Quand dire, c'est faire
 2020125692, 2020027380

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J.

L. Austin

Quand dire, c'est faire HOV/ TO DO THINGS WITH }VORDS INTRODUCTION, TRADUCTION ET COMMENTAIRE PAR GILLES LANE PosrFAcE DE FRANçors RÉcRNRrl

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Editions du

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La première édition dc cct ouvrage a paru dans la collection
(Englbh Phllosophy Since lfrO,Iondon, Oxford University Prcss, 1963, p. 147). Pou une bioeraphic courtc ct intér€ssætê d'Austin, voir I'article dc G. J, Warnoch ( L L. Austin ), dans Archives & phllosophra, janvier-mars I 967, p. 5-19. 7

INTRODUCTION

INTRODUCTION

pensée qui pcut donner I'impression d'un manquc tlc profondcur et irriter le lecteur < continental >. Le Français, surtout, éprouvera quclque difliculté à retenir son impatience, et dcmandera bien vite : < Où donc veut-il en venir? S'agit-il d'un texte philosophique t ? I Les Anglais semblent piétiner, s'amuser avec le langage, par exemple, sans abordcr en fin de cômpte . Il se peut pourtant quc cette sttitude ûpp0remment tatillonne et réticente provienne en réalité d'unc véritable préoccupation philosophiquc, lqu'eUe intliquc un domrine de rcchcrcltes intportant, €t surtout unc Tnréthode que la philosophie aurlit avxntagË à pratiquer cn certaines i,circonstances (et assez souvcnt, à notre avis). Aussi voudrions-nous consacrer cette introduction à exposer lcs motivatilns immédiates d'Âustin dans son ouvre philosophique (l), les raisons qui I'out poussé à choisir le langage ordinairc comme où7et immédiat de ses rechcrches (tr), et la mëthode qu'il a employée et précoiiiCée(ei qu'on pourra voir à I'auvrc dans le toxte ici présentô) ftr). Nous âjouterons quelques remârques sur le but principal qu'il visait en étudinnt le thèmc dc notre textc (tv), et sur sa cûnception de I'entreprise philosophiquc, en généril.l (v), Nous cÊ$ttyertns, en dernier lieu, de faire rcssortir les points saillants des rnalyses qu'Austin n présentées clans puanrl dire, c'est falre (vt).

'

que nôus verrons. Il avait le sentiment qu'ou élaborait des systèmes ou qu'on essayait de résoudre certains problèmes, sans même savoir de quoi il s'agissait au juste. Il reprochrit âux philosophes, en géné- 'ral, de ne pas avoir examin{puÏir lu richesse tles faits concernant un'' problème avant de lui chercher une solution. Un de ses collègues d'Oxford, le professeur Rylc, a exprimé de façon assez brutale, mais précise, cette insatisfâction earactéristique des penseurs anglais : < Par mcs lecturcs, et par les réunions auxquellcs il nr'a été donné dc participer récemment, je gardc I'intpression que [.,.] bcaucoup pensent qu'il est de leur dcvoir d'élaborcr le plus tôt possible quelque chose qu'on puisse considôrer conme leur systèmc; ct si leur cffort ne va pas uu-delà du torne I, qu'il est pertnis de laisscr de côté tout æ qu'ils pourraient dire dc concrct sur l'ûpplication do leur système dans le détail. [.,.] Si vous voulez un autre exemple, quand quelqu'un vient nous dire qu'il sait tirer la nourriture du sol, ct que nous décou' vrons à I'usage qu'il confond toutes les grlines, êt qu'il nc sâit pes bêcher son carré de jardin, nous le soupçonnons de vouloir tirer au llônc, et dc chercher à se faire une réputation à bou compte, Quoi qu'il sn rûit, et je ne voudrais pô$ etrc trop brutâl, eette tendânee existe et së mmifestË aussi dc notrË côté de la Manche, Nous ffioyons

en etro guéris, même si parfois lo maladc s'habitue à son trsitement... | > Austiu a d'nilleurs reproché ù ses propres collègues (à Ayer et à Warnock, pour nc mentionner que ccs deux.là) cette hâte excessive,

I. LB POINT DE DÉPAR '1. Ies exigences d'Austln

interpréter tr. Il aimait à répétcr quo cettc attitude est unc délormation professionnelle des philosophes et qu'elle est tellement répandue qu'on pourrait se f rr.,, il demander s'il ne s'agit pas plutôt de leur profession même

€t côtte simplification outrde

C'est par une ra.rott's/actfun prisfondc vis-l\-vis dcs élucubrations philosophiques du passé, et des écrits des philosophes contemporains du (p, p. 137). A ceux qui auraient insinué qu'il était naifcle prétendre toui exprimer clairement, à ceux qui auraient soutenu que br questions

t Il s'agit surtout dc I'illusiôn < descriptive

iexte, p. 3.

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painl de départ

Commç tant d'$utrçs pçn,seur$ (comme Dçsçartes ou I'Iussçrl, prr exemple), Austin fut hantd par I'exigence pgl$-dg"-{ôjgf!,y,ilir!C.. Mais il reconnaissait la fdcondité du point ele rlépart non pils, surtout, dans le fait qu'il psrmettrait de pnrvenir à une certitude apodictiquc : plutôt dans son pouvoir de çusciter ct de milintenir un o,r,renlûncnf ananime parmi les cherchçurs (lt, p, 334). ll avait pour ainsi dirc plus d'égards pour un a cogitamus D quc pour le < cogito e lassique, (Nous vcrron; plus loin qu'il s'agissait môme d'un accord avcc lcs génÉrations du pals6,,.) Austin se méûait, cxpéricnce faite, dee rt rôvcries > uoli.

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tnireç où l'on < ossaye ses forcer, seul, à résdudre ler dnigmcs dc I'univcrs > (/{, p, 335), il fallait dcnc trouvcr tn donné, un prénlable, eur lequcl lç consçntcment puisse $'établir. On obticndrait cnsuito une confrtnalizn de I'assçntimsnt donné lorsquc d'aaffer chercheurl, ayant répété les expdriences, $craicnt arrivés à des résultats iclentiques ou analogucs (1t, p. 348-349). Austin faisait rcmarquer à ce propos : ( c'est à cela qu'on a toujours reconnu la démarchc de la pensée scientifique, même appliquée à un domaine limité > (À, p. 3a9). Il est intéressant de noter aussi qulAlstil, en accordant une si grande importance à I'entente entre les-ôheicheurs, _*iOÉgaiLè trouver des domaines de recherche qui, bien quc reliés à-quelque grand pro- . blème classique, n'aient pas été explicitement fouillés par les pcnscu.rs du passé. C'est ainii qu'il se réjouissait de pouvoir étudier les excuses,

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INTRODUCTTON INTRODUCTION

(que fon présente à propos d,un comportement regrettable), sans avoir à se rappeler Kant, Aristote, ou pliton. car Auitin étaif d'avis que seuls de tels sujets permettent aux chercheurs de faire eux-mêmes des découvertes, ensemble, que parvenir. ainsi à. un accord est plus facile, et qu'on reconnaît à partir de là comment on peut réussir à s'entendre (P, p. l3l). Nous all ons voir m ain tenun{pgf gg,gl*lieir_fl â"ffi_gevoi r attaquer les problèmes philosop\iques pôur rènole Ë"$iuËË'Tre.i.u* tement unanime. "oii"o-

linguistique > la plus grande révolution de I'histoire de la philos,phie (P, p. 222; fI, p. 3). Mais il avait des raisons particulières de s'intéresser surtout au langage ordinaire, et une façon spéciale de I'aborder. Pour Austin,

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,!!q?!sssjfffiJ lgggagg"grf,j$ire o o _.llmggt_r_fffi*l'

,lrécisÉm_e_na- parç=ç.@"elle,l-.-a-4[-_et$BgJrg.s*Êt c-ourantsù*q.uç-lçr.çxBj"qs-

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qu'on ploles Jl .'on serait porté oorté à le croire. mots courants emolovés crorre. Même les nts sont sont emplo{é_d em gl#g{*go]!*ants de façon plus nb1ile,, et pour effectuer: des distinctrors beaucoup pfti! nombreuses]ffiG-philosophes ne I'ont pensé (S, p. 3, 63). Et ô'est

LE LANGÂGE ORDINAIRE

Austin était convaincu que la meilleure façon d'ab,order les faits, réel, étair de se laisser euiaelplilg_ _le -Ë-iilivièpassivemenr,bienstf Wgr_2iqj@àffiî#'d :ï.îçrrTatfi_pËtôt_quslç*réçi.ùs" laisse pas arteindre dlrec_lemenÇ *âir [rt.*ent par t,intermean|iià du.langage (R' p.3a9). Bien qu'il âit exprimé t"r réti".n..s au sujet

sions du langage I o-r_-d_!.ggjf.ç.,>f"9"qn*t p;.écizuses _: elles incarnent toutes les distinctions que les hommes ont 1ugé bon de faire, au cours des siècles, ainsi que les différents liens qu'ils ont été amenés à établir, par une expérience vécue, de génération en génération. Ces distinctions et rapports, d'après Austin, sont certes susceptibles de dépasser en nombre, en délicatesse et en valeur (puisqu'ils ont subi l'épreuve

la fthe survival of the que nous pourrions concevoir, par un bel après-midi, tout ce fittestl), bien assis dans nos fauteuils... (P, p. 130; R, p. 351, 335). prolongée de

Il s'agit donc de nous rappeler, en étudiant une question, ( ce que nous dirions en de telles circonstances >> fwhat we should say whenl; et pourquoi, et en quel sens (P, p. 129).

des dëiiï"mouvements angio-saxons qui s;intéressaient déjà au langage

(celui qui met l'accent sur la >, et Çelui qui etudiJ les emplois du langage )t *, il reconnaissait dans cette >),.mais aé I'on est phénoménisie, posiiiuist", ou emp'rste, on considère toures res proposltlons qul ne peuvent être ainsi réduites et véiifiees'comme négligeables,

a"iiaiï'iïi*r*i[rï"i"rort

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ou comme I'expression de simples non-sens. si I'on demiurà,-;;;;r;i'i;;""la réduction devdaud;ettrù" Ëoi,i.tî"âiirJpJ, a peu la nature/ondamentare de la réarité (qùi serait,four;ididir";;-ii"ô;riiô* ment et eDtitativement atomique >). . Qgqot au mouvement.qui interrôge les < emprois du langage )), mouvement *.pité. pr le wiusenstetur des rnveslisations iiitoiopniqu"";îË; l'imprecision du langage conme un caiactère ;"s.;it;ÉËi;;hii"i'l "à"-rioËià'ïiu, i.",^iriiii"l*edier par la formalisation et r'émondige d'expràsiÀns qui aeioèùeniàËiàË,ii"rt et apparaisseot gg dJptus éti ploî ootob."uto rj, o,al-rïiii"'..o fes. .ngn-sens trait important, qui lui est essentiel. Ii s'agit à" ,o^priiâiil;'"Ë;;iffi'O"" lvste. < métaph-vsique >,

12

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qui constituent notre expérience, et que nous aurions trop tendance, {.-.

sans lui, à ne pas

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voir

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(R, p. 333)*. En une autre occasion,

il note i

nous n'examinons pas seulement les mots [...] mais aussi les I réalités dont nous parlons : grâce à une conscience aiguisée des mots, / nous rendons plus perspicace notre perception [...] des phénomènes >f que

(P, p. 130). importent les méthodes, au fqnd), c'est-à-dire d'en appréhender la fonction. Toute l'attention doit porter sv l'emploi ou la fonction des concepts problématiques. Une langue artificielle ou idéale n'est plus nécessaire; car si nous parvenons à comprendre la fonction d'une expression, elle cesse par Ie fait mênne d'être probl6, matique. 11 semble qu'Austin se rapproche de ce dernier mouvement; et s'il s'en distingue, c'est surtout en ce qui conc€rne sa visée principale et ses méthodes. C'€6t nous qui soulignons uo ûexte d'ailleurs parlé.

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INTRODUCTION

Austin part, en tout

casr$J;@rt"u,on

peut se ter au lancafg= qu;ù a affiËËâ Ipnterroger : _ (.R, p. 333). Nous verrons plus loin, lorsqu'il ,'ugiru ae la methàde

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l?Ilgsire,twist*rgdffiditxt

d'Austin, qu'il ne se ûe pas aveuglément au langagcordinaire : celui-ci,s

n'est pas le dernier mot il peut toujours, en principe, être amélioré,$ ou'remplacé par un langage plus formel et savant mais il Jemeure bienle premier mot... (P, p. 133). Iæ langage constitue ainsi l'objet immédiat des recherches d'Austin eJ, à vrai dire, à peu près le seul. En cela, sa démarche se rapproche de celle de bon nombre de chercheurs français d'aujourd'hui. U y u pourtant cette différence notable : le philosopbc-+-nglêis s' tirer de sa lapgue_ !qqt*.Cf.9llçUg*cp_l_trpn[-d ; que les recherches frânËseJ les ptuilG"t;s o;'iè"i vouloir dégager que le contenu inconscient du langage. On peut penser qu'Austin .-, aurait manifesté bien peu d'intérêt pour les structures > et /,7 < modèles >> inconscients, qu'il se serait même méûé des résultats des { recherches structuralistes, par exemple, ne voyant pas comment nous, les chercheurs d'aujourd'hui, pourrions reconnaîtrè zas rencontres du réel dans un langage qui, au fond, n'est pas Ie nôtre (ælut du nous conscient). Nous I'avons vu, en effet, c'est le langage ordinaire qui permettait à Austin d'enrichir soz expérience du réel de celles des générations précédentes, et d'arriver uo" ,nturte avec ses propres collègues (sans qu'ils aient à se ûer à ses recherches).

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III.

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r-a uÉrnoon D'ÀusrIN

Nous venons de noter qu'Austin êyglt-UnggÉlbgge (ou plutôt un ggJ&n) pour attein-dre les faits, les$fi-énomènes, ou notre expérience lil'e*la réalité : il attaquait le réel par le biais du langage ordinaire. Aussi préférait-il appeler cette façon de philosopher non pas une analyse du langage, tout simplement, mais une < phéq_ornj*Mg4$ggit: tiqup , (P, p. 130), c'est-à-dire une philosofhie quitrâiiC ôt làïgage %Ïilile d'étudier les phénomènes. Austin n'aime pas non plus le mot méthode > pour désigner la façon dont il s'y prend quand il interroge le langage ordinaire : il préfère de beaucoup le termè de technique, ou aIuS piécisément de techniques, au pluriel (R, p. 348). Nous qui, pratiessaierons maintenant de voir quelles sont ces techniques - ) : (S, p. 83). Ailleurs, il incitera les autres ù rompre avec la tradition pou"r,çplsj toute la situation où urr ce,rtaiq acte de discours,

*ôâuif ûr, p.52).

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Jusqu'ici, I'art pratiqué par Austin semble se ramener

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15

à, observer,

INTRODUCTION

INTRODUCTION

tout simplement, les distinctions du rangage, le détail des circons-

reste à noter que le philosophe anglais avait une confiance inébranlable

ne s'agit pourtant pas d'une simple observation de ce qui se présenterait tout seul. Il faut même se méfier du langage ordinaire, Jt des conceptions qu,il nous impose des diverses situations où il entre en jeu : iin'a pu, t*lorr* échappé, en effet, auxpréjugés séculaires, et il véhicule pu.fol, I,eireu., la superstition ou la pure fantaisie (p, p. 133, 150). -C'est dire qu,il faudra souvent user de brutarité vis-à-vis de ce rangage, re torturer, le déjouer au besoin (p,p.134). L'un des moyens que préconise- âuqli_n pour éviter les embtches

en saB5.o'-e#.

tances, la totalité de chacune des situations.

Il

du langage ordinaire consiste à.yVElç)^les situati_ons nouvelles, j_"!41qt_a4freûc!_es tour cas àe îËlË ;rl;îàîons-fiffi" moment donné. Qu'on ne craigne pas ra variété : situations très étranges fidiosyncraticf, ou d'une uanaute exûême. L'essentiel est de

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allait jusqu'à affirmer, avec véhémence,

qu'elle ^{tat-la iiniiè-: > d'Austin et celle (ou celles) des penseurs >, il ious l6

que

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lsmplir? Austin, pourtant, ne voit rien de cette condition : même s'il existait dix mille emplois dans décourageant du langage en un certain cas, avec le temps la tâche ne serait pas iréalisable. A I'encontre de Wittgenstein * (mais comme M. Lévi-

**, au sujet

des structures de I'inconscient), il est persuadé en effet que les divers emplois du langage ne sont pas infinis.Il a déjà remarqué, un peu malicieusement, que les philosophes sont trop enclins à parler d'infini dès qu'ils ont découvert, par exemple, jusqu'à dtx-sept expressions... (P, p. 221). De toute façon, même si le temps n'était pas encore venu d'aborder les < grands problèmes >>, faute d'avoir toutes les données en main, Austin est au moins heureux des avantages < négatifs > des recherches < compilatrices >r : elles aident à récupérer de nombreux aspects du réel que la philosophie a négligés, Strauss

' Cf. Investigations philosophrqres, Gallimard, Paris, 1961, p. 125. (I-e tiue complet de cette édition est Traclatus logico-philosoplrrcrs suivi de Investigations philosophiques,) Cï. Anthropologie structurale, Plon, Paris, 1963, p. 30.

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t7

INTRODUCTION

INTRODUCTION

et préviennent beaucoup d,erreurs, ,en rendant les philosophes plus conscients de la < complexité de la vie, de la vérité, et a"r'"norË, ,,

(P, p.239).

tv. te vlsÉr pRlNcrpALE DE

l et découvrir tout à-que nous pouvons accomprir par la parole; et cela,.en vue de pouvoii appliquàr ,.r rerutiutr-,'uo jour, aux problèmes phflosophiquès. Il restË què te moyen immgaiat (le langage) est devenu icir';bjei immédiat de-ses rechJr.tr.r; ,i-J r" langage nous apprend ici quelque chose sur une autre réalité que luimême,. celle-ci ne peut être que nous_mêmeJ, €n tant que personnes qui parlent. Austin s'est convaincu que Ia philosophie s'égarait en décidant de ne. considérer que les afirmations [statements] dont on p".rtl ài." qu'elles sont vraies ou fausses. Il jugeait que res critères'ae vgrite nouvellement adoptés réduisaient dgiiagment trop re nornbre des afrrmations pertinentes, et reléguaient trop facileÀent u' dornaio"

du. non-sens ou des pseudo-affi rmations, dei énonciat ions t t e ran cesl. qui,'bien qu'elles ne soient pas destinées à être des l4 uçurJllruluË,rùçr 2, la uuLluu notion en ùuururç somme 1\ ciations (P, ulallulls 237). I ). lI Il veut vçuL çtl \r, p. P. L)

traditionnelle de I'affirm ation fstatementf, en faisant ressortir tout ce qu'il y aurait à considérer ençore avant de parler de sa vérité ou de sa fausseté. Il reconnaît bien une place spéciale à I'affirmation classique, conçue dans toute sa complexité; mais sans s'arrêter à déterminer très précisément ce qui lui confère cette situation unique : le temps n'est pas encore venu; il reste encore trop de défrichage à

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faire...

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C'est en çg4p-q{4+Ll'énonciation ,constative (c'est-à-dire l] lfgffi"t.: , .i la plupart du temps comme une < des- I L >> -pêtiqlr classique, conçue cription >> vraie ou fausse des faits) avec l'énonciation pedor-mative .t ..'f , / I [cldi'angl. : performative] (c'est-à-dire celle qui nous permet défaire t è" i quelque chosg per l?-pa.{gle elle-même), qu'Austin a été conduit à consiT i àeiei toitie énonriuiiôo digne de ce noin (c'est-à-dire destinée à. commtti 'lniquer par exemple, les jurons-réflexes) comme : - ce qui exclurait, étant d'abord et avant toutun acle-.dg,.8i..sççurs produit dans la situation totale où se trouvent les interlocuteul-s(I/- p. l47). S'il est bien vrai que les énonciations sont des acles, a.prs elles doivent, en tant que tels, visèiâ âccômplir queiiiue êhose. Âustin, donc, décide de considérer certâini â;Ëéaidë'l'âiïe lùi-même,'en espérant y reconnaître l'élément (sans doute abstrait) qui lui appartiendrait spécifiquement, c'est-à-dire en tant qu'aclg le dpcoyrs. Une fois cet-flégg4liiole--æ' (Austin I'appellera la.ta|liùi à;tliocitïon fillocutionary ffrô:e:! de la t, parole), il-slaeit -d,q_d,isççn1çt-,t-o-u-t",c-ç..qu:il pert acc*ompljr, 9!-.tanlqu'il I duateur 4,ç,ÆS-,,I9" ç e st j!gn._q sle. Cog1lç -pg4i9 '1cb:p*9 _ç_e! ".IS (dont

il se défend de TP, b. 134), êqStis_ç"lrqi9iÇHg":k$ff)enérales revendiquer le caractère étanche) lui per4etta4! d'o-r{onner provi,.Foirement tous les verbes contenirs dans le dictionnaire, selon la '{valeur d'illocution qu'ils posséderaient. Cette étude, encore inachevée '(et dont Austin ne présente que certains résultats dans les conférenceS

que nous aurons sous les yeux), lui aura cependant permis de considérer les affirmations classiques (vraies ou fausses) comme des < actes

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INTRODUCTION

du discours

parmi d'aulres, c,est-à-dire des actes qui possèdent >> et qui > par conséquent quelque chose (,F/, p. laQ. Austin voulait donc d'abord montrer qu'il importe de considérer les affirmations (ainsi que leur < vérité , ou n fausseté >) dans un contexte plus général, dans une problématique où I'on tiendrait compte _ ___-r,_du fait qu'elles ,vur sont ùurrvul surtout seJ des uctvè_, actes, çL et uçs des AUIeS actes AU du OfSCOUrS di ayant forcément une < valeur d'illocution >>. Aussi a_t-il ou remârr€marcr.r.rsi

une

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valeur d'illocution

Le philosophe anglais n'a pas voulu étudier explicitement la nature même de cette ( valeur d.'illo*cution >>; il s,est contenté de noter à

qud,i'aôt.ti o slt.gulsl t ;,; il;td;; "*;;;nn= Tliïq:ïlises tandrs que lès autres éléments < abstrâits > de I'acte oe ois-

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cours ne le sont pas (il s'agit, comme nous le verrons, des actes de locution et de perlocution). ll n'a pas entrepris, non plus, une discussion sérieuse de I'agir personner qui s'exprime dans ie < faire > de la parole, mais a noté simplement qu'il ne pouvait être réduit à un (H, p. 106, I I l, I l2), ni à une entité < intérieure, spirituelle et fictive >> que la parole ne ferait que manifester (H, p.9, 10, 13). Fidèle à sa méthode, il considérait que la problé_ matique n'était pas encore assez mûre pour qu'on puisse tenter de résoudre les questions qu'elle suggère déjà. Il a même insisté sur le fait que sa distinction entre trois élémenis abstraits de I'acte de discours n'était peut-être pas fondée (H, p. l4g), que sa classification des , il n'a pas pour autant consacré sa vie au déploiement d'une ascèse à peu près constante. Pour lui, le travail d'analyse minutieuse était un plaisir : ll s'amttsait (il parle souvent de fun H, p. 24, 163; P, p. 123; R, p. 372). On a même l'impression, parfois, que la valeur la plus importante qu'il reconnaît à la philosophie est de procurer souvent ce fun... Mais, au fait, s'agit-il de philosophie? Nous n'avons pâs f intention de présenter ici une quelconque théorie sur la nature de la philosophie, à laquelle nous comparerions

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ensuite la notion qu'en avait Austin. Nous nous contenterons de mettre le lecteur au courant de ce qu'a dit le chercheur anglais sur ce sujet, en différentes occasions, laissant chacun décider s'il parlait effectivement de philosophie, ou de ce qu'on est convenu d'appeler une < science positive >, distincte de la philosophie. < La philosophie sans cesse déborde ses frontières et va chez les voisins. Je crois que la seule façon de définir l'objet dc-la"pÀi]g;gphie, c'est de dire qu]g_l]9.-s-]_o*c"çgpç- 4g tous les rés!{uq, de tpp.s lgs- p{-9blèmes qui restent encore iqqglgbte-s, après que

l'on a'essayé toute-s

lèi méth-odes èprouvées ailleurs, [...] Dès que I'on trouve une méthode respectable et sûre pour traiter une partie de ces problèmes résiduels, aussitôt une science nouvelle se forme, qui tend à se détacher de la philosophie au fur et à mesure qu'elle définit mieux son objet et qu'elle affirme son autorité. Alors on la baptise : mathématiques la séparation est plus le divorce date de longtemps; ou physique la coupure est récente; ou psychologie, ou logique mathématique grammaire qui peut-être demain ou sait encore fraîche; ou même plus philosophie en qu'ainsi, débordera de la linguistique? Je crois plus loin de son lit initial ) (R, p. 292-293; cf. aussi P, p. 180). Pour ce qui est de savoir si I'entreprise d'Austin est une démarche

2t

INTRODU TION

INTRODUCTION

philosophique ou une linguistique scientifique, Austin affirmait à Jean

wahl qu' jluAg-!9iqpc.e,

pas

fgtre par -s9_d-_eg?g9-t -gl-gki eneJobgy r-rn grynd nombre de chôsei dont la phitosophi! J'o""up" _aujoiid'hui. [...] Où est la fronrière? Y en à-t-il-unè-îuelqùê partt [.-f Il n'y a pas de frontière. k champ est libre pour qui 'reut y aller. La place est au premier occupant. Bonne chance au premier qui du -l,4qgagg


; Il >r; Non etc' a nous < langage >; Le est dû, la plupart du témpi;t cè qùé leJ-liË-àiàïiances qui devraient accompagner le performatif ne se présentent pas (( comme il faut >. Austin examine avec soin un nombre assez imposant de circonstances qui, par leur absence

,

ou leur caractère inadéquàt, rendent I'acte malheureux : une conventionll

a été méprisée, une intention requise était absente, une désignation i! fficielle faisait défaut, etc._Les différentes sortes de malhe"gg$iii peuvent affecter un perforrnâii-f ont ièçu d;Austin le nom 41Ë"îâF'

llnfelicitiesl.Il a présenté les plus importants de ces < échecs-ffi-ans

un tableau schématique, les classant selon les diverses façons dont ils pouvaient affecter le < bon fonctionnement > des performatifs, en général. 25

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INTRODUCTION

Troisième et quatrième

INTRODUCTION

c:onférences

I,tj

Austin reprend ici sa classification générale des Échecs, pour les t'. examiner avec soin à partir de nombreux exemples. Bien que ses j analyses soient très précises, il n'arrive pas à réduire chacun â", ,È, étudiés à I'un ou I'autre genre d'lichei figurant dans son taureau "u, ,ii initial. Il y a presque. toujours recoupement des crasses entre etteq ii parfois même iréductibilité de certpins exemples à toute classe parti- -ii culière. Austin ne se décourage pai pour autaut, mais note siàpleI ment que la situation globale, dont il faut toujours tenir compte, est 'ti fort complexe, et qu'il faut absolument résister à la tentation de . simplifier à I'excès. ,..i i ...-_-*î*__*\, Ii y a lgute{gis yr_réJ;{ui ressort des analyses présentées, juseu'ici, éf sui-iequèi Âîsitn âtt h.ur"o* d'attirer l'attention 6 ,-r; " livériÉ .oIffite d.es afirmatrons classiques (des énonciations coùstatives)'dé.pend.Èlle-même 4e nomgls.,tgs.g cilc-o.gg!3nç--e,s-.21, et celes-ci .. :f ressembrent très souvent à celles qui afectent les performalflr. c'est -dê éè résùliâi-qui fèiàet à Austin iémettre en question te statut privilégié de I'affirmation classique, et surtout d'inviter ses auditeurs à une étude plus judicieuse, plus éclairée, de la notion de vérité, :

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Cinquième conférence

*!*-Ig$g$Saegùqu'il*ya,-entrqlgsf ng-nçiatiq4s,-c9_p.,Eeliye"qç-t.(due au fait que toutes les àeux sont atrectéa fài ru

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situation où eiles sont produites) ne suffit pas, apparemment, à faire disparaître leur distinction. Aursiin_se lance donc à la recherche d,uu

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r t'énonciàti on p.*Àuii uè.

L€ Cfltefe SefA'Érammalicat';-'trI Tl cnnsidèrp r^ r^ considère â'al,n..l d'abord I'o*^I^i ploi de I'emploi la

exprimés étant trop nombreux. pour la même raison, le moâe et le temps'ne sauraient servir de critères absolus. certains,mots semblent < expliciter > l'énonciation et en garantir, par le fait même, le carac-

tère performatif; mais là encore,

l.r ,*.-p1",

déroutants abondent...

Sixième et septième conférences

Les résultats négatifs de la dernière conférence invitent Austin à demander s'il ne faudrait pas essayer €i9Égltg*Âgggiqg+9419"" dont o-n soupçonne qu'elle serait un pprfo-rinatif, à sa lorme exp-lipi,k : il apparaîtrait alors qu'elle est un pe_rformatil,?*SeUtiUue' De nombreuses analyses montrenîcffiôâffi*{"ùëïètte tâche-est à son tour inutile, que les tests imaginés (à partir de quelques performatifs explicites < évidents >) pour repérer tousles performatifs sont extrêmement se

difficiles à manier, et que beaucoup d'énonciations demeurent problématiques (présentânt à la fois un caractère performatif et constatif). Austin a toutefois proûté de ces dernières analyses pour faire ressortir un second résultat dont I'importance apparaîtra plus loin : put utt procédéft ry-eaplicitqtion > dlyn-pg{ormatif < primaire > n est fausse, selon lall (de vraie ou façon quii'ôniiiie a deuirë ou à. àfirmer que ferait le performatif ce Cônception traditionnelle de I'affirmation) j'accomplis que I'acte comment plutôt à manifester >, mais performatifs explicites les Et si reçu ou compris. être en ce moment doit primaires, constiils ne les après l'histoire au cours de sont apparus tuent pas seulement des descriptions plus raffinées d'actes déjà existants, mais davantage la création de uouvelles formes d'actes. (Nous verrons plus loin comment I'explication, dans ce sens - I'explication n'est pas la même chose que I'explidela valeur d'une énonciation -, citation d'une signification imprécise.) Après s'être attardé sur I'explicitation des performatifs (et avoir considéré les nombreux moyens dont le langage dispose pour effectuer cette explicitation), Austin est obligé d'admettre qu'il ne semble pas y avoir de critères gtammaticaux, ni de tests infaillibles, qui permettraient de distinguer tous les performatifs des constatifs. Un nouveau point de départ s'impose. Or, nous savons que nous

faisons D souvent quelque chose en disant quelque chose, ou par le fait de dire quelque chose. Mais l'expression > est elle-même assez vague... Peutêtre y aurait-il avantage à aborder cette exptession, maintenant' ou plus précisément, I'expression >. C'est ce

26

. Mais justemeni, cette ,"rr"*blance entre constatifs et performatifs suggère aussi une de la vérité qu'il ne r.ru piu, très facile àie'laborer en toute "on".ptioo clartéï simplicité. La , ciaprès Austin, serait une < dimension géné: rale > dans laquelle, compte tenu des circonstances, des interlo"uËurr, des intentions et buts acluels, nous dirions < ce qu'il estiuste fr:ightl " de dire )) ou ( ce qu'il convient fwhatis proper] de àire >. Le conférencier finit par remarquà. qu. la distinction initiare Ss1g-çgsglgi1$. el .p,e{{o-r.ryq!!f_q..était re iesultarî*ffiË*âï,tilic,îiîî S"-lil gq sep it p-a s pyaryage us_ !_e*aiin1.q,1., I-;!;"r"i"iË ;; ne tlent compte, en effet, que de I'aspeci > de la "iiâii parole, eu négligeant son élément d'illocution, alors que l'énonciation per-

*'

formative est une notion qui néglige la dimension de < correspondance >>, pour_s'attacher à peu près uniquement à la < valéur d,illo_ cution r> de l'énonciation. ce sont des cai extrêmes (où ces abstractions sont presque réalisées) qui ont donné naissance aux notions de constatifs et de performatifs. Or, la réalité est plus complexe; elle exige ique l'on distingue plutôt entre les actes dè locution et d'iilocution, et que I'onétudie de façon très critique en qzel sens les diverses sortes d'illocutions seraient destinées à être justes ou non, permises ou'rnon, et le sens précis des.expressions que nous employons pour porter des jugements de valeur sur les illocutions. Austin termine en attirant I'attention sur le fait que la tâche qu'il vient de proposer aux faits

est immense.

30

Douzième conférence

La dernière conférence constitue une première approche de la classitcation des < valeurs > que possèdent toutes les illocutions rencontrées dans le dictionnaire. Après avoir remarqué que la doctrine des constatifs et performatifs représentait une ( théorie spécialisée )), par rapport à la < théorie générale >> des actes de locution et d'illocution, et que cette théorie générale a été formulée en vue de tenir compte de tout ce que la notion abstraite de l'affirmation r laissait de côté (ne donnant ainsi qu'une conception abstraite de la vérit), Austin insiste pour qu'on retienne les points suivants : :- seul I'acte de discours intégral, considéré dans la situation totale du discours, devrait constituer, au début, l'objet de nos études; - I'affirmation, la description, etc., n'occupent aucune position privilégiée, ce ne sont que des actes d'illocution parmi d'autres; elles ne jouissent d'aucun privilège en ce qui concerne, en particulier, les rapports > qu'elles entretiendraient avec les faits; la théorie de la > d'illocution que posséderaient les affirmations. Mais il a strement attiré notre attention sur I'importance de cette ( valeur > qui, à notre avis, est le point qu'il faudrait étudier davantage, si nous voulions parvenir à une compréhension plus profonde de la parole humaine et, surtout, de Ia visée essentielle de l' > de vérité...) Austi n propo s e e o tqglg4gqË géq{qales (e t pro vi s oi rqs) gg_o$.çialions, classes qu'il à îéflnËs sél, ce qu'elle ne saurait . faire sans être vraie ou fausse. Il y eut constamment des grammairiens, # bien sûr, pour signaler à notre attention que toutes les < phrases > f;; lsentencesl ne sont pas nécessairement des affirmations, ou ne servent $. put nécessairement à J4 produire * : en plus des affirmations (au sens i aes grammairiensV*ç a aussi, très traditionnellement, les questions_ $ .et les_exclamations, ainsi que les phrases qui expriment des comman,: ldements, des souhaits ou des concessions. Sans doute les philosophes ï n'ont-ils pas eu I'intention de le nier, même s'il leur est arrivé f d'employer un peu abusivement le mot < phrase D pour le mot affirf. mation >. Sans doute aussi grammairiens et philosophes ont-ils été i|.: conscients, les uns comme les autres, de la difficulté qu'il y a à bien les commandements, etc., f distinguer les questions elles-mêmes, quelques pauvres indices grammades affirmations, au moyen des ë g[2] ticaux dont nous (l'ordre >>

élaborée à partir de la production une

alirmation : son emploi

est

d'affirmations. 37

QUAND DIRE, C'EST FÀIRE

les difficultés que ce

PRElfirÈRB cor-rrÉnsNcs

fait soulève manifestement. Car enfin, comment

fie ne dis pas à rapporter) les circonstances dans lesquelles I'affir' mation est faite, ou les réserves auxquelles elle est sujette, ou la façon.dont il faut la prendre, et autres choses de ce genre. Négliger le plus souvent dans le passé ces possibilités -, - comme il est arrivé c'est céder à ce que I'on appelle I'illusion < deserigçjgç21. (Mais peutêtre ce motp'est-il pas adéquat, < descriptif >> ayant lui-même un sens particulierl'Toutes les*q$lpelio-ns" vraies ou fausses, ne sont pas pour autant""dê!Téiéiiptions; voilà pourquoi je préfère employer le 'iÀôt < constatif 3 >.) Les remarques que nous avons faites jusqu'ici ou du moin-s à rendre diiTrôdns'doutô'Téussi à montrer par bribes problèmes qui embarrassèrent que nombre de vraisemblable partir d'une erreur : philosophes ont surgi à les traditionnellement celle de considérer comme des affirmations pures et simples de faits, " des:énonciations qui sont (en un ou plusieurs sens non gramma- i ticaux et qui ont leur intérêt) ou bien des non-sens, ou bien des'i expressions dont I'intention est tout à fait différente. -''r'Quoi que nous pensions de I'une ou I'autre de ces conceptions et suggestions, et si fortement que nous puissions déplorer la confusion où doctrine et méthode philosophiques en ont d'abord été plon' gées, nous ne pouvons douter qu'elles soient en train de produire une révolution en philosophie. Si quelqu'un veut I'appeler la plus grande et la plus salutaire de son histoire, ce n'est pas, à y bien réfléchir,

les distinguons-nous les uns des autres? Quelles sont leurs limites et leurs définitiond respectives? Depuis quelques années, plusieurs expressions qui, autrefois, auraient été acceptées sans problème comme des , tant par les philosophes que par les grammairiens, ont été examinées avec un soin tout nouveau. C'est plutôt indirectement moins - du L'opien philosophie qu'on en est venu à poursuivre cet examen. nion s'exprima -d'abord sans un assez regrettable dogmatisme - non que I'aftrmation (d'un fait) devait être < vérifiable 1 >> : ce oui

-amena à penser que de nombreuses ( affirmatiJnî> nè seraient pour

ainsi dire que des gg,eu4o:affirmations. On commença pil montrer quîæâîËoùi;'d' < affirmatiàns > (Kant fur - et sans,nullelepeiii-probablement premier à l'établir systématiquement) étaient à

proprement parler des_gon-sens, en dépit d'une structure grammaticale très courante. Et la-décôûverte continuelle de nouveiux types,de non-sens a été somme toute une bonne chose leur classi- quoique fication soit restée trop souvent non systématique, et leur explication, mystérieuse. Cela dit, même no.us autres, philosophes, nous fixons des limites à la quantité de non-sens. que nous semmes prêts à admettre dans notre discours. Il était donc.naturel de se demander, dans un secgnd temps, si bon nombre de ce qulgn prenait pour des pseudoaffirmations tendaient, en fait, à être des , à quelque titre que ce soit. KO" in est venu à peuser, communément qu'un grand nombre

une prétention extravagante. Il n'est pas étonnant que les premières découvertes aient été faites sans grande continuité, avec parti pris a et à partir de motivations étrangères : c'est le cas pour la plupart des révolutions...

d'énonciations futterances 2] qui ressemblent à des afrrmations, ne sont.pas du tout destinées à rapporter ou à communiquer quelque lnformation pure et simple sur les faity; ou encore ne- le sont que

partiellement. Les , par exemple, pourrailnt bien avoir pouq but 3 unique ou non de manifester une émotion, [3] -ou,de prescrire un mode de conduite,- ou d'influencer le comportement de quelque façon. Ici encore, Kant fut un pionnier. Il arrive aussi que dals l'usage que nous faisons des énonciations, nous outrepassions le champ de la grammaire, du moins de la grammaire tra-

TsoLEMENT

38

PERFoRMATTF

lperformativei

r

Il va de soi que le type d'énonciation à considérer ici n'est pas, en général, le non-sens, bien que mésuser du type en question puisse des variétés assez extraordinaires nous le verrons engendrer de ; et sont telles que B) l'énonciation de la phrase est l'exécution d'une action (ou une partie de cette exécution) qu'on ne saurait, répétons-le, décire tout bonnement comme étant I'acte de dire quelque chose. Ceci est loin d'être aussi paradoxal qu'il semble, ou que j'ai essayé peu trop sommairement le faire paraître : on sera déçu, -en un - deallons effet, par les exemples que nous maintenant donneç. .

il

>

prends cette femme cornme étant prononcé au cours de la cérémonie

comme on dit

n'est ni vrai ni faux

peut que l'énonciation

-

:

mais

cfest là tout autre chose. Baptiser un bateau, c'est dire (dans les circonstances appropriées) les mots < Je baptise... etc. Quand je dis, à la mairie ou à I'autel, etc., < Oui fie le veux] >>, je ne fais pas le reportage d'un mariage : je me marie. ,Quel nom donner à une phrase ou à une énonciation de ce type *** ? 5 ou une énonciation Je propose de I'appeler une phrase performative

.

)

;ii

til :li iî:

fil 4

.i

( par souci de brièveté performative ou - un performatif >. te terme sera utilisé dans une grande variété de cas et de constructions (tous apparentés), à peu près comme I'est le

*:ï fi:, r .tq

terme < impératif 'r'ix* >. Ce nom dérive, bien sûr, du verbe [anglais]

.l€ r?q

.ii

I

iâ ,v;

iii 1,ê

j$

Entre tous, ce sont bien les hommes de loi qui dewaient être informés de ce .{x qu'il en est réellement. Peut4tre quelques-uns le sont-ils. Il leur arrive pourtant à d'être victimes de la trop prudente > : de penser, par exemple, '* iÈi qu'un énoné de < la loi > est l'énonce d'un fait. lr Non sans raison : elles sont toutes des performatifs < explicites >, et de la #;:J{ '!]. classe prépondérante, qu'on appellera plus taf,d celle des < exercitifs >. ;1 ,l

'{

,,i lll

lAustin se rendit compte, mais trop tard pour corriger son ellerr, q 'e l'exOui fie prends cette femme...) >> n'est pas employée dans la cérémonie âu mariage. Nous n'avons rien changé au texte, car, du point de vue philosoohioue. il importe peu que ce soit une erreur. J.O.U.] ^ *ioÉncore-moinice que j'ai déjà fait, ou ce qu'il me faudra faire plus tard. "Ilt Ï-es < ohrases )) constituent une classe d' >, classe à définir efaàmaticâtement, à mon avis; et je doute qu'une définition satisfaisante en ait Oeie ete donnee. Aux énonciations performatives s'opposent essentiellement, par exËmole. les énonciations"->' mais < performatif > est à péférer pârce que plus court, moins laid, plus maniable, et de formation plus traditionnelle. pression
>

Pour ces exemples, il semble clair qu'énoncer la phrase (dans les circonstances appropriées, évidemment), ce n'est ni décrire ce qu'il ** en parlant ainsi, Tâui Uien reconnaître que je suis en train de faire ti"Ciffiràer que i9 lç- fals : c'est le faire. -Aucune des énonciations citées î'est vraie ôu fausse : j'affirme la chose comme allant de soi et ne 'lldiscute"pas.'On n'a"pas plus besoin de démontrer cette assertion ij.

- comme on . r,' peut lire dans un testament.

,1,7

i Uindicatif pré,ggSLva|1-+gtfv_e-f. Car on peut trouver des énoncia,i tioni-quf sâtisfont ces conditions et qui, pourtant, ' A) ne décrivent >, ne ( rapportent'>>, ne constatent absolument

> : [7] il indique que produirg l'énonciation est exécuter une action (on ne i considère pu., Èâhi""uem.nf iËtiô-pôituëtion-là-ërtmfr6îe faisant , que dire quelque chose). Un certain nombre d'autres termes peuvent se présenter à I'esprit, chacun étant susceptible de recouvrir convenablement telle ou telle classe plus ou moins étendue de performatifs : de nombreux performatifs, par exemple, sont des énonciations contfa;cfue:llës (glg pari-è >) "9y-dëSlo:gtpr.rqr.(11je""déclare tâ guerre >). Mais au",ro t.i.é à;uiugt courant, que je sache, ne saurait âvoir assez d'extension pour les recouvrir toutes. parmi les termes techniques, il y en a un qui, peutêtre, se rapprocherait le plus.de ce qu" oour therchons.'Il s'agit du mot [anglais] operative, tel qu'il est employé (au sens stric$ pàr les hommes de loi, lorsqu'ils veulent se référer à la partie (i. e. aux clauses) d'un acte juridique qui sert à effectuer la transaction ellemême (: son but principal) un transfert de biens, ou que sais-je?

- que < débiter > les circonstances dans le reste du document ne faisant

lesquelles la transaction devra s'effectuer *. Mais operative a d'autres signiûcations; de nos jours, il est même rouuent employé pour signifier à peine plus qu' >. J'ai donc préféré un mot nouveau, auquel nous serons peut-être moins portés (bien que son étymologie ne soit pas à négliger complètement) à rattacher une

signiûcation préconçue.

tout à fait identique, non pss en énonçant des mots

-

qu'ils soient

mais d'une autre manière. Je puis, par exemple, écrits ou prononeés ,,en certains lieux, contracter mariage par simple cohabitationi ou

-,

tr

''parier av€c un totalisateur, en glissant une pièce dans une fente. J 'Peut-être devrions-nous alors convertir les propositions citées plus ,haut et les exprimer comme suit : >, ou même actes consistant âl prononceç ultérieurement d'autres paroles. C'est ainsi que pour 'Saptiser

PELn-rL ARRMR QUe DrRE UNE CHOSE, CE SOII

re rene?

Allons-nous donc affirmer, par exemple, que

,

marier, c'est dire quelques mots >), ou que Parier, c'est simplement dire quelque chose >>?

>, telle qu'elle est formulée au cours d'une cérénionie de mariage. Ici nous gÀ &tioot qu'en prononçant ces paroles, nous /arsonr une chose (nous # (qae fiË

,S

' '

#' 1ïr

s



il:

...

!t :":;,

4: ,::, .:i.

:;

nous marions), plutôt que nous ne rendons compte d'une chose nous nous marions). Et I'acte de se marier, comme celui de parier, par exemlle, serait décrit rrieux (sinon encore avec précision) comme

I'acte de prononcer cerlains nots, plutôt que comme I'exécution 47

i

'

*, {r

i:d, i,i i:j'

ii QUAND DIRE, C'EST FAIFJ

d'une action différente, intérieure et spirituelle, dont les mots en

question ne seraient que le signe extérieur et audible. Il est peut-être difficile de prouver qu'il en est ainsi; mais c'est je voudrais I'affir-

- undefait. Il vaut noter que dans la loi américaine sur le témoignage _ à ce qu'on m'a signalé rapporter ce qu'un autre a-dit est -, le faitàde accepté comme témoignage charge ou à décharge, pour peu que mer

les paroles en question constituent une énonciation du type âe notre performatif- car on considère ces paroles comme rapportant non pas

prtrxrÈur coNrÉRENce ilË ir Essayons d'abord de noter en un tableau schématique - et je ne fr lrétends nullement que ce schéma soit déf,nitif - au moins quelquesnécessaires au*IqqçJlq"F-p.9g"g_qj"(,h-çu{çux">et I L, unes des conditions perfgrgr*_if (du moins d'un performatif explicite et { [.r $qt_hggft! _d'un i très développé, èoinme tous ceux dont nous nous sommes occupés d'échecs et de it jusqu'ici). Nous donnerons ensuite des exemples ili leurs effets. Je le crains fort - mais bien sûr, je I'espère en même i temps - : ces conditions auxquelles il faut nécessairement satisfaire à,.

vont apparaître tout à fait évidentes. tellement ce qu'un tel a dit il s'agirait alors {,un oui_dire, non 1, ., (A.l) Il doit exister une procédure, reconnue par convention, dotée - mais plutôt ce qu'il a recevable comme témoignage foit, une t par convention d'un certain effet, et comprenant l'énoncé de certains -, action sienne. cela rejoint parfaitement nos impressions initiales *i mots par de certaines personnes dans de certaines circonstances.' sur les performatifs. 1. De plus, Jusqu'ici, donc, nous avons senti glisser sous nos pieds le ferme $St ,(A.2) il faut que, dans chaque cas, les personnes et circonstances terrain des préjugés; mais rien de plus encore. comment allons-nous particulières soient celles qui conviennent pour qu'on puisse invomaintenant poursuivre, en philosophes? Un parti que nous pourrions Ë. quer la procédure en question. ii adopter, évidemment, serait de reprendre notre chemin"m"nt à zéro. (8.1) La procédure doit être exécutée par tous les participants, il Une autre voie ser'jt de nous enfoncer, par étapes logiques, dans ,i!, à la fois correctement et le bourbier. Mais cela demande du temps. commençons au moins ii . tg.zl intégralement. par concentrer notre attention sur cette petite question déjà indiquée ii (l.l) Lorsque la procédure - comme il arrive souvent - suppose I au passage - la question des < circonttuoc.r àppropriées >. parier chez ceux qui recourent à elle certaines pensées ou certains ientii n'est pas, comme je I'ai fait re-màlquer en passant, simplement '-ql lii toantt, lorsqu'elle doit provoquer par ta suite un certain comporteprononcer les mots < je parie )) etc. : quelq{r'un pourrait les prononfi ment de la part de I'un ou I'autre des participants, il faut que la cer sans que nous accordions qu'il a effectivement, ou au moins |ï personne qui prend part à là procédure (et par là I'invoque) ait, en [14] complètement, accompli un pari. Pour nous en convaincre, supposons, ! fait, ces pensées ou sentiments, et que les participants aient I'intention par exemple, que nous déclarons notre pari aprèslacourse... En plus ii d'adopter le comportement impliqué *. De pltrs, de la formulation des mots, qui constituent ce que nous avons appelé (1,2) ils doivent se comporter ainsi, en fait, par la suite. .. .. le performatif, il faut généralement que nombre de choses se pré_ contre unc (ou plusieurs) de ccs six règles, riotre f Si nous péchons sentent et se déroulent correctement, pour que I'on considère que performative sera (d'une manière ou-"d'une'autre) ; .énonciation l'acte a été conduit avec bonheur. Nous pourrons espérer découvrir ;. 'inalheureuse./Mais il y a, bien str, pour une énonciation, de considé* ce que sont ces conditions par I'examen et le classement des types de ,' rables différences entre les d'être malheureuse ,cas où quelque chose fonctionue mal, où I'acte (se. marier, parier, .i:i rences que nous avons voulu souiigner par - ditrénotrc choix de lettres et de f léguer,_, baptiser, ou ce qu'on voudra) constitue par conséquent, chiffres pour chaque rubrique. " au moins jusqutà un certain point, un échec. L'énonciation est alors La première grande distinction est celle qui oppose les quatre -rî,pourrions:nous dire non pas fausse, en îtiiitg,îais malheureuse. Et voilà pourquoi nous- appelons la doctrin e d.es choses qii pèuvent il' se mal présenter et fonctionner mal, lors de telles éuonciations, la t:, ' On expliquera plus tard pourquoi le fait d'avoir ces pensécs, sentiments, :', pas

i,.

doctrine

des Échecs

[nfelicities

81.

48

,,

et intentions, n'est inclus, en constauces mentionnées en (A).

tant que < circonstance >, parmi Iés autres cir49

.

!:

i; i:

QUAND DTRE, c,EsT -.-

FAIRts

il t.

I

(d'où I'emploi I règles de A et de B prises ensemble,,,tt les deux règles dèileltres romaines ici, et grecques'là). Si nous manquons à n'importe # laquelle des premières règles (de A ou de B) si nous prononçons, i:

- nous ne sommes pas li par exemple, la formule incorrectement, ou si en mesure d'accomplir I'acte parce que nous sommes déjà mariés, i parce que c'est le commissaire qui dirige la cérémonie au lieu du ' en question (le irariage, par exemple) n'est ; èapitaine - alors l'acte pas, absolpmÈntbaô, exéiuté4vec succès; {{qpgs-liqu. il o1ç:1-p+l.-. ..

[6]

accompli/Danslesdêuxcasl,enrevanêhÇ1'àctee!t.3cc9*4p!i-

- mem*èii i'aèè-omplir en ces ciiconstances (par exemliéîant ËJui où ' nous ne serions pas sincères), c'est 4busqr*dj_tgp"l,gg{9}re. Ainsi, l" quand je dis < Je promets >,'saffâf,ôil'1T"ffëntÏidïË, iéîiima pro- i: messe, je promets, mais... Nous avons besoin de noms pour désigner i:-i cette première distinction. Nous appellerons, d'une manière générale, iî les-.pc["*s pour manquement aux quatre premières règles (de A.1 3

fD*5-

à

'ceux

qui adviennent lorsque n'a pas été accompli I'acte li (dont la formule verbale. a été énoncée pour l'accomplir lperforml l nous appellerons ces échecs, dis-je, des et en I'accomplissant) INSUCCÈS IMISruÀ,ES]. Nous pouvons, par contre, baptiser du il i"nom d'ABUS les échecs qui ont lieu lorsque .l'acte esl accompli. I (N'allez pàÇ cependant, mettre l'accent sur les connotations habituelles de ces deux motsl) Lorsque l'énonciation est un insuccès, la procédure que nous avions I'intention d'invoquer à partir d'elle, \ se trouve interdite ou bien sabotée; et notre acte (se marier, etc.) i 'r est nul et non avenu, oir sans effet, etc. Nous parlons de notre acte ii comme d'un acte prétendu fpurportefl, ou peut-être comme d'une il tentative ou encore nous employons uire expression telle que f "

,:.

'

nous aurons commis de la façon la plus auront été accomplies mais nous n'aurons pcs accompli intéressante l'acte de bigamie! I'acte prétendu : nous marier. Car malgré le mot, on ne se marie pas deux fois quand on est bigame. (Bref, I'algèbre du mariage suit celle de Boole.) De plus, ( sans effet > ne signite pas, ici, ( sans conséquences, résultats, ou effets >.

Nous devons maintenant essayer de rendre manifeste, parmi les insuccès, la distinction générale entre les cas A et les cas B. Dans les deux cas A, nous trouvons un appel indu [zurnvocationl à une

certaine procédure -- soit parce'que semblable procédure (pour parler sans précision) n'existe pas de fait, soit parce qu'elle ne peut être appliquée comme on tente de le faire. C'est pourquoi on pourrait appeler les échecs de I'espèce A, des Appels rrdr.rs. Nous pouvons

où la procédure raisonnablement baptiser la seconde espèce A peut être appliquée comme on le voudrait existe bel et bien, mais ne du nom d'Emplois indus lMisapplicationsl. Quant à I'autre classe A, la première irommée, je n'ai pas réussi à lui trouver une bonne appellation. Si I'on compare les cas de B à ceux de A, on s'aperçoit que dans les premiers la procedure est irréprochable et qu'elle s'applique en effet; mais nous ratons I'exécution du rituel, ce qui entraîne des

conséquences plus ou moins graves. Nous appellerons donc les cas de B, face à ceux de A, des Exécutions ratées fMisexecutionsl,

: I'acte prétendu est ricid parce qu'une dé&gLll_o,si!é ffawl ou un accroc lhitchi se produit dans la conduite de la cérémonie. La classe B.l est celle des Défectuosités; la classe B.2, celle des Accrocs.

par opposition aux Appels indus'

-

>>, par opposition à [professedf ou (( creux >> fholIowls plutôt que < prétendu )) ou (( vide >; et nous le tenons pour non exécuté, ou non consommé, plutôt que pour nul et non avenu, ou i > qui concernent le juriste, il en existe un grand nombre qui sont des performatifs ou comprennent l'énonciation de performatifs, ou à tout le moins qui sont ou comprennent I'effectuation futerformance] de certaines procédures conventionnelles. Et, bien str, vous pourrez apprécier le fait d'autant mieux que les juristes, dans leurs écrits, ont constamment montré qu'ils étaient conscients de I'existence d'un grand nombre de variétés d'échecs, et même, parfois, des particularités de l'énonciation performative. Seule la convicjusqu'à I'obsession tion encore très répandue - et qui va - quê les énoncés de la loi et les énonciations employées, disons, dans les actes légaux, doivent être, de quelque façon, des affirmations vraies ou fausses, a empêché nombre d'hommes de loi de mettre en ce domaine bien plus d'ordre que nous ne pouvons quant à nous espérer je le faire - et n'oserais même affirmer que quelques-uns d'entre eux ne I'ont pas déjà fait. Ce qui en tout cas nous intéresse plus directement, c'est de nous rendre compte qu'un très grand nombre d'actes qui relèvent de I'Ethique ne sont pas philosophes sont - commeenlesdernier tout simplement ressort des trop enclins à le supposer

De plus, les - si I'on peut parler ainsi - par opposition à l' , supposée, elle, bien connue. Je vais pourtant mettre (sans plus) ici I'accent sur une tendance apparue depuis peu en philosophie : la très grande attention accordée à ces < affirmations ) qui, pour n'être pas exactement fausses ni proprelhent < contradictoires >, n'en sont pas moins irritantes. Je pense en ce moment aux affirmations qui renvoient à quelque chose qui n'existe pas, par exemple celle-ci : (ou qu'on pourrait le considérer comme < vide > du fait de la contrainte ou d'une influence indue), etc.; etje suppose qu'une théorie générale très savante pourrait couvrir à la fois ce que nous avons appelé des échecs, et ces autres accidents < malheureux > qui surviennent lors de la production d'actions (dans notre cas, celles qui contiennent une énonciation performative). Mais nous laisserons de côté ce genre de malheurs; nous devons seulement nous rappeler que de tels événements peuvent toujours se produire, et se produisent toujours, de fait, dans quelque cas que nous discutions. Ils pourraient figurer normalement sous la I rubrique des < circonstances atténuantes D ou des et ( recotrnu D; nous pouvons cependant, non sans raison, nous demander si < exister n peut avoir ici un autre sens qu' < ètre reconnu > et s'il ne conyiendrait pas de leur préférer < être (généralement) employé >. Nous ne saurions l27l donc nous servir des termes < l) exister, 2) être reconnu > comme si de rien n'était. Eh bien, pour tenir compte de cette légitime question, considérons, d'abord et séparément, ( reconou D.

Si quelqu'un formule une énonciatiou performative, et si elle est classée comme un insuccès parc€ que la procldure invoquée n'est pas

un objet auquel la procédure du choix soit applicable. Ou encor.,

sur une île déserte, vous pouvez me dire : ; et je puis vous répondre : < Je n'ai pas d'ordres à recevoir de vous >r, ou > Il peut même arriver qu'on rejette c€ qui mérite d'être appelé un code de procédures en son entier par exemple le code de I'honneur comportant le duel. C'est ainsi qu'un dét peut nous être laacé par ce qui équivaut à < Je vous provoque en duel )) * sans que nous nous en soucioss le moins du monde. C'est là la situation exploitée tout au long de la tristc histoirc dc Don Quichotte. 58

59

chrétien,

,

Il est évident que le problème devient relativement simple si nous n'admettons jamais une procédure ( comme cellelà > - c'est-à-dire quelque procedure que ce soit pour faire ce genre de chose, ou cette procédure-là eo tout cas pour faire cette chose particulière-là. Mais il peut aussi arriver que nous reconnaissions de fait une procédure dans certaines circonstances ou compte tenu de certaines personnes, mais non s'il s'agit d'autres circonstances ou d'autres personnes. Nous pouvons alors être amenés à nous demander (comme dans [28] I'exemple du baptême du bateau, considéré plus haut) si l'échec doit bien entrer dans la classe A.l (que nous étudions en ce moment), ou plutôt dans A.2 (ou même dans B.l ou 8.2). Dans une réunion, par exemple, lorsqu'il s'agit de former les camps pour lancer un jeu, vous dites : < Je choisis Georges. > A quoi Georges répond en grognant : < Je ne joue pas. > Georges a-t-il été choisi? Sans aucun doute, il y a là une situation rnalheureuse. Mais on peut dirc que vous n"âvez pas choisi Georges, soit parce qu'il n'exis{e aucuûe convention permettaut de choisir des personnes qui ne jouent pas, soit parce que Georges, dans les circonstances présentes, n'est pas

pas d'ordres de vous quand vous essayez d'imposer votre autorité sur une île déserte (une autorité que je peux reconnaître, certes, mais seulement si je le veux bien); et cela contrairement au cas où vous êtes le capitaine du bateau et possédez de ce fait une autorité authentique. Nous pourrions dire, en revanche, ramenant ces cas-là à la classe A,2 (Emploi indu), que la procédure prononcer certains mots, etc. était bien correcte et reconnue,- mais que les circonstances dans lesquelles elle a été invoquée, ou les personnes qui l,invoquèrent, n'étaient pas adéquates. < Je choisis > est dans I'ordre, mais seulement quand I'objet du verbe est un ; de même, pour un commandement : le sujet du verbe doit être un . Nous pourrions dire aussi, ramenant cette fois nos cas à la règle 8.2 (et peut-être dewions-nous réduire la suggestion précédente à celle-ci) : la procédurc'n'a pas été complètemcnt exécutéc; on pcut,

reconnue, on a des raisons de croire que ce sont d'autres personnes qu€ celle qui parle qui ne la reconnaissent pas (si du moins celui qui parle le lait sérieusement). Quel exemple donner? Considérons la phrase : < Nous voilà divorcés! >, adressée par un mari à son épouse, en pays

,

rRolsrÈr,æ coNrÉn_encs

QUAND DIRE, C'HTT FAIRE

effet, tenir pow pailie nécessaire dc la procfiure que la personne [29] qui est I'objet du verbc < Je vous ordonnè de... > aii deje constitue en autorité, par quelque procédure tacite ou verbale, i" p".rooo. qui donne I'ordre (en disant, par exemple, < Je prométs de faire ce que yous mè commanderez >). Vous reconnaissèz h, bien sûr, uze des incertitudes en vérité, une incertitude toutil"it ggre*r. - et, qui sous-tendent les.débats rorsqu'on discute, en théorie piritiqu", -sur le point de savoir s'il y a ou oon, ou s'il devrait v uuoir, ,io .onlr"t social.

Il me semble que ra manière dont nous tranchons des cas particuliers est en. principe importance _ bien que nous -sans puissions nous entendre, soit a partir des faits, soit Ën infroduisant d'autres définitions, pour préférer telle solution à telle

autre. Mais suit :

il

importe en principe de voir clairement ce qui

l. Contrairem*j. 1-* qu'implique 8.2, ce serait en vain que nous inclurions le plus d'éréments pô*iure dans Ia procédure : iliesterait toujours que quelqu,un pourrait rejeter le tout. 2. Pour qu'une procédure soit recoruue, ne suffit pas qu'e'e soit

ea fait d'usage couranr' même pour Iés' personnes actuenement concernées. Il doit encore-demeurer en principe possible à quiconque de rejeter la procédure (ou le code de procédure, * _ê*" qu'on aurait reconru jusqu'ici * comme il peut arriver,""ioi par exemple, pour le code de I'honneur). Celui qui IJ rejette ,,""pÀ., bien str, à des sanctions : les autres refuseiont de jou* uu.i tu; ou diront qu'il n'est pas homme d'honneur. par-dessus tout, ir faut se garder de tout définir en fonction tle circonstan.", ioooé", [lfactuall, et de cas stéréotypés [1flatl : ce serait s,exposer I la vieille objection qu'un ne peut pas se tiier d,un . (Être reconnu n'est par une iirconstance, au sens propre.) Dans les procédures des jeux, par exempre (et de nombreusesiuiresy, et si appropriées que soient par ailleuis làs circonstan""r, ;" cependant fort bien ne pas jouer en fait. Nous voudrions f"* même [30] avancer qu'il est en fin de compte problématique de définir < reconnu > par < employé d'habitude D. Mais c'est là un point plus difficile à éclaircir...

Deuxième point : que. veut-on signifier quand on suggère qu,uae procédure pourrait parfois de pas même exister qo.*ti'io aitrLrentc

6

-

rRorsrÈMe coxrÉnrxce

savoir si Ia procédure est ou non reconnue par ce groupe-ci ou celui-là * ? l. Nous avons le cas des procédures qui de cette façon ; comme celui qui, au rugby, attrapa le premier le ballon et se mit à courir. S'en tirer est chose essentielle, en dépit d'une terminologie suspecte. Considérons telle éventualité : si je vous dis < Vous avezétê,lâche >, ce peut être un reproche ou une insulte; et je puis expliciter ma déclaration en disant < Je vous reproche de.., >; mais non en disant **. [31] < Je vous insulte >. Les raisons n'importeni pas ici Çp qui importe, c'est de remarguer qu'un genre special d'insuccès lnoi-play ***l ss produira si quelqu'un d,it, de fait, < Je vous insulte >. Car si I'insulte de celle de

est, une procédure conventionnelle- _çt, en effet, au premier chef, velbale-- de sorte qu'en un sens nous ne pouvons pas ne pas com-

'

prendre la procédure que I'autre a I'intention d'invoquer il reste qu'à peu près infailliblement rous r'entre-rons pas dans-,son-jeu : non pas simplement parce qu'une é'ônvention, là, n'est pas reconnue, mais parce que nous sentons confusément la présence d'un obstacle dont la.nature ne nous apparaît pas immédiatément, et qui s'oppose à ce que, reconnue, elle le soit jamais.

.

Nols nous gardons bien de nous demarder si la procédure

ou non

qui est fort compréhensible : il est courant et dè mode, aujourd'hui, que ce -motcenous donne la chair de poule (et pour de bonnes raisons, èn eénéral); mais nous pouvoos_dire.que le doute porte plutôt sur la nature précise, ou la définition, ou la compréhension de la procédure, laquelle, sans auèun doute, existe et ert

teconnue.

..

Plusieurs procédures et formules de ce genre se révéleraient inutilisables si nous les reconnaissious; peut€tre faudrait-il, par exemple, nous interdire I'emploi de la formule , demeurent vagues. Il se présentera toujours des cas difficiles et marginaux, où rien dans I'histoire antérieure d'une procédure conventionnelle ne décidera d'une manière déûnitive si cette procédure est ou non correctement appliquée à tel cas. Puis-je baptiser un chien, si de I'aveu de tous il est doué de raison? ou y aura-t-il insucces? La loi abonde en décisions difficiles de ce genre 10 - pour lesquelles, évidemment, il devient assez indifférent que nous soyons amenés à décider (A.l) qu'une convention n'existe pas, ou (A.2) que les cir[32] constances ne sotrt pas celles qui permettent d'invoquer une convention'qui, sans aucun doute, existe. De toute façon, nous tendrons à nous considérer liés par Ie < précédent )) que nous avons établi. Habituellement les hommes de loi préfèrent cette dernière voie qui applique, plutôt qu'elle ne crée, la loi.

Un autre type de cas peuvent être qui méritent une mention spéciale.

.

, I fi

:i

classés de très diverses manières,

Les énonciations performatives que j'ai prises comme exemples représentent toutes des cas très élaborés de performatifs : nous les appellerons plus tard des qe$or_mati.*lÆrfdr opposition aux innticites.le veux dire qu'elfe-s"comfrËiËiffffite$ par ou contiennênt ugg.etpre,::19,r_ lL.r significative et_ très claire,-telle que < Je parie >r, , < Je lègue > employée aussi - expression très communément porir irommer I'acte même que j'accomplis en form-.rlant l'énonciation (par exemple, parier, promettre, léguei, etc.).

explicite que le simple impératif < Partez > - si celui qui parle m'ordonne (ou tend à m'ordonner) , prononcé alors que votre degré de parenté vous 9u.g.-u."ot Ie capitaine d'un bateau qui-n,est pas en mer.

l,interdit,

,

si I'objet ne m'appartient pas, ou s,il s,agit de ma chair vivante et dont je ne puis disposer rz. Nous uuon, p"n ri.u* ._pï.rrl""rl JirÈrentes selon ces cas : >, < incapacité >, < objet qou

,tl

personne, etc.) inadéquat ou impropre >, < non habilité D, etc. Il est dans la nature des choses que ra limite entre < personnes inadéquates > et < circonstances indues > ne soit pas très ,igou..ur.. Les < circonstances )), en effet, peuvent allerjusqu'à r."ourril entièrement les < caractères > de tous les participants. Mais il nous faut distinguer entre les cas où I'inadéquation d., p..ronn.s, objets, noms, l' , et tË, c", ptus riÀple.s danstesqu.ls l,obiet :T ;l:lè"ede ou r-( exécutant > n'est pas du genre ou du type qu,il faut. Encore

une fois il s'agit rà d'une distinction assez giossièie et qui tend à disparaître, mais q,ri n'e_st pourtant pas sans importance (Ën matière d. j:L par exemple). Nous devons donc distinguer les cas où un ecclésiastique se trompe de bébé mais prononce Ie prénom fixé, et ceux oir il baptise un bébé < Albert o uu ji.u d, < Alfred >, des cas où I'o.n dirait < Je baptise cet enfant 27A4 >> ou < Je vous promets que je vais vous enfoncer la mâchoire ), ou encore des cas où r'on aoon.iuii officiellement à un cheval le titre de Consul. Ici, c,est L g.n., ou i" type rnême qui est en.question, alors que précédemment ir ti. s'agissail que d'une question d'incapacité. Nous avons déjà mentionné des cas où A.2 et A.l (ou A.2 et B.l) se recouvraient. peut-être dirons_nous plus volontie* qu;if ,tgli d'un appel indu A.l lo.r-1lg c'est la prironn* elte_mêmi qui n,Jst pas adéquate, que lorsque I'échec vient seurement de c. que la personoe n'a pas été désignée en bonne et due forme; en dùutrei termes, lorsque rien ni procédure ni nominations antérieures, etc. * ne

-

64

pouvait, dès le départ, mettre la situation en ordre. En revanche, si Dous nous en prenons à la question de la nomination au sens littéral (ciest-à-dire la position, et non le statut), nous pourrions ranger l'échec parmi les procédures mal exécutées (par exemple, voter pour un candidat avant qu'il ait été officiellement présenté). La question est ici de savoir où nous arrêter dans cette analyse régressive de la < procédure ll... Nous en arrivons maintenant aux exemples de B (sur lesquels nous avons déjà empiété, bien entendu), appelés Exécutions ratées.

B.l. I^q procédure doit être exécutée par tous les participants,

et

correclement.

Il s'agit de défectuosités. Elles se produisent lorsqu'on emploie, par exémple, de-_mauvaises formules : la procédure convient aux [36] perso,nnes

et circonstances, mais ne se déroule pas correctement. On

tùùuè plus facilement des exemples en matière de droit; la

vie

courante, où règne plus d'indulgerrce, n'offre pas de cas aussi nettement définis. L'emploi de formules implicites tomberait sous cette rubrique. Sous la même-rubrique se range également I'emploi de formules vagues et de références incertaines : quand je dis, par exemple, >, alors que j'en possède deux, ou < Je vous parie que la course n'aura pas lieu aujourd'hui >, alors que plusieurs çourses ont été prévues. L'auditoire peut s'y méprendre, ou ne saisir le sens que peu à peu, mais c'est là une autre question; une défectuosité s'est glissée dans le rituel, quel que soit le sens reçu par l'auditoire. Une des questions les plus difficiles à trancher est celle de savoir si le < consensus ad idern>> est nécessaire quand deux parties sont en jeu. Dois-je absolument m'assurer de I'interprétation correcte, au même titre que de tout le reste? Quoi qu'il en soit, il s'agit évidemment d'une matière soumise aux règles B et non pas aux règles

l.

8.2. La procédure doit être exécutëe intégralement par tous

les par-

ticipants.

Il

s'agit d'accrocs

:

nous tentons d'exécuter Ia procédure, mais

Itacte échoue. Ma tentative de faire un pari en disant < Je vous parie bix pence > échoue, par exemple, à moins que vous na diri., < D'accord! > (ou des paroles à peu près équivalentes); ma tentative de me marier en disant échoue, si la femme dit < Non >; ma 65

QUAND DIRE, C'EST FAIRE

TRorsrhfi cor{rfu,sNcB

tentative de vous provoquer en duel échoue si je dis < Je vous provoque ), mais néglige d'envoyer mes témoins; ma tentative d'inau-

Il pcut sembler, après toutes ces remarques, que Dous ayons tout sinplement renoncé à nos règles. Il n'en est rien. Il est clair que six €speces d'échecs peuvent toujours se produire même s'il est parfois malaisé de dire lequel d'entre eux a lieu dans tel câs concret. Et il demeure possible de les définir, du moins en certains cas, si nous le désirons. Mais nous devons à tout prix éviter de simplifier à I'exces : on serait tenté de dire que c'est là déformation professionnelle des

37] en duel

gurer une bibliothèque échoue si je dis < Cette bibliothèque

est

ouverte > mais la clef se casse dans la serrure, comme (et inversement) le baptême d'un bateau échoue si je fais sauter les cales avant d'avoir dit >. Dans la vie courante, encore une fois, un certain laisser-aller est autorisé; sinon, imaginez quand les affaires universitaires aboutiraient ! Il est naturel de se demander parfois si aucuû supplément n'est requis. Faut-il que vous ayez accepté, pour que je vous aie fait un cadeau? Sans doute une acceptation est-elle nécessaire dans le domaine des affaires; mais est-ce le cas dans la vie courante? Semblable incertitude surgit quand une nomination est faite sans le consentement de la personne en question. Le problème se pose alors de savoir jusqu'à quel point les actes peuvent être unilatéraux r3. On peut aussi se demander quand I'acte se termine, et ce qui peut être tenu pour son

philosophes, si ce n'était leur profession.

achèvement *. Je vous prie de remarquer qu'en tout cela, nous n'avons pas voulu évoquer d'autres situations où un malheurpeut surgir : ainsi lorsque

celui qui agîtlthe performerl se trompe tout simplement sur les faits; ou lorsqu'il y a désaccord sur ces faits ne rien dire des diver- pouraucune gences d'opinion. Il n'existe, par exemple, convention me permettant de vous promettre de faire quelque chose à votre détriment et, par conséquent, m'obiigeant envers vous à tenir ma promesse. Mais supposons que je dise < Je promets de t'envoyer au couvent > : je puis penser, mais pas toi, que ce sera pour toû bien; ou encore tu peux le 38] penser, mais pas moi; ou même nous pouvons le penser tous deux, alors que la suite montrera qu'en fait il u'en est rien. Ai-je invoqué une convention inexistante dans des circonstances indues? Inutile de dire - et il s'agit d'un principe général - qu'on ne saurait choisir de façon satisfaisante entre ces alternatives trop grossières pour pÈrmettre la solution de cas subtils. Il n'y a pas de raccourci qui permette d'exposer simplement mais dans toute sa complexité une situa-

tion qui ne saurait -trouver sa place exacte dans-aucune

des

classifi cations courantes.

.

Ainsi peut-on se demander si échouer à fairc accepter un don cst unc incapacité d'achever le gesæ lui-même, ou bien un &hec du typo F. 66

:'-'

:il

Quatrième conférence

lsel

Dans notre dernier exposé, nous avons considéré divers cas d'Ifuhecs : ceux où il n'existe aucune procédure, ou du moins aucune procedure reconnue, ou bien encore où la procedure a été invoquée dans des circonstances indues; ceux aussi où I'on a mal employé la procedure; ceux, enfin, où on I'a employée, mais de façon incomplète. Et nous faisions remarquer que ces situations peuvent parfois se recouper, les interférences se produisant généralement avec les type d'échec auquel toutes les énonciations sont sans Malentendus

-

les doute exposées - et avec Erreurs. Un dernier cas relève de l.l et 1.2 : les insincérités et les infractions (ou ruptures +). Ici, dirons-nous, I'acte z'est pas nul et non avenu, bien qu'il demeure malheureux. Permettez-moi de répéter les définitions : l.l. Lorsque la procédure - comme il arrive souvent - suppose chez ceux qui recourent à elle certains sentiments, pensées ou intentions, lorsqu'elle doit provoquer par la suitô ùn certain èôiirpôrtenient -de la part de I'un ou I'autre des participants, il faut que la personne

qui prend part à la procédure (et par là l'invoque) ait, en fait,

ces

pensées, sentiments ou intentions, et que les participants aient l'intention d'adopter le comportement impliqué; 1.2. de plus, les participants doiveat se comporter ainsi par la suite.

l4Al

l.

Sentirnents

Voici

des exemples où les sentiments requis font défaut : Je vous félicite r>, paroles prononcées alors que je ne me réjouis nullement, alors que je suis peut-être même agacé. , , et < intentions )r dans un sens technique (mais plutôt au sens large), il me faut apporter quelques precisions : l) I-es distinctions proposées sont si imprécises qu'on ne peut s'attendre à parfaitement distinguer les cas les uns des autres. Les €s peuvent d'ailleurs se combiner entre eux, et c'est ce qui se produit habituellement. Si je dis, par exemple, < Je vous féficite >, dois-je waiment avoir le sentiment (ou plutôt la pensée) que vous avez bien agi ou bien mérité? Ai-je la pensée (ou plutôt le sentiment) que ce fut un acte tout à fait digne d'éloges? Reprenons la promesse : je dois, bien sûr, avoir une certaine intention, mais je dois aussi tenir la chose pour faisable et peut-être penser que celui à qui je promets pense y trouver < Je déclare la guerre >r, alors que

U

un avantage; ou encore le penser moi-même pour lui.

2) Nous devons distinguer entre peoser vraiment qu'il en est ainsi est coupable, il est I'auteur du méfait, par exemple, ou I'hommage -lui ilrevient, et le penser alors qu'il en est c'cst bicn lui qui a agt

-

70

ment I'affirmation d'une chose qui est en fait fausse. Quelques exemples :je pense, en disant < Innocent! >, qu'il est I'auteur du méfait; ou, en disaut < Je vous félicite >, qu'il n'est pas I'auteur de I'exploit : mais, en pensant cela, je puis me tromp€r en fait. erronées (bien que sincères), il en l42l Si certaines de nos pensées sont résultera évidemment un échec d'un genre différent : a) Je puis donner une chose qu'il ne m'appartient pas, en fait, de donner (bien que je le pense). On est tenté de dire qu'il s'agit alors d'un < Emploi indu >, que les circonstances, objets, personnes, etc., De sont pas ceux que la procédure de la donation exige. Il faut cepense rappeler ce que nous disions : que nous exclurions tout ce ' dant qui peut sans doute s'inscrire sous le nom d'tfuhec, mais relève de I'erreur ou du malentendu. Il est à noter que I'erreur ne rend pas, en général, l' acte nul et non avenu ; elle peut, du moins, Ie rendre e xcusable. à) < Je vous conseille de faire X> est une énonciation performative. Considérez le cas où je vous conseille de faire une chose qui, en réalité, ne vous est pas du tout avantageuse, bien que je le pense. Ce cas est très différent de (l) * : on n'est nullement porté, ici, à penser que I'acte peut être nul et non avenu, ou le devenir; ou qu'il n'est

pas sincere. Nous introduirions plutôt une autre notion critique, entièrement neuve : nous dirions qu'il s'agit d'un mauvais conseil. Qu'un acte soit heureux à tous les points de vue dont il a été question jusqu'à présent ne le soustrait pas pour autant à toute critique. Nous reviendrons sur ce point.

3) Nous reviendrons également sur le cas suivant, encore plus difficile : il exirte une classe d'énonciations performatives que j'appelle desiGrdiilt-'j et dont voici des exemples : ( Je juge I'accusé [43] coupaTlë-i, ou simplement < Coupable! >>, ou encore, I'arbitre dit < Éliminé! >. Quand nous disons < Coupable! >, I'acte est heureux en un sens si nous pemons sincÈrement, d'après les témoignages,

I

[Ce chitrrc renvoic probablemcnt aux exemplcs en haut dc la paæ [4Ol ct

non à ccux dc la paæ [411. Lc manuscrit ne pcFmet pas dc tranchÊr. J.O,U.I

7L

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QUAND DIRX, C'EST FAIRE

QUAI"RrÈIæ CONrÉneNCB

que l'accusé a commis le délit. I{ais, bien sûr, tout ce que vise la procédure, d'une certaine manière, c'est d'être correcte contrairement ; à ce qui se passait dans les cas examinés plus haut, la question de savoir ce qu'on pense ne se pose pas ici. Âinsi, Iorsque iarU;tre Oit < Changezlô! >, la manche est de ce fait ierminée. Il peut arriver toutefois que Ie verdict soit < mauvais >> : indu lunjusfijedl (cas du jury), ou même incoruecl (cas de I'arbitre). Nous sommes donc en présence d'une situation très malheur.ur". Elle ne l,est pourtant en aucun des sens envisagés : l'acte n'est pas nur et non uuanu 1.i l'arbitre dit ( Éliminé! >, le batreur est élinriné, la décision de l,arbitre est irrévocable); il n'est pas non plus insincère. Ces difficultés (toujours à redouter) n'ont cependant pas à nous préoccuper pour le moment; nous cherchons uniquement à bjen définir I'insincérité. 4) L'intention, elle aussi, peut susciter des embarras bien particuliers : a) On hésite, nous I'avons lorsqu'il s'agit de .distinguer entre 'u, n'est que I'achèvement,--!i_consomune action subséquente et ce qui mation de I'action unique et intégrale. Il est malaisé, par'exenrple, de déterminer le rapport entre

celui des formules légales, par exemple ce but des domaines jour mieux atteint. Mais il n'en va pas toujours- ainsi. Je chaque est puis, par exemple, exprimer mon intention en disant simplement : < Je ferai telle chose. > Il faut toutefois qu'au moment où je parle, j'aie bien cette intention, si je veux éviter I'insincérité. Mais quel sera au juste le degré ou le genre de l'échec, si ensuite je ne passe pas à l'acte? Autre exemple : lorsque quelqu'un dit : < Je vous souhaite que disant, il vous accueille de fait la bienvenue > -, on peut croire intentions s'imposent, au moins confusément. Mais que certaines -ce que penser s'il se comporte ensuite grossièrement? Ou encore, je vous donne un conseil, vous l'acceptez, et là.dessus je m'en prends à vous : jusqu'à quel point ce revirement m'est-il interdit? Peut-être < s'attendon >>, seulement, à ce que je n'agisse pas ainsi? Ou faut-il penser que la demande et I'acceptatioq d'un conseil rendent expressément inadmissible un tel comportemett? De même, je vous prie instamment de faire quelque chose, vous accédez à ma demande, et voilà que je

Je donne >, et Ia cession elle_mêmeprends cetrefemme, etc.), et la consommation du mariage, , ou encore < Je le promets >. En voilà assez pour I'instant sur les façons dont les énonciations performatives peuvent être maiheureuses et aboutir à ceci que l' < acte >> est seulement prétendu, ou purement verbal, etc, Dans jargon I'ensemble, cela revient à dire - si vous préférez ce - que certaines conditioos doivent être remplies pour que l'énonciation soit heureuse, que certaines données doivent se présenter de façon bien déterminée. Et nous sommes ainsi amenés à affirmer ceci : pour qu'une énonciation performative soit heureuse, certaines affirmations doivent être vraies. Tel quel, ce résultat de nos recherches est fort banal. Eh bien, faisant abstraction des échecs déjà considérés, demandons-nous

l)

temcnt (soit en le rendant obligatoire, soit .n 1e perÀettant). Exemples : lorsqu'on entreprend d'exécuter une action, bien str, .t proUublement aussi pour le baptême. La raison d'être de teiles procedures est précisément d'assurer |apparition de certains comiortements subséquents, et d'en prévenir d'autres; et il est évident qu'.o bi.o

quelles sont ces affirmations qui doivent être vraies? chose d'un peu excitant à dire quant au rapport que l'énonciation performative entretient avec elles? Rappelez-vous çe que nous déclarions dans la première conférence : nous pouvoûs, en un sens, /cl's,rer enlendre que beaucoup de choses sont teiles ou telles, lorsque nous disons i< Je promets >; mais cela

72

73

2) y a-t-rl quelque

eUATRù{E coNFÉRENcB

QUAND DIRE, C'EST FÀIR! ne signifie nullement que

I'énonciation < Je promets >> soitl,afirmation (vraie ou fausse) qu'il en est ainsi. Je vais mentionner certaines de ces choses importantes qui doivent être vraies pour que I'acte soit heureux. (Pas toutes! Mais même celles que je vais relever paraîtront assez ennuyeuses et anodines; je I'espère d'ailleurs car cela voudra dire qu'elles sont enfn < éj-ideqles >.) Je dis, par exemple,r < Je m'eicusÇ>), et ce faisant pense vraiment tr61 m'excuser; on peur al des énonciations performatives avec des découvertes plus récentes sur les < implications > d'un type d'énonciation étudié avec un intérêt tout particulier : à savoir l,afirmation ou énonciation

En vérité

constative laquelle, contrairement à l'énonciation performative, est vraie ou fausse.

Premier point : l) Quel rapport y a-t-il entre l,énonciation < Je >r, et le fait de m'excuser? il est important de noter que ce rapport est différent de celui qui existe entre : < Je suis en train de courir > lI am running r?] et le fait queje sois en train de courir (ou s'il ne s'agit pas d'une < simple > description _ entre : < Il est en train de courir > [He is runninglet le fait qu,il soit en train r7l de courir). Cette différence est soulignée en anglais par I'emploi du présent non continu dans les formules performatives. Toutefois elle ne I'est pas nécessairement dans toutes les langues (qui peuvent ne pas disposer d'uq présent continu), ni même toujours en ànghis. m'excuse

74

'

Nous pourrions dire : en général (pour la course, par excmple), c'est Ie lait qu'il coure qui rend vraie I'affirnration < Il court >; ou encore : la vérité de i'énonciation constative < Il court > dépend du fait qu'il coure. En revanche, dans le cas que nous étudions, c'est le bonheur de l'énonciation performative < Je m'excuse > qui fait que je m'excuse; et il dépend du bonheur de l'énonciation performative n Jr -'.*.ute )) que je réussisse à m"excuser. Voilà un moyen de entre justifier la distinction - la distinction faire et dire 18. Nous allons maintenant considérer trois des oombreuses manières dont une affirmation implique que d'autres aflirmations sont vraies. L'une d'elles est connue depuis longtemps, alors que les autres ont été découvertes tout récemment. Nous ne formulerons pas nos remarques dans un vocabulaire très techniqrre, bien que la chose soit possible. Il s'agit de la découverte suivante : nous contredire nous-mêmes n'est pas la seule façon de mal agir ou de parler d'une manière choquante quand nous prononçons des affirmations < factuelles > reliées les unes aux autres; it y a bien d'autres façons de

mal faire. (La contradiction est d'ailleurs une relation compliquée qui exige elle-même définition et explication.)

l,

Entraîner

< Tous les hommes rougissent > entraîne < certains hommes rou>. Nous ne Pouvons pas dire < Tous les hommes rougissent, gissent [48] mais pas n'importe lesquels )), ou ( Le chat est sous le paillasson et le chat est sur le paillasson D, ou ( Le chat est sur le paillasson et le chat n'est pas sur le paillasson >' Dans chacun de ces casn en effet, le premier membre de la phrase entraîne la contradictoire du second'

2. Inisser entendre

Dire < Le chat est sur le paiilasson > laisse entendre que je crois qu'il I'est, eo un sens de < laisser entendre > que G. E. Moore signalait récemment. Nous ne saurions dire < Le chat est sur le paillasson, mais je ne crois pas qu'il le soit >. (D'ordinaire, il est vrai, nous n'employons pas de cette façon : < laisser enten' : < Il laissa dre >> est moins fort, en réalité, - témoin ces exemples entendre que je ne le savais pas D, ou .) 75

QUATPJÈME CONFÉRENCE

QUÀND DIRE, C'EST FAIRE

J, FrésuPPoser

3. Présupposer < Tous les enfants de Jean sont chauves > présuppose que Jean a des enfants. Nous ne pouvons pas dire r. Ces cas ont en commun de poser quelque chose de choquant. Nous devons cependant nous garder d'employer un terme qui les recouvrirait tous - comme < laisser entendre D ou ( contrâdiction > car les différences sont très grandes. Noyer un chat dans Ie beurre -n'est pas la seule façon de le tuer, voilà ce que nous oublions (ainsi que I'indique le proverbe) : il y a bien d'autres manières d,offenser le langage que la simple contradiction. Les questions majeures sont : combien y a{-il de manières d'offenser le langage? pourquoi y a-t-il offense? et en quoi consiste-t-elle? 4el Comparons maintenant nos trois ças, en usant de procédés bien connus.

l.

Présupposer cliffère, lui aussi, d'entraîner' Si < Iæs enfants de Jean pas vrai sont chauves > présuppose que Jean ait des enfants, il n'est que enfants les présuppose pas présupposent "huuu., pas vrai que tous deux que Jean a des enfants; en revanche, il n'est paillasson > pas le sur n'est < chat paillasson > Le et < Le chat est sur le paillasson' le que sous soit le chat et I'autre entraînent I'un Reprenons encore une fois < laisser entendre )), avant de revenir sur ( présupposer )). Laisser entendre

), alors qu'en Il s'agit sans aucun doute d'une-.-insincérité. En d'autres termes, le malheur ici - quoiqu'il est exactement le même que celui qui touche une affirmation Supposons que je dise < Le chat est sur le paillasson

réafitèle ne le crois pas. De quoi s'agit-il?

Enlraîner

Si p entraîne q, alors N q entraîne l,p ,. si < Le chat est sur le paillasson > entraîne < Le paillasson est sous le chat >, alors lorsque je n'ai pas I'intention' ne crois pas, etc. L'insincérité d'une assertion est la mêne que celle d'une pro-

messe. (( Je promets, mais ne me propose pas de... >, est parallèle à ( Je promets ), sans , dire parallèle à est intention d'agir en conséquence,

sats le croire.

2, Iaisser entendre Ce cas est différent : si le fait de dire que le chat est sur le paillasson laisse entendre que je crois qu'il en est ainsi, il n'est pas vrai que si je ne crois pas que le chat est sur le paillasson, cela laisse entendre que

le chat n'est pas sur le paillasson (en langage courant). Encore une fois, il ne s'agit pas ici d'une incompatibilité : les propositions sont tout à fait compatibles. Il se peut à la fois que le chat soit sur le paillasson et que je ne le croie pas. Nous ne pouvons dire, en revanche, < Il se peut à la fois que le chat soit sur le paillasson et que le paillasson ne soit pas sous le chat>>. En d'autres termes, ici dire est impossible si I'on dit en même temps ( Je ne crois pas qu'il le soit >>; I'assertion laisse entendre une croyance. 76

Présuppasitian

Considérons maintenant la présupposition. Que dire de I'affir>, alors que Jean r'a pas d'enfants? On dit aujourd'hui couraminent qu'elle n'est pas fausie, étant donné qu'elle est dépourvue de référence. La référence est nécessaire à la vérité comme à la fausseté. (cette affumation est-elle alors dépourvue de sens? Pas à tous points de vue : elle n'e$ pas, telle une ( phrase dépourvue de sens D' non grammaticale, ou

mation

[51] iacomplète, g€trs

ou simple babillage incohérent, etc') La plupart des ne se pose pas. ) Et moi : ( L'énonciation

diront : < La question

est nulle et non avenue. > 77

QUAND DIRE, C'EST FAIRE

Comparez cela avec l'échec que nous rencontrions lorsque nous disions , alors que n'étaient pas remplies certaines conditions de (A.l) et de (A.2). (Peut-être les conditions de A.2 plus spécialement? unes et les autres, semblable- Non, illesexiste ment; dans le cas'des affirmations, aussi des présuppositions exigées par A.l .) Nous aurions pu employer ici la formule < présupposer )) : on peut dire, en effet, que < Oui [je prends cette femme...] > présuppose bien des choses, lui aussi. Si celles-ci ne se réalisent pas, l'énonciation est malheureuse, nulle et non avenue; elle ne réussit pas à devenir un contrat lorsque la référence fait défaut (ou même lorsqu'elle n'est qu'ambiguë), pas plus qu'une autre énonciation ne parvient en ce cas à être une affirmation. D'une manière analogue, la question de savoir si un conseil est bon ou mauvais ne se pose pas si vous n'êtes pas en mesure de me conseiller sur I'affaire. Il se pourrait enfin que la façon dont une proposition en entraîne une autre, ne soit pas sans ressemblance avec celle dont < Je promets > entraîne < Je suis tenu... D Il n'y a pas identité mais parallélisme. < Je promets, mais ne suis pas tenu.., D est parallèle à < C'est et ce n'est pas >. Dire >, mais De pas poser l'acte, est parallèle au fait de dire à la fois . Tout comme la visée de I'assertion se trouve déjouée par une contradiction interne (où nous assimilons et différencions à lafois infirme la procédure - ceestquidéjouée tout entière), de même la visée d'un contrat si nous disons < Je promets, et ne suis pas tenu... )). Par ces mots, ot se soumet à une obligation et on s'y refuse. C'est une procedure qui se dément elle-même. Une assertion nous engage à une autre assertion, une action à une autre action. Et de même que si p entraîne Ç, - Q entraîne æ p, dE même entraîne r est heureuse, I'affirmation selon laquelle je m'excuse est yraie.

2) Pour que l'énonciation performative

.

heureuse,

il faut que soit vraie I'affirmation

< Je

m'excuse

> soit

selon laquelle certaines conditions sont remplies (notamment celles de A.l et A.2).

3) Pour que l'énonciation performative , lorsque nous opposions les affirmations aux performatifs. Même ressemblance ou identité entre le troisième

[54] rapport et ce qui, pour les affirmations, est le r (comme on I'appelle parfois; mais, selon moi, à tort...) * présupposer et laisser entendre étant deux façons de lier de manière significative la vérité d'une affirmation à celle d'une autre, sans pour autant que I'une entraîne I'autre (au seul sens admis par nos logiciens fanatiques). je Seul le quatrième et dernier rapport pourrait être rapproché - ne préjuge pas avec quel succès de ce qu'est l'implication proprement

dite entre des affirmations. ->. De même < Rien ne m'oblige à faire p > entraîne, on peut le dire, < Je n'ai pas promis de faire P >>i etla manière dont un certain P m'engage à un certain q ressemble fort à la manière dont promettre de faire X m'engage à faire X' Mais je n'ai pas I'intention d'insister sur ce qu'il y a (ou non) de parallélisme ici, mais seulement sur ce qu'un parallélisme apparaît, à tout le moins, dans les deux autres cas. Et voilà suggéré qu'il existe des cas où il y a danger de voir s'effondrer la distinction initiale et provisoire entre constatifs et performatifs' Nous pouvons, bien str, nous fortifier dans I'assurance que la distinction èst définitive, en faisant retour à la vieille conception selon laquelle l'énonciation constative est vraie ou fausse, l'énonciation performative, heureuse ou malheureuse. Voyez I'opposition entre ' m'excuser (qui dépend du bonheur du performatif < Je m'excuse >) et affi.rmer (qui dépend, pour sa vérité, 55] du fait que Jean soit en train de courir). L'opposition toutefois pourpour commencer par les rait n'être pas absolument fondée. Car (constative) < Jean est à l'énonciation liée , affirmations - on trouve >, I'affirmation ; et la vérité de ce dernier énoncé peut dépendre du b,oqleur de . De on trouve lié au permême et pour passer aux performatifs

formatif (ie suppose que c'en est uo)

, le fait (si c'est vraiment un fait) que le taureau va foncer. Si le taureau n'est pas sur le point de foncer, l'énonciation < Je vous

avertis que le taureau va foncer > peut être mise en question - et non pas pour I'un des motifs qui ont défini plus haut telle ou telle variété du malheur. Nous ne saurions dire en ce cas-ci que I'avertissement est nul et non avenu (c'est-à-dire que la personne n'a pas averti mais a seulement rempli les formalités d'un avertissement)' ni qu'il n'est pas sincère. Nous dirons bien plutôt que I'avertissement était faux, ou mieux, erroné (comme une affirmation peut l'être). Voici peuvent I I donc que des considérations du type bonheur et malheur i I atteindre les atîrmations (ou certaines d'entre elles), et que des considérations du type vérité et fausseté peuvent toucher les performatifs , (ou certains d'entre eux). 80

Avançons donc encore un peu dans ce désert où nous mène une pré-

cision qui se veut comparative et posons la question : y a-t-il un moyen précis de distinguer rigoureusement l'énonciation performa- l tive de l'énonciation constative? Et tout d'abord, naturellement, \ demandons-nous s'il exiJte qq çritërç gramrnarical (ou lexicographi--- ' } que) qui permette de reconnaître l'énonciatiôn përfôrËativë: [56] Nous n'avons considéré jusqu'ici qu'un petit nombre de performatifs classiques, offrant tous des verbes à la première personne du singulier de I'indicatif présent, voix active. On yerra bientôt que nous avions de bonnes raisons pour user d'une telle astuçe. Rappelons quelques-uns de ces exemples : < Je nomme >, < Oui fie prends cette femme...l >>, , < Je donne >. On voit bien (mais nous y reviendrons dans quelques instants) pourquoi il s'agit là du type le plus commun de performatifs explicites. Notez que < présent r> et < indicatif > sont évidemment des termes mal choisis parler - sans des connotations trompeuses d' . Aussi emploierai-je ces . termes seulement dans leur sens grammatical courant. Le < présent >, par exemple, en tant que distinct du < présent continu >r, ne s'emploie pas d'ordinaire pour décrire (voire indiquer) ce que je fais en ce moment même. < Je bois de la bière > II drink beerl dis- comme tinct de < Je suis en train de boire de la bière >> fI am drinking beerln'est pas plus une espèce de futur ou de passé, qui décrirait ce que je ferai ou ce que j'ai fait. Le plus souvent, ce présent est en réalité un indicatif d'habitude lhabituall -- s'il est vrai qu'il soit jamais un véritable < indicatif >. Et lorsqu'il n'est pas un indicatif < d'habitude >, mais pour ainsi dire un < présent > authentique comme c'est le cas, d'une certaine manière, dans les énonciations performatives (pensez à au sens où les grammairiens c'est-à-

dire au sens où

il

rapporterait, décrirait, ou donnerait une infor-

mation sur une situation ou un événement actuels. Ce présent, nous .l'avons vu, ne décrit ni n'informe; on I'emploie pour effectuer une action, ou dans Ie cours de cette action. Donc, en fait, nous ne nous sommes servi de I'expression < indicatif présent > que pour désigner la forme grammaticale anglaise , etc.

(Cette erreur de terminologie est due à ce qu'on assimile < Je cours D lI runl, par exemple, au latin cuto, qu'on devrait [57] normalement traduire par ( Je suis en train de courir >> fI am

8l

I

QUÂND DIR-8, C'EST FÂIRE

cnqquùlæ coxrÉnsNcB

læ latin ne possède pas ces deux temps, comme nous.) Or donc, faut-il absolument employer la première personne du singulier, et de l'indicatif présent à la voix uCtiu., pou. obtenir une

Le mode n'est pas pertinent puisque je puis vous ordonner de tourner à droite en disant non pas < Je vous ordonne de tourner à droite >, mais simplement ( Tq]ryZ3_{1S4g2; je puis vous donner congé en disant simplement-, au lieu de < Je vous juge

runnïngl.

éaonciation performative? Ne perdons pas notre temps à considérer I'exception évidente que constitue la première p.rrooo" du pluriel , etc. Il existe un,peu -partout des exceptions plus significatives et frappantes (dont quel{ues_ unes d'ailleurs ont déjà été mentionnées, en passant). Un ty'pe de performatif, très important et répandu_ et qu,on peut sans doute tenir pour authentique se présente ù ta tteuxiè.i ou i - pluriel;, tli1s.iuneaSno41e. (du.singutier ou du .TT ta voÈ: pr*li;, ' nl la lærsonne ni la voix ne sont donc des éléments absorument essen-

coupable

tiels.

Voici quelques exemples

pour un joueur.

:

êres autorisé par les présentes à payer... _ (I z. t. Vous Les voyageurs sont avisés que la traversée de la voie ferrée s'effectue \t' par le passage supérieur. .i -

:.

A la voix passive, le verbe peut même être impersonnel. Ainsi

\

3.

II

:

est formellement interdit de pénétrer, sous peine d'amende.

I

i on rencontre d'ordinaire ce type de performatif dans les documents officiels ou légaux; il est caractéristique qu'y figure souvent _ au moins dans les écrits I'expression i, pai les piésentes > et qu,elle - y ûgurer. cettc expresiion p-uisse sans doute toujours indique bià que l'éuoncé (écrit) de la phrase est l,instrumeoi 1ro**" on âity par quoi s'effectue I'acte d'ave{içe!0ç{lt, d'ggJgrlgqtion, etc. < par-les pré_ sentes )) constitue un critèré utile poùi iéôonnaître Ie caractère peril formatif de l'énonciation. Lorsque èette formule manque, < Les vËyageurs sont avisés que la traversée de la voie ferrée s-'effectue pai le passage supérieur > pourrait ne faire que décrire ce qui se passe habituellement : comme dans < à I'approche du tunnel, t", sont avisés de baisser la tête, > etc. "oy"i.u., qu'il en soit, laissons de côté ces énonciations performatives Quoi hauiement formalisées et explicites; nous all'ns reconnaître que le [g:-g-"-tr-tempg-(jusqu'ici passés'sous silence, contrairement à la et à la voix) n'ont aucune valeur de critère absolu. I lpersonne

'

>. Sans parler des cas où nous n'avons qu'une phrase

tronquée, comme lorsque je relève un pari en prononçant simplement < Conclu! >; et des cas où il n'y a pas le moindre verbe explicite, comme lorsque je dis < Coupable! > quand je juge, ou < Éliminé! >

gia

Avec certaines expressions qui ont tous les traits performatifs

il semble que nous soyons mieux en mesure de réfuter la règle donnée d'abord sur I'usage de la voix ' active ou passive. Je puis dire < Vous êtes hors-jeu >>, au lieu de , au lieu de < Je prends en charge >. t59l Nous pourrions, à partir de là, penser que certains rnols suffisent pour repérer l'énonciation performative et que celle, < passible >, etc.),

s'agirait de mots comme , etc. Mais

L

, < autorisé >, est rien, car :

(

promettre >,

il n'en

On peut construire le performatif sans recourir aux mots efficients.

Ainsi

:

l) A la place de < Virage dangereux

>r, on mettra < Virage >; au lieu de < Taureau dangereux D, on pourra écrire < Taureau >. 2) Pour < On vous ordonne de... >, on aura < Vous ferez... D; pour < Je promets de... >; on dira < Je ferai... >> fI shallf.

-

IIi

On peut rencontrer le mot efficient sans que l'énonciation soit

-pdrformative. Ainsi

:

l) Au cricket, un spectateur peut dire : < Il fallait

changer, vous savez. étiez coupable )), ou

(vraiment) De même, il peut arriver que je dise < Vous , ou même < Vous êtes >>

83

QUAND DIRS, C'EST FAIRE

coupable ftors-jeu)

),

CINQUIÈME COI.{FÉRENCE

sans avoir aucun droit à me prononcer là-

dessus.

2) Dans des tournures telles que < Vous avez promis >, , [habitual], du (quasi-) présent < historique. ,i e1 au p;;;;; continu. Mais, ainsi que je me hâtais de l'ajourer à ra fin a. Âu o.r"it.. .o"r...nË iiîî encore d'autres difficultés. Trois d'entre elles etaient à mon avis typiques : l) < Je crasse > (ou peut-être ) semblent être des constatifs en un sens, des performatifs cn un autre,

eu,en est_il? 2) < J'affirme que >> paraît remprir nos exigences grammaticales ou quasi grammaticares. Mais pour autant retenir ceile énonciationlà? A partir de notre "-lronr-nou, critère, nous risquons, Seraient-ils les deux à la fois?

t-il, d'accueillir comme sont pas.

performatives des

semble_

énonciat;;;;;-;;.;"

Dire quelque chose paraît parfois consister très précisément à ^ .3) quelque faire chose _ à insulter qu.lq",";, par exemple, Iorsqu,on pourrant le blâme. il n'exisre ;;i;;ratif tel qu, n J. uoul insurte >' Notre critère ne permet "r.;;donc pas 9l où l'énonciarion est une exjcurion d";;.1;;"d'engrober rous les cas chose : il n,est, appa_ remment, pas toujours possible de < réduire > une énonciutlon iï performatif explicite. Arrêtons-nous un instant sur ce ( performatif explicite D, que .i,oppor", nous avoûs introduit subrepticement. Je voud."is

performatif primaire r> (plutôt que non explicite, ^ avons donné comme exemple :-

î




>r

2. Le ton de Ia voix, le rythme, I'insistance (Dans. cette même perspective, nous disposons aussi du moyen subtil . des. indications scéniques, comme : ( meDaçant >, etc.). Voici

quelques exemples :

Il Il

va foncer ! (avertissement); va foncer? (question);

Il

va foncer!? (protestation). la langue.parlée ne se laissent pas facilement repro. duire dans la langue écrite. A titre d'exemple, nous avons essayé Ces traits de

94

3. Izs adverbes et loculiow adverbislet et même pour une part dans la Dans la langue écrite cependant nous langue parlée, encore que la nécessité s'en fasse là moins sentir recours touraux adverbes, locutions ou à des aux adverbiales avons {751

-

: < Je

ressembre au performatif : < Je consens que vous la fermiez. >> < Fermez-la, si vous osez )) ressemble au performatif : < Je vous défie de la fermer. >> On peut aussi employer les auxiliaires : < Vous pouvez la fermer > ressemble au performatif : < Je vous permets de la fermer, je consens que vous la fermiez. > < Vous devez la fermer >r ressemble au performatif : < Je vous ordonne, vous conseille de la fermer. ) < vous devriez la fermer > ressembre à : < Je vous conseile de la

fermer.

coNFÉRENcE

.

-

nures particulières de phrase. Ainsi pouvons-nous nuancer la valeur un sens ds ( Je ferai >, en y ajoutant < probablement D ou - dans(pour ( sans faute >. Il nous est possible d'insister un contraire rappel ou toute autre chose de ce genre) en écrivant : , , < Proclamation >, ou le sous-titre < Roman >. Mais laissons de côté et ce que nous disons et la manière dont nous [76] le disons; il est d'autres expédients spécifiques grâce auxquels faire passer, au moins dans une certaine mesure, la valeur de l'énonciation.

'

Quelques-uns de ces exemples soulÈvent toutefois le vieux problème de savoir si < Je concède que > et ), et entre parenthèses (c'est, pour les performatifs, un test presque aussi valable que les formes que oous avons dites < normales >); n'oublions pas non plus I'usage de mots comme < Éllminé > etc., qui, eux, n'ont pas du tout de forme normale. L'existence et même I'emploi de performatifs explicites ne dissipent cependant pas tous nos ennuis. l) En philosophie, les performatifs courent toujours le risque d'être confondus avec des énonciations descriptives ou constatives. l.c) Il est clair que ce n'est pas tout simplement que ie performatif ne conserve rien du caractère équivoque, souvent heureux, primaires; il nous faut aussi considérer, en passant, [?8] des énonciations les cas où on peut se demander s'il s'agit ou non d'un performatif explicite, et c€ux qui ressemblent énormément à des performatifs sans en être. 2) Il existe apparemment des cas très clairs où la même formule semble tantôt un performatif explicite, tantôt une énonciation descriptive, et où I'on peut même exploiter cette ambivalence, Exemples : < J'approuve )), et (( Je suis d'accord >. < J'approuve )) peut evoir ainsi la valeur performative d'une approbation, ou le sens d'une description (< Je préfère cela >). Nous all_ogscEsidérer deux sortes de cas, classiques, où apparaît cett{a1r1-6jy3!gn!9, Ih feront voir quelques-uns des phénomènes qui t accompagnènt Ie développement des formules performatives expli- I

cites. tttf;n,

i

=-\ humaines,-ep.ouu.rî)lipd Dans un grand nombre de situations humaine.,;pl-o3lq._.q1. ii ? çâmsûon > (passez-moi le morl), un < désir ), adoptelTffimIlA. I \_ Ù ilo=iï*ur, par convention, pour la réponse, la réaction app.opriée | 'f' ou convenable à un état de choses donné. Et cette réponse, qui inclut I l; ft I'exécution d'un acte, est, dans ces situations, considérée comme I naturelle (du moins aimons-nous à le penser). En ces occurrences, I ,r' et c'est même ce qui arrive le plus souvent,'.t il est possible en fait i ,,r '\ l'émotion qu, oout ressentions ou le désir en question; .o*me | nos sentiments ne peuveût être facilement perçus par les autres, nous 97

J

ti).

at

QUÀND DIRE, C'EST FAIRE

sxrÈMs coNrÉnrxcs

souhaitons habituellement les en informer. on comprend alors quoique ce soit pour des raisons un peu différentes et parfois -moins louables qu'il devienne de rigueur25 d' ( .*p.i*., u -, [79] ces sentiments si nous les éprouvons; plus:de res exprimer rorsque nous les croyons appropriés, et peu importe qu. nàu, les éprouvions ou non. voici querques exempres d'expiessions ainsi utilisées

:

Je remercie

Je suis reconnaissant

J'éprouve

de la

re-

connaissance Je m'excuse

\ i

Je suis désolé

Je

critique

Je

m'oppose

I

Je me repens Je suis choqué par

Je blâme

Je suis révolté par

I

J'approuve

Je lrouve bon que

Je vous souhaite la bienvenue

Je suis heureux de vous

recevoir

Je félicite

Je me réjouis que

Je me sens d'accord

La première colonne est constituée d'é'onciations performatives; le s é n o n c i a t i o

ns

d

e Ia

d e u x i è m e. n

e s _o_11|gç_gg gu 19!

de_rripfjons {m

ai

s

-!ison5 dsliç..n.t-dçt i,rptiqq!) ;'ceilêililalioiiieÂ" soni àe siÀples constats. Il y a donc de nombreuses locutions dont plusieurs sont importantes et qui souffrent, ou au contraire profitent, d'une ambivalence pour ainsi dire délibérée

ambivalence sans cesse combattue

par I'introduction de tournures- performatives dont la pureté

!

'*

est

elle aussi dé-l$frée. -- -Certairf"ltësts p,brmettraient-ils de décider si < Je trouve bon que.,. > ou < Je sù'È"rféfolé >, est employé en ce moment ou même tou_ jours dans un sens ou dans I'autre? Premier test : se demander s'il y a un lgnq à.dire : . Lorsque quelqu'un dit, par eremplc, < Je suis heureux de vous recevoir D, ou . Deuxièmar!î;t _.;. se demander si quelqu'un pourrait accomplir cet acte, en réalité, sans dire effectivement quoi que ce soit * "o**a dans le cas' par exemple, où l'on est désolé (à distinguer de celui où 98

.q1l

'

I'on s'excuse); ou dans le cas où I'on est reconnaissant (à distinguer

'de celui où I'on remercie); ou quand on blâme (cas à distinguer *). ælui où I'on s'oPPose Troisième tert .' se demander

- au moins dans certains cas - s'il est le verbe supposé performatif, un adverbe .om-. (âen6&gmeiT>, ou une locution comme < Je veux bien >; en effet (du riioins le semble-t-il), si l'énonciation--est'"fexëi:ution d'une action, on doit pouvoir éventuellement l'effectuer délibérément, ou être disposé à I'effectuer. Ainsi pouvons-nous dire : < Je lui ai délibérément souhaité la bienvenue D, ( J'd délibérément approuvé son action >, < Je me suis délibérément excusé >r, tout comme < Je veux bien m'excuseldVait nous ne pouvons dire : < J'ai dé[bérément trouvé son action bonne > ou ( Je veux bien être désolé > (à disting_ugr..d-e .1-J-e veux bien lui dire que je sriiS désolé >). tcsl .']t demander si ce que quelqu'un dit est littéralelne_nt -.Quairième faui,îôuime cjest le cas parfois Iorsque je dis iôu , serait accompagné, seulement, d'in9j1_c{rité (: un malheur), comme c'est le cas parfois lorsque je dis < Je mtexcuse >r. Ces tournures brouillent la distinction entre I'insincérité et le mensonge ù*. Il y a ici une distinction à noter, en passant, mais je ne saurais la définir exactement : nous venons de comparer :-6i-nelle-=[ne de ces sentiments ou attitudes 27. Il faut également distinguer les cas où I'on ptls9 à -l:!:!Wli:s qui peuvent l'avoir annoncéq ou 311*!94491çsn, - cas particuliers engéniireiîes p.tf"t-"tift *"i. qui ne conitituent pas eux-mêmes des énonciations performatives. Un exemple typique : < Je claque

la porte comme ça D (il claque la porte). Mais ceci nous amène à < Je vous salue > (il salue); ici < Je vous salue > peut en venir à remplacer le salut lui-même, et se transformer en énonciation perfor-

mative pure. Dire >, c'eJ/, alors, vous saluer. Comparez avec ( Je salue la mémoire de... >>. Il existe toutefois de nombreuses étapes depuis le cas où l'on passe à I'action après I'avoir asnoncée ou en I'annonçaot, jusqu'à celui du performatif pur : < Clac! > Dire cela, c'est en fait claquer (dans des circonstances appropriées). Mais il n'y a pas claquement si on ne proûonce pas < clac >. t82l < Éhecl > Dire cela, c'est faire échec, dans des circonstances appropriées. Mais n'y aurait-il pas échec, même si on ne disait pas


? (Il reste toujours possible bien str, que je ne sois pdr sincère.) Un mot différent parfois, ou une construction nouvelle de la formule, peut constituer un test : ainsi, dans un performatif explicite,

nous disons < J'approuve >, plutôt que < Je trouve bon que... >. Remarquez la différence entre ( Je souhaiterais que vous fussiez au fond des mers )), et < Je voudrais vous voir au fond des mers >; ou la différence entre

(

Je

souhaiterais que vous vous amusiez >, et < J'espère

que Yous vous amuserez ,>, etc. En conclusioû, nous avons fait

matifs d'une part et, d'autre part

la distinction entre les

perfor-

:

l) Iæs tournures de politesse, puremeût conventionnelles

et rituelles

- comme < J'ai le plaisir de... >. Il s'agit là de formules bien différentes : car, quoique rituelles et non obligatoirement sincères, elles

;l

motrtrent, à l'épreuve de chacun des quatre tests, qu'elles ne sont pas des performatifs. Elles semblent constituer uû groupe spécial, limité peut-être aux déclarations de sentiments et même, plus particulièrement, de sentiments qu'on éprouvc à- dire ou entendre quelque chose. 2) Le passage à un acte d'abord annoncé verbalement. Exemple typique : I'avocat qui, à la fin de sa plaidoirie, déclare < Je termine ma plaidoirie >. Ces tournures sont particulièrement susceptibles de devenir de purs performatifs lorsque I'action annoncéæ est elle-même

t02

purement rituelle : ainsi I'acte non verbal de s'incliner (< Je vous salue >), ou le rite verbal du < Bravo! > (< J'applaudis >). Ce;l s se rrre n t pa rt c u l i r:^llc l)! lr p b g u rlg $,9;!f tp,lLl _gU _pçIIaJ: natif,iirc nôu5 atbns noté dans les cogp[rt*àii1ï,-nous le retrouvons i

i

t"'

i

âânilaCiàssè, tièî imporiantë.aesiffiirrls_-51"îèii*rsetih-4]g-lp--o_*, Ici, Ia str uctu re fo n da nre n ta te Tè t6ndnciit i o n p'.Ès. ni--;; - j*é"ri6Ët ou etr tout cas le plus souvent - la forme d'unel'">

n'a

pas de face postérieure. >> J'atteste quc la lune n'a pas de face postérieure. )) < J'admets (ou concède) que la lune n'a pas de face postérieure. )> < Je prophétise (ou prédis) que la lune n'a pas de face postérieure. >

t86]

Parler ainsi, c'est soutenir (arguments à I'appui), conclure, attesæ ter, répondre, prédire, etc. --PluÇ6urïïe Cèîîilles paraissent être des periormatils purs, tout à -fait satislaisants. (Encore qu'il soit agaçant de les voir ainsi unis à des propositions qui ont I'air d'< affirmations >>, vraies ou fausses : nous avons déjà lait allusion à cela, et nous y reviendrons.) Quand je

dis, par exemple, < Je prophétise que... >, < Je concède que... ), (( Je pose comme postulat que.,. D, la proposition qui suit a normalement I'apparence d'une affirmation, mais les verbes, eux, semblent bien être des performatils purs. Reprenons les quatre tests que nous avons appliqués aux comportatifs. Si quelqu'un dit < Je pose comme postulat que... )) : l) nous ne pouvons demander 2) on ne peut pas postuler sans le dire; 3) on peut dire < J'ai délibérément postulé que... ) ou < Je postule volontiers que... )) 4) il ne saurait être littéralement faux de dire < Je pose comme postulat que... ) (excepté dans le sens déjà noté : ( à la page 265, je postule... >) A tous ces points de vue, < Je pose comme postulat > est semblable à , sont alors, eux, des performatifs explicites purs, mais en des sens qui ne nous intéressent pas ici. Je puis approuver ou désapprouver d'un signe de tête; affinner ou nier par implication, à travers d'autres mots. Mais en ce qui concerne < Je tenais pour établi que... >, j'ai pu tenir effectivement pour établi sans rien dire non pas par implication, à travers d'autres mots, mais en restant bien tranquillement assis dans mon coin - attitude impossibie à soutenir quand je veux nier. i ( En d'autres termes, < Je tiens pour établi que... ) et peut-être aussi r Je suppose que... )), fonctionnent d'une façon aussi ambiguë que ' < Je suis désolé de... > : cette dernière formule tantôt signifie < Je n1'exq_119e >> et tantôt décrit mes sentiments, et parfois les deux ensemble;de même, < Je tiens pour établi > peut signifier < Je pose comme postulat.., > mais peut, en d'autres cjrconstances, prendre un sens différent: Et encore < Je suis d'accord avec... )) parfois équivaut à < J'approuve sa conduite >, parfois plutôt à < Je trouve sa conduite bonne >, cette

dernière formule décrivant (au moins pour une part) mon attitude,

ou ma disposition d'esprit, ou mes convictions. Ici encore,

une

nrodification légère a de I'importance : qu'on remarque la différence, par exemple. entre ( Je suis d'accord pour.,. > et < Je suis d'accord avec... )) : test qui ne saurait d'ailleurs être irréfutable. La même distinction générale que nous remarquions déjà pour les 8l comportatifs se manifeste ici. Et si, tandis que < Je pose comme prémisses que... > (< je pose comme postulat que,..), est un performatif 104

explicite pur, ( Je tiens pour établi que... >r o'en est pas un; de même : < Je prédis que... D est un performatif explicite pur, < Je prévois fie m'attends que)... )) n'en est pas un; < Je souscris (je donne mon assentiment) à cette opinion D est un performatif explicite pur, ( Je suis d'accord avec çette opinion > n'en est pas un; ,,

,

ou < maintenir >, toute la proposition est certainement vraie ou fausse, bien que l'énonciation soit I'exécution fperforming] de i,acte d'affirr.. ou de maintenir. Et nous avons fait ,.rnu.qua. à plusieurs reprises que des énonciations qui sont manifestemeni des performatifs classiques 28! >), restent très proches < d'une description des lc9mme Changez faits (même si ce n'est pas le cas pour d'âutres, comme < Au jeu 2el >). Tout cela, cependant, n'est pas tellement grave : nous pouvons, en effet, distinguer dans la proposition le détut, qui est perlormatif (i'affirme que) et qui indique clairement comment il faut entendre l'énonciation - c'est une affirmation, par exemple, et non une prédiction et la suite, introduite pa. ., qr.-r,, suite qui, elle, doit être vraie -, ou fausse. Reste qu'en l'état actuel de ra langue, il existe de nombreux cas où il serait impossible d'opérer pareille division, même si l,énonciation semble comporter uoe ,orie de performatif expiicite. par 106

;' p. Ici, nous effectuons I'assimilation et dans le même temps nous I'affirmons - au moyen d'une seule proposition succincte, quasi performative. Juste pour nous stimuler, mentionnons aussi < Je sais que >, < Je crois que )), etc. Ces exemples sont-ils compliqués? Jusqu'à quel point? Nous ne saurions tenir pour acquis, en tout cas, qu'ils constituent de pures exemple : < J'assimile -x à y >r, < Je réduis -t à

descriPtions'

Faisons le point. Nous avons d'abord examiné la distinction avancée entre énonciations perlormatives et constatives. Un certain "i9l] nornbre d'indices nous ont toutefois amenés à penser que des malheurs perpouvaient atteindre les unes et les autres - et pas seulement les formatives; de plus, il nous est apparu que I'exigence d'une conformité ou d'un rapport aux faits (imperatif variable selon les cas) s'applique aussi bien aux performatifs (en plus de la nécessité pour eux d'être heureux) qu'aux réputés constatifs.

Nous avons échoué à trouver ua critère grammatical pour les performatifs, mais nous avons voulu continuer de croire que tout performatif pouvait, eî principe, être ramené à la forme d'un performatif explicite, et qu'il nous serait ainsi possible d'établir une liste. Nous avons cependant découvert, par la suite, qu'en bien des cas il n'est pas facile de décider qu'une énonciation est ou non performative, même lorsqu'elle présente apparemment une forme performative explicite; et de toute façon - comme il fallait s'y attendre -, restent les énonciations commençant par < J'affirme qq,ç.,lL.qui.qç.mblent satisfaire aux conditions du perfi , mars qul sans aucun doute posent une affirmation et sont donc saas aucun doute essentiellement vraies ou faussçq. Il'esl temps, après cela, de reprendre le problème à neuf. Il nous faut reconsidérer d'un point de vue plus général les questions :... -?-::S_U-ç"I

sens faisons-nous

Ii i

f

ffiquelquechose?(Etpeut.êtreaussi,cequiest1.]

un autre cas : en quel sens faisons-nous qpefque chose par le fait de ..i drle qq.lq+g c!o9_e?) Un peu plus de clarté et de précision nous permettra sans doute de sortir de cet embrouillamini. Après tout, >

^

est une expression très vague : lo$Sggégg:Jqq!:_y'

énonciation, quelle qu'elle soit, neîTiisons

oîôËlîs

queique c-lrô'sevff -'dssuÊriréËîlêi ÏîveË'êîffiiiiËres -Aorif-îôuS pîil*oaî"dé"I- dans la pleine acception du mot. Nous

. !

ensemble de sens

i

'J

pouvons convenir, sans nous attarder trop sur les mots ou les nuances,

i,' .. que dire quelque chose : A.a) c'est toujours effectuer cet acte lto perform the actl; produire ' ,-4,)' r'"J!

Huitième conférence

le4l

certains sons (acte < phonétique >); l'énonciation est une phonation lphonel; ... A.ô) c'est toujours effectuer cet acte : produire certains vocables ,/ ou mots (i. e. certains types de son$ appartenant à un certain vocabulaire, et en tant précisé,ment qu'ils lui appartiennent) selon une certaine construction (i.e. conformément à une certaine grammaire, el en tant précisément qu'on s'y conforme), avec une certaine intonation, etc. Nous appellerons cet acte un acte < phatique >> lphaticf, et l'énonciation, I'acte de produire un < phèrne >> lphemel (distinct du phémème 3c de la linguistique); 93] A.c) c'est généralement effectuer cet acte : employer un phème ou ses parties constituantes dans un sens plus ou moins déterminé, et avec une < référence >>'plus ou moins déterminée (< sens D et < référence D réunis constituant la < signification >> fmeaningl). Nous appellerons cet acte un açte < rhétique >> frhetic), et l,énonciation, I'acte de produire un > frhemel.

'

Même si nous ne le.mentionnons pas sans c€sse, nous devons garder à I'esprit

la possibilité de l' < étiolement > du langage, tel qu'il se prodult lorsque nbus I'employons sur scène, dans le roman et la poésie,-dans les citations et lectwes

publiques.

En cherchant à établir la liste des performatifs explicites, nous avons découvert qu'il n'était pas toujours facile de distinguer entre én_onciations performatives et énonciations constatives. Il nous a donc semblé opportun de revenir un temps aux principes de base et d'examiner à fond les points suivants : combien y a-t-il de sens selon lesquels dire quelque chose, c'est faire quelque chose, ou selon lesquels nous faisons quelque chose en disant quelque chose, ou même par le fait de dire quelque chose? Nous avons d'abord distingué un ensemble de sens inclus dans I'expression < faire quelque chose >, dès lors qué nous affirmons va d'ailleurs de soi que dire - celaacception - quelque quelque chose, c'est, dans la pleine de < dire >, faire chose, A savoir la production : de sons, de mots entrant dans une construction, et douée d'une signification. Entendez signiûcation lmeaningf comme le souhaitent les philosophes, c'est-à-dire : sens et référence.

J' j'appelle

chose l'é!_qde__4cg-{p,"gg.ç-ia-tions ;,-Q[.rtdg.{es

>>

d

,

y'.o

r,n'!

-N,l'{

{Jr+{. ; ,, /',tl-'

q

^'!'*

ll,&t\

locutions ou des élémenrs

*ç9npl9!:*g_g**,J9srâ"SinousnousiniéiËd!"ôiri'''â-iïôïË'iôËiffi lr, c'est suitout, évidemment, afin de le détnir clairement et de le distin-

[95] guer d'autres actes qui seront I'objet essentiel de notre étude. J,ajoute qu'il serait possible (et nécessaire) d'apporter nombre de nuances, si nous avions à discuter de cet acte pour lui-même, et que ces nuances seraient d'une grande imporlance non seulement pour les philosophes mais aussi pour les grammairiens et les phonéticiens. Nous avons distingué assez schématiquement trorig.-plg_s_jphqAq*-" L'acte phonétique, c'est la simple pro.tique, phatique -9t +9!igue. -dè' "litratique, "âuatidn ôôns.'t'âèïê c'est la prôduction de vocables ou mots, c'est-à-dire de sons d'un ceftain type appartenant à uo uo"u-bulaire (et en tant précisément qu'ils lui appartiennent), et se confor109

a-tLr

U!,'

//f

-.'t'J

\

fr",.l

't

L;i1..4,.,

i,

i i

.iri1-r* .'u

r. ".'!.

t\

Hurrù'{E

QUAND DIRE, C'EST FAIR! _,,,

mant à une grammaire (et en tant précisément qu'on s'y conforme), rhétique, enfin, consiste à employer ccs vocables dans un sens et avec une référence plus ou ntoins déterminés. Ainsi, < Il a dit : Le chat est sur Ie paillasson ), rapporte un acte phatiquç, lue < Il a dit que le chat était sur le paillasson ri rapporte ,n u,11. "lors rhétique. N{ême distinction drans les couples suivants : ., . .,.." .".,,;

1. L'acte

i

< Il a dit < Il a dit

r' 'l

: Jè

"'

slrai là ),

: Sortezl >,

adit : Est{e

< Jl

;

Il m'a dit

de sortir

>;

à Oxford ou à Cambridge? >,

c'était à Oxford ou à Cambridge.

I

( il a dcmendé si

>

Bien que nous n'ayons pas à nous attarder sur ra question en tant que telle, quelques points paraissènt cependant devoiiêtre signalés et

..r'' \

retenus

:

II est ér'ident que pour produire un acte phatique, je dois pro_ ,fr' , l) . durre un acte phonétique; ou, si vous voulez, il est pt évident qu'en pro,v,;, dyislnt I'un, je produis I'autre. (Ce qui ne signifie p., qu. les a"t"s ,i 5J phatrques soient une sous-classe des actes phonétiques et qu,ils appartiennent à cette classe.) Mais I'inverse n'est pas vrai , .i un singe produit un son identique à < va >, il ne s'agit pas pour autant d'un acte phatique.

2) Il va de soi que dans la définition de l,acte phatique, nous avons amalgamé deux éléments ; le vocabu,lairq.e-t lA gpmmaire. Aussi n'avons-nous assigné aucun nô-mîii p.rioon. q"i airil; p;; exemple : < chat complètement le si > ou < res borombes glivantes ont de fait gyré 3r ). Encore faut-il tenir compte de |intonation aussi bien que du vocabulaire et de la grammaire. 3) L'acte phatique, cependant, tout comme le phonétique, peut par essence être mimé et reproduit (y compris intonations, clins d;æil, gestes, etc.). on peut mimer non seulement I'affirmation entre guiilemets < Elle a des cheveux admirables > mais encore plus subtilement .la laçon dont Ia phrase a été dite : < Elle a des cheveux admirables (en haussant les épaules). Nous d'évoquer la mise entre guilremets du < ir dit )), telle qu'on la'enons trou'e dans les romans. Toute énonciation peut être reproduite simplement entre guillemets, ou entre des guil[emets suivii de ( dit-il ), ou -.- encore plus fréqucmment _ de ( dit-elle ), etc. Mais c.'est I'acte rhétique que, dans les assertions, nous rapportons : >>

il0

,'\

a dit que le chat était sur le paillasson >, < Il a dit qu'il partirait Il a dit que je devais partir > (ses paroles étaient < Tu dois partir >).. C'est ce qu'on appelle le < discours indirect >. Si le sens ou la référence risquent de ne pas être clairement saisis, il faut mettre la phrase ou le mot entre guillemets. C'est ainsi que je puis énoncer ; < Il a dit que je devais me rendre auprès du'ministre', mais il n'a pas dit quel ministre D, ou ( Je lui ai dit qu'il se conduisait mal, et il a répondu que on va loin, moins on est' >r' Or, n'est pas toujours facile tgil'plus d'employer < dit que D : on utilisera plutôt < dit de >, < conseillé de >, etc., si quelqu'un a usé de I'imperatif ou de tournures équivalentes (< dit que je devais D, dit que je devrais >, etc.). Ccrrsidérez dans <
.

Une remarque encore sur

I'acte;!!igÆ-: il

sens et la référence (nommer

et

ses

est évident qu'ici le

rapporter) sqnt eux-mêmes

des

actes auxiliaires effectuèsdê pârl'ètreciuation lperformed in performingl de I'acte rhétique. C'est ainsi que nous pouvons dire < J'entendais signifier par'banc',., >> et, disons, < par'il', je faisais référence à,.. >. Est-il possible de produire un acte rhétique sans rapporter ou sans

nommer?

Il

semble qu'en général la réponse soit négative.

Il y a

toutelois des cas embarrassants. Quelle est la référence dans < tous Ies triangles ont trois côtés >? De même, il*e_st clair que nouq po.uvon-q..,.,.. produire un g9!9_phgtigue--qui.'qq sSl!"p-es gn 4cte: rhétique-, b-ien .

-quâTTnverse-soit_imp-o::tbb-nlnsi pouvons-nous répéter 1a remarque ftrpa;a ut autre, ou marmonûcr une phrase, ou lire une phrase latine sans connaître la signification des mots. La question de savoir à quel moment un phème ou un rhème est le au serrs être de même >, sans

doute peut-on rendre parfaitement clair < ce que nous disons > en prononçant ces mots et cela dans tous les sens distingués jusqu'ici

- autaût avec clarté que j'effectue (ou non) par mais sans indiquer pour là I'acte d'avertir. Dans < Il va foncer >i ou < Ferme la porte >>, ce que je dis peut être très clair, sans qu'il apparaisse clairement s'il s'agit d'une alTrmation ou d'un avertissement, etc. On pourrait dire qu'effectuer un acte locutoire en général, c'est produire aussi et eo ipso uû acte illocutoire que je propose - ainsi de l'appeler. Pour définir ce dernier type d'acte, il importe de définir comment nous employons la locution : ûous posons une question ou répondons; - nous - ment, donnons un renseignement, une assurance ou un avertissenous annonçons un verdict ou une intention,

)l ---

nous prononçons une sentence, nous faisons une nomination, un appel, ou une critique, nous identifions ou fournissons une description, etc. (Je ne veux nullement laisser entendre qu'il s'agit d'une classe parfaitement définie.) Notre eo ip.so n'a rien de mystérieux ici. La difficulté tient plutôt aux nombreux et différents sens de ces mots très vagues : ( comment nous I'employons )). Ces mots peuvent renvoyer à I'acte locutoire même et, de plus, aux actes perlocutoires, dont nous allons parler sous peu. Dans I'acte locutoire, nous utilisons le discours. Mais comment, précisément, I'y utilisons-nous? Car Ie discours a de nombreuses fonctions, et très nombreuses sont les manières dont nous I'employons; en un sens sens (B *) très différent - I'acteensera suivant la manière et selon-le sens dans lesquels, chaque occasion, nous 1' < utilisons >. La différence est considérable entre le conseil, la

I

simple suggestion,.-9,1llo.f.{fç_"çSççtif; entre la promesse au sens strict

ef I'intèntiôii.vague. Ces questions pénètrent quelque peu - mais dans la grammaire (voyez plus haut); nous non sans imprécision n'en discutons pas moins chaque fois que nous ûous interrogeons sur le point de savoir si tels mots (telle locution) ont valeurst de i question, ou s'il fad ks prendre comme uoe opinion, etc. a r". /J{ C'est I'acte effectué en ce deuxième et nouveau sens que j'ai appelé : {_1 '''','lt,,.u!

( illocutoire > : il s'agi! d Ug acte effectué en disant quelque chose, , / opposition à I'acte-Ë- avec < Il signifiait cela comme un ordre >> etc. *; une valeur illocutoire je valeur et signification (signification équivadistinguer veux mais lant à sens et référence), tout comme il est devenu essentiel de distinguer sens et référence à I'intérieur même de la signification s. De plus, nous avons ici une illustratiou des différents usages de I'expression < emplois du langage >>, ou ( emploi d'une phrase >, etc. < Emploi > est un mot désespérément ambigu, tout comme . On peut même dire que l'

fication >>, qu'on a maintenant coutume de tourner en dérision. Au vrai, le mot < emploi D, qui a supplanté < signitcation D, n'a pas une position beaucoup plus confortable. Peut-être tirerons-nous au clair le sens d' < emploi d'une phrase > en des circonstances données, si nous nous en tenons à I'acte locutoire, sans envisager encore L'acle illocutoire.

[Cf. plus bas, p. [101].1

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runhæ

QUAND DIRq C'EST FAIRS

)l]

Avant de préciser davantage cette dernière notion, comparons et illocutoire à un troisième type d'acte. Selon un sens différent (C), produire un acte locutoire par - etacte. là un acte illocutoire c'est produire encore un troisième

ensemble actes locutoire

-, Dire quelque chose provoquera souvent

le plus souvent - actes - certains effets sur les sentiments, les pensées, les de I'auditoire, ou de celui qui parle, ou d'autres persoûnes encore. Et I'oa peut parler dans le dessein, I'intention, ou le propos de susciter ces effets. Compte tenu de cela, nous pouvons dire que celui qui a parlé a produit un acte qui ou bien ne renvoie qu'indirectement à l'acte locutoire ou illocutoire (C.a), ou bien n'y renvoie pas du tout (C.ô). Nous appellerons un tel acte un acte perlocutoire, au une perloeutîon. Ne déûnissons

pas encore avec minutie cette idée necessaire

(E.

ù

l)

-;

bien

str, la définition

bornons-nous à donner- quelques exemples

Acte (A) Il m'a dit

-

,

référant par < elle > à elle.

voulant dire par

du langage peut aussi jeter la confusion entre les actes illocutoires et perlocutoires. ll nous faudra donc les distinguer avec le plus grand soin, dans un instant. parler de l' ( emploi du langage pour soutenir, arguments à l,appui, ou pour avertir >, semble être du même ordre que parler de l' . On peut dire cependant que dans le premier cas (pour opposer schématiquement) il s'agit d'un usage conventîonne\ en ce sens qu'on pourrait I'expliciter par la formule performative. Cetteexplicitation,,en revanche, ne saurait avoir lieu dans Ie second cas. Ainsi pouvons-nous dire < Je soutiens, arguments à I'appui, que... D ou ( Je vous avertis que,.. >; mais

Tu ne peux faire cela. >

Acte (B) illocutoire II protesta- contre mon acte.

'

la

Acte (C.ô) I1

que... >, de I'acte illocutoire < Il a soutenu que... )), et de I'acte perlocutoire < Il m'a convaincu que... D. ) On remarquera que les g@-!s*p_111c1t_fo-,par les perlocutions sont V de vraies cor$g1_gngg_q,.-!énuees aé lout- èlément cpnventisnnel i en v.ituïuquèfîéttl qiii pfomet,-par Ëiemple, esr engagé p^. -,*J promesse (et cela fait partie de I'acte illocutoire). Certaines distinctions devront peut-être être apportées, puisqu'il y a évidemment une différence entre ce que nous tenons pour la production réelle d'effets réels et ce que nous considérons comme de simples conséqueoces coaventionnelles, De toute façon, nous revjendrons sur ce Point' Nous avons donc distingué, assez sommairement, trois sortes : Ie locutoire, I'illocutoire, et le perlocutoire *. Nous voud'actes [103] drions rnaintenant formuler quelques commentaires d'ordre général sur ces trois classes, sans les définir encore avec précision. Nos trois premières remarques concerneront à nouveau l, ou < je composais un poème >. On peut encore faire état d'un < usage poétique du langage >, à distinguer de l' < emploi du langage en poésie >. Tous ces < emplois du langage >> n'ont rien à voir avec I'acte illocutoire. Si je dis < Va-t'en donc attraper une étoile filante s >, la signification et la valeur de l'énonciation peuvent apparaître très clairement, sans qu'on puisse aucunement savoir ce que je fais quant au reste. On trouve aussi des emplois parasitaires du langage pas < sérieux D, pas tout à fait < normaux >. Il se peut que I'habituel renvoi à la référence fasse momentanément défaut, ou qu'on n'essaie nullement de poser un acte perlocutoire type (: de faire faire à I'auditeur quelque chose) : Walt Whitman n'invite pas sérieu'sémertt

14]

I'aigle de la liberté à prendre son essor... 3) De plus, certaines des choses que nous < faisons > et qui sont liées à notre acte de dire, ne semblent pas entrer vraiment - au moins de prime abord dans I'une ou I'autre des classes sommairement définies; ou paraissent appartenir plus ou moins à I'une et sans que toutefois, au premier regard, elles se I'autre à la fois montrent aussi éloignées des trois classes d'actes que le sont la plaisanterie ou la poésie. L'insinualion, par exemple, - quand nous laissons entendre quelque chose dans une énonciation, ou grâce à elle )5] semble inclure une convention, tout comme l'acte illocutoire; mais nous ne pouvons pas dire < J'insinue... >; et le dirions-nous que cela renverrait à un effet astucieux plutôt qu'à un acte pur et simple. Un autre exemple : celui du cas où I'on se libère d'une émotion trop vive. Nous pouvons nous libérer de l'émotion dans ou par une énonciation :.en jurant, par exemple. Or, une fois encore, les formules performatives n'ont que faire ici; ni les autres expédients illocutoires.

u6

* Nous pourrions dire que nous employons les jurons polrr soulager pas, acte conven' est un notre cæur. L'acte illocutoite, ne I'oublions que convention. à une tant conlorme en tionnel : effectué 4) Nos trois classes nous obligent, puisqu'il s'agit d'actes, à tenir Çompte de ces malheurs auxquels tout âcte est exposé. ll nous faut être prêt, systématiquement, à distinguer entre < I'acte de faire x > c'est-à-dire d'accomplir -ï, et ( i'acte de tenter de faire x >; entre avertir, par exemple, et tenter d'avertir. Il faut s'attendre ici à des échecs.

Les trois questions qui suivent sont importantes parce que nos

actes sont bien des acles.

5) Nos actes étant des actes, nous devons toujours nous rappeler

la distinction entre effets intentionnels et

effets non intentionnels; remarquer aussi (r) que celui qui parle peut avoir i'intention de pro' duire un effet, sans que ce dernier se produise; et (u) que I'effet peut se produire sans qu'on I'ait voulu et mêrne lorsqu'on ne le veut pas. Pour venir à bout de la complication (l), nous distinguerons' comme il06l plus haut, entre tentative et réussite; pour (u), nous invoqtterons les expédients linguistiques habituels du désaveu (adl'erbes comme < involontairement ), etc'), expédients que nous tenons prêts pour notre usâge personnel, en toutes nos actions. 6) De plus, il faut évidemment reconnaître que nous ne faisons pas exactement certains actes, en ce sens que nous les exécutons, par éxemple, sous la contrainte. Nous avons vu plus haut (en 2) d'autres cas où I'action n'est pas complètement exécutée' 7) Reste cette objection à nos actes illocutoires et perlocutoires, selon laquelie la notion d'acte même n'est pas claire. Nous y répon' drons par une théorie générale de I'action. L' est généraleme nt tenu pour un événement ph1'sique précis, effectué par nous, et distinct à la fois des conventions et des conséquences. lr'lais : a) L'acte illocutoire et même I'acte locutoire peuvent envelopper des conventions. Pensez à la révérence' C'est un hommage, mais uniquement parce que I'acte est conventionnel; et il est effectué uniquement parce qu'i1 est conventionnel. comparez ( tirer deux Lralles s? de fusil > et ( tirer deitx bcaux cctups )).

* >, c'esl jurer par Notre' 88 name : mais cr n'est plus jurer pàr Notre-Dame, que de dire >

tt7

QUAND DIRE, C'EST

FATRE

à).L'acte perlocutoire peut inclure d'une certaine manière des conséquences ._ ainsi lorsque nous disons par < I,acte r,p fuiruiry r.

L'acte, en réarité' entraîne toujours des conséquenc.s lpius o, ,nJin, considérabres) et certaines d-'entre elres peuvent être imprévues [uninte.ntional]. Il n'y a pas de limire à l,acte physique

Que I'acte lui-même comporte

Neuvième conlërence

il08l

minimum.

la série indéfiniment iongu" a" ,.ï

< conséquences )), c'est là _ ou ce devrait __ ôtre _ un lieu commun t7] essentiel de la théorie du langage qui touctre i I' < action > en générar. Si on nous demande,-par exemple, < eu,a_t_il fait? >, nou, pîuuoiï répondre < II a tué l'âne >, ou.i II a tiÉ un coup de fusil >, ou < Il a appuyé sur la détente >, ou < Il à remué I'index ,. Èt tout.r.r, .epo^., peuvent être correctes. De mêmc _ pour abréger le conte a,àfu"i, où l'on voit une vieille s'efforcer de ràmener lelochon J,"_p, p"r. préparer le dîner de son vieux nous pouvons dire, en dernier - pu._â.rru, la que le chat poussa le cochon I.1?rt, haie, ou qu,il la lui fit franchir. Si, dans de tels .ur, nou, ,,* tionnons à la fois un acte B (iilocution) et un acte C (perlocution), nous dirons < par son acte de B -er, il C -a > plutôt qr. u ,, S -;nt... >. Voilà pourquoi nous appelons c un acte perlocutoire, et le distinguons de t'ilr,ccutoire. Nous reviendrons dans la prochaine conférence sur ra distinction entre les trois actes et sur les expressions < en > [faisant x] et < par mon acte x, je faisais y >. Nous pourrons ainsi un peu mieux délimiter les trois classes et reconnaître ce qui leur appartient en propre. Et nous verrons que si loc'toireexige poui êt." .o*pt.iqrà u.uucoup de choses soient 'acte faites à Ia fois, it .n va peut-être de même des actes illocutoires et perlocutoires.

Alors que nous tentions de dresser la liste des performatifs explicites, ngus nous sommes heurtés à une difficulté : comment décider qu'une énonciation est ou non performative, ou du moins, qu'elle est purement performative. Un retour aux fondements du langage nous a alors semblé opportun : il convenait de se demander en combien de sens dire quelque chose, c'est faire quclque chose, ou en combien de sens nous faisons quelque chose en disant quelque chose, voire

'

b faft de dire quelqr.re chose. Nous avons reconnu, en premier lieu, I'ensemble de ce que nous faisons en disant quelque chose, et nous I'avons nommé acte locu/olre. Nous entendons par là, sommairement, la production d'une phrase dotée d'un sens et d'une référence, ces deux éléments constituant à peu près la signilication - au sens traditionnel du terme. Nous avons avancé, en second lieu, que nous produisons aussi des actes illocutoires .' informer, commander, avertir, entieprendre, etc.,

par

c'est-à-dire des énonciations ayant une valeur conventionnelle. Enfin, actes que nous provoquons nous avons défini les actes perloculoires

par le fait de -dire une chose. Exemples : convaincre, persuader, empêcher, et même surprendre ou induire en erreur. Nous avons donc trois dimensious ou sens différents *- sinon plus -- pour 1' < emploi d'une phrase >r ou l'. (I1 y en a d'autres, évidemment.) Iæs actions de ces trois classes que telles, bien str * assujetties aux difficultés et sont - cn tant restrictions propres aux actions, à savoir la nécessité de distinguer la tentative de la réussite, I'intentionnel du non-intentionnel, etc. Cela étant, il nous faut examiner plus en détail ces trois classes. Nous devons distinguer I'iliocutoire du perlocutoire, faire la différence entre < en disant cela, je I'avertissais > et >.

tts

u9

|rEx-ruÈt"G coNrÉRBNcE

DE LA NÉCESSITÉ DE DISTINGUER LES CONSÉQUENCES

I"a distinction entre illocutions et perlocutions paraît plus que toute autre susceptible de faire problème. C'est elle que nous allons aborder, toût en étudiant aussi ce qui sépare illocutions et locutions, mais en passant. Il est certain que Ie sens perlocutoire d' < effectuer une action > doit, de façon ou d'autre, être écarté comme n'ayant rien à voir avec le sens selon lequel une énonciation - pour peu que son émission soit la < production d'une action > est performative (par - s'y prêtent, en effet, opposition à constative). Si les circonstances un acte perlocutoire pett totrjours, ou presque, être suscité, avec ou sans préméditation, par n'importe quelle énonciation et, notamment, par une énonciation purenent et simplement constative (à supposer qu'un tel animal existe!). Vous pouvez par exemple me faire renoncer 110] (C.à *) à un acte, en me renseignant peut-être ingénument, mais néanmoins opportunément sur les -conséquences effectives de cet acte. Cela s'applique même à (C.a *), car vous pouvez me convaincre (C.a *) que cette femme est adultèrc en lui demandant si ce n'est pas son mouchoir qu'on a trouvé dans la chambre de X **, ou en affirmant

que c'est le sien. On doit donc séparer ûettement I'acte effectué (ici, une illocution) et ses conséquences. Au vrai, en général, s'il ne s'agit pas d'un acte de dire, mais d'une action ( physique D nor conventionnelle, I'affaire r.[On trouvera le

sens de ces références à la page [102].1 Que le fait de donner pur€ment et simplement àes ienseignements produise ppsque toujours des effets-ultérieurs sur I'action, cela n'est pas plus étonnant que que la production de n'importe queile âction (y compris à_-savoir llp"gry, -: l'ômissio-n d'un performatif) a constamment comÀe coniéq,rence de noius renàre, nous.et les autres, co-nscients de certains faits. Executer un acte de manière perceptible ou discernable, c'est nous donner I'occasion (à nous et aux autres aussi, ca général) À la fois de recorrnaîtr€ (c) que nous I'avons executé et (ô) de révélei bon nombre de faits déductbles de cet acte, qui ont trait à nos moiivations, à notre caractère, que rais-je encore? Si vous lanccz une tomate dans u:re réunion politique (oullurlez < Je proteste >>, lorsqubn la lance que c'est là effectuer - admis une action), la conséquence sera probablement de faire connaître aux autres que vols.désapprouvez, et de les amener à penser que vous avez certaines convicdôns politiques. Mais cela ne rendra pas le geste ou le cri wais ou faux (bien qu'ils quissent induire en ereur, et cela de votre propos délibéré). Dans la même pedpectivo, on,pcut dire que Ia production d'efiets-ultérieurs plus ou moins o.i*Ui"* n'anpêcbera pas une énonciation conglativc d'Ctre woio ou fauss€.

tr

120

tllll '

€st fort compliquée. Comme on I'a vu, on peut (ou du moins se plaît-on à le croire) classer, étape après étape, une part toujours plus grande de ce qui est inclus (ou peut l'être) dans le mot qui désigne l' < acte > lui-même t, comme étant seulement, en réalité, des consëquences de cet acte, réduit à son prétendu sens physique minimum; et cela, même si ces conséquencas sont à peu près inséparables de I'acte et naturellement prévisibles. Notre action finit alors par se réduire à un ou plusieurs mouvements effectués par I'une ou l'autre partie de notre corps fuar exemple, plier le doigt, ce qui produit un déplacement de la gâchette, ce qui produit..., ce qui produit la mort de l'âne). Il y aurait évidemment beaucoup à débattre là-dessus, mais cela n'importe guère ici. Quelques remarques en revanche s'imposent à propos de I'acte de dire : l) Le vacabulaire fournit ici une aide qu'il nous refuse d'ordinaire lorsqu'il s'agit d'actions < physiques >. Il nous arrive presque toujours, en effet, de nommer spontanément les actions physiques non err termes d'acte physique minimum, mais en termes qui incluent un Eombre plus ou moins grand, toujours extensible, de ce qu'on peut appeler les conséquences naturelles de I'acte (ou qui, d'un autre point de vue, font état de I'intention dans laquelle I'acte a été effectué). Non seulement nous n'employons alors pas la notion d'acte physique minimum (notion d'ailleurs problématique), mais nous ne disposons, semble-t-il, d'aucune classe de mots pour distinguer les actes physiques de leurs conséquences. Tandis que, quant aux actes de dire quelque chose, le vocabulaire qui les désigne (B) paraît destiné à marquer une coupure, à un point donné, entre i'acte (de dire quelque chose) et ses çonséquences, ou bon nombre d'entre elles, en tout cas conséquences

ill2]

qui ne sont pas, d'ordinaire, de I'ordre du dire**.

2) De plus,

il

semble que nous recevions quelque secours de la

Je n'approfondis pas ici la question de savoir jusqu'où Ies conséquences On trouvera I'exposé des erreurs habituellement commises en c€tte matière dans les Princtpia Ethica de Moore, par exemple. ** Notez que si nous supposons que, lonque nous disons et actes de dire n'est donc pas total : un certain rapport demeure

] In pari materia, ici, pourrait tromper. Je ne veux pas dire (comme je I'ai -méta- remarquer fait dans la note précédente) que (< remuer nion doigt >r serait physiquement le moins du monde semblable au ( déplacement dàla détente > qui

est sa consequence ou au < déplacement de la détentè par mon doigt >. Mais < un déplacement du- doigt qui actionne la détente >> est in pari materia {væ, < un déplac€ment de la détente >. Nous pourrions examiner le problème d'un autre et très important point de rte, eû disaot que le scns selon lequel dire quelque chose produit ôes effeti sur d'autres pgrsgnn-F, ou c4lss un efet, est foncièrement différeût du sens de causer, lorsqu'il

s'agit d'une causalité physique, par pression, etc, La première causfulte àoit

opérer à travers les conventiorq du langage et relève de lTnfluence qu'€xerce une p€lsonn_e sut une autre : ce qui est sans doute le sens primitif de ( c:luser )). [Voir plus bas.] En est-ce un rraiment? Nous I'avons déjà noté : la < production de sons >r est elle-même, en fait" une conséquence de I'acie physique minimum qui est conspar titué uD mouvement de I'appareil vocal. Pour nous en tenir toqiours, par eor:ci de simplicité, à l'éûonciationprlée.

.r 'tt

't.f

t22

iii.. un trait là où nous

le voulons et où cela nous alrange, c'est-à-dire

entre I'acnevement de I'acte illocutoire et toutes ses conséquences. plus important En outt., (rr) - et ceci est beaucoup - nousetdevons selon (bien que formulée) non plus haut suggérée iejeter I'idée locutoire; de 1'acte constlquence une serait illocutoire I'acte iaquett. ,t ,cln. I'idée que ce qui est impliqué par le lexique des illocutions

indique une référenÇe supplémentaire à quelques-uneJ des conséquences *; Que, par exemple, < il me pressa de"' > signifierait du locutoire qu'il a dit certains mots et, en outre, que les dire a eu (ou tendait à ,r,tl avoir) certaines conséquences (? un effet sur moi). Si nous voulions

"

'

''

(

revenir en arrière ,,, par-delà I'illocuioire, jusqu'à I'acte phonétique (A'a), nous n'atteindrions pas pour autant' i ti"u.tt la chaîne de ses conséquençes' un acte physique minimum à la façon dont on peut apparemment remonter de la mort du -lièvre jusqu'au mouvement du doigt sur la détente. La production de sons peut ëtre une conséquence physique des mouvements de I'appareil vocal, du souffie, etc'; mais la production d'un mot n'est conséquence de la production, physique ou autre' d'un son' pasla -La production de mots ayant une signification n'est pas davantage une conséquence de l'émission, physique ou autre, des mots' C'est pourquoi, même lcs actes phatiques (4.â) et rhétiques (A.c) ne soût pas ne parlons plus de conséquences physiques des conséquences (A.a). Par I'emploi du lexique de I'illocution, d'actes phonétiques nous faisons référence non aux conséquences (du moins au sens ordinaire) du locutoire, mais aux conventions des valeurs illocutoires lesquelles concernent les circonstances particulières de l'éno1-ciation. Nous reviendrons bientôt sur les sens où la réussite ou l'achèvement d'un acte illocutoire entraîne, de fait, des < conséquences D

po,,. certains motifs

ou des

't
'

i $ faut cependant tr-Peutétre

tenir compte de ce qu'on dira plus loin.l sommes-nous encore tentés d'accorder une certaine < primauté >t au locutoire et de le préférer à I'illocutoire : parce que, si nous considérons u-n acte rhétique particulier (A.c), un doute peut subsister sur Ia manière de le decrire

Jrnr-t" f.'*iqu" de I'iilocution' Après toul, pourquoi donner l'étiquette

I

à I'un,

B à I'autre? Nous pouvons être d'accord sur les mcts prononcés effectivement,

;;il;

sur le sens'dans lequel on les a employés et suf les réalitas auxquellcs ils être en dæaccoid, en revarche, sur la qucstion de gavoir s'ils équiva'

i""uài"ot,

"t

123

QUÀND DIRE, C'EST FAIR!

l5l

J'ai démontré jusqu'ici que l'on pouvait espérer isoler I'illocutoire

du perlocutoire, dans la mesure où seul ce dernier produit des conséquences, et j'ai indiqué que I'illocutoire n'est pas lui-même une conséquence du locutoire 3s. Il me faut en revanche maintenant faire remarquer que cet acte illocutoire, distinct du perlocutoire, est lié en divers sens à la production d'effets : l) Un acte illocutoire n'aura pas été effectué avec bonheur, ou avec succès, si un certain effet n'a pas été produit. Cela ne signifie pas pour autant que l'acte illocutoire soit lui-même la production d'un certain effet. Simplement on ne peut dire que j'ai averti un auditoire s'il n'a pas entendu mes paroles ou ne les a pas prises en un certain sens. Un effet doit être produit sur l'auditoire pour qu'un 16] acte illocutoire puisse être tenu pour achevé. Comment expliquer cela au mieux? Et comment préciser ce qui se passe? L'effet consiste, la plupart du temps, à provoquer la compréhension de la signification et de la valeur de la locution. L'exécution d'un acte illocutoire inclut donc I'assurance rJ'avoir été bien compris lthe securing of uptake aol.

2) Il ne faut pas confondre la façon dont I'acte illocutoire < prend effet > avec la production des conséquences (au sens d'entraîner normalement tel ou tel état de choses, c'est-à-dire un changement laient, en ces circonstances, à un commandement, ou à une menâce, ou simplement à un conseil ou à un avertissement. Mais il y a aussi ample matière à désaccord dans des cas particuliers oir il s'agit de savoir comment I'acte rhétique (A.c) pourrait être decrit dans le lexique de la locution. (Qu'a+-il voulu dire, en réalité? A quelle personne, à quel momenl, ou à quoi encore se référait-il, en fait?). Et nous pourrions souvent convenir que I'acte était, par exemple, assurément un ordre (illocutoire), sans que nous sachions encore, avec certitude, quel était cet ordre (locutoire). On peut waisemblablement supposer que I'acte est ( tenu ) de se laisser décrire comme un tlpe plus ou moîns détermîni d'illocution, au moins autant qu'il est ( tenu > de se laisser décrire comme un acte plus ou moins déterminé Ce locution (A). On peut s'attendre, pour c€ qui est du choix de la description correcte, à des difficultés touchant aux conventions et intentions, lorsqu'il s'agit de la locution aussi bien que de I'illocution. C'est ainsi qu'une ambigulté, déliberee ou non, quant à Ia signi-fication ou à la référence est peut+tre aussi fréquente qrre le fait qu'on manque à manifester < comdélibérément ou non - I'appament nos paroles doivent être prises >> (au sens-illocutoire). Au reste, tout reil des performatifs explicites (voir plus haut) sert à prévenir les desaccords dans la description des actes illocutoires. Il est plus difficile, en fait, de prévenir les désaccords qui surgissent dans la description des < actes locutoires >. Quoi qu'il en soit" les uns et les autres sont conventioûnels et peuvent avoir besoin de l' < interprétation > d'uo juge.

124

lm.IvrÈ-l'lB coNFfu'ENC8 des événements)' Aiosi' < Je baptise ce bateau dans le cours habituel ou de baptiser ntitobeth >> tseulemeût pour effet de nommer

lîrirc ;;;;;; ; ;'ifrrirt

le Généra' çertains actes ensuiie - comme de I'appeler avenus' non et nuls Staline seraient alors par ?\ Nous avoûs dit que nombre d'actes illocutoires suscitaient D ( unilatérale être .ép";te D ou unc suite qui peut part argumenter' d'une "";'d;;;;;;î >. C'est ainsi qu'on distingue

demander de"' etc'' et' d'autre "î.,-uilr,e."re commander, promettre' sugg;r€r, ( oui ou non D' si la dem-ander si, ;;i, ;C;;;;Jmag9.r en ceuvre' il faut de la part de est donnée, ou sr la suite est mise c'est ou de quelqu'un d'autre'- un deuxième acte' Et

;il;;Ële de aes diuats sur les conséquences du langage file ;;;;;"";;tn de initial mouvement le dans inclus peut être acte ne second ;;;. I'action' iiii"eruf, pourtant' nous. pouvons igujgurs {tt,,* l:],î "T::: I'aition' De là que le second n..ï ;;;;"!tJ a;"t mot indiquant ,:--. -.. être' A+-^ ou aurai€nt pu ;;;. p;;;ttie attribué; et si dei paroles sont' Nous donç devons utilisées, l'acte en

;;,*t;;r - J'ai

qu"'iioo est perlocutoire' il a obéi > de < Je I'ai fait obéir >' Cette

ordonné et

;;;î-f"t.ule

implique que d'autres moyens' supplémenlaires'

rr,?r;;ï;e;;i:i!::a'l-i:::::::îiïff"::::"ff :i,:XiT'iiff 9,ÏÏt:::"; tr"t,;;;"*";; *cÀ. trtequemment) influence. personneile

Très souveot méme intervient un acte illocutoire ( le lui ai fait faire en affirdistinct du simple commandement : Je mant "'ii", x. )a""c trois m.anières dont les actes illocutoires sont liés à " : trols manleres distinctes de la production d'effets telle des effets ou'elle caractérise I'acte perlocutoire'

;;;;';;;;t"inte.

"ï;;?;;-airttoguerles actes qui ont un objectif perlocuroire des r.""""lr.rr. persuader),.rde ceux qui, simplement, entraînent dire < J'ai essavé de pouYons-ûous ni'i;i ::ïrï;i;;"i.i.*. perlo''avertir' qu'à l'tfiiaytt >' Ce qui constitue I'objectif ;;;;;étssi : perlocutoire autre d'un J'une illocution peui être la suite ;il quelqu'un) (alerter par exemple' il;ËJ !..to"utoit, d'avertir' d'effraver quelqu'un' Et Ëil;;; i^ t"i* de.l'acte perùcutoire suite d'une quelqu'un peut être la Ëoror", faire changer de propoi à < Ne le rais pas >' certains q-u. t'otje"tir uise iu'

;ii;;;;t*;i'iot ""i.t

"n p*f.l*toires ont tËujours dei suites plutôt que des objectifs 125

:

NEunh[E coxrÉnrNce

QUAI{D DIRq C'[sT F^IRE ce sont ceux qui ne disposeot pas d'une formule illocutoire

lt. Ainsi

je puis vous étonner, ou vous bouleverser ou vous humilier par

une

locution bien que les formules illocutoires < Je vous bouleverse en... )), . Pour I'acte perlocutoire, nous avons introduit une distinction assez vague entre atteindre un objectif et produire des suites. Les actes illocutôires sont .conventionnels; les actes perlocutoires ne le sont pas. Des actes des deux types oû, plus précisément, des actes désignés par le même mot (par -exemple des actes équivalant à l'acte illocutoire d'avertir, ou à I'acte perlocutoire de peuvent être exécutés sans qu'on use de paroles; mais convaincre) même alors, I'acte (l'avertissement, par exemple) doit être un acte [21] non verbal conventionnel pour mériter d'être appelé illocutoire; et, en revanche, les actes perlocutoires ne sont pas conventionnels, bien qu'on puisse les susciter par des actes qui le sont. Un juge deyrait pouvoir decider, en entendant ce qui a été dit, quels actes I

locutoires et illocutoires ont été exécutés; mais non quels a'ctes perlocutoires. Enfn, nous avons vu qu'il existe toute une série d'autres questions qui touchent à , ou à 129

DxÈMB coNFÉRENcE

QUAND DINE, C,EST FAIRB

( ce que nous faisons en disart quelque chose ); et c€s questions, affirmions-nous, soût sans doute très différentes (ou du moins paraissent-elles l'être intuitivement) de celles que nous avons évoquées : il s'agit là de problèmes que nous n'avons pas I'intention d'aborder. On peut, par exemple, user du langage poui insiuuer (ou pour tout autre usage nor littéml), pour plaisanter (ou pour tout autre usage considéré cÆmme non sérieux), pour jurer et se faire valoir (qui sont peut-être des usages expressifs du langage); et nous pouvors déclarer : f insinuais, j'exprimais mes sentiments, etc.). Il aous reste à faire quelques remarques sur les formules suivantes : < Ez disant x, je faisais / >, ou < j'ai fait y >, >,

en inten-

tion ou en fait qui constitue I'acte de dire ceci ou cela-comme un - genre, acte d'un certain et qui peut être désigné d'un nom différent. L'exemple illocutoire : et où I rend compte de B (ou inversement); et il diffère aussi des exemples locutoires, caq l'acte n'est pas essentiellement constitué par I'intention ou le fait, mais par la convention (qui est, bien str, un fait). Ce sont ccs caractéristiques qui nous aident le mieux à repérer les actes illoest proche de ce dernier exemple ;

cutoires *. Par ailleurs, lorsque la formule < en disant > est employée avec des verbes perlocutoires, elle a le sens de < à mesure que... > (a l);

]

mais elle rend compte de .8, alors qu'avec le verbe locutoire, elle rend compte de A. Le cas perlocutoire se distingue donc ici ct du locutoire et de l'illocutoire. Nous pouvons noter que la question < Comment se fait-il? > ne porte pas seulement sur les moyens et les fins. C'est ainsi que dans I'exemple : , et qui n'a pas trait aux fins et aux moyens, Ou encore, dans > n'est pas limitée aux ll y a un emploi locutoire (par le fait de dire..., je voulais dire...), un emploi illocutoire (par le fait de dire..., je I'avertissais...), et une série d'emplois divers(par le fait de dire...,je mesuis mis dans mon tort). [æs emplois de . Mais ( par D tr'est pas employé en ce sens, avec les verbes perlocutoires. Dans < Par le fait de dire..., je I'ai ætrvaincu (persuadé) >, ( par > aura le sens d'un moyen employé en vue d'une fin ou, du moins, définira la manière ou la méthode utilisée. La formule ( par > est-elle jamais employée en çe sens de moyen en vue d'une fin, avec un verbe illocutoire? Il semble qu'elle le soit au moins dans deux sortes de cas : a) Lorsque nous omployotrs un moyen verbal pour faire une chose, au lieu d'un moyen non verbal; lorsque nous parlons, au lieu d'employer un bâton. Ainsi dans I'exemple < Par le fait de dire Oni [ie prends cette femme], je me mariais avec elle >, le performatif est employé en un sens qui implique des guillemets et il utilise des mots ou du langage : il s'agit donc d'un acte phatique et non pas rhétique. Dans (a), le terme

>>

ô) Lorsqu'une énonciation performative est employée comme

Mais suppotons, qu'il s'agisse d'un charlatan. Nous pouvons dire : fl y a convcntioo ici, tout comme dans le cas d'un avertissement. ce serâit alors à un juæ de tranchcr.

moyen indirect pour effectuer un autre acte. Ainsi, dans I'exemple comme moyen de renseigner mon partenaire indirectement (ce qui est aussi un acte illocutoire). En résumé : pour employer la formule < par Ie fait de dire D comme test de I'acte perlocutoire, il faut d'abord être str : l) que < par ) est employé en un sens instrumental et non comme critère; r0l 2) que < dire > est employé

a) au plein sens de I'acte locutoire; qu'il n,est utilisé ni au sens partiel d'un acte phatique, par exemple; à) ni dans une convention bilatérale, comme dans I'exemple du bridge. Il existe encore deux tests linguistiques subsidiaires qui permettent

de distinguer l'acte illocutoire de I'acte perlocutoire

l) Il semble

:

qu'avec les verbes illocutoires, nous puissions souv€nt déclarer < Dire x, c'était faire .y >. On ne peut déclarer : < Taper sur le clou avec un marteau, c'était enfoncer le clou > au lieu de < par le fait de taper sur le clou avec un marteau, il enfonça le clou >. Mais cette formule ne nous fournit pas un test décisif, car nous pouvons nous en servir en bien des occasions; ainsi nous pouvons déclarer < Dire cela, c'était le convaincre > (ernploi proleptique?), bien que convaincre soit un perlocutoire. 2) Les verbes que nous avons classés (de façon intuitive, mais qu'avons-nous fait d'autre jusqu'ici?) comme désignant des actes illocutoires, ressemblent passablement à des perforiwtifs explicites; nous pouvons, en effet, utiliser > et < Je vous commande de... > comme performatifs explicites. Or avertir et com_ mander sont bien des actes illocutoires. Nous pouvons employer le perlormatif < Je vous avertis que... D, mais non pas < Je vàrrs convaincs que.,.

et méritent une étude minu_ tieuse, tout autant que le notoire ( comment >, par exemple, de plus en plus à la mode aujourd'hui. 136

Mais quel est donc le rapport entre les performatifs et les actes illocutoires? Il semble que lorsque nous avons un performatif explicite, nous ayons aussi un acte illocutoire. Il faut donc voir quelle relation existe entre : l) les distinctions que nous avons établies dans les premières conférences à propos des performatifs, et 2) les différentes catégories de l'acte que trous avons depuis distinguées.

Onzième conférence

En opposant, au départ, énonciation performative et énonciation constative, nous avons avancé ceci

'

:

1) l'énonciation performative doit effectuer quelque chose, et tron pas simplement dire quelque chose; 2) elle est heureuse ou malheureuse, au lieu de vraie ou fausse. Ces distinctions étaient-elles vraiment fondées? La discussion qui a suivi, sur le faire et le dire, paraît bien nous inviter à la conclusion suivante : chaque fois que je < dis > quelque chose (sauf peut-être s'it s'agit d'une simple exclamation cûmme ('( Sacrebleu ! > ou < Aîe ! >), j'effectue à la fois un acte locutoire et un acte illocutoire; et ces deux iypes distincts d'actes semblent être précisément ce sur quoi nous à travers le < faire cherchions à nous appuyer pour opposer constatifs. Mais si, en général, nous performatifs ct > < dire et le eflectuons les deux types d'actes à la fois, comment maintenir la >>

distinction? Revenons encore une fois sur I'opposition, du point de vue d'abord dcs énonciations constatives. En ce qui les concerne, rrous nous étions contentés d'étudier les < afrrmations r>, les tenant pour le cas typique, ou le paradigme. Lorsque, donc, nous formulons une affirmation, serait-il juste de considérer que 1) nous effectuoss (au même titre que nous disons simplement) quelquecbose,etquelque chose qui est, de cesimple dire,distinct, et 1331 2) notre énonciation est susceptible d'être heureuse ou malheureuse (au même titre, si vous voulez, qu'elle peut être vraie ou fausse)?

l)

do@er

un acte illocupas ellectuer aecurJ. ôe Ce n'est certes ou gl.glgplgrg-*3*{gtg:S.{' lie ou'avertir,;--empG, '-îiertorml"nacte physique -tg!t9-g$lg4$'!cJ que part I'exécution physlque particulier, particulier, mis à le fait acte erformlun lp implique, lorsque I'affirmation est verbale, certains mouvements Sans nul

n'esîËiôîâîêFffi*

de I'appareil vocal; mais il en va de même, nous I'avons 1'tt' pour avertir, protester, promettre, nommer. > semble ainsi 139

QUAND DIRE, C,PST FAIRE

répondre à tous les critères dont nous disposions pour reconnaître

I'acte illocutoire. considérez une observâtion aussi inattaquable que celle-ci

:

En disant qu'il pleuvaiç ie ne pariais, ni ne démontrais, ni n,avertissais : j'affirmais simplement un fait.' < Affirmer > ici se situe absolument sur le même plan que prouver, parier et avertir. Ou encore :

En disant que ceta condu.isait au chômage, ie n'avertissais ni ne protestais : j'affirmais tout simplement un fâit.

Et pour utiliser un autre genre de test, déjà employé, il est évident

que

est exactement sur le même plan que Je démontre qu'il ne I'a pas fait, Je suggère qu'il ne I'a pas fait, Je parie qu'il ne I'a pas fait, etc.

Que si je m'en tiens à la forme primaire ou non expricite de l'énon-

ciation Il

il

fait >r : il ne s'agit pas là d'une affirmation autre au sujet de ce que < moi > .i'affirme (sauf dans des cas exceptionnels, tels que le présent historique, ou d' , etc.). Il en va de même dans le cas suivant, connu de tous : si je me contente de dire < Je pense qu'il I'a fait >, il serait impoli de me répondre < Voilà une affirmation à propos de vous-même > : il est fort possible, en effet, qu'il s'agisse de moi; mais pas pour autant qu'il est question d'une affirmation {?, Il n'y a donc pas nécessairement conflit entre a) le fait que, en produisant l'énonciation, nous effectuions quelque pas

chose,

à) le fait que l'énonciation soit vraie ou

fausse.

sur I'exemple < Je vous avertis qu'il va >, foncer où il s'agit à la fois d'un avertissement et du fait ll35l - vrai Réfléchissez d'ailleurs

J'affirme qu'il ne I'a pas fait

341

oNzûMe coNrÉnsNcr

:

ne I'a pas

fait,

demeure ençore possible d'expliciter ce que nous faisions en décla-

rant cela, ou de spécifier la valeur illocutoire de l'énonciation, également par I'une ou l'autre des trois démarches (il y en a davantage)

mentionnées plus haut.

De plus, bien que l'énonciation soit souvent prononcée comme une affrmation, et qu'elle soit alors sans allcun doute vraie ou fausse (si quelque chose de wai existe, c,est bien ceci !), il ne semble pas qu'on puisse dire qu'elle est différente, du moins à cet égard, de >, nous examinons U veritg de son affirmation de la même façon que nous le ferions s'il avait dit simpli_ ,,i!u!-.n Il ne I'a pas fait >, et si nous tenions ses paroles, conune d'aiileurs nous le faisons Ie plus souvent, spontanément, pour une afirmation. En disant , nous formulous donc exactement ra même afrrmation qu'en disant (et en disant ceci, je soutiens gue), ( Je vous informe que >, ( J'atteste que D, etc. Un jour peut-être pourra-t-on établir des différences < essentielles )) entre ces verbes : mais aucune tentative n'a ercore été faite à ce sujet. 2) Il y a plus : si nous nous arrêtons à la seconde des oppositions présumées (à savoir : les performatifs sont heureux ou malheureux, et les affirmations, vraies ou fausses), nous remarquons à nouveau que, pour ce qui est des soi-disant constatifs (les affirmations, notamment), les affirmations sont sujettes à tous les types d'échecs qui peuvent'frapper les performatifs. Car jetons encore un regard eln arrière, et demaàdôns-nous si les affirmations ne sont pas exposées exact€ment aux mêmes accidents que, par exemple, les avertissements; accidents que nous avons appelés et qui rendent une énonciation malheureuse, sans pourtant la rendre vraie ou fausse, Nous avons déjà relevé en quel sens particulier dire ou affirmer Iaisse entendre que je crois le chat sur le paillasson. C'est dans un sens parallèle .- dans le même sens, que < Je promets d'être 1à n laisse entendre que j'ai I'intenen fait - là et crois pouvoir y être. L'afrrmation est donc sujette au tion d'être type d'échecqu'on a appelél'insincérité;etmême à celui qu'on appelle 1136l l'infractror, cardire ou affirmerque le chat est surle paillasson m,oblige

t4l

QUÀND DIRE,

C'Er

oNzritl,G

FÀIR8

qui serait inconcevable n'Adressez-vous parfois non un ordre - ce demande pressante, ainsi une impoliment assez c€la et plutôt, mais ( vous aventrfez-vous à deviner D en ce moment, et cela, assez bizarpourriez, rement.,.). u s'agit dans cet exemple d'une chose gue vous qu'en est-il mais d'affirmer; en mesure être ,n d'auti"t circonstances, ou personnes, d'autres aux sentiments trait ayaot des affirmations comportement sur le prédiction une prévision même ou une au futur? d'autrui, par exemple, est-elle réellement une affirmation? Il importe d'envisager la situation de discours comme un tout' De même que, parfois, nous ne pouvons effectuer une nomination, mais seulement ratifier une nomination qui a déjà eu lieu, de même nous est-il parfois impossible d'affilmer, et pouvons-nous seulement confirmer une affirmation déjà formulée. Les affirmations putatives sont, également, sujettes aux échecs du type B : défectuosités et accrocs. Quelqu'un < dit uue chose qu'il ne u*t"lt pas dire en fait > (e mploie un mot e rroné) : il dit < le chat est

à dire ou à afrrmer < Le paillasson est sous le chat )), tout autaÂt que le performatif ( Je définis X comme I > (par unfot) me contraint d'employer ensuite ces termes d'une manière précise; et I'ou voit comment tout cela est en rapport avec des actes tels que la promesse. C'est dire que les afrrmations peuvent doaner lieu aux deux types d'échecs

I.

Qu'en est-il à présent des échecs de l'espèce A et B, qui rendent I'acte (avertir, eotreprendre, etc,) nul et non aveau? Une chose qui a I'air d'une affirmation peut-elle être nulle et non avenue, tout comme un contrat putatif? La réponse semble être : oui, et c'est important. Les premiers cas sont A.l et A.2 : ou bien il n'existe aucune convention (du moins reconnue), ou bien, les circonstances ne sont pas celles qui permettraient à celui qui parle d'invoquer la convention. Or beaucoup d'échecs de ce genre, précisément, atteignent les affirma-

tions. Nous avons déjà noté que I'affirmation putativeprésuppose (comme on dit) I'existence de ce à quoi elle se réfère : si ce référent n'existe

371

pas, I'affi.rmation n'a trait à rien. Or d'aucuns prétendent qu'en pareil cas quelqu'un affirme que I'actuel roi de - si, par exemple, (ce qui sieaifie que vous n'êtes pas en position de le faire), de même arrive-t-il fréquemment que vous ne puissiez affirmer certaines choses n'ayez pas le droit d'afrrmer que vous ne -, soyez pas en position de le faire. Vous nepoarez pas affi:mer, présentement, combien il y a de personnes dans !a chambre voisine; si vous dites < Il y a cinquante personnes dans la chambre voisine >, je puis seulement considérer que vous le devinez ou le supposez; (ainsi

t42

CONFÉRSNC8

'

n >r. D'autres bévues sur le pàiltasson > quand il voulait dire < le rat * encore qu'il sans doute de ce genre peuYent se produire, bénignes de tels énoncés discuter peut' en effet, on : ne faille pas trop s'y ûer

de sens et de - c'est-à-dire et finir ainsi par n'y plus voir clair, alors qu'il n'y réféience -, avait aucuûe di.fficulté, réellement, de compréhension". Dès qu'on a saisi que I'objet à étudier, ce z'est pas la phrase mais la production d'une énonciation dans la situation de discours, on ne p"ut plot guère manquer de remarquer ceci : affirmer, ç'est exécuter à ce que lperforml un acte. De plus, si nous comparons l'affirmation comme que' elle dit de I'acte illocutoire, il apparaît Pour ooul "uoot qu'elle ou ( mal venus >; il convient enfin de voir quels sont les termes employés I 146] pour les approuver ou pour manifesteison désaccord, et queile est i' I tu signification de ces termes. Ir s'agit là d'un champ très vaste; le { parcourir ne nous permettra sûrement pas d'en arriver à une distinci tion simple entre et < faux >, ni à distinguer les affirmations des autres énonciations. L'affirmation, en effet, n'est qu'un acte de discours, parmi ceux, en très grand nombre, qui appartiennent à la classe des iliocutions. _,q13*Iiry.11,g1l!e

De plus, I'acte locutoire n'est en général qu'une abstraction, comme I'acte illocutoire : tout acte de discours authentique comprend les deux éléments à la fois. (Cela nous rappelle les actes phatiques, rhétiques, etc., qui sont aussi de pures abstractions.) Mais si nous distinguons différents ( actes > abstraits, c'est évidemment à partir des accidents qui peuvent se produire < de la coupe aux lèvres > : c'est-à-dire, ici, à partir des différents types de non-sens qui peuvent surgir dans I'exécution de ces actes. On peut faire un rapprochement sur ce point avec ce que nous disions, dans la première conférence, de la classification des types de non-sens.

Douzième conférence

l47l

Plusieurs de nos analyses sont demeurées en suspens. Il ne nous faut pas moins, après un bref résumé, poursuirte notre route. Comment la distinction < constatiÊp-erformalif > nous est-elle.qp*p-arue'

fif

lumiëreîËËtre-àË;ièreihéorie?Dîne-mà-nièie-eénêral{-ët

pour toutes les énonciations considérées (sauf peut-être les jurons),

nous aYons mis au jour : 1) la dimension bonheur/malheur, l. a) une valeur illocutoire, 2) la dimension vérité/fausseté, 2. a) une signification (sens et référence) locutoire. La théorie qui institue une distinction entre performatifs et constatifs entretient avec la théorie qui institue, à lintérieur de I'acte de discours intégral, une distinction entre actes locutoires et illocutoires,

le rapport diune théorie particulière vis-à-vis d'une théorie géné' rale. Et le besoin de la théorie générale s'impose ici du simple fait que 1' > traditionnelle constitue une abstraction, un iàéal, et qu'il èn va de même pour sa traditionnelle vérité ou faussetéSur ce pôint je n'ai pu toutefois que faire partir quelques feux d'artifices prometteurs. Il y a sans doute plusieurs moralités à tirer de tout celaetjevoudrais plus particulièrement en signaler quelques-unes : A) L'acte de discours intégral, dans la situation intégrale de discours, est en fin de compte le seul phénomène que nous cherchons de fait à élucider.

,

I

i) Afrr.rr, décrire, etc. ze.sont que deux termes parmi beaucoup tes âétes iuoCuioiies; ils ne jouissent d'aucuae. d'a;iËtÏû?-effiAt [148] position Privilégiée.

C) Ils n'occupent en particulier aucuue position privilégiée quant à la relation aux f{ts - et qui seule permettrait de dire qu'il s'agit du vrai ou du faux. Vérité ou fausseté, en effet (sauf si nous

l5l

I

'

nouzrhc

QUÀND DIRq C'EST FÀIRB

doit être abandonnée au prolt de fanilles plus générales d'actcs de discours, [és entre eux et se recouwant les uns les autres. Cc sont précisément qu'il nous faut maintenant tcntsr de classcr. 'èèsSiactes nous employons (avec précaution) lc te-*:_très simple de la première personne du singulier dc I'indicatif présent, voix active, et si iious parcourons le dictionnaire (un < p,etit D dictionnairc dcwait suffire) dans un esprit très large, nous obtenons une liste de verbe;f de I'oidre de l0 puissance 3 *l J'ai dit-qiË'j'6ilË-Ë-A; pîÉiëilî.t d'abord une classilication générale, et que je formulerais quelques remarques sur les classes ainsi proposées. Eh bien, donc, allons-y!

avons recours à une abstraction artificielle, toujours possible et même

légitime à certaines fins), sont des mots qui désignent non pas des relations, des qualités (que sais-je encore?),.mais une dimension d'appreciation : à savoir comment, de quelle façon plus ou moins îâiiifaisante, les mots rendent compte des faits, événements, situations, etc., auxquels ils renvoient. D) Du même coup, il nous faut éliminer, au même titre que tant d'autres dichotomies, la distinction habituellement établie entre le < normatif ou l'appréciatif > et le factuel. E) Nous pouvons aisément prévoir què la théorie de la >, dans la mesure où elle recouws le < sens > et la < référence n, devra être épurée et reformulée, à partir de la distinction entre actes locutoires ei illocutoires (si cette distinction est fondée: elle n'a été qu'esquissée jusqu'ici). J'admets ne pas avoir suffisamment apporté sur ce point : je m'en suis tenu au bon vieux < sens et référence >,

tel qu'il a habituellemeut cours. Je voudrais faire remarque r aussi que j'ai omis de considérer explicitement la valeur illocutoire des < affirmations >.

Nous avons dit qu'il restait encore uoe autre tâche, et qui serait i de longue haleine. \ggsjrrqps avancé, il y a longtemps déjà, qu'il j nous fallait établir(uqc liste je ;

-t

mais à la lumière dfr-îËffiie plus générale' trous voyons mainte- ' c'est une listè des valeurs îllocutoires de 'l- nant que c€ qu'il nous faut, l'énontiation. Toutefois I'ancienne disiinction entre performatifs -,i irima;Aes et expliciles se maintiendra malgré le passage radical des fsea-changel de la distinction performatif/ constatif à la théorie actes de discours. Il nous est, en effet, apparu légitime de supposer que les types de tests suggérés pour les verbes performatifs explicites 3 Dire..., c'est... >>, etc.) nous permettraient aussi, et même mieux, de discerner parmi les verbes ceux qui e4llliçi!çal (comme nous dirons r t dorénavant) la valeur illocutoire -d'unË6ôiôiation, ou la nature produisons lperforml en formulant cette T illocutoire à" ,fâaè-q* nous I eoo*àti-on.-be qui,"Cn"fevânëËè, ne résistera pas av déplacement. f*rTËÉetre en tant que çrs limite et marginal - et ce n'est guèrè étonnant puisqu'il s'agit d'un point qui nous a donné du mal dès le début), c'est la notion de pureté des performatifs. Cette notion était essentiellement fondée sur notre croyancê en la dichotomie

performatif/constatif, dichotomie qui, nous le voyons

ts2

à

présent,

coNFÉRglrca

ll50l Je ne vous ferai faire qu'un tout rapide du sujet, ou plutôt je vous y ' ferai patauger un Peu... Je distingue cinq classes plus générales, mais je suis loin d'être aussi content des unes que des autres. Elles permettent cependant de mettre en pièces deux fétiches (que je suis assez enclin, je I'avoue, à maltraiter...), à savoir : l) le fétiche vérité-faussetê, et2) le fétiche valeur-fait lvalue-factl. Quand je voudrai parler de ces cinq classes établies en fonction de leur valeur illocutoire d'énonciations je leur donnerai- les noms suivants, plus ou moins rébarbatifs : -, l) Verdictifs 2) Exercitifs

3) Promissifs

4) Comportatifs (un drôle de numéro, celuiJà!) 5) Expositifs. Nous les étudierons dans cet ordre, mais je voudrais d'abord vous en donuer une idée succincte. La première classe, celle des vjI&Lifs, est caractérisée par le fait

qu'un-verdict est rendu (comme le nom I'indique) par un jury, un arbitre ou rin juge. tln'Cst+asa-ecegebigg_lggJglglg$s soientcêté- {;'1i".ê ils peuvent constituer, par exemple, une estimati,o-n -lme -æ$guqsJ ou une @Egn, lpPllFjdno. X s'agit essentiellement de se prononcer sur ce qu'on découvre à propos d'un fait ou d'une valeur, mais dont, pour différentes raisons, on peut diffcilement être str.

t

Pourquoi cctte formule au [eu de 1.000? D'abord parcc qu'elle a un petit air solennel et scientifique; ensuite, parce qu'elle couvre I'intcrvalle de 1,000 à 9.999 (une bonne marge)

alon que I'autre formule pourrait etr€ irterprétéc dens la

marce trop étroitc de < 1.000 cnviron >.

153

QUÂND DIRE, C'EST TÀIRB

il

la

deuxième classe, celle

a"q@;

renvoie à

oouaÈrrs I'exercice*d,e,_

39uJgirs,-d9-Cg.qi$' oll4iisfluç!ç-e.s, A titre d'exemple : effectuer une noiniiiiliôi, voter, c-o-tslqander, exhorter, conSèiller, avertir, etc. :; I-a troisième classe, celle des.ffiEs,r est caractérisée par le ;'fait que I'on promet, ou que l'ôl-piéDd en charge quelque chose. il] Ces énonciations nous engogen à une action, mais elles comportent aussi deg_@qlerQtiens ou manifestations d'intent!o,q__s, qui ne sont pas proprement des pioùesses, â-iiisi que'dér gttÏlusgg$qe.z vagues. qu'on pourrait appeler des (le felt d. se rangrr du côté de qg9tqq.l!n, par exe.mple). Il est clair que èife classe entretient des rppports avec celles des verdictifs et des exercitifs. h jIa quatrième classe, celle deslglqg]8.4$tonstitue un groupe irès disparate, qui a trait aux altjludes e! \11-çomplft9.ilillt ia_Ctg!. Exemples : les excuses, les félicitations, les recommandations, les

jurons, défis. -condoléances, Ia cinquième classe, celle 4

deslg4rittift est difficile à définir. Les verbes y ma.nifestent ayec clarté c.omment ils s'insèrent dans le déroulement dJ I'argumentation ou de la conversation, dans quel séns les mots sont employés : nous pouvons dire qu'en générai ils !gle*!€-qÉJ.çpp"qpé. Voici quelques exemples : < Je réponds >, \ ,< Je démontre >>, ( Je concède >, < J'illustre r>, , ll. I1 faut être bien conscient au départ que de nombreux cas, marginaux, ou embarrassants, ou se recouvrant les uns les autres, pourront toujours se présenter. Les deux dernières claqp-e-s qon!, à mo,q qenq, les php-9m!an$111!.9s; il se peut fort bien qu'elles ne soient pas claires ou qu;éfès iè recôù1xJilt, et qu'il faille même procéder à une classification tout à fait nouvelle. Je n'avance rien ici qui soit le moins du monde définitif. Iæs compp-r: -tatifs,gont agaçants parce qu'ils paraissent décidément trof riiifâiaiès; éç pg$llift, parce qu'ils sont extrêmement nombreux et importauts, qu'ili semblent tout à la fois inclus dans les autres classes et uniques -Ed que je n'ai pas encore réussi à m'expliquer en leur genre - ambiguité moi-même. On pourrait aussi bien dire que tous les aspects à la fois figurent dans chacune de mes classes...

'

coNrÉnnNcn

[152]

I. vERDlcrrs acquitter soutenir (en vertu de la

loi)

condaflrner

prononcer (comme un fait)

interpréter comme

comprendre

lire que

décréter que

calculer

supputer placer

estimer

fixer

évaluer

dater faire que

mesurer tenir que

classer

ranger

coter

établir

apprécier

caractériser

ùià-ôo.tique.

décrire analyser

On trouve encore des exemples dans les jtCçfnpqls ou ap1l-d-ç_ia: tions sur le caractère d'autrui; ainsi loÈqu6n dii : < Je pourrais le qualifièr de diligent.

Lp cielle

>

"ysl{igll|g rgg1",,É1*1*9S._c,g..qui .4,,ilp pro.nongÉ ou non), à partir d.gtéino,igliaC-e_C-su-d-c_*fais-ens,

Gar voie offiau sujet d'une

valeur ou d'un fait (pour autant qu'on puisse'vraiment distinguer valeur et fait). L'acte verdictif.e_s*tj3.{'Stg,fç, et par là distinct dell I'acte législatif ou de I'acte exécutif, qùi sont tous deux exèîCitifs. i:

Mu|,o".iu;os

a-gtg.9-judiciair,.eg,

pris dani un sens plus targe 1fii-aont,

paî'exemple, le fait de jùges plutôt que de jurys),

se

trouvent être

en réalité des exerçitifs. Les verdictifs entretiennent évidemment des iapports-âièc la vérité ou la fausseté, dans la mesure où ils peuvent être bien ou mal fondés, corrects ou incorrects. Que le contenu d'un verdict soit vrai ou faux, cela apparaît, par exemple, dans une dispute autour d'un arbitre qui annonce : < Éliminé! >, , ou >

62.

ll53l Comparaison avec les exercîtifs En tant qu'actes officiels, les décisions d'un juge font loi; celles d'un jùry font d'un simple accusé un criminel déclaré; celles d'un arbitre font que le batteur est éliminé, le lancer fautif, ou la balle

154

155

QUAND DIRB, C'EST FAIRE

nulle. Ces"Cécislgns sont fondées suf uae positiSq offiCielle :

NOUZÈfi

il

reste

néanmoins qu'elles peuvent être tenues pour correctei ou incorrectes, justes ou injustes, faites à tort ou à raison, selon le témoignage. Il ne s'agit pas d'une décision pour ou contre. L'acte judiciaire est exé-

cutif, si vous voulez; mais nous devons distinguer l'énonciation

exécutive < Cela vous reviendra > du verdict < Cela vous appartient >, comme nous devons distinguer entre l'évaluation des dommages et I'attribution des indemnités.

COT.TFÉruNCB

clarification de I'exposé. Il faut distinguer ( Je vous déclare éliminé > ïtipressiôn < J'appelle cela éliminé > : dans Ie premier cas, il s'agit d'un auquel on a donnë une expression verbare (ainsi 'erdict lorsqu'on dit : < Je décrirais cela comme une lâcheté >); dans Ie second cas, il s'agit d'un verdict quant à I'emploi des mots (< Je décrirais cela comme une lâcheté >).

---de

II.

EXËRCITTFS

Comparaison avec les promissifs

Les verdicts, de par la loi, entraînent un effet sur nous et sur les autres. Le fait de rendre un verdict ou d'effectuer une estimation nous engage à une cerlq_ine çon!_uige par la suite"\,comme n'importe quel acte de discoùîlJi p.ui-etiè mêàe plus quiuo uutr., u;;;;; quant aux exigences de la cohérence; après tout, nous savons sans doute à quoi nous serons tenus. C'est ainsi que le fait de rendre un verdict nous engagera (nous disons plutôt : nous engage) à attribuer une indemnité, Une interprétation des faits peut nous engager ellemême à formuler tel verdict ou teUe estimation. Rendre un verdict peut également équivaloir à prendre parti : nous pouvons être par là engagés à approuver quelqu'un, à le défendre, etc. Comparaison ovee les comportatifs

",{fl.içttqt quelqu'un peut impliquer'un verdict touchant la valeur ou le caractère de la personne. De même < blâmer D est un verdictif, si on I'entend au sens de < tenir pour responsable >; mais en un autre sens, c'est âdopter une attitude envers quelqu'un; et c,est donc un

comportatif.

Comparaison ovee les exposîtifs

Lorsque je dis < J'interprète >>, , < ont le droit > ou < n'ont pas le droit >> d'eflectuer certains actes. La classe des exercitifs est très vaste. En voici quelques exemples :

désigner

dég ader (casser)

renvoyer

excommunier commander donner une amende voter pour revendiquer

11551 .ordonner condamner saisû (les biens) choisir Iéguer

pardonner

avertir

consgrle1 )r'ii./'ti. :':,

P_Ilql

s9q,9i!9-{

exhorter proclamer

presser de

contremander promulguer dédier

l

,t

.'

annoncer rnnuJer

réduire

à un

accorder fai.re une nomination donner démissionner plaider supplier recommander casser

révoquer

surseoir déclarer clos

156 157

grade

inférieur noûlmer diriger

empêcher

déclarer ouvert

QUAND DIRE, C'EST FÀIRE

DOUZIh{B coNFÉ.RENcE

Comparaisan avec leô verdicti/s

ru.

que D, (

PROItrSSIFS

< Je soutiens J'interprète D, etc., peuvent être des actes exercitifs, s'ils sont officiels. De plus, , ou < Je désavoue >>, toute la visée de mon acte est de m'engager personnellement à une certaine conduite. Le rapport entre un exercitil et I'engagement de soi est aussi étroit que celui qui existe entre la, signification et I'implication. Il est évident qu'une dé5ignation [à une fonction], une nomination nous soumettent à une obligation; mais i nous préférons dire que ces actes nous confèrent des pouvoirs, des droits, des titres, etc., ou qu'ils les modifient ou les annulent.

I

Comparaîson avec les comportatifs

Certains exercitifs (< Je défie )), (( Je proteste >,

ont à peu près valeur d'expositifs. Voici quelques situations typiques de I'emploi des exercitifs : l) accepter ure charge ou une nomination, poser sa candidature ou déposer son vote, signifier une admission, uûe démission, un renvoi, une sollicitation, 2) conseiiler, exhorter, et faire une pétition, 3) habiliter, ordomer, prononcer une sentence, et annuler, 4) diriger une assemblée, et assurer la bonne marche des afaires, 5) traiter de droits, de réclamations, d'accusations, etc. 158

promettre entreprendre être decidé à se proposer de

convenir de

lier avoir I'intention se

contracter donner sa parole

declarer son intention

projeter se dire prêt à

prér'oir

envisager de

s'engager

jurer de

garantir faire væu

se vouer

parier

se dire d'accord

prendre fait et cause pour

consentir se ranger du côté de embrasser (une cause)

opposer

favoriser

[157] avoir le propos de

se

consacrer à

adopter épouser la cause

se déclarer en faveur

avoir le dessein

Déclarer son intention n'est pas entreprendre, et I'on peut se demander si ces deux actes appartieDnent à la même classe. De même que nous faisons une distinction entre exhorter et ordonner, de même devons-nous distinguer entre avoir I'intention et promettre. Ces actes peuvent..çgr*egdant être exprimés tous deux par le { ;Jffi}, : ainsi usons-nous des tocutions I -qeliqrpllrJp-rjtl?[e--: < ferai probablement D,tcÈrâ'i- de mon mieux pour >, < ferai sans f doute > et ( promets de faire probablement >. On peut remarquer qu'il y a qqXi gl$e_qen:!_l:ç.rs les . A la limite, je puis me contenter d'affirmer que j'ai une certaine intention; mais il se peut aussi que je déclare, explicite, ou annonce cette intention, ou détermination. Sans nul doute < Je déclare mon intention > m'engage vraiment; et dire < J'ai l'intention de... > équivaut presque toujours à une déclaration ou à une annonce a. Le même phénomène se produit pour les causes que l'on épouse : lorsqu'on dit, par exemple, . Quant aux promissifs du type < être en faveur de >, , peut, suivant le contexte, être voter pour X, épouser la cause de X,

[159]

w.

LEs coMPoRrArrFs

ou applaudir X. L€s comporta,tifs incluent I'idée d'une réaction à la conduite et Comparaison avec les verdictifs

Les verdictifs nous engagent à certains actes de deux manières : a) les actes nécessaires à la cobérence et au soutien de notre ver-

dict;

ô) les actes qui peuvent être une conséquence du vcrdict, ou s'y

trouver impliqués de quelque façon.

Comparaison avec les comportatifs

Dans des réactions telles quc < être offensé >, < applaudir >, et que >, il y a adoption d'un parti et engagement, au même titre g-g-it-9les le choix. Mais et dans le conseil 9!8--489-!i:.P*r -cgppgl-E!-t-[f implicatiqn, au regard d'une conduite semblable au comportement dont it est question, et non au regard de ce comportement lui-même' C'est ainsi que si je blâme quelqu'un, j'adopte une attitude vis-à-vis de sa conduite passée, mais puis seulement m'engager à éviter scm' blable conduite. Comparaison avec les exPositifs

Jurer, promettre, garantir qu'il en est ainsi, sont des actes qui fonctionnent comme des expositifs. Donner tel nom, définir, analyser, et tenir pour établi, d'une part; donner son appui, se dire d'accord, désapprouYç.f, maintenir, et d,é&ûdfg, d'autre part, forment deux fi6Ts a-tUocutions qui semblent à la fois expositifs et promissifs' 160

(< remercier

>, , ( grogner >, < se plaindre de >, >, < fcrmer les yeux sur >>, >, ' et les emplois non exercitifs de < blâmer >, >. 5. Pour les salutations : >, >. 6, Pour les souhaits : < bénir >>, , , < boire à la santé de >>, et > (au sens strictement perfortance >,

sifs.

". t'ilt(

Pour la présentation d'excuses, nous avons

,

. < hésiter devant > - verbes qui incluent I'adoptlon d'une attrtude ou I'exprcssion d'un sentiment. Je vais maintenant proposer quelques listes d'expositifs, afin de bien marquer l'étendue du domaine. Les exemples les plus signifr. ji_"' catifs sont des verbes comme , < ilsi!-tgl ,t, ,,iUS:1r' JIg), ( *ggre >. Un très grand nombre de verbes tels que ( mettre . en question >>, , ètc., semblent se rapporter i.rfr.'tout ' natureilement à la conversation; mais il n'est pas absolument nécessaire qu'il en soit ainsi. Et tous les verbes, en fait, se rapportent de quelque façon, à la situation de communication.

négJiger

4. témoigner

quent I'exercice d'une influence ou d'u[ pouvoir. Il est encore certains verbes qu'il serait possible de classer comme plg-missifs ; < définir >, >, < témoi< se dire d'accord )), ( accepter >, < soutenif grer >, < jurer ll par lesquels on assume une obligation. Quant

ll

déduire argumenter

prévenir dire répondre répliquer

verbe verdictifs : < analyser >n < classer >, < interpréter )) - tous que nous qui impliquent I'exercice d'un jugement. En voici d'autres pourrions considérer tout aussi bien comme 4gq_%gg$fs : < concéder >, >, , ( insistéilËGîEËs qui impli-

aux verbes que voici, nous pourrions

[162] 6. postuler

3. renseigner

Je mentionne que >.

a. corriger reviser

2. remarquer

itàôtion en l'annonçant ou après I'avoir annoncé : < J'en viens 1- maintenant à... ), < Je cite r>, < Je rapporte >>, >, ; ils ont tout récemment commencé à étudier la manière dô-ff-nous I'employons et quel est alors notre dessein. On a suggéré, par exemple, que nous I'employons pour exprimer notre appro_bati-93, l-oug_r, ou introduire des degr_és. Mais jamais nous n'aurons une notion vraiment claire de ce mot < bon > ni de l'emploi que nous en faisons, tant que nous ne posséderons pas, idéalement, une liste complète de ces actes d'illocution dont louer, introduire des degrés, etc. sont des spécimens isolés - tant que nous ne saurons pas combien il y a d'actes de ce genre et quels sont les rapports et correspoodances qu'ils entretiennent entre eux. Nous 3] avons ici un exemple d'une des applications possibles de ces théories générales que nous avons considérées au cours de ces conférences; nul doute qu'il n'y en ait beaucoup d'autres. C'est à dessein que je n'ai pas voulu embrouiller la théorie générale avec des problèmes philosophiques (quelques-uns sont si complexes qu'ils en viennent presque à mériter leur célébrité...); il ne faudrait pas penser pour

autaût que je n'en fais aucun cas. Des considérations comme les nôtres ne peuvent sans doute manquer d'être un peu fastidieuses, et les entendre, les assimiler est tâche assez austère, Mais, au vrai, les concevoir et les écrire est une tâche encore bien plus ingrate... Le vrai plaisir commence lorsque nous nous mettons à les appliquer à la philosophie. Dans ces conférences, donc, je me suis livré à deux activités, dont je ne puis dire que je sois fanatique : l) j'ai présenté un programme, c'est-à-dire que j'ai dit ce qui doit être fait, plutôt que je n'ai fait quelque chose; 2) j'ai donné des conférences. En ce qui concerae (1), cependant, j'aimerais fort pouvoir penser que plutôt que d'avoir lance uo manifeste personnel, j'ai mis un peu d'ordre dans des voies ofr - pour certains domaines de la philosophie les choses déjà ont avancé, et où elles progressent à un rythme qui va-croissant. Quant à (2), j'aimerais vraiment dire qu'il n'est pour moi aucun endroit au monde où il soit plus agréable de donner des conférences qu'à Harvard.

Annexes

Appendice de l'éditeur anglars

tt64l

L'usage princîpal que nous avonsfait des notes.des auditeurs, de Ia confêrcnce donnée à la B.B.c. sur les Performatifs et publiée dans les coilected Papers, de la communicatîon faite à Royaumont (intitulée >), de la bande sonore sur laquelle fut enregistrëe la confërence donnée en octobre 1959 à Gothenberg,fut de contrôler, à partir de toutes ces sources' la reconstitation du texte que nous avions dëjà élaborée à partir des seuls documents d'Austîn, Ceile confrontation n'a pas ëté très utile en ce sens que les notes d'Austin étaienl presque toujours plus complètes qu,oucune de ces sources secondaires, de sorte qu'elles n,ont contribué que bien peu à

ewichir Ie texte original. Nous y avons pourtûnt puisé quelques exemples

el aussi cerlaines expressions typiques nous permeltant de complëter les passages où les notes d'Austin n,étaient pas présentées sous une forme littëraire. Mais les sources secondaires ont été Ie plus utîles en ce qu'elles nous ont permis de fixer l'ordre de la présenlation et de vérifier certaines inrerprétatîans, là où les notes étaient fragmentaires. Voici donc une liste des passages les plas importanls où rnus avons comcaractéristiques,

plété ou recorutruit le texîe d'Austin. notes

:

:

L'exemple concernant Georges n'est pas complet dans les le texte s'inspire principalement de la version de la B.B.C.

Page [28]

Page [32] : Les deux dernières lignes de Ia page 132) et la suîte (jusqu'à Ia fn du paragraphe, à la page 1331) constitucnt un dëveloppement à partîr

de notes très suôcinctes.

Page [35] : A

partir

du haut de Ia page jusqu,à la

fn

de Ia confërence

( excep-

tion faite du dernîer paragraphe), nous avons une version rcconstituée à partir de plusîeurs texles qu,Auslin a ëcrits sans Ies compléter, à des dates difërentes.

Iz dernier paragraphe est un développement des notes d,Àustin fondé principalement sur celles de M. Georges pitcher.

Page [52J :

[165] Page 164l : D'ici à la fn de la conférence, le texte fut enrichi de deux sëries de notes qu'Austin avait ëcriles avant l9SS, Les notes de lgSS ne comportent que des fragments, à cel endroit. 167

APPENDICB Nous pouvons maintenttn, poser>> jusqu'à lafn du paragraphe : constitue un développement plus ou moins sûr des notes d'Auslin où on lit ceci :

Page [70] :


, on ( énonco >> une promesse -, mais plutôt produit.) que tient à distinguer dès le début Austin I'on une énonciation le statement (affirmation ou énoné) de l'énonciation dont il n'est qu'une instance.

Le tefine constatr've n'existe pas en anglais. Austin avait besoin d'un mot qui évoquât à I'avenir des énonciations qui ne seraient que

[3] 3.

vraies ou fausses, sans qu'elles > quelque chose (comme les énon' ciations > auxquelles il les opposa d'abord, et dont il sera bientôt question). Si le terme français > évoque (comme l'afrrrnation) une interventiotr ou une prise de position de Ia part dè celui qui (< constate >>, alors il faut résister à cette évocation, pour le moment. (Nous disons >, car Austin sera amené par ses analyses à reconnaître un certain ( faire >> dans l'énonciation constative, un > dont il ne parviendra pas, cependant, à préciser la nature exacte') Cf. la note 5 pour une ( justifcation >r des termes ) et . Le, rapport conster : constat est ainsi parallèle à résulter : résultat. Êt de même que sur rësultat, prédicat, on a fait résultatif, prédicatif, il sera licite de tirer de constal Dn adjectif constatif. >> Problèmes de linguistique générale, N.R.F., CaUimard, Paris, 1966, p. 270, note 4.

Quoi qu'il en soit de cette justification,

il

s'agit surtout

d'essayer

d'inclure dans les termes d'Austin tout ce qu'il a voulu y insérer (maiscela scal), en se laissant guider par les nombreux exemples que le pbilosophe anglais a présentés.

ilJ 6. Il est important

de noter ici que l'énonciation, considérée en elle-même, n'est pas mensongère, bien qu'Austin attire discrètement notre attention sur le lait qu'elle pourrar'r peut-être un mensonge, si celui qui la produisait avait I'intention de tromper quelqu'un, en plus de I'intention de faire par ses paroles quelque chose (en plus de promettre, par exemple). Ne peut-on se demander, dans ce contexte, si I'affrmation fstatementl clle-ntênte n'aurait pas pour rôle de faire quelque chose (comme Ia promesse fait quelque chose), et non pas d'être > en soi, de sorte qu'il faudrait rechercher sa vérité ou sa fausseté ailleursdans lc sujet, par exemple?,.. (Dans ce cas, la vérité s'opposerait plutôt au rnensonge qu'à la fausseté, et celle-ci proviendrait d'un certain > avec les faits : l'énonciation serait alors fausse ou erronée au s e ns d' i nco*ecte ot, d' inadaptée,etc.) Nous .;;;l'"'àsi;; il;;;;;i; sur ce sujet à la note 14.

l2l 7. Austin attachera

l4l , i

beaucoup d'importance aux formules > et . Ce sont elles qui lui suggéreront la distinction entre les actes d'> ( : en) et de ( seulement ce que le chercheur anglais a voulu y mettre : tout ce qui, en gënéral, peut faire qu'uneénonciation performative ne se produise pas , abstraction faite, surtout, de ce que ce défaut provient, ou non, des intentions, ou de I'absence d'intentions (de I'agent ou du patient). Austin avertit son auditoire (anglais) de ne pas trop insister sur les significations habituelles des termes

161

qu'il propose (cf. p. [60.

9. Le terme

, dans I'expression

fprofessed!,

ne.signifie pas que l'esscntiel de I'acte, en tant qu'acte, soit absent, et qu'il n'en existerait qu'un aspect verbal, accessorre et négligeable en soi. 170

Certes, un élément impoilant fait défaut, mais ce n'est pas parce qu'il est important que son absence peut faire que I'acte ne sbit pas produit, de fait. De mômc, I'acte (€reux ) lhollo*,1n'est pas yrde .. les images suggèrent assez bien, ici, ce qu'Austin veut dire. Les paroles ne sont pa, qiile (en soi insignifiant) de significations, de sorte que si'elres étaicnt , ellcs ne serv.iraient plus à rien. Il'est dommage qu'elles soient parfois ( creuses >>; mais même alors, e//es l 13ll 10. Austin_semble ici plaisanter en donnant I'exemple d'un chien à baptiser, et en ajourant à ce propos que la loi aurait à eiaminer des cas de ce genre... (et pour ne mentionner qu'un cas, à peine -Pourtant plus biz111s, bien qu'il puisse avoir des conséquences aiser importantes), les lég-istes _américains ont dt, étudier la quesiion, ces dernières années, de sàvôir si quelqu'un pouvait commettre un adirtère par insemi'natiàn artificielle... I l. L'auteur rcviendra longuement sur cette notion capitale de ta d'une énonciation. Quant à ra distinction entre et < signification >, cf. note 34. t341 12. on reconnaît ici une allusion à I'astuce imaginée par portia, dans le ll,larchand de Yenise. [37] 13. Austin n'étudiera pas cette importante question de savoir si les actes de discours peuvent être, en tant qu'actes dà véritable dîscours, des actes

[33]

unilatéraux >>. Il insistera énormément sur leur caractère coiventionnel (cf' note 43), mais sans s'arrêter à en faire une anaryse très poussée, on peut se demander si un acte authentiquement conventionnêl peut ê]..e , et page [50] : < L'insincérité d'une assertion est la mênre que l'insincérité d'une promesse. >> Austin oppose ici une assertion plutôt qu'une simple affirmation à la promesse...) Notons enfin que I'assertion, bien qu'elle s'oppose, -comme T,agrmation, a.ox enonciatiôns performatives, se distingue de la simple affirmation en ce qu'elle oioduite en engageant la responsabilité de cerui qui parle. ceci apparaît "ri I la page F57l et à la page [96J, oir Austin parle du-discours iniiiect : celui qui parle_ne grgnd pas lui-même ta,responsabiliié-dè cè qu,il rappàrte. Austin a fait lui-même vûe asseftion â Ia pago [6] otr il apparaii ôi,ii; sait engagé en présentant une affirmatiorcomme indiscuiabte.- il'ne lui reste plus q'o'à espérer qu'on s'entende avcc lui. Mais Austin ne traite pas

t7r

NOTSS

NOTES

ercplicitement de cette

distinction à I'intérieur des affirmatiors (< constatives >>, commc il aurait 9u a.vantage à le fairc, à notre a"is. li a po*t"ot rcmarqué (p. t80D qu'il n'était pas toujours facite de distinguer I'insincérité

I

de Ia fausseté. 15. Austin déûnira conférence.

5.1

,.,]

et étudiera cc type d'éoonciatiou dqos $a

dernièrc

]0. leqme_employé par. I'arbitre, au cricket, pour significr que celui qui lançait les batles a épuisé toutes les chances qucla règlidu pu iui accoroait. (Cf. note 28.) 17. On sait qu'en plus du mode et du temps, les verbes anglais possèdent

une forme qui exprime la durée de I'action. cette derniére é déroule parfois dans le temps (continuité) alors qu'en d'autres circonstances elle a lieu plus ou moins instantanément (nôn continuité). Austin qr'! I'usage des lormes continues ou non-continues ne saurait-on1ro" suffire à différencier les énonciations constatives des performatives. Il reste tue h forme-continue exprime le ptus souvent uniénonciation constativJtsurtont descriptive), bien que l'action dont on parle puisse contenir, au

sein de son déroulemeût, une activité performativ-e. I18. Austin reviendra sur Ia

>, comme caractéristique de l'énonciation . Il est intéressant de néter qu'il parle pa.s ici de eorr.espondance, mais d'une , c'est_à_dire 19 d'un rapport qu'entretient l'énonciation avec les faits. La vgriigne ,"*ri" pag consister en un rapport avec les faits (ftt-il un rapport de ); ce rapport seiait plutôt un" de I'acie r. nesærait alors à découwir en quoi consisterait la"onàition vérité elle-même d'une éno'ciatià.,

vraie, qu'elle soit constative oa performative. (Austin .a*"rqu"rr. l'énonciation performative aas-ri imprique une àimensron ae it.iie, tu" ïu moins au sens oir I'on a d'ordinaire entendu ce terrne de < vérité >>. cf. p. Iell.) J 19. C'est Ia thèse d'Austin. Elle lui permettra non seulernent de

I

, peut 4'rr. Mais lui non plus ne développc'pas .itt" "àïoir, mation capitale, et I'expose ainsi à être âocueiUie comloeï*C liô.Oa*). "mrconsidère que seul

t72

1621 21. Phrase

difficile à rendre en français, d'autant que des panneaux de ce genre n'existent piul en France. Il sufht toutefois de remarquercomment cetle énonciatioo peut être comprise : soit comme un avertissement pur et simple, soit comme un avertissement accompagné du simple rappel (< afiirmatif >) que de la parole (( gestuelle >> ou vocale). Il s'agit de son élément le plus direct et fôncier, atteignant I'interlocuteur noo pas par les paroles ou les gestes, mais en eux. C'est ainsi que si je-dis à quelqu'un : et ajoute ensuite (croyant qu'il n'a pas compris l,importance, par exemple, du fait que je me sois ainsi e.ngagé envers lui) ces paroles : i< Je vieni de te promeltre qrJe.,. D, cette dernière énonciation est alors, en tln sens, une desiription de ma promesse initiale. Ce qu'il faut noter, cependant, c'est que cette description doit elle-même pouvoir ôtre compriJe comme une des_ cription, iouer le rôle que je lui destine, à savoir : faire saisir ma première énonciation en tant que prornesse. Mais il ne faudrait pas que j'aieèncore à ma description elle-même par d'autres paroles ou gestes, indé_ Êniment;je dois réussir, à un moment donné, à < faire passei> dans certaines paroles, le sens [sanse] queT'e veux donner, actuelTement, à la srgniftcation lmeaning'l qu'elles auraient > (c'est-à-dire, de par leur situation dans une langue déjà existante). Austin parle de spëcifcation lorsqu'il s'agit de s'assurer quela signification

(de ce peut être comprise, alors qu'il appelle eiplicitation -qui est dit) notre effort pour faire capter Ie sens (la > ou la ) de l'événement par lequel nous adressons cette signification à un autre (cf. p. [73] et [99D. On peut discuter sur le choix des termes ( specifier r> et < expliôiter >>, ou ne pas en percevoir très clairement Ia différence : I'important est cependant de noter qu'il exjite une différence entre ce qui est âit (lasienincâiion

d'un mot ou d'une énonciation) et l,attitude qu'on voudrait a;tuellement manifester à un autre en faisant usage de paroles . Nous reviendrons sur ce sujet à la note 34. U81 25. En français dans le texte. [81] 26. Nous avons forgé, comme Austin, Ie terme >. Il s'agissait d'évoquer le comportement humain, selon la définition qu'Austin prôpose, au. moyen d'exemples, aux pages [l5l] et [159]. pour forger ie tèrme behabitive, Austin a méprisé plus que jamais le mode habituel àe formation des mots, et lui a préféré I'euphonie et la concision. Nous n,avons pas hésité à prendre les mêmes libertés en français, d'autant que ce terrne n'apparait surtout que dans la dernière conférence et n,a pâs beaucoup de chances, à notre avis, de passer dans I'usage (ni en français, ni même en anglais).

173

NOTES

ll

27. Dire qu'oû est désolé n'est pas ètre désolé, mais n'est.pas nécessairement mentir, non plus. ll se peut que dire soit en réalité la < description > d'un état d'âme qu'on éprouverait àe fait. Mais ce que cette description, alors, consiite d,oidinaire à présenter des excuse.s .(de sorte que la vérité ou Ia fausseté de Ia < description >> n'est pas ce qui importe le plus). L'énonciation est et les est difficile à percevoir. Austin ne veut d'ailleurs qu'enregistrer, ici, certaines *oàaite, des inffuences de la parore. peut4tie pourrioor-noui dire que t;otieuil d'uo acte de discoun est une < conséquence > qui ne dépent pas oe cerui qui a parlé, mais qu'on pourrait néaomoins lui ittribuer'p-ce qu'il a*uit eu de fait I'intention ou l'espoir de le faire apparaître?bn puir.."ii p* contre des > de son acte, si l'< effet >i-qui est apparu o'uuuit'ete ' prér'u par

.l

( botter

I

37. La traduction littérâle de I'exemple d'Austin serait la suivante un ballon et botter un but >...

I

38. L'acte de perlocution est défini par opposition à I'acte d'illocution. Il est en un sens plus < détaché > de I'agent que ne le serait ce dernier. Ses efets ne dépendent à peu près pas d'un agir conscient de la personne (à laquelle on parle), et ressemblent beaucoup aux effets que I'on produit dans la nature (cf. p, [1 16, 2o]). Par rapport donc aux ( effets >> de I'acte d'illocution (p. [115, ll6]), ils sont plus impréws, (moins maîtrisés par la personne à qui I'on s'adresse). On comprend qu'il en soit ainsi, lorsqu'on se rappelle que I'acte d'iliocution est essentiellement conventionnel, alors que I'acte de perlocution ne I'est pas (cL p. [120, l2l]).

I

:

39. Si Austin a réussi à distinguer I'acte d'illocution de I'acte de perlocution (surtout en attirant I'attention sur le caractère conventionnel du premier), on peut se demander s'il I'a distingué de I'acte de locution. Ce dernier inclut en effet la sîgnifcation (en tant qu'acte ); powquoi ne contiendrait-il pas aussi des éléments qui en feraient un acte d'illocution? Austin ne remarque-t-il pas que produire un acte de Iocution, c'est €.r rpso produire un acte d'illocution (p. t98D? Il est wai que le philosophe anglais considère ces différents > comme de simples abstrcctions tirees de I'acte du discours concrètement situé (p. il460. Il veut simplement souligner I'importance de l'élément illocution de ce discours. Ici, cependant, il note que I'acte d'illocution n'est pas une conséquence de I'acte de locution. CPeutétre l'acte de perlocution I'est-il, lui qui est défini à partir d'effets non conventionnels, souvent impréws, de la parole considérée pour ainsi dire comme dêjà détachée de sa source?...) Cette problématique nous invite à nous demander de quoî l'élément illocution de la parole serait la

(

source

>)

>,

et quelle serait la nature de la

mes paroles).

ni

[18]

ni visé

lui. Nous reviendrons sur ce iujet a d note

$:

42. L.es actes d'illoculion peuvent être produits sans recours à la parole, c'est-à-dire à la parole vocale ou écrite (lexicare et syntaxique). Ë p.* blématique d'Austin ne lui permet pas d'entrer prui profànéé*Ài ;.i dans l'étude d.ela nature du langage. Notons seulement que si I'acte d;il.locution, d'après Austin, est nécessairement contentionLrei et s'il p"oi ètr" produit sans paroles- grammaticares, la dônt il s'âgit n;est pas toujours celle d'un < contrat social >> portant sur I'acceptatioî spontanée ou même réflexe d'une rangue (grammaticare) particùière (voir la note suivante),

[l19] 43- cette conlérence nous invite à examiner nous-mêmes, et de plus

le

près,

phénomène de la convention. celre> (à moins qu'on n'inclue parmi les > la /rôerté àes interlocuteurs!). Dire < Je promets D est etr efet promettre, mais seulement si je decide librement de promettre, et si mon interlocuteur decide libiement non pas seulement de comprendre mes paroles comme étant une promesse (plutôt qu'autre chose) ; d'accepter 9e qu'il doii faire, évidemment, iu;il i.." souvent malgré lui "t "" envers librement mon engagement lui -_mais comme existant < sérieusement >. ceci suppose que je ÀJcrofu (au moins) libre, et que I'autre me cror'l libre, actuerément. Noui conyenons'non seulement dans des compr.éhensions spontazées de nos intentions reciproques, mais surtout dans ia liberté de notre agir qui, en ce moment, < imptique > une promesse (ou s'exerce ( par > et < dans ,> une promessê;. si on ne considère pas l'élément.liberté d.e I'acte d'iilocution, alors on ne peut pius, semblet-il, le distinguer de I'acte de perlocution. Ll23J 44. L'exemple angiais joue sur les expressions suivantes : Iced ink (Encre g1_acé9)' et I stink (Je pue). Nous avonl dt changer ra première rnprèirio", atn de conserver I'assonance visee_en angJais. Cet exemple fait bien ressortir l' qu'il y aurait entre I'agir du locuteur et l'> subi par I'auditeur, lorsque l'-acte æt perlo"riloir".

ll24l 45.

t77

NOTES

Dans le cas d'un acte d'illocution, I'influence serait exercée plus diatement >>.

NOTES >. Iæ sujet >. S'il a des intentions ou des buts en produisant son afrrmation, ils doivent demeurer secondaires par rapport à I'affirmation en tant que telle. Austin ne se demande pas pourquoi quelqu'un voudrait ainsi ou .

/f

48. Nous avons écrit ( rat >, au lieu de chauve-souris fbatl, afin de çonserver I'assonance qui rendait plausible le lapsus.

ll

49. Puis-je affirmer seul? Faut-il prendre au sërieux ce doute émis par Austin? On pourrait répondre que si personne ne m'entend, alors je ne réussis pas à conduire mon affirmation à terme; mais j'aurais tout de même affirrré >. Austin a bien dit que l' pouvait être celui qui parle lui-même (P, p. 88, note l). Mais le doute ne persiste-t-il pas? N'est-il pas accru, plutôt, par la considération de ce dernier cas? Nous faudrait-il simplement cot staler que nous nous comportons ainsi, laissant inexploré cc phénomène (du so/iloque), ou le considérant comme un fait pur et simple n'exigeant aucune (< justification >>?...) Mais le fait qu'une affirmatioa n'ait pas d'objectif

'l

178

pe,rlocutoire sigrrifie-t-il qu'auÇun rerme ne soit visé par ellc? cc n'cst pas tellement la chose (visée par I'alûrmatioo de véritês) qu. oous

à découwir, mais plutôt re sera qu'aurait l'a.ffirnratiori oe verltes "*lôo, aao, no! vies, surtout si ces vies étaient consacrées à la rcchercbc ac È verite soi-disant >. ll39l 5l' sans doute une allusion à-la position du professcur p. F. strawson, qu'Austin a attaquée plusieurs fois dans scs artièbs (cf. p, p. l0O, t02-122): ll52l 52. Expressions employéas au jeu de basebal/. ces termes o'existent

pas

en France. Au canada, où c€ sport est pratiqué, on a forgé les expressiôos (( Mort! >> lout!1, < prises >> lstrikesl er baUes >i ltatts). t1571 51 Nous avons ici un autre exemple de la distinction entrc la simple affirmation (affirmer- ) et I'assertion (cf. note r+1. ,c.usiin fait remarquer que la simple affirmation (qui coosistc e seut"Àeii-aira

i

que

j'ai unc certaine inteltion)

équivaut piesque toujoun Wrrir"ttyl I )r ou de I'intcniion, c'ét.àdire uo certain engagement, uûe certaioe prisc de poiitioo. r"r"it si ot une assertîon;

il y a < declaration

engagement est toujours exprimé sinon â quetqu'un, du moins devaat quelqu'un, on peut se demander si Ia simpre afÈrmition n'cst p.s on de I'acte qui serait toujours une assertion, c'est-à{.irc un ccituin ;s"s."rpect ment envers quelqu'un, un agir (une illocution) visaot quelqu'un, tiellement.

&in-

LEXIQUB

Exercirifs (exercitives) : énonciations consistant à donner une decision pour ou contre une certaine façon d'agir, à inciter les autres à se compor_ ter de telle ou teile façon. Ir s'agit d'ure decision a"'q.ri deyra ou devrait ètre, pJutôt que d'un jugement sur ce "on...nuo, qui est, préæn-

Lexique

tement.

Expositifs (expositives)

Àfirmation (statement) : les philosophes ont trop longlemps considéré I'afirmation cornme une énonciation dont la seule caractéristique serait de décrire une situation, ou de rapporter un fait, et d'êtrepar point, c'est tout. Austin en est venu conséquent waie ou fausse - un une énonciation produite dans un à considérer I'affirmation comûle contexte el faisant quelque chose, essentiellement, ne ftt-ce que une situation sans que celui qui prenne position ou s'engage

de quelque façon. (Si un tel engagement a lieu, on parle d'assertion, plutôt que de simple affirmation.) Comportatifs (behabitives) : éoonciations qui expriment une réaction à la conduiie et au sort des autres, ainsi que des attitudes vis-à-vis du comportement antérieur, ou simplement prévu, d'autrui. Constatifs (constatives) : énonciations qui, par oppositioo aux performatifs (cf. ce mot), ne feraient que d&rire (ou affirmer sans decrire) un fait ou un ( état de choses )>, sans faire, vraiment, quelque chose. En ce sens, les constatifs ne < feraient >> que dire quelque chose. Échecs (infelicities) : tout ce qui, s'il se produit à I'occasion d'une énonciation destinée à/ar'ra quelque chose (parier, par exemple,. ou se marier, ou avertir, ou même >, etc,), a pour effet que l'énonciation ne soit pas aceomplie ayec , c'est-à-dire n'atteigne pas du tout son but, ou I'atteigne nral. Énonciation (utterance) : la production (surtout orale) d'un acte de langage. (Le langage est ici considéré comme une activité consciente et spécifiquement humaine, excluant, par exemple, les interjections spontanées les jurons, etc. ou les sons que produirait un singe et qui évoqueraient uoe parole humaine.) Austin emploie le terme utterance à peu pres uniquement pour ua acte produit actuellement, une activité.

-

-,

C'est pourquoi nous avons préféré le rendre en français par le mot ênonciation >; < énoncé >> évoquant peutétre un peu trop le >, par exemple, est une -perlocution si celui à qui je parre est efrayé et non simplement averti

-

par tnes paroles.)

-

Promissifs (commissives) : .éno-nciations qui visent à obriger cerui qui parre à adopter une certaine façon d'agir, à s'engager ou à se compromettre. Ql est évident que ce terme ne doit pas évoquer seuremeit ra simple promesse.)

,sens (sense) : terme assez vague

qu'Austin emploie en rervoyaût à I'usage que les philosophes en feraient. sans doute s'agit-il du > àe 181

LEXIQUE

ce qui est dit, des paroles elles-mêmes, ou des expressions, par opposition à ca doÀt oD parle, et à quoi on renvoie (i.e. au terme de en tant qu'acte d'illocution (il s'agit, par exemple, d'un conseil, plutôt que d'un ordre).

Abus (abuses), 16, 18.

Accrocs (hitches), 17, lB, 3G3g, 137.

Affirmation (sratenenr),1 (et par-

>>

l/erdictifs (verdictives) : énonciations qui consistent à exprimer ce que I'on a constaté (officiellement ou non), à partir de l'évidence ou des raisons concernant les faits ou leur caractère axiologique. Il s'agit d'actes judiciar'res, plutôt que législatifs ou exécutifs.

sim).

Appels indus (misinvocations), 17,

t8,2634.

Assertions ( assertions ),6, 40, 50, 96. Circonstances ( circunutances) , 8?1 13:16' 2t' 26-2e, 34, 39, 40, 92, tt4, t36, 139, 144,145. Comportatifs (behabirives), Bl, 93, 85, 86, 88, 150, 151-161. Constatifs (constatives), 3 (et passim).

24,26, 28,31, 38, 80, 81, l0g, l16, l1g,

102: 120, 121, 127, 136.

(faws),17, 18, 137. (Wttcities), 1445, 51,84,

Défectuosités I

35-l

l5Gl6l.

lt9,

14I,

Explicites, performatifs (explicit performatives), 32, 33, SffiS, 68-90, 94, 108,

ll5,

130, 148:

150.

Ex,positifs 88,

( expositives)

ll9, t5Gl6l.

, 80, 95,

Illocutioo (illocution), 91, 98, gg13t, l4+150.

Insjncérité (insincerity),

Ig,

,14,50, 55, 80, 135-150, 159. Insuccès ( misfires) , 16, lB, 24,

laisser enten&e (imply),

3g-

48-54,

I 35.

Co-nvention (con'rention), 14, 19,

Êshers

Exercitifs (exercitives), 5,

6

1.

Emplois indus (misapplications),

17, lg, 29, 34.35, 42. Énonciation (utterance), Z (et pas.rin).

Entraine ( entails), 47-54. Exécutions ratexs (misexecutions), 17, Ig,35-39.

Locution (locution), 94,

99-109,

113-116, 120, 145-146, l4g.

Performatif (performative), passim).

4

(et

Perlocution (perlocution), 99, IOI-

t3l,

138, 144.

Phatique, aste (phatic act), gZ, 95-99, ll4, 120, 124, 129-110, t46. Phème (pheme), 92, 97, 99. Pbonë (phone),92.

Phonétique, asle (phonetic act), 92,95,

ll4.

.. - I-{9q" avons rédigé cet index gn rr-ous inspirant de celui que M. Urmson a inséé à la fin de son édition an_glaise. I_es cbihrÊs;"r"iirla]même éditioa (chez nous entre

I l), G.L,

183

;;;;Ë;";

INDEX

Phrax (sentence),1,6.

Ruptures (breaches), 18' 135'

Présupposer (presuppose), 20, 4853, r36. Primaire, énonciation ( pr imary utte' rance ), 32, 5G65, 69, 7 l-84.

Sens (sersel, 93,94,99,

Promissifs

(

commissives), I

19'

15O'

t6l.

ll5'

116.

93,

94,

98, loo, 104, 108, 116, 148'

Yalew (force), 13, 76, 99, lM'

Du positivisnte logique à la philosophie du langage ordinaire: naissance de la pragmatique

108, l14, l16, l2o, 134,145,147I 50.

Rhème (rheme), 93, 97, 98.

Rhétique, aete (rhetic act), 93'97, I 14, t 15, 124, 129,

Signitication (meaning),

t30.

Verdictifs (verdictives), 88,

l&,

15Gl6l. Yêrité ( truth), 139-148.

Austin était un philosophe analyrique, et la philosophie analyrique, çomme chacun sait, attache une importance particulière au langage : Dumrnett déllnit même la philosophie analytique cn disant, que la philosophie du langage y joue le mêmc rôle de fondemenr que jouait la théorie de la connaissance dans la philosophic classique'. Je ne discuterai pas ici cette thèse de Dummert, et jc ne chercherai pas non plus à expliquer le privilège accordé aux problèmes du langage dans la philosophie andytique". Mon propos, beaucoup plus limité, consistrera seulement à sit.uer, par rapport. à la philosophie analytique antérieure, le principal apport. d'Austin à la philosophie du langage: la théorie des actes de parole, exposée dans Quand dire, c'est faire"'. L'intérôt de la philosophie analytique pour le langage a longremps été indissociable de son inrérêt pour la logique. La logique maùématique et la philosophie analyrique sonr, à I'origine, solidaires. Les mat.hématiciens-philosophes Frege er Russell, pionniers de la logique mathématique, sont aussi les fondateurs de la philosophie analytique, et la logique a tenu une place absolument essentielle dans ce que j'appel-

lerai la , c'est-à-dire la philosophie analytique

jusqu'à la Deuxième Guerre mondiale;

il n'est pour s'en convaincre que de regarder quelques articles dans les revues de l'époque, ou de

* Michaël Dummctt, Frege : Philosophy of Language, Duckworrh, 1971, p.666 sq. ** J'ai abordé ce sujet dans < Pour la philosophie analytique >, tn Critique ^ no 444, 1984. *** La présente.postface reprend,. avec des modifications, le texæ d'un rapport sur .

'

"R't'époqut

de la prcmière analyse, on concevait un système logique _ par exemple le système dcductil semi-formel présenté dans les Principia Mathematica de Russell ct Whitehead - comme un langage' avec les son vocabulaire et ses règlcs syntaxiques de bonne formation pour

et exprcssions complexes ct les propositions. La structure transpalente

des langages artificiels de la logique en faisait un objct pour la philosophie du langage: les philosophes étudiaient tcl problème philosophique, par exemple celui de la structure en des propositions, à travers le sysæme des Principia Mathematica et ûaient des enseignements concernanl < le langage > en général' L'idée

"*pli.ir" d'étucle privilégié

de base était que tous les tangages existants, qu'il s'agisse des langues naturelles ou des langages artificiels fabriqués par les logiciens, sont des manifestations, des réalisations, voire des incamations d'une chose unique: langage. C'est < le > langage que les philosophes étudient lcrrsqu'ils etuOient les langages artificiels de la logique' Ceux-ci foumissent un accès plus direct à celui-là que ne le feraient les langues natureltes, c'est-à-dire le langage de tous les jours, car le langage ordi-

naire est obscur et compliqué: ses apparences sont trompeuses' et sa structurc - fondamentalement la structure < du > langage, dont il est une incarnal.ion parmi d'autres - n'apparaît pas de façon lransparente' En bref, le langagc ordinaire ne se distingue des langages artificiels de la logique que Par ses défauts. Cette iOeà < du > Iangage unique par-delà ses divenes manifestations 186

n'a, à vrai dire, pas duré très longtemps'. L'idée d'une pluralité véritable des langages possiblcs s'est rapidement imposée aux logicicns confrontés à la diversité dcs systèmes logiques. Du coup, l'attitude négative vis-à-vis du langagc ordinaire perdait une partie de sa raison d'être. Mais cette attitude n'a disparu, ou du moins n'a été combattue, qu'avec la


adoptent une attitude positive : ils cherchent à décrire leur fonctionncment plutôt que de lcs critiquer Au nom des langagcs artiliciels érigés en modèle de tout langage. Ils parlent de la < logique propre > au langage ordinaire, qu'ils opposent à la logique des Principia Malhematlca. I-r-S revues philosophiques des années cinquantc sont pleincs des débas et polémiques enre partisans de la < logique >, qui adoptcnl une attitude réformatrice vis-à-vis du langage ordinaire, et les partisans dc celui-ci, qui veulent le décrire sans le réduire à un modèle a priori.Cette guerre, soit dit en passant, a fini par connaître un tcrrne. Ils formalistes, sous I'influence des philosophes du langage ordinaire, ont adopté à leur tour une attitude positive vis-à-vis des langues naturelles, et, s'inspiranl souvent des travaux dcscriptils des philosophes du langage ordinaire, ont entrepris de construire des langages logiques ressemblant de plus en plus aux langues naturelles. L'emploi de méthodes formelles issues de la logique mathématique a cessé d'aller de pair avec une attitude éformatrice vis-à-vis du langagc ordinairc, et la linguistique contemporaine a largement profité de ccs nréthodes, tout comme elle a prolité, très naturellement, des recherches des philosophes du langage ordinaire. C'est en pragmatique quc les travaux des philosophes du langage ordinaire ont eu le plus d'influence sur la linguistique contemporaine". La raison en est que les philosophes du langage ordinaire mettaient I'accent sur tout ce qui distingue les langues naturelles du < langage > des Principia Mathematica: or c'est I'importance de la dimension pragmar.ique dans le langage ordinaire qui constitue la principale dillérence entre les deux.

*Voir mon article .La langue

universelle et son "inconsistance">, in

Critique n" 387-8, l9?9.

** !a pragmatique est cette sous-discipline linguisrique qui s'occupe plus particulièrement de I'emploi du langage dans la communicadon. Voir mon article ,. La communication linguistique : du sociologique au cognitif ", n Encyclopédie de la Conununication, dirigée par L. Sfez, Paris, PUF, à paraîre. 187

POS'ITACE

Pour les philosophes dc I'ancienne analyse, les phrases représentent des états de choses et sont vraies ou lausses selon que ces états de choses sont réels ou ne le sont pas. A cela les philosophes du langage ordinaire objectent que, dans les langues naturelles, ce ne sont pas les phrases en tant qu'entités grammaticales qui représentent. des états de choses et sont vraies ou fausses: on se serl des phrases, dans un contexte donné, pour dire des choses vraies ou fausses. Il faut distinguer la phrase en tant qu'entité grammaticale et l'énoncé fait au moyen de cette phrase: c'est l'énoncé conlextuellement situé, non la phrase, qui représente un é|at de choses et est vrai ou faux. La référence des éléments indexicaux, qui joue un rôle dans la détermination de l'état de choses représenté, étant relative au contexte d'énonciation, la phrase elle-même ne représente aucun é!a! de choses in vacuo, mais seulement en contexte*, L'indexicalité est une des choses qui distinguent les langues naturelles du langage des Principia Mathemetica, et elle oblige à distinguer la phrase (sentence) et le swtement qui résulte de son emploi discursif '*. La dimension pragmatique est ainsi introduite: Ies phrases sont des ourils dont on se sert dans le discours pour représenter des états de choses et faire des affirmations vraies ou fausses. Parallèlement à cette théorisation de I'indexicalité, les philosophes du langage ordinaire ont mis I'accent sur la diversité des emplois discursifs des phrases. Dans le langage ordinaire, il y a des énoncés qui sont des affirmations, d'auues qui sont des ordres et d'aures qui sont des questions. Les différentes fonctions que peuvent prendre les énoncés sont formellement marquées dans les phrases du langage ordinaire: il y a des énoncés impératifs, déclaratifs, interrogatifs, etc. Rien de tel dans le > des Principia Mathematica, où tous les énoncés (en laissant de côté les définitions) sont des affirmations. Or lorsqu'il n'y a qu'une fonction, lorsque toutes les phrases sont des affirmalions, on a tendance

*Les
,

expressions indexicales sont des expressions comme (je)>, >, etc.,

voir le_chapiue vltl de mon livre intitulé LaTransparente et l'Enonciation,

à ne plus distinguer la phrase et son emploi pour faire une affrrmation: les deux paraissent se confondre irréductiblement. pas étonnant, donc, que I'ancienne analyse ait systématiquement négligé la distincrion phrase/affirmation. L'idée qu'il exisre une gamme d'actes de parole qu'on p€ut accomplir au moyen du langage n'est pas nouvclle: on la trouve chez Aristote par exemple. Elle a été longuernent dévcloppee, avant Austin et la philosophie du langage ordinaire, par des auteurs comme Bùhler en Allemagne et Gardincr en Angletcrre, tous deux très attentifs aux aspects pragmatiques du langage'. Mais c'cst dans la théorie des actes de parolc d'Austin, exposée dans Quand dlre, c'est fairc, que cette approche ( pragmatique > t-rouve son exprcssion classique. Austin ne semble avoir lu ni Btihler ni Gardiner, et la principale inlluence qui a poussé les philosophes du langage ordinaire dans le sens d'une mise en relief systématique des aspects pragmariques du langage est I'influence négative des anciens analystes qui, par leur désintérêt systémaûque vis-à-vis de ces aspects, ont entraîné une sorte de réaction dans I'autre sens. plus précisément, les philosophes de I'ancienne analyse onr pour ainsi dire délimité, par leurs rcjets mômes, ce qui allait devenir le terrain d'investigation des philosophes du langage ordinaire. Austin, en ce sens, est I'héritier (presque) direct des posirivistes logiques, auxquels il s'oppose. C'est ce que je vais essa)'er de montrer maintenant.

Pour lcs philosophes de I'ancienne analyse, c'est un < défaut > que, dans le langage ordinaire, toute phrase ne soit pas vraie ou lausse. Cette impossibilité d'identifier la phrase et I'aflirmation vraie ou fausse a pour

première source I'indexicalité: une phrase indexica_le, in vacuo, n'exprime pas une complète, et elle n'est donc vraie ou

lausse que relativement à un contexte. Il ne fait guère de doute que, selon Frege par exemple, I'indexicalité est un défaut comparable à I'ambiguïté. Les phrases du langage ordinaire, du fait de ce défaut, ne

Paris. Ed. du Seuil, 1979. ** La disrincLioî sentence/staternen! esl exposée notarrunent dans P.,F. Strawson, , LIind vol.59, 1950 (trad. fr. dans Strawson, Etudes de logique et de linguistique,Paris, Ed. du Seuil, 1977), et dans J.L. Austin, .. Trutfi o, Proc.eedings of the Aristotelian So.ciety, suppl. vol. 24, 1950 (Ead. fr. dans Austin, Ecrits philosophiques, Patis, Ed. du Seuil, à paraître). Voir aussi Y. Bar-Hillel, < lndexical Expressions >>, Mind vol. 63, 1954.

Bùhler, Spracl'rheorie, Fischer, 1933; Alan Gardiner, Thc Theory of ^ K.*land Speech Language, Clarendon Press, 1932. Signalons la uaducrion frunet Acte çais.de cet inrportant ouvrage de Gardiner qui préllgure Austin: Iangage"tt de lang?ge - Aux .sources de Ia pragmatigue, rraduit et présenté par Catherine Douay, ftesses universitaires de Lille, I 989.

188

189

*

PtstrAcE

POSTFACE

sont pas de rraies phrases, au sens logique. Mais I'indexicalité n'est pas la seule chose qui, dans les langues naturelles, empêche d'identifier la phrase au sens gftrmmatical et la phrase au sens logique, c'est-à-dire I'affirmation vraie ou fausse : il y a aussi le fait que les langues naturelles tolèrent ce que les philosophes de I'ancienne analyse appellent le < non-sens ,r. Or, comme on va le voir, une vérirable légitimarion du < non-sens > va s'effectuer peu à peu dans la philosophie analytique, et la philosophie du langage ordinaire, avec son accent mis sur la dimension pragmatique du langage et sur la nécessaire distinction de la phrase et de l'énoncé, est en quelque sorte I'aboutissement de ce mouvement progressif de légitimation. Une phrase comme ?< Le nombre 3 est bleu > est syntaxiquement correcte, mais elle n'a pas de sens: elle ne représente donc aucun état de

choses déterminé et n'est ni vraie ni fausse. C'est un défaut de la grammaire des langues naturelles que de permettre ainsi d'engendrer du non-sens. Les énoncés < méuphysiques > de Hegel, Bradley ou Heidegger sont, aux yeux des néopositivistes, un exemple de non-sens rendu possible par le fait que la syntaxe des langues nalurelles n'est pas une ( synl.axe logique >. La langue idéale des logiciens, en revanche, , suivant le mot de Leibniz: elle exclut de la grammaticalité les énoncés logiquement inacceptables.

On pourrait mettre en question, comme I'a fait J. J. Katz', I'analogie

entre les énoncés métaphysiques et les phrases sémantiquement déviantes du type de < [æ nombre 3 est bleu >. Quoi qu'il en soit de ce

point, il y a dans les langues natureiles d'autres phnases qui ne sont ni vraies ni fausses et que les positivistes logiques réputent en conséquence dénuées de signification, quand bien même elles ne le sont assurément pas au même titre que . Prenons une phrase comme : < L'énoncé qui figure p. 2 ligne 5 du Traité de Logique Cornulaire est faux. > Cette phrase n'est pas indexicale, et elle n'est pas dénuée de signification: on voit rès bien quel t1,pe d'a{Trmadon vraie ou fausse on pcut faire avec cette phrase. On arrive difÏicilement à imaginer dans quelles circonstances une phrase comme pourrait être réputee vraie (ou fausse), mais en revanche on sait que la phrase citée plus haut est vraie si et seulement si un énoncé faux * J. J. Katz, La Philosophie du langage, Paris, Payot, 1971, p.43. 190

figure à la ligne 5 de la deuxième page du fameux Traité:on sait, en un moq comment < vérifier > cette phrase, pourtant, si cette phrase ap,paraît dans un certain contexte - en I'occurrence p.2 ligne s au rràiu a" Logique cornulaire - eile donne naissance au paradoxe du Menteur et n'est ni vraie ni fausse: elre ne penmer pas, cans un tel contexte, de faire une véritable affirmadon, eile n'exprime aucune pensée. cela pose un problème ici de dire que la phrase, en ranr que phrase, n,a pas à" ,"nr, puisque la même phrase peut être udtisée pour faire une affirmation vraie ou fausse; mieux vaut dire que dans'ce conrexte elle ne permet aucune alfirmation. La phrase, en [ant que phrase, possède une signilication, mais néanmoins cette phrase, énoncéÀ dans un certain contJxæ, ne permet. pas de faire une authentique affirmation vraie ou fausse. En d'autres termes: la phrase a une signi{'ication, mais l'énoncé de cetæ phrase dans ce contexte ne véhicule aucun < sens cognitif)>, aucun conrenu informationnel, le sens cognirif ou contenu infoÀationnel étant délini par le fait que seules les affirmations vraies ou fausses en ont un. Des phrases sémantiquemen! déviantes comme < Le nombre 3 est bleu > n'ont pas de sens cognitif, et il en va de même de l,énoné du Menteur bien que la phrase qui donne naissance au paradoxe ne soit pas, en tanr que phrase, sémantiquement dévianre. Il s,igir là de deux tylres de différenrs, I'un qui apparaît au niùau de la < ph;;_ llp. '' I'autre qui apparaît au niveau- de l'occurrence, au niveau de, l'énoncé'. Mais il y a un troisième type de phrases qui, dans les langues naturelles, ne sont ni vraies ni fausses et sont par conséquent denuée"s de sens cognitif : ir s'agit des phrases impérarives, optatives, interrogatives, etc' En ce qui les concerne, butefois, ir est diJliciie de continuer i parrei de , dans la terminologie de Searle., c'est_à_àke des actes qui n'existent que relativement à une institution humaine. Roquer aux échecs, marquei un but au football, se marier, condamner quelqu'un à trois ans de prison avec sursis, autant d'exemples d'actes institutionnels. on ne peut décrire de tels actes sans faire référence à une convention humaine, car ces actes sont fondamentalement conventionnels. Pour revenir aux énoncés performatifs, cer[aines formules verbales sont associées çonventionneùement à I'accomplissement de tels actes. Pour se marier, pour baptiser quelqu'un, il faut prononcer cer_ taines formules. ces formules étant conventionnelles et arbitraires, leur sens imporæ peu. lvtais il se trouve que bien souvent la formule conventionnelle qui sert à accomplir un cenain acte institutionnel signifie littéralement que I'acte en question est accompli. En même temps que la formule, conformément à Ia convention, pennet d'accomplir l;acte, elle rend expliciæ, en le nommant, I'acte qui est accompri. Ainsi on baprise en dis'ant , etc. cette propriété étrange de réflexivité distingue les énoncés performatifs au sens strict d'auFes formules conventionnelles servant à accomplir des actes sociaux. Ainsi, on s'excuse conventionnellement en disant < Je suis désolé >, mais la formule ne désigne pas I'acæ qu'elle serr à accomplir; il ne s'agit donc pas d'un véritable performatif, contrafuement à l,énoncé .. Je miexcuse ,, qui non seulement est une formule conventionnelle servant à s'excuser -même si les purisæs en réprouvent I'usage - mais qui, de prus, désigne expricitement I'acte qu'elle sert à accomprir. (par la suite, ainsi que nous le

*** 4.J. Ayer défend une version de la théorie émotive en éthique dans -le chapitre vI de son célèbre [anguage, Truth and, Logic, Gotlanca 1936.

*Cf.J. R..Searle., S-peech Acls, Camb,ridge Universiry press, 1969, p.50-53; uad. tt, Izs Actes dz langage, paris, Hermain, 197\ p.St_94. '

192

193

;

POETT'ACË

POSTTACE

verrons plus loin, Ausûn acceptera d'étendre I'appellation "p"tf91uûf> aux énoncés qui ne sont pas et ne nomment pas I'acte

qu'ilsserventàaccomplir;ilrebaptiseraalors lès énoncés réflexifs comme . Je m'excuse >.) ce qui intéressait Austin dans les énoncés performatifs, c'est indubivrais ublement le fait que ces énoncés, loin de decrire un fait et d'êrre ( >>' constituent conslatifs qu'il nomme énoncés ies ou faux, comme qui n'est I'accomplissement (la performance, en anglais) d'une action dans Pourquoi' quelque chose' pas similement I'action consistant à dire servent qui non seulement. les énoncés ces condirions, avoir privilégié qui, de conventionnellement à accomplir un acte institutionnel mais Po,urwli trè.s propriéÉ Ié.!çIJS,É? possèdenr ceue plus, 3g*ggJ*Pig

peràuoir,'au moins au dèbur de sa rËfrffiF|, inclus dans les énoncés raisons des Une ? suis formatifs oJe:dgI9qS>) mais non les énoncés < réflexifs > me semble avoir qu'avair Atffilégier > sert à accomplir un acte social convendésolé < suis Je é'té la suivante. je suis désolé) et donnel, mais cet énoncé decrit aussi un fait (le fait que pour ainsi dire' mixte, à ce tire il est vrai ou faux; il s'agit d'un énoncé performatif r-rn j< !mP,.g-ll' tut X mi-constatif et mi-pelfotmatlf -

l1

TÏ^

nologied'Ausdn.'Mais (illocutionary), dans sa terminologie * semblable par sa / nature aux acles institutionnels dont il est parti. ,---" I

ll y ucertes, une différence ent e lé iegs etJ'affirmation: le legs est un acte institutionnel cxtralinguîdlQï'e,-en i;occurrence un acte juridique, alors que I'affirmation est un simple acte de parole- Mais cette différence, pour importante qu'elle paraisse à première vue, s'estompe lorsqu'on la soumct à un examen plus approfondi, et la conclusion à laquelle on est conduit cstgu'il n'y a pas O" 9tlfsttg: de nature entre les actcs institutionnels d-iln-ôôÉ ët, dèT'autre, des acTes dô ptidlè-ao;;;-;onseiller, interrogèr, averûr, remèrcier, afhrmer, etc. Il est symptômatique, à cet égard, que de nombreuxl., actes aient à la fois une version formelle dans le cadre d'une institution exrralinguistique et une version informelle dans la vie quotidienner,Ordonncr est un acte institutionnel, avec des conditions de J félicité'définies (l'exisænce d'un lien hiérarchique entre le locuteur et I'auditeur, etc.), et l'énoncé ou < Trois sans atouts ") dans telles circonstances revient à accomplir tel acte. Mais en ce qui concerne les actes de parole ordinaires, on ne voit pas ûès bien où sont les conventions qui associent au dire ælle ou telle valeur illocutoire. Ce qui fait qu'un énoncé donné est" par exemple, un avertissement n'est cerhinement pas une convention déterminant qu'énoncer telle formule dans telles circonstances revient à avertir. On avertit si on annonce à quelqu'un un danger poten-

tiel afin qu'il soit en mesure de l'éviter.

C*''çst^t. sens de.l'énoncé, le

contexte de son énonciation et les inæn1io;1s du locuteur qui font d'un +. érujnèë-un'âvèiiisdement, pas dés convention s L'aspect < conventionncl > sur Ièquel a tant insisté Austin semble être lié aux actes institutionil est parti et ne peut être généralisé aux actes de parole, quels " 19Js !on1 que soient par ailleurs leurs points communs avec les actes institutioncn qucstion. .nclsMême en ce qui concerne les performatils explicites il n'est pas clair qu'ils soient (sauf dans les cas clairement institutionnels) des < formules > conventionnelles comme ou < Trois sans atouts ))**. La thèse austinienne de la < formule > performative, inspiree de la theoric humienne de la promesse, permet notamment de répondre à la ques* Cf.

P. F.

Strawson,


, Philosophical Review, vol.66, 1957, a donné naissance à route"Meaning une littérature. Voir ie chapitre r de D. Sperbe-r-et D. Wilson, In Pertinence : Communication et cognitiàn, Puis, Minuit, 1989, et mon article ), les articles de deux anciens élèves d'Austin: G.J. Warnock, , in I. Berlin et al., Essays oa J.L. Austin, Clarendon Press, 1973, et J.O. Urmson, , Midwest Studies in Philosophy, vol.2, 1977. 201

POST'FACE

qu'elle est aujourd'hui ont rejeté, avec I'approche conventionnaliste d'Austin, I'analogie entre les actes de parole et les actes institutionnels. En ce qui me conceme, je pense, comme Ausrin dans I'interprétation que j'ai donnée de sa pensée, qu'on ne peut pas opposer de taçon radicale d'un côté les actes institutionnels comme le baptême, I'ordre, la promesse, Ies actes définis pau les règles des jeux de société, etc., et de I'autre les actes de parole comme le conseil, I'avertissement, I'affirmation, etc., car les actes de parole sont de même nature que les actes institutionnels et peuvent, comme eux, être accomplis de façon formelle dans Ie cadre d'une institution ou d'un protocole. Je pense, toutefois, que les critiques d'Austin ont raison de souligner que les actes communicatifs ne sonl. pas essentiellement conventionnels, et qu'accomplir un tel acte c'est, avant. tout, rnanifester publiquement une certaine intention. Ma position, ainsi, semble quelque peu contmdictoire: j'admets et je refuse à la fois I'opposition tranchée des deux sortes d'acæs, les actes institutionnels et les actes communicatifs. Mais en fait, cette position n'es! pas contradictoire, car la notion d'acte de parole ou d'acte communicatif est ambiguë : elle renvoie soit à des actes comme I'affirmation, le conseil, I'avertissement, etc., qu'on ne peut, selon Austin et moi, opposer radicalement aux actes institut"ionnels, soit à un dspec, pour ainsi dire minimal des actes illocutoires, qu'il s'agisse des actes de parole au premier sens ou des actes institutionnels. Pour simplifier les choses et expliquer mieux l'ambiguïté dont je parle, j'emploierai désormais (< acte de parole > au premicr sens et .{ j-qtç co,Jnmunicatif> au second. Selon moi, accomplir r,6-Aç_tg rg--ul'-t-Càiîf c'est, et ce q'est qg_e, ,lè_p4ry9l,uJf9_llr!-e-!-!!_Sn .d:q1_ç99!n- type_; mais il peur êrre légitime, ou non, d'exprimer une cefl.aine intention, et I'acte communicatif ne sera légitimé, ou * sancdonné socialement >, que si certaines < conditions de félicité n sont remplies. CetLe distinction entre I'acte communicatif propremenl. dit et I'acte socialement. s'applique aussi bien aux actes institutionnels qu'aux actes de parole comme I'affirmation ou le conseil. Le président de séance qui ouvre la discussion accomplit un acte institut"ionnel qu'il ne pourrait accomplir s'il n'était pas, en tant que président, investi d'un certain rôle social; mais cet acte institutionnel, qui a des conditions de félicité, inclut un acte communicatif qui lui n'en a pas. Pour ouvrir la discussion ou la séance, le président doitla déclarer ouverte; or cet acte - declarer la séance ouverte n'importe qui peut I'accomplir, même s'il n'est pas le président et si aucune des conditions 202

POSTIIACE

de félicité de I'ouverrurc dc. séance n,cst rcmplie. eu,on soit pompier dc service ou présidcnt, il suffit pour déclarcr la seance ouverte d,exprimer une certaine inænûon. eue cctte inrcntion

*, ,n" aure affaire, une affaire de conditions de félicité, dont il dépend que I'acte soit ou ne soit pas socialement sancdonné, De la même façon, Ie soit légitime ou non

locuteur accomplissanl un âcæ de parole comme l,affirmation exprime une intention l'intcntion de transmettre une information - et une teile intention, t'out comme I'intcntion d'ouvrir ra séance par sa seule énonciation, ne sera légirime quc clans un cerlain contexte. pas plus quc te de service ne peur ouvrir la séance, je ne puis, dir Ausrin, faire ryTpi.. Iégitimcmcnt une affinnation sur un sujet dont est noroire que j,ignore tout. Toutcfois, l'affirnration qui m'esi interdite dans de æiles circonstances est cn tant qu'acte sanctionné sociarement, r'affir-

-

'

'affirmation maùon < légitime > pour ainsi dire, ct non I,affirmaûon comme simple açte communicatif, que.tout le monde pcut accomplir puisqu,il sufiit, pour I'accomprir, cl'exprimcr par son énônciation une certaine intention. Dans cette pcrspecûve, j'inteqprète Aust.in comme disant que les actes _ de parole onl une dimension sociare et quasi institutionne'e en vertu de. laquelle on ne pcur. accomplir légitimement n;irnpor," quel acte de, parole dans n'irnporte qucl conl,exte; Ausrin, en un mot, dit exactement ce que Bourdieu lui rcproche de ne pia dire,. Læs actes