomoxétine
NOM GÉNÉRIQUE
NOMS COMMERCIALUX
DÉBUT D’ACTION
DURÉE D’ACTION (heures)
GAMME POSOLOGIQUEa (mg/jour)
PRÉSENTATIONS OFFERTES
Atomoxétine
Stratteramd, génériques
14 sem
24
1060
Capsule
Dextroamphétamine
Dexedrinemd, Dexedrine Spansulemd
0,52 h
46 68 (Spansulemd)
540
Comprimé, capsule à libération prolongée (Spansulemd) (50 % de la dose libérés immédiatement avec effet graduel de l’autre 50 % de la dose)
Lisdexamfetamineb
Vyvansemd
0,52 h
1314
2060
Capsule
Méthylphénidate
Ritalinmd, Ritalin SRmd, génériques
0,52 h
35 38 (SR)
1060
Comprimé, comprimé à libération prolongée (SR) (libération lente et continuelle, souvent erratique)
Biphentinmd
0,52 h
1012
1060
Capsule à libération contrôlée (40 % de la dose libérés immédia tement avec effet graduel de 60 % de la dose)
Concertamd, génériques
0,52 h
1012
1872
Comprimé à libération prolongée (22 % de la dose libérés immédia tement avec effet graduel de 78 % de la dose)
Adderall XRmd
0,52 h
12
530
Capsule à libération prolongée (50 % de la dose libérés immédia tement avec effet graduel de l’autre 50 % de la dose)
Sels mixtes d’amphétamines
a
Enfants de 40 kg ou moins La lisdexamfétamine est inactive en soi ; elle est transformée en dextroamphétamine par des enzymes sanguines. Source : Adapté de CADDRA (2011) b
630
Partie 4
Interventions infrmières dans le processus thérapeutique
chez les clients exposés à des acteurs de risque (CADDRA, 2011 ; Santé Canada, 2006). Les eets indésirables propres aux psychostimulants incluent l’anxiété, l’irritabilité, l’apparition ou l’aggravation de tics, la perte de poids et le ralentissement de la croissance. Il est possible de minimiser ces deux derniers eets indésirables en donnant la médication au moment des repas, en orant de petits repas plus réquents ou encore des suppléments alimentaires au client. Avec le temps, les eets sur le poids et la croissance ont tendance à s’estomper. Les psychostimulants sont également susceptibles d’être utilisés abusivement en raison de leurs eets euphorisants. L’administration de présentations à longue durée d’action réduit cependant les risques d’abus (CADDRA, 2011). L’atomoxétine peut également provoquer des céphalées, des étourdissements, une rhinite, une sécheresse de la bouche et de la constipation. En 2005, l’atomoxétine a ait l’objet d’un avis de Santé Canada concernant l’apparition de sentiments inhabituels d’agressivité, d’hostilité et d’anxiété pouvant mener à de l’impulsivité, à des pensées suicidaires et à des comportements automutilatoires. Il aut donc surveiller étroitement les clients qui en prennent, surtout en début de traitement, quant à l’apparition d’eets inhabituels sur le comportement (CADDRA, 2011 ; Santé Canada, 2005). Il n’est pas recommandé de cesser brusquement les psychostimulants après un traitement de longue durée. Des symptômes de sevrage (ou syndrome de retrait) tels que la dysphorie, l’irritabilité, une augmentation de l’appétit et des besoins en sommeil, ainsi que des symptômes rebond du TDA/H peuvent alors apparaître, particulièrement chez les clients ayant reçu une présentation à courte durée d’action. L’administration de l’atomoxétine peut cependant être cessée sans procéder à une réduction graduelle de la dose (Virani et al., 2012).
21.7.7
Contre-indications
Les psychostimulants et l’atomoxétine sont contreindiqués chez les clients ayant une maladie cardiaque symptomatique, de l’artériosclérose avancée, une hypertension artérielle de modérée à grave, un glaucome à angle ermé, un phéochromocytome, une hyperthyroïdie non maîtrisée et chez ceux qui reçoivent un IMAO. Les psychostimulants sont également contre-indiqués chez les clients atteints d’anxiété importante, d’un trouble lié à une substance (abus ou dépendance), d’un état d’agitation ou de tics moteurs ou vocaux (APhC, 2012).
21.7.8
Interactions
La prise concomitante de psychostimulants et d’atomoxétine peut entraîner une augmentation importante de la P.A. et une tachycardie. Certains anticonvulsivants, comme la carbamazépine et la
phénytoïne, peuvent accélérer le métabolisme des psychostimulants, réduisant ainsi leur durée d’action. L’excrétion des amphétamines peut être augmentée par la consommation de jus de ruits acides et de vitamine C, ce qui peut réduire leur efcacité. Bien qu’une prise avec de la nourriture puisse retarder l’absorption des psychostimulants et de l’atomoxétine, leur efcacité n’en est pas pour autant compromise (Virani et al., 2012).
Soins et traitements infrmiers L’infrmière suit régulièrement les enants et les adolescents atteints du TDA/H et qui prennent de la médication ENCADRÉ 21.13. Elle évalue leurs signes vitaux en début de traitement en raison de l’augmentation transitoire de la P.A. et de la F.C. Les médicaments stimulants comme le méthylphénidate peuvent entraîner des eets indésirables sur l’appétit, le sommeil et provoquer de l’agitation. De plus, les enants et les adolescents peuvent acquérir de nouveaux tics ou voir leurs tics légers préexistants s’aggraver. L’atomoxétine peut également augmenter les pensées suicidaires chez certains enants et adolescents. Si cela se produit, il est impérati que l’infrmière cesse l’administration du médicament en question, qu’elle s’assure de la sécurité du client, qu’elle documente Simon Robitaille est un jeune garçon âgé de sept ans ses observations et avertisse atteint de TDA/H. Il prend du méthylphénidate le médecin. Une modifca5 mg b.i.d. tion de la posologie ou l’interruption défnitive de la À quel moment devraitil prendre sa médication pour médication sont souvent être le plus attenti possible en classe ? nécessaires.
Jugement clinique
Enseignement au client et à ses proches ENCADRÉ 21.13
Traitement du trouble de défcit de l’attention/hyperactivité 21
Les parents et l’enant atteint de TDA/H devraient être inormés que les eets bénéfques de la médication commencent à être observables après plus de trois jours de traitement. Pendant les trois premiers jours, il est possible que l’enant démontre plutôt une aggravation des symptômes, surtout en milieu de journée. Il est donc recommandé que celuici commence sa médication deux semaines avant la rentrée scolaire, pour stabiliser son état avant le stress normal associé à celleci. Pour la même raison, il n’est pas recommandé de cesser la médi cation pendant les fns de semaine, les congés ou les vacances (Venter, 2004).
Une discussion avec l’enseignant est sou haitable, particulièrement si la prise de psychostimulants se ait durant l’année scolaire (Salmeron, 2009). L’infrmière peut suggérer de tenir un journal des symptômes positis et négatis durant les premières semaines de la prise du médica ment. Elle avise l’enant et ses parents que les eets indésirables les plus réquents sont liés à l’anorexie, dans les premiers jours, et à l’insomnie, dans les trois premiers mois. Pour diminuer les troubles du sommeil, la dernière dose de la journée devrait être prise de quatre à six heures avant le cou cher (Lilley, 2011).
Chapitre 21 Psychopharmacothérapie et autres thérapies biologiques
631
21.8
Agents procognitis
maladie de Parkinson (APhC, 2012 ; Virani et al., 2012).
Les agents procognitis regroupent des médicaments utilisés principalement pour le traitement des démences, en particulier la démence de type Alzheimer. Bien qu’ils ne guérissent ni ne reinent la maladie, ils peuvent touteois stabiliser, voire améliorer de açon modeste et transitoire les onctions cognitives des clients atteints (Massoud & Léger, 2011). Les agents procognitis oerts au Canada comprennent trois inhibiteurs de cholinestérases et la mémantine.
21.8.1
Inhibiteurs de cholinestérases
Cette classe de médicaments comprend le donépézil (Ariceptmd), la galantamine (Reminyl ERmd) et la rivastigmine (Exelonmd). Ils sont principalement utilisés dans le but d’améliorer les onctions cognitives et le onctionnement global chez les clients atteints de la démence de type Alzheimer (Rodda & Carter, 2012).
Mécanisme d’action 17 Le rôle de la neurotransmission dans la maladie d’Alzheimer est précisé dans le chapitre 17, Trou bles cognitifs : délirium, démence et troubles amnésiques.
La réduction de la neurotransmission cholinergique est associée à la détérioration des onctions cognitives observée dans la démence de type Alzheimer 17 . Les inhibiteurs de cholinestérases entraînent une augmentation des taux d’acétylcholine dans la ente synaptique en inhibant de manière réversible les deux principales enzymes responsables de sa dégradation, l’acétylcholinestérase et la butyrylcholinestérase (Massoud & Léger, 2011).
Indications Les inhibiteurs de cholinestérases sont indiqués pour le traitement de la démence de type Alzheimer, de phase légère à modérée. Le donépézil est également indiqué pour le traitement de cette démence en phase sévère. De plus, la rivastigmine est utilisée pour le traitement de la démence associée à la
Efcacité clinique Les inhibiteurs de cholinestérases procurent un soulagement des symptômes de la démence de type Alzheimer sans touteois arrêter ou renverser le cours de la maladie. Seulement de 30 à 40 % des clients atteints d’une démence de type Alzheimer obtiennent une réponse clinique, souvent modeste, à la suite de l’utilisation d’un inhibiteur de cholinestérases (Atri, 2011 ; Massoud & Léger, 2011). En cas de non-réponse ou d’eets indésirables importants, le passage d’un inhibiteur de cholinestérases à un autre peut s’avérer une stratégie valable. Des doses plus élevées seraient également associées à une meilleure réponse clinique (Atri, 2011). Une augmentation progressive de la dose est recommandée avec cette classe de médicaments, afn de minimiser les eets indésirables (Lockhart, Mitchell, Kelly et al., 2009).
Autres indications potentielles Bien que Santé Canada n’ait pas approuvé ces indications, les inhibiteurs de cholinestérases peuvent être efcaces pour le traitement de la démence vasculaire, de la démence à corps de Lewy et de la démence mixte (Lerner, 2010). L’utilisation de certains inhibiteurs de cholinestérases est envisagée pour traiter les troubles cognitis associés à la sclérose en plaques et les symptômes cognitis liés à la schizophrénie (Lerner, 2010). Le donépézil a par ailleurs été utilisé avec succès pour la prévention de la conusion secondaire à l’électroconvulsivothérapie, décrite dans la neuvième section de ce chapitre (Lerner, 2010).
Pharmacocinétique et posologie Bien que leur mécanisme d’action soit similaire, les propriétés pharmacocinétiques des inhibiteurs de cholinestérases dièrent TABLEAU 21.17.
Psychopharmacothérapie TABLEAU 21.17
Principales caractéristiques des inhibiteurs de cholinestérases
NOM GÉNÉRIQUE
NOM COMMERCIAL
GAMME POSOLOGIQUE (mg/jour)
PIC D’ACTIONa (heures)
PRÉSENTATIONS OFFERTES
Donépézil
Ariceptmd
510
34
Comprimé, comprimé à dissolution rapide
Galantamine
Reminyl ERmd, génériques
824
4,55
Capsule
Rivastigmine
Exelonmd, génériques
312 (voie orale) 510 (voie transdermique)
1,42,6 (forme orale) 1016 (timbre)
Capsule, liquide oral, timbre transdermique
a
Le pic d’action est associé au moment d’apparition de la majorité des effets indésirables. Sources : Adapté de APhC (2012) ; Virani et al. (2012)
632
Partie 4
Interventions infrmières dans le processus thérapeutique
Eets indésirables Les principaux eets indésirables des inhibiteurs de cholinestérases sont de nature gastro-intestinale. Les nausées, les vomissements, la diarrhée, les douleurs abdominales et la perte d’appétit (quelqueois associée à une chute de poids) sont parmi les eets indésirables les plus réquents. Des étourdissements sont également souvent observés. La rivastigmine administrée par voie transdermique (Exelon Patchmd) est associée à une plus aible réquence d’eets indésirables gastro-intestinaux. La prise de donépézil a par ailleurs été associée à la survenue de cauchemars, de bradycardie et de syncope (Rodda & Carter, 2012 ; Virani et al., 2012). Afn d’éviter une détérioration subite des onctions cognitives ou du comportement à l’arrêt du traitement, il est recommandé de diminuer la dose de l’inhibiteur de cholinestérases de 25 à 50 % par semaine ou toutes les deux semaines (Virani et al., 2012).
Contre-indications La galantamine est contre-indiquée chez les clients atteints d’une insufsance hépatique ou rénale grave. Il n’existe aucune autre contre-indication absolue pour les autres inhibiteurs de cholinestérases. Cependant, à cause de leurs eets cholinomimétiques, ces médicaments doivent être prescrits avec prudence chez les clients ayant des antécédents de maladie pulmonaire obstructive chronique, d’asthme, de certaines maladies cardiovasculaires (p. ex., l’angine instable, l’insufsance cardiaque, le bloc auriculoventriculaire), d’épilepsie, d’ulcère peptique ou de rétention urinaire, ou étant atteints de ces aections (Jones, 2010 ; Rodda & Carter, 2012 ; Virani et al., 2012).
Interactions L’utilisation concomitante de médicaments anticholinergiques (p. ex., la benztropine, la procyclidine, la diphenhydramine) avec les inhibiteurs de cholinestérases réduit substantiellement l’efcacité de ces derniers, étant donnés leurs mécanismes d’action opposés. De plus, la combinaison d’un inhibiteur de cholinestérases et d’un bêtabloquant peut entraîner une bradycardie importante. Comme plusieurs personnes âgées sont conjointement atteintes de la démence de type Alzheimer et de problèmes cardiaques nécessitant des bêtabloquants, ces associations médicamenteuses sont à surveiller étroitement (Jones, 2010 ; Virani et al., 2012).
Soins et traitements infrmiers En milieu hospitalier, au début du traitement, l’infrmière évalue les signes vitaux avant l’administration du médicament, puis trois ois par jour, afn de déterminer la présence d’eets indésirables tels que des étourdissements, une syncope, de l’hypotension ou de l’hypertension et une bradycardie. Si le client se trouve à domicile, elle lui enseigne, ainsi qu’à ses
proches, comment mesurer la F.C. avant chaque administration du médicament. Au besoin, elle suggère la prise de P.A. quotidienne. Elle évalue la présence de symptômes gastro-intestinaux comme les nausées, les vomissements, la diarrhée, les douleurs abdominales, et ce, à l’aide de la palpation, de l’auscultation et de la percussion abdominale. Chez certaines personnes, la prise d’inhibiteurs de cholinestérases amène une diminution du tonus vésical et un relâchement des sphincters. Ces deux symptômes sont liés à la stimulation du système nerveux parasympathique et se traduisent par un besoin anormalement réquent d’uriner (pollakiurie) ou une incapacité à retenir ses mictions (incontinence). L’infrmière est attentive à ces symptômes. L’infrmière recommande aux proches du client de tenir un journal des symptômes, un outil très utile pour suivre l’évolution des symptômes et l’impact du traitement sur les onctions cognitives ENCADRÉ 21.14. Une réévaluation des onctions cognitives et du onctionnement global du client recevant un inhibiteur de cholinestérases est recommandée tous les six mois, afn de suivre l’évolution de la Juliette Pharand, âgée de 78 ans, vit en hébergement maladie, de statuer sur l’efdans une unité prothétique pour démence de type cacité de la médication et sur Alzheimer. Vous deviez lui administrer un comprimé la pertinence de poursuivre le de donépézil 10 mg à 21 h, mais vous n’avez pu le traitement. Si une aggravation aire parce qu’une autre cliente n’allait pas bien. Il des symptômes est constatée, est 22 h 30, et madame Pharand semble dormir. un changement d’agent ou la Devriezvous lui donner son médicament maintenant ? cessation de la médication Justiez votre réponse. doivent être envisagés.
Jugement clinique
Enseignement au client et à ses proches ENCADRÉ 21.14
Traitement par inhibiteurs de cholinestérases
L’inrmière avise le client et ses proches que le besoin d’assistance peut croître dans les premières semaines du traitement, car la médication entraîne des étourdissements et des pertes d’équilibre. Le nombre d’hospita lisations pour syncope et pour racture de la hanche augmente considérablement chez cette clientèle en raison des eets indésirables du traitement (Gill, Andersen, Fischer et al al., 2009). Il est donc important d’évaluer le risque de chutes et l’inrmière peut aider la amille à trouver des solutions pour les prévenir en réorganisant l’environnement et la chambre du client. L’inrmière rappelle au client et à ses proches que l’eet thérapeutique de la médication n’est observable qu’après environ six semaines de l’amorce du traitement, pour éviter que ceuxci cessent spontanément la médication.
Il est indiqué de souligner l’importance (Lilley, 2011): • de prendre la médication selon la prescription et ne pas doubler la dose s’il y a omission; • de ne pas broyer, couper ou mâcher les préparations à longue action; • d’introduire du yogourt dans son alimenta tion an de rétablir la fore intestinale ; • de vérier le poids toutes les semaines an d’évaluer la perte de poids; • de porter un bracelet d’identication (p. ex., MédicAlertmd). L’inrmière rappelle au client qui prend aussi des bêtabloquants : • de prendre sa F.C. et, si possible, sa P.A. chaque jour à la même heure pour déceler l’apparition de bradycardie et d’hypotension; • d’aviser immédiatement un proessionnel de la santé s’il ressent des palpitations ou s’il ait de l’hypotension orthostatique.
Chapitre 21 Psychopharmacothérapie et autres thérapies biologiques
633
21
21.8.2
Mémantine
La mémantine (Ebixa ) est le seul médicament commercialisé au Canada appartenant à la classe des antagonistes des récepteurs du glutamate de type N-méthyl-D-aspartate (NMDA), récepteurs impliqués dans la mémoire et qui contribueraient à la pathogenèse de la démence de type Alzheimer (APhC, 2012). md
Mécanisme d’action L’activation continue des récepteurs NMDA par le glutamate dans le SNC serait liée à l’apparition de la démence de type Alzheimer. En agissant comme antagoniste sur ces récepteurs, la mémantine préviendrait la neurotoxicité induite par les taux anormalement élevés de glutamate (Herrmann Li & Lanctôt, 2011).
Indications La mémantine est indiquée pour le traitement des symptômes associés à la démence de type Alzheimer de phase modérée à sévère. Elle peut être administrée seule ou en combinaison avec un inhibiteur de cholinestérases (APhC, 2012 ; Herrmann et al., 2011 ; Rodda & Carter, 2012).
Efcacité clinique La mémantine permet de diminuer le degré des atteintes cognitives chez les clients atteints d’une démence de type Alzheimer de phase modérée à sévère. En combinaison avec un inhibiteur de cholinestérases, l’usage de la mémantine a été associé à une amélioration notable des troubles cognitis et des troubles du comportement liés à la démence de type Alzheimer (Farrimond, Roberts & McShane 2012). Lorsque la mémantine est destinée à remplacer un inhibiteur de cholinestérases, ce dernier ne doit être cessé qu’un mois après l’introduction de la mémantine (Farrimond et al., 2012).
Autres indications potentielles Comme les inhibiteurs de cholinestérase, la mémantine peut être utilisée pour le traitement d’autres types de démence (p. ex., la démence vasculaire, mixte, à corps de Lewy). Elle pourrait s’avérer utile comme traitement adjuvant des symptômes de la schizophrénie et du trouble bipolaire, des troubles cognitis associés à la sclérose en plaques, du trouble obsessionnel-compulsi et de l’état de stress post-traumatique (Sani, Serra, Kotzalidis et al., 2012). Aucune de ces utilisations n’est homologuée par Santé Canada.
Pharmacocinétique et posologie La mémantine possède une longue demi-vie, estimée en moyenne à 70 heures. Elle est touteois généralement administrée en deux prises par jour. La dose de départ recommandée de mémantine est de 5 mg, administrée 1 ois par jour. La dose peut
634
Partie 4
Interventions infrmières dans le processus thérapeutique
ensuite être augmentée de 5 mg toutes les semaines et divisée en 2 prises quotidiennes, jusqu’à un maximum de 20 mg par jour (10 mg, 2 ois par jour). La mémantine est oerte seulement sous orme de comprimés, dosés à 5 ou 10 mg. La mémantine n’est que aiblement métabolisée par le oie et est excrétée par les reins. En présence d’insufsance rénale de modérée à grave, la dose de mémantine doit être diminuée. Son usage est déconseillé chez les clients atteints d’insufsance hépatique grave (APhC, 2012 ; Jones, 2010 ; Virani et al., 2012).
Eets indésirables Les principaux eets indésirables de la mémantine comprennent les céphalées, les étourdissements, la atigue, la perte d’appétit et les vomissements. Elle peut également causer de l’anxiété, de la conusion, des perturbations du sommeil et des hallucinations. Dans de rares cas, des convulsions ont été associées à l’utilisation de mémantine. Son usage a aussi été lié à l’augmentation de la P.A. chez certains clients (Herrmann et al., 2011 ; Jones, 2010 ; Virani et al., 2012).
Contre-indications Il n’existe aucune contre-indication absolue à l’utilisation de la mémantine, mise à part une hypersensibilité documentée à ce médicament. Il aut cependant aire preuve de prudence au moment de l’administration de mémantine à des clients ayant des antécédents de convulsions ou aux prises avec une hypertension artérielle non maîtrisée (APhC, 2012 ; Jones, 2011).
Interactions La prise concomitante de mémantine et d’amantadine peut entraîner une augmentation des eets indésirables de type hallucinatoire de ces deux médicaments, et elle n’est pas recommandée. Les concentrations sériques de mémantine et, par le ait même, ses eets indésirables peuvent également être augmentés par l’utilisation simultanée de médicaments excrétés dans l’urine, comme la metormine (Glucophagemd) (Herrmann et al., 2011 ; Jones, 2010 ; Virani et al., 2012).
Soins et traitements infrmiers Les soins et traitements infrmiers présentés dans la sous-section précédente, en lien avec les inhibiteurs de cholinestérases, s’appliquent pour la mémantine. Les onctions cognitives et le onctionnement global du client recevant de la mémantine devraient également être réévalués tous les six mois. Cela est nécessaire pour suivre l’évolution du trouble et pour statuer sur l’efcacité de la médication et sur la pertinence de poursuivre le traitement. Si une aggravation des symptômes est constatée, la cessation de la
médication doit être envisagée. La tenue d’un journal décrivant les symptômes du client par son entourage peut s’avérer un outil très utile pour son évaluation périodique. Une surveillance régulière de la P.A. est également recommandée.
21.9
Autres thérapies biologiques
Diverses approches biologiques non pharmacologiques sont désormais utilisées pour le traitement de certains troubles mentaux, particulièrement les troubles dépressis. Parmi celles-ci, l’électroconvulsivothérapie (ECT) est la plus ancienne et la mieux connue (Eitan & Lerer, 2006). Elle a été introduite en psychiatrie en 1938 . À ses débuts dans les années 1940, l’ECT était pratiquée dans des conditions non optimales (p. ex., sans anesthésie et avec des appareils beaucoup plus puissants que ceux utilisés aujourd’hui) qui ont contribué à lui donner mauvaise presse. Depuis une vingtaine d’années, l’avancement des connaissances procuré par des études de haute qualité et les technologies modernes ont rendu cette pratique beaucoup plus sécuritaire (Fink, 2011 ; Payne et Prudic, 2009).
21.9.1
Électroconvulsivothérapie
L’ECT est un traitement biologique qui comprend un bre stimulus électrique, contrôlé, appliqué sur le cerveau, afn de provoquer une convulsion épileptique tonicoclonique, ce qui modife la chimie du cerveau et améliore l’état de l’humeur (Kennedy, Milev, Giacobbe et al., 2009).
Mécanismes d’action Les mécanismes d’action exacts de l’ECT demeurent inconnus (Taylor, 2007). Plusieurs théories se concentrent sur son efcacité chez les clients ayant un trouble dépressi majeur. Selon la théorie des neurotransmetteurs, l’ECT agirait sur presque tous les systèmes de neurotransmetteurs, rendant difcile la reconnaissance d’un mécanisme unique et précis pouvant expliquer son efcacité (Bolwig, 2011). L’ECT rendrait également certains récepteurs sérotoninergiques plus sensibles aux eets de la sérotonine (Allan & Ebmeier, 2011 ; Merkl, Heuser, Bajbouj et al., 2009). Selon la théorie des acteurs neurotrophiques, la molécule d’adénosine monophosphate cyclisée serait régulée positivement par l’ECT, qui augmenterait les facteurs neurotrophiques cérébraux. Ces acteurs régularisent la croissance neuronale et sont aussi impliqués dans la synthèse de la noradrénaline et de la sérotonine (Allan & Ebmeier, 2011 ; Bolwig, 2011 ; Taylor, 2007). Selon la théorie anticonvulsive, l’ECT exercerait un eet anticonvulsivant proond sur le
cerveau, entraînant un eet antidépresseur (Merkl et al., 2009 ; Taylor, 2007).
Indications et efcacité clinique L’électroconvulsivothérapie se révèle efcace pour les clients atteints de troubles dépressis majeurs ou de dépression atypique, bipolaire ou psychotique (Kennedy et al., 2009). Les indications sont les suivantes : • un trouble dépressif réfractaire au traitement pharmacologique ou une intolérance à celuici ; • des idéations et des comportements suicidaires graves ; • une souffrance psychique ou une détérioration physique marquées (p. ex., un déséquilibre hydrique ou électrolytique en raison de l’incapacité de manger ou de boire) et qui nécessitent un début d’effet thérapeutique rapide (Agence d’évaluation des technologies et des modes d’intervention en santé [AETMIS], 2003 ; Kennedy et al., 2009).
Les origines de l’ECT sont ré sumées dans l’annexe 21.1W, qui peut être consultée au http://fortinash.cheneliere.ca.
L’efcacité de l’ECT en cas de schizophrénie ou de manie est moins bien documentée. Le traitement devrait être envisagé lorsque la réponse à la pharmacothérapie est nulle ou limitée (AETMIS, 2003 ; Payne & Prudic, 2009). La réquence d’utilisation de l’ECT au Québec se situe à l’intérieur des limites observées dans les autres pays industrialisés. Selon les données de l’Institut canadien d’inormation sur la santé, pour les années 1994 à 2000, la réquence de recours à l’ECT au Québec chez des clients hospitalisés compte parmi les plus basses au Canada (AETMIS, 2003).
Eets indésirables L’ECT et l’anesthésie qui l’accompagne peuvent entraîner des symptômes physiques (p. ex., des nausées, des douleurs musculaires, de la somnolence), des complications cardiovasculaires, des lésions cérébrales et des perturbations cognitives (AETMIS, 2003 ; Kennedy et al., 2009). Les complications cardiaques comprennent l’arythmie, l’ischémie cardiaque et l’inarctus, notamment chez les clients ayant déjà des problèmes cardiaques (AETMIS, 2003). Les perturbations cognitives incluent une période de conusion immédiatement après les convulsions, une amnésie rétrograde et une amnésie antérograde. Peu de clients rapportent des défcits permanents. Cependant, ces défcits varient considérablement selon les clients (Hihn, Baune, Michael et al., 2006 ; Kho, VanVreeswijk & Murre, 2006 ; Sackeim, Prudic, Fuller et al., 2007).
21
Amnésie rétrograde : Incapacité de se rappeler ou de reconnaître une information ou des événements survenus avant le début de l’amnésie.
Contre-indications Les contre-indications concernent, entre autres, une lésion cérébrale qui augmente la pression intracrânienne. De plus, l’ECT s’avère inefcace en cas de Chapitre 21 Psychopharmacothérapie et autres thérapies biologiques
635
troubles liés à une substance, de troubles de l’identité sexuelle, de troubles anxieux, de troubles de la personnalité ou de maladies chroniques sans psychopathologies évidentes (Stuart Gail, 2009).
Procédure 6
Consentement éclairé
Le droit du client au consentement et au reus des soins est défni dans le chapitre 6, Aspects éthiques et légaux de la pratique infrmière en santé mentale et en soins psychiatriques.
Le consentement éclairé du client autorise le médecin à pratiquer l’ECT. Le proessionnel de la santé obtient le consentement du client avant le traitement, après l’avoir inormé en détail de la procédure et l’avoir préparé à tous les eets indésirables possibles. L’infrmière agit souvent comme témoin dans le processus de l’obtention du consentement éclairé 6 .
Intervention
Un exemple de formulaire de consentement à l’ECT est proposé dans l’annexe 21.2W, qui peut être consultée au http://fortinash.cheneliere.ca.
Les médecins administrent généralement l’ECT 2 ou 3 ois par semaine, à raison d’une moyenne de 6 à 12 traitements (Allan & Ebmeier, 2011 ; Eitan & Lerer, 2006). Les examens préliminaires de base avant l’ECT comprennent une ormule sanguine complète, un bilan électrolytique complet, une analyse d’urine, un électrocardiogramme et un examen physique et mental. Les clients qui ont rendez-vous pour une ECT doivent être à jeun depuis au moins six heures (Eitan & Lerer, 2006). Il est également demandé aux clients qui prennent des stabilisateurs de l’humeur, tels que le lithium et les anticonvulsivants, d’interrompre la prise de ces médicaments les jours de traitement (Kennedy et al., 2009). Le matin de l’intervention, l’infrmière vérife les signes vitaux (notamment la température) et prévient le médecin que tous les résultats sont normaux. Elle indique au client de vider sa vessie, d’enlever bijoux, dentier et vernis à ongles. Dans la salle d’ECT, l’infrmière installe le moniteur cardiaque, le sphygmomanomètre et l’électroencéphalographe sont installés afn de surveiller les onctions vitales du client. L’équipement d’urgence comprend notamment l’appareil à succion, l’équipement de réanimation cardiorespiratoire et les médicaments d’urgence recommandés par les anesthésistes. Le personnel doit comprendre à tout le moins un psychiatre traitant, un anesthésiste et une infrmière.
Jugement clinique Élyse Rinfret est âgée de 39 ans. Elle doit recevoir un traitement d’ECT demain matin pour un trouble dépressif majeur réfractaire aux antidépresseurs ; c’est la première fois qu’elle recevra un tel traitement. Vous lui dites qu’elle ne devra rien prendre par la bouche à partir de minuit. La cliente vous demande pourquoi elle doit être à jeun puisque ce n’est pas une chirurgie. Que devriezvous lui répondre alors ?
636
Partie 4
L’anesthésiste administre un anesthésique à courte durée d’action et un bloqueur neuromusculaire par voie I.V. tel que la succinylcholine (Anectinemd). La paralysie musculaire empêche les mouvements et réduit les risques de racture de la mâchoire, les lacérations de la langue et les blessures aux gencives. L’inirmière insère un protecteur dentaire dans la
Interventions infrmières dans le processus thérapeutique
bouche et installe un masque pour l’administration d’oxygène pur. Environ 30 minutes avant le début de l’intervention, le client reçoit une injection I.M. d’atropine (généralement 0,5 mg) ou de 0,2 mg de glycopyrolate (Robinulmd), ce qui réduit l’hypersialorrhée et protège contre la bradycardie vagale qui survient parois après l’application du stimulus électrique (Eitan & Lerer, 2006). Une ois l’anesthésie et la paralysie obtenues, l’infrmière place les électrodes. Pour une ECT bilatérale, les électrodes sont placées sur la portion antérieure droite et gauche des tempes ; dans le cas d’une ECT unilatérale, l’électrode est placée sur la portion antérieure de la tempe de l’hémisphère non dominant. Par exemple, si le client est droitier, l’électrode est placée sur sa tempe droite. Lorsque les électrodes sont en place, le psychiatre envoie un bre courant électrique. Le corps reste immobile à cause de l’agent paralysant, et l’électroencéphalogramme confrme la convulsion. Celle-ci doit durer au moins 15 secondes et un maximum de 1 minute. Une convulsion musculaire d’une durée de 15 à 20 secondes est généralement considérée comme adéquate afn de produire un eet thérapeutique (Rasimas, Stevens & Rasmussen, 2007). Le client se réveille quelques minutes plus tard, et l’administration de l’oxygène est arrêtée. La surveillance constante des signes vitaux (après 2, 5, 15 et 30 minutes) permet de détecter une dépression respiratoire et un excès de sécrétions qui nécessiterait une succion.
Soins et traitements infrmiers Les interventions infrmières auprès du client qui reçoit une ECT comprennent une explication claire de la méthode, l’enseignement au client et à ses proches, la renégociation du consentement du client, la surveillance et le soulagement de la douleur et de l’inconort après le traitement. L’infrmière travaille étroitement avec le client, la amille, le médecin et l’anesthésiste afn que la procédure et le suivi soient sans danger et efcaces (Kavanagh & McLoughlin, 2009 ; Uko-Ekpenyong, 2007). Avant l’intervention, l’infrmière s’assure que le client comprend bien la procédure et ses indications ENCADRÉ 21.15. Elle s’assure d’un consentement libre et éclairé et vérife que celui-ci est documenté au dossier. Elle garde en tête qu’il existe encore une controverse sur ce traitement et ses eets indésirables et calme le client anxieux et préoccupé en dissipant les mythes concernant l’ECT (Kavanagh & McLoughlin, 2009). Elle s’assure que les vérifcations préinterventions sont aites ENCADRÉ 21.16. L’infrmière qui assiste l’anesthésiste et le psychiatre durant l’ECT doit être qualifée en réanimation cardiorespiratoire et doit connaître les eets indésirables de l’ECT (Kavanagh & McLoughlin, 2009).
Enseignement au client et à ses proches
Pratiques infrmières suggérées
ENCADRÉ 21.15
ENCADRÉ 21.16
Description de l’électroconvulsivothérapie
L’inrmière rappelle les indications, les contreindications et les eets indésirables de l’ECT. Elle explique au client et à ses proches les principaux soins prétraitement, pertraitement et posttraitement. Elle leur permet d’exprimer leurs sentiments quant à l’ECT. Elle évite de aire de la ausse réassurance et met en contexte les rumeurs entourant le traitement. Elle est à l’écoute des peurs du client relatives à la douleur, à la perte de ses acultés intellectuelles, voire à la mort. L’inrmière clarie les ausses idées et met l’accent sur la valeur du procédé thérapeutique. Elle vérie la compréhension de l’inormation auprès du client et de sa amille et apporte les correctis nécessaires. Elle répond à leurs questions. Elle utilise diérents moyens audiovisuels disponibles dans son établissement an d’illustrer la procédure selon les besoins du client.
Eectuer le suivi de l’électroconvulsivothérapie
L’inrmière vérie chacun des éléments suivants et consigne ses observations dans le dossier du client.
• Signes vitaux mesurés et consignés
À L’ARRIVÉE DU CLIENT
• Hygiène buccale aite et dentiers retirés
• Cheveux propres et secs, sans xati ni gel
• Lunettes ou verres de contact enlevés
• Absence de vernis à ongles
• Inrmière présente à l’ECT avisée de toute situation particulière (p. ex., une rupture du jeûne, un état grippal)
• Bracelet d’identication en place • Médicaments du coucher reçus selon les spécications de l’ordonnance médicale
De retour à l’unité de soins ou lorsque le client reçoit l’ECT en consultation externe, une surveillance des signes vitaux et une démonstration de sa capacité de marcher sans assistance s’eectuent
• Dossier complété et signé AU RETOUR DE L’INTERVENTION
• Client à jeun depuis minuit
• Signes vitaux mesurés et consignés, après 15 minutes et après 30 minutes
• Bijoux ôtés (incluant les perçages) • Aucun objet en métal sur la tête • Chemise d’hôpital ouverte à l’avant • Robe de chambre, bas de coton, pantoufes
Après la procédure, le client demeure en salle de réveil durant environ 30 minutes ou jusqu’à ce que les signes vitaux soient stables et qu’il soit éveillé et orienté dans les trois sphères. L’infrmière réconorte et rassure les clients qui présentent des maux de tête ou des pertes de mémoire. L’amnésie transitoire est normale, et l’infrmière ne doit pas se surprendre de devoir répéter l’enseignement donné avant la procédure. Les troubles mnésiques tendent à être plus prononcés avec un traitement bilatéral qu’avec un traitement unilatéral (Kennedy et al., 2009). Ils peuvent être assez graves pendant la durée du traitement, mais s’atténuent de manière importante après une série de traitements. En cas de céphalée, des analgésiques légers sont administrés (p. ex., de l’acétaminophène 500 mg) ; le repos est recommandé. Certains clients peuvent être nauséeux en raison de l’anesthésie.
• Perruque enlevée
LE MATIN DE L’INTERVENTION
• Pas de soutiengorge ni de chemise
La surveillance des signes vitaux et l’administration de médication sont aites conjointement par l’infrmière et l’anesthésiste tout au long de la procédure.
• Vessie vidée
• Médicaments autorisés donnés depuis minuit conormément à l’ordonnance médicale
• Eets personnels remis à la personne • Médicaments du matin administrés • Déjeuner oert (attendre 30 minutes) • Malaises ou eets indésirables évalués • Capacité à circuler évaluée
Source : Adapté de l’Institut universitaire en santé mentale de Québec, Centre hospitalier Robert-Giffard [s.d.]
encore durant une seconde heure. À ce moment, le client pourra manger et reprendre ses activités normales. Certains clients ont sommeil et retournent se coucher. La amille pourra bénéfcier de l’assouplissement des heures de visites ou recevoir un appel de l’infrmière responsable du client leur signalant le retour de celui-ci.
21.9.2
Autres traitements pour les troubles de l’humeur
La stimulation magnétique transcrânienne, la stimulation du ner vague, la stimulation des tissus proonds du cerveau peuvent être recommandées en cas de troubles dépressis majeurs réractaires au traitement. La luminothérapie se révèle efcace pour traiter certains troubles de l’humeur saisonniers ou pour certains troubles du sommeil 11 19 .
11 Les autres traitements biologiques des troubles de l’humeur sont présentés dans le chapitre 11, Troubles de l’humeur. 19 L’efcacité de la luminothérapie en cas d’insomnie ou de troubles du sommeil liés au rythme circadien est décrite dans le chapitre 19, Troubles du sommeil.
Chapitre 21 Psychopharmacothérapie et autres thérapies biologiques
637
21
Analyse d’une situation de santé
Jugement clinique
Heather Davidson, âgée de 57 ans, est employée comme travailleuse sociale dans un centre hospitalier. Elle est en arrêt de travail pour trouble dépressi majeur. Elle a été victime de raude et a perdu toutes les économies destinées à assurer
sa retraite. Elle a consulté un psychiatre à la clinique de psychiatrie, et celui-ci lui a prescrit du citalopram 20 mg die. Vous rencontrez la cliente pour lui prodiguer l’enseignement sur sa médication. Elle a déjà pris un autre antidépresseur dans le passé. {
MISE EN ŒUVRE DE LA DÉMARCHE DE SOINS
Collecte des données – Évaluation initiale – Analyse et interprétation 1. Trouvez au moins cinq questions à poser à la cliente concernant le médicament antidépresseur qu’elle a pris antérieurement. 2. Pourquoi est-il important de demander à la cliente si elle prend d’autres médicaments actuellement ?
SOLUTIONNAIRE
http://fortinash.cheneliere.ca Madame Davidson n’est pas convaincue que la médication sera très utile. « J’ai déjà pris un antidépresseur et j’ai cessé de le prendre après un {
certain temps parce que je trouvais que ce n’était pas efcace », dit-elle. {
MISE EN ŒUVRE DE LA DÉMARCHE DE SOINS
3. Quel problème potentiel pouvez-vous suspecter d’après ces nouvelles données ?
Planifcation des interventions – Décisions infrmières 4. Pourquoi devez-vous aviser la cliente que le délai d’action du médicament est d’environ quatre à huit semaines ? 5. Nommez au moins trois eets indésirables que vous devez expliquer à madame Davidson concernant le citalopram. 6. Vous avisez la cliente que les eets indésirables peuvent se maniester pendant la durée du traitement pharmacologique. À quel moment cela peut-il se produire ? 7. Pourquoi est-il important d’insister sur le ait que la cliente ne doit pas cesser brusquement la prise de son antidépresseur même si elle n’en voit pas l’efcacité ?
Madame Davidson se rendait au travail à pied. Elle n’avait pas à utiliser sa voiture pour rencontrer les clients et leur amille. Depuis qu’elle a été
{
victime de raude, elle a augmenté sa consommation d’alcool. « Je ne suis pas alcoolique, rassurezvous, mais ça me ait du bien », vous dit-elle. ”
MISE EN ŒUVRE DE LA DÉMARCHE DE SOINS
8. Pourquoi est-il pertinent d’inormer madame Davidson de s’abstenir quand même de conduire sa voiture ? 9. Devriez-vous discuter davantage avec elle de sa consommation d’alcool ? Justifez votre réponse. 10. Madame Davidson vous dit qu’elle a souvent la bouche sèche. Elle craint que cela s’aggrave avec la prise de son médicament. Que pouvez-vous lui suggérer pour pallier ce désagrément ? 11. Pourquoi devriez-vous aviser la cliente de se lever lentement du lit le matin ?
638
Partie 4
Interventions infrmières dans le processus thérapeutique
MISE EN ŒUVRE DE LA DÉMARCHE DE SOINS
Évaluation des résultats – Évaluation en cours d’évolution 12. Relevez trois points à vérifer au cours d’une rencontre ultérieure avec la cliente.
APPLICATION DE LA PENSÉE CRITIQUE Dans l’application de la démarche de soins auprès de madame Davidson, l’inirmière a recours à un ensemble d’éléments (connaissances, expériences antérieures, normes institutionnelles ou protocoles, attitudes proessionnelles) pour analyser la situation de santé de la cliente
et en comprendre les enjeux. La FIGURE 21.4 illustre le processus de pensée critique suivi par l’infrmière afn de ormuler son jugement clinique. Elle résume les principaux éléments sur lesquels l’infrmière s’appuie en onction des données de cette cliente, mais elle n’est pas exhaustive.
VERS UN JUGEMENT CLINIQUE NORMES
EXPÉRIENCES
CONNAISSANCES • Diverses catégories d’antidépresseurs et leurs indications • Doses thérapeutiques • Délais d’action selon le type d’antidépresseur • Principaux eets indésirables et stratégies pour y remédier • Risques associés à un arrêt brusque de la médication • Concentration sanguine thérapeutique selon le type d’antidépresseur
• Expérience de travail auprès de clients dépressis • Expérience en enseignement à la clientèle
• Champ d’exercice de l’infrmière • Principes d’enseignement à la clientèle
ATTITUDES • Respecter le rythme d’apprentissage de la cliente • Être réceptive à ses questions et à ses préoccupations • Éviter de juger et de sermonner la cliente pour son comportement antérieur quant à l’arrêt de sa médication et à sa consommation d’alcool
PENSÉE CRITIQUE
ÉVALUATION • • • • • • •
Médicaments pris actuellement par la cliente, qu’ils soient prescrits ou oerts en vente libre Connaissance de la cliente de sa médication actuelle (autre que le nouvel antidépresseur) Détails concernant le médicament antidépresseur pris antérieurement Réceptivité à l’enseignement Préjugés de la cliente en lien avec l’efcacité des antidépresseurs Motivation de la cliente à adhérer au traitement pharmacologique actuel Eets du citalopram sur les signes et symptômes de dépression, eets indésirables observés, adhésion au traitement pharmacologique (au cours d’une rencontre ultérieure) • État de la muqueuse buccale
21
JUGEMENT CLINIQUE FIGURE 21.4
Chapitre 21 Psychopharmacothérapie et autres thérapies biologiques
639
À retenir VERSION REPRODUCTIBLE
http://ortinash.cheneliere.ca
• La plupart des clients réagissent bien à la psychopharmacothérapie. Les taux d’échec peuvent être attribuables à la nonadhésion au traitement ou encore à une posologie ou à une durée de l’essai inadéquate, particulièrement dans le cas des antidépresseurs. • Le partenariat et la collaboration de l’infrmière avec le client sont parmi les clés du succès de l’adhé sion au traitement. • Les antipsychotiques sont recom mandés, entre autres, pour le traitement de la schizophrénie. • La réponse aux antipsychotiques est hétérogène et varie d’un client à l’autre. En général, le soulagement des symptômes de la schizophrénie suit l’ordre suivant : symptômes positis, symptômes aectis,
symptômes cognitis et symp tômes négatis. • Le syndrome malin des neuro leptiques est une réaction rare, mais parois mortelle, aux antipsychotiques. La vigilance de l’infrmière est requise pour le détecter précocement. • Les antidépresseurs sont recom mandés, entre autres, pour le trai tement du trouble dépressi majeur. • Le délai d’action des antidé presseurs, d’environ quatre à huit semaines, est long, et l’infrmière sensibilise le client à l’importance de ne pas interrompre le traitement. • Les stabilisateurs de l’humeur (lithium et anticonvulsivants) sont recommandés, seuls ou en com binaison, pour le traitement des troubles bipolaires. • L’index thérapeutique du lithium est aible : l’écart entre sa concentration thérapeutique et sa concentration toxique est étroit. L’infrmière est attentive aux signes de toxicité.
• Le traitement des troubles bipolaires nécessite la prise de médication à vie pour prévenir la récurrence des symptômes. L’infrmière en discute avec le client afn d’encourager son adhésion au traitement. Elle aborde les eets indésirables et les inter actions possibles du traitement. • Les anxiolytiques et les hypnotiques sont recommandés pour le traitement des troubles anxieux et des troubles du sommeil. • L’infrmière discute des eets indésirables (p. ex., la tolérance et la dépendance aux benzodiazépines) avec le client qui suit un traitement par anxiolytique ou hypnotique. • Les antihistaminiques, qui per mettent de soulager l’insomnie, étant vendus sans ordonnance, l’infrmière rappelle leurs principales caractéristiques au client et vérife qu’ils sont utilisés à bon escient. • Les psychostimulants et l’ato moxétine sont recommandés, entre autres, pour le traitement du TDA/H.
L’infrmière suit régulièrement les enants et les adolescents à qui ce traitement est prescrit. • Les agents procognitis sont principalement recommandés pour le traitement des démences. Ils permettent surtout de stabiliser la maladie, mais ne la guérissent pas. L’infrmière recommande aux pro ches du client de tenir un journal des symptômes. Une réévaluation des onctions cognitives et du onctionnement global du client est recommandée tous les six mois. • L’électroconvulsivothérapie (ECT) est un traitement biologique sûr et efcace dans les cas de troubles dépressis majeurs réractaires et d’autres diagnostics restreints, malgré les perceptions encore négatives du public quant à ce traitement. • L’infrmière joue un rôle prépon dérant dans la préparation des clients et de leur amille ainsi que dans la transmission d’inormation relativement à l’ECT.
Ressources VERSION COMPLÈTE ET DÉTAILLÉE
http://ortinash.cheneliere.ca
Références Internet ORGANISMES ET ASSOCIATIONS Agence canadienne des médicaments et des technologies de la santé (ACMTS) www.cadth.ca > Thèmes de projets > La santé mentale > Thèmes de projets > La santé mentale > Sujets portant sur… [Aperçu des produits de l’ACMTS au sujet de la santé mentale]
640
Partie 4
Association canadienne pour la santé mentale (ACSM) – Côte-Nord www.acsmcn.ca > Mieux-être > Maladie mentale > La médication
Institut pour l’utilisation sécuritaire des médicaments du Canada (ISMP Canada) www.ismp-canada.org
Association des centres jeunesse du Québec (ACJQ) www.acjq.qc.ca > Centre d’inormation > Répertoire des médicaments psychotropes (Problèmes de santé mentale et recours aux médicaments psychotropes : fches d’inormation à l’intention des intervenants jeunesse)
ORGANISMES GOUVERNEMENTAUX
Association québécoise des parents et amis de la personne atteinte de maladie mentale (AQPAMM) www.aqpamm.ca > Ressources > Fiches maladies > La schizophrénie > Éviter les rechutes en schizophrénie
RÉFÉRENCES GÉNÉRALES
Interventions infrmières dans le processus thérapeutique
Santé Canada www.hc-sc.gc.ca > Vie saine > Votre santé et vous > Aspect médical > Médicaments antidépresseurs > Médicaments et produits de santé > Base de données sur les produits pharmaceutiques
Hôpital Louis-H. Lafontaine – Institut universitaire en santé mentale www.hlhl.qc.ca > Santé mentale > Pharmacothérapie > Publications et partenaires > PharmAccro
Institut universitaire en santé mentale de Québec www.institutsmq.qc.ca > Services aux proessionnels > Protocoles médicamenteux Le cerveau à tous les niveaux http://lecerveau.mcgill.ca > Les troubles de l’esprit > Les troubles anxieux > Niveau moléculaire : les tranquillisants Premierepisode.ca http://premierepisode.ca > Ça se traite ! > La médication : une base essentielle
Monographies Durand, S., Brodeur, J., Gagnon, N., et al. (2011). VIP, Vigilance infrmière en pharmacothérapie – Guide d’évaluation et de surveillance clinique des eets des médicaments. Montréal : Ordre des infrmières et infrmiers du Québec.
Hunt, E. (2011). Déni de la maladie et obser vance thérapeutique. Sarrebruck : Éditions Universitaires Européennes. Palazzolo, J. (2004).Observance médicamen teuse et psychiatrie. Paris : Elsevier.
Articles, rapports et autres Benkeb, R. (2003). L’utilisation des électrochocs au Québec. Résumé. Québec, Qc : Agence d’évaluation des technologies et des modes d’intervention en santé. Bollini, P., Tibaldi, G., Testa, C., et al. (2004). Understanding treatment adherence in aective disorders : A qualitative study. J Psychiatr Ment Health Nurs, 11(6), 668-674. Centre canadien de lutte contre l’alcoolisme et les toxicomanies (2012). Les principes de base de la pharmacothérapie et de la médecine en toxicomanie. Ottawa, Ont. : Centre canadien de lutte contre l’alcoolisme et les toxicomanies.
Khazaal, Y., Preisig, M., & Zullino, D.-F. (2006). Psychoéducation et traitements cognitis et comportementaux du trouble bipolaire. Santé mentale au Québec, 31(1), 125-143. Mitchell, A.J., & Selmes, T. (2007). Why don’t patients take ther medication ? Reasons and solutions in psychiatry. Advances in Psychia tric Treatment, 13(5), 336-346.
Multimédia Coffret psychoéducatif – Les choix du DJ www.institutsmq.qc.ca > Publications > Les ateliers les Choix du DJ TéléQuébec – Une pilule, une petite granule : la psychiatrie à domicile http://telequebec.tv > Émissions > Une pilule, une petite granule > Dossier de la semaine > Psychiatre à domicile : des soins sur mesure (Émission 23, 15 mars 2012)
21
Chapitre 21 Psychopharmacothérapie et autres thérapies biologiques
641
chapitre
Approches complémentaires et parallèles en santé mentale
Écrit par : Ruth N. Grendell, DNSc, RN Adapté par : Élise Phaneuf, B. Sc. (OT) avec la collaboration de Dalila BenhaberouBrun, inf., M. Sc.
Guide d’études – RE17
OBJECTIFS
Après avoir étudié ce chapitre, vous devriez être en mesure : ■
■
de décrire les différences de philoso phie entre les modèles biomédical, holistique et les approches parallèles et complémentaires en santé ; de nommer quelques exemples d’approches complémentaires et parallèles en santé et les catégories auxquelles elles appartiennent ;
642
Partie 4
■
■
d’expliquer l’utilisation des approches complémentaires et parallèles en santé qui visent le bienêtre physique et psychologique ; de décrire le rôle de l’infirmière dans l’application des approches complé mentaires et parallèles en santé mentale ;
Interventions infrmières dans le processus thérapeutique
■
■
de déterminer les devoirs et les obli gations de l’infirmière concernant l’utilisation des approches complé mentaires et parallèles en santé d’après le Code de déontologie des infirmières et infirmiers ; de décrire les interactions entre les produits de santé naturels et les médi caments vendus sous ordonnance.
Concepts clés
Cette carte conceptuelle illustre schématiquement les principaux concepts décrits dans le présent chapitre. Sa lecture vous permettra d’avoir une vue d’ensemble des notions qui y sont présentées.
selon
basées sur
comprennent
visent à
22
Chapitre 22
Approches complémentaires et parallèles en santé mentale
643
PORTRAIT Alexandre Charbonneau Alexandre Charbonneau, âgé de 23 ans, est soigné depuis quelques mois en raison de son anxiété. Il est suivi pour un épisode dépressi survenu pendant ses études, alors qu’il entamait un cycle de maîtrise en droit à l’université. Il a commencé à avoir des palpitations, des troubles du sommeil et s’est isolé de son groupe d’amis. Après une visite chez son médecin de amille, monsieur Charbonneau s’est ait prescrire des antidépresseurs (inhibiteurs du recaptage de la sérotonine). Peu à peu, son humeur s’est améliorée. Conscient de l’importance de se prendre en main, il a décidé d’intégrer dans son alimentation des suppléments d’oméga-3, des produits naturels et de aire du tai-chi « pour s’aider un peu ». Il consulte l’infrmière du centre de santé et de services sociaux pour évaluer sa situation parce qu’il trouve que l’amélioration n’est pas encore palpable. Monsieur Charbonneau pose surtout des questions sur l’alimentation parce qu’il veut avoir plus d’énergie. En révisant ses habitudes alimentaires, l’infrmière apprend que celui-ci adore le jus de pamplemousse et qu’il en boit près de 1 L chaque jour.
22.1
Caractéristiques générales
22.1.1
Origine des approches complémentaires et parallèles en santé
Avant Hippocrate, la conception de la santé était étroitement liée aux croyances religieuses. La guérison passait par la purifcation du corps à l’aide de plantes médicinales, de jeûnes, de purgatis, d’incantations et de cérémonies rituelles. Les gens croyaient
ENCADRÉ 22.1
• La médecine classique, ou médecine allopathique, ou encore approche biomédicale, est celle utilisée dans les pays occidentaux depuis plus de 100 ans. L’accent est mis sur ce qui est observé, mesurable et vérifable par les études scientifques. • L’approche complémentaire en santé est une approche employée conjointement avec la médecine classique. L’approche parallèle en santé est une approche employée à la place de la médecine classique (Lewis, Dirksen, Heitkemper et al., 2011). Les expressions médecine douce et approche
Partie 4
En Occident, c’est Hippocrate (400-377 av. J.-C.) qui a introduit l’idée selon laquelle la santé ait plutôt réérence au onctionnement normal du corps et de l’esprit et qu’elle dépend de l’harmonie ou de l’équilibre entre le corps, l’esprit et l’environnement. Il a adopté une approche centrée sur le malade pour traiter tous les aspects de la personne. À la même époque, les croyances dominantes de la plupart des habitants des pays asiatiques envisageaient l’équilibre entre l’être humain et la nature comme passant par la recherche de la paix intérieure et du bien-être spirituel, de même que par la compréhension et l’interaction des pouvoirs de l’esprit et du corps. Avant le xixe siècle, la médecine classique et les approches complémentaires et parallèles en santé (ACPS) coexistaient en se aisant concurrence sur un pied d’égalité ENCADRÉ 22.1. Les ondements de la médecine classique et son approche biomédicale établissant une dichotomie entre le corps et l’esprit apparaissent au cours des xviie et xviiie siècles. Durant la deuxième moitié du xixe siècle, la découverte des microbes grâce aux travaux de Louis Pasteur explique de nombreuses maladies inectieuses, et les méthodes permettant de les éradiquer sont mises au point, la pasteurisation, notamment. L’augmentation des taux de guérison et de bons résultats chirurgicaux suivent l’introduction des techniques aseptiques et les nouvelles découvertes en anesthésie. La supériorité du modèle biomédical s’instaure. En 1910, le rapport Flexner, recommandant pour les médecins américains et canadiens l’établissement de normes éducatives et une autorisation d’exercer,
Révision des concepts clés
Une défnition des termes suivants s’avère utile pour les diérencier clairement.
644
que des esprits maléfques étaient à l’origine des maladies et des événements indésirables, les bons esprits intervenant en aveur d’une personne ou d’un groupe. Dans nombre de cultures, des prêtresmédecins, nommés saints hommes ou chamans, aisaient ofce de guérisseurs et pratiquaient la médecine chamanique (Ellis & Hartley, 2007 ; Topham, 2010).
Interventions infrmières dans le processus thérapeutique
alternative sont encore utilisées pour défnir ce concept. Enfn, une approche intégrative combine un traitement de médecine classique «avec un traitement d’une approche complémentaire ou parallèle de santé qui a démontré son innocuité et son efcacité» (Lewis et al., 2011). • Un modèle de pensée dit holistique vient de l’holisme, une théorie qui considère que les caractéristiques d’un être ne peuvent être connues que dans son ensemble, c’est-à-dire dans sa totalité et non comme chaque partie considérée séparément. Le synonyme « global » est souvent utilisé pour aire réérence au terme holistique. Cette conception de la personne et de la santé est la prémisse de toutes les ACPS.
constitue un autre événement signicati légitimant la médecine classique. Le milieu du xx e siècle a été marqué par un regain d’intérêt pour les interactions entre le corps et l’esprit. La découverte selon laquelle certaines personnes, pourtant mises en présence d’agents pathogènes, ne contractent pas de maladie a conduit les chercheurs à explorer d’autres causes déterminantes possibles. La orte probabilité de l’existence d’une relation de cause à eet entre l’esprit et le corps et de son impact sur la santé et la maladie incite à pousser plus avant les recherches. Il est maintenant reconnu que bon nombre de maladies chroniques résultent de acteurs de risque courants (p. ex., le tabagisme, la mauvaise alimentation, la sédentarité et le stress). C’est ainsi que les concepts des déterminants de la santé et de la prévention sont mis en place. Dès les années 1970, l’augmentation des coûts des soins de santé orce les proessionnels du domaine à se rendre compte du besoin criant d’allier perectionnement technique et valeurs humaines. La création des centres locaux de services communautaires orant des services interdisciplinaires constitue un bon exemple d’une approche holistique (Réseau Conseil interdisciplinaire du Québec inc., 2008). Dans les an nées 1980, à la suite de consultations publiques, le Comité de santé mentale du Québec sera à l’origine d’une véritable politique de santé mentale mettant en valeur le partenariat avec la population et le droit des usagers de ce secteur (Présentation : la politique de santé mentale : une politique de gestion des services, 1989). Dans les années 1990, le débat entourant les enjeux relatis à la qualité de vie impose que l’accent soit mis sur la prévention et sur les changements de mode de vie à apporter dans les renseignements transmis à la population (Institut national de santé publique du Québec, 2006). L’approche holistique s’est intégrée aux soins : participation des membres de la amille du client aux soins prodigués à l’unité de soins intensis, atmosphère plus chaleureuse en salle d’accouchement, présentation de programmes d’éducation sanitaire, création de groupes d’entraide, par exemple. De plus en plus, le client est amené à prendre sa santé en main et à participer pleinement aux décisions le concernant. Les inirmières ont même commencé à intégrer à leur pratique un certain nombre de traitements complé mentaires au même titre que d’autres proessionnels de la santé (Santé Canada, 2001).
22.1.2
Modèles et approches actuels
Aujourd’hui, plusieurs modèles coexistent, et de nombreuses ACPS sont utilisées dans les milieux de soins.
Modèle biomédical occidental Le modèle biomédical occidental est principalement ondé sur les hypothèses suivantes : 1) la méthode scientique permet de cerner la cause d’une maladie (c.-à-d. de l’état pathologique), et les proessionnels de la santé administrent les traitements nécessaires en vue de régler le problème physiologique ; 2) la théorie germinale (immunologie) permet de dénir les inections ; 3) la prévention des maladies est axée sur l’hygiène, les installations sanitaires adéquates et les choix de chacun relativement à ses habitudes de vie ; 4) la maladie est généralement tangible et mesurable au moyen de critères bien déterminés. La biomédecine occidentale se base sur la dichotomie entre l’esprit et le corps et repose sur la conception que la « maladie survient lorsqu’une partie du corps devient déectueuse » (KPBS, 2006, traduction libre). Cette partie peut être réparée indépendamment des autres parties ou aspects de la personne (Lewis et al., 2011). La science et la technologie ont révolutionné la médecine et ont permis une meilleure compréhension de la biologie humaine ainsi que des méthodes d’intervention à adopter dans le cas d’une pathologie ou d’une maladie. Le modèle biomédical occidental s’appuie sur des traitements normalisés et sur des régimes de soins adaptés au client selon la catégorie de maladie, de signes et de symptômes dénis qui lui correspondent. Ces interventions ont pour but d’inverser le processus pathologique d’origine physiologique et de prolonger la vie du client (Topham, 2010).
RAPPELEZ-VOUS…
Les facteurs personnels, sociaux, économiques et environnementaux qui conditionnent l’état de santé des personnes sont appelés déterminants de la santé. Nommez au moins cinq déterminants de la santé.
RAPPELEZ-VOUS…
Quels sont les trois niveaux de prévention ? Qu’est-ce qui caractérise chacun des niveaux de prévention ?
Modèle holistique Contrairement au modèle biomédical, le modèle des soins holistique vise à renorcer la résistance interne de la personne à la maladie ou à accroître la capacité de guérison innée du corps. Bien que la pratique biomédicale infue ortement sur les soins inrmiers, ceux-ci se ondent également sur une perspective holistique centrée sur le client qui prend aussi en compte l’ensemble des interactions intrapersonnelles, interpersonnelles et environnementales comme autant de acteurs qui avorisent le bien-être ou la maladie de la personne (Pepin, Kérouac & Ducharme, 2010).
22
Dans les modèles et conceptions récentes de la pratique inrmière, chaque personne est perçue comme unique par rapport aux autres, et elle représente plus que la somme de ses parties – ce qui touche un aspect touche tous les autres (Pepin et al., 2010 ; Topham, 2010). En plus d’examiner les symptômes physiques lorsqu’elle utilise le modèle holistique comme cadre de réérence, l’inrmière tient compte de l’infuence des acteurs culturels et génétiques, des expériences passées et actuelles, de la structure amiliale et des rôles sur la perception que la personne a de la santé, de la pathologie et de ses stratégies d’adaptation. Bon nombre Chapitre 22
Approches complémentaires et parallèles en santé mentale
645
d’ACPS peuvent s’avérer Complementary and La participation de la personne à son proêtre aussi des mesures de Alternative Medicine cessus de guérison est essentielle. prévention et de gestion de [NCCAM], 2010). Elles symptômes plutôt qu’un sont adoptées par la traitement proprement dit d’une maladie. médecine classique lorsqu’elles s’avèrent sûres et La Canadian Holistic Nurses Association a eicaces après l’obtention de résultats de re publié les normes relatives aux pratiques de la cherche. Nombre d’ACPS se ondent sur des médecine holistique ENCADRÉ 22.2. Les inrmières croyances et des pratiques orientales et extrêmeintègrent souvent des pratiques complémentaires orientales. Il aut savoir que ce qui est considéré à la médecine classique, un exemple courant comme complémentaire dans un pays peut être consiste en l’utilisation des techniques de respira- classique dans un autre pays, ce qui est le cas de tion et de visualisation pour soulager la douleur la médecine traditionnelle chinoise. Même si la et réduire le niveau de stress ou d’anxiété du client. médecine classique encourage de plus en plus les clients à devenir pleinement responsables de leur propre santé, cette idéologie est à la base même Approches complémentaires des ACPS. La participation de la personne à son et parallèles en santé Les ACPS constituent une variété de systèmes de processus de guérison est essentielle dans les santé en soi, de pratiques et de produits qui ne ACPS qui considèrent qu’une modication de sont pas considérés comme aisant partie de la l’attitude ou du mode de vie, un sentiment de maîmédecine classique (National Center or trise et de paix ainsi que la disparition de l’anxiété sont des indicateurs de rétablissement même si la maladie primaire est toujours présente. Certains thèmes récurrents de l’approche holistique se retrouvent évidemment dans la gamme variée des ENCADRÉ 22.2 Objectifs des normes ACPS : la capacité inhérente d’une personne à récupérer, l’importance de l’estime de soi ainsi Les normes régissant les soins inrmiers • de reféter l’évolution d’un cadre que les croyances spirituelles et émotionnelles holistiques établies par la Canadian Holistic conceptuel des soins inrmiers ondé concernant la santé. De multiples méthodes de Nurses Association ont pour objectis: sur la science de l’être humain unitaire, traitement peuvent être incorporées au plan de la théorie des champs considérant l’es• de démontrer l’unicité et de dénir la soins individualisé. Elles consistent à maintenir sence humaine en interaction avec son portée des soins inrmiers holistiques ou à rétablir l’équilibre dans tous les aspects de la environnement ainsi que les soins inrinr dans tous les milieux de pratique ; personne. L’ ENCADRÉ 22.3 présente une liste miers basés sur l’énergie; détaillée de ces thèmes récurrents. • de aciliter l’évaluation des soins • de permettre l’articulation de l’approche inrmiers holistiques ; holistique des soins inrmiers et de ses Reconnaissance des approches • de permettre au client de vérier la pertiméthodes pour les clients et les proescomplémentaires et parallèles en santé nence des soins inrmiers holistiques ; sionnels de la santé. dans le modèle biomédical classique • de ournir une base pour l’anement et Avec les dernières recherches en psychoneurol’élargissement de la spécicité des normes; immunologie, les scientiques pourraient trouver les explications du mode de onctionnement Source : Adapté de Canadian Holistic Nursing Association (2008) des ACPS. Des liens entre le corps et l’esprit infueraient autant sur la santé physique que mentale. Ainsi, la psychoneuro-immunologie, ou neuro-immunologie psychoendocrinienne, ENCADRÉ 22.3 Thèmes récurrents dans le modèle holistique et les est un domaine relativement nouveau qui étudie approches complémentaires et parallèles en santé les acteurs psychobiologiques d’une personne, leur interaction avec la réaction au stress de • Les êtres humains disposent d’une relaxation et les changements relativecelle-ci et son infuence sur les résultats clinicapacité de guérison innée. ment au mode de vie et à l’attitude. ques. La stimulation de l’axe hypothalamo• Les valeurs religieuses, spirituelles et • L’accent est mis sur la personne dans sa hypophyso-surrénalien touche les systèmes morales infuent sur l’état de santé. globalité, sur sa santé physique, mentale, nerveux, endocrinien et immunitaire. Une expoémotionnelle et psychosociale. • L’estime de soi et le ait d’avoir une nalité sition prolongée au stress et une orte anxiété dans la vie représentent des acteurs • La maladie est envisagée comme un déséréduiraient la réponse immunitaire alors qu’une positis du processus de guérison. quilibre, les interventions étant vouées grande résistance aux maladies se caractérise par à restaurer l’équilibre. un aible degré de stress et d’anxiété. À cet eet, • Les pensées, sentiments, émotions, le modèle psychoneuro-immunologique constivaleurs et signications perçus ont un • L’énergie est la orce nécessaire pour tue un cadre de réérence pour le dépistage des impact sur le onctionnement physique. atteindre l’équilibre et l’harmonie. acteurs de risque des problèmes de santé, • La plupart des thérapies s’appuient sur notamment les stimulus de stress, les acteurs les régimes, l’exercice, les techniques de sociodémographiques, les comportements liés
646
Partie 4
Interventions infrmières dans le processus thérapeutique
au mode de vie et les antécédents médicaux (Anderson, 2004a). La psychoneuro-immunologie pourrait également constituer le cadre de réérence des utures études portant sur l’efcacité des interventions esprit-corps, étant donné qu’elle met l’accent sur le lien qui unit le stress, un taux de cortisol élevé et une déaillance du système immunitaire 7 . Au Québec, la docteure Lupien et son équipe ont eectué de nombreuses recherches portant sur le stress et son eet sur le cerveau (Lupien, 2010 ; Lupien, Maheu, Tu et al., 2007). Leurs études menées chez les adultes et les enants démontrent les eets aigus et chroniques des hormones de stress sur la mémoire et sur la régulation des émotions. Leurs conclusions les ont ainsi amenés à concevoir un programme psychoéducati sur le stress auprès des enants aisant la transition entre l’école primaire et l’école secondaire, une période où ces derniers sont très vulnérables. Ce programme est conçu pour inormer les jeunes adolescents des eets du stress sur leur santé mentale afn d’empêcher l’apparition des troubles de l’adaptation et des signes de dépression liés au stress et de leur orir des stratégies d’adaptation (Centre d’études sur le stress humain, 2012). De tout temps, les scientifques ont exploré les modalités de guérison esprit-corps issues d’autres sociétés, plus particulièrement la médecine traditionnelle chinoise. En conséquence, l’acupuncture, la méditation, les techniques de relaxation, la massothérapie et d’autres interventions connexes ont été intégrées aux soins de santé. Certaines acultés de médecine, comme celle de Calgary, ont inclus des ateliers portant sur les ACPS dans leur programme. Un groupe de travail composé de proesseurs de médecine a également évalué les besoins en matière de connaissances et de compétences des proessionnels de la santé en ce qui concerne les ACPS (Santé Canada, 2002a).
soins de santé. Ces derniers se tournent donc souvent vers des traitements qui tiennent compte de tous les aspects de leur personne ; • les avantages de certaines substances « natu relles » : leurs rares eets indésirables, le ait que ces techniques sont peu invasives et la possibi lité de choisir incitent les clients à préérer les solutions de rechange à la médecine classique (Topham, 2010). Malgré l’engouement des ACPS auprès de la population générale, des réticences ont été constatées chez certains proessionnels de la santé. Cette divergence serait expliquée par le manque de connaissances des praticiens ormés à la médecine classique. Il est suggéré que ces mêmes praticiens soient inormés sur les principales approches dites « non reconnues », car il en existerait plus de 4 000, de même que sur les essais cliniques à grande échelle démontrant leur eicacité (Pélissier-Simard & Xhignesse, 2008). D’ailleurs, le Collège des médecins du Québec (CMQ) a déterminé des obligations déontologiques du médecin touchant les traitements non reconnus (CMQ, 2006). De la même açon, l’Ordre des infrmières et infrmiers du Québec (OIIQ) a ait part de sa position dès la fn des années 1980 (OIIQ, 1987). L’Ordre a précisé que l’infrmière était habilitée, à condition d’avoir été ormée, à utiliser les outils suivants : le toucher thérapeutique, la rétroaction biologique, les techniques de relaxation, les techniques de massage et de visualisation.
Enfn, selon certains auteurs, le recours aux ACPS pourrait représenter un danger. De nombreux clients emploient ces remèdes complémentaires en plus d’adhérer aux traitements prescrits sans même en avertir les proessionnels de la santé : 42 % des répondants d’une étude parlent de l’utilisation d’ACPS à leur médecin (Hazra, Noh, Boon et al., 2010). Dans certains cas, le ait de consommer à la ois certains produits naturels et des médicaments prescrits par le médecin peut entraîner des eets 22.1.3 Enjeux indésirables, en potentialisant l’eet de la molécule Le recours aux ACPS augmente depuis plusieurs chimique du médicament. C’est surtout le ait que années (Esmail, 2007 ; Pélissier-Simard & Xhignesse, les personnes s’autoadministrent des médicaments 2008). Ce phénomène s’explique par : oerts en vente libre qui pose problème (Santé • la hausse des maladies chroniques et des pro Canada, 2002a). Il est donc important que les infrmières établissent la liste exhaustive des médicablèmes liés au stress ; • l’échec de la médecine classique dans certains ments prescrits et ceux oerts en vente libre que prennent les clients (Santé Canada, 2009). Dans un cas (PélissierSimard & Xhignesse, 2008) ; contexte plus large, les démarches de Santé Canada • l’augmentation des connaissances des clients contribuent à ournir une meilleure connaissance (Internet, groupes d’entraide et de discussions, des produits dits naturels (Santé Canada, 2012). En documentaires et émissions) ; ce sens, elles ne ont pas qu’appuyer le changement • la détérioration de la confance du client dans d’opinion chez les proessionnels de la santé amorcé les méthodes de traite il y a plusieurs années en ce ment classiques ; qui a trait aux ACPS, elles Dans certains cas, le fait de consommer à permettent aussi de bien • la volonté croissante la fois des produits naturels et des médiconseiller, d’éviter les prodes clients de participer caments prescrits par le médecin peut blèmes et d’utiliser judiaux décisions prises entraîner des effets indésirables. relativement à leurs cieusement les produits. Chapitre 22
7 Le lien que la psychoneuro immunologie a établi entre le stress et les troubles mentaux est détaillé dans le chapitre 7, Neurobiologie et santé mentale.
i
Le programme Dé-stresse et progresse© peut être consulté au www.stresshumain.ca/ programmes/detresse-etprogresse.html.
RAPPELEZ-VOUS…
Certaines personnes ont tendance à croire que les plantes médicinales, étant naturelles, sont inoffensives et n’entraînent pas d’effets indésirables. Pourtant, certaines plantes peuvent causer des dommages sérieux à l’organisme lorsqu’elles sont prises avec des médicaments prescrits en médecine classique. Nommez quelques plantes médicinales et leurs interactions avec certaines classes de médicaments.
Approches complémentaires et parallèles en santé mentale
647
22
22.2
22.2.1
i
Santé Canada met à la disposition des consommateurs canadiens trois bases de données pour les produits de santé naturels homologués, les produits de santé naturels exemptés (bénéciant d’une exemption temporaire et pouvant donc être vendus et consommés pendant le processus d’homologation) et les ingrédients de produits de santé naturels. Ces trois bases sont accessibles sur le site www.hc-sc.gc.ca/dhpmps/prodnatur/index-ra.php.
Approches complémentaires Phytothérapie La phytothérapie, qui signie soigner avec des et parallèles en santé : plantes, constitue une ACPS en soi. Elle est souvent classifcation et utilisation intégrée dans les systèmes de santé complets reconen santé mentale nus par le NCCAM (p. ex., la médecine traditionTaxonomie et classifcation du National Center or Complementary and Alternative Medicine
Pour bien saisir la classication des ACPS, le système américain du NCCAM est pris comme réérence. Créé en 1999, le NCCAM est une agence des National Institutes o Health des États-Unis. Le système de classication du NCCAM est utilisé dans les études qui sont menées sur les ACPS. Le NCCAM reconnaît l’existence de systèmes de santé complets et cohérents et d’ACPS TABLEAU 22.1. Le dernier groupe englobe des ACPS nombreuses et variées. Elles évoluent au l du temps et peuvent être combinées selon les besoins de la personne. Ces systèmes de santé peuvent utiliser plusieurs ACPS comme techniques d’intervention. Seules les ACPS dont l’utilité est reconnue en santé mentale seront présentées et détaillées dans ce chapitre.
22.2.2
Produits naturels
Les prochaines sections traiteront de produits de santé naturels, notamment des produits à base d’herbes et de plantes. TABLEAU 22.1
nelle chinoise, la médecine ayurvédique, la naturopathie). L’utilisation des plantes médicinales remonte à l’Antiquité autant en Occident qu’en Orient. Toutes les cultures ont utilisé des plantes médicinales, que ce soit l’écorce des arbres, les racines des plantes, les baies, les euilles, la résine, les graines ou les feurs. La liste des produits homologués est présentée en ligne sur le site de Santé Canada. Ces produits de santé naturels sont soumis à un règlement entré en vigueur en janvier 2004 qui protège le consommateur (Santé Canada, 2012). Lorsque Santé Canada a évalué le produit et convenu de son innocuité, de son ecacité et de sa qualité, il délivre une licence de mise en marché comportant un numéro de produit naturel ou de remède homéopathique. L’inrmière inorme le client sur l’utilisation de ces produits et le met en garde à propos de ceux vendus sur Internet, notamment, et qui n’auraient pas orcément reçu l’homologation de Santé Canada. Les herbes médicinales ont des indications en santé mentale ENCADRÉ 22.4. Elles sont utilisées pour retarder le vieillissement et les troubles moteurs des maladies dégénératives (maladie d’Alzheimer, Parkinson), réduire l’anxiété ou le stress, traiter les troubles du sommeil, de la mémoire, de la concentration, ou encore la dépression ou le stress. Le domaine de la santé mentale s’intéresse principalement au ginkgo biloba pour ses eets sur
Typologie des approches complémentaires et parallèles en santé
GROUPE
PRINCIPES
EXEMPLES
Produits naturels
Contiennent des substances naturelles connues pour leurs bienaits sur la santé.
Produits naturels, suppléments vitaminiques, herbes médicinales, produits de phytothérapie, d’aromathérapie
Approches corps-esprit
Utilisent la capacité de l’esprit pour exercer une infuence sur le corps. Il existe un lien entre l’esprit et le corps selon ces approches.
Relaxation, méditation, rétroaction biologique, imagerie visuelle, prière, art-thérapie, danse, yoga, tai-chi, hypnose, thérapie basée sur la pleine conscience, acupuncture, zoothérapie
Pratiques aisant appel à la manipulation et aux mouvements du corps
Utilisent le mouvement d’une ou de plusieurs parties du corps.
Massage, chiropractie, ostéopathie, réfexologie
Autres ACPS
Utilisent la manipulation ou des champs énergétiques.
Reiki, qi gong, toucher thérapeutique
Font appel à des méthodes basées sur des théories, des expériences et des croyances autochtones transmises de génération en génération.
Guérisseur
Représentent des systèmes autonomes en soi incluant un ensemble de théories et de pratiques propres à une culture et ayant évolué en marge de la médecine allopathique.
Médecine traditionnelle chinoise, médecine ayurvédique
Source : Adapté de NCCAM (2011)
648
Partie 4
Interventions infrmières dans le processus thérapeutique
ENCADRÉ 22.4
Utilisation des herbes médicinales en santé mentale
• Ginkgo biloba : maladie d’Alzheimer (**), démence sénile (**) • Ginseng : mémoire (~) • Millepertuis : dépression (***), troubles psychosomatiques (*), agitation, anxiété • Valériane : troubles du sommeil, anxiété et agitation (~) Efcacité : *** certaine, ** probable, * possible, ~ incertaine Sources : PasseportSanté.net (2011a) ; (2011b) ; (2011e) ; (2012)
la démence et au millepertuis pour le traitement des épisodes dépressis (Jeschke, Ostermann, Vollmar et al., 2011 ; Nahas & Sheikh, 2011). Le millepertuis présente des similitudes étonnantes avec les antidépresseurs synthétiques et constitue une solution de rechange pertinente pour le traitement des dépressions de légères à modérées (Beise, 2000). Des recherches supplémentaires sont nécessaires, car le millepertuis peut causer des interactions sérieuses, notamment avec les inhibiteurs sélectis du recaptage de la sérotonine (ISRS), des médicaments souvent utilisés pour soigner la dépression (Hazra et al., 2010 ; Santé Canada, 2000). Une attention particulière doit être portée sur les interactions possibles entre les produits naturels et les médicaments vendus sous ordonnance ENCADRÉ 22.5. ENCADRÉ 22.5
Aromathérapie L’aromathérapie a d’abord été utilisée en Égypte pour soulager la douleur ; elle est également employée dans le cadre des traitements ayurvédiques (Topham, 2010). Il existe aujourd’hui plus de 300 huiles essentielles utilisées sous orme d’inhalateur, d’huile à massage, de compresses, etc. La lavande aurait un eet possible sur l’anxiété et l’agitation (PasseportSanté.net, 2011c).
Nutrition et régimes Les compléments alimentaires ont partie intégrante des ACPS. Les vitamines et les autres compléments alimentaires sont réquemment adjoints au régime thérapeutique (Locong & Ruel, 2003). Depuis plusieurs années, des chercheurs s’intéressent à l’eet du régime alimentaire sur la santé mentale. La prise d’oméga-3 réduit les symptômes dépressis avec une efcacité semblable à celle que procure la prise de médicaments antidépresseurs, sau pour les clients atteints de troubles anxieux (Lespérance, FrasureSmith, St-André et al., 2011). Le célèbre psychiatre David Servan-Schreiber était de cet avis et conseillait une alimentation riche en oméga-3 pour traiter et même prévenir la dépression (Servan-Schreiber, 2003). Des chercheurs australiens ont étudié la consommation de poisson chez des emmes et ont conclu que celles qui en mangeaient moins de une ois par semaine avaient plus de risques d’être atteintes d’anxiété (Jacka, Pasco, Williams et al., 2012). Une autre étude révèle un lien entre une alimentation déséquilibrée chez des adolescents britanniques et des troubles en santé mentale, comme la dépression (Jacka, Rothon, Taylor et al., 2012).
ALERTE CLINIQUE
L’infrmière doit demander au client s’il prend des herbes médicinales ou des compléments alimentaires et le noter à son dossier. Certains produits naturels peuvent présenter des eets indésirables, provoquer une grave réaction allergique, interagir avec le traitement classique ou encore ausser les résultats de certains tests.
Interactions possibles entre les médicaments et les plantes médicinales ou les compléments alimentaires
• Le jus de pamplemousse augmente la biodisponibilité de plusieurs médicaments, notamment les benzodiazépines, les non-benzodiazépines, la carbamazépine (anticonvulsivant), la sertraline (antidépresseur). • Le millepertuis utilisé comme antidépresseur naturel réduit la concentration de l’indinavir (inhibiteur de la protéase utilisé dans le traitement des inections par le virus de l’immunodéfcience humaine) et peut produire des réactions comme l’hypomanie ou la manie (PeytremannBridevaux, Voellinger-Pralong, Burnand et al., 2009 ; Vasiliadis & Tempier, 2011). • La caéine (p. ex., dans le caé, le thé, le cacao et la guarana) augmente le taux de théophylline dans le sang. Lorsque ces deux substances sont présentes dans l’organisme, les eets secondaires de la caéine sont exacerbés, notamment l’agitation, les tremblements et l’insomnie. • Un régime alimentaire riche en sodium augmente l’excrétion de lithium dans l’urine et diminue les eets
du médicament (utilisé dans le traitement des troubles bipolaires). • La combinaison des inhibiteurs de la monoamine-oxydase (antidépresseurs) avec certains aliments riches en tyramine (p. ex., le romage vieilli, la ève des marais, le salami, le saucisson, le poisson saumuré, le vin rouge, certaines bières) peut provoquer une crise hypertensive. Les plus récents ISRS ont presque remplacé les inhibiteurs de la monoamine-oxydase ; touteois, ces derniers demeurent sur le marché.
22
• La valériane utilisée pour réduire l’anxiété peut augmenter les propriétés sédatives des benzodiazépines, des barbituriques et des hypnotiques. • Certains aliments ont un impact sur le rythme d’excrétion des médicaments. Les aliments acides (p. ex., les œus, le romage, la viande) prolongent la demi-vie des médicaments, alors que les aliments alcalins (p. ex., les agrumes, les légumes) la diminuent.
Sources : Adapté de Eberhardie (2005) ; Sparreboom, Cox, Acharya et al. (2004) Chapitre 22
Approches complémentaires et parallèles en santé mentale
649
22.2.3
Approches corps-esprit
Acupuncture
La cohérence cardiaque, qui fait partie de la rétroaction biologique, est présentée dans l’encadré 10.1W, au http ://fortinash.cheneliere.ca.
L’acupuncture, bien connue comme traitement de la médecine traditionnelle chinoise, consiste à introduire de nes aiguilles en certains points d’énergie du corps correspondant aux voies de circulation de l’énergie ou aux méridiens qui vont de la surace du corps aux organes internes. Son objecti est de stimuler le Qi, qui est l’énergie vitale, et de rétablir l’équilibre là où existent des déséquilibres. Quelques études ont évalué les eets de l’acupuncture en santé mentale, notamment sur les symptômes de la schizophrénie ou de la dépression sans pouvoir en tirer d’évidentes conclusions (Bouhlel, El-Hechmi, Ghanmi et al., 2011 ; Lee, Shin, Ronan et al., 2009). D’autres études ont apporté des preuves sur les bienaits de l’acupuncture dans le traitement de la dépression (Leo & Ligot, 2007, Zhang, Chen, Yip et al., 2010).
Méditation Relaxation progressive : Technique qui consiste à contracter les muscles avant de les décontracter pour diminuer et apaiser les tensions.
20 La thérapie cognitivo comportementale est présentée en détail dans le chapitre 20, Modèles et stratégies thérapeutiques.
La relaxation provoquée par la méditation apporte une vaste gamme d’eets physiques et mentaux bénéques, incluant une baisse de la réquence cardiaque et de la pression artérielle, la diminution des taux sériques des corticostéroïdes et une réduction des symptômes d’anxiété et de dépression (Edeneld & Saeed, 2012). Les traitements par la méditation comprennent notamment la rétroaction biologique, l’imagerie visuelle et d’autres mesures de réduction du stress, dont le yoga et les techniques de relaxation progressive. Une inrmière peut suggérer à son client atteint d’anxiété, de somatisation ou de dépression de pratiquer des exercices de relaxation quotidiens à la maison (Ross, Friedmann, Bevans et al., 2012). Le but est de commencer des exercices de méditation de quelques minutes, puis d’augmenter progressivement leur durée. Pour atteindre l’état méditati, il est recommandé de se créer une routine, notamment quant à l’heure et à l’endroit de la méditation, de prendre une position conortable, de aire des exercices de respiration proonde et de relaxation progressive et de xer son attention sur une image mentale donnée (Topham, 2010).
Prière À l’origine, la méditation était une pratique religieuse. Dans la mesure où la prière correspond aux valeurs et à la pratique du client, elle peut être suggérée par les inrmières pour lui apporter des soins sur le plan spirituel ou pour calmer ses Marie-Camille Guy, âgée de 39 ans, est suivie en consulinquiétudes. Bon nombre de tation externe de santé mentale pour trouble anxieux. centres hospitaliers emploient Malgré l’ajustement de sa médication, elle n’arrive pas d’ailleurs un intervenant en à diminuer les tensions intérieures qu’elle éprouve au soins spirituels pour apporter moment d’une situation stressante. du soutien aux clients pratiQuelle approche complémentaire pourrait aider quants ainsi qu’à leur amille. madame Guy à gérer son anxiété ? En santé mentale, l’inrmière
Jugement clinique
650
Partie 4
Interventions infrmières dans le processus thérapeutique
peut évaluer le bon moment où la présence d’un intervenant en soins spirituels peut être aidante pour le client. Par exemple, pour un jeune client hospitalisé atteint de schizophrénie, il est souvent préérable d’attendre que ses symptômes psychotiques en phase aiguë et associés à des délires religieux soient stabilisés pour que la rencontre s’avère aidante et n’aggrave pas les idées délirantes.
Rétroaction biologique La rétroaction biologique est une approche basée sur l’utilisation d’équipements électriques (p. ex., un appareil de rétroaction biologique, un électrocardiogramme) en vue d’aider le client à maîtriser de açon consciente des onctions qu’il n’est habituellement pas en mesure de gérer . En observant la réponse de leur organisme sur l’appareil, les clients apprennent à maîtriser une onction donnée – respiration, rythme cardiaque – à l’aide de processus mentaux. Au cours des séances, un thérapeute apprend au client certains exercices mentaux (p. ex., des techniques de relaxation, la méditation), de manière à ce que ce dernier soit en mesure de les pratiquer sans avoir recours à l’appareil. La rétroaction biologique est utilisée dans le cadre du traitement de nombreux symptômes physiques, cognitis et comportementaux, dont la toxicomanie, le stress, les troubles du sommeil, la migraine et la dépression (Saito & Saito, 2004 ; Servan-Schreiber, 2003).
Thérapie basée sur la pleine conscience Jon Kabat-Zinn est le ondateur de la clinique de réduction du stress par la pleine conscience (MBSR, mindfulness-based stress reduction). La pleine conscience consiste à « porter attention d’une manière particulière, sans jugement de valeur, au moment présent » (Kabat-Zinn, 2002, traduction libre). La pratique se distingue donc principalement par une attitude d’acceptation. Les participants apprennent à atteindre un certain équilibre entre la santé physique, mentale et spirituelle en aisant appel à tous leurs sens. Le participant apprend en outre à analyser rapidement son corps dans le cadre d’un processus de désensibilisation en vue d’inhiber les réactions acquises qui surviennent par réfexe lorsque des pensées automatiques aussées ont surace (Laidlaw & Dwivedi, 2004 ; Telner, 2002). La thérapie basée sur la pleine conscience a été utilisée pour traiter divers troubles de santé, dont l’anxiété, les troubles de l’alimentation, les dépendances et les attaques de panique (Bondol, 2004 ; Hazlett-Stevens, 2012). Il est de plus en plus suggéré de l’ajouter à la thérapie cognitivocomportementale pour traiter les problèmes d’anxiété et de dépression (Larouche, 2009) 20 .
Hypnose L’hypnose existe depuis le xviiie siècle en tant que technique de relaxation proonde. Elle nécessite une
Jugement clinique
ormation à l’hypnose clinique en respectant les directives de l’ordre proessionnel concerné. L’hypnose est basée sur la réceptivité de la personne à la suggestion (KPBS, 2006). En mettant en avantplan l’inconscient, l’hypnose active les pouvoirs d’autoguérison du cerveau et rend accessibles à la personne hypnotisée des ressources peu exploitées de son cerveau FIGURE 22.1. Elle comprend l’utilisation d’images mentales, la concentration, l’emploi de mots ou de sons répétitis ainsi qu’un état de relaxation total. L’hypnose modiie l’état de conscience de la personne et s’avère efcace, notamment pour les phobies sociales (peur de parler en public) ou pour les troubles du sommeil (insomnie) (Olness, 2008), et auprès des enants atteints de troubles comportementaux (tics, trichotillomanie). Touteois, l’hypnose est déconseillée pour les clients atteints de psychose (PasseportSanté.net, 2009a).
l’adoption de certaines postures corporelles, la praLewis Clarkson, âgé de 35 ans, est suivi en clinique de tique d’étirements et de santé mentale pour des idées paranoïdes. mouvements lents, la maîtrise de la respiration, la Est-ce que l’hypnose pourrait aider monsieur Clarkson réduction de la stimulation à mieux contrôler ses idées paranoïdes ? Justifez votre réponse. des sens, une vie simple et le recours à la méditation dirigée. Pratiqué à l’origine en Inde, le yoga est maintenant une activité répandue avorisant la santé et servant de thérapie pour les personnes aux prises avec le stress, mais aussi pour celles atteintes d’anxiété et de dépression (Hazlett-Stevens, 2012). L’infrmière peut proposer à son client d’intégrer la pratique du yoga pour l’aider à diminuer la atigue et les troubles du sommeil (Ross et al., 2012).
Activité physique
Le tai-chi est une orme d’activité physique aisant partie de la médecine traditionnelle chinoise et inspirée des arts martiaux. Très accessible, il gagne en popularité auprès des Canadiens de tous âges, comme en témoignent les nombreux cours oerts dans les centres communautaires (PasseportSanté. net, 2011d). Il s’agit de mouvements lents et rythmés pendant lesquels le participant maîtrise sa respiration et cherche le calme intérieur. L’efcacité du recours au tai-chi en vue de réduire le stress, l’anxiété et la dépression a été évaluée dans une métaanalyse par des chercheurs américains. Malgré de nombreuses variations constatées dans les quelque 40 études concernées, il semblerait que la pratique du tai-chi améliorerait le bien-être psychologique (Wang, Bannuru, Ramel et al., 2010).
Les bienaits de l’activité physique sont bien connus. Elle apporte un sentiment général de bienêtre et de vitalité (Benhaberou-Brun, 2012). Les gens physiquement actis dorment mieux et ont un meilleur appétit ; l’activité physique est aujourd’hui considérée comme une composante essentielle des autosoins. Les clients suivis pour dépression qui pratiquent une activité physique régulière se rétablissent plus vite que ceux qui sont sédentaires. Ce constat serait attribuable à l’eet neuro-immunologique de l’exercice (Benhaberou-Brun, 2012). Un programme d’activité physique comportant des suivis et une rétroaction adaptée permet d’obtenir des bienaits notables, comparables à l’eet des antidépresseurs ou d’une psychothérapie chez des personnes atteintes d’anxiété ou de dépression légère (Beaulac, Carlson & Boyd, 2011).
Yoga Le principe de base du yoga consiste à vivre une vie équilibrée. Un entraînement quotidien permet
FIGURE 22.1 Dans l’état d’hypnose, l’inconscient occuperait l’avant-plan, laissant en veilleuse le conscient habituellement hyperactif.
Tai-chi Autosoins : Décisions et actions autonomes prises par une personne pour maintenir et améliorer sa santé.
Art-thérapie La musique, la danse, l’art dramatique, la littérature, la peinture et la sculpture sont des ormes de thérapie couramment utilisées en santé mentale (Caddy, Craword & Page, 2012) 20 . Une musique de ond crée une atmosphère apaisante et constitue souvent une distraction dans les moments de stress et de douleur. L’art a souvent permis aux clients (enants comme adultes) d’exprimer leurs sentiments par rapport aux situations stressantes et aux inquiétudes concernant la maladie (Craword, Killaspy, Kalaitzaki et al., 2010). En outre, l’expression artistique sert d’outil psychothérapeutique dans le cadre de cures de désintoxication, dans les prisons et dans les unités de santé mentale (Breiner, Tuomisto, Bouyea et al., 2012 ; Rylatt, 2012).
20 Le psychodrame est détaillé dans le chapitre 20, Modèles et stratégies thérapeutiques.
22
La musique aurait des eets reconnus sur le cerveau, et son rôle est étudié dans certains troubles comme la schizophrénie ou l’épilepsie (Maguire, 2012 ; Morgan, Harris, Luscombe et al., 2010). La musicothérapie permet à l’auditeur d’exprimer ses émotions et ses sentiments par l’intermédiaire de la danse, du chant et de l’imagination créatrice, même pour ceux qui n’ont pas recours à la parole Chapitre 22
Approches complémentaires et parallèles en santé mentale
651
(Gross, Linden & Ostermann, 2010). La musique contribuerait également à réduire l’agitation chez les personnes atteintes de démence (Ho, Lai, Jeng et al., 2011). Les clients d’une unité de santé mentale ont vu leur qualité de sommeil améliorée après que les infrmières ont eu recours à la musicothérapie (de Niet, Tiemens, & Hutschemaekers, 2010). La danse, elle, est employée comme moyen d’accroître l’estime de soi de la personne et d’améliorer son image corporelle, d’atténuer la dépression, l’anxiété et le stress (Pinniger, Brown, Thorsteinsson et al., 2012). L’infrmière peut suggérer une ou plusieurs ormes d’art-thérapie décrites plus haut, en tenant compte des centres d’intérêt et surtout des capacités de sa clientèle.
Humour L’humour et particulièrement le rire contribuent aussi à exprimer les émotions, à soulager les tenL’humour en tant que moyen sions et l’anxiété et à s’adapter aux situations doude communication thérapeu loureuses ou désagréables 5 . Le rire a des eets tique est détaillé dans le cha avorables sur la santé et améliore entre autres les pitre 5, Communication et aptitudes cognitives, la réquence respiratoire et relation thérapeutique. cardiaque, la pression artérielle et la tension musculaire (Hasan & Hasan, 2009). Dans certains établissements, il existe une « salle de rire » munie de matériel humoristique (flms, disques et livres). Des eets positis de l’humour ont été constatés chez les personnes atteintes de schizophrénie et dans les cas de problèmes de santé mentale en général (Gelkop, 2011 ; Gelkop, Gonen, Kurs et al., 2006). Au Québec, des programmes d’intervention basés sur l’humour ont permis de avoriser l’acquisition d’habiletés Ariane Fournier, âgée de 16 ans, est suivie à la clinique interpersonnelles chez les des troubles de l’alimentation. Elle répète qu’elle déjeunes ayant des difcultés teste son corps et qu’elle n’éprouve que du dédain lorsde socialisation à cause de qu’elle se regarde. De plus, elle dit ne plus éprouver de défcits ou de retards dévesensations corporelles comme la chaleur, le roid et le loppementaux (troubles du contact d’une texture soyeuse. spectre autistique, défcience Des traitements de massothérapie seraient-ils approintellectuelle) (Jourdanpriés pour Ariane ? Justifez votre réponse. Ionescu, 2004). 5
Jugement clinique
Zoothérapie Le contact des humains avec des animaux de compagnie avorise la relaxation et améliore le bien-être physique et mental (Cirulli, Borgi, Berry et al., 2011). La zoothérapie avec des animaux de la erme est une intervention utilisée en psychiatrie (Berget & Braastad, 2011). La zoothérapie peut être employée en soins infrmiers psychiatriques en vue d’accroître l’estime de soi (Bachi, Terkel & Teichman, 2012). La présence d’animaux peut apporter du soutien moral et peut servir d’objet de projection dans un contexte psychothérapeutique, contribuer au bien-être des personnes âgées atteintes de dépression et sourant de solitude, et améliorerait la capacité à éprouver du plaisir chez
652
Partie 4
Interventions infrmières dans le processus thérapeutique
des personnes atteintes de schizophrénie chronique (PasseportSanté.net 2009c).
22.2.4
Pratique faisant appel à la manipulation et aux mouvements du corps : la massothérapie
Le toucher, véhicule essentiel de la massothérapie, est une orme de communication et de soin. Plusieurs ormes de massothérapie ainsi que de méthodes complémentaires sont répertoriées aujourd’hui (du traditionnel massage suédois au massage thaïlandais en passant par le shiatsu) et sont pratiquées par les massothérapeutes accrédités (Fédération québécoise des massothérapeutes, 2012). La plupart de ces massages s’eectuent avec les mains ; touteois, les avant-bras, les coudes ou les pieds peuvent aussi être utilisés. La massothérapie vise avant tout la relaxation des muscles et de tout le corps, de même que l’amélioration de la conscience de soi, de ses émotions, de l’estime de soi ou encore de la résistance au stress. Elle peut également être utilisée pour produire un eet calmant. L’automassage, qui consiste à se prodiguer soimême des massages, a été employé dans un groupe de personnes sourant de douleurs. Les résultats ont démontré, chez ceux qui se sont massés, une atténuation de la douleur, mais également une diminution de l’anxiété, de la dépression et des troubles de l’humeur (Field, Diego, Delgado et al., 2011).
22.2.5
Autre approche complémentaire et parallèle en santé : le toucher thérapeutique
La guérison par le toucher remonte aux premières civilisations. Deux Américaines, une infrmière, Dolores Krieger, et une « guérisseuse », Dora Kunz, ont mis au point cette pratique dans les années 1970, en collaboration avec des médecins et un biochimiste (Lewis, 2011). Cette approche est encadrée par la Nurse Healers – Proessional Associates international et est pratiquée par quelque 100 000 personnes ormées dans le monde (Therapeutic Touch International Association, 2012). Le toucher thérapeutique part du principe que chaque personne a un champ énergétique, qui est perturbé en cas de maladie (PasseportSanté.net, 2009b). Cette technique consiste à rééquilibrer le champ énergétique à l’aide d’un transert d’énergie, par une imposition des mains (sans aucun toucher direct) en une succession de mouvements audessus et autour de la personne. En santé mentale, le toucher thérapeutique a produit un eet démontré sur le comportement de personnes atteintes de démence et d’Alzheimer (Hawranik, Johnston & Deatrich, 2008 ; Woods, Beck & Sinha, 2009).
De nombreux modèles de pratique ont été élaborés pour guider l’infrmière dans l’exercice de ses onctions. Tous ces modèles sont conçus selon une vision holistique du client, sa capacité à s’adapter aux événements, l’incidence des valeurs sociales et culturelles sur ses croyances concernant la santé et la maladie, et sa contribution personnelle aux résultats positis des traitements (KPBS, 2006 ; Topham, 2010 ; Zahourek, 2008). Les infrmières, comme d’autres proessionnels de la santé – médecins, physiothérapeutes – intègrent les ACPS en complément à leur pratique clinique classique (OIIQ, 2006). Le recours aux ACPS dépasse le cadre de la proession puisqu’il est également reconnu au sein même du système de santé canadien, comme en témoignent les remboursements des compagnies d’assurance privées pour ces soins (Santé Canada, 2002a).
les thérapies de la médecine classique, mais que, souvent, elles peuvent être utilisées conjointement. L’infrmière peut conseiller le client, mais l’article 79 du Code de déontologie prévoit ceci : « L’in frmière ou l’infrmier ne peut aire le commerce de produits ou de méthodes susceptibles de nuire à la santé ou de traitements miracles. » (Code de déontologie des infrmières et infrmiers, c. I-8, r. 9) Il est précisé dans les standards de pratiques de l’infrmière autonome que celle-ci doit aire preuve « de prudence et de rigueur dans l’utilisation d’approches complémentaires et inormer [le client] des limites […] afn qu’il puisse prendre une décision éclairée » (OIIQ, 2006). Très souvent, le client n’ose parler de son utilisation d’une ACPS de peur d’être jugé ou de briser le lien de confance avec le proessionnel de la santé. L’infrmière se montre ouverte à la discussion et démontre qu’au contraire elle peut aider le client en vérifant la fabilité de l’inormation qu’il a obtenue. Elle peut aussi inormer le client sur la réglementation qui encadre les diverses approches complémentaires.
Inormer le client
Participer à l’amélioration des soins
Soins et traitements infrmiers Connaître les approches complémentaires et parallèles en santé
Les infrmières rencontreront de plus en plus de clients qui ont recours aux ACPS (Santé Canada, 2002b). C’est pourquoi l’infrmière respecte la dignité, l’intégrité, les croyances et les pratiques en matière de santé du client (OIIQ, 2006). L’OIIQ reconnaît l’intégration des ACPS dans l’exercice de la proession infrmière et rappelle le point suivant dans l’article 4 de la section I des devoirs inhérents à l’exercice de la proession du code de déontologie : « Dans le cadre de soins et traitements prodigués à un client, l’infrmière ou l’infrmier ne peut utiliser ou dispenser des produits ou des méthodes susceptibles de nuire à la santé ou des traitements miracles. L’infrmière ou l’infrmier ne peut non plus consulter une personne qui utilise ou dispense de tels produits, méthodes ou traitements miracles, ni collaborer avec cette personne, ni lui envoyer son client. » (Code de déontologie des infrmières et infrmiers, c. I-8, r. 9 ; OIIQ, 1987) Le client s’attend à ce que les proessionnels de la santé connaissant le sujet le conseillent sur l’efcacité des ACPS, les résultats de recherches, leur utilisation clinique. L’infrmière peut rappeler que ces approches ne remplacent pas
Au Québec, plusieurs approches sont reconnues par l’OIIQ (1987). La sensibilisation et la reconnaissance des ACPS seraient plus élevées chez les infrmières, pharmaciens et physiothérapeutes que dans les autres proessions de la santé (Santé Canada, 2002a). L’implication des infrmières dans le massage, la relaxation, la musicothérapie et l’humour le démontre bien (OIIQ, 1993). Comme tout intervenant en santé, l’infrmière a la responsabilité de s’inormer auprès de son ordre proessionnel des compétences qu’elle doit acquérir. Ces dernières peuvent être suivies au moyen de ormations données par des instituts privés, des universités ou des collèges. Ces ormations peuvent varier autant sur leur portée que sur leur durée (Santé Canada, 2002a). Les infrmières jouent un rôle non négligeable dans les recherches sur l’efcacité des ACPS. Elles participent à la mise au point de nouveaux traitements pour améliorer le bien-être de leur client en intégrant ces approches à leur pratique (Adams, Sibbritt & Lui, 2012 ; Sung, Lee, Chang et al., 2011 ; Zauderer & Davis, 2012).
Chapitre 22
Approches complémentaires et parallèles en santé mentale
22
653
Analyse d’une situation de santé
Jugement clinique
Marie-Christine St-Amant enseigne au niveau primaire depuis 18 ans. Elle est âgée de 41 ans et est suivie en consultation externe de santé mentale pour troubles anxieux. Elle prend du lorazépam (Ativan md) 0,5 mg b.i.d., mais dit éprouver quand même de l’anxiété dans des
situations qu’elle considère stressantes, comme les rencontres avec les parents des élèves. Madame St-Amant est déçue de ne pas voir d’amélioration de sa condition malgré la médication. Elle ne veut toutefois pas prendre plus de médicaments, car elle craint de devenir dépendante de ceux-ci. {
MISE EN ŒUVRE DE LA DÉMARCHE DE SOINS
Collecte des données – Évaluation initiale – Analyse et interprétation 1. Seraitil pertinent de demander à madame StAmant si elle prend des produits de santé naturels ? Justiiez votre réponse. 2. Puisque madame StAmant ne veut pas prendre plus de médicaments par crainte de la dépendance, quelle inormation seraitil alors approprié d’obtenir de sa part ?
SOLUTIONNAIRE
http://fortinash.cheneliere.ca Vous essayez de trouver avec la cliente une approche qui serait susceptible de l’aider à mieux gérer son stress dans les situations anxiogènes. {
{
MISE EN ŒUVRE DE LA DÉMARCHE DE SOINS
Planifcation des interventions – Décisions infrmières 3. Des approches comme la massothérapie et le toucher thérapeutique seraientelles de bonnes stratégies pour aider madame StAmant à gérer son anxiété ? Justifez votre réponse. 4. Quelle approche semblerait la plus appropriée à la cliente ? Justifez votre réponse.
{
Vous rencontrez madame St-Amant de nouveau.
”
MISE EN ŒUVRE DE LA DÉMARCHE DE SOINS
Évaluation des résultats – Évaluation en cours d’évolution 5. Trouvez deux données à recueillir dans une rencontre ultérieure pour vous inormer de l’évolution du trouble anxieux de la cliente.
654
Partie 4
Interventions infrmières dans le processus thérapeutique
APPLICATION DE LA PENSÉE CRITIQUE Dans l’application de la démarche de soins auprès de madame StAmant, l’infrmière a recours à un ensemble d’éléments (connaissances, expériences antérieures, normes institutionnelles ou protocoles, attitudes proes sionnelles) pour analyser la situation de santé de la cliente
et en comprendre les enjeux. La FIGURE 22.2 illustre le processus de pensée critique suivi par l’infrmière afn de ormuler son jugement clinique. Elle résume les principaux éléments sur lesquels l’infrmière s’appuie en onction des données de cette cliente, mais elle n’est pas exhaustive.
VERS UN JUGEMENT CLINIQUE NORMES
ATTITUDES
• Respect du champ d’exercice de l’infrmière d’après la Loi sur les infrmières et les infrmiers • Respect du milieu de travail au regard de ces approches thérapeutiques
• Être compréhensive devant le désir de la cliente de ne pas vouloir prendre plus de médicaments • Être ouverte à d’autres approches que les traitements classiques • Respecter le choix de la cliente d’expérimenter ou non des stratégies diérentes de gestion de son stress dans des situations anxiogènes • Être authentique en avorisant une stratégie connue et éprouvée
EXPÉRIENCES
CONNAISSANCES • Diverses approches complémentaires et parallèles en santé utilisables dans des situations de santé mentale • Avantages et bienaits de ces approches sur le bien-être psychologique de la personne • Limites de ces approches et risques sur la santé physique • Applications possibles dans le champ d’exercice de l’infrmière
• Expérience de travail en santé mentale • Expérience dans l’utilisation d’approches complémentaires et parallèles en santé • Expérience personnelle d’utilisation de ces approches
PENSÉE CRITIQUE
ÉVALUATION • • • • • •
Degré d’anxiété de la cliente à chaque rencontre Stratégies de réduction de l’anxiété utilisées par la cliente et leur efcacité Situations anxiogènes reconnues par la cliente Maniestations de son anxiété Intérêt de la cliente à essayer de nouvelles stratégies de réduction de l’anxiété Efcacité des nouvelles stratégies (au cours des rencontres ultérieures)
JUGEMENT CLINIQUE FIGURE 22.2
22
Chapitre 22
Approches complémentaires et parallèles en santé mentale
655
À retenir VERSION REPRODUCTIBLE
la prise concomitante de produits utilisés dans les approches complémentaires et parallèles en santé (ACPS) et de médicaments de la médecine classique.
http://ortinash.cheneliere.ca
• La médecine classique est reconnue comme un modèle dualiste qui met l’accent sur des méthodes curatives de maladies biologiques ondées sur des critères de résultats de preuves empiriques. En revanche, le modèle des soins holistiques ou complémentaires vise à renorcer la résistance interne de la personne à la maladie et à accroître la capacité de guérison innée du corps. • Il est primordial de renseigner le public sur les eets possibles de
• Il est impérati que le client donne la liste de tous les médicaments et produits de santé naturels qu’il consomme aux proessionnels de la santé. Il doit également prendre conscience des conséquences de l’autodiagnostic, de l’automédication et du ait de retarder la consultation auprès d’un proessionnel de la santé. • Le système médical classique a intégré certaines approches complémentaires et certaines
interventions de médecine parallèles, surtout dans la réduction du stress ; touteois, il y a encore des obstacles en ce qui concerne les plantes médicinales, les compléments alimentaires (en raison du manque de données probantes empiriques sur leur efcacité) et les questions d’innocuité. • Les ACPS reprennent des thèmes récurrents de l’approche holistique : la capacité inhérente d’une personne à récupérer, l’importance de l’estime de soi ainsi que les croyances spirituelles et émotionnelles concernant la santé.
les résultats des études menées dans ce domaine et en s’appuyant sur ceux-ci. • Les concepts de soins et de rétablissement, de même que la préoccupation de la santé en général, ont partie intégrante des soins infrmiers. • L’OIIQ recommande à l’infrmière d’être prudente lorsqu’elle utilise les ACPS, de respecter les valeurs du client et, le cas échéant, de l’inormer de leurs limites afn qu’il puisse prendre une décision éclairée.
• L’infrmière se tient à jour sur l’évolution des ACPS en consultant
Ressources VERSION COMPLÈTE ET DÉTAILLÉE
http://ortinash.cheneliere.ca
Folie/Culture http://olieculture.org Healing Touch International, Inc. www.healingtouchinternational.org
Références Internet ORGANISMES ET ASSOCIATIONS Association canadienne des thérapeutes en médecines douces (ACTMD) www.actmd.org Association des massothérapeutes du Québec www.amquebec.qc.ca Association des naturopathes agréés du Québec (ANAQ) www.anaq.ca > Qu’estce que la naturopathie ? Commission des praticiens en médecine douce du Québec (CPMDQ) www.cpmdq.com Conseil des examinateurs en ostéopathie du Québec www.ceoq.org
656
Partie 4
Ordre des acupuncteurs du Québec www.ordredesacupuncteurs.qc.ca Ostéopathie Québec www.osteopathiecanada.ca/index.htm Regroupement des massothérapeutes du Québec www.anpq.qc.ca Syndicat proessionnel des praticiens en médecine traditionnelle chinoise du Québec (SPPMTCQ) www.mtcq.cpmdq.com ORGANISMES GOUVERNEMENTAUX Agence de la santé publique du Canada (ASPC) www.phacaspc.gc.ca/chnrcs/ cahacpsra.php > Approches complémentaires et parallèles en santé
Interventions infrmières dans le processus thérapeutique
Santé Canada www.hcsc.gc.ca > Médicaments et produits de santé > Rapports et publications > Produits de santé naturels RÉFÉRENCES GÉNÉRALES Everyday Health www.everydayhealth.com > Health AZ > Alternative Health Infressources www.infressources.ca > Banques et recherche > Traitements > Les approches complémentaires en santé > Carreour des rubriques > Carreour clinique > Santé mentale et commu nication > La créativité au service de l’infrmière PasseportSanté.net www.passeportsante.net > Approches complémentaires > Approches complémentaires > Thérapies > Aromathérapie (huiles essentielles) > Approches complémentaires > Thérapies > Médecine traditionnelle chinoise (MTC)
Téluq www.teluq.uqam.ca > Espace étudiant > L’art de vivre ses études > (Section « Trucs de relaxation ») Fiches d’inor mation > Relaxation progressive de Jacobson Université de Montréal – Nouvelles www.nouvelles.umontreal.ca > Moteur de recherche > Dépression majeure : la prise d’oméga3 est un traitement efcace
Monographies
De Coudenhove, F. (2010). Médecines natu relles : guide et conseils pratiques. Lyon : Éditions Stéphane Bachès. Eliopoulos, C. (2010). Invitation to holistic health : A guide to living a balanced life. Sudbury, Mass. : Jones & Bartlett. Magny, J.C., Harvey, G., Lévesque, Y., et al. (2009). Pour une approche intégrée en santé : vers un nouveau paradigme. Québec, Qc : Presses de l’Université du Québec. Raal, S. (2008). Le grand guide des méde cines douces. Paris : Marabout.
Articles, rapports et autres BC Partners or Mental health and Addictions Inormations (2006). Traitements complémen taires et parallèles pour troubles mentaux. ColombieBritannique, Canada : BC Partners or Mental health and Addictions Inormations. www.heretohelp.bc.ca/sites/deault/fles/ images/rench_primermodules_lowres.pd Larouche, M. (2009). La thérapie cognitive basée sur la pleine conscience. Psychologie Québec, 26(6), 3335. Park, J. (2005). Le recours aux soins de santé non traditionnels. Rapports sur la santé, 16 (2).
Bonnet, C., Laurens, D., Mrejen, D., et al. (2009). Médecines naturelles et écologiques : mésothérapie, acupuncture, homéopathie. Paris : Eyrolles.
22
Chapitre 22
Approches complémentaires et parallèles en santé mentale
657
chapitre
Soins infrmiers et suivis dans la communauté
Écrit par : Marie-Claude Jacques, inf., Ph. D. (c) D’après un texte de : Alwilda Scholler-Jaquish, RN, Ph. D.
Guide d’études – RE17
OBJECTIFS
Après avoir étudié ce chapitre, vous devriez être en mesure : ■
■
de décrire les responsabilités de l’infirmière qui intervient en santé mentale dans la communauté ; d’expliquer les éléments importants du suivi à domicile de personnes souffrant de troubles mentaux ;
658
Partie 4
■
de décrire en quoi le personnel infirmier joue un rôle fondamental dans la gestion des symptômes et l’adhésion au traitement en contexte communautaire ;
Interventions infrmières dans le processus thérapeutique
■
de décrire les éléments propres aux soins à des clientèles particulières, soit les personnes sans abri et les personnes en prison.
Concepts clés
Cette carte conceptuelle illustre schématiquement les principaux concepts décrits dans le présent chapitre. Sa lecture vous permettra d’avoir une vue d’ensemble des notions qui y sont présentées.
trois approches
nécessitent
pour
pour
attention particulière
dans
clientèles visées
impliquent
rôles de l’infrmière
responsabilités infrmières
essentiels pour
23
Chapitre 23 Soins infrmiers et suivis dans la communauté
659
PORTRAIT Kevin Paquet Il y a une semaine, Kevin Paquet, âgé de 20 ans, étudiant au niveau collégial, a reçu son congé des services hospitaliers psychiatriques an de vivre de manière autonome. À la suite d’une ête, quatre de ses amis l’avaient amené à l’hôpital parce qu’il était ivre et présentait un comportement agressi et menaçant. Ses amis ont mentionné plusieurs changements dans le comportement de monsieur Paquet au cours du mois précédent. Avant son hos pitalisation, monsieur Paquet avait com mencé à rester éveillé toute la nuit, à consommer de l’alcool et à se battre avec des personnes de son immeuble. Il avait également reçu deux contra ventions pour excès de vitesse au cours de la semaine précédente. Au centre hospitalier, monsieur Paquet a reçu le diagnostic de trouble bipo laire I, épisode maniaque isolé. Du carbonate de lithium (Carbolithmd) à raison de 300 mg, 3 ois par jour, et du clonazépam (Rivotrilmd) à raison de 2 mg, au coucher, lui ont été prescrits. À sa sortie du centre hospitalier, des médicaments lui ont été remis pour une semaine. Aujourd’hui, l’inrmière intervenante pivot a reçu un appel du propriétaire de l’immeuble où habite monsieur Paquet. Il est inquiet, car monsieur Paquet lui a dit d’un ton sarcastique qu’il se tuerait si on lui demandait de baisser le volume de sa musique. Le propriétaire mentionne que d’autres locataires se plaignent du ait que monsieur Paquet asse du bruit à toute heure de la nuit. L’inrmière n’a pas vu le client depuis sa sortie du centre hospitalier il y a une semaine et n’arrive pas à le joindre par téléphone.
23.1
2 Les objectis des soins communautaires sont défnis dans le chapitre 2, Santé mentale et services dans la communauté.
660
Partie 4
Responsabilités de l’infrmière dans la communauté
s’occupe notamment de groupes particuliers au sein de la population (p. ex., des personnes sourant d’un trouble mental grave en plus d’une dépen dance à l’alcool ou à d’autres drogues, des personnes ayant le virus de l’immunodécience humaine [VIH] ou l’hépatite C, des adolescents en diculté, divers groupes ethniques, etc.). Elle intervient habi tuellement en centre de santé et de services sociaux (CSSS), en clinique externe, en centre de réadaptation en santé mentale et en dépendance ou à domi cile. L’inrmière porte généralement le chapeau d’agente de liaison ou d’intervenante pivot et de membre de l’équipe de soutien d’intensité variable ou de suivi intensif dans la communauté, laquelle traite de açon complète les personnes atteintes d’un trouble mental grave. Un tel poste comporte de nom breuses responsabilités, notamment l’évaluation, la gestion des dossiers des clients et l’ore de soins psychiatriques à domicile, qui comprend également l’administration de médicaments psychotropes. De plus, l’inirmière en pratique avancée ou l’inrmière clinicienne en santé mentale et psychiatrie peut devenir gestionnaire d’un pro gramme de santé mentale en CSSS ou en centre hospitalier, ou encore conseillère clinique, et ainsi agir à titre de consultante auprès des par tenaires de soins. Elle est aussi en mesure d’ap pliquer de açon autonome diérentes approches thérapeutiques, par exemple la thérapie cognitivo comportementale (Ordre des inrmières et inr miers du Québec [OIIQ], 2009). L’inrmière qui intervient dans la communauté adopte une approche très fexible et accepte de jouer un rôle d’inrmière moins traditionnel. Les soins dans la communauté orent des occasions d’intervention où, souvent, l’inrmière est la seule personne disponible dans l’entourage du client pour orir un accompagnement contribuant à son rétablissement et à sa réadaptation. Par exemple, il peut s’agir de participer à un groupe de marche avec un client ou de partager avec une cliente la joie de l’arrivée d’un nouveauné.
Dans la communauté, le rôle de l’inrmière en 23.1.1 Éducation à la santé santé mentale consiste à aider les clients à main tenir une indépendance et un niveau de onction L’éducation du client dans un contexte de santé nement optimaux au sein de leur milieu 2 . consiste à accompagner la personne dans l’appren Ce rôle exigeant requiert une connaissance appro tissage de comportements liés à la santé et qui peu ondie du comportement et du développement vent être incorporés à la vie quotidienne. L’objecti humains, des troubles mentaux ainsi que des trai est d’atteindre une santé optimale et l’indépen tements. Il est essentiel que l’inrmière com dance dans les autosoins (Bastable, 2008). L’inrmière eectue, lorsque pertinent, des inter prenne la dynamique au sein d’un groupe ou d’une amille et qu’elle connaisse les ressources lo ventions éducatives auprès des proches du client. cales et le réseau commu Dans le passé, les amilles nautaire an de collaborer étaient vues comme un L’inrmière qui intervient dans la commuavec l’équipe de soins inter agent causal des troubles nauté adopte une approche très fexible disciplinaire. mentaux et elles étaient, et accepte de jouer un rôle d’inrmière par conséquent, exclues du L’inirmière en psy moins traditionnel. plan de traitement, voire chiatrie communautaire
Interventions infrmières dans le processus thérapeutique
perçues comme responsables de l’apparition ou de la chronicisation du trouble mental. Les membres de la amille sont désormais considérés comme des sources d’infuence thérapeutique positive pour leur proche, tout en ayant des besoins sur divers plans : connaissances sur le trouble et stratégies d’adaptation, soutien et collaboration avec les pro essionnels de la santé (Morin, 2012). Les amilles qui hébergent sous leur toit un proche atteint d’un trouble mental ont ace à de nombreux dés tels que des problèmes de comportement, les impacts sur la vie quotidienne, les responsabilités nan cières, la supervision continue, etc. (Corrigan, Mueser, Bond et al., 2009). L’inrmière peut alors eectuer auprès des membres de la amille des interventions éducatives visant à les aider à avoir des attentes réalistes envers leur proche, à communiquer de açon plus ecace avec celuici et à utiliser l’ap proche de résolution de problèmes de açon routinière FIGURE 23.1 (Liberman, 2008). Le client, pour sa part, doit se doter de stratégies an de bien gérer son trouble, et ce, dans le but d’at teindre la stabilité et de avoriser le rétablissement. D’abord, il doit parvenir à une adhésion rigoureuse aux traitements médicamenteux et psychosociaux recommandés, et ce, dans un esprit éclairé et avec abilité. Deuxièmement, il importe d’élaborer un plan de prévention des rechutes qui servira en cas d’apparition de symptômes précoces. Enn, les per sonnes ayant une comorbidité avec des troubles liés à une substance doivent aire des apprentissages dans le but d’éviter à la ois les rechutes d’un trouble mental et d’un problème de consommation d’alcool ou de drogue (Liberman, 2008). Cependant, il n’est pas rare que les décits neurocognitis provoqués par le trouble mental nuisent à l’apprentissage du client. D’ailleurs, certains clients ne parviennent pas toujours à réutiliser une compétence acquise si le contexte change. Par exemple, un client peut avoir appris en thérapie à engager une conversation avec un inconnu, mais éprouver de la diculté à aire connaissance avec ses voisins, à qui il n’a jamais adressé la parole. La visite à domicile, décrite dans
FIGURE 23.1
L’infrmière implique le client et ses proches dans la gestion du trouble.
la deuxième section de ce chapitre, constitue donc une approche ecace pour enseigner les aptitudes de la vie autonome au client qui présente des décits de transert d’apprentissage. Durant une démonstra tion à la maison, le client a la possibilité d’employer ses propres stratégies, et ce, dans son propre milieu, ce qui acilite la mémorisation.
23.1.2
Coordination des soins
L’inrmière est appelée à occuper des postes de coor dination des soins entre les divers paliers de ser vices. Plusieurs intervenants gravitent autour de la clientèle en santé mentale, qui peut être suivie à la ois par un psychiatre, des organismes commu nautaires, des intervenants des services juridiques, un service de soutien scolaire, etc. Il peut être di cile pour les clients de s’y retrouver, particulière ment s’ils changent réquemment d’intervenant. Bradshaw et ses collègues (2006) ont mené une étude qualitative auprès de clients suivant un trai tement psychiatrique. Ils ont constaté chez ces der niers une démotivation en raison des réquents changements de personnel soignant. Les participants ont expliqué que le lien qu’ils entretiennent notam ment avec leur intervenant pivot est très important à leurs yeux et qu’ils comptent sur ce dernier pour les aider à aire ace aux divers événements et situa tions de crise qui surviennent dans leur vie. Il importe d’éviter le dédoublement de services, de s’assurer que le client a accès aux services dont il a besoin au bon moment et qu’il puisse aire appel à une per sonne qui connaît bien sa situation. L’inrmière peut être cette personne et jouer le rôle d’agente de liaison ou d’intervenante pivot (ministère de la Santé et des Services sociaux [MSSS], 2005).
Agente de liaison L’inrmière agente de liaison collabore souvent et de açon étroite avec les services hospitaliers (notamment l’urgence psychiatrique) de açon à éviter un bris de service pour un client qui a tra versé un épisode de crise. Elle peut travailler direc tement à l’urgence d’un centre hospitalier et dépister les clients qui recevront leur congé sous peu et qui auront besoin d’un service en externe, ou qui devront être remis en contact avec des ser vices dont ils bénéciaient déjà. Par une collecte des données, elle détermine les ressources déjà en place pour le client, ainsi que celles dont il aurait besoin pour la continuité des services. Elle contri bue à créer des ponts entre les ressources du milieu et avec le client (MSSS, 2005). Ainsi, le client, sta bilisé après une courte visite à l’urgence, devrait à sa sortie du centre hospitalier avoir déjà un suivi prévu avec son intervenant du CSSS.
23
Intervenante pivot L’inrmière intervenante pivot est la personne avec laquelle le client crée les liens les plus étroits au Chapitre 23 Soins infrmiers et suivis dans la communauté
661
cours de son suivi dans la communauté. Elle pro digue ellemême des soins et services au client, assure le soutien aecti dont il a besoin et coor donne les autres services qu’il nécessite. Elle met rapidement à jour le plan d’intervention ou le plan de services individualisé du client lorsque des changements surviennent (p. ex., si le client a été expulsé de son logement, ou s’il a cessé de prendre sa médication). Le plan d’intervention et le plan de services individualisé sont des obligations ministérielles. Le plan d’intervention sert à la coor dination des services lorsque plusieurs interve nants d’un même établissement orent des services au client. Il contient les besoins du client, les ob jectis poursuivis, les moyens à utiliser et la durée prévisible pendant laquelle des services devront lui être ournis. Lorsque le client doit recevoir des services d’autres intervenants en plus de ceux ournis par son établissement pour une période prolongée, c’est un plan de services individualisé qui doit être élaboré, afn d’assurer la coordination entre les divers partenaires (L.R.Q, c. S4.2, art. 102 et 103). Le client a le droit de participer à l’élabo ration de son plan d’intervention ou de son plan de services individualisé (L.R.Q, c. S4.2, art. 10). L’infrmière a aussi pour rôle de aire valoir les droits et les préérences du client au sein de l’équipe interdisciplinaire et auprès des autres partenaires s’il y a lieu (Association des hôpitaux du Québec, 2004 ; MSSS, 2005).
2 Le suivi intensi dans la communauté et le soutien d’intensité variable sont présentés dans le chapitre 2, Santé mentale et services dans la communauté.
D’autres proessionnels peuvent porter le titre d’intervenant pivot, notamment un travailleur social, un ergothérapeute ou un psychoéducateur. Le type de proessionnel assigné à un client peut dépendre des raisons cliniques du suivi. Il pourrait s’agir par exemple d’une infrmière dans le cas d’un client atteint de schizophrénie et de diabète. L’infrmière intervenante pivot évalue chacun des aspects de la vie du client afn de déterminer quels sont ses besoins et s’il est en mesure de les satisaire. En collaboration avec les autres membres de l’équipe interdisciplinaire, elle contribue à la prise des médicaments par des visites à domicile et par de l’enseignement sur le traitement, les eets indésirables et le trouble mental. L’intervenante pivot aide le client à établir un réseau de soutien et lui ore un accompagnement de base pour la vie quotidienne et sa santé physique. De plus, l’accom pagnement vise à aciliter l’accès aux services de loisirs, à déendre les droits du client et à assurer l’intégration en emploi (Institut universitaire en santé mentale Douglas, 2010).
27 Les interventions infrmières en cas de crises psychotraumatiques sont défnies dans le chapitre 27, Situation de crise.
662
Partie 4
L’infrmière intervenante pivot œuvre, entre autres, au sein des équipes de suivi intensi dans la communauté. La clientèle est composée de per sonnes sourant de troubles mentaux graves et ayant épuisé les services usuels. Le suivi intensi est eectué par une équipe interdisciplinaire FIGURE 23.2. Tous les intervenants connaissent tous
Interventions infrmières dans le processus thérapeutique
FIGURE 23.2 Dans la communauté, l’infrmière collabore aux soins de plusieurs proessionnels et en assure la coordination.
les clients et interviennent auprès de chacun selon ses besoins, mais chaque client a un intervenant désigné, qui est la personne la plus proche de lui. Il s’agit de l’intervenant pivot. Le client en suivi intensi peut avoir été orienté à la suite d’une hos pitalisation ou par d’autres mécanismes, dont le guichet d’accès en santé mentale. L’infrmière inter venante pivot s’occupe de sept ou huit clients, selon l’intensité du suivi requis pour répondre à leurs besoins (Association des hôpitaux du Québec, 2004). Un baccalauréat en sciences infrmières est généralement recommandé (OIIQ, 2009). Le mandat des infrmières intervenantes pivot en santé men tale dépend de l’organisme qui les emploie et du type de programme dans lequel s’insère la presta tion des services (p. ex., un service de suivi intensi dans la communauté ou un service de soutien d’intensité variable) 2 .
23.1.3
Interventions en situation de crise
Les soins communautaires comprennent réquem ment des interventions en situation de crise, et ce, auprès de groupes et de personnes. Au Québec, la plupart des municipalités dispo sent d’équipes interdisciplinaires spéciales compo sées, entre autres, de proessionnels de la santé qui prodiguent des soins de santé mentale aux sinistrés. Les inondations au Saguenay, qui ont détruit plus de 500 résidences et nécessité l’évacuation de 16 000 personnes, ainsi que la tempête de verglas de 1998, qui a provoqué une panne d’électricité majeure, sont des exemples d’événements catastro phiques qui perturbent ortement le quotidien des personnes touchées (Charbonneau, Ouellette & Gaudet, 2000 ; Lalande, Maltais & Robichaud, 2000) 27 . Les personnes atteintes de troubles mentaux présentent une plus grande ragilité qui peut com promettre leur capacité d’adaptation à de tels évé nements, car elles sont plus vulnérables au stress en plus de connaître l’isolement social, qui pourrait s’accentuer en cas de catastrophe.
Par ailleurs, les personnes atteintes d’un trouble mental grave sont plus susceptibles d’avoir un com portement violent, en particulier celles qui présen tent une psychose. Cela augmente, selon les études, de 49 à 68 % les probabilités de recours à la violence. Ce risque est 1,5 ois plus élevé que dans la popula tion générale (Douglas, Guy & Hart, 2009). Il peut arriver que les personnes victimes d’hallucinations visuelles, auditives ou tactiles se blessent ou blessent quelqu’un au cours de leurs expériences hallucina toires. Ces personnes nécessitent une surveillance soutenue assurée par un proessionnel de la santé mentale et les membres de leur amille 29 . Depuis la fn des années 1990, les homicides commis par des personnes sourant d’un trouble mental ont augmenté (Statistique Canada, 2012). La usillade de l’École Polytechnique de Montréal en 1989 (14 emmes tuées et 14 blessés) et celle, en 2006, du Collège Dawson à Montréal (20 blessés et 1 mort) en sont quelques exemples. Marc Lépine, auteur de la usillade de l’École Polytechnique, s’est enlevé la vie et Kimveer Gill a été abattu par les policiers. Depuis ces événements, l’accessibilité des soins en santé mentale a été renorcée, et les lois relatives aux armes à eu ont été resserrées. Une personne atteinte d’un trouble mental pour rait aller jusqu’à causer la mort d’un membre de sa amille qui pensait être capable de maîtriser son proche. Il arrive que les membres de la amille d’un client nient ou ne remarquent pas les menaces pro érées ou les comportements qui constituent un signe de violence (Millaud, Marleau, Proulx et al., 2008). Il y a eu au Québec, entre 1997 et 2007, 11 cas de amilicides, dont 10 ont été commis par des hommes (Léveillée & Leebvre, 2008). Souvent appelé homicide masculin, le amilicide consiste à tuer sa conjointe, ses enants et ensuite à se suici der, ce qui se produit dans 80 % des cas (Léveillée & Leebvre, 2008). Plusieurs des auteurs de amili cide présentaient des antécédents psychiatriques (Léveillée & Leebvre, 2008). Même les intervenants en santé mentale ne sont pas toujours en mesure de se protéger contre la vio lence d’un client. L’infrmière en psychiatrie com munautaire est appelée à se protéger, de même que le client, les membres de la amille et toute autre personne éventuellement menacée. En cas de trouble mental grave, la nonadhésion au traitement par médicaments psychotropes, l’abus de substances et le manque de discernement sont des acteurs concomitants qui contribueraient à augmenter les risques de gestes violents (Busko, 2009). L’infrmière évalue attentivement ces acteurs de risque. Avoir été victime d’une orme de violence constituerait un acteur de risque supplémentaire (Busko, 2009). Les personnes atteintes d’un trouble mental grave et qui présentent des symptômes défcitaires sont parois victimes de mauvais traitements de la part d’un membre de la amille ou d’un soignant.
Celles qui présentent une défcience mentale et qui sont victimes de mauvais traitements physiques, sexuels ou émotionnels hésitent souvent à dénon cer leur agresseur par peur de perdre la sécurité dont elles jouissaient jusqu’aux incidents. Il arrive également que ces clients tentent d’en parler à leur intervenant en santé mentale, mais que ce dernier ne les comprenne pas. Les policiers composent avec des personnes sourant de troubles mentaux. Certains sont spé cialement ormés pour intervenir dans les situa tions d’urgence psychiatrique. Touteois, il est arrivé que les policiers aient eu recours à une orce excessive, voire mortelle, dans une intervention auprès d’une personne sourant d’un trouble men tal. L’infrmière en psychiatrie communautaire participe à l’enseignement auprès de la collecti vité, notamment des policiers et des autres inter venants d’urgence. À cet eet, des services 24/7 tels que Urgence PsychosocialeJustice (UPSJ) à Montréal et le Programme d’encadrement clinique et d’hébergement (PECH) de Québec orent du soutien aux policiers dans des situations de crise et de dangerosité, et ce, dans le but de prévenir la judiciarisation des personnes atteintes de troubles mentaux.
23.2
29 Une personne atteinte d’un trouble mental n’est pas systématiquement violente ; des interventions de prévention sont présentées dans le chapitre 29, Violence.
Suivis à domicile
Le suivi à domicile eectué en santé mentale par des infrmières se ait surtout par les services de suivi intensi (SI) et les services de soutien d’inten sité variable (SIV). Outre l’intensité de service, le SI se distingue par son approche interdisciplinaire, où plusieurs intervenants d’une même équipe peu vent visiter le client dans la semaine, voire dans la même journée. À l’inverse, dans un service de type SIV, l’infrmière est souvent la seule intervenante (rôle de pivot), qui assure des visites au domicile du client à une réquence variable selon les besoins. Le suivi à domicile est eectué dans le milieu de vie du client, qu’il s’agisse d’un domicile privé ou d’une ressource d’hébergement de groupe PSTI 23.1. Les clients qui vivent dans la commu nauté et qui nécessitent des traitements sont sou vent réticents à l’idée d’être hospitalisés le temps que durent les traitements. Le cas échéant, l’objecti de la visite à domicile est d’établir un pont entre le client et le système de soins par l’entremise de l’infrmière ou de l’intervenant pivot. D’ailleurs, certains clients sont vus à domicile pendant plu sieurs mois avant d’accepter un hébergement dans un centre de soins en santé mentale en vue d’y être traités. Cette approche active peut s’avérer utile pour les clients qui sont généralement réticents aux traitements classiques prodigués dans le cabinet du médecin (Salyers & Tsemberis, 2007). Chapitre 23 Soins infrmiers et suivis dans la communauté
23
663
23.2.1
Évaluation de l’environnement
La visite à domicile est tout d’abord utile pour observer l’environnement du client, ce qui peut donner de précieuses inormations au sujet de ce dernier, notamment sur son état de santé et de bien être ENCADRÉ 23.1.
21 Les interventions infrmières pour avoriser l’adhésion du client au traitement sont présentées dans le chapitre 21, Psychopharmacothérapie et autres thérapies biologiques.
23.2.2
Évaluation des besoins
L’infrmière qui exerce un suivi à domicile en santé mentale ait beaucoup plus qu’intervenir uniquement en lien avec le trouble dont soure le client. Ce der nier aspire à avoir une vie aussi normale que possible et l’infrmière à domicile bénéfcie d’une position
Collecte des données ENCADRÉ 23.1
Observations au cours des visites à domicile
L’infrmière évalue les composantes de l’environnement du client : • le niveau de stress du client lorsqu’il est chez lui ; • les conditions de vie de base : draps et couvertures propres, vêtements convena bles, papier hygiénique, eau courante, savon, shampoing, brosse à dents, etc. ; • l’accès à une laveuse et à une sécheuse; • la nourriture : contenu des armoires et du rérigérateur, quantité et salubrité des aliments ;
animaux ou risque pour la sécurité de jeunes enants; • la présence ou l’absence d’amis, de membres de la amille, d’un colocataire, ainsi que la qualité de la relation avec ces personnes ; • les indices d’abus ou de négligence; • les problèmes de santé physique nécessitant une assistance rapide; • les médicaments; • les signes de consommation d’alcool ou de drogues.
• les risques environnementaux: moisis sures, punaises de lit, poussière excessive, Source : Adapté de Wenzl & Berthold (2009)
Collecte des données ENCADRÉ 23.2
Forces, intérêts et buts évalués par le client
L’infrmière pose plusieurs questions pour déterminer, avec le client, ses besoins: • Questions ouvertes sur les buts du client concernant le logement et les conditions de vie, la situation fnancière et proes sionnelle, les relations interpersonnelles, la vie spirituelle et religieuse, la santé et la qualité de vie. • Questions sur les besoins d’aide ou de soutien du client en matière : − de gestion de l’argent ; − de gestion de la santé; − de nutrition ; − de situation proessionnelle;
− − − − − − − − − − −
de transport ; d’amitiés ; d’activités récréatives ; d’hygiène personnelle; d’eets personnels ; de prise de médicaments ; d’eets secondaires (des médicaments) ; de droits ; de difcultés cognitives; de qualité de vie ; de qualité du traitement (degré de satisaction) ; − de symptômes ; − de comportements dans la collectivité.
Source : Adapté de Wallace, Lecomte,Wilde et al. (2001)
664
Partie 4
Interventions infrmières dans le processus thérapeutique
privilégiée pour l’aider à déterminer des objectis de vie. Ainsi, la collecte des données de l’infrmière prend en compte ces aspects. Il existe des outils spé cialement conçus pour déterminer les besoins des personnes dans un contexte de santé mentale com munautaire. L’outil Forces, intérêts et buts évalués par le client (FIBEC), validé en rançais, permet d’obtenir un portrait complet des besoins de la per sonne ENCADRÉ 23.2. Si elle n’a pas ce type d’outil à sa disposition, l’infrmière peut suivre la logique du FIBEC pour évaluer de açon adéquate les besoins de son client. En eet, dans cet outil, chaque élément est traité du point de vue du client : le client précise s’il présente une difculté sur un aspect, s’il veut se fxer un but personnel en lien avec celuici et, fna lement, s’il désire de l’aide ou du soutien pour atteindre ce but. Ainsi, l’infrmière s’assure d’une plus grande collaboration de la part du client, puisqu’elle peut axer ses interventions sur ses besoins personnels.
23.2.3
Accompagnement de la pharmacothérapie
Le suivi à domicile de clients traités avec des médica ments psychotropes pour un trouble mental présente des défs particuliers pour l’infrmière. Au cours de ses visites, elle doit vérifer quel est l’état du traitement pharmacologique (Wenzl & Berthold, 2009). Le client atil ses médicaments chez lui ? En atil en quantité sufsante pour les prochains jours ? Les médicaments en sa possession correspondentils à l’ordonnance en cours ? Le client prendil ses médicaments ? Comment sontils organisés (p. ex., des contenants bien étiquetés ou un système de distribution tel que Dispillmd) ? La nonadhésion est un enjeu majeur. Jusqu’à 50 % des clients atteints d’un trouble bipolaire et jusqu’à 72 % de ceux atteints de schizophrénie n’observent pas leur traitement pharmacologique. Un trouble lié à une substance, le manque d’insight, une attitude négative envers les médicaments, les eets indésirables, le manque de soutien social et une alliance thérapeutique de mauvaise qualité, entre autres, contribuent au risque de nonadhésion (Julius, Novitsky & Dubin, 2009). L’infrmière peut recourir à diérentes stratégies, et établir une rela tion de confance et de collaboration, afn de ren orcer la participation du client à son traitement (Corrigan et al., 2009) 21 . De plus en plus de clients désirent un meilleur ajustement et un meilleur contrôle de leur médica tion (Rodriguez & Poirel, 2007). La gestion autonome de la médication (GAM) représente plus que l’auto médication (le ait de prendre ses médicaments seul et sans aide). Elle vise une réappropriation du pou voir et une amélioration de la qualité de vie des per sonnes qui sont traitées avec des médicaments psychotropes (Rodriguez & Richard, 2011). La médi cation est alors vue comme un outil parmi d’autres permettant de progresser vers le rétablissement, et
i
Pratiques infrmières suggérées ENCADRÉ 23.3
Accompagner le client dans la gestion autonome de sa médication
L’infrmière peut accompagner le client qui envisage l’option de la GAM en l’inormant à ce sujet, en l’orientant vers des organismes de ormation et en l’accompagnant dans ses démarches auprès de son médecin psychiatre. Par exemple, un client d’une vingtaine d’années atteint de schizophrénie désire reprendre ses études en sciences politiques à l’université. Son infrmière lui a présenté la GAM et il a suivi diverses ormations à ce sujet dans un organisme communautaire. Il a beaucoup appris sur la réappropriation du pouvoir sur sa vie, ainsi que sur les médicaments qu’il doit prendre et les symptômes précurseurs d’une rechute. Accompagné de son infrmière, il a convenu avec son médecin psychiatre d’une dose minimale
non plus comme l’objet central du traitement. Cela est d’autant plus important que les médicaments psychotropes comportent de nombreux eets indé sirables (p. ex., la prise de poids, des perturbations sexuelles, la sensation d’être déconnecté de ses émo tions, etc.) et qu’il est difcile de trouver un dosage optimal qui assure une maîtrise adéquate des symp tômes sans nuire à la qualité de vie (zone de conort). L’infrmière renseigne et accompagne le client qui opte pour la GAM ENCADRÉ 23.3.
23.2.4
Sécurité et mesures préventives
Les visites psychiatriques à domicile varient selon le moti, la durée, la réquence et les résultats des interventions. Toute visite doit être documentée avec soin (Wenzl & Berthold, 2009). L’évaluation des risques potentiels de la visite est cruciale et doit précéder toute intervention. Cette évaluation comprend toujours les antécédents du client, ses relations habituelles avec les infrmières et les autres intervenants, son état mental récent ou actuel et le type de résidence dans lequel il vit. Il est important que l’infrmière sache combien de personnes vivent avec ce dernier et qu’elle com prenne quel type d’intervention est requis. Elle évalue si le voisinage est sécuritaire et détermine la présence d’un quelconque risque. Il est par exemple possible que le client garde à domicile un animal dangereux. L’infrmière peut alors déci der de s’y rendre seule, avec un autre membre de l’équipe soignante ou avec un autre partenaire du milieu qui connaît le client. En outre, l’infrmière quitte les lieux rapidement si elle note un chan gement dans le comportement du client ou si l’un des membres de la amille (ou toute autre per sonne présente au domicile) est menaçant. Les programmes de visites à domicile et de psy chiatrie communautaire respectent certaines lignes directrices qui visent à protéger le personnel
d’antipsychotiques, qui implique une tolérance éclairée à certains symptômes, mais qui assure une quasiabsence d’eets indésirables. En eet, il a certaines pensées paranoïdes, mais il sait qu’il s’agit de paranoïa et choisit d’ignorer ces pensées. En revanche, il est beaucoup moins somnolent. Il a ainsi assez d’énergie et de concentration pour poursuivre ses études universitaires, tout en maîtrisant son trouble de manière satisaisante. Il dispose également d’une prescription d’antipsychotiques au besoin (PRN) qu’il utilise dans des situations prédéterminées comportant un risque d’augmenta tion des symptômes de psychose.
infrmier. À cet eet, l’infr mière agit comme un visi teur lorsqu’elle se présente chez le client. Elle appelle le client avant de se présen ter (s’il a un téléphone), de même qu’elle arrive chez lui et quitte l’endroit selon un horaire précis. Elle s’as sure également d’établir des rontières entre son client et ellemême, ainsi qu’entre les membres de la amille du client et ellemême ENCADRÉ 23.4.
23.3
Le Regroupement des ressources alternatives en santé mentale du Québec ore de l’inormation et du soutien aux personnes qui souhaitent être associées aux décisions concernant leur traitement médical (GAM). Un document de travail peut être consulté au www.rrasmq.com/ publications/GAM_ rapport_2001.pd.
Jugement clinique Jonathan Bellavance, âgé de 34 ans, est atteint de schizo phrénie. Il éprouve des difcultés de concentration et d’élocution, de l’insomnie et de l’anxiété. Il prend de la clozapine (Clozarilmd) 300 mg qd et de l’aripiprazole (Abiliymd) 30 mg die. L’infrmière qui le rencontre à chaque semaine lui a suggéré de réviser sa médication avec son psychiatre, car elle croit que les doses sont trop ortes. Monsieur Bellavance accepte puisqu’il aimerait prendre des doses minimales. Outre l’implication du client dans la gestion de sa médi cation, nommez un avantage qu’il aurait à recevoir des doses minimales de sa médication antipsychotique. Quels symptômes pourraient cependant apparaître avec la diminution de la posologie ?
Suivis auprès de clientèles particulières
L’infrmière qui travaille dans la communauté ait aussi le suivi de personnes ayant des troubles men taux, dans des milieux de pratique particuliers,
23
Relation d’aide ENCADRÉ 23.4
Établir une distance proessionnelle
Le contexte des soins à domicile expose parois l’infrmière à des situations inédites. L’infrmière à domicile, en entrant dans le milieu de vie du client, a accès à son intimité. Des liens plus étroits peuvent alors se tisser avec le client, mais l’infrmière garde une saine distance proessionnelle. Ainsi, si l’infrmière apprend qu’un client ait des gestes illégaux (p. ex., qu’il vole des
vêtements au cours d’un délire de mégaloma nie) ou qu’il a des rapports sexuels à risque élevé (p. ex., qu’il a contracté le VIH ou l’hépatite C), elle en inorme les membres de son équipe afn de concevoir un plan d’intervention en conséquence. L’infrmière établit un lien de confance avec ses clients, mais elle n’accepte jamais de taire un comportement dangereux ou illégal.
Chapitre 23 Soins infrmiers et suivis dans la communauté
665
RAPPELEZ-VOUS…
Un proessionnel doit respecter le secret de tout renseignement confdentiel qui vient à sa connaissance dans l’exercice de sa proes sion (Code des proessions, L.R.Q., c. C26, art. 60.4). L’ar ticle 31 du Code de déon tologie des infrmières et infrmiers souligne égale ment cette obligation pro essionnelle. Cependant, l’infrmière peut être rele vée de cette obligation dans certaines situations. Quelles sontelles ?
comme la rue ou la prison. Les personnes sans abri vivent souvent Les personnes ayant un des conflits avec leurs intervenants, trouble mental qui vivent car leurs besoins prioritaires peuvent être dans de telles conditions mal cernés. sont particulièrement vul nérables et les soins inr miers visent notamment à déendre leurs droits et hiérarchie (p. ex., un blème de jugement). à avoriser leur accès aux services de santé.
23.3.1
Soins aux personnes sans abri
Le travail en interdisciplinarité est une partie incon tournable des soins et services aux personnes sans abri. Au Québec, l’inrmière ait le suivi des clients en équipe interdisciplinaire avec l’intervenant pivot, de açon à pouvoir répondre à leurs besoins com plexes. Elle travaille avec de multiples partenaires du milieu et collabore avec les intervenants de la soupe populaire, de centres de jour ou de centres d’héber gement, les policiers, les agents de la Sécurité du revenu, les services d’urgence des centres hospita liers, les propriétaires de logements privés, les avo cats, les agents de probation, les intervenants de la Direction de la protection de la jeunesse, et même les services municipaux et le député local. Les équipes itinérance relèvent toutes des CSSS. Composées de plusieurs proessionnels (inrmières, médecins omnipraticiens ou psychia tres, travailleurs sociaux, psychoéducateurs), elles ournissent des soins directs aux personnes, mais elles ont aussi l’important mandat d’aider les per sonnes sans abri à accéder aux services existants dont cellesci ont besoin. L’intervention est com plexe et adaptée an d’aider la personne là où les autres services ont échoué.
La pyramide de Maslow illustre les ondements de l’intervention auprès des personnes sans abri . Par exemple, il peut être dicile pour une personne La fgure 8.1W présente la sans abri de songer à s’engager dans une thérapie pyramide de Maslow. Elle pour traiter son problème d’alcool si elle n’arrive peut être consultée au pas à manger convenablement chaque jour et http://ortinash.cheneliere.ca. qu’elle n’a pas un logement sécuritaire où se repo ser. Ainsi, les personnes sans abri vivent souvent des confits avec leurs inter venants, car leurs besoins prioritaires peuvent être mal Gonzalvo Martinez est une personne sans abri de 52 ans. cernés. La FIGURE 23.3 il Il vit dans la rue depuis sa sortie de prison il y a quatre lustre comment les besoins ans et n’a aucune ressource fnancière, ce qui l’oblige déterminés par l’inrmière, à mendier. Il a été condamné à plusieurs reprises pour bien que légitimes, peuvent trafc de drogue. Il a d’ailleurs consommé de la cocaïne acilement entrer en confit pendant de nombreuses années. Dès qu’il est contrarié, avec les besoins plus pres il devient agressi et proère des menaces de mort aux sants du client. Il importe personnes de son entourage immédiat, ce qui lui vaut avant tout de connaître les d’être expulsé des centres qui l’hébergent. Il a eu des besoins que la personne sans diérends avec les policiers qui l’ont dirigé vers le CSSS. abri doit combler avant d’es L’infrmière de rue qui le connaît participe à l’équipe interdisciplinaire du CSSS. pérer atteindre le niveau sui vant. L’inrmière peut voir Dans la situation de ce client, quel serait le principal aussi d’autres besoins que objecti poursuivi par l’équipe d’intervenants ? ceux du client et l’aider à les
Jugement clinique
666
Partie 4
Interventions infrmières dans le processus thérapeutique
cerner, mais il revient à ce dernier d’établir la hié rarchie entre ceuxci. Cela dit, il peut être nécessaire que l’inrmière aide cer tains clients à établir la client ayant un grave pro
Les personnes sans abri sont une clientèle aty pique qui nécessite des interventions atypiques. L’inrmière ait donc preuve de créativité et dispose d’un bon réseau de contacts pour soutenir sa pra tique. Il aut aussi prendre en considération que ces personnes ont souvent épuisé leur propre réseau et les organismes d’aide, et se retrouvent par consé quent exclues de plusieurs services. Globalement, trois types d’interventions sont particulièrement reconnus pour les soins aux per sonnes sans abri : • l’approche de travail de proximité (outreach) ; • l’approche de type suivi systématique avec intervenant pivot ; • l’approche de réduction des méfaits (MSSS, 2008). L’approche de travail de proximité (outreach) vise à rejoindre les personnes là où elles se trou vent, au moment où elles s’y trouvent. Ainsi, l’inr mière entre en contact avec les personnes pour établir un lien de conance et éventuellement orir des services. Les lieux de rencontre peuvent être les organismes communautaires orant des services aux personnes sans abri (p. ex., un reuge ou une soupe populaire), les édices ermés, les parcs, les stations de métro, etc. (Denoncourt, Desilets, Plante et al., 2000). Au sein des équipes itinérance, l’inrmière joue le rôle d’intervenante pivot avec suivi systématique des clientèles. Ainsi, elle a la responsabilité d’un certain nombre de clients. Elle assure le suivi de la personne et la coordination des services dont celle ci a besoin. Le suivi systématique, dans ce cadre, vise à améliorer l’état de santé et la qualité de vie des personnes sans abri et sourant de troubles mentaux graves (Thibaudeau & Fortier, 2000). Par exemple, les personnes qui bénécient d’un tel suivi reçoivent du soutien pour briser leur isole ment social, pour avoir accès à un logement décent ou encore pour acquérir leur autonomie. Enn, l’approche de réduction des méaits est essentielle à la pratique auprès des personnes sans abri. Les interventions basées sur cette approche sont centrées sur la diminution des conséquences négatives de l’usage des drogues (ou de tout autre comportement à risque) plutôt que sur l’arrêt de l’usage (Brisson, 2010). Plusieurs stratégies de réduction des méaits ont ait leurs preuves sur le plan scientique, la plus connue étant sans doute la distribution et la récupération des aiguilles pour
A
Besoin d’accomplissement Besoin d’estime Besoin d’appartenance Besoin de sécurité Besoins physiologiques B
Vous avez manqué deux rendezvous de suite !
Survivre est une job à temps plein.
Prenez-vous en main !
Je n’ai pas accès aux services parce que je suis itinérant.
Vous pourriez participer à des rencontres des AA.
Mon ami alcoolique est mon seul ami.
Vous n’avez pas été capable de payer votre loyer ?
Je vais encore dormir dehors ce soir.
Avec votre diabète, vous devez faire attention à votre alimentation.
Je n’ai pas mangé de la journée.
Infirmière
Client
FIGURE 23.3 Besoins prioritaires et interventions auprès d’une personne sans-abri – A Hiérarchie des besoins de Maslow B Confit entre les besoins cernés par l’inrmière et les besoins prioritaires du client
la prévention de l’inection par le virus de l’immu nodéfcience humaine (VIH) chez les consomma teurs de drogues injectables (Association des infrmières et infrmiers du Canada [AIIC], 2011). Ce type d’approche constitue aussi un moyen éco nomique et efcace de joindre les clientèles margi nalisées. L’infrmière qui préconise le logement d’abord pour une personne sans abri, et ce, avant les autres traitements de son trouble mental ou de sa toxicomanie, ait aussi de la réduction des méaits ENCADRÉ 23.5 (AIIC, 2011).
23.3.2
Soins aux personnes en prison
Les responsabilités de l’infrmière dans les établis sements correctionnels varient et peuvent com prendre les interventions suivantes :
ENCADRÉ 23.5
Chez Soi: un exemple d’approche de réduction des méfaits
23
Le projet Chez Soi a été lancé en 2009 dans cinq villes canadiennes : Moncton, Montréal, Toronto, Winnipeg et Vancouver. Il vise à évaluer les retombées des interven tions qui accordent la priorité au logement avec suivi personnalisé pour les personnes sans abri souffrant de troubles mentaux (Commission de la santé mentale du Canada, 2012). Les premiers résultats démontrent : 1) une réduction de l’utilisation des services par les participants ; et 2) la stabilisation de 80 % d’entre eux en logement après 2 ans de suivi (Groupe de recherche Projet Chez Soi, 2012).
Chapitre 23 Soins infrmiers et suivis dans la communauté
667
• l’évaluation du risque suicidaire ; • l’évaluation de la condition mentale et l’examen physique ; • le suivi de l’efcacité des médicaments ; • la liaison entre les détenus et les services externes ; • la prestation de soins, le cas échéant ; • la prestation de soins généraux en santé mentale ; • l’enseignement aux détenus et aux membres du personnel relativement aux troubles mentaux. Bien que les personnes incarcérées disposent des mêmes droits en matière de santé et de services sociaux que celles qui sont libres, cela n’empêche pas l’infrmière de se retrouver dans des situations difciles et préoccupantes. En vertu de la loi (Loi sur les services de santé et les services sociaux [LSSSS], art. 9), les détenus sont en droit de reuser les médicaments psychotropes, sau en cas de dan gerosité grave et immédiate envers soimême ou autrui. Malheureusement, lorsqu’une personne qui est incapable d’avoir les idées claires reuse que des médicaments psychotropes lui soient administrés, le résultat peut s’avérer aussi dangereux que tra gique. Certains détenus impossibles à maîtriser en raison de leur trouble mental sont confnés dans leur cellule. Ils vivent dans des conditions inhu maines, et ce, uniquement parce qu’ils n’ont pas accès aux médicaments et aux autres traitements essentiels à la maîtrise de leur trouble mental (Protecteur du citoyen, 2011).
agent correctionnel dûment ormé (OMS, 2007). Par la suite, le risque de suicide devrait être éva lué de açon continue pendant toute la durée de la détention. Si l’infrmière considère qu’une personne détenue est à risque de suicide, elle doit en inormer les agents correctionnels qui ont la responsabilité de cette personne. La col laboration de tous est vitale, car les suicides peuvent avoir lieu en fn de soirée ou la fn de semaine, alors que le personnel infrmier est absent. Si le risque est élevé, la personne doit être placée sous surveillance constante, mais ne doit pas être isolée. Les personnes ayant des idées suicidaires ont besoin de présence humaine et ne devraient pas être laissées seules pendant de longues périodes (OMS, 2007) FIGURE 23.4 . Enfn, l’infrmière s’assure que le détenu ayant des idées suicidaires soit vu par un médecin, de açon à ce qu’il puisse être évalué pour le dépis tage de troubles mentaux.
Le taux de suicide en milieu carcéral est extrê mement préoccupant. Les suicides surviennent le plus souvent dans les premières heures sui vant l’arrestation et la détention (Organisation mondiale de la Santé [OMS], 2007). Pour cette FIGURE 23.4 raison, le risque de suicide de chaque détenu Une personne ayant des idées suicidaires doit être entourée, nouvellement admis devrait être dépisté par un même en prison.
Plan de soins et de traitements infrmiers PSTI 23.1
Trouble dépressi majeur et trouble d’anxiété généralisée
Melissa Rivard est âgée de 32 ans et est atteinte d’un trouble dépressi majeur et d’un trouble d’anxiété généralisée. Elle est aussi connue pour son alcoolisme chronique. Elle débute un suivi avec l’infrmière du service de type SIV du CSSS. Elle a reçu son congé après une hospitalisation de trois mois à la suite d’une tentative de suicide (intoxication médicamenteuse). Elle suit présentement un traitement pour la dépression et l’anxiété avec antidépres seur de type inhibiteur sélecti du recaptage de la sérotonine (ISRS). Elle prend aussi un antipsychotique au coucher pour améliorer son sommeil. Elle est sans emploi, a terminé un secondaire 5, vit de l’aide sociale et ha bite seule, dans un appartement de 1 1/2 pièce, qu’elle a beaucoup de mal à garder propre. Elle avoue être découragée par l’état de son appartement,
668
Partie 4
Interventions infrmières dans le processus thérapeutique
mais se dit incapable de voir comment elle pourrait aire mieux. Cet apparte ment est situé dans un immeuble où il y a beaucoup de personnes ayant des problèmes psychosociaux (violence, problèmes de consommation d’alcool et de drogues, etc.). Elle a 2 enants de 9 et 13 ans, de 2 pères diérents qui sont absents de sa vie et de celle des enants. Les deux enants sont en amille d’accueil depuis trois ans et madame Rivard les voit quelques ois par mois. Elle aimerait pouvoir s’occuper d’eux à temps plein, mais ne s’en sent pas capable. Elle craint de ne pas avoir assez d’énergie, de ne pas être adéquate comme mère, de manquer d’argent, etc. Elle n’a pas de réseau social et présente une aible estime d’ellemême.
PSTI 23.1
Trouble dépressi majeur et trouble d’anxiété généralisée (suite)
DIAGNOSTICS SELON LES AXESa
Axe I Axe II Axe III Axe IV Axe V
PROBLÈME DÉCOULANT DE LA SITUATION DE SANTÉ
Absence de projet de vieb liée à une longue maladie, à la stigmatisation et à des conditions de vie difciles
RÉSULTAT ESCOMPTÉ
INTERVENTIONS INFIRMIÈRES ET JUSTIFICATIONS
• Détermination d’un projet de vie signifcati
• Explorer avec la cliente ses orces, ses intérêts et ses buts pour l’aider à se projeter positivement dans l’avenir.
• Trouble dépressif majeur, TAG, dépendance à l’alcool • Traits de trouble de personnalité limite • Hypothyroïdie • Isolement social • Évaluation globale du fonctionnement (EGF) = 50 (à la sortie de l’hôpital il y a une semaine)
• Demander à la cliente comment serait sa vie dans un monde idéal pour cibler les aspects de sa vie auxquels elle accorde le plus d’importance. • Aider la cliente à déterminer un projet de vie signifcati pour elle afn de la stimuler à s’engager dans un processus de rétablissement. • Décortiquer le projet de vie en étapes et en objectis réalistes et atteignables à court, moyen et long termes pour avoriser la progression des eorts et diminuer la peur de l’échec. • Féliciter la cliente pour chacun de ses accomplissements la rapprochant de la réalisation de son projet de vie, même les plus petits, pour lui aire prendre conscience des progrès accomplis et stimuler son engagement.
PROBLÈME DÉCOULANT DE LA SITUATION DE SANTÉ
Risque de rechute de la consommation d’alcool lié à une problématique connue de dépendance chronique à l’alcool
RÉSULTAT ESCOMPTÉ
INTERVENTIONS INFIRMIÈRES ET JUSTIFICATIONS
• Arrêt de la consommation d’alcool
• Établir une relation de conance et d’ouverture avec la cliente an qu’elle se sente à l’aise de discuter de ses problèmes d’alcool. • Inormer la cliente des diverses options de soutien pour les personnes présentant une dépendance à l’alcool (p. ex., des lignes de soutien, Alcooliques Anonymes, un centre de traitement des dépendances, etc.) afn qu’elle choisisse ce qui lui convient le mieux. • Aider la cliente à accéder aux services de son choix afn de s’assurer que son projet ne soit pas compromis par des problèmes d’accès.
PROBLÈME DÉCOULANT DE LA SITUATION DE SANTÉ
Isolement social lié à la aible estime de soi, aux symptômes de la dépression et aux conditions de vie précaires
RÉSULTAT ESCOMPTÉ
INTERVENTIONS INFIRMIÈRES ET JUSTIFICATIONS
• Participation à des activités qui avorisent une vie sociale enrichissante
• Explorer avec la cliente les situations où elle se sentirait à l’aise de socialiser avec d’autres personnes (p. ex., un club de marche, une activité d’artisanat, du bénévolat, etc.) afn de mieux connaître ses goûts et de lui proposer des services en conséquence. • Renseigner la cliente sur les organismes communautaires et les autres ressources disponibles dans son milieu afn de lui permettre de briser son isolement et de rencontrer d’autres personnes. • Orir à la cliente de participer à des groupes de soutien visant à contrer l’isolement social afn de lui permettre de rencontrer d’autres personnes vivant la même problématique qu’elle et d’élaborer des stratégies pour se construire un réseau social. • Proposer des ressources ou organismes (cuisine communautaire, centres de jour, etc.) pour aider la cliente à participer davantage à la vie sociale tout en palliant sa précarité sociale.
PROBLÈME DÉCOULANT DE LA SITUATION DE SANTÉ
Difculté à accomplir ses activités de la vie quotidienne (AVQ) liée à la aible estime de soi et aux symptômes de la dépression
RÉSULTAT ESCOMPTÉ
INTERVENTIONS INFIRMIÈRES ET JUSTIFICATIONS
• Augmentation du sentiment de bienêtre à domicile
• Avec l’accord de la cliente, aire une demande d’auxiliaire amiliale pour l’aider dans ses tâches quotidiennes, le temps qu’elle puisse y parvenir par ellemême. • Aider la cliente à décortiquer en petites étapes son entretien ménager afn qu’elle se sente moins découragée par l’ampleur de la tâche. • Féliciter la cliente pour ses tentatives dans l’accomplissement de ses AVQ et pour chaque tâche accomplie an d’accroître son estime de soi et de avoriser la poursuite de cette démarche.
Chapitre 23 Soins infrmiers et suivis dans la communauté
669
23
PSTI 23.1
Trouble dépressif majeur et trouble d’anxiété généralisée (suite)
PROBLÈME DÉCOULANT DE LA SITUATION DE SANTÉ
Risque d’augmentation des symptômes d’anxiété lié à un diagnostic de trouble anxieux et au retour dans son milieu de vie antérieur à l’hospitalisation
RÉSULTAT ESCOMPTÉ
INTERVENTIONS INFIRMIÈRES ET JUSTIFICATIONS
• Gestion efcace des symptômes d’anxiété
• Aider la cliente à verbaliser son anxiété afn de cerner ce qui la cause et de mieux anticiper les situations anxiogènes. • Évaluer l’efcacité du traitement pharmacologique de la cliente an de s’assurer que le traitement est optimal. • Enseigner à la cliente des techniques de relaxation simples pour l’aider à mieux réagir ace à des stresseurs potentiels. • En collaboration avec la cliente et son médecin traitant, explorer la possibilité de aire une thérapie (notamment la thérapie cognitivocomportementale) afn de permettre à la cliente d’acquérir des outils pour mieux gérer son anxiété. • Déterminer des ressources de soutien pour aciliter la réinsertion de la cliente dans son milieu de vie antérieur.
PROBLÈME DÉCOULANT DE LA SITUATION DE SANTÉ
Faible estime de soi liée aux symptômes dépressis, à la stigmatisation et aux conditions de vie précaires
RÉSULTAT ESCOMPTÉ
INTERVENTIONS INFIRMIÈRES ET JUSTIFICATIONS
• Augmentation de l’estime de soi
• Amener la cliente à reconnaître ses orces, ainsi que des accomplissements passés dont elle est fère afn de l’aider à s’autovaloriser. • Aider la cliente à améliorer son image (p. ex., prendre soin de ses cheveux, voir un dentiste, trouver des vêtements qui lui plaisent à coût abordable, etc.) et à prendre soin de son appartement pour augmenter son estime d’ellemême. • Faire du renforcement positif en félicitant la cliente de ses efforts an de l’aider à s’autovaloriser. • Encourager la cliente à participer à des activités signifcatives (p. ex., aire du bénévolat, marcher pour le cancer, prendre soin d’un animal de compagnie, etc.) pour lui permettre de se sentir valorisée.
a b
Les diagnostics sont posés selon les axes du DSM-IV-TR de l’APA (2004). Le projet de vie est souvent l’étape qui, une fois complétée, aide la personne à donner un sens à sa vie et à s’engager à mettre en place les moyens pour régler ses autres problèmes, qui lui paraîtront alors nuisibles dans la concrétisation de son projet de vie. C’est une approche axée sur la philosophie du rétablissement.
Analyse d’une situation de santé
Jugement clinique
Carl Provost est un jeune homme âgé de 19 ans. Il est schizophrène et habite chez ses parents. Il est traité médicalement avec de la clozapine et de l’aripiprazole. Il est également suivi par une équipe interdisciplinaire et est visité à chaque semaine par une infrmière du CSSS.
vers 3 h de la nuit, il a même rappé son père qui cherchait à le retenir, alors qu’il renversait les meu bles en criant et en blasphémant. Les policiers ont dû le conduire à l’urgence psychiatrique. De retour à la maison, l’infrmière intervenante pivot le ren contre avec ses parents et discute de cet événe ment. Carl dit éprouver de la culpabilité et des remords, et afrme : « Mais je l’aime, mon père. » {
Carl a des hallucinations auditives qui le rendent très anxieux et agressi. En rentrant d’une errance MISE EN ŒUVRE DE LA DÉMARCHE DE SOINS
Collecte des données – Évaluation initiale – Analyse et interprétation 1. Trouvez trois questions à poser pour connaître la cause des récents comportements agressis de Carl. 2. Trouvez deux autres questions à poser pour avoir plus de détails sur les comportements agressis de Carl. 3. L’inirmière demande à Carl ce que les voix qu’il entend lui commandent de aire. Cette question est-elle pertinente ? Justifez votre réponse. 4. Serait-il approprié de demander aux parents de Carl s’ils craignent pour leur sécurité en raison des comportements de leur fls ? Justifez votre réponse.
SOLUTIONNAIRE
5. Quel problème est mis en lumière par les comportements agressis de Carl ?
http://ortinash.cheneliere.ca L’inirmière demande à Carl comment il aimerait qu’on intervienne lorsqu’il présente {
670
Partie 4
Interventions infrmières dans le processus thérapeutique
des comportements agressis dirigés vers les autres. ”
MISE EN ŒUVRE DE LA DÉMARCHE DE SOINS
Planifcation des interventions – Décisions infrmières 6. Est-ce une bonne approche pour Carl ? Justifez votre réponse.
Évaluation des résultats – Évaluation en cours d’évolution 7. Nommez deux points que l’inirmière devrait penser à vériier au cours d’une visite ultérieure chez Carl et ses parents.
APPLICATION DE LA PENSÉE CRITIQUE Dans l’application de la démarche de soins auprès de Carl Provost, l’infrmière a recours à un ensemble d’éléments (connaissances, expériences antérieures, normes institutionnelles ou protocoles, attitudes proessionnelles) pour analyser la situation de santé du client et en comprendre
les enjeux. La FIGURE 23.5 illustre le processus de pensée critique suivi par l’inirmière ain de ormuler son jugement clinique. Elle résume les principaux éléments sur lesquels l’infrmière s’appuie en onction des données de ce client, mais elle n’est pas exhaustive.
VERS UN JUGEMENT CLINIQUE CONNAISSANCES
EXPÉRIENCES
NORMES
ATTITUDES
• Rôle de l’infrmière en psychiatrie communautaire • Constitution et rôles d’une équipe interdiscipli naire en santé mentale • Principaux troubles mentaux rencontrés dans un contexte de santé communautaire • Ressources disponibles dans la communauté • Connaissances juridiques en cas de violence envers autrui • Eets thérapeutiques et indésirables des médicaments psychotropes • Grille du potentiel de dangerosité (Oméga)
• Expérience de travail en psychiatrie • Expérience en santé communautaire • Expérience au sein d’une équipe interdisciplinaire
• Champ d’exercice des diérents intervenants dans une équipe interdisciplinaire • Activité réservée de l’infr mière d’après l’article 36 de la Loi sur les infrmières et infrmiers (évaluer la condition physique et mentale d’une personne symptomatique)
• Être compréhensive ace aux craintes des parents s’ils sentent leur sécurité menacée • Être empathique ace au client en raison de l’anxiété créée par ses hallucinations auditives • Être erme par rapport à la prise régulière de la médication • Être respectueuse en reconnaissant le potentiel du client à garder une certaine maîtrise de la situation
PENSÉE CRITIQUE
ÉVALUATION Prise de la médication antipsychotique Connaissances du client par rapport aux buts de sa médication Contenu des hallucinations auditives Maniestations détaillées de l’agressivité du client Degré d’anxiété lorsque le client a des hallucinations auditives Fréquence des comportements agressifs Sentiments vécus à la suite de l’agression envers son père Stratégies utilisées par le client afn de gérer son trouble Connaissance que le client a des symptômes précoces afn de prévenir les rechutes Consommation d’alcool ou d’autres substances Craintes des parents ace au risque pour leur sécurité physique Connaissances des parents sur les attitudes avorisant la diminution des tensions entre eux et leur fls ainsi que la diminution de l’anxiété chez leur fls • Capacité des parents à communiquer de açon efcace avec leur fls • Attentes des parents envers le client • • • • • • • • • • • •
23
JUGEMENT CLINIQUE FIGURE 23.5
Chapitre 23 Soins infrmiers et suivis dans la communauté
671
À retenir VERSION REPRODUCTIBLE
http://ortinash.cheneliere.ca
• Les programmes communautaires en santé mentale et en psychiatrie constituent des éléments essentiels du traitement des personnes atteintes d’un trouble mental. • L’infrmière collabore souvent avec des équipes interdisciplinaires ou en ait partie.
• L’infrmière joue un rôle important en tant qu’agente de liaison ou intervenante pivot. • Les objectis de la visite à domicile en psychiatrie sont les suivants : 1) évaluer l’environnement du client ; 2) évaluer ses besoins ; 3) l’accompagner dans son traite ment, dont la pharmacothérapie. • Parois, des personnes atteintes de troubles mentaux graves commettent des actes de violence associés à l’oubli de prendre leurs
médicaments, à des antécédents de violence, à du délire paranoïde ou à des hallucinations où la personne reçoit des ordres. • L’infrmière a la responsabilité de s’assurer que les visites au domi cile des clients se assent de açon sécuritaire. • L’intervention interdisciplinaire est une partie incontournable des soins aux personnes sans abri, et trois types d’interventions sont reconnues : l’approche de travail
de proximité (outreach) ; l’ap proche de type suivi systéma tique avec intervenant pivot ; et l’approche de réduction des méaits. • Le taux de suicide élevé en milieu carcéral nécessite une attention particulière de la part de l’infr mière, et toute personne à risque doit être prise en charge en colla boration avec les agents correc tionnels qui ont la responsabilité de la personne.
Ressources VERSION COMPLÈTE ET DÉTAILLÉE
http://ortinash.cheneliere.ca
Références Internet ORGANISMES ET ASSOCIATIONS Agence de la santé publique du Canada www.phac-aspc.gc.ca > Promotion de la santé > Santé mentale > Promotion de la santé mentale > Publications > Développement des capacités communautaires et mobilisation de la communauté pour promouvoir la santé mentale des jeunes Association québécoise pour la réadaptation psychosociale (AQRP) www.aqrp-sm.org > Revue Le Partenaire > Historique Commission de la santé mentale du Canada www.mentalhealthcommission.ca > Initiatives et projets > Chez Soi Infrmiers et infrmières en santé communautaire du Canada www.iiscc.ca > Publications et ressources
672
Partie 4
Institut canadien d’inormation sur la santé www.cihi.ca > Types de soins > Soins communautaires Ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec www.msss.gouv.qc.ca > Ressources / Atlas > Services et ressources > Organismes communautaires Portail Santé Montréal www.santemontreal.qc.ca > Où aller > CLSC Regroupement des ressources alternatives en santé mentale du Québec www.rrasmq.com > Publications et documentation > Gestion autonome de la médication (GAM) > Mon guide personnel, 2002 ORGANISMES GOUVERNEMENTAUX Santé Canada www.hc-sc.gc.ca > Système de soins de santé > Soins à domicile et soins continus > Soins à domicile et soins communautaires Service correctionnel du Canada www.csc-scc.gc.ca > Services de santé > Les soins dans le système correctionnel
Interventions infrmières dans le processus thérapeutique
RÉFÉRENCES GÉNÉRALES Centre hospitalier universitaire de Québec www.chuq.qc.ca > Le CHUQ > Établissements > Centre traitement communautaire Hôpital Louis-H. Laontaine www.hlhl.qc.ca > Hôpital > Intégration sociale > Hôpital > Intégration sociale > Suivi intensi en équipe dans la communauté Infressources www.infressources.ca > Carreour des rubriques > Carreour clinique > Santé communautaire Institut universitaire en santé mentale Douglas www.douglas.qc.ca > La recherche > Groupes et laboratoires > Groupe de recherche Projet Chez Soi > Inos santé mentale > Santé mentale de A-Z > (I) Itinérance et santé mentale > Inos santé mentale > Ressources communautaires > Répertoire de ressources > Le Douglas > CNESM > Suivi intensi en équipe (dans la communauté)
Institut universitaire en santé mentale de Québec www.institutsmq.qc.ca > Soins et services > Soins psychiatriques > Troubles psychotiques > Traitement intensi bre à domicile
Monographies Carroll, G. (2006). Pratiques en santé commu nautaire. Montréal : Chenelière Éducation. Deshaies, C., Bilodeau, H., & Leprohon, J. (2010). L’exercice infrmier en santé communautaire : soutien à domicile (2e éd.). Montréal : OIIQ. Fréchette, L. (2001). La prévention et la promotion en santé mentale : des incontournables en psychologie communautaire, dans F. Duort (dir.), avec la coll. de J. Guay, Agir au cœur
des communautés. Québec : Les Presses de l’Université Laval. Ordre des inrmières et inrmiers du Québec (OIIQ) (2009). La pratique infrmière en santé mentale : une contribution essentielle à consolider. Montréal : OIIQ. www.oiiq.org/uploads/publications/autres_ publications/rapport_octobre2009_v.pd
Articles, rapports et autres Association canadienne de santé publique (ACSP) (2010). La pratique infrmière en santé publique, en santé communautaire au Canada : rôles et activités (4e éd.). www.iiscc.ca/documents/Lapratiqueinrmiereensantepublique-ensantecommunautaireauCanadaRolesetActivites2010.pd
Association des inrmières et inrmiers du Canada (AIIC) (2011). La réduction des méaits et les drogues actuellement illicites : impli cations pour les politiques, la pratique, la ormation et la recherche en soins infrmiers. www2.cna-aiic.ca/CNA/documents/pd/ publications/Harm_Reduction_2011_.pd Laperrière, H. (2006). Réfexion sur la pratique inrmière avancée en soins communautaires dans le contexte de vulnérabilité. L’infrmière clinicienne, 3(1). Ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) (2011). Orientations relatives à l’orga nisation des soins et des services oerts à la clientèle adulte par les équipes en santé mentale de première ligne en CSSS : la orce des liens. http://publications.msss.gouv.qc.ca/acrobat// documentation/2011/11-914-01F.pd
23
Chapitre 23 Soins infrmiers et suivis dans la communauté
673
PARTIE
Interventions infrmières auprès des clientèles spécifques CHAPITRE 24
Comorbidité et clients atteints de troubles concomitants 676 CHAPITRE 25
Enfants et adolescents 702 CHAPITRE 26
Personnes âgées 738
chAPITRE
Comorbidité et clients atteints de troubles concomitants
Écrit par : Ruth N Grendell, DNSc, RN Adapté par : Mathieu Goyette, Ph D (psychologie) Sarah FillionBilodeau, M Ps, Ph D (c) MarcAndré Sirois, inf, B Sc
Guide d’études – RE18
OBJECTIFS
Après avoir étudié ce chapitre, vous devriez être en mesure : ■
■
de décrire l’évolution de la conceptualisation des troubles comorbides et concomitants ; de distinguer les termes suivants : troubles comorbides, double diagnostic, troubles concomitants, trouble induit par une substance ou dû à une affection médicale générale, problème associé de santé mentale ou lié à une substance et combinaison d’un trouble et d’un problème psycho social ou environnemental associé ;
676
Partie 5
■
■
■
d’émettre des hypothèses cliniques quant à l’apparition et au maintien de troubles comorbides et concomitants ; d’expliquer différentes combinaisons de troubles comorbides et concomi tants et les interventions infirmières spécifiques qui s’y appliquent ; d’appliquer les notions de soutien et de traitement intégrés ainsi que de démarche holistique des soins auprès de clients atteints de troubles comorbides et concomitants ;
Interventions infrmières auprès des clientèles spécifques
■
■
■
de reconnaître les relations possibles entre le virus de l’immunodéficience humaine/syndrome d’immunodéficience acquise et les troubles mentaux ; d’appliquer la démarche de soins aux clients atteints du virus de l’immuno déficience humaine/syndrome d’immuno déficience acquise et d’un trouble mental ; d’élaborer un plan de soins et de traitements infirmiers destiné aux clients atteints de troubles anxieux et liés à une substance
Concepts clés
Cette carte conceptuelle illustre schématiquement les principaux concepts décrits dans le présent chapitre Sa lecture vous permettra d’avoir une vue d’ensemble des notions qui y sont présentées
selon modèles
distinguer
inclut
24
Chapitre 24 Comorbidité et clients atteints de troubles concomitants
677
PORTRAIT
Éric Boulay Éric Boulay, âgé de 27 ans, se présente à l’urgence d’un centre hospitalier. Il se montre légèrement agité et désorganisé dans la salle d’attente. Il est possible de percevoir le malaise des autres clients, mais également des membres du personnel. Monsieur Boulay arme être venu à l’urgence en raison d’une douleur importante au bras. L’inrmière relève à son dossier médical qu’il est sans domicile xe et qu’il a été hospitalisé il y a deux ans, en psychiatrie, en lien avec un épisode psychotique. Monsieur Boulay a un long historique de demandes de soins et de renvois entre l’urgence du centre hospitalier, un centre de réadaptation en dépendance et des ressources communautaires. Ses problèmes de santé mentale, sa consommation de substances psychoactives et son incapacité à conserver un logement apparaissent associés. Les établissements où le client a reçu des services semblent avoir travaillé de açon isolée et l’ont dirigé vers d’autres établissements lorsqu’un trouble devenait plus marquant et semblait limiter ses progrès. Par exemple, un organisme communautaire lui demandait de « régler » sa consommation avant de poursuivre sa participation. Durant l’évaluation au triage, après avoir pris connaissance du dossier, l’inrmière observe que l’attitude du client est méante et que son discours comporte des éléments délirants. Lorsque monsieur Boulay présente son avant-bras, l’inrmière observe des plaies inectées associées à l’usage de drogues par injection. Elle propose qu’il soit admis pour un séjour de courte durée en psychiatrie. Après avoir vociéré certains propos décousus, monsieur Boulay prend ses eets personnels, puis décide de quitter promptement l’urgence.
24.1
Caractéristiques générales
Les chapitres antérieurs ont présenté isolément plusieurs troubles mentaux pour lesquels les inrmières sont appelées à intervenir, de la prévention à la réduction des méaits associés à ceux-ci. Qu’advient-il lorsqu’un client a simultanément plusieurs problèmes de santé qui paraissent associés quant à leurs maniestations ou à leur maintien, soit lorsqu’il est atteint de troubles comorbides ou de troubles concomitants (ou cooccurrents) ?
des problématiques (c.-à-d. des troubles mentaux, des maladies physiques, etc.), ainsi que l’intensité et les conséquences des maniestations respectives et combinées des troubles mentaux. L’inrmière possède une bonne capacité d’intégration et d’élaboration de plan de soins et de traitements inrmiers (PSTI) pour composer avec cette grande variabilité : il n’existe pas d’intervention toute aite pour aire ace à l’étendue des possibilités. L’organisation des services en santé mentale, en dépendance et en santé physique s’est structurée de açon compartimentée au Québec, comme dans la plupart des régions du monde (Faulkner & Biddle, 2002 ; Fleury, Perreault & Grenier, 2012 ; Rush & Nadeau, 2012). Cette organisation des soins a eu pour avantage d’orir des services spécialisés de qualité et de mettre en œuvre des pratiques de pointe pour les clients ayant un trouble isolé. L’organisation et la trajectoire des soins suggèrent, du moins implicitement, que les clients devraient correspondre à un « cas type » au moment de leur admission an qu’ils puissent répondre de açon optimale au traitement classique proposé (Mueser, Noordsy, Drake et al., 2001). Ce modèle ne permet cependant pas de répondre aussi bien aux besoins de prise en charge des clients atteints de plusieurs troubles, qui sont pourtant présents en grand nombre dans les services de santé (Fleury et al., 2012 ; Rush & Nadeau, 2012). L’interdépendance entre les problèmes limite la capacité des clients à améliorer leur état de santé, leur degré de onctionnement et leur bien-être général. Plus qu’une simple addition de troubles et de symptômes, les troubles comorbides et concomitants répondent à une logique multiplicative, soit une synergie où les deux troubles combinés sont plus que la somme de leurs parties (Nadeau, 2001). Conséquemment, les inrmières doivent parois composer dans ces cas avec de orts sentiments d’impuissance, de rustration ou d’incompétence et avec de l’épuisement (Duhamel & Lallemand, 2001). Ce chapitre plus particulier refète l’étendue et la complexité que peuvent prendre les troubles comorbides et concomitants. Chaque combinaison possible, au même titre que chaque catégorie de troubles, mériterait sa place dans cet ouvrage. Par nécessité de synthèse, le présent chapitre regroupe l’ensemble des troubles comorbides et concomitants par catégories.
24.1.1
Défnitions des termes et des concepts
Les clients atteints de troubles comorbides ou concomitants présentent des tableaux cliniques comPlus qu’une simple addition de troubles plexes. Ces tableaux cliet de symptômes, les troubles comor niques comportent une bides et concomitants répondent à une grande étendue de variation logique multiplicative, soit une synergie selon le degré d’association où les deux troubles combinés sont plus entre les troubles, leur chroque la somme de leurs parties. nicité respective, la nature
678
Partie 5
Interventions infrmières auprès des clientèles spécifques
Il importe de dénir et de distinguer les termes associés aux troubles comorbides et concomitants : troubles comorbides, double diagnostic, troubles concomitants, trouble induit, problème associé de santé
mentale ou lié à une substance et combinaison d’un trouble et d’un problème psychosocial ou environnemental associé. La tâche n’est pas aisée puisque la terminologie utilisée évolue constamment et tend à varier selon les champs d’activités (Valderas, Stareld, Sibbald et al., 2009). Fillion-Bilodeau et ses collaborateurs (2012) ont réféchi à la question et tenté de départager les termes existants. Leur conceptualisation est retenue puisqu’elle s’appuie sur celle proposée par Santé Canada (2002a) et respecte celle d’ouvrages nosologiques psychiatriques actuels. Cette conceptualisation s’étend dans le présent chapitre à l’ensemble des troubles mentaux, physiques et liés à une substance.
Troubles comorbides La comorbidité consiste en la présence de deux troubles ou plus dans une période de temps dénie, dont l’étiologie et le développement peuvent être associés ou indépendants (Valderas et al., 2009). Le terme double diagnostic est également utilisé de açon similaire lorsqu’il est question d’une présence simultanée d’un premier trouble de santé mentale et d’un autre trouble mental, d’un trouble lié à une substance ou d’une décience intellectuelle (Centre de toxicomanie et de santé mentale [CAMH], 2011). Bien qu’il soit présent dans la documentation scientiique, le terme double diagnostic est critiqué dans la mesure où il se limite à deux troubles, alors qu’il est également possible d’observer la présence de trois troubles ou plus chez un même client (Krueger & Markon, 2006 ; Smith & Morris, 2010). Le terme comorbidité peut renvoyer soit à la présence d’un historique de troubles mentaux multiples (comorbidité longitudinale), soit à la présence d’au moins deux diagnostics au tableau clinique actuel (comorbidité transversale), ce qui signie que les symptômes des diérents troubles coexistent en même temps chez la personne (Bourgeois, 2004). Cette dernière conceptualisation est privilégiée puisqu’elle ait davantage état de la complexité clinique avec laquelle les inrmières doivent apprendre à composer, alors que la seconde dépend plus de questions relevant des domaines de l’étiologie et de l’épidémiologie. Ainsi, il n’est pas question de troubles comorbides, par exemple, dans le cas d’une cliente ayant un historique de trouble des conduites alimentaires s’étant résorbé, chez qui un trouble bipolaire serait diagnostiqué par la suite. Le concept de comorbidité englobe la combinaison de troubles de santé mentale et physique, mais également les troubles concomitants, c’est-à-dire liés à une substance. Un client ayant une atteinte prérontale ainsi qu’un état de stress post-traumatique à la suite d’un accident routier illustre des troubles comorbides.
Troubles concomitants Les troubles concomitants, ou cooccurrents (en anglais co-occurring disorder), consistent en la présence simultanée, chez une même personne, de deux ou de plusieurs troubles dont au moins un est lié à une substance (Fillion-Bilodeau, Nadeau & Landry 2012 ; Santé Canada, 2002a). Une cliente atteinte d’un trouble de la personnalité limite et d’une dépendance à l’héroïne constitue un cas de troubles concomitants. Alors que le jeu pathologique est considéré par certains comme un trouble lié à une substance (CAMH, 2011 ; Comité permanent sur les troubles concomitants, 2005), il relève pour d’autres d’un trouble du contrôle des impulsions (American Psychiatric Association [APA], 2003 ; Fillion-Bilodeau et al., 2012).
Trouble induit par une substance ou dû à une affection médicale générale Le trouble induit par une substance et le trouble dû à une aection médicale générale sont des troubles à part entière du DSM-IV-TR. Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux, 4e édition révisée devant aire l’objet d’un diagnostic diérentiel (APA, 2003 ; First, Frances & Pincus, 1999). La présence et la direction du lien de causalité sont établies entre deux troubles. Il est à noter que cette relation s’avère souvent dicile à déterminer, plus particulièrement lorsque les deux troubles présentent une chronicité ou lorsque les clients maintiennent leur consommation. Contrairement aux clients atteints de troubles comorbides ou concomitants, le traitement de la consommation ou de l’aection médicale est généralement susant pour améliorer de açon signicative le trouble mental induit chez les clients ayant ces types de troubles. Le trouble induit par une substance apparaît généralement dans les contextes d’intoxication ou de sevrage, mais il peut également persister après ces stades. Un client peut avoir une dysonction sexuelle durant l’intoxication à la cocaïne, mais la consommation de cocaïne sur une période prolongée pourrait, même après un sevrage, être telle que le trouble persiste. An de soutenir le lien de causalité, l’ordre d’apparition doit être tel que le trouble lié à une substance précède l’apparition du second trouble, que celui-ci apparaisse au même moment ou dans les quatre semaines suivant l’intoxication ou le sevrage et qu’il ne persiste généralement pas au-delà d’une courte période de temps après l’arrêt de la consommation (c.-à-d. environ un mois, selon la demi-vie de la substance). Les symptômes du second trouble doivent également dépasser ceux généralement attendus dans le cas d’une intoxication ou d’un sevrage. D’autres caractéristiques appuyant ce diagnostic doivent être prises en considération au moment de l’évaluation, à savoir des maniestations et une période Chapitre 24 Comorbidité et clients atteints de troubles concomitants
24
679
d’apparition atypiques du second trouble, ainsi qu’une concordance entre la substance consommée et les maniestations du second trouble. La présence d’épisodes antérieurs du second trouble, hors des épisodes de consommation et de sevrage, est un élément allant à l’encontre d’un diagnostic de trouble induit par une substance (APA, 2003).
Prodrome (ou stade prodromique) : Signe avant-coureur d’une maladie qui précède l’apparition d’un trouble.
Le trouble dû à une aection médicale générale suit une logique similaire à celle du trouble induit par une substance. Le trouble doit être directement induit par les conséquences physiologiques de l’aection médicale enregistrée à l’axe III du système multiaxial du DSM-IV-TR. Ce lien de causalité doit être soutenu par l’historique médical du client, l’examen médical ou des analyses en laboratoire. Le lien causal n’est pas acile à établir dans la mesure où certains symptômes d’un trouble mental représentent parois un prodrome (ou stade prodromique) de l’aection médicale (APA, 2003). Par exemple, des symptômes psychiatriques s’apparentant à un trouble de l’humeur se maniestent souvent avant l’apparition d’une démence.
Problème associé de santé mentale ou lié à une substance Ce problème consiste en la présence, chez un client atteint d’un trouble de santé mentale diagnostiqué, de symptômes d’un autre trouble mental ou lié à une substance qui engendrent une sourance ou des dicultés de onctionnement, mais qui n’atteignent pas le seuil clinique (Fillion-Bilodeau et al., 2012 ; Rush & Nadeau, 2012 ; Santé Canada, 2002a). Le seuil clinique n’est pas atteint puisque, bien qu’ils aient des conséquences néastes, les symptômes maniestés par un client ne sont pas présents en nombre, en intensité ou en durée susants pour consister en un trouble. C’est le cas d’un client présentant des symptômes des registres anxieux et dépressis en plus d’un autre trouble ou encore d’un client ayant une dépendance à une substance et des traits d’un trouble de la personnalité. L’inrmière porte une attention particulière à ce type de problèmes étant donné leur interaction avec le trouble mental, leur eet délétère sur le client et la possibilité qu’un problème non traité devienne un trouble mental à part entière (Fillion-Bilodeau et al., 2012 ; Rush & Nadeau, 2012).
Combinaison d’un trouble et d’un problème psychosocial ou environnemental associé La combinaison d’un trouble de santé et d’un problème psychosocial ou environnemental associé peut se présenter de açon similaire à des troubles comorbides ou concomitants. Ce type de problème, qui relève de l’axe IV du DSM-IV-TR, est considéré an d’orir une démarche de soins qui correspond à la réalité du client. Il peut aire l’objet en soi d’une intervention, plus particulièrement lorsque l’inrmière travaille en prévention. De ait, ces problèmes peuvent
680
Partie 5
Interventions infrmières auprès des clientèles spécifques
avoir un ort impact sur l’apparition et le maintien d’un trouble mental ou être infuencés par ce dernier. La délinquance, l’absence de soutien social et l’itinérance ne sont que quelques maniestations que peuvent prendre ce type de problèmes. La « complexité du client », qui comprend les éléments socioéconomiques, culturels, environnementaux et comportementaux du client ne relevant pas de la santé, est un terme relevé depuis peu dans la documentation scientique (Nardi, Scanelli, Corrao et al., 2007 ; Staord, Allison & Kiee, 2007 ; Valderas et al., 2009). Ce type de problème souligne également l’importance d’adopter une approche holistique.
24.2
Étiologie et interdépendance des manifestations
24.2.1
Étiologie générale
Des modèles théoriques ont été conçus an d’expliquer l’apparition et le maintien des troubles comorbides et concomitants (Fillion-Bilodeau et al., 2012 ; Krueger & Markon, 2006 ; Valderas et al., 2009). Certains modèles regroupés par Klein et Riso (1993) et par Neale et Kendler (1995) sont présentés ici. Aucun modèle ne permet à lui seul d’expliquer l’ensemble des troubles comorbides et concomitants. L’inrmière peut garder ces modèles à l’esprit an de ormuler des hypothèses propres à chaque client qu’elle évalue. Le modèle de la causalité directe ou indirecte propose qu’un premier trouble cause le second (Fillion-Bilodeau et al., 2012 ; Krueger & Markon, 2006 ; Valderas et al., 2009). Cette relation causale peut être unidirectionnelle ou bidirectionnelle et ne repose pas sur des acteurs de risque sousjacents. Par exemple, le trouble lié à une substance peut être le résultat d’un problème de santé mentale. Dans un premier temps, le client utilise la substance comme mécanisme d’adaptation an de composer avec sa sourance (causalité directe) ou avec les conséquences occasionnées par le trouble mental (causalité indirecte). La consommation, utilisée au détriment d’autres mécanismes d’adaptation, s’instaure progressivement comme une habitude qui aboutit à une dépendance à la substance. À l’inverse, une dépendance à une substance, sur une période de temps prolongée, pourrait induire des dysonctions du système neurologique (causalité directe et trouble induit) ou du onctionnement de la personne (causalité indirecte) à même de générer un trouble mental FIGURE 24.1. Le modèle des acteurs de risque associés postule la présence de acteurs de risque sous-jacents d’ordre génétique, développemental ou environnemental (p. ex., un traumatisme, la recherche de sensations ortes, un style d’attachement
dysonctionnel) (Fillion-Bilodeau et al., 2012 ; Krueger & Markon, 2006 ; Valderas et al., 2009). Ces acteurs de risque sont généralement associés. Le premier acteur de risque cause le premier trouble, le second acteur de risque, le second trouble. Par exemple, un client victime de négligence durant son développement sur une période de temps prolongée pourrait développer un style d’attachement désorganisé ainsi qu’une diculté à réguler ses aects. La première conséquence pourrait générer l’apparition d’un trouble de la personnalité à l’âge adulte, alors que le second pourrait avoriser l’émergence d’un trouble de l’humeur FIGURE 24.2. Enn, le modèle de l’indépendance étiologique et du maintien réciproque propose l’apparition indépendante et le maintien des deux troubles (Fillion-Bilodeau et al., 2012 ; Krueger & Markon, 2006 ; Valderas et al., 2009). Cependant, une ois les deux troubles acquis, leur présence combinée contribue à leur maintien réciproque. Par exemple, une cliente a été atteinte au cours des années d’un trouble dépressi majeur et d’une phobie sociale. D’une part, l’isolement social et l’étendue limitée d’activités découlant de la phobie sociale maintiennent les symptômes du trouble de l’humeur chez cette cliente. D’autre part, le manque d’intérêt et de motivation ainsi que le sentiment de dévalorisation découlant du trouble dépressi majeur peuvent limiter grandement la capacité de la cliente à composer avec sa phobie sociale et à aller au-devant de sa crainte du jugement des autres FIGURE 24.3.
24.2.2
Interdépendance des manifestations
Chez les clients atteints de troubles comorbides et concomitants, les maniestations de chacun des troubles peuvent s’infuencer mutuellement de açon à altérer la présentation du portrait clinique. Par exemple, dans le cas d’un trouble lié à une substance et d’un trouble mental, le premier peut aggraver, masquer ou imiter le second. Une rechute de la consommation peut être associée à une recrudescence des symptômes du trouble mental, et viceversa (CAMH, 2011). L’inrmière émet des hypothèses quant à l’étiologie et à l’infuence des maniestations an d’estimer la trajectoire des clients et d’adapter la démarche de soins. Par exemple, si la consommation de cannabis d’un client permet de diminuer ses symptômes anxieux, il pourrait bénécier d’une psychoéducation portant sur cette association et mettre au point des stratégies de gestion de l’anxiété an de aire ace à l’augmentation possible des symptômes au moment du sevrage. Si l’inrmière croit qu’un trouble dépressi majeur s’additionne à un trouble de la personnalité narcissique à la suite d’un échec amoureux ou proessionnel, il est possible d’entrevoir que la diminution des symptômes dépressis
A Trouble 1
Trouble 2
A Causalité directe B Causalité indirecte
B Diminution du niveau de fonctionnement FIGURE 24.1 Causalité directe ou indirecte
Facteur de risque 1
Facteur de risque 2
Trouble 1
Trouble 2
FIGURE 24.2 Facteurs de risque associés
Facteur de risque 1
Facteur de risque 2
Trouble 1
Trouble 2
FIGURE 24.3
Indépendance étiologique et maintien réciproque
consécutis à des réussites importantes pourra s’accompagner d’une plus grande maniestation du trouble de la personnalité et d’une attitude de susance ou de critique concernant les soins oerts.
24.3
Description clinique et fréquence observée des combinaisons de troubles comorbides et concomitants
24.3.1
Combinaisons de plusieurs troubles mentaux et exemples
24
Il aut rappeler que chaque trouble peut être présent dans une enêtre temporelle séparée et distale (comorbidité longitudinale) ou contiguë et proximale (comorbidité transversale). Même si la Chapitre 24 Comorbidité et clients atteints de troubles concomitants
681
seconde utilisation du des interactions connues : Les personnes qui présentent une comor terme est retenue, il s’avère c’est ce que signife l’intébidité sont celles qui consultent le plus. gration des soins. essentiel d’avoir en tête l’historique du client en matière de santé mentale, car la présence de trou- Combinaisons fréquentes bles passés doit absolument être considérée dans Les taux de comorbidité sont probablement plus les interventions. Par exemple, chez une cliente élevés chez les personnes qui recherchent des soins atteinte de dépression majeure, une diminution de au sein des services de santé mentale que dans la l’alimentation pourrait être considérée comme la population générale. Les données québécoises porconséquence d’un symptôme dépressi (c.-à-d. une tant sur l’utilisation des services en santé mentale perte d’appétit), mais si cette cliente a une histoire indiquent que les personnes qui présentent une de trouble des conduites alimentaires, l’infrmière comorbidité sont celles qui consultent le plus sera plus aux aguets par rapport à ce symptôme qui (Lesage, Rhéaume & Vasiliadis, 2008). Par exemple, pourrait laisser présager la réapparition de ce en 2002, 21,3 % des clients ayant reçu un diagnostic trouble. Il est ainsi primordial de connaître l’ensemble unique de trouble anxieux et 48,7 % des personnes du dossier d’un client, y compris ses antécédents ayant un diagnostic unique de dépression ont psychiatriques, afn d’intervenir adéquatement, car consulté au moins une ressource du système de les diérents troubles ne peuvent être traités santé, alors que cette proportion s’élevait à 70,6 % indépendamment, et ce, même s’ils surviennent à chez les personnes présentant une comorbidité de diverses périodes dans la vie d’une personne. trouble anxieux et de trouble de l’humeur (Lesage et al., 2008).
Description clinique générale
Les mécanismes qui unissent les diérents troubles mentaux sont généralement étudiés de açon propre à chaque combinaison possible. Les troubles mentaux interagissent entre eux de diverses açons. La présence d’un premier trouble peut précipiter l’apparition (sans touteois en être la cause), contribuer au maintien ou encore aggraver les symptômes d’un second trouble. Par exemple, la présence de troubles anxieux augmente le risque de suicide chez les clients atteints d’un trouble bipolaire (Lee & Dunner, 2008 ; Nakagawa, Grunebaum, Sullivan et al., 2008). La comorbidité avec un trouble anxieux est donc un acteur à prendre en considération dans l’évaluation du risque suicidaire de la clientèle atteinte d’un trouble bipolaire. Les symptômes d’un premier trouble peuvent également masquer ceux d’un second trouble. Le traitement du premier trouble peut ainsi se solder par l’apparition des symptômes du second trouble. Par exemple, chez les clients hospitalisés pour un trouble psychotique, il serait pertinent d’évaluer à nouveau la présence de symptômes anxieux après que les symptômes psychotiques aient été stabilisés, car il serait alors plus acile de les diérencier (Achim, Maziade, Raymond et al., 2011). Dans certains cas, le traitement d’un trouble peut entraîner une amélioration d’autres troubles. Il semble que le traitement du trouble de déicit de l’attention/ hyperactivité (TDA/H) contribue à diminuer l’anxiété, de même que certaines ormes de dépression (National Institute o Mental Health [NIMH], 2008). En résumé, l’infrmière demeure alerte quant aux interactions possibles entre les troubles mentaux, et elle conçoit sa démarche de soins afn de prévoir les eets du traitement d’un trouble sur l’autre, de prioriser certaines cibles de traitement en onction
682
Partie 5
Interventions infrmières auprès des clientèles spécifques
Troubles anxieux et troubles de l’humeur Les données canadiennes indiquent que 29,2 % des personnes atteintes d’un trouble anxieux (dans l’année précédente) répondent également aux critères d’un trouble dépressi majeur et que 9,6 % satisont aux critères d’un épisode maniaque (Aff, Cox & Sareen, 2010). Le moti de consultation est plus souvent le trouble de l’humeur, alors que le trouble anxieux demeure souvent non décelé. Pourtant, il semble que les troubles anxieux précèdent souvent les troubles de l’humeur, et leur traitement pourrait même constituer une orme de prévention pour plusieurs autres troubles (Aff et al., 2010). L’infrmière décèle les indicateurs de troubles anxieux en présence d’un trouble de l’humeur. La présence combinée de troubles anxieux et dépressis majeurs augmente le risque de passage à l’acte suicidaire (Keller & Hanks, 1995 ; Mineka, Watson & Clark, 1998). L’infrmière considère donc la présence de troubles comorbides de ce registre comme un acteur supplémentaire dans l’évaluation du risque suicidaire. Certaines médications telles que les antidépresseurs de la catégorie des inhibiteurs sélectis du recaptage de la sérotonine, pouvant être prescrites dans les cas de comorbidité du registre anxiodépressi, pourraient être associées à un risque accru d’idéations et de comportements suicidaires (Santé Canada, 2004 ; U.S. Food and Drug Administration, 2007). Il est donc crucial de considérer cet aspect dans la démarche de soins.
Troubles psychotiques Les symptômes anxieux et dépressis sont très réquents chez les personnes atteintes de schizophrénie (Buckley, Miller, Lehrer et al., 2009). Il semble touteois que le diagnostic de schizophrénie évacue les autres diagnostics. Dans plusieurs cas, la présence d’anxiété ou de dépression est considérée
l’inrmière devra être parcomme aisant partie intéLa présence combinée de troubles anxieux grante du trouble psychoticulièrement alerte quant et dépressifs majeurs augmente le risque tique ou y étant amalgamée aux comportements suicide passage à l’acte suicidaire. (p. ex., dans le cas d’un daires. Sur le plan du traitrouble schizoaecti). Une tement de la dépression, la meilleure reconnaissance des troubles comorbides présence d’un trouble de la personnalité est assoà la schizophrénie peut améliorer le traitement ciée notamment à des hospitalisations plus ré(Green, Canuso, Brenner et al., 2003). Par exemple, quentes, à un succès pharmacologique diminué la présence d’un trouble dépressi majeur est asso- (Rimlinger, 2010) et à la persistance du trouble ciée à un risque accru de suicide, ce qui devrait dépressi majeur malgré le traitement (Newtondonc orienter le traitement vers une meilleure pré- Howes, Tyrer & Johnson, 2006 ; Skodol, Grilo, Keyes vention (Green et al., 2003). De même, la présence et al., 2011). Il est donc ortement recommandé que simultanée d’un trouble dépressi majeur pourrait le trouble de la personnalité soit considéré par infuer sur le choix de la médication antipsycho- l’inrmière dans le PSTI, qui pourrait, par exemple, tique à préconiser (Möller, 2008). inclure une psychothérapie avec un clinicien spécialisé auprès de cette clientèle TABLEAU 24.1.
Troubles de la personnalité
Les troubles de la personnalité coexistent réquemment avec des troubles de l’axe I du DSM-IV-TR et en complexient le traitement (Stevenson, Brodaty, Boyce et al., 2011). La présence de troubles comorbides (p. ex., le trouble dépressi majeur) complique le diagnostic du trouble de la personnalité limite, étant donné que les symptômes des autres troubles se conondent avec ceux du trouble de la personnalité, qui demeure souvent non diagnostiqué (NIMH, 2012). Les clients qui en sont atteints ne recherchent pas de services en santé mentale à moins qu’ils aient un autre trouble mental qui génère de la sourance ou qui s’inscrit en rupture avec leur identité, ou encore qu’un proche les pousse à consulter (Tredget, 2001). Puisque la présence d’un trouble de la personnalité sous-jacent assombrit le pronostic et augmente la probabilité d’une nouvelle hospitalisation, l’inrmière demeure attentive à ses maniestations (p. ex., un mode relationnel inadapté, de l’instabilité). En plus des troubles comorbides, les troubles de la personnalité comportent plusieurs conséquences psychosociales associées que l’inrmière garde à l’esprit telles que la consommation de substances, la violence conjugale, les mauvais traitements envers les enants, les dicultés proessionnelles, le suicide et la participation à des jeux de hasard et d’argent, en plus d’être liés à des relations amiliales tendues (Santé Canada, 2002b).
Troubles de la personnalité et troubles de l’humeur Il semble que de 35 à 65 % des clients ayant un épisode de dépression majeure seraient également atteints d’un trouble de la personnalité (Rosenbluth, MacQueen, McLntyre et al., 2012). Cette comorbidité ore un intérêt clinique particulier puisqu’en présence d’un trouble de la personnalité, les symptômes dépressis seraient plus nombreux et plus intenses, et il y aurait davantage d’idées suicidaires et de passages à l’acte (Rimlinger, 2010). Ainsi, dans le cas d’un trouble de la personnalité comorbide,
24.3.2
Troubles concomitants et exemples
Description clinique Plus les clients cumulent des comportements à risque tels que le tabagisme, la consommation de drogues et d’alcool ainsi que la participation à des jeux de hasard et d’argent, plus leur stress quotidien et leur détresse psychologique sont élevés et plus ils se disent insatisaits de leur vie, d’eux-mêmes et de leurs relations (Nanhou & Audet, 2012). En présence de troubles concomitants, les clients éprouvent généralement plus de dicultés relativement à leur démarche de soins ainsi que des problèmes psychosociaux et environnementaux associés (O’Grady & Skinner, 2007 ; Rush & Nadeau, 2012) ENCADRÉ 24.1. Les causes et les trajectoires possibles sont multiples (Falk, Yi & Hilton, 2008). Par exemple, de açon générale, l’abus d’alcool précède le trouble d’anxiété généralisée, le trouble panique avec agoraphobie, les troubles dépressis majeurs et dysthymiques, il coïncide avec le premier épisode maniaque et succède aux phobies spéciques et sociales. De açon similaire, la dépendance à l’alcool précède le trouble d’anxiété généralisée et le trouble panique avec agoraphobie, elle coïncide avec le trouble dysthymique, le trouble dépressi majeur ainsi que le premier épisode maniaque et succède aux phobies sociales et spéciques. Les troubles mentaux, du moins les troubles de l’humeur et anxieux, sont la plupart du temps indépendants du trouble lié à une substance (Grant, Stinson, Dawson et al., 2004).
24
D’une part, la précocité de l’amorce de la consommation de substances psychoactives (tabac, alcool, drogues) chez les clients aux prises avec un trouble lié à une substance est associée à l’apparition ultérieure d’un trouble mental (Rosenthal, Nunes & Le Fauve, 2012). D’autre part, la sévérité du trouble lié à une substance et le type de substances consommées augmentent le risque d’être atteint d’un trouble mental (Rosenthal et al., 2012). Chapitre 24 Comorbidité et clients atteints de troubles concomitants
683
Pratiques infrmières suggérées TABLEAU 24.1
Accompagner un client atteint d’un trouble de la personnalité et d’un autre trouble mental
INTERVENTIONS
JUSTIFICATIONS
• Évaluer le risque suicidaire, d’automutilation et d’hétéroagressivité.
Le client atteint d’un trouble de la personnalité et d’un trouble de l’axe I est plus à risque de comportements suicidaires. Des acteurs de risque historiques (p. ex., des tentatives antérieures) et des idéations suicidaires persistantes peuvent être présents sans qu’il y ait nécessairement une urgence suicidaire.
• Établir avec le client un plan de gestion de crise. Composer avec la présence d’un risque chronique, sans urgence ou crise suicidaire actuelle. • Être attentive à la maniestation de troubles de l’axe I chez les personnes atteintes d’un trouble de la personnalité, et vice-versa.
Il y a une association réquente entre les troubles de la personnalité et les troubles de l’axe I. Les maniestations des troubles de l’axe I peuvent prendre une coloration diérente ou s’inscrire moins en rupture avec le onctionnement normal que chez un client sans trouble de la personnalité. Et vice-versa, en présence d’un trouble de l’axe I qui cause une grande sourance et mène le client à consulter, le trouble de la personnalité peut passer inaperçu et infuer ortement sur le pronostic.
• Clarier les demandes des clients, les rôles respectis et les limites des cliniciens ainsi que le cadre de onctionnement des services.
Le client atteint d’un trouble de la personnalité et recevant des soins de divers milieux et cliniciens peut éprouver des dicultés à composer avec le manque de cohérence. Une constance et une direction quant aux soins oerts doivent être établies entre les cliniciens.
• Responsabiliser le client par rapport à ses attitudes et comportements. • Échanger de l’inormation avec les autres cliniciens. • Viser une amélioration générale du onctionnement ainsi que du trouble de la personnalité et considérer le trouble mental comme s’inscrivant dans celui-ci.
ENCADRÉ 24.1
Alors que le rétablissement du trouble de l’axe I peut donner lieu à une maniestation plus claire du trouble de la personnalité, l’amélioration de celui-ci s’accompagne d’une amélioration du trouble de l’axe I.
Difcultés réquentes chez les clients atteints de troubles concomitants
• Intensité des symptômes du trouble mental
• Dicultés amiliales
• Sensibilité à l’eet des substances
• Confits interpersonnels et comportements agressis
• Arrêt prématuré des soins
• Comportements violents en situation de crise
• Rechute et réhospitalisation
• Incarcération
• Problèmes de santé physique
• Inections transmissibles sexuellement et par le sang ([ITSS]: virus de l’immunodécience humaine [VIH], hépatites B [VHB] ou C [VHC])
• Jugement de la part des autres • Dicultés nancières • Précarité du logement
• Idéations et comportements suicidaires
Le dépistage des troubles liés à une substance représente un déi pour les inirmières de première ligne puisque les clients sont parois mal à l’aise de dévoiler un problème de consommation. La Substance Abuse and Mental Health Services Administration (SAMHSA) (2006) a déterJérôme Lacoursière, âgé de 20 ans, est atteint de miné des signes plus subschizophrénie avec hallucinations auditives. Son colocataire a remarqué que sa consommation de tils pouvant laisser présager cannabis augmente, surtout en soirée, et est convaincu la pré sence de troubles qu’il a acquis une dépendance à cette substance. concomitants ENCADRÉ 24.2. Ces signes sont non exhausQu’est-ce qui pourrait expliquer l’augmentation de la tis et peuvent relever d’un consommation de cannabis de monsieur Lacoursière ? autre trouble.
Jugement clinique
684
Partie 5
Interventions infrmières auprès des clientèles spécifques
Combinaisons réquentes Tous les troubles de santé mentale peuvent être associés à un trouble lié à une substance (Santé Canada, 2002a). La prévalence varie grandement selon le milieu de travail des infrmières. Il y a moins de cas de troubles concomitants dans la population générale que dans des centres de soins psychiatriques, et les centres de réadaptation en dépendance sont les milieux où ils sont plus réquents (Fillion-Bilodeau et al., 2012 ; Fleury et al., 2012 ; Flynn & Brown, 2008). Les troubles liés à une substance s’associent également à des troubles de santé physique, notamment chez les clients atteints de douleurs chroniques (Morasco, Gritzner, Lewis et al., 2011). Cette situation est complexe puisqu’elle limite l’utilisation de certains médicaments visant à soulager la douleur. Les clients atteints d’un trouble psychotique consomment réquemment du tabac et du cannabis (George et Blank, 2009). La consommation de celui-ci représenterait un acteur de risque d’apparition d’un trouble psychotique chez certains clients ayant une vulnérabilité génétique (Caspi, Moitt, Cannon et al., 2005). Par ailleurs, la consommation de tabac permettrait aux clients de diminuer certains eets secondaires (p. ex., la rigidité musculaire) associés à la prise d’antipsychotiques ainsi que les symptômes cognitis du trouble (p. ex., des atteintes de la mémoire, de l’attention, du fltrage sensoriel) (George & Blank, 2009).
Pour ce qui est du traitement, Santé Canada (2002a) recommande d’aborder la combinaison des troubles de açon simultanée et intégrée pour les troubles mentaux graves et persistants, les troubles de la personnalité et les troubles des conduites alimentaires. Cependant, pour ce qui est des troubles de l’humeur et des troubles anxieux, hormis l’état de stress post-traumatique, il est plutôt suggéré d’amorcer d’abord une diminution de la consommation tout en procédant à une évaluation continue des symptômes du trouble mental. Dans la mesure où le client n’arriverait pas à cesser ou à diminuer sa consommation, il devrait être dirigé vers un service de soins intégrés (Baillie & Sannibale, 2007, Santé Canada, 2002a).
Troubles anxieux et dépendance aux substances Les troubles anxieux sont parmi les troubles les plus réquemment associés à un trouble lié à une substance (Kushner, Krueger, Frye et al., 2008). Au Québec, chez les personnes ayant été atteintes d’un trouble anxieux dans les 12 derniers mois, 4,3 % ont une dépendance à l’alcool, contre 1,7 % chez les personnes n’ayant pas de trouble anxieux (Kairouz, Boyer, Nadeau et al., 2008). Pour l’ensemble des troubles liés à une substance, 18 % des personnes qui ont été aux prises avec un trouble lié à une substance dans les 12 derniers mois sont atteintes d’un trouble anxieux, et 15 % qui ont eu un trouble anxieux dans les 12 derniers mois ont souert d’un trouble lié à une substance (Grant et al., 2004) PSTI 24.1. Alors que le trouble panique est en lien avec un trouble lié à l’alcool et que le trouble d’anxiété
Symptômes cliniques ENCADRÉ 24.2
Signes laissant présager la présence d’un trouble concomitant
• Irritation nasale (troubles liés à une substance uniquement)
• Fatigue
• Contusions inexpliquées (troubles liés à une substance uniquement)
• Retrait social
• Foie plus volumineux ou rate élargie, onctionnement anormal du oie, hépatite, cirrhose avancée (troubles liés à une substance uniquement) • Symptômes de sevrage (troubles liés à une substance uniquement) • Céphalées • Douleur thoracique ou arythmie cardiaque • Hypertension • Symptômes gastro-intestinaux
• Apathie ou aect plat • Changements du niveau de la concentration, de l’humeur, du niveau d’activité, du sommeil, de l’appétit ou du poids • Sentiment de dévalorisation ou de culpabilité excessive • Craintes, inquiétudes ou pensées intrusives ou actions répétées • Difculté cognitive et du contrôle des impulsions • Historique de traumatismes physiques ou psychologiques
• Dysonctions sexuelles Source : Adapté de SAMHSA (2006)
généralisée est associé à celui lié aux drogues, la phobie spécifque est moins liée à la consommation de substances (Stewart, 2009). Les clients atteints de troubles d’anxiété ont plus de risque de aire un usage erratique d’anxiolytiques et de benzodiazépines (Stewart, 2009) . L’infrmière a avantage à eectuer un suivi serré de la médication (Back & Brady, 2008 ; SAMHSA, 2012) TABLEAU 24.2.
Le PSTI 24.1W présente un cas de trouble de l’adaptation avec anxiété et humeur dépressive. Il peut être consulté au http:// ortinash.cheneliere.ca.
Pratiques infrmières suggérées TABLEAU 24.2
Intervenir auprès d’un client atteint d’un trouble anxieux et d’un trouble lié à une substance
INTERVENTIONS
JUSTIFICATIONS
• Reconnaître les signes d’intoxication et de sevrage durant l’entrevue.
Le client ayant une dépendance élevée ou qui consomme pour réduire une sourance importante, notamment à l’occasion d’anxiété sociale, peut se présenter intoxiqué à l’entrevue. Pour avoriser l’alliance de travail et la mise en place d’un cadre de suivi, il aut partager cet élément et préciser les règles de l’établissement à cet égard.
• Valider ceux-ci avec le client, sans porter de jugement, et défnir des stratégies pour assurer la sobriété du client durant les rencontres. • Faire preuve de prudence et expliquer au client la difculté d’établir un diagnostic clair au cours d’épisodes soutenus de consommation ou de sevrage.
La présence de symptômes anxieux peut être induite par la substance ou par le sevrage physique et psychologique de celle-ci.
• Accepter que la motivation du client à améliorer son trouble lié à une substance soit parois inérieure à celle de modifer son trouble anxieux.
Un client peut afcher une motivation variable à aborder divers troubles. Les symptômes anxieux sont à l’origine de sourance, alors que la consommation comporte des éléments positis et négatis.
• Amener le client à relever continuellement les associations entre les troubles au cours de l’évaluation et de l’intervention.
L’intervention permet au client de comprendre les relations entre les deux troubles ainsi que les acteurs communs à aborder et peut avoriser la motivation du client à modifer sa consommation.
• Reconnaître et valider l’eet positi à court terme de la substance sur son état mental.
Chapitre 24 Comorbidité et clients atteints de troubles concomitants
685
24
TABLEAU 24.2
Intervenir auprès d’un client atteint d’un trouble anxieux et d’un trouble lié à une substance (suite)
INTERVENTIONS
JUSTIFICATIONS
• Eectuer de l’enseignement au client sur les interactions entre la médication et les substances (p. ex., la tolérance croisée, l’eet rebond, la potentialisation, l’eet de sevrage sur le onctionnement).
L’interaction entre les substances peut diminuer l’efcacité de la médication et avoir des conséquences importantes. Certaines psychopharmacologies comportent des risques de générer des abus ou des dépendances. Un client peut avoir une perception négative de la prise de médicament, même si cela apparaît paradoxal en présence d’un trouble lié aux substances.
• Explorer la perception du client quant à la prise de substances à usage médical et non médical.
Plan de soins et de traitements infrmiers PSTI 24.1
Trouble panique avec agoraphobie et dépendance à une substance
Martine Boisjoli, âgée de 54 ans, se présente à l’inirmière de liaison en dépendance à l’urgence d’un centre hospitalier. Elle afrme être venue en raison de palpitations cardiaques et de difcultés respiratoires l’ayant amenée à craindre pour sa santé physique, mais qui se sont rapidement estompées durant l’attente. Le service de triage de l’urgence l’a dirigée vers l’infrmière de liaison en place étant donné que la cliente rapportait une certaine consommation d’alcool. En entrevue, madame Boisjoli afche une grande timidité qui s’exprime par des réponses brèves et un regard uyant. Elle rapporte avec un grand ma laise et de la honte le ait que son employeur se plaint de sa consommation d’alcool durant les heures de travail et elle craint de perdre son emploi. La cliente boit quatre ou cinq consommations de vin par jour, plus particulièrement durant la semaine. Elle reconnaît que sa consommation lui cause des problèmes, mais toutes ses tentatives pour la limiter ont jusqu’à présent échoué. Elle observe que, depuis les deux dernières années, elle aurait augmenté graduellement sa consommation et étalé celle-ci sur l’ensemble de la journée. Elle afrme avoir peu d’activités, de proches et d’amis, expliquant passer ses fns de semaine à lire. Lorsque l’inirmière questionne madame Boisjoli sur la prise de médicaments, elle note que la cliente prend également une dose élevée de benzodiazépine. Celle-ci explique que cette dose aurait augmenté progressivement depuis les cinq dernières années en raison de son anxiété croissante et de sa peur de aire des « crises d’angoisse ». Alors qu’elle avait l’habitude de se promener dans des parcs ou de réquenter des centres commerciaux, DIAGNOSTICS SELON LES AXESa
686
Partie 5
Axe I
madame Boisjoli craint depuis six ans de subir ses crises dans ces endroits et de ne pas recevoir de soutien des passants. L’apparition d’attaques de panique coïncide avec le départ de son fls de la maison. Elle aurait reçu un diagnostic de trouble panique avec agoraphobie d’un médecin généraliste et prendrait une médication à cet eet. Elle observe, malgré l’augmentation de la posologie, une augmentation des symptômes physiques associés à son trouble anxieux depuis deux ans (c.-à-d. de la transpiration, des vertiges, une impression d’évanouissement, des bouées de chaleur), moment où elle aurait commencé à boire plus de deux consommations par jour tout en prenant sa médication. L’infrmière observe que madame Boijoli collabore bien à l’entrevue, malgré son attitude réservée. Son niveau d’activité est légèrement diminué en dépit de la présence d’aects anxieux, et aucune anomalie n’apparaît sur le plan du langage. L’humeur qu’elle présente en entrevue est dysphorique, et l’aect est mobilisable et congruent avec le contenu abordé. Les préoccupations nommées demeurent circonscrites et sont en lien avec son emploi, la crainte de aire l’objet de jugements et le malaise généré par ses symptômes anxieux. Elle se projette dans l’avenir, ne verbalise pas d’idéations hétéroagressives ou autoagressives et ne rapporte aucun antécédent suicidaire. Aucune anomalie n’apparaît dans le cours, la orme ou le contenu de la pensée. Elle ne démontre ni signe ranc d’intoxication ni désorganisation psychotique. Ses onctions cognitives semblent préservées (p. ex., l’attention, la concentration, la mémoire). La cliente est bien orientée dans le temps, l’espace, la personne et la situation. L’autocritique et l’introspection sont présentes.
• Trouble panique avec agoraphobie • Dépendance à une substance (alcool, benzodiazépine) (provisoire) Diagnostics diérentiels à exclure : • trouble anxieux avec attaques de panique induit par une substance ; • trouble anxieux avec attaques de panique dû à une affection médicale générale ; • phobie sociale. Axe II • Différé Axe III • Différé Axe IV • Menace de perte d’emploi • Soutien social limité Axe V • Évaluation globale du fonctionnement (EGF) = 75
Interventions infrmières auprès des clientèles spécifques
PSTI 24.1
Trouble panique avec agoraphobie et dépendance à une substance (suite)
PROBLÈME DÉCOULANT DE LA SITUATION DE SANTÉ
Risque de perte d’emploi se maniestant par les plaintes de l’employeur à l’endroit de la cliente en lien avec sa consommation d’alcool et son état d’intoxication sur le lieu de travail
RÉSULTATS ESCOMPTÉS
INTERVENTIONS INFIRMIÈRES ET JUSTIFICATIONS
• Stabilisation à court terme des pertes associées à sa consommation
• Établir en collaboration avec la cliente un horaire aisant en sorte de modifer ses habitudes de vie par l’instauration de comportements adaptés opposés à la consommation avant et pendant le travail.
• Responsabilisation graduelle de la cliente par rapport à sa consommation et limitation des méaits associés à celle-ci
• Mettre au point en collaboration avec la cliente des stratégies que celle-ci pourra déployer si elle est en état d’intoxication au travail.
• Augmentation du sentiment de maîtrise et d’efcacité personnelle de la cliente associé à sa capacité d’améliorer son bien-être personnel PROBLÈME DÉCOULANT DE LA SITUATION DE SANTÉ
Exacerbation des symptômes d’anxiété associés à une consommation de substances psychoactives
RÉSULTATS ESCOMPTÉS
INTERVENTIONS INFIRMIÈRES ET JUSTIFICATIONS
• Diminution des préoccupations et des appréhensions de la cliente quant à son état de santé physique
• Planifer une investigation médicale pour préciser le diagnostic et éliminer les diagnostics diérentiels (aections endocriniennes, cardiovasculaires, respiratoires, neurologiques).
• Augmentation de la compréhension de la cliente quant à l’interaction entre sa consommation et ses symptômes anxieux
• Soutenir la cliente dans le dévoilement de sa consommation d’alcool à son médecin de amille. • Demander une autorisation d’accès au dossier médical de la cliente pour connaître les médicaments prescrits et ainsi assurer un meilleur suivi. • Déterminer le profl de consommation par le questionnaire DÉBA-A/D et évaluer la sévérité du sevrage et le suivi requis par le questionnaire Évaluation spécialisée en dépendance NiD-ÉM+ NiD-ÉM (et l’échelle CIWA-Ar), pour orienter la cliente vers des services en dépendance appropriés 16 . • Dépister la présence d’autres troubles mentaux (p. ex., par le questionnaire SCL-90-R), pour orienter le suivi médical. • Faire de l’enseignement sur les interactions possibles entre les substances et les symptômes anxieux (tolérance croisée, eet rebond, potentialisation, eet de sevrage sur le onctionnement) pour augmenter le sentiment de maîtrise du trouble. • Explorer la perception de la prise de substances à usage médical (p. ex., un traitement) et non médical (p. ex., alcool ou drogue). • Proposer à la cliente d’observer ses comportements intégrant la consommation et les symptômes anxieux pour augmenter le sentiment de maîtrise.
PROBLÈME DÉCOULANT DE LA SITUATION DE SANTÉ
Stratégies d’adaptation inefcaces (centrées sur la consommation d’alcool) pour composer avec les symptômes d’anxiété
RÉSULTATS ESCOMPTÉS
INTERVENTIONS INFIRMIÈRES ET JUSTIFICATIONS
• Mise sur pied d’un réseau de soutien permettant à la cliente de briser son isolement
• Assurer le rôle d’intervenant pivot en attendant la prise en charge par le centre hospitalier, le centre de santé et de services sociaux ou le centre de réadaptation en dépendance pour assurer une continuité des soins.
• Mise au point de stratégies d’adaptation efcaces afn de composer avec les attaques de panique et l’anxiété associée au sevrage éventuel de substances • Continuité des soins • Préparation de la cliente à la mise en place d’un protocole de sevrage
• Déterminer les objectis ainsi que le degré de motivation de la cliente en lien avec la consommation de chaque substance (diminution des méaits, réduction ou cessation de la consommation) pour aciliter le partenariat et la collaboration au plan de soins. • Reconnaître le réseau social en place et sa volonté à aider la cliente. • Proposer des groupes d’entraide correspondant aux valeurs de la cliente (p. ex., Revivre, PhobieZéro, Alcooliques Anonymes). • Soutenir et adapter les interventions selon les stades de changement de la cliente afn de stimuler sa motivation au changement et de lui permettre de mieux composer avec la honte associée à ses difcultés. • Évaluer l’ouverture de la cliente à d’autres ressources comme une bibliothérapie propre à la gestion de l’anxiété, pour augmenter sa compréhension de sa situation.
a
Les diagnostics sont posés selon les axes du DSM-IV-TR de l’APA (2004). Chapitre 24 Comorbidité et clients atteints de troubles concomitants
687
24
24.3.3
16 Le test de dépistage DÉBAA/D (Dépistage/ Évaluation du Besoin d’Aide – Alcool/Drogues) est présenté dans le chapitre 16, Troubles liés à une substance. Les questionnaires du test sont présentés au http:// fortinashcheneliereca
Le questionnaire NiD-ÉM est présenté au www.acrdq.qc.ca/ upload/doc/doc209.pdf. Le formulaire SCL-90-R est disponible au www.acrdq.qc. ca/upload/doc/doc162.pdf.
Combinaison d’un trouble mental et d’une affection physique
La ormation de certains proessionnels de la santé porte souvent soit sur la santé mentale (p. ex., le psychologue, le travailleur social), soit sur la santé physique (p. ex., le physiothérapeute, le nutritionniste). L’infrmière, grâce à ses connaissances acquises dans les deux domaines et à l’étendue de son champ d’exercice, joue ici un rôle central (Happell, Platania-Phung, Gray et al., 2011 ; Ordre des infrmières et infrmiers du Québec [OIIQ], 2012). Cette position proessionnelle lui permet ainsi d’intervenir de açon intégrée sur les plans physique, psychologique et social.
Description clinique
Les troubles comorbides issus de la combinaison d’un trouble mental et d’une aection physique peuvent prendre plusieurs ormes. L’aection médicale associée peut relever d’une maladie chronique ou d’une aection physique aiguë. Les processus étiologiques sont similaires à ceux nommés précédemment. À titre Paul-André Lamarche est âgé de 38 ans. Il a reçu un d’exemple, un client peut être diagnostic de sclérose en plaques il y a 10 mois et ne atteint d’un trouble dépressi se fait pas encore à l’idée que sa vie est maintenant majeur à la suite d’un accitributaire de l’évolution de sa maladie. Il vit de plus en dent vasculaire cérébral. Le plus de moments de découragement et exprime de la trouble dépressi majeur peut colère pour des banalités. Il en est même rendu à dire être issu d’un déséquilibre que la vie ne vaut pas la peine d’être vécue si c’est pour voir sa santé se détériorer à petit feu. neurologique, et il est alors question d’un trouble dû à Quel élément pourrait favoriser l’altération de l’état une aection médicale. Le psychologique de monsieur Lamarche ? trouble dépressi majeur peut
Jugement clinique
Problèmes de santé chroniques Facteurs de risque Enfance difficile Pertes Abus et négligence Difficultés familiales Stress Événements de vie défavorables Stresseurs chroniques Statut socioéconomique Pauvreté Voisinage Soutien social Isolement
Comportements néfastes pour la santé et conséquences Obésité Style de vie sédentaire Tabagisme Soin de soi déficient Conséquences des symptômes Maladie Piètre qualité de vie
Troubles mentaux FIGURE 24.4
Interactions possibles entre les troubles mentaux et les problèmes de santé physique
688
Partie 5
Interventions infrmières auprès des clientèles spécifques
également être associé à la perte d’autonomie et de onctionnement de la personne. L’association entre les deux troubles est parois plus complexe. Par exemple, un client présente des traits de la personnalité antisociale ou limite. Ces traits l’amènent à adopter des conduites à risque qui se soldent en un accident de la route. Le client a subi une atteinte au lobe prérontal qui diminue encore plus ses capacités d’inhibition et augmente ses conduites de prise de risque. Il est possible d’observer une altération substantielle de sa personnalité, dont les traits paraissent alors relever d’un trouble. Un autre client s’est vu prescrire une médication en lien avec des douleurs ponctuelles. La prise d’une médication à l’origine légitime s’étale sur une longue période. Son système neurologique acquiert une tolérance au médicament, et les douleurs physiques ou la sensibilité du client à celles-ci s’exacerbent. Au fl des consultations médicales, des douleurs chroniques s’apparentant à de la fbromyalgie sont observées. Les conséquences du onctionnement de la personne sur son employabilité et sur son bien-être psychologique intensifent ses douleurs physiques, son trouble de dépendance à une substance, et elles s’accompagnent de symptômes dépressis.
Combinaisons fréquentes Les clients atteints de troubles mentaux éprouvent plus réquemment des problèmes de santé physique ou des maladies, notamment l’obésité et le VIH, ainsi que des problèmes respiratoires, buccaux, ophtalmiques et dermatologiques (Happell et al., 2011). La prise sur une période prolongée de certains médicaments, la présence de préjugés chez les proessionnels de la santé physique envers les personnes atteintes de troubles mentaux, ainsi que la priorisation des soins en santé mentale au détriment de ceux portant sur la santé physique auprès des clients atteints d’un trouble mental pourraient contribuer à l’apparition de problèmes de santé physique (Happell et al., 2011). Il existe plusieurs liens entre les troubles mentaux et les problèmes de santé physique FIGURE 24.4. La complexité des tableaux cliniques des troubles comorbides issus de cette catégorie rend ardu le travail de l’infrmière. Le cadre conceptuel oert par la psychoneuro-immuno-endocrinologie porte une attention particulière aux interactions complexes du corps et de l’esprit entre le système nerveux, le système endocrinien et le système immunitaire. Les études en psychoneuro-immunoendocrinologie examinent l’eet des acteurs de stress psychosociaux perçus et de la réaction biopsychologique au stress sur l’apparition d’un trouble (Venes, 2009). Ce modèle ournit un cadre holistique et intégrati pour la recherche et le dépistage de acteurs de risque relatis aux
problèmes de santé, aux styles de vie et aux conditions sociologiques (Anderson, 2009). Il met davantage l’accent sur la promotion de la santé à toutes les étapes de la vie, sur l’autogestion des soins et sur une méthode holistique de prise en charge des problèmes de santé psychosociaux et physiologiques aigus et chroniques (Colin-Thome, 2009). L’infrmière joue un rôle essentiel en aidant le client à reconnaître les eets du stress, à choisir des stratégies d’adaptation appropriées et à avoriser la meilleure qualité de vie possible. Lorsque la comorbidité d’un trouble mental et d’une aection physique concerne un trouble ou une maladie chronique, une prise en charge continue est nécessaire pendant des années, voire des décennies. Voici des exemples de maladies chroniques : • certains troubles cardiovasculaires (p. ex., l’insufsance cardiaque), respiratoires (p. ex., les maladies pulmonaires obstructives chroniques) et rénaux (p. ex., l’insufsance rénale chro nique), ainsi que les conséquences permanentes issues d’un accident vasculaire cérébral ; • les maladies chroniques persistantes comme le diabète, le virus de l’immunodécience humaine/ syndrome d’immunodécience acquise, la polyarthrite rhumatoïde et la sclérose en plaques ; • certains troubles mentaux comme la schizo phrénie et le trouble bipolaire ; • les inrmités permanentes comme l’amputation, la paralysie et la cécité. L’incapacité résiduelle de ces maladies est irréversible et requiert de l’enseignement et de la réadaptation pour les personnes atteintes et leurs proches aidants . L’infrmière assure la supervision et l’observation sur une période prolongée. Les problèmes de santé chroniques ont des conséquences psychosociales, émotionnelles et fnancières considérables pour le client, sa amille et la société. L’imprévisibilité d’une maladie chronique constitue un déf pour l’estime personnelle, l’image corporelle et la sexualité du client. Elle perturbe également les relations sociales et l’exercice des rôles au sein de la amille, du lieu de travail et de la collectivité. Les problèmes de santé chroniques ont souvent perdre au client son sentiment d’autonomie (Cumbie, Conley & Burman, 2004 ; World Health Organization, 2006). L’exacerbation de symptômes comme la douleur, la atigue, les nausées, la perte d’appétit, les difcultés de sommeil, qui s’associe à la baisse constante des capacités onctionnelles, met les acultés d’adaptation à rude épreuve. L’aggravation des symptômes peut avoir lieu rapidement ou lentement et être attribuable à des eets secondaires des médicaments, à un échec du traitement ou à des complications liées à une maladie comorbide. L’adaptation est un processus complexe et continu de restructuration de la vie autour du problème de
santé chronique, surtout en ce qui concerne l’acceptation d’une perte d’autonomie et du changement de rôle social. L’incertitude liée à l’évolution de la maladie chronique mène souvent à la dépression, à la colère et à des sentiments de désespoir et d’impuissance. Certains clients se sentent prisonniers de leur maladie (Lee, 2010). Aider le client à réinterpréter ses pensées négatives et ses réactions aux situations stressantes constitue une stratégie cognitive qui permet de renorcer sa capacité à s’adapter à la maladie chronique et à orienter son cours plutôt que de se laisser submerger par elle.
Virus de l’immunodéfcience humaine/ syndrome d’immunodéfcience acquise et troubles associés L’inection par le virus de l’immunodéfcience humaine (VIH) et le syndrome d’immunodéfcience acquise (sida) sont des épidémies mondiales. Le VIH atteint le système nerveux central (SNC) chez certains clients. En plus des conséquences physiques et neurologiques du VIH/sida, beaucoup de clients éprouvent une détresse psychologique importante liée à la prise de conscience de leur diagnostic et à leur adaptation ultérieure aux conséquences de cette maladie chronique qui menace la vie. Ce diagnostic aecte également les amilles et les proches qui éprouvent eux-mêmes une détresse psychologique (Mitchell & Knowlton, 2009).
RAPPELEZ-VOUS…
De saines habitudes de vie contribuent à atteindre et à maintenir une bonne santé. Nommez trois comportements à adopter pour promouvoir une santé optimale.
RAPPELEZ-VOUS…
Des stratégies d’adaptation peuvent être actives (p. ex., trouver un sens à la situation stressante, rechercher de l’aide, maintenir des activités sociales) ou passives (p. ex., la distanciation, l’évitement, le blâme personnel). Nommez d’autres exemples de stratégies actives permettant de composer plus efcacement avec une difculté.
Facteurs biologiques et neuropsychiatriques Le VIH atteint le cerveau, sous la orme de démence associée au sida, la moelle épinière, sous la orme de myélopathie vacuolaire, et les terminaisons nerveuses, sous la orme de neuropathie périphérique. Le VIH traverse acilement la barrière hé matoencéphalique, est présent dans le cerveau de presque toutes les personnes inectées et détruit directement ou indirectement les cellules du SNC (Cook & Tyor, 2006).
Visionnez la vidéo Trouble bipolaire en épisode maniaque et diabète au http://fortinash cheneliereca
Des changements d’humeur peuvent être le signe d’une dépression clinique ou des symptômes de démence associée au sida. Les problèmes émotionnels ont tendance à ressembler à des troubles onctionnels. De plus, au début de la maladie, l’examen neurologique, les analyses de laboratoire, l’électroencéphalogramme, l’analyse du liquide céphalorachidien et la tomodensitométrie du cerveau semblent normaux. La séropositivité, l’absence d’antécédents personnels ou amiliaux de désordres mentaux (y compris de trouble lié à une substance), la présence de défcits neuropsychologiques et des signes d’organicité (p. ex., un déséquilibre, des tremblements, l’évitement des tâches complexes, la sensibilité aux drogues et à l’alcool) contribuent au diagnostic diérentiel. Bien que plusieurs variations de la démence associée au sida soient observées, deux principaux types sont généralement retenus TABLEAU 24.3. Chapitre 24 Comorbidité et clients atteints de troubles concomitants
24
689
TABLEAU 24.3
Types de démences
TYPE
SIGNES
Démence caractérisée par des signes modérés de dépression
Apathie ; repli sur soi ; fatigue ; hypersomnie ; perte de poids ; anorexie ; retard psychomoteur ; décits cognitifs subtils
Démence dont les symptômes psychotiques sont plus aigus
Idées délirantes ; hallucinations ; agitation psychomotrice ; manie accompagnée d’idées de grandeur ; décits cognitifs importants
Lorsqu’il est déterminé que l’atteinte du client demeure principalement organique, il arrive d’observer une infuence des phénomènes psychosociaux, mais il ne s’agit pas de la première cible d’intervention. Les proessionnels de la santé traitent plutôt les clients atteints de démence associée au sida comme ceux qui présentent d’autres types de démence organique ENCADRÉ 24.3.
RAPPELEZ-VOUS…
Quelle est la diérence entre la démence et le délirium ?
Il arrive que ces symptômes s’accompagnent d’idées délirantes et d’hallucinations. Souvent, beaucoup de proessionnels prennent les symptômes de la dépression, qui sont l’apathie, le ralentissement moteur (bradykinésie) et les décits de l’attention, pour des signes précoces de la démence. Certains clients ont une consommation problématique de substances, ce qui ajoute à la diculté de compréhension des maniestations neurologiques du stade avancé de l’inection par le VIH. Cette situation représente la complexité clinique et l’interdépendance possible entre des troubles physiques, de santé mentale et liés à une substance. Comme mentionné dans une section précédente, le terme comorbide demeure celui à utiliser puisqu’il chapeaute l’ensemble des troubles.
Facteurs psychosociaux Personne ne connaît précisément la réquence des désordres mentaux et des troubles liés à une substance chez les clients inectés par le VIH, mais beaucoup croient qu’elle est plus élevée au sein de certains sous-groupes particuliers, compte tenu en partie du ait que le VIH se transmet notamment
par l’exposition aux seringues inectées chez les utilisateurs de drogues par injection (BergerGreenstein & Terrence, 2007 ; Israelski, Prentiss, Lubega et al., 2007) ENCADRÉ 24.4. L’inrmière prend en considération d’autres catégories de troubles mentaux, lorsque, en collaboration avec un médecin ou un psychologue, elle contribue à la réalisation d’un diagnostic diérentiel chez ces clients (c.-à-d. une réaction de deuil, des acteurs psychologiques liés à un problème médical, des troubles anxieux et des troubles de la personnalité) (Oce des proessions du Québec, 2012). L’inection par le VIH est un événement de la vie provoquant un stress chronique ENCADRÉ 24.5. Cela se traduit par une série de pertes physiques, onctionnelles et psychosociales ; l’anxiété et la dépression ont tendance à se maniester par intermittence et à être associées à la sourance psychologique qui accompagne les divers stades du processus morbide. Certaines expériences sont susamment graves pour déclencher une humeur dysphorique ou une crise. L’expérience du VIH/ sida en tant que crise varie beaucoup. L’inrmière ait preuve de prudence en évitant de généraliser l’inévitabilité de la détresse psychologique et l’issue d’une crise chez un client en particulier.
ENCADRÉ 24.4
Troubles mentaux fréquents chez les clients infectés par le VIH
• Trouble de l’adaptation • Trouble dépressi majeur • Abus de substances • Trouble bipolaire
ENCADRÉ 24.5
Problèmes associés au VIH pendant une hospitalisation psychiatrique
Symptômes cliniques
• Symptômes anxieux et dépressis liés à la détérioration de l’état de santé physique
ENCADRÉ 24.3
• Rejet social lié à la séropositivité au VIH
Symptômes comportementaux et cognitifs de la démence associée au sida
• Manque de concentration
• Lenteur de la pensée
• Difcultés à résoudre des problèmes
• Défcits moteurs (p. ex., des tremblements, une atteinte des mouvements répétitis rapides, un déséquilibre, l’ataxie)
• Apathie • Retrait social • Pertes de mémoire
690
Partie 5
Interventions infrmières auprès des clientèles spécifques
• Consommation de substances accrue en réaction à la séropositivité au VIH • Honte ou culpabilité relative à des pratiques sexuelles stigmatisées ou à l’usage de substances • Culpabilité ou peur liée au risque d’avoir inecté d’autres personnes, craintes de représailles ou idées d’homicide envers la personne qui a transmis l’inection
Démarche de soins
Devant la complexité des tableaux cliniques que présentent les clients aux prises avec des troubles comorbides et concomitants et la moins grande efcacité des traitements classiques, il est recommandé d’orir un soutien et un traitement qui tendent vers l’intégration des soins (Comité permanent sur les troubles concomitants, 2005 ; George & Blank, 2009 ; Rush & Nadeau, 2012 ; Santé Canada, 2002a).
Soutien et traitement intégrés Dans ce type d’organisation des soins, un même clinicien ou des équipes coordonnées orent un soutien psychosocial et des soins pour l’ensemble des troubles mentaux ou liés à une substance dont un client est atteint. Dans le traitement intégré, les soins oerts sont adaptés aux besoins propres du client et permettent de générer une cohérence quant aux explications et aux soins prodigués ainsi que d’assurer leur continuité ENCADRÉ 24.6 (Mueser et al., 2001 ; Rush & Nadeau, 2012 ; Santé Canada, 2002a). Mueser et ses collaborateurs (2001) suggèrent des composantes essentielles au traitement intégré : • un travail de proximité (outreach) qui consiste à aller à la rencontre des clients et à offrir des services dans leur milieu de vie ; • une approche holistique qui vise non seulement à aborder les symptômes ou la consommation, mais l’ensemble des sphères de vie ; • un partage de la responsabilité et de la prise de décisions qui consiste à offrir aux clients et à leur entourage la possibilité de choisir les modalités et les objectifs des soins ; • la réduction des méfaits qui consiste à réduire en priorité les conséquences délétères associées à la consommation ou à la santé mentale ; • un engagement à long terme auprès des clients, soit par des épisodes de soins non limités dans le temps et l’ouverture à la possibilité d’offrir d’autres épisodes de soins ; • un traitement par étapes qui permet une modulation des interventions selon le degré de motivation, l’orientation vers le changement et les objectifs des clients. Le niveau d’intégration des soins s’inscrit sur un continuum et relève de la gravité des troubles présentés. En se basant sur le SAMHSA (2002), le Comité permanent sur les troubles concomitants (2005) a adopté un modèle afn de déterminer l’intégration des soins qui permet de répondre de açon optimale aux besoins des personnes atteintes de troubles concomitants. La valeur ajoutée de l’intégration des soins, bien que prometteuse, demande toujours à être soutenue empiriquement (Rush &
ENCADRÉ 24.6
Exemples de formes que peut prendre un traitement intégré
Le traitement intégré peut être oert par une seule infrmière, par plusieurs cliniciens d’un même établissement ou grâce à des ententes entre plusieurs établissements. Une infrmière peut acquérir sufsamment de connaissances entourant le traitement de plusieurs troubles qu’elle intègre dans une même démarche de soins. Des équipes interdisciplinaires ou des proessionnels de divers établissements peuvent créer des partenariats de services. Au Québec, par exemple, afn d’orir des services intégrés aux clients anglophones atteints de troubles concomitants, des ententes de services ont vu le jour entre un centre de réadaptation en dépendance et
un centre hospitalier psychiatrique, soit le Pavillon Foster et l’Institut universitaire en santé mentale Douglas. Il peut y avoir une intégration sur le plan organisationnel. À Montréal, la clinique Cormier-Laontaine, une clinique de troisième ligne ondée en 2001, combine l’expertise réalisée par un centre de réadaptation en dépendance et un centre hospitalier de soins psychiatriques, soit le Centre Dollard-Cormier-IUD et l’Hôpital Louis-H. Laontaine. Cette clinique permet de desservir des clients ayant un trouble concomitant, notamment un trouble lié à une substance et des troubles sévères de personnalité ou des troubles psychotiques.
Nadeau, 2012). L’infrmière peut s’appuyer sur ce modèle à la suite de son évaluation dans l’aiguillage d’un client ou dans l’élaboration de sa démarche de soins FIGURE 24.5.
Modèle holistique de soins Le modèle de soutien et de traitement intégrés se conjugue au modèle holistique de soins. Le modèle
Cas grave Programmes intégrés Niveau 3 Services de réadaptation de 2e ligne (centre de réadaptation en dépendance)
Gravité du problème de dépendance
24.4
Niveau 4 Services de psychiatrie/ réadaptation de 3e ligne
Services intégrés Niveau 1 Services de 1re ligne Organisations communautaires Groupes de soutien
Niveau 2 Services de psychiatrie
24
Consultations Cas grave
Cas léger Gravité du trouble mental FIGURE 24.5 Modèle d’intégration des soins selon le degré de gravité des troubles présentés
Chapitre 24 Comorbidité et clients atteints de troubles concomitants
691
22 Les différentes approches et les divers modèles de soins sont présentés dans le chapitre 22, Approches complémentaires et paral lèles en santé mentale.
holistique des soins de santé, qui gagne en importance, tient compte de la santé globale physique, psychologique et spirituelle du client et de ses besoins liés à la maladie. Ce modèle est centré sur le client, il comporte des services de soutien et il ournit de l’enseignement pour atteindre le but ultime de l’autogestion des soins. La amille et les proches participent aux décisions qui touchent le client et sont des partenaires actis dans la démarche de soins. Un regain d’intérêt pour l’ensemble des acteurs qui contribuent à la santé et à la maladie a incité les scientifques à explorer le lien entre les acteurs de stress internes et externes et les réactions humaines. Touteois, le modèle classique des soins de santé continue de mettre l’accent surtout sur les états physiologiques de la santé et de la maladie 22 . Un modèle mixte ou holistique
apparaît lentement et pourrait devenir le modèle des soins de santé de l’avenir. Les eets des acteurs environnementaux, des expériences personnelles et des stratégies d’adaptation sur les troubles psychologiques et physiologiques sont importants.
Troubles comorbides et pratiques infrmières La diversité des clients, les multiples combinaisons possibles de troubles comorbides et les réalités respectives de chaque milieu ont en sorte qu’il n’existe pas un seul et unique cheminement clinique pour l’ensemble des troubles comorbides. Il est tout de même envisageable de dégager certaines pistes d’évaluation, d’intervention et d’éléments associés à la pratique pouvant s’appliquer à un grand nombre de troubles comorbides TABLEAU 24.4.
Pratiques infrmières suggérées TABLEAU 24.4
Intervenir auprès d’un client atteint de troubles comorbides
INTERVENTIONS
JUSTIFICATIONS
Évaluation Prendre connaissance auprès de l’établissement de travail de la réquence des troubles comorbides et des troubles les plus communs retrouvés dans ce milieu.
La prévalence des troubles comorbides varie d’un milieu à l’autre. Une connaissance de la réquence de certains troubles dans le milieu de l’infrmière lui permet d’orienter plus efcacement l’évaluation.
Eectuer le dépistage général de l’ensemble des troubles physiques et mentaux si un client a un problème de santé.
Les problèmes de santé sont souvent associés. Un dépistage précoce permet d’éviter la mise en place d’interventions non optimales.
Évaluer les problèmes psychosociaux et environnementaux (la complexité du client) et intégrer les éléments à la démarche de soins si un client a un problème de santé.
Les problèmes psychosociaux et environnementaux limitent l’efcacité des interventions et demandent en soi une intervention.
Eectuer une demande d’accès au dossier ou d’échange d’inormation avec le clinicien concerné si un client présente déjà un problème de santé et reçoit, ou a reçu, des services d’autres milieux.
Les clients atteints de troubles comorbides eectuent plus de demandes de services. L’accès à de l’inormation collatérale déjà colligée évite de multiplier les évaluations et permet d’obtenir l’opinion d’autres proessionnels ainsi que d’évaluer la capacité du client à bénéfcier de certaines modalités d’intervention.
Intervention Établir des objectis d’intervention progressis et basés sur les besoins du client.
Lorsque plusieurs besoins sont déterminés, les objectis signifcatis pour le client ont plus de probabilité d’être atteints. La gradation d’objectis permet la réalisation d’acquis en cas d’arrêt prématuré des traitements et limite le sentiment d’échec.
Orir de préérence des interventions visant simultanément les troubles comorbides et surveiller continuellement les changements et les interactions entre les troubles.
L’intervention sera plus signifcative pour le client. L’interdépendance entre les troubles ait parois en sorte que l’amélioration des maniestations de l’un provoque une augmentation des maniestations de l’autre.
Orir un cadre et une intensité d’intervention (p. ex., des ateliers de jour, une hospitalisation, un suivi en consultation externe) proportionnels au degré d’autonomie du client.
Un cadre d’intervention inadapté risque de limiter l’acquisition ou le maintien de l’autogestion ou de placer le client en situation d’échec.
Demander au client quelle est sa conception des liens entre les deux troubles et partager celle énoncée au cours de l’évaluation (p. ex., les acteurs de risque, l’apparition, le maintien). Valider les hypothèses en cours d’intervention.
Le partage de la conceptualisation permet d’établir une alliance de travail quant à la nature du problème et aux moyens privilégiés pour l’aborder. Elle donne également l’occasion au client d’avoir la place et la responsabilité qui lui revient dans sa démarche de soins.
692
Partie 5
Interventions infrmières auprès des clientèles spécifques
TABLEAU 24.4
Intervenir auprès d’un client atteint de troubles comorbides (suite)
INTERVENTIONS
JUSTIFICATIONS
Relation, organisation des services et limites personnelles Reconnaître l’impuissance vécue devant l’ampleur de la problématique et le manque de connaissances dans l’ensemble des domaines.
L’infrmière peut reconnaître les sentiments vécus quant à cette prise en charge ; cela est essentiel pour éviter des réactions de contre-transfert envers le client (réérence hâtive, surmenage, orte pression à obtenir des améliorations). Chaque clinicien acquiert une expertise dans certains domaines.
Clarifer auprès des autres proessionnels et du client les rôles respectis de chacun et déterminer l’intervenant pivot. Celui-ci eectue le relais entre les divers intervenants en gardant un contact privilégié avec le client.
Le système de santé est complexe pour les clients. Le onctionnement des diérents milieux varie. Les rôles des proessionnels de la santé mentale se juxtaposent souvent. L’intervenant pivot permet d’éviter les dédoublements de services et les renseignements ou directives contradictoires.
Considérer qu’un client atteint de troubles comorbides demande plus de temps et d’énergie sur le plan de l’évaluation et de l’intervention.
La complexité du tableau clinique ait en sorte que cette clientèle demande plus de temps direct et indirect (p. ex., une consultation auprès d’autres proessionnels). Prendre en compte cet aspect permet de maximiser l’efcacité des interventions.
Prévoir et partager avec le client la possibilité qu’il puisse bénéfcier de plusieurs ores de services intermittentes, sur une période prolongée, s’inscrivant dans la continuité.
Ce partage permet au client de mettre en perspective le « succès » de la démarche de soins actuelle et de recadrer un abandon ou une exclusion de sa démarche de soins dans une perspective à long terme. Il laisse une ouverture à la poursuite ultérieure de la démarche de soins et peut diminuer le sentiment d’échec vécu le cas échéant.
Éviter de reuser des clients (en lien avec la présence de comorbidité), connaître les critères d’exclusion des autres milieux et s’assurer de la continuité des soins entre le moment où le client a été redirigé, s’il y a lieu, et celui de sa prise en charge par l’autre milieu.
Les clients atteints de troubles comorbides ont souvent pris part à plusieurs processus d’évaluation avant d’être reçus. Ces multiples évaluations suivies d’exclusions contribuent à l’apparition du sentiment d’aliénation et diminuent la motivation au changement.
Collaborer à la mise en place de partenariats, ormels ou non, entre proessionnels d’un même établissement ou d’autres établissements afn de permettre une intégration des services.
Il existe plusieurs modèles d’intégration des services. Une bonne connaissance des première, deuxième et troisième lignes, ainsi que des expertises de chaque intervenant permet une meilleure coordination des services.
Afrmer son rôle de spécialiste de la santé physique et de la santé mentale auprès de l’équipe interdisciplinaire et contrebalancer l’expertise bâtie par l’équipe.
L’infrmière occupe une place centrale permettant d’intégrer les troubles physiques et mentaux et de avoriser une compréhension de l’interaction des médicaments. Ses connaissances lui permettent d’être bien placée pour considérer davantage les problèmes de santé physique lorsqu’elle se trouve dans un milieu spécialisé en santé mentale et vice-versa.
À titre d’exemple, cette démarche de soins porte sur un cas de comorbidité chez un client inecté par le VIH et atteint d’un trouble mental.
24.4.1
Collecte des données – Évaluation initiale
L’infrmière mène une évaluation approondie auprès d’un client inecté par le VIH chez qui la présence d’un trouble de l’adaptation, anxieux ou dépressi est envisagée. Elle évalue la santé mentale autant que la santé physique et la consommation de substances psychoactives, mais également les problèmes psychosociaux ou environnementaux associés TABLEAU 24.5. L’étendue et la proondeur de l’évaluation eectuée par l’infrmière sont tributaires du milieu dans lequel elle œuvre
et pourront s’inscrire dans un contexte de collaboration continue avec les autres cliniciens de la santé. Il n’en demeure pas moins qu’elle doit tenter de avoriser l’application des notions de traitement et de soutien intégrés ainsi que de modèle holistique de soins. Par exemple, une infrmière à l’urgence d’un centre hospitalier eectue une évaluation approondie liée la demande de consultation, mais peut également dépister d’autres troubles associés et orienter le client vers les services correspondant à ses besoins. Pour sa part, une infrmière travaillant dans une unité psychiatrique interne peut, en collaboration avec d’autres cliniciens, contribuer à une évaluation approondie et étendue de diverses sphères de la vie du client ne se limitant pas à la santé mentale (p. ex., la nutrition, l’orientation proessionnelle). Chapitre 24 Comorbidité et clients atteints de troubles concomitants
24
693
Collecte des données TABLEAU 24.5
Éléments à évaluer auprès d’un client infecté par le VIH et atteint d’un trouble anxieux, de l’adaptation ou dépressif majeur
ÉLÉMENTS À ABORDER
DÉMARCHES ET QUESTIONS À POSER AU CLIENT
Antécédents et symptômes du problème actuel
• Entrevue d’évaluation (p. ex., Avez-vous déjà consulté un proessionnel de la santé pour des problèmes de santé mentale ou liés à votre consommation ?) • Examen de l’état mental (p. ex., le comportement, l’aect et l’humeur, la pensée, les onctions cognitives)
4
• Utilisation de questionnaires (p. ex., SCL-90-R [Derogatis, 1994 ; voir Comité permanent sur les troubles concomitants, 2008]) • Entrevue avec des proches (Quelles sont les orces de votre conjoint/conjointe ?, Quelles pourraient être les difcultés éventuelles en lien avec le VIH dans votre relation ?) • Validation des observations avec le client (Vous me dites que vous êtes serein devant votre maladie, mais j’observe que vous tremblez lorsque nous abordons le sujet.) Données précises sur les habitudes de sommeil, l’appétit et les variations de poids
• Questionnement direct (p. ex., au sujet du sommeil : Avez-vous observé des changements de votre sommeil depuis que vous avez pris connaissance de votre maladie ?, Quelles étaient vos habitudes de sommeil dans l’année précédant la prise de connaissance de votre maladie ?, Cette difculté touche-t-elle plus la qualité du repos, l’endormissement, les réveils durant la nuit ou un éveil précoce ?, Qu’avez-vous tenté pour améliorer cet aspect ?) • Suggestion au client de tenir un journal de bord entre les consultations pour colliger des données sur le sommeil et l’alimentation (p. ex., les heures de sommeil et d’éveil, le journal alimentaire quotidien, l’état émotionnel, les pensées et les comportements mis en place) • Mesure objective du poids à l’aide d’une balance
Consultations psychiatriques antérieures (hospitalisations et consultations externes) et détermination des éléments déclencheurs
• Demande d’accès et mise en commun des dossiers médicaux, psychiatriques et psychologiques
Tendances actuelles et antérieures du client à se aire du mal
• Expression de l’ouverture de l’infrmière à aborder le thème du suicide avec le client (Je comprends que vous n’avez pas d’idéations suicidaires. Les gens peuvent vivre ce type de pensée dans diverses situations de vie. Si jamais cela vous arrivait, sachez que je suis disposée à en parler.)
• Questionnement sur la perception et les gains réalisés au cours de ces épisodes de soins antérieurs (Vous avez pris part à un programme de jour ; quels sont les éléments qui ont pu être aidants pour vous ?, Quels aspects du séjour ont été plus difciles et que pourrions-nous aire pour que vous le viviez mieux dans notre établissement ?) • Utilisation d’une grille d’analyse onctionnelle du comportement adaptée aux deux problèmes pouvant être remplie entre les consultations
• Questionnement sur la présence d’idéations suicidaires actuelles et des tentatives passées (Avez-vous déjà tenté de vous suicider ?, Comment ?, Quelle était votre situation de vie avant cette tentative ?, Comment voyez-vous celle-ci aujourd’hui ?) Colère et rage vécues ainsi que leurs maniestations (p. ex., des comportements violents, des menaces d’homicides ou des gestes envers ceux considérés comme étant la source de l’inection ou envers la société en général)
• Questionnement du client sur sa perception de la cause et de la responsabilité de sa contamination (Comment comprenez-vous que vous ayez été inecté par le VIH ?), sur des aects vécus envers le responsable perçu (Comment vous sentez-vous par rapport à la personne qui vous a transmis le VIH ?), sur des intentions à lui aire du mal et la planifcation de représailles (Vous êtes-vous déjà imaginé lui aire du mal ou vous venger ?, Quelle place ces idées prennent-elles dans une journée ?, Avez-vous un plan précis à cet égard ?)
Données relatives à la amille et au réseau social actuel (antécédents amiliaux d’événements traumatiques, immigration et acteurs culturels)
• Questionnement sur la nature et la perception du réseau de soutien (Quelles sont les personnes importantes autour de vous ?, Quels genres de soutien vous apportent-elles ?), sur le dévoilement de l’inection et la perception de leur réaction quant à celui-ci (Quelles idées vous aites-vous de leur réaction dans la mesure où vous abordez le ait que vous êtes porteur du VIH), sur leur perception de sa maladie (Comment voient-elles cette maladie ?, Comment voient-elles le ait que vous êtes inecté par le VIH ?), sur leur ouverture à le soutenir (Dans quelle mesure, à la suite du dévoilement, ces personnes seront-elles en mesure de vous soutenir et de quelles açons ?), sur la perception de leur rôle respecti (Quelles seraient leurs limites à vous apporter de l’aide ?, Croyez-vous qu’elles-mêmes pourraient avoir besoin de soutien pour accepter votre problème ou pour vous accompagner ?)
694
Partie 5
Interventions infrmières auprès des clientèles spécifques
TABLEAU 24.5
Éléments à évaluer auprès d’un client inecté par le VIH et atteint d’un trouble anxieux, de l’adaptation ou dépressi majeur (suite)
ÉLÉMENTS À ABORDER
DÉMARCHES ET QUESTIONS À POSER AU CLIENT
Évaluation des comportements à risque de contamination
• Questionnement sur les comportements sexuels (Comment la connaissance de votre inection par le VIH a-t-elle modifé votre sexualité ?, Quels éléments mettez-vous ou mettrez-vous en place pour éviter la transmission du VIH à vos partenaires sexuels ?), sur l’utilisation de drogues injectables ou demandant un échange de matériel actuel et antérieur (Avez-vous déjà utilisé ou utilisez-vous des drogues injectables ou échangez-vous du matériel de consommation ?, Quels éléments mettez-vous ou mettrez-vous en place pour limiter l’échange de matériel de consommation ?), sur les connaissances du client relatives aux méthodes de transmission (Selon vous, comment vous est-il possible de transmettre l’inection par le VIH ?, Connaissez-vous le cadre légal entourant la transmission du VIH ?) • Questionnement sur les personnes auxquelles le client a peut-être transmis le VIH (Pensez-vous avoir transmis le VIH ou vous a-t-on reproché d’avoir été inecté par le VIH à cause de vous ?), sur la présence de menaces actuelles (Comment ces personnes réagissent-elles quant au ait d’avoir été contaminées ?, Vous êtes-vous senti menacé ?) ou sur les craintes de représailles ultérieures (Croyez-vous que quelqu’un pourrait éventuellement vous aire des représailles en lien avec le ait que vous lui auriez transmis le VIH ?)
24.4.2
Analyse et interprétation des données
L’infrmière détermine les problèmes découlant de la situation de santé à partir de l’évaluation initiale approondie de l’état de santé du client. Par défnition, la présence de troubles comorbides et de problèmes psychosociaux et environnementaux associés génère un tableau clinique complexe. Le déf pour l’infrmière est alors d’intégrer les dires, les signes et les symptômes présentés par le client à l’inormation, parois contradictoire, provenant des cliniciens concernés et des divers établissements. Au-delà des réputations et des titres proessionnels, l’interprétation des données réside dans l’évaluation de la validité des renseignements que ournissent les intervenants par la recherche d’éléments convergents. L’infrmière poursuit alors sa collecte de données avec le client afn de réduire ou d’expliquer les divergences possibles. Elle trouve un angle d’investigation qui permet au client d’expliquer son point de vue, sans se sentir invalidé ou submergé par l’« expertise » des autres cliniciens. Une grande importance est accordée à la conceptualisation et aux priorités du client puisque ces éléments sont davantage associés à la
ENCADRÉ 24.7
motivation de ce dernier à améliorer son état de santé. L’infrmière défnit donc les priorités avec le client en onction de ses besoins particuliers (OIIQ, 2006) ENCADRÉ 24.7.
24.4.3
Planifcation des soins
4 Le chapitre 4, Évaluation de la condition mentale, décrit en détail le contenu de l’examen de l’état mental
Jugement clinique
Le client inecté par le VIH manieste souvent de nombreux symptômes qui Théo Célian, âgé de 33 ans, est très acti sexuellement nécessitent de multiples et a contracté le VIH au cours de relations hétérointerventions ain de résexuelles sans protection dans un club d’échangistes. pondre à divers aspects de Il banalise son état en disant qu’il ne craint pas les son bien-être physique et conséquences de son diagnostic, qu’il remet en psychosocial. Le client est question par ailleurs, et en prétextant qu’un accompagné dans la planitraitement peut attendre. fcation de ses soins, et le Pour monsieur Célian, quel problème prioritaire rôle de l’infrmière est d’oces quelques données laissent-elles entrevoir ? rir de l’inormation concrète sur les maniestations, leur évolution possible et les options de soins. Dans la mesure où le client reçoit des soins de diérents établissements et cliniciens, l’infrmière Le Comité permanent sur les tente de clarifer les rôles, les mandats et le onctroubles concomitants de tionnement de chacun. Ultimement, la collaboration l’Association des centres de du client à la planifcation des soins avorisera réadaptation en dépendance
Problèmes prioritaires possibles pour un client atteint du sida et de troubles de l’adaptation avec humeur anxieuse ou dépressive
• Anxiété
• Perte d’espoir
• Déni non constructi
• Risque de suicide
• Diminution situationnelle ou chronique de l’estime de soi
• Sentiment d’impuissance
• Isolement social
• Stratégies d’adaptation amiliale compromises
• Non-adhésion au traitement
• Stratégies d’adaptation inefcaces
du Québec propose plusieurs outils de dépistage des troubles mentaux chez les clients atteints d’un trouble lié à la consommation : www. acrdq.qc.ca/upload/doc/ doc162.pd.
Source : Adapté de North American Nursing Diagnosis Association International (2008)
Chapitre 24 Comorbidité et clients atteints de troubles concomitants
695
24
ENCADRÉ 24.8
Exemples de résultats escomptés
Le client sera en mesure: • d’exprimer l’absence d’idées et de plan suicidaires ; • de aire état d’une baisse de la réquence et de l’intensité des sentiments de désespoir et d’impuissance ; • de s’engager dans une alliance thérapeutique avec l’équipe soignante ; • d’amorcer des interactions sociales avec d’autres personnes atteintes du VIH/sida pour obtenir de l’inormation et du soutien concernant une adaptation efcace à la maladie ; • de reconnaître les obstacles ou les problèmes qui précipitent l’exacerbation
20 L’entretien motivationnel en tant qu’approche thérapeu tique est décrit dans le chapitre 20, Modèles et stratégies thérapeutiques.
de l’anxiété et de la dépression (p. ex., une impression de soutien social insufsant, une impression d’impuissance concernant les symptômes physiques) ; • d’exprimer des plans à court terme clairs et orientés vers les buts fxés qui sont réalisables et axés sur la résolution de problèmes ; • de maniester une amélioration de l’estime de soi et de la confance en soi en ce qui concerne la prise en charge de sa maladie et du traitement ; • de démontrer des intentions et des comportements qui visent à améliorer l’adhésion au traitement antirétroviral.
sa compréhension des résultats escomptés, réduira son sentiment d’impuissance et encouragera son autonomie. La détermination des résultats escomptés avant la mise en œuvre du PSTI guide à la ois les interventions inirmières et l’évaluation ENCADRÉ 24.8.
24.4.4
Exécution des interventions Soins et traitements infrmiers
Soutenir le client dans son acceptation de l’inection par le virus de l’immunodéfcience humaine
28 Le chapitre 28, Suicide, présente les facteurs de risque chez les personnes ayant des problèmes de santé physique
Deux sites canadiens traitent de l’autogestion des soins : http://mytoolbox.mcgill.ca/ et www.sante-abitibitemiscamingue.gouv.qc.ca/ LABCdelautogestiondessoins. html.
696
Partie 5
L’inrmière est amenée à déployer un vaste éventail de soins an de répondre aux besoins propres à chaque client. Il est ici question de permettre au client d’accepter sa maladie et de composer avec certaines émotions désagréables associées à cette dernière (p. ex., la colère, le désespoir). Les soins et traitements inrmiers présentés dans d’autres chapitres peuvent s’avérer appropriés. Dans le cas où le client a des idéations suicidaires, l’inrmière valide d’abord les émotions désagréables vécues, par exemple à l’aide du refet : Le ait d’apprendre que vous êtes inecté par le VIH vous amène à vous considérer comme n’ayant plus d’avenir, ce qui vous ait vivre un grand désespoir. Des stratégies de gestion du passage à l’acte suicidaire peuvent être mises en place selon le risque que présente le client 28 . L’inrmière peut soutenir le client dans la résolution de problèmes et la recherche de solutions (p. ex., la dénition du problème, la génération de solutions de rechange, l’évaluation des solutions possibles, l’application et l’évaluation de la solution). Si ce soutien permet
Interventions infrmières auprès des clientèles spécifques
au client de pallier les dicultés à prendre des décisions associées à des symptômes anxieux ou dépressis, il aut éviter de l’appliquer à des problèmes trop vastes (p. ex., le VIH, le sens de la vie). An d’amener le client à composer avec des sentiments de désespoir et d’impuissance liés à des pertes réelles, l’inrmière peut le soutenir dans la détermination des éléments de sa vie sur lesquels il a un sentiment de maîtrise, même minime. Dans cette optique, les interventions peuvent s’inspirer de celles issues de l’entretien motivationnel (p. ex., Vous me dites que vous avez peu de maîtrise sur votre état de santé, qu’est-ce qui vous amène à me dire cela plutôt qu’aucune maîtrise ?) 20 . Enn, le client peut être accompagné dans les diérentes phases des deuils qu’il vit (p. ex., le choc, la colère, le marchandage, la dépression et l’acceptation). Cet élément est d’autant plus pertinent que l’inrmière est, comparativement à d’autres cliniciens, parois plus présente pour le client dans son environnement de vie, et son statut peut être perçu comme étant moins menaçant que celui d’autres proessionnels. Pour ce aire, l’inrmière ait preuve d’écoute empathique, utilise le refet et donne de l’enseignement sur la maladie qui correspond au degré d’acceptation du client.
Soutenir le client dans l’autogestion des troubles comorbides La section précédente présentait la réaction émotionnelle aux dicultés associées aux troubles comorbides. L’inrmière peut en parallèle amener le client à acquérir une plus grande autonomie par rapport à sa capacité à prendre soin de sa santé. L’autogestion de soins désigne « les tâches dont une personne doit s’acquitter pour bien vivre avec une ou plusieurs maladies chroniques. Cette approche exige la conance et les capacités de gérer les symptômes, le traitement, les conséquences physiques et psychologiques et les modications du style de vie inhérent au ait de vivre avec une maladie chronique. La personne doit résoudre des problèmes, prendre des décisions éclairées touchant ses soins, savoir trouver les services de soutien dont elle a besoin et solliciter l’expertise et l’intervention des proessionnels » (Centre de santé et de services sociaux de la Vallée-de-l’Or, 2012) . Cet objecti peut donner lieu à plusieurs interventions. L’inrmière peut amener le client à utiliser par lui-même des grilles d’auto-observation et d’analyse onctionnelle an de reconnaître certains déclencheurs de ses symptômes. Elle peut aussi aire participer le plus souvent possible le client dans la prise de décisions quant aux soins reçus. Elle l’aide également à trouver des sites Internet, des groupes communautaires ou de pairs aidants à même d’orir de l’inormation sur la maladie, de avoriser un sentiment d’appartenance à un groupe et d’encourager la mobilisation à maintenir un traitement. Enn, le client peut être amené à proposer du soutien à ses
proches afn de diminuer les préjugés associés à la maladie et d’augmenter leur capacité à composer avec ses propres difcultés.
traitements combinés constituent le traitement le plus efcace, mais certains d’entre eux entraînent des eets secondaires invalidants.
Soins et traitements en interdisciplinarité
Les psychotropes sont utiles pour traiter les troubles mentaux d’un client inecté par le VIH. Les psychotropes les plus réquemment utilisés par les clients atteints du VIH sont les antidépresseurs et les anxiolytiques.
Les interventions infrmières contribuent ortement à accroître et à maintenir la capacité du client à composer de manière efcace avec l’inection par le VIH. Touteois, il est important de ne pas perdre de vue que d’autres disciplines et interventions jouent également un rôle crucial dans la capacité du client à aire ace à la détresse psychologique liée à cette inection.
Collaborer avec d’autres proessionnels afn d’intégrer les soins La spécifcité proessionnelle de l’infrmière ait en sorte qu’elle est souvent une intervenante pivot entre les divers cliniciens œuvrant dans des établissements. Dans ce cadre, l’infrmière peut être amenée à orienter et à soutenir le client dans ses demandes de services, dont le onctionnement dière parois d’un domaine à l’autre et où les recommandations des médecins sont souvent nécessaires. La démarche de soins aite par l’infrmière contribue également à établir avec le client et les autres cliniciens un plan de traitements interdisciplinaires. Ce plan structure en partie les soins prodigués par l’infrmière d’autoriser et d’encadrer les échanges mutuels d’inormation. Il avorise la cohérence des soins en permettant la prise en charge de l’ensemble des problèmes présentés par le client tout en évitant que chaque établissement multiplie inutilement les mêmes évaluations et interventions. Par exemple, dans le cas d’une personne inectée par le VIH, la perte de poids occasionnée par des changements dans l’alimentation et l’exercice physique constitue davantage un problème qu’un but souhaité. Il aut réduire autant que possible les régimes inutiles et les exercices vigoureux qui entraînent un manque de calories. La recommandation de aire de l’exercice doit mettre l’accent sur la modération en ayant comme principal objecti le développement de la orce et la musculation. Ainsi, un plan de traitement interétablissements pourrait orienter l’infrmière, le médecin, le psychologue et le nutritionniste afn de coordonner les recommandations entourant l’activité physique dans le cadre d’une réactivation comportementale d’un client inecté par le VIH et présentant des symptômes dépressis.
Psychopharmacothérapie Le traitement antirétroviral hautement acti (TAHA) et le traitement de sauvetage sont des traitements combinés d’antirétroviraux (aussi appelé trithérapie). Ces plans de traitements comprennent des inhibiteurs de la transcriptase inverse et des inhibiteurs de la protéase qui agissent de concert pour interrompre la production de nouveaux virus. Les
L’infrmière garde à l’esprit que les médicaments psychotropes et antirétroviraux peuvent produire des eets secondaires. Il se peut également qu’un antidépresseur perturbe l’efcacité de l’antirétroviral ; touteois, l’antidépresseur peut aider le client à maîtriser les eets secondaires de l’antirétroviral et ainsi améliorer son adhésion au traitement. Le client doit aire l’objet d’une évaluation deux semaines après le début du traitement pour vérifer l’amélioration de l’humeur, la présence d’eets indésirables et l’autogestion de la prise des médicaments.
Psychothérapie Le counseling et la psychothérapie constituent généralement la norme de soins chez les clients dont la dépression ou l’anxiété se manieste de açon importante et persistante. Dans le cas du trouble de l’adaptation, certains clients réagissent bien à l’intervention de soutien apportée par un clinicien de la santé détenant des compétences en relation d’aide, sans touteois posséder une ormation et une accréditation particulières en psychothérapie.
Méthodes complémentaires et parallèles En l’absence de traitement défniti, de nombreux clients inectés par le VIH choisissent d’ajouter à leur traitement des thérapies ou des méthodes complémentaires et parallèles. L’acupuncture, le massage, les herbes, les vitamines, la méditation et la réduction du stress sont des exemples de méthodes complémentaires. À quelques exceptions près, ces méthodes ne présentent aucun danger. Ces exceptions sont la consommation de millepertuis, qui diminue la concentration plasmatique de l’indinavir (inhibiteur de la protéase), et la prise de suppléments d’ail, qui interagissent avec le saquinavir (autre inhibiteur de la protéase). L’infrmière avertit le client de discuter de toute prise de suppléments alimentaires à base de plantes avec le médecin ou le pharmacien pour éviter des eets indésirables qui pourraient résulter des interactions entre ces substances et le traitement antirétroviral 22 .
24.4.5
22 Les approches complémen taires et parallèles sont dé taillées dans le chapitre 22, Approches complémentaires et parallèles en santé mentale.
Évaluation des résultats – Évaluation en cours d’évolution
Lorsque les interventions infrmières donnent de bons résultats, le client montrera généralement des signes d’amélioration relativement à ses capacités d’adaptation. Dans ce cas, une amélioration de son Chapitre 24 Comorbidité et clients atteints de troubles concomitants
697
24
L’atteinte des résultats escomptés ormulés dans le PSTI constitue la preuve d’une adaptation ecace. Le client démontrera une capacité à gérer et à maîtriser ses sentiments désagréables (p. ex., de peur, d’anxiété, de culpabilité, de tristesse et de dépression). À mesure que progressera sa capacité de gestion des symptômes, l’estime de soi et la conance en soi s’amélioreront également. Ses relations avec les autres, surtout avec les proches aidants, seront plus solides en raison d’un surcroît d’enseignement et de soutien de la part de l’inrmière.
Le client era preuve d’un espoir réaliste grâce aux eorts de l’inrmière pour l’aider à trouver un sens à sa vie et à se xer de petits objectis réalisables. Bien que les clients n’éprouvent pas systématiquement un ort sentiment de bien-être, ils devraient connaître une meilleure qualité de vie sur la base de sentiments accrus de maîtrise. Aider le client à parvenir à un sentiment de maîtrise permet de réduire autant que possible la peur, l’anxiété et la dépression associées au VIH/sida tout en maximisant sa capacité de s’adapter à sa maladie et aux multiples pertes qui en découlent. Il sera plus enclin à suivre son régime thérapeutique antirétroviral s’il est en mesure de aire des choix.
Analyse d’une situation de santé
Jugement clinique
Liliane Morency est âgée de 28 ans. Elle se trouve présentement à l’urgence d’un centre hospitalier psychiatrique pour des idéations suicidaires très sérieuses. Elle explique qu’elle était sur le point de passer à l’acte en ingérant des médicaments. Le dossier antérieur de la cliente indique qu’elle a un trouble de la personnalité limite et qu’elle aurait reçu les services de l’unité de soins spécialisés pour des troubles relationnels il y a quatre ans.
C’est de votre aute, vous, les soi-disant proessionnels de la santé. »
humeur, de son comportement et de ses capacités onctionnelles sera aussi constatée. Le client montrera également une meilleure compréhension de sa maladie et du traitement.
SOLUTIONNAIRE
http://fortinash.cheneliere.ca
Au cours de l’évaluation initiale de la cliente, vous la questionnez d’abord sur le comportement suicidaire. Madame Morency vous semble peu ébranlée par la situation. Elle passe d’un sujet à l’autre : « [Sur un ton calme en souriant] J’aime bien la décoration de cette salle. Vous devez être heureuse de travailler ici. [En regardant le sol et en baissant la voix] J’ai peur que la DPJ m’enlève ma lle. J’aimerais bien retourner à l’école. Je ne suis bonne à rien ; j’ai honte de moi. [En vous regardant droit dans les yeux, en serrant les dents et en ermant les poings]
Vous désirez recueillir plus de données sur le comportement suicidaire de la cliente, mais celle-ci détourne la conversation sur l’aide qu’elle aimerait recevoir concernant la garde de sa lle. Elle dit qu’elle ne se reconnaît plus comme mère et se sent complètement détruite à l’idée que la garde de sa lle puisse lui être retirée. Madame Morency travaille comme vendeuse et elle vit des confits avec ses collègues de travail depuis quelque temps. Elle dépense de açon exagérée, achetant de plus en plus de jouets pour gâter sa lle. Elle aurait eu plusieurs partenaires sexuels dans la dernière année, mais elle a vite mis n à ces relations, les qualiant toutes d’insatisaisantes. Depuis un mois, elle se sent apathique et vit un ort sentiment de solitude. Elle passe la plupart de ses journées au lit à pleurer et mange le strict nécessaire pour se maintenir. Même si elle consacre le plus de temps possible à sa lle, elle la blâme souvent de la situation et se âche contre elle. {
MISE EN ŒUVRE DE LA DÉMARCHE DE SOINS
Collecte des données – Évaluation initiale – Analyse et interprétation 1. Comment devriezvous qualifer l’aect de la cliente ? 2. Pourquoi devriezvous vérifer si la cliente a déjà eu des idéations suicidaires ou commis des actes d’auto mutilation dans le passé ? 3. Quels sont les comportements impulsis que la cliente a maniestés ?
698
Partie 5
Interventions infrmières auprès des clientèles spécifques
Sans que vous le lui demandiez, madame Morency parle des craintes qu’elle a toujours eues concernant la garde de sa lle : « J’ai tellement l’impression d’être une mauvaise mère. Ma lle, c’est toute ma vie. » Elle ajoute que depuis un mois, elle se sent de plus en {
plus seule, découragée, parois irritable, qu’elle pleure souvent, qu’elle soure d’insomnie et qu’elle se sent abandonnée par son entourage. « Les gens ne m’aiment pas. C’est pour ça qu’ils ne veulent plus me voir. Je suis toute seule avec mes problèmes. » {
MISE EN ŒUVRE DE LA DÉMARCHE DE SOINS
4. D’après ces nouvelles données, qu’estce qui semble être la cause des idées ayant conduit madame Morency à être sur le point de passer à l’acte suicidaire ? 5. Les troubles comorbides de madame Morency consistent en un trouble de la personnalité limite auquel s’ajoute un état dépressi Quels sont les symptômes d’un trouble dépressi majeur que la cliente présente dans cette histoire ? 6. Pourquoi devriezvous évaluer la tenue vestimentaire de madame Morency ?
Vous tentez d’en apprendre davantage sur les intentions suicidaires de madame Morency, mais celle-ci vous dit : « Comme tout le monde, vous devez penser que j’exagère et que je veux {
attirer l’attention. » Elle ajoute sur un ton insistant, ne vous laissant pas le temps de réféchir : « Dites-moi ranchement ce que vous pensez de moi. » {
MISE EN ŒUVRE DE LA DÉMARCHE DE SOINS
Planifcation des interventions – Décisions infrmières 7. Que devriezvous répondre à la cliente concernant la question qu’elle vous pose ?
Madame Morency accepte de parler de la raison qui l’a incitée à se présenter à l’urgence. Elle {
revient cependant à la charge et insiste pour savoir ce que vous pensez d’elle. ”
MISE EN ŒUVRE DE LA DÉMARCHE DE SOINS
8. Que pourriezvous lui répondre pour lui démontrer de l’empathie ? 9. Sur quel aspect de la situation de la cliente devraient porter vos interventions prioritaires ?
Évaluation des résultats – Évaluation en cours d’évolution 10. Nommez deux critères qui permettraient à madame Morency de retourner chez elle sans avoir besoin d’être hospitalisée
APPLICATION DE LA PENSÉE CRITIQUE Dans l’application de la démarche de soins auprès de madame Morency, l’inirmière a recours à un ensemble d’éléments (connaissances, expériences antérieures, normes institutionnelles ou protocoles, attitudes proes sionnelles) pour analyser la situation de santé de la cliente
24
et en comprendre les enjeux La FIGURE 24.6 illustre le processus de pensée critique suivi par l’infrmière afn de ormuler son jugement clinique Elle résume les principaux éléments sur lesquels l’infrmière s’appuie en onction des données de cette cliente, mais elle n’est pas exhaustive
Chapitre 24 Comorbidité et clients atteints de troubles concomitants
699
VERS UN JUGEMENT CLINIQUE NORME
EXPÉRIENCES
CONNAISSANCES • Troubles comorbides et concomitants souvent rencontrés en santé mentale • Caractéristiques d’un trouble de la personnalité limite et de la dépression • Caractéristiques d’une personne suicidaire et critères d’évolution positive
• Critères de triage à l’urgence
• Expérience de travail en psychiatrie • Expérience en urgence psychiatrique • Expérience avec des personnes suicidaires
ATTITUDES • Ne pas juger la cliente en croyant qu’elle cherche à attirer l’attention par ses intentions suicidaires • Démontrer de l’empathie à la cliente lorsqu’elle cherche à connaître l’opinion qu’on a d’elle • Être patiente devant son insistance • Ne pas considérer les propos de la cliente comme une attaque personnelle lorsqu’elle met la aute de sa situation sur les proessionnels de la santé
PENSÉE CRITIQUE
ÉVALUATION • • • • • • •
Idées suicidaires de la cliente à son arrivée à l’urgence psychiatrique Maniestations d’un trouble de la personnalité limite Maniestations du trouble dépressi majeur Aect Apparence physique Capacité de se centrer sur le problème principal (idées suicidaires et non l’opinion qu’on a d’elle) Sentiments éprouvés par la cliente au moment où elle pensait sérieusement commettre l’acte suicidaire • Condition mentale avant son congé de l’urgence (intention de ne pas mettre n à ses jours et recherche d’aide au besoin) • Capacité de gérer son anxiété, son impulsivité • Capacité de mettre au point des stratégies d’adaptation positives
JUGEMENT CLINIQUE FIGURE 24.6
À retenir VERSION REPRODUCTIBLE
http://ortinash.cheneliere.ca
• Le système de santé s’est structuré de açon compartimentée an de répondre aux besoins des clients atteints d’un seul trouble de santé physique, mentale ou lié à une substance. • Les tableaux cliniques des clients atteints de troubles comorbides ou concomitants sont complexes étant donné la grande étendue de maniestations que ceux-ci peuvent
700
Partie 5
prendre et l’infuence respective des troubles présents chez un même client. • Les clients ayant des troubles comorbides et concomitants représentent une partie substantielle de la clientèle des services de santé mentale et de réadaptation en dépendance. Ils consultent davantage, mais bénécient moins de ces services que les autres étant donné qu’ils sont réquemment redirigés entre les établissements et que les traitements ne sont pas conçus pour prendre en considération l’ensemble de leurs besoins de açon simultanée.
Interventions infrmières auprès des clientèles spécifques
• La présence de troubles comorbides et concomitants est généralement associée à une augmentation du risque suicidaire, mais également à des conséquences plus importantes sur le onctionnement que si le client n’avait qu’un trouble (p. ex., des problèmes de santé physique, une stigmatisation, une précarité du logement, des dicultés amiliales, des confits interpersonnels, des dicultés nancières et judiciaires). • Il importe de considérer également les problèmes associés de santé mentale ou liés à une substance
ainsi que les problèmes psychosociaux et environnementaux. Ces problèmes limitent la capacité des clients à se rétablir et peuvent représenter en soi des cibles de traitements à même de avoriser leur bien-être. • Aucun modèle étiologique ne permet de rendre compte de l’ensemble des troubles comorbides et concomitants. Les modèles de causalité directe ou indirecte, des acteurs de risque associés et d’indépendance étiologique et du maintien réciproque permettent à l’inrmière de ormuler des hypothèses sur l’apparition et le
maintien des divers troubles ainsi que sur l’interaction entre eux afn d’orienter le traitement et de prévoir l’évolution des troubles. • Lorsqu’un client éprouve un problème de santé, un dépistage doit être eectué afn de s’assurer qu’il n’en a pas d’autres. Ce dépistage peut prendre la orme d’entrevue semistructurée, d’un examen physique ou de l’utilisation d’instruments conçus à cet eet (p. ex., DEBA-A/D, SCL90-R) (voir Comité permanent sur les troubles concomitants, 2008). • Il n’existe pas un traitement applicable à l’ensemble des clients atteints de troubles comorbides et concomitants. Les notions de soutien
et de traitement intégrés ainsi que de soins holistiques sont des avenues prometteuses qui orent un cadre à l’évaluation, à l’intervention et à l’orientation des clients. • La combinaison d’un trouble anxieux et d’un trouble lié à une substance est l’un des troubles concomitants les plus réquents. Excepté pour l’état de stress post-traumatique, il est généralement proposé d’aborder d’abord la consommation tout en considérant simultanément les symptômes anxieux. • Le VIH/sida est une maladie chronique qui touche de multiples systèmes et appareils de l’organisme, dont le cerveau et le système nerveux central. Beaucoup de clients vivent un stress
psychologique important lié à la prise de conscience de leur diagnostic et à la nécessité par la suite de s’adapter aux conséquences de cette maladie chronique qui menace leur vie. • Les clients atteints du VIH/sida peuvent être atteints de problèmes de santé mentale tels qu’un trouble de l’adaptation, un trouble dépressi majeur ou une démence. Certains troubles peuvent être directement induits par le VIH/sida ou être associés à la açon dont les clients composent avec la maladie. Outre le suivi médical spécifque au VIH/sida, une évaluation continue de la santé mentale et physique, des habitudes de consommation
et sexuelles ainsi que du réseau de soutien s’avère essentielle. • L’infrmière, comme proessionnelle de la santé physique et mentale, joue un rôle clé auprès des clients atteints de troubles comorbides et concomitants. D’une part, ce rôle lui permet de transmettre à l’équipe de cliniciens une vision intégrée de l’état de santé des clients. D’autre part, son rôle d’intervenante pivot entre divers services et établissements lui permet d’orienter ce type de clientèle vers des services adaptés et de maintenir un échange d’inormation continue permettant une cohérence sur le plan de l’intervention.
Ressources VERSION COMPLÈTE ET DÉTAILLÉE
http://fortinashcheneliereca
trouble de personnalité limite (borderline) et trouble de l’humeur – Qu’estce qui appartient à quoi et comment traiter les deux ? ORGANISMES GOUVERNEMENTAUX
Références Internet ORGANISMES ET ASSOCIATIONS Association canadienne des troubles anxieux (ACTA) wwwanxietycanadaca > Ressources > Brochures > Troubles anxieux et comorbidités Centre canadien de lutte contre les toxicomanies (CCLT) wwwccsaca Réseau canadien des professionnels en toxicomanie et de domaines connexes (RCPTDC) wwwcnsaapca > Trousses d’outils > Points à considérer pendant le traitement > Troubles concomitants Réseaufranco wwwreseaufrancocom > Toxicomanie et santé mentale > Le double diagnostic > Toxicomanie et santé mentale > Les troubles concomitants Revivre http://revivreorg > Conférences > Conférences – archives > Troubles bipolaires > Double diagnostic :
Santé Canada wwwhcscgcca > Préoccupations liées à la santé > Rapports et publications > Alcool et prévention des drogues > Meilleures pratiques – Troubles concomitants de santé mentale et d’alcoolisme et de toxicomanie RÉFÉRENCES GÉNÉRALES Centre de toxicomanie et de santé mentale (CAMH) wwwcamhca > L’hôpital > Programmes et soins > Programme de traitement des cas de double diagnostic Centre Dollard-Cormier wwwcentredollardcormierqcca > Centre québécois de documentation en toxicomanie (CQDT) > Bibliographies thémati ques > Toxicomanie et maladies mentales
Monographies Katlama, C et al. (2009) VIH : complications et comorbidités. Montrouge, France : Éditions John Libbey Eurotext Lang, JP (2009) Psychiatrie, VIH et hépatite C. Quels enjeux de santé publique ? Quels enjeux pour la psychiatrie ? Paris : ElsevierMasson Lutz, PE, & Goeldner, C (2011) La comorbidité entre dépression et dépendance aux opiacés,
une approche transversale. Sarrebruck, Allemagne : Éditions universitaires européennes Skinner, WJW, O’Grady, C, Bartha, C, et al. (2004) Les troubles concomitants de toxicoma nie et de santé mentale. Toronto : Centre de toxicomanie et de santé mentale
Articles, rapports et autres Dubreucq, S, Chanut F, & JutrasAswad, D (2012, septembre, printemps)Traitement intégré de la comorbidité toxicomanie et santé mentale chez les populations urbaines : la situation montréalaise Santé mentale au Québec, 37(01) Mueser, KT, Noordsy, DL, Drake, RE, et al. (2001) Troubles mentaux graves et abus de substances : composantes efcaces de programmes de traitements intégrés à l’inten tion des personnes présentant une comorbidité. Santé mentale au Québec, 26(2), 2246 Statistique Canada (2011, mai) La comorbidité mentale et la mesure dans laquelle elle entraîne une augmentation du recours aux services dispensés dans les hôpitaux de soins de courte durée Rapports sur la santé, no 6
Multimédia Toxicomanie au Canada : Troubles concomitants wwwccsaca > Centre de connaissances > Nos publications > La recherche > Toxicomanie au Canada : Troubles concomitants
Chapitre 24 Comorbidité et clients atteints de troubles concomitants
701
24
chapitre
Enfants et adolescents
Écrit par : Chantal M. Flanagan, RN, MS CNS Adapté par : Nathalie Maltais, inf., M. Sc.
OBJECTIFS
Guide d’études – RE10, RE20
Après avoir étudié ce chapitre, vous devriez être en mesure : ■
de décrire la symptomatologie des jeunes présentant certains troubles de la première enfance, de la deuxième enfance et de l’adolescence ;
■
de décrire les méthodes utilisées par l’infirmière pour établir la confiance et une communication ouverte avec l’enfant ou l’adolescent ;
■
de déterminer cinq interventions de soins infirmiers pertinentes pour les enfants et les adolescents présentant des troubles du comportement ;
■
de distinguer les symptômes d’un trouble mental manifestés par un enfant ou un adolescent de ceux d’un adulte ;
■
de discuter des composantes d’une collecte de données complète et de l’application de la démarche de soins pour les enfants ou les adolescents ;
■
de déterminer trois façons efficaces d’inclure la famille dans le processus de traitement des enfants et des adolescents.
702
Partie 5
Interventions infrmières auprès des clientèles spécifques
Concepts clés
comprennent
Cette carte conceptuelle illustre schématiquement les principaux concepts décrits dans le présent chapitre. Sa lecture vous permettra d’avoir une vue d’ensemble des notions qui y sont présentées.
comprennent
comprennent
problèmes de santé mentale incluent
autres problèmes de santé mentale
25
Chapitre 25 Enfants et adolescents
703
PORTRAIT Marilou Montreuil Isabelle Montreuil est la mère de la petite Marilou, âgée de quatre ans. Marilou réquente un CPE depuis un an. Certaines observations des éducatrices ont amené madame Montreuil à consulter et à se rendre au groupe de médecine amiliale près de chez elle. Elle veut aire évaluer Marilou, car, dit-elle, elle n’a pas d’amis au centre de la petite enance et elle joue toujours toute seule. Cela ne lui semble pas normal. En réponse aux questions de l’inirmière, madame Montreuil ajoute que Marilou dit bien quelques mots, mais elle ne ait pas de phrases. L’inrmière lui demande si elle a remarqué d’autres comportements inhabituels. Parois, dit-elle, Marilou se balance d’avant en arrière, particulièrement lorsqu’elle semble anxieuse. Elle aime aussi regarder des images d’elle lorsqu’elle était bébé et les classe souvent par ordre chronologique. Lorsqu’on lui parle, elle répond par de courtes réponses, mais elle ne regarde pas les gens à qui elle s’adresse.
25.1 1 La distinction entre pro blème de santé mentale et trouble mental est pré cisée dans le chapitre 1, Perspectives en santé mentale : notions ondamentales et défs.
Caractéristiques générales
La santé mentale pédiatrique est une spécialité de la médecine assez méconnue. La reconnaissance des problèmes de santé mentale chez les enants et les adolescents ne date que de quelques décennies (Côté, 2005). Une hypothèse pouvant expliquer en partie ce phénomène est liée au ait que, encore aujourd’hui, certains adultes conçoivent dicilement que les adolescents et plus particulièrement les jeunes enants puissent sourir de troubles mentaux 1 . Les problèmes émotionnels et comportementaux des enants et des adolescents ont rarement ait l’objet de discussions avant le xviiie siècle. À cette époque, la croyance voulait que les enants qui avaient des problèmes émotionnels soient possédés par les mauvais esprits. Il n’y avait pas d’approche individualisée parce que les enants étaient considérés comme des adultes miniatures et recevaient le même traitement. Traditionnellement, les enants avaient un statut déavorisé par rapport à celui des adultes dans le traitement de déviances comportementales. Les abus commis envers les enants et les adolescents dans les orphelinats, les maisons de correction et les asiles d’aliénés étaient particulièrement graves. La Loi sur les jeunes contrevenants votée en 1978 a marqué un changement de mentalité. En vertu de cette loi, toute personne âgée de 7 à 16 ans était par
704
Partie 5
Interventions infrmières auprès des clientèles spécifques
dénition considérée comme un enant, et le juge avait le pouvoir d’agir dans le meilleur intérêt de l’enant. Les décisions du tribunal s’eectuaient en onction des besoins de l’enant et non de la gravité du crime perpétré. À cette époque, il s’est aussi constitué un réseau parallèle de services en santé mentale adaptés aux besoins des jeunes, avec des cliniques spécialisées et des proessionnels mieux ormés. Dans le Plan d’action en santé mentale (PASM) 2005-2010, le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) (2005) promeut l’amélioration de l’accès aux traitements disponibles pour les enants et les adolescents ayant un trouble mental. La santé mentale des enants et des adolescents est devenue une priorité de santé publique. L’enance constitue une période déterminante dans le développement de la personne. Un bon départ dans la vie contribue au développement et à la santé positive de l’enant, de l’adolescent, puis de l’adulte. La santé mentale résulte de l’interaction de plusieurs acteurs : 1) les acteurs biologiques, relatis aux caractéristiques génétiques et physiologiques de l’enant ou de l’adolescent; 2) les acteurs psychologiques, liés aux aspects cognitis, aectis et relationnels; 3) les acteurs contextuels, qui relèvent de la relation entre l’enant ou l’adolescent et son environnement (Institut national de la santé publique du Québec [INSPQ], 2008). Ces acteurs peuvent infuer sur la santé mentale de l’enant. Les acteurs de protection (p. ex., l’estime de soi ou le soutien social) et les acteurs de risque (p. ex., les inégalités socioéconomiques ou le stress) auxquels l’enant est exposé, et qui peuvent être modulés, infuent sur sa santé. L’inrmière est appelée à évaluer ces acteurs et, en diminuant l’impact des acteurs de risque et en optimisant l’eet des acteurs de protection, elle peut intervenir pour promouvoir la santé mentale et prévenir les problèmes de santé mentale de l’enant ou de l’adolescent (INSPQ, 2008). Les problèmes de santé mentale ne se présentent pas de la même manière chez les enants et chez les adultes. Il en résulte une complexité accrue au moment de l’évaluation (Bedwani, 2011). Survenant au cours du développement de l’enant ou de l’adolescent, les troubles mentaux évoluent et se traitent souvent diéremment. Par exemple, avec les jeunes, la préoccupation est souvent de clarier s’il s’agit soit : 1) d’un problème de développement ; 2) d’une réaction psychologique marquée en rapport à des changements dans l’environnement du jeune comme à l’école ou dans sa amille ; 3) d’une réaction émotive liée à une maladie physique ; 4) de l’apparition d’une d’un trouble mental. Dans le PASM 2005-2010, il est estimé que plus de 230 000 enants et adolescents sourent de troubles mentaux MSSS, 2005). Les troubles anxieux sont les plus répandus. Ils sont suivis par le trouble des conduites et le trouble de déicit de
l’attention/hyperactivité (TDA/H), puis par les troubles dépressis. L’ensemble des autres troubles qui touchent les jeunes comme ceux liés à l’abus de substances, les troubles envahissants du développement, le trouble obsessionnel-compulsi, la schizophrénie, le syndrome de Gilles de la Tourette, les troubles de l’alimentation et le trouble bipolaire sont moins réquents. L’infrmière est appelée à eectuer des évaluations et des interventions auprès d’enants et d’adolescents dans divers contextes. Il est important qu’elle comprenne bien les particularités des problèmes de santé mentale, et leurs eets sur la croissance et le développement des enants et des adolescents. Elle joue un rôle important dans l’évaluation des acteurs de risque potentiel qui sont présents avant l’apparition d’un trouble mental. Il est essentiel que cette évaluation tienne compte de la amille. En écoutant les parents exprimer leurs préoccupations et en aidant ces derniers à comprendre les étapes développementales ainsi que les comportements normaux pendant l’enance, elle peut déceler de açon précoce les situations problématiques et contribuer à en prévenir l’aggravation. L’infrmière est capable d’aider la amille et de lui aciliter l’accès à des modalités de traitement interdisciplinaire. Les enants et les adolescents ont souvent des symptômes qui se présentent diéremment de ceux des adultes. Ils peuvent maniester des signes et symptômes associés à des problèmes physiques présumés, alors que le problème sous-jacent peut être en réalité un trouble mental. Il arrive ainsi que l’analyse des symptômes liés à des problèmes de santé mentale asse l’objet d’un mauvais diagnostic. Il aut donc redoubler de vigilance. Par la diversité de ses activités (périnatalité, pédiatrie, santé en milieu scolaire, etc.), l’infrmière est bien placée pour le dépistage précoce des troubles mentaux chez les enants et les adolescents.
25.2
25.2.1
Troubles de la première enfance, de la deuxième enfance ou de l’adolescence Retard mental
Étiologie et épidémiologie Malgré des évaluations approondies, il s’avère impossible de déceler une étiologie chez 58 à 78 % des personnes atteintes de retard mental léger et chez 23 à 43 % des sujets atteints de retard mental grave ou proond. L’étiologie, lorsqu’elle est détectée, peut être génétique, médicale, environnementale ou résulter d’une combinaison de ces acteurs. Les chercheurs estiment que 1 % de la population canadienne soure de retard mental (Association du Québec pour l’intégration sociale [AQIS], 2005).
Description clinique L’American Psychiatric Association (APA) défnit le retard mental comme des limitations relatives du onctionnement adaptati. À chaque groupe d’âge correspondent des normes d’autonomie personnelle. Un trop grand écart par rapport à ces normes est considéré comme un retard ENCADRÉ 25.1.
Degrés de sévérité Environ 85 % des personnes atteintes d’un retard mental sourent d’un retard léger. Les enants atteints acquièrent généralement des compétences sociales et de communication durant leurs années préscolaires. Ils ont des problèmes sensorimoteurs minimes, et ne reçoivent souvent pas de diagnostic avant un âge plus avancé. Ils acquièrent généralement des aptitudes scolaires jusqu’à la sixième année du primaire. À l’âge adulte, ils sont généralement capables d’une insertion socioproessionnelle leur permettant de subvenir à leurs besoins minimaux avec une certaine orme de soutien et de supervision (Cloutier, Gosselin & Tap, 2005). À peu près 10 % de l’ensemble de la population atteinte d’un retard mental soure d’un retard moyen. La plupart de ces personnes apprennent à communiquer durant leur jeunesse et peuvent bénéfcier d’une ormation proessionnelle, mais elles dépassent rarement la deuxième année du primaire. Avec un peu d’encadrement, elles peuvent subvenir à leurs besoins personnels et apprendre à se déplacer dans des endroits amiliers. À l’adolescence, les relations avec les pairs sont souvent susceptibles de se détériorer à cause
i
L’étiologie du retard mental est présentée en détail dans le chapitre 12 du manuel de Hockenberry, M.J., & Wilson, D. (2012). Soins infrmiers – Pédiatrie (2e éd.). Montréal : Chenelière Éducation.
Critères diagnostiques du DSM-IV-TR ENCADRÉ 25.1
Retard mental
A. Fonctionnement intellectuel général signifcativement inérieur à la moyenne : niveau de QI d’environ 70 ou au-dessous, mesuré par un test de QI passé de açon individuelle (pour les enants très jeunes, on se onde sur un jugement clinique de onctionnement intellectuel signifcativement inérieur à la moyenne).
C. Début avant l’âge de 18 ans.
B. Défcits concomitants ou altérations du onctionnement adaptati actuel (c’està-dire de la capacité du sujet à se conormer aux normes escomptées à son âge dans son milieu culturel) concernant au moins deux des secteurs suivants: communication, autonomie, vie domestique, aptitudes sociales et interpersonnelles, mise à proft des ressources de l’environnement, responsabilité individuelle, utilisation des acquis scolaires, travail, loisirs, santé et sécurité).
Retard mental grave: niveau de QI de 20-25 à 35-40.
F70. X [317]
Retard mental léger: niveau de QI de 50-55 à 70 environ. F71. X [318.0]
Retard mental moyen: niveau de QI de 35-40 à 50-55. F72. X [318.1]
F73. X [318.2]
Retard mental proond: niveau de QI inérieur à 20-25. F79. X [319]
Retard mental, sévérité non spécifée: lorsqu’il existe une orte présomption de retard mental mais que l’intelligence du sujet ne peut être mesurée par des tests standardisés.
Source : APA (2004), p. 52-53 Chapitre 25 Enfants et adolescents
705
25
de l’incapacité de ces personnes à reconnaître ou à établir une interaction sociale appropriée. Durant l’âge adulte, elles peuvent occuper des emplois non spécialisés ou semi-spécialisés et vivre au sein de la collectivité dans des établissements supervisés (APA, 2003). Le retard mental grave touche environ de 3 à 4 % des sujets atteints d’un retard mental. Ces derniers n’acquièrent durant leur petite enance que peu d’aptitudes à communiquer, sinon aucune, mais peuvent acquérir des compétences de base en communication et des aptitudes d’hygiène élémentaire à l’âge scolaire. La motricité ne ait souvent déaut et ils peuvent apprendre à lire quelques mots essentiels. À l’âge adulte, certains seront en mesure d’accomplir des tâches simples dans un environnement étroitement contrôlé. Ils peuvent généralement vivre dans un milieu protégé au sein de la communauté, dans des oyers de groupe ou avec leur amille, à moins qu’un autre handicap ne nécessite des soins inrmiers spécialisés ou d’autres soins (APA, 2003).
i
L’étiologie de l’autisme est expliquée en détail dans le chapitre 12 du manuel de Hockenberry, M.J., & Wilson, D. (2012). Soins infrmiers – Pédiatrie (2e éd.). Montréal : Chenelière Éducation.
Seulement de 1 à 2 % des personnes atteintes d’un retard mental présentent un retard proond. La plupart sont également atteintes d’une aection neurologique à l’origine de ce retard, comme une paralysie cérébrale, des déciences sensorielles, l’épilepsie et d’autres troubles neurologiques. Ces personnes ont des problèmes sensorimoteurs considérables se maniestant pendant la petite enance, tels qu’une incapacité à soutenir leur tête, à se retourner sur eux-mêmes ainsi que des problèmes alimentaires. Elles doivent vivre dans des environnements très structurés, orant une surveillance et une aide constante, ce qui leur permet d’atteindre un développement optimal.
Pronostic Le pronostic refète l’interaction des acteurs biomédicaux, psychologiques et environnementaux. Les études montrent que les personnes atteintes de retard mental léger peuvent vivre une vie assez satisaisante et productive FIGURE 25.1. Par ailleurs, celles qui sourent de retard mental grave ou proond ont une espérance
de vie plus courte à cause d’aections médicales comme l’épilepsie et les problèmes alimentaires ainsi que des limites en matière de soins personnels et de communication (Szymanski & King, 1999).
25.2.2
Troubles envahissants du développement
L’apparition des troubles envahissants du développement (TED), aussi appelés troubles du spectre autistique, est généralement observée avant l’âge de trois ans. En eet, les parents s’inquiètent parce que leur enant n’a pas acquis les habiletés langagières et développementales attendues. Cependant, d’autres enants ne reçoivent un diagnostic que plus tard durant leur parcours scolaire. Des décits peuvent être observés sur le plan du langage, de la cognition, du comportement et des interactions sociales (APA, 2004). Les TED regroupent cinq sous-catégories : • le trouble autistique ; • le syndrome d’Asperger ; • le syndrome de Rett ; • le trouble désintégratif de l’enfance ; • le trouble envahissant du développement non spécié.
Trouble autistique Étiologie L’étiologie exacte de l’autisme reste indéterminée. Les scientiiques avancent plusieurs théories concernant la cause de ce trouble. L’autisme serait attribuable à des acteurs génétiques, neurologiques, métaboliques, immunologiques et environnementaux ainsi qu’à des complications pendant l’accouchement. La plupart des chercheurs s’entendent sur le ait que l’étiologie de l’autisme comporte plusieurs acettes et citent le rôle que joue la combinaison de acteurs génétiques complexes et d’expositions environnementales (Plauche & Myers, 2007). Une consommation excessive de sucre, une sensibilité alimentaire, les additis alimentaires, les vaccins et les allergies ne ont pas partie des causes de l’autisme (Valente, 2004). Il est important de préciser que l’autisme ne semble être causé ni par le vaccin rougeole-oreillons-rubéole ni par les vaccins renermant du thimérosal (DeSteano, Bhasin, Thompson et al., 2004 ; D’Souza, Fombonne & Ward, 2006 ; Lazo, Zhong, Piperni et al., 2010 ; Muhle, Trentacoste & Rapin, 2004).
Épidémiologie
FIGURE 25.1 Les jeunes atteints d’un retard mental léger peuvent développer de bonnes compétences sociales et intellectuelles.
706
Partie 5
Interventions infrmières auprès des clientèles spécifques
Au Québec, en 2007-2008, 1 052 102 enants âgés de 4 à 17 ans étaient inscrits dans une école publique ou privée. Parmi ceux-ci, 5 892 avaient un diagnostic de TED. Le taux de prévalence des TED est donc de 56 pour 10 000, ces troubles touchant ainsi 1 enant sur 178 (Noiseux, 2009). En 2007-2008, 84 % des élèves québécois atteints d’un TED sont des garçons. Le ratio est de 5,4 garçons pour 1 lle atteinte dans le
milieu scolaire. Les flles atteintes d’autisme ont tendance à présenter un retard mental plus grave. Les rères et sœurs des personnes atteintes d’autisme ont un risque accru de présenter un trouble autistique (APA, 2000 ; Volkmar, 1999). Les membres de la amille de l’enant autiste ont parois d’autres troubles comportementaux et développementaux, comme le TDA/H ou le syndrome d’Asperger (Valente, 2004). L’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) reconnaît que les TED représentent un problème de santé publique important à surveiller étant donné la réquence de la maladie, l’importance du ardeau amilial et sociétal, la aisabilité et l’efcacité des interventions existantes (intervention comportementale intensive) ainsi que les possibles inégalités dans les ressources d’interventions et de diagnostic dans certaines régions du Québec. L’INSPQ suggère d’implanter un système de surveillance des TED au Québec. De plus, l’Agence de santé publique du Canada considère la possibilité de mettre en place un système de surveillance à l’échelle du pays (Santé Canada, 2012 ; Noiseux, 2009).
Description clinique Divers symptômes comportementaux sont souvent présents chez les enants atteints d’autisme, tels que l’hyperactivité, la réduction du champ de l’attention, l’impulsivité, l’agressivité, l’automutilation et les crises de colère ENCADRÉ 25.2. Des anomalies sur le plan de l’alimentation (p. ex., l’apport nutritionnel
limité à quelques aliments ou la propension à ingérer des objets non comestibles) ou du sommeil (tels que des réveils récurrents avec balancement) sont également présentes. Les clients sont souvent incapables de tolérer des changements mineurs dans l’environnement et peuvent avoir une réaction intense ou catastrophique ace à ce type de changements, tels que l’introduction d’une nouvelle chaise ou une nouvelle disposition des places à table. Certains enants nécessitent le maintien de rituels et de routines.
RAPPELEZ-VOUS…
La propension à manger des substances non comestibles (p. ex., de l’argile, de la terre, des serviettes en papier) peut également se rencontrer chez la emme enceinte. Quel nom donnet-on à cette pratique ?
Les enants autistes ont souvent des activités motrices stéréotypées (p. ex., applaudir ou taper des mains, tourner sur soi, se bercer, se balancer) ainsi que des postures inusitées (marcher sur la pointe des pieds, positionnement bizarre). Leur jeu ne peut pas être interrompu et ces enants peuvent être intensément préoccupés par des objets communs (boutons, ermetures à glissière). Ils montrent réquemment de la ascination pour les mouvements rotatis comme celui des ventilateurs, ou pour l’ouverture et la ermeture de tiroirs, de portes ou d’interrupteurs. Certains peuvent s’attacher à des objets banals, comme un bout de fcelle ou un élastique, ignorant les objets transitionnels habituellement adoptés par les enants, tels que les couvertures, les animaux en peluche ou les poupées. Les enants autistes manquent généralement de réciprocité émotive et ne participent pas activement
Critères diagnostiques du DSM-IV-TR ENCADRÉ 25.2
Trouble autistique
A. Un total de six (ou plus) parmi les éléments décrits en (1), (2) et (3), dont au moins deux de (1), un de (2) et un de (3) : (1) altération qualitative des interactions sociales, comme en témoignent au moins deux des éléments suivants: a) altération marquée dans l’utilisation, pour réguler les interactions sociales, de comportements non verbaux multiples, tels que le contact oculaire, la mimique aciale, les postures corporelles, les gestes; b) incapacité à établir des relations avec les pairs correspondant au niveau du développement; c) le sujet ne cherche pas spontanément à partager ses plaisirs, ses intérêts ou ses réussites avec d’autres personnes (p. ex., il ne cherche pas à montrer, à désigner du doigt ou à apporter les objets qui l’intéressent) ; d) manque de réciprocité sociale ou émotionnelle ; (2) altération qualitative de la communication, comme en témoigne au moins un des éléments suivants: a) retard ou absence totale de développement du langage parlé (sans tentative de compensation par d’autres modes de communication, comme le geste ou la mimique) ; b) chez les sujets maîtrisant susamment le langage, incapacité marquée à engager ou à soutenir une conversation avec autrui ;
c) usage stéréotypé et répétiti du langage, ou langage idiosyncrasique ; d) absence d’un jeu de « aire semblant» varié et spontané, ou d’un jeu d’imitation sociale correspondant au niveau du développement; (3) caractère restreint, répétiti et stéréotypé des comportements, des intérêts et des activités, comme en témoigne au moins un des éléments suivants : a) préoccupation circonscrite à un ou plusieurs centres d’intérêt stéréotypés et restreints, anormale soit dans son intensité, soit dans son orientation; b) adhésion apparemment infexible à des habitudes ou à des rituels spéciques et non onctionnels; c) maniérismes moteurs stéréotypés et répétitis (p. ex., battements ou torsions des mains ou des doigts, mouvements complexes de tout le corps) ; d) préoccupations persistantes pour certaines parties des objets. B. Retard ou caractère anormal du onctionnement, débutant avant l’âge de trois ans, dans au moins un des domaines suivants : (1) interactions sociales, (2) langage nécessaire à la communication sociale, (3) jeu symbolique ou d’imagination. C. La perturbation n’est pas mieux expliquée par le diagnostic de syndrome de Rett ou de trouble désintégrati de l’enance.
Source : APA (2004), p. 60-61 Chapitre 25 Enfants et adolescents
707
25
aux jeux sociaux élémentaires. Une absence d’interaction sociale est souvent remarquée. Ils préèrent plutôt les activités solitaires, cherchant à limiter le contact visuel ou encore la participation des autres au rôle de simples instruments de leur jeu (p. ex., un enant autiste placerait un autre enant comme s’il était un banc pour s’y s’asseoir) FIGURE 25.2. Des anomalies de l’aect ou de l’humeur sont parois présentes, comme le ait de rire nerveusement ou de pleurer sans raison apparente, ou encore de ne maniester aucune émotion lorsqu’une réaction est normalement attendue. Les enants autistes sourent souvent d’un trouble de traitement sensoriel. Un domaine de plus en plus étudié est celui de l’organisation inappropriée des signaux sensoriels. Ces enants peuvent aussi réagir de açon inappropriée ace à des dangers réels ou inoensis. Ils peuvent se blesser en se cognant la tête ou en mordant diverses parties de leur corps (automutilation). Certains ont un seuil de douleur élevé, une hypersensibilité aux sons ou au toucher ou encore une réaction exagérée à la lumière ou à la couleur. D’autres sont ascinés par une stimulation sensorielle particulière, par exemple, rotter constamment une surace dure ou un Le petit Jason Couture est âgé de deux ans. Chaque meuble particulier (Miller, fois que sa mère veut le prendre dans ses bras, il se Anzalone, Lane et al., 2007). fâche et pleure jusqu’à ce qu’elle le laisse aller. Il aime Bien qu’il existe un cerse rouler de façon répétitive dans la grosse boîte en tain consensus à l’eet qu’un carton qui contenait la voiturette que ses parents lui bon nombre de personnes ont achetée. Comme il peut faire cela pendant de lonprésentant un trouble envagues minutes, ses parents peuvent vaquer à leurs occuhissant du développement pations sans inquiétude. Lorsque ceux-ci lui parlent, il ont également un retard menne les regarde pas. tal, une controverse subsiste Parmi les comportements de Jason, lesquels pourraient en ce qui concerne le taux de laisser suspecter un trouble autistique ? prévalence du retard mental chez ces jeunes. Ainsi, la Haute Autorité de Santé (HAS) en France afrme que chez les personnes atteintes d’autisme inantile, 70 % présentent un retard mental associé,
Jugement clinique
FIGURE 25.2 L’enant autiste ne maintient pas de contact visuel et a de la difculté à interagir avec les autres.
708
Partie 5
Interventions infrmières auprès des clientèles spécifques
pourcentage réparti en 40 % de retard mental proond et 30 % de retard mental léger (HAS, 2010). Chakrabarti et Fombonne (2001) indiquent, de leur côté, que seulement 25 % des enants ayant reçu un diagnostic de TED ont un retard mental. À noter que ces études ont été réalisées auprès de personnes atteintes d’un TED peu importe le syndrome, ce qui ne permet pas d’établir la prévalence spécifque pour l’autisme seulement. L’autisme perturbe également d’autres zones cognitives comme la capacité d’introspection, le raisonnement et le jugement. Les problèmes de communication peuvent être si graves sur les plans verbal et non verbal qu’il peut y avoir absence de langage chez certains enants autistes. D’autres peuvent être incapables de commencer ou d’entretenir une conversation ; d’autres encore ont recours à un langage si stéréotypé et répétiti qu’il est difcile d’entretenir une conversation avec eux. Leur discours contient souvent des anomalies sur le plan du ton, de l’intonation, du débit et du rythme (p. ex., un ton et un rythme monotones ou chantants inappropriés, ou une élévation du ton à la fn de phrases déclaratives donnant l’impression d’une interrogation). Parois, la grammaire est particulière et seules les personnes qui connaissent bien le langage utilisé par l’enant autiste peuvent le comprendre. Certains enants autistes sont parois incapables de comprendre des questions, des instructions ou des plaisanteries élémentaires. D’autres disposent d’une excellente mémoire à long terme pour certains éléments anodins comme les horaires d’autobus, des statistiques, des chansons ou des dates (APA, 2003 ; Asperger aide France, 2011 ; Volkmar, 1999). Par exemple, une personne est incapable de compter la monnaie qu’on lui rend dans un magasin, mais peut citer et résoudre des ormules mathématiques complexes.
Pronostic Il n’existe pas de traitement pour l’autisme. Les aptitudes langagières et le niveau intellectuel global constituent les principaux acteurs pour le pronostic fnal. Les études précédentes sur l’évolution de ce trouble sont pessimistes et indiquent qu’un aible pourcentage des personnes atteintes réussit à vivre de açon autonome à l’âge adulte. Cependant, une étude eectuée par Dawson et ses collaborateurs (2009) propose un pronostic plus optimiste. Dans cette étude contrôlée randomisée, des enants de 18 à 30 mois ayant reçu un diagnostic d’autisme et ayant bénéfcié d’une intervention précoce ont montré une amélioration de leur quotient intellectuel, de leur langage et de leur comportement adaptati deux ans plus tard, à tel point que 30 % d’entre eux ne correspondaient plus au critère de l’autisme, mais plutôt à celui du trouble envahissant du développement non spécifé. Dans environ le tiers des cas, il est possible d’envisager un certain degré d’indépendance. Les adultes autistes disposant du
meilleur niveau de oncflles et se distingue par Il n’existe pas de traitement pour l’autisme. tionnement continuent une régression marquée habituellement à éprouver dans plusieurs domaines des difcultés sur le plan des relations sociales et du onctionnement, à la suite d’une période de de la communication, et à n’avoir que des intérêts développement apparemment normal d’au moins et des activités restreints. deux ans. Avant l’âge de 10 ans, la perte clinique signifcative des acquisitions préalables se maniSyndrome d’Asperger este dans au moins deux des domaines suivants : Contrairement à l’autisme, le langage et la cognition 1) le langage de type expressi ou récepti ; 2) les ne sont pas atteints chez les clients atteints du syn- compétences sociales ou le comportement adaptadrome d’Asperger. Touteois, plusieurs caractéris- ti ; 3) le contrôle sphinctérien vésical ou anal ; 4) le tiques sont semblables à celles du trouble autistique, jeu ; 5) les habiletés motrices. Les enants atteints comme les problèmes de comportement, une déf- présentent les défciences sociales, comportemencience des interactions sociales et certains types de tales et de communication typiques du trouble comportements restreints et répétitis (APA, 2004). autistique. Il se produit une altération qualitative Ce trouble suit une évolution continue et dure géné- des interactions sociales, de la communication ou ralement toute la vie. Les résultats à long terme des des comportements restreints, répétitis ou stéréopersonnes atteintes du syndrome d’Asperger sont typés. La présentation clinique caractéristique commeilleurs que ceux des personnes atteintes d’au- prend une perte des acquisitions et l’atteinte d’un tisme. Le pronostic chez ces enants est meilleur si plateau, ce qui limite le potentiel d’amélioration. le traitement commence de açon précoce, idéale- Dans certains cas cliniques, la perte d’aptitudes est ment entre 24 et 36 mois (Noiseux, 2009 ; Tanguay, progressive. Le trouble suit une évolution chronique et dure généralement toute la vie (APA, 2003). 2000 ; Volkmar, 1999).
Syndrome de Rett Le syndrome de Rett a longtemps été conondu avec l’autisme. Il consiste en de multiples défciences apparaissant après un développement normal au cours des périodes prénatale et périnatale et jusqu’aux cinq premiers mois de vie de l’enant. Selon Chabrol et Rogé (2003), ce syndrome touche essentiellement les flles malgré que quelques cas de syndrome de Rett ont été signalés chez les garçons. Entre 5 et 48 mois, une décélération de la croissance crânienne est notée, en association avec une perte des compétences manuelles acquises antérieurement, suivie par l’apparition de mouvements stéréotypés des mains qui ressemblent à l’action d’écrire et de se laver les mains. La régression s’accompagne de la perte d’intérêt pour les stimulations de toute nature y compris les situations sociales. L’enant devient inexpressi. Des maniestations spécifques sur le plan neurovégétati et neurologique peuvent permettre d’éliminer le diagnostic d’autisme au proft du syndrome de Rett. Par exemple, l’enant présente une mauvaise coordination de la démarche et des mouvements du tronc. Une altération du langage liée à un important retard psychomoteur apparaît. Le syndrome de Rett est moins réquent que l’autisme. Il est permanent, et la perte de capacités est généralement persistante et progressive. La guérison est habituellement peu probable. Les difcultés comportementales et de communication se posent en général de manière constante tout au long de sa vie (APA, 2003).
Trouble désintégratif de l’enfance Le trouble désintégrati de l’enance est très rare, concerne plus réquemment les garçons que les
25.2.3
i
Le syndrome de Rett ainsi que le trouble (ou désordre) désintégratif de l’enfance sont expliqués sur les sites Internet suivants : www.autisme.qc.ca/ TED/les-ted-sont/syndromede-rett.html et www.autisme. qc.ca/TED/les-ted-sont/ desordre-desintegratif.html.
Troubles liés à l’attachement
Ces troubles sont principalement rencontrés chez les enants victimes de maltraitance, d’abus et de négligence. Il est important pour l’infrmière travaillant auprès des amilles avec des jeunes enants de connaître ces troubles afn de pouvoir les dépister le plus tôt possible.
Trouble réactionnel de l’attachement Étiologie et épidémiologie Le trouble réactionnel de l’attachement peut toucher certains enants qui subissent de la violence ou de la négligence physique et psychologique, qui sont en amille d’accueil ou en centre jeunesse, ou encore qui sont exposés à une pauvreté extrême. Selon Gagnon et ses collaborateurs (2001), une étude menée en 1998 brosse un portrait alarmant de la situation québécoise. La proportion des signalements est de 67 % pour la négligence, suivie de 17 % pour les sévices sexuels et de 13 % pour les abus physiques. De plus, le nombre de signalements nécessitant une évaluation est en constante évolution.
Description clinique Le trouble réactionnel de l’attachement débute généralement au cours des cinq premières années de vie et résulte habituellement d’une carence de soins. Ce trouble comprend deux sous-types : inhibé et désinhibé.
25
Dans le cas du type inhibé, l’enant est incapable d’avoir des interactions sociales correspondant à son niveau de développement. À cause d’un manque de liens sains et d’intimité plus tôt dans sa vie, l’enant ne peut pas émettre de signaux sociaux Chapitre 25 Enfants et adolescents
709
ni y réagir (p. ex., il ne cherche pas à être réconorté ni à avoir des interactions sociales). Certains enants ont peur de se laisser réconorter par autrui. Dans le cas du type désinhibé, l’enant n’a pas la notion des limites appropriées et est incapable de aire la distinction entre une relation avec un étranger et une relation sécuritaire. Ces enants peuvent chercher du réconort auprès d’adultes inconnus ; par exemple, ils peuvent courir vers des étrangers dans un endroit public et les serrer dans leurs bras. Ils peuvent également ressentir de la détresse lorsqu’ils sont séparés de personnes inconnues (APA, 2003 ; Boris, Zeanah & Work Group on Quality Issues, 2005) ENCADRÉ 25.3. Souvent, la personne qui prend soin de l’enant l’amène chez le pédiatre et rapporte des problèmes de coliques graves, des difcultés alimentaires, de l’incapacité à prendre du poids, des comportements détachés ou non réactionnels, des difcultés à se laisser réconorter ou l’éviteFélix Simpson est âgé de quatre ans. Le conjoint de sa ment des interactions sociales mère, qui n’est pas son père biologique, est un type au (Lubit, Maldonado-Durán, caractère violent qui gronde souvent l’enant sans raiHelmig-Bram et al., 2006). son. Il lui parle ort et le traite d’imbécile ou d’arriéré Pronostic mental. La mère se tait, ayant peur que son conjoint la Les enants peuvent apprendre quitte. Félix se ait souvent garder par des personnes à développer un attachement diérentes chaque ois. Même si ce sont des inconnues, émotionnel sain s’ils sont plaFélix accourt au devant d’elles, leur sourit, leur prend la cés dans un milieu stable stimain et les suit dans leurs déplacements ; ce scénario se répète à chaque nouvelle gardienne. mulant et aimant et s’ils reçoivent le traitement nécessaire Quel type de trouble réactionnel de l’attachement Félix (Lubit, Maldonado-Durán, présente-t-il ? Helmig-Bram, et al., 2006).
Jugement clinique
Trouble d’anxiété de séparation La caractéristique essentielle du trouble d’anxiété de séparation réside dans l’anxiété démesurée liée à la situation de séparation d’avec la maison ou les personnes auxquelles le sujet est attaché (APA, 2004). Cette anxiété dépasse largement en intensité celle associée au stade de développement de l’enant et entrave ses activités sociales, scolaires et amiliales.
Étiologie et épidémiologie L’anxiété de séparation apparaît généralement après un événement stressant (p. ex., la mort d’un proche ou d’un animal de compagnie, la maladie d’un enant ou d’un parent) ou un changement important dans l’environnement (p. ex., un déménagement). Il aut que le trouble persiste pendant une période d’au moins 4 semaines et qu’il ait débuté avant l’âge de 18 ans (APA, 2004). Ce trouble présente des phases d’accentuation et des périodes de rétablissement. Les maniestations de l’anxiété de séparation varient avec l’âge. Touteois, certains comportements d’évitement peuvent persister durant des années. Ce trouble atteint environ 4 % des enants et des adolescents, et selon Chabrol et Rogé (2003), il varie peu en onction du sexe. La prévalence diminue de l’enance à l’adolescence. Les clients atteints de ce trouble consultent généralement avant la fn de l’adolescence (APA, 2003).
Description clinique L’enant manieste au moins trois symptômes : 1) inquiétude excessive à l’idée d’être séparé de la
Critères diagnostiques du DSM-IV-TR ENCADRÉ 25.3
Trouble réactionnel de l’attachement de la première ou de la deuxième enfance
A. Mode de relation sociale gravement perturbé et inapproprié au stade du développement, présent dans la plupart des situations et ayant débuté avant l’âge de 5 ans, comme en témoignent les maniestations (1) ou (2) : (1) incapacité persistante, dans la plupart des situations, à engager des interactions sociales ou à y répondre d’une manière appropriée au stade du développement, qui se traduit par des réponses excessivement inhibées, hypervigilantes, ou nettement ambivalentes et contradictoires (p. ex., l’enant se comporte vis-à-vis des personnes qui prennent soin de lui en alternant tentatives d’approche, réactions de uite et reus de se laisser consoler, parois il montre une « vigilance glacée ») ; (2) liens d’attachement dius, qui se maniestent par une sociabilité indiérenciée et une incapacité marquée à aire preuve d’attachements sélectis (p. ex., amiliarité excessive avec des étrangers ou absence de sélectivité dans le choix des igures d’attachement). B. La perturbation décrite dans le critère A n’est pas uniquement imputable à un retard du développement (comme dans le retard mental) et ne répond pas aux critères d’un trouble envahissant du développement. Source : APA (2004), p. 79-81
710
Partie 5
Interventions infrmières auprès des clientèles spécifques
C. Carence de soins adaptés, comme en témoigne au moins un des éléments suivants : (1) négligence persistante des besoins émotionnels élémentaires de l’enant concernant le conort, la stimulation ou l’aection; (2) négligence persistante des besoins physiques élémentaires de l’enant ; (3) changements répétés des personnes prenant soin de l’enant, empêchant l’établissement de liens d’attachement stables (p. ex., changements réquents de nourrice ou de parents adoptis). D. On présume que la carence de soins décrite dans le critère C est responsable de la perturbation du comportement décrite dans le critère A (p. ex., la perturbation décrite en A a débuté à la suite de la carence de soins décrite en C). Spécifer le type : F94.1
Type inhibé Si le critère A1 prédomine dans le tableau clinique. F94.2
Type désinhibé Si le critère A2 prédomine dans le tableau clinique.
personne qui prend soin de lui ; 2) détresse importante lorsqu’il est séparé ; 3) peur d’être seul, qui peut comprendre le reus d’aller à l’école, de aire des activités parascolaires ou de participer à des camps (APA, 2004) ENCADRÉ 25.4. Le reus d’aller à l’école entraîne des dicultés scolaires, empirant ainsi la situation par l’ajout du problème d’évitement des amis. Le reus d’aller à l’école se produit chez environ 5 % de tous les enants d’âge scolaire, principalement entre 5 et 6 ans et entre 10 et 11 ans (King, 2001). L’heure du coucher est dicile, l’enant ou l’adolescent insiste pour que le parent reste avec lui jusqu’à ce qu’il s’endorme. La nuit, l’enant tente souvent de dormir dans le lit de ses parents ou d’autres personnes signicatives. Certains vont parois dormir devant la porte de la chambre des parents. Les cauchemars contiennent souvent des éléments des peurs des enants, comme la mort de la amille à cause du eu, d’un meurtre ou d’une autre catastrophe. Il peut également y avoir des plaintes psychosomatiques et d’autres symptômes d’angoisse, y compris des plaintes comme des maux de ventre, des maux de tête, des nausées ou des vomissements, ou encore des palpitations, des accélérations cardiaques, des étourdissements, ou encore des évanouissements chez les enants plus âgés. Ces plaintes somatiques peuvent entraîner de nombreuses visites chez le médecin ainsi que des interventions médicales subséquentes. De plus, ces enants sont souvent préoccupés, que ce soit pour eux-mêmes ou leur amille. Leurs craintes se maniestent par la peur des animaux, des
Jugement clinique
monstres, du noir, des agresseurs, des voleurs, des acciAnne-Élise Boulerice est une enant unique âgée de trois dents, des voyages en train ans. Ses parents disent qu’elle aime beaucoup regarder ou en avion ainsi que par la des photos d’animaux et que, même en présence d’aupeur de mourir. Ces enants tres enants, elle joue plutôt seule. Lorsqu’ils sortent expérimentent des changeet qu’ils la ont garder, Anne-Élise reuse de manger et ments d’humeurs ; ils s’inpleure silencieusement. La gardienne rapporte que la quiètent, par exemple, du petite a même déchiré quelques photos qu’elle aime ait que personne ne les aime tant et qu’au moment du coucher, elle demande inceset en conséquence, veulent samment à quel moment ses parents reviendront. mourir, ou encore, ils maniUn trouble d’anxiété de séparation doit-il être suspecté estent une colère brusque chez la fllette ? Justifez votre réponse. et inhabituelle lorsque quelqu’un tente de les séparer de leurs parents. Parois, l’humeur déprimée justie un diagnostic de trouble dépressi majeur. Lorsque ces clients atteignent l’âge adulte, certains peuvent sourir d’un trouble panique avec agoraphobie (Sadock & Sadock, 2007).
Pronostic Il peut y avoir des périodes où l’intensité des symptômes fuctue. L’anxiété et parois l’angoisse ace à la séparation et l’évitement des situations comportant une séparation peuvent durer pendant de nombreuses années. Le pronostic dépend généralement de l’âge de l’apparition des symptômes, de la durée et de la coexistence d’autres troubles. Ainsi, les comorbidités ne sont pas inhabituelles et comprennent d’autres troubles mentaux, comme le trouble d’anxiété généralisée et la phobie sociale ainsi que le trouble dépressi majeur. Environ 60 % des personnes atteintes
Critères diagnostiques du DSM-IV-TR ENCADRÉ 25.4
Trouble d’anxiété de séparation
A. Anxiété excessive et inappropriée au stade de développement concernant la séparation d’avec la maison ou les personnes auxquelles le sujet est attaché, comme en témoignent trois des maniestations suivantes (ou plus) : (1) détresse excessive et récurrente dans les situations de séparation d’avec la maison ou les principales fgures d’attachement, ou en anticipation de telles situations; (2) crainte excessive et persistante concernant la disparition des principales fgures d’attachement ou un malheur pouvant leur arriver; (3) crainte excessive et persistante qu’un événement malheureux ne vienne séparer l’enant de ses principales fgures d’attachement (p. ex., se retrouver perdu ou être kidnappé) ; (4) réticence persistante ou reus d’aller à l’école, ou ailleurs, en raison de la peur de la séparation; (5) appréhension ou réticence excessive et persistante à rester à la maison seul ou sans l’une des principales fgures d’attachement, ou bien dans d’autres environnements sans des adultes de confance ;
(6) réticence persistante ou reus d’aller dormir sans être à proximité de l’une des principales fgures d’attachement, ou bien d’aller dormir en dehors de la maison ; (7) cauchemars répétés à thème de séparation; (8) plaintes somatiques répétées (telles que maux de tête, douleurs abdominales, nausées, vomissements) lors des séparations d’avec les principales fgures d’attachement, ou en anticipation de telles situations. B. La durée du trouble est d’au moins quatre semaines. C. Début avant l’âge de 18 ans. D. Le trouble entraîne une détresse cliniquement signifcative ou une altération du onctionnement social, scolaire (proessionnel), ou dans d’autres domaines importants.
25
E. Le trouble ne survient pas exclusivement au cours d’un trouble envahissant du développement, d’une schizophrénie ou d’un autre trouble psychotique, et, chez les adolescents et les adultes, il n’est pas mieux expliqué par le diagnostic de trouble panique avec agoraphobie. Spécifer si : Début précoce : si le début survient avant l’âge de 6 ans.
Source : APA (2004), p. 77-78 Chapitre 25 Enfants et adolescents
711
souriront d’un de ces troubles, et 30 % présenteront les trois troubles (Sadock & Sadock, 2007). Les enants qui réquentent l’école, qui pratiquent des activités parascolaires et dont les relations avec les pairs et les parents sont saines ont un meilleur pronostic que les autres (Sadock & Sadock, 2007).
environ deux ois plus réquent chez les hommes que chez les emmes. Les autres troubles associés à ce syndrome sont le TDA/H, le trouble obsessionnelcompulsi et les troubles d’apprentissage (Association québécoise du syndrome de la Tourette [AQST], 2004).
25.2.4
Description clinique
Tics
Un tic ait réérence à une vocalisation ou à un mouvement soudain, rapide, involontaire et répétiti (APA, 2004). Il est ressenti comme irrésistible, mais certains clients parviennent à le supprimer durant une période variable. Il est généralement exacerbé par le stress, l’anxiété, l’ennui, la atigue. Les tics moteurs simples comprennent le clignement des yeux, les mouvements brusques du cou et du corps, les haussements d’épaules, les grimaces et les étirements. Les tics vocaux simples sont le claquement de langue, les cris stridents, le sifement, le raclement de gorge, le grognement, le renifement, le ronfement et l’aboiement. Les tics sont atténués au cours de périodes de loisirs lorsque l’enant ou l’adolescent se concentre ou eectue une activité de relaxation. Les tics diminuent souvent considérablement pendant le sommeil ou sont absents. Outre le syndrome de Gilles de la Tourette, l’APA (2004) distingue trois troubles liés aux tics : 1) le tic moteur ou vocal chronique ; 2) le tic transitoire (lorsque les tics s’étalent sur plus de un an) ; 3) le tic non spécié.
Syndrome de Gilles de la Tourette Étiologie et épidémiologie Le syndrome de Gilles de la Tourette est caractérisé par la présence répétitive et quotidienne de tics moteurs multiples accompagnés de tics vocaux involontaires. Il est souvent lié à un trouble neurologique génétique. Cependant, d’autres acteurs peuvent être en cause chez 10 à 15 % des enants, comme un traumatisme crânien, un empoisonnement au monoxyde de carbone ainsi que des complications pendant la grossesse. Le syndrome touche environ de 5 à 30 enants sur 10 000 et de 1 à 2 adultes sur 10 000. Il est
L’enant atteint du syndrome de Gilles de la Tourette a de multiples tics, autant moteurs que vocaux, et son onctionnement est déicient. Outre les tics moteurs simples et les tics vocaux simples, les tics moteurs complexes incluent des actions comme toucher, s’accroupir, féchir énergiquement les jambes, revenir sur ses pas et tournoyer durant la marche. D’autre tics moteurs complexes comprennent les mimiques aciales, les comportements visant à soigner son apparence, les comportements comme sauter, piétiner, fairer un objet, ainsi que l’échopraxie (imitation des mouvements des autres). Les tics vocaux complexes comprennent la coprolalie, la palilalie et l’écholalie. La coprolalie est la répétition de mots socialement inacceptables, généralement des obscénités ou des jurons. La coprolalie est présente chez moins de 10 % des clients. La palilalie est la répétition de ses propres sons ou mots. L’écholalie est la répétition du dernier mot, du dernier son ou de la dernière phrase prononcée par une autre personne ENCADRÉ 25.5. Parmi les autres problèmes relativement courants, il aut compter l’hyperactivité, l’inattention et l’impulsivité. Les obsessions et les compulsions sont courantes chez 30 % des clients atteints de ce syndrome (AQST, 2004). Dans certains cas, les tics entraînent des blessures physiques. Par exemple, il existe un risque de décollement de la rétine si la personne se cogne la tête. Des problèmes orthopédiques peuvent résulter de la fexion des jambes ou des mouvements brusques du cou. Certains clients se grattent la peau de manière obsessive, ce qui peut entraîner des inections ou des mutilations. La aible estime de soi représente une maniestation psychologique inquiétante liée au syndrome de Gilles de la Tourette. De plus, les problèmes
Critères diagnostiques du DSM-IV-TR ENCADRÉ 25.5
Syndrome de Gilles de la Tourette
A. Présence de tics moteurs multiples et d’un ou plusieurs tics vocaux, à un moment quelconque au cours de l’évolution de la maladie mais pas nécessairement de façon simultanée. (Un tic est un mouvement – ou une vocalisation – soudain, rapide, récurrent, non rythmique et stéréotypé.) B. Les tics surviennent à de nombreuses reprises au cours de la journée (généralement par accès), presque tous les Source : APA (2004), p. 73-74
712
Partie 5
Interventions infrmières auprès des clientèles spécifques
jours ou de façon intermittente pendant plus d’une année durant laquelle il n’y a jamais eu d’intervalle sans tics de plus de 3 mois consécutifs. C. Début avant l’âge de 18 ans. D. La perturbation n’est pas due aux effets physiologiques directs d’une substance (p. ex., stimulants) ni à une affection médicale générale (p. ex., chorée de Huntington ou encéphalite virale).
d’apprentissage (p. ex., la dyslexie) sont courants chez les personnes atteintes de ce syndrome. Selon diérentes études, ils toucheraient 50 % des garçons atteints et 25 % des lles atteintes comparativement à 10 % dans l’ensemble de la population. Les enants et les adolescents atteints peuvent être gênés par leurs tics et par leurs problèmes d’apprentissage. Ces derniers se révèlent très souvent handicapants au quotidien. Les symptômes associés réquemment rapportés sont un inconort social et un rejet de la part des autres, qui troublent le onctionnement social, scolaire et proessionnel de la personne. Dans les cas graves, les tics entravent les activités de la vie quotidienne (AVQ) (p. ex., la lecture, l’alimentation) ou entraînent des complications médicales (APA, 2003).
Pronostic Le syndrome de Gilles de la Tourette peut débuter dès l’âge de deux ans, mais il se manieste généralement durant l’enance ou au début de l’adolescence. Les symptômes vont généralement s’aggraver et se complexier (apparition des tics complexes) au moment de l’adolescence, soit entre 11 et 13 ans, mais ont tendance à diminuer chez les jeunes adultes. À la n de l’adolescence, de 8 à 30 % des jeunes atteints connaîtront des périodes complètes de rétablissement, alors que 30 % verront une diminution signicative de leurs symptômes. De plus, à l’âge adulte, la personne atteinte apprend à mieux contrôler son environnement et peut plus acilement modier ses tics pour les rendre plus acceptables et moins apparents (AQST, 2004).
25.2.5
Défcit de l’attention et comportements perturbateurs
Trouble de défcit de l’attention/ hyperactivité Bien qu’il soit le trouble du comportement le plus commun diagnostiqué au cours de l’enance (Sprakin, Gadow & Nolan, 2001 ; Stewart, 1994), le trouble de décit de l’attention/hyperactivité (TDA/H) est plutôt mal connu et dicile à cerner et à diagnostiquer (Juneau & Boucher, 2004).
Étiologie Selon Massé et ses collègues (2011), les chercheurs ne connaissent pas l’étiologie du TDA/H. Touteois, ces auteurs mentionnent que beaucoup de spécialistes souscrivent à l’hypothèse d’une prédisposition biologique au trouble, où une variété d’étiologies neurologiques pourrait perturber le système nerveux central et donner naissance aux troubles du comportement. Il semble y avoir une orte infuence des acteurs génétiques : la concordance est de 51 % chez les jumeaux monozygotes et de 33 % chez les jumeaux dizygotes. Les études sur l’adoption appuient également les causes génétiques plutôt qu’environnementales
(Asherson, 2011). Le TDA/H est plus réquent chez les membres de la amille au premier degré des enants atteints (APA, 2003). Aucune étude n’appuie les eets du sucre, des additis alimentaires, des colorants ou des agents de conservation comme causes possibles d’un comportement hyperacti (Sadock & Sadock, 2007). Selon Barkley (2006), de 10 à 15 % des personnes atteintes du TDA/H présentent une atteinte cérébrale causée par des complications périnatales liées entre autres à l’exposition à la cigarette ou à l’alcool ; de 3 à 5 % ont subi des complications postnatales comme l’inection, le traumatisme crânien ou l’anoxie.
Épidémiologie Le TDA/H est plus réquent chez les garçons que chez les lles, le ratio allant de deux pour un à neu pour un selon les études. Les taux chez les enants d’âge scolaire sont de 3 à 7 % de la population. Près des deux tiers des enants qui ont reçu un diagnostic correspondent également aux critères d’un autre trouble mental, pourcentage atteignant 50 % pour le trouble oppositionnel avec provocation (TOP). De plus, 50 % des garçons et 10 % des lles présentent également un trouble des conduites (Gagnon et al. 2001). Les autres problèmes réquemment associés sont les troubles de l’humeur, les troubles anxieux, le syndrome de Gilles de la Tourette et les tics chroniques, l’abus de substances, les retards de parole et de langage ainsi que les troubles d’apprentissage.
Description clinique Selon le DSM-IV-TR, il existe trois types de TDA/H. Le type avec inattention prédominante est présent lorsqu’il y a au moins six symptômes d’inattention et très peu d’hyperactivité-impulsivité. Le second type est celui où six symptômes ou plus sont à prédominance hyperactive et impulsive avec très peu d’inattention. Le troisième est le type mixte (APA, 2004) ENCADRÉ 25.6. Les problèmes d’attention, d’impulsivité et d’hyperactivité sont observés dans au moins deux milieux comme à l’école et à la maison. L’ampleur du problème varie généralement selon la période et le contexte. Les symptômes s’aggravent généralement dans les situations requérant une attention soutenue ou présentant peu d’intérêt pour l’enant ou l’adolescent, comme écouter les proesseurs, accomplir des tâches répétitives, ou encore lire de longs documents. Les symptômes peuvent disparaître ou s’atténuer lorsque l’enant ou l’adolescent est placé sous une autorité rigoureuse, comme au cours d’un entretien diagnostique, ou lorsqu’il reçoit réquemment des récompenses pour un comportement approprié. Les symptômes s’aggravent généralement dans des situations de groupe non structuré, dans une salle de classe ou dans la cour de récréation, par exemple. Chapitre 25 Enfants et adolescents
25
713
Critères diagnostiques du DSM-IV-TR ENCADRÉ 25.6
Trouble de défcit de l’attention/hyperactivité
A. Présence soit de (1) ou de (2) : (1) six des symptômes suivants d’inattention (ou plus) ont persisté pendant au moins six mois, à un degré qui est inadapté et ne correspond pas au niveau de développement de l’enant : Inattention : a) souvent, ne parvient pas à prêter attention aux détails, ou ait des autes d’étourderie dans les devoirs scolaires, le travail ou d’autres activités ; b) a souvent du mal à soutenir son attention au travail ou dans les jeux; c) semble souvent ne pas écouter quand on lui parle personnellement ; d) souvent, ne se conorme pas aux consignes et ne parvient pas à mener à terme ses devoirs scolaires, ses tâches domestiques ou ses obligations proessionnelles (cela n’est pas dû à un comportement d’opposition, ni à une incapacité à comprendre les consignes) ; e) a souvent du mal à organiser ses travaux ou ses activités ; ) souvent, évite, a en aversion, ou ait à contrecœur les tâches qui nécessitent un eort mental soutenu (comme le travail scolaire ou les devoirs à la maison); g) perd souvent les objets nécessaires à son travail ou à ses activités (p. ex., jouets, cahiers de devoirs, crayons, livres ou outils); h) souvent, se laisse acilement distraire par des stimulus externes ; i) a des oublis réquents dans la vie quotidienne. (2) six des symptômes suivants d’hyperactivité-impulsivité (ou plus) ont persisté pendant au moins 6 mois, à un degré qui est inadapté et ne correspond pas au niveau de développement de l’enant : Hyperactivité : a) remue souvent les mains ou les pieds, ou se tortille sur son siège ; b) se lève souvent en classe ou dans d’autres situations où il est supposé rester assis ; c) souvent, court ou grimpe partout, dans des situations où cela est inapproprié (chez les adolescents ou les adultes, ce symptôme peut se limiter à un sentiment subjecti d’impatience motrice); d) a souvent du mal à se tenir tranquille dans les jeux ou les activités de loisir ; e) est souvent « sur la brèche » ou agit souvent comme s’il était « monté sur ressorts» ;
) parle souvent trop ; Impulsivité : g) laisse souvent échapper la réponse à une question qui n’est pas encore entièrement posée; h) a souvent du mal à attendre son tour ; i) interrompt souvent les autres ou impose sa présence (p. ex., ait irruption dans les conversations ou dans les jeux). B. Certains des symptômes d’hyperactivité-impulsivité ou d’inattention ayant provoqué une gêne onctionnelle étaient présents avant l’âge de sept ans. C. Présence d’un certain degré de gêne onctionnelle liée aux symptômes dans deux, ou plus de deux types d’environnement diérents (p. ex., à l’école – ou au travail – et à la maison). D. On doit mettre clairement en évidence une altération cliniquement signifcative du onctionnement social, scolaire ou proessionnel. E. Les symptômes ne surviennent pas exclusivement au cours d’un trouble envahissant du développement, d’une schizophrénie ou d’un autre trouble psychotique, et ils ne sont pas mieux expliqués par un autre trouble mental (p. ex., trouble thymique, trouble anxieux, trouble dissociati ou trouble de la personnalité). Code selon le type : F90.0 [314.01]
Défcit de l’attention/hyperactivité type mixte : Si à la ois les critères A1 et A2 sont remplis pour les six derniers mois. F90.0 [314.00]
Défcit de l’attention/hyperactivité, type inattention prédominante: Si, pour les six derniers mois, le critère A1 est rempli mais pas le Critère A2. F90.0 [314.01]
Défcit de l’attention/hyperactivité, type hyperactivité-impulsivité prédominante : Si, pour les six derniers mois, le critère A2 est rempli mais pas le critère A1. Note de codage. Pour les sujets (particulièrement les adolescents et les adultes) dont les symptômes ne remplissent plus actuellement l’ensemble des critères diagnostiques, spécifer : «en rémission partielle».
Source : APA (2004), p. 65-68
L’hyperactivité se manieste sous plusieurs ormes : ne pas tenir en place et remuer sur sa chaise ; se lever lorsque l’on doit rester assis ; courir ou grimper sans se préoccuper du danger ni des limites imposées ; jouer bruyamment en dérangeant les autres pendant des activités calmes ; ou aire preuve d’une activité motrice ou verbale excessive. Il est difcile de diagnostiquer le TDA/H chez les enants d’âge préscolaire, car ceux-ci se montrent en général curieux et actis. C’est dans un milieu plus structuré comme une garderie que leur niveau d’activité se distingue de celui de leurs pairs.
714
Partie 5
Interventions infrmières auprès des clientèles spécifques
Ces enants restent concentrés dans des activités qu’ils apprécient comme regarder la télévision ou jouer à des jeux vidéo, mais ne parviennent pas à maintenir leur attention ni à se concentrer lorsqu’ils trouvent l’activité ennuyeuse ou difcile. À la maison, il leur arrive réquemment de ne pas terminer leur repas ni même d’achever des activités qu’ils ont entamées. Ils ont du vacarme ou interrompent les autres durant des moments calmes et parlent constamment (p. ex., ils peuvent commenter continuellement une émission de télévision). Les adolescents préèrent les activités énergiques plutôt que sédentaires.
Ces enants peuvent : agir impulsivement en répondant en classe avant d’y avoir été invités ; ne pas attendre leur tour dans un jeu ; agripper les vêtements, les membres ou les biens d’autrui ; ou toucher des choses qui ne leur appartiennent pas. Ils peuvent provoquer des accidents à cause de leur impulsivité et de leur inattention en renversant les objets, en empoignant des objets dangereux, comme des casseroles chaudes, ou en prenant des risques sans en évaluer les consé quences. Ils peuvent démontrer des comportements colériques, aire preuve d’un caractère autoritaire et entêté, et ils insistent réquemment de manière excessive pour obtenir ce qu’ils veulent. L’ inattention peut se maniester dans plusieurs domaines. Le travail scolaire ou les autres activités peuvent contenir des autes d’inattention qui trahissent une négligence des détails. Les travaux sont bâclés, illustrant un manque de réfexion sur le projet ou le devoir scolaire. L’enant semble être souvent perdu dans ses rêves et ne pas écouter les indications ou les questions FIGURE 25.3. Les stimulus triviaux comme les bruits de la maison distraient souvent ces enants qui abandonnent alors leur tâche pour répondre à ces stimulus. Les ournitures requises pour des tâches particulières sont invariablement éparpillées, perdues, traitées négligemment ou abîmées. Ainsi, la période des devoirs devient souvent une bataille quotidienne (Massé, Verreault & Verret, 2011). Ces enants manquent souvent leurs rendez-vous ou ne respectent pas les délais xés pour les travaux scolaires. Le TDA/H passe souvent inaperçu chez les lles, car il ne se manieste pas de la même açon que chez les garçons. Chez ceux-ci, il s’agit souvent du type mixte, et les symptômes sont généralement assez marqués. Chez les lles, il s’agit plutôt d’un problème d’attention. Lorsqu’il y a hyperactivité, leurs comportements dièrent de ceux des garçons ; par exemple, les lles vont se moquer des autres et les taquiner continuellement. De nombreux enants atteints du TDA/H connaissent des problèmes d’apprentissage ; 50 % d’entre
FIGURE 25.3 L’enant atteint du trouble de défcit de l’attention/hyperactivité se laisse acilement distraire.
eux subissent le rejet de leurs pairs à cause de leurs comportements (Hoza, 2007). Ils s’attirent également plus d’attention négative de la part des enseignants (TDA/H Belgique, 2010). Ils sont perçus comme moins intelligents, mais en réalité leur intelligence est normale (Compernolle & Doreleijers, 2004). Les membres de la amille éprouvent réquemment du ressentiment, surtout lorsque la variabilité des symptômes amène les parents à penser que le comportement perturbateur de leur enant est délibéré. Les amilles de ces enants subissent probablement plus de stress, ont un sentiment accru d’incompétence et d’inadéquation parentale, et connaissent des disputes et des perturbations conjugales ainsi qu’un isolement social accru (Massé et al., 2011). À cause de leur inattention, de leur hyperactivité et de leur impulsivité, ces enants ont une aible tolérance à la rustration. Ils éprouvent des dicultés dans leurs relations avec les pairs, vivent des échecs scolaires, et en conséquence, leur estime de soi en soure (Sadock & Sadock, 2007).
i
Un exemple de programme d’entraînement est présenté dans le livre Mieux vivre avec le TDA/H à la maison, de Line Massé, Martine Verreault et Claudia Verret, paru en 2011 chez Chenelière Éducation.
Pronostic Les symptômes d’hyperactivité diminuent chez 50 % des enants lorsqu’ils grandissent, alors que l’autre moitié des enants et des adolescents continueront à éprouver des problèmes d’inattention et d’impulsivité tout au long de leur vie (Sadock & Sadock, 2007). De nombreux adultes ayant reçu un tel diagnostic pendant l’enance rapportent une diminution de l’hyperactivité comportementale, mais le maintien des dicultés à se concentrer pendant de longues périodes ou à eectuer des projets complexes. La structure et la stabilité à la maison et à l’école sont particulièrement importantes pour obtenir des résultats positis (Pliszka, 2000). Les programmes d’entraînement aux habiletés parentales inspirés de l’approche comportementale peuvent aider les parents à établir un cadre à la maison et dans les loisirs (Massé et al., 2011).
Trouble oppositionnel avec provocation Étiologie et épidémiologie Le trouble oppositionnel avec provocation (TOP) peut se produire chez les enants dès l’âge de trois ans, mais est généralement diagnostiqué chez l’enant d’âge scolaire. Ce trouble apparaît plus souvent dans les amilles où les soins aux enants ont été perturbés par des placements précoces ou réquents en amilles d’accueil ainsi que dans les amilles qui recourent à des pratiques éducatives punitives, incohérentes et négligentes. Le trouble survient plus communément en cas de graves problèmes conjugaux (APA, 2003). Le TOP est plus réquent chez les garçons avant la puberté et a une réquence à peu près équivalente chez les deux sexes après la puberté. Les taux varient considérablement, allant de 2 à 16 %, en onction de l’échantillonnage de population et des méthodes de collecte de données utilisées (APA, 2003). Les parents des enants Chapitre 25 Enfants et adolescents
25
715
atteints de ce trouble ne correspondent à aucun modèle amilial particulier, mais ils maniestent couramment un besoin de pouvoir, de contrôle et d’autonomie (Sadock & Sadock, 2007).
Description clinique Les maniestations de ce trouble, qui comprennent le négativisme, le déf, la désobéissance et l’hostilité envers les fgures d’autorité, sont généralement Le comportement d’oppoprésentes à la maison et peuvent ne pas être présition qui se manieste aux sentes en milieu scolaire. Les symptômes sont génédiverses étapes du déveralement dirigés vers les personnes que l’enant loppement de l’enant est connaît le mieux, comme les parents. Le déf peut normal et sain. Il s’agit d’un aussi se maniester sous la orme délibérée et pertrouble seulement lorsqu’il sistante de conrontation des limites par l’ignorance se prolonge ou quand les des instructions, l’argumentation et le reus d’accomportements de l’enant cepter ses responsabilités en cas d’inconduite. engendrent de ortes réacL’hostilité est généralement dirigée vers les adultes tions dans son entourage. ou les pairs et consiste à agacer verbalement et délibérément les autres. Les personnes présentant un TOP n’ont pas de propension à se percevoir comme étant la source de complications, mais reprochent aux autres leurs demandes déraisonnables et accusent les circonstances (APA, 2003 ; Sammy Jones, âgé de six ans, est en première année. Sadock & Sadock, 2007). Son enseignante a demandé qu’il soit vu par l’inrAu cours de la période scomière en santé scolaire parce qu’elle croit qu’il prélaire peuvent apparaître les sente un TDA/H. Depuis le début de l’année scolaire, problèmes suivants : aible soit depuis sept mois, dans des activités ludiques, il estime de soi, humeur labile et ne respecte pas les consignes et dérange ses compaaible tolérance à la rustration. gnons en les bousculant. Il rappe des mains, sife, Il arrive réquemment que les chante en sautant sur place même lorsque l’activité enants et adolescents présendoit se aire en position assise. Il parle souvent trop, tant ce trouble soient grossiers bien qu’il ne soit pas interpellé par son enseignante ou consomment de l’alcool, du ou par ses compagnons. Il s’arrête quelques instants tabac ou des drogues illicites, si l’enseignante le lui demande, mais recommence des comportements qui aecpresque immédiatement. tent les relations avec les pairs Quel type de TDA/H l’inrmière peut-elle suspecter et qui perturbent les relations d’après les comportements de Sammy ? avec les adultes ENCADRÉ 25.7. ALERTE CLINIQUE
Jugement clinique
Pronostic Chez certains enants, le TOP peut être précurseur du trouble des conduites, et 25 % de ces enants ne correspondront plus aux critères plusieurs années plus tard (Cheng & Meyers, 2011). L’apparition est généralement progressive, s’étalant d’habitude sur quelques mois ou quelques années (Loeber, Burke, Lahey et al., 2000).
Trouble des conduites Étiologie Les enants à risque d’être atteints d’un trouble des conduites présentent les acteurs suivants : rejet et négligence continuelle des parents ; pratiques disciplinaires sévères ; abus physiques ou sexuels ; manque de surveillance ; changement réquent de donneur de soins principaux ; ou placement institutionnel prématuré et association avec un groupe de pairs délinquants. La réquence du trouble des conduites augmente lorsqu’un parent biologique ou adopti soure d’un trouble de la personnalité antisociale, lorsqu’un parent biologique soure d’une dépendance à l’alcool, d’un trouble de l’humeur, de schizophrénie, ou présente des antécédents de TDA/H ou de trouble des conduites, ou encore lorsqu’un membre de la ratrie est atteint du trouble des conduites (ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport, 2008). Il n’existe pas de cause défnitive du trouble des conduites, cependant, un modèle largement accepté propose une prédisposition génétique déclenchée par un risque lié à l’environnement et une aible tolérance au stress s’accompagnant de stratégies d’adaptation inefcaces (APA, 2003 ; Sadock & Sadock, 2007).
Épidémiologie Selon Cheng et Myers (2011), de 2 à 16 % des enants d’âge scolaire sont considérés comme présentant ce trouble. Le ratio garçons/flles est de quatre pour un. Généralement, les garçons de 10 à 12 ans correspondent aux critères, alors que l’âge
Critères diagnostiques du DSM-IV-TR ENCADRÉ 25.7
Trouble oppositionnel avec provocation
A. Ensemble de comportements négativistes, hostiles ou provocateurs, persistant pendant au moins six mois durant lesquels sont présentes quatre des maniestations suivantes (ou plus):
(7) est souvent âché et plein de ressentiment ;
(2) conteste souvent ce que disent les adultes ;
(8) se montre souvent méchant ou vindicati. N.B. : On ne considère qu’un critère est rempli que si le comportement survient plus réquemment qu’on ne l’observe habituellement chez des sujets d’âge et de niveau de développement comparables.
(3) s’oppose souvent activement ou reuse de se plier aux demandes ou aux règles des adultes;
B. La perturbation des conduites entraîne une altération cliniquement signicative du onctionnement social, scolaire ou proessionnel.
(4) embête souvent les autres délibérément;
C. Les comportements décrits en A ne surviennent pas exclusivement au cours d’un trouble psychotique ou d’un trouble de l’humeur.
(1) se met souvent en colère ;
(5) ait souvent porter à autrui la responsabilité de ses erreurs ou de sa mauvaise conduite; (6) est souvent susceptible ou acilement agacé par les autres; Source : APA (2004), p. 70-71
716
Partie 5
Interventions infrmières auprès des clientèles spécifques
D. Le trouble ne répond pas aux critères du trouble des conduites ni, si le sujet est âgé de 18 ans ou plus, à ceux de la personnalité antisociale.
d’apparition chez les flles se situe plus tard, soit entre 14 et 16 ans (Sadock & Sadock, 2007). Selon le DSM-IV-TR, les taux semblent plus élevés en milieu urbain qu’en milieu rural et varient selon la nature de l’échantillon étudié et des méthodes de recherche utilisées (APA, 2003).
Description clinique Le symptôme qui défnit le trouble des conduites est manieste lorsque l’enant viole les droits ondamentaux des autres ENCADRÉ 25.8. L’enant manque d’empathie et ne manieste pas de remords ace à ses actions. Les enants ou les adolescents atteints de ce trouble n’ont pas de considération pour les sentiments des autres et ne se sentent pas concernés par la situation ou les besoins des autres. Ils se montrent souvent impitoyables, bien qu’il leur arrive de maniester de la culpabilité ou des remords lorsqu’ils ont
appris que cela servait à diminuer les punitions ou à y échapper. Leurs expressions de remords sont souvent hypocrites et artifcielles (Cheng & Myers, 2011). Les enants atteints du trouble des conduites sont souvent agressis envers les autres FIGURE 25.4. Ils peuvent jouer les tyrans, menacer et intimider, ils déclenchent les bagarres, utilisent des armes d’une açon qui pourrait entraîner des blessures, agissent parois cruellement envers les gens ou les animaux, volent et imposent l’activité sexuelle à d’autres. La gravité de ces comportements violents risque d’engendrer des agressions et, plus rarement, des homicides. La destruction délibérée du bien d’autrui peut se traduire par des incendies entraînant des dommages, le vandalisme et la destruction de la propriété. En plus d’être impliqué dans des vols, l’enant ou l’adolescent a tendance à être malhonnête, à mentir ou à
Critères diagnostiques du DSM-IV-TR ENCADRÉ 25.8
Trouble des conduites
A. Ensemble de conduites, répétitives et persistantes, dans lequel sont baoués les droits ondamentaux d’autrui ou les normes et règles sociales correspondant à l’âge du sujet, comme en témoigne la présence de 3 des critères suivants (ou plus) au cours des 12 derniers mois, et d’au moins 1 de ces critères au cours des 6 derniers mois: Agression envers des personnes ou des animaux: (1) brutalise, menace ou intimide souvent d’autres personnes; (2) commence souvent les bagarres ; (3) a utilisé une arme pouvant blesser sérieusement autrui (p. ex., un bâton, une brique, une bouteille cassée, un couteau, une arme à eu) ; (4) a ait preuve de cruauté physique envers des personnes ; (5) a ait preuve de cruauté physique envers des animaux; (6) a commis un vol en arontant la victime (p. ex., agression, vol de sac à main, extorsion d’argent, vol à main armée) ; (7) a contraint quelqu’un à avoir des relations sexuelles ; Destruction de biens matériels : (8) a délibérément mis le eu avec l’intention de provoquer des dégâts importants ; (9) a délibérément détruit le bien d’autrui (autrement qu’en y mettant le eu); Fraude ou vol : (10) a pénétré par eraction dans une maison, un bâtiment ou une voiture appartenant à autrui ; (11) ment souvent pour obtenir des biens ou des aveurs ou pour échapper à des obligations (p. ex., « arnaque » les autres) ; (12) a volé des objets d’une certaine valeur sans aronter la victime (p. ex., vol à l’étalage sans destruction ou eraction ; contreaçon); Violations graves des règles établies: (13) reste dehors tard la nuit en dépit des interdictions de ses parents, et cela a commencé avant l’âge de 13 ans ; (14) a ugué et passé la nuit dehors au moins à deux reprises alors qu’il vivait avec ses parents ou en placement amilial (ou a ugué une seule ois sans rentrer à la maison pendant une longue période);
(15) ait souvent l’école buissonnière, et cela a commencé avant l’âge de 13 ans. B. La perturbation du comportement entraîne une altération cliniquement signifcative du onctionnement social, scolaire ou proessionnel. C. Si le sujet est âgé de 18 ans ou plus, le trouble ne répond pas aux critères de la personnalité antisociale. Coder le type, selon l’âge de début : 312.81
Type à début pendant l’enance Présence d’au moins un critère caractéristique du trouble des conduites avant l’âge de 10 ans. 312.82
Type à début pendant l’adolescence Absence de tout critère caractéristique du trouble des conduites avant l’âge de 10 ans. 312.89
Type à début non spécifé Si l’âge de début n’est pas connu. Spécifer, selon la sévérité : Léger : il n’existe que peu ou pas de problèmes de conduite dépassant en nombre ceux requis pour le diagnostic ; de plus, les problèmes de conduite n’occasionnent que peu de mal à autrui.
25
Moyen : le nombre de problèmes de conduite, ainsi que leurs eets sur autrui, sont intermédiaires entre « léger » et «sévère ». Sévère : il existe de nombreux problèmes de conduite dépassant en nombre ceux requis pour le diagnostic, ou bien, les problèmes de conduites occasionnent un dommage considérable à autrui.
Source : APA (2004), p. 68-70 Chapitre 25 Enfants et adolescents
717
25.3
FIGURE 25.4 Les enfants atteints du trouble des conduite manifestent souvent de l’agressivité.
être réquemment infdèle à ses promesses, et ce, dans le but d’obtenir des biens ou des aveurs et aussi pour échapper à ses obligations et à ses responsabilités. Ces comportements se maniestent en général dans plusieurs milieux : à la maison, à l’école ou ailleurs dans la communauté.
12 L’état de stress post traumatique et le trouble obsessionnelcompulsif sont expliqués en détail dans le chapitre 12, Troubles anxieux.
Les jeunes atteints de ce trouble accusent régulièrement les autres pour échapper aux conséquences de leurs actes. Les maniestations précoces des comportements déviants comprennent généralement une activité sexuelle, la consommation d’alcool, de cigarettes ou de substances illicites et d’autres comportements à risque élevé. Ces comportements persistent en général à l’âge adulte. Ils mènent réquemment à des renvois de l’école, à des grossesses non planifées, à des blessures physiques, à des inections transmissibles sexuellement, à des problèmes judiciaires, à des congédiements ou à l’exclusion d’autres activités ainsi qu’à l’incapacité à réquenter le réseau scolaire normal.
Marc-Antoine Manigat est un jeune garçon âgé de 11 ans qui présente des comportements caractéristiques d’un trouble des conduites. Il a déjà volé du matériel scolaire à ses compagnons de classe et brisé volontairement des objets leur appartenant. Il leur emprunte des choses, comme une planche à roulettes, mais tarde à les leur remettre. Il a même caché son téléphone intelligent et a accusé un copain de l’avoir volé. Dans la cour d’école, il essaie souvent d’imposer ses règles du jeu. Devrait-on craindre que Marc-Antoine intimide ses camarades d’école ? Justifez votre réponse.
718
Partie 5
Les troubles mentaux ne concernent pas que les adultes. Ils sont présents chez les enants et les adolescents, mais selon Bedwani (2011), ils posent trois difcultés supplémentaires qui doivent être pris en compte. Les psychopathologies de l’enance et de l’adolescence sont souvent atypiques. Par exemple, un adolescent dépressi peut être irritable plus que triste. Par ailleurs, les psychopathologies, à leur début, sont mal diérenciées. Un jeune déprimé peut onctionner au ralenti ; un jeune schizophrène dans la phase prodromique peut sensiblement présenter les mêmes symptômes. Les comorbidités sont réquentes. Les principaux troubles rencontrés dans cette population sont décrits dans les prochaines sections.
25.3.1
Troubles anxieux
Les troubles anxieux sont les troubles mentaux les plus courants chez les enants et les adolescents et touchent près de 10 % de la population. Des études épidémiologiques auprès d’enants de 11 ans non orientés vers des services spécialisés ont permis de documenter les prévalences suivantes : anxiété de séparation, 3,5 % ; trouble d’anxiété généralisée, 2,9 % ; phobies spécifques, 2,4 % ; phobie sociale, 1 %. Les acteurs de risque d’apparition de troubles anxieux chez les enants sont les suivants : l’inhibition comportementale (retrait, peur de l’inconnu et évitement) ; l’attachement insécurisant ; les acteurs cognitis ; les événements liés au développement ; les événements traumatiques ; et l’accès aux systèmes de soutien (Bernstein, Borchardt & Perwien, 1996 ; Gagnon et al., 2001).
Pronostic
Concernant les symptômes d’anxiété, il existe des diérences sur le plan du développement. Les enants âgés de 5 à 8 ans expriment couramment des inquiétudes peu réalistes quant au malheur susceptible de rapper leurs parents ou fgures d’attachement et reusent d’aller à l’école. De 9 à 12 ans, les enants maniestent une détresse excessive ace aux séparations. Les adolescents émettent généralement des plaintes somatiques et reusent d’aller à l’école. Ce reus s’observe chez les trois quarts des personnes ayant reçu un diagnostic d’anxiété de séparation.
Le pronostic est réservé pour les enants atteints de ce trouble qui reçoivent un diagnostic précoce parce qu’ils ont tendance à maniester des comportements plus graves et plus réquents que les autres. Ils peuvent également recevoir des diagnostics concomitants comme un trouble de l’humeur ou s’adonner à l’abus de substances plus tard dans la vie (Sadock & Sadock, 2007).
Les enants de moins de cinq ans maniestaient les symptômes suivants : ils s’accrochaient à leurs parents, pleuraient de açon excessive et se mettaient en retrait. Les enants de 6 à 11 ans présentaient des comportements perturbateurs, avaient des difcultés d’attention, aisaient des crises bruyantes, éprouvaient des difcultés scolaires, un sentiment de
Bien qu’ils projettent parois une image de « durs », ces jeunes ont souvent une aible estime d’eux-mêmes, tolèrent mal la rustration, sont irritables, ont des accès de colère et adoptent un comportement téméraire.
Jugement clinique
Autres troubles mentaux
Interventions infrmières auprès des clientèles spécifques
Dans un échantillon prélevé dans la communauté, plus de 40 % des jeunes avaient été exposés à au moins un traumatisme majeur avant l’âge de 18 ans et 6 % d’entre eux correspondaient aux critères relatis au diagnostic d’état de stress posttraumatique permanent 12 .
dépression et d’anxiété et ormulaient des plaintes somatiques. Les adolescents avaient des fashbacks, un émoussement émotionnel ou des problèmes de sommeil ou de consommation de substances psychoactives, adoptaient des comportements à risque, avaient des pensées suicidaires et se sentaient isolés. Une catastrophe naturelle, la séparation des parents, une préoccupation continuelle de la mère concernant l’événement ainsi qu’une altération du onctionnement amilial constituaient de meilleurs prédicateurs de l’apparition de symptômes que seule l’exposition au traumatisme (Cohen et al., 1998). Les adolescents sourant d’attaque de panique étaient trois ois plus susceptibles de verbaliser des idées suicidaires et deux ois plus susceptibles d’avoir ait une tentative de suicide dans le passé que les adolescents qui n’avaient pas connu d’attaque de panique (Centre de recherche et d’intervention sur le suicide et l’euthanasie/UQAM, 2012 ; Pilowsky, Wu & Anthony, 1999). Le trouble obsessionnel-compulsi a une prévalence de 6 mois chez 1 enant ou 1 adolescent sur 200. Il a été rapporté chez des enants dès l’âge de 5 ans, la moyenne d’âge étant de 10 ans. Les enants maniestent généralement des comportements obsessionnelscompulsis normaux correspondant à leur âge, comme vouloir accomplir certaines choses « de telle manière », et peuvent insister sur certains rituels élaborés avant d’aller au lit. Ces comportements disparaissent d’habitude au milieu de l’enance et sont remplacés par diérents passe-temps, collections et centres d’intérêt ENCADRÉ 25.9. Les acteurs prédisant un meilleur pronostic chez les enants et les adolescents ayant reçu un diagnostic de troubles anxieux sont la capacité de continuer à réquenter l’école, une apparition tardive des symptômes, la durée de la maladie et l’absence d’autre diagnostic psychiatrique (Sadock & Sadock, 2007).
25.3.2
Troubles de l’humeur
Troubles dépressifs Chez les enants et les adolescents, la dépression a tendance à être épisodique et peut rester silencieuse pendant un certain temps. Les premiers symptômes comprennent une diminution du onctionnement scolaire, une dégradation des relations avec les pairs et le retrait des activités parascolaires 11 . Selon Gagnon et ses collaborateurs (2001) ainsi que Chabrol et Rogé (2003), le trouble dépressi majeur n’est pas rare chez les adolescents. Selon les estimations, de 4 à 8 % d’entre eux sourent de cette maladie. Chez les enants, Malvy et Bouyssy (2010) rapportent une prévalence de 2 à 3 %, ce qui correspond à 20 % des cas de consultation en pédopsychiatrie. Le trouble dysthymique est aussi réquent que le trouble dépressi majeur chez les adolescents. La prévalence du trouble se situe entre 1,6 et 8 % dans cette population. Les enants dont au moins l’un des
Symptômes cliniques ENCADRÉ 25.9
Troubles anxieux chez les enfants et les adolescents
Les symptômes décelés réquemment chez les enants et les adolescents sourant de troubles anxieux comprennent:
• les idées sexuelles;
• les obsessions (p. ex., la peur de la contamination);
• le besoin de parler, de demander ou de se conesser ;
• la peur qu’il arrive un malheur à soi ou aux autres ;
• les compulsions (se laver, répéter, vérifer, toucher, compter, ranger, organiser, amasser, prier).
• l’agressivité ;
• les pensées scrupuleuses, religieuses ou déendues ;
parents est déprimé ont trois ois plus de risques de sourir de trouble dépressi majeur ENCADRÉ 25.10. Le trouble dépressi majeur chez les adolescents est souvent atypique puisque les symptômes dièrent de ceux présents chez l’adulte. Très souvent, l’adolescent, au lieu de ressentir un aect dysphorique et de la tristesse, démontre un aect irritable ainsi qu’une sensibilité excessive. Il peut se âcher ou se renermer sur lui-même à la moindre situation. Malgré la perte marquée pour ses intérêts, il arrive qu’il en conserve un ou deux pour arriver à continuer à vivre. Alors que l’adulte dépressi se mobilise difcilement, un adolescent dans un état similaire peut se remobiliser rapidement, par exemple, au moment de la visite d’un ami. Cependant, cela est de courte durée, et dès que l’ami est parti, il redevient apathique. Aussi, au lieu de aire de l’insomnie, l’adolescent aura tendance à aire de l’hypersomnie (Bedwani, 2011). D’autres problèmes accompagnent souvent les troubles dépressis. L’anxiété est le problème le plus réquemment rencontré en cas de troubles dépressis. Ainsi, les jeunes dépressis sont huit ois plus à risque de présenter un trouble anxieux. Par ailleurs, ils ont 5,5 ois plus de risque de développer un TDA/H. De plus, la réquence des troubles dépressis est de 47,9 % chez les adolescents qui consomment
11 Les troubles dépressifs sont décrits dans le chapitre 11, Troubles de l’humeur.
Trouble dysthymique : État de tristesse chronique ne satisaisant pas les critères nécessaires pour diagnostiquer une dépression majeure. Les symptômes se ont ressentir la majorité du temps sur une période d’au moins deux ans.
Symptôme cliniques ENCADRÉ 25.10
Dépression chez les adolescents
• Colère et agressivité, surtout chez les garçons • Faible estime de soi, autocritique élevée et pessimisme extrême, surtout chez les flles • Anxiété • Pensée conuse et dysonctionnelle • Humeur irritable • Activités réduites pour cause de maladies ou de blessures physiques
• Pauvres stratégies de résolution de problèmes
25
• Grand stress provoqué par les relations intimes • Comportements antisociaux, surtout chez les garçons • Troubles du sommeil • Perte ou gain de poids
Source : Richards & Perri (2002) Chapitre 25 Enfants et adolescents
719
11 Le trouble bipolaire est pré senté dans le chapitre 11, Troubles de l’humeur.
des drogues et de l’alcool et de seulement 20 % chez ceux qui ne consomment pas (Cheng & Myers, 2011). L’adolescent dépressi est souvent traité en dehors du milieu hospitalier. L’hospitalisation est nécessaire lorsque l’adolescent est suicidaire, quand la situation psychologique rend impossible l’application du traitement, ou lorsque l’adolescent est incapable de subvenir à ses besoins ENCADRÉ 25.11.
Trouble bipolaire L’incidence des enants et des adolescents ayant reçu un diagnostic de trouble bipolaire a augmenté (Statistique Canada, 2004). À cause du chevauchement des symptômes, le diagnostic du trouble bipolaire d’apparition précoce est souvent difcile à établir clairement par les proessionnels de la santé. L’épisode de manie peut ressembler au symptôme d’hyperactivité dans le TDA/H. Il est difcile même pour un clinicien chevronné de diérencier les symptômes de l’épisode de manie dans le trouble bipolaire du symptôme d’hyperactivité dans le TDA/H TABLEAU 25.1. Les symptômes dépressis que manieste l’enant ou l’adolescent pourraient indiquer qu’il s’agit d’un trouble dépressi majeur. Environ 30 % des adolescents présentant une dépression majeure
Pratiques infrmières suggérées ENCADRÉ 25.11
Intervenir auprès d’adolescents dépressis
• Montrer à l’adolescent de la compréhension et de l’empathie, ce qui est très important. • Tenter d’obtenir l’accord de l’adolescent s’il a 14 ans ou plus, afn que la amille asse partie prenante des traitements.
TABLEAU 25.1
• Enseigner l’importance de prendre ses médicaments et de poursuivre sa psychothérapie et ses autres traitements, le cas échéant. • Enseigner les risques reliés à la consommation de substances et à la dépression.
Comparaison du trouble bipolaire et du trouble de défcit de l’attention/hyperactivité
TROUBLE BIPOLAIRE
TROUBLE DE DÉFICIT DE L’ATTENTION / HYPERACTIVITÉ
• Symptômes apparaissant après l’âge de 7 ans
• Hyperactivité avant l’âge de 7 ans (c’est-à-dire depuis que l’enant a commencé à marcher)
• Symptômes cycliques • Loquacité et débit tendu • Extrême irritabilité et agressivité incontrôlable • Modifcation de l’humeur, de la cognition et du comportement (p. ex., des pleurs, l’autoritarisme ou l’eronterie ; une augmentation de l’estime de soi ; l’enant pense qu’il a des talents spéciaux et qu’il est plus important que les autres) • Distraction et agitation accrues par rapport au niveau normal
• Symptômes toujours présents • Loquacité, mais débit non tendu • Irritabilité et agressivité moins extrêmes • Constance de l’humeur • Distraction invariablement présente • Cognition non aectée (à moins que la distraction ne nuise à l’écoute)
Source : Stokowski (2009)
720
Partie 5
Interventions infrmières auprès des clientèles spécifques
souriront du trouble bipolaire dans leur vie (Gagnon et al., 2001) 11 . Les enants présentent souvent des symptômes atypiques qui sont particulièrement labiles et irréguliers. Ils se montrent irritables, agressis ou les deux à la ois, plutôt qu’euphoriques. Ils réagissent souvent exagérément à des perturbations minimes de leur environnement. Leur comportement téméraire les conduit souvent à l’échec scolaire, à s’impliquer dans des bagarres et des jeux dangereux parce qu’ils sont convaincus d’être au-dessus de tout danger. Ils peuvent également avoir des activités sexuelles inappropriées (aire des avances à des proesseurs ou des remarques indécentes aux camarades). Les jeunes ayant reçu un diagnostic de trouble bipolaire sont plus susceptibles d’avoir des épisodes cycliques rapides ou mixtes et présentent un risque plus élevé de suicide. Ces symptômes sont diérents des phénomènes courants observés chez les enants, comme la vantardise, les jeux imaginaires, l’hyperactivité (McClellan, Kowatch, Findling et al., 1997). Les jeunes atteints d’un trouble bipolaire peuvent avoir des idées de grandeur, par exemple penser qu’ils deviendront des vedettes ou des génies alors qu’ils échouent à l’école. Les enants et les adolescents ont de moins bons résultats si le problème se manieste tôt dans la vie ou si leurs problèmes durent plus longtemps, s’ils appartiennent à un groupe socioéconomiquement déavorisé ou s’ils sourent également de symptômes psychotiques (Birmaher, Axelson, Strober et al., 2006).
25.3.3
Schizophrénie et autres troubles psychotiques
La schizophrénie est rare chez les jeunes. Selon les estimations, 1 enant sur 10 000 soure de schizophrénie, alors que les adolescents sont 50 ois plus susceptibles d’en être atteints, ce qui porte les chires à 2 jeunes sur 1 000 (Sadock & Sadock, 2007). La survenue avant l’âge de 13 ans (c.-à-d. une apparition très précoce) est la plupart du temps insidieuse et se manieste par un repli sur soi, une hygiène défciente, un comportement bizarre (p. ex., amasser excessivement ou stocker de la nourriture et d’autres objets) et une diminution du rendement scolaire. D’autres retards relatis au développement peuvent être remarqués, comprenant un décalage des onctionnements cogniti, moteur, sensoriel et social. La communication et l’interaction avec les membres de la amille et les pairs sont problématiques. Chez les enants d’âge préscolaire, la psychose pose un problème particulièrement difcile. De brèves hallucinations provoquées par le stress ainsi que la présence d’amis et de personnages imaginaires sont alors communs. Après l’âge de sept ans, il est rare de remarquer une pensée illogique et incohérente chez les enants en santé (McClellan et al.,1997). Quand les enants atteignent l’âge
scolaire, les hallucinations persistantes sont ainsi associées à des troubles graves. Les contenus délirants et les hallucinations provoquent une dégradation du onctionnement psychosocial. Les hallucinations concernent souvent les monstres, les animaux domestiques ou les jouets, tandis que les délires sont axés sur les questions d’identité et sont généralement moins complexes que les délires des adultes. Les acteurs permettant de déterminer le pronostic sont le degré de onctionnement de l’enant avant l’apparition des symptômes de schizophrénie, l’âge de l’enant au début de la maladie, son quotient intellectuel, sa réponse pharmacologique, son degré de onctionnement après le premier épisode et l’accès à des systèmes de soutien efcaces (Sadock & Sadock, 2007).
25.3.4
Troubles liés à l’utilisation d’une substance
L’Enquête québécoise sur le tabac, l’alcool, la drogue et le jeu chez les élèves du secondaire, 2008 indique que 60 % des élèves du secondaire ont consommé de l’alcool au moins une ois durant l’année. La consommation de drogue est de 28 % pour la même période chez cette population. De plus, la proportion d’élèves qui ont consommé de la drogue augmente avec les années d’études. Il est également rapporté qu’en cinquième secondaire, c’est 1 élève sur 4 qui a consommé de la drogue au cours d’une période de 30 jours (Institut de la statistique du Québec [ISQ], 2009) FIGURE 25.5. Selon Légaré (2008), les jeunes sont particulièrement susceptibles de consommer des médicaments en vente libre dans un but récréati. Les adolescents qui veulent consommer une substance psychoactive n’ont qu’à regarder dans leur propre pharmacie à la maison. La consommation excessive de médicaments en vente libre chez les adolescents continue à augmenter, et ces médicaments fgurent en troisième position des drogues aisant l’objet d’une consommation excessive chez cette population. Au Québec et au Canada, la prévalence de la consommation des
médicaments en vente libre dans un contexte récréati est méconnue. Selon Légaré (2008), il arrive souvent que seules les données relatives aux surdoses intentionnelles impliquant ces médicaments soient publiées (Légaré, 2008). Cette auteure mentionne l’étude eectuée par Crouch et ses collègues qui porte sur les cas de consommation excessive de médicaments en vente libre déclarés au centre antipoison régional de l’Utah. Les chercheurs ont découvert que dans 38 % des cas, la consommation excessive chez les jeunes de 6 à 19 ans était intentionnelle. Les médicaments en vente libre comprennent des produits contenant de la dextrométhorphane (p. ex., un produit contre le rhume et la toux), les stimulants (p. ex., l’éphédrine, la phénylpropanolamine) et les antihistaminiques. Entre le début et la moitié des années 1990, les médicaments en vente libre les plus couramment utilisés chez les enants de 6 à 19 ans étaient les antihistaminiques. L’utilisation de la dextrométhorphane a radicalement augmenté dans la dernière partie de la période de l’étude. L’utilisation de ortes doses entraîne des hallucinations. Ce médicament a pour surnom « le PCP du pauvre » ou « l’ecstasy en vente libre ». Les symptômes de toxicité sont les suivants : nystagmus, hallucinations, ataxie et dépression du système nerveux central (Crouch, Caravati & Booth, 2004).
i
Les divers types de toxicomanie, les motis poussant les jeunes à consommer certaines substances ainsi que les interventions infrmières sont présentés dans le chapitre 10 du manuel de Hockenberry, M.J., & Wilson, D. (2012). Soins in frmiers – Pédiatrie (2e éd.). Montréal : Chenelière Éducation.
Les acteurs qui rendent attrayant l’abus de médicaments en vente libre sont les suivants : 1) ils procurent un aux sentiment de sécurité ; 2) leur accessibilité est acile ; 3) ces substances sont légales ; 4) leur coût est abordable. Ils peuvent être achetés à tout âge dans n’importe quelle épicerie ou pharmacie ou encore en ligne (Crouch et al., 2004). Les acteurs de protection contre l’usage et l’abus de substances sont les suivants : 1) capacités de résolution de problèmes efcaces ; 2) bonne estime de soi ; 3) régulation intacte de l’aect ; 4) relations amiliales aidantes ; 5) modèles de rôles positis (Sécurité publique Canada, 2012 ; Weinberg, Rahdert, Colliver et al., 1998) ENCADRÉ 25.12.
25.3.5
Troubles du sommeil
Les troubles du sommeil chez l’enant comprennent, entre autres, les parasomnies, caractérisées par un éveil conusionnel, du somnambulisme, des terreurs noctures, des cauchemars et le trouble des mouvements rythmés (mouvements répétitis anormaux comme des cognements de tête) 19 .
19 Les parasomnies sont présentées en détail dans le chapitre 19, Troubles du sommeil.
25
Étiologie et épidémiologie
FIGURE 25.5 La consommation d’alcool et de drogue par les adolescents touche un élève sur quatre à des degrés divers.
Les troubles du sommeil sont réquents chez les enants et les adolescents. La prévalence est de 30 % chez les 6 à 12 ans. Chez les 3 à 5 ans, les problèmes de sommeil se maniestent surtout au moment du coucher et de l’endormissement en raison de certaines peurs ou de reus de la séparation (Thiedke, 2001). Les enants présentant des troubles neurodéveloppementaux comme les troubles envahissant Chapitre 25 Enfants et adolescents
721
Enseignement au client et à ses proches ENCADRÉ 25.12
Prévention de la consommation de substances psychoactives chez l’adolescent • Inviter l’adolescent à participer à un groupe de soutien sur l’aspect positi des choses, sur la résistance à la pression ainsi que sur le sentiment d’appartenance au groupe.
• Être un modèle positi pour l’adolescent (parents et adultes de son entourage). • Rappeler les dangers de la consommation et enseigner des comportements positis. • Apporter son soutien à l’adolescent qui tente de s’adapter à la pression sociale exercée par ses pairs. • Fixer des limites ainsi que des règles à suivre à la maison et établir une structure relativement au comportement de l’adolescent.
• Surveiller le temps passé devant la télévision, à l’ordinateur, de même que les flms que l’adolescent écoute et les jeux auxquels il joue, car les médias peuvent présenter les substances légales et illégales comme étant un aspect normal de la vie quotidienne.
• Aider l’adolescent à prévoir la pression qu’il subira et renorcer chez lui les stratégies d’adaptation positives.
• Fournir les coordonnées des ressources d’aide appropriées.
du développement sont à risque élevé de sourir de troubles du sommeil (Cheng & Myers, 2011). Chez les adolescents, le changement hormonal naturel de la mélatonine repousse naturellement la propension à s’endormir de deux heures. Cette situation peut entraîner un déséquilibre du rythme circadien. Ce retard à s’endormir touche de 5 à 10 % des adolescents (Cheng & Myers, 2011 ; Godbout, Huynh & Martello, 2010).
i
Le HIBOU, une échelle de dépistage des troubles de sommeil pédiatrique (2-18 ans), permet de cerner les symptômes associés à la problématique et d’en déterminer la gravité. Il peut être consulté au www.oiiq.org/sites/deault/ fles/uploads/pd/publications/ perspective_infrmieres/2011_ vol08_no6/12HIBOU.pd.
18 Les interventions infrmières en cas de troubles de l’ali mentation sont l’objet du chapitre 18, Troubles de l’alimentation.
722
Partie 5
l’alimentation seulement au phénomène social. L’anorexie et la boulimie relèvent, comme bien d’autres troubles mentaux, d’une interaction complexe entre la génétique et les phénomènes environnementaux. Les jeunes préoccupés par leur poids et leur image, sans pour autant présenter des comportements pathologiques, ont ait l’objet d’une première étude en 1996. Cette étude indique que 37 % des garçons et des flles des trois premières années du secondaire avaient déjà tenté de perdre du poids malgré le ait qu’ils présentaient un poids santé. Chez les flles, cette portion s’élève à 54 % (ISQ, 2002). Selon Santé Canada (2002), les troubles de l’alimentation représentent un problème de santé publique qui semble augmenter particulièrement chez les jeunes flles. Ils constituent la troisième aection chronique la plus répandue chez les jeunes (Société canadienne de pédiatrie, 1998). Au Québec, chaque année, plus de 65 000 jeunes emmes de 14 à 25 ans présentent des troubles de l’alimentation (Marcoux, 2005). L’Agence de santé publique du Canada (2011) mentionne que les personnes qui sont atteintes de troubles de l’alimentation sont également vulnérables à la dépression, à la dépendance à l’alcool et aux troubles anxieux.
25.4
Violence
Pronostic
25.4.1
Intimidation
Les parasomnies se produisent habituellement chez les jeunes enants, et leur réquence diminue lorsque l’enant grandit ; ainsi, la majorité des cas sont résolus vers l’âge de cinq ans (Davis, Parker & Montgomery, 2004 ; Meltzer & Mindell, 2006 ; Moturi & Avis, 2010). Habituellement, les mouvements rythmés se produisent juste avant l’endormissement et persistent pendant le sommeil léger (Société canadienne du sommeil, 2003).
Étiologie et épidémiologie
25.3.6
Troubles de l’alimentation
Les troubles de l’alimentation comprennent, entres autres, l’anorexie mentale et la boulimie, qui se maniestent souvent à l’adolescence. Plusieurs acteurs peuvent expliquer ce phénomène. L’adolescence est une période de la vie importante en raison des transormations corporelles majeures. De plus, le processus d’identité et de développement de la personnalité rend les jeunes sensibles aux modèles véhiculés par les médias, à la comparaison sociale ainsi qu’à l’identifcation à leurs pairs (Bedwani, 2011) 18 .
Étiologie et épidémiologie Selon Bedwani (2011), l’incidence de l’anorexie ne cesse d’augmenter depuis les années 1950. Cependant, il ne aut pas relier les troubles de
Interventions infrmières auprès des clientèles spécifques
L’intimidation est considérée comme un problème majeur de santé publique en raison de ses liens avec des comportements violents et agressis qui peuvent entraîner de graves blessures à l’auteur et aux autres. Les enants orment leur mode de relations interpersonnelles et leur image de soi sur la base de leurs interactions sociales. Les intimidateurs n’ont pas tous des troubles mentaux. Touteois, un comportement antisocial persistant pendant l’enance et l’adolescence peut annoncer des difcultés utures. Olweus (1999) a déterminé des traits de personnalité à risque chez les enants, tels que la violence envers les animaux ou d’autres enants, un manque d’empathie et la destruction des biens. Autreois considérée comme un rituel de l’enance et de l’adolescence, l’intimidation ait de plus en plus les grands titres des médias autant à l’échelle nationale qu’internationale (Burgess, Garbarino & Carlson, 2006). Au Québec, 6 % des enants de 9 ans disent avoir été victimes d’au moins un acte de violence verbale ou physique depuis le début de l’année scolaire. Ce pourcentage augmente à 46 % chez les adolescents de 13 ans, et est de 25 % chez les jeunes de 16 ans et plus (ISQ, 2002).
Description clinique L’intimidation désigne l’abus de pouvoir d’une personne envers une autre par des comportements agressis répétés. Cet acte délibéré et répétiti commis pour atteindre l’autre ou lui aire du tort est caractérisé par un déséquilibre perçu des orces entre l’agresseur et la victime (Glew, Fan, Katon et al., 2008). L’intimidation survient le plus souvent à l’école à des moments ou à des endroits où il y a peu d’encadrement sinon aucun, comme à la récréation, dans les cours d’éducation physique, les corridors et les autobus (Glew et al., 2008). L’intimidateur se mée habituellement des adultes, adopte un comportement antisocial et est prêt à enreindre les règles scolaires. Il éprouve peu d’anxiété, a une orte estime de lui-même et présente une personnalité dominante. Il peut provenir de oyers où l’engagement et le soutien des parents ont déaut, être victime ou témoin de violence et de mauvais traitements à la maison, et sourir de dépression (Seeds, Harkness & Quilty, 2010). L’intimidation peut être directe ou indirecte. Les garçons et les lles utilisent généralement des techniques d’intimidation diérentes. Les garçons utilisent davantage l’intimidation physique (coups, bagarres), alors que les lles sont moins susceptibles de aire de l’intimidation physique et utilisent plus souvent les agressions verbales ou écrites (ISQ, 2002). Ce type d’intimidation comprend notamment les calomnies et les rumeurs FIGURE 25.6. La manipulation est une méthode courante de l’agresseur verbal, qui implique aussi d’autres élèves dans sa manœuvre en les menaçant d’exclusion s’ils n’obéissent pas. Cette orme d’intimidation est très inquiétante en raison des eets débilitants possibles du rejet par les pairs. Elle peut notamment accentuer la colère et la dépression, la aible estime de soi et le retrait social chez la victime. Les conséquences à long terme de l’intimidation ne doivent pas être négligées. Les intimidateurs chroniques reproduisent vraisemblablement les mêmes comportements à l’âge adulte, nuisant à leur capacité d’établir des relations. Les victimes, quant à elles, se sentent souvent rejetées socialement et peuvent avoir peur de l’école ; à plus long terme, ce sentiment de rejet et ces craintes peuvent se transormer en phobie ou générer des problèmes de dépression et appauvrir davantage encore leur estime de soi (Vreeman & Caroll, 2007).
25.5
Automutilation
Selon Nelson Noble et ses collaborateurs (2011), les études en Amérique du Nord mentionnent une prévalence à l’automutilation de 14 à 20 % chez les adolescents. L’âge moyen rapporté pour la
FIGURE 25.6
Les flles utilisent plus souvent l’intimidation verbale.
première maniestation de ces gestes est de 12 à 14 ans. L’acte d’automutilation consiste à endommager ses propres tissus corporels pour composer avec des émotions envahissantes ou pour générer des émotions an de combler un vide émoti. Ainsi, la personne s’infige des blessures telles que des coupures, des brûlures, des morsures, des ecchymoses ; elle peut se rapper la tête, s’arracher de la peau ou des cheveux. Les adolescents apprennent ces comportements de leurs pairs et y recourent an d’obtenir une libération immédiate de leur tension émotionnelle. Ces comportements ne sont pas des gestes suicidaires en tant que tel, mais ils pourraient être considérés comme préparatoires. Certains adolescents se donnent accidentellement la mort au cours du processus. Les études démontrent que les personnes qui s’automutilent sont plus susceptibles de se donner la mort plus tard au cours de leur vie (Lane, Archambault, Collins-Poulette et al., 2010). Il est essentiel que l’inrmière évalue la situation d’automutilation, renseigne la amille et soutienne l’adolescent dans l’exploration de nouvelles stratégies d’adaptation et de gestion du stress ENCADRÉ 25.13. Les enants dont les parents ont une scolarité de niveau secondaire ou supérieur, qui reçoivent du soutien de leur amille et qui ont de bonnes capacités de résolution de problèmes sont moins à risque d’adopter des comportements violents. Le ait de vivre à la maison, d’avoir un locus de contrôle interne, d’avoir intégré une orme de spiritualité dans sa vie, d’être capable d’eectuer les 25 ENCADRÉ 25.13
Facteurs de protection
• Relations parentales positives • Discipline parentale cohérente et constante • Habiletés interpersonnelles • Dimension spirituelle présente chez le jeune
Chapitre 25 Enfants et adolescents
723
AVQ et d’avoir de bonnes habiletés interpersonnelles sont également des acteurs de protection (Rassy, 2012 ; Vance, Bowen, Fernandez et al., 2002).
l’accès aux armes ; les confits interpersonnels ; les problèmes judiciaires ; et un sentiment d’impuissance ou de désespoir (Ahluwalia, 2009).
25.6
Il y a moins de signes avant-coureurs et de acteurs précipitants précédant le suicide d’enants et de jeunes adolescents TABLEAU 25.2. Chez les moins de 15 ans, l’intoxication et l’échec amoureux ne sont pas des acteurs de risque, bien qu’il s’agisse de risques très courants chez les adolescents plus âgés.
Suicide
La deuxième cause de décès chez les 15 à 24 ans est le suicide (MSSS, 2010). Les acteurs prédispoEnviron 15 % des étudiants du secondaire ont déjà sants sont les suivants : tentative de suicide anté- sérieusement envisagé de se suicider, 11 % ont conçu rieure ; symptômes d’un trouble mental actuel ; un plan et 7 % ont ait une tentative au cours de l’année antécédents de violence physique ou sexuelle ou précédente. Les élèves de troisième et quatrième seconexposition à la violence à la maison ; antécédents daire sont plus susceptibles d’avoir tenté de se suicider amiliaux de comportements suicidaires ou de au cours de l’année précédente que ceux de cinquième troubles de l’humeur ; et homosexualité (Ahluwalia, secondaire ou du cégep (Hallors, Brodish, Khatapous 2009). Les clients ayant reçu un diagnostic de et al., 2006). La pendaison est la méthode la plus coutrouble dépressi majeur et d’agitation sont à risque ramment pratiquée par les jeunes de 10 à 15 ans, alors élevé de suicide (Shaer que plus tard dans l’adoet al., 2001). Les acteurs lescence, les armes à eu La deuxième cause de décès chez les 15 à contribuants sont : l’abus de sont souvent utilisées 24 ans est le suicide. substances psychoactives ; (Elnour & Harrison, 2008).
TABLEAU 25.2
Facteurs à surveiller en lien avec le suicide chez les adolescents
FACTEURS PRÉDISPOSANTS ET CONTRIBUANTS
FACTEURS PRÉCIPITANTS
FACTEURS FACILITANTS
• Antécédents amiliaux de troubles mentaux
• Attentes déçues
• Forte impression de « perdre la ace » (recours au suicide de manière impulsive)
• Confits avec les pairs
• Accès à une arme, à des médicaments ; domicile à proximité d’un métro ou d’un pont
• Confits avec les parents
• Accès acile à des moyens de passer à l’acte
• Fragilité narcissique
• Démêlés avec la justice
• Homosexualité
• Deuils, déménagement, rupture amoureuse, etc.
• Médiation du suicide d’une vedette ou annonce du suicide d’un ami
• Présence d’un problème de santé mentale (50 % des jeunes qui tentent de se suicider ont des troubles de l’humeur) • Sexe (taux de suicide quatre ois supérieur chez les garçons ; trois ois plus de tentatives chez les lles)
• Échec sporti, scolaire, etc. • Pertes
• Tentatives antérieures Source : Bedwani (2011) ; Lafamme (2007)
25.7
Démarche de soins
L’établissement d’une relation de conance avec l’enant ou l’adolescent représente une étape cruciale de la démarche de soins. Les enants ne se révèlent pas acilement et les adolescents peuvent être réservés et diciles à atteindre. L’inrmière respecte des limites thérapeutiques claires. Elle peut débuter la conversation avec l’enant en parlant de choses qui sont pertinentes pour lui, comme les amis, les activités, un intérêt pour la musique ou les sports FIGURE 25.7. Avec les adolescents, l’écoute est également une stratégie intéressante.
724
Partie 5
Interventions infrmières auprès des clientèles spécifques
Lorsque l’inrmière utilise le silence et adopte une attitude exempte de jugement, l’adolescent silencieux pourrait s’ouvrir. Souvent, les parents consultent un proessionnel de la santé pour l’enant ou l’adolescent lorsque l’école le leur conseille ou à la suite de multiples tentatives vaines de modier le comportement de l’enant ou de l’adolescent. Les parents peuvent avoir tendance à s’inquiéter d’une maladie physique, alors que le problème principal sous-jacent est d’ordre psychiatrique. Les adultes conçoivent souvent
parents s’adresse à eux, si les parents leur démontrent de l’aection et de l’attention, etc.
FIGURE 25.7
Pour amorcer la conversation avec l’enant, l’infrmière peut lui parler de ses passe-temps préérés.
difcilement que les enants, plus particulièrement les jeunes enants, puissent sourir de troubles mentaux. L’infrmière prendra le temps d’enseigner à toute la amille les caractéristiques du trouble en présence et ses eets sur la dynamique amiliale, puisque la plupart des enants et des adolescents continueront d’habiter avec leur amille. Le succès et les résultats du traitement dépendent de l’engagement de la amille à acquérir de nouvelles aptitudes et à les mettre en pratique. L’évaluation et les interventions précoces constituent la clé d’un traitement optimal.
25.7.1
Collecte des données – Évaluation initiale
La connaissance approondie de la croissance et du développement de l’enant sont essentiels. Étant donné que chaque enant et adolescent possèdent leurs propres orces et aiblesses, les caractéristiques du client sont prises en compte et évaluées dans le contexte de la amille, de la culture, des circonstances socioéconomiques et des phases normales de la croissance et du développement. La capacité d’eectuer une collecte de données efcace qui comprend les aspects médicaux et psychosociaux du client est également primordiale. Selon Cheng et Myers (2011), la structure de l’entrevue initiale peut varier selon chaque cas. Avec des jeunes enants, il pourrait être aidant pour l’infrmière de rencontrer les parents seuls dans un premier temps. Cela donne aux parents l’occasion de parler de sujets sensibles (relations de couple, compétences parentales divergentes, etc.) sans être entendu par le jeune enant. Cependant, il peut être avantageux de aire la première entrevue avec l’ensemble des membres de la amille, car cela permet d’observer la dynamique amiliale. Il est ainsi possible de voir, entre autres, qui applique les règles et la discipline visà-vis des enants, de quelle manière chacun des
ALERTE CLINIQUE
Au Québec, les adolescents de 14 ans et plus peuvent consentir seuls aux soins et donner leur consentement pour des soins non requis par l’état de santé (p. ex., une chirurgie esthétique). Le consentement du parent ou du tuteur est cependant nécessaire si les soins présentent un risque sérieux pour la santé du mineur et peuvent lui causer des effets graves et permanents. De plus, il est à noter que les parents ou le tuteur doivent être avisés lorsque le mineur séjourne plus de 12 heures dans un établissement de santé ou de services sociaux.
Cheng et Myers (2011) suggèrent que l’entretien avec l’adolescent se asse en sa présence et celle de ses parents. Cela va empêcher le jeune de penser que ses parents et l’infrmière sont de collusion. L’alliance thérapeutique pourrait être difcile à établir. Un adolescent peut vouloir rencontrer l’infrmière seul afn de se confer sans que ses parents en soit inormés. Peu importe la açon dont l’entrevue va se dérouler, il est important de bien inormer l’enant et l’adolescent avant l’entretien afn qu’ils puissent savoir à quoi s’attendre. Lorsqu’elle travaille avec des enants, l’infrmière tient compte des spécifcités légales et des droits de l’enant ou de l’adolescent et de ses parents à la confdentialité et au consentement aux soins.
Adapter la communication Quel que soit l’âge de l’enant, l’infrmière instaure une complicité dans la communication verbale et non verbale. Le degré de réussite de l’infrmière dans sa communication avec l’enant ou l’adolescent dépend étroitement de la compréhension qu’elle a de l’âge chronologique et développemental de celui-ci (Arnold & Boggs, 2007). Pour le jeune enant, la compréhension du langage n’apparaissant qu’à la fn de la seconde année de vie, l’infrmière axera jusqu’à cet âge sa relation avec l’enant sur des attitudes non verbales, en adoptant une attitude chaleureuse et attentive ainsi qu’un ton de voix apaisant. L’infrmière pourra aussi utiliser le jeu. Il est nécessaire de aire participer les parents aux soins de leur enant, car en plus de avoriser leur soutien, cela permet par la même occasion de réduire leur anxiété. Entre l’âge de deux et six ans, l’enant entame la phase d’acquisition du langage et l’infrmière peut alors commencer à communiquer verbalement avec lui en utilisant des instructions simples et des explications concrètes. Elle peut se servir d’images ou de livres d’histoires pour lui ournir de l’inormation et clarifer le sens de certains concepts.
25
Entre 6 et 10 ans, l’enant éprouve habituellement moins de difcultés à communiquer avec des adultes, autres que ses parents, tels les proesseurs ou les entraîneurs, qui lui donnent des instructions et l’assistent. Il est donc plus acile pour l’infrmière de communiquer avec lui. De plus, l’enant dispose d’un mode de communication plus élaboré. Une communication eicace peut être établie avec Chapitre 25 Enfants et adolescents
725
l’enant grâce à l’utilisation d’exemples concrets, de vidéos et de livres illustrés avec ses personnages préérés.Cependant, l’inrmière établit une relation de conance autant avec lui qu’avec ses parents. Durant la préadolescence, entre 10 et 13 ans, le préadolescent demeure récepti aux adultes et à leur infuence. Pour aciliter la communication, l’inrmière peut utiliser son langage et se limiter à des explications pertinentes, courtes, adaptées à sa compréhension propre au stade préadolescent.
4 Les procédures de collecte des données pour adoles cents et adultes sont pré sentées dans le chapitre 4, Évaluation de la condition mentale.
Le stade adolescent s’amorce à la puberté, généralement vers 13 ans, et dure jusqu’à 18 ou 19 ans. Au début de l’adolescence, l’enant cherche à se orger une identité et à se sentir bien dans sa peau. Il peut se sentir gêné ou embarrassé, ou encore être centré sur son image corporelle. L’inirmière respecte sa vie privée parce que la condentialité est cruciale à cet âge. Elle établit également un rapport direct avec lui, car l’adolescent est en processus de séparation émotionnelle. Il tente de s’aranchir de ses parents et d’acquérir son indépendance. Le jeune adolescent commence à se construire une pensée abstraite. Il est à même de saisir les événements passés et présents, mais également de réléchir et d’envisager l’avenir. L’inrmière peut aire appel à ces aptitudes dans la relation avec un jeune adolescent. Lorsque celuici atteint l’âge de 14 ou 15 ans, l’inrmière peut remarquer qu’il est plus acile de communiquer avec lui en réalisant une activité, car il se sent ainsi plus à l’aise ace à l’adulte. Le ait que l’inrmière ne soit pas le parent constitue un avantage et acilite le processus de communication. Il est important pour l’inrmière de se soucier des intérêts de l’adolescent, ce qui acilitera la relation thérapeutique.
Évaluer la condition physique et mentale Il est important d’eectuer un examen physique approondi en tenant compte des antécédents, ceci an d’assurer une évaluation complète de la santé mentale. L’inrmière joue un rôle clé dans le dépistage d’états pathologiques potentiels susceptibles d’infuer sur l’état de santé et le bien-être de l’enant ou de l’adolescent. Elle peut en outre prendre en compte les inormations concernant la santé telles que : allergies, otites, sinusites, asthme, onctionnement gastro-intestinal et urinaire, diabète, scoliose ou autres maladies préexistantes. Il est important d’être attentive à certaines maladies non diagnostiquées, comme des signes neurologiques anormaux susceptibles d’avoir une infuence directe sur le bien-être de l’enant ou le niveau de onctionnement optimal de l’adolescent. Au moment de la collecte de données concernant l’enant, il est important que les parents soient présents an que l’inrmière puisse évaluer les interactions, l’établissement de limites et la communication amiliale. Les comportements parti-
726
Partie 5
Interventions infrmières auprès des clientèles spécifques
culiers à observer sont les suivants : 1) la açon dont l’enant joue ; 2) la açon dont le parent apaise l’enant si nécessaire ; 3) le niveau d’aection exprimée entre le parent et l’enant. Il aut porter une attention particulière aux types de mots utilisés et aux expressions aciales. Le ait de s’entretenir avec les parents en l’absence des enants avorise un dialogue ouvert sur les préoccupations des parents. Le type de discipline, le niveau de supervision et de structure, les attentes de l’enant et les récents stresseurs ou problèmes que la amille a subis doivent aussi être cernés. L’évaluation de la condition mentale permet à l’inrmière de déterminer les problèmes potentiels qui infuencent l’état de santé et de bien-être global de l’enant ENCADRÉ 25.14. Au cours de la collecte de données sur le préadolescent et l’adolescent, il est essentiel d’obtenir les antécédents amiliaux complets relatis à la consommation d’alcool et de drogue, qui comprennent les quantités absorbées, la durée, les dates et les moments où la personne consomme. Pour obtenir les antécédents de consommation de drogue, l’inrmière pose des questions qui couvrent toutes les méthodes potentielles de consommation (inhaler, umer, boire ou injecter) 4 .
Évaluer la vie familiale La vie et l’entourage de l’enant ou de l’adolescent sont des aspects essentiels de la collecte des données qui permettent de bien comprendre les problèmes de santé mentale. L’inrmière acquiert une compréhension des diérents types d’interactions existant dans les relations amiliales et de la perception que chacun des membres de la amille a de la dynamique, des succès et des dés de la amille. Il est important pour l’inrmière de connaître les caractéristiques de l’environnement amilial qui incluent : 1) la propreté et la taille de la maison ; 2) où et avec qui dort l’enant ou l’adolescent ; 3) la açon de prendre les repas, de prendre soin des animaux de compagnie, d’eectuer les tâches ménagères et les devoirs ; 4) les moments et la réquence des activités récréatives ; 5) les rituels entourant le moment du coucher FIGURE 25.8.
Examiner les activités de la vie quotidienne Les AVQ de l’enant ou de l’adolescent en disent long sur son niveau d’indépendance ou de dépendance ainsi que sur son niveau de développement. Les AVQ sont au centre de nombreux rapports de orce au sein de la amille, et une évaluation approondie peut révéler une dynamique amiliale exigeant trop ou trop peu de la part de l’enant ou de l’adolescent. Celui-ci extériorise souvent les confits de pouvoir portant sur les AVQ. Ces confits peuvent se produire quotidiennement, le matin au lever, au moment du départ pour l’école, au retour de l’école et à l’heure du coucher. Des punitions exagérées et
Collecte des données ENCADRÉ 25.14
Évaluation de la condition mentale d’un jeune enant
• Apparence : niveau de nutrition, hygiène et habillement • Réaction à la situation : réaction initiale aux étrangers et réaction à la transition vers l’infrmière qui joue avec l’enant pendant l’évaluation • Autorégulation : niveau d’éveil, y compris les pleurs et la capacité à se laisser apaiser et à se calmer ; réactions à la stimulation sensorielle (p. ex., le son, le toucher) ; comportements inhabituels comme se rapper la tête, s’arracher les cheveux, lancer des objets, battre des mains, marcher sur la pointe des pieds; niveau d’activité comme s’asseoir en silence, grimper sur les meubles et explorer la pièce ; champ de l’attention (p. ex., suivre un objet des yeux, explorer un objet avec les mains; jouer avec un objet) ; tolérance à la rustration comme la capacité de poursuivre une tâche difcile, des pleurs et des crises de colère; agressivité, y compris l’afrmation appropriée ou l’agressivité excessive
• Motricité : tonus musculaire et orce, mouvement du visage et de la langue, déglutition, bave et tics inhabituels ou convulsions ; motricité brute, y compris relever la tête, se retourner, se lever, marcher, courir et sautiller ; motricité fne, y compris saisir des doigts, prise en pince (avec le pouce et l’index), empiler, gribouiller et aire des casse-tête • Parole et langage: vocalisation et discours comme la qualité, le rythme et le volume ; langage récepti, y compris la compréhension du langage et la réponse adéquate aux questions et aux commandes; langage expressi, y compris l’efcacité de la communication, le babillage, l’imitation, la vocalisation de mots uniques et l’utilisation de phrases complètes • Pensée a : peur (d’un objet ou d’être séparé de la personne qui en prend soin) ; rêves, y compris des cauchemars ; état dissociati, y compris le retrait soudain et l’inattention, des yeux vitreux et le désintérêt
a
Selon l’âge et le niveau de développement du client, cette catégorie peut ne pas s’appliquer ; cependant, les symptômes comme les associations imprécises et l’écholalie peuvent précéder les troubles de la pensée qui se manifestent plus tard dans la vie. Source : Adapté de Thomas, Benham, Gean et al., 1998
dération les problèmes amiliaux. L’infrmière envisage également les problèmes importants suivants : 1) inefcacité du rôle du client ; 2) perturbation du rôle parental ; 3) bouleversement des processus amiliaux. Dans l’établissement des problèmes prioritaires, il aut toujours tenir compte des besoins de la amille 3 .
25.7.3
3 Les étapes de la démarche de soins sont davantage décrites dans le chapitre 3, Principes de la pratique infrmière en santé mentale.
Planifcation des soins
Établir les résultats escomptés FIGURE 25.8
Il est important d’évaluer la dynamique familiale et les interactions entre les membres de la famille au cours de la collecte des données.
des rituels négatis ont souvent cours au sein de la structure amiliale autour des AVQ. L’infrmière joue un rôle important en établissant des attentes appropriées à l’âge et en enseignant des techniques comportementales efcaces à l’enant ou à l’adolescent et aux parents ou intervenants principaux. Ces attentes et ces techniques avorisent des interactions amiliales positives.
25.7.2
Analyse et interprétation des données
Tout en considérant les besoins et les problèmes individuels du client, il est pertinent de prendre en consi-
Les critères des résultats escomptés sont établis à partir des besoins prioritaires découlant de la situation de santé déterminés au cours de la démarche de soins. L’infrmière dresse la liste des résultats par ordre de priorité et les ormule en termes simples en collaboration avec l’enant et sa amille. Les résultats escomptés pour les enants et les adolescents seront principalement centrés sur la promotion d’une croissance et d’un développement optimaux. Les résultats escomptés combineront les objectis de traitement de l’enant ou l’adolescent, de l’infrmière, de l’équipe interdisciplinaire et des parents. Par exemple, les objectis du traitement sont-ils adaptés au niveau cogniti et développemental de l’enant ou de l’adolescent ? Existe-t-il d’autres stresseurs sur le plan amilial ou dans le système de soutien qui s’ajoutent aux problèmes actuels, entraînant des attentes irréalistes pour l’enant ou l’adolescent (problèmes de santé, d’argent ou de amille d’accueil) ? Les enants et les adolescents sont plus motivés à participer au processus de traitement lorsqu’ils sont impliqués dans les décisions concernant leurs soins et leur évolution.
25 ALERTE CLINIQUE
Les questions de sécurité sont essentielles et constituent une priorité pour tout client aux prises avec un trouble mental.
Chapitre 25 Enfants et adolescents
727
Par exemple, le client : • demandera de l’aide et du soutien aux adultes lorsqu’il en ressent le besoin ; • pourra discuter des éléments déclencheurs susceptibles de provoquer les réactions négatives du comportement ;
demandant d’y participer activement et d’y mettre tous ses eorts, en lui aisant comprendre qu’elle travaillera de concert avec lui et avec sa amille pour atteindre les objectis de traitement ormulés.
25.7.4
• entretiendra avec ses pairs des relations posi tives et coopératives ; • prendra l’initiative de jeux ou d’activités de loisir correspondant à son âge ; • développera la capacité de respecter les limites établies par l’infrmière et les adultes.
Décider des soins L’infrmière ormule des attentes réalistes basées sur les aptitudes développementales et onctionnelles de l’enant ou de l’adolescent. L’infrmière établit des interventions visant à obtenir des changements de comportement orientés vers des objectis réalistes. L’attention que l’infrmière accordera à l’instauration des objectis mutuellement consentis démontrera son respect et sa confance envers l’enant ou l’adolescent. L’infrmière lui expliquera le plan de traitement en termes simples, en lui
Exécution des interventions Soins et traitements infrmiers
Au moment d’exécuter le plan de soins et de traitements infrmiers (PSTI), le rôle de l’infrmière est d’épauler l’enant ou l’adolescent de concert avec la amille tout au long du processus de modifcation du comportement. L’enant ou l’adolescent sera tenté de recourir aux comportements auxquels il est habitué et qui peuvent être nuisibles pour son traitement. L’infrmière exprime des attentes claires, cohérentes et réalistes tout en agissant comme un modèle de rôle et en recourant aux aptitudes de la communication thérapeutique. Elle s’applique à aire respecter des limites cohérentes lorsque l’enant ou l’adolescent mettra en doute l’autorité et éprouvera de la difculté à apprendre et à mettre en pratique un comportement adaptati TABLEAU 25.3 et PSTI 25.1.
Pratiques infrmières suggérées TABLEAU 25.3
Intervenir auprès d’enants et d’adolescents ayant des problèmes de santé mentale
INTERVENTIONS
JUSTIFICATIONS
Entretenir la relation d’aide avec le client et ses proches Établir une alliance thérapeutique avec le jeune et sa amille et maintenir des limites appropriées.
Pour assurer un meilleur pronostic.
Fournir une rétroaction positive et une reconnaissance des eorts du client lorsqu’il adhère au programme comportemental et au plan de soins et de traitements.
Afn de promouvoir l’estime de soi et de renorcer les comportements positis.
Renseigner les parents et les tuteurs sur le trouble du client, sur la signifcation de la cohérence et de la structure dans les interventions et sur l’importance de l’adhésion au traitement pharmacologique le cas échéant.
Afn de aciliter la cohésion amiliale.
Accompagner le client dans la maîtrise de ses émotions Aider le client à déterminer ses orces et ses qualités.
Pour avoriser l’estime de soi, l’assurance et la confance en soi.
Reproduire, par un jeu de rôle, des situations qui déclenchent l’agressivité ou l’automutilation ou qui encouragent le client à consommer de l’alcool ou des drogues illicites.
Pour promouvoir l’exploration et l’expérimentation d’autres stratégies d’adaptation.
Enseigner des techniques de gestion de la colère.
Pour apprendre à contenir la colère, diminuer l’impression d’impuissance du client et prévenir les escalades utures.
Faire des jeux thérapeutiques avec les enants plus jeunes.
Pour encourager l’expression de ses pensées et de ses sentiments autrement lorsque les capacités langagières sont limitées et rétablir des limites saines.
Déterminer des limites claires et renorcer les comportements positis Établir calmement des limites claires et cohérentes en adoptant une attitude dénuée de jugement.
728
Partie 5
Interventions infrmières auprès des clientèles spécifques
Pour avoriser un milieu sécuritaire et établir la confance.
TABLEAU 25.3
Intervenir auprès d’enfants et d’adolescents ayant des problèmes de santé mentale (suite)
INTERVENTIONS
JUSTIFICATIONS
Inormer le client des conséquences de la violation des limites.
Pour encourager l’expression de ses sentiments et la réfexion quant à ses choix.
Rediriger les comportements perturbateurs en organisant des activités de loisir.
Pour permettre de canaliser l’excès d’énergie et prévenir l’escalade.
Utiliser des temps d’arrêt ou des moments de calme lorsque le client ne respecte pas les limites.
An de permettre une diminution de la tension dans un environnement calme et avoriser la compréhension de l’événement.
Enseigner et renorcer les comportements positis, coopératis et respectueux.
An de permettre une redénition de ses relations et l’établissement de relations constructives.
Mettre au point un programme de modication des comportements pour l’enant d’âge préscolaire ou scolaire axé sur la récompense, lorsqu’il s’exprime et agit de açon sécuritaire.
An de renorcer les comportements positis, d’améliorer l’estime de soi et de avoriser un sentiment d’accomplissement.
Faire participer le client adolescent à l’élaboration d’un contrat de comportement en déterminant les comportements attendus et les privilèges possibles si le contrat est respecté.
An de renorcer les comportements positis, d’améliorer l’estime de soi et de avoriser l’indépendance.
Prévenir tout passage à l’acte Évaluer la présence d’idées suicidaires et de comportements agressis dans le passé et déterminer les déclencheurs de ces comportements.
Pour assurer la sécurité du client et celle des autres.
Maintenir un environnement sans danger par une évaluation continue (p. ex., vérier la présence d’objets pointus, d’alcool, de substances illicites) et être attentive à toute modication du comportement ou à tout signe susceptible d’indiquer une augmentation de la colère ou de l’agressivité.
An de prévenir la violence et les agressions.
Orienter le client et ses proches vers les ressources adéquates Encourager le client à participer à la thérapie de groupe et aux activités de loisir.
Pour avoriser une meilleure communication avec les pairs et améliorer les habiletés sociales ainsi que les capacités motrices.
Orienter les adolescents vers des groupes de soutien.
Pour créer le sentiment d’appartenance à un groupe de pairs qui met l’accent sur l’aspect positi des choses et pour orir des occasions d’appliquer de nouvelles stratégies d’adaptation.
Évaluer les parents et les tuteurs an de déterminer l’existence de systèmes de soutien et les orienter vers des groupes de soutien ainsi que vers une thérapie individuelle et amiliale au besoin.
Pour consolider les stratégies d’adaptation et réduire au minimum le sentiment d’isolement et de culpabilité.
Soins et traitements en interdisciplinarité Les infrmières ont recours à de nombreuses interventions en interdisciplinarité avec les enants et les adolescents ayant des troubles mentaux. La récréologie, l’ergothérapie, la thérapie par la musique et par l’art, en plus des traitements à l’école, en groupe, amiliaux et individuels, constituent des modalités de traitement qui avorisent la santé et le bien-être général des enants et des adolescents. Les groupes de thérapie cognitivo-comportementale ont démontré leur efcacité pour enseigner à l’adolescent la gestion des symptômes, l’utilisation de ses capacités de résolution de problèmes et la modifcation des réactions émotionnelles et des schémas de pensée négatis.
Psychopharmacothérapie De nombreux médicaments pour adultes sont également utilisés chez les enants et les adolescents. Les principales classes de médicaments sont les stimulants, les antidépresseurs, les anxiolytiques, les anticonvulsivants et les antipsychotiques. L’infrmière joue un rôle crucial dans l’administration de ces médicaments, puisqu’elle assure le suivi de leur efcacité clinique et de leurs eets indésirables et elle vérife l’adhésion au traitement 21 . Elle communique ces données à l’équipe soignante interdisciplinaire et au donneur de soins principal. En conséquence, elle tient constamment à jour ses connaissances sur les médicaments. L’ENCADRÉ 25.15 liste les médicaments utilisés pour les enants et les adolescents atteints de TDA/H.
25 21 Le chapitre 21, Psychopharma cothérapie et autres thérapies biologiques, examine la ques tion de l’administration des médicaments et présente les différentes classes de médicaments psychotropes.
Chapitre 25 Enfants et adolescents
729
Psychopharmacothérapie ENCADRÉ 25.15
Trouble de défcit de l’attention/hyperactivité
• Psychostimulants : − Dexamphétamine (Dexedrinemd) − Méthylphénidate (Ritalinmd, Concertamd, Biphentinmd) − Lisdexamétamine (Vyvansemd) − Sels mixtes d’amphétamine (Adderall XRmd) • Inhibiteurs spécifques du recaptage de la noradrénaline : − Atomoxétine (Stratteramd) • Agents adrénergiques: − Clonidine (Catapresmd)
• Antidépresseurs : − Bupropion (Wellbutrinmd) • Inhibiteurs sélectis du recaptage de la sérotonine : − Citalopram (Celexamd) − Escitalopram (Cipralexmd) − Fluoxétine (Prozacmd) − Fluvoxamine (Luvoxmd) − Paroxetine (Paxilmd) − Sertraline (Zolotmd) − Venlaaxine (Eexormd)
Activités de groupe Les jeux en groupe et les activités récréatives constituent des moyens efcaces d’aider l’enant ou l’adolescent à établir une communication positive avec ses pairs et à améliorer ses relations interpersonnelles. Ils constituent une excellente occasion pour l’infrmière d’agir comme un modèle de rôle, d’enseigner de nouvelles habiletés, de renorcer les comportements positis et de avoriser des relations aidantes avec les pairs FIGURE 25.9. L’infrmière défnira le cadre d’un jeu en groupe pour avoriser un environnement sûr et montrer un exemple de coopération et de respect envers les camarades. Les enants et les adolescents ont souvent appris à taquiner et à provoquer leurs semblables dans le cadre d’un groupe. L’infrmière peut les aider, en adoptant une attitude exempte de jugement, à redéfnir des relations positives. En eet, chaque interaction de l’infrmière au quotidien avec l’enant ou l’adolescent est un moment propice pour agir comme un modèle de rôle. Par exemple,
dans des jeux de société, elle peut enseigner aux enants à jouer à tour de rôle, à respecter le droit de parole d’un autre, etc. Les interventions avec les adolescents représentent des défs particuliers, et ce, en onction des signes cliniques. L’infrmière veille à établir très tôt au cours du traitement une relation ainsi qu’une alliance thérapeutique avec l’adolescent. Mettre en doute l’autorité et tester les limites et les règles ont partie du comportement normal des adolescents. Les adolescents sont à la recherche et ont besoin d’un modèle ; il est donc impérati pour l’infrmière de maintenir des limites appropriées et d’agir comme un modèle de rôle. Les activités de groupe orent une excellente occasion à l’infrmière d’interagir avec l’adolescent durant le traitement. Elles permettent à celui-ci d’acquérir des habiletés interpersonnelles, de ournir et de recevoir une rétroaction lorsqu’il communique avec ses pairs, de mettre en application des relations plus adultes, d’écouter avec empathie, de réaliser des succès et d’apprendre des açons appropriées d’interagir avec les autres. Le groupe est aussi une occasion de créer un milieu de soutien par les pairs.
Jeu thérapeutique Pour les jeunes enants, les interventions de l’infrmière s’insèrent souvent au sein d’activités de jeu thérapeutique. Le jeu constitue le travail des enants. Ils recourent à des jeux récréatis ou créatis pour établir ou aciliter la relation avec leurs camarades ainsi que les adultes en s’exerçant à maîtriser de nouvelles tâches développementales. Même lorsqu’ils sont incapables de s’exprimer verbalement ou lorsqu’ils reusent de le aire, les enants peuvent, grâce au jeu thérapeutique, exprimer leurs pensées, leurs sentiments, leurs rustrations, leurs peurs et leurs espoirs. L’infrmière observe attentivement l’enant en train de jouer, le guide et interagit avec lui pour modifer certaines distorsions et rétablir des limites saines et des paramètres de sécurité, tandis que l’enant redéfnit ses comportements grâce au jeu FIGURE 25.10.
Programmes de modifcation du comportement
FIGURE 25.9 Les jeux en groupe peuvent permettre à l’infrmière de montrer aux enants des comportements acceptables.
730
Partie 5
Interventions infrmières auprès des clientèles spécifques
Le recours à un programme de modifcation du comportement dans les plans de traitement des enants de 3 à 11 ans est réquent. La modifcation du comportement implique un programme méthodique et structuré qui détermine des objectis appropriés à l’âge et au niveau développemental, qui sont observables et mesurables pendant une période donnée. Les objectis sont souvent orientés vers les AVQ, le contrôle des impulsions ainsi que les relations avec les pairs et la ratrie. L’enant est récompensé chaque ois qu’il atteint un objecti. Un tableau énumérant tous les objectis peut être utilisé, et une récompense est donnée à l’enant par l’apposition d’étoiles, d’autocollants ou de couleurs pour illustrer les progrès eectués. Parois, un programme de comportement est mis en place à la maison en concordance
avec le programme scolaire afn de renorcer la cohérence. La modifcation du comportement est souvent utilisée dans les milieux de soins psychiatriques destinés à l’enant et à l’adolescent. Les préadolescents et les adolescents utilisent souvent un contrat comportemental. Ces contrats se concentrent sur un à trois objectis de nature plus complexe (p. ex., s’adressera aux autres de açon respectueuse, participera activement aux activités de groupe). L’infrmière coche généralement chaque objecti atteint. Des récompenses sous orme de privilèges accrus (p. ex., une prolongation de l’heure du coucher ou du couvre-eu, une activité avec un parent ou un ami) sont accordées lorsque le contrat est respecté .
25.7.5
Évaluation des résultats – Évaluation en cours d’évolution
FIGURE 25.10 Il est possible de recueillir des indices développementaux physiques, intellectuels et sociaux à partir de la complexité des comportements ludiques d’un enfant.
L’étape d’évaluation atteste des progrès obtenus grâce au traitement par des résultats concrets. L’infrmière revoit objectivement l’étape d’évaluation pour juger de l’efcacité du plan d’intervention et du PSTI.
d’une sous-estimation du potentiel de l’enant. Cette lacune se corrige par une modifcation des composantes mesurables (p. ex., l’échéance pour l’atteinte du résultat ou le nombre souhaité de comportements adéquats).
L’équipe interdisciplinaire coordonne toutes les modifcations du plan d’intervention afn de maintenir une cohérence dans l’exécution du traitement, et ce, en tenant compte des besoins du client et de sa amille ENCADRÉ 25.16. Il importe de communiquer régulièrement l’évaluation du traitement aux parents ou tuteurs. Cela permet de consolider les acquis du traitement, de renorcer les nouvelles méthodes d’intervention parentale, d’encourager les parents ou les intervenants principaux à aire un suivi et d’établir de nouvelles attentes plus réalistes. En eet, certains objectis de traitement qui ont été fxés peuvent se révéler inappropriés en raison d’une surestimation ou
En cas d’hospitalisation, il est important que l’infrmière commence dès le début du traitement à préparer la amille à la sortie éventuelle. Le travail entamé en milieu hospitalier sera poursuivi à la maison ou dans un autre contexte : traitement de jour, soins en établissement ou oyer collecti. L’infrmière encourage l’enant ou l’adolescent, ainsi que sa amille, à réaliser une transition harmonieuse avec les nouveaux intervenants (infrmière spécialisée, travailleur social, psychologue ou psychiatre, éducateurs spécialisés, psychoéducateurs et orthopédagogue). Dans les cas graves ou chroniques, les enants et les adolescents peuvent être placés en hôpital psychiatrique, mais ce type de placement est rare.
L’encadré 25.1W propose un exemple de contrat de gestion de comportement, qui peut être consulté au http://ortinash.cheneliere.ca.
Pratiques infrmières suggérées ENCADRÉ 25.16
Ajuster les objectis du traitement en collaboration avec le client et ses proches
L’enant ou l’adolescent : • manieste des conduites sécuritaires envers soi et autrui; • prend soin de lui selon ses capacités ; • maîtrise ses émotions et ses comportements selon ses capacités ; • eectue les tâches et les devoirs scolaires, et onctionne sans colère ni rustration inutiles ; • utilise ses habiletés cognitives, langagières et de communication pour se aire comprendre et répondre à ses besoins selon ses capacités ; • démontre des habiletés d’interactions adaptées à son niveau de développement ;
• interagit de açon signifcative avec le personnel, les pairs et la amille selon ses capacités ; • cherche adéquatement de l’attention et de l’aide auprès des personnes signifcatives ;
25
• adhère au plan thérapeutique, y compris les médicaments, tel que requis; • joue adéquatement avec les pairs selon son âge et les règles établies; • participe aux programmes pédagogiques et proessionnels comme prescrit; • utilise des stratégies d’adaptation et de réduction du stress ; • réagit aux attentions et aux demandes des autres de açon satisaisante ; • utilise les ressources communautaires pour améliorer sa qualité de vie.
Chapitre 25 Enfants et adolescents
731
Plan de soins et de traitements infrmiers PSTI 25.1
Trouble de défcit de l’attention/hyperactivité
Michael Leduc-Lavallée, un garçon âgé de neu ans, a été admis à l’unité de pédopsychiatrie après avoir tenté de poignarder son enseignant avec un crayon. Il a des antécédents de mauvaises relations avec ses camarades ainsi que ses rères et sœurs, et est souvent mis en retenue à l’école parce qu’il s’est bagarré avec ses camarades pendant la récréation. Il prend du Ritalin md depuis un an après avoir reçu un diagnostic de trouble de défcit de l’attention/hyperactivité. Sa mère se plaint qu’il continue d’avoir une aible tolérance à la rustration, qu’il ait souvent des crises de colère quand il n’obtient pas ce qu’il veut ou lorsqu’on lui demande de aire ses DIAGNOSTICS SELON LES AXESa
devoirs ou des tâches ménagères. Il a agressé physiquement sa sœur de six ans parce qu’elle jouait avec le jouet qui lui appartenait, et ensuite, il a essayé de casser les jouets de sa sœur. La mère reconnaît qu’elle a des difcultés à être erme et cohérente avec Michael. Elle pense que son mari est trop strict et tente de compenser en étant plus souple. La mère rapporte qu’elle a souert de dépression au cours des deux dernières années et qu’elle a pris du Paxil md. La consommation importante d’alcool par le père est une source de conlit dans le couple. La amille a récemment entrepris une thérapie amiliale. Axe I
• Hyperactivité avec décit de l’attention (trouble explosif intermittent à considérer) Axe II • Aucun Axe III • Asthme Axe IV • Sévérité des stresseurs = 3 (modéré) : retenues à l’école, consommation excessive d’alcool par le père biologique, dépression de la mère Axe V • Évaluation globale du fonctionnement (EGF) = 35 (actuellement) ; EGF = 45 (année précédente)
PROBLÈME DÉCOULANT DE LA SITUATION DE SANTÉ
Risque de violence envers autrui lié aux antécédents d’agressions envers les pairs, la ratrie et les enseignants
RÉSULTATS ESCOMPTÉS
INTERVENTIONS INFIRMIÈRES ET JUSTIFICATIONS
• Adoption de comportements sécuritaires dans l’unité
• Observer étroitement l’enant pour assurer sa sécurité et celle de son environnement.
• Autocontrôle des impulsions • Diminution de la colère et de l’agressivité • Mise en place de stratégies d’adaptation • Amélioration de l’estime de soi
• Fournir un encadrement constant pour préserver la qualité de la relation de confance avec l’enant. • Expliquer à l’enant les règles de l’unité pour clarifer l’inormation et les attentes. • Établir des limites ermes et claires, et des conséquences en cas de comportements agressis ou de violation des règles de l’unité pour structurer les comportements et améliorer l’autocontrôle. • Accompagner l’enant dans la détermination des situations qui précipitent ses accès d’agressivité pour l’aider à cerner les sources de rustration et à reconnaître ces déclencheurs avant d’agir impulsivement. • Fournir une récompense ou un privilège (renorcement positi) qui convient à l’enant, chaque ois qu’il adopte des comportements non agressis (p. ex., donner des autocollants, établir un programme d’étoiles ou de privilèges) pour renorcer les comportements appropriés et bâtir l’estime de soi. • Trouver avec l’enant de nouvelles stratégies en dehors de la violence, qu’il peut utiliser lorsqu’il est rustré ou en colère (p. ex., lancer une balle en mousse, crier dans un oreiller) pour promouvoir l’expression des sentiments négatis de açon socialement acceptable et sans danger. • Encourager l’enant à exprimer ses sentiments par le dessin ou par toute autre orme d’art disponible de açon quotidienne pour avoriser l’expression de son hostilité de açon sécuritaire. • Prévoir un temps de rencontre individuelle quotidien avec l’enant pour maintenir le lien, aire le point sur ses comportements et ses émotions, et lui donner de la rétroaction.
a
Les diagnostics sont posés selon les axes du DSM-IV-TR de l’APA (2004).
732
Partie 5
Interventions infrmières auprès des clientèles spécifques
Analyse d’une situation de santé
Jugement clinique
Claudel Sylvestre est un jeune garçon âgé de neu ans. Il rencontre une inirmière du groupe de médecine amiliale de son quartier parce que ses parents ont constaté des comportements qui les inquiètent. Entre autres, il ait des clins d’œil en levant le coin gauche de sa bouche et répète les derniers mots des phrases qu’il entend. Dernièrement, il a ait une colère marquée parce que sa mère avait acheté des bananes à l’épicerie
et qu’il n’en voulait pas. Malgré les explications de sa mère, il est allé reporter les ruits à l’insu de ses parents. C’est après cet incident que ces derniers ont décidé de consulter le médecin. Ils avaient déjà observé des comportements qu’ils qualiiaient de bizarres, mais ils croyaient que cela passerait avec le temps. Ils ont lu dans un site Internet que de tels comportements pouvaient être des maniestations du syndrome de Gilles de la Tourette. {
MISE EN ŒUVRE DE LA DÉMARCHE DE SOINS
Collecte des données – Évaluation initiale – Analyse et interprétation 1. Trouvez six questions que l’infrmière devrait poser aux parents concernant les tics aciaux de Claudel. 2. Pourquoi seraitil pertinent de demander si Claudel a des problèmes d’apprentissage ?
SOLUTIONNAIRE
3. L’infrmière demande à Claudel s’il se sent stressé, atigué, ou s’il est préoccupé par quelque chose de précis. Pourquoi cette question estelle appropriée ?
http://fortinash.cheneliere.ca
4. Elle demande si Claudel montre des tics lorsqu’il dort. Pourquoi cette question estelle pertinente également ?
Pendant la rencontre, l’infrmière observe les comportements de Claudel lorsqu’elle s’adresse à {
ses parents. L’enant se lève et s’assoit, prend un magazine et tourne les pages sans les lire. {
MISE EN ŒUVRE DE LA DÉMARCHE DE SOINS
5. Dans cet épisode, quelle inormation l’inirmière peutelle recueillir par l’observation des comportements de Claudel ? 6. L’infrmière devraitelle vérifer si Claudel montre de l’échopraxie ? Justifez votre réponse.
{
L’infrmière demande à Claudel la raison qui l’a incité à rapporter les bananes à l’épicerie. {
MISE EN ŒUVRE DE LA DÉMARCHE DE SOINS
7. Cette question estelle pertinente ? Justifez votre réponse.
25 L’infrmière observe que Claudel ne la regarde pas quand elle lui parle, qu’il cache son côté {
gauche du visage avec sa main et qu’il tourne la tête vers la gauche en regardant le sol. {
MISE EN ŒUVRE DE LA DÉMARCHE DE SOINS
8. Qu’estce que cela signife ?
Chapitre 25 Enfants et adolescents
733
L’infrmière questionne Claudel sur ses résultats scolaires. Il dit tout en cachant son visage : « C’est {
pas ort. J’me orce, mais j’me trouve pas ben bon. C’est dur. » {
MISE EN ŒUVRE DE LA DÉMARCHE DE SOINS
9. Quel problème est mis en lumière dans la réponse de Claudel ? 10. D’après les données de cette situation, Claudel estil dangereux pour luimême ? Justifez votre réponse.
{ Même si le diagnostic du syndrome de Gilles de la Tourette n’est pas encore posé, l’infrmière suggère à
Claudel et à ses parents des activités calmes comme aire un casse-tête, des dessins, regarder un flm. {
MISE EN ŒUVRE DE LA DÉMARCHE DE SOINS
Planifcation des interventions – Décisions infrmières 11. En quoi ce genre d’activités peutil être bénéfque pour Claudel ?
Même si rien n’est confrmé pour Claudel, les parents demandent à l’infrmière si les tics peuvent s’aggraver avec le temps. ”
{
MISE EN ŒUVRE DE LA DÉMARCHE DE SOINS
12. Que devraitelle leur répondre ?
Évaluation des résultats – Évaluation en cours d’évolution 13. Nommez deux points à vérifer chez Claudel à une rencontre ultérieure.
734
Partie 5
Interventions infrmières auprès des clientèles spécifques
APPLICATION DE LA PENSÉE CRITIQUE Dans l’application de la démarche de soins auprès de Claudel et de ses parents, l’inirmière a recours à un ensemble d’éléments (connaissances, expériences anté rieures, normes institutionnelles ou protocoles, attitudes proessionnelles) pour analyser la situation de santé de Claudel et en comprendre les enjeux. La FIGURE 25.11
illustre le processus de pensée critique suivi par l’infr mière afn de ormuler son jugement clinique. Elle résume les principaux éléments sur lesquels l’infrmière s’appuie en onction des données de Claudel et de ses parents, mais elle n’est pas exhaustive.
VERS UN JUGEMENT CLINIQUE CONNAISSANCES • Troubles mentaux les plus réquents chez les enants et les adolescents • Facteurs contribuant à l’apparition d’un problème de santé mentale chez la jeune clientèle (sexe, climat amilial, autres conditions) • Caractéristiques de ces troubles selon les groupes d’âge et conséquences sur le développement de l’enant • Impacts de ces troubles sur l’enant et l’adolescent (relations amiliales et sociales, rendement scolaire, sécurité physique) • Moyens pharmacologiques et non pharmacologiques pour diminuer les symptômes
EXPÉRIENCES
NORME
ATTITUDES
• Expérience de travail en pédiatrie et en santé mentale • Expérience en santé scolaire • Personne de l’entourage ayant un enant présentant un problème de santé mentale
• Activité réservée de l’infrmière d’après la Loi sur les infrmières et infrmiers : évaluer la condition physique et mentale d’une personne symptomatique
• Être compréhensive ace aux inquiétudes des parents • Démontrer de l’empathie envers Claudel qui éprouve de la gêne par rapport à ses tics et qui présente une diminution de l’estime de soi • Être patiente ace aux comportements de l’enant
PENSÉE CRITIQUE
ÉVALUATION • • • • • • • • • • •
Types de tics présentés par Claudel Fréquence des tics et moment d’apparition Facteurs aggravant et diminuant les tics Comportements de Claudel par rapport à ses tics Niveau d’estime de soi du jeune garçon Risque de blessures envers lui-même Autres signes du syndrome Comportements d’impulsivité, d’hyperactivité, d’inattention Rendement scolaire général Fonctionnement social Préoccupations des parents et leurs attentes ace au diagnostic possible, au traitement et au pronostic • Perception de Claudel par rapport à sa situation • Impacts des maniestations présentées par Claudel sur son entourage
JUGEMENT CLINIQUE
25
FIGURE 25.11
Chapitre 25 Enfants et adolescents
735
À retenir VERSION REPRODUCTIBLE
http://ortinash.cheneliere.ca
• Parmi toutes les personnes atteintes d’un retard mental, 85 % sourent d’un retard mental léger ; 10 %, d’un retard mental modéré ; de 3 à 4 %, d’un retard mental grave ; et de 1 à 2 %, d’un retard mental proond. • Les enants atteints de troubles envahissants du développement ou TED présentent des mouvements répétitis, une absence de réciprocité émotionnelle, une altération de la communication (à la ois verbale et non verbale) et une indiérence aective. • 25 % des enants qui ont un diagnostic de TED ont également un retard mental.
• Les troubles mentaux les plus courants chez l’enant sont les suivants : les troubles anxieux, le trouble de défcit de l’attention/hyperactivité (TDA/H), les troubles de l’humeur et les TED. • Certains enants atteints du TDA/H peuvent présenter les antécédents suivants : violence ou négligence, placements amiliaux multiples, exposition aux neurotoxines, inections, exposition intra-utérine aux drogues, aible poids à la naissance et retard mental. • Le TDA/H cause des problèmes sur les plans scolaire, social et proessionnel et appauvrit l’estime de soi en raison de maniestations exigeantes, impulsives et donnant l’apparence de la paresse.
• L’anxiété de séparation est un trouble perturbateur qui empêche les enants de participer à des activités normales en raison de leur peur incessante qu’il arrive malheur aux êtres aimés en leur absence. • Tout comme l’autisme, le syndrome de Gilles de la Tourette entraîne des mouvements, des sons et des actions répétitis ; néanmoins, à la diérence de l’autisme, ces symptômes diminuent durant l’adolescence et à l’âge adulte. • Une des principales caractéristiques du trouble des conduites est le comportement violent ou agressi du client et sa aible préoccupation envers ceux qui sont touchés par ses actions.
• Les problèmes de santé mentale ne concernent pas que les adultes. Ils concernent les enants et les adolescents, mais présentent trois difcultés supplémentaires. Les psychopathologies sont souvent atypiques et mal diérenciées au début des maniestations, et les comorbidités sont réquentes. • Le dépistage précoce ainsi que le traitement de l’enant et de l’adolescent sont essentiels pour l’aider dans son contexte amilial, scolaire et social, à court et à long terme. • L’infrmière coopère de açon très étroite avec la amille et l’équipe interdisciplinaire pour appliquer les meilleures pratiques et orir des soins optimaux.
Ressources VERSION COMPLÈTE ET DÉTAILLÉE
http://ortinash.cheneliere.ca
Regroupement des associations de parents PANDA du Québec www.associationpanda.qc.ca Santé mentale pour enfants Ontario (SMEO) www.kidsmentalhealth.ca
Références Internet ORGANISMES ET ASSOCIATIONS Association canadienne pour la santé mentale (ACSM) www.cmha.ca > Santé mentale > Votre santé mentale > Les jeunes > Le suicide chez les jeunes Association québécoise des troubles d’apprentissage (AQETA) http ://aqeta.qc.ca Jeunesensanté.ca www.jeunesensante.ca > Corps et âmes > Âmes
736
Partie 5
ORGANISMES GOUVERNEMENTAUX Agence de la santé publique du Canada (ASPC) www.phacaspc.gc.ca > Promotion de la santé > Santé de l’enant > L’enance et de l’adolescence > Programmes et initiatives > Financement > Fonds des projets nationaux (FPN) du PACE et du PCNP > Répertoire de ressources du FPN > Des liens pour la vie (trousse d’inormation sur l’attachement) Ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec (MSSS) www.msss.gouv.qc.ca > Groupes de population > Personnes handica pées > Défcience intellectuelle et TED
Interventions infrmières auprès des clientèles spécifques
RÉFÉRENCES GÉNÉRALES CHU Sainte-Justine www.chusaintejustine.org > Soins et services > Psychiatrie Hôpital Rivière-des-Prairies http ://hrdp.qc.ca > Hôpital > Directions et leurs services > Direction des soins infrmiers > Blogue de Nathalie Maltais, conseillère clinicienne spécialisée > Troubles et maladies > Pédopsychiatrie > Troubles et maladies > Troubles envahissants du développement > Troubles associés au TED > Défcience intellectuelle (DI) ou retard mental Institut universitaire en santé mentale Douglas www.douglas.qc.ca > Inos santé mentale > Santé mentale de AZ > Enants et santé mentale > Inos santé mentale > Santé mentale de AZ > Troubles du sommeil chez l’enant
Monographies Institut national de la santé et de la recherche médicale (2005). Trouble des conduites chez l’enant et l’adolescent. Paris (Fr.) : Expertise Collective Inserm. Table Jeunesse Kateri et Centre de liaison sur l’intervention et la prévention psychosociales (2010). Guide d’identifcation de certaines difcultés psychosociales vécues par les jeunes. www.clipp.ca/images/documents/guide_iden tifcation_difcultes_psychosociales_jeunes_ nov2010.pd Vincent, A. (2010). Mon cerveau a besoin de lunettes : vivre avec l’hyperactivité. Montréal : Les Éditions Québécor.
Articles, rapports et autres Lepage, C., Marcotte, D., & Fortin, L. (2006). L’intimidation et la dépression à l’école : analyse critique des écrits. Revue des sciences de l’éducation, 32 (1), 227246.
Multimédia
TéléQuébec (2012, 26 mars). Soins intensis – En pédopsychiatrie (télévision, 45 min 58 s), série Soins intensis. http ://video.telequebec.tv/video/10514/ enpedopsychiatrie Institut Douglas (2010). Les enants peuventils sourir de dépression ? (vidéo), cours présenté par Johanne Renaud, M.D., M. Sc., FRCPC. www.douglas.qc.ca/videos/169
Agence de la santé et des services sociaux de la CapitaleNationale (2011). La psychiatrie : une proession, une passion (vidéo). www.rrsss03.gouv.qc.ca/videos psychiatrie.html
25
Chapitre 25 Enfants et adolescents
737
chapitre
Personnes âgées
Écrit par : Linda Thibeault, inf., M. Sc.
Guide d’études – RE09
OBJECTIFS
Après avoir étudié ce chapitre, vous devriez être en mesure : ■
■
d’expliquer les facteurs influant sur la santé mentale de la personne âgée ;
■
de reconnaître les perceptions courantes du vieillissement et les attitudes de la société à l’égard des personnes âgées ;
■
738
Partie 5
de préciser les éléments à évaluer par rapport à l’état fonctionnel et à la con dition mentale de la personne âgée ; de déterminer les divers problèmes de santé mentale dont peut être atteinte une personne âgée ;
Interventions infrmières auprès des clientèles spécifques
■
d’expliquer les particularités des troubles mentaux chez une clientèle âgée ainsi que les soins et traitements infirmiers qui s’y rattachent.
Concepts clés
Cette carte conceptuelle illustre schématiquement les principaux concepts décrits dans le présent chapitre. Sa lecture vous permettra d’avoir une vue d’ensemble des notions qui y sont présentées.
problèmes rencontrés
importance des
évaluer
et
plus à risque
26
Chapitre 26
Personnes âgées
739
PORTRAIT Marjorie Jones Marjorie Jones, âgée de 80 ans, est amenée au ser vice des urgences par sa lle et son gendre. Elle soutient sa poitrine et a du mal à respirer. Actuellement, madame Jones suit un trai tement pour de l’hypertension artérielle chronique. Elle a un poids insusant, est déshydratée, ne porte pas son dentier, et son hygiène personnelle s’avère déiciente. Lorsque l’inrmière lui demande où est son dentier, la cliente explique que cela ait plu sieurs mois qu’elle l’a perdu et que personne ne l’a retrouvé. Après l’administration d’un médicament qui stabilise la pression artérielle, madame Jones se sent mieux et est en mesure de ournir plus d’explications à l’inrmière. Madame Jones est une personne renermée et dit se sentir déprimée ; elle a de la diculté à établir un contact visuel avec l’inrmière. Elle explique qu’il y a 18 mois, elle a déménagé chez sa lle et son gendre, car elle n’était plus en mesure d’entretenir son propre appartement. Avant son déménagement, madame Jones menait une vie remplie en compagnie de ses amis veus et participait à des activités sociales. Elle retenait les services d’une aide ménagère à temps partiel depuis le décès de son mari, il y a cinq ans, et arrivait assez bien à maintenir son indépendance, jusqu’à l’apparition d’un problème d’insusance cardiaque. La cliente arme que sa vie a changé depuis qu’elle a perdu son indépen dance. Elle trouve dicile de s’adapter à une vie où l’« on dépend tellement des autres » et dit s’ennuyer de ses amis.
26.1
Le tableau 26.1W présente l’évolution du nombre de personnes âgées au Québec et par région. Il peut être consulté au http://fortinash.cheneliere.ca.
740
Partie 5
Situation de la population âgée
À mesure que la population vieillissante augmente et se diversie sur le plan ethnique, un réexamen des valeurs culturelles attachées au vieillissement devient nécessaire. Les recherches se sont recen trées sur la compréhension du vieillissement réussi, un terme qui décrit un onctionnement général élevé de la personne âgée, comprenant un maintien de ses capacités onctionnelles ou des atteintes modérées de ces dernières, et ce, en l’absence de pathologies. Ce concept évoque à la ois la dimension biopsychosociale et l’aspect médical, onctionnel et même philosophique du vieillisse ment (Le Deun & Gentric, 2007). Les recherches se penchent aussi sur la santé physique et mentale, l’apprentissage et la créativité en tant que domaines permettant de promouvoir la qualité de vie chez les personnes âgées (Le Deun & Gentric, 2007 ; Organisation mondiale de la Santé [OMS], 2012).
Interventions infrmières auprès des clientèles spécifques
Selon l’OMS, le nombre de personnes âgées est en hausse dans la plupart des pays ENCADRÉ 26.1. Ce changement démographique est associé à un prolongement de l’espérance de vie et à l’amélio ration de la santé publique dans le monde (Centre de toxicomanie et de santé mentale [CAMH], 2010 ; OMS, 2012). Le Canada verra aussi le nombre de ses per sonnes âgées augmenter dans les prochaines années. Le vieillissement de la population cana dienne s’explique essentiellement par un taux de écondité qui se situe depuis longtemps sous le seuil de remplacement des générations de 2,1 en ants par emme et par une espérance de vie à la hausse. Mais la raison principale de ce changement est liée aux premières générations des baby boomers atteignant l’âge de 65 ans. En général, les Canadiens vivent aujourd’hui plus vieux et en meilleure santé en raison de l’amélioration des ser vices de santé, un ait également constaté ailleurs dans le monde (CAMH, 2010 ; MacCourt, Wilson & TourignyRivard, 2011 ; Statistique Canada, 2010). Le Québec suit aussi cette tendance d’un vieillis sement massi de la population . Aux prises avec une baisse de natalité, mais protant de l’améliora tion de l’espérance de vie et de l’état de santé géné ral, la population québécoise est la plus âgée au pays. En 2011, le nombre de Québécois âgés de 65 ans et plus a dépassé pour la première ois celui des moins de 15 ans (GéoPopulation, 2011 ; ministère de la Famille et des Aînés & ministère de la Santé et des Services sociaux [MSSS], 2012 ; MSSS, 2011). En 2001, les personnes âgées autochtones consti tuaient pour leur part une proportion relativement aible de la population des Premières Nations, ne représentant que 4 % de celleci, bien que cette proportion devrait doubler d’ici 2017. Ce ait est lié en grande partie à l’espérance de vie moindre des Autochtones par rapport à la moyenne cana dienne, la prévalence de certaines maladies telles que les aections cardiaques, le diabète ou l’ar thrite y étant deux ou trois ois plus élevée. Cette situation de santé infue sur leur niveau de vie, le taux de pauvreté et d’isolement y étant plus impor tant que chez les autres Canadiens, et a des réper cussions sur la santé mentale de cette population (Collin & Jensen, 2009 ; Elgersma, 2010 ; Turcotte & Schellenberg, 2006). Pour les proessionnels de la santé, le vieillisse ment généralisé de la population rend impérative la compréhension des notions ondamentales et globales de la gérontologie. Cette dernière est l’étude des phénomènes du vieillissement dans leurs diérents aspects : morphologiques, physio pathologiques, psychologiques, sociaux, etc. Pour sa part, la gériatrie permet aux intervenants de la santé de comprendre particulièrement les maladies liées au vieillissement. Finalement, la gérontopsychiatrie est la branche de la psychiatrie consacrée
aux pathologies associées à la santé mentale et aux traitements des troubles mentaux complexes qui touchent les personnes âgées. Bien que l’évaluation de ces dernières ressemble à celle des adultes plus jeunes, elle doit être adaptée aux diverses caracté ristiques du vieillissement normal ou pathologique de même qu’à la sensibilité des aînés aux médica ments. Les soins dont ces personnes ont besoin sont multiples et dépendent de leurs problèmes de santé à la ois physiques et mentaux (Collège royal des médecins et chirurgiens du Canada, 2011 ; Paquette, Charron, Punti et al., 1999 ; Thésaurus de l’activité gouvernementale, 2007).
26.1.1
Population âgée immigrante et diérences culturelles
La plupart des aînés immigrants demeurent au Canada depuis au moins 10 ans, et seulement 2,3 % des nouveaux immigrants avaient plus de 65 ans en 2004. Plus de 50 % de la population âgée immi grante habite principalement dans les grands cen tres urbains. En général, ces aînés ont des habitudes de vie avorables à une bonne santé en raison de leur aible taux de tabagisme et de consommation d’alcool. La açon d’envisager la santé mentale des personnes âgées immigrantes diérerait de celle de la population générale, tant au Canada qu’au Québec ; ainsi, ces aînés vivraient en général moins de détresse psychologique que cette dernière. Les croyances culturelles infuent sur les réac tions des personnes âgées relativement à la santé, à la maladie, à la sourance, aux traitements et à la mort FIGURE 26.1. Ces croyances auront même un impact sur certains éléments comme l’heure des rendezvous, le type de traitements, la médi cation ou sur le choix de la personne qui prend les décisions en matière de santé pour l’aîné (ministère de la Famille et des Aînés & MSSS, 2012 ; Ordre des inrmières et des inrmiers de l’Ontario [OIIO], 2009).
26.1.2
ENCADRÉ 26.1
Portrait du vieillissement de la population
Selon l’OMS, entre 2000 et 2050 : • de 605 millions de personnes, les plus de 60 ans compteront 2 milliards d’individus, passant de 11% à environ 22% de la popu lation mondiale, c’estàdire 2 ois plus qu’en 2000 ; • dans les 5 prochaines années, à l’échelle mondiale, il y aura un nombre plus grand de personnes âgées de 65 ans et plus que d’enants de moins de 5 ans ; • les personnes âgées de 80 ans et plus seront au nombre de 395 millions sur la planète, soit 4 ois plus qu’aujourd’hui; • au Canada, entre 2014 et 2021, le nombre de personnes âgées de 65 ans et plus dépas sera celui des jeunes de moins de 15 ans;
• en 2009, les personnes âgées de 65 ans et plus représentaient 14,4 % de la popula tion canadienne; • en 2036, les aînés canadiens représente ront entre 23 et 25 % de la population, ou entre 9,9 et 10,9 millions de personnes, soit 2 ois plus qu’en 2009, un pourcentage qui grimpera de 24 à 28% en 2061 ; • au Canada, la population âgée de 80 ans et plus serait multipliée par 2,6 d’ici 2036 pour atteindre près de 3,3 millions de personnes ; • au Québec, entre 2011 et 2031, le nombre de personnes âgées de 65 ans et plus va presque doubler, leur proportion passant de 15,7 à 25,6 %.
• au 1er juillet 2009, l’âge médian de la population canadienne était estimé à 39,9 ans et en hausse ; Sources : Adapté de CAMH (2010) ; GéoPopulation (2011) ; MacCourt et al. (2011) ; ministère de la Famille et des Aînés & MSSS (2012) ; OMS (2012) ; Statistique Canada (2010)
La Coalition canadienne pour la santé mentale des personnes âgées (CCSMPA) a émis certaines recommandations préventives destinées à cette population : privilégier une alimentation saine et variée, être acti physiquement et mentalement tout en dosant les périodes de repos, éviter de umer, consommer de l’alcool avec modération, réaliser des activités intéressantes, comme du bénévolat, tout en gérant son stress et socialiser avec son entourage et ses proches (CCSMPA,
RAPPELEZ-VOUS…
Le but des soins infrmiers transculturels est de pro diguer des soins culturelle ment cohérents. Qu’estce que cela veut dire ?
Facteurs infuant sur la santé
La situation générale des aînés s’est nettement amé liorée au cours des 30 dernières années, et les sta tistiques à ce sujet en représentent un indicateur clair. Cette situation est attribuable à des améliora tions sur le plan du logement, du revenu et des milieux de vie, mais particulièrement à diverses activités de prévention comme la vaccination, la diminution des risques associés aux chutes et à la médication, la réduction des eets des maladies chroniques, le dépistage du cancer et la réadapta tion. Touteois, étant donné le vieillissement rapide de la population québécoise, les dés sont de taille quant aux besoins actuels et uturs de cette popu lation en pleine croissance (ministère de la Famille et des Aînés & MSSS, 2012).
26
FIGURE 26.1 Les rites et les coutumes d’une population ont de multiples sources, selon l’origine religieuse, ethnique, sociodémographique, l’expérience de vie ou même l’orientation sexuelle.
Chapitre 26
Personnes âgées
741
2009 ; MechakraTahiri, Zunzunegui, Préville et al., 2010).
Vision discriminatoire : Fait de percevoir puis de séparer ou de traiter un groupe de personnes de manière diérente, généra lement de açon négative.
Une majorité de personnes âgées de tous les hori zons sourent d’au moins une aection chronique, et 81,6 % des personnes de 65 ans et plus vivant à do micile éprouvent au moins un problème de santé phy sique (ministère de la Famille et des Aînés & MSSS, 2012). La maladie en soi ne semble pas infuer sur la perception individuelle de l’état de santé si les habi letés onctionnelles ne sont pas compromises. Celles ci ont partie des activités de la vie quotidienne (AVQ) et des activités de la vie domestique (AVD). La pré sence de acteurs avorisant la santé générale chez les personnes âgées leur permettra de vivre un vieillisse ment plus réussi, ce qui signie la réduction des ris ques de pathologies physiques et de déclin vers la ragilité, un état où l’organisme s’adapte moins bien au stress et qui se combine à la maladie et aux consé quences de l’inactivité TABLEAU 26.1. Cet état de ragilité rend la personne âgée plus vulnérable au trouble mental, dont la dépression (Champoux, 2005 ; Paquette et al., 1999 ; RamageMorin, Shields & Martel, 2010).
Jugement clinique Mary Caldwell est âgée de 79 ans. Elle vient d’un milieu aisé et menait une vie sociale très active. Elle était fère de sa personne et aimait aider les autres, étant impli quée dans plusieurs activités de charité. Elle vit en hébergement dans un centre d’hébergement et de soins de longue durée depuis 16 mois en raison d’un défcit cogniti grave et d’une perte d’autonomie mar quée pour ses AVQ. Le personnel infrmier la connaît bien et en prend soin, mais il la tutoie et l’appelle grand maman. Tous les jours, on ait des « lulus » avec ses che veux de chaque côté de la tête. « Elle ne s’en rend pas vraiment compte », afrme le personnel. Que pensezvous de l’attitude du personnel infrmier ?
TABLEAU 26.1
Il y aurait un eet protec teur sur la santé à avoir une éducation plus élevée, à vivre en couple et à jouir d’un re venu plus substantiel. Par rap port au reste de la population canadienne, les Québécois seraient ceux qui manies teraient le plus de détresse psychologique, mais qui pré senteraient le moins d’at teintes à la santé mentale telles que la dépression, les manies, les phobies, les attaques de panique et l’abus de substances (Caron & Liu, 2010).
SANTÉ MENTALE
• Consommation ou non de tabac
• Ressources fnancières à la retraite
• Qualité de l’alimentation • Poids
• Appartenance ou non à un groupe plus à risque (emmes, Autochtones, immigrants)
• Pratique d’exercice
• Niveau de scolarité
• Présence ou non de maladies chroniques
• Relations avec la amille
• Présence ou non d’incontinence
• Perception négative ou positive du vieillissement
• Autoperception de l’état de santé général et mental
Une des raisons expliquant ces préjugés serait la méconnaissance même du processus du vieillis sement. L’âgisme pourrait aussi constituer une stra tégie d’adaptation chez certaines personnes pour qui le vieillissement, avec ses pertes physiques potentielles, engendre de l’angoisse. Ne pouvant se reconnaître dans cette identité sociale, certains la classent à part : moi, je ne suis pas comme ça. Cette réaction peut se maniester quel que soit l’âge de la personne FIGURE 26.2 (MSSS, 2011 ; Pilote, 2010). Le culte de la jeunesse et la croyance selon laquelle les personnes âgées sont improductives ont accen tué la perception de ardeau social que représentent cellesci. Cette vision discriminatoire des per sonnes âgées nuit à leur implication sociale. En ne reconnaissant pas leur richesse expérientielle, la
• Réseau social
• Indépendance et autonomie onctionnelle
• Deuil ou perte récente
• Qualité du sommeil
• Présence ou absence d’un défcit onctionnel entraînant une perte d’autonomie
• Implication sociale
Partie 5
La perception du vieillissement et les attitudes de la société à l’égard des personnes âgées évoluent depuis plusieurs années. Butler a employé pour la première ois le terme âgisme en 1969 pour dési gner les opinions stéréotypées et la discrimination envers les personnes âgées (Pilote, 2010). Comme l’a souligné le groupe de travail qui s’est penché sur l’approche adaptée à la personne âgée en milieu hospitalier, cette clientèle est victime d’une image négative, soutenue trop souvent par les médias. L’âgisme, la gérontophobie et l’inantilisation sont quelques exemples de ce que peuvent subir les per sonnes âgées (MSSS, 2011).
Facteurs infuant sur la santé
SANTÉ GÉNÉRALE
742
Perception du vieillissement
• Précarité ou non de l’état de santé physique
Interventions infrmières auprès des clientèles spécifques
FIGURE 26.2 L’impatience que manifesterait une personne quant au temps que prend un aîné pour entendre les explications en raison d’une presbyacousie est un exemple d’âgisme.
société déprécie les aînés et les qualie de ragiles. Ceuxci se retrouvent alors exclus et isolés tant sur le plan social qu’économique. Cette exclusion et cet isolement entraînent une dévalorisation person nelle et sociale, et avorisent l’apparition de certains troubles mentaux, telle la dépression. Pour briser ce cycle, les établissements et la communauté déploient des eorts an de cerner et de modier ces perceptions (Champoux, 2005 ; ministère de la Famille et des Aînés & MSSS, 2012). Les points de vue concernant le vieillissement varient selon la culture. La contribution des per sonnes âgées à la société a un impact sur leur statut dans certains groupes culturels. Par exemple, les cultures orientales sont depuis longtemps infuen cées par les valeurs conucéennes qui respectent grandement les personnes âgées, leur sagesse et leur expérience de vie, et ce, encore aujourd’hui dans plusieurs pays asiatiques. Par opposition, les cul tures occidentales axées sur l’industrialisation et orientées vers une vision productive dévalorisent les personnes âgées, les considérant à bien des égards comme un poids tout en niant la valeur pro onde de l’expérience acquise au cours de leur vie (Löckenho, De Fruyt, Terracciano et al., 2009). Par ailleurs, dans certaines langues, aucun mot ou aucune expression n’est associé à un trouble mental particulier pour le qualier ou le décrire. Le trouble est alors plutôt classé comme une rela tive normalité, et cela peut retarder la recherche du traitement approprié (Agence de la santé publique du Canada [ASPC], 2009 ; Elgersma, 2010 ; Nanhou & Audet, 2008 ; Simich, 2009 ; Statistique Canada, 2010). C’est ce qui explique que certains immigrants seront incapables de recon naître un trouble mental, car ils ne comprennent pas ses causes et ont un système de croyances particu lier, tant au sujet des personnes atteintes que des traitements requis. La culture occidentale actuelle montrerait cependant un soutien plus solide envers l’idée d’un vieillissement réussi (Löckenho et al., 2009). Plus les membres d’une société sont en contact avec les personnes âgées, plus la percep tion qu’ils en ont est positive. Avec le vieillisse ment de la population, chaque culture s’interroge quant aux aspects onctionnels, économiques et politiques du vieillissement de ses membres. La situation de la population âgée actuelle permet probablement d’envisager avec plus d’optimisme la disponibilité de ressources sociales et écono miques, mais les générations u tures de per sonnes âgées se heurteront à des problèmes importants de ressources (Löckenho et al., 2009 ; ministère de la Famille et des Aînés & MSSS, 2012). Les coûts liés aux services et aux soins destinés aux uturs aînés pourraient dépas ser leur contribution nancière à la société,
ce qui risque d’altérer les perceptions les concer nant (ASPC, 2010).
Réseau de soutien Une hausse remarquable du nombre de personnes seules devrait être notée, qu’elles soient céliba taires, divorcées ou séparées, avec ou sans enants ENCADRÉ 26.2. Les aînés qui auront besoin d’assis tance devront alors s’adresser aux services publics et aux diverses ressources communautaires plutôt qu’à leurs proches (ministère de la Famille et des Aînés & MSSS, 2012). Le soutien social avorise une meilleure santé. Le ait pour l’un des conjoints de devenir le proche aidant (pair aidant) de l’autre dans les couples vieillis sants ou le décès du conjoint peut augmenter l’isole ment social. Les personnes âgées qui aident leur conjoint et dont la qualité de vie est ellemême aec tée deviennent à risque d’une atteinte à leur santé mentale et physique. Les proches aidants, qu’il s’agisse du conjoint ou de la amille, comptent pour audelà de 75 % de l’aide requise au maintien à domicile (ASPC, 2009 ; Turcotte & Schellenberg, 2006). Une analyse de la dynamique amiliale antérieure à la détérioration de la santé du parent permet sou vent de saisir les rouages de possibles confits. Elle acilite l’orientation quant au type d’aide requise par la personne âgée en perte d’autonomie an de lui éviter de subir les contrecoups de ces dicultés amiliales (Kergoat & Légaré, 2007).
ENCADRÉ 26.2
Milieu de vie des personnes âgées
• Chez les personnes âgées en perte d’autonomie, les proches aidants autres que le conjoint sont réquemment les enants. Cela peut devenir une source de confit quand un seul des enants s’occupe du parent et causer: − des tensions émotives chez les autres enants ; − un sentiment d’injustice pour la personne qui se sent plus impliquée (plus souvent une emme) ; − un sentiment d’impuissance devant la maladie du parent, ce qui peut amener le proche aidant à vouloir tout gérer à la place de l’aîné, pendant que les autres enants s’en éloignent, dépassés par les événements. AU CANADA
• En 2001, 43 % des emmes âgées de 75 ans et plus vivaient seules, soit 2 ois plus que les hommes (seulement 18 %) : en eet,
dans cette tranche d’âge, le taux de veus a diminué, et celui des emmes divorcées a augmenté. • En 2007, 69% des aînés étaient une source d’aide pour leurs enants, petits enants, conjoints et amis, même si le concept de maison intergénérationnelle restait marginal. • Environ 30 % des aînés qui ont eu une grande amille demeurent en lien étroit avec les membres de celleci, particulière ment en milieu rural. Près de la moitié de leurs contacts sociaux provient de la amille immédiate, comprenant les parents, la ratrie, les enants et la belleamille.
26
AU QUÉBEC
• La majorité des personnes âgées étaient bien entourées, et 80 % d’entre elles bénéciaient d’un soutien social adéquat à élevé.
Sources : Adapté de CAMH (2010) ; Kergoat & Légaré (2007) ; Meier, Bodenmann, Mörgeli et al. (2011) ; ministère de la Famille et des Aînés & MSSS (2012) ; MSSS (2011) ; Turcotte & Schellenberg (2006) Chapitre 26
Personnes âgées
743
26.2
Évaluation de l’état de santé de la personne âgée
Malgré toutes les transormations physiologiques que vivent les personnes âgées, la plupart d’entre elles sont capables de s’adapter aux douleurs et aux sourances mineures attribuées au vieillissement normal. Les stratégies d’adaptation cessent généra lement d’être efcaces quand la personne âgée est incapable de onctionner et d’accomplir ses AVQ de açon autonome. La plupart des situations qui amènent la personne âgée à consulter les services médicaux d’urgence se rapportent à l’incapacité de mener à bien des tâches onctionnelles précises (Champoux, 2005 ; Voyer, 2011). Par ailleurs, les maniestations de certains problèmes physiologi ques pourraient d’abord aire croire à un trouble mental. Ces symptômes ont pourtant une cause physiologique. Ce sera le cas, par exemple, si une personne âgée présente un délirium secondaire à une inection urinaire ou pulmonaire ou si elle soure de déshydratation importante. Cette per sonne peut alors avoir des idées délirantes ou des hallucinations tout en maniestant une agitation psychomotrice ou, au contraire, avoir l’air apeurée TABLEAU 26.2
ou vouloir se retirer. L’infrmière pourrait avoir l’impression que la personne est atteinte de schi zophrénie, de dépression avec psychose, d’une démence ou d’un autre trouble mental. Devant de telles maniestations, il est donc primordial d’en éliminer les causes physiologiques. L’introduction d’une médication nouvelle, la dénutrition combinée à une déprivation de sommeil, une déshydratation ou un désordre métabolique sont quelques exem ples de causes pouvant perturber une personne âgée (MSSS, 2011 ; Voyer, 2011).
26.2.1
Évaluation de l’état fonctionnel
Il est important d’évaluer l’état onctionnel de la personne âgée et son impact sur sa vie quotidienne. L’évaluation de l’état onctionnel couvre habituel lement deux domaines. Le premier englobe les AVQ, et le deuxième, les AVD. Le TABLEAU 26.2 présente les principales catégories d’AVQ et d’AVD (Mahoney & Barthel, 1965 ; Shelkey & Wallace, 2012). Les échelles d’évaluation des capacités liées aux AVQ sont des indicateurs qui servent à déterminer l’aide dont une personne peut avoir besoin et à suivre son évolution. Les plus utilisées et les mieux adaptées sont les échelles de Katz et de Barthel ; bien qu’elle
Catégories d’activités de la vie quotidienne et d’activités de la vie domestique pour l’évaluation de l’état fonctionnel
CATÉGORIE D’ACTIVITÉS
EXPLICATION
Catégorie d’AVQ Alimentation
Manger et boire
Hygiène personnelle
Se laver, prendre un bain ou une douche, incluant l’hygiène buccale, l’entretien et le brossage des cheveux
Habillement
Mettre et enlever ses vêtements et ses chaussures
Élimination
Contrôler l’émission urinaire et écale, et utiliser les toilettes
Mobilisation
Marcher avec ou sans aide technique, ainsi que monter et descendre les escaliers
Transerts
Faire le transert du lit au auteuil ou au auteuil roulant, le cas échéant
Catégorie d’AVD
744
Partie 5
Utilisation du téléphone
Se servir adéquatement du téléphone de sa propre initiative
Courses
Organiser et aire les courses et l’épicerie nécessaire
Préparation des repas
Organiser, préparer et servir ses repas
Entretien ménager
Faire son ménage, sa vaisselle, son lit
Lavage des vêtements
Faire son lavage en totalité ou en partie
Utilisation des transports
Se déplacer avec sa voiture, en transport public ou en taxi
Prise de médicaments
Gérer sa médication adéquatement et de açon autonome (facon ou dosette)
Gestion des nances
Gérer son budget, ses avoirs et aire des chèques
Interventions infrmières auprès des clientèles spécifques
présente des similitudes avec celle de Katz, l’échelle de Barthel est un peu plus complète (Mahoney & Barthel, 1965 ; Shelkey & Wallace, 2012) 17 . Pour l’évaluation des AVD, les échelles les plus courantes sont celle de Lawton et Brody ainsi que l’Échelle d’activités instrumentales de la vie cou rante (IADLAVD). Ces deux échelles présentent de grandes similitudes, la diérence principale se trou vant dans la notation. Elles évaluent les huit acti vités instrumentales suivantes : utiliser le téléphone, aire les courses, préparer les repas, aire le ménage, laver son linge, utiliser les transports urbains, mani puler de l’argent, prendre ses médicaments. Elles servent à déceler les personnes âgées qui ont besoin d’aide pour accomplir ces activités.
26.2.2
Évaluation de la condition mentale
L’élaboration d’instruments fables pour évaluer les personnes âgées demeure un déf en raison des interrelations entre plusieurs acteurs, notamment l’état de santé, les transormations physiques et mentales liées à l’âge, les variables socioenviron nementales et les événements de la vie. Les instru ments de mesure visant à déterminer l’état cogniti doivent aussi tenir compte du groupe d’âge de la personne évaluée et du contexte psychologique, tel un état dépressi, qui pourra avoir un impact sur la perormance de la personne au test (Lacombe, Hébert & Carrier, 2007). Il existe plusieurs outils d’évaluation de la condi tion mentale permettant d’estimer les onctions men tales et cognitives tels que le Mini-Mental State Examination (MMSE ou test de Folstein), le Montreal Cognitive Assessment (MoCA) ou le test de l’horloge. La plupart d’entre eux évaluent la condition mentale du point de vue de la capacité de onctionnement de la personne au quotidien. L’évaluation de la condition
mentale n’est touteois pas sufsante pour déterminer l’origine de la situation clinique de la personne âgée et de ses défcits, s’il y a lieu. L’infrmière tient compte d’un ensemble de données (p. ex., les antécédents de santé, l’examen physique, les examens paracliniques, les acteurs psychosociaux et les capacités onction nelles) pour obtenir un portait clinique complet de la personne. Ce tableau lui permet alors d’orienter ses interventions et aide le médecin à poser un diagnostic (StCyr & Neveu, 2009 ; Voyer, 2011).
17 Le chapitre 17, Troubles cognitifs : délirium, démence et troubles amnésiques, présente en détail les diverses échelles dont il est question dans cette section.
L’évaluation de la condition mentale des per sonnes âgées porte sur les aspects suivants : l’appa rence, l’humeur, la communication, les processus mentaux, les habiletés perceptuelles et motrices, l’attention, la mémoire, la conscience et l’orienta tion. L’apparence, les comportements et les réactions du client âgé sont des champs d’intérêt pour le pro essionnel de la santé qui eectue la collecte des données TABLEAU 26.3 (Bouchard & Verret, 2007 ; StCyr & Neveu, 2009 ; Voyer, 2011). Les personnes âgées ont besoin d’un soutien approprié et adapté à leur condition mentale et à leur état physique, selon leur atteinte onctionnelle (Caron & Liu, 2010).
26.3
Particularités des troubles mentaux
26.3.1
Détresse psychologique et stress
Parmi les personnes âgées ayant un problème de santé mentale, 12 % exprime de la détresse psy chologique (Caron & Liu, 2010 ; Drapeau, Beaulieu Prévost, Marchand et al., 2010 ; Préville, Boyer, Vasiliadis et al., 2010). Au Canada, les personnes
Collecte des données TABLEAU 26.3
Évaluation de la condition mentale de la personne âgée
INTERVENTION
JUSTIFICATION
EXEMPLE
Porter une attention particulière à l’apparence générale de la personne âgée.
Pour s’assurer de relever, s’il y a lieu, des incohérences dans l’apparence et le discours de la personne.
Une personne âgée déclare qu’elle n’a pas d’idées suicidaires, mais son apparence est négligée, son comportement témoigne de son retrait social, et elle accumule des médicaments.
Valider une perte ou un isolement récent ou vérifer un changement d’humeur dans le cas de plaintes somatiques répétées de la personne.
La personne âgée dépressive ne parlera peutêtre pas de ses peines et sera souvent plus réticente à verbaliser ses émotions.
Une cliente se plaint constamment de mal au dos malgré la médication. Son mari est mort il y a neu mois, et ses douleurs sont apparues après le décès.
Valider avec la personne si des pertes onctionnelles ou des changements dans son environnement social ont eu lieu au cours des derniers mois.
Ces pertes ou ces changements peuvent entraîner un isolement social et causer un trouble de l’humeur.
Une cliente sans enant a perdu de vue sa grande amie, déménagée récemment. Cette dernière lui donnait un coup de main dans ses AVD et sortait chaque semaine avec elle. La cliente se retrouve isolée et ne sait plus quoi aire. Elle devient de plus en plus anxieuse.
Sources : Adapté de Bouchard & Verret (2007) ; St-Cyr & Neveu (2009) ; Voyer (2011). Chapitre 26
Personnes âgées
745
26
âgées vivant en milieu rural, d’origine ranco phone ou autochtone et à aible revenu déclaraient en plus grand nombre sourir de détresse compa rativement aux personnes vivant en milieu urbain ou aux immigrants. Les Québécoises seraient plus vulnérables à la détresse, qui peut même les mener au service des urgences. Le sentiment de détresse des personnes âgées serait aussi associé à leur santé physique ; celles qui ont une moins bonne santé physique et qui sont aux prises avec une maladie chronique afchent un degré de détresse psychologique plus élevé (Caron & Liu, 2010 ; Karunanayake & Pahwa, 2009). En plus de l’atteinte physique liée à la maladie, certains événements plus marquants tels que le deuil, la retraite ou des pertes importantes aug mentent le risque de sourir de détresse psycho logique. De plus, si la personne âgée perçoit négativement sa situation physique ou sociale et les événements qui surviennent et si son réseau social est peu soutenant ou restreint, cette com binaison de acteurs aurait un impact supplé mentaire sur le risque de détresse psychologique (Bierman & Statland, 2010). Par exemple, pour une personne âgée qui planifait passer le reste de sa vie avec son conjoint chez qui un cancer ulgurant est découvert et qui décède dans les trois mois qui suivent, les pertes aectives, rela tionnelles, organisationnelles et économiques qui s’ensuivent auront une importance accrue étant donné sa nouvelle solitude, d’autant plus que l’imprévisibilité de ces éléments est source de désorganisation. Les emmes âgées aux prises avec des incapaci tés pour eectuer leurs AVQ et leurs AVD seraient plus nombreuses que les hommes (Quail, Wolson & Lippman, 2011) FIGURE 26.3.
FIGURE 26.3
Les femmes ont plus de besoins en matière de santé que les hommes, ce qui réduit leur capacité fonctionnelle et les amène à utiliser davantage les services d’urgence.
Soins et traitements infrmiers L’infrmière évalue le niveau de détresse psycholo gique de la personne âgée, surtout si le réseau social de celleci est limité. Elle tient aussi compte des limitations onctionnelles de la personne, qui peu vent être source de détresse, et vérife les ressources disponibles qui lui apporteront de l’aide, selon ses besoins, pour eectuer les AVQ ou les AVD ; il peut s’agir de ressources communautaires ou des proches. Des approches non pharmacologiques ont été étudiées afn de réduire la détresse chez la personne âgée TABLEAU 26.4. L’activité physique aurait, entre autres, un eet protecteur, car elle augmente l’es time de soi et procure une meilleure sensation de maîtrise de la situation.
Pratiques infrmières suggérées TABLEAU 26.4
Proposer des approches non pharmacologiques pour réduire la détresse psychologique
INTERVENTION
JUSTIFICATION
Utiliser une approche basée sur la résolution de problèmes ou sur l’analyse des pensées négatives ou dysfonctionnelles.
Permet d’aider la personne âgée à prendre conscience de ses pensées négatives devant sa situation et de la détresse que cela engendre pour tenter de générer des pensées plus réalistes. La famille peut aussi apporter son soutien en appliquant les mêmes techniques pour aider la personne à se recentrer sur des idées plus constructives.
Recommander à la personne âgée de participer à des activités récréatives ou lui proposer des sorties communautaires (p. ex., les quilles, une sortie avec un club de l’âge d’or) plutôt que d’accomplir des tâches ménagères.
Permet d’augmenter le réseau social de la personne et de retrou ver le sens du plaisir et non d’être toujours centrée sur la tâche à accomplir.
Sources : Adapté de Bierman & Statland (2010) ; Meier et al. (2011)
746
Partie 5
Interventions infrmières auprès des clientèles spécifques
Le soutien à l’égard des sont les plus présents chez La présence presque inévitable de pertes la personne âgée (Ames et pertes d’autonomie dans la associées au vieillissement peut facileréalisation des AVQ, avo al., 2010 ; MacCourt et al., ment mener à la conclusion que les trou2011 ; Préville et al., 2008). risé par un réseau social bles de l’humeur sont une conséquence de La dépression est sous plus solide, par des res l’âge avancé, alors que ce n’est pas le cas. diagnostiquée chez cette sources communautaires, population, et 34 % des un soutien téléphonique, des rencontres religieuses ou la visite de bénévoles, personnes âgées déprimées ne seraient pas traitées pourrait aider la personne âgée maniestant une adéquatement, alors que 55 % d’entre elles ne rece détresse psychologique. Les membres de la amille vraient aucun traitement, celuici n’étant pas jugé et les proches constituent aussi une précieuse res nécessaire ou simplement parce que la dépression source ; leurs visites à la personne âgée peuvent est non détectée. De même, plus de 25 % des per être resserrées, et ils peuvent lui proposer des idées sonnes âgées qui ont des atteintes physiques, de ressources ou d’activités qu’ils connaissent et comme l’ostéoarthrite, seraient déprimées, et plus qui intéressent celleci. Leur soutien positi et en de la moitié de ces personnes sourantes ne seraient courageant ou leur implication peuvent avoriser pas traitées pour leurs symptômes dépressis la participation de la personne à de telles activités (Gleicher, Croxord, Hochman et al., 2011 ; Hottin & (Bierman & Statland, 2010 ; Caron & Liu, 2010 ; Trudel, 2007). Drapeau et al., 2010). Les signes de détresse psy La présence de trois symptômes dépressis (plu chologique peuvent être avantcoureurs de troubles tôt que cinq) aisant partie de la liste du Manuel de l’humeur et de troubles anxieux. diagnostique et statistique des troubles mentaux
26.3.2
Troubles de l’humeur
La présence presque inévitable de pertes associées au vieillissement peut acilement mener à la conclusion que les troubles de l’humeur sont une conséquence de l’âge avancé, alors que ce n’est pas le cas. Bien que la dépression soit le problème de santé mentale le plus réquent chez les personnes âgées, elle doit être traitée. La dépression majeure durerait trois ans chez les aînés et serait plus longue chez les hommes. Les personnes âgées pourront être atteintes d’une dépression majeure, mineure ou sourir de dysthymie, un état de tristesse chro nique dont les symptômes sont moins graves que ceux de la dépression, mais persistants. Chez les aînés, deux ois plus de emmes que d’hommes seraient atteintes de dépression (Ames, Chui, Lindesay et al., 2010 ; CCSMPA, 2009 ; Hottin & Trudel, 2007 ; Paquette et al., 1999 ; Préville, Byer, Grenier et al., 2008). La présence de comorbidités physiques et cogni tives aura une infuence importante dans l’évalua tion de la dépression chez la personne âgée (Ames et al., 2010 ; MacCourt et al., 2011). Une comorbi dité entre la dépression et l’anxiété serait présente dans 50 à 90 % des cas (Skoog, 2011). Jusqu’à 15 % des personnes âgées présenteraient des symptômes dépressis ; cette proportion diminue à 3 à 6 % s’il s’agit d’une dépression majeure pour une personne vivant en communauté, elle grimpe à 10 % en milieu hospitalier et à 35 à 44 % en centre d’hébergement. Au Québec, près de 65 % des per sonnes âgées dépressives se rétabliront. Il aut tenir compte que la dysthymie, les symptômes soussyndromaux et les présentations cliniques mineures
(DSM-IV-TR) (APA, 2003) constitue le critère per mettant de diagnostiquer la dépression chez les personnes âgées : 1) grâce à l’élargissement de la liste de symptômes an d’inclure l’irritabilité et l’isolement social ou le repli sur soi ; 2) par l’éva luation de la baisse de l’aect positi plutôt que la perte d’intérêt ; 3) par la présence de ces symptômes non pas presque tous les jours, mais plutôt du ait qu’ils représentent un changement par rapport au comportement antérieur (Hottin & Trudel, 2007). Les critères du DSMIVTR sont peu adaptés aux atteintes physiques et cognitives susceptibles d’a figer une personne âgée. De plus, la dépression ampliera les autres maladies dont celleci peut sourir en raison d’un certain laisseraller de sa part. Par exemple, en négligeant de boire et de man ger adéquatement et de prendre correctement ses médicaments, la personne âgée pourra voir son état se détériorer au point de maniester un délirium en plus de la dépression (Hottin & Trudel, 2007 ; MSSS, 2011). La dépression est parti culièrement préoccupante chez les personnes âgées parce que les symptômes se traduisent souvent par des situations mettant leur vie en danger à court terme. Par exemple, les symptômes végétatis aisant en sorte que le client présente de la somnolence ou un ralen tissement, donnant l’impres sion de régresser, peuvent conduire à la déshydrata tion, la dénutrition, un désé quilibre électrolytique, en
Dysthymie : État de tristesse chronique ne satisaisant pas les critères nécessaires pour diagnostiquer un trouble dé pressi majeur. Les symptômes se ont ressentir la majorité du temps sur une période d’au moins deux ans.
Symptôme soussyndromal : Maniestation clinique réduite, minimale, par tielle ou transitoire en deçà de la présentation attendue de l’en semble des signes cliniques sub jectis et objectis d’une maladie ou d’un processus pathologique.
Jugement clinique Laurier Georges est âgé de 70 ans. Il est veu depuis 12 ans et ne s’est jamais remarié. Ses enants sont très attentis à ses besoins et le visitent dès qu’ils le peuvent. Monsieur Georges a été victime de raude de la part de son conseiller fnancier. Il a perdu beau coup d’argent, et ses revenus de retraite ne lui permet taient plus d’habiter sa maison. Il y a deux mois, il a dû déménager dans un petit appartement de deux pièces dans un quartier modeste, loin de ses enants et de ses vieux amis. Il essaie de rebâtir son cercle d’amis, mais il constate qu’il est difcile de se retrouver dans un contexte social nouveau. Quels sont les acteurs qui pourraient avoriser l’apparition de symptômes dépressis chez monsieur Georges ?
Chapitre 26
Personnes âgées
747
26
ENCADRÉ 26.3
âgées atteintes de dépression est attribuable au sui cide, à la coexistence de plusieurs maladies et à la dégradation du onctionnement physique.
Facteurs de risque de dépression chez la personne âgée
• Sexe éminin • Histoire de dépression amiliale
• Histoire d’abus de médicaments ou d’alcool
• Présence d’un problème de santé nouveau ou d’une atteinte cognitive
• Perte du conjoint ou autre perte importante
• Fait d’être le proche aidant d’une personne démente
• Hébergement dans un centre
• Présence de douleur
• Absence de confdent
• Perte sensorielle ou perte d’autonomie secondaire à la maladie
• Difcultés fnancières
L’infrmière s’intéresse à la santé des proches aidants âgés qui peuvent être atteints de dépression dans 40 à 75 % des cas (CCSMPA, 2009 ; Hottin & Trudel, 2007 ; MacCourt et al., 2011 ; Mechakra Tahiri et al., 2010). Il est important de se rappeler que les troubles ou les atteintes de une personne âgée sur cinq se chroniciseront, généralement en raison d’une intervention tardive ou d’une atteinte cérébrale telle une atteinte vasculaire souscorticale (Hottin & Trudel, 2007) ENCADRÉ 26.3.
• Isolement et perte de rôle social
Soins et traitements infrmiers
Sources : Adapté de CCSMPA (2009) ; Hottin et Trudel (2007) ; MacCourt, Wilson & Tourigny-Rivard (2011) ; Mechakra-Tahiri & Zunzunegui (2010) ; Préville, Byer, Grenier et al. (2008)
plus d’aggraver un état pathologique existant et mener au délirium (CCSMPA, 2006). Les symptômes dépressis nuisant aux capacités d’autonomie crée ront un cercle vicieux en générant une détérioration physique et une perte onctionnelle, ce qui aggra vera la dépression (MacCourt et al., 2011 ; Hottin & Trudel, 2007 ; Jin Cho, Lavretsky, Olmsteadm et al., 2010). La mortalité plus élevée chez les personnes
L’infrmière observe les symptômes du client afn de déterminer s’ils sont représentatis d’une dépression ou s’ils correspondent à ses expé riences de vie et à sa santé générale TABLEAU 26.5. Par exemple, une personne âgée pourrait se plaindre de problèmes d’appétit ou de sommeil sans pour autant être dépressive. L’infrmière tient compte que les symptômes de la dépression chez la personne âgée sont réquemment
Collecte des données TABLEAU 26.5
Risque de dépression chez la personne âgée
QUESTIONS
JUSTIFICATION
• Avezvous l’impression d’avoir plus de problèmes de mémoire que la majorité des gens ?
La présence de dépression peut être associée à des maniestations cognitives, particulièrement quant à la mémoire et à la capacité à se concentrer.
• Avezvous abandonné un grand nombre d’activités et de champs d’intérêt ou ressentez vous un vide dans votre vie ?
La dépression peut amener la personne à ressentir un manque d’énergie qui induit une perte d’intérêt, ce qui l’entraîne à abandonner des activités personnelles et sociales.
• Vous ennuyezvous souvent ? • Évitezvous de sortir ? • Croyezvous avoir un bon moral ? • Pensezvous qu’il est intéressant de vivre à l’époque actuelle ? • Avezvous l’impression que votre situation est désespérée ? • Craignezvous qu’il vous arrive quelque chose de grave ?
• Éprouvezvous souvent un sentiment d’impuissance ? • Pensezvous que la plupart des gens vivent mieux que vous ? • Vous sentezvous inutile ? Sources : Adapté de Ames et al., (2010) ; Hottin & Trudel (2007)
748
Partie 5
Interventions infrmières auprès des clientèles spécifques
Les personnes âgées peuvent ne pas ressentir de tristesse ou même nier une humeur dépressive, mais plutôt vivre une perte du plaisir (anhédonie) ainsi qu’une orme d’anxiété diuse et d’irritabilité. Toujours en raison de cette anxiété et de la difculté pour certains aînés à verbaliser leurs états émotionnels, la personne manieste surtout des symptômes somatiques, plus acceptables que la dépres sion, qui peut être vue comme un signe de aiblesse. Elle cherche dans les maladies physiques ce qui peut expliquer son impression qu’elle ne va pas bien. La dépression pourra se maniester par une perte de l’estime de soi, la personne percevant qu’il n’y a rien à aire et qu’elle ne vaut pas grandchose. Les idées de mort, sans action suicidaire, mais plus par une réaction passive de laisseraller, peuvent se rajouter à cette impression de vide.
atypiques et peuvent prendre plusieurs ormes (Paquette et al., 1999). La plus subtile serait ce qui est souvent appelé syndrome de glissement, un terme européen pour décrire la personne âgée très malade physiquement qui reuse les soins, qui manieste une tendance à l’autodépréciation et qui se laisser aller jusqu’à la mort. En présence de ce syndrome, le taux de mortalité est important (Paquette et al., 1999). Certaines personnes âgées répondent négative ment lorsqu’il leur est demandé si elles sont dépri mées. Cela peut s’expliquer partiellement par la stigmatisation de la dépression ainsi que sa signi cation : par exemple, une perte onctionnelle, un manque de volonté, un aspect inhérent au vieillis sement ou la açon dont sont perçus certains trai tements tels que l’électroconvulsivothérapie (CCSMPA, 2009 ; World Health Organization [WHO], 2002). Cependant, lorsque la collecte des données est approondie, l’inrmière détectera que la personne âgée manieste une modication de l’humeur, de la tristesse, du pessimisme ou une perte d’intérêt envers les activités qu’elle aimait auparavant. Tout comme dans le cas de l’anxiété, la dépression peut être associée à des maniesta tions cognitives, particulièrement sur le plan de la mémoire et de la capacité à se concentrer (MacCourt et al., 2011 ; Lavretsky, Siddarth, Kepe et al., 2009 ; Registered Nurses Association o Ontario [RNAO], 2003). Les personnes âgées auront tendance à décrire des symptômes somatiques de la dépression, comme la atigue, la perturbation du sommeil ou l’hypersomnie, la perte d’appétit, une chute ou un gain de poids ; les plaintes relatives à la digestion sont présentes chez près de 65 % des personnes atteintes, alors qu’elles nient réquemment la pré sence de tristesse. Tout comme en situation d’anxiété, des symptômes neurologiques comme des étourdissements, des maux de tête ou des symp tômes cardiovasculaires tels que des palpitations seront aussi notés (Ames et al., 2010 ; Paquette et al., 1999 ; CCSMPA, 2006 ; Hottin & Trudel, 2007 ; RNAO, 2003). La colère persistante, les déclarations négatives, les plaintes répétitives au sujet de la santé, les peurs non ondées et la tendance à pleurer sont d’autres symptômes pouvant indiquer une dépression (Skoog, 2011). L’échelle de dépression gériatrique est un moyen d’objectiver la présence de symptômes dépressis . D’autres échelles sont aussi utilisées, comme l’échelle de dépression de Cornell. Les tests tels que le Modifed Mini-Mental State (3MS) et le MMSE seront aussés par l’amnésie et les pertes d’intérêt que la personne âgée maniestera si elle est dépri mée (Hottin & Trudel, 2007 ; RNAO, 2003). Une évaluation des symptômes physiques devrait aussi aire partie de celle de la dépression, comme dans l’échelle de mesure de la gravité de la dépression en sept points de Hamilton (HAMD7) (Anciens
Combattants Canada, 2006 ; Magnil, Gunmarsson, Björksedt et al., 2008). Comme dans toutes les autres situations d’inter vention ayant pour but de soigner une atteinte à la santé mentale chez la personne âgée, l’inrmière prend en considération les atteintes physiques, particulièrement celles qui limitent l’autonomie et l’expression de la douleur, ainsi que la polypharmacie, car ces éléments auront une inluence potentielle sur le traitement et les approches de soins. Les antidépresseurs, plus spéciquement les inhibiteurs sélectis du recaptage de la sérotonine et les inhibiteurs sélectis du recaptage de la séro tonine et de la noradrénaline ont, entre autres, oert une nouvelle avenue dans le traitement de la dépression ; il aut touteois surveiller de près les eets secondaires possibles tels que la prise de poids ou des incidents cardiovasculaires. Cela s’avère encore plus important si la personne reçoit une autre médication combinée comme un anti psychotique. Pour éviter des eets indésirables, les doses de départ doivent être aibles, et la croissance devra être lente. L’inrmière rappelle parois à la personne âgée que les antidépresseurs peuvent prendre de quatre à six semaines avant de produire un réel eet. Il aut donc se donner du temps. Ces traitements peuvent aussi être perturbés par une atteinte cognitive ou par la prise d’alcool, qui sont plus réquentes en situation de dépression. Le trai tement pharmacologique ne doit pas être négligé au cours d’un premier épisode dépressi, et il est recommandé pour une période de 24 mois. L’inrmière s’assure donc que la personne âgée suit ses traitements quand elle constate que la personne prend ce type de médicament. Les récurrences seraient d’ailleurs grandement diminuées quand un traitement antidépressi prophylactique est appliqué pendant le rétablissement ; il peut s’étaler sur une période de deux ans pour éviter un retour à la dépression (Ames et al., 2010 ; CCSMPA, 2006, 2009 ; Paquette et al., 1999 ; Shen Driscoll, Lenze et al., 2009). De plus, l’inrmière tient compte des diérences biologiques, psychologiques et sociales et des diverses perceptions de la personne âgée et de ses proches dans les plans de soins destinés aux personnes âgées at teintes de dépression. Souvent, ces clients ont un réseau de soutien limité, et il devient dicile d’obtenir l’aide de la amille. Des membres de celleci peuvent considérer les symptômes dépressis comme aisant partie du vieillissement normal. Ils ont donc besoin de recevoir de l’inormation sur la nature, le traitement et le pronostic positi de la dépression. La participation des proches devient particulièrement pertinente, car ils sont à même de constater les signes annonciateurs dépressis récurrents ainsi que la réponse aux inter ventions globales (Ames et al., 2010 ; CCSMPA, 2006). De plus, les valeurs et les attitudes de la personne âgée infuent sur son adhésion au traitement.
Polypharmacie : Prescription d’au moins cinq médicaments.
L’encadré 26.1W présente le questionnaire abrégé de l’échelle de dépression géria trique. Il peut être consulté au http://ortinash.cheneliere.ca.
i
L’échelle de mesure de la gravité de la dépression en sept points de Hamilton (HAMD7) est présentée au www.veterans.gc.ca/public/ pages/orms/fles/vac654.pd.
Chapitre 26
Personnes âgées
749
26
20 Le chapitre 20, Modèles et stratégies thérapeutiques, présente les diérentes interventions psychothéra peutiques que l’infrmière peut employer.
Amnésie rétrograde : Incapacité de se rappeler ou de reconnaître une information ou des événements survenus après le début de l’amnésie.
L’infrmière peut mettre de l’avant diérents moyens d’intervention complémentaires : des stra tégies de résolution de problèmes, une approche cognitivocomportementale, l’écoute active, le sou tien (Ames et al., 2010). Les recommandations de la CCSMPA avorisent les approches psychoso ciales et de soutien, particulièrement si la personne reuse la médication (CCSMPA, 2006) 20 . Des similarités sont remarquées avec les approches des tinées aux troubles anxieux, ces deux problèmes de santé mentale étant réquemment combinés (Beaudreau & O’Hara, 2009) ENCADRÉ 26.4. Finalement, parmi les traitements plus particu liers pouvant être appliqués aux personnes âgées fgure l’électroconvulsivothérapie ; elle est utilisée dans les cas de dépression réractaire à au moins deux antidépresseurs, s’il y a présence d’éléments psychotiques ou d’une tendance suicidaire majeure, si la personne reuse de boire et de manger ou si elle a déjà répondu positivement à ce traitement. Le mécanisme de onctionnement de l’électrocon vulsivothérapie changerait la transmission des monoamines centrales ; d’autres mécanismes d’ac tion demeurent nébuleux. Cette méthode, bien qu’elle nécessite une anesthésie, a beaucoup évolué depuis ses débuts. Elle est maintenant considérée comme sécuritaire, rapide et efcace auprès de la clientèle âgée si la sensibilité pharmacologique concomitante est prise en compte au moment du traitement. L’infrmière surveillera les eets secon daires possibles, à savoir les amnésies rétrogrades, les nausées, les céphalées et le délirium (Ames et al., 2010 ; CCSMPA, 2006 ; Enns, Reiss & Chan, 2010 ; Hottin & Trudel, 2007 ; Sienaert, 2011 ; Thorpe et al., 2001). La participation à des groupes ou à des programmes de gestion de la douleur, à des classes d’exercice et à des groupes de socialisation ait aussi
partie des interventions possibles auprès de cette clientèle et des proches aidants.
26.3.3
Troubles anxieux
Le trouble anxieux est associé à un ensemble complexe de acteurs comme la vulnérabilité de la personne, les événements circonstanciels et déstabilisants ainsi que les stratégies d’adaptation inefcaces engendrant de l’anxiété FIGURE 26.4. Ces acteurs sont souvent présents chez la per sonne âgée. Cette réaction serait plus à risque de se présenter chez les emmes et les personnes qui ont vécu une perte parentale dans l’enance, dont l’éducation est limitée, qui vivent des limites sociales comme des contraintes chroniques, de l’isolement ou dont le réseau social est restreint, qui sont à aible revenu et qui perçoivent leur santé comme étant ragile (Almeida, Draper, Pirkis et al., 2012 ; Ames et al., 2010 ; Richardson, Simning, He et al., 2011). La maladie physique et la perte d’autonomie auront un plus grand impact sur ces personnes (Ames et al., 2010 ; Richardson et al., 2011). Les événements ayant marqué l’en ance orgeront aussi les stratégies d’adaptation de la personne en situation d’épreuve qui se tradui ront dans ses comportements. Les troubles anxieux, de même que la dépression, seraient l’atteinte en santé mentale statistiquement la plus réquente chez les aînés (Lenze & Wetherell, 2011) ENCADRÉ 26.5. Les personnes âgées qui ont des troubles anxieux peuvent en avoir été atteintes toute leur vie, car ces troubles persistent avec l’âge. Chez les personnes qui présentent un trouble anxieux récent, ce trouble est alors associé à des trou bles de l’humeur, comme la dépression, et pourrait même en être un prédicteur (Almeida et al., 2012 ;
Pratiques infrmières suggérées ENCADRÉ 26.4
Soutenir la personne âgée ayant un trouble de l’humeur
• Encourager la personne âgée à entretenir un bon réseau social comprenant des ressources communautaires et sociales, et à utiliser ce réseau.
ses expériences antérieures pour montrer une cohérence dans la capacité à répondre aux crises et à surmonter les obstacles personnels (réminiscence).
• Favoriser la participation de la famille dans le traitement pour aider à diminuer le stress et l’anxiété.
• Motiver la personne âgée à s’engager dans des activités à caractère social (remotivation/resocialisation).
• Encourager la personne âgée à se remémorer son passé de manière plus nuancée, avec ses hauts et ses bas, à souligner ses réalisations personnelles et
• Favoriser la stimulation sensorielle intellec tuelle et socialisante chez la personne hé bergée dans un centre pour entretenir une stimulation cognitive générale et positive.
Sources : Adapté de CCSMPA (2006) ; CCSMPA (2009) ; Hottin & Trudel (2007) ; Korte, Boltmeijer & Smit (2009) ; Lincourt Éthier (2002) ; Thorpe,Whitney, Kutcher et al. (2001)
750
Partie 5
Interventions infrmières auprès des clientèles spécifques
FIGURE 26.4 Les pertes comme la retraite, le deuil ou l’hébergement en centre peuvent avoir un impact sur la personne âgée, mais celui-ci dépend aussi de l’expectative de l’événement, à savoir si la personne a pu s’y préparer.
Association des psychiatres du Canada [APC], 2006 ; Byers, Yae, Covinsky et al., 2010 ; MacCourt et al., 2011 ; Richardson et al., 2011). Des modiications physiologiques liées au vieillissement cérébral et aux atteintes cognitives entraîneraient une altération entre l’amygdale et les lobes rontaux, modulant les processus associés aux peurs et pouvant induire de l’anxiété. En outre, des acteurs psychologiques et sociaux auraient un rôle inducteur de l’anxiété (Lenze & Wetherell, 2011). Les troubles anxieux surviendraient en général avant la cinquantaine, mais la personne âgée peut être atteinte d’un trouble panique, obsessionnel compulsi ou, plus tardivement, de phobies (Ames et al., 2010). Ces troubles seraient sousévalués et soustraités chez la personne âgée (Ames et al., 2010 ; Lenze & Wetherell, 2011 ; Porensky, Dew, Karp et al., 2009 ; WoltzkyTaylor, Castriotta, Lenze et al., 2009). Le trouble d’anxiété généralisée s’observerait chez les personnes âgées aux prises avec des limi tations physiques, par exemple à la suite d’un inarctus ou d’un accident vasculaire cérébral. La plupart des peurs et des phobies se présentant tardivement seraient associées à l’agoraphobie, et ce, à la suite d’une maladie, d’un événement trau matisant (p. ex., un vol, des abus) ou de la peur de chuter (Ames et al., 2010 ; Lenze & Wetherell, 2011 ; Trudel, Bonin & Côté, 2007).
Soins et traitements infrmiers Les interventions infrmières auprès de la personne âgée sont relativement similaires à celles eectuées chez l’adulte plus jeune. L’infrmière connaît les diérences dans les sources d’anxiété chez la per sonne âgée et chez l’adulte. Les maniestations phy siques de l’anxiété sont aussi similaires, telles l’hyperventilation, les palpitations, les douleurs musculaires ou les céphalées. Dans son évaluation de la personne âgée, l’in frmière tient compte, en plus des acteurs psy chologiques, médicaux et pharmacologiques, des limitations sensitives et onctionnelles de même que des atteintes cognitives possibles. Elle consi dère la possibilité d’une pathologie physique chez cette clientèle (Ames et al., 2010 ; Porensky et al., 2009 ; WolitzkyTaylor et al., 2009). Par exemple, une personne âgée ayant eu des épi sodes répétés de crises asthmatiques, mais qui est actuellement stable, pourra devenir anxieuse par simple anticipation et à un degré dispropor tionné par rapport à son état actuel (WolitzkyTaylor et al., 2009). L’infrmière évalue l’état de santé physique de la personne de açon à contribuer au dépistage de causes éventuelles telles que le diabète, la maladie cardiovasculaire, respiratoire, vestibulaire, méta bolique, neurologique, rénale, hépatique, cognitive
ou autre, ainsi que les causes médicamenteuses (Ames et al., 2010 ; APC, 2006 ; Porensky et al., 2009 ; WolitzkyTaylor et al., 2009). En même temps, elle s’occupe de l’anxiété pour traiter la cause et sa résultante. L’infrmière garde aussi à l’esprit la sensibilité médicamenteuse plus impor tante chez la personne âgée en raison des modif cations de la pharmacocinétique par l’altération, entre autres, des onctions hépatique et rénale liée à l’âge, ce qui rend la personne plus vulnérable aux eets secondaires des médicaments, particu lièrement avec certains anxiolytiques tels que les benzodiazépines. L’infrmière surveille de près l’état physique de la personne dès l’introduction de nouveaux médicaments ENCADRÉ 26.6. Il est recommandé de réduire le stress biologique, car celuici induit une hausse de cortisol qui, si elle est chronique, devient un irritant et un toxique pour les neurones, particulièrement ceux de l’hippocampe, et entraîne des atteintes mnési ques et cognitives dans le cas d’un stress prolongé. La diminution du stress biologique aide donc à
ENCADRÉ 26.5
Stress biologique : Réaction d’adaptation de l’organisme à une agression quelconque pour maintenir l’équilibre de l’état intérieur. Lorsqu’il s’installe trop longtemps, il engendre des symptômes psychiques ou physiques.
Épidémiologie des troubles anxieux chez la personne âgée
• De 3,5 à 15 % des personnes âgées qui vivent dans la communauté et jusqu’à 28 % de celles en milieu hospitalier présentent des troubles anxieux.
• Le trouble d’anxiété généralisée se maniesterait chez environ 1 à 7,3 % des personnes âgées et serait réquemment associé à la dépression, particulièrement s’il survient tardivement.
• Les emmes seraient deux ois plus à risque que les hommes d’être aux prises avec un trouble anxieux.
• Les peurs et les phobies seraient présentes chez environ 5 à 10% des personnes âgées.
Sources : Adapté de Almeida et al. (2012) ; Lenze & Wetherell (2011) ; MacCourt, et al. (2011) ; Richardson et al. (2011)
Psychopharmacothérapie ENCADRÉ 26.6
Particularité du traitement des troubles anxieux chez la personne âgée
ANTIDÉPRESSEURS
Particularité chez la personne âgée
• Ils ont souvent partie des médicaments de premier plan.
• Les doses initiales doivent être aibles, et les augmentations sont très graduelles dans le temps.
• Ils sont particulièrement efcaces en phase aiguë. • Les inhibiteurs sélectis du recaptage de la sérotonine et les inhibiteurs sélectis du recaptage de la sérotonine et de la noradrénaline permettent la réduction de l’utilisation des benzodiazépines.
• Les médicaments peuvent prendre plus de temps à agir.
26
• Les personnes âgées atteintes d’anxiété ainsi que de dépression en comorbidité répondraient moins bien au traitement pharmacologique.
Sources : Adapté de Ames et al. (2010) ; APC (2006) ; Byers, Yaffe, Covinsky et al. (2010) Chapitre 26
Personnes âgées
751
limiter les atteintes cérébrales. Le but du traite ment est la diminution de l’anxiété, mais avec le moins d’interactions médicamenteuses et d’eets secondaires physiques et cognitis possible (Ames et al., 2010 ; APC, 2006 ; Lenze & Wetherell, 2011).
la personne a des limites physiques ou éprouve de la douleur, l’inrmière peut chercher avec elle les positions les plus conortables et trouver les moments opportuns pour eectuer des exercices de respiration proonde de relaxation.
Les approches non pharmacologiques se révè lent également très intéressantes auprès de la personne âgée ENCADRÉ 26.7. Les troubles de l’anxiété répondent bien à l’approche cognitivo comportementale, le taux de réponse positive pou vant aller jusqu’à 45 % dans le cas du trouble de l’anxiété généralisée (Ames et al., 2010 ; APC, 2006 ; Lenze & Wetherell, 2011 ; Stanley, Wilson, Novy et al., 2009). L’inrmière peut enseigner au client des techniques relatives à l’analyse de ses pensées négatives inspirées de la thérapie cognitivo comportementale et des stratégies de résolution de problèmes. Elle peut aussi aire de l’éducation thé rapeutique. Des approches d’exposition et de dé sensibilisation aux situations anxieuses peuvent être employées. Des éléments religieux peuvent être in tégrés, si cela est pertinent, car certaines personnes âgées trouvent relaxant et rassurant d’avoir recours à la prière.
Des techniques de relaxation respiratoire, visant à demeurer centré sur le moment présent et à éviter la rumination du passé ou les inquiétudes portées sur le utur, seraient de plus en plus populaires chez la clientèle âgée (Lenze & Wetherell, 2011). L’inrmière pourra aussi suggérer de la musique relaxante ou plaisante pour la personne âgée, qui aurait des eets sur les conditions anxiogènes (Chicoine, 2008).
Finalement, proposer des stratégies de gestion du sommeil pour contrer l’insomnie peut être nécessaire, par exemple éviter les longues siestes, avoriser des heures de coucher et de lever régu lières ou aire des activités calmes avant le cou cher comme la relaxation, tout comme chez l’adulte plus jeune. Une bonne hygiène alimen taire et du sommeil permet de minimiser certains symptômes physiques (Chicoine, 2008 ; Lenze & Wetherell, 2011). Il est possible d’adapter ces approches aux besoins physiologiques et cognitis des personnes âgées en aisant un suivi plus serré, pour s’assurer de leur intégration, en obtenant la participation des proches, qui peuvent aussi rappeler à l’aîné com ment s’y prendre, ou en ournissant de l’inorma tion écrite et simpliée, au besoin. Par exemple, si
Enseignement au client et à ses proches ENCADRÉ 26.7
Utilisation de techniques non pharmacologiques
• Recommander à la personne âgée anxieuse de ne pas consommer trop de stimulants tels que le chocolat, le caé, le thé ou d’autres produits contenant de la caéine, car cela surstimule le système nerveux, alors que l’alcool risque pour sa part de nuire au sommeil déjà perturbé. • Orir à la personne âgée du soutien pratique, social et émotionnel, au moyen
de ressources communautaires comme un club de l’âge d’or, les groupes de soutien pour les personnes ayant des groupes anxieux, afn qu’elle obtienne de l’aide au moment de changements possibles vécus dans sa vie quotidienne; ce soutien permet aux aînés de s’exprimer quant à ce qu’ils vivent tout en maintenant des liens sociaux.
Sources : Adapté de Ames et al. (2010) ; APC (2006) ; Chicoine (2008) ; MacCourt et al. (2011)
752
Partie 5
Interventions infrmières auprès des clientèles spécifques
26.3.4
Troubles liés à l’abus de substances
Alcool Selon Ames et ses collaborateurs (2010), peu d’études se sont réellement attardées aux consé quences de l’abus d’alcool chez la personne âgée. Cependant, de 1 à 9 % des personnes âgées auraient des problèmes de consommation d’alcool, et 45 % de ces dernières auraient commencé à un âge plus avancé, car elles seraient très sensibles aux eets découlant de la consommation de l’alcool (Paquette et al., 1999 ; Sader, 2007 ; Santé Canada, 2002). Une diminution de la consommation d’alcool avec l’âge se produirait, la baisse étant plus importante chez les emmes que chez les hommes, cellesci étant plus ragiles à l’abus de substances. Les personnes âgées dont l’entourage social ne dénigre pas la consommation d’alcool ou n’y est pas réractaire sont plus à risque d’excès (Brennan, Schutte, Moos et al., 2010 ; Moos, Schutte, Brennan et al., 2009, 2010 ; Sader, 2007 ; Santé Canada, 2002). Les aînés ayant commencé à prendre de l’alcool plus tardive ment auraient une consommation moindre, plus fuctuante et se rétabliraient plus spontanément que ceux qui ont un usage de l’alcool de longue date (Paquette et al., 1999). Cette consommation moins importante serait associée au taux de morta lité prématurée des personnes alcooliques ayant consommé plus tôt, à une prise de conscience de leur problème, aux atteintes physiques générales, aux problèmes médicaux qui diminuent l’accessi bilité à l’alcool ou le besoin de consommer ou à un transert vers d’autres types d’abus tels que les ben zodiazépines. Les modications métaboliques, ré nales et hépatiques et la prise médicamenteuse rendent la personne âgée plus vulnérable aux eets de l’alcool FIGURE 26.5. Cette ragilité cumulative la rendra plus à risque d’une perte onctionnelle secon daire. L’aîné qui prend plus de cinq consommations quotidiennes serait quatre ois plus à risque d’avoir une atteinte cognitive, sans oublier l’augmentation
consommation d’alcool et ne met pas les manies tations cliniques sur le compte du vieillissement. Elle amorce le sujet avec doigté, par des questions ou à l’aide du questionnaire CAGE 16 . Les symptômes de la consommation excessive d’alcool chez la personne âgée sont une hygiène personnelle ou du milieu de vie négligée, une haleine éthylique, une mauvaise alimentation, un nombre de chutes inexpliquées, une aggravation de l’état cogniti allant jusqu’au délirium ou une suite d’oublis, une détérioration de l’état physique ou médical, parti culièrement du système gastrointestinal, et une désorganisation dans les relations sociales et ami liales (Ames et al., 2010 ; Sader, 2007 ; Santé Canada, 2002). La amille et l’entourage peuvent être d’une grande aide pour déterminer la présence d’abus de substances chez la personne âgée.
FIGURE 26.5 La personne âgée pourra être grandement affectée par la prise d’alcool en raison de la détérioration de sa condition médicale ou psychiatrique, tant sur le plan moteur que cognitif.
du risque de dépression (Ames et al., 2010 ; Sader, 2007 ; Santé Canada, 2002). Les raisons qui amèneraient la personne âgée à une consommation excessive seraient aussi diverses que celles qui motivent les personnes plus jeunes. Le deuil ou la perte du conjoint, l’isolement, la maladie, la perte du statut social ou la retraite seraient des raisons émotives pour consommer ; un début précoce de consommation serait plutôt lié aux eets de l’ivresse. Les sources de stress sont donc les éléments que l’infrmière évalue quand elle rencontre une personne âgée ayant une histoire de consommation excessive (Ames et al., 2010 ; Sader, 2007). Si la prise d’alcool a eu un début tar di, par exemple consécuti à un deuil ou à la re traite, les dommages physiologiques et cognitis peuvent avoir un pronostic positi à la suite des interventions psychologiques et médicales visant à rétablir l’équilibre dans la vie de la personne (Ames et al., 2010 ; Sader, 2007).
Soins et traitements infrmiers La gêne pouvant empêcher la personne âgée d’avouer sa consommation, l’infrmière ait une évaluation lorsqu’elle suspecte un problème de
Une évaluation psychiatrique et physique est primordiale avant de déterminer l’importance et le besoin du sevrage. Ce choix peut être acilité par un instrument de mesure visant à gérer le degré de traitement des dépendances de l’Asso ciation or Standardisation o Automation and Measuring (ASAM). Une personne âgée dont le potentiel de sevrage est compliqué en raison de son état physique, de ses antécédents médicaux ainsi que des grands risques physiologiques qu’un tel sevrage impose – pouvant mener au délirium tremens comprenant convulsions, nausées, vomis sements, hallucinations visuelles ou auditives, agitation psychomotrice et anxiété grave – sera alors hospitalisée. Pour ces raisons physiologiques en particulier, la personne âgée a des risques accrus d’être hospitalisée. Le client âgé intoxiqué ou hospitalisé pour une autre cause et chez qui une surconsommation d’alcool est découverte aura aussi besoin d’un sevrage. Cependant, cer taines personnes âgées, en raison d’une consom mation moindre ou parce que leur état physique le permet, pourront être suivies en consultation externe, tout comme les adultes plus jeunes (Ames et al., 2010 ; Centre québécois de lutte aux dépen dances, 2008 ; Sader, 2007).
16 Le questionnaire CAGE est présenté dans le chapitre 16, Troubles liés à une substance.
i
La gestion de la désintoxication selon les niveaux d’intensité de traitement est présentée au www.cqld.ca/images/pdf/ Gestion_desintoxication_ demo.pdf.
L’utilisation de benzodiazépines à courte action pendant 7 à 10 jours et de thiamine ait aussi partie de la thérapeutique du sevrage (Ames et al., 2010 ; Sader, 2007). Le traitement comprend souvent la prise d’autres vitamines, en raison de la dénutri tion, et d’antipsychotiques, en présence de symp tômes de délirium. L’infrmière visera alors le maintien onctionnel de la personne âgée hospita lisée surtout si celleci a des atteintes physiques ou cognitives au cours du sevrage.
26
Le syndrome d’immobilisation est le plus grand danger que court la personne âgée en situation d’hos pitalisation. L’infrmière s’assure de maintenir la mobilité de celleci par la marche et les levers régu liers, le maintien des capacités de continence, en évitant les culottes d’incontinence, en avorisant un Chapitre 26
Personnes âgées
753
sommeil réparateur, en assurant une alimentation et une hydratation adéquates et en évitant la surstimu lation et la sousstimulation cognitive. La complexité du traitement chez la personne âgée dépend de son état physique global, associé à la prise d’alcool ou d’autres substances (MSSS, 2011 ; Voyer, 2011). L’inirmière soigne parallèlement les autres atteintes physiques qui ont souvent partie du pro blème. Les soins à la personne âgée en sevrage et hospitalisée nécessiteront souvent une surveillance accrue d’un ensemble de pathologies. Par exemple, un homme âgé de 75 ans, arthritique et sourant, ayant aussi une maladie cardiopulmonaire, aura besoin d’être soulagé et traité pour son hyperten sion en même temps que des approches seront uti lisées pour traiter son problème d’alcool. De plus, l’utilisation de médicaments comme le lorazépam et les benzodiazépines exige une plus grande sur veillance à cause de leurs eets secondaires ou en raison de l’ensemble de la médication que doit prendre cette personne. L’important est d’assurer la mobilité régulière et sécuritaire du client âgé tout en évitant de le conner au lit ou au auteuil si le dosage ou les eets des médicaments nuisent à son équilibre pendant la marche. Si la personne âgée ne présente pas d’atteinte cognitive importante, les approches de soins inrmiers recommandées en pareille situation peuvent être employées, peu importe l’âge du client (Lacombe, Hébert, & Carrier, 2007 ; MSSS, 2011 ; Voyer, 2011). Il aut touteois adapter les approches selon la situation de la personne âgée incapable de se dépla cer, qui ne voit pas ou n’entend pas bien, ou si elle a une atteinte cognitive. Des approches cognitives adaptées ou des interventions à domicile peuvent constituer des avenues dans ces situations. La par ticipation de la amille et des proches s’avère posi tive au traitement, car l’isolement, surtout chez la personne endeuillée, peut être démotivant (Ames et al., 2010 ; Santé Canada, 2002). Il est aussi impor tant de noter que la personne âgée peut avoir des séquelles cognitives liées à l’abus d’alcool, notam ment en raison de la dénutrition et du manque de thiamine. L’atteinte la plus connue sera le syn drome de WernickeKorsako (Ames et al., 2010). Le sevrage et l’abstinence prolongée associée à une bonne alimentation et à la prise de supplé ments de thiamine améliorent l’état général de la personne. L’inrmière peut donc procéder au suivi en consultation externe par une surveillance du poids et de l’apport alimentaire. Si une réévaluation cognitive doit être aite, il est préérable qu’elle le soit dans les mois suivant l’arrêt de la consomma tion pour obtenir un portrait qui ne sera pas aussé par les eets physiologiques et cognitis de l’alcool (Paquette et al., 1999 ; Sader, 2007).
754
Partie 5
Interventions infrmières auprès des clientèles spécifques
Drogues et dépendance médicamenteuse L’abus de substances illicites est rare chez la per sonne âgée, et moins de 1 % d’entre elles consom meraient des drogues telles que la marijuana ou des opiacés (Santé Canada, 2002). Les répercussions physiques et le décès précoce des consommateurs de ces drogues seraient les causes de ce aible taux (Santé Canada, 2002). La dépendance médicamen teuse, particulièrement aux benzodiazépines, est la plus importante ; elle gure au deuxième rang de la surconsommation de substances, après l’abus éthylique (Santé Canada, 2002). Selon Paquette et ses collaborateurs (1999), être de sexe éminin, avoir une atteinte à la santé physique et subir un deuil récent sont des risques de polypharmacothé rapie chez la personne âgée. En 2007, au moins 10 % de la clientèle âgée utilisait des benzodiazé pines (Sader, 2007). Les benzodiazépines de longue action devraient être évitées chez la personne âgée (Ames et al., 2010 ; Sader, 2007). Des renouvellements de pres cription sans une réévaluation préalable de l’état de la personne âgée peuvent donner une impres sion de banalisation du produit et créer une habi tude d’utilisation. La prise du médicament pour le traitement d’un problème comme l’anxiété ou un trouble de sommeil, aurait dû être envisagée comme moyen à court terme.
Soins et traitements infrmiers L’inrmière surveille l’utilisation des benzodia zépines chez la clientèle âgée TABLEAU 26.6. La surutilisation de ces produits a généré des eets négatis chez les personnes âgées comme des chutes, des ractures, une baisse onctionnelle générale, des troubles cognitis et des interactions médicamenteuses (Ames et al., 2010 ; Paquette et al., 1999). Le sevrage des benzodiazépines est dangereux pour la personne âgée, car il entraîne un risque de convulsions et de décès. Le dosage, le type de benzodiazépine, les interactions avec les autres médicaments, la présence de problèmes de santé mentale associés et l’état physique préa lable peuvent infuer sur le sevrage du client (Sader, 2007). La personne âgée ragile physique ment, qui emploie de ortes doses depuis long temps, qui prend une polymédication ou qui a une histoire convulsive serait plus à risque au moment du sevrage. Des symptômes tels que des tremblements, des vomissements, de l’anxiété, des étourdissements ainsi qu’une hypersensibilité à la douleur, à la lumière et même au toucher peuvent être observés pendant le sevrage (Ames et al., 2010 ; Sader, 2007).
Pratiques infrmières suggérées TABLEAU 26.6
Soutenir la personne âgée en sevrage de benzodiazépines
INTERVENTION
JUSTIFICATION ET COMMENTAIRE
Surveiller la personne âgée pendant la réduction régulière des doses sur une période de trois à quatre semaines.
En cas de comorbidité psychiatrique, le sevrage sera beaucoup plus long et pourrait prendre de 4 à 12 mois.
Porter une attention particulière à l’état physique sousjacent de la personne ainsi qu’au maintien de ses capacités onctionnelles dans la réalisation des AVQ.
Pour éviter une détérioration et une perte d’autonomie en cas d’hospitalisation.
Soutenir la personne âgée dans l’application de stratégies non pharmacologiques.
Pour avoriser un sommeil sain par des approches non pharmacologiques.
Enseigner et avoriser l’intégration de stratégies non pharmacologiques.
Pour réduire l’anxiété (par la relaxation, les stratégies de respiration) et diminuer le risque de reprise de benzodiazé pines de açon chronique.
Utiliser la relation d’aide et l’analyse des pensées négatives inspirées par une approche cognitivo comportementale.
Pour avoriser l’identifcation des acteurs ayant mené à la prise de benzodiazépines (p. ex., un deuil, un trouble anxieux) et développer des pensées plus réalistes à l’égard de soi, de la situation et de l’avenir.
Surveiller les eets physiologiques du sevrage (tels que vertiges, céphalées, atigue, irritabilité, hyperacuité sensorielle).
Pour soulager les symptômes et assurer un sevrage sécuritaire.
Adapter les approches de soins selon les atteintes onctionnelles et cognitives au cours du suivi hospitalier ou à domicile.
Pour assurer les services nécessaires à domicile, au besoin, en adaptant le discours à la compréhension de la personne selon son degré et son type d’atteinte cognitive. Cela se ait par l’utilisation de la réminiscence de bons moments passés, en ayant recours aux proches ou aux ressources communautaires pour les per sonnes ayant une atteinte cognitive temporaire (p. ex., un post délirium) ou dans le cas d’une atteinte cognitive dégénérative.
Sources : Adapté de MSSS (2011) ; Sader (2007) ; Santé Canada (2002)
26.3.5
Troubles somatoormes
La personne âgée doit aronter divers change ments physiologiques associés au vieillissement. Certains aînés deviennent alors centrés sur les modifcations et sur les malaises de leur corps vieillissant. Certaines personnes âgées présentent des symptômes qui sont disproportionnés par rap port à une atteinte physique observable ou qui n’ont aucun lien de causalité avec une atteinte physique (Trudel et al., 2007). Les principales plaintes inexpliquées se défnissent comme de la atigue, des douleurs (thoraciques, articulaires, musculaires, abdominales ou des céphalées), un colon irritable. Les symptômes somatiques liés à l’anxiété, à la dépression ou au trouble panique seraient présents dans 60 % des cas. Les personnes ayant un trouble anxieux consulteront, particuliè rement en raison des maniestations somatiques. Ce seront réquemment les intervenants de pre mière ligne qui auront à soigner les personnes âgées maniestant de tels symptômes (Escobar, Cook, Chen et al., 2010 ; GarcíaFranco, DelCura
González, Caballero Martinez et al., 2012 ; Huang & MacCarron, 2011).
Soins et traitements infrmiers La recherche d’une ou des causes physiques devrait toujours être aite en premier lieu. Il est important de tenir compte du potentiel de ragilité physique de la personne âgée, audelà de ses plaintes. Comme celleci a souvent à aronter d’autres atteintes phy siques en plus des troubles somatoormes, une at titude empathique permettra à l’inirmière d’approondir la source des inquiétudes du client, qu’elles soient d’origine physique ou psycholo gique. Une approche globale (ou approche holistique) est de mise (Anderson, Hartz, Nordin et al., 2008 ; Trudel et al., 2007). Au cours de son évaluation, l’infrmière prend en considération la personnalité de l’aîné, elle note si celuici est dépendant ou anxieux et tient compte de son histoire sociale et de ses antécédents médicaux.
Approche globale (ou approche holistique) : Soins et services basés sur une vision entière de la personne dont le tout représente plus que la somme de ses composantes biologiques, psychologiques, socioculturelles et spirituelles.
Chapitre 26
Personnes âgées
755
26
Trudel et ses collaborateurs (2007) ont établi un tableau comparati des acteurs prédisposants, pré cipitants et perpétuants des troubles somatoormes TABLEAU 26.7. En connaissant bien l’ensemble des pathologies qui peuvent toucher la personne âgée, l’infrmière peut déterminer à la ois comment ces atteintes perturbent la personne dans son quotidien et la açon dont celleci perçoit la situation. Une inter vention rapide à la suite de la maniestation d’un trouble anxieux, dépressi ou de l’adaptation aura plus de chances d’être efcace en présence de somatisation. Si les plaintes somatiques datent de longtemps, cela est devenu un mode d’adaptation pour la personne, voire un mode de vie. Les
TABLEAU 26.7
médicaments auront alors en général peu d’eets (Trudel et al., 2007). Les douleurs physiques seront réquemment traitées avec une médication. L’infrmière en surveille les eets secondaires, en étant attentive aux narcotiques, surtout chez les personnes âgées, car ils peuvent avoir des eets secondaires comme avoriser des chutes ou causer un délirium chez certains. Pour gérer les douleurs variées et apaiser les tensions musculaires, l’infr mière peut utiliser des approches non pharmaco logiques telles que les massages simples, des applications de chaleur ou de roid, la relaxation, des techniques de respiration, la méditation et même la prière TABLEAU 26.8. Ces approches auraient soulagé jusqu’à 75 % des symptômes
Facteurs liés à l’apparition d’un trouble somatoforme
TYPE DE FACTEUR
DESCRIPTION
Prédisposant
• Traits de personnalité dépendante, égocentrique et centrée sur son corps • Génétique ; historique d’anxiété amiliale • Exposition très jeune à la maladie • Carence aective • Abus sexuel ou violence physique • Croyances et attitudes de longue date liées à la maladie (p. ex., croire que la maladie grave et le vieillissement sont irrémédiablement liés) • Histoire de maladie importante • Faible introspection à l’égard de ses émotions • Installation récente d’un trouble mental : dépression ou anxiété
Précipitant
• Nouvelle atteinte physique mineure n’expliquant pas les symptômes ou handicaps observés • Tension musculaire • Tendance à l’hyperventilation • Trouble du sommeil • Eets secondaires de la médication • Stresseurs récents tels que deuil, pertes • Soutien social aible • Confits interpersonnels • Anxiété importante autour de problème de maladie connue socialement (p. ex., la grippe aviaire)
Perpétuant
• Trouble mental • Altération chronique de la nociception (atteinte spinale) • Trouble du système nerveux autonome, tant sympatique que parasympathique, comme l’hypotension orthostatique, le syndrome de Raynaud, la syncope • Réactions de l’entourage, par l’attention et les encouragements que la maladie apporte ; somatisation devenue un moyen d’entrée en communication avec autrui • Isolement social et absence d’un rôle social valable • Réactions du personnel soignant, percevant la personne comme étant en perte d’autonomie et compensant son besoin de dépendance • Pauvreté, dicultés nancières
Source : Adapté de Trudel et al. (2007)
756
Partie 5
Interventions infrmières auprès des clientèles spécifques
Pratiques infrmières suggérées TABLEAU 26.8
Soutenir la personne âgée ayant un trouble somatoorme
INTERVENTION
JUSTIFICATION ET COMMENTAIRE
Reconnaître les sourances et les symptômes de la personne âgée comme aisant partie de sa vie.
An de créer une ouverture et de reféter la réalité de la personne âgée.
Tenir compte du besoin d’attention par une approche chaleureuse et humaine au moyen de l’écoute active et de la validation.
An de soulever les points positis de sa vie, diérents de la maladie, des médicaments, etc., et pour que l’attention et la reconnaissance de soi ne soient pas uniquement associées à la maladie.
Stimuler les capacités onctionnelles en augmentant la tolérance de la personne à eectuer les AVQ et les AVD de plus en plus par ellemême, surtout chez la personne déconditionnée étant restée immobile pendant une période. Encourager chaque eort ait par la personne en ce sens.
Pour éviter d’en aire trop pour aider. La perte d’autonomie qui s’ensuit justiera les plaintes.
Enseigner à la amille à prêter attention à la personne et à lui témoigner de l’aection, sans rester centrée sur ses plaintes physiques (trouver des centres d’intérêt, des loisirs).
Pour les inclure dans le plan d’intervention an de avoriser l’autonomie et une image constructive de soi autrement que par la maladie.
Gérer la médication en surveillant les eets secondaires et la nonréponse à certains médicaments.
Pour réduire l’usage médicamenteux, en trouvant des approches non pharma cologiques pour soulager les malaises physiques telles que l’application de chaleur, la relaxation, etc.
Sources : Adapté de Ames et al. (2010) ; Anderson, Hartz, Nordin et al. (2008) ; García-Franco et al. (2012) ; Huang & MacCarron (2011) ; MSSS (2011) ; Trudel, Bonin, & Côté (2007)
somatiques. Une explication des symptômes vécus par la personne et de leur source a aussi pour eets de diminuer l’anxiété quant à leur origine et de réduire certaines tensions musculaires (Ames et al., 2010 ; Anderson, Hartz, Nordin et al., 2008). L’infrmière utilise des techniques d’analyse des pensées dysonctionnelles ou négatives en s’inspi rant de l’approche cognitivocomportementale et de stratégies de résolution de problèmes. Cela permet à la personne âgée de voir les situations de manière objective et de mieux aronter les difcul tés de sa vie plutôt que de chercher inconsciemment la victimisation ou l’attention par l’intermédiaire de la maladie. Comme chez la population adulte plus jeune, l’approche dynamique à court terme ou l’hypnothérapie peuvent aussi être recommandées pour aider la personne âgée à réduire ses symp tômes physiques (GarcíaFranco et al., 2012 ; Huang & MacCarron, 2011). En établissant un cadre thérapeutique afn de réduire les maniestations somatiques et les plaintes, l’infrmière aide alors la personne à adopter une attitude autre que celle centrée essentiellement sur les pertes et sur la dépendance (Trudel et al., 2007).
26.3.6
Schizophrénie
Environ de 0,5 à 2 % des personnes âgées vieilliront avec une schizophrénie ou une atteinte psycho tique, et beaucoup moins seront atteintes de
schizophrénie tardive ; de ce nombre, de 80 à 85 % vivent dans la communauté (Cohen, Vahia, Reyes et al., 2008 ; Meesters, Stek, Comijs et al., 2010 ; Trachsel & von Gunten, 2011). Parmi les personnes ayant eu une atteinte plus hâtive, près de la moitié seront plus à risque d’abus de substances, soit l’al cool, les drogues ou la nicotine (MacCourt et al., 2011). Il aut d’ailleurs tenir compte qu’avec le vieillissement, les risques sont de plus en plus accrus d’avoir une psychose. Les atrophies des zones corticales, rontales et temporales, les modi ications dans les neurotransmetteurs, les at teintes physiques, sensorielles, ainsi que des atteintes cognitives sousjacentes seront des sources de vulnérabilité (Cohen et al., 2008 ; Paratte, 2007). Il existe 3 types d’atteinte qui perdure après l’âge de 65 ans (Ames et al., 2010 ; Trachsel & von Gunten, 2011) : • une schizophrénie précoce, manifestée avant 40 ans, où la personne a vieilli malgré le risque de décès prématuré chez cette clientèle ; • une schizophrénie tardive, manifestée après 40 ans, mais qui a les mêmes caractéristiques génétiques que la présentation chez les plus jeunes, ces atteintes représentant environ 23 % des cas ;
26
• une schizophrénie très tardive, manifestée après 60 ans, qui n’a pas de base génétique et qui présente une symptomatologie différente, ces at teintes représentant environ 3 % de la population âgée de plus de 65 ans. Chapitre 26
Personnes âgées
757
Les diérences notées dans les symptômes des atteintes des deux premiers types de schizophrénie, précoce et tardive, sont décrites dans le TABLEAU 26.9. 14 Le chapitre 14, Schizo phrénie et autres troubles psychotiques, présente la démarche de soins et diverses techniques que l’infrmière peut utiliser en présence de ce trouble.
RAPPELEZ-VOUS…
Quelle différence y atil entre le délirium et la démence ? Lequel de ces troubles est d’apparition insidieuse et d’évolution lente, mais inégale ?
Dans le premier type d’atteinte, la personne aura été aux prises avec la maladie une bonne partie de sa vie. La personne âgée maniestera des délires et des hallucinations, le plus souvent auditives, et une perturbation de la pensée 14 . Ces symptômes sont cependant atténués en intensité et en ré quence. Le vieillissement aurait un eet positi sur ces maniestations, car passé l’âge de 50 ans, près de la moitié des personnes atteintes seront peu symptomatiques. Elles peuvent cependant conser ver des symptômes dépressis, et jusqu’à 50 % d’entre elles auront des idées suicidaires (Cohen et al., 2008 ; Kasckow, Montross, Prunty et al., 2011). La personne âgée présentera tout de même les symp tômes négatis tels que l’apathie, une perte d’intérêt, un aect émoussé, une détérioration de la person nalité, ainsi qu’une atteinte des processus de la pen sée et du onctionnement psychosocial. En plus de voir leur qualité de vie réduite, peu d’aînés arrive ront à satisaire seuls leurs besoins ondamentaux (Ames et al., 2010 ; Paquette et al., 1999). Ames et ses collaborateurs (2010) soulignent à quel point la conjugaison de la dépression, de la démoralisation par des années de traitements et de médication antipsychotique, du manque de soutien social et des périodes réquentes d’hospitalisation aura un eet sur la qualité de vie et accentuera les symptômes négatis. Cela se rajoute aux problèmes cognitis susceptibles d’apparaître tels que la dé mence, le délirium, les atteintes provoquées par la
schizophrénie ellemême, la dépression ou même les eets secondaires de certains médicaments (Ames et al., 2010). Les personnes âgées atteintes de schi zophrénie précoce décéderaient en moyenne 10 ans plus jeunes en raison d’atteintes physiques (p. ex., le diabète, un inarctus, un trouble pulmonaire, un acci dent vasculaire cérébral, etc.), et cela serait en lien avec la prise prolongée d’antipsychotiques (Folsom et al., 2006 ; Trachsel & von Gunten, 2011). Une grande variabilité du taux de glucose a d’ailleurs été constatée dans toutes les ormes de schizophrénie ; un suivi de près est recommandé, car il existerait un lien entre ce taux et la présentation des dyskinésies tardives (Trachsel & von Gunten, 2011). Chez la personne âgée atteinte récemment d’une schizophrénie à présentation tardive, une diéren ciation doit être aite pour éliminer une dépression avec des éléments psychotiques ou encore un déli rium. La dépression est une comorbidité réquente chez la personne âgée atteinte de schizophrénie et constitue un acteur prédisposant au suicide. Les risques d’abus de substances et de benzodiazépines sont aussi présents chez cette clientèle (Kaschkow et al., 2011 ; Trachsel & von Gunten, 2011). La per sonne âgée qui maniestera des symptômes dépres sis accompagnant la schizophrénie aura une humeur dépressive, des atteintes cognitives, de l’insomnie matinale et une perte d’appétit qui s’ajouteront aux autres symptômes (Felmet, Zisook & Kasckow, 2011). La schizophrénie tardive est asso ciée à une modifcation dans les symptômes, avec une baisse de la maniestation des symptômes néga tis (Ames et al., 2010 ; Barak et al., 2011 ; Trachsel
Symptômes cliniques TABLEAU 26.9
Manifestations cliniques des atteintes précoce et tardive de la schizophrénie
ATTEINTE À DÉBUT PRÉCOCE AVANT 40 ANS
ATTEINTE À DÉBUT TARDIF APRÈS 40 ANS (MAIS AVANT 60 ANS)
• Début dans la vingtaine
• Début dans la quarantaine ou plus tard
• Atteinte autant chez les hommes que les femmes
• Atteinte plus fréquente chez la femme âgée
• Moins de traits de personnalité schizoïde antérieurs
• Traits de personnalité schizoïde et paranoïde antérieurs
• Amélioration générale passé 30 à 40 ans avec moins de symptômes positifs
• Personnalité moins altérée
• Symptômes positifs : − Délires : systématisés et non systématisés
• Symptômes positifs : − Délires : systématisés, cloisonnés et frontière fantôme ; thèmes : persécution, jalousie et vol pour la majorité des cas, idées mégalomanes, érotiques ou somatiques − Hallucinations : moins fréquentes ; présentation sous plusieurs formes, mais surtout auditives (30 % sont visuelles) − Tactiles : impressions surtout d’origine génitale − Olfactifs
• Symptômes négatifs (communs) : − Troubles de la pensée : communs, troubles d’apprentis sage et d’abstraction − Affect plat, retrait social, comportement bizarre − Hallucinations : auditives, perceptions que les pensées sont imposées ou volées
• Tendance à persister dans le temps (devient chronique)
• Symptômes négatifs : moins communs − Troubles de la pensée : peu communs − Affect émoussé : moins commun ; humeur plutôt dysphorique
Sources : Adapté de Ames et al. (2010) ; Barak, Levy, Szor et al. (2011) ; Cohen et al. (2008) ; Folsom, Lebowitz, Lindamer et al. (2006) ; Paratte (2007) ; Trachsel & von Gunten (2011)
758
Partie 5
Interventions infrmières auprès des clientèles spécifques
& von Gunten, 2011). La personne âgée peut avoir une atteinte cognitive induite par la psychose, mais le traitement pourra l’atténuer. Elle ache une per sonnalité moins désorganisée, et la pensée ainsi que les capacités onctionnelles sont moins altérées que dans la schizophrénie à début précoce.
Kaschkow et al., 2011 ; Paratte, 2007 ; Sproule, Lake, Mamo et al., 2010).
Ces personnes âgées peuvent tout de même pré senter une atteinte des onctions exécutives. Elles ne semblent pas beaucoup plus à risque de pertes onc tionnelles comparativement aux autres aînés (Ames et al., 2010 ; Barak et al., 2011 ; Folsom et al., 2006 ; Paquette et al., 1999). Contrairement aux personnes ayant eu une schizophrénie précoce, elles se seront souvent mariées, auront eu des enants et seront donc moins isolées socialement (Trachsel & von Gunten, 2011). Seulement 8 % de cette clientèle se rétabli ront, alors qu’environ 31 % auront peu ou pas de décits par la suite. Les autres aînés touchés demeu reront avec des atteintes chroniques, tant sur le plan psychiatrique et onctionnel que sur celui du bien être général (Cohen et al., 2008). Les personnes âgées atteintes d’une schizophrénie auraient d’ailleurs jusqu’à 4 ois plus de risque d’être admises en héber gement, et ce, plus jeunes, soit vers l’âge de 50 à 60 ans (Andrews, Bartels & Xie, 2009).
L’inrmière s’attarde d’abord à l’état physique et aux antécédents médicaux de la personne âgée atteinte de schizophrénie, quelle qu’en soit la orme. Une surveillance des symptômes dépressis et suicidaires devrait aire partie des soins (Felmet et al., 2011 ; Rado & Janicak, 2010). Il importe de soutenir l’aîné par une attitude positive, centrée sur son potentiel pour adapter ses habitudes et par des encouragements, tout en refétant l’amélioration de son état à la suite de l’adoption de nouvelles habi tudes (Ames et al., 2010 ; Kasckow et al., 2011).
Le contrôle pharmacologique devra parois être revu chez les personnes prenant des antipsychoti ques de longue date en raison des eets secondaires et cumulatis de ces médicaments (Kaschkow et al., 2011). Mais une personne atteinte de schizophrénie de longue date qui prendrait un antipsychotique de première génération depuis longtemps, dont l’état serait stable et qui ne serait pas aux prises avec des eets secondaires n’aurait pas besoin de change ment de médication (Trachsel & von Gunten, 2011). Jusqu’à un tiers des personnes âgées ne retire ront pas de bénéces évidents de la médication. En général, les personnes atteintes d’une schizophré nie à début tardi prendront moins d’antipsycho tiques que celles ayant une schizophrénie précoce. Malgré la prise de médication, elles pourront être encore touchées sur le plan de l’autocritique, ainsi que de l’adaptation et du onctionnement social. Cependant, une amélioration, même modeste, per mettra un maintien de la personne dans la com munauté (Ames et al. 2010 ; Folsom et al., 2006 ;
Soins et traitements infrmiers
Si une modication médicamenteuse s’avère nécessaire, la surveillance devient particulièrement importante en raison de la sensibilité de la clientèle plus âgée quant au métabolisme des médicaments (Kasckow et al., 2011). L’introduction des antipsy chotiques atypiques de deuxième génération a oert une nouvelle avenue pour le traitement des personnes âgées. Cela n’élimine pas le risque possible d’eets secondaires tels que le syndrome métabolique, l’aka thisie, la dystonie, les tremblements, l’hypertension de même que l’hypotension orthostatique chez cer tains clients. L’inrmière y portera attention. Si une approche combinant les inhibiteurs sélectis du recaptage de la sérotonine est envisagée parce que la personne a une dépression concomitante, l’inrmière surveille alors les signes de nausées, de diarrhée et de transpiration comme eets secondaires (Ames et al., 2010 ; Felmet et al., 2011 ; Folsom et al., 2006 ; Kasckow et al., 2011 ; Paratte, 2007 ; Sproule et al., 2010). Les approches non pharmacologiques sont sur tout orientées vers le onctionnement et le maintien de la personne dans la communauté. Cela nécessite généralement le concours d’une équipe d’interve nants et une approche globale, adaptés à chaque cas particulier TABLEAU 26.10. Le soutien pour réduire l’isolement social est important an de contrer la tendance schizoïde. En ce qui concerne les besoins d’hébergement, le cas échéant, la rési dence classique n’est peutêtre pas l’endroit idéal
Pratiques infrmières suggérées TABLEAU 26.10
Soutenir la personne âgée atteinte de schizophrénie 26
INTERVENTION
JUSTIFICATION ET COMMENTAIRE
Favoriser la réadaptation sociale par la participation à des activités adaptées.
Pour éviter l’isolement par des interventions individuelles ou en groupes telles que des groupes communautaires, un centre de jour, des visites à domicile, la participa tion accrue des proches ou de l’entourage.
Tenir compte des défcits sensoriels et compenser les défcits par une adaptation de la communication.
S’assurer que la personne porte ses lunettes ou l’appareillage nécessaire pour compenser l’audition. Utiliser des documents écrits ou des images pour appuyer la communication.
Chapitre 26
Personnes âgées
759
TABLEAU 26.10
Soutenir la personne âgée atteinte de schizophrénie (suite)
INTERVENTION
JUSTIFICATION ET COMMENTAIRE
Adopter une attitude empathique et établir un partenariat en impli quant autant que possible la personne dans la prise des décisions qui la concernent.
Afn de chercher un objecti commun centré sur les symptômes et leurs répercussions psychosociales, en mettant l’accent sur leur caractère perturbant, comme les peurs, l’insomnie, l’agressivité et l’angoisse engendrées par les délires et les hallucinations.
Ne pas conronter la personne au sujet de la réalité du délire et des hallucinations, ni entrer dans le délire de la personne.
La conrontation risque d’accroître la conviction de la personne de la réalité du délire et des hallucinations, de lui aire ressentir qu’elle est incomprise et de lui aire perdre tout point de repère avec la réalité.
Utiliser une attitude directe et honnête pendant la relaton d’aide en avorisant le respect de l’espace physique de la personne, en renor cant son identité, en donnant un sens à ses propos et en l’aidant à dis tinguer le réel de l’imaginaire.
Afn de réduire l’impression de manipulation ou de mensonges chez la personne hypervigilante ou paranoïde. L’alliance thérapeutique peut être difcile.
Faire des suivis serrés des eets indésirables et des acteurs de risque au moment de la prise d’antipsychotiques, et encourager l’adhésion au traitement.
Le suivi de la médication peut être difcile si la personne en néglige la prise, appréhende ses eets ou reuse de la prendre ou de la changer, le cas échéant.
Assurer les services d’évaluation, de réadaptation et de maintien dans les AVQ et la stimulation quotidienne à eectuer ces activités au moyen d’une prise en charge par les ressources de services de soins et avec l’appui des proches.
En raison des pertes onctionnelles et cognitives possibles secondaires à l’atteinte prolongée ou en raison d’une atteinte nouvelle telles l’hygiène négligée, la sous alimentation ou la prise de poids secondaire à la médication.
Sources : Adapté de Folsom et al. (2006) ; Lawrence, Kisely & Pais (2010) ; Paquette et al. (1999) ; Paratte (2007) ; Trachsel & von Gunten (2011)
pour loger la personne âgée atteinte de schizophré nie. Un lieu adapté aux clients ayant des atteintes psychogériatriques serait préérable (Ames et al., 2010 ; Felmet et al., 2011 ; Kasckow et al., 2011).
26.3.7
Suicide
L’évaluation du risque suicidaire, tout comme celui de la dépression, sera modulée chez la personne âgée par son état de santé physique et mental, ses défcits cognitis et son traitement pharmacolo gique. Le risque suicidaire serait plus élevé chez les hommes âgés de 65 ans et plus, alors que le ratio de suicide le plus élevé au Canada se trouve chez les hommes ayant plus de 80 ans. La présence du risque suicidaire chez ces hommes âgés serait sous évaluée (MacCourt et al., 2011 ; Paquette et al., 1999 ; RNAO, 2003). Plus de 80 % des personnes âgées qui ont com mis un suicide étaient atteintes d’une dépression majeure. Les symptômes dépressis peuvent être masqués ou modulés par la présence de pro blèmes physiques, malgré un suivi médical de la personne. Les plaintes somatiques associées à la dépression, telle la douleur, ne mèneront pas nécessairement à un traitement antidépresseur. La combinaison de malaises physiologiques et de dépression augmentera le risque suicidaire (Ames
760
Partie 5
Interventions infrmières auprès des clientèles spécifques
et al., 2010). Celuici est moins réquent chez les personnes âgées que chez les plus jeunes, mais les actes suicidaires qu’elles commettent sont plus violents, et ils ont plus de chance de succès (Ames et al., 2010 ; Paquette et al., 1999 ; Yeates & Thompson, 2008). Les personnes ayant des idées suicidaires peuvent être considérées par leur entourage comme moins déprimées et suicidaires qu’elles le sont en réalité, d’où l’intérêt pour l’in frmière de questionner la personne âgée elle même et de ne pas se ier uniquement à ses proches. La personne âgée pourra nier avoir des idées suicidaires ; une évaluation approondie s’imposera alors (Heisel, Conwell, Pisani et al., 2011). Pour cette raison, malgré la présence de comorbidités physiques, le traitement rigoureux de la dépression sousjacente est recommandé. Les atteintes aectives comme la dépression, les abus de substances et d’alcool sont les acteurs les plus réquents. Les atteintes psychotiques comme la schizophrénie, le trouble schizoaecti, les trou bles délirants et l’anxiété ont également partie des atteintes à risque, mais en moindre proportion. La démence augmenterait aussi le risque de suicide (Ames et al., 2010 ; Yeates & Thompson, 2008). Les traits de personnalité de la personne âgée comme le besoin de contrôle, la résistance au changement et l’implication sociale réduite la ren dent plus à risque de ne pas être détectée comme
étant en détresse. Les problèmes de santé phy sique, bien qu’étant associés au suicide chez les plus jeunes, s’ajouteraient aux autres causes chez les personnes âgées, dès que ces dernières sont aux prises avec plus de trois pathologies. Cela est encore plus important si une atteinte onctionnelle de l’autonomie s’y rattache. Les stresseurs sociaux comme la perte de soutien social, les confits ami liaux, ainsi que les événements marquants – tels que la retraite, une maladie qui cause un isolement social – ou des problèmes nanciers se superpo seraient aux acteurs de risque (Yeates & Thompson, 2008 ; CCSMPA, 2009). La personne isolée socialement et ayant peu de soutien sera encore plus à risque de suicide. La personne âgée déprimée qui a commencé un trai tement antidépresseur devient aussi plus à risque, car son énergie augmente, et elle peut alors vouloir mettre ses idées suicidaires à exécution. Les pro ches doivent donc être plus alertes dans cette période charnière. Les autres acteurs de risque seraient : 1) être de sexe masculin ; 2) avoir vécu une perte récente comme un deuil ou un divorce ; 3) être veu ; 4) subir l’isolement social ; 5) présen ter une comorbidité physique et psychiatrique ; 6) avoir une histoire de tentative suicidaire (Ames et al., 2010 ; CCSMPA, 2009 ; MacCourt et al., 2011 ; Paquette et al., 1999 ; RNAO, 2003).
Soins et traitements infrmiers L’inrmière demande clairement à la personne âgée si elle a des intentions suicidaires pour l’éva luer précisément par la suite (CCSMPA, 2006) ENCADRÉ 26.8. En cas de suspicion d’idées suici daires, l’inrmière oriente la personne le plus rapidement possible vers les ressources médicales d’urgence (RNAO, 2003). Une attention soutenue de l’inrmière et un questionnement précis permet tront d’évaluer les risques chez cette clientèle 28 . Certains comportements de la personne peuvent constituer des signes pour l’inrmière ou les proches, par exemple se départir de ses biens personnels, revoir son testament, être agitée ou aug menter sa consommation d’alcool, avoir des com portements à risque, ne pas être idèle à la médication, maniester des pensées et des préoc cupations morbides (CCSMPA, 2006). À l’occasion de visites à domicile, l’inrmière dépiste les éléments associés au risque de suicide tels que la possession d’armes à eu, l’accès à des médicaments toxiques et l’isolement social. Le soutien des proches et la création d’un réseau deviennent alors très importants, surtout si ce der nier est très pauvre. Les soutiens téléphoniques
Collecte des données ENCADRÉ 26.8
Risque suicidaire chez la personne âgée
L’évaluation du risque suicidaire permettrait de déterminer la tendance suicidaire. • Les intentions suicidaires: par la verbalisation des pensées, l’idée d’un plan, la capacité et les moyens physiques de le réaliser ; par la description des tentatives de suicide antérieures. • Le comportement: la personne âgée garde une réserve lorsque l’infrmière la ques tionne ou elle tergiverse. Elle manieste un retrait social, est en traitement de dépression, distribue ses biens, abuse de substances ou d’alcool, a une humeur dépressive, porte un intérêt ou un désintérêt
soudain envers la spiritualité ou la religion et clarife ses aaires (comme rédiger son testament). • Les acteurs de risque : être un homme blanc, avoir une histoire amiliale de suicide ou des antécédents de tentative de suicide ou de violence, une aible es time de soi, un réseau social ou de sou tien pauvre ou inexistant, un déclin de l’état cogniti ou physique, être impulsi, être atteint d’un trouble mental majeur, abuser de substances connues et avoir subi une perte ou vécu un grand change ment récemment.
Sources : Adapté de RNAO (2003) ; Yeates & Thompson (2008)
Jugement clinique
et communautaires repré sentent d’autres avenues Antonia Marcos est âgée de 74 ans. Ses enants la possibles visant à briser décrivent comme une emme autoritaire et directive, peu l’isolement, en plus des ouverte à la discussion et imposant acilement son point interventions pour contrer de vue. Elle n’a jamais travaillé à l’extérieur du oyer, la dépression. Le traitement étant dépendante fnancièrement de son mari. C’est elle de la douleur devrait aussi qui gérait tout dans la maison. Lorsque son époux est aire partie des priorités, décédé il y a trois mois, elle s’est sentie démunie, mais, tant dans les approches étant de nature orgueilleuse, elle a toujours caché son pharmacologiques que chagrin à ses enants. Elle vit seule et trouve souvent non pharmacologiques des prétextes pour éviter de voir ses enants, ne voulant (MacCourt et al., 2011 ; pas qu’ils soient témoins de sa peine. Yeates & Thompson, 2008). Madame Marcos pourraitelle cacher un risque suici Les stratégies propres aux daire ? Justifez votre réponse. aînés quant au suicide com prennent la réduction de l’isolement social de la personne âgée de 65 ans 28 et plus, l’accroissement de son estime de soi par De nombreux programmes la revue des points positis de sa vie et l’augmen et des stratégies ont été mis tation du sentiment de sécurité par l’utilisation de sur pied au Québec pour l’histoire de vie (Lane, Archambault, Collins soutenir les personnes Poulette et al., 2010). Bien que l’eet de la religion ayant des idées suicidaires. ou de la visite de lieux de culte soit mitigé, l’uti Le chapitre 28, Suicide, les lisation de ces ressources communautaires peut présente en détail. aussi tirer la personne âgée de son isolement. L’inrmière prodigue aussi des soins physiques, en particulier pour soulager la douleur et avoriser l’autonomie an de diminuer les risques. Les ser vices appropriés et adaptés devraient être assurés pour répondre aux besoins associés aux atteintes à la santé mentale. Les thérapies seront relative ment les mêmes que celles utilisées chez les plus jeunes (Yeates & Thompson, 2008).
Chapitre 26
Personnes âgées
761
26
Analyse d’une situation de santé
Jugement clinique
Fabien Jolicœur, âgé de 68 ans, est retraité depuis 2 ans. Il avait commencé à voyager avec son épouse et aisait des projets pour passer ses hivers en Floride. Malheureusement, sa conjointe est décédée subitement d’une hémor ragie cérébrale il y a deux mois. Monsieur Jolicœur en est ortement ébranlé, au point où il néglige même le traitement de son diabète et de son hypertension artérielle ; il lui arrive de sauter des doses d’insuline et d’oublier de prendre ses médicaments. Comme il s’est infigé une plaie au talon gauche, limitant sa mobilité, une inr mière le visite pour en évaluer les caractéristiques
et vériier son adhésion aux traitements. Elle apprend que le client ne mange pas trois repas par jour, qu’il respecte plus ou moins la diète prescrite, qu’il néglige l’entretien de son appartement, qu’il reuse que sa lle vienne l’aider et qu’il voit de moins en moins ses amis. « Depuis que ma emme est morte, je n’ai plus d’entrain. Je n’ai plus le goût de me orcer pour aire des choses. Même l’idée de voyager ne me dit rien maintenant », ditil. L’inrmière soupçonne que monsieur Jolicœur est à risque de suicide et prend le temps d’évaluer cette situation. ”
MISE EN ŒUVRE DE LA DÉMARCHE DE SOINS
Collecte des données – Évaluation initiale – Analyse et interprétation
SOLUTIONNAIRE
http://fortinash.cheneliere.ca
1. Outre le décès de son épouse, y atil d’autres éléments dans la mise en contexte qui auraient pu déclencher des idées suicidaires chez monsieur Jolicœur ? Justifez votre réponse. 2. L’inirmière demande à monsieur Jolicœur s’il a modiié son testament récemment. Estce une question pertinente à poser au client ? Justifez votre réponse. 3. Sans en être certaine, l’inirmière croit que monsieur Jolicœur a déjà établi un plan pour passer à l’acte suicidaire. Quelle donnée de la mise en contexte peut laisser croire cela ? 4. Dans le cas de monsieur Jolicœur, quel acteur social constitue un élément de plus à considérer dans l’évaluation du risque suicidaire ?
Planifcation des interventions – Décisions infrmières 5. L’inirmière devraitelle suggérer au client de voir son médecin pour un éventuel traitement de son état dépressi ? Justifez votre réponse. 6. Que audraitil aire pour éviter que l’état général de monsieur Jolicœur se détériore davantage ? 7. Que seraitil possible de aire pour que monsieur Jolicœur bénéicie d’une aide psychologique en cas d’urgence ?
Évaluation des résultats – Évaluation en cours d’évolution 8. Nommez quatre éléments qui eraient croire à l’infrmière que monsieur Jolicœur s’engage dans une démarche susceptible d’améliorer sa condition mentale. 9. Au cours de ses visites ultérieures, qu’estce qui indiquerait à l’infrmière que la condition mentale de monsieur Jolicœur s’améliore ?
762
Partie 5
Interventions infrmières auprès des clientèles spécifques
APPLICATION DE LA PENSÉE CRITIQUE Dans l’application de la démarche de soins auprès de monsieur Jolicœur, l’infrmière a recours à un ensemble d’éléments (connaissances, expériences antérieures, normes institutionnelles ou protocoles, attitudes proes sionnelles) pour analyser la situation de santé du client et
en comprendre les enjeux. La FIGURE 26.6 illustre le processus de pensée critique suivi par l’infrmière afn de ormuler son jugement clinique. Elle résume les principaux éléments sur lesquels l’infrmière s’appuie en onction des données de ce client, mais elle n’est pas exhaustive.
VERS UN JUGEMENT CLINIQUE CONNAISSANCES
EXPÉRIENCES
NORMES
ATTITUDES
• Développement psychologique de la personne âgée • Processus normal du vieillissement et tâches du vieillissement • Principaux problèmes de santé mentale chez une clientèle âgée, y compris leur évolution et leurs traitements • Caractéristiques de la démence, du délirium et de la dépression • Facteurs de risque de suicide chez la personne âgée • Comportements indicateurs du risque suicidaire • Critères d’évolution positive • Particularités du traitement de la dépression • Ressources communautaires disponibles pour aider la clientèle âgée ayant un problème de santé mentale
• Expérience de travail auprès d’une clientèle âgée • Expérience en psychiatrie • Expérience avec des personnes suicidaires • Expérience en santé communautaire • Expérience de travail en équipe interdisciplinaire • Personne âgée de l’entourage ayant ou ayant déjà eu un problème de santé mentale
• Procédures locales du travail à domicile • Utilisation d’échelles validées pour l’évaluation de la condition mentale du client • Respect du champ d’exercice des autres proessionnels de la santé
• Démontrer de l’empathie envers le client, étant donné la période difcile qu’il vit actuellement • Ne pas culpabiliser le client parce qu’il n’adhère pas à son traitement médicamenteux comme il le devrait • Être disponible pour écouter les propos du client
PENSÉE CRITIQUE
ÉVALUATION • • • • • • • • • • • • • • • • •
Condition physique Alimentation et respect de la diète Adhésion au traitement médicamenteux du diabète et de l’hypertension artérielle Qualité de son sommeil Facteurs de risque de suicide Propos qui laissent suspecter un état dépressi Évaluation de la pensée, de l’aect et de l’humeur Comportements indicateurs du risque suicidaire Aide recherchée par le client Réseau de soutien Intérêt à consulter son médecin pour une évaluation plus approondie de sa condition mentale et du degré de coopération Démarche entreprise par le client pour améliorer sa condition mentale Utilisation des ressources suggérées en cas d’urgence Capacité à aire des projets à nouveau et niveau d’activité en général Capacité d’adaptation aux tâches du vieillissement Perception du vieillissement par le client Consommation d’alcool du client
26
JUGEMENT CLINIQUE FIGURE 26.6
Chapitre 26
Personnes âgées
763
À retenir VERSION REPRODUCTIBLE
taille quant aux besoins actuels et uturs de cette population, et l’inrmière devra en tenir compte.
http://ortinash.cheneliere.ca
• Le concept de vieillissement réussi comprend une dimension biopsy chosociale, médicale, onctionnelle et philosophique. Il décrit un onc tionnement général élevé de la personne âgée en l’absence de pathologies. • La gérontopsychiatrie étudie les pathologies associées à la santé mentale et aux traitements des troubles mentaux complexes qui touchent les personnes âgées. • Le vieillissement rapide de la population canadienne et qué bécoise amènera des dés de
• Les points de vue concernant le vieillissement varient selon la culture et infuencent le plan de soins. • Malgré toutes les transormations physiologiques que vivent les per sonnes âgées, la plupart d’entre elles sont capables de s’adapter aux douleurs et aux sourances mineures attribuées au vieillis sement normal. • L’inrmière évalue l’état onctionnel de la personne âgée et l’impact sur sa vie quotidienne, mais doit savoir que l’évaluation de la condition mentale n’est pas susante pour déterminer l’origine de la situation
clinique de la personne âgée et de ses décits. • L’élaboration d’instruments ables pour évaluer les personnes âgées demeure un dé en raison des inter relations entre plusieurs acteurs, notamment l’état de santé, les trans ormations physiques et mentales liées à l’âge, les variables socioenvi ronnementales et les événements de la vie. • L’inrmière tient compte que les symptômes de certains troubles chez la personne âgée peuvent être atypiques et prendre plusieurs ormes. Elle tient aussi compte des acteurs psychologiques, médicaux et pharmacologiques, des limita tions sensitives et onctionnelles, de même que des atteintes cognitives possibles.
• La recherche d’une ou des causes physiques devrait toujours être aite en premier lieu. • L’inrmière ne doit pas négliger la possibilité d’une pathologie phy sique chez cette clientèle et soigner parallèlement les autres atteintes physiques qui ont souvent partie du problème. • L’inrmière adapte les approches thérapeutiques selon la situation de la personne âgée. • L’inrmière connaît bien l’ensemble des pathologies qui peuvent toucher la personne âgée et peut déterminer à la ois comment ces atteintes per turbent la personne dans son quoti dien et la açon dont celleci perçoit la situation.
Ressources VERSION COMPLÈTE ET DÉTAILLÉE
http://ortinash.cheneliere.ca
Références Internet ORGANISMES ET ASSOCIATIONS Association canadienne pour la santé mentale (ACSM) – Filiale de Montréal http://acsmmontreal.qc.ca > Aînés Association québécoise de gérontologie (AQG) www.aqgquebec.org > L’âgisme, parlonsen !
764
Partie 5
Association québécoise des infrmières et infrmiers en gérontologie (AQIIG) www.aqiig.org Commission de la santé mentale du Canada (CSMC) www.mentalhealthcommission.ca > Comités consultatis > Les aînés Réseau FADOQ www.adoq.ca ORGANISMES GOUVERNEMENTAUX Aînés Canada www.aines.gc.ca Conseil national des aînés www.conseildesaines.gc.ca Ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec (MSSS) www.msss.gouv.qc.ca > Groupes de population > Personnes âgées
Interventions infrmières auprès des clientèles spécifques
RÉFÉRENCES GÉNÉRALES CSSS Jeanne-Mance www.csssjeannemance.ca > Publications > Boîte à outils – Santé mentale et personnes âgées Institut universitaire en santé mentale de Québec www.institutsmq.qc.ca > Soins et services > Soins psychiatriques > Gérontopsychiatrie Institut universitaire en santé mentale Douglas www.douglas.qc.ca > Soins > Gérontopsychiatrie Neuromedia.ca www.neuromedia.ca > Santé > Troubles et maladies > Dépression > Les troubles de l’humeur : la dépression – Défnition
Monographies Clément, J.P. (2009). Psychiatrie de la personne âgée. Paris : Flammarion. Hanon, C. (2012). Devenir vieux : les enjeux de la psychiatrie du sujet âgé. RueilMalmaison, Fr. : DOIN.
Articles, rapports et autres Centre de toxicomanie et de santé mentale (CAMH) (2010). Directives sur les meilleures pratiques à appliquer pour les programmes de promotion de la santé mentale : personnes de 55 ans+. Toronto : CAMH.
Gauthier, J. (2005). Les troubles anxieux chez les personnes âgées. Montréal : Association canadienne des troubles anxieux.
Multimédia
MacCourt, P. (2008). Promouvoir le bienêtre des aînés : l’Outil d’évaluation des politiques en matière de santé mentale des aînés. Victoria, C.B. : British Columbia Psychogeriatric Association.
Agence de la santé et des services sociaux de la Capitale-Nationale : Vidéos sur la psychiatrie www.rrsss03.gouv.qc.ca/videos psychiatrie.html
Ministère de la Famille et des Aînés du Québec (2010). Plan d’action gouverne mental pour contrer la maltraitance en vers les personnes aînées 20102015. Québec, Qc : Ministère de la Famille et des Aînés du Québec.
Institut universitaire en santé mentale de Québec : Vidéo – Introduction à la psychiatrie gériatrique – DVD www.institutsmq.qc.ca/publications/soinset services/index.html
Rodda, J., Walker, Z., & Carter, J. (2011). Depression in older adults. BMJ, 343, d5219.
26
Chapitre 26
Personnes âgées
765
PARTIE
Interventions infrmières en situation de crise CHAPITRE 27
Situation de crise 768 CHAPITRE 28
Suicide 788 CHAPITRE 29
Violence 814
chAPITRE
Situation de crise
Écrit par : Deborah Eimer King, MSN, Ph D, RN Adapté par : Karine Philibert, inf, B Sc
Guide d’études – SA07
OBJECTIFS
Après avoir étudié ce chapitre, vous devriez être en mesure : ■
d’expliquer la situation de crise et ses phases d’évolution ;
■
de distinguer les trois types de crises et les facteurs qui les influencent ;
■
de procéder, avec le client, à l’éva luation de la crise, selon le type ;
■
de décrire le contexte dans lequel s’inscrivent les interventions infirmières
■
de reconnaître les stratégies de prévention primaire, secondaire et
768
Partie 6
en situation de crise et les pratiques actuelles ;
Interventions infrmières en situation de crise
tertiaire se rapportant aux interventions infirmières chez le client en crise ; ■
de présenter les caractéristiques d’une catastrophe, les phases psychologiques après la catastrophe et les interventions infirmières reliées
Concepts clés
Cette carte conceptuelle illustre schématiquement les principaux concepts décrits dans le présent chapitre Sa lecture vous permettra d’avoir une vue d’ensemble des notions qui y sont présentées
perturbe
phases d’évolution selon Caplan
infuencée par
donc
résolution impossible en raison de acteurs de stabilisation ou compensatoires
est
durant les interventions
trois types d’interventions
adaptées au client trois types de crises
peuvent être causées par
27
Chapitre 27 Situation de crise
769
PORTRAIT Albert Moisan Albert Moisan, âgé de 65 ans, a perdu sa emme il y a 5 mois et a alors mis fn à toute vie sociale, reusant toutes les invitations de ses amis. Peu à peu, Albert Moisan a cessé de manger, passait toutes ses journées en pyjama, ne se lavait pas et reusait de sortir de la maison. À la suite d’un appel de sa amille, il a été admis à l’unité psychiatrique pour une évaluation et un traitement. L’évaluation initiale révèle que le client ne présente pas de risque de suicide imminent, mais qu’il y ait de vagues allusions. On lui prescrit des antidépresseurs, des activités et une thérapie quotidienne. Une semaine plus tard, il commence à s’habiller luimême le matin sans qu’on le lui demande. Il va aussi aux rencontres de groupes, bien qu’il reste réservé quand il parle de lui-même et de sa situation. Un jour, Samuel, l’infrmier assigné à Albert Moisan pour la journée, discute avec ce dernier au cours d’une rencontre prévue. Monsieur Moisan lui dit qu’il se sent beaucoup mieux. Ce dernier porte un gilet de couleur vive et Samuel lui ait un commentaire sur cette couleur. Le client répond que c’est exactement ainsi qu’il se sent : vi et joyeux. Samuel pense qu’il lui dit ce qu’il veut entendre, il ne le croit pas sincère. Deux jours plus tard, alors que Samuel se prépare à quitter l’hôpital, il aperçoit par une enêtre monsieur Moisan qui marche rapidement vers une intersection réquentée malgré l’interdiction de sortie. Aussitôt, Samuel demande à la réceptionniste de lui envoyer de l’aide et court après Albert Moisan. Il le rattrape et celui-ci lui résiste et semble âché, mais il sert ensuite Samuel dans ses bras et se met à pleurer.
CONSEIL CLINIQUE
L’infrmière peut se réérer à la hiérarchie des besoins lorsqu’elle soigne une per sonne en crise. Ainsi, elle tentera de soutenir la personne dans la satisac tion de ses besoins physio logiques de base avant de discuter avec elle de ses besoins d’estime et d’ac complissement personnel. 8 La pyramide de Maslow est présentée dans le chapitre 8, Développement et vieillisse ment de la personne.
770
Partie 6
27.1
Évolution du concept de crise
En Asie, le concept de crise existe depuis longtemps également. En Chine, par exemple, l’idéogramme du mot crise combine les concepts de danger et d’occasion pour démontrer comment une crise, bien qu’il s’agisse d’un moment de vulnérabilité pour la personne, peut aussi conduire à une issue positive. En Occident, bon nombre de théoriciens ont par la suite contribué à l’élaboration du concept de crise. Claude Bernard (1813-1878), un biologiste rançais, défnit l’homéostasie comme l’état de stabilité naturelle qui tend à s’établir entre le système biologique interne et l’environnement extérieur en vue de maintenir le onctionnement de l’organisme dans les valeurs normales et ainsi de conserver un état de santé optimal, autant physique que psychologique. La crise représente une perturbation de cet équilibre. Ainsi, même un événement heureux, par exemple une promotion ou une naissance, peut provoquer une crise chez certains, si cet événement provoque une perturbation de l’homéostasie de la personne et que celle-ci ne parvient pas dans des délais raisonnables à retrouver son équilibre. Abraham Maslow (1943) a aussi contribué à la compréhension du phénomène de la crise, en élaborant une hiérarchie des besoins. La personne cherche spontanément à satisaire les besoins en bas de l’échelle avant de songer à accéder aux suivants 8 . Par exemple, la personne trouvera plus urgent de se loger et de manger avant de songer à combler son besoin d’appartenance. Eric Lindemann est l’un des premiers chercheurs à s’intéresser au phénomène de la crise, à ses maniestations et à ses composantes. En 1942, il étudie le traitement prodigué aux survivants et aux proches des 493 victimes de l’incendie d’une boîte de nuit de Boston. Il décrit alors les symptômes observés chez les personnes en crise à la suite d’un deuil soudain (Lindemann, 1944). Lindemann s’associe par la suite à Gerald Caplan, le premier théoricien à concevoir une déinition opérationnelle de la crise, c’est-à-dire une défnition qui permettra au proessionnel d’aider le client dans sa pratique clinique. Caplan (1964) défnit ainsi la crise comme étant un « déséquilibre psychologique chez un individu vivant une situation difcile ou dangereuse. Cette situation pose un problème qui ne peut être réglé par les habiletés habituelles de résolution de problèmes de l’individu. »
Les crises ont partie de l’expérience humaine. Qu’il s’agisse d’une rupture amoureuse, d’un accident de voiture ou d’un tremblement de terre, chaque personne vivra plusieurs crises au cours de sa vie. Le mot crise vient du verbe grec krinein, qui signife décider, trancher, juger. Il a d’abord été utilisé en rançais dans le domaine médical. La crise signifait alors un moment Caplan (1964) a distingué quatre phases dans le critique dans l’état de santé du malade, l’instant à partir duquel on pouvait s’attendre à ce que cet état s’amé- processus d’évolution d’une crise, qui constituent encore à ce jour la base des liore ou se détériore. Puis, à modèles actuels d’intervenpartir du xviie siècle, le Même un événement heureux, par exemple tion en situation de crise terme rejoint lentement le une promotion ou une naissance, peut ENCADRÉ 27.1. langage commun pour parprovoquer une crise chez certains, si cet ler d’un moment difcile, Depuis Caplan, la défévénement provoque une perturbation de critique, et dont l’issue est nition du concept de crise l’homéostasie de la personne. incertaine (Ordioni, 2011). continue de se préciser.
Interventions infrmières en situation de crise
ENCADRÉ 27.1
Phases d’évolution de la crise
PHASE 1
PHASE 3
La personne est exposée à un événement qu’elle perçoit comme menaçant. Cet événement provoque une certaine anxiété. L’homéostasie de la personne est perturbée. Les stratégies de résolution de problèmes et d’adaptation sont alors déployées, afn d’éliminer ou du moins de réduire les conséquences négatives de la menace.
Toutes les ressources possibles, internes et externes, sont mobilisées pour régler le problème et soulager le malêtre. De nouvelles stratégies, plus ou moins adaptées à la situation, peuvent être sollicitées. Par exemple, la personne peut décider de consommer davantage d’alcool ou d’anxioly tiques pour réduire son anxiété. Si les moyens mis en œuvre ne permettent pas de résoudre le problème, l’inconort et la tension s’accentuent.
PHASE 2
Les stratégies d’adaptation et de résolution de problèmes ne soulagent pas le stress ni l’anxiété. Autrement, la personne retrouverait son homéostasie et la crise serait évitée. Son inconort augmente à mesure que les stratégies d’adaptation et de résolu tion de problèmes utilisées ne lui permettent pas de réduire l’inconort provoqué par la menace ni de l’éliminer. L’insécurité, la désorganisation et la détresse augmentent.
PHASE 4
La crise n’ayant pas été résolue, une désorganisation ma jeure s’ensuit. Au cours de cette phase, la tension monte jusqu’au point de rupture, les onctions cognitives et l’humeur sont touchées, et le comportement peut devenir irrationnel, auto ou hétéroagressi.
Source : Robinson & Smith (2009)
Pour mieux tenir compte de l’aspect subjecti de celle-ci, nous retiendrons la dénition de James (2008), pour qui la crise est le ait de percevoir ou de vivre une situation intolérable qu’il est impossible de résoudre à l’aide des ressources à sa disposition ou de ses stratégies d’adaptation.
Organisme
Événement stressant
La capacité de l’être humain à maintenir ou à rapidement retrouver un état d’équilibre satisaisant malgré les dicultés de la vie porte le nom de résilience (Masten, 2009). Plusieurs acteurs infuencent le niveau de résilience dont une personne peut aire preuve devant une situation particulière, par exemple sa génétique, ses expériences antérieures, ses connaissances acquises et ses stratégies d’adaptation.
27.2
Facteurs infuençant la crise
Cerner les diérents acteurs infuençant la crise permet à l’inrmière d’obtenir une vue d’ensemble de la situation et de mieux planier par la suite ses interventions.
27.2.1
Facteurs de stabilisation ou compensatoires : modèle d’Aguilera
Le modèle d’Aguilera (1998), présenté ci-contre, permet d’illustrer les trois principaux acteurs de stabilisation ou compensatoires qui détermineront si la personne, à la suite de l’événement stressant, parviendra à retrouver son équilibre ou non FIGURE 27.1. Il est essentiel que l’inrmière puisse évaluer ces acteurs lorsqu’elle rencontre un client ou une amille vivant une situation de crise.
Événement stressant
Équilibre
Déséquilibre
Nécessité de rétablir l’équilibre
Présence de facteurs de stabilisation
Absence de un ou de plusieurs facteurs de stabilisation
Perception réaliste de l’événement
Perception irréaliste de l’événement
et
ou
Soutien situationnel adéquat
Soutien situationnel insuffisant
et
ou
Mécanismes d’adaptation efficaces
Mécanismes d’adaptation inefficaces
Résultats
Résultats
Résolution du problème
Problème irrésolu
Équilibre retrouvé
Persistance du déséquilibre
27 Crise évitée
Déclenchement de la crise
FIGURE 27.1
Paradigme illustrant les effets des facteurs de stabilisation lorsque survient un événement stressant Chapitre 27 Situation de crise
771
Jugement clinique MarieNicole Brasseur est une mère monoparentale âgée de 35 ans. Elle a amené sa lle Agathe, âgée de six ans, à un piquenique dans un grand parc de la ville. Après avoir mangé, elles ont ait une sieste, mais au réveil, Agathe n’était plus auprès de sa mère. Angoissée et en voie de paniquer, madame Brasseur a appelé sa lle en vain, la cherchant partout dans le parc. Elle a téléphoné à la police, à des membres de sa amille et à des amis pour rechercher son enant. D’après ces données, à quelle phase du processus d’évolution d’une crise madame Brasseur se situe telle ? Expliquez votre réponse.
Perception réaliste de l’événement Ce n’est pas l’événement en soi qui mène à la crise, mais plutôt la perception que la personne aura de cet événement. Il y a crise si la personne perçoit l’événement comme étant dangereux, menaçant ou si troublant qu’aucun mécanisme d’adaptation à sa disposition n’est suisant pour résoudre la situation (Roberts & Yeager, 2009).
Par exemple, deux personnes pourraient se retrouver soudainement coincées dans un ascenseur en panne et réagir de manière très diérente. L’une peut interpréter l’événement comme une menace sérieuse à son intégrité physique et psychologique, alors que l’autre peut trouver la situation amusante. Si la panne se poursuit plus longuement, la tension intérieure risque d’augmenter pour la première personne, au point où ses stratégies d’adaptation ne lui permettent plus de répondre à la situation adéquatement. La personne entrera alors en crise. Lorsqu’elle rencontre le client, l’infrmière explore avec lui sa perception des événements. Elle révise avec lui son évaluation primaire de la situation stressante, c’est-à-dire ce que cette situation représente pour lui (Lazarus & Folkman, 1984). Qu’est-il arrivé ? Le client perçoit-il la situation comme une menace à son intégrité physique ou psychologique ? comme une perte ? comme un déf ? Le client risque moins de se retrouver en crise s’il perçoit l’événement comme un déf.
Ressources adéquates Après avoir déterminé avec le client ce qui est réellement advenu et les conséquences possibles de la situation sur son équilibre, l’infrmière révise avec lui son évaluation secondaire Jacques Bergeron, âgé de 37 ans, et Annie Langlois, de la situation stressante. âgée de 36 ans, viennent d’avoir un accident de voiture L’évaluation secondaire sert sur une route de campagne alors qu’ils reviennent d’une à répertorier les ressources soirée entre amis. Le conducteur de l’autre automobile internes et externes, les straest mort sur le coup. Madame Langlois a les jambes tégies d’adaptation et de coincées, mais monsieur Bergeron n’a que de légères résolution de problèmes érafures. Ils n’ont pas de téléphone cellulaire et aucune dont dispose le client pour autre voiture n’est en vue. Madame Langlois est sou résoudre la situation. Le rante, mais elle donne des instructions à monsieur client qui croit posséder peu Bergeron, qui pleure et tente désespérément, sans de ressources pour résoudre trop réféchir, de la sortir de sa position. la situation est plus à risque D’après ces quelques données, laquelle des deux per de se retrouver en crise. sonnes risque moins d’être en situation de crise ace Les ressources peuvent à cet événement ? Justiez votre réponse. être de diérentes natures,
Jugement clinique
772
Partie 6
Interventions infrmières en situation de crise
soit fnancières, sociales, culturelles, politiques, matérielles, juridiques ou autres. Une personne cherche à utiliser ses ressources afn de préserver ou de retrouver son homéostasie. À l’inverse, un manque de ressources est souvent à l’origine d’une situation de crise ou risque de la compliquer. L’infrmière répertorie, durant son évaluation, l’ensemble des diérentes ressources dont dispose son client. Par exemple, elle repère les personnes en crise sourant d’isolement social ou de ressources fnancières limitées. Certaines populations telles que les enants et les adolescents, les personnes âgées, les réugiés et les immigrants récents, les personnes atteintes d’une défcience développementale, physique ou intellectuelle sont plus vulnérables en situation de crise. L’infrmière se tient inormée des sources d’aide dans sa communauté et dirige ces clients vers les organismes appropriés lorsque c’est nécessaire.
Mécanismes d’adaptation adéquats L’adaptation est la réaction d’une personne ou le recours de cette personne à des comportements habituels en réponse à une menace réelle ou perçue en vue de préserver son équilibre psychologique (Aguilera, 1998). Chaque personne adopte au cours de sa vie certains comportements qu’elle privilégie pour tenter de préserver ou de retrouver un état d’homéostasie. Par exemple, devant une situation difcile et stressante, une personne peut décider d’appeler ses proches pour en discuter, une autre, de courir s’entraîner au gym pour relâcher la tension, tandis qu’une troisième personne peut décider d’ignorer le problème le plus longtemps possible dans l’espoir qu’il disparaisse. Plus les mécanismes d’adaptation de la personne sont nombreux et appropriés, moins elle risque de se diriger vers une crise. Lorsque les mécanismes d’adaptation habituels ne onctionnent plus, la personne atteint la phase 3 de la crise selon Caplan. Elle utilise alors des mécanismes d’adaptation inhabituels, qui sont des mécanismes d’urgence.
27.2.2
Facteurs précipitants, facteurs contribuants et facteurs de protection
Toute crise débute à un moment précis, à partir duquel, subitement ou graduellement, il y a perturbation de l’homéostasie de la personne et augmentation de son stress. Il est primordial pour l’infrmière de dégager le ou les acteurs précipitants, c’està-dire celui ou ceux ayant déclenché la crise, afn de bien comprendre la nature de celle-ci, de déterminer le type de crise dont il s’agit et de planifer les interventions en conséquence. Les acteurs contribuants comprennent tous les problèmes chroniques ou ponctuels, autres que les acteurs précipitants, mais qui sont présents
avant le début de la crise et qui risquent de compliquer celle-ci ou de retarder sa résolution. Il peut s’agir, par exemple, d’un problème de santé mentale, d’une situation d’isolement, ou encore de dicultés conjugales ou nancières. L’inrmière, dans son évaluation, est attentive aux préoccupations du client et de sa amille an de cerner tous les acteurs ayant contribué à la crise. À l’inverse, les acteurs de protection aident à retarder, à minimiser ou même à éviter la crise. Il peut s’agir, par exemple, d’un bon réseau de soutien, d’expériences vécues antérieurement qui permettent au client de mieux gérer la situation actuelle, ou encore de connaissances acquises. L’inrmière s’assure de bien répertorier, en collaboration avec la personne, toutes les ressources internes et externes à sa disposition ainsi que les stratégies d’adaptation auxquelles celle-ci a recours.
27.3
Caractéristiques de la crise
Les inrmières, de par la nature même de leur travail, ont régulièrement ace à des situations de crise ou à risque de dégénérer vers une crise, et ce, quel que soit leur milieu de pratique. Autant au département d’obstétrique, de psychiatrie ou à l’urgence, dans la communauté ou à Ino-Santé, les inrmières devront soutenir des personnes composant avec les divers dés et dicultés qui se présentent dans leur vie. L’inrmière se trouve alors dans une situation privilégiée pour évaluer les ressources du client et prévenir la crise autant que possible. Si celle-ci ne peut être évitée, l’inrmière est amenée à accompagner la personne et son entourage en situation de crise, à désamorcer la crise et à orienter la personne au besoin, et à aider la personne et ses proches à retrouver un état d’équilibre satisaisant par la suite ENCADRÉ 27.2.
27.3.1
Objectis des interventions infrmières
Les interventions permettront d’apaiser les sourances de la personne et de ses proches, avant que l’inrmière puisse orir de nouvelles ressources ainsi qu’enseigner de nouvelles méthodes de résolution de problèmes et de nouvelles stratégies d’adaptation. L’objecti visé est de permettre à la personne de retrouver son niveau de onctionnement d’avant la crise, ou mieux encore, d’atteindre possiblement un niveau de onctionnement supérieur. Les personnes en crise se sentent vulnérables et trouvent leur situation intolérable ENCADRÉ 27.3. Elles sont conscientes d’avoir besoin d’une aide extérieure et elles la reçoivent habituellement avec beaucoup d’ouverture (Séguin, Brunet & LeBlanc,
ENCADRÉ 27.2
Caractéristiques d’une crise
• Survient à la suite d’un événement précis. • Perturbe l’homéostasie de la personne. • Suscite une impression de menace ou de perte. • Entraîne un sentiment d’incertitude et de tension.
• Est un processus de transormation au cours duquel l’ancien système de réactions ne convient plus et doit être changé. • Ne dure pas plus de deux mois. • Aboutit à un état onctionnel pire, comparable ou meilleur par rapport à ce qu’il était avant la crise.
Source : Adapté de Venette (2003)
Symptômes cliniques ENCADRÉ 27.3
Symptômes de stress en situation de crise
PERCEPTUELS
ÉMOTIONNELS
Fatigue, troubles du sommeil, maux de tête, étourdissements, pression artérielle et réquence cardiaque élevées, tension musculaire ou tremblements, nausées, douleurs thoraciques, dyspnée, grince ments de dents, changements relatis à l’appétit
Anxiété, colère, irritabilité, dépression, crises de panique, sentiment de culpabilité, désespoir, anhédonie (perte d’aectivité), tolérance réduite au stress, stratégies d’adaptation habituelles inefcaces, labilité
COGNITIFS
Troubles de concentration, difculté à prendre des décisions ou à résoudre un problème, pensées négatives, rappels éclair (fashbacks), pensées intrusives, cauchemars, conscience réduite de l’environnement
COMPORTEMENTAUX
Isolement, agitation, changements relatis aux activités sociales, changements rela tis aux modes d’expression, conscience de l’environnement modifée (p. ex., une conscience réduite, accrue ou déormée), méfance, consommation de substances à usage récréati, comportement à risque élevé
2012). L’aide en situation de crise devrait être oerte rapidement, an de tirer le meilleur parti de cette période d’ouverture au changement chez le client et ses proches. Cela permet d’alléger la sourance des personnes concernées le plus rapidement possible. Cela permet aussi d’éviter le recours à des stratégies d’adaptation inappropriées et la maniestation de symptômes de stress chronique. L’intervention en situation de crise est généralement centrée sur les personnes qui vivent cette perturbation. Par contre, lorsqu’il s’agit d’une situation de crise de grande envergure touchant des communautés, des régions entières, ou ayant des conséquences sur le plan mondial, l’intervention de groupe s’avère nécessaire. Quant aux principaux objectis de l’intervention auprès de l’enant en crise, ils consistent à empêcher les situations et les émotions terriantes de submerger l’enant et à renorcer ses stratégies d’adaptation saines an qu’il se sente en sécurité et maître de la situation au lieu d’être afigé par l’insécurité et le sentiment de menace ou de danger TABLEAU 27.1. Chapitre 27 Situation de crise
27
773
Pratiques infrmières suggérées TABLEAU 27.1
Soutenir l’enant en situation de crise
BESOIN
INTERVENTIONS
JUSTIFICATIONS
Sécurité physique
• Rendre l’environnement de l’enfant aussi sûr et sécuritaire que possible tout en cherchant à éviter les contraintes.
• La présence d’objets, de rituels, d’aliments et de jouets familiers et réconfortants de même qu’une communication minimale entre les parents et le personnel soignant peuvent contribuer à ramener une structure et une prévisibilité dans l’environnement physique de l’enfant tout en favorisant le sentiment de sécurité physique.
• Veiller à ce que l’enfant soit retiré de la situation ayant porté atteinte à sa sécurité physique et le tenir à l’écart de toute forme de rappel de cette menace (p. ex., à la télévision, sur Internet ou à la radio) pour assurer la sécurité physique de l’enfant avant de voir à la satisfaction de ses besoins prioritaires.
Sécurité psychologique
Rassurance
• Favoriser la communication entre le personnel soignant, ou les parents, et l’enfant.
• Les enfants cherchent à être proches de leurs parents et craignent souvent de les perdre s’ils ne sont pas dans leur champ de vision ou s’ils sont incapables de communiquer avec eux.
• Selon l’âge de l’enfant et son développement, la présence d’amis et de pairs peut contribuer à renforcer son sentiment de sécurité physique.
• Cela permet de fournir à l’enfant un soutien social et des points de repère qui peuvent contribuer à réduire sa détresse.
• Parler à l’enfant de l’événement en employant des termes qu’il peut comprendre. • Dire la vérité.
• Le fait d’éviter d’aborder le sujet ou de refuser de répondre aux questions de l’enfant risque d’exacerber sa détresse plutôt que de diminuer son niveau de stress.
• Normaliser les réactions de l’enfant à l’égard de la situation de crise en légitimant ses sentiments, ses pensées et ses inquiétudes.
• Cela permet de rassurer l’enfant et de lui faire comprendre que ses réactions sont normales, voire prévisibles, et que les autres vivraient probablement l’événement de la même manière que lui.
• Établir une routine d’activités quotidiennes. • Fixer des limites claires relativement au comportement de l’enfant et faire respecter ces limites.
27.3.2
L’inventaire de développement personnel posttraumatique (Posttraumatic Growth Inventory), qui peut être consulté au http://custcf.apa. org/ptgi/, est un outil qui per met d’évaluer les résultats positifs observés chez les personnes qui ont vécu un événement traumatisant.
774
Partie 6
Issues possibles de la crise
L’issue de la crise peut être positive ou négative (Séguin et al., 2012). Après deux mois, si la situation n’est pas résolue, la crise évolue vers un état d’allostasie. L’allostasie est un état de ragilité chronique, moins satisaisant que l’état dans lequel se trouvait la personne avant la crise. Au contraire, la personne qui parvient à déployer rapidement de nouvelles ressources et stratégies d’adaptation sortira grandie de la crise. Elle aura accumulé de nouvelles expériences et de nouvelles stratégies adaptatives en matière de résolution de problèmes. Non seulement aura-t-elle retrouvé son homéostasie, mais son niveau de onctionnement pourra être supérieur à ce qu’il était avant la crise. Lorsqu’elles œuvrent auprès de personnes en situation de crise, les infrmières sont à même de
Interventions infrmières en situation de crise
• Cette action a pour effet de rassurer l’enfant, car elle renforce le caractère prévisible de l’environnement dans lequel il se trouve.
aire naître chez elles l’espoir en ondant leurs interventions sur la capacité innée de l’être humain à croître et à évoluer, même dans les pires circonstances. Cela est possible lorsque le regard de l’infrmière envers le client met en évidence les aptitudes que ce dernier possède. Les infrmières peuvent également aider leurs clients à mettre en pratique les nouvelles connaissances qu’ils ont acquises en situation de crise dans leur vie. Séguin et ses collaborateurs (2012) divisent les diérentes crises en trois types. Il s’agit des crises psychosociales, psychopathologiques et psychotraumatiques. Ces types de crises sont mutuellement exclusis, c’est-à-dire qu’il est impossible de diagnostiquer deux types de crises diérents chez la même personne, et chacun possède sa propre étiologie, ses symptômes, et ses issues positives ou
négatives. De même, l’évapossible que la crise soit La personne qui parvient à déployer rapiluation et les interventions amiliale. L’infrmière re dement de nouvelles ressources et stratégies dièrent selon le type de cueille donc rapidement d’adaptation sortira grandie de la crise. crise. Il est important pour de l’inormation afn de l’infrmière de bien condéterminer si d’autres naître les diérents types de crises afn de aire une membres de la amille ont besoin d’une aide proévaluation précise de la situation et d’orienter adé- essionnelle. Elle s’inorme au sujet des perquatement son plan de soins. sonnes âgées, des personnes handicapées, des enants et des proches aidants aisant partie de la amille, qui sont plus à risque de se retrouver 27.3.3 Crise psychosociale La détresse provoquée par la crise psychosociale en situation de vulnérabilité durant la crise résulte d’une situation problématique circonscrite (Abramovitz, 2001 ; Perry, 2010). L’infrmière dans les rontières de la normalité (Séguin et al., s’assure de leur sécurité physique et psycholo2012). Les périodes de transitions normales du gique avant de poursuivre son évaluation du client. développement humain et les situations particu- Elle demeure à l’aut de tout signe de violence lières qu’une personne peut s’attendre à vivre au conjugale, de négligence ou de maltraitance cours de sa vie sont susceptibles de déclencher une envers les enants et les personnes âgées, ou crise chez elle, si celle-ci ne possède pas les ressour- d’épuisement proessionnel chez les proches ces internes et externes nécessaires pour y aire ace. aidants. Au besoin, elle dirige le client et sa Il peut s’agir, par exemple, du premier jour d’école, amille vers un travailleur social. d’un déménagement, de l’annonce d’un diagnostic de maladie, d’une naissance, du décès d’un proche, d’une perte d’emploi, d’un accident de voiture, d’un mariage ou d’un divorce. La personne vivant une crise psychosociale est submergée par l’angoisse et la dépression, au point de se retrouver dans un état de désorganisation l’empêchant de onctionner normalement (Séguin et al., 2012).
Évaluation initiale Comme la amille se révèle souvent le premier groupe d’appartenance d’une personne, il est
Si la situation paraît sans issue et que la tension et l’angoisse deviennent insoutenables, la personne désespérée peut envisager de passer à l’acte. Le passage à l’acte peut être un geste de violence envers des objets, envers autrui ou envers soi-même. L’infrmière s’assure de la sécurité de la personne et de son entourage, et elle évalue le risque suicidaire chez tous les clients en situation de crise 28 . Elle doit également procéder à une collecte de données exhaustive pour être en mesure de bien planifer ses interventions ENCADRÉ 27.4.
28 Le chapitre 28, Suicide, présente les pratiques infrmières suggérées ace au risque suicidaire
Collecte des données ENCADRÉ 27.4
Évaluation infrmière ciblée en situation de crise
Une information exhaustive doit comprendre les facteurs suivants: FACTEURS BIOPHYSIQUES
• Quel est le facteur précipitant ou quel est le motif de consultation? Quel âge a le client ? De quel sexe estil ? Quelle est son origine?
• La cliente estelle enceinte? Existetil un risque de fausse couche ou de déclenchement du travail ? • Le client atil des personnes à charge? FACTEURS PSYCHOLOGIQUES
• Quels sont ses antécédents médicaux? Ses signes vitaux sontils normaux ?
• Quel est le facteur déclencheur ou quel est le motif de consultation (psychologique) ?
• Prendil des médicaments ? Quelles sont la date et l’heure des dernières doses ?
• Quelle perception le client atil de l’événement qui a provoqué la crise?
• Faitil usage de remèdes homéopathiques ou à base de plantes ? Lesquels ? • Quelle est son apparence générale ?
• Quels sont l’état mental, l’aptitude à communiquer et le schéma de pensée du client ?
• Que révèle l’examen physique ?
• Quelle est son humeur prédominante?
• Le client atil subi des blessures ou traumatismes ou atil reçu des résultats d’examen anormaux?
• Dans quelle mesure peutil se concentrer et suivre les directives?
• Présentetil des caractéristiques physiques particulières? • Atil été exposé à des maladies transmissibles, à des toxines, à des contaminants chimiques ou autres ? • Peutil se déplacer ?
• Quelles sont les émotions et pensées exprimées par le client ?
• Quels sont ses principaux mécanismes de défense ? Quelle compréhension le client atil de la crise et quel jugement émetil concernant les mesures à prendre ? • Le client exprimetil une intention de se faire du mal ou de porter atteinte à autrui ?
Chapitre 27 Situation de crise
775
27
ENCADRÉ 27.4
Évaluation infrmière ciblée en situation de crise (suite)
• Atil des idées suicidaires ou homicidaires ?
En cas d’événements majeurs :
• Quel comportement atil (p. ex., de l’agitation, un sangroid, des pleurs)?
• Quelle est la proximité de la catastrophe, des risques environnementaux ou de la scène de crime par rapport au client ?
• Atil ingéré de manière avérée des substances à usage récréati, des stupéants, des médicaments ou des substances chimiques, ou une telle ingestion estelle soupçonnée (préciser) ? • Signaletil une situation de victimisation ou de violence? • Atil reçu un diagnostic d’ordre psychiatrique ? • Quelles sont les stratégies d’adaptation qu’il a utilisées par le passé avec succès ? • Quelles sont les stratégies qu’il envisage pour résoudre la situation de crise ? • Quelle évaluation globale aitil de son onctionnement? • Y atil des indices qu’une hospitalisation ou une évaluation d’urgence est nécessaire ?
• Son accès à la nourriture ou à un logis estil menacé à cause d’une situation de victimisation ou d’une autre menace environnementale? • Estil équipé d’appareils de communication (p. ex., un cellulaire, Internet, une radio) ? • Quels sont les enjeux relatis au transport et au déplacement des victimes dans la situation du client? • Atil accès aux services d’urgence, de secours aux sinistrés et d’approvisionnement ? • Atil des armes et eets personnels pouvant blesser autrui ?
• Quelle issue le client espèretil trouver à la crise ?
• Atil accès à ses biens personnels et à ses objets de valeur, à une hygiène et à une alimentation adéquates ainsi qu’à une source d’approvisionnement en eau potable?
FACTEURS SOCIOCULTURELS
• Peutil établir un contact pertinent avec les policiers ?
• Le client atil de la amille proche ou un réseau de soutien social à sa disposition ? • S’identietil à une communauté ou à un groupe culturel donné ? • Atil des croyances relatives à la situation de crise ou à la catastrophe ? • Y atil des syndromes ou des symptômes liés à la culture? • Le client atil des rituels qui lui apportent du réconort, de l’espoir et un sentiment de sécurité ? • Atil accès à un service de garde, à des ournisseurs de soins de santé ou à des soins de répit ? • Atil des antécédents juridiques qu’il serait pertinent de noter ? • Atil des antécédents de consommation de drogue et d’alcool ?
• Les conditions météorologiques peuventelles avoir une infuence sur le rétablissement de la victime? • Le client peutil avoir accès à des ressources communautaires et à des lignes d’écoute ? • Atil les ournitures médicales et de survie nécessaires ? • Peutil avoir accès à des établissements de soins de santé et de traumatologie? • Des témoins étaientils présents? • Quelle est l’ampleur des dommages environnementaux et des pertes de vies ? • Quelles sont les implications de la situation de crise ou de la catastrophe? • Quelles sont les conséquences possibles sur la santé des victimes ?
• Atil causé des troubles ou commis des actes de violence ou de pillage dans la communauté?
FACTEURS SPIRITUELS
• Une cohésion existetelle au sein de la communauté dans laquelle il vit ?
• Exprimetil des croyances quant au sens ou à la raison d’être de la situation de crise ?
• Estce que sa communauté collabore avec les organismes et ressources de secours ? FACTEURS ENVIRONNEMENTAUX
• Le client éprouvetil un sentiment de sécurité ou de menace constante ? • Sa sécurité physique estelle menacée?
• Quelle est l’appartenance religieuse ou spirituelle du client?
• Peutil avoir un soutien spirituel (p. ex., d’un membre du clergé, d’un aumônier, d’un rabbin, d’un groupe conessionnel) ? • Démontretil un besoin de pratiquer des rites spirituels (p. ex., des rites de deuil ou rituels mortuaires, des rituels de demande d’aide, des rituels de gratitude) ?
Soins et traitements infrmiers Établir un lien de confance et une relation de collaboration
5 Le chapitre 5, Communica tion et relation thérapeu tique, présente les principes de la communication théra peutique et le rôle de l’infr mière dans l’établissement de l’alliance avec le client
776
Partie 6
La principale caractéristique d’une bonne intervention demeure une écoute empathique et sans jugement de la part des intervenants (Maltais, Gauthier & Savard, 2010). L’infrmière se sert de ses connaissances en relation d’aide pour créer avec le client et ses proches un lien de confance basé sur le respect mutuel 5 .
Interventions infrmières en situation de crise
Si l’infrmière compte rencontrer le client à plusieurs reprises pour l’aider à cheminer à travers la situation de crise, par exemple dans le cadre de rencontres de consultation externe, elle convient avec le client du nombre de rencontres nécessaires dès la première entrevue. Cinq ou six rencontres, à raison de une ou deux rencontres par semaine, s’avèrent habituellement sufsantes pour aider le client et ses proches à mieux comprendre la situation de crise, établir avec eux un plan d’action et commencer les interventions, puis assurer le suivi nécessaire sans risquer de créer une relation de
dépendance entre le client et l’inrmière (Séguin et al., 2012).
Permettre au client d’exprimer ses émotions Parler de la crise ainsi que des dicultés et sourances qu’elle génère peut s’avérer dicile pour le client et ses proches. L’inrmière prend soin de créer un environnement propice permettant au client d’exprimer ses émotions sans crainte d’être jugé. Pour ce aire, l’inrmière choisit un endroit conortable, loin de tout stimulus dérangeant et des oreilles indiscrètes. Elle rassure le client et sa amille sur la condentialité de la conversation. L’inrmière se montre empathique et évite de porter des jugements. Certains clients peuvent en eet craindre d’être jugés parce qu’ils ne parviennent pas à surmonter la crise, à cause des pensées et émotions que la crise peut susciter en eux, ou pour leurs réactions en situation de crise. Par exemple, une mère de amille peut se sentir coupable d’éprouver des sentiments d’impatience et de colère envers son enant malade, même si elle sait qu’il n’est pas responsable de son état. L’inrmière prend bien soin de ne pas juger la personne et normalise la réaction de celle-ci en lui rappelant qu’il s’agit de réactions normales à une situation extraordinaire. Une crise résulte toujours d’un ou plusieurs changements dans la situation du client.
Explorer avec le client sa vision de la situation L’inrmière soutient le client dans les deuils qu’il peut vivre ace à ces changements. Il peut s’agir du deuil résultant de la mort d’un proche, mais aussi du deuil d’un état de santé impossible à retrouver (p. ex., après un accident ou à l’annonce d’un diagnostic de maladie chronique), du deuil d’une relation, d’une position proessionnelle, etc. L’inrmière aide ses clients à reconnaître les pertes qu’ils ont subies et les émotions qui en résultent. Le changement, même lorsqu’il est inattendu ou non désiré, n’est pas synonyme d’impuissance ; l’inrmière aide le client à traverser à son rythme les étapes du deuil et à accepter ce qu’il ne peut changer, pour se concentrer sur les éléments de la situation qu’il peut maîtriser ou modier. L’inrmière aide le client à aire place à une vision réaliste de la situation. Ensemble, ils s’entendent sur ce qui est réellement advenu, en-dehors des craintes et suppositions que le client peut avoir entretenues concernant les événements FIGURE 27.2. Même si les clients n’ont parois aucune emprise directe sur les événements stressants, ils peuvent apprendre à modier leur perception des événements, et ainsi infuencer leurs réactions. Certaines techniques utilisées dans le cadre d’une approche cognitivo-comportementale peuvent être utilisées en vue de « restructurer » les conceptions négatives d’un client à l’égard
FIGURE 27.2 La perception réaliste ou non du client par rapport à l’événement infuence sa capacité d’adaptation.
des événements stressants et de l’aider à discerner les sphères de sa vie qu’il maîtrise 20 .
Explorer les stratégies d’adaptation employées
Jugement clinique Enrico Fieri, âgé de 22 ans, est hospitalisé pour un choc nerveux. Avec un ami, il circulait à vélo dans une rue très passante, en sens inverse. Son ami a brûlé un feu rouge, a été happé par une automobile et a perdu la vie. Monsieur Fieri répète qu’il s’en veut et qu’il est totale ment bouleversé par ce qui est arrivé.
L’inirmière encourage le client à cerner et à conserver Que lui diriezvous pour lui démontrer votre empathie ses stratégies d’adaptation par rapport à ce qu’il vit ? ecaces, c’est-à-dire celles qui ont permis de réduire son anxiété ou d’améliorer la situation sans trop de 20 conséquences négatives (pratique d’un sport, souLe chapitre 20, Modèles et tien des pairs, etc.). Elle aide également le client à stratégies thérapeutiques, en déployer de nouvelles. Pour ce aire, elle interprésente l’approche cognitivo roge le client sur les situations de crise antérieures comportementale et ore qu’il est parvenu à surmonter, an de dégager à l’infrmière dié les stratégies d’adaptation qui se sont alors révélées rents moyens d’appliquer bénéques. L’inrmière examine ensuite ses straces principes dans ses tégies d’adaptation inadaptées (p. ex., l’hypersominterventions nie, l’isolement, l’hyperphagie, l’abus d’alcool ou la consommation de drogues) an d’explorer les avantages qu’il en retire, mais aussi les conséRAPPELEZ-VOUS… quences négatives qui en résultent à moyen ou à long terme. Il s’agit d’une conrontation douce, une Le deuil est une réponse intervention délicate parce que le client peut interémotionnelle à une perte. préter comme une menace la remise en question de Chaque personne manifeste ses stratégies d’adaptation. L’inrmière veille aussi son deuil de façon unique, à adopter en tout temps une approche non punitive selon ses expériences per et sans jugement. Elle s’assure que le lien de sonnelles, sa culture, ses conance avec le client est bien établi et l’inorme attentes et ses croyances de son intention avant de procéder. Au besoin, spirituelles. Quels sont les l’inrmière peut aussi orienter le client vers une quatre types de deuil qu’une aide psychologique qui lui permettra d’explorer la personne peut vivre ? question plus en proondeur. Chapitre 27 Situation de crise
777
27
Réduire l’isolement
L’Association canadienne pour la santé mentale publie le Répertoire des ressources en santé mentale du Grand Montréal, qui recense les ressources selon le type de problème et par région. Un service téléphonique mis sur pied par le gouvernement du Québec offre également du soutien en situation de crise aiguë : InfoSocial, au numéro 811.
Chaque ois que c’est possible et avec le consentement du client, l’inrmière cherche à contacter l’ensemble des membres de son entourage touchés par la crise ou prêts à soutenir le client durant cette étape dicile. Elle encourage le client à renouer des relations sociales signicatives qu’il aurait négligées et à se tisser un meilleur réseau de soutien social. Posséder un bon réseau de soutien en entretenant des relations saines avec des amis, des membres de sa amille et de sa communauté demeure l’un des meilleurs acteurs de protection de la santé mentale. Les personnes qui arrivent à demander de l’aide, par exemple à un membre de la amille, à un bénévole compréhensi ou à un membre de leur église, acquièrent une meilleure capacité de résilience lorsque surviennent des situations de crise (Prati & Pietrantoni, 2009). L’inrmière peut aussi proposer au client des ressources communautaires adaptées à ses besoins an de l’aider à élargir son réseau social.
Aider le client à augmenter les ressources à sa disposition 21 Les diérentes classes de médicaments et les inter ventions infrmières asso ciées à leur administration sont présentées dans le chapitre 21, Psychophar macothérapie et autres thérapies biologiques.
Après avoir déterminé les besoins du client avec celui-ci, l’inrmière l’aide à trouver les ressources qui lui manquent pour les satisaire adéquatement. Si nécessaire, l’inrmière peut aussi diriger le client vers un travailleur social. La médication peut aussi, lorsque jugée nécessaire, aider à traverser la crise 21 . Les antidépresseurs peuvent soulager les symptômes dépressis, les troubles de l’adaptation, l’anxiété et l’état de stress post-traumatique. D’autres médicaments, notamment les benzodiazépines, les bêtabloquants, les sédatis et les hypnotiques, peuvent être prescrits pour orir un soulagement à court terme. La gravité et le type des symptômes indiquent s’il y a lieu ou non de prescrire des médicaments au client. L’inrmière prend soin d’orir un enseignement complet à la personne amorçant une nouvelle médication. Par exemple, elle s’assure qu’elle n’entretient pas des attentes trop élevées quant à la capacité des médicaments de l’aider à surmonter la crise, et que les autres ressources ne sont pas négligées entre temps. En eet, des études récentes ont démontré que, pour obtenir des résultats optimaux, la thérapie médicamenteuse en situation de crise devrait s’accompagner d’une thérapie individuelle ou de groupe adaptée aux besoins du client.
Établir un plan de résolution de crise Une ois que l’inrmière et son client ont convenu d’une interprétation commune de la situation, ainsi que du caractère approprié des stratégies d’adaptation et de la disponibilité de ressources pour surmonter la crise, l’inirmière planiie un plan d’intervention en collaboration avec le client et sa amille. Ce plan d’intervention doit respecter leurs valeurs et leurs capacités. Plus un client est incité
778
Partie 6
Interventions infrmières en situation de crise
à se xer des objectis qui lui tiennent à cœur, plus il a de chances d’être motivé à prendre les mesures nécessaires pour les atteindre par la suite. L’inrmière prend aussi soin d’encourager l’autonomie de son client en lui laissant déterminer par lui-même les pistes de solutions qui lui permettront de sortir de la crise. Bien que le soutien extérieur, dont l’aide proessionnelle, soit primordial dans bien des situations de crise, inviter les clients à utiliser ses propres habiletés de résolution de problèmes aura pour eet de les accroître davantage et de rehausser son estime de soi, autant au cours de la crise actuelle que pour les crises utures. Par exemple, lorsqu’une ressource a été jugée pertinente pour aider ce dernier à sortir de la crise, l’inrmière peut encourager ce dernier à eectuer lui-même le premier contact téléphonique, sous supervision de l’inrmière si nécessaire. Elle s’assure ainsi du suivi tout en encourageant l’initiative et la prise en charge du client.
Prévoir un suivi Si l’inrmière a eu l’occasion de rencontrer le client à plusieurs reprises, par exemple au cours d’un suivi en consultation externe ou d’une hospitalisation en psychiatrie, elle prend soin, à la dernière rencontre, de aire le point avec lui sur l’ensemble du cheminement accompli tout au long du processus. Elle invite le client à décrire les changements vécus ainsi que sa perception de la nouvelle situation, de ses nouvelles stratégies d’adaptation et des nouvelles ressources à sa disposition. Cette étape permet au client de réévaluer et de conrmer les progrès qu’il a eectués. Si des outils d’évaluation avant la thérapie ont servi à mesurer le niveau de onctionnement du client, l’inrmière peut réutiliser avec lui ces outils an de réévaluer la situation. L’inrmière discute ensuite avec le client de la açon dont l’expérience actuelle pourra l’aider à gérer les situations de crise utures. Par exemple, elle peut lui demander comment il réagirait si le même genre de situation se présentait à nouveau. Le client est alors à même d’exprimer ce qu’il a appris dans le cadre de ses rencontres et de réviser sous supervision sa démarche de résolution de la situation de crise. L’inrmière le élicite pour les actions entreprises et les changements positis accomplis, an de renorcer sa conance en ses capacités d’adaptation et de résolution de problèmes. Même si tous les confits ou tous les problèmes n’ont pas été résolus, la situation de crise aura permis au client de se découvrir de nouvelles orces et d’accumuler de nouvelles connaissances et ressources pour le utur. Enn, si d’autres problèmes sont soulevés au cours de cette dernière évaluation, l’inrmière s’assure de diriger une dernière ois le client vers les ressources appropriées.
27.3.4
Crise psychopathologique et urgence psychiatrique
ENCADRÉ 27.5
Exemples d’urgence d’ordre psychiatrique
Les événements susceptibles de provoquer une crise psychopathologique sont les mêmes que dans le cas de la crise psychosociale. La diérence se situe chez la personne concernée, dont l’état d’équilibre est déjà ragilisé de açon chronique avant la crise, à cause de acteurs prédisposants particuliers, soit des antécédents de troubles mentaux, un problème de dépendance ou une enance difcile (maltraitance, abandon) (Séguin et al., 2012).
• Tentative de suicide ou risques élevés de tentative de suicide
• Colère incontrôlable
• Voies de ait ou intention de violence envers autrui
• Exacerbation des symptômes des troubles de l’humeur (dépression ou manie)
• Surdose de drogue (intentionnelle ou non) ou sevrage d’alcool ou de drogue, intoxication ou réaction idiosyncrasique aux médicaments
• Inaptitude à mener à bien ses activités de la vie quotidienne
Les personnes aux prises avec l’un de ces acteurs prédisposants particuliers sont en allostasie plutôt qu’en homéostasie, de sorte qu’elles peuvent entrer en crise plus acilement, et les symptômes du problème chronique sous-jacent s’ajoutent alors au stress suscité par la crise.
• Perte de contact avec la réalité attribuable à une psychopathologie, à une intoxication provoquée par la drogue ou à une psychose
Quant à l’urgence d’ordre psychiatrique, c’est une perturbation psychologique grave et soudaine qui se manieste par un comportement qui nécessite une intervention immédiate afn d’éviter que les conséquences de ce comportement mettent la vie du client en danger ou nuise à son bien-être psychologique ENCADRÉ 27.5. Le principal élément qui distingue l’urgence d’ordre psychiatrique des autres types de crises et d’urgences médicales réside dans le risque que la personne touchée ou les autres soient exposés à un danger. Le onctionnement de la personne est gravement compromis. Sa sécurité ou celle des autres pourraient également être compromises. La personne éprouve une grande difculté à retrouver son équilibre sans commettre des actes qui sont destructeurs à son égard ou à l’égard des autres. La personne en crise peut ou non reconnaître qu’elle aura besoin d’une aide extérieure pour soulager la détresse psychologique provoquée par la situation. Dans certains cas, elle est dirigée à l’urgence par un proessionnel de la santé, un proche ou la police. Le client est parois déjà hospitalisé. Les priorités dont il aut tenir compte pour décider si l’évaluation psychiatrique du client aura lieu de son plein gré ou contre son gré sont la protection des droits de celui-ci quant à son choix d’accepter ou non le traitement, ainsi que la protection de son droit et de celui de la communauté de vivre en sécurité 6 .
Évaluation initiale L’évaluation de l’infrmière doit tenir compte de cet état de « crise dans la crise » de la personne, c’està-dire qu’elle cherche à distinguer les symptômes propres à la crise et ceux propres au problème chronique sous-jacent. Les symptômes de la crise psychopathologique sont aussi les mêmes que dans le cas de la crise psychosociale, auxquels s’ajoutent les symptômes propres à la pathologie concomitante
chez le client. Par exemple, une personne atteinte de schizophrénie pourrait, en plus des symptômes d’anxiété et de dépression, présenter des symptômes psychotiques en période de crise. Une autre personne ayant déjà combattu un problème de toxicomanie pourrait recommencer à consommer lorsque ses stratégies d’adaptation habi tuelles ne suisent plus.
• Anxiété grave incontrôlable
• Dysonctionnement cogniti avec impos sibilité pour le client d’eectuer ses activités de la vie quotidienne • Tout comportement mettant la sécurité physique du client ou celle des autres en danger
Jugement clinique Angela Hamel est une adolescente âgée de 18 ans. Elle a été trouvée dans une ruelle, ensanglantée et couverte de blessures. Elle aurait été violée par deux hommes qui l’auraient battue. Elle a été conduite à l’urgence où une première évaluation a été aite. Elle pleure, présente de la tachycardie et de la tachypnée et a des mouvements de retrait si on essaie de la toucher. Une infrmière l’invite doucement, sur un ton aable et calme, à parler de ce qui est arrivé. Par son écoute active, elle cherche à amener l’adolescente à exprimer les sentiments qu’elle peut éprouver dans l’immédiat. Quel autre impact bénéfque l’attitude de l’infrmière peutelle avoir sur Angela ?
Soins et traitements infrmiers L’objecti des interventions de l’infrmière consiste à transormer la situation de crise compromettant la sécurité du client ou celle des autres en un problème qu’il est possible de résoudre à l’aide d’interventions et de solutions ciblées. Afn de s’assurer que les soins dispensés en situation d’urgence psychiatrique demeurent respectueux et sécuritaires en tout temps, il est grandement souhaitable que les intervenants susceptibles de devoir prêter assistance dans ces situations soient bien ormés. Plusieurs ormations proessionnelles existent, dont la ormation Oméga, conçue au Québec et dispensée dans plusieurs établissements de santé.
6 Les conditions précises permettant l’évaluation et le traitement d’une personne en urgence psychiatrique sans le consentement de celleci sont décrites dans le chapitre 6, Aspects éthi ques et légaux de la pratique infrmière en santé mentale et en soins psychiatriques.
Assurer la sécurité de chacun 27
Dans toute situation où le client se montre potentiellement agressi, l’infrmière s’assure en premier lieu de voir à sa propre protection, ainsi qu’à celle du client et des autres personnes concernées. Pour ce aire, elle observe attentivement les lieux, conserve une distance sécuritaire, c’est-à-dire au Chapitre 27 Situation de crise
779
moins la distance de trois bras du client, et prend soin d’avertir ses collègues de la situation. Elle ne tourne jamais le dos au client et ne laisse jamais le client se placer entre elle et la seule porte de sortie. Elle place ses mains en « garde voilée », c’est-à-dire devant elle, à hauteur de la taille, afn d’être rapidement capable de se déendre en cas de nécessité. Elle demeure calme en tout temps, même si l’urgence psychiatrique peut provoquer une anxiété intense. L’infrmière qui intervient auprès du client en état de crise ou des membres de sa amille se doit d’évaluer constamment le niveau d’anxiété de toutes les personnes concernées, dont celui des membres de l’équipe soignante, ainsi que celui du client, puisque l’anxiété risque de se propager chez les autres.
Utiliser la technique de la pacifcation Afn d’éviter à tout prix les gestes violents, il est de la responsabilité de l’infrmière de aire passer la crise par la verbalisation chaque ois qu’elle le juge possible. Pour ce aire, l’infrmière guette le moindre signe de coopération du client à discuter avec elle. Elle utilise alors la technique de la pacifcation. Bien qu’elle-même demeure calme, elle ne demande pas au client de se calmer, cela étant impossible pour lui dans la situation actuelle. Elle l’encourage plutôt à exprimer en mots son agressivité et lui ore une oreille attentive, sans le reprendre s’il crie, insulte ou menace, et sans lui demander d’obéir ni le menacer. Une personne ne peut pas demeurer en colère éternellement ; si elle se sent écoutée, elle fnira par se calmer d’elle-même.
Minimiser le recours aux contentions
Visionnez la vidéo Application de mesures de contrôle au http://fortinash.cheneliere.ca.
12 Les symptômes cliniques de l’état de stress aigu sont détaillés dans le chapitre 12, Troubles anxieux.
780
Partie 6
Il est possible qu’en situation d’urgence psychiatrique, afn de protéger le client ou d’autres personnes, des mesures restrictives deviennent nécessaires (p. ex., la contention, l’administration de médicaments, l’isolement). L’infrmière n’oublie jamais que les contentions physiques ou chimiques ne doivent être utilisées qu’en dernier recours. Aux yeux du client, il s’agit en eet d’une nouvelle crise qui survient, et ces mesures peuvent se révéler très traumatisantes pour celui-ci et ses proches .
personnes concernées permet d’acquérir une compréhension de ce qui a déclenché la crise afn de modifer le plan de soins de manière à éviter de utures crises. Par exemple, l’infrmière et les membres du personnel peuvent réaliser, en se remémorant les événements ayant conduit à la crise, que le client devient chaque jour agité au moment du changement de quart de travail. Pour éviter de nouvelles crises, l’équipe peut alors décider de discuter avec le client pour cerner ses inquiétudes et ses besoins dans le but de trouver une açon de diminuer son anxiété à ce moment critique de la journée.
27.3.5
Crise psychotraumatique
La crise psychotraumatique résulte d’un événement soudain et violent, déstabilisant subitement l’homéostasie de la personne et revêtant pour elle un caractère traumatique. Deux caractéristiques permettent de déterminer si l’événement est traumatique ou non pour la personne (Séguin et al., 2012). Premièrement, la nature traumatique de la crise repose sur la perception de l’événement comme une menace importante à son intégrité physique ou l’expérience soudaine et inattendue de l’imminence de la mort. Par exemple, il peut s’agir d’une agression physique ou sexuelle, d’un accident de travail, d’une catastrophe naturelle comme un tremblement de terre ou un tsunami, ou encore d’une situation de guerre. Deuxièmement, pour être qualifé de traumatique, l’événement doit provoquer chez la personne une réaction émotive importante d’eroi, de sidération, d’impuissance ou d’horreur (Séguin et al., 2012 ; Vaiva, Brunet, Lebigot et al., 2003).
Évaluation initiale
Intervenir après la crise
La crise psychotraumatique peut mener à plusieurs complications que l’infrmière s’assure de bien connaître afn d’en déceler les signes et symptômes précurseurs chez ses clients. Parmi ces complications se trouvent l’état de stress aigu, l’état de stress post-traumatique et la dépression post-traumatique, ainsi que d’autres troubles anxieux et troubles de l’adaptation (Séguin et al., 2012).
Après une situation d’urgence psychiatrique avec agressivité verbale ou physique, l’infrmière prend soin de relater de manière concise chacune de ses interventions et les réactions du client dans ses notes au dossier. Au moment opportun, elle ait un retour sur l’événement auprès des personnes présentes durant la crise, afn de s’assurer qu’aucune d’entre elles ne demeure ébranlée par la situation ou qu’elles reçoivent l’aide nécessaire le cas échéant. Cela permet aussi de passer en revue les interventions employées et de discuter avec l’équipe des améliorations à apporter, au besoin, dans la gestion des prochaines situations de crise. Un retour auprès du client et des autres
Selon le Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux, 4e édition révisée (DSM-IV-TR), l’état de stress aigu peut se maniester dans une situation de crise (American Psychiatric Association, 2000). Il s’agit d’un trouble anxieux qui se caractérise par un ensemble de symptômes de dissociation et d’anxiété qui surviennent au cours du premier mois suivant un événement traumatique majeur 12 . La cause immédiate de l’état de stress aigu est l’exposition à un stresseur menaçant la vie ou l’intégrité physique de la personne, ou qui risque de causer de graves blessures ou encore la mort. La personne réagit à ce stress par une peur marquée, un sentiment d’impuissance ou d’horreur.
Interventions infrmières en situation de crise
Soins et traitements infrmiers Évaluer la sécurité des lieux Que ce soit dans un centre hospitalier ou éventuellement sur les lieux du drame, l’infrmière s’assure avant d’intervenir que tout danger est écarté et que l’endroit est sécuritaire pour elle-même ainsi que pour les autres personnes présentes.
Déterminer les personnes nécessitant une assistance immédiate L’infrmière détermine les personnes présentant des symptômes physiques ou psychologiques et nécessitant son assistance immédiate, par exemple une personne sourant d’une blessure ou d’une intoxication, ou encore qui se trouve en état de choc ou en crise de panique. Elle procède à ses interventions en ordre de priorité et s’assure au besoin que l’aide supplémentaire nécessaire est en route vers le lieu de l’intervention.
Se présenter au client et conserver une attitude rassurante L’infrmière se présente, nomme son titre ou sa onction. Son attitude est calme, chaleureuse et respectueuse. Elle explique ses interventions au client sur un ton calme et dans des termes aciles à comprendre.
Soutenir le client L’infrmière laisse le client exprimer ses sentiments sur les événements sans tenter de l’interrompre. Par contre, en cas de reus du client de parler de l’événement, elle respecte son choix sans rien orcer. Elle utilise les techniques de communication thérapeutique pour lui démontrer son respect et son empathie. Elle évite de minimiser l’événement aux yeux du client, même si la réaction de ce dernier lui semble excessive, maniestant ainsi son acceptation sans jugement de la réaction du client aux événements extraordinaires qu’il vient de subir. Chaque personne réagit diéremment aux événements traumatiques. L’infrmière peut rappeler au client qu’il n’y a pas de bonne manière de réagir.
Assurer un suivi L’infrmière ne quitte pas le client sans s’assurer d’abord de sa sécurité physique et psychologique. Si le client est encore trop ébranlé pour se retrouver seul après l’événement traumatique, l’infrmière contacte un autre proessionnel de la santé ou, avec la permission du client, un proche de celui-ci pour assurer le suivi. Elle inorme la personne de la situation et de la condition dans laquelle se trouve le client. Elle l’inorme brièvement des symptômes que le client risque de ressentir à la suite de la situation traumatisante qu’il vient de vivre (cauchemars, tristesse, etc.) et lui présente des ressources à contacter en cas de besoin.
27.3.6
Catastrophes d’origine naturelle ou humaine
Les catastrophes sont des événements soudains, d’origine naturelle ou humaine et aux conséquences désastreuses pour une population. Au Québec, le terme sinistre est souvent utilisé, mais revêt le même sens que les termes catastrophe et désastre employés ailleurs dans le monde (ministère de la Sécurité publique, 2009). Une catastrophe peut conduire à une crise psychosociale, psychopathologique ou psychotraumatique. Dans les dernières décennies, la population québécoise a aronté plusieurs catastrophes, que ce soit la tuerie de l’Assemblée nationale en 1984, celle de la Polytechnique le 6 décembre 1989, le déluge du Saguenay en 1996, la crise du verglas en 1998 et les inondations de la Montérégie en 2011. En 1990, après la tuerie de la Polytechnique, l’Organisation de la sécurité civile du Québec a été créée. En cas de catastrophe sur le territoire québécois, elle a le mandat de aciliter les prises de décisions des ministères et organisations, puis de coordonner les actions prévues ENCADRÉ 27.6. Les infrmières qui interviennent en cas de catastrophes peuvent aussi vivre un traumatisme psychologique du ait d’avoir été témoins de dommages matériels imposants, de nombreuses blessures et pertes de vies, de l’horreur ou de la violence d’un événement naturel (p. ex., un ouragan, un incendie, un tremblement de terre). La verbalisation s’avère alors essentielle, tant pour le client que pour les proessionnels de la santé, ain de remettre la situation de crise en perspective (Crocq, 2003) TABLEAU 27.2. La séance de verbalisation, ou debriefng, constitue un processus visant à réduire la sourance psychologique, l’impact du traumatisme et les risques de stress post-traumatique en aidant les personnes concernées à comprendre ce qu’elles ont vécu et à parler de leurs problèmes dans un environnement d’ouverture et de réconort.
ENCADRÉ 27.6
Caractéristiques d’un sinistre
• Fonctionnement normal d’une communauté ou d’une société fortement perturbé • Pertes de vies humaines, pertes matérielles, économi ques ou environnementales importantes observées • Milieu affecté incapable, avec les ressources et les capacités dont il dispose, de faire face aux conditions et aux conséquences découlant de la manifestation des aléas
27
• Dommages à l’environnement (contaminations de l’eau, de l’air, du sol, pertes sur le plan de la diversité biologique, dégradations d’écosystèmes clés, etc.) Source : Ministère de la Sécurité publique (2009) Chapitre 27 Situation de crise
781
Pratiques infrmières suggérées
Conserver son équilibre en situation de crise
TABLEAU 27.2 STRATÉGIE
MISE EN ŒUVRE
JUSTIFICATIONS
Fixer ses limites.
• Apprendre à dire non.
• Permet de prévenir le surmenage et d’être plus disponible pour soi et les autres.
• Respecter ses limites physiques, cognitives et émotionnelles. Entretenir son réseau de soutien social.
Adopter de saines habitudes de gestion du stress.
• Consacrer du temps aux proches et aux amis.
• Permet d’éviter un épuisement des ressources malgré un horaire de travail changeant et requérant des heures supplémentaires.
• Établir des relations avec les collègues.
• Assure une bonne cohésion au sein de l’équipe de soins.
• Pratiquer le yoga, la relaxation, la musique douce, l’exercice physique sur une base régulière.
• Contribue à garder une saine santé mentale et physique.
• Prendre le temps de se reposer et de bien s’alimenter. • Avoir de saines habitudes de résolution de confits.
Trouver un mentor.
• Prendre des pauses au travail et des périodes de repos de quelques jours (retraite, vacances de courte durée, congé prolongé).
• Permet d’empêcher l’accumulation de stress d’origine proessionnelle au sein de l’équipe de soins.
• Établir une relation avec un collègue plus expérimenté.
• Favorise l’apprentissage de diérentes techniques d’adaptation par des rétroactions constructives.
• Favorise le sentiment d’accomplissement personnel et augmente la productivité ainsi que la satisaction au travail.
• Contribue au sentiment de valorisation et de conance.
Phases psychologiques après une catastrophe Selon James et ses collaborateurs (2012), il existe quatre phases prévisibles que traversent les membres des groupes ou des communautés qui ont vécu une catastrophe :
4. La phase de reconstruction : cette phase a lieu de deux mois à deux ans après l’événement, et correspond au réinvestissement physique et émotionnel de la communauté.
1. La phase héroïque : cette phase a lieu immédiatement après la catastrophe et se caractérise par une période d’altruisme et des comportements héroïques au sein de la communauté.
Chaque personne traverse ces quatre phases à son propre rythme.
2. La phase de lune de miel : cette phase a lieu de une semaine à six mois après la catastrophe, lorsqu’un lien de partage et un ort attachement social unissent la communauté. D’ailleurs, la documentation sur le sujet France Nantel et Martin Larue, tous deux âgés de rapporte que les catastro40 ans, ont perdu tous leurs biens dans l’incendie de phes sembleraient avorileur maison survenu il y a 4 mois. Depuis, ils logent ser, dans bien des cas, la dans une chambre d’hôtel avec leurs adolescents âgés croissance personnelle et de 15 et 16 ans. La compagnie d’assurance tarde à les le renorcement des reladédommager pour des raisons qui sont inacceptables tions une ois la crise pasà leurs yeux (processus d’évaluation encore en cours, sée (Solnit, 2009). doute sur l’origine de l’incendie). Le couple vit di
Jugement clinique
cilement la promiscuité à quatre dans une même chambre et subit des tensions inhabituelles. Il se sent dépassé par les événements. Quelle phase psychologique de la situation post traumatique du couple NantelLarue est illustrée dans cette histoire ? Expliquez votre réponse.
782
Partie 6
aux attentes déçues de la communauté quant au soutien qu’elle aurait aimé recevoir.
3. La phase de désillusion : cette phase a lieu de deux mois à deux ans après l’événement et se caractérise par un sentiment de déception, de colère, de rancœur et d’amertume relativement
Interventions infrmières en situation de crise
Évaluation initiale L’évaluation de l’infrmière à l’occasion d’une catastrophe se pratique autant sur place, c’est-à-dire hors d’un contexte de soins contrôlé, structuré et courant, que dans un milieu contrôlé (p. ex., une salle d’urgence, un centre hospitalier).
Soins et traitements infrmiers Le travail de terrain est une approche d’intervention en situation de crise qui allie tant les besoins physiques que psychiatriques (Lerner, 2002). Le travail sur le terrain consiste par exemple à prodiguer des soins de santé mentale dans un reuge pour sans-abri, dans un campement ou des installations temporaires (p. ex., des tentes, des reuges pour victimes d’une catastrophe). C’est aussi collaborer avec les orces de l’ordre qui répondent aux appels des services 911 requérant une intervention d’urgence ou en cas de catastrophes naturelles.
27.3.7
Stratégies de prévention
Les techniques d’intervention inrmière en situation de crise se divisent en trois catégories : la prévention primaire ; la prévention secondaire ; et la prévention tertiaire (Clark, 2008). Ces catégories ournissent des balises permettant d’aner le processus d’évaluation inrmière et d’établir des objectis réalistes ainsi que des stratégies d’intervention ecaces. • Prévention primaire. La prévention primaire vise à éviter qu’une situation de crise ne survienne. Elle avorise donc le maintien d’une bonne santé mentale, l’amélioration des stratégies d’adaptation et de gestion du stress, ainsi que la prévention des situations de crise ou la diminution de leur occurrence. Dans ce contexte, l’inrmière colla bore avec le client ou la amille en vue de cerner les problèmes, les stresseurs et les événements susceptibles de provoquer une crise. Ainsi, les mesures nécessaires sont prises en vue d’inter rompre la progression vers une situation de crise. La révision des stratégies de résolution de pro blèmes et d’adaptation, la réévaluation des mo dèles de prise de décisions, l’amélioration des habiletés relatives à la déense de ses intérêts, à la médiation et à la résolution des confits, ainsi que la mise en place de stratégies substitutives de résolution de problèmes sont quelques exemples d’interventions en prévention primaire qui per mettent de moduler les réactions aux événements stressants an de prévenir une crise. L’inrmière
planie la marche à suivre, elle s’assure que le client ou la amille dispose de toute l’aide néces saire, puis elle modie ou réévalue au besoin les changements qui ont été planiés. • Prévention secondaire. La prévention secondaire vise à déceler les premiers signes de la crise. Elle ournit donc des occasions d’intervenir en vue de reiner la progression des symptômes provo qués par la crise. L’inrmière se concentre sur la sécurité du client. Elle évalue également les signes et symptômes de la crise tels que les signes de violence conjugale, de violence ou de négli gence à l’égard des enants, et d’abus d’alcool ou de consommation de drogues. Elle collabore avec le client an de dénir des objectis et des stra tégies d’intervention permettant de résoudre la situation. Ce type d’inter vention permet de réduire l’intensité de la sourance psycholo gique et d’éviter l’apparition ou l’aggravation d’une décience cognitive. Elle peut être réalisée autant en milieu hospitalier que dans les centres de santé mentale, les cliniques, les reuges, de même que sur le terrain. • Prévention tertiaire. La prévention tertiaire a pour but de réduire les conséquences de la situation de crise qui a déjà eu lieu. Elle avorise donc pour le client un retour à un niveau de onctionnement optimal ainsi qu’une diminution des risques de complications en aval de la crise, par exemple l’apparition des symptômes de l’état de stress post traumatique après une crise psychotraumatique.
Analyse d’une situation de santé
Jugement clinique
Brigitte Moreau travaille comme inrmière de rue dans un quartier déavorisé d’une grande ville. Elle intervient souvent auprès d’une clientèle psychiatrique itinérante et ait souvent ace à des situations sociales complexes. Ce matin, en parcourant son secteur habituel, elle a été témoin d’une scène de violence conjugale dans une ruelle. Au moment où elle s’est approchée du couple, l’homme est parti en courant. Elle a trouvé Sarah Dumontier, âgée de 26 ans, en pleurs et en état de panique. La jeune emme est alors en hyperventilation, a un regard apeuré, trem-
ble malgré une importante tension musculaire de tout le corps et gesticule de açon désordonnée. « Tout est d’ma aute, j’ai couru après. Mais qu’estce qui va m’arriver, mais qu’est-ce qui va m’arriver ? », parvient-elle à dire de açon saccadée entre deux respirations. Elle a des ecchymoses au visage, des marques de doigts autour du cou, des égratignures aux bras, des érafures aux genoux, et elle tient son ventre à deux mains. Lorsque Brigitte essaie de la toucher doucement, madame Dumontier a un mouvement de recul et dit en parlant ort : « Touche-moi pas ! » {
MISE EN ŒUVRE DE LA DÉMARCHE DE SOINS
27
Collecte des données – Évaluation initiale – Analyse et interprétation SOLUTIONNAIRE
http://fortinash.cheneliere.ca
1. Dans la description de la condition de madame Dumontier, quelle donnée justife une intervention prioritaire ? 2. Outre l’hyperventilation et le regard apeuré de madame Dumontier, trouvez les cinq données indiquant que la jeune emme est en état de crise
Chapitre 27 Situation de crise
783
Avant de procéder à toute autre intervention, Brigitte prend le temps de calmer madame Dumontier. Cette dernière accepte la présence de l’infrmière et semble plus disposée à parler avec elle. Au cours de l’échange, madame Dumontier est ambivalente. Elle dit qu’elle va quitter cet homme avec qui elle partage sa vie depuis six mois, mais croit aussi qu’elle réussira à le changer avant {
et qu’une rupture ne sera peut-être pas nécessaire. Elle ajoute qu’elle n’aurait jamais dû le rencontrer, mais reconnaît qu’il sait être très gentil par moments. Elle pense même qu’elle pourrait aire sa vie avec lui, mais que c’est à lui de décider cela. Puis elle rappe sa tête avec son poing et jure qu’elle va déménager aujourd’hui pour ne plus avoir à le rencontrer. {
MISE EN ŒUVRE DE LA DÉMARCHE DE SOINS
3. Les données de cet épisode mettent en lumière une phase du processus d’évolution d’une crise chez madame Dumontier Quelle est cette phase ?
Brigitte s’inorme auprès de madame Dumontier du climat qui règne au sein du couple, si elle et {
son conjoint consomment de la drogue, de l’alcool ou d’autre substances. {
MISE EN ŒUVRE DE LA DÉMARCHE DE SOINS
4. En quoi ces renseignements peuventils être utiles à Brigitte ?
{
Brigitte demande également à madame Dumontier si elle est enceinte. {
MISE EN ŒUVRE DE LA DÉMARCHE DE SOINS
5. Pourquoi cette question estelle pertinente ?
Madame Dumontier dit à Brigitte qu’elle craint souvent pour sa vie, car ce n’est pas la première ois qu’elle subit des sévices corporels de la part {
de son conjoint. Elle mentionne également que ce dernier a déjà essayé de l’agresser avec un couteau. {
MISE EN ŒUVRE DE LA DÉMARCHE DE SOINS
6. Quel problème prioritaire émerge de ces nouveaux renseignements ournis par madame Dumontier ?
{
Brigitte demande à madame Dumontier si elle a pensé mettre fn à ses jours.
{
MISE EN ŒUVRE DE LA DÉMARCHE DE SOINS
7. Cette question estelle pertinente ? Justifez votre réponse
{ Brigitte s’est assurée que la condition physique de
madame Dumontier n’était pas inquiétante en raison des blessures qu’elle a subies. Elle lui demande si
elle a parlé de sa situation avec une amie ou un membre de sa amille. Comme ce n’est pas le cas, Brigitte suggère à la jeune emme de le aire. {
MISE EN ŒUVRE DE LA DÉMARCHE DE SOINS
Planifcation des interventions – Décisions infrmières 8. Qu’estce qui justife une telle suggestion ?
Brigitte suggère également à madame Dumontier de la conduire dans un reuge pour emmes en difculté. ” {
MISE EN ŒUVRE DE LA DÉMARCHE DE SOINS
9. En quoi cette proposition peutelle aider madame Dumontier?
784
Partie 6
Interventions infrmières en situation de crise
MISE EN ŒUVRE DE LA DÉMARCHE DE SOINS
Évaluation des résultats – Évaluation en cours d’évolution 10. Qu’estce qui indiquerait à Brigitte que madame Dumontier peut recourir à des stratégies diérentes pour éviter qu’une nouvelle situation de crise se produise ?
APPLICATION DE LA PENSÉE CRITIQUE Dans l’application de la démarche de soins auprès de madame Dumontier, l’infrmière a recours à un ensemble d’éléments (connaissances, expériences antérieures, normes institutionnelles ou protocoles, attitudes proes sionnelles) pour analyser la situation de santé de la cliente
et en comprendre les enjeux La FIGURE 27.3 illustre le processus de pensée critique suivi par l’infrmière afn de ormuler son jugement clinique Elle résume les principaux éléments sur lesquels l’infrmière s’appuie en onction des données de cette cliente, mais elle n’est pas exhaustive
VERS UN JUGEMENT CLINIQUE CONNAISSANCES
EXPÉRIENCES
NORME
Situations pouvant déclencher une situation de crise Types de crise Phases du processus d’évolution d’une crise psychosociale Éléments à évaluer chez une personne en situation de crise Grille du potentiel de dangerosité (Oméga) Cycle de la violence conjugale Approche cognitivocomportementale Moyens pharmacologiques pour diminuer les symptômes des problèmes concomitants si indiqué • Critères de garde en établissement
• Expérience de travail auprès d’une clientèle en situation de crise • Expérience en santé communautaire • Habileté en relation d’aide
• Lois applicables au travail de rue
• • • • • • • •
ATTITUDES • Ne pas juger madame Dumontier parce qu’elle vit de la violence conjugale • Ne pas chercher à imposer ses propres valeurs et sa vision d’une situation de violence conjugale • Adopter une attitude compréhensive et empathique • Respecter le rythme de madame Dumontier en raison des émotions ortes qu’elle vit
PENSÉE CRITIQUE
ÉVALUATION • • • • • • • •
• • • •
Risque immédiat pour madame Dumontier (elle est en hyperventilation) Blessures subies par la cliente Facteurs qui ont déclenché la situation de crise Signes indicateurs d’une situation de crise (signes physiques, cognitis, comportementaux et émotionnels) Sentiments de madame Dumontier découlant de la situation de crise Intentions suicidaires Stratégies d’adaptation de madame Dumontier à sa situation Intérêt de la cliente à mettre en œuvre des stratégies d’adaptation diérentes (en parler avec une amie ou une personne de sa amille, accepter de recevoir de l’aide dans un centre pour emmes en difculté) Perception que la cliente a de l’événement comme étant dangereux ou une menace importante à son intégrité physique Problème concomitant, préoccupation importante pour la cliente Motivation à aborder le problème avec logique, désir de changement Ressources fnancières et sociales
27 JUGEMENT CLINIQUE FIGURE 27.3
Chapitre 27 Situation de crise
785
À retenir VERSION REPRODUCTIBLE
http://ortinash.cheneliere.ca
• Le concept de crise a beaucoup évolué, et ait réérence au ait de percevoir ou de vivre une situation intolérable impossible à résoudre à l’aide des ressources à sa disposition ou de ses stratégies d’adaptation.
de l’événement, les ressources adéquates et les mécanismes d’adaptation adéquats. • Toute crise débute à un moment précis. Certains acteurs peuvent la déclencher (acteurs précipitants), y contribuer (acteurs contribuants), ou aider à la retarder, à la minimiser ou à l’éviter (acteurs de protection).
• Les quatre phases dans le processus d’évolution d’une crise selon Caplan constituent la base des modèles d’intervention.
• La crise perturbe l’homéostasie de la personne. Après deux mois peut s’installer l’allostasie, c’estàdire un état de ragilité chronique, moins satisaisant que l’état dans lequel se trouvait la personne avant la crise.
• Le modèle d’Aguilera distingue les trois principaux acteurs de stabilisation ou compensatoires comme étant la perception réaliste
• Il existe trois types de crises : la crise psychosociale, la crise psychopathologique et la crise psychotraumatique.
• L’urgence d’ordre psychiatrique est une perturbation psychologique grave et soudaine qui se manieste par un comportement nécessitant une intervention immédiate afn d’éviter que les conséquences de ce comportement mettent la vie du client en danger ou nuisent à son bienêtre psychologique. • Les catastrophes sont des événe ments soudains, d’origine naturelle ou humaine, aux conséquences désastreuses pour une population. Les personnes ayant vécu une catas trophe traversent quatre phases psychologiques prévisibles, soit la phase héroïque, la phase de lune de miel, la phase de désillusion et la phase de reconstruction.
• Il y a trois catégories d’intervention infrmière en situation de crise : la prévention primaire, la prévention secondaire et la prévention tertiaire. • L’infrmière voit à procéder à la collecte des données afn de planifer des interventions appropriées et adaptées au client. • L’infrmière ait preuve de calme en tout temps et démontre une attitude empathique à l’égard du client dans ses interventions consistant à examiner avec lui les diérentes stratégies d’adaptation qu’il a déjà utilisées avec ou sans succès et à avoriser la mise en place de nouvelles stratégies.
Ressources VERSION COMPLÈTE ET DÉTAILLÉE
http://ortinashcheneliereca
Références Internet ORGANISMES ET ASSOCIATIONS Association canadienne pour la santé mentale (ACSM) wwwcmhaca/r > Santé mentale > Obtenir de l’aide > Soutien pour la amille et les soignants Groupe d’entraide pour un mieux-être (GEME) wwwgemeqcca Ligne de crise en santé mentale wwwcrisislineca Regroupement des services communautaires d’intervention de crise du Québec (RESCICQ) wwwcentredecriseca > Liste complète des centres Tel-Aide wwwtelaideorg
786
Partie 6
ORGANISMES GOUVERNEMENTAUX Agence de la santé publique du Canada (ASPC) wwwphacaspcgcca > Mesures et interventions d’urgence > Ser vices d’interventions d’urgence > Faire ace aux évènements stressants > Comment prendre soin de soi comme intervenant Ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) wwwmsssgouvqcca > Documentation > Publications > P > Plan d’action en santé mentale 20052010 – La orce des liens Organisation mondiale de la Santé (OMS) wwwwhoint/r > Situations d’urgence > Publications RÉFÉRENCES GÉNÉRALES eSantéMentale.ca wwwesantementaleca > Ressources en cas de crise ou d’urgence (par localité) Hôpital Louis-H. Laontaine – Institut universitaire en santé mentale wwwhlhlqcca
Interventions infrmières en situation de crise
> Santé mentale > Ressources > Ressources en cas d’urgence > Santé mentale > Ressources > Centres de crise et d’écoute > Partenaires et publications > Fusillade au Collège Dawson Impacts psychologiques Infrmiers.com wwwinfrmierscom > Étudiants en IFSI > Cours > Semestre 5 > Névrose d’angoisse Ordre des infrmières et infrmiers du Québec (OIIQ) wwwoiiqorg > Formation continue > Formation OIIQ > Formation continue OIIQ > Formation > Intervention de base en situation de crise PasseportSanté.net wwwpasseportsantenet > À vous la parole > Groupes de soutien
Monographies Aguilera, DC (2005) Intervention en situation de crise : théorie et méthodologie. Paris : Masson
Archambault, J, & Des Groseillers, C (1997) Intervention rapide et intensive en amont en situation d’urgence et de crise. Montréal : Les Centres jeunesse de Montréal, Direction des services territoriaux Brillon, P (2011a) Comment aider les vic times sourant de stress posttraumatique. Montréal : Éditions Québecor Brillon, P (2011b) Se relever d’un traumatisme : réapprendre à vivre et à aire confance. Guide à l’intention des victimes Montréal : Éditions Québecor Séguin, M, Brunet, A, & LeBlanc, L (2012) Intervention en situation de crise et contexte traumatique (2e éd) Montréal : Gaëtan Morin Éditeur
Articles, rapports et autres Agence de la santé et des services sociaux de Montréal (2009) La transormation des services en santé mentale. Les services de crise et d’urgence psychiatrique pour adultes. Brabant, C (1998) Crise du verglas au Québec : les infrmières étaient au poste L’infrmière du Québec, 5(4), 1820 Ferreri, F, Agbokou, C, Peretti, CS, & Ferreri, M (2011) Psychotraumatismes majeurs : état de stress aigu et états de stress posttraumatique Encyclopédie médicochirurgicale (tome 3), 37329A11
Hurst, R (2011) Un travail d’équipe Infrmière canadienne, 12(8), 1416 Michalopoulos, H, & Michalopoulos, A (2009) Crisis counselling : Be prepared to intervene Nursing, 39 (9), 4750
Multimédia Tout perdu wwwcanalutv > Les producteurs > CanalU/Médecine > Psychiatrie > Film > Tout perdu
27
Chapitre 27 Situation de crise
787
chapitre
Suicide
Écrit par : Marjorie Montreuil, inf., M. Sc. (A) Catherine Pugnaire Gros, inf., M. Sc. (A) D’après un texte de : Pamela E. Marcus, RN, APRN/PMHBC
Guide d’études – SA12
OBJECTIFS
Après avoir étudié ce chapitre, vous devriez être en mesure : ■
■
d’expliquer les facteurs biologiques, environnementaux, psychologiques et sociologiques du suicide ; de reconnaître les groupes vulnérables au suicide en fonction de certaines variables comme l’âge, le genre et le statut social ;
788
Partie 6
■
de reconnaître les facteurs associés au suicide ;
■
d’expliquer la nature du processus suicidaire ;
■
de déterminer les principaux élé ments de la collecte des données sur les facteurs de risque et de protection au suicide ;
Interventions infrmières en situation de crise
■
■
d’appliquer la démarche de soins en partenariat avec les personnes à risque de suicide et leurs proches ; d’élaborer un plan de soins et de traitements infirmiers avec une personne suicidaire.
Concepts clés
Cette carte conceptuelle illustre schématiquement les principaux concepts décrits dans le présent chapitre. Sa lecture vous permettra d’avoir une vue d’ensemble des notions qui y sont présentées.
au Québec
intervenir suppose
est
causé par
associé à
facteurs associés
28
Chapitre 28 Suicide
789
PORTRAIT Jean Boudreau Jean Boudreau, un comptable âgé de 31 ans, est en arrêt de travail depuis huit mois. Il est hospita lisé depuis une semaine pour le traitement d’un trouble dépressi dont les premières maniestations remontent à la période de ses études collégiales. Malgré ce trouble, il a obtenu son diplôme avec mention d’hon neur, ait des études supérieures et réussi son examen de comptable agréé. Il y a une dizaine de mois, monsieur Boudreau a été traité pour un trouble obsessionnel compulsi, au moment où il a commencé à connaître des ennuis avec son superviseur. Plu sieurs clients du cabinet se plaignaient du ait qu’il avait de la diculté soit à leur remettre les ormulaires d’impôt remplis, soit à déposer les demandes de prolongation nécessaires, et ce, dans les délais impartis. Le traitement par la paroxétine (Paxilmd) a soulagé monsieur Boudreau de ses comportements compulsis de calcul et de vérication, mais il passe maintenant son temps à ruminer des pensées suicidaires. Monsieur Boudreau projette de mourir d’un accident de la route, mais il hésite, car il ne veut pas compromettre le droit de sa amille à bénécier de l’indem nité de sa police d’assurance en cas de décès par accident. Après avoir avoué son plan de suicide à l’inrmière au cours d’une évaluation de suivi, monsieur Boudreau a été hospitalisé pour éviter qu’il ne s’enlève la vie et pour lui pro diguer les soins nécessaires à son rétablissement.
28.1
Caractéristiques générales
L’humain est le seul être vivant reconnu comme ayant la capacité de mettre n consciemment à ses jours. Comme le mentionne Albert Camus : « Il n’y a qu’un problème philosophique vraiment sérieux : c’est le suicide. Juger que la vie vaut ou ne vaut pas la peine d’être vécue, c’est répondre à la question ondamentale de la philosophie » (Camus, 1965). Cette capacité de l’être humain de pouvoir décider en toute conscience du moment de sa mort rend ce phénomène particulièrement complexe.
11 Les liens entre le dérègle ment de l’axe hypothalamo hypophysosurrénalien et la dépression sont explici tés dans le chapitre 11, Troubles de l’humeur.
790
Partie 6
Dans plusieurs cas, le suicide est une réaction de la personne à une sourance qu’elle ne peut tolérer. Les sentiments à la base de cette sourance peuvent être le désespoir, la solitude, l’inutilité ou l’abandon. Les raisons qu’évoque la personne suicidaire de vou loir mourir peuvent sembler utiles ; cependant, pour elle, la sourance vécue est réelle et insupportable (Institut de recherche en santé du Canada, 2012). Il peut être dicile pour l’inrmière de savoir com ment intervenir auprès d’une personne suicidaire qui se trouve dans un tel état de vulnérabilité,
Interventions infrmières en situation de crise
d’autant plus qu’elle peut être appelée à le aire dans tous les milieux de pratique, de açon imprévisible. Une écoute attentive empreinte de respect est à la base de la relation d’aide avec la personne suicidaire. Lui dire que « tout ira mieux demain » n’est pas une réponse adéquate. Parler ouvertement du suicide avec la personne permet de reconnaître et d’aborder la sou rance qu’elle vit et ouvre la porte à l’exploration d’autres possibilités que le suicide pour s’en libérer.
28.2
Étiologie
Le suicide est un phénomène complexe qui im plique de multiples aspects de la santé. Aucune explication à elle seule n’est susamment complète pour bien comprendre pourquoi une personne adopte des pensées et des comportements suici daires. Le recours à une approche clinique holis tique qui combine diérentes écoles de pensée est recommandé. Les soins inrmiers oerts aux per sonnes suicidaires et à leurs amilles devraient donc considérer diverses approches qui prennent en compte les multiples dimensions de la santé (Lafamme, 2007). Les théories biologiques, envi ronnementales, psychologiques ainsi que la théorie sociologique sont présentées ici.
28.2.1
Théories biologiques et environnementales
La recherche biologique constitue une approche pour comprendre les acteurs du suicide. Elle révèle des associations possibles entre la physiologie, la génétique, l’environnement et le suicide, mais n’établit pas de lien direct de cause à eet.
Neurotransmission et dérèglement neuroendocrinien La sérotonine joue un rôle majeur dans la régulation de l’humeur et l’apparition d’épisodes dépressis ou suicidaires (Pompili, Serani, Innamorati et al., 2010). En ait, la très grande majorité des personnes qui se sont suicidées montraient des taux de séro tonine plus bas que la normale dans diverses par ties du cerveau (Institut de recherche en santé du Canada, 2012). Le cortisol, une des hormones prin cipales liées au stress, pourrait également jouer un rôle important dans le processus suicidaire par son eet sur l’axe hypothalamohypophysosurrénalien (Brent, Melhen, Ferrell et al., 2010 ; Pompili et al., 2010) 11 . Malheureusement, il n’existe aucun médicament capable d’infuer sur le comportement suicidaire. Cependant, les produits qui régulent le taux de la sérotonine, par exemple les inhibiteurs sélectis du recaptage de la sérotonine, sont e caces dans le traitement des troubles de l’humeur qui accompagnent souvent les idées suicidaires (Barbui, Esposito & Cipriani, 2009).
Épigénétique L’épigénétique est la science qui étudie l’infuence des expériences de la vie sur l’expression des gènes. Autrement dit, elle étudie comment les interactions quotidiennes d’une personne infuent sur le onction nement génétique de son organisme. Ainsi, les expé riences vécues sur le plan physique, biologique, psychosocial et environnemental jouent un rôle impor tant sur le développement, le onctionnement et le comportement de la personne, incluant sa santé men tale et physique (Turecki, Ernst, Jollant et al., 2012). Les recherches portant sur l’épigénétique révè lent des altérations neurobiologiques dans le cer veau des personnes qui se sont suicidées et qui ont vécu des relations humaines traumatiques pendant leur enance. Ces changements cérébraux dus aux expériences de vie traumatiques sont liés à une plus grande susceptibilité à l’anxiété, à la dépression et au suicide (McGowan, Sasaki, D’Alessio et al., 2009). Il a également été démontré que des expé riences de vie positives peuvent modier l’expres sion génétique de manière à améliorer la santé. Ainsi, dans une expérience menée en laboratoire, les ratons qui avaient reçu beaucoup de soins mater nels (p. ex., le léchage maternel réquent) étaient notablement plus calmes et moins stressés que ceux dont les mères n’avaient pas été aussi attentionnées. Par la suite, en jumelant ces ratons à des mères plus aectueuses, les chercheurs ont pu modier le prol de stress chez les ratons « malaimés », changement qui leur permettait de se développer normalement (Weaver, Cervoni, Champagne et al., 2004). Ces connaissances permettent de souligner les eets thérapeutiques qu’une relation sociale positive peut apporter chez la personne à risque de suicide.
28.2.2
suicidaires. Le TABLEAU 28.1 présente brièvement quatre de ces théories.
28.2.3
Théorie sociologique
Le sociologue Émile Durkheim a classé les aspects sociaux et culturels du suicide en diérents sous types (Durkheim, 1951) TABLEAU 28.2. Ces catégories peuvent aider l’inrmière à comprendre les raisons qui poussent une personne à vouloir se suicider et à
TABLEAU 28.1
Théories et acteurs psychologiques de suicide
THÉORIE
FACTEUR DE SUICIDE
Théorie psychodynamique
La dépression résulterait de la perte d’un objet d’amour signicati entraînant des sentiments d’impuissance, de désespoir, de culpabilité et de perte de l’estime de soi. Le suicide constituerait une açon de se délivrer de la sou rance inhérente à ces sentiments (Morasz & Danet, 2008).
Théorie interpersonnelle
Les personnes ne pourraient jamais vraiment se soustraire à l’interaction avec leurs proches au cours de leur existence (Sullivan, 1931). Par conséquent, le suicide devrait être inter prété sur la base de la perception que la personne a de ses proches. Le suicide mettrait en évidence l’incapacité à ré soudre des confits interpersonnels (Sullivan, 1956).
Théorie cognitive
Le suicide serait le résultat d’une incapacité à gérer les situa tions particulièrement diciles de la vie. La personne, ne voyant plus d’espoir en sa capacité à trouver des solutions, commet alors un acte suicidaire (Wenzel, Brown & Beck, 2009).
Théorie de l’apprentissage social
Le suicide résulterait d’une accumulation d’événements désa gréables. Le ait de diminuer le nombre d’événements désagréa bles vécus par la personne suicidaire et d’augmenter celui des événements agréables réduirait le risque de suicide (Chiles & Strosahl, 2005).
Théories psychologiques
Diverses théories provenant de la psychologie ten tent d’expliquer les idées et les comportements
TABLEAU 28.2
Classifcation des sous-types de suicide selon Durkheim
SOUS-TYPE
DESCRIPTION
EXEMPLES DE FACTEURS
Anomique
Acte d’autodestruction eectué par des personnes qui ressentent une dégradation du lien avec leur réseau social.
• Un divorce
Égoïste
Mort autoinfigée de personnes qui ne sont pas adéquatement intégrées socialement.
• L’isolement d’une personne âgée visàvis de son entourage
Altruiste
Décision ondée sur l’adhésion aux objectis d’un groupe plutôt que sur les intérêts de la personne.
• Les attentatssuicides du 11 septembre 2001 aux ÉtatsUnis
Fataliste
Fruit d’une société où la personne ploie sous un excès de réglementation et perd la maîtrise de sa propre destinée.
• Le reus d’admission dans le programme qu’un étudiant convoitait depuis des années, en raison d’un échec à un examen important
• Une perte d’emploi
28
Source : Adapté de Durkheim (1951) Chapitre 28 Suicide
791
Jugement clinique Daniel Courtemanche est âgé de 34 ans. Sa conjointe est décédée il y a un mois à la suite d’un grave acci dent de voiture alors qu’il conduisait avec des acul tés aaiblies par l’alcool. Il lui avait ait une crise de jalousie au cours d’une soirée chez des amis et avait même menacé de la rapper. Depuis le tragique évé nement, monsieur Courtemanche ne cesse de répéter que tout est arrivé par sa aute et dit qu’il s’en voudra pour le reste de sa vie. « Je ne mérite pas de vivre. J’ai tué l’amour de ma vie à cause d’une bêtise », ajoute til, inconsolable. Quels acteurs rendent monsieur Courtemanche à risque de mettre n à ses jours ?
28.3
Delphine Sagard s’est suicidée à l’âge de 22 ans. De puis son enance, elle désirait devenir inrmière. Elle a toujours éprouvé des dicultés à l’école (dyslexie, dicultés de concentration), mais elle était détermi née à réaliser son rêve et ne comptait pas les heures d’étude. Malgré quelques échecs, elle travaillait encore plus ort pour réussir. Malheureusement, elle a échoué trois ois l’avantdernier stage du programme, et la po litique de la maison d’enseignement stipule qu’après trois échecs d’un même stage, une étudiante ne peut poursuivre son programme d’études. C’est pour cette raison que madame Sagard a mis n à sa vie. Quels acteurs permettent de comprendre le geste de madame Sagard ?
Les facteurs associés au suicide chez les adoles cents sont détaillés dans le chapitre 25, Enfants et adolescents.
L’ENCADRÉ 28.1 résume les divers facteurs biologiques, environnementaux, psycho logiques et sociologiques de suicide.
Épidémiologie
Jugement clinique
25
personnaliser ses interven tions en conséquence. L’in firmière procède à l’évalua tion et aux interventions en gardant ces données en tête. Par exemple, si une personne veut se suicider en raison d’un isolement social (soustype égoïste), la participation à des activités de groupe pourrait être envisagée, selon le désir de la personne.
ENCADRÉ 28.1
En 2009, 1 068 personnes sont mortes à la suite d’un suicide au Québec, dont 830 hommes, 233 femmes et 5 personnes dont le sexe était inconnu (Gagné, Légaré, Perron et al., 2011). De 1998 à 2008, le taux de suicide dans la province a chuté de près de 4 % par année (Gagné & StLaurent, 2010). La diminution la plus importante a été enregistrée chez les ado lescents (1519 ans), avec une baisse annuelle moyenne d’en viron 12 % (Gagné & StLaurent, 2010). Cette réduction du taux
FACTEURS BIOLOGIQUES ET ENVIRONNEMENTAUX
• Près de 95 % des personnes qui se sont suicidées montraient des déciences en sérotonine dans diverses parties de leur cerveau (Institut de recherche en santé du Canada, 2012).
• Les variations dans l’expression de certains gènes pourraient expliquer les diérences de réponse au stress des personnes suicidaires par rapport aux personnes non suicidaires (Sequeira, Morgan, Walsh et al., 2012). FACTEURS PSYCHOLOGIQUES
• La présence de sentiments d’impuissance, de déses poir, de culpabilité, de perte de l’estime de soi et de
Partie 6
28.3.1
Hommes
Les statistiques canadiennes révèlent que les taux de suicide sont de trois à quatre fois plus élevés chez les hommes que chez les femmes (Gagné & StLaurent, 2010 ; Lane, Archambault, Collins Poulette et al., 2010). Cet écart selon le genre est encore plus marqué au Québec que dans le reste du Canada (Gagné & StLaurent, 2010). Certaines hypo thèses ont été avancées pour expliquer cette diffé rence. Par exemple, les hommes emploient des moyens létaux plus radicaux que les femmes, le suicide est plus accepté socialement chez les hommes et les hommes sont moins enclins à deman der de l’aide (Chagnon, Vrakas, Bardon et al., 2008 ; Lane et al., 2010).
28.3.2
Jeunes de 15 à 24 ans
La deuxième cause de décès chez les 1524 ans est le suicide (MSSS, 2010b). Les diverses transitions vécues à ces âges et le stress qui y est rattaché expli queraient cette réalité (Lane et al., 2010). De plus, les jeunes sont plus à risque d’avoir certains troubles mentaux, particulièrement un trouble dépressif, que le reste de la population (Monk & Samra, 2007). Pour prévenir le suicide chez les jeunes, il est important d’en comprendre les causes possibles et de dépister la présence de troubles mentaux, d’abus de drogues et d’alcool 25 . Le risque est
Facteurs étiologiques du suicide
• Le cortisol, en raison de son lien étroit avec les réactions de stress, joue un rôle dans le processus suicidaire (Brent et al., 2010 ; Pompili et al., 2010).
792
de suicide est encourageante, mais le Québec reste la province détenant un des taux de mortalité par sui cide les plus élevés au Canada et l’un des plus impor tants des pays industrialisés (ministère de la Santé et des Services sociaux [MSSS], 2010a). Le suicide est un problème de santé publique important au Québec ENCADRÉ 28.2.
Interventions infrmières en situation de crise
négativisme pourrait être la cause du suicide (Morasz & Danet, 2008). • Le suicide mettrait en évidence l’incapacité à résoudre des confits interpersonnels (Sullivan, 1956). • La personne suicidaire pourrait retrouver espoir en l’avenir si elle voit diminuer le nombre d’événements désagréa bles et augmenter celui des événements agréables qu’elle vit (Chiles & Strosahl, 2005). FACTEURS SOCIOLOGIQUES
• Une personne dont le réseau social est limité aura plus de dicultés à trouver quelqu’un avec qui partager sa sourance qu’une personne bien entourée. Ainsi, l’intégration sociale serait une composante nécessaire à la compréhension du suicide (Institut de recherche en santé du Canada, 2012).
ENCADRÉ 28.2
CONSEIL CLINIQUE
Épidémiologie du suicide au Québec
Au Québec, environ trois personnes meurent par suicide chaque jour, et huit sont hospitalisées pour avoir tenté de se suicider (MSSS, 2012). De plus, 1 personne sur 10 afrme avoir pensé sérieusement au suicide pendant sa vie (MSSS, 2012).
CONTEXTE SOCIOÉCONOMIQUE ET FAMILIAL
GENRE, ÂGE ET APPARTENANCE ETHNIQUE
• Les adultes vivant seuls ou ayant la charge d’une amille monoparentale sont plus à risque d’avoir des idées suici daires sérieuses que ceux vivant en couple (MSSS, 2012).
• Sur les 1 068 suicides accomplis au Québec en 2009, la majorité (830) s’est produite chez les hommes (Gagné et al., 2011). • Chez les hommes âgés de moins de 35 ans, plus du tiers des décès est attribuable au suicide (Gagné & StLaurent, 2010). • Les hommes âgés de 15 à 24 ans représentent le groupe qui afrme avoir le plus souvent eu des idées suicidaires sérieuses (MSSS, 2012). • Les hommes âgés de 35 à 64 ans ont le taux le plus élevé de mortalité par suicide (Gagné et al., 2011). • Environ la moitié des personnes qui ont rapporté avoir pensé au suicide ont consulté un proessionnel de la santé pour la présence d’idées suicidaires (MSSS, 2012). • Les emmes consultent plus que les hommes relativement au suicide (60% contre 43 %) (MSSS, 2012). • Une personne autochtone est de deux à trois ois plus à risque de suicide qu’une personne non autochtone (Gagné & StLaurent, 2010; Lane et al., 2010).
accru si la personne a des dicultés à interagir avec ses pairs. Cela inclut l’intimidation, la rupture d’une relation importante, une grossesse, l’obésité et le sentiment d’isolement. Les adolescents cou rent des risques accrus s’il y a confit au sein de la amille ou s’ils s’en sentent exclus. Le décès par suicide d’un pair augmente également la probabilité de tentatives de suicide (Goldston, Molock, Whitbeck et al., 2008 ; King, O’Mara, Hayward et al., 2009 ; Lenz, Coderre, Watanabe et al., 2009). Les réseaux sociaux seraient aussi des acteurs possibles de la dépression et du suicide chez les ado lescents, qui peuvent être vulnérables à la cyberinti midation et aux autres messages négatis pouvant y être véhiculés (O’Keee & ClarkePearson, 2011).
28.3.3
Personnes âgées de 65 ans et plus
Il y aurait une plus grande vulnérabilité au suicide chez les personnes de ce groupe d’âge, qui s’expli
• Une personne sur trois ayant un revenu parmi les plus aibles au Québec présente un degré élevé de détresse psychologique. En comparaison, chez les personnes plus aisées, cette proportion est de une sur sept (MSSS, 2012).
L’infrmière porte une attention particulière aux hommes en raison de leur vulnérabilité au suicide. L’estimation du risque de suicide et les interventions doivent être adaptées à cette population.
• Les enants qui ont été exposés à des abus et à de la violence physique ou sexuelle sont plus vulnérables au suicide (Séguin, Renaud, Lesage et al., 2011). COMORBIDITÉS
• Les personnes qui considèrent leur état de santé phy sique et mentale comme étant passable ou mauvais sont environ cinq ois plus à risque d’avoir des idées suicidaires sérieuses que celles qui jugent leur santé comme excellente ou très bonne (MSSS, 2012). • Une personne ayant un trouble mental a un risque de suicide 12 ois plus élevé qu’une personne ne sourant pas d’un tel trouble (Cavanagh, Carson, Sharpe et al., 2003). • Environ 90 % des personnes qui se sont suicidées avaient un trouble mental (Cavanagh et al., 2003). • Les troubles mentaux les plus ortement associés au suicide sont : − les troubles de l’humeur (en particulier le trouble dépressi majeur) ; − les troubles psychotiques; − les troubles liés à l’abus de substances (Cavanagh et al., 2003).
querait par les nombreux deuils qu’elles vivent et par le recours à des méthodes hautement létales (World Health Organization [WHO], 2002) 26 . Cependant, au Québec, les personnes âgées sem blent aire gure d’exceptions, avec un taux de sui cide nettement inérieur au reste de la moyenne canadienne. En ait, la proportion de mortalité par suicide dans l’ensemble des décès au Québec est de seulement 0,5 % chez les hommes âgés de 65 ans et plus et de 0,1 % chez les emmes de ce groupe (Gagné & StLaurent, 2010). Il est cependant im portant de souligner que les taux ociels de sui cide chez les personnes âgées seraient inérieurs aux taux réels, car moins d’enquêtes sont eectuées pour déterminer les causes de décès dans cette population (Mishara, 1997).
28.3.4
26 Les facteurs de risque associés au suicide chez les personnes âgées sont détaillés dans le chapitre 26, Personnes âgées.
Populations autochtones
28
Une personne autochtone est de deux à trois ois plus à risque de suicide qu’une personne non autochtone (Gagné & StLaurent, 2010 ; Lane et al., Chapitre 28 Suicide
793
Visionnez la vidéo Trouble dépressif majeur et abus de substance au http://fortinash. cheneliere.ca.
étaient atteintes de plus 2010). La pauvreté, un Le trouble mental le plus souvent associé d’un trouble mental, et taux de chômage élevé, au suicide est le trouble dépressif majeur. des conditions de vie di qu’environ 38 % d’entre fciles, un stress culturel et elles avaient un problème un taux d’alcoolisme et de toxicomanie élevé sont d’abus de substance en plus d’un trouble mental associés à la plus grande vulnérabilité de ce groupe (Cavanagh et al., 2003) . social (Lane et al., 2010). Divers acteurs pourraient expliquer ce risque accru de suicide, notamment la 28.3.7 Personnes ayant un problème présence de traumatismes historiques et sociocultu de dépendance rels qui perturbent l’acquisition d’un sentiment La dépendance à l’alcool et les comportements sui d’appartenance culturelle (Niezen, 2009). cidaires seraient liés (Lane et al., 2010) FIGURE 28.1. Au Québec, il a été estimé que plus de 25 % des 28.3.5 Personnes homosexuelles, personnes qui décèdent par suicide avaient une dépendance à l’alcool (Tousignant & Fayette, 1997). bisexuelles ou transsexuelles Une personne ayant une dépendance à l’alcool a Parmi les personnes homosexuelles, bisexuelles ou un risque de suicide six ois plus élevé qu’une per transsexuelles, 46 % ont commis au moins une ten sonne n’ayant pas une telle dépendance (Monk & tative de suicide dans leur vie (Monk & Samra, Samra, 2007). La consommation d’alcool ne serait 2007). Ces personnes sont donc plus vulnérables au pas la cause directe du suicide. Elle agirait plutôt suicide que la moyenne de la population (Lane et al., comme catalyseur en raison de son association ré 2010). Certaines hypothèses ont été ormulées pour quente avec une désafliation sociale. La personne expliquer cette situation, entre autres, une tendance serait alors en situation d’isolement et de vulnéra plus marquée à la consommation de substances psy bilité (Tousignant & Fayette, 1997). La consomma chotropes, une plus grande vulnérabilité à la dépres tion de substances illicites et la dépendance au jeu sion et une susceptibilité accrue d’être rejeté par les sont aussi liées à un risque de suicide accru, notam proches ou la société (Monk & Samra, 2007). ment en raison de l’isolement social associé à ces comportements (Zangeneh & Hason, 2006).
28.3.6
Personnes ayant un trouble mental
Il est estimé que jusqu’à 90 % des personnes mortes par suicide avaient un trouble mental (Cavanagh et al., 2003). Le trouble mental le plus souvent associé au suicide est le trouble dépressi majeur : plus du tiers des personnes ayant un diagnostic de trouble dépressi majeur décèdent par suicide (Cavanagh et al., 2003). Les personnes atteintes d’un trouble de la per sonnalité limite sont également plus vulnérables au suicide, en raison d’une plus grande impulsivité et d’une instabilité aective (Lane et al., 2010 ; Oldham, 2006). De même, les personnes ayant reçu un diagnostic de schizophrénie ont une très grande vulnérabilité au suicide : de 20 à 42 % de ces per sonnes tentent de mettre fn à leurs jours (Lane et al., 2010). Enfn, la possibilité du passage à l’acte suicidaire chez les personnes atteintes d’un trouble panique, d’un trouble obsessionnelcompulsi et de phobies est réelle. Une évaluation du risque de sui cide est nécessaire chez ces personnes, en particu lier chez celles ayant également des troubles de l’humeur, qui peuvent être à risque de aire une tentative de suicide au cours d’un épisode dépressi (Katz, Yaseen, Motjabai et al., 2011). Les personnes atteintes de plusieurs troubles mentaux (c.àd. comorbides) sont d’ailleurs plus vulnérables au suicide. Il est estimé que de 21 à 81 % des personnes qui décèdent par suicide
794
Partie 6
Interventions infrmières en situation de crise
28.3.8
Personnes ayant un problème de santé physique
Les idées suicidaires peuvent apparaître lorsqu’une personne se sent désespérée en raison de problèmes de santé. Par exemple, une personne ayant ait une crise cardiaque est beaucoup plus à risque de mou rir par suicide dans le mois qui suit l’événement que le reste de la population, et le risque de suicide demeure plus élevé plus de cinq ans après la crise cardiaque (Larsen, Agerbo, Christensen et al., 2010). Le risque de suicide est également accru chez les personnes recevant un diagnostic de cancer
FIGURE 28.1
La dépendance à une substance est liée à un risque élevé de suicide.
que dans le reste de la population, particulièrement dans les premiers mois suivant cette annonce (Hem, Loge, Haldorsen et al., 2004). Il est donc essentiel d’évaluer le risque de suicide chez les personnes ayant des problèmes de santé physique. En cas de comorbidité de la dépression et d’une aection médicale (p. ex., une coronaropathie avan cée), la personne atteinte sourirait presque deux ois plus de la perte de onction sociale que lorsque l’une ou l’autre de ces aections est présente seule. Le risque de suicide serait également accru dans le cas où plusieurs aections coexistent (Kjølseth, Ekeberg & Steihaug, 2010 ; Macdonald, 2010). Il est important d’évaluer la personne qui se présente avec un problème médical an de déceler les signes et les symptômes de dépression. Les problèmes de santé physique s’ajoutent parois à la douleur émo tionnelle que ressentent les personnes suicidaires et peuvent contribuer à leur décision de mettre n à leurs jours. L’inrmière joue un rôle essentiel en évaluant la personne an de déceler la dépression et la présence d’idées suicidaires en milieu médical, chirurgical, communautaire et autres. En interve nant et en alertant l’équipe interdisciplinaire, elle contribue à prévenir les tentatives de suicide et les décès.
28.4
Description clinique
Avant tout, la connaissance du vocabulaire lié au suicide permet d’eectuer une évaluation in irmière adéquate d’une personne suicidaire TABLEAU 28.3. Cette évaluation devrait notamment tenir compte de la présence d’idées suicidaires, de tentatives de suicide antérieures et de la dangerosité du passage à l’acte.
28.4.1
Processus de la crise suicidaire
Divers modèles tentent d’expliquer l’aboutisse ment à une crise suicidaire. L’Ordre des inr mières et inrmiers du Québec (OIIQ) privilégie le modèle ondé sur le processus de la crise sui cidaire. Dans ce modèle, une tentative de suicide résulte d’une situation stressante à laquelle la per sonne n’a pas su trouver les stratégies et le soutien social nécessaires pour s’adapter (Lafamme, 2007). En d’autres termes, la personne qui tente de se suicider a été incapable de trouver d’autres solu tions que cet acte pour diminuer sa sourance. Devant une situation stressante, la personne cherche d’abord activement des solutions (p. ex., des stra tégies d’adaptation, du soutien social) pour
retrouver l’équilibre. Elle est alors dans une situation de vulnérabilité, mais qui n’aboutira pas à des idées suicidaires si des solutions sont trouvées. Si les diverses solutions envisagées ne permettent pas à la per sonne de retrouver un équi libre, le suicide peut devenir envisageable comme une option possible pour se libérer de sa sourance (Lafamme, 2007).
Jugement clinique Angélique StAmour, âgée de 45 ans, ait de l’asthme depuis l’âge de 13 ans, en plus d’avoir le diabète de type 1 et de sourir de lupus érythémateux disséminé avec atteinte rénale. Elle est hospitalisée pour un can cer du sein gauche en phase terminale. Elle soure beaucoup. Elle n’est pas croyante et, découragée, dit que la vie ne vaut plus la peine d’être vécue dans l’état où elle est. Elle demande à retourner chez elle, car elle sait comment mettre fn à ses jours. Que pensezvous de l’intention de madame StAmour ?
Le processus de la crise suicidaire est décrit comme ayant lieu en étapes progressives, mais une personne peut passer au travers de ce pro cessus rapidement, sauter une étape ou revenir à une étape précédente (Lafamme, 2007). Par exemple, chez les jeunes, le suicide se produirait de açon beaucoup plus subite, particulièrement au cours d’un premier épisode dépressi majeur (Chagnon, Houle & Renaud, 2002). C’est aussi le cas chez les personnes ayant un problème de jeu pathologique, qui ne maniestent pas de signes avant coureurs dans 65 % des cas de suicide (Bourget, Gagné, Ward et al., 2001). Aussi, lorsqu’une personne est de nature impulsive ou vit des situations particulièrement stressantes (p. ex., une rupture amoureuse), le passage à l’acte peut se aire très rapidement (Lafamme, 2007). Ce modèle est donc utile pour comprendre comment une personne peut arriver à aire une tentative de suicide, mais ne doit pas être employé seul pour estimer la dangerosité du passage à l’acte. D’autres acteurs doivent être considérés dans cette estimation.
28.4.2
Facteurs associés au suicide
Le suicide est un phénomène complexe associé à la sourance et au désespoir. Il résulterait de l’in teraction de plusieurs acteurs liés à la personne, à ses proches, à son milieu de travail ou d’éducation, à sa communauté, ainsi qu’à la culture, à la société et à l’environnement qui l’entourent (Lafamme, 2007). Dans chacune de ces sphères, divers acteurs peuvent contribuer à augmenter ou à diminuer le risque qu’une personne tente de se suicider. Plus précisément, quatre types de acteurs ont été recon nus comme pouvant infuer sur le taux de suicide : les facteurs prédisposants, les facteurs contribuants, les facteurs précipitants et les facteurs de protection TABLEAU 28.4. En agissant pour dimi nuer l’impact des acteurs de risque et optimiser l’eet des acteurs de protection, l’inrmière peut intervenir dans le processus de la crise suicidaire (Lafamme, 2007).
28
Chapitre 28 Suicide
795
Terminologie du suicide
TABLEAU 28.3 CONCEPT
DÉFINITION
EXPLICATION/EXEMPLES
Suicide
Mort causée de açon intentionnelle par soimême
• L’intention signie que la personne a la volonté de se tuer. Elle diérencie un décès par suicide d’une mort causée de açon accidentelle par soimême. • La pendaison, la strangulation et la suocation sont les moyens de suicide les plus réquents au Québec (Gagné & StLaurent, 2010).
Tentative de suicide
Acte intentionnel ait par une personne dans le but de se tuer, cet acte n’aboutissant pas toujours à la mort
• Une personne s’est infigée des coupures aux poignets, qui n’ont pas mené à la mort.
Idées suicidaires
Idées sérieuses d’en nir avec la vie
• Une personne peut penser en ces termes : − « Je veux mourir. » − « Vous seriez beaucoup mieux sans moi. »
Signes avantcoureurs
Indices par lesquels la personne manieste sa détresse N.B. : Ces signes ne sont pas exclusis à une crise suicidaire, mais constituent des signaux d’alarme pour les proches et les intervenants.
• Il existe deux types de signes avantcoureurs : − les messages verbaux qui peuvent être des propos directs tels que « Je veux mourir » ou des propos indirects tels que « Vous seriez bien mieux sans moi » ; − les maniestations comportementales qui soulignent un changement dans le comportement de la personne (p. ex., une baisse des résultats scolaires, la consommation de drogues et d’alcool, une perte d’intérêt pour les activités et un repli sur soi).
Processus suicidaire
Ensemble des étapes que peut ranchir une personne et pouvant la mener à s’enle ver la vie intentionnellement
• Le processus suicidaire est décrit en détail dans la soussection suivante.
Dangerosité du passage à l’acte
Niveau de danger qu’une personne entre prenne un acte suicidaire
• L’estimation de la dangerosité du passage à l’acte tient compte des paramètres suivants : − l’urgence suicidaire ; − les acteurs associés.
Urgence suicidaire
Probabilité d’un passage à l’acte suicidaire dans les 48 prochaines heures, compte tenu de la létalité du plan envisagé (c.àd. le po tentiel d’entraîner la mort) et de l’accessibilité aux moyens
• La planication du suicide s’estime selon le COQ : Comment ? Où ? Quand ?
Probabilité qu’une personne se suicide au cours des deux prochaines années
• L’estimation se ait à partir de la présence de acteurs associés, notamment des acteurs prédisposants.
Risque de suicide
• Une personne s’est jetée devant le métro dans le but de mourir ; elle a subi de graves blessures.
• Exemple de plan déni : « Je vais me pendre dans ma chambre ce soir. » Le moyen, le lieu et le moment sont établis et accessibles, si la personne se trouve à la maison. • Exemple de plan vague : « Je pense souvent au suicide, mais je ne sais pas comment je me suiciderais ni à quel endroit. Je le erai quand j’en aurai assez. »
• Par exemple, une personne qui a des antécédents de tentatives de suicide, de violence physique, psychologique ou sexuelle et qui a vécu des abandons et des pertes précoces est à risque de suicide (Lafamme, 2007). Sources : Adapté de Daigle (2003) ; Lane et al. (2010) ; Mishara & Tousignant (2004)
Les acteurs de protection permettent à la per sonne d’envisager d’autres options que le suicide lorsqu’elle aronte des situations diciles. Ils représentent des leviers d’intervention pour aider la personne à reconnaître ses orces personnelles, ses aptitudes, ainsi que les ressources disponibles autour d’elle (Lafamme, 2007 ; Lane et al., 2010). En aidant la personne suicidaire à déterminer des acteurs de protection, l’inrmière peut contribuer à créer chez elle un désir de changement caractérisé
796
Partie 6
Interventions infrmières en situation de crise
notamment par une reprise d’espoir en ses capaci tés et par la reconnaissance de ressources disponi bles dans son milieu (Lane et al., 2010). En somme, la connaissance des acteurs associés au suicide permet à l’inrmière de détecter les personnes vul nérables et d’agir pour promouvoir les acteurs de protection an de prévenir une éventuelle crise suicidaire. Les activités de promotion des acteurs de protection peuvent être d’encourager l’adoption d’un mode de vie sain, de aciliter la mise sur pied
TABLEAU 28.4
Facteurs associés au suicide
TYPE DE FACTEURS
DÉFINITION
EXEMPLES
Facteurs prédisposants
Éléments provenant du passé de la personne et pouvant contribuer à la ragiliser
• Des antécédents de suicide dans la amille
Éléments qui augmentent la vulnérabilité de la personne
• La consommation excessive de drogues ou d’alcool
Facteurs contribuants
• L’isolement social • Les troubles mentaux
• L’instabilité amiliale Facteurs précipitants
Éléments déclencheurs de l’idée ou de l’acte suicidaire
• Une rupture amoureuse • La mort d’un proche • La perte d’un emploi • Des difcultés fnancières
Facteurs de protection
Éléments qui diminuent la vulnérabilité de la personne au suicide
• La présence d’un réseau de soutien social • L’optimisme quant à l’avenir • Le recours à des stratégies d’adaptation • Une bonne santé globale
Sources : Adapté de Lafamme (2007) ; Lane et al. (2010)
d’un réseau social ort et de avoriser la décou verte d’un sens à la vie (Lafamme, 2007).
28.4.3
Dangerosité du passage à l’acte
Pour estimer adéquatement la dangerosité du pas sage à l’acte, c’estàdire le niveau de danger qu’une personne entreprenne un acte suicidaire, plusieurs variables doivent être prises en considération. Tout d’abord, il est suggéré d’évaluer l’imminence du passage à l’acte ou l’urgence suicidaire – c’est àdire la probabilité qu’une personne adopte un comportement suicidaire dans les 48 prochaines heures (Lafamme 2007) –, la létalité du plan envi sagé et l’accessibilité aux moyens (Lane et al., 2010). La létalité du plan représente son potentiel d’entraîner la mort (p. ex., une personne qui plani e de se tuer avec une arme à eu a plus de risque d’y parvenir que celle qui veut prendre huit com primés d’acétaminophène [Tylenolmd]). Pour compléter l’estimation de la dangerosité du passage à l’acte, les acteurs de risque de suicide et les acteurs de protection doivent aussi être consi dérés (Lane et al., 2010). La prise en compte de ces divers éléments permet à l’inrmière de déterminer les interventions requises pour assurer la sécurité et le bienêtre de la personne TABLEAU 28.5. Dans certains cas précis, il peut être nécessaire de recourir à la Loi sur la protection des personnes dont l’état mental présente un danger pour elles mêmes ou pour autrui (L.R.Q., c. P38.001). Cette loi doit servir uniquement quand la sécurité de
la personne ou de son entourage est en danger et lorsque la personne reuse de se rendre au centre hos pitalier. Elle représente une mesure d’urgence d’exception qui permet de priver la personne de son droit de liberté pour l’hos pitaliser sans son consen tement de açon temporaire (Lane et al., 2010) 6 .
Jugement clinique Andrew Pearson est âgé de 36 ans. Il vit une relation amoureuse plutôt instable depuis six mois. Ce n’est pas un phénomène nouveau, car ses relations antérieures n’ont jamais duré plus de deux ans. Ses copines le quit taient en disant qu’il est un type narcissique et égoïste. Il a connu quelques difcultés fnancières, mais puis qu’il a un emploi stable, il a toujours réussi à payer ses dettes. Son père s’est suicidé alors qu’il avait cinq ans, mais il n’en garde que très peu de souvenirs. Quels sont les acteurs qui pourraient rendre monsieur Pearson plus vulnérable au suicide ?
Par exemple, si une personne s’apprête à attenter à sa vie et reuse catégoriquement d’aller au centre hospitalier, un proche ou un interve nant peut demander aux policiers d’amener cette personne contre son gré à l’établissement. Pour ce aire, il doit y avoir des motis sérieux qui laissent croire que son état mental représente un danger grave et immédiat pour sa sécurité ou pour celle de son entourage (Justice Québec, 2011). Si un médecin estime que cette personne représente en eet un risque grave et immédiat pour sa propre sécurité ou celle d’autrui, la per sonne pourra être placée en garde préventive au centre hospitalier pour une période maximale de 72 heures (Justice Québec, 2011). Une per sonne peut également être gardée de manière provisoire contre son gré dans un établissement an de subir une évaluation psychiatrique, si le tribunal l’autorise, à la suite de la demande d’un médecin ou d’un intéressé (Code civil du Québec, L.Q. 1991, c. 64).
6 Les enjeux des gardes préventive, provisoire et en établissement sont dé taillés dans le chapitre 6, Aspects éthiques et légaux de la pratique infrmière en santé mentale et en soins psychiatriques.
28
Chapitre 28 Suicide
797
Collecte des données
Estimation de la dangerosité du passage à l’acte
TABLEAU 28.5
FACTEURS À CONSIDÉRER
EXEMPLES DE QUESTIONS À POSER
Urgence suicidaire
• Planication à évaluer selon le COQ : − Comment prévoyezvous vous suicider ? Avezvous décidé d’un moyen pour vous suicider ? Attention, pour estimer le degré de dangerosité, il importe de considérer autant l’accessibilité aux moyens que la létalité du plan. − Où prévoyezvous mettre le plan à exécution ? − Quand comptezvous mettre le plan à exécution ? Cette dernière question permet d’évaluer l’imminence du passage à l’acte.
Idées et tentatives de suicide antérieures
• Avezvous déjà pensé mettre n à vos jours ? Y pensezvous souvent ? Actuellement, voulezvous mettre n à vos jours ? • Avezvous déjà tenté de mettre n à vos jours ? Si oui, quand, combien de ois et quels étaient les moyens utilisés ? Regrettezvous les gestes posés ou auriezvous prééré mourir ?
Condition mentale
• Comment vous sentezvous lorsque vous vous réveillez le matin ? • Comment vous sentezvous lorsque vous êtes en présence d’amis ou de membres de votre amille ? • Ces joursci, estce que vous réussissez à dormir et à manger ? • Avezvous assez d’énergie pour réaliser vos activités de la journée (p. ex., aire le ménage, aller au travail) ? • Avezvous vu un proessionnel de la santé dernièrement ? Avezvous un suivi médical ?
Consommation de drogues, d’alcool ou de médicaments
• Quelle est votre consommation de drogues ? • Quelle est votre consommation d’alcool ? • Prenezvous des médicaments ? Si oui, lesquels ?
Degré d’impulsivité
• Dans quelle mesure vous sentezvous capable de maîtriser vos actions ? • Avezvous parois l’impression d’agir trop vite, de ne pas réféchir assez avant de poser des gestes ?
Degré d’intentionnalité (c.àd. le degré d’ambivalence de la personne ace au suicide et sa capacité à envisager un avenir meilleur)
• Quelles sont les autres solutions que vous envisagez pour diminuer votre sourance ?
Qualité du réseau social
• Parlezmoi de vos proches.
• Parlezmoi d’une situation passée quand les choses allaient un peu moins mal. Qu’estce qui a ait que c’était moins pire que maintenant ? Comment pourriezvous transérer ce qui a ait que ça allait un peu mieux à la situation actuelle ? • Qui a déjà été présent pour vous quand les choses allaient moins bien ? • Nommez une personne qui pourrait vous aider à aller un peu moins mal.
Événements stressants potentiels qui pourraient accentuer la crise
• Qu’est-ce qui pourrait faire en sorte que ça aille moins bien ? • Prévoyez-vous une situation de stress ou une situation conictuelle prochainement ?
Sources : Adapté de Bazinet, Roy & Lavoie (2011) ; Lafamme, 2007 ; Lane et al. (2010)
Jugement clinique Marie Barbeau, célibataire âgée de 67 ans, est une personne qui parle d’elle acilement, qui se vante de ses exploits et de ses aventures amoureuses, de ses qualités de cuisinière et des nombreux voyages qu’elle a aits à l’étranger. Elle cherche à être le centre d’attraction lorsqu’elle rencontre des gens. Elle dit que si elle devient malade et impotente, elle se suicidera en se coupant les veines des poignets. Devriezvous croire qu’elle commettra eectivement l’acte suicidaire ?
798
Partie 6
28.4.4
Mythes concernant le suicide
En dépit des nombreuses études réalisées sur le sujet, des eorts massis déployés pour sensibiliser le public au phénomène suicidaire et de l’apport des groupes de revendication en matière de santé mentale, les mythes et les idées ausses circulent
Interventions infrmières en situation de crise
encore à ce sujet (Organisation mondiale de la Santé [OMS], 2006). Plusieurs mythes de longue date contribuent aux erreurs de jugement lorsque les inten tions suicidaires d’une personne sont évaluées et que des interventions sont mises en place TABLEAU 28.6. L’inrmière peut contribuer à remettre en question les mythes sur le suicide qui ont tendance à banaliser la détresse et la sourance des personnes en situation de crise. En aisant la promotion d’activités qui avo risent l’intégration sociale, le soutien et l’entraide, l’inrmière contribue à rappeler l’importance de la vie et la présence de ressources pour aider une per sonne qui aronte la sourance (Lafamme, 2007).
TABLEAU 28.6
Mythes et réalités concernant le suicide
MYTHE
RÉALITÉ
EXEMPLES/EXPLICATION
Les personnes qui parlent de suicide ne passent jamais à l’acte.
La plupart des personnes qui se sont suicidées avaient envoyé des messages verbaux ou comportementaux de leur intention (c.àd. des signes avantcoureurs) (OMS, 2006).
• Exemples de messages verbaux : − « Mes parents seraient mieux sans moi. » − « Il n’y a pas d’autres solutions, c’est ni pour moi. » − « Ce sera bientôt la n de mes problèmes. » (Lafamme, 2007) • Exemples de maniestations comportementales : − Fatigue ou insomnie − Irritabilité − Isolement social − Perte d’intérêt pour les activités (Lafamme, 2007) − Dons d’objets − Rédaction d’une lettre d’intention suicidaire (Bazinet et al., 2011)
Le ait de demander à une personne si elle a des idées suicidaires peut provoquer un passage à l’acte.
Demander à une personne si elle a des idées suicidaires ne provoque pas de comportement suicidaire ; en ait, la validation et la norma lisation de la situation contribuent à réduire le stress et l’angoisse (OMS, 2006).
• L’inrmière peut demander à la personne : − Estce que vous pensez à vous enlever la vie ? − Votre situation m’inquiète : pensezvous au suicide ? (Registered Nurses’ Association o Ontario [RNAO], 2009)
Une personne suicidaire l’est pour la vie.
Une personne peut avoir des pensées suicidaires récurrentes (Lafamme, 2007). Cependant, il est important de réévaluer avec la personne la présence d’idées suicidaires et de ne pas présumer qu’elle sera suicidaire toute sa vie.
• Au cours de chaque rencontre, il serait approprié que l’inrmière demande à la personne si elle pense au suicide. Cela ouvre la porte à la discussion avec la personne au sujet des stratégies d’adaptation qu’elle envisage sans présumer qu’elle pense au suicide.
Les jeunes enants ne se suicident pas.
En 2008, au Canada, 25 enants âgés de 10 à 14 ans sont décédés par suicide. Ce nombre représente 10 % de tous les décès pour ce groupe d’âge (Skinner & McFaull, 2012).
• Un enant qui se jette sous les roues d’une voiture peut vouloir volontaire ment « disparaître » pour uir une sourance qui lui est insupportable. Un des signes avantcoureurs du suicide chez les enants serait la tendance à parler constamment de la mort et à aire des allusions à leur propre mort (Cyrulnik, 2011).
L’amélioration de l’humeur signie que la crise suicidaire est terminée.
Les personnes qui se suicident peuvent avoir un regain d’énergie et une meilleure humeur avant leur mort. L’amélioration de l’humeur et du niveau d’énergie peut signier que cette personne a mis n à son ambivalence et a décidé de passer à l’acte (Lafamme, 2007).
• Il est alors important que l’inrmière pose la question directement à la personne sur son intention de se suicider, par exemple : Vous m’avez dit vous sentir mieux aujourd’hui, que vous étiez comme libéré d’un grand poids. Certaines personnes emploient ces termes lorsqu’elles ont décidé de passer à l’acte. Pensezvous au suicide présentement ?
Le suicide arrive seulement aux autres.
Le suicide peut rapper toutes les personnes, peu importe le système social et amilial dans lequel elles vivent (OMS, 2006).
• Il est important de ne pas présumer qu’une personne ne se suicidera pas, car elle est riche, célèbre, bien entourée, etc. Si une personne ait part de ses idées suicidaires, c’est la perspective qu’elle a de sa propre situation qui compte. Cette personne vit une sourance réelle et considère le suicide comme une issue ; ses propos doivent donc être pris au sérieux.
28.5
Pronostic
Une personne ayant déjà tenté de se suicider a un risque beaucoup plus grand de mourir par suicide qu’une autre n’ayant ait aucune tenta tive de suicide, particulièrement en présence d’un trouble mental (Jenkins, Papanastassiou, Craword et al., 2002 ; Tidemalm, Långström, Lichtenstein et al., 2008). Il en est de même pour
les personnes qui s’autoinfigent des blessures ENCADRÉ 28.3. Dans les cas où le comportement suicidaire est lié à un trouble dépressi majeur, le recours à des antidépresseurs peut aider la personne à se sortir de la crise. Cependant, le suicide étant un phéno mène complexe, le personnel soignant devrait abor der l’ambivalence de la personne ace à sa situation et a son désir de mourir et ne pas compter seule ment sur l’eet de la médication (Sakinosky, 2007).
28
Chapitre 28 Suicide
799
ALERTE CLINIQUE
En début de traitement, les antidépresseurs peuvent augmenter le risque de sui cide chez les enants et les adolescents (Barbui et al., 2009 ; Brent, Emslie, Clarke et al., 2009). L’inrmière in orme le jeune et sa amille de cet eet possible et leur demande d’aviser immédia tement un proessionnel de la santé s’il y a une augmen tation de l’intensité ou de la réquence des idées suici daires ou s’il y a présence de changements inhabituels dans le comportement.
ENCADRÉ 28.3
Personnes ayant vécu un ou plusieurs épisodes de blessures auto-infigées
Les personnes qui s’autoinfigent des blessures sont reconnues comme étant plus à risque de suicide (Lane et al., 2010). Il est estimé qu’environ 25% des personnes décédées par suicide ont été hospitalisées en raison d’une blessure autoinfigée dans l’année précédant le suicide (National
28.6
Démarche de soins
La démarche de soins se déroule dans un contexte d’accompagnement et se onde sur une relation de partenariat et de collaboration. L’inrmière joue un rôle central dans le rétablissement de la personne suicidaire et de ses proches. La pratique inrmière vise non seulement la prévention du suicide et la sécurité de la personne, mais aussi la promotion de sa santé (Lafamme, 2007), ainsi que l’amélioration de sa qualité de vie (Anthony, 1993). En raison de sa présence dans plusieurs milieux de soins et de ses interventions auprès d’une clientèle diversiée, l’inrmière occupe une position idéale pour contri buer à prévenir le suicide (Lafamme, 2007).
28.6.1
Collaborating Centre or Mental Health, 2004). Ce phéno mène est distinct du suicide, car l’intention est de se blesser plutôt que de mourir. Touteois, il s’avère important de recon naître la sourance de ces personnes et d’être conscient de leur plus grande vulnérabilité au suicide.
Collecte des données − Évaluation initiale
Pour mener l’évaluation initiale, l’inrmière s’engage avec le client dans un processus d’observation, d’écoute, d’exploration et de réfexion. Tout au long de ce processus, elle porte une attention particulière à la détermination de acteurs de protection, an de avoriser le rétablissement de la personne. Elle se demande : qu’estce qui est spécial ou unique à pro pos de cette personne ? Quelle est son histoire ? Quelles sont ses stratégies d’adaptation ? Guidée par ces questions au cours de son évaluation initiale,
l’inrmière cherche à connaître la personne et sa amille pour obtenir une vision globale de la situation. Elle a alors l’occasion de mettre en relie les orces, les capacités et les potentiels de la personne suici daire et d’explorer plus en proondeur ces aspects positis. En plus de ceuxci, l’inrmière estime la dangerosité du passage à l’acte avec la personne, notamment le degré d’urgence suicidaire, et cherche à découvrir les acteurs prédisposants, contribuants et précipitants associés au suicide, tels que dénis dans la quatrième section de ce chapitre.
Établir une relation de conance Plusieurs habiletés sont requises pour eectuer une évaluation inrmière initiale ecace auprès de la personne suicidaire et de sa amille. Le développe ment d’une relation de conance est nécessaire pour que la personne se sente à l’aise de partager des pensées et des sentiments intimes ENCADRÉ 28.4. Si l’inrmière soupçonne un risque de suicide, elle demande d’abord directement à la personne si celleci pense au suicide. Ensuite, elle pose des ques tions précises pour estimer la dangerosité du passage à l’acte. Elle pose ces questions en suivant le rythme de la personne, lui laissant le temps de réféchir, d’élaborer ses propos et d’exprimer ses émotions.
Relation d’aide ENCADRÉ 28.4
Être empathique et encourageante avec la personne suicidaire et ses proches
L’inrmière adopte les attitudes suivantes:
• écouter ce que la personne a à dire ;
• accueillir la personne de açon chaleureuse et respectueuse ;
• observer et noter l’apparence physique, les comporte ments et les indices non verbaux ;
• être ouverte à écouter la personne et sa amille;
• avoir recours à des questions ouvertes qui encouragent la personne à décrire sa perception de la situation;
• accepter la personne et ses proches tels qu’ils sont ; • ne pas porter de jugements négatis ; • encourager la personne à raconter son histoire ; • demander à la personne de donner des exemples concrets et détaillés pour clarier ses propos ; Source : Adapté de Gottlieb & Carnaghan-Sherrard (2004)
800
Partie 6
Interventions infrmières en situation de crise
• poser des questions précises lorsque le but est d’obtenir de l’inormation plus pointue; • explorer et valider avec la personne et sa amille leur compréhension de la discussion.
L’inrmière est également consciente des droits de la personne. Par exemple, elle respecte le choix de la per sonne de ne pas répondre aux questions posées.
Déterminer le degré d’urgence L’évaluation initiale aide à déterminer la présence de acteurs associés au suicide. Le processus d’éva luation se poursuit en continu et tient compte de la présence et de la signication d’idées suicidaires ainsi que de la dangerosité du passage à l’acte, comme expliqué dans la quatrième section de ce chapitre TABLEAU 28.5. Ces éléments combinés permettent de déterminer le risque de suicide de la personne (Lafamme, 2007). L’inrmière garde en tête que la présence de cer tains acteurs de risque ne signie pas nécessairement que la personne est suicidaire au moment de la ren contre. Il aut observer un ensemble de acteurs dans un intervalle de temps donné pour estimer avec plus de précision le risque de suicide de la personne ENCADRÉ 28.5. Elle évalue l’urgence suicidaire, c’est àdire la probabilité que la personne passe à l’acte dans les 48 prochaines heures, en tenant compte de la létalité et de l’accessibilité des moyens envisagés.
Évaluer et promouvoir les facteurs de protection La reconnaissance et la promotion des orces et des capacités de la personne représentent des interven tions thérapeutiques clés (Feeley & Gottlieb, 2000 ; Gottlieb, 2013 ; Park, Peterson & Brunwasser, 2009 ; Seligman, Steen, Park et al., 2005). Auprès d’une personne suicidaire, ces interventions peuvent être particulièrement bénéiques (Gros, Jarvis, Mulvogue et al., 2013). Lorsque les données cliniques révèlent un degré de sourance ou de détresse élevé, l’inrmière, au lieu de minimiser la peine de la per sonne, l’écoute, refète sa compréhension et reconnaît la diculté de la situation (Gottlieb, 2013). En posant
ENCADRÉ 28.6
les questions suivantes, l’inrmière cherche à déter miner les orces de la per sonne suicidaire :
La reconnaissance et la promotion des forces et des capacités de la personne représentent des interventions thérapeutiques clés.
•Que faites-vous pour tolérer votre peine ?
• Parlez-moi d’une situation difcile que vous avez vécue dans le passé. Comment avez-vous fait pour passer au travers de cette situation ? Racontez-moi comment ça s’est passé. • Qu’est-ce qui vous a aidé le plus jusqu’à présent ? L’ENCADRÉ 28.6 présente des exemples de orces que l’inrmière peut chercher à reconnaître chez la personne et à lui reféter.
Collecte des données ENCADRÉ 28.5
Analyse de la situation
Si l’une des réponses aux questions sui vantes est positive, alors l’infrmière ore son soutien pour assurer la sécurité et le bienêtre de la personne.
• Estelle anxieuse ?
• La personne ne voitelle aucune perspec tive d’avenir ? Ditelle qu’il n’y a pas de solution à ses problèmes ? Estelle préoccupée par le suicide ou la mort?
• Estelle isolée ? Estelle dépourvue de ressources ou sa amille manquetelle de disponibilité ?
• Atelle ait une tentative de suicide récemment ? Ses tentatives de suicide sontelles graves ou multiples ? Manieste telle de l’impulsivité? • Les tentatives de suicide sontelles de plus en plus réquentes ou de plus en plus dangereuses ? • Faitelle de l’insomnie accompagnée de pensées suicidaires?
• Y atil des antécédents de suicide chez un membre de sa amille ou chez un de ses proches ?
• Atelle des plans de suicide détaillés ? Atelle accès à des moyens létaux pour se suicider (p. ex., une arme à eu) ? • Atelle laissé une note ou s’estelle débarrassée d’objets de valeur lui appartenant ? • Estelle de plus en plus rustrée par sa thérapie, sa maladie ou ses problèmes? Se sentelle impuissante et incapable d’apprendre à s’adapter ?
Sources : Adapté de Bazinet et al. (2011) ; Lafamme (2007) ; Lane et al. (2010)
Facteurs de protection : exemples de forces
• La personne ou la amille s’est présentée au centre hospitalier, à la clinique ou a appelé une ligne d’aide. Ils sont ouverts à obtenir du soutien. • La personne partage ses sentiments et ses émotions (avec l’infrmière ou d’autres intervenants ou personnes). Par exemple, la personne pleure, exprime sa colère, sa peine ou son désespoir. • La amille ou les proches sont présents dans la vie de la personne de açon directe ou indirecte.
• La personne démontre de l’intérêt dans des activités ou dans des sujets diversifés. • La personne orme des relations avec autrui ; elle ore et reçoit le soutien des autres. • La personne qui a une histoire de vie marquée par des pertes majeures ou des situations traumatisantes est un survivant, un expert avec de l’expérience. La personne devient une source d’inspiration qui possède un niveau de courage exceptionnel.
28
Source : Adapté de Gottlieb (2013) Chapitre 28 Suicide
801
28.6.2
Analyse et interprétation des données
À partir des renseignements recueillis pendant la collecte des données, l’infrmière détermine les pro blèmes prioritaires qui orienteront le plus efcace ment le plan de soins. Les problèmes prioritaires sont personnalisés et rattachés au comportement de la personne et à ses besoins. L’infrmière discute de son interprétation des données avec la personne pour l’aider à reconnaître ses propres symptômes et à suivre leur évolution ENCADRÉ 28.7. De cette açon, l’infrmière vise à promouvoir la capacité d’autoévaluation et d’autosoins de la personne.
personne suicidaire est basée sur une évaluation approondie et s’avère essentielle pour établir les interventions infrmières. L’infrmière travaille avec la personne suicidaire pour l’aider à fxer un objec ti. Si celuici est trop large, elle l’aide à cerner la première étape pour y arriver. Par exemple, l’infr mière peut demander : Qu’estce qui vous préoc cupe le plus en ce moment ?, Que désirezvous en ce moment ?, Quel serait le plus petit changement qui pourrait arriver pour que vous restiez en vie ? (Allen & Warner, 2002 ; Bazinet et al., 2011 ; Gottlieb, Feeley & Dalton, 2005) TABLEAU 28.7.
Décider des soins
À travers un processus d’exploration, de dialogue, de négociation et d’échange d’idées, l’infrmière Au moment de la planifcation des soins, l’infr aide la personne à établir un plan qui est pertinent mière agit comme acilitatrice, c’estàdire qu’elle pour elle. Ainsi, la personne assume un rôle central ne décide pas ce que la personne doit aire, mais dans les décisions concernant les soins. Le plan de elle l’aide à ormuler ses objectis et à établir un soins et de traitements infrmiers (PSTI) pour une projet de vie. Pour l’aider dans cette démarche, personne suicidaire a comme principal objecti de l’infrmière suit le rythme de la personne et colla lui redonner la maîtrise de sa vie. En l’aidant à bore avec elle. mettre son attention sur les éléments positis dans sa Le plan de soins et de traitements infrÉtablir les résultats vie, la personne sent miers (PSTI) pour une personne suiciescomptés qu’elle peut reprendre le daire a comme principal objecti de lui La détermination des ré contrôle de son existence redonner la maîtrise de sa vie. sultats escomptés avec la (Lane et al., 2010).
28.6.3
Planifcation des soins
Enseignement au client et à ses proches ENCADRÉ 28.7
Données pouvant aire l’objet d’un dialogue
ANTÉCÉDENTS DE TENTATIVES SUICIDAIRES
La personne peut percevoir le suicide comme un moyen d’a ronter des sentiments douloureux. Toute personne ayant utilisé ce type d’adaptation par le passé est particulièrement susceptible d’y recourir de nouveau (Lane et al., 2010).
susceptible de diminuer la maîtrise des impulsions et d’augmenter le potentiel d’autodestruction. La présence d’hallucinations auditives entraîne également une aug mentation du risque d’action destructrice (Cavanagh et al., 2003).
COMPORTEMENTS
CONDITION PHYSIQUE
Dans plusieurs cas de suicide, la personne présente un état d’agitation et d’anxiété élevé. Elle adopte, par exemple, des comportements excessis et répétitis comme aire les cent pas et se tordre constamment les mains, combinés à un trouble émotionnel tel qu’une tension émotive qui la rend irritable (Benazzi, Koukopoulos & Akiskal, 2004 ; Ribeiro, Bender, Selby et al., 2011). Chez d’autres personnes, cette agitation n’est pas présente. Aussi, l’inrmière surveille systématiquement le comportement suicidaire de chaque personne et observe les changements dans les comporte ments habituels de chacune.
Le champ d’exercice de la proession inrmière inclut l’évaluation de la condition physique et mentale (Loi sur les inrmières et les inrmiers, L.R.Q. c. I8), et ces deux domaines s’infuencent mutuellement. L’inrmière eectue un examen physique, même si la raison de l’hospitalisation est liée à la santé mentale. Par exemple, au cours de l’éva luation d’une personne suicidaire, il est pertinent de noter la présence de signes et de symptômes d’abus d’alcool ou d’autres drogues (p. ex., une baisse de l’attention, de l’irri tabilité, une euphorie, un trouble de l’élocution, une dé marche instable, une rougeur du visage, une agitation psychomotrice, des traces de piqûres) et de tentatives de suicide antérieures (p. ex., des cicatrices aux poignets).
CONDITION MENTALE
Des perturbations cognitives suggèrent un éventuel syn drome cérébral organique ou un trouble dépressi majeur Source : Adapté de Gottlieb & Carnaghan-Sherrard (2004)
802
Partie 6
Interventions infrmières en situation de crise
TABLEAU 28.7
Exemples de résultats escomptés établis en collaboration avec la personne suicidaire
EXEMPLES DE QUESTIONS À POSER
EXEMPLES DE RÉPONSES FICTIVES
EXEMPLES DE RÉSULTATS ESCOMPTÉS
Quelle est votre priorité en ce moment ?
Je veux me sentir moins mal.
Qu’estce que se sentir moins mal veut dire pour vous ?
Je ne sais pas… Aller un peu mieux.
Donnezmoi un exemple d’une situation dans le passé où vous vous sentiez moins mal.
Quand j’étais avec ma emme et ma lle dans notre chalet, dans les Laurentides.
En discutant avec la personne, l’inrmière établit les résultats escomptés. Ainsi, la personne pourrait être en mesure :
Que se passaitil alors ? Décrivezmoi un moment où ça allait moins mal.
Je ne sais pas. (La personne réféchit.)
(Silence de l’inrmière.)
Une ois, on a ait une promenade dans le bois. Ma lle se cachait derrière les arbres en riant et je courais à sa rencontre. (La personne sourit.)
Vous vous êtes bien amusé à ce moment ! Qu’estce qui a ait que vous vous sentiez mieux à ce moment ?
• de reconnaître des moments positis qu’elle a vécus ; • de reconnaître des raisons pour continuer à vivre ; • d’améliorer l’estime de soi et le sentiment de compétence ; • de participer, avec ses proches, au traitement.
Pour une ois, le ait de savoir que ma lle était heureuse d’être avec moi.
Sources : Allen & Warner (2002) ; Bazinet et al. (2011) ; Gottlieb, Feeley & Dalton (2005)
Le PSTI doit donc inclure les résultats escomptés établis avec la personne suicidaire et préciser des moyens pour les atteindre. Ceuxci doivent être liés aux acteurs de protection et orientés sur les orces de la personne. De cette açon, l’attention de la personne portera sur les aspects positis de sa vie, élément essentiel du PSTI pour une personne suicidaire (Lane et al., 2010). Il arrive touteois que la personne nie son intention suicidaire ou la néces sité de précautions additionnelles. Dans ce cas, l’inrmière recourt à son jugement clinique dans la prise de décision et travaille étroitement avec l’équipe interdisciplinaire pour décider des inter ventions requises.
28.6.4
Exécution des interventions Soins et traitements infrmiers
L’inrmière peut agir à plusieurs niveaux pour contribuer à diminuer l’incidence des compor tements suicidaires, à savoir la promotion, la pré vention, les interventions, la réadaptation et la postvention (Lafamme, 2007) SC 28.1.
Promouvoir la santé L’inrmière peut aire la promotion d’activités qui renorcent les acteurs de protection d’une personne comme adopter de saines habitudes de vie et encou rager l’intégration sociale. Elle peut aussi intervenir pour diminuer la stigmatisation liée au suicide, par
exemple en encourageant les personnes à recher cher l’aide dont elles ont besoin, en diusant l’inor mation des campagnes nationales de sensibilisation qui visent à combattre les préjugés liés aux troubles mentaux et au suicide de même qu’en participant à des activités communautaires d’éducation de la population qui remettent en question les mythes sur la santé mentale et le suicide (MSSS, 2005).
Prévenir le suicide L’inrmière peut intervenir de diverses açons pour prévenir le suicide. Par exemple, elle peut dépister et évaluer les personnes vulnérables au suicide et mettre en place un suivi clinique avant la crise (Lafamme, 2007). L’inrmière peut aider les per sonnes à reconnaître leurs orces, les inormer de l’existence de services d’aide à la prévention du suicide et leur mentionner que la dépression et les problèmes de dépendance peuvent être traités (Lafamme, 2007). En acilitant l’accès à divers ser vices, l’inrmière contribue à créer un réseau de soutien autour de la personne, ce qui concourt à diminuer le risque de suicide (Lane et al., 2010). L’OIIQ a établi plusieurs principes sur lesquels l’inrmière s’appuie au cours de ses interventions en prévention du suicide ENCADRÉ 28.8.
Intervenir auprès des personnes concernées | Intervenir auprès de la personne suicidaire et de ses proches | Les interventions inrmières débutent par l’établissement d’une relation de conance avec la personne suicidaire, mais aussi avec ses
28
Chapitre 28 Suicide
803
Pratiques infrmières suggérées ENCADRÉ 28.8
Appliquer les principes sous-jacents à toute intervention infrmière en prévention du suicide
• Adopter une approche globale pour évaluer les per sonnes à risque de suicide et intervenir auprès d’elles et de leurs proches.
• Créer une alliance thérapeutique avec les personnes en crise et leurs proches (respect, écoute, empathie).
• Prendre conscience de ses préjugés, de ses croyances, de sa position en matière de respect de la vie, ainsi que de ses limites personnelles.
• Faire participer la amille et les proches selon leur dispo nibilité, au moment de l’évaluation et de l’intervention.
• Faire preuve de jugement clinique.
• Prendre au sérieux les appels à l’aide.
• Intervenir en concertation avec les membres de l’équipe interdisciplinaire.
• Se préoccuper d’autrui, aire preuve d’entraide et de solidarité.
• Baser sa pratique sur les résultats probants en matière de prévention du suicide.
Source : Lafamme (2007)
proches ENCADRÉ 28.9. Dès le premier contact, les interventions relationnelles telles qu’adopter une attitude accueillante et orir des mots de bienvenue peuvent être bénéques (Gros, Wright, Mulvogue et al., 2011). La relation thérapeutique que l’inrmière établit avec la personne avorisera chez elle le sentiment d’être écoutée, acceptée et sécurisée. Les inter ventions permettant à la personne suicidaire de partager son histoire et de décrire en détail la situa tion vécue sont particulièrement importantes (Bryan & Rudd, 2011). Lorsque la personne suici daire désire soulager une sourance psychologique intolérable, l’inrmière peut aire diminuer la ten sion intérieure en posant des questions explo ratoires (Jereys, 2005). Il est important pour l’inrmière de ne pas seulement explorer la ques tion du suicide, mais de s’intéresser également à la personne d’une açon globale. Par exemple, elle peut demander à la personne de détailler sa vie
quotidienne et de parler d’expériences de vie qui sont importantes à ses yeux (Gros et al., 2011). Les interventions doivent avant tout miser sur les orces de la personne. Aussi, l’inrmière demeure à l’écoute et pose des questions liées aux capacités et à l’expertise de la personne, par exemple en l’interrogeant sur les activités et les expériences qui lui sont plus positives (Gros et al., 2011). L’inrmière peut alors reféter à la personne ces éléments positis (Allen & Warner, 2002 ; Feeley & Gottlieb, 2000). Le jugement clinique de l’inrmière s’avère nécessaire pour déterminer les sujets qu’il est approprié d’explorer avec chaque personne selon le moment. L’inrmière adapte ainsi le ton, le rythme et le contenu des conversations en suivant les indices verbaux et comportementaux de la per sonne. Par exemple, une personne qui est en crise aiguë avec une dangerosité élevée du passage à l’acte peut être ouverte à exprimer sa sourance,
Pratiques infrmières suggérées ENCADRÉ 28.9
Intervenir auprès des proches d’une personne suicidaire
• Déterminer dans quelle mesure le soutien social existant pourrait contribuer à la gestion générale du risque.
• Encourager le retrait de tout moyen létal dans l’entourage de la personne.
• Inormer les proches qu’ils peuvent jouer un rôle im portant dans le rétablissement de la personne suici daire, notamment en l’écoutant et en reconnaissant ses orces.
• Communiquer avec les services sociaux pour les besoins en matière de soutien proessionnel ou fnancier.
• Écouter activement les proches qui expriment leurs sentiments (p. ex., de la rustration, de l’impuissance ou de la culpabilité) et leur orir du soutien.
• Recommander un service d’écoute téléphonique sur le suicide auquel la personne ou ses proches peuvent aire appel s’ils se sentent accablés ou si la personne se sent suicidaire.
• Inormer les proches des signes à surveiller chez la personne à risque de suicide.
• Recommander, le cas échéant, des groupes de suivi ou de soutien.
Sources : Adapté de Lafamme (2007) ; Perlman, Neueld, Martin et al. (2011) ; Sun, Long, Huang et al. (2009)
804
Partie 6
Interventions infrmières en situation de crise
mais non à parler de ses orces ou de ses activités quotidiennes préérées. Pour la personne qui n’est pas en mesure de parler, la simple présence de l’inirmière peut être réconortante (Fingeld Connett, 2008). | Intervenir en milieu hospitalier | Au moment d’une admission au centre hospitalier, la personne sui cidaire et sa amille se retrouvent dans un nou veau milieu qui leur est inconnu. L’inrmière étant engagée dans les soins jour et nuit, la démarche de soins est mise en pratique de açon continuelle. En tout temps, à toute heure et dans diverses situations, l’inrmière observe, écoute, évalue et intervient. Elle se trouve dans une posi tion idéale pour établir une relation d’aide dis tincte et signicative. Poursuivre la relation thérapeutique Dans l’approche classique, les soins oerts aux personnes hospi talisées à risque de suicide se réduisaient à une surveillance étroite et à la limitation de l’accès aux moyens de passer à l’acte (Cutclie & Stevenson, 2008 ; Stewart, Bilgin & Bowers, 2010). Cependant, la relation thérapeutique entre le client et les pro essionnels de la santé est de première importance et doit demeurer au centre des interventions avec la personne suicidaire (Lafamme, 2007). En ait, cette relation peut aider à augmenter l’estime de soi et le sentiment d’espoir et, éventuellement, con tribuer à surmonter les idées suicidaires (Lakeman & FitzGerald, 2008). Ainsi, l’inrmière joue un rôle central pour assurer la sécurité et l’intégrité phy sique de la personne suicidaire, tout en contribuant activement à son rétablissement. Poursuivre la relation d’aide collaborative, cen trée sur les orces de la personne et établie dès l’évaluation initiale, est essentiel (Allen & Warner, 2002 ; Gottlieb, 2013 ; Gottlieb et al., 2005). L’in rmière travaille en étroit partenariat avec le client et sa amille. Ensemble, ils participent activement à un processus d’échange, de découverte, d’ap prentissage et de développement (Gros & Young, 2007). L’inrmière cherche à engager la personne suicidaire et sa amille dans une démarche clinique d’exploration, de réfexion, de prise de décisions et d’évaluation. Pour ce aire, elle recon naît, apprécie et appuie les orces, les qualités et les aspects positis du client et de ses proches. L’inrmière a conance en leur capacité de connaître leurs besoins personnels et d’établir leurs propres priorités. Elle considère que la personne possède, en ellemême, le potentiel pour résoudre les pro blèmes et surmonter les dés. L’inrmière accom pagne et soutient le client dans les périodes de détresse, d’angoisse, de dépression et autres. Elle reste disponible pour la personne et ses proches en prévision des nouveaux dés qui se présente ront (Gottlieb et al., 2005). Assurer la sécurité physique L’inrmière qui tra vaille en milieu hospitalier avec des personnes
suicidaires contribue à assurer leur sécurité et leur intégrité physiques. L’ampleur de la surveillance de la personne dépend du degré de risque évalué. Pendant cette surveillance, la personne doit se sen tir accompagnée et soutenue, mais non observée, pour l’empêcher de passer à l’acte ENCADRÉ 28.10. Réalisées en collaboration, les mesures prises peu vent être sécurisantes au cours de la crise suici daire (Stewart et al., 2010). Cependant, les restrictions personnelles très importantes asso ciées à la surveillance étroite sont souvent di ciles à accepter par le client (Stewart et al., 2010). Il s’avère donc essentiel d’établir une relation de conance pour que la personne se sente respectée. L’inrmière peut inviter celleci à collaborer aux procédures nécessaires pour assurer sa sécurité. Elle peut lui poser plusieurs questions : • Que peut-on faire ensemble pour maintenir un environnement sécuritaire pour vous ? • Quels objets sont potentiellement dangereux parmi vos effets personnels ?
ALERTE CLINIQUE
Les risques de décès par suicide peuvent augmenter durant l’hospitalisation, par ticulièrement au début de celleci, à l’occasion des congés temporaires ou au moment du congé déniti (Bowers, Banda & Nijman, 2010 ; Lafamme, 2007). En ait, toute personne qui quitte une structure enca drante a un risque plus élevé de suicide (Lane et al., 2010). L’évaluation de la réaction de la personne au plan de soins et de traitements est donc déterminante.
• Quels objets dans votre environnement pourraient poser des risques ? • Quels objets doit-on mettre de côté en ce moment ? En intervenant de cette açon, l’inirmière démontre que la responsabilité ultime pour la santé et la sécurité de la personne est entre les mains de celleci. Cette notion de responsabilité personnelle constitue un acteur clé dans la prévention du suicide (Bryan & Rudd, 2011). Les approches avo risant l’apprentissage, le contrôle et l’autonomie de la personne sont pertinentes même au cours de situations de crises suicidaires aiguës (Bryan & Rudd, 2011). En engageant la personne suicidaire dans la prise de décisions concernant sa propre vie, l’inrmière lui apprend à gérer sa santé au quoti dien ; le client sera ainsi mieux outillé pour aron ter les situations diciles à l’avenir.
ENCADRÉ 28.10
Contrat de non-suicide : une intervention à éviter
Le recours à une entente verbale ou écrite de nonsuicide entre l’inrmière et la personne suicidaire était commun autreois (p. ex., Prometsmoi que tu n’essayeras pas de te aire du mal d’ici demain matin). Aucune évidence scientique ne prouve l’ecacité clinique d’une telle entente, et elle pourrait entraîner des conséquences indésirables tant pour les clients que l’inrmière (Drew, 2001 ; Edwards & Sachmann, 2010; Farrow, 2009 ; McMyler & Pryjmachuk, 2008 ; Puskar & Urda, 2011). Par exemple, elle peut entraîner un aux sentiment de sécurité pour l’inrmière et une impression de coercition pour la personne suicidaire. L’établissement d’une relation de conance reste la clé pour prévenir le suicide.
28
Chapitre 28 Suicide
805
Favoriser la réadaptation
23 Le rôle de l’infrmière agente de liaison est précisé dans le chapitre 23, Soins infrmiers et suivis dans la communauté.
En cas de suivi de la personne suicidaire en consul tation externe ou au moment du congé du centre hospitalier, l’inrmière s’assure que celleci recevra un suivi adapté à sa situation. Une personne qui a ait une tentative de suicide est une centaine de ois plus à risque de mourir par suicide qu’une personne dans la population générale (Owens, Horrocks & House, 2002). Un let de sécurité doit donc être établi autour de la personne qui a ait une tentative de suicide, incluant ses proches et des partenaires de soins pour prévenir une éventuelle crise (Lafamme, 2007). Par exemple, le recours aux services de crise ou au suivi à domicile peut être envisagé en cas de congé précoce du centre hos pitalier (Fournier, Roberge & Brouillet, 2012) ou comme solution de rechange à l’hospitalisation (Perlman et al., 2011). L’inrmière agente de liaison peut notamment assurer le lien entre les divers ser vices, la personne suicidaire et ses proches 23 . Pour un client qui quitte l’urgence du centre hospitalier à la suite d’une tentative de suicide, le simple ait d’avoir un rendezvous de suivi avec un proessionnel de la santé est lié à une réduction notable du risque de récidive (Kapur, Cooper, Hiroeh et al., 2004).
Assurer la postvention CONSEIL CLINIQUE
L’infrmière établit ses li mites personnelles, de mande de l’aide ou oriente la personne vers une autre ressource lorsqu’elle sent que la situation dépasse ses compétences. En se donnant le droit à l’erreur, en s’accordant des mo ments pour « ventiler » et en s’investissant dans des activités autres que le tra vail, l’infrmière peut par venir à un équilibre dans sa vie proessionnelle et personnelle (Bazinet et al., 2011).
21 Les indications et les eets indésirables des diverses classes de médicaments psychotropes sont précisés dans le chapitre 21, Psycho pharmacothérapie et autres thérapies biologiques.
806
Partie 6
La postvention concerne les mesures devant être prises à la suite d’un suicide pour contribuer au traitement et au rétablissement des personnes aec tées par ce décès. En général, les interventions de postvention visent deux groupes de personnes : les proches ayant un lien d’attachement avec la per sonne qui s’est suicidée (p. ex., le conjoint, les parents, les enants, les amis, la ratrie) et les mem bres de l’entourage de la personne décédée par suicide qui n’ont pas ce lien d’attachement (Centre de recherche et d’intervention sur le suicide et l’euthanasie [CRISE], 2008). Il est estimé que, pour chaque suicide, six personnes sont ortement aec tées (OMS, 2001). Les interventions doivent être adaptées à chaque groupe de personnes. Par exemple, il est important pour l’inrmière d’accueillir et de sou tenir les personnes endeuillées par le suicide d’un proche. Ces personnes peuvent éprouver beau coup de sourance et de culpabilité, et elles pré sentent un risque plus élevé de suicide. L’inrmière peut les écouter activement et les diriger vers des ressources pertinentes comme des groupes de sou tien (Lafamme, 2007). Si le suicide touche un élève ou un enseignant, l’inrmière qui travaille en milieu scolaire peut mettre en place des activités de postvention telles que ournir de l’inormation et du soutien à l’entou rage de la personne qui s’est suicidée et repérer les
Interventions infrmières en situation de crise
personnes vulnérables nécessitant un suivi plus étroit (CRISE, 2008 ; Séguin, Bouchard, Roy et al., 2004). Les adolescents ayant un ami qui s’est suicidé sont plus à risque de présenter des symp tômes de dépression et d’avoir des idées suicidaires. Ils sont également plus à risque de commettre un acte suicidaire, particulièrement dans l’année sui vant le décès de leur ami (Feigelman & Gorman, 2008). L’inrmière peut jouer un rôle central dans la dé tection de ces personnes à risque et les orienter vers des ressources appropriées.
Soins et traitements en interdisciplinarité L’inrmière joue un rôle central au sein de l’équipe interdisciplinaire. Elle travaille en complémentarité avec les autres proessionnels en avorisant une approche axée sur la personne et sa amille, la pro motion de la santé et le rétablissement (Allen & Warner, 2002). En raison de l’accompagnement qu’ore l’inrmière aux personnes suicidaires et à leurs proches, elle est dans une position idéale pour rassembler l’inormation pertinente pour les autres membres de l’équipe. Ainsi, elle infuence la qualité des soins de açon importante en portant la pers pective de la personne et de ses proches à l’atten tion de ses collègues TABLEAU 28.8. Une communication étroite entre les membres de l’équipe a un impact important sur la sécurité et la qualité des soins (Zwarenstein, Goldman & Reeves, 2009). La personne et ses proches doivent être avisés que l’inormation transmise à l’inr mière peut être communiquée à l’équipe interdis ciplinaire. Si un moti raisonnable laisse croire qu’un danger imminent de mort ou de blessures graves menace une personne, l’inrmière a l’obli gation de communiquer ce renseignement aux gens susceptibles de lui porter secours (Code des proes sions, c. C26). Par exemple, si une personne cone à l’inrmière qu’elle a un plan de suicide et qu’elle lui demande de garder cette inormation secrète, l’inrmière l’avise qu’elle doit communiquer cette inormation à d’autres proessionnels pour assurer sa sécurité. Enn, l’équipe interdisciplinaire permet à l’inr mière d’être soutenue et d’échanger avec les pro essionnels de la santé en vue du rétablissement de la personne suicidaire.
Psychopharmacothérapie Les interventions pharmacologiques peuvent aire partie du traitement de la personne suicidaire, par ticulièrement en cas d’hospitalisation. Selon le diagnostic médical, des antidépresseurs, des anxio lytiques ou des antipsychotiques peuvent être pres crits 21 .
Pratiques infrmières suggérées TABLEAU 28.8
Interagir avec l’équipe interdisciplinaire
DESCRIPTION DU RÔLE
EXEMPLE D’INTERVENTION
Assurer la coordination et la mise en place des ressources appropriées.
La personne a une histoire d’abus de drogues et d’alcool. L’inrmière évalue qu’elle est prête pour un changement et ouverte à recevoir de l’aide. L’inr mière communique cette inormation à l’équipe, et une consultation avec un intervenant en toxicomanie est oerte à la personne.
S’assurer que la personne possède l’inormation nécessaire pour prendre ses propres décisions.
La personne a plusieurs questions au sujet du dosage de sa médication, des eets indésirables et des interactions médicamenteuses possibles. L’inrmière travaille en étroite collaboration avec le psychiatre et le pharmacien pour s’as surer que ses questions obtiennent des réponses et que les renseignements ournis soient complets et compris.
Communiquer de l’inormation liée à l’évolution de l’état de santé physique et mentale de la personne.
La personne est de plus en plus engagée dans les conversations avec le personnel. Elle a commencé à articuler ses objectis et sourit en parlant de sa amille. Son sommeil est de moins en moins perturbé ; au cours des trois dernières nuits, elle n’a pas demandé de médication p.r.n. pour l’aider à dormir. L’inrmière communique ces résultats positis aux membres de l’équipe.
Communiquer de l’inormation en lien avec les orces de la personne.
La personne rétablit les liens avec ses proches et est motivée à aller mieux. Son conjoint est très présent et lui ore du soutien. L’inrmière évalue leurs besoins et les oriente vers d’autres proessionnels de la santé, si nécessaire.
Source : Adapté de Long, Kneasey, Ryan et al. (2002)
Psychothérapies Diverses interventions psychothérapeutiques peu vent être eectuées en collaboration avec d’autres proessionnels, notamment les thérapies cognitivo comportementales, l’entretien motivationnel et l’approche orientée sur les solutions. Cependant, l’infrmière ne peut entreprendre une psychothérapie avec un client si elle n’a pas un permis lui permettant d’exercer cette activité (Code des proessions, c. C26). Elle peut eectuer des interventions basées sur certains principes de psychothérapie dans les limites de ce que la loi prévoit 20 .
28.6.5
objecti. Ainsi, il pourrait être entendu avec la per sonne qu’elle déterminera quotidiennement un événement positi qu’elle a vécu ce jourlà. Si cet objecti est trop difcile à atteindre, le délai pour rait être modifé pour trouver un événement positi par semaine. L’infrmière s’adapte ainsi au rythme de la personne et n’hésite pas à modifer le PSTI initial selon l’évolution de la situation (Gottlieb et al., 2005) FIGURE 28.2.
Le rôle de l’infrmière en regard des thérapies est précisé dans le chapitre 20, Modèles et stratégies thérapeutiques.
ALERTE CLINIQUE
Évaluation des résultats – Évaluation en cours d’évolution
Une évaluation continue doit être eectuée, pre nant en compte la pertinence des interventions en onction des réactions de la personne. L’absence de résultats escomptés à la suite des interventions pla nifées peut signifer un besoin de les modifer, de mettre d’autres modalités de traitement en appli cation ou de reconsidérer les délais prévus pour l’obtention des résultats. Par exemple, auprès d’un client dont l’objecti est de cesser de sourir, il serait pertinent de fxer un but plus concret qui constituerait un premier pas pour atteindre cet
20
FIGURE 28.2 L’infrmière reste à l’écoute de la personne et de ses proches tout au long de la démarche de soins.
Une amélioration soudaine de l’aect ou un rehausse ment considérable de l’hu meur dépressive peuvent indiquer que la personne a pris sa décision de se sui cider et qu’elle n’est plus incertaine ni ambivalente. L’énergie accrue et la ca pacité à se concentrer et à planier l’acte suicidaire acilitent le passage à l’acte. L’inrmière reste alerte et communique ses obser vations à la personne (Lafamme, 2007).
Chapitre 28 Suicide
807
28
Situation clinique SC 28.1
Trouble dépressif majeur récurrent et urgence suicidaire
Élise Turgeon, âgée de 16 ans, consulte l’infrmière de la clinique externe de psychiatrie pour un suivi de routine. Au cours des dernières années, la jeune flle a souvent songé à mourir. Elle déclare avoir pris des surdoses d’analgési ques et d’antibiotiques à trois reprises dans les sept derniers mois, mais n’en a jamais parlé à personne. Elle afrme avoir tenté de se suicider pour la pre mière ois à l’âge de 11 ans en se tailladant les poignets avec une lame de rasoir. Au cours de la dernière année, elle s’est entaillé les poignets à cinq ou six reprises. Élise se plaint de ne pouvoir améliorer sa relation avec sa mère, qui ne la comprend pas. Elle a souvent l’impression que sa mère la rejette. Elle a irme obtenir de mauvais résultats scolaires, se sentir irritable, avoir peu d’appétit, sourir d’insomnie, avoir des pensées morbides et une aible estime de soi. Elle a mentionné des antécédents de
sévices sexuels perpétrés par le copain de sa gardienne lorsqu’elle avait neu ans. Élise annonce à l’infrmière en consultation externe de psychiatrie : « J’en ai assez. Rien ne change à la maison. Ma mère me déteste et me rejette. Mon beaupère est la seule personne qu’elle aime à part ellemême. Je hais la personne que je suis. J’ai conservé la plupart des comprimés donnés par mon médecin lorsque je me suis blessée à la jambe. » En riant, elle ajoute : « Je crois que ça suft largement pour supprimer toute sourance cette oisci. » Interrogée de manière à approondir la question, Élise partage qu’elle pré voit mettre fn à ses jours. Elle déclare qu’elle ne sait pas exactement quand elle attentera à sa vie, mais afrme : « Je n’attendrai plus très longtemps. » Pour lui assurer une sécurité immédiate, l’infrmière l’accompagne à l’urgence du centre hospitalier psychiatrique.
DIAGNOSTICS SELON LES AXESa
Axe I Axe II Axe III Axe IV Axe V
PROBLÈME DÉCOULANT DE LA SITUATION DE SANTÉ
Dangerosité du passage à l’acte élevée liée à une humeur gravement dépressive, à des ten sions amiliales, à une aible estime de soi et à des antécédents de tentatives de suicide, et maniestée par la verbalisation de l’intention de mourir et l’énoncé d’un plan de suicide
RÉSULTATS ESCOMPTÉS
INTERVENTIONS INFIRMIÈRES
• Diminution de l’idée autodestructrice (suicide, automutilation)
• Accompagner la cliente pour assurer sa sécurité.
• Augmentation du sentiment de sécurité de la cliente • Autolimitation du comportement violent • Autogestion des pensées perturbées • Augmentation de l’estime de soi
• Trouble dépressif majeur, récurrent • Différé • Aucune affection physique • Problème relatif au principal réseau de soutien • Évaluation globale de fonctionnement (EGF) = 10 (actuellement) ; EGF = 45 (année dernière)
• Aider la cliente à développer des stratégies de gestion de l’humeur (dépression, colère) et de maîtrise des impulsions. • Déterminer avec la cliente quel serait le plus petit changement qui pourrait se produire pour qu’elle reste en vie. • Encourager la participation au groupe de soutien et au groupe thérapeutique. • Favoriser la participation de la cliente à des activités qui visent l’amélioration de l’estime de soi. • Proposer une thérapie amiliale.
PROBLÈME DÉCOULANT DE LA SITUATION DE SANTÉ
Stratégies d’adaptation limitées liées à des schémas de pensée négatis, à une perturbation de l’identité personnelle, à de multiples stresseurs et à un réseau de soutien inefcace comme en témoignent les comportements autodestructeurs, la colère mal dirigée et l’isolement social.
RÉSULTATS ESCOMPTÉS
INTERVENTIONS INFIRMIÈRES
• Utilisation de stratégies d’adaptation constructives
• Orir du soutien émotionnel.
• Diminution des idées autodestructrices (suicide, automutilation)
• Aider à mettre en place des stratégies d’adaptation de rechange à l’autodestruction.
• Diminution du degré de stress
• Enseigner des techniques de gestion de la colère et de diminution de l’anxiété.
• Habiletés d’interactions sociales accrues
• Encourager la participation de la cliente à un groupe de soutien et la poursuite de la thérapie déjà en cours.
• Mise en place d’un réseau de soutien social
• Proposer des ressources pour pallier le réseau de soutien défcient.
808
Partie 6
Interventions infrmières en situation de crise
SC 28.1
Trouble dépressif majeur, récurrent et urgence suicidaire (suite)
PROBLÈME DÉCOULANT DE LA SITUATION DE SANTÉ
Dynamique familiale perturbée liée à des difcultés de communication et des tensions entre la mère, la flle et le beaupère
RÉSULTATS ESCOMPTÉS
INTERVENTIONS INFIRMIÈRES
• Meilleure communication au sein de la amille
• Orir du soutien à la mère.
• Participation constructive de la mère durant l’hospitalisa tion de la cliente
• Évaluer le réseau de soutien amilial et proposer des ressources au besoin.
• Habiletés parentales accrues • Sentiment de sécurité et d’appartenance accru de la cliente à l’égard de sa amille a
• Favoriser progressivement la participation de la mère aux soins avec l’assentiment de la cliente (cibler des objectis et soutenir la prise de décision). • Explorer la perception des rôles amiliaux et en discuter avec la jeune flle et ses proches.
Les diagnostics sont posés selon les axes du DSM-IV-TR de l’APA (2004).
SCHÉMA INTÉGRATEUR À partir des données consignées au dossier de la cliente, l’infrmière met en œuvre un plan de soins dont un exemple est illustré par la FIGURE 28.3.
Problème de santé : Trouble dépressif majeur, récurrent et urgence suicidaire
Constat médical
Facteurs de risque
Problèmes découlant de la situation de santé
Résultats escomptés
Physiopathologie
Maniestations cliniques
Interventions interdisciplinaires
Interventions infrmières
28 FIGURE 28.3 Plan de soins et de traitements infrmiers d’Élise Turgeon
Chapitre 28 Suicide
809
Analyse d’une situation de santé
Jugement clinique
Ralph Constantin est un adolescent âgé de 16 ans qui termine sa cinquième secondaire. Il n’a jamais parlé ouvertement de son homosexua lité par crainte de subir encore plus d’intimi dation à l’école de la part des autres élèves. Ses parents ne sont d’ailleurs pas au courant des difcultés qu’il vit en raison de cela.
sans rien dire croyant que ce n’était que passager. Se sentant de plus en plus malheureux, il a tenté de se suicider par lacération au poignet gauche. En revenant de travailler, son père l’a trouvé dans le bain, presque inconscient, et a immédiatement appelé les services d’urgence. Ralph a été conduit à l’urgence du centre hospitalier et l’hémorragie a été arrêtée. L’adolescent est maintenant hospita lisé, et vous le rencontrez alors qu’il vient d’arriver à l’unité de psychiatrie. {
Ralph a subi de plus en plus de railleries et a même été victime de harcèlement pouvant s’accompagner de coups. Il encaissait le tout
MISE EN ŒUVRE DE LA DÉMARCHE DE SOINS
Collecte des données – Évaluation initiale – Analyse et interprétation 1. D’après les quelques données de la mise en contexte, quels sentiments éprouvés par Ralph auraient pu le conduire à sa tentative de suicide ?
SOLUTIONNAIRE
2. Quel acteur sociologique pourrait expliquer en partie l’acte que Ralph a posé pour mettre fn à sa sourance ?
http://fortinash.cheneliere.ca
3. Dans la situation de Ralph, quelle donnée constitue un acteur contribuant à l’acte suicidaire ? 4. Y atil eu un acteur précipitant de l’acte suicidaire chez Ralph ? Justifez votre réponse. 5. Dans la situation de Ralph, quels sont les acteurs de protection au suicide ? Justifez votre réponse.
Au cours de votre rencontre avec Ralph, celuici vous dit d’une voix basse en regardant le sol : « Je suis nul. Je ne vaux rien. J’veux pas vivre la mé chanceté des gens toute ma vie. » Lorsque vous lui {
demandez s’il a l’intention de tenter de se suicider à nouveau, il vous répond que ce n’est qu’une question de temps. {
MISE EN ŒUVRE DE LA DÉMARCHE DE SOINS
6. Quelles questions devriezvous poser à Ralph pour estimer le degré de dangerosité du passage à l’acte ? 7. Quelles autres questions devriezvous lui poser pour évaluer l’imminence du passage à l’acte ? 8. Trouvez deux questions à poser pour évaluer la condition mentale actuelle de Ralph. 9. Que autil demander à Ralph pour évaluer son degré d’ambivalence ace au suicide et sa capacité d’envisager un avenir meilleur ? 10. Ralph estil à risque d’attenter à sa vie une seconde ois ? Justifez votre réponse.
810
Partie 6
Interventions infrmières en situation de crise
MISE EN ŒUVRE DE LA DÉMARCHE DE SOINS
Voici un extrait du plan thérapeutique infrmier de Ralph. Vous avez déjà inscrit un premier problème prioritaire. 11. D’après l’analyse des données, quel nouveau problème prioritaire devrait être ajouté dans la section des constats de l’évaluation ? Inscrivez votre réponse visàvis le numéro 2. Extrait CONSTATS DE L’ÉVALUATION Date
Heure
N°
2013-05-29 18:00
1
2013-05-29 19:00
2
Problème ou besoin prioritaire
Initiales
Tentative de suicide par lacération au poignet gauche
Signature de l’infrmière
Initiales
Programme / Service
RÉSOLU / SATISFAIT Proessionnels / Date Heure Initiales Services concernés
Vos initiales
Signature de l’infrmière
Initiales
Programme / Service
Extrait des notes d’évolution
2013-05-29 18:00 Cdt à ’gc a . D’aè c n, Ralh aurat né sci cant v au poge gac. S ’ reé an ba q cncnt.
Vos initiales Unité de psychiatrie
Votre signature
Planifcation des interventions – Décisions infrmières 12. Quels devraient être les objectis poursuivis par vos interventions concernant le premier problème apparaissant au plan thérapeutique infrmier de Ralph ? 13. Selon la réponse à la question 11, émettez une directive applicable par l’infrmière pour le problème prioritaire déterminé. Extrait CONSTATS DE L’ÉVALUATION Date
Heure
N°
2013-05-29 18:00
1
2013-05-29 19:00
2
Problème ou besoin prioritaire
Initiales
Tentative de suicide par lacération au poignet gauche
RÉSOLU / SATISFAIT Proessionnels / Date Heure Initiales Services concernés
Vos initiales
SUIVI CLINIQUE Date
Heure
N°
2013-05-29
19:00
2
Signature de l’infrmière
Votre signature
Directive infrmière
Initiales
Programme / Service
Initiales
Signature de l’infrmière
CESSÉE / RÉALISÉE Date Heure Initiales
Initiales
Programme / Service
Vos initiales Unité de psychiatrie
Vous demandez à Ralph de rester dans l’aire commune de l’unité en présence de ses pairs et d’un membre du personnel et vous l’encouragez {
à participer aux activités dans la mesure de ses capacités. ”
MISE EN ŒUVRE DE LA DÉMARCHE DE SOINS
14. Estce une intervention acceptable ? Justifez votre réponse.
Évaluation des résultats – Évaluation en cours d’évolution 15. Que devriezvous vérifer avant de quitter Ralph ? 16. Pourquoi devriezvous également vérifer les changements de l’aect de Ralph ?
28
Chapitre 28 Suicide
811
APPLICATION DE LA PENSÉE CRITIQUE Dans l’application de la démarche de soins auprès de Ralph, l’inirmière a recours à un ensemble d’éléments (connaissances, expériences antérieures, normes institu tionnelles ou protocoles, attitudes proessionnelles) pour analyser la situation de santé du client et en comprendre
les enjeux. La FIGURE 28.4 illustre le processus de pen sée critique suivi par l’inirmière ain de ormuler son jugement clinique. Elle résume les principaux éléments sur lesquels l’infrmière s’appuie en onction des données de ce client, mais elle n’est pas exhaustive.
VERS UN JUGEMENT CLINIQUE NORMES
CONNAISSANCES
EXPÉRIENCES
• Personnes vulnérables au suicide • Facteurs à considérer dans l’évaluation de la personne suicidaire • Caractéristiques du processus suicidaire • Signes avantcoureurs du suicide • Caractéristiques de la dangerosité du passage à l’acte, qui incluent l’urgence suicidaire et les acteurs associés au suicide • Estimation de la dangerosité du passage à l’acte • Approches pour aider la personne suici daire, notamment la promotion des ac teurs de protection qui deviennent des leviers d’intervention
• Expérience en relation d’aide • Expérience de travail auprès de personnes ayant un trouble dépressi • Expérience avec des personnes suicidaires • Expérience auprès d’adolescents en difculté • Connaissances, dans son entourage, ayant commis un acte suicidaire • Expérience de travail en équipe interdisciplinaire
• Protocole local pour la prévention et la gestion du suicide • Activité réservée de l’infr mière d’après l’article 36 de la Loi sur les infrmières et les infrmiers (évaluer la condition physique et mentale d’une personne symptomatique) • Gardes préventive, provisoire et autorisée en établissement
PENSÉE CRITIQUE
ÉVALUATION • • • • • • • • • • • • • • • • • •
Facteurs psychologiques et sociologiques qui ont pu inciter Ralph à tenter de se suicider Condition physique en lien avec le moyen pris au moment de sa tentative Éléments déclencheurs du passage à l’acte Degré d’estime de soi Sentiments actuels de l’adolescent Aect Degré de dangerosité du passage à l’acte Facteurs de protection Intentions immédiates Planifcation de l’acte Façon dont Ralph aimerait que sa sécurité soit assurée Solutions autres que le suicide envisagées pour mettre fn à ses sourances Réseau social Attitude des proches de Ralph Connaissances des proches de Ralph sur les signes avantcoureurs du suicide Connaissances des proches de Ralph sur les centres d’intervention sur le suicide Perspective des proches concernant les orces de Ralph Perspective de Ralph concernant les orces de ses proches
JUGEMENT CLINIQUE FIGURE 28.4
812
Partie 6
Interventions infrmières en situation de crise
ATTITUDES • Être accueillante pour établir un climat de confance avec Ralph • Ne pas juger l’acte posé par le client • Être empathique ace à la sourance psychologique de l’adolescent et aux sentiments qu’il éprouve • Démontrer de l’ouverture et de la disponibilité pour l’écouter • Être vigilante à détecter les signes avantcoureurs de suicide
À retenir VERSION REPRODUCTIBLE
http://ortinash.cheneliere.ca
• Le suicide constitue un problème de santé publique et de santé mentale majeur. • Les causes du suicide englobent des acteurs biologiques, environnemen taux, psychologiques et sociologiques. • Au Québec, environ trois personnes meurent par suicide chaque jour, et
schizophrénie, le trouble panique, l’abus d’alcool ou d’autres drogues et certains troubles de la person nalité (p. ex., le trouble de la personnalité limite).
• L’infrmière travaille l’ambivalence de la personne quant à sa situation et à son désir de mourir et ne compte pas seulement sur l’eet de la médication.
• La présence de acteurs associés au suicide et l’urgence suicidaire permettent d’estimer la dangero sité du passage à l’acte et l’am pleur des interventions requises pour assurer la sécurité et le bien être de la personne.
• Les interventions infrmières débu tent par l’établissement d’une rela tion de confance et ont comme objecti principal d’accompagner et de soutenir la personne pour traver ser les moments de crise. À la sor tie du centre hospitalier, l’infrmière s’assure que la personne bénéfcie d’un suivi adapté à sa situation.
huit sont hospitalisées pour avoir tenté de se suicider (MSSS, 2012). • Au Québec, le suicide touche parti culièrement les hommes (Gagné et al., 2011), mais peut rapper toutes les personnes, peu importe le contexte social et amilial dans lequel elles vivent (OMS, 2006). • Le comportement suicidaire est ortement associé à la présence de troubles mentaux ou d’autres problèmes de santé tels que les troubles de l’humeur, la
Ressources VERSION COMPLÈTE ET DÉTAILLÉE
http://ortinash.cheneliere.ca
Références Internet ORGANISMES ET ASSOCIATIONS Association canadienne pour la prévention du suicide (ACPS) www.suicideprevention.ca > Survivor Support Association québécoise de prévention du suicide (AQPS) www.aqps.ino > Comprendre > Se ormer Centre de prévention du suicide de Québec (CPSQ) www.cpsquebec.ca > Comment aider ? > Mieux comprendre Centre de recherche et d’intervention sur le suicide et l’euthanasie (CRISE) www.crise.ca > Centre de documentation > Application des connaissances scientifques en prévention du suicide
ORGANISMES GOUVERNEMENTAUX Institut de la statistique du Québec www.stat.gouv.qc.ca > Publications > Par domaine > Santé > Santé mentale et bienêtre > Idées suicidaires et tentatives de suicide au Québec : un regard sur les liens avec l’état de santé physique ou mental et le milieu social Ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec (MSSS) www.msss.gouv.qc.ca > Problèmes de santé > Suicide Organisation mondiale de la Santé (OMS) www.who.int > Thèmes de santé > (S) Suicide > Thèmes de santé > (S) Suicide > Deuil et suicide. Indications pour la mise en place d’un groupe de soutien à ceux qui restent Santé Canada www.hcsc.gc.ca > Santé des Premières Nations et des Inuits > Promotion de la santé > Prévention du suicide RÉFÉRENCES GÉNÉRALES Institut national de la santé et de la recherche (Inserm) www.inserm.r > Génétique, génomique et bioinormatique > Dossiers d’inormation > Epigénétique > Santé publique > Dossiers d’inormation > Suicide : autopsie psychologique et prévention
Monographies Mishara, B.L., & Tousignant, M. (2004). Comprendre le suicide. Montréal : Presses de l’Université de Montréal. Pommereau, X. (2005). L’adolescent suicidaire. Paris : Dunod. Séguin, M. (2009). Le suicide. Le comprendre pour le prévenir. Montréal : Éditions au Carré. Séguin, M., Brunet, A., & LeBlanc, L. (2012). Inter vention en situation de crise et contexte trauma tique (2e éd.). Montréal : Gaëtan Morin Éditeur.
Articles, rapports et autres Gros, C.P., Jarvis, S., Mulvogue, T., et al. (2013). Les interventions infrmières estimées bénéfques par les adolescents à risque de suicide. Santé mentale au Québec, XXXVII(2). Labelle, R. (2004). La prévention du suicide en milieu scolaire : constats et avenues de recherche. Dans G. Parent & D.L. Rhéaume. La prévention du suicide à l’école. Québec, Qc : Presses de l’Université du Québec. Lane, J., Archambault, J., CollinsPoulette, M., et al., (2010). Prévention du suicide. Guide de bonnes pratiques à l’intention des intervenants des centres de santé et de services sociaux. Québec, Qc : Gouvernement du Québec Chapitre 28 Suicide
813
chapitre
Violence
Écrit par : Ann Wolbert Burgess, DNSc, APRN, BC, FAAN Dona Petrozzi, RN, MSN Adapté par : Jacinthe Dion, Ph. D. (psychologie) Lyne Bouchard, inf., M. Sc Hélène Brochu, inf., B. Sc Francine Pilote, inf., DESS
Guide d’études – RE16
OBJECTIFS
Après avoir étudié ce chapitre, vous devriez être en mesure : ■
■
d’expliquer la problématique et les répercussions psychologiques de la violence chez certaines clientèles au Québec ; d’expliquer le rôle de l’infirmière à l’égard des problèmes générés par la violence ;
814
Partie 6
■
■
d’effectuer du dépistage de première ligne auprès d’une personne présumée victime de violence ; de discuter des facteurs qui empê chent une personne victime de violence de quitter une situation de violence ;
Interventions infrmières en situation de crise
■
■
d’appliquer la démarche de soins aux victimes de violence ; d’intervenir auprès d’une personne qui présente un risque de comporte ment violent.
Concepts clés
Cette carte conceptuelle illustre schématiquement les principaux concepts décrits dans le présent chapitre. Sa lecture vous permettra d’avoir une vue d’ensemble des notions qui y sont présentées.
dont
dont
dont
dont
facteurs de risque
et
comprend
inclut
inclut
facteurs de risque
29
Chapitre 29 Violence
815
PORTRAIT Nancy Deschamps Nancy Deschamps, âgée de 21 ans, étudie à l’université. Après trois heures d’études à la bibliothèque, deux étudiants l’ont invitée, avec sa colocataire, à jouer aux cartes. Le jeu consistait à aire boire un verre de bière au perdant. En quelques heures, les quatre étudiants se sont retrouvés ivres, et les jeunes emmes ont manqué leur autobus pour retourner chez elles. Les jeunes hommes leur ont oert leur lit tandis qu’eux dormiraient sur le soa. Madame Deschamps s’est endormie immédiatement, mais elle a été réveillée par l’un des jeunes hommes qui la déshabillait et la orçait à avoir un rapport sexuel, malgré ses protestations. Le lendemain matin, les jeunes emmes sont retournées chez elles, et elles ont assisté à leurs cours, comme à l’habitude. Depuis, madame Deschamps éprouve de plus en plus d’anxiété et de détresse. Elle ne cesse de penser à l’agression sexuelle dont elle a été victime. Elle est incapable de se concentrer en classe, de réaliser ses travaux scolaires, de continuer à travailler à temps partiel et de participer aux activités sociales.
29.1
Caractéristiques générales
La violence touche quotidiennement de nombreuses clientèles. Il s’agit d’un phénomène complexe, qui se défnit comme l’expression de sentiments, comme la colère, en vue de aire du mal à quelqu’un ou d’abîmer quelque chose (Lewis, Dirksen, Heitkemper et al., 2011). Elle peut se distinguer selon la relation entre l’agresseur et la victime, la nature, la gravité et la durée de l’acte commis.
27 Les soins et traitements infrmiers en cas de catas trophes d’origine naturelle ou humaine sont l’objet du chapitre 27, Situation de crise.
816
Partie 6
La violence interpersonnelle ou dirigée contre autrui, abordée dans ce chapitre, se divise en deux catégories : la violence amiliale et la violence dans la communauté. La violence amiliale se produit habituellement, mais pas exclusivement, à domicile envers un conjoint ou un partenaire, envers un enant ou envers une personne âgée. La violence dans la communauté est caractérisée par le ait que les personnes impliquées ne sont pas apparentées et peuvent ne pas se connaître. Cette violence se produit généralement à l’extérieur du domicile (Margolin & Gordis, 2000). Elle peut se produire en milieux institutionnels (p. ex., le milieu de travail, l’école), mais elle comprend aussi les agressions sexuelles et les actes de violence commis au hasard par des étrangers 27 . Qu’elle soit communautaire ou amiliale, la violence se distingue également par sa orme (la nature de l’acte) TABLEAU 29.1 et FIGURE 29.1.
Interventions infrmières en situation de crise
La violence peut avoir des eets négatis sur la santé mentale des personnes victimes : par exemple, il peut s’agir d’un état de stress posttraumatique (ESPT), de symptômes dissociatis, de changements persistants de personnalité (Kamphus & Emmelkamp, 2005). Ces eets peuvent apparaître immédiatement ou survenir avec le temps, selon la nature, la gravité et la durée de la violence subie (ministère de la Justice du Canada, 2009). En particulier, chez les emmes victimes de violence conjugale chronique, des études cliniques ont montré une réquence élevée de symptômes de dépression, de troubles anxieux (p. ex., un ESPT, un trouble panique) et d’idées suicidaires (Kamphuis & Emmelkamp, 2005). Afn de se rapprocher de leurs victimes et de les soumettre, les agresseurs peuvent avoir recours à des menaces, à la orce physique ou à des ormes de contrainte psychologique (p. ex., la séduction, la supercherie ou la tromperie). Ils sont responsables de la violence et du tort qu’ils causent. Certains ont eux-mêmes subi de la violence ou y ont été exposés. Ils peuvent avoir appris que la violence est un moyen légitime d’exercer du pouvoir et une maîtrise sur les autres (ministère de la Justice du Canada, 2009). La présence d’un trouble de la personnalité ou d’un trouble de l’attachement, ainsi que la consommation de substances psychoactives constituent des acteurs de risque de commettre des gestes violents (Genest & Mathieu, 2011). L’infrmière est amenée à discerner, chez ses clients, des comportements qui découlent de la violence et qui peuvent reaire surace au cours de la mise en place de l’alliance thérapeutique. Comme les autres proessionnels de la santé, elle intervient pour prévenir la violence, protéger et traiter les personnes dont la vie est touchée et bouleversée par des actes de violence. Il est notamment primordial de dépister les victimes de violence, comme expliqué dans la quatrième section de ce chapitre. Que ce soit en première, deuxième ou troisième ligne, l’infrmière est en mesure de procéder à l’évaluation des besoins de soins et de protection des victimes de violence de toute nature, que celle-ci soit exercée par un membre de la amille, un proche aidant, une personne responsable, une connaissance ou un étranger. Les interventions thérapeutiques peuvent être dirigées de açon à prévenir la violence, les abus et même la mort. Il appartient également à l’infrmière de reconnaître le client à risque de commettre des gestes violents, de mesurer les risques de la situation, d’évaluer avec lui le besoin qu’il éprouve et d’intervenir en onction de ce besoin et de la situation. L’infrmière sait comment diriger les personnes vers des ressources spécialisées, le cas échéant.
TABLEAU 29.1
Défnitions de la violence
FORME DE VIOLENCE
DÉFINITION
Violence psychologique (ou émotionnelle)
Recours à des attitudes et à des gestes visant à humilier, dénigrer, intimider et dévaloriser l’autre personne. Porte atteinte à l’estime de soi et rend la personne vulnérable aux autres ormes de violence.
Violence verbale
Utilisation de propos méprisants, de sarcasmes, d’insultes, de hurlements, de propos dégradants et humiliants, de chantage, de menaces ou d’ordres intimés brutalement. Relève de la violence psychologique.
Violence physique
Utilisation intentionnelle de la orce physique, d’objets, d’armes pouvant causer des blessures, voire la mort. Peut inclure l’utilisation inappropriée de la médication, de traitements ou de contentions physiques, l’alimentation orcée ou l’usage de punitions physiques.
Violence sexuelle
Utilisation de la orce, de l’intimidation ou du harcèlement pour contraindre une per sonne à avoir des activités ou des contacts sexuels non désirés ou non consensuels. Porte atteinte à l’intégrité de la personne.
Violence économique ou fnancière (privations)
Privation des ressources économiques nécessaires pour le bon onctionnement du oyer, par exemple, en contrôlant les activités économiques de açon à limiter le pouvoir de décision de la personne ou à l’empêcher d’atteindre l’autonomie fnancière.
Négligence
Incapacité ou reus de combler les besoins de première nécessité comme l’aection, l’alimentation, l’habillement, le logement, la sécurité, les soins médicaux, l’éducation, la stimulation sociale.
Source : Adapté de Lewis et al. (2011)
Violence Interpersonnelle
Famille/partenaire Enfant
Partenaire
Communauté Personne âgée
Connaissance
Étranger
Nature de la violence Physique Sexuelle Psychologique Privations ou négligence FIGURE 29.1 Typologie de la violence, selon sa nature et les relations entre les personnes
29.2
Étiologie
Aucun acteur n’explique à lui seul le phénomène de la violence ; il s’agit davantage de l’interaction complexe de acteurs individuels, relationnels, sociaux, culturels et environnementaux. Le modèle
écologique, conçu à la fn des années 1970, met en relation ces acteurs individuels et contextuels pour expliquer le phénomène de la violence (Organisation mondiale de la santé [OMS], 2002) FIGURE 29.2 . Dans ce chapitre, plusieurs acteurs de risque de violence sont présentés à titre d’exemple. Cependant, le recours à une
29
Chapitre 29 Violence
817
et des comportements impulsis violents (Dayan & Quentin, 2009 ; Kandell, Scwartz & Jessel, 2012). Sociétale
Communautaire
Relationnelle
Individuelle
FIGURE 29.2 Imbrication des facteurs de risque de violence
approche clinique holistique est recommandé an d’intervenir à plusieurs niveaux pour prévenir la violence (OMS, 2002).
29.2.1
Facteurs individuels
Le niveau individuel comprend les acteurs psychophysiologiques et les acteurs psychologiques, c’est-à-dire ceux liés à l’histoire personnelle (p. ex., le niveau d’instruction, l’abus de substances, des antécédents violents ou de maltraitance subie, ou encore les troubles mentaux tels que les troubles de la personnalité). Ces caractéristiques individuelles augmentent le risque que la personne soit auteure ou victime de violence (OMS, 2002).
Facteurs psychophysiologiques Plusieurs infuences psychophysiologiques peuvent expliquer les comportements agressis et violents (Bukin & Luttrell, 2005). Des corrélats psychophysiologiques robustes du comportement agressi incluent un rythme cardiaque au repos plus aible, une réactivité accrue du système nerveux autonome aux stimulus aversis et stressants, une recrudescence des ondes lentes (delta) de l’activité électroencéphalographique, une diminution de l’amplitude de la réponse P300 du potentiel évoqué cérébral (ou onde d’amplitude positive qui arrive environ 300 millisecondes après le début d’une stimulation) (Patrick, 2008).
Perturbations des structures et des onctions cérébrales Les régions associées aux comportements agressis ou violents, en particulier les actes impulsis, sont situées dans le cortex prérontal et les régions temporales médianes (Bukin & Luttrell, 2005). Ainsi, une diminution de l’activité prérontale par rapport à l’activité sous-corticale est associée à l’impulsivité agressive. Des dysonctionnements dans l’une ou l’autre de ces régions du cerveau peuvent prédisposer à la violence en perturbant l’activité sérotoninergique (Bukin & Luttrell, 2005). Un taux plus élevé de sérotonine dans le sang a été retrouvé chez les délinquants violents, ce qui pourrait être lié à une diminution de l’activité des récepteurs sérotoninergiques (Mott, Brammer, Caspi et al., 1998). La sérotonine est un neurotransmetteur qui, par son action sur plusieurs récepteurs, est impliquée dans la régulation de l’humeur, de l’anxiété
818
Partie 6
Interventions infrmières en situation de crise
Un déséquilibre de l’activité du système limbique (particulièrement l’amygdale) et du cortex rontal, qui sont impliqués dans le traitement et la régulation des émotions, peut également être associé à des comportements violents (Patrick, 2008). Des comportements d’agressivité peuvent apparaître après une lésion cérébrale précise, telle que des lésions rontales, des lésions de l’hypothalamus ou même des stimulations électriques de l’amygdale (Bear, Connors & Paradiso, 2007). Des études ont également révélé des décits dans certaines structures et onctions du cerveau liés à la maltraitance durant l’enance. En général, ces études indiquent que les décits structuraux et onctionnels les plus caractéristiques associés à la maltraitance durant l’enance se trouvent dans les régions cérébrales latérales et ventromédianes de la partie rontale du système limbique (notamment l’amygdale et l’hippocampe), ainsi que dans le cervelet. Ces régions du cerveau orment un réseau modulant les comportements et les émotions (Hart & Rubia, 2012). Les épilepsies temporales peuvent également être associées à des comportements agressis (Bear et al., 2007 ; Pegna, Annoni & Schnider, 2005). Par ailleurs, plusieurs recherches indiquent un lien entre un taux élevé de testostérone et une augmentation de l’agressivité et des comportements violents chez les adultes (Bear et al., 2007 ; Raine, 2002).
Infuences génétiques L’étiologie des comportements violents est complexe : autant les gènes que l’environnement y contribuent (Baker, Raine, Liu et al., 2008). D’ailleurs, l’interaction entre les acteurs biologiques et sociaux augmente de açon exponentielle les taux de comportements violents et antisociaux (Raine, 2002). Une mutation des gènes qui encodent les récepteurs sérotoninergiques peut aussi entraîner une augmentation des comportements impulsis et agressis (Kandell et al., 2012). L’épigénétique est la science qui étudie l’infuence des expériences de la vie sur l’expression des gènes. Les recherches révèlent des altérations neurobiologiques dans le cerveau des personnes qui ont vécu des relations humaines traumatiques pendant leur enance. Par exemple, la violence subie au cours de cette période provoquerait des changements physiologiques dans le cerveau en développement qui entraîneraient des décits cognitis (p. ex., du quotient intellectuel, de la mémoire de travail, de l’attention, du raisonnement et de l’interprétation des situations sociales), des décits de l’inhibition de la réponse et de la diérenciation des émotions (p. ex., la colère, la dépression), ainsi que des dicultés de modulation des réactions émotionnelles (Hart & Rubia, 2012). Ces perturbations pourraient avoriser
l’adoption de comportements impulsis, antisociaux et de l’inconduite sexuelle (Schwartz, Bradley, Penza et al., 2006).
Plusieurs acteurs psychologiques tentent d’expliquer les comportements violents.
soins, appelés liens d’attachement, détermineront la açon dont l’enant percevra le monde en dehors de son environnement amilial 8 . La violence amiliale, la négligence et des soins insensibles ou qui alimentent la peur chez un enant peuvent conduire à l’acquisition d’un attachement insécurisé ou désorganisé (van IJzendoorn, 2012). Un attachement insécurisé ou désorganisé en bas âge peut accroître les problèmes de comportement et d’agressivité, la psychopathologie, une incapacité à établir des relations efcaces avec les pairs, des défs d’adaptation à l’environnement scolaire, des symptômes dissociatis et de dépression (Hennighausen & Lyons-Ruth, 2010 ; Toth & Cicchetti, 2005). Un attachement dysonctionnel peut également conduire à commettre des crimes violents à l’âge adulte (Genest & Mathieu, 2011).
Antécédents de violence
Consommation de substances psychoactives
Facteurs de risque liés à la santé Certains acteurs de risque survenant dans les périodes prénatale, périnatale et postnatale peuvent accroître le risque de comportements agressis et antisociaux, notamment la consommation de tabac pendant la grossesse, la dépression maternelle, les complications à la naissance, un trauma crânien, l’exposition au plomb et la maltraitance des enants (Liu, 2011).
Facteurs psychologiques
Bien que la grande majorité des victimes de violence ne deviennent pas des agresseurs (Jennings, Piquero & Reingle et al., 2012), il existerait une corrélation entre la violence antérieure subie et la perpétration ultérieure de comportements violents (Jennings et al., 2012 ; Laortune, Proulx & Tourigny, 2010). Que ce soit selon la théorie de l’apprentissage social ou la théorie de l’attachement, les enants témoins ou victimes de violence amiliale seraient plus enclins à s’adapter à ces expériences négatives en adoptant des comportements déviants. Si la violence subie pendant l’enance n’a pas été détectée ou signalée, particulièrement par une personne responsable de l’enant, la victime devenue adolescente peut sentir que la violence qu’elle a subie n’a pas d’importance et que sa propre violence entraîne peu de conséquences (Jennings et al., 2012). À noter qu’il n’est pas nécessaire que les enants observent des modèles d’agression pour savoir comment agresser. Généralement, plutôt que d’apprendre à recourir à l’agression par l’intermédiaire de leur environnement, les enants découvrent les açons de ne pas aire appel à l’agression grâce à leur environnement. Les enants qui ne ont pas ces apprentissages de solutions de rechange à l’agression pourraient être rejetés par les autres et sont plus à risque de maintenir ces comportements jusqu’à l’adolescence, lorsque leur croissance physique les rend beaucoup plus dangereux pour leur entourage (Tremblay, 2008).
8 La théorie de l’attachement de John Bowlby est détaillée dans le chapitre 8, Dévelop pement et vieillissement de la personne.
Les substances psychoactives et la violence seraient liées. Un des acteurs le plus souvent associés à la violence, que ce soit dans la population générale ou chez les personnes atteintes de troubles mentaux graves, est l’abus d’alcool ou de drogues (Crocker, 2012). | Alcool | L’alcool a été cité comme un des princi paux facteurs de risque de subir et de perpétrer de la violence, tant chez les jeunes que chez les adultes (Brochu, Cousineau, Provost et al., 2010 ; Foran & O’Leary, 2008 ; Lipsey, Wilson, Cohen et al., 1997 ; McIntyre & Spatz Widom, 2011 ; Rothman, McNaughton Reyes, Johnson et al., 2011). Il est important de mentionner que, malgré le lien étroit qui existe entre l’alcool et la violence, cette rela tion est de nature corrélative et non causale (Lipsey et al., 1997). L’alcool a un eet désinhibant chez la personne qui en consomme, ce qui peut la conduire à adopter des comportements violents (Boles & Miotto, 2003). La consommation élevée d’alcool pourrait par exemple conduire à de la violence dans les relations amoureuses chez les jeunes (Rothman et al., 2011), à de la violence conjugale chez les adultes (Foran & O’Leary, 2008) et à des agressions sexuelles (Boles & Miotto, 2003). La consommation d’alcool peut également conduire à des actes d’agression sexuelle plus violents (Busch-Armendariz, DiNitto, Bell et al., 2010). La relation entre l’alcool et la violence est complexe et peut s’expliquer par divers mécanismes ; par exemple, l’alcool peut diminuer le onctionnement du lobe rontal, altérer l’état de conscience ou encore perturber le système neurobiologique, ce qui conduit à l’utilisation de la violence (Boles & Miotto, 2003).
La théorie de l’attachement, quant à elle, vise à comprendre les perturbations du onctionnement des personnes ayant subi des séparations précoces ou des pertes traumatisantes. Les traumatismes vécus au cours de l’enance en raison d’actes violents et de négligence aecteraient les adultes en | Drogues | La consommation de drogues est notam devenir (Kreidler & Kurzawa, 2009). Essentiel- ment associée à la violence entre partenaires in lement, les liens ormés au times, que l’homme ou la début de la vie entre l’enfemme soit l’agresseur ou La grande majorité des victimes de violence ant et ses parents ou son la victime (Moore, Stuart, ne deviennent pas des agresseurs. principal donneur de Meehan et al., 2008). La
29
Chapitre 29 Violence
819
cocaïne serait la drogue la plus associée à l’agres sion psychologique, physique et sexuelle entre partenaires (Moore et al., 2008). La consommation de drogues a des eets psychopharmacologiques (p. ex., des distorsions perceptuelles), ce qui peut accroître l’envie et les comportements irrationnels menant à une agression (Goldstein, 1995). Les drogues peuvent interagir avec les neurotransmetteurs, par exemple la dopamine et la sérotonine, et accroître les risques de violence (Moore, Scarpa & Raine, 2002). Les eets physiologiques des drogues, comme l’inhibition de l’anxiété liée à la peur d’être puni pour des comportements d’agressivité, peuvent augmenter les comportements violents (Pihl & Peterson, 1995). Enn, la consommation de drogues et les comportements agressis peuvent aussi être considérés comme des comportements déviants et ainsi aire partie d’un syndrome général de déviance (Harrison, Erickson, Adla et al., 2001). Les victimes peuvent subir une agression sexuelle après avoir volontairement consommé de la drogue ou de l’alcool, mais elles peuvent également avoir été droguées à leur insu avec des drogues communément appelées drogues du viol. Deux de ces drogues les plus courantes, le gamma-hydroxybutyrate (GHB) et le funitrazépam (Rohypnolmd), sont des dépresseurs du système nerveux central qui, lorsqu’elles sont dissoutes dans des boissons alcoolisées ou non, deviennent inodores et insipides. Après avoir ingéré ces substances, une personne devient désorientée et peut devenir inconsciente et le rester pendant plusieurs heures. Un eet secondaire courant de ces drogues est la perte de mémoire. Ainsi, les victimes ont du mal à se rappeler l’agression et à identiier leur agresseur (Harner & O’Donnell, 2003). Il est donc dicile de mesurer l’ampleur de l’utilisation de cette drogue et ses conséquences. Au Canada, le viol acilité par des drogues est considéré comme un acte criminel.
29.2.2
Facteurs relationnels, communautaires et sociétaux
Le niveau relationnel s’intéresse à la manière dont les relations sociales proches, avec la amille, les partenaires et les pairs, peuvent infuer sur le comportement violent (OMS, 2002). Il tient compte de acteurs tels que le manque d’aection, les dysonctionnements amiliaux, la réquentation de camarades délinquants, les confits avec le conjoint ou avec les parents. La nature, la durée et le risque de répétition de la violence varient également selon qu’il s’agit d’étrangers, de connaissances, de pairs, de membres de la amille et de partenaires intimes. Les relations continues, les interactions quasi quotidiennes ou le ait de partager le domicile de l’agresseur risquent d’accroître les possibilités d’incidents et l’exposition à des actes de violence répétés.
820
Partie 6
Interventions infrmières en situation de crise
Le contexte communautaire dans lequel sont ancrées les relations sociales (p. ex., l’école, le lieu de travail, le voisinage) comporte aussi des acteurs prédisposant à la violence : des déménagements réquents, l’hétérogénéité de la population, un lien social quasi inexistant, une orte densité démographique. Aussi, des problèmes tels que le trac de stupéants, un taux de chômage élevé ou un isolement social général, la pauvreté d’un quartier ou le aible soutien institutionnel avorisent la violence (OMS, 2002). Enn, la violence est aussi corrélée aux acteurs plus généraux et sociétaux qui créent un climat de violence acceptable et qui réduisent les inhibitions contre la violence (OMS, 2002). Ils engendrent et perpétuent ainsi un ossé entre divers segments de la société. Tel est le cas de normes culturelles selon lesquelles il serait acceptable de recourir à la violence pour résoudre des conlits, de normes qui édicteraient que les droits parentaux l’emporteraient sur le bien-être de l’enant, de normes qui armeraient la domination de l’homme sur les emmes et les enants, etc.
Organisation et structure familiales L’organisation et la structure amiliales peuvent expliquer certains types de violence amiliale. Ainsi, la violence conjugale augmente le risque de maltraitance à l’égard des enants (Lavergne, Clément, Damant et al., 2011). La présence de violence conjugale ou d’agression physique envers les enants dans la amille d’origine des parents peut également accroître la violence dans la amille actuelle (Lavergne et al., 2011). De plus, certaines études mentionnent que la violence peut survenir dans les amilles recomposées où peuvent coexister certains problèmes de onctionnement des parents, dont des problèmes d’abus de substances, de discorde conjugale et d’isolement social (Turner, Finkelhor & Ormrod, 2007). Les amilles recomposées pourraient vivre plus de problèmes que les autres, car les normes de parentage et de résolution de confits y sont parois moins claires. Elles éprouveraient également un stress accru en raison d’un plus grand isolement social (Turner et al., 2007). Ces divers acteurs peuvent infuer négativement sur le onctionnement psychologique et social des parents et se répercuter sur l’enant.
Isolement social L’isolement social a été reconnu comme une caractéristique de certaines amilles où le risque de violence physique ou sexuelle envers un conjoint ou un enant est élevé (Organisation des Nations Unies [ONU], 2006). L’isolement social peut découler de l’absence de soutien social, un acteur lié à la violence amiliale (Lavergne et al., 2011). L’isolement peut être imposé au conjoint par
l’agresseur ; la honte peut aussi inciter le conjoint visiblement battu à se replier davantage. Les victimes se retrouvent souvent isolées des amis, de la amille d’origine, des voisins ou de toute personne qui pourrait se rendre compte de la situation. Certaines amilles s’isolent elles-mêmes de açon subtile en ayant un numéro de téléphone confdentiel, en n’ayant pas de moyen de transport pour éviter de visiter les autres et en ermant les rideaux de la maison pour rester à l’abri des regards. Elles peuvent alors n’avoir aucune relation avec la communauté.
Relations de genre La théorie éministe soutient que le partage inégal du pouvoir entre l’homme et la emme soumet celle-ci à la dominance de l’homme dans toutes les sphères de sa vie (c.-à-d. le travail, la amille et la vie en société). Les hommes apprendraient à utiliser la orce, voire la violence dans certains cas, pour exercer leur domination. Cette théorie éministe a contribué à aire reconnaître la violence conjugale comme un problème de société (Rinret-Raynor, Brodeur, Lesieux et al., 2010).
29.3
Violence familiale
La violence amiliale englobe de nombreuses ormes de violence, de mauvais traitements ou de négligence que des adultes ou des enants peuvent vivre dans une relation intime, amiliale ou de dépendance. Elle comprend la violence conjugale, la violence envers les enants et la violence envers les personnes âgées. Une relation inégale de pouvoir rend une personne plus vulnérable à la violence d’un agresseur (ministère de la Justice du Canada, 2009). Plusieurs caractéristiques distinguent la violence amiliale de la violence envers des étrangers. Les occasions de violence sont plus nombreuses à domicile, et ce, en raison des interactions quotidiennes. Les gestes de violence répétés par l’agresseur sont plus probables, compte tenu de la relation continue qui existe entre les membres d’une amille. Les épisodes de violence se produisent souvent dans des endroits privés, où ils ne peuvent être vus par d’autres, et ils sont alors moins susceptibles d’être détectés ou rapportés à la police (Conseil du statut de la emme, 2005 ; Momirov & Duy, 2011). De plus, l’agresseur menace souvent la victime de violence supplémentaire si elle dévoile les actes de violence. La victime peut se taire pour éviter la stigmatisation et le dénigrement ou encore parce qu’elle a peur ou qu’elle ne veut pas aire arrêter un membre de sa amille (Conseil du statut de la emme, 2005 ; Momirov & Duy, 2011).
29.3.1
Violence conjugale
La violence conjugale peut être vécue dans une relation conjugale, extraconjugale ou amoureuse, et ce, à tous les âges de la vie (gouvernement du Québec, 2012). La violence exercée par les hommes à l’endroit des emmes est mieux documentée, mais il ne aut pas pour autant oublier que la violence peut aussi être perpétrée entre conjoints de même sexe et par des emmes envers les hommes. La violence conjugale inclut également celle commise à l’égard d’un partenaire ou pendant les réquentations. Il est important de noter que la violence perpétrée par les ex-conjoints de droit et de ait est également défnie comme de la violence conjugale (Statistique Canada, 2011).
Description La violence conjugale ne constitue pas une perte de maîtrise, mais plutôt un moyen choisi pour dominer l’autre personne et afrmer son pouvoir sur elle (gouvernement du Québec, 2012).
Manifestations possibles Les agressions psychologiques, verbales, physiques et sexuelles ainsi que les actes de domination sur le plan économique ont partie des maniestations de la violence conjugale (gouvernement du Québec, 2012) TABLEAU 29.2. La violence conjugale peut se maniester de diérentes açons : parois, une seule orme de violence sera observée, mais plusieurs types de violence peuvent coexister. Ainsi, l’exploitation fnancière et la violence psychologique sont souvent concomitantes avec la violence physique et sexuelle (Statistique Canada, 2011). De plus, les ormes et les maniestations de la violence conjugale peuvent évoluer et se transormer dans le temps. Le harcèlement ait partie de la multitude de comportements liés à la violence conjugale ; il peut apparaître à l’occasion d’une séparation difcile et prendre diverses ormes. Le harcèlement criminel est le ait de suivre une personne de açon répétée ou de tenter de communiquer avec elle à répétition, incluant le ait de surveiller sa maison ou son lieu de travail et de la menacer (Institut national de santé publique du Québec [INSPQ], 2012b). Le harcèlement criminel donne à la victime un moti raisonnable de craindre pour sa sécurité ou celle d’un proche. Au Canada, la violence conjugale n’est pas spécifquement incluse dans la liste des inractions du Code criminel. Cependant, plusieurs ormes de violences posées dans une relation intime, qu’elle soit actuelle ou passée, peuvent aire l’objet d’une poursuite en vertu du Code criminel (p. ex., le harcèlement criminel, les voies de fait, les agressions sexuelles, l’enlèvement ou la séquestration, le ait de proérer des menaces) (INSPQ, 2012b).
Les infractions criminelles en contexte de violence conjugale sont listées dans la Trousse Média sur la violence conjugale au http://securitetraumatismes. inspq.qc.ca/violenceconjugale/ dequoiparleton.aspx.
Chapitre 29 Violence
821
29
TABLEAU 29.2
Caractéristiques de la violence conjugale
FORME DE VIOLENCE
PARTICULARITÉS
MANIFESTATIONS POSSIBLES
Violence psychologique
• Est subtile et difcile à détecter par l’entourage et par la victime ellemême.
Attitudes méprisantes ; dénigrement ; dévalorisation ; humiliation ; isolement social et contrôle des sorties et des réquentations (contrôle relationnel) ; négli gence ; violence sur les objets et les animaux
Violence verbale
• Est souvent banalisée.
Chantage et menaces ; hurlements ; insultes ; ordres intimés brutalement ; propos dégradants et humi liants ; sarcasmes
• Accompagne la plupart du temps les autres ormes de violence. Violence physique
• Est la plus médiatisée. • Est souvent déguisée en accidents.
Brûlures et morsures ; contrainte physique ; coups et bousculades ; homicide
Violence sexuelle
• Est souvent cachée en raison des tabous.
Agressions sexuelles ; imposition d’actes dégradants ; intimidation, harcèlement, manipulation ou brutalité en vue d’une relation sexuelle non consentie ; viol conjugal (reconnu depuis 1983 comme un acte criminel)
Violence économique
• Est répandue, mais méconnue.
Création d’une dépendance fnancière ; gestion et surveillance des activités économiques ; privation ou contrôle des ressources fnancières et matérielles
Source : Adapté de INSPQ (2012b)
Cycle de la violence conjugale Il peut exister des épisodes de tensions dans un couple qui suscitent des comportements agressis (p. ex., de la colère, des paroles blessantes, des propos dénigrants), mais ces épisodes sont habituellement occasionnels et ne s’insèrent pas dans un cycle itérati avec une domination d’un des partenaires. Dans une relation marquée par la violence conjugale, les actes de violence sont rarement isolés, mais suivent plutôt une logique d’escalade (Ordre des infrmières et infrmiers du Québec [OIIQ], 2004). Ils se répètent et s’intensifent selon les phases d’un cycle de violence FIGURE 29.3. L’agresseur maintient sa domination en mettant en place ce cycle.
Les quatre phases du cycle de la violence conjugale sont décrites en détail au www.violenceconjugale. gouv.qc.ca/comprendre_ cycle.php.
822
Partie 6
Le cycle de la violence comporte quatre phases : 1) le climat de tension ; 2) la période de crise, caractérisée par les actes de violence ; 3) la justifcation, défnie par les remords de l’agresseur ; 4) la période de lune de miel, où l’agresseur est aimant, attentionné et parle d’aller chercher de l’aide. Il est à noter que ces phases ne sont touteois pas toujours présentes et ne surviennent pas nécessairement dans cet ordre. Avec le temps, l’escalade des tensions et la violence physique tendent à s’allonger, et, inversement, les phases d’apaisement et la lune de miel ont tendance à disparaître. L’un des partenaires a une position de victime, il n’ose pas s’opposer ouvertement et a peur des conséquences et des représailles. La peur est un indice important pour distinguer la violence conjugale de la dispute de couple (INSPQ, 2012a).
Interventions infrmières en situation de crise
Phase 1 Climat de tension Phase 2 Crise
Phase 4 Lune de miel Phase 3 Justification
FIGURE 29.3
Cycle de la violence conjugale
Facteurs de risque spécifques Les acteurs de risque de la violence conjugale sont multiples et peuvent varier selon la position de la personne (victime ou agresseur). Les acteurs sociétaux et environnementaux de la violence conjugale sont ceux de la violence en général, et ils sont défnis dans la deuxième section de ce chapitre.
Touteois, les acteurs individuels et relationnels peuvent varier TABLEAU 29.3. Un âge jeune représente un acteur de risque accru de violence conjugale. Plusieurs études ont montré que les couples de moins de 25 ans sont plus à risque de violence conjugale que ceux où les partenaires sont âgés de 45 ans et plus (Johnson & Dawson, 2011). Il est à noter que le revenu du ménage et le niveau de scolarité sont parois liés à la violence conjugale, mais pas systématiquement (Johnson & Dawson, 2011). Un aible niveau de scolarité pourrait réduire l’exposition et l’accès à des ressources et accroître l’acceptation de la violence (World Health Organization, 2010). La proportion de violence est plus élevée chez les couples vivant en union libre ou dans une amille recomposée que chez les couples mariés (Brennan, 2011 ; Johnson & Dawson, 2011). Les emmes séparées, ou en processus de séparation de leur conjoint, sont aussi plus à risque de violence, particulièrement de éminicides (Johnson & Dawson, 2011). L’orientation sexuelle (homosexualité, bisexualité), la présence d’une limitation (p. ex., un handicap physique, une défcience intellectuelle ou un problème de santé) et l’identité autochtone sont d’autres acteurs de risque de se déclarer victime de violence conjugale (Brennan, 2011; Mahony, 2011). TABLEAU 29.3
Les personnes qui appartiennent à une minorité visible ou qui sont immigrantes connaissent parois des degrés accrus de violence conjugale, mais pas toujours. Il peut être difcile de déterminer si la violence conjugale chez les minorités visibles ou les immigrants pourrait être liée au ait que plusieurs d’entre eux sont désavantagés sur les plans social (p. ex., un manque de ressources, le racisme, des traumatismes vécus avant l’immigration) et économique (p. ex., ne pas avoir d’emploi, avoir des sousemplois) (Johnson & Dawson, 2011).
ALERTE CLINIQUE
Les emmes âgées de 18 à 29 ans, les emmes séparées, les emmes autochtones ainsi que les lesbiennes sont par ticulièrement à risque de subir de la violence conjugale (INSPQ, 2012d).
Épidémiologie La prévalence de la violence conjugale demeure difcile à établir. Les données policières ournissent un portrait partiel de la situation puisque seules les ormes criminelles de violence conjugale qui sont déclarées à la police sont comptabilisées. De plus, plusieurs victimes ne déclarent pas aux policiers la violence qu’elles subissent. Les enquêtes populationnelles permettent une meilleure appréciation de la prévalence de la violence conjugale,
Jugement clinique Lison Morissette, âgée de 30 ans, est enceinte pour la troisième ois, malgré qu’elle portait, cette oisci, un stérilet. Son couple vit de l’aide sociale et a de la diculté à joindre les deux bouts avec les enants actuels. Le père est acilement colérique et élève ra pidement la voix lorsqu’il devient contrarié. Madame Morissette est de nature plutôt soumise. Ayant peur de se retrouver seule, elle supporte les comportements violents de plus en plus réquents de son conjoint, même lorsqu’il s’en prend aux enants. Quel élément de cette situation a sans doute contribué à l’augmentation de la réquence des comportements violents du conjoint de madame Morissette ?
Facteurs individuels et relationnels associés à la violence conjugale
AGRESSEUR
VICTIME
Facteurs individuels possibles • Chômage
• Consommation, voire abus de substances
• Consommation, voire abus de substances
• Dépression
• Faible niveau de scolarité
• Faible niveau de scolarité
• Faible revenu/statut socioéconomique
• Faible revenu/statut socioéconomique
• Jeune âge
• Grossesse
• Mauvais traitements durant l’enance : sévices physiques, agression sexuelle et exposition à la violence conjugale
• Jeune âge
• Possibilité de symptômes de troubles de la personnalité (Heise & GarciaMoreno, 2002)
• Mauvais traitements durant l’enance : sévices physiques, agression sexuelle et exposition à la violence conjugale • Séparation ou divorce
• Tolérance à l’égard de la violence
• Tolérance à l’égard de la violence
• Violence antérieure
• Victimisation antérieure
Facteurs relationnels possibles • Confits conjugaux/insatisaction conjugale
• Confits conjugaux/insatisaction conjugale
• Durée de la relation
• Écart de niveau de scolarité entre les conjoints
• Écart de niveau de scolarité entre les conjoints
• Nombre d’enantsa
• Partenaires multiples/indélité a
La violence est plus courante dans les familles nombreuses (OMS, 2002). Source : Adapté de INSPQ (2012c)
29
Chapitre 29 Violence
823
mais elles sous-estiment néanmoins l’ampleur de cette problématique. En eet, plusieurs victimes n’osent pas déclarer avoir été victimes de violence. De plus, certaines ormes de violence conjugale ne sont parois pas étudiées dans ces enquêtes (p. ex., la violence psychologique ou nancière) (INSPQ, 2012e). Entre 2004 et 2009, 5,3 % des Québécoises et des Québécois ont déclaré avoir été victimes de violence physique ou sexuelle infigée par un partenaire actuel ou ancien. Il s’agit d’une diminution depuis 1999 (7,4 %) (INSPQ, 2012e). Entre 1999 et 2009, le taux de violence conjugale (physique et sexuelle) a connu une diminution notable tant au Québec qu’au Canada (INSPQ, 2012e). Au Canada, en 2007, 40 165 victimes de crimes conjugaux âgées de plus de 15 ans ont déclaré la violence subie à la police. Parmi elles, on comptait 33 227 ou 83 % de emmes et 6 938 ou 17 % d’hommes (INSPQ, 2012e). Au Québec, les proportions sont similaires : 19 373 inractions contre la personne commises dans un contexte conjugal ont été rapportées à la police en 2011. De ce nombre, 81 % des victimes (soit 15 720) étaient des emmes, et 19 % (soit 3 653) étaient des hommes (INSPQ, 2012e). Touteois, une enquête canadienne réalisée en 2009 sur la violence amiliale indique qu’une proportion similaire d’hommes et de emmes ont déclaré avoir été victimes de violence conjugale au cours des cinq années précédentes (Brennan, 2011). S’il peut subsister un débat à savoir si autant de emmes que d’hommes sont victimes de violence conjugale, le ait que les emmes subissent plus souvent des actes de violence graves et répétitis n’est pas contesté (Johnson & Dawson, 2011). Les conséquences à court et à long termes sont également plus sérieuses pour les emmes que pour les hommes ENCADRÉ 29.1 (Brennan, 2011 ; Johnson & Dawson, 2011).
ENCADRÉ 29.1
Types de violence conjugale envers les femmes et les hommes
D’après une enquête canadienne menée en 2009, les emmes sont plus à risque que les hommes (34 % versus 10 %) de rapporter les ormes les plus graves de violence (p. ex., des emmes agressées sexuellement, battues, étranglées, menacées avec une arme à eu ou un couteau). De leur côté, les hommes ont rapporté plus souvent que les emmes (36 % versus 13 %) être victimes de violence moins grave (p. ex., avoir reçu des coups de pied, s’être ait rapper ou mordre, ou s’être ait rapper avec un objet). Dans ses relations actuelles ou antérieures, 1 Canadien sur 5 (17%) a rapporté avoir été
victime d’une orme quelconque de violence psychologique ou d’exploitation fnancière. Le ait de rabaisser la personne ou de lui dire des mots blessants était la orme de violence la plus courante. La même enquête révèle que chez 95% des emmes et 75% des hommes qui ont dit avoir été blessés au cours d’épisodes de violence conjugale, les ecchymoses sont les blessures les plus dé clarées. Cependant, les emmes sont trois à quatre ois plus susceptibles que les hommes d’être victimes d’un homicide aux mains de leur conjoint.
Source : Adapté de Statistique Canada (2011)
824
Partie 6
Interventions infrmières en situation de crise
Conséquences chez les victimes Les nombreuses conséquences à court et à long termes de la violence conjugale peuvent inclure des problèmes de santé mentale et physique, des pertes d’emploi et de revenu pour les victimes et une diminution de la productivité pour les employeurs TABLEAU 29.4 (Johnson & Dawson, 2011). La violence conjugale a donc une incidence importante en santé publique, car elle implique plusieurs coûts pour le système de la santé et des services sociaux, en plus de mettre en cause la sphère du travail. Les problèmes psychologiques et de santé mentale induits par cette violence sont multiples. Leur présence varie selon un ensemble de acteurs, dont les orces et les ressources personnelles de la victime, la durée et la gravité des actes de violence vécus, l’exposition à d’autres événements traumatiques au cours de la vie, ainsi que l’accès aux services et à un soutien social (Heise & Garcia-Moreno, 2002 ; Nicolaidis & Liebschutz, 2009). Selon l’enquête canadienne de 2009, plus des trois quarts des victimes de violence conjugale ont dit avoir été aectées sur le plan émotionnel. Les victimes se sentent bouleversées, désorientées ou rustrées (32 %), en colère (27 %), blessées ou déçues (16 %), déprimées (15 %) et craintives (15 %) (Brennan, 2011). Les emmes sont trois ois plus susceptibles que les hommes de dire que l’incident de violence a perturbé leur routine quotidienne. La proportion plus élevée de emmes qui ont eu une réaction émotionnelle pourrait s’expliquer en partie par la constatation selon laquelle la violence perpétrée à leur endroit tend à être plus réquente et plus grave que celle commise envers les hommes (Brennan, 2011).
29.3.2
Violence familiale envers les enfants
La violence à l’égard des enants est l’usage délibéré ou la menace d’usage délibéré de la puissance ou de la orce physique. Elle entraîne ou risque ort d’entraîner un traumatisme, un décès, un dommage moral, un développement altéré ou une carence (OMS, 2002).
Description La violence envers les enants dans un contexte amilial constitue une orme de violence interpersonnelle qui peut être de nature psychologique, physique ou sexuelle, ou prendre la orme de privations ou de négligence (OMS, 2002). Le ait qu’un enant soit témoin de violence conjugale relève également de ce type de violence amiliale TABLEAU 29.5. La violence amiliale envers les enants peut se maniester de plusieurs manières. La violence psychologique peut être la seule orme de mauvais traitements, mais l’inverse est rarement vrai. Dans la majorité des cas de violence physique et de négligence, les enants sont aussi psychologiquement maltraités (Chamberland & Clément, 2009).
La réquence et la gravité des actes de violence doivent être évaluées afn de déterminer si la situation s’avère inquiétante ou non. Par exemple, le ait de crier après son enant pour qu’il écoute est diérent d’une menace d’abandon. Une discipline parentale très rigide à une occasion dière d’une discipline rigide, mais répétée. Plus la violence s’installe tôt dans la vie de l’enant, plus le développement de l’enant en subira des conséquences (Chamberland & Clément, 2009).
TABLEAU 29.4 ASPECT
CONSÉQUENCES POSSIBLESa
Santé physique
Blessures ; douleurs chroniques ; onctions physiques diminuées, voire invalidité ; perturbations gastrointestinales ; santé physique générale plus pauvre ; somatisation ; traumas physiques divers, voire mort
Santé mentale
Abus de substances ; automutilation ; dépression ; idées et tentatives de suicide, voire suicide ; sentiments de honte, de culpabilité et aible estime de soi ; troubles anxieux (p. ex., un ESPT, une phobie, un trouble d’anxiété généralisée, un trouble panique) ; troubles alimentaires (p. ex., l’anorexie, la boulimie) ; troubles somatoormes ; troubles du sommeil
Facteurs de risque spécifques Les acteurs de risque de la violence amiliale à l’égard des enants sont multiples et peuvent varier selon le type de violence. Les acteurs sociétaux et TABLEAU 29.5
a
Conséquences de la violence conjugale sur la victime
La liste des conséquences possibles de la violence conjugale n’est pas exhaustive ; elle est ordonnée alphabétiquement.
Source : Adapté de INSPQ (2012a)
Caractéristiques de la violence amiliale envers l’enant
FORME DE VIOLENCE
DÉFINITION
MANIFESTATIONS POSSIBLES
Violence (ou maltraitance) psychologique
Actes commis ou omis par des fgures parentales en situation de pouvoir et qui peuvent nuire au onctionnement comportemental, cogniti, aec ti et social de l’enant, et ce, selon les normes de la communauté et l’expertise proessionnelle (Chamberland & Clément, 2009)
• Exploitation/corruption de l’enant (modelage, permission, encoura gement des comportements déviants chez l’enant [p. ex., la prosti tution, la toxicomanie, la parentifcation, ou l’inantilisation]) • Fait de terroriser l’enant (menace ou risque de le blesser physiquement) • Isolement de l’enant (dénigrement des occasions de l’enant d’interagir avec ses pairs ou des adultes, restriction de manière déraisonnable des interactions sociales de l’enant) • Mépris/rejet de l’enant de manière verbale ou non verbale (p. ex., le ait de rabaisser, dégrader, humilier, ridiculiser, exclure l’enant de la amille en le critiquant et en le punissant constamment)
Exposition à la violence conjugale (violence psy chologique indirecte)
Cas des enants qui sont témoins directs ou indi rects de scènes de violence conjugale (Lessard, Damant, HamelinBrabant et al., 2009)
• Constatation, par l’enant, des eets de la violence conjugale (p. ex., les blessures subies par sa mère ou sa détresse psycho logique, la visite des policiers, les objets cassés) • Vue ou audition de la violence conjugale
Acte de nature physique commis par un parent ou un tuteur, qui pourrait, quelle que soit l’intention, compromettre l’intégrité ou le bienêtre physique de l’enant (Clément, 2009)
• Punition corporelle (violence physique mineure), comme le ait de donner une tape sur les esses à main nue, de donner une tape sur la main, le bras ou la jambe
Violence (ou agression) sexuelle
Agression sexuelle commise par un agresseur qui a un lien de parenté avec l’enant (p. ex., les liens légaux, de sang ou de ait) tel qu’un rère, un oncle, un père, une mère, un grandparent, un beaupère (Tourigny & Baril, 2011)
• Maniestations détaillées dans la cinquième section de ce chapitre
Négligence
Omission ou absence de certains comportements parentaux qu’adoptent normalement une majorité de parents pour assurer le bienêtre de leur enant (Milot, Éthier & StLaurent, 2009) « Échec de l’environnement amilial à prodiguer à l’enant un certain nombre de soins essentiels et nécessaires à sa sécurité et à son bon développe ment. » (Milot et al., 2009, p. 114)
• Besoins ondamentaux de l’enant non comblés sur les plans : − physique (p. ex., l’alimentation, l’habillement, l’hygiène) − de la santé (soins requis pour la santé physique ou mentale) − éducati (surveillance ou encadrement approprié pour la scolarisation) − émotionnel (privation de l’enant de liens aectis, aucune démonstration d’aection, de bienveillance ou d’amour à son endroit)
Violence (ou maltraitance) physiquea
a
• Sévices physiques ou violence grave, comme le ait de donner un coup de poing ou un coup de pied à un enant, de le rapper avec ou sans objet dur (p. ex., un bâton ou une ceinture), de l’étrangler, de le poignarder, de le brûler, de secouer ou de brasser un jeune enant, etc.
29
La violence physique doit être considérée selon « 1) la nature des gestes commis et la gravité des conséquences physiques et psychologiques pour l’enfant, et 2) la légitimité sociale et culturelle des actes » (Clément, 2009). Chapitre 29 Violence
825
environnementaux de la violence amiliale envers les enants sont ceux de la violence en général, et ils sont défnis dans la deuxième section de ce chapitre. Touteois, les acteurs individuels et relationnels peuvent varier TABLEAU 29.6.
Épidémiologie Diverses sources d’inormation permettent de dresser un portrait de l’ampleur de la violence amiliale à l’égard des enants ENCADRÉ 29.2. Elles peuvent provenir des études réalisées auprès : 1) des services
TABLEAU 29.6
de la protection de la jeunesse ; 2) des proessionnels ayant un pouvoir d’enquête (p. ex., les policiers) et des proessionnels œuvrant auprès des enants (ex., les médecins, les enseignants) ; 3) de la population générale (Clément, Chamberland & Trocmé, 2009). Une enquête populationnelle réalisée en 2004 auprès de fgures parentales indique que 79,6 % des parents déclarent l’utilisation de l’agression psychologique, 52,4 % de conduites répétées d’agression psychologique, 42,9 % de violence physique mineure (soit le recours à la
Facteurs individuels et relationnels associés à la violence familiale envers l’enfanta
DOMAINE
FACTEURS POSSIBLES
Violence psychologique Sur le plan individuel Enant
Tempérament dicile
Parent
Cognition (attitude, attribution et attentes) ; criminalité ; décience intellectuelle ; dicultés dans la conciliation travailamille ; aible estime de soi ; mécanismes de déense ; problèmes de santé mentale (p. ex., une dépression) ; problèmes de santé physique ; stress lié au rôle parental ; toxicomanie ; violence vécue dans l’enance
Sur le plan relationnel Famille
Alliances intergénérationnelles problématiques ; confits pour la garde de l’enant ; dicultés et violence conjugales ; dysonctionnements amiliaux ; monoparentalité ; plusieurs enants dans la amille
Violence physique Sur le plan individuel Enant
Décits physiques ou cognitis ; jeune âge ; naissance prématurée ; tempérament dicile
Parent
Cognition (attitude, attribution et attentes) ; dicultés dans la conciliation travailamille ; aible estime de soi ; mécanismes de déense ; problèmes de santé mentale (p. ex., une dépression) ; stress lié au rôle parental ; toxicomanie ; violence vécue dans l’enance
Sur le plan relationnel Famille
Dicultés et violence conjugales ; isolement social ; monoparentalité ; plusieurs enants dans la amille
Négligence Sur le plan individuel Enant
Âge (012 ans), décience intellectuelle ; handicap physique ; naissance prématurée ; tempérament dicile
Parent
Cognition (attitude, attribution et attentes) ; décits des habiletés parentales ; dicultés dans la conciliation travailamille ; aible estime de soi ; jeune âge de la mère ; mécanismes de déense ; problèmes de santé mentale (p. ex., une dépression) ; stress lié au rôle parental ; toxicomanie ; violence vécue dans l’enance
Sur le plan relationnel Famille
Dicultés et violence conjugales ; isolement social ; monoparentalité
a
Les acteurs de risque qu’un enant soit exposé à la violence conjugale correspondent aux acteurs de risque de la violence conjugale, défnis dans la sous-section précédente. Les acteurs de risque de la violence sexuelle, eux, sont exposés dans la cinquième section de ce chapitre. Source : Adapté de Clément & Duour (2009)
826
Partie 6
Interventions infrmières en situation de crise
ENCADRÉ 29.2
Types de violence familiale envers les enfants et les adolescents
AU QUÉBEC EN 2008
AU CANADA EN 2009
Les taux d’enants déclarés victimes de violence amiliale varient selon le type de violence : • 1,8 pour 1 000 cas de violence psychologique ;
• Un tiers des voies de ait et des inractions sexuelles commises sur des enants et des adolescents ont été perpétrées par des membres de leur amille.
• 2,6 pour 1 000 cas d’exposition à la violence conjugale ;
• Les parents ont commis plus de la moitié de ces actes.
• 2,8 pour 1 000 cas de violence physique;
• Plus de 66 % des actes de violence amiliale commis envers les enants et déclarés ont consisté en des voies de ait ; 33% de ces actes relève de la violence sexuelle.
• 0,8 pour 1 000 cas d’agression sexuelle; • 3,4 pour 1 000 cas de négligence.
Sources : Adapté de Centre jeunesse de Montréal-Institut universitaire (2012) ; Statistique Canada (2011)
punition corporelle) et 6,3 % de violence physique grave (Clément, Chamberland & Côté, 2005).
TABLEAU 29.7
Conséquences chez les victimes
ASPECT
Les enants victimes de violence amiliale sont conrontées à la peur et au sentiment de n’avoir aucune valeur. Les parents qui devaient les protéger et les aimer sont sources de sourance. De nombreuses recherches montrent de manière évidente les eets néastes à court et à long termes de la violence commise envers les enants en milieu amilial TABLEAU 29.7 (Clément & Duour, 2009). Ces conséquences sont multiples et infuencées par la orme, l’intensité, la réquence et la durée des actes de violence, l’âge et le stade de développement de l’enant maltraité, ainsi que par la qualité de la vie, du traitement et de la thérapie de l’enant lorsque les actes de violence ont cessé. Certaines de ces conséquences peuvent perdurer jusqu’à l’âge adulte. Parois, il y a transmission intergénérationnelle, c’est-à-dire que les enants qui ont été victimes de violence amiliale deviennent à leur tour des parents qui utilisent les mauvais traitements envers leurs enants (Éthier, 2009 ; Plant, Barker, Waters et al., 2012). Chez l’enant de moins de trois ans, le syndrome du bébé secoué constitue une conséquence grave de la violence physique lorsque l’enant est secoué violemment ou projeté brutalement contre une surace (p. ex., un matelas), alors qu’il est tenu par les extrémités, soit le tronc, les épaules ou le bras (Clément 2009). Ce syndrome est reconnu comme le traumatisme crânien le plus grave et le plus réquent chez les nourrissons (Labbé & Fortin, 2004). Il est l’une des principales causes de mortalité par suite de violence physique envers les enants (Reece, 2001).
29.3.3
Violence familiale envers les personnes âgées
La violence amiliale envers une personne âgée consiste en un acte isolé ou répété de violence ou en l’absence d’intervention appropriée. Elle se
Conséquences de la violence familiale sur l’enfant CONSÉQUENCES POSSIBLESa
Santé physique Problèmes et troubles de santé physique
Blessures (p. ex., des ecchymoses, des ractures, des brûlures, des coupures, des cicatrices, le syndrome du bébé secoué) ; hypertension ; moins bon état de santé général ; problèmes somatiques ; retards de croissance d’origine non organique
Fonctionnement neurobiologique
Altération des taux d’hormones et de neurotransmetteurs (p. ex., la cortisone, la dopamine)
Santé mentale Problèmes et troubles de santé mentale
Abus de substances ; automutilation ; défcit de l’attention avec ou sans hyperactivité ; dépression ; idées et tentatives suicidaires, voire suicide ; sentiments de honte, de culpabilité et aible estime de soi ; troubles de l’alimentation (p. ex., l’anorexie, la boulimie) ; troubles anxieux (p. ex., un ESPT, une phobie, un trouble d’anxiété généralisée et un trouble panique) ; trouble de la personnalité limite ; troubles du sommeil
Comportements
Agressivité ; comportements oppositionnels ; délinquance ; destruction de biens ou cruauté envers les animaux ; troubles du comportement
Cognition
Difcultés scolaires ; mauvais résultats scolaires ; réduction de la motivation et de la persévérance à la tâche ; retard de langage
Fonctionnement social et relationnel
Attachement de type insécurisant ; défcits dans les compétences sociales ; rejet par les pairs
a
La liste des conséquences possibles de la violence à l’égard des enfants n’est pas exhaustive ; elle est ordonnée alphabétiquement. Source : Adapté de Clément & Dufour (2009)
produit dans le cadre d’une relation de conance et cause un préjudice ou de la détresse chez la personne âgée (Agence de la santé publique du Canada [ASPC], 2012). Elle peut inclure la violence perpétrée par un enant adulte, un conjoint, mais aussi par un voisin, un intervenant social ou un proessionnel de la santé. Elle est en ait commise par un proche dans le milieu de vie de la personne.
Le syndrome du bébé secoué est décrit en détail dans le manuel de Hockenberry, M.J., & Wilson, D. (2012). Soins infrmiers – Pédiatrie. Montréal : Chenelière Éducation.
Chapitre 29 Violence
827
29
Description
Jugement clinique Nathan Gendron n’est âgé que de deux mois, et il est hospitalisé pour vomissements répétés. Vous constatez qu’il a des marques de doigts au thorax. Quel problème le nourrisson peutil avoir ?
TABLEAU 29.8
La violence envers les personnes âgées inclut la violence psychologique, physique et sexuelle, l’exploitation fnancière, la négligence, la violation des droits et la maltraitance de orme systémique TABLEAU 29.8. Une personne
âgée peut être victime de plusieurs types de violence, de la part de diverses personnes de son entourage (Beaulieu & Bergeron-Patenaude, 2012 ; Cohen, Levin, Gagin et al., 2007). Au Canada, certains types de violence envers la personne âgée (p. ex., la raude, les voies de ait, l’agression sexuelle, les menaces et le harcèlement criminel) sont des actes criminels (ministère de la Justice du Canada, 2011).
Caractéristiques de la violence envers la personne âgée
FORME DE VIOLENCE
DÉFINITION
MANIFESTATIONS POSSIBLES
Violence (ou maltraitance) psychologique
Infiction de sourances morales
• Atteintes à l’identité, à la dignité, à l’estime de soi ou aux valeurs de la personne âgée • Dénigrement de ses croyances ou de ses pratiques religieuses • Inantilisation, ignorance, isolement, humiliation, menaces • Propos dégradants sur la personne, son âge ou son degré d’autonomie, etc.
Violence (ou maltraitance) physique
Violence sexuelle Exploitation nancière
Infiction de douleurs ou de blessures, utilisation de la contrainte physique, ou recours à des moyens de contention physiques ou médicamenteux
• Fait de rapper la personne âgée, de la pousser, de lui lancer des objets, de lui administrer de orce des aliments, de l’enermer, de la rudoyer
Contact sexuel non consensuel avec une personne âgée
• Attouchements, exhibitionnisme, harcèlement, viol
Exploitation ou utilisation de manière illégale ou impropre des onds ou des ressources d’une personne âgée
• Détournement de onds
• Fait de aire attendre indûment la personne âgée pour aller à la salle de bain ou satisaire d’autres besoins • Ridiculisation lorsque la personne souhaite exprimer sa sexualité • Fait de soutirer de l’argent, de voler des bijoux, des biens ou des espèces • Fraudes par vol d’identité, par télémarketing, par utilisation inappropriée de cartes de services bancaires ou d’une procuration bancaire • Pressions par rapport à un héritage
Négligence
Reus de s’acquitter d’une obligation de soin ou ait de ne pas s’en acquitter, ce qui peut supposer un acte conscient et une intention visant à infiger une détresse physique ou morale à une personne âgée
• Omission (peut être intentionnelle ou ne pas l’être lorsqu’elle découle d’un manque de connaissance ou de conscience d’une situation donnée) de poser un geste alors que celuici serait nécessaire pour le bienêtre de la personne aînée
Violation des droits de la personne
Absence de reconnaissance des droits ondamentaux de la personne âgée
• Retrait du droit à l’intimité, du droit de recevoir des appels téléphoniques ou de la visite • Retrait du droit de la personne âgée de pratiquer sa religion • Empêchement d’exercer son droit de vote • Discrimination de la personne âgée en raison de son âge • Imposition d’un traitement médical
Maltraitance de orme systémique
Actes qui découlent généralement de l’orga nisation des soins et des services dans un établissement ou dans une société
• Absence de soutien adéquat au personnel en place • Embauche de personnel non qualié • Horaire de travail du personnel privilégié par rapport aux besoins et au rythme de vie de la personne âgée • Personnel manquant sur certains quarts de travail • Pratique de mesures de contention physique ou chimique sans raison thérapeutique pour éviter que la personne dérange
Sources : Adapté de Beaulieu & Bergeron-Patenaude (2012) ; Organisation mondiale de la Santé (OMS) (2002)
828
Partie 6
Interventions infrmières en situation de crise
Facteurs de risque spécifques Les acteurs de risque de la violence amiliale à l’égard des personnes âgées sont multiples et peuvent varier selon le type de violence. Les acteurs sociétaux et environnementaux sont ceux de la violence en général, et ils sont dénis dans la deuxième section de ce chapitre. Parmi ces acteurs, l’âgisme, c’est-à-dire la discrimination qui cible les aînés, les préjugés et la marginalisation sociale des personnes âgées, peut avoir une incidence sur la maltraitance. Lorsque l’âgisme est important dans une société, le degré de tolérance envers la maltraitance y est plus élevé (Angus & Reeve, 2006 ; Phelan, 2008). Par ailleurs, les acteurs individuels et relationnels de la violence envers les personnes âgées, notamment les prols des victimes et des agresseurs, varient.
ENCADRÉ 29.3
FACTEURS INDIVIDUELS POSSIBLES
Il existe des acteurs de vulnérabilité, inhérents à la personne âgée ellemême, qui la prédisposent à subir de la violence : • la consommation de psychotropes ; • la dépression ; • le manque de contacts sociaux; • les pertes cognitives ; • des problèmes de santé physique ou mentale ; • la résistance aux soins.
Profl des victimes Il est dicile d’établir des caractéristiques propres aux personnes âgées maltraitées, mais il existe des acteurs individuels de vulnérabilité et des acteurs relationnels de risque ENCADRÉ 29.3. Les aînés, les hommes comme les emmes, ne sont pas à l’abri de la violence (Beaulieu & BergeronPatenaude, 2012). Touteois, il est possible que les emmes âgées soient plus à risque de violence amiliale. Selon Statistique Canada (2011), en 2009, des membres de la amille ont commis 41 % des actes de victimisation envers les emmes âgées et 23 % envers des hommes âgés. La maltraitance subie par les emmes âgées serait plus susceptible d’être grave (Kosberg, 1998 ; Pillemer & Finkelhor, 1988). Plusieurs études indiquent que les personnes âgées atteintes de pertes cognitives ou aux prises avec un déclin de la santé physique seraient plus à risque de maltraitance (Beaulieu & BergeronPatenaude, 2012). Ces dicultés entraînent une perte d’autonomie qui les empêche d’accomplir certaines tâches quotidiennes et accroît ainsi leur vulnérabilité (Fulmer, Paveza, VandeWeerd et al., 2005). L’aîné qui habite avec une autre personne est plus à risque de maltraitance que s’il vivait seul. En eet, la cohabitation accroît les interactions et augmente les possibilités de confits et de tensions (Beaulieu & Bergeron-Patenaude, 2012). De plus, les personnes âgées qui vivent en relation conjugale sont plus à risque d’être maltraitées que celles qui demeurent avec une personne qui n’est pas leur conjoint (Pillemer & Finkelhor, 1988). Cependant, les aînés qui vivent seuls sont plus à risque de subir de l’exploitation nancière (Lachs & Pillemer, 2004).
Profl des agresseurs Les agresseurs sont généralement des proches (p. ex., un parent proche ou lointain, un proche aidant, un ami, un voisin, une connaissance). Ils peuvent réunir les caractéristiques suivantes : un besoin d’argent ou un penchant pour l’exploitation
Facteurs individuels et relationnels associés à la violence amiliale envers la personne âgée FACTEURS RELATIONNELS POSSIBLES Il existe des acteurs de risque liés à l’envi ronnement social et humain de la personne âgée qui avorisent la violence à son égard : • des confits interpersonnels avec la amille ou les amis ; • le ait de vivre seule (acteur de risque pour l’exploitation nancière) ; • une perte d’autonomie et la cohabitation avec un ou plusieurs proches; • le peu de soins prodigués par les proches; • des tensions persistantes entre une personne âgée et son proche aidant.
Source : Adapté de ministère de la Famille et des Aînés du Québec (2012b)
économique, une occasion d’agir, le sentiment d’avoir droit à la propriété convoitée (Centre québécois de ressources en promotion de la sécurité et en prévention de la criminalité [CRPSPC], 2006). Ils peuvent également avoir des problèmes physiques, émotis ou de toxicomanie (CRPSPC, 2006). Par exemple, lorsqu’un proche aidant est en mauvaise santé, il devient moins apte à subvenir aux besoins de l’aîné dont il a la responsabilité (Fulmer et al., 2005). Si le proche aidant a subi de la violence physique dans son enance, il est également plus à risque de malmener un aîné, car la manière dont il a été traité dans son enance peut le conduire à donner des soins de moins grande qualité (Fulmer et al., 2005 ; Lachs et Pillemer, 2004).
ALERTE CLINIQUE
L’inrmière garde à l’esprit que les personnes âgées victimes de violence peuvent provenir de milieux aisés ou déavorisés ; elles peuvent habiter leur résidence, un logement social ou être hébergées en établissement (ministère de la Famille et des Aînés du Québec, 2012b).
Épidémiologie Au Canada, les personnes âgées représentaient 14 % de la population en 2006. D’ici 2015, leur nombre devrait dépasser celui des personnes de moins de 15 ans. Le taux de croissance des personnes âgées se maintiendra au cours des prochaines décennies, leur nombre devant dépasser près du quart (24 %) de la population d’ici 2031 (ministère de la Justice du Canada, 2009). Il est donc possible de penser que la violence à l’égard des aînés canadiens pourrait s’accroître au cours des prochaines années (Beaulieu & Bergeron-Patenaude, 2012). Cependant, les connaissances concernant la violence amiliale envers les personnes âgées sont incomplètes, et ce, pour diverses raisons. Premièrement, la plupart des études ne ont pas de distinction entre les diverses ormes de violence à l’endroit des aînés. Deuxièmement, les amilles sont peu susceptibles de rapporter la violence puisque la personne responsable peut être un proche (p. ex., un ls ou une lle), et elles ne veulent pas briser la solidarité
29
Chapitre 29 Violence
829
qui les unit. Troisièmement, puisque de nombreuses personnes âgées sont connées à domicile, personne n’est témoin de ce qui s’y passe. Enn, les personnes âgées victimes de maltraitance peuvent être réticentes à dévoiler ce qu’elles subissent, car elles peuvent avoir peur d’être placées en centre d’hébergement, craindre de dénoncer l’agresseur lorsqu’il lui prodigue des soins, avoir honte et se sentir coupables, avoir peur que la situation empire, etc. Certains aînés ont également la perception qu’ils méritent ce qu’ils subissent ou qu’ils en sont la source directe, notamment en raison de leur plus grande dépendance (Beaulieu & BergeronPatenaude, 2012). Les résultats de deux enquêtes populationnelles canadiennes permettent d’estimer la prévalence de la violence envers les aînés vivant à domicile entre 4 et 7 % (Podnieks, 1993 ; Pottie Bunge, 2000). Cette prévalence est touteois sous-estimée en raison des obstacles liés au dépistage, notamment la réticence des proessionnels et des personnes âgées à dénoncer les mauvais traitements (Beaulieu & BergeronPatenaude, 2012). Ainsi, certains auteurs estiment que la prévalence de la violence à l’égard des personnes âgées demeurant à domicile se situerait plutôt entre 8 et 20 % (Beaulieu, 2007) ENCADRÉ 29.4. La négligence représenterait la orme de violence la plus réquente, suivie de l’exploitation nancière et de la violence psychologique, qui se classent au deuxième ou troisième rang dans la plupart des recherches. La violence sexuelle et la violence
ENCADRÉ 29.4
physique seraient les ormes de violence les moins réquentes. Enn, un bon nombre de personnes âgées subiraient plusieurs ormes de violence (Beaulieu & Bergeron-Patenaude, 2012).
Conséquences chez les victimes Puisque le réseau de soutien et les ressources physiques, psychologiques et économiques diminuent généralement avec l’âge, l’impact de la violence envers les personnes âgées est amplié. Les conséquences peuvent être graves en raison de leur plus grande vulnérabilité (p. ex., des os plus ragiles, une précarité sur le plan physique, une plus longue convalescence) (OMS, 2002) TABLEAU 29.9. Un simple épisode de mauvais traitement est susceptible de déclencher une spirale descendante qui entraîne une perte d’autonomie, une maladie grave avec complications, voire la mort (Burgess & Hanrahan, 2006). En particulier, les suicides des personnes âgées de 64 ans et plus seraient d’abord causés par la solitude, puis par des confits interpersonnels – ce qui comprendrait les situations de violence (Waern, Rubenowitz & Wilhelmson, 2003). Les personnes qui auraient été mal accompagnées dans une situation de violence maniesteraient plus de comportements autodestructeurs que les autres, dont des idées suicidaires, ce qui requiert une vigilance particulière de la part des proessionnels de la santé. Cependant, peu de travaux ont été consacrés au lien précis entre le suicide des personnes aînées et la violence (ministère de la Famille et des Aînés du Québec, 2012a).
Types de violence familiale envers les personnes âgées
• La violence familiale envers les aînés est le plus souvent perpétrée par des conjoints et des enfants adultes. • Les voies de fait simple sont le crime violent le plus souvent commis envers les personnes âgées (53 %) ; 13 % de ces actes sont des voies de fait majeur,
et 9% regroupent divers crimes violents, notamment des agressions sexuelles. • Environ 7 crimes violents sur 10 commis envers la personne âgée ne sont pas signalés à la police. • La prévalence de la violence à l’égard des aînés a tendance à diminuer avec l’âge.
Source : Statistique Canada (2011)
TABLEAU 29.9
Conséquences de la violence familiale sur la personne âgée
ASPECT
CONSÉQUENCES POSSIBLESa
Santé physique
Blessures ; fonctions physiques diminuées et invalidité ; maladies ; perte de poids ; santé physique générale plus pauvre ; traumas physiques et mort
Santé mentale
Anxiété ; atteinte à la dignité ; confusion ; détresse psychologique et dépression ; ESPT ; faible estime de soi ; idées et tentatives suicidaires, voire suicide ; repli sur soi ; sentiment croissant d’insécurité ; sentiments d’impuissance, d’aliénation, de culpabilité, de honte, de peur, d’angoisse et de déni ; troubles du sommeil et de l’alimentation
a
La liste des conséquences possibles de la violence à l’égard des aînés n’est pas exhaustive ; elle est ordonnée alphabétiquement. Sources : Adapté de Beaulieu & Bergeron-Patenaude (2012) ; CRPSPC (2006) ; ministère de la Famille et des Aînés du Québec (2012a) ; ministère de la Justice du Canada (2009)
830
Partie 6
Interventions infrmières en situation de crise
29.4
Démarche de soins
La démarche de soins présentée dans cette section s’applique aux personnes victimes de violence amiliale au sens large, c’est-à-dire quelles que soient la orme de violence, la gravité ou la durée des actes de violence, ainsi que l’identité de la victime ou de l’agresseur, qui peut être un membre de la amille, un proche ou une personne de confance (p. ex., un proche aidant, un proessionnel ou un autre résident dans un centre d’hébergement pour personnes âgées). L’infrmière peut entrer en contact avec une personne victime de violence amiliale dans tous les milieux de soins. La personne consulte parois pour d’autres motis que la violence. Aussi, chaque ois qu’une personne qui présente des blessures ou des douleurs d’origine douteuse s’adresse au système de santé, l’infrmière se demande si elle est, ou non, victime de violence. Le rôle de l’infrmière évolue au fl du traitement, mais au moment des premiers contacts, il consiste essentiellement à évaluer l’état de santé physique et mentale de la personne, à dépister et à documenter tous les signes et les symptômes qu’elle présente, et à la rassurer. En particulier, l’infrmière peut être en contact avec des enants victimes de violence au service des urgences, dans le cabinet du médecin, à domicile, en milieu de garde ou à l’école. Il est alors essentiel de reconnaître les cas possibles de violence et de les signaler au Directeur de la protection de la jeunesse (DPJ) (OIIQ, 2004).
29.4.1
Collecte des données – Évaluation initiale
L’évaluation de la condition mentale des personnes comprend l’évaluation des risques et des indices de violence. Le dépistage de la violence s’avère essentiel, car il est impossible de venir en aide à une personne victime de violence tant qu’elle n’est pas identifée. Pour ce aire, l’infrmière ait preuve de jugement clinique et de discernement (OIIQ, 2004). Le dépistage de la violence constitue une priorité du Plan d’action gouvernemental 2012-2017 en matière de violence conjugale (gouvernement du Québec, 2012b), du Plan d’action gouvernemental pour contrer la maltraitance envers les personnes aînées 2010-2015 (gouvernement du Québec, 2010c) et du Plan d’action gouvernemental en matière d’agression sexuelle (gouvernement du Québec, 2008b). Il est essentiel à une intervention efcace, car il permet de briser le silence qui entoure la violence (gouvernement du Québec, 2012b). Le dépistage de la violence concerne tous les membres qui peuvent constituer une amille (homme, emme, enant, personne âgée, proche
aidant, etc.) ENCADRÉ 29.5. Il permet d’agir à trois niveaux de prévention de la violence : la prévention primaire, la prévention secondaire et la prévention tertiaire. La prévention primaire se situe en amont de l’apparition de la violence et vise à sensibiliser les personnes à celle-ci. La prévention secondaire a pour objecti de réduire la prévalence de la violence, soit le nombre total de cas de violence dans une population. Ce type de prévention comprend des mesures de dépistage et de traitement. Par exemple, dans le cas d’un début de violence dans un couple, il est possible de travailler avec les deux conjoints pour prévenir toute récidive. La prévention tertiaire a pour but de réduire les incapacités associées à la violence. Il s’agit d’accompagner la victime pour qu’elle surmonte les eets physiques et psychologiques de la violence, comme expliqué au fl de cette section.
Établir une relation de confance Plusieurs habiletés sont requises pour eectuer une évaluation initiale efcace auprès de la personne présumée victime de violence et de sa amille. L’établissement d’une relation de confance est essentiel pour que la personne se sente capable de partager ses pensées et ses sentiments. Des sentiments de peur, de honte ou de culpabilité peuvent l’empêcher de parler ouvertement de sa situation de violence (Lachapelle & Forest, 2000). La démarche de soins se déroule dans un contexte d’accompagnement et se onde sur une relation de partenariat et de collaboration ENCADRÉ 29.6.
Reconnaître les indices de violence L’infrmière peut dépister une situation de violence en prêtant attention aux acteurs de risque de violence (p. ex., des antécédents amiliaux ou personnels de
Pratiques infrmières suggérées ENCADRÉ 29.5
Dépister la violence amiliale
Le dépistage de la violence comprend quatre activités : • l’évaluation des facteurs de risque réels ou potentiels et des indices de violence (signes, symptômes et comportements qui y sont liés) ; • l’évaluation des risques pour la sécurité de la personne; • l’intervention immédiate incluant, entre autres, l’écoute active, les soins et les
traitements requis, l’élaboration de scé narios de protection, l’orientation vers des ressources compétentes ainsi que l’accompagnement et le soutien à la prise de décision; • la documentation, pour assurer la qualité et la continuité des soins et soutenir la personne dans toute action juridique, le cas échéant.
29
Source: Adapté de Ordre des infrmières et infrmiers du Québec (OIIQ) (2004) Chapitre 29 Violence
831
Relation d’aide ENCADRÉ 29.6
Adopter une attitude empathique et respectueuse
L’inrmière crée une relation de conance, de soutien et de respect avec la personne adulte ou l’enant qu’elle pense être victime de violence.
appropriés et ecaces. Quelle que soit la culture, il est essentiel de vérier l’état émoti et psychologique de la possible victime.
ACCUEILLIR LA PERSONNE ADULTE
PROTÉGER LE JEUNE DE MOINS DE 18 ANS
En démontrant de l’ouverture, de l’empathie et de la douceur à la personne adulte, l’inrmière avorise le récit des agres sions. Avant tout, elle ore un environnement sûr et propice aux révélations. Il peut être préérable que l’inrmière n’inter roge pas la victime adulte devant le présumé agresseur, les membres de la amille ou les amis. La participation d’un tiers empêchera sans doute la personne de se coner. L’examen physique de la personne est un moment privilégié pour se retrouver seule avec elle et avoriser ses révélations en toute intimité. De plus, l’inrmière eectue l’examen critique de ses pro pres croyances et préjugés à l’égard de la violence. Elle doit se sentir à l’aise d’aborder ouvertement le sujet, sans laisser transparaître ses propres inquiétudes. La compréhension des valeurs culturelles de la personne est tout aussi essen tielle. Cellesci peuvent constituer un acteur dans la déci sion de la personne de parler, ou non, de la violence et de demander, ou non, de l’aide (OMS, 2002). Certaines per sonnes sont isolées et ne connaissent pas les ressources oertes dans la communauté. L’inrmière qui soigne une personne d’une autre culture a la responsabilité de s’inor mer sur cette culture. Elle peut poser des questions à ce sujet, mais de açon délicate et respectueuse, an que la personne comprenne que l’inrmière est préoccupée par sa situation et qu’elle souhaite mieux connaître ses valeurs et ses coutumes, et ce, dans le but de lui orir des soins
L’inrmière ne questionne pas le jeune de moins de 18 ans, dont la sécurité ou le développement sont ou peuvent être compromis parce qu’il se trouve dans une situation de vio lence, et ce, pour ne pas infuer sur son témoignage (gou vernement du Québec, 2008a). En eet, les enants peuvent être infuencés par les questions des adultes. L’inrmière ne tente donc pas d’obtenir plus d’inormation que ce que l’en ant lui dit. Lorsque celuici lui ait des condences, l’inr mière reste calme et l’écoute sans le juger. Elle se montre rassurante et lui indique qu’il a pris la bonne décision en lui parlant de ses dicultés. Elle lui ait comprendre qu’elle le croit, mais ne lui promet pas de garder le secret. Elle n’inter roge pas l’enant, mais le laisse parler librement. Enn, elle note dès que possible les paroles de l’enant (gouvernement du Québec, 2008a). L’entrevue sera menée par des personnes ormées sur la manière de questionner les enants an de les infuencer le moins possible et ne pas accroître leur traumatisme. C’est pourquoi l’inrmière adresse le cas au DPJ (gouvernement du Québec, 2008a; OIIQ, 2004). Cependant, elle procède à l’examen et aux soins physiques d’urgence. En ait, dès que l’inrmière a des motis raisonnables de croire que la sécu rité ou le développement d’un enant peut être compromis, elle a l’obligation de le signaler au DPJ. Cette obligation prévaut sur le secret proessionnel de l’inrmière et doit être remplie sans délai (OIIQ, 2012).
violence, la consommation de substances, l’isolement social). Elle observe également les blessures suspectes ou non expliquées, ainsi que les comportements de la personne FIGURE 29.4. et ENCADRÉ 29.7.
Effectuer l’entrevue CONSEIL CLINIQUE
À noter que certains symp tômes peuvent aire partie du processus normal de vieil lissement (p. ex., les décits cognitis tels que des dicul tés de concentration). Aussi, l’inrmière eectue une éva luation globale et examine les symptômes physiques et mentaux dans le contexte plus large des antécédents du client.
832
Partie 6
Souvent, une personne victime de violence se sent coupable et honteuse et s’abstient de parler (Lachapelle & Forest 2000). L’inrmière pose donc des questions directes à une personne adulte qu’elle soupçonne être victime de violence amiliale (OIIQ, 2004). Elle peut commencer par des questions moins compromettantes et aller graduellement vers des questions plus précises. Dans tous les cas, les questions doivent être simples et respectueuses, en plus de reféter le langage et les termes utilisés par la personne elle-même ain que celle-ci sente qu’elle maîtrise l’entrevue ENCADRÉ 29.8. L’inrmière réagit rapidement à un dépistage positi en validant l’expérience de la victime et en lui orant son soutien. Des phrases telles que Je vous crois et Personne ne mérite d’être battu sont
Interventions infrmières en situation de crise
FIGURE 29.4 Des traces de doigts sur la peau peuvent indiquer de la violence physique.
Symptômes cliniques ENCADRÉ 29.7
Indices de violence
INDICES PHYSIQUES
• Marques ou blessures en divers endroits du corps (p. ex., aux bras, à la tête, au visage, à l’abdomen, à la région génitale) et à divers stades de guérison : ecchymoses, égratignures, brûlures, plaies inectées, ractures, entorses, contusions, cicatrices, etc. • Imprécisions ou liens douteux entre la description des accidents et des blessures (p. ex., des réponses évasives ou déensives aux questions posées) • Délai de consultation inexpliqué • Douleurs chroniques
• Problèmes de santé physique : inections transmissibles sexuellement (ITS), perte de poids, syndrome du bébé secoué, etc. INDICES COMPORTEMENTAUX
• Apparence négligée, notamment de l’enant ou de la personne âgée: vêtements inappropriés, mauvaise hygiène, sousalimentation, retard de croissance (chez l’enant), signes de soins de santé insusants et problèmes de santé non traités, etc. • Problèmes de santé mentale : anxiété, peur, sentiment d’insécurité, stress, vigilance excessive, agitation, absence de communication (p. ex., visuelle), perte d’estime de soi, dépression, idées ou comportements suicidaires, etc.
Source : Adapté de OIIQ (2004)
Collecte des données ENCADRÉ 29.8
Exemples de questions à poser
À UNE PERSONNE POTENTIELLEMENT VICTIME DE VIOLENCE CONJUGALE
À UN PARENT DONT L’ENFANT EST POSSIBLEMENT VIOLENTÉ
L’inrmière s’adresse doucement et de açon générale à une emme potentiel lement victime de violence conjugale qu’elle rencontre pour la première ois. Elle peut lui dire : La violence est vécue par beaucoup de emmes. C’est pourquoi je demande à toutes celles que je rencontre si elles vivent une situation de violence conjugale (SaintLaurent, 2012). Elle précise ensuite ses questions au rythme de la personne :
Les parents ont généralement conscience de la violence amiliale exercée envers leurs enants et peuvent souhaiter obtenir de l’aide. D’ailleurs, la maltraitance peut constituer un appel inconscient à l’aide. Engager une discussion ouverte et respectueuse avec les parents autour du problème observé est donc recommandé. L’inrmière précise aux parents qu’elle a le même souci qu’eux du bienêtre de l’enant. Elle peut énoncer ce qu’elle perçoit et leur communiquer ses inquiétudes quant à la santé de leur enant tout en se gardant de les juger. Elle peut poser les questions suivantes :
• Vous arrivetil de vivre des confits avec votre partenaire ? • Comment vous y prenezvous pour régler ces confits entre vous? • Qu’arrivetil quand vous et votre partenaire êtes en colère? • Y atil des situations où vous avez peur de votre partenaire? • Des personnes ont parois des blessures comme la vôtre parce que quelqu’un les a rappées. Quelqu’un vous atil rappé ? » (OIIQ, 2004, p. 11). À UNE PERSONNE ÂGÉE POTENTIELLEMENT VICTIME DE VIOLENCE
Auprès de la personne âgée, l’inrmière porte une attention particulière aux signes d’exploitation ou de négligence (Davies, Harries, Cairns et al., 2011; Phelan 2012). Les signes d’exploitation économique comprennent les plaintes de l’aîné ou les preuves concernant un détournement de son argent, une perte de maîtrise de ses nances, l’appropriation de ses biens matériels sans une approbation librement consentie, ainsi que des besoins nanciers non satis aits contrastant avec sa situation nancière réelle. Les signes de négligence peuvent inclure des témoignages de la personne âgée indiquant qu’elle a été laissée seule et démunie pendant de longues périodes sans aide susante. L’inrmière pose des questions ouvertes et respectueuses: • Lorsque je vous parle de violence, qu’estce que cela veut dire pour vous? • Comment pouvezvous me décrire votre relation avec X (l’agresseur présumé) ? • Dans quelles circonstances ces comportements ont lieu ? • Avezvous accès à de l’argent acilement ? Ou devezvous en demander à X (l’agresseur présumé) ? (Montminy & Drouin, 2009).
• Que pensezvous des problèmes de votre enant? • Comment peuton vous soutenir ? (Saliez, Pas, Aertssen et al., 2005, p. 15). Il n’est pas obligatoire d’aviser les parents dans le cas d’un signalement au DPJ. C’est à l’inrmière d’évaluer s’il est préérable de le aire ou non, selon la situa tion. Dans certains cas, le ait de l’annoncer aux parents pourrait leur permettre de se concerter, rendant ainsi l’évaluation du DPJ plus dicile. Dans d’autres cas, il peut être préérable de leur expliquer la raison du signalement, sans porter de jugement, an de conserver une relation transparente avec les parents et de ne pas perdre leur conance (Labbé, 2012). Dans les cas de violence conjugale, il peut être important pour l’inrmière d’indiquer au parent victime qu’elle eec tuera un signalement au DPJ, pour éviter que les mesures de protection prises pour protéger l’enant mettent sa vie en danger (OIIQ, 2004). À UNE PERSONNE POTENTIELLEMENT VIOLENTE DANS UN CONTEXTE FAMILIAL
Les personnes violentes reconnaissent dicilement leur besoin d’aide. Par exemple, que ce soit par la négation de leur problème ou par la crainte de paraître vulnérable, les hommes responsables de violence conjugale consultent en général peu les pro essionnels susceptibles de les aider (Rondeau, Brodeur, Nadeau, et al., 2002). Dans ce contexte, il leur arrive d’aller chercher de l’aide sous la contrainte judiciaire ou sous la pression de leur conjointe. Certains peuvent penser qu’ils ont raté leur vie amiliale, qu’ils ont causé du tort autour d’eux, qu’ils ont perdu l’estime d’autrui et éprouver de la honte. D’autres ont beaucoup de dicultés à accepter la responsa bilité de leurs actes (RinretRaynor et al., 2010). Ils ont besoin d’une écoute impar tiale et d’être aidés an de se responsabiliser.
Chapitre 29 Violence
833
29
des exemples de réactions de soutien aux victimes de violence. Devant une telle situation, l’inrmière demeure calme et objective. Inversement, il est possible que, même devant des signes évidents de violence, la personne taise ou nie les observations. L’inrmière pourra alors lui reféter sa perception de la situation et lui orir son soutien et sa disponibilité pour l’avenir. 28 L’évaluation du risque suicidaire est l’objet du chapitre 28, Suicide.
L’inrmière peut aussi accompagner la personne dans sa réfexion sur la poursuite ou la rupture de sa relation, par exemple conjugale. Entre autres, il est important de retenir qu’une personne peut aimer son partenaire et qu’elle souhaite le croire quand il lui promet de ne plus jamais être violent. Celui-ci peut aussi tenter d’expliquer ou de justier ses comportements violents en disant qu’il est atigué ou stressé (Lachapelle & Forest, 2000). L’inrmière garde en tête que quitter le conjoint peut augmenter les risques de violence. Certains hommes peuvent devenir plus agressis et mettre la vie de leur compagne en danger. Certaines personnes choisissent alors de rester avec leur conjoint plutôt que de vivre dans la peur constante de représailles si elles le quittent (Turgeon, 2003).
L’inrmière a également la responsabilité de questionner le client au sujet de la sécurité des autres personnes de la maison. Auprès d’une personne victime de violence conjugale, l’inrmière demande si les AngeAimée Biron, âgée de 85 ans, est atteinte de la enants subissent de la viomaladie d’Alzheimer. Elle habite avec sa flle. Elle se lence. Il est important d’évatrouve à l’urgence, car elle soure d’insufsance car luer la relation entre les diaque grave et montre des signes d’œdème pulmo personnes responsables et naire. Madame Biron se plaint de douleur constante l’enant, an de dépister les à l’épaule droite. Le médecin désire lui aire passer risques possibles de malune radiographie, mais la flle de la cliente s’y oppose traitance ou de négligence prétextant que sa mère ne présente aucune manies dans un contexte de violence tation d’arthrite ou d’arthrose. conjugale. La violence conjuQu’estce qui pourrait expliquer le reus de la flle gale est en eet un acteur de de madame Biron ? risque pour la santé des enants exposés (OIIQ, 2004).
Jugement clinique
Déterminer le degré de dangerosité An de déterminer le degré de dangerosité, ou le risque que la personne soit (de nouveau) soumise à des actes de violence, l’inrmière évalue : • le type de violence (psychologique, verbale, phy sique, sexuelle, etc.) ; • le cycle de la violence ; • la gravité de la violence (p. ex., une blessure majeure, de l’isolement, le risque d’homicide) ; • la fréquence de la violence à laquelle la personne est présentement soumise (p. ex., quotidienne, hebdomadaire). L’inrmière demande s’il y a une arme dans la maison, si l’agresseur présumé a été violent à l’extérieur du domicile, s’il ait une consommation
834
Partie 6
Interventions infrmières en situation de crise
excessive de substances, s’il harcèle la personne ou proère des menaces de suicide ou d’homicide. Ce sont tous des éléments qui augmentent le danger (Campbell, 2005 ; Lussier, Wright, Laontaine et al., 2008 ; Sinha, 2010). L’inrmière vérie également si une personne envisage de quitter son conjoint violent. Si oui, cette dernière doit être sensibilisée au risque accru de violence qu’entraîne ce projet (Campbell, Glass, Sharps et al., 2007 ; Walton-Moss & Campbell, 2002), et à la nécessité d’élaborer un scénario de protection pour assurer sa sécurité ENCADRÉ 29.11. Enn, une personne victime de violence peut envisager le suicide, et l’inrmière en évalue le risque 28 .
Documenter la situation L’inrmière consigne précisément les signes physiques de la violence, rassemble les données disponibles et les conserve (p. ex., les vêtements, les pansements ou les draps souillés ou tachés de sang). Avec le consentement de la personne adulte, elle peut prendre des photos des indices physiques d’une violence ou d’une négligence. Dans la mesure du possible, il s’agit de photographier la présumée victime avant de la traiter ou de lui orir des soins d’hygiène. Les comportements de la personne sont décrits, non interprétés, et sont notés quotidiennement an d’établir un registre des progrès. Autant que possible, l’inrmière note mot à mot les conversations qu’elle a eues avec la personne et ses proches. Elle consigne également toutes les armations de la personne adulte, obtenues en posant des questions ouvertes. L’inormation consignée doit inclure le nom de l’auteur présumé de violence ainsi que la date des actes de violence et la açon dont ils se sont produits. Ce aisant, il est essentiel de rassurer la personne adulte quant à la condentialité de son dossier médical et de la documentation qu’il contient (Loi sur les services de santé et les services sociaux [LSSS], c. S-4.2, art. 19).
29.4.2
Analyse et interprétation des données
À partir des renseignements recueillis pendant la collecte des données, l’inrmière détermine les problèmes prioritaires qui orienteront le plus ecacement le plan de soins et de traitements inirmiers (PSTI) de la personne adulte ENCADRÉ 29.9 . Chaque client peut vivre une situation de violence pour des raisons particulières. De ce ait, il ne s’agit pas d’anticiper tous les problèmes possibles liés à la violence. L’ordre de priorité accordé aux problèmes dépend des besoins précis du client. L’inrmière partage son interprétation des données avec la personne pour l’aider à reconnaître ses propres symptômes et à suivre leur évolution. De cette açon, l’inrmière vise à promouvoir la capacité d’autoévaluation et d’autosoins de la personne.
29.4.3
Planifcation des soins
Au moment de la planifcation des soins, l’infrmière agit comme acilitatrice. Elle ne détermine pas ce que la personne doit aire, mais elle l’aide à communiquer ses objectis et à établir un plan. L’infrmière suit le rythme de la personne et collabore avec elle.
Établir les résultats escomptés L’établissement des résultats escomptés avant la mise en œuvre du PSTI guide à la ois les interventions infrmières et l’évaluation. Les résultats escomptés varient selon les problèmes prioritaires déterminés pour chaque client. En pratique, l’infrmière établit les résultats escomptés à partir des indices de violence, des problèmes prioritaires et des besoins exprimés par le client ENCADRÉ 29.10.
Décider des soins À partir d’une évaluation appropriée, le PSTI de toute personne victime de violence comprend : 1) les soins physiques urgents ; 2) les mesures prises pour assurer la sécurité immédiate de la victime (p. ex., un plan d’urgence, une ressource d’aide ciblée et sollicitée, la possibilité de confer les ENCADRÉ 29.9
enants à un proche de confance) ; 3) les soins psychologiques ; 4) la mise en place, avec la personne adulte, de mesures de sécurité physique et psychologique pour le utur en même temps que l’évaluation des solutions possibles. L’infrmière travaille en collaboration avec le client et reconnaît que toute tentative d’imposer ses croyances personnelles à une personne victime de violence est vouée à l’échec. La personne a plutôt besoin d’être rassurée et soutenue quant à sa capacité de prendre des décisions appropriées pour ellemême. C’est par l’autonomie que la personne acquerra la orce nécessaire pour prendre des décisions de açon autonome. L’inirmière travaille en interdisciplinarité et consulte un proessionnel capable d’orir des conseils ou des soins utiles. Elle ait notamment part de ses craintes à l’organisme de santé concerné, au DPJ ou à un agent de police lorsqu’elle a des raisons de soupçonner un cas de violence envers un enant ou une personne âgée (LSSS, c. S-4.2, art. 19). Selon les besoins ou les attentes, plusieurs approches peuvent être envisagées, comme celles proposées par le CRPSPC (2006) pour la personne âgée TABLEAU 29.10.
Problèmes pouvant être associés à la violence
• Anxiété et peur liées à la menace de violence
• ESPT
• Anxiété de modérée à grave liée à un changement de l’état de santé • Consommation d’alcool ou de drogues
• Modifcation du rythme cardiaque et intolérance à l’activité liées à un changement de l’état de santé, surtout chez la personne âgée
• Dépression
• Risque de blessures lié à la menace de violence
• Difcultés amiliales
• Risque d’homicide ou de suicide
• Diminution de l’estime de soi
• Risque pour la sécurité et le développement des enants en cas de violence
• Douleur due aux blessures comme peut en témoigner la difculté à respirer proondément et à dormir en raison de ractures multiples
ENCADRÉ 29.10
• Stratégies d’adaptation compromises en raison de la perturbation des rôles amiliaux
Exemples de résultats escomptés en cas de violence
La personne adulte sera en mesure : • de signaler une diminution de la douleur physique ; • de respirer calmement et de mentionner qu’elle se sent plus détendue ; • d’exprimer moins de crainte et d’anxiété en étant capable de discuter de la violence subie et d’explorer les solutions possibles à sa situation avec l’infrmière ; • d’élaborer des plans pour assurer sa sécurité en cas de menaces utures ; • de verbaliser sa prise de conscience concernant le danger croissant si la violence subie s’est intensifée avec le temps ;
• de discuter avec l’infrmière des conséquences pour ellemême et les autres membres de sa amille de demeurer dans une situation de violence ; • d’exprimer ses sentiments concernant le changement de son état de santé, sa dépendance envers ses proches, la açon dont elle a été traitée par ces derniers, s’il s’agit d’une personne âgée ; • d’explorer les choix possibles concernant sa situation d’hébergement, s’il s’agit d’une personne âgée; • d’utiliser les ressources communautaires pour accroître son estime de soi et son indépendance; • d’étudier les recours légaux possibles.
29
Chapitre 29 Violence
835
TABLEAU 29.10
Modèles d’intervention auprès de la personne âgée victime de violence
MODÈLE
INTERVENTION
Modèle de la violence amiliale
Il s’agit d’agir rapidement et à court terme sur les symptômes plutôt que sur les causes de la violence. Il est possible de demander une ordonnance de protection, de proposer un groupe de soutien, un groupe d’aide aux victimes, un programme de surveillance, etc.
Modèle de la protection de l’adulte
Il s’agit de signaler systématiquement les cas de violence ou d’abus, au risque de limiter l’autonomie de la personne âgée.
Modèle de l’assistance à la victime
Il s’agit d’enseigner à la victime à atteindre ses objectis personnels et à déendre ses droits.
Modèle interdisciplinaire
Il s’agit, pour les intervenants de première ligne, de demander, au besoin, des conseils à des experts.
Modèle des systèmes amiliaux
Il s’agit de modifer la dynamique amiliale et de proposer une intervention à long terme auprès de la victime et de ses proches.
Source : Adapté de CRPSPC (2006)
29.4.4
Exécution des interventions Soins et traitements infrmiers
La priorité de l’infrmière est de garantir un équilibre entre la sécurité et l’autonomie de la personne adulte. Les interventions varient selon les décisions et les besoins exprimés par cette dernière. En tout temps, la personne doit se sentir soutenue et respectée. Tout d’abord, l’infrmière aide la personne adulte à verbaliser ses sentiments et à reconnaître ses orces. Par exemple, elle lui ait réaliser qu’elle mérite qu’on prenne soin d’elle, qu’elle s’occupe bien de ses enants, qu’elle arrive à onctionner dans un environnement difcile. Elle répond au premier besoin de se confer de la victime. Elle ouvre la discussion sur les sentiments possibles de honte ou de culpabilité et sur la perte de socialisation. L’infrmière procède également aux soins physiques et assure le conort de l’enant ou de l’adulte.
Par la suite, l’infrmière renseigne la personne adulte sur la violence, l’inorme de ses droits et des ressources disponibles (p. ex., des groupes de soutien, des ressources d’hébergement, des ressources sociojuridiques). Elle lui explique ce que sont la violence amiliale, son escalade, ses eets physiques et psychologiques. Elle établit avec elle la liste des solutions aidantes et non aidantes déjà expérimentées. L’infrmière aide la personne adulte à évaluer la situation de açon réaliste et à explorer toutes les solutions valables pour elle (p. ex., aller vers un reuge, demander l’aide de sa amille, porter plainte). L’infrmière adapte systématiquement ses interventions aux réactions de la personne, sans la juger. Par exemple, elle accepte que celle-ci ne veuille pas briser le lien avec le proche en cause. Elle assure alors le suivi nécessaire si la personne décide de retourner vivre avec son proche. Auprès d’une personne âgée, l’infrmière peut apporter du soutien à l’agresseur lorsque celui-ci est un proche aidant surmené et lui orir des techniques de gestion du stress ou le diriger vers des ressources communautaires (CRPSPC, 2006). La décision de quitter un conjoint violent est généralement un processus graduel. L’infrmière peut jouer un rôle clé dans la sensibilisation de la cliente à l’existence de solutions. Elle rappelle à la personne qu’elle n’est pas responsable de la violence de son partenaire (OIIQ, 2004). L’aide la plus adéquate dans cette situation est de continuer à croire dans le potentiel de la personne, de lui maniester de la confance et de lui exprimer qu’elle est capable de prendre la meilleure décision pour ellemême (Lachapelle & Forest, 2000). Parallèlement, l’infrmière élabore des scénarios de protection avec une personne victime de violence conjugale (OIIQ, 2004). Un tel scénario prévoit généralement une sortie d’urgence de la maison, les numéros de ressources communautaires et d’une maison d’hébergement (mémorisés par la victime), l’évaluation du réseau social afn de briser l’isolement et de trouver le soutien nécessaire ENCADRÉ 29.11.
Enseignement au client et à ses proches ENCADRÉ 29.11
Scénario de protection en cas de violence conjugale
L’infrmière propose à la cliente : • de trouver une açon de quitter rapidement la maison pour obtenir de l’aide ; • de prévoir des açons de se protéger en cas d’impossibilité de quitter la mai son (éviter la cuisine, la salle de bain, le soussol, les pièces avec escaliers) ; • de placer en sécurité, hors de la maison, tout document important tels que: actes de naissance, contrat de mariage, passeport, documents d’immigra tion, polices d’assurance, reçus des biens propres, bulletins scolaires et diplômes d’études ; Source : Adapté de OIIQ (2004)
836
Partie 6
Interventions infrmières en situation de crise
• d’avoir dans son sac à main : cartes de crédit et argent comptant pour un taxi, permis de conduire, livret de santé et de vaccination (les siens et ceux des enants), carte d’assurance maladie et de centre hospitalier, livret ban caire, clés de la maison, numéros de téléphone du reuge le plus proche; • d’établir une liste de numéros de téléphone importants ; • de demander aux voisins d’appeler la police s’ils entendent des bruits de scène de violence; • d’expliquer la situation aux enants et de leur enseigner d’aller chez un voisin et d’appeler la police en cas de scène de violence.
Soins et traitements en interdisciplinarité Il est indispensable de travailler en équipe pour venir en aide à toute personne victime de violence. L’expertise de chacun est utile pour répondre aux divers besoins. Ainsi, le partage de l’inormation entre les intervenants est crucial. Dans ce contexte, la confdentialité peut devenir un dilemme important, à la ois dans des situations qui nécessitent la collaboration entre les proessionnels d’un même établissement ou de plusieurs organisations diérentes (Beaulieu & Leclerc, 2006). Avec le consentement de la personne adulte, l’infrmière peut divulguer un renseignement confdentiel et signaler la situation de violence aux intervenants qui peuvent l’aider, quelle que soit la nature du danger ou des menaces. Touteois, si l’infrmière n’obtient pas le consentement de la victime, elle peut communiquer un renseignement confdentiel lorsqu’elle juge que la situation présente un risque de dangerosité (Code de déontologie des infrmières et infrmiers, c. I-8, r. 9, art. 31 ; Code des proessions, art. 60.4). Lorsque la victime est une personne âgée et qu’elle est jugée inapte, une déclaration d’inaptitude peut être demandée ainsi que la mise en place d’un régime de protection (avec conseiller,
tutelle ou curatelle d’une personne majeure) (Beaulieu & Leclerc, 2006). Lorsque la victime est une personne mineure (un enant ou un adolescent âgé de moins de 18 ans), la Loi sur la protection de la jeunesse (c. P-34.1) s’applique ENCADRÉ 29.12 .
29.4.5
Évaluation des résultats – Évaluation en cours d’évolution
L’infrmière évalue les progrès du client vers l’atteinte des résultats escomptés à chacune de ses interactions avec lui (évaluation en cours d’évolution). Si les progrès ne sont pas satisaisants, l’infrmière révise les résultats escomptés ou modife ses interventions. Cette évaluation est essentielle, car la violence peut continuer et même s’accroître, notamment si une personne choisit de retourner dans un environnement violent. Plusieurs indices permettent d’évaluer l’atteinte des résultats escomptés. Il s’agit notamment de la volonté de la personne de reconnaître la violence ainsi que de sa volonté et celle des membres de sa amille d’accepter les interventions extérieures ou le retrait de la personne de cet environnement violent (McFarlane, Malecha, Gist et al., 2004 ; Melchiorre & Vis, 2012).
Pratiques infrmières suggérées ENCADRÉ 29.12
Signaler un enant au Directeur de la protection de la jeunesse
L’infrmière qui, dans l’exercice de sa proession, a un moti raisonnable de croire que la sécurité ou le développement d’un enant est ou peut être compromis au sens des arti cles 38 ou 38.1 de la Loi sur la protection de la jeunesse est tenue de signaler sans délai la situation auprès du DPJ, et ce, même si elle est liée par le secret proessionnel. La sécurité ou le développement d’un enant est ou peut être considéré comme compromis au sens de la Loi, entre autres:
• si sa santé physique est menacée par l’absence de soins appropriés ;
• si son développement mental ou aecti est menacé par l’absence de soins appropriés ou par l’isolement dans lequel il est maintenu ou par un rejet aecti grave et continu de la part de ses parents ;
• s’il manieste des troubles de comportement sérieux et que ses parents ne prennent pas les moyens nécessaires pour mettre fn à la situation qui compromet la sécurité ou le développement de leur enant ou qu’ils n’y parviennent pas.
• s’il est gardé par une personne dont le comportement ou le mode de vie risque de créer pour lui un danger moral ou physique ; • s’il est victime de sévices sexuels ou soumis à des mauvais traitements physiques par suite d’excès ou de négligence;
Source : Adapté de OIIQ (2004)
29.5
Violence sexuelle
La violence sexuelle comprend les agressions sexuelles commises envers des adultes et des mineurs ainsi que les autres inractions d’ordre sexuel à l’égard des mineurs. Les conséquences en sont multiples ; elles comprennent des problèmes de santé physique ou mentale, des difcultés sexuelles ou relationnelles, des problèmes économiques, sociaux ou amiliaux (ministère de la Santé et des
Services sociaux [MSSS], 2013a). Les orientations de la politique gouvernementale en la matière visent à réduire l’incidence de la violence sexuelle, à augmenter le taux de dénonciation, à améliorer les services d’aide et de protection aux victimes et à assurer un meilleur encadrement des agresseurs (gouvernement du Québec, 2008b). Pour sa part, l’infrmière est appelée à intervenir auprès des victimes ou des agresseurs, qu’il s’agisse de prévenir, de dépister ou d’aider les victimes et leurs proches à composer avec les conséquences de la violence sexuelle.
29
Chapitre 29 Violence
837
29.5.1
Description
Une agression sexuelle est un geste à caractère sexuel commis sans le consentement de la personne visée. Cette défnition s’applique quels que soient : • l’âge, le sexe, l’état civil, la culture, l’origine, la religion et l’orientation sexuelle de la victime ou de l’agresseur sexuel ; • les gestes posés, avec ou sans contact physique (p. ex., la pénétration, les attouchements, par dessus ou sous les vêtements, les baisers, l’exhi bitionnisme, le voyeurisme) ; • le lieu ou le milieu de vie où les gestes sont posés ; • les liens qui existent entre la victime et l’agres seur sexuel (gouvernement du Québec, 2010a). Dans tous les cas, une agression sexuelle vise à assujettir une autre personne aux désirs de l’agresseur par un abus de pouvoir, par l’utilisation de la orce ou de la contrainte ou sous la menace implicite ou explicite. Elle porte atteinte à l’intégrité physique et psychologique, ainsi qu’à la sécurité de la personne agressée (MSSS, 2013b).
L’annexe AW, Troubles sexuels et troubles de l’identité sexuelle, défnit les paraphilies. Elle peut être consultée au http://ortinash.cheneliere.ca.
TABLEAU 29.11
Dans certains cas, notamment dans celui des enants, l’agression sexuelle relève de la manipulation aective ou du chantage, car même si un enant coopère, il ne mesure pas nécessairement les conséquences possibles de l’activité sexuelle sur son développement psychosocial. L’agresseur peut avoir établi une relation de confance avec l’enant, puis présenter l’activité comme un jeu, la nommer diéremment, mentir sur les normes sociales et prétendre qu’il s’agit d’une activité courante, orir une récompense, menacer l’enant, etc. Au Canada, en 2008, en vertu de la Loi sur la lutte contre les crimes violents (L.C., c. 6), l’âge légal pour consentir à une activité sexuelle est passé de 14 à 16 ans, ce qui signife qu’une personne de moins de 16 ans n’est plus considérée comme sufsamment mature pour consentir à un acte sexuel avec un partenaire plus vieux (en situation d’autorité ou non). La
Défnitions juridiques de la violence sexuelle
TYPE
DÉFINITION
Agression sexuelle de niveau 1
Ne cause pas ou presque pas de blessures corporelles.
Agression sexuelle de niveau 2
Est armée ; menace ou cause des lésions corporelles.
Agression sexuelle de niveau 3
Blesse, mutile ou défgure ou met la vie en danger.
Autres inractions d’ordre sexuel à l’égard des jeunes jusqu’à 18 ans
Incluent : les contacts sexuels, l’incitation à des contacts sexuels, l’exploitation sexuelle, l’inceste, les relations sexuelles anales, la bestialité, la corruption d’enants, le leurre d’un enant au moyen d’un ordinateur, le voyeurisme.
Source : Adapté de ministère de la Sécurité publique (2012)
838
Partie 6
Interventions infrmières en situation de crise
diérence d’âge avec l’agresseur est fxée par la Loi à un minimum de 2 ans lorsque les victimes ont 12 ou 13 ans, et de 5 ans pour les victimes âgées de 14 et 15 ans. Pour les victimes de moins de 12 ans, toute activité sexuelle est considérée comme une agression sexuelle, quelle que soit la diérence d’âge avec l’agresseur (ministère de la Justice du Canada, 2007). Les agressions sexuelles sont des actes criminels. Il s’agit de voies de ait, car elles consistent à utiliser la orce ou à menacer d’utiliser la orce, directement ou indirectement, avec ou sans arme, contre une personne, sans son consentement, selon le Code criminel canadien (L.R.C., 1985, c. C-46, art. 265.1) (ministère de la Justice du Canada, 2012). Comme pour les voies de ait, trois niveaux d’agression sexuelle se distinguent. Les autres inractions d’ordre sexuel visent les mineurs (ministère de la Sécurité publique, 2012) TABLEAU 29.11.
29.5.2
Facteurs de risque spécifques
Les victimes d’agressions sexuelles sont majoritairement des emmes et des enants de sexe éminin (ministère de la Sécurité publique, 2011b ; Perreault & Brennan, 2010 ; Tourigny & Baril, 2011). Les auteurs d’agressions sexuelles sont en grande partie des hommes (gouvernement du Québec 2010b ; Tourigny & Baril, 2011). La majorité des agresseurs sont âgés de 30 à 40 ans, bien qu’une proportion importante soit âgée de moins de 18 ans (Tourigny & Baril, 2011). Les agresseurs sexuels connaissent souvent la victime et proftent de leurs relations de confance ou d’autorité pour commettre l’agression. Il est difcile de tracer le portrait type de l’agresseur sexuel et les motis qui l’amènent à commettre ce délit. Les acteurs peuvent être multiples et inclure des éléments individuels (p. ex., biologiques et psychologiques), relationnels, socioculturels et institutionnels (Tourigny & Baril, 2011). Sur le plan individuel, avoir une paraphilie, c’est-à-dire un intérêt sexuel déviant (p. ex., la pédophilie), des distorsions cognitives (p. ex., des pensées erronées pour justifer l’agression sexuelle), des idées et des attitudes avorables à l’agression sexuelle sont des acteurs qui augmentent le risque d’agresser sexuellement (Laortune, Proulx, et Tourigny, 2010 ; Tourigny & Baril, 2011). De plus, la consommation d’alcool avant l’agression sexuelle, que ce soit contre une personne adulte, un adolescent ou un enant, est un phénomène réquent chez les agresseurs (Tourigny & Duour, 2000). Parmi ceuxci, les violeurs sont ceux qui consomment le plus d’alcool avant d’agresser sexuellement leurs victimes (Tourigny & Duour, 2000). Certains acteurs de risque relationnels peuvent également augmenter le risque d’agresser sexuellement un enant, par exemple l’adversité amiliale, le ait d’avoir été victime de mauvais traitements dans
l’enance (dont l’agression sexuelle), les problèmes sexuels, les défcits sociaux et les difcultés relationnelles. Plus particulièrement, certaines caractéristiques de l’enant et de sa amille peuvent accroître le risque qu’un enant soit agressé sexuellement, et ce, en augmentant sa vulnérabilité ou en diminuant la capacité de supervision du parent. Il peut s’agir de problèmes de comportement et d’isolement social chez l’enant, de diicultés psychologiques du parent, de violence et d’instabilité amiliale. Les données existantes montrent que les emmes sont responsables de 4 ou 5 % de toutes les agressions sexuelles, et environ 50 % d’entre elles commettraient leurs agressions en compagnie d’un coaccusé (Cortoni, Hanson et Coache, 2009). Elles proviennent plus réquemment de amilles dysonctionnelles, ont plus souvent été victimes d’agression sexuelle ou physique dans leur enance, tendent à dépendre davantage des hommes ou à être rejetées par eux, et ont plus souvent une sexualité dysonctionnelle. Elles sont aussi plus réquemment atteintes de problèmes psychologiques tels que la dépression, l’anxiété, un ESPT, la dissociation et la psychose (Boroughs, 2004 ; Tardi, Auclair, Jacob et al., 2005).
29.5.3
Épidémiologie
La grande majorité des personnes victimes d’agression sexuelle ne le déclarent pas ; il est donc difcile de déterminer l’ampleur de la situation. Ainsi, au Canada, environ 90 % des agressions sexuelles ne sont pas déclarées à la police (Brennan & TaylorButts, 2008). Une enquête menée auprès d’un échantillon de la population québécoise a établi que 20 % des victimes d’agression sexuelle pendant l’enance, devenues adultes, n’avaient encore jamais dévoilé leur agression, et plus de la moitié d’entre elles ont attendu au moins 5 ans après la survenue de la première agression avant de la révéler (Hébert, Tourigny, Cyr et al., 2009).
ENCADRÉ 29.13
Statistiques québécoises sur les agressions sexuelles
En 2009, au Québec, 5 293 inractions sexuelles ont été enregistrées par la police: • 83 % des victimes étaient de sexe éminin (52 % étaient des flles de moins de 18 ans) ; • 17 % des victimes étaient de sexe masculin (14 % étaient des garçons de moins de 18 ans); • 86 % des jeunes victimes et 71 % des victimes adultes connaissaient l’agres seur présumé ;
• 97 % des auteurs d’inractions sexuelles étaient de sexe masculin (79 % étaient des adultes, et 19 % étaient âgés de 12 à 17 ans) ; • 69 % des agressions sexuelles ont eu lieu dans des résidences privées. Les données québécoises indiquent donc un taux de 67,6 inractions par 100 000 habitants. En comparaison, en 2007, un taux d’environ 73 inractions pour 100 000 Canadiens ont été déclarées à la police.
Sources : Adapté de Brennan & Taylor-Butts (2008) ; Gouvernement du Québec (2010b)
Au Québec et dans le monde, la prévalence de l’agression sexuelle dans l’enance est estimée à environ 20 % chez les emmes et à 10 % chez les hommes (Stoltenborgh, van IJzendoorn, Euser et al., 2011 ; Tourigny & Baril, 2011). La prévalence de l’agression sexuelle à l’âge adulte, elle, est d’environ 22 % chez les emmes et de 4 % chez les hommes (Elliott, Mok & Briere, 2004). Par ailleurs, le problème des agressions sexuelles apparaît plus grave dans certains groupes de la population (MSSS, 2001). Ainsi, il est particulièrement préoccupant chez les emmes marginalisées (Du Mont & McGregor, 2004 ; Gaetz, 2004), chez les personnes ayant un handicap physique ou une déicience intellectuelle (Dion, Bouchard, Gaudreault et al., 2012 ; Martin, Young, Billings et al., 2007) ainsi que dans la population autochtone (Collin-Vézina, Dion & Trocmé, 2009 ; Muckle & Dion, 2008). Enfn, dans plusieurs cas, l’agression sexuelle ne survient pas seule, mais en présence d’autres ormes de mauvais traitements durant l’enance des victimes (Tourigny & Baril, 2011).
29.5.4
Conséquences
chez les victimes Plusieurs victimes ne déclarent pas l’agression sexuelle qu’elles ont subie, car elles estiment que L’agression sexuelle entraîne des répercussions nél’incident n’était pas assez grave, qu’elles l’ont réglé gatives graves dans plusieurs sphères du onctiond’une autre açon, qu’il s’agissait d’une question nement de la victime. Celle-ci subit des traumapersonnelle ou parce qu’elles ne veulent pas avoir tismes physiques et émotionnels importants aaire à la police (Brennan & Taylor-Butts, 2008). pendant l’agression sexuelle, tout de suite après D’autres suggèrent que c’est plutôt en raison de la et pendant une assez longue période par la suite. honte ou de la peur ainsi que des tabous, des Les principales conséquences observées chez la mythes ou des préjugés (Groupe de travail sur victime dépendent d’éléments personnels tels que l’intervention médicosociale auprès des victimes l’âge, de certaines caractéristiques des agressions d’agression sexuelle, 2010a ; ministère de la Sécu- et de certains aspects liés à l’environnement amirité publique, 2008). Par exemple, certaines vic- lial et extraamilial. Ainsi, les profls des victimes times ont peur des représailles, ont l’impression sont très diversifés, tant chez les enants que chez d’être seules à vivre une telle situation, se sentent les adultes (Groupe de travail sur l’intervention médicosociale auprès des coupables ou même resvictimes d’agression ponsables de ce qui leur sexuelle, 2010a ; Hébert, arrive. L’ampleur réelle du Au Canada, environ 90 % des agressions 2011 ; Littleton & Grillsproblème est donc difcile sexuelles ne sont pas déclarées à la police. Taquechel, 2011). à mesurer ENCADRÉ 29.13.
29
Chapitre 29 Violence
839
Que ce soit chez l’enant ou l’adulte, l’agression sexuelle est associée à des problèmes de santé physique et mentale, à la victimisation sexuelle et physique avec son partenaire amoureux ainsi qu’à la criminalité (Campbell, Dworkin & Cabrall, 2009 ; Daigneault, Hébert, & McDu, 2009 ; Maniglio, 2009). Les eets physiques de l’agression sexuelle peuvent être des marques ou des blessures en divers endroits du corps (p. ex., des égratignures, des ecchymoses, des brûlures, des ractures), des douleurs variées (p. ex., des maux de dos, un engourdissement des membres), une paralysie, une perte de sensibilité, des ITS, une grossesse, etc. Des sentiments tels que l’humiliation, la honte, la peur, la colère ou la vengeance peuvent se maniester. La victime peut ressentir de la détresse en se remémorant l’agression. Elle peut mettre plusieurs mois, voire des années à surmonter le drame. Les conséquences psychiatriques peuvent se présenter sous la orme de troubles anxieux (p. ex., un ESPT), de troubles de l’humeur, de troubles de la personnalité, de troubles du sommeil, de comportements sexuels problématiques, de dysonctions sexuelles, d’inadaptation sociale, de problèmes de dépendance, et même, dans certains cas, de troubles psychotiques. Les conséquences particulières de la violence sexuelle à l’égard des enants et des adolescents sont présentées dans le TABLEAU 29.12.
Soins et traitements infrmiers L’infrmière peut agir à plusieurs niveaux pour diminuer la réquence des agressions sexuelles, notamment la prévention et l’intervention.
Prévenir les agressions sexuelles Les orientations gouvernementales du Québec en matière d’agression sexuelle visent à aire reconnaître l’importance du problème et à réduire son incidence et les conséquences pour les victimes (gouvernement du Québec, 2008b). L’infrmière met de l’avant les valeurs ondamentales de respect, d’intégrité, d’égalité et de sécurité entre les personnes.
TABLEAU 29.12
Conséquences de la violence sexuelle sur l’enant ou l’adolescent
L’éducation sexuelle, par exemple dans les écoles, est un outil essentiel pour inormer la population et supprimer les mythes sociaux entourant la sexualité et les agressions sexuelles. Les eorts de dépistage doivent cibler les jeunes agresseurs afn d’intervenir avant que les comportements déviants ne soient ancrés (Jacob, 2012). La prévention peut également être menée auprès des parents d’enants, notamment lorsque l’infrmière aborde avec eux la question de l’agression sexuelle, clarife certains mythes ou croyances et leur présente les symptômes associés aux agressions sexuelles (Bergeron & Hébert, 2011). Si les parents sont mieux sensibilisés à la problématique de l’agression sexuelle et aux services disponibles, ils seront plus capables de prendre les mesures nécessaires pour protéger leur enant contre d’éventuelles agressions.
ASPECT
CONSÉQUENCES POSSIBLESa
Intervenir auprès d’une victime
Santé physique Problèmes de santé physique
Changements neurobiologiques ; problèmes somatiques
Santé mentale Problèmes et troubles de santé mentale
Anxiété ; dépression ; ESPT ; peur ; troubles mentaux
Comportements
Comportements généraux : agression ; comportements autodestructeurs et automutilation ; consommation et abus de substances ; délinquance ; idées suicidaires et tentatives de suicide ; implication dans des gangs ; itinérances et ugues ; problèmes de comportements intériorisés ou extériorisés Comportements sexuels : agression ; comportements sexuels à risque ; comportements sexuels problématiques ; délinquance sexuelle ; engage ment aecti diminué ; grossesses précoces ; nombre de partenaires sexuels augmenté ; relations sexuelles précoces ; utilisation réduite d’une méthode contraceptive ; victimisation
Cognition
Difcultés scolaires ; méfance
Fonctionnement social et relationnel
Faible estime de soi ; aible perception de l’image corporelle ; isolement social ; problèmes relationnels avec la mère
a
La liste des conséquences possibles de la violence sexuelle à l’égard des enfants et des adolescents n’est pas exhaustive ; elle est ordonnée alphabétiquement. Source : Adapté de Baril et Tourigny (2009)
840
Partie 6
Interventions infrmières en situation de crise
La personne victime d’agression sexuelle n’est d’aucune açon responsable de ce qui lui est arrivé (gouvernement du Québec, 2010a). L’infrmière reconnaît qu’elle-même peut avoir des croyances, des préjugés, des peurs et elle les remet en question afn de demeurer objective et empathique envers la victime. Il lui incombe d’accepter la responsabilité de s’inormer et d’acquérir une compétence en matière de soutien aux victimes d’agression sexuelle. Elle respecte ses propres limites et recourt à des ressources spécialisées afn d’orir les meilleurs soins à la personne agressée. Le but de l’intervention de l’infrmière est d’aider la victime à exprimer ses besoins, de la renseigner sur les ressources, ses droits et ses recours. | Connaître les centres désignés au Québec pour les personnes victimes d’agression sexuelle | En 2001 a commencé le processus d’implantation, au Québec, des centres désignés pour les victimes d’agression sexuelle (Comité interministériel de coordination en matière de violence conjugale, amiliale et sexuelle, 2007). Dès l’année suivante, les premiers centres désignés ont commencé à orir leurs services (Collin-Vézina, Hébert, Dion et al., 2011). Les centres désignés sont des établissements du réseau de la santé et des services sociaux, généralement un centre hospitalier ou un centre de
santé et de services sociaux. Ils orent des services médicaux, médicolégaux et médicosociaux aux victimes d’agression sexuelle, peu importe leur âge et leur sexe. Ils ont été implantés pour que toutes les victimes d’agression sexuelle puissent accéder à des services d’accueil, de soutien aecti, à un examen médical ou médicolégal, à des soins et traitements ainsi qu’à un suivi approprié (Groupe de travail sur l’intervention médicosociale auprès des victimes d’agression sexuelle, 2010b). Chaque centre désigné travaille en partenariat avec d’autres organismes du milieu, notamment avec les Centres d’aide et de lutte contre les agressions à caractère sexuel (CALACS). Dans les cas de victimes mineures, l’infrmière eectue également un signalement au DPJ, comme expliqué dans la quatrième section de ce chapitre.
Le rôle de l’infrmière est de procéder à l’accueil de la personne, de lui apporter un soutien aecti, de déterminer l’orientation de l’intervention et de consigner l’histoire médicosociale. Le médecin, lui, doit compléter l’histoire médicosociale et réaliser l’examen médical ou médicolégal, assisté par l’intervenante psychosociale ou l’infrmière (Groupe de travail sur l’intervention médicosociale auprès des victimes d’agression sexuelle, 2010b). Ensuite, l’infrmière accompagne la victime dans sa déclaration à la police ou l’oriente vers les organismes appropriés (Groupe de travail sur l’intervention médicosociale auprès des victimes d’agression sexuelle, 2010b).
| Appliquer le protocole d’intervention médicosociale du Québec | En plus d’être adaptée et personnalisée pour chaque victime, l’intervention médicosociale dans les centres désignés se déroule normalement
| Adopter une attitude ouverte et respectueuse | L’infrmière veille à avoir une attitude empathique et respectueuse. Elle aide la victime sans prendre la maîtrise de la situation à sa place et croit en la
ENCADRÉ 29.14
en huit étapes (Groupe de travail sur l’intervention médicosociale auprès des victimes d’agression sexuelle, 2010b) ENCADRÉ 29.14.
Les CALACS orent de la documentation aux victimes d’agression sexuelle, qui peut être consultée au www.rqcalacs.qc.ca.
Étapes de l’intervention médicosociale auprès d’une personne victime d’agression sexuelle
ÉTAPE 1 : ACCUEIL ET SOUTIEN AFFECTIF
L’intervenant, par exemple l’infrmière, laisse d’abord le temps à la victime de s’exprimer et de préciser ses besoins. Il la soutient dans ses démarches. ÉTAPE 2 : ORIENTATION DE L’INTERVENTION
Cette étape consiste à déterminer si un examen médical ou médicolégal sera eectué et, par conséquent, les instruments qui seront utilisés. Une ois que les diverses interventions possibles ont été présentées, la victime (ou ses parents s’il s’agit d’un enant de moins de 14 ans) donne son consentement à l’interven tion choisie. La victime peut consentir à diérentes étapes de l’intervention (p. ex., l’examen médical, l’examen médicolégal incluant l’examen médical, la remise au policier de la trousse médicolégale ou de ormulaires seulement). ÉTAPE 3 : HISTOIRE MÉDICOSOCIALE
L’examen médicolégal comprend un examen médical et les prélèvements de la trousse médicolégale. ÉTAPE 5 : SOINS ET TRAITEMENTS
Cette étape inclut, si cela est pertinent, la prévention d’une grossesse ou des ITS, le traitement des lésions et des ITS ainsi que la prescription d’anxiolytiques. ÉTAPE 6 : INFORMATION ET SOUTIEN, SIGNALEMENT AU DPJ, DÉCLARATION À LA POLICE ET RÉFÉRENCES
Cette étape inclut, selon les circonstances : • le signalement au DPJ ; • l’accompagnement dans la déclaration à la police;
L’ensemble des besoins de la victime est évalué, et le médecin détermine les examens et les prélèvements pertinents. L’histoire médicosociale est consignée, par l’infrmière, dans les ormulaires de la trousse médicolégale ou de la trousse médicosociale sans prélèvements médicolégaux. La trousse médicolégale permet d’uniormiser et de garantir l’intégrité des pré lèvements eectués au cours de l’examen médicolégal, de disposer de preuves scientifques objectives pouvant éclairer certains aspects de l’agression sexuelle et de soutenir la démarche judiciaire d’une victime qui décide de porter plainte contre son agresseur. La trousse sans prélèvements médicolégaux a pour objec ti d’orir un cadre d’intervention adapté aux victimes d’agression sexuelle pour lesquelles les prélèvements médicolégaux n’étaient pas requis ou pour celles qui ne désiraient pas porter plainte. Ces instruments doivent être intégrés à une approche globale des besoins des victimes et ne doivent pas être une fn en soi.
• la prise de rendezvous pour les suivis médical et psychosocial;
ÉTAPE 4 : EXAMEN MÉDICAL ET EXAMEN MÉDICOLÉGAL, TESTS ET PRÉLÈVEMENTS
ÉTAPE 8 : SUIVI PSYCHOSOCIAL
L’examen médical inclut, si cela est pertinent, un examen gynécologique et génital, un test de grossesse et le dépistage des ITS.
• la remise de pièces justifcatives qui seront nécessaires à la victime pour motiver une absence au travail ou à l’école; • la transmission des coordonnées d’organismes communautaires venant en aide aux victimes d’agression sexuelle, dont les CALACS, les Centres d’aide aux victimes d’actes criminels (CAVAC), les maisons d’héberge ment, la Direction de l’indemnisation des victimes d’actes criminels (IVAC), etc. ÉTAPE 7 : SUIVI MÉDICAL
Cette étape consiste à évaluer ultérieurement les symptômes généraux de nature somatique, à déceler une grossesse, à dépister et à traiter des ITS, etc.
Cette étape ultérieure consiste à aider les victimes et leurs proches à composer avec les réactions et les séquelles consécutives à une agres sion sexuelle.
29
Source : Adapté de Groupe de travail sur l’intervention médicosociale auprès des victimes d’agression sexuelle (2010b) Chapitre 29 Violence
841
Le MSSS ournit, pour chaque région du Québec, les res sources disponibles pour les agresseurs sexuels : www.msss.gouv.qc.ca/ sujets/prob_sociaux/ agression_sexuelle/ index.php?ressources pourlesagresseurs.
Le Centre d’expertise Marie Vincent, à Montréal, propose une thérapie cognitivo comportementale à l’enant victime d’agression sexuelle : www.ceasmv.ca/r/accueil.php. Le Centre d’intervention en abus sexuels pour la amille (CIASF) ore notamment une intervention de groupe aux enants âgés de 6 à 12 ans : www.cias.org.
20 Les thérapies cognitivo comportementales sont défnies dans le chapitre 20, Modèles et stratégies thérapeutiques.
personne (Groupe de travail sur l’intervention médicosociale auprès des victimes d’agression sexuelle, 2010a) ENCADRÉ 29.15.
Adresser les personnes concernées aux programmes appropriés | Programmes pour agresseurs sexuels | La plupart des soins destinés aux agresseurs sexuels sont prodigués dans le cadre du processus correctionnel. Des services sont aussi oerts dans la communauté. Ainsi, au Québec, il existe des groupes de soutien et des programmes d’évaluation et de traitement pour les agresseurs sexuels, adolescents ou adultes, ou pour les personnes ayant peur de commettre une agression sexuelle. Pour être intégré dans un programme de réadaptation, l’agresseur doit être capable de reconnaître qu’il présente une problématique de déviance sexuelle et qu’il éprouve des dicultés dans diverses sphères de sa vie (p. ex., dans sa relation de couple, en amille, au travail). Le but principal des traitements est de diminuer le risque de récidive (Institut Philippe-Pinel, 2012). Les principales stratégies visent à accroître la compréhension du cycle de l’agression et l’utilisation de stratégies pour l’interrompre (Laortune et al., 2010). Il s’agit d’amener les agresseurs à reconnaître leurs diverses problématiques, à se responsabiliser à l’égard de celles-ci et à travailler leurs comportements qui sont en lien avec leur dynamique confictuelle. Plusieurs programmes pour agresseurs sexuels relèvent de la thérapie par le milieu, et d’autres se déroulent en rencontre de groupe en consultation externe. Au Québec, la majorité des programmes de traitement utilisent le modèle cognitivo-comportemental 20 . Cela exige la
collaboration de proessionnels expérimentés et objectis. L’inrmière qui rencontre un présumé agresseur peut l’adresser aux organismes compétents. | Programmes pour victimes | Le traitement des victimes d’agression sexuelle est bénéque et souvent nécessaire pour leur rétablissement (Hébert, Bernier & Simoneau, 2011). Il existe plusieurs approches et programmes d’intervention pour venir en aide aux victimes. Par exemple, la thérapie cognitivocomportementale axée sur le trauma constitue un traitement de choix pour les enants victimes d’agression sexuelle (Hébert et al., 2011 ; Simoneau, Daignault & Hébert, 2011). Lorsque la violence sexuelle est commise envers un enant, l’inrmière est également à l’écoute du parent non agresseur. La réaction du parent quand l’enant lui révèle l’agression, sa capacité à se mobiliser pour le protéger et le soutenir sont des acteurs qui ont une infuence sur l’adaptation de l’enant (Cyr, Zuk & Payer, 2011). Par exemple, le soutien maternel est associé à des eets positis sur la santé mentale des enants victimes à court et à long termes. Le parent devrait croire la révélation de l’enant, lui orir un soutien qui répond à ses besoins et s’assurer de le protéger contre des agressions utures. Bien que certains parents ne présentent pas de détresse à la suite du dévoilement de l’agression sexuelle de leur enant, certains d’entre eux peuvent en être bouleversés et traumatisés. Ce dévoilement peut ainsi occasionner de l’anxiété, de la dépression ou encore un ESPT chez le parent non agresseur (Cyr et al., 2011). L’inrmière est empathique et dépourvue de jugement envers celui-ci. Elle l’aide à accepter l’agression sexuelle de son enant et à composer avec les émotions suscitées par le dévoilement. Elle encourage les parents à adopter une
Relation d’aide ENCADRÉ 29.15
Accompagner la personne victime de violence sexuelle
L’infrmière s’assure d’appliquer les principes suivants. • Écouter ce que la victime a à dire sans porter de juge ment, la laisser s’exprimer dans ses mots, à sa açon, à son rythme et lui laisser le temps requis. • Croire ce que dit la victime, car il s’agit de son vécu et de sa perception, se centrer sur ce qu’elle dit et vit.
n’est pas de sa aute et que l’agresseur est entièrement responsable de ses actes. • Favoriser l’autonomie, aider la victime à reprendre du pouvoir sur sa vie, tout en étant disponible pour elle, lui donner de l’espace pour respirer et pour reprendre son niveau de onctionnement habituel.
• Encourager et valoriser ses capacités, souligner ses orces, son courage d’en parler.
• Valider les émotions de la victime, l’aider à exprimer ce qu’elle ressent en normalisant ses réactions et ses senti ments (colère, rancœur, culpabilité, baisse de l’estime de soi) et en la rassurant, car toute personne a droit au respect de son intégrité, et l’agression sexuelle est inac ceptable et criminelle.
• Déculpabiliser la personne, lui aire comprendre et lui confrmer qu’elle est la victime, que l’agression sexuelle
• Aider et accompagner la personne dans ses démarches et rester disponible.
• Recevoir objectivement et ouvertement ce que la victime dit sans minimiser ni amplifer les aits, les émotions ou les conséquences.
Source : Adapté de Groupe de travail sur l’intervention médicosociale auprès des victimes d’agression sexuelle (2010a)
842
Partie 6
Interventions infrmières en situation de crise
conduite parentale qui assure le bien-être et le développement optimal de l’enant, d’autant plus que les difcultés psychologiques qu’ils vivent peuvent interérer avec leur capacité à soutenir leur enant (Cyr et al., 2011).
29.6
Violence et troubles mentaux
La violence peut survenir dans divers milieux de soins, aux urgences, au centre hospitalier ou dans le réseau communautaire. Les personnes à risque de maniester des comportements violents ont partie de la clientèle de l’infrmière, au même titre que celle qui est victime de violence. Ces personnes doivent être identifées et accompagnées dans la reconnaissance et la gestion de la violence, et ce, pour les protéger contre elles-mêmes ou pour protéger de potentielles victimes. À la question de savoir s’il aut particulièrement s’inquiéter des personnes atteintes de troubles mentaux, en ce qui concerne la violence, la réponse est non, le plus souvent. En ait, ces personnes sont parois elles-mêmes victimes de violence en raison de leur vulnérabilité. Cependant, le lien entre la violence et les troubles mentaux a ait l’objet de nombreuses études depuis plusieurs années (Crocker, 2008 ; Joyal, 2005 ; Millaud 2001). Certains diagnostics de troubles mentaux, dont la schizophrénie, peuvent être associés à une augmentation du risque de violence (Busko, 2009 ; Joyal, 2005 ; Millaud, 2001). La plus grande prudence devant ces afrmations est recommandée afn de ne pas stigmatiser les personnes atteintes de schizophrénie (Joyal, 2005). Un petit nombre de personnes seulement sont responsables d’un grand nombre de gestes de violence (Crocker, 2008 ; Joyal, 2005). L’infrmière est alors appelée à demeurer vigilante et prudente. Elle a le souci de protéger le client, les membres de la amille et toute autre personne éventuellement menacée.
29.6.1
Description
(p. ex., l’anxiété, la peur, la colère) qui, mal gérées, peuvent devenir insupportables pour une personne et l’amener à réagir vivement pour se libérer de ce surcroît d’émotion ou de tension (Heitmeyer & Hagan, 2003). Parmi les signes avant-coureurs de violence, la colère et l’agressivité nécessitent une attention particulière. La colère est une émotion vive survenant le plus souvent dans un contexte de rustration. Elle constitue une réaction normale à un stresseur, mais elle peut varier en intensité. Elle s’accompagne de changements physiologiques (p. ex., une augmentation de la réquence cardiaque ou de la pression artérielle) et psychologiques (p. ex., un air renrogné, un visage empourpré, des marmonnements, une hausse de ton, des allées et venues, des poings serrés, une retenue excessive) (Adler, Rosen, Silverstein et al., 1998). L’agressivité est une attitude marquée par la brusquerie, l’hostilité, une tendance à s’opposer en réponse à une contrainte ou à de la rustration. Elle peut être utilisée de manière positive, par exemple dans une compétition ou dans la poursuite d’objectis proessionnels ou personnels. Elle peut également se maniester par des comportements plus ou moins ouverts dirigés vers soi ou vers autrui. L’agressivité peut s’exprimer de manière verbale ou physique comme suit : ton élevé, voix tremblante, agitation, sarcasmes, menaces physiques ou verbales, gestes violent à l’endroit des objets ou des personnes, interprétations erronées des stimulus (Giacalone & Vous accompagnez une infrmière qui eectue une visite Greenberg, 1997 ; Ramírez à domicile chez Émilie SaintLaurent, âgée de 35 ans. & Andreu, 2006). Le travail Celleci a accouché de son deuxième enant. Vous de l’infrmière et des autres observez que Tristan, son fls âgé de cinq ans, marche intervenants est d’être à l’aavec les jambes légèrement écartées. Sa mère, d’un ton ût des signes avant-coureurs inquiet, dit qu’il marche ainsi depuis qu’elle est revenue du centre hospitalier. Elle ajoute que l’enant reuse de de violence, de les désamorrépondre lorsqu’elle s’inorme sur les circonstances qui cer ou d’aider la personne à ont conduit à ce changement de sa démarche. les gérer, afn d’en prévenir l’escalade (Cowin et al., Avezvous raison de croire que l’enant a été victime 2003 ; Hodge & Marshall, d’agression sexuelle ? Justifez votre réponse. 2007) ENCADRÉ 29.16.
Jugement clinique
29.6.2
Facteurs de risque spécifques
Les acteurs de risque de violence, défnis dans La violence vise à exercer une domination. Les la deuxième section de ce chapitre, sont d’ordres diérentes ormes de violence sont déinies individuel, relationnel, communautaire ou sociétal. dans la première section de ce chapitre. À l’échelle individuelle, un trouble mental n’exGénéralement, les comportements de violence plique pas à lui seul la violence, et l’infrmière évane surgissent pas de açon inattendue. Il est lue toujours l’ensemble des acteurs de risque, qui possible d’en détecter des signes avant-coureurs peuvent être de plusieurs types TABLEAU 29.13. qui, s’ils ne sont pas pris en considération, Le premier prédicteur de violence est la viopeuvent graduellement mener à des comporte- lence antérieure déjà commise (Ahern, 2002 ; ments violents (Cowin, Millaud & Dubreucq, Davies, Estall et al., 2005). Une personne qui a Un petit nombre de personnes seulement 2003 ; Hodge & Marshall, déjà perpétré un geste de sont responsables d’un grand nombre de 2007). La violence est violence risque d’en gestes de violence. l’expression d’émotions commettre d’autres.
29
Chapitre 29 Violence
843
Pratiques infrmières suggérées ENCADRÉ 29.16
Reconnaître et désamorcer les signes avant-coureurs de la violence
Par exemple, une personne à risque de violence peut circuler de long en large en marmonnant sans cesse et de açon in compréhensible. Elle hausse le ton par moment, jette des regards urtis autour d’elle, s’arrête quelques secondes et reprend de plus belle. L’inrmière est à l’aût de ces compor tements inhabituels. Plutôt que de laisser la personne déam buler ainsi, dans un état visiblement inconortable pour elle, l’inrmière évalue rapidement la personne, cherche l’origine de ce comportement et désamorce la crise. Elle intervient ainsi de açon à reiner l’évolution de la crise et surtout d’em pêcher le passage à l’acte (Cowin et al., 2003; Fluttert, Van Meijel, Webster et al., 2008; Hodge & Marshall, 2007).
TABLEAU 29.13
Liens possibles entre les troubles mentaux et la violence
TYPE DE FACTEURS
DÉFINITION
EXEMPLES
Facteurs prédisposants
Éléments qui peuvent ragiliser la personne
• L’isolement social • Un trouble mental et ses symptômes (p. ex., des hallucinations, des délires paranoïdes, une désorganisation) • Un trouble organique • La violence antérieure connue
Facteurs contribuants
Facteurs précipitants
En cas de trouble mental grave, la non-adhésion au traitement, l’abus de substances et le manque de discernement contribueraient à augmenter les risques de comportements violents (Busko, 2009). Les troubles mentaux graves augmentent notamment le risque de violence physique envers autrui. Ce risque de violence physique est encore plus élevé lorsqu’il y a consommation d’alcool ou de drogues (Dubreucq, Joyal & Millaud, 2005). Néanmoins, le nombre absolu des agressions physiques commises par les clients atteints d’un trouble mental grave reste aible. En eet, 85 à 97 % des cas de violence sont perpétrés par des agresseurs qui n’ont pas de troubles mentaux graves (Dubreucq et al., 2005).
• La consommation de substances (drogues et alcool)
Éléments déclencheurs
• Des confits avec l’entourage
29.6.4
• Des contrariétés diverses (p. ex., un reus, un bris, l’attente)
Les soins et traitements consistent d’abord en une évaluation rigoureuse de la personne et de la situation clinique, et ce, dans le but d’intervenir de açon préventive (OIIQ, 2010). L’estimation de la dangerosité du passage à l’acte repose en grande partie sur cette évaluation initiale. L’objecti est de prévenir la violence et de contribuer au rétablissement de la personne, qui est encouragée à acquérir une capacité à choisir les soins qui sont les plus susceptibles de répondre à ses besoins (Commission de la santé mentale du Canada, 2012).
29.6.3 2 Les troubles mentaux graves sont expliqués dans le cha pitre 2, Santé mentale et ser vices dans la communauté.
• La désinhibition • L’humeur (p. ex., irritable, élevée, exaltée)
Épidémiologie
Les personnes atteintes d’un trouble mental grave sont plus susceptibles d’avoir un comportement violent, en particulier celles qui ont une psychose 2 . Le risque de violence est 1,5 ois plus élevé chez ces personnes que dans la population générale (Douglas, Guy & Hart, 2009). Les probabilités de violence sont de 49 à 68 % plus élevées en présence de psychose que lorsqu’il n’y en a pas (Douglas et al., 2009). Les hallucinations mandatoires avec ordre de violence ou un délire à thèmes mystiques, grandioses ou de persécution jouent un rôle direct sur l’apparition de la violence. Par exemple, une personne atteinte de paranoïa et craignant pour sa sécurité peut agir violemment pour se protéger ou une personne interprétative peut mal
Partie 6
comprendre un geste ou une parole et y réagir avec violence.
Éléments qui augmentent la vulnérabilité de la personne
• La perte (p. ex., d’un proche, d’un emploi, d’un logement, d’argent)
844
Lorsque l’inrmière ou les intervenants s’adressent à la per sonne, celleci pourrait réagir vivement à leur contact en raison d’un trouble mental et d’une ausse interprétation possible de la réalité. L’inrmière réagit alors calmement et se ait rassurante. Il est clair qu’un comportement semblable d’une personne laissée à ellemême risque de s’amplier et peut graduelle ment conduire à des gestes de violence envers des objets (p. ex., rapper dans les murs, bousculer le mobilier ou lan cer des accessoires) ou envers autrui (p. ex., menacer un intervenant, l’insulter, l’injurier). Il s’agit du passage à l’acte (Hodge & Marshall, 2007).
Interventions infrmières en situation de crise
Soins et traitements
Évaluation initiale L’infrmière qui évalue la condition mentale d’une personne atteinte d’un trouble mental inclut l’estimation du risque de violence. Elle peut être conrontée à cette problématique dans tous les milieux de soins. Par exemple, il est estimé que 5 % des personnes qui se présentent à l’urgence d’un centre hospitalier à Montréal ont des problèmes de santé mentale (Chaput & Lebel, 2007). L’évaluation du risque de violence s’eectue au cours de la première entrevue et à chaque rencontre subséquente. En
eet, de nouveaux éléments (p. ex., l’augmentation de l’intensité des symptômes, des problèmes économiques ou relationnels) peuvent alors amener la personne à réagir de açon diérente. L’infrmière connaît les conditions ou les situations qui peuvent être source de rustration, de colère, d’agressivité et de violence, et elle prend les mesures nécessaires pour prévenir les agressions. Il est primordial qu’elle diversife les sources d’inormation afn de compléter son anamnèse. Ainsi, les observations recueillies auprès d’autres intervenants ou des proches de la personne contribuent à mieux cerner la présence ou non du risque de violence. Il peut être question de acteurs prédisposants (p. ex., la dynamique amiliale), contribuants (p. ex., la non-adhésion au traitement) ou précipitants (p. ex., un deuil). Le jugement clinique est alors essentiel pour reconnaître les acteurs de risque de violence et déterminer les problèmes prioritaires ENCADRÉ 29.17. En eet, la sous-estimation ou la surestimation de la dangerosité est un piège à éviter (Millaud & Dubreucq, 2005). L’infrmière vérife également si la personne a des idées délirantes ou des hallucinations qui peuvent la conduire à commettre des gestes de violence. Pour ce aire, elle lui pose des questions telles que : Avezvous l’impression que quelqu’un vous veut du mal ? Avez-vous peur ? Sentez-vous que vous devez vous déendre ? Avez-vous reçu des messages spéciaux, qui viennent de la télévision ou de la radio, par exemple ? Cela vous met-il en colère ? En voulez-vous
Collecte des données ENCADRÉ 29.17
Éléments à considérer pour déterminer le risque de violence
• Le contexte démogra phique et socioécono mique (l’âge, le sexe, le statut économique) • L’histoire personnelle (p. ex., un environne ment amilial perturbé, des antécédents de violence) • La cible des manies tations de violence (p. ex., un proche, un intervenant) • Le lieu d’exercice des maniestations de violence (p. ex., le domicile, le milieu hospitalier)
• L’accessibilité à des objets dangereux (p. ex., une arme à eu accessible au domicile, la possession d’une arme blanche) • L’état mental (notam ment les symptômes tels que des halluci nations mandatoires, un sentiment de per sécution, une hostilité verbale, un discours décousu et désorganisé, une aible autocritique) • L’abus de substances (alcool, drogues) • L’adhésion, ou non, au traitement
Source : Adapté de Millaud & Dubreucq (2005)
à quelqu’un pour ce qui vous arrive présentement ? Elle vérife les perceptions de la personne et corrige, s’il y a lieu, les pensées erronées en la rassurant sur sa situation. Par exemple, elle peut dire : Je comprends que tout cela est réel pour vous. Je n’en suis pas si certaine, mais je suis là pour en discuter. L’infrmière reste attentive et vigilante à la réaction de la personne afn de ne pas augmenter le niveau de stress.
Jugement clinique Bernard Lauzon est hospitalisé pour épisode psycho tique de schizophrénie de type paranoïde. Il est âgé de 38 ans et a reçu son diagnostic il y a 10 ans. Vous le voyez marcher rapidement dans le corridor, regardant le sol et respirant rapidement et bruyamment. Lorsqu’il croise quelqu’un, il s’arrête, serre les poings et regarde la personne du coin de l’œil. Vous le sentez méfant et sur le point de maniester des comportements violents. Qu’estce qui pourrait expliquer les indices de violence possible chez monsieur Lauzon actuellement ?
Afn de déterminer le degré d’urgence, l’infrmière peut recourir à des outils lui permettant d’objectiver ses observations. Par exemple, la Grille de détection précoce du comportement agressi – DASA modifée, utilisée dans certains milieux hospitaliers, permet de documenter le risque immédiat de violence (Association québécoise des infrmières et infrmiers en santé mentale 2011).
La Grille de détection précoce du comportement agressi – DASA modifée peut être consultée au www.aqiism.org/ documents/temp/584Fevrier_ 2011_Mise_en_page_1.pd.
Soins et traitements infrmiers Avant toute intervention auprès d’une personne à risque de violence, l’infrmière s’assure de se trouver dans un environnement sécuritaire et de pouvoir aller chercher de l’aide au besoin. Elle connaît et applique les principes de base de la relation thérapeutique : écoute active, empathie, respect, rétroaction. L’infrmière possède les habiletés requises pour intervenir auprès d’une personne qui est à risque de perdre la maîtrise de soi. Cette personne a besoin d’être rassurée, de se sentir en sécurité et encadrée. L’infrmière démontre, par ses aptitudes proessionnelles, sa capacité à gérer la situation. Pour ce aire, elle peut s’appuyer sur divers outils. Par exemple, l’approche Oméga préconise des interventions graduées qui s’appuient sur l’évaluation du risque, la relation avec le client, le travail en équipe et un langage commun, qui acilite la communication entre les membres de l’équipe (Association paritaire pour la santé et la sécurité du travail du secteur aaires sociales [ASSTSAS], 2012). Cette approche se onde sur des principes inhérents à la pratique infrmière : le respect, le proessionnalisme, la responsabilisation et la sécurité D .
D L’approche Oméga est dé taillée dans l’annexe D, Approche Oméga.
L’infrmière utilise un ton de voix calme et bas pour avoriser l’apaisement de la personne. Elle énonce et clarife ensuite les limites des comportements acceptables, afn de donner un cadre clair et rassurant. En tout temps, l’infrmière est attentive aux signes de colère ou d’agressivité et répond aux besoins qui s’en dégagent sans délai TABLEAU 29.14. Elle accorde du temps à la personne et lui permet de s’exprimer verbalement et émotivement. Elle se
29
Chapitre 29 Violence
845
Pratiques infrmières suggérées TABLEAU 29.14
Accompagner et encadrer le client à risque de violence
INTERVENTION
JUSTIFICATION
Reconnaître ses limites, évaluer l’environnement, demander de l’aide au besoin (p. ex., appeler un collègue, utiliser le téléphone ou l’interrupteur dédié).
Pour prévenir toute maniestation de violence de la part de la personne, comme le préconise notamment l’approche Oméga (ASSTSAS, 2012).
Maintenir une distance sécuritaire.
Pour assurer la sécurité de l’infrmière en attendant l’arrivée de l’aide, au besoin.
Établir et rappeler à la personne la relation de confance existante en souli gnant l’aide disponible pour le dénouement de la situation de tension.
Pour permettre le maintien de la relation de confance, grâce à l’alliance thérapeutique et à la disponibilité de l’infrmière, ce qui contribue à diminuer l’anxiété et les comportements violents.
Garder en tout temps une attitude calme, rassurante, empathique et respectueuse. Assurer de la disponibilité pour l’expression des émotions et accompagner la personne dans le cycle de l’agressivité, comme le préconise l’approche Oméga (ASSTSAS, 2012). Être attentive aux signes de colère ou d’agressivité et répondre aux besoins de la personne sans délai, notamment en l’aidant à reconnaître les sources de colère.
Pour atténuer la violence en décelant les signes avantcoureurs de açon précoce. Souvent la personne déplace sa colère ou son hostilité vers un objet ou une personne qui représente une menace moindre. Elle aura besoin d’aide ou d’un modèle pour résoudre le problème de açon plus adéquate.
Vérifer les perceptions et corriger les pensées erronées.
Pour aider la personne à résoudre son problème de açon adéquate. Si elle se sent écoutée dans l’émotion ou le vécu plutôt que sur le contenu, cela peut diminuer la tension. Le modelage, c’estàdire, l’acquisition d’un comportement par observation d’un modèle, est un moyen d’apprentissage efcace.
Vérifer la présence d’idées délirantes ou d’hallucinations. Encourager l’utilisation de stratégies pour diminuer ou canaliser les senti ments d’irritabilité (p. ex., des exercices de relaxation, la verbalisation, la tenue d’un journal de bord, la prise de médication au besoin). Orienter la personne vers des activités permettant de libérer la tension (p. ex., la marche, un sport, une chambre d’apaisement). Préciser les limites et les comportements non acceptables.
Pour appliquer la séquence et la gradation proposées par l’approche Oméga, afn de permettre à la personne de reprendre la maîtrise de soi (ASSTSAS, 2012).
Évaluer la dangerosité du passage à l’acte avec une grille appropriée.
Pour adapter l’intervention à la réaction du client.
Appliquer le protocole d’urgence et les mesures de contrôle si nécessaire.
Pour respecter les droits du client, il importe d’utiliser les mesures de contrôle les moins contraignantes possible.
Jugement clinique
centre sur le contenu émoti qui se dégage de l’expression Comment devriezvous vous comporter pour éviter que verbale plutôt que de réagir monsieur Lauzon ait des gestes violents envers les aux insultes, mépris ou autres personnes de son entourage à l’unité de soins ? propos négatis que la personne exprime. Elle peut reféter les émotions qu’elle perçoit ou comprend et les valider avec la personne. Par exemple, elle demande : Vous semblez être très en colère, voulezvous en parler ? Elle peut ensuite inviter la personne à trouver des moyens pour canaliser les irritants ou l’orienter vers des activités permettant de libérer la tension, par exemple des exercices de relaxation, une activité physique, comme la marche ou la lecture.
846
Partie 6
Interventions infrmières en situation de crise
Soins et traitements en interdisciplinarité Les soins requis par une personne violente sont complexes. Il est indispensable que le traitement se asse dans un cadre hospitalier (interne ou externe), suivant une approche interdisciplinaire, et ce, dans le but de prévenir la violence (Gacki-Smith, Juarez, Boyett et al., 2009). Ainsi, l’équipe se dote d’un cadre de travail à la ois sécuritaire et thérapeutique pour que tous se sentent à l’aise de soigner un client à risque de présenter des comportements violents (Millaud, 2001). Les clients à risque de violence peuvent susciter diverses émotions auprès des équipes de soins telles que l’anxiété, la peur, la colère, l’impuissance, le mépris (Millaud, 2001). Un soignant qui a peur ne peut pas intervenir de açon thérapeutique.
Le travail en équipe permet que les observations et le jugement de chacun apportent un éclairage objecti sur la situation. Selon le degré de violence, des priorités cliniques sont alors défnies. Le plan d’intervention, établi en équipe, détermine les balises acceptables et respecte les ressources du client et du milieu. Le client doit également être inormé des attentes du personnel et idéalement devrait avoir contribué à l’élaboration de son plan d’intervention. Celui-ci doit être réévalué régulièrement et surtout révisé en onction de l’évolution de la situation et de la personne. Des rencontres d’équipe sont nécessaires pour le bon onctionnement de celle-ci. Les échanges concernant les observations et les perceptions de chacun sont avorisés. Millaud (2001) met en garde les équipes contre les divergences d’opinions que peut engendrer le travail auprès d’une personne à risque de violence. Elles pourraient entraîner des impasses thérapeutiques et susciter l’expression de la violence. Aussi, il ne aut pas laisser à un seul membre de l’équipe la décision des interventions à eectuer auprès d’un client à risque de violence. Ces décisions souvent restrictives doivent justement être prises en équipe.
Psychopharmacothérapie au besoin et mesures de contrôle L’administration d’une médication en onction des symptômes observés peut diminuer l’agita tion, l’anxiété ou les symptômes psychotiques (Anderson, Bell, Powell et al., 2004 ; Hodge & Marshall, 2007). Le recours à la médication avec l’accord du client permet de prévenir le passage à l’acte et de maintenir la relation thérapeutique. Cependant, il n’existe pas de médicament contre la violence, bien que certains soient efcaces pour soulager le client de certains symptômes inconortables pour lui (Brault, 2008). Avant tout, il est primordial que le client atteint d’un trouble mental adhère à son traitement. Lorsque la médication n’est pas prise ou est mal gérée, le risque de violence augmente sérieusement. Le choix de la médication au besoin est souvent orienté vers une sédation non spéciique pour atteindre un état de calme, et non de sommeil. La prise par voie orale est à avoriser, car elle permet de préserver la dignité humaine et diminue les risques de blessures associés aux situations d’urgence (Brault, 2008). Les antipsychotiques de deuxième génération peuvent être prescrits en situation de crise. Ils permettent de réduire l’agitation et l’anxiété. Les benzodiazépines peuvent également être administrées. Leur utilisation est sécuritaire dans les cas de sevrage et de délirium. Elles peuvent se donner seules ou combinées. La combinaison permet une action plus rapide. Les combinaisons les plus réquentes sont l’halopéridol et le lorazépam, la rispéridone et le lorazépam, la loxapine et la diphenhydramine
(Brault, 2008). L’infrmière est responsable d’accompagner le client et de surveiller son état clinique (OIIQ, 2009). Elle vérife tous les paramètres et normes de qualité qui encadrent l’administration de la médication au besoin. Il peut arriver que l’état d’agitation du client ne permette pas la collaboration avec lui et que l’administration de la médication au besoin se asse contre son gré, comme prévu par la loi, en situation d’urgence. Si la personne présente un danger pour elle ou pour autrui, il peut être nécessaire, de açon exceptionnelle et en dernier recours, d’utiliser des mesures de contrôle tout en respectant les droits de la personne . Pour ce aire, il est essentiel 6 que l’infrmière applique rigoureusement le protocole en vigueur dans l’établissement. Chaque établissement doit posséder un protocole qui encadre les interventions à mettre en place lorsqu’une personne présente un risque de violence ou commet des actes de violence (p. ex., un appel au code blanc, le recours à la orce policière) (LSSS, c. S-4.2, art. 118.1). Le rôle de l’infrmière consiste alors à accompagner la personne, à lui prodiguer les soins requis (p. ex., l’hydratation, les déplacements) et à assurer la sécurité de celle-ci en exerçant la surveillance appropriée durant l’application de la mesure (OIIQ, 2009). Une ois le calme revenu, l’infrmière eectue un retour sur l’événement avec la personne afn qu’elle comprenne ses comportements et les actions prises pour l’aider à s’apaiser.
Psychothérapies et autres thérapies En établissement psychiatrique, l’objecti est de contenir la violence, de lui donner un sens et d’établir un lien de confance assez solide qui permettra à la personne de venir chercher de l’aide avant d’agir avec violence (Dubreucq & Nguyen Phan, 2008). La clientèle a des besoins en remédiation cognitive, en entraînement aux habiletés sociales et aux stratégies de résolution de problèmes interpersonnels, en apprentissage de gestion de la colère et en tout autre programme de psychothérapie ou de psychoéducation ondé sur des données probantes. En plus de l’infrmière, les intervenants auprès de la personne violente peuvent être des médecins, des psychiatres, des psychologues, des criminologues, des ergothérapeutes en santé mentale, des art-thérapeutes, des psychoéducateurs, des zoothérapeutes, des travailleurs sociaux, des éducateurs spécialisés, des agents d’intervention physique, etc. L’infrmière, elle, ne peut entreprendre une psychothérapie avec un client si elle n’a pas un permis lui permettant d’exercer la psychothérapie (Code des proessions, c. C-26). Elle peut touteois eectuer des interventions basées sur certains principes de psychothérapie dans les limites de ce que la loi prévoit 20 .
ALERTE CLINIQUE
Les gestes de comporte ments antisociaux et de violence peuvent susciter chez les intervenants des sentiments de crainte et d’impuissance et mener à une utilisation hâtive des mesures de contrôle (Dumais, 2010). Les inter ventions visant la préven tion et le rétablissement des personnes ont toute leur importance. 6 Les principes généraux d’utilisation des mesures de contrôle sont présentés dans le chapitre 6, Aspects éthiques et légaux de la pra tique infrmière en santé mentale et en soins psychiatriques.
Visionnez la vidéo Application de mesures de contrôle au http://ortinash.cheneliere.ca.
20 Le rôle de l’infrmière en re gard des thérapies est pré cisé dans le chapitre 20, Modèles et stratégies thérapeutiques.
Un aspect important à considérer dans l’accompagnement de la personne violente est la connaissance de la dynamique amiliale qui s’avère souvent
29
Chapitre 29 Violence
847
complexe et qui nécessite des interventions individualisées en lien avec le degré de violence vécue ou non par la famille. De plus, certaines actions du plan de traitement du client devront tenir compte des contraintes légales qui sont imposées à ce type de clientèle (p. ex., une ordonnance de traitement, une période de probation, l’interdiction de contact). Des mesures de judiciarisation des actes violents peuvent être envisagées comme complément de traitement de la personne, en vue de la responsabiliser à l’égard de ses actes (Millaud & Bureau, 2011). Lorsque la situation n’est plus aiguë, le modèle cognitivo-comportemental est largement utilisé, les thérapies de groupe étant la plupart du temps privilégiées (Perkins, 2010). Le programme Integrated Psychological Treatment (IPT) de Brenner et ses collaborateurs (1992) a été implanté dans plusieurs
milieux cliniques (Briand, Bélanger, Hamel et al., 2005). La thérapie comportementale dialectique est une autre thérapie utilisée dans plusieurs pays pour traiter, entre autres, les personnes atteintes d’un trouble de la personnalité limite (bordeline) qui manifestent régulièrement des épisodes de violence (Linehan, 1993a, 1993b, 2000).
Évaluation des résultats Une évaluation continue est effectuée auprès de la personne à risque de violence, afin de vérifier la pertinence des interventions selon la réaction de celle-ci. L’absence de résultats escomptés peut signifier un besoin de les modifier, de mettre d’autres modalités de traitement en application ou de reconsidérer les délais prévus pour l’obtention des résultats ENCADRÉ 29.18.
Collecte des données ENCADRÉ 29.18
Signes de rétablissement
La liste présentée ci-après permet à l’infirmière de vérifier si l’évolution vers les résultats escomptés est positive. Cependant, elle n’est ni exhaustive ni spécifique et doit être adaptée au client selon sa situation et le trouble dont il est atteint. L’infirmière s’assure que la personne est en mesure:
d’utiliser des stratégies de rechange à la violence (p. ex., la discussion, une activité de diversion, une médication préventive);
de reconnaître les signes de sa colère et de la gérer avant de perdre la maîtrise de la situation ou de soi ;
d’établir des liens significatifs avec autrui ;
de s’abstenir de frapper ou de blesser autrui ;
de poser un regard critique sur son comportement présent ou passé; de respecter les conditions imposées par la loi découlant des comportements de violence sanctionnés.
Analyse d’une situation de santé
J Jugement clinique
Huguette Coutu, âgée de 87 ans, vient d’être admise dans un centre d’hébergement de soins de longue durée. Elle est en perte d’autonomie. Elle habitait chez son fils et sa belle-fille, mais ceux-ci ont décidé de la placer en hébergement, n’étant plus en mesure de s’en occuper adéquatement. La cliente mesure 1,55 m et pèse 45 kg. Elle aurait perdu 5 kg en 2 se-
maines d’après son fils qui l’accompagne pour son admission.
En aidant la cliente à enlever son manteau, vous constatez qu’elle a des ecchymoses aux bras et si vous lui tenez les poignets, elle se raidit et ses yeux deviennent soudainement grand ouverts. Lorsque vous lui posez des questions, c’est son fils qui répond à sa place. {
MISE EN ŒUVRE DE LA DÉMARCHE DE SOINS
Collecte des données – Évaluation initiale – Analyse et interprétation 1. Que laissent suspecter les données du deuxième paragraphe de la mise en contexte ? SOLUTIONNAIRE
Vous demandez à la cliente ce qui a causé les ecchymoses. Le fils vous répond qu’elle tombe {
http://fortinash/cheneliere.ca
848
Partie 6
Interventions infirmières en situation de crise
parfois lorsqu’elle met ses vêtements. ”
MISE EN ŒUVRE DE LA DÉMARCHE DE SOINS
2. Indiquez trois détails que vous devez évaluer concernant les ecchymoses. 3. Que pourrait signifer la perte de poids de la cliente en si peu de temps ? 4. Qu’estce qui empêcherait madame Coutu de dénoncer son ils comme étant agresseur, si tel était le cas ? Nommez quatre éléments de réponse.
Lorsque le fls de madame Coutu est parti, vous en proftez pour examiner le corps de la cliente et vous constatez qu’elle n’a pas d’autres ecchymoses ou de blessures. Vous redemandez à la cliente ce {
qui a causé les ecchymoses aux bras et celle-ci répond : « Je ne m’en souviens pas. Pourtant, je ne tombe pas. Je n’avais pas ça hier. » ”
MISE EN ŒUVRE DE LA DÉMARCHE DE SOINS
5. Devriezvous croire ce que dit la cliente ? Justifez votre réponse. Voici un extrait du plan thérapeutique infrmier de madame Coutu. Extrait CONSTATS DE L’ÉVALUATION Date
Heure
2013-07-14 10:30
N°
Problème ou besoin prioritaire
1
Perte d’autonomie
2
Risque de violence de la part de son fls
Initiales
RÉSOLU / SATISFAIT Proessionnels / Date Heure Initiales Services concernés
3 Signature de l’infrmière
Initiales
Programme / Service
Signature de l’infrmière
Initiales
Programme / Service
6. Le problème prioritaire numéro 2 estil acceptable ? Justifez votre réponse. 7. Quel autre problème prioritaire nécessiterait un suivi clinique particulier ? Inscrivez votre réponse visàvis le numéro 3.
Planifcation des interventions – Décisions infrmières 8. Selon la réponse à la question 6, écrivez une note d’évolution appuyant le problème prioritaire numéro 2. 9. Devriezvous aviser les instances concernées (che d’unité, médecin, équipe interdisciplinaire [travailleur social], collègues) du soupçon de maltraitance pour madame Coutu ? Justifez votre réponse. 10. Selon la réponse à la question 6, inscrivez une directive infrmière pour assurer le suivi clinique du problème prioritaire numéro 2. Extrait CONSTATS DE L’ÉVALUATION Date
Heure
2013-07-14 10 :30
N°
1
Problème ou besoin prioritaire
Initiales
RÉSOLU / SATISFAIT Proessionnels / Date Heure Initiales Services concernés
Perte d’autonomie
2 3
SUIVI CLINIQUE Date
Heure
2013-07-14
10:30
N°
1
Directive infrmière
Initiales
CESSÉE / RÉALISÉE Date Heure Initiales
Appliquer suivi habituel pour personne en perte d’autonomie.
2 Signature de l’infrmière
Initiales
Programme / Service
Signature de l’infrmière
Initiales
Programme / Service
Unité 2
Évaluation des résultats – Évaluation en cours d’évolution 11. Selon la réponse à la question 6, nommez quatre points qui devraient être vérifés dans les jours qui suivront l’admission de la cliente.
29
Chapitre 29 Violence
849
APPLICATION DE LA PENSÉE CRITIQUE Dans l’application de la démarche de soins auprès de madame Coutu, l’infrmière a recours à un ensemble d’élé ments (connaissances, expériences antérieures, normes institutionnelles ou protocoles, attitudes proessionnelles) pour analyser la situation de santé de la cliente et
en comprendre les enjeux. La FIGURE 29.5 illustre le processus de pensée critique suivi par l’infrmière afn de ormuler son jugement clinique. Elle résume les principaux éléments sur lesquels l’infrmière s’appuie en onction des données de cette cliente, mais elle n’est pas exhaustive.
VERS UN JUGEMENT CLINIQUE ATTITUDES
NORMES
CONNAISSANCES
EXPÉRIENCES
• Formes de violence • Principales clientèles vulnérables • Caractéristiques des agresseurs • Ressources disponibles pour aider les victimes de violence
• Expérience de travail auprès des personnes âgées • Expérience auprès des clientèles vulnérables • Expérience personnelle de violence ou d’une personne de son entourage ayant été agressée sous quelque orme que ce soit
• Procédure locale d’investiga tion et de déclaration d’une personne victime d’abus de quelque orme que ce soit • Activité réservée de l’infr mière d’après l’article 36 de la Loi sur les infrmières et les infrmiers (c. I8)
• Éviter de juger les personnes concernées • Demeurer objective en tout temps • Respecter la capacité de la cliente de aire des choix, de reconnaître ce qui est bon pour elle • Démontrer de l’empathie en reconnaissant les émotions exprimées
PENSÉE CRITIQUE
ÉVALUATION • • • • • • • • •
Ecchymoses Présence d’autres marques ou blessures sur le corps Indicateurs psychologiques de violence Perception que la cliente a de son indépendance Attitudes du fls Attitudes de la cliente en présence de son fls et lorsque celuici est absent Présence des visiteurs Perte de poids Alimentation de la cliente
JUGEMENT CLINIQUE FIGURE 29.5
À retenir VERSION REPRODUCTIBLE
http://ortinash.cheneliere.ca
• La violence constitue un problème de santé publique. • La violence interpersonnelle est plus susceptible d’être commise par une personne connue de la
850
Partie 6
victime. Elle vise à exercer un contrôle et à garder le pouvoir sur celleci. • La violence amiliale peut être psychologique, physique, sexuelle, économique, et elle peut inclure la négligence.
• La violence exercée par les hommes envers les emmes est mieux docu mentée, mais la violence conjugale peut aussi être perpétrée entre conjoints de même sexe et par des emmes envers les hommes.
• La violence conjugale peut être vécue dans une relation conjugale, extraconjugale ou amoureuse, et ce, à tous les âges de la vie.
• La violence physique et la violence sexuelle envers un enant sont la plupart du temps perpétrées par un adulte que l’enant connaît.
Interventions infrmières en situation de crise
• La violence envers les personnes âgées pourrait s’accroître en raison du vieillissement de la population. • L’infrmière procède au dépistage des personnes victimes de violence, et ce, avec respect, ouverture et empathie. • Dans des situations de violence, les interventions infrmières les plus importantes sont les mesures
permettant d’assurer la protection et la sécurité de la victime. • Les personnes à risque de présenter des comportements violents ont partie de la clientèle de l’infrmière, au même titre que celle qui est victime de violence.
• L’infrmière ne présume pas qu’une personne atteinte d’un trouble mental sera violente, mais elle évalue l’ensemble des acteurs de risque et des signes avantcoureurs de violence afn d’aider la personne à trouver d’autres stratégies d’adaptation.
• Les soins requis par une personne violente sont complexes. Il est indispensable que le traitement se asse dans un cadre hospitalier (interne ou externe), suivant une approche interdisciplinaire, et ce, dans le but de prévenir la violence.
• L’inirmière onde sa pratique sur des principes inhérents à la pra tique inirmière – le respect, le proessionnalisme, la responsabi lisation et la sécurité – énoncés dans l’approche Oméga.
Ressources VERSION COMPLÈTE ET DÉTAILLÉE
http://ortinash.cheneliere.ca
Références Internet ORGANISMES ET ASSOCIATIONS Centre québécois de ressources en promotion de la sécurité et en prévention de la criminalité (CRPSCP) www.crpspc.qc.ca > Mieux connaître et agir > Thèmes abordés > Enants exposés à la violence conjugale Psychiatrie et violence www.psychiatrieviolence.ca Réseau canadien pour la santé des emmes (RCSF) www.cwhn.ca/r > Ressources > Violence conjugale Regroupement québécois des centres d’aide et de lutte contre les agressions à caractère sexuel (CALACS) www.rqcalacs.qc.ca ORGANISMES GOUVERNEMENTAUX Centre national d’inormation sur la violence dans la amille (CNIVF) www.phacaspc.gc.ca/ncvcniv/index ra.php
Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) www.inspq.qc.ca > Trousse Média sur les agressions sexuelles Ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec (MSSS) www.msss.gouv.qc.ca > Problèmes sociaux > Violence conjugale > Campagnes de communication sociétales > « Ne gardons pas le silence » Secrétariat à la condition éminine www.sc.gouv.qc.ca > Violence > Violence conjugale RÉFÉRENCES GÉNÉRALES Hôpital Louis-H. Laontaine – Institut universitaire en santé mentale www.hlhl.qc.ca > Recherche > Chaires, centres et projets > Projets de recherche > Apprendre à se rapprocher sans agressivité Institut Philippe-Pinel de Montréal www.pinel.qc.ca > Centre de recherche > Thèmes > Champs d’application > Troubles mentaux et compor tements violents
Monographies Laortune, D., Proulx, J., & Tourigny, M. (2010). Les adultes et les adolescents auteurs d’agression sexuelle. Dans M. Le Blanc & M. Cusson (dir.). Traité de criminologie empirique (4e éd.). Montréal : Presses de l’Université de Montréal. Morasz, L. (2002). Comprendre la violence en psychiatrie. Approche clinique et thérapeutique. Paris : Dunod.
Articles, rapports et autres Hamon, M., Bourgoin, S., & Martin, P. (2008). Neurobiologie de l’impulsivité, de l’agressivité et de la violence. La lettre du psychiatre, 4(34), maijuinjuilletaoût. Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) (2010). Répertoire d’outils soutenant l’identifcation précoce de la violence conju gale. Québec, Qc : INSPQ.
Ordre des infrmières et infrmiers du Québec (OIIQ) www.oiiq.org > Publications > Répertoire des publications > Rechercher « Dépister la violence conjugale pour mieux la prévenir Orientations pour la pratique infrmière »
29
Chapitre 29 Violence
851
ANNEXE A Troubles sexuels Écrit par : Kathryn Thomas, Ph. D. Shelly F. Lurie-Akman, MS, APRN/PMH-B, CTHY Adapté par : François Blanchette, sexologue clinicien et psychothérapeute, M.A., en collaboration avec Jerôme Pelletier, inf. B. Sc
A.1 L’annexe AW, Troubles sexuels et troubles de l’identité sexuelle, présente les paraphilies ainsi que les troubles de l’identité sexuelle, en plus d’approfondir les dysfonctions sexuelles. Elle peut être consultée au http://fortinash.cheneliere.ca.
Trois types de problématiques d’ordre sexuel sont inclus dans le DSM-IV-TR. Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (American Psychiatric Association [APA], 2004) : les dysonctions sexuelles, les paraphilies et les troubles de l’identité sexuelle. Ces troubles peuvent être en lien (de açon causale, conséquente ou encore concomitante) avec des troubles mentaux, mais ce n’est pas toujours le cas. Dans la présente annexe, les dysonctions sexuelles sont présentées en détail, car ce sont les troubles les plus réquemment rencontrés .
A.1.1
i
L’Association des sexologues du Québec (www.associationdes sexologues.com), l’Association de médecine sexuelle du Québec (www.amsq.org) et le Regroupement de médecine sexuelle du Québec (www. rmsq.com) sont de bonnes ressources pour obtenir de l’information.
Caractéristiques générales
Défnitions et concepts clés
La sexualité est un phénomène complexe et sa défnition varie selon les auteurs. Celle de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) précise que, au sens large, la sexualité ait partie intégrante de l’être humain. Elle englobe le sexe, le genre, l’identité de genre et l’identité sexuelle, l’orientation sexuelle, l’érotisme, les liens aectis, l’amour et la reproduction. La sexualité s’exprime et se vit à travers les pensées, les antasmes, les désirs, les croyances, les attitudes, les valeurs, les activités, les pratiques, les rôles et les relations (Agence de la santé publique du Canada [ASPC], 2008; OMS, 2012b). Quant à la santé sexuelle, elle est défnie comme un état de bien-être physique, mental et social dans le domaine de la sexualité. Elle requiert une approche positive et respectueuse de la sexualité et des relations sexuelles, ainsi que la possibilité d’avoir des expériences sexuelles qui soient sources de plaisir, sans risque et libres de toute coercition, discrimination ou violence (OMS, 2012a). La santé sexuelle se manieste par l’expression libre et responsable des capacités sexuelles, avorisant l’harmonie et le bienêtre personnel et social, tout en améliorant la qualité de vie de la personne et de l’ensemble de la société.
A.2
Dysonctions sexuelles
Plusieurs personnes vont maniester à un moment ou à un autre de leur vie une insatisaction ou des difcultés dans leur vie sexuelle. Ces problèmes
A852 Annexes
relèvent souvent des troubles de dysonctions sexuelles. Les dysonctions sexuelles sont défnies comme une perturbation du onctionnement sexuel ; elles comprennent : • le manque de désir ou d’intérêt pour la sexualité ; • l’incapacité d’obtenir une excitation ou d’at teindre l’orgasme ; • l’atteinte trop rapide de l’orgasme laissant le client et le(s) partenaire(s) insatisfaits ; • les rapports sexuels douloureux (dyspareunie) ; • la contraction vaginale qui empêche la pénétra tion (vaginisme). Il aut savoir que la prévalence exacte des dysonctions sexuelles est difcile à déterminer. La découverte d’une dysonction sexuelle peut s’avérer préoccupante à la ois pour la personne et le couple. Touteois, depuis quelques décennies, ce domaine intéresse énormément le milieu de la recherche. De nouveaux traitements sont maintenant accessibles et sont proposés aux clients. En ait, l’aide est plus accessible qu’elle ne l’a jamais été auparavant. Ainsi, au Québec, les sexologues cliniciens sont spécialement ormés pour traiter ce type de difcultés. Ce domaine d’étude est de plus en plus reconnu et les ormations se multiplient au sein des universités comme des hôpitaux. D’ailleurs, l’Ofce des proessions du Québec prévoit la création de l’Ordre des sexologues du Québec.
A.2.1
Étiologie
La onction sexuelle est tributaire des systèmes vasculaire, neurologique et endocrinien, et peut également être aectée par une multitude de acteurs psychologiques, culturels, sociaux, spirituels ou encore relationnels. Souvent, l’incapacité d’une personne ou d’un couple à avoir des rapports sexuels satisaisants est attribuable à plusieurs de ces acteurs TABLEAU A.1. Il s’agit alors d’une étiologie mixte.
Facteurs psychologiques ou émotionnels Le débat entre les chercheurs qui croient que les acteurs psychologiques ont plus d’importance que les acteurs organiques et ceux qui croient le contraire a alimenté bien des discussions à propos de l’étiologie des dysonctions sexuelles. Celle-ci
TABLEAU A.1
Facteurs étiologiques relatifs aux dysfonctions sexuelles
TYPES DE FACTEURS
FACTEURS ÉTIOLOGIQUES
Physiques ou biologiques
• Vasculaires (artériels et veineux) − Cardiopathies − Maladies vasculaires
• Endocriniens − Diabète − Dérèglements hormonaux (surtout les hormones sexuelles)
• Neurologiques − Accident vasculaire cérébral − Traumatismes crâniens − Aections de la moelle épinière − Épilepsie − Maladie de Parkinson − Neuropathies périphériques
• Pharmacologiques − Antidépresseurs − Antihypertenseurs − Hormonothérapie − Drogues illégales (cannabis, cocaïne, etc.) − Alcool
• Autres acteurs − Cancer − Aections du tissu conjoncti, dont l’arthrite − Troubles de la douleur − Dépression − Incontinence − Consommation de tabac − Inections transmissibles sexuellement − Certains traumatismes physiques (principalement ceux aectant la région pelvienne et les voies vasculaires et neurologiques de la sexualité) − Certaines interventions chirurgicales modiant l’apparence de la personne ou le onctionnement sexuel normal (p. ex., la prostatectomie, l’ovariectomie, l’hystérectomie, la mastectomie, la mise en place d’une stomie digestive, etc.) − Radiothérapie (surtout celle qui touche les voies neurologiques et vasculaires de la sexualité) Psychologiques ou émotionnels et culturels
• Liés à la personnalité (incluant le style d’attachement, la capacité d’intimité, la capacité d’engagement, l’estime de soi, l’estime corporelle, etc.) • Liés à l’histoire sexuelle développementale (enance, expériences négatives ou traumatiques, etc.) • Liés à l’histoire amiliale (père, mère, ratrie, éducation sexuelle, sécurité, infuence de la religion, de la culture, etc.) • Liés aux aects (peurs, colère, amour, honte, culpabilité, peur de l’échec sexuel, etc.) • Liés à la cognition (croyances, mythes, distorsions, schéma sexuel, réquence souhaitée des relations sexuelles, antasmes, valeurs, etc.) • Liés au stress et à l’anxiété (degré, cause, atigue et épuisement, anxiété de perormance sexuelle, etc.) • Liés aux comportements (habiletés, initiatives, armation de soi, etc.) • Liés aux sensations (désir, excitation, orgasme, sensualité, capacité de s’abandonner, douleurs, etc.)
Relationnels
• Liés à la sexualité (attirance, réquence, scénario sexuel, érotisme, routine, diérence de désir sexuel, manque de temps, etc.) • Liés à l’aspect interactionnel (communication, conance, tendresse, distance, usion, etc.) • Liés à l’histoire du couple actuel (durée, critères de choix, confits, résolution de problèmes, adaptation aux diérences, etc.) • Liés à l’histoire relationnelle (relations signicatives passées, séparation, blessures, etc.) • Liés à l’histoire sexuelle (partenaires sexuels passés, expérimentation, abus, traumatisme, etc.)
Source : Adapté de Sicuro (2012)
peut varier entre 90 % des cas qui seraient d’origine psychogène et 90 % des cas qui seraient d’origine organique. Pourquoi une telle variation ? En fait, cela dépend beaucoup de la dysfonction étudiée, du groupe d’âge, du sexe, des pathologies concomitantes, etc. En effet, chez des hommes
jeunes en bonne santé, un trouble d’éjaculation précoce risque peu d’avoir une étiologie organique, alors que pour un groupe d’hommes âgés, diabétiques et hypertendus, un trouble érectile est plus vraisemblablement associé à une étio logie organique. Troubles sexuels
A853
Cependant, dans l’interl’appartenance à une reliLa relation de confance privilégiée que vention réelle auprès d’un gion, mais surtout de la les infrmières établissent avec les clients client, il s’agit d’un débat açon dont le client adles place dans une position propice pour somme toute inutile. Dans hère et se conorme à ceraborder la sexualité de açon holistique. les aits, il vaut mieux évatains principes religieux. luer autant la présence de acteurs organiques contribuants que la présence de Facteurs relationnels acteurs psychogènes contribuants. En eet, une Les problèmes dans la relation engendrent des emme ménopausée peut avoir un problème de déchirements au sein du couple et perturbent la lubrication vaginale, qui entraîne une dyspareu- satisaction sexuelle des partenaires. Souvent, les nie, clairement d’origine organique, mais elle peut couples ne communiquent pas ou communiquent aussi avoir un problème conjugal sérieux ou sévère. mal leurs goûts, leurs intérêts ou leurs malaises sur Et traiter le trouble organique de açon adéquate ne le plan sexuel. Des diérences sur le plan des pulrésoudra en rien la question de son manque d’intérêt sions et des préérences sexuelles risquent de compour la sexualité tant que le problème conjugal ne pliquer davantage la relation. sera pas réglé. Dans cette perspective, la relation de conance privilégiée que les inrmières établissent avec les clients les place dans une position propice A.2.2 Épidémiologie En 1999, dans une enquête de grande envergure pour aborder la sexualité de açon holistique. Les traumatismes sexuels subis au cours de menée à l’échelle nationale sur la sexualité, qui l’enance comptent parmi les acteurs étiologiques constitue encore aujourd’hui l’étude la plus citée au psychogènes (Harvey & Taylor, 2010). Bien que les sujet des activités sexuelles, 31 % des hommes et expériences traumatiques dans l’enance augmen- 43 % des emmes américains âgés de 18 à 59 ans, tent la probabilité de troubles sexuels chez l’adulte, parmi les personnes interrogées, signalaient une ce ne sont pas 100 % des victimes qui auront des dysonction sexuelle (Laumann, Paik & Rosin, problèmes à l’âge adulte. L’anxiété (générale et de 1999). Des études récentes ont ciblé plus particulièperormance sexuelle), le stress, la atigue et la rement certains groupes de personnes et d’âge ainsi dépression contribuent à l’apparition de troubles que des acteurs coexistants (comme le degré de sexuels. L’attitude ou le rôle de spectateur (Masters détresse sexuelle qui accompagne la dysonction). & Johnson, 1970) est un phénomène psychologique L’exactitude des données constitue une diculté. qui consiste à observer, à surveiller et à critiquer sa D’une manière générale, les hommes consulteraient propre activité sexuelle, ce qui empêche alors de moins acilement que les emmes pour un problème d’ordre sexuel ; une sous-évaluation du nombre de s’abandonner à l’expérience sexuelle. cas est donc possible (Newman, 2010). Enn, les distorsions cognitives (perceptions ou Une étude à grande échelle menée à Boston conclusions erronées), les ausses croyances, les perceptions positives et négatives de sa propre comptait 32 000 emmes âgées de 18 à plus de image corporelle se répercutent sur le onc- 100 ans (Shiren, Monz, Russo et al., 2008). Il en tionnement et l’intérêt sexuels (Krat, Robinson, est ressorti que 39 % d’entre elles avaient peu de désir sexuel, 26 % éprouvaient des dicultés Nordstrom et al., 2009 ; Wol, 1991). liées à l’excitation et 21 % avaient de la diculté à atteindre l’orgasme. Touteois, seulement 12 % des Facteurs culturels Chaque culture possède sa propre interprétation emmes ont dit éprouver de la détresse liée à l’un du comportement sexuel. Entrent aussi en jeu ou l’autre de ces problèmes. Les problèmes signalés l’existence de rôles prescrits en onction du sexe ne constituaient donc pas à eux seuls des critères et les divergences quant aux normes sociales rela- susants pour établir un diagnostic. Cette étude tives aux comportements sexuels acceptables chez montre bien qu’une évaluation du degré de détresse l’un et chez l’autre. Les mythes sexuels infuen- qui résulte de la dysonction est également requise. cent les attitudes concernant les rapports sexuels. En comparant des travaux de recherche antérieurs À titre d’exemple, le mythe voulant que l’homme évalués par les pairs, Derogatis et Burnett (2008) soit toujours prêt à avoir des rapports sexuels peut ont constaté que les dysonctions sexuelles semdonner à la emme une ausse perception des blent répandues dans le monde entier et que leur hommes, ce qui peut entraîner des comportements réquence augmente en onction de l’âge, pour les sexuels qui ne sont pas naturels ni agréables pour hommes comme pour les emmes. les deux partenaires. La plupart des religions énoncent des règles qui avorisent certains comportements sexuels et qui en déavorisent d’autres. Cependant, au cours d’une collecte des données, il aut tenir compte non seulement de
A854 Annexes
Pour l’inrmière, il convient surtout de se rappeler que les problèmes sexuels sont réquents, que la prévalence augmente avec l’âge chez l’homme et chez la emme, et qu’il aut considérer le degré de sourance psychologique dans l’évaluation
d’un trouble sexuel et non seulement la présence du trouble sexuel lui-même. Les statistiques canadiennes sur les dysonctions sexuelles sont parcellaires. Selon le Conseil canadien sur la santé sexuelle des hommes, environ le tiers des hommes éprouvent un problème érectile durant leur vie (soit 52 % des hommes entre 40 et 70 ans) (Stubbs, 2010). Une donnée importante pour le suivi du client est que près de 90 % des clients s’attendent à ce que le médecin pose des questions sur la sexualité, alors que 90 % des médecins s’attendent à ce que ce soit les clients qui évoquent le sujet. Selon plusieurs auteurs, il en irait de même dans la relation infrmière-client (Gamel, Davis & Hengeveld, 1993 ; Matocha & Waterhouse, 1993 ; Özdemir & Akdemir, 2008 ; Rana, Kanik, Özcan et al., 2007 ; Reynolds & Magnan, 2006 ; Saunomäki, Andersson & Engström, 2010 ; Wilson & Williams, 1988). Cette discordance entre les soins attendus par les clients et les soins dispensés par les proessionnels de la santé a pour résultat de maintenir un cercle vicieux dans lequel personne n’aborde le thème de la sexualité, le client continuant ainsi de sourir de sa situation (Stubbs, 2010).
ENCADRÉ A.1
A.2.3
Description clinique
Dans le système de classiication clinique du DSM-IV-TR, les dysonctions sexuelles se divisent selon les catégories suivantes : troubles du désir sexuel ; troubles de l’excitation sexuelle ; troubles de l’orgasme ; troubles sexuels avec douleur ; dysonction sexuelle due à une aection médicale générale ; dysonction sexuelle induite par une substance ; et dysonction sexuelle non spécifée ENCADRÉ A.1. Les trois premières catégories reposent sur les phases du cycle de la réponse sexuelle établies par Kaplan (1974).
A.2.4
Troubles mentaux et sexualité
Nous avons vu plus haut que plusieurs acteurs ont un impact négati sur la sexualité (médication, chirurgie, stress, etc.). De même, les troubles mentaux peuvent avoir un impact négati sur la sexualité. Dans l’ensemble des troubles mentaux, les personnes atteintes peuvent présenter des comportements sexuels qui vont de l’urgence sexuelle, comme dans la manie, au repli sur soimême et au retrait des activités sexuelles, comme
Principales caractéristiques des dysfonctions sexuelles selon le DSM-IV-TR
TROUBLES DU DÉSIR SEXUEL
Baisse du désir sexuel : défcience (ou absence) persistante ou répétée de antaisies imaginatives d’ordre sexuel et de désir d’activité sexuelle. Aversion sexuelle : aversion extrême, persistante ou répétée, et évitement de tout (ou presque tout) contact génital avec un partenaire sexuel. TROUBLES DE L’EXCITATION SEXUELLE
Trouble de l’excitation sexuelle chez la emme: incapacité persistante ou répétée à atteindre, ou à maintenir jusqu’à l’accomplissement de l’acte sexuel, une activité sexuelle adéquate (lubrifcation, intumescence). Trouble de l’érection chez l’homme : incapacité persistante ou répétée à atteindre, ou à maintenir jusqu’à l’accomplissement de l’acte sexuel, une érection adéquate. TROUBLES DE L’ORGASME
Trouble de l’orgasme chez la emme : absence ou retard persistant ou répété de l’orgasme après une phase d’excitation sexuelle normale. Trouble de l’orgasme chez l’homme: absence ou retard persistant ou répété de l’orgasme après une phase d’excitation sexuelle normale. Éjaculation précoce: trouble de l’éjaculation persistant ou répété lors de stimulations sexuelles minimes avant, pendant ou juste après la pénétration, et avant que le sujet ne souhaite éjaculer. TROUBLES SEXUELS AVEC DOULEUR
Vaginisme (non dû à une aection médicale générale): spasme involontaire, répété ou persistant, de la musculature du tiers externe du vagin perturbant les rapports sexuels. DYSFONCTION SEXUELLE DUE À UNE AFFECTION MÉDICALE GÉNÉRALE
Utiliser les mêmes sous-catégories que précédemment tout en indiquant l’aection médicale sous-jacente. DYSFONCTION SEXUELLE INDUITE PAR UNE SUBSTANCE
Utiliser les mêmes sous-catégories que précédemment tout en indiquant la substance en question. DYSFONCTION SEXUELLE NON SPÉCIFIÉE
Cette catégorie comprend les dysonctions sexuelles qui ne remplissent les critères d’aucune dysonction sexuelle spécifque. Ces troubles ont en commun les critères diagnostiques suivants : • La perturbation est à l’origine d’une sourance marquée ou de difcultés interpersonnelles. • La dysonction sexuelle n’est pas mieux expliquée par un autre trouble de l’axe I (à l’exception d’une autre dysonction sexuelle) et n’est pas due exclusivement aux eets physiologiques directs d’une substance (c.-à-d. une substance donnant lieu à abus, un médicament) ou d’une aection médicale générale.
Dyspareunie (non due à une aection médicale générale) : douleur génitale persistante ou répétée associée aux rapports sexuels, soit chez l’homme, soit chez la emme. Source : Adapté de APA (2004)
Troubles sexuels
A855
dans la dépression. Ce qu’il est important de savoir, c’est qu’un grand éventail de comportements sexuels peuvent coexister avec les troubles mentaux.
Dépression Dans la dépression, une perte globale de désir sexuel (avec diminution de la antasmatique) est réquemment observée, ce qui peut entraîner une atteinte de la phase de l’excitation sexuelle (donc trouble érectile et dyspareunie par manque de lubrication), ainsi que des dicultés à la phase d’orgasme (retard ou absence). La présence d’un trouble sexuel peut aussi aecter l’humeur.
Trouble bipolaire Dans le trouble bipolaire, au moment de la phase maniaque, les préoccupations sexuelles sont souvent nombreuses, et une augmentation de la promiscuité sexuelle est notée chez les deux sexes. Les relations coïtales sont réquentes et brèves. La personne a alors tendance à avoir des relations sexuelles sans aire trop de discrimination. Des activités pédophiliques et incestueuses peuvent être observées chez les hommes. À l’inverse, durant la phase dépressive, une diminution ou même une absence de désir sexuel est remarquée autant chez les hommes que chez les emmes. La phase d’excitation est altérée, avec des dicultés érectiles ou des diminutions de la lubrication.
les personnes présentant un trouble mental. Ainsi, elle pourra mieux intervenir auprès du client soit en aisant un travail de réassurance et de dédramatisation, soit en aisant un travail éducati, ou encore en aisant un travail d’orientation du client vers une ressource ou un traitement médical ou psychothérapeutique approprié.
A.2.5
Pronostic
La documentation comporte peu d’études de suivi à long terme ; il est donc dicile d’estimer le pronostic. De plus, les acteurs de causalité des dysonctions sexuelles sont trop vastes et varient trop d’une personne à l’autre, et les méthodes de traitement sont trop diverses et adaptables selon les cas, pour suggérer un pronostic précis. Ainsi, un traitement qui est reconnu pour être ecace en général pourrait ne pas l’être du tout dans certaines circonstances (p. ex., la prescription d’inhibiteurs de la phosphodiestérase-5 [IPDE-5] pour traiter un trouble érectile chez un client présentant un trouble conjugal sévère).
Soins et traitements infrmiers Concilier ses propres valeurs et le rôle infrmier
Pour bien des personnes (autant les clients que les inrmières), la sexualité peut constituer un sujet de discussion délicat. Par ailleurs, dans toutes leurs interventions (donc incluant celles portant sur la Schizophrénie sexualité), les inrmières doivent demeurer sensiLes personnes schizophrènes sont capables d’avoir bles aux sentiments, aux croyances, aux valeurs et une réponse sexuelle paraitement normale et peu- aux attitudes des clients. Touteois, il n’est pas vent donc être sujettes à toutes les dysonctions impossible que ceux-ci se heurtent à ceux de l’inrsexuelles. Dans certains cas, le trouble sexuel peut mière. Ainsi, avant de procéder à une collecte des être causé par une anxiété de perormance, et le données exhaustive (qui doit inclure des questions traitement du couple peut être entrepris. Dans cer- sur la sexualité), il est important que l’inrmière tains cas, le trouble sexuel est un mécanisme de s’interroge sur les questions et les problèmes déense contre des processus psychotiques, ces d’ordre sexuel des clients. Des connaissances de mécanismes ne devant pas être touchés. base solides ainsi qu’une attitude ouverte, respecDurant la phase aiguë, le thème de la sexualité tueuse et empreinte de non-jugement sont nécespeut aire partie intégrante du délire, celui-ci ame- saires pour travailler auprès des clients qui nant, chez certaines personnes, des obsessions présentent des problèmes d’ordre sexuel ou pour sexuelles et une hypersexualité (avec un jugement aborder les questions sur la sexualité. L’inrmière altéré et des comportements inadéquats). Cette alté- peut réféchir sur sa position personnelle quant aux ration du jugement peut à son tour amener une pro- problématiques ou aux comportements sexuels des miscuité sexuelle, ainsi qu’une augmentation des clients, mais elle doit surtout se positionner en tant comportements à risque (grossesse, inections trans- que proessionnelle dans son rôle d’accompagnemissibles sexuellement). Les hallucinations géni- ment de ces personnes. En d’autres termes, il ne tales peuvent même conduire à l’orgasme, alors s’agit pas, par exemple, d’endosser ou d’accepter que la personne accuse quelqu’un d’autre d’en être les comportements potentiellement déplacés responsable. d’un client présentant une hypersexualité, mais d’adhérer à une vision L’important pour l’inholistique du rôle inirrmière est de demeurer L’infrmière doit se positionner en tant mier envers cette peralerte et vigilante ace aux que proessionnelle dans son rôle d’acsonne, dont la sexualité diverses maniestations compagnement de ces personnes. des troubles sexuels chez est partie intégrante.
A856 Annexes
Comprendre le contexte du trouble
Aborder la sexualité au moment de l’entrevue
La collecte des données constitue une étape essentielle du travail auprès de clients ayant une dysonction sexuelle. L’infrmière a une bonne compréhension de la complexité des symptômes, des aspects du onctionnement touchés ainsi que des répercussions dépassant la sphère proprement sexuelle, certaines questions d’ordre sexuel étant liées au onctionnement individuel, mais pouvant aussi aecter les partenaires sexuels. La collecte des données portant sur la sexualité doit rassembler les inormations nécessaires permettant d’établir une hypothèse étiologique du problème sexuel afn d’orienter le client vers le traitement adéquat. En plus d’évaluer le trouble en question, l’infrmière tient compte également de la vision qu’a la personne ou le partenaire du problème et de son désir d’apporter des changements.
La sexualité n’est pas un sujet que la plupart des gens ont l’habitude d’aborder, ce qui peut rendre l’entrevue délicate. Touteois, si l’infrmière adopte la bonne attitude, le client sera généralement ouvert, disposé à parler et même empressé de le aire ENCADRÉ A.2. Ainsi, il importe de se rappeler que le ton de voix et les attitudes de l’infrmière sont des éléments qui contribuent à instaurer un climat de confance. Si le client sent qu’il peut aire confance à l’infrmière, il peut se montrer plus ouvert. Par ailleurs, en raison de la gêne ou de la honte qu’éprouvent certains clients à parler de leurs troubles sexuels, ceux-ci peuvent éviter d’aborder le sujet, et en l’absence d’un questionnement direct, il peut se passer des mois, voire des années, avant que ces clients ne soient traités.
Pratiques infrmières suggérées ENCADRÉ A.2
Aborder la sexualité au moment de l’entrevue
• Avant de commencer une collecte des données portant sur la sexualité, examiner ses propres sentiments et attitudes ainsi que sa acilité de communication sur le sujet. • Considérer que les besoins sexuels des personnes sont légitimes ; la onction sexuelle doit donc elle aussi être évaluée, au même titre que les autres aspects de la personne. • Choisir un contexte et un moment pour aborder le thème de la sexualité où il sera possible d’assurer une écoute active dans le respect de l’intimité et en toute confdentialité. • Si l’entrevue se déroule en présence du partenaire sexuel du client, éviter de poser des questions sur des thèmes qui pourraient être problématiques pour le couple (p. ex., l’infdélité, les aventures extraconjugales, la masturbation). Si c’est possible, essayer de prévoir avec le client les sujets qui seront abordés ou évités en présence de l’autre membre du couple. • Envisager l’utilisation du modèle PLISSIT (Annon, 1976; Taylor & Davis, 2006), qui peut être un bon guide d’entrevue. Il ne s’agit pas d’une grille d’entrevue à proprement parler, mais d’une structure d’approche du thème de la sexualité, qui est respectueuse et délicate, et qui évite en même temps de « tourner autour du pot ». Annon estime que les infrmières devraient être à l’aise au moins dans les deux premières étapes : − P (Permission, consentement): la discussion est « ouverte » et les préoccupations de la personne relatives à sa sexualité sont normalisées dans son contexte. > Par exemple : Il semble bien que les médicaments prescrits pour maîtriser vos symptômes ont bien onctionné jusqu’à maintenant. Comme vous le savez peut-être, ces médicaments peuvent avoir un impact sur la sexualité. Aimeriez-vous que nous parlions de ce sujet aujourd’hui? − LI (Limited Inormation, inormations limitées) : de l’inormation générale (déconstruction des mythes, validation des connaissances, etc.), mais non ciblée sur des caractéristiques précises de la vie sexuelle de la personne, est donnée. > Par exemple: La première chose que je pourrais aire, si vous êtes d’accord, serait de vous donner des inormations générales et des petits
trucs concernant votre médication en lien avec la sexualité (ausses croyances souvent véhiculées, activités à avoriser ou à éviter, etc.). − SS (Specifc Suggestions, suggestions précises) : des suggestions plus précises au sujet d’éventuelles préoccupations soulevées par le client (questions, précisions, points non abordés) sont ournies. Au besoin, il peut être nécessaire de connaître les pratiques sexuelles de la personne, afn de mieux répondre à ses interrogations. > Par exemple: Y a-t-il des sujets sur lesquels vous aimeriez obtenir des précisions ou plus d’inormations ? > Par exemple: Pour bien répondre à votre question, j’aurais besoin de vous poser des questions sur votre vie sexuelle. Est-ce que cela vous convient? − IT (Intensive Intensive Therapy Therapy, thérapie intensive) : éventuellement, le client peut avoir besoin d’un soutien par rapport à ce qu’il vit en lien avec sa sexualité qui soit au-delà des compétences de l’infrmière. Dans ce cas, avec la permission du client, celle-ci l’oriente vers un autre proessionnel (médecin, sexologue, etc.), qui pourra entreprendre avec lui une thérapie plus approondie. > Par exemple: Je ne me sens pas assez compétent(e) pour bien vous soutenir par rapport à ce que vous vivez en lien avec votre sexualité. Si vous acceptez, je pourrais discuter de votre situation avec le sexologue de l’équipe pour trouver une ressource qui pourrait vous aider mieux que moi. • Utiliser un langage proessionnel, mais compréhensible pour le client. Ne pas hésiter à reormuler la réponse du client pour s’assurer d’avoir bien compris. Par exemple, si un client énonce spontanément qu’il a un problème de libido, cela ne veut pas nécessairement dire qu’il a un trouble de désir: il peut vouloir parler d’un trouble érectile, ou d’autre chose. Devant un terme inexact utilisé par le client, reprendre les mots précis du client, en y ajoutant l’expression correcte pour compléter. • Évaluer précisément chacune des diérentes phases de la réponse sexuelle : désir, excitation, orgasme et résolution; aire de même pour les éléments suivants : présence de douleurs sexuelles, problèmes primaires ou secondaires, situationnels ou généralisés, mode d’apparition lent et progressi ou rapide et subit, circonstances concomitantes.
Troubles sexuels
A857
CONSEIL CLINIQUE
Il est important de garder un contact visuel approprié, sans dévisager, ainsi que d’adopter une attitude décontractée et intéressée ; pour certaines personnes, l’utilisation de l’humour, si c’est approprié, peut aider à dédramatiser les choses durant le questionnement sur la sexualité.
Au moment de l’entrevue, l’infrmière évalue si le contexte est avorable pour aborder la thématique de la sexualité. Les acteurs à prendre en considération sont présentés dans le TABLEAU A.2.
Orienter le client À la suite de la collecte des données, l’infrmière s’interroge sur les données recueillies afn d’orienter adéquatement le client vers le traitement approprié :
TABLEAU A.2
inormations, consultation médicale, consultation en psychothérapie sexologique ou une combinaison de ces diérentes possibilités ENCADRÉ A.3. Une ois l’évaluation terminée, l’infrmière peut eectuer plusieurs interventions ENCADRÉ A.4. L’infrmière priorise les interventions en onction des besoins exprimés par le client, et non de ses propres croyances ou perceptions.
Facteurs à considérer pour aborder la sexualité au moment d’une entrevue
FACTEURS FAVORABLES
FACTEURS DÉFAVORABLES
• Client déjà connu
• Première consultation
• Conditions médicales stables
• Conditions médicales non stabilisées
• Susamment de temps alloué à la consultation pour ne pas bousculer le client
• Clinique sans rendez-vous où le temps est limité
• Contexte approprié (rendez-vous de suivi, ou périodique)
• Trouble mental important
• Client abordant lui-même le sujet en début de consultation
• Question surprise à la n de l’entrevue
• Client sourant d’une maladie, ou prenant une médication, susceptible d’aecter la sexualité
• Moti de consultation simple chez un client sans aucun acteur de risque
• Multiples plaintes présentées par le client
Collecte des données ENCADRÉ A.3
Analyse de la situation
• La situation décrite par le client représente-t-elle un problème réel pour lui? Par exemple, si un client rapporte une réquence des relations sexuelles de une ois par année, le proessionnel pourrait avoir tendance à considérer qu’il s’agit d’un problème. Mais il est important de se demander si le client soure réellement de sa situation ou au contraire si cette réquence est adéquate pour lui.
• S’agit-il d’un problème de la onction sexuelle, de paraphilie, d’orientation sexuelle ou d’identité sexuelle?
• Le problème est-il réel ou relève-t-il d’un manque d’inormations et de connaissances? Dans ce dernier cas, le ait de ournir l’inormation exacte pourrait régler le problème. Bien que ce ne soit pas directement lié aux dysonctions sexuelles, l’évaluation peut mettre en lumière des éléments
• Selon les données recueillies, quels sont les indices étiologiques en onction des acteurs décrits dans le TABLEAU A.1 ? Cette inormation permettra de guider le client soit vers un traitement médical, soit vers un traitement en psychothérapie sexologique, ou les deux (dans les cas d’étiologie mixte).
relatis aux inections transmissibles sexuellement. Il s’agit alors de aire l’enseignement requis et d’orienter le client vers la ressource appropriée.
• S’il s’agit d’un problème de la onction sexuelle, quelle phase (désir, excitation, orgasme) est aectée ? Il peut y en avoir plus d’une.
Pratiques infrmières suggérées ENCADRÉ A.4
Orienter adéquatement le client
• Renseigner le client sur la réponse sexuelle humaine, plus particulièrement le lien entre l’aspect organique (anatomie, physiologie, infuence de la médication ou de divers troubles de santé, etc.) et l’aspect psychologique (émotions, cognition, croyances erronées, mauvaises inormations, etc.). Renseigner le client sur les dysonctions sexuelles, notamment sur les étiologies, les symptômes et les traitements possibles. Par l’éducation, le client est davantage en mesure de comprendre pourquoi des changements surviennent dans son onctionnement sexuel et de reconnaître les symptômes indiquant la présence d’un problème d’ordre sexuel.
A858 Annexes
• Renseigner le client sur les habiletés positives en matière de communication et de relations interpersonnelles. Soutenir et encourager le client en acilitant le recours à ces habiletés. Les problèmes au sein de la relation de même que l’incapacité de communiquer sont souvent à l’origine des dysonctions sexuelles. Des habiletés positives en matière de communication et de relations interpersonnelles améliorent les rapports intimes et la sexualité. • Aider le client à explorer ses craintes et ses angoisses liées à la sexualité dans un climat d’ouverture et de conance en toute condentialité. Enseigner
ENCADRÉ A.4
Orienter adéquatement le client (suite)
des techniques de respiration et de relaxation pour aborder ces questions avec calme. Une discussion ouverte sur la sexualité, accompagnée de stratégies éprouvées, aide le client à surmonter certains de ses reoulements et à s’ouvrir davantage à vivre des expériences sexuelles satisaisantes. • Aider le client à accroître son estime de soi en lien avec la sexualité. Encourager le discours intérieur positi au moyen d’afrmations, d’exercices de thérapie cognitive et d’exercices sur l’image corporelle. Examiner des
A.2.6
Soins et traitements en interdisciplinarité
Après avoir eectué une collecte rigoureuse des données sur la situation de santé et établi les problèmes prioritaires de la dysonction sexuelle, l’inrmière ore un soutien au client pendant les traitements, dont plusieurs modes peuvent être envisagés. Le traitement physique de la dysonction sexuelle est proposé par un médecin. Selon les dysonctions sexuelles, plusieurs avenues peuvent être explorées, dont la pharmacothérapie. Quant à la psychothérapie sexologique, aussi appelée sexothérapie, elle se caractérise par l’utilisation de techniques psychodynamiques, cognitivo-comportementales, humanistesexistentielles et systémiques. De plus en plus, l’accent est mis sur des traitements qui combinent des approches biologiques, psychologiques et liées aux couples.
Examens paracliniques Chez l’homme An d’établir précisément le problème physiologique provoquant la dysonction sexuelle, le médecin peut demander des examens paracliniques complémentaires. Pour la dysonction érectile, plusieurs types d’examens eractis et non eractis sont utilisés. La pléthysmographie pénienne nocturne permet de vérier la présence et la qualité des érections nocturnes. L’index pénien-brachial est une mesure utile pour déterminer la pression sanguine pénienne. Cet index se calcule par une comparaison de la pression artérielle systolique pénienne (mesurée par échographie Doppler) avec la pression artérielle systolique brachiale. Plusieurs analyses sanguines (p. ex., la onction thyroïdienne, la onction endocrinienne, dont les hormones sexuelles) ainsi que l’analyse des urines peuvent s’avérer utiles an de vérier la présence de troubles organiques métaboliques. Une échographie Doppler duplex après l’injection de prostaglandines permet d’évaluer le fux
variations de l’expression sexuelle et diverses options de traitement. Un manque d’estime de soi est souvent un acteur qui contribue à la dysonction sexuelle. Des stratégies et des traitements éprouvés aideront à améliorer l’estime de soi et l’image de soi du client. • Orienter le client vers des modes de traitement physique ou la sexothérapie, s’il y a lieu. Ces interventions thérapeutiques aideront le client à maximiser ses chances de réussite en présence d’une dysonction sexuelle.
sanguin dans le pénis et de vérier ainsi la présence d’une uite veineuse et l’état global des vaisseaux sanguins. Il est possible d’eectuer des évaluations de la onction nerveuse du pénis pour vérier si la sensation nerveuse est susante. Il peut s’agir d’épreuves simples comme le pincement manuel du gland pour provoquer un réfexe anal ou du diapason, mais il existe également des tests beaucoup plus complexes, notamment les tests de conductivité nerveuse : des électrodes sont placées sur la peau à diérents endroits en onction du trajet nerveux, une légère décharge électrique est donnée et une mesure de la transmission aux autres électrodes est prise.
Chez la femme Il existe actuellement beaucoup moins de tests médicaux et de traitements physiologiques à l’intention des emmes. Les examens paracliniques pour vérier les taux d’œstrogène et de testostérone sont très utiles. La photopléthysmographie vaginale vérie l’afux sanguin vers le vagin, qui constitue un indicateur de l’excitation ; mais dans la réalité, l’utilité de ce test est mitigée compte tenu de sa complexité, de sa aible abilité et de la acilité de remédier à la baisse de lubrication vaginale par l’utilisation d’un lubriant synthétique. Des examens vaginaux, notamment des études de conduction nerveuse, de même que des évaluations de la douleur aux organes génitaux sont souvent eectués.
Pharmacothérapie Les diverses causes organiques et psychosexuelles, présentées précédemment, permettent d’expliquer les troubles de la sexualité. Diérentes molécules (médicaments) peuvent avoir un eet positi sur l’une ou l’autre des composantes de la sexualité ENCADRÉ A.5.
Pharmacothérapie pour le trouble de l’érection et l’éjaculation précoce La découverte ortuite du rôle du sildénal, mieux connu sous son nom commercial Viagramd, a relancé Troubles sexuels
A859
prise concomitante des IPDE-5 et de dérivés nitrés est contre-indiquée.
Psychopharmacothérapie ENCADRÉ A.5
Dysfonctions sexuelles
• Pour les troubles liés à un défcit d’hormones sexuelles (hypogonadisme, andropause, ménopause) − Thérapie de remplacement de la testostérone chez l’homme − Œstrogénothérapie chez la emme
PERSPECTIVES PHARMACOTHÉRAPEUTIQUES
• Pour les troubles érectiles − IPDE-5 (Viagramd, Cialismd, Lévitramd, et génériques récemment disponibles) − Injection intracaverneuse de l’alprostadil (Caverjectmd) − Insertion intra-urétrale de vasodilatateurs (Musemd)
• Agonistes des récepteurs de la dopamine (traitement de la baisse de désir sexuel)
• Pour le trouble d’éjaculation précoce − Anxiolytiques − Inhibiteurs sélectis du recaptage de la sérotonine − Crème topique à base de lidocaïne • Pour le vaginisme et la dyspareunie − Toxine botulinique (Botoxmd) (diminution de la contraction musculaire) − Crème topique à base de lidocaïne (diminution de la douleur)
ALERTE CLINIQUE
La prise quotidienne de Cialismd n’est pas recommandée pour les hommes qui ont des maladies rénales ou hépatiques. Les clients qui présentent une douleur à la poitrine ne peuvent prendre de la nitroglycérine après la prise d’un IPDE-5 à courte action (sildénafl et vardénafl) ou 48 heures après la prise d’un IPDE-5 à longue action (Ellsworth & Kirshenbaum, 2008).
A860 Annexes
• 5-déhydroépiandrostérone (DHEA) (amélioration de la onction sexuelle) • Dapoxétine (traitement de l’éjaculation précoce)
• Flibansérine (traitement de la baisse de désir sexuel chez la emme) • Phéromones (traitement de la baisse de désir sexuel) • PT-141 (brémélanotide, composé qui traite les troubles de l’excitation sexuelle chez la emme) • Viagramd en crème, condom avec IPDE-5 (pour le trouble érectile) • Thérapie de remplacement de la testostérone chez la emme (pour la baisse de désir sexuel)
la recherche internationale et a permis de mettre au point les IPDE-5. Le sildénal était testé comme traitement possible d’un problème cardiaque. Les IPDE-5 onctionnent en bloquant l’enzyme qui dégrade la guanosine monophosphate cyclique (GMPc) pour augmenter l’eet relaxant de cette substance sur les muscles lisses des corps caverneux, permettant ainsi l’afux sanguin. En association avec la stimulation, ces médicaments s’avèrent utiles pour avoriser une érection chez beaucoup d’hommes (Magheli & Burnett, 2009). D’autres sociétés pharmaceutiques ont lancé des IPDE-5 similaires, dont le vardénal (Levitramd) et le tadalal (Cialismd) ainsi que, plus récemment, l’option d’une prise quotidienne de Cialismd. En général, les médicaments utilisés pour traiter la dysonction érectile sont considérés comme sûrs à condition que le client ournisse des antécédents médicaux et médicamenteux complets. Les hommes qui prennent des IPDE-5 (p. ex., Viagramd, Levitramd ou Cialismd) doivent communiquer immédiatement avec leur médecin s’ils présentent l’un des problèmes suivants : érection de plus de quatre heures, érections douloureuses, douleur thoracique, perte subite de vision, syncope, éruption cutanée et problèmes urinaires. La
L’injection intracaverneuse (IIC) de vasodilatateurs comme les prostaglandines (alprostadil), la papavérine ou la phentolamine s’eectue directement dans le corps caverneux pour provoquer l’érection. Comme il existe une possibilité d’eets indésirables sérieux dont le priapisme et ses complications (érection très douloureuse de plus de quatre heures, en l’absence de stimulation physique ou psychologique), les IIC sont plutôt déconseillées aux hommes ne présentant pas de troubles érectiles organiques. De nos jours, la pharmacothérapie intra-urétrale est encore oerte. Elle consiste en l’introduction de médicaments vasoactis à l’aide d’un système d’administration transurétrale appelé MUSEmd (pour medicated urethral system for erections). Il existe divers inhibiteurs sélectis du recaptage de la sérotonine (ISRS) qui s’avèrent utiles pour traiter l’éjaculation précoce. La dapoxétine est un ISRS mis au point expressément pour contrer l’éjaculation précoce, mais Santé Canada ne l’a pas encore homologué. La lidocaïne topique est aussi préconisée pour traiter ce trouble.
Pharmacothérapie pour la femme Des études portant sur l’administration d’IPDE-5 chez la emme ne se sont pas avérées aussi concluantes que celles menées chez l’homme (Romanelli & Sanson, 2010). Chez la emme, même si certains changements physiologiques ont été remarqués (p. ex., l’augmentation de la lubrication), l’excitation psychologique, ou le désir sexuel, n’a pas été améliorée. Le bupropion (Wellbutrinmd) peut être prescrit aux emmes qui présentent un aible désir sexuel, surtout chez celles qui prennent des ISRS, car des données indiquent un eet positi modéré. La prise d’anxiolytiques s’avère ecace dans le traitement du vaginisme. Des préparations topiques de lidocaïne de même que la gabapentine (Neurontinmd) sont ecaces pour traiter les troubles sexuels avec douleur. Actuellement, quelques médecins utilisent la toxine botulinique (Botoxmd) dans le traitement de la vulvodynie, qui est un trouble entraînant des douleurs vulvaires chroniques, dans le but de diminuer la contraction musculaire. Un composé appelé PT-141, un agoniste de la mélanocortine et de l’ocytocine qui a des eets sur le système nerveux central, est prometteur dans les cas de troubles de l’excitation chez la emme. Il se lie à certains sites dans l’hypothalamus. L’application locale de la 5-déhydroépiandrostérone s’est montrée ecace au cours de premiers essais dans les cas d’atrophie vaginale et pourrait servir de traitement dans diérentes phases du cycle de la réponse sexuelle chez la emme (Derogatis & Burnett, 2007).
Autres types de traitements médicaux D’autres types de traitements intervenant directement sur la physiologie du client peuvent aussi être envisagés ENCADRÉ A.6. Pour les troubles érectiles, des traitements mécaniques (pompe de tumescence à vide telle que Responsemd, ErecAidmd) ou chirurgicaux (implants péniens) sont également disponibles. Le recours à la chirurgie peut permettre de modier la circulation artérielle dans le pénis ou encore d’y insérer une prothèse : deux ormes diérentes de prothèses sont disponibles et ont ait l’objet d’améliorations avec le temps pour donner des résultats plus satisaisants. Il s’agit de la tige semi-rigide en silicone ou en métal et des pompes présentant divers degrés de sophistication. Santé Canada a approuvé l’EROS-CTDmd pour traiter les symptômes de la dysonction sexuelle chez la emme. Il s’agit d’un appareil qui crée une légère succion sur le clitoris dans le but d’augmenter la circulation sanguine dans les parties génitales. Cet afux de sang exerce alors une pression sur les ners et provoque une réaction dans le clitoris. De plus, un réfexe autonome entraîne une augmentation de la lubrication et une capacité accrue d’atteindre l’orgasme (Berman, 2008).
Psychothérapies Il existe tout un éventail de techniques psychologiques utilisées par les sexothérapeutes et les sexologues cliniciens. Les exercices à aire en dehors des séances et le counseling par encouragement constituent généralement la base de la sexothérapie. Souvent, la sexothérapie comprend des consultations hebdomadaires, bimensuelles ou même mensuelles auprès d’un thérapeute, au cours desquelles le client a l’occasion de discuter de ses symptômes, de ses progrès, de ses sentiments et de ses observations. Parois, une psychothérapie plus approondie est nécessaire. Il se peut que le traitement d’un état psychopathologique (p. ex., la dépression) soit préalable à la sexothérapie ENCADRÉ A.7.
Thérapies cognitivo-comportementales Masters et Johnson (1970) ont mis au point des techniques cognitivo-comportementales pour la sexothérapie 20 . Ces techniques ont évolué au ENCADRÉ A.7
ENCADRÉ A.6
Interventions physiologiques
• Pompe de tumescence à vide (Responsemd, ErecAidmd) • EROS-CTDmd • Prothèse pénienne
l des années vers des stratégies plus ecaces et approondies. Ils ont mis au point la technique de la concentration sensorielle, qui consiste à se concentrer sur les sensations corporelles tout en excluant les autres stimuli. La concentration sensorielle est une açon de avoriser la détente, d’apprendre à se mettre à l’écoute de son corps plutôt que de ses pensées et de créer une ambiance où il n’y a aucune exigence relative au plaisir sexuel ou à la satisaction sexuelle. L’idée derrière cette technique est que, souvent, les distractions sous orme de pensées d’ordre intellectuel (p. ex., « j’ai tellement de choses à aire aujourd’hui ») ou de pensées d’autodépréciation (p. ex., « mes cuisses sont tellement grosses, comment peut-on penser que je suis désirable? ») ainsi que l’anxiété de perormance (p. ex., « je me demande si je suis aussi bon que son ancien amant ») peuvent être si réquentes que les personnes perdent le contact avec l’expérience en elle-même.
Les exercices de Kegel pour la femme sont expliqués en détail dans le chapitre 2 du manuel de Lowdermilk, D.L., Perry, S.E., & Cashion, K. (2012). Soins infrmiers Périnatalité. Montréal : Chenelière Éducation.
Les techniques de concentration sensorielle peuvent consister à se donner des massages hebdomadaires, à se laver mutuellement ou à se caresser réciproquement. Le partenaire qui reçoit le massage doit seulement se concentrer sur ses propres sensations sans se préoccuper de rendre la pareille. Le but de l’exercice n’est ni de provoquer une excitation sexuelle ni d’atteindre l’orgasme, mais seulement de savourer le plaisir sensuel. Pour améliorer l’excitation et la capacité orgasmique, le sexothérapeute peut enseigner au client des exercices de masturbation. Souvent, les emmes et les hommes ont des exercices de Kegel, qui consistent à contracter le muscle pubococcygien pour permettre l’afux de sang dans la région génitale et en accroître ainsi sa sensibilité. Par la suite, le client entreprend une série d’exercices structurés
20 Le modèle cognitivocomportemental est détaillé dans le chapitre 20, Modèles et stratégies thérapeutiques.
Exemples de traitements psychologiques des dysfonctions sexuelles
• Sexothérapie ou psychothérapie sexologique • Éducation sexuelle • Thérapies corporelles (p. ex., le massage, le yoga tantrique) • Techniques de communication • Exercices de stimulation érotique • Dilatation progressive du vagin
• Exercices de masturbation dirigés et progressifs (p. ex., les exercices de Kegel, ou musculation du plancher pelvien) • Techniques d’arrêt-départ et de compression du pénis dans les cas d’éjaculation précoce • Concentration sensorielle (p. ex., se donner des massages hebdomadaires ou se caresser réciproquement)
Troubles sexuels
A861
pour se amiliariser avec les sensations associées à la stimulation génitale. Les hommes qui présentent une dysonction érectile peuvent également eectuer des exercices de masturbation en utilisant l’approche et les stimuli érotiques pour aciliter l’excitation et diminuer l’anxiété. Les techniques d’« arrêt-départ » et de compression du pénis sont utiles pour amener les hommes qui présentent un problème d’éjaculation précoce à être plus attentis à leurs sensations génitales et à retarder ainsi l’éjaculation. Ces deux techniques exigent que l’homme se masturbe jusqu’au point où l’éjaculation est imminente. Par la suite, dans le cas de la technique d’« arrêtdépart », il cesse toute stimulation; dans le cas de la technique de compression du pénis, il serre son pénis juste sous le gland. Dans les deux cas, il attend que la sensation se dissipe et répète le processus trois ou quatre ois avant de s’autoriser à éjaculer. Le but est d’être en mesure de mieux contrôler le moment précis de l’éjaculation. Le traitement pour contrer les contractions involontaires des muscles du périnée et du vagin au cours de la pénétration, un trouble appelé vaginisme), ait appel à l’utilisation d’un dilatateur vaginal. L’introduction progressive de dilatateurs de plus en plus grands, combinée à des techniques de relaxation, aidera la emme à surmonter sa peur et sa douleur et à diminuer les spasmes involontaires. Il est possible de trouver en ligne des ensembles de dilatateurs vendus à cette fn, mais des emmes utilisent aussi bien leurs doigts que d’autres objets d’insertion. Le coton-tige sert habituellement de premier dilatateur, car il est petit, doux et sans danger.
5 L’écoute active est détaillée dans le chapitre 5, Communication et relation thérapeutique.
A862 Annexes
L’éducation axée sur la sexualité en particulier et la restructuration cognitive sont deux autres types d’interventions largement utilisées. Les besoins en matière d’éducation varient grandement, allant de techniques précises de masturbation à des notions sur la réponse sexuelle. La restructuration cognitive consiste à remplacer des pensées négatives ou désagréables à propos de la sexualité par des pensées plus positives ou réalistes. À titre d’exemple, il peut s’agir de réinterpréter les expériences sexuelles d’un client sous un jour plus positi et agréable. L’utilisation d’accessoires érotiques pour aider à la concentration sexuelle et l’incorporation de pensées et de sentiments d’ordre sexuel dans le quotidien sont d’autres suggestions utiles. L’homme et la emme sont également en mesure de pratiquer la masturbation pour augmenter leur sensibilité à la stimulation sexuelle. L’apprentissage et la pratique de la masturbation acilitent et améliorent l’atteinte de l’orgasme ou le potentiel orgasmique tant chez l’homme que chez la emme. L’entraînement à la masturbation et l’atteinte de
l’orgasme ont également appel à l’utilisation de la restructuration cognitive comme méthode pour remplacer d’anciennes croyances sur la sexualité et certaines techniques par des croyances saines et réalistes qui diminuent la peur de perdre le contrôle. Ces techniques de sexothérapie ont prouvé leur utilité chez les personnes qui présentent des dysonctions sexuelles. Touteois, sans une sensibilisation et une attention portée à d’autres acteurs de la vie du client, ces méthodes ne donnent pas de résultats satisaisants. Certains de ces acteurs sont les valeurs culturelles et religieuses, des troubles mentaux, un apprentissage défcient de la sexualité et les problèmes d’image corporelle.
Psychothérapies relationnelles Il est important mais difcile pour les thérapeutes de mettre l’accent sur le couple et sa relation si le contexte est d’ordre sexuel. Autrement dit, s’agit-il vraiment d’une dysonction sexuelle ou d’un problème qui réside au sein de la relation? En présence d’un problème en lien avec la relation, aucune thérapie médicale ou psychologique ne sera sufsante pour aciliter la réussite. Les problèmes de couple comprennent les changements de rôle, l’arrivée des enants, la difculté de s’accorder des moments d’intimité, la perte de la passion envers l’autre, la colère envers l’autre, une divergence en matière de désir sexuel ou un manque de confance. L’un des principes ondamentaux de la sexothérapie est de rétablir les rapports sexuels dans le couple. L’une des techniques pour y parvenir consiste à demander au couple de convenir ensemble d’un moment pour avoir des rapports sexuels, et ce, régulièrement. Souvent, les couples se plaignent de vouloir de la spontanéité, mais celle-ci n’est pas toujours au rendez-vous et il se peut qu’ils se retrouvent dans le bureau du thérapeute parce que les rapports sexuels ont diminué au sein de leur relation. Il est possible de créer de la spontanéité et de l’enthousiasme même si les rapports sexuels sont planifés. Masters et Johnson (1970) ont afrmé que la mauvaise communication est au cœur du problème d’ordre sexuel. Pour améliorer la communication au sein du couple, il aut être à l’écoute de l’autre et apprendre à s’enquérir de ses désirs et de ses préérences 5 . Le travail d’amélioration de la communication peut commencer dans le bureau du thérapeute, où chaque partenaire est encouragé à s’exprimer et à écouter. Les habiletés acquises peuvent ensuite se transposer dans leur vie. Les acteurs prédictis les plus importants du pronostic de résolution des problèmes d’intimité sexuelle dans le couple sont le respect, la considération et l’aection sincère qu’ont les partenaires l’un envers l’autre (Gottman & Schwartz Gottman, 2007).
ANNEXE B Évaluation globale du fonctionnementa Évaluer le onctionnement psychologique, social et proessionnel sur un continuum hypothétique allant de la santé mentale à la maladie. Ne pas tenir compte d’une altération du onctionnement CODE
due à des acteurs limitants d’ordre physique ou environnemental. N.B. Utiliser des codes intermédiaires lorsque cela est justifé : par exemple, 48, 70, 74.
ÉVALUATION
100 | 91
Niveau supérieur de onctionnement dans une grande variété d’activités. N’est jamais débordé par les problèmes rencontrés. Est recherché par autrui en raison de ses nombreuses qualités. Absence de symptômes.
90 | 81
Symptômes absents ou minimes (p. ex., une anxiété légère avant un examen), onctionnement satisaisant dans tous les domaines, intéressé et impliqué dans une grande variété d’activités, socialement ecace, en général satisait de la vie, pas plus de problèmes ou de préoccupations que les soucis de tous les jours (p. ex., un confit occasionnel avec des membres de la amille).
80 | 71
Si des symptômes sont présents, ils sont transitoires, et il s’agit de réactions prévisibles à des acteurs de stress (p. ex., des dicultés de concentration après une dispute amiliale) ; pas plus qu’une altération légère du onctionnement social, proessionnel ou scolaire (p. ex., un retard temporaire du travail scolaire).
70 | 61
Quelques symptômes légers (p. ex., une humeur dépressive et une insomnie légère) ou une certaine diculté dans le onctionnement social, proessionnel ou scolaire (p. ex., l’école buissonnière épisodique ou un vol en amille), mais onctionne assez bien de açon générale et entretient plusieurs relations interpersonnelles positives.
60 | 51
Symptômes d’intensité moyenne (p. ex., un émoussement aecti, une prolixité circonlocutoire, des attaques de panique épisodiques) ou dicultés d’intensité moyenne dans le onctionnement social, proessionnel ou scolaire (p. ex., peu d’amis, des confits avec les camarades de classe ou les collègues de travail).
50 | 41
Symptômes importants (p. ex., une idéation suicidaire, des rituels obsessionnels sévères, des vols répétés dans les grands magasins) ou altération importante du onctionnement social, proessionnel ou scolaire (p. ex., l’absence d’amis, une incapacité à garder un emploi).
40 | 31
Existence d’une certaine altération du sens de la réalité ou de la communication (p. ex., un discours par moments illogique, obscur ou inadapté) ou décience majeure dans plusieurs domaines, par exemple, le travail, l’école, les relations amiliales, le jugement, la pensée ou l’humeur (p. ex., un homme déprimé évite ses amis, néglige sa amille et est incapable de travailler ; un enant bat réquemment des enants plus jeunes que lui, se montre provocant à la maison et échoue à l’école).
30 | 21
Le comportement est notablement infuencé par des idées délirantes ou des hallucinations ou un trouble grave de la communication ou du jugement (p. ex., parois incohérent, actes grossièrement inadaptés, préoccupation suicidaire) ou incapable de onctionner dans presque tous les domaines (p. ex., reste au lit toute la journée, absence de travail, de oyer ou d’amis).
20 | 11
Existence d’un certain danger d’auto ou d’hétéro-agression (p. ex., une tentative de suicide sans attente précise de la mort, de la violence réquente, une excitation maniaque) ou incapacité temporaire à maintenir une hygiène corporelle minimum (p. ex., se barbouille d’excréments) ou altération massive de la communication (p. ex., une incohérence indiscutable ou un mutisme).
10 | 1
Danger persistant d’auto ou d’hétéro-agression grave (p. ex., des accès répétés de violence) ou incapacité durable à maintenir une hygiène corporelle minimum ou geste suicidaire avec attente précise de la mort.
0
Inormation inadéquate.
Source : American Psychiatric Association (APA) (2004), p. 48-49 a American
Psychiatric Association (APA) (2004). Mini DSM-IV-TR. Critères diagnostiques (Washington, D. C., 2000). Traduction rançaise par J.-D. Guelf et al. Paris : Masson SAS, 384 pages. Tous droits réservés. First published in the United States by American Psychiatric Publishing, a Division o American Psychiatric Association, Washington D.C. Copyright, © 2000, All rights reserved. Used with permission. Translation o text into French has not been verifed or accuracy by the American Psychiatric Association. Évaluation globale du fonctionnement
A863
ANNEXE C Examen de Folstein sur l’état mental ÉVALUATION
COTE MAXIMALE
COTE DU SUJET
A) Orientation 5
Demander au sujet : 1. Quel est D l’année La saison :
le mois printemps
le jour été
automne
L
M Me J le jour de la semaine
V
S
hiver
5
2. Où sommes-nous ? Province
Pays
Ville, village
Lieu (hôpital, cabinet, maison, etc.)
Étage
B) Enregistrement 3. Mentionner un des groupes de trois mots suivants : prendre une seconde pour prononcer chaque mot : chemise, bleu, honnêteté
3 (
chaussure, brun, modestie (
) ou ) ou )
chandail, blanc, charité ( Par la suite, demander au sujet de répéter les trois mots choisis. Donner un point pour chaque bonne réponse au 1er essai. Répéter l’exercice jusqu’à ce que le sujet retienne les trois mots. Compter le nombre d’essais et le noter. Pour information seulement.
Nombre d’essais :
C) Attention et calcul (cocher l’un ou l’autre test) 5
4. Demander au sujet de faire la soustraction par intervalles de 7 à partir de 100 : 100-7 = ( ) 93-7 = ( ) 86-7 = ( ) 79-7 = ( ) 72-7 = ( ) 65. Donner un point pour chaque bonne réponse. Demander au sujet d’épeler le mot « MONDE » à l’envers (EDNOM). Écrire les lettres : D) Rétention mnésique
3
5. Demander au sujet de répéter les trois mots déjà mentionnés : chemise, bleu, honnêteté
(
chaussure, brun, modestie ( chandail, blanc, charité
A864 Annexes
(
) ou ) ou )
ÉVALUATION
COTE MAXIMALE
COTE DU SUJET
E) Langage 6. Montrer au sujet un crayon ( ) une montre ( ) et lui demander de nommer l’objet.
2
7. Demander au sujet de répéter la phrase suivante : « Pas de si ni de mais. »
1
8. Demander au sujet d’obéir à un ordre en trois temps : « Prenez ce papier de la main droite ou gauche, pliez-le en deux et redonnez-le-moi. » N.B. : Demander au sujet droitier de prendre de la main gauche et vice versa. Prendre garde de tendre la main ; éviter les indices non verbaux.
3
9. Demander au sujet de lire et de suivre l’instruction suivante : « Fermez vos yeux. »
1 1
10. Demander au sujet d’écrire une phrase : (sujet, verbe, sans égard aux fautes) F) Praxie de construction 11. Demander au sujet de copier le dessin suivant :
Interprétation des scores Un score de moins de 24 points à l’examen de Folstein sur l’état mental détermine une altération des fonctions cognitives. Ce test ne permet cependant pas de faire un diagnostic étiologique.
30
Nombre d’années de scolarité du sujet : Évaluer le niveau de conscience du sujet : vigilant
somnolent
En cas d’incapacité du sujet à être évalué, spécier : Indiquer les conditions ayant pu infuencer l’évaluation : Source : Traduction et adaptation française non validées du Mini-Mental State de Folstein, Folstein & Mc Hugh (1975)
Examen de Folstein sur l’état mental
A865
ANNEXE D Approche Oméga Écrit par : Nicole Dupont Yves Proulx ALERTE CLINIQUE
Cette annexe donne les grandes lignes de la formation Oméga, mais elle n’est pas exhaustive et ne saurait remplacer la formation offerte par un formateur accrédité.
Nos remerciements à toute l’équipe de conception pour son travail exceptionnel : Robert Arbour, André Argouin, Rosaire Fortin, Bruno Guillemette, Jeanne Leebvre, Michel Plante, Yves Proulx, MarieJosée Robitaille, Clermont Sévigny.
D.1
Historique
Au printemps 1997, un regroupement d’établissements à vocation psychiatrique du Québec aisait une demande de programme à l’Association pour la santé et la sécurité du travail, secteur des aaires sociales (ASSTSAS). Trois de ces établissements – le Centre hospitalier Robert-Giard, l’Hôpital Douglas et le Centre hospitalier de Charlevoix – se sont par la suite engagés activement dans le projet en prêtant six ressources spécialisées, qui se sont jointes à celles de l’ASSTSAS, pour constituer une équipe de conception de neu personnes. Cette équipe a élaboré un programme de ormation à trois niveaux : la ormation Oméga de base pour les milieux institutionnels (centre hospitalier, urgence générale et psychiatrique), la ormation Oméga plus pour les équipes d’intervention, qui aborde des techniques de maîtrise physique plus complexes, et la ormation Oméga pour les travailleurs dans la communauté pour les équipes œuvrant auprès des personnes non hospitalisées (CLSC, cliniques externes en santé mentale, équipes de suivi dans la communauté). L’objecti prioritaire des trois ormations Oméga est d’assurer la sécurité du personnel soignant sans négliger celle des clients. Pour atteindre cet objecti, Oméga propose divers outils : un modèle d’évaluation de la situation de travail, une grille d’évaluation du potentiel de dangerosité et, enfn, des techniques verbales, psychologiques et physiques pour intervenir dans la plupart des situations.
D.2
A866 Annexes
Fondements d’Oméga : valeurs et principes
• le proessionnalisme – agir de manière éthique (écoute, condentialité, transparence, honnêteté), prendre les moyens nécessaires, raisonnables et légaux pour réaliser son mandat ; • la responsabilisation (de l’intervenant, des collègues, des clients) – rendre compte de ses gestes (positifs ou négatifs), respecter ses engagements, réparer ses fautes et assumer les conséquences de ses actes ; • la sécurité (de soi, des collègues, des clients) – veiller à la sécurité de chacun tant sur les plans physique et psychologique que social et déontologique. Ces valeurs permettent d’apprécier la qualité d’une intervention. Plus elles sont respectées, plus l’intervention est appropriée. L’infrmière devrait également appliquer les principes suivants, qui lui permettront d’assurer sa sécurité. Se protéger : • en gardant une distance sécuritaire ; • en ayant une équipe de soutien ; • en ayant un système de communication approprié ; • en recueillant de l’information. Évaluer : • sa situation de travail ; • le client ; • ses propres forces et limites. Prévoir : • la possibilité d’avoir besoin d’aide ; • l’intervention à effectuer ; • les issues possibles. Prendre le temps : • d’écouter ; • d’attendre l’aide demandée ; • de consulter le plan d’intervention ; • de communiquer. Se centrer sur la personne :
Quatre valeurs guident le choix des interventions et des comportements enseignés dans Oméga :
• le vécu du client ;
• le respect (de soi, des collègues, des clients) – agir avec courtoisie, retenue et considération, protéger la dignité et l’amour-propre de chacun ;
• sa sécurité ;
• le contenu de son discours ; • les collègues et les autres personnes présentes.
D.3
Situation de travail
Chaque situation de travail étant particulière, le personnel soignant doit déterminer au préalable les éléments susceptibles de l’aider (éléments de protection) : • les aspects favorisant la protection, par exemple la présence d’un collègue, d’un moyen de communication, d’un endroit où battre en retraite ; • les conditions favorables à la gestion d’une crise d’agressivité, par exemple la présence d’un membre de l’équipe de soins apte à gérer une crise ; • les facteurs facilitant l’apaisement du client agressi, par exemple la possibilité de répondre à ses besoins, de négocier, d’arriver à une entente. L’équipe de soins doit également être en mesure d’établir les éléments susceptibles de causer un problème (éléments de risque) : • les conditions pouvant précipiter et amplifer la crise, par exemple la frustration, la déception, l’incompréhension ; • les facteurs pouvant menacer la sécurité du client, de l’équipe de soins et des autres clients, par exemple la présence d’une arme ; • les aspects pouvant limiter la possibilité de gérer l’événement, par exemple l’isolement ou la présence de collègues inexpérimentés en gestion de crise. Le modèle de la situation de travail permet à l’infrmière de systématiser sa démarche d’évaluation des éléments de risque et des éléments de protection FIGURE A. Il est à noter que plusieurs éléments de la situation de travail sont en constante évolution. Dans une situation de travail donnée, l’infrmière peut utiliser les éléments de protection qu’elle juge nécessaires. Si elle doit aire une intervention à risque (p. ex., une entrevue avec un client peu coopérati), elle compensera ce acteur de risque en ayant recours à des éléments de protection appropriés (p. ex., aire l’entrevue dans un en droit non isolé ou laisser la porte du bureau entrouverte, aviser un collègue et même retarder l’entrevue si nécessaire).
D.3.1
Appréciation du degré d’alerte
Lors du premier contact avec un client ainsi que tout au long de l’interaction avec celui-ci, il est essentiel que l’infrmière asse une bonne évaluation de la situation afn d’adopter le niveau de vigilance nécessaire. Cette appréciation du degré d’alerte doit inclure certains éléments spécifques.
• L’inrmière doit pouvoir anticiper les événements an d’assurer sa protection personnelle, en s’informant et en prévoyant l’aide nécessaire en gardant une distance sécuritaire. • Elle doit observer les paramètres physiques (âge, taille, poids, force), le comportement non verbal (attitude, gestuelle, démarche) et verbal de la personne (cohérence des propos, personne ciblée). • Enn, elle doit jauger le client, c’est-à-dire évaluer la qualité du contact visuel et du contact verbal, an de déceler les indices qui devraient la mettre en état d’alerte lorsqu’elle s’approche de lui. Elle s’assurera d’avoir la « permission tacite » de la personne avant de l’approcher, sinon elle devra le faire avec une très grande vigilance. Cette appréciation doit se aire tout au long de l’intervention ain que l’inirmière adapte son niveau d’alerte aux réactions du client FIGURE B.
D.4
Grille du potentiel de dangerosité
Lors de l’appréciation du degré d’alerte, il est utile que l’infrmière ait un outil qui lui permette de mesurer le degré de dangerosité du client et qui la guide dans le choix des interventions appropriées. La grille du potentiel de dangerosité classe sur une échelle de neu niveaux les réactions d’une personne lors d’un contact. L’intervention verbale, psychologique et physique doit s’ajuster en onction des réactions du client. La grille permet de mesurer l’intensité possible des réactions de la personne et de prévoir l’évolution de la relation ainsi que l’eet de l’intervention FIGURE C. Il aut préciser que la grille du potentiel de dangerosité s’applique lorsque le client est en relation interpersonnelle. C’est sa réaction à cette relation qui permet de le situer sur la grille. Par exemple, où peut-on situer une personne qui reuse de quitter le bureau d’évaluation ? Tout dépend de sa réaction à la demande. Si elle éclate en sanglots, elle est probablement en tension émotive. Si elle répond : « Je vais quitter le bureau à la condition de pouvoir aire un appel téléphonique », elle est probablement en collaboration conditionnelle. Si elle répond : « Essaie de me sortir… » et prend une attitude dominante, elle est probablement en intimidation psychologique. Au cours d’une intervention, une personne peut donc passer par diérents niveaux, et l’intervenant doit s’assurer d’ajuster ses interventions aux réactions du client. Approche Oméga
A867
D.5
Pyramide d’interventions
Compte tenu du niveau élevé de risque de blessure et de l’impact souvent négati de l’intervention physique, tant pour les personnes en crise que pour l’équipe de soins, il est important d’en limiter l’utilisation. Diverses techniques d’intervention verbale et psychologique permettent à l’inrmière de avoriser une résolution de la crise, sans avoir recours à l’intervention physique. Ces diverses techniques sont illustrées par la pyramide d’interventions FIGURE D. Les sept niveaux de la pyramide illustrent des techniques d’intervention qui vont d’une approche large et non directive à des interventions de plus en plus encadrantes. L’inrmière devra choisir l’intervention qui cadre le mieux avec la situation, tout en tenant compte des valeurs de respect, de proessionnalisme, de responsabilisation et de sécurité du programme Oméga.
D.5.1
Pacifcation
La base des interventions est la pacication de la crise, mise au point par le psychologue Michel Plante FIGURE D. Cette technique d’écoute empathique « radicale », qui se centre sur la personne, sans demande ni allusion au comportement, permet de distinguer rapidement le type d’agressivité (de source émotionnelle ou action calculée). Dans le cas de crises émotionnelles, elle sura souvent à elle seule à résoudre l’épisode de violence. Il est essentiel d’établir un premier contact en utilisant une phrase d’introduction simple et respectueuse (p. ex., « Ça ne va pas ? »), de açon à permettre au
ENCADRÉ D.1
Comment pacifer?
ATTITUDES PHYSIQUES
• Bougez lentement, évitez les gestes brusques. • Maintenez une distance sécuritaire de base, soit quatre mètres et plus (pour jauger la situation). • Tenez vos mains ouvertes devant vous, à hauteur du thorax. • Placez-vous de biais, vers le côté non dominant de la personne agressive (habituellement la gauche), évitez le ace-à-ace. ATTITUDES VERBALES
• Adoptez un ton calme. • Il peut être nécessaire de créer une trêve en attirant l’attention du client agressi pour établir le contact (p. ex., en l’interpellant, en se plaçant dans
A868 Annexes
son champ de vision, en aisant une diversion). • Centrez-vous sur le client et amorcez la pacifcation par une phrase d’introduction simple et respectueuse: « Ça ne va pas ? » • Ne lui demandez pas de se calmer, n’essayez pas de le raisonner, ne commentez pas ses comportements et ne vous justifez pas; parlez peu. • Encouragez le client à s’exprimer sans restriction (même si son discours peut être dérangeant) ; il vous percevra alors comme un témoin respectueux, et votre sécurité en sera accrue. • Quand il aura évacué la plus grande partie de sa tension, vous pourrez l’aider à trouver une solution, un compromis acceptable pour tout le monde, ou lui demander quelque chose.
client d’entrer en communication verbale. Le but de la pacication est de aire passer la crise en mots. L’utilisation de techniques d’écoute simples, comme le refet de sentiment, le refet écho et la reormulation, rend la pacication accessible à toute l’équipe de soins. De plus, cette technique a comme avantage de donner accès à des renseignements sur le vécu du client et sur ses dicultés. Ainsi, la crise devient un « levier » permettant d’accompagner la personne vers un changement, ce qui lui donne une valeur indiscutable du point de vue clinique ENCADRÉ D.1.
D.5.2
Trêve
La trêve est une technique qui s’avère nécessaire, lorsqu’on doit créer un temps d’arrêt dans l’action en cours, an d’établir un climat plus propice aux interventions psychologiques, tout en prévenant l’escalade FIGURE D. Par exemple, une inrmière qui assiste à une altercation entre deux personnes peut devoir créer une trêve en coupant le contact visuel entre ces deux personnes (pour séparer les adversaires). Il y a plusieurs açons d’obtenir une trêve : maniester sa présence en s’assurant d’être vu, orir de l’aide, créer une diversion, aire de l’humour, réorienter la discussion, etc. Toutes ces interventions doivent être empreintes de respect envers les personnes concernées. Ce temps d’arrêt permet d’intervenir de açon plus sécuritaire puisqu’il prévient l’escalade.
D.5.3
Requête alpha
La requête alpha est une demande précise, claire et encadrante à laquelle le client en crise doit être en mesure de répondre et que l’inrmière est autorisée à aire FIGURE D. Elle permet d’éviter les malentendus, les discussions et les négociations. La demande doit être SMART, c’est-à-dire qu’elle doit respecter cinq critères essentiels. • Spécique : demande adressée à une personne précise, pas un « on » indéterminé. • Mesurable : demande dont la réponse recherchée est observable. Par exemple, « Je vous demande de venir avec moi » (facile à observer) plutôt que « Je vous demande de me faire conance » (difcile à évaluer). • Action positive : demande qui amène le client à agir dans le sens voulu plutôt que d’inhiber une action non désirée. Par exemple, « Venez vous asseoir ici » (demande de faire quelque chose) plutôt que « Arrêtez de déambuler » (demande d’arrêter quelque chose sans donner d’indication sur le comportement souhaité). • Réaliste : demande à la mesure des capacités actuelles de la personne. • Temps : demande qui prescrit un délai clair d’exécution.
De plus, cette demande peut s’appuyer sur une observation (s’en tenir à l’observation et éviter les interprétations) et une justication ou responsabilisation (code de vie, plan de traitement, inquiétude personnelle ou proessionnelle véritable). Ainsi, plutôt que de dire « Monsieur, calmezvous ! », à une personne en colère contre une autre et qui brandit un plateau, on préérera : « Monsieur Robert (spécique), vous brandissez un plateau (observation), je vous demande de le déposer sur la table (mesurable, action positive et réaliste) immédiatement (campée dans le temps). »
D.5.4
Recadrage
Certaines personnes utilisent diérents modes de résistance pour éviter de répondre, de se conormer à une demande ou pour déstabiliser l’équipe de soins. Conrontée à la résistance d’un client, une inrmière peut utiliser la technique de recadrage pour rester centrée sur sa demande et garder sa distance psychologique FIGURE D. Cette stratégie lui permet d’éviter de répondre à la résistance du client par sa propre résistance et d’éviter l’escalade de la situation agressive.
D.5.4.1
Comment recadrer ?
On commence par utiliser l’approche du disque rayé. On répond à la résistance du client en ne réitérant que la demande initiale (requête alpha) dans les mêmes mots et sur le même ton. On peut devoir le aire à trois ou quatre reprises avant d’obtenir la collaboration du client. Si le client résiste encore, il aut capter de nouveau son attention en utilisant un langage verbal et corporel plus erme, pour arrêter l’expression de résistance, et reprendre la demande initiale dans les mêmes mots et sur le même ton. Si la personne maintient toujours sa résistance, l’on doit suspendre la discussion (repli stratégique). L’inrmière met un terme à la discussion en donnant un délai au client an qu’il puisse penser à la demande et met l’accent sur les bénéces qu’il retirera de l’exécution rapide de la demande. L’inrmière doit utiliser ce délai pour se situer de nouveau par rapport à l’exécution de sa demande, reprendre sa distance psychologique, prévoir l’intervention à venir et consulter l’équipe de soins ENCADRÉ D.2. Ce délai donne également un temps de réfexion au client et lui permet de ne pas perdre la ace. Souvent, il décidera d’obtempérer en signiant au personnel soignant que c’est parce qu’il le veut bien !
D.5.5
Alternative
L’alternative vient au terme d’une succession d’interventions à encadrement plus souple, comme la
pacication, la requête alpha et le recadrage, sans que l’on ait obtenu la collaboration souhaitée de la personne en crise ait été obtenue FIGURE D. L’alternative permet d’énoncer et d’expliquer les issues possibles an de responsabiliser le client quant à son choix de comportement. L’inrmière doit demeurer cohérente et assurer la continuité avec les messages et les demandes qu’elle a adressés à la personne antérieurement. Elle doit aussi s’assurer que l’alternative répond au préalable suivant : le client et l’équipe de soins sont capables d’assumer les options oertes et leurs conséquences. L’alternative s’énonce en trois segments : • l’alerte, pour capter l’attention du client ; • l’alternative, pour énoncer et expliquer les issues possibles ; • l’ofcialisation, pour demander à la personne de décider et d’exprimer l’issue choisie. Par exemple, une alternative pourrait s’exprimer ainsi : « Monsieur Robert (alerte), vous pouvez aller vous reposer à votre chambre ou vous asseoir à la salle de télévision (alternative), vous choisissez (ocialisation). »
D.5.6
Option nale
L’option nale ait suite au reus du client de répondre ou de choisir l’une des options oertes FIGURE D. L’inrmière choisit alors elle-même l’une des deux options énoncées pour en aire son option nale. Puis, elle permet à la personne d’exprimer sa préérence quant au mode d’application de cette option, an de la responsabiliser. L’option nale doit répondre au même préalable que l’alternative, c’est-à-dire que le client et l’équipe de soins soient capables d’assumer les options et leurs conséquences. Ici aussi, l’option nale s’exprimera en trois temps : • l’alerte, pour capter de nouveau l’attention du client ;
ENCADRÉ D.2
Éléments de réfexion Oméga
Pendant le délai accordé lors d’un recadrage, l’équipe de soins doit se demander : • La demande est-elle absolument nécessaire? • Est-il absolument nécessaire que la demande soit respectée maintenant ? • Avons-nous tenu compte de nos valeurs : la sécurité, le professionnalisme, le respect, la responsabilisation? • Avons-nous pris le temps de…? • Est-ce à n’importe quelles conditions?
Approche Oméga
A869
• l’option nale, pour énoncer les deux conditions possibles pour l’application de l’option nale ; • l’ofcialisation, pour demander au client de décider et d’exprimer sa préférence quant aux moyens d’application. L’option inale pourrait donc s’exprimer comme suit : « Monsieur Robert, vous avez le choix (alerte) : vous décidez de vous rendre à votre chambre seul ou vous préérez y aller escorté des employés qui sont ici (option fnale), vous choisissez (ofcialisation). »
D.5.7
Intervention physique
L’intervention physique est une mesure de dernier recours FIGURE D. Il est essentiel que l’équipe de soins se concerte avant d’utiliser de telles mesures. La mesure choisie doit être légale, acceptable sur le plan éthique et proessionnelle. L’intervention physique comporte des risques importants de blessure pour le client à maîtriser et pour l’équipe de soins. Afn de réduire ces risques, il est important de respecter certaines règles d’application, entre autres, les règles d’intervention d’équipe, de la mécanique corporelle et de l’ajustement de l’intensité afn que l’intervention soit adéquate sans être abusive. L’intervention d’équipe doit être structurée, concertée et sécuritaire. L’équipe est composée : • d’un leader, c’est la seule personne qui parle et dirige ; • d’ équipiers qui restent centrés sur l’intervention menée par le leader et interviennent si nécessaire ; • de soutiens qui sécurisent le milieu, rassurent les autres personnes et portent assistance au besoin. L’équipe doit prendre le temps de s’organiser et de s’entendre sur les principes d’action en tenant compte des paramètres physiques de la personne et des zones d’approche plus sécuritaires. La communication doit être constamment maintenue au sein de l’équipe. Les intervenants doivent utiliser
A870 Annexes
tous les recours psychologiques possibles afn d’éviter l’intervention physique. L’équipe doit observer et rassurer le client avant, pendant et après l’intervention. Finalement, elle doit clore l’intervention, ramener le calme et procéder à une révision postévénement.
D.5.8
Révision postévénement
Élément essentiel du programme Oméga, la révision postévénement vise deux objectis. Dans un premier temps, elle permet de prendre soin des membres de l’équipe ; elle sert ensuite à aire l’évaluation du déroulement de l’événement. Elle permet à l’équipe de soins de : • ventiler ses émotions ; • revoir ensemble l’événement an d’en clarier les composantes ; • rétablir l’équilibre émotionnel, tant avec le client qu’entre les membres de l’équipe ; • décoder les signes précurseurs ; • déterminer les améliorations à apporter en ce qui touche l’intervention et l’environnement ; • maintenir une attitude professionnelle. Cette révision doit se aire dans le respect de chacun. Ainsi, lorsqu’un membre de l’équipe est perturbé, on doit éviter les questionnements accusateurs et les « pourquoi ». Il est alors inapproprié de juger les comportements ou les réactions, de banaliser l’événement ainsi que de déendre ou d’excuser un agresseur. La révision postévénement sert à élaborer des stratégies d’intervention plus appropriées à l’équipe, tout en respectant les orces et les aiblesses de chacun. Elle permet également de reconnaître les besoins de suivi à court, moyen et long terme, tant pour les individus que pour l’équipe. Lors de la révision postévénement, l’utilisation des divers outils de la ormation Oméga (situation de travail, grille du potentiel de dangerosité, pyramide d’interventions) permet d’améliorer la communication au sein de l’équipe par l’utilisation d’un langage commun.
Source : Association paritaire pour la santé et la sécurité du travail du secteur affaires sociales (ASSTSAS) (2012) Le contenu de cette annexe a été reproduit avec l’aimable autorisation de l’Association paritaire pour la santé et la sécurité du travail du secteur affaires sociales (ASSTAS) (2012). Crise de violence. Montréal : ASSTAS.
Approche Oméga
A871
ANNEXE E Syndrome métabolique Écrit par : Robert Morin, inf., M. Éd. Le syndrome métabolique est un ensemble de acteurs de risque avorisant directement l’apparition de maladies cardiovasculaires et du diabète de type 2 (Keltner 2006 ; Santé Canada, 2011). Le diagnostic de syndrome métabolique est posé en présence de trois des cinq symptômes listés dans le TABLEAU E.1. Plusieurs médicaments utilisés en santé mentale peuvent déclencher le syndrome métabolique, soit les antipsychotiques de deuxième génération et les antidépresseurs (Solida, Choong, Lechaire et al., 2011). Selon Blouin (2008), l’afnité de ces médicaments pour certains neurotransmetteurs impliqués dans la régulation de l’apport énergétique serait en cause. Il existe notamment un lien entre l’utilisation d’antipsychotiques de seconde génération et un gain pondéral (Blouin, 2008 ; Flamand-Villeneuve, 2010). Ce gain pondéral augmenterait le risque de diabète de type 2, d’hypertension artérielle et de maladie coronarienne artérosclérosante. En particulier, chez les clients traités avec la clozapine (Clozarilmd) et l’olanzapine (Zyprexamd), un gain pondéral important peut être observé, car ces médicaments ont une ainité spéciique avec les
Symptômes cliniques TABLEAU E.1
Critères cliniques pour le diagnostic du syndrome métabolique
récepteurs H1 de l’histamine et de la sérotonine. Ces deux neurotransmetteurs jouent un rôle dans la régulation de l’apport alimentaire et exercent un eet sur les sensations et les perceptions de aim, d’appétit, de satiation ou de satiété (Blouin, 2008).
E.1
Évaluation initiale
L’infrmière tient compte des symptômes subjectis que le client exprime, mais elle s’appuie également sur des données objectives. Selon FlammandVilleneuve (2010), l’évaluation initiale de toute personne qui entreprend un traitement par antipsychotiques de deuxième génération ou par antidépresseurs devrait comprendre : • un questionnaire sur les antécédents médicaux, familiaux et sur les habitudes de vie du client ; • le poids (pris le matin au lever) ; • l’indice de masse corporelle ; • la circonférence de la taille ; • la pression artérielle. L’examen physique comprend également : • l’inspection des membres inférieurs (an de déceler un éventuel œdème à godet), du faciès (an de déceler la présence de xanthélasma, ou accumulation de cholestérol aux paupières), du cou (examen des veines jugulaires), du thorax (examen des cicatrices de chirurgies ou de traumatismes antérieurs), des ongles (an de vérier la coloration et la présence d’un éventuel hippocratisme digital) et de l’abdomen (pour évaluer la présence d’œdème indiquant la présence d’ascite) ;
SYMPTÔME
VALEUR
Circonférence élevée de la taille
≥ 102 cm chez les hommes ≥ 88 cm chez les femmes
Taux élevé de triglycérides sanguinsa
≥ 1,7 mmol/L
• la percussion ;
Faible taux de lipoprotéines de haute densité (HDL)a
< 1,0 mmol/L chez les hommes < 1,3 mmol/L chez les femmes
• l’auscultation des bruits cardiaques (présence de bruits cardiaques surajoutés B3 et B4 ou de soufes auscultatoires).
Hypertension artériellea
Systolique : ≥ 130 mm Hg ou Diastolique ≥ 85 mm Hg
Glycémie à jeun élevéea
≥ 5,6 mmol/L
L’infrmière vérife enfn les résultats des analyses de laboratoire telles que la glycémie à jeun, le taux d’hémoglobine, l’hématocrite, les électrolytes sériques (sodium, potassium, chlorure), le bilan lipidique (lipoprotéine de haute densité [HDL], lipoprotéine de basse densité [HDL], lipoprotéine de très basse densité [VLDL], cholestérolémie, taux de triglycérides) et la protéine C réactive (CRP), et ce, afn de suivre adéquatement la santé du client.
a
La prise de médicaments ayant pour but de maîtriser les taux élevés de triglycérides, les faibles taux de HDL, l’hypertension artérielle et la glycémie élevée peut aussi être considérée comme un indicateur de ces facteurs de risque. Source : Agence de la santé publique du Canada (ASPC) (2011)
A872 Annexes
• la palpation ;
E.2
Interventions infrmières
Bien que les antipsychotiques de deuxième génération et les antidépresseurs constituent des traitements intéressants, leur profl métabolique n’est pas négligeable et doit être considéré au moment de leur introduction (Flamand-Villeneuve, 2010). L’infrmière joue un rôle de surveillance clinique primordial afn de déceler l’apparition du syndrome métabolique par une observation étroite du client. Le gain de poids engendré par la psychopharmacothérapie inciterait 10 % des clients atteints de problèmes de santé mentale à abandonner le traitement (Liberman, Stroup, McEvoy et al., 2005). Un suivi des habitudes de vie est donc primordial pour diminuer les risques liés à la surcharge pondérale, et ce, afn de avoriser l’adhésion au traitement et de prévenir l’apparition du syndrome métabolique. Ainsi, l’infrmière oriente principalement ses interventions sur la
prévention, la promotion de saines habitudes de vie et le dépistage. Elle axe son enseignement sur l’acquisition d’une bonne hygiène de vie comme privilégier une alimentation équilibrée, entreprendre un programme d’exercice (p. ex., la marche, le jardinage) et cesser de umer (Stuart, 2009). L’infrmière inorme le client sur la prise de la médication, soit l’horaire d’autoadministration des médicaments, les indications, les principaux eets indésirables, les interactions avec les autres médicaments qu’il consomme ou les médicaments oerts en vente libre, l’importance de se présenter aux rendez-vous pour les analyses de laboratoire afn d’en assurer un suivi. Elle remet toute l’inormation sous orme écrite afn que le client puisse la consulter au besoin. Enfn, elle coordonne l’équipe interdisciplinaire afn d’éviter les perturbations métaboliques associées à la prise d’antipsychotiques ou d’antidépresseurs, tant durant l’hospitalisation qu’au retour du client à domicile.
Syndrome métabolique
A873
ANNEXE F Échelle d’évaluation des symptômes extrapyramidaux (ESRS) Chouinard, © 1979 L’échelle d’évaluation des symptômes extrapyramidaux (ESRS) est une échelle dont la version anglaise a été validée par plusieurs études depuis 1979 (Chouinard & Margolese, 2005 ; Knol, Keijsers, Jansen et al., 2010). Elle permet d’évaluer quatre types de mouvements extrapyramidaux induits par la médication, indépendamment des symptômes du trouble mental.
F.1 Questionnaire : parkinsonisme, akathisie, dystonie et dyskinésie Dans ce questionnaire, il s’agit de considérer l’information verbale donnée par le client au sujet : 1) de la durée du symptôme durant la journée ; 2) du nombre de jours où le symptôme a été présent dans la dernière semaine ; et 3) de l’évaluation de l’intensité du symptôme par le client. En cas de doute, le score le moins sévère est attribué.
Information verbale donnée par le client ABSENT
LÉGER
MODÉRÉ
SÉVÈRE
1. Impression de ralentissement ou de aiblesse, difculté à accomplir des tâches courantes
0
1
2
3
2. Difculté à marcher ou équilibre incertain
0
1
2
3
3. Raideur, posture rigide
0
1
2
3
4. Incapacité à tenir en place, nervosité, besoin impérieux de bouger
0
1
2
3
5. Tremblements
0
1
2
3
6. Crises oculogyres ou posture fgée anormale
0
1
2
3
7. Mouvements involontaires anormaux (dyskinésie) de la langue, de la mâchoire, des lèvres, du visage, des extrémités ou du tronc
0
1
2
3
FIGURE F.1
F.2 Examen Examen : parkinsonisme et akathisie Examen physique des symptômes de parkinsonisme 1. Tremblement OCCASIONNEL
FRÉQUENT
CONTINUEL OU QUASI CONTINUEL
Aucun
0
Membre supérieur droit
Limite
1
Membre supérieur gauche
Faible amplitude
2
A874 Annexes
3
4
Membre inérieur droit
OCCASIONNEL
FRÉQUENT
CONTINUEL OU QUASI CONTINUEL
Amplitude modérée
3
4
5
Membre inérieur gauche
Grande amplitude
4
5
6
Tête
Mâchoire/ menton
Langue
Lèvres
2. Bradykinésie 0
aucune
1
impression générale de ralentissement des mouvements
2
ralentissement certain des mouvements
3
très légère diculté à amorcer un mouvement
4
diculté, de légère à modérée, à amorcer un mouvement
5
diculté à amorcer ou à interrompre tout mouvement, ou à diérer l’accomplissement d’un geste volontaire
6
rares mouvements volontaires, immobilité presque complète
0
normales
1
léger appauvrissement des mouvements pendulaires des bras
2
appauvrissement modéré des mouvements pendulaires des bras, marche normale
3
disparition des mouvements pendulaires des bras, tête féchie, marche plus ou moins normale
4
posture rigide (cou, dos), marche à petits pas (démarche traînante)
5
posture xe, estination ou incapacité à se tourner
6
triple fexion, très grande diculté à marcher
0
normale
1
hésitation en cas de poussée, mais absence de rétropulsion
2
rétropulsion, mais récupération sans assistance
3
rétropulsion exagérée, sans chute
4
absence de réponse posturale, tomberait sans l’aide de l’examinateur
5
instabilité à la station debout, même en l’absence de poussée
6
incapacité à demeurer en station debout sans aide
0
tonus musculaire normal
Membre supérieur droit
1
très légère, à peine perceptible
Membre supérieur gauche
2
légère (résistance perceptible à la mobilisation passive des membres)
Membre inérieur droit
3
modérée (résistance évidente à la mobilisation passive des membres)
Membre inérieur gauche
3. Démarche et posture
4. Stabilité posturale
5. Rigidité
Échelle d’évaluation des symptômes extrapyramidaux (ESRS)
A875
4
modérément sévère (résistance sensible, mais mouvement du membre encore acile)
5
sévère (résistance marquée avec une nette difculté à bouger le membre)
6
très sévère (membre presque fgé)
Observation générale durant l’examen des symptômes de parkinsonisme 6. Expression faciale (masque facial/élocution) 0
normale
1
très légère diminution de l’expressivité aciale
2
légère diminution de l’expressivité aciale
3
rares sourires spontanés, diminution du clignement des yeux, ton de voix légèrement monotone
4
pas de sourires spontanés, regard fxe, ton de voix aible et monotone, marmonnements
5
masque acial marqué, incapacité à roncer les sourcils, élocution difcile
6
masque acial extrêmement marqué, langage non intelligible
0
aucune
1
agité, nerveux, impatient, mal à l’aise
2
présence d’un besoin de bouger au moins une extrémité
3
présence réquente d’un besoin de bouger une extrémité ou de changer de position
4
mouvements presque constants d’une extrémité en position assise ou piétinements à la station debout
5
incapacité à rester assis plus longtemps qu’une brève période
6
mouvements incessants ou marche sans arrêt
7. Akathisie
FIGURE F.2
Examen : dystonie Examen et observation Dystonie de torsion aiguë et dystonie non aiguë, chronique ou tardive 0
aucune
Membre supérieur droit
1
très légère
Membre supérieur gauche
2
légère
Membre inérieur droit
3
modérée
Membre inérieur gauche
4
modérément sévère
Tête
Mâchoire/menton
5
sévère
Langue
Lèvres
6
très sévère
Yeux
Tronc
FIGURE F.3
A876 Annexes
Examen : mouvements dyskinétiques OCCASIONNELSa
FRÉQUENTSb
CONTINUELS OU QUASI CONTINUELS
Examen et observation 1. Mouvements de la langue (lent mouvement latéral ou de torsion de la langue) Absents
0
Limites
1
Nettement présents, limités à l’intérieur de la cavité buccale
2
3
4
Avec protrusion occasionnelle partielle
3
4
5
Avec protrusion complète
4
5
6
2. Mouvements de la mâchoire (mouvement latéral, mâchonnement, mordillement, serrement des dents) Absents
0
Limites
1
Nettement présents, de faible amplitude
2
3
4
D’amplitude modérée, mais sans ouverture de la bouche
3
4
5
De grande amplitude, avec ouverture de la bouche
4
5
6
Nettement présents, de faible amplitude
2
3
4
D’amplitude modérée, mouvements des lèvres vers l’avant
3
4
5
De grande amplitude, claquement bruyant et prononcé des lèvres
4
5
6
3. Mouvements buccolabiaux (plissement, moue, claquement, etc.) Absents
0
Limites
1
4. Mouvements du tronc (balancement involontaire, torsion, girations pelviennes) Absents
0
Limites
1
Nettement présents, de faible amplitude
2
3
4
D’amplitude modérée
3
4
5
D’amplitude plus importante
4
5
6
5. Extrémités supérieures (mouvements choréoathétosiques uniquement : bras, poignets, mains, doigts) Absents
0
Limites
1
Nettement présents, de faible amplitude, mouvements dans un seul membre
2
3
4
D’amplitude modérée, mouvements dans un membre ou mouvements de faible amplitude touchant deux membres
3
4
5
Échelle d’évaluation des symptômes extrapyramidaux (ESRS)
A877
D’amplitude plus importante, mouvements touchant deux membres
OCCASIONNELSa
FRÉQUENTSb
CONTINUELS OU QUASI CONTINUELS
4
5
6
6. Extrémités inférieures (mouvements choréoathétosiques uniquement : jambes, genoux, chevilles, orteils) Absents
0
Limites
1
Nettement présents, de faible amplitude, mouvements dans seul un membre
2
3
4
D’amplitude modérée, mouvements dans un seul membre ou mouvements de faible amplitude touchant deux membres
3
4
5
D’amplitude plus importante, mouvements touchant deux membres
4
5
6
7. Autres mouvements involontaires (déglutition, respiration irrégulière, froncement des sourcils, clignement d’yeux, grimaces, soupirs, etc.) Absents
0
Limites
1
Nettement présents, de faible amplitude
2
3
4
D’amplitude modérée
3
4
5
D’amplitude plus importante
4
5
6
a b
Présents à l’amorce du mouvement ou rarement spontanés Fréquemment spontanés et présents à l’amorce du mouvement FIGURE F.4
F.3 Impression clinique globale TABLEAU F.1
Impression clinique globale : intensité de la dyskinésie
En fonction de votre expérience clinique, quel est présentement le degré d’intensité de la dyskinésie ? 0 : absent
3 : léger
6 : marqué
1 : limite
4 : modéré
7 : sévère
2 : très léger
5 : modérément sévère
8 : extrêmement sévère
TABLEAU F.2
Impression clinique globale : intensité du parkinsonisme
En fonction de votre expérience clinique, quel est présentement le degré d’intensité du parkinsonisme ?
A878 Annexes
0 : absent
3 : léger
6 : marqué
1 : limite
4 : modéré
7 : sévère
2 : très léger
5 : modérément sévère
8 : extrêmement sévère
TABLEAU F.3
Impression clinique globale : intensité de la dystonie
En fonction de votre expérience clinique, quel est présentement le degré d’intensité de la dystonie ? 0 : absent
3 : léger
6 : marqué
1 : limite
4 : modéré
7 : sévère
2 : très léger
5 : modérément sévère
8 : extrêmement sévère
TABLEAU F.4
Impression clinique globale : intensité de l’akathisie
En fonction de votre expérience clinique, quel est présentement le degré d’intensité de l’akathisie ? 0 : absent
3 : léger
6 : marqué
1 : limite
4 : modéré
7 : sévère
2 : très léger
5 : modérément sévère
8 : extrêmement sévère
Échelle d’évaluation des symptômes extrapyramidaux (ESRS)
A879
GLOSSAIRE
Acétylcholine : Neurotransmetteur excitateur du système nerveux autonome parasympa thique, elle déclenche la contraction musculaire, stimule l’excrétion de certaines hormones et est impliquée entre autres dans l’éveil, l’atten tion et la mémoire. Acide gamma-aminobutyrique (GABA) : Neurotransmetteur inhibiteur qui régule entre autres la motricité et les maniestions de l’an xiété en bloquant la libération d’autres neuro transmetteurs comme la dopamine, la noradrénaline et le glutamate.
Aire de Wernicke : Aire de compréhension du langage et zone spécialisée du lobe temporal responsable de l’organisation des mots de açon qu’ils soient reconnus et qu’ils expriment convenablement un contenu émotionnel. Aire pariétale postérieure : Aire située immé diatement à l’arrière de l’aire somesthésique primaire. Sa principale onction consiste à inté grer les diérentes inormations somesthési ques et à les traduire en perception de taille, de texture et d’organisation. Akathisie : Symptôme qui se manieste par l’impossibilité de rester en place, un besoin irrésistible de bouger, l’irritabilité, l’agitation.
Activité électrique cérébrale : Mouvement d’ions chargés électriquement à travers la mem brane du neurone.
Alexie : Incapacité de lire.
Adaptation : Modication des onctions psy chiques de la personne qui, sans altérer sa nature, la rend apte à vivre en harmonie avec les nouvelles données de son milieu ou dans un nouveau milieu.
Allèle : Une des ormes que peut prendre un gène occupant un locus particulier sur un chro mosome.
Affect : Expression ou maniestation externe d’un état émotionnel. Agente de liaison : Intervenante établissant le pont entre diérents services pour assurer une continuité dans le traitement d’un épisode de soins, notamment en situation de crise. Agent procognitif : Groupe de médicaments utilisés principalement pour le traitement des démences, an de stabiliser, voire d’améliorer sensiblement de açon transitoire les onctions cognitives des clients atteints. Âgisme : Opinions stéréotypées et discrimina tion envers les personnes âgées. Agoniste : Substance qui se xe sur les mêmes récepteurs cellulaires qu’une substance de réé rence et qui produit, au moins en partie, les mêmes eets. Agoraphobie : Anxiété liée au ait de se retrou ver dans des endroits ou des situations d’où une personne perçoit qu’il serait dicile (ou gênant) de s’échapper ou dans lesquelles elle ne pourrait pas trouver de secours en cas d’at taque de panique. Agranulocytose : Eet indésirable grave de cer taines pathologies et de certains médicaments consistant en la diminution ou l’absence de leucocytes agranulocytes, ce qui augmente le risque d’inection pour le client. Aire de Broca : Aire motrice du langage habituel lement localisée dans le lobe rontal gauche.
G880
Glossaire
Alexithymie : Diculté à décrire et à exprimer ses émotions.
Alliance thérapeutique : Qualité et orce de la re lation de collaboration entre le client et le soi gnant dans la poursuite de buts thérapeutiques. Allostasie : Manière dont certains systèmes, chez l’humain, maintiennent la stabilité géné rale de l’organisme tout en étant euxmêmes très variables.
Anorexie mentale : Peur maladive des consé quences de s’alimenter, comme prendre du poids, qui entraîne une restriction alimentaire obstinée et dangereuse. Antagoniste : Substance se xant sur les mêmes récepteurs cellulaires qu’une substance de réé rence, en empêchant celleci de produire tous ses eets habituels ou une partie de ceuxci. Anxiété : État de tension, d’appréhension ou sentiment de atalité imminente qui résulte de la perception que des infuences extérieures menacent de submerger la personne et son intégrité. Aphasie : Diculté ou incapacité à s’exprimer (aphasie motrice) ou à comprendre le langage (aphasie sensorielle). Approche cognitivo-comportementale : Approche pour laquelle les interventions thé rapeutiques sont axées sur la modication et le recadrage des pensées et comportements pro blématiques. Approche globale (ou approche holistique) : Soins et services basés sur une vision entière de la personne dont le tout représente plus que la somme de ses composantes biologiques, psy chologiques, socioculturelles et spirituelles. Arborisation synaptique : Ramication des axones.
Altruisme : Disposition à avoir et à maniester de la compassion, de la générosité, de la bien veillance, de la gentillesse, de l’amabilité et de la disponibilité envers autrui.
Arbre décisionnel : Outil d’aide à la résolution de problèmes procédant par questions succes sives, dont les branches matérialisent les options selon les choix possibles.
Amnésie antérograde : Incapacité de se rappe ler ou de reconnaître une nouvelle inormation ou de nouveaux événements survenus après le début de l’amnésie.
Asthénie : Aaiblissement pathologique de l’état général.
Amnésie rétrograde : Incapacité de se rappeler ou de reconnaître une inormation ou des évé nements survenus avant le début de l’amnésie. Amygdale (ou corps amygdaloïde) : Partie du système limbique qui joue un rôle clé dans le onctionnement émotionnel et la régulation des réactions aectives aux événements. L’amygdale module les états émotionnels cou rants, tels les sentiments de colère, d’agressi vité, d’amour et de bienêtre dans le milieu social. Analyse d’interaction : Compte rendu détaillé et analyse critique d’une partie ou de la tota lité d’un entretien avec un client, rapportant les paroles, les sentiments, les émotions et les aits discutés. Anhédonie : Incapacité d’éprouver du plaisir.
Ataxie : Incoordination des mouvements due à une atteinte du système nerveux central sans atteinte de la orce musculaire. Attention : Capacité d’une personne à se concentrer pendant toute l’exécution d’une tâche. Authenticité : Capacité à demeurer sincèrement soimême au cours de la relation avec l’aidé. Autoactualisation : Réalisation de soi, de son potentiel. Autorisation de soins : Procédure judiciaire qui permet d’imposer des soins requis par l’état de santé d’un mineur ou d’un majeur inapte à consentir aux soins dans deux types de situa tions : 1) en cas de reus injustié du représen tant légal (ou encore d’une absence prolongée ayant pour conséquence l’impossibilité de donner le consentement) ; 2) pour le majeur inapte seulement en cas de reus catégorique.
Autosoins : Décisions et actions autonomes prises par une personne pour maintenir et amé liorer sa santé. Avolition : Incapacité à entreprendre et à pour suivre une conduite volontariste. Axone : Prolongement constant, unique, de la cellule nerveuse, ou neurone sous la orme d’un let axial qui peut atteindre plusieurs décimètres et que parcourt l’infux nerveux.
Belle indifférence : Manque évident et inappro prié de préoccupation d’une personne envers la gravité de ses symptômes. Boulimie mentale : Comportement caractérisé par des rénésies alimentaires suivies de com portements visant à empêcher la prise de poids (p. ex., se aire vomir). Bouton synaptique : Région d’un axone accolée à une autre cellule, située à l’extrémité des bres axonales et ormant une synapse qui contient de nombreuses vésicules synaptiques. Bradypsychie : Ralentissement des onctions mentales qui s’accompagne souvent d’une diminution de l’activité motrice. Bris de service : Situation d’un client qui a besoin de services continus, et qui se retrouve laissé à luimême en attendant que les services requis pour le suivi soient mis en place. Bruxisme : Grincement des dents durant la nuit. Peut occasionner une usure anormale des dents et des dommages au tissu périodontal.
Canal sodium voltage-dépendant (ou dépendant du potentiel) : Canal laissant principale ment entrer du sodium dans les cellules, qui s’ouvre lorsqu’une diérence de potentiel élec trique est présente entre le milieu intracellu laire et le milieu extracellulaire. Caractéristique catatonique : Trait distincti de la catatonie (inertie, négativisme). Caractéristique psychotique : Trait distincti de la psychose (idées délirantes ou halluci nations). Cataplexie : Perte soudaine du tonus muscu laire déclenchée par des émotions intenses (peur, colère, excitation, éclat de rire). Catatonie : Trouble de l’activité motrice volon taire caractérisé par des pertes de maîtrise mus culaire, pouvant se maniester par l’apparition de mouvements intempestis ou stéréotypés ou, au contraire, par un état cataleptique (absence de mouvements, xité posturale). Cellule souche : Cellule dont le génome com plet est intact et qui n’est pas encore diéren ciée ou développée en un type cellulaire précis.
Cervelet : Partie postérieure et inérieure de l’encéphale, située audessous et en arrière du cerveau, organe essentiel de la régulation motrice et de l’équilibre. Changement compensatoire : Modiication dans le comportement ou l’organisation des membres d’une amille entre eux, dans le but de rétablir l’équilibre du système amilial. Cholinergique : Fait réérence à tout agent qui stimule ou simule l’action de l’acétylcholine. Il s’applique également aux bres nerveuses qui activent l’acétylcholine. Chorée de Huntingdon : Aection génétique dont le mode de transmission autosomale dominante signie que chaque enant né d’un parent atteint devient une personne à risque. Chronobiologie : Étude des rythmes biologiques de l’organisme, couramment appelés rythmes circadiens. Circonvolution : Saillies sinueuses qu’ore la surace du cerveau. Clivage : Mécanisme de déense réquent chez les personnes atteintes de troubles de la per sonnalité, qui consiste en une incapacité de percevoir en même temps les caractéristiques positives et négatives d’une personne, d’un événement ou d’une chose, incluant la percep tion de soimême. Cognition : Fonction complexe multiple incluant autant l’ensemble des connaissances (langage, mathématiques, musique, etc.) que les processus qui permettent leur apprentis sage et leur manipulation (association, rétroac tion, traitement de l’inormation, etc.). Communication éducative : Échange entre l’inrmière et le client ayant pour but d’inor mer et d’enseigner des notions utiles à la prise en charge de sa propre santé. Communication fonctionnelle : Communication courante de l’inirmière pour assurer les échanges de tous les jours avec les personnes soignées, les pairs, les autres proessionnels et toutes les personnes qu’elle croise. Communication interdisciplinaire : Interactions entre les proessionnels de diérentes discipli nes ayant pour objecti une collaboration inter proessionnelle ecace. Communication interpersonnelle : Communi cation entre deux ou plusieurs personnes, com prenant à la ois les messages verbaux et non verbaux, où chacune devient à son tour émet teur et récepteur. Communication intrapersonnelle : Communi cation qui se produit à l’intérieur de la personne, et qui est aite de pensées, de perceptions, de jugements sur soi et sur les autres, d’émotions, d’idées, de projets, etc. Communication sociale : Échange de propos superciels ou amicaux, partage d’idées ou d’expériences courantes qui sert à entretenir des relations passagères ou amilières.
Communication thérapeutique : Ensemble d’échanges entre l’inrmière et le client visant à mieux comprendre le client, à le soutenir dans ses dés et à l’aider à acquérir de meil leures stratégies d’adaptation. Comorbidité : Présence de deux maladies/ troubles ou plus dans une période de temps précise, dont l’étiologie et le développement peuvent être associés ou indépendants. Compétence interculturelle : Capacité à intera gir ecacement dans des situations intercultu relles et à établir des relations appropriées dans des contextes culturels divers. Complexe K : Sur un tracé d’électroencéphalo gramme, onde cérébrale rapide et de grande amplitude générée par le thalamus qui carac térise le sommeil de stade 2 et qui illustre le passage de l’éveil au sommeil lent proond. Comportement psychotique : Maniestation ou ensemble de maniestations qui traduisent un état de psychose (hallucinations, idées déli rantes, conusion, désorganisation, etc.). Compulsion : Comportements physiques ou actes mentaux répétitis qu’une personne se sent obligée d’accomplir pour diminuer un sentiment de détresse ou d’anxiété. Confrontation : Communication thérapeutique qui amène le client à prendre conscience de certaines contradictions entre ses objectis, ses paroles et son agir. Conseiller au majeur : Régime de protection, mis en place par décision judiciaire unique ment, qui vise à assurer le bienêtre de la per sonne qui est généralement ou habituellement apte à prendre soin d’ellemême et à adminis trer ses biens, mais qui a besoin, pour certains actes ou temporairement, d’être assistée ou conseillée dans l’administration de ses biens. Continuum de soins : Divers services cliniques oerts à une personne ou à un groupe qui refè tent les soins prodigués pendant une seule hospitalisation ou les soins oerts pour des problèmes de santé multiples tout au long de la vie. Contre-transfert : Émotion ou réaction incons ciente du soignant à l’égard du client et qui est susceptible d’infuencer la relation thérapeutique. Conversion : Mécanisme psychologique incons cient par lequel un confit psychique s’exprime par un symptôme somatique. Convulsion épileptique tonicoclonique : Contraction et raideur intenses de l’ensemble du corps (phase tonique), suivies de secousses musculaires brusques et généralisées (phase clonique). Corrélat psychophysiologique : Rapport entre l’activité psychique et l’activité physiologique dont l’une implique l’autre et réciproquement. Cortex cérébral : Couche de substance grise recouvrant les hémisphères cérébraux. Siège
Glossaire
G881
de la conscience et des onctions mentales supérieures. Crise : Déséquilibre psychologique chez une personne vivant une situation dicile ou dan gereuse. Cette situation pose un problème qui ne peut être réglé par les habiletés habituelles de résolution de problèmes de la personne. Crise psychopathologique : Crise qui résulte d’une situation problématique chez une per sonne présentant une vulnérabilité psycholo gique ou ayant des antécédents de troubles mentaux. Crise psychosociale : Crise qui résulte d’une situation problématique circonscrite dans les rontières de la normalité. Crise psychotraumatique : Crise qui résulte de l’exposition à un événement traumatique, désta bilisant subitement l’homéostasie de la per sonne, mettant ortement à l’épreuve ses capa cités d’autorégulation psychologiques. Crise suicidaire : Crise qui résulte d’une inca pacité à trouver des stratégies et des ressources ecaces pour réagir à une situation et qui entraîne l’apparition d’indices de passage à l’acte suicidaire. Curatelle au majeur : Régime de protection, mis en place par décision judiciaire uniquement, et qui vise à assurer le bienêtre de la personne inapte de açon totale et permanente et qui a besoin d’être représentée dans l’exercice de ses droits civils.
Dangerosité du passage à l’acte : Niveau de dan ger qu’une personne pose un acte suicidaire. Décalage horaire : Condition physiologique résultant d’un voyage à travers plusieurs u seaux horaires. Décompensation : Rupture d’un équilibre pré caire caractérisée par l’eondrement des méca nismes de déense habituels. Défcit cogniti : Déclin de la onction cognitive (p. ex., la capacité de la personne à penser, à percevoir ou à raisonner). Délire : Conviction erronée, irréductible par la logique et non conorme aux croyances du groupe. Délirium : État de conscience et onctionne ment cogniti détériorés qui peut perdurer de quelques heures à quelques jours et qui se caractérisent par un état de conusion aiguë ainsi qu’une orte perturbation de l’attention et des perceptions. Démarche ataxique : Démarche maladroite, manquant de coordination. Démence : Décience généralisée du onction nement intellectuel qui touche la personnalité et entrave le onctionnement social et proes sionnel.
G882
Glossaire
Dendrite : Prolongement lamenteux du neu rone servant à recevoir et à conduire l’infux nerveux.
Dyslipidémie : Anomalie quantitative ou qua litative des lipides sanguins.
Dépersonnalisation : Perte, par une personne, du sentiment de sa propre réalité physique et mentale.
Dyspepsie : Digestion douloureuse et dicile, survenant sans lésion organique, après les repas.
Déréalisation : Sentiment selon lequel le monde qui entoure la personne est anormal ou irréel.
Dysthymie : État de tristesse chronique ne satis aisant pas les critères nécessaires pour dia gnostiquer un trouble dépressi majeur. Les symptômes se ont ressentir la majorité du temps sur une période d’au moins deux ans.
Désensibilisation en situation réelle ou in vivo: Méthode issue de la théorie de l’apprentissage et dans laquelle le thérapeute expose un client en état de relaxation proonde à une hiérarchie graduée de stimulus phobiques. Le thérapeute exposera ainsi progressivement la personne à des situations plus anxiogènes (jusqu’à être appliquée en situation réelle ou in vivo). Désensibilisation systématique : Méthode issue de la théorie de l’apprentissage et dans laquelle le thérapeute expose un client en état de relaxa tion proonde à une hiérarchie graduée de sti mulus phobiques. Désinstitutionalisation : Processus qui vise la sortie des personnes institutionnalisées, la non institutionnalisation des personnes suscep tibles de l’être, la ermeture des hôpitaux psychiatriques et le remplacement de l’ore de services par l’implantation de ressources com munautaires. Désintoxication : Processus de traitement uti lisé pour éliminer une substance psychoactive chez une personne dépendante, soit par le retrait graduel du produit, soit par le traite ment pharmacologique de substitution spéci que pour minimiser et contrôler les risques de complications associées pouvant apparaître à l’arrêt brusque du produit. Diathèse : Prédisposition d’une personne à l’anxiété au moment d’un stress. Diencéphale : Partie de l’encéphale, située entre les hémisphères cérébraux, qui comprend principalement le thalamus et l’hypothalamus. Dimension psychosociale : Tout ce qui con cerne la vie des groupes et des individus dans ces groupes. Dissociation : Modication involontaire des onctions d’intégration de la conscience, de la mémoire, de la perception de soi, de l’environ nement ou du comportement sensorimoteur qui amène la personne à se sentir détachée de son corps. Distorsion cognitive (ou déormation cognitive) : Altération de la pensée sur soi, sur les autres, sur les événements provenant d’un juge ment déplacé, préconçu, erroné de la situation.
Dyspareunie : Coït ou rapport sexuel douloureux.
Dystonie : Contraction tonique, involontaire et incoercible, intermittente et localisée à certains groupes musculaires (œil, cou, dos, langue, etc.).
Eet anticholinergique : Qui inhibe (ou réduit) l’action de l’acétylcholine. Embrasement : Phénomène où la stimulation répétée de certains neurotransmetteurs entraîne une augmentation de la sensibilité à cette sti mulation, ce qui amène progressivement une réaction de plus en plus orte à un stimulus à priori aible (p. ex., ce qui générait un stress entraîne maintenant un épisode de dépression). Émique : Qualie une approche qui respecte les principes et les valeurs propres à une culture donnée ; elle refète par exemple les concep tions populaires de la maladie et de la santé dans un contexte culturel donné. Émotion : Réaction subjective automatique associée à des changements physiologiques et comportementaux qui survient en réponse à des situations et à des expériences vécues par la personne. Émoussé (aect) : Réduction importante de l’intensité de l’expression aective. Empathie : Sentiment de compréhension de l’inrmière qui saisit les dicultés du client du point de vue de celuici, sans en porter la charge émotive ni la sourance ; ce sentiment de compréhension est ressenti par le client. Empowerment (ou autonomisation) : Action de libérer, de donner du pouvoir. En l’occurrence, se donner un droit de regard sur son traitement, reconnaître sa compétence et sa capacité d’autonomie quant à sa santé. Encéphalopathie spongiorme bovine : Inection neurodégénérative mortelle qui touche le cerveau des bovins et qui ait partie des encéphalopathies spongiormes transmis sibles à l’humain. Aussi appelée « maladie de la vache olle ».
Double diagnostic : Présence simultanée d’un problème de santé mentale et d’un autre trouble mental, d’un trouble lié à une substance ou d’une décience intellectuelle.
Entretien motivationnel : Méthode de commu nication directive, centrée sur le client, visant au changement de comportement par l’explo ration et la résolution de l’ambivalence et des résistances du client.
Dyade : Ensemble ormé de deux sujets qui sont unis par un lien spécique.
Environnement multisensoriel : Milieu con trôlé, sécuritaire et conortable conçu en vue
d’orir une multitude d’expériences senso rielles procurant des bienaits pour la santé du client. Épigénétique : Science qui étudie l’infuence des expériences de la vie sur le onctionnement génétique de l’organisme d’une personne. Estime de soi : Sentiment qu’a la personne de sa propre valeur. Étique : Qualie une approche qui respecte les conditions de la recherche scientique carac térisée par une connaissance rationnelle, objec tive et indépendante de l’observateur ; elle renvoie à la dimension universelle du savoir médical. Évaluation neuropsychologique : Évaluation par tests qui permet de mesurer l’ecacité des onctions cognitives. Examen polysomnographique : Examen qui se ait durant le sommeil et qui enregistre dié rents signaux an de diérencier les stades de sommeil ou pour rechercher des anomalies associées au sommeil. Exposition intéroceptive : Type de thérapie comportementale qui consiste à amener le sujet à accomplir des exercices spécialement conçus pour provoquer des eets redoutés jusqu’à ce qu’il apprivoise ces sensations. Extinction : Technique qui vise à éliminer un comportement en cessant de le renorcer.
Facteur contribuant : Facteur qui augmente la vulnérabilité de la personne à présenter un état pathologique. Facteur de protection : Élément qui diminue la vulnérabilité de la personne à présenter un état pathologique. Facteur neurotrophique cérébral : Protéines sécrétées par les neurones euxmêmes, leur ter ritoire d’innervation ou par des cellules extra neuronales. Cellesci règlent la croissance, la proliération et la diérenciation des cellules nerveuses et sont ainsi essentielles au dévelop pement du système nerveux dans son ensemble, ainsi qu’au maintien des onctions cérébrales. Facteur précipitant : Élément déclencheur d’une idée, d’un acte ou d’un état pathologique. Facteur prédisposant : Élément provenant du passé de la personne et pouvant contribuer à la ragiliser à un état pathologique. Faisceau nerveux : Ensemble de bres qui che minent au sein du système nerveux central. Fardeau amilial : Impact négati que le pro blème de santé d’une personne amène sur le onctionnement quotidien, social, nancier et psychologique de sa amille et de chacun de ses membres. Fente synaptique : Espace entre deux cellules nerveuses qui constitue une aire de jonction par laquelle le message chimique passe d’un
neurone à l’autre, entraînant l’excitation ou l’inhibition de ce dernier. Fuseau du sommeil : Bouée d’activité de 8 à 14 Hz et de 50 à 150 microvolts d’amplitude durant le stade 2. Elle dure une ou deux se condes et est produite par des interactions entre neurones thalamiques et neurones corticaux.
Gaine de myéline : Substance blanche consti tuée de lipides, qui recouvre les axones et per met d’accélérer la conduction des inlux nerveux d’un neurone à l’autre. Garde en établissement (ou garde autorisée) : Mesure légale ordonnée par un juge de la Cour du Québec et qui xe la durée de la garde en établissement. Cette décision est prononcée à la suite de la présentation devant le tribunal des deux rapports d’examen psychiatrique qui concluent à la nécessité de cette garde. Le juge ne peut autoriser la garde en établissement que s’il a luimême des motis sérieux de croire que la personne est dangereuse et que sa garde est nécessaire. Garde préventive : Mesure exceptionnelle per mettant à un établissement de garder une personne contre son gré pour une pério de maxi male de 72 heures, à la condi tion que cette personne présente un danger grave et immédiat pour ellemême ou pour autrui, et qui ne nécessite pas l’intervention du tribunal ou d’un psychiatre, l’avis d’un méde cin généraliste étant susant. Garde provisoire : Mesure ordonnée par le tri bunal dans le but de soumettre une personne à une évaluation psychiatrique an de déter miner si elle est dangereuse ou non en raison de son état mental. Cette évaluation consiste en deux examens psychiatriques qui doivent être aits par des psychiatres. Génogramme : Représentation graphique d’une amille, rassemblant sur un même schéma les membres de celleci, les liens qui les unissent et les renseignements biomédicaux et psycho sociaux qui s’y attachent. Gérontopsychiatrie : Branche de la psychiatrie qui étudie les pathologies liées à la santé men tale et aux traitements des troubles mentaux complexes qui touchent les personnes âgées. Gestion autonome de la médication (GAM) : Approche d’automédication qui vise une réap propriation du pouvoir et une amélioration de la qualité de vie des personnes qui sont traitées avec des médicaments psychotropes. Globus pallidus (ou pallidum) : Zone du cer veau correspondant à la partie interne du noyau lenticulaire qui est située en dedans du puta men, la portion latérale du noyau lenticulaire. Guérison : Disparition complète des symp tômes, et ce, sans séquelles.
Guichet d’accès : Centre d’expertise consti tuant la principale voie d’accès du Centre de Santé et des Services sociaux en matière de soins et de services en santé mentale. Sa onc tion intégrative permet d’orir le bon service à la bonne personne, par le bon intervenant, au bon moment, pour la bonne durée et au bon endroit.
Hémisphère non dominant : Hémisphère céré bral (généralement le droit) responsable des onctions non verbales et perceptuelles, par opposition à l’hémisphère dominant (généra lement le gauche) qui contient les onctions du langage. Hémodialyse : Technique permettant d’épurer le sang avec un ltre (rein articiel) pour en éliminer les déchets toxiques. Hippocampe : Structure bilatérale et symé trique, aisant partie du système limbique, qui est connu pour jouer un rôle clé dans le pro cessus de mémorisation. Il est impliqué dans la mémorisation des souvenirs à long terme. Histrionique : Qui joue un rôle, se donne en spectacle. Homéostasie : État d’équilibre du milieu interne de l’organisme, naturellement maintenu par des réactions adaptatives assurant une bonne santé. Hyperphagie boulimique : Prise importante et compulsive de nourriture sans comportements compensatoires (p. ex., des vomissements, la prise de laxatis, une hyperactivité sportive). Hypomanie : État d’excitation passager ou habi tuel qui rappelle, sous une orme atténuée, les grands traits de l’excitation maniaque. Hypothalamus : Région du diencéphale, centre principal du système neurovégétati jouant un rôle important dans la régulation de certaines des onctions humaines les plus ondamen tales, dont les cycles veillesommeil, la tempé rature corporelle, la soi et des pulsions de survie telles la aim et les pulsions sexuelles.
Idée de réérence (ou perception délirante) : Croyance qu’une parole, une image, un signe ont une signication majeure qui vise person nellement le client. Idée suicidaire : Considération sérieuse d’en nir avec la vie. Identifcation projective : Mécanisme de dé ense qui consiste en la projection de parties du moi, surtout l’agressivité, dans des objets ex ternes qui deviennent alors persécuteurs. Immédiateté : Attention soutenue de l’inr mière au moment présent, dans « l’ici et main tenant », l’amenant à être à l’aût de ce que vit Glossaire
G883
le client dans l’immédiat et de ce qui se passe dans la relation qui les réunit. Inaptitude à consentir aux soins : Incapacité à comprendre l’inormation sur la maladie et les soins, et plus particulièrement sur les ris ques et les bénéces associés, à prendre une déci sion et à l’exprimer. Cette inaptitude oblige le consentement substitué, par le représentant légal ou une personne apte à consentir pour le client, voire l’autorisation de soins. Inaptitude à subir son procès : Incapacité pour un accusé à comprendre la nature, l’objet et les conséquences des poursuites ainsi qu’à donner des instructions à son avocat ou à assumer seul sa déense. Cette incapacité permet au tribunal de suspendre les procédures, qui pourront reprendre si l’accusé redevient apte. Inaptitude générale : Incapacité de s’occuper de soimême ou de gérer ses biens pour cause de maladie, de handicap, de déicien ce ou d’accident. Cette inaptitude oblige l’éta blissement d’un régime de protection. Incapacité : Terme général qui couvre les han dicaps, les limitations de l’activité (exécution d’une tâche ou d’une action) et des restrictions à la participation à des situations de la vie courante. Index thérapeutique : Écart entre la concentra tion thérapeutique et la concentration toxique d’un médicament. Insomnie de rebond : Aggravation temporaire des dicultés de sommeil après l’arrêt du somnière. Institutionnalisation : Hospitalisation psychia trique à long terme. Insula (ou cortex insulaire) : Partie du cortex cérébral qui constitue un des deux lobes du cerveau situés en position interne. Elle reçoit un certain nombre d’éléments d’inormation relatis à l’état du corps et intervient dans la perception d’événements internes (p. ex., la mesure du rythme cardiaque, la douleur), de la motricité de certains organes, du main tien de l’homéostasie, du contrôle de certaines émotions et de la conscience du soi. Interdisciplinarité : Travail conjoint des mem bres de l’équipe de soins eectué dans l’intérêt du client. Intervalle thérapeutique : Intervalle entre la concentration minimale du médicament qui produit un eet thérapeutique jusqu’à une concentration maximale qui ne produit pas d’eet toxique. Intervenante pivot : Personne désignée avec laquelle le client crée les liens les plus étroits au cours de son suivi dans la communauté, qui prodigue des soins et services au client, qui assu re le soutien aecti dont il a besoin et qui coordonne les autres services qu’il nécessite. Intoxication : Maniestation d’un syndrome réversible entraînant des changements mentaux et comportementaux qui peuvent impliquer des
G884
Glossaire
troubles intellectuels, une altération du juge ment et des onctions physiques et sociales, ainsi qu’une labilité de l’humeur et de l’agressivité.
Labilité : Changement rapide et important de l’humeur qui peut être suscité acilement et disparaître rapidement, dû à un aaiblisse ment des mécanismes rontaux corticosous corticaux sousjacents à la maîtrise volon taire (cognitive) des réactions émotionnelles.
Négligence : Incapacité ou reus de combler les besoins de première nécessité d’une personne, comme l’aection, l’alimentation, l’habille ment, le logement, la sécurité, les soins médi caux, l’éducation, la stimulation sociale. Neuroanatomie : Étude de la localisation des structures du système nerveux et de leurs rela tions spatiales.
Létalité : Potentiel d’entraîner la mort.
Neuroendocrinologie : Étude de la relation entre le système nerveux et le système endo crinien.
Lobe : Portion arrondie d’un organe du corps délimitée par des sillons ou des échancrures nettes à la surace de l’organe.
Neuropeptide : Peptide utilisé par l’organisme comme neurotransmetteur tel que l’endorphine et les enképhalines.
Locus de contrôle (ou lieu de contrôle) : Trait de personnalité dans lequel se manieste la croyance ondamentale que ce qui arrive dans la vie résulte des propres actions de la personne (attribution de causalité interne) ou, au contrai re, d’infuences extérieures (attribution de cau salité externe).
Neurophysiologie : Étude du onctionnement des cellules et des circuits du système nerveux.
Logorrhée : Besoin irrésistible de parler, ob servé particulièrement dans les états d’excita tion de certains troubles mentaux.
Maladie de Parkinson : Maladie chronique dégénérative aectant la onction motrice, résultant de la diminution de production de dopamine par les cellules de la substance noire du cerveau. Maltraitance : Acte de nature physique ou mora le, commis ou omis par des gures en situation de pouvoir, compromettant ainsi l’intégrité ou le bienêtre physique et moral de la victime. Mécanisme de défense : Stratégie à laquelle l’ego (le moi) ait appel pour maîtriser ou gérer l’an xiété. Elle protège la personne contre toute me nace à son intégrité physique, mentale et sociale. Méditation de pleine conscience : Pratique qui consiste à porter intentionnellement attention aux expériences internes (sensations, émotions, pensées, états d’esprit) ou externes du moment présent, sans porter de jugement de valeur. Médullosurrénale : Partie centrale de la glande surrénale qui sécrète les hormones du groupe des catécholamines (adrénaline et noradréna line). Modèle Expanded Chronic Care Model : Version élargie du Chronic Care Model qui vise à améliorer la gestion des maladies chroniques en première ligne et qui est notamment utilisée dans le traitement en première ligne des trou bles dépressis et anxieux au Québec. Mydriase : Dilatation anormale de la pupille.
Neuroplasticité : Capacité de l’encéphale de modier sa structure et son onctionnement. Neurotransmetteur : Substance qui assure la transmission de l’infux nerveux entre un neu rone et un autre neurone ou une cellule mus culaire, sensorielle ou glandulaire cible. Neurotrophine : Catégorie de molécules qui a pour onction de maintenir le neurone en vie et de aciliter la croissance de ses prolonge ments. Non-responsabilité criminelle pour cause de troubles mentaux : Incapacité pour un accusé, au moment des aits, de « juger de la nature et de la qualité » de son acte (Code criminel, art. 16). Il n’est pas déclaré coupable (Code cri minel, art. 672.35) et, sous réserve du risque qu’il présente pour la société, il peut être libé ré inconditionnellement, libéré sous condition ou détenu dans un centre hospitalier. Noyau accumbens (Acb) : Partie de la boucle striatopallidothalamocorticale dont le onc tionnement repose sur deux neurotransmetteurs principaux (dopamine et sérotonine) et qui joue un rôle central dans le circuit de la récompense, de la dépendance et de l’eet placebo. Noyau caudé : Une des structures composant le corps strié ; le noyau caudé est responsable de l’initiation des mouvements volontaires. Noyau de la base (ou noyau gris central ou ganglion de la base) : Amas de corps cellulaires qui participent de près aux onctions motrices et associatives. Il s’agit de substance grise enouie dans la substance blanche du cerveau et du mésencéphale. Noyau suprachiasmatique : Structure cérébrale située à la base de l’hypothalamus qui est res ponsable de la régulation du rythme circadien. Nystagmus : Mouvement d’oscillation ryth mique et involontaire des yeux.
Obsession : Idée, pensée ou impulsion récur rente et persistante importune qui entraîne un accroissement marqué de l’anxiété. Outil psychométrique : Instrument de mesure standardisé d’un phénomène ou d’un trait psy chologique (p. ex., l’intelligence, la personna lité, l’aptitude, la dépression).
Pallidum ventral : L’un des trois noyaux or mant les noyaux gris centraux, le pallidum ventral retransmet l’inormation des autres noyaux vers le thalamus. Paralangage : Moyens auxiliaires de la parole qui ajoutent à la valeur communicative du mes sage parlé et qui parois y suppléent : gestes, regard, mimique, expression de la physiono mie, etc. Paraphilie : Groupe de comportements appar tenant à la description clinique des déviations sexuelles, qui se caractérisent par des an tasmes et des pulsions sexuels inappropriés pouvant entraîner des gestes sexuels déviants. Parasomnie : Comportements anormaux pen dant le sommeil (p. ex., les cauchemars, le somnambulisme). Participation citoyenne : Engagement indivi duel ou collecti visant des transormations sociales par une participation aux processus décisionnels, que ce soit dans la communauté, sur le territoire local, dans la région ou à l’échelle nationale. Pédophilie : Attirance sexuelle, pour une per sonne de 16 ans et plus, exclusive ou non, envers des enants prépubères (habituellement de moins de 13 ans). Pensée automatique : Pensée qui apparaît spon tanément dans le discours intérieur de la personne. Pensée dichotomique : Distorsion cognitive courante selon laquelle une personne voit les situations comme étant entièrement bonnes ou entièrement mauvaises. Permanence de l’objet : Notion selon laquelle l’objet continue d’exister même s’il disparaît du champ percepti. Persévération : Continuation, répétition anor male d’une réaction lorsque la situation qui l’a provoquée a disparu. Personnalité : Ensemble des caractéristiques aectives, émotionnelles, dynamiques géné rales de la manière d’être d’une personne, selon sa açon de réagir aux situations dans lesquel les elle se trouve. Peur : Réaction émotionnelle, qui se rapporte à une menace dénie, le plus souvent connue.
Plainte psychogénique : Plainte dont l’origine est psychique.
Punition : Réponse déplaisante qui vise à ré duire la réquence d’un comportement.
Plan de services individualisé : Outil élaboré à partir de l’évaluation des besoins d’un client et avec la participation active de ce dernier et de ses proches, qui permet la planication et la coordination des services oerts par un éta blissement, en collaboration avec d’autres établissements ou organismes.
Putamen : Structure qui orme, avec le noyau caudé et le pallidum, les noyaux gris centraux. Il participe à l’intégration sensorimotrice et au contrôle moteur.
Plan d’intervention : Outil qui sert à la coordi nation des services lorsque plusieurs interve nants d’un même établissement orent des services au client. Il contient les besoins du client, les objectis poursuivis, les moyens à utiliser et la durée prévisible pendant laquelle des services devront lui être ournis. Plat (aect) : Expression aective absente ou quasi absente. Polypharmacie : Prescription d’au moins cinq médicaments. Positron : Particule élémentaire de même masse que l’électron, mais de charge positive. Postvention : Soutien aux personnes en deuillées par le suicide d’un proche. Potentiel d’action : Fluctuation électrique (dépolarisation et repolarisation) à la surace d’une membrane neuronale, qui permet la pro duction d’un infux nerveux. Prémorbide : Avant l’apparition de la maladie. Problème associé de santé mentale ou lié à une substance : Présence d’un problème de santé diagnostiqué auquel s’ajoutent des symp tômes d’un autre trouble mental, qui engen drent une sourance ou des dicultés de onctionnement, mais qui n’atteignent pas le seuil clinique. Prodrome (ou stade prodomique) : Signe avant coureur d’une maladie qui précède l’apparition d’un trouble. Proxémie : Utilisation de l’espace, de la distance. Psychoéducation : Discipline qui traite de l’ina daptation psychosociale d’une personne, des moyens de la prévenir ou d’en réduire la portée. Psychoneuro-immuno-endocrinologie : Étude des interrelations entre les onctions mentales, le système nerveux, le système immunitaire et le système endocrinien. Psychothérapie : Processus d’accompagnement psychorelationnel de personnes en sourance à des ins d’élucidation, d’élaboration et d’émancipation. Psychothérapie systématisée : Psychothérapie dont le processus et le cadre sont homogènes et dont le contrat est ormel. Psychotrope : Substance qui agit sur le psy chisme en modiant le onctionnement mental, entraînant des changements dans les percep tions, l’humeur, la conscience, le comporte ment et diverses onctions psychologiques et organiques.
Questionnement socratique (ou maïeutique) : Méthode reposant apparemment sur l’interro gation et se proposant d’amener un interlocu teur à prendre conscience de ce qu’il sait implicitement, à l’exprimer et à le juger.
Réaction auto-immune : Réaction immune diri gée contre son propre système. Réaction de lutte ou de uite : Augmentation d’énergie mentale et physique et présence d’une vigilance accrue, qui préparent la per sonne à combattre ou à uir un stresseur. Réadaptation : Processus qui acilite le retour d’une personne à un niveau optimal de onc tionnement autonome dans la communauté. Réduction des méaits : Approche centrée sur la diminution des conséquences négatives de l’usage des drogues (ou tout autre com portement à risque) plutôt que sur l’arrêt de l’usage. Refet : Reormulation, expression en miroir de ce que dit ou vit le client. Régime de protection : Mesure spécique pour protéger les personnes jugées inaptes. Relaxation progressive : Technique qui consiste à contracter les muscles avant de les décontrac ter pour diminuer et apaiser les tensions. Rémission : Récupération complète d’un onc tionnement de base et absence de symptômes. Renorcement : Réponse positive qui consolide un comportement particulier. Représentant légal : Personne nommée pour agir au nom d’une personne inapte, en respec tant ses droits, son autonomie et sa vie privée. Réseau social : Ensemble de liens créés par les interactions d’une personne avec des per sonnes autres que sa amille. Résilience : Capacité d’un sujet qui ait ace à des stress importants au cours de son existence de mettre en jeu des stratégies d’adaptation lui permettant non seulement de tenir le coup, mais de rebondir en tirant un certain prot d’un tel arontement. Résistance : Tout ce qui, dans les paroles et les comportements du client, s’oppose à l’accès de celuici à son inconscient. Restructuration cognitive : Processus de recon naissance des pensées (souvent automatiques) et des attitudes inadaptées (négatives, erronées, Glossaire
G885
irrationnelles ou irréalistes) pour les remplacer par des pensées ou attitudes plus adaptées. Rétablissement : Capacité pour une personne de réaliser ses objectis personnels et d’accéder à une vie satisaisante et utile malgré les incon vénients causés par un trouble mental. Rétroaction : Intervention par laquelle l’infr mière communique ses impressions au client afn de lui ournir un éclairage sur une situation particulière et de l’aider à orienter ses choix. Rhabdomyolyse : Destruction du tissu des muscles striés, entraînant la libération dans le sang d’un pigment musculaire toxique, la myoglobine. Risque de suicide : Probabilité qu’une personne se suicide au cours des deux prochaines années. Rumination : Pensées répétitives indésirables qui occupent l’esprit d’une personne de açon obsédante. Rythme circadien : Cycle biologique diurne nocturne réparti sur 24 heures.
Salade de mots : Communication de mots réels et imaginaires qui n’ont pas d’ordre logique. Santé mentale positive : Présence de bienêtre émotionnel, de bienêtre psychologique et de bienêtre social. Scissure : Rainure du cortex cérébral qui s’étend proondément dans le cerveau. Sérotonine : Neurotransmetteur qui, par son action sur plusieurs récepteurs, est impliqué dans la régulation de l’humeur, de l’anxiété, et des comportements impulsis violents. Service de deuxième ligne : Service qui ore une expertise spécialisée pour traiter les per sonnes ayant des troubles mentaux plus graves débordant des services de première ligne. Service de première ligne : Service universel lement accessible et oert près des milieux de vie des personnes ; il cherche à promouvoir la santé, à prévenir les maladies et à orir des services diagnostics, curatis et de réadaptation à toute la population. Service de troisième ligne : Service oert dans un nombre limité d’endroits et qui s’adresse à des personnes ayant des troubles mentaux dont la complexité requiert une expertise ultra spécialisée ; accessible seulement sur recom mandation d’un proessionnel de la santé. Sillon : Rainure peu proonde du cortex cérébral. Soin ambulatoire : Soin oert à une personne ne nécessitant pas d’hospitalisation, mais un séjour d’une courte durée en établissement de santé variant de quelques heures à un jour. Soin de collaboration : Modèle de pratique au sein duquel les utilisateurs de services et leurs proches, ayant leur propre expérience,
G886
Glossaire
travaillent en collaboration avec des prestataires de soins et de services, chacun doté d’une or mation et d’une expérience clinique particulière. Soin partagé : Modèle d’organisation de ser vices ciblant la collaboration avec les presta taires de soins et de services qui visent à optimiser la coordination des services entre les omnipraticiens, les psychiatres et les équipes interdisciplinaires de santé mentale qui sont déployés dans la communauté. Somatisation : Processus inconscient visant à transérer, à transormer des difcultés aec tives en troubles somatiques onctionnels : céphalées, migraines, dysphagie, rhumatismes, eczéma, etc. Somatique : Qui a rapport au corps. Sommeil : État physiologique périodique pen dant lequel la vigilance et d’autres activités cérébrales sont suspendues dans le but de pro curer du repos à l’organisme. Sommeil à activité rapide (ou sommeil rapide ou sommeil paradoxal) : Deuxième phase du cycle du sommeil qui correspond à un état d’activité cérébrale intense (proche de celle en phase d’éveil). Le dormeur est difcile à ré veiller, son tonus musculaire est aboli, et il ya présence de mouvements oculaires rapides. Sommeil à ondes lentes (ou sommeil lent) : Première phase du cycle du sommeil qui cor respond à la période d’endormissement et qui va jusqu’au sommeil proond, durant laquelle l’activité cérébrale connaît un ralentissement important. Soutien d’intensité variable : Suivi de première ligne qui vise à accroître l’autonomie du client en l’aidant à acquérir des aptitudes personnel les et à les maniester ; l’intensité de service varie de quelques rencontres par semaine à quelques rencontres par mois, selon les besoins du client. Soutien social : Assistance émotionnelle ou tangible procurée par le réseau social. Stratégie d’adaptation : Ensemble des actions cognitives et comportementales qui permettent à une personne de modifer sa perception du problème considéré comme stressant ou de gérer sa détresse émotionnelle causée par l’éva luation de du stresseur. Stress : Ensemble des perturbations biologiques et psychologiques provoquées par une agres sion quelconque sur l’organisme. Stress biologique : Réaction d’adaptation de l’organisme à une agression quelconque pour maintenir l’équilibre de l’état intérieur. Lors qu’il s’installe trop longtemps, il engendre des symptômes psychiques ou physiques. Striatum : Structure ormée par le noyau caudé et le putamen. Suicide : Mort causée de açon intentionnelle par soimême.
Suivi intensi dans la communauté : Type de suivi en équipe interdisciplinaire avec visites du client plusieurs ois par semaine et même plusieurs ois par jour (pas nécessairement par le même intervenant chaque ois), approprié en cas de trouble mental grave qui entrave sérieusement le onctionnement de la personne sur une longue période. Suivi systématique : Mode d’organisation uti lisé par un établissement pour assurer la conti nuité et l’intégration des soins et des services de santé. Symptôme foride : En psychiatrie, terme uti lisé afn de qualifer un épisode psychotique aigu qui est riche en symptômes positis de la psychose. Symptôme négati : Manque ou absence de comportements spontanés ou attendus. Symptôme positi : Symptôme qui s’ajoute à une personnalité et qui n’existait pas avant (p. ex., des hallucinations, des idées délirantes). Symptôme rebond : Syndrome transitoire qui se manieste à l’arrêt d’un traitement, sous orme d’une exacerbation de l’aection qui avait motivé le traitement initial (p. ex., l’in somnie de rebond après l’arrêt d’un somnière). Symptôme neurovégétati : Perturbation du sys tème nerveux qui régit le onctionnement des viscères et entretient les onctions vitales de base (respiration, circulation, digestion, excré tion) telle que des perturbations du sommeil, une modifcation de l’appétit, de la atigue. Symptôme somatique : Maniestation perçue par la personne d’un processus pathologique atteignant le corps, par opposition avec la dimension psychologique. Symptôme sous-syndromal : Maniestation cli nique réduite, minimale, partielle ou transi toire en deçà de la présentation attendue de l’ensemble des signes cliniques subjectis et objectis d’une maladie ou d’un processus pathologique. Synapse : Région de contact et de transert d’inormation entre deux neurones. Syndrome de glissement : Décompensation rapide de l’état général aisant suite à une aec tion aiguë qui est en voie de guérison et qui pa raît guérir. La personne semble reuser incon sciemment de vivre. Syndrome de la porte tournante : Vaetvient incessant des clients en psychiatrie entre le centre hospitalier et la communauté. Syndrome de retrait : Ensemble des symptômes de sevrage à la suite de l’arrêt d’une substance ou d’un comportement ayant entraîné une dépendance et qui se traduit par une modifca tion comportementale avec des répercussions physiologiques et psychologiques (p. ex., de l’insomnie, de l’angoisse, des nausées, des dou leurs, des rissons).
Syndrome de sevrage : Ensemble de symp tômes provoqués par l’arrêt brusque de consommation d’une substance psychotrope. Syndrome d’immobilisation : Diminution de la capacité onctionnelle due à une réduction de la mobilité et de l’endurance.
Transert : En psychanalyse, déplacement d’une conduite émotionnelle par rapport à des événements du passé, spécialement associés aux parents, qui serait projetée sur la personne du thérapeute au cours du traitement. Travail posté : Travail à des horaires atypiques.
Syndrome d’inhibition : Forme de stress patho logique qui apparaît lorsque des situations de stress répétitis et intenses amènent la personne à cesser de réagir, ce qui met sa vie en danger.
Trouble amnésique : Trouble de la mémoire pour lequel la personne a de la difculté à mémoriser de l’inormation nouvelle ou à se souvenir de nouveaux apprentissages.
Syndrome général d’adaptation (SGA) : Ensemble des réactions de déense de l’orga nisme provoquées par un stresseur et qui permettent de aire ace à une menace (réelle ou perçue).
Trouble cogniti : Trouble du onctionnement du cerveau, temporaire ou permanent, avec perturbation et détérioration des acultés cognitives telles que la mémoire, l’attention, les onctions exécutives et les habiletés visuo constructives.
Syndrome métabolique : Ensemble de acteurs de risque avorisant directement l’apparition de maladies cardiovasculaires et du diabète de type 2. Syndrome sérotoninergique : Accumulation excessive de sérotonine qui ait suite à l’inte raction de plusieurs médicaments et qui peut se traduire par des réactions graves telles qu’un choc cardiovasculaire, des convulsions, de l’hyperthermie, voire le décès. Système limbique : Ensemble des structures situées à la ace interne de chaque hémisphère comprenant l’hippocampe, le ornix, les corps mamillaires, les noyaux septaux, l’amygdale et la bandelette diagonale de Broca. Système nigrostrié : Groupe de neurones se situant dans la substance noire et se projetant vers le striatum. Ils sont impliqués dans l’ini tiation des mouvements volontaires et leur dysonctionnement explique les symptômes de la maladie de Parkinson.
Trouble cogniti léger : Perte de mémoire qui ne nuit pas nécessairement aux activités de la vie quotidienne. Trouble comorbide : Présence de deux maladies ou de deux troubles ou plus dans une période de temps défnie, dont l’étiologie et le dévelop pement peuvent être associés ou indépendants. Trouble concomitant (ou cooccurrent) : Présence simultanée, chez une même personne, de deux ou de plusieurs troubles dont au moins un est lié aux substances. Trouble de l’adaptation : Réponse psycholo gique à une ou plusieurs situations stressantes causant des symptômes émotionnels et psycho logiques signifcatis et ne répondant pas aux critères des troubles anxieux ou de l’humeur. Trouble de l’alimentation : Perturbation grave du comportement alimentaire. Trouble des conduites alimentaires non spécifé : Catégorie de troubles qui ne remplissent pas les critères propres à un trouble de l’ali mentation.
Tachypsychie : Déroulement anormalement rapide de la pensée et des associations (idées), qui s’observe dans la manie.
Trouble dysphorique prémenstruel : Syndrome prémenstruel dont les maniestations psycho logiques sont très prononcées.
Tempérament : Manière de penser, de se com porter et de réagir caractéristique de chaque personne (innée). Ce concept renvoie aux ten dances de comportement et non aux actes de comportement précis.
Trouble dysthymique : État de tristesse chro nique ne satisaisant pas les critères nécessaires pour diagnostiquer un trouble dépressi majeur. Les symptômes se ont ressentir la majorité du temps sur une période d’au moins deux ans.
Tolérance croisée : Tolérance d’un organisme qui s’étend à d’autres produits après exposition durable à un produit particulier et qui néces site d’augmenter la dose dès la première admi nistration pour retrouver l’eet désiré.
Trouble mental grave : Trouble mental entraînant un niveau d’incapacité qui interère de açon importante dans les relations interpersonnelles, les compétences sociales de base et la capacité onctionnelle dans la production d’un travail.
Toxicité : Propriété d’une substance qui peut empoisonner un organisme vivant.
Tutelle au majeur : Régime de protection, mis en place par décision judiciaire uniquement, et qui vise à assurer le bienêtre de la personne inapte partiellement ou temporairement à prendre soin d’ellemême ou à gérer ses biens et qui a besoin d’être représentée dans l’exer cice de ses droits civils. Ce régime peut s’appli quer selon trois modes : la tutelle aux biens seulement, la tutelle à la personne seulement ou la tutelle aux biens et à la personne.
Traitement intégré (ou intégration des soins) : Organisation des soins qui consiste à ce qu’un même clinicien ou des équipes coordonnées orent un soutien psychosocial et des soins cohérents pour l’ensemble des troubles men taux ou liés à une substance dont est atteint un client, assurant ainsi une meilleure continuité des soins.
Urgence d’ordre psychiatrique : Perturbation psychologique grave et soudaine nécessitant une intervention immédiate afn de préserver l’inté grité psychologique et physique de la personne. Urgence suicidaire : Évaluation de la probabi lité d’un passage à l’acte suicidaire dans les 48 prochaines heures.
Vasospasme central : Diminution soudaine de la lumière des artères cérébrales qui compro met dangereusement l’irrigation des structures cérébrales. Vieillissement réussi : Fonctionnement général élevé de la personne âgée, comprenant un maintien des capacités onctionnelles ou des atteintes très modérées de ces dernières, et ce, en l’absence de pathologies. Violence : Expression de sentiments, tels que la colère, en vue de aire du mal ou de détruire. Elle peut être psychologique, physique, sexuelle, économique et inclure la négligence et la violation des droits de la personne. Virus de l’immunodéfcience humaine (VIH) : Virus mortel qui détruit le système immuni taire et qui cause le syndrome d’immunodéf cience acquise (sida). Vision discriminatoire : Fait de percevoir puis de séparer ou de traiter un groupe de per sonnes de manière diérente, généralement de açon négative. Voie de ait : Utilisation de la orce ou menace d’utiliser la orce, directement ou indirecte ment, avec ou sans arme, contre une personne, sans son consentement.
Glossaire
G887
SOURCES ICONOGRAPHIQUES Chapitre 1 6 (haut) : Rehan Qureshi/Shutterstock.com; 6 (bas) : Muller, Charles Louis Lucien (1815-92). Philippe Pinel (1745-1826) releasing lunatics rom their chains at the Bicetre asylum in Paris in 1793, c.1840-50 (oil on canvas) (detail o 163956), Muller, Charles Louis Lucien (1815-92)/Académie de médecine, Paris, France/Archives Charmet/The Bridgeman Art Library; 12 : lenetstan/Shutterstock.com; 18 : Monkey Business Images/Shutterstock.com; 20 : Kzenon/ Shutterstock.com; 22 : Lisa F. Young/Shutterstock.co ; 23 : StockLite/Shutterstock.com; 26 : RAGUET H./ BSIP ; 28 : michaeljung/Shutterstock.com.
Chapitre 2 34 : © Kirill Zdorov/Dreamstime.com; 36 : Patrick Heagney/iStockphoto; 38 : Tiré de ministère de la Santé et des Services sociaux (2011). Orientations relatives à l’organisation des soins et des services oerts à la clientèle adulte des équipes en santé mentale de première ligne en CSSS. Gouvernement du Québec ; 46 : Stéphane Morin; 48 : svetikd/iStockphoto.
Chapitre 3 54 : © Andrey_Arkusha/Fotolia; 55 : Adapté de ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) (2005). Plan d’action en santé mentale 2005-2010 – La orce des liens. Québec, Qc : MSSS, p. 13; 56 : Bob Thomas/Getty Images; 58 : Alexander Raths/ Shutterstock; 59 : Capirutta/Shutterstock ; 61 : Stígur Karlsson/iStockphoto; 63 : Mark Bowden/iStockphoto; 64 : Paula Connelly/iStockphoto; 65 : Adapté de Doengens, M., & Moorhouse, M.F. (2008). Application o nursing process and nursing diagnosis. Philadelphia : F.A. Davis; 67 (haut) : kristian sekulic/ iStockphoto; 67 (bas) : Regroupement des directrices des soins infrmiers des établissements psychiatriques du Québec; 68 : Joan Vicent Cantó Roig/iStockphoto.
Chapitre 4 74 (haut) : Pietus/Shutterstock.com; 74 (bas) : auremar/Shutterstock.com; 75 : Adapté de Ordre des infrmières et des infrmiers du Québec (OIIQ) (2002). Énoncé de principes sur la documentation des soins inrmiers, p. 15; 76 : iooto/Shutterstock.com; 88 : Capirutta/Shutterstock; 89 : Serge Rousseau; 95 (haut) : B. BOISSONNET/BSIP; 95 (bas) : OLJ Studio /Shutterstock.com.
Chapitre 5 100 : takayuki/Shutterstock.com; 105 : Adam Gregor/ Shutterstock.com; 107 : Alexander Raths/Shutterstock. com; 109 : Adapté de Boyd, M.A. (2005). Psychiatric Nursing: Contemporary Practice (3rd ed.). Philadelphia : Lippincott, Williase & Wilkins; 110 : SelectStock/ iStockphoto; 112 : SelectStock/iStockphoto; 115 (haut) : Adapté de Wikipédia (2012). Fenêtre de Johari. [En ligne]. http://r.wikipedia.org/wiki/Fen%C3%AAtre_ de_Johari (page consultée le 24 août 2012); 115 (bas) : Chris Fertnig/iStockphoto; 117 : Serge Rousseau; 119 (gauche): © Morpheusm/Dreamstime.com;
S888
Sources iconographiques
119 (droite) : Alina Solovyova-Vincent/iStockphoto; 129 : Blend Images/Shutterstock.com.
Chapitre 6 136 (haut) : Blend Images/Shutterstock.com; 136 (bas) : © Juliengrondin/Dreamstime.com; 141 : SPL/BSIP; 145, 146 : Tiré de Bernheim, E. (2011). Garde en établissement et autorisation de soins : quel droit pour quelle société ? Cowansville, Qc : Yvon Blais; 155 : Juanmonino/iStockphoto.
Chapitre 7 164 : © Stephanie Swartz/Dreamstime.com; 165 : Reproduites avec la permission de QA International, www.qa-international.com, illustration tirée de Le dictionnaire visuel, © QA International, 2003. Tous droits réservés; 166, 177 : Tiré de Thibodeau, G.A., & Patton, K.T. (2009). Anatomy & physiology (7th ed.). St. Louis, Mo. : Mosby; 170 (gauche) : © Amuzica/ Dreamstime.com; 170 (droite) : Tiré de Thibodeau, G.A., & Patton, K.T. (2009). Anatomy & physiology (7th ed.). St Louis, Mo. : Mosby; 174 : Eduardo Jose Bernardino/iStockphoto; 175 : Serge Rousseau; 176 : Tirée du site http://nprenant.ree.r/antastique/lereve. html; 179 : © Maksym Bondarchuk/Dreamstime.com.
Chapitre 8 184 (haut): auremar/Shutterstock.com; 184 (bas) : Tiré de Santrock, J. W. (2011). Educational psychology (5th ed.). New York: McGraw Hill. p. 41; 186 (en haut, à gauche) : Tiré de ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) (2010). État de la population québécoise. Quelques repères, p. 21; 186 (en haut, à droite) : Tiré de Statistique Canada (2005). Recensements du Canada, Projections démographiques pour le Canada, les provinces et les autres territoires, 2005; 186 (bas) : Tiré de ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) (2010). Cadre conceptuel de la santé et de ses déterminants, Résultats d’une réfexion commune. [En ligne]. http://publications. msss.gouv.qc.ca/acrobat//documentation/2010/ 10-202-02.pd (page consultée le 9 mars 2013); 191 : Blend Images/Masterfle; 196 : Serge Rousseau; 201 : Tiré de Sorrentino, S.A. (1996). Mosby’s textbook or nursing assistants (4th ed.). St. Louis, Mo. : Mosby; 202 : Cardinal, L., Langlois, M.-C., Gagné, D., & Tourigny, A. (2008). Dans Perspectives pour un vieillissement en santé : proposition d’un modèle conceptuel. Agence de la santé et des services sociaux de la Capitale-Nationale, Direction de santé publique et Institut national de santé publique du Québec, p. 24. [En ligne]. www.inspq.qc.ca/pd/publications/860_ PerspectiveVieillissementSante.pd (page consultée le 9 mars 2013); 204 : Brian Eichhorn/Shutterstock.com.
Chapitre 9 210 : drbimages/iStockphoto; 212 : © Pavel Filatov/ Alamy; 213, 215 : Stéphane Morin; 216 : Adapté de Brascoupé, S. (2010). Organisation nationale de la santé autochtone (ONSA). Ottawa, Ont. ; 217 (haut) : Adapté de ministère de l’Immigration et des Communautés culturelles (2009). Population immigrée recensée au Québec et dans les provinces en
2006: caractéristiques générales. Québec, Qc : Publications du Québec; 217 (bas) : Tiré de Bulletin statistique sur l’immigration permanente au Québec 4e trimestre et année 2011. Ministère de l’Immigration et des Communautés culturelles, Direction de la recherche et de la prospective, p. 6; 218 : Tiré de Bulletin statistique sur l’immigration permanente au Québec - 4e trimestre et année 2011, ministère de l’Immigation et des Communautés culturelles, Direction de la recherche et de la prospective; 221 : © Daniel Garcia/Dreamstime.com.
Chapitre 10 228 : microcosmos/Shutterstock.com; 229, 230 : Potter, P.A., & Perry, A.G. (Eds). (2009). Fundamentals o nursing (7th ed.). St. Louis, Mo : Mosby Elsevier; 240 : Jessmine/Shutterstock.com.
Chapitre 11 246 : Joan Vicent Cantó Roig/iStockphoto; 247 : Gracieuseté de Mark George, MD, National Institute o Mental Health Biological Psychiatry Branch, U.S. Department o Health and Human Services, Washington, DC; 255 : Adaptés de Kjernisted, K. (2012). Le trouble bipolaire pour les médecins de amille. Clinicien plus, mai, p. 34; 260 : Stéphane Morin; 281 : largeormat4×5/iStockphoto.
Chapitre 12 288 : bobbieo/iStockphoto; 296, 297 : Stéphane Morin; 306 : Garo/Phanie; 308 : Mark Bowden iStockphoto; 313 : © Andres Rodriguez/Dreamstime.com.
Chapitre 13 318 : drbimages/iStockphoto; 326 : Serge Rousseau; 330 : kristian sekulic/iStockphoto; 337 : Juanmonino/ iStockphoto.
Chapitre 14 344 : KIVILCIM PINAR/iStockphoto; 346 : Gracieuseté de Daniel R. Weinberger, MD, Chie Researcher, Clinical Brain Disorders Branch, National Institute o Mental Health, Bethesda, Md. ; 347 (haut) : Michel Rouleau; 349 : © Maurizio Milanesio/Dreamstime. com; 353 : Serge Rousseau; 358 : © Giedrius Zaleckas/ Dreamstime.com; 362 : Serge Rousseau; 373 : Rob Marmion/Shutterstock.com; 374 : The Power o Forever Photography/iStockphoto; 375 : Dmitry Berkut/Shutterstock.com; 381 : NI QIN/iStockphoto.
Chapitre 15 388 : © Mocker/Dreamstime.com; 394 (haut) : © borisz/iStockphoto; 394 (bas), 397 : Serge Rousseau; 402 : © Paula Connelly/iStockphoto; 405 : © Richard Clark/iStockphoto; 406 : © Ruslan Dashinsky/ iStockphoto; 409 : B BOISSONNET/BSIP/SuperStock; 410 : Le Nouvelliste. Photo Ève Guillemette; 411 : © Alina Solovyova-Vincent/iStockphoto; 417 : Piotr Marcinski/Shutterstock.com.
Chapitre 16
Chapitre 21
424 : Robert Kneschke/Shutterstock.com; 428 : Diego Cervo/Shutterstock.com; 432 : Gracieuseté de ÉDUC’ALCOOL; 445 : Michel Rouleau; 452 : Ned White/iStockphoto; 467 : © bertys30 - Fotolia.com; 468 : Alina Solovyova-Vincent/iStockphoto; 471 : Alexander Tihonov.
598 : zhang bo iStockphoto; 600 : Richard Clark/ iStockphoto; 601 : Tiré de Tamminga, C.A. et al. Recherche non publiée. Maryland Research Center, University of Maryland at Baltimore; 638 : Silvia Jansen/iStockphoto.
Serge Rousseau; 725 : BURGER/PHANIE; 727 : B. Boissonnet/BSIP; 730 : kali9/ iStockphoto; 731 : Dean Mitchell/iStockphoto; 733 : forestpath/ Shutterstock.com.
Chapitre 26
644 : iStockphoto/Thinkstock; 651 : Serge Rousseau; 654 : Juanmonino/iStockphoto.
740 : © Pavlo Lysenko/Dreamstime.com; 741 : Jacob Wackerhausen/iStockphoto; 742 : Chris Schmidt/ iStockphoto; 746 : Paul Vasarhelyi/iStockphoto; 750 : Mary Hope/iStockphoto; 753 : manley099/ iStockphoto; 762 : Laurin Rinder/Shutterstock.com.
Chapitre 23
Chapitre 27
512 (gauche) : lithian/Shutterstock.com; 512 (droite) : © Dan Pearson Photography/Alamy; 529 : Nicky Jacobs/Shutterstock.com.
660 : iStockphoto/Thinkstock; 661 : Dean Mitchell/ iStockphoto; 662 : Steve Debenport/iStockphoto; 668 : Serge Rousseau; 670 : Nataliya Hora/ Shutterstock.com.
770 : Roel Smart/iStockphoto; 771 : Adapté de Aguilera, D.C. (1998). Crisis intervention: Theory and methodology (8th ed.). St.Louis, Mo. : Mosby; 777 : Stéphane Morin; 783 : © Katseyephoto/ Dreamstime.com.
Chapitre 19
Chapitre 24
536 : drbimages/iStockphoto; 537 : Tiré de Morin, C. (2009). Vaincre les ennemis du sommeil. Montréal : Les Éditions de l’Homme, p. 18; 538 : Tiré de McCance, K.L., & Huether, S.E. (2006). Pathophysiology: The biologic basis or disease in adults and children (5th ed.). St, Louis, Mo. : Elsevier; 542 : Serge Rousseau; 543 : Stéphane Morin; 546 : Gracieuseté de madame Évelyne Martello; 554 : kaanbelek/iStockphoto.
678 : Jerry Koch/iStockphoto; 688 : Adapté de Tami, M. (2011). The case or physical-behavioral health integration. Thomson Reuters Healthcare. April 14; 691 : Modèle d’intégration des soins selon le degré de gravité des troubles présentés (adaptation du modèle de SAMSHA). Comité permanent sur les troubles concomitants (2005). Toxicomanie, jeu pathologique et troubles mentaux : Pour une intervention efcace des centres et de leurs partenaires. Fédération québécoise des centres de réadaptation pour personnes alcooliques et autres toxicomanes (devenue en 2008 l’Association des centres de réadaptation en dépendance du Québec), Montréal, p. 19; 698 : Kemter/iStockphoto.
Chapitre 17 478 : Joris van Caspel/iStockphoto; 481 : © Atikinka/ Dreamstime.com ; 506 : Volodymyr Baleha.
Chapitre 18
Chapitre 20 562 : Jaimie Duplass/Shutterstock.com; 575 : Adapté de Chaloult, L. (2008). La thérapie cognitivocomportementale. Théorie et pratique. Boucherville, Qc : Gaëtan Morin Éditeur, p. 174. 579 : Adapté de Wright, L., & Leahey, M. (2003). L’infrmière et la amille : Guide d’évaluation et d’intervention. Paris : De Boeck; 591 : Diego Cervo/Shutterstock.com.
Chapitre 22
Chapitre 25 704 : iStockphoto/Thinkstock; 706 : RICHARD HUTCHINGS/Getty Images; 708, 715, 718, 721, 723 :
Chapitre 28 790 : mediaphotos/iStockphoto; 794 : Serge Rousseau; 807 : Lisa-Blue/iStockphoto; 810 : Maya Kruchankova/ Shutterstock.com.
Chapitre 29 816 : lanych/Shutterstock.com; 817, 818 : Tiré de Organisation mondiale de la santé (OMS) (2011). Rapport mondial sur la violence et la santé. [En ligne]. www.who.int/violence_injury_prevention/ violence/world_report/en/full_fr.pdf (page consultée le 9 mars 2013); 822 : Tiré de Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) (2012). Trousse Média sur la violence conjugale. [En ligne]. http:// securitetraumatismes.inspq.qc.ca/violenceconjugale/ de-quoi-parle-t-on.aspx#cycle (page consultée le 9 mars 2013); 832 : Jupiterimages/Getty Images; 848 : Benoit Paillé/Getty Images.
Sources iconographiques
S889
RÉFÉRENCES DE L’ÉDITION FRANÇAISEa
Note : Les encadrés « Critères diagnostiques » présentés dans ce manuel sont extraits de l’American Psychiatric Association (2004). Mini DSM-IV-TR. Critères diagnostiques (Washington, D.C., 2000). Traduction rançaise par J.-D. Guelf et al. Paris : Elsevier Masson SAS, 384 pages. Tous droits réservés. First published in the United States by American Psychiatric Publishing, a Division o American Psychiatric Association, Washington, D.C. Copyright, © 2000, All rights reserved. Used with permission. Translation o text into rench has not been verifed or accuracy by the American Psychiatric Association.
Chapitre 1 Adams, L. (2008). Mental health nurses can play a role in physical health. Ment Health Today, oct., 27-29. American Psychiatric Association (APA) (2004). Mini DSM-IV-TR : Critères diagnostiques, (Washington, D.C., 2000). Traduction rançaise par J.-D. Guelf et al. Paris : Masson. American Psychiatric Association (APA) (2012). DSM5 : The uture o psychiatric Diagnosis. [En ligne]. www.dsm5.org/Pages/Deault.aspx (page consultée le 4 août 2012). Anthony, W.A. (2002). Pour un système de santé axé sur le rétablissement : Douze points de repère pour l’organisation d’ensemble des services. Santé mentale au Québec, 27(1), 102-113.
promotion and the Chronic Care Model. Hospital Quarterly, 7(1), 73-82.
ca/pd/strategie-text-r.pd (page consultée le 3 août 2012).
Barry, M.M. (2009). Addressing the determinants o positive mental health : Concepts, evidence and practice. International Journal o Mental Health Promotion, 11(3), 4-17.
Corrigan, P.W., Mueser, K.T., Bond, G.R., et al. (2008). Principles and practice o psychiatric rehabilitation : An empirical approach. New York : Guilord Press.
Bédard, D., Lazure, D., & Roberts, C.A. (1962). Rapport de la Commission d’étude des hôpitaux psychiatriques. Québec, Qc : Ministère de la Santé du Québec. Benbow, A. (2007). Mental illness, stigma, and the media. J Clin Psychiatry, 68(suppl. 2), 31-35. Bilsker, D. (2010). Le soutien à l’autogestion : Maximiser les eets des soins de première ligne en santé mentale. Quintessence, 2(1), janvier. Blouin, M., & Bergeron, C. (1997). Dictionnaire de la réadaptation, tome 2 : Termes d’intervention et d’aide technique. Québec, Qc : Publications du Québec. Bordeleau, M., Dumitru, V., & Plante, N. (2010). Santé mentale et bien-être des adultes québécois : Un aperçu à partir de quelques indicateurs-clés. Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes (cycle 1.2). Portrait chiré. Québec, Qc : Institut de la statistique du Québec.
Dorvil, H., & Guttman, H.A. (1997). 35 ans de désinstitutionnalisation au Québec 1961-1996. Dans H. Dorvil, H.A. Guttman, N. Ricard et al. (dir.). Défs de la reconfguration des services de santé mentale. Québec, Qc : Ministère de la Santé et des Services sociaux.
Bouchard, L., Montreuil, M., & Gros, C. (2010). Peer support among inpatients in an adult mental health setting. Issues in Mental Health Nursing, 31(9), 589598. doi : 10.3109/01612841003793049
Drew, B.L., & Delaney, K.R. (2009). National survey o psychiatric mental health advanced practice nursing : Development, process, and fnding. J Am Psychiatr Nurses Assoc, 15(2), 101-110. doi : 10.1177/1078390309333544
Boudreau, F. (1984). De l’asile à la santé mentale. Les soins psychiatriques : histoire et institutions. Montréal : Éditions coopératives Albert Saint-Martin. Brouillet, H., Roberge, P., Fournier, L., et al. (2009). Les soins en étapes, une approche prometteuse pour le traitement des troubles anxieux et dépressis. Quintessence, 1(1), octobre.
Anthony, W.A., Cohen, M.J., Farkas, M., et al. (2004b). La réhabilitation psychiatrique. Traduit par F. Elbouz & B. Heyden. Charleroi, Belgique : Socrate Éditions Promarex.
Coalition canadienne pour la santé mentale des aînés (CCSMA) (2006). Lignes directrices nationales de la CCSMA sur la santé mentale des aînés : Évaluation et prise en charge de la dépression. Toronto : CCSMA.
Australian Health Ministers (2009). National Mental Health Policy 2008. Canberra, Austr. : Australian Government Department o Health and Ageing. Barnes, M. (1973). Un voyage à travers la olie. Paris : Éditions du Seuil. Baronet, A.M. (1999). Factors associated with caregiver burden in mental illness : A critical review o the research literature. Clin Psychol Rev, 19(7), 819841. doi : 10.1016/S0272-7358(98)00076-2 Barr, V.J., Robinson, S., Marin-Link, B., et al. (2003). The expanded Chronic Care Model : An integration o concepts and strategies rom population health a
Demyttenaere, K., Bruaerts, R., Posada-Villa, J., et al. (2004). Prevalence, severity, and unmet need or treatment o mental disorders in the World Health Organization World Mental Health Surveys. JAMA, 291(21), 2581-2590. doi : 10.1001/jama.291.21.2581 Dixon, L.B., Dickerson, F., Bellack, A.S., et al. (2010). The 2009 schizophrenia PORT psychosocial treatment recommendations and summary statements. Schizophrenia Bulletin, 36(1), 48-70. doi : 10.1093/ schbul/sbp115
Anthony, W.A., Cohen, M.J., Farkas, M., et al. (2004a). La philosophie. Traduit par F. Elbouz & B. Heyden. Psychiatric rehabilitation (2nd ed). Charleroi, Belgique : Socrate Éditions Promarex.
Anthony, W.A., & Farkas, M.D. (2011). The essential guide to psychiatric rehabilitation practice. Boston : Boston University Center or Psychiatric Rehabilitation.
D’Amour, D., Goulet, L., Labadie, J.F., et al. (2008). A model and typology o collaboration between proessionals in healthcare organizations. BMC Health Services Research, 8, 188. doi : 10.1186/1472-6963-8-188
Dubé, F. (2006). Les modèles intégrés de gestion et de prévention des maladies chroniques : La théorie et les expériences étrangères. Québec, Qc : Ministère de la Santé et des Services sociaux, Direction des politiques et des orientations stratégiques. Fleury, M.J. (2009). Santé mentale en première ligne [éditorial]. Santé mentale au Québec, 34(1), 19. Fleury, M.J., & Grenier, G. (2004). Historique et enjeux du système de santé mentale québécois. Ruptures, revue transdisciplinaire en santé, 10(1), 21-38.
Combalbert, N., Favard, A.M., & Bouchard, M.A. (2001). Trouble mental et criminalité : revue critique des recherches épidémiologiques. Annales médicopsychologiques, 159(7), 487-495.
Fleury, M.J., Latimer, E., & Vallée, C. (2010). La réorme en santé mentale : Des services plus accessibles et continus pour une clientèle vulnérable. Le point en administration de la santé, 6(1), 34-39.
Comeau, L., Denoncourt, J., & Desjardins, N. (2011). Pourquoi et comment investir en promotion de la santé mentale et en prévention des troubles mentaux. Le Partenaire, 19(4), 4-12.
Fondation canadienne de la recherche sur les services de santé (FCRSSS) (2012). Module d’enseignement. À bas les mythes de la FCRSS. [En ligne]. www.crss.ca/ publicationsandresources/Mythbusters/Mythbusters TeachingResources/SearchingForEvidence.aspx (page consultée le 16 août 2012).
Commission de la santé mentale du Canada (CSMC) (2009). Vers le rétablissement et le bien-être : Cadre pour une stratégie en matière de santé mentale au Canada. Ottawa, Ont. : CSMC. Commission de la santé mentale du Canada (CSMC) (2012). Changer les orientations, changer des vies : Stratégie en matière de santé mentale pour le Canada. [En ligne]. http://strategie.commissionsantementale.
French, P. (2002). What is the evidence on evidencebased nursing ? An epistemological concern. J Adv Nurs, 37(3), 250-257. doi : 2065 [pii] Gagné, M., & Légaré, G. (2009). La mortalité par suicide au Québec : Tendances et données récentes – 1981-2007. [En ligne]. www.inspq.qc.ca/pd/
Les réérences complètes (édition originale et édition rançaise) peuvent être consultées au http://ortinash.cheneliere.ca.
R890
Références
publications/890_BulSuicide09.pd (page consultée le 4 août 2012).
International Journal o Mental Health Nursing, 17(1), 44-56. doi : 10.1111/j.1447-0349.2007.00510.x
Gouvernement du Canada (2006). Aspect humain de la santé mentale et de la maladie mentale au Canada 2006. [En ligne]. www.phac-aspc.gc.ca/publicat/ human-humain06/pd/human_ace_.pd (page consultée le 4 août 2012).
Larue, C., Dumais, A., Ahern, E., et al. (2009). Factors infuencing decisions on seclusion and restraint. J Psychiatr Ment Health Nurs, 16(5), 440-446. doi : 10.1111/j.1365-2850.2009.01396.x
Government o Great Britain Department o Health (1999). National service ramework or mental health : Modern standards and service models or mental health. Londres : Government o Great Britain Department o Health. Grubaugh, A.L., Zinzow, H.M., Paul, L., et al. (2011). Trauma exposure and posttraumatic stress disorder in adults with severe mental illness : A critical review. Clin Psychol Rev, 31(6), 883-899. doi : 10.1016/j. cpr.2011.04.003 Horwitz, A.V. (2002). The social control o mental illness. Clinton Corners, N.Y. : Percheron Press. Imboua, A., & Fleury, M.J. (2009). Médecins omnipraticiens : pratique et intégration des soins en santé mentale au Québec. Santé mentale au Québec, 34(1), 55-76. Initiative canadienne de collaboration en santé mentale (ICCSM) (2006). La série de trousses d’outils pour les prestataires de soins de santé et les planifcateurs, les usagers, les amilles et les aidants naturels, les éducateurs. Un document sommaire. [En ligne]. www.ccmhi.ca/r/products/documents/ FRToolkitExecSummaries-s.pd (page consultée le 4 août 2012). Institut canadien d’inormation sur la santé (ICIS) (2010). La dépression chez les personnes âgées dans les établissements de soins en hébergement. Ottawa, Ont. : ICIS. Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) (2008). Avis scientifque sur les interventions efcaces en promotion de la santé mentale et prévention des troubles mentaux. Québec, Qc : INSPQ. Institute o Medicine (IOM) (2010). The uture o nursing : Leading change, advancing health. [En ligne]. www.iom.edu/Reports/2010/The-Future-oNursing-Leading-Change-Advancing-Health.aspx (page consultée le 4 août 2012). Jones, M. (1953). The therapeutic community. New York : Basic Books. Keleher, H., & Armstrong, R. (2005). Evidence-based mental health promotion resource. Melbourne, Austr. : Department o Human Services and VicHealth. [En ligne]. www.health.vic.gov.au/healthpromotion/ downloads/mental_health_resource.pd (page consultée le 4 août 2012). Keyes, C.L.M. (2005). Une conception élargie de la santé mentale. Revue québécoise de psychologie, 26(1), 145-163. Keyes, C.L.M. (2008). The Mental Health Continuum – Short Form (MHC-SF) or adults. Atlanta, Ga. : Emory University. Keyes, C.L.M. (2009). Brie description o the Mental Health Continuum Short Form (MHC-SF). [En ligne]. www.sociology.emory.edu/ckeyes (page consultée le 17 août 2012). Keyes, C.L.M. (2010). The next steps in the promotion and protection o positive mental health. Can J Nurs Res, 42(3), 17-28. Lakeman, R. (2008). Practice standards to improve the quality o amily and carer participation in adult mental health care : An overview and evaluation.
Latimer, E. (2005). Community-based care or people with severe mental illness in Canada. Int J Law Psychiatry, 28(5), 561-573. Lecomte, T., & Leclerc, C. (dir.). (2004). Manuel de réadaptation psychiatrique. Sainte-Foy, Qc : Presses de l’Université du Québec. Lecomte, Y. (2008). Évolution de la pensée critique en santé mentale au Québec. Santé mentale au Québec, Numéro spécial en collaboration avec Folie/culture, La pensée critique en santé mentale, 21-58. Lesage, A., Bernèche, F., & Bordeleau, M. (2010). Étude sur la santé mentale et le bien-être des adultes québécois : Une synthèse pour soutenir l’action. Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes (cycle 1.2). Québec, Qc : Institut de la statistique du Québec. Lethinen, V., Katshchnig, H., Kovess-Maséty, V., et al. (2007). Developments in the treatment o mental disorders. In M. Knapp, D. McDaid, E. Mossialos et al. (Eds). Mental health policy and practice across Europe : The uture direction o mental health care. Maidenhead, U.K. : European Observatory on Health Systems and Policies, Open University Press. Maniglio, R. (2009). Severe mental illness and criminal victimization : A systematic review. Acta Psychiatrica Scandinavica, 119(3), 180-191. doi : 10.1111/j.1600-0447.2008.01300.x Markowitz, F.E. (2005). Sociological models o recovery. In R. Ralph & P.W. Corrigan (Eds). Recovery in mental illness : Broadening our understanding o wellness. Washington, D.C. : American Psychological Association. Mathers, C.D., & Loncar, D. (2006). Projections o global mortality and burden o disease rom 2002 to 2030. PLoS Medicine, 3(11), e442. McCormack, B. (2003). A conceptual ramework or person-centred practice with older people. International Journal o Nursing Practice, 9(3), 202209. doi : 423 [pii] McEvoy, L., & Duy, A. (2008). Holistic practice : A concept analysis. Nurse Education in Practice, 8(6), 412-419. doi : 10.1016/j.nepr.2008.02.002 McKenna, M.T., Taylor, W.R., Marks, J.S., et al. (1998). Current issues and challenges in chronic disease control. In R. Brownson, C.P.L. Remington & J.R. Davis (Eds). Chronic disease epidemiology and control (2nd ed.). Washington, D.C. : American Public Health Association. Melnik, B.M., & Fineout-Overholt, E. (2005). Evidence-based practice in nursing & healthcare : A guide to best practice. Philadelphia : Lippincott Williams & Wilkins. Mercier, C., Bourque, D., & St-Germain, L. (2009). Participation citoyenne et développement des communautés au Québec : enjeux, défs et conditions d’actualisation. [En ligne]. www4.uqo.ca/observer/ DevLocal/Gouvernance/participation.pd (page consultée le 4 août 2012). Mikkonen, J., & Raphael, D. (2011). Déterminants sociaux de la santé. Les réalités canadiennes. [En ligne]. www.thecanadianacts.org/Les_realites_ canadiennes.pd (page consultée le 4 août 2012).
Ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) (1989). La Politique de la santé mentale. Québec, Qc : Gouvernement du Québec. Ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) (1998). Stratégie québécoise d’action ace au suicide : S’entraider pour la vie. Québec, Qc : Gouvernement du Québec. Ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) (2000). Plan d’action pour la transormation des services de santé mentale : État d’avancement des travaux. Document de travail préliminaire. Québec, Qc : Groupe d’appui à la transormation des services de santé mentale, Gouvernement du Québec. Ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) (2001). Accentuer la transormation des services de santé mentale : Cibles prioritaires adoptées au Forum sur la santé mentale de septembre 2000. Québec, Qc : Gouvernement du Québec. Ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) (2005). Plan d’action en santé mentale 2005-2010 : La orce des liens. Québec, Qc : Gouvernement du Québec. Ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) (2006). Implantation de la Loi modifant la Loi sur les services de santé et les services sociaux et d’autres dispositions législatives (2005, c. 32) (Projet de loi 83). La participation citoyenne au cœur de la responsabilité populationnelle. Document de soutien. [En ligne]. http://publications.msss.gouv.qc.ca/ acrobat//documentation/2006/06-603-11.pd (page consultée le 4 août 2012). Ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) (2008a). Guichet d’accès en santé mentale pour la clientèle adulte des CSSS. La orce des liens. [En ligne]. http://publications.msss.gouv.qc.ca/acrobat// documentation/2008/08-914-08.pd (page consultée le 4 août 2012). Ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) (2008b). Programme national de santé publique 2003-2012 (mise à jour 2008). [En ligne]. www. santepubliquelaval.ca/IMG/pd/Programme_national_ de_sante_publique_2003-2012_-_mise_a_jour_2008. pd (page consultée le 4 août 2012). Ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) (2011). Orientations relatives à l’organisation des soins et des services oerts à la clientèle adulte par les équipes en santé mentale de première ligne en CSSS. La orce des liens. [En ligne]. http:// publications.msss.gouv.qc.ca/acrobat// documentation/2011/11-914-01F.pd (page consultée le 16 août 2012). Ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS). (2012). Santé mentale : Comprendre et prévenir. [En ligne]. www.msss.gouv.qc.ca/sujets/prob_sante/sante_ mentale/index.php? Comprendre_et_prevenir (page consultée le 4 août 2012). Mueser, K.T., & Gingerich, S. (2006). Complete amily guide to schizophrenia : Helping your loved ones get the most out o lie. New York : Guildord Press. Newcomer, J.W., & Hennekens, C.H. (2007). Severe mental illness and risk o cardiovascular disease. JAMA, 298(15), 1794-1796. doi : 10.1001/ jama.298.15.1794 New Freedom Commission on Mental Health (NFCMH) (2003). Achieving the promise : Transorming mental health care in America. Executive summary. [En ligne]. http://store.samhsa. gov/product/Achieving-the-Promise-TransormingMental-Health-Care-in-America-Executive-Summary/ SMA03-3831 (page consultée le 4 août 2012).
Références
R891
Noiseux, S., & Ricard, N. (2005). Le rétablissement de personnes vivant avec la schizophrénie. Perspective infrmière, 3(2), 11-22. Oeye, C., Bjelland, A.K., Skorpen, A., et al. (2009). User participation when using milieu therapy in a psychiatric hospital in Norway : A mission impossible ? Nursing Inquiry, 16(4), 287-296. doi : 10.1111/j.1440-1800.2009.00463.x Oce des proessions du Québec (OPQ) (2005). Modernisation de la pratique proessionnelle en santé mentale et en relations humaines. [En ligne]. www. sqpp.org/Rapport_Trudeau.pd (page consultée le 4 août 2012). Oce des proessions du Québec (OPQ) (2012). Le projet de loi 21 – Guide explicati. Québec, Qc : Gouvernement du Québec. [En ligne]. www.opq.gouv. qc.ca/leadmin/documents/Systeme_proessionnel/ Guide_explicati.pd (page consultée le 25 évrier 2013). Onken, S.J., Craig, C.M., Ridgway, P., et al. (2007). An analysis o the denitions and elements o recovery : A review o the literature. Psychiatric Rehabilitation Journal, 31(1), 9-22. doi : 10.2975/31.1.2007.9.22 Ordre des inrmières et inrmiers du Québec (OIIQ) (2007). Prévenir le suicide pour préserver la vie. Guide de pratique clinique. [En ligne]. www.oiiq.org/ uploads/publications/autres_publications/Suicide/ SuicideGuide.pd (page consultée le 4 août 2012). Ordre des inrmières et inrmiers du Québec (OIIQ) (2009). La pratique infrmière en santé mentale. Une contribution essentielle à consolider. [En ligne]. www.oiiq. org/uploads/publications/autres_publications/rapport_ octobre2009_v.pd (page consultée le 4 août 2012). Ordre des inrmières et inrmiers du Québec (OIIQ) (2011). Rapport statistique sur l’exercice infrmier au Québec 2010-2011. Le Québec et ses régions. [En ligne]. www.oiiq.org/sites/deault/les/292S-Rapport_ statistique_2010-2011.pd (page consultée le 4 août 2012). Organisation mondiale de la Santé (OMS) (1948). Constitution. Genève : OMS. Organisation mondiale de la Santé (OMS) (1986). Charte d’Ottawa pour la promotion de la santé. Genève : OMS. Organisation mondiale de la Santé (OMS) (2001a). Rapport sur la santé dans le monde 2001. La santé mentale : Nouvelle conception, nouveaux espoirs. Genève : OMS. Organisation mondiale de la Santé (OMS) (2001b). Renorcement de la promotion de la santé mentale. Aide-mémoire no 220. [En ligne]. https://apps.who.int/ in-s/r/am220.html (page consultée le 4 août 2012). Pagé, J.C. (1961). Les ous crient au secours. Témoignage d’un ex-patient de Saint-Jean-de-Dieu. Montréal : Les Éditions du Jour. Page, C., & Banville, F. (2011). L’intervention auprès de personnes ayant une problématique de santé mentale : une réfexion sur les dés à relever dans la pratique inrmière. L’infrmière clinicienne, 8(2). [En ligne]. http://revue-inrmiereclinicienne.uqar.ca/ parutions/documents/PageetBanville_Inrmiere Clinicienne_2011_Vol8no2pp18-25.pd (page consultée le 25 évrier 2013). Parks, J., & Radke, A.Q. (2008). Obesity reduction and prevention strategies or individuals with serious mental illness. Alexandria, Va. : National Association o State Mental Health Program Directors (NASMHPD) Medical Directors Council. Patten, S.B. (2001). Long-term medical conditions and major depression in a Canadian population study at
R892
Références
waves 1 and 2. J Aect Disord, 63(1-3), 35-41. doi : S0165032700001865 [pii]
des services de première ligne et les modes de collaboration. Santé mentale au Québec, 34(1), 35-53.
Perese, E.F. (2007). Stigma, poverty, and victimization : Roadblocks to recovery or individuals with severe mental illness. J Am Psychiatr Nurses Assoc, 13(5), 285-295. doi : 10.1177/1078390307307830
van Dusseldorp, L., Goossens, P., & van Achterberg, T. (2011). Mental health nursing and rst episode psychosis. Issues Ment Health Nurs, 32(1), 2-19. doi : 10.3109/01612840.2010.523136
Provencher, H.L. (2012). Orientations-clés de la pratique infrmière en santé mentale au Québec dans la promotion de la santé mentale et la prévention des troubles mentaux. Québec, Qc : Faculté des sciences inrmières, Université Laval.
Véricateur général du Québec (2003). Rapport à l’Assemblée nationale pour l’année 2002-2003. Tome II, chapitre 2. Québec, Qc : Gouvernement du Québec.
Provencher, H.L., & Keyes, C.L.M. (2010). Une conception élargie du rétablissement. L’Inormation psychiatrique, 86(7), 579-589. Provencher, H.L., & Keyes, C.L.M. (2011). Complete mental health recovery : Bridging mental illness with positive mental health. J Public Ment Health, 10(1), 54-66. Provencher, H.L., Perreault, M., St-Onge, M., et al. (2003). Predictors o psychological distress in amily caregivers o persons with psychiatric disabilities. J Psychiatr Ment Health Nurs, 10(5), 592-607. Raphael, D. (Ed.). (2009). Social determinants o health : Canadian perspectives (2nd ed.). Toronto : Canadian Scholars’ Press. Regier, D.A., Farmer, M.E., Rae, D.S., et al. (1990). Comorbidity o mental disorders with alcohol and other drug abuse : Results rom the Epidemiologic Catchment Area (ECA) Study. JAMA, 264(19), 2511-2518. Repper, J., & Carter, T. (2011). A review o the literature on peer support in mental health services. J Ment Health, 20(4), 392-411. doi : 10.3109/09638237.2011.583947 Rice, M.J. (2008). Evidence-based practice in psychiatric care : Dening levels o evidence. J Am Psychiatr Nurses Assoc, 14(3), 181-187. doi : 10.1177/1078390308321220 Roberge, P., Brouillet, H., & Fournier, L. (2010). Les guides de pratique clinique : des outils d’aide à la décision destinés aux cliniciens et aux patients. Quintessence, 2(7). [En ligne]. www.qualaxia.org/ sante-mentale-dossiers-thematiques/guides-pratique/ index.php?lg=r (page consultée le 25 évrier 2013). Salyers, M.P., McGuire, A.B., Rollins, A.L., et al. (2010). Integrating assertive community treatment and illness management and recovery or consumers with severe mental illness. Community Mental Health Journal, 46(4), 319-329. doi : 10.1007/s10597-009-9284-6 Sroujian, C. (2003). Mental health is the number one cause o disability in Canada. Insurance Journal, august, 8. Stuart, H. (2003). Violence and mental illness : An overview. World Psychiatry Today, 2(2), 121-124. Substance Abuse and Mental Health Services Administration (SAMHSA) (2010). Getting started with evidence-based practices : Illness management and recovery. [En ligne]. http://store.samhsa.gov/ product/Illness-Management-and-Recovery-EvidenceBased-Practices-EBP-KIT/SMA09-4463 (page consultée le 4 août 2012). Thompson, D., Neveu, F., & Léoure, P. (2010). Le suivi intensi en équipe (SI) et le soutien d’intensité variable (SIV) : Pour qui et comment ? Communication présentée aux Journées bi-annuelles de santé mentale, Montréal. Thornicrot, G. (2006). Shunned : Discrimination against people with mental illness. Oxord, N.Y. : Oxord University Press. Vallée, C., Poirier, L.R., Aubé, D., et al. (2009). Plan d’action québécois en santé mentale : Contextes de mise en œuvre et éléments d’impact sur l’organisation
Walters, P., Tylee, A., & Goldberg, D. (2008). Psychiatry in primary care. In R. Murray, K.S. Kendler, P. McGun et al. (Eds). Essential psychiatry. Cambridge, U.K. : Cambridge University Press. World Health Organization & World Organization o Family Doctors (WHO/WONCA) (2008). Joint report : Integrating mental health into primary care : A global perspective. [En ligne]. www.who.int/mental_healty/ policy/services/mentalhealthintoprimarycare/en (page consultée le 4 septembre 2012). Yung, A.R., Killackey, E., Hetrick, S.E., et al. (2007). The prevention o schizophrenia. International Review o Psychiatry, 19(6), 633-646. doi : 10.1080/09540260701797803
Chapitre 2 Agence de la santé et des services sociaux de Montréal (2009). La transormation des services en santé mentale – Les services de soutien d’intensité variable et de suivi intensi dans la communauté – La orce des liens. Montréal : Agence de la santé et des services sociaux de Montréal. http://publications. santemontreal.qc.ca/uploads/tx_asssmpublications/ isbn978-2-89510-587-9.pd Association canadienne de santé publique (ACSP) (2010). La pratique infrmière en santé publique – en santé communautaire au Canada : rôle et activités (4e éd.). [En ligne]. www.cpha.ca/uploads/pubs/32bk04214.pd(page consultée le 21 septembre 2012). Anthony, W.A., & Farkas, M.D. (2009). A Primer on the Psychiatric Rehabilitation Process. Boston University, Boston : Center or Psychiatric Rehabilitation. www.bu.edu/cpr/products/books/ titles/prprimer.pd Barrowclough, C., & Hooley, J.M. (2003). Attributions and expressed emotion : A review. Clin Psychol Rev, 23, 849-880. Bédard, D., Lazure, D., & Roberts, C.A. (1962). Rapport de la commission d’étude des hôpitaux psychiatriques. Québec, Qc : Gouvernement du Québec. Bellot, C., Raestin, I., Royer, M.-N., et al. (2005). Judiciarisation et criminalisation des populations itinérantes à Montréal. Rapport de recherche pour le Secrétariat national des sans-abri. [En ligne]. www. rapsim.org/docs/rapport_Bellot_05_VF.pd (page consultée le 21 septembre 2012). Bengtsson-Tops, A., & Hansson, L. (2001). Quantitative and qualitative aspects o the social network in schizophrenic patients living in the community. Relationships to sociodemographic characteristics and clinical actors and subjective quality o lie. Int J Soc Psychiatry, 47(3), 67-77. Bronowski, P., & Zaluska, M. (2008) Social support o chronically mentally ill patients. Archives o Psychiatry and Psychotherapy, 2, 13-19. Brouillet, H., Roberge, P., Fournier, I., et al. (2009). Les soins en étapes, une approche prometteuse pour le traitement des troubles mentaux anxieux et dépressis. Quintessence, 1(1), 1-2.
Centre national d’excellence en santé mentale (2012). Description de onctions – Inrmière clinicienne. [En ligne]. www.douglas.qc.ca/uploads/File/cnesm/ infrmiere-SI.pd Chan, S.W. (2011). Global perpective o burden o amily caregivers or persons with schizophrenia. Arch Psychiatr Nurs, 25(5), 339-349. Clément, M. (2008). Partir de l’exclusion pour penser la citoyenneté : les enjeux du droit, de la participation et de la reconnaissance. Le Partenaire, 17(1), 5-9. Commission de la santé mentale du Canada (CSMC) (2012). Changer les orientations, changer des vies : Stratégie en matière de santé mentale pour le Canada. Calgary, Alb. : CSMS. Commission populaire sur la sauvegarde des maisons de chambres (2010). Maisons de chambres en péril : la nécessité d’agir. [En ligne]. www.rapsim.org/r/ deault.aspx?sortcode=1.10.12.12&id_article=339& starting=&ending= (page consultée le 12 octobre 2012). Conseil du statut de la emme (2012). Réfexion sur l’itinérance des emmes en diculté. Un aperçu de la situation. Québec, Qc : Conseil du statut de la emme. Cooper, C.L. (2011). Untapping mental health capital. Health Promotion International, 26(suppl. 1), i1-i3. Corin, E., Poirel, M.-L., & Rodriguez, L. (2011). Le mouvement de l’être. Paramètres pour une approche alternative de traitement en santé mentale. Québec, Qc : Presses de l’Université du Québec. Corrigan, P.W., Mueser, K.T., Bond, G.R., et al. (2009). Principles and practice o psychiatric rehabilitation : An empirical approach. New York : The Guilord Press. Côté, S. (2001). Santé mentale et toit. Nouvelles pratiques sociales, 14(2), 201-209. Craven, M., & Bland, R. (2006). Meilleures pratiques pour des soins de santé mentale axés sur la collaboration : Une analyse des données existantes. Mississauga, Ont. : Initiative canadienne de collaboration en santé mentale. Culhane, D.P. (1990). On becoming homeless : The structural and experiential dynamics o residential instability. [En ligne]. http://repository.upenn.edu/ spp_papers/139/ (page consultée le 21 septembre 2012). Dieterich, M., Irving, C.B., Park, B., et al. (2010). Intensive case management or people with severe mental illness. Cochrane Database Systematic Reviews. Oct. 6 (10), CD007976. Doré, M. (1987). La désinstitutionnalisation au Québec. Santé mentale au Québec, 12(2), 144-157. Dorvil, H., & Guttman, R. (1997). Dés de la reconguration des services en santé mentale. Pour une réponse ecace et eciente aux besoins des personnes atteintes de troubles mentaux graves. [En ligne]. http://msssa4.msss.gouv.qc.ca/r/document/ publication.ns/0/d1251d29a46beec85256753 004b0d7/$FILE/97_155p1.pd (page consultée le 21 septembre 2012).
psychiatrique (2e éd.). Montréal : Presses de l’Université du Québec. Fleury, M.-J. (2009). Santé mentale en première ligne. Santé mentale au Québec, 34(1), 19-34. Fleury, M.-J., & Grenier, G. (2004). Historique et enjeux du système de santé mentale québécois. Ruptures, revue transdisciplinaire en santé, 10(1), 21-38. Fournier, L., Roberge, P., & Brouillet, H. (2012). Faire ace à la dépression au Québec. Protocole de soins à l’intention des intervenants de première ligne. Montréal : Centre de recherche du CHUM. Fradet, H. (2009). Entre la judiciarisation et l’intervention médico-psychosociale : la réalité des membres de l’entourage des personnes atteintes de maladie mentale. Santé mentale au Québec, 34(2), 31-38. Grenier, G., & Fleury, M.-J. (2009). Les organismes communautaires en santé mentale au Québec : rôle et dynamique partenariale. Santé mentale au Québec, 34(1), 101-126. Hurtubise, R., & Babin, P.-O. (2011). L’intervention au quotidien. Revue du CREMIS, 4(2), 51-55. Institut canadien d’inormation sur la santé (ICIS) (2007). Améliorer la santé des Canadiens : Santé mentale et itinérance. Ottawa, Ont. : ICIS. Institut canadien d’inormation sur la santé (ICIS) (2011). Rendement du capital investi – promotion de la santé mentale et prévention de la maladie mentale. Ottawa, Ont. : ICIS. Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) (2008). Avis scientique sur les interventions ecaces en promotion de la santé mentale et en prévention des troubles mentaux. Québec, Qc : INSPQ. Institut universitaire en santé mentale/Douglas (2012). Suivi intensi en équipe. [En ligne]. www.douglas.qc.ca/page/suivi-intensi-en-equipe (page consultée le 21 septembre 2012). Jaimes, A., Crocker, A., Bédard, E., et al. (2009). Les tribunaux de santé mentale : déjudiciarisation et jurisprudence thérapeutique. Santé mentale au Québec, 34(2), 171-197. King, S. (2000). Is expressed emotion cause or eect in the mothers o schizophrenic young adults ? Schizophrenia Research, 45, 65-78. Lalande, P., & Giguère, G. (2009). La problématique du suicide en milieu carcéral et portrait de la situation dans les établissements de détention du Québec. Québec, Qc : Gouvernement du Québec. Larivière, N., Desrosiers, J., Tousignant, M., et al. (2010). Évaluation des impacts d’un hôpital de jour psychiatrique. [En ligne]. www.hlhl.qc.ca/le-cerris/ releve-chercheure/evaluation-impacts-dun-hopitalde-jour-psychiatrique.html (page consultée le 21 septembre 2012).
Dubreucq, J.-L. (2008). Santé mentale des sans-abri : aut-il intervenir davantage ? Psychiatrie et violence, 8(1).
Leclerc, C., & Thérien, P. (2012). Les interventions destinées aux proches des personnes sourant de troubles mentaux. Dans C. Lecomte & C. Leclerc (dir.). Manuel de réadaptation psychiatrique (2e éd). Québec, Qc : Presse de l’Université du Québec.
Echenberg, H., & Jensen, H. (2012). Facteurs de risque de l’itinérance. [En ligne]. www.parl.gc.ca/Content/ LOP/ResearchPublications/prb0851-.pd (page consultée le 21 septembre 2012).
Lecomte, Y., & Mercier, C. (2005). The stress process perspective and adaptation o people with schizophrenia an exploratory study. Social psychiatry and psychiatric epidemiology, 40(2), 139-148.
Felx, A., Piat, M., Lesage, A., et al. (2012). De l’institution à l’appartement. L’éventail du logement pour les personnes avec trouble mental. Dans T. Lecomte & C. Leclerc (dir.). Manuel de réadaptation
McEwen, M., & Nies, M.A. (2011). Health : A community view. In M. McEwen & M.A. Nies (Eds). Community/Public Health Nursing (5th ed.) St. Louis, Mo. : Saunders Elsevier.
Ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) (1998). Plan d’action pour la transormation des services en santé mentale. Québec, Qc : MSSS. Ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) (2001). Ressources intermédiaires : cadre de réérence. Québec, Qc : MSSS. Ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) (2003a). La pratique proessionnelle et la ressource de type amilial. Guide d’orientation. Québec, Qc : MSSS. Ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) (2003b). Programme national de santé publique 20032012. Québec, Qc : MSSS. Ministère de la santé et des services sociaux (MSSS) (2005). Plan d’action en santé mentale 2005-2010 – La orce des liens. Québec, Qc : MSSS. Ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) (2008a). Guichet d’accès en santé mentale pour la clientèle adulte des CSSS. Québec, Qc : MSSS. Ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) (2008b). L’itinérance au Québec. Cadre de réérence. Québec, Qc : MSSS. Ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) (2008c). Programme national de santé publique 20032012, mise à jour 2008. Québec, Qc : MSSS. Ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) (2011a). Le ministre Yves Bolduc annonce l’élaboration d’un nouveau plan d’action en santé mentale. [En ligne]. http://communiques.gouv.qc.ca/ gouvqc/communiques/GPQF/Mai2011/09/c2395.html (page consultée le 21 septembre 2012). Ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) (2011b). Orientations relatives à l’organisation des soins et des services oerts à la clientèle adulte des équipes en santé mentale de première ligne en CSSS. Québec, Qc : MSSS. Ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) (2012). INFO-MED-ECHO. Statistiques sur l’hospitalisation pour des soins de courte durée au Québec. [En ligne]. www.inorma.msss.gouv.qc.ca/Details. aspx?Id=v2iBZs3jU+Q= (page consultée le 21 septembre 2012). Ministère de l’Emploi et de la Solidarité sociale (2012). Montants des prestations, selon votre situation en vigueur au 1er janvier 2012. [En ligne]. www.mess. gouv.qc.ca/solidarite-sociale/programmes-mesures/ assistance-emploi/tableau_prestations.html (page consultée le 12 mai 2012). Morin, M.-H. (2012). D’agent causal… à amille compétente : un regard sur la transormation du rôle des membres de amilles dans les pratiques en santé mentale. Le Partenaire, 20(4), 4-10. National Institute or Health and Clinical Excellence (NICE) (2009). Depression : Treatment and management o depression in adults, including adults with a chronic physical health problem. [En ligne]. www. nice.org.uk/nicemedia/live/12329/45890/45890.pd (page consultée le 21 septembre 2012). Otero, M. (2010). Société, psychiatrie et justice au Québec : de la désinstitutionnalisation à la déjudiciarisation. Le Partenaire, 19(1), 25-30. Ouadahi, Y., Lesage, A., Rodrigue, J., et al. (2009). Les problèmes de santé mentale sont-ils détectés par les omnipraticiens ? Santé mentale au Québec, 34(1), 161-172. Perese, E.F., & Wol, M. (2005). Combating loneliness among persons with severe mental illness : Social network interventions’characteristics, eectiveness, and applicability. Issues in Mental Health Nursing, 26, 591-609.
Références
R893
Protecteur du citoyen (2011). Rapport du Protecteur du citoyen pour des services mieux adaptés aux personnes incarcérées qui éprouvent un problème de santé mentale. Québec, Qc : Gouvernement du Québec.
Association canadienne pour la santé mentale (ACSM) (2012). Conseils pour la bonne orme mentale. [En ligne]. www.cmha.ca/r/mental_health/ conseils-pour-la-bonne-orme-mentale (page consultée le 12 août 2012).
Provencher, H.L. (2008). Un modèle cogniticontextuel pour comprendre l’expérience du stress dans le rétablissement : implications pour la pratique inrmière en santé metnale. Dans C. Dallaire (dir.). Le savoir infrmier au cœur de la discipline infrmière. Boucherville, Qc : Gaëtan Morin Éditeur.
Barry, M. (2009). Addressing the determinants o positive mental health : Concepts, evidence and practice. International Journal o Mental Health Promotion, 11(3), 4-17.
Regroupement des ressources alternatives en santé mentale du Québec (RRASMQ) 2009). L’alternative en santé mentale. [En ligne]. www.rrasmq.com/ publications/Promotion_Alternative.pd (page consultée le 21 septembre 2012). Réseau d’aide aux personnes seules et itinérantes de Montréal (2007). Femmes – Itinérance – Logement. Des droits non respectés. [En ligne]. www.rapsim.org/ docs/topo%20rapporteur%20spécail%20ONU%20 _%2010%20oct.pd (page consultée le 21 septembre 2012). Robert, M., Pauzé, R., & Fournier, L. (2005). Factors Associated with homelessness o adolescents under supervision o the youth protection. J Adolesc, 28, 215-230. Rodriguez, L. (2006). Repenser la qualité des services en santé mentale dans la communauté. Sainte-Foy, Qc : Presses de l’Université du Québec. Service correctionnel du Canada (2010). Stratégie en matière de santé mentale. Faits en bre. [En ligne]. www.csc-scc.gc.ca/text/pblct/q/pd/11-ra.pd (page consultée le 21 septembre 2012). Société canadienne de la schizophrénie (2009). La schizophrénie au Canada. Rapport national. Winnipeg, Man. : Société canadienne de la schizophrénie. Société canadienne d’hypothèques et de logement (2012). Rapport sur le marché locati. Faits saillants – Québec. [En ligne]. www.cmhc-schl.gc.ca/odpub/ esub/64517/64517_2012_B01.pd?r=1340984477609 (page consultée le 21 septembre 2012). Thibaudeau, M.-F. (2000). L’accès aux services de santé et leur utilisation par les personnes itinérantes. Dans D. Laberge (dir.). L’errance urbaine. Sainte-Foy, Qc : Éditions Multimondes. Thibaudeau, M.-F., & Denoncourt, H. (1999). Nursing practice in outreach clinics or the homeless. In M. Stewart (Ed.). Community Nursing : Promoting Canadians’ Health. Toronto : Harcourt Brace.
Chapitre 3 Adam, E. (1991). Être infrmière : Un modèle conceptuel (3e éd.). Montréal : Éditions Études Vivantes. Adame, A.L., & Leitner, L.M. (2008). Breaking out o the mainstream : The evolution o peer support alternatives to the mental health system. Ethical Human Psychology & Psychiatry, 10, 146-162. Alliance canadienne pour la maladie mentale et la santé mentale/Semaine de sensibilisation aux maladies mentales (2010). Combattre la stigmatisation et la discrimination. [En ligne]. http://r-ca.camimh.ca/ mental-illness-awareness-week-english/a-propos-dela-sante-mentale/la-stigmatisation-et-la-discrimination (page consultée le 30 juillet 2012). Anthony, K.H. (2008). Helping partnerships that acilitate recovery rom severe mental illness. J Psychosoc Nurs Ment Health Serv, 46(7), 24-33.
R894
Références
Barry, M., & Jenkins, R. (2007). Implementing mental health promotion. Oxord, R.-U. : Elsevier. Bouchard, L. (2007). Tenter la recherche sur le rétablissement en santé mentale et sa théorie vers la pratique. Le partenaire, 15(1), 19-22. Brimblecombe, N., Tingle, A., Tunmore, R., et al. (2007). Implementing holistic practices in mental health nursing : A national consultation. Int J Nurs Stud, 44(3), 339-348. doi : 10.1016/j.ijnurstu. 2006.07.021 Chaliour, J. (2003). Guide d’exercice : L’exercice infrmier en santé mentale et en psychiatrie. Montréal : Ordre des inrmières et inrmiers du Québec. Chapados, C., & Giguère Kolment, L. (2012). Savoir consigner ses notes d’observation au dossier. Perspective infrmière, 9(1), 45-49. Cohen, Y., Pepin, J., Lamontagne, E., et al. (2002). Les sciences infrmières : Genèse d’une discipline. Montréal : Les Presses de l’Université de Montréal. Corin, E. (2002). Se rétablir après une crise psychotique : Ouvrir une voix ? Retrouver sa voix. Santé mentale au Québec, 27, 65-82. Cormier, C., & Quintal, M.-L. (2009). Des deux côtés du miroir : Réfexions sur la stigmatisation. Le partenaire, 18(1), 4-8. d’Auteuil, S., & Bizier, V. (2011). Le rétablissement du mouvement des personnes utilisatrices : Espoirs et dés de la participation citoyenne au Québec. Le partenaire, 20(2), 21-25. Deegan, P.E. (1988). Recovery : The lived experience o rehabilitation. Psychosocial Rehabilitation Journal, 11(4), 11-19. Deegan, P.E. (1996). Recovery as a journey o the heart. Psychiatric Rehabilitation Journal, 19(3), 91. Deegan, P.E. (2007). Le rétablissement en tant que processus autogéré de guérison et de transormation. Le partenaire, 15(1), 13-18. Dossey, B.M. (2000). Florence Nightingale : Mystic, visionary, healer. Philadelphia : Springhouse. Frankl, V. (2006). Découvrir un sens à sa vie avec la logothérapie. Montréal : Les Éditions de l’Homme. Frankl, V. (2009). Nos raisons de vivre : À l’école du sens de la vie. Paris : InterEditions. Hôpital Louis-H. Laontaine – Institut universitaire en santé mentale (2012). Centre de recherche FernandSeguin. Recherches en santé mentale. Jean-Pierre Bonin. [En ligne]. www.hlhl.qc.ca/recherche/ chercheurs/chercheurs-reguliers/jean-pierre-bonin. html (page consultée le 30 juillet 2012). Hutchinson, D.S., Gagne, C., Bowers, A., et al. (2006). A ramework or health promotion services or people with psychiatric disabilities. Psychiatric Rehabilitation Journal, 29(4), 241-250. Institut universitaire en santé mentale de Québec (2012). Répertoire des guides cliniques pour l’élaboration des PTI en santé mentale. [En ligne]. www.institutsmq.qc.ca/enseignement/repertoire-
guides-cliniques-pti-sante-mentale/index.html?tx_ elogin_pi1 (page consultée le 30 juillet 2012). Keyes, C.L.M. (2007). Promoting and protecting mental health as fourishing. Am Psychol, 62(2), 95-108. Langlois, R. (2009). Quand le phare ait lumière sur l’autostigmatisation. Le partenaire, 18(1), 9-10. Leclerc, C., & Lecompte, T. (2004). Manuel de réadaptation psychiatrique. Montréal : Presses de l’Université du Québec. Leprohon, J., & Lessard, L.-M. (2006). Le plan thérapeutique infrmier : La trace des décisions cliniques de l’infrmière. Montréal : Ordre des inrmières et inrmiers du Québec. Liberman, R.P., & Kopelowicz, A. (2005). Recovery rom schizophrenia : A criterion-based denition. In R.O. Ralph & P.W. Corrigan (Eds). Recovery in mental illness : Broadening our understanding o wellness. Washington, D.C. : American Psychological Association. Meleis, A.I. (2007). Theoretical nursing : Development and progress (4th ed.). Philadelphia : Lippincott. Ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) (2005). Plan d’action en santé mentale 2005-2010 – La orce des liens. Québec, Qc : MSSS. [En ligne]. http:// publications.msss.gouv.qc.ca/acrobat//documentation/ 2005/05-914-01.pd (page consultée le 25 évrier 2013). Mueser, K.T., Corrigan, P.W., Hilton, D.W., et al. (2002). Illness management and recovery : A review o the research. Psychiatric Services, 53, 1272-1284. Noordsy, D.L., Torrey, W., Mueser, K., et al. (2002). Recovery rom severe mental illness : An intrapersonal and unctional outcome denition. Int Rev Psychiatry, 14, 318-326. Ordre des inrmières et inrmiers du Québec (OIIQ) (2009). La pratique infrmière en santé mentale. Une contribution à consolider. [En ligne]. www.oiiq.org/ uploads/publications/autres_publications/rapport_ octobre2009_v.pd (page consultée le 26 juillet 2012). Ordre des inrmières et inrmiers du Québec (OIIQ) (2012). Le champ d’exercice et les activités réservées des infrmières. [En ligne]. www.oiiq.org/sites/deault/ les/262GCOGuideExerciceInrmier.pd (page consultée le 30 août 2012). Pepin, J., Kérouac, S., & Ducharme, F. (2010). La pensée infrmière (3e éd.). Montréal : Chenelière Éducation. Pettie, D., & Triolo, A.M. (1999). Illness as evolution : The search or identity and meaning in the recovery process. Psychiatric Rehabilitation Journal, 22, 255-262. Potter, P.A., & Perry, A.G. (2010). Soins infrmiers – Fondements généraux. Montréal : Chenelière Éducation. Provencher, H.L. (2002). L’expérience du rétablissement : Perspectives théoriques. Santé mentale au Québec, 27(1), 35-64. Provencher, H.L. (2007). Le paradigme du rétablissement : 1. Une expérience globale de santé. Le partenaire, 15(1), 4-12. Provencher, H.L. (2008a). Le paradigme du rétablissement : 2. Le modèle préliminaire d’organisation des services orientés vers le rétablissement (MOPROSOR) : Introduction et présentation détaillée du cadre d’orientation. Le partenaire, 16(1), 4-27. Provencher, H.L. (2008b). Un modèle cogniticontextuel pour comprendre l’expérience du stress
dans le rétablissement : Implications pour la pratique inrmière en santé mentale. Dans C. Dallaire (dir.). Savoir inrmier : Au coeur de la discipline et de la proession inrmière. Boucherville, Qc : Gaëtan Morin Éditeur. Provencher, H.L., & Keyes, C.L.M. (2010). Une conception élargie du rétablissement. L’inormation psychiatrique, 86(7), 1-11. Provencher, H.L., & Keyes, C.L.M. (2011). Complete mental health recovery : Bridging mental illness with positive mental health. J Public Ment Health, 10(1), 54-66. Rapp, C.A. (2004). Le suivi communautaire : Approche axée sur les orces. Dans R. Émard & T. Aubry (dir.). Le suivi communautaire en santé mentale : Une invitation à bâtir sa vie. Ottawa, Ont. : Les Presses de l’Université d’Ottawa. Reed, P.G. (1991). Toward a nursing theory o seltranscendence : Deductive reormulation using developmental theories. ANS Adv Nurs Sci, 13(4), 64-77. Reed, P.G. (1997). Nursing : The onthology o the discipline. Nursing Science Quarterly, 10(2), 76-79. Rice, C. (2007). Le rétablissement tel qu’il a été déni par le Mouvement des utilisateurs de services américains. Le partenaire, 15(1), 11-14. Ross, C.A., & Goldner, E.M. (2009). Stigma, negative attitudes and discrimination towards mental illness within the nursing proession : A review o the literature. J Psychiatr Ment Health Nurs, 16(6), 558-567. doi : 10.1111/j.1365-2850.2009.01399 Séguin, M., Brunet, A., & Leblanc, L. (2006). Intervention en situation de crise et en contexte traumatique. Montréal : Chenelière Éducation. Shriqui, C.L. (2011). Programme Mieux-Être « Wellness » : Un apport au rétablissement de la clientèle psychiatrique. Le partenaire, 19(4), 13-15. Vickers, R., & Weiss, S.J. (2000). Florence Nightingale. Chicago : Heineman Library. Weiss, S.J., Haber, J., Horowitz, J.A., et al. (2009). The inextricable nature o mental and physical health : Implications or integrative care. J Am Psychiatr Nurses Assoc, 15(6), 571-582.
Chapitre 4 Fortinash, K.M. (1990). Assessment o mental states. In L. Malasanos, V. Barkauskas & K. Stoltenberg-Allen (Eds). Health Assessment (4th ed.). St. Louis, Mo. : Mosby. Fortinash, K.M., & Holoday-Worret, P.A. (1999). Psychiatric nursing care plans (3rd ed.). St. Louis, Mo. : Mosby. Gouvernement du Québec (2010). Prévention du suicide. Guide de bonnes pratiques à l’intention des intervenants des centres de santé et de services sociaux. Québec, Qc : Gouvernement du Québec. [En ligne]. http://publications.msss.gouv.qc.ca/ acrobat//documentation/2010/10-247-02.pd (page consultée le 25 évrier 2013). Harvey, D., Kasprzak, L., & Laberge, L. (2008). Évaluation de la condition mentale d’une personne symptomatique, document de ormation. Québec, Qc : Institut universitaire en santé mentale de Québec.
Leclerc, C. (2004). Formation : Évaluation de l’état mental des personnes, document de ormation. Québec, Qc : Centre hospitalier Robert-Giard. Ordre des inrmières et inrmiers du Québec (OIIQ) (2003a). Guide d’exercice – L’exercice inrmier en santé mentale et en psychiatrie. [En ligne]. www.oiiq. org/uploads/publications/autres_publications/181_ exercice_in_sante_mentale.pd (page consultée le 28 septembre 2012). Ordre des inrmières et inrmiers du Québec (OIIQ) (2003b). Notre proession prend une nouvelle dimension. Des pistes pour mieux comprendre la Loi sur les inrmières et les inrmiers et en tirer avantage dans notre pratique. Montréal : OIIQ. Ordre des inrmières et inrmiers du Québec (OIIQ) (2006). Le plan thérapeutique inrmier – La trace des décisions cliniques de l’inrmière. Montréal : OIIQ. Ordre des inrmières et inrmiers du Québec (OIIQ) (2007). L’intégration du plan thérapeutique inrmier à la pratique clinique – Document de soutien à la ormation et à l’implantation. Montréal : OIIQ. Ordre des inrmières et inrmiers du Québec (OIIQ) (2008). Critères de pertinence pour déterminer le contenu du plan thérapeutique inrmier. [En ligne]. www.oiiq.org/sites/deault/les/uploads/pd/ pratique_inrmiere/pti/Criteres_PTI_FR.pd (page consultée le 4 novembre 2012). Ordre des inrmières et inrmiers du Québec (OIIQ) (2009). La pratique inrmière en santé mentale : Une contribution essentielle à consolider – Rapport du Comité d’experts sur la pratique inrmière en santé mentale et en soins psychiatriques. [En ligne]. www. oiiq.org/uploads/publications/autres_publications/ rapport_octobre2009_v.pd (page consultée le 28 septembre 2012). Ordre des inrmières et inrmiers du Québec (OIIQ) (2010a). Le champ d’exercice et les activités réservées des inrmières. Montréal : OIIQ. Ordre des inrmières et inrmiers du Québec (OIIQ) (2010b). Perspectives de l’exercice de la proession d’inrmière. Montréal : OIIQ. Patterson, W.M., Dohn, H.H., Patterson, J., et al. (1983). Evaluation o suicidal patients : The SAD PERSONS scale. Psychosomatics, 24(4), 343-345, 348-349. Phaneu, M. (2007). L’observation en psychiatrie : une compétence à développer. [En ligne]. www. inressources.ca/er/depotdocuments/L_observation_ en_psychiatrie.pd (page consultée le 28 septembre 2012). Phaneu, M. (2008). Le jugement clinique, cet outil proessionnel d’importance. [En ligne]. www. inressources.ca/er/depotdocuments/Le_jugement_ clinique-cet_outil_proessionnel_d_importance.pd (page consultée le 28 septembre 2012). Shea., S.C. (2005). La conduite de l’entretien psychiatrique. L’art de la compréhension. Paris : Elsevier.
Chapitre 5 Adams, P. (2000). Docteur Patch Adams. Quand l’humour se ait médecin. Montréal : Édition Stanké.
cmpapd04/docs/resource_les/inoletters/2000/com_ il0040_3-.cm (page consultée le 18 évrier 2013). Association rancophone de diusion de l’entretien motivationnel (2012). L’entretien motivationnel en santé mentale. [En ligne]. www.entretienmotivationnel. org/articles/lentretien-motivationnel-en-sante-mentale (page consultée le 18 évrier 2013). Aubin, G., Gélinas, I., Stip, E., et al. (2007). Les activités quotidiennes et la cognition chez les personnes atteintes de schizophrénie. Santé mentale au Québec, 32(2), 201-208. Brassard, Y. (2006). La rédaction des notes d’évolution au dossier. [En ligne]. www.inressources.ca/ er/depotdocuments/Notes_d_evolution_au_ dossierCOLLOQUE_AEESICQ-2006.pd (page consultée le 18 évrier 2013). Buteau, R.-A., Garand-Rochette, S., Thibault, M., et al. (2009). Les ateliers de pratique réfexive lieu d’intégration des données probantes, moteur de changement de la pratique. [En ligne]. www.oiiq.org/ congres2009/pd/a28_atelier_pratique_refexive_lieu_ integration_donnees_probantes_moteur_changement_ pratique.pd (page consultée le 18 évrier 2013). Centre de toxicomanie et de santé mentale (CAMH), Dalla Lana School o Public Health, Université de Toronto et Bureau de santé publique de Toronto (2010). Directives sur les meilleures pratiques à appliquer pour les programmes de promotion de la santé mentale : personnes de 55 ans+. [En ligne]. https://knowledgex.camh.net/policy_health/ mhpromotion/mhp_older_adults/Documents/mhp_ 55plus_r.pd (page consultée le 18 évrier 2013). Chapados, C., & Giguère-Kolment, L. (2012). Savoir consigner ses notes d’observation au dossier. www. oiiq.org/sites/deault/les/uploads/pd/publications/ perspective_inrmieres/2012_vol09_no1/15_Notesobservation.pd Collins, N.L., & Miller, L.-C. (1994). Sel-disclosure and liking : A meta-analytic review. Psychological Bulletin, 116, 457-475. Cousins, N. (2003). Comment je me suis soigné par le rire. Lausanne, Suisse : Payot. Duncan, B. (2010). On becoming a better therapist. Psychotherapy in Australia, 16(4), 42-51. Eymard, C. (2008). Modèles et démarches d’éducation thérapeutique : place des TIC dans les dispositis. [En ligne]. www.inressources.ca/er/depotdocuments/ Modeles_et_demarches_d’education_therapeutiqueplace_des_TIC.pd (page consultée le 18 évrier 2013). Faure, J.-P., & Girardet, C. (2003) L’empathie, le pouvoir de l’accueil. Au cœur de la communication non violente. Saint-Julien-en-Genevois, France : Jouvences Éditions. Ferey, J-M. (2009). PNL et relation d’aide – Les outils de la PNL pour les proessionnels de l’accompagnement. Lyon : Chronique Sociale. Fodor, M.-C. (2008). Le toucher au cœur des soins. Revue Soins, juillet/août. Gratton, D. (2009). L’interculturel pour tous. Montréal : Éditions Saint-Martin.
Jarvis, C. (2010). L’examen clinique et l’évaluation de la santé. Montréal : Beauchemin.
Arnold, E., & Underman Boggs K. (2007). Interpersonal relationships : Proessional communication skills or nurses. St. Louis, Mo. : Saunders-Elsevier.
Gros-Louis, Y. (2010). Pour installer une orte alliance, rejoindre le monde du client. [En ligne]. www.psychosolutions.qc.ca/documents/Pour_installer_orte_ aliance_rejoindre_monde_client.pd (page consultée le 18 évrier 2013).
Lalonde, P., Aubut, J., Grunberg, F., et al. (2001). Psychiatrie clinique. Une approche bio-psychosociale. Montréal : Chenelière Éducation.
Association canadienne de protection médicale (2000). Les notes et les communications des inrmières. [En ligne]. www.cmpa-acpm.ca/
Hentz, F., Mulliez, A., Belgacem, B., et al. (2009). Stratégie d’évaluation de l’impact du toucher dans les soins inrmiers : Résultats statistiques d’une étude
Références
R895
multicentrique, prospective et randomisée. Recherche en soins infrmiers, 97, juin, 85-91.
depotdocuments/Carl_Rogers_l_homme_et_les_ idees.pd (page consultée le 18 évrier 2013).
Chapitre 6
Héron, M. (2010). La dimension culturelle dans les situations de soins. Soins, 747, juillet-août, 15-20.
Phaneu, M. (2007b). La collecte des données base de toute intervention infrmière. [En ligne]. www. infressources.ca/er/depotdocuments/La_collecte_ des_donnees_base_de_toute_intervention_infrmiere. pd (page consultée le 18 évrier 2013).
Agence de la santé et des services sociaux de la Montérégie (2010). Protocoles d’intervention pour la gestion des troubles graves de comportement avec agressivité physique envers autrui. [En ligne]. www. asssm.veille.qc.ca/fchier.php/31/Protocoles+intervent ion+agressivit%E9_mp.pd (page consultée le 18 évrier 2013).
Kapsambelis, V. (2000). L’humour, l’individu et le groupe. L’humour des patients schizophrènes. [En ligne]. www.cairn.ino/revue-de-psychotherapiepsychanalytique-de-groupe-2005-1-page-63.htm (page consultée le 18 évrier 2013). Lago, C. (2010). On developing our empathic capacities to work inter-culturally and inter-ethnically : Attempting a map or personal and proessional development. Psychother Politics Int., 8, 73-85. Lüthi, U. (2002). L’humour dans les soins. Il ne manquait plus que ça. [En ligne]. www.sbk-asi.ch/ archiv/2002/11_2002/S60_63-11_02.pd (page consultée le 18 évrier 2013). Malaquin-Pavan, E. (2009). Le toucher dans les soins. Revue Soins, 737, juillet/août, 28-56. McConnell Lewis (2007). No-Harm Contracts : A Review o what we know. Suicide and Lie Threatening Behavior, 37, 50-57. Mehrabian, A. (1981). Silent messages : Implicit communication o emotions and attitudes. Belmont, Cali. : Wadsworth. Ordre des infrmières et infrmiers du Québec (OIIQ) (2006). La tenue vestimentaire des infrmières. Prise de position. [En ligne]. www.oiiq.org/sites/deault/ fles/218_doc_0.pd (page consultée le 18 évrier 2013). Ordre des infrmières et infrmiers du Québec (OIIQ) (2009). PTI – Plan thérapeutique infrmier. [En ligne]. www.oiiq.org/pratique-infrmiere/encadrement-de-lapratique/plan-therapeutique-infrmier (page consultée le 28 évrier 2013). Ordre des infrmières et infrmiers du Québec (OIIQ) (2011). Norme de ormation continue. [En ligne]. www.oiiq.org/ormation-continue/norme-deormation-continue (page consultée le 18 évrier 2013). Orlando, I. (1979). La relation dynamique infrmière– client. Montréal : HRW. Paterson et al. (2007). La schizophrénie : Guide d’inormation. [En ligne]. www.camh.net/r/About_ Addiction_Mental_Health/Mental_Health_Inormation/ Schizophrenia/schizophrenia_amily_concerns_r.html (page consultée le 26 septembre 2012). Peplau, H. (1951). Interpersonal relations in nursing : A conceptual rame o reerence or psychodynamic nursing. New York : Springer. Peplau, H. (1952). Relations interpersonnelles en soins infrmiers (1952). Extraits. [En ligne]. www. sideralsante.r/bibliotheque/peplau.pd (page consultée le 18 évrier 2013). Peplau, H. (2013). Nursing theorist homepage. [En ligne]. http://publish.uwo.ca/~corchuk/peplau/ (page consultée le 18 évrier 2013). Phaneu, M. (2002). Communication, entretien, relation d’aide et validation. Montréal : Chenelière Éducation. Phaneu, M. (2003). Enseigner pour soigner. [En ligne]. www.infressources.ca/er/depotdocuments/ Enseigner_pour_soigner.pd (page consultée le 18 évrier 2013). Phaneu, M. (2006). L’entretien motivationnel. [En ligne]. www.infressources.ca/er/depotdocuments/ L_entretien%20motivationnel.pd (page consultée le 18 évrier 2013). Phaneu, M. (2007a). Carl Rogers, l’homme et les idées. [En ligne]. www.infressources.ca/er/
R896
Références
Phaneu, M. (2007c). L’observation en psychiatrie : une compétence à développer. [En ligne]. www. infressources.ca/er/depotdocuments/L_observation_ en_psychiatrie.pd (page consultée le 18 évrier 2013). Phaneu, M. (2010a). L’approche interculturelle, une nécessité actuelle. 1re partie : Regard sur la situation des immigrants au Québec et sur leurs difcultés. [En ligne]. www.infressources.ca/er/depotdocuments/ Approche_interculturelle_une_necessite_actuelleRegard_sur_la_situation_des_immigrants-1repartie. pd#search=%22interculturel%22 (page consultée le 18 évrier 2013). Phaneu, M. (2010b). L’approche interculturelle, une nécessité actuelle. 3e partie : L’approche interculturelle, communication et soins dans un contexte d’ouverture. [En ligne]. www.infressources. ca/er/depotdocuments/Approche_interculturellecommunication_et_soins_dans_un_contexte_d_ ouverture-3epartie.pd#search=%22interculturel%22 (page consultée le 18 évrier 2013).
Ahern, É., Larue, C., & Ricard, N. (2010). Évaluation des savoirs en matière de gestion des comportements d’agression dans une unité psychiatrique de soins intensis. Rapport de recherche préliminaire présenté à la Direction des services infrmiers. Montréal : Hôpital Louis-H. Laontaine. Aiken, H., Clarke, L., Sean, P., et al. (2001). Nurses’ reports on hospital care in fve countries. Health Aairs, 20(3), 45-53. Atawneh F.A., Zahid, M.A., Al-Sahlawi, K.S., et al. (2003). Violence against nurses in hospitals : Prevalence and eects. Br J Nurs, 12(2), 102-107. Bernheim, E. (2009). Le droit à l’inormation des patients gardés en établissement : un instrument essentiel de promotion des valeurs démocratiques et du statut citoyen. Revue de droit de McGill, 54(3), 547.
Phaneu, M. (2011). La relation soignant-soigné. Rencontre et accompagnement. Montréal : Chenelière Éducation.
Bernheim, E. (2011). Garde en établissement et autorisation de soins : quel droit pour quelle société ? Cowansville, Qc : Yvon Blais.
Phaneu, M. (2012). Relation d’aide et utilisation thérapeutique de soi, des outils pour les soins infrmiers. [En ligne]. www.infressources.ca/er/ depotdocuments/Relation_d_aide_et_utilisation_ therapeutique_de_soi_outils_pour_les_soins_ infrmiers_Phaneudec2011.pd (page consultée le 18 évrier 2013).
Bergeron, V. (1981). L’attribution d’une protection légale aux malades mentaux. Cowansville, Qc : Yvon Blais.
Potter, P.A., & Perry, A.G. (2010). Soins infrmiers – Fondements généraux (3e éd.). Montréal : Chenelière Éducation. Réseau Éducation-Medias (2012). L’image stéréotypée des jeunes et ses conséquences. [En ligne]. www. media-awareness.ca/rancais/projets_speciaux/ trousse_medias/stereotypes/image_stereotypee_ jeunes.cm. Sur le site UQAM. Réseaux sociaux (2011). Comment apprendre à s’afrmer. Le Guide. [En ligne]. www.afrmation-de-soi.ino/ comment-mieux-s%E2%80%99afrmer-la-revelationde-soi.php (page consultée le 26 septembre 2012). Rizzolati, G., & Sinigaglia, C. (2008). Les neurones miroirs. Paris : Odile Jacob. Schwartz, B., & Flowers, J. (2007). How to ail as a therapist. 50 ways to lose or damage your patient. Atascadero, Cali. : Impact Publishers. Simonds, C., & Warren, B. (2004). Le Rire médecin : – Journal du docteur Girae. Paris : Pocket. Stoop, D. (2003). You are what you think. Grand Rapids, Mich. : Fleming H. Revell, Baker Book House. Tournebise, T. (2004). Communication thérapeutique. [En ligne]. www.maieusthesie.com/nouveautes/ article/aide.htm (page consultée le 18 évrier 2013). Tournebise, T. (2000). Les pièges de l’empathie. [En ligne]. www.maieusthesie.com/nouveautes/article/ empathie.htm (page consultée le 18 évrier 2013).
Campbell, R.J., Yonge, O., & Austin, W. (2005). Intimacy boundaries between mental health nurses & psychiatric patients. J Psychosoc Nurs Ment Health Serv, 43(5), 32-39. Comité de la santé mentale du Québec (1987). Pour un partenariat élargi : projet de politique de santé mentale pour le Québec. Québec, Qc : Comité de la santé mentale du Québec. Comité de la santé mentale du Québec (1997). Déf : de la reconfguration des services de santé mentale. Québec, Qc : Comité de la santé mentale du Québec. Commission d’études des hôpitaux psychiatriques (1962). Rapport de la Commission d’étude des hôpitaux psychiatriques. Québec, Qc : Commission d’études des hôpitaux psychiatriques. Commission des droits de la personne du Québec (1978). Commentaire sur la Loi de protection du malade mental. Montréal : Commission des droits de la personne du Québec Conseil de recherche en sciences humaines du Canada, Conseil de recherche en sciences naturelles et en génie du Canada et Instituts de recherche en santé du Canada (2010). Énoncé de politique des trois Conseils : Éthique de la recherche avec des êtres humains. Ottawa, Ont. : Groupe consultati interagences en éthique de la recherche. Corbeil, C. (1997). Le consentement aux soins psychiatriques. Mémoire présenté à la Faculté de droit, Université de Sherbrooke, Canada.
Tournebise, T. (2010). L’écoute thérapeutique. Issyles-Moulinaux, France : ESF.
Curateur public du Québec (2008). Déclaration de services aux citoyens. Le Curateur public du Québec : à la rencontre de la personne. [En ligne]. www. curateur.gouv.qc.ca/cura/publications/declar_serv.pd (page consultée le 25 évrier 2013).
Travelbee, J. (1971). Interpersonal aspects o nursing (2nd ed.). Philadelphie : F.A. Davis. http://openlibrary.org/ books/OL4467106M/Interpersonal_aspects_o_nursing
Direction de la santé mentale du ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) (2011). Rapport d’enquête sur les difcultés d’application de la Loi
sur la protection des personnes dont l’état mental présente un danger pour elles-mêmes ou pour autrui. Québec, Qc : MSSS.
Ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) (1999). Guide pratique en santé mentale. Québec, Qc : MSSS.
Dorvil, H. (1987). La tolérance de la communauté à l’égard du malade mental. Santé mentale au Québec, 12(1), 57.
Ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) (2002). Orientations ministérielles relatives à l’utilisation exceptionnelle des mesures de contrôle : contention, isolement et substances chimiques. Québec, Qc : MSSS.
Dorvil, H. (2005). Nouveau plan d’action : quelques aspects médicaux, juridiques, sociologiques de la désinstitutionalisation. Cahiers de recherche sociologique, 209, 41-42. Dorvil, H., Guttman, H., & Cardinal, C. (1997). 35 ans de désinstitutionnalisation au Québec – 1961-1996. Québec, Qc : Ministère de la Santé et des Services sociaux. Fleury, M.-J., & Grenier, G. (2004). Historique et enjeux du système de santé mentale québécois. Ruptures, revue transdisciplinaire en santé, 10(1), 22. Goulet, G. (2007). Des libertés bien ragiles... L’application de la Loi sur la protection des personnes dont l’état mental présente un danger pour ellesmêmes ou pour autrui : Pour le respect des règles d’application d’une loi d’exception dans une culture humanisée de services de santé. Dans Service de la ormation continue du Barreau du Québec. Autonomie et protection. Cowansville, Qc : Yvon Blais. Kouri, R.P., & Philips-Nootens, Z. (2005) L’intégrité de la personne et le consentement aux soins (2e éd.). Cowansville, Qc : Yvon Blais. Laberge, D., & et Morin, D. (1995). The overuse o criminal justice dispositions : Failure o diversionary policies in the management o mental health problems. Int J Law Psychiatry, 18(4), 399. Lajoie, A. (1994). Le droit aux services : une réorme en peau de chagrin. Dans V. Lemieux, P. Bergeron, C. Bégin et al. (dir.). Le système de santé au Québec : organisation, acteurs et enjeux. Québec, Qc : Presses de l’Université Laval. Lecomte, Y. (1997). De la dynamique des politiques de désinstitutionnalisation au Québec. Santé mentale au Québec, 22(2), 7.
Ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) (2012). L’éthique dans le contexte des soins. [En ligne]. http://ethique.msss.gouv.qc.ca/site/r_clinique. phtml (page consultée le 18 évrier 2013). Morin, P. (2001). L’espace de « la zone ». Dans H. Dorvil & R. Mayer (dir.). Problèmes sociaux : théories et méthodologies. Tome 1. Québec, Qc : Presses de l’Université Laval. Ordre des inrmières et inrmiers du Québec (OIIQ) (2003). Guide d’application de la nouvelle Loi sur les infrmières et les infrmiers et de la Loi modifant le Code des proessions et d’autres dispositions législatives dans le domaine de la santé. [En ligne]. www.oiiq.org/uploads/publications/autres_ publications/Guide_application_loi90.pd (page consultée le 18 évrier 2013). Ordre des inrmières et inrmiers du Québec (OIIQ) (2010). Le secret proessionnel a-t-il des « secrets » ? [En ligne]. www.oiiq.org/pratique-inrmiere/ deontologie/chroniques/le-secret-proessionnel-a-t-ildes-secrets-12 (page consultée le 18 évrier 2013). Ordre des inrmières et inrmiers du Québec (OIIQ) (2012). Décider de l’utilisation des mesures de contention. [En ligne]. www.oiiq.org/pratiqueinrmiere/activite-reservees/decider-de-lutilisationde-la-contention (page consultée le 18 évrier 2013). Organisation des Nations Unies (1991). Protection des personnes atteintes de maladie mentale et amélioration des soins de santé mentale. Rés. AG 46/119, Doc. o. AG NU, 46e sess., supp. no 49, Doc. NU A/RES/46/119.
Le Coz, P. (2007). Petit traité de la décision médicale. Paris : Seuil.
Paquet, M.-N. (2010). Le principe de l’exception : la condentialité dans la Loi sur les services de santé et les services sociaux. Dans Service de la ormation permanente du Barreau du Québec. La protection des personnes vulnérables. Cowansville, Qc : Yvon Blais.
Leebvre, Y. (1987). Chercher asile dans la communauté. Santé mentale au Québec, 12(1), 66.
Pagé, J.-C. (1961). Les ous crient au secours. Montréal : Éditions du Jour.
McCubbins, M., & Cohen, D. (1998). Les droits des usagers de services en santé mentale : le nœud étroit du pouvoir, de la loi et de l’éthique. Santé mentale au Québec, 23(2), 212.
Paradis, A. (1977). Essais pour une préhistoire de la psychiatrie au Canada (1800-1885). Trois-Rivières, Qc : Université du Québec à Trois-Rivières.
Meloche, M. (1981). Enermer la olie. Santé mentale au Québec, 6(2), 18. Ménard, J.-P. (1993). Le reus de traitement du majeur inapte. Dans Association des hôpitaux du Québec. Le reus catégorique, Montréal, E-1-29. Ménard, J.-P. (1998). L’impact de la Loi sur les personnes dont l’état mental représente un danger pour elles-mêmes ou pour autrui. Dans Service de la ormation permanente du Barreau du Québec. Développement récent en droit de la santé mentale. Cowansville, Qc : Yvon Blais. Ministère de la Justice (1993). Commentaires du ministre de la justice : Le Code civil du Québec. Tome 1. Québec, Qc : Les Publications du Québec. Ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) (1989). Politique de santé mentale. Québec, Qc : MSSS. Ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) (1997). Orientations pour la transormation des services de santé mentale. Québec, Qc : MSSS.
Parizeau, M.-H. (dir.) (1995). Éthique et hôpital : Rôle et défs des comités d’éthique cliniques. Québec, Qc : Presses de l’Université Laval. Philips-Nootens, S., Lesage-Jarjoura, P., & Kouri, R.P. (2007). Éléments de responsabilité civile médicale – Le droit dans le quotidien de la médecine (3e éd.). Cowansville, Qc : Yvon Blais. Protecteur du citoyen (2011). Les difcultés d’application de la Loi sur la protection des personnes dont l’état mental présente un danger pour elles-mêmes ou pour autrui (L.R.Q., c. P-38.001). Québec, Qc : Gouvernement du Québec. Potter, P.A., & Perry, A.G. (2002). Soins infrmiers. Laval, Qc : Éditions Études Vivantes. Régie régionale de la santé et des services sociaux de Montréal-Centre et Direction de la santé publique (1995). Acceptation et rejet des personnes désinstitutionnalisées. Montréal : Régie régionale de la santé et des services sociaux de Montréal-Centre et Direction de la santé publique.
Swain, G. (1994). Dialogue avec l’insensé. Paris : Gallimard. Véricateur général du Québec (2003). Rapport à l’Assemblée nationale pour l’année 2002-2003, tome II – Services de santé mentale. Québec, Qc : Gouvernement du Québec. Wallot, H. (1998). La danse autour du ou. Beauport, Qc : Publications MNH. Zacchia, C., & Tremblay, J. (2006). Éthique clinique en psychiatrie : l’expérience de l’hôpital Douglas. Santé mentale au Québec, 31(1), 95-105.
Chapitre 7 Agrawal, A., Verweij, K.J., & Gillespie, N.A. (2012). The genetics o addiction-A translational perspective. Translational Psychiatry, 2, 140. Andersson, K.E. (2011). Mechanisms o penile erection and basis or pharmacological treatment o erectile dysunction. Pharmalogical Review, 63(4), 811-859. Aoki, Y., Kasai, K., & Yamasue, H. (2012). Age-related change in brain metabolite abnormalities in autism : A meta-analysis o proton magnetic resonance spectroscopy studies. Translational Psychiatry, 17(2), e69. doi : 10.1038/tp.2011.65 Appleton, S. (2011). Frequency and outcomes o accidental ingestion o tobacco products in young children. Regul Toxicol Pharmacol, 61(2), 210-214. Benarroch, E.E. (2011). Nitric oxide : A pleiotropic signal in the nervous system. Neurology, 77(16), 1568-1576. Bennett, M. (2009). Positive and negative symptoms in schizophrenia : The NMDA receptor hypounction hypothesis, neuregulin/ErbB4 and synapse regression. The Aust N Z J Psychiatry, 43(8), 711-721. Borras, L., Constant, E., De Timary, P., et al. (2009). Long-term psychiatric consequences o carbon monoxide poisoning : A case report and literature review. Rev Med Interne, 30(1), 43-48. Cardinali, D.P., Furio, A.M., & Brusco, L.I. (2011). The use o chronobiotics in the resynchronization o the sleep/wake cycle. Therapeutical application in the early phases o Alzheimer’s disease. Recent Pat Endocr Metab Immune Drug Discov, 5(2), 80-90. Connolly, G.N., Richter, P., & Aleguas, A. Jr. (2010). Unintentional child poisonings through ingestion o conventional and novel tobacco products. Pediatrics, 125(5), 896-899. Coogan, A.N., & Thome, J. (2011). Chronotherapeutics and psychiatry : Setting the clock to relieve the symptoms. World J Biol Psychiatry, 12(suppl. 1), 40-43. Crupi, R., Marino, A., & Cuzzocrea, S. (2011). New therapeutic strategy or mood disorders. Curr Med Chem, 18(28), 4284-4298. Cutajar, M.C., & Edwards, T.M. (2007). Evidence or the role o endogenous carbon monoxide in memory processing. J Cogn Neurosci, 19(4), 557-562. Czirr, E., & Wyss-Coray, T. (2012). The immunology o neurodegeneration. J Clin Invest, 122(4), 1156-1163. Dauncey, M.J. (2012). Recent advances in nutrition, genes and brain health. The Proceedings o the Nutrition Society, 3, 1-11. Di Tommaso, M.C. (2012). A comparative study o bipolar disorder and attention decit hyperactivity disorder through the measurement o regional cerebral blood fow. J Biol Regul Homeost Agents, 26(1), 1-6.
Références
R897
Dumas, J.A., & Newhouse, P.A. (2011). The cholinergic hypothesis o cognitive aging revisited again : Cholinergic unctional compensation. Pharmacology, Biochemistry and Behavior, 99(2), 254-261.
Matsunaga, M., Isowa, T., Yamakawa, K., et al. (2011). Psychological and physiological responses to odorevoked autobiographic memory. Neuro Endocrinol Lett, 32(6), 774-780.
Fornaro, M., Iovieno, N., Clementi, N., et al. (2010). Diagnosis o co-morbid axis-I psychiatric disorders among women with newly diagnosed, untreated endocrine disorders. World J Biol Psychiatry, 11(8), 991-996.
Meltzer, H.Y., & Huang, M. (2008). In vivo actions o atypical antipsychotic drug on serotonergic and dopaminergic systems. Progress in Brain Research, 172, 177-197.
Fujita, K., Yamauji, M., Nakabeppu, Y., et al. (2012). Therapeutic approach to neurodegenerative diseases by medical gases : Focusing on redox signaling and related antioxidant enzymes. Oxid Med Cell Longev, 324256. Epub.
Miyake, K., Hirasawa, T., Koide, T., et al. (2012). Epigenetics in autism and other neurodevelopmental diseases. Adv Exp Med Biol, 724, 91-98.
Gallup, A.C., & Gallup, G.G. Jr. (2008). Yawning and thermoregulation. Physiol Behav, 95(1-2), 10-16.
Moore, S., Kelleher, E., & Corvin, A. (2011). The shock o the new : Progress in schizophrenia genomics. Curr Genomics, 12(7), 516-524.
Hamberger, M.J., & Cole, J. (2011). Language organization and reorganization in epilepsy. Neuropsychol Rev, 21(3), 240-251.
Moroz, L.L., & Kohn, A.B. (2011). Parallel evolution o nitric oxide signaling : Diversity o synthesis and memory pathways. Front Biosci, 17, 51.
Hamilton, R.H., Chrysikou, E.G., & Coslett, B. (2011). Mechanisms o aphasia recovery ater stroke and the role o noninvasive brain stimulation. Brain Lang, 118(1-2), 40-50.
Morshed, S.A., Lati, R., & Davies, T.F. (2012). Delineating the autoimmune mechanisms in Graves’ disease. Immunol Res, Mar 21.
Heinz A, & Schlagenhau, F. (2010). Dopaminergic dysunction in schizophrenia : Salience attribution revisited. Schizophr Bull, 36(3), 472-485. Epub 2010 May 7. Review.
Ordre des infrmières et infrmiers du Québec (OIIQ) (2009). La pratique infrmière en santé mentale. Une contribution essentielle à consolider. Rapport du comité d’experts sur la pratique infrmière en santé mentale et en soins psychiatriques, Annexe I. [En ligne]. www.oiiq.org/uploads/publications/autres_ publications/rapport_octobre2009_v.pd (page consultée le 13 septembre 2012).
Hoover, K.C. (2010). Smell with inspiration : The evolutionary signifcance o olaction. Am J Phys Anthropol, 143(suppl. 51), 63-74.
Pocock, G., & Richards, D.R. (2004). Physiologie humaine, les ondements de la médecine. Paris : Masson.
Kaas, J.H., & Collins, C.E. (2003). The organisation o the somatosensory cortex in arthropoids primates. Ad. Neurol, 93, 57-67.
Purves, D., Augustine, G.J., Fitzpatrick, D., et al. (2011). Neurosciences (4e éd.). Bruxelles, Belgique : De Boeck.
Karchemskiy, A., Garrett, A., Howe, M., et al. (2011). Amygdalar, hippocampal, and thalamic volumes in youth at high risk or development o bipolar disorder. Psychiatry Res, 194(3), 319-325.
Richard, M.D., & Brahm, N.C. (2012). Schizophrenia and the immune system : Pathophysiology, prevention, and treatment. Am J Health Syst Pharm, 69(9), 757-766.
Kerr, A.L., Cheng, S.Y., & Jones, T.A. (2011). Experience-dependent neural plasticity in the adult damaged brain. J Commun Disord, 44(5), 538-548.
Riecher-Rössler, A., & Kulkarni, J. (2011). Estrogens and gonadal unction in schizophrenia and related psychoses. Curr Top Behav Neurosci, 8, 155-171.
Kolb, B., & Whinshaw, I. (2008). Cerveau et comportement. Bruxelles, Belgique : De Boeck.
Schee, L., Spottke, A., Daerr, M., et al. (2012). Glucose metabolism, gray matter structure, and memory decline in subjective memory impairment. Neurology, 79(13), 1332-1339.
Hannon-Engel, S. (2012). Regulating satiety in bulimia nervosa : The role o cholecystokinin. Perspect Psychiatr Care, 48(1), 34-40.
Kosteniuk, J., Morgan, D., & D’Arcy, C. (2012). Diagnoses o anxiety and depression in clinicalscenario patients : Survey o Saskatchewan amily physicians. Can Fam Physician, 58(3), e144-151. Lamont, E.W., Legault-Coutu, D., Cermakian, N., et al. (2007). The role o circadian clock genes in mental disorders. Dialogues Clin Neurosci, 9(3), 333-342. Leucht, S., Tardy, M., Komossa, K., et al. (2012). Maintenance treatment with antipsychotic drugs or schizophrenia. Cochrane Database Syst Rev, 5:CD008016. Maldonado, M.D., Pérez-San-Gregorio, M.A., & Reiter, R.J. (2009). The role o melatonin in the immunoneuro-psychology o mental disorders. Recent Pat CNS Drug Discov, 4(1), 61-69. Maldonado, R. (2010). The endogenous opioid system and drug addiction. Ann Pharm Fr, 68(1), 3-11. Manolopoulos, V.G., Ragia, G., & Alevizopoulos, G. (2012). Pharmacokinetic interactions o selective serotonin reuptake inhibitors with other commonly prescribed drugs in the era o pharmacogenomics. Drug Metabol Drug Interact, 27(1), 19-31. doi : 10.1515/dmdi-2011-0033 Martin, I., Dawson, V.L., & Dawson, T.M. (2011). Recent advances in the genetics o Parkinson’s disease. Annu Rev Genomics Hum Genet, 12, 301-325.
R898
Références
Schwartz, M., & Sabetay, S. (2012). An approach to the continuous dopaminergic stimulation in Parkinson’s disease. Isr Med Assoc J, 14(3), 175-179.
Challenges and opportunities. Neural Plasticity, 970136. Vandewalle, G., Hébert, M., Beaulieu, C., et al. (2011). Abnormal hypothalamic response to light in seasonal aective disorder. Biol Psychiatry, 70(10), 954-961. Villamar, M.F., Santos Portilla, A., Fregni, F., et al. (2012). Noninvasive brain stimulation to modulate neuroplasticity in traumatic brain injury. International Neuromodulation Society, 15(4), 326-338. Wadenberg, M.L. (2010). Conditioned avoidance response in the development o new antipsychotics. Curr Pharm Des, 16(3), 358-370.
Chapitre 8 Agence de la santé publique du Canada (ASPC) (2009). L’appartenance sociale et la santé des aînés. [En ligne]. www.phac-aspc.gc.ca/seniors-aines/ publications/pro/healthy-sante/haging_newvision/ vison-rpt/social-sociale-ra.php (page consultée le 30 juillet 2012). Agence de la santé publique du Canada (ASPC) (2010). Les soins à la mère et au nouveau-né dans une perspective amiliale : lignes directrices nationales. [En ligne]. www.phac-aspc.gc.ca/hp-ps/dca-dea/ publications/cm-smp/cmc-smp-06-ra.php#contact (page consultée le 1er mai 2012). Agence de la santé publique du Canada (ASPC) (2012). Qu’est-ce que la promotion de la santé mentale ? Qu’est-ce que la résilience ? [En ligne]. www.phac-aspc.gc.ca/mh-sm/mhp-psm/aq-ra.php (page consultée le 1er mai 2012). Agence de la Santé et des Services sociaux de la Capitale-Nationale, Direction de santé publique et Institut national de santé publique du Québec (2008). Perspectives pour un vieillissement en santé : proposition d’un modèle conceptuel. [En ligne]. www.inspq.qc.ca/pd/publications/860_ PerspectiveVieillissementSante.pd (page consultée le 22 octobre 2012). Alliance des emmes de la rancophonie canadienne (2009). Les emmes aidantes naturelles dans les communautés rancophones et acadienne du Canada. Document sur le vécu et les besoins des aidantes. [En ligne]. http://ac.ca/index.cm?Voir=resultat& Mod=1&Repertoire_No=-1371073247 (page consultée le 14 mai 2012).
Seibyl, J., Russell, D., Jennings, D., et al. (2012). The molecular basis o dopaminergic brain imaging in Parkinson’s disease. Q J Nucl Med Mol Imaging, 56(1), 4-16.
Altintas, A., Gallouj, K., & Guerrien, E. (2012). Soutien social, dépression et estime de soi chez les personnes âgées : les résultats d’une analyse en cluster. Annales médico-psychologiques. [En ligne]. www.em-consulte. com/article/690754/soutien-social-depression-et-estimede-soi-chez-le (page consultée le 28 septembre 2012).
Seiuddin, F., Mahon, P.B., Judy, J., et al. (2012). Metaanalysis o genetic association studies on bipolar disorder. Am J Med Genet B Neuropsychiatr Genet, 159B(5), 508-518.
Association canadienne pour la santé mentale (2000). Qu’est-ce que la résilience ? [En ligne]. www.acsmca.qc.ca/virage/dossiers/la-resilience.html (page consultée le 1er mai 2012).
Simon, R.D. (2012). Shit work disorder : Clinical assessment and treatment strategies. J Clin Psychiatry, 73(6), e20.
Association pour la santé publique du Québec (2011). Dossier santé mentale. Bulletin de santé publique, 33(2).
Srinivasan, V., De Berardis, D., Shillcutt, S.D., et al. (2012). Role o melatonin in mood disorders and the antidepressant eects o agomelatine. Expert Opin Investig Drugs, Aug 9.
Baltes, P.B., & Baltes M.M. (1990). Psychological perspectives on successul aging : The model with selective optimisation and compensation. In P.B. Baltes & M.M. Baltes (Eds), Successul aging : Perspectives rom behavioral sciences. New York : Cambridge University Press.
Stasiolek, M. (2011). The role o selected immunoregulatory cell populations in autoimmune demyelination. Neuro Endocrinol Lett, 32(1), 25-33. Sterr, A., & Conorto, A.B. (2012). Plasticity o adult sensorimotor system in severe brain inarcts :
Baker, J., Meisner, B.A., Logan, A.J., et al. (2009). Physical activity and successul aging in Canadian older adults. J Aging Phys Act, 17(2), 223-35.
Bee, H., & Boyd, D. (2012). Liespan development (4th ed.). Toronto : Pearson. Banque de données en santé publique (BDSP) (2012). Métamémoire, mémoire et vieillissement. [En ligne]. www.bdsp.ehesp.r/Base/84323 (page consultée le 22 octobre 2012). Bridges, W. (2006). Transitions de vie. Paris : InterÉditions. Burns, R.B. (1984). The sel-concept : Theory, measurement, development and behaviours. New York : Langman Group. Cardinal, L., M.-C. Langlois, M.-C., Gagné, D., et al. (2008). Perspectives pour un vieillissement en santé : proposition d’un modèle conceptuel. [En ligne]. www. inspq.qc.ca/pd/publications/860_ PerspectiveVieillissementSante.pd (page consultée le 22 octobre 2012). Caron, J., & Guay, S. (2005). Soutien social et santé mentale : concept, mesure, recherches récentes et implications pour l’intervention. Santé mentale au Québec, 30(2), 15-38. Carter, B., & McGoldrick, M. (dir.) (1999). The expand amily lie cycle : Individual, amily and social perspectives (3rd ed.). Boston : Allyn & Bacon. Centre jeunesse de Montréal-Institut universitaire (2010). Guide de soutien à la pratique. En santé mentale pour les jeunes de 12-18 ans. [En ligne]. www.reseaucer.ca/wp-content/uploads/2012/07/ guide-soutien-sante-mentale.pdpage consultée le 22 octobre 2012). Centre d’études sur le stress humain (CESH) (2012). Le stress. Déjouer le stress. Stratégies d’adaptation. [En ligne]. www.stresshumain.ca/le-stress/dejouer-lestress/etape-de-gestion-du-stress-instantanee.html (page consultée le 17 mai 2012). Centres d’excellence pour le bien-être des enants (2009). Répondre aux besoins des enants. Les étapes clés du développement des jeunes enants. [En ligne]. www.excellence-jeunesenants.ca/documents/etre_ parent_2009-11.pd (page consultée le 22 octobre 2012).
Duclos, G. (2010). Fertiliser le sentiment d’appartenance chez les jeunes. [En ligne]. www. acsm.qc.ca/ACSM_SNSM/.../Art_SNSM_2010_jeune. pd (page consultée le 25 mai 2012). Ebersole, P., & Hess, P. (2001). Geriatric Nursing & Healthy Aging. St. Louis, Mo. : Mosby. Ebersole, P., & Hess, P. (2011). Ebersole and Hess’ gerontological nursing & healthy aging (3rd ed.). StLouis, Mo. : Mosby. Finucane, M.L., & Gullion, C.M. (2010). Developing a tool or measuring the decision-making competence o older adults. Psychol Aging, 25(2), 271-288. Friedman, D., Nessler, D., & Johnson, R. Jr. (2007). Memory encoding and retrieval in the aging brain. Clin EEG Neurosci, 38(1), 2-7. Garrido, P. (2011). Aging and stress : past hypotheses, present approaches and perspectives. Aging Dis., 2(1), 80-98. Institut national de santé publique (2011). La mortalité par suicide au Québec : données récentes de 2005 à 2008. Mise à jour 2011. [En ligne]. www.aqps. ino/comprendre/documents-statistiques.html (page consultée le 1er mai 2012). Jacque, C., & Thurin, J.M. (2002). Stress, immunité et physiologie du système nerveux. Médecine/Sciences, 18, 1160-1166. Kauman, J.C., Liu, X., & Johnson, C.K. (2009). How do educational attainment and gender relate to fuid intelligence, crystallized intelligence, and academic skills at ages 22-90 years ? Arch Clin Neuropsychol, 24(2), 153-163. Lauzon, S. (1980). Aperçu de quelques théories psychosociales du vieillissement. Santé mentale au Québec, 5(2), 3-11. Levy, K.N. (2005). The implications o attachment theory and research or understanding borderline personality disorder. Dev Psychopathol, 17(4), 959986.
Chess, S., & Thomas, A. (1999). Goodness o t : Clinical applications rom inancy through adult lie. London, R.-U. : Routledge.
MacDonald, S.W, DeCarlo, C.A., & Dixon, R.A. (2011). Linking biological and cognitive aging : Toward improving characterizations o developmental time. J Gerontol B Psychol Sci Soc Sci, 66(suppl. 1), i59-70.
Cloutier, L., & Leclerc, C. (2011). L’évaluation de la condition mentale. Comment allez-vous aujourd’hui ? Perspective inrmière, 8(2), 29-31.
Mahler, M.S. (1972). On the rst three subphases o the separation-individuation process. Int J Psychoanal, 53, 333-338.
Cornwell, B., Laumann, E.O., & Schumm, L.P. (2008). The social connectedness o older adults : A national prole. Am Sociol Rev, 73(2), 185-203.
Mahler, M.S. (1963). Thoughts about development and individuation. Psychoanal Study Child, 18, 307-324.
Denoux, P., & Macaluso, G. (2006). Stress et vieillissement. Un développement contre-culturel du lieu de contrôle et des stratégies d’adaptation chez les sujets âgés. Psychologie & NeuroPsychiatrie du vieillissement, 4(4), 287-297. Drash, P.W., & Tudor, R.M. (2004). Is autism a preventable disorder o verbal behavior ? A response to ve commentaries. Anal Verbal Behav, 20, 55-62. Ducharme, F. (2006). Famille et soins aux personnes âgées : enjeux, dés et stratégies. Montréal : Beauchemin/Chenelière Éducation. Ducharme, F. (2011). Santé mentale des proches aidants de personnes âgées : résultats d’études évaluatives de programmes psychoéducatis. Revue québécoise de psychologie, 32(3), 1-18. Ducharme F., Dubé V., Lévesque L., et al. (2012). Programme de ormation en ligne sur la gestion du stress : une nouvelle orme de soutien pour les proches aidants de personnes âgées. Vie et vieillissement, 9(4), 28-35.
Maki, K.P., Jeste, S.S., & Spence, S.J. (2011). Common neurological co-morbidities in autism spectrum disorders. Curr Opin Pediatr, 23(6), 609-615. Masoro, E.J., & Austad, N.S. (2011). Handbook o the biology o aging (7th ed.). San Diego, Cali. : Academic Press. McDougall, G.J. Jr. (2009). A ramework or cognitive interventions targeting everyday memory perormance and memory sel-ecacy. Fam Community Health, 32(suppl. 1), S15-26. McGill, (2012). Capsule outil : Les eets du vieillissement normal sur nos capacités cognitives. [En ligne]. http://lecerveau.mcgill.ca/fash/capsules/ outil_bleu30.html (page consultée le 22 mai 2012). Millan, A., & Hamm, B. (2003). Les liens entre les générations : grands-parents et petits-enants. Tendances sociales canadiennes. Hiver 2003. [En ligne]. http://catalogue.iugm.qc.ca/GEIDEFile/ intergeneration.PDF?Archive=193544691172&File =Interg%E9n%E9ration_PDF (page consultée le 20 octobre 2012).
Ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) (2010a). Cadre conceptuel de la santé et de ses déterminants. Résultat d’une réfexion commune. [En ligne]. http://publications.msss.gouv.qc.ca/acrobat// documentation/2010/10-202-02.pd [page consultée le 28 septembre 2012). Ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) (2010b). État de la population québécoise. Quelques repères. [En ligne]. http://publications.msss.gouv. qc.ca/acrobat//documentation/2010/10-228-01.pd (page consultée le 20 octobre 2010). Ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) (2011). Amour et sexualité : les premières ois. Les premiers émois sexuels. Ça sexprime, hiver, 11, 7-8. Ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) (2012). Santé mentale-Suicide. [En ligne]. www.msss. gouv.qc.ca/sujets/prob_sante/sante_mentale/index. php?id= (page consultée le 1er mai 2012). Onega, L.L., & Tripp-Reimer, T. (1997). Expanding the scope o continuity theory. Application to gerontological nursing. J Gerontol Nurs, 23(6), 29-35. Ordre des inrmières et inrmiers du Québec (OIIQ) (2009). La pratique inrmière en santé mentale : une contribution essentielle à consolider. Rapport du comité d’experts sur la pratique inrmière en santé mentale et en soins psychiatriques. Montréal : OIIQ. Organisation mondiale de la Santé (OMS) (2010). La santé mentale : renorcer notre action. [En ligne]. www.who.int/mediacentre/actsheets/s220/r/ (page consultée le 16 mai 2012). Pae, M., Meydani, S.N., & Wu, D. (2012). The role o nutrition in enhancing immunity in aging. Aging Dis, 3(1), 91-128. Papalia, D., Olds, S., & Feldman, R. (2010). Psychologie du développement humain (7e éd.). Montréal : Chenelière/McGraw Hill. PasseportSanté.net (2011). Maladie d’Alzheimer. [En ligne]. www.passeportsante.net/r/Maux/Problemes/ Fiche.aspx?doc=alzheimer_pm#P88_14605 (page consultée le 28 septembre 2012). Pellicanò, M., Larbi, A., Goldeck, D., et al. (2012). Immune proling o Alzheimer patients. J Neuroimmunol, 242(1-2), 52-59. Pinel, B. (2007). Vieillir, du mythe à la réalité. Paris : Éditions L’Harmattan. Poljšak, B., & Dahmane, R. (2012). Free radicals and extrinsic skin aging. Dermatol Res Pract, 135206. doi : 10.1155/2012/135206 Pope, N.D., Kolomer, S., & Glass, A.P. (2012). How women in late midlie become caregivers or their aging parents. J Women Aging, 24(3), 242-261. Ratey, J.J., & Loehr, J.E. (2011). The positive impact o physical activity on cognition during adulthood : A review o underlying mechanisms, evidence and recommendations. Rev Neurosci, 22(2), 171-185. Rotter, J.B., Lah, M.I., & Raerty, J.E. (1992). Rotter Incomplete Sentence Blank. New York : Psychological Corporation. Santé Canada (2009). Les premiers contacts... ont toute la diérence. Ottawa, Ont. : Gouvernement du Canada. Santé Canada (2010). Les aînés et le vieillissement – activité sexuelle. [En ligne]. www.hc-sc.gc.ca/hl-vs/ iyh-vsv/lie-vie/seniors-aines-ra.php#de (page consultée le 17 mai 2012). Santrock, J.W. (2011). Educational psychology (5th ed.). New York : McGraw Hill.
Références
R899
Santrock, J.W., MacKenzie-Rivers, A., Malcomson,T., et al. (2011). Lie-span development (4th ed.). Whitby, Ont. : McGraw Hill Ryerson Higher Education.
Arab Americans in New York City. Journal o Muslim Mental Health, 3(2), 217-239.
Schroots, J.J. (1996). Theoretical developments in the psychology o aging. Gerontologist, 36(6), 742-748.
Anderson, M. (2003). One few over the psychiatric unit : Mentall illness and the media. J Psychiatr Ment Health Nurs, 10, 297-306.
Société canadienne de pédiatrie (SCP) (2009). L’orientation sexuelle des adolescents. [En ligne]. www.cps.ca/rancais/enonces/AM/AH08-03.htm (page consultée le 10 mai 2012).
Agence de la santé publique du Canada (2012). Foire aux questions. [En ligne]. www.phac-aspc.gc.ca/mhsm/mhp-psm/aq-ra.php (page consultée le 5 juillet 2012).
Statistique Canada (2003). Tendances sociales canadiennes. Les liens entre les générations : grandsparents et petits-enants. [En ligne]. www5.statcan. gc.ca/access_acces/alternative_alternati. action?l=ra&loc=http://www.statcan.gc.ca/pub/11008-x/2003003/article/6619-ra.pd&t=Les%20 liens%20entre%20les%20générations%20:%20 grands-parents%20et%20petits-enants (page consultée le 20 octobre 2012).
Angermeyer, M., Holzinger, A., Carta, M., et al. (2011). Biogenetic explanations and public acceptance o mental illness : Systematic review o population studies. Br J Psychiatry, 199(5), 367-372. doi : 10.1192/ bjp.bp.110.085563
Statistique Canada (2006a). Répartition de la population de 15 ans et plus selon la situation conjugale, le groupe d’âge et le sexe, Québec, 2006. [En ligne]. www.stat.gouv.qc.ca/donstat/societe/ demographie/struc_poplt/202.htm (page consultée le 14 mai 2012).
American Nurses Association (2006). Multicultural issues in the nursing workorce. Washington, D.C. : American Nurses Association.
Statistique Canada (2006b). Un portrait des aînés au Canada. [En ligne]. www.statcan.gc.ca/pub/89-519x/89-519-x2006001-ra.pd (page consultée le 28 septembre 2012). Statistique Canada (2009). Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes – Vieillissement en santé. [En ligne]. www.statcan.gc.ca/pub/82-003-x/2010003/ article/11289/tbl/tbl3-ra.htm (page consultée le 3 octobre 2012). Wadensten, B. (2010). Changes in nursing home residents during an innovation based on the theory o gerotranscendence. Int J Older People Nurs, 5(2), 10815. doi : 10.1111/j.1748-3743.2010.00215.x Weir, P.L., Meisner, B.A., & Baker, J. (2010). Successul aging across the years : Does one model t everyone ? J Health Psychol, 15(5), 680-687. Wellard, S. (2010). Grandparents : An underestimated resource or children’s health development. J Fam Health Care, 20(5), 150-152. Wolinsky, F.D., Bentler, S.E., Hockenberry, J., et al. (2011). A prospective cohort study o long-term cognitive changes in older Medicare beneciaries. BMC Public Health, 11, 710. Wood, A.M., & Tarrier, N. (2010). Positive clinical psychology : A new vision and strategy or integrated research and practice. Clin Psychol Rev, 30(7), 819829. Woods, J.A., Wilund, K.R., Martin, S.A., et al. (2012). Exercise, infammation and aging. Aging Dis, 3(1), 130-140. Zimmermann, E.Z., Schaible, E., Bale, H., et al. (2011). Age-related changes in the plasticity and toughness o human cortical bone at multiple length scales. Proc Natl Acad Sci USA, 108(35), 14416-14421. www.ncbi. nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC3167515/?tool=pubmed
Chapitre 9 Abdullah, T., & Brown, T. (2011). Mental illness stigma and ethnocultural belies, values, and norms : An integrative review. Clinical Psychology Review, 31(6), 934-948. http://dx.doi.org/10.1016/j. cpr.2011.05.003 Abu-Ras, W., & Abu-Bader S.H. (2008). The Impact o the September 11, 2001, Attacks on the Well-Being o
R900
Références
Ally, Y., & Laher, S. (2008). South Arican Muslim aith healers perceptions o mental illness : Understanding aetiology and treatment. Journal o Religion and Health, 47, 45-56.
Association canadienne pour la santé mentale (2012). Myths about mental illness. [En ligne]. www.cmha.ca/ mental_health/myths-about-mental-illness/#. UG3XKK5R04k (page consultée le 4 septembre 2012). Bartocci, G., & Eligi, A. (2008). L’antinomie entre thaumaturgie religieuse et thérapies médicales : le cas « Catholicisme et Psychiatrie » en Italie. L’Évolution psychiatrique, 73, 53-67. Batista Wiese, E., Van Dijk, M., & Seddik, H. (2009). La matrice amiliale dans l’immigration : trauma et résilience. Dialogue, 185(3), 67. doi : 10.3917/ dia.185.0067 Bhui, K., Wara, Né, Edonya, P., et al. (2007). Cultural competence in mental health care : A review o model evaluations. British Medical Journal, 7(15). doi : 10.1186/1472-6963-7-15 Brondolo, E., Beatty, D., Cubbin, C., et al. (2009). Sociodemographic variations in sel-reported racism in a community sample o Blacks and Latino. Journal o Applied Social Psychology, 39(2), 407-429.
Cellard, A., & Thiault, M-C. (2006). Une toupie sur la tête : visage de la olie à Saint-Jean-de-Dieu. Montréal, Qc : Éditions Boréal. Clarkson, M. (2005). La santé des immigrants récents au Québec : une intégration à adapter et à paraire. Santé, Société et Solidarité, 4(1), 121-128. doi : 10.3406/oss.2005.1032 Collière, M.-F. (2001). Soigner, le premier art de la vie (2e éd.). Paris : Masson. Collin, J., & Hugues, D. (2010). Hypertension artérielle et habitudes de vie dans les journaux québécois : désocialisation, responsabilisation individuelle et réprobation morale. APORIA, 2(4), 36-46. Conrad, D. (2010). Promoting Men’s Mental Health. Abington, R-U : Radclie Publishing. Corrigan, P. (2004). How stigma intereres with mental health care. American Psychologist, 59(7), 614-625. doi : 10.1037/0003-066X.59.7.614 Corrigan, P.W., & Rao, D. (2012). On the sel-stigma o mental illness : Stages, disclosures, and strategies or change. Can J Psychiatry, 57(8), 464-469. Coutu-Wakulczik, G., (2003). Pour des soins transculturellement compétents ; le modèle transculturel de Purnell. Recherche en soins infrmiers, 72, 34-47. Dassa, S.K., Mbassa Menick, D., Tabo, A., et al. (2009). Les perceptions collectives des enants et adolescents handicapés mentaux en Arique de l’Ouest. Le cas du Togo. Neuropsychiatrie de l’enance et de l’adolescence, 57, 325-331. Fondation autochtone de guérison (2008). La Guérison autochtone au Canada : Études sur la conception thérapeutique et la pratique. Ottawa, Ont. : Réseau national de recherche en santé mentale chez les Autochtones et Fondation. Gouvernement du Québec (2012). Statistiques des populations autochtones du Québec 2011. Secrétariat aux aaires autochtones. [En ligne]. www. autochtones.gouv.qc.ca/nations/population.htm (page consultée le 16 octobre 2012).
Brousseau, H., Jobidon, J., Paillé, Y., et al. (2005). Les Premières Nations du Québec et les Inuits : leur présentation et la Loi sur les Indiens. Trois-Rivières, Qc : Ebyôn.
Grandbois, D. (2005). Stigma o mental illness among American Indian and Alaska Native Nations : Historical and contemporary perspectives, Issues in Mental Health Nursing, 26, 1001-1024.
Buus, N., Johannessen, H., & Stage, K.B. (2012). Explanatory models o depression and treatment adherence to antidepressant medication : A qualitative interview study. Int J Nurs Stud, 49(10), 1220-1229.
Groleau, D., Whitley, R., Lesperance, F., et al. (2010). Spiritual recongurations o sel ater myocardial inarction : Infuence o culture and place, Health & Place, 16, 853-860.
Cameron, E. (2011). État des connaissances en matière de santé publique des Inuits. Prince George, C.-B. : Centre de Collaboration nationale de la santé autochtone (CCNSA).
Grover, S., Kumar, V., Chakrabarti, S., et al. (2012). Explanatory models in patients with rst episode depression : A study rom North India. Asian Journal o Psychiatry, 5(3), 251-257. doi : 10.1016/j. ajp.2012.07.003
Camp, M., Webster, C., Coverdale, T., et al. (2010). The Joker : A dark night or depictions o mental illness. Academic Psychiatry, 34, 145-149.
Helman, C. (2007). Culture, Health and Illness (5th ed.). New York : Oxord University Press.
Canino, G., & Alegria, M. (2008). Psychiatric diagnosis – is it universal or related to culture ? Journal o Child Psychology and Psychiatry, 49(3), 237-250. doi : 10.1111/j.1469-7610.2007.01854.x
Hwang, W-C., Myers, H., Abe-Kim, J., et al. (2008). A conceptual paradigm or understanding culture’s impact on mental. Clinical Psychology Review, 28, 211-227.
Caplan, S., Escobar, J., Paris, M., et al. (2012). Cultural infuences on causal belies about depression among Latin immigrants. Journal o Transcultural Nursing. doi : 10.1177/1043659612453745
Khalia, N., Hardie, T., Lati, S., et al. (2011). Belies about Jinn, black magic and the evil eye among Muslims : Age, gender and rst language infuences. International Journal o Culture and Mental Health, 4(1), 68-77.
Castillo, M-C., Lannoy, V., Seznec, J-C., et al. (2007). Étude des représentations sociales de la schizophrénie dans la population générale et dans une population de patients schizophrènes. L’Évolution psychiatrique, 73, 615-628.
Kirmayer, L.J. (2001). Cultural variations in the clinical presentation o depression and anxiety : Implications or diagnosis and treatment. Clinical Psychiatry, 62, 22-28.
Kirmayer, L.J., Narasiah, L., Munoz, M., et al. (2011). Common mental health problems in immigrants and reugees : General approach in primary care. CMAJ, 183(12), E959-E967. doi : 10.1503/cmaj.090292
ImmigrationQuebec.pd (page consultée le 16 octobre 2012).
Kleinman, A. (2004). Culture and depression. N Engl J Med, 10, 951-953.
Mitchell, T., & Maracle, D. (2005). Guérir les générations : Le stress post-traumatique et l’état de santé des populations autochtones au Canada. Journal de la santé autochtone, 14-23.
Klin, A., & Lemish, D. (2008). Mental disorders stigma in the media : Review o studies on production, content, and infuences. Journal o Health Communication : International Perspectives, 13(5), 434-449.
Mullick, M., Khalia, N., Nahar, J., et al. (2012). Belies about Jinn, black magic and evil eye in Bangladesh : The eects o gender and level o education. Mental Health, Religion & Culture, 1-11. doi : 10.1080/13674676.2012.717918
Kniton, L., Gervais, M., Newbigging, K., et al. (2010). Community conversation : Addressing mental health stigma with ethnic minority communities. Social Psychiatry and Epidemiology, 45, 497-504.
Tew, J., Ramon, S., Slade, M., et al. (2011). Social actors and recovery rom mental health diculties : A review o the evidence. British Journal o Social Work, 42(3), 443-460. doi : 10.1093/bjsw/bcr076
Kuster, M., Goulet, C., & Pépin, J. (2002). Signications du soin postnatal pour des immigrants algériens. Infrmière du Québec, 10(1), 12-23.
Yanos, P.T., Lysaker, P.H., & Roe, D. (2010). Internalized stigma as a barrier to improvement in vocational unctioning among people with schizophrenia-spectrum disorders. Psychiatry Research, 178(1), 211-213. doi : 10.1016/j. psychres.2010.01.003
Lamb, M., & Bougher, L.D. (2009). How does migration aect mothers’ and athers’ roles within their amilies ? Refections on some recent research. Sex Roles, 60, 611-614. doi : 10.1007/s11199-0099600-1 Lauber, C., Nordt, C., Falcato, L., et al. (2004). Factors infuencing social distance toward people with mental illness. Community Ment Health J, 40(3), 265-274. doi : 10.1023/B:COMH.0000026999.87728.2d Lee, S. (2001). From diversity to unity : The classication o mental disorders in 21st century China. Cultural Psychiatry International, 24(3), 421431. Lefey, H. (2010). Mental health system in a crosscultural context. In T. Scheid & T. Brown. A handbook or the study o mental health : Social contexts, theories, and systems. (2nd ed.). Charlotte, N.C. : University o North Carolina. Lin, K.M. (2012). Cultural and ethnic issues in psychopharmacology : Addressing both instrumental and symbolic eects o treatment. Psychiatric Times, 29(3). Link, B.G., Struening, E.L., Neese-Todd, S., et al. (2001). Stigma as a barrier to recovery : The consequences o stigma or the sel-esteem o people with mental illnesses. Psychiatric Services, 52(12), 1621-1626. doi : 10.1176/appi.ps.52.12.1621 Lovell, A.M., Cook, J., & Velpry, L. (2008) La violence envers les personnes atteintes de troubles mentaux : revue de la littérature et des notions connexes. Revue d’épidémiologie et de santé publique, 56(3), 197-207. Macaulay, A. (2009). Améliorer la santé des Autochtones : Quelle contribution les proessionnels de la santé peuvent-ils apporter ? Le Médecin de amille canadien, 55(7), 337-339. Martinez Tyson, D, Castañeda, H., Porter, M., et al. (2011). More similar than dierent ? Exploring cultural models o depression among Latino immigrants in Florida. Depression Research and Treatment, 2011, 1-11. doi : 10.1155/2011/564396 Massé, R. (1995). Culture et santé publique. Les contributions de l’anthropologie à la prévention et à la promotion de la santé. Boucherville, Qc : Gaëtan Morin Éditeur. Ministère de l’Immigration et des Communautés culturelles (2012). Bulletin statistique sur l’immigration permanente au Québec : 4e trimestre et année 2011. Direction de la recherche et de la prospective. [En ligne]. www.micc.gouv.qc.ca/ publications/r/recherches-statistiques/ BulletinStatistique-2011trimestre4-
Chapitre 10 American Psychiatric Association (APA) (2004). Mini DSM-IV-TR. Critères diagnostiques (Washington, D.C., 2000). Traduction rançaise par J.-D. Guel et al. Paris : Masson. Bei-Hung, C., Jeery Dussek, A., & Herbert, B. (2011). Psychobiological changes rom relaxation response elicitation : Long-term practitioners vs. novices. Psychosomatics, 52, 6. Carta, M.G., Balestrieri, M., Murru, A., et al. (2009). Adjustment disorder : Epidemiology, diagnosis and treatment. Clin Pract Epidemiol Ment Health, 5, 15. Chalout, L. (2008). La thérapie cognitivocomportementale. Boucherville, Qc : Gaëtan Morin Éditeur. Casey, P. (2009). Adjustment disorder : Epidemiology, diagnosis and treatment. CNS Drugs, 23(11), 927-938. Corbière, M., & Durand, M.J. (2011). Du trouble mental à l’incapacité au travail. Québec, Qc : Presses de l’Université du Québec. Fortinash, K., & Holodey-Worret, P. (2003). Soins infrmiers – Santé mentale et psychiatrie. Montréal : Beauchemin éditeur. Lalonde, P.L., Aubut, J., & Grunberg, F. (1999). Psychiatrie clinique, une approche biopsychosociale. Tome 1. Introduction et syndromes cliniques. Boucherville, Qc : Gaëtan Morin Éditeur. Lazarus, R.S., & Folkman, S. (1984). Stress, appraisal, and coping. New York : Springer. Lewis, S.L., Dirksen, S.R., Heitkemper, M., et al. (2011). Soins inrmiers – Médecine Chirurgie. Montréal : Chenelière Éducation. Maex, E. (2011). Mindulness : apprivoiser le stress par la pleine conscience. Une introduction aux approches basées sur la pleine conscience. Bruxelles : De Boeck. Miller, M.A., & Rahe, R. (1997). Lie changes Scaling or the 1990s. Journal o Psychosomatic Research, 43(3), 279-292. Neurnberger, P. (1981). Freedom rom stress : A holistic approach. Honesdale, Pa. : Himalayan International Institute o Yoga Science and Philosophy. Ordre des inrmières et inrmiers du Québec (OIIQ) (2009). La pratique infrmière en santé mentale, une
contribution essentielle à consolider. Rapport du comité d’experts sur la pratique infrmière en santé mentale et en soins psychiatriques Montréal : OIIQ. Potter, P.A., & Perry, A.G. (2010). Soins inrmiers – Fondements généraux (3e éd.). Montréal : Chenelière Éducation. Servan-Schreiber, D. (2003). Guérir le stress, l’anxiété et la dépression sans médicaments ni psychanalyse. Paris : Laont. Selye, H. (1974). Stress sans détresse. Montréal : Éditions La Presse.
Chapitre 11 Agence de la santé publique du Canada (ASPC) (2006). Aspect humain de la santé mentale et de la maladie mentale au Canada 2006. [En ligne]. www. phac-aspc.gc.ca/publicat/human-humain06/index-ra. php (page consultée le 10 octobre 2012). Agence d’évaluation des technologies et des modes d’intervention en santé (AETMIS) (2003). L’utilisation des électrochocs au Québec. Résumé. [En ligne]. www.hlhl.qc.ca/documents/pd/Hopital/cle 56/ rapport-aetmis.pd (page consultée le 10 octobre 2012). Ali, J. (2002). La santé mentale des immigrants au Canada. Supplément aux Rapports sur la santé, volume 13. [En ligne]. www.statcan.gc.ca/pub/82003-s/2002001/pd/82-003-s2002006-ra.pd (page consultée le 10 octobre 2012). American Psychiatric Association (APA) (2004). Mini DSM-IV-TR. Critères diagnostiques (Wahington, D.C., 2000). Traduction rançaise par J.-D. Guel et al. Paris : Masson. Association canadienne pour le traitement des troubles anxieux et de l’humeur (CANMAT) (2009). Mise à jour collaborative 2009 par le CANMAT et l’ISBD des Lignes directrices pour la prise en charge des patients atteints de troubles bipolaires : une revue. [En ligne]. www.humeuretanxieteconerences.ca/ crus/144-001%20French.pd (page consultée le 10 octobre 2012). Beck, A.T., Ward, C.H., Mendelson, M., et al. (1961). An inventory or measuring depression. Arch Gen Psychiatry, 4(6), 561-571. http://archpsyc. jamanetwork.com/article.aspx?articleid=487993 Bhagwagar, Z. (2007). Revisiting antidepressantinduced mania in bipolar disease : act or ction. Medscape Psychiatry. [En ligne]. www.medscape.org/viewarticle/554129_2 (page consultée le 12 novembre 2012). Bromberger. J.T., Kravitz, H.M. Chang, Y.F., et al. (2011). Major depression during and ater the menopausal transition : Study o Women’s Health Across the Nation (SWAN). [En ligne]. http://journals. cambridge.org/action/displayAbstract?romPage=onli ne&aid=8342273#cor001 (page consultée le 10 octobre 2012). Burns, D.D. (2011). Être bien dans sa peau. SaintLambert, Qc : Les éditions Héritage inc. Caron, J., & Guay, S. (2005). Soutien social et santé mentale : concept, mesures, recherches récentes et implications pour les cliniciens. Santé mentale au Québec, 30(2). [En ligne]. http://id.erudit.org/ iderudit/012137ar (page consultée le 4 mars 2013). Centre de toxicomanie et de santé mentale (2012). Le trouble bipolaire : Guide d’inormation. [En ligne]. www.camh.ca/r/hospital/health_inormation/a_z_ mental_health_and_addiction_inormation/bipolar_
Références
R901
disorders/borderline_personality_disorder_ inormation_guide_or_amilies/Pages/bipolar_ inoguide_amilies.aspx (page consultée le 13 novembre 2012). Centre or Applied Research in Mental Health and Addictions (CARMHA) (2007). Cognitive behavioral therapy. Core inormation document. [En ligne]. www. health.gov.bc.ca/library/publications/year/2007/ MHA_CognitiveBehaviouralTherapy.pd (page consultée le 10 octobre 2012). Corruble, E., & Hardy, P. (2003). Observance du traitement en psychiatrie. [En ligne]. http:// psychologie-m-ouchey.psyblogs.net/public/ chiers%20joints/psychiatrie/psychiatrie_ Observance_du_traitement_en_psychiatrie_37860-A-60.pd (page consultée le 10 octobre 2012). Delavenne, H., Garcia, F.D., & Thibaut, F. (2012). Les médicaments antidépresseurs infuencent-ils les passages à l’acte auto- et hétéroagressis ? Presse Med, 2012 Sep 5. Epub ahead o print. [En ligne]. http:// scienceindex.com/stories/2502820/Les_mdicaments_ antidpresseurs_infuencentils_les_passages__lacte_ auto_et_htroagressis.html. (page consultée le 24 octobre 2012). Favre, S., Aubry, J.-M., McQuillan, A., et al. (2003). Traduction et validation rançaise de l’échelle de manie de Young (YMRS). [En ligne]. www.emconsulte.com/article/83224/traduction-et-validationrancaise-de-l-echelle-de (page consultée le 15 octobre 2012). Fondation des maladies mentales (2012). Prévenir et soigner. [En ligne]. www.ondationdesmaladiesmentales. org/la-maladie-mentale.html?t=1&i=1#Prévenir et soigner (page consultée le 13 novembre 2012). Fournier, L., Roberge, P., & Brouillet, H. (2012). Faire ace à la dépression au Québec. Protocole de soins à l’intention des intervenants de première ligne. Montréal : Centre de recherche du CHUM. [En ligne]. www.inspq.qc.ca/pd/publications/1509_ FaireFaceDepressionQc_ProtoSoinsInterv1reLigne.pd (page consultée le 4 mars 2013). Hadjipavlou, G., & Lam, RW. (2009). Lignes directrices cliniques du CANMAT pour la prise en charge du trouble dépressi majeur chez l’adulte : résumé de recommandations pharmaco-thérapeutiques. [En ligne]. www.humeuretanxieteconerences.ca/ crus/144-002 French.pd (page consultée le 10 octobre 2012). Holsboer, F., & Barden, N. (1996). Antidepressants and hypothalamic-pituitary-adrenocortical regulation. Endocrine Reviews, 17(2), 187-205. doi : 10.1210/edrv17-2-187 Institut canadien d’inormation sur la santé (ICIS) (2009). Les Canadiens des quartiers déavorisés sont plus susceptibles d’être hospitalisés en raison d’une dépression ; la durée de l’hospitalisation est semblable pour tous. [En ligne]. www.cihi.ca/cihi-ext-portal/ internet/r/document/health+system+perormance/ quality+o+care+and+outcomes/release_24eb09 (page consultée le 10 octobre 2012). Institut canadien d’inormation sur la santé (ICIS). (2010). La dépression chez les personnes âgées dans les établissements de soins en hébergement. Points saillants des conclusions de l’étude. [En ligne]. https://secure.cihi.ca/ree_products/ccrs_depression_ among_seniors_.pd (page consultée le 10 octobre 2012). Institut de recherche en santé du Canada & Institut des neurosciences, de la santé mentale et des toxicomanies (2012). Sérotonine et autres molécules impliquées dans la dépression. [En ligne]. http:// lecerveau.mcgill.ca/fash/a/a_08/a_08_m/a_08_m_
R902
Références
dep/a_08_m_dep.html (page consultée le 12 novembre 2012). Kennedy S.H., Lam R.W., Parikh S.V., et al. (2009). Canadian Network or Mood and Anxiety Treatments (CANMAT) : Clinical guidelines or the management o major depressive disorder in adults. Journal o Aective Disorders, 117, S1-S2. www.canmat.org/ resources/CANMAT%20Depression%20 Guidelines%202009.pd Kjernisted, K. (2012). Le trouble bipolaire pour les médecins de amille. Partie 1 : diagnostic. Clinicien Plus, Mai, 33-39. Klein, D.N., Shankman, S.A., & Rose, S. (2006). Tenyear prospective ollow-up study o the naturalistic course o dysthymic disorder and double depression. Am J Psychiatry, 163(5), 872-880. Langlois, K.A., Samskhvalov, A.V., Rehm, J., et al. (2012). Description des états de santé au Canada : maladies mentales. [En ligne]. www5.statcan.gc.ca/ bsolc/olc-cel/olc-cel?catno=82-619M2012004&lang=ra (page consultée le 10 octobre 2012). Lespérance, F., Frasure-Smith, N., St-André, E., et al. (2011). The ecacy o omega-3 supplementation or major depression : A randomized controlled trial. J Clin Psychiatry, 72(8), 1054-1062. Leboyer, M. (2005). Troubles bipolaires : pratiques, recherches et perspectives. Montrouge, France : Éditions John Libbey Eurotext. Merikangas, K.R., Cui, L., Kattan, G., et al. (2012). Mania with and without depression in a community sample o US adolescents. Arch Gen Psychiatry, 7 May. Ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) (2002). Dépression majeure, manie et trouble de l’humeur, selon le sexe. [En ligne]. www.msss.gouv. qc.ca/statistiques/sante-bien-etre/index. php?Depression-majeure-manie-et-trouble-delhumeur-selon-le-sexe (page consultée le 10 octobre 2012).
Sansone, R.A., & Correll, T. (2005). Disthymic disorder : The persistent depression. The Hospital Physician Psychiatry Board Review Manual, 9, part. 4. Simpson, S.G., & Jamison, K.R. (1999). The risk o suicide in patients with bipolar disorders. J Clin Psychiatry, 60(suppl. 2), 53-56. Société canadienne de psychologie (2009). Le trouble bipolaire. [En ligne]. www.cpa.ca/ lapsychologiepeutvousaider/troublebipolaire/ (page consultée le 10 octobre 2012). Société pour les troubles de l’humeur du Canada (STHC) (2009). Qu’est-ce que le trouble bipolaire ? [En ligne]. www.mooddisorderscanada.ca/documents/ Consumer%20and%20Family%20Support/ Bipolar%20Brochure%20French%20FINAL%20 230209.pd (page consultée le 10 octobre 2012). Statistique Canada (2011). Troubles de l’humeur, 2009. [En ligne]. www.statcan.gc.ca/pub/82625-x/2010002/article/11265-ra.htm (page consultée le 10 octobre 2012). Statistique Canada. (2012). Section A – Troubles de l’humeur. [En ligne]. www.statcan.gc.ca/pub/82619-m/2012004/sections/sectiona-ra.htm (page consultée le 10 octobre 2012). Wikgren, M. (2012). Short telomeres in depression and the general population are associated with a hypocortisolemic state. Biological Psychiatry, 71(4), 294-300. Yathman, L.N., Kennedy, S.H., O’Donovan, C., et al. (2005). Canadian Network or Mood and Anxiety Treatments (CANMAT) Clinical guidelines or the management o patients with bipolar disorders : Consensus and controversies. Bipolar disorders, 7(suppl. 3), 5-69. Young, R.C., Biggs, J.T., Ziegler, V.E., et al. (1978). A rating scale or mania : Reliability, validity and sensitivity. Br J Psychiatry, 133, 429-435.
Chapitre 12
PasseportSanté.net (2010). Psychothérapie. [En ligne]. www.passeportsante.net/r/Therapies/Guide/Fiche. aspx?doc=psychotherapies_th (page consultée le 13 novembre 2012).
Albert, U., & Brunatto, C. (2009). Obssesivecompulsive disorder in adults : Ecacy o combined and sequential treatments. Clinical neuropsychiatry. Journal o Treatment Evaluation, 6(2), 83-93.
Patten, S., & Juby, H. (2008). Prol de la dépression clinique au Canada. [En ligne]. http://dspace.ucalgary. ca/bitstream/1880/46454/1/RSS1Prol%20de%20 la%20depression%20clinique%20au%20Canada.pd (page consultée le 10 octobre 2012).
Amano, T., Unal, C., & Paré, D. (2010). Synaptic correlates o ear extinction in the amygdala. Nature Neuroscience, 13(4), 489-494.
Ramasubbu, R., Taylor, V.H., Samaan, Z., et al. (2012). The Canadian Network or Mood and Anxiety Treatments (CANMAT) task orce recommendations or the management o patients with mood disorders and select comorbid medical conditions. Annals O Clinical Psychiatry, 24(1), 91-109. Ravindran, A.V., Lam, R.W., Filteau, M.J., et al. (2009). Canadian Network or Mood and Anxiety Treatments (CANMAT) Clinical guidelines or the management o major depressive disorder in adults. V. Complementary and alternative medicine treatments. J Aect Disord, 117(suppl. 1), S54-S4. Réseau canadien pour la santé des emmes (RCSF). (2010). Grossesse et antidépresseurs ISRS : considérations et risques. [En ligne]. www.cwhn.ca/r/ node/42354 (page consultée le 10 octobre 2012). Rush, A.J., Trivedi, M.H., Ibrahim, H.M., et al. Quick inventory o depressive symptomatology (sel-report). [En ligne]. www.ids-qids.org/translations/rench/ QIDS-SR_AU1.0_re-CA.pd (page consultée le 13 novembre 2012).
American Psychiatric Association (APA) (2004). Mini DSM-IV-TR. Critères diagnostiques (Washington, D.C., 2000). Traduction rançaise par J.-D. Guel et al. Paris : Masson. Antony, M.M. (2011). Progrès récents dans le traitement des troubles anxieux. Canadian Psychology, 52(1), 10-19. Antony, M.M., Roth, D., Swinson, R.P., et al. (1998). Illness intrusiveness in individuals with panic disorder, obsessive compulsive disorder, or social phobia. J Nerv Ment Dis, 186, 311-315. Association des psychiatres du Canada (2006). Guide de pratique clinique : Traitement des troubles anxieux. La Revue canadienne de psychiatrie, 51(8) (suppl. 2). http://publications.cpa-apc.org/media.php?mid=285 Beck, A.T. (1976). Cognitive therapy and the emotional disorders. New York : International University Press. Beck, A.T., Epstein, N., Brown, G., & Steer, R.A. (1988). An inventory or measuring anxiety : Psychometric properties. Journal o Consulting and Clinical Psychology, 56, 893-897. Traduit avec la
permission de l’auteur par Mark H. Freeston. © Tous droits réservés, Université Laval, Québec, 1989.
Hamilton, M. (1959). The assessment o anxiety states by rating. Br J Med Psychol, 32(1), 50-55.
Rapee, R., & Barlow, D. (1991) Chronic anxiety. New York : Guilod Press.
Bisson, J.I., & Lewis, C. (2009). Systematic review o psychological frst aid. Comissioned by World Health Organisation. [En ligne]. http://mhpss.net/wpcontent/uploads/group-documents/148/1321872322PFASystematicReviewBissonCatrin.pd (page consultée le 13 avril 2012).
Hôpital Louis-H. Laontaine (2012). État de stresstraumatique. [En ligne]. www.hlhl.qc.ca/hopital/ usagers-/-amille/ino-sur-la-sante-mentale/etat-destress-post-traumatique.html (page consultée le 18 septembre 2012).
Rathgeb-Fuetsch, M., Kempter, G., Feil, A., et al. (2011). Short- and long- term efcacy o cognitive behavioral therapy or DSM-IV panic disorder in patients with and without severe psychiatric comorbidity. J Psychiatr Res, 45(9), 1264-1268.
Hunt, C., & Andrews, G. (1998). Long-term outcome o panic disorder and social phobia. J Anxiety Disord, 12(4), 395-406.
Rubin, R.P. (2007). A brie history o great discoveries in pharmacology : In celebration o the centennial anniversary o the Founding o the American Society o Pharmacology and Experimental Therapeutics. Pharmacology Reviews, 59, 289-359.
Brook, A. Marcks, B.A., Weisberg, R.B., et al. (2011). Longitudinal course o obsessive-compulsive disorder in patients with anxiety disorders : A 15-year prospective ollow-up study. Comprehensive Psychiatry, 52(6), 670-677. Centre belge d’inormation pharmacothérapeutique (2008). Fiche de transparence − Prise en charge des troubles anxieux. [En ligne]. www.cbip.be/pd/tt/TF_ Anx.pd (page consultée le 22 juillet 2012). Centre belge d’inormation pharmacothérapeutique (2011). Mise à jour des Fiches de transparence – Décembre 2011. [En ligne]. www.cbip.be/pd/TFT/TF_ UPD_B_2011.pd (page consultée le 22 juillet 2012). Chabrol, H. (2005). Les mécanismes de déense. Recherche en soins infrmiers, 82, 31-42. Cottraux, J. (2001). Les thérapies comportementales et cognitives. Paris : Masson. Cukor, J., Wyka, K., Mello, B., et al. (2011). The longitudinal course o PTSD among disaster workers deployed to the World Trade Center ollowing the attacks o September 11th. Journal o Traumatic Stress, 24(5), 506-514. doi : 10.1002/jts.20672 Favaloro, R. (1999). A revival o Paul Dudley White : An overview o present medical practice and circulation. Journal o the American Heart Association, 99, 1525-1537. doi : 10.1161/01. CIR.99.12.1525 Flint, A.J. (2005). Generalised anxiety disorder in elderly patients : Epidemiology, diagnosis and treatment options. Drugs & Aging, 22(2), 101-114. Foldes-Busque, F.B., Marchand, A., & Landry, P. (2007). L’identifcation et traitement du trouble panique avec ou sans agoraphobie. Mise à jour. Canadian Family Physician, 53(10), 1686-1693. Freeston, M.H., Ladouceur R., Thibodeau N., et al. (1992). L’inventaire d’anxiété de Beck. Propriétés psychométriques d’une traduction rançaise. L’Encéphale, 20(1), 47-55. Freud, A. (1936, réédition 1937). The ego and the mechanisms o deense (Trad. Cecil Baines). London : Hogarth. Freud, S. (1923, réédition 2010). The Ego and the Id. Seattle, Washington, D.C. : Pacifc Publishing Studio. Furukawa, T.A., Watanabe, N., & Churchill, R. (2006). Psychotherapy plus antidepressant or panic disorder with or without agoraphobia : Systematic review. Br J Psychiatry, 188, 305-312. doi : 10.1192/bjp.188.4.305 Giroux, I., & Provencher, M. (2010) La thérapie cognitivo-comportementale : Historique et ondements théoriques de la thérapie cognitive et comportementale. [En ligne]. http://darwin.psy.ulaval. ca/~psy1101/Fond_Cours_1.pd (page consultée le 18 juillet 2012). Gloster, A.T., Wittchen, H., Einsle, F., et al. (2011). Psychological treatment or panic disorder with agoraphobia : A randomized controlled trial to examine the role o therapist-guided exposure in situ in CBT. J Consult Clin Psychol, 79(3), 406-420. Goodman, W.K, Price, L.H, Rasmussen, S.A., et al. (1989). The Yale–Brown Obsessive–Compulsive Scale. I. Development, use, and reliability. Arch Gen Psychiatry, 46, 1006-1011.
Institut canadien d’inormation sur la santé (2012). Indicateurs de santé 2012. [En ligne]. https://secure. cihi.ca/estore/productFamily.htm?locale=r&p=PFC1791 (page consultée le 18 juillet 2012). Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) (2006). Portrait de santé du Québec et de ses régions 2006. Deuxième rapport national sur l’état de santé de la population du Québec. Les analyses. [En ligne]. www.inspq.qc.ca/pd/publications/546PortraitSante2006_Analyses.pd (page consultée le 17 avril 2012). Lachiewicz, A., Dawson, D., Spiridigliozzi, G., et al. (2010). Indicators o anxiety and depression in women with the ragile X premutation : Assessment o a clinical sample. J Intellect Disabil Res, 54(7), 597-610. Lau, J., Goldman, D., Buzas, B., et al. (2009) Amygdala unction and 5-HTT gene variants in adolescent anxiety and major depressive disorder. Biological Psychiatry, 65(4), 349-355.
Santé Canada (2002). Rapport sur les maladies mentales au Canada. Ottawa, Ont. : Gouvernement du Canada. Savard, P., Bugeaud, E., Van DaO, T., et al. (2009) Les troubles anxieux c’est réquent! Le Clinicien, 241 (10), 71-73. Spielberger, C.D. (1988). Manual or the State-Trait Anger Expression Inventory (STAXI). Odessa, Fla. : Psychological Assessment Resources. Tyrer, P., & Baldwin, D. (2006). Generalised anxiety disorder. Lancet, 368(9553), 2156-2166. Vaillant, G.E. (2000). Adaptive mental mechanisms : Their role in a positive psychology. American Psychologist, 55(1), 89-98. Vaillant, G.E. (2011). Involuntary coping mechanisms : A psychodynamic perspective. Dialogues in Clinical. Neuroscience, 13(3), 366-370.
Lightbody, A., & Reiss, A. (2009). Gene, brain, and behavior relationships in ragile X syndrome : Evidence rom neuroimaging studies. Developmental Disabilities Research Reviews, 15(4), 343-352.
Waddell, C., & Shepherd, C. (2002). Prevalence o mental disorders in children and youth. Vancouver : Mental Health Evaluation & Community Consultation Unit, University o British Colombia.
Ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) (2004). Rapport du Comité d’experts sur l’organisation des services en santé mentale – Services aux adultes. [En ligne]. http://publications.msss.gouv.qc.ca/ acrobat//documentation/rapports/comite_experts_ adultes.pd (page consultée le 18 juillet 2012).
World Health Organization (WHO) (2011). Psychological frst aid : Guide or feld workers. [En ligne]. http://whqlibdoc.who.int/ publications/2011/9789241548205_eng.pd (page consultée le 17 avril 2012).
Ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) (2005). Plan d’action en santé mentale 2005-2010. La orce des liens. [En ligne]. http://publications.msss. gouv.qc.ca/acrobat//documentation/2005/05-914-01. pd (page consultée le 13 avril 2012). Neria, Y., DiGrande, L., & Adams, B. G. (2011). Posttraumatic stress disorder ollowing the September 11, 2001, terrorist attacks : A review o the literature among highly exposed populations. American Psychologist, 66(6), 429-446. doi : 10.1037/a0024791 Organisation mondiale de la Santé − Groupe de réérence du CPI pour la santé mentale et le soutien psychosocial en situation d’urgence (2010). Santé mentale et soutien psychosocial dans les situations d’urgence : ce que les acteurs de santé humanitaires doivent savoir. Genève. [En ligne]. www.who.int/ mental_health/emergencies/what_humanitarian_ health_actors_should_know_rench.pd (page consultée le 23 juillet 2012). Peplau, H.E. (1991). Interpersonal relations in nursing : A conceptual rame o reerence or psychodynamic nursing. New York : Springer. Pull, C.B. (2007). Combined pharmacotherapy and cognitive-behavioural therapy or anxiety disorders. Current Opinion in Psychiatry, 20(1), 30-35. Ramsawh, H.J., Raa, S.D., Orlando, et al. (2009). Anxiety in middle adulthood : Eects o age and time on the 14-year course o panic disorder, social phobia and generalized anxiety disorder. Psychological Medicine, 39(4), 615-624. doi : 10.1017/ S0033291708003954
Wrobel, S. (2007). Science, serotonin, and sadness : The biology o antidepressants : A series or the public. The FASEB Journal, 21(13), 3404. doi : 10.1096/j.07-1102um. PMID 17967927
Chapitre 13 Agence de la santé publique du Canada (2006). Aspect humain de la santé mentale et de la maladie mentale au Canada 2006. [En ligne]. www.phac-aspc.gc.ca/ publicat/human-humain06/index-ra.php (page consultée le 18 septembre 2012). American Psychiatric Association (APA) (2003). DSMIV-TR, Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (Washington, D.C.). Paris : Masson. American Psychiatric Association (APA) (2004). Mini DSM-IV-TR. Critères diagnostiques (Washington, D.C., 2000). Traduction rançaise par J.-D. Guelf et al. Paris : Masson. American Psychiatric Association (APA) (2012a). Somatic symptom disorders. [En ligne]. www.dsm5. org/proposedrevision/Pages/SomaticSymptomDisorders. aspx (page consultée le 22 octobre 2012). American Psychiatric Association (APA) (2012b). Dissociative disorders. [En ligne]. www.dsm5.org/ proposedrevision/Pages/DissociativeDisorders.aspx (page consultée le 22 octobre 2012). Barsky, A., Orav, E., & Bates, D. (2005) Somatization increases medical utilization and costs independent o psychiatric and medical comorbidity. Arch Gen Psychiatry, 62(8), 903-910.
Références
R903
Browning, M., Fletcher, P., & Sharpe, M. (2011). Help us to understand and classiy somatoorm disorders ? A systematic and critical review. Psychosomatic Medicine, 73(2), 173-184. Campo, J.V. (2012). Annual Research Review : Functional somatic symptoms and associated anxiety and depression – developmental psychopathology in pediatric practice. J Child Psychol Psychiatry, 53(5), 575-592. Comité de la santé mentale du Québec (CSMQ) (1997). Défs de la reconfguration des services de santé mentale : pour une réponse efcace et efciente aux besoins des personnes atteintes de troubles mentaux graves. [En ligne]. http://msssa4.msss.gouv.qc.ca/r/ document/publication.ns/0/d1251d29a46beec85256 753004b0d7/$FILE/97_155co.pd (page consultée le 18 septembre 2012). Crerand, C., Menard, W., & Phillips, K. (2010) Surgical and minimally invasive cosmetic procedures among persons with body dysmorphic disorder. Ann Plast Surg, 65(1), 11-16. Cyr, N. (2000) L’évaluation et le soulagement de la douleur à l’urgence, où en sommes-nous ? L’avant-garde : le journal des soins infrmiers du CHUM, 1(1), 9-11. Damsa, C., Pirrottaa, R., Adamd, E., et al. (2005). Approche thérapeutique des troubles dissociatis. Annales médico-psychologiques, 163 (10), 902-908. Debecker, N., Lesnicki, N., & Vermorel-Rondeux, M. (2007). Les troubles dissociatis de l’identité : un concept discuté. Louvain Medical, 126(5), 133-140. Durand, V., & Barlow, D. (2002). Psychopathologie : une perspective multidimensionnelle. Paris : De Boeck Université. Eastwood, S., & Bisson, J. (2008). Management o actitious disorders : A systematic review. Psychotherapy and Psychosomatics, 77(4), 209-218. Frazzetto, G. (2009). Genetics o behaviour and psychiatric disorders : From the laboratory to society and back. Current Science, 97(11), 1555-1563. Freud S. (1916). Introduction à la psychanalyse. Paris : Payot. Guglielmo, R., Martinotti, G., & Janiri, L. (2012). Gabapentin as add-on treatment or somatoorm disorder : A case report. Clin Neuropharmacol, 35(1), 45-46. Harth, W., Taube, K., & Gieler, U. (2010). Facticious disorders in dermatology. J Dtsch Dermatol Ges, 8(5), 361-372. International Association or the Study o Pain (IASP) (2012). IASP Taxonomy. Pain Terms. [En ligne]. www. iasp-pain.org/Content/NavigationMenu/ GeneralResourceLinks/PainDenitions/deault.htm (page consultée le 17 septembre 2012). International Society or the Study o Trauma and Dissociation (ISSTD) (2011). Guidelines or treating dissociative identity disorder in adults, Third revision. Journal o Trauma & Dissociation, 12(2), 115-187. Lamotte F., & Goëb, J.-L. (2006). L’hypocondrie au l des siècles. Aspects historique, clinique et thérapeutique. Annales médico-psychologiques, 164(8), 703-715. Lazignac, C., Cicotti, A., Bortoli, A.-L., et al. (2005). Des états dissociatis vers une clinique des troubles dissociatis. Annales médico-psychologiques, 163(10), 889-895. Looper K., & Kirmayer, L. (2002). Behavioral medicine approaches to somatoorm disorders. J Consult Clin Psychol, 70(3), 810-827.
R904
Références
Lucas, P. (2002). Body dysmorphic disorder and violence. Journal o Forensic Psychiatry, 13(1), 145-156. McCullumsmith, C., & Ford, C. (2011). Simulated illness : The actitious disorders and malingering. Psychiatr Clins North Am, 34(3), 621-641. Pasic, J., Combs, H., & Romm, S. (2009). Factitious disorder in the emergency department. Primary Psychiatry, 16(1), 61-66. Phillips, K., Didie, E., Feusner, J., et al. (2008). Body dysmorphic disorder : Treating an underrecognized disorder. Am J Psychiatry, 165(9), 1111-1118. Piper, A., & Merskey, H. (2004a). The persistence o olly : A critical examination o dissociative identity disorder. Part I. The excesses o an improbable concept. Can J Psychiatry, 49(9), 592-600.
Boulanger, C. (2007). Cannabis et psychose : État des lieux. [En ligne]. www.reseausanteaddictionsud.org/ la-psychiatrie/actualites/id-107-cannabis-etpsychiatrie (page consultée le 20 octobre 2012). Brown, A.S., Begg, M.D., Gravenstein, S., et al. (2004). Serologic evidence o prenatal infuenza in the etiology o schizophrenia. Archives o General Psychiatry, 61(8), 774-780. doi : 10.1001/ archpsyc.61.8.774 Centre de santé et des services sociaux de l’Ouest-del’Île (2010). Le trouble schizoaecti. [En ligne]. www. csssouestdelile.qc.ca/leadmin/csss_odi/soins_et_ services/sante_mentale/ troubleschizoaectiBILINGUE.pd (page consultée le 20 octobre 2012). Eytan, A., Keizer, I., & Etter, M. (2003). Le tabagisme en psychiatrie. Revue Médicale Suisse, 2450.
Piper, A., & Merskey, H. (2004b). The persistence o olly : A critical examination o dissociative identity disorder. Part II. The deence and decline o multiple personality or dissociative identity disorder. Can J Psychiatry, 49(10), 678-683.
Fondation des maladies mentales (2007). Sortez de l’ombre. En parler, c’est déjà s’aider. [En ligne]. www. ondationdesmaladiesmentales.org/r/p/aider-unepersonne/les-maladies-mentales/schizophrenie/lessymptomes (page consultée le 25 octobre 2012).
Schweitzer, P., Zaar, U., Pavlicova, M., et al. (2011). Long-term ollow-up o hypochondriasis ater selective serotonin reuptake inhibitor treatment. J Clin Psychopharmacol, 31(3), 365-368.
Fondation pour la recherche médicale (2012). Schizophrénie. [En ligne]. www.rm.org/dossiers-101. html (page consultée le 24 octobre 2012).
Steinwender, C., Homann, R., Kypta, A., et al. (2005). Recurrent symptomatic bradycardia due to secret ingestion o betablockers − a rare maniestation o cardiac Munchausen syndrome. Wien Klon Wochenschr : The Middle European Journal o Medicine, 117(18), 647-650. Stuart, S., Noyes, R., Starcevic, V., et al. (2008). An integrative approach to somatoorm disorders combining interpersonal and cognitive-behavioral theory and techniques. Journal o Contemporary Psychotherapy, 30(1), 45-53.
Chapitre 14 Agence de la santé publique du Canada (ASPC) (2002). Rapport sur les maladies mentales au Canada. [En ligne]. www.phac-aspc.gc.ca/publicat/miic-mmac/ index-ra.php (page consultée le 23 octobre 2012). Ames D., Camm, J., Cook P., et al. (2002). Minimizing the risks associated with QTc prolongation in people with schizophrenia. A consensus statement by the Cardiac Saety in Schizophrenia Group. Encephale, 28, 552-562. American Psychiatric Association (APA) (2003). DSMIII-TR, Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux, 4e édition révisée (Washington, D.C. 2000). Paris : Masson.
Gauthier, J., Champagne, N., Rouleau, G., et al. (2010. De novo mutations in the gene encoding the synaptic scaolding protein SHANK3 in patients ascertained or schizophrenia. Proceeding o the National Academy o Sciences, 107(17), 7863-7868. doi : 10.1073/pnas.0906232107 Hajbi, M., & Tahri, S. (2010). Comorbidité – schizophrénie – tabagisme : caractéristiques épidémiologiques, cliniques et thérapeutiques. L’Inormation psychiatrie, 86(2), évrier. Hébert, M., & Maziade, M. (2010). In schizophrenia and bipolar disorder, lie is not black and white. Biological Psychiatry, 67(3), ebruary. Institut de la statistique du Québec (2008). Troubles mentaux, toxicomanie et autres problèmes liés à la santé mentale chez les adultes québécois. [En ligne]. www. stat.gouv.qc.ca/publications/sante/pd2008/troubles_ mentaux.pd (page consultée le 23 octobre 2012). Institut universitaire en santé mentale de Québec (2008). Mieux composer avec ses voix qui dérangent. Guide de stratégies et de recommandations à utiliser au quotidien. Québec, Qc. : Institut universitaire en santé mentale de Québec. [En ligne]. www. institutsmq.qc.ca/publications/maladie-mentale/ index.html (page consultée le 22 évrier 2013). Lalonde, P. (2012). Schizophrénie. [En ligne]. www. ampq.org/index.cm?p=page&id=9 (page consultée le 26 novembre 2012).
American Psychiatric Association (APA) (2004). Mini DSM-IV-TR. Critères diagnostiques (Washington, D.C., 2000). Traduction rançaise par J.-D. Guel et al. Paris : Masson.
Lalonde, P., Aubut, J., & Grunberg, F. (1999). Psychiatrie clinique : une approche bio-psychosociale. Tome I. Boucherville, Qc : Gaëtan Morin Éditeur.
Arsenault, P., Cloutier, L., & Longpré, S. (2012). Le syndrome métabolique. Perspective infrmière, maijuin. [En ligne]. www.oiiq.org/sites/deault/les/ uploads/pd/publications/perspective_ inrmieres/2012_vol9_no03/11SyndromeMetabolique. pdAssociation des psychiatres du Canada (APC) (2005). Guide de pratique clinique pour le traitement de la schizophrénie. Revue canadienne de psychiatrie, 50(13) (suppl. 1).
Lalonde, P., Aubut, J., & Grunberg, F. (2001). Psychiatrie clinique : une approche bio-psychosociale. Tome II. Boucherville, Qc : Gaëtan Morin Éditeur.
Bentaleb, L.A., Stip, E., & Beauregard, M. (2000). Psychopathologie et bases neurobiologiques des hallucinations auditives dans la schizophrénie. Santé mentale au Québec, 25(1), 241-257.
Leclerc, C., & Lecompte, T. (2004). Thérapie cognitive comportementale pour le traitement des premiers épisodes de troubles graves : Pertinence de cette approche pour les inrmières du Québec. Inoqiip, 17(4), 3-12. Légaré, N. (2007). Tabac et tabagisme. Drogues, santé et société, 6(1), 143-148. doi : 10.7202/016946ar Ordre des inrmières et inrmiers du Québec (OIIQ) (2010). La pharmacovigilance : au centre de la
pratique infrmière. Chronique du comité jeunesse. Le Journal, mai/juin, 7(3). [En ligne]. www.oiiq.org/ publications/le-journal/archives/maijuin-2010-vol7-n-3/la-pharmacovigilance-au-centre-de-la-pratique (page consultée le 22 évrier 2013). Organisation mondiale de la Santé (OMS) (2004). Investir dans la santé mentale. [En ligne]. www.who. int/mental_health/media/en/InvMHBr8.pd (page consultée le 23 novembre 2012). Sadock, B.J., & Sadock, V.A. (2007). Synopsis o psychiatry : Behavioral sciences/clinical psychiatry (10th ed.). Philadelphia : Lippincott Williams & Wilkins.
opérationnel dans une approche intégrée de la schizophrénie. Annuaire Méd-Psycholo, 157, 10. Delivré, A. (2007). Stratégie systémique, vers une pensée plus riche ! [En ligne]. http://strategiesystemique.blogspot.ca/2007/10/techniques-delafrmation-de-soi.htm (page consultée le 4 juillet 2012). Dewol, C., Duron, B., & Loas, G. (2009). Recherche d’anomalies électroencéphalographiques chez les patients psychopathes ; étude cas-témoins. Annales Médico-psychologiques, revue psychiatrique, 160(5), 451-455.
Schizophrenia Society o Canada (2007). Schizophrenia : The journey to recovery. A consumer and amily guide to assessment and treatment. [En ligne]. www.schizophrenia.ca/docs/ RoadtoRecoveryschzhioph-web.pd (page consultée le 20 octobre 2012).
Duchaine, J. (2010), Les psychotropes ont-ils leur place dans les troubles de la personnalité limite ? Pharmactuel, 43(3), juillet-août-sept.
Seeman, P. (2006). Récepteurs dopaminergiques, schizophrénie et antipsychotiques. Le Clinicien, Édition spéciale, janvier, 2-7.
Labrosse, R., & Leclerc, C. (dir.) (2007). Troubles de la personnalité limite et réadaptation : Points de vue de diérents auteurs. Tome I. Saint-Jérôme, Qc : Les éditions Ressources inc.
Selten, J.P. (2005). Social deeat : Risk actor or schizophrenia ? BMJ, 187, 101-102. [En ligne]. http:// bjp.rcpsych.org/content/187/2/101.ull (page consultée le 22 évrier 2013). Simard, A.M. (2007). Point de rupture. Québec Science, mars, 22-28. Turecki, G., Ernst, C., Jollant, F., et al. (2012). The neurodevelopmental origins o suicidal behavior. Trends in Neurosciences, 35(1), 14-23. doi :10.1016/j. tins.2011.11.008 Wenner, M. (2008). Inected with insanity : Could microbes cause mental illness ? Viruses or bacteria may be at the root o schizophrenia and other disorders. Scientifc American Mind, April 17. [En ligne]. www.scientifcamerican.com/article. cm?id=inected-with-insanity (page consultée le 22 évrier 2013).
Chapitre 15 Agence de la santé publique du Canada (ASPC) (2002). Rapport sur les maladies mentales au Canada. [En ligne]. www.phac-aspc.gc.ca/publicat/miic-mmac/ pd/men_ill_.pd (page consultée le 4 juillet 2012). Agence de la santé publique du Canada (ASPC) (2006). Aspect humain de la santé mentale et de la maladie mentale au Canada 2006. [En ligne]. www. phac-aspc.gc.ca/publicat/human-humain06/pd/ human_ace_.pd (page consultée le 4 juillet 2012). American Psychiatric Association (APA) (2004). Mini DSM-IV-TR. Critères diagnostiques (Washington, D.C., 2000). Traduction rançaise par J.-D. Guelf et al. Paris : Masson. Association québécoise pour les parents et amis de la personne atteinte de maladie mentale (AQPAMM) (2012). Le trouble de la personnalité limite. [En ligne]. www.aqpamm.ca/ressources/fches-maladies/letrouble-de-la-personnalite-limite (page consultée le 3 juillet 2012). Atkins Beryl, T., et al. (1998). Dictionnaire Robert & Collins (5e éd.). Paris : Le Robert. Bolstrom, C., Keltner, E., & Norman, L. (1999). Pschiatric Nursing Mosby. St. Louis, Mo. : Mosby. Brenner H.D., Hodel, B., Roder, V., et al. (1992). Treatment o cognitive dysunctions and behavioral defcits in schizophrenia, Schizophr Bull, 18, 21-24. Briand, C., Lalonde, P., Lesage, A., et al. (1999). La résolution des problèmes : apport théorique et
Freud, A. (1936, réédition 1937). The ego and the mechanisms o deence. London : Hogarth.
Leclerc, C. (2010). Les soins destinés aux personnes sourant d’un trouble de personnalité limite : les stratégies gagnantes. Formation préalable au colloque 2010. Être infrmière en santé mentale : Fierté et passion. Lévis, Qc. Murphy, N., & Mc Vey, D. (2010). Treating personality disorder : Creating robust service or people with complex mental health needs. New York : Routledge. Hôpital Louis-H. Laontaine (2011). Rapport annuel 2010-2011[rapport non publié]. Ordre des infrmières et infrmiers du Québec (OIIQ) (2012). Décider de l’utilisation des mesures de contention. [En ligne]. www.oiiq.org/pratiqueinfrmiere/activite-reservees/decider-de-lutilisationde-la-contention#modalites (page consultée le 21 août 2012). Soeteman, D.I., Verheul, R., & Busschbach, J.J.V. (2008). The burden o disease in personality disorders : Diagnosis-specifc quality o lie. Journal o Personality disorder, 22(3), 259-268. Villeneuve, C. (2006). L’intervention en santé mentale : le pouvoir thérapeutique de la amille. Montréal : Les Presses de l’Université de Montréal.
Chapitre 16 Allard, F. (2009). Osez interroger vos patients sur l’alcool ! Le Médecin du Québec, 44(2), 27-34. www.moq.org/Lists/FMOQDocumentLibrary/r/ Le%20M%C3%A9decin%20du%20Qu%C3%A9bec/ Archives/2000%20-%202009/027-034DreAllard0209. pd American Psychiatric Association (APA) (2004). Mini DSM-IV-TR. Critères diagnostiques (Washington, D.C., 2000). Traduction rançaise par J.-D. Guelf et al. Paris : Masson. American Society o Addiction Medicine (ASAM) (2011). Defnition o addiction. [En ligne]. www.asam. org/or-the-public/defnition-o-addiction (page consultée le 4 janvier 2013). Association des centres de réadaptation en dépendance du Québec (ACRDQ) (2011). Mission de réadaptation. [En ligne]. www.acrdq.qc.ca/ readaptation.php (page consultée le 16 janvier 2013). Beauchesne, L. (2005). Drogues, mythes et dépendance. En parler avec nos enants. Québec, Qc : Bayard Canada Livre inc.
Ben Amar, M., & Léonard, L., (2009). Les psychotropes. Pharmacologie et toxicomanie. Montréal : Les Presses de l’Université de Montréal. Bibliothèque du Parlement (2011). Résumé législati. Projet de loi C-10 : Loi édictant la Loi sur la justice pour les victimes d’actes de terrorisme et modifant la Loi sur l’immunité des États, le Code criminel, la Loi réglementant certaines drogues et autres substances, la Loi sur le système correctionnel et la mise en liberté sous condition, la Loi sur le système de justice pénale pour les adolescents, la Loi sur l’immigration et la protection des réugiés et d’autres lois. [En ligne]. www.parl.gc.ca/Content/LOP/ LegislativeSummaries/41/1/c10-.pd (page consultée le 4 janvier 2013). Center or Substance Abuse Treatment, Substance Abuse and Mental Health Services Administration (2012). Substance abuse and inectious disease : Cross-training or collaborative systems o prevention, treatment, and care. [En ligne]. http://tie.samhsa.gov/ topics/inectious_wictn.html (page consultée le 4 évrier 2013). Centre de toxicomanie et de santé mentale (CAMH) (2009). Alcool, grossesse et allaitement grossesse. [En ligne]. www.camh.ca/r/hospital/health_inormation/ a_z_mental_health_and_addiction_inormation/ alcohol/women_and_alcohol/Pages/pregnancy_ breasteed.aspx (page consultée le 15 janvier 2013). Centre d’évaluation et d’inormation sur la pharmacodépendqance (2013). Stéroïdes anabolisants. [En ligne]. www.centres-pharmacodependance.net/ grenoble/ORITHYE/Monograp/Anabolis.htm (page consultée le 8 évrier 2013). Children’s Hospital o Pittsburgh o UPMC (2008). Neonatal abstinence syndrome. [En ligne]. www.chp. edu/CHP/P02387 (page consultée le 16 janvier 2013). Di Tommaso, S. (2000). La prescription de la méthadone en périnatalité. Formation continue : la méthadone, comment et pourquoi ? [En ligne]. www. moq.org/Lists/FMOQDocumentLibrary/r/Le%20 M%C3%A9decin%20du%20Qu%C3%A9bec/ Archives/2000%20-%202009/077-085DiTommaso Steve.pd (page consultée le 16 janvier 2013). Drogues ino service (2012). Tableau des durées de positivités des drogues. [En ligne]. www.drogues-inoservice.r/?Tableau-des-durees-de-positivite (page consultée le 3 mars 2013). Durkee, T., Kaess, M., Carli, V., et al. (2012). Prevalence o pathological Internet use amongadolescents in Europe : Demographic and social actors. Addiction, 107(12), 2210-2222. doi : 10.1111/j.1360-0443.2012.03946.x Éduc’alcool (2013). Les niveaux de consommation d’alcool à aible risque. [En ligne]. http://educalcool. qc.ca/alcool-et-vous/sante/les-niveaux-deconsommation-dalcool-a-aible-risque (page consultée le 7 janvier 2013). Erwin, J.A. (1984). Detecting alcoholism : the CAGE questionnaire. JAMA, 252, 1905-1907. Fédération québécoise des centres de réadaptation pour personnes alcooliques et autres toxicomanes (FQCRPAT) (2008). Les services de désintoxication dans les centres de réadaptation en dépendance : Meilleures pratiques et ore de services de base dans un contexte de réseau intégré de services. [En ligne]. www.acrdq.qc.ca/upload/doc/doc203.pd (page consultée le 8 janvier 2013). Golay, A., Lagger, G., & Giordan, A. (2010). Comment motiver le patient à changer ? Paris : Maloine. Institut national de prévention et d’éducation pour la santé (INPES) (2010). La consommation de substances
Références
R905
psychoactives. [En ligne]. www.inpes.sante.r/ CFESBases/catalogue/pd/1310-3g.pd (page consultée le 9 évrier 2013).
Tremblay, J., Allaire, G., Duresne, J., et al. (2004). Les Centres de réadaptation pour personnes alcooliques et autres toxicomanes : Che de le des services en toxicomanie et jeu pathologique, Fédération québécoise des centres de réadaptation pour personnes alcooliques et toxicomanes, Montréal, 70 p. [En ligne]. www.acrdq.qc.ca (page consultée le 3 mars 2013).
Laboratoire médical Biron, 2002.
Rehm, J., Baliunas, D., Brochu, S., et al. (2006). Les coûts de l’abus de substances au Canada 2002. Points saillants. [En ligne]. www.ccsa.ca/2006 CCSA Documents/ccsa-011333-2006.pd (page consultée le 16 janvier 2013).
Ladewig, P.W., London, M.L., Moberly, S., et al. (2003). Soins infrmiers en périnatalité (3e éd.). Montréal : Éditions du Renouveau Pédagogique Inc.
Richard, D., Senon, J.L., & Valleur, M. (2009). Dictionnaire des drogues et des substances (3e éd.). Paris : Larousse.
Landry, M., & Brochu, S. (2012). Le concept d’addiction : l’ASAM et la tradition biopsychosociale du Québec. RISQ-INFO, 20 (1), 1-3.
Santé Canada (2007). Meilleures pratiques : Traitement et réadaptation des personnes aînées ayant des problèmes attribuables à la consommation d’alcool et d’autres drogues. [En ligne]. www.hc-sc.gc.ca/hc-ps/ pubs/adp-apd/treat_senior-trait_ainee/review-3recension-ra.php (page consultée le 8 janvier 2013).
Chapitre 17
Santé Canada (2008). Aide sur l’abandon du tabac. [En ligne]. www.hc-sc.gc.ca/niah-spnia/substan/ tobac-tabac/help-aide-ra.php (page consultée le 7 janvier 2013).
American Geriatics Society Panel on Persistent Pain in Older Persons (2002). The management o persistent pain in older persons. J Am Geriatr Soc, 50, 205-224.
Santé Canada (2009). PCP (Phencyclidine). [En ligne]. www.hc-sc.gc.ca/hc-ps/drugs-drogues/learnrenseigne/pcp-ra.php (page consultée le 7 janvier 2013).
American Psychiatric Association (APA) (2004). Mini DSM-IV-TR. Critères diagnostiques (Washington, D.C., 2000). Traduction rançaise par J.-D. Guel et al. Paris : Masson.
Santé Canada (2010a). Alcool et prévention des drogues. [En ligne]. www.hc-sc.gc.ca/hc-ps/pubs/adpapd/index-ra.php (page consultée le 5 évrier 2013).
Anderson, K.E. (2004). Dementia in Parkinson’s disease. Curr Treat Options Neurol, 6, 201-207.
Lewis, S.L., Dirksen, S.R., Heitkemper, M.M., et al. (2011). Soins inrmiers – Médecine Chirurgie. Montréal : Chenelière Éducation. Li, D., Zhao, H., & Gelernter, J. (2011). Strong Association o the Alcohol Dehydrogenase 1B Gene (ADH1B) with Alcohol Dependence and AlcoholInduced Medical Diseases. Biological Psychiatry, 70(6), 504-12 Mee-Lee, D., Shulman, G.D., Fishman, M., et al. (Eds) (2001). ASAM Patient Placement Criteria or the treatment o substance-related disorders, Second Edition-Revised (ASAM PPC-2R). ChevyChase, Md : American Society o Addiction Medicine. Ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) (2005). Pour notre progrès vers un avenir sans tabac. Développement de la législation québécoise contre le tabagisme. Québec, Qc : La direction des communications du ministère de la Santé et des Services sociaux. Ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) (2007). Alcochoix+. Je bois, j’y vois. Québec, Qc : La direction des communications du ministère de la Santé et des Services sociaux. Ministère de la Santé et des Services Sociaux (MSSS) (2009). Grossesse. Alcool et drogues, ce qu’il aut savoir. Québec, Qc : La direction des communications du ministère de la Santé et des Services sociaux. Morissette, P., & Venne, M. (2009). Parentalité, alcool et drogues. Un déf multidisciplinaire. Montréal : Éditions du CHU Sainte-Justine. National Institute on Drug Abuse (NIDA) (2012). DrugFacts : Anabolic Steroids. [En ligne]. www. drugabuse.gov/publications/drugacts/anabolicsteroids (page consultée le 4 évrier 2013). Organisation mondiale de la Santé (OMS) (2011). Consommation d’alcool. Aide-mémoire no 349. [En ligne]. www.who.int/mediacentre/actsheets/s349/r/ index.html (page consultée le 3 mars 2013). Paquette, M.-C., & Doré, G. (2007). Ore de service 2007-2012 − Programme-services Dépendances : Orientations relatives aux standards d’accès, de continuité, de qualité, d’efcacité et d’efcience. Québec, Qc : La Direction des communications du ministère de la Santé et des Services sociaux. Partenariat pour un Canada sans drogue (2013). La consommation abusive de médicaments sur ordonnance par les adolescents : Combien d’adolescents s’y adonnent ? Quels sont les risques ? Quelles mesures doivent prendre les parents ? [En ligne]. http://canadasansdrogue.org/articleteen-prescription-drug-abuse.html (page consultée le 15 janvier 2013). PasseportSanté.net (2008). Caé. [En ligne]. www. passeportsante.net/r/Nutrition/EncyclopedieAliments/ Fiche.aspx?doc=cae_nu (page consultée le 7 janvier 2013). Reeves, R.R., & Brister, J.C. (2007). Additional evidence or the abuse potential o quetiapine. South Med J, 100, 834-836.
R906
Références
Santé Canada (2010b). Caéine. [En ligne]. www.hc-sc. gc.ca/hl-vs/iyh-vsv/ood-aliment/caeine-ra.php (page consultée le 7 janvier 2013). Santé Canada (2011a). Enquête de surveillance canadienne de la consommation d’alcool et de drogues. [En ligne]. www.hc-sc.gc.ca/hc-ps/drugsdrogues/stat/_2011/summary-sommaire-ra.php (page consultée le 7 janvier 2013). Santé Canada (2011b). Enquête de surveillance canadienne de la consommation d’alcool et de drogues. [En ligne]. www.hc-sc.gc.ca/hc-ps/drugsdrogues/stat/_2010/summary-sommaire-ra.php#tbld (page consultée le 8 janvier 2013). Santé Canada (2011c). Programme de soutien au fnancement du traitement de la toxicomanie (PSFTT). [En ligne]. www.hc-sc.gc.ca/hc-ps/drugsdrogues/dtp-ptt/index-ra.php (page consultée le 7 janvier 2013). Santé Canada (2011d). Salvia. [En ligne]. www.hcsc.gc.ca/hl-vs/iyh-vsv/lie-vie/salvia-ra.php (page consultée le 8 janvier 2013). Santé Canada (2012a). Fonds des initiatives communautaires de la stratégie antidrogue (FICSA) – Aperçu. [En ligne]. www.hc-sc.gc.ca/hc-ps/drugsdrogues/dsci-csa/index-ra.php (page consultée le 7 janvier 2013). Santé Canada (2012b). Sommaire des résultats de l’Enquête sur le tabagisme chez les jeunes 2010-2011. [En ligne]. www.hc-sc.gc.ca/hc-ps/tobac-tabac/ research-recherche/stat/_survey-sondage_2010-2011/ result-ra.php (page consultée le 16 janvier 2013). Société des obstétriciens et gynécologues du Canada (SOGC) (2010). Directive clinique de consensus sur la consommation d’alcool et la grossesse. [En ligne]. www.sogc.org/guidelines/documents/gui245 CPG1008F.pd (page consultée le 8 janvier 2013). Streissguth, A.P., & Bonthius, D.J. (2006). Alcohol and pregnancy and the etal alcohol syndrome. [En ligne]. www.els.net/WileyCDA/ElsArticle/reId-a0002251. html (page consultée le 16 janvier 2013). Table des regroupements provinciaux d’organismes communautaires/bénévoles (2013). ACA et OCASS – Défnition. [En ligne]. http://trpocb.typepad.com/ trpocb/documentation-sur-aca.html (page consultée le 9 évrier 2013).
Whelan, R., Conrod, P.J., Poline, J.-B., et al. (2012). Adolescent impulsivity phenotypes characterized by distinct brain networks. Nature Neuroscience, 15, 920-925.
Association des inrmières et inrmiers autorisés de l’Ontario (2004). Caregiving strategies or older adults with delirium, dementia and depression. [En ligne]. http://rnao.ca/sites/rnao-ca/les/Caregiving_ Strategies_or_Older_Adults_with_Delirium_ Dementia_and_Depression.pd (page consultée le 21 évrier 2013). Aubin, M., Giguère, A., Verreault, R., et al. (2007). Évaluation systématique des instruments pour mesurer la douleur chez les personnes âgées ayant des capacités réduites à communiquer. Pain and Research Management, 12(3), 195-203. Barlow, D.H., & Durand, V.M. (2007). Psychopathologie : une perspective multidimensionnelle (2e éd.). Bruxelles : DeBoeck. Conn, D.K., & Lie, S. (2001). Diagnosing and managing delirium in the elderly. Canadian Family Physician, 47, 101-108. Dalziel, W.B. (2009). Dépistage ciblé de la démence. Revue canadienne de la maladie d’Alzheimer et autres démences, 12(3). Éduc’alcool (2011). Alcool et santé mentale. [En ligne]. http://educalcool.qc.ca/wp-content/ uploads/2011/12/Alcool_et_Sante_9_FINAL_VF.pd (page consultée le 6 évrier 2013). Ergis, A.-M., Gely-Nargeot, M.-C., & Van der Linden, M. (2005). Les troubles de la mémoire dans la maladie d’Alzheimer. Marseille : Solal. Fleury, F. (2010). RCA Personnes âgées – Groupe de travail Défcience intellectuelle et vieillissement – Outils de repérage d’un syndrome démentiel chez les personnes présentant une défcience. Longueuil, Qc : Agence de la santé et des services sociaux de la Montérégie. Ferman, T.J., Smith, G.E., Boeve, B.F., et al. (2004). DLB fuctuations : Specic eatures that reliably dierentiate DLB rom AD and normal aging. Neurology, 62(2), 181-187. Ferrell, B.R., Ferrell, B.A., & Rivera, L. (1995). Pain in cognitively impaired nursing home patients. J Pain Symptom Manage, 10(8), 591-598. Fuchs-Lacelle, S., & Hadjistavropoulos, T. (2004). Development and preliminary validation o the pain assessment checklist or seniors with limited ability to communicate (PACSLAC). Pain Manag Nurs, 5(1), 37-49.
Gélinas, C. (2007). Pain intensity thermometer. A new tool or adult critical care patients. Perspective infrmière, 4(4), 12-20.
rnao.ca/bpg/guidelines/caregiving-strategies-olderadults-delirium-dementia-and-depression (page consultée le 26 évrier 2013).
Crenn P., & Melchior J.C. (2007). Bilan somatique et critères de gravité dans l’anorexie mentale. Nutrition clinique et métabolisme, 21(7), 155-158.
Haase, M. (2010). Delirium, Dementias and other related disorders. In W. Austim & M.A. Boyd (Eds). Psychiatric mental health nursing or Canadian practice. Philadelphia : LWW.
Robinson, L., Clare, L., & Evans, K. (2005). Making sense o dementia and adjusting to loss : psychological reactions to a diagnosis o dementia in couples. Aging and Mental Health, 9(4), 337-347. www.tandonline. com/doi/abs/10.1080/13607860500114555
Fraise, N. (2000). L’anorexie mentale et le jeûne mystique du Moyen Âge. Faim, oi et pouvoir. Paris : L’Harmattan.
Hébert, R., Desrosiers, J., Dubuc, N., et al. (2003). Le système de mesure de l’autonomie onctionnelle (SMAF). La Revue de gériatrie, 28(4), avril, 323-336.
Sadock, B.J., & Sadock, V.A. (2007). Synopsis o psychiatry (10th ed.). Philadelphia : LWW.
Hébert, R., Carrier, R., & Bilodeau, A. (1983). Élaboration d’un instrument de mesure des handicaps : le système de mesure de l’autonomie onctionnelle (SMAF). Dans C. Tilquin (dir.). SYSTED 83 : First international conerence on systems science health/social services or the elderly and the disabled. Montréal : Édition sciences des systèmes.
Santé Canada (2005). Renseignements importants en matière d’innocuité approuvés par Santé Canada concernant les antipsychotiques atypiques et la démence. [En ligne]. www.hc-sc.gc.ca/dhp-mps/alt_ ormats/pd/mede/advisories-avis/pro/2005/atypantipsycho_hpc-cps-ra.pd (page consultée le 27 décembre 2012).
Huybrechts, K.F., Gerhard, T., Crystal, S., et al. (2012). Dierential risk o death in older residents in nursing homes prescribed specifc antipsychotic drugs : Population based cohort study. BMJ, 344, e977.
Savoie, M. (2008). Comment évaluer la douleur en présence de démence grave. [En ligne]. www. stacommunications.com/customcomm/Back-issue_ pages/AD_Review/adPDFs/2008/septembre2008/ pg21.pd (page consultée le 20 évrier 2013).
Inouye, S.K., Bogardus, S.T. Jr., Baker, D.I., et al. (2000). The Hospital Elder Lie Program : A model o care to prevent cognitive and unctional decline in older hospitalized patients. Hospital Elder Lie Program. J Am Geriatr Soc, 48(12), 1697-1706. Institut universitaire en santé mentale/Douglas (2012). Maladie d’Alzheimer : causes, symptômes et évolution. [En ligne]. www.douglas.qc.ca/ino/ alzheimer (page consultée de 27 décembre 2012). Joyal, C., Collin, F., Mbourou Azizah, G., et al. (2010). Prévenir, dépister et gérer le delirium surajouté à la démence. Rapport 18. Québec, Qc : Bureau de transert et d’échange de connaissances (BTEC), Faculté des sciences infrmières, Université Laval. Kales, H.C., Kim, H.M., Zivin, K., et al. (2012). Risk o mortality among individual antipsychotics in patients with dementia. Am J Psychiatry, 169(1), 71-79. La Rue, A., (1992). Aging and neuropsychological assessment. New York : Plenum Press. Mc Kinley, M.P., O’Loughlin, V.D., & Bidle, T.S. (2013). Anatomy and physiology. An integrative approach. New York : McGraw-Hill. Melzack, R. (1983). The McGill pain questionnaire. In R. Melzack. Pain measurement and assessment. New York : Raven Press. Michaud, I., Shamlian, N., & Léger, G.C. (2010). Troubles cognitis et psychiatriques, s’y retrouver malgré l’enchevêtrement. Le Médecin du Québec, 45(8). Nasreddine, Z. (2010). Montreal Cognitive Assessment (MoCA). Instructions pour l’administration et la cotation. [En ligne]. www.mocatest.org/pd_fles/ instructions/MoCA-Instructions-French_version_7.2.pd (page consultée le 27 décembre 2012). Pautex, S., Michon, A., & Guedira, M. (2006). Pain in severe dementia : Sel-assessment or observational scales ? J Am Geriatr Soc, 54, 1040-1050. Rahkonen, T., Makela, H., Paanila, S., et al. (2000). Delirium in elderly people without severe predisposing disorders : Etiology and 1-year prognosis ater discharge. International Psychogeriatrics, 12(4), 473-481. Rana, A.Q., Yousu, M.S., Naz, S., et al. (2012). Prevalence and relation o dementia to various actors in Parkinson’s disease. Psychiatry Clin Neurosci, 66(1), 64-68. Registered Nurses’ Association o Ontario (RNAO) (2004). Caregiving strategy or older adults with delirium, dementia and depression. [En ligne]. http://
Smith, P.G., & Cousens, S.N. (1996). Is the new variant o Creutzeldt-Jakob disease rom mad cows ? Science, 273-748. Société Alzheimer du Canada (2011). La maladie d’Alzheiner. [En ligne]. www.alzheimer.ca/r/Aboutdementia/Alzheimer-s-disease (page consultée le 27 décembre 2012). Société Alzheimer du Canada (2012). Une nouvelle açon de voir l’impact de maladie d’Alzheimer. Societe Alzheimer du Canada : Toronto. Tropea, J., Slee, J.A., Brand, C.A., et al. (2008). Clinical practice guidelines or the management o delirium in older people in Australia. Australas J Ageing, 27(3), 150-156. Ueki, A., Shinjo, H., Shimode, H., et al. (2001). Factors associated with mortality in patients with early-onset Alzheimer’s disease : A fve-year longitudinal study. Int J Geriatr Psychiatry, 16, 810-815. Voyer, P. (2006). Soins infrmiers aux aînés en perte d’autonomie : Une approche adaptée au CHSLD. Saint-Laurent : Éditions du Renouveau Pédagogique Inc. Williams, G.R., Jiang, J.G., Matchar, D.B., et al. (1999). Incidence and occurrence o total (frst-ever and recurrent) stroke. Stroke, 30, 2523-2528. Yae, K., Petersen, R.-C., Lindquist, K., et al. (2006). Subtype o mild cognitive impairment and progression to dementia and death. Dementia and Geriatric Cognitive Disorders, 22(4), 312-319.
Chapitre 18 Agence de la santé publique du Canada (ASPC) (2002). Rapport sur les maladies mentales au Canada. Chapitre 6 : Troubles de l’alimentation. [En ligne]. www.phac-aspc.gc.ca/publicat/miic-mmac/ chap_6-ra.php (page consultée le 4 octobre 2012). Aigner, M., Treasure, J., Kaye, W., et al. (2011). World Federation o Societies o Biological Psychiatry (WFSBP) guidelines or the pharmacological treatment o eating disorders. World J Biol Psychiatry, 12(6), 400-443. American Psychiatric Association (APA) (2004). Mini DSM-IV-TR. Critères diagnostiques (Washington, D.C., 2000). Traduction rançaise par J.-D. Guelf et al. Paris : Masson.
Gagnier, N. (2006). Le pouvoir de prévention des parents. Psychologie Québec, mai, 25-27. Groleau, P., Steiger, H., Bruce, K., et al. (2011). Childhood emotional abuse and eating symptoms in bulimic disorders : An examination o possible mediating variables. Int J Eat Disord, 45, 326-332. doi : 10.1002/eat.20939 Institut universitaire en santé mentale/Douglas (2012). Troubles de l’alimentation : causes et symptômes. [En ligne]. www.douglas.qc.ca/ino/troubles-alimentation (page consultée le 4 octobre 2012). Ordre des infrmières et infrmiers du Québec (OIIQ) (2006). Le plan thérapeutique infrmier – La trace des décisions cliniques de l’infrmière. Montréal : OIIQ. Pomerleau, G. (2001). Démystifer les maladies mentales. Anorexie et boulimie. Comprendre pour agir. Boucherville, Qc : Gaëtan Morin Éditeur. Statistique Canada (2012). Description des états de santé au Canada. Maladies mentales. Section D – Troubles des conduites alimentaires. [En ligne]. www.statcan.gc.ca/pub/82-619-m/2012004/sections/ sectiond-ra.htm (page consultée le 4 octobre 2012). Steiger, H. (2007). Les troubles de l’alimentation : société ou hérédité. ANEB, Bulletin Images, 12(2). www.anebquebec.com/html/r/inos/articles/ vol12no2.html?keepThis=true&TB_irame=true&heigh t=450&width=800 Steiger, H., Bruce, K.R., & Groleau, P. (2010). Neural circuits, neurotransmitters, and behavior. Serotonin and temperament in bulimic syndrome. In R.A.H. Adam & W.H. Kaye (Eds). Behavioral neurobiology o eating disorders. Berlin Heidelberg : SpringerVerlag. Steiger, H., & Yae, M. (2012). A practical guide to the evaluation and treatment o people with eating disorders. Montréal : Institut universitaire en santé mentale/Douglas. Plan de ormation. Taddeo, D. (2010). Les troubles de la conduite alimentaire chez les athlètes. ANEB, Bulletin Images, 15(1). Wilkins, J. (2012). Adolescentes anorexiques. Plaidoyer pour une approche clinique humaine. Montréal : Les Presses de l’Université de Montréal.
Chapitre 19 Abekura, H., Tsuboi, M., Okura, T., et al. (2011). Association between sleep bruxism and stress sensitivity in an experimental psychological stress task. Biomed Res, 32(6), 395-399. Agence de la santé publique du Canada (ASPC) (2006). Note internationale : Voyages aériens et santé. [En ligne]. www.phac-aspc.gc.ca/publicat/ccdrrmtc/06vol32/rm3201a-ra.php (page consultée le 3 octobre 2012). Ahmed, I., & Thorpy, M. (2010). Clinical eatures, diagnosis and treatment o narcolepsy. Clin Chest Med, 31(2), 371-381. American Psychiatric Association (APA) (2004). Mini DSM-IV-TR. Critères diagnostiques (Washington, D.C., 2000). Traduction rançaise par J.-D. Guelf et al. Paris : Masson.
Références
R907
Association pulmonaire (2012). Apnée du sommeil. [En ligne]. www.poumon.ca/diseases-maladies/apneaapnee/signs-signes/index_.php (page consultée le 24 octobre 2012). Aurora, R.N., Zak, R.S., Auerbach, S.H., et al. (2010). Best practice guide or the treatment o nightmare disorder in adults. J Clin Sleep Med, 6(4), 389-401. Beaulieu-Bonneau, S., LeBlanc, M., Mérette, C., et al. (2007). Family history o insomnia in a populationbased sample. Sleep, 30(12), 1739-1745. Costa e Silva, J.A. (2006). Sleep disorders in psychiatry. Metabolism, 55(10 suppl. 2), S40-44. D’Agostino, A., Manni, R., Limosani, I., et al. (2012). Challenging the myth o REM sleep behavior disorder : No evidence o heightened aggressiveness in dreams. Sleep Med, 13(6), 714-719. DeMartinis, N.A., & Winokur, A. (2007). Eects o psychiatric medications on sleep and sleep disorders. CNS Neurol Disord Drug Targets, 6(1), 17-29. de Niet, G., Tiemens, B., van Achterberg, T., et al. (2011). Applicability o two brie evidence-based interventions to improve sleep quality in inpatient mental health care. Int J Ment Health Nurs, 20(5), 319-327. Éduc’alcool (2011). Alcool et santé mentale. [En ligne]. http://educalcool.qc.ca/wp-content/ uploads/2011/12/Alcool_et_Sante_9_FINAL_VF.pd (page consultée le 3 octobre 2012). Guilleminault, C., Kirisoglu, C., Bao, G., et al. (2005). Adult chronic sleepwalking and its treatment based on polysomnography. Brain, 128(5), 1062-1069. Godbout, R. (2004). L’impact du sommeil sur la santé mentale. [En ligne]. www.ordrepsy.qc.ca/pd/Publ_ Psyqc_ArtDossier_Sommeil_Janv04.pd (page consultée le 3 octobre 2012). Gooley, J.J. (2008). Treatment o circadian rhythm sleep disorders with light. Ann Acad Med Singapore, 37(8), 669-676. Hasler, B., & Germain, A. (2009). Correlates and treatments o nightmares in adults. Sleep Med Clin, 4(4), 507-517. Heussler, H.S. (2005). Common causes o sleep disruption and daytime sleepiness : Childhood sleep disorders II. Med J Aust, 182(9), 484-489. Hurst, M. (2008). Qui dort la nuit de nos jours ? Les habitudes de sommeil des Canadiens. [En ligne]. www.statcan.gc.ca/pub/11-008-x/2008001/article/ 10553-ra.pd (page consultée le 3 octobre 2012). Jeste, S.S. (2011). The neurology o autism spectrum disorders. Curr Opin Neurol, 24(2), 132-139. Kolla, B.P., & Auger, R.R. (2011). Jet lag and shit work sleep disorders : How to help reset the internal clock. Cleve Clin J Med, 78(10), 675-684. Krakow, B., & Zadra, A. (2006). Clinical management o chronic nightmares : Imagery rehearsal therapy. Behav Sleep Med, 4(1), 45-70. Lande, R.G., & Gragnani C. (2010). Non-pharmacological approaches to the management o insomnia. J Am Osteopath Assoc, 110(12), 695-701. Lavault, S., Dauvilliers, Y., Drouot, X., et al. (2011). Beneft and risk o modafnil in idiopathic hypersomnia vs. narcolepsy with cataplexy. Sleep Med, 12(6), 550-556. Léger, D., Ohayon, M., Beck, F., et al. (2010). Prévalence de l’insomnie : actualité épidémiologique. Médecine du sommeil, 7(6), 139-145.
R908
Références
Montplaisir, J., Petit, D., Pilon, M., et al. (2011). Does sleepwalking impair daytime vigilance ? J Clin Sleep Med, 7(2), 219. Morin, C.M., LeBlanc, M., Bélanger, L., et al. (2011). Prevalence o insomnia and its treatment in Canada. Can J Psychiatry, 56(9), 540-548.
Taylor, D.J., Walters, H.M., Vittengl, J.R., et al. (2010). Which depressive symptoms remain ater response to cognitive therapy o depression and predict relapse and recurrence ? J Aect Disord, 123(1-3), 181-187. Tjepkema, M. (2005). Insomnia. Health Rep, 17(1), 9-25.
Morin, C.M. (1993). Insomnia. psychological assessment and management. New York : The Guilord Press.
Trotti, L.M. (2010). REM sleep behaviour disorder in older individuals : Epidemiology, pathophysiology and management. Drugs Aging, 27(6), 457-470.
Morin, C.M. (2009). Vaincre les ennemis du sommeil. Montréal : Les Éditions de l’Homme.
Vernet, C., Leu-Semenescu, S., Buzare, M.A., et al. (2010). Subjective symptoms in idiopathic hypersomnia : Beyond excessive sleepiness. J Sleep Res, 19(4), 525-534.
Pandi-Perumal, S.R., Zisapel, N., Srinivasan, V., et al. (2005). Melatonin and sleep in aging population. Exp Gerontol, 40(12), 911-925. Putnins, S.I., Grifn, M.L., Fitzmaurice, G.M., et al. (2012). Poor sleep at baseline predicts worse mood outcomes in patients with co-occurring bipolar disorder and substance dependence. J Clin Psychiatry, 73(5), 703-708. Roth, T. (2007). Narcolepsy : Treatment issues. J Clin Psychiatry, 68(suppl. 13), 16-19. Sack, R.L., Auckley, D., Auger, R.R., et al. (2007). Circadian rhythm sleep disorders, part I, basic principles, shit work and jet lag disorders. An American Academy o Sleep Medicine Review. Sleep, 30(11), 1460-1483. Salter, S., & Brownie, S. (2010). Treating primary insomnia – the efcacy o valerian and hops. Aust Fam Physician, 39(6), 433-437. Santé Canada (2006a). Nouvelles mises en garde à propos des troubles cardiaques rares associés aux médicaments pour traiter le TDAH. [En ligne]. www.hc-sc.gc.ca/ahc-asc/media/advisoriesavis/_2006/2006_35-ra.php (page consultée le 3 octobre 2012). Santé Canada (2006b). Sommaire des motis de décision (SMD) : XYREM md. [En ligne]. www.hc-sc. gc.ca/dhp-mps/prodpharma/sbd-smd/drug-med/sbd_ smd_2006_xyrem_088659-ra.php (page consultée le 3 octobre 2012). Santé Canada (2007). Nouvelles mises en garde concernant ALERTEC (modanil) et de graves éruptions cutanées, réactions allergiques et des troubles mentaux – Pour les proessionnels de la santé. [En ligne]. www.hc-sc.gc.ca/dhp-mps/mede/ advisories-avis/pro/_2007/alertec_hpc-cps-ra.php (page consultée le 3 octobre 2012). Samaha, E., Lal, S., Samaha, N., et al. (2007). Psychological, liestyle and coping contributors to chronic atigue in shit-worker nurses. J Adv Nurs, 59(3), 221-232. Société canadienne du sommeil (2003). Stratégies pour travailleurs de nuit. [En ligne]. www.canadian sleepsociety.com/pd/brochure/trav_nuit.pd (page consultée le 3 octobre 2012). Société canadienne du sommeil (2006). Le sommeil des enants. [En ligne]. www.canadiansleepsociety. com/pd/brochure/sommeil_enants.pd (page consultée le 3 octobre 2012). Société canadienne du sommeil (2007a). Narcolepsie et cataplexie. [En ligne]. www.canadiansleepsociety. com/pd/brochure/narcolepsie.pd (page consultée le 3 octobre 2012). Société canadienne du sommeil (2007b). Rythme circadien chez l’humain. [En ligne]. www. canadiansleepsociety.com/pd/brochure/rythme_ circadien.pd (page consultée le 3 octobre 2012).
Chapitre 20 Adam, É. (1991). Être inrmière, un modèle conceptuel (3e éd.). Montréal : Études Vivantes. American Psychiatric Association (APA) (2003). DSMIV-TR, Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (Washington, D.C.). Paris : Masson. Association rancophone de diusion de l’entretien motivationnel (2012). Qu’est-ce que l’entretien motivationnel. [En ligne]. www.entretienmotivationnel.org (page consultée le 24 juillet 2012). Berthiaume, P., & Fortier, D. (2012). L’entretien motivationnel. Perspective inrmière, 9(2), 34-37. Bilsker, D., & Paterson, R. (2009). Guide d’autosoins pour la dépression : Développer des stratégies pour surmonter la dépression (3e éd.). Vancouver : Simon Fraser University. Branch, R., Willson, R., & Millêtre, B. (2010). Des exercices de thérapies cognitives et comportementales pour les Nuls. Paris : First Interactive. Brouillet, H., Roberge, P., Fournier, L., et al. (2009). Les soins en étapes, une approche prometteuse pour le traitement des troubles anxieux et dépressis. Quintessence, 1(1), 1-2. Burns, D.D. (2005). Être bien dans sa peau. Montréal : Les éditions Héritage. Butler-Bowdon, T. (2010). 50 classiques de la psychologie. Montréal : Les Éditions de l’Homme. Cabié, M.C., & Isebaert, L. (1997). Pour une thérapie brève. Ramonville-Saint-Agne, France : Érès. Canceil, O., Cottraux, J. Falissard, B., et al (2004). Psychothérapie : trois approches évaluées. Paris : INSERM. Carré, C. (2007). Animer un groupe : leadership, communication et résolution de confits. Paris : Eyrolles. Chaliour, J. (1999). L’intervention thérapeutique – Volume 1. Les ondements existentiels-humanistes de la relation d’aide. Boucherville, Qc : Gaétan Morin Éditeur. Chaliour, J. (2000). L’intervention thérapeutique – Volume 2. Stratégies d’intervention. Boucherville, Qc : Gaëtan Morin Éditeur. Chaloult, L. (2008). La thérapie cognitivo-comportementale. Théorie et pratique. Boucherville, Qc : Gaëtan Morin Éditeur. Clavet, H., Desbiens, R., Robitaille, I., et al. (2010). Soins inrmiers – Psychiatrie et santé mentale (2e éd.). Philadelphie (2009). Traduction rançaise de M.C. Townsent, Psychiatric mental health nursing : Concepts o care in evidence-based practice (6th ed.).
Saint-Laurent, Qc : Éditions du Renouveau Pédagogique Inc. Chambon, O., & Marie-Cardine, M. (1999). Les bases de la psychothérapie. Paris : Dunod. Cloutier, P., & Parent, G. (2005). Initiation à la psychologie (5e éd.). Traduction rançaise de S.A., Rathus (2001), Essentials o psychology (6th ed.). Montréal : Groupe Beauchemin Éditeur. Cottraux, J. (2011). Les psychothérapies comportementales et cognitives (5e éd.). Paris : Masson. Delourme, A., & Marc, E. (2004). Pratiquer la psychothérapie. Paris : Dunod. Deneux, A., Poudat, F.X., Servillat, T., et al. (2009). Les psychothérapies : approche plurielle. Issyles-Moulineaux, France : Masson. Duhamel, F. (1995). La santé et la amille : une approche systémique en soins infrmiers. Boucherville, Qc : Gaëtan Morin Éditeur. Duhamel, F. (2006). La santé et la amille : une approche systémique en soins infrmiers (2e éd.). Boucherville, Qc : Gaëtan Morin Éditeur. Fortinash, K.M., Holoday-Worret, P.A. (2003). Soins infrmiers. Santé mentale et psychiatrie. St. Louis, Mo. : Mosby (2000). Traduction rançaise sous la direction de S. Lamontre, Psychiatric mental health nursing, (2nd ed.). Montréal : Groupe Beauchemin Éditeur. Egan, G. (2005). Communication dans la relation d’aide (2e éd.). Montréal : Chenelière Éducation. Ellis, A. (1962). Reason and emotion in psychotherapy. New York : Lyle Stuart. Goderoid, J. (2008). Psychologie. Science humaine et science cognitive. Bruxelles : Éditions DeBoeck. Gottlieb, L, & Feely, N. (2007). La collaboration infrmière-patient : un partenariat complexe. Montréal : Chenelière Éducation. Hayes, S., Stroshal, K.D., & Wilson, K.G. (1999). Acceptance and commitment therapy. New York : The Gilord Press. Lalonde, P., Aubut, J., & Grunberg, F. (1999). Psychiatrie clinique : Une approche bio-psychosociale. Tome 1. Introduction et syndromes cliniques. Boucherville, Qc : Gaëtan Morin Éditeur. Lebourgeois, C. (1999). Survol historique de la psychologie et de la psychothérapie existentielleshumanistes au Québec. Revue québécoise de psychologie, 20(2), 11-36. Lecomte, C., & Castonguay, G.L. (1987). Rapprochement et intégration en psychothérapie. Psychanalyse, behaviorisme et humanisme. Boucherville, Qc : Gaëtan Morin Éditeur. Lecomte, T., Leclerc, C., Corbière, M., et al. (2008). Group cognitive behavior therapy or social skill training or individuals with a recent onset o psychosis ? J Nerv Ment Dis, 196(12), 866-875.
Moyse-Steinberg, D. (2008). Le travail de